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Full text of "Annales d'Espagne et de Portugal: contenant tout ce qui s'est passé de plus ..."

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ANNALES 

I>E S P A G N 




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PORTUGAL, 



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LA DES C R IPTION 



DB CES DEUX 



ROYAUMES 

Divifè en quatre Volumes. 
TOME TROISIEME. 



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ANNALES 

D' ESPAGNE 

E T D E 

PORTUGAL, 

Contenant tout ce qui s'eft aaSè de plus important dans ces deux Royaumes & dans 

ks autres Fardes de f£uropg| de même que dans .tes Indes Orientalei 

& Occidentales , depuis rétabliiiement de ces deux 

Monarchies joftju'à préfent. 

^ r S c 

Ia DEsCRirTi9N de tout ce qu'il y a de plus remarquable en ETpagne & en 

Portugal. Leur Etat Présent, leurs Intérêts, la forme du 

GouvEAHEifENTj l'étendue de leur Commerce, &c. 

Par DON JUAN ALVAREZ DE COLMENAE. 

Ll Ml» BirfcK <1> CARTES GEOGRAPHIQUES, S it trli hto 
FIGURES m Tàlk-ima. 

TOME T R O I S l E M E. 



^ J M a T B R D ^ M, 

ara FRANÇOIS L' HONORÉ & FILS. 
iVf P C C. X L t. 




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DESCRIPTION 

ET 

DELICES 

DE S PAG N E 

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E T D E 

P O R T Ù G A U 

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GIBRALTAR, 



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IbrahoTy on Gihaltar y eft le nom qu?on donne à cette Ville Gibru* 
d^EQ)agne, Ctuée dans FAndaloufie, fiir le fameux Détroit ''^^^ 
de même nom, au pied & dans la partie Occidentale d^m 
Rocher efcarpé > qui avance près d'une demi-lieue dans h 
Mer. 

: Ce Rocher ne tient à k Terre-ferme d'E§>agne que par une petite lan* 
gue de terre d'environ deux cens toifes de larçe, unie & aulll baffe que la 
Sler. Ueft extrêmement élevé du côté de la .Méditerranée^ droit & cou- 
pé à plomb comme un mur, ils'humanifè enfîiite davantage, & fait plu- 
iieurs terrafles qui le rendent plus acceflîble du côté de la baye , entre lef> 
tjuellies & le bord de la Mer, û laifTe un terrein d'environ cent toifes de lar-- 
geur, dont la plus grande partie ell occupée par une e^ce de Marais for- 
mé par les eaux qui s'écoulent dans la Mer aiOez près du XThemin couvert 
xjin couvre les Ouvrages de la Porte de Terre de la Ville, 

Des Ravins profonds , partagent ce Rocher en plqfieurs parties , féparées 
ks unes des autres, & dont les fonunets font occupés par des Murs> des 
Redans , & des Tours à l'antique , rondes & quarrées. 

• Cefl cette montagne que les Andçns ont connue fous le noiQ de Câlpc, 
Tome UL 4 * qu^el- 



ix^ 



GiBKAt.* (jifeÔe ajpenîii déiaira.eiwkafi mille ac^^ 

.^^ - fôrerit en Efpagne, nommé Tarik, ayant débarqué fon monde au pied de 
la montagne 3 s'y cantonna d'abord, & s'y maintint nonobftant les efforts 




Cibrmtai 

Cette montagne a été dans touji^^es Siècles fort fameufè à caufe de fa hau- 
teur, de fon Cap avancé, de {àfîAiatieii à Tendroit qui fépare POcéan d'a- 
vec la Méditerrannée, & à caufe de la belle & charmante vue, dont on y 
jouit. On grimpa j-fur foir fiunmet irvec beaucoup de peine ,jparce qu'elle 
n'eft qu'uiwocher^ide &^diieàrpé ; tfuand on eft arriviiau defras^ on trou- 
ve une aflez belle eiplanade , d'où l'on découvre jufqu'à quarante lieues avant 
^alîs la WfedîCerranédT^ qui faifiine perffeflive la plus admirable ^ni* 4^ 
^yiffe imagfhigr: de cVe^é-làle r^«^er c/l tellement eftaxpé, qii'annepeîit 
regarder en bas fans fraj^eur, tellement qu'il eft abfolumentinaccelïible par-là. 

Xa pente n'eft pas li rude du Qoté (»4'Ooéan, mais aufli la vue n'y eft 
pas 11 étendue, étant bornée par une montagne, qui eft à trois lieues delà> 
nommée la Punta de Carnéro, Cela n'empêche pas que l'on ne voie de ce 
beau lieul deux^ers Sicfi^q Ro^aàmes,' tevoir la Barbare ^ Fez & Maroc 

l'dlr 



dans Fmriquet" (jtii nm'qu'à cinq lieues delà: àt les Royaumes deSéville 
& de Grenade dans l'Eipagne. 

Sur cette eiplanade* on a êfevë une Tour , appellée el Ac*ho , dans laquel- 
le on tient toujours^ une fentinelle , pQur découvrir les Vaifleaux qui font voi- 
le dans le Détroit rWfllîtôt qtfils parroilleht ,^ ^il en attfrtit la Ville par unfi- 
jnal, allumant tout autant de feux qu'il voit de bàtimens. A l'extrémité 
le cel^e toiut^r^ ona!b|^ti:tiiiChd[teau,<^c)uic€d^^ &;luilërè 

en même teffla<le défenfe. . . . ■ :î r -• 

La ViHe de Gibrtltar eft au pied de la Montagne du côté du Couchant> 
faifîuit fecô à la Baye, elle gft.paflfeblement grande , fort jolie, très bieq 
fortifiée, & revêtue de murailles; aves des baftions , & quelques autres Ou^ 
•wrages. ' Au bout; du rocher ^ ' tjiii anrairite dans bl Mèr ^ ^ a un quart de Ijeue 
de la Ville , on :voit un rautte' grand Fort muni de' canons', qiû couvre un 
Mole qu'on y a fait en facbnJde-poïït, de trois cens^ pieds de long y afin que 
les VaiffeauK puiffent mouiller aviec fureté. 

Près du Fort fe trouve une EglEb dédiée à Notre-Dame d'Europe , qui a 
fait pkifieurs Miiraclès; E>e raucte côté, fa voir du côté de terire, ô» voit 
un autre Mole, qui couvre le Port, défendu aufli par im Fort bâti bn/àçof) 
de Toua^-, &'plus avant on trouve deux ou trois petits Ouvrages avancés. 
Cette Place a étèlongtëiôs eftimée imprenable, à caufe fpie les gros Vaif^ 
féaux ne s'en peuvent approcher de cinq cens pas fans courir rifque de pé- 



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(») ^ebd en Açabfi* fignifie Montagne i delà vient ou© «lans la Sicile, le Mpnt Eth;» porte le nom 



àQ Mtfl&'GiUh 



D'î:SPAGNE f T DE PORTUGAL. 5 

' rir, foit«n«:f<Hto lesiàbics^ à cattiè-^crçau y eft balTe;) fekenGiBRAi- 

tQucbant coaEre les ^pocters, ^oi s'y trouvent y <iudques-^as cachés fous tau.. 
Teau, & d'aiitre^ éleyés .Meurr4'pau. , ^;s^s Févènement a fait voir, que 
nonobltant tous ces avantages de h nature > ^ tous les Ouvrages dont on 
Ta revétve) eil n\koi<t |>as mprénable. JÊJik a^té contrainte de fè rendre 
à la flotte d'Angleterre ^ de HoUande en l7P3i après avoir foutenu un 

longlîèg^. > . . • . . 

Le Conièil d'Eipagne (^') réfolut de reprendre cette Place à ^juelgqe prix; 
que ce fût. Le) Marquis de Villadarias raffiegea fur ja fin du niois.de No-; 
vembre 1704.) & le ;^t d'abord avec alTez de vigueur. Les batteries firent 
une. brèche raifojRp;jible, mais les ennemis y fireût entrer de flouvelles trou- 
pes qui imppfèreflit par la iUpériorité de Içur feu à celui des aiïïege^s, qui 
n'offrent ràqi|^ un aiTaut^ <]ui leur a,urpi( coûté du moo^^ &doAt Tévèn^r 
ment paroiirc3(itîdou^ux.. ,, ... ' . . ..^i. r ; ' 

On envoya au fiège des Crénvdiers iran^oi» qui efcaladèrent la montagne 
& fe rendirent maîtres d'une hauteur qui commandoit abfolumeat la Place > 
&qui s'y .retranchèrent de manière à ne pouvoir être forcés,- ni debuiqués^ • 
tellement que le fiège qui duroit dppuis près de trois mois^ prenoit un trè» 
bon trairi, &. on étoit en état de s'emparer des Ouvrs^s les plus éJevé»» 
d'où il auroit été facile d'écrafer la Ville fî^lle avpîttarde àfe rencte, lorf; 
oue le Maréchal de Teffé arriva au camp. Sa préfence chagrina le Marqiiis 
de Villadarias, qui prétendoit avoir tout l'honneur ^ ce fièçe. Lameun-*^ 
telligence fe mit parmi les Troupes, comme elle étoit entre Tes deux Chefs, 
& on ne fit plus rien qui vaille les uns pour les autres. Ces^Mefîleurs iè mi- 
rent en tête qu'on ne pouvoit fe rendre maître de h place, &ns le iecours^ 
d'une armée nava)e:'qttaiqi|Ç: ce fut une,pi|re ^m^^^^tion^ le Conièil d'Ef- 
pagne y donna les mains. On ordonna au Sieur de Pointis qui étoit à Ca-» 
dix avec 1 5 Vaifleaux de guerre François d'allw faire cette corvée. U eut 
beau réprâènter que les ennemis ayoïeiit quarante Vaifleaux aux environs 
qui l'acçableroient, il fallut obéïr. IL partit & ferendit devant Gibraltar 
avec fon Eicadre. Les ennemis qui furent liveritis de (à marche^ :1e fuivirent; 
avec 3 J gros Vaifleaux , l'attaquèrent , & malgré toute ùl bravoure le bat- 
tirent, lui prirent trois Vaififeaux^^ xJp^Véï^^ & fe brûlèrent après 
avoir fauve les Equipages, & les autres & fauvèrent partie à Toulon, & par* 
tie à Cadix. . 

A près cette dér<>ute les deux .Générwx écrivirent à Madrid , qu^iln'étoît , 

^as poûible <ie continuer le-fiège, U % donc i)evé , on retira le canon des 
batteries 1^ on abandonna le p(^e des Gxéfiadkrç Ffajlçois, & fans combler 
les. tran^ées, osi/fit unp l^ifi> % la^ q^eue de la tranchée depuis une mer 
jufbu'à l'autre, & l'on sy pcSa en changeant le fiège en blocus, on y lailr 
fi. d'abord mille Chevaux & quatre cens homnies de pied, le tout des Trou- 
pes d'Efpagne. Le Maréchal de Teffé conduifît autre part les Troupes 

Fran- 

C*) Ceci eft tiré des Ftyagts (FEfpagne du ?ère Labau 



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4 ~ DESCRIPTION ET DELICES 

GiBRAL%Françoifes3 elles n'y étoieht plus néceflaires, & elles fervirent plus utile- 
TAR. ment en d'autres endroits. J'ai vu bien des Officiers de nos troupes qi» 
fe pkignoient hautement dki peu de banne volonté que les Efoagnols, 
Officiers & Soldats 5 avoient feit paroître en cette occafion. Ils étoient tousr 
malades, quand il falloit monter la tranchée 5 les Médecins du Camp ne 
pouvoient luffire à écrire lèsf certificats que tous ces Don Quichottes éxi- 
geoient d'eux^ pour prouvçr qu'ils ^voient le friffon quand l'heure de la^ 
tranchée àrrivoit. 7e crois bien que c'étoit le frîflbn, mais celui que caufe 
la peur ^ & non pas la fièvre. Des Médecins un peu expérimentés , & moins 
complailans les aufoierit guéris en les envoyant à la tranchée, où la peur des 
balles auroit bientôt fait di^aroître lafi^re, vraie ou fiippofèe. Il faut 
pourtant leur paffer cette faute, c'étoient de nouvelles Troupes & desOffi- 
cîbrs encore plus nouveaux; ils n'étoieût pas. encore accoutumés à fe faire 
tuer, ils s'y font faits depuis, & ont acquis une très jujfte réputation. 
Nous vifïtames tous les pofles de cette Ligne , il y avoit cinq redoutes 
imies de canon, le foffé avoit douze à quinze pieds Je large, & fcptàhuit 
[e profondeur plein d'eau & de boue, cela ne pou voit pas être autrement' 
à caufè Que le terrein eA bas & de niveau avec la mer. Les deux partis vi- 
Toiefit dans une grande union & ne fe chagrinoient pas le moins du mon- 
de. Je crois même que la nuit ils trafiquoient enfemble , lorfqu'ils en avoient 
befoin, & qu'ils le pouvoient faire fans fcandale. Le Colonel nous dit qu'ir 
y avoit alors au Blocu^s 4joo Chevaux , & 1 200 hommes de pied. Je pris 
la liberté de lui dire , que s'il étoit à la tête de nos Flibuftiers de l'Amérique, 
il fcroit maitre de la Ville dans vingt-quatre heures ; il en convint , & me 
remercia très fort de la bonne opinion- que favois de lui. Nous allâmes fa- 
hier le Commandant du Blocus. Cétoit un Maréchal de Camp appelle Don 
Pétro Darias* 

L'Efpagne a été contrainte de céder cette Ville à la Couronne d'Angle- 
terre par Je Traité de Paix conclu à Utrecht l'An 1 71 3. Gibraltar fut au pou- 
voir (fes Maures jufqu'au XIII Siècle. Elle, leur fut alors enlevée par les Chrér 
tiens, avec lej|ûe de l'Andaloufie. 

Retour de Gibraltar àSéville. 



Algezi* 



* 4 

SORT A NT de Gibraltar pour retourner à Seville, on voit fur la gauche 
une Ville ancienne, nommée Aljézira , Algézira, ou Alzézira, qu'il 
ne faut pas confondre avec uiie autre dû même nom, qui eft dans le Koyau-' 
~ B de Valence près de Xucar. Celle-ci eft un port de Mer, paffablement; 
and, près de l'endroit , ou étôit autrefois l'ancienne Ville de Calpe , ou 
lârpefle, fitùée à quarante ftades, ou a cinq mille pas de la montagne, que 
quelques-uns ont confondue avec Carteia & avec Tarteffe, à caufe de là ref» 
fcmblance des noms. 

' Algézire (*) fîgnifie Me en Arabe , & comme il V en a deux à côté l'une 

de 

(♦) Labat, Voyage d'Efpagne» ^ ^"- 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL, ^ 

de Tautre, qui forment un petit Port afîez fur & de bonne tenue 5 on les a Algezi- 
apjpellées les Algézires , c'eft-à-direleslfles;^ quoique le Port ibit ruiné , &^« 
que les deux liles ayent été fi rongées de la Mer qu'elles ne paroiffent preP 
que plus, on a continué de les appeller toujours les Ifles. Ceft en cet en^ 
qrok que les Maures appelles par le Comte Julien y firent leur première def- 
cente. Us s'^y établirent puiffamment dans la fuite 5 s'y fortifièrent ; & 
ix)mmc cet endroit eft voilîn de Ceuta, où ils faifbient ordinairement leura 
armemens,, ils débarquoient commodément leurs Troupes en ce Port, & 
traniportoient delà en Afrique les Efclaves, & le butin qu'ils faifoient fur 
les E^agnols, Ils ont été maîtres de cet endroit pandant près de 700 ans* ^ 
On voit par-tout aux environs, de leurs Ouvrages, &; comme ils étoient 
laborieux par eux-mêmes & par leurs Efclaves, ils firent un lieu de délices 
tk ce Pi^ïs. Ce ne fut qu'en 1 344 que le Roi Alfonfe XI prit cette Ville 
par compofition-apr^ un uège de vingt mois. Les Maïu^s la reprirent quel- 
que tems après, mais voiant qu^ils ne la pouvoicnt garder , & qu'elle leur 
étoit inutile, depuis que la prifè de Séville les avoit contraints d'abandonner 
tous les environs, ils la défruifirent, ^ n'en firent qu'un monceau de pier- 
res avant de l'abandonner. . ' 
• Elle eft encore à peu près dans le même état qu'ils Pont laiffée. On no 
voit que quelques mauvailès maifons femées de loin à loin d'une infinité de 
ruines. Il n'y a d'entier que le Cliàteau , qu'ils difent être celui du 'Comte 
Julien. J'ai peine à le croire , cependant comme je fuis homme de paix , 
je leur paiTerai &na peine l'hiftoire qu'ils en font, qui eft trop longue pour 
être rapportée ici. 

' Nous allâmes (f) loger dans ce Château vénérable par fbn antiquité. Son 
ancien Maitre le Comte Julien y vient encore quelquefois, à ce qu'on tlit, 
vifiter les trefors qu'il y a cachés. Il^ft pour l'orainaire de mauvaifè"^ hu- 
meur , & il fe donne la liberté de maltraiter ceux qu'il trouve logés chez lui 
fans fa permifllon. Apparemment qu'il avoit d'autres affaires quand nous y 
logeâmes,' car il ne vînt point, & nous fit plaifîr. 

Le Gouverneur, Alcade, Capitaine, Concierge, car la même perfonne 
éxerçoit tous ces Emplois , nous reçut fort-dyilement , & aux mteublea 
près nous fumes logés affez bien. U avoit vingt-cinq ou trente Soldats fur 
pied, qui faifoient la meilleure partie de deux Compagnies qui compofoient 
fa Garnifbn. Il nous dit que les Anglois ne Pinquiétoient point du tout. Ils 
fekbiônt fort ûg^ment; car qu'y trouvcroient-ils y venant comme ennemis^ 
nous qui étions amis , n'y trouvant rien. Il eft vrai que nou» fimes affez 
bonne chère dé ce que nous avions apporté, & que nous paffames fort tran- 
qu^ement la première nuit que nous y couchâmes. Je fus debout le lende- 
main au point du jour , en attendant qu^on pût donner le bonjour à Mr. le 
Gouverneur. J'allai me promener dans tous les recoins de ce Château avec 
un Caporal Biicayen qui parloit François 5 & qui vo^j^nt que j'obfervois 
'^ '■ . ' • - avec 

' (t) Ccft- toujours le Père Labaft gui parte, .*..'. , .^ . . 

-^ A3 . 



6 .DESCRIPTION ET DELICES 

Algezi- avec attention tous les lieux y & qnelguçs ïnfcripdons .ror5pue$ j &; lî-eflfa- 
lu. p^ç5 q^'j[l étok împofllble de les lire, .^ <fc les copier ;> ièxait en tête que je 
cherchois les tréfors du Comte Julien. Après un petit préambu^ d'honnête- 
té, & une difpofition du partage que nous en pourrions faire, a1 me 4it que 
nous n'étions pas dans.lp bon endroit , & qu'ils étoient très affiirérnent iians 
une cave, dont le Gouverneur avoit la clef, que jepourrois pourtant Savoir 
en fuppofant que la curiofitq de voir les criftallifiUtions qui y foat, étoit 1^ 
ièule raifon qui me failbit fpuJiaiter de la voir. , • . 

Je fàvois bien qu'il yak Gibraltar une Grotte profonde & fort longue, 
où Ton voit des Pétrifications , & des Criftallifàtions merveilleufes; mais je 
îue fàvois pas qu'il y en eût aux Algézireg. En attendant nous p^çouru* 
mes tous les coins, ôç recoins de ce Château. |1 y a des endroits qui ms 
parurent d'une très haute antiquité , d'autres font plus modernes , c'eft-à* 
dire, qu'ils n'ont que neuf ou dix tiècles, & je crois ikas. craindre de me 
tromper beaucoup , que ce ibnt les dernières réparations qu'on y a fai- 
tes. 

A 1^ fin Mr. le Gouverneur s^éveilla , s'habilla, & vint à notre apparte»- 
ment , où il trouva Mr. de la Gobgeodière endormi. On lui dit que je mç 
promenojs dans le Château, il vint me trouver , tenons continuâmes, en- 
femible la vifîte que j'avois. commencée. Il fut le premier à miç parler de la 
cave, & fins faire mention des merveilles de la Nature qui y font, il m'aJP- 
fura qu'elle renfermoit de grands tréfors que le Diable gardoit. Allons les 
. prendre , lui dis-^je , nous en ferons un meilleur ufage que les canailles qui 
les gardent. On l'a tenté plufîeurs fois, me dit-il, mais on n'y penfe plus, 
parce que ceux qui y ont été, y ont lailTé la vie, ou ont été bien maltraités. 
Alîpps, allons, lui repliquai-je, nous ferons peut-être plus heureux, ne 
peat-on pas compoier avec le Diable. 11 fe mit à rire, & crut que je favois 
le fecret d'adoucir l'humeur farouche de ces ^rdiens. Nous retownames 
au logis. Mr. de la Gougeodière, & notre hôte de Tariflfe dirent qu'ils fe* 
foient de notre compagnie. Nous priipes le Qiocolat, & je chargeai moq 
valet d'un gros pain ^Sç d'une bonne bouteille d'eau de vie. Nous primes 
des lanternes, un Mldefijache, deaxpiarteaux, & autant. de pioclies, & 
des ;armes, & nous nous rendîmes à la porte de cette Grotte. . Le Chapelgtin 
voulut être de la partie. Il vouloit porter fon furplis, îTon bonnet quarré, 
fon étole ; je Tempêcliai, mais j'approuvai fort qu'il rafluràt les Soldats qui 
craignoient pour leur Gouverneur^ en leur, diiànt qu'il n'y avoit rien à 
craindre en fa compagnie. 

Nous .trouvâmes d'abord environ cent dégrés alTpi larges, fort hauts ^ 
fort rongés de vieillefle ; .nous entrâmes ensuite dans une grande & loinguô 
Cave, dont le fond étoit extrêmement enpente* Nous y laiffames unis 
Lanterne allumée pour le befoin. Cette Cave nous conduilît dans une el* 
pèce de Labirinthe, à peu prèP comme ie fouterrain de .l'Oblèrvatoire de Pa-t 
ris, mais dont les allées avoient au moins vingt pieds de largeur, & plus 
de trente de hauteur. Ce fut en cet endroit que nous conunençamyçs de voir 

des 



D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL. r 

des Cf iftaHiïations magnifiques. Il pendoit des vofites des morceaux de gla- -A^gezi- 
ce, i^ui femWoient des dr^ips de criftal, fi longs que nous en rompîmes a-^^^* 
vec nos pioches; ïî y a pourtant du danger à te faire, car nous en faifioni 
tomber des pièces-que dix hommes n'auroient pas portées. 

Noiis arrivâmes enfin à une CaTeme fort Ittute, & fort large toute ten-» 
due de ces pièces de Crifial , avec une infinité de figures de memejnatière , 
qui feifeient- Un effet merveilleïïx par ks différentes réflexions de nos lumiè- 
res. Cçft-là le lieu où on fuppofè que le Comte Julien a caché fès tréfbrs. Je 
dis qu'A faïfoit boire à fa fente, & que cette honnêteté le mettroit de bonne 
Iruirtetir, & fiit cela je demandai un verfe d'eau de vie, qui me fembla 
d'^âutant pliis néceffaire que le froid de ce lieu commençoit déjà à m'incom- 
moder. Je dis donc en riant m Gouverneur , allons Mr. à la Santé da 
Cômte.^Jmiéri. ' ISTofcre GJiapelain pâlit si ces niots. Voulei-vous nous perdre j 
me ditri^ en.m'^arrêtant le bras queje portôis k ma bouclie , âvez-rous que 
^0U5 joue^z; à noue faire' afib»»»», W nofe moque pas ainfi des'morts^ Je 
ète mis à rkb:^ 6i jfe dis à mon Valet de tirer un coup de piftolet quand je 
boirois. Je bîus, il tira, & je ne puis exprimer le tintamare que ce coup 
excita dans ces aAtres foùtérfainsw II faut s'y être trouvé pour le croire. Une 
infinité d'échos-répétèrent ce coup, efl groJTiffoient ou diminûoiènt lefon, 
félon lerir capacité, & je ti'éx^ère point en diiknt, que ce bruit répété du* 
ra près d'un demi 'quart cFheure. 

Comme il ne noiis arriva rien de fâcheux après cet ade , chacim but , & 
le Qr^pèïain encouragé fit comme les autres. Chaque Santé du Comte Ju- 
lien .étoit accompagnée d'un coup de piftolet, qui faifoit réfonner la caver- 
née d'ttne terrible manière. Après que la ronde fut finie, je demandai où 
étoit le tréibr; perfbnne ne le làvoit, deforte que nous fumes réduits à nous 
promener Idngtems, frappant de côté & d'autre, pour découvrir s'il n'y 
avoit point quelque CaVê, ou quelque vuide qu'on pût raifonnablement croi* 
re être le lieu que l'on clierchoit. Mais nos recherches furent inutiles, nous 
nous fatiguâmes envain , & nous fumes contraints de iious contenter du 
plaifîr de voir >des ntetreilles de la Nature en mat^e de Criilallifetion ^ 
mi'on ne voit que là , & jdans la Grotte de St. Michel à Gibraltar. J'en 
fis prendre des pièces qui répréfentoient des branches d'arbres fleuries , 
qui n'auroient point eu de prix , fi elles avoient été à l'épreuve du So* 
leil. 

Nous revînmes fans nous égarer, parce qu'il eft bien aifé de trouver fbn 
cjiemin , il n'y a qu'à fiiivre la dilpofition du terrain , en montant toujours 
oA trouve à la fin le commencement de l'eîcalier. Nous paflames trois bon- 
nes heures dans cette Tombre promenade 5 & lî nous ne revinmes pas char- 
gés des tréfors dû Comte Julien , du moins fimes-nous une bonne provifîon 
df^ppétit. 

Le refte de Paprès-dînée fut employé à vifiter les dedans , & fes dehors 
de cette Ville délabrée , & pendant ce tems-là le Gouverneur eut la bonté 
de nous envoyer chercher des chevaux, pour aller te lendemain voir le 

blocus, 



8 DESCRIPTION ET DELICES 

AiQLZh blocus, qui étoit devant Gibraltar. Il n'auroit pas été de la bienfeance d*y 
^^' aller à pied quoiqu'il n'y eût pas plus d'une lieue & demie à faire , & beau- 
coup moins u on avoit pu prendre le chemin le plus droit. Mais il n'étoit 
pas de la prudence de s'expofer à ftmber dans quelque parti des Anglois> 
qui. s'embiiquoient quelquetois dans les hailliers & les mazures qui font au- 
tour de la Baye pour lurprendre ceux qui s'approchoient trop près d'une 
petite rivière, qui tombe dans la Baye, où ils alloient faire de l'eau pour 
leurs . Vaiffeaux. 

Nous partimes le lendemain au point du jour, avec une efcorte de douM 
Moufquetaires que le Gouverneur nous donna. Ils étoient commandés par 
fon Lieutenant. Notre Compagnie qui étoit de fix Cavaliers, fut encore 
. groffie de icpt ou huit peribnnes des Algézires, qui avoient des affaires au 
Camp. Nous y arrivâmes fur les neuf heures, làns avoir rencontré perfon^ 
ne qui nous donnât feulement le bonjour. 

La garde du Camp nous arrêta. Le Lieutenant des A%éiires fe fit con-^ 
îioître. L'OflScier nous donna un Sergeant, & fix Moufouetaires pour 
nous conduire au quartier d'un Colonel Eipagnol des amis de la Gougeodiè^ 
re. Notre Efcorte nous attendit au pofte ou nous avions raifonné. U fal- 
lut traverfer tout le Camp pour trouver cet Officier, nous le trouvâmes en- 
fin; il nous reçut avec beaucoup de politefle, nous fit entrer dans fa barra-* 
que, nous préièntale Chocolat, &eniuite des Confitures & de très bon 
vin de Malgue ou de Malaga. Nous lui dimes le fiijet de notre voyage; il 
nous répondit fort obligeamment gu'il étoit ravi que notfe çurioCté Im pro-» 
curoit l'honneur de nous rendre quelque petit iervice ; qu'il nous alloit con- 
duire à la vifîte d'une partie des lignes, &. qu'après-dîner, il nous fèroit 
voir le refte. 

De l'autre côté de Gibraltar , allant le long des côtes de la Méditerra^- 
née, on trouve Eftépona, petite Ville fîtiiée fur une hauteur, au bord de la 
Mer. Ceft la dernière de TAndaloufie de ce côté-là, fîtuée vis-à-vis de 
Marbella, qui eft dans le Royaume de Grenade. Allant de Gibraltar à Sé- 
yille, après trois lieues de clieinin,on trouve une feuterHôteJlerie, nommée 
la Venta de Malpico. 

Six lieues plus loin, après avoir traverfé une rivière, des montagnes, & 
des vallées, on arrive à Alcda de los Gazulos, qui eft ime Ville fort ancien- 
ne, vers les frontières de Grenade. Elle eft fituée fur une mont^ne, d'où 
l'on découvre, de tous les côtés, une belle & vafte compagne fertile en 

froment. ; 

Cette Ville Rit érigée en Duché en IJJS, par Philippe II, en faveur dq 
Don Parafan Enriquez de Ribéra, deuxième Marquis de Tarifa > & Comte 
de los Morales, lequel étant mort làns enfans légitimes , Don Ferdinand 
Enriquez fon frère lui fuccéda , & par cette fucceflion il devint deuxième 
Duc d'Alcala, troîfième Maj-quis de Tafifa, & fèptième Comte de los Mo- 
rales. Il eut une nombreufè poftérité, dont la branche aînée faillit en ^ 
pcrfonne de Don Fçrdijiand^ troifième de ce nom, & troifième Duc d^Al; 

cala 



D^ESPAGNEET DE PORTUGAL. 5) 

cah» qui mourut en 1636 après avoir vtt mourir tous fèsenfans; deforte Algbzi* 
que Domia Marie-Louïfè Portocarréro Enriquez, fille de Don Pedro En-^^^^ 
riquez Ribéraion frère, & de Donna Antoinette Portocarréro 5 Marquii^ 
d'Alcala delà Laméda, lui fuccéda, &; devint par-là troifîème DucnefTei 
d'Alcala, leptième Marquife de Tarifa, & d'Alçala de la Laméda, neuviè-* 
me Comcélle de los Morales. Elle fut mariée avec Don Antoine-^Jean de 
la Cerda> feptième Duc de Médina-Géli. . . ; 

Paflknt plus avant, on voit lîir la. droite, Settenil Ville de Grenade, & 
Ton va paner à Zahara, dont fai déjà parlé, fituée vers la fource du Gau-^ 
dalete; au Nord de Zahara eft Moron petite Ville, appellée anciennement 
Arucci, & à rOrient Hardalès vers les frontières de Grenade. 

Hardalès eft fîtuée dans une plaine iné^e, au pied d^un Roc fort haut, 
fort éttoit & fort roide, dont toute la cime eft occupée par un Château, 
qtf on eftime extrêmement fort. On y fait venir Téau par un bel Aqueduc > 
conftruit à grands frais j âciiiuvChatcau.ciie eÀ conduite dans la ViÛe, où-c 
elle coule dans une fontaine. La richefle des habitans vient de leurs champs 
& de leurs pâturages, qui font d'un fort grand rapport. 

O S S U N A. : ^ 

ACxou fept lieues, au Septentrion de Handalès, eftOffune, ou Oifo-» ^**™^ 
ne, en Eipagnol, OiTuna, Ville célèbre & fort ancienne, à cinq ou 
iix lieues au Midi a£ci ja , aflez grande & pafFablement bien peuplée , conte* 
nant quatre à cinq mille feux. Elle étoit autrefois connue -feus le nom d'Ur*^ 
feo^ Urfon, & Orfonna, & paifoit pour une Ville forte par ià fituation , 
ayant iëule une fontaine 9 qui fourniiToit d'eau tous les habitans, tandis que 
toute la campagne d'alentour étoit fans eau, à huit milles à là ronde; telle- 
ment que lorfque Jule Céfàr TalTiegea, il fallut faire tout venir au Camp de 
fort loin. I^ même chofe fe volt encore aujourdhui. 

La même fontaine fubf îfk toujours , & fournit de Teau en aflez grande a^ 
bondance pour fufiire aux befbins de tous les habitans : mais toute la cam- 
pagne voiùne eft entièrement feche, n'ayant ni ruifleau, ni fontaine: aufîi 
n'y croît-il aucun arbre, à la referve dç quelques oliviers, qui ont été plan** 
tés par les Maures. 

Cette Ville appartient à des! Semeurs de 4a Maifon des Girons, qui 
n'ont pris que le titrée de Comtes d'Urénia, juiqu'à l'An 1562, que Philip* 
pe II leur permit de prendre celui de Duc d'Offone. Un Seigneur de cette 
Maifon, nommé Pierre Giron, Grand-Maitre dfe l'Ordre de St. Jaques, 
conquit Archidona fur les Maures l'An 1472, & obtint d'Henri Iv , Roi 
dé Caftiîle, la .permî0jion de l'unir à Ton Domaine, avec diverfès autres pe- 
tites Places. . . 

. Après hii Jean Telles Giron , le fécond du nom & de la famille , bâtit à 
Oflbne, l'An 1 5:3+5 ^^^^ Eglifè magnifique, ' à l'honneur de la Ste. Vierge^ 
conftt-uite dé be»u marbra banc , & l'enrichit .d'une grande quantitéde vaif- 



*o .-.0;ESCRlPTiQîqET:DEL'ICES' I 

Qssuka: fclle'cfor, & d'ornemensiiàcerdoUinc très fomptiieux , de foie en brodcfiô 
d'or. Il y fonda mSk divers Monaftères^ ^aùx- ÈLeligièux de St- Dommir. 
que, k ceux de. St. Frinçois^.à.ceiix de StAmiftin, aux WihkncydG 
rOrdre de St. Françok de.PauIe; & Jîors de Ix Ville ii foûck deux autre$> 
Couveas, Tun pour les Recollets >u Mont Calvaire, & Tautre aux Oblèr-? 
vans. La Conltefle Mario: &. femme fonda 1^ Couvent des Religieufcïs tfa 
Ste. Claire : ils bâtirent encore bealucoup d^aûttesCouvens ep^^vèrs. aiin 
eiidroiits de'Ifeufs TérM : lis itai)lirent à Dflbneun Hôpital pour les pau^tes 
& pour les En&ns trouvés y & VAn 1 5^49 , une .Univeriité aflez bien rentéeJ 
Un Duc de ce nom y qui a été Viceroi de Naples , s'eft rendu célèbre ' pah 
fes bons tours 5 dont plufieurs ont été publiés. 

La Maifon deGirori defcendde celle d'Acufla, comme l'on pîeut voir dans 
THiftoire Généalozique-^iie ^cette famille écrite par rld Dodeur Gudieî . Don 
Martin Vafquez aAcimajj qui devint Comte dô Valence;, pariàfècondp 
femmej^ ' «yant époufe en premières noces Donna Thérèfe, fille i& Jiéritiè^ 
re de Don Alfonfe Telles Giron, Seigneur de Fréchofe, en eut un fUs qui 
porta le nom & la qualité de fon ?yeul maternel, ôcs'étant marié avecDon^ 
na Marie Pachéco, Dame de Belmonte, fut père de Don Jean Pachéco, 
& de Don Pedro Giron, jionti le ptémiér eft chef de la famille de Pachéco, 
Ducs d'Efcalona; & Tautre a été Grand-Maître de Calatrava , & Bifàyeul 
dû premier Duc d'Offunë, duijliel defcendoit Dcm François Mane de Pîtul 
TeÙet Giron, fixième Duc d'OlTune , cinquième Marquis de-Peiiaficl , fdç 
Fromefta & de Caiiafcéna dikième Conite d'Urefia. Il était fils 'du Diu: GaP 
par Telles Giron», .qui fut fait Gouverneur du Miknez;, puis Confèiller d'E- 
tat & Grand Eçiiier de<la Rciae,'& qui mourut d'^opléxie le z }umi69^ 
étant en confi^rehce av^c le *Roi^ & dé Donna: Açnô^AntûixMtte dé* Béna-^ 
vides, ;CkrîllO;& Tolède iMarquîfe de FVomefia.& delCaracéna, ùl feccnsdo 
femme* Il étoit Gentilhomme ordinaire de' la Chanibredu Roi, un des 
quatre Capitaines de iès Gardes, & fut >fadt Prunier Pléa^tentiairâ à la 
Paix d'Utrecht, où il fe diftingua par Tédat .de fa dépenfe,; & mourut k 
Paris au mois de Mars i^ 16. il avoâtéjpoiifié^en Décembre <! 694. Don-î 
na Marie Vélafco. & Bénavides, ^ £lie unique ckrDon; Inic jFernandez .de 
Vélafco. &Tovar^ neuvième Connétable ae.Cailijle, &:bmtièmeDuc.dQ 
Frias. > 

Entre OiToné & £ci)a, & trouvent des Marais & des creux. profonds »en 
terre, fort dangereux, appelles Lagunas en E^agiaot: 1 : : « •' 



' f 



•..M A> R C H; E, N-i^A.-:;..'! 



Mar- QOrt a n t. dîQâbne pour . allét à SéviUe) a^ès >dànc:09 troi» liéae^ db 

CHENA. O chemin, on pafTe à MarcJiéna, Ville ancienne , appellée autrefois Co* 

Ibnia Marcia>.dé ibnJFiOiickitéurllMapcittS) (^ul eoinmàflda' l'Armée Ro> 

œ^e, après la "mort de Cn.Scipiom..; . ,.ii/ ..:•'• r 

Matchénaerc Jltuée/ur.uûe.OolUne^ milieu d^e^phine^ Hiu^f licuès 

■ • . . de 



I A «. \à. 



D^ESBACN-E TT DE BORTUGAL îl 

âe Se ville. Du côté quiicoûdmtiàHcetteCapftale, ellea un ï^ôxbourgjMAR- ' 
plus CTAnd que la Ville même 5 avec un Hopilal afïe^ bien rente. cmna. 



entièrement à fec, fans rivière, fans fontaine & fiin& aucune (burte d^eau^ 
Malgré cette aridité, la campagfte eft fertile en toutes clïofes, fur-tout en 
olives: les blés y croiiFent & y meuriflent fort bien, à la referve qii'ils font' 
un peu clair-fèmés. 

Les Ducs d^Arcos poffèdeîit cette Ville avec titre de Duché, Payant eue 
des Rois de Caftille en-échange du Marquifat de. Cadix, qii-ils^avoiént an^ 
ciennement; & comme ces Seigneurs y font leur réfidence ordinaire, ils fe 
font tellement appliqués à remlàeUir, qu^ellèpeiit' entrer en parallèle avec 
les Villes voilines,foit cour la beauté des édifices, ou pour le nombre des 
babitans & pour la fertilité dnterroir. Quclquc^uns ont cru que cette ViB" 
le étoit Tancienne Attégua; inais il y a de f apparence qu'ils fe trompent î - 
tes ruines de cette Ville antique font Ibien loin ddà dans le voiiinage d'Alcav 
la-Réal. ... [Anda* 

L'Andalonlîè eft une partie de 'llincîennè Bédqiië, qui compfenoit cette lousie. 
Province, le Royaume dèGrénade, & l'Eftrémadoùre- Ceft-4k qii^étoki 
en partie la Béturie (A«/«/rw) , laquelle s'étendoit entre le Guadalquivir^ 
& Ja Guadiana, d'un côté dans rEflrémadoiire , & de Pautre.dans îAnda- 
loulîc; étant coupée, au milieu par la Mpntame Mârîane, (la Sierra Mo^ 
réna), qm la traveribiotout du lon^. Cette ftovince dt le lieu où babi^ 
toieht les Ornées, lesGekes: 011 Cdtiqueg, les Turdétaîns & leô Turdolesi» 

' iPai dé^ remarqué ailIeurs^ que fcti nom lui vient des Vandales 5 qui Tap-^ 
peUèreiit Waiidalenteu», d^où par corruption eft venu le Aom d'Andàlou-- 
lie. ^ On a pu voir, par k defcription des principaux lieux de cette ♦P«)vin^> 
ce, qu'elle eft, fans' contredit, la meilleufe de Coure FEfpagne : fertile en 
fruits ^quisr de touré forte t, abondante eri miel à^en vin ex cefieflt, richcy 
en gt^in , «n foie , en fticre , en huile fort douce & fort délicate , & en trou^ 
peaux de gros Se de menu bétail, fur-touc en che\^aux, q*ii font très efti4 
mes; & féconde en minières de divers métaux , & de vcrmillorf, que la ter-^^ 
rë cacfce dans lès entrailles. r * Otoa pip remarquer qu'il y a une forêt toèitô 
entière d'^oliviers près de Séville. 

' JajôiUerai ki qu?o«^n fâife tdiw ké «is^iïfte Quantité fol-prenantê ifhuiîe, 
qui monte , à ce qu^bn prétend , à 60 mille'^fttâux. Il eÀ vrai quie la cha- 
leur y eft extrême en Eté : maisayadaremècfc'àcela; Fon n^a qrfà dor^ 
niir* pehdanr le jour, & a m2(rclier'0u travaiUcF la nuit, feïon le pfôterh^^ 
des gens du Païs: Quienfuere al Andalùfia^ onde Ja nocbey y duerina eïdia^ 
Du refte Tair eft or^naifement fort dbux , & il y foufle à certains tems un' 
petit vent frais, qui eft mei^véilleofèment a^éïlble.- ^ 

• On trouve dan^ le& Moh tag?ic& de T Andaloufie , une eï|3èee fde Mertûre 
ou d'argent-vif, qui fert .àpurifisJ? l^or^ &4 le Jépar«rdfes- autres- métaux !-• 

• 'i B 2 mais 



j 



12 .DESCRIPTION ET DELICES 

Anda- maia ileft fort caiiftique & venimeux, tellement que les pauvres gens, qui 
lomuL. le tirent de la mine, font tous pâles & défaits, comme des fquelêces. Les 
Orfèvres , qui l'employent , ont la précaution de tenir à la bouche une piè- 
ce d'or, qui fe trouve toute couverte de Mercure, loHqu'ils la tirent. Les 
rochers, a où Ton tirç ce minéral, font tout rouges du vermillon, qui s'y 
trouve en grande quautité, 

L'Andaloufîe rapporte de gros revenus au Roi. La grande Douane de 
Séville vaut feule 1^4. millions, 319 mille Maravédis, qui font environ 
trois millions, 395: mille & 18 livres de France; & la Ville vaut au Roi i8z 
millions, 387000 Maravédis, c'eft-à-dire, 4. millions, lay 14 livres de 
France j & tout le refte à proportion. 

LE ROYAUME DE GRENADE. 

lE Ro^. T Es autres Provinces, que nous ayons à parcourir, ne nous arrêteront 
])£GuN. J^ pas tant, n^étant ni fi grandes ni il confidérables, que celle que nous 
venons de décrire. Le Royaume de Grenade eft celui qui fè préfente ici le 
premier à notre vue. 

11 prend fon nom de fa Capitale, & eft une partie de Tanciènne Bétique, 
habitée autrefois par les Séxitains, par les Baftules, & par les Fœnes. il 
a la Nouvelle Caftille au Septentrion ; le Royaume de Murcie au Levant ; 
la Méditerranée au Midi, & TAndaloufîe au Couchant. Il a environ 70 
lieues de longueur, trente de largeur, & quatre-vingts de côtes. 
. Ses principales rivières font le Xénil , lequel prend là fource un peu au- 
^efTus de la Capitale, dont il baigne les murailles, & après avoir pafTé à 
Loxa, il entre dans TAndaloulie, quelques lieues au-deubus de cette der- 
nière Ville : Le Guadalantin , qui prend fa fource dans le voifinage de Gua- 
dix, & dont le cours bizarre coule de TOccident à TOrient, & entre dans 
le Royaume de Murcie , un peu au-delà de Velez-el-Rubio. Le Rio-frio , 
c'eft-à-dire la rivière froide , ainfi appellée à caufe de la froideur extrême de 
fon eau , dont la fource paroît au pied des montajgnes voifînes d^Alhama , 
prelque dans le cœur du Royaume, & va fe jetter d&ns la Méditerranée près 
de Puerto de Torres; Le Guadalquiviréjo, petite rivière appellée autrefois 
Malaça, qui prend naiiFance près de Munaa, & fe décharge dans la mer 
près de Malaga. 

^ Sur la côte de la mer, & bien avant dans les terres, on ne voit que des 
montagnes fort hauteç, coupées de belles vallées de diftance en diftance, 
ce qui lait le plus agréable païiàge du mondes 

Parmi tant de montagnes, celles qu'on appelle las Alpuxarras , font fi 
hautes, que de leur fommet on voit non-feulement le Détroit de Gibraltar, 
mais encore toute la côte de Barbarie, & les Villes de Tanger & de Ceuta. 
On fait dériver leur nom d'un fameux Capitaine Maure qui en eut le com- 
mandement, nommé Alpuxar. Elles s'étendent entre Vélès & Alm/éria, 

&; ont dix-fept lieues de longueur- fur oijze de largeur. 

Elles 



' D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL. 13 

' Elles ne font habitées que par des Moriftues^ trjftes reftes de la ruine de le. Rot- 
kur ancien Empire, lefijuels ayant eiribraffé la Religion Chrétienne > qu'ils mGre^n, 
profèffent encore , ne laiflent pas de conierver leur ancienne manière de vi- 
vre, leurs habits, &leur langue particulière, qui eft im m:êlan^e monf- 
treux d'Arabe & cHEfpagnol. Elles font partagées en onze quartiers, que 
les habittais appellent en leur langage corrompu Taus, & les Êipagnols Ca-* 
beça de Partoto: 

• Les principaux de ces Quartiers font Taa de Orgiva, & Taa de Pîtros, 
appelle aînfi parce qu'il eft renfermé entre deux Bourgs , dont l'un s'appelle 
Pitros, & l'autre Portugos. On voit dans ces montagnes des arbres frui- 
tiert d'une hauteur & d'une groffeur prodigieufe: mais ce qu'on y remarque 
de plus extraordinaire, c'eft un ruifFeaù, dont l^au* teint en noir dans un 
bifkuit lefr filets de lin ou de foie qu'on y plonge. Près delà eft une caverne, 
oui exhale une vapeur fi maligne , qu'elle tue les animaux qui s'approchent 
de fon ouverture. 

• De toutes les Contréeis d'Eipagne, les Alpuxarras font les plus peuplées. 
Tout le païs eft couvert d'un nombre incroyable de Bourgs & de Villages, 
qui font la demeure de ces Morifques^ lefquels ayant confefvé le naturel vi^ 
gilatit & laborieux, tandis que les Espagnols naturels fo font plongés dans 
la pareife & là fainéantifë , s'appliquent avec un foin merveilleux à la culture 
des terres , tellement que toutes ces montagnes font plantées de vignes & 
d'arlM-es fruitiers qui produifent du vin excellent & des fruits» exquis qu'ils 
vont vendre à Vélès-Malaga ,& en quelques autres endroits de la cote , pour 
être revendus par ceuxqtii les leur achètent, à d'autres Marchaiids des ^aïs 
étrangers. • 

Toute la côté du Rjoyauàie étant vis-à-vis de l'Afrique, par confÈquent 
expofée aux courfcs des Pirates Turcs, & à ceux d'Alger & de Tunis, on 
y voit tout du- long, d'eipace en efpace, depuis le Détroit de Gibraltar,* 
.julqu'au Rio-frio, -un grand nombre de Tours élevées pour fervir de Védet- 
tfes, d'6^ l'on découvre les vaifTeaux dans la mer, ainfî qu'il a été dit en 
parlant des côtes du Royaume de Valence. 

• Quoique le Royaume de Grenade foit la partie la plus Méridionale dç 
toute IWpagne , il eft pourtant un des plus fains & des plus tempérés , n'é- 
tant ni brûlé par les grandes chaleurs , ni incommodé par un froid exceffiC 
On y trouve ^elque a chaque pas des fources d'eau vive, des rivières & des 
ruifleadx , qui venant à fë croifor & à s'entrecouper les unes les autres en 
divers endroits , forment des Labyrinthes agréables , bordés de tous côtés \ 
de fleurs & d'une verdure perpétuelle. A une lieue de Grenade on trouve 

les célèbres bains d'Alhama, & à quatre ceux d'Alicun , dont les premiers 
font propres pour les maladies caufées par une humeur froide, & les autres 
pour celles qui procèdent d'une humeur chaude & fanguine. L'eau du Darro 
a, k ce qu'on prêteiid j la propriété de guérir cje toutes fortes de màuK les- 
sUiimaux qui en boivent j & c'eft pour cette raiËtii ^ les- Habitons du Païs 

• • B 3 appel* 



H DESCRlPTIOÎfT ET DEE|CES, 




: ^çhls. r Npa Için f^'^ot?^^^.^ ? on 

__ . c? Jagravejle.' . ;., : ... . 

. Diicoté (jui regarde, le Mi^ 5 on .voit; 4\ïnepart ^PY^ft^LS^ptem^^ 5ç 
des champs, très fqrtiles, , & de Tautre des montagnes très^liautjîs. : J^îais cela 
n'empêçlie pa?, quç je P^'^ , quoique raboSteupc & hériffé ^^% rg/^fefs ffç^çpés j 
ne ^t tçliement abondant 5 qu'il rouçnit nonrfeulemei^t les chpfeq,Q^i:<^aii 
res pour Teritretien de ceux qui Phabitent , mais même pouçitfj.pouFjYoir les 
Etrangers,; j& pour toi^t dire en .un mot, toHfces Ips Coatréçs de; ce. Royfiu- 
me font généralement fi fertiles 5 qu'elles n'ont prefque pas befoi^i de culture^ 
ni de rinduftrie des hommes» ^ ■ 

I>u tems, quçles Maures:le poffé^çi^nt, il étoit .le Païsdu mondç le plu9 
peuplé &le plus riche. X^^tes Içs . coIUnes étoienç auiîicoi) vertus- dôyi^ 
gnes, d'arbres fruitiers.j; de Bourgs ^ôç de Villages 5 que le font encore cel- 
les des Àlpu^arras^dont j'ai déjà p?rlé* Maiaà préfcnt elles ne.fontjà bç^u^ 
coup près 5 ni fi. peuplées, ni C bien cultivées, à caufe que l'Agriculture^ . 
y eft fort négligée par les É^agn^ols; Toutefois^ ce^PaïsTaj^orte-aujoiurd- 
hui autapt, oupli^^ qu'aucun autr^, .de ton t^J'iSfp^ae, for-tout^ Içs'.qii? 
droits quLfc^ntarrofésp^r le Xénil, Sçcpar le Darrp.. . ; \ ,\y' . .\ in.) 
: Tout le terroir dç ce Royaume eft fertile en gtaifljs^ :en yiiî^, en. huile >: 
enf^crçj ^^^^n,y en çJ^aj^ivre: fes montagnas^& fesi cjympagp^ ^oduifent, 
touçe^ fortes de fruits excellens, comme grenades, citrons, lirnons, oran^. 
gesjf olives, caprep, figues, & amandes.^ Tout le Païs fourinille de meur» 
riers^ par le mjQyen deïquels les Habitans noûrriffent.uuc multitude de vers 
^ foie, .dont ils retirent .un pçol-itimmeufe. 1 On y voit unç. infijîité, dç fo- 
rêts qui produifent quantité de galles, qui fervent a faire l'encre, à épaiflir 
ks c-uirs, ^îibnt prQpres 'pcfur 3a .-Médecine, Elles produifeot encore des 
palmiers, dont les dattes qu'on en recueillp, font d'un, grand. ;fecours,. 
auffi bien que du gland c^ie produifent les chênes, qui outre qu'ijfert.àf 
nourrir 1^ bétî^il , eft d'un.goutÇ ,déliçat, .qu'il furpajT^ , celui des.'poîfettes 
les p^us fiacç ; ,ç'eil pourq^ipi ceiçc du Païs.en egtvoyent à^Madri^ aux Graâdsi 
d'Efpagne, qui s"'enfont un régal d^liçi^^x, . / ; ,:, : i .. ( 

.Oflfait:;c9nibie«ony rec^i^Çider^fins^ qu?pn appelle Pafferilles; 
mais bien d^ gens ignorent de quelle manièçe on les apprête ; ç'eft pour-r 
quoi )'ai au qtfil ne feroit pas Jiors cie propos, de le dire en paffant. -. Avant î 
toutes çhofes,i il eft bon, de (avoir qu'il y a de deux jfoîtes de P^affeirill^, les) 
unes- ^l'çn pppeiie? Paflerillâs dftlSoj.x 5ç t^S aûtrçss i:pairçrill4s de.t^kiajf 
ç,'eft-à-dir^5 Palïerilles de Soleila &; Pa^erilleis :de. leffiyç. ;.::..:...» 
-, tç^^émières fe font- ainfi ? C^i*nd les rftifin^.deftinés àêtre mis en PaiFen 
rilles, fen* preîque œûrs^ On. coupe 1^ queuç du.yaifîaà^ œoitilé, afiû que? 
y)lHnçur radicale ne \^ puifle plu§ pénétrer, & que.toiitpfois il demeure* 
p^cbîit au fafinai«> di* forte que Iq Soleil venant à dwder là-deflug, ce 
raifia fecojifit, fSftfe.r 

fecQiîte weillê,'4c^^„ ,. .,,,,..,_._. , 

manière fui vante- ' ^ {, *"^^* 



D^E^ ÀGNfi ET DÉ Pi(>R-t UX^A^L. 



^^ 



u'oncoupe^iSfCcY- 
i le railjn3*é»GRiit. 

flive, dans 

ure & bien 

ardeurs du 



Lorfqu'^on taille la vigne 5 on <ftîé ^s fàÔeeiux du iarment 
qu'on garde jufqu'au tems des vendanges/ ' |loriqu'on a eue 
on fait brûler ces faifceaux , des cendres dfiïqijels on fait une 
laquelle on plonge le raifin, puis on léftiteè fir une aire bien 
nette environ Tneure de midi, & on' le lalflei ainlî expofé ai 
Soleil 5 julqu'à ce qu'il foit fttffiiSmmerttr fec^ après quoi on le iheit;[d^g(ij|cs 
cabas. On fait la même chofe avieù de?; btahcàes de figuier , ppur gj^^pyer 
les figues de cabas. c'^' -' -* 1 j 

On y recueille aufli quantité de mie:l&dd cire. Dansje^ montagnes 

voifines d'Antéquéra, il y a plufieurs endroits joù le fël ^ ïait, |non pas par 

Je moien du feu 5 mais par Pardeur d» Soleil^ qiilyenlnt k d^der lès rayons 

fur Peau de la pluie, & des fontakiéigf, i«^mp ceftkids lieux bas, 

répàiflit , & la convertit en très boh-fel àërà qn fait un commerce confidè- 
rable. rS^ir. ni ] j 

Dans les mêmes montagnes ^^trbîit^f- de très belles pierres pour les 
plus fuperbes bàtimens , & quantité d'une autre pierre blanche iju^on appel- 
le Yeflb, qui étant mife en œuvrer teflemblefau plâtre, & prjoduit le mê- 
me eiFet pour enduire &pour blanchir. Elle af employé aufli peur faire une 
efpèce de colle, que les Architectes; îi^gm)lâ appellent Tarr^s, & qu'on 
employé pour fortifier les muraille^ 'éc-lëa çdif|ces: on en ufèfcncore pour 
boucher les Vaifleaux de terre & de btra^n^^înjenvoye aux Inde^ & ailleurs, 
pleins de diverfès liqueurs. ' .' !^ . ' 

On trouve encore en divers endroits de^/gré!dats',^des'hyacinthes, & au- 
tres pierres précieufès. Le Sumac 0(ï très^'^^çtiminl dàûs* les. montâmes, du- 
quel les Grenadins font un grand coI^me*fce^,aMec Icé^Etfangè-s ^ & s'en fer- 
vent utilement dans le Pais pour appirêtér Bc^oiir épaiflir les peaiix de boucs, 
de chèvres ,& le maroquin. çi^ivnij:i..;1 ^^ j 

Les Habitans du Païs font fort noi^i'^dWii^ur facile, & d^ne aimable 
Société, adroits de leur corjjJsV « trè^]propre^ pour les armes* Qdoiqtfils 
ayent beaucoup dégénéré de Tapplicntiliîti, « ds la vigilance de'leur^Pèrtfs, 
ils font pourtant les peuples les pla^ lal)ô(^leu;x (îetotitéS Ifes-bârties Méridio- 
nales d'Efpagne. Ils font fi fobres,;qu^fe:fte«é^é^ 'pre^\iapas de vin; 
& pour que leurs enfans les imiteiirtrte' ocfev Ils |eàf défendent? rjifage de cet- 
te liqueur jufqu'à un certain âge fort zfàiiç^- 1 | 

Voici quelles font les principales Villes d4- Rpyaume de Grérjade par rap- 
port à leur fituation. ;- \ 1 

, .1 ' J : 

^GrénaiJe, . ,. , 

Baça, 

Guefcar». 
Loja;>'- ''' - ; 

Alhamâj •' ■' ; 

Anté-î 



I ' " 



^k V 



/a 



Les Places les 
plus confîdé-^ 
râbles font 



LE Roy. 

SfiGsSM. 



Dans lés ! 

Terres. 



Les Places les 
moins confî-^ 
dérables font 



t 



ï6 DESCîlIPTION ET DELICES 

y Antéquéraj 
l Ronda. 
/ îSetténil, 

Lora, 

Eftépa, 

Vélès de Malaga, , 

.Albanuélas, 

Cardiar« 

Taron^ 

Véria, 

Uxixar^ 

AnduxaTj 

Gaiîgivar, 

HoaneX) 

Santa CruZ) : 

Nerca, 
Porcena^ 

Montéijcarj . ^ 

ÇogoUos, 

Monachil^ r 

^ Monda. 
} Malaga, 
Les Places les Alméria, 
plus confîdé-^ Muxacra, ; 

râbles font l V6ra, ^ 

\ Marbella. 
( Fuengirokj ' 
Molina, .\ i 

Sur la J Porto de Terres, 

Côte^ 1 Almunéçar, 

Salôhréna, , 

Motrilj 

CaftdFerrOj 
Béria,' 
Adraj 
Alàdra, 
^ Caftel Grimaldo. 

« 

Voici une nouvelle diUribution des Villes de ce Royaume félon les quatre 
Diocèfès, ' ' 



Les Places les 
moins confî-^ 
dérables font 



[Ronda^ - 
Sét^, 
Mond*> 



Mar< 



LAGA. 



LeRo- I Daqs 

yaumede] chà de 

Gréna- "^ nade. 
de a 



Marbdla,' 

Cartama,- • 
Antéquéra, 
Vélès de Malaga. 

Alhama. ^ .. 

Boxa, 

Santa-Fé, - 

Grenape, Capitale du Royaume > 

Almunécar., . 

Vdobrenna, 



a 







Dans l'Evê- 

RIA. 



Motril 
Adra, 

AufERIA) . . . , .^ 

^Véra. 
Dans PEvê- ^ GuADix, 
ché de GuA-J Baça, . . ' 

V. DIX. I Huefca. 

• 

^ Pour faire par ordre h defcription du Royaume dé Grenade, je fuiVrai la 
route ^e ceux qui vont de Madrid à Grenade; pour y aller on traverfe uner 
partie de TAndaloufie, & la première Ville , qu'on rencontre à rentrée dir 
Koyajiime, à fèpt ou huit lieues des. frontières,; eftla Capitale même,' qiri: 
a donné le nom à tout le Royaume. On y arrive après avoir marché 4 
lieues dans une montagne, qui conduit à une belle forêt de chênes vprtsy 
longue dé trois lieues, 

C*^ R E N A D E efl une grande Ville bâtie par les Maures dans le X Siècle. Grena- 
Jf Elle eft fituée , fuivant les Obfervations Aftronomiques à 1 8 d. i js de, 
âe Longitude, & à 37 d. 30'. de Latitude, félon Lèvera (*)• Le Père Rie- 
cioli (t) ne met que quatre Minutes de plus pour la Longitude. La Latitu- 
de eft la même. Quelques-uns ont cru qu'elle étoit l'ancienne ÈUberis^ ou 
llliberîs^ illuftre par (quelques Conciles qu'on y a célébrés: mais cette Ville 
ètoit un peu au ûqSus de Grenade, fur une colline qui conferve encore au- 
jourdhui le nôiù d'Elvire; & l'une des portes de Grenade, par où l'on y al- 
loit , en a retenu le nom d'Elvéria. ' On a déterré dans l'Aliiambre , un 
Quartier de Grenade, une Infcription ancienne, où fe trouve le nom d'il- 
liberis. Voici cette Infcription (j). 

IMP. 



(♦) jiftronmn. rejlitnt. L i. p. aéi. 
l^Géogirapb. riformaf. 1. p. p. 398* 

Tome IIL 



(i) Gruter. p. ayi. n. 7. 

c 



» I 



CRIN4- IMP. CAES, il AVRECIO. 

ïB. PROBO. PIO. JELICr. I|NVICT.O., , • 

AVG. NVM. MAIESTWTIQ. . 

DEV0TVS.,6RDq. IlilBER. " 
DEDlCAT. P. P-l 

' i 

On voit encore à Grenade l'InfcripriOn ftjvinte («). 

FLAVIjE, VALERI'jE. TftANQuiLLlN^; 

aDoustjE. coNjuGv iM>. cjes, 

GORDI. PII.,FE.LI..AUG. ORDa 
MILIT. FLOPIANI JLt-IBERlTANt 
DEVOTUS NUMINI MAIEBTATIQUE. i 
SUMPTU PUBLIC^* POSUIT. : 



Quoique ces Inicriptions le trouv^ent à Grenade, ce n*eft pas ài dire, com- 
me le prétend Moniïeur La Martùiiere Q) que cette Ville foit aulTi an- 
cienne qu'elles j on peut les y avoir apportées. Ce favant Géoprapiie détruit 
en même tems ropinion de ceux qui tiennent t^^EliberiS).^Tih^î, Ilibfrîy 
ou Liberinî, ou plutôt Eliberità, eft la' Ville de Grenade. Ce'qu'il dit fur 
cet article mérite d'être rapporté. 

j ■ j^..C3e-lieu, dit-U, tn parlant d^Eliieris, &c. déjà connu du tems de Pli- 
^ në{f), qUile nomme Hiberi dans' l'Edition du R. P. Hardouin, eftde- 
„ i venu fameux par le Concile qui y fut célébré vers Tan 30? , foils le Ponti- 
, fiiiat de St. Marcel Papp. 

» ' Je fuis en cela Topinion du P. I^bbe, . quoique je n'ignore pas combien 
^ répoque de œ Concile eft incertaine. Barbarus dans Tes Notes fur Mêla 
„ (^ parlant dé cette VUlè k Foccafion de PaOtre de inême nom, dit que 
„ c'eft à prelènt une Ville très riche nommée Grenade^ dans le Païs de mê- 
„ me nom. Il allègue en preuve ce qui n'en eft pas une , à favoir , qu'une 
„ des portes de Grenade^ s'appelle encore 7(j Puérta dé Ehira : comme il les 
„ porte» prenoiient le nom de, la Ville où eUes font, & non pas celui du lieti 
^, pîi mène le cliemin don't elles font, pour àinfi dire, le commencement^ 
„ Lé P. Labbe (f) dit fort bien que ceux-là ïè trompent qui prennent Elt- 
„ ier« pour Grenade même. Cette Ville ètoii le Sitee d'un Evêché Suf- 
„ fi^an immé le Bétique, ami & con- 

„ tempo en fiit fait Èyêque vers le rai- 

„ lieudi le d'Eliberis foufcrivit au pré- 

„mierC de Tarragone ;& Etienne au 

p troifiè e transféré à Grenade qui s'eft 

„ accrue : n'eft plus qu'un Village , qui 

j, même eft iiègrigé dans les Cartes générales & particulières de rElpagne^ 

■ . • ■ ,j Le 

(o) Gmter. p. 272. n. 7, (0 Geog. Synod. 

a) Dm. Gstgr. à l'Article Grètail, {/) Baiîlec, Topogr. des Saints, p. 179- 

(0 L. 3 c. I. (g) Carol. i $. Paulo, Ceeg. Sac.p. I8î. 

■WI-2-C.5. . 




D^EBPAGîfî;- ET pE pp'JlTUGAL. i$ 

9 

^- Le R. P. Hardpnln dit qife Tapcienne IHheri écoit fîuée fur . mie \{ontanG48NÀ- 
p en& (pi çaz ptis k non). ^Sterra 4" E^'vira. , . oz. 

Quant au nom âp Gréiui4e , les EcrivsuQS ibot .partagés |ur fon étyipolo- 
gie j les uns prétendent qu'elle a été ainfî ^ppellée dç la grande quantité d^ 
grenadiers qui sV trouvent, les autres de fa reifemblançe à une Grenade, 

roiiinage de cette Vjille ; & d-autres , de i^^ffa, iQp^ ££)agf^ol ^ 
iijgiiiiiant la graine dont on teint en écarlate^ qui fe trouve en grancp qpaAi 
tité dans ce r aïs4à. 

. Mais fans nous mettre en peme de rorigine de ion nom, il faut rcm^r^ 
guer que fa fituation eft tout-à-fait jnervçi^eufe , en partie fiu* desjtnontft? 

fnes3 & en partie dans la plaine. Elle palTe pour Tune des plus grand^î 
. ''iUes de r£^agne, & Teft mSx cftesaûvemeiit, ayant près de douze mille 
pas de circuit > une muraille flanquée de mille & trente Tours , & douz& 
Portes, dontriflue, du côté de l'Occident, conduit à de belles & d'^gréî^l 
hl^ campagnes, mais celle de TOrient a des lieux fort rudes &; montueu^f 
On y remarque eutr'autres deux coteaux élçvés, qui laifTent ontrc-^i^vp^ 
une vallée profonde, qù coule une petite riviore nommé&le D^rro: ^ettiç 
rivière après avoir traverfé une partie de la Ville, va fe jettçr^ pr^s dçf ru4 
(le des Fortes, dans le Xénil qui lave fes^ murales: elle rouie des pellettes 
4'or &; d'argent dans ion iable , delà vie^t ^Vi^on l^ppeUe çommun^m^ent; 
^ rio del oro. 

La Ville de Grenade eil partagée en quatre Qi^utiers différens, qyi ibn]^ 
diitinguéspar des noijis , particuliers ; Grenade, Ail^ambra,, Albaycin oq 
Alveuin, &; Antiquéruélfi. Le préi^er Quartier, qui retient le noinÇré-; 
pade, eft la principale pai;tie de la Ville, iituép dans la plaine & dai)s les 
valons qui font entre les myontagnes. Ceil là que demeurent la Npbleilb 
&; le Clergé, les*Marchands &; les plus riches Qourgçois, &p oj!t fe tiennent 
les marchés. Tout ce Quartier eil orné de très beaux bàtimens , publics âç 
particuliers, & de diveries places publiques, avec des fontaines. Les mai- 
Ions des Nobles, des Eccléilailiques âc des Marchands, font trè^ belks, 
très propres, bi^n bàdes, & fort commodes, accpmp^gaée? de }^im^])W'* 
dins ^ de fontaines. 

^ Les princioales rues fcmt voûtées, à caufe des canavx., p;u* le moien dei^ 
quels on conduit T^u àam les maifons particulières, oui ont toutes leur four 




yaume. ... 

,- L'Egliiè Cathédrale eil une très belle pièce, qtfon a commencé dé bâtir 
il y a un peu plus de cent ans. £lle n^eîl pas fort grande, mais elle a un très 
beau dQme , foutenu par ^ouie erands piliers très ardilement travaillés , ap- 
portant des arcades^ iîir lelquelks on voit deux rangs de balcçns de fer do^ 

C â ré. 



20 DESCRIPTION BT DELICES 

» ♦ 

Grena- ré. La voûte êft toute peinte & dorée , & contré les dou2:e piliers paroîf^^ 
^^^ fent les ftatues des douze Apôtres en bronze doré 3 de grandeur naturelle; 
Sur le grand Autel eft iin beau ciboire d'argent doré, dans leauel on tient 
le S. Sacrement. Près delà eft k Chapelle du Roi, où Ferdinand V qui con- 
quit Grenade il y a^in peu plus de deux cens ans (*) voulut être enterré a- 
Vec la Reine Ifàbefle fa- femme. Letirs cwps font dans deux beaux fépulcres 
de marbre, k Pùn delquelâ on voit aux quatre coins quatre harpies, & k Tau^ 
trë quatre Saints. '•''•'♦ ' ' . 

' A la gaiiche , au milieu de la Chapelle , paroiflent deux autres tombeaux! 
où Ton a mis les corps de la Reine Jeanne leur fille , & celui de Phi-' 
lippe I fbn ^ mari , Archiduc d'Autriche ., Roi d'Elpagne , & père dé 
Charlés-Quint. Au deflbus de la Chapelle on trouve un Cavfeau , rem- 
pli de cercueils de pkmib s où Ton, a «nterré* un grand nombre d'autres 
Rois. ' 

La Sacriftie eft richentent fournie : on y montre, entr'autres raretés, Té- 
pée & la couronne du Roi Ferdinand V, divers ornemens de PEglifè, les 
uns k l'antique , façonnés de mailles d'or l'une fîir l'autre , & d'autreè k la 
mocjerne , brodés de pierreries. Près delà eft un ancien bâtiment , qui a fer- 
vi <fe Mofqiiée aux Maures: il èft tout bâti en portiques, foutenus pat àti 
piliers • de marbre : il fubfifte encore en Ion entier , & les Chrétiens en ont 
ftjt une Eglife parôifliàle. ' 

• La Chancellerie, où s'aflemble la Cour, eft dans le même Quartier, el- 
le il fiir le devant une grande & magnifique place, dont la forme eft un 
quarré long, de quatre cens pieds de longueur, fiir deux cens de large,, a-» 
vec une "belle fontaine de jifpe: les Grenadins l'appellent en leur langue, 
brivàrambla, c'eft-k-dire, fablonneuie. A \\m des côtés de cette placd 
eft la Chancellerie ^ dont |e pàk^le , ornée d'un* beau frontifpice i enrichi 
de colômne^ d'albâtre, & tort bien fait: on y entre par trois por-î 
teaux,' dont celui du milieu eft plus- élevé que les autres ; au deffus des 
porfeaux on voit im beau rang de fenêtres accompagnées de balcon$ 
dorêsi* . ^ ' ' ^ 

• L'intérieur du bâtiment eft une grande cour> environnée de chambres k 
chaque éta£;é: Ceft h qu'eft la Thréforerie, & où s'affemble le Confeil 
Souverain àe Grenade, compofë de plufieurs Confeillers, qui foilt appelles 
pidôres, c'eft-k-dire, Auditçurs. De l'autre côté de la place , vis-k-visde 
la Chancellerie 5 on voit une maiibn fort longue , nommée Alcacéria, par- 
tagée en près de deux cens boutiques, où les Marchands étalent toute forte 
de marchandifes , particulièrement des étoffes de foie. Outre cette place i 
il y a la Plaça Mayor,* où l'on court lèà Taureaux; elle eft au milieu de la 
Ville , fort grande & fort belle. . .. , . . ^ 

t . I -, * JL'V* 



1 1 ••• « 



' î (♦) Fferdinand fe préfenta devant XJrénade un deffus dans les Annales, lés particularités les pUa 
.Samedi 23 4' Avril 1491,. & cette Ville fe rendit, /cmax<inables. de ce Siège fous V^n }f\9i» . 
le 1 de Janvier 1492. " Nôus^avôiis rapporté cî-' ' , ^ • -• • - c • ^ 



\ 



D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL si 

' Le fécond Quartier de Grenade eft fiir des montagnes, qui commandent Grena- 
le refte de la Ville 5 appelle Sierra del Sol , la montagne du Soleil 5 p^ce de- 
qu'ail eft tourné vers le lever du Soleil , & dans une très belle expoution; 
Les Maures Grenadins le nomment Alhambra , ce qui en leur languefigni* 
fie rouge 5 foit parce que fon fondateur portoit le nom d'Alhamar, foit par- 
ce qu'if étoit rouffeau, foit à caufe de la terre rouge qui s^ trouve, &;quife 
fait encore remarquer dans les édifices. 

Ce Quartier -eft habité en partie par des Grenadins ^ & en partie par des 
francs Efpagnpls. Ceft là qu'on voit deux Châteaux ou Palais, bâtis, fun 
par les Rois Maures, & l'autre par Charles-Quint ou par fon fils Philippe 
II; l'un & l'autre fort confidérables par leur fîtuation admirable, par la 
•charmante vue dont on y jouit ^ par leur magnificence, & le premier par 
fon antiçiuité. On y monte: de la Ville baffe par une belle & longue allée 
-fort unie, bordée, aux deux côtés, de grands ormeaux , au milieu de 
laquelle eft une très belle fontaine de marbre jafpé, embellie de jolies 
petites ftatues, qui jettent l'eau plus haut que le fommet des arbres^ 
Cette allée vous conduit en tournant, & en montant jufqu'à cea Pa* 
lais. 

Avant que d'entrer dans celai des Rois Maures, on arrive dans une gran* 
tîe place, où fe voit celui qui a^été bâti par les Rois Chrétiens: c'eft im fii" 
pérbe corps de logis ouarré, bâti d'une pierre de taille toute piquée, à \% 
referve des bandeaux oes fenêtres, qui font de marbre noir. Tout à l'en* 
tour dé l'édifice , on voit au delfous des fenêtres un grand nombre de têtea 
d'aigles & de mufles de lions , qui tiennent xle grolles boucles; le tout de 
i)eau bronze. Le portail eft de jafpe, relevé de trophées & de plufieurs au* 
très petites figures: particulièrement les piedeftaux des colomnes, qùifoii*- 
tiennent tout l'Ouvrage, repréfèntent' quantité de combats gravés fîirlç 
jaipe. ' 

" L'intérieur du Palais eft une grande & magnifique cour toute ronde, tout 
autour de laquelle régnent deux beaux rangs de portiques l'un fur l^tre^ 
foutenus l'un & l'autre jxu- trent'fe-deux groffes colomnes de marbre & de jali 
pe, dont chacune, d'une feule pièce , a coûté douze cens écus, à -ce qu'on 
prétend. Les fales & les chambres ont été richement ômé^^ auffi bien que 
les Quatre portes des façades de l'édifice j mais cet Ouvirage 6ft demeuré im- 
partait, & on le laiffe ruiner. 

On paffe delà dans l'ancien Palais des Rois Maures, qui eft bâti de grof^ 
fes pierres de taille quarrées, environné de bonnes murailles, fortiné de 
Tours & de Baftions, comme une Citadelle, & fi vafte qu'il peut contenir une 
garnifon de quarante mille hommçç. Avant que d'y arriver 5 on trouve 
une elpèce de ravelin, où l'on tient quelques pièces de canofa^ pointées con-^ 
• tre la Ville, &^à l'on a élevé un àutd, avec les figures! ae Ferdinand 
-& d'Ifkbelle ; on y voit auffi quelques citernes de marbre, d'où Ton puife 
imc eau fort bonne & très fraiche, qu'on porte dans la Ville. ;; 

Le dehors du Palais n'a aucune apparencç que celle d'un vieux Qiâteau , 

Ç 3 mais 



23 . DESCRIPTION ET DELICES 

Grena- mais le dedans eft de la dernière magnificence* La oorte eft Êiite à la Mo- 
^^- re&ue ^ finiiTant en pointe par le haut : au deflus au portail fe voit une 
det gravée ftr une pièce qe marbre > Se plus haut une main en relief, 
aufli fur ime pièce de marbre ; ce qui étoit une efpèce d'hiéroglyphe 
myilérieux, pour lignifier, que quand la main prendroit la cIq£j le» enr 
nemia des Maures prendroient le. Château. Par malheur pour eux ces 
figures prophétiques ont été démenties paj; révèneraenti, de même que bien 
d'autres qu'on a vu^ ailleurs , comme à la porte de Verrue & à celle 
d'Arras. 

Le veftibule eft revêtu de marbre , & toutes les parties du dedans font 
jde même , d'une ftruâure très ftiperbe & très fomptueufë ^ qui fait bien 
connoitre Thumeur magnifique des Maures* Les chambres ont les mu- 
xaiiles âncruAées de imrbm de jafpe & de porphire ; les plat-fonds 3 les 
poutres & les. lambris , dorés ; Ôc par*tout on voit doa figufçs hiérogly- 
phique» , des Infcriptions Arabeiques & divâ*s Ouvrages k la Mofaïque. 

On entre d'abord dans une grande cour plu» longue que large , pavée de 
marbre ; aux quatre coins de laquelle on voit c)uaixe fontaines de marbre 5 & 
le milieu eft occupé par un beau canal d'eau vive incrufté de marbre , figran^ 
«qu'on y peut commodément nager ^ d'où l'eau eft conduite dans les cham« 
htcs & dàns: les.fales du Palais , qui ont toutes leur fontaine* £llçs font voû* 
nées pour la plupart 3 & les voûtes font découpées à jour, dlun Ouvrage fi 
délicat & fi hardi, que t'eft une merveille qu'il fe foit confervé à travers tant 
de Siècles. Mais les Efpagnols ont grand foin de cet édifice, pour y faire 
les réparations nécefTaires , quand l'occafîon s'en préfente. On voit là une 
chambre, qù les Rois Maures fo baignoient dans des baips faits d'albâtre, 
iremplis par de gros canaux, qui forteiit de hi muraille 9.&; des bains coulent 
|2ar de petite canaux dans d'autres chambres. 

De celle, où ils fe baignoient, ils entroient dans une autre, où ils fefai- 
jbient 3iècher, & pafToient dans une troifième, où ils fe repofoient & fai- 
ibîeq^' leur Sieftas les après-midis. L'une des plus belles pièces de cet Edifi- 
ce Royal eft la Cour, qu'on appelle El Quadro , ou de los Leonqs. Elle eft 
quârrœ^ 6ç pavée de marbre , ornée de portiques qui xègnent tout autour , 
' avec cent dix-^t colomoes d'albâtre fort hautes , qui foutiennent des^e- 
«es ornées aufli d'albàfire. . 

Ali milieu de la cour on voit une fontaine, où douze figures de Lions a- 
groupées fiipportent un grand &Jarge baflin,- de marbre blanc d'une feule 
pièce, & jettent tous de l'eau par la gueule, faifant tout autant de fontaines 
^ui coulent inceffamment: du milieu de la fontaine fort un ^os jet d'eau, 
qui s'élève fort haut, & retombe avec. grand bruit dans le Immt^ d'où elle 
fe répand dans les chambres. 

A côté de la première cour on voit une chambre , où étolent les lits des 
>Rois Maures, dont les châlits fe voyent encore, fi larges qu'il y pourroit 
aifément coucher fix perfonnes. On monte delà dans une fale d'enhautjj 

où fe voyent deux pavillons f dont les dialits font de beau marbre ;>. & le 

' • fond 



D^EâPAGNE ETDE PORTUGA'Lf 23 

&nâ ou le ciel richement doré; les fenêtres ont auCTi les bandeaux & les Grena- 
eroifëes de marbre ^ avec des balcons y où Ton a une vue ddideufè fur la de. 
campagne^ iiir k Ville qui eft au pied de la montagne > & for les mon^ 
ta^es voiiines^ qui préfèntent. leurs cimes > toujours bbmches de neige. 
La chambre^ ou les Keines s^habilloient^ a dans un coin^t jets d^eau> 
qui fortent du pllncher, & qui fo-voient à les rafraîchir. 

On remarque auûl dans ce Palais rnie chambre d^une merveilleufe ilruéhi^ 
re^ où il dl impoÛVble de parler li bas, que Ton n^ehtende, d'un coin delà 
chambre à Paiitiié, tout ce qu^on dit. On rappelle la Chambre du Secret 
par contre-vérité. Derrière le Palais il y a une vallée fort agréable, bordée 
de hatltes montagnes des deux côtés, &; arrofée par le Darro qui la traverië. 
On 7 voit deè jardins aiTe^ bien entretenus, un parc, ime petite forêt furie 
panchant.de la montagne, un petit bâtiment pour fe repoièr, & de fort 
belles prtMnenadea aux deux bords de la rivière. 

^ De ce Palais montant un peu plus avant, on trouve une belle & délideii-» 
fe maHbn, bâtie auffi par les Rois Maures, pour y. aller pafler le Printema 
& y jouir de la pureté, & de la douceur de Pair : on l'appelle Xénéralife, 
on Généralifè, car la prononciation eft la même. La fîtuation en eil: extrê-^ 
mement agréable , éc Part a beaucoup contribué pour en faire un beau lieu« 
On y a toujours un air.dqux &-férain : on y trouve. quantité de fontaines, 
qui coulent avec un doux murmure, dont Tune particulièrement poufle un 
jet d'eau de la grofleur du bras, avec tant de roideur, qu'il s'éjève beau- 
Coup au deflus de la muraille de la maifon , tellement que quand les rayons 
du Solefl donnent deffus d'un certain fens, on voit delà mille pietits [^ 
ris, qui divertiffent agréablement h vue. On a là de petites forêts d'arbres 
fruitiers, un parc où Ton garde des animaux £iuvages , & de beaux^ jar^ 
dins. 

Montant plus haut jusqu'au (bmmet de la montagne on voit un vieuk bi-* 
timent, <]ui H été une Moiquée des Maures, & qui porte le nom de S. Hé*^ 
kne, à laquelle les Chrétiens l'ont confàcré : les Voyageurs , qui ont la cu-^ 
riolîté de monter jufijues là pour le voir , ont de coutume d'écrire ou 
de graver leurs noms fur la muraille, delà vient qu'on y en voit une in-* 
finîte. 

Sur cette montagne près du Palais, il y a une citerne publique, que les 
Grenadins appellent Algibe, creufée autrefois (comme on croit) piar les Ro- 
mains : elle eft fi bien faite , que l'eau non feulement ne s'y corrompt jamais, 
mais aquiert même une vertu médicinale, comme, d'arrêter la colique, ain-». 
fi qu'on l'a rehiarqué par une longue expérience. 

Contre le Palais il y a une petite Colline, où l'on voit un vieux Couvent 
de Carmes DéchâirfTés affez joli ; nommé èl monte de los Martpres : toute 
tette Colline eft coupée de creUx & de cavernes fort ^wcieufes, qui n'ont 
^u\mr feule entrée par une ouverture étroite, faite en rond au deflus, où 
l'on dit que les Maures defcendoient leurs efc^ves Chrétiens la nuit, après 
les avoir bien tourmentés le jour ; ces cavernes s^appellent Mafinorras. On 

y va 



Grena- 



/ 



24 .-'DESCRIPTION ET DELICES 

y va <îans le Prihtems en péterinage : pour y monterj on trouve une bell^ 
allée, bien proprement accommodée, avec, deux rang? d'arbres aux deux 
côtés. UEglifeeft toute neuve, ScTonyales corps de dix Saints Evêquesj 
qui ont été tués par les Maures. 

Le troilièmfi Quartier de Grenade, appelle Albaycin, n\étoit confidéré 
autrefois que comme un Fauxbourg, féparé dureûe.de la Ville par une mu-, 
raille, dans un terrain élevé fur deux Collines, occupé par cinq mille mai- 
fons. Tous les habitans de. ce lieu étoient des Maures, diftingués des au- 
tres Grenadins par leur langage; par leurs mœurs, & pair leurs habiÙe- 
mens; vivant avec beaucoup de léfîne, & donnant à leurs femmes des 
habits de foie à porter , tandis qu'ils fè vêtoient de iàcs , afin d'être 
toujours prêts k charger des fardeaux, pour tous ceux qui en avoient à. 
feire. • . ■ ! ' ■ 

Lorfijue Ferdinand eut pris Grenade , les habitans de TÀIbaycin excitè- 
rent une féditioh contre Ximénès, qui les preflbit d'embrafler le Chriflianif- 
me* Us furent réprimés par la force 5 & tous déclarés criminels de lèze Ma^ 
jejlé: comme on (^) leur propofoit le choix ou dujupplice ou du hatême^ il riy 
en eut pas unfetd qui ne demandât d'étf^e batijé ; ^ tout ce qui reftoit d'infidér 
les dans les autres quartiers de la Ville ^ ou dans les bourgades voijînes ^ au 
nombre de cinquante mille , Je rendirent Chrétiens prefque au même tems; c'eft 
ainfî qu'ils embraffèrent le Chriilianifme. 

Ferdinand le Catholique avant pris Grenade fîir les Maures 3 détruifiten- 
tièrementleur Empire en Efpagne, après ^tfil y eut duré fèpt cens quatre- 
vingts ans» Boabdil fils d'Alboacen dernier Roi de Grenade 5 (fîirnommé 
Ch^uito^ c'eft-à-dire Petit, à caufe de la petiteffe de fà taille), fortant de 
fon Palais, pour fe rendre à Ion Vainqueur, prit ion chemin par une porte 
de PAlbaydn, & lui demanda pour grâce, que jamais perfonhe ne fortît a- 
prés lui par cette porte, ce que Ferdinand lui accorda fans peine ;& afm que 
la chofe fut mieux obfervée dans tous les fiècles à venir,la porte fut murée», 
comme elle Teft encore. 

On rapporte de Boabdil Chiquito, qu'étant forti de la Ville, qu'il étoit 
contraint de rendre, cet infortuné Prince s'arrêta fur un coteau pour la voir 
une dernière fois, & ne put s'empêcher de verfèr des larmes, que fes mal- 
heurs lui arrachèrent ; la Reine fa mère qui l'accompagnoit , le voyant pleu- 
rer, lui dit d'un ton rude, c^ejl avee raifon que tu pleures maintenant comme 
une femme y puifque tu n'as pas été ajfez brave homme pour te défendre , toi 
^ ton Royaume. Elle avoit tort cependant, car l'Hilloire nous apprend que 
ce Roi étoit fort vaillant de la perfonne , mais il fut contraint de recevoir la 
loi du plus fort 

Après que Grenade eut été prifè par les Chrétiens, „ le Cardinal Ximé^ 
„ nés (t) ayant gagné les Docteurs Mahométans, leur ordonna de lui ap- 

» por- 

» 

(♦^ Vie 4u Cardinal TCminès , par Mr. FlichUr , Evêque de Nîmes. ' 

(t; Idçm^ ibid. 



D^Esriî'AKPiiaiaïrîntiwtoBORîDiœien xg: 




^ voie sitn^ jtiftju^ cipf^.nuUç vQltijaK^» il les iit b^ler publiquemean ,i 
>, fans épargner ni enluminures ni reliures de grand pcix> lA/lautt^ «rit^i 
M •tfieos' .^'er ^;d'li^gent^y-qMëiqt<ë f>^èife; qu^oalui'llu de ll3&&icelièryi^ à 
j,. d'autres n^s., .y^Hlwt-effaEeer toutq? Jes marque^lde ces err«ui».,..&far-> 
„; re oublier' auliapt;. q^'il pP^rspqiti) fu'^oi jô? eut |»Aaû fiuvits^lea Efpagftftr 
]f. H Féi$rv^'iëul$i)aenti|D(t^Hd8 ^.re»de.^»éidedne)dQii!t!ceCOe Nation atoiC 
5jt toujours été jy-^.çuçiqttfei qy'iî.envqyaàla Bibliothèque du Coil^dLAl-^. 
39 caki • , . ,' ,•; m/; ; . , ' i • . • . • . ■{ 

. Ledèr.niei!,(^ia];^Cjsleal3 Vi^^^^^f'^ -^^^i^^^^^^)'^^ <^' uneplaH 
ne, peuplé de gens venus d'Antéchéraj,4.'p4iiU! Yieot le oortiqU'iJi porte. Sefe 
bjtjpkaoft font pa^r M p4u9suft:t)9i^ef8^ib)ie)^tiljreurs:de:3^ctin).de. Tsfetîis, 
de. Damas ; .-^e^ntwlçR^ <^vû. teignent en pourpreo ^/^^^«{arlate,: iSc autrel oan 
yriers fembiabtes, . -. . ,. . . ' .^^ 

La Ville de Grenade efl: fort marc|ia^.de & mot peuplée, bien qu'«U^jcMt 
l^ibit pas joutant aujourd^ ,: .qu'elle l?étoit du <em8 des. ^ois Maiujps» <$]i'oti 
. y compcoic jufqu'à '^i^aqte millei m^iibns i ou djau^c cens miUe kibitm»>' M9 
U eft très aeréable., fur-tout en Eté,' ^cauè des fontawatsy qui a*y trcsiveoUr 
«û fi jçrand nombre > qu-oïi en com^Hje environ dix mille, .ôç de l^-grande 
quantité de glacières qu'on y 51 pour rafraîchir le. vin: delà vient quedan^ 
cette Mon l'on y voit ?.Uer beaucoup d$ Noblefle de. divers éndroits.duRo-j 

: :Ui.Viliedf Grenade eft le;fiègie d'une pfftite'ywwriiti, & d'un ArcliéS 
TQchéi, ,qu<bvaut quarante nulle (iicats de rente* Tou^ les Hiftorjens. EccJén 
fîaftiqaeç oo^viennenfi que S^unt Cécile fut leprémier.EflrBqtie de Gr^îwlei,' 
mais ils' ne foiït pas d'accord touchant l'époque de & promotion à TEpi^O'^ 
pat. Left zèlès^Défep&urs. des Mifilons de Saint Jaques en £Q>agae>> pré^ 
tendent qu'il fut Difciple de cet Apôtre ; & par cox^èqueot cette. Eglife fei 
foit attiri.an^i6n|ie'que c^lle de Rome^ Les autreâ veul^tiqu'il n^oocup^ ce 




ièroit inutile d'alléguer ici. .'-... ■ . -• 

Qiioiqu'il en foit, on trouve une fuite éxaâe d'Evêqties depuis Saint C6î 
cile jufqu^au . tems de l^invafioa des Maures;, qui lireut régner le Mahomé- 
tHîne dans ce Diocèië pendant .environ 780 ans, au bout g^iquels Don FeF« 
dinand. le. Catholique ^1^ Reine J[)onx)i^ IfaheUe reprireiit Grenade furrleé 
Infidèles; ^ après, y avoir rétabli le C^ilÛ^nifine^ils furent érk;érce| 
Evêché en Archevêché, fous le Pontificat d'Alexandre YI , .« Don 
Ferdinand de Talavéra , Religieux Jéronimite , fut fait premier Arch6* 
yêque,. ...:;,... . , : ■ ; 

Le Chapitre de cette Eglife eft compofé de 7 Dignitaire», de 1 2 .C^anoi? 
fies,' de iiFrébendiers,. % de plUjiieurs Chapelain?. LeDiocèi^ s'étend fur 
jt5H. Parpiifes. ._.;,...;.. . .^ .. : !; . : 

; XpjiE UL ' *D L'Ar- 



GlUlKA* L'Acdiésvèqpe ii poiir SdKragak» 168 £vâepiô& â^Aknéri& & deMdaga.. V^rir 
''^ la fin du XVf Siêçki) «my Vk tui£chk)pi«(i, ffvtat iiomme, hùmmé La*: 
titttn^ qaifitdesiôçohfl}>iibIi^ttas^iiiMtta0^iége) eaTçignàâtteLaËiajlii 
PocGe &la Mufique» ' ^^ 

Les dehors de la V^é ib&t tQUt-'k-M di^kkia, pttttkuliè^i&ent au Mi-r 
éi & au Couehâât , du «été M» où r^ ârfive venant d' Ancéquéia. C^il 
vue gfiànde <& ^eile fiiàisit de hiût lieutt de fôâg <Ur <]«Kiâ<e de large , ipcel»- 
lée h Véga de^fïltil^^e&i^iirQaflée de jpedtés DftOtlttgneS) & couverte dWr 
aflèz grand iiômtuie de Villages. A rencnée de h Ville, au devant de la: 
' porte, on trouve une fort ^^^de i^ce, que Ton nomme el Campo, où 
eft un Hôpital Royal tièfi gtoâd & «tfi béM^ du moins par defaoi^) orné 
de quantité du bâkonâ'a^ Hàè^ûB» 

. I^ès de beltù-& l'on «il v(^t un autre, fondé pâËrtmSiaint homme, hom*^ 
stté Juan de l>i^ Lfe Mtkiient eft |^d , $t bkn entendu : le portail ell' 
enrichi de piliers de jafpe , & au. deuiis paroit la Aatue du Fondateur , ea 
taxbtti le. Ôokre eft fêic en Voûte, Ibutenu de piliers, & au delfus ibnt 
k» cbufibrêB dâ tiiala^en*, ^i ftmt feivis pir des Religieuix. L^eftalier , p^' 

où Ton âidnte k esis tttàiÈkitéè ^ eft fbrt be&u i peint aux deux edtés , où Ton: 
.i^it la vie du FondaVôur: la voûte eft plafonnée & do^ée. • 1 

' Pt^ *d)e bet Hopàttd ^ un Couvent de Religieux Hieronvinités , fondé 
ptà ï^ditând Gonfidve fiimominé le grand Can^taine : il m très grand St 
trèè beau , bâti de pierre de taille. U y a une Eglife àHèz bien ornée, à la 
muraille de lamielle on voit par dehors cette Infcription à rhonneurduFon« 

dateur^ ^v^llir une gr^Criidé pièce de ja^ : CoNkAi.is8 ^EftNAKbo 

A CôtfiVBA Mi6Na HiSPANlARVM DvCt, GALLOftTM AC 

TVRCâàVM Ti^fttiotil: t'eM-dire, kGàlifaii^s Itfikuié éeCotdtmeik 
p-md Ù^itahie d'E/pagm^ ht terreut des Ftanfoiî ^ iks Titres. litHext^ 
ièveli daûs le tfaaur de rSgîile, & â Ibitue iè voie û» Ion tômbsàti, qui te 
-repr^knte à genoujc À anné. . .; . > 

' Le» €hartrei|i{: ont auâl one très belie^ Mal((}Xi Im» de li Ville, a» pied 
âe k montugne^ le bâtiment eil^t, paita^'en dev« Cbitiesde dtiP-^ 
lër^ltf» gRai^ttrfi).rbn *& l'aU»« OméiB de bons H^>lead3r. U y i unO 

rade cave voûtée, occupée par près de cinq^ens grands vafes pleins 
bon vin^ appelles Tinafas^ qui tiennent deufx tonn&aiitt chacun. 
- Enfin la Ville de Grenade eft un H^our «out-à^^ dèiideujt. Le terroir 
y-e& f^^tile en firuits estqius| auffi bien qti^fi tobies le» autres dioiès néceA' 
Êùres à la vie. L^air^ m fbtli fm^ ^ftit doùx^ Huis être fflcomfflode 
frar des chaleurs ^xceuives, coHuhe dans rAndaloufie. Entr^autfês il y a 
on joli lieu au bo)^ du DarrO dans un v^itlée hors de la Ville^ où Tair dt fi 
pur ) & agréable r À fi bon pour k-SluAë » ^ pluikurs pei^onnetsétaiA ia« 
difpofées, s'y font tran^rter, pour rclpirer cet air délicieux, qui rétoblit 
ajgr@a^iiieôbleârteêÙiAguâikn^.'' ' - ' 

"'■■ LéS Xïawes crôà^ei» cette lî^^lfe'fi bfeiïmimtt ,: ^'ils *'imagîïiOîentqn« 
le Paradis devoit être dans la partie du Oel qui eft au dcflu? de^énaoa. 

VAtk 



\,m. ••* * *- 1^ 



ITEMlGWltET'^UPOaTUOAL. a? 



i;Afi 14-3 L J«Bn H»: Roi de Chffiflft^ i]fwt ilé fmwé ptr te Hbî de Gré- ('«N^ 
nakde^ ^î^nvagtr ce Rognumei & motprç krjOi^e dev^Qt la Capceale» La ^'* 
Maures acbetèreaC la pauc^ par m préTeiôe de douïe imilets chargiâs de& 
goeS) <foiit ehacttiie droit garnie d\i& dcHifale ààU. 
' Il sY ^t grand comimerce d'étoffe de ibie ; &f la Ville & les en virons (bot 
pour cet effet plantai Œon fi grand sombre de li^eorlers', que lefoal inapè^ 
ûu 1|S8 feuilles de ces arbres v^iit aairaeUâOfiht trente mille écus au' Roi. 

! QuiMifi de Grenade à Msrciâ. r j 

rjOiT ANT de Grenade on arrive bientôt au pied de la Sierra Nevada^ 

i3 Montagne Keigeiiiè aipii ap^Bée ^ parce qu^eUe eft toujours couverte de 

ntîge. On trouvç en cheinin>fai£uit an Paie lortùnégal^ comme il refbtcnl* 

jours dans les montagnes 5 mais hisa cultivé ^ planté de vignes > de $gu|àr^ 
d^dnmgeM&d^^utresHflyesfn^jp . .^ ; 

A deux lieues de la Ville on arrive dains un méchant petit Village » ce It 

iiK>ntagne coihmence à s^élever plus confidérablement; les rocheiis y lônc 

couverts de thim, de ron»rin & aautres plantes fëmblables^ qui porfiiment 

l^j^ d^nne odeur a^éable. On traverfe un Village » qu^on voit iur une hxah 

teur à fîx lieues de Grenade, nommé BaQa, à un ouart de lieue duquel ft 

trouve un défilé H étroit, ^o^il n^ peut pafler qu^m ine à la fois ; Se «i-d^ 

}à Ton ne voit qu^un païs de bruyères &i de joncs, mais plus^ bas de&endant 

ia montagne', on rencontre un paXs plus fertile, & Ton arrive àGuac^ 



G U A D I X- 



G 



U A D I X efl une Ville ancienne, iïtuéeÀ neuf lieues de Grenade, nom-Gaipou 

çtiée autrefois Acci, ou Colania Accitanay conune ce dernier nom fe 

voit encore aujourdhui dans une Infoription à Puiie de fes portes. • ^ 

Elle eA fert grande, CtUée fur le paochênt d^une ÇoUine, au milieu d^tt» 
he grande plaine, environnée de tous eôtés de hautes montagnes, & arro» 
fte de quatre petits mifleaux ou torrenè. . Les màifons tf y font pas bienbâ^ 




la n^empêçhe pas qjie |e terrQir ji^ orodu^ dVnitres fruits fort délicats , de 
fort bon grain & d*exceHent vini : qe ph») les Vallées au pied des monta- 
nés ont de jfort faons piiturageS) où Tèii nourrit quantité de bétail: avet 
tout ' cèk l!on a dequoi être content. Gkaadix ell le liège -d^iin ancien £vê^ 
cfaé» fufiragant de Sévîlle) quoi<]ue (à fituation au Royaume de Grenade 
ifèmble devoir le feumettre au Si^ de Grenade. JI y a des Mémoires ^ 
donnent lieu de croire que cet Ëvêcbé fut érigé du ^ms que les Romains 
dOminoient- en Ë^tagne; Oa ne trouye ponreuit ni répè^oc de Jbn éree> 

P a tion, 



A- - ^^ 



i8 . î t)Ê5(napTi^<s:N:*ST:iDfiLi:GEs: 

'^ - cnlat^M)r(ir3 'dofit les lid^est^fyjM'^u Mw^ôre ob^ifiuiova j QUre 

•de St. Benoît , pôroit êcré le 'ppémier (rai ait gouverné -côttct Egliièi - t i; ; . 

Les Maures s^étant râidus Miitres éc Gusâixen chaCÈvent tous les Cbté^ 

"tiens, & le Mahomécifine y f^na julqu'en 1 2^2 , qu^Alfonfe.le Sage la re- 

trit & y rétablit la Religion Chrétienne ;* mais peu>de tenis après, lei in* 
dèle^is^£a emparèrent: polir la^ifecondei foi&,.- & sy.. maindnrèiit. )i^u\sn 
1489 que Ferdinand le Catholique & la Reine Ifabelle fà femme les en 
chaffèrent , & y rétahlireiit' là Siège .Epifec^al par le Miniftère du Grand 
Cardinal d'Eipagne Don Pedro Gon^ales de Mendoza Archevêque deTo- 
Jede. . . ' . > . ' \ 

: Le Chapitre de Guadix ef^ compofé de fix Dignitaires , de fix Chanoine j 
•& de huit Prébendièirs. Le Diôc^fe 5'éDehd Sm trente-ièpt rPacoifles. . L'Ê^» 
cVÔjue jïwSti de huit miUô. Ducats ,- 

Jouvin de Rochefort dit dans fon Voyage d'Eipfeigne > que Guadix çft lî? 
-tuée au bord d'une petife Rivière qui y fait de grandes prairies. Ses rUes, 
:dit-il> foiit connoitre fon antiquité; Elles font étroites & tournoyante» # 
•Pexception de-celle qui aboutit à la grande Place ^ où il jr a une Fontaine a- 
^ec< fbn Baffin. L'a grande ::£g^. dont la .façade foutient une Tour tt^ 
èaiitqy eft à rentrée <ie la Ville> où paife un bras de la petite Rivièreibf hj 
■qàeUe elle eft affile. Le Couvent de St. François.eft afez beaq. , 
:. De Guadix allant à Baça Toiï fe trouve entre deux hautes montagnes > & 
après quatre lieues de chemin Ton ne rencontre qu'une Hôtellerie toute, feut 
le nommé la Venta Bahul. Delà continuant àtraverfèr la montagne, on 
arrive k y : ' .; 



.7: 



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,B..A z- A. • ï.-, :,\ :. .■:--.^ 



^"* J) A z A ou Baça , Ville ancienne à fepfi lieues de Guadix , efl lîtuée dans 
XJ une Vallée, qu'on norpme Jfioya.de Baça, avec une enceinte de vijeil- 
Jes murailles, & un vieux Château. à demi r^iiné. Elle efl paffablement gran-^ 
.de, pouvaift contenir environ quatre mille fpux : mais iï n'y a rien de fort 
remarquable que l'Eglife de Notre-D?me de la ÎPiétad, qui fait de tems eii 
tems de granà miracles. * /. ' • 

r Soh terroir eft bien cultivé à une demi-lieue à la ronde, arrofé de la petî- 
.te rivière de Guadalantin, & fertile en vin, en froment, en miel, en lin^ 
^ en chanvre. ... / : ' . ' 

. Au Nord de Baça , vers les Frontières dq l'Andaloylie ^ de la Murcie> 
jpft une petite Ville honorée du titre de Cité, nommée par. quel(yies-unsHue(- 
x^, plu» communément QuQfczri& ai^triefois Ca^icula. Mie eft au pied 
de la Montagne appellée Sagar , entre iJèux petites rivières , le Guadadar & 
le Dravate, appartenant aux Ducs d'Albe. Elle fut donnée aVec ;(bn Ter- 




•\ 



D'ESPAGNE ET DE" J^ORTUXJrAL. 2^ 

î)oû Ferdinand 5 ^fîirhortiriié te Grand, troifîème Duc d^Albe,- pour DoîiIBam: 
î'rétléric de Tolède, grand Commandéi^r de Calatrava, fon-fils, & pcmi^ 
«Donna Mairie Pimeritel , & fetJonde femme » qu'il époula en iwême iem«. L* 
principale richefle de ce lieu vient de la laine , ce qui fait que les habitant 
«'appliquent à cette efpèce de travail. * • 

" De Baça allant dans le Royaume de Murcie ^ on laiffe Guefcâr for la gau^ 
krhe, & Ton va pafleraiï Bourg, dont fai parlé àillSûrs, nommé -Vél^-el^ 
*ttbio^ dîôn^ron v* droit à LoTèa. De Guadixà Vélès-el-nïbio, roncompi 
te onze lieues de diftance, & dans tout cefchemin Pon oe trouve qu^unefèu^ 
le lï6t«(leriei 'ôù^ibuVent il if y a ni paih ni vin. 

i . CbemmdeGrénaé^À SéviUe» . ■. 

'* Près avoir pai'doum le chemm, qui conduit hor& du Royatrme deSANxi 
-jl\ Grènade à rOrîéînt?5^il faut voir celui qui conduit à PÔccident Re^^^'- 
•venant donc à la Capitale, pour aller dans TAndalooifie, on traverfe d'a-^ 
tK)Td la belle & vafte campagne, dont f ai déjà parlé ci-deffus, nommée lat 
•Véga de Granada , plantée de toutes fortes de beaux arbres fruitiers , dg 
^ignôtf & de champs fertiles. .A ti*ois lieues dfe Grénade^oh trou ve un pe^ 
tit Village nommé Pina, d'où Ton compte cinq lieues de chemiri^dànë 
des ftiontagncà jufqu'à- Alcala^R^al , première Ville d'Andaloufie de' ce 

CÔté'là.' . • :i . ' ..'. . ..^ V . . ■ .. 3 

ni/es au Couchant du Royaume. » 

:... • -.* .• . : . , • , • I ' ■ , • î 

t 

LA Véga de Granada eft couverte de plufîéurs beaux Bmirgs & Villages, 
dont le iprincipal eft Sahta-Fé , fondé par Ferdinand le Catholique; 
Dans le tems qu'il alîiègeoit Grenade, fa tente ayant été brûlée par la né* . 
gligence d'une fcrvante , afin de n'êtf e plus expofé à de pareils accidens , il 
fit t>atir ce Bourg, qu'il nomma Santa-Fé, (Sainte-Foi) & s^ tint tout lé 
long du fiège. Il eft compofé de deux grandes rues, qui le coupant forment 
ime croifée, -& honoré même du titre de Cité: . * 

L O X A. 

• * i • 

i • 

LO X A OU Loja, (la prononciation eft la même) , eft une Ville aflêïgran- Loxa. 
de, fîtuée au bord du Xénil, à fix lieues de Grenade, a« pied des mon- 
tagnes. Son terroir eft fJanté de begiix jardins & <le vergers, où Ton cueil- 
le en abondance toute forte d'herbes, de fleurs ;, & de fruits. Les monta- 
gnes- VoiOnes ont de très bons pkturàges &s font êotfVtrtes dé cjuantitéifle •: i 
<rôopèaux de brebis, qui donnent de la laine, & du lait,' dont on^feitidli • - 
lîeifrre'& du fromage fort délitât.: ' / y - - - r . - - - 

► Les habitons vont toutes les-femaines au marche' de Grenade , vendre 
deoz^ herbes 9 lear; fleurs, leur; fruits, leuc lairîe &î leurs^fromagçs de bre-» 
1- D 3 bis. 



îo . DESCRIFTION ET DELICES 

Lozi. 1^^ Si ils tireqt do grmdptaètdsi Kout cela. Outre les jtroupeMixi dont 
ks moQtagoes de cette Ville {<mt rempdies^ elles (bot eno^ peuplées, de 
Lapins & de Lièvres, que Ton jpr&kà par le moyen des chiens Si desJQéièl}* 
tes drefl^s àcettechafle. 

De Loza traverlànc une Itnnche du Mont Oroipéda ponr aller k Séville» 
«» voit k côté du chemin 3 près des frontières de TÂii^nloufie} dans le Toi« 
finage d^Archidona, un Rocher, quedisu^ Amans malheureux ont rendu 
célèbre, appelle par les Espagnols, la Pegna de los Eoa&ior^dos. On ea 
conte THiitoire de cette m^unère. ' . 

Du tems que les Maures étoient .encore maîtres de Grenade, ils firent 
prifbmiier dans une bataille un Chevalier Chrétien fort bien fait, auquel le 
Roi donna la liberté à cau£î delà beauté, deibnbon air&deâ giande 
politefle, le retenant en même tems dans le Palais Royal à ion fèrvice. A 
peineyeut-fl itfl;é quelque tems, qu'il eut le bonheur de s'^appercevoir ^ 
les beUes qualités dont la nature Tavoit fi avantag^ufèment partagé, avojèiiç 
£ût une forte impreÛlon fiir le cœur de la fille de ce Roi ; oc il ièntit en mê« 
me tems que les charmes dont cette PrinceiTe étoit pourvue, avoienC £dt unt 
proWde plaie ^bns le fien. Malgré la vigilance <ks furveillans, ils trouve- 
rai les moyens de & dire phifîeurs £019 ce qu^ils & ièntoient Tua pour Taiip 
tre, 6c iè jurèrent une foi mutuelle. 

. Qbelque iècrette Que fut leur intrigue, ^e ne laiflà pas d'être ij^ue ds 
quelques perfbnnes au Palais, dont ces tendres Amans furent avertis; de» 
forte ^e craignant que cette nouvelle ne parvînt aux oreilles du Roi , & 
qu^il n'^interrompît le cours d^une fi belle' paÔlon, ils tâchèrent de fè dérober 
une nuit pour s^aller unir poiu- toujours (Ur les terres des Chrétiens par les 
\ ùaés liens d*un chafte mariage. A peine furent-ils fi>rtis du Palais, que 
leur fuite flit fçue, Sç d^abord ils furent fiiivis par ordre du Roi, Ces pai|- 
yres Amans iè voyant pourfuivis & réduits à Textrémité, fè iàuvèrent en 
diligence fiu* un Rocher fort haut & extrêmement efcarpé, où ils ne furent 
pas plutôt arrivés, qn^ils le virent envelopés par un peloton de Cavaliers 
Maures, de^Mte qu^ayant à craindre la fiveur du Roi irrité. Se les cruell 
fupplices qu'il leur préparoit, ils s'embrailèrent tendrement en le précipiter 
rent du haut du Rocher, rien n^étant capable de les empêcher d'être unis à 
la mort , comme ils Tavoient été dans la vie. 

En mémoire de ce trifle événement, on a planté une croix fiu* leRochers 
ScQSihûzàatmèkû<)màsRocb^^JamfiOadesJm(iureux, 

ANTEaUERA.. 

. . • • • . • 

Antb* a Htj^hb&a oa Anté<]Qéni, (en Latin Arakaria^ efl: une belfe.!& 
<}]D£RA. /\ grande Villek douze lieues de Grenade, Ctiiée en partie dans la plaip 
ne & en partie fiir des Collines, au pied des montagnes. Les rues y font 
iongoesy Jburges, fort belles & les nâûfons aflez bien bâties. EUe eit com- 
me partagée en 4eux quartiers} dont l'un > plus élevé.qne Tai^tre, & fitoé 



D'ÊSJPAC^E ET DE PORTUGAL. jt 

fifr uhe ham Colilàe au idéflus âa refte dé te VUle, âft ôccap6 par lé Châ- AMn> 
tëao Rayai & ^ les maifOQS dé k Noblefiê. «msA. 

- Me a été l^eie par les Maints fiif les rames de raûcienneSingilia» ^pûé- 
toit prés delà), comme il paroit par cette Infiription qu'on y a trouvée : ^ 

G ALLO. MAXVMIANO. PROCOS. 
. . AVG. : 

OROa SINGILIENSIVM. 
OB. MVNrCIP. DIVTINA. BARBAR. 
. . . 03SID. LIB. 

- PATR.ONO, &c. 



t î I 



Les Maures avoient defleia ^en &irâ vak VjHe forte, ils y bâtirent le 
Châteat,!, dont je viens de parler» fitué fur une hauteur à Textrémité de la 
Ville, <}u*ils mufiinaifc^lé nueax qùCits purent, de portes de fer, de Tours & 
d*ailtres oavraees à leur manière; 2c firent la muraille de k. Ville, qui re? 
garde le oôtè &s montagnes ; les Chrétiens conftniiiirent le refte' (*). 

11 y a dans Fenceinte de cette Citadelle un Acfénal, où Ton coofërvé Uf 
fietiés cituoKieqttaiidtéd^umesimtiques, qu%yaybient ramafiËes. On 
y voit i^ calques , des aiirafles, des braflières, & des boucliers de 1er; 
couverts de Cttir> fort arïûllement travaillés, des piques, des zasayes ou 
detni-^qnes , qu^ils lançoient avec beaucoup d^suireile, des arcs d^ bois 
fort flexible & très propre pour cette elpèce d^armes, dés flèches, dont le 
ferdl fort aigu, fiuc en hameçon » &de8inilruniensd^os&d*écaii]e, dont 
ils fèrroient leur manche, afin qu^oi maniant l^c, die ne s^embarallât pas 
dans la corde. La Ville baUfe, qui eft dans la plaine , eft occupée princi»- 
paleinent par des laboureurs &c des artiûns, qui tous s^ppliquent à divers 
ouvngos, dont ils tirent de très grands revenus. Le terroir eR. très fertile^ 
& arrofô d^un gnmd nconbre de ruiXbaux & de Fontaines. : 

• On trouve &s la montage des carrières inépmiàbles d^une bdle pierre 
fi)it pt(^r& k biitû^; il s'y £ut suiffi siande quaimté de El, que Ton n^a pas 
h ^ont de cuire, comme il le fiuit faire ailleurs. Les eaux des ne^es fonr 
dues, de h ipILmt •& de plufieurs fontaines , & ramadènt dans des fonds enr 
tre tes montagnes, & le Soleil donnant là-deiTos dans les mois de TEté , cet* 
te eau le cuit d'elle-même, & il s'en fi»ine un fort beau IH^ en £1 grande 
quantité qu^l y en a aflez pour en fournir toute la Province. . , 

• Ofi tiOuve «0^1 là des carrières de plâtre', fort commode pour bsitir, & 
cour divers autres Onvnges: on le pa& par le tamis, & Ton en ait dfe 
beaux gnnâk va&s ronds ou ovales, en âçon de bouteille, d'une tielle graUr 
deur, qu'ils peuvent contemrla proviitonde tonte une famiUe^pour une 
année. On les appelle Tlna;^; elles lèrvent àteoir du vin i, de l'hidle, de 
i^»u, Jeseapves^.âcféDétakmeat.toutceqa'janyeut: ii s'en &it de tour 
te. grandeur. .-A 

(*) Cette Ville Ait enlevée aux Maores^ar enrent perdu une Bataille. Vofa d-dAitatlèt 
lu £^agnolt en 1410 , apiis quç cs$ âeni«m Atmalts, fous l'An 1410. . . > * 



oyesâ» ell propre à guérir de diverfès* maladies j- particulièremeiit<fe la erâveUei 



déj? cpiînuç daas TAotiquiçé : • 

. FONT! mviNO. ARAM; > 
L. POSTVMIVS. STATVLIVS 

EX. voTo. d; D. b. • 

• • • • . ■, 

Aujourdhui on VzpptUcfyetUe de ia pkirai ovifuente de Aiae^ttera, 



.1 



\ •*' 



M A LA G A. 



y 



Maia- TX^ANTEaÙER a tirant droit au Midi, après fept iicaes de chemin en* 
CA. \J tre des montagnes fort rudes & fort hautes , on arrive Ji Malaga. Cet-» 
teyiUe eft confidérable par fon antiquité, par ion Evêché^par Timportancô 
& h bonté de fon Port, & par fes fortifications. ^ ... 

. Les Phéniciens Pont bâtie plus de huit cens ans avant la venue de Notre 
Seigneur, & Tappellèrent. Malacha, à cauiè du grand débit qui s'y ù^ok 
de poiflbns iàlés. Ptolomée (a) la nomme Mix«iae. Pline (b) la nomme auffi 
Malaca^ & dit qu'elle appartenoit aux Alliés du Peuple Romain: MalaçH 
€umPlm)io^ Foederatorum. Il y avoit une Rivière. Antonin (V) décrit imé 
toute de Caflulon à Malaca , & une autre de Malaca à Gades. Il compte 
CCXCI Milles dans la première, & CXLV pour la féconde. Il met Mala;-f 
caàXIL M. P. deMénoba, &àXXI. M. P. deSiueU ouSueL . .> 
Strabon (d) dit que c'étoit une Colonie des Carthaginois ,& une Ville de 
grahd Commerce pour les habitans de la Côte qui eft à PoppoCte, & que 
Fon y faloit beaucoup de* vivres. Il la met à autant dediftance de Calpé qu'il 
y en^avoit de Calpé à Gades. Elle eft lîtuée fur le rivage de la Mer^ à vingt-, 
deux lieues de Gibraltar, au pied d'une montagne allez efcarpée,. qittJaiird 
juftemenit affez d'e^ace jufou'a la Mer, poiir y bâtir une .Ville, . de qui lîï 
rend le plus confidérable eft fon port, qui eft fott gtand & fort! fpaçieùx# 
Le Mole, qu'on y a conftruit, eft revêtu d'un beau quai, long de fept cens 
pas & large à proportion, avec de gros piliers de pierre, où l'on attache les 
Na»vires. - .. .^ . ^. 

Ily a "toujours grand abord de monde; & d'ordinaire deui ou trois cens 
batimens à l'ancre; ce qui fait que la Ville eft fort marchande 5 fort riche j 
& fort peiq>lée, bien que médiocrement grande. Tous les Automnes en 
tems de paix il y vient un très grand nombre de Vaiffeaux marchands des 
Païs étrangers , pour charger les fruits exquis & le vin délicieux , qu'on 
Tecueille en abondance > & le tran^rter en Angleterre & dans les Païsf 
Bas. La 

I- a. c. J|. (c) itiner. . . . ^ t . 

L. 3. c. J. - . y) L. 3. p. îS<S* ^ ' . t * 



D^ESPAGNE ET DE. PORTUGAL. 55 

: • L4 Ville èft belles pti y yoit de très beaux bàtimens, entr'aiitrés rEglifeMAU. 
Cathédrale) qui eft d'u^e jufte. grandeur 5 &li richement ornée > que leeoA. 
feules chaiCes du choeur ôAt coûté cent cinq mille. écus. . 

Elle eft lefîège d'un. Evêché fort ancien,' fuiFragaht de Grenade , qili 
vaut quarante à cinquante mille ducats, Patrice > qui affilia au Concile Illir 
jbéritain en 300 , eft le premier Evêque de fcette E^life, dont on ait conh 
npiflance. Depuis ce tems-:là.on ne trouve, aiicunè iuitè d'Evêquè qu'ert çSc^ 
qu'un nommé Sévère parut fur le Siège Epifcopal de cette Ville , & eut des 
^^ucceiTeurs ju{qu'au fems de rinvafion des. Maures. î 

En 1484 (^) le Roi Henri IV, furnommé Tlmpuiflant, ayant pris M*- 
laga fiir les Infidèles, fit ériger la Moiquée eii Cathédrale, que le Cardinal 
Gonzales de Mendoza conlacra. . • ^ - 

Le Diocèfe s'étend fiir cent & huit Parciffes. Le Chapitre eft compofé 
de fept Dignitaires, fevoir'de trois Archidiacres, d'im Chantre, d'im Eco- 
làtre, d'un Tréforier, &(fun Doyen; 

L'importance de cette Place, qui eft vis-k-vis de T Afrique, a fait qu'on Ta 
très bien fortifiée, & qu'on y entretient à gi-ands frais un Arfénal rempli 
de toutes les mimitions de^uerre néceflaires nbn feulement pour défendre 
la Ville , m^s aufli pour rafraîchir & renforcer les garnifons de quelques Pla- 
ces, que les E((pagnols ont ^n Afrique. . . , 

Outre une bonne enceinte de murailles & les remparts, qu'on voit à Ma- 
jaga , elle eft encore défendue par deux Châteaux , qui la commandent,' 
pofés l'un au deflus de l'autre; le premier, au fommetde la montagne,' 
nommé Giblalfarro , d'où l'on découvre toute la Ville & fort avant dans la 
Mer; l'autre au deirous> nommé Alcazzava, bâti au defliis de la Ville, fur 
le pied de la montagne. . \ * / 

. Tous ces Oiivrages la rendent fi forte , que lor/que Ferdinand V con- 
duit le Royaume de Grenade, il ne la put prendre que par famine (!)• Près 
de Malaga coule une petite rivière, nommée Guadalquiviréjo, qui autre- 
Fois avoit le même nom que la Ville, comme on le trouve dans quelques Au- 
teurs anciens 3 le feul Ptolomée l'appelle Saduca. 

' C A R T A M A. 

Adeuxjieues de Malaga, tirant au Nord-Oueft, on trouve Cartama , Carta' 
Ville ancienne & fort jolie, fituée au pied d'une montagne fort hau-^^- 
te. Du côté du Septentrion fon terroir eft entièrement inculte & ftérile , 
'mais dans le^ autres, il eft fort bien cultivé & très fertile, planté de vignes, 
'd^amandiers , de câpriers & de figuiers , d'un grand rapport pour les habi- 
taiïs^ qui en vendent les fruits à Malaga, d'où on les traniporte dans les 
Païs étrangers. Prèff 

(*) Ceci eft tiré de TAbbé de Vayrac, & il y a cette Ville , qui fut prife le i8 d'Août 14.87, 

lieu de croire qu'il fe trompe. Voyez la Note après avoir été 7^0 ans au pouvoir des Infidèles, 

fuivartte. Voyez les Anmks ^ fous TAn i/|87* 

(t) Nous avons donné Thiftoire du Siège de 

' ToMEin. E 



34 . DESCRIPTION ET DELICES 

Cakta- Près de cette Ville on voit la petite rivière de Guadalquiviréjo, &des 
MA. forêtide chênes, d'où Ton recueille, outre le gland, une grande quantité 
de noix de galle, qui fervent non feulement à faire de Tencre, mais auSp- 
û principalement à tanner les peaux de bouc & de chèvre. On y trouve 
^ufli une herbe, nommée Sumagre, dont la feuille fert au même ufige. 
-Ceux qui n'aiment pas que la couleur grife de leurs cheveux lair repro- 
die leiu* vieillefle , fe fervent auJQi de cette herbe pour les teindre en 
noir. 

La Ville s'appelloit anciennement Cartima, & les habitans Cartimitani> 
^mme on le voit par l'Infcription fuivante , qu'on y a trouvée : 

IVNIA. D. F. RVSTICA 

SACERDOS. PERPETVA. ET. PRIMA. 

IN. MVNICIPIO. CARTIMITANORVM. 

PORTICVS. PVBLICAS 
VETVSTATE. CORRVPTAS. 
REFECIT, &c. 

M U N D A. 

MuNDA.T)Lus avant vers le Couchant on voit Munda , petite Ville fort ancien* 
Jl ne, à cinq lieues de Malaga, au deffous de la fource du Guadalquiviré- 
jo. Elle a retenu fbn ancien nom tout entier, fans le changer, comme plu* 
fleurs autres Villes de TEfpagne; mais elle n'a pas confervé fon ancienne 
grandeur & fa dignité. 

Autrefois elle &:oit la Capitale de la Turdétanie : au jourdhui ce n*ejftplu5 
u'une petite Ville. Elle efl fituée fiu: le panchant d\ine colline, au pied 
e laquelle pafle la rivière ; d'un côté fbn terrain efl marécageux , mais de 
l'autre c'èfl une plaine agréable & fertile en toutes chofes. Ceft près dé 
cette Ville que Jule CéTar défit les jeunes Pompées dans une fanglante 
bataille. 

De Munda continuant à marcher à TOccident , on arrive aux frontière* 
de rAndaloufie , & Toa y trouve Setténil , {Septenilium) , petite Ville dont 
la ftruéture & la fituation efl tout-à-fait merveilleufe. Elle efl bâtie fur une 
montagne , qui n'efl que rocher , & les mailbns , pour la plupart , y font 
taillées dans le roc. Le terrain efl entièrement inculte ^ & ne fournit au- 
tre chofe que des pâturages, où Ton nourrit du bétail. 

RoNDA. De Setténil tirant au Alidi, le long des ftontières d^Andaloufie, on ren- 
contre Ronda, nommée anciennement Arunda, Ville médiocrement gran- 
de, honorée du titre de Cité, dont la fituation n'efl pas moins merveiilculè 
que celle de Setténil Elle efl bitiê lîir une montagne, qui n'eïl aulli qu^un 
rocher fort haut & fort efcarpé, environné de la rivière de Rio-Verde, qui 
en lave le pied , coulant dans un lit fort profond. On defcend de la Ville 
*âu bord de Teau, par quatre cens beaux aégrés, taillés dans le roc, qui font 
un Ouvrage des Maures. Une pareille fituation rend cette Ville très forte , 

& 



i 



D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL. 3î 

& pour achever cfe h fortifier , on a eu foin de féconder la Nature par des MarbeL' 
remparts qu'on y a faits. ^^• 

Toutes les montagnes , qui font le long de ces frontières , & qu'on appel- 
le Sierras de Ronda, font extrêmement rudes & fort hautes : ce ne font 
prefque par-tout que rochers^ qui s'étendent au long & au large jufqu'à la 
Mer. 

. Le RiO'Verde, qui coule au pied de la Ville de -Ronda, tourne delà au 
Sud-Eft, & va fe jetter dans la Mer Méditerranée près de Marbella. Cettô 
Ville, qui tire fon nom de Maherbal Carthaginois fon Fondateur, eft, fîjû 
ne me trompe, la même que la Barbariana dans Pltinéraire d'Antonin (*)• 
Elle ell la dernière Ville du Royaume de Grenade de ce côté-là, lituée au 
bord de la Méditerranée, 

, Les Montagnes voifînes au rapport de D. Rodrigo Mendès Silya (f) ont 
des Mines d'argent très fin. Son rivage abonde en très bon Poiflbn. Il y 
a 480 feux, une Paroiffe & deux Couvens d'hommes. Leurs Majeftés Ca- 
tholiques la reprirent fur les Maures en i^Sj , & la firent repeupler de Chré- 
tiens. Elle a un Port fort commode. 

f1//fs qui font le lo*^ des Côtes y mue deux côtés de Makga^ 



II- , ' • • 



V 

♦ 

DE Marbella tirant à POrient , pour aller à Malaga , Ton pafle à Fuen^ 
girola, puis à Molina, deux petites Villes anciennes, connues au- 
trefois , la première fous le nom de Cilniana , la féconde fous celui de Suel 

VELE S-M A L À G A. 

. - • 

ArOrient de Malaga, tirant un peu vers le Nord, après cinq lieues de Veles- 
chemin, on voit Velès-Malaga, Ville médiocrement grande, àun«MALA- 
demi-lieue de la Mer Méditerranée. • ga. 

Elle eft lîtuée dans une plaine agréable, quoiqu^un peu inégale & environ- 
née de montagnes : à Tune des extrémités elle a pour fa défenfè un boa 
Qiàteau bâti par les Maures , fur une colline élevée & aflez rude. La pjrin- 
cipale richefle des habitans vient des Raifins iècs & des pafleriUes , qu'on 
recueille en abondance dans {qs collines. Les vallées font cultivées^ leç 
cliamps y font fertiles en grain , & les jardins, plantés d'arbres, oui portent 
toutes fortes de fruits exquis, particulièrement des orangers & aes citrons» 

A une demi-lieue delà Ville , fur le rivage de la Mer, on trouve , au-lieu 
de port, un grand & vafte bâtiment, nommé la Torre de Vélès, qui fert 
proprement de Halle & de Douanne, où Ton vient décharger toutes Içs 
marchandifes, qu'on envoyé aux Païs étrangers, pour payer les droits de 
fortie, qui font dus au Roi. 

LAS 

(*) Suivant Mr. la Martînîère, il eft plus vraî- ciens. 
fcmblable de dire que c'eA la Salduba des An- (f) pQblacion Gmer, de EPpaBa^ fol 12U 

V Es 




iS DESCRIPTION ET DELICXS ' 

' LAS A L P U X A R R A S. ^ 

I » 

LAS Al- y Es environs de Vélès-Malaga font entièrement montueux , & Ton y 
ruxARR. J[^ voit des montagnes fi hautes, que de leur fommet on découvre non 
feulement le Détroit de Gibraltar 5 mais aufli toute la Côte de Barbarie, & 
les Villes de Tanger & -de Ceuta. .... 

Sur la Côte de la Mer , & bien avant dans les terres 5 on ne voit que mon- 
tagnes fort hautes &c fort roides, coupées de belles vallées d'efpace en efpa- 
ce. Là fe voit particulièrement un quartier de Païs ou plutôt de montagnes, 
nommé las AIpuxarras, du nom du premier Capitaine Maure, qui en a eu 
le commandement, nommé Alpuxar. 

Ce quartier a dix-fept lieues de longueur, fur orne de largeur, s^étcn- 
^nt le long des côtes , entre les Villes de Vélès & d'AIméria. Il n'éft har 
bité que par des Maures , trilles reftes de la dilperfion & de la ruine de leur* 
Empire, qui ayant embraffé la Religion Chrétienne, dont ils font profèP- 
Son , confervent néanmoins leur manière de vivre, leurs habits & leur Lan- 
gue particulière, mais fort corrompue. ^ : 1 . i 

Ces Alpuxarras font partagées en onze petits quartiers, que les habîtans 
appellent^ Taa^, & les Espagnols Cabeças de partido. Les principaux font 
Taa del Orgiva, qui ell une Terre des Marquis de Valençuéla : Taadc 
Pitros, où Ton voit des arbres fruitiers d'une hauteur & d'une grofléuir 
prôdigieufe: entre deux lieux, nommés Pitros & Portugos, on trouve u» 
petit niifféau, dont Teau teint en noir, fur le champ, les filets de lin o» 
de foie qu'on y plonge : près delà eft une caverne qui exhale une va- 
peur fi maligne , qu'elle tue les animaux , qui s'approchent de fon ou- 
verture. 

Ces montagnes font extrêmement peuplées : on y voit un nombre incro- 
- ' yable de Villages, oui font la demeure de ces Morifques. Comme ils ont 
confervé le naturel laborieux de leurs pères, ils s'appliquent à la culture, & 
plantent leurs montagnes de vignes oc d'arbres fruitiers , tellement que tout 
ce petit Païs , fi bien cultivé , eft fort beau & fort agréable à voir. Ils vont 
à Vélès-Malaga &dans les autres lieux commodes, vendre leur vin, leur»' 
raifins, & leurs fruits, qui enfuite font revendus aux VailFeaux Marchands- 
des Païs étrangers. 

. Toute la cote de la Méditerranée étant vis-à-vis de la Barbarie , & par 
conféquent expofée aux courfes des Piratés Turcs & de ceux d'Alger & de 
Tunis; on y voit tout du long d'efpace en efpace, depuis Gibraltar jufqu'au 
Rio-Frio, un grand nombre de Tours , élevées pour fèrvir de vedettes, d'où 
rbn découvre les VaifTeaux fort avant dans la Mer. 
• Le Rio-Friojorme à fon embouchure un f etit port , à dix lieues de Vé* 
lès Malaga, nommé Puerto de Torres. 



AU 



D'ÉSPAGNË Et t>E I^ORTUGAL 3- 

• '.11.- -A L Û A'M" A. ■ ' î ■ ' • ■=■ 



R 



EmonI^ânt vers la iburce de cette rivière on trou ve Alhama , jolie Anu- 




croyent 
îaéxifté 
qui portoit le furnom de Julia. . î' 

- • Qiiôiqu'il en'lbît, elle eft fituéedàns une vallée éti-oite, au mîlîeu démon-'* 
tagnes fort hautes & extrêmement efcarpées: le terroir y eft fort fertile en 
toutes les choies, qui fervent aux befoins & aux délices de la vie. Mais 
rien ne la rend tant célèbre que fes bains , les plus beaux & les mieux en- 
tretenus qui fè voyent eii Eljftigiïe. ' On les tibuvè un peu au deflbus de la 
Ville : ce font pluheurs Iburces , qui jettent une eau fi claire & fi pure , qu'on 
verroît une ôboleftir :1c -gravier; d'une chaleur agréabje , qui vient de la nV 
ture feule > & fi modérée qu'on s'y baigne avec plaifîr. Elle n'a point dcî 
mauvais goût, & on la boit ians peine. Dé quelque manière qu'on l'em- 

' ploye^foit en kl buvant, foit en s^ baignant, elle fait beaucoup de bien 
au corps , fortifie les nerfs foulés, & fert à la guérifbn de diveriès ma- 
ladies. 

... On prend cess. bains au Printems& fdans TÀutomne , particulièrement 
aux mois de Mars & de Septembre. Les Rois d'Efpagne y ont fait faire ui¥ 
grand & vafte bâtiment , où l'on le baigne dans des bains de pierre de tail- 
fe, difpofés par dégrés, pour pouvoir plus ou moins iè plonger dans l'eau 5 
comme on le juge à propos. 

' Loriaue la faifon du bain eft venue, on y voit arriver de toutes parts de» 
•ens, dont les uns vont chercher la fànté, les autres n'y vont que pour fè 
livertir & pour avoir le plaifîr de fè baigner dansxette eau tempérée, qui 
ne fait jamais de mal , & fortifie au contraire le corps. Un peu au defTus 
de ces bains paroilTent des rochers effroyables, entre lefquels le Rio-Fria 
coule à grand bruit, formant plufîeurs cafcades naturelfes; fdû eau excefTi- 
vement froide , dont il a tiré le nom , pafTe à côté des biins , fè mêle avec 
leur eau, & l'entraine dans la Mer. 

' Retournant au rivage delà Mer, à Tembouchure du Rio-Frio, on avan- 
ce environ deux lieues , & Ton trouve Almugnéçar , petite Ville honorée 
du titre de Cité, avec un bon port, défendu p?r une forte Citadelle , où 
l'on tient toujours garniibn. Cette Citadelle a été bâtie par les Maures , & 
fcrvoit autrefois à leurs Rois pour y tenir renfermés leur fils ou leurs frères, 
lorfqu'ils leur devenoient fufpeds. Quelques-uns croyenc que cette Ville eft 
la Ménoba des Anciens. 

- Un peu plus avant vers l'Orient, eft Salobrégna, petite Ville fituée fur 
un rocher élevé, au bord de la mer, avec un Château très bien fortifié , bâti 
aufli par les Rois Mabres , qui y tenoient leurs tréfors. 11 y a toujours gar- 
lîifôn pour défendre la Ville & le port , -avec un: Gouvernciu^ qui comfaiandè 

V E 3 . dans 



38 , DESCRIPTION ET DELICES : 

Alha- dans la Citadelle, La principale rîcheffe de cette Place vient du fucre & des 

^^^' poilTons, dont il s'y fait grand débit. 

A une lieue plus avant fe trouve Motril, Ville médiocre avec un bpç 
port 5 à onze lieues de Grenade. La pêche y eft fort abondante : le terroir 
y produit d'excdlent vin 3 & Ton y fait aufll abondance de Swre. Op croit 
qu'elte eft Tançieupe Héxi ou Séxi ^ dpnt les habitans s'appelloient Séxi* 
tains. 

.^ Plus iavaût eft Béria ou Véria^ petite Ville appellée autrefois Baria, & 
célèbre parce qu'elle faifoit la féparation entre la Bétique & la Tarraco* 
noife. 



A LMB* 



A L M E R -I A, 

AL M BRI A eft à quatre lieues delà, fîtuéefur le rivage delà Mer, à 
Tembouchure d'une petite rivière, dans un lieuaflez commode. Quel^ 
ques-uns la prennent pour Tahcienne Abdéra, bâtie par les Phéniciens , 
d'autres croyent qu' Abdéra étoit plus à l'Orient, à l'endroit où eft une pe- 
tite Place nommée AJadra. 

Qiioiqu'il en Ibit , Alméria eft dans im terroir fertile , arrofè par Quantité 
de fontaines fort pures & fort ^ubres , & abondant fur-tout en iruits & 
en huile. 

Alméria eft le fîège d'un ancien Evêché , fufir^ant de Grenade , qui 
vaut quatre ou cinq mille ducats de revenu. On peut mettre l'éredian de 
cet Evêché preique fous la même époque aue celui de Grenade, dont nous 
avons parié ci-deffus , & cjonfc il fuivit la deftinée du tems de l'invafion des 
Maures. Cependant le Chriftianifine y refleurit plutôt, puiiqu'en 1 1 y7 Al- 
fonfe VIII, Roi de Caftille, reprit cette Ville; mais im an après les Infidè* 
les recouvrèrent la Place , & en bannirent les Chrétiens , deforte qu'au^lieu 
de l'Evangile , la Loi de Mahomet y triompJia jufques en 1492 , que Don 
Ferdinand le Catliolique &la Reine Ifàbelld y rétablirent la Cathédrale, & 
nommèrent pour Evêque Don Jean Qrtéga. Le Chapitre eft compofé de 
quatre Dignitaires , de huit Chanoines , de fix Prébendiers , & de divers 
Chapehins. Lé Diocèfe s'étend fur foixante Paroiffes. Ceci eft tiré de l'Ab- 
bé ae Vayrac, mais D. Juan Colménar prétend que cette VDle fut repriie 
fur les Maures l'An 1 14.7 par Alphonfe VIII Roi d'Arragon, avec le fecours 
des Génois. - ' 

A l'Orient d' Alméria la terre avance dans la Mer, & forme une pointe, 
que les Anciens ont appellée le Promontoire de Charidème, & les Moder* 
nés , le Cap de Gates. 

Il ne reue plus que Muxacra & Véra , deux petites Villes , celle-ci aux 
frontières de Murcie, & celle-là impeu plus loin au Couchant. 

Véra eft ancienne, & s'^^pelloit autrefois Virfft: delà vient que le GoU 
fe ou le parage, qui eft à la hauteur de Murcie & de Grenade, portoit le 
nom de Flrgitams Sinus. ^ . . Mu- 



D^ÈSPAGNE ET DE PORTUGAL. sp 

Muxacra eft lîtuée* fiir Rrie montagne , avec iiri port, où la pêche eft aboa- Alme- 
dante. ' i ) ru. 

La defcription, qu'on vient de voir ^ faitaffez connoître, que le Royau^ 
me de Grenade eft un Pais tout-à-fait délicieux. Bien qu'il foit autant avan- 
cé au Midi qu'une bonne partie de TAndaloufîe y & plus que les autres 
Provinces de TE^pagné cependant on y jouit d'un air fort doux & fort 
tempéré. ' 

Cette Province a été iept cens quatre-vingts ans au pouvoir des Maures 
comme je Tai déjà remarqué; mais elle n'a voit été regardée cœnme unRo-' 
. yatime particulier que depuis le XIII Siècle. 

Abenhud Roi Maure 5 qui tenoit fon fiège à Cordone5 ayant perdu ht 
Couronne & la vie dans une bataille décifîve, que les Chrétiens lui livrèrent 
l'An 12365 les Maures contraints <l'abandoonet l'Andaloufîe à leurs Vain- 
queurs, fe retirèrent à Grenade, ramaflerent là les débris de leur Nation, 
& élurent pour leur Roi un homme tâe baffe iiaiflance, mais fort vaillant 
hpmme, nommé Maliommad Abén-Alhamar. 

Ce fut là le commencement de ce Royaume , le dernier des Maures en . • 
Efpagne , lequel fut gouverné par dix-huit Rois. 11 comprit d'abord trente- 
trois grandes Villes, dont les principales étaient Grenade, Guadix, Baça> 
Jaën « -Malâga; mais JaÇn leur fut bientôt enlevée, durant la vie du pré* 
mier Roi. 

Pendant que lès Maures ont poffédé ce Païs , il étoit extraordinaîrement 
peuplé; car outre les trente-deux Villes qui portoient le nom de Cité, l'on 
y en comptoit quatre-vingts dix-fept autres moins confîdérables , fermées 
de murailles; & il rapportoit au Roi iept cens mille écus d'or de revenu an- 
nuel. 

Le koyawne de UV K C 1 E. 

LE Royaume de Murcie eft le plus petit de tous ceux oui comptent lau R07. 
Monarchie d'Efpagne, à moins qu'on ne veuilie prenare Jacn & Cor-DEMuR- 
doue pour deux Royaumes particuliers. Il eft borné au Micii par la Mer cie. 
Méditerranée ; à l'Orient par la même Mer & par-le Royaume de Valence j 
au Nord par la Caftille Nouvelle, & à l'Occident par la même Province > 
par TAndaloufîe & par le Royaume de Gréna<fe* 

II peut avoir environ vinçt-cinq lieues de longueur lur vingt-trois de large> 
& vingt-quatre ou vingt-cmq de côtes fur la Méditerranée. On y compte 
ouatre grandes Villes , honorées du titre de Cités , Murcie la Capitale , qui 
donne fon nom à tout le Royaume, Orthagène, Almacaron & Lorca, & 
quelques autres Villes moins confidérables. 

Ce Royaume n'a que» deux Rivières qttiftiiéntJin peu remarquables: la 
première eft la Ségura, appellée anciennement Térébus, Strabérum , &ç 
Sorabis, qui venant de la Caftille Nouvelle , rraverfe ce Païs de l'Occident 
^ POrient, faifant quelque courbure, paiTe à CantariUa &c à Murcie, & en- 
^ tre 



40 . DESCRIPTION.ETDELICES 

LE Rot, tre .flans le Royaume de: Valence prè;5:d'Origuéla: l'autre efirle Guadalan* 
DLMjjR-tin^ quifortant du Royaume de Grenade coule dans celui de Murçie du 
^^^- Coudlànt an Sud-Eft^ pafle à Lorca > & va fè jetter d^s la Mécliterraçée 
•près d'Almacaron. 

Anciennement! ce Royaume étoit habité par les Batiftains^ dont parle 
Ptolomée> par les Bélitains, & par les Déitains, dont Pline fa;it mention. 
Du tems de Tinvafîon des Maures 5 ces Barbares s'^en rendirent les maîtres 
pan 715' 5 &\la polTédèricnt dans une entière indépendance juiaues ^en 
•I3+I > qu'ils fe rendirent tributaires de Ferdinand Roi de Caftille; ce, pour, 
la fureté de Fenragement qu'ils contractèrent avec lui ^ ils remirent entre 
les mains de l'iniant Don Âlfonfe fon fils, la ForterelTe de Murcie^ lequel 
profita fi bien des avantages qu'il avoit fur eux, qu'en 126$ ^ il fe faifit du 
Royaume & du Roi Maure , qui regnoit en ce tems-là. 



Lorca. 



LORCA. 

DAns l'Article précédent )'ai conduit mon Leâeur 3 de la Ville de 
Grenade aux frontières de Murcie ; je vai le reprendre là pour^ 
lui faire voir ce Royaume. De Vélès-el-rubio y qui eft aux confins de 
Grenade 3 & de Murcie, on va droit à Lorca y qui en eft éloignée dé fept 

lieues, 

Lorca efl une Ville honorée du titré de Cité, bâtie à fix lieues de la Mer, 
(iir une hauteur, au pied de laquelle coule le Guadalantin, EUè eft grande 5 
mais fort délabrée , bien que dans un Païs fertile. Les Habitans font la plu- 
part, desChriftianoshuévos, (nouveaux Chrétiens) ou Maures convertis 
& batiféa; Peuple rullique , peu civil , & peu accueiUànt envers les Etran- 
gers. 

Autrefois cette Ville étoit le fiège d'un Evêché, mais il y a longtems 
qu'elle ne l'eft plus, cet honneur ayant été tranfporté à Carthagène. 

l5anâ le commencement du XViI Siècle , les Maures chaffés d'Efpagne, 
fe vangeoient en failant de fréquentes courfes le long des côtes , tellement 
qu'on n'y pouvoit guère demeurer en (ureté. Une bande de ces Corlaires 
ayant enlevé dans h compagne de Lorca , un haras de chevaux , & emme- 
né lé garçon qui les gardoit, il les pria de lui premetfre de monter à cheval 
afin de pouvoir mieux les fuivre; le lui ayant permis, il monta fiir une Ju- 
ment en chaleur ,& donnant des deux galopa vers la Ville; les chevaux 
fuivirent ^a Jument, & les Maures, qui les montoient, n'ayant point de 
bride, ne purent jamais les retenir, & n'ayant pas pu l'efpric de fauter à 
terre, ils furent, conduits bientôt jufqu'auxportes de Lorca, où ils furent pris. 



s 



Chemin de JLorca à Murcie. 

Ortant de Lorca pour aller à Murcie, on traverfè une belle & vafté 
plaine, qui eft bordée ^e- hautes raonta^nçs fur la gauche. Après qua- 
tre 



D"ESPAGn:S-iET:dE'Pdrtugal: 

tre lieiies de cbenaim^atreure Totâna Village ou petit Bourg 5 a^{>arteriant I-^^^^ 
aiiX: Qaevalièrs de St Jaques. Delà traveriànt encore un beau Païs uni & 
bien cultivé ^ entre des montagnes y on paffe à un Village nommé Lébrilla> 

Eui&kun Bourg ou Village nommé Cantarilla^ ou Alcantarilla , fitué au 
ord de la rivière de S^urâ ^ à une lieue de Murcie. 
• • • ' 

' . M U R C I E. 

j 

MlTaciE, felôn quelques-uns 5 eft cette Ville que les Anciens ont appel- ^™^^ 
lée Mur gis \ mais d'autres croyent que Mur gis étoit à Tendroit , où 
l'on voit ^vifyKHxàhxv Maxacrà '^ & que Murck eft la Mencarta des Anciens.- 
Quoiqu'il ea foit^, elle eft grande & belle, fituée dans une plaine délicieufèi 
*u bord de la rivière dé SégunijiCrès bien peuplée, ayant ièpt Paroilles, .& 
environ dix mille habitahs. 

l^s rues y font très belles , &; fort droites , les maifons bien bâties. Par* 
mi plufieurs fuperbes édifices, on ne peut iè difpenfer d'admirer (a Cathé^ 
drale, dont le clodiera la montée fi douce, qu'on peut monter juiqu'aii 
faîte à cheval & encarofle: on voit dans cette Eglifè le tombeau dans let 
quel Je cœur & les entrailles d'Alfoniè X^ Roi de CaiUlle, font iniuh 
mes» , 

Ce grand Monarque qui ie diAingua dans un fiède d'ignorance , par fes 
;randes lumières dans i'Hiftoire, ^ fur-tout dans l'Aflrologie^ voulut lai(* 
\t à cette Ville cette marque de fon alFeétion & tie fk reconnoiiTance dii 
fervice important qu'il en avoit.reçu ; car ayant été élu Empereur au préju* 
dice de Richard Roi d'Angleterre, & abdiqué l'Empire à caufe de quelques 
difficultés qu'il trouva lorfqu'il en voulut prendre poflefîion , voulut s'en re- , 
tourner dans fes Etats en 1 273 : mais Sanche fon fils par une inhumanité 
fans exemple > bien loin d'aller au-devant de lui pour l'y recevoir, lui en 
défendit toutes les avenues ; . deforte que toutes les Villes lui fermèrent 
leurs portes, excepté les habkansde Murcie, qui feuls confervèrènt pour 
lui la fidélité qu'ils luiavoient jurée > & lui fournirent un azile afluré: tel- 
lement qu'en mémoire d'une aâion fi digne d'être immortalifée, il chan- 
gea les Armes de la Ville , & lui donna fept couronnes d'or en champ de 
gueules, 

. La raifoa pour laquelle Murcie fit paroître un fi grand attachement 
aux intérêts du Roi Âlfonfe, c'eft que ce Prince l'avoit tirée par la valeur 
de la honteufe opprefllon fous laquelle les Maures la faifoient gémir. . 

Parmi les choies remarquables de cette Ville , on fait grand cas du Cou- 
vent des Cordeliers, tant par la magnificence de fa ftruâure^ que par la 
richéfle de fes ornemens. Il a trois grandes cours, deux portiques l'un fur 
fàutre , & une très belle Bibliothèque , ornée de plufieurs portraits des grands * 
hommes qui ont fleuri dans les Armes, dans les Lettres, & dans le Gou- 
vernem^t. Le Collège des Jéfuites fe fait diftingiier par ion' verger, rem- 
jdi de citronniers, qui portent des fruits d'une groiTeur extraordinaire. 

Tome IIL F ^ Il 



^ 



4a DESCRIPTION ET DELICES 

MfftciL II Y a éans Murcie uû Gouverneur qui eft;c<»nme une éfpécc 

6c qui commande à tout le Royaume: un Lieutenant Général Criminel > & 
un Gvû 5 douze ConfeiUeni y vingt-quatre Greffiers > douze Procureurs^ 
& divers Avocats dont le nombre n^eft pas fixé. Lorfqu^on Ibnne le tocCu 
aux environs de la Ville^ le Gouverneur eft obligé de ie rendre à la tête de 
lès troupes à Pendroit où eft Tallarme, & d^aller enfuite à Carthagènè ,, 
pour défendre les côtes des invàfions dœ Maures^ qui y font de fréquente» 
, courlès. 

De toutes les ViHes d'Efpagnc^ il n*en eft aucune où h Police s^exferctf 
Il r^ulièrement qu^à Murcie. Les pommes ^ les poires^ lès grenades^ ies: 
abricot?) les figues, les raifins, les pêches^ les «attes, la chair & le pain 
ty vendent au poids. Celui qui achète quelque chofè de tout ce que je^ 
viens d'énoncer > en apprend le prix par un Placard attaché k un pilier par 
h main d^un M^ilbrat, & perfonne ne peut vendre de pain qu^il n'iit ét6 
▼iiîté uvanè qu^if foit mis en vente ; que ii quelqu^un y manque, on k ùdt 
promener par la Ville monté fiir un Ane, tandis que te Bourreau le fouet-- 
te, fuivi par les Ofi^icrs de Juftioe achevai, au devant ddouds marche 
im trompette, qui crie hautement k tous les carrefours: Cej^ lapunitio» 
msB SaMûpJUj cufaytfiice enfin nom^ commande être faite et cit hom» 
\ou de cette femme) pour tel cripie y potàr lequel il eji condamné à tant de cmsps^ 
ikfbuet. Mais ce qu'il y a de iingulier, c'eft que fî le Bourreau lui donne 
1^1 de coups que la Sentence ne porte, on le fouette lui-même. 
' Hors de la ViUe ,. on voit fur une hauteur un Château , qpe les £f^ 
pa^ob appellent Monte^Âgudo, qui peut lui fervii: de déienfe en cas de. 
Mioin. 

Tous les environs d& Mircie fi)nt agréables,, abondamment arrofês. Se. 
très fertilea On y cecueiUe éi vin, <m miel , & toutes fortes de fruits ex^ 
cellens ; partkulièrcment , on y voit une qu^itité prodigieuie d^oli vien r 
mais le ^us grand, revenn vient de la foie , dont la^ quantité va>. ièlon la 
£]pput)ation des gens de comnu^re, à plus <fe 200000 livres pefant par an-- 
née> qui pcoduitent environ un rmIUoA de profit aux propriétaires^ On 
Sût état que pour entretenir les vers qui laprodui&nt,. on voit, dans la-eam^ 
pagne jufqu'à SÇ.J^ÇîOO pieds de Meuriers* 11 s'y trouve-aulB quantité de 
cannes de lîicre, & beaucoup de riz. On y nourrit une multitude infinie 
de troupeaux. Le gibier de toute e^oe y eil fort commua,^ & les plante»; 
médicinales a^y manquent pas.. 

€ A R T H il G; E N E., 

Cartoa- Ji XJ midi, dfe Murcie eft Cartbs^ène (Càrthagp Nvod) Ville médteere^ 

•^** jf\ ment grande, fur la^ Méditerranée.. Autreicis eUe étoit heaoQOUp* 

plus çonfiiferaijte , c^-èlte ne Teft aujourdhuL. Anhibali oà fbn.prédécef- 

&m^ Amilcat> {*) ^^ bitit pendant le tems de la féconde giicrre J?ttc/f a* ^ 

peur 

W Q5, n^. fefi ootaftiAniwhftii cx)muîe le rcniarquei fort bLcn^Mri La Manîniètc, qiii bâtit Car^ 



r 






O^ESPACNïr ET DEFORTtJGAL. f^ 

en faire im Magœcio &' un ArféûaL Dajà^ très peii de tei&à elle s'^^-^Cauthai 
nandit & a'eniidut . fi coofidérablesni^ 9. qu'elle devint la première ViUeG£N£* 
^'EEp^àgpc 9 zywat ibèomtp-deux .petits peuples dans & dépend^ce (^1# 

Malgré fès forces , & fa garnifon, le vailknt Scipion eut le boabéur ctt 
h prendre dans on jour^ PAn deRomef4f9 & l'on y trouva de. prodi- 
guas ridiefles. Mais elle déchut bientôt de cette grandeur. A peine a-^ 
voit-^é Aibfîfté £x cens ans , que les Vandales^ & anrès eus les Goths, la 
démancelèrcnC) & la détruifîrent entièrement. £lle aemeura longtems etin 
^velie fous famines; mais xlans les derniers^fîèclesla bonté de ion .port y: 
attira du monde ^ on la rebâtit peu à peu, & Philippe II , du temsauqu^ 
tm y troon cinq ou un censBmillies» la lit fermer oe murailles, & revçtir 
^e bonnes fortifications > afin que les Maures ou les Turcs ne pufTent pat 
s'en empâter. Depuis ce tems-là dk s'eft un peu rétablie; mais cependanD 
elle n^^lTOche ptis » à faeanconp près , de ce qà^dle a été» 
' h ny a Tien de codlidérabte jqne ion port, qui efl le meilleur de toutefEir» 
pagne, & f un des phimiers de l'Europe; Jl cft au fond d'une petite Bayct 
<le cinq cens pas de long, iîir fix ou fept cens d'ouyerture, dont lefbndeil 
très bon & très for, tellement qull peut toujours iurement & commod^enC 
contenir deux œns galères. . On rapporte qu'André. Docîa^ Général de J21 
Flotte Efpagnole, duoît qifil ne connoifloit qné trois ports qui fulTent bien 
(urs, lesmoisde Juin, due Juillet, & .Carthagène. 

Cette espèce de Jonc nommé Spmfumj JËjpartey qui fe trouvoit autre*' 
«fois en quantité aux environs de Gtrtfaagèiiey <& qui a donné à la Ville la 
nom de SparUtria^ À à la Camp^^ le nom de Spartarm Campus; cette 
e^ce de Jonc, dis^je, s'y trouve cfemême au|Qurdhui, & cjans la mênM 

Ïiantité. On a pu voir ci-defFus les divers uâges auxquels on le. fait 
rvir. 

On trouve aoQi dans le voifinage de Cafthagène» des minières de divers 
les pierres précieuiès, comme diamans, rubis, amétbyftes> caflidoines , èr 
autres: & Fon prétend que > fi l'on vouloit fouiller, on y trouveroii; aulll 
<]es mines d'or & d'argent. Il y a particulièrement nés carrières d'a^ 
}un , il abondantes , qu'elles valent jufqu'à quarante mille ducats par aïk 

11 ne faut pas oublia c^ Carthagène a été une Ville Epiicopale dès le» 
premiers fîècles du Chriftianiône en Efpagna L'Evêque a vingt-^quatre 
mille ducats de rente , & prend le titre d'Evêqne de Carthagène & do 
Murcie. il e(l ibi&agant de l'Archévêqiie de Tol^e. Carthagène ef| 
défendue par. une Fortereffe médiocre, bâtie depuis cent ans en-çà. 

Il y a, dit Mr. L« Martinière (t) troér cbofes à remarquer, i^ La VUlt 

* * * 

pagine, fiiais ATdrpbtl ion Prédééeflear» lôom* nott Ae Aai Aoirfbal cofâmftidà lei/ûrceaddCttt 

ine le difenl bien expreiRment Polybc & Mé!â- tha>fe en Efpàgne & en Italie. 

tenant à Amilcar Père dKÀnnibal^ il fonda une (*) il ftlioît dire qu'elle fut feuales Romainl 

Ville de Cartbiige , qui fut Cftrtfaage la Vieille; le Siège fvait Joridlâios ^ a'éttt^ô^k fiv ^ 

mais Carrbage la Neuve» qui efl Carthagène, fut Villes. 

fondée par toa Succellêur Afdxubal > après h (t> OUt. CUff. 

Fi 



44> DESCRIPTION ET DELICE.? . 

CjtRTHA-de Charthagène fitiiée au fond du port. 2- Le port qui eft une Ance> Si 
€ENE* fait partie du Golphe de Cârthagène. 3. LeGolplie même qui occupe partie 
de la Cote dô.Grénîade, depuisk Capde Gates^ & prefque toutes cellesdo 
Murcie , jurqu'au Cap de Palos. 

Le Golphe de Cârthagène, partie de h Mer d'Efpagne,. entre les Caps 
de Gat€s & de Palos, La côte court Nord-Nord-Eft juiqu'au Royaume de 
MurciSe 5 & à l'Embouchure du Guadalcntin où eft Almaçaren^ Muxacara 
à rEmbouchure du Trabay 5 Véra à celle du Guadalm^açar, Portillapre^'à 
rentrée du Royaume de Murcie^ foiit les lieux les plus remarquables jufqueî 
à Alttiaçaren. 

". Au Sud-Eft de ce Port eft Laquibo petite Ifle. Sogana efi k moitié che- 
min d'Almaçaren à Cârthagène. De la pointe de PEU du Cap cfe Cktes k 
Cârthagène, k rpute eft le Nord-Eft quart d'Eft environ loj milles. Entre 
les deux> il y a un grand enfoncement ^ & les tevres font fort hautes; mais 
environ iuit à neuf milles à TOueft-Sud-Oueft de Cârthagène il y aunegrof- 
fe pointe qu'on appelle le Cap de la Sabia^ fur lequel dt un petit Village-^ 
& du côté de FEft une petite Rivière. _ , 

' Prefque à moitié chemin du Cap de la Sabia k Cârthagène , il y a un grand: 
enfoncement avec une petite Ifle du côté de FEft; On la nomme l'Hle de 
ias Colombas^ & (kns le fonds de cette Ance il y a une petite Ville & ua 
Château fur la pointe de TEft. It y a aufll liir cette Ifle une To«ur à feu. Lan ' 
Ville dont on vient de ^parler nonmiée -^ZOT»(:ara« par quelqnes-um c'eft 
la même qu" Almaçaren. On peut mouiller du côté de TOueft de riile: 
des Colombes" dans TAûce d'Âlmaçaren par quinze *> dix-huit & vingt 
braffes d'eau; mais le fond, n'y eft pas fort bon à. caufë de quelques to^ 
ches. 

Environ quatre milles à l'Eft quart Nord-Eft de Tlfle de las Colombiis efti 
Pentrée du Port de Cârthagène ^ dont la reconnoiffance eft facile 3 parce qu'il 

a une petite Ifle ronde prefque visr^à-vis du. Port 5 eaviroa une lieue au? 
lud-Sud-Eft Ceft la Scombraria des Anciens. Elle eut ce nom à caufè: 
de la quantité de Maquer.eaux. qu'on v pêche, & que les Romains qui les ai- 
aïoient beaucoup , appelloient Scombri. Lé nom moderne de cette Ifle eft; 
exprimé diverfement for les Cartes ou dans quelques livres y Combréra^ 
Scombréra^^ ^ctmbréra^ EUe eft prefque ronde, à quajtre ou cinq cen^ 
toifes de la cote , & prefque vis-à-visdu Port.. II. y a. quelques Rochea 
prefque à fleu^ d'eau, du côté dç l'Oueft de. TlIle ,. &: elles en font fore, 
proches. 

Le Port: de* Cârthagène eft dansun fonds. Sitôt qu?on..eft. par fon tra- 
vers ,.on. en découvre l'entrée qui eft fort étroite & qui fè tfouve entre deux- 
Montagnes; on voit en même tems le Château de Cârthagène , dans le fond^ 
dfrPort, & ht Ville eftau pied' fur une pointe de moyenne hauteur: A to 
gauche en encrante il-y a unJFortin armé de fix pièces de canon r & ftir la 
»auc de la pointe droite il y a deux batteries de cagon allez conlîdérables. 
îi Port eft affez.grand,&;.Bre^qjie.de figur.e.ronde : . dans. le. fond eft un an^ 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGA^L '4^ 

tîéft Qâteau fiir une hauteur. La Ville eft au pied, & ne paroît que fôrtCARTHA^ 
peu du côté de la Mer, quoiqu'une foit zSqz grande ; elle eft fituée dans u-»gene, 
ne plaine au delà du CAâCeau : devant la Ville il y a un petit Mole qui feré 
aux débarquemens. On fait de Peau à l'entrée de la Ville à quelques Fon«-' 
taines, mais elle eft Saumache & de mauvaifè qualité. Le traverfier de cer 
Port eft le vent de Sud-Sud-Oueft qui n'y caufe pas beaucoup de Mer àcau- 
fe de la lèche qui la rompt. Au dedans de la pointe de lar gauche, en entrant, 
à près de cent cinquante toiles 5 il y a un petit banc de rochers prelqu'à fleur - 
^'eau3 de TétendUe de dix à douze toifes*, où fur lequel pour peu qu'if fal-^ 
le de mauvais tems 9 la Mer brife. Aux environs de ce banc il y a cinq 5- 
ftuit & dix braffes d'eau julques à la pointe , où eft It Fortin dont il a été^ 
parlé 5 tellement qtf on peut paffer entre Pécueil & le Fort 5 rangeant à' 
difcrétion la pointe dU Fort : mais le meilleur eft de kifler le danger fur la: 
gauche. 

• A huit ou neuf milles Eft-Nord-Eft de Tlfle de Scombréra eft le Port Gé- 
novez. Ce n'eft qu'une petite Ance, avant laquelle eft une.groiTe pointe* 
nommée le Cap de Suga. Environ deux milles Sud-Eft quart à l'Eft de Gé- 
novez eft' une autre groffe pointe fort efcarpée nommée le Gap Nègre , an:' 
deflias duquel eft une haute Montagne en pain de Sucre. Toute la côte elt 
fort haute & fort efcarpée depuis Scombréra julqu'au Cap de Palos. ' 

Selon les Obièrvations du favant Père Feuillée (*) Carthagène a: 57. dl 
36'. 7". de Latitude Septentrionale. Le même Père dit d'après une pieufe 
tradition que l'Apôtre St. Jaques fut le premier qui prêcha l'Evangile à Carr 
thagène, où il fe rendit l'an 39 de Jéfiis-Clirift., venant de Jaffa^ n'ayant 
touché dan? ce Voyage qu'en Sardaigne^. 

A L M A C A R O N. 

0- 

Afîx lieues de Carthagène à l'Occident 3 on voit: fur le rivagede la Mer^ALMAcj^- 
une petite Ville , ou plutôt une ForterelFe avec titre de Qté> nom-'EOK» 
mée Ahnacaron;, fituée vers l'embouchure du Guadalantin. Oh y ramalfa 
«ne très gcande quantité d'alun ^ qui ra^^orte de gros, revenus au Ducd'£l^ 
çalona & au Marquis de Vêla.. 

Outre ces quatre Villes principales, oa en voit encore trois ouquati-eau:-* 
très, mais fort peu cônfidérables ; commei Mula fituée dans une plaine très^ 
fertile; Caravaca zvl bordd'ime petite rivière qui. le jette dans la Séguniy 
où l'on montre une Croix miraculeulè apportée par des Anges* Lorçui^t 
Calalpara Se Ciéça font de petites Places dans la partie Septentrionale de la: 
Province, Les Royaumes de Mavde & de Grenade étoient le fiais» des> 
amciend Batiftaias > en. paBticuUer Carthagène étoit habitée par. les^ Con^ 
teftains;-. . . _ , - ^ .— t * 

Le terroir du Royaume de Murcie produit de bon vin àcTt Ibrr boni 

grahi'i. 

(15 35tenal des Oèjerv.u Part. p. p2, P3- 

F 5 



46 DESCRIPTION ET DELICES 



gpiàix^ mais il n'en rapporte 
tueux. Ses plus grandes rid 



ou on y tire aes cannes » du mei^ de la loie qu'on y taii 
cies lainières de pierres précieuiès. L'air y efl: fort pur & 






Vaibn- y E Rojwiî»^ de Valence , qui tire fon nom de fa Capitde> eft long 2c 

"• JLy étf ok 3 s'étendant du Nord au Sud de la longueur d'envkon ioixante* 

iîx lieueS) fur vingt-cinq dans fa plus grande larfi^ur. Il eft borné au Midi 

&; k rOrient par a. Mer Méditerranée, qui faita près de (oixante Ueues d» 

côtes; .au Nord-*£ft par un coin de la C^tak>gne> au Nord-Oueft par TArrar 

[y 6c2.\à Coucliant par la " Callille Nouvelle & par Ja Murcie, Ceft le 

I qu^abitoient autrefois les Cdtibâûens » les Conteftains & les Lu« 

ions. 

Cette Province eft Tune des mieux arrdées qu'il y ait dans PEfpagne, sh 
yant pluiieurs grandes rivières , &ns compter les moins confidérabks^ qui 
toutes enfemble font le nombre de treQte-<:inq9 & coulent toutes à TOrient^ 
ouSud^EH 

Pour commencer par TOccident, on y voit la Ségura» qui bakne trois 
Royaumes 9 celui d'Andaloufie , où elle prend fa iburce; celui ^ Murde 
<|u>lJetraverie) &celui de Valence, cw elle kve les muraîUes d'Origuéla, 
4c k décharge dans la Mçr près de Guardamar: le Xucar qui prend fa ibur^ 
ce dans la Caftille Nouvelle, y traverfe la petite Province de la Sierra j. oik 
il reçoit deux petites rivières j le Cabriel & TOliara, arroie le Royaume de 
Valence en largeur, de TOccident à TOrient , & va perdre fon nom & fes 
eaux dans la Mer, près d^une petite Place nommée Culléra, qui donne fon 
xiom à ûtt Cap voiiîn: le Guadalaviar, ainfî appelle par les Maures, d^ttn 
mot qui veut dire. Eau pore; les Romains lui donnent le nom de Durks, 
Dodos . & Turias» Cette rrvière n'eft pas tant conitdérable par (à profbn*- 
deur, come par les an^émens jâc les beancés de fès bords, qui font cou)Our8 
revêtus de rofes, de diverfes autres fleurs, & de jolies forêts, qui régnent 
tout dn long, àès & fonrcé jufqa'à fon embouchure. EUe nait aux confins 
de r Arragon & de la Caftille Nouvelle, à quelques mifleg de la Ville d'Al* 
baratin, près de la fource du Tage; arroie le Royaume d'Arragon , traver- 
fe celui de Valence de POccidcnt à l'Orient, & fe dégorge dans la Méditer-^ 
ranée, au de&ws de la Capitale: le Morviédro, qui traverfo ce Royaume 
dumêmefeos, &fe jette dans la Mer, au deffous d^une Ville î, dont il por« 
te le nom ^ anrès avoir nailë à Sérorbe: enfin le Millas « Mierlias ^ ou Mil* 



lares, qui paiTe à Honda, & entre dans la mer au deflbus de Vilia-Rcéal^ 



- j 



G&e- 



A 



L 



Cbèmin dé Mm$e à Falenix.- ■ 

APaES cesgénéralitéS) il faut venir au détsû^; &) pofir mTen tserfiea^ Vilin- 
reuièment 9 je vai fuivre le grand chemm^ marquer la route 5 que Ton ou 
tient dans la longueur du Royaume d^un bout à Tautre > & en paflant nous 
nous arrêterons pour voir les Places confîdérables^ qui i^ trouveront hors: 
de la route> à droit & à gauche. Je commence par la route de Muréie à 
Valence. 

A trois lieues de Mircie on entre dans le Royaume de Valence > & Voa 
voit là une grofle pierre mife fur une hauteur y pour marquer les bornes des 
deux Royaumes. Ce chemki ell ordinairement dangereux ^ & rempli de 
bandits > k cauiè de la facilité qu'ils ont de pafler d'une Pi:ovinc& à Tautre» 
d^'abord qu'ils ont fait quelque méchant coup% * 

O R r G U E L A. 

A première Vilte, qu'on rencontre, eiï Ormi^a ovtOrilmél^y fîtuéê 0»iBtn^ 
I à une lieue des frontières, & à quatre de MSrcie; Elle elï fort ancien- ^- 
ne, appellée par les Latins Orcélis^ mife par P'tolomée au nombre des Vil- 
les habitées^ par les Baiiétâîas ; bàtia entise des montagnes au bord de la Sé- 
gura, dans un jieu fortifié par la nature, au milieu dwie plaine fî fertile en 
tout » & particulièrement en bled, qu'elle a donné lieu à ce proverbe deff^ 
Espagnols, Llmva à no Uuevaj trigo en Origuéla; ce qui Cgniiîe quexJbUt 
qu'il pkime , fok qtiii ne pleuve pha y il y a toujours &i bkdmns^ (jH^ 

Elle efl entourée cfe jardins très agréaWes, ontée d-une Dhiverfît:é'&: 
d'un Eveché, embellie d'un magnifique Goitre de Jacobins, & défendue 
par un vieux Qbàteau. LTJniverlité fîit fondée l'An i jf y f . L'Evêché a été 
bngtems joint à celui de Carthagène.. 11 en fiit féparé par le Pape Jules Illy 
au milieu du XVI Siècle ,, & l'on en fit une Prélatuœ ncravelle^ avec dix 
mille ducats de rente. Son Chapitre eft conq>Qfé de fk Dignitaires^ defnt 
Chanoines, & de douze Prébendiers. 

L'un, des jMrémiers Evêques de cette Ville envoya des Députés an feconJ 
Concile d'Arles, qui fut aifemblé dans le IV Siècle, du tems de l'Empereur' 
Conftantin- le Grand 

Cette Ville a llionneur d'être Capitale dlm Gouverneur indépendant dè^ 
Valence,, dontla Jurididion s'étend douze lieiies ealon^ieur fiiriîx delar^ 
ge*. Ca prèteiul qu'elle a été fondée par Hercule le Thébain , . ce qui n'eft: 
pas lans apparence*. Alfbnfe le Sage la releva de &s ruines y. &; y £t de bel- 
les réparations dans % XI Siècle^ 

J'ai déja^ dit qn^elle eft fîtuée au milieu d^ùne campagne très ieralè^; on y' 

iroitvcjen al:K>Qu^^ ^^J^^^^^ dumitl^delat 

" *e, désherbes, des'Iégumes, désfniîts, "dùfeL 
Al L'Orient d'Origuéla,. vers l'embouchure de là. Ségura^^ on voir une 

-:;•-■ petite 



4% . pES,QRîîîT;*OKiET iDEL.îCIS : 

petite ViJIe nomni<^ Guard^ipar avec un port fur^Ia Mer, où les vaifleaux 
tnarchans des Païs-Bas alloient ci-devant charger du fel^ pour le tranipor- 



ter chez eux* 



ï: L C H E, 



Ew:h2* TP\\) hï g tr e l a tirant au Nord-Eft , on traverfe un Fort Beau Pais , uni 
1 '3 ' & bien cultivé; on pâfle par deux Bourgs, & après deux lieues de 
chemin Ton arrive à Elche , que quelques-uns croyent être Fancienne lUice. 
Elle eft lîtuée dans un lieu très fertile en dattes & en vin, & abondant 
en bétail, a\i milieu de forêts d'^olîviers & de palmiers <f une hauteur prodi- 
gieufe.' ' ' \ 

* Cettç^ Ville eft affez bien bâtie, mais bien qu'elle foit a deux lîeiies de la 
mer, il ne s'y trouve cependant preïque d'autre eau, que de la falée. Les 
dehors de cette Ville font, fort agréables: on y voit quantité de jardins & 
'de vergers , remplis de beaux fruits rares. 

Elche fiit érigée en Marquiiàt par Charles-Quint en faveur de Don Ber- 
nardin de Cardénas Duc de Maquéda , & par Succeflîon elle eft tombée dans 
la Maifon des Ducs d'Arcos. - \ 

A L 1 C A N T E- 

Alican- T^^'Elche tirant au Nord-Eft on rencontre un Pais plat, mais peu cul- 
•ïE. \ J tivé, avec quelques petites forêts; & après quatre lieues de cliemin 
bn trpuve Alicante. 

Cette Ville eft ancienne, & quelques-uns la prennent pour l'ancienne II- 
îice, qui a donné ion nom au Golfe d'Alicante, appelle par les Anciens &'- 
nus Illicitanus. Je viens de remarauer qu'il y en a d'autres , qui cherchent 
l'ancienne Hlice dans la Ville d'ElcIie ; & il n'eil pas facile de décider cette 
queftion, à caufe de la reiTemblance du nom moaerne à l'ancien, qui eft à 
peu-près éjçale de part & d'autre. 

• Qjidqu'il en foit, Alicante eil fameufe aujôurdhuî par la bonté de fori 
port,, mil eft d'un grand revenu pour le Roi. Elle a d'un côté les monta- 
gnes, & de l'autre la Mer, avec un Château fort élevé, qui la défend, 
eftimé par quelques-uns imprenable , bien que d'autres difent qu'il eft trop 
haut , . & qu'on n'y feuroit. faire aucun mal à ceux qui tiennent la campagne. 

Le Port eft ordinairement vifité, en tems de paix, par desVaiiTeaux 
marchands Flamands & Allemands, qui y vont charger le bon vin, qu'on 
reaieille dans ce Païs-là, & qui eft généralement eftimé, au moins le rou* 
ge; car pour le blanc"i je connois des gens qui iè plaignent qu'il ne vient ja* 
•mais pur par deçà. On voit fur le Port trois Baftions garnis d'artillerie, 
bâtis pour, ià défenfe. 
La Montagne fur laquelle eft le Château (*), & au pied de laquelle la 

-^ • Vil* 

(♦) Portulan de la Mer Méd. p. aa 



D^ESPACNE ET. D£. PORTUGAL. 4^. 

Vilte eft^ fitiiée, eftdtfteiîreJ)laïicJK'&le découvre de fort loin;, ainfi eUeALicAH- 
fert de coûnoiffaoce aux Piiotes, . Lp^ Château en fert aufli4>ar la blancheur Tfi# 
de fes murailles dont il y €îï a ime longue qui aboutit à la Ville, Devant!^; 
Ville &.prefiîuc vers le milieu il y a un bout de Môle-, qui ne fert que pow.. 
les débarquemens. On mouille ordinairement avec les Vaifteaux devant; ce^ 
Môle 4font on eft.éloigné d'environ un bon iniU^ fèpt^ huit,&dix' 

brafles d'eau 3 foad (l'herbe v^feux. . . -^ 

Dans cette Rade il n'y a point d'abri des vents du large ^ & la Mer y 
cft fort grofle durant ces fortes . de vents 5 mais comme le fond y eli, 
bon oh y réfifte aifément , outre que cette Montagne empêche la vip^^ 
l€;i>ce.de& vents du Jarge^ Oju^ comme di£bnt les Matdots 9 la terre refuiëié 

vent;. •■•'/*• 1 . • . *I 

^ Un peu au-delà de; Textr^mité de.k ViH^j; alkiit vers POueft, il y a iHie{ 
baffe Fomte^ qui s'avance en Mer 5 qu'on appelle la P(^i/B?^ ^(^j i)4j8f/^i. À. 
l'Oueft de cette Pointe on mouille avec les Galères > par 3 , 4, y , & 6bnif-' .- 
fes d'eau, fond d'herbe vafeux. On y eft beaucoup plus à Tabri que de-; 
vant la Ville, & l'on n'y feirt pas tant la Mer que dans la Kade^ à ç^uiè^ 
de cette Poiiite baffe, qui rompt la M^ des Vents d'Eft & V^Ie Plane des^ . 
yents dq Sud; mais lorfqu'on veut y aller mouiller ., il ne faut pas apprp-: 
cher de -cette Ppipçe baffe ^ parce qu'elle s'étend près de 300 toifesou" 
la longueur de trois Cables ïom l'eau , le fond eft de vaie mattçs & her*; 
biez. 

De l'autre bord de cette Pointe vers le NordrOueft il y a quelques mai-: 
fons fur le bord de la Mer devant lefquelles on peut mouiller. Dn- fait de- 
L'eau à quelques Pouferaques qui foût auprès de cette Pointe, un peu avant 
dans les terres. Le traveriîer eft le vent de Sud-Sud-Eft & Sud-Eft , la Lati- 
tude eft %%. d. i6\ & la variation de l'Aiman eft 5; dégrés Nord-Oueft* 

Il a été un tems que ces côtes étoient fort dangereuses, à caufè des fré-, 
quentes incurfions des Câpres Maures Algériens & autres : c'eft pourquoi. 
Vpn y a élevé d'efpace en dpace des Tours fur je rivage de la Mer, nom^ 
mées Atalayas, c'eft-à-dire, Echauguettes, pour découvrir les vaiffeaux| 
de loin. Dès que la Sentinelle en voit> qui ont la mine d'être ennemis,^ 
elle en avertit par des feux qu'elle allume , & l'on donne l'alarme par 
toute la Ville , en fonnant le toclîn. Le romarin vient d'une telle gran- 
deur dans' les environs d'Alicante , qu'on y en voit de la hauteur d'un 
homme. 

D'Alicante à Madrid on compte cinq journées de chemin> .&: l'on va de 
l'une à l'autre , fans paffer ^x^ aucun pont. . Alicante fut enlevée aux Maii- 
• P€S l'A n 1 26^ , par Jaques I Roi d' Arragon, 

D'Alicante tirant'au Nord on paffe une montagne, où l'on trouve unpaf- 
fageaffez incommode, nommé Puerto de Malamagof , & un chemin rude 
& pierreux : on y voit , en paffant ,' une grande quantité d'arbres fniitiers 
^ de vignes. . . ^ 

: Après quatre lieues de chemin 5 ojçj ,ar rive à Xicona petite Ville ^ compo- 

ToME IIL G fée 



^O DESCRIPTION ET DELICES 

Xic^Rà. f&e (f enf irbn (épi cens fèiix. Elle eft fitnée entre desmontaenes, défen» 
cdie par un fort» Château, bâti au deflûs de la ViUe> auprès d\in défilé 
fî étroit 5 qu'une poignée de gens "y peut aîfément arrêter toute une 
ajrmée. On y recueifle abondance d^celleiit vin > de même qu'à Ali- 
cànte. - ; 

Sortant de- Xîcooàj <Jn laiffe deux petites ViBes, rime à la droite , &r 
Tautre .à la gauche. ^Sur la droite en voit Villa Loyfa, petite Ville fur le 
rivage de là Mer, à èfiiq lieues d'ÀlJcânte & près du Cap Finiftralr. Sur la 

ruche, Eldia, Capitale d*un Comté a fîtuée fer une petite rivière, quipaf^ 
k Elche. 
- De Xicona Pon continue à marcher dany les montâmes, & Ton voit ua 
Fais très bien cultivé» nonobflant la rudefle du terroir : les habitans fi)nt 

• - * • • • , 

fort laborieux 3 & mettent tout à parofit,, julqu^aax rochers mêmes , qui font 
revêtus de feps, ou cîe romarins. 

AtcoT. On pafle dans Akoj^ qui eft une jolie ViDe , près <rune petite rivière dut 
même nom. Elle eft petite , mais remarquable à caufe des imnes de fer», 
qu^dn y trouva PAn 1 5^04 , & fur- tout à caufe d'une fontaine , qui eft une 
• rare merveille de la nature. Pendant Teipace de treize à quatorze ans elle 
jette de Tèau en abondance 3 puis elle tarit pendant tout autant d^années ; 
après quoi elle recommence à couler comme auparavant, & revient à tarir 
ail bout de quatorze ans; & toujours de même à perpétuité :- les habitai» 
appellent cette fontaine Barchel: il y en a plufieurs autres y qui fiipiiJéent ^ 
ion défaut ^ lors qu'elle manque ^ & toutes ces fontaines joignant leurs eaux,, 
for Aénc la petite rivière d^AIcoy. 

CoNTEN- Après cette Ville, on- trouve un BoOTg ott Village nommé Contentay- 

TAYNA. fla> qiii retient dans fon nom quelques veftj^s de celui des anciens Contd^ 
tains ou Conteftaniens, ; qui hahitoient dans ces contrées.: Ce Bourg eft fî* 
tué dans les montages, fur un Mont nommé Mariola, qui eft remarquable», 
à caufe d'une quantité extraordinaire de plantes rares , & de fimplcs ou her- 
bes médécinâles , qui sY trouvent j ce qui fait que tous les ans on y voit 
un grand nombre dfe Médecin* & œ Droguiftes ou Herboriftes, qui vont^ 
de toutes les Provinces d^Eipagne^ faire provifîon dfe ces excellensremèdes,. 
que la main libérale du fage Auteur de la Nature y a préparés pour les di-^ 
vers maux des hommes. ' 

Toute la campagne autour de ce fieu eft richement arroféedbphisdedèux 
cens fontaines, qui, comme on peut croire, la rendent très tertile i EUfr 
appartient à un î^igneur particulier en titre de Comté. 
• De Contentayna Ton continue à marcher ckns les mont^nes , où Tbi» 
voit, en paffant, plus de quarante Puits revêtus de pierres, & après cinq| 
bonnes lieues de chemin» Fon arrive à Xatwa^ ou îSt. Philippe. 
' Avant que de parler de cette ViBe , il faut s'arrêter un peu, pour voir le» 
Villes, qu'on à laiflfées for la route aux'xîeux côtés du chemin* 

BiAK. Sur la gauche, au Couchant d'Alcoy , Ton voit Biar, petite Ville, donft 

h pi*incipale richeffe vient de Tabondànce du miel qui s'y trouve > & qtii elt 

très 



^^ 



D^ESPAiGNE ET DE PORTUGAL. |^ 

hhmc 'Sa tet^hopLt^ , Ak^oj^ pn Jgiflè. crois ou ^ut^re Vjj^es ilt^ées A^t£a. 

Âltéa S: la préniiëfe» fjP^ ^ ! ^^. ^V^ îi^ ^^^ ^® VillaoLoy& p S( 
TÎcfae en vin , ea Ima ea.m^* ,&; -éa miel très blanc & très beau, conjmè ' 



fur 



allez grand 



D E N r A> 



AU Nord iTAJtéa^ à trois à quatre lieues de diftance, eft bënîaD |ri^b^^^^' 
suideane 9 hoporée du titre lâe Cité. Les Jiabitans de Mar&ille la foir* 

fdèrent autrefois, quelgiçssfièdesavaittlavçimedejéfus.p^ &rappçt- 
Itvent Jtrtémifium du nom de la Déefle Diane, (nommée en Grec Jfr/^ 
mis):, k rhoâQenr de ^agufUo ils |V baJLifciit jun Temple n^giuiique. Le^ 
L^ins TappeUèrent i)r^^9^nm^pQur u même raifon, & de ce nom corr<>mpiii 
s^eft foraié ^oelui de Dénia. , Les Grecs la nommèrent auHl HémérofiopeUtn^ 
4 caufe d'une Tour élevée, qu'ony avok bâtie, pour découvrir les Vai^^ 
fcaux qui rafoient cette côte. .... 

. Seitorius fe feryit ayantageufement t^e cett?e yille , pour faire venir du fe- 
cours par mer, & pour s'y ménager une retraite, j; en cas qu'il eut du p^rèjt 
.delà vient qu^ii n'y a guère plus de deux fîèdœ^e cette Plaices^apixelloii; en* 
We Àtalaya de Sertoria £lle £ut ruiflée^pap* les jncuriions des peuples l^ae- 
Wes dans r£rp^ne>, &c demeura penoant quelques fièclesenfévelie fous f^ 
^ruines: mais enmi la commodité ae ion port, & l'avantage de fa iîtuationb 
invita \£& £^gnq!s à la rebâtir. 

Elle eft très bien fituée, au pied d'une montagne nommée Mohgpn^ 
fur le panchant d'mie collme , qui s'étend jufqu'a la Mer , fàifknt face 
au Nord. On y voit une Tour fori élevée, àiQ}i l'on découvre bieçi 
avant dans la Méditerranée tout les navires qui paUent ; ; un ChÂtea^ 
xrès bien fQrtj^é P^ ^^ Nature , & par l'Art ; & un double port alTez 
jcqmmQde. Son terroir eft fertile en iroment , en vin, &; en amendes. 

Anciennement ç^te Ville fut bpi^oré&d'un Evêché, mais elle le perdk 
iorique les Barbares la ruinèrent^ 4ujO)U'dybui ellp appartient à un Seigneur 
|)artiçuliar avec titre de Marquifat. ; ^ t^ 

. I>énia fi^ la première conquête ijua firent dans te Royaume de Valçnoe 
Jes Alliés de l'Empereur dans la guerre d'Elpagne ; mais le Chevalier d'As- 
feld la reprit d^aflaut.le 1 2 de l^ovçmbre j 708 a & pafla au fil de l'épée tout 
3ce qw iVr.pUt^pas ferêftigieriàiflçle^^^ où le Commandant s'étant 

enferirié capitula Iç i^^^jk fut lait pr^fonnipr de guçnre avec ce qui lui ref^ 
toit de fa Gacnifon. ...... 

, Entré. Dénia & Altéa, îa Terre forme un Promontoire fort avancé, à 
trois lieues de la première, appelle par les Anciens Artémfium^ du nom de 
.la Ville la plus célèbre du yoifinage, Tunekium^ & ferrariar à caitfedes 
«iaes dç fer qui s'y trouvownt. 
L .,. Ù 2 ■ "Ce 



5ra DESCRIPTION -ET DELICES ■ 

• • • » 

Dwu» Ce oom $ Jftémtjmm efl: encore demeuré en quelque manière chet fcs na^* 
turels clu.PaïSj. qui abpelleht le Promontoire Jrtémus: les autres lui don*- 
nent le nom de Cap. Martin , ou. Puhta del Empérador. 

Un peii plus loin,- tirant au Couchant, eft Oliva, petite Ville avec titre 
de Comté, qqi appartieiit aux Ducs, de Gandia» 

G. A N D I A. 

# 

Gandu. /^ Andia eft au Couchant (TOIiva, Ctuée à une demi-lieue de la mer> 
V-X ati bord de îa petite rivière d'Alcoy. Elle a reçu le titre de Cité de 
Philippe IV- Les Jéfiiites y ont un fort beau CoHège, qu'on nomme Uni- 
verfité, fondé par un Duc de cette Ville > nommé François Borgia^ quifè 
jetta dans leur Société. - . ' 

Cette Ville fut honorée du Titre de Duché par Don Martin, Roi d'Âp- 
ragon , en faveur de Don Alfonfe d^Arragon, Comte de Ribagorfe, fils de 
Don Pedro d'Arragon, Comte de Prades^à; d'^Ampurias, & de Donna 
Jeanne de Foix, Petit-fils de Don Diego II , Roi d' Arragqn ; mais étant 
mort fans enfans en 14.1 J^ Hugos de Cordona, fon neveu 3 fils de Donna 
Jeânned'Arragori, làlœur, &deDonJeanRaimondFolck, fécond Com- 
te de Cardonay hii iîiccéda. 

' Jean dé Cardbna , fils d'Hugues , ayant pris le parti de Don Carlos- y 
Prmce deUjane, contre Don Jean Jloi d'Arragon & de Navarre, fon père,. 
iiit privé de ce Duché en punition de là revolte , par le Roi qui le réunit 
à la Couronne ; mais quelque tems après il en fîit cfémembré , & donné ea 
148Î , par le Roi Don Ferdinand le Catholique k Don Pedro Louïs de Bor* 

La Maiibn de Bprgia efî très illuftre en Efpagne Les Auteurs partent oflez. 
diverfement de fon origine. Divers Hiftoriens prétendent qu'elle defcend 
des^^ ancidnisi Rois d^Arragon, & P Auteur de h vie de St. François de Bor- 
gia la fait defcendre pofitivement d'un des fils puînés dé Don Ramire, prfr- 
mier Roi d^Arragon, nommé TlnfanfrDon Garfîas, & qu'elle avoit des pré* 
tentions légitimes far }fes Royaumes d'Arragonèç de Valence; 

Cependant Zurit?a> un^fes plus célèbres Annaliftes que PEfpiLme ait eu^ 
affure en termes pofitifs, qu'elle étdit fort peu connue avant le râpe Calixr 
te lîl , & qu^elle doit tout fon hiftre & tout fon éclat au bonheur & à la ver- 
tu de ce Pape, lequef fous le nom: de Don Alfonfe de Borgia, fiit fait Car- 
en i'4443 par le Pape Eugène IV,, &; proclamé Pape en i+f J , fous le nom 
de Calixte lit II étoit ffl^ unique dé Don Jean (fe Borgia, feton^ qaelqucs 
" Auteurs , oh dé Don Guillaume , felbn queRjues autres. 

On dit qu- il avoit quatre fœurs. L'aînée, nommé Donna Catherine, fut 

• mariée avec Don Jean dfe MiHa , & fut mère de Don Louïs-Jean de Milla ,,. 

Gue Caîixte III fit Cardinal, & i^ mourut en i f0^ Une autre dès fœurs 

de ce même Pape, nommé Donna Ifabelle , époufaDon Godefroy, dont 

ks Auteurs parlent diverfement: car les unsfoutiennent qu'il étoit de cette 

mcmiQ: 



D*ESPAGNE ET DE PORTUC^AL. si . 

même Maifon de Borgia> & les autres , qiii difent le contraire, avouent, Ganma- 
à la vérité, qu'elle étoit -fort illuftre & très noble, mais qu'elle pcwtolt le 
nom de Lenzoli, qu^elle changea en celui de Borgia, parce que celle-ci 
n*avoit plus d'enfans mâles qui en pût continuer la poftérité^ 

Quoiqu'il en foit. Don Godefroy Lenzoli, dit de Borgia, eut Don P6- 
dro-Louïs de Borgia, qui fut Préfet de Rome, & Lieutenant Général du 
Patrimoine de Samt Pierre. Don Rodrigues de Borgia , qui fut Pape fous 
le nom d'Alexandre VI, fi fameux par le dérèglement de ikvky & trois 
tilles mariées avec de très grands Seigneurs d'E§agne : Car l'aînée , nom- 
mée Donna Jeanne , épou(à Don rédro-Guillaume Lenzoli , qui reftoit 
' Chef de cette illuftre Maifon ; la feconde fut femme de Don Vital de Vîlfa- ' 
-nova , & la troifîème prit alliance avec Don Ximénès Pérès de Stré- 

Outre le Cardinal Don Jean de Borgia, cette Maifon en a eu d^autresr^ 
comme Don Jean de Borgia, qu'Alexandre Vl fit en 1496 Cardinal & An- 

• chévêque de Valence, & l'employa en diverfes négociations importantes. 
Il mourut à Viterbe en ij'oo, empoifonné par ordre de Célàr de Borgia, 
Duc de Valentinois , félon îefentiment de Paul J6ve. 

: • Ce Cardinal avoit un frère nommé Don Pédro-Louïs de Borgia , qui fut 

i Grand P'rieur dé Catalogne, de l'Ordie de Rhodes, Commandeur de No- 

-vflbig, & Bailli de Sainte-Euphémie. Alexandre VI le créa Cardinal après 
la mort de fon frère, en 1 500, & lui donna le même titre de Sainte-Marie 

^m via lata.^ & l'Arcbevêclié rde Valence que Don Jean avoit eu. Après la 
mort d'Alexandre, le Cardinal Don Pédro-Louïsiè retira à Napfes, où il. 
mourut vers Pan i y ï r ou 15^ 1 2. Don François de Borgia que le même Pa- 
pe Alexandre VI fit aufli Cardinal en i^oo, fut cruellement perfécutépar 
ceux de fa famille fous le Pontificat de Jules IL On dit que pour s'en ven- 
ger il fe joignit aux Cardinaux qui fe retirèrent à Pife, & qu'il mourut le 4^ 

•Novembre 1511. 

Paul III , qu'Alexandre Vf avoit fait Cardinal, rendît depuis (^comme 
on parle aujourdhui) le Chapeau à Don Rodriguez dé Borgia, qu'il créa 
Cardinal en 1536. Qauphre, Viâorel, Ughel-, Capréra, Aubery, & 
plufieurs autres Auteurs, partent de ce Cardinal & d'un de fes frères, fils 
de Don Jean II, Dteç de Gandie, & frères de St. François de Bor- 
gia. 

- Godefroy de Borgia, quatrième fils du Pape Alexandre VI, eut en raa>- 
piageSanehed'Arragon, fille naturelle d^Alfoflfe II , Roi dé Naples^avec 
l'Etat d'E^uillachc^ à titre de Principauté , ctentiPeut poftérit^, qui dé- 
faillit dans le fiècle paffé ; deforte que cette Principauté palTa par alliance 
il un des defcendans de Don Jean de Borgia Duc de Gandie, &j)uis par la 

.même, voie daas 1^ Maifon- du Duc de Ciudadréak Ce Dite de dandie que 
je viens de nommer, eut de Donna Marie Enriqye2 un fils uûique dm même 
nom, dont naquit François Borgia, quatrième Duc de Gandie, lequel 
après avoir perdu fa femme Donna Eléonor de Caftro,^ fe fit Jéfoite, & de- 

G 3^ \int 



<± DESCRIPTION ET DELiCES 

vint troifîème Général de la Ccanpagftie, dans MqueUe ûmeni une vie fi 
i) ^Ui fut <:aaoiufë cent ans zprès fa mort^ 4^ arriva le 30 Septeni- 
>Dre 1I72. Il A l^é une nombreulè pofiérité, par laquelle fa Maiicm {e 
dlvifa en plufîeors brandies 3 dont Taîaée a conièrvé le Duché de Can- 
die. 

Le terroff de Oandia eft très fertile , on y trouve; abondance de Froment* 
de Vin 4 de JUui) de Chanvre & de Sucre, 

X A T I V A, 

* 

Xativa. te Teviens à Xsdîva. Cette Vile «ft fituée^fiir le pandiant d'une «oBiiie 
1 élevée > ckmt le Xocaç iaye Je pied. :EiIe,eft médiocrement grande, 
^ contenant environ trois mille feux; mais très bien bâtie, ayant de bel- 
les grandes maifons, dont la plupart reflemblânt à des Palais^ . £tie eft ar« 
rofée par un nombre prodifi^ieux de très bonnes fontaines, avec un grand 
reiërvoir , &; défendue par <^ux Fort^refleç placées an defFus de la Ville , vis* 
à-vis Tune de Tautre. 

La campagne autour de Xativa étant aufli bien arrofée <ïuMfe eft, & 
dans un it bon air, ne peut manquer d'être très fertile. On y recueîSe du 
Bled, du Vin, divers fruits exquis, particulièrement dep Grénades:, &4u 
Lin d^une iinelfe iî peu commune , qu'un ancien Romain lui a donné le 
prix psaur deflus tous ceux de TËip^ne & de l'Italie même. 

Xativa étoit k Patrie du Pape Odixte UI^ qui y naquit le 13 Décembre 
13783 ^ mourut le 6 Avril HfB. 

Cette Ville prit beaucoup de part à la révolte de l'an 1 706^, en faveur de 
Charles Archiduc d'Autriche. L^aapée fui vante les Troupes d'Eipagne l'ai^ 
iîegèrent ^s la conduite du Chevalier d' Asfèldt^ qui fit fommer la ville de 
& rendre ie 2; de Mai, avec menaces de ne Eure aucun quartier, fi elle 
s'obftinoit à une plus longue rélîftance. La brèche étoit faite , & alTez gran- 
:de pour donner TafFï^. La plupart s'pbftinèrent à le (butenir : les Gréna* 
jdîers qui entrèrent Je^. premiers Êreqtmain baflb itir tout ce qu'ils trouvé* 
rirent ^«ùé, Les autres jialjitans en petit nombre fe retirèrent dans le Châ- 
teau par le moyen de quelques retrancliemens ^ui avoient été faits entre 
•quatre Monaftères. Deux furent forcés l'épée a la main, & on tailla en 
pièces tous ceux qu'on y trouva en armes* On épaj^na les deux autres, qui 
^toient des Monaftères de Rçiigi^es. Ceux qui s'étpient retirés dans le 
.Château, manquant de vivres & n'efpérant point de fecours, le rendirent 
4)eu de jours après , & il eq fortit huit cens Anglols avec armes & baga- 
ge. 

Xativa, cette ViBe fi belle, iî floriflante, fut détruite & raféede fond 

^n comble. Sur le lieu où elle avoit été» il fut réiolu qu'on drefTeroit une 
C(4(Hime avec cette info 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL- 5r 

me Vîtle nommée X ativa^, fiii, en punition de fa trabifim ^l 
éwhe contre fm Roi ^fa Patrie y aétéraféejufyu!auxfott^ 



mns^ 



La beauté de la fîtu&tkxi de cette Vilte ne petmettok gnèrâ <fe kiflêr 
inutile ua fi beau lieu^ Le châtiment ne &t pas plutôt fait que Sa Majeftd 
Catholique publia en Novembre 1707, uneËdit^ pour rebâtir enceiieu 
une nouvelle Ville fous le nom de S. Philippe. 

Xativa eft encore célèbre par les Infans de la'Cerda Petits-fils de Ferdi- 
nand X, Roi de CaftHle > qui y forent longtems détenus prifonniers> & à 
caufe de Jaques d^Arragon dernier Comte d^Urgel qui y mourut en 1433 >. 
après treize ans de prifoa . ^ / 

On prétend que Xativa eftia même. Ville qjir Ton nommoit autrefoia 
SatabiSy ou Setabh , laquelle étoit £\xz une hauteur > comme il paroit par ces 
Vtts de Silius Italiens (*> ; ' • 



CeJfa mHtehat Satabis Jhrce. 
Satabis gy telas jirabum ^eviffe fuperbay, 
Et Pelufiacù filum componere lÀno. 

Ces Vers font voir que S^etiAa étoit au haut d\iiie Colline ^ qn^il s'y fia- 
Ibit des Toiles qui furpaiOToient en finelTe &. en beauté, celles d^Arabîe^ & 
que le fil qu^on y employoit vabit bien celui de Pelufe en.Eç^te; On y 
travailloit aufli à des Etoftes de Laine y & CatulleXt) p^i^ ^^ Mouchoics 
de ce lieu-là ^ qull nomme Sudaria SstabA Pline donne le troifième rang 
a!u Lin de Satabis ^ entre les meilleurs &; ks plus eiliméâ dans toute TEu* 
rope. Tout cela convient affez à Xativa. 

A une lieue de Xativa vers le Couchant^ ellMontéfa, Pbrtereffe impre- 
nable > & le fîèze d^un Ordre de Chevalerie > q^ en porte le nom^ établi 
FAn 1 317 par Jaques II , Roi d^Arragon. Plus haut efl Veltada, près de 
laquelle on voit deux fontaines ^ dont Tune jette de Teau douce > âcTautre,. 
de Teau falée. 

De Xativa tirant au Nord-Efi on paffedans Alzira ou Aljézira, petite^^^^^^' 
Ville, qui en eftàtrois lieues , fituéeau bord du Xucar> & riche par le 
commerce de foie qui s^y fait. En remontant le Xucar, on trouve une pe- 
tite Place affez fameufe, nommée Millares, & un peu plus au Couchant > 
Ayora, dont les habitans fe diflinguent des autres Villes de ce Royaume 9 
pour avoir confervé parmi eux la pureté de la Langue CaftiUane». 

Je reviens à Alzira. Sortant de cette Ville on traverfe le Xucar , & à unc^ 
lieue delà on paffe à un beau Bourg nommé Algémézin > d'où Toa comptç 
cinq lieues jufqu'l 

yA^ 

» 

n £a. 3^ ». 373J- CD. ^ttrijt^ 



yt5 . DESCRIPTION ET DELiCfis 



L 



V*iEN- ..' ■'^^ ^ '^ -^ N C E. 

A Ville de Valence, qui a donné fon nom à tout le Royatime> eft.fbrt 
ancienne, & fut donnée TAn deRome6i<5, près de cent quarante 
ans avant J. C à de vieux Soldats , qui avoieàt :fervi fous le fameux Viria- 
tus; delà vient que les habitans prenoient le nom.de Fetetes & FeUr. 
rata y comme il paroit par rinfcription foivante, qtfon y a trouvée: 

C. VALENTI. HOSTILIANO. 
, MESSIO. QVINCTIO. 

\\ NOpILISSIMO. C^S. 

'; ' PRINCIPI. IVVENTVTIS. 

VALENTINI. 
VETERA. ET, VETE RE S. 



< o 



Pompée la renverfa lors de la guerre de Sertorius ; maïs elle fiit rebâtie 
dans la fuite. Les Maures , qui s*en étoient faifîs , la perdirent dans le XI 
Siècle, par la valeur du femeux Héros Rodrigue, fiirnomraé le Cid: TAn 
1025: ils la reprirent après fa mort, & s'y maintinrent jufqu'à F An 1 238, que 
Jaques 1 5 Roi d'Arragon , la leur enleva pour toujours. 

Valence efl iltuée à trois milles de la Mer, au bord du Guadalaviar,dani 
une campagne extrêmement agréable, où la Nature femble avoir répandu 
tous fes dons à pleines mains. On y jouit d'un air ii doux & fî tempéré 9 
qifon n'y fent jamais d'hiver; & l'on y trouve en abondance toutes les cho- 
fes, qui fervent aux befbins & tuix déuces de la vie. Ceft une grande Vil- 
le, contenant environ douze mille feux dans fon enceinte, outre les Faux- 
bourgs & les Jardins de plaifance qu'on voit tout autour, qui çn font bi^n 
encore un pareil nombre. 

* EUe'eft le liège d'une Univerfîté & d'un Archevêché, qui y fut fondé 
1-An 1492 , par le Pape Innocent VIII, à la prière des Rois Catholiques & 
du Qu-dinal Roderic Borgia. L' Archevêque.» trente à quarante mille du- 
cats de rente. 

Valence ayant été reprife par les Chrétiens dans le XIII Siècle, & aban- 
donnée -des Maures^ qui furent contraints de là leur oèder, on y envoya u- 
une peuplade d'Efpagnols prife de. l'Arragonà de la Catalogne, jufqu'au 
nombre de huit-cens quatre vingts quatre.cnefs.de familles, qui fe font mul- 
tipliés avec le tems. 

. Les habitans font fort civils, agréables en converfation, & plus portés à 
l'enjouement & à la gaieté , que ne le font d'ordinaire les autres Espagnols : 
tes femmes y paffent pour, être les plus belles du Royaume, mais aulu pour 
fort galantes. 

La Ville eft fort belle, très agréable & ornée de très beaux édifices: de- 
là vient qu'en Ei53agne on la nomme Falencia la bermofa , Faïence la belle: 
on y remarque l'Eglife Cathédrale ; dont le clocher efl: élevé d'environ cent 
trente pieds: l'un des côtés du Chœur efl tout incrufté d'albâtre, & orné 
^ de 



I 

I 
l 



T)'E«FA:GNE et DE OPORTUGàI. ^. 

de très'^bélles peintures, dont lès fujets font tirés des Hiftoires de la Bible , ViLfel^ 
au defltis defqaelles on vxut le tableau dek Ste, Vierge, avec un petit Jéfus^** 
entré fes bras, de la main d'un Peintre Flamand. Le grand Autel eft tout 
lambf HTé d^argent>4Sc éclairé par quatorze lampes d'argentfuipenduesau d^ 
vant.i II' • . 

, L'Egiife de S. André a pour prindpal ornement le corps dW Saint dô- 
fraiche date<, mais fort puiflant en œuvres &; en merveilles, nommé Fran^* 
çûis Jérômo Simon , .qui mourut PAn i^ 1 2 ^ âgé de trente-trois ans , & fut 
là enféveli dans une chapelle de cette Eglife. Au devant de la chapelle on* 
amis cette infcriptionà Tlianneur du Samt: Mort vv s est, non foe- 
DATVS, c'efb-à-dire , ilefi mort fam avoir été Jouillé. On dit que pendant 
fa vie il cacha le précieux talent qu^il av-oit de faire des miracles, mais qu'il: 
le révéla^dans, fon lit de mort. Cinq ans après fà mort on voyoit fon autel 
environné d- autant îie chemifes & d'autres préièns, faks par ceux qu'il a* 
voit guéris , qu'yen ont les Saints les plus anciens & les plus fameux , 
auxquels on ait dévotion dans TEipagne. Entre xes inonumens de la 
• reconnoiffance -des peuples pour le Saint, on voit une longue diaine de 
bagues avec toutes fortes de belles pierres précieufes , & une lampe 
donnée par rArchiduc Albert , dont la façon iëde a coûté hnk'mjlleducat& 

L'Univerfîté eft compofée de quelques Collèges, dont l'un a été fondé 
par Charles Quint, & un autre, qui eft le plus beau , par la Ville. Les Je-- 
faites y ont aufli leur Collège. Un Archevêque de cette ViHe , qui étoit en 
même tems Patriarche titulaire d' Antioche m partibt$s infidelium , en a aulft 
fondé un, & l'a doté pour l'entretien de vingt-quatre jeunes Prêtres, qui 
doiveAt y étudier. 

•Après tous ces Jbeaux bâtimensi, on .peut encwe aller voir le Palais da 
Vice-Roi, Krelui de la Ciuta, le Mohaftère de St. Jérôme, la Bourfe où les 
Marchands s'aflemblent, &; l'Arfënali» qui eft à l'une des extrémités de la 
Ville. * 

* «Du refte elle n'eft pms bien fbrte^ quoiqu^lle ait quelques èaiUpns le long 
de l'enceinte de î^^ murailles, où l'on tient ordinairement un certain nom^ 
bre de canons de bronze. £jle eft extrêmement agréaUe & bien peuplée , 
ayant la nvière d& Durias ou Guadsdaviar , qui y coule fous cinq beaux ponts 
de pierre^ & près de dix miile fontaines d'eau \4ve. . On y fait de très bon^ 
nés 

&^ _ 

feuilles fervent à nouirir les versai ioie, y font d'imfort gros revenu pour 
les habitans. 

\ Cette Ville étoit autrefois peuplée d'un grand nombre xîe Maures , qui fu- 
rent tous contraints de ibrtir du Païs l'An 16 10, avec permiffion néan- 
moins à diacun de prendre tout ce qu'ails poiwroient emporter: on retint les 
enfans de quelques-uns , & on les mit oans ime maifon particulière , à ua 
coin dé la Ville, où ils furent élevés, aux dépens du public, dans la Jfteli- 
^on Catholiq;iie Romaine. . 

. ToM« IIL II Ï41 







^. .: D^ESCRlPTrOïTET DELICES' 

. S. E G Q R B E. ^ 

Sbgor* T? N remontant la.wvièré de Morviécko j' Ton trouve une Ville^ anciennfer 
**• JLi fort agréable nommée Ségorbe,, anciennement Ségobriga* Elle effe- 
ctuée au bord de cette rkiè^^ fiir lèpanchant d^ne Golline dans une val- 
lée entre des montagnes. 

Elfe a été honorée d^onEvêché dès le VI Siède ; eHè le perdilrforiqueies 

- Maures s^en reiidirentmaitres : maisayant: été r£pri& fur <ses Iniidèles P^ 

1 245" , par Jaques I , Roi dlArragon 5 on lui rendit la dignité de cette Prér 

iaturè. Elle porté auÛl le trtte oe Duché, & appartient en cette qualité à 

<Jes Seigneurs héritiers de la' MaiibiL de Gardonaa, 

Pierre III 5. Roi d'Arragon. donna cette ViJIe k^foo Eife Naturel' iM>mmé 

Jaques Féresh Sa Fille Donna Confiance rapporta en mariage à Artal de 
^una foA tmA. De ceux-ci defcendent Loup^ Comte de Luna^ & Setj^ 
^eur de Ségorbe^ qui laiiTa pour héritière ik Fille Donna Marie > prémiè- 
te Femme de DoàMartin. d!Arragon y , Dsuc de Moiit-blanCô ficonfuite Roi 
iî'Arragon. ; ^ ' i 

Ségorbe ayant été ainfl réunie à la Coaronne d' Arragom fiitdans: la fuit9 
donnée par le Rôi Jean II à l^ûBint Don Henri d'Ai^ragon , fon neveu , en 
1 4^9 y & érigée en . Duchés. : Il rétoi^iils d^Hearî Infant d^ Arragon > & de 
Sicile 9 & de Donna Béaùrix Pimentekfa féconde femme. Le Duo de Ségor«- 
be épouÉiî Donna. Guiomace de Portugal & Cafiro,. filte du Comte de Faro^ 
-& en eut Alfônfe d'ArrsKon^. fécond Ducde^gorhe^ qiâ mourut le 16 
rOâobre 1 $6^.y^hiS^AQUonnz. Jeanne FpkhdeCaixlonapluiieursenfansL 
Donna Jeanne 5 fa fœur ainée & femme du Marquis de Camarès^ lui fuci' 
céda & porta.tous ces grands Etats dans la Maifon de Cordoue, lefquelsé- 
tant tombés dereclief en quenouille 5 fè trouvent maintenant incorporés : 
dans la Maifon de la Cerdâ. 

Le terroir dé Ségotbe eft fertile en. Moment , . ea.vin , & en fruits :. On y^ r 
trouve auffi.des carrières cCùnoïiarbce fî.beau^ que lés Romains en ontfait: 
quelquefois porter *chçz eii?», pour en orner dps bàtimens de leur Ville» Om 
voit4 Tarragonç une bçUe Infcription antique , faite par les habitans xfeJSé- - 
gorhe;: 

fc.. ANNÎO. L. F. GAt* 
CANTABRO» 
ITLAM. ROM.^. ET. DIVOJl.. 
. AVtî'VST.-p. K C. 

0MNIBVS. HONORIBVS. • 

6BSTIS. SE'bOBRICAE»- 
'■■'■■ OECRETO. ORDINIS. PECV- 
. i . W lA. E Y BLXC A. 5 E.C.O BJtl QE WS E S Q^ 

Vas 

(*) Qatnâ cetee Infcrîptîon feroit i Ségorbe, Villes nommée. Ségôbrîga; ?c cntf«mtre$ celle»., 
x»-nc pourroit pas âffUrer qu'elle eût été faite, qui étoit la Capitale delà Celtibéiie, .devait et 
Htf^ l«i.,HglHWS dç tçttc. Vilk, A^ a 4:îiwes u«. bieu. loin ûq Ségoite^ 



D'ESPAGN'E-FTT DE PORTUGAL. ^i 

^n 'peu au deffûs cJë Ségbrbe on voîtKèriçà, petite Ville Capitale d^un Gôm-SèGoi» 
*é^ qui âybit autreféis <le^Se^neurs particuliers r mais elle futTéunic à la^»" 
^ôutoniie rAn ï ^éf. • 

Je reviens à Morviédro: Sortant de cette Place, & marchant le long^ 
des côtes de là mer ^ on tr averfè un Païs bien cultivé : Ton trouve quelques 
Villages -eii eliémin, pn^paflb près d^Alménaray petite Vifie, ànine demii- 
lîeue de la nfer, âvçc titre de Comté 5 & après quatre lieues de marche on 
■arrive à \^ilfe-Réal: Cette -Plfrce âété jtifqu^i une jolie petite Ville, fituée 
au^ bord' de' h rivière dte Millas, ou Mijarès, à une lieue de la-mer*, ceinte 
d'une bonne- mwaille flaiïqiiée de quelques Tours , ou remparts, & ayant 
environ huit cens habitant. Je diff qu^eïle a été , car ayant embrafle le parti 
de Charles il ï,'éHe 'fut prifé.d'affaut par le Général de las'-Torrès partifan 
de Philippe V', veire le- commencement dfe TAnnée 1706 ^ expoiëe au pilla- 
Tçe,' brûlée, rafée, & fes habitans paffes ai ftl tfe Tépée^ ah referve des 
femmes & des enfans. • ^ 

'»' te même traitementfût fàifrà quelques autres petites Pl*ces dés environs, 
"Comme je fai^ profblTion d'être ici -abfolument* neutre & impartial^ je ne dé^ 
aiderai :pâs fi une pareille <K)ndtiite eft juifc & conforme à la^feenne politique^ 
ou il elle né Tefï pas: 

Prèsjde Villa-Réal kroctident- eïFune-aiTtre Ville médiocre, nommée 
'Honda, fitttéè, auffi bieii^que Ja première, au bord de 11 petite rivière de - 
Millas^ entre dès montagnes fertiles enr Simples ou^erbes- médicinales ^r 
& au SudrEft Biirriana-, petite Ville près de la mer, fituée dans une cam- 
pagne très- fèrtke. De Villa- Real à S; Mathéo l'on compte- neuf lieues de 
chemin. - * 

En allant à S, MatRéo on lâifle^r là gpehe Vinà-Hermofà', petite Vilç. Villa- 
Ifelituéevers les frontières d^Arragon, érigée* en «Duché par Jean^H^ R^H^^mg- 
"d'Arragon & dé Navarre 5 en faveùr»^ d^Alfonfe fon Bâtard auquel il fit don ^^* 
de ce Duché & du Comté de Riba^prza. Don'Aîfbnfe^n'ayant laiffé pour 
'enfans légitimes qu^ùne Ï31è nonjméè^Donna Marie <PArragon^ elle h^érita 
<lè ce Duché, &; le porta en mariage à Don Robert de San Sêvêrino'i Prin- 
ce de SafemC', fen premier mari, dont elle eut Don Ferdinand de San Sé- 
vérino^ P^in'ce dé Saîerne ât Due de Vilfa-Hermofa , lequel fut dépouillé 
de tous fes biens pouravoir abandwiné le'feviefe dS rÉmpéreur Cliarles V, 
& le Duché fut donné k Don- Martin d^Arragon & Gùérréa, Comte de 
iRîbagorza, fiîS du Comte Don Allbnfe d-Arragon & Guerréa, & d'Ifabelle 
Fblch de Gardena^ & pètit-^fils' de Don Jean* tf Arragan , Comté dé Luna, 
fiis naturel dft premier Duc de Vilk-Hermofe. Don Martin d^Arragon & 
Guerréa i, Due de Vilîa-Hermoià' èc Comte dfc Rîbagorza , époulà Donna 
•ïlouïfe de Boi^ia,« filîe d& troifiëme Due de Gàndre*, de làquçflè'il'eitt Don 
Ferdinand, lîxièmeDue de- Viflà-Hermofa, qui de Donna- Jeanne dePernP 
te}fl,.f*femme, kiffa Donna iMai'ie <Mrragan. & Guerréa, fille unique,- 
ieptième Duchefle de Villa-Hermofa^ qui porta eé Duché en^mariageà Dô«l 
^îiaiïès^ Bergiâri Comte de Mâjordo^RcaHo. - 



«5 DTISCRIPTION XT DEX-ICES 

VrtLKr _ Don Charles <ie Borgia eut de Marie cfArragoa deux enfans maies 5 îà^ 
JHerîio- -voir ^ Doq Fercjioand & Don Jean. L'a|aé fijccé^a à fes père âc mère dans 
*^ leurs Etats & à la dignité de Grand d'Eipagne, & éponfî^ en préa^erep not 
ces Deana Louï(è Guerréa ^ Arragon j mlç de Don f rançois^ Comte de 
Luna, &; en fécondes noces Donna Marie de Silva» iille de Don Dîégo^ 
|)rémi6r Marquis d'Qrani,. & veu\'e dç Don Qarpar;I<adron'j^ç ViiJanoya, 
troiiième CoBite de Sinanas* M eut de ion prétaK^lit pon^Emsinael) Com- 
te deLuna^ mort avant fon père> & Don Charles d^^r^Kgon^ de Borgia^ 
«d^Alagon &;<riierréa, neuvième Duc de .ViHa-Hermolà;^ Comte de Lu- 
ina y oe Saftago , & de Ficalio ^ Seigneur des Baronies de Pédpol^ ^ £rla 
4& Pina, Chevalier de la Toifon d'or, Confeiller d'Etat, Gentilhomme de 
la Chambre & Gouverneur des Païs-Bas. . Il fe maria avec Donna Marie 

« . _ * « • 

Enciquex de Guzman , fœur de Don Jean > deuxième Comte d' A4va idlAU* 
ile., &; moivut ikns enfans Je 14 Août en 1^2. Sa femme mourut, (ans en» 
fans en i6çp 

ViAabella , qui eft près de VMla-hermofa^ vers le Ncwd-Eft, cil remar- 
iqiiable par ime fontaine , dont Teau a la vertu d'arrêter le fang. On voit 
aulTi Adzénéta, ou Adzénéra, iîtuéeiiir une montagne nommée Pegna 
<xolofa', abondante en toutes fortes de plantes rares & d'Jierbes médicinale^ 
^ue les Médecins vont tous ies ans recueillir avec foip. 
Fems* Sur U droite on iai^fle Caftello deÙa pl^na , Ville conCdérable^ à laquelle 
COLA, il ne mangue que le nom de Qté , Ctuée fort avantageufement ;, •& •environ- 
née de jardins àbondans en firuits exquis ; Oopéia GtuéQ au pied d'une 
montages v^s le riv^e ^e ia Mer^ & plus avant au Nord> Peniicola ou 
Pénofcola: cette dernière eft fi tuée le plus avantageufêment du monde, fur 
ime pointe <de terre extrêmement élevée, qui avance dans la Mer, appeî- 
âée le Cap Forbat , environnée de la Mer de trois côtés. Tous ces avanta- 
• ges la rendent merveilleufement forte , étant inaçcelFible par Mer, &; d'une 
«pproclie difficile au côté de tcro^e* 

Jereprens la grande xoiite. De ViiJa-Réal on traverfè un Païs bien culti- 
vé, où Yofk rencontre quatre Villages, dont les plus confidéraldes font , 
Burrid à t|ne iieue delà, près duquel li y a une mine d'argent, &; Cabannas 
il quatre lieaes de cette Ville. Déjà on trouva un Païs tonbîabk au. précé- 
dent; on rencontre deux petites ViUeisuûommées Las Cuévas, & Salfadelr 
la; & enfin S- Mathéo Vkle forte par fa fituation. 

Sortant de S. Matliéo, on laifle for la gauche, vers les confins d'Arra- 
gon, tme Ville nommée MorelJa, dans une fituation extrêmement forte, 
au miliott.de hautes mdntagnes, cnvironuée de rochers efc^xpés, & de 
précipices, Aujoiudhui elle n'^eft plus qu>n monceau de ruines, ayant été 
prifè ifal&itt par les troupes de PJiilippe V, au mois de Décembre 1 70 J", 
}>illée) & réduite en cenare& Son terroir eft ftérile, comme oa le peut 
peniër , Se Ton ne trouve guère autre c|ioiè parmi ces rocj^ers que du gibier > 
]Sc des herbes médécinales^ 

De S. Madiéo l'on compte quatre lieues jufqu^aux fronuèrçs (^^ 



D'^SFACKE ETDi: FORTUGAL. 6r 




î- En.yallanfe on»tr£Ktvc un cbemm pierreux &i fort rude j an milieu Roy. de 
l'un Païs fort feien cultivé ^ fertile en Ued^ en. vin, &-ea romarins. Orf Val. 
païTe dans deux peïites Villes ). Talets & Traiguéra^ la demià^e près d'une 
f ivièifte^ nbmmée Séfevbï j & 1^ trouve Holklet , Village fitud fepIa^Génia, 
qui fkft k fôparation entre le Royaume de ValeiK» & là Catalogne. Ce 
chemin fe fiUt toutprès de la Mer : &Lparce qu'ila été de tout tems ft)Ft dan- 
gereux à'caiife des Corfaircs, Charles-Quint y fit ékver d'^>ace >en.efpaco 
vingt-fept Tburs où il y a toujours à diacune ti»ir Soldats cjjii font fendneK 
fc y deux Fahtaflîns & un Cavalier. 

Le Royaume de Valence eft Tun des mieux peuplés de toute PEfoagne;- 
On y compte fèpt Cités , foixante-<^uatre Viltes murées, grandes & petio- 
tes, mille Villages, & quatre bons ports dfe Mcr^ dont fe plus eonfidéra- 
hk eft. Alicanèe." Cfeft aulFt l*ime des plus agréables Provinces de cette gran- 
de Moijarchiè. L^air y eft dwix & li tempéré , qu'bn y jouit jpre^ie d\\m 
printems perpétuel: la- grande quantité de rivières & dfe niineaux, dont 
die eft arrofée> la rend. extrêmement fertile, particulièrement en vin & eifc 
fruits. Les vallées & les plaines font couvertes de toutes fortes d^ari5res frui- 
tiers, qtie Fôn voiten toute faift>n chargés de fruits, ou-par^de fleure..Qiï: 
y recueille aufli du ris, du lin fort précieux ^ comme je râidéja marqué,. 
ae la foie, d(i ehanvce, du miel & du fifcre. ' 

Il eft vtd que le Pais eft entrecoupé de montagnes fortnidès^j. & la plu-*- 
^rt ftériles; On y nourrit cependant des troupeaux ;- & lès minières , que 
ik terre y cache dans fes entrailles, font fécondes en akm , & enXer, com*^ 
me autour du Cap Finiûrat; on en trouve quekjiresHmes dWgene& d'or ; , 
&, des carrières d'àlbàtre ,; de «haux , <fc j^âwe, ik calamine, ^idJâtgUIe, 
dont on: fait de très beaux vafes.- La Mer- y fournit dîverfe&efpèceS deiK)ns 
poiflbns , particulièrement des alofes & des thons. 

11 ya îifiu de douter qu'il y ait en Eu«ope un païs 'fî agréaîSement diver^ 
fifié que celuirlà.^ La contrée qui s^étend depuis la Catalogne jufqifà Millà- 
KS, eft pour la plupart tahoteufe , & cependant ftirt abondante. Celle qui 
s'étcnd.oepuis Millarès jufou'à. Morviétfro renferme une vaffte plaine envi^ 
Donnée de Montagnes, du haut dèfqiielles on voit une quantité prodigieufe 
de fontaines &de jruifleaux qui^fe précipitéiït dans la plaine. Celle qui conr 
tient le païs qui eft entre Morviédro &:MoJiinello^ renferme plufieurs Val- 
lées fertiles ,, os beaucoup de plaines agréables. 

; Ses habitaps fbntlts Peuples de toute TEfpagne lés mieux faits ; car au* / 
Mcu (jae la pîûpaï* dés EfjM^ote font pet maigrcs^, bazanés, ceux-cî 
font grands j robuftcs,. vigoureux , d^ûne bonne couleur, & d^me démar^ 
. che nere & bien compofée. Ils ont beaucoup d?éfprit & d^indaftrie, & on* 
m voit pas régner parmi eux- la fainéaacife Caftillane^. ils font de belle 
humeur, &,aimcntà (e bien régalen. 

Ifls fonttrès bons amis quand. Jlsfedédàrent'pmirxp tnaisirré^ 

eonciliabïes ennemis quand'^^on fesaune&is offen(èsj cVfttce quivfait que 
les n^eurtres &:.les afiamnats y font £fi:é^ens:2 que ^uand; on 'entend tir^c 

an 



^^. . 12>ESC,RlP>Tlt>N-ET DE;LI1C:ES 



ÇoY. D£ un coup d'çfcopete ou de piftolet, onrdit R^^qmfcat m^accy'&iip^h^nt que 

^^' Quelques malheiireux a été tué. 

Lajaloufîe femble. avoir établi fou tTÔne en-ce païs-là, &; les maris ne 
îbïit traicaWes fi»- cet article qu-en un certain cas , t'eft Jorfqu'il.y a.une cour- 
fè.de taureaux en quelque endroit. Comme les femmes aiment à laiufeur 
ces fortes de ^peftacles , il faut que Jeurs» roarisieur 4^nnent de. Targent 
pour y Aller,5 & comme ikn'en ont pas toujoues^ 4k font réduits à vendre 
jufqu?à leurîit pour en faire^, linon leurs femmes font, ^es croix avec leurs 
•doigts en leur dîfant 5 Por ejias cruzes me lopagara^^ x'eû-à-dire , Tar ces 
croix tu me le payeras; defort<î;que les .pauvres maris ^craignant qu'elles. n'en 
viennent de la menace aux effets^, :tentent TimpolBble pour \ë:^ contenter. 
. Il y a paiami eiix , ii ce que prétend TAbbé de Vayrac, ime elpèce de 
gens qu'on appelle Guapos^ c'eft-à- dire len bon François ^ Bréteurs^ ou 
Coupe- jarrets 5 qui traitent de la mort d'un homme qu'ils ne ^onnoiflent. 
jpas bien fouvent 3 deJa même manière qu'on traite d'une partie de mar-. 
*chandife. Les uns tuent pour quatre piûoles, les autres pour deux 5 quel- 
«ques-uns pour une, & d'autres enfin à meilleur marché, & ils font fi éxaâs 
à tenir les marchés -qu'on fait avec eux , que ceux -qui les prennent pour 
vengeurs de leurs pallions^, font plus aflûrés^e la mort de Jeurs ennemis^ 
-que s'ils lesavoient livrés entre les mains du Prévôt ; quelquefois même 9 
•ces honnêtes gens excèdent dans ce qu'ils promettent, comme l'on va v<)ir 
par l'exemple fuivant 

Un Cavalierayant étéwcruellement infulté par un homme qui lui étoit fort 
inférieur , & ne fèntant pî^ fon épée affez longue pour être lyiefurée avec 
celle de ce sbrutaU réfolut de 3e faire e3y)édier dans rien rifquer. Pour cet 
effets il va trouver un Guapo, qui pour trente piiîoles engage fon hon- 
neur de le défaire de fon ennemi J^ jour fuivant. Comme dans ces fortes 
de conventions, les Notaires ni les témoins ne font d'aucun uf2^ge, & que 
conclure & compter ne font qu'une même chofe , <le Cavalier réaliïa les tren- 
te piftoles & fe retira. liant de retour chez lui-, il fe repentit d'avoir don-^ 
né un GEdre £ .barbare , & retourna fur fes pas poiu* le révoquer : mais 
le .GuapQ Jui répendit qu'un honnête homme n'a voit que fa parole , & 
qu'ainfî il ne pou voit fe :diipcnfer de tuer la perfonne en queftion. 




peme: mais .enfin au moyen d'autres dix pifldes 
condition toutefois , que de tout le jour liiivant^ >celuî dont Ja vie étoit fî 
fect en compromis^ ne le préienteroit pafi>devant Je Gua.p©, dans l'iniagi- ' 
nation duquel les idées de meurtre étoieat fi imprimées^ qu'il n'étoit pas 
maître de Êi fureur. Le Cavalier^ chargea de détourner la rencontre ^^ & * 
pour cet eifet il alla le lendemain chez fon ennemi pour l'avertir de ne pas 
fortir de tchez iui^ anais par malheur il trouva ^u'il étoit foiti de bon matin 
tellement que là màuvaife étoile l'ayant conduit dans un endroit où étoit 
fc Guapo., il Jui en vcquta la vie. : ' , 

- '■ • ' ^ * Ce 



D^ESFAGNE ET DE PORTUGAL. 



<^? 



"Ce Païs ayant été. conquis par les Maures, ainfî que le jefte de TEfpa- Roy. de 
'gne, Abdala, Gouverneur de Valence, après avoir fecoué le joug de la do- Vax. 
inination dii Roi de Cordoue, Térigea en Royaume Tan 7885 à œnditiori 
toutefois qu'il payeroit annuellement à Ge.Prince 17000 Maravédis par for- 
me de tribut ou de redevance, 

: Les fucceffeurs de ce barbare s^y maintinrent eh qualité de Rois jiifqu'au 
1-3 . fiède y auquel tems. Jaques I , Roi d'Arragon , après s'être rendu mai- 
tre de Valence & de toutes les Villes & ForterelTes qui font en deçà dvt 
Xucar, «contraignit iéRoi Zaphel ou ^aen d'abandonner iës Etats &. de 
fi^enfuir. . . ^ r 

Cinquante mille Maures eurent la même deftinée, & dans ia fuite, tou^ 
ceiix de cette Nation qui :fè trouvèrent dans le Royaume eurent ordre d'en 
fortir à peine. de la vie, ^ddbrte qu'on en vit partir plus de foixante mille ea; 
armes , qui fc répandirent dans les Royaumes de Murcie > de Grenade , de 
Gaftille ou d'Arra^on. Cependant quelqués-ims ne pouvant fe réfoudre à a- 
bandoniîerunfiricfae.païs, ayant abjuré le Mahométifine, profeilèrent en 
apparence la Religion Chrétienne, à la faveur de laquelle ils eurent permil^ 
fîon de demeurer en pofleflion de leurs biens , dans laquelle ils fe maintin- 
rent jufqu'en 1610, qu'ils furent chaffés non feulement du Royaumede Va- • 
lence , mais même de tous les Etatts d'Efpagne à <:aufe qu'on s'apperçut qu'ils 
apoftaCoient, &. retournoient au Mahométifmeioriqii'ils trou voient occa- 
fîon de le faire impunément. 

Cependant quelque éxaâes'que FuiTent les recherches ou'on fit de ces mal- 
heureux , plufieurs fe cachèrent fî bien y ou donnèrent des marques fi appa-^ 
Tentes d'une fincère converCon , qu'ils évitèrent le. banniflement, & fe fau- 
filèrent fi bien avec ceux qu'on appelle en Eipagne Cbriftianos viéjos, c'eft- 
à-dire vieux Chrétiens , qu'on a bien de la peine à diftinguer les uns d'avec 
les autres; je dis qu'on a bien de la peine, car après tout^ la confufîon 
n'eJft pas abfolument fî grande que ceux qui examinent les chofes de près y 
ne fàdient bien faire la diflfà'ence entre les anciens Chrétiens & ceux qu'on 
appelle Morifques dont le nombre dl aiïez ^"and. Il feroit k fouhaiter qu'fl 
le fût encore davantage pour le bien de la République, d'autant que de tous 
les peuples qui habitent l'Efpagne, ceux-là font fans contredit les plus fo- 
bres, les plus modérés, les plus appliqués au -travail & les meilleurs labou- 
reurs. ! 

Depuis l'expulfion des Maures, te Royaume de Valence a demeuré uni 
& incorporé à la Couroniie d'Arragon , & a jouï de quantité de beaux pri* 
vilèges jufqu'à ce oue les habitans fè déclarèrent pour l'Archiduc & prirent 
les armes xrontre Philippe V , qui pour leur faire fentir la peine de leur ré^ 
voke les affiijettit aux Loix de Callille. 



TOME'III, 



î 



LUS 



.* 



6S DESCRIPTION ET DELICES 

LES ISLES BALEARES. 

IslesBa- T^Ui SQVit nous fommes dans le voifînage des Ifles BaiéafeS) ytSm d^avk 
uAREs. ]^ de ne nous pas éloigner du Royaume de Valence ^ fans ks avoir Ti& 
tées. £lles font au nombre de trois y de différente grandeur^ &uées vis-à* 
vis de ce Royaume à qaek)ues Heues de la Terre-ferme entre le 3& & le 40 
d^é de Latitude > &le ip^ 3ominutes, &le 23^ 3o> minutes de Loa*- 
gitude» 

La plus grande^ qui eft entre les deux autres^ s^ppelle Mayorqoe : ta 
plus avancée vers le Nord> eft Minorque; & la plus petite » qui eft au&idk 
Oueft à regard dés autres ^ poite le nom d^YviçL 

UIfle dp Mayorqœ^ que fès habitans nomment MeHorqmy a la Catalan 
nie au Nord, la barbarie au Midi> Tlfle ^Sardaigne au Levant > & la 
Bage du Royaume de Valence au Couchant» Pline lui donne cent mille 
pas de Latitude & trois cens mille de tour. Strabon prétend qu^elk a ibs 
cens Stades deLoi^ikude, & deux cens de Latitude. Artémidore veutqu^eti 
le en ait le double; mais les Géographes Modernes ne trouvent pas juftefbii 
calcul: ainfî je crois qu'il eft plus fik de s'en^ tenir k cchû dePÛne^ ou de 
Strabon. 

L'autre qu'on connok ibus le nom de Aënonjat^ k caufe qn'dle eft plust 
petite que la première > n'a <p]e çkupiante mille pas db Longitude & cent 
cinquante mille de tour. 

Quelques Auteurs \&s. font éloignées d'environ dnqinnte mille pas de la 
Catalogne > & quelques autres de cent vingt mille pas> ce qui fait une dif4 
ièrence très comîdérahle. Ceux qui y ont été font du fèntimenl: des derniers^ 
Les Auteurs Efpagnols afiurent qu'elles ont toujours été regardées comme 
une partie de rËfpagne» & leurs Habitans ont été réputés £(pagnols> ce 

3u'on ne peut pas dire de» autres Peuples qui fent foumia à k Coorœioe 
"^Efpagne. 

Les Anciens les ont appellées tantôt BaléareSy tantôt Gyrnnajksytzàtclt 
Cbiriades y tantôt j^phrofiades y ou Jpbrodifiaieiy tantôt Eudemonesy & 
tzntot Jlxiolqgues. 

Quant au nom de Baléares^ les uns prétendant qu'il dérive d'un mot 
Grec y qui iknifie kttiTy ou tk-ery mot qui exprime parfaitement bien 
le caraâère des habitans de ces Ifles y puilqu'il nV avoit point de Peu-^ 
pies anciennement qui drailênt & bien qu'aux de la Fronde; deibrte que 
felon cette opinion y BaMare ^gnifieroit par Antonomaie > Tireur âo 
Fronde. Pau&nias croit qu'il vient de Bakros qui en Langue Syria* 
que veut dire y proscrit y banni > exilé y à caufe qu'on exiloit àxDS ces 
}fles les Malfaiteurs. D'iautres foutîennent qu'il tire fbn origine de Ba<^ 
léare y Grand Capitaine & Camarade d'Hercule 3 lequel 2sptbs avoir 
vaincu le fameux Géryon y Roi de ce païs-là y l'y laifla pour Gouverneur* 
X Pour ce qui eft de celui de Gymnafies^ l'Evêque de Miedes (*) dans fes 

Re- 



- c 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL. 67 

Remarques fiir Arillote, dit qu'il <lérivç d'un mot Grec qui veut dire éxat-IsLEsBA* 
cice, ou combat. Pline confirme cette opinion 3 lorfqu'il affûre que les Grecs"^^*^* 
appellà*ent ces liles Gymnaiies à caiife (]ue leurs Habitans fe battoient à merr 
veille avec la Froade. Diodore de Sicile croit avoit trçuvé la parÊûte Ety* 
mologie de ce nom, en difant qu'elles s'appellent aiiiG> à cauië que leurs 
Habitans avoient .accoutumé d'aller tout nuds. 

Lycophron les appelle Chiriades après Strabon (a) y parce que» ouol* 
qu'on y trouve des Ports très bons & très commoaes> il y en a pluiieurs 
remplis d'écueils cacliés fous l'eau ^ qui en rendent l'entrée très difficile Si 
4an^ereu&. 

{^ Saint Jérôme & Saint ICdore (c) leur donnent le nom d'Aphrofîades 
ou Aphrodiuades^ pris du Grec Apliros^ qui lignifie Ecume ^ faifànt al« 
lufîon à la Déeffe Vénns> que les Poètes feignent avoir été formée d'E- 
cume y & qu'on prétend avoir été adorée dans quelqu'une de ces Ifles. 

{^ Strabon dit ou'Eudémones fignifie heureux, ou fortuné 3 & que c'eft 
IKHir cela que les Anciens leur donnèrent ce nom, à caufe de la beauté de 
leur climat , de la fécondité de leur terrain Se de leur iituation avantageufe 
pour le commerce. Dans le même endroit, en parlant de la beauté de la 
Utuation <Ie Tarraçone, il place cette Ville vis-à-vis de ces Illes qu'il appelle 
Axiologues, c'efl-a-dire dimes d'être extrêmement louées. Tels font les 
divers noms anciens qu'on donnoit à ces liles en général ; voici ceux qu'oa 
donnoit à chacune en psNticulier. 

Mayorque fut appellée Clumba, iâns qu'on fâche trop bien pourquoi, fi 
ce n'efl, dit Mariana, qu'on faiTe dériver ce mot d'un lieu qui s'appelloit 
anciennement Columba, & qui s'appelle aujourdhui Paloméra. 

Minorque porta pendant longtems le nom de Nura , mais aucun Auteur 
ancien ni nKxierne ne dit jpour quelle raifon il lui fut donné; & comme je 
De me pique pas d'être un tort grand Etymolo^Kifte^ je pafle l^;èrement fur 
une queftion de nom qui ne me paroît pas d'allez grande conii^yence pour 
m'y arrêter longtems» 

Autour de A^yoroue on voit deux petites lues, qui felonPtolomée, Stra- 
bon & Fomponius, mrent appellées fytbieufesy d'un mot Grec qui fignifie 
Pin, à cauà, âss doute ^ qu'il y croît quantité de ces arbres, (e) Florian 



d'Ocampo a de la peine à fe rendre au fèntiment de ces anciens Cofmo^- 

g;es, & veut abiblument que l'origine de ce noài vienne dePitbos, qui en 
rec iknifie Vaie, parce , dit-il, que la plus grande richefle des Habitans 
de ces ifles provenok d^un commerce très conildérable qu'iis faifbient a* 
vec les Africains de certains Pots > ou Vafes bien travaillés qu'ils fabci* 
quoient. 

La plus confîdérable.desPythieui^ fiit appellée Ebufùs par les Cartha- 
ginois y 

ftf) Stfàbùn Lib. 3. (i) Lit. 3. 

{h) Hierm, in Rm. EpiJl.D. Paiul. êd Gela. Lib- (f) LU* 3. €êf. 3. 

(c) IJid. lab. 14. cnf. 16. 

I 2 



A^tA • 



^ ^ — .;,»-y.r?-*^ .ff'S»-VW^ 



<5» DESCRIPTION ETDELICEff 

bLEs Ba- ginois ; & dans la fuite fon nom a été changé par corruption en celui d'2^/i 
i^âAEs. ça. L'autre 5 qui eft plu5 petite félon Sferabon, fiit nommée Ophieuiè par 
les Grecs. 

Pline & plufieurs Auteurs Latins Pappellent Colubraria', c'eft-à-dire Ser-i 
pentine ou Serpentière , nom que Pomponius lui attribue , à caufe de 1» 
grande quantité de Serpens qu'il y avoit anciennement , & qui la rendirent 
prefque inhabitable; au lieu que celle d'Yviça non feulement eft exemte de 
ces vilains animaux , mais même la terre qu'elle produit les fait mourir fur 
le champ. 

Florian d'Ocampo(^)5 Mariana Se prefque tous lès Auteurs Espagnols di-^ 
fènt que la Coltibf aria n^eft' pas Plfle qui eft proche d'Yviça y mais une au- 
tre 'qui eft proche de la Oierfonèfe, ou Péninfule du Royaume de Valence^ 
qui conferve encore le nom de Montécolubre, comme qui diroit. Mon- 
tagne des Couleuvres. Mais après bien des réflexions 3 je n?ai jamais pi> 
comprendre pourquoi ces Auteurs ont tant de peine à s'accorder avec Stra- 
bon , Pline & Pomponius , qui placent- l'Ophieufe y ou Colubraria prè4 
d'Yviça.5 d'autant que le premier de ces Auteurs affure qu'elle eft une 
des Pythieufes, &que le fécond la place vis-à-vis de la Rivière de Xucari> 
dont Montécolubre eft fort éloigné. Quoiqu'il enfoit, aujourdhui cette 
Ifle s'appelle FormenttrOr > à caufe. de la quantité, de Froment qu'elle 
produit. 

Cafaubon dit que Pline Se Diodbre de Sfcilè prétendèntqu'Yviça eft une 
Ifle diftinguée dés Pythieufes, en quoi il fe trompe^ car elle a toujours été- 
regardée pap les Hiftoriens^ & par les Géographes pour la première des Py* 
thieufes. 

Outre ces quatre Ifleç, \\j ena» encore plufieurs autres qui font partie du* 
Royaume de Mayorque , mais comme elles ne font , pour ainfi dire > 
que àts membres , ou des parties iiKégrantes de celles dont nous^ venons 
de parler,, nous nous réfervons à en traiter terfqjie nous en ferons la 
Topographie. Refte maintenant à entrer dans le détail des moeurs an-»^ 
ciennes & modernes des Peuples de ces Ifles, après quoi nous ferons, 
voir dans un Abrégé Hiftorique, à combien de Nations ils ont étéafTiK 
jettis, & de quelk manière ils font devenus Sujets des RoisCatholi-» 
. ques. 

Anciennement les-Habitans des Ifles Baléares étoient fi^ paflionément a- 
looureux des femmes , que lorfque lesCopfaires leur en enlevoient quelques-^ 
unes, ils les radietoient auflitôt , & donnoient quatre hommespour une fem- 
me. Ils vivoient ordinairement dans des- cavernes comme des bêtes fauva- 
;es. Non feulement ils n'ufoient parmi eux d'aucune Monnoie d'Or n> 
Argent, mais même il. leur étoit févèrement défendu de porter, aucune, 
chofe fiir laquelle ï\ y eût de ces Métaux. 

Quand. on leur demandoit pourquoi ils avoient tant d'averfion pour deux. 

diofcs: 






Ci ^* 35- ^* ^^ 



»• — 



'-*■' *~««0--^i^i*a0wi 



D^ESPAOTE ET DE PORTUGAL. ^9 

cKofes qui avoient tant d'îattraîts pour le refte des hommes, ils répondoientlstE^BA- 
que c'était à caufe au'Hercule avoit fait la guerre à Ghryfeor, lils de Gé-LEAUEs. 
ryoa, pour lui ravir Darba^eftient les tréfbr^ qu'il avoit dans iès coffres. C'ell 
pour cette raiibn , que îoriqu'ils portoient les armes pour les Carthaginois^ 
ils employoient leur Solde à acheter du vin- & des femmes, au-lieu de la 
prendre en efpèces^ • . ^ 

Quelques Auteurs-prétendent qu'ils apprirent des Phéniciens;, Part de fe 
fècvir de la Fronde; mais Diodore de Sicile & S. Ifîdore affurent que ce furent 
eux-mêmes qui Tinventècent , & qu?ils Tenfeignèrent auxs Phéniciens & aux 
'autres Nations. Ils en portoient toujours trois, fàvoir une fur la tête en 
forme de bonnet ou de calote , l'autre autour du ventre , dont ils faifoient 
comme une efpèce de ceinture, &.tcnoient la troifîème à la main, pourê:* 
tre prêts ki^'^tn feryir, torfijuc l'occafion fe pcéfenteroit.. 

Elles ctoiQîît de trois fortes : l'une fort longue pour tirer loia; la feeonde 
courte pour frapper de près,. & la troifîème moyenne pour atteindre à une 
médiocre diilanée. Ils étoient ft adroits, dans l'iifage de cette arme, que 
'prelque tous les coups qu'ils tiroient, dbnnoient dans le but qu'ils fc propo- 
^ient. Elevés dès leur plus tendre enfance dans Cet exercice , ilsjettoien^ 
des pierres av^ee tant de force y qu'il fembloit qu'elles partiiTent de quelque 
Machine de guerre; deibrte qu'à l'jafttaque dequelqite muraille,; ils^bleifoient 
fi grièvement ceux qui la^ défendoient, oue peu en, rechappoient; & lorf* 
qu'ils combattodent en Campagne, ils entoaçoient los Ecus> les Cafî^ues & 
toutes les Armes Iqs mieux trempées. 

Lès. pierres dont il fe:fervoient avec ces Frondes pelbient ordinairement . 
plus d'une Mine Attique, qui faifoit cent Dragmes,& c'eft fans doute pour 
cette raifon qiie Jule Céiàrles aj^elle Frondes Librales^ c'eft-à-dire Fron- 
des, qui jettoient des pierres qui pefoient une livre, Strabon.dit qu'ils por*- 
toient ces pierres dans des facs pendus au cou. Quelquefois au-lieu de pier?- 
res, ils fe fer voient de baies de plomb, qu'ils tiroient avec tant de force & 
d'impétuoiîté que Daméto furla foi de Lucrèce âc^d'Ovide,. aflîire que bien 
£)uvent elles fe fondoient en l'air.. 

..(^^Tlambeaverd . 

. Glans etiam longo curju volvetida liauefciL 
, . 1 (t) Nonfeàês exarfit ijtÂam cum Badearka plumbinm 
Èundajacit y volât illud^ £^ incandefcit euado. 
Et qws non babuit^ fut nubibus invenit ignés. 
Inde faces ^. f axa mlàntfpatfoquefoluiie y. 
jieris gj? caUdo liqtiefa[la.fonderegîandes.^ 
% 

m m 

J?ay0ue que cette ddcription eft bien hyperbolique, & qu'il faut être bien 
<arédule pour ne pas la regarder comme, une éxagératioa Poétique, & à lar 

quel-^ . 

(•) iMCfth Ub. VL 177. (t) Ovid^ M^am^JJb.ILj^j. 



70 DESCRIPTION ET DELICES 

istEs Ba- quelle an nfc doit pas avoir beaucoup d'égard. Cependant Séneque ièmble 

LEARB*. paùtorifer par ces énfergiques paroles (*}. ^era nuaus exténuât, £5? exte- 

nuatiû accendit; fie liquefiit excusa glansfiaida, ^ ûttrHu aeris velut igrie 

^iftillat. • 

La commune opimon eft que pendant longtems ils alloient toutnuds, & 

que c'eil pour cela que le nom de Gymnafîes fût donné aux Ides Baléares. 
Dan? la fuite ils inventèrent une efpèce de Robe longue qu'on appdloit Si- 
fyma > faite de peaux de certains animaux. Peu à peu ces peuples fè poli- 
rent -tetlem^ït, qu'ils introduiiirent parmi eux une autre taçoa de Robe 
d'étoée, paiifemée de morceaux de pourpre > de laquelle on prétend que les 
Romains prirent la forme de ieiirs Robes, qu'cni appelloit Prétextée, dont 
les Patrices & les Sénateuts iè fërvoi^t 

ils obfer voient dans leurs mariages une coutume tout-à-fiut oppofée à la 
pudeur & aux bonnes mœurs. Pendant que les Conviés & divertifloient à 
table, tous les parens & les amis du nouveau marié jouïflbient de la nou- 
velle mariée l'un après l'autre, par rang d'ancienneté; deforte que le ièid 
lïui étoit en droit d'avoir toutes les faveurs de fa femme, n'avoit que les rd^_ 

tes des autres. 

Toute la forme de leur Gouvernement étoit renfermée dans (ept Loix 
lèulement, dont la première ordonnoit d'adorer les Dieux. La féconde de 
îècourir les pauvres. La troifième d'honorer les vieillards. La quatrième d'O- 
t)éïr aux Princes. La cinquième de réfîfter aux Tyrans. La fîxième de Su- 
re mourir les Voleurs. Et la ièptième de ne permettre à aucun Habitant de 
voyager dans les Pais étrangers , de peur œ contrader les vices qui y re- 

gnoient. 

Âpréfent ils ont prelque les mêmes mœurs que les £Q>agno]s,tenant poui>- 
tant un peu plus du génie des Catalans que de tous les autres Peuples d'£i^ 
pagne. Ils font bons Soldats & bons Mariniers, naturellement portés à 
rétude , dévots comme le relde des Eipagnols , mais moins fufceptibles des 
marques «sdiérieures de k-dévotioû. Ils ont l'écrit vif&; élevé, les maniè- 
res oouces & engageantes. 

Depuis qu'ils font fbumis aux Rois Catholi<]ues, ils ont toujours Eût pa- 
roître une grande fidélité pour leur Souverain, ^qu'à ce que fruits par 
les Partions de la Maifon d'Autriche , ils fuivirent le mauvais exem|de des 
Catalans en faveur de l'Archiduc , . & parurent fi obftinés dans leur ré- 
volte, qu'il fallut les £ùre rentrer dans leur devoir parla force des ar- 
mes. 

Parmi lesperfbnnes dediftinâion <& dans les Aâes Publics on parle la 

Langue Caftillane; mais parmi le Peuple on parle une efoèce de Patois, 
qu'on appelle Langue Limofine. Daméto prétend Qu'elle rat introduite en 
Catdo^e par une Colonie de Limoufins, Peuples de France, qw s'établi- 
rent dans ce Païs-là , & qu'eniiiite elle iè répandit dans le Royaume de Va'- 

len- 

■ 

(♦) Smec. Nat. 99*^*"^ 5^' ... 



DVESPACNE ET DE PORTUGAL. ?i 

Ibnce ) dans les lues BaJéarés & dans celle de Svdai^^ne. Jpavoue qu^on y I i^^sBa 
employé qicuitité de termes qui font Limoufkis; mais après tout^ c^eft un^^^^^^ 
Langage tout différent de celui qu'on parle à Limoges ; & à le t^en pren-^ 
dre> c'eil nn Idiome compofô de Limoufio^ de Grec^ de Latin y d'E^a- 
gnol & d'Arabe ^ peu i»*opre à former un dîiicours éloquent &: poli. 

Ce iëroit ici Tendroit de parler de la forme de Gouvernement qui s'ob*. 
fèrve dans ces Ifles; mais comme de tous les Royaumes qui compofent la 
Monarchie d'Eips^ne> il n'en eft point dont THiftoire foit plus knorée 
que celle du Royaume de Mayorque , je me iiiis propofé^ avant que cr entre- 
prendre la Defcription de chaque lile^ de faire voirie plus fuccinâement 
qu'il me fera pofTible^ la diveruté des Nations auxquelles ces Peuples ont 
été fonmis^ & de quelle manière ils font devenus Sujets de la Couronne 
d'ETp^ne^ après quoi j'entrerai dans un détail Géographique de tous les 
endroits . confidérables & de tous les Ports qu'on voit dans ces lUes^ & en- 
fuite je donnerai une idée du Gouvernement £ccléfîa(lique> Civil oc Mili- 
taire qui s'y phferve, efpérant que le Public me (aura bon gré Que je lui faf^ 
fe part des Mémoires que j'ai eu fi>in de recueillir fur ces trois cnofes: d^au-. 
tant que ceux qui s'appliquent au Commerce de la Méditerranée en pour^ 
ront profiter uulonent. 

Révolutions des Isles Baléares. Notions auxquelles elles maité foth 
mifes^ Ê^ àe quelle manière ces Peuples font devenus Sujets de. la Courwr 
ne d'Efpé^fie. 

« 

COMME ces nies font moins connues que les autres Etats de la Monar* 
chie d'£fpa§nej> il eft nécef&ire d'entrer ici dans un détail un peu cir* 
conftandé des prmcipales révolutions qui y font arrivées. 

Il iëroit ridicule d'adopter le lentiment de quelques Hiftoriens Ëipagnol^. 
qui prétendent que Tural fils de Japhet a jette les fondemens de cette Mo- 
narchie. Comme on n^all^e aautre garant pour ce fait hiftorique, que 
le faux Béroië & fon Commentateur ^ on peut hardiment le mettre au rang 
des chofès les plus apocryphes & les plus fabuleufes. 

11 n'y a donc pas lieu d'être lurpris, fi le Dodeur Daméto^ moins crédu- 
le que quantité d'autres qui ont écrit avant lui, réfute la prétendue Royau- 
té du fils de Japhet comme une chimère ^ qui n'a aucuue éxiilence que dans 
le cerveau mal timbré de ceux qui l'ont conçue. Je ne puis comprendre > 
Que lui-même ait pu donner dans un travers qui n'eft pas pardonnable , en 
difant dans le paragraphe i du premier Livre de fon Hifloire du Royaume 
Maléarique , que (Siryon ^ ce Héros fabuleux que les Poëtes ont tant vanté 
dans leurs vers, eft le premier qui a régné dans les liles Baléares, puiiqu'il 
n^a.pas de preuves plus convaincantes > pour établir la domination, que les 
autres en ont eu pour établir celle deTubal, fi ce a'eft qu^il ait recours à. 
Mariana & à Florian d'Ocamipo, qui, après avoir introduit ce Géryon fur 
k fcène de l'Hlftoire, lui ont donûé des Succefleurs, dont je vaisrappor* 

ter 



72 ©ESCRIPTÎ-ON ET = DELICES 

TîLi-sBA-ter les îiauts faits , plutôt pour les convaincre d'une fbibleffequi approcha 
xeAues. fort de Tignorance, que pour déterminer mdn Lecteur à ajouter foi à ce 
qu'ils ont avancé fur *cet article. 

,5 Géryon , dit Daméto , après ces deux Hiftoriens^ gouverna les liles 
^5 Baléares avec un empire trop tyranniquc , jufqu'à ce qu'Ofiiûs l Roi 
^5 d'Egypte , ( fous prétexte de ks délivrer du joug dont il accabloit les 
^ Habitans , quoique dans le fond il n'eût d'autre deffein que de s'enrichir 
-yy de leurs tréfbrs ), lui ôta la vie & le Royaume dans une célèbre bataille. 
yy Cependant trois fils ^u'il avoit^ ne laiilerent pasde lui fuccoJer, & de 
-35 venger la mort de leur père, en faifant perdre la vie à Of iris par ,1e fè- 
^5 cours que leiw: donna Typhon ion propre frère; ce qui donna occafionà 
35 Oron, autrement appelle Hercule le Libien, cet invincible Deftruâeur 
^5 des Monftres, de venir de la Scytliie qu'il gouvernok pour lors, pour fe> 
^y battre corps à corps contre ces trois frères, dont il triompha, & vengea. 
5, par reffunon de leur fàng la mort d'Ofiris fon père. 

„ Hercule fe voyant Maître -de ces Ifles, trouva que leurs Habitans a- 
^, voieiït déjà des habitations, & que dans leurs chapfons ils récîtoient que 
,', les ^premiers qui les avoient peuplées, étoient venus de diveriès Nations 
yy & particulièrement de la Terre-ferme d'E^agne, & que les plus moder-. 
„ nés étoient Africains, confondus pêle-mêle avec des Syriens dont ils 
-,, confervoient encore le langage. Preffé pour aller faire de plus grandes 
„ expéditions aux extrémités de l'Occident^ il Jaiilk Baléo fon Camarade 
5, pour gouverner les Ifles qu'il venoit de conquérir, & c'eft de fon. nom 
yy qu'on croit qu'elles ont pris celui de Baléares. 

Tous ces faits paroiflent fort plaufîbles à cet Hiftorren , & rien ne iem- 
ble l'embarrafler que le parti qu'ail a à prendre touchant leur époque, à oau* 
fe que quelques Chronologiftes la mettent l'an 2930 de Ja Création du Mon- 
de, & les autres au quatrième, ou cinquième Âge après le Déluge univer- 
fel ; & comme il ne peut lappercevoir aturune lumière qui l'ôdaire dans une 
nuit fiobfcure, il aime mieux laifTer laqueftion indécifo, que de dire ce 
qui} en penfe. Laiflbns-le donc daAs fos doutes à l'égard de Tépôque de ces 
febJes , & tachons de raconter quelque chofe qui foit plus digne de l'Hif- 

toirt. ^ .' 

Si tout ce que Daméto a écrit de Géryon & de fes ttois fils, d'Ofiris,. 
de Typhon, d'Hercule & de Baléo , eft entièrement deftitué^e toute vrai- 
lembiance, du moins il faudroit être bien incrédule pour ré\^oquer en dou- 
te la vOTué des Grecs dans les Ifles Baléares, puifque* Strabon afliire pofiti- 
vement que quelques Habitans de l'ifle de Khodes , après leur retour de là 
guerre de Troye , peuplèrent les Ifles Gymnafîes qui font fans difpute celles 
que nous cbnnoiflbns fous le nom de Baléares. 

Saint Jérôme, non moins éclairé dans l'ancienne Hiftoire proçhane,que 
dans l'Efiftoire fàcrée , donne pour^ im fait confiant , que les Grecs de la 
Ville de Zante paflferent en Efpagne, & s'établirent dans les Ifles Aphrq- 
dîfîades, ou Gymnalies. LePoëte SiJius, en parlant des Baléares 3 dit. 

que 



D'ESPAGNE ET. DE J^ORTUGAL. 73 

«jue Tlépolème femeiuc Capitaine Grec , «fit ijne cruelle guerre aox Habi-Is-iÉsBA^ 
tans de ces If les. ' • i «le^iua,, 



1 r 



t . , yam 4:uiTlepoltmm Sat(n*.y cui Ljndus 

: ^ J^nda belJa gerens BalcsLcis^ . > 

•' . ■ ' > . . • r 

: Aptes ies Grecs, .^quelques Hiftoriens veulent' perfiiader que les Phéni- 
ciens dominèrent dans les Ifles Baléares > niais ils n'apportent aucune preu*-^ 
ve de ce qu'ils avancent j fi ce n'eft que comme ces Peuples , fur-tout les 
Hahitans de Tyr.<& de Sidon, étendirent leur florifTant commerce dans^ 
toute la Méditerranée, Hn'eftpas poiFible qu'ils n'ayent habité ces Hles^I 
fiiheureufement ikuées pour tsrahquer. Mais après tout, ce Taifonnement , ; 
quoiqu'il paroifle aïTez; plauIlUe., ne peut ^m^ais produire qu'une limple: 
eonjeéture^ n'y rayant, aucun, ancien Hiftorienqui.dife pcfitivement ôue» 
ks Tyriois, ni les Sidoniehs ayent débarqué dans aucim Port des lues 
Baléares. . c - 

Ce qu'on raconte des Carthaginois à Pégard de ces lïles, eft tellement^ 
autorifë, qu'on ne feuroit en doiiter fans démentir ce que l'Hiûoire a de plus 
rei|)eâable. Voici ce.jqu'en difènt.Mariana, Florian d'Ocampo, Beuter^ 
Diûdore après Eufèbe, Jiiilin, &c une infinité d'autres Hifioriens que l'An^- 
tiquité a toujours révérés, 

La fameufe Ville de Carthage étant conftruite , & fon pouvoir «'étant 
.acru jufqu'à exciter la jaloufîe de la fupeirbe Rome, fes Habitans. pour rele- 
ver Téclat de leur Empo-e , réfolurent de paffer en Efpagne donc les richefieà 
îmmenfes faifbient tant de bruit dans k monde : comme leur e^tréprife étoit 
ddificile , ils convinren;t que pour la conduire à une heureufe fin , ils de^ 
voient fe rendre maîtres des Hles circomx)ifîHes pour en faire comme- une 
échelle ou entrepôt favorable à leur deffein: deforte qu'ayant mis en Mer 
une puiffante Flotte, 'As allèrent débarquer à Yviça, où trouvant très peu 
de réiîftance de la part des Habitans , gens iîmples & peu accoutumés au 
bruit des armes , ils les fubjuguèrent facilement* 

' Ceft là , où , feion Diodore , ils établirent une Colonie . paflablement 
nombreufe, près d'un Port convenable à leur deffein, qu'ils appdlèrent 
Ebèfe, qui dans la fuite des tertis fut corrompu & changé en Yviça. On 
tient que cet événement . arriva 662 ans avant la venue dejfi^us* 
Chrïst. 

: JJtk û heureux fuccès ayant irrité la cupidité de ces Républicains infetia- 
blés de gloice&de ricfeelTes^ ils formèrent la réfolution de conquérir : le* 
ifles; Badéares. Pour cet effet ils côtoyèrent leurs bords^ & fe rendirent 
maîtres de quelques Ports du coté du Septentrion , où ils formèrent des Pa* 
lifTades , & confiruifirent quelques petites Tours. Mais lorfqu'ils voulurent 
pénétrer dans le c<£urdu Païs, ils trouvèrent les Peuples li déterminés à 
«ne vigoureufe réfiftance & fi inftruits dans le maniment des armes, qu'ils 
ii'ofcrent paffer outre ^ kh réfervede quelques. préfomptueux qui fe fiant 
. Tome 111 ' ^ K - • * t^^.^ié- 



5^ .^ DîESCRIFTIQN ET DELICES: : 

1*15 B4. témérairement for leur valeur^ votthirent éprouver celte cTbn Penpte qii^ 
liuJu^ méprifoient fou verainement ; mais ila ea furent fi brufquement aixiieillb^; 
qu'ils payèrent leur préiomption par la perte de leur vie, ayant tous été. 
• mis en pièces^ Tellement *que c^ux qui ne forent pas tués , perdâr^ toute- 
errance y & craignant d'avoir la même deftinée de leurs Camcuodes^, ils iè^ 
rembarquèrent promptement , & firent voile vers les Côtes d'Elpagne,, où: 
kurs rimi^^ deirèin& ayant été divulgués par les Baléares^ ik èa fîaœent: 
chaffés avec une perte ccmfidérable, . ) 

Q?^lq]û® tems aprèS) ayant renforcé leur Flotte & leurs Troupes, & mir 
dians^atre Vaifleaux 900 hommes & looeChevaux,. qui étoient Télite <te 
la Garnifoa Qu'ils avoient en Sicile, ils fondicentfiir les Bal^res, ^entrér^ 
prirent d-y taire un débarquement, pour voir fi; à force ouverte ou parfi^^ 

SefTeils ne poitrroient pas vaincre les Peuples de ces Ifles; mais cette fecon-^ 
e tentative leur réufllt encore plus mal que la première ; car ayant été aC^n 
taqués & enfévelis fous une. ^êle de pierres; ils fe virent forcés d'àban«t 
donner les bords deTIile oùilsavoîent débarqué, quiétoit celle de Ma», 
yorque. , ^ 

Les Jlabitans non eontens de Ite avoir forcés à & rembarquer, & )èttè< 
i^ent dans Peau julqu'à la ceinture, & à grands coups de frondes> acmea^ 
propres à cette /Nation , ils leur portèrent de fi terribles coups, que leà: 
planches des Navires fautoient en Pair par éclats, & les Voiles: en. ^ient: 
mifes en pièces. 

Malgré ces mauvais fiiccès', les Carthaginois ne perdirent ni Tènvie^ ne 
îéQ)érance ^ fe rendre . maîtres de ces liles^ &leur bonheur voulut que 
peu. de tems après Himilcon,& Hannon > deux de leurs plus célèbres Capi^ 
taines^ allant en Efpajme pour gouverner les Païs qu'ils àvoient déjacon-^ 
quis>^ & paflanjt prà de Minorque, fi)rcèrent les Peuples à les y laifler dé-^ 
ku-qucF , oà ils confîruifîrent trois petits Forts y dont le premier fut appelle: 
Tama,. l'autre Magon.^ *& le troihème Labon, Ëiîfant dériver leurs noms** 
^ trois fameux Capitaines Carthaginois, qui ans doute eurent k foin de 
&ire ces nouveaux ét3ft)lifrenieas. ... * 

Daméto prétend que cet événement arriva 500 ans^apfès là Fondation & : 
Rome> & 4.J2 avantla NaifTaAce de J. C On ne faitfî la réfîflanoe qu'ils- 
avoient trouvée de la part des Habitans de l'Iile de Mayorque , les fit cram- 
dre d'y échouer une troifième foisj mais il efl. certain, que pour^ lors ils n'y- 
firent aucun établilTement. ^ 

Magon, homme d^efprit, de valeur, &d'ime grande réputation parmi les: 
Carthaginois, fut le premier qui gousrema los flles Baléares , au nom.de la^ 
République, & fit fi bien par û bonne conduite,, qu'il rendit doux,, polit: 
& traitables ces Peuples,, qui jufcm'alors fe piquoient d'iuie férocité qui n'a-* 
soit prefque rien d?humain. On dit que pendant le féjour qu'il y fit, il com-- 
fofà un. Livre qui contenoitles chofès les plus remarquables de cesifles> & 
^pe ce fiit fous lui que les Mayorquins apprirent à enter hs arbres;: 

JPemfcuodt qu'il s'appU^uoità^ofi^ ces Peuples fcroces,.il apprit la funef^ 

^ te 



D^ES^AGNE ET DE PORTUGAL. 7^ 

tè nouveflfc dé la tkagtote BataiMe xjûL avoit été donnée «ntre îês Hafeîtans ft les Bxî- 
«de la Bétiquc & de ia Lulkanie, <:e qui Tobligea âù fe rendre en toute diIi-LEÀRb«,^ 
^ence e» Efpagne pour apporter un prompt remède à un fi grand mal, & 
al y conduifk qudqoes Troupes Mînorguines ; mais foit par les fatigues de la 
Guewe 3 fe^ par le chtçgement de CJii|iat ^ il eft confiant qu'elles vpérirenfc 
miférablement>5 fans y donner aucune marque de fcur valeur Ils furent plus 
iieupeux dans la fuke , coaune nous allons Toin 

' Les Carthaginois avoicnt quelques Places dans Tlfle de Sicile près dii Pro* 
monlôire Lil^ien, au voifin^e de Trapâno, ce qui excitoit la jaloofie des 
Agrigentîns^ qui ne pouvadit fouftrir que ces fiers Républicains dominafleni 
<lan« leurlfle, réfolurait deies extreminer à ia première occafion qui fe 
^réfènteroit Elle ne tarda pas-y car les Carthaginois étant allés fiiiré leur* 
Sacrifices dans im Temple qu'il y avoit près, de Minoa, dans un bois 
écaitéykâAgrigentiM iesyfurprirent au dépourvu^- & les taillèreiït eâ 
pièces." ' . . ^ ..• ■ . ^ . " ^ . •• - / 

Le Sénat de Carthage outré de PafFront qu'il venoit de recevoir de h 
|)art dés Agrigentins^ réfdlut d'en tirer une vengeance éclatante. Pour. cet 
^êt, à envoya en Sicile kxx3 Afi^icains, 2000 Efpagnols & foo May on- 
tjuins, lefquels après, s'être joiiïtsavec ceux qui s'étoient lauvés dans les 
ÏKÀB^ 4nireiït les Mayorquins à la tête d^ l'ajle droite 5 & fondirent fiir les 
^nheinis avec tant d'imprétuofité 5 qu^e làns ioir donner le tems de fe recon^ 
,iK)ître , 3s les taillèrent en pièces , & facilitèrent par cette viâoire aux 
Orthagfnois les moyens? de Te remettre en pofTelTion des Places qu'ils a^ 
Voient perdmes^ ^d y rétabfir leur domination. 

Us ne furent pas moins heureux quelque tems après contre Dénis le 
fTyran qui accaoloit les Habitans de làiVille^e Sarragoffe^ &qui s'^étoit 
^oiîft ^uix Agri^eiïtins pour les ajdœ à iecouer le ^oog des Carthaginois. H 
caut demeurer d'accord ^e dans le comïnencement d'une fànglante Batail- 
le qui fe donna entre les Carthaginois & ce Tyran , les Siciliens ewent de 
mands ^avantages fur leurs ennemis; mais dans, la chaleur de la mêlée les 
Mayorquins anim^ent fi fort le parti de la République ^ c^e par des mai>- 
^tieS' d'une valeur a laquée les Siciliens ne s'attencfcient pas, les voyant 
-preïque tous nuds:^ & munis d'araies peu capables en apparence de leur 




<ïefla aiKun Soldat ^n vie; deforte qu'Himucon Cipe, forcé ^e s'en retour*' 
^ner k "Oarchage^ chargé de deuil au^lieu de Robes Triomplîales , edc tant 

de dodeiir de voir les afïakes de la République dans un état fi déplorable , 
•îqû''irfe donna la môit. ' '* . ' i ■ ' 

^ ' Cependant la République bien loin de perdre courage , réfoiut ée faite fèii- 
-tir au Tyran Dénis, qu'il îuirefloic encore afTex de fprcespour le dè&ire 

une féconde fois. ^ Pour cet effet elle compo& au plus vite une nomhreulè 
'^irmée, dans laquelle elle incorpora g 00 Mayorquins, dont elle donna le 

Comiàandement à Hannoii^ lequd n'eut pas j^utôt attaqué la Plotte deDé- 

K i nis, 



7<? .DESCRIPTION ET DELl 

fcCEs BA-his y qu^il la vainquit, après quoi il. lui fut aifè de foumettre toute la Sicile 
^fcAiUW. à la domination des Carthaginois. 

La Guerre de Sicile étant terminée , le Sénat de Carthaffe envoya Boftar 
dans les liîes Baléares en qualité de Gouverneur,, lequel fonxfa la Ville de 
PoUença, félon quelques Hiftoriens;. mais d^utres prétendent tjue ks Ro* 
mains ea furent les Fondateurs. 

Quelques années après les événement dont nous venons dt parier, ç^eftt 
k-dire'> vers Pàn 47Adfela Fondatioade Rome> & 276 avant k Naiilànce 
de J. C. Pyrrhus Roi d'Epire réfolut de iè rendre-makre de Tlile de Sicile> 
ce qui obligea les Carthaginois à y envoyer des Troupes pour s^oppofer à un. 
defleîn fi mnefteaux intérêts de la République^. Les commencemei» furent 
affez heureux à Pyrrhus; mais à la fin foccombant fous les efforts des Aotneg 
de Carthage , il fu& entièrement défait, &réduit àfartirhontexifement'de 
ta Sicile , ce qui dbnna lieu à PHiftorien Juftin de dire que le Roi d'Epire ar 
voit perdu l'Empire de la Sicile auffi vite qu'il Tavoit ufurpé.. Dans la défair 
tè db ce Prince les Mayorquins fe fîgnalèrenfc, 

. Par tant de vidoires les Carthagmois fe virent au comble du bonheur & 
^e la gloire* Heureux ! s'ils avoient pu fe maintenir dans cet état de profr 
périté; mais ïï étoit écrit dans le Livre des Deilinées, qu'il devoit être 
altéré par les Romains, leiquels prirent occafiontde prendre les Airoes 
-contre la R^ublique de Carthage,. fous prétexte, de favorifer les MaT 
mertins Habitans de ta» Campanie ou Terre de Labour, lefouels gé- 
miflbient fous le poids de la cruauté de Hieron le Tyi»n. Tour ccr 
h ils envoyèrent contre lui le Conful Appius Claadius avec, quelques 
Troupes.. 

Les fuccès dé la Giierre furenffort différens au commencement enSicite,. 
puifque tantôt la fortune fe déclaroit pour les Carthaginois, & tantôt pour 
fes Romains; Mais à la fin elle fe déclara tellement en faveur des premiers^, 
que dans une Bataille quife donna,, les Romains après avoir été vaincus,^ 
avoir perdu 90 VailFeaux, furent obligés. de s'enfuir honteufement avec Cér 
ciliusMétellus: leur Générale 

La Flotte des Carthaginois combiée de gloire reprit le chemin de Garthar 
ge, & en paflant voulut fe rafraîchir a Mayorque ;.mais ils Curent bien éton- 
nés de trouver les Habitans de cette Ifle tellement indignés^ contre eux ,que 
ne pouvant fouflrir le nom de Carthage,. bienJoin de leur offrir des rafraî- 
chiflemens^ parurent contre eux. les armes à la main , en tuèrent plufîqur», . 
& dUigèrent lea autres, à fe rembarquer en toute, diligence & k prendre fa 
rôutexf Afrique., . ) . ) 

On n'a jamais bien pu découvrir les raifons qu'eurent les Mayorquins pour 
fe révolter contre les Carthaginois-^ aprëa avoir marqué tant aattachemeht . 
pouc leurs, intérêts , &. avoir défendu leun gloire avec tant de zèle 6c de va- 
leur^ 

Quelques Hiiteriens prétendent que I?orgueil &; rinfolfcnce des Gouverneurs 
fe places les porta à. cet excès , lequel jetta Ic.Sénat .de, Carthage dans «n* 

r dé- 



Ï)^E^SFAGN£. ET DE POKTUGTAL. 77 

r iîépl*ifîr mortel-; car en perdant ces lîles 5 rlis fe voyoknt frnftrés^d'ongrandrsLEs Ri»- 
'fecburs d^hbmmes^& d'autres cIk^qs néceiTaipes pour Uexécutbn de iësi;£AHu. 
• ffpande^ entrèprifes : fi bien qu^près une mure délibération : il prit le parii 
d'y envoyer Amilcar Barcas, un de fes plus fameux Généraux^ pour tâcher 
de faire rentrer ces h^laires:^ §(ms la domination de la République. Ce 
Général tiouva beaucoup de^ réiiidance au commencement ; mais il s^y 
prit avec tant d*adrei9e âc de douceiir^ qu'il, réduifit TobAination de ces ré- 
•voltés. . ' 

r Quelque tems après^ Amiltar* pafiant par Mayocque, en retenant de It 
Terre ferme d'Elpaçné, fa femme accoucha dans une petite lUe que Pline 
appelle Triquadra, d'un Ùh qui fui appelle Annibal^ & dont la^r^^utation 
a niit tant m bruit dans le monde. : i ^ 

. Le foulevemenu de^^ay orque étant entièrement appaifè ^ Amilcar eutor»- 
•dre du Sénat de paffep promptement en Sicile, & d'y conduira 2000 Efpa*- 
•gnols & 300 Mayorquiftd, ce qu'il exécuta^ lans perdre de tems.' Ayant 
rencontré près du Promontoipe iLilybien l'Armée Romaine commandée par 
le Conful' C. Luétacius, il ie donna une bataille la plus fanglante qu'il y ait 
jamais eu , & après des efforts mémorables de part:& d'autre, k viéloire fe 
déclara» en faveur des Romams; Les Carthàgînoisi y- perdirent iiq Vait- 
feaux , favoir ço de pris» &c 60 coulés à fond; 

Amilcar iè- voyant iiow d^état de pouvoir tenir phis lûngtems contre les 
Armes Romaines ,; prit le parti de ramailer toutes les Troupes d^e la Repu* 
felique-qui éfioient en garnilbn dans les Places de. Sicile & de prendre la route: 
d^Afrique: - "• . c ^ *' 

Après cette défaite les Romains attaquèrent fi vi^oureufementlèsCarthâ* 
ginois en Efpagmt, qu'ifs remportèrent fivt eux oe fîgnalées viâoires >■ ce 
qui les détermina à les harceler jufques dans les Ifles Baléares fous^ ]^ ordrefe 
de Scipîon , lequel s'étant mi€ en^mer avec une puiflante Flotte, alla débar^ 
quer à l'Illt d^ Y viija, dans Tôlpémnce de s'en rendre le maître ;: hiais il fiit 
reçu des Habitans avec tant de valeur, que ne pouvant les vaincre ni |)arli 
force, ni par la douceur, il ravagea toute la Campagne, après quoi il fe 
netira dans fès Vaâfleaux , chaîné de 6utin & de richeUfes^^ elpérant de pro- 
fiter de la première occafiôn fav-btable pour établir le pouvoir de la Républi- 
que Romaine dans ces Iftes. 

• Dïtns *Ià fhitefes Romains prFrènt fî fort le dèfRisà Tégard'des Carthagi- 
nois,, qu'après les avoir défaits en plulkurs rencontrées, ils-les afloijblirent 
îi fort, qu'ik ks' obligèrent à» furchai^er de telle manière les Habkansdes 
Mes Baléares, que ees^ Peuples fe rangèrent fous les Etendarts de Rome par 
}â médiation 'de Scipion^, quiks reçut avec toutes les marques de diftlnâioii 
qu'ils pouveient délirer. ' ^ 

Magon>, Capitaine Général de llfle de Cadîxr, ayant été obligé d'aban- 
donner fon pofte, & de reprendre la route de Car di^, aivec tout i l'or , 
& lôB ricbefiàs qu'il put enhvân^ «Duchai.eh pafiant àJ'lûed'Yviça, 



Bàrg^nt 

ou. il. fut bien reçu du Suffit >^ ou Gouverneur, lequel lui donna du mon< 



78 . DE.S.CRIPTION ET DELICES 

j5tEs Ba* & les vivres dont H avôit 'befbin.. Avec ce ïecanrs il afla àMayorqœ daiis 
itAREs. ]è deffein de leprendre cette tfle fiir les Romains ; mais il fut fi rudement ac- 
cueilli des Hahitans vqu'à peine «jt-^il le tems^e fe rembarquer pour feTCn- 
Jreà Minorque^ «ù ayant trouvé fort peu de réCftance, û y<iébar<pia; & 
-après y avoir ramaffiè environ .20cxd liommes-, il les envoya k Carthage^cc 
^ui afitoiblit extrêmement les forces -de cette Ifle. * *: . 

; Les Mayorqfuins s^étant ^lélivrés de la .doioinatioQKles Cathagûipis & des 
Romains^ s^érigèrent en Pirates, pillant tout ce qu'ils rencontroient dans 
la MédkeiTanéeL9 au grand préjudice des Romains Se de leur Confédérés) 
ce qui détermina le Sénat à réprimer les brigandages de ces pillards. PoiJr 
cet ^et il eavoya contre eux une grande Flotte commandée par Quintus 
Cécilius Métellus , qui les attaqua avec une confiance qui liç lui permet to*t 
pas de douter quils ne fe rendiflènt aux premiers coops qu'il leur porteroit, 
en quoi il iè trompa 5 car ces Ecumeurs de mw ayant oécouyert fès Vatf- 
ieaux, &; jugeant qu'ils pourvoient faire une bonne prilb, furent au*der- 
vant de lui, & déchargèrent fur les Cens une fi grande quantité de pier- 
res, qu'ils en auroient été accablés 3 fi Métellus n'eut eu la précaution dç 
garnir fes Vaiffeaux de. groffes peaux* . 

• Cependant après un Combat fort opiniâtre, les Romains prirent ledeflu% 
& obligèrent les Mayorquins à prendre la fuite. & à grimper fur des rjociierp 
dcarpés^ où Métellus lés alla forcer, après. jquoi les Romains fe mirent 
en devoir de fonder des Villes & des Places dans l'IUe, dont les principa- 
les fiufent , au rapport de . Strabon , Patma 6ç Pollença , dans lefquel^ 
les ils laiffèrent 3000 Elpagnols que Métellus avoit amenés de Terrç- 
(enne. ••'•*=•'»• 

' Le Sénat futfi iènfible à la Viétoire que Métellus avoit remportée fur ces 
iniiilaires, qu'il y a des Auteurs qui affurent qu'il lui décerna un Triomphe, 
& lui donna le iurnom de Baléarique. Ces mêmes Auteurs difent encore 
tjue dans le Mur Occidental de la Ville de Tarragone, on voit une ancien- 
ne Infcription conçue en ces termes: 



Qi C M. R Ins/Bal- O. & L Imp, 

Roiu S- In. Pfiiû 



-à-dire 



res y ^ ies mit pour tmjwrsfMS la d&mmation de P Empire Romain. 

Les: Baléares étant ainfi affujettis à l'Empire des Romains, yreftèrent 
tout fe tôms que la. République fut en Paix, mais dès qu'elle fe vit plongée 
dans les horreurs des guerres .O viles, il? sdjandonnèrent fon parti, &nç 
reconnurent fon pouvoir jufqu'à ce que Cn. Pompée, fils du Grand Pomr 
pée, ayant été envoyé d'Afrique en Eipagne par Scipion, pour foutenir 
les intérêts du Sénat Romain, fe rendit maître de Mayorque & de Mir 
norque par une compofition amiable, & conquit Yviça par la force dœ 

armes. . t .. ^ « ^ 

Les 



D^ESFAGNE XT DBIPQETUÇAXi ^ 




Mies Baléares af>rès que Joie v..eiiir eu€ crion^iiTe œ jrompee^ ce cm 
eouifè la voix dû Sénat par la grande autorité aù'ii uTurpa fiir lui, qn^il y^ 
auFoit de la^ témérité' en. moi^ u fèntrépr^iois aen parler, il ce n^flque» 
je prifTek parti- (fe rapporter ce que q^lques Ecrivains naodemes enont dii> 
&ns aucunfondetnent ;. ce qui me fait croire que ce grand Conquérant pré^ 
fèra dTèum^^eoni^tesà celie<fe oesliles; car enfin., sPil y eut établi fà* do* 
mifiation-, pouoquôiPlind & iSitràboh^ qui nous racontent dUme maniera 
fi bien circortftanciée^,^ KAniba^ade que ces Peuples envoyèrent à.Oéfatve** 
Augulle^MSuccefieui: de l|ile iC3éiàrv pour lui demander un fecouis capabld 
<^ chafler les Lapins qui aétniifoieht leurs moiiibns & leurs^fruits^. ne:nou0 
^ilènt-ite rîen <îe Ce qui fe-paflafousTEmpire de fon Brédécefleur ? 

Une ttiârqute <iertaihe que dès le commencement de TEmpire Romiûn céà 
Ifles lui ftittTïi fujettaes, c'isft^ne dans les champSfdePollença &.d^Alcudiai. 
dii. trouve pliïfeuiis^ Médailfesr defe Empereurs > &: Morales afflire .quîà Yviçay 
on voit cette liifcriptionr 

Imp.. Caes. m. Avrelio. Cah"0. P'io. FaLicii iNvrcT-Oi A&c^. 
Pont. Max. Trib. Pop. PP. Coss. ij. Pwocons. Ordo.. 
Ebusii. Di. N. Mer. 

€?èll-à-dire , La Fiffe d'Tviça à érigé cette Statue à r Empereur Mar^Au- 
ttele ^ Aimahk ^ Pieux^^ I&ureux^ Invincible ^ Jtùgufle^ Grande Pontife^ 
hqusîfut Tribun du Peuple y Père de lu Patrie^ deux fois Cûnjul 6? Proœn- 
/fil. Elle la lui dédie comme k^fon S^neur 4jui Pa bien méritée. ". 

On ne fait pas au jùfte jufqù^si quel temd les Empereurs Romains confër^. 
vèrent la poffefllon àts Ifleis Baléares. Quelques Hiilonens aflurent que les. 
Vandales s^èn rendirent maîtres dès Tannée 421. Quelques autres préten-. 
dent que ce. ne fut que Tannée 426 ou 427. D'autres enfin veulent que 
Cenféric fut le prénûer qui y mit le pied après la mort de TEmpereur Va- 
tentinien^, ce qui fait une différence detemsconiidérable, parce que cet 
Empereur ne mourut qu^en 45; y* Mais à parler fincèrement 5 ni les imsniles 
autres ne fauroient établir une époque certaine de ce fait. Ce qu'il y a de 
certain, c'eft que les Vandales gouvernèrent ces Ifles pendant longtems , a-^ 
près lequel elles tombèrentibus la domination des Mahométans d'Afrique , 
Eannée 7985 feton le fentiment de Zurita^ fous le Règne d'Ozmen ûl$ 
d'Abdérame 5 . après la mort duquel ,. Aliàtan fon fils cadet 5 ayant feit 
mourir fon frère aîné Omar 5 fut reconnu pour Souverain de toutes les 
Efpagne^. 

Ce Barbare 5 dans le dèffein d*àcroître la- réputation & fon pouvoir, en* 
Voya une groffe Armée à Mayorque, pour achever de s'y fortifier par le 
nombre de troupes qu'il y débarqua en 801 ; & oe fut pour lors que laSedc 
Mahométane fut introduire dïms ces Ifles, mais heureufement elle n'y jetta 
1^ de profondes racines; car Dieu ayant Muté en ce tems-là Charlemagno 

JRoi 



j 



ter ..D:ESCRI?TIDN et DELICES. . 

Is^Es Bà.-Roi de ; France & Empereur: d'Otcidént, pour être le fléau des Hérétiques 

iua£s.. ^ des ennemis du nom CJiïéden, ce Prince enwysi mie armée confîdéra* 

hle contre iAHatan 5 laquelle ayant rencontré celle des Infidèles fiir la Côte 

de Sardaigne^ la défit entièrement, coula à fond-ir de leurs Galères 3 

&Te. rcŒïdit vidojôeufement aux lues Baléares d'où eJle.dîaiTa ces Bar- 

Après la mort dé Charlemagne:, la fottvecairieté de ces tAeS; apfwtint au; 
Roi Bemardy fils de Pépin.,, lequel ylaifla pour GcitfTerneur ie: Comte Ar-, 
mengol d'Ampurias, qui défit une Fiottè confidérâblejdès Mwres entre les 
Illes de Code & de&irdaigne, .& procura la liberté. à 500 Efclayes. Chré- 
tiens qu'ils faifoient gémir fous le poids.de leurs chaînes. 

On neTait ipas prédféirient en quel tems les Maures feutrèrent en poffef^ 
firai des Ifles Baléares. Peut-^jêtre fut-ce en 807 , lorfqtt'-après être fortis de 
la Terre-ferme d'Efpagne, ils firent des courfes dans là Méditeiranée. Ce 
qui eft inconteftable, au rapport de Damétô après Bléda, c'eft qu'en 8 J7^ 
ils étoieht maîtres de Mayorque, & qu'ils s'y reodirent fî^puiffans, qu'en 
98^ ils fe virent en état d'entreprendre la conquête de la Catalogne , fe- 
courùs par les Habitans de Lérida, de Tortofe & de Taitâgoije*' \ 
. Au bruit d'une telle entréprife^ Don BoreUo Coi»te de Barcelpne & d'Ur- 
;el 5 ralTembla tant de troupes qu'il put pour s'pppo^ à f irjvafioa de iès 
îtats. Mais Dieu permit qu'ayant joint les ennemis près du Château de 
Moncada, dans la plaine de Matabous, il perdit la bataille dans laquelle 
plus de joo Chevaliers Catalans périrent fous le glaive des Infidèles. 

Cette d'ijgrace ayant obligé le Comte à iè retirer dans Barcelone avec iès 
troupes, les Maures l'y fuivirent, l'y affiegèreipti & le premier de Juillet de 
l'année pSiJ, ils fe rendirent maîtres de. la pl^ce après nx jours de liège. 11 
B'éft pas permis de dire les defordres qu'ils commirent daa^ cette Ville in^ 
fortunée. Tout ce q«e la. fureur & la rage peuvent infpirer à des Infidèles 

contre des Chrétiens fut mis en ufage. 

- Après avoir mis à feu & à iàng tput ce qu'ils trouvèrent dans la Ville, 
Ms.allèrent fondre fijr les autres endroits du voifinagc, où ils, laillçrent par- 
tout dès marques langlantes.deJeur barbarie: fqrquaijlfaut remarquer avec 
Daméto>qiie les Masures de Mayorque parurent bea;utoup plus cruels que les 
autres quiétôient venus d'Afrique. ^ 

Le Comte s'étant vu prelTé û vivement dans Barcelone, en éto|t déjafor- 
ti avant que les ennemis y entraflent, prévoyant bien qi^'il y auroit péri s'il 
y fut relié. - Dès.qu'ilfevit en liberté,; il aflembla les principaux Seigneurs 
ae fes Etats;.& après une mûre délibération , il fut réfolu qu'il demande- 
roit du fecours à Lothaire Roi de France, & au Pape Jean XVI, félon Pal- 
mérius, ou bien ^ Jean XVII, félon Platine; mais voyant que ce fecours 
tardoit trop longtems à venir , il fe détermina de joindre environ 900 hom-^ 
mes de bonnes familles des montagnes de Catalogne, auxquels il accorda 
de grands Privil^es,, les încorpor-a- dans le peu de troupes qui lui reftoientj 
& mit le iîège devant JBarcelonejL qu'il preffaavec t$mç de valeur qu'en moins 

' " * d'uù 



""1 



D^ESPA^GNS ET DE POEiTUGAL. 

tftœ mtfis il s^cn IrènditJr maître , ! après quoi il reprit fiir les Maures tdUteShus Ba-' 
lesPîaêesque ceaBarhflrcs;aviarenfcccai<}miès*. ^ . , lea*e«- - 

Les Catalans ae jouirent pas longtems du fruit de là Viâoire que leur 
Souverain avoit remportée fbr fes ennemis. Au contraire on peut dire 
qu'elle leur devint plus fatale .que la di%race qu'ils avoient efluiée quelque 
lems àuparfcv^t: car lès Infidèles ouficés de^e voir chafles d'une Ville auifi 
forte qu'étoit Barcelone > par-» un fi petit nombre de trowpes, réfolurent dg ■ 

récouvcer leur gloire à quejqile prix, qiife ce Mt ^ 

. Pour cet efl^ ils api^ellèrent de flcruveau à leur fecours les Habitâns cÎq 
Lérida, de Tortolè & ae.Fraga, & réaffiegèrent Barcelone avec tant de fu^ 
rew, que le Comte voyant qu'il n'y avôit pas moyen iï^Gn empêcher la pri-j 
iè, prit la réfblution de fortirde la Piace à la tête de foo hommes , & cfab 
kr attaquer lès Ennemis dans leut Camp ; en quoi il fit paroître beaucoup 
plus de valeur que de prudencf > ou- à jpeine en fiit^-il venu aux mains;, qu9 
lui & tous ceux quiiraccompagnpioit turent tués. Ce trifte événement en^ 
Hi tellemiçnt le courage & l'ijQiblence des Barbares, que pour inipirerplus 
de teireur aux Habitans de Barcelone^ avec des machines de guerre^ û^ 
jettèrent la tête du Comte dans la Place. . : ... > 

En 10$ 85 Hait Dw de Dénia & des liles Baléares , tout Infidçfe qii^il h 
toit y fit don à TEgHiè de Ste. Croix de Barcelone de toutes, les Êglii^:du 
Royaume de M^yorque & du Duché de Dénia 9 pour être à perpétuif 
lé fu jettes à la Juridiftion de l'Evêque de Barcelone, voûtent &. çjltçn- 
dant que tous les Clercs , Diacres & Prêtres de ces Eglifes , depuis le 
plus jeune jufqu'au plus vieux, lui fuflent fournis; & toçnaçant de la cOr 
1ère de Dieu ceux qui iè rangeroiènt fous la Di&iplinede quelque autrQ 
Evêquc. ; 

* Une tdie donation Êiite par un Prince Infidèle > fit raifbimfer bien dumonr 
de : les uns croyoient qu'il étoit déterminé de le faireJChrétiea: les autres s^i^ 
maginoient que c'étoit un piège qu'il tendoit aux Catalans; mais les uns & 
les autres fe trompèrent; trar quoiqu'il fît toute fa vie profçiQion ouvert 
té de la Religion Mahométane , il ne retraâa jamais la dqnation qu'il 
avoit faite , (ans en tirer d'autre avantage que la gloire d'avoir confi- 
dérablement augmenté le nombre des Diocdains (fe l'Evêque de 3^r*- 
celone. . 

Armengol furnommé Gorp 5 étant mort > fbnfils appelle comme lui A rr 
mengol^ voulant imiter la conduite de Ion père , qui par (a Vialeur ayoit.qonr 
qui&fiir les Maures la Ville de Blaguer, & dompté les ennemis de l'Pglil^ 
i^ù infeftoicnt fes Etats, réfoJut œ. conquérir les Ifles Baléares, m*is cç 
généreux Prince trouva la mort , là où il e§)éroit de cueillir des Palmes ; çaf 
s'étant préfenté devant Mayorque avec un affez bon nombre de troupes, A 
y fut tué^ aufTi bien qu'une bonne partie de ceux qui Py aVoientjurcom- 
pagné. 

Un Auteur moderne a prétendu prouver ijtfArmeingDl Tut. tud dans un 
paîs qu'on appelloit Mayeriique, & non paS-M^yorgUejmUis ûon'ip preflbit 
/ Tome IIL * L ' de 



8i ..DESCRIÎPTaaN Bit DE LICE ST' :: 

IsKU B^- de^dttt «n quâle ^attid'du Môncbieft^fif^eéç ixCoatarée^q^'A appelle Ma)«ni^ 
^tAWç. Jca, il fe trouverait fort embaraffé «pour fiitisfiûre àkciiriolké de'pduiiqaihil 
ferait ^tte qi^on, ^uii^'auciu GéogTaphp ne s'eft jamais^ a?î& de la dé- 
crire i aipfî je' crois iqu^il eu plus ^ de fiâvre l\)pinjrai deOnrbonçl y de Càv 
taliûi, &<le^^^^^<ui> qlieçefledecetAufeur. : , :; i ! v 
i ' Par tant 4» yiékoïtés^ î lo pobvoir des Mau^éi étoit deveàiiiiî Formidable ^ 
^ue te» €otftStdte.Cia3ilfigne^ de Frov^ 4'kalîe étoidnt contiiiudlie^ 

ment expofées aux infultes de J»u» FlottCT:^ jSc la Chrétien|Cé''fo«iifroit ccm-f 
fidêi^emèht par Je^nonibréde Captifs qii'ils faifoient. tous les jonrs ; c^cfli ce 
qui obligea le Fapc Pafcfaal II y Tofcan de nation ^^^ d'exciter les Pifane à en* 
tré|)Fendre 1^ ooimête desrliks Baléares ^ z&t\ de k» purger de ces Barbares 
qui pourftriv^iefié û ^rueUemdnt le nom» Chrétieû. - 
^ LcdMicKationpilaiSottVierain Pontife furentfî eflScaiEres, qi^à peine fe troa^ 
ta-t-îl ufi (èitf homme dans soute la République de Pife oui ne s'emprèfl^ét k 
pretiâte les armes pdur contribuer à cette glorîeuie expédition; œ quidoq^^ 
iia otcftfîon aux Uujois d'aller (àccager la ville de Pite^ tandis que iës Ha^ 
bkstm éto^nt occupés contre les. Maures. Mais les Florentins faifiint fbffi^ 
ce de bops voifins , s'oppoferent vigoureufëment aux eiitnéprilcs des Lacoi% 
dcUed forcèrent k Ibçttre bas les armes^ & à fë retirerai n'étant pas^rxiïbn- 
batdé^que tandis que'leure ennemis employoîent touti^ leurs forces îconbe 
les ennemis communs du nom Chrétien y ils employaient les leurs à ravaiK 
ger leur Païs/ - 

Cependant lesPi^ms étant arrivés- aux Côtés des Baléares > les affilèrent 
vigoureuftm^t ^ & pendant fix mois que dura le ilèg^ , il n'pfl pas de mau^ 
ftuxqueU Us ne iè viflecit expofé^ Dans un^ bataille qu'ils livi^eat aux In^ 
fidèles^ le Roi de Mayorque fut tué 5 & la Reine Ion Epouiè & un fils Qu'il 
aVolt, fûreiit faits pnfoiiniërsy & conduits à Plie ^ ûiile.filsfut.baidfiè dans 
PEeUiè Cathédrale, de. cette Ville. 

Pifàns 6'étant retirés chez eux comblés de gloire y marqt^ent aux 
Florentins la reconnoifiance qu'iksiavoipnt du ièrvice qu'ils leur avoient ren-» 
dU) prenant lent* défenfe^ Contre les Èucois^par le pr^nt outils kur fî*^ 
rent'dô deux Colomnes de Porpbire qu'ils aboient apportées oes lAes Ba^ 
iéai^) le%ielle6 furent élevées devant l'Ëglife de S, Jean xie Florence. T 
On voit encore k Pife deux fbmptueufes portes de Bronzé^u'ils enlevée 
t&[ii aux Maures, qu'on regardera toujours comme un monument éternel 
-delà valeur âc du zèle de ces Nobles R^^blicains, auffi bien que Tlnfcrip^- 
%ion Latine qu'on lit dans f EgUfe de Saine Vidor de Marfcille , où un vent 
'«^ntraire les obligea de^elâcher> en^s^en Ktoumant chez eux: £a voicila 
t^îneur. /. ; •• i. •• ^ ^ ' ' ' . ■ ' 

Terbi Incarnai ^ rkgine mlk per'a^is 

Anmspq/l centum bis quatuor connumeratis ^ 

Vhicire Mijoricas €br^ ftmtatn hùimcas 

Tentmt Pijam JliaiHmeH JRjeaia prit^àni.. 

Marte 






TVrrtf dejirutta C/affis redit aauore 3uaa. - ^^^^^ 

■ . ^ finml mldùauf', nt ttfrÈ^f g^ia IfWtmx ... ' 

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Par cette iJniçriptioA, ;q«ej'ai cr» êçre oW^é de Eai^>ortCP toute entîèrç 
ppfir r^ifier r<époque;de cçi événement mèsBf)i^ earanf 

née 1 1 173 on voit clairement qu'il arriva en i io8. . . f^i^j 

. ; iQ^iei^pe les airm^ <k Pi^j^euiTeat: été fatale^ anx Barbares ^ elles Qe.les 
ayôia&t • pas teUeoiei^ aUbacus, qu'ils ne Fnfleat eiKqre^ea état-de faire^d» 
DOtt¥€^8 iacUjTiÎQns fur les Coiies de CaiUk)gnQ 4si de Provence ; ce xjuf ranî^ 
ma. le pMns^ da Comte J[)on Raymond Bérei^g^ lU ^ de ce nom ^ mari di» 
I)ulce4liç.<ë P^^ft Çon^te de Provence^ liequel daœ le deflein de veii^^c 
ta, iî>ort 4u Comte d'Urgql',) ^ d'étendre il'Ea^ë 4ejla Religioii. Owètiçp; 
21e 5 ^ (|étermina à aller attaquer Tlfle de Mayorque^ ^ cpmroe ^^ ce ten^st 
ià ks Piikûs avoiçntde puiilantes forces maritimes ^ <X)mme iïparp}|; f^v q| 
«ue oous venons de rapporter , il alla en peribnne il Pife , j^our îç^r dona^ 
cer dq (ecours, aoàl bien qu'aux Cénois , deforteque ces deux Républi^ief 
étant confédérées avec lui , ils allèrent tous de concert attaquer les Maypr^ 

Ce Prince emmena {iveçlmkC^i^ted-^^ fils^c^oelui.qjiii ayo^t^t^ 
tué peu de tems auparavant à Mayorque, le Comte de Cerdaignçg leQoip- 
tedeBôfiihi) & le Compte d'Am^iag.. . .. ^ i ^ 

Le Comte d'Ur^el étoit accompagné d'Ôiivîer de Termens,^ de Pqhg^ 
de Ribelles ^ de Galcéran de Puiguert^ de P^lMice Duluge> de.Gui/Hauinft 
^ Seatiti» de Guillaume de Lentorn, & de pi^jOburs autres peribnnesde 
marque. . , . •• 

Le Comte de Cerdaiene avoit ibus fon commandement Pedro Galcérai) 
de PifîoS) HugueB de Mata Plana., Guillaume Durch> BeËtrând de Meçh> 
Bérenger Dager^ Bernard :de Ca£ui6t ^ & Pedro Daragalli avecpkifieur? 
autres Seigneurs. - > 

Le Comte d'^Apipurias avt)k Ibus le fien , Dalmas Vicomte de Rpca^ 
b^ti^ Jofré d^ CruiUasy GQilia^me de Vâla-Dénuls, Galcéran de Sar^ 
ria y Aiémani de Tpxa > Bernard 4e Torrelk) Simon <îe Vall-Gornoé: 
ta, Guillaume de CréxeU, avec plufieurs auûros gens de diiUnûion de fon 
Comté. 

Le Comte de Bé(ala avoit à là Aûte Hugues, Comte de Béfaymar> Ber^ 
nftrdde Béfanta, GuilJaiime.de §alas, Raympod de Pw^rdiguer, Ber* 
nard de Torella, Guillaume de Sagara, Jean Canals> rédrp AliéiOEianîi 
GttiHaunie de Villa«nota ^ & aiutçes Volontaires. 

La Ou- 



1 



&4 DBS en I P1^ ION Et 4>È Èi GË à '^ 

IîiisBa* Outre cette Illiiftre Noblèfle, <}i?i recbmibiflfoit pbii^ Chefs le^cjUatreSel- 
itAREs- eneurs dont nous venons de parler ^ l'Armée fût grolSîe des Seigîieurs qui 

Gafton de Moncada, CkHHaume Sénéchal de Catalogne i GéraudAléma- 
. ni, Guillaume de Cervérâ,* Guillaume Raymon de CerveHon,» Bérenger 
d'Eril> Guillaume Càpértéirâj Bernard de Gentelles, Èérénger de Sen- 
manat. Ponce de RéxâdéM,'' Raymond de liguera, Hugues de Rofans» 
Albert de Caftefvi, Pedro de Lorda^ Pedro de Liirtbeù ^ Barthéléiùi de 
Villafranca, Galcéran de Çaldes, Guillaume de Plégamans^ Raymond 
de Blanes , Gàfcéran de Cartalla , Pedro JDorius , Bernard -de iiarria > 
Raymond d'Ôftalrich 5 Guillaume de Caftelbel & Pedro de Cartel- 
Bisbaî. . , . ' - r ' 

'/Cette jftoriflahtô'Ai-mée s'étanfc embarquée dans des Vaiffeaux bien équi- 
^Sj^débarqua dahs flflè de Mayorque, où elle trouva une vigôùreufe ré* 
lîfl^ce au cèmmétiCèhient de la part des Habitans , dont les uns fè fortifié- 
rentdàns des Châteaux, & d'autres grimpèrçnt ftirle plus haut de* Monta- 

§"nes^ efpérant de laflêrla confiance de* Oirétiens; mais ils furent- fruftré* 
ans leuPefpéfâfléèf 'car quoique lé Siège de k Capitale fut fort lotigi Sdré 
fenglarit 5 & qii • lirié bataille qiùL le donna, fût quelque ternis douteufe, les In-^ 
fidèles furent forées de fe rendre; 'A la vérité les Catalans y perdirent quel- 
ques jSeigneirrs de grande diftinftiôn 5 & entr'aùtres le célèbreDôn Raymond 
Evêqi^ de Barcelone, qui avoit donné tant de marques dé zèle pour façon* 
^ête de ces If les. 

Marinée Sicule, & Tomich, affurent qu'après que le Comte eut con^uî^ 
nfle, if eut rinefUmatiîte bonheur de conquérir tous les Hàbilaiis à la foi^de 
Jéftis-Ghrift. ^ . : • ' 

Parmi ceux qui fe fîgnalèrent dans cette entréfirife , Don Gtnlfaume Sè^ 
néchàl dé Catalogne, ce Raymond Dapifer, du^id aefcend riUuftré fainiL- 
k de Moncadai y acquirent une gloire imtoortelfe; • ' \ ' ■ 

Fendant que le Comte dcBarcelcmegoucoit k longs trdts les fruits de la- 
gloire qu'il avoit acquife, par la prife de Mayorque,. & d'une grandé.par- 
fcié dé rifle, il apprit que les' Barbares* mettoient à îèu &'à' fting tousfesE- 
tatsy & qu'ils tenoientafliegêelarViflede Barcelone; Il nMût pas plutôt 
reçu cette fàcheufe nouvelle, qu'il la communiqua aux Prinfcipaux de fon- 
Armée 3^ qui conclurent tous qu'il devoit prendre , fans difîérer un mo-» 
ment, la route de Catalogne ^ur réprimer Paùdaize de ces* Barbares, fans 
pourtant abandonner lé delTèiri de répaffei* à MàyorqUe*, dèS' qU^il \p poùr- 
- toit, pour foûmettre à fort Errtpire çe^'qiiî'reftoit^ à tonqtierir de l'ifîe; • 
^ En- partant ilconfia auK'Genoiis lé commandement de ce qu'll'avoit dé]^ 
conquis; & pour ferrer de plus en plus le nœud qui l'uniffoit avec eux , il 
teur accorda les Armes de la Ville dé Barcefone', qui fbntune Croix de Saint: 
George dé gueules, avec permiflion^dè prendre* le npm^dudnêmeSaint dan* 
fcs^ batailles^ - '\' 

Cela.&itx ils'èmbarqiia-'^arunvéptfâvôfabïei'&pri l'ém- 

liou-- 



w UX 



D^ESPAGN'E ET^DEI/PD'RTUGAL- E> 

lïanchiire de Lotu'égat & de Caftel de Feb, où' il nefaCpas plptôt arrive IslesBa 
que les Maures intimidés par le bruit de (es armes, levèrent promptement ua&ës* 
le fi^ de Barcelone. £é Comte les attaqua dans le tems qu'ils fè reti- 
roient de devant la Place , & les chargea avec tant de valeur > que les 
JlHloriens de ce tems-là, afFurent que le Lobrégat, reiiouvellant ion an^ 
cieii nom de Rubricato^ vît iès eanx teintes du iang des Blarbares. 
: Comme il n^eft point de proi^rité dans la vie qui oe fbit mêlée de quel- 
que amertume , celle dont jouïflbit le Comte de Barcelone ne fut pas de lon- 
gtie durée ; car à peine iè vit-il vainqueur des Maures , qu'il apprit que les 
'Génois, en qui il a voit une entière confiance, avoient vendu la Ville de 
^ayoraue: aux Infidèles, ceqlii Pirata fî fort , qu^ Marinée Sicule aflxHre 
au^il oraonna à tous fes Sujets de haïr & de détèfler pour ^ais imè Nation 
«'perfide^ - .' .- . 

:. iÇe fâcheux ^événement f obligea de reparler en conte diligence à Mayor- 
3qwe y où il ne fut pas plutôt arrivé que les Maures Te rendirent fans aucune 
léfiftance; deforte qu'il s'^en retourna k Barcelone comblé de gloire & ac-- 
compagne d'une troupo innombrable de Chrétiens que les Iniidcles tenoiehJt 
xaptifs depuis longteois. Le Pape Paichal y au nom de toute la Chrétienté.^ 
le remercia du bien qu'il avoic fait à F£glife dans cette ei^pédition. La Bulle 
de ce Souverain Pioniife eft dattée du 2 1 Juin iiiô*- 

Cependant les liles Baléares retombèrent quelque tems aprè$ an pou- 
voh- dgs Barbares; ce qui détermina» Don Raymond Bérenger Comte 
de Barcelone & Prince d'Arragon à prendre les armes pour» domp-- 
ttr cette vile canaille; &.€ommei)n?avoit ^^as de&fc^es fumiaûtesi pour 
cela , il iit une Ligue avec le Roi de Navarre , par la médiation d'Al* 
fonfe Roi de Caftiile fon Beau^frèie , aptes quoi il mit une goiTe Armée fur 
pied. 

Parmi ceux qui s^y diflinguèrent le plus, lUifloire fait mentioa d?Ar- 
mengol de Cailille , Comte d'Uvgtl , & fils du Comte Armengol , die de 
Mayorcfire,. da SénéchatDon Guillaume > Raymond deMoncada, deGuik- 
tourne de Cervellon,^ de Gilbert de Centelies, deRaymohd de Cabrera, 
Seigneur de Monclus , de Guillaume Fokfa , Vicomte de Cardona , de 
Guillaume d'AngléfbJa, de^^ Ponce de Santa-Pau y de Guillaume de Clarat- 
mQnte,^d'Hugueade,Troyes5»de Gaslcéran de Pinos^^ de Pedro de Belloch^ 
de Guillaume de Médiona, de Bernard de Tous, de: François; de Mono- 
hof^y (te Pedro* Raymond^ de Copôns^j/deaGulllaume. Tallnanca, de Ber- 
nard de Plégamansv de Bernard Desfâr^ide- Bérenger deiSehmanatf^^è 
ViSiaL de Blanes^ de Pedro de Pelfol8.> de Bernard Dorius &de jéan de £^ 
néda.. . ' . . ' 

En même tems:^ c'ellrà-dire en 1147, TArmée dès Génois î «arriva à. la 
Plage de Barcelone, pour s'incorporer avec celle du Comte, auxquels il 
f^Eomit de partager avec eux toiït ce qu'ils préndroientfiir des Maures: ce 
,quifeAïble trontredire ce qui a' été dit de là. perfidie de ces Républicains.^ 
Quoique danb le fonces il n'y. ait pas une contradiâioa manifeile>> pacce^qoe 



« .. DBSCUIfTmN ET DELICES ^ 

t 

^ Istss BÀ Je :Ggii^ {Voinnit U&t léuf avpît ^arâobné kujc filutS) &^'â:re' raccotnmo^ 

Qfioiqtt'ii CB fi)k) iouK forces coninviaes fe téuaireiit pour la conquête 
des Baléares 9' mais à la iîa^ «près tattt de prépantîTs^ cette gifanâe entrée 
faàfeécboua) & leiGcmtetbui-n^ fes armes iionUic les placer ki'Alinéria& 
de Tortofe) fi bîea que les Mafires decoinirèrefit tranqnilles! dans tes iiles 
£alé^ms jufijn'ea.i 178^ (fi'il prk envie à Allbafe 11» Roi d'Arragon» dé 
les aller attaquer. 

Pour faire réuiTir cette entréprUe^ im certain Capitaioe de grande r^-- 
tatioa) appelle le Corate :13cm Âlfooie» lui oi&it Its Galères & la Flotte de 
GuiUautne Koi de Sicite ^ k. coiiditÎQn qu'il lui cederoit la moitié de» testas 
jqui fôToieiMt prifes fiu* les Infidèles;. .. , . . 

Mais tous ces grands projets s'en allèrent en fumée ^ de même, que ceut 
^ueibrma Donrédro £)niHs &fi3nSucce(r6tir> lequel alla à Rome pour 
-^ ùkc couronner par les mains dili Pape IniuDcent 111 ^^ faire alliance avec 
les Se^euries de Pifè & de Getieti par k Miniftàre do SouverainPontiâu 
lilais fon Voyage n'eut d'autre fijco^ que de fe faùre oouroniter par le Pape» 
àcondytttôn que le RoyaunK d'Axra^on releterdit . du Saint. Siège 9 four» 
Atale dfc irhagrins pour le. Roi. Don fêdco Petit-iiis d'Alfonfe. La gloire de 

S^rter le coup mortel aiu Maures ^ & d'unir pour toujours le Royaume de 
ayOTqœ à la Couronne d'Arragc^i étoit rcfervée à Don Jaime tils <kRoi 
DonPédro^ comme nous allons Toir. 

Dom laîme ^ . ou Jaques., fils de Don Pedro Roi d' Arragon , dont noœ 
venons œ parler , £c de Marip iiUe de Guiiiaiime Seigneur de Montpellier^ 
& de .Matiide de Manupl Souveraine de Gonftantinople , vint au monde 
uvesL toutes les vertus qui peuvent <re(idi«i Un. Prince recommandable. Sa 
naiffance a quelque cholè de il lîngulier , que je ne Ikurois paiTer outre iaas en 
-dire quekpie diofe.; 

Le Roi Don Pedro fon Père, fâché de s^être marié, avec une Princeffe qm 

if étoit! pas fiUe de Roi, qiioiqiiâ par fon rare mérite,, clk fut digne d^occil- 

|3cr.k premier Tfarône du Monlde^, ravoit réptidiée^ &t s'étoit iivnè honteu^ 

éèmenc aux diarmes d'une Dame de Montpellier ,^ d^t il étoit padilonnéf 

ment amoureux. Lai Rjdne inconfblable de (è voir abandonnée pour une 

Goortifàne^ fbufiroit impatiemment â.di%race, eipérant que Dieu. toucho^ 

-roit le cœur du: Roi ibn £poux* i . 
\ Dans cette ei|>éra]Ke|;.Zurkaditt|u^an Grand d'Arragoni^ appôllé,DQiL 

Guillaume d'Aloalai, troicva lelmoyea de faire voir iécretement le Roi Se k 
Rèine^ & que de cettd .eidareviie.lècFête^ la Reine comçut kt Ptince. Doh 
Jaime dont elle accoucha à Montpellier dans la Maifon d'un Seigneur.de k 

V iHe nJmmné Tociiafltare § k prénrier février de Tannée 1 208; . 

Dès & plys tendi^ijeimefTe d fit paroitre une vakiiir, intrépide, & un dé^ 
fir extrême d'étendre l'Empire de téfîis^Chrifl^ ea extermiitant ks M«urep 
des lâds ^éaresj Dieu qui^s'interefroit dans les eotcéprifes dé ce iPirincë'^ 
loi fiuwnit-une oocaiioa d^r. attaquer ces Barbares |u£}iies dans ki}rs rei- 

tran- 



D^ESPAXiNE ET DE PORTUGAL. f? 

t^s^fiemeni^ en pdnnettant cpa àtsax Vii^kàsa Cantlao» zy^x^ t^tfyxtrbi^tsBA^ 
ttë ime Tartane 6c une Gèlera du Roi de RéUbolù<fea o» mliibe feîoi^LEÀUc^, ^ 
^tt^Ique&.Auceurs^ iRoi de Msi^OD|aCv priceol: Ja Taitane>: & jIa Calère s'é-^ 
tant fauvée à force de rames, alla porter au Roi Maure la aouvejlc de cetto 
prife; ce qui Tirrita C fort , cjtfilfit arrêter par reprelaiUes un Navire Bar- 
éeJono» , ^i qitél(]iie tcios après 'parut fhr les Côtes Baléares^, çhftt^ dsi 
ridiez Nto-ckartdifësi Peu de tems après > il fit prendre un a«tre Vaiflçau 
Catalan qui pafToit près d^Yviça en allant ^ Ceuta« . ^ 

*; Lés Sarcelotiois outrés de la perte de ces deux Navires, ^ dc.piufiçurs 
kifukes qu*îls éproovoient tous ks jours de la part des Mayorqiiins , en por- 
tërcftt letir« plainces'au Roi; ce <fui l'obligea d'envoyer un Ambaffadeur aij 
Roi Maure pour lui demander la reftitution des deux Navires, & une répa- 
ilation dies mauvais traiteînens que les Catalans avoieot, reçus dç 1» p^rt dgt 
feB Sujets. Mais k peine rAmboflàufeiur eut-il cxpofé fa dçipaude de la part - 
du Roi fon Maître, que le Mayorquiri hii répondit arrog^nimeot,; JJiequef, 
Rôt me parles-tu-Iàt Siirquoi rAmbaffadeur hii répliqua* lèrement, Du Roi 
fArragùn appelle Don Jaime^ fils de Don Péé'Oy qui dans fa mémorable Ba- 
taille de las Nanjas de Tohfa^ tailta en pièces une nondnreufe ùd^rméf de votive: 
Nation^ Une réponfè fi peu attendue , irrita fi fi^rt le Roi de Mayorque^» 
que peu s^en fallut quil ne violât le Droit des Geo») ' ^ mettant M maia 
for rAmbafladeur. ' / . ' 

Defclot afliire que la caufe dé Parrogance de «e BaHiare , veooit de cç^ * 
qu\m Génois qui trafiquoit en ce temfi^-Ja. à Mo^^orque, ayant été interrogé 
par le Roi , fi le pouvoir du Roi d'Arragaa étoit fort ^xf^x\à^ âcfî pour nç 
pas' Faigrir davantage il ne (erbit pas à propos de iui rendre fesdouis: N^yi*. 
yes , i! lui répondit au nom de tous fès Compatriotes , de$ Pîfans & des! 
Provençauk quiétoient dans Hfle de Mayorque,qu^ilne devoitpas craindre, 
FArragonois > puiiqù'îl n^avoit pas pu feî rendre maître, du Château dç* 
Pénifcola , quoiqu'il fut fort petit. Mauvais confeil cjue Pavariçe du Génois 
fit édore, & qui fut la caufe fatale de fbntière ruine du Roi de Mayor- 
que. 

L^Amba/Tadeur étant de retour à Barcelone , . reiKlit un compte fidè^ de 
fit négociation au Roi (on Maître^, ce^i le. piqua fi fort, qu'il réfoluç ^ 
détrôner le Roi de Mayorque : & quelques Hiftoriens aflurent qu'il jura fg^* 
kmnellement de ne pas abandonner fon entréprife , qu'il n'eût faifî fon en- 
nemi par la barbe. 

' Dans le tems qu^l forma ce deiTéin, il tenoit â Cour à Barcelone y o£i 
étant un jour accompagné de Nuflez Sens» d'Hugiles Comte d'Anjpurias, 
de Guillaume de Môncada Vicomte de fiéarn > . de Raymond de MonCada., 
de Gérâud dé Cervellon, de Raymond Alémani, <fc Guillaume, de Clara^ 
cx<>nté, de Bernard de Sainte Eugàiie, & de la plus grande partie de la 
première Nobleffe de fès Etats, un des principaux Habitons ae la Ville, 
appelle Pédro Martel , Tinvita i dîner avec tous les Seigneurs de fà Cour, 
Etant à bble dans un Salon dont la vue s!écendoit fur cette partie de M 
•: ' ' Mé- 



88 DESCRIPTION ET DELICES 

IslesBa- Méditerranée qui renferme les liles Baléares , on iè.mit à en parler. Péfibro 
1EAUE& Martel expéritticnté dans la Navigation , & qui favoit mieux que tout au-. 

tre ) combien il impoftoit à 'toute la Chrétienté en général de conquérir ce» 

IfleS) parla au Roi de la forte: 

^ QI R E 5 Nous recevons tous les jours de la part des Corlaires âes Mes. 
55 iJB^éarési que nous: appelions communément Mayor^ue & Mnâr-- 
,5 ^ucy des préjudices notables , non feulement en Mer, mais njême fur 
ij Tei-re, & dans nos propres maifons, qu'ils ravagent par des couifes fré- 
55 quentes; deforte que le Commerce floriflant que nous faifionS autrefois 
5, -avec les Nations Etrangères, eft prefque entièrement interrompu. Ou- 
33 tre cela tes autres Africains, ennemis capitaux du nom Chrétien, le ièr- 
^, vent de ces Illes comme d'^un boulevart inexpugnable qui les met à Tabri 
3, des coups que nous leur pourrions porter, &leur facilitent les. moyens 
„ de Faire des incurfions dans notre Païs. Qiiels avantages ne retirerons-, 
„ nous pas de ces Illes, C nous nous en rendons les maîtres? Elles font 
„ abondantes & fertiles en huile , en vin, en bled, en fruits, en troupe- 
3, aux. La Mer qui les environne fournit d'excellens poiffons. Il y a de. 
„ très bons Ports. La plus grande, qui pour cette raifon eft appelléc 
5, Majorque^ eft fi heureufement partagée de tout ce qui peut contribuer 
„ aux douceurs de la vie, que dans les fîècles paiFés , les Grecs, lesCar- 
„ thaginois & les Romains employèrent toutes leurs forces pour Taffujettir 
„ à leur Empire, & dans des tems moins reculés, les Ayeuls de Votre Ma-. 
„ jefté lui frayèrent le chemin pour aller attaquer les Barbares qui Phabi- 
i, tcnt , eftimant qu^il étoit impoflible d'établir la tranquilité dans leurs 
9, Etats, tandis que ces Infidèles auroient la liberté de nous venir harceler; 
„ deforte. Sire, que fi vous entreprenez de lesabbattre, vous rendre^ 

^ ,; un grand fervice à toute la Chrétienté en général, & à notre Patrie en 

* 3, particulier. 

Ce difcours fut fi efficace, que te Roi Ikns plus différer, convoqua toute 
la Noblefle de fon Royaume à Barcelone à la fin de Décembre de Tannée 
1228, pour le liiivre k la conquête de Mayorque; & après que tous les Pré- 
lats, les Grands & les Procureurs des Villes fe flirent affemblés, il leur par-* 
Ja en ces termes : . . 




53 

53 

„ mer Tinlblence des Barbares, qui tant de fois fe font déclarés les enne-^ 
,, mis de ma Couronne, & vous ont fait Ibuffrir tant de maux, je vous 
3, exhorte au Nom du Seigneur dont je défends la caufe, & par le refpeû 
„ & robéïffance que vous me devez , de m'accorder trois cliofes. La 
„ première , de m'aider de vos bons conlèils. La lèconde , d'éteindre 
^, le feu de la divifion & de- la.difcorde parmi vous, .afin dC; laiffer TE- 
,3 tat tranquille , tandis que .nous ferojas occupés à conquérir les Ter^ 

» rés 



D^É'SPAGNÉ Et DE PORt'UGilL. g^^ 

^ Tes d'autrni; & la troifîème, de faire tous vos efforts pour me Fournir des IslesBa- 
jy fonds capables d'entretenir nos Armées , moyennant quoi 3 j'eipère en la leakes.^ * 
55 bonté de Dieu que nous triompherons des Infidèles ^-Sc que nous rendrons 
55 notre Nation refpeâable à tout TUnivers- 
» "i 

' Ce difcours fut applaudi de toute rAffemblée, conune fi «ne voix célefr 
te Peut prononcé. Sur-tout le célèbre Aiparge Archevêque de Tarragoneî 
ne pouvant contenir Fexcès de fa joie en voyant le Roi dans de fi feintes dif^ 
pofitions, la fit éclater au dehors par ces mémorables paroles du vénérable 
vieillard Siméon 5 Nunc dimittis fervum tuum ^ Domine ^ &ç. Etpaffantdes 
défirs aux efforts , il offrit de fournir pour fbn contingent mille Marcs d'or, 
jfoo charges de bled^ 100 Cavaliers bien armés 3 & roô Fantaflîns armés 
de Piques & d'Arbalètes ^ entretenus & payés jufqu'à la conquête de Plfle. 
Qiielques fliftoriens affiirent même 5 qu'ail voulut aHer en peifonnè anirhet * 
fes Troupes par fa préfènce; mais que ;le Roi Ten difpenfa à caufe de fon 
grand âge , & qu'à fon défaut il permit ^ tous les Evêques & Abbés foumiî 
a fa Métropole 3 de fuivre farmée. . * 

' Don Bérenger de Mou , Evêque, de Barcelone ^ s'offrit d'aller à PAr^ 
mée à la tête de 100 Cavaliers, de 1000 hommes de pied, payés & 
entretenus à fès dépens, & d'entretenir une Galère. L'Evêque de Git 
rone promit auffi d'y aller avec 30 Cavaliers & 30» Fantaflîns payés ^ 

& entretenus. L'Abbé de Saint Féliu . oflfrit d'aller avec y Cavaliersi 
Le Prévôt de Tarragone promit une Galère armée , 4 Cavaliers & fii 
perfonne pour les commander. L'Archidiacre de Barcelone offrit au Roï 
de raccompagner avec 10 Cavaliers & 200 hommes de pied payés & entrer 
tenus. , ' 

Enfin tous les Abbés , Frieurs , Clianoines, Supérieurs de Communautés 
Religieufes & Prêtres Séculiers proteftèrent non feulement de contribuer en %* 
tout ce qu'ils pourroient à l'entretien des Troupes, mais même de prendre 
les Armes , & de ne les point mettre bas que les Maures ne fuffent vaincus. 
Les Templiers même voulurent être de la partie avec 30 Cavaliers & 20 Ar- 
balétriers bien montés. 

■ Les Grands & les Barons d'Arragon & de Catalogne ne firent pas paroî- 
tre moins de 2èle ni d'empreffement que le Clergé. Le premier qui prît la 
parole au nom de toute la NpblefTe , fut Don Guillaume de Moncada Vr- 
cbmte de Béarn. Ce grand homme, après avoir remercié le Rôi du fer.- 
vice qu'il vouloit rendre a la Chrétientéren général'^* & aux Peuples 
d^Arragon en particulier, lui repréfenta refpeâueuièmènt qu'avant toutes 
choies il devoit établir une Paix uriiverfélie dans tous les Etats de fort 
bbéïffance, difant qu'il feroit inutile de porter' la Guerre dans les PaïsE- 
trangers, tandis que leurs Compatriotes iè déchireroient par une Guerre iri- 
teftine. ' ' 

^' Après cela 'il lui offrit au nom de l'Aïïemblée , que potir Tentrctien de 
rArmée, les liats lui payeroiem le Droit.de jBûr^Wrtg^r pendant tout ietems 
^ -Tome IIL M de 



90 DESCRIPTION ET DELICES 

Isî.E$BA-de la Guerre 5 [Ceft une Rédevance qui étoit due aux Rois d'Arraeon lori^ 
LEAKEs. qtfils montoient fur le Trône. Elle fe payoit à proportion du nombre d'ar*- 
pens de terre qu\ine paire de bœufs pouvoit labourer, & c^eft delà que ce 
Tribut tiroit fon nom de Bœuvage], offrant pour fa part de fournir 40a 
Cavaliers avec un corps d'^Infanterie, plulîeurs Gentilshommes de ià fuite > 
de fe mettre à leur tête 5 & de ne fè point retirer qu'après la conquête de 
rille de Mayorque. Il finit fon Difcours, en (iippliant le Roi de recompen** 
fer les fer vices de ceux qui le ferviroient dans cette grande entréprife a ea 
leur diflribuant les dépouilles des ennemis. 

. Don Nuflo de Sanz Comte de RoufllUon, de Conflans & de Ccrdaîgne^ 
& Oncle du Roi, venant à réfléchir fur les difficultés d\me affaire iî impor*^ 
tante, & iiir la grande jeunefle du Roi qui n^avoit atteint que fa vingtième 
année , tàchâ de Pen détourner , ou s^il étoit abfolument déterminé de faire 
la Guerre aux Maures, de rengager à lui confier le Commandement defes 
Troupes, Taflurant qu'aidé de tant de braves Seigneurs & de il bons Sol^ 
dats, il le rendroit en peu de tems poiTeiTeur des liles Baléares, ajoutant 
néanmoins que s^il perfîftoit à vouloir fuivre ià pointe, il auroit Thonneur 
de raccompagner a la tête de 200 Cavaliers bien montés & bien armés > 
d'un nombre confidérable de Gentilshommes &deplufieursFantairins>toua 
entretenus à fes dépens > lui promettant au furplus de lui faire payer le: 
Droit de Bœuvage dans lès Etats de RoulHilon, de Conflans & de Cer^ 
daigne* . 

Le Comte d^Ampurias aufli xèlé pow le bien de h Religion Chrétienne 
& pour la gloire de la Nation, que tous les autres, offrit 80 Cavaliers, 210 
Aroaletriers achevai^ & 1000 FantalTins entretenus ^ & fa perfonne pour 
ks commander. 

Raymond de Moncada promit de conduire 25^ Cavaliers Se pli^uis Fan- 
taÛin^, & de les entretenir tant que la Guerre dureroit. Rayoïond Bérea*- 

fer d^Ager en offrit autant. Bernard de Sainte Eugénie de Torrella â» 
longri donna 20 Cavaliers & plufieurs FantaOlns Montagnards. £a 
im mot tous les Barons d^Arragon & de Catalogne fe %nalèrent dan» 
cette occafîon ; & afin que tous les Etats eulFent part à la gloire d^àbbattre- 
Forgueil des ennemis de Dieu & de k Patrie, le Syndic de^ Barcelone offrit 
de h put de la Ville toutes les Galères, Navires & autres Bàtimens qu'elle 
avoit.' 

Le Roi touché de rempreflement que faifoient paroître tous iès Su^ts> 
leur enr marqua fa reconnoiflànce, & leur promit Iblemnellemenjtqu^il parta- 
geront entre eux tout ce (|ui fèroit conquis fur fes Msaires, après quoi ks £- 
tats iè féparèrent, &; chacun alla fe mettre en état de partir. 

Quelque .&inte & louable que fut cette expédition, plufieurs pecfônne» 
entreprirent de Finterrompre, & ce qu'il y a de furprenant,. c'feft que Jeaa 
Moine de Clani, Cardinal de Sainte Sabine & Légat A pofîolique auprès du 
.Roi„ iavoriâ h deflein de ceux qui s^ oppofoient; & comme cet événe- 
ment a quelque choik d'aflez iinguUeri j^ 1^ rapporterai en peu. de mots* 

Le 



D^ESPAGNE ^ET DE PORTUGAL pr 

Xjt Roi étant allé de Barcelone à Calatayud pour conférer avec le Légat fiirIsLEs Bâ* 
des affaires d'importance, le Maure Zeyt Abuzeyt petit-fils du Miramolin^^^*^*- 
d'Afrique & Roi de Valence, s'y rendit pour demander du fecours contre 
fes propres Sujets qui s'étoient révoltés contre lui, à caufe que le bruit s'é-. 
toit répandu qu'il vouloit faire alliance avec les Chrétiens, &; même embraP- 
fer la Religion Chrétienne, 

Quelques Anfgonois eftimant que c'étoit un occafîon favorable pour con- 
quérir le Royaume de Valence, prièrent le Légat de perfiiader au Roi qu'if 
lui étoit infiniment plus important d'unir la Couronne de Valence à hiien- 
ne que celle de Mayorque, d'autant que la conquête de l\ine étoit plus ai- 
lëe que celle de l'autre à caufe du voifinage; mais le Roi, ferme dans fa ré- 
felution, répondit qu'il avoit juré d'employer toutes fes forces contre le Roi 
dç Mayorque , & qu'ainii rien n'étoit capable de lui &ire rompre fbn fer- 
ment. Pour mieux convaincre le Légat que rien n'étoit capable de Tébran- 
ler, il prit auffitôt un Cordon qu'il doubla en forme de Croix, & pria ce 
Prélat de le lui coudre fur l'épaule pour marque de la fainte expédition qu'il 
alloit entréprendre contre les Infidèles, félon l'ancienne coutume des Prin- 
ces Chrétiens. 

Le Légat voyant qu'il n'étoit pas pofllble de lui faire changer de deflfein, 
bénit la Croix , & la lui pofà fur l'épaule , après y avoir attaché divcriès In- 
dulgences. Don Bérenger de Palou Evê^e-de Barcelone, l'Archidiacre 
& le SacriflaiA de la Cathédrale, & quelque^ Grands & Chevaliers particu- 
liers, prirent aulTi la Croix à l'exemple du Roi- 

Les Arragonois & les Habitans de Lérida voyant leurs efpérances trom- 
pées, furent fort étonnés & refuf^rent de fuivre le Roi. Cependant ce Prin- 
ce partit de Lérida & fe rendit en Arragon pour affembler les Seigneurs & 
" les Troupes qui le dévoient fuivre. L'Evêque de Barcelone alla à une de 
fes Terres appellée Querol, où il trouva Guillaume-Raymond de Monca- 
da , fon parent , qui l'y attendoit en compagnie de plufieurs Gentils- 
hommes, lefqiiels à l'exemple du Roi reçurent la Croix des mains decePré- 
^ ht. Delà il partit pour Barcelone, où il ne fut pas plutôt arrivé, qu'il 
manda fes parens ôcfes amis qui lui avoient promis de le fuivre, lefquels 
après s'être rendus à fes ordres, le prièrent de leur faire donner la Croix. 

Les Chevaux , les armes & autres préparatifs de Guerre étant prêts , il 
nomma les Chefs, qui furent Guillaume-Raymond deMoncada, Raymond 
de SoUbna, Raymond de Taya ou de Montanxia , felon Zurita, & Arnaud 
Ddvilar, tous gens d'élite. Le Comte Nuno de Sans nomma pour Capi- 
taines & pour Camarades, Geoffroi de Rocaberti, Olivier de Termens, 
Raymond de Canet , Gilbert de Barbera, Ponce de Vernet, Pierre- Arnaud 
de Montefquiou & deux Seigneurs Caftillans, des noms defquels les Hifto- 
riens ne font pas mention. GuilIaiune de Moncada Vicomte de Béarn , 
nomma pour le commandement de fes Troupes Guillaume de Saint Martin, 
Guillaume deCervellon, Raymond Alémani , Guillaume de Qaramonte, 
fiufiiies de Mataplana> Guillaume^ de Saint Vincent, Raymond de Belloch, 
^ Ma Bè^ 



5?a .î>ESCRhP"T-ION ETDELÏÇESf -" 

l^.s Ba- Bérenger de -Ccn telles > Guillaume de Palafox 3 &; Bernard de SainfeeEuge- 
ifcARii. nie 5 tous Catalans. . \ 

; .Le Roi. étant, arrivé à Tarragone la premier de Mai avec toutes fes Trou*- 
pesj ratifia iblemnellement les conventions qu'il avoit faites avec les Prélata 
& les.Grands.au fu jet du partage de tout ce qui feroit conquis fur les Mau- 
res ; & après avoir fait équiper les Navires & préparer les armes > les vivrez 
& autres munitions de:Guerre.paï les foins de Raymond d^Plégamansj la 
Flotte fè mit en état de partir. , 

. Cette Flotte étoit compofée de 25 gros VaiiFeaux , de i & TarideSa de 1 2: 
Galères & de 100 GalioteS) feifanten tout 15 j Bàtimens, fans compter 
ceux de traniport. L'Armée étoit compofée de 15000 hommes d'Infanteria 
& de 1 5 00 Cavaliers 3 lans parler des Volontaires Génois ^ Provençaux &, 
d'autres Nations qui 1^. joignirent. 

. Le jour fixé pour le départ étant arrivé 5, le Roi & tous les Seigneurs de. 
£1 fuijte ayant eatendu la Meffe dans TEgliiè Cathédrale de Tarragone> com- 
munièrent par les mains de Don Bérenger de Palou Evêque de Barcelone ; le 
refte de TArméç entendit la Mefle & communia dans, une Chapelle qui avoit 
été bâtie fur le Port à ce deffein 3 après quoi le Koi ordonna qu'on tirât le, 
coup de partance.. — - 

, Le Vaiffeau que mouftoit te Capitaine Nicolas Bonel, & fur lequel Don* 
Guillaume de Moncada. Vicomte de Béarn étoit embarqué, eut ordre de 
faire l'Avant-garde x & celui du Capitaine Çarez de faire TArrière-gar- 
de 3 &* les Galères côtoyoient les Vaiffeaux, Une Galère de MontpeL-; 
lier qui fut deftijiéê pour porter le Roi 5 partit la dernière, à caufe que ce 
Monarque fut obligé de différer foa départ pour faire embarquer fiir oe pes- 
tas Bàtimens iqoq Volontaires qui arrivèrent dans le tems qu'on étoit prêt 
a partir. 

, Oji mit à la voile un Mécredi, premier de Seprcmbre de Tannée 1 229 >, 
de grarid maria La Flotte n^eut pas fait 20 mi îles 5 que tout à coup, il s'ér 
leva une fi furieufe tempête 3 que les Pilotes voyant Tévideace du danger^ 
firent tous leurs efForts.pour obliger le Roi de regagner le Port de Tarragoneji 
déclarant qu'il y auroit une témérité inexcuiàWe de vouloir pourfuivre le 
Voyage; mais bien loin- de fe rendre à leurs remontrances > il les traita d^ 
lâches^ &. leur ordonna de fuivre leur route.. Obligés d'pbéïr à cet ordre 
abfolu y ils. diiputècent avec les vents jufqu^à deux 'heures après midi du 
jour fuivant , que la Mer fembla vouloir fe calmer ; maifi peu de temâ 
après elle devint fi furieufe > que les vagues paffoient par deflus les Ga? 
1ères. • • . 

: A la pointe du jour la tempête s^appai/a, & on découvrit TJlle de Mayor* 
jque , ce qui détermina, les Chefs à faire ahbaifler lia peu plus les Voiles , afiij 
^de n'être pas apperçus p^r les ennemis. A la j&veuc de cette bonace, oij 
^Ucha de gagner le Port de Pollença où il avoit ixt convenu qu^n débai*» 
queroit ; mais une feconde tempête plus violente que la première étant furj» 
Venue 5^ aju-lku (Je pren<lïe.Pprt à Pollegça,, on fq^ ^^s Is^ nécpûi^é de gaj 
gqpr la Palmera. * ^ ^ ^ * 'Dès 



D^ESFAGKE ET DE PÛKTUGAL: pi 

' DèSîCjifon eut jette Tàficre.5 te Roi tînt coriïèîl de Guerre avec Dân^NuflorsEEsBA- 
Sans, Don Roymohd de Moncada, tes Pilotes*&tes principaux Mariniers,^^^^*-^* 
pQur.déterminerrendroit ofù te débarquement fe^feroit. Il fut réfolu que 
Don Nuûo avec fa Galère & Don Raymond côtoye«oient Tlfle pour cher- 
cher lin endroit propre à faire ladefcente; deforte qu'après que ces. deux 
Chefs eurent hren examiné toute la cote, ils jugèrent à propos de mouilkri 
vis-à-vis de la Dragonéra près d'une petite Ifle, ou plutôt d?un grand ro-» 
cher efcarpé appelle Pantaléo 5 qui s'àvahçant dans la Mer fait une elpèce? 
d'Ifle qu'on pouvoit prendre facilement & garder avec y 00, hommes. 

Les Maures ayant vu jetter L'ancre y leur oppofèrent auffitôt un corps de: 
Troupes compoféde plus de looo hommes 5 JefquelsdreflèrentJeursTen-!» 
tes à la vue de la Flotte. Un nommé Ali de la Paloméra Maître d'Hôtel dii> 
Roi Maure, étant paffé à la nage du Camp, de'fon Maître à PArmée' des 
Chrétiens, . infiruifit te Roi de tout ce qui fe pafloifi dansla Vilte de Mayor- 
que, &Jui dit entre autres choies, qu'ail y àvoit 42000 combattans, fa- 
voir 5^000 chevaux & te refte Infanterie. Le Roi- le remercia de fon 2èlc', 
& lui promit qu'il auroit foin de kii & de tous ceux qui lui apparte-- 
noient. ! r : 

. La nuit fuivante on commença le débarquement avecitout le fflence pof^i 
fible. Les Maures s'en étant apperçus, fkent tous leurs eftorts pour Pem-» 
pêcher ; mais la vigilance des Chrétiens l'emporta fur celle des Infidèles. Le:, 
pi-émter qiii mit pied à terre, fut un Catalan appelle Bernard de Rieudenio- 
ya qui fut fuivi par Bernard d' Argentona. Ces deux braves Guerriers avec' 
leur Etendart à la main firent ligne aux autres de les fuivre , pour aHer in- 
veltir un endroit appelle Santa: ronfa fitué tout près de la* Mer. Sept cens* 
hommes commanaés par Don Nuno Sana, par Don Raymond de Monca- 
da, par Bernard de Sainte Eugénie, par Gilbert deCruyllas & par 150^ 
autres Chevaliers:, fuivirent avec intrépidité Pexemple des deux Cata-; 
lans. - . ' i 

Don Raymond de Moniada impatient de Cgnaler fon ièle & fon coura- 
ge, s'avança en- diligence pour reconnoître kPort, qu'il trouva défendu 
par 5*000 hommes a'infanterie , &pâr 200 chenaux; mais fans s'étonner 
du nombre, il tes attaqua brufquetnent , en étendit 15100 fur la place, Sk 
mit le refte en , fuite.. . 

• Le Roi ayant apprisse qui fe paflbit, & voulant avoir part à 'cette pre- 
mière viétoire, courut au galop auiteu du) combat ,; accompagné feulement 
de '25 Seigneurs Arragonois, Jeiqiiels-s?engagèrent fi-Jort dans la mêlée ,- 
qu'il fe trouva feul avec trois hommes. Dans ce tems-là vint à paffer un 
Maure de boiojae'^mine, àpiedife hieniarmé. ' Le RoiJéfitfommer de ie 
pendre ;. mais. il Joi'répoodit fièrement en Arabe , Lemuley, Lemuley, ce 
ijui veut dire en François, non, Seigneur, non,. Seigneur. 
: Après, ime réponfe fi réfolue , il mit fà Lance en arrêt, & voyant qu'un: 
de ceux . de j faillite, appelle Don Pedro Lohéra s'alloit jettet fur lui, il 
porta un coup de Laiice:fi. terubl&àiba .cheval;» :qu'iLi&je^a.p^^ 
t.i M î ce 



IH DESCRIPTION ET DELICES 

IsLEsBà^ce qui iarprit fi fort le Roi 6c les deux autres, qu^ils inveftireat cet in- 
L£AA£s. trépide Maure 5 & le tuèrent ians qu'il fut pofllble de roblîgeràfe rendre. 

Le Roi fàtisfait du fuccès qu'avolent eu fes Armes , . alla rejoindre fes 
Troupes, qu'il trouva renforcées de 3CX) chevaux qui avoient débarqué au 
Port de la PcxTrafla; & un moment après il apprit par Don Ladron dentil^ 
homme Arragonois que le Roi de May orque étoit campé près de Portopi. 
Si ce Prince n'eût confulté que fon courage, il le feroit allé attaquer fur le 
champ; mais après une mûre délibération fur ce qu'il y avoit à faire. Don 
Guillaume de Moncada , Don Nmio & plulîeurs autres Seigneurs expéri- 
mentés dans l'Art militaire, furent d'avis d'attendre jufou'au lendemain; 
deforte que le jour (iuivant , à la pointe du jour, toute l'Armée îe diipoia à 
donner bataille. 

L'empreflement de tout le monde fut fi grand, que j^ooo hommes fë dé* 
bandèrent & allèrent droit à l'ennemi ans Chefs , ni fans ordre. Une dé- 
marche fi oppofée aux règles de la Guerre , donna tant d'inquiétude au Roi, 
qu'il alla lui-même les arrêter. Cependant Don Raymond de Moncada 
oc le Comte d'Ampurias , avec une bonne partie des Gentilshommes qui 
avoient pris les Armes fous leur commandement , s'avancèrent en toute di^ 
ligence , & ayant rencontré les ennemis , ils les attaquèrent brufquement. 
Ces Barbares les reçurent avec une contenance très aère, & le fuccès de 
la bataille parut fort incertain. 

Le Roi voyant l'aâion engagée, envoya auflitôt un Aide de Camp à 
Don Nufio pour lui dire de faire avancer l' Arrière-garde j ce qu'il différa, 
di&nt qu'il ne convenoit pas de laiiTer la perfonne du Roi expofée à un péril 
évident pour aller renforcer les autres, en quoi il fit mal, d'autant que les 
Maures étoient fi fupérieurs en nombre aux Chrétiens, qu'il fut impoifible 
. de les défaire; & ce qu'il y eut de plus déplorable, c'eft que Don Guillau- 
me & Don Raymond de Moncada, Hugues de Mataplana , Hugues Des-^ 
far & huit autres Seigneurs périrent en cette occafion. 

Le Roi brûlant d^impatience de fîgnalcr fon courage contre le Roi de 
Mayorque, alla joindre Don Nufio. A quelque diflance de l'endroit oàé- 
toit campé ce Général, on apperçut le Roi Maure k la tête d'une brilhuite 
Armée. Il portoit une Bannière' rouge & blanche , au bout de laquelle on 
voyoit ime tête d'homme. Dès que le Roi d'Arragon l'eut apperçu , il vou- 
lut l'aller attaquer; mais Don Nuno, Don Pedro Pomar & Don Lope Xi* 
menés de Luéliafaififlant la bride de fon cheval, l'arrêtèrent, &lefuppliè- 
rent de ne pas mettre toute fon Armée dans un péril manifefiie par un excèt 
de courage. 

Cependant les Maures attaquèrent un corps de Troupes qu'ils mirent en 
fuite, plutôt par les hurlemens épouvantables qu'ils firent, que par lafor^ 
ce des Armes; ce qui leur enfla tellement le cœur , qu'ils tournèrent leurs 
pas vers le RoL msôs les Chefs de l'Armée Chrétienne ayant crié à haute 
voix, que c'étoit une honte de fuir devant ces Barbares, les fuiards repris 
rent courage, &nureat à leur tour les Maures, en fliitei , 

En 



D^ESPAGNE ET DE. PORTUGAL. pf 

En ce tems-là TEtendirt Royal arriva accpmpagné de cent Soldats 5 lef-IsLisBA- 
quels fë joignirent au gros de PÂrmée y après quoi on attaqua fi vigoureuie* lea&£s. 
ment les ennemis, que ne pouvant plus réfîfter aux coups que les Chrétiens 
leur portoient, ils abandonnèrent le Champ de bataille. Leur Roi voyant 
une 11 grande déroute, voulut ië iptirer fecretement dans & Capitale. Le 




qiru aevoit rau-e raire aire a ion nrmee aans 1 enaroïc ou n vencuc oe rem* 
porter une viéboire fi complette; à quoi le Roi répondit que ce qu^il vou*-^ 
loit faire étoit incomparablement plus utile & plus glorieux ; defbrte qu^iliè 
mit à la pouriiiite de fon ennemi, mais comme ce Barbare avoit plusd^un 
mille d^avance , & qu^il iuioit à toute bride > il fut impolTible au Roi de Tat^ 
teindre. 

L^Evêque de Barcelone apporta alors au Roi la trille noixvelie de la mort 
des deux Moncada & de leurs camarades , dont le Roi parut ienCblement 
touché, Se répandit des larmes fur la trifie deftinée de ces grands hom<* 
mes. 

L^Armée ayant pris la route de Portopi, campa dans une Plaine éloignée 
de deux milles de Mayorque , dont le Roi forma le Siège ; & comme en ce 
tems-là cette Place étoit une des plus fortes qn^il y eut au iponde, on con* 
vint qu^avant toutes chofes il Eilloit abbattre iës Tours & fes momlles avec 
des machines de Guerre. 

Quelque foin que (ë dcmnàt le Roi d^Arragon pour empêcher qiie celui de 
Mayorque ne rentrât dans la Place, il hii fut impoifible ay réuflir. CeBar-» 
bare s^étant retiré après la déroute dans h plus épais de la Montagne , y 
ramafla )ufqu^à huit mille fuiards , avec lefquek 9 prit les mefures nécefifaires 
pour rentrer dans la Place. Pour en en venir plœ aifëment à bout , il mar^ 
^ua par un lignai aux Afliegés qu^il étùit à une certaine diftance, &que 
pour lui fraier une route aifee, û falloit inventer quelque ilratagême pour 
tromper les AiTiègeans. 

Comme la nuit fbivante fut CTctrêmement fombre, les Afltegés woiitè* 
rent de Tobfcurité pour donner le change aux Chrétiens , en paroiffant fiir 
les murailles, du côté qu^ils avoient ouvert la tranchée avec un nombre pro^ 
digieux de flambeaux , Se pou/Ièrent des cris fi épouvantables, qu^on auroit 
dit que TEnfèr s'étoit déchaîné; ce qui caufk une telle al larme aux Chré^ 
tiens-, que craignant d%re aflTiçgés dans leur Camp, ils tournèrent toutes 
leurs forces du coté où ils croyoient qu^étoit tout le danger , ce qui fa* 
cilita au Roi Maure le moyen d^entrer ckus k Place par un autre en* 
droit. 

Malgré ta conftemation que cette furprife caufe aux Chrétiens , ils ne 
laiffèrent pas de pouffer le Siège avec toute la vigueur pofiible. 'Mais dans 
le tems qu^ils y penfoient le moins ^ il leur furvmt un accident qui auroit 
entièrement miné tous leurs projets , s^ils n'y euffent pas remédié fur le 
champ. Comme une Armée ne fauroit fubiiiler fans eau» ils s'étoient pof- 

tés 



X&AK£S. 



P$ .^BEs.caiFTiON ET d:elicxs ■ 

^^f_^^té8 près'd'uhe.foiitairie a^^ UnMaure nommé Irifahtrllai oufëlon 

quelques HiftorienS) Fatilk ^ ' jngeaat - qu'en leur ôtant ce iecours^ il lei 
-obligerok à lever le Siège •, fOTtitde;la Place avec 51 oo Montagnards a 
pied, & 100 Cavaliers, oc alla détourner le cours de cette fontaine, 
r Le Roi voyant le danger auquel te laanqtiement 4'^u alloit réduire fon 
Armée, ordonna à Don:Nlufio de prendre 300 hommes & d'aller. faire re^ 
|>rendre à Jx fontaine ion coiirs ordinaire. Les Maures voulurent s'y op-' 
pofor; mais il les chargeai! à propos, qu'il en demeura y 00 fur la place, 
& la fontaine demeura au pouvoir des Chrétiens , lefquels retournèrent 
triomphans dans le Camp. 

. Le Roi ayant appris la défaite des ennemis, donna ordre qu'on coupât 
los .têtes de tous les morts qu'on pourroit trouver ^ & qu'on les jettàt dans 
la Place avec des machines , ce qui fut exécuté pondluellement. Les Hifto»- 
riens alTuirerit qu'on en jettà jufqu^à 4:1 2. Ce fpeâacle jetta les Maures dans 
tme extiiême conilernation , & ce qui y mit le comble, fut d'apprendre que 
le Prïnce Fatilla avoit été tué dans cette aélion. . ' : 

Tant de pertes en fi peu de tems abattirent tellement le courage des Maur 
res, que pendant longtems ils.n'ôférônt faire aucune fortie. En même tems 
un des principaux Ma«res appelle Bénahahet qui liabltoit les Monta-? 
gnes, voyant que le paiti de fès Compatriotes s'afioibliflbit de jour en jour, 
envoya un Exprès au Roi d'Arragon pour lui dire que lui, plufieurs de. fea 
parens & la troilième partie de l'Iile le reconnoîtroient pour leur Sout 
veraîn , & que dans peu de tems ils obligeroient le reile à faire la même 
chofè. " • , 

' L'Arrivée du Député fit beaucoup de plaifîr au Roi, qui communiqua là 
choie aux principaux de fol! Armée, qui: furent tous d'avis qu'il devait ac*- 
cepter la propofîtion du Matire^ ce' qu'il fit fans héfiter; & l'Exprès ayant 
repréfènté au Roi qu'il étoit nécelTaire d'envoyer quelques Soldats à Bénar 
tiabet , ce Prince détacha vingt Cavaliers* 

Le Maure ayant appris au retour de fon Envoyé que ia propofition avoit 
■été bienreçue, vint trouver le Roi: accompagné de tous fès parens & amis, 
•& hii fit un préfent de froment , de chevreaux , de poules & de raifîns; 
tout cela étoit chargé fur 20 Mulets. Lorfqu'il prit congé du Roi , il lui 
ïlonna ime nombreufè efcorte &. un Drapeau , afin qu'il pût fe retirer en 
toute fureté. ■ 

Quelques jours ap^-ès Bénahabet lui envoya un autre Exprès pour lui don- 
ner avis que les deux autres parties de l'Jile s'étoient rangées fous fon obéïlr 
fance. Pen de tems après il retourna lui-même au Camp du Roi pour lu* 
répréfenter, que puilque ks Maures des Villes & des Villages s'étoient foUr 
mis à lui i il devoit nommer deiix perfonnes de diftindion pour les gouver- 
ner. Le choix tomba fur Bérenger Durfort Gentilhomme Catalan , & fur Ja- 
ques Sans, natif de Montpellier. 

A raefure que le courage des Maures ïe ralentiffoit , celui des Chrétiens 
aiigmentoit j deiçite que ces Barbares .étant Jiors d'état de ibuteoir leurs e& 
z : Torts, 



D^ESPAGNE ET DE PORruGAL. j>7 

forts 5 s'avifèrent d\m expédient le pluscruei qu'on feuroit imaginer. BIsiesBa- 
y avoit^ans la Place un grand nombre de Chrétiens quigémiffoit depuis J^^w^«* 
longtems fous le poids de Telclavage. Les Barbares croyant que c'étoienc 
des objets capables de toucher le coeur du Roi d'Arragon, les attachèrent 
tout nuds^ des Croix qu'ils plant^ent fur le rempart du coté où la Place 
étoit attaquée avec plus de v^ueur-, mais ils forent fort furpris de voir que 
ces illuftrës Captifs y biôn loin de demander à leurs Compatriotes' de cef^* 
fer leur attaque de ce côté-là , leur crièrent de toute lew force de i$f 
continuer, fans que la crainte de^leis tuer fût capable de les retenir^ 
s'^eftimant heureux de perdre la vie pour la Religion & pçur Je bien d^ 
iTEtat. - \ ' 

Cette intrépidité obligea les Maures à les remettre aux fers, & ils cher^ 
clièrent d^autres ftratagemes poui* éviter Taffaut. Mais tout ce qu^ils purent , 
inventer pour rîJentir la valeur des Affiegeans fut iniîtiié^ deforte <}ue le Roi 
de May orque 5 voyant fa perte inévitable, fit dire à celui d'Aïragon d'en-, 
voyer dans la place quelques perfûnnesde confiance pour traiter d'un accom- 
modement. , ^ 

Don Nuno fut nommé pour cette négociation. A peine fiît*on en poup- 
parler, que le Roi Maurie offrit de payer au Roi d'Arragon tous les^s dft 
la Guerre depuis le ^our qu'il s'étoit embarqué jufqu'à ce qu^il rentreroit 
dans ies Etats ; mais ia propofkion fut rejettée^ & il eut le mortel déplaifîr 
'd'apprendre que le Roi d'Arragon avoit juré par & Couronne & par la foi 
ie J. C. quç quand on lui donneroit autant d'argent quele t^rain qui étoit 
entre ion Camp & la montagne en pourroit tenir 5 il ne le reccvroit pas, i& 
Gu'il n'abandonneroit jaman ion entreprit qu^on ne lui eût remis la Placé ï 
cifcrétion, ' 

Le Maure étonné d'une réponie iî fière, demanda à tonfà^r une fecon- 
de fois avec Don Nuiio, lequel lui ayant demandé à quoi il ie déterminoit^ 
Je Maure lui répondit qu'il ne iàvoit pas pourquoi le Roi foR Maitre le vou-, 
k>ît détrôner) puiiqu^ilne lui avoit tait aucune infiilte , à quoi Don Nuno 
répliqua : ,3 Souvenez-vous qu'après que vos Sujets eurent enlevé un Navire 
5, Cacalaii 5 chargé de riches marcbandiies, ïe Roi mon Maître vous envoya 
^ tmeAmbal&cte pour iè plaindre de cette hoililké^&oue bien loin <)'écou^ 
jy ter favorablement fonAmbailadeur, vous lui demandâtes arrogamment^ 
yy Ô.ui étoit ce Roi ii'Arragon ? Aiiifi ne vous flattez pas de pouvoir appai- 
yy fer«e Monarque fi juftement irrité par des oifires d'or ni d'argent, n'y a* 
yy yant <}ue k reddition 'de la-Place <pii puiife fadsfaire pleinement fa juile 
fy vengeance. • - ^ 

Le Maure voyant qtf il étôit per^ iaris relfource s'il ne ièrendoit , ofïriC 
de payer à fon eniiemi<:inq Beians pat tête, tant d'hcMnmes que de femmes 
êc d'enfàns, & de lui remettre la Place , pourvu tiju'il lui laiiBt tous les Navi- 
res néceffiiires pour paiTer en Barbarie avec ià fuite. 

Le Roi n'eut pas plutôt écouté les propofitions que le Matire lui faiib» 
faire-, ^ùil les commuiuqua à* l'Evoque de Barceloàe^ Afin^u'il lui donnât 
-Tome lll N con- 






«$ . • D E s C R.I P T 1 0;N. ET: D B L.I CE S : 

IsikcBA^conf^liUr te parti qu'il-avoit à prendre, legueîlui répondit qiie quoriqi|^iin3| 
vu»i.%^ en ét*t de fe vanger d'yne inanière fanglanOSidu Roi de Mïiyorque, il efti* 
, mpit que fes offres ne devoi^t pas être rejeKées, que cependant il s'en ra|>» 
portoit au jugement de^ Chefs de rArmééi» qui ûvoient mieux , que lui cd 
qo'il (xinvenoit de, faire dans une pareille conjonélure. Snrquoi le Roi 
9ddrf^l&uit::la parole au Copite'dè RoufllUon, lui deimanda ibn avk - Lô 
Comtd, répondit 5 que comme i Sa Majefté n'avoit entrepris cette gœrro 
oUe pour conquérir* li'Iile' de,' Mayorque', ,& foumettre fes Habitans à lu 



Maures; ■.•!'" 

: DoaîRaymond-Aléfflanijprettaot. la parole > ditauRois.Seigrieur: i, 
„ Pulique Dieu 'vous met en main Toccaiion de vanger la mort de tant de 
^.perfonnes .dilU^guées qui (>nt fi généreuièment pris la dé&ofè de votre 
„ cai^9 vous ne devez pas la laiflbr échapper. Car enfin» £ivousaccor> 
^ dez à ces Barbares de pafTer en Afrique, qui vous répondra, qu^aidés'de 
^ leiirs: ComfKS^triotes / il ne révieilnent Aie leurs pas avec des forces fapé* 
^ rieuses aujc vôtres pour reconquérir/ riile> ^ rendre par>lk le fruit de votre 
„ gloire iixatile;^deforte,Se^neur,: que mon avis eft que vous rejetdet 

j> tout^.lea offre»' de .ceaepiiemJs de la Religion & de votre Etat, & que» 
^ vous, continuiez le fiège,avec plus de vig4ieur qu?aupara;vantv 
.A peines > eut-'il ceflé de parler, que I>on Guillaume 'CerveHon&Doi) 
Guillaume de Claramonfie , hai^^t la vpix , dirent : „ Nous vous, fupplirdnsy 
a, Sei^eur, de vous.^uvenif de.Don.Guiliaumj^de Monc^da^ qui.vPUâ \ 
9, fi bien fervi, & dont le £ing a été répandu k la tête de votre Ardiée» 
9 n'ouUiez pas le z^e 'ardent- qu'il a ,But paroître pofUr votre 'gloire.,', ^.'ne 
y^ Permettiez pas que la' vengeance de £i mort foi t arrêtée pv un Traité hon'> 
39 . teux : faites au contraire qu'elle A>it expiée par mille autres morts, ^ 4uct 
^ le trencbànt des Epées de vos braves ComJ^ttanâ.iàit teiçt du faiig det 
j» vosennemis». '.'...-.. . 

. Le relie de J*Arfaée ayajQt itt de dj demier.aviâ , le.Rpi envoya' dire, à^i 
Roi Maure, qu^il ne de voit' attendre aucun quartier, 6ç eiiimêtne.tâoM ù. 
ordonna, w'on reQommen«^t à battrela Place.' 

- Les Afliegés voyant qu'il n'y avoit rien à e^i:eïrde.l* p^Jt;de?:Chré.t 
tiens, réibliirént 4& vendre chèrement }eur vie. Pour cbt effet 11$ fe mireivt; 
à lancer une. grêle prodigiet^ deHiec^es». de dacd^i&.de.fôu;!; dVti:6ce;fiii; 
ceux qui fè préfèntèrent pour efcalader les murailles , & à . tirer dans' 1^ 
Camp .quantité de pierres. aVeç: desrMachines. te Roi de î^yotque $'é- 
tant nais à 4a têt© (de ;fès Soldats ,j -uanimoit: leur .cwirage par fa préferi» 
ce, & par:. fil v.aleur.: & pour intimijckr davantage : les AlÛegeans ^ il fi( 
jetter dans le qiartier du Roi d'Arragon des têtes à^ Chrétiens , par-» 
l&i . Jlefquefies on en reman^uti .quel(]ue!s>run9s deSeJigneurs:d4f^ingu4s<; '. 
: LieJRoi toyaQ£.itfijB£.vigouseufçfé|îto)*eft;X(î>CPUimveiaDQ^^ 



D'ESPAIC^NEXT DE PORTUGAL. ^ 

& lui dit 5 5, Ne crof^emous paâqufe lei Grands voudraient: à préfent avoir IslesBa- 
9, accepté les offres avanta^uiës & honorables que les Maures nous fai-UAUEs. 
i^'.foient? -r A ces ptrotea ils parurent .fe r^entir d'avoir condfeillé auRûî . 
cb les refiiier ; . oa dic>mêaie q[ue qudque^uns fiirent d^vis de reneuer \xix^ 
gociatioA. * . ....... . . , . » 

Le Roi jugeant qu^il feroit honteux pour lui de demander ce ^!ii avoib 
lefufé'fl fi^emexfi ). 'ordonna auii Géanétailxdefiûm.domierlW 
ne point lâcher priie que Tétendxrt dlAorragon ne fut planté iau milieu de la 

Cettç rèfi)lutiôn produifît un tpl effet iur reprit datoutesies Troupes^ 
ipe d?tm commun accord elles jurèrent folemneUement fur les Saints £vaiiH 
gilô. i!iu! Défaire moate£ f^rla brecbesles.Drapeaiix de. tous Jss Capitaines^ 
feÇiuéls feroient fuivis par les Chevaliers. 2. Que perfimne rie prendroit la 
fiiite, Quelque griand que fôt le péril. 3, Que fi. quelqu'un. venoit à êtte tûé, 
on le laii&noit au même endroit fans remporter , quoiqu'il fut Comte ou 
tllhèvalieTf 4- Qu'aucun bleiTé ne pourroit fe. retirer dans fa tente. ;. Que 
ijul que ce pût être ne s'arrêteroit ni nepleureroit en voyant Un de fes pa^ 
rensôu dcL^ies. quûarades tué ;; mais qu'il fbroit tout ida poffîhle pour le ten» 
gêr. 6. Que ii quelqu?un fuioit on le perceroit^ &.mâme oo:le tuerait com4 
me un enocoù.. .7« Que loriati^op fero3t)d2Én& la Placée pérfimne de'preni^ 
dix>it de logement qu'ell^.ne nit entkxémént rendue; lOn dib âiême que'Ie 
Roi voulut être le premier à s'engager par fermant àl'éxécûtiofides&ptarj^ 
ticles4ju'on vient ae tapporterï -mais qu'on l'en ^iqsêcha 9 enhii r^réfen- 
tant! qu'il ile.conv«(aoitpasàjlaDi^it2é.Royalejde contraâerun ièmbkbte 
engagement ; w. ..'^ '.. 1;: . :» ». i - • 

f. ' D& qoe' tout lemon^eî^utiprÊté cdiecmenb) jki Tsc6mmen(^ à bat^ la 
Place plus vigoureufèment qu'auparavant ; deforte qu'après divers combats 
dont le iùccès fut incertain ) iés ÀiTiègeans forcèœnt les murailles &fpéné* 
trèrentjulqu'au milieu de JaVillç .,:..;..... , . . » » 

:i>Les. Maures furent, ^ la vérité^, étourdis d'un fi fupefbcofùp; maisré^ 
fi)to }dè!>péoir e!n gj^i^ àt cœur, ils raaimèlrepttx>ute leur valeur ^ &i.pai! 
les crisihotliblea <iu%.pouiIèrent> ils excitèrent^ dans i'/ame! des Hkbiiçuis 
unfigraûd.ctàfîr de CDjàiièrver leiur lihql£,que les femmes & les Ënfans met 
me jettoi^ilide deifus les toits des pierres, des fèux. Vautres chofbs for les 
Chrétiens. 

. On .& I>atl!it pendant. longtems de part ^d'aucreav^ beaucoup idbpi- 
màti^t4.' .'On ^0}[Dtt d^:cQtéJe RDi.d!Arragon3'épée ài^ 
de fes Troupes faire des aétions de valeur, dont IMlôiré foflrnit p^ucile^^ 
«mpks,; & d'ufliNtro;]éQ(Sé le Roi de Màyobquei^ àda tête desiiênH, criant 
dé toute fa forceblRodo, Rodo, ^ui veut dure > cowage ^ fàVez fèrmesi 
n'abandônhèâL. point vos pofbs. . Mais' enfin» malgré tou& ces ettbits, tant 
fiit fournis, à robéiflàpce du Rot Don laimeJe ^i Décenoibre £229, âqipaf 
Cttte conquête ce Monarque unit à la Couronne d'Arragon le Royaume de 
Mayorque* ...j. .i- ..:.i .j i. i ..:^:uJ a.i ;.♦) 

^ N 2 L'ISLE 



loo ..; DESCRIPTION ÎT I>XI-'1CÏS; 

L'IsLE DE MAYORQUE. 

Mayor- jf^N devroit écrire > M a ï a r q^ue , pour prononcer ce nom comme s^il 
^v£. kJ y a voit May(»que & approcher de la cioable / des i^agnols, qui é*^ 
cri vent Mallorca^ & prononcent ces deux // comme nous faifons dans meU-^ 
i^ity mmàlkr\y &c. . \ 

: Cette lile que les^ Anciens* ont connue ibus le nom dcr JBalmris MéjorytGa 
diftante de la TerrerfermecxTenviron 1 50 milles^ 

Sa figure eft quarrée , elle s'étend & fe termine par quatre Caps ou Pro- 
montoires principaux. qui regardent les quatre Parties du Monde ^ qui fdnt 
ks Promontoires de Ja Péra , de GrolTer , de Salinas & de Formentoi • Le, 
premier eft aùLe^aàt, le fécond au Couchant , le troîfième ft« Midi & lé 
quatrième au Sq$entrion. 



Quant kicm étendue générale, depuis Califîgnéra :^ qui eft vi8*à-vis de 
Palma, Capitale de toute rifle> jufqu^au Cap de Salinas^ on compte 24 
milles: ^delà en montant vers le Levant jufqu'au Cap de la Péra 3S MiUes: 
de ce Cap joiqu'à celui de Formentor 22 MiUes: de Formentorjufiju'auCap 
de Greffer, vis^ànvis de ki Dragonà^a 41 Milles, & du Cap deCioifer ea 
retouriiant jufi)u^ Cafifiguéra 18 Milles; deforte qu^en la prenant d^uis 1er 
Cap de la Péra îufqu'à celui de Groffer, qui lui eft diamétralement oppofë^ 
elle a 60 MiUes de Longitude, & dq)ui&le Cap<de Salinas jufqu'k celui* de 
Formentor ço Milles de Latitude. 

A la vérité quelque? Géographes modernes ne lui donnent pas tant 
d'^étendue, mais ils &.fbiit trompés en ce^qu^ils ont pris les lieues de ce 
Païs-là pour des lieues communes d^Efpagne ; au-lieu qu^une lieue de Ma*^ 

f orque Eût une lieue • & demie de CaAiUe & près de deux lieues de: 

> Lifte eft divifêe en deux parties, PUne qui confifte en nfttatagnes élevé» 
vers le Septentrion & vers le Couchant. . 11 y en a quelques-unes d'une fi 
prodigieuic hauteur, que quand on eft aii fommet , bien fouvent on voit Pair 
j^rain au^iefliis. de ià tête, & quand on porte la vue en bas on découvre 
d'épaiiTes nuées^, & oh entend des tonnères épouvantables, i Quoique ce 
terrain Toit iî montuqux &c fi efcàrpé, il eft ft fertile ^ queDaméCo afiure 
qu'en 1624. on y recueillit deu% miÛons quatorze nulle fîx cens quarante 
Carteaux (*}• " : ' 

- L^autre partie eft un terrain phin , coupé eft terres lâbourabtes , en vienesy 
en près: &eja (vergers. On voit enl^ile àrantre différentes Villes^ Bour- 
gaaes. Villages & .Hameaux.. . , " > 

.: Toute Tlfleieft environnée de fortes Tours> du haut defîjueHe» àrlafkvcut 
de certain» fanaux , on peut découvrir les ennemis au loin: B y a quantité 
de bons Ports, de Plages commodes & d'Anfes pour & mettre à Fabri dea 
tempêtes^ L'air y eft tempéré & extrêmement iain, uns que lesilabitanà 
'..,-,:.. _ . . ' ..'.'.'/::' :''•.-: foient 



D'ESPA^GNE XT IXB PÔ^TUGAL> a^i 

foient fort incommodés pan les dialeuts de l'Été, ni par les frimats de THi-MA^oK- 
ver. , Qjjfi. , 

' Il y a une abondance prod^iènfë de fromeWt, dliuîfe, de vin, de inia, "-■' 
de fafran^ de bétail gros & menu, de laine, de fromage, de poifibn^ de 
lapins , àc lièvres , ae perdrix , de c^s , de volailles , de cnevaux, de 
rciiiens de chafle, d'oifèaux de {x*oie, psurmi lefquels,' au rapport de Plîk^ 
7ie,i il y en à d^une eipède qui efli d'on goût exqui& On n^ voit ni 
Lions , ni Ours , ni Loups , ni Renards , ni aucun autre animal fëroce^ 
ounuiiiold . - - : , 

On trouve beaucoup de Corail aux environs des Côtes. Il croît fur de» 
•rochers dans une eau fort profonde , &; eft produit par une certaine femence, 
:qu^on tire du bout de la branche, en lapreiTant dans certains mois de Taiv- 
née. Pour le pêcher on attache deux chevrons en croix, on les couvre de 
iclianvre tortillé tout à Tentour, & Pon y met une mafle de plomb, pour 
lès iaire aller à fond. . : .On pend oette machinç à deux cordes attachées aux 
deux extrémités d\me barque , & on la lailTe aller au fond de Peau le 
long dés rochers, au gré du courant: quelques momens après on la reti- 
re avec violence, j& Ton arrache le Corail, qui fe trouve engagé dans le 
chanvre. 

Jl ny a pas de Rivières dans cette lâe , mais en reccmipenle il y a quaisr 
tité de bonnes fontaines, de puitg& de citernes, pour arrofer les champs 
-par le moyen de certaines machines qu'ion appelle Norias. Cependant 
-il y a des années que la fécherefTe tndommage fi fort les biens de It 
-terre, que le» Habitans font obligés dédier acheter du bled chez les Etran* 
' "fiers* . . ' 

Lés Mayorquins font d^ corps robufte & dhiii e^xit délicat. Ils ont 
-une diipoiîtion naturelle pour les Arts & pour les Sciences; &il en ellfbrti 
de& hommes diflingués & fameux dans tous les Emplois les phis difficiles. Ils 
font aufTi de très bons hommes de Mer , & réiifteot vigoureidèment aux Cor« 
aires de Barbarie qui les attaquent fouvent. 

U y a dans cette Ifle de: ûrès beaux Edifices , tant anciens que moderne^ 
& fur-tout des Êglifes d'une extrême magniicence. On y feit la plupart 
des Réalës & doubles Rêates qiii ont cours dans, le Monde. 

Ses principales Places font : 



May orque, ou 

Alcudia, • 

Arta> ■ 

Hingua^ . . 

Manacor> 

Solfer.> ; 

Follencia. 



> * 



Nj la 



joa .DESCRIPTION ±T DEL^IGES; 



'' • 



Z«r ^//4 * Jtf A.Y û R dU.E; 



• « 




Matîoi- ir Es Latins onr confiiu cette Ville ibùalenomdcrPi^LMÎL, qui a été a- 
^^^- :Lé bandonné ,cn fitvçur de celui de. Tille même, dont ôlileLôll la Capita- 
le; . EUe eft fituée au Midi entré, deux Promontoires ou Gips , dont 
runis'>appelk Cahiigûéra, .& Fautre Cap Blanc/ «iLe pré^D regarde le 
iCouchaist}) (Scie fecondile Levant; ilâ font éloignés I'iaû de Tautré de i; 

La Mer Baléarique baigne fes murailles, & forme un vafte Golfe entre 
<ces deux Promontoires qui a i j: Milles de longueur; Elle renferme envi- 
ron looûo Habitans. Une partie eft bâtie iur mi terrain uni , & Tau* 
•tre fuc im terrain élevé :> il y. a 8. Portes. La. i Ville eft entourée d^un 
ibffétrèsprofond, & bien fortifiée à la itiodeme. Les Maifbns y font gran* 
des^ bdties de pierre: de taille , & rarchiteéhire en eft allez régulière. > On 
y compte jufiju'à 22 Eglifes, ùm parler dd quantité de Cbapelles& d'Ora- 
toires., î • 

La Gadiédrale a J8<5 pas de longueur &. 172 de largeur. Elle a trois 
^c^Eeà&^ytj&i^^ outre Tenace qu^dccupent. les GhàpeUe^ Collatérales, le^ 
quelles font foutenues par lept belles & fortes Colomnes. Elle efl de. belle 
maçonnerie. Le Chœur jeft pœfque auimilieu, &; oh &it cirand cas déilbn 
arcnithâura Toute 

les vitrages méritent Tattention àçs Curibix par 
Jernr» couleurs. On y entrepartiola lîiperbes portes, au deflus d'une de& 
quelles . s^levé un : Clûcher. d'une ftruâm^ i admirable. . Le. Rx>i Don. Jair 
me en eft le Fondateur. Don Jaime u du nom. Ion fils, y eft enter- 
ré*) Les.^lifës i^a?oiffiïflea'&' wlcs^dcs.Goiivens font^auffi/ très belles. 
. n y a uti Eq>ital Générbl où l'oii cntredtot^qQaottté de malades,:. d'en- 
fans & àuàres'^erlbinnes abandonnées, ub autre où foma foiin delafnhfiftan** 
ce de phifieurs pauvres Vieillards qiii font Iwrs d'état de gagner leur vie , un 
autre pour les Prêtres malades, un quatrième pour retirer les Orphelins, un 
cin^uème popr les fiUescOrphélinels^ &'enfin.uniiîxiàne pour les Léprâux. 
Lest dqaxÎGlèniiersfont/danj?' les Faiip^ ' /: »!•!.' 

Outre ces Hcçritaiix,. il y :a;flncorfi.trois Mâifiûis de: Piété, ?dans l'une 
deiquelles on reçoit des filles de bonnes famillfflidènties'pèrias^font pauvres, 
auxquelles on donne une éducation convenable à leur naiflance , elles y 
reftent jufqu'à ce qu'elles trouvent à s'établir, .. On reçoiljdans la féconde 
des filles qui font en danger de perdre leur virginité, &pnî les élevé dans 
tous \ts exercices de vertu julîju'à^e qu'elles fe marient -,1 loh qu'elles 
entrent en Religion: on renferme dans le troilième les feijmies de mauvai- 
lè vie. . • . • î : 

Le Palais Royal, dans lequel le Capitaine Général fait IbniéjoUlr, eftlîi- 
perbe, & défendu par de fortes Tours & de bons FolFés» ; ». . ^ 

La Maifon de la Contraâation peut aller de pair avec les plus belles de 
l'Europe. Ceft-là où fe traitent les affaires du Commerce. 
v\ lY. Les 



* Les ftùeéfdrit kr^es> Soles Pla<te8 tjteidejlfèsa' fur^t^^^ .cellerqu^oxi «p-Mat<»-' 
pelle: le 3orn. Eileielfc jenvironnée d'Edifices, fuperbes^ ^ oiyoïés : d^ bçl- ^^- 

les Galeries 5 dans lelquélles fes^ens de dlllinâion fe placent i Içrf^ully a- 
des Courfés d& Taureaux 5 des Tournois^^ ou autres ipeâacles. 

• Le Mole eft vafte , toutes- fortes de Vaiffeaux y peuvent.entrexf^ 

ger de donner confire aucun banc de fabïe 5 ni écueil. . * * , 

' Il y a un Capitaine Général ^: leqtiel conjointemept ftyçciPAudience Ro- 
yale a leGouFetnement a!broluL>de tout le Royaume^ & juge en deri?(içr RçA: 
fort p^ appellation déboutes les itiatières Militaires i> Civiles &; Criminelles^) 
fans qu^uoiû Tribunal puiiTe prendre conooiflaace des Sentences qu'il pro^ 
ponce ) fi ce nV^il les Conièils Suprêmes 9 que les Rois Catoliqi^s ont établis; 
ai Madrid pour la revifîon des Procès ]ugp8 dans les Jurididions desPrôviiVi 
c^s &R.oyaAii!kies qui compoiènt la Monarchie * . ï 

t La ViÛe eft gouvernée par (îx: Jupats qu'on élit itoljs Jgs arts t;rois jours ^.-j 
vant la Pentecôte, Tun defquels doit être Gentilhomme: Téleébpn fe faiiti 
dans le Grand Confeil en prèfbncQ du Capitaine Général.. Ils s'aiTemblent 
tous les jours dans Ja Maiibn de Ville pour y traiter des aflfairès qui regarH 
dent le bien public > la provifîoa^ des denrées , les droits deq priyilé^.^ 4^s' 
ffancbifës. & autres ichoiës qui concernent radminlflratioxi politiq{ie4ôtouC- 
le Royaume; deforte que i^on ieulemênc ils font obligés d.^av^oir foin de I9 
Police de la Villes mais omêmei de celle dei toute HAe. 11$ pçuventiaire. des 
Statuts & des Etabliflemens du coniëntement du Roi ou du Capitaine Gé'*. 
néral, & pour cet effet ils font en droit de convoquer le Confeil Général ^^ 
lequel eft compofé ck tousleâ Etata.de Tlile^ c^eil-à-drre .de$ G^ntUshoin- 
raes^ des Bourgeois , des M^chands>.' des Attifaas .& ^e$.Siadiçs des V^U 
les. Les jours folemnels^ ils font ^êtusdHmelDc^e Robe fpuleur de Pourr, 
pre^ qu^on appelle Gr^f/ia?//^. Loiiqii^ils aflxilent à<}ueV}uefon6Upn publia, 
que ils font prébédés par deux MaJiiers vêtue d^une Tunique rouge & por* 
tant des Maffes d'argent 

Le premier Jurât efl Gentilhomme > :Ie fèoond &c le tro^fièoEie font Bour-i» 
^ois> le quatrième & le cinquième font Marchanda^ &; }e %iè^lç Ar^ 
tifan. . '^' .. .j ■. / ■ •• ,,. ./ 

La Juftice ok^linaire s^éxerce par Uio: Baile i& nn Vigûien La Juridi(5ljc«v 
du Baile s^étend dans la Ville fur toutes. 1» C^uiès ;âe Cenfîves , & dans^ 
toute rifle il efl Juge en féconde inibuice. Le Viguier connoît des dé-^ 
ferdres publics5 comme concubinages >. vols >. brigandages, & autres cho-; 
fes qui troublent la tranquillité pubiiqde.. Danfe les matières civiles il eil, 
}ûgG en première iiïftanoe des diftàrandi: qui fiirvienn^ni; * entre les Ba- 
bitans de la Ville;; mais »ià Juridiâion.ne a'^étendipas au-^là^des Faux*^ 

bourgs.^ •.' ■ .î:î(» ; . -^ •■/ ' : 'i:'' :\,. i •■/ ,.-.', r 

Ces deux OlÇciets: n^éxercent léun emploi quependant une année^ Ils: 
ont chacun un AfFelFeur que le Roi nomme» _ . ; 

' Outre» tes'Jurats, il y à un Br^cureur Royal ^ un |ChapçeIièç> un ^t- 
aaotazfin^ dcpx Confjils dé&nfeors de kJ^fbaadifei uA.£^écuteur, 

' - < deux 



lof î>ESC».IPTÎON ET DELICES 



t •" 



MwoK* deux Clavarios, un Préfeâ: de la Kïanfe Pécuniiire> deux Morbéros, deiix 
^^fi* Aditiiniftrateurs, un Céquiéro , lin Maître <fe Gayéta & un Mayol, qui ont- 
tous part au Gouvernement & à la Police de la Ville. 

Le Procureur Royal connok de ce qui appartient au Fifc » des Droits 
Royaux, & eénéralement de tout ce qui concerne le Domaine du Roi, 
dont il eft le ^ uge ordinaire , aidé de TAvocat FifcaL II connoît .encore des 
Naufrages, œs Droits Aliodiaux^ ^qs Limites, des Dixmes & de pâdîeurs 
autres cnofès qui regardent les Revenus du Roi. . Il a inipeétion fur tous les 
Officiers qui font la régie du Domaine. Il a des Ueutenans à Minorque & 
à Yviça & en plwfîeurs Villes qui lui doivent rendre compte de tout ce qu'ils 
font. Mais ce qui donne encore plus de relief à fa Charge, c'eû qu'il com- 
mande dans tout le Royaume, lorfque le Capitaine <jénéral meurt, ou qu'il 
eft abfent. Dans le Tribunal où il préiîde, il y a un Maître des Comptes > 
im Trélbrier Régent de la Tréforeric , un Aide du Maître des Comptes, 
un Procureur Fifcal Domanial^ pkifîeivs. Ecrivains & Officiers inférieurs. 
Lorlqu^il y a conflit de Juridiction entre les Juges Eccléfiaftiques & les 
Juges Sé<:uliers, le Chancdier décide fur la compétence. 
- L'Almotazen eft, à proprement parler, ce qu'étoit anciennement TEdife 
parmi les Romains. C^ft un terme Arabe qui fîgnifie Juge de Poids & deà , 
Mefiires. En effet , c'eft lui qui fait mefurer & pefer tout ce qui fe vend en 
, public , tant pour ce qui regarde les vivres , les denrées , que les mardiah- '- 

' difes. Il eft chargé encore de faire riétoyer & entretenir les Rues & les Pla- 

«es publiques. En un mot, c'eft un Juge de Police. 

Les Confuls & Défenfeurs de la Marchandife ^ont Turididion fur tout ce 
qui regarde les affaires mamimes, la Oontraiâation, les Changes, les Majo 
chancfiès , les Frets des Navires & autres chofes qui dépenoent du Cbm- 
merce. Ils jugent fommairement fans miniftère d'Avocat ni de Procureur 
les Procès qui tont portés par-devant eux. L'exécution de leurs Sentences 
eft prompte & rigoureufe. Ils n'^ont d'autre Code pour Pinftrudion des 
Cairiës qui leur font dévolues que le Livre du Confulat. Us ont pour AffeP 
^ feurs deux Prudhommes qui opinent avec eux. Dans les affaires qui dépen*- ^ 
dent de la difpofîtion du Droit commun, ou Municipal, ils décident fui-: 
vànt ravis de deux A.vocats. Ils tiennent leurs Audiences dans la Maiibn 
de!a Contradation. Ils ont fous eux un Ecrivain & deux Mafliers qui font 
obligés d'aififter à leurs Audiences, &de les accompagner dans les AéUons 
pubkques avec leurs Maffes d^argent. Us font élus la veille de Saint Jean, 
en préfènce du Capitaine Général & des Jurats. 

On peut appeller de leurs Sentences par devant un Magiftrat qulonaç-^ 
pelle Jugé' d'Appellations 9 lequel eft obligé, de même que. le; Coofuls, de 
juger fommairement félon leftile du Livre delà Contraâtation, &on ne 
peut appeller de fes Sentences, fi ce n'eft à T Audience Royale en cas de dé- 
ni de Juftice feulement. 

L'Exécuteur connoît judiciairement de toutes lesGauiès qui regardent les 
2« venus de la Ville > les impaCtions & autres chofes qui èa d^penden&t. Sos: 
-^ ' • Sen- 



*t, 



B'ElSPAtîNE ET DE POTITTJGÀL. tof 

Sentefites fotft fens appel , fi ce ii'eft par devant lui feul en revifion de Pro- IVÏxyoic- 
cès, & pour lors il eft obligé d'appeller les Jurais pour décider conjointe^ Qus- 
jnent avec lui. 

. Les Clavarios font chargés du recouvrement des rentes de la Ville- Da*» 
*tnéto prétend que remploi de ces deux Officiers eft le même que celui de 
ceux ^le le Dfoit Rbniam appelle Curatores Reipubliag^ ou hisnCuratores . 
Calendariii On les élit tous -les ans au fort. L'un eft pris de TEtat Militaire.^ 
|e Tautre de la Bourgeoife. Le premier doit être originaire de 4a Ville de 
Mayorque , & le fécond de quelque Ville <ie Tlfle. 
. Le Préfet de la Manfe Nupimàîre, .on Pécuniaire eft le Chef d^une Ban^ 
-que 5 où les Habitans de Tlfle mettent leur argent en dépôt avec droit de le 
recirer quand il leur plaît ^ fansqu-il leur en coûte auoin Trais ni intérêts. 
On élit tous les ans cet Officier;, lequel doit être pris de TEtat^Militaire. 
Comme la fureté publique demande , que ceux qui dépofènt leur argent en 
cette Banque foient affurés de ne le pas perdre, on a foin de choifir un Pré-; 
fet, qui foit folvable. U y fous fes ordres deux Payeurs, qu'on appelle LL^ 
Imtos, & un CaiOiar. 

Leg Morbéros ou Magiftrats de -la Santé ^ent établis en 1^7 J , àrocca* 
fion d'une pefte univerfele dont le Royaume fut aflligé. L'un d'eux doitê^ 
tre Gentilhomme, Pautre Bourgeois, & le troifième Marchand Hsfomt 
obligés d^empêcher 9 autant, qu^il leur eft poffible , que la pefte & les autres 
maladies contagieuiës ne s'introduifent dans Tlfle. Ceft pourquoi ils font 
en droit de procéder contre les Bailes des lieux^ loriqu'ils ne les avertiffeot 
pas <les maladies qui y régnent. 

; Dans les enchères publiques, 'on -he peut vendre Tûi linge, ni habits lans 
leur p^mifllon, laquelle ils ne doivent jamais donner fans «^oir fait exami* 
ner par 4e Médecin de ;la Morberie, fi ceux auxquels elles appartenoient 
font morts.de maladie xrontagieufe. Qiiand il arrive dans les Ports des Na^ 
vires étrangers, ils ne peuvent être déchargés, fins avoir obtenu une at^ 
teftation des Morbéros, qui porte expreflément que l'équipage eft exempt 
de mal «ontagieilx. Lorfijue ces Navires viennent d'endroits fu(peâs dé 
pefte & autres maux qui ife communiquent aifément, les Morbéros leur 
font faire la quarantaine dans un Lazaret : & fi après ce tems-là , ou un plus 
long, s^ils le jugent néceflah-e, il reft« oe grands fbupçons de contagion i 
ils font bnrièr la cargaiibn du Navire. Le Royaume paye un Médecin & 
un Chirurgien pour aflifter les Morbéros dans leurs viiites & dans leiu-s in* 
formations; . 

Les AdminiTtrateurs Iblit te qii^étoîenl dntems de la République Rollia^ 
ne les Préfets de l'Annone, c'eft-à-dire qu^ils font chargés du foin de faire 
venir des Pais étrangers la provifîon de bled nécelïaire pour l'Ifle , lorfquc 
la récolte n'y eft pas abondante, & de le faire diftribuer.à proportion de? 
befoins d'un chacun. 

t Le Céquiéro eft Préfet deS eaiut :, c'^eft-à-dif e> que c'eft hii qui préfîde à 
la diftributîon d'eau , qui k &it tanit pour la bobOTon de& Habitans que poùt 
: TPMii m. O ' * ' l'ar* 



k4 .niSCKVT'T'lOK ZT.DtLJCt'S Z 

jidAYOE- rarrofement des Chany^s ; des Pi:és> diÈs Eaclos & des Jardins. lî peut' 

^'^' condamner à des Amendes pécuniaires ceux qui violent les Loix éta-> 

blies pour la diftribution des eaux ; mais il faut qu'il appelle des Ad?- 

joints du Corps des Jardiniers ^ fans quoi fes' Seiitences ne feroient pas éxé- 

cutees i - ■ 

Cet Offi<:iei: fut établi eci 15J6, par le Roi Don Pedro.; Le iriotcfe Cé^ 
ûuiéro vient de Céquiaj qui iignilie Rigole pour conduire les eaux. 
: Le Maître de Gayéta a infpeétion fîir les Efclaves Maures , leficjuefe iî el> 
en droit de châtier > lorlàu'ils commettent quelque fiiute notable. Cotûme 
à préfent iJ y a fort peu cTEfcUves dans Tlfle, cet Emploieft prelque iàns lè- 

xercice.. • 
Le Mayol a foin de prendre garde quêtes Enfens pe commettent pas de 

defordres dans les Rues , ni dans les Places publiques. Pour cet efifet û efi 

©bligé dé fe promener dans la Ville avec un grand fouet à la maâi^, 

pour châtiée les. Libertins & les Vagabons, qu'il rencontce eafîiiÊuit fes 

Rondes. 
Comme HUe de Mayorque efï continueUement expofée aux incurltonr 

des Africains j le. Royaume entretient zo Compagnies d'Infencerie,^ ç, de 
Cavalerie & 2 de Canoniôrs, pour la défenlè de la Capitale , & 4. Régiraeni 
pour celle des ViUeiS &. des Fortereflès de toute l'Ifle ; &., afin que ces Trou^ 
«es foient en état de combattre lorfque Toccafionfe pBéfent&5 orijfeur fait 
feire Téxercice fouvent en Public » & on diftribue des prix ^ceux qui fe diP- 
linguent dans le maniement des armes.. 

Parmi les Troupes qui font deftinées à défen(fre la Capitale, 12: Compa: 
gnies font la Garde &. Sentinelle. Ibr les Remparts fiç dans ks Tours de la.' 
ville; deux font deftinées pour s'oppofer au ddjarquèmerilc des Enn^s , ôc. 
pour poucfuivre les Malfaiteurs ; deux montent la'Gârde au- Château dô Bel» 
Ycr, & à la Fortereffe de St. Charles; une occupe le pofte de Romaiïi 5 6t 

une autre celui de GreellSv • ^^ ,■ 1' 

Là première Compagnie de Ca\'alerie> accpmpagne le Capitaine General- 
& les Juges de Cour,, lorfqu'ils font leurs toiirnéfes dans riflçj & dans tati^ 
lies les autres occafipns , oà leuc affiftance eft néoeflaire. Outre cela. deux. 
Cavaliers doivent fe rendre aux poftes de Romani & dèGreells; &, pour 
juftifier qu'ils ont rempli leur devoir, ils portent un bâton blanc au Corpi: 
de Gardé, qu'ils remettent à l'Officier qui y commande,. & en prennent 

Il y à 4. Tercios,, ou. Bataillons pour la défénfe dès Viltes,.de8 Pbrts,dès= 
ïorterefies & des Toiiride toute l'iilê, léfqiiels -doivent toujours être prêts: 
à marcher lorfqu'ils font- commandés, fans compter uh, Corps de Cava^ 
lerie, que les ViUes & les Villages doivent fournir, lequel n'eft pas ré- 
glé ; mais qu'on, augmente. &i q'a'on. diminue! à proportion, du hefoint 

qu'on en a. ^ ^ir*n.A 

Le Capitaine Général eft lejugè ôrdinaire-dè toutes ces Troupes , allilte. 

^tiaAfl*effeur qu'il:prend du Corps de la Milice..- . «n 



D'ESPAGNE ET DE PORTUGÀU Ï07 

Outre tout cc'<ïifori vient de voir^ fl y a encore un TTibunal deTInqui* 
ïtion. éc un Evêque, gui eft Suflfragant de Valence (*). Sa Cathédrale re- 
^garde la Mer> cjui en eft fi proche que k$ Matelots peuveili entendre la 
îleffe fins fortir de leurs Navires (j)- 

Après être forti de Palma, en parcourant là Côte Orientale, on trav^fe I-lucit- 
^un Païs fablonneux ; & . après avoir rencontré . diverfès petites Anfes , la Mayo*^ 
Pointe de Rabafa, & TEcueil de la Galère, on arrive à Lluch-Mayor éloi^ 

^née de 1 2 Milles de cette Capittile* » 

Ceft une Ville allez jolie, laquelle peiït contenir environ f ckd Maifons. 
Son terroir eft abondant en gros &; menu bétail , en froment, en légumes,. 
<3X midi, &.ea iafran. il manque d'eau, ce qui nuit extrêmement auxie-^ 
mences. 

La Côte fur laquelle elle eft fituée commence par une grande Anfe , qu'on 
appelle PAnfe du JPovèt ^ ; laquejle'çft gardée par deux Soldats de la Garni- 
fon de Palma. E)elà on fe rend au Cap du Faucon; &, après avoir pafTé 
lés, Calés des Moiiches & de Saint Antoine, on arrive au Cap d'Endew-o* . 
fil , où il y a une Tour gardée par des Soldats , que les Habitans de Mayor^ 
^è payent* 

- Après avoir paffé les Tours des Ifletes, Calaî-Figuér?. & Râfalbcig> ôit 
rencontre le Cap de la Régana, & enfiiite le Cap- Blanc, auprès duquel oa. 
voit une Tour, dont la Sentinelle 'eft entreteyuuè par les Habitans de Ma*- 
yorque. . . : .. ^ 

A quelque diftancc delà on trouve Cala-Bertrand, Anfe fort étroite. & 
Ipngue d'environ i yo pas, . Tout près, de cette Anfe , on voit celle qu'on 
appelle Cajapi, laquelle peut bien contenir juiqu'à dix Galères, ayant au 
«loins 400 pas. de lojogueur. JElle eft enyir;oDnée de rochers , c'eft pourquoi 
il elt très dangereux <ry aborder. ' ' ' . , 

' Tout près aune e^èce d'Etai^, qui fe dégorge dans cette Anle, s'^élève 
la Tour d'Eftalella, où il y a 2 S^çntinelles. payées par tous les Habitans du. 
Royaume. De cette Tour on découvre les feux d'avis du Port de Cahipos,, 
& on avertit la Sentinelle du Cap-Blanc^ Outre cela, on défend delà les 
Cales de Pallas , de Corralnau & d'Enderrofal. 

A quelques lieues de Calapi , on voit la célèbre Montagne de Randa , où 
le fameux Raymond Lulle prit naiflance. Cette Montagne eft environnée 
xie quantité de Villages , mais ce qui la rend encore plus recommandable, 
c'eft une fuperbe Egiife qu'on a bâtie fiir fon Ibmmet avec un Collège , oà 
Ton enfeigne la Grammaire. 

A deux lieues de Randa s'élève une autre Montagne qu'on appelle Mont 
de Sion, à caufe d'une Egiife confidérable qu'on y voit, avec un Collège 
t)ù l'on enfeigne la Grammaire. 

Après avoir côtoyé la Plage de la Rapita, laquelle eft défendue par une 

Tout 

(*) Mr. Baudrand (Edît. de 1705 & de ïyiî. fe de Tarragone. 
trompe lorfquUldLt que cet Çvéque eft Suffragam (]) Coin. Dî8^ 



lo8 DE S CR I P T I ON' ET DEL ï C E ST ' 

Llucu- Tour gattiée par deux Sentinelles à la folde des Habitans de MayorqUe^b» 
IVIaïQ». «rive au Capi de las Covétas, tout près duquel eft FAnfe deGaviria, oi 
Ton charge le Sel qu'on- envoyé hors de Tlfle; & un peu piusrloinfe décou-- 
vre le Port de Campos , détendu par une Tour dont les Sentinelles font 
entretenues par tous les Habitans du Royaume. De cette Tour on. donne 
avis des découvertes, qu'on fait aux Salines de TEflalella & au Château d&f 
Gabréra, 

A une lieue du Cap de las Covétas, on apperçoit le Promontoire des Sa^ 
Unes, qu'on appelle ainfi à caufé des Marais de Sel qu'il y a* Ce Promon- 
toire eft, comme ila été déjà dit, un des. Quatre principaux de Flfle. II efti 
défendu.par une Tour, où il y a toujours qes Sentinelles pour donner avi» 
4e ce qui fe paffe aux environ?.. 

tl s L E DE CABRE R A.. 

Gabie* /^^Ettr Ifle eft fi tuée vis-à-vis du Promontoire des Salines. EBeefti 
]|A. v> féparée de Tlf le de Mayorque par un Golfe qui a environ quatrei 

lieues de large, & dont la traverle eu très dangereufe, tant à caufe de^ 

fréqueQt^ bourafquès dont il efl; agité/, que des Pirateries des A£ri- 

oains. 

Elle* a pris fon^nom^dç la multitude de Chèvres qu^^Ue produit. £Ue a^ 

environ cinq lieues de tour & deux de longueur. Son terrain eft montueuxé 

&efcarpé» 

A préfent elfe eft entièrement inhabitée & inculte^ fans qu'ils refteî 
de ces anciennes habitations que quelques veftiges de fës anciens bâti**: 
meiîSi Ofï^ y voit quelques Anfès , & un-Port capaole, de contenir une grof-c 
fe Flotte. 

Ce Port eft à l'abri de tpute forte de vents, à caufe quefon entrée eft tour- 
née vers Plfl^ de Mayorque qui. le couvre.. 11 ^ft défendu par un Château y. 
dont les Jurats de Mayorque font obligés d-entretenir la Garnifon, & ont 
droit de nommer -rAlcaïde^ ou Châtelain^ C'eft-là où Ton. exile les MaK 
faiteurs du Royaume. ^ 

ISrks de ce Port on en voit un autre, qu'on appelle le Fort de Gândulf> . 
lequel a affez de capacité pour contenir cent Navires. 

A quelque diftance delà on trouve le Cap de Morobati ; & après avoip 

pafFé upe petite Ille, ou pour mieux dire un Ecueil, on voit le CapdcLe-^ 

vaut, près duquel fe préfente le Port de TOUa, vafte & fort fur ^ près du-i 

quel s'ouvrent lés Cales dûBorri, & un peu au deffousparoît rifle de las 

Éludes. Du. côté du Midi fe préfentent la Cale du Codolar & Plfle Imî^ 

lifsLE' périale. De celui de Lebeche , on rencontre les Ècueils c^'on appelk 

Ikpww- Eftells^ & un' peu plus.loîp le ï^ort..d'Ariciola5. à use lieue- duquel eftiaCa- 

^ k de Las Galéotas , capable de contenir jufqu'à cinquante Galères. 

Cette Ifle eft de grande importance ^ c'eft. pourquoi dans les Siècles palTés- 

ejle étoit très peuplée> .&Lrûa.trQuve des Mémoires quifoqtjvoîr.^'autrQr - 

foi»; 



rrESPACKE ET DE' FORTUGAÉ. 109 

Ibis elle avoit Ion Evêqiiè particulier. Jl y a une carrière de très beaul,os Co*- 
marbre. Oh voit à- une lieue & demie de la Cale de Gandulf Fille de'NBjos. 
Los Conéjos. Maisc^eft aflex parlerde cette Ifle, revenons à celle de Ma- 
yorque. 

Après avoir doublé le Promontoire des' Salines v on trouve les Gales de ' 
Marmols, de Salmunia, de Llombars, dèSantany &dè Figuéra, & on^ 
voit Porto-Pétro ) comme qui diroitie Port de Pierre. Il eft fort vlfte &î 
fort fur. Anciennement il étoit fermé par une forte chaîne î dont on voit* 
encore les marques. Tout près delà on a bâti un Fort pour là défenfè de 
cette Cètc^ dont le Roi paye le Commandant,. & le Royaume les Gar- 
des. 

En continuant de parcourir la Côte 3 ontrouve^ les* Cales dé Longa , déîPoRTM 
Ferrera, deMitian?, de Nau ,. un petit Port , qu^on appelle Pôrtichol , &^olom. 
enfuite le Port de Colom, lequel eft fort grand'^ mais il a fi peu de fond, 
qu'il n'eft propre que pour des Galères & des Barques. lia a fon^entrée une' 
Tour avec deux Sentinelles que la: ViHe de Mayorque paye. Èh tirant plus' 
en avant, on voit tes Cales de Muradà^, de Magranar, d'Eftafiol, & on* 
arrive à la Pointe de Broffat, ou Brotat. 

• De cette Pointe, on va à celle del Lébrel, & un peu plus loin on trouve* 
TAnfe de Canamel, le Cap de Maflbt, les Cales de Péréto, de Proeniàls5 
dè-PédrérabdeHierony, & onjacrive au Promontoire de Péra y défendu par 
un bon Fort. 

Du Tromontoire de Péra onvaà Freui delà à Câh-Tbrta, de Calâ^ 
Torta à Mitiana , de Mitiana à Cak-Marfoti & on arrive au Promontoire* 
dé Férruig, défendu par une Tour. 

Après avoir- doublé lé Promontoire de Ferruig, on tîéfcouvre une grande^ 
Plage qu'on appelle TEftani del Bisbe, laquelle s'avance confîdérablement» 
dans la terre, au bout dé laquelle, dû côté du Midr, fe voit un-' grand 
Etang qtfon appelle Aîbufèrc, mot Arabe qui- fîgnifiè Petite Mtr: Il a* 
i'2ocx:> pas de tour; Près'de cetEtang la Merfait un Golfe qii'ôn^omme^ 
Grac-Mayor , d'où Peau de la-Mer fe mêle avec celle -àè IHlbufère. 

En tirant vers le Nord , on découvre !é Port d-Akudia,' une èfpèce dTf- 
le ou plutQt un. Ecueil qu'on appelle l'AIcaaada , la Cale de Minorque , &• 
fihalément^la Pointe dii-Pinart; Mais avant que de paffer:Outre , faifons la 
Dcfcription de k Ville d'Altudi^. . * 

' Lorfque le Roi d'Arragon conquit riAé de Kfeyorque, lâ Ville d'AIcudiaALcix- 
n^étoit^u'un Hameau;- mais dans la fuite quantité de Peuples de divers au-^iA. 
très Villages s'y étant allé.établirj elle .devint peu à peu- une Ville aflez con-* 
ffdêraHè. • . . ^ • 

Elle eft fituée près dé lâ Mér -, vis-à-»vis dé riflè de Mmorque, eutre deux ; 
grands Ports qu'on appelle Port Mayor & PortMinor. Elle eft'prefque 
environnée de k Mer-, qui- en faitune elpècedé Peninfiile.- On y compte* 
jusque? à environ mille maifbns. 

Elle. eft-. défendue par deux Fôrtsi par des^nmraSfesforr élevées &par 

P î. de 



t 



no DESCRIPTION ET DELICES 

^ bons folTés. A caiife du ièlc (jue fès Habkans firent parokre dn faveur 
de leur Souverain dans un foule vement populaire qui fiir vint eii i y 2 1 \ TEm- 
pereur Charles V les exempta de tous les impçts qui font établis dans Tille , 
&; accorda a la Ville le Titre de Cité- . 

Pollen- A une yeue & demie. d^AJcudia du côté du Nord,; on découvre Tapcien- 
^* ije Ville de PoUença^ Colonie de Citoyens Romains. ^Quelques Auteurs 
prétendent que fa première fondation fut faite ien un endroit près d'Alçu- 
dia> & fondent leur opinion fur quantité de Médailles &dp Statues dq 
Marbre qu'on y trouve > parmi lefquelles celle du -célèbre Capitaine Qui^^t"« 
Céciliqs Métellus, furnomraé le Baléare^ mérite l'admiration des Antiquai- 
res, Ils ajoutent que fes Habitans s^allèrent établir dans Tendroit où elle eft 
préfentementi, pour, éviter Iç danger où ils étoient de fe voir fubmergés par 
les vagues de la M&r. . • / 

Malgré ces conjedures plufieurs bons Hiftoriens foutiennent que ces Au*, 
teurs font dans Terreur ^ & croyent être mieux fondés qu'eux , en difent 
lue Pollença fut bâtie en un endroit qu'on appelle Colonia, à çaufe qu'elle 
fut une Colonie des.Romains. Cette opinion pgroît d'autant; plus proba-^ 
ble, qu'outre Tallufion qu'ils font au nom de Colonia, ony^vp'it encore 
des Aqueducs*, par le moyen defquels on conduifoit l'eau de la vallée de 
Ternelks à cet endrok. . • . . . * ; 

Quoiqu'il en fçit, cette Ville conièrve encore fon ancien nom, iSc quel-, 
ques reftes de fon antique grandeur, bien qu'elle n'enferme dans l'enceinte 
de fes murailles qu'environ 700 maifons. Ses Habitans fe diliingiient par 
la politeffe de la Langue de tous ceux de riile. 

Son terroir eft abondant en froment , en Kuile & en un vin exquis , qu^on, 
appelle Montona. On y voit un Port alïbz grand, & couvert par la Pointe 
d'Albacux qui en eft fort proche» 

De la Pointe d'Albacux on va à Tlfle de Formentor ; &, après avoir cô- 
toyé les Cales de Muria Se de Gonçalvo, on "arrive au Grand Promontoire, 

3U1 porte le-nom de riHc:, après quoi on trouve Calafiguéra & la petite Ifle 
u Colomer , & enfuite Cala Bouquer & FAnfe de Saint Vincent , la- 
qfuelle eft, défendue par uq. Château très fort, où le Roi tient un Com- 
mandant/ . 
Calo- Enfin, en fuivant cette Cote, on rencontre la Pointe de la Sal, la Tour 
mu. de Bécar, la Cale de Caftellas, & on arrive au Port de Calobra, qui eft 
fans diipute lé plus célèbre & le plus important de. toute Tifiç 5 foit pour la 
facilité de fon entrée, foit pour la f)eauté du Païs qui l'environne, & pouTr 
l!abo.ndance d'eau de fontaine qu'on y, trouve. 

Près du Port de Calobra, la Mer fait une enfonçure dans la terre, re-- 
çoit quelques eaux qui coulent dç divers endroits de l'Iflc, •& commence 
à s'hérifler de rochers efcarpés qui la rendent preique inabordable , fur-tout 
en un endroit qu'on appelle le Promontoire de la Seca, lequel eft défendu 
par* une bonne Tour, où il y a deux Sentinelles, A quelque diftance de ce 
Promontoire on voit Calaferréra, & enfuite l'Ecueil ae Llampayes, lequel 

^ ' . •■ * ' éft 



D* E"S P a g N E et UE F O ft T Û G À L. irF 

^ devenu mémorable daiis THiftoire y a éaufè cf une délcenté qif y fît une ' 
Efcadre Turque en 1 561 , où les Iilfidèlés furent entièrement défaits parles 
Habitans de PIfïe. II y a im Port âfTez confidérable défendu par deux Touri 
€-eft là où Saint Raymond de Perinafort alla furgir. 

En fortant di^ Port de. Soller, on commence à fiiivre la côte de Daya^FoRADA- 
fequelle'prendfon origine d'imeCaie qui porte le. même nonide Daya, yis-^^^ 
à-vis de laquelle on voit les Touirf de Luchalcarri, &enluîte on va à là 
Pointe du Single, tout près de laquelle eft la petite Ifle Forad^ay laqueP- 
Iç n'^a'rieil de remarquable 5 fi ce n'^èft une montagne, aufommet de laquef- 
fe le Roi Don Jaime de' Mayorqué, fils de* Don Jaime le Cbriouérant, fit 
bâtir un célèbre Collège pour enfçi^ner aux Religieux de POrdre de Saint 
F^an(Jois la Langue- Arabe, afin d'être mieux ejn étatde convertir les Mau-^ 
tes. On prétend que Raymond LuUe ipfj)irà à ce Prince' Iç- deïïein de fon^ 
ijerçe.CQllège.,, • ■; ' : • * . : i .: . ' : :. : 

^ De la Pointe ^ù Single y on va à celle de Bunota 5 où' il-y^ urie petite An- ' 
fe, où les Pirates d'Àfi-iquè fe cachent pour furprendre Tes Barques qui naf it 
gent vers cette côte; &, après avoir doublé le Gap- de Caval Bernât, & 
pafTéla Cale Evangelique, on arrive au' Cap de Grbfler , au-delà duquel dl 
lePort .d^jSantelqie,^ défenài par une bonne Fortereffe, 04 les Jurais de 
•Mayorque entretiennent un. Alcaïde, ou Commandant^ avec qiieiques folr 
dats. Delà, wi découvre l'ancienne P^/^;«^r4 & la petite Ifle du Pantaleu j P^^^^a^ 
lieu mémorable pour être celui qù k Roi d'Ajragoa débarqua lo'rJqû'îlaUa a ^^^^ 
k conquête des Ifles Baléares^ 

'\ LMSLE DRACONÈRA 



VTs-A-Vrs db Pantal'eu-, efffîtuée la Dragonéra y Ifle qui peut avoif^DRÀCO- 
environ, milje pas de Ipngueur, neuf cens de largeur, &cinq mille nera. 
de tour. Elle eft éloignée de 1 200 pas de Tlfle de Mayorque, ' 

On y voit une montagne qu'on appelle la Popia , au-deffus de laquelle on 
à fait cohftruire une Fortereffe, où un Alcaïde , entrçtenu par les Jurat$ 
de Mayorque , commande. Au-deffus dexette Fortereire,du côté du Nordj 
on voit les Cales de Lebex , dé LIadro & de Rigâu :. leur ibord ,eft'trè^ dan* 
gereux^ Ceft-Ià où les Corfaires d'Afrique le refii^ioient Uvtmt la conftruc^ 
tion de la Fortereffe.. . . 

Tout le Territoire de Tlflé efl; induite y & ne produit rien qu'une efpèce 

d'oifeaux de proie, qu'on appelle Efpagnols,. .lelquels font très bons à maiv 

•ger, ' * ^ - - \' • ' ;. . . " 

' Le nom de cette Ifle a donné lieu à qireliîues' Auteurs dé dire que c^étok •■ - 
là Colubraire ou Ophicùfe y dont les anciens Cormographes" ont tant ptarlé^ 
mais cVil une opinion fàufle que nous avons déjà refiitée. Pour'mdi, j0 
crois avecrHiftorien.Marfilius,- que ce nom lui fut donné à caufe de fa figu- 
Be qui rcffemble à une efpèc« de Serpent ^ui y croît, & qu'on appelle Sar- 
^antana en Langage Catalan., 

' Ces 



lia BES€RlPTION-ETPELJCES 

Orago. Qçg Serpens font teUement propres à cette Ifle & à celles qui lui fbitt 

^**^' adjacentes, que quand on en porte dans les autres, ils y meurent fur le 

champ. Tout près de la Dragonéra on voit quelques autres petites IC' 

lies , dont celle de Mijana eil: la principale. Revenons «à Tille de Mar 

yorqœ. 

Après avoir pafle le Pantaleu on trouve la petite Cale des Conils p enfui»- 
« te la Pointe de 6alindo, la Cale Blanca^ le Cap'de Falco, la Calé de Cjoz, 
celle de la Balleftéra, & on arrive au Port d'Andraig, lequel eft fort vafte^ 
.mais fort découvert du côté du Ponant. Il eft défendu par un Fort 
-conftruit dans une elpèce de Peninfule tout près d'un Bourg appelle la 
JMola. 

En fortant d'Andraig, on xîécouvre Jeux ou trois petites Cales de peude 
fionféquence, & on fe rend au Port d'Andrithel > lequel eft fort Ipacieux & 
a beaucoup de fond. 11 eft défendu par une bonne Tour. 
Pegue-^ JSur la Côte de Cal via près d'Andrithel, on voit le Port de Pégué- 
^^ ja qui eft un «des plus conCdérables de toute Plfle^ & enfuite on décou^ 
vre une Cale à laquelle hs premiers Chrétiens qui y parurent, donnèrent lé 
nom de .Sainte-Ponce à caufe que toute i'Armée du Roi d'Arragon y dt^ 
Jjarqua. - • . ; 

Ce Port eft défendu par une Tour qifon appelle TAtalaya de Malgrat. La 
PennaRoxa, ouCliâteau Roux,rEcueildeChiyas&la.TourdeR2r^ 
font fitués vis-:à-vis de Sainte Ponce. 

Cette Côte fe termine par le Cap de la Figuéra, défendu par une Tour, 
& en côtoyant un vafte fein que la Mer forme tout près delà , on rencontre 
la Cale de Mortes y&; lespietites Ifles de la MorrafFa défendues par des Tours. 
Enfuite on découvre la Pointe de Mortubi ^ entre laquelle & l^ petites Ifles, 
43ont on vient de parler^ paroît Ja Cale Mayor> après quoi oixabordeàM^ 
yorque. 

Tels font à peu près les Villes principales, les Ports, les Anfes^lesCàps, 
les Promontoires^ les Pointes, &; les aiverles Cales qui font fur les Coites de 
rifle de Mayorque. A Tégard des Villes qui font dans le cœur de Tlfla, el- 
les font de fi peu de conféquence , que je ne trouve pas à propos d'en par- 
ier, eftimant qif il eft plus utile de faire la Defcription des autres Ifles qui 
compofent le Royaume de Mayorque. 

nSLE Dz MI N OR au E. 

MiNOR- \iflNORQ,UE ellla principale de toutes les Ifles Baléares qui reftentà 
<niB. J\j. décrire. Elle eft nommée Minorfucy & Menorca par les habitans, 
parce qu^elle cil la moindre & la plus petite. Les Auteurs Espagnols aflurent 
Qu'eÛe a toujours été regardée comme une partie de TEipagne , & que fes 
habitans aiiJî que ceux & Mayorque ont toujours été réputés EÔ>?gnoIs ; ce 
.Qu^on ne peut pas dire des autres Peuples, qui font ibumis à la Couronne 
tfEipagne. ... - 
. ^ ••' - - Cette 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL 113 

Cette Ifle a porté autrefois le nom de Nura ; mais aucun Auteur ancien Minox- 
ïii moderne ne dit pourquoi il lui fut donnée. Elle eft fîtuée vis-à-vis de la QPb* 
Partie Orientale de celle de Mayorque ^ de laquelle elle eft éloignée de dix 
lieues. Elle a environ fëpt grandes lieues de longueur & un peu plus de 
deux de largeur. 

Son Terrein eft en partie montueux , & en partie plain. Quoique fès 
montagnes ne fbient pas fi élevées 3 ni ii fertiles que celles de Mayorque, 
• elle ne laifFe pas de produire toutes les choies nécelFaires à la vie humaine. 
Il on en excepte Thuile qui y manque, à caufe que Pile eft fort expofée aux 
frimats du Nord. Son Climat , fbn Langage , fes Coutumes font femblables 
à celles de Mayorque. 

" Il y a un des plus beaux Ports de TUnivers qu^on appelle le Fori-Mabon , Port» 
nom tju^ori lui a donné par allufion au fameux Capitaine Mahon , qui rendit M^^^^^^- 
tant de fervices fignalés à la République de Cartilage dont il étoit Sujet. 
Voici une bonne cfcfcription de ce Port. 

A !a pointe du Sud ae Tlfle de Minorque, il y a un Met fort bas nommé 
Laire de Mahon (*): il eft éloigné de la pointe de Minorque d'une 
bonne portée defufil. On peut palier à terre de cet Illet avec des Ga- 
lères & des Barques, y ayant quatre braffes d'eau dans le plus étroit pafi 
iage, dont on voit le fond fort aifément. De la pointe du Sud de rif* 
le Minorque à celle du Nord-Eft , nommée la pointe de la Garde , la 
route eft Nord-Eft quart de Nor-d environ fîx inilîes. Sur le haut de cette 
pointe il y a une Tour de garde qui eft ronde, & qui eft fituée lur une é- 
fiiinence» 

Environ à ime bonne portée de fufil vers TOueft-Sud-Oudlxle cette poin- 
te de la Garde, eft l'entrée du Port-Mahon. Il eft très bon, & reflemble 
à une rivière. Il n'a à fon entrée qu'une demi-portée de fufil de largeur ,& 
une lieue de longueur. Le Vent qui y donne à plein dans l'entrée eft le 
Sud-Eft quart de Sud. Du côté du Sud-Oueft de l'entrée, il v a une Gta- 
délie fiir le bord de la Mer, & quelques maifbns auprès, qu'il faut laiirer iùr 
la gauche en entrant , obfèrvant de palTer à mi-Canal , à caufe de quelques 
petits roch^sT qui font des deux côtés. Il y a aulTi dans le Port quelques 
petits Iflets qu'on laifle fur la droite, avant qu'on fbit arrivé devant la Vil- 
le de Mahon, qui eft du côté du Sud-Oueft* " 

On mouille ordinairement devant la Ville, oui eft éloignée d'environ 
trois quarts de lieue de l'entrée du Port. Il «ut s'y amarrer à quatre; 
fevoîr deux fers à la proue par fept à huit braffes d'eau fond d'herbe 
vafeux, & deux amarres qu'on portç à terre, ayant la poupe de la Ga- 
lère vers la Ville à une demi-longueur de Galère de terre, où l'on trou- 
ve cinq k fîx braiTes d'eau. -On lait de l'eau devant la Ville proche de 
la Mer. 

La Latitude eft de quarante dégrés deux Minutes. On peut aufti mouil- 
ler 

, (*) Mcbekt. Port, de la Médit p. 3*. 

Tome UI. P 



114 



DESCRIPTION ET DELICES 



Port- Jer après avoir dépafle la Citadelle 5 qui eft a Pentrée du Port ; mais il fkut 
Mauon- s'affourcher à quatre , cQmme devant la Ville. On y peut aulTi faire de 
Feau dans le fond de quelques Calangues qui y font. On peut pafler tout 
autour des liles qui font dans le Port ^ fi Ton en a befbin. Il en faut pour- 
tant excepter le côté Nord-Nord-Eft de celle qui eft devant la Ville 3 où ii 
n^y a point de paflage. 

On eft tellement à Tabri de toutes fortes c^e Vents dans ce Port qtf il y 
a un Proverbe qui dit: Que dans la Mer Méditerranée, Juin, Juillet, 
Août & le Port-Mahon font la fiireté des Vaiiteaux, 11 avance une grande 
lieue & demi dans l'a terre, & renferme dans fon fein trois ou quatre peti* 
tes Ifles. ; 

A main droite du Port , on voit le fameux Château de Saint PJiilippe , le- 
quel, félon Daméto, pafle pour imprenable, tantàcaufe de falituation^ 
que de la grande quantité d'Artillerie qu'il y a; cependant on remarqua dans 
la dernière Guerre, que cet Auteur donnoit dans Phyperbole , en parlant 
de la forte, puifque les Anglois s'en rendirent les maîtres fans faire de 
grands efforts. 

Plus avant dans la Terre, on voit la Ville qui donne le nom au Port 31 
fondée par les Carthaginois. Elle n'eft pas grande, mais elle eft paffabk-* 
ment ridie à caufe du commerce qui s'y fait 



St. Phi 



Cita- 

D£LLA. 



C I T A D E L L A- 

CItaj>ella ou Ciudadéla eft la Capitale de l'Ifle de Minorque. EKq 
contient environ 6qo maiibns , & eft défendue par de fortes murailles: 
& par plufieurs Baftions. On y remarque quelques édifices affez bien conf^ 
truits, & qui méritent l'attention des curieux. 

Le Gouverneur de l'IUe y fait fà réfîdence, aufli bien que fon Affeffeur 
& PAvocat Fifcal , avec l'Alfiftance defquels il prend connoiffance de toutet 
les affaires qui lurviennent dans fon Gouvernement , tant en matière Mili- 
taire, Civile, que Criminelle* 

Pour ce qui regarde la Juridiâiion Eccléfîaftique, FEvêque de Mayorque 
y tient une Provilèur. Anciennement il y avoit un Evêque particulier, 
comme il paroit par plufieurs Aâes authentiques. 11 y a quelques Couvei» 
de Religieux & une Eglife affez remarquable par le nombre d'Eccléfiaftiques 
qui la deflervent, parmi lefquels il y en a un avec titre de Prévôt, lequcj 
porte r Aumuffe , comme s'il étoit Chanoine. i; 

Il n'y a dans toute l'Ifle que deux autres petites Villes qui font Laor & 
Mercadal,qui ne méritent pas qu'on y faffe attention. Dans la partie Orien* 
taie, on trouve un Port nommé Fomelli: il eft au fond d'une jolie Baie^ 
vers un Cap de même nom. . 



UISLB 



D^ESPAGNE ET. DE PORTUGAL 
VI S L E D'Y V I C A. 



II? 



YViç A 5 lile de la Méditerranée, connue des Anciens fous le nom d'-E- Yviça. 
bujiis. Elle eft fituée entre le Royaume de Valence en Upagne, & 
rille de Mayorque, à diftance à peu près égale, c'eft-à-dire, à environ 
<]uinze Heues. Le milieu de TIAe eft à 39. d. de Latitude , & £1 partie Oc- 
cidentale eft fous le même Méridien que Tarragone. Dès le tems de Pom- 
ponius Mêla (*) elle avoit une Ville de même nom qu'elle. // rfy a^ dit- 
il ^ ^e<^ Z? I^ed qu'elle ne produit pas abmdammera , €Ue eft plus fertile en d'au* 
très cbofes. Elle n'a aucun animal nuifible ^^ fi on y en porte elle ne lesjouj* 
fre point: il n'en eft pas de même de Pl/le ColubrariaJont elle me fait fouvc^ 
nir^ car comme cette dernière eft remplie de diverfes fortes de Serpens qui la 
rendent inhabitable^ cependant ceux qui y defcendenty font à couvert de tout 
danger dans une enceinte qu'ils forment avec delà terre de Vlfle d'Iviça ^par- 
ce que ees Serpens ft après à ^élancer fur ceux qiiils rencontrent , prennent la 
fuite à la n^ue de cette terre qu'ils craignent comme un poifon dont iln'ôjent ap^ 
procber. 

Ceft ce que Mêla nous apprend de cette Ifle d'iviça. Ces mots elle eft 
plus fertile en d^autres cbofes > peuvent être expliqués par ce palTage de 
Diodore. Elle eft affez fertile; elle a un petit Canton prop-e au vignoble^ 
^ a des Oliviers fauvages qui produifent des Olives. 

Ajoutons-y le témoignage de Pline qui dit que les. Figues de cette Ifle 
font très groiies & excellentes. On les faifoit bouillir & leclier ^ & on les 
envoyoit à Rome dans des caiiTes. Leur fuc qui eft comme du lait quand 
elles commencent à meurir y devient comme du miel en cui&nt. On les 
laiiTe vieillir à farbre^ & il en dégoûte une eipèce de gomme 9 & elles fe 
fèchent. Les Figues feches étoient nommées Cauna de la Ville de Caunus 
en Carie, d'^où l'on en apportoit. Ceft affez TuÊige dans toutes les Lan- 
gues de donner aux fruits le nom des lieux qui les produifent. Cdi ainfi 
que nous appelions des Brignoles certaines prunes , & des Calvilles certai-» 
nés pommes, parce que ces prunes fe trouvent aux environs de Brignoles 
Ville de Provence , âc ces Pommes au Village de Calville au Païs de 
Caux. Ceft par rapport à ce nom de Cauna que Stace (t) dit, dans fes 
Saturnales* 

Et quas pracoquit Ebofea Caunas. 

Faute d^avoir fçu que Cama étoient des Figues fèdies, ouelques-uns ont lu 
Canna y & ont cru que Plflc d'Iviça produitoit autrefois des Cannes de Su^ 
cre. Louis Kugnès (Nonmus) a été de ce nombre. Cela donne occalîon 
au doue Bochart (|) de trouver une Etymologie Phénicienne du nom de 

cette 



(♦) L. a. c. 7. in Jim, 
(t) L. ï. Silva 6. 



(I) Cbanaan, L. i. c 35« 



p 2 



-\ 



Ii6 DESCRIPTION ET DELICES 

YviçA. cette ïfle, . U le décive d'nwa', lebùfo , ou Jbufo; & ce mot fignifie Secbées> 
ea fousentendant des Figues, Silius Italicus dit (*) : 

Jamqtie Ebufus Phenrffa movet^ jamqucy Artabrus arma^ 

D'où Ton conclud que la. Ville de cette Ifle avoit été bâtie par les Phéni- 
ciens. Mêla 3 comme on a vu, dit que FIfle & la ViHe poitoient le même 
nom. Diodore dit : ily a une VUÎe nommée £ r e s u s , Colonie" des Cartba-- 
ginoiSj accompagnée d'un Fort commode. Les murs en font affet grands y ^ 
ily a beaucot^ de maijons bien bâties. Elle ejl habitée par un ramas de Bar^ 
bar es. La plupart des Phéniciens dont la Colonie y fut conduite cent quatre- 
vingt ans après la fondation de Carthage. Cette Epoque tombe vers le rè* 
gne de Romulus ou de Numa tout au plus tard» 

Quelques-uns ont voulu changer dans Diodore le nom ^Erejus en Ebufus^ 
Mais Bochart (j) s'y c^pofe par cette raifon. H ne doute point que Tlfle 
& la Ville n'eiment un nom Phénicien. Ce nom> pourfuifc-il> répondoifc 
apparemment à celui de P i t y u s a qui lui étoit commun avec Plfle Colu^^ 
braria; & comme elle étoit la plus grande des deux , elle eft nommée Pi- 
TYUSA par excellence, par Tite-Live^ Plutarqiie, Diofcoride&. autres;: 
Ce nom lui fut donné dwi xMoivy à caufe des Pins. Or les Hébreux corn- 
prenoient les Pins comme une elpèce du genre d'Arbre qtf ils nommoientm, 
Erezy ainfî ce non> répond au Grec Pityufa, & n'eft pas une feute qtfil 
faille corriger dans THifiorien Grec qui a parlé fort juûe. AjDTe^ d'Auteura 
ont parlé ^s pins de cette Ifle. 

UArchévêque de Târragone , qui eft Seigneur dlviça» , tire un bot^ 
parti des Salmes (|)» LUue eft plus longue que large, & eft entourée 
d'écueils; 

Prefque toute Pille eft pleine de montagnes; Du cété du Levant, en* 
tre le Port de la Formentéra & L'Etang font les .petites If les Noire & de los 
Ahorcados. Vis-à-vis- del Cargador on voit celle de la Efponja, celle de lo» 
Ratones, outre deux au'on. appelle los Poros, celles de PEcueil Noir & de 
BicJiOte. Plus avant aans la Meron voit celles de k)s Dados , l^cûeil Do* 
xty celles de Batafogp, de li3s Conéjos & les Ecueils de Udon. On yoiû 
encore vis-à-vis de Cala-Longa Tlfle du Cap Lébrel, & tout près de Sainte 
Eulaye celle de la Pointe d'Aiabi. On apperçoit encore celles del Canar &l 
deTaçomago. 

Vis-a-vis de la Terre-fënne s'élèvent celles qu^on appelle dé las Hormî- 
gas,. lePortde Balançar, avec une petite Ifle du même noms. En tirant 
un- peu plus vers le Ponant, on découvre encore les Iflesde las Blcdasy 
de la Conéjéra,. del Borch,. delDeipartar,, de la Biarquilla & le Gap Fal- 
con^ 

UISLE- 

(*) L. }. T. 3«t. Q;) Or<>neW^Ifolado,.p. 5o<S. 



/ 



D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL, n? 

LM S L E j> E . F O RM ENTE R A. Forkek^ 

T£iUU 

Aune lieue d'Yviça, on voit Tlfle Formentéra dont il a été déjà parlé. 
Elle ell de la figure d'une lampe avec un Peçon au deffous. Ancien- 
nement elle étoit fort peuplée,. & a voit Ion Evêque particulier; présente- 
ment elle eft déferte à caufe des defcentes contintielles des Pirates d' Afrique* 
On n'y voit qu'une efpèce d'Anes fauvages , incomparablement plus grands 
que les Anes ordinaires; mais ils font a-Dfol^ment inutiles pour le Public, à 
caufe qu'on ne les a jamais pu apprivoiièr. L'on y voit quelques Ports & 
Anfes qui fervent de retraite aux Corfaires d^ Afrique. 

Leslfles de Mayorque> Minorque & Yviça, rapportent fwfEfamment 
tout ce qui eft nécefTaire fkmr la vie, tellement qu'à cet égard leurs habir ' 
tans peuvent fe pafler de tous leurs voifins. Us recueillent en abondance 
du vin, du grain, ^ & toutes fortes de fruits : le bois, l'huile > & le fel n'y 
manquent pas< Les pâturages, qui font fort bons, fervent à nourrir des trour 
peaux de brebis, de la laine de^uelles.on fait des draps qpe l'on, tranfporte 
en Italie. 

Les Lapins y font en grand norabre, de même qu'ils l'étoient dans l'Ant- 
tiquité, & ils ne. réduifent pas les habitans à l'impuifTance de {e défendre, 
cependant ils ne lailTent pas de faire quelquefois bien du mal aux fruits de 
la terre. ^ . 

Les anciens habitans de ces liles étoîent tout fauvages lorfau'îls furent 
connus des Grecs , allant à demi-nuds , n'ayant pour tout nabillement 
qu'une peau de quelqpe animal grolTièrement aprêtée , dont ils fe cou- 
vroient ïh s'éxerçoient particulièrement à la fronde,^ à quoi ils étoient fo£t 
habiles. 

Les Romaias avoient deux Cobnies <k Citoyens de Rome dans Hile de 
Majorque, Palma & Pollentia; ils y en fondèrent deux de Citoyens Latins 
Çinium & Cumci; & les naturels avoient une Ville à part, noxùmt^ Bocbrk 
Dans l'Ifle de Minorque, les Carthaginois fondèrent deux Villes, Jammo- 
na au Couchant y &.Magon, aujourdhui Mahon:, auSudrEfb 

Dans ces derniers tems les habitans de ces liles font plus de. la moitié 
Efpagnols,. afTez Induftrieux, aâifs & grands pirates. 

L A C A T A L O G N E. 

POuR achever le tour de la Monarchie dTE^agne, il nous refte à voir 
les trois Provinces , qui font au Nord-Eft,, le long des Pyrénées, fai- 
iàist face à la France^ 

La plus Orientale des trois eft la Catalogne , qui eft bornée au Nord par 
les Pyrénées, qui la féparent des terres de la France ; au Levant & au Mi- 
di par la Mer Méditerranée, & au Couehant par. un coin du Royaume de 
Valence & par l'Arragon. 
Cette Province étoit beaucoup- plus grande autrefois, qu'elle ne l'eft au- 

P^i jpurd- 



iiS . DESCRIPTION ET DELICES 

laCatà- jourdhiii ; de tems en tems elle a été écornée de quelques pièces par les 
toc^NE. François : les Comtés de Rouflillon & de Conflans en ont été détachés y & 
cédés à la France par la paix des Pyrénées , avec Un bon morceau de la Cer- 
daçne. 

Le Comté de Foix, qui étoit aufli compris dans la Catalogne , en a été 
détaché, & mis fous la dépendance des François, il y a déjà longtems. Ce- 
pendant elle ne laifle pas d'être Tune des plus grandes Provinces du Royau- 
me, ayant environ 70 lieues de longueur du C(»ichant au Levant , cin- 
3uante dans fa plus grande largeur du Nord au Sud , 80 de côtes fur la Mé- 
iterranée, & près de 260 de tour. Elle comprend un Archevêché, favoir 
celui de Tarragone, fept Evêchés, ceux de Barcelone, de Gironne, d'Ur- 
gel, de Vie, deLérida, de Tortofe, &de Solfona; vingt-huit grandes 
Abbayes des Ordres des Bénédidins & de Citeaux : une Principauté , 
lavoir celle de Tarragone: deux Duchés, ceux de Mont-blanc 1 & de Car- 
done: cinq Marquifats, Lérida, Tortofe, Pallaréfe, Camarafa, & Aitona: 
dix-fept Comtés , Barcelone, Gironne^ Urgel, Cerdagne, Bifoldu, Am- 
purias. Vie, Manréfa, Prâdas, Palamos, Pédralata, S. Colomba de Qué- 
ralto, S. Colomba de Scintillas, Savallano, Valléfogana, Guimérano, & 
Montéagudo: quatorze Vicomtes, Barcelone, Gironne, Cabrera, Balîi, 
Rocabeftino, Canéto, Ifola, Caftelbono, Erilio, Querforato, Villamuro, 
Scornalbone, Agéra, &Jocho, & grand nombre de Baronies; Monté- 
Cadéna, dont le Baron étoit autrefois Sénéchal de toute la Catalogne; 
Pinos, Carvilioné, Erilio, Cervéra, Mataplana, & plufieurs autres. 

Quelques Géographes la divifent en Vieille & Nouvelle. La Vieille eft 
-celte qui s'étend dès les Pyrénées, & te long de la rivière de Llobrégat, )uf 
qu'à la MeràrOrient: & la Nouvelle , celle qui s'étend à POccictent . dè« 
la même rivière juiqu'aux Royaumes de Valence & d'Àrragon. Mais cet- 
te divifion eft de peu d'ufage: il vaut mieux remarquer, que cette Pro- 
vince eft partagée en quinze JuridiéUons , ou Viguéries comme on tes 
-appelle. 

Le long des côtes il y a celtes de Tortofe , de Monblanc, de Tarrago- 
ne, de ViUa-Franca de Panades, de Barcelone, &de Gironne, fous laquel- 
k eft compris l'Ampurdan, que tes Gazetiers appeltent mal-à-propos le Lam- 
pourdan: le long des Pyrénées, il y a tes Viguéries de Camprédon, & de 
Puicerda , & le Comté de Cerdagne: au Coudiant le long des frontières de 
l'Arragon, tes Viguéries de Balajçuer, & de Lérida: & au milieu du Païs, 
de l'Occident à rOrient, celles tfAgramont, de Tarréga, de Cervéra, de 
Manréià & de Vie. 

La Catalogne eft le Païs des anciens Lalétains, Caftellains, Indigètes, 
Itergètes , Ilercaons, Cérétains & Anfétains , &; n'avoit point alors de nom 
différent de ceux des peuples qui l'habitoient. 

Le nom de Catalogne eft tout moderne , & Von n^en fait pas encore 
bien l'origine. Quelques-uns le font venir des anciens Caftellains, dont on 
trouve te nom dans Ptolomée, qui habitoient aux environs de Vie & de 

Car- 



D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL. up, 

Cardone: d^'autres, des Goths & des Alains, ou des Cattes & des Alains , laCata- 
comme il des noms de ces deux peuples joints enfemble 5 elle avoit été ap- logne. 
^ellée Gothalania ou Cattalania. 11 y en a qui le dérivent d'Otger Cadialo, 
qui fut envoyé par Charles-Martel , pour arracher TEfpagne d'entre les 
mains des Maures. Le fécond fentiment eft le plus vraifemblable^ & j^ ' 
vois qu'il eft le plus généralement reçu parmi les Auteurs Efpagnols. * 

Cette belle Province eft arrofée par un très grand nombre de rivières: il. 
y en a qui fe jettent immédiatement dans la Mer : il y en a qui 5 fans faire, 
un li long chemin, perdent leur nom & leurs eaux dans quelque autre ri- 
vière. Celles du premier ordre font, au Midi, outre TEbre qui en arrofe 
un petit coin , le Francqli qui fe jette dans la Mer près de Tarragone ;' le 
Llobrégat, anciennement Rubricatus, qui prend la fource dans le Mont 
Ptndis 5 • coule tout droit du Nord au Sud, fous douze ou quinze ponts, & - 
fe dégorge dans la Mer, un peu au defTous de Barcelone : le Béfos, Bétu-. 
lus, qui fe jette dans la Méditerranée, au deffus de la même Ville: àfO- 
rient, le Ter, en Latin Thicisou Thiceris, qui prend fa fource entre le' 
Mont Canigo & le Col de Nuria, coule d'abord du Nord-Eft au Sud-Oueft>. 
puis tournant tout-à-coup à l'Orient , paiFe à Gironne > & fe déciiarge dans 
I9 Mer, au deiFous deTorroella: leFluvia, en Latin Fluviafius & Qu- 
wanus^ & un autre petit qui porte aufli le nom de Llobrégat. 
, Les rivières du fécond ordre, c'eft-à-dire, celles qui ne vont pas jufqu'à 
la Mer, font, premièrement la Sègre, autrefois Sicoris , la plus grande de 
toutes les rivières de la Catalogne, qui prend fz fource dans la Cerdagne j 
elle coule du Nord-Eft au Sud-Oueft, pane k Puicerda, à Urgel, à OUana, 
à Camaraii, où elle reçoit la Noguéra Pallaréfa, à Balaguer , à Lérida, au 
deffus de laquelle elle reçoit la Noguéra» Ripagorçana, & à Aitona, puis fe 
joint à la Cinca, après quoi elles vont fè jetter dans l'Ebre près de Méqui- 
nencia for les frontières d'Arragon : la Noguéra Ripagorçana > Nocbarià 
Ripacurtiana , qui fait la féparation entre une partie de la Catalogne & de. 
J'Arragon, coulant du Nord au Sud , ôcfejette dans la Sègre, audeiïîisde. 
Lérida ; la Noguéra Pallaréfe , dont le cours eft parallèle à l'autre , & qui fe 
jette auffi dans la Sègre près de Camarafà : la Cervéra , qui fe jette dans la^ 
même rivière, un peu au deffus de Lérida: la Noya, qui tombe dans le 
Llobrégat près de Martorel, & le Corp, qui fe perd dans la Cervéra, 

Chemin de Valence à Barcelone. 

POuR parcourir cette grande Province avec fatisfaéUon & avec ordre, Touto- 
je vai , félon ma métnode ordinaire , fuivre les grandes routes. Je re- se. 
prendrai donc mon Leûeiu* aux frontières de la Catalogne, où je l'ai laiffé, 
pour le condmre delà à Barcelone, & lui faire remarquer en paffant les beau- 
tés des lieux , qui fe trouveront fur la route & aux environs. Qiiand nous 
ferons à Barcelone ^ nous verrons ce que nous aurons à faire. 

TOR- 






120 DESCRIPTION ET DELICES 

T O R T O S E. 

ToRTo- T A première Place , que Ton trouve en venant du Royaume de Valence,, 
^^* JL^ eft Tortofè, Ville ancienne, confidérable pour fa grandeur, pour fa 
for<se^, & pour fon Evêché. 

. Silva dit (*) que la Ville de Tortofè fut fondée par le Roi Ibère, Efpa- 
nol. Pan du Monde iptSi , & deux mille ans avant la naiflance de Notre 
ieigneur, & qu'il lui donna le nom ^Ibéra^ que Sciplon changea en celui 
de Dertoja , îorfqu'il en fit une Ville Municipale, 

Les Maures fe rendirent maitres de cette Ville en 716, & Don Raymond 
Bérenger, dernier Comte dé Barcelone, & Prince d^Arragon, la gagna fiir 
eux le 3 1 Décembre de Tan 1 149. Il emprunta pour faire cette conquête 
de rEglife de Barcelone, cinquante livres dVgent; il fit peupler de nou- 
veau la Ville, & en prit le Titre de Marquis; deux ans après il y remit le 
Siège Epifcopal. 

tes Barbares Pafliegèrent derechef; mais les habitans aidés de leurs fem* 
mes fè défendirent fi oien , que les Maures furent contraints de fè retirer. 
On a accordé pour cela aux femmes pliifieurs prérogatives , entr'^autres 
qu^elles pulTent porter pour dévife d'Armes une e^èce d'Ordre Militaire , 
lavoir une Hache de couleur cramoifi ou d'écarlate fîir un Scapulaire fous le 
nom de Paffetems; &^ dans les cérémonies des Noces elles ont le pas fiir 
les hommes, fulFent-ils les premiers Magiflrats. 

La Ville de Tortofè efl lîtuée à quatre lieues des frontières de Valence , 
à une diftance parciHe de la Mer, fur la rive gauche de PEbre, s'étendant 
le long de ce Fleuve en partie dans la plaine, & en partie fur ufleCdline 
devée. Elle eft grande, divifée en deux parties, la Ville vieille & la Ville 
neuve; la Ville vieille dl la plus grande. 

Elles font toutes deux ceintes aune bonne muraille, de baftions & de di- 
vers autres ouvrages à la moderne, & défendues par un vieux Château bien 
fortifié, qui eft bâti fur la Colline , en façon de Citadelle, placé entre les 
deux parties de la Ville , & faifant face à la ViHe & à TEbre. On entre dans 
cette Ville par im grand pont dé bateaux jette fur TEbre, dont la tête eft 
défendue de deux demi-bailiôns & de quelques autres ouvrages avan- 
cés. 

Cette Ville fut prifè par lea François PAn 1649, ^ reprife fur eux Tan- 
née fuivante. Tortoie étoit anciennement la Capitale des Uercaons, & 
s^appelloit Dertoia, comme il paroit par une médaille de TEmpereur Tibè- 
re, fiir le revers de laquelle on lit ces mots ; D e r t. I l e r g a o n i a. Elle' 
eft aujoOTdhui le fîège d'une petite Univerfité, qui appartient aux Frères 
Prêcheurs , & d'un Evêché Suffi^gant de Tarragone , qui vaut quator- 
ze mille ducats de revenu : le premier Eveque a été St Ru&s , ou St 

Koux. 

. Elle 

(♦) Fobkc. ée EffaUay p. 245- 



r 



S 



D^ESPAGNB ET DE PORTUGAL. IM 

^lle eft embeMie d'an grand nombre d'Eglifes & de Maiforis ReIigieufèl9>,TaRT0^ 
xxi y remarque entr^autres TEglifè Cathédrale 5 le CeUège Royal des Domi^^^E- 
dsiiifs, le Cottvent des Carmes^ & une porte qui^ft toute dé beau marln^e 
tirant fur le noir. 

. Tortofe eft fîtuée dans un Pais fertile en grain & en fruits *> fécoftd en car-^ 
rières & en urines de divers métaux. On y trouve des mines d^argent & de 
fer; des carrières d'alun ^ d'albâtre , de très beau jafpe de diverfès couleurs^ - 
comme de Mànc y de Tduge^, de verd^ de yldet , & de touleur dé rofe j deô | 
pierres gui^odt des veines d'or^ & de plâtre. -Oïi y fait auiïi beaucoup de 
fcie & (fhuile, de très beaux ouvrages au tour, & une efpèce de potcelai* 
ne fort fine. 

L'Ebre^ qui dave lute partie de lès murailles^ eft fécond en poiiTons; on 
ypêche des iaumons &;(fes alofès, pax^ticulièrement au printems: & comme 
il eft navigable, pouvant porter de gros bàtimens, il né contribué pas peu ; 
à faire fleurir le commerce dans cette Ville. 

* Voici de quelle manière Michelot dans fbn Portulan de la Méditerranée 
(^) décrit rentrée de cette Rivière, qu'il nomme àia manière des Marins, 
do nom . de la Viile où fe fait le commerce maritime. 

La Rivière de Tortofe, dit-il, eft k la fin des Plages du Zoffa. Ofi y 
peut entrer avec de moyennes Barques & des Tartanes. Oô réconnoit 
rEmbouchure de cette Rivière premièrement par les eaux blaôches & trou- 
bles qui en fortent enfuite par quelques Cabanes de Pêcheurs qui font fur la 
droite en entrant, .& fur la gauche on voit les Tours des Salines, & celle 
de St. Jean un peu an loin. 

On peut mouillera Touverture de PEmboudiure cïê cette Rivïà-e aune 

tite demie lieue de terre, 6ù Ton fera par quatre à cinq brailes d^eau foftd 
^j va^e môle. Le Vent <fe Sud-Eft doime à plein dans TEmbouchure de 
la Rivière: la Ville de Tortofe eft environ fîx mille dans la Rivière Ihr la 

droite. 
Environ daqmMlev«-s le Nord de rEmbouchure de cette Rivière:, il y a 

ene greffe Tour ronde, Ctuée for le. bord de la Mer: entre la Rivière & 

cette Tour il y ^ a deux autres , mais plus petites, qui font aulTi fur le bord 

de la A4er> 

Depuis rentrée de la Rivière de Tortofe julqu'à la pointe de Sâio , la 
route eft le Nord-Eft: environ trente-fept milles entre les deux il y a un 
grand enfoncement & un bas terrain, où Ton voit plufieurs Villes, Vil* 
lages , & Tours de garde ; & , dans la plupart de ces Côtes ils y a des 
Hagès de Sable ; mais avançant dans les terres il y a de hautes Monta^ 
gnes. 

Au Ibrtir de Tortofe , on remonte tm peu vers la fource de TEbfe, on 

traverfe de hautes montagnes fort rudes. Ton voit, en chemin faifànt, une 

grande quantité d'oliviers, & après cinq lieties de marche, on trouve un 

.. - - boa 

dPag. 38. • : : 




iti, ^DESCRIPTION ET DELICES 

f ^i». bon Boui]g nommé Giiieftar. Continuant à monter on rericdntre tinfr' iJe-- 
tit«. Place noBunée Mor^, Si plus haut une autre nommée FJix. Cette ir-- 
nièi?e;eft dans une fituation fort avantageufe, & bien fortiîSée par l'Art fit 
par fe Nature, bâtie dans une prelqu'lîle que TEbre forme en Êiifant une- 
grande courbure; tellement que ce Fleuve Tenviromib detroia côtés > fit 
lui fert de fofle 5 pouvant; être conduit dans ceux qu'on afeits ^itour de cet^ 
t€ Ville;. de r^utre cçc^jf où l-Ebre rie Tenvironnepôint 5 eUeeft couver-I 
te par des iriontagne^i défendue pa^ un Château bàtiîfur)une hauteur , . qub 
la commande ,. &, de. toutes parts munie de bonnes muniUesi^ & de: quelqucar 
fortifications irré^ulières^ . .• ] 

TiwsA. Je reviens à Gineftar. Sortant de ce Bourg cm continue à marcher dknsi 
les . njontagnes^ 3ç roiï » stciye bientôt à une petite Ville nommée Tiviça. 
Dans la niontagne 5 qui eA pcès dfe cette Ville, il y a une carriéjFe d'une dIV 
pèce de pierre^ d'OniK>i qui eft .k-pou^près de la couleur d^unoAgle d-hom*' 
iiie> avec des veines qui reffembletlt au îafpe &;k lafardoine.. .Qadeicèadï 
QDfuite la montagnfe > & Ton' vient dans là plaine , où Ton tro»ve Cambril* 
l^y ou Cambriles 5 -petite Ville fermée de hautestounrilles, fituééîfiir le riva- 
ge de la mer, à deux lieoead* Tarragojiey à dnq de Gineftary &:k tren-^ 
tç-çkîq d« Vâlentew .Toute! >l*caitipagDe d'identour eft fort fertile &fort 
^réaWe;.&, de cette Ville à.Tairagone, on rencontre un beau Païs biem 
cultivé j d0s chatnps 5) deis forêts d'arbixs. iruitiers , de heaus; Bourgs y . fia. 
quelques Villagesj j - . 

Avant que de parler de TarragonCy il faut s^arrôtei im^ peu pour lairey 
une courfe dans la Viguérie de Monblanc, où ilv à trois ou. quatre petiteft^ 
Çlacqô à remarquer 5 roblédo, Sivraùa> Piadas «^ Monblano 
Ço^tp- ' ÎQblédd 5 en; Latin Popuietumy. eft au Nord^Eft de Gineftar> à trois om 
BO* . çiatre lieues de diftance3 fur une pedue rivière , qui. va fe jôtter dans rEbreii 
]ky 8 là un riche Couvent de l'Ordre deCiteaaiî:i,bâti.par AlfonfeCohitfesdcl 
Barcelone 5 premier Roi d'Arragon^de ce nom 5 avec une Eglife dédiée à Sti. 
5eri!»rdj où Ton voit une chapelle fort ische^ qiii étoit là fèpulture ordinai- 
re dea Rois ôc. dps Reines d'Acràgoit. . Ils y font enfévelis dans deslèpulti 
(ires :d$ marbre, , On compté de ce lieu, viiigb-quttre milles jufiju'k Tarra»^ 
gone y ôc cinquante jufqu'à Barcelone :. on trouve dans fon voifinage des^ 
minières dWn & de Vitriolï. . . ; i. ' 

SivitA- ArOrient de Poblédo.,: fUrr la même rivière ^ 00 voit Sîwwuz. Fôrtercf-^ 
«A« fe fîtuée dans Içs montagnes^ pâcmi dç? rochers ^ qui en rendent râcQ& fort 

diflBcile. j.^ ' ^ - 

Eiuj>i$, Plus haut au Nord-Eftieft'Pradwl^ipetk^ 

tous les ans il fe tient une grande foire. . . ; 

Mon- r ^ JX)rièaÉ>de Prad* 5 efti MembfatttD Ville imédlocire,. Gapitaïe d^unà 
BWNc Vimiérie & d'une Comtéi .fiîîaé^ fw.l» petite «vicre de Francoîi. ' 

Sjuuieai., tJn.peu plushatife que MwiWiincji.au ^ford^Eil^ on voit Sarréal, petitc»^ 

Viltej, où Ton trouve des carrières d'albâtre > fî beau 5 li fin, fie fi tranf^ 

païsnt;, qii'QXien.fait des glaces de fçnêtre» ; « 

*^ ^ i) ^ .li. .-1>AR^. 



^ESPAGNE ET DE B05li:TViG'ÀL. ki^ 

; T A R R A GO N E. - Tar»a> 

A Près côtte digreflîon je reviens k Tarra^one, Ville fort ilîuftre& 
fi3rt oûcienne , ^ qui a confervé fon no^n oc quelque partie de fa gran- 
deur, à travers tant de liècles, julîju'à notre tems. Elle fut bâtie par les 
ïhènidensj qui I^ppeflèreiit Tarcon, d'où les Latins oftt fait Tarracd; les 
Scipions la réparèrent 5 & en firent une boane place d'armes contre le* 
Olrthaginois, Elle étoit fort piaffante , fort riche, & fi confidérable, que 
Ton donna fbn nom à la troiliètne & la plus grande partie de TEfpagne , que 
2e& Romains appelloient la Tarraconoife. 

Ses anciens nabitans furent les premiers qui , par une flaterie abomina*- 
Me, S^vtfèrent de bâtir un Temple à Augufte pendant fii vïe mêmëj» & 
comme leurs Envoyés loi rarenb dît qu'un palmier avoit «ru fur ion autel ,; 
il paya leur baffeffe par une failierie amère: Cela^fait 'footty leur dit-il , rnsè 
-vous fawifieafûuivmtfur mon autel EUei étoit environnée de murailles M- 
ties de gros quartiers <le pierre, av«: un port garni d'un grand mole, dont 
on voyoit encore les ruines il n'y a pas longtems. 

On découvre dans cette Ville & aux envinons, beaucoup de monumens 
d'antiquité, favdir des médailles, des Infcriptions, & les mazufes de quêï^ 
ques bàtimens, qui ont été magnifiques^ con^ne d^un Cirque, où fe <&!« 
ibient des couriës de chevaux, difins une^place appellée aujourdhul là Plaça 
del Fuente, & d'un Théâtre, qui étoit en partie taillé dans le roc, & en 
partie bâti de gros quartiers de marbre > dans l'endroit, où eA à préfent 
i'EgJifè de Nu^raSeg4)ora dd Mi^ 

Aujourdhui Tarragone eft dans la même fituïition, fiîr une colline, dont 
k pente s'é*end înfèhôblement jafqu'au rivage de la Mer^ fon port naturelle^ 
ttient n'^eft' pas des mdlleurs, & le fond eft rempli de rochers qui en défen»^" 
tient l'entrée à de gros bâtimens, mais on Ta irais en bon état , à force de 
travail. Elle aune bonne enceinte de murailles^ qui eft un ouvrage des 
?(daures, •& eft <léfendue encore par des battions & d'autres Ouvrages h la 
încklerne, conftruitsparîesEfpagnols, &çarnisdêplufieurs piècesdeca*- 
ïion, pointées contre la mer, pour empêcher les Corfaires & d'autres en- 
nemis d'en approcher. 

Entre la pointe de Saîo &; là Ville de Tarrâgoae, il y aun enfoncement 
& une ilage de Sable vers le milieu de laquelle ie trouve une petite Rivière 
iS& queloues- grandes maifbns aux CTvtf oîas. La Ville eft fîtùéé à une petite 
^rtéede^anon <fe la Mer, Au devant de la Ville il y arqudques r>emi-4i^ 
nés & quelques Redoutes de côté & d'autre, & fiir le bord de la Mer on . . 
^oît une Tour à fix côtéi pour défendre le mouillage ; elle eft armée de trois 
pièces de Canon» • U y a vis-à-vis cette Tour un petit'Mole qui s'avance 
xtoit dans la Mer environ 70 toifes, lequel n'eft propre que pour les débar- 
quemens, &pour mettre de moyennes Barques à couvert des Vents d'Eft; 
du côté dé l'Oueft de ce Mole il y a quelques matfonsde Pêcheurs: on y 
^^ut faire de. T^u dans xies Jarduis qui ^nt environ* ; à '4^0Qtdifôs^ets 

Q^a l'Oueft> 



ï*4- DESCRIPTION ET DELICES 

XiRRA* rOueftj où il y a une petite. Rivière avec un Pont> & quelques grandes mai- 
ço>ui. fons^ au bord de la Mer. On mouille ordinairement vers le Sud-Oueft dit 
Molhy à la petite portée du Qinon , par 8 à 9 braffes d'eau-, fond de fable 
fin ; maia ce moiullagen^eft guère bon, à moins que les Vents, ne foient à 
la terre- 
La Ville n^eft pas fî grande ni fi peuplée, qu'elle Ta été dans TAniiquité^ 
Il y auroit affez d'eipacè entre fes murailles, pour contenir deux mille mai- 
ions, jnais Ton n'y en compte guère plus de cinq cens> prefqjie toutes bâr 
ties de groffes pierres de taille quarréea. Il s'y fait un grand commerce;. 
& le terroir y produit en abondance du graia, de fort bon vin,, de l'huile^ 

&d»Ua. . . 

L'eau du Fraocolî,' qui lave une partie de lès muraille&> a une vertu par^- 
ticulière pour donner un beau luftr© au lin qu'on y lave ; & Ton y a de très 
bo^is pâturages,, où l'on nourrit beaucoup de troupeaux. Outre tous ces 
aivantages ,. Tarraeone a encore, l'honneur d'être le fiège d?ûn: Archevêché 
& d'une Uniyeriîtel L'Archevêché eft fort ancien, & ne reconnoit pointi 
^ la Primatie de celui de Tolède* 

Il eft impoflibk de pouvoir rapporter une Epoque certaine de Téreâionj 
de cette Éiglîiè» car tout ce qui aous refle de plus pofitif de tous les Monu-» 
mensdePAntiquité, c'eft qu'en 260, uanomméFruétuofusy quiaétémis 
^ dans le. Catalogue deà Saints, en fut Evêque^ &. que dans le XI Siècle te , 
Pape Urbain II CAvoy» le Pallium à celui qui la gouvernoit eace tems-là; 
ce qui fait voir clairement, que R dk ne conferva pas le caradère: Prima- 
tial, pour lequel il s'éleva tant de difputes,. du mpins, depuis ce tems-làeir 
fc a )o«ï. de celpi de Métropolitain. 

. Quoiqu'il en foit,. après qu?elle eut été rétablie par l'èxpulfibn- des Mau-r 
tes,, qui occupèrent la Catalogne près de 400 ans, Bernard Fort fôndfi fon 
' Chapitre au mois de Novembre de l'année 1 1 y^, & Don RaymondBérenr 
ger ,, Comte de Barcelone ^ conjBrma cette fondation*. 

Ce. Chapitre eft compoiè. d'onze Dignitaires,, quifpnt le GhmdArehidlar 
CTty l'Archidiacre de Villafau, rArchidiacre de Saint. Laurent,. kSacrifr 
tain, k Chantre, le.prjeur,. le Doyen % leTréforier^ Plnfirmier, THofpir 
talier, l'Archidiacre de Saint Fniftuofo; de 24 Chanoines,, de 24 Prébenr 
dieis, & de <%> Bénéficiçps. Le Diocèiè s'étend; fur iç^ Paroilîes^. fur 2, 
Abbayes, fur 3, Prieurés, &. fur 2. Commanderies. L'Archevêque jouît 
de 20000 Ducstts de revenu, Sç a pour SqiFragans les Evêques de Barc^ 
fone, de Toi:tofe>. de Lérida> dfe Yich,. d!UrgeIa de Girone,, d'Elna.,^ & 
de Solfonei. / . ^ 

ÏJ avpit. autrefois un. grand nombre. d*Evêchés dans fa- Juridiftibn-^ mais 
à préfent îl n'y a que ce.ux de Catalogne ,. qui rejconnoiflent fon autorité, 

VUniveçCté fut fondée l'An 1 5>32 pac le Cardinal Calpar Cervantes- L'E- 
;lifç CathédFale> qui porte k nom, de S.ThecIe, mérite d'êere vue, aulïl- 
lien que celle de Notre Dame del Milagro, Tdu Miracle)^ dont une bonne 
HBtife » été CQflJftrioitfi & ornée dés pierces oc;des marbres 5. qu'on, a tirés 

dîk 



D^ESPAGNE ET ÔE PORTUGAL. iz^ 

du Théâtre ancien, qui étoit près delà. On trouve dans cette Ville un On- Tare a- 
dre de Rel^ienx, que Pon ne voit guère ailleurs. - Ils s'appeHent les Frères ^^^^• 
du fang très pur de Chrift & deMarierleur'habillement eftà-peu-prèsle 
même que celui des Capucins. 

Comme cette Ville eu fur une hauteur , on y jouît d^un air pur , & d!^une 
vue charmante : 1^ voit dHin côté la Mer y aui!i loin que la foibleiTe des 
yeux le peut permettre 5 & de l'autre on découvre toute la campagne à la 
ronde 5 on voit tin beau Païs? bien fertife^ bien cultivé-, bien -peuplé , & 
couvert d'^un grand nombre de Bourgs & de Villages 5 tout aufli loin qu'il 
s'étend à rOrienc> à l'Occident ^ &i au Nocd^ julqu'aiix montagnes du. 
Comté de Pradas; * 

Tarragone a l'hontieur d'avoir produit Pauf Orofè Hiftorien EcdéfîaftÎJ^ 
que> aflex célèbre : & quand on douteroit de cette vérité y l'on pourroit 
s^en infWttire à fonds , dan& un- grqs Fû/io de près de quatre ccûs po^es , qu'ua 
fevant Efpagrioî) a fait depuis peu de tems^ pour revendiquer cet Auteur en 
Êiveur de fa vérilaWe Patrie, contre ua Seigneur Portugais^ qui a écrit pour 
prouver qu'Orofè étoit natif de Braga. 

De Tarragone 5 tirant k Barcelone oii marche te long du riva^ de lamer;TAMA- 
«n voit, en chemin faifant, quelques Tours élevées où l'on fait fcntinelle;RiT* 
& à quelque diftance de la première, un vieux Château nommé Tamarit, 
bâti en» ce lieu^y pour la fiireté de ces côtes :^ près d'une petite rivière nomr 
mée la Câye. 

D y a un autre Château , qut porte auflî le nom? de Tamarit y dans l'Ar^ 
r^n, près des Frontières de la^ Catalogne,, à l'Orient de S. Efteyan d« 
Lite»,, & au Nord-Eflt de Lérida* . j ' 

Sur la gauche on aies montagnes^, qui font cultivées, & fertiles en di*- 
verfes chc^s y en» vin ou en fruits ; puis quittant Je rivage de la mer , on^trou- 
ve un chemin un peu plus à la gauche parmi les montagnes, où l'on ren- 
contre (quantité de beaux Boitrgs, & Pon arrive à Villa-franca: de Panades, Villa- 
belle ViUe fermée de murailles, fituée à quatre bonnes lieues de Tarrago-FRANCA. 
ne, & h Capitale d'une Viguèrie- On croit qu'elle dl la Cartbago Fétus 
des Anciens; - v 

Delà on (e trouve dans une valTée entre dès montagnes ; l'on voit un Païs Marto- 
planté de divers arbres fruitiers, de vignes &; de champs. j & Ton arrive à^^^* 
Martorel, qui n'eft qu'à quatpe lieues de Villa-Francâ; 

Martorel eft iioe petite Ville ,-fituée iurle confluent de la-Noya &duLlo- 
brégaty à quatre lieues de Barcelone , appartenante aux Comtes.de Béné^ 
vente.. On y voit deux ponts fur la rivière, dont l^un-a des arcades fort 
hautes,- & panok être un Ouvrage antique. 

De Martorel oa continue à marcher quelque tems le long du Llobcégat, 
après quoi on le quitte pour prendre le droit chemin de Barcelone. 

Toute cette route efl: très agréable 3 parce q^j'eny trouve uji Païs bien 
fertile, où çroiflent toutes fortes de finiits, :ou l'bn voit des diamps^ desvi^ 
2^ &de. jQlies.£bicts;. ^Cpeaplé, ^queriui. trouve par- tout des maifons» 



Bakce- 

LOME. 



f^.ç .1 DESCRIPTION zr p^kicî;:s,. 

iSc ..qvJantitiè' de-Boi^rgades & de Villages, à une p$trte,diftance.Ies.un8 d^ 
a»tri3<p. Cettie chîtisie' ide œontagties, qui jrègne le long ^es côtes, eiitrc 
Tarragoae 6c Barcdone, s^appelloit ancie^iiçment Scakf Atmîbalis^ les Mo- 
dernes lui donnent le nom de Côtes de GarafI . ^ 



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\ . -fi X % CiE L Q /N ,E.: :• .'• . . . 

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, . J . ' * . • 

BA:rcelon;e,5 en Latin JSfircino^ eft une .Villç fort ancienne, bàti^ 
comme l'on croit , par Amilcar Barca, Général des Carthî^mois & 
père (fAnnibal3 environ 4 îo ans. ayant lanaiflgmiçe de Notre Seigneur, 
Elle eft à 41. d. 26. de Latitude, & d' i. d. y', plus Orientale que rOWèrva- 
tôirè de Faris^ félon les DWàr^atioûs Aftcanomi<g[ues. 

Barcelone n'^étoit pas fort confidérableidans l'Antiquité ^bienque Capitale 
dea-Laiétains: <:'étoit une petite Vilte qiiarrée, élqiMiée de la iner de fix 
vingt pas y avec quatre portes aux quatre côtés. £Ue. fut prife . par lc8 
Gotns, du teœs ^ Roi. Ataulpfae> qui y fut aflàlTusié > .& dont le corps y eft 
inhumé. 

Les; Maures renîevèresnt aux Goths avec ierefte diePï^agney &lcs Ef^ 
pagm>ls tentèrent fouvent de la reprendre fur.eux.:; mais Coarlemagne en 
yint à bout .l'An 801.- » 

îAujaiirdittii Barcelone dl une à^s plus grandes^ des pliis riches & des 
plus belles Villes d'Efpagne, fituée le long du rivage de la mep, d'une for* 
mé entre la. quarréè &Tovale> & grande à-pcu-rprès; comme Naples* Elle 
eft .environnée de bonnes jnuraiJJes de .briqUe > &. fortifiée outre cela d'une 
féconde enceinte de murailles > de douze ai quitotee.baftions, de quelques 
Ou vrageis à oorùe y de ren^wurtsy & de foflôs à fond de cuve. Les remparts 
font hauts, larges & ipacieux, à 1\)û y voit Jes fairs plus decentcaroffes 
à la promenade. 

La Ville eft divifée en deux parties^ la Vieille & la Neuve: elles font fé» 
parées: l'une de l'autre pac unia:aaceinte de murailles, :& par un large foffé. 
Les cu^deBârcélOncLfont belles^ darges, pavées de grandes pierrési& ^t 
propres~i étant toujours néteyées par le moyen des égouts, ce qui eft rare 

Cette Wlê eft confîdérabîe par divers avantages dont elle jouît; elle eft 
la Capitale de la Catalogne , le fièçe du Vkeroi de la Province , • honorée 
d'Un Evéché qui vaut:douxe roillie dwcafcside revenu, «d'une Chambre d'In* 
quifîtion , &; d'une affez belle UnivcrCté , ornée de piufieurs fai»ux bàtimens. 



venes ivi^uions ivcuigiemcs. .uucre ces oaomcns lacr 

fiques, il y en a d'autres qui ne le font pas moins en leur genip, comme le 

Palais du Vicerai; i'Arfénal, lOÙ il y, a dequoi arme 



armer quâques) mille hom* 
Xoi^na, où l'on bâtit 

les 



D'ESBAGNE ET DE PORTUGAL. i^if 

tesgalèrespà te^Falai^i dù^'âffemblela Noblefle du Païs, appelle Ta Ca&^^^cz- 
de la Députation. ' < "^«^ 

^ Ce dernier eft bâti de belteâ grdflfes 'pierres de taille', & orné dé colomnes 
de matbre* Au defliis de Tefcalier il y a une fontaine couverte 5 & une fale 
magnifique , dont le platfonds eft tout doré y avec un beau portique 5 où Vont 
peut fè prômenêp & s^àflBMf. La Sale eft oriiée des portraits de tous les 
GiMiitesde^ Barcelone. On voit là dîverfes^ places^ puWiques fort belles, par- 
tîciiUèrèmen& ceïte de St'MicheI>. où toute^ lesplus graâdéfe rUes aboutiP 

fent. i : . . ■ . ; ' .. 

L'Evêché db Barcelone eft Suffragant de Tarragone, & fut fondé vers 
le troifième Siècle- St- Théodofe en fut le premier Evêque. Cette EgJi-^ 
fê ruinée pSr les Maures y fut rétablie en même tems que- fà- Métropole; 
Sén- Cliapitr^'.eft côtapcî^fé d'ansié Dignitaires , qui font rArdiididéré Ma^ 
jùf'y le E)Gyen> te Chapié-e, Je Sàermain^'l- Archidiacre de Panades , PAr-^ 
ehîdiacre de S te. Marie de JaMéî 5^ FArchidiacre-del Vâlle y^ TAf diidia^ 
cre de Barcelone^ l' Archidiacre de Llobrégat , le Soucliantre & le Tréfo-» 
tier ; de vingt-quatre Chanoines , de douze Prébendiers , & de plufiëuw 
Bénéficiers. ' 

Le Diocèfe s^étend'fur deux cens fîx^Paroi^, -fiiiv^deux Abbayes , fur dix 
Prieurés , & fur trois Commanderies. 

Le Port de Barcelone eft^large, Jî)aciCùx;, pr<>fbnd4fc-fért»fôi», dèfgsndfc 
d^un côté par un grand mole, révêtu d^un beau quai, dç' fept cens cinqttaû^. 
le pas de long, au beut duquel il y a un fanal, &un petit Fërty ou Fon 
tient garnifon: defautre!, il eft à Tabri des vents de POu6ft5 par lemoyttij? 
du Mont-Jfeuy , ou MontJvic , gui s^avdncé dans la Met, • & fait- une dpk-^ 
ce de Promontoire , aâ pied duquel-en à conftruit uiiipetit' QH\ftage quarré 
muni de canon. - ^ • 

Ce Mont-Jouy (dont le nom vient (elon quelaues-uns àt MoM-Jbvit ^{k^ 
Ion d'autres de Mons-JudM^s-y comme ii Ton ûitoït Alont-Juifyy eft ime 
montagne fort haute, qui s'élève dans le milieu de la plaine tout près de la 
Ville 5. au Couchant, & eft- couverte d\ine bonne Ftirtereffe, qu'on y abàr 
tàé pour la dé^nfe de Barcelone. - ' On y a une vue fort étendue flir la^mer, - 
&• d'dbof rf que 'les lèntinellés apperçoi ven t des Vàifleaux Ennôftiis , ils àrbo-^ 
rent un pavillon rouge,, pour en avertir ceux de la Villes &;'allume!fet au?; 
tant dèfeùxcjti'ils voyeiit de Vaiffeaux. ' CèKre montagne eft pfëfque tou- 
te dé ttrther, & l^n î^ a une carrière iirépUilable d'Une pierre fort belle & 
fort duré; - ■ . ' ' - . f ^ 

* Là Ville de 'Barcelone eft fort riche & fbït marchandé, ^ caiife delà coita-* 
inodité de Ibn port. • Ils^ fait dfc belles verreries^ des couteaux fcnt eftt» 
foé& en E^âgne^i & "des^ couvertures 5 qiie'ron tonn0itettFfttti€e''foûg'ld 



'1 f 



nom de Caftélqgnes*. 
" Lés hftbitens font laborieux, appliqués^' au tifavàîl btt au négoce^, fort 
«vils &^ fort accueillans envers tes Etràngws; Les femmes- y font bieh-' 
%ites^ &ipaflfeîïÊ pbiîràuôî^ bteilea ^ne les pli» belles de^'Efpagne. EI-^ 
^- -* ' ^ tes 



128 



DESCillPTION tr DELICES 






LE 

iVloNT- 



l6$ oiit qud^ie thole de plus vif & de plus animé dans leur coQverOi* 
tion 5 & font plus dégagées dans leur manière d'agir , que jje le îbnt 
les autres ' Efpagnoles. Jparçeloae a^ eu fes Coûites particuliers juiqu'à 
r An 1 162 qu'eue fut unie à TArragon ^ comme je Tai déjà marqué ail- 
leurs. 

L'Ai^ i64fii^ les Catalans ayant fecqué le joug de leur Rei ^ appeïlèrçnt les 
François^ q^iUffent maîtres de cette Ville douze ans durant^ & en furent 
chafles VAn i^jZp après avoir foutenu un Cège de f y mois. Dans la guer- 
re commencée en i68p> ils Tafllegèrent, & la prirent TAn 1697, après 
S 6 jours de tranchée ouverte, & la rendirent d'abord après par la paix de 
Ryswyck. L'année 170^ , elle fut aflieeée par l'Armée Alliée, par mer 
& par terre, & prife au noipi de Charles 111, le 22 d'Odobre, après un fiè- 

§e de trois femaines. Mais enfin les Troupes du Roi Philippe V, fécon- 
ées par celles du Roi de France reprirent par Capitulation en l'An 1714, 
le I r Septembre, cette Place fur les Cat^^s, après l'avoir tenue bloquée 
& affiegée depuis le 28 JuilletdeTÀnnée 1713, &; avoir perdu beaucoup 
de monde. 

Chen^n de Baf4:eknc en Jrragon. 

QUAND on va de Barcelone «nArragon, l'on repaffe par Martord,& 
delà les Voyageurs vont d'ordinaire vifîter le fameux Monaftère dô 
Mônt-Serrat. De. Martorel on commence à trouver les montagnes, 
qui s'élèvent toujours plus ^ on paffe à travers quelques Villages , & a- 
près deux lieues de chemin, on trouve Efparaguerra , petite Ville, peu- 
plée d'un grand nombre d'ouvriers s^ri laine & en draps. A une Ireue 
delàeïl 

Z> M O N T-SE RR A T. 

LE Mont-Sçrrat eft une montagne de la Catalogne , célèbre pour fa iiau- 
teur prpdigieuiè, mais plus encore à caufe d'un lieu de dévotion , qui 
s'y trouve, le plus fameux ide l'Europe, après la Maiibn de Lorette, &!'£- 
glife <le. St. Ja^es. . 

Cette montagne peut avoir environ quatre lieues de tour, & deux de 
hauteur. Elle s'élève fi fort au deflus de toutes les montagnes voifînes, 
ue quand on eft arrivé fur & cime, elles paroilFent prefque être au niveau 
le la plaine , &; l'on découvre non feulement toute la campagne juf- 
ou'à Barcelone , qui en eil à fept bonnes Jieues , mais aufli bien avant 
dans la mer , juiqu'aux liles Bajéares > qui en font à foixante lieues d« 
diftance. 

- . Elle eft prefaue toute de rochers efcarpés, qui font pointus & élevés, 
en manière de aents de fcie, ce qui, comme on croit, lui a fait donner le 
nom de Mom-Serratus y Mont-Sen^aty du mot hèXxn Serra ^ quifignifie 
ViïKScie. ' Ceft 



t 



D^FSPAGNC ffTj: DE iPIOîKTTJGÀL. rjp 

. . -Ceft-làt}ûe les peapies vont-dfi iotitea parts préfenter leurs hommages à le ' 
«ne Image lïiiraciileiife de iatStc. Vierge^ qai y fut décoiw^erte dans une ca^-Mi>Nt- 
yerne par desèergers'> cjmiy paiffoierit leurs troupeaux l'An 880. Cette mer»--^^^^^*'^' 
y^eille ayant été. publiée y TETêque . de Barcelone, dans le Diocèfe^ duquel el^ 
fc étoit 5 accompagné de fon Clergé & d'une foule de monde , vinfprendra 
Qffttè Imagé |>ourdàil^nfporte]: rameurs* . ^Mais elle s'arrêta d?elle-même 9 & 
de ae.iira iramobile dan» l'qndroit 6ù t'on a bâti le Couvent* D'abord GtiK 
fired ditle Velu > Comte derfiacceloae 5* ;iit conibufre à &^n honneur un Mo^' 
itaflièr)^ *de Retigieui^ de POrdre de S. Benoit , lequel cent dix ans après fut 
donnéà-des Rdi^euxdumênQeQidre. > 

\ .11 jci'y a point de. Pèlerin .qui sdlatit A St; Jaqaes^ n'aille aulTiii.Notrei-Dav 
Sie de Mont-Serrat. 1; Ouanq on y va de Barcelone >: on traVerfe:leIlIobré^! 
g^ j qui xroule au piedqe' la montagnel, tbulant du £d>le:raiigeàtre^ ;ce qui< 
lui a fait donner le nom de Rubricatus; en hiver il eft fort gros: . niaiBÎln'a> 
qii'ïinJilet d'eau en Eté; : • .^ 

" On ^monte t:ette montagne par ùndiemin ésctfèmementTude^ & l'on 
trQuvéid'abordnnc-bàteUenetoatëifèuley pour i^ecevoir les VsciyageiHrs^ &d 
ài'fept m hxùt ceo8 pas delà, le QoîtK & l'Ëglife; Ces deiûr èâtiraèns n'en^ 
font proprement qtite> iîtuédansuneie^anade, au pied «f ûniocfaeribrt 
loide^ ^ tout environhé de. murailles. - Oh voit à rentrée i^u €j[dître uœ: 
groilde quancké dé chaînes 9 & d'auti^s choies ^i apportées par des gens qùr: 
vouJoient témoigner leur reconnoiilance.envers k iSta Inaige ; ik-un ^and 
nombre de tableaux qui tépréfentemt les mirac^e&f^lelle a faits. Au ^fTus: 
4e. Feutrée il/y^afuaeApothicairerieent^etawëjpoiiXL^^^ 
gieux & des Pèlerins malades. Delà on va dans la vieiÙe Egiifè j . <^ l'on: 
voit .pareillement ^phifîeursr tableaux 9 ^ideii^ Tombeaux de marbre-avec 
<Jes Epitapfees. " 

:. Ceft-là que ie Bienheureux St. lenace Loyola a paffé beaucoup de teras^ 
k>cfqu'il rouloit dans fbn e^rit le >4Ssi{ein; de fonder la puiflante & très reli^ 
gi0ufe Société de Jéfus, comme cela parôit par l'Infcriptiônfuivanoe, qu'on: 
kc ^ l'une des murailles : B. Ignastus à Lajola Me nmkâ precefletufue Deoje 
flrginique devovit: hîc , tanauam armisfpiritmlibus^ Jaccoje muniensper-^ 
fiôSavit^ bine adSocietatem Jejufiéndm^îitm fà^ Zémo 1 ^^2. 
V ComtneJe nombre des Pèlerins alloit en «croiflant., la vieille Eglifefe trou-' 
va trop petite ; Philippe II en fit bâtir njie nouvelle , Philippe 111 l'acheva^* 
& y fit tranfporter l'An i fçç fci Stb* îmîlge ^ de lar vieille Eglife , où. elle a- 
Toitiétélept'cenS'dixans. : . 

Cette Eglife neuve, til très bdle^ oméeiie trois chœurs d'oi^es 5 id'un- 
witeT toiit doré, tjui à coûté trente'miUô écus. La Ste. Image eft fur cet 
autel 9 de couleur tirant furie noâr, & tenant un petit Jéius entre f^ bras: 
en la voit à travers un treillis de fer doré , fur lequel on lit rinfcriptioa> 
fiuvan&e :• Philippvs. III. Rex Catholkîvs Viroïni Matri 
DiCAViT. Anno' i6c9- Ce qui figûifie^ PbiiippeUl^RQiCatboU^^' 
dédié cette maifon à la Ste. Fierge Mère de Jéjus^ VAn 160p. 
...Tome IIL R Aux 



^£%!U^T. 



Irjo Dtsc^f^Tion ET DEtrcEs; r 

^R Aux deux coté^ de l'autel paroiilent deiÎK Tréteaux >, doàtPun^illopor*^ 
cî^!ÎTl; ^^^ ^^ ce i^oi , & Tmttc celui de ]» Reine & femme. Limage eft échiré* 
déplus de qEatreTvingts éix Umpâs d^argent Le tibréibc de l'Egliiè eAÎ 
frès riche ; on y montse antf'autres la Couronne de ]»Sfeç. Viet^^. q/i^otb 
efiimeua million d?c^. .-•. 

Le CcMivent eft habité, par des Religieux ât toute Nationi>. qui avec fair» 
ierviteurs font le» nombise d'eaviron trois cent perfonnes. Ils n'ont guèr&: 
plus de qifiitorae miHe écus de i:evenu fixe ,. & eadéftenTeai: plus de ibixantc^ 
mille .^ cai: ils reçoivent tous c^ux q^ie la dévotioa ou la Quriofîté. conduit en: 
ces lieux, les nourxiflent & les logent pen<knt trois joursgratuitdtnent. On^ 

2à <^ pain^ delachair> du'yîa, deThuile» dnfël^ du vinaigre 9^&. des 
t& Mais aufil tous c^usc qui y Ycmt, pouc peu qu'ils ayent de piété oa 
d'honpêteté, m mancpent pas d^isûfler des marques effeâives deleurro^ 
connoifibacei; 

Ojx voit paiMri pac-lk en envers endroits de la montagne an deflustÎB VE^ 
glifë ^ douze ontreixe Celdas d^Hamufams ^ Cellules d^ermites, qui iem- 
Slent êtie attachéses aux cochei?^ ^ où Too ne, peut monter qu'avec defiréâ*» 
grés t^ésidansk rocher ; ce font d'Drdiœùredçs j^ensde q^»Uté> qui étah^ 
O^utés du Mander, ft retirent àm» cette dévote fplicudP)^ pour y^vhureeiâi 
gepos., Qiioique leoss oeliules foient fur kt* ioc>^^ defoote ^'it ièmUe qii^oK 
nV ^ive iieatœuv«i^ cq)eadantoay voit uiKchapeUe^ une chambre j^ 
«n îasdin > & un^puiiEs oi^eiiil ^uia le roc: le tout fait avec beaucoufHle pei^ 
ae Se à g]:ands;f]raîs. 1 (i^elques^uns de ces Henniûes ne veulent point voir^- 
lemonde, ii^ûa^ y e».«5Ëwi^ 

scçoivent vifît;e;. - • ' . . î 

: AuddTtts. cto ÇMSfM^ U ya,na50çberfôrtpan«*anc^oit Fona^p^ 
te(m Croix >, auprès de^uelles on dit MeiTe tous les jours, pour- prier. Ife 
$te. Vi^gey de oe permetcie pas que ce rocher tombe fur fi» Ëglife &c 
fur le Cloiitioe. Ce n'eft pas &m. fùjet qp'on craint ce malheur.; car vers. 
k milieu du X¥I Sièç^ il s^en détiujia un gros, quartier , qui îiîf beau^. 
coup dé riavage> toml^i fur Vhy&si^&sJt^ la renverfa & y tuii^ plufîeurâ ma^i 
lifules. / ' 

Du reife cette Iblitsucfe eft tout-à-feit dbarnante, on y^uit d^une fort 
bdlc vuex comme je l'ai déjà dit :: il y r^ne un.grand fîlence, ât Pon^n'y/ 
entend guère autre cho&. que le ramage deaoiièaux> &.lfidottXJ]iiivii|Uie(l»: 
quelques petits ruîireaux> qui tombent. dés radiers. / .1 

Sortant: de ce lieu Ton cpudnueà monter parmi ces* rochers 5 & i^iiand^i! 
on èft parvenu au ibinmietr dn defeend quatre lieue?^ avant que c^ârriterr 
^ la plaine. On iaiffe fur k- droite Manréfa ^. en Latin MinoriËiy. Viite 
anciennç>^ plus cpniîdécable aiitiefoia> quelle ne l'eft aujourdhui 9 iî&iée au»i 
coiàuent de deux riviètes^ le Ca^donérô & le Uobrégat^ à dix ou dou^ 
a^iieiles de Barcelone. £He 6'appelloit'autr^ôi»jK»Àrrri2/âf ^ & fut rebàâef 
7» X SUécIe par uœ Ountat^ de Bar^elooey^ fârume du Comte Raymondl 
Borsi» .,-.': 



D'ESPAGNE ET DE POUT tfGÀL. rjt 

Àtrol& fieufs de la i&oiita|;iie, 4^ M&Ett^^&pfAti traverfarït ime oampagne Le 




^rdle 6c fort peuplé: & Ton .pafle 4 travers UBBoiu^aoouraéHofttleteSy 
<fjâ. eft à qcra(re IfeaeB 4'IgualatiR. 

Deux lieues plus ayaac on trouve Cer-véra^ ViUe aùBcieaaft» Capital 
4^1^ Vigiiéite) fîtuée llir 'une hauteurs èans la ^raaide route 4fi Datcè-t 
'Ipne à l^iTSig^^ ) aa bord d'pae rivière . de même iiosm» On voit ptèi 
-d^ eett^ viJie les, mazures^ d^un viei^ Ciiàtéau qu^oa a-naiaé» parce çpi'ù 
^r voit de retraite à des voleurs. 

Cerf^ a été autrefois, <Sc eft encore aujiofirdhm) «n ViHe fi}rte,défea-C^^B- 
•due pv ik fîtuatioQ avantagettfe , par .iës muraiUes, par fea bons remparts j'^* 
^ Pfir i|Q Châtf^r le tout fia- iiae l\auteui>. 

Ou çç^icjftim Prince AJlenaûdy^ui, dam le XVI Siéde^ . aUoit en £A 
pagne trouver l'Empereiff Charles v, étant arrivé à Cervéta> Ua habitant 
virent telieia^ alialtaés de fa venue, craignant qu^il né leur attirât la fà^ 
«nine, que les MagifWats dê4a Ville Tallèreat trouva:, poiu* les prier font 
ièrieufeiaeat d$^ fe reûr^Ta; alin qtt':i^;i)e ËftpaareBcherirlepais, 4e viiièc 
^ atiO'es ^Qnrées. U y ia ime ai^tre Ville ^ mêtae sem dans la Caetaldgne^ 
&r le rivs^delarso»') auxiioi^iiis <k EDHfiîUofh 
. A W^ fiiaue delà cm pafie à TarrégH petite, V«^> Capitale d'uàe Vigaè-Tjon- 
«e; on laiiTe fur la droite Agramont, auÛl CapicUe d'une Viguéiie; & k^*^- 
«ne Ucue delà Pon ârouve Bdptieb» petite V itie > auprès dô laquelle il v a un 
ûmc^ Q^»e de OH'd^liers» Som^ p» Raymond de Cardone. À cù&<|) 
44ei|p8ide3€tlpuchoiicr)9ttv$ ■ >'■.■■■ 

, ', :. t E,.R J D Al 



LE&ilviy aiitrdfbis Ilerda), dd trae yiSe ancienne^ dans.]e ps^ 
^ètçs> qpi a étécélélnre dans PAatiquité, à &û& du g^rand commer* 
<Ge qui; sV fàâôic xfe pe^o^s (àlés, & parce mfdle vit près de &s Murailles 
ipe ân^^Euite jbatsuHe» où Jule Cé&r déât Aoranius &Pétreius Lieutenansi 
dôPpwpéei ■ '., , 

SI x«tte'.<Filte iè ttAd*t fàmeuiè daoà rAilËiquité ^ar'la bataille -que Céâr 
ga0ià,efie ne Ta pas été moins dans le Siècle palTé & au commencement 
c^uirçi par la v^^owflufe défend» qu'eile fit contre les armes du Grand 



i' 




tiu Duc •d'Orléfins ^ Tafliegea en 1707 > *& h.^ ma%rè tous les efforça 
•àe h L^e;,, qui f^gaïkloic cette. Pfahceicôaiine. le rei^iart de la Gat9l^ 
logne. 

ELle eft Oitiêe fiir tine O^Êœ iIdojë la pentes'^étehdinféiffîbleffiént jufqu'au 
Wd de laS^e» ^RMrtiiié&i>ar de boimes nunatlles: bâties tle pierres de taK- 
le^ pal&U^enCi^raQdeii&J^e:». ayant de^ttès borax ^doiens» Sf les 

K z mai-» 



f^i . DESCRIPTION ET ï)'ELI€ï:S: 

l-EwiiA. maiibn» Bourgeoifes confbruite& pour la plupart de pierres de taille. Outrer 
ces avantages 5 elle eft lé fiège d'Un Evêehé fort ancien fiiffra;gant de Tarra- 
[one> cooame le foïir toiis ceua? de Gatalog^ne-^ qui vaut douze^ mille ducats* 
le rente- 
Avant rînvaCbn des Maures 5 cette Eglife tenoit fon Siège-Epifcopal à- 
Roda; inaistoeâ Barbares riyant détniit, après qu^ilsfurentchafTésdelat 
C^talogdey'Don Raymoftd Ëé^enger Comte de Barcelone^ le^ transfère à-^ 
Lérida en 11465 & nomma pour premier Evêque Guillaume Ferez. Son^ 
Chapitre pft coûapofé de .6 Dignitaires 5 qui font > lè Doyen 3 P Archidiacre- 
Mayor, PArchidiacre de Ribagorça, le Chantre , F Archidiacre de Corron^^ 
&.rArcJîidiacré de Ven^îique, de 23 Ownoines-, de is-Hebdomadiers^ de 
• aaPrébeiidiers.& de il o Bénéficier S; zi ; .,: 

LeDiocèfe s'étend fiir 2 1 2 Pafoifles, dont 160 font en Arragon, & J«^ 
en Catalogne $ ïm^ i Abl>a5fes , fur^Egliiès Collégiates quifont Roda 5 Mon- 
çon^'Tâmaxite&'Alcolia'. - , ' 

Lérida eft auffi le fiège d^ne Univerfîté, qui fe* fondée au commence- 
ment du XIV Siècle: 

:• Au deffus:de tette Vilie, ftr le fommet' <fe^ la hibnCagne^j èfe voit une- 
Otadelle , qui la *cdmmande , & ate dédans- le -Pàlais'ides artciens Rois d^Ar- 
ragon. Un peu au deflbusfeft PEgUièCatiiédraJej ornée d'Un ^rès beau jiot-- 
^ tiquei) '&lePalaig;dp PEvêquc^tfoù l-ondécouvipè tpuce la- Villes kpivière . 
& la campagne. 

I^ païs eft fertile en vin, en» jj^ailohjen^^ là Sègré- 

^onne quelques poiiFons; ainfî rien oe- manque aux tebitans. ^ ItW^aqù^une- 
feule incommodité : le voifinage de la rivière y exéite de t?émsjeiKtefes deei^ 
brouillards épais &obfcurs 5 particulièrement en hiver.. 

VAtl 5^28.5 il y eut un Concile^affém blé dans Lérida. L'An 1238^5 Ibr^ 
que Jaques I, Roi d'Arragon afliegea Valence, qui étoit au pouvoir des: 
Maures, il dédara- q«eles premiers, -aui remportèroient, a^rolent? 1-^^^ 
neur de donner lesjpoids*, les mefures oc la monnoie^dé letirVille, à ceu3ç. 
de Valence; là-deilus ceux de Léfid* s^Y^]cttèrQhth9^^p¥krA6tB^- 

la* Ville. Ceft pourquoi lorfqù'on repeupla- Vatettcer ite ^'V '^^^^y^^^^*;' 

une Colonie, leurs mefures, & leur monnoie^ dçrit on s'y fertiéhcore- 

aujourdbpif; & k Vilte de, Valehce recontH)it cêllè'cft 'i^rfda-^ui-*!^^^ 

mère. , .'...!.' 

A demî-Keuede Léïida,' on -trouve les montagnes > qui font te iÈOinmcn<^ 

cfime^tdesRy^(^ées> &<5«ifèparetitl^iAr*agond^îaCâtaltf|;ne. ' r ■ ^ 

^ONA. Au SudrOueû de Lérida^ oh voie la V,fflô d'ÂiKiiiïaV(Ific(*ia;>, i^tti elt:uB!è{ 

des plus confidéni^les .& dei •friue'aii^eniidS Bftrpiiniea ds^toute la PrîÀci-^ 

pauté de Cataiogçe.. ËHe-appameat depttis:{)Uis> d» i^ àn& àda Maifoh dof 

iVloncade. j 

' Don Pèdre dé'Môncade,: Sénéclïaf de Catalogne, fils du Séifiéchal Dea 

Giiiliaûme Ramond» «jui-jnourutiea ii<i«f j •& de'Dorlïia'Goiiftàôce d'Atra- j 

goû j; fijlsi.dit Rpi Boa. ^édtaïlj; len fut- fe^réioiergdigjiôoty &'^èr^ dô-* 



D'ESPAGNE E-T DE PORiTlUGAL ^53 

ïioa¥éâtolli àecctîom'j & fèGond Seigneur d'Akona , &deï)6aGuil-AiT0NA.. 




fi)Qt fortis Ie8: Princes de Paterne & les Dncs de Montalto. 

. Don Jean de Moncade, fils de Don Gaftdn Se^neur d^Aitona&deDon^ 
m Ançélicjïie de Tolc», Viceroi dfe Sicile &; de Catalogne^ fiit créé Ctom- 
te d^Aitona, & qwelqtie teras après, un frfo qu'il eut de Donna Anne de 
Cardonà fe fen*me , af^î^dlé Don François, fit ériger ce Comté en» Marqui- 
fet. Ce Don Ffcançois époufa ïfenna Lticrèce cfe Graîça, & en eût Don 
Gafton II 5 Marquis d'Aitona & Viceroi deSardaigne, qui de Donna Ca* 
thérine de Moncade, Dame de Callo, & de Tàvema fon époufe, eut Don 
François fécond de ctmmy>&c troifième -Marquis d'Aitofta, lequel s'étant 
marié avec Doniia Mairie d' Alayon 185 Caftro , en eut un fils appelle Don 
Guilkume Ramond quatrième Marquis d-AuoBa, qui fut marié ftvec Don- 
na Anlte de Silva Ss Mendo^a^ fille de Ddn Dlégâde Siha fécond Marquij 
d'Orani,. & mourut le 17 Mars 1670. Il étoit Grand-père du Marquis 
d^Aitona nommé Doi> Guillaume Ramond de Moncade Cafbno y Portocar^ 
féib* & Nprofîia^ quatrième Marouis d'Aitona:& de la Puebta de Caih-0 5^ 
Comte d'Ôflbna, Vicomte JUla de Vas & de Cabrera 5. Baron delaLagu^ 
rà', Llc^^fterai^ Callofa , Pilma , Ader y Cfeivaf Caftelnavi iBeîiiàrcfio, 
Val de Taberna? & Aliafarin , Grand d^Efpagile, jSeignenr de b Maifôrt 
de Caftro, Grand Sénéchal de la Couronne d'Arragon, Maître des Com- 
tes de la Maifon & Cour de Sa Majeftè Catholique en Catalogne 5 Gentil- 
komme de la Chambre, Lieutenant-Général des armées du Roi v&^CoIot- 
nel du Rjègimene ^des Gardes ^{^otes. J^ ei¥ tih de Don^ François da 
Mo|icade troiiîème de ce non^, : œ cinquième M^^^^is d^Aiton^^^mort en 
J674 > & de Donna Louïfe Portoïarréro de Ménéfès. Il prit alliance avec 
Donna Marie de Benavides & Arragon, fille de Don- François neuvième 
Comte de Sanciffeivan, dontil y a (feu'x filles; - * 

. Ce Marquis d'Aitona a fèrvi Je Roi dans fes armées depurs»fà plus tendre 




doit rendre là jttéïHoire técommandable à la poftérité^ é'éft d^TO^ ahaii- 
donné des revenus immenfès en Catalogne & en A^ragon, pouî^né'pa's^rê- 
ter robéUTance à -ï Archiduc ^^ dont les troiipes ravagèrent ièff Etets, & pil* 
krcnt fes maiibns. Madame h Marquiië d^Akona fen -époufë^^ S^écanttron^ 
vée à Madrid au tems de lîinvafion de xrette Capitale , ^fufe fî ôbftinénem 
de reconnoître TArchiduc^ qu^elle en .fiu: chaflSei^gnomiûieàiiement Çtfrèlé^ 
guéûi:/fQlède^i«qiutl^^elnditfire6onïmaftdabte ^ite Sa^ Majefté 

lui fit rhonneur de la nommer pour al*»'fvr.Jft ïronêièàrè wcev^ir! la Reitieii 
prèfent régnante. 

D'un autre côté de Léridk au Nord-Eft' on voit une autre Ville affez con- 
fidérable, nommée Balaguer, fituée au bord Septentrional de la Sègre^ auBALA- 
pied d'une haute montagne^ fur laquelle il y avoit autrefois une Fortereiïè.GUER. 



ï3f PESCftI?TïON ET DELICES 

CAMiitA-XUe flk Capit^^e.^uBe Vigoérie, 6c placée dans uae campzp»& extrasr4i* 
**• «airesmcRt ftîrtile. ..; 

Une Heue «ndefliis de Bsklaga^ oa twavé CaifDsvaÊ, petite VSle ^ à 
«in pont fur la Sèare, oùdleTeçokiaNoguèreFaMlarefèY avec tta Ôidteaa 
£ar Vax haut. La Bourgade de Camaral& a été polTédée fi^ufieurs Slèdea £uis 
aucun titre par la Mxkfoo de Luoa , & de laquelle eUe pafla dans cellede fos 
Cabe» par le mari^ que Donna Françrafe de Luna^ créée Macqoife de 
Camataîà (flUie de Do& François Femandez de Luiiia> Senieiff de Hula^ 
cle Qkmara£i Se de Villa-Fâliche ,' & de Donna A^aès de Mendoza &l &> 
conde femme) contraâ» avec Don Diego de ioa Gow)ar& Meadoza, Grand 
Commandeur de Léon» Addaiatado perpétuel de Cîvzoba, Seigaeur de 
Sahiot%) Xiména, Réiéaa & Tocrès , ois de Con François de los Co- 
t)08. Grand Commandeur de Léon» Grand Tréfofieride Caftille, Secré- 
taire -Se CoofëiUer <l^£tat y & £ivori de TEmp^^ur Charles V , & dd 
Donna Marie de Mendoza , Septième Gomteiïe de Rduidavia ùétùmmti, 
. Ceil d'eux <]ue les autres M»-qii& de Camaraâ detcendent y dont la pré* 
mière branche &illit avec Don Di^ de los Cobos, troifîème Marquis de 
Camaraià» mort ie 17 Décembre i^s , 21e. lailTant qu^une fille qui & ùtRst 
iigieulè, èc fonda le Couvent des Anees de Grenade. 
, Ce fiit en &veur de ce Don Di^ de los Cobos que le Roi Philippe IV^ 
attacha le$ honneurs de la Grandefle au i\^ifquiiàt de Camaraâ. Comnie â 
mourut fims en&ns> â eut pour SuccdTeurs Doâ Emanuel de los CoboS) 
iflii de Don Alvare de los Cobos» fils jjuîné du premier Marmiis de Guaa* 
nâ». Jequei luccéda à h Grand-màre Donna Maria de Menâozai au Coon* 
té. de Ribadavia. H eft bi&yeul ^Marquis de Camarafii qui s^af^llc' Don 
Balthazar.Gomez, Manrique -àt Mendozà, de los Coboa & Luoa, dnotiiè^ 
me Marquis de Camaraià, neuvième Comte de Caftro, de Rica Se de villa*- 
aopéca.) Seigneur d'AftiKlillo, de Gormas , de Saiat Martin de Valvéni > 
de Belbimbre, de CordoviUa, de Miel, de ViUafélkhe , de Sabiota , de 
Ximénas de Rézéna, de Torrès Si de Canéa? Chevalier de TOrdre de la 
Toi^ d^Or, ^ni^omme de la Chambre» «i-devant Général des Gale* 
tes de NapleSf eofuite de cellesi d^i^K^e> i&enfin Vicerot d^Afragon. fl 
eftriÉ^ deDdn £ii)anuel:Goraez» quatrième :Marquis de Camaraâ, & dizië* 
me CooAe de Ribadavia, lequd fut inhumainem^it aflaffiné enSardaignb 
le 2 1 Jùill^ 1 66&7 |)endant qu'H en étoit Vicéroi , & de Donna I&bëlle 
Poitocarréto Se Luna» fille du troifième. Comte de Montijo ù. Êconde fêmr 
me» laqueUe mourut Cameféra! Mayor delà Reûae Marier Anne d'Autriche^ 
!e 20 Juillet: 169^-9 & pe^Ofils de Don Diego Sarmientode Mendoza, 
oeuvième Comte dà Rioadavia Sa de Donnii lubéUé X^ouique, huitième 
ComteffedeCaftro &.de Villa:M^)éçai., 



% à m ■ 



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B^ÊSPAGKi: XT DE POJLTUCXL. 435^ 



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AL L A NT de ]^ucdbi» e^ Bance> on. pdTe à Moncacby petke Vitte MoNCir 
fîtiiée à deux lieues delà, ^pcès de la dLvière de Bâfe6> & qpi a étéau^^ 
trefols une Fortereflè importsmiB. 

On laifle à la droite deux pedcss Villes , ikuées fiic: le nv^ db la mer^ 
Bftdelone à ime lieue de Barcelone y défendue par une bonne Porteroflè : puis: 
Mataro> où Ton ùîl de très belles^ verreries i & plu&liaut Pinéda, près det 
fembouchure du Tondéfa. 

De Moncada 5 on paiTe à la Rocea>qui en eft à deux tieuest;: delà paflanbr 
par Linas) & par S. Saloni,, on Eût fîx lieues de chemin^ &ron arrive a 
Ufhlric^ petite ViUe fÎËoée (ut la rivière de Tordéia^ àdaq lieui» xfe Gii^ 

On laifle fur là gauche te Ville àt Vic> nommée anciennement JbtftmiûyVic. 
^i s'^ft ignalée ^ms Êi dernière gueiure, par fonsèle pour Cl^arles^ III > é- 
tant la première dace de k Cat^uogne^ dDOb lea babdtans le foient déda-^ 
tés poux lui £lle était auferefois-Llapitale des Aufétains, &. b^ucoup 
l^us puifTante'&spliiB cotifîderable qu^è^.ne Fâil aujbiBdhni. Elle iiitt 
rainée au IX Sièole> & rebâtie tentât apsès 9: & on. lui donna le nous 
de Vi€> Fkusy inotLadn i]iM %mfie un. Vâlage^! parce qu^ellic: nepa*^ 
loiflbit que comme un* Village y au prix de ce quMe avoît été. aupaisU 
vant 

£lle eft fitttée ibr une pedte livièr&y ^i ie jette dans le TeE^ dans une 
jiHaine extrêmement fertile. Oiï y voit qîielques beaux bàtimens^ comme 
FEglHë Cathédrale 9 qui eft ornée d^àn'fort beau portique > ibutenu de CoV 
bmnes de gcoilbs pierres de tai&e;. & la^pilace dui marché.), qm.eil grande! 
&fpacieufe,. > 

Vie eft honoi^ d^ûn ancien E^^hé^ qui vaut lîk mille ducats dé reve-f* 
AU. Au Couchant de Vie eftCentellU) petite Viilâlkuée dans une Val- 
lée profonde- ♦ >...;.. 

Entre Vie & les côtefr de la^ mer), s^ève «ne-mone^iie fèrt fiante, nom- Mokt- 
mée le Mait^Séni , {Mms-Sigjnf^^ féconde «îj fîmpks ou herbes médéd- Seni. 
naleS)- & en pierres rares & préciëulès. On y trouve dti criflal) &/ur-tout 
Une espèce d^améthyfk (fe coukur violette y très tare , entrecoupée de vei- 
nes routes fort brillantes, . 

iyàutre côté on laifle fiii^ la dtoite <jt»l^iie8 Vilter, otî font fiif-te rivage jb^lanes. 
de la mer, comme Blanes, àndennemenC*\fi/iM^, utuée vers Tembou^ 
churedoTordéra, fur le bord Septcntrionat (te cette rivière; Tofla, qoi^ 
donne ion nom.à un C^p q.ue les Andenà i^f^oient Lunarkm BmmoitKh' 
isium; & plus haut, Pâlambs^ 

Cette <fermère eft une petite Viîffc>. maià extrêmement forte, fîtuée buPala* 
fimd d^one baie^ qui («tun bon port, rà lea vat^feaux fi)ntà Tabci de tot^Mos. 
les vents ^ à la re^ye de ceux du Sud-Oueft. 

Slk êft bâtie en partie dms h, plaina^ êttû pattie lê. 1ûD£[ d!ûne GoUine 

fort 



n6 .T>ESCRIPTION ET DELICES 

Pala- fort roide, qui avance àatnsAz mer, ,& dont les bords font fort élevés & 
^^^ fort droits. On Ta mife en état de défenfè avec une muraille revêtue de 
bonnes fortifications: au (feffas de la GoUine, à Tendroit qui eft le plus ^• 
vancé fùria nier, on a détruit un Couvent de Religieux Auguftins^ pbilr 
y Éonftruire une Citadelle ; & la nécefîité de &ire une ^éfiftance vigoureu- 
^. à tieà ehnesaisi y ^ fait qu^ooi y a -encore con:mie(icé d^au£res ouvrages. 

La Pointe xîe Palamoej^*) eîteaviron neuf à dix milles au NorcfEft de 
h pointe de Saint PMiouî éntre.ces deux-Pointes il y a one grande Ance, 
bordée d'une Plage de fabfe. Du côté de TEll de cette Ance , fur le bord 
de la Mer 5 eft k Ville )de.Palaraos. . Elle a un Mok avancé vers TOueft 
environ 80 toifesj i&lè long duquel on peut mettre fept à huit Galères ^ 
pourvu qu'elles retiœijtleùcs ramies en dedans ^ qu'elles obfervent de -mettre 
la poupe vers le Mole, la proue à la plage , & qu'elles s'amarrent à quatre- 
amarres. * -» • - : ^ 

11 y a dans le Mde deux ou trois brafles li'eau fond d'herbe vafeux. U 
iàut avoir foin de iè Lien amaixer du côté du Nord-Queft, quoique ce vent 
Tienne de terre; car comme 11 pafie entre <leux Montagnes 5 il.eit très yior 
lent > & les gens du Pais affifl^ent •que les batimeiv n'y font naufrage que ^ 
fraHT ce vent. Les vents du large depuis fe.Sud-Ouçic^ jusqu'à l'Eft-S^d-^ 
Eft donnent dans la Plage de Palamos. Sur la pointe du Nord-Eft de.Pa-, 
kmoS) :qui s'avance, nn peu en Mer^ on- voit les ruines d'une Forterefff!> 
^ui fut démolie après qu'elle eut été prife par l'Armée du Roi , & fur Tex- 
trémité de la pointe il y a un Moulin à vent qui fert de reconnoiflance. . 

Tout proche de cette pointé il y a deux Eçueils, entre lefijuels &: la- 
Terre on ne peut pailbr qu'avec des. b»tteaux* Lc^lqu'on vient du côté de 
VEfiy & qu'on veut aHer mouiller :dan8 le Mole de Palamos^ ij ne faut pas 
s'approcher de la Côte, depuis cette pointe jufqu'à la tête du Âlole, à eau- 
iède plufieurs rochers qui y foot^ tant hors de l'eau que fous l'eau. 

Il y a de plus au bout de la pointe vers le Sud-Queft une Hoche fous 
l'eau 5 à demi-longueur de Êible; mais il ne faut pas pour cela s^qh écvter 
pkis d'une portée de fiilîl, à caufe d\în aïKïe danger dont nous allons. par- 
ler. Qn fait de: l'eau hors de k Ville à. une Fontaine qui eil proche o'un^ 
Village 5 dans uoe plaine à la petite portée du canon de la Ville* LaJ 
Latitude eft de 4.1. d. 48'. & la \'ariation de J à 6- d. vers le Nord-. 

Oueft. . . i 

Environ à la portée du canon, au Sud-Sud-Oueft 'du Moulin, qui eft lîir* 
la pointé du Nord-Eft de Palamosy il y a fous l'eau une Roche fort dange-ij 
reuiè, & fur laquelle il n'y a que huit pieds d'eau. Elle a fort peu d'éten-, 
due 5 ayant tout à l'entour 12, 15, & 20 brafles d'eau. Loriî^u'on eft fur. 
le haut de cette Roche , le Moulin dont il vient d'être parlé y reke au Nord-- 
Nord-Eft pour une marque; & pour l'autre il faut voir une maifon, qui eft 
fur une petite éminence^ {H-eique au milieu de la plage, entre deux rocher^^. 

« . noirs,- 



B^ESPAGNE ET DE PORTUGAL- ra? 

noirs, qui font ftir le bord de la Plage, & il faut que ces rochers rèfterit -au PAXit* 
Nor<l-0«eft. On peuc mouiller avec des Vaifleaux par tout le milieu de mos. 
rAnce de Palamos ; mais le meilleur mouillage eft du côté de rOueft , vis^ 
à-vis de la Tour qui eft for la pointa On pourroU mouiller aulîi avec des 
Galères dans la Plage de la Valda pour les Vents d^Oueft & Sud-Oueft ; mais 
tous -ces mouillages ne font bons que lorfqu'on eft obligé de relâcher, &* 
dans ce cas il faut bien prendre garde de ne fe point laiffer furprehdre aux. 
vents qui font trayerfîers de la Côte, 

Tout proche de la pointe du Moulinée Palamos, du côtér de l^ft, «ii ] 
a une groffe pointe ronde qu'on appelle le Capyros> &'du côté deTEi 
ft ^trouve une petite Ance & Plage de fable où Ton peut mouiller avec 
des Galères pour les vents de Sud-Oueft, Oueft &. Nord-Oueft. On 
y eft par huit à neuf brafTes d'eau de lable vafçux : quelques Galères 
ç)euvent porter une amarre du côté de cçtte |)ointe. On peut mouiller 
car toute cette Plage fuivant les vents qu'il fait. Sur une pointe baffe qui 
eft fur la droite de cette Plage il y a quelques maifons. ^ 

Environ quatre milles à l'Eft quart de Nord-Eft de la pointe de Palamos^ 
font quelques Ecueils Jiorsdereau^ qu'ion .appelle Fornigues , élwgnésde 
la Côte d'environ une petite portée dç canon. . .On.p€iUt pàfler ï terre des 
ÏFornigues avec des Galères fans nulle crainte, y ayaiit cinq àfix brafles d'eau 
dans ce paflage; mais il faut ranger les écueila de jîlus.prèsqiîelaCôteàcau- 
,fe de quelques autres Rochers qui font à fleur d'eau du côté de la Terre, où 
eft aufFi «ne bafle pointe qui s'avance fous l'çaa. Si on veut paffer en de- 
hors des Fornigues il faut, s'en éloigner à difcrétioa, d'autant qu'il y a quelr 
ques Rochers ibus l'eau à plus d'un iàble & demi au large. r 

G I R Ô N* N E. ^ 1 

GI R o N N E eft une Ville ancienne connue autrefois fous ïe nom àc ùe^ Girok^ 
rtt«^^ , médiocrement grande, de figure triangulaire,- ayant une gran- ne. 
de rue, qui la traverfe dans toute & longueur. £lle eft fîtuée fur une Col^ 
line^ au bord d'une petite rivière nommée OnJiar , anciennement Onda , qui 
fe jette tout près, delà dans le Ter; &; ces deux rivières mêlant leurs eaux , 
fervent.'de foffés à la Ville, qui eft aifez bien fortifiée. ' r 

. Gironne a eu l'honneur de voir un ConcUe célèbre dans fon enceinte l'An 
117. EUe eft le iîège d'un Evêché & d'une petite Univerfîté. L'Eglife Ca- 
thédrale^ dédiée à Notre-Dame , eft belle Sci^icheiBent ornée. Le Grand- 
Autel . eft tout éclatant d'or &; de pierreries^ & l'Image de la Notre-Dame 
eft d'ai-gent maflif, 

Qiioique cette ViHe ne foit pas grande, cependant le coïnmerceyeft 
floriffant , & l'on y voit un grand nombre de marchands & d'artifàns. 
Elle a toujours été fi confiderée , que dans le tems des Rois d'Arra- 
goîi , leurs aines prenoient le titre de Comtes & |)uis de .Princes de Gi- 
Tonne. 
. ToMJi; UI S Elle 



ti^ . DESCRIPTION ET DELICES^ 

Giron- £|jg ^^ Capitale d'une Vigiiérie de fort grande étendue, qui pafle pow- 
***' le quartier le plus fertile de la Catalogne, & qui comprend quantité de bel- 
les Villes dont les plus cgnlidétables tont Ampurias & Rofès. 

L'Eglife de Gironne tut fondée en 24.7, & Saint Narciffe fut faitfon pré-- 
mier Evêque, félon la plus commune opinion, quoiqu'il y aie dèsHiAoriens. 
qui établment l'Epoque de là fondation du tems des Apôtres , mais fans au- 
cun fondement. Son Chapitre eft compofé de 8 Digniraires , qui font l'Ar^ 
chidiacre Mayor, qu'on appelle Archidiacre de Gironne , l'Archidiacre de 
Béâlu, TArchidiacre de Silva , l'Archidiacre d'Ampudia, l'Abbé de Saint- 
Filiu, le Doyen, le Sacriftain & le Chantre, de 36 Chanoines & de 76^ 
Bénéficiers» Le Diocèfe s'étend fur J39 ParoiiFes, fut 1.2 Abbayes & fuc- 
^ Prieurés.. 

A M P U R I A S.. 

AMP^^ A Mporia s efï une Ville & un Port de mer, à rEmboucfiure àhF/û^ 

BIA3. /jL «^5 îiir la rive Méridionale de cette rivière, lîtpée à vingt lieues de. 

Barcelone», à iix de Gironne, & k trois de Rofes, ckns le Païs des anciens^ 

ladigétains*. £Ue a été ^beaucoup plus- conlîdérable qu'elle ne reH aujour^ 

dhui. 

Avant que tes' Roffiains enta^aflent eii Efpagne , Ampurias étoit compo- 
fée de deux Villes, fépaEées Tune de Pautre par une bonne muraille;.. L'u^ 
ne, bâtie par des Marieillois, ou du moins par* des Grecs venus de Phbcée 
comme eux, étoit au^botd de la mer, & avoir environ quatre cens pas d'é- 
tendue; l'autre, qui étoit joignant celle-là , unpeu plus avant dans la tec-* 
re , étoit habitée par des naturels du Païs , & ferm.ée d'une muraille de trois- 
cens pas. Ces deux nations confervoienÉ: chacune leur langue &. leurs ma-- 
nières de vivre ,^ & rfavoient de commerce enfemble , que comme de Turc 
à Maures. 

Les Grecs n'avoient qu\ijae porte du coté de terre , où l'on faifoitperpé- 
tuellemenî: une garde éxafte: de jour c'étoit le Magiftrat, & denuitlatroi-^- 
fième partie des habitans: on ne-permettoit à auciui Efpagnol d'entrer- 
dans la Ville par cette porte, mais fi- quelqu'un d'eux y vouloit aller: 
pour trafiquer, on le &ifoic venir- du côté derk mer, par le port. Ils fe 
maintinrent de cette manière contre les Elpagnols, pendant quelques Siè- 
cles. Enfin Jule Céfu ayant enrièrement <fêfait le parti de Pompée eil 
Efpagne,. bâtit à Ampurias une troifièm© Ville, pour êtrenne Colonie dé: 
Citoyens Romains, &. quelque tems après ceuxr ci ayant donné le droit de 
Bourçeoifie Romaine auxEQ)agnols, & puis aux Grec», ces trois peuples 
Ven tirent plus qu'an, ^li prit: la langue & les manières des Romains. 

Ce fut alors qu'on bàtit un Temple^ à l'honneur de la Diane d'E|>hèfè , &. 
qu'on érigea une Colotohé aveè cette Infcripuori, où l'on aconièrvé la mé- 

«wice. de cet 4vèneinem;;/ 



•4 



BM- 



ÎTESPAGNE ET DE iPORTUtîAt. tif^ 

EM'PORÏTANI. POPVLI. GR^CI. -^mpu- 

HOC TEMPLVM. SVB. NOMINE. DIA- *"*• 

NAE. EPHESIAE. EO 
SAECVLa CONDIDERE. QVO 
NEC. RELICTA. GRAECORVM 

LINGVA. NEC. IDIOMATE 
«ATRIAE. IBERAE. RECEPTO 
IN. MORES. IN. LINGVAM 
IN. IVRA. IN. DITIONEM 
CESSERE. ROMANAM 

M. CETHEGO 
ET, L. APRONia COSS^ 

ïjes Grecs avoient donné à cette Vilfe le nom <f Empurîas> ou Empotion, ce 
*«qtii en leur Langue fignilib une Placé marchandé ; & par une légère corrup 
tion de ce nom^ Ton a dit Ampurias. 

Cette ViHe a été fouvent ruinée > c'*eft pourquoi eUe n'^efl: plus ce qirelle 
a été. On croit qu'on en a autrefois tranfporté une partie un peu plus haut 
vers le Nord, à Tembouchure du petit Llobr^t, oc qu'on en a bâti cet- 
te Ville y qui porte Je nom de Cailello d'Ampurias , fituée près d'uft 
^and & beau Lac> fermée de hautes murailles > & ornée d'une belle E- 

^life. 

Le territoire d'Ampurias s'appelle Ampourdàn, Emporifands ager; il ne 
^aut pas le confondre avec le Lampourdan> ou Lapourdan, Lapurdenfis a*^ 
^ger^ qu'on appelle autrement le Païs de Labourd) & (wi^ft le territoire de 
Bayonne dans la Bifcaye Françoile. Le Païs autour aAmpurias eft ftérile 
& ne rapporte pas grand chQfe: on y voit de grandes Bruières^ où croif^ 
fent force joncs, delà vienjtlbnomde Jonquière, Juncareus Campus y & 
dans quelques endroits il ie trouve du lin & dé l'efparte» 

Ampurias étoit autrefois honorée d'un Evêché, mais elle le perdit lorf*- 
qu'elle fut ruinée, & cette Prélature fiit trani^orçée à Gironne> qui l'acon* 
(ervé^ 

ROSES. 

PL us avant au Septentrion eftRofès, Ville forte avec un bon port de Rosé 3. 
Mer, fituée au fond d'une Baie, au Cbudiant du Cap de Çruz. . Elle 
a été bâtie des ruines d'une ancienne Ville , nommée Rboda pu Rbodopo* 
Jis , fituée au Cap de Cruz , & conftruite , comme l'on croit , par des 
Grecs venus de lUiode , qui lui donnèrent le nom de leur première pa^ 
trie. 

Cette Ville ayant été détruite , ïut transportée au Couchant , . à f endroit 
où eft aujourdhui Rofes. On a eu foin de la bien fortifier, & d'en faire une 
Ville de défenfe ; elle eft la feule Ville de là Catalogne , qui ait été toujours 
dans le parti de Philippe V. Elle eft défendue par un Fort quarré, qui pop- , , 
le le nom de la Trinité, bâti à l'Orient de la Ville, iùr une hauteur au ri'* 
[ S 2 vag^ 



ho/ DESCRIPTIOî^ Ef DELIEES 

ÏLoaçs, vage de la Mer., & qui fèrt à défendre aux ennemis rapproche du Port &L 
de la Baie. 

Après cette digreflion je reprens le chemin, de, Gironne en France. Oa» 
laiffe fur h gauche Bagnoles ou. BalnéoJ , anciennement ^^ua Fotonis^ dans, 
le Territoire de laquelle ij y a uije fontaine 3, qui fait paroitre de couleur d'or 
tout ce qu'on y jette: Tan pafle à Bafcara>. petite Ville à. trois lieues de Gi- 
tonne , lîtuée fur le Fluvial 
F1CUI8- A deuK lieues delà Ton trouve- Figuière, ou Figuêra, petite Ville 5 qui é- 
*^ toit autrefois munie d'une bonne Çôrterefle.. Vers le milieu du XIII Siè- • 
cle elle fut rafée & brûlée avec fa Fortereife par le Comte d'Ampurias , dans 
la guerre de ce Seigneur contre Jaques I , Roi d'Arragon. A trois lieues 
de Figuière on^ rencontre Jonquière > Junçaria , petite Ville fituée aa 
pied des Pyrénées, qui n'elt plus que llomhre de ce qu'elfe a étéi autre- 
fois. 

Delà jufqu'à Pertus, qui eft la première Plàcedli RoufTilIon,. l'on comp- 
te une lieue. La montagne eft extrêméiûent roide dans ce quartier-là , & 
l*on n'y trouve qij'un chemin, fort rude, à travées de* défilés étroits, & fort; 
^ifés à défendre^ contre une Armée ennemie. 

' fTilksle lon^ dè$ Tyi'énées.' 

t 

m ' ' 

^ ■ , f 

CÔ M M E le Rouffilfon eft' à là France depuis la paix dès Pyrénées , jô;- 
m'arrête à l'entrée de cette Province, & je tourne à la gauche, pour/ 
parcourir les Villes dô la Catalogne, qui nous reftent.à voir, le long desPy-^ 
renées & dans les. envitons. 

Côtoyant les frontières du RoufllUon l'on arrive a Camprédôn , jolie Vif 
le. Capitale d'une Vigùérie, fituée fur une hauteur au bord du Ter, un 
ppu. au defFous de la fource de cette rivière. Elle eft allez, bien fortifiée,, 
&. défendue par une Citadelle, qui eft au milieu de la Ville. LasFran-: 
çois la pwrent dans la guerre, l'An. idSg, après cinq jours de tranchée, 
ouverite., 
Àhlot. A l'extrémité de là même Vigùérie, au Siid-Eft, on voit Aulofc,. Villa: 
peu confidérable , fituée fur le Fluvia, dans Te Territoire de laquelle il.y 9^ 
douze raerveilleùfes fontaines d'air, qui exhalent inceflamment un petit 
vent, chaud- en Hiver, & froid en Eté; mais li froid qu'on ne iàuroitle 
fupporter :- les-habitans s'^en fervent agréablement.pour rafeiichirenEtéleur 
vin & leur eau.- Au Nord de Gamprédon, tirant au' Couchant, s'élève 
une haute montagne, nommée Nurià, dans laquelle on trouve du criftaf. 
Au, midi de Camprédôn, on voit Ripolj E5vipiillum ^ Petite. Ville fituée: 
au confluentdtiFréféro& du Ter, remarquable pour une belle Abbaye, qu'on? 
. y voit de l'Ordre de St. Benoît j^ ojEi étoit autrefois la f^pulture des Comtes 
de Barcelone. * 

G&R^- • Sortant de îa Vigùérie dé Camprédôn, onpafledânsle CômtédéCèrd^- 
Wï... gne, & côtoyant la-Cerdagne Franco^, on arrive à Puicerda, onPuigcer'-- 
i3t>; Capitale d,u Comtés, - \ju 



D'Ï^SPACNE EtlXEUÛIkTtJGAL. 1.4:1 

La Cerdagne, Ceretania , a pris fctn nom des anciens Cérétains, peuplesCfiRri» 
qui habitoient dans ce quartier des Pyrénées. Il nous en eft refté un beau ®**^ 
monument antique) déterré dans lés Pyrénées $ avec rinfcrmtion iùivante, 
«ù Ton apprend que ces peuples avoienc bâti ua< Temple de la Viâoire.à 
l'Ijonneprae-PEmpeFeurAugiub;. ->: 

- . AVGVS-TO 

TERRA. MARIO VE. VIGTOîll. 

ELJMINATIiS. SACERDOTIB.- 

BONAE DEAE'. 

ET. COLLEGIO 

VIL EPVLONVM 

COMMVNI: POP. SENTENTIifc 

EXLCLVSO.. 
CERETANI TEMPLVM 
\[ICTORIAE..AVG. D. D. 

L'exemple des Cérêtains nous fait voir que ce n'eft pas d^'aujourdliiii que: 
i?on quitte les Dieux mocts &; aatiques^^poift. donner tous, les hommages, 
aux. nou;s^eaux &:aux vivans*. 

E U I, , C E R D. A.. 

PU I c E R D A 5 Futeus ou Fodius Ceretanus^ eft une grande Ville de forme Puicer- 
approchante de la quarrée, fîtuée entre le Carol & la Sègre, dans une ^^* 
belle plaine, au pied des montagnes; fermée de honnnes murailles, très 
bien fortifiée à la moderne, avec un chemin couvert revêtu, & habitée par 
des gens , qui fonr de: forts & de yaillans hommes. On 7 fait encore au des 
hors quelques Ouvrages avancés >. Tun.à corne &rautre à couronne, pour, 
la mettre en meilleur état, de défeniè; 

On trouve dansia Sègrç,, ôcdans-plufieufs étangs qu'elle fait, des 1;rui-; 
tes d'un.gout excellent^, & d'une couleur particulière, le .dos jaunâtre par* 
fkmé de. petites marques rouges, comme des étoiles.. 
. Le terroir eft fertile en. fruits ; la chafle y eft abondante , & J'en y prend 
des Perdrix blanches fort délicates: on y voit plufieurs herbes. médécinales, 

Quelques carrières de Jafpe de diverfès couleurs,. & deux Fontaines auflimé-r 
écinales , IHme froide & l'autre chaude. 
A rOrient de Puicerda on/voit Llivia , Villeancienne, lîtuée fur la Sè- 
gre , un peu au delTous de la fource de cette rivière , aux frontières de la 
Cerdagne Frjinçoife On la connoiflbit anciennement fous le nom de Jluihf 
fjibyca. Jule Céfàr lui donna ce.nom^loriqu'ilJa répara, & qu'il y ooodui* 
fit une Colonie de Citoyens Latins. Elle eft petite, aujourdhwi, . mais afiêz. 
bien fortifiée , &; défendue par une Citadelle. . 



• ■ 



STT. ' UR- 



14? . IJESCRIPTI.aN .et.dï;liçei5 



U&CEL. 



» t • • > i 



DE Puicerda defcendant la rivière dé la bègrc 5 on trouveUrgel^ Ville 
ancienne^ fîtuée aii bord Septentrional dte cette rivièrÇ) dans une plai* 
ne très fertile en grains, &; au milieu de fliôntagnçs fort iflOtes ^ : plantées 
de vignes- 

Elle eft honorée d'un Evêché'^ qui ' vaut ileuf mille ducats de revenu. Fé- 
lix, un des anciens EVêqùès, troubla TEglife, fous TE^pire de Charlema- 
^ne^ par une Jiéréfîei au fujet de la Perfonne du Fils dé Dieu* 

Filles quijmf au milieu^ â^ la Province. 






Trem?. ^Ort ant de la Viguérie de Puicerda, Ton entre dans celle deLérida, 
l3 la plus grande de toutes, quî^étend le long des frontières d'Arragon, 
"embraflant celle de Balaguer , 'qui s^y trouve endavéc. On voit la Nogué- 
ra Pallaréfa, fituée fiir la rivière du même nom. Capitale d'un grand Mar- 
quifat, & honorée autrefois d'un Evêché, Le Marquifit de Noguéra com- 
prend plufieiu-s petites Places , -entr^utres lâ Ville de Tremp , fituée près 
de la Capitale , au bord de la même rivière , & remarquable par la gr^Lndé 
quantité de ÎSfoblelTe qui s'y trouve: car bie;i qu'elle ait àpeine deux cens 
feux, il y demeure plus de vingt-Maifontf nobles, qui pofledent des terres 
Seigneuriales. Delà tournant à l'Orient, on palTe dans la Viguérie de Cer- 
véra, où l'on voit deux belles Villes, SoMbna & Cardona. 

5 L S O N A, 



'j : 



SoLso- Q O L s ON A , Ceîfôna , 'Ville ancienne-, ' connue autrefois fous le nom de 
^A. i3 Calea:^ eft fituée fur une hauteur, dont la pente s'étend jufqu'au bord 
du Cardonéro: elle a eu autrefois une Citadelle extrêmement forte, fituée 
au deffus de la Ville. Elle a fou vent été ruinée, & s'eft toujours relevée 
da fes ruines» Philippe II en fit le Oège d'un Evêché , avec- quatre mille 
ducats de revenu. Don Louïs de' Sans en fut fait premier Evêqtie. Son 
Chapitre eft compofé de 3 Dignitaires , qui font un Doyen , un Archidia- 
cre , & im Tréforier , de 1 2 Clianoines , de 1 2 Prébenaiers & de 40 Cha- 
oelains. Le Diocèfe ne s'étend que fer i y Paroifles. 

C A R D ON A, 

* 

Car DO- T T N peu an deflbus de Solfona j eft Cardona, jolie Ville, Capitale d'un 
NA* \^ Duché, fîtuée fur une hauteur au bord du Cardonéro : elle eft allez 
bien fortifiée , mais ce qui la rend le plus remarquable , eft une montagne 
de fel, vrai miracle de la Nature, qui fe trouve dans fon voifinage. 

Cette montagne eft une carrière inépuifable de fel , où il en renait tou- 
jours de nouveau , à mefure qu'on en tire. Ce fel eft de toute forte de cou- 
; leurs: 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL.. hî 

feurs : il y en a qui ell bfenç comme h néigOy cf autre cfe couleur incarnate : Cardo* 
il y en a d'prangé, de violet , de vert, de bleu, & de diverfès autres cou-^^' 
leurs ,. qui fe perdent toutes', quand on le kve.. Ce qu'il y a de pliis merveil-' 
leux>. à mon gré, c'eft que cette montagne a été connue dans TAntiquité; 
quelques Ecrivaijis en ont parlé, il y a près de deux mille ans. Cependant 
dit eft toujours la même , toujours inépuifabîe , & rapporte quarante 
mille ducats par an au 'Duc dé Cardona. Lorfque le Soleil jette fes rayon» 
fur cette montagne y il rie fe. peut rien voir de plus brillant r on diroit qifèl* 
le eft toute compofée de pierreries, & bien qtfe d'ordinaire tbus les lieux i 
où il vient du fel , foient ftériles , cependant cette montagne produit 
des pins fort hauts, & eft plantée de vignes fertiles & excellentes. 

La Vîllç de Cardôna ^ft fameufe par tà révolte contre Philippe V^ par là 
vigoureufe ri^iftance qu'elle fit, &; pour avoir donné lé nom à une des plus 
xlluftres & dfes^lus anciennes, fkmilles d'Èfpagtie. Cèft ce que le Lecteur 
n'aura pas de peine à croire, puifqii'elle compte plus de 20 Vicomtes avant 
Hugues , fécond de ce nom*, . 

' folch de Cardona que le Rôî Don Pedro IV-d'Arra^oa créa Comte de ' - 
Cardona en 1 37 J , fut père de Don Jean Raymond , dTlugues & d'Antoi- 
ae Folçh de Cardona; Ceft de ce dernier que font iflus les Comtes de Go* 
lifano en Sicile, \dont la lignée eft éteinte.; Hugues fut fait'Baron de Bel- 
puech en Catalogne, & cfeft de lui que defdendent les Ducs de Soma, Sefla 
& Baëna. Jean Ramond, fécond' Comte de Cardona ,. Grand Connétable 
du Royaume d'Arragon, fut-bifiiyenl de Don Jean Ramond Folch, troiflèr 
me de ce nom, & cinquième Comte de Cardona, en faveur duquel les Rois 
* Catholiques Don Ferdinand & Donna Ifabelle érigèrent le Comté de Car- 
dona en t)«ché. ' ' - 

Ce Jean, Rainond étant mort en 1 513 ,. Don Ferdinand Folch de Car- 
dona ton fils Iu;i fucçéda'; mais étant rtiQrt en 1 5^43 fans erifàns mâles. Don- 
na Jeanne Folch de Cardona fa fille ainée lui fuccéda , & porta tant dç 
grands Etats dans la Maifons- Royale d^Arragon par le mariage qu'elle con- 
traâa avec Doa Alfonie d'Arragon , fécond Duc dé Ségorbe & Comte 
d'Ampurias; 'Don t'ran^pis d^Arragon & Catjdona leur fils , fut quatrième 
Duc ae Cardona & troifième de Ségorbe, & comme il mourut fans enfans. 
Donna Jeanne l'aînée de fçs fœurs vivantes fut mariée avec Don Diego Fer- 
nandez de Cordoue , furnommé PAfricairi, troifièîne Marquis de Camares ; 
deforte que par ce mariage les Duchés de Cardona & de Ségorbe ,' les Com- 
tés de Prades & d'Ampurias > avec le Marquifat Pallas paifèr'ent dans la 
Maiibn de Gorddue ,. djui eft une des plus illuftres & des plus anciennes 
d'Efpagne. - ■ • • ' . . . , . i 

Mais tous ces Etàts-îàn^y démembrent- pasi, non pkis qué^^àris les famil- 
les préeédentea; car par un effet de, cette viciflitudé qui 'fait qu^'il n'y a rieh 
de ftable tlaiis ;lbrdre de h jftature,. ils retombèrent.^n quenouille, d'iautant 
que ^ Don Lônïs cfArragon de CordQite/&-OircJ'onnp-, fils du petit-fib du 
Marquis dé^C^ares dont nbiis vénonsde parier &/eiàDucliefIe Donnk 

Jean- 



1-44 



Î>E1SC|HPTI0N ET DELICES 



"Cardo- Jeanpe-5 mourut fens enfans mâles. Ce ^''eù, pas qif il ji^en eût eu piufiieuri 
^A. d(j Donna Marie-Anne de 3andoval & Roxas, héritière de la riche Maifoji 
de Lerma, fa première femme, & de Donna Marie de Bénavides {ivex la- 
quelle il s'étoit remarié en fécondes noces ; mais Don Henri & Don Fran- 
çois Comtes d' Ampurias , & Don Ambroiîç quatrième Duc de Lcrœa gu'il 
avoit eu de fa première femme , moururent avant loi,, & Don Joachin né 
4u fécond lit ne lui furvêcut qif environ deux mois-, delbrte que fa fille aî- 
née du prémipr mariage devint héritière, tant des États paternels que d'au- 
ne partie des maternels. Elle s'appelloit. Donna Catherine-Antoinette JAr- 
ïa^on^Sandoval, Cardona, Cordoue, Manriquede BadillaScd^Acuna, 
huitième Ducheffe de Ségorbe & de Cardona,, Marquife de Dénia , Cama- 
jes, Pallas & Villamizar4 Comtefle de Sainte Gadée, de Buendia^ d'Am- 
pudia, de Prades, d'Ampurias, àVicomteffe de Villamur. Elle époufà 
Don Jean Thomas-Laurent de la Cerda Enriquez de Ribéra, huitième Duc 
de Médina-Céli, dont elle isut plylieurs eaifans, &jnourut le i6 Février 

Outre la Dudiefle de Lerma & enfuite de Médina-Céli, dont nous ve» 
nous de parler , il reila encore plulîeurs -autres filles du Duc Louïs de Car- 
donne, tant de ion premier que de ion fécond mariage. 

Celles du premier font Donna Marie d'Arraeon & de Sandoval , pré* 
mière femme de Don FerdinandT Joachin Faxarao de Zuniga & Requefens, 
lîxième Marquis de Iqs Vêlez, morte en i6H6. Donna Françoife d'Arra- 
gon & de Sandoval, mariée avec Don François de Bénavides, neuvième 
Comte de Santiflevan del Puerto ^ qui mourut fiibitement le 29 Janvier 
Ji6p7. Donna Thérèfe-Marie-Emanuelle d'Arragon & de Sandoval , qui • 
fut mariée avec Don Pedro Damian Lugardo de Ménéfès Portocarréro , 
Doc de Caminha & neuvième Comte de Médellin. Et Donna Félice , qui 
jnaourut fans iè marier. De Donna Marie-Thérèfè de Bénavides fa fécon- 
de femme il eut Donna Jeanne d*Arragon & Bénavides, laquelle époufà 
Henri Ernefl Prince de Ligne, & mourut aux Païs-Bas le 18 Janvier i6çu 
Dûnna Marguerite d'Arragon féconde femme de Don Félix fernandez de 
• Cardona Se Cordoue, .Duc de Sefta & de Baëna. Et Donna Angélique 
d^Arragon^ féconde femme de Don Louïs Mofcofo Oiforio , huitième Corn- 
jce d'Altamira. • ^ ^ 

Le Gomtede Cardona, dont on a fait tant de bruit à caufe de fà mauvaifè 
volonté contre les intérêts de TEtat^ efl iffu de la branche de Guadalifte, 




.Donna Marquife d'Eril. Il prit alliance avec Donna Emaraielle jpardo , fœur 
du Marquis die Ja Cafta! 

. On pafle de Cardona dans la Vîguérie de^anrèâ, où Ton voit la peti- 
te Ville de Berga, anciennement jBei^ginium^ fîtuée fur le Llobrégat, qui 
.étoit autrefois une Cité des Uergètes^ un peu plus ^u Nord efl Baga, Bu- 



\ 



D^ B;SiB:iA G N E ET DEIBORTUGAL. 14^ 

gini»my "suasclenitsmont Mn^ iitué&;aii milieu deiiautes montagnes 3IIU ^ 

bord -de h mêiiie rivièaré de LJtebré^t. : Cette rivière prend fa Iburce à quet- 
ouçs milles plus haut , d?ins des : montagnes ^ où Toii trouve une minière 
d'une efpèce de pierre pré[cieufe> nommé Hématite , .qui a la vertu d'arrê- 

•r : Par toiîî ce que. Ton tient de voir, il paroitqne la Gatalogne eft entou-* Catalo- 
tôjt manièpej us très bon Paas. Elle ne prdduifcpaai à lafyérité des cannes de gne. 
tocre>^ comnaeîdWres Pttovinœs de TETpagne : - «ois en recompeafe elle a . 
tin air pur & fort fain , un peu froid & neigeux eh Jii ver dans la partie Sep- 
tentrionale^ à caufe des montagnes, mais, tempéré dans la partie Méridio- 
ïjpfe^ piaiiiç^lièremenfr^eUe qui eft .î , - 

EUe eft toute montueufe^.àla referve de.quelques endroita, oùJbn troui 
7^ dç' belles plaioefii, coWïpe celles d'Ufgêl 9 de Gèrdagne, de Vie, de Gi- 
yoSnlnÇy :dô.Taris^6ne> : & de Panades^ t^es ipiontajpes n'y font pasiiéri* 
les : el/es {ont prefque toutes couvertes de belles forets de haute futaie , & 
de divers arbres fruitiers- Làçrôiffent le hêtre, le chêne commun, &le 
chêi>eyerd^ l6pin5.1efapin, le châtaignier & divers autres ; on y vok une 
infinité derliège5',.d'arbrii]feaax,.&ae fimples,'d'uû fecôurs merveilleux; 
pour la guérifon de plufieurs ^çiajadies. Les montages &.les valléeëiottt 
arrofées d'une grande quantité de rivières & d'une Jnfinité, die ruifleaux & 
de fontaji)es> :|ui y entretiennent O&Èfraicheur agréable & une fertilité 
m^veilledè. • .,_ , 

Tout le Païs eft abondant en. îvin> eç bled , en légumes^ . en tc^te forto 
dj3J&uit^,^& .en: huifei: on y recueille auffi quantité de life ôc de chanvre,! 
tèllçment.<î<ie k Catalogne n'a pias befoin d'emprunter Ja moindre diofe d© 
(es vfiifîns, pour bâtir un navire î>,& le fournir de tous fes ^ès^ ce qiii eft 
un avantage fort confidérable. . : . , 

V On Y. trouve diveriès carrières de marbre, de toute forte.de couleurs; 
de çriital, d'îdbàtre, de jaQ>e,.d'améthyûe, & de quelques autres. Les 
mines d'or & d'ai^ent n'y manquent pas non plus, comme û paroit pardes 
paillettes de ces riches métaux , que l'on trouve dan», le fable qe la Sègre. & 
de quelques autres rivières. On. y trouve jaulfi dés mines d'étain , de 
plomî) & ^e fer : des minete d'alun , de vitriol & de fel , mais fort peu de 
cuivre: on pêche aufli de fort beau corail ftr la côte Orientale de la Ca- 
talogne. 

. . Tant d^avadtages xîorit la nature a fkvOrifè <!fette Province , la rendent la 
plus f)euplée de toutes celles qui compoiènt la Monarchie d'Efpagne. Heu*! 
reufô H fes habitans ne travaUloient pas de tems: en tems à £1 rilïne par de^ 
révolutions qui l'expofent à la fiareur des Etrangers, & à la néeelîjté où Cq 
trouvent les naturels tJe la ravager. 

- Les Catalans ont beaucoup il'e^rit, mai3 par. malheur ils n'en font pas 
un boft ulàge. Leur naturel bouillant t& capricieux , les porte ^ 'dt$ excès 
qui leur font oublier leurs plus eflentiels devoirs. Ils font fi jaloux de leur 
liberté, que pour la çonferver, ils violent infolemment toutes lesLoix di- 



i^ . ;descr;ipti:ocn et DicrciEiSi a 

CATAi^-^iogs ^ humaines, -Ôc comme ils n&& conduifènt' qtieparle» niisuyfetnenif 
^^^* d^une ^iveogle furear>, i}s fe précipitent àins des embarras cpà tonmeàc k&ùtL 
jours à leur de^vantaj^e, comme Tofiapu remorquée dans iaeqnduitetju'^ 
tinrent dans la dern&e gw^re donj: l'Élp^ne % été accablée, ^utôt ^ 
duits par leiu: mauvais génie que par les follicitacions des ennemi de l&ai- 
• Patrie y ik onvrirenélmirs portes: % 1. Archiduc » & le itoonntu^mt jpoii^ leur- 
Roi, au préjudice da> kjmçût de fidélité 4u'il»avoidit )uré à fbiiv^^Vl 
^ésilixtt ^^après avoir rooceûu pendant neut ans le feu de leur vévolutioa ft^ 
vec une extrême obiUnàtion, ils {q virent réduits k la cruelle néceflijté défit 
Hvrer à la clém$i^& de ce gét^reux Mcmarque> qui leur ôta lesmoyen» do 
fè fbulever de aouveauen les dépouillant de, leurs privilèges ^onç ils oe>& 
fervïAent qae pot» fe fcuftisùtp.à Pautoricé Rô^^ 

Ils ifont- tihs-^ raies., ' vigilaus » indullrieuk > ré(blu» , gai» &l de belle hvi» 
meub. Qiioi^Qe fort altiers^ ils font cateHaiis & ($mt copu&erce <agréàUe, 
pourvu Qu*on ne leur rompe pas en vifière, car dès qu'ils croient être offen-^ 
iès, ils devieiuient inyphcablés, Jk les crimes les plus atroces né leurcoutent 
tien pour-, faire périi^-<settx dont ils croient avoir Ijeu de. (è plaiadtie. 'iiré-^ 
^nciliables eH^mi^ des (CaiRillatïs<> ils ne ^oufireni; qbVet peine le joe^ éé 
iMnr dominatjbii^ & ne manquent jamais de leur f^ Teaiic les f^ecsde le(^^ 
liâiB^quwditeentrouvâM: IWcafioflL •" i . , .» •. . 

^ Ils ofi^tr p^i^' du^ ui];^eQ)é<;^ de Milite 4iibre, 4^mpo1è9 di: certain» Mbft^ 
tagnards (^) , qui portent pour armes une dague au côté , unpiftoiet à 1» 
(^mturè, j&c. Aiae ^Icopète • à- rouèt, ^de laoueUe ilisiè ièrvent avec tant de 
de3t:téfi|dâ!) «^ue de cent pas ils donnent aans-ia roacEsur d*uivilca:, àbsds 
^lé..- -QÛiànd -œ» formes. iè Ibnt une £bis môtiaés, rien a'*@ft capabie^dd 
liBttr rf|ûr& mewtei les anaffiSs-bas;^ tes roues, niks potenc^sfie les effraient pas: 
ils vont tête baillée où leur rage les entraîae , portant fNU* tout la défolation^. 
h 1er, Id Ûài-^ le carrufge; ee quand Ja force tes oblige de iHendre, œ? 
n'eft que pour jn'ÇndrehaleiQe, tfin de fe révolter de nouveau k kpréœièiro: 

ôccafion.; •'. - -.j • . : ; - ... .'; 

~ Les mi»jms. ^uiglano^ que ces Montj^iKEr ds oat hi^Tées dé leur hrmsLf- 
tité donateur ptio)iiieP»ïs Se dans tes'cGaitrées voifinesj tandis qu'ils ont ait 
l^ guerr;e à leurs c^n^triôtes Ibus les Ëtsndarcs de r Archiduc, font dët: 
preuves certaine» ^ulls-ne. feront bons 'que loriqa'ils n'auront |)|us la Ubert4 
d'être méçhans. 

On fi^émit (aaadi on 4k ftippeUe tbae ce qu'Us firent ^^snthnt le coure de- 
cette guerre. . lia Religion n'ét<3it-pkï3-pour çux un frein^c^ble de modè« 
tser leut incliiuttion ^K[i^inaiiite4 -as yiplôienc nonlèulement toûceâ lesLoéc 
de 'k gùerrôy m^ encore celles dé l'humanité; leurs^am»» leurs parens 
mêmes, n'étoient pas en fiireté de leur vie quand ils ne vouloient pas ap- 
puier leur rébelli&n , & ce ^tt'ily -ôvoit de |^ déplorable, c'eft que fém- 
t^,: enfans, jPtêtre» &;. Religieux, "^voient aveuglément les cdnTeils ds 



4 1 



.I?tÊ.3PAqN;E ET DE Ï.QHTHOàL. w 
^lesifuiiçHK) 6c iî'avoieot |>a$ hoate ^ partittre fur les rempsiita de Eaé^o^ Cx-t/ 

de ce Pajt»-Jà9 qvi gémiiFûiCat: foi» le png. ho^teox de ces Ë{u■ba^es, 



l^rwces. de^e qoX^cto ou: Qger» GkMvecoeurâ'Aqukaioe, -dipt CJiairt 
lç% 8^toiç,M a|vès Iti- mort du. Comte £udé«::^ fiit «avoyié «vec ^§k 
'<ais9 iCr(X}pe» d'Àllemimds 7& de ?caaÇQi3'»I<|tt & joi^osast ave^.flçuit 
W P9ÏS qiH ^ :ta:Qttvoi»A to état; <Ï3 1»mii!e4e^^^ firent qi^elguot 

: Aprà» la m<Ht cb Chtck^ Pepiar ^otarul^ le» Catalans dans les goerret 
^u^ils €iu:€iae conUre ices Infidèles.. :.j 

; Cbaf lenag;q!9 deY^oa . Jkoi de Fntace & Empetsw > fe teâdk Û rédou» 

table aux Maures, ^ue Zaro, Gouverneur de Ëarcelone» ië ren)dit tri^ 
l>utaire de ce Monarque. Zaro ne fut pa» plutôt mort , que Bernard , 
parent de Charlenn^ae» fut fait Co{tefl;e&; Gouyerneur de 6îa-.celone> 
«nvlron fan 79^ 9 & ajouta à ce titre ceux de Duc & de Marquis d'£^ 

La j^pvenoe & k Laague;4pc. ayamétéuwQsjauGcttyeirfie«)3otdç.% 
Catalogne? Beraard Qu'étant pas aJfTez fortpoint (oçitenit cescrCMaPcovimcei 
•^EUM le 4evt;>ir3Au:\sétre alTi^Q de ^elq^a'un:^<lR :{»> dotma.un coU^ei 9p* 
pe^ Geolfroi) Ejpa^^Ml feloi^ quelq^e^ Hift^epafS) $s Ailemahd ^n-qud^ 
■ques autres, lequel eut d'Almira, Dame Françoife, Godefroi, furnommé 
jk V^, qui fiiecéda au GouvernejBoeat de Bar^lonQ, aptes ^ mortdeBer^ 
iwd £zs qui s'en à^it emparé confite téibelle» & daçs la fuite Urenditde; 
fi grands ièrvices aa;Roi Oiar^ It Gros». danVlesi fanglaotes guerres qu'ii 
«it avec les Normaàds^: qn'c^ $843 ce Prince lut donna en recoimpen^ le 
Çofaté de Barcelone «a |Nrq)rijèté klmé^k fesdeiceodans, ref^vant fèule^ 
«dent lé «koit defiHiveraiœté pou^ hii ^ pow les IRois de France iës fuccdl^ 
^urs, & dans la polTenion duquel ils iè (ont maintenus ju^'au régne d9 
Saint Louïs. ^ : ; * 

Par cette concelTton la CataJo^e fut gt^yeraée par un Comte a titre âa 
spfoi^iétéaL juiqu^en 11 37 a que h Conyte Raymond Béirenger ^ maria.avec 

rétronille, ^éritiàre d'Arragon» & Unit pour- jamais ^ Catalogne à la Cou4 
tonne d*Arr^oa. Quoique c^te Province ^ le Royaume d'Aitagon fu{^ 
fyat unis, la Catalogne releva des Rois de France jufqu''à. ce <]ue le Roi Al* 
foniè II, fîls de ce Rayiaond Bérenger, jGtt aireeal)}er un CoàKile Provincial 
«n 1 182 dans la Ville dé Tarragone, dans lequel, il Ait décrété qu'à Pavenit 
les Notaires de la Oitala|^e.ne dateroient plu3 jes Aâes qu'ils palTeroiçbt^ 
du r^he des Rois de ^nce , ainfi <pi'iis avoieht accoutumé de làire jui^ 
'qu'alors. 

Les Rois de France ne manquèrent pas de s'of^fèr à l'exécution d'im 
Décret li injufte; mais comme ceux d'Arragon étoient à portée de le hiet 

exécuter, laFraace deneum d^osô juiie. p^entioA» ^l'Airagondànalbâ 

Ta' ih^uftc 



6M£ 



14.8 -DESCRIPTION ET bÈLïCES 

Cataw iojufttf poflelïïoit, jufqw'à ce <^^:i2<^o, libelle, fille de Jaques r,'Rof 
• d'Arragon, ayant époufé Philippe le Hardi, fils de Saint- Louis, le Rbiifon 
père-liti donna en dot les droits -de Souveraineté <}U-'ilprétefidoit'«v'dk'furlej 
Villes de Carcaflbnne, de.Rhodez, de Béziers, de Lençate^ d^Alby, de 
Nimes & de Saint Gilles, avec la Seigneurie de CarGaflbnn& je de Bézier», 
à conditipi que la France & dépattiroiCt pour toiîjours du ^r^l âéSoUyémi-^ 
ïieté qu'on ne pouvait loi di^uter fans InjulUfce fur k BrincipaatÔ de Cate^ 
logne , & fur le Comté de- Barcelone , & dont lès Rois d* ArragQâ oàt tou- 
jours JQuï jufqu'en 16^, qiie ïa Gitalogne fe dolina à la^Frince , pbur les 
raifons que les Hilloriens du tems ont amplement déduites dans leurs Hifto* 
teSj&dfemeura fous la domination de cette Couroiine jufqu'eni 6ç 2 , auquel 
tems le Roi d'Efpagne profitant des divilions qui déchiroient la France» 
reprit Barcelone & quelques autres Phces ^ & enfiiite tout le Kefte de k 

îtoviàce»: 

. • • . • , ■ 

^ • Le Royaume if A R R A G O N. 



. j . . • t . • • ' " 



Akra- T E Royaume cTArragon efl borné aii Nord par les Pyrénées, au 03Ut 
GOK. JLy chant par la Caftille Vieille & par une partie <fe la NôaveHe , au Midi par 
le Royaume de Valence 5 à POrient par une partie du même Royaume,- & 
par la Catalogne. Il s'étend çn longueur du Nord au Sud de Pétendiîe db 
duatre-vingts lieues a& peut en avoir environ cinquante dâbs fe plus grafl-^ 
de largeur. ' ' 

Ce Koyaume eft le Païs de^ anciens Celtibérienff, des Jaccétains, & dei 
Sédétains; & Ton prétend qu'il a tiré fcm nom d'une rivière notaméeArr^ 
gon 5 qui l'arrofe en pjartie. Mais il eft difficile dfe -concevoir 5 pourquoi 
l'on auroit donné à ce Royaume le nom cf une pètiftl rivière obfcure & pe» 
confidérable, qui n'en arrofe même que la moindre partie 5 plutôt que celui 
de plulîeur» autres grandes qui s'y trouvent > comme l'Ebre, le Xalon, 1» 
Cinca & d'autres 1 

Je foufcrirois donc plutôt à l'opinion de ceux qui croient que le nomiJAr* 
tagon vient, par corruption , de la ProvinceTarracônnoife , dontilfaifoit 
une bonne partie; de mêhie que de Vandalicie ou Vandaloùûe, retranchant: 
la première Lettre, on a fait lé mot d'Andaloufie; 

Quoiqu'il en foit, le Rwaume d'Arragon eft arrofê par un grand Fleuve, 
par cinq ou fix rivièxes alkz conCdérables, & par quelques autres, qui ne 
le font pas tant. Le grand Fleuve eft l'Ebre, qui traveriè rArragon da 
Nord-Oueft au Sud-Eft , le coupant €& deux parties prefijue égales ; il' paife 
k Alagon, k SafragoiTe, &; à Cafpe, & entre dans lar Catalogne près de 
Mequinencia. . : /• . 

Les rivières les plus confîdérables font, au Nord de l'Ebre , la Cinca ^ 
autrefois 'Cinga, qui prend- fa fource dans les montagnes de Bielfa, & rou- 
le fes eaux avec rapidité, paffantà Médiafios, àBalbaftfo, àMonçonSc 
k Fraga, & fe joint à la Sègr-e vers leé frontièrés4e la Catalogne^ un- peu 

.. J " avant 



D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL. 14.9 

avant cpie de fe jetter dlng PEbre; Joie Célài: faillit à éprouv» à fes dépens Arra* 
la rapàoité de cette rivièrei) . loriqu'il fkiloit le guerre en E^agnc: le Galle- ^^^ 

fo y ancieiineinent Gallicus , aîniî. nommé parce que fa (burcé ië trouvoit 
ans ks terres de la Gaule, fort. du Mont Gavas près du Comté de Bigorr 
re, coule du Nord droit au Sud, & iè jette dans l'Ebre à SarragofEb; riru6- 
1& prend fa &)urce un peu an defius d^Huefca> joii eHe pafib., 'arrofe auf& 
Sariguéna, & fè jette dans la Cinca un peu au deflTus de Fraga : . les riî- 
•nièces, les plus coniîdérables, >aii. Midi de TEhre, fi)nt le«XaIdn, TSàlo) 
*^ ibrtant de li CaftiUe Nouvelle, coule du Sud-Ouefl au Nora-Efir, 
pafle à Calatajud & à Rida, & fë jette dans l'Ebre à FOccideot de Saj:- 
ragofTe ; & le Xiloca , qui fort d^auprès d- Albarrazin , coule du Sud am 
Nord**Ociefl, pafle>à Daroca, & ië jette dans le Xalon à Caiatajud. 
:/. Les autres livières -mjDins ccHïiîdérables» fibnt au Nord de TEbre, TArr^ 
gon, qui fortant près de la fource du Gallégo, dans le Val de Canfranc^ 
anofè k partie: la plus Septîentrionalë & là pb^ petite du RoLyaurae, de FO- 
rientau Couchant; pafle à Canfranc, à Jaca, & à Verdun, puis entre daîis 
la Navarrre , où il a un cours plus long que dans le Royaume d'où il fort : 
le Riguélo, qui paife à Uncaflillo, à Sadava & à TaiîAe, & entre dans 
TEbre vers les confins de la Navarre: le Guerva, qui fe jette dans. ce Flei*- 
fe il Sarraj^offe; le Rio de Agitas, qi)i paiTe à Bekhite, &fe ^tte dans 
TEbre , vis-à-vis de Vililla ; le Rio Marin , qui fortant des montagnes 
nde Ségura, paffe à Montalvan & à Hijar, & fe jette dans PEbre à l'Occi- 
dent œ Gafpe: le Guadaloupe, qui paiTe à Alcaniz, & entre dans le mê- 
me Fleuve à Cai^. Outre ces rivières, on» en v€dt encore deux petiteaaft 
Midi dû Royaume, le Guadalayiar, & FAlhambra : le premier grofli des 
eaux de l'autre 5 qui le joint à Albarrazin, entre dans le Royaiurie de Va^ 
leiice» j . . ) 

L'Arragon >ouït d'^un air pur & férein; raaiis, par une bizarrerie delà 
nature qu^on a de la peine à con^rendre, il manque d^eau, quoiqu'il fbit ju> 
rofé par quantité de Rivières, entre lefquelles il y en a rnie qui edfanscon^ 
tredit la plus belle de toute rÉfpagne;. C'cft pour cette raifon que tesEfpa- 
gnols difent en conumin Proverbe r Quando Guera tienecapaj y Motkayo 
'dtapÈroBy bien va para CaJliÙa^ ymeprpàra ArragmjC^t&rk-àivt^ Quand 
kl Montagne de Guara a manteau^ £^ Montcayo chaperon ^ il va bien pour 
Caftillej ^ beaucoup mieux pour Jrragon. 

Le fèns de ce Proverbe fe tire de ce que lorfque ces deux Mbntagnerfont 
-couvertes, cela dénote de la pluie dont laCafHUe aungrand'befoinji & 
-FArragon beaucoup plus encore : car non feulement il manque defontaines^ 
mais même cfe puits,, defbrte qu'en plufîeurs endroits il n?v a d'autre eau 
^16 jèelle qui tombe du Ciel , & qu'on ramafTe dans de granaespieixes cceur 

fées, ou dans des citernes. 

Il n'y a que les contrées qui font proche des Rivières & des Montagnes 
ytfiï faient bnmeélées, tout le refle du p^ étant fëc, fablonneux , moi> 
tueux ou pierreux,, en quelques endi^oits nîtceux, &;vprefque par-tout fost 

T j aride„ 



i|t) ,Dl.SCRIFTION ET DELICES 



AfOik- ^uride; eè qtû fait qu'il ifëft fertile qne ^ans les endroks où t»i le pexst arrœ 
^oN. ^ ^ le laoyen des Rivières ou des ruiiiçaux, tels ionLceux qui foot fitU)é$ 
ihr les i)ords) ck PEhre^ ^àsass le voîfîaage de Moxxccayo^ ^le la fonte d^ 
fieiges(}tiLiei:QUvrentfertiiîfeot5 Taraçona^ de^Bal- 

l^f&e .&de fioe&a. Tous ces endroits 9 dis.*^e, iënt affis fertilea ef&b}ed> 
en vmj ta huil&p en lin i& en fruits. £11 goeli^KS autres oiia:^eàie^ dix 

Martial hst grand ca$ deror & du fer deGaiIatayud>& de la liootte tren> 
fie querl^eau du Salon dcmne au fer. ÏI y a des mines de ièl £bet abo&d^fr- 
tGSp &ilfaiit qu'il )r en ait d'argent ^ puifqu^andêmiemeat il y en avoift 
une il grande quantité, quePIMoire Romaine fait foi que Marcel exi- 
gea des Arragonnois ^ooTalens: de contribution, .&que Graoque .ruina 
3CX:) Villes , ce qui^ marque k rnukitude de9 hûÀOLOséc les xichefiesi du 
4>aï8. 

VAxrs^on étàk divifô auti^efois en deux Contrées, qui étaient: le. Cbmté 
d'Arragon^ proprement dit, &; le Païs deSobrarbe; c^eilce qui a donné 
lieu à^quelques HiâOTiens de dire que Sobrarbe était un Royaume plus an- 
cien q^ecehil d^Arragon, fondés fur certains Aâes, qui (^n parlant de 
^<^&pks Rois de Navarre qui a voient uni à leur couronne non ièulement le 
Comté d^Arragon, mais mêmq le pàïs 'de Sobrarbe) diiënt: Régnante M 
J^ge mAl^arha. 

Maisle&vant Père Moset dans fo^Jkw/iigatWfK^ du Rayaiune <fe Navar- 
re ^ & Mttffa-e Marquis de Mondéjar , ont €^6itè cette erreur par des raifbcs 
il plaulibles , ^u^on n^oiërok plus à préfènt parler de cette Royauté chimé- 
rique , fans sPexpo^ à pafTer dans rei^it des vrais Sa<vaiis. pour des ^no- 
fans; ' Car enfin de ce Reg^ante-^ &c/ on ne peut conclure autre cho^^ £1 
ce'n'eft que les Rois de Navarre ayant conquis liir les Maures le pais de:Soh 
trarbe> on mettoît dans les Aétes qtf dn y paffoit , Régnant N: de même que 
<lans la Franche-Comté on met. Régnant Lêtàs XF^ quoiqifôce païsne 
£xt pas un Royaume. 

Ceû dctfic envain que pour donner quelques vrai&mblance à cûte 
fabfe, on objeâe qûbnvoit encore à* Saint Jean de la Feôa les tombeaux 
'de quelque&runs des Rois qui y ont regn^ Je foutiens avec toioA les 
Hiftoriens qui fiant profeffion de chercher la vérité de rHiftoire, que ce rit 
font que les tombeaux de qudçiesv Seigneurs qui poûédoient ce petk 
EtaL 

Quoiqu^en (Hfènt ces raconteurs de fable? , Sobrarbe ni le Cbmté d'An» 
gon n^ont été honorés cte titre de Royaume, <}u'aii commencement de Toa- 
zième. fièclc^ auquel tcms Sanchele GrawJ, Roi de Navarre, en: parta- 
geant fes Etats entre ies en&ns ^ donna la Sobràii^e à Gon£ilve , & le Com^ 
té d'Arragon à Ramire à titre de Royautà , 

Gdnâlve étant mort bientôt après avoir été inftalé Roi de Sobrarbe, £)n 
nouveau Royaume échut à Ramire ion frère ^ Roi d^Arragon^ quiPayast 
tmi àéi couronne^en éteignic fî bien le a!io]n,que depnis cetems-là il n-en a 



^ 



D'E S P) A G N E E T DE ; WQ R TVGAiL^ ♦j r 

ptos éi:é'faît-\ineentiôit) .aii4ie&- <^ celui d^Arragon elt allé fiotijouf$ croi^ARs^ 
Tant, &: a occupé un rang très^^.diiUQgiié mnâi tm» CQu:^<r£i|)«giie., ju%i'Jt<^o^^ 
ce (ju^îl & été ani àcekti oc CaftiUe » qui depuis plu&ucs iîèd^ a été le plus 
florifl&nt.. 

L'aiKietme«{oitme ài couKainaiient dBsrRof^ dlAmtgoa a quel^tte eho^ 
de fi particulier , que 'quoiqu'elle. Tok abolie d^uis <)uelque tems^ ^qu'i^ 
fetnl^le même^lêb-e pas to^-à^fak de mon fù^et, i!ai cru que moa Leâeur 
fèroic d?autantplus aife de rsqppoeiidi».) qii!eUs.£ùt:uo des plua Impoitaut 
poirrtside HïiftoM^ îd'Arragoii.. . 

Quoique Saitche le Gr:and eût- acquis une-gtandë aiatonfié-iiir. lés Arra-^ 

fènaol^y par}e>ièr\^iti&iknalé qvCM leur avott tendu en les délivrant de iit- 
diMjittf^ cijb^fêffîeiï feu8 raqneHe ks Manies les iàifiMent\gànir; i^ ne TOtir 
biïèat JTâConndître&n iite eii goaiifié de K<à , qu'à; condition qu'il leur ach 
corderoit des Ppivilèges & de8-Libçd3é8> qui Àabliâknc. pacmi eux une.efr 
çèce d'«ind<^fï*uace , èridèrenc fi fort l^iitoriné Royale avant que de s'y 
Ibitm6ttre'> qu'ils étabHtent un Ch^ de l'Etat Tous k nom de j^u/fmà^ poue- 
avoir foiit de veilterftir la conduite du Roi ;. avec pkm. pouvoir de lui faire 
ibn procès devant lek Etats, en icas qu'il voulût ^uâr de l'autorité Roy»v 
le-, pcfiBrabofir lesLoix & les Uiàgies du Royaume; dcfbrte qu'on peut di- 
rd^ie daas^n iëns^ tè Magiârat avoit plus de puiâànce que k Rot, dlaur^^ 
tkat que dans Ton inlUtutiôti il fiit xéfolu qu'il ne rekveroit pas de lui, & 
qu'il ne rendroit compta de fès aâions qu'aux Etats du Royaume , l^itir 
mement aflemblés-, an-Jieu <p6 le iitoi ne pouvoit être seconnu qu'après a*r 
voir juré folenmellement entre les mains du Juftma qu'il, maiittiendroit &i 
Siijets dans la poirefliOQ réeSle'de JsdCB » L i b eftés , Privilèges & Inurtuoités ,. 
Sx. ce qu'il y eut de plus^ humiliaiili poaic k. Royauté, ibit qu'on l'obËge^^ 
de fè tenir à genoiix & tête nue «n piéfenne. du Jufijàa^, pendant qu'il fè* 
Koit Ton ferment, tandis que ce Ma^^ifhat kroit couvert & aiFis fur un fié-; 
;e fort élevé, du haut duquel, en. tenant une ^enne à k poitrine du 
'rince huibilié,' il lui ad^eflereit ces artogantes paroles : ]\ksjjue:val<m&s 
tarito leotko ws^ mbatemoinùtJlrùRe^^ySenoFi oon Jal ^ gtutdeis im^ 
trosfuerosyy Libertaàes-, SINO y.NOy c'eft-à-dire : Nom qui fommcà 
autant que mus, ^mtsfaijhm natte Roi'^ Seigneur y itconâitimt^vous 
maintiendrez nos FH^/^s Es? liixKtéSy SINON, NON. 

Ce Formulaire de réception, avoit quelque chqfè de fi avilifTant^que Donr 
Pedro I ,. Petit-fils de 'Ramire , ind^né de voir. un. ufi^ tiui, rendort ki 
Majeffé Royale en- quelque manière dépendante de fesSujetss, fit tant par 
fès brigues , par'fes prières 6s pardes oflfres équivalentes d^àutres Frivi*^ 
ièges, qu'à la lin il en obtint l'abolition xianB.ime.aâeniblée générale des £- 

ÉfttS. 

A peine lui eut-on mis en main le parshemin qui oonteneircette Loi in!* 
jurieuJè k la digâîté Rt^alè , qu'il tira fbnîpo^nfrd, âc£^£dâat.uaefdaie 
<t là main) il en fit couler du âng-âui k porcmaiia ta^ difànti ces pàroies r 
J^y-^. éipoderà Jos ra£iiths «Icffo^ #k|^ ifojK, faiig!Pe ieL.&ejtJmvùt. 



lîi .DESCRIPTION XT DELICES 

Ariu- ie €»ftat^ c'eM-dire: Une Im qtu dùrm&ft pouvoir r à lies Sujets d'éHre n» 
^?^ Roi^ démit être ^acée avec Jejang iPim Roi^ 

Cette aéUon à laquelle les Arragonnois ne s^attendoient pas , les iiirprit 
étrangement 5 & fit donner à ce Frioœ le nom de Don Pedro deipunal^ 
c^eM-dire^ Don Pierre du po^nard. - AÂQi^aetcc trait d'Hiftoire m ibit 
pas efeicéide la mémoire des hommes, oa voit la;Sta6uç de ceJPripfee à 
^arraeoffe 'dans une Sale de \% Maifon de la Dc^utationj £6oant<le poi^. 
gnard d^une- main, & le parchemin de l'autre. ' 

Cependant cela n'emoêcha pas que les Arcagonnois ne rétabMeQt. cette 
Loi flêtriffanteir &'quW n'en ayent jonï- pendant plufieurs Cèdes, &en 
auraient joiaï encore plus iongtems, C Philippe II ne liii eût donné une at« 
teinte mortelle en faifant faire le procès au Jujiii:ia\ comme à un criminel 
de LèM-Majefté, pour avoir voulu protéger Don Antonio Pérez., contre 
Fautorité de ce Prince qui le pourfiiivoit pour crimes d'Etat 

La fermeté de ce Monarque déconcerta fi fort les Arragonnois , qu'ils 
fcmblèrént avoir renoncé pour toujours à cette Loi, mais comme ils- ne 
font pas ^ns à démordre quand il s'agit de ie maintenir dans l'indépeib. 
ifance de leurs Souverains , ils entréprirent de forcçr le^ défunt Rpi Char- 
ka II, de fe rendre à Sarragoffe pour fubir la Loi de leur; JuJUçia; mais ja 
Régence fe moqua d'eux , & traita de rébelles & de criminels de Lèie-Ma- 
jefte , ceux qui s'aviferoient d'agir diredement en faveur d'un Magiftrat 
, afTez témà-aire pour attenter à l'autorité fuprême; fi. bien qu'au jourdlmi. 
cette dignité n'efl plus qu'un noble fantôme» à peu près commjç £>nt les. 
Vidâmes en France. 

On doit tomber d'accord que de tout ce que Phflippe II fit , rien n'eft Çi 

florieux à la Couronne des Rois Catholiques, que d'avoir réprimé l'excef^. 
ve autorité d'un Magi/brat qui tenoit, pour ainfî dire, h deflinée dés Rois 
entre fes mains; car quoique la couronne ait été fucceflive de père en fils, 
& de proche en prodie depuis le premier infiant de fbn inftitution , il pré- 
tendoit avec arrogance être en droit d'élire à fbn gré un Roi, même Pa-^ 
yen^ en cas que celui qui venoit d'être élui donnât atteinte aux immuni- 
tés du Royaume. 

Il prenoit encore connoifTance de tout ce qui concernoit le Roi, tant en. 
demandant qu'en défendant. Il étoit en droit d'expliquer les Loix de l'E: 
tat lorfqu'dles n'étoient pas bien intelligibles , & quand il les a voit une fois 
expliquées, on étoit obligé de s'en tenu- à fon explication. 

Lorsque les Rois étoient en doute s'ils pou voient faire ou ne pas faire 
quelque chofe^ ils étoient obligésde le confulter, & de fuivre fa décifîon, 
11 pou voit déclarer lî les Lettres Patentes du Roi ou du légitime fuccefTeur • 
à la couronne, étoient pour ou contre les immunités, s'il falloit y obéïr 
eu non, les mettre en exécution ou les fuffeoir. 

Lorsqu'il* étoit inflruit qu'on devoit procéder par ordre du Roi ou du 
fiiccefleur à la couronne, tant en matière civile que criminelle , & que cet- 
te procédure alloit contre tes privilèges du Royaume^ il pouvoit furfeoir 

la 



■ 



D^ESPAGÎ^E ET DE PORTUGAL tî5 

la procédure rotiqu^elle n^étoit pas confommée^ ou en défendre f exécution Aioia* 
lôrfqu'elle Fétoit ^ fe nantir des biens à TéxcaiticMi defquels on devoit procé* gonw ^ 
der ) auffi bien que de la peifonne, fuppoiè qu'elle fut en prilbn , & même 
quand on la conduifoit au fupplice, & enfuite il jugeoit fi la procédure étoit 
conforme aux ufages du Royaume. Il pouvoit défendre, tant au fils du 
Roi 5 qu'aux Gouverneurs des Provinces , à leurs Lieuteaans , & à tous au** 
ères Juges ordinaires , de s'immiicer dans ce qui concernoit les affaires du 

Roi. ; 

' Il eft vrai que dans ces fortes d'interdiékions , il fëmbloit toujours agir au 
nom & de la part du Roi : mais après tout , ce n'étoit qu'une grimace ou u4 
formulaire qm n'aboutiflbit qu'à limiter l'autorité Royale 5 fous prétexte ds 
h défendre. Les OiBciers de Juftice ne pouvoierït être accuiés que par-de- 
vant lui ; & il étoit Juge du j^ifc. 

Les Arragonnois jouïffoient outre cela de quantité d'autres grands privi- 
lèges dont les plus confidérables étoi^t : 

1. Qiie lorfqu'un homme étoit condamné à mort, il pouvoit avoir rc»* 
cours à la Loi qu'on appelle de hManife/iatianyC^efi'k'diK que le yufticia le 
pouvoit arraclier de la mîiin des Juges qui l'avoient condamné , & le faire 
conduire dans une prifon 5 qu'on appelîoit des Manifeflés^ où il étoit à coU^ 
vert du fupp&e )ufqu'à ce que le Jujikia eût décidé fi on avoit bien ou 
înal procédé contre lui. Lortqu'il arrivoit que l'en avoit fugé contre 
les uiàges du Royaume , quoiqu'il confiât du délit ^ la procédure étoit 
adTée > & le criminel mis en liberté ; mais lorique les Juges avoient f^-o^ 
nonce conformément aux ufàges, le yufiicia kvok l'interdit delamani* 
fellation, & le coupable étoit puni felon la févérité des Loix. 

Non feulement ce droit de manifellation avoit lieu à l'égard des per- 
ibnnes , mais même à l'égard des biens ; d'autant que lorfqu'il y avoit 
des raiibns y ou qu'on fiippofoit qu'il y en eût dans les connications ou 
dans les £iifîes ^ le Jujlicia ordonnoit qu'on lui remît toutes les écritures qui 
avoient été faites , & après avoir examiné la caufè, il donnoit main levée 
^land il le trouvoit^ propos , ou'conlirmoît la conéfcation ou la Mîe^ fè» 
ion fon bon-plaifir> fans qu'on pût appeller <le ùl Sentence. 

Cet uâge psuroît être fondé fur l'équité ^ mais dans le fond, il n'^aboutiA 
ibit qu'à donner du tems aux fcélérats pour éviter par le cours d'une longue 
procédure le fupplice qu'ils méritoient, & aux gens de mauvaifè foidecon*- 
traindre leurs créanciers à s'accommoder avec eux, pour ne pas être expo- 
fés aux tours & aux détours d^me chicane raiinée. 

2. On ne pouvoit appliquer à la queflion que ceux qui étoitent accufés 
tie làuITe monnoie. 

3. Le Roi ne pouvoit faire aucune impofition fous quelque raifon ni pro- 
texte que ce fôt, aue du confentement de tout le Royaume légitimement 
afiemblé en corps d'Etats Généraux. 

4. Perfonne n'étoit obligé de donner caution hors du Royaume 9 pour 
grande que fût la fomme à kqudlç il étak condamné» ... . 

ToMK IlL y j. Au- 



^5*. DESCRIPTION ET DELICES 

Ar»r- j. AttCtin Sujet du Royaume ne poiivoic être conduii priibimier. hors à^ 
coN, ^ pajis, à' peine de b- vie contre ceux qui Tauroient çonftitué priformier dans 
«in au trç Etat , quand même ç>uroit été dans un Royaume ) ou Frovincfe 
gggrégée à la Couronne d'Arragoa . 

6. On ne ppuvoit changer le titre, le poids, ni le prix dé la monnoie 
qu'après une Loi publique qui autorifit ce changement 
r .7. Anciui.Etraqger ne pouypit avoir kgouyemementdbsPlaccs diiRo^ 
yaume. 

.' 8. Peribnnene pDtivôit:être retenu dans aucune prifbn pardârijérg , y a- 
yant des prifons publiques auxquelles les Juges étoient obligés d^enyoyeit 
tous les priTooniers. 

ç. Chacun étoit e» droit de défentire les Loix & les Libertés par les Loi;4 
mêmes , fans pouvoir être açcufé de rebellioa ni de réfîftance., / 

-. îo. Aticun Gentilhomme ne'pouvoit être puni de mort pour quelque 
crime que ce fut. Toutefois le Roi le pouvoit faire prendre, &; le tfrj 
oir on priioa tout le t^ms quU lui plaiibit > même pendant toute fa 
sie. 

i II. Toutes informations âpredierchesétoieiit défendues à tous Juges 5^ 
ce n'eft zujuftkiay qui feul étoit en droft d'en, faire. 

On poyrroit rapportée une infinité d'autres privilèges dont les Acragon* 
sois, ont joQï. jufqu'à ce 91'ils fe foulevèrent eii i7.of , & abandonnèi^njt.k 
parti de Philippe V, pour embralTer celui de T Archiduc, ce qui obligea ce- 
Monarque k abolir tous leurs privilèges, &.à les aflujettir aux Loix ce Ca(^ 
^e. Mais c'efl allez parlé des Droits des Peuples, revenons à Tancienne : 
forme d'iniOtaUet les Rois. 

. Après que le Roi. avait fait le ierment ^e les Peuples éxigeoient de hii ^^ 
en la forme que nous avons dit, il étoit. couronné dans TEglife Cathédrale 
de SanrpgoiTe par PArchévêque du lieu^ après avoir été armé premièrement: 
Chevalier., puis oint, &.enfuite iàcré. 

Les fils aînés des Rois prirent la qualité de Ducs dé Glronne » dèsletem»; 
que le Roi Jean I donnîi cette Ville à fon fils Jean> avec titre de Duchéj; 
niais dans la fuite Ferdinand I ayant érigé ce Duché. en Principauté, en fat 
veur d'Alfonfe. fon fils, il quitta le titre de Duc,. & prit celui de J^rince,., 
qui a refté aux fuccéffeurs de la couronne^ jufqu'à ce que TArragon a êt4 
uni.àlaCaftille.. r 

. Mariana dit dans le XV Livre de fon Hiftoire d'Efpagne, que le Roi Jjii. 
nues ordonna qu'Yonne pourroit jamais de&nirl» Sou verainetés:d!Arfagon>. 
Je Valence^ dé Catalogne. . ^ 

Avant la révoUition des Arragormois en faveur dcPArchidûc^ le Roi fér 
4àiroitfi peu de ces Peuples , Qu'à peine y en avoit-il aflez pour Tentretien des 
JI^fBciei? 5 des Troupes & des Miniûres quLétoient à fa folde ^ & même 
quelquefois il étoit obligé d'y envoyer, de Targent de Caftille. Mais depuis : 
■qu^il à fourni ce Royaume aux Loix Caftillancs, le Domaine Royal s'y efti 
^dLHQcru ^r. k9 npuxeaux impots qu& y. ont été âaàU& . 



/ 



ITESPAGNE ET DE POKTUtïAlL i^î 

Tje Roi y entretient nn Viceroi & cjuelqucs Gouveraenrs de Places^ aiix ARM- 
mêmes titre! & honneurs que ceux qui font établis ailleurs ^ mais dont rau-aoN. 
torité a toujours été fort bornée, jufqu'à ce que le Roi a eu aboli les Privilè- 
ges exceflUs des Arragonnois. 

On ne compte dans PArTs^oa quefaïuit oudixGtés, & une douzaine 

^^tres VilleGf un peu caniidéraUes. Les Cités font, SarragofTe^ Balbg^ 

ti^o, Jaca^ Tarraçona, Huéica, Calatalud, Albarrazin:^ Tervel, Daroca^ 

& Boria. Je vai décrire ce Royaume fiicdnâeoient, fiûvant ma méthode 

'Ordinair«^ 

Chemina Mi^id à SarrMj^e. 

■■■,'... ■ ■ 

Q&AND on va de Madfaeki à S«ragôf!e^ on pafie par Alcala de Héna^^' 
rès, par Siguença & par Arcos 5 la dernière Place 4e' la CaftilîeNaUK 
- : veHe du côté de rAiiragon. Soitant des mont^nes, au milieu deP 
quelles Arcos eft eiïfermé> Ton trouve des Vallées a£^ agré^lesy & Voà 
stmvQ à 'EÀ'iAy ou plutôt Ariza, la première Ville d^Arrragon de ce cônÀriu. 
^é-là. Elle-eft fîtuée finr le iXaien, à ia, lieues de Calatafud:, dsms mnd 
'rAadiK agréai>te> petite^ maisi aflez bien fortifiée , & (kfendae.pMr un 
J»on Château 9 qui la coi&m.ande ^ bâti lir uaehaatew au ddObs de la 

Ville. . . : : . ^ : • : . • • . ; 

La tsantpagne eft fOTt fertile en fruits: t>n y Tecueille du tled & du vînj 
-«n y nourrit des troupeaux ^ & il s^ trouve aufil du iàfran. 

Ariza &it érigée en titre de Marquî&t par Philippe li^ ea&vieurdelVanPi» 

^isde Palafox Seigneur de cette Vilb-là^ lequel il vcnd0it>recompâii6r'dê 

Ks bons fèrvices> par cet honneur. I 

^ D^Atiza Ton paiTe par Alhama^ Village, où il y il des baiiïSfd'éamc à 

«dicinales, à T6ca ou Atéca, qui n'a rien de rômarquable, i& Ton arrive k 

A 

C A L A T A I U D. 

• » , • • • . • . 

GÀl AT A jtrix eft r^me des principales ViMfes de rArra^ôft, fitXïée au boiitCAtAxi 
d^une Vallée ' fi)rt fertile en grain, en vin, enhuile& en fruits; auJ^^* 
confluent du Xalcm & du Xiloca. Elle tô: grande & aflez belles on y -voit 
une grande quantité d'ouvriers. 

Quelques-uns Tont prife pour f ancienne Bilbilis la patrie du Poète Mar* 
tial, mais ils ië font tibn)^s, Calatajùd elldansUa plaine, & Bilbilis étoit 
k une demie lieue delà fiir une montagne, que le Xalon environne: cette 
Inontagne retittit'ehcore au^cftirdhni q^ - ^ 

pelkuit Baubola ou Bambola : Ton y a dénoté quantité de monumens &n^ * ^ 
ciens, de médailles ^ d^Inferiptions^ qui ne laifient iaucuii lieu de doutet 
'que Biibills A^ait été fiduée on cet éndroit^lk > On y j^ troa^^-une ^médaillt 
wîtr^autres, avec cette légende : M. Aygvstab. Bilbili& M. Sbhp^ 
TiB. L. LiCL Var<x / :, j . . <: • . .-; 

Va Le 



•. j' 



;• »/. 



}i6 DESCRIPTION ET DELICES 

Cal^xa- - Le Poëte Martial, qiii nous a laîllé une joliedefcriptiondelk Patrie, nous: 
^^^ apprend que de ion tems, Teau du Xalon, qui entouroit cette ancienne. Vil- 
le, étoit d'un grand, ulage pour la trempe clés armes.. - 

Calatajud s'eft élevée fur les ruines de Bilbilis, ayant été bâtie > comme, 
Pon croit , au VIH Siècle, par un Roi Maure nommé Ajub. Elle eft auflî 
la patrie du célèbre Lorenzo Gracian, dont les écrits, pleins d'une fublime^ 
& abftruiè politique , ont été mis entre les maios des François., pas la tnt-* 
duéUon que riUuftre Mr. Amelot en a faite. 

Le Sr. Jouvin de Rochefort dit (*) que Calatajud efl fîtuée au pied d'une. 
Montagne,, de laquelle il y a un Rocher détaché où eft fon Château. Il ell 

rd & fort, & commande fur tous tes envàons de k Ville qui eft très bel- 
Santa Maria & 11 Sépulcro l'emportent fur toutes les autres Eglifes àb: 
la Vilte. L'une eft couverte d'un Ddme , l'autre eft ornée de belles peinta^ 
Fes & d'un beau portail. 

Les rues font droites , & aboutiftent à la. grande Place où demeurent plu- 
fieurs riche& marchands. Celle de la Platerie eft une des mieux bâties &deSi 
plus grandes. On voit à h ibrtie de Calatajud une partie de la Rivière dé-^ 
tournée pour arrofer les Jardins & les Marais par le moyen de divers petits 
canaux , ce qui &pplée à. la pluie qui eft fort rare par toute J'Eipagne. Coni- 
me elle a été bâtie des mines de l'ancienne Bilbilis^ quoiqu'elle nefoitpasau, 
même terrein , plufieurs l'ont nommée en Latin Bilbilis Koya, c'eftv 
^-dire la nouvelle Bilbilis.* 

Atuu* De Calatajud il y a (ept ou hui6 ïeues^de chemin )ufqu'k Alhiugna , grand * 

a»i. & beaik Bourgs très bien, fitué, à l'endroit où le Rio Grio fe jette dans le 
Xalonr. il^ eft à neuf lieues de SarragoiTe, dans une plaine agréable, dônti 
les avenues font charmantes de quelque côté qu'on y vienne. 

SicirA. De l'autre cècé du Xalon,. vis-à-vis d'Almugna> l'on voit^Ricla> petite 
Ville érigée en Comté par Philippe IL 

EtAA^ D'Almugna l'on paile à Muéla , laiflant fur la gauche Epili , petite Vilîe 
au bord, du Xalon , fijtuée* daos ui^ campagne .aflez/ fertile , & fur la droite 
Garignéna ou Sarignéna, fituée dans une campagne peu fertile, vers lar ri- 
vière Alcanadiîe* Autour dq Muéla, &dans toute la route jufiju'à Sarra^ 
gofle, on ne trouve qu'une bruyère inculte &déferte, lanseau, fansaci? 
Ere» Sç^&ns maifon^. où Ton a.beaucoup afouffrir,. fi. l'on n^a foin d'éviteo 
b Qhaud du jour^ 

S A R R A- G O S^ S E 

Sau^t -Ç^Ab^r a GOftSfi eft Tune dç8 Ville&les plus conGdéniblesdeP£^x^ne,foik 

«Q<$j$. O Que Ton conHclère. fbn antiquké., fbit^ qu^oafafle attention aux avanta* 

ges dons, elle jouit prélèntement; Elle eft très ancienne, ayant été bâtie 

pac les. PJ)éfiicieoA> qui lui domièrent te npiob de Saldaba> ce qui en leus 

(^^ Voyage d'Efpaçie & de Pof&if^b. 



D^E^SPAGNE ET I)E PORTUGAL tj» 

hngue fîgnifie TEmpire de Baalj & les Roiïiains y ayant envoyé une Co-Sajcrk- 
lonie fous TEn^ereur Augufte, elle prit le hbm de Cajarea Augjufta^ ott<^os5E* 
Cafar Augufla^ d'où* par corruption cft venu le nom de Sarragoça> Sar-x 
ragoffe. 

On y a trouvé une médaille d'Augufte en bronie, où Ton voyoit d^uncôté 
im étendart arboré > fbutenu 'd^ine pique , et oui étôit le fymbolë d\ine Co-- 
lonie , avec cette Légende autour de Flmage a?Augufte , a v g v s t v s; bv f;- 
& fur le' ve vers 9 caxsak aygusta. m. for. cn« fa m II. Vir. Le 
IL P. Hardottin en fournit quelques autres qve voici. 
' Vane répréiënte un Laboureur qui mené des Bœufô attachés'à uneChar^ 
rue ; Symbole d\me Colonie. Varron dit Ça) que Pwi commençoit ain& 
vsitCmàxîvt^ en attelant un Bceofaverunevàche, de manière que la Va- 
che étoit dài côté de la Colonie , & le Bœuf du côté de la* Campagne. L^' 
Charrue félon cette diipofition traçoit le tour des murailles, &on portoie 
la Chamie au lieu, où l'on .vouloit avoir la Porte de la Ville. Pline dit 
(^)' que SarragofTe étoit une Colonie franche^ arrofée parrEbre, Squ'au-^ 
paravanr il y avoir au même liea un^ Bourg nommé Salduba. Cafar Au^ 
pffta Cokmia inmumSy Jmm-Ihefo affufa^^ 
duba. 

* Ilyadan8lBTréfordeGoltzius(<;)cetteancienneInfcnptionrC^^^^^ 
SAREA Au G. Salduba. Une autre Médaille répréfente la tête d'Au^ 

ifte>^ couroniiée de Lauriers avec ces mots: Casar Augusta Cn. 

OM. Ampi C: Vet. Lang. IL V i r. c'eft-ànlire C«. Z)awî^i(> ^«rp/w- 
to: CittoVeturio Lof^juido^y Duumviris. Une autre porte oesmots: L. Cas^ 
sio. C. Valer. fENAlViK^c^tf^'^âs^y L.CaffWy(^wV^ 
mfèeJla Duumvirh: 

On lit fur une autre Médaille :C. C A. Pietatis AuGUSTiE:Oii 
j voit la tête de la Piété pour répréfènter la Piété de Julie fiUe d'Augufte. 
Sur le revers eft un Temple & les Dilùmvirs. Juni Aîf a Lu PO Pr. C. 
Qms. C FaMPQNia Parr; IL VrR;c*eft-à-dire5 jUiniimo^lMpafra^* 
feUo Cobartis Cafariofke ^ Caio Ftnnptmh Fim^a Daumviris» Sur une au-^ 
t^^ on- voit entre deux Eeendarts de Cohortes ' & une Aigle Légionnaire, ces 
ûx)is lettres. C C A. qui lignifient Colonià Cafar Aug^a: Le plus grand 
nombre des Médailles porte ces trois lettres C. C. A. Plufieurs ont CiE** 
SAR Augusta^ avec un point après le mot CiESAR, quelques-unes 
GiES.. Augwsta,: dans- toutes ces Médaille» il faut lire C^^^^-^^ 

fS^f^d^ 

Cellarius foupçonne que te mot de C5p/2»rtfW|^^ pourroit bien être venu' 
de ce qu'en lifant^ le point a été négligé: il remarque cependant que Pru- 
dence dans fon Hymne pour les Martirs de Sarragoue) dit (if) : 



s 



Lib. 4. a Ungua JMm (t^ F. 238» 

Lib. UL c. a. W Pcriftepb, Hynm; 4- 

Xi 



15$ DXSCRIl^TION ÎÏT DXLIC.ES. 

COSSE. , , jCafariUfgfi/iaJiuéh^aÇkirifli^ ■ - , : 

J^ertkemfla'^s oleU r-evinçta 

JPacis honore. ' - 

• • • , ■ • • ' k 

. ^ntcçles Inicripuofis de^Gntter (^) il s'en tro<iTe'«nç'qiii;£ e)td«Jléxa» 
temçnt. ^^(^liéey fayorife xreiuc ^ui à&xA Oefaraitp^^iayïmieKÀmat^ .lijl 
yqici.. P Q s t H ïtm i ^ï; M Anoà t n n « Ex C 41 & a» a-u çii K-ARiErit s lî 
aue Mr. de Marca expli9ue ainfi : ^qfibtiÊttàQrig^Càrtt^- ex^iùomùnM Ca^ 
Jiirài^^fiam*- £n enet> Fiiae met Is Peuple' € jl &£ n^s bi»»* dans ierii^iar- 
^lenifint de SwiagpflSs. . . ;) t.. . ; m 

SaiT^tgoffei eft ikuéeiiai» une. (grande' mSc Va&} plaiae» tm îaard d& FE* 
%ïti à rendroit-où ce Flaive reçoit <kuxnvièreà» d'iui-côi!ék^allégo,& 
<de l'autre le, Cuerva. : ' :, •.. :.. . :» 

JE^e^dt trés^ande» très belles ' & 'feet biealidtie. Jjis mes y Amt lon^ 

ftië^s iarges), bien pavées &; feoE propresiî les maiicsiB géoénikmeiit {^os 
eUes.qu!!à MtdrJad» hàliesvla |4upait dâ> brique, -font. pour Pordinaire :de 
trois^cages., il .y en a\ de dàq & dfcibc." JÉile.eû <<?tïiée d.'ua,fisit'èran4 
nombre de magnifiques bâtimens, facrés &; autres: on y compte dix-^fèf^ 
.grandes E^iifes »"& qu&torze i)eAirs'AicHÇiaâèr€»»£iss pe^ec x^isauGres moins 
<onfidéraJtwî$,i .< ' '.'.<.!-•' 

. Elle eft le fiège d'un: Archevêché, d'âne Ifeiveriité, & d'un Tribunal de, 
rinquifitiOQ. On y paiTe TËhre fur, deux tr^ beaux ponts j l'un de pierre 
^ Jt'antre de bois; «e^krntec n'Agu^ion poteildiaùs i'EurcmepoiiriaÛeaxK. 
té* .. Oo.'entre d;»ns «etco Ville par qu^re portèa, qui répondent aiix Auatf« 
coins du Monde; & quand on vient du côté de la CaiHlIè Nouvelle.', art 
tarpiive èori de h. Vilte un vieui ChâtjîàUN». eavirauné de fofféa:, nommé 
Aljaphéria^ d'un mot retenu des Maures. H a été xiuû-efbis le Palais der 
Rois d'Arra^n , 4c c'eft à préfent cefui de FInquifition. Cell ce Chàtcait 
4Rie l'on a fait toifier durant 1^ guerre» afio^de tenir ei» bride la popu^e,- 
& l'empê^jiber d/exciter qiielqwfif féditioni . > .. i .. - 

l^'Ebf e pafle à travers la Ville i Fàrrofeat -d'un bout à l'autre , & la par- 
ijagê endeux: fesbofds font revêtus dHin beau Quai, fur lisguel on fit pro- 
mène ordingicement. II. y a d'autres pi^menades dans quelques placée pu^ 
bUq^es , maj^^la plus conlniérabie eft une belle grande me , nommée la Rue: 
Saintes . longue^ , &; fî. large qu'(ia pojturoit , k pceœJre : pour une place piis> 
èlique; c'eft là que fe fait le Cours, &; où l'on voit plus de gens deQuaU-^, 
ijé , & par 4:onlëque«t un plus gr^d nombre dô Cadrollès^ ' attelés àa befles 
Miqles richement e&bamachées. • Cette rue eft bordée des Palais de plu^ 
fleurs Seigneurs, j^ particulièrement de. celui .du Viceroi. Elle, porte le 
nom de Sainte , parce que ce fut là que les anciens Payens verfèrent le iàng 
d'un ^nd nombre de Chrétiens; elle paiTe pour la plus belle qui^ voie 
dans toute FEfpagne. ^. L^ 

♦) p. 324- n. la. ._ .. _' 



rrBSEACNE ET -DB PORTUGAL m^- 

► Le« Convenu de Sanagctfe foot fottbea» & richemeiit ornés, aufll S'agir a- 
llienxjtie Iciite Eglifes: k Cathédrale^ qu'on appelle la Ceu, «fl: un très val^^^^^ 
td & tcès bel édifk&5 hàti k V^tiefie^; le ctour db enrichi de beau marbre 
ËÎanc; A rentrée du chœu^paroit im Tombeau de marbre^ qui eft la fér- 
fRikupedupr^iier Iniquiiîtear) au defliis duquel on vt)it (îk Maures fui|>en*- 
dus à des oolomnefc h 

: Lefnrémier £vêqiie de Ssftrâgofifr qu'eut trouve eJt SaintFélix , lequel yh^ 
voit en 2^^.. Saiiic C^rien lifartir/écrivant aux Bvêques afTenlt^és àMéri* 
da^ fappdle le;^(^gaceur de la fi>i^ &; le I^nfeur de la vérité; Feiix de 
CeJùT-Jlvguftafiâei mtoir^ ac defenfor eeritatis. On €roi& que Saint Lau- 
xent fut ion Archidiacre. 

i^uelqoeg Autteursont avafieé^e Saix^ Athana^ 
fittiait Evèque de; cette Eglifeenvl^annôe 40;. Maïs cette bpinioh n'-êft ton-- 
dée que fur une Tradition peu-fincère. Depuis Sâiot Félix jusqu'à PiûvaiioA 
des Maures, on compte i; £vêqûes, dont le dernier s'appelloit Bencius. 
Depuis Bençius jufqu'en 820, on ne trouve aucun. Mémoire d'Evêquesque 
4'un nommé Senior, lequel fâiibit (à réfîdeace à Sarragofle avec la permii^ 
fion(is&.. Maures^ ducant ropprefllon deiquels cette ViUe n'eut que 6 Ëvê^ 
ques* 

L^Emperéor Alfbniè ayant repris SarragoiFé en i ito, &r^le Roi Abuba- 
â^alen, nt nettoyer. la Moiquée^ dont il ik faire une Cathédrale, & nomma 
pour Èvêque de cette ]^li^ Pierre de LilM:an, Béarnois, lequel y établit des 
Chanoines Séculiers, & enfuite des Ré^iliers. En 13 17, le Pape Jean 
"XXII étant à Avignon , à la pière de Jaime II , Roi d'Arragon , érigea cet 
Evêché. en Archevêché ^ & lui donna pour Sufibganâ les Ëveques de Hue^ 
ca, de Taraçpna, de Pampélune, de Calahorra,. de Ségorbe & d'Albara^ 
2.in. Mais depuis ce tems-là Pampélune & Calsihorra ont ébé démembras 
pour être mis fous k Juridiâion de la Métropole de Burgos , & Ségorbe 
fous celle de Valence ; mais Téruel & Jaca ayant été érigés en Evêçhes, ils 
(ont devenus iës SuiFragans. 

Le Chapitre ^ cette Métropole ellcomoofe dé 1 2: Di^itaires , de 24 
Chanoines, de 24 Prébendler^, &; de plufieurs Chapelains. LeDiocèfè 
s'étend fur 347 Paroifles, fur. 3 Archiprêtrés, fur 3. Collégiales, qui ftwit 
Kotré-Dame du Pilar, Daroca ^ Alcaniz, & fur 5; Couvens. L'Arche- 
yècfot jouît de joooo Ducats de revenu. 

Après la Cathédrale les Voyageurs vont voir l'Eglifè de Nueftra Segnora 
dei Pilar, Notre-Dame du Pilier, iiwée au bord oe l'Ebre, qui efl un des 
^lus grands Ueux de dévotion^ qu'il y ait.^ Efpagne,- après St. Jaques de 
Compoftelie & Notre4)»me du MonO^rrat; - On rapporte que la Ste. Vier- 
ge, étant encore en vie^. àpj^mt à St. Jaques, qui travailloit à la conver-- 
*fion des âmes enE^gne, l'encouragea dans iës travaiix , ^hiilailTaibn 
'knâge,^'avec wfi^^u Pili^ de^pe,. wr4equel elle s'étoit manifefléêà lui; 
on montre l\in & l'autre dans l'Eglifè , que je décris^ dont oii prétend qu'elle 
"ift la |)rèinîérè. du Monde, éy^ ait 4é natie ilUionneur^ Notre Seigneur. 
: .: L'E- 






a-6o OBSCRIPTIONXT DELICES 

Sarra- L'Eglifc n'a rien d'extraordiriaire pour ce qui regarde le deflein 
^^^^ chk«5hire: mais 4a Chapelle^ où eft h Ste. Image, eft très bette & très ri- 
che , bâtie fous cerre^ de treate^fîx pieds de long for vingt^îx de large. . La 
StQ. Vierge eft là fur un pilier de marbre ^ tenant un petit Jâfus entre fës 
l>ras« Comme elle eft dans un lieu obicur, on ne peut pas la découvrir ^ 
fyné le recours des lampes qui Péclairent : il ne fë peut rien imaginer de plus 
i-iche •que iëd orneik»ens; & niche^ fa rolie & â. couronne font remplies de 
pierres précieuiës ^d^un prix ineftimable. Tout à Tentour paroifFent des An^ 
^es d'argent maÛlf^ qui tiennent àos flambeaux à la main; outre cela elle 
«ft éclairée par cinquante lampes d'argent) ornée tie chandeliers & de baluf^ 
trades aufll d'argent , & pleine de figures de pieds ) de mains , de têtes 6c 
de cœurs, qu^on a portéea en c^ Heu, en reconnoiilance à^s miracles de la 
Vierge. . Enfin tout y eft éclatant d!otr & de pierreries ; &; il y a toujours 
un grand concours de Pâerins. 

A rentrée de TEglife, du coté <]e la Ville ^ il y a vers la porte une grande 
Chimie ) dont la voûte eft peinte de rofes d'or , & l'on voit fur la parois le 
Magnificat écrit en lettres d'or. Près d'une des portes de la Ville efirEglife 
de Nue/ira Seg^nradei Fortillo > où fe trouve un Crucifix , auquel les ongles 
croiiTenL 

- On voit près delà un très bel Hôpital > nommé Hojpitalrealy gênerai de 
Nuejlra Segnora de gracia. U eftorné d'une Tou^, qui mérite d'être vue: 
elle eft ifblée^ haute de deux cens quatre vingt-quatre dégrés, &; l'on y 
peut monter à cheval jufqu'au ibmmet. 

Entre les C(Hivens de SarragoiTe, cdui de St. François eft le pins digne 
de remarque. La voûte de fbn Eglife eft un Ouvrage merveilleux : elle eft 
^xtraordinairement longue &; large ^ & cependant on n'y voit ni colomne 
iii pilier pour la ibutenir. 

Le Couvent de St. Jérôme eft orné de cobmnes de marbre à fbn entrée; 
&; fous l'Eslifë il y a une Chapelle 5 foutenue de colomnes^ où repoièntles 
corps de plufîeurs Martirs: on y a particulièrement la tête de Ste. Encratiet 
Vierge es Martire> daûs ime chàfle d'argent, avec un collier de pierres 
préaeufës: on y montre auiU des vafes.de criftal ^ où l'on a ramaifé du &ng 
& des cendres ces Martirs. . 

Outre ce9 bàtimens facrés^ ou y remarque la Maifon de VîUe j qui eft un 
ibmptueux édifice, orné de belles colomnes ; h, Cafa de la Dépittacion y où 
s'alïembloient les Etats du Païs, eft aufll très magnifique: on y trouve à 
l'entrée une belle cour ouarrée avec un portique; delà l'on monte dans une 
fale, petite, mais fort oelle, où l'on voit tous les Rois d'Arragon, répré- 
&ntés au naturel^ chacun avec une Infcription , qui comprend, en peu de 
mots, fi)n nom & les principales aébions de ia vie. Il n'y paroit aucune 
JR^eine » à la réferve de PrétroniUe , qui étant fille unique de Ramire Roi d'Aïs 
ragon, porta ce Royaume à iibn mari Raymond Bérenger Comte de Barce* 
ione, & mourut l'An ii73« 

A un coin de la &lç on Toit St. George , le vaillant Cbevalieri P»* 

tron 



D' E s p A tïiKiE zr t>r :p ïi TU c a: L. tU 

tron du Royaume, tenant ^fi)â8 lut^ltf'âhl^idti. ait de marbre blanc. Sa«ra< 

La Ville de SarragolTe eft bâtie fur un terrain égal & uni; &, quoique «os»** 

Capitale d^cùi Rayaume» > elle eft ans' d(M'âti<è & ans fc^ification » - férim 

d'une fîmple muraille ; mais ce d^aut eil rêàailb par la bravoure des bàbl 

> . U nY a tlocufléfontaiiievoa fiiit v^Milr de^ PEbre toute i*eaû dont on a be^ 
ibin.Gëi Fleuve, biâft'^a^xufltlar^^f quefèft là Seine^ Paris, n'^poiii^ 
i«>ngâl»le à Sârraeoffis^ à caule oes ^^odiers ^âangereux* dont il éft i-ânp&i 
Malgré ces trois désavantages, Sarra^o^ eft très beâe, très riche, trèSi 
bien j>àiplée, habitée {lar <|Dààtité^de^t^lc^e, &; par un gc^d non^bre^ 
de marchands & de banquiers, la plupart François, qui y font âeorir lo 
commerce. 

LUniverfîté de cette VUIe,'^'lbn3ëe l^An^i474', ne cède qu'à celte de Sa- 
kmanque & d'Alcala^ Les Ecoliers , qui y font habillés , comme par-tout 
aîMirs, c'eft-à-dire, en mànte&u long iiomme les Prêtres , peuvent y ajp^' 
prendre toifte ^rte de Sci^ces» Les jeunes gens dé C^alité y trouvent 
des Académie?, pour apprendre leaèxercices^ du <^rpe. !/..:<: 

Le poiifon eft rare à Sarraroife, cequi'doitparoitfefitrt»'»ïuit, ayanC 
trois rivières à lès murailles ; a 'chair de tK}ucheri6'y dl chère ; mais le pain 
èc le vin, la volaille, les pérdrk <& les lièvrefi yTdnt à^rt bon prix. 
•• U y a divers Tribunaux dans -cette VUle; celui ^ô rinquifîtion , qui eil 
Ibrt févère, -cdui des Jurats ou Juge^ de Police,- dont IVmploi dure deux 
ans, Se divers autres. L'air eft pur & Qm k Sarragoflèjun peu moins chaud 
4^'en d*auti%s Villes d'£Q)agne. 

Les dehors' de la Ville lont très^^beauiK , plantés de beaux |ardins 4c 
d'agréables vergers,- k trois: lieues à la ironda,'^ ocaipés en partie par 
des maiibns , qui Ibnt prelque en aufll ^rand nombre que celles de li 
Ville. ' ' 

Le Royanmed'Airagonavoitci-dçvairt de grands fvivil^es; unVice- 
poi, qui avoit fix mUte Ecus de revenu , un Cohfeil jR>uverain, qui décidôit 
de toutes les afiàires du Païs; Pun êc Vzutte avoient leur réfidence à $arra« 
goffe» Lorlque te Roi parvenait à la Gouroime, il étoit obligé d'aller en 
peribone à Samgofk , prêter ferment de toniaver les droits , liberté» 
9c privilèges des Arragonnois , ce qui ft fàifbit en préfënce des Etats i 
maïs aujoitfdfaïui tout cela «ft «^11 , comme je l'ai déjà remarqué a* 
deflus. 

Le fiicilité dès ArtsgOnnois à le jbùmettre ii Charles III, & leur attache- 
ment pour te ipaiti de ce Prince, leur a>ttiré rin(fignatk)A de Philippe^V 
«ni, après les avoir rédiats, le$ a dépouillés de tous leurs privilèges, '^ a 
fiit de leur Royaume une Province de Caftille l'an i ^7. 



. \ 



« m 



--^ToME UL 'Z Cbe- 



-^ 



p ♦ 



lé) .:DESXmiPTI:ON JEir:DBUCEl 
TE. jtai de <fcn8 une pl^ne fertik. . 

Mont- ^^^^ ^ ^^ Montalbah, au bord âa Rio Marin à 14 lieue» de Sarn^gofi 

4JBAN.' fe: dte efi; dans ufte pofi|iQR'ttt».*v^ttig«B8(è * ^ trèj-folrtfr, entrerdèûsc ro- 

di^p av«c unte bonsici .Ci^cki^t. On y » de» maiioâs caillées é^ns k kk^ 

uû air fon douK^; &<de er-^'honaies ^aux» Mootaiban eA htMaifor <PAn»* 

i,,cc»n9iie.on j^clt» la ^inc^e Qumnutnderie que k» Cnevaîicrs dflt 

Jaqu^ «Tent d ws £e B^yauns^ De Moauttuui cicaitt ,9a SncU^tififli 




•«. 



-'• ; •' •■. ;::■:.■: -T-'.îi-'R :V- X, I*'.. ■ .' . ...1 

TE HT B L eft U9e belle Vitte, fituée an cooiuenb ds dieux fîviière»> TAtt 
' hambra & le TUcias ou GuRdalavîiar > dans une agréable <& Tajfte |^ 
ne. £Ue eft honôfée.ii^tjQ, £v«çbé Jjii»|^ dfi Bavnigoflb» .^ yaiifc dOmb 
jMfl^tdycate de feJit3e4 !>:.'; ■;...=.. î 

j , C^oit snoienn^ent' dà Axi^rii^ ^)VAi^èvè^.à&Swt9gf!>Si. Bim 
lippe H, qiM aimoJt /Mttk'Oiilcip^eifié des.&yêcfaàf, .6t àrigec cette £glilb 
tki Ctthédrale en i $7^^ jfbû^ le Pofiti^t de Cr^Qïfe XIU». & ea 6t {«ré- 
ffâer Evcq^ue Jean P^és d'Artiada» Chanoine deSarmgofle; maisBérnank 
Albarado de Prefonda^ uAfçbévêqtfe de. cette Ville, obtint du R<îi!i qioe fét 
reéUon dç Tervel en Evêçlié n'aurait lieu qu'^apcès {$, tnmt; deibrce i^etéu'i 
H^t & vie i^ prit k Titre d'Archéi«rêq»e de SmagoSe ,,& AdoiimOra- 
%eiv de rEglife de Teittjelv & Jesn Pà:às d!Aft}^, Au: ^ £t^(^.d& 
^ca,^ ':.....' . i .■; '^ • • ^ • ; ' ■ l ''-■■■■ .1 

Le Chapitre ell compofà de fîx Dignitaires, de ^aatorse Chanoines» ^ 
de huit PrébendieifSk Le JEHo^ s^ièt^ fiir binante ^ dix-^qpt Paroilles ,. 
fiir «ne 'Eefifè Coti^gia|e» <^ï left M^ra, Xw d^Xkeof.Coavei»,. i» cekuir 
cin<|iiante liermitage», • ^ fciî m H<)piftai. ; _ i .. .) 

. Cette ViÙe eft peupîée de riahei h^m»». fm te i&oye» dit «iminèrfiet 
foi «'y fait Oft y jowii^iiHjo *ir fcrt ^m9. & <&" f cîfttenif- fifd^v»petp^ 
fud: toute la can^^œ^ d^licieuiè, arrofëe de jolitqsibocaiii^; i^té^ 

0ç jardins» de pai-terfps 4c d'arbnss ^uitiérs^ àsmt^etÔmts p»m»Bi, ï^m 

d'une odeur charmante. ' . ^ 

. T,ecye) a:pfDdu(Q ÇM^9 3^SP^K» Mn^^^» Cèmem» de BtittëlMiBs ^ 
ftccédK» du;te9n$ !di> g^aiid ^Mie«^ s( l^Aimplpie Benoit XllU & p»( )» 

réfigna lé Poritifieftt- j^f i/^ ,,<x)Wçn» ift j:'EYlcbè.d» MtyjOfcqMe.: T«r+ 
vel elt défendue par une Otadellié k cinq baTùons , bâtie par Philip*^ 
fe IL 

Tervel n^eft pas loin des frontières de Valence :• tournant donc ait Cou- 

«jb^Jit, ont trouve AUtarrazins. ViUe Epiicopale, nommée anciennement; 

^'1 y .11 3. 'Mie* 



D'tSt.fJiQUfl'Z tX PX Ft)RTUGAL. |«) 



IxJbKilaw <^ iTttf ili'j J^iiéfSifiH' Moe ^pcpiir i|u boni da GuRda}aviftr> t|n peu Auah^^ ^ 
86 ddlotis.!^^ l^foitrfp. 4QC9ti(«iriviàre>\près4esXrondèresde Yaksoce 6(^^^^' 
deGaftîUew - -m' .;• ••.■[ . :. , 

Le Sià|;e.de;l1S^^ (TAlbamim étolt ancieaoemeat àArau<ïa; mais cet- 
te Ville WMA écé ptiftt par les Maures» r£yêché fut éteint. £n 1 170 Alh 
hamam tut te^ M ces InlMèle^ > |Sf k Siège £pifcopai y itit rétabU. Un 
aommé Mwtm QQ ftlt le prétmù»! ÊYêane^l^s eue des^ncceifeurs pjtSjafs eà 
i-s3lB 9 que le Roi Dioji Jaù»e. obtint du Pape i^régoioe IX que cépto, £gltfi^ 
itttifflidèicçUe.deSégovbe, . .: ! ! i 

. Ëar)47> IiuiOf:«n(l IV CQofinM cette union, ^ en2£;<9^éxani(Sre.lV 
tatifia ce qui avoit été fait par fes Prédécelfeurs ; deforte que TËglife de S6> 
fforbé gouverna cet deux EglijEèf ji^ues en ii?7t 9!>» Piulippe U nbiint 
4» 2B^.%u}tlkaivlSsgot&P^mi, âequ^Ateiffun eut &n £v)ê<|tt&4iitcttf 

:)l« Cha|ùir& eft c<^pQ(è4«iqHfit«e;I>iÇfiitaiied> de jinit Chànoinetf» d^ 
iwitJPréb^kdiersi & de plu^ei^ Chapelains. L&Diocdè s'étend iùr vjo^ 
cinq.FaroilTeB» ibr detu ÛMiyeiVj év vingt Hfiniiitages. JL'Ëvêqne «la 
mUle ducats de revenu. ' i 

t ', .1.-» ?•#>'• - ♦••• II* il. -' I*"' 

» . • . . ., ' ' . » .' . l ^ . ' ' f ' • * * » * . t . • i 

D^Ai.BAkiiA eiK j«mËbitant'a«;Nord ie(Ja(i^>des '£'aatiàK8 de^^ 
tille Nouvelle > on trouve Mont-Réal, &uée:£ir la rivière du Xikica^ Rbau 
ëàÔB ptir Alfbniè VII, Jbxd'Arc^dn, avecon aflêz bon Chât^ao; 
.0 Dè^ contànuanirîè inpgcfaer Je long de cette livièreo' on voit Dorocà, fit-DARocA. 
iUéaifiif!iiss:botds, dans'juaLiiett fifert code ficpoe^oe imprenable. £U& poh- 
tel&aKMn és.Gké, depiU8l\Âi]:J3469-qu\dlel^>rcddtîde Pione IV, Roi 
dTAnagon i :pour séçùmpsaSt à&<ÛL fidélité Jiùtr £bki iPiiice. La «ampagné 
ta très fiercilé, étant anrofëè par fairiviin im Xiioou ies Voyageurs y vont 
«y^irune |;rptte iasrveilèeufè,quia àpt censqvaCro-vingtstoifesaelongileuJix 
- J>e SannnQffis^ ' drant'le long du boed AléridioaBlcrçrËbre» on voic-dii> 
^«ârs petitBîleus,: qni.y- ibnt wuést ï\ieirtésj .à cinq lieues de cette Ô^»- 
p^^y idBB8/one.|daikièiibondant& en toutes choCts, ^Ferdlna^d le CadioKi^ 
ra érigée en Comté en Êiveur de D. Juan Fcrnande^de Hérédia,.qûi -en 
itàbk. Dtm^Qoiir. riTràs lienes {ilw kvant eft^QuinfiDi ^iéft^in par une allez _ 3 
bonne J^rteneiSrt . Atqusbe liftiie8.ddàoBtroiive4Safhig09 qoi-porte Ist» 
tE&de CoÉiCéi ' i u . . >. ' ' '• F 

HT t A; Si ■ •' j ,.'••' • /'' 

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loi. DESCRIPTION ET DELICES 

HjAR. " Jaqnecr Premier,' Roi d'Arrqgôn, dùraùL la Tcrre-d'Hijar a Ôôn Pëàô 
Ferdinand fon Fils Naturel^ ou^-euc de Donna- BéitiigèreFtîpiâm & 
qui en prit le furnom. Elle tut érigée en Duché pour la prémi^e fois en ■ 
I483i9 par le Roi Doii Ferdinand le Catholique, en^veurdeDon Jean 
Fernandès II de ce nom, ifTu de Don Pedro Ferdinand > dbnt nousvenon< 
de parler; & une ièconde fois en 1^145 papPhili|:^ III RoM'Êfpagaeven 
faveur de Don Jean CbiiftoDhe'Louï&-Femaitdè8 deBijar, Seigneur deHiii 
^y &.quatri^ne Compte* 06 Bekhicej Arrière^ tit-Âls du prétâjer Duc, 
lequel ne laiiTa qu'une fille nommée Donna I£ioeile ,. Maceuérice Fernan» 
dez de Hijar, qu'il eut deDonnaPrançoifede Cànro&Pmo^, ComteiTe 
de Volfcsona, fà féconde femme. 

Cette néricière porta te Duché de Hijar arec tous les autres Ëfia^s de fon 
père fSc d^fa mère à Don RoddgoSvraiento deSi{vft& ViUandiiando, Com- 
te de Saunas Se de Ribadéo, fécond Marquis d'AIenquer, iflude rancienn» 
Ib iUufbreMaifon de SU va, lequel a3r»it;'tïémpé dalss la conQ»ra(ioa de 
Don Charles de Padilta contre te Roi Fhil^ipe IV, fut pris &; conduit com« 
«le critQiiiel d'Etat au premier chef, au Château de Léon , eà il finit mifè- 
rablement fes jours. . ; 

Son fils aine , Don Di^ Franco» Vi&or Sarmlento de Silvx, accéda iû 
les Etats, & fut cinquième Duc os Hiju', lequiel>èttt plufîeurs enfans dr 
trois femmes qu'il épou&; mais les mâles étant morts en bas âge , le Du- 
'" ' ' eh'ô tèfflba derechef eh. quenouille, & échut à D<nma Jî^uine-PrétrQnillë'd^ 
: : 3Hva-Arra£^n, Sarmiento & Villaniàxmdo , fixième Duchefle de Hijar» 
neuvième ComtefTe deSalinas, Ribadéo, Belchite, Volfogona & Guima^ 
'^,, VicomtefTe d'IUa,- Canet &; £bol.> £lle du cinquième Duc de'Hi)ar & 
^e Donna Marie- Anne Pignatelli, fille du fîaième Duc de Montéléoini> â 
iècônde femma . Elle, naquit ea 1 6âî > & époefii çn- premières noces ,. le $ 
Décembre i6S%. Don. Frédéric de Silva & Portsigal, fbn cqu&i, tnoifiè* 
me Maxx]iiis d'Orans!, &l eii fècûndesi Don Ferdinand Pignatelli). Es puîné 
de Don Agnel ou AngeLI^^natelli, Prince de Montécorvino, é&Ducde 
Saint-rMaur , au RoyatuneiiK: Napâes. La DochefTe de Hijar. «ut de fon'oré* 
4Biier macL les eoâns fiiiinns i Doa Œdore ôè Silva , quatrième li^f arquip êCO* 
aans!,\xiéie 8L JuiUetii^pQ; Bon: Diego de Silva, né lé ip Févoee i^f ; 
£t:Di..<..de.jWa, jiéien idpS;. ' . ^ ' • 

£1^^ Lacafflpape[desleQvimnsdeHiiarid)oadeenBleé> enVîin., enHuile^ 
«s 'SQyeLQc.S^f];ao«: CcmtiQuéntljaaither lelong de rJËbre, on irouveCaft 
pe, Ville ancienne, fîtuée au confluent de ce Fleuve &; du Guadaloupe > a> 
vec un Château très bien fortifié. Le Roi Alfonfe IX k prit fur les Maures 
rAa i^ 1^8). & la donna vt& Cheva^erslde IDrdre de St Jean. Soa terroir 
' efl fertile en vin ,^ en grain , en huile , en fàfran Sa ea feye ; & Ton y engraif^ 
. .V^fcdc«Jîfajipo«f^quirwntrfQrtéïUmés. • T 

Alcat • : Alcaniz eft une jolie Ville , fituée fur la même rivière dé Ghadaknipe , k 

v^ /lUsUDte h&ae^ de CVpe:.,elle!éCoit autrefois k' Capitale d'un Royaume dei. 
Maures ^ mais ayant été teprife ftu eiv ^ on eoia oit une. Gommaiidarie^dt 



D'ESPA.CK£ZT. de; PORTUGAL. idj 

Jt0fàt6 ^:Çi^mAf9u Qn f mfi«9ie'«me IbàtàineitiervàUeulè; qoi jette Aua- 
de Teau par quarant^^im tùyaust. £U&;eft défendue par ime bonne For-^^^ 
ietefle» «cetiyin^inétBde'iai^wQsèB^'arbMs^ i 

. Quiticwit le bord de rEbre» pour deicendrfe le lon£ des frontières >on; voit 
Koâai|)e) b^m Bou%) qu^on a fortifié> fitué vers les confias delà Catalo- 
ane: j^imekSisSé/ht aotcé Bourg visià-visd^Alcaniz, ci-devant fot- 
•Sôéy & «taintenantiiea QÛidres^»^9yaot été bnité pir kd troupes. de Philip- 
pe- V^ au. ©ois de Jaavierifo^^ . 

- . Plus iyisve^ les frontières deC^Mogne éd;de Valeïlee eft,Mont*Roi)Cr-^<'i<T> 
detant Ville foifie ^ec un bon Château. £Ue fut prife au mois de Déceuv '^^'* 
bre. 170$ t^ lç8 troupes de Philippe V> livrée aupills^ &;enfiiice brûlée. 

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' 1 I ' ' 



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.1'. _« w»-.'. » '•« .*». 



-irvË Sarrago^.on peut alfeir en France pac quatre routes différentes $ par 
JL/ la Catalogne, par laNavàrrci & par deux routes qui font aux fron- 
tières de YAiragon » dont Tune conduit au Comté de Cominges., & Tautre 
dans la Principauté de Béam. . 

r . Allant de: SènmffQ . dansia.iNavarre > on (^tx)te la x iv£. Méridionale de Aljomvl 
r£bre, & Ton pafle par Alaron, petit Bourg iltué dans une preiqu^Ifleqqe 
ft>Q£ li^bre&l& Salon î.dda^.coflitiniiant à marcher le loz^'dé F£bre> on 
arrive à Cortot»* ht fvémiète Place de la Navarre de ce côté-l^ Ceux qvi 
vont à Bbrgoa Capitale de la Caitille Vieille, kùffiuit Cortes fiar la droite > 
•pafièntk Malien Commanderie des' Chevaliers de Malthe, qui eft tout près 
, éstàki . fituée.danituQe campagne fertile. DelàPon pàffie à Ma^gaUon , â&a* 
prè»<piàtre IJetteadâicbèmin on trouve . :. > 

B O R I A- : 

■ 

BOR.tA eft une jolie ViSe, fitnée près du Mont Cnnus, MonrCayo, Bbau. 
lers ka.&ontii^ de hi Navarre, an pied ^dhaus. colline, avec une bon- 
ne Forterefib. Alfoniè V l'a hononée du titre: de Ctié,.à'éaa& désr bons fer-* 
vices, 'qoèr 68 fiàbitans hnavoient reodos. 

.1 Elle. eft aËTOièé de très bonne» fontaines, qui fertilMàntloA terroir ^y font 
abonder îe bois^, Timile, liebJed, le vin, le lin, le chanvre, & lesrjpd-ba-^ 
ges.< La ^mpagne eft couverte de beaux trofq)eaax, &s leaforêts^ifioes 
f fimtneoqpHte Jto gibier» 






k 



;n.. ; ;---:.fr A,R:A'Z.O N:A. • • ." 



T^rLiTS avant eft Tataçonar. 



_ 'ers ka ccinfins 

près du Mon-Cayo, îùr le bord d^une petite rivière nommée Chiles, Bans 
campagne fertile en tout ce qui eft nécei&ire pour la vie^ 

X3 Et- 



i66 DESCRIPTION ZTlûZhXCtS'^ 

MA.- -dans-laOtftilis, 6( tvanc Vinet mille dueaa ^^ v^it,' - 

La commune opinioa en ^ Saint ondoie iîft le-'préfflier^\iêqiie de 
cette Ëglffe. Cependant le doâie Truxille aÂire pditiv^taént ^'4ln nom- 
mé Sanche, <^ vivoit en 300, occupa lé Siège avfUiC lui^ i& ^iiete ùtt oe 
Sanehe <|tti procura TËvéché k Saint Piwi^r. Vq4^ cëtàfflent u <iAsstpIii^ 

pijcopus. Depuis Saint Prudent , on comfÀe 260 ans ans ^bn ptiiife troq- 
' * ver «icîtwJ forte d^Evécîùôé^ T«tdz«nâ. A la vérité r'Afchévêqoe Fer- 
- dinand âk wsxà&a d'^m Dbmmé Paul , qui felôn M, vivait len 486 f obub 
•c^^ft une fuppefîcipn^ d'autant que les. bons Hiftoriens ne parlett Qoe de 
Saint Gaudioiè qui occupoit le Siège Epifcopal de cette Ville en f 30. On 
lit dans la SàUq dà ^^»£piA?op3lM(ige>âetoi»>l«8&7êquesdeTarra- 
2ona; & celui de Michel, qui fut pourvu de cet Evêché après que la Ville 
«Ot'écô repfiâiirles rMauveSy.c^^onçtt ea sey tekff&^ oj^rvonv i)»^ P*f1' 
caperationem WfpanUaim ^ciefia^pnàfiiit ^FirMfoimtfit "■■■ > \ I 

Le Chapitre eft xrompofè de 6 Dignitaires » de 20 Chanoines , de ist 
Frébendiers, & de plufîeurs Chapelains. • Le Diocèfe s^étend. fiir 3^0 
t^aibiSeci»' -fie ïiir 2 £j^i&s Coll^xles: X.1E^fô^e jouit de 20oâo Oùcats 
:4e revend.''- ■ • ' ' '•"' • "' i '..•..',■ .. i 

Êlte efl; dt^itij^uée en Vilfeihaote bàtàe ior uniodier i ^ «i»^iile Iiaile ft> 
itQée dans la plaine ;ieïtantpeiipléd'envirbii:j:oooJiab^^ - • " 

Cette Ville fut d^abord appeUée TyriA-JÙÊfoMÀi*')^ doAt on fitaf^arem- 

: ment par comipcion Tiiriax» » ou Tyfu^ , 6c dVrà s^elF formé le nom tm- 

•4ô<ne à&T^àsuma, £|l8£ilienti>uréède.1ançf minaili(8i& d^aFoiIèd''ea<i» 

que la petite Rivière Chiles lui fourniti: > CM une >ViUdjde {gnbdCo|niBe|- 

CC) & il y a de beaux Bàcimens. 

On y voit trois Paroifles,.quitreCoiii>ené-de Mornes, trois de Religieu- 

iès, & un bon Hôpital. Elle a fufFrage dans les AHemblées des Etats & 

' joKût îckpÂndB PriVîlègesV que Bierre Rdl d^Arbagon lui raccorda:,' en '^- 

-daoant âr {iabàtans foun»^ .iilnra^ §f exempts ; ce jqui ; fiœ .Goôfiimé Ija 

-i4i2iparlÈ.RtiLJw4iniildll,:Àfnifanàiél'Hbaiiiête.' . !'. . " ; ; , • -. 

Son origine eil incertaine. Ao^ai» en ùc jxoè Viiie(!Munècifixle,priiri- 
ié^ée. LociqiBlerliàareè âtoieax ai £4ngnei AzarAdha Je GcHiveroeur 
-la détmifit Tan 734. ^ enfùite eux-rmêmes la iebàtàrent , y ËùEuit / 
meure ielàv^ .t lip, on <^dDn: dlautrls i i-ao^ oue le Rot Alfeii& 
ra^on & de Cafkille VII la prit, la lit peupler de Cfagéti^m» & yicenlibiB 
Si%e Epifcopal. 

On tint à TarazoAa uk'CoilcileTan'122^, & leslEtats y furent afibni- 
blés fous le Roi d'Arragon Pierre III en 1283. Sous Ferdinand V le Ca- 
tihoIiqueieQ 1484-4 Sceii f^p^. Soufi'Pliilif^H, en 1^92. Le Tette& 
donne avec abondance Sied »' Vin > Huile» Fruits » Veraores» Poiflont» 
Bétail, Gibier^ VohiUe. <M- 

(*) Silva, P«Uae,^J^;«Akt|>.'to9L- 









D*E SîP;A ski: .'JET Jkt: fO p.(T U Q^lçL. f(j 

DE StmgolTe aBànt à Lémlk^»» h Ç9i^9k>l^i ori p^fl^ la rivière 4<l 
GaUégo, Jk Von BôL.âtÊat: Ikues .<}e cbesioin jui^u^à l^ Puô)^) da^ 
un paSs a^eable , planté.dQ ^uàim^ h eifiMUi^ miulôiM 4$^pkMÔQçe, < ; 
La Puéola de Alnnden eft une jolie Ville, fîcuée i quelques cens pas èe^ 
r£bre, dmyatt'isànpigaù ti^ititikt» & iti^ ei4(iv^v^V«c HA Château^ 
bâti iùr une îiauteur. De La Puéola Ton fait quatre lieues de chemin, & 
Vùtk troùvd uœ Tpatitù'Vâky notomée Offéra ou O^a, fituéeau bord cîr 
l'Ebrè. On quitte &a bords, MT^t fur la droite deux Bourgs, qui y {çii 

Efpagn^ 9 k c^^ [^vm ^M» rp^v&^ttCp , f^^ 

iUcHiDè^.tQoteff'ifiSwil^ qu'il dpi^ arr;v^ quelque Daalh^ur à 1^ 
LUe a dix bralTes de tour, &; a.été fondée par les Goth^, qui, à c^ 
Dity y ocM; ofùs,îiinte é»tfmt.^ ptàe^ d'argent, qi^i furent le prix 
lel Judas tr&bit Notte Seigneur. £lle ibn|ie toute feule Ga» êtter 
es vents.,'. ni'd'aucuoe.aMire choTe iè^ljbie, que Ton puifle reqor^, 
le tinte d^ibord, ficifonne enfuite par v«l^, (bit Iq jour, foit l9« 
nt Auteurs ^E^p^nois aâîjirent k ^t cotaatLt> ~9^tet» Su le prou-* 
pdiiiieiir$ oaenLpks. r 

iens au cbemind^ Léridi. D^O^ Ton kk iin chemin de daq^ 
tues dans une hniyère 
ve éaoji un méchant T 
tier de nilss'aiifidle le Défint 



60N. 



douze âenes de Jongueurj ^éoemlMt 4^ Burial«)08 ^uf^'à Fsaga, qui eor 
eft à feptlieues; Ton n'y dnouve ni «9ii^m verdure» W arbre » -ni satqiu^ 
plante quelle que t» iok ; & les vents y régnent perpétuellement • -, 

r De Burialajoson paflb par dçux médians Villages, Péguaiva» ^Qip4^ 
nos :& Ton arrive à 

F R A G A. 

m 

FRaga eft une Ville ancienne, qui fous l'Empire des Ronudns avoitFaACA. 
itJioàLàe-Miajm^aiih^gy d^^ù.pai' «çtruptipo et^ y(sni>:<^luiqu'^ . 
porte au)atttdhaL ÈUe eft aux frocitières de la Catalog^, k trois lieues df 
Lérida, fur une hauteur, ï la rive gauche de la CtKa» ~ 

Cette ViUe eii ajBbt forte par » fituation, éliUljC au n^iUeu de hautes, 
montagnes 9 ayant au devant la Cif}ca> dont l(t9 boj^Js élevi^ la rçndi^nt de.< 
difiîcile accès, âc à dos use Coltine, qui empêche qii'on qe pu^e aifémentr 
l'approcher ave« du aos canon. L'An ni^, Aubniè Vil, Hoi d'Acné, 
gon , & I Rpt dtt CattiUfi de ee naoi, fut tué par les Maures, pn afiiegeant 
cette Ville. On y fd& k Cinoa fax itn jpoott de bois. Les jardins de la Vil* 
k produ&nt divets Heiliages &L.4uâ«ebvu amÛ^^CM^jI^ d^ihçfsiwt ab» 
felumeint fiérile^ ' ,. . i ,: 

; Au deiicuis de Fr^> bt Cntifc f^ JÊtt&liwi jja^S^S^i 4k W- jP^u plus bar 
ikS^e porte fe^ eaas dans rEbre. A 



L 



Meqtji- a Pendroit, où fè ftit^lè Confluent de ï'J&»&''dè la Sèjçre, eft Méquî- 

KLNjA. jiçnça^ Ville ancienne, connue autrefois fous le nom d'OÎiogéfa & lâoja; 

ft)rte par fa -{îtaittion j éxùs, un terrain eatoôié <le ces deux rivières » Se. dâr 

feiidue par un Chât^u btisn foitifié. La . can^n^ne , qui ^''enviroiiae ,vd| 

a|>ofi^mffient-^ift;k^, fort agréable' & très fertile. , ■ nj.- ài 

E Royaume d'Arragon confiné % trois petites Provnices de la Fraflb- 
r cS) à la Principauté de Béarn , & aux Comtés de Bigorre & de. 
. Cominges. J'ai déjà remaçqué que Ton peut pa&r/de ce Royaume 
dails la France 5 par ^^ia k^fites ^différentes. L'une conduit au Com- 
té de ^Cominges; & I^utréy^ui eft^k rOccident- de la^prémière, cou* 
duit dans -la Principauté de Béarn,- .'!;'. 
Villa- Par la première on va de SarragôfTe k une petite Ville nommée Villa Ma- 
iviiijoR. jor ; autour de laquelle le païs eft entièrement ftérile , à la réferve de quel- 
oues maigres pâturages 5 où Ton nourrit «n petit nombre. <k brebis & 
de -chèvres. Ddà traver&në ce défert y oa paffe par les moûtagàes de. 
Léfîhèa, où.r<m voit une Hôtellerie toute feule 5 fiir une hauteur avec 
une pçtite .Eglifë) qui eil un lieu de grande diéyocîon> noùtnéS. ykàr 
' tia de Magalon en los Montes de Lefinéa. Un y a une petite Ima^ de la 
.Vieree^ dont on rapporte <}u'e}le fait- dès nurades. L'Églife- eft ŒdTervie^ 
par <^x Prêtres. • On compte cinq lieues de Sarragofle jiSqnes-là ; iSc delà, 
6n^e jufbu'à Balbaftro. Sortant de ce lieu Ton travèrfe encore im païs.ftér 
nie, %L des . montagnes arides^ où Ion de voit qu'un peu de romarin; Ton. 
trouve un Bourg nommé ÂÏcubière^ autour duquel il y a une campagne de. 
champs : & k cinq lieues plus avant ^ un médiant ViÙa^ nommé PolignînO) 
iîtué vers le bord d^Ifuéla. De ce Village on paiie k travers un païs inculte ^ 
où Ton ne trouve qu'une ièule Hôtellerie 3 & après iix iieuea de marche on 
arrive a 

BALBASTRO- 

• • - • 

» . . ' • » t , V 

BàtBi5<'TiALBA9Tito> JStfil^ij^fïMr, eft une Ville Eplfeopale, fîtuée &r une pe^. 

iju). J3 tite riviez ) nommée Véro, près de Tenaroit où €à&{Q fettedansla 
' Cinca. L'Ëvêdié vaut huit mille ducats de revenu. Le Siège Epifcopal de 
cette Egiifë fut établi premièrement à Roda. Enfoita il fut transterè à 
Ui^ ) puis à Lérida , & enfin à Balbi^o. Roda ayant été reprife £ir les. 
Maures en 1040, Ervivalde Evéque d'Ure;eI fe plaignit au Roi Ramire I») 
de ce <iu^on uvoit ièparé cett'e E^lifè & celfe de Ribagorça de la fienne; fî. 
bien que ce Prince ordonna qu^elles fuffent reftkuées à FEvêque d^UrgeL 
Mais après & mort Sonche fon fils en rétablit le Siège à Roda. 
* Le Roi Sanche Ramire ayant repris Balboflro fur les Maures en 106^%. 
doqna TEçlife de cette Ville à Salomon Evêque de Roda , lequd prie le: 
Titre d'Evêqiie de Rod«i de an Bâlbaftid.' Mais il ne- fc poita pas longteias • 



*■' * 



cac 



B^E S ^* A &N É" E T*î ti'Ér Vo^-t U G Â 1. i5p • 

calp -DOTilPédrô- Rdi^Arra^ri 1 ayant pepns -une letofidé "fois îa Viflè dé Balbas- 
Balbaftro, fit ériger fbn Eglife en Cathédrale en 1090. Ponce en. fut fàit***^ 
prémiefEVêquë. Cependant' TËvêque âe Hnefcà s'oppofa vigoùreufemefit ^ 
à cette éredion, prétendant qi^elle lui étoit préjudiciable. Ses Succefleurs ' 
en- firent 'de même-, tellemôQt que ce ^roçèife a duré julqtfen îf7îj que 




Bvê^îue/ 

Le Chapitre eft compofé lie "Jf^Digaitairesy dé r2'Chànoineà',-âe tsPrë»* 
-t)endiers , & de divers Bénéficiers. Le Diocèfe s'étend, fur 1 70 Paroiffes , 
liir 8 Couvens, fur 14 He^mitages, à^ur-ip Hopitau*. 

On paflfe à Balbaftro leVéro^ fur un très beau pont. Les cjejjx rivières 5^ 
qûî -âf tôft&t 'feH' terroir y lé Yèndent ^feirtilè eh toutes^ çhbïes^^ paftjfciîlîète A • • >" 
ment en* ftûîle. "- ; . 1 •: - -• -' • - ^-^ ./ 

-'De Balbaftro, cléfcendant le long dé !a Cinca, ron-trbi»veMohçon,Mwî-MoN- 
tro^ VSle forte 3 fituéefur le penchant d^uné Colline au bord de cette ti- S^^* 
vièré, & défendue par un bofii Ghàtêau. L'An i fç$ , il s -y tint linè af- 
fèmblée confîdéraJble ëe& -Etats- de Valence i d'Arragon & de Gataîo-; 
gne, qui prêtèrent ferment de- fidélité à Philippe Hi. L'An 164.2^ le/ 
mii^dis 'là prirent 5 mais les iEfpàgnôls la lêuf tèprirent Tancée è"-"' 

Je retourne au chemin de la France- A quatre lieues de Ba&aftro , Pon 
trouve Graûs 5 petite Ville fur la civière d'EHéra y où Ton dit qu'on rkmaffe 
la fofée, qoi fert à faire d'ekdellent baume:- ' Elle fut prife fut les Catalans^: 
ail moîis de Janvier 17065 par les troupes de Philippe V, qui la brûlèrent,' 
af^ès^ T4.Vbit piMéô & emporté du biîtin peur la -tharge de trois téi$ mit-^ 

- A rOcciàent de Grauà on voit Médianoà^, ptetite Place fut lé bohl de la^ 
Cinca 5 où il y avoit ci-devant un beau pont de pierre 3 que les'EfpâgnoJ^ fi-^/ 
rent fauter au mois de Décembre 1 70 J 3 pour empêcher les Catalans depàfi 
{ètjAus avant dans PArragon- La rivià'e d'Efféra toinbe dans la Cinca 3^u 
cîêffous<le*Grausf3 près-d'une petite Place nommée Caftro. ' , 

-'A deux lieues de Graus, marciiarit le lang.d'Eiréra3 PoA trouvé SiauitST. Qui- 
Qliîïes'j ioli Bourg fîtué au pied des Pyrénées. Au fortir du Bourg , on en--^^^. 
tre dans ces vaftes montagnes'3 où Pon trouve un chemin pierreui & éfïro^^ 
yàble, fi étroit qtfil tfy peiit pafler qu'un animal à la fois; '8c en hiver ii'eft 
alWalument impratiquable. On va'toujours en montant 3 & dèceshauteurf 
affreufès'On voit embas la rivière d'Efféra, qui court parmi les cochers àved 
un bifuit effroyable. . . - . 

'•^ Côtbyant toujours «étte rivière î on pafle à Une petite Ville, nommée Campo. 
Campe; & delà paflant plufîeurs fois la même rivière for plufieurs ponts 3^^ 
léaufe des courbures qu'elle fait 3 on arrive k un beau Bourgnommé Seira 
éU Céra« Delà Pon «continue à monter 3 mardhànt -dans les Pyréhéeè3 qifi 
«'élèvent toujoitta 'davaat^e J Poft ccfe<2>ye encore h wièred^Efréra, 8fc 

-^^-0M£ UL Y Poa 



I 

I 



170 



DESCRIPTION ET DELICES 



VenaS' 



KlBA- 
OOE^A. 



Ton marche dans un chemin aufli étroit & aufli dangereux qœ Iç {«6^ 
mien 

Quand on eft parvenu au lieu le plus haut , on voit delà 5 entre cesmon-^ 
tagneS) de belles & d'agréables Vallées > particulièrement celle de Vénaiijue^ 
où il y a un grand nombre de petites Villes^ de Bourgs^ & de Villages, & 
qui eu très bien cultivée. On defcend de cette montagne, & venant dans 
la Vallée on trouve Bénafca, Véna&ue, oui en eft la Ville principale. Elle 
eft fîtuée fiir TEfTéra, un peu au deffous de la (burce de cette rivièrç> vera 

les fiontières de la France , dans la Seigneurie de 

» 

RIBAGORCA. 

CETTE Seigneurie, qui porte aujourdhui le titre de Comté, & a porté 
autrefois celui de Royaume, s^étend dans ce quartier de (iait, lelong; 
des frontières de la Catalogne, dont elle eft féparée parla rivière de No^ 
guéra Ribagorçana, ayant quinze lieues de longueur fur fix cfelaigeun El- 
k comprend dîverfes Vallées, iavoir cellesde S^nabarri, Vej^qioe Se. d^au* 
très, & s^étend fur trois cens cinquante petites Places, comme Bourgs &. 
Villages, dont la ^incbale eft Bénabarri, ou Bénavarri, à POrientde 
C^o & au Sud-£ft de ôraus: les autres plus oonfidérables lbnt;Venafi]ue; 
au Nord, Tamarit & S. Eftévan de Litéra à Textrémité Méridionale,^ enr 
tre Monçon & les frontières de Catalogne. 

. Ce quartier de païs fut enlevé aux Maures de £wt bonne heure, & lepré*^ 
mier qui prit le titre de Comte de Rihagorc^ fut Bernard parent de Qiac- 
kmagne, premier Comte de Barcelone, qui épouâ Thii^ck fiUe de Qdin- 
^11, Comte d'Arragon. Pour revenir à Venafque, cette Ville étant Place 




de canon, un ooïc la ce rorc non vm> oç ron y mange d'excellentes: 
Truites. 

De Vénaique on continue à côtoyer rElTéra, & à marcher dans lesPyréoéea. 
On voit en paflant de belles Forêts de hauts & degrand&arbres, qui fervent 
k faire des mâts de navire. Après deux lieues de chemin. Ton trouve une 
Hôtellerie nommée Hofpitalet, où il faut attendre que Ton & trouve vingt-^ 
quatre peribnnes enfëmble pour pouvoir pafTer* 

On commence là de nouveau à grimper fur la montagne,par un trèsmé^ 
chant chemin, & Ton arrive au Puerta, Port ou lieu de (iaffage, où Voik, 
quitte FEibagne pour entrer en France. Ce paflaçe eft fermé de àswi poiq-; 
tes de rochers, qui venant à le rencontrer, le rencfônt fi étroit, & fi fçabreux,^ 

ÎiVec une poignée de monde on en peut défendre rentrée à toute une 
rmée. Quand on regarde db haut en bas, du côté de la France, il ne 
femble pas pofllble d'y defcendre ; &, en effet la montagne eft fi roide,qu^il 
a fallu que les hommes y ayent taillé un chemin dans le roct Delà Toa 
compte envircm dix lieues ju^'à St. Bertrand de Cpnd^ 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL 171 

SOBRARVE, ou SOBRARBE- 

LÀ Principauté de Sobrarve eft à TOccident du Comté de Ribaçorça^SoBRAR- 
f & xxMnprend plufîeurs Vallées^ comme celles de Terrancona 3 deGif-vE. 
tain 3 de Puertolas & quelques autres. 

La ^incipale Place de ce païs eft Ainia^ qiii étoit autrefois Capitale des 
ï^ois d^ Sobrarve : Elle èft iîtuée dans une plaine y fur la rivière d^Ara , prèë 
de Tansrle qu^elle fait en fe jettant dans la Cinca, un peu au defliis de Médiar 
nos. Ceft dans ce païs que la Cinca fort d^un petit Lac> formé par plufîeurs 
fi>urce8 au pied du Mont de Bielia. 

La Centrée dé Sobrarve a eu autrefois le titre de Royaume. Lorique Pe- 
lage fe iignaloit dans les Afluries contre les Maures, oui avoient envahi 
TËipagiie , Gàircias Ximénès s^étoit fait nommer Roi de Sobrarve. Les 
avantages du^il remporta fur eux en plufîeurs ôccafions ^ lui donnèrent 
l>eaucoup <le réputation. Avec fix cens hommes il en délit un grand 
nombre 9 & conquit toutes les petites Places qui étoient voiûnes desPyré"^ 
fiées. 

Il époulà Erme ^ & en eut Garcias Inigo^ qui lui fuccédaen 7jf8> Àqui 
9^étant emparé de Pampdunè y fpc Charlèma^tiè jivoit démantelée y & dont 
il rétablit 2es fortifications 5 prit le titre de Roi de Pampelune. Il ^umit k 
là domination toute la Navarre , d^où il chaiTa entièrement les Maures. CjS 
Prince régna quârantènquatre ^uis. 

. Son f& Fdbui) oui lui ibccéda, époi^ Tife, fille de Galiud) Comte 
d^Arragon^ Veuve œ Don Bernard Barcino, & Belle-mére de Zénofre, 
Comte de Barcelone. Folhn battit les Maures en plufîews rencontres, 
& leur enleva plufî^s Places. 11 mourut en 8(5 , après un règne de trei* 

{zeans, . . « 

Don Sanche (on fils^ & Ton SuccdTeur) acheva de délivrer ce Royaume 
>de la iervitude des Maures. Il porta le Sceptre dix-fëpt ans, & le laiiTa à 
Ximénès fon Fils , qui commença de rej^er en 83 2. 

Ximénès épou& Marie , & en eut Inigo, <qui parvint à la Couronne. Ce 
fut le prénwfer qui prit le titre de Roi de Wavrrre. 

^utre d}e$nin Je Sarrageffe tnFrma par la Prinfîpaïaé de Béant. 

y 

m 

L !A ut t£ route, que. f ai indiquée pour pîtiOTer du Royaume d^Âiragon Zvbra. 
dans U France» eft d^aller par Hueica , pour entrer dans la Principau* 
t6 de Bému . On ^.d^abord à Cuéra <ou Zuéra, petite Pkce, iîtuée Âirle 
Gallégo, dans ime campagne fertile > à quatre lieues de SarragofTe. De 
Zûttz Ton va par AlmudévsU' ) fitué dans un terroir qui rapporte du bled> 
du vin & du ùsna. Delà Ton But trois li^es de chemin julqu^k 



Y% .HUE3. 



t7«, t>E.S;CRIïMriO(K XT D-ELtCES '; 

.:;:.: ..HU:E S. C :A,..:: .: 

HoEscA. TTU ESC A'eftcttne Ville très wiciçnpÇiqui a porté a^ttefoi» fe npfn 4'Q^ 
JnL ca. Et Plutïtfqug nous, appcend> dans la- yie de Sertorius,. <jue ce R<h 
main y établit une Académie à former le corps & l-e^rit j afin d^y. faire vô- 
•ni? Cous les enfans4ç5^ot>les(}u païs, fous prétejiÇfi de Içur pr^ojEjurer Une 
belle. édjicgtioji, nwiUiÇn,^!;jafiHiOe.,les aypiftppuiiôtages.de lafid^lité <^ 

Je.itfs pèfiçs^ . . ..;. • ' ..-.• , . ••,;•. •■ •■: .. ■ .. :;,.' .:> 

Hftefca eft.une. joliC; Ville,, lîtuée fut leibord de la rivière d*Hùéla^ dans 
une agréable plaine, environnée de Collines. JLlle eft honorée d!ime aiTea^ 
ancienne Unjiverfité, ^d'un Evêché, fuffrsgant <fc Tarragone» q>ii vaut 
jtrei^e mille ducats de revenu.; On, trouve dws.les Acclûves de cette -£gli^ 
lèop Qiiioiiie de. Saint Ivau^nt afle^ mal éci^te, qui dit ^ue bainjt^ Valèrf 
fut Chanoine & £vêq.ue 4e Huefca. Mais cette IJiftoire eft d-autan|: 
plusi fiiipe(3e > qu'elle aflure que Saint Laurent. & Saint/ Viôcent furent 
.^evés .dans la maifoa& paç \^s foi^sde ce ^Prélat,, ce <}ui eft démonf- 
trativement faux » puifque ces deux Màrtirs ne vivoient pas en mêmf - 
■lem?. .' • ' ,' ...■.; "--.-'.'■ 

- te pïémieï Evçcjjie .^u'on trouve eft un Moiaie, appelle Vincent, Difçir 
ipkidc feaint Viélprin^ lequel viyoit eia y 5" 3* iM Ville de. Huelcaayaotéçé 
îpjriiè par lès Maures j. le culte DiyiD^ en fut . eixtiàreraent banni , deforte 

3u'il fallut que les Fidèles attendirent . que Don. A^nec premier Com.tç 
'Arragon eût repris la Vi|la de Jfiaca en 795 > où il . transféra r^vêçhé- 

de Huefta i jufqu'à ce. que. cet^ Ville. % recouvrée des. jx»m des Infir 

- Pendant quele Si^ç EpHcopai de Huefca. demeiira à fact j rE^êque prer - 
noit tantôt le Titre (TEyêque d' Arragon, tantôt celui aEvêque de Jaca <^; 

'^ Huêlta,. ^ quelquefois çfeluitfEveque de Saiiit Piètre. ■.; 
. Eà 10969 Huefcg. ayant. été..reprisW les Maures, Pierre qui fîlt le.defr 
nier Titulaire de PEglife.de J^<^j alla prendre poffefllon de Huefea. Etien- 
jQe. SecoQcU 'qMi..lui. fujÇfiéolgt» intenta unPwîc^. à; S^io» Raymon4^^ê- 
que de Balbaftro, pour .faire irtnii:[foj>jEgUfè.èa^e de Huerc^w en» q^qi^ 
réuffit; deforte que les deux furent unies jufijues en 1571 , 'que le Koi Phi-- 
lippe ILflt ériger. Balfci^a.len.Eyêché.ibua lè.Pqntifitet de Pie V.. . 
Le Chapitre de feluefca eft" compofé de nem Dignitaires, de vingt-ijuatre • 



.s.'-. 




• ii%n£e-un- Hôpitaux, 'fi|r tfoiS'CensYient3è»cinq Hermitages^ & far dix-^nettf 
-pouvenSt • •'-■ '-■^- ••■■'■■.'-' ','■ '■ '■''■.,■• \ 

'- ■ l^ti ne fait plus d^honneâr à Hoefcà: j qbe d*avoir dôniié h nailTanceà detùc 
Saints Homtpes., Oronce^ Laurentfon 'frère , dont celui-ci fouffrit le mar- 
re à Rome, étant rôti fur, un gril, comme on Ta déjà remarqué ailleurs., 
n. a là un air fort doux , & un terroir très fertile : on y trouve tout en .a- 
bondance , & particulièrement du vin , doat «tte. Ville fournit la meilleure. 
Çaitfc:a'Arragoi]k c ':* Huefcsb 



Z 



D' S aP; A G JN( E E T D'E î r Q RT^U.GM- ,175 



Huefca eft lîtuéMdààs.1fe pïat*|)aa r/àdàïwlîfcîjés delà Pon entre dans les Huesca. 

montagnes y où Ton ne fait que monter & defcendre dans des chemins fort 
-.èlTOits,-fbôrdé8;'ye!lj3réd|>ice»«flfetfKktàpotB*peuqu?uhbmoritù^ broïï-''" "* 

châti on pértcoit 'infeillibilêmentv. l.Oir^arciyjeà un Bourg nommé Xavier^ ■ 
-j6tu6jfur te bord du Gail^o , &.ciôtoyfint;cette ;rivière , , on arrive à Sallent^ 
,(S9ii^s),.i£t dârnJctr.Vilbge id'Arrs^QA'^ ce . tôté-lk^i: à, quatorze Ikués 

r^/& T E N A.. - : , 

CE Village eft dans une bçlle &r agrjteblef Vallée , nommé le Val de Te- Val» 
na , Tune des plus grandes & des meilleures qu'il y ait dans les mon- 'I^^^^* 
.^gne^ dç.PA'fF^gpiM f EB^ eftiitH^eiaye de? ^iQHtagQçs p^odi^ieufemcnt ^. 
;,liautçs^ ipapçeflihie en.lvYer,/à çaiifede3fl€!iges&;d^^^ 
Jagrj^ble & ifo^^ \ 

La chafle y ell très abondante >,& Ton trouve parmi ces rochers quantité 

-de- Gibier &r de Volaille: des Lièvres, & dès Chamois., des Perdrix , des 

puiar^s^ ^ dçs. Pigeons Auvages. La rivière 4«' G^llégQ & une autre petir 

te nomm.ée AgiwXeràj^ y idbnnent d'excellent poiÎTon , fur-tout desTrpir 

. ;tes.&îdes.9arÇeaux..;,.. , /^ .. - _ . \ ! . : ::i:\^ ' 

. ' %es campagnes foui; ri^sheçejEib^ 

tCi mille bêtes:, &.r9n y trouve quantité de fimptes &de bonnes herbes i 
d'un ^rand ufage daqs la Médecine.. Elle.comprend onze Villages 3 dont 
^3pjmçipaux fontSallpot^i Pân|^o6, iPueyo&Lanu^L - : , , , . 

Le village de Sâllent eft le premier & Jç plua^ confidéfab^ydetous^ <îahè 
uneiîtuRtipn extr^^oiement él^(^&y .aul^jd du GallégO;^ à uitie l^etie audef- 
ibus . de la. iourte de. cette rivière. ' Ceft nutlieu de grand p^iTage^ k cau& - 
du voillnage de la Ftaqçe, & dans le Pcintems & l'Etéil y a toujours grand 
abord de monde. Près de ca Village on y oit une .çaft: adc! /Berveilieulè dç 
la petite, rivière d'Agua Lempéda^ qui tom^be.de fort haut ^Ens le. Çail^9 
avec upfra(;a? ^transe.; ,' u jr .. . ^ .: .;!;/:• : .;..'- ^ ; 
. JDi& Sa^ent Qna denxcoutesrp^ làFripcip^tède Béaçn> 

Tune par la Vallée d'Àfoe, 6c l'autre par la Vallée d'Oifeau. /, 7 ; 

La-, première > qui eft au. Couchant^; eft ^Ui& bdle^^^pliis^courte & plus- 
commode y &. con4uit le long dîune,petite. rivière » nommé 1% Gave di'Alpe^ 
à Notre-Dame de Sarrans oii berrans> qui eft à fçpt lieues de Sallent. 



.. L'être, qui:€Û à rOr4ent>; fjpnduit.psa' j&P9i^ &par 

Aigiies-Caudes , le long d'une autre rivière, nommée la Gave d'Qffeauii 
Laruns, prémieryillag€;.de;iîéap^5^qu'oarFiKQ^ iCéa 

. deux routes ahoiitiflent Tuné 4ç iWïe a ^^ • '' . , . ^ ' 



* f • »» 









l. ■ 



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» > * 



17* DESCRIPTION ET DELICES 

leComtéiTARKAGOK, 

Comte' y A Rivière 4fArn^gon 9 qui prend (k fource à Ste. Chriftine àûs^le voili- 



©' Arra- JL^ ™e de SaUent , coulant du Nwd au Sud y & tournant cqfïiite de PO- 
^^^* jrient k POccident, anofè un petit Païs de moxitagnes, qui a porté ]e noin 
4ie Comté d^ Ar^ragon. Il comprend' un grand nombre de belles Vallées ^ 
comme le Val de Canfranc, le Val d'Aifa, le Val d^Aragues, & plufieurs 
'autres, & renferme quelques Villes , & une grande quantité de Bourgs & 
de Villages, • ■ • 



J A C A- 



Jaca^ 




. taie d'un çrand peuple, qui portoit le nom de Jaccétains. 

Aujourâîui Jaca eft dans une fituation allez avantageufe, dans un terroît 
"abondant en bled , en fruits, en troupeaux, & en gibier. Elfe eft lîonoréc 
^'^unE^hé, qui vaut trente naille ducats de revenu. En ïf?! , Philippe 
II obtint du Pape Pie V que Jaca fut érigée en Eyêché. Pierre del Frago, 
Eveouc . d'Ales en Sardàjgne, fut le j«'étoîer^ Prélat oui gouverna cette 
Eglife. Le Chapitre eft compofé dé neuf Dignitaires, <îe dix-fept Chanoi- 
nes, dé fëize Prébendiers, & de divers Bénoiciers, Le Diocèfè s'étend Ihr 
cent quatre-vingt dix-neuf Paroiffçs, fiirjQx Couvens, fur quarante-Jiuit 
Hèrtïritages, & fur onze Hôpitaux.. ' i 

Au MkIî de Jaca Ton voit Ancaiiég6, lîtHé furie Gall^o, & un peu 
LoARRE. plutf loin au Midi, Loarre ^os Bourgs fiftaé au pied des Pyrénées, entre 
Bûëicâ & Jaca, à quatre heues de là première. Il eft arrôfè par quantité 
^belles fontaines, & défendu par une bôraie Fortereffe, où le malheu- 
reux Comte Julien, qui avoit livré i(a.patrie en proie aux Infidèles, fut dé- 
tenu prifonnier iuiqu'à fît mort. Plus avant au Sud^Oueft oh voit Ayerbe , 
our Ayerve, anciennemeiit Éb'êlliuti)^ autre beau Bourg, fhué au pied des 
Pyrénées. 

Je reviens ^ Jaca. De cette Wle defëendant P Arragon , Ton voit fur la 
gauche, Sant-îuandelaP^ai qui eft un Monaftère, magnifique, où font 
tes tombeaux des anciens Rois de Sc^rarve. A deux lieues plus loin au Coih 
chant 5 eft Berdum ou Veifdùn^ fitué au cohfluent dei detax rivières d'Ah^^- 
^gon &<îe Véral. 
S\LVA- ^CoiHinuHnt àxlefcéndre TArragon, on voit fur la tlroite, à deux lieues 
TiERRA. <î^lk , Salvatierra , fitué à quatre lieues de Jacà t il appartenoit autre- 
fois au Couvent de St. Juan de ia Pégna ; mais parce oue c'étoit une 
Place frontière, il fut um à la Couronne par j^dro II Roi aArragon. 
TiER* Au delTous de Salvatierra eft Tiermas , Tberma , le dernier Vill^ 
MAS. du Royaume, de ce côte-là ^ fitué fiu* TAiragon: il s'y trouve des bains 
"î* 4. - d'eaux 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL. 17? 

d^ux chaudes fart £d[utair6s^5 propres pour la gùérifon de dnrerfœ inala* 
àks y étant ch^rg^. db:partieff de iàlpêtre> denitre» d^alun & de foufire. 

Quittant le cours de FArragon > pour aller le long cfe la rivière dX)iiiëlla>Sos« 
Ton voit S08) fiourg coofidérable) aux frontières de la Navarre > avec ua 
beau Giâteau ^ cù elt né Ferdinand V > dit h Catholique. 

Delà paflknt au Midi 3 Tcm trouve UncafHUo^ autre Bourg au Scxl-Eft de 
Sos, fur une hauteur vers k fource de la rivière de Riguel^ omd d^un aflba 
beau Château^ ; iF : 

D^Uncaâillo tm^t ^froit ah Mit£ ^ Ton voit Exéa de los C!avalléros> fituô^u^ 
fort avantageufèment entre deux rivières 5 dont Pune porte le nom de Ria 
de Ores y dans une <;ampàgne fertile j à dou2e lieues de Sarragdie. Alphon* 
ftly Roi d'Arn^op, reprit cette Ville &r ie& Maures > par le fbcours d^: 
ne troupe de Cavaliers. François. & Ga^on&> ce. qui fît qu^on lui donna la 
nom*d'£3çéa dô I08 Ckvalléros. 

D'E'xéa Ton voit k lX)rient Lana>&.au Sud-Quefl Tauôe > deux petitesLvNA. 
]Places> qui méritant d^être remarquées. Luna eft fituée entre des Monta- 



£nes9^ au bord d^une petite rivière > qui paife à£xéa ^ & à neuf lieues do 
Sarra^c^e. Le Roi Dim Sanche R^nire H Térigea en Comté > & elle a étâ 
poflb&e avec ce titre par. la Maifon de Luna, qui a été fort célèbre dans les 
Siècles XI V & XV^ ; 

Tauile eft un beau Bourg , à deux fieues^d» confms de la Navarre, fur la Tauts. 
petite rivière de Riguel y qui iè jette dans l^bre ua peu au defTous. Sa fîtua- 
tion eft affez avantageufe & très, agréable. Les habitans anrofent leur terroir 
par le moyen des canaux y où ils conduifent Teau de r£tH^ ; ce qui le ferti- 
lifè admirablement > & le fait abôfidor en toptes les ehc^s cgâ fontuéceiËUic 
resàlavie» 

Les Amgonnoia font gens d^eiprit&de bon goût ^ courageux^ft hardis,, 
mais aufTi les plu^ fiers de tous les £fpagnols y s^eftin^mt plus que tout le ref^ 
te de r£^bagne & de TËurope même. Les Gentilshommes font fort civils 
& fort afiables envers les Etrangers. Dans leurs difcours ordinaires y ils 
proteftent qu% n^pnt rien plu? à conir que de tireu Fépée pour le fervice de 
leur RoL 

Le Royaume d^Arragon avoit confervé jufqu^ nos jours fes Loix & fes Arw^ 
Coutumes particulières ^ diiFérentes de celles du refte de la Monarchie ; mais^^^^ 
Philippe V a changé tout cela. La li^cherefle & la pauvreté du Pais 3 join* 
te au libertinage >feit qu'il fort de FArragon, de tems en tems, des compa- 

fnies entière» de Voleurs, appelles Bànddiéros, qui iè répandit par coûte 
Eipagne, & ibnt fort redoutâmes pour les Voyageurs & les Voyageoles^ 
particulièrement pour les belles filles. Lorfqu^ leur eja tombe ^i^tou^ine eor 
frêles mains, ils la gardent toute leur vie dans d» cavernes effroyables;, 
<H} les font galqier avec eux, brfqu^ils marchent pour quelque expédition ,^ 
& ils en ibnt jaloux à la fureur. Mus b£iqu%.»i trouvent, quîfont afTes^ 
heureuiës pour ne pas leur plaire > ils ks rançonnent £c les font radieter 
chèrement à leurs Parens. 



tîON. 



• v« A 



3Cni •:.ÎÏEJSCRLPrr3 NI et: DELICES 

Arra- . ,J'ai dé|a:i^aDqué:tiL-deffurf que^PArragoç eft lèPalîs: es ànstensCeitibe^. 

^''^'^ Tjsû&r ^\ Cess^eopieb étoieot' iièputés ànciénnemejn|t 'bs f^T^ùiflins ^ ; & leS/ 
plii& fai^à^bsu}6il»Bs!les.£(i^^ H eft conftant qiiê ibur> nom venoit d&Ia 

jûnâioii desGekèà & d»8 ihérienèi^-'qui â^étanc .mêléd &.cQ!nFoftdûs^enfem-' 
ble pour ne faire qa^cçiifeùLBealde) ayoiénfciaiijQi joiiit leuns nQms.iaoui^ n^ 
fitîrè qu^ccrï fecl wbus ied!£x:çîyiams jie rontijnts d'accord fur:jla:caiiïè ou Tdc- 

Il y en a qui difent que les Celtibériens étoient des Gaulois jvcaas.d)© lai 
Gaule. C^itiquep^mslétantfiabi^ appeiié àubrefois Ibé- 

xad^ àvoieiitprisde|àJenomde Gdtibérieiis^ . ;.\ :ij,..: : 

-. p^'autres di&nt queMes Celtes & les^ibériens^ dem peuples quldemeu^ 
FoientjRK deux ibDQcisder£b£é>f ayant eu.iongtms ^guerre Itss uds cotn-. 
tre :les i antres 5 > pour iësilimites, <k Jo^rs ^ térritoke?^ . firent enfui Ja Pak ; ^ &? 
pour la mieux cimenter 3 s'unirent les uns aux autres Jparlmariagfis y âciè.. 
»> '«onfcwidiretit pouv/në faire qû^ùn fèuEpetipld. - . - i.. 

■ Ces deux {^plea^iAis de cette manière 9 firent une. puiflante Nation> 
qui retint le nom . des deux. Ce feotimênt .eit le plu9 'vnû&mblable ^ d'an^ 
uni ^ plus i]n'il. eft appuie de Tautorité de Liicain'9 qui létoit JËTpa^oi) . & 

?iii 5 iquoîque Poëté) jnécite Jiéanmàids dPcn être cna.iur^lea affaires.de ioa 
aïs: parlant des Celtibériens, il lesdefîgnepar cette périphàiië: ' :,; ,.c 

. % . • prffugiqtaà'Getae'WfuJia -M- i . 

'^ûîkrum €elta^mifc€n$es nmen IbefU. 

• Bien que teur Païs Ait ftérfle 5 comme TA^raçon /Peu encore aujourdhm-^ 
cependant ils étoient riches , parce qu'ils avoient des mines d'or & d'ar- 

fent. ^KlarcèHus y exigea dans une -coïiptè -guerre fix cens talens de condri- 
ution/ Hs àvoient des armes d'une bonté extraordinaire, &âls iè fervoient 
pour là trempe d'une méthode Yobté particulière. Ils eâfouiffoient en terre 
des lames d'épée , & les {Soient là jufip'k ce que la partie la plus foible & 
la moins dore lut toute Tdngée^de la rouille; celle qui demeuroit, étolt d'u- 
nç force furprénante, cou poit le fer & l'acier, & perçoit les calques & les 

1, A K A V A R RE. 



« • » 




•£ Royaunie, qai <è: trouve fitoé entre la France & TE^Jagnc, eft di- 
__ vifè en Haute & BafTe Navaiu«. L% première ai^»iutient à r£fpagn^ 
^ la fcconde -à -la France. - . s .... ; 

.' Touted le» deux fbdivj&iit encore en plufieura JuridiéUbns^ Diftriâs ok 
Bailliages, ^ue les Eipagnols appellent Mérindades; La HauCç.Navacre ea 
comprend ^% > qui ont four ieurs Capitales» 

•-■ ■"• ••'■■/. . ;.. ;■.. ; .■;i.;-; . ■ ■.: ,•••;.■. • • ■ • • . ; 

■ 



ft 



^ • * • 



D^feg^ÀONî: ET 'bÈ PÔÏITUGÀL 

'^ -y- Farr^ïtirièi' ' 0/nf>,- . • . ' 

Sanguefa. . 



Il V 



LA Na- 
TARR£« 



» I 



« > ■ 

• Le nom de Navarre êk moderne & inconnn aux Andens, Quelques-iiûS 
le dérivent de Nava, mot E^agnol, qui fi^iiie une campagne 5 dont Dit 
a extirpé tout le bois 5 & qiy eft environnée de foijêts : & Ton prétend 
^ue ce Royaume a pris le nom dé NaVarit, ^ce qu'il eft rempli de Na^ 

vas» ,, y , .,.. r- «.....•; \ 

-• ^Quoiqu^il en foit, il faifbît partie de la Tarratonnoile ^ èc étoit auirp-» 
fois -littbité par les Bérons, les Sueflitains, & les Vafcons, ou Gafcbns:^" 
•^ Cette; Province eft faite en façon dé lolànge^ & diipoféé d\me telle ma- 
niéré, ijtfellea PArragon auSud-Eft, il" GaftUfe Vieille au Sud-Oueft, la 



ment la BalTe Navarre, ^ entre le Fleuve de l'Ebre^-qui coule le long à& 
les ffontières, là lèparant de là CaïHlIe VieDîe , à la referve d'an petit Quar- 
tier de pafejqm éfl: 'au delà de TEbrei .-• . ? . j 

Son étendue eft d'environ trente-deux lieues de long , fuir vingt-huit de' 
large. Elle eft arrofée par trois ou qijatrç rivières ;ifle;L-conCdérables, qui 
tombent dans PEbre. La première eft rAfragon^ -qui fortant au Rayaume 
de ce nom, paffe. à. Sanguefa, à Mélida, à yilla-Franca, & à Milagro,. 
^ -delTous duquel il le jette dans PEbre: PÀrga, qui coule au milieu du 
Hoyaûme, ipaflant à Pampèlune, à Mirarida, & à Péralta: TEga, qui fort* 
de la Vallée d^Araii, 8c paffe à EfteHa, à Carcar, ^& à St. Acfrien^ &'fe 
jette dans fEbré un peu au dèlTous de Calahoîra. ; ." ! 

Autrefois le Royaume de Navarre avoit beaucoup plus d'étendûé, qu'il; 
n'en aaujourdhui: il comprenoit une partie delà Bifcaye, Logrogno & 
Calahorra ; mais il a été racourci par les Rois de Caftille. Il ne faut pas 
néanmoins ajouter ^oi à Thyperbole d\in Efpagnol, qui prenoit apparem- 
ment lepi^ic pour grue , îorfqif il a ofé écrire, qu'il n'y a voit pas plus de 
vin^t. mille familles dans la Navarre. Ce Royaume eft à la vérité petit; 
tiéahmdin'è on y compte huit Cités, dont l'une eft honorée d'un Èvè- 
ché. , 

• Je vai donner la defcriprion de ce Royaume lèlon ma métJiode ordi- 
naire. 



• > • V 



J> <« .A* 



i XlUxmtn 3e Madrid à Bampeltme. 



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QUanî» on'Va de Madrid à Pampelune , Ontraverïè une partie çle la^AcRE»*» 
Caftillé VieiHe, & Ton va fe rendre à Agréda, Hace frontière .vers 
• • rArragon , au piedidu Montcayo. D^Agréda Ton côtoyé T Arragon 
& ron entre tkns la Navarrepar la Mérindade de Tudéla. On fait quatre, 
lieues de chemin dans im fort beau pw's, '& fon arïivè att twrdde TEbre,' 



H£ m. 



que 



m DESCRIPTION ET DELICEl? i 

• « 

., que Ton pafTe à im lieu nommé Cadreit:^ Un pçn p{ur av^t , on trouve tat 

rivière d'Arragon s qui groflie dea'eauac de quelques autres, rivières , dl affei 

coniîdéraWe en cet endroit. 

Marïh,- a une portée de moufquet de cette rivière on pa^e à Munâlhy qui eft a- 

(A. ne joliç. petite Ville, dansun terroir en partiiç fertile^ Ac «a partie A^ile» 

pçlk tr?iverfàût up. pala 4é l^*nd^9 » on arrive * 

^ T A F A L L A. 

........ .1. -,-■_ . 

T«Ar npA rAhtiA cft ynie fiirt joKe ViBe , cfe grandeur mé^ocfe, Aonofêe dii> 
i: 1 utredçCit^.rÀni63,oparPhiUppelV. EUeeftlituéeaifcborddel* 
tite riviàre du Cidaco» feirmee de murailles, ^ dè^ndue par on QMt^ao.. 



u* 




9 le XV Siècle Charles III, Roi de Navarre, y bâtit ua Pa^ ,, où i( 
^ foit ordinairement ùt réfîdence. Les Espagnols rappellent la Keur de H 
Kavarre y parce qu'elle eft le C^ d'une wè^ bonne Univeriît^i, où la ieD> 
oeûe du JR,oYauine va Eure fes études. 

Tafalla elldansum bon terroir,, ièrtile en vin; 5ç,tout ce oigitier die paS%i 
qui eft au bord du Qdaço , eil un grand yigi)pble) qtû proaut 4^l)|cçeUeQl 

yjjqu A cinq lieues de TaftJli Toa trcàiwre 

;.'.'? A M P E i UN: E. 

Pampe- T]^AMPBLirNï, îji Capitale de la Navarre, eft uneViHe anciâsoe, bâti» 
1HM& * M/ P^ Pompée après U, mort de Sertorius ^ la dé&ite ^ ion ptuti; delk 
vient qu^on Taf^uoit <]ans TAntlquité Pompé)opoli«,,oaPoinpék>.. M^, 
eft aflez grande, Ctùée pr^ des Pyrénéçs > qans une p^^^ne: cpii p'eft coin* 
ipapdée a^aucun endroit» Honorée ^unEvêdbé, fiiârsjg^Qtde Quigos^'qui 
vaut vingt-huit mille ducats de rente. 

. Elle eft fermée de murailk»;, défendue par dèvm Châteanx > dOntlHin f^ 
dans la Ville &; l'autre dehors :. i) y a yne Place fort fpacieufe». où rpn célè* 
^xe la fête des.Taurea^ik. Les fibirtific^tions d$ Pampeluni^nc foot. pap ^oçh- 
fiidér^ks, m^Ms ce qu'il y a db meilleur à remarquer eft le C(#e^> qui eA^ 
hors de la Ville. ^ Ceft une Qtàd^Ué bâtie Par Philippe II mur tenir es; 
bride les Navarrois, & pour arrêter les François. ÈÛe eft Ibrfie par £i ^ 
tuation y ^foit bienenfiendue^. fitqée iiu- le roc, oçmpoÇbs de ànq WUons- 
revêtus de pierre, avec de bons fb/Tàs a. fond de Cuve. Au mileu oe laÇit^ 
délie il y a la place d'armes, qui eft un efpace rond., où l'on ië range en ba- 
taille, oc d'où par cinqgcajpdescqe^» qui y aboutiljbnt, oapent aller touC: 
droit aux cmq baillons. 

, Du cdté de la Ville ^Ut aui^ belle Place, »rec quelques allà^ d^j^rec 
pour la promenade.. Au côté oppofë > par o^i oa pourroit ïatiaquef , ell*- 
eft environnée d'un marais qui lui fért dé remparts Ony ».une, fort belle. 
Tour, des Miigazins de poudre Sç d'autres munitions de.guçrre, 5çun 
K)puliâ.à. hm ppUr.fej:vic çx^ç»» de liège. , Ce it^iilin. eft iuie grande ic ^er- 



w k 



D^ESPACNB ETi DE ::PO^TtJG.ÂL if^ 



} 



«ânkafè madiiney coaipc^ de pluÛeii» tduagég, âc quatre ou dnq meùvPAWt- 
les & d'autant de trémies ^ où Ton peut moudre à chacune vihgtyquatÉ'e^^^^** - 
charges de bled par jour. On peut le tourner à bras, & le faire tourner 
auITi par des chevaux , &ri>n dit, qu'on y entretient toujours un homme > 
qui connoit les reflbrts de cette machine, alin de pouvoir la remuer & la ra- 
«KÙnpodèr (SÙ4M db be^ifi* ' Otte Qtàdélle eft^tdée ordfinaii'ëment par 
tmoGarnifon, & le Gouverneur de la Place y eifmis- immédiatement paL 
le RoL La Navarre dft r^e par un Viceroi , qui fait la réfidence à Pam- 
pelune ; fe charge lui vaut fix mille écàs d'kppoîntement. 

J'ai déjà remarqué que Pompée a bâti Pampelune, & lui a donné fon nom. 
Cainnie THiâéire nous apf^end que ce Général Romain, après avoir . : J 
triomphé dô tous (es ennemis, éleva dans les Pyrénées de inagnifi^^ 
trophées, où il 1b vantoic d'avoir iUbju^iè huit cem quariùtile''fîx VîUeà de^ 
nais: tes Alpes jnfqtf^ l'extrémité de l'Ë^igtod ultérieure^ c'e(V^à'>dire du- 
Portug^, un Ecrivain naoderne a trti que cestrophéeë h'^toient autre cho*' 
it que la Vifle de Pampeïune, mais c'âl fan6 fotidemeht Car un Géogra^* 

Îhe ancien témoigne que Pompée érigea c6s ût^phéeé dans le territoire de' 
onquières; & des Vo3rageurs habiles & curieux ont découvert, des reftes de* 
^e» trophées dans les Vallées d' Anâôrre & tf Altavaca, On y voit de grands 
CBPCeauk de fer de dix pieds dddk{tkëtrô,àtt6idiés^à des rochers arvecdit"^ 
|>lomb Ibndu, <]ui fërvoient à foutenir les trophée^; & Ton y a même re^ 
anarquédes figures d'arcs de triomphe. 

On -croit que la Ville de Pampeîàne à été l'une des premières d'E^agne 
^i ait reçu la lumière de l'Evangile ; & l'on raconte que St. Saturnin, qui, 
:y avoJt été envoyé de Rôaie par St. Piefre U ftioct de« Apôtres', y coi* ' -^'^ 
xertit quarante mille amesdaM Tefpace de ièpt )ours, entre ld%iel6'fut 1^. 
Firmin, le premier Evoque de Pan^ime. ^ ' - 

Prudentius de Sandoval eft un de ceux qui font St. Firmin premier Evê- 
^e de Pampehine , en quoi il eft conforme à tous les autres Hiftoriens Ec^- 
déiiafijques de fa Nation ; mais il ne s'accordô pas avec eux à l'égard de !'£« 



poque du martyre de ce Saint, tn ce qu'il la place en l'année So^ ce qui 

dif- 



s'oppofe à la commune Tradition, qui lataet en iy6, ce qui fait une 
fërencé de 76 ans. Quoiqu'il en fok^ depuis ce tems-là jufqu'en $Bç on ne 
trouve aucun mémoire des £vêques qui gouvern^ent cette £glifë , auquel 
«ems un ncMomé Liliole occupa le Si^ Ëpîftopal ; & on trouve tine- fuite 
régulière, de ies fucceiïeurs ju^u'à l'ifivafion des MaiH*es. Pampeluhe ayant 
été reprife fiir les Infidèles, l'Eglifè Cathédrale fut rétablie par le Roi Al* 
fonie , lequel aÛlila k fa confécration avec tous les Ëvêques & Abbés du 
Royaume. ' ,\ .' 

Le Chapitre eft: Replier, de POrà^ de Saint Auguftin, & eft compofé 
^e 12 I^nitaires, qui font le Cainérler, lePriem*, les Archidiacres de la 
Table, de la Chambre^ d'Urrost, de Saint Pierre d'Oflun, de Val d'Offel- 
1», d'Eftella, & de Sainte Gemme, Hdk'mier^ l'Hofpkalier, & l'Abbéde 
&mt Michel; de 32 Chanoines > ans compter |ç J^sicw ^^RÀn^vaux,!. 



■•> 



i WOIUV «UAVUVi» Ufe Jt^ V«MMVH4V9f JMU9 VVJ 



qui 



^Qq P.E tS C Bt I PTI Q N ET ETE LJB CES 

Pamw- qui a droit de Séance dans le Chœur , de <5 Prébendias > dHin Vicaire âèbï 
lUNB. pî^çttffcj, 4c dç ^4- Cbapelains. 

Çbemm de Fampfîune. à Sarra^Jfe, 

OuR aller de Pampelune àSarragpiTejQO va.parTa&Ua doocfai padéy 
delà l'qn palTe à, < "^ ■ 

O L I T E. 



P 



Qixtz. /^LiTE elî une. jolie Ville, honorée du titre de Cité PAn idjOj par 
\J Philippe IV jfituée au bord du Cidaço. Elle eft Capitale d'une MérJb^ 
dade , qui cono^end une Cité i dix-neuf Bourgs & vingt-fîx Villages^ 
Autrefois elle a été le fiè^e des Rois de Navarre j qui y tenoient feur 
Cour dans un beau Palais , dont il reile encore quelque choie. Soil 
terroir eA. très fèrtile » arrofé par de belles fontaines , & abondant: 
c;n bledi en vin, lein fruits ^ en lin» ejo chanvre > ea troupeaux & engi'> 

Èier. , • - -, 

■. D'Olite ,. tirant, au Midi ^^Pon va pafler rArragon à un lieu nommé Gabo- 

1^0, d'où l'on trayeriè un coin, de la Biirdéna Real,, qui eft un Quartisc^ 

de pajis, couvert d'tçi^ vafte forêt j ainfi Poa arrive, à. î 

. T U D E L A. 

Tw)ELA.npÙDBLA e(t Capitale Juûc Mêrindade qui s?étend fîir la droite <fe Pî> 
X bre, comprenant deux Qtés, & vingt^ux foit Bourgs foit Villages j 
La Ville de Tudéla eft fituée furj-Ebre, dans Tangle que fait le Queilesem 
iè jettant dans ce Fleuve; elle eft alTez jolie,, habitée par un bon nombre de 
HobleiTe y & ornée de quelques beaux édifices. ; Mais comme elle eft fituée^ 
aux confins de la Navarre ^ de la Caftille ÔcdePArragon, elle fert anfli de: 
retraite à. des voleurs, bandite,, ou>aiïkflin8> qui s'y retirent, pour évifier 
la peine qui eft due à leurs, crimes. ^ 
Cascan- Remontant de la rivièrede Queiles> on trouve fur fes bords h petite Vil- 
x«t. le de Cafcantq, qui porte aiifllk titre de Cité, bâtie dans une plaine fort- 
fertile. De Tudèla defcendant le long de TÈbre, on fait quatre ou cinqj 
lieues de. chemin y, jusqu'au Vill;ige. de Cottes,, qui eft.aux frontières d'Arr- 
ragon. : . . ' » 

Chemin de Pampeîune dans îa Bifcayti. 

, ' • ' ■ ■ ■ 

DJL Pampelune tirant au Sud-Oueft on paflè à Puente de la Reina, fltiîé- 
f fur la rivière- d'Arga. On laifle fur la gauche Artajona fituée fur une- 
Colline,, dans une campagne, très fertile en viik Le terroir de Puente de^ 
h Rein^A. te: loog de rAi;g2> i?Fpof ^ ^^^ âtexodktit vin rouge. Qn-voit . 



D^ESÏTAGNJt IX DE>;PORT UGAX- m 



for Icjibôrd^ de cette mièré, ttois om quatre petites Places dignes de îemaî> 



fpS6 Miranda^ Falces> Peralta, & Milagro* 

La principale eft Peralta, fituée dans une Prefqu'Iile que fait PArga, à"*^^ 
fîx lieues du-Tudéh; fcm terroir rapporte aufli <f excellent vin- Mflagro^^ 



eft plus bus > vers le confluent de TArragon & de. PArga, placé, fur unehaùi- 
teufjavec ua CJsâteau^ 

'.■ . , '• 1 •'.".•■ '.E S: :T. :'É -.L L A. . , .. • 

PO u E reprendre le chemin ide la Bifcaye ; de Puénte dé la Reina Ton va Estil 
droit à Eftçlla,. (Stella), jolie Ville 3 honorée du titre de Cité, b^ti^"- 
dans une pljiine ^u^èahle ^ au wrd de la rivière .d'Ega ,. qui Tenvironne de . 
deux cotés 3, & fortifiée par im Château* Elle eft G^p^ale d'une Mé^- 
rindade, qui eomprieijd . une Qté, yingtË-quRtre Bourgs > & centfix Vilr 
lages. I 

. D'Eftella Pon pafle daûs la Bifcaye parEftuniga, oii par Contrafta;. ou 
bien Ton va dans la Caflille par Viana> & delà par Logrogno qui eft fur la 
rive droite de TEhre. , , 

Viana eu uiie Ville mj^diocrey avec titre de Cité,, bâtie près de l'Ebrè Vuka. 
vis-à-vis de Logrogna, dians une campagne abopdanteenvin, en bled, 
en fruits & en légumes , en trouncaux & en gibier. EUç^ eft Capitale d'à- 
ne Principauté , dont les Aines des Rois de Navatre prenoient autrefois le 
titre. : 

& :A N G U E S A. 

■ • * 

AlX>rient de Pampelune eft: la Mérindade de Sangaefa,fituéeauxfron*^^NGiœ- 
tières deTArragon, comprenant une Cité, douze* Bourgs, &cenû'^ 
foikante-huit Villages; Sangueià la Capitale, anciennement ituriiËi,. eft. 
une Ûté , bâtie au bord, de TArragon , à fept lieues de Pampelune. 

A ime lieue delà eft^m Bourg nommé Xavier, &meux pour avok donné ^^"*" 
la naiilknce .au grand & iaint Apôtre desjndes, qui a posté ce nom; plus 
loin au Nord-Elt , on voit St. Salvador de Leyre , belle & grande Abbaye^ 
fort ancienne, où les Evêqûes de Pampelune & retirèrent pendant quelque 
tems, lorfque les Maures eurent envahi le Royaume. 

Deux routes pour paffer de Ptm^Ime en Friimet, 

LA Navarre s^étend fort avant dans les Pyrénées, comprenant PeiÇjace- 
de yingt-lix lieues de longueur le long de ces montagnes*; elle eft divi- 
fée en plufieurs Vallées,, oomme celle de Roncal, celle de Roncevaux,. celle 
de Batan & celle de Véra* 

■ Cette dernière eft la plus Septentrionale de toutes^, fertile, & abondante Vitm. 
<a bons pâtu^ges, an'.ofé& pat ja civière de Bidailba.. Ils'y trouve qnan.^ 



iS2 JDESCRIPrjQN ET DELICES 

Vira. tk6:if SDmaok domeûtques & iàovagcs, La, Vallée de Roiical eft ^à 

, trémité Orientale, au Nord-Eft, ayant d'un côté llAriagon de de Tàutrete 
Béank 

Ces Vallées ont commuaicatioii avec ks terres de France par cinq oh 
Ik Routes diflSéreiiCGs: mais il n'y en a guère que deux qai ibient fré<^ena> 
tées par les Voyageurs; ce font celles des Vallées jde Roncevaux &dt 
Batan, dont la prémià'e conduit à St. Jean pied-de-port , dans la Baf- 
fe-Navarre ; & Tautre k Agnba > *daAs le' Lampourdan ou Pais de La* 
bourd. 
RoNca- ^ première de ces Routes , favoir celle de Rôncevàto', eft la plus belie, 
vAVi. ^^ plu9 commode & la plus courte de toutes , n'ayant que huit lieues de tr»- 
\erfe dans les mpntagriék Sortant de Psampetune, on entre bientôt dans 
les Pyrénées; & traversât des bois, des Vallées & des Montagnes , onar* 
riveau Bourgttète, k dernier Village de la Navarre, àPentrée de la Vallée 
de Roncevaux. 

Cette Vallée de Roneevattx dl longue, large & §)acieuiè, eûtre de hau- 
tes montagnes, & fameufe dans Thiftoire de France , à caufe d'une Bataille 
des François contre les Efpagnols, où Charlemagne Fut battu par la trahîfoh 
de Ganélon te Félon, & pliufeurs braves Paladins tués, entr^aûtres Roland 
neveu de Charlemagne, Renaud, & queltjues autres, que lés RoinaniHes 
ont tant chantés, ^' ' 

^ Travedàat cette Vallée on voit, en chemin failànt , le Qiamp de Bâtait 
le, où l'on à bâti une oetite Eglife, nommée Notre-Dame de Roncevaux, 
Quand on eft au bout de la Plaine, on voit une montagne extrêmement é- 
levée, & la plus haute de coûtes celles^ d'alentour : efle porte aufli le nom de 
Roncevaux. On monte jufqu'au Ibmmet, où l'on trouve une belle & char- 
mante vue: on découvre d'un doté l'Efpàgnc, que l'on quitte; ic de l'au- 
tre, k France, où l'on va defcendre* 
Batân, . L'autre Route eft dans la Vallée de Batan. Cette Vallée eft au Nord de 
Pampelune, k)ngue de fèpt li^es & large de trois & demi 3, comprenant 
duatcnrze Paroifles, «û compo&nt un Gouvernement particuli^. Oh y va 
de Pan^une peur Ofti^: on ^t obligé de paf&r par de hautes Se d'af&eufeÀ 
montagnes, entre kfquelles on voit <]uelQues Valons agréabks arrofés dé 
niiiFeaux. On arrive à Eliçondo ou Erizonde, Village à neuf lieues de Pim^ 
pelune; & à trois lieues delà l'on vknt à Maya, k dernier Village du Ro- 
yaume, où l'on trouve le paiïage qui conduit en France. Tout ce chemin 
eft fort rude & fort difficile: on fe trouve fouvent àuis deé défilés bordés 
de précipices afireix: la travofe eft de trois lieues de Maya jufqu'^à A- 
gnoa. 
LA Na- Le Royaume de Navarre n'eft pas fort riche, on n^ recueille du vin ,d€» 
VA&RE. fruits & du bled, qu'en de. certains endroits; il eft plus abondant en pâtu- 
rages qu'en autres chofes, parce qu'il eft pour la plupart dans les Pyrénées; 
On y puk d'un air fort pur , 6c moins chaud que dâiis le refte de l'Ef^gn^ 
les campagnes font remplies de troupeaux^ 6c jes monragnes de gibier : an 

., »' y trou- 



j tfoutQ des hBgfieti, dea ce«&» dço obreviet^ts ^ d^antrçs bêtes fttoIyla-i^A Nii»> 
W: onyai^attffi^qp«8«EWii«8dçfçR . taiim^ 

. Le Rpvaume ^ NwmcQi^ F^ppoitç 4u tou( rien à S» Majeflé Catholi^ 
que. , De quarante mille écus de revenu quW en tire , il n^en entre pas ui^ 
ftul dsQs $È& coffret; tout demeure dans la Provii^çe, pcHir le payenEteot du 
Viceroi» du Gouyem^or de. h Citadelle, &^ des autres Officiers du 1^^» 4b 
dei guiufêms qufoA Y «otcetieat. .: 

•. l^ Navailrctts Tq teotooCinD p^ du voifîpiige de l^i Fra^ç^ç^ ^ font plus» 
ouveita > plus cQintDtitTiiiBatifa & ploa hhQmux, oue ]e reAie des Espagnols : {eat 
ùa^oea font mieits ^es que m CaiHllanes > oç ont la taille pli^s hauce &b, 
plus dragée qu^ellea. Les Montagnards font vigoureuse > agiles x adroits > 
laborieux^ cQura^Qx& bout ^(^t9» .. . j 

: L^ Auteurs q^t ont traité d(3 IXtabliin^oeot dit Royai^me de Navarre nei 
fent pas d^accora Les uns prétendent qu^iî fut fait Tan 71^: après que left 
Matires eurent occupé rf^^wgœ par la défaite 4u R^ Rodeciç. La voici 
telle qu'elle eft rwporcée par ^ufieur» Hifloriens. 

Dans une rocne appeUée par les Ifp^gDoia, PeSa <fe Oruel y près* de lai 
Ville de Jacca vivoit un bon Hermite en cooifiagnie de <]Hati!e ccmfrère^^a*^ 
vec le^uels il menoit une vie très fainte, Ce &int Solitaire étant mort^soo 
Gentilshoznmes ou envircm» $^aflên^>tont pour honorer Ton enterr(^pçnt> . 
& étant venus k parler du nutHiew de TË^Kigne, ils délibérèrent d'élire un 
Chef pour confèrver le lefte de leur liberté oc déleurReligion dans les dé* 
traits de ces . Montagnes» Aptèa une mwe délibération y le choix ton^ 
fiir Garcias Ximénès, le plus grand Seigneur d'entre eux;, naturel Fran-; 
cxûs. Comte de Bigone» & pofle&uc de pluiieuiff riçi;^ terres dans la 
Biftaye. ' > 

A peine ce Fcince ft vit élevé à cette fuprême d^^té, qu'il fë fi^gooliv, 
par une infinité d^^loits éclatans contre le^ Maures. On dit <si'un jour» 
comme il alloit au. combat , il apperçut dans le Ciel vax £cu dans lequel 
paroifToit une Croix ro^ge fur un chêne > qu'i^ orit pour le Blafon. àa 
fon nouveau Royaume, auquel il dowia le nom de Sobrarbea c'éfl-à->di'» 
re Sur-arbre. Ayant choill pour Jt demeure Thermitage de la Pena, it 
y fit bâtir une fuperbe £gii^>. ^ y élut fa f^i4tufe & celle de fb4ic> 
cefTeurs. 

Garcias Inigo<â>£t fils-, Forimio, Sanehed^u'cias, Ximénès Gardasr, rm 
ttttre Garcias, &. Ini^ Ximénès, fumommé Ariila, lui fuccédèrent de 
ftére ten fils. Les Hifktrièns rapportent que: ce dernier changea les armes an- 
ciennes de Sobrarbe qui ôtoient d'or à une croix de gueulesrfur un chêne de; 
finople, en un éça d'àzurà la ciiQix.pon»Qetée d'argent, Les £^»gnols> 
& fiir-touc les.Navarcois tiennent pour des Êtits hMloriques fî' avérés tout ce 
ue nous venons de rapporter touchant. réleâion de Garcias Ximépèsa^d» 
îà fueceâeiirs> qtie ce feroit wà crime- parmi eux de k révpouer ea doute-.. 
Mais les Hifioriens qui fë piquent. de. âivoiir {bndèntoKetULl^inltitiitiQn de f» 
Royauoie, tîènneat cette opinion ppuc .uns: &bk. k Uq}iell& HsC^R, pas pee^- 
m>adL'2^put££ £ji. h^axt- 



t 



184- •i>EâCRlP-T4ÔNÉtÛELIÙES: \: 

LA Na- L^antrô opinion 5 qai éft là plus fïïre j> r.eft qtiè Ini^ Arifta, que les :Nav 
varue. 'varrçis ont îburré dans leurs Aniïales^ comiriele ^çràibr fucçeffeur de 
darcias Ximèiiès , eft <:biiftamment le premier c|ui ait r^é fur ces Peu- 
ples. . ' . ' ' ' ' * ' '^ • » 
Tous les Auteurs conviennent qu'ail étok Comté <ie Bigorre, & qu^il fut 
HOBMbè fiar les -principaux de 4a NoWeflfe î^ouiT' les conduire contre les Sara- 
lîns, pendant que les François étoient occupés parlés guerres civilêsquid^ 
éhirôîent la France 5 fdiis la domination det eflfans dei Lbuïs te Débonnai- 
re. Mais ils ne s'acccft-dent pas touchant rép)que de Péleâion de ce Pria-: 
ce. Les uns la mettent fan 819^ les autres Tan 8 28 5 quelques-uns Pan S+f, 
& quelques-autrea Tân 8S9/ Uopinion des derniers paroît plus probable que 
celle des autres ^ parce que de l'aveu de tout le mondei les François étant 
éraîtres de Pamjpeluiié enviroil Tan 830^ il n'y a pas d'appareiice qu'ail y eût 
des Rois <m ce raïs4à. !.. 
•'Qu0i<|u'il^n foit, il eft conllant qee réteâioja d^Inigo fe fit au Monaftè-- 
re dç Saint Viâorierj dans cette Contrée 5 appellée par lesEip^nolsSobrar- 
be y non pas'à caufè dé cette apparition de Croix fur un arbre , fabuleufe & 
inppofée, mais d^une Montagne qui fépare de la plaine les parties fupérieu- 
res de ces Pais montagneux, nommée Mont-Arbe. '^ Ton trouve fiirqiiel-' 
ques mônnoiesde Navarre «ne croix fur un chêne , c'eft que le Roi Sanche 
Abarca, Tiin des Succefleurs d'Inigo^ ayant conquis" tout rAnr^on fur les 
Maures vers Tan pio, joignit le Blafon de cette Province, qui étoit autre- 
fois un chêne, à celui ^ Navaïre , qui étoit une croix d'argent pommetée, 
au pied fiché en champ d^azur. ^ 

• SancheJé Fort , de la race d'^Inigô, changeâmes OTmejj du Royaume à Toc- 
caCon de la célèbre défaite de Mahomet furnommé le Verd , Miramolin. 
d^Àfrique&d'Efpâgne.' ' ' :'.«.. 

• Les defcendans d'inigo ^ouïrent du Royaume de Navarre jufqu'en 
1234. Sanche VU dit TEnfermé ou le Fort, mourut fans enfiins, & 
lie laifla que àcvkx feeursy -dont Tiine appellée Béwngère fut mariée avec 
Richard, furnommé C<»ur de Liôn^ Roi d' Angleterre, <^ui mourut aufli 
fans énfans , & l'autre appelée Blandie , femme de Thibaud V , -Com- 
te dt Chanipï^è , dont le fils nom{né Tiiibaud VI , fut Roi de Na-, 
varre. 

Thibaud VI laifla deux enfans mâles, favoir Thibaud & Henri, qui fu- 
rent fiicceflivement tous deux Rois de Navarre. Le <fernier Jaifla en mou* ; 
rant une fille unique appellée Jeanne i qui fut mariée avec Philippe le Bel,' ; 
Roi de France & de Navarre. Le Roi Louïs X, dit Hutin, laiila.une fil- ' 
le nommée Jeanne de France, héritière de: Navarre, JaqueUe porta^ cet E-t 
t&t dans h Maifon d'Evreiix , par le maribge qu^elle cantraâa le 27 Mara^ 
ï3 1 6 avec Philippe Comte d'Evreux. 

• Philippe laifla Charles, dit le M^iiu vais , père d'un autre Charles , ditle^ 
Noble, &; le fécond Sabmon, qui ihoivut en 142^, & laifla Blandie H,^ 
héritière de fon Etat. CettePriûceffe q>pufa Martin:, . Km de Skik, en pié- : 

••-• - . \ .aaiièrefti 



D'BSPAGNE ET DE PÔR^TUGÀL. ï'S'j 

# 

iftières noces y & en fecohcfcs Jean , Rwd'Arragbn & de Navarre, duquel ia Na- ' 
elle eut Charles 5' Prince:deViane*5 inorttn i-foi, lànsenfahs. Blanche, '^aiwe. 
première femme de Henri IV, furnommé rimpuîffant. Roi de Cal tille, 
morte en 1463 ; &Eléonore qui porta la Navarre à Gafton, Comte de Foix 
& de Bigoirre, Vicomte de Béarh. Catherine leiîr fille k pbfta à Jean, Si- 
rfc d^Albret , fur lequel Ferdinand :>• fiirnommé le Catholique , Roi d' Arragon, 
Tufurpaen 1^13. 

• 'Henri d'Albret , iils de Jean , eut de Marguerite de Valois , fœuf de Fran- 
çois I,' Roi de France , Jeanne d^Albret-, qui époufa Antoine de Bourbon, 
Duc de Vendôme, & fut Mère du Roi Henri IV :> ftirnommé le Grande en ^ 
qui rélidoit le légitime droit fur la Couronne de Navarre. Car pour celtri ; 
ae Ferdinand, tout le mondefeit qu'il ^toit fi foiWe, qtfe Mâriaûa,;îepluà- 
judicieux Hîftorien ^ue JÎEfp^ne kit eul, n'a/amais ofé s'en fervir, & s'eft 
contenté de * rétablir' ftr /leà Lxiix: de* ta. guerre, '& for une prétendue Bulle- 
do Papci qui pair ufi-itteïUat de ia Coorxle Rome Air le Temporel dès Sou- 
verains, expbfoit la Navarre au premier occupant^ fous prétexte que Jean, 
Roi légitime , étoit fauteur du Concile de Piiè , qui n'étoit pas de fon goût; • 
Se allié 4e Louis XII, ï^w» de France, alors lèlon lui, ennemi da Saint ^ 
Siège : foiblee raifbns pour détrôner U» Roi ! Pdur ce^qui eft 'du droit de la^ 
guerre, fi on entend parler de la force & de la violence, l^ui tte. font de- 
mife que parmi les Barbares, Ferdinand ne le pouvoit alléguer avec aucun 
fimdement , pui&ue Jean d'Albret ne Tavoit nullement offenfé. Au con* 
trake , bien loin ae prendre les annes contre lui , il lui oiïrit paiFage par fen 
Royaume. 

' Pour fautrê point^' cècte Bdie tant aUéguée ne fè trouve èuflèpârt Jmaid 
quand elle fe trouveroit^pourroit^elle donner le moindre droit fur une CôU'-' 
ronne qui ne relevé .que de Dieu ? A quoi on peut ajouter encore une dr*^ 
oonftâhce qui fait mieux voir la toauvaiiè foi des Apologiftes de Ferdi- 
nand' qui eft que cette Bulle prétendue fut publiée au mois de Juillet; 
cependant la Navarre avoit été ufurpée au mois de. Juin: On dit me** 
me que FEmpereur Charles V étant au lit de la mort , recommanda à 
Philippe II fon fils dé rej[litue^ ce Royaume ^ ion maître légitime , & 
tjue Pnilippe II en mourant, ordonna la même chofe à Philippe III fon 

fils. . • ' " . 

Les premiers Rois de Navarre ne prenoient quelquefois que la qu^ilé de 
Rois de Pampelune, copme fit Don Pedro, premier de ce nom, &; dix- 
fepfcième Roi de Navarre, qui fextomma Roi de Pampekmé & d'Arragoh^.!^ 
IjOTfqùMls dévoient prendre poffeflron' du Royaume , ils montaient a chevaly 
feifant porter PEtendart* de Na:vârre par un-Chevaiier , & marcher devant 
euK un Héraut vêtu de* fa cotte d'Armes de Navarre^ îeçjuel crioit à haute 
yoix , Navarre^ Navarre pour un tei Prince. Il faifoit ainfi plufieurs tours 
par la Ville ou dans le Camp , an fon des Trompettes avec iine grande 
fuite. .:.,:. ^ ; r j 

rA régard'de la cérémonie du Sacre, elle foialfok deliittuûcreïliivtntêl 
:%XoME IlL Aa Le 



iB6 DESCRIPTCON ET DELICES 

Le Roi 0ùfi)k convoqaos à Fampeliioe les Etat$ de fon Royaume» 6e ks 
Députés étant afTemolés dans la grande Chapelle de la. dthédrale 5 TËvé- 
^e diiblt au Roi (ju'avant qu^il fut oint, il isûloit qu^il prêtait k fèrmeneac' 
coutume à ion peuple. Alors on lui préfentoit une Croix & na livre des 
Évangiles, fur lequel il portoit kmain & juroit de oointeiur les Droits» 
les Coutumes & les Libertés du Royaume, après quoi les D^tés juroiënt 
de garder & de défendre iidèlement là pei^nne Se Tes Etat» 
. Ce» ièrmens prêt;é8 de part & d^aUt^, à Texceptiofi du Clergé qmnejo- 
roit pas, le Roi iè retiroit dans la Chapelle de Saint Etieniiie de k mêmeE- 
gtifè, oà'û prenoit une robe de foie blanche, & enfuite deux Evêques le 
ramenoient dans la grande Chapelle , où celui de Pampelune rQignoitd^hui«> 
ka avec les cérémonies accoutumées. 

Immédiatement après Tonâion, ^le Roi «littoit h tche blanche, ft re^ 
toit des habits royaux, ^à'ap{^x)choit du Grand AiiteU où il. ttOuvott une. 
épée, la Couronne du Royaume couverte as pierreries, &lé Sceptre iro' 
vaL II ceignoit. luirmême. Tépée, & la tirant ài (burreaa, il la levoit en 
haut en figue de juilicQ. Aporès cela, il fè mettott h Couronne fur la tête» 
& {Mrenoit.jk Sceptre en inain, peiukot que lès. Prélats condnuoient les 
trières. Cela é^ant fait ^ le .Roi numitoit fur un iRavois . ou Ecu , fur lo^èi. 
Ie9,2u:mes de Nawre étoi^nc peintes. Cet Ecuétoinrfoutenit parlesD^té» 
4e la Nobteflè, des Cités & des Villes du Royaume, <]|tti pouiToittitde grancb 
cris de toie , tandis <ta& hs Roi» porté de cette forte , iettoit au Peuple de» 



0l4l>^'i 



cérànonie par le Ti? Dettm ktidammi kh&ù duqiiel.rEvéqu 
commençoit la Meile povtiôcalemeitt, &; à rOSertoircs le 
For, de Taigent &de réearlatc. 

Le Royaiune de Navarre jouît de grands Privilèges , ibr^-tout d^êtite à 
]^réfent le fèul qui ait un Confèil Souverain où txwtes ks a&ires du Royan*- 
nie fed^^ent £insap|)iek 

D^f/'^i^SARDAIGNE. 

LA Sardairne a enplufieurs maîtres étrangers, les Carthaginois, les Ro- 
mains, les Sarrasins Vont pk^fêdée ibcGefllyement Les Génois & le» 
Pifans*en chaflèr^t les ^miers;.& di4>utans à qui elle refteroit, kPape. 
3oni&ce Vlli les nùtd^af cord en k donnant en 1 2^ à Jaques I Roid'Ar^^ 
lagon. Un de fes Suécefièws , fàvoir Ferdinand k Catholique , ayafat époort 
iè liàbeUe de C^Ue^, kurs Etsts fe réoniient dans k perfonne.db Jeannet 
kur iîlk, mère de Ch«k» V.. Depuis ce tems-là k Sardaigne fut un Ro) 
yaume annexé k FEfpagne;, nais en 1708 les Alfiés s'en emparèrent en fa- 
veur de VArchiiibic Charks dTAittricfae , "à préfènt Empereur. La pGfleflloOr 
de cette Ifle fut confirmée à Sa Majefté Impériale par le Traité de Bade ea 
}^I4.. Dans. kc&Ùtê l'SmpereuG Qi)eix;|2a à s'aicpmxiioder de k Sardaigne- 



D'ESPAGNE ET DE PORTtJGAL 187 

poor là Sicile, qui afoit été cédée au Duc de SavoyeViâor Amenée, à^itoAi- 
«mdition que Tf^pagne s'en reiërvoit la HéverCans au cas que k Maifon ^^^ 
4à& Savoye vînt à s'éteindre. 

' UEfpagne qui perdoit à cet échange la Reverfion de la Sicile > que TEm- 
fxf^ vouloit abroger, sV oppoâ*, reprit la Sardaigne au mois d^Oâobre 
1^ Tannée 1717» & fit nir la Skile Ja iàmeofe entrépriiè qui échoua par 
4'aTantage que la Flotté Andoilè eut for celle d'£Q)afîie. Lcr Traité dé 
Londres chanjg^ le' Traité dlJà^edit , en ce que le Duc de Ssjwnyï^ Roi 
de Sicile , laiiTà £>n Royaume à rEiopereai ôc demc Roi '<le Sairdai- 

goe. 

Les £^>agnol8 doniieitf à cette Ifle le nom de Sardetuty &; les Italienscé^ 
lui de SarJk^ia, Quelques-uns écrivent Cerdemu On rai^)dle en Latiû 
Stirànin, ' • • 

■ Elle eft iltuée au Midi de TUle de Corfe, 4o{tt «fie eft ièparée portmbnu 
de Mer. Les Géographes ronc.pkfcée ^veiièment par rapport, an Cvû, 
Selon Iltoloméê, eUe efl depuis 29. 4 io\ dp Longitude jufiju'ii 32. d. 2^1 
& depuis 3;^. d. ^O'. de Latitude jufqu'à 3p. d. 30'. Sanfbn ne s'en écarte 
pa< be»icoup dans fes Cartes. ' Le Père Conmeili dans Îqo. liolario lui don' 
me d^is lé 31. d. 10'. de Longitude juiqu'à-gs. d. u^f. 30". ic depuis le 37. 
d. t^\ de Latitude juiqu'^u 40. d. 50. J^r. Robbe duts fà Méthode lui a£fir 

S ne d^uis le 31. d. 10; ju^u'à 33. d.M^'.1âeLoagicude, & ^puis k 37t. 
. jusqu'au 40. a de Latitude. Mr. de riflé <qai a eu des Obdërvsitions plus 
i«i«8 met k Sardaigne entre les &;. d. >fo'.'4c les 27. d. 2o\ de Longifiude) 
^«nCK les 3S. d 42V 30". &; le 41, d. 11'. de Latitude. 
- L'Aut6iHr<JeIaDefiTipdonGéDge^liJK]iKduR<M^^ 
Mée en 172; . diez t^an Duren à £1 naye, in ^. dit que du Midi an Nord 
<ette Ule a «^ Joixante quinze Millead*It^(^ iongneur, Atidel^OccideiÉ: 
au Levant cent Milles de largeur; & dans toute là circonférence elleaenvi'> 
ron fept cens MiUes de tout. Conimè il né dit point quels Milles d'Italie il 
entena , on doit Tupçofèr qu'il jie comioiflbit que oeux defoixanteau d^ré, 

2uoiqu'iI y ait en Italie bien des forces de- l^filles. .■ D'ailleurs il ne dit point 
\ les lèpt cens Milles dp tour ië prennesù cq coœptaQC les Ànces &; les Gol'» 
phes, ou fi on n'y a point d'^rd. 

Guvier lui do&ne 4jr Milles xi^Ulemâgne de ^ngûeur d^)uisC!«^ci jus- 
qu'au Bras de Mer qui la fépare de la Coriè, *& 26 de largeur depuis le Cap 
Alontefalcone juiqu'au Cap de Sardà. ' ' ~. 

Suivant l'Abbé de Vaync, «lleaduSepkentnoaaHMidiSo lieues dans 
les endroits les plus larges, 4; dans les plus étroits, & 222 lieues de tour» 
lUon la âipiNitation des C^gnqoÊès les plus éxaâs , &voir ; 

Depuis le Port de Tares julqulijielui d^A^ij 13. ilieués. 

Depuis Algai jufou'ii Rofà, . 20. Jieuef. 

Depuis Bo& jufqu'à Orillan, . 5^ iieues. 

Pepuis Orifhn jiifqù'à Gigliari , 40. lieues» 

Depuis Cagliaci ju^u'à Tortoli , . 16. lieues. 

Aa d De-' 



188 . DES.CRJPTION ETBELICESf 

SâRBAi— : DépuisToTtoJi jii(qa'àOrdey> .> . . • i6. liei»»^ 

QNE. Depuis Qrofey jttfcjii'à Pofad*, . i . 14$. Ueues. 

Depuis Pofada jufîju'à Terranova,^ .20. lieue»; 

Depuis Tecranova jufqù'à Loiigbm> 10. lieues. 

Depuis Longoni jufou'à Callel Arragtmey,, 7. lieues; 

Cette fupputation m conforme à ce qrfen ont icritPtolomée^, Oforius* 
Pau&nias, Straban, OrtéliUs & tous ks Géomphes les plus habiles j, d'où 
il paroit que cette Ifle eft la plus grande de là. Méditerfahée. 

On. luiajd';d)ord. donné le nom de .Cadofène, que les Auteur? font déri- 
ver de Cados, qui en Hébreu figniiie Saint, & de Sene, qui veut dire Sanr 
dale, à caufë que.fe figure eft femblableà cette cliauflure, S^mdiniam in Li- 
y£ajîgnat veftigîa planta^ dît un célèbre Potfte. r Lorique les Çrecs fuccé- 
dèrent«ux premiers Peuples qui Thabitèrent, ils changèrent le nom deCa- 
liofbaejencéliiideSandalia^ &appellèrexit.fes HjabitàûsSandaliotos, nom. 
compofé. de Sàndalion & de Tniota, qui» veulent dire Chauflîire Divine^ 
ikifant toujours iUufion à fa fig;ure> qui corre^ond à la foriae d'iln.pied hur 
xnain* . 

Béroie prétend, que^ le nom. de Sandale fàinteJui fut donné îongtems a* 
.vant! que Ibs Grecs 5Îy éïahliflent, d'autaiitv dit-îl> que vers l'àndixiè«ç 
du Règne de RoUus onzième Roi dcBabylone^c'eft-à-dire^. Pan- 2221, d«' 
K" Création du Monde, PhoiJtu^ fils de Neptune débarqua en Sardaigne> 
:& peupla Flfle de Peuples qtfilfit venir d'Etrurie; mais comme cet Auteur 
a. la réputation de^ne pa& & piquer d^une &rt grande éxaâitude , on ne doi^ 
pas avoir beaucoup aégara à ce qu'il dit Dans la iliite ^ le nom de Sanr 
-dalia fut changé en celpi» d'Icknufe ^ que les mêmes Grecs: lui donnèrent auj 
irapport de Marfilius , . de Chryfîpe) de Prorote , & de gilius , . lequjel figîus 
ifee veilige > oU trace d'un pied . Ce novfx, dérive du mot Grec tx^i^. . 

■- • - . ....•■> . , . 

Infuta fltiBîfimo circum'oaïïàta ^^ . . ....... . . 

Cajligatur aquis cmprefaque gurgité y tert'asr 
: Enanmes; cûbÙfet y maa Jpih imagine plania 
î . Jb^d€blihm&.pritàiQeajismm(^^^ 

I • r 
• . ' 

Humana fpectem pîarad Jînuoja figurea y 



• < ^ I . • 



Ce nom fubfîfla? iufqvi%.<seiqiie ceioi dîloléa hii^ftit donné» feloh quelques 
•Auteurs^ par Hercule le Tûébain , .'le.=feifant dériver. d'Iole , qu'il aima fi? 
paflibnnément. D'autres prétendent, qu'lolao ^ neveu dUercule & fite de 
Ji^ticus .l^'^pella:ajuiil. 

,..■■' I . • Qsianfe 



D'ESPAGNE. ET DE PORTUGAL. i^p. 

Quant au nom d^Ioléa, il difparut pour toujours > & elle prit celui de Sarda»- 
Sardaigne, qtfelle^a confervé jufqu'à préfent. Pau&niàs^ Diodore de Si-^^^ 
cile, Strabon, Beutep, Varron &.pluiîeurs autres attribuent cette étymo- 
logie à Sarde fils d!Hercule. 

Mox Libyei Sardus generojb fangume fidens. 
HerettHs exftfe mtaavif nomma terra (^y 

Cette lile eft dans le Climat le plus heureux du monde^ puiïqu^étant à unr 
égale diftance de TAfrique & de la France > les chaleurs que produifent les* 
ii*ents du Midi^fë trouvent tempérées par ceux qui viennent du côté dà 
Nord 9 defbrte que r£té , ni THiver ne s^y font jamais fèntir d?une manière 
.à incommoder ceux qui y demeurent^, la partie qui eft du côeé de TAfri- 
que, préiënte à la vue de.valles plaines qui par leur fertilité, tendent ceux 
qui les cultivent heureux &contens.* 

Mais il faut cependant diilinguer les endroits de Tlile. Elle n^ell pas éga- 
lement fertile par-tout. Qaudien (f) Ta bien exprimée » 

. • . . f^a pars vicmmf Jfrisy' 

Plana folo^ ratihus démens ; qtue rejpicit JtrcPmr 

Inmitis y fcopulq/k^ prwax ^ jiéitijque fw^ 

La partie qui fait face à Htaliè-, frappe lés yeux par de hautes Monts&- 
gnes Âr par des Rochers efcarpés qui founent un. païfàge agréablis^ 

Jlfperae/ty y^inrtmmtesamjurgâ 
Quà videt Italiam faxofo torrida dorfo* 
Exercet fcopulis latè fréta ^ pallidaque intm 
jirvacoqidty nimmm CancroftMontilmsau/lrk;, 
Cotera pr.openfa Cereris. mOrAtajav&re (j) 



; La plus grande partie de ces H^ntagnes &nt fr fertiles ^.qu^on y voit 
Prés, des Vignes &:des Terres labourables^ & les plus incultes fervent de: 
pâturages à une fl grande quantité de bétail. gros & menu, que Don Eraiv- 
cUco cfe Vico affiire qu?oay a compté jufqu"à un million & fîx» cens mille; 
biiébifi. £lle9 forment de grandes Vallées couronnées de boiai de haute fut* 
taie 3 & panfemées de fleurs ,. d'herbes odoriférantes^, de fruits délicieu^^ 
^ fi)nt entrecoupées de RuiiTeaux &; de JEontaînea jaillifTantes qui charmeni: 
pat leuc murmure. 

: \ Cette Ifle a julqn^à huit .Promontoires principaux.. Elle eft environnée 
de 94. groiles Tours garnies de Soldats ^ entretenus aux dépens du Royaur 

' (^ Sîllus , L*. M. • (0 Silius, £*. ». 



i^^ . DESCRIPTION ET DELICES 

S&Rs&t- aie, <|in k dâfendeqt des incurfîons des ennenods. Savoir 1 2 âua le àiT- 
^^^ tria de Gigliiri du côté du Midi & du Ponant , j^ dans celui de la Villa de 
-Ij^é&8,.7iiUâsceliii d'Qdfba, 8 dans oekideBoâ, 9 dans celui d'Al- 
geri ,13 dans celui de SaiTari , 3 dans celui de Caftel Arragones « 3 dans 
celui de Gallura, 7 dans celui de PoÊida & d^Orofey , 22 dans celui de Ca- 
gliari du côté du levant. 

Il nY a aucun Auteur .ancien qui ne parle très aTantageufemeift de la Sar- 
daigne. Silius-Italicus, Horace, Lucius-Florus , Strabon, Folybe , Plu- 
taitpt Se piu&iB's ancres parlent avec tant d^éloge de fa fertilité» qu^on ne 
âurok rien diœ 91H puà£fe eodiérir Âir ce qu'ails ont avancé. Les uns i^appd- 
lent la ^oie des HabitaiDs de Rome, les antres aflurent qu^elle rempliflbit za- 
trdEbis de finiits cette <ji(»t»fe de VUtùvsrA. 

2oiyb6 dit ^^) : La SardaLgne efl une Ifle excellente par fit grandeur» la 
«ynmritié de iès Jabitans , & fe {yodok de fcn terroir. . . 

Silius-Italicus (t) dit aufll en parlant de cette même lue: 

.... .1 

Proper^ Cererh tmtritét faso(fre. 

m ^ 

Nons apprenons de Pline que lorique h fièitt C^irthage Bc h triomphan* 
te Rome aflemblèrent toutes leurs fc^ccs pour ië porterie ooup mortel , el* 
les firent de ^ostî^ llle le GtéxùsT cùmamvt pour £ûte fubfifter toutes les 
Troupes de ces deux ambitieiifes Républiques ; & qu'après que Rome eut 
trkniiphé xie £i maJe^ le bled qui kii refia étoit en fi grande abondaiice^ 
qu'elle iè vk, oUjgéede Je donner aux Mp*iniers pour le prix du fret à^s Na- 
vires qu'ils avoient employés durant la Campagne. • Il eft arrivé plufieurs 
fois que les Habitans de Tlue ië fônt vue ibrcés de donner la œokié de leur 
récolte pour faire porter l'autce de Paire |u^'au Grenier , dont la diftance 
n'étoit que de deux ou trois lîeues. 

Les Légumes , ks Fruits $ & le Vin qu'on y recueille^ non iëulement 
JUflEfent pour la provifîqn detouftie^fijoyamne^ maisinême poAir en four- 
nir aux raïs étrangers; & l'Hiftoire rapporte que la République de Car- 
tteige^ ûunée 4e ce. que ce pevQ3âe aroît ioumi aux Romains la quaiotité de 
^iA aécdTaife pour la fubfiftaQce de leurs Traujpes> avant fait arracher les 
Ari»i^&^es¥i^|iies9 les racinesprodoi{bient.enc(»re des Fruits. 

Il s'y AxQfwt ^C8 Bois d'Oraqgers %c de Citroniers qui ont deux lieues de 

longueur^ -& <pù produifent tant d'iQranges &c de Qtrons, qu'à SalTari, k 

Algepi, a Bo&^ il OfialiBe,& en plufieurs autres endroits» on en donne 

^toedeffiîe^^ouaainepo^nnlîard. Il y a une prodigieu^ quantité ^ ^ 

rifes, de Prunes » de Poires de toutes efi>èces , des Cnatai^es> desNoîx^ 

^4es Olives. Oà peut dire kinêmèthoie<te la viande £ Bc^i^ de 

la Volaille &4u Gibier. 

La Mer qui baigne (es Côtes » abonde en toutes fortes de poiifons. On y 

fait 

05 Lih, I. c 79. (t) I^' Xn. T. 37J. ... ■:^) 



D^ESFAGNE ET DE PORTUGAL. i^f 



f3dc uft CDœàonerce très eonfîdèrable de Lb, de Fromage , de Lain&y dè^ARiM^' 
Miel; & la chafle de Buâes,. de Cërfè & dt pluGeur9 autres animaux .pro«^^^^' 
doit un revenu conÛdérable. Les ^us confidérables de ies Rivières font ^ 
celles de Torres, de Coguints, (te Bitti, dXîliéna, dé Phimendofo, tfUt- 
ta. Quelques Auteurs donnent à la première le nom» de Rivière Turritaine» 
fkiânt allulîon à la Ville de Toi^res 9 que les Crédules fuppofènt avoir été^ 
fondée par Hercule le Libien r quelques autrœ lui donnent le nora^ cfe Flum-^ 
mat^a, outils ibnt dériver dur mot Latin Fkunen & d?Argos> Villes conii--^ 
dérwles on Példponnèiè> prétendant que lorfau^Hercule alla à la conquête 
de la Sardaigne^ aiMé des Argiens, peuples de la Grèce ^ il TappeUa ainfî» 
Mais cette étymologie a tout l^ir d'une £ible inventée pour donner un faux 
relief à cette lûe^ 

Là Rivière de Torres pren^ iâ Iburce des fontaines qui eoukat dans ht 
Vallée de Bunnari, entre la Ville de Saffari, & le Bourg d-OlîIe, Idquel^ 
les après avoir arrofè les muraiQês d'Ëfeala, âè Cboca, s^être jointes avec 
h, Rivière de Campo de Méla^ & avec les fontaines de Bortu, pafient par 
Mafcari^ où elles reçoivent les eaux des Rivières d^'Ufinr & d^teri y & s^i-» 
nifTent à la Turritaine au Font de Saint Grégoire à deux Heues de SafTari,! 
au delTus d'AJgéri, où après s'être enflée pw la jcwi^fcion de la Rivière d'Ot- 
tara & de plnfîeiirs RuifTeaux , elle va fe perdre <k&s la Mer au deilûtts doi 
|V)nt de Saint Gavitt de Twres. 

Celle qu'on nomme Coguinas prend ion commencement parmi IbrRo^ 
chers de Montéagudo, coule près de la Ville de Rebeco, traverfe la cank* 
pagne d'Ocier , le païs d'Aiiglor^? & ks Plaines de Cogiums^ içtèa quoii 
eUe Hb décharge dans la: Mer. 

La Rivière de Bitti fort du Cap de Saflari y traver& celui de Callufa ;^ Se 
après avoir âuonenté fës eaux pu. la communication de celtes de phifîeursr 
fontaines , & de divers ruiiTeaux qui defcendent des montagnes ê^ fik*^ 
d y termine ion cours dans la Mer à l'extrémité de la Baronie de Fbâda. 

La Rivière d'Oliéna tice ion origine d'une fontaine qui porte le mâne* 
nom, qudiqu'andennement elle ait été appellée Cédrinopi^ Ftoloniée> à» 
cauiè^ d'un Simulacre d'Apollon y que les Romains avoîent apoorté de Séku« 
cie5 dont ils introduifîrent la vénération dans l'Iile deS^dalgne^ juiqu*^ 
ce que Tidolatrie venant à être détruite parmi ks Habitans de cette: 
lile, ils donnèrent à cette fontaine le nom qu'felk porte à préfent; 

On ne &it pas bien d'où cette fontaine fort, les uns croient qu'elfe vient 
de la Mer > à caufe que torique lèvent du Levant iouffle, fes e«ix'groini^ 
fcnt tellement > que ion cours paroît deux fois plus gonflé que tordue ley 
autres vents foufflerit^ce qui ^ félon eux^eft une «narque que c%ft l'impulfioa 
des eaux de la Mer qjiL loi communique cette fécondité : les autres dîfent 
qu'elle fe précipite du haut d'une montagne 5 qui eil entre" Orgoloib) & 
OUaftre, & qu'après avoiï traverfë quelques Htfiierde^ païs, elles ^ngwifret 
dans la terre, & va renaître au pied de la montagne OHèna;. 

Le FlumendoiU&t: appelle par Ftolomée. Q^um ; mais les Habitans ont 
"^ abam^ 



: 1-9? .OESCIUPTION ET PEtICES 

Sa&dai- abandofifîé ce nom pour lui donner celui qu'elle porte à prçfent, qu'ils foit 
"^^^ -dériver du mot Latin Flumen^ qui veut dire Fleuve:, o» grande Rivière, à 
caufe de la grande quantité de petites Rivières, de Ruiffeaux & de Fontai- 
nes qu'elle reçoit dans fon fèin avant de terminer fon cours. 
, Elle commence à couler au pied de la Mojitagne Arizu. Après avoir re^ 
cueiUi' les eaux de quelques RuilTeaux qui defcendent, des Montagnes de 
Ccwru 1& de <ienas d'Argentu, elIetraverièlesPaïs de Barbarja-Seuji, de 
Barbarja-Belvi, de Curadoria^ & de Sirgus, elle fe joint av^c «ne autre 
Rivière appelléeZuri, qui vient des Montagnes dePedra de Forgu, & 
Ya iè jetter dans la Mer au deflbus des Villes de Vitu & de Muravénu * 
. L'Utta commence à paroître dans les Champs de Vadu Epifcopu^ traver- 
fe le païs de Gerrey près d'un endroit appelle Arri , où elle reçoit le Flu- 
minido , qui fort des Montagnes de Saint Bafîle , paffe par Sainte Julienne , 
par Uflfena^ par S. Efpérat , & va fe rendre au pied des murailles de Mo* 
naftir, où J'on voit , un beau Pont de 13 arcades. Delà elle continue {oa 
cours vers la Mer, ^ après avoir baigné les murailles de Nâfcogia, & de 
Siliqua, s'être jointe .avec le Siierri, Flumen-Lene & Segore, elle entre 
dans l'Étang de Cagliari. 

On compte «ncore dans cette Me d'autres Rivières oui font la Canoni- 
^, rUra:, Morgongioris, MaiTaris, l'Ocier, Rébéco oc Molargia; mais 
comme elles font beaucoup moindres que les autres , nous nous contentons, 
de les nommer iàns en faire la Defcription. Quoique quelques-unes de ces 
Rivières foient navigables^ les Habitans n'en tirent pas grand profit par 
rapport au ccmmerce : ils fe contentent d'y pêcJaer diverfes elpèces de Poi^ 
fons, & entr'autres d'excellentes Truites & des Anguilles d'une j)rodigieu- 
fc CTandeur- 

il s'y trouve auffi pfufieurs Fontaines , dont les unes font confîdérablcs 
par l'aboflcjancede leurs eaux, & les. autres parle fecours qu'y trouvent 
'nne infinité de perfonnes ai&igées de différentes maladies, qyi en guériP- 
fent en s^ baignant ou en en buvajit. Parmi quantité de beaux £tangs , 
ceiix de Cagliari, <ie Sarabus, d'Algeri, de Platamona, & de la Nura- 
font les plus conCdérables , & dont Içs Habitans tirent le plus de profit par 
le moyen de la pêche. 

La Sardaigne ne manque point de Ports capables à& recevoir toutes for- 
tes de bàtimenfc Les plus cemarquables^nt. . 

cîiirîîi-rA f Golfod'Arragonèfej ou Porto Torre. 
f^c >°"J Golfo d'Algher, ou Porto de Conde. 
à j. ^ j Porto de Bofk. 

^^ * *■ A^ Golfo d'Oriftagm, eu la Baye de Néapoli. 
Sur la Mé-/ Golfo dTgléfîas. 
ridionale. V Golfo di Palma. 
Sur rO- / Golfo di CagUari. 
rientale. \ Golfo. di Terra Nova». . ' . . 

• . Outré 



t)»E S P A CKi: *E ï* t) E PORT VU AL. î^j 

r '^Ontrc ces Pdtts lly en à beaucoup d'autres pî0s petits, <jui ont des Tours S]«bAï^ 
•ît -des Forts pour le défçndre de rinfolte <ies Eîirteriiisj •& fur-totft des p^^NE. - 
nterjBS dèsiCdrâiiresck Bdrba|4ô;- ; ËJa Régence dû Roya:utae tenôit atitre* 
fois k Canari une Eifcaiire de fept'Galèresi''; De très nombrttifes Flottes y 
peaVent Jareriier,' fe mettreà cou^wrt5 & «''y radouber fansctsainie des vents 
ni des tempêtes. 

LésHabitans'déd'IfleibAtbiftnprdpoftio^^^ ils^ohtles 

manièares dcMices^honnêoes: ils font blaivcir^^èoulèur-, rc^buftes-, yigiIdnsV 
appliqués:, quant aukit]xiQsdrs^4|^'^ tiennent iiâ p&u des ItAliéns^ ât^uhpea- 
oes .Efpagnols , quoiqi^aû foiids ils vte feiefit pas Û ^afinés qiie leâ brémiërs , 
ni £ francs .que les xJerpiers. Anciennement ilâ partaient des rhabita^ 
de peaux de bêtes , qii^ils appelloienb J4aiirucas j dont 'les Romains iai-i^ 
foieht} 'tant de; cas ^ quUts en voulurent avoir bour Jiabilltr leurs Troupes. 
* Leur Langue ancienne €&uncompoiè de Grec, àtiMhy d'Italien & 
d'Eipagnpi> dont, ils Torxnenb ime efpèce de Dialede-proprc à s'énoncer a^ 

éablement fur toutes fortes de matières, fur-tout loriqu'il s'agit de parleiî 
ntenoîeufèmênt & proverbialement. Depuis^que les Éfpagnols dotninent 
fin: cette Ifle-, la Langue Caftillane éft devenuecelle des Peribnnes dé con*^ 
dition , & la Fopulaqe a adopté ridiome .Catalan y ioÉf ili ibêleavec fa Lsp^gue 
ancienne, «Se en fak rm Pafiois qui tient ibeàucoup de celle qù'oti parle danis 
rifle de Mayorqùe. 1 .>.:•..:. ^ A .: '. '\ 

i Outre rille de Sardaigne^ oÀ eh cotante ôilcôre pliîs de quarante autres* 
qui compofent leRoyawme de ce -itonk Voici la description de celles qui font 
lies plus remarquables. La plus -grande,' k plus fiche, & là plus habitée*, 
cR. l'Afénaria oit Aflnarla; Êlle^dl fîtuéeau Ndrddela Sardaignev & ap- 
partient à-fci Ville de Saflati^ Ancïeiïiiement ôUè fut appblIéerHk d'Her- 
cule, k caiiie, • difent quelques Hiiloriensy que celïéros fut le premier qui la 



peupla. Je laiïFe au LeCbeurà juger fur la vérité de- Ce Èiît hiftorique. Quoi^ 
ou'il en ioit , dh conferva ce nofti jufqu'au teiiis delà deftruétion de la Ville 
ae Trpye, qu'elteprit celui d'Onuria, duquel par corruption s'eft formé 



celui d'Afènaria. 

' Elle, a dix lieues de tour, &; eft déféhdué'par quatre gitofleô Tours-bîen 
munies d'Artillerie; H y. a des Moniagnès qui produifènt quantité de San» 
iliers,-'de Cerfs ^ de Bulles^ de Faucons fort eftimés, ce qui fit que Don 
rédro Rorxi'Arragon changea le nom du Cap Gorditain de Sar daigne, qui 
eft dans cette Ifle , en celui de Mont-Faucon. 

• On.lvoit une autre lïle près du Port de Terra-Nova, entre le Levant & 
le Nord, . qu'on appelle PHle de Saint Damafè Buciaiïa ou Paufania. Pline 
la met mi rang d^ deux Enonidcs, à cauie qu'elle fut poffédée par Certains 
Peuple& d'kalie qu'on appelioit £nontrideSé Le commun du Peuplel'af^e)^ 
le ordinairement Taulara. ( 

. Elle a 4. lieues ' de circuit, >& eft toute pleine de Montagnes, parmi lefj 
quelles il y en a une iî haute , qu'elle eft .le premier objet qui- frappe 
les yeux des Navigateurs , qui vont d'Italie en Sardaigne. * ' ^ 

^-TomeIIL Bb II 



ikMl . DESCRIP-TION ET DELICES 

&up^ Il y ei^ a une tiioiijl^me-appellét Iffle Moclibôl^ par Ftolooiée!, Bmifln» 
«NB>. par Éline > Vlpmbén par quelques autres; iBai» plus «ommimément^ iêù 
4b. Saint AntiogOv . Les çxèmktn ipms.cm lui fùreat doûaé» par kt 
AnciçQ? 9 font aUon à la. quantité àç mùeade Plomb qifon. y trmir 
ve» & le ^cjûec a'a£tùbU« à tia Saint àst oe nont qui y fut exilé» âs.^ 
ipouniiSi. 

Cette Ifle a eoyiiiôn.j&pitf Heft^ <fc iourj Ofty veife des nûoes <^Aii- 
tiquité. 6i de RQ^g^^> Avoir de» morceaux dés. muntiHer de randeooe VjÎk 
ifi de iSuJiùs >. &: une partie det la fuped)e: Egliiè de. Saiot. Aati(»o. : 

AiTe^ prè^ dr oecte Ifle en paipît une autre qu^on zppcU^ VUki ât Saini^ 
^ierre.9 npmqui luijÀit donné à c.au^e dHine ibmptueuTe Egliafe conâcréeaa 
Prince des^ Apôcres > au-lieu de celui des Adores > qp'eUe avoit ancienne^ 
ment) par. aliuuoH.^ la grande ^lantité de ces0.ireaux.qu'elkpcodniibi&£lIst 
t ièpt: ligues de t.Oucy ^. un Port de Mer capsdbk de contenir une namr 
bre^ Acm^ Navale^ lia beaucoup de fond.» an.l»amoiuliage> & eÀ' 
«rèii.fiir,. 

Les autres Ifle&^font^. l?Jme.JN;lo&^> o» Cbev^ue.. L^Ifie Ufeiuty («tiPtai-s 
Qe«. yifle Cuxa . de Doiuu L'IDe Malveotrsï L'ifie de la/ Madehiné 
d'Algeiùv L'ifle du Porcdi^rBoûu. L'Ifle des François. L'Ifle de Plan-»^ 
fhi<»,. yiJk de la.Tfiiir» ^Vaca. L'Iile de kRofè^ Llflé de Saint 
Machairev yiile Secpentaciax ou Serpentine^. L^Iile.dis ks Coles> ovk 
des. Choux.. L'Iûç Malfonéjstk Llile de las Bocus de Bonéfaciot LUte. 
de Luttéiio ejitre TIAe df Cotik ^.ceUe de Sai:daigne^ VHb Qtpré^t. . L^Hb 
. jj^LTZaquéiiPiu L'ifle Trèjano« L^IÛede Longabrde.&l^Iilotf-adjacens.. 
ïiAs deux Iileft4e Logore», de Puerto Bofluc Les. deux Illes des Ports de I» 
Secpentajr^ L'Ifle NIolendosk L'IOe du Oipdis laCaiboonaria), oit€hir> 
lK)noiàre.. L'We d'Elfeibatex^ L'Iilé dlOllaftte^ UIfle Mari-Trcmb. . L«*^ 
triai» lues d$ St^ha Muçrt.(^ . L'Iâe df Ticarold. L'IÛe de Taulara. IMet 
de TerrarnQva. L'IAe de Murcello* L!Ifle dis Saint Etienne. UJile de. 
^ftentino. L'Iûe ds rEfcuflUt LTÛede Murfàta.. LTile Ro& près^ d©: 
Caftçl-Arragones. 

. La. plupart de ces- Ifiee (ont! fèrtites en bois > en Usa & en gibier^ Ans 
^mpter la pêche qu^on fait autour de leurs bords,, de. Ton.& de Corail, 
r Apr^ avoir fait la I^fcripticn de TJAe de Sardaigne> ^ de celles qui lui 
fçoA. a(^ac^teS} reft^à. yoic i combien de divers Peuples eUss Qiitité.aflu<)i- 
Jwties.. ■• i 

; PluCeurs Ifilbçien^-di&iitqD^eot 2:9^1 d de laCrétltbB.dâMl^éMèA■ 
t^ ou Ofiris fils de Cbam» 6^ p^tit-iils de Noé> s^étant rendu maîtrgl 
deipute ritalievpaiTa.en S^sàsùgostcn. zzzSi «1^1% tête d^uœ multttui- 
4e cb yituloniten^» Pieuples anciens de. r£trurie», ou Tofcane, qu'on con«< 
iiQifl<]ât encore fous le nom do: Turroniens, à, cauiè qu'ils avoteot coutuotti. 
c^ . cpnilcuirç leurs mations ea ^cme de Tours, par le ièeours ddquels il;: 

ififQidii. rançienn/s Ville de Toir^ > qu'il embellit.&.fortiiia pu quaniuté.do.: 



ÏJ^ESPACKE ET DE PaiLTUCÀÏ>. ^ 

. ftaMqm de Vico qui z écrit THîAoire de cette Iile> xSc qui ijftppoiite ccSarba^ 
<fDe Aous venons de dire« ièœble ae citer ces Auteurs que pour avoir le^^"* 
f>laMk -as les combattre^ & la Moire de les confondre^ en di£uit qu^ils pe" 
«faest 4ourdeiBeitf contre la Cnronokgie) -en produi&at dans un tems des 
Bé^éè Sardaigoe) qui ne le furent que dans un autre. U avoue ^eMeP. 
^Eairiï «a OGHs ftit Roi <f Italie environ ce tems-là) qu^ii envoya on grand 
•aonbre de TmtoaknAeà Swdaigne qui fondèrent la ViUe de Torres. il 
«Onvieaft- eacore q<ie Phorcus^ l^rdus & quelques autres régnèrent en Sar- 
"daii^e; ms6a içtfq'ûM vient à conférer tes Epoqaes , il trouve que ces Au^ 
^leurs ont renveriè Tordre des Kègnes^ en niifànt fiiccéder à certains Rois 
■«Muc "^t les ^oivenK précéder. Car > dit-H» depuis Tan '2216 julqu^ea 
2300 ) on ne parloit pas phis de Phorcus, que s^il n^avoit jamais été au 
niofide» non ^)s que de Sardus^ que ces iliiloriens font aller ea Sardai«> 
>gne !avec les Turroniens > t3lù ils ne regaàrent que longtems après. Cai 
«comnuBflt y «nrofeittslfi régné en ce ^in^]à> xmïdmiè'thil:, puifqoe pour 
'lors Athlas, contre lequd PnOTcus & battit vigoureuièraent daasuncombift 
«avsl, «e vivoJt ^às^ de Ibrte, ajoute-0'il>flK*il fitut de toute néceffité que 
les Turroiùms qui s^établirent en SapàMgne mSuA commandés peBrim€he£ 
^qui s^appdltàt ^orcns j ou -que les Auteurs dont on a jàk ttentiim àyent 
éqiiiToqué ^ T^ard <les notas ^ des tems , parce qu^il eA certain qiiV 
vant tous ces Rois Ifercule régna ea Sardm^e , où il fit de griandet 
'cfaoiès, parmi Idquelles rs^grasKtifltmeift & rembeUif&ment de la Vih 
le de To^es ot furoit pas des «noindfes: c^eft pour «ette.raifba qu^el>i 
le fut j^tpetiée Vmns LthyTouis;» c*eftrèi>!dire , ViHe id^fierciâe ie Lk 
î)ien. 

Vicb prétend 'que Konft' ftiotéda à liercule tlipas k lloyarane de $stf <lai>> 
;gne) Tan du Monde a^ido» maiSfZurka^ grand Scrutateur de rAntiquité^ 
«voft dé^ dit loi^ons avant.lui> que bien kiin que Ncn-ax eût fuccédé àiler^t 
«ule> À avoit des preuves mconteftsties que ce RxÀ étok le premier qui w* 
voit r^ié dans TlUe de Sar daigne^. 

- FJios<cu8 fiiOcéda à Norax environ Tàn ^fsb. Ji rès^ glorietifèment 
pendant T^&acé de ^ aâs>, félon le &atisient<]e S^t Augiutinj de Tur» 
felin» -d'£u^)e> d^AlaniuS) de Vîterbe, & mourut dans un combat naval 
qim fe donnl entre lui Se Athlas. Phorcus latffit trois Biles, dont fune àp» 
^ée Médufe» dsviift iiéritière tie & Coutompe en 2,f$% , 6c r^na 33 
moB) pptbs lefqods.rPerièe vint dii fond du Pélopomièiè avec Une groiffe 
amalôe<> furptit Médufë iHie4>dle nuit, hii coi^ k tête» £c la porta*^en 
Crèce^ 

Aprèi la morti^épioirable de MéduÊ^ Arlflée s^empata du Royaume, & 
ipprtt aux Habitants de PlÛe à cultiver la terre & à faire la froAtam & l^'hiiiv 
le, félon la rap];«)£t de JuftkL Solm ajoute qu^il fonda Ja. Ville «KC^liari^ 
cependant I^m^àniaS ^dhmetqMnion.onitraire) >& prétend ^e la>^>nda^ 
tbn de cette ViUe ^q^pt^entau^Cutb^moia. On ne&jt pas pdfîtivemenfc 
combien de tems régna le bon Roi AriRée> & tom. ce que THiftoireiôumie 

Bb a de 



Sarhai- de plus certain 5 dit.Vico, cf^eiî que Galate ou GalatasfilsdX)lbuts:^R€a3e»i 
QNB. Gaules, fondit fur la. Stirdaigne a vec und armée de Gauloky '& y^ibnda IJ 
Ville.d'Olbia. :. 

LeL fameux lolao fils d'Ephique, ^ neveu d'Hercule te Thébain 5 fnt*<sou-^ 
H>nhé :^ai.de iSairdaîgne après la mort de G4late.f Ut fit- quantité de ch&foi 
ittémorablea, comme; h Ville d'OgrillenqiiUlapJjdiaainfl 
du nom d'un.&meux ilapitaine dé lotà Armée nommé Gr iitoj iMai» ce 'Cftâ 
étemifa fa mémoire^ fut d-avoir appeHé dans foiï Royaume le fameux Dé-^ 
dale, pair |e fecours duquel il rembellit d'une infinité de fuperbes édifices^ 
dont ks veftiges fubfifi:èrent jufqu'au tems de Diodorede Sicile &d'Ariftote 
§DUS h 'nûm::deiDédalées;, <& furenc mis par cePi:ince.d68iPiiiloibph€8ttti> 
rang des merveilles dui monde- /s : : / :. i . - "c 

. ; loiao ne fe! contenta pas j dît Diodore> d'avoiriappellé' k fbn fècojirs Détt 
dale pour rembelliiTement de? fon Royaume ^ il y rétablit encore des Coflè^'ea^- 
pour y enièigner les Sciences, les Arts 5. & de quelle manière il^falloit ado- 
rer les Dieu2&. .... . * ' ' ,' 

Ce fuoyeu de ttms après là-toôM: de Skrdk&i^^ les lLydîens.5c tesMéo* 
jiiënsisPeroparérent d^une^partie dç l'Iflfe, Idquelsj,^ felonfe Twiditi©hid6m4 
mune> donnèrentdUeud'àfç^eller le Païs qu'ils ôccopèitewtMeylogtie 3 doiip 
Kêtymologies par: quelque altér^iôn du terme 5 dérive :du. nbhii^que? h' LsatU 
• nité lui oonna en l^ppdlant Mœnmn lotus. Outre les Mêoniens ^ Solkr 
& Eufèbe prétendent^que les Locriens^ Peuples de la Grèce, les Taffe», lèa 
Scythéid &. les Rhodieqs ^i après s^ê&eitendus redoutables fur Ja Méditérra^ 
aée,. 'établireiitileur d6mina£ioii furies gftrde&y '£i pei^érent'plu^urs Vii^ 
Içs & quantité de Bourgades dans l'Ifle, i 

• ! -Los Cypriens enVieèx que iant> d'autres Peuples s'étàWifibht en Sardaîghe,^ 
tentèrent en . 3 1 oo de s'y. établir. . Ils n'eurent pas ]grand peine à » réuffir 5;; 
mais comme: ils avoientd'atftrese:f&pèdition8> affaire, après y av:oiii fait queU 
qu^ iféjûur^. ils en . partirait» Sq contentant d'y kiiTep une Gok)nie de Peu« 
pies de leur Nation- i;:^' 




les Alilciénsv Peuples fortis des: confins de l'Ionie &de la Garie, les y allè^ 
rent inquiéter 5 leiquels • furent à leur tour troublés-dans leur conquête pa^ 
Jep Gares ou Cariens- en^ga^iOv * Mais-ces. nouveaux? hôtes ne jouirent- pa«t 
longtema du fnait.<kfcur ebttepbifèi,- puiTque^^ fekrii Elilebe, :eh ^3f 2^ y: les 
IielïJen& kùc-enlevèredtJtJ^ut JeiPiaiipjqu^ls avoieno conijùisi .ckes Jhocien» 
fe voyant pourlùivis à outrance par los Guerres continuelles que leur fai^ 
fiiient les-PêrlèSj & inveftis- de' toutes parts par Harpago Général du Roi 
Cyrus c^ rt^noit poiar lors^ . tinrentiun Oonfeil tentre euxv dans^ lequel ils 
r^olureat-d'uû icommtm coni^tement d^banxionni^r^kun Patrie 5 & d'allei 
àila conquête des Sàrdei?"^ çe-qu^ilsiéxàrutërentîen :34:i<$; 'Ai peinepahirenc^ 
îis! aux. bdoip . dç rJile:> quie ies:Hïibîltw$.alièreac aurdevaiit: d'eui^c.poutJed 
HKSwiTs^ • .'* 'i\' ^ jiK'i -V c--"' '*'' - - ^'^■-'''•* - -'^ir ' '" ■'■ •'•• ' ■ ' ^ 



' i Af)rès toutes: ces icvotetjans lœ Carthagmois fè rendirent entièrement les Sajuuik 
maîtres, de la! iSatdaigne; Hsrycnvoyèreoit une puiflanfie Armée fous le ^^^ 
commandement de Mallius, Capitaine d^une valeur & d\me conduite qui 
•hii avaient' acquis uiie grande! réputation; inais à peine parut-^il furies cotes, 
^e cette- iSk^ que Jes mbita»^ prisent les Armes^ t& lui en défendirent feit* 
-trée avec mnt d'intrépidité :> qu'ils ikent péùr une bontie. partie de &in Ai*- 
iwée, Almirentleirefte^didéroute- . , . J 

Jba République dé Garthage ûit li irritée ditmam^ais fîîccès' de cette en- 
tréprife de Mallitos, qu'au rapport, de Julun elle Téxila avec tous les Soldats 
qui échapèrent au glaive dés Sardes. Quoique les Carthaginois fuffent foig: 
aflFoiblisrpar-unepêrceC'canlIdérible, ilsuèlai/Tèrent pas.de former denou- 
. vsâux. d^in» pourconquâtir Une Jilè qui étok Ci fort à kur bienféance ; mai^ 
ils trouvèrent toujours tant de rélîftance de la part de fes Habitans 5 qu'ife 
neles purent dompter, qu'en! 3 60b. La Républiqwp dèRcrmeaivide de gloire, 
dés fen commencement, voyant que celle de Qirdiage vouloifc difputer k 
Conquête de l'Univers, réfblut dîarj'êter fes f)rogitès au milieu de fa courfè:^ 
«n lui déclarant kGiieffe «a ÎMpagnei;: ce qui Pobligea^dTenvoye 
en ce^ Païs-là a)vtec.une-puiflante Armée^-omais- ayant voUlu-, chemin faifant^ 
ibumettre. la Sarckigte,. il: fut. pepoulFé fr vigOur.eufement par les Sardes v 
qu'il perdit lai vie dans une l^glante Bataille qu'ils lui livrèrent r & toufie 
fon Armée fut taillée eh pièces, ce qui mit les: affaires de.la République dai^ 
un fi grand defocdrei^que de longtems elle ne put recouvrer fes forces. Ço- 
pendantfôUe cQuferva toujours lerdéfir de fe vanger,. & dès qu'elle fe vit en ' 
état! d- attaquer de nouvea» ces laûilàircJ:, ellfc envoya contre eux une Ai*- 
mée encore plus poiflailte que les deux premières, laquelle ne. fut guère pli»^ 
heuréuiè., puifijue maJgràlcoite fèseffortsi elk eut toujoiu-s-à cûçioattre ces: 
fiers ennemis depuis l'an 3400 julques eh 360Q.. 

La République de Carthage, par une vengeance indigne d'un ff augus- 
te Sénat, ordonna de miner, nfle de fond- en comble,, deforte que nofi 
cobtehte dîavwn^fait. défolér tousr ïès champe , arracher fes Vignes & fea- 
Arbres fruitiers, elle défendit fur peine: de la vie 'd'en replanter, & coiv- 
damna: les Etrangers, qui laborderoient fesi Côtes > à être précipités dan»- 
h Mer.; . ^ • .: 

. . Malgré cette Jîihumanité â cjuantité d^utres que les Carthaginois-mirent: 
«rufage contre de8;Pjeuples qui n'avoientxommis d'autre crime que d'avoir* 
défendu leur liberté en gens de cœur , Paufànias , Claudien , & plufîeu» 
àdtres^célèbrés^Hiilarieaaî', affurent qu'ils fondèrent l'ancienne. Ville deCa- 
gliari, vis^^yisdèiMfîâque'eniViroa 400; ans ayant la, N^iflance de. Jéfi»- 
Chrift. •' . 

• Comme k République dfe.Rome étoit^rfuadée qu'elle ^auferoitawx Caih- 
thaginoia-undéplaifir rawterG elle lui pouvoit enlever l'Ille de Sjirdaigne,. 
^\t yîenyoyt.tîBq ^grôfl^Airaiéé fous lea ordrwidefl jConfuls A<ïuiliw', Flor 
rus & Corneille Sçiplon ', >ceî ^qui^flif prit;teUeinenc les Cartha^ois » qu'ils 

Jfcur oppofèrextt de i puiffwitcjij TrP¥fciJ>§J[ commandées par; ua lameux C^pi- 
', . . ^ Bb 3., taina: 



t^ . ' J>ïtS CaiîTIDN ET BELICES . 

£^&RDA^ taine^ippeflé Hannon , mais dont la valeur ne put tenir contre celle âeSù- 
tcKs. |)ion9 i&pd après ravoir vaincu & rendit n:iaître alxfeia àt Tlfle de Sa»> 
<]ai»ie. 

Après {flufieors événement la fortune 1fe<dédara entièrement pourleiRo> 
ttaiii&, il qui ^ Carthaginois envoyèrent des Ambaflàdenrs pour ïma d&* 
■ fiiaader la Paix, 4a(]ueUe 4eur fut accordée) à condition que €ai^^^ tt- 
ibandonnerok à £.ome la Sicile, la Sardaigne & toutes Jes autres Bks de k 
MàJittfranée, & ^u^elle lui pa^erolt dans le cours de visigt années 2209 
Talens. Ainfi £nit la première guerre Punique, fan de k fondation de 
Rome 5 14. 

Cinq ans étoient à peine expirés, que les CarthaginoisFompirentlapais^ 
«n ibllicitant les Sarcles il iè feulever contre iesJLomainsanx^els ils étoient 
îbumis. 

Cette révolte ne fat pas plutôt répandue dans Rome) que le Sénat en- 
voya Titus ManUas Torquatus en Sardaigne, doitt il rangea une féconde 
Cois une bonne partie ibus la Dommation Romaine, malgré la vtgoureulè 
féGfiance que fit 4e Général Ampfagoras. L^année iuivante Spurius Servi» 
Jius Maximus -en ii^u^ua nne autre,& deux ans après M4 Porapooius Mat- 
chxus triompha du re^. Uannée de la Viâoire de Pompooias, qui fut h 
5 2 1 de la fondation de Rome, & la 4743 de la. Création du Monae , llfle 
<ce Sardaigne fut réduite en Province de la République Romaine ,«e qui fut 
xtbfèrvé par la iùite <kns tous les Rt>3raumes qu^^e conquit. 

Les Romains après s^étre rendus maîtres dis la Sardaigne, augmentèrent 
leurs <:onqtiête8 par la priiè de fille de Ccn-fè, psur h valeur de Caius Pani^ 
rius, qui £ui8 la permifilon du Sénat s^en rendit Je maître Pan «de la Fon- 
dacion de Rome $2%. Cette Ifle ne fut pas plutôt conquifë, qu'dle ifot a- 
grégée à cdUe de Sardaigne, fous le nom de l\uie & de Pautre Sardaigne , 
avec Titre de Province gouvernée par un même Préteur , ainfi qudl' eft 
rapporté par Sigonius 4c par plufieurs autres Hifloriens. 

Cette lorme de Gouvernement fiib^a jufqu^après 11£mpîre de Cé&r Axh 

fUe, c^eft-À-dire pendant Te^iace <te 2 ;• o ans, aiiqud tems les Iflès de &u> 
^;ne<& de Corlè ay^uit été divifées, «lies fureiit gouvernées fëparément 
par leurs Préteurs particuli^s. Fara dit que celle de Sardaigne en i^t ju^ 
qu^à^, parmi lefquels on compte Valère, Cornélius, Maniais, Odave, 
Fabius , Caton > «c phtfiem^ autres grands perfonnages des phis diftiiï- 
gués. , • 

Les grands impôts dont les Romains aocabloient tous les.jours les Habi- 
tans de Tlile de Sar<laigne, les kritèreot fî fort, qu'ils réfokiiient de ièoouer 
le joug du Gouvernement de Rome. Pour cet effet ils avertirent les Car^ 
thaginois que Cornélius Prêteur <ie Pille étoit abfènt , <& que iés Garnifens 
des Places étoient très Ibibles, & encM'e plus mai disciplinées; a^ontaift 
^ue s^ils leur envoyoient im fecours confîdérable, ils chafièroient les Ro^ 
«nains ) &fe fbumettroient il la République de Cattbage. ; 

Tite-Live aflure ^ue^ cet «vis^caou beaucoiç de joie aux Ourthii^ois; & 

qu'auf- 



ETESFACI^rE 5T DE PORTUGAL; ^t» 

4 

ncMmné le CÊauve , avec une; fsuiflajoite armée^. Cependant k Préteur Ma- ^^^ 
mula étan&pafti.pcEur Rettiie^ fflryfuft|>9s plutôt anivé^ ^u'il vendit compta 
au Sénat de Pétat dah^ lequel ilavoit laiiié Hile^ lui répré&nta que Quin*^ 
tus Mucitts Scdrola i&a Succeflèur éloit tombé malade > &; (|ue pac confô^ 
^ifôot il étoit incapable de foutenir le poids des affaires ; ajoutant que le% 
Troupes qu^il. y avoit laiiTées n'étoient pas capables de défendre la fravinn 



Le Sénat ^eut égjard à ces tépné^ntations; U^ordDnnà ^ Fiilviu9 Ftàvâi^ 
de fafte ailbiibkr ai^ cens chevaux > &; de les faire; 

pafTer eQ toute diligence en&Sairdki^Qe ions le commandement du Général 

Su'il ûpouvetoir à propos K eaattenûtontqi» le Préteur f^t guér* E»vertw 
e ce pouvoir 5; il jetta les yeux liirMsttilius^ Torquatus, à quik^natayoit^ 
décerné deua fpîi le£o]iJSjlae:> :& qui en qi^ia^ilsè 4t Conful<^aivoit conquis? 
l?lile* Pendant que Manlius fe mit en p^arche s Tarmée des Carthaginois? 
qui alloitr au fecours des Sardes fous le commandement d^AfdhibaL fut em^ 

Sortée pai un coup«<^ tempête fiir lea Cotes dp MayQnqn«> oii il ait obligé 
e refier, quelque ttems. 

Manlius arriva en Sardaigne avec Tes Troupes dont lé Séjoat; TàvoM: cfiar^ 
géy &pritlesr^s du Gouvernement de riik; & œmme le iècours (mit: 
avoir amené n^étoit pas^fuffifant pour rétifter k Arfiobora qi)i s'étoit dé<^ét 
contre Rame>. & qui avoit fi^usiè» ordres unei Axmée.de plus de qaarantor 
mille hommes bien arméa^ ilât fortir les Galèreadu Port de CagUariy. &s, 
mit fur pied vingt mille hommes d^fanterie^ & mille deux cens chevauJt. 
de nouvelles troupes., &.alla droit à rénoemi, twdi^ qtl'ArlichoFa aveit 
pénétfiê lufqu^an cœunde^ Tiflepour y recruter fbnAimée) as y faire pro-r 
vifîon d^armesi» ayant laiUjé. pendant fon abienee le commandement de &&: 
troupes à un Jls qu'il aa^dity appelle Hoftis, eii.q\)oi. il copmiit une Êiotev 
irréparable: car comme ç'étoit un jeune homme qui n!avoit aucune rexpé^ 
pience dans Mrt{ Militaire, il livra témérairement bataille aux Romainsi,, 
fîms attendre ion ptxy nlie iëcours qiill a(tendoit de la part des CarduL-^r 
ginois y dans laquelle fon^armée fut entièrem^ent défaite ; le nombre des: 
morts fiitr grand. 5 celm. de prifonniers encore pli^ conudérable y. & lea: 
Soldats qm échapèrent à la iureucdes Romans > voyant que leun CheÊ" 
avoit pris honteufementr la ûiitç^ fe cetirèrentv en une Ville appellée.Cor^ 
au. 

Lorfqtte MmiKu^ eut appris rarrivée dTlfdrabal dans Tille, il fe retpa àtî 
C^gUari,. & Arfichora alla joindreie Généra Carthaginois, aprèaqùoiik: 
allèrent contre les Romains.. Manlins^ qyi avoit* déj9 prisunpofte avanta^ 
jeux, fut au devant d^ux, de forte que les deux Armées fe campèrent vis^ 
;vis l^tmede Tautre,. fans laiirer.b«iucoûpde diftance entre ksdwx Campsy» 
ce qui fit qirils ne Cilrent pas longtems faf»ei}.^vejHF aiix;|Qains.. î^ Com* 
kat dura 4r heures pendant. Idquelks le fuocès des armes fetfort: douteux r: 

nuûs kh &L> laviaoiieL fè dàdara.exiikveun(^JBloniaiqs ;.dou7-e mille Sar^^- 

déas 



2o6 -bE^SCRIPTlON Et DELICES. : 

SjrtiDAi. .des au.Garthâçkiois ^èfh^t«-âfé«^$fr-te^cfeiDÎ^ jd» 

'^^^ pràoiiniers alfe à plus décrois ^iiieVlfes Etçiïd^ enlevés, &;cc 

éu'l! y èûtde j)Ma^|;l0neUJt-ptkttilqs^^^ Tite-Ut^^lcfeft^u'Af' 

ûrubal, Hannon & Magon Càpit&îftes Carthaginois furent pris , & Holfe 
avec plùfieurs Capitaines ïatTde&fiîreïït tués. Arficbora voyant ion armée 
taillée en ^pièces 3 prk la ^fiiiteV&^yant appris la mort :defon fils, ilfetiia 
de'defefpoin ---^ • '-'^ ■ •^''- . '.^ ' • m. .'.••:• ; ; ;.: -. ' . ., _ - ;• 
Manlius ne fut pas Ipngtems fans remporter une autre viâoire; car s^èt 
<âht rendu maître dô la -Viïie de Cornu , o{| les eiinemis: i'étoiait retirés, 
& de quelques • autres VHles^dës ehViiwris^, il ^fit ptifonniers de guerre^ux 
•qui s'étoient enfuis. Pour puair le«{ Habitons de ces JViUes de. kur perfidie, 
il les condamna à une certaine contribution de bled & d'argent felon los 
ibrcfes d'un chacun* ^ ■ :•»»'" ^<' ' , / . . 

Manlius viftorieusJ ïc rendit k Caglivi avdb ifon Armée j où ayant mis 
iès Galères en Mer, 41 a'embarqua^ & ^rit ia route d^ Kome;» »où il arriva, 
après' une heureiifè navigation , diâiîgé' des dépouilles-des ^ennemis. . . ; i « : v 
• .Dès qtfil fut arrivé, il diftribua tout ce qu^il avoit pris :^ux Sardes & aux 
Carthaginois; favoirlà Solde à ceux quiavoient foin duTréfoc^ le bled. 
aux Emles, & lés • Prifonniers à Julien Préteur, Tandis que Manlias. nie- 
ndit Hmal les Sardes & leô Cartnaginois dans Pille de Sardaigne, Titus 
Oétavius Préteur étoit for les Côtes d'Afrique avec une: Flotte de cinquante' 
VaifFeaux ,-^dù il fîifoit uii ravage' épouvantable dans lps:Campagiies qui; 
étoient au bord delà Mer; i&^n s'en retournant, ilrenèootra l'armée 
d'Afdrubal, qtfil attaqua, &aiit en déroute* 

Les Carthaginoiè fè virent dans la néceffité de demander une feconde fois 
la Paix aux Romains,' <p!ïi ne ia- leur accordèrent qu'à des conditions, qiii 
prédifoient la décadence dfc îi^Képublique de Gartln^e,, &.qui anoon-. 
çoientà FUnivéts le^ comble-de grandeur^ auquel celle de Rome! alloit s'ér^ 
fcver. 

' Après la conclufion de la Paix , les Romains craignant que le» Cartliagi- 
fiois abbattusiié repriffênt courage , *& ne fe foulevaSent contre Téxécution 
des Traités, envoyèreiît Tite-Claudfe à Sitribin àla.têtexl'unepuiflante ar- 
mée^ avec ordrie de paffer en Afriqtie, ce qu'il fè niit eu devoir de feire; 
mais' dès le cbhiméncemerit de fà navigation i, il fat accueilli d'une violente 
tempête entre les Ports Corian & Lawrentin y xjui l'entraina fur les Côtes, 
des Populoniens, où il relia juiqu'à ce que la tempête eut ceiTé, après quoi: 
H contmua fa rout^ , côtoya les bords des Ifles d'Elbe & de Corfe, & ar- 
riva au Port de Cagliari, après avoir «ffuyé une feconde bourafque, qui» 
ftialtraita iî fort fes Vaifleaux, qu^il fut obligé de paiFàf rhiver^n Sardai-; 

; Marcus-Fabius-Btfteus fiit envoyé en Sardaigne avec dix Galères ert qiia-rJ 
Eté de Préteur. Le joug des Romains parut fi pefant à la plupart des Pro- 
vinces qu'ils avoîent afliijetties à leur Empire, qu'après avoir gémi longtems^ 
iàns ofer ie d'éclarer, lés Liguriens fe révoltèrent contcei le. S^nat^. lequel 
" '- pré*- 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL. 2&î 

^révcïyant les fuites funeftes que ces foulevemens ne manqueroient pas d'a-SAUDW- 
Toir, fi on n^ remédioic promptement, envoya au plutôt Marcus Pinarius^^^ 
en Sardaigne en qualité de Préteur à la tête de huit mille hommes dMnFan- 
terie & trois cens chevaux; & comme il n'étoit pas poffible de hs tirer de 
Rome^ à caufe de lapefte qui déibloit cette Capitale du Monde, il eut or- 
dre d'aller renforcer fès Troupes, de celles que le Proconful Caius Bavius 
commandoit dans Pife^ pour s'oppofer aux Liguriens^ 

Après une heureufè navigation , Pinarius aborda dans f Ifle de Corfè , où 
ii trouva une viçoureufe réliftance de la part des Habitans : mais à latin, a*> 
près en avoir fait périr deux mille dans divers combats^ il fè rendit maître 
de tous les autres avec lefquels il fit un Traité de Trêve- Vainqueur des Cor- , 
fes, il fe rendit en Sardaigne, où ne trouvant pas les Habitans difoofés aie 
recevoir, il fut obligé de les attaquer à main armée; & les prefla fi fort. 




Sag( 

Caton & Titus Sempronius Grachus , avec 1 200 Fantaflins & 700 Ch#» 
vaux ; 'lelquels étant incorporés avec les autres troupes qui êtoienl déjà 
dans rifle , furent fuffifans pour la foumetcre à robéïffance des Rx>* 
mains. 

Cette conquête fut d^autant plus agréable au Sénat qu'elle coûta fort peu* 
Toutes les Villes s'étant rendues à difcrétion, Grachus en châtia quelques-» 
vnes qui avoient paru plus obflinées dans leur rébel^pn que les autres, & 
reprît le chemin «ce jR^ome , où il entra au milieu des acclamations des Peu- 
ples, environné d'une foule de Captifs, dont le nombre étoit fi grand, que 
comme s'il eât dépeuplé toute THle de Sardaigne, les Sardes furent appel** 
lés par dérifion des hommes efcla ves , Sardi vendes. 
. Voila ce <ïui fe pafla ^ans l'ifle de Sardaigne jufqnes en 340a Voyons 
ce qui s'y pafla jatqu'en 34^61 . Après que Jules Céfar eut triomphé de Pom* 
pée , il rentra dans Rome, où il trouva les troubles inteflins appaifés. Peu 
de tems après y être arrivé, il apprit que Scipion Afranius, Préteur, & le 
Roi Tuba s'étoient foulevés en Afrique contre lui; & que pour mettre une 
grofîe armée fur pied, ils avoient enlevé dç Sardaigne une grande qtiantité 
aarmes, de fer, & d'autres munitions de guerre» 

Cette entréprife étoit d'une trop grande conféquence , pour que Céfar 
ne^mît pas tout en -ufage pour v remédien C^ft pourquoi , il compolà au 
plutôt une puifîante Armée, oc pafla en Afrique , où àpeine fut-il arrivé , 
qiu'il vainquit Scipion & Juba, après quoi il régla les affaires des Etats qui 
lui étoient fournis^ & s'en retourna à Kome chargé dé Lauriers. Se voyant 
maître defpotique dans le Sénat, il envoya Quintus Vilérius en Sardaigne 
ayec une grofle Armée, pour aJOTujettir cette Ifle à fon Empire. Quelque 
difficile que fut cette entréprife, il en vint pourtant à bout fort aifément 
Car dès que le brait s'y Fépandit, que Valérius y devoit arriver, Marcus. 
Cotta Préteur de Tifle fe retira au plus vice à Cagliari^ où ^ fe flactoic d'ê- 
> ToBiE IlL C c tre 



y' 



203 DESCRIPTION ET DELICES 

Saudai- tj.ç piug en fureté; mais il fut trompé dans fon efpérance. Valérins fy at-: 
^^^ taqua brufquement, &le poulTa fi vivement , qu'il Fobligea d'en fortir& 
d'aller chercher une honteufe retraite en Afrique. Céfar, pour reecHnçenfer' 
les fervices que Valérius lui avoit rendus par la conquête de cette lue, IV 
hifla pour Préteur cette année-lk y qui étoit celle de 3913 ; dcforte qu'il fot 
le premier qiH exerça la Charge du PrétOTÎat fous les Empereurs de Rome^ 
Sextus Péducius lui fuccéda Tannée fuivante par ordre du même Céfàr. 

Comme Q. Varron, M. Caton & plufieurs autres du parti de' Pompée % 
feifoient des ravages épouvantables dans la Mer de Sardaigne, Céfar fe vit 
obligé d'y aller en peifonne pour les; en chaffer. Le fuccès répondit à fba 
attente: car les ayant attaqué», il les mit en fuite; &, après les avoir joint 
fiir les Côtes d'Afrique, ûles défit entièrement. Après ià mort, Sextus^ 
Pompée compoiàf une nombreufe Flotte, a^ec laquelle il alla attaquer la;. 
Sicilj^ &la Sardaigne, & les rangea fousià domination, ce qui caufa tia 
mortel déplaifir au nouvel Empereur; mais il fallut qu'il diiTimulàt pour le- 
coup la vivacité de fbn rellèntiment, en attendant une occafion favorable^ 
p0ur le recouvrement de ces deux Ifles, laquelle ne tarda pas longtems à fo- 
préièntet,, & dont il profita^fbrt à propos; mais il ne les polTéda pas kMig- 
tems; car Mena, g^:andami de Pompée, ayant attaqué MarcusLucius qui 
gouvernoit la Sardaigne , le défit, & fe rendit maître deTllle, plutôt par 
la connivence des Habitans qui n^aimoient pas la domination de l'Empereur^ 
que par la force des armes; 

Après cette conqjiqfe. Mena refta en Sarcfeigne potrr Préteur au^ nom de^ 
Pompée, & gouverna YUkt avec H pen de ménagement, qu'il ne ie faifoit 
aucun fcmpiUe de mettre ks mains fur les ventes pubUtjuèsj^ ni de permet-^ 
tre de tranfporter les bleds du païs dans les Etats £>umis à Augufle; ce qui^ 
donna lieu à fes ennemis de publier hautement, qu'il avoh des intêlligencei^ 
fecretes avec cet Empereur ; ce qui ayant été rapporté à Pompée , il lui or* 
donna de rendre compte de ia conduite, dequoitl fut fi fenfiblement touché 
qu'après avoir 6ué celui qui lui porta cet ordre > il remit h Sardaigne à Aur 
gufte. - 

La Sardai^e fë iëntit vivement de la ftérilîté. qui reghadans toute l'Italie 
vers l'an 4cx?4. ; car comme les Romains n'étoient pas en état de la défen- 
dre, elle fe vit ea proie aux fréquentes incurfîons des Corfaires d'Afrique,, 
qui portèrent le fer & le feu pat tout , maffacrant les Préteurs, pillant les: 
Villes, & enlevMit le», bleds pour les porter dans leur païs : deforte; queie- 
Sénat ne pouvant pas y envoyer des Préteurs, la Prétorie fut vacante péi*^- 




d'impôts,, de cruautés & d'injufldces.par Vi/panius Lanete, qtii du tems du» 
Confulat de Ludus Volufius & de Publius Celer ^ en- étoit Gouverneur ; ce 
qui détermina le- Séna;t à le châtier févèrement,, & à le priver du Gouver-^ 

^me0C 
Apre» la morjt de Néron, Othon fut nommé Empereur par la.Milice^ 



D^ESPAGNE ET DE PORTUG.AL 205 

itomaiiie^ & Vkeïlîus parcelle cTAUemagne ; delbrte qu'on vit dans TEm- SARD\t- 
pire des fkâions qui en tTOubl^ènt la tranquilité^ parle partage Qui fut fait gne. 
entre les deux Concurrens, des Provinces qui le compofoient. Les trou*^ 
blés de TEmpire ayant été appaifès, la Sardaigne fe vit tranquille 3 Se fut 
toujours fottiqiiè attKc:£mpereurS) (ans qfÊC'û y eût de changement dans la 
forme de fon Gouvernement. 

Les choks changèrent preft|ue entièrement de face ibus les Empereurs 
Diodétien^ Maximien ^ Cooitantin» Sévère ^ Xlaxence^ LuciniuS) & le 
Grand Gonlèantin. 

Sous rËmpîre de Dijoclétien^ Flavien Préfet de Sardaime & Miniftrc 
fidèle des cruels ordrejS de cel Empereur ^ (ignala fon zèle Œins la perféci^ 
tioQ xjueces pauvres Infulaires fbunrirent. Plulîeurs d^eux furent les viâi^^ 
mes dç fa fureur &; de fa cruauté. Gélafe^ ayant fuccédé à Flavien en 304. ^ 
iit paroître encore i^us de cruauté que lui envers les Chrétiens de Sardaigne. 
Le premier qu'il kimola à fon inhumanité flit Saint Luxofius, lequel fut 
iimrtiriré, fekxn quelques Hiftoriens^ dans un endroit près de Cagliari, ap« 
pelle Fratéria , & fèlon quelques autres ) dans Fordongiano Village du Com.-' 
té de Séduli en la Province d'Arboréa. 

Cette Perfécution dura juiques k r£mpire<Iu Grand Conflâiitin) lequel 
-ajM^ès avoir reçu te Batême , envoya en Sar<laigne des Préfets Chrétiens 
cui rétablirent la paix de TEglife dans TllIe : & c'eft ici que la forme de foû 
^uvernement va changer de face. Pendant quelque tems ^ les Préfets 
furent amovibles de la même manière que leurs Prédécefleurs Ta voient été; 
«aaîs dans la fuite ils devinrent pvu à peu perpétuels y fe fuccédant les 
uns aux autres de père en fils, comme fi la Préfeâure eut été hérédi^ 
taire dans leurs familles î defbrte qu'ails devinrent Souverains de riile , 
avec une efpèce de fubordination à TEmpire Romain. Cependant ils 
changèrent les noms de Préfets > ^u de Préfidens en ceux déjuges^ ou 
petits Rois. 

Quelques Hiftoriens prétendent que le changement qui s'introduifit dans 
la forme du Gouvernement , n^arrriva que du tems que les Pilàns avoient 
acquis quelque domination fbrPlfle de Sardaigne 5 lefquels^ feloneux, la 
diviferent en quatre Provinces; mais ils fe trompent 5 comme il paroît par 
les Regitres anciens du Royaume ^ & par l'autorité de plufieurs célèbres . 
Hifloriens, q\ii afTurent tmanimement> que non feulement lesPifans ne do* 
minèrent dans cette Mb que fert longtems après TétablifTelnent des Juges^ 
tnais que même 5 jamais ils ne furent maîtres que de Cagliari & de fon Ten^ 
titoire; delbtte qu^il leur étoit abfolum«nt impoffible de pouvoir divifer le 
Royaume en quatre parties. 

Quoiqu'il en fbit, il eft confiant qu^après que la Sardaigne eut éprouvé 
ies phis cruelles difgraces fous la domination des Romains , Tlfle fut divifée 
en quatre Provincesr, auxquelles on donna le titre de Royaumes ou de Ju- 
dicadosj c'efl>-à-dire 5 de Judicatures» Ceux qui les gouvernoient s'^appel^ 
loîent tantôt Rois & tantôt Juges, ainS qu^il ^ prouvé p9r k Charte dé 

Ce 2 Logu, 



iî4 DESCRIPTION ET DELICES^ 

Sardai- Logu 5 & par la Glofé de la même Charte faite par le Doâeur JérorôOfii- 
cwiî. ves. Le premier de. ces Royaumes , ou Judicados y étoit celui de Torrer^ 
ou de Loçudore^de Saflari, lequel eft prêlque auffigrandque les trois autres* 
Le fécond eil celui d'Arhoréa, qu'on connoît à.préfentibus lenomdeMar:* 
qiiifat d?Oriilan. Le troiiième «ft celui de Cagliari^ &.le quatrième celui 
aeGallure. 

Comme les Sardes ont eu foin de recueillir les Mànoices qui peuvent con- 
tribuer à réclaircifTemeat.de leur Hiftoire, Téipoque de la divifion delà Sar* 
daigne en quatre Royaumes , ou Jurididions refte très incertaine. Mais 
ce qu'il y a de très pofîtifj fclon les anciens Codagues, eft quelongtemsa- 
vaat Fan i q i j qui fut le tems auquel les Pifeûs^ attaquèrent k Sardaigne , ik 
y avoit des Rois^ puifque Pan locxa André Tança gouvemoit en. cette qua- 
lité un des quatre Royaumes^ Qn fait encore que peu de tems après que les 
Romains abandonnèrent le Gouvernement de rifle à. la dùTcrétion des, Pré- 
teurs 9 fans leur faire rendre compte de leur conduite ^ un nommé Comida 
fut Roi des Provinces de Torres & d' Arhoréa,, qu'il fonda PEglife Métro- 
politaine de T^res en 5 1 7 3 & qu'il eut de longijes Guerces à fbutenir con- 
tre le Roi deMJIlura. 

Il$'arit dSlmtenant de faire voir fur quels Pais & fur quelIes^ Vifies s'éten* * 
doit la domination de chaque Roi. Celui de Torres pofTédoit tout. le: Païa 
oui efl fitué au Midi^ au Ponant &. à la Tramontane 3 & les Villes de Saf- 
torij de Bofa^ d'Algérie •& de Caftel Arragones , avec toutes leurs Baro- 
nies & Juridictions 3 qui s'étendent jufiju'àLufurgiu^ Gociano3 Curadoria, 
Dore 3 Nuéro3 Orani3 Biti3 & partie de la Ville de Mamoyada^ Celui 
d'^Arboréa.nç ppfFédoit au commencement que les Campagnes d'Oriftan3& 
. lesJ,uridiftions de Mandralufày 3 de Belvy 3 d'Arizzo & une partie de cellça 
* d'Ocier-Réal & de Siui;gus3 s'étendant jufqu'à celuLde Cagliari.du côté du 
Levant.. Mais dans la fuite 3 il fe rendit maître d'une bonne partie des au^ 
très Royaumes. 

Le Roi de Cariiari ayoit fous fa domination tout cet efpace de Païs quT 
s'étend depuis le Roya^ime d'ArJboréa3, jufqu'an Cap^ de Sarrabns, lequel 
comprenoit les Villes de CagUari 3 de Pajmas 3 de Villa, de Igléfias 3 de 
Saint Gavin> de Mont-RéaU avec lesi Baronies de Pacte-Montisv & da 
Parte-Obfédo. Celui de Gallura dominoit fur tout un Païs qu'on appelr 
le Encontrada3 ou Baroijie de Gallura &ç, de Geminis 3 laquelle a plut 
de fo lieues de tour> fiir celle de Pofada3 d'Ocfey3 & fur la Juridiétioa 
d'Ollaflre.. 

Ces Rois die Sapdaigne furent nommés pendant longtems par ks Emper 
lueurs de Rome ; mais il furvint tant d'embarras dans rEmpire3 que le Sér 
nafc accablé fqus le poids des affaires > négligea d'envoyer d^ Juges dans les 
Provinces 3. ce qui caufpitdes defordres fiigrands^ que les Prélats & les Nof 
blés de. Sardaigne fe virent contraints de s'afTembler pour, en nommer 3 cû 
attendait que les troubles de l'Empire fuffent appaifés. . Mais voyant que 

Itiealpixi.qiie l$s iSm^s rpprjùûfentleur Htuation. naturelle 3 elles allolentid^ 

mat 



D'ESPAGN-E ET DE PORTUGAL. 2C^ 

«•îen pis, & que des Rois étrangers ufnrpoient la domination desPaisquiSAkoar- 
ae leur appartenoit pas, comme Odoacre Roi des Hercules qui avoit en*-^^*^' 
valii r£mpire,^ & pris la qualité de Roi d^Ieaiie, toœ les Pt^élats & les Nœ 
blés de la Province Turritaine sWernblèrent de nouveau , &; d'un com- 
mun conièntement ils élurent un Seigneur de la Province d'une naiflan^ 
ce dîftinguée , d'une* valeur éprouvée , & d?tine probité reconnue , ap- 
pelle Comida, auquel ils déférèrent la PuiiTance fuprême dans tout^ la Pro'- 
vince;. 

Les Peuple? d& la Province d'Arboréa voyant combien k^ Turritaîns é^ 
tolent Gontens du Gouvernement de Comida, l'élurent aulTr pour leur Roi; 
deforte que dès lors il^prit la qualité de Roi^ ou Juge des deux Provincesl 
Peu de tems aprè». les Habitans de la Province de CSllura foivirent Pexem- 
pie de ceux de Torre» & d'Arboréa , comme il paroît par les Aéles de FE- 
glife de Saint Gavin (fe Toires. Comme le». Romains confervoient en- 
core quelque elpèce d'autorité fur les Sardes , ces Peuples doniïèrent a* 
vis au Sénat de. Téledion qu'ils venoient de faire de Comida. Après la 
mort de Comida y les Prélats & les Nobles de la Province Turritaine 
élurent Dor^oida foa fils^ £ins faire part au Sénat de R^j^ de fbn élec- 
tion; ce qui prouve que pouf locs la^Sardaigne ne craignoicpus Fautorité 
Komaine. 

François Vico croit .que le recouvrement de la liberté de Plfle db Sardai- 
gne venoit de Tufurpation que des Princes avoient fait de la Capitale dé l'Em-^ 
pire 9 auxquels ils ne voulurent pas obéïp à Timitation dô quelques autres 
Provinces >. qui les regardant comme des Ufurpateur^, leur refufèrent To- 
b^jflancey ce que ce^Uiurpateurs diffimuloientr pour conferver .plus tran- 
quillement ce Qu'ils poffédoient tyranniquement ; craignant que s'ils entre^ 
prenoient de faire valoir leur domination fur ces Provinces > ils ne les for^ 
çaflent à prendre les armes contre eux. £n effet j en remarque dans l'HiA 
toirc, qu'après aie Théodoric Roi des Ofirogodbs eut détrôné Odoacre.y 
Se qu'il l'eut ch^é d'Italie ^ il fit la paix avee toutes ks Provinces qui avoienC 
fècoué le joug de l?£mpire Romain y aiin de ne fè pas attirer fup les bras des 
ennemis de tant de côtés». 

Quoiqu'il en foit, par tous les momimens^qui reftent de TAntiquité dan» 
les Archives de Sardaigne y on voit que trente-liuit ans avant la mors 
de Comida y les Juges de cette Ifle avoient une autorité fouveraine & 
indépendante de toute autre autorité , & qu'ils prenoient le Titre de 
Roi. Mais c'eft affez parler là-delTus y, reprenons le fil de notre HifV 
toire; 

Tandi« que PEmpirc Romaîiï^fe voyoir livré en* proie à là fureur des E^- 
ttangersj- & que la plus grande partie des Provinces qui le compofoient ^ ne 
peconnoifToient plus fon autorité , celle de Sardaigne goôtoit la douceup 
du Gouveriiement de fes Jiiges^ Connariiis fiir-tout> Juge de la Province 
Turritaine, avoit tant d'amour pour les Sujets , qu'ils le. regardoientpIutôP- 
eomme leur^ Père ^ que comme leur Souverain. 

Ce 3, Wxà- 



:«>5 DESCRIPTION ET- DELICES 

Sardai- Hufléric ou HuinJérk ayant fuccedé à Genféricfon père^ eiit beaucoup 

GHE^ «î'^égards pour les Catholiques au commencement de ion Empire 5 leur accor^ 

idant la liberté d^élire des Evoques; mais daos la fuke^ il les perfécuta dans 

ia vuç ^ conferver la fuccelTion de rEmpke k fes eûÉuw^ m préjudice de 

ies frèjres &c de leurs defcendans. 

Eo 4^8 TEmpereuf Léon envoyai MarceHiçn avec une puiflaate Armée 
coptrç cette Jfle^ ?ifin de Parracher des mains des Vaadales, qui^^enétoient 
rendus maîtïes dès Tannée ^$i^ Marcellien ayant chafTé les Vandales de 
ia Sardaignc:, FEmperew Léon chargea Bafilifcus, frère de Plmpàatrice 
.Vérine^ du foin d'achever de détruire les Vandales, tant en Afrique que 
par-^ttMit ailleurs; ce qui allarma fi fort le Roi Genfëric, ou'il demanda 
une fufpenQon d'Ames > à la faveur de laquelle il tâcha de corrompre 
Baiîlifcus par argent , en quoi il n'^eiït pas beaucoup de peine ; deforte 
^e TArmée de l'Empereur & celle des Vandales s^étant rencontrées, 
Êafiliiçus prit honteufement la fuite ^ quoiqu^il fiit fupérieur eo forces aus 
ennemis de TEmpire^ & abandonna la viâoire à Genféric. 

Malgré cette perfidie, PEmpereur Léon fe maintint en poffeffion de laSar»- 
daigne, laquelle demeura fous la domination de TEmpire jufqu'en 5* J 2 5 que 
Totila BLoi des Goths s'en rendit maître, auifi bien que de Tlfle de Corfe; 
ce qui obligea Jean Gouverneur d'Afrique pour lïlmpcreur Juftinien d'aller 
en Sardine avec une Armée très nombreufe^ pour l'arracher des mains 
des Goths; mais ayant débarqué à Cagliari, il trouva une fi vigourei^ ré^ 
liftaace de la part de ces Barbares, que bien loîo de les pouvoir alTieger dans 
la Place il fe vit attaqué dans fon Camp , &; contraint de fe rembarquer au 
plus vite & de repafler en Afrique avec les débris de fon Armée, où il lii^* 
na en attendant d'aller attaquer de nouveau la Sardaigne & Flile de Corfe 
au Printems prochain* 

Juftinien ayant nommé pour fon Général en Italie TEunuque Narfès, 
& lui ayant donné une fomme coafîdérable d'argent pour lever des Trou- 
pes, les Sardes apprirent avec une joie extrême que ce vaillant homme étoit 
paflé en Italie »veç y 000 Lombards, & 3000 fîuns; deforte que jugeant 
que par fon moyen ils pourroient fe délivrer de la tyrannie des Goths, ils 
lui écrivirent de venir au plutôt à leur fecours, & en même tems ils fe fbu- 
levèreat contre ces Barbares. Totila ayant ^u que Narlès étoii arrivé à Ra^ 
venne , alla au-devant de lui ; mais à peine en furent-ils venus aux mains^ 
que fon Armée commença à plier-, & peu de tems après elle fut entière- 
roentdéfatte. 

Totila étant mort les Goths élurent en là place Teyas, homme d'une 
valeur extraordinaire , lequel après avoir refait foû Armée par le moyen des 
Tréfors que fon Prédécelîeur avoit laiflés dans Payîe, fe mit en campagne 
à la rencontre de Narfès; mais aulTi malheureux que Totila, il perdit la vie 
& la bataille près du Mont Véfuve; ce qui abattit tellement le coiu^e des 
Goths, qu^ils demandèrent permiffion à Nari^ de fortir librement de Flta- 
iie avec leurs biens , ce qui leur Sxt accordé fur le champ ; tellement quo 

toute 



- D^ESPAGNE ET DE PORT UGAL. i&r 

coûte ritalie 3^ les Ifles de Sicile 3^ de Sflrdaigne & de Corfe rentrèrent fous Sardae- 
robéïflance de TEmpire en J)-^. • ^ ^ne* 

La forme de Tàncien Gouvernement de Sardaigne fut entièrement cfian- 




lapport à celui dt Viceroi. Un nommé Tiiéodore ne fut pas plutôt inftal^ 
1^5 qu'il fit fèntit aux Sardes tout le poids de fes injullices^, (te Ton avarice 
& de fa cniauté. 

Les Ducs qui fiiccédèrent k Théodore furent plus attentifs à leur (fevpir> 
& les Peuples moins foulés. Mais d'un autre côté, ils furent extrêmement 
maltraités par une Peuplade- d'Africains , dont il eft important que Ton feC- 
fc mention. Dans une Contrée d'Afrique, à deux journées de Carthage^ 
en voit une Montagne appellée le Mont-Aurace, que Procopeaffure être- 
la plus grande qu'il y ait au Monde- Elle a 3,0 lieues de tour. Au fommetr 
de cette Montagne , qui eft large & pkki , vivoit un nombre confîdéra- 
ble de ces anciens Jébuféens ou Fhiliftins, lesquels pour éviter la fureur de 
Jofué, lorlqu'il alla à la conquête de la Palefîine fè retirèrent premièrement 
en Egypte, & enfuitc pallèrent en Afrique, où il occupèrent ce vafte Paï* 
qu'on appelle à préfent Mauritanie Tingitane , & prirent le nom d'Aara- 
dens. 

Bélifaice ayant vaincu les Vandales ,, & s'étant rendu maître aWbRi^ ^ 
l'Afrique, les. Auiaeiens lui promirent foi & honmiage; mais quelque tem* 
après venant à fe repentir de reconnoître l'autorité œ l'Empire , ils fe fou-^ 
levèrent contre Bélifaire^ lequel étant prêt à partir pour Conftantinople,, 
chargé des dépouilles des ennemis qu'il, a voit vaincus laifTa ea fà place un 
célèbre Capitaine appelle Salomon, avec ordre d'attaquer les Auraciens» 
oc de les pourfuivte jufou'a ce qu'il les eût exterminée 

Salomoa fe mit en devoir d'exécuter les ordres qu'il avoit reçus de BéBk 
feire, & pouffa ces Barbares^ avec tant de vigueur, qu'il les obligea de s'en- 
fuir en Sardaigne avec leurs femmes & leur enfans , où ils arrivèrent (Si cô* 
té de CagMarijt^ vis-à-vis de certaines Montagnes qulfervoient de retraite à 
certains Peuples qu'on appelloit Barbares. Au commencement ils vivoient 
de ce qu'ils pouvoient voler fécrétemcnt ; mais dans la fuite, ils multiplié* 
cent de telle manière, qu'ils étoient plus de trois mille. Dès qu'ils fe virent: 
en fi grand nombre, ils commencèrent k fkire la guerre aux Villes &:,aux: 
Villages du voifinage , & à piller ouvertement les campagnes.. 

Les Habitons du Païs fe voyant harcelés chaque jour par ces Brigand,, 
fe mirent en devoir de leur donner la chalTe , mais ils n'en purent jamais ve- 
nir à bout : fi bien, que detleux maux évitant le pire, ils crurent qu'ii va- 
toit mieux feire la paix avec eux , que de continuer la guerre , ce qui fut 
exécuté,. Comme les Grecs & les Romains appeWoient Barbares toué ceux 
qui n'étoient pas de leur Nation ^ lès'Habitans de la Sardaigne étoiént ré- 
putés Barbares par rapportaux Habitansde Rome; dêforte5, ditProcope> 

que 



V 



1 



2o3 DESCRIPTION £T DELICES 

•Sardai- que les Auraciens vivait dans le voilîna^e des Barbares de Sardaigne^ ils 
^^^ lurent appelles Barbariciens , comme qui diroit vôifins de Barbares, 

Comme .cette Nation alloit toujours en augmentant, & qu^avec eux fè 
înultipliaient les vols, les meurtres, Jes brigandages^ l'Empereur Juftinien 
tlonna ordre à Archélaus Préfet d'Afrique d'envoyer un Capitaine en Sar* 
daigne avec des Troupes pour s'oppofer aux incurfîons de ces Idolâtres, 
& pour;les obliger à abandonner le païs^ fuppofé qu'il^ne vouluffent pas 
embrafler la Religion Chrétienne, Les Barbaricicns voyant qu'on les pref^ 
foit de fi près , renoncèrent à leurs fuperilitions & fè firent baptifèn 

Ainfi TEmpire pofleda toute la Sardaigne tranquillement julqu^en çç6^ 
que les Lombards .s'en rendirent les Maîtres, &la poffédèrent, jufquesea 
77+ 9"^ CliarJema^ne éteignit ieiu: Empire, & donna la Souveraineté de 
la bardaigne au Saint Siège. 

Cependant les Maures inconfolables d'avoir perdu la Sardaigne, réfblurent 
de la recouvrer à quelque prix que ce fut. Pour cet effet ils mirent fur pied 
«ne groiTe armée compofée de Télite des Troupes qu'ils avoient en Afnque 
& en Eipagne , & commencèrent à faire des dégâts épouvantables fur ces 
Côtes, LePape^ qui en étoit en poûefllon , fe voyant dans l'impuiflance 
de la défendre, ^ut recours au Roi de Erancepour implorer ia Protection. 
Ce Monarque n'eut pas plutôt appris le danger, où étoit le Souverain Pon- 
tife, qu'il envoya des Troupes au fecours^des Sardes, lefquelles arrivèrent fi 
à propos, que dès qu'elles furent jointes avec celles du païs , elles s'oppofè- 
cent aux Infidèles avec tant de valeur qu'elles çn tuèrent plus de 4>oo, &o- 
bligèrent les autres à fe rembarquer au plus ^ite* 

Les Maures ne perdirent pas courage. Ayant armé fècrétement une Flot- 
te nombreufè, ils iîirprirent les Habitans de l'Ifle, & fans leur donner le 
temsdefereconnoître, ils les chargèrent fi viveftient, qu'ils remplirent le 
champ de bataille de iports, après quoi ii leur fut aifè de porter le fer & le feu 
dans le cœur du païs, où ils commirent toutes fortes d'excès & de cruautés. 
En ^ n 3 -^^^ Infidèles fe voy^t Supérieurs en Sicile & en Italie, réfolurent 
de s'aller venger de quelques pertes qu'ils avoient faites en Sardaigne. Après 
s'être rendus maîtres 4des parties maritimes de l'Ifle , ils portèrent la défola- 
tion dans toutes les auti'es,& y firent un «butin conlîdérable. Après tant d'af^ 
làuts,Ja Sardaigne commença à jouir de quelque tranquilité , pendant laquel- 
le les Habitans travaillèrent à rétablir la forme de leur ancien Gouvernement, 

Le Clergé & la NoblefTe de la Juridiftion deLogudoro s'étant affemblés, 
durent pour leur Juge un Seigneur d'un rare mérite , appelle André Tan- 
ça, lequel défendoitfes Sujets ave^ toute la valeiirpoUiole, mais comme 
ibs foKces n'étaient pas capables de réfifter à celles des Maures, il lui futim- 
poflible de les empêcher de fe rendre maîtres de Cagîiari. 

Le Pape Benoit VIII anima les Pifans à chaifer les Maures de la Sardai* 
gne. Dans cette vue il leur envoya le Cardinal d'Oftie en qualité de Légat, 
avec pouvoir de leur donner l'inveftiture de Tlfle fous la réfervation du Su- 
prême Domaine; & pour iureté de JapromefFe qu'il leur faifôit^ il leur en- 
voya 



B^ESPAGN-E ET I>E PORTUXîAL. laep 

iroya un Etendart avec une Croix d'Argent en champ de gueules , qui dans Sardait 
h, Mte devint les Armes <le Sardaîgne 5 à laquelle on a ajouté depuis quatre ^^e. 
têtes de Maures. Les vœux du Pape furent exaucés, car les Pifans ayant 
-Joint leurs forces avec celles de Sarws, les Maures furent chaffés de PIfle. 

En îoiJfj Muiate Roi des Maures mit fur pied' une Armée formidable, a*- 
•^ec laqfuelle il alla attaquer le Cap de Cagliari ; & quoique les Pilans & les 
Sardes Ment tous leurs efforts pour le défendre, il s^en rendit maître, & 
tfit ièntir aux Sardes tous lea effets de fa cruauté. Les Pifans & les Génois 
-défqlés par les ravages jque.failbit Muiate dans leurs Etats, unirent leurs 
forces pour le chafTer de Cagliari. Cette entréprife leur réuffit. Muiate fut 
pris & conduit àGenes,& enfiiite en ÂHemagne^pourêtrepréièntéà TEm- 
pereur. 

Lorfque les Maures ne ie trouvèrent plus en état de troubler Tlfle, hs 
Juges en -reprirent le gouv^nement , & entretinrent une exaéle corref- 
-pondance avec les autres Souverains, ce qui procuroit aux habitans les a- 
vantages d'un floriffant commerce, & attiroit dans leurs Ports quantité d'E- 
trangers , parmi leiquels on y vit arriver une fille du Roi de Navarre , ac- 
comparée d'irae fuite, qui fit comprendre aux Sardes qu'elle étoit lane 
Princelie , deibrte qu'ils la reçurent avec toutes les marques de reipeél qui 
xronvenoît à fen rang. Cependant ils ne purent pâmais comprendre quel 
-defTein elle pouvoit avoir çu pour abandonner le Palais de fonPère^ n'étant 
^uère naturel qu'une fille de Roi s'expoië à de fi longs & fi pénibles 
Voyages. Mais à la iin , elle les tira d'embarras , toriqu'elle jetta les fon- 
demens d'une Eçlifè qu'elle dédia à Notre-Dame , laquelle ne fut pas 
plutôt achevée deMtir, qu'elle, iè retira avec toute fa fiiite dans la Contrée 
de Sarrabus^ en un endroit défert, & dépeuplé, pour y vivre dans la So^ 
litude. 

Quoique les Juges relevafTent du St. Siège, les affaires de cette Ifle fc 
tarouvèrent ïi négligées par les Soxiverains Pontifes , que Grégoire VII 
((e recriant fur cette négligence de la part de fes PrédéccfTeurs dit qu'ils 
ne iè ibuvenoient pas plus de cette Ifle , que fî elle eût été au bout 
<Ju Monde. Cela efl fî vrai , que Benoît VIII envoyant à Henri II Em- 
pereur d'AUemague , la Confirmation du Patrimoine de l'Eglife , on in- 
féra dans l'Aâe toutes les Provinces qui en dépendent, à la réièrvede 
la Sardaigne, dont il ne fut pas plus fait mention, que fî elle n'eût ja- 
mais été. • 

' Néanmoins comme le Saint Siège n'avoît point renoncé au Droit de Su- 
ferain, qui lui appartenoit fur la Sardaigne, plufieurs en demandoient l'iif- 
veiHture aux Papes ; mais Grégoire Vil ïjui tut afTis for la Ciiaire de Saint 
Pierre en 1073 , aima mieux laifTer la Domination de ce païs-là aux Sardes, 
que de l'accorder aux Romains ni aux Lombards. 

Ce fut en ce tems-là,que les Piiàns ayant eu quelque démêlé avec Matiaft, 
Juge de C^liari, lui enlevèrent ià Judfcature, ce qui l'obligea d'avoir re- 
cours aux Génois pour fe faire rétaoUr, Il ne jpouvoit jamais prendre un 
' . Tome IIL ' . Dd meil- 



zio . DESCRIPTION ET DELICES 

Sardai- mcillèar parti que d'implorer kur proteftioh} car comme lesPifaris v«noteiit 
c^iE. de leur enlever la partie de TljQe de Corfe qu'ils poirédoient5 ils ne cher- 
choient rien tant que Toccafion de faire éclater leur vengeanco: tellement 
au'ayint embraffé la defenfe de Marian> ils le rétablirent dans fa Dignité, 
-dont il fut fi reconnoiflknt, . qu'il leuf rendit: foi.&iioinma^è 5 & s'engagea 
de leur donner une livre d'or nous les ans de redevance- Marian étant mort 
quelques années après , Marian II du nom fon fils lui fiiccéda ; mais il nere- 

fna pas longtems. Conftantin Lacon fon i&ls occupa fk place après fit mort; 
c ce fut pour lors que la Judicature devint entièrement fuccenive, & que 
les Juges prirent la qualité de Rois. 

Ces brouilleries allodenç toujours en augmentant, & devenoient funeftes 
de jour en jour aux Sardes , par l'envie que les uns & les autres avoient 
d'en fiiire les viétimés de leur vengeance : car les Génois ne fe contentant 
Ms des Places qu'ils poffédoient dans l'iile , entréprirent de conquérir là 
Province de Gallura, fous prétexte que les Pifans s'en étoient rendus maî- 
tres quelque tems auparavant. Dans cette vue ils y envoyèrent feize Galè- 
nes bien armées en in 9, avec lefquelles non feulement ils firent prifon^ 
niers de guerre toutes les Troupes que les Pifans y avoient 5 mais même ils 
pillèrent toute rifle. 

Les maux que caufoient les diffeniîons qui regnoient entre les Génois & 
les Pifans portèrent le Pape Calixte Second à cheçplier les moyens de les ap* 
mifèr dans un voyage qu'il fit à Pife , en s'en retournant de Pannonie k 
^ome; mais il trouva les efprits des Pifsuis teDeraent aigris, &fidifpofésà* 
ia guerre contre les^ Génois , qu'il jugea à propos de remettre cette négo* 
dation à une autre occafion plus favorable. Cependant, il fut pénétré d'u- 
ne fi vive reconnoilTance de l'accueil que ces Républicains lui firent , qu'il 
leur accorda une ample confirmation de tous les droits qu'ils prétendoient 
«avoir fur les Ifles dé Corfc & de Sardaigne. 

Cette démarche du Pape irrita fi fort les Génois , qu'ils réfolurentde rei^ 
dre inutile fa confirmation; &, afin de terminer leurs querelles tout d'uû 
:coup, ils mirent en Mer 60 Galères & plufieurs VaifTeaux , avec 2:ocxd 
Soldats. Un fi gros armement infpira tant de terreur aux Pifans, qu'ils de- 
mandèrent la Paix avec les dernières infiances, laquelle leur fut accordée, 
à condition qu'ils renonceroicnt pour toujours au droit qu'ils prétendoient 
•avoir fur rifle de Corfe. 

Comme les Pifans ne s'étoient accommodés avec les Génois que dans :1e 
^effein de leur faire mettre bas les atmçs , jufqû'à ce qu'ils fuflent en état de 
rénouveller leurs anciennes querelles , il ne faut pas s'étonner fi peu detemls 
laprès ils cherchèrent des prétextes pour rompre la Paix, en exigeant que 
4es Evêques de Corle ^'allafTent faire facrer à Pife, furquoi le Pape Calixte 
convoqua le Concile de Latran, oùilfut décidé, que pour mettre ces deux 
Jl^ubliques d'accord, ie Sacre fe feroit à Rome , & non à Pife, ni à 

Gènes, 
On ejfttreprit dans le même Concile de terminer tous les autres différends 

qui 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL. 211 

oui étoient entre les Génois & les Pîfens ; mais il n'y eut pas moyen. Les Sa^oai* 
Génois étoient fi irrités jcontre Jei Pifans , que bien loin d'écouter au- ^^^- 
cune Toie d^acçommodèment^ ils. mirent en mer fix^Galères pour côto* 
yer les Ifles de Corfe & de Sardaigne, & prirent plufîeurs Navires qui 
alloient de Sardaigne à Pi& richement chargés. Eniiiite ^ ils leur enle- 
vèrent le Gdteau Saint Ange » qu'ils pofledoient encore dans Tlile de 

Corfe. . > 

Les Pians ne pouvant pas tenu*, contre un torrent ii rapide, firent de 
néceiTité vertu pendant Je refte de cette année; mais Tannée fui vante ils fi- 
rent un armement confidérable, & fondirent' liu^ Tlfle de Corfe, où non feu- 
lement ils reprirent le Château Saint Ange , mais même la meilleure partie» 
de rifk; ce qui krita .fi fort les Génois, qu'ils réfolurent de s'en venger à» 
quelque prix que ce fût ; & ne trouvant pis de moyen plus propre pour af^ ^ 
fouvir pleinement leur vengeance, que d'aller attaouer les Pifàns dans leur; 
propre païs, ils reinpllrent les Côtes de Pife de Vaiflbaux & de Galères qui 
y firent un ravage épouvantable, & en même tems ils recouvrèrent le Châ- 
teau Saint Ai^. 

. Vers Tan 1 130 Gennavius^ ou Gonnavius, fils deConfhntindeLacon, 
ayant fuccédé à fon Père en la Judicature de Torres , n'ayant encore que 
ibpt ans, fe vit cruellement pourfuivi^par les Seignçurs d'Arien & d'Arca- 
do , puiilans dans i'ifle , & ennemis irréconciliablQs de ion défunt père : & 
comme fi la haine qu'ils avoient pour lui eût été héréditaire, & qu'elle eût 
dû pafTer du père au. fils , ils réfolurent de faire périr cet innocent , & 
l'auroieiit fait indubitablement, fi un de fes amis, appelle Itocar Gambel- 
k, ne l'eût averti de la con^iration (|Ui avolt été formée contre lui, & 
ne l'eût envoyé fecrétement àPifè, pour le mettre fous la proteâion des 
Pifàns, avec tefquels fbnpère a voit tou^ts entretenu une parfaite corref- 
pondance. ; • 

A fon arrivée toute la Réqublique âi^uta à Tenvi à qui lui feroit plus 
d'accueil. Un des plus puifEms de l!£tat, nommé Ebriando , & diflin|eua 
en le i»*^ant chez lui, où il eut foin de fon éducation jûfqu^à l'âge de oix- 
huit ans, après quoi avec le çonfenteraent àa Sénat il le maria avec une de 
fes filles, & le conduifît à Torres for pneEfcadre de Galères que la Répu- 
blique fournit, & le mit eh pofTefTion de ia Dignité. 

Comme le jeune Prince prévoydit bira que tandis que les Arzens & les 
An»dos Croient en état de lui nuire', il ne fèroit jamais tranquille dans fon 
petit Royaume, il leur fit couper la tête; &) pour reccwnpetifèr le fervice 
iîgnalé qu'Itocar Gambëlla lui avoit rendu^èfi nietcant fa vie lén fureté , il lui 
donna le Fief de la Contrée de Romangîa, qui depuis ce tems-là a toujours 
demeuré dans la famille de Gambëlla, avec d'^^utres grands Privilèges que 
les Rois d'f^gne lui ont accordés. 

Pour mieux afTurer fa deflinée , il fit conflrtiite le Château de Gociano y 
qui efl le plus fort de toute la Sardaigne , & qui dans la fuite devint 
te premier Comté de J'ifle; ^& a^rès aîTOir gouverne quelques années 

Dd 2 iès 



«iVWVWPVtPVpnilVHHW 



2t2 DESCRIPTION ET DELICES" 

Sa»dai- fes Etats avec beaucoup de figeffe, îl fe démit ipendànt fa. vie 5 en fzv&ir 
^^^•- de Barilbnius fon iils aîné 3^ de la Judicature cfe Torres.^ & partagea le.» 
refte de fon patrimoine entre Pierxe y Itocar i& Comida , as autres en- 
fans. 

Pierre eut pour fon lot la Contrée de Nurcarat Itocar celle de Enbca^fc 
Comida celles d'O janu. & d' Anglola , après quoi fl partit pour Jéniiàlem , 
où fa dévotion Tappella pour vifiter les Lieux Saints. En s'en revenant-, ii 
rencontra Saint Bernard dans:la Pouille, auquel il demanda cent cinquante 
Religieux de fon Ordre, qu'il conduifit enSardaigne> pour fonder le célè- 
bre Monaftère de Sainte Marne de Cobodabas de Sindia, dans la Judi- 
eattire de Torres. Cet aéle de pieté édifia tellement Saint Bernard y 
qu'il eut toute fa vie une.eftime Cngulière pour lui : & dans toutes les» 
occafîons qui fe préfentèrent., il le recommanda tendrement au.Pape Eu- 
gène. 

I.wes Piians ayant quelque fojet de plainte contre Comida , Juge d'Arbo- 
réa,. lui déclarèrent la Guerre; & comme il n'étoit pas en^tat de leur réfîf- 
ter, il implora le fecours des Génois , qu'il trouva très bien difpof<^ en fa fa- 
veur; deforte qu'aidé des Troupes 'qu!ils lui envoyèrent, il recouvra. tout 
ce que. fes enaemis lui avoient enle:vé.. , - 

Comida , pour marquer aux. Génois combien il étok Teconnoiflan t 
du fèrvice important qu'ils lui avoient rendu iî généreufeanent , appli- 
qua à l'Eglifë Saint. Laurent, de Gènes un riche Bénéfice^ fîtué dans^fà» 
Judicature,. avec la. moitié desl Alincs d'argent qui étoient en fa difpo-. 

iStiOB; 

Examinons préfentement lès prétextes dont l'EmpeiteucFrédéric 11^ Ser- 
vit pour annuUer les conccdTions du Souverain Pontife, afin de fe^reiidrer 
maître de Tlfle.. Adrien I¥. étant mort., cet. Empereur pour troubler la 
paix de la Chrétienté,' & allumer une fanglante Guerre dans toute rJtalie& 
dans lès lilesciroonvoifines^ fit publier un Edit, dans lequel il expofoit que 
les Empereurs fes Prédéceffeucs ïiyant fait donation à l'Eglife de Rome dé 
la Sardaigae,. les Papes n'Avoient: pas puen.difpofer, & qu'ainfi il deman-- 
doit que. cette Ille fut réunie au jcorps. de l'Empiré. . Les Génois charmés de 
voir Frédéric darns ces diQ>ofition3,; profitèrent de cette conjohdure, pour 
mortifier lesPifâns, ayecJeiqttdsilsétoieàtenfGuewre, en iofpirant.à cetu 
Empereur de donner Tlnve&ture de toute la Sardaigne à Barifonkis, qui 
pour lors étoit Juge d'Arbori^, à qu04.il confentit mpyennant quatre millôi 

Marcs d'or: qu'ils lui .offrirent. . . , i . 

Les Pifa9s.au;defeipqirde cette.négociajeion>.ô'yoppofèrent de toutes» 
kurs forces, diiant: qu'it- ii!étoit pas permis à l'Empereur de difpofcr d'ua 
bien qui n.ç.lqi;3ppartexîoit m>^ fentes. lâiiBrépsêfentations furent 
inutiles, quatre mille Marcs d'or parloient.plu.fi éjoquemment en faveur de 
Barifôniw xl qiie toutQ$ lêâ riuibns' des Pifan5 en faveiff . du Droit des 

: I*fô. Çpayeftlioi»;d» Traité. ^ymJ:t^: aitê(s^e$b. & l^argem campt^^krEm^ 



D^ISPAGNE ET DE PORTUGAL. tij 

pereurj^on donna avis à Barifonius du. ce qui fe paffoit , lequels^embarqua Sa»m^ 
au plus vite pour fè rendre à Gènes 5 d'où il partit quelques jours après foa^^^ 
débarquement, pour fe rendre àPavie où TEmpeEeurétoit pour lors, duquel 
il fut reçu très gracieufement, & quelques jours après il fut couronné folenv 
nellement Roi de toute la Sardaigne, malgrë les oppofitions réitérées des 
Pifans qui protégèrent dans toutes les formes de la nullité de ce Couronne^• 
ment 9 comme injufle & violent. 

Mais, il ces Républicains eurent le déplaiiir mortel de^voir un* Prince qui 
étoit la créature de leurs plus cruels ennemis, élevé à la Monarchie univer- 
lèlle de toute la Sacdaigne,, ils eurent bientôt la joie de le voir liors d'état 
de jouir de la fuprême Souveraineté; car les Génois,, qui avoient payé à 
rEmpereur les quatre mille Marcs' d'or avec lesquels il avoit acheté la Cou* 
ronne, & qui avoient fait tous les frais de Ion voyage, ne voulant pas être 
les dupes d'un Prince qui poucroit fe moquer d'eux aan«- k fuite, ordonnè- 
rent à ceux qui l'accompagnèrent dans (on noivveau Royaume, de ne le pas 
laiffer débarquer qu'il n'eût payé ce qu'il leur devoir; & comme les empê-- 
chemens que les Piiàna & quelopes Seigneurs de Sacdaigne formèrent pour 
empêcher qpe ce payement ne ait fait,: ceux qui avoient eu ordre de le conr 
duire chez lui , prirent le parti de le ramener à Gènes fur tes mêmes Galèr 
res qui l'avoient^porté ,. où il fut en arrêt julqu'en 1164,. qu'il acheva de pa- 
yer , après quoi , accompagné de plufieucs Génois ,. il fe rendit à Arboréat 
Mais à peine y fut-il arrivé, que fentant la diiBcuké qu'il trouveroit à fe faix 
re oJbéïr par les nouveaux Sujets que Frédéric avoit foumis à fa domination, 
il abandonna ks prétentions, &;.fei renferma dans les bornes deibaancienT 
ne Tudicature.. 

Baiiibnius déchu & privé pour toujours de ùl Monarchie univerfelle de la 
Sardaigne, fut un fujet de mortification pour les Génois, & de joie pour 
ks Pifans, d'autant qu'ils avoient un. ennemi de moins à combattre, dans 
le deflein qu'ils avoient formé d'abattre la* fierté desGenoisdèsqu'ilsen trour 
veroient l'occaCon,. & qu'ils en auroient le moyen. Ils mirent à cet efr 
fet une Plocte en Mer, laquelle ayant rencontré un gros Navù-e Génois 
près de VlUe Aiinaria, diargé. de riche8> marchajidifea , le prit,, le pilla ^. 
&; ensuite y mit le feu : furquoi les Génois envoyèrent une AmbafTade 
à ^Empereur Frédéric pour fe plaindre, que par cet Afte d'hoftilité les 
Pifans avx>ient enfixint le Traité de Trêve qui- avoit. été conclu entre- 
eux. 

L'EmrpereuE voyant les conféquences^ qtf auroient les dilTenfions qui- 
alloient fe rallumer entre les Républiques de Gènes, & de PJfe^ nom* 
ma un de fes Aumôniers appelle Conrard, homme d'efprit & grand nér 
gociateur>. pdur ks mettre aaccotd;: mais il lui fut.impolEble d'eia venir à. 
bout. . . . 

Les Habicans du Cap Turritain^ & leur Jugç qui^fuivoient le parti des Pir- 
fiins.,,fe. jpignirent à, eux ^, 5c allèreiît ^tt^quaç le luge d'Arboréa qui avoit: 
€JOQbrairé celui des Génois j &; comme en ce tems-la ce Prince ne s'atendoit: 

Dd .i, à-riem 



«ï4 DESCRIPTION ET DELICES 

Sardax* à rien moins qu'à cette levée de bouclier, il vit tout Ton Etat pillé & £ic- 
GNfi. ^gè fiins pouvoir le défendre. . 

Tandis que les Arboréens étoient fî mal menés , les Génois leur Alliés 
ne le furent pas moins près d'Otana^ contre leiquels les Turritains gagné* 
rent une grande Bataille. V^^i^ée fui^ante, qui étoit celle de ii 66 y du 
temsque lesPiiàns répréfentoieiîtà l'Empereur le peu de raifon qu'il y avoit 
de favorifer les prétentions que les Génois avoient fur les Ifles de Corfe èc 
de Sardaigne, Ubert Rialto, Conful de Gènes , homme fin & adroit , in- 
linua aux Habitans d'Arboréa , que le véritable moyen de mortifier les 
Pifans , étoit de lui donner quelques poiTeûions dans la Sardaigne > à 
quoi ces Peuples ayant confënti, il arriva à Arboréa avec trois Galères; 
où il fut très bien reçu de la part des Habitans &; de Pierre ^ Juge de Ca- 
gliari. 

Tandis que Rialto faifoit fi bien fes affaires dans la Judicature d'Arboréa , 
les Pifans faifoient en Italie tous leurs efforts auprès de P£mpefeiu-> pour 
obliger à dépouiller les Génois du Droit qu'ils prétendoient avoir fur les If- 
les de Corfe & de Sardaigne, & pour s'en faire donner l'inveîtiture, en 
quoi ils réufTirent par l'entremifè de l'Archevêque de Mayence, moyen- 
nant la fomme de 1 3000 livres qu'ils donnèrent à Frédéric. 

Les Génois avertis de ce qui fe tramoit à leur préjudice , portèrent leur» 
plaintes à TEmpereur; flirquoi il ordonna que nonobilant ce qui venoit 
d'être fait , les chofes fèroient rétablies fur l'ancien pied 3 en attendant 

3u'on prît des moyens efficaces pour mettre les Parties d'accord. Dans ce 
efTein l'Empereur envoya Tannée fuivante l'Archevêque Raynald à Genes^ 
& l'Archevêque de Mayence à Pife ^ pour voir s'ils ne pourroient pas trou- 
ver des expédiens pour terminer les diirérends de ces deux Républiques; mais 
cette négociation n'eut pas un heureux fuccès. 

Pour afFoiblir le parti des Pifans , les Génois envoyèrent en Sardaigne 
deux Membres confidérables de leur République, pour tacher de lier enco* 
re plus étroitement l'alliance qu'ils avoient faite avec quelques-uns des prin-* 
•cipaux de l'ifle; & pour h fortifier, s'il étoit poflible, de quelques autr&s, 
afin de former un parti capable de rendre inutiles les tentatives des Pifans , 
fe flattant qu'en gagnant du tems^ ils termineroient les chofes d'une ma* 
nière avantageufè , en quoi ils ne fe trompèrent pas ; car l'année fuivante 
l'Empereur leur adjugea la moitié de la Sardaigne, ^ lailla aux Piians ce 
qu'ils y poffédoient , moyennant quoi les deux Républiques furent en paix 
pendant quelque tems : mais cette Ifle , toute grande qu'elle eft, parut trop 
petite aux yeux des Génois & des Pifans pour remplir pleinement leur cu- 
pidité. 

Les Pifans voulant être maîtres abfblus de Cagliari & de tout ce qui 
en dépendoit , en chaflèrent tous les Génois , & s'y établirent à main 
armée , fur quoi la République de Gènes arma en toute diligence dix 
Galères, & les envoya à l'Iile de Côrfe, où ils gagnèrent Boniface fur les 

Pifans. 

Le 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL. ^ij 

Le Pape Grégoire VIÎI, affligé des malheurs que ces deux Républiques Tardai 
caiifoient dans toute Titalie , réfoTut de les mettre d'accord à quelque prix que ^^^• 
ce pût être. Dens ce deiTein il partit pour fe rendre à Bologne ^ & delà à 
Pife; mais étant tombé malade en chemin 3 il mourut au mois de Février 
1 1 873 ans pouvoir exécuter i^s bonnes intentions. 

Le Pape Céleftin entréprit d'exécuter ce que fon Prédéceffeur avoit pro- 
jette, Potir cet effet il chargea le Cardinal Pandulfe de renouer la négocia- 
tion ; maïs dans le tems qu'il s'appliquoit le plus à porter les deux parties 
à la paix, les Piians envoyèrent fécrétement leur Armée à Plfle de Cor- 
fèj pour fiirprendre Boniface, que les Génois avoient pris Tannée précé- 
dente : ce qui étant venu à la connoiflance de Marcellin Drudo Préfet de 
la République de Gènes, il envoya en diligence une Armée contre les PiT 
Êins, laquelle, &ns avoir la peine d'en venir aux mains, obligea les Pi- 
ians à fe retirer. Cependant les Cîenois fè rendirent à Cagliari, où ils dé- 
firent le Marquis Guillaume de Mafla , qui avoit challé le Juge Pier- 
re de Sarra qui étoit du parti des Génois, & s'étoit intrus dans la Judi- 

cature. 

• • 

Après cette viâoire, PEfcadre de Gènes fe retira glorieufement , laiflant les 
Pifans dans la dernière confternation , lefquels pour fe dédommager de cet- 
te diigrace tentèrent une feconde fois le recouvrement de Bonifece ; mais 
les Génois l'avoient û bien muni, qu'il leur fut impoflible d'en venir à bout. 
Cependant les deux Armées s'étant rencontrées en Mer, elles en vinrent 
aux mains, & s'acharnèrent iî fort l'une contre l'autre, oue toutes les deux 
furent tellement délabrées , qu'elles iè vireat hors d'état de pouvoir tenir, la 
Mer , ce qui donna occafîon au Cardinal Pandulle de conclure la paix entré 
ces Républiques. 

Après cette Paix, qui fut conclue en 11 88, plufieurs perfbnnes de diP 
tm(5tion des de»x Républiques allèrent s'établir en Sardaigne pour y com- 
mercer : parmi lefquelles un nommé Etienne Sigifinond riian de Nation » 
& Chef de l'illuftre Maifon de Cara&, dans le Royaume deNaples, entré- 
prit de s'emparer en 1 190 de quelques endroits, malgré la réiiftance que les 
Juges & autres Seigneurs diftingués de PHle firent pour l'en empêcher : mais 
a peine s'en fut-il rendu le maître, qu'il en fut chaiTé, & forcé de fe retirer 
à Naples. 

En 1 191 & en 1 192 toute l'IUe fe fentit agitée par une Guerre inteftine^ 
fomentée par les brigues des Pifans, oui commençoient déjà à fe lafler des 
douceurs œ la paix. Voici quel en tut le motif Guillaume Marquis de 
Mafla, originah-e de Pife, appuie par fes Compatriotes, attaqua Pierre de 
Lacon, fils puîné de Génarius de Lacon, Juge de Torres, lui enleva la Ju- 
dicature de Cagliari, fous le prétexte Q>écieux d'un Droit ancien qu'il di- 
foit que la Maiipn y avoit, & Tobligea de fe rerirer à Torres, auprès de 
Conftantin de Lacon II de ce nom , fon neveu & Juge de cette Judicature, 
lequel outré de colère de l'injuftice que le Marquis de Mafla avoit fait à fon 
oncle, mit une Armée fiir pied, & attaqua cet ufurpateur fur lequel H rem* 

porta 



2i« DESCRIPTION ET DELICES 

• 

•SxTOAi* porta plufieurs vidoires, mais ayant vu qu'il recevoit de nouveaux fèconrs 
^w£, • ^e la part des Pifans, il fe retira à Terres après avoir perdu le Château de 
Gociano, où il mourut peu de tems après de déplaifir. Comme il ne laiffa 
pas d'enfans en mourant, Comida, quatrième ms du Juge Génariosfuccé- 
<la à fa Judicature, de laquelle il ne fut pas plutôt en poireifcofi^ que le 
'Marquis de Maffa fit tout fon poffibte pour iè réconcilier avec lui> olfrant 
de lui rendre le Château deGociano, & de marier une fiHe qu'il avoit, ap- 
^ pellée Agnès, avec Marian fon lils, lui promettant au furplus qu'il join- 
dront toutes iès forces & celles des Pifàns aux fîennes pour la défenfè deiba 
Etat. 

Comme ces propofîtions étoient très avantagcufes à Comida, il y fouP 
<:rivit de bon cœur; déforte que la paix fut conclue entre eux, le mariage 
arrêté , le Château de Gociano rendu , & Guillaume demeura en pofTeflloa 
de la Judicature de Cagliari, dequoi les Génois parurent iî fâchés, qu'ils 
réfolurent de lui faire la Guerre , perfiiadés que tandis qu'il feroit tranquil- 
le dans fon ufurpation-, les Pifans feroient tout le commerce de Cagliari à 
leur préjudice; & pout ne pas perdre de tems, ils compofèrent une Hrmée 
de Galères, *dont ils donnèrent le commandement àMarcellin Drudo, le- 
quel ayant appris que les Pifans vouloient iè rendre maîtres de Boniface ^ 
les alla chaffer des Côtes de l'ifle de Corfe, & enfiiite il fit voile vers Ca- 
gliari où il attaqua Guillaume de MaiTa , le vainquit , &; pilla tous fes 
tréfors. 

En 1 147, les Pifans afllegèrent Boniface, & prirent for les Génois 12a 
gros Navire chargé d'armes & d'autres munitions de guerre qu'ils y envo- 

Î soient ; mais s'étant apperçus qu^il étoit fuivi d'une Etoidre de dix-fept Ga- 
ères, commandées par Anfàldo Guarraco, qui venoit au fecours de la Pla- 
ce, ils levèrent 'le fîège, abandonnèrent toutes leurs munitions & leurs é- 
quipages; & cherchant leur falut dans une fuite précipitée, ils allèrent fe 
réfugier en Sardaigne, 

Après cette déroute , ils raflemblèrent dix-neuf Galères , • avec leïquelles 
ils allèrent chercher l'armée des Génois , qu'ils rencontrèrent entre l'iile de 
Sardaigne ■& celle de Corfe , & à laquelle ils livrèrent une fanglante bataille 
dans laquelle ils eurent tout J'avantage , car ils en furent quittes pour la per- 
te d'une Galère, au-lieu que les Génois en perdirent trois, & un nombre 
confidérable de Soldats. 

Retournons à Cagliari pour voir ce qui s'y paiïe. Guillaume de Mafla^ 
Juge de Cagliari^ enragé contre les Génois, & ne pouvant pas fe venger 
contre eux , déchargea toute fa colère contre Pierre de Serra , Juge d'Ar- 
"boréa , Partifan de tes ennemis. Non content de le dépouiller de là Judi- 
cature, il le fit arrêter avec fon fils, & les confina dans -une obfcure prifon, 
A peine fut-il intrus dans la Judicature d'Arboréa, qu'il s'y comporta com- 
me un Tyran, n'épargnant pas même l'Epifeopat : car il chafla fcandaleu-^ 
fement l'ArchévêqiTe, Ibus prétexte qu'il étoit Génois de Nation, attentat 
t|ui lui attira les foudres de l'Eglife, dont il fe moqua au commencement; 

mais 



15^ Ê S P A G Nî: E ^ E> E ï> O^R T U G Al- yi^ 

'tïiaïs a -la fin, il fiipplia le Papeïnhdcënt'III'dôlfever rexcommiiiiîcatîonSAtw>Âi« 
^tf il avoit fcuïcée x*)ïicre lui , ce qirè ^eSoùvêrain Pontife réfiifa cdnftamment ^^** 
de faire jûfqtf a te cjtfil^t btidu àrE^Kfe d^Arboréa fon Pàfteiir^ & la Ju- 
dicatare a foh légitirnte Souverain. 

JPour Y^nger les injures faites par lesPifans &"GiiillauniedeMaflaau Jugé 
tfÀrboréâ^ à fes Sujets & à-Mriéhévêque , les Génois armèrent douze Ga- 
lères, îei^ttélles étarit ^itivées dans lé Port He-Cagliari, y'îfirent un riche 
but&i, & entre iautre$ chofes^^ls enlevèrent un gf os Navii'e appartenant 
aui Pifims 5* chargé' de riches ^krdjiandifes. 

' Tandis que les Génois & les Pians le déthiroierît par -des'Guéftes driiel- 
lea, lans^ que perfonne "fût capable* dé *leur arracher les armes des mairis> 
pour les porter à une vérkaîble recoricUiadoii, nieux ^lëbres Abbés , 'dorifc 
Tun s^'appelloit Titéle, ~& Pauifre^GiJrgoniOj ëmi^oyèrenft tout leur zèle & 
tous leurs talehs péûr ôpârér^ Uh fi grand Ouvrage; ihais ils trouvèrent taril; 
cle difiScpltés à furmoiïter,. qu'ils ne purent y réuffir mfaprès deux aniJ 
de négociation 5 au bout defquéls ils lès firent Convenir de tous leurs diffé- 
rends. " ' .. ' 

' Otlîbn étant ^rvénu à f Empire eti liib, déclara la Dona^tibii oûefeà 
Çrédéccfleurs^ avoient feite.a rEgKfey des lilês de Sardaigne & de (îlîorfe j 
& Pf hviéftiture ^e les Papes en avoient accordée y nulles & abuRves , pré- 
tendant que PEgliiè rfavok pu, lès ^dTéder, ni le^s iïéder à qui que ce fût, & 
'qu'ainfi c'étoit à tort que les Gepbis & tes Pifeis ic faifoient la Guerre pouf 
laire -valoir lettrs prétentions^: gtie lui feul en'étoit le véritable Souverain-, 
& qu'en cette cjuàlité , il vouloit abfolumeriif les poiTédet : fifr quoi le Pa»- 
^é Ihiiocent Ill^âprfe Favoir excôihmunié publiquement ^ le déclara pr^- 
vé de rjEimpire, & fit élire en fz place Frédéric II, lequel confirma & 
tatifia les Donations ^ui avoi^t été faites en famir de la Cour de 
Rome. ^ 

' Sor tes entrefaites Pierre de Serra Juge d'Arborèa mdiïrut; &, comihfe 
il ne laifla pas d'enfons, Hugon de Serra fon neveu lui fuccéda dans la Ju- 
'dicaturè, lequel étant encore fort jeuriiéi JtHk fe promfener un jour fur le 
Ibord de !a- Mer du côté d'Oriûan, où ayant été apperçu paV des Catalans 
qui navlgeôient fur cette Câfte , il fut pris & -conduit à Barcelone , & préfenré 
iau Roi Don Pedro d^Atragon, qui lé reçut avec toutes les marques poflî- 
%lès d^èftime^ d'amitié , & le maria <îuélque tems après avec la Vicomtefle 
"de Baffe. 

' Comme la ^erre coritîiluoit toujôuft èriti^ les feenois & les Piftnè , TEiÂ- 
pertur Frédéric fe . détermina à leur ô ter toute forte dé prétextes d'en ufèr 
îdnfi 5 eh leur déclarant qu'à Tavenit îî prétieiidoit que leslftesde Sa:rdaigàe 
•& de Corfe rie ^econnulfent d'autre Souveràin^que hii. Ë» xe teriis^à Bâ- 
tifonius ïecond de xe nom , fuccéda à la Judicature de Torres par la moft 
•dé Marian fùn père. Balde ïècond, fiiccéda à celle de Gallura, & fe ma- 
Tia avec Alafiafeconde fille de Marian & fœWf ; de Bariicfraus-', leqUel étaftt 
mort peH de- tems après i^s eïifiitt^, & feur-aàiëè àppeHè<^Béàôlte luiftite- 
* Tome UU " £« «éda^ 



V& PESC^IPTIQN 5T DEiiQ^Si 

Sardai- çéài; m^is étanit znffi iposte comme lai ^s poû6rité, Alafia fèp^nd; ^ 
CNfi.. 3alde devint hérijtièr«.4e Ja Ju totjupe de Tcwre», deforte <ju<? ks. deux, J^^ 
dicatures furent réunies fur Ja tête de Bàlde, lequel moumt 6^230,^. &^ 
par ià mort , Alafîa â femme prit le titre jk k Gouvernemexit, 4îs, deû;^ W 
dicatureg. , . '"^ 

Comme AlaCa nVoit. p4^ dW^» .5ç,<j«,'ejlç ét,Qit fort ainié^ «je:^«^i% 
jets, , çlle ne put kup reÇuiiin: • 4q fe m^riçr . en, feçoiidee im?«^^. avec jÇpïf 
cius Fils N^urel dç V£mpereur Î>é4éric. Ce mari^gç i^ £^ ^ 1^' )^x:\ 
fuafion de Frédéric & de ManueVPoria, Habitant <i9Cag]jarji,^^gfle^|^( 
des Swoniea & Ch4Ç€»Ux, particuliers c^u Çj»p de Logudora» n^^gcc Fop- 
poûtion d'Hoi^ùcius! Ajrch4v|ciue de Torre8> . & <b tous^ les PréJatîs & Seif 
gneurs du Royaum? de Lo^dwc^,, qi^ craigiiftiiçnt que 05 f r«v?e ne ^eyio^ 
k Souverain d? çoutç la. i^éoi^^p p?f Je <îré4iç île. TEippeii^ îbm pèfre j| 
ce que lés Génois awfoient.fowÉ»ft;4,4^ tpHt;l^ccçHrpoiWr.çn,.€î^ur^l^ 

Piûïl*' , ■ \ •..-•■ [•.. . . \ . 

. Si cette Princefle. çût hi^ enyifagié ks motifs qui avaient i^lt;agir kfiiDq^ 

lia, elk fe feroit apperçueaifément qu'ils ne cherchoient que leurs avwfap 
ges particuliers, & iè ierqit bien gardée: de qctnièntif.»;Un miOB^çipi |ie*. 
vint pour elle une dure .ç^yité; ça^ à peine éûjt-elk épp.i^.'Enciujf,, ,'quf 
ce Barbare la fit enfern^er oa/is k CJnàteau d^ (^cia^ioi ç oiame^U|çcfimi|iQ(r 
^ d'£tat; ce qui ^téi^ Ij fort; ià i^té » au'qlle toi^^ ^^i^is^reufe^iM; q^^ 
de. Pendant f à malaiciie elle fit. foij Teftament 5 &inftiti 




ipit de la ^avt de ion mari». Tenlevèrent 4e J^,piri|fQQy.4c,MfiEçnt;'porteri 
Ardara, où elk mourut jf»eu de teœs ^rès. 

Le Teftament de ^Pjçinçeife, Al^ii? ^ n'empêçl» p^V qji^ k| Prince, Ex- 
clus fon mari ne demeurât poUeffeur des Judicaturés de Torres & ae Càiluf- 
ïa par la feveur de rEm^ieiv Frédi^rk, ton pçcça, Ç^ 9ui w^*?"**, pl»*s^ ja- 
loais les diflenfiona ^ui rqgnoient dppuis Jo^gtemp entre cet Empereur 4f k 
P^pe ; car Grégoire IX, ncj" pouvant iqu^ir quTi^ maiwîpt; (jbn fite ei^ j^ ;j^ 
feflion de ces deux Judic^uces,y;^9Jftfç«kmçnf ^upréjPfJiÇQ duTèi^flftç^ 
d' Alafîa, mais, mçme à^ ks. propres EidiitSo, p9r kfquels il c^it la Sairda^r 
^e à rÉglilè Romaine;, • feifo^t tout fq^ poîîibie pous k feiije ^éfift^r 4^ f68 
aijuftes prétentions. D'un aujtçe côté,, les: Ji^jéjac? & les Seignpjvs q^^ 
s'étoient oppoféa au mariage d'En'cius , voyant que ce Prince lés. zcalç 
bloit par ^s crnaujtés ^. paji;:iks,i>n)uilj<^f,):>&^v,ant'jufquei5 smj^ biens 
des Eglifes, poçtçtenf kurs, pl^î^çe^ au; Pape Qrégoirei,^ kqajsl en«Of 
ya des Nonces Apoftqliqi^çprqa iss^r^ft^W J^ui; foljiçttej! ^w^^» d^ F^e^ 
tituec aw l^i^es ;^ îw?t,'.î?^ti|Çuiki:s<;e (lu'il k«« ,^yoijj ravi inJNlW 
»ent. 

Encius fè moqua de toutes ks follicitations du. ^ape, & traita fëjs Noor 
fes aivec tant de hauteur, , que Çj^gpir^ç fç vit 9,b]i|gi^ 4ç l'^i.J^c.QnwnHn^r fUr 
biliquêmea^ Ççédériç.'^ tj^^^ir, de. vc^it %»( j^ ejjsQmfflywwjî, 4, ^^lair 



fiîi î tbrt ccmtfc le Pape ^ ^u^^H Touleva tout ce qu'il put contre lui ^ '<* quiSAbDAt- 
I^Wigea ée^ Faire porter en Procefl&on les Têteis de Saint Pierre & de Saint <2ne. 
Paul par la Ville de Rotoe^ pour exciter les Peuples à la défenfe de TEglife 
Romaine 3 mprès quoi il -ent^oya des Légats en France & en Angleterre pour 
la convocation d'un Concile Général, Idqwls en s'en retournant à Rome, 
avec les Evêques qui alloientau Concilie, furent pris par utie Flotte, &;mis' 
<fe!ns t!es cachots , où la p^s grande partie de ces Prdats périrent de tnifère 
à caâfe dcfr mauvais traîtemens qu'an leur lit, ' ' 

Pendant ces orages le Pape Grégoire IX mourut âgé de près de tentant, 
jàiffant à là Poftérité un rare exemple <k zèle pour les intérêts de l'Egliîe' 
en général, & pouf ceux de PEglifede Rome en particulier. GoddTrai 
Evêque db Sabine Jui fuccéda fous le nom de Calixte ÎV; mais étant mort 
dix-TCpt jours après ^fon éleÂion fittis Te fkîre proclamer ,* le Conclave fe trou-' 
Ta fi divifé parles fàEHons &ides partiaîkés i> qtfil dura deux ans, au bbut 
defquels Sinibaldo deFieique Génois de NatioA&; grand ami de Frédéric, 
fot élu ibtis le nomdlnnocentiV^ ce qui fit croire qu'il alloit révoquer tout 
<;e que Grégoire IX avoit fait contre cet Empereur. Mais ceux qî#portè- 
rent ce jugement, furent fort ferprîs lorïqu^Innocent IV dit, que Frédéric 
avoit fait d'un Cardinal ami, un Pape ennemi. • ■ 

En effet, à peine Innocent ÏV fftt-îl afiis for la Chaire de Saint Pieri^, 
cju'iï fè détermina k en foutenir les intérêts-avec la même vigueur que Gré^ 
;oire IX. A la vérité, avant que d^ venir aux dernières extrémités avec 
'rédéric, il ulà de toute la modération poffible envers lui^urle porterais 
paix ; mais voyant que cet Empereur alnilbit de ft patience , il convoqua un 
Concile Général à Lion , dans lequel après avoir renouvelle & confirmé 
Pexcommunication ifckfeinée contre lui , il le déclara déchu de l'Empire , 
permit aux EleéteiiM de procéder à Télaftion d'un autre Empereur, & en- 
voya des Légats à tous les Princes de la Clirétlenté , pour les folliciter à 
prendre les armes contre lui. ^ 

L'EmpCTeur fe voyant excommunié , privé de l'Empire & univerfelk^ 
*aent haï de' tous les Electeurs, qui d'un commun accord placèrent fiir le 
Tfônè Impérial Henri Landgrave de Turinge , réfôlut de porter les chofes 
à là derni^e extrémité contre le Pape , & contre tous ceux qili s'étoient dé* 
tiares en fa fkveur. Mais toiïtes fes eiitréprifès forent vaines, car Ion fil* 
Encius perdit une grande bataille qu'il livra aux Bolonois & fut Fait prifon^ 
nier, xe qui cauîà tan€ de chagrin à Frédéric , qu'il en mourut peu de tem^ 
après*: -' - . '• 

'Encius étoit éttoitemcnt gar4é dans une prilbn , de laquelle il tenta dé 
Ibrtir par le moyen d'un nommé Vido Caffîanlmico , lequel convint aved 
ttn homme qui avoit foin de la Cave de la maifon dans laquelle il étoit en* 
fermé, de le faire évader dans une barique; mais l'entréprife ayant été dé* 
couverte , il fot refferré plus que jamais ; deforte que ^fiiccombant fous le 
poids de te douleur qui. FaccaWoit , il mourut le dix*lèpt Mars de l'annéo 

£e 2 La 



12© DESCRIPTION ET pELICiScS. -■ ' 

Sardai- La Mère d'Énçius s^étant amourachée eu Sarcjaiçne d'un de fes Maitresk 
^^B-. é'Hptel appelle. Michel planché, qlje! en eiit qnç lUIe qui .fut mariée* ayec^ 
Branca Doria Seigneur, dp quelques Baronieç d^s la Judiçature dip Xorres,, 
dont la fucçeilion des higes s'éte^nit par l^ mort de la Princefle AlaCa, de^ 
inêmç que celle des Juges ,d^ Qallura, ce qjû donna occ^on aj» Ëfcots^ 
Comtes Pifans 9 de s'en mettre en pôireirion, dequoi les Génois furent ^ 
Ëichés^ qu'ils déclarèrent la guerre aux Pilàns j , l€;l^uels4ttirièreQt dans ieur^ 
part;i Comida de Serrajuge 4'Arboréa &; cglpi.de GaJlura, fe flattant que. 
par le moy^n de<es dçpic Alliés 9 ilç feroienjt beaucoup plu; focts que leurs' 
ennemis; mais lesjGençMs ayanç trouvé le/ecret de Je confédércr^ivecChia-. 
ijio Juge de ÇagUari, ilsrobtinrei)t de lu4 uoe donation. du Cii^teau dp cçtCQ 
ViUe,. & envoyèrent fur le champ Orgorius Scot,. &.Jean Conçgnp pourr 
en prendre polTelTion^ lefquels avant que d'arriver en Sardaime, rencontré- 
Tent huit Galères ^ t^oi$ grp$ Vaiâeaux ^ &quelquespetit3 Navires des Fi-, 
l^s, dpnç ils iè rendirent mitres. . 

Tandis quje; les Qenois & les Fifans en étoient aux mailis>. les Arboréens; 
firent- «aaflacrer le Jjuge Chiano 5 efpérant quç par. fa mort, ils empêcher- 
i^ent que les.Gj^npis ne fè miflent eq poflelVion dy. Château de CagliarLc 
Mai; il. en arriva tout aMtrçment; c^r, GviiUauiQe Cépo]]? pnclp d/ç Ç^ia-^.; 
tLO ayant hérité de la Judiçatur-e.^. renou veilla ralli;u9K;eque.fon ççveu a^voit 
faite avec les Génois,, efpéçant qiie par leur, feçourj? U feroit en, état de^ 
fe défendre contre fes; enneinis. Cependant les Pif^^ns le poullèrent fi vi-v 
vement) qu'il fut obligé de s'enfuir &. de fè retirer à Gençs,^ ou il mou-j 
^utprefqine fut^Çeinent^^ après avoiffaiç dçnation^de fa Judi.c^ÇMre aux Ge-* 

, Pour empêcher réxécutjoa.d^lmç telle difpofîtion 5 tes Pifans envoyèceACt 
ep >5ardaigne unegroife Armée fous un nommé Hugolin 5 jequçl >y étanta»-»^ 
r^ivé, trouva que Marian Jujçe. d'Arboréa avoit affiegé le Cnàteau der 
Sainte Agip occupé par^ les uenois y aux Trpupes duquel il joignit le^i 
fiennes. 

Le fiège de cette Place fut long ficfàngl^nt; mais à Ja fin, les Génois ea 
forent ciiafFés après y avoir perdu beaucoup de içpnde. Cpux qui éçhapèr 
rentr. fe retirèrent :à Villa de lgléfîas> où/les Arboréens & les Pifanst les fui- 
Firent & leAfor4:èr^nt,d''en^fbrtir;, après qivji ils allèrent fajrç Iq .fiège du 
Château de Cagliari, lequel ne jub pas plutôt au poiiF<>ir -du Juge Mari 
qu'il en fit donation ayx Pifaps, Il np.mgnqvoit aux Pifans que jde fè^ ren^ 
dre favorables les Turritains ^ pour balancer les forces ^s Génois, quipof^ 
H^pient dans cet«e J^di«ature la Ville fde Uaguer , Caflpl G^n^vez ,. qui de- 
puis c.e temsJà a pris le npm.dl? Caftel-Arragon^s^ le Mont Jayéfa^Je'Ch^r 
t,eau d'Pria>,.Bofa Nouvelle,, je Chàteau.ditPfilo, Burfi & quelques. ayt|re« 
petites Pl^es de moin^e cpnféquençe ; mais ils n^'en purent jama^ v^ir à 
t^ut, parce que^ lea.â^^r^ens qui étaient les plus pujÇans Peuples de tout<^ 
fe Jd^^iwçurie y gardèrent toujours une. parfaite neutralité , proteA^nt qu'ils 
])g rçconnoiioroient d'autre Souverain que le Souverain Pontjfe;. 



rrErsPAGNE et de EORTUGAU mt^ 

I 

Eesi Pifkns voyant rimpoStbiUté qu'il y avoit de mettreJesSaflkrieasdans^SAïaMi»' 
leur parti, réfolurent d^ttaquer les Génois ikns le fècours de ces Eeuples^^^^ 
Bouncet effetriis armè]!ent7o Galères ,. dont Hs donnèrent le commandement: 
à Rofcio Buzacatino, & à Ajidréoto Saracéno, qui aÛiegèrent la ëlace des 
Llaguer^ &r.pkifîeurs autres poiles importans. (^^ïk prirent & qu'ils* pillé-- 
rent;, mais ce butin leur devint inutile ^^ parité qu'en ^s -en:. retournant à Pi--, 
fe^ iW furent attaquét^par une Bicadre Genoiiè Qommandée par Hubert/ 
Poria Sqgneur. de Uagucr >. lequel leur prit qjiJttre fGalèreç k la; hauteup. de-. 
Piombino, & quatre autres quelque tems après, furléfquellesil fë trou— 
ta i vingt-cinq mille Marcs d'argent qu'ils emportoient de Sardaigne, avecr 
leiquels la République. de Gènes fit bâtir, fon Port >, qui étoit en très^mauvais^ 
état,. ' :\ 

Les Saffiîriens , qui jufqu'alôrs avoient été neutfesi parurent-en ce tems^ 
là vouloir, favorifer. les Eifans y en chaflant de leur Ville Pierre Riminati Çe?-^ 
nois^ . dequoi. la R^blique fut fî indignée ^ qu'elle envoya fur^k: champ u-^ 
ne, forte Efcadre pour fiiccager lestrampaznes de Saffari j & rafinée fui van- 
te elle en .envoya une autre compofèe gb trente Galères fous le eomman-' 
dément de Bénédetto Zacharia^^ avec ordpe d'alTi/fgerik Place : : furq^i les^' 
Habitans fe mirent en défenfë & demandèrent du (ecours aux Pifans,. leA: 
quels leur envoyèrent 72, Galères. commandées par.Maur-Céno Véneflfox» 
ce qui intimida iî.fort ks Génois qu'ils donnèrent ordre à I^charias de £^ 
letifer.:. 

On réfalut enfin en 1288 dé terminer cette guerre ruineufè. La Paix a^r 
yant été faite , on ftipula que les Pi&ns rendroient aux Génois le Chàteaw 
de Cagliari^ dequoi le Comte Nino Juge.de Gallura^ &le Comte HugolintP 
Gérardis fon oncle , qui étoient-à Pife ence tems-là, parurent forrfàcné?,^ 
& firent to^is leurs dibrts -pour robliger les Pifàns à rompre ia Paix > ce qui»: 
isrita fî fort les Génois , qu'ils envoyèrent des AmbafTadeurs' à1^ pour &t^ 
plaindre contre ces Perturbateurjs du repos public; &xomme k Peuple fôu- 
naitoit de tout fbn cœur la continuation de la Paix , il fit tant dé brjiit! que.» 
le Séna^banm^.le Juge de Gàltura> .&;!fbaoncle.iut mis dans une obfcur&^' 
pcifon^ oii il mourut quelque tems après. . 

A cette nouvelte j le. Comte, Goîfo fils.d'Hugolixii qui 'étpiten Sardâi-: 
gne, iè fouleva pour venger la mort de fon père, ^ fe iàiiït de pluiîeiir& > 
Ëaces que les Pifana. occupoient dans la. Judicature. de CagliarL Le Comhf- 
te Loto fon frère, qui pour lors étoit en Italie, fè joignit à lui; mais lesPirr 
ions ayant envoyé contre eux une armée commandée par le. Comte Né- 
ion, & s'étant alliés avec Marian Juge d'Arboréa, les deux frères forent: 
vaincus ,..& .perdiEent.les £laœs d'Igléuas^ deDomafiioas &.pfuiieurs For*^- 
tereffesç. 

Peu de. tems M)rès Marian'ferendîtmaître des: CMteaux de ©octanes, dé 
Montéagudo & de Montéferrô ; après quoi.iljnourut.plein de gloire, dcJaifr 
f» fa Judicature à fon fils Jean , & tout ce qu'il poffédoit dans celle de Caglia- 
itatt&:PiÊui8> leur recommandant très étroitement d'entretenir une parfai- - 

Ee*3.i teu 



Ms: . DESCRIPTION ET DELICES 

Sa?idai- te «o(td|>oiMi;uioei avec lès SaiTmens^ aiin de urètre pas inquiétés pu: les 
G^ ''Geiwaîs. • 

Le Ccxfttt Nino^ Juge cle Gatt^u^) oui avoit été banni de Pife, étant 
arrivé en Sardai^ie^ implora le iecours oes Saflariens^ du Marquis de Ma* 
laipina^ de Branca Doria, & de quelques autres Génois ^ 6c porta la guer« 
re '<kas les Judîcatures d'Ai^ioréa & de Cagliari y où il £t un d^at épou- 
vauftable.' tëliemenr que s'il eût vécu longtems, les Pî£uis auroient payé 
dièrement la âètriiTure <iont ils Tavoient. noirci 3 en le banniflant de leur 
R^ublique. 

En < 1 299 ) les Pifano &> les Génois firent ki Pai^« Dans le Traité il fut 
ftipiâé , que les premiers laiiTeroient fouir les autres tranquillement de tou« 
tes les Places qu^ils poffèdoient dans la Judicature de Torres; qtfil nefèroit 
permis k aucun Pifàn de demeurer dans la VJile de SaiEuri ^ moyennant quoi 
les Pifans jouïroient avec la même tranquillité de tout ce qu^ils^paiTédoient 
dâbis les autres Judicatures. Le Juge Nino étant mor% &ns eidBuis mâles, 
Jeanne fà fille unique, hérita de tout ce qu^il pofTédoit xlans les ludicaturea 
de Cadiari & d^Ârboréa , Se fë maria avec Richard Qunéno 9 Marquis de 
Tréviê. Béatrix fe femme eut une bonne partie de la Judkature de Gai- 
lura, & fe maria en fécondes noces avec ualéas Vticonti ^ fils du célèbre 
Matthieu 9 ^i par (a valeur & par â conduite , trouva le moyen de lefiôre 
DucdeMikn. ^ . 

En 1 297 5 le Pape Boniface VIII pour mettre la Sardaigne à f abri 
de diverfes Nations qui la déchiroient tour à tour^ en difpo£i de la ma- 
lùèrô que nous avons dit ci-deffas^ par le don qu^^ en fit an Roi d^Ai^ 
lagon & à fes defcendans, à condkion qu^il prêteioit foi & hommage an 
St- Siège. 

L6S plus fortes Places de Plfle de Sardaigne font Cagliari, Ampurias 
& Algnéri. U y a trois Archevêchés Êivoir , Cagliari , SafTari, Orifla- 
;rnL On y «compte quatre Evêchés^ qui font Ampurias ^ Alghéri, B0&9 
« Ale!t- 

On trouve dans les Terres & le long des Côtes5 des Bourgs & des Villa- 
ges, dont les principaux font fort peuplés, comme Tempio, Oziéro, O- 
rano^ Orofei, Borgalli, Sardo, &irgano, Cofoini, Lacon, &C 

Leç Bâtimens, t^t des Villes que des Villages,, font preifi]ue tous dans 
fe goût de rÀrdiiteûure Efpagnole^ cpn s^arrête plus à la commodité qu-à 
la magnificence. 




te lue. il elt vrai que 

£lit charmé; mais cela n 

cupations, & les SuccefTeurs jufqu^à Charles il inclufîvement ne regardé*' 

rent cette Ifle,que comme une Terre flérile pour eux>& qui rendoit à pei* 

ne les firaix que coutoit & coniêrvatîon. 



Dtt 



D^ESFiLGl^E ET DE PORTUGAL. .^n 
Du V^OKT U G KL mgéBAral 



AFkes aaroir parcûuro tout ce giill y a de plus remarqi^bte dans PEf^ ^'^^^^ 
p^iiet,^ il.eft tems de pafibr eà Portugal, pour vcÀr k& Délices ds^^^* 
€£ beau JËayaunie» qui {le.&iat pas moindres que celles qua nous. avoQS dé- 
crites. . ' /. • 

r LerPoctugal étoît contm des Âncîea'î fbus.k nofade Lu&fianîa (^)) & 
fes^Peuptea poffioi^il! h nom général, de Ijufitatms,, ûibdi:rBè£eaËracarc9>^ 
BarbaflènSy Ceki^a, Twcrnlefi» Oflydamniects; &LautreaL IL eil vrai que 
la Ltt^aaie andemie 5 qui faifbit pactie de r£^gne>a^avoî]t pas tout-à-èit 
ks mêin^bdrnes^ qu^à attjûurdhui le PoctugaL Les* Géôgrs^es de TAn* 
^kpâté^i Qtecs i6q, L^bs.» .vadenfi un peu. ibr ce. &|pt . : ^ 
• .LôS uns^difèntt que la LufîtaDÎâ aivok pour boirnes au<Mtdî le T^ge^.âc;. 
aaKoi:d£Océaa> defipste. qa^dfe comprenoiË laGalLce;. âclles:FYovijiceay. 
qui portent aujourdhui le nom d'Alentéjo &d''A^^arbe^en étoieat cxduei. 
-Jtéaos feiontîmâBC b plB& général e9ty que k Lufitaniè étoit bornée au Sep- 
-tenti^ioapas: te Douère> à TOcient par le Tonnes; &;Ja Guadiatnai, & au Mi- 
di par £OcéaA AtlaiAtique. Amfi elle étoit phi^ cojiPte^ quel ii^eft ai^oui dhoi 
l^Pocc^al; maisL en échange, elle étoit. pliklaFge> & plias éteAdoê kl!Q- 
vient^. ^'as'aiM^t.daas. ^a XMslle Nouvelle^, dedans rSffaréinfidQUfe E^A^ 
gnole> & comjn-enant les Villes d^Akantara,. de Bada^os:& dé Mérida; om%^ 
camine on k^ appelloit alosi:i Norfaa CaeÊureai^ Pïdl Ai^uAa,. & EmôritsiL 

Mais {ms t^n&as mtêtei X éxamimBr râteAdue de Tàndenna ljÊlShm&% Ht 
i^ut mieux décrire leiSbitdigsti:^. tel qu^ilieA dans nos pœs^ 

: L« Portugal: eitla» partie la ^m OcçideaUoie de^ TËuropfL^ fibué hatt£:Jt 
37 & k 42 degré de Latitude beptentrionak, & entce le.ç & le 1 2 ciégré 
de Langitude^ étendu en k>ngu6ur du. Nord au Sud:^. parighainr. un pm duM 
Nord-Eft, au Sud-Ouelt 

Il a rOcéan de deux côtési à l'Occident &^aa Midi; à POrfentrAnda^ 
loufie^ k Caftille Nouvelle & le Royaume de^ LéoiL;: & au NordJa Galice.. 
Il eft féparé de TAndaloufie par la Guadiana, dès fort embouchure ju(qu'au 
confluent de k Chanca, &. par k*même rivière de Chanca:. de k Caftille 
Nouvelle, par une ligne imaginaire tirée dei Frôîféa^ à Ferreira, & de-la. 
vers Badajos, par la rivière de la Caye, ^.pac celk d'£lia : du Royaume 
de Léon, par des Montagnes, par k rivière cje Tquroes, & pat le Douè- 
re, & par une ligne tirée de Miranda do DoijcQy jiliqû'à la fdurcé de la ri- 
vière de Sor: de la Galice enfin > par uneligne tirées de cet endroit^là juf- 
qu'à Melgazo , & par le Migne ou Minho y juf^u'à, VQdémk U\ environ 
cent dix Ikues de long, cinquante de large, cent trôntçsàoqdèbCQtes, &. 
trois cens de tour. 

(*) Voyez Matégin t Abrégé de l'Hift. de Portugal , j>n£. i, ^fiOt, 



" % 



aa^. .; DESC:RIPTI0N JST BBLulCES 

1?oRW. -prétendent qif une TIcttte de Gaulois ayant aborJéà iPorto , Ville &P0R 
"^^.^V àc Mer iiir le Douère, on nomma cette Ville Partus Gallarum^cn mémoi- 
-rè de cet événement, & que delà éil venu le nom de Portugal^ dâfcnte qa'k 
^e compte les Portugais feroient ^n partie une Colonie de G^aulois ou de 
-François. Maisi^ecte penfée n^a -point de folidité.^ n'étant app[ui6e d'aucu^ 
ne preuve tirée de THilloire, 

D^autres le'foiit venir de Portus-Cale , oii Portu^Cale, Ville anderaie fî- 
(-tode^ Tembouchure du Douère. Elle n^a xi'abond porté que le nom de Ca* 
le y comme cela paroit par fkinéraire d'Antonin; mais comme elle étoit 
lituée fur une hauteur im peuincommode , on bâtit dans la fuite au pied de 
-cette hauteur le long du Douère, & cela s'appdla le Port de Gale, Portus- 
Cale, Cette Ville s'aggranditconfidérablement; ies deux Villes^ 



ne '& la nouvelle, n'fen firent plus qu'une, qui retint le nom de Portu-Ca* 
Je , comme x:ela paroit par Jes Â)ufcription5 à^ Evêques PxMtùcalenies y dans 
Jes anciens Conciles jd'È^agne. 

Dans les Siècles fuivans Je nom de Portucale^ ou Poitu-Calia ^ itst doo- 

imé à itout le Diocèfè de Portu-Cale^ ou kla Province qu'on appdleauîour* 

^hui£ntfe-Minho-e-Douro, comme on le voit par divers endroits dei'Hiî^ 

toîre de Hodeidc Ximénès Archevêque de Tolède: & luentôt après le^ 

Rois de Portugal étendant Jeurs frontières aux dépens des Maures ^ cenon 

*efl demeuré à tous leurs. Etats. 

. Ce ientiment me pzu'oit non iëulement le pins vraiièmbl^le» mais même 
le fèul véritable, parce qu'il eii fondé en preuves. Et ilell à remarquer* 
ique lorlque le nom de Portugal s'étendit à tout le Royaume, la Ville de 
Portucale quitta la^moitié de £n nom, xeteiiant celui de Porto feuU 6c fes 
£vêques dans loirs ibuicriptions ne prirent plus le nom P«rmcalcnfës>mais 
j^app^Uèreht Portuenfes , Evêques oe Porto. 

: un compte, dans le Portugal trois Archevêchés » & dix Evêchés^iavoir: 

• • . . 

I^Porto, 

ArchévêchèJ ^«^"»^*^ ■••'■■ 

^ ' \Miranda. 



ifCoimbra, 



Archevêché 

' yportalègr-e. " i- 

Archevêché/ -p^,^ > 

DoDs les Pauls conqms fi)it en AfriqaC) lolt ^daiB ] 
depx Archevêchés & Eyêchés , avoir; 



k 4 



En 



D'ESPAGKÇ ffT DE PORTUGAL 

Eh A V K I Q V E. 



'22? 



PARTIT- 



Evêchés 

SufFragans 
'dePAr.' 



/Orata^ en Barbarie. 



Funchal, dans Tifle de Madère. 

Angra, dans la troifîème Ifle^ ou Ifle Tercère. 
^^/ ^V' ^ §an-Salvador 5 dans le Royaume de Q)ngo. 
de Li • ' Ribéra-Grande, dans les Ifles du Cap-Verd. 
^ONNE^' San-Thomé, dans l^e de ce nom vers la Guinée. 

[Angola 9 dans la Ville de Laonda. 
£vêché f 
SufFragants Tanger , en Barbarie ^ uni à r£vêché de Ceuta. 

« » ■ 

Dans les Imdes Oribntalxs. 



Archévê^ 
^éde 

<70A. 



}Sous la domination 
des Hollandois. 



' Cochin ) 
Malaca, 
San-Tbomé, 
Macao^ dans la Chine > 

Nanghazachi ^ dans le Japon 5 • '^ Ces deux de;^ nîers Siè- 
Angamale, ou Cranganor de la Serra ^ >ges ne fiibfiftent plui 
fur la Côte de Malabar, /depuis longtems. 

Dans TA M E R r (1 tr E. 



Archevêché de/PefnaftibouC) 
SAN-SÀLYADOR-\Rio- Janeiro. 

Le Portugal eft un très bon Païs, riche, fertile, & abondant en tout ce 
qtfon peut fouhaiter pour les befoins & pour les délices de la vie. 

Les denrées dé Porugal font particulièreiheAt le fel , qu'ion trariiporte en 

rnde quantité de Sétuval, ou S. Ubes, dans les Païs Septentrionaux, Phui- 
& quelque peu de vins. Les autres marchandifes , doiit on y trafique', 
font apportées d'autres Contrées. La mine d'argent , que les Portugais noni- 
ment Guacaldana, rapporte tous les ans cent foixante & dix-huit Quentos 
d'argent , chaque Quent valant deux-mille fîx-cens Ibixajite & treize Ducats, 
liuit Réales , & vingt-fix Maravédis. 

' Entre les ?aîs, qui font fous la ^loininatîon dti Portugal, le Bréfil eft 
maintenant un des principaux; <7eft une contrée d\me très longue étendue 
fur la Côte de TAmérique , mais qui n^a que ti'ès peu de largeur. Ce Pafe 
eft vanté, tant pour la bonté de fon air, que pour fa grande fertilité. Le 
|>lus grand revenu que les Portugais en tirent , confîfte dans une quantité de 
lucre, que le terroir y produit en abondance, & dont, entre autres uià- 
tges, ils le fervent pour faire d'exceUenfês confitures^ avec îes fruit» défr 
' .Tome UL Ff cieux 



Vie .DEl^CRIFTIOIf ET DXLICBS. " 

BoR-re- çieux qui y croiflent > aulTi Wen qu'en PortiigaU Le terroir y produit auifi 
ÇAJU ^ du Gingembre , du Coton , de Plndigo^ & du bois de Brélil. Comme lea- 
anciens habitans du Païs font naturellement lertts fi&pareffiîux,. & qu'ils œ- 
% veulent pas laifTer employer à des travaux de grandb âkigue;. les PoFta- 
jgais font obHgés dlatler fur 1» Qoit^ d'Afrique, &. particolièr^ment dans les 
Royaumes de Congo & ti^Angola, pour y acheter des Nègises> qui' feiir 
fervent dWclaves, £>aii6 ce p£s^là on en fait trafic, comme on fait aiUeursl 
de hçeufa & dâ vaches, . C«8 Nègres font, charge <k tout ie tsavaîlile plu» 
Çénible* . ' ' 

Le négoce, que les Portugais font fur la Côte Occideoiaîe d?AfÉique,. 
Q^efl pas de grande iiàportânce , k caufè que les Hollandois sV font établi» 
par-tout à leur préjudice. Les Places mêmes qu'ails tiennent \xxi la Côte O 
rientale, n'apportent point d^autre profit au Porti]^al> fî cen'eflque les 
Gouverneurs, a^'on y envoie, ftvait;s'y cnrichiri. .CéquelesHoUandois 
leur ont laifTé daas les Indes eft encore de quelque importance^ Coa efî 
mje 9&^ gtande* Ville > où il y a un riche commerce de toutes fortes de 
Nation^ Cepcncfant^ il y a longtems que des perfonnes judicieufes ont 
defapprouvé la conduite des Portugais aux Indes (Àientales. €ar ceux dfeh- 
tre eux qui y demeurent n'ont preique aucun fbin de s'exercer dansJe m6- 
4er deâ ariiQûs; Siu.COiltraire, toute kur occupatioaefl de fè plonger. dSio» 
toutes fortes de .voluptés. iiiy^es, &.ils s'eliiment très heuneux, lodque- 
par kur arrogance, ito, peuvent morgues les autres^ Aufli les Hollandois 
n'ont pas eu beaucoup de peine à chafTer de la plupart des Indes une Na- 
tion, qui s'y étoit rendue odjeufe &i méprifable^ Les Portugakont.nàui-; . 
moin^ encore cpnfervé.cet avantage au préjudice dfes Hollandois , qtf ils ontk: 
eu la peijniflîon de négocier à 1» Chine, où ils font^encore eniDcfieirionde^ 
tii Vijle de Macio, fituée dans uae Ifle à la. vue de la Terre-fenpe de cet: 
l^mpire. 

. Le Portugaleft anrofè d'an très grand, nombre de rivières, &; entredbu-- 
p4 de montagnes fertiles. De jGx Fleuves, que nous avons remarqués dtos 
Jiji defcription générale de TEipagne, il y en. a quatre qui pajOTeat par le 
j^ortugal) portant Iji &rtiUté djms ^^ canipagnes, ^cfoumi/Fant Jksh^Mtans 
de bons poilTons, 

Le Mioho ,. qui le fèpue ei^partiè dé la Galice , efl fécond en alofès y ea 
lamproies, enmiunons, &; en truites communes &iaiiinonées^ on y pè- 
che aufTi des étprgeons d'nuç giîc>ff^ extraordinaire. 

Le Douère> Q\ii le fuit au Midi, n^efl pas moins ridie à cet égard: ii % 
^u deâumons&d^éturgeans^inaisen échange on y pêche desalo&s>.des 
jsunprpies &; des truites, plus gcofIes>, que celles qu'on trouye dans les aur^ 
très rivières, à la refejrye du Minho» 
Le Tage n'^efl pas moins abondant en poilTons que les autres , k matée 
• en jçtt€ quantité de fort-gros & d^ fprt délicats; les meilleurs font les a- 
ipfes: & c'efl'peut-^re pour <ette raifonqvje les Phéniciens^, qui occupèrent 
jyajjçejpîs.l»^^ JFieuve \^ W» de Tag. o^Dag^ 



I 



I .. 



D^ESlAGNiEi ET.DEJeaHT tE'CAt. ^r 



qnit) çfti leur làt^^ ligiâfiei poifibn V ^-i^n que leé iiatinds & and^is<^on««^ 
Mitjaiiâl dm Bijà^ l^^ptUpàesti Perça oa ferkes^ comme jeTai remarqué ^^^ 
WUeuiS. 

La Guadiaiia ne le cèdr pointafix autres pour Paboodance des poiflbns; 
tilt en porte une ftnrt gra^d qaaiicic6> ad ne fimt pas tant ^on^ 
"^ur h boûté du goût , .que pour kiur groffeiir extraordinaire. On ]^ preind ; 
i^iaioifeS) des làmpriiies > œs étui^|;eons ^ &d\iutres^poiffond) <]uiatrkiés 
par ie gDUt de Teau douce, y montent )ufqu^4 Mercofe^ od ûs Tout ar^t 
ïêtéS) ne pouvant pas psffiar plus outie. La ûifotidt la pêche des étur*i 
^eons dl dans le Printems : c'eft alors qtfils montent de la mer pour 
frayer 9 & Ton y en prend de fl gros, que deux fuffifent pour charger un 
mulet; 

Outre ces quatre Fleures > le Portugal a d^auires rmèrea*«Mx>re , qui mé* 
ïitent d%re remarquées^ iSit poiir leur grandeur , foit pow leur fécondité 
«n bons poiflbns. ti y en a quatre entr'autres , qui fè jettent dans TOcéan, 
^ plufieurs autres qui vont porter leurs eaux dims les précédentes^ les qua^^ 
tre font; la Lima, le Vouga, le Mondégo, &le Zadaon.. ^ ne parlerai 
id . que de ces quatre , renvoyant les autres à la description particulière des 
Provinces qu^elks aitofoit. 

La Lima di laphis Septeittrionate de toutes^ elle prend ftfburce dans H/: 
Calice> entre ies Viâes cTOrenfe & de Mont6^&et, <kns <b certains lieux 
marécageux, pafle à ^Sôiao^ à Ponté de Lima, & fe jette dans TOcéan à' 
Viana. Les Anciens Tappelldent Limia èc Leliie, ou Rivière de POubli^ 
|»arce que les peuples^> iqiii.fi^îctoient fur lès bords ,, aérant été chaffôs par u- 
ne fédition, des environs de k Guadiana, où ifs étôlent auparavant, y a^» 
voient oublié leur patrie & le mal qu^ils y avoiènr foùifert; Ce nonà de Ri- 
vière de rOubli fit tant de peur au» Romains , la préraiète fois qu)ils allè^ 
?ent dans ce <}uaitier^ ibus le. commandement de Junius Brutus^, qu^ils 
crurent, être aux pertes de r£nfèr, & ne vouloient abfolument point pa(^ 
fer phis avant. Ce Général Romain fut cdntràidft d'arracher une Enfei*. 
gne de la main de celui qui la portoit , & de marcher le premier à la^ 
tête de ies troupes , pour les obliger de pafler ceti^ rivière. On y pê^ 
che de bons poiiTons, particulièrement dea fanmons & des étutgeons.. 

Le Vouga fort du Mont Alcoba , baigne les murailles d'une Ville dont H 
porte le nom, & &. jette un peu au^elTous dans la mer : il eft fécond en a« 
lofes, en lamproies &;en< truites. Les anciens font appelle Vacca, ouVa^* 
cua. Le Mondégo ,. connu autl^efois fous le nom de Munda, fort des mon«- 
tagnes, au Couchant de la Ville de 0uarda, pafTe à Sélorico, à Pégnaco^ 
va , & à Coinïbra.> & fe dégocge; dans fOeéân par une large embou^» 
«bure. 

Il eil fort rapide^ & devient exceflivement po* çiand il pleut; il porte 
hitesiu dès fon embouchure jufqu^à Coimbra & un peu au^deifus» Le Za<^ 
daon , Satanus , auquel les Anciens donnoient le nom de -CaUipus , prend Ql 
fource au Midi du Royaume^ dana |es Montagnes d'A^arvi^; .il 4W forme 

Ffi au 



»mi *\ > 



dia: 



DESCRIFTlONErr. DELICES 



f' ' 



cil» 



ta cômmeûceûïent ^^tm raifleau^ qui 5 groQi des eaux de PËxaFrama, ^ 
Campilhas & de quelques autres petites rivières 5 ie Jette , dans le Golfe dd 
SétubaU un peu au-deflus de la Ville de ce nom. Il eft fécond en diver»* 
nres de poilTons » qu^on ne trouve pas facilement ailleurs ^ comme mi^es, 
rbeauX) anguilles > & autres: dès Pendroit où il fè joint à la marée ^ oa- 
y trouve quantité de cancres marins & de pétoncles. 
; Les Montagnes du Portugal méritent aufli une defcrtptiôn particulière ^'^ 
mais je la renvoie à celle des rrovinces> où çlies ië trouvent. Je me con^ 
tenterai d'indiquer ici les plus coniidérables 9 qui font: 




UEftreUaj 

Le Mar van > 

LaSintra> 

L'Arabida; 

Le Monté-Juno; 

Le Kinde ou AhordèS) 

Le Pomarès ^ 



L^Angarve> 

Le Gérez, 

Le Tapeio ^ 

L'Alcobace, 

Le.Montémuro> 

L'Ofla, 

Le PorteL 



% 



On peut divifer le Portugal en deux parties principales, qui font le 
yaumé d'Algàrve , & le Royaume de Portugal ; & chacun de des Royaumes 
il divi& en cufférentes Provinces) comme on peut le voir dacis k Table iul-*. 
vente» 



^T ^ nt j«.^-„ j» f^^ Cap S. Vincent:. 



1; ' 



i La 

Cou- 
ronne- 
dePor-< 

tagal, 
cù font 



Le Royau- '-"%''^' y^Viïla Nova de Porcimaon. 

me d'Algar-^ /Silves. 

ve où font Le Château dej&"^?^' ^^> 

( Tavira^ 



^La Province 

d'Alentéjo.. 



La Province 



-^ Tavira , Cap. du Royaume d'At 
Çarve. 

CaJtro Marina 
îAlcontimo.. 
fBéja, Elvaa 
< Portalègre.. 
^.Eftrémos, Evonu. 
f Alcocer do Sal- 

S. Ubès 3 Almadgi. 

Le Cap de Rocca. 



Oifcaès., Bélenj*.. - 1. 

d'Eftrémadure -< Lisbonne Cap, delà Couronne cfev 
Portugaife.. t Portugal 
Le Royau- V \ Sîntra, Villa Franca^ Alanguen " 

•medePoFtu-^ tSantaren, Tomar. Leiria. 

\^y Q\lSboÛ . . fCoifflbnij CaTtel-Biancoa : ^^ 

" ^ . ^ ^ Idanha^ù 



D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL, ^^ 

La Province de j Idaftha, Guarda.' - " : PeM». 
Beira. ]Vifeu, Aveiro. «**- 

(;Lamégo. 
La Province ?Port6 Viana de Foi de Lima, 
d^entre Douro < Ponte de Lima , Bra^ 
& Minfao. ( Guimarenàs, Amantnt. . 
j La- Province de ^ Villa Real, Miranddaj Terré de 
1 Tra-los-Mon^ -^ Moncorvo. î 

••' ltè& \jBragance,MirandajPinHel. 

On peut aufli divifèr ce Royaume en trois parties un peu inégales, fui* 
vant les quatre Fleuves qui Farrofent. Ges trois parties font fiibdivifées cba^ 
cuneen deux y ce qui fait le nombre de iîx. Il y en a deux dans la partie 
beptéiitrfonale ; celle qu'on nomme EiM:re-Douro-&-Minho , prfrce qu'elle 
eft entre ces deux- rivières , & celle qui porte le nom de Tra-los-Montès j 
e*eft-à-dire > au-delà des montagnes, utuée à POrient de la première: deux 
au cœur du Royaume, TEftrémadoure & Beira: deux au Midi, cfelfe qu^on 
appelle Alentéjo , c'eft-à-dire , au-delà du Tage j & TAlgarve , qui porte le 
titre de Royaume. '. 

Je vai décrire ces Provinces par ordre, commençant par le Septentrion, 
& avançant delà fuc'ceûivement juiqu^à Fextrémité Méridionale» 



L 



Z<i Prtwiwff i'ENTRE-DOURO-ET-MINHQ. 

> • 

A Province dTEntre-Douro-à-Minho , (Provimia Int6r0mds) porte ce j^'*™*' 
nom y parce qu^elle eft renfermée entre ces deux rivières , dont la pré- ^Î^Mm* 
mière la termine au Midi, & la dernière au Septentrion > & la fépare detog^^ 
Galice. 

Du côté de TOccident cHe eft bornée par la Mer Océane, & du côté 
de POrient elle confine à la Province de T ra-los-Montès , dont elle eft fé- 
parée par des montâmes, par une ligne tirée d'^Aravio julqtfà Tendroit 
où la petite rivière de Pélim le jette dans la Tamaga , par cette demie** 
re rivière, de cet endroit-là jufq'u^à fon confluent avec le Douère ; telle- 
ment qu'à la réièrve d'un feul petit coin, elle eft environnée d'eau de tou» 
cotés. 

Son étendue eft d^environ dix-huit lieues de long fiir douîie de larçe. Lo 
terroir y eft fi bon, fî fertile & fi riche, & Pair fi pur, fi- bon, & G fkin, 
que les habitans y peuplent à merveilles , & qu'il n'eft pas rare de voir de» 
kommes qui parviennent à un très grand âge , des femœs qui conçoivent jiifl-^ 
qu'à l'âge de cinquante ans , & des^ familles de vingt-cinq enfans, AaflV 
compte- t-on dans le petit efpace que renferme cette Province, jufqtfà qiia-^ 
torze cens foixante Egliies paroiillales, outre une.Egliiè Métropolitaine y 
tjjieft cefie de Braga, oc une Epifcopale, qui eft celle de Porto; cent tren- 
te Maiibns Religieuiè» ide.l'nn ^ de l'ïiutceièxei .ridi«meïitren(;é^;:fe 

rf i Ports 



':qp . D.ESCRtPTIOK ET DEXICES 

Emw* Ports de iner> ^Quïcceâf FoiMi, de pibTe^& plus de dnq nulle Font 

Dom^ qui ne tarifTent jamais* 

£T-MiK- Les Milices de la Province forit compoïècs de ïèize mîïle liommes, & 

*^ part^S^ e» huit R^tmens de deux mâle hommes chacun. Mais dans le^ 
cas «extraocdiixsutes on en poorroîc lever: davantage ) sHl le faHoit néceflai* 
rement; iL{)^y «.guère plus d^un Siècle 5 que dans le feul territoire de Bar* 
siîHp^b^ â &: tjnouva di^-fqpit mille hoàunes portaos armes ; & ce territoire 
n^cR. pas le pins grand de la Province. 

Ce ijui contribua à cettft grande bonté du terroir , eft ht ^antité confi* 
dérable de rivières dont il eft arrofè; car outre le Douère^ le Minho, & 
lu lima > dotât f^idé^; pariée Ton y voit encore la Tàmaga, ieCavadot 
4c le Rio d^'Avé, La Taat^ fort de la Galice, où die pafle à Monte^Rei^ 
entre delà dans la Province de Tra-lo^-Montes, où elle baigne les murailles 
de Chiaves, enfuite dans la Province que )e décris 3 & & jette dans le Doué» 
re: le Cavado (Cadavus) palTe à Braga & à Barcelos, & fe jette dans TO 
céan : le Rio d'Avé anciennement Avo ou Avus» fe jette dans TOcéan ^ 
yiUftrdo*Conde. 

paies frontières du côté de la Galîa. 



Max^A' T A Province, dont je parle, étant frontière de laGalice^ les Portugal» 
f «• P ^ ont eu foin de la remparer de Places fortes de ce côté-là , pour n'avoir 
rien à craindre de leurs voifîns > tandis qu'ils ont eu la guerre avec eux« 
Melgaço eft la plus Septentrionale, enfermée entre le Minho, la petite ri- 
vière de Ft4ia> & de naùtes montagnes. 

Dunurt la guerre avec les ËTp^^iolson Pavoit fortifiée de quelques ou^ 
vngesy mais depuis qu'ils eurent la Paix avec eux , ils Pont négligée. 

A rOccident de Melgaço . eft Monçaon , fîtuée aufli fur la rive du Min^ 
ào, vis-àrvis d'une petite Place de la Galice, nommée Salvaterrâ. Mon* 
çaon eft défendue pan un Château >. fortifiée d'une tenaille à deux flancs^, & 
les murailles de la Place forment cinq Courtines revêtues d'autant de plate^ 
ibrasfiS* 

ïMe eft Capitale d'un Comté,, que Philippe IV donna à Rodrigue Loboi 
GénéraldoP Armée de Portugal 

H y a à Monçaon une Eglife Paroiflîale, un Couvent de Religieux., ua' 
de ReUgieufes, &; environ quatre cens habitant 

Les armes <fe cette Ville font une Muraille for laquelle eft aflliè une fèm^^ 
ne ayant, deux pains à fes côtés Elle prit ces Armes (*) fur ce Qu'étant 
aHl^ée par Don Pé<ko Sarmiento, Gouvernein: de la ôalice pendant les^ 
Guerres de Don Henriquès II de Caftille y contre Don Femand de Portu» 
ga!, elle fo voyoit tellement preflèe par la faim, qu'elle fo difpofoit à capi- 
tuler,quaiKl une femme fit cuire quelques pains du peu de &rine qui re&oit 

MX 



D^BSPACNE ET DE PORTUGAL; x%f 



fttt^ afitegé? , & s^&atnt mUk fur h nuiMille ks jettaf à PArmée âes lEttasÊÙs.^^^^^ 
Ils crurent ^ue rabondance étoitdans laVille^ ce qui fes^eaagageaàkverS^ 
le Siège.. ^ 

Un. peu plus avantàPOccident e(t Vafença-db-Mi^^ Tuy.- 

Cette Place eft fituée fur une hauteur , dont la pente s'étend juiqu'au bord 
du Minho;^ & fortifiée et cinq baftions^ qui ne font pas revêtus. 

Elle eft Caottale d'un Comté > qui appartient au&Marqpis de Villaréal,» 
de la Maiioade Ménéfès; 

VilkM-Nova-dè-Cervéra eft un peu plus loin à rOccident, fiteiée aufli iî» Vira*- 
le Minho vi»^-^vis du. Fort de la Conception 9 que les £fpagnols ont bâti No:» ^, 
èsim la Galice. Cette Ville eft fortifiée d'une aflîa bonne muraille ^^ë qua»^^- 
lire baftioDS & de quelques autres ouvrages avec un ioSéjy & défendue pat 
un beau^ eraad Foit > à cinq.baitioiiS) confirait Jiors des ibumilks^fiiciuit 
hauteur ^n£ elle elfl comttiandée; , . . 

A deux tienes plus avant eft Otmînhay h, dernière Place ftbntière^ fl^CAWM* 
tuée vis-à-vis ât éuardia Ville de la Galice ^ à PEmbouchure du Minhûj^^^ 
Elle eft alTer forte & par la Nature & par TAiti^ environnée du Minho d'un, 
côté 9 de la petite rivièpe de Coiro de Tautre., ^ fecmée de murailles avec: 
quelques baftions. A rentrée de la rivière eft une petite Ifte> diins k^ 
quelle on a bâti un Fort , pour défendre Fàpproche de la Ville. Ce Fort, 
eft quacré > revêtu de maçponecie 3. avec une demî-lune qui couvre k» 
porte. 

Caminha eft Capitale d^un Dudié> qui a^^rtientaux Marquis de ViUa^ 
téak. Philippe III, Roi d'E^a^e &: de Portugal ^ Térigea en. Duché eus 
160Q en faveur de Don Michel de Ménéfès & Noroffa^ fixième Marquis dd* 
Villaréaly i/Tu de la Maiibn Royale de Cafliille. Ce nouveau £>uc étanfe: 
mort fans enfans, Don Louis Ménéfès &. Norois lui fiiccédâ^iSc fut iëcontK 
Duc de Caminha : mais après la fameufë révolution de Portugal , ayant 
^iré contre la peribnne ou nouveau Roi Don JeaaIV, pour, fuivre le , _ 
û du Roid^£ipagne> il fîit arrêté. dans le Fàlais Royale 21 Aoiit lô^si^ 
&: eut la têle tranchée avec Don Michel fon fils unique, auquel il avoit œ^ 
dé le Duché de Caminha , retenant le titre de Marquis^ de Villaréal > &-tDiif ^* 
leurs Etats furent confilqués au profit du Roi. * 

Donna Marie Béatrix de Ménéfès &: Noroiia) fœurde ce dernier v ne^ 
laiflTa pas de prendre la qualité de DuchefTe de Caminha &de Marquifeidt: 
Villaféali^. qu'elle unit à celle de Comtefle d^Avalos^ &. de Valence &;:d« 
Valadaras. Elle avoit époufé en premières noces Don Michel de Ménéfès 5, 
& Norofia, premier Duc de Caminha 3. fon oncle > Irauel étant mert fàn^c 
ènfans:) comme nous avons dit,. elle -fe remaria en Caftille avec Don-Pédrô* 
Portocarréro > huiëème Comte de Médeilin , & de cette alliance naq\iitL 
Don Pedro -ï3amian-Lugardo de Ménéfès, Portocarréro &Norofiâ,Dtoc: 
tàt Caminha,. neuvième Uomte de MédéUin^ d^Âlcoutin^ âcLde ViUadara^ 
Marqiûs de VillaréaL, • 

Ce» Base» iricnitiètes^ oâtt vas gsomToa dâtcnop r eocreC8ini& enritoutr 

leoss^ 



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t 



l%i 



DESCRIPTION £T DELICE^S 



CAMIlt- 
Hi. ■ 



VUKA. 



téwsy dans la .Paix comme dans la gaerr&. H n^ a de la dilOg^jeirce <fae 
éa plus, au moins pour le nombre. 

■ 

yîlies fur les.Câtei 6? muc ewpirons, 
V I A N A. 



I • .. 



IA première Ville , qu^on voit fur la Côte après Catnixiha ^ eft Via» 
1/ de fox dô Lima, ainfî appellée, parce qu^elie eft à Temboucbare de la 
Lima, pour la diftinguer d'une autre Viana, qui eft dans la partie Méridio* 
nale du Royaume. Celle , dont je parle à préfent , eft à trois lieues de 
Caminha, ccàci^Q ou flx deBraga, ikiiée dans un angle droite que la 
Lima forme en fe dégorgeant dans la Mer. 

La Ville eft aflez grande, ornée de quelques beaux bàtimens , fbit pu- 
blics ou particuliers , entr'autres deux Couvens de Religieufes de TOrdre 
de S. Benoit, maigrement rentes. 

Le Port y eft très bon & très affuré contre les furpriiès, parce que c^eft 
un Havre Je Barre, comme on parle, où les vaifleaux ne peuvent entrer 
qpie dans le tems de la pleine Mer, à caufë des bancs de fable qui occupent 
rembouchuré de la rivière; encore ne peuvent -il$ le faire fans la conduite 
des Pilotes de la Ville, qu'on fait venir à bord par le fîgnal du canon. Lor{^ 
que la marée fè retire, ils demeurent à fec, à moins qu'ils ne foient dans le 
canal , 6ù il refte toujours dix ou douze pieds d'eau , après, le reflux. Les 
Bàtimens y font à Tabri des quatorze vents , qui font entre le Nord &; 1» 
Sud , du Côté de J'Orient . 

: . A rentrée du Port, on voit une très "bonnfe Qtadelle, conftruite régulier 
rement., au bord de la Mer, environnée d'un foifé taillé dans le roc ^ & 
garnie de grolfescouleuvrines. : 

- Viana eft la Place d'^armes de la Province , Capitale d'une Comarca ou 
Juridiftion, & le lieu ou demeurent le Gouverneur de la Provi|ice,le Com- 
mandant & le Tréfbriér Général On y tient ordinairement quatre com^» 
pagnies en garnifon, deux d'infanterie &.deux de Cavalede. La Citadel- 
le a fon Commandant 5^fa Garnifon à part. 

'. En rwnontant la Lima , l?on voit fur fes bords une belle Ville , appellée 
Ponte de Lima, qui tire fon nom d'un magnifique pont conftruit fur cette 
rivière. Elle eft embellie d'un fuperbe Palais, & environnée d'une campar 
gne fort fertile. . ; ^ 

De Viana jufqu'à Porto l'on compte douze lieues 4^ chemin. > En y al^ 
lant on trouve un païfage fort agréable & fort beau. L'on voit fur la côtç 
de la mer, &aux environs, quantité de Ville^, de Bourgs Se de Villages; 
Neyva, petite Ville fituée à l'embouchure d'une rivière du même nom^ 
jq^ipellée anciennement Nxbis^ Elle eft Capitale d^un Comté, qui appar-^ 
tient au Roi en qualité de Duc de Bragance. 

r Plus)lQin.on.xû»t |]^&ndo> iltu£ vers rçmbeiichui;e .4u Cavadp;^^ &: 
; ' Von 



c -*- 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL, 255 

l'on paffe à Barcelçs, Ville érigée en Duché par le Roi Sébaftien , dont Viauju 
les Aines des Ducs de Bragance portoient le titre. Elle eft lituée fur le 
Cavado , avec un pont affez beau : f on dit qu'elle a été fondée par Amiicar 
Barca, 230 ansuvant fa venue de Notre Seigneur. 

De Bapcelos oh va ctoit à Porto. On lailfe fur la droite Villa do Con- Barce- 
de, ViHe médiocre à Tembouchure de la rivière d^Avé. Elle a un petit los. 
Port 5 dont l'entrée eft défendue par une terraffe, garnie d'artillerie : les ha- 
bitans vivent de leur pêche. 

. Villa do Conde eft fur la rive droite de la rivière d'Avé ; fur la rive op- Villa 
pofée on voit une petite Place peu importante , nommé Zurara 5 fîtuée à ^^ C^^' 
quatre lieues de Porto. ^^ 

PORTO. 

PORTO eft une Ville ancienne, fitoée fur la droite du Douère, à ufle*^"^ 
lieue au deflus de fbn embouchure. Ceft cette Ville, qui portoit au- 
trefois le nom de Portu-cale, & qui, lorlque tout le Royaume s'appella Por- 
tugal, tronqua Ion nom de la moitié, ne retenant que le nom de Porto : je 
vt)is que quelques-uns rappellent aujourdhui Port-à*port. Elle eft conftfuir 
te fur la pente d'une montagne alFez roide^ dont le pied eft mouillé par le 
Douère. - 

Ce Fleuve y forme un bon havre de barre, domt Pentrée eft très difiîcilet 
pour ne pas ^ire impolfible , à caufe des bancs de fable , êc des écueils , ca^- 
chés fous Peau, & découverts à-fleur-d'eau. Les VailFeaux n'y peuvent en*- 
trer que dans le tems de la pleine mer , & fous la conduite de quelque pilo- 
te de la Ville. La Rade eft fort foacieùfe , & peut contenir une grande 
& nombreufe Flotte. Celle du Bréfil y arrive quelquefois. 

La fituation de cette Ville , fur le penchant d'une montagne , eft caufd 
qu'il y faut toujours monter ou defcendre ; mais du refte elle eft belle,* les 
rues y font propres, & bien pavées; & for la rive du Fleuve il règne un 
^rana & beau Quai d'un bout de la Ville à l'autre ; on y attache les vaif- 
fcaux , & chaque Bourgeois a le plaifir de voir le fien devant fa maifon. 

Cette Ville eft la féconde de la Province, honorée d'un Evêché fort an- 
cien, d'un Parlement ou Confeil Souverain , qui eft le fécond du Royau- 
me. L'Fvêque, qui eft fofiragant de Braga, a quinze mille ducats de re** 
venu. 

Il y a des Académies, où les jeunes Gens peuvent apprendre leurs éxerci* 
ces; & un Arfénal, où l'on équipe les vaiileaux de guerre, qu'on bâtit là 
cous les ans. 

Du refte la Ville n'eft pas fort grande, on n'y compte guère phis dequa*^ 
tre mille Bourgeois, mais en tems de Paix il s'y trouve toujours bon nom- 
bre d'Etrangers, que le commerce y attire, François, Angiois & HoK 
Jandois. ^ ■ / 

Entre les batimens Ibmptueux, qui s'y voyent , l'un des plus confîdérables 

Tome UL Gg eft 



*j4^ DESCRIPTION ET DELICES 

VoKip. eft le Couvent des Chanoines Réguliers de St. Auguftin. Leur E^life eft^ 
ronde, & richement ornée. Ou voit dans le Cloitre une Qaterie qui eftune. 
pièce remarquable à caufe de fà longueur extraordinaire* 

Bien que Porto foit unp Place fort importante, elle nW cependàntquô 
très pcuTortifiée pat Part; mais elle rèft-fi bienpaf la nature,..& elle eft 
tellenient injiçceflible par ragr, que les Portugais n'^ont pas jugé fort neqeP 
faire de la munir avec beaucoup.de foin. Elle, n'^ft environnée que de vieil- 
ks murailles, de cinq ou fix pieds d'èpaiffeur, flanquées d'efpacje eh efpacc: 
de noféchantes Touts, à denïi ruinées: & n^'a pour toute fortification qu^uu; 
petit Fort à quatre baftions avec une denii-lune. Elle eil dans un terroir^ 
txès bon & très fertile. 

De Pautre côté du Douère, & vis-à-vis de Porto, eft une petite Ville ap-- 
pellée Villa Nova, qui. appvtient a TEvêque dé Porto. Plus loin au Midi, 
eft une autre petite Place, à cinq lieues de Porto, nommée. S. Maria Arri-- 
j&nîu. hà Province s'étend juiques-là. 

filles au dedans de la Province., 

El Al N s rintérieujrde la Province il n'y a que trois ou quatre Placer, di-^ 
I gnes de remarqué,.Brag^,Guimaraez, Amarante &Lindoib, out 
Lanhofoé 

Cette dernière eft défendue par un Château fermé d'une bonne muraille,. 
&; dont Taccès, eft ttès diflScile*. Près du Château eft, un Fort irrégulier à: 
cinq baftions.. 

G U I M A R A E Z. 

m 

GrnMA. /'^Ui M ARASEZ oufGuimaraens dans la Comarca à laquelle elle donne Î6 
lA^z. vJi nom, eft dans lîArchévêché de Braga à trois lieues à POrient de cet* 
te Métropole, entre les Rivières d'Avé & d^Arézilla,^au pied du Mont 
Latito , félon le langage des Anciens , & que nous connoiffons aujourdhui. 
fous le aoni,de Santa Maria.éc de Mwte Largo ^ à caufe qu'il fe dfevifè en^ 
deux. 

Cette Ville a eu autant de noms qu'il y a eu de Peuples qui Tont habitéey 
felon le Père d! Acofta , les uns Font appellée A r a d u s a , qui lignifie f7A 
If des Lettres: d'autres L e o br i g a ,, qui veut dire Fille forte. Ceux-cr 
lui ont donné le nom de Latito , qui febn quelques Etymologiftes exprime 
fa fîtuation,, parce, qu'elle eft cachée derrière une Montagne; ceux-là celui 
de Laâitay par rapport au Lait de la Ste. Vierge, que Ton croit y poffédep 
dans TEglife Collégiale; ceux-ci Font nommée Columbina^ à caufadu grand 
sombre de Pigeons qu'on y voit Enfin quelques-uns l'ont appellée Santd 
Maria^ ^ caufe de l'Image Miraculcufe de Nôtre-Dame dtOliveira pour la* 
«jiielle, le Peuple à une fingulière dévotion. 

• LfiS. PQrtUgais prétendent qii'dle fut fondée par les Gaulois Celtes cînq^ 

. ' ^ cen»* 



1)^ESÎ>AGNE ET DE PORTUt^AL. ^yt; 

<cens ans avant PEre vulgaire. Elle eft divifée en Ancie-mne Ville Guimâ- 
& en Nouvelle; &, comme Tune & Tautre ji été le féjour des^^-*^ 
Kois de Portugal , & que c'^ft pour ainfi dire le berceau de la Monar- 
chie, elles méritent que nous en faffions une/defcription un peu ck-conf^ 
îtanciée; - ' 

^ancienne Viile fut confiruite ftir un terrain fort élevé, au fommet du- 
quel paroit une Tour antique, dont la porte ^ vingt-cinq pieds de hauteur 
for douze de largeur. En y entrant on voit ces mots V i a Maris, gra»- 
Vés for une pierre. Quelques Etymologiftes prétendent en tirer Torigine 
Md'*un iixième nom, ou^elle a longtems confervà La Ville n'avoit que on>- 
4te cens douze pas de circuit, iès murailles étoient baffes , fbibles, &dé- 
ifèjîdues par une fîmple Barbacane qui éxifte encore- 
La Nouvelle Ville a été conftruite 1427 ans après PAncienne à Poccafîon 
*l^ùn Monaftère* Numadona nièce de Don Ramire Roi de Caftflle & de 
Léon-, & veuve de Don Herménigilde Mendez Comte de Thui & de Por* 
to , ayant obtenu de fon Mari la permiflion de difpoier de la cinquième 
•partie des biens qu'il lui laiffoit, & de les employer a des Oeuvres pies, à 
fz volonté, elle fonda un Monaftère de TOrdre de St. Benoît dans une 
i^inta ou maifon de campagne qu'elle avoit tout près deGuîmaraens pour 
y entretenir un certain nombre de Religieux, comme il paroit par deux 
Aâes Authentiques rapportés par Eftace (^j, Tun du 8 Jiiin 927, & l'au- 
tre du 1 8 Mai 9 J i , Cgné du Roi Ramire, de la Reine Donna Urraca fon 
îlpoulè, & des Princes fes Enfans, par lequel ce Monarque confirme la 
«bnation de la Comteffe Numadona, unit au Nouveau Monaûère celui 
de St. Jean de Porto, & lui fait don de trente Villages, de la i^inta 
de Meuarès fituée for la Rivière deDuéro, & des Métairies qui endé- 
î)endent. 

Ce nouveau Mx>naftère devint fi célèbre, tant parla Sainteté des Reli- 
gieux, & des Religieufes qui l'habitoient , que par les fréquens miracles 
3u'y opéroit l'Image de Notre-Dame d'Oliveirai, qu'une foule innombrable 
e tous états, de tous âges & de tous fexes, y alloit en pèlerinage de toutes 
îes parties de l'Efbagne; ce qui obligea les Religieux à faire bâtir des Maifons 
autour du Monaïtère, pour y loger éette quantité de monde que la Dévo- 
tion y attiroit , dont plufietirs attirés par les attraits de la retraite, tes autres 
par la beauté du lieu ,. y tranfportoieiit leurs effets & s'y établiffoient. Ce- 
la multiplia tellement le nombre des mailbns qu'en très peu de tems un lieu 
3' liî fèmbloit ne devoir être qu'un afile de Pèlerins, devint un grand Bourg, 
c dans la fuite une Ville aflez confidà^able , pour être la Cour des Rois de 
' Portugal , comme nous allons voin 

Altonlè VI, Roi de Cailille & de Léon , ayant marié Donna Thérèfe fa 
fille à Henri de Bourgogne^ & lui ayant donné pour dot tout le Païs qu'on 
appelle la Province (rentre Douère ScMinho^ à titre de Comté de Portugal; 

ce 

-(*) Aoiiq. de Portugak C. i. & a. n. 4. & n. ar. .^ 

Gg 3 



l 



-3^ DESCRIPTION ET DELICES 

GuiMA- ce Prince s^alla établir dans l'ancien Guimaraens, mais s'y trouvant tropk 
RAfcz. rétroit , & y manquant d'eau & de quantité d'autres dhofcs , il forma le cidr 
fein d'aller fixer fà réfidence dans le nouveau. 

Pour cet effet >il y fit coniiuire une Chambre des Comptes y une Salle d'Aui* 
dîence, des Prifons, & une forte Tour , pour y dépoièr les Archives,, Se 
dans laquelle les Titres de la Couronne ont refté jufqu'au 13 de Mai lyii^ 

Iue k Roi les fitt transporter à Lisbonne, oàils font conièrvés dans la Tour 
u Tombo. 

Tous ces Edifices éxiftent encore , & leur Magnificence jointe k quantité 
d'autres chofes remarquables Qu'on y voit , font du vieux & du nouveau 
Guimaraens une des plus conlîaérables Villes de Portugal. 

Sa fîtuatidii ne làuroit être plus avantageufe, puifque, comme nous i'a^ 
Tons déjà dit y elle eft bâtie au pied du Mont Latifo , & environnée de deux 
Rivières 5 qjui fertilifènt fon Terroir, & font un des plus beaux afpeds qu'on 
puiffe imaginer. Elle eft environnée de murailles fortes , crénelées &. dér 
fendues par neuf Tours. Son circuit eft de trois mille fîx cens quatre-vingtr 
cinq pas. 
• On y compte cinq Eglifes Faroiffiales, huit Couvens, quinze Chapelles 
ou Hermitages , cinq Hôpitaux, quinze Places , cinquante iept Rues, huit 
.Portes, quatre Ponts, & mille neuf cens foixante (Se trois Familles, lavoir 
fix cens quatre-vingt-trois dans Penceinte des deux Villes ,. & douze cens 
quatre-vingt-deux dans les Fauxbourgs. 

De toutes les Rues de l'ancien Gmmaraens ,. il ne refte plus que celle dû 
Château, appellée autrefois Rue de Sainte Barbe, dont la porte qui ei^ 
.1- Orient porte, le nom> deforte que tout le terrain fin? leauelcetteVilleétoit 
bâtie , n'eft occupé prélentement que par des maifons ae Campagne , qjiç 
des particuliers y ont fait conftruire, & par un Palais de forme quarrée^ 
dont Alfonfe, premier Duc de Bragance , fit jetter les fondemens , &quî 
auroit furpaffé tous ceux qu'on voit eaPortugal, s'il eût pu l'achever; mais 
la mort l'ayant furpris , cet ouvrage demeura imparfait. Cependant qnelr 

2iies-uns de fes delcendans y ont tait leur réfidence. Don Duarte , Duc de 
xuimaraens > a été le dernier , & Donna Conftance de Moronha féconde 
femme de Don Alfonfe, dont nous, venons de parler, y mourut LorP 
qu'on y creufe la< terre pour y faire de nouveaux Edifices , on y trouve des 
veftiges des Anciens > qui font jugçr que cette Ville, étoit. fiiperbement 
bâtie. 

Le nouveau conferve encore tout fon éclat. Ses Rues^ pour la- plupart, 
fcnt longues > larges, & droites. Ses Eglifes font fiiperbes & richement or- 
nées. Ses Couvens font magnifiques, & bien rentes. Prefque toutes fes 
Places font bordées de maifons bien bâties. En un. mot, on y remarque 
tout ce qui peut eontiubuer à former une Ville confidérable. Nous ne nous 
attacherons qu'à quelques Eglifes, & à quelques Places,, pour ne pas paffçr 
ks bornes que nous nous fommes propofées, de ne rien aire qui ne foit Sr. 

gne de la curiofité du Leâeur.. 

Quot- 



D'ES-PAGNE ET DE PORTUGAL. ^37 

Qnoique TEglifè de Saint Michel du Château, foit inférieure à quelques GvmA- 
autres en beauté & en m^ignificence nous commencerons par elle, d'au tant ^^• 
qu'elle elt la première d& tout TArchévêché de Brague. Son Architeéhire 



paré de la Chapelle majeure par une Arcade de pierre fur laquelle on a bâfii 

deux magnifiques Autels, dont celui qui eft du côté de TEvangileeft dédié à 

^ Notre-Dame ae Grâce, & celui qui eft du côté de TEpitre à Sainte Marguerite. 

Près de cette EgUfey on voit un Hôpital, avec ime très belle Chapelle, 
où Ton reçoit les Pauvres qui font hors d'état de pouvoir gagner leiu- vie^ 
foit à caufe de leurs infirmités ou de leur grand âge, auxquels 1 Abbé deCai- 
maraçns, qui en eft FAdminiftrateur, fait diftribuer tous les ans une certain 
ne rétribution pour leur entretien,. & une voie de bois la veille de Noël à. 
chacun, 

A quelque diftance delà s^élève TEglife Royale & Collégiale de Notre- 
Dame d'Oliveira, qui par ià fomptuofîté & par les grands avantages qu'elr 
le a non feulement au defîus de toutes celles de Cuimaraens,maismêmeau'* 
defliis de toutes celles de PArchévêché de Braguemériteroit d'occuper le 
premier rang dans notre defcription ,. & dont la fondation primitive feroic 
incomparablement plus ancienne, que celle de St. Michel, fi nous en ai- 
dions des preuves pkis authentiques que celles qu'on tire d'une pieufe tradie 
tion de laquelle on peut raifbnnablement douter, fans pouffer la critique 
trop loin. Nous ne laifferons pas cependant de la rapporter, telle qu'on 
-la trouve autorifée par les Mémoires des anciens Bénéficiers de cette Eglife> 
par les^ Moines Chapelains de Notre-Dame, par des Ades trouvés dans det 
Archive? fort anciennes & par une Epitaphe Gothique qu'on a trouvée daM 
un Temple qui a fervi de fondement à cette Eglifè , que Don Bernard d$ 
Braga délèbre Hiftorien rapporte en ces termes. 

Dans la Place Major de Guimaraens on voit un Temple conftruit à la Mo- 
nique très ancien & majeftueux , qui fut dédié par les Gentils à la Déeffe 
Cérès,. lequel fut détruit par l'Apôtre Saint Jaques > qui après avoir renver- 
fé les Idoles qu'on y adoroit, dreffa un Autel aans l'endroit où elles étoient 
adorées, & y plaça une Image delaSte. Vierge, qu'on appelle à préfènt 
Notre-Dame d'Oliveira, comme il- paroit par une Infcription qui fût trou* 
vée en 'i$S9 dans l'intérieur de la muraille du côté de la Tour, gravée lîir 
une pierre , qui s'étant détachée du corps de la Muraille laifFa voir ces parch 
les: In hoc Jimulacro Cereris collocavit Jacobus FiHus Zebedeiy Germanus 
Joannis^ Imaginem Sanâi Marîci. III. S- C. 1. S. X, 

Dans la fîiite ce Temple fut dédié à. l'Apôtre Saint-Jaques par les Peuples, 
& eut des Bénéficiers fous cette domination , comme il eft prouvé par des 
Ades folemnels, qu'on conferve foigneufement dans les Archives du Cha- 
pitre de Guimaraens, qui juftitienc que l'Ecolâtre de cette Eglife prend Je 
titre d'Abbé de St. Jaques, & jouit des Honneurs, Préro^tives, Exemp- 
tions, Immunités > &; Revenus attachés à cette Eglifè. 

Gg j L'Ima- 



•23S . X)ESCR.IPT10N ET DELICES 

GuiMA- J^'Image de Notre-Dame fut gardée dans ce Temple jufgii^en 4-r<5, qne 
RAEz* iesAlains, les;Suèves, & plulieurs autres Nations Barbares inondèrent la 

GHicôy & y donnèrent des marques de leur fureur & de leur impiété 5 en 
, l)rulant les Corps & les Images des Saints ; ce gui obligea Pancrace Evêque 

-de Brague, dé cacher celle de Notre-Dame dans rendroit le plus reculé da 

iMont Latito , fort peu éloigné de Guimaraens. 

Après que la perfécution fut appaifée^la Sainte Image fut rétablie-, ^ans 

l'^Eglife d'où elle avoit été tirée 5 & y fut confervée avec vénération 5 juf- 

^u'en i6oY^ que TEdijfice fut entièrement ruiné ; mais il fut bientôt réta- 

ili, comme il paroit par ce Diftique. 

Magna Dtmus qumdam pémtus fubmet^fa ruinis^ ' 

Dumjacet in brevius denuofurgit opus. 

De ce Temple Tlmage xie Notre-Dame fut transférée à TEglifè du Mo- 
naftère de Mumadona, qui n'en eft éloigné que de- quatre-vingt pas, dont 
PEglife changea pour lors de nom : car au-lieu qu'auparavant, elle portoit 
celui de Saint Sauveur, dans la fuite elle prit celui de Notre-Dame, de 
iaqudle la Comtefle Numadona eft la première fondatrice* Le Comte Hen- 
ri la continua, & en fit une Collégiale, au-Jieu qu'auparavant elle étoit 
deflervie par des Moines , & le Roi Don Alfonfe I , fon fils, la perfedion* 
lia en 1 139 , & difpofa la forme du Chapitre à peu près telle qu'elle eft au- 
.jourdhui, • 

Don Jean I , qui avoit une dévotion fîngulière à l'Image de Notre-Da- 
me, ne trouvant pas que fon Eglifè fut aflez majeftueufè, ordonna en 14.29 

^ " '" ' ' ' ^ * i ne manquât à la régularité, ni à 

ordres furent fi mal exécutés par 

^ quoiqu'elle ait une Nef, elle n'a que quarante-neuf pas 

de longueur, depuis Ja porte principale, jufqu'à l'Arcade qui fépare la Cha- 
pelle Majeure du Corps de l'Eglilè , tellement que cette Chapelle fut extrê- 
•mement petite, jufqu'en 1^70, que le Roi Don Pedro la fit abattre, & 
rebâtir de nouveau. 

Dans . cette nouvelle conftruftion , l'Architeûe & les Chanoines firent 
tout leur poffible pour donner à la Chapelle plus de longueur, qu'elle n'a- 
voit, mais ayant trouvé du côté du Nord une Muraille qui Ibutient le Clai- 
tre & la voûte de deux autres Chapelles, ils furent contraints de fe con- 
tenter-, d'enrichir, autant qu'il fut poffible,. l'Architefture de la nouvelle 
Fabrique, & de drelTer une fuperbe Tribune au-delTus du Maître- Autels 
'dans laquelle l'image de la Sainte Vierge fut placée , à laquelle on monte 
par im degré de pierre pratiqué dans l'épaifleur de la Muraille. 

Au pied du Maître- Autel, eft im marche-pied par le moyen duquel on 

? monte. Du côté de l'Evangile on voit un Arc fous lequel eft le Siège du 
retenir du Chapitre, & un autre du côté de l'Epitre pour le Célébrant, & 
pour fes afliftans. Dts deux côtés de la Chapelle xègne un rang de fièges, 

V qu'oc- 




D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL. 239 

qu'occupent les Chanoines pendant qu'ils chantent TOifice Divin, oue leGoiMJir- 
même Don Pédro fît faire en i68y. Toute la façade de la Chapelle eit fer-^^^^ 
mée par luie grille de fer bien travaillée, peinte & dorée, qui fait un bel 
effet. 

Le Corps de TEglife n'a que trente pieds de longueur,, mais elle eff azn* 
rée prdque par-tout; &.dans les endroits, où il n'y a pas d'azur, elle efl. 
peinte , ou dorée. Des deux côtés on voit de grandes croifées, fbr les vi-* 
firages deiquelles la Vie de la Sainte Vierge eft, répréfentée pat des peintu- 
Bcs très fines, avec les armes du Roi Don Jean I, & de k Reine fon Epou- 
fe, qui font celles d'Angleterre. 

A rentrée du Chœur on a pratiqué dans la muraille, du côté de rEvaa-- 
gile , un degré de pierre, par lequel on monte au Chœur, & à une Tour 
qui a cent trente pieds de hauteur, au ipmmetde laquelle eft un très beait; 
CloGhçr,àcla pointe duquel eft un Ange armé qui indique les vents qui fouf- 
fient. Cette Tour fut bâtie en i y i J , fiir les ruines d'une autre, aux dé- 
pens du Dodeiir Pierre Etienne Cogominho, Auditeur des Terres du Duc: 
de Bragance & d'Elizaheth Pinheyra fa femme.. 

Au pied de la Tour on a bâti une grande Chapelle , dans laquelle on voir 
deux magnifiques Tombeaux de pierre:, avec deux Figures de demi-corps ,. 
dont rtine répréfènte le Fondateur, & Tâutre fa Femme. Ces deux Tom-»- 
beaux font environnés d'une grille de fer fort haute & très bien travaillée- 
Dans la même Chapelle il y a un Autel fur lequel on dit la MefFe tous les- 
ks Dimanches & jours de Fêtes, qu'on peut entendre dé la rue,& des mai? 
fons qui font vis-à-vis par le moyen d?une porte grillée , au-deJTus de laqueK 
le paroiiTent les Armes du Fondateur* 

Au pied de la Tour, du côté de l'Occident, efi^une belle Fontaine k 
trois grands Tuyaux , qui fournilfent une grande quantité d'eau excellente- 
Celui du milieu, lèrt de Erontifpice au Perron de la porte de la Chapelle ; ce*- 
lui qui eft à main gauche eft d'une pierre d'une beauté firigulière, &.d'une 
Arcliitedure admirable, & eft orné d'une Image de la Sainte Vierge appuiée^ 
for un Olivier, qui font les Armes de Portugal peintes & dorées. Cette 
Fontaine eft faite avec tant d'art , qu'il femble que l'eau qui en fort vienne 
de rintérieur de la muraille de la Tour, dans laquelle elle eft cOHftruite,&- 
les étrangers ne peuvent pas fe perfuader qu'elle puiffe venir d'autre part^ 
Cependant il eft confiant qu'elle y eft conduite d'une lieue delà par des Ca- 
naux fouterrains. 

A la porte principale de l'Eglife on voit à main droite un grand Ecu aux 
Armes du Roi Don Jean I fon reftaurateur, entre deux Anges, & pour- 
Timbre- un Séraphin qui foutient avec les mains la Couronne Royale , & 
àu-déflbus une pierre de Marbre avec cette Infcription. L'-^«M. CCCCXV,. 
êP le VI de Mai cet Oworage fut commencé par ordre du Roi Don Jean /, 
donné par la grâce de Dieu à ce Royaume de Fortugah Ce Roi Don Jean //- 
4?r^ Bataille au Roi Don Jean de Cajlilîe dam les Champs d" jdljubarrota ^. 
dans laquelle il fut 'uainqueur^ ^ en r^connoijfance de cette vidoire q}iil ob- 
tint 



no . DESCRIPTION ET DELICES 

CciMà- tint par le fecours de Sainte Marie ^ il ordonna que cet Oumnage fût fait par 
»AEz. y^^ Garcia Entrepreneur^ 

Cette Eglife a deux autres portes magnifiques, fune au Nord, & l'autre 
au Midi : &, derrière la Chapelle Majeure on a pratiqué un grand CÎoitre, 
où les Chanoines font leurs proceflions ordinaires. Entre TEgliiè & le Cloî- 
tre eil un Qmetière, où Ton enterre les pauvres qui meurent dans les Hô- 
pitaux de la Miféricorde & de FAnge. 

^ Autour du Cloître régnent cinq grandes Chapelles richement ornées^ 
dont Tune ell dédiée à Notre-Dame Pombinha, la féconde ^ à Saint Roch , 
3a troilîème à Saint Corne & bain t Damian, la quatrième à Saint Pierre de 
kCorifrairie dès Clercs de la Ville , & la cinquième à Saint Louïs, 

Près de Ja porte .du Chapitre on a bâti une autre belle Chapelle dédiée à 
Saint Blaifë, où les Chanoines font obligés d'aller réciter pendant cinc^an- 
te jours des prières pour le xepos de PAme de Gonçale Komeù, depuis le 
fourbe Piques^ ^ulqu'au Dimanche de la Ticinité- 

Dans rintérieur de TEglife, entre la Nef & le Chœur, on a ménagé une 
porte du côté du Midi pour aller a la Sacriftie de la Confrairie du Saint Sa- 
crement , & une autre du côté du Nord , pour aller aia Cloitre •& à la mai- 
fon du Prieur .du Chapitre^ tout contre laquelle ell une Galerie qui conduit 
à la Sacriftie des Chanoines , laquelle efl: belle & bien ornée. On y admi- 
re fur-tout un rétable d'Argent vermeil qui répréfente la Crèche de Notre 
Sei^eur, que doxma en prdent le Roi Don Jean I, en actions de grâce de 
la viâoire Cgnalée qu'il remporta fur le Roi Don Jean I de CalElle prè« 
il'Aljubarrota, 

Il y a quantité d'autres Chapelles très magnifiques dont nous ne parle- 
rons pas. Nous n'entrerons pas non plus dans le; détail du Tréfor de cette 
Eglife. Nous Jious canteoteroiis feulement de dire qu'outre une grande 
quantité de Pierreries^ <îe pièces d'Or, de Vermeil, & d' Aident qu'on ne 
peut pas^pefèr au jufte à caufe de l'Email dont elles font garnies, on y comp- 
te 800 marcs d'Argenterie qu'on étale les .jours de fêtes Iblemnelles. 

Cette Egliiè a toujours été fi chère aux Rois de Portugal, qu'ils ont e- 
xempté de toutes fortes d'impôt tous ceux qui font deûinés à la deflervir juf- 
qu'aux Domeftiques &; Locataires des Chanoines. 

Elle eft delFervie par un Qîapitre Collégial & Royal, compofé d'un 
Prieur, d'un Tréforier, de deux Archidiacres, d'un Théologal , d'un Ar- 
chiprctre, de quinze Chanoines, de huit Prébendiers, de fix Clercs, qu'on 
appelle Qipinbas^ qui afllftent au Chœur avec le CJiapitre; avec cette dif- 
férence que les Chanoines, & les Pxébendiers, portent des Aumufles four- 
rées de rouge , &; que celles des Capinhas ne font pas fourrées. 

Les Chanoines font Curés primitifs de toutes les Eglifès Paroifliales de la 
Ville,. & de toutes leurs Annexes^ & en cette qualité le Chapitre affiftoit 
anciennement à tous les enterreraens ; mais comme cet honneur leur devint 
onéreux , à x:a*ife de la peine qu'illeiu* donnoit , ils «'en déchargèrent fur une 
Communauté de quarante Prêtres, qu'ils formèrent & qu'on appeHc Cora^ 

ria^ 



D'ESPAGNE ET DE POJITUGAL. Ht 

rJaj Vuti defquels eft le Chef de tous lès autres, fous le titre de Prévôt, au-GuiMA- 
quel tous les autres font obligés d'obéir comme à leur Supérieur. Raez. 

•Le Chapitre eft indépendant de la Juridiction Epifcopale, & ne recon- 
noit d'autre Supérieur que le Pape. Plufieurs Archevêques de Braga ont 
tàclié de Taffujettir à leur autorité ; mais toutes leurs tentatives ont été inu- 
tiles, & il n'y a pas d'apparence qu'ils en viennent à bout, tandis que les 
Rois de Portugal le maintiendront dans la dorieufe poffeflion du titre 
de Chapitre Royal , dont il jouît depuis la fondation de la Monarchie. 

Le Roi Don Alfoniè IV fit conftruire vis-à-vis de la porte principale dô 
l'Eglife, & au-delà d'une Place qui n'en eft éloignée que de dix-fept pas, 
un fuperbe Fadraonj dont qwiXïQ arcades appuiées fur des pieds d'eftaux,en 
foutiennent la voûte. Tous ces pieds d'eftaux fe terminent -en pointe de 
diamant, tSc s'élèvent au-deflus du toit de la voûte.. Dans chaque flanc 
de la muraille de ces arcades , on voit un Ecu aux Armes du Roi Fon- 
dateur de l'Edifice. Au milieu de l'Arcade, qui eft du côté de l'Eglife^ 
on a bâti un magnifique Autel fur lequel on a placé une Image de No^ 
«re-Dame de la Viftoire. Au pied de l'Autel on voit la figure di^ Licentié 
Pedro de Lobaon, Avocat de la Ville de Guimaraens, lequel entreprit de 
priver l'Eglife de Notre-Dame, & ceux qui la deflervoierit des privilèges & 
Lnmunîtés que les Rois leur ont accordées , & qui , dit-on , en fut puni 
d'une manière furnaturelle. 

La grande Place eft foit proprement pavée, &; environnée de Bancs 
attachés à la muraille de l'Eglifè ou à celle des Maifons qui la bordent 
de trois côtés y lefquelles font foutenues par des piliers de pierre qui for-^ 
ment de beaux Portiques , qui entre le Nord Se l'Orient font face à l'E- 
dile Collégiale , & entre l'Occident & le Nord aux deux fuperbes E-' 
lifices de la Chambre , & de l'Audience, au-deffus defquels on a placé 
deux grands Ecus aux Armes Royales entre deux Sphères dorées & 
peintes. 

On voit encore dans l'enceinte de la Ville , la Place de Saiiït Paye où eft 
fituée l'Egliiè Paroiffiale de ce nom , quoique celle dont nous venons de par- 
ler foit appellée la grande Place; celle-ci eft encore plus grande, mais moins 
ornée. 

-En fortant de la Ville, on trouve à l'entrée du Fauxbourg de Sainte 
Croix, la Place qu'on appelle le Champ de la Foire, vafte, bien peuplée, 
partagée par un ruifleau qui porte* fon nom , qu'on pafTe for un Pont 
oui ne s'élève qu'à niveau du Terrain, &^ui a 120 pas de long fur trente 
ae large. 

, La, partie de la Place qui eft au-delà du Pont, eft toute pleine de beaux 
arbres , à l'ombre defouels on tient une Foire de Beftiaux , qui commencé 
le premier Dimanche a' Août , & dure trois jours. 

A quelque diftance delà on trouve la Place de Saint Sébàftien , 'où eft fi- 
tuée une Eglifè Paroiffiale dédiée à te Saint. Cette Place eft remarquable 
par la beauté de l'Eglife qui la bord© d'un côté,& de la façade -de la Doua- 
• ToM« IIL Hh ne 



1 



242 , DESCRIFTION ET DELICES. 

GuiMA- ne qui règne d'un autre. Delà, en tirant entre le Norjd.& POccidenf, oifc 
ÈAEz. va à la Place du TouraL 

Cette Place eîl bordée d'un côté par de belles Maifpns, dont le Rêvant 
eft foutenu par des Arcades qui font un effet merveilleux >, & certain» jours 
de fêtes on y fait des danfes au fon des Trompettes, & de pluCeurs autres 
Inftrumens , qui fpnt fuivis de Tournois , & de Courfes auxquelles la 
Jeuneffe de la Ville & du voifinage s'exerce. Ceux qui ne veulent ê- 
tre que fpeftateurs de ces rejouïflançes , font aflis fur. des bancs de paier- 
ie, areffés contre les murailles des maifons en forme d'Amphithéâtre, 

Du côté du Midi on a conllruit une très belle Fontaine à fixgros tuyaux>^ 
terminée par une Sphère de Bronze doré, au bas de laquelle font les armes 
Royales. Le pied de la Fontaine eft environné de dégrés de pierre,, fur 
lefquels les habitans fe vont affeoir pour y converfer. 

On voit encore quelques autres Places , & plufîeurs Eglifes dans ks 
Fauxbourgs , dont nous ne parlerons pas , eftimant que ce que nous a* 
vons dit mfBt pour perfuader que Guimaraens eft une des plus confidéra^ 
blés Villes de Portugal. Les Rois lui ont accordé quantité de beaux privi-- 
lèges. 

Avant que l'Ancien Guimaraens fut entièrement ruiné, il avoit une Jurî-- 
diâion dîftinéte de celle du nouveau, & des Majçiftrats diffi^rens; &^ afia^ 
que la mémoire n'en foit pas tout-à-fait éteinte , il fè fait tous les ans le troi* 
uème Dimanche de Juillet une Proceflion folemaelle, qui va de l'Eglife Col- 
légiale à celle de Samt Micliel du Château, à laquelle afllftenMe Chapitre^ 
les Véréadors , avec leur verge en Corps de Ville , accompagnés du Procit- 
cureur Syndic, du Greffier, & autres Officiers de Juilice^ôc. du Corrégir 
dor , du Provéditeur, & du Juge de dehors. 




^n 

rçmet au plus ancien Véréador, pour marquer qu'il n'eft pas en droit d'en- 
trer dans un lieu où il n'a pas de Juridiction ayec les marques qui dénotent 
Içs attributs de la Judicature. 

La Ville eft gouvernée, quant au Civil, parun.Corrégidor, un Aodi- 
teitf, trois Véréadors, un Procureur du Confeil, un Greffier de la Cham- - 
bre, un Juge de dehors, un Juge des Orphelins, avec fon Greffier^ un. 
Maitre de Comptes^ unjEnqueteur, un Diftributeur ^ un Mayrinhe,deux 
Lieutenans de Police , unAlcaïde, fix Tabellions , un Capitaine Major & . 
un Sergeant Major, qui commandent quatre Compagnies d'Ordonnance» 

La Comarca ou le Départemeiitde Guimaraens eft compoiè de 22 ViUes, , 
ûvoir : : 

.Guimaraens^ . Riba Tâmaga ^ 

Brague , Colories de oaftos , 

AmsH 



D'JESPAGNE ET DE PORTUGAL ^3 

Amaraiilte, Reftim> Guima^ 

Vahaon, Pédralta, Raez. 

iFigueira, Vemieira^ 

Monte longo, Tibaëns, 

Raes ) Cambéfès^ 

Villaboft, Gueyada, 

Réda , Capçaons, 

Santa Cni2^ Manédo. 

3Elle s^étend fur vingt Cotifeils qui font : 

Conda, Colories de Bafto^ 

Amarante, Roufi, 

Vulgaon , Reftim , 

Figueira, Pédraka, 

Monte longo, Vemieiro^ 

Raes, TibaënSj 

Villabon 5 Cambéfè», 

Rida 5 Gueyada, 
Santa Cniz, . Capçaon»^ < 

Riba Tamaga^ Manédo» 

'Cette Ville de Guimaraens ell la Patrie d'Alfonfe Premier Roi de Porta- 
rgal) & du Pape Damaiè qui fîegea depuis 367 tufiju'à Tan 38j>. 

Au Midi de Guimaraens ei^ Amarante, Ville aiTez bdle, fîtuéeiîirk 
Rivière de Tamaga. 

Au Nord-Oueft de Guimaraens eft rilhiftre Vifle de 

B R A G A. 

BRaga eft une Cité Archiépifcopale, fort ancienne, connue par lesBiuGA. 
Romains fous le nom de Bracata-Augufta, ou, tout en un mot ^Bra- 
caraugufta, comme ce nom fe voit écrit dans une Infcription qu^on y a 
trouvées 

ISIDI. AVG. SÀCRVM- 

LVCRETIA. FIDA 

SACERDOS. PERP. 

ROMAE. ET. AVG. 

CONVENTUS. BRACAI^AVG. 

V. D. 

Elle étoît rune des quatre premières Vflles dç PEfpagne , Capitale cllin Coir- 
vernement , d'où dépendoient vingt-quatre Cités. Elle mt bâtie par les 
Bracares., qui demeuroienc dans ce Païs-là, &; qui lui donn^ent leur nom. 

Hh 2 Lorf- 



\ 



s 



244c . DESCRIPTION ET DELICES^ , 

Braga, Lorfqiie les Suèves, venus d'Allemagne, envahirent Ja Galice & le Por*^ 
tugal 5 Braga fut le fiège de leur Royaume Tenace de cent fbixante & dix 
ans; & lorfque leur Empire eut été éteint par lesGoths, ces derniers en fi- 
lent auin la Capitale de leur Royaume, & elle confetva cet honacur Tefpa-- 
ce de cent foixante &*dix ans. Elle eft fituée fur la rivière de Cavado, à 
cinq lieues de la mer: 

L'Archevêque de BragarCft Seigneur de cette Ville, pour le temporel & 
pour le fpirituel, c'eft pourquoi ilporte la croffe à la main, & Tépée aucô-- 
té, pour marque de fà double autorité: il a quarante mille ducats de revenu. 
Il diîpute à l'Archevêque de Tolède le titre de Primat de l'Efpagne; & cela 
vient de ce que Tolède ayant perdu fà Primatie par l'invafîon des Maures , , 
Alfonfe I Roi de- Léon & Caftille, lorfqu'il reprit Braga fur les Maures , 
ÏÀn (a) 74.0 transféra cette dignité à fpn Eglife, & tous les Evêques d'Ef - 
pagne reconnurent l'Archevêque de Braga pour le Primat 

Trois fièçles après , Alfonfe VU ayant enlevé Tolède aux Maures , l'An . 
1039, l'Archevêque de Tolède redemanda fe Primatie,. mais celui de Bra-- 

, qui étoit dans une fi longue poiTefTion, ne voulut pas la lui rendre. 
!ette difpute a été renoyvellée fouvent; elle le fut particulièrement au 
Concile de Trente, mais les Papes n'ont jamais voulu la décider-, & elle 
eft demeurée indécife jufqu^à prélènt. Cependant les Evêques E4>agnoIs . 
reconnoiflent le Métropolitain de Tolède , & le$ Portugais , celui de 
Braga. 

- ^tte Villfe a été Chrétienne de bonne heure, & entre fes- Evêques (^) 
il y en a qui ont été mis au nombre des Saints , entr'autres St, Martin E-- 
vêque de Dumie, Monaftère voifin de Braga qu'on avoit érigé exprès pour . 
lui : il fut enfuite élevé fur le Siège Métropolitain dé Braga même , verst 
Fai>: y 70. St. Fruftueux en futEveque au VII Siècle en 6$6y après avoir 
^té aufli Evêque de Dumie. 

On trouve quatre Conciles tenus en cette. Ville. L'un en ^63 fous le 
Pape Jean III , la troifième année de Théodémir , ou d'Ariamire Roi des 
Suèves. Ilfe tint le premier de Mai, &. fut compofô des Evêques de la Qa* 
lice- Le fécond en 572, la feqoode année deMiron Roi des Suèves, au 
mois de Juin,, jurant la yacanice du Su Siège ^ après la mort de Jean III. 
Le troifième en 610 fous Boniface IV; & le quatrième en 67 y foug le Par 
pe Âdéodat. • - 

Le Père Labbe (c) qui fournit cette Chronologie des quatre Conciles de: 
Braga dans fon. Indice Alphabétique des Conciles met le troifième dans la ^ 
Lifte des Conciles rangés fous les Papes durant le Pontificat defquels ils fe 
font tenus ,& appelle en ce.tte lifte (a) troifième Conçilç de Braga, celui qui^ 
çft le quatrième (e) dans f Indice d'Alphabétique. 

Les; 

(«) Morerî met cet événement à l'An ia4a (c) Synopf. Concîk^ 
Çeft un anachronifme de 500 ans. Id) Pag. 84. 

(b) BflUlêh Topogr. des Jalms. p^ 83r (4 ^^ 3^4*^ 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL: 2^? 

Les femmes de cette Ville & font rendues célèbres par leur courage & Bra^a; 
par. leur bravoure , aufli bien que les hommes. L'Hiftoire nous apprend 
que dans luie bataille entre les habitans de Braga & ceux de Porto , les 
lëmmes de Braga firent li bien atf elles eurent la meilleure part àf la Viéloi>- 
re. Pour conferver la mémoire a'un événement qui leur étoit fi glorieux^ 
les vainqueurs impofèrent à; ceux de Porto pour condition , qu'à Tavenir 
aucun homme n?y pourroit entrée dans les emplois ^.à moins que d'avoir Fa^ 
grément d'une femme de Bragav 

Le terroir de cette Ville eflTertile en: vin, en bled , en fruit; abondant 
en herbages, & en légumes, & riclie en troupeaux & en gibier. 

La Province d'Entre-Douro-&rMinho eft divifée en quatre Comarcas , Entrer 
qui font celles de Porto ^ de Guimaraez, de Viana & de Ponte de Lima.^^lj^^; 
Elle eft une des meilleures & des plus fortes du Royaume, étant inaccefllr^^ 
ble aux ennemis par mer, & de très difficile accès par terre, à caufe des 
liantes montagnes dont elle efti bordée. 

On y jouit d'un Printems prefque perpétuel", & d'iin air fort agréable & 
fort doux. On y recueille du froment en quelques endroits, mais le grain, 
qu'on y a le plus en abondance, efi; le feigle & le millet.. On y voit des 
ieps de vignes> qui s'élèvent à.la hauteur des arbres, auxquels ils font atta- 
chés. Le vin, qu'on y Fak, eft paffablement bon^ mais ils n'eft pas néan* 
moins le meilleur qui fe recueille en Portiigal. 

Les Rivières font fécondes en bons poiflons. Les Campagnes font couver^ 
tes de troupeaux, qui portent une laine affez fine, & dont la chair eft la 
meilleure & k- plus délicate qu'on ait eaEipagne; & les Borêts abondent: 
en gibier & en volaille. 

La.Provmceâe TRA-LOS-MONTES., 

LA Province de Tra-los-Montes, c'eft-à-dire, d'au-delà des Mont^gnesi Tra* 
(Pravincia Interamnis)i eft ainfî appellée parce qu'elle eft en eiret C-los^MI^ 
tuée au-delà des montagnes,, à l'égard du refte du Royaume. Elle s'étend 
en long du Nord au Sud, confine dans toute fa longueur au Royaume de 
Léon , comprenant tout ce quartier du Portugal , qui eft entre le Douèro 
& la Galice , à l'Orient de la Province d'où nous fortons ; & renferme en- 
core une langue de terre , longue & étroite,, au Midi du Douère, de-* 
puis une ligne tirée à Gaftanheira fur le bord de ce Fleuve, jufîjuesvers 
la fource dç la Coa; ayant à l'Occident la Province de Beira. Elle a du 
côté de l'Occident de hautes Montagnes, qui l'enferment, nommées Mara- 
no, Jureflb, Miu:o &;Soaio, qui font des branches du Mont Vindius^ ou 
Vinduus» 

Le Mont, i que les Anciens ont appelle Vindius, car aujourdhui il n'a 
point de nom particulier, eft cette chaîne de Montagnes >. qui iè détachant 
des Pyrénées, travcrfe la Bifcaye & l'Afturie; & forme, à l'entrée de la 
Cîalice,. deux branches, dont l'une s'étend tout du long jufqu'auCap de Fi- 

HJi i. niûerr- 



24« DESCRIPTION ET DELICBS 

Tra- :nifterrej l'autre tournant au Midi traverfe le -Païs des anciens Bracares *; 
Los-M. £pare la Province de Tra-los-Montes de celles qui font à fbn Gouchaitt! 

Cette Province eft arrofée de quelques rivières. > Le Douère la traverfè 
îdans fà largeur du Levant au Couchant, la partageant en deux parties pr^ 
-gue égales, & lui fert de borneà TOrient dans fa partie Septentrionale 

Dans cette même partie eUe a là Rivière de Tamaga, dont j'ai dëk par- 
âé; celle de Pinhaoh, .celle de Tuélo, qui fortant de la Galice, palfe à Mi- 
randa, & celle de Sabor, qui paffe à Bragance. Dans la partie, qui eft au 
Mdi du Doùère,elle eft arrofëe par la rivière de Coa,qui fortant des Mon- 
tagnes aux confins du Portugal & de TEftrémadoure Éfpagnole, -coule du 
Midi au Septentrion, & lav« les murailles de Villa-Mayor,de Caftro-Bom, 
& de Pinhel, & fe jette dans le Douère, vis-à-vis de Torre de Mon-Corvo 
-Cette jrivière s'appelloit anciennement Cuda, & elle donna le nom à uii 
peuple appelle Tranfcudani, parce qu'ils habitoient au-delà de la Cuda ou 
Coa, par rapport à l'Efpagne. Il eft fait mention de ce Peuple dans l'In- 
fcription du pont d'Alcantara, que j'ai rapportée ci-deffus. 

La Province de Tra-los-Montes peut avoir environ trente lieues de Ion?, 
fur vingt de large; elle comprend deux Qtés, & quatre Comarcas : celPes 
^e Miranda, de Mon-Corvo, de Villaréal & de Pinhel. Les trois prémiè- 
a:es font au Nord du Douère, & Ja dernière eft au Midi, 

« 
'filles au Nord du Douère, 

MIRANDA DO D O U R a 

TVTiR. DO \ jTIratijda i>o Douro eft ainfî nommée du Fleuve qui lave fes mu- 
Dqdro. iyj. railles, pour la diftinguer d'une autre Miranda, qui' eft au bord de 
l'Ebre dans la Caftille Nouvelle ; anciennement elle portoit le nom de Con- 
tia ou Contium. 

Elle eft fituée fur un roc au confluent du Douère & d'une petite rivière 
tiommée Frefiie. Elle n'a d'autres fortifications qu'une enceinte de murail- 
les, avec un demi-baftion , & un Ouvrage à corne , conftniit entre les deux 
.rivières. 

Cette Place eft néanmoins très importante, parce que -delà Fon peut ai- 
fément faire des courfes dans le Royaume de Léon , qui eft tout ouvert & 
tout ;uni de ce coté. Miranda eft une Ville Epifcppale, dont la Prélature 
vaut dix mille ducats. 

De Miranda tirant au Nord pour aller àBragança, à moitié chemin en- 
tre ces deux Villes , on voit le Château d'Outeiro , fitué fur le fommet d'une 
Montagne, au pied de laquelle coule la petite rivière de Sor ou Sabor. Il 
•eft fort ancien, on le croit un Ouvrage des Maures^ on y entretient ordi- 
Aiairemeiit une,garnifon àe vingt-cinq hommes. 



BRA- 



D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL: z^r 
B R A G. A N CE, 

B; R A G A^N c A., . ou Bragancc 5 anciennement Brigantimn , eft lîtuée fîir Bragan^ 
ï une ruilïeau nommé Feryença^ près de la petite rivière de Sabon El-^^ 
le eft divifée en deux parties, Pancienne Ville & la Cité. 

La Ville ancienne êft fur une hauteur, fortifiée d'une double enceinte de 
murailles. Du côté qui regarde la Cité, la muraille eft revêtue de cinq bai- 
tions, mais il n^ a point de foflè; du côté oppofdelle a une Qtadelle atta- 
chée à la muraille. 

La Cité eft dans la pleine, au pied de la Montagne, défendue par un: 
Fort de quatre baftions revêtus. Il y a toujours huit compagnies aJnfan- 
terie en garniibn. 

Bragance eft Capitale d'^un Dudié fort célèbre, dont les Aines des an- 
ciens Rois de Portugal, prenoient le titre, & qui a plus de cinquante Bourgs 
dans fa dépendance. 

Les Ducs de Bragance étoient du fàng Royal de Portugal , defcendus 
d^Alfoniè de Portugal, premier du nom, fils naturel du Roi Jean I) qui 
prit le titre de Duc de Bragance, &. de Comte de Barcelos & de Guima- 
raez. Il vivoit à la fin du XlV Siècle & au commencement du XV,& mou- 
rut PAn 1461. Les Seigneurs de cette Maifon étoient les pluspuiifans de 
tout le Portu^, & peut-être même de TEipagne, poiFédans en propre; 
près du tiers cm Royaume de Portugal. 

Tandis que ce Royaume a été dans la dépendance du Roi d'Eipajgne,iIs • 
avoient la prérogative, à Texclufion de tous les autres Grands de cette Mo- 
narchie, de s'afleoir en public fous le dais du Roi: ils faifoient ordinairement: 
leur réCdence à ViUa-Viçioia^ belle Ville qui eft dans la Province d'Alenté^^- 
jo , au Midi du Royaume. 

Ceft cette Maifon, qui eft: aujourdhui fur le trône de Portugal, dépuis 
PAn i6ifo, que les Portugais fecpuant le joug de Philippe IV (*), mirent: 
Tautorité Royale & le gouvernement de leur raïs, entre les mains de Jean: 
II, Duc de Éraeance, de ce nom, IV Roi de Portugal du même nôm,&. 
Grand-père de Jean V.. Bragance n'jeft qu'à deux lieues des terres du Roi. 
d'Eipagne : il s'êit trouvé des mines d'argent dans fon terroir. 

A rOccident de Bragance on voit Vignais ou Vinhaes, petite Place, fi-ViN-- 
tuée fur la rivière de Tuélo, qui tire fon nom de fon.vignoQle, , où Ton re- iues»^ 
cueille d'ex<:ellent Vin. . . 

De Vinhaes tirant au Sud-rOueft on trouve Montforte, fur le panchant: 
d'ûiie Montagne extrêmement haute , avec un Château fermé de murailles,, 
fortifié de deux demi-baftions , & couvert d'une demi-lune d'un côté. 

A l'Occident de Montforte eftChiaves, connue anciennement fous leCHiAVEs/. 

nom d'Acjua Flavia,Ctuée fur la Tamaga, à deux lieues de la Galice. Cette 

Place eftj)ien fortifiée 3 fermée d'une double muraille, avectrois taftions^^ 

deux^ 

^ (^)^0n a donné 16 détail, dé cette grande ^volutionibîhs. les AttnaUs^. 



1 



14S 



BE^CRIPTION et DELICES 



ClIIA- 

\xs. 



VlLlAr 

Real. 



VlLLA- 



deux demi-baflions 5 & quelques Cavaliers; défendue par un Château, qui 
eft dans la Ville y & par un Fort de quatre baftions , conftruit hors des mu- 
railles. Ces Ouvrages font tousievêtus, & environnés d'un fofféà fond 
de cuve. 

Cette Ville eft la principale de la Province 5 & le lieu où demeurent le 
Gouverneur & le Thréforier Général: il y a toujours une garnifon nom- 
breute, . 

On a trouvé dans Chiaves une grande quantité de monumens anciens, 
particulièrement une Colomne avec les noms de dix Cités^de la Province-: 

aVITATES. DECEM 

ÀQVIFLÀVIENSES. AOBRIGENS. 

BIBALI. COELERINL ERVAESIL. 

INTERAMICL LIMICL AEBISOC- 

QVARQVERN. TAMACANL 



1 



AXTATA- 

xxs.. 



Almei- 



De Chiaves continuant à marcher vers le Couchant, on voit Montalè- > 
gre, qui eft un Château, fortifié d'un baftion, d'un demi-baftion & de 
quelques autres Ouvrages. 

Au Midi de Montalègre, eft la Ville de Villa-Réal, Capitale d'une Co- 
marca, fituée un peu au deflus du Douère, entre deux petites rivières, 
nommées Corgo & Ribéra. Elle ^partient en titre de Marquifat aux Com- 
tes de MédeUin. 

Au Nord-Eft de Villa-Réal, on voit deux petites Places, Alfandéga & 
Mirandéla, dont la dernière eft fituée fur le Tuélo, & défendue par un. 
Château- 
Plus avant au Sud -Eft, on voit Villaflor 5 jolie petFte Ville, & plus bas^ 
Torre de Moncorvo , fituée dans, l'angle que fait k Sabor en fe jettant dans ' 
leDouère. 

Filles au Alidt du Douèf^e. 

JE vai commencer par la fburce de la Coa^Sc continuer en avançant, jus- 
qu'à fon confluent avec le Douère- Près de fà fource, eft Alfayates, 
petite Place, fituée fur une hauteur entre -des Montagnes, défendue par 
un aflez bon Château. Plus avant on voit fur cette rivière , Villa-Mayor , 
Caftro-Mendo , & Caftro-Bom , petits Bourgs , qui n'ont guère plus de 
cent habitans cJiacun ; le fécond a un Château qui lui lèrt de défenfè. 

Au Septentrion de Caftro-Bom eft Almeida , petite Ville , où il y a trois 
cens Bourgeois, fortifiée de fix baftions, avec trois demi-lunes , & d'un 
Fort à quatre baftions, conflruit fiimne colline; & plus loin Pinhel, Ca- 
pitale d'une Comarca, fituée au confluent de la Cèa & d'une autre petite 
rivière, nommée Rio-Pinhel; on prétend qu'elle a été bâtie par les anciens 
Turdules : elle a reçu de grands privilèges des Rois de Portugal. 
Quittant Pinhel,..& avançant vers leDouère, on vok àJa droiteCaftoI- 

Rodrigo, 



D'ESPAGNE ET D^ PORTUGAL. 249 

Rodrigo, Ville ancienne avec titre de Marquifat, dans une fituation élevée Caste i-r 
entre ae hautes Montagnes, & ornée d'im fort beau l^lais. Rodri- 

•Don Louis de Moura gouverna longtems cette Ville en qualité d^Al-^°* 
caïde» Don Chriftophïé ion fils , s'étant attaché aux intérêts de Phi* 
lippe II y Roi d'Eipagoe, lui rendit des fervices fi confidérables dans la 
conquête du Portugal , que ce Monarque pour hii en marquer fô re- 
connpiflance, érigea la Ville de Ciudad -Rodrigo en Comté en fa fa- 
veur. 

Après la mort de Philippe II 3 Philippe III fon fils Ten fil Marquis 3 & 
attacha à ce nouveau Mârquifàt les honneiirs de Grandefle, & pour cdm-' 
He de gloire, il fut fait premier Viceroi de Portugal. 11 prit alliance avec- 
Donna Marguerite de Corte-Réal, dont il eut plulieurs enfans. ^ Celui qui 
lui fiiccéda s'appelloit Don Emanuel de Moura Corte-Réal, fécond Mar- - 
quis de Caftel^RodrigO & Comte de Lumiarest II fut Gouverneur dés Païs- 
bas. pendant les ^années 1^44,^ 1154.51 5 & 164.65 & fè maria avec Donna- 
Eléonor de Mello , fille du Comte de Tentugal , dé laquelle il eut Don Fran- 
çois de Moura & Meilo, troifîème Marquis de Caftel-Rodrigo, &gouverna 
les Païs-Bas aufli bien que fbn père depuis Tannée 16645 jufquesà 1 668.. II- 
moumt au mois de Décembre 1675" 5 ne laiflant que deux filles de Donna 
Amie-Marie d'Arragon àMoncada, fiHe du Cxième Duc de Môntalto, ft 
femme. 

. Donna Eléôiïor de Moura Corte-Réal , <juatrième Marquife de Caftel- 
Rodrigo, Comtefle de Lumiares, étoit fille aînée du feu Marquis Don Fran- 
çois. Elle avoit époufé en premières noces Don Aniélo de Guzman 5 fils 
puis-né du premier Duc de Médina de^ W Torres, lequel mourut étant Vi- 
ceroi de Sicile, le 16 Avril 1677 j oc ^^ fécondes 5 vers la fin de 16785 avec 
Don Charles Hotoo-Dei 5 Màrqiïis d^Almonacid 5 Gentilhomme Milanoisi « 
de Don Auguftin Homo-Dei5 Marquis de Piopère, Almônacid & Villa-. 
nova 5 & de Donna Marie Laflb de la Véga là troifîème femme. Il eft frère 
du Cardinal Homo-Dei, 

! Comme il prit le nom de Marquis de Caftel-Rodrigo, il voulut jouir des 
honneurs de la Grandeffe auquel ils font attachés ; mais on lui forma de 
grandes difficultés, fur ce qu'on prétendoit qu^il ne fut pas d'une naiflance 
affez diftdnguée pour être revêtu d\me dignité fi éclatante : mais il les vain- 
quit toutes^ SçSt couvrit devant le Roi le 29 Mars 1670. 11 avoit beau- 
coup d'efprit & de mérite. Ceft lui qui eut Thonneur d'être nommé Am- 
bàfladéur & Procureur pour fe marier au nom du Roi Philippe V, avec la 
Princefle Donna Marië-Louïfe-Gabridle de Savoye. Il s^acquitta fi bien dd 
cette commiflion, que le Roi pour lui marquer combien il étoit con- 
tent de lui, rhonora de la charge de. Mayor Domo Mayôr de la Reine ion 
époulè. ...... 

Comme la Marquife dé Caftel-Rodrigo.fbii éponfè mourut fans enfans 5 le 
Marquiiàt de Caflél-Rodrigo 5 & fes autres Etats échurent à Donna Jeanne 
de Moura fà fœur iuiiqué> laquelle époufà:end668 y ^on Gilbert Pio^, Prin^ 
: Tome IlL li ce 



2^ DESCRIPTION ET DELICES 

Castelt qq de Saint Grégoire dans îa Lomhardie: & après fa mort elle.fe retoafr^ 
RoDRi- ^^,çç j^^^ LQ^^jg Contarini Noble VenitieAi alors An^affadeur à. Rome. 
*^* pour la République de Venife., Le Prince Pio fon fi]fi lui a fuecedé iauMir-' 
ouifat de Caftel-Kodrigo, deforte qu'il en jouît aufll bien que ck la digdité 
de Grand d'Efpagne qui y eft attachée 5 & dont il Ibutint l'édat par un mé- 
rite avéré y &; par un inviolable attachement à la perfonnedu Roi, qui l'ijo- 
nora de l'emploi de Gouverneur de Madrid avec dovize milbécus d'appoia- 
tement : il fut fait eniiiite Viçeroi de Catalogne. 

Sur la gauclie, en quittant Pinhel, Se avahçant toujours vers te! Douèren 

en trouvé Trancofb & Marialva; la première à trois lieues de Pinhel, ac-. 

€ompagnée d'un beau Château 5 qui lui fèrt autant pour l'ornement que pour 

ladéfenfe; la féconde eft Capitale d'un Marquifat 

St, J.de Plus avanjt fur le Douère eft un petit Bourg nommé St Joan dePefiçaéraçi 

Pesqïib- il eft à remarquer que ce Fleuvç eft navigable depuis fon embouchure Jirfques- 

^^ là, mais il ne l'eft pas plus avant > à caSè d'une catarade, di)ù il fe préd- ^ 

pite avec un grand fracas : outre que plus haut aux environs de Miranda>il: 

fe perd en Eté dans les làbles & parmi les rochers^ & coule l'dpace d'enyi-^ 

ïon mille pas par des conduits fouterrains. . 

Le Bourg, dont je vienp de parler s^appelle S. Joan ê^ Pefquéray parce: 
<pie k pêche y eft fort bonne, & qu'on. y. prend quandtéd'extelIfinDBsL 
proies à l'endroit de la cataraélci. 

La Province de Tra-los-Montes û'eft pas bien gran^ , comfeoe oti vient 
de le/voir; elle eft fertile en vin. & en huile, & riche en troupeaux^ 

;', . LaFrovinç^ </ff B E I R A^ 

t 

BïmA». T A Province de Beîra eft grande > riche & fertile., lîtaéee entre deux: 
JL/ grands Fleuves ^ le Tage & le Douère; bornée au Couchant par PO-- 
céan , au Midi par l'Éftrémadoure Portugaife , au Sud-Eft par rEftrémadourc: 
Efpagnole> dont elle eft féparée en partie par le Tage, ^ en.partie par k/ 
rivière d'Elia; à l'Orient par k Province de Tra-los-Montes, ^.auNcfrd 
par le Douère. , ^ 

Elle s^étend en longueur du Nord-Oueft au Swd-Eft > de Feyra près de» 
rOcéan^ jufqu'à Salvaterra fur la rivière d'Elia, l'è^ce d'environ trente-^ 
(juatre lieues> & en largeiv de Redondo juiqu'à Lamégo reQ)ace de trente^ 
ligues.. . i 

!£lle compofe fix Comarcas , une le long du E)ouère,Avoffcelle deLamé^ 
go, uneleloxigdelXDcéan, fivoir celle d^Aveiro ; deux au milieu duPaïs». 
celles de Çoiniore &; de V ifcu , r une au Midi vers le Tage, celle de-Caftel-sr 
branco, &;^ unç enfin à. l'Orienta, aux^bavirons dé k G)»^ laypir .celle: de 
Çuarda.. 

. Cette Province eft.amrfêe;d?unnoriibite<x)nlîdéraWe de rivières^ qui ré- 
^ndent pac tout k fécondités Elle a le Douère k l'une de fes extré- 
BMt;ép>, 5*. m milifeu du. PaïB.>^ le Vonga:;& le. Mondégo, qui k travers 



D'ESPÀGNB ET DE POÏlTDGÀlL -^^i 

fer* dMfts Gl iwgeufc.' Outre «UK^à^ioht' j'ai déjà parlé, f<ôA y vi9it le Beira. • 
Zézère, anciennement Ozécarus, qui après y avoir coulé quelque tem»^ 
«entre dans TEflrémadoure de Portugal, le Ponful, TAravil, & l'Elia, qui 
"fe jettent tonsttôa dans le Tage ^ & la Pavia, qui va^porter fes eaux dans 
leDouère. -• - i 



.L 



LA U E G O. 



\ *. 



LA M EGO eft line Ville ancienne ScEpifcopale, appéHée autrefois La- Lamego. 
ma, fîtuée près du Douère, Capitale cI'une;Comarca. * LTEyêquede 
JLamégo eft'fiilfragant de Bra^a, & a dix-huit mille ducats de revenu. 
' -Quelques Auteurs Portugais croient que cette Ville eft la même qùeLaco-- 
nimurgum , qu^ils prétendent avoir été bâtie par une Colonie de Lacédémo 
nièns, conjointement avec les CeMbériens, Qiioiqtiyii en fôit les Arabes 
l'ont ck>hquife dfeux fois for les Chrétiens, *q(ai la reprirent enfin. Elle fut 
«nftiice • détruite & rebâtie. Don AIfonfe4îefH4que Roi de Portugal y tint 
fax *i45 les premiers Etats Génàraïux de ion Royaume^ & on y établit dé 
nôuv^IèS' Lôfx. Doii Jean H Pexempta de toute Jîàpofîtion. 

Cette Ville jouit a préiènt de grands Privilè^jes. ' 11 y a dans le <jûartiet 
le plus élevé imc Citadelle bien fortifiée, au milieu de laquelle eftjune liau* 
te'ToiH'.' - • . i •- • ' .^ '-■ ^ • * * . 

Le terroir de Lamégo eft fertile en excellent vin , &; ï^on y en recueille 
tme fi grande quantité, qtfH y en a dequoi fournir plufîeurs R-ovinces. 

• ri'i'-, ' .• , • .^ 

1 

allies auprès âes Cétes k Img de POcéàtk 

'-■ •_. . 

» I • 

» ; * . - 

FEyh A, OU A Feyra, eft la Villà*ia plus avance au Nord, ïîtuée prèSpE^nA. 
de POcéan, vers la petite rivière de Caftôs. 
Elle eft Capitale d'^un Comté, qui appartient à des Seigneurs de la Mai*- 
fon de Péreyra: ces Seigneurs y ont un Palais inagnifimie & un bon Chà^ 
teaui Delà tirant au Midi Ton paffe à Vouga,;, petite Ville fituée fur lari- 
Vière du même nom ; & plus 4oin on trouve 

A V E I R O. 

AVeiRG (en Latin Lavara) eft une Ville affei corifîdérable &Capita-AvE»o. 
. iecfuneCoinarca, fituée rài peu au tàeffiis du rivage de l'Océan , à h 
*ête d'un petit Golfe, que la maréeformç ài rembouchure du Vouga,àfèpt 
lieues de Porto, & à neuf de Coimbre. 

Le Vouga y forme un petit Pqrt^ qui eft un havre de barre, où les 
bâtimens médiocres , qui ne tirent que huit ou neuf pieds d'eau , . peu- 
•vent entrer dans le tems de la plemé mér, fous laxonduite des Pilotes dk 
iieu. .... 

Aveiro eft* dans une v^e campagne , très biea arrofée de fontaines ^ 
' lï 2 ferti* 



2$2i DESCRIPTIQN ET DELICES i 

fertile en tqutes chofes. Il s'y fait une fî grande quantité dé Cdy qujou ea 
,a deqiioi fournir deux ou trois autres Provjinces. 

Le5 iiabitans d'Aveiro ont reçu d'Alfonfe III , Roi de Portugal TAn 
j 265 5 ce Privilège» iingûlier ^ qu'il n'eil permis à aucun Etranger ay paiTer 
la nuit, fans la permilTion du Magiftrat, non pas même à desperfonnesda 
fang Royal 

Elle 
Tours 

qu\)n n'y a rien à. craindre du côté de la Mer, Il s'y trouve \m Couvent 
fort beau de Religieufes, où l'on ne reçoit que des filles d'ancienne îfcblef- 
fe, & defcendues de Cfiriftianos viéjos 5 de vieux Chrétiens; c'eft pour- 
quoi il faut qu'elles f^tiTent preuve, dp l'un & de i]au)t;re> avant que d'y 
entrer. 

La Terre d'Aviciro efl une des plus conlîdérables de tout le Portugal.. Elr 
le fut érigée en Duché environ l'an 13 30 5 par Jean II I Roi.de Portugal >en 
faveur de Don Jean de Lancaflre,. Marquis de Tofrefiio vas ,, fils cfe Don 
George de Portugal^ Duc de Coimbre^, & fils du Roi Don Jeîyi IL Poi^ 
Jean, Quatrième Duc de Bragance, étant monté fur le Trône par cçttefa^ 
meufe révolution qui arriva en Portugal, confifoua ce Duché fur la têtej de 
Don Raymond oe Lançaûre, cienquième Duc d'Aveiro , parce qu'in viola-» 
blement attaché aux intérêts de Philippe IV , Roi d'Efpagne, il ne voulut 
pas reçOnnoître ce nouveau Souverain, 

Philippe IV voyant qjae.ce Seigneur aj pour ne. pas manquer à la fidélité 
qu'il lui avoit jurée, avoit abandonné fa patrie & tous fes Etats pour fè ren- 
dre en Caftille, lui donna le titre de ^Çiudad Real , avec des rentes confidé-- 
râbles , & des penfions proportionnées aux dépenfes qu'il étoit obligé âs: 
faire pour foutenir l'éclat de fon nom j deforce qu'il v^cut à, la Cour de Sa 
Ma;jeîté Catholique jufqu'en i66ç ^qii'il mourut>&lâiira pour héritière Don- 
jxn Marie de Guadaloupe fa fœur, qui.fe maria avec Don Emanuel Poncé, 
de Léon 5 flxième Duc d'Arcos. î * -^ 

. Ceft de ce Duc Don Emanuel d' Arcos. que Madame là ComtefjTed'Aur 
noy parle dans la onzième Lettre de iès Relations du voyage d'È/pagne^oi 
elle dit que ce Seigneur prétendoit que le Duc de Bragance eût uiurpé laa 
Couronne de Portugal fur ceux, de fa Maifoji, & que par cette raifon il ne. 
lui voulut jamais prêter ferment de fidélité 3 ni lui donner d'autre titre que: 
celui de Duc de Bragance >, aimant mjeu^f perdKe ^u^rante. mille, écus de nçn- 
te que de fe foumettçe à baiier 1^ main à un ufurpateur ^ de qui il crpyoit'etrc 
en droit d'exiger lè^ hommages &. i'obéiilance, La hauteur avec laqiipllé U, 
refuioit de fe foumettre au Koi de Por)tugal tenoit fi fort à cœur a ce Mor 
nargue 5 que pour avoir U- gloire de le ranger au nombre de fes. Vaffaux, il 
lui. ht propofer plufieurs foie qu'il le difpenfbit d'aller lui-même en Portuf- 

filj&.quepoui^vu qu'il yenvpy^t^un defes^enfanspourcépréfent^r faper-- 
nnè^ làiilant k ion choix celui qu'il voudroit envoyer) il lui laifleroit per- 
^YoirlesrfvenAi8de.fes.Etîat5^,&,luipayeroities arjcérag^ depuis :l9J¥îms. 

\. ' * ' ' • " '/ ; ' ^ ' qu'ils; 



D'^KSIPAGNE ET DE PORTUGiAL. ^i^f 

qu'Hsavoiçîît été réunira la (Prenne v^ui montoient à des fommes im-AvfijKa 
mérffes; fMùi le Duc h^en voulût ^jamafe démordre, & rejetta toujours tx)ii- 
tès les propofîtionis qui lui furent faites fur cet article, & pour mieux faire 
fén tir au Roi de Portugal le mépris i^u'il faifoit de fa doiiiination , il difoit 
qu'après avoir tperdu la Couronne, il lui feroit iionteux de ramper-devaiit 
un ufûîpateui' pair qiiarante Dulie écus de rente. 

• Tmte^ 'Cette Côte y qiti s'étend ^ntre Porto feComibre, n'a guère plus 
de trois lieues de large: elle eft bornée à POrient par une chaîne de hantes 
montagnes r qui s'étendent de Pune de -ces Villes à l'autre, & de Coimbre 
plus avant au Midi jûlqu'à Tomar. . 

( Le chemin de Borto à Lisbonne eft dans ceçte longue plaine, borné ipar 
ces montagnes; eri-le traiveriànt on voit une campagne charmante^ bien 
culcivéei & oieh peiîplée. Cette chaîne de raontagiiea eft fort krge , & e'éî- 
'tend du. Diocèfe de Coimbre dans celui de Vifeu, & s'avance jufqtfà celui 
de Laniéjgo , où elle fe joint au Mont Muro , dont j'ai parlé ci-deffua 
Les Anciens lui ^nt donné le nom d'Alcobaj & ce nom lai eft demeiD- 
ré jufqu'à préfent parmi les Portugais, qui l'appellent Sera d'Alcoba. ' 
' Ces montagnes font fécondes en fourcès abondaùtes , qui forment difrer- 
fes rivières, dont lès unes iè jettent dans le Douère^ d'autres dans le Veto- 
ga, & quelques autres. dans^ la Mondégo. ^^ ^ , . 

C O I M B R E, ou CONIMBRE. 

GOtM^RB, OU Coninsferêy eft une belle & grande Ville, à fîx oitféptConr- 
lîeues de k Mer, au bout d'une' plaine ^ fur imehautçur, dont las^œ. 
pente s'étend jufqu'au bord du Mondégo. 

Elle porte titre de Cité & de Duché. Elte eft. te fiége d'un Evêché fuP 
fragant de Braga,d'Un Tribunal d'Inquifition & d'une fameuiè Univerfitè; 
FEvêque , Pun des plus riches du Royaume, a quarante mille ducats de re^ 

On voit dans cette Ville un grand nombre dTEgrifes, de Monaftèresy &- 
quelt^ties autres bàtimeps fomptueujt; Les plus remarquables, font rEglife\ 
Cathédrale, qui porte le nom de la Fé, celle de Ste^ Croix i. où les <fcux 
premiers Rois de Portugal , Alfonfe &; Sanche , -ont été enièvelis dans des 
tombeaux magnifiques, par tes foins du Roi Emaouel; deux beaux Cou- 
vens,^ i'un d& Ueligieux de iSt.c François, & l'autre de lleligieufes de Sté. 
Claire»^ qui font à ciiïguaftte pas de diftance l'un, de Paiitrè;.. le Collège de* 
F Univerfitè, qui a été le Palais des ânctens Rois; & le Pont du Mondégo; 

Ce' Pont eft un Edifice ft)itt fomptueux?;^ (îompofè de deux rangs d'apca- 
dès l'utt fur l'autre, tellement qu'on -paffe cette rivière par un chemin cûûk 
vert. -' ^ • 




%utfexavôc la Couïoixne fiup latêtë^ eniiffOJiiié&dluns balnfttade d Vgent. 






Î3Î4, J .D..ES.C;R1PT10NET DEjUrCïiS : 

• . DUnivefrité futt foidée TAiii 12^ pw le Roi JOseiii? Iji&tranfportée dans 
4a fiike à Lisbcouie; . LeRoi^ean IlHareodk àCtjimbrerAajyygjc'eft 
pourquoi il en efl regardé comme le fondateur. Lorf^ue Philippe II s^eoi- 
para du Portugal & Tank à la CafHlle, il y eût des gens .(]ul lui oon&ill^ 
jreaiitde iqpinîmèrxctte Unrvt^ilité^ afin que h$ Poitugaîsv^ obligée d?9llûr 
étudier dans les Univerfités deTEipa^ne, vinffcaC «vec leifijifi àjiçr fod»- 
sténvec les ËipagnolsY'mais ce Confeil ne fut pas iîiivi, peut^é&rQ.poiv ne 
f)as alarmer les Jrortugais, 1 .1: ' . 

La Campagne d'suentoiiir c& belle & riante, plantée de vignobles y où 

oit d'excellent vin , & couverte de forêts d'Oliviers. 



Cadima. 



croit 



La Vifle^de Coîmbre a reçu de gran^ privilèges. de fts.Roiàf. dcutt il y 

que cette. Ville eft 
-ta ConimËrica des Anciens 3 nxiis;unlabile.Portugaiiff9< fait voir que ^ fuir 



en^àeufeptj-quiyfontnés; /On^croiù commimémént que cette. Ville 




vantiles vieux itinéraires, ce nom ne coaavient ^u'à Côndéia à Velljai qi» 
jefl tin peu pks avant que Coîmbre au Midi. Quoiqu^il en fbit, Coimbta 
-a hérité du tiom & de la iplendeur dexette Ville antique y^ s'eft efcvée fiff 
fes.ruines* v ' i . . 

; Lbs Jéfiîites ontauffi une très bdle maifon à Codmbre:; .&;»c?eft Pimedes 
jdkis' grandes & des. plus fomptueufesde leur Société* Ulk dx çompofëede 
îeize corps de logis, qui renferment quatre cours», . outre les CJaifeg pour 
leurs Ecoliers, qui font un bâtiment à part; leur Eglife eft fort belle & fort 
grande, & lair dortoir C vafte, que. trois cens Religiepx y 4)euvent man- 
ger fort à leur aife. Ils ont choifî pour cet édifice la fue de-la Calzada^qui 
«ft'layktô belle. de là Ville ^'&lefeHljeàdroit( Uni, qui-s'y tfouye: tout 4e 
refle eft i^al & montueux, à caufe de ^ fituai^ion Gx 1^ panchaïut ()'uDe 
Colline. 

>L'Eglifè de Ste, Croix ,. que' f&i indiquée, eft dans un Couvent de Reli- 
leux, qui ne vont jamais en Ville. Leut Supérieur eft Général; ils ont 
3UK Cloi&es magnifiques, ornés de belles caillas d^orangers, qn .beau' dor- 
toir voûté & platfonné, qui conduit a fix-vingts chambres, trente de cha- 
que côté ;&; trente mille ducats' de peftte. . ..... ) .. 

pn A'X^it tncote: un- fort bel Aqueduc, bàtj par le Roi DkDn Sébaftien, qui 
conduit Teau derrière TUniverfité, dans un beau réferyoir ide marbjfe,dbù 
die fe communique au refte delà Ville. ..... 

On voitauCouchantdeCoimbre trois ou quatre Places remarquables j 
Môn^i-Mor-o-Velho, TentUgal,. fiuarcos,.i&rCaâii»ai. Sortant de Coîm- 
bre on paffe à.Tentugal, & delà à Cadima, anciefldaftnient Carinna, m 
plutôt Catinà, toutes deux au Sqptentrion du. Mondéga 
^ Ceft dans le territoire de cette dernièce^ à huit lieues de Coimbre, que 
Ton voit cette Fontaine mcrveiUeuiè, nommée Fervenças (/?lefwfwifw))qui3 
bien qu'elle n'ait guère plus d'un pied de profondeur, engloutit tout ce 
iju'on y jette,, arbres ^ animaux & autres chçfes. .On a fait pluiiaurs épreu- 
ves de ce miracle ^eia N^nrè , jtn divers tems. J^s le XVI.Siècle le Roi 
Jean III y .fit jetter un rbeyai^ qpi s'enfonça. infeolIbleiiieQX jdans.lîeau, & 

' .. ; ; ^ qu'on 



D^ESPAGNX ET DE PORT UGAL» tj? 

qu\)n eut béaacowp de peîhe kretirer.'HQfîeuré années après, 1q Otrcfixial 
Henri en fit Téprenve fur un arbre cotipé, qui fat englouti en tièrement 5 & 
dlifpanit pour jamais* Ces deux épreuves nous font rapportées pair des Au4 
teurs dignes de foi^ qui avoient été témoins oculaires du Ëiit: & il eft re-^ 
marquabJe que cette fontaine étoit déjà célèbre dans rAntiquité par ce mé-^ 
me endroit 9 comme nous rapprenons d'un Auteur Romain. 

Monte-Mor-o-Velha eft ime petite, ViHe^ lituée fcr une éminonce iau mî'^^MoNTKr- 
Heu d^une grandd.phinejdtt cinq.lieiJeRdB longueur- Cette plaine eft h3LBk^^^> 
& iïiarécagewfè 5 parce que la rtiarée yfait déborder Peau du Mondéga, tel- ^^^ 
lement qu'on n^ recueille guère autre chofe que du bled de Turquie.* La 
Ville eft défendue par un Château fort Ipacieux & fort vafte : le Mondégo ^ 
oui traverlè la plaine > lui fournit de bon poiilbn, & la campagne eft abon- 
aante en gibier. 

î Pfus'avaiït Av Càûdtimtfoni BMarcos, .& Rédorido5 fituées tontes dlf lï» Btxaii» 
fttt rembpuchtrfedtl Mondégo 5 la première fuç la rive droite^fe l'autre fiirco». 
la gauche. ' Ces deux Villes lont fort bien peuplées:, & fermées de murail- 
les avec trois bàftions. La Mer fait là une rade ailes: bonne autour de Buar-r 
cos 5 où Ton voit quelques petites lilesL . . 

Je reviens à Coimbre. Près de cette Ville 5 la ehame (fe montagnes, dpnto 
f ai parlé ci-deflus , femble fe divifer en deux branches , dont Time s'étend 
droit au Midi de Coimbre jiifqu'kTomar, Teipace de douze lieues ,& l'au- 
tre tourne à TOrient, & s'étend entre les deux rivières de Mondœo & da 
Zézère , ju^ues vers la Iburce de la dernière. La première chaineideL mon-* 
eagnes étoit nommée anciennement Tapioms Mms.^ & au^ourdhui Adidia^ 
nus, ou Sérad'Ancaon, du nom d'un fic»irg quiis'y trouve.. 

On traveriè de& chemins fort i^ddes & fort pierreux dans des montâgnes^RAKA»- 
& à quatre lieues à& Coimbre on rencontre un Bdui^ nommé Rabaçal >.çaju. 
^/(^tf^/^/?),au-deirus duquel eft ht partie la phis haute de ces montagnes^ 
i)ui retient encore l'ancien nom, Porto Tapiao.. Quatre lieues ^lis avant 
on arrive dans Alviafëra,la dernière Place oe la* Province de ce côté-là.. Ert 
jÊiifant cette route, cm voit un Rocher,, d'où il forE une Ft)ntaine fi groffer 
dès fà iburce, qu'il n'y a point de ruifieaa,, x|iii lui foit comparable; le Ijçii 
fc nomme Alcabeque. 

Pour aller de Coimbre à Rabaçal ^tm làifle Ifar là droite Condéja à Velha^c^j^jj^ . 
petite Place, où l'on ne voit prdqiie autre chofe que des ruines & dés ma-j^^ 
xures , triftes reftes de l'ancienne Coimbrica. 

L^autre chaîne de montagnes, dont j'ai barfé^ qui tourne de Coimbre >M^tec^ 
^Orient entre les rivières de Mondégo & de Zézère, porte. ai^ourdhiii Ift"- 
nom de Mont Stella., âc anciennement était appeliée ÉertHenus onJHkmi^ 
nittjr,, diiFétent d'un^aube Moia. Mtrminms ^ qui' eft dan$ la Province cUA- 
kntéjo. - -^ : ^ ' r . ' .. . ; > 

Le Mont Stella àvt Ubméno y ^e )e décris ici,: s'étend en longueur dû 
EOccident à rOrieht ^ jufgùes dans te.YOJlbâgejdeiÇinrilbtna.. C'^ fiir cetr 
te montagne qu& & trouva un. Lac admirable> qui n'eft pas.un&m()indi»' 
• ' . * mer- 



35f<J DESCRIPTION ET DELICES 

M.Stel- jncrvcille 5 .que la Fontaine Ferven(^a. Bien qu^il foit à plus de doute lieues 
^^- ^ de la Mer, & fur le fommet d'une inontaçne fort haute, on y voit quejque^ 
fois des débris de navire > &;: les gens du Fdis alTurent que toutes les fois, 
que la mer eft agitée, ce Lac s^gite pareillement, avec beaucoup de fracas. 
On dit tju'il y en a un tout femblable dans le territoire de Qiiaves. 
Gois. A rOrient de Coimbre eft. Gois ou Gous Ville médiocre j fjtuée fur la ri-: 
vîère de k Seira , anciennement Seilia ^dans une Vallée pf pfonde entre deux 
montagnes, qui la couvrent tellement, qifon rfy voiç que fort peu le So- 
leil en teins d'hiver, La rivière de la Seira eft abondante en bons poiffons ; 
on y prend des Aloiès , des Lamproies & des Truites. 

V i S. E U- 

Visro. T TT&eu ou Vifèo ^ Ville Epifcopale , eft.prefque dans le .milieu de la 
V Jargeur de la Province, à quelques lieues au Nord du Mofldégo, fîçuée 
dans une plaine agréable, couverte de beaux Jardins,, plantée de bons ar- 
bres fruitiers, & tërtile en toutes les choies néceflaires à la vie, L'Evêque 
de cette Ville a feize mille ducats de revenu. Elle eft Capitale d'iine Comar- 
ca, & d'un Duché, qui à été polTédé quel<|uefois par dé$ peribnnages du 
Êuig Royal, • 
Selo- •! Plus avant vers l'Orient eft Sélorico. ou. Célorico , fituéê dans.le Mpaç 
RICO. Herminio ou 'Stella, dans la Comarca de Guarda. Cette Ville eft -jolie, 
conftruite prè&xlu Mondégo,tSc le féjour ordinaire de quantité de Nobleffe. 
Elle a pour défenfe une aflez bonne Fortereffe. Les montagnes , où elle fe 
trouve, font fertiles en forjb boa vin^ riches en fruits, abondantes en gi- 

* bi^9 & fécondes en .fimples- ou lierbes Bilutaires & Médécinales. 

• . Au Couchant de, Sélorioo eft Linhares fituée aiifli.daçs le Mont Hermi- 

nio, éc Capitale d'un, Comté, qui appartient àia Maifon de Norogna. ' 

SiYA. Au Couchant de Linhares, on remarque deux autres Villes, Gouvéa,^& 

Séya ou Séa, (en Latin Sena) toutes deux au pied du Mont Herminio, en- 

* tre cette montagiie & le Mondégo. L'on voit Jà les fommets de ces mon- 
tagnes, qui font toujours blanclies dé neige, même au milieu de TEté. 

G. U A R D A; 

GoARDA. /^ U A R D A cft iinc VJlIe nonveHe , bàrie l'An 1 1 99 par Sanche I » Roi 
V-F de Portugal , pour lèrvîr de rempart contre 1© Royaume de Léon : el- 
le eft forte & par la Nature & par l'Art , conRruite dans un lieu de difficile 
accès, fermée de bonnes murailles, Raccompagnée d?UQ Ciiâte^ia. . . 
- Le Roi Sanche, qui la bâtit, y tranfporta rEvêdié:, .<^étoitii Idanha> 
& le mit fous la dépendance de l'Archevêque de Braga ; delà vient que ce 
Prélat retient encore le titre d'Evêque d'idanbà; dans la fuite il a été mis 
dans celle de l'Archevêque as Lisbonne. UEvêqae ^ viDgt-<kux mille du-. 

cats de xevena. ... '...:...-. 

Au 



D'^ÏISTÀXÏNE ET DE ÎOllTU'GkL. -2f? 

Au Midi de €uarda eft^Sabugal, petite Ville avec un bon Châteiau. ElIçSABtr- 
Sut érigée ^n Gomté par ^Philippe II , en faveur des Marquis de CJaftelbran- ^^^* . 
co, qtti- en étoient Seigneurs. 

Delà cirant droit au Midi Tota trou ve Pégna-Macor^ autre Ville avec unP^^KÀ- 
-Château. La Vilie fi^Ssi <ïirunerfimple muraille pour Fortification : mais fc'^^^^*' 
'Château êft ejrtrêmemeritTprti^fitué liir une hauteur fort efearpéé-, d'où il 
Ha commande. ^ H eft bordé de trois cô^cés- de précipices, & n'eft acceflîbJe 
•que du coté, de là V^Hle v où la peîtte q^ un peu moins rude : On-a cpimûeh- 
cé à la coiivtir de quelques ouvrages. 

ATOccident de Pégnà-Macof éft Covflhahaou Cobîlhana, ^célèbre pour^^^^^'* 
^voir donné la.nâiflance k laPrincefle Florinde , nommée Cavapàr les M^- ^^^** 
ices, fille du Comte Julien, laquelle ayant- été violée par le Roi Kodérie-^fitt 
Toccafion de la ruine de PEfpagne. 

<!!ette Ville retient encofe Ife noln de cfet^ Princîeife 5^» quoique corrompu, 
'Covilhana eft comme Cava Juliani. Elle eft fituée fur le Zézère , & jouit 
-de* très beaux privilèges , entr'aillres de celui-ci , qu'un efclavé qui y demdli- 
^rera une année, obtiendra par-là même ia lîbeFt^, & iës enfans iëront ^« 
4pables4'exercer toutes fortes d'em^ploiB. 



i . 



1 B À ^ n: A. 

i .. . . • • -•.•.• 

AU Midi de Pégnâ-Macôr, on voit deux Villes, qiiî partent leiiôfnd'I-ï^-^N*»^ 
danha^ Pune & •Tàuftre (kuée ferla- rivière dePonfol, l'une fiirnoi^- 
-mtt la Vieille & l'autre Iti Nouvelle. - '^ ^ i ^^ 

Celle Quîeft'îa piûs^G)^iehta!e di?s<lfeilx, Idanha à Velha,àutréSyi»'Ig*di- 
îtânia, eftldabhâ M Vieilles bâtie par les anciens Igéditains, peuples doht 
ie nom fe tfôuve dans rinfttiption (*} du pont d'AIcantara^ î 

Elle a été fort conGdérable dans rÂnti<^té. ; Le fameux Roi Bamba y 

eft né. Aujourdhui elle eft peu de chofè , & l'on tf y compte qu'enviroh 

-fix cens Bourgeois. -LeRoi Jean HI lui donna 4e titre-de Citédàife îfe XVI 

Siècle. • ' • 

i Vmm^ Idahhay îlirôottimée àNova, là >fdùvéïle, éft à l'Occidèrit de 

la Vieille , fut la mêftie. rivière de ^Pônliil : îl ny a den de for t remarquabte. 

Plus-bas au Midi & vis^à-yis d'Idanha îà Vieille, eft Ségiira:, VillefltuéeSEGimib 
fur la ûeilfe d\ine -montagne, au piedde laquelle coule la petite TÎviàfèd'E- 
lia.' Elle 'ôft fortifiée dQ trois battions^ d'un demr-bafl;ion revêtus, & <lé- 
fendue paï 'un Chàtéâu conduit fûrla montagne au-deifa's de la Ville^ & 
*nvir<)ilnée dline^dotiWe muraille laite èii redanà . - 

A l'Orient de Sécrura eft Salvatierra ou Salvaterra, fituée auflî fer la ri-SALvi* 
Viètd dSlia au pied de quelques montagàes, d^bû elle peut être comman- Tfuuùu 
•dée- 'Elle eftrevêti^ de<unq baftibhs, donti^ud eft couvert ^'liiKjiu^^ge 
•à corne. ' ■ - ' -•' 

< ^ Voyez la Table des matines ao mot Akaritat». 

• • 4 OME m. iLk .. 



258 DESCRIPTION ET DEI^iCES : 

Au Couchant d'Idapha. on voit Caftel^branco, Ville méciîoitrçi fituéft fur 
un;^ petite rivière nommée Craib, Capitale d'ofl ricbe Marquifii:. - ; 

Beira* La Province dé Beira eft fort agréable, & fertile en tout ce quiefi nécef 
(aire pour la vie. £Ue produit une très jeprande quantité de frui^ > afliez; de 
froment pour ht fubiiilance dé fes liabitans , <k,millet & da fégle çn abon- 
dance) en divers lieax d^exçdlent yin,par-tpu( une eQ>èGe de ppmmea^que 
]e8 Portugais nomment Verdeais^ parce ^u^lles conî^V^nt leur fraicheip 
toute Tannée 9 &r grande qu^ké de châtaines > dont les pauvres^ienQUc- 
riflent faute de grains , les gardant fraîches ou féchées à la! /îimée^ . ^ 
Le Mont Hermé&o> ou Stella , donne la fource k diverse» rivièKp^ qui 
arrofent la Province t&c h ie.rdlifent k merveille. Ses montagnes font fiches 
:€n bons paturœes j ou Ton nourrit de grands Troupeaux, 



RE. 



. Xi'ESTREMÀDOy RE» 

L'EsTREMADOURE de PûTtu»! eft U. quattième Prorincede ceRo- 
ygàine , étendue^a loQ^eur m Nord wSiid aux deuxcôtidfi da Tage, 
qui la divife en deux parties inégalei. ■....:■... ... , ;... . 

Elle eft bornée au Nord par la Province de Beira, au Nord-Eft par la 
même JProvince j à rOriaût pp* r.^ençéjo;f' au ^idi par la même Provinces 
& par rOcéan , qui la borne encore à TOccident. Elle peut avoir environ 
treote^cinq lieues de- lofiig, fiirdiK-huit de large. ' '•.-•. 

EUe eft arroièe par quelques. rivières» qu'il eft boii de. cemarqii^r. , Q'nfa'e 
le Tage, dont f ai déjà parlé, au Nord de ce Ele^ive elle a Je ^éjtère i Oit- 
jMTuis 9EÛ fortant de ^ Province dç Beira, fiafleAPôdn^^:, &; {§ jette 
jdans le Tage ftts de Pluahetet il. sV dégorge aveciipe tfUie .ïpMJkura^^il 
coupe Peau de ce Fleuve ju^u^au bord oppoiè,4c;flqn&r.veiès eaux ûaôn^ 
lange près de miUe pas avant,. ce que Ton reççH^^çit; ^.£i^cQujieiud^.verdob^ 
cur, au4ieu que Peau du T^ç «^ blanchâtre; 

On y a encore le Nalnoa, qtti:pale àXontasi.^ Miette 4aQ6 Ipi'Zà^ 
re; & le Sbure ou Rio de Soure, anciennement Ancus,'qui fbr^iB^d^ 




àlXDcddent, reçoit en palËint diver/ës rivières coafidérabfes , ^pare TEf^ 
trémadoure de TÂlentép, 6e iè perd dans le Ts^ge €»tre Bàiav^te ^ Saï- 
vaterra:leZadoiUï,ifM^f?fff ou C^//^x, venant <^ \yA^BÊ4}f>-imik M Midi 
iu Septentrion, de toùrnanit à rÔcàçlqit filtre dans ri^tJb-éqEia^Qui!?.) .^- 
e fëiràration entre jbés d^ix J^roviac^ 6c ië jette! daof ta :Siér poètes 



. I^Provinced^£ftré];»douieeftd<vii^eQi)xCqinarca6)«e^^ 

^ ^ Lisbonne) de Tcouf:, de ^t^«Qi 4( d'Aiaâqy^jui. Ntvd dli TigiS: 
& celle de Sétiibal au Midi de ce Fleuve. 



• ^i <. ^ . j .t 






. -i/7^ 



B'E&PAGNE ET DE PORTUGAL: 2$9^ 

'■ .' ViUesé( Nord ^ Toge. 

T O M A R. 



» « 



DAh^St la grande rotitede Côimbre à Lisbonne^ on fait dooi^e lienesde Tomail 
cliefBÉi d£Bi9 léi jaiontagnes;. après les avoir traverfées^ an ddcend 
(kas use telle fdaliie d^une vaile-étendiie-, & Ton trouve un Jïeaii^Boupj^ 
nommé Tomar, ♦ 11 eft fîtué au pied de ces montagnes ^^ fiir la rivière <te 
Naboan^ a» mih'eu d^tme forêé dX)!lvier8«* ' ^ - ^ .: : ■r- 

^ Ce Bourg, auquel on donne quelquefois le ticre de Ville (*), ^ e^^^ 
en deux Paroifles Collégiales, outre re|R|uelles on voit trots Monailèreâ de^ 
Religieux, œi <)e Relfgietafes ; une Maiibn de Charité, ^ un bon Hôpital, 
li y a «jt^owécidor, clontla^uridiéfeion s^êtend fer quarante Bourgs o* *- 

Villages, Cette ville a droit de Suffrage dans TAffemblée des EtatSw La-' 
Foirë s^y tient toitte» tes ai^^ées au wb^^â^Odxkict, Don Galdin Pae2> natif 
de Braga, & Gr^md^Maitre des Templiers^ en Portugal, la fendafan ii%o. 
14 eomœunça à la bàdr par la Fortérefle, dans la même Place où onia^ 
voit encore à préiènf; Mîramolin-Aben^Jofeph ^ Roi de Marocco , y 
itait lé fiége Pan iipo arec une Armée ^^tinquaniee mille homitiâsd^In**' 
fftàterie, & de cinquante mille de Cavalerie, mais les Chevaliers Tevi^ 
rpiferkdfe défendirent avec tant de bravoure, ^ur'il fut contramt d'en lever' 
leflège., . - , . , ' i . A 

<* (Le kel Philippe II alfi^mbla iiTomarle^EtatsduRoymmieran r^Si.' 
Us hii prêtèrent Serisient de fidélité , & le reconnurent pour Roi- de PoptU;^ 
galle 17. du moisc d'Avril de cette même année. . i' 

' "Au del^idoL B€mrç on voit un <!%âteau fur Ja montagne ^qui appartendît 
autrefèis auk Templiers, & ëft- au^ouirdkuî aux Chevaliers de TOrdre de 
Glirift- Le Rc8 eft Grand«Maititede <ret Or dre^ & le Sous-Grand'-Maitre 
eft ordinairement Prieur de k Maiibn de Tomar , qui a le Quart du revenu 
de^ytoutes les Cammandêries de ItDrdne. Cette Maifon eft TUne des plua 
grandes -& des plus^ riches qu'ils ayent: ^ y voit douze Cloîtres, dont Je 
prmcipal eft tmi dé pierre de taille, d^nc «xt belle architeélure , &enri^ 
chi d^une Bibliothèque. Le Chœur de TËglife eft orné de huit Colomnea 
peintes & dorées V qui s^élevent )uiqtfà là voûte* 

*Au Septentrion de Tomar , dtos les montagiles, eft Figœiro dos Vini-' 
hos, près du Zézère, remarquable à caufe de tôn vignots, qui produit de 
très excellent vin. Efle appartient en titre de Comté à la Maiibii des Va(^ 

oonteBosL • * . • . ^ 

« 

P ïi D R A G A N. 

. ' - •; 

PLus avant au Nord-Eft on voit Pédragan ou Pédragaon , fitné au Gôn-ipgj,jj^. 
fluent du Zézère & de la petite rivière de Péra. Ceft lôi lieu $ o]à Ton-cAN. 

• Kk 2 •* ..... ;trow-; 

(*) su va, PtbUa. de EfpaHa, p. 150. 



^i6ot rrE SX: R ï FTIMO N- JE T; DéE'L;DC E.S> 



f. 



Pedra' trouve tout ce que l'on peutfcuhàitèr de plus ag'r<éable & de plus déllcieuxi: 
**AN« , un air très pur. & très bon , un terroir fertile , & près de deux cjens fontaines.. 
Autrefois elle étoit un lieu dçiplaJ&ncèldesLRoîl de Portugal j lorfqu'ils fki-^ 
^ient leur féjour à Coimbre. 

. EJIe eft comraie .partagée en déui Villes ,; la Grande' & la Petite , Pé-- 
drj^gaoïi-prGjrande, ;& fedragaon-Pàq^enlio: elles fopi^ au;c deux bords^ 
du Zè^kîp-y qui e^e:qntîerdçux, &.joiAtes:.ru/^.iraq.We^par;iiii': 
ppnt- , ... ,-1 ... ; ;■.•'•.;■ . .-. 

Sartan. Au Midi de Pédràgan eftSartan^,prè?.4ï Zé^èrcj^qu-Oîi diç avoir été; 
fôûdée paf Sertofias. ' Plus loin on voit Fuphete 3^. fîç^i gp ppiifluçi^ du ; 
2*ézère & du Tpge j &; défendue par un Château. 
^BRAN- jSL llOrient de Punhçtte eft Abrantes , lituée au bojcd ^li T?aé , ; dans unv 
/w. terroift -fertile; eft ijajelçflS' 5? autre? ftuits excdlsns ,, qu'on trîipÇo^çe à Lis-- 
-honné;^ ■ . -> • ', . • •':-.■..;;,'...• .j. ' •' 

'. DoA Loup d'AlraeyçJe qui en étoit Semeur jn fiic créé Comte par ,A,l*t 
fonfe V, Roi de Portugal, Ce Loup;étoit ^s!^ Don Diego. Ferhaardeaj, 
d'Almeydej .Rico IJpinBre.de PortupJ, .Alcaïde Mayor,&;;Seigneur,delat 
Terr^.'d: Abrantes! & de DonnarTJiS-èfe de Noguejra. _ Il fut; marié avec* 




lfs:ondiC6niÈé;d*Abgran{es5.«c,de Donna Agnès 4e îsorqâiL fefemmç^jJeuti 
Don Loup d'Almeyde, trdifième Comte <f Abrantes. 
. Les Comtes d'Abraiites de la famille d'Almeyde éçan$ vtaïu^à défaillir, , 
ce Cooué fut érigé en .Duché par;.Pidlippe IV. , Roi .<J^paffîiç-> q^£a?/9vm 
de Don Alfonfe de Lancaftre, MaFqgig de .Çortofégurçi, :Qfand Jqftiçieis, 
dé Portugal, &;. Grand Con^m^ndeuç de J'piîdije; 4e Sajçpt J4q^4.8 djta^: ce . 
Bjp^ume.; L^ Maifon.det Lancaftre tire fosn ojfigwp de ia Maîfon^PjwÇR 
de Portugal, quoique' dans Je fonds ce nefoit pa8;fQOi^Ginft>,puif^ue.<:çu3C; 
qui. le portent font iffus de. Don .Grégoire dePorti^, .fils naturel: dwRoir, 
Don JeasviL Mais comme la mémoirçr 4p Donna Philippe -de Lancaftrej, 
femme dji-Roi DonJean Ji^ 6ç fille .du PuQtj^ Lançafixfijen Angl^terfe bi-- 
feieule du Roi DotLJiéan U ^^ ètpiKMjgvy^^. v,é;n^tiion , |^ ,defcçqdans dp. 
Don GeorgS: en prirwil; le nom. ..'.'!. 

Plus avant à l'Orient on- trouve- la rivièrç.de.Cralp,, qui fè jette dans Id; 
Tàffe;- remontant vers la fource dç cçttç rivière on trouve,Sarcédas,ouZïir-'. 



téœis, fitjuéc. vis-à-vis de; Caftbl-brancp, avec, un bon Château. PhiUppet 

iV. l'a . érigée en Comté, en faveur, de Rodrigue. LopÇZ^da.îîil.veyra. TouSi 

ces lieux, dont je vicnS*de parler, font de la Cpmarca de Tomar. l^fis tçQJ^. 

fijivans en font>aufli , Torres Novas , Atalava & Orem. 

Orem eft au Couchiï^t d^ Tomar y à napiti^-chepiin^de ce BourgàLeiria, , 

fijtué dans un lieu élevé de difficile accès. Il appartient aux Ducs de Bra- 

ffanee,., en tkrerde Comté. Au Midi de Tomar, tirant au Couchant , efir 

AtaJaya>.fituée.fgrune éininpnse,..dans ufte caçipaggefertile^^ défendue 

Mt.ujieaffez bon Château... . . . " 

PIu?> 



D^ B StP A.Ç ^Iff: t T P% PORT U Ç AL. 26h 

. p^s*avîii^t^ ontrpuye;Tioffes-Noi?ïiSj ànipetoe dyi-Tage^ àcinq^çToRRr» 
Sjag5^e% da^ Hnp.b?lfcSfi-fe^il«iplMnei que la iJgtite rivière d'Almonda^o^*''- 
traverfè par lé milieu.. Elle eft fermée de murailles, ay^fl^n Châtcsiu flan:, 
que de neuf Tours. y 

Cette Ville députe ^x Affen;4)lé^ dep Eta^s , ^^c il>y a Foire tous les ans- / 

le ra de Mars. On y compte quatre Poroifles , deux Couvens d'Hom-" 
ipe? .4çj:,gn de,(^^iejl^a ^vecj^^n ' Riefuge ^^^^ 
ton0;jôàr}z%ÇAàis Simtc rÉÙ^hçtji,- outr& qne Maifi>n<d& Chasité Scua 

., On p^ei^d que'çççtc S^ÎHe à-. éÂé.fondçe patles.Çajiloift-SPS ms avant» 
l'Ère Vi|lgaire.-.' Le Roi Alfojjfç'^riquèz.la.gagna.fur les Maures Tan 1 148 
^ Fan II 5^. ;SeIon lefèotimentleplus^iommun^-Miraii^lin Aben Jo- 

èeli^y -^'te^.fe.^^?^.'^:;^^^^®'^^^ de Mauresv, & la^Drit <faft 

faut au bout de m. )ours ; il la ruina de^^ç en comble. • Cette même années 
Iff Rpi<jÇîm4i|ç,]fjfà]^çi;4a ^rrpf^r'i, &Ju^ accord^ ^csi^ivilègjss dp Ja Vilk. 
âé. Tonnai;., • ' • .■,;'. .; j.f j^ ■>■.', •' ;: .•■ , ,• /• -.v ^ :•./: :•':.'. 
, La Terre de TprresrNqv^ fat érigés "en DuGhé. ep f^v^ui": de Poo Geor-- 
ge de LanUibe, fils îûnérde Doa.A4vareytrpifî^Qe:Dua d'AveyrO) àcon-» 
ç[ition quielle àî fcroit.qpe pour quatre vies, ea y cpmprcajant celledeDoiv 
Égorge» - . Poiji l|I^IlipIî4^Jpûrfils5 qui était qpatrl^qjDjijc^îAyeyi», .& 
deuxième de Tôrrês-hoVas , étant mort iài^ en&oç ^.DosuofL ^ar^a-de Guarr 
^ipupe }. iji iiwtx. ^ ^mme. duûxième D^ç d'Àrcp 3 lui fucçéda. Avant : 
que de' mourir^ eUeVéda an Duc d'Arco fb:p iùs^ la.qualité deDucdaTqn-- 

lesiBOvas., . ■ 



* » • ' 



_>■!'' f*« .*■•• ^ m . J J t 






Il . .'1.. * • j * ' 



T AVComarca .dé Ldria piiçQd fyti,nqvfi^àù fa Gàpiliafei qiri eft ftuéeaul^iw^- 
JL/ C!ouchajit die Toqi^r > j k.mpitié^xhemln de Coimbre k Santaren > eotr^ 
deux petites rivières > nommées Tunè Lis & Fautre Lena, . 

Elle efl: le.fîège d'un J^vêçhé^^fonclé Can ïf 45r^par le Roi Jean III , aveo: 
fâutorité du Pape Paul III. . L'Èvêque,. qui eft SulFragant de Lisbonne, a.. 
dix-huif ^mjlle ducsats^de- rente, Cela fidt qu'elle eft h, lUile de la Proyinceç 
après Xisbpone> qui Ibit hoiiOFéet .due. titr^ç de Qtè: .ony voit, une Gitadet- 
le.afrez,bien fortifiée,. ■ \ - : i:^ : , 

Son terroir eft très fertile; elle a dans fon Toifinajçe une vafte forêt da * 
pins, de iîx lieoÊS de longueur, .d^où.l^pnltiçei quantité de Bois à. bâtir des^ 
naVipea^. . . .;.[•/ 

Aa^Midi de :Leiria..eft : une petite ViWe nommée Batalfea^ qui doit fou BAT^te- 
origine à un Monaftère Royal de Dominicains , <^q . le Roi Jçan l .fonda T An ha... 
JC386, ea-mémoire d'une bataille importante, qu^il avoi(t gagnée T^année 
pfécédentç>Jai première de. fou règne, contre. lesteCaftillan» dans «k .plaine 
tfAljubarota^ 

ILyi^^Âms ce Monaftère unMaufoIé^, .quia ièrvi de fépjolture à qudque» ? 

Kk.3, ^ Roisi^ 



ION 



.'DESCRIPTION ET DELICES 

Bîois, pJffticalièreiAent à Ton Foa^teu?. Au Midi de "Bàtalha eft Porto 
'de Moos avee un boâ Château» is plus avaût au CoUchatit Aljubarota âîns 
ohâ fort beUé pl&kie. •. 



A Le G O B À C A. 



w^ «.« « 



Alcoba- 

CA. 



XX 



Ocddefit dff cette Ptacfe, eft Aîcblfeça, ViUe '«(é*bcfè,'fituéte en- 
\: tre deux petites ri vièrfeà, Alcoa &;mça, dont cBê a' pris "fc inom. 
Cette Ville eft remarquable à caufç d^un grand & riche Moijaftère ^àe POr- 
dW dé St. Bernard) Û)h6é' FAn 1 1 47 parlé Roi Moùft l. VAbhé de ,çe 
Cbiivônt porte les oriiemens Epi&opaux, •& eft Seigneur de la Ville pour 
le temporel, aulTi bien tjafe pour lefpirltuel Sa dignité eft très cônfîdéra- 
ble> & a été polïédée fîwvent par dcis peilbnnes -de la |)Iu8 haute nàîâkncei 
eUe vaut plus de douie mille ducats 'dé rente. 

Dans rE^e de -œ Monafli^ on voit les tombesiuljc dephi&surs Rois tfe 
Portugal. Là paroit entr'autres la (épujtiu* de la Reine Agnès -et Caftrtf j 
que le Roi Éiei're li fon mari,' fit tirer ÎAil ï^èi 3 de fon tombeau de 




^a. - ^e tombéati de c^ Prihcéffe eft dé mirrbrèfi & I»oéi jr voit ûih^ 

à genOHi) 'révétee dea ô^neraens Royaux. ' ' '' - ; . ;• 

As Cal- 4^ Midi. d'Alcobaç*;eft un lieu nommé^ As^^CÎ^Iclas-, qu'il y a des ïiaiirt 

p^s, d'eaux thàudes, fort' MÎtaB*e6îpOur la gttérifew de dive^ 

OufiBos. A trois lieues delà tirant au Midi, Ton voit Obédos, petite Place fttuéo 

fur une hauteiu* , avec un Château extrêmement fort , bâti fur un roc. Son 



Atou- 

GUIA. 




tèiài> <ie?et iiïi Château qw lui M dectéfèniè, bâti par Louis d*Atayâ» 



P . E K I C H Ê. 






* ' • • • f 

Peni- r [N peu fk\^ «TOfat versrÔcckîênt^Périiche^ VîBelbrte, fîtuèeiàti 
ciiE. V^ bbrd de la mer, -à d€fitee eu quatorze lieues de Liébonht^ dans une; 
Pre&if Jfle.environnée de rochers de, tous côtés, & qui fait Ufl Cap, auquel 
die doriiie le iiom., ' 

i Cette Prelqtf lilê ^ft iëparée du Cbntineiit ^ par un Canal de cinq cens pas 

de largeur, qui eft guéable lorfque la marée eft baffe ^ jn^is gui fe remplit 

' '• entièrement dans le tenis de la pleine mér > tellement que Péniche, devient 

• (inelfle, où rbii n^ paît aborder qu'à bateau*. - : ) 

11 paroit par THiftoire Romaine, que du tems de Jule-Céfar' cet endroit 

ètok une IHe entière. La Mer forme là un Port fort bon & très important* 

La Ville de Péniche eft fermée de bonnes murailles, avec quatre tenail^' 

îcs. Le.Port eft fortifié de ûk pans de miu^Iles, auxquels on a attaché .trois 

. ^ - bal^ 



^aft(Or>» & deux «d^nji-ilwiiioQS, . Qntre tous ces Ouvraigesa la Vile &;..lePw«i 
Port font encore défèfi^uB par une bonne Citadelle ^ & par un Fortquarréj *-'he. 
ope Philippe II lit bâtir après la conquête du Portugal. Cette Place a un 



1. * 



IsVes. BEB.LINGI/ÇS. . ' 



..t 



( I 




AdfiQx lieqes .de la côtç } op voit dans la mçr quatre petites Tiles , ap^ 
pellées Berlingues. La plus grande des quatre > que le^ -Anciens nom-- 
OQOient hp9^hifi9;& Ërythia, 4^ q^ a donné le no<n aux ajutres, çil for- 
tifiée. d^u^e rç'' — *•' — " — "' — "" "'^"^ ^'^ ^"^ '^^ ~— ji- ~— ., 

nç Wgaâç'ide 

Corfairçs nV aiUeiH Aire akuaila, . \ *'. ...-^ •'*„,>.. 

Au Midi de Péniche eft Torres-Védras, fîjtji^é -dans Iç yoilînage de TO-y '''^*" 
céan j à fept \iff^^_^ Us^pone.;. 69 défendue p«r, un Château pa&Wement. **' 
fQjt. Cette Place étoit ; autrefois: ^ douaire dçs Reinçs.. Philippe IV la 
jionna en titre deComtf^ à D. Ju^ Suarez de >AlarcpQ 3 i^çur recompeni| 
de ft. fidélité: ài^eionaltaçheinent, à fi)» jferviûe, j , ' ;. , 



* ..' j 



. S AN TARE N, : 

JE reviens à la route de Tomar à Lisbonne. Santaren eft dans cette roû- Santà- 
te, à huit lieues de Toxnat &;4 4qu|£ pu <]\i{itor2e de Lisbonne. rbn. 

Ceft une Ville fort ancienne , connue autrefois fous le nom de Scalabis 

«ne jolie campagne Son tecrOir eft extyçmpment fortile ep x^Jiyçp , en fro- ' . 
ment j Se- en vin ; Se d'une fécondité iî prompte & C peu coorniûfi^^ que 1^ 
blfid eft prêt à moiflbnnec 9 . deux mois après qu'on Ta femé. 

Au Midi de Santaren on voit unja protQn<^ Vallée appellée Je Çh^mlp 4ç 
ja:Couleuvre y à cau^ que. le iontier (mr jiéquel on vient delà à la ^ont^iie 
«ft fort !difficile& tortueux, ij ! v 1 

; Au Septentrkxi la Pkc^ a utt Bn^( de Rocjie vive^i foùt«ovi ^ forté^ 
murailles 5 qui êft un Ouviage des Romains; $c k TOccidept elle ^ la vuç 
^hm grand nombre de Vergers ^4^agréables Jardin?» v 

Il y a txDfi mille Habitaos» t^ot Noble$ quf Siçvxgsois 9 iw^ en dcnu^ 
ParoifTes. Il y a outre cela une Eglife Coll^ifLle^j^^ouve^? de Rîel^iei^ 
ies, une Maifbn de la Miiëricorde^ de bons Hôpitaux ^ avec quelques ner- 
mitages. ... .^ .. 

Son nom de Santaren eft corrompu 'de Saîntâi Irène Vierge & Martire^ 
dont le Corps fut trouvé miraçdeuieménty|& dont la Fête fè célèbre le 
ao Odobre. . • / ' 

Don Alfonfe Henriquez.;çônquk/ur kft î^^^ cette Ville en 1147^ le 
1 J Mars. Il la repeupla dé Chrètîeiis ,* a qui 11 accorda trente-deux grands 

J. :: ^ * 1254. 



254 «D E S C R I P T lO N E T D ELI ttt 

«ANTA- :| 2^^. Le même Roi y tintées Etats du Royarume ea 1 274; à Don Duait 
AEW. jeg y tint aufli en 1 4-33 > la première année de fea règne. Le Roi Dénis 

y mourut en -r3'2 5: . ' - 

De Santaren allant à Lisbonne onrencéntre guatre ba-cinq pâttess PI». 
«ces toutes de fuite le lo^. du T2|«i Zambuja, Caftinhéra, Povos, Vilbp. 
franca & Alhandra. -^hïbuja eft à-cinq lieùéskJe^Santaren. 

■Délktirant au Midi, le long du Tage, on laiffe furla droite Alanquer, 
lituéé à iept ÎUeués de LlslKMàheadans nné*campàgnéj plftAtéer âé'Vignobfes, 
^ui produifènt de très bon vin; ' • • 

ÏPwos. Povos cft dans un terroir-fi ft;rtife en orangers, ^i*on en tranfporte delà 

tme quantité prodlgieufé dans lès parties' Septentrionales ^è TEurepe. 
YujA' Villa-franca eft-ndie èh ' pâtura^ , • ^ù' fon néarrit une infinité de trou- 
Tranca. peaux. Alhandra. eft à quatre lieues ai; deffous ^e Zambuja, dans un lien 

où le Tage commence à de^Heni^ fort large. ' 
AsRUDA. A la hauteur de ViHa-franca vers le Couchant , auprès d*ùn Bouig nom- 
mé Arruda, eft uniieu que les gens du Païs appellent Antas , où il y a une 
• carrière de- pierres à "four. Ces pierres ont une teBe propriété , que 'les fotrrsi 
«qui en fontromoofés, étaét édiaUffés -une Cois y gardôrit leur chaleur deux 
jours de fuite, dans un degré ufFex grand jjoar cuire du pain; mais quand 
on tranfporte ces pierres aiueilrfr,- elles perâeiit dette propriété, s'il en faut 
«croire les habifans. D'Alhandra à Lisbonne on compte -cinq lieues. 



î. l 'S B O N N 



l ï 



4 n , . 



Î.ISBON- T ÎSBONNï eft confîdéraBIe pour ibil asfeîqliké, pour fa grandew^-ponr 

aiB. jL^ fes beaux édifices , i)our Ik vàfte étendue & la éonté de fon port ^ pour 

fcs richeffes, & pour être la Capitale du Royaume, le féjôur ordinaire des 

Rois de Portugal, & le fiège d'un Archévêcné. Elle cft des plus ancienne* 

tlu Païs 5 ;& î'on en ignoré le fondateur 

' - Il eft fiiprenant que ^lirfîeurs. Môdijrfies ayentjaii, «ptès fes Anciens^ 
qif elle ^ été fondée 
t:e que-Li^niie.s^ 

ime fable fi -creufe , '<}u^elle ne hiérite fpas îd'être relevée. Lsl prétendue reft 
fcmblance des noms n'eft qu'une chimère^ puifque le véritable nom de cet*- 
Te Ville étoit ÇMifipo^. & non pas Olyflipo, comme cela paroit par une In* 
&ription ^'oïl y a troi^jêe : ■; : >/ ; . ; 

IMP. CAES. M. JVLIO . . i 




; RHlLlPPO.-FEt. AVQv r 



f . f 



( » 



À 



_: , PONTIF. MAX. 

TRIB. pot: il 
. P,.-P, CONS. m. 

' '■ ; ■ TEL. TVL. OLISIPO. , • 

' Cotte Iiïfcriptioa ^(Dnfirm&<e^ù'im Aet^ aôus ip^read , ^ft ^teisbonrie 

' i ^ • * -ayadt 



D^MPACNE ET DE PORTUGAL :^i 



ayant reçu unft Colonie RoiDame# prit le. iioin de Feikitas JuUa. Elle n' 
toit pas fi grande alors, qtf elle Peft aujourdhiû ; elle n'occupoit qtf une fèti^ ^\ 
lfcoHiûe> & j^étejidoît ju£q[tfaii boni do Tage» EUe S'elt accrue avec le 
tem$ de telle maùière quelle occupoit cinq collines il y a deux cens ans 3 & 
T-on coiuptok vingt mille Maiibns dans fon enceinte. A préfent elle occu- 
pe fept collines: on y compte environ trente mille Maifons 5 quarante Egli*; 
tes paroh)i9l0s, fanis comprendre c^Uee des Monaftère^; viiigt-iîx portes du 
coté du Tage^ & dix-fept du côté de terre/ > 

Elle eft fituée au bord du Tage 5 étendue en longueur le long de. ceEleu-: 
ve, &; formée en redans , ou en façon d'étoile; fituée à foixaate lieues de 
Se ville i à vingt-quatre de Coimbre, & à cinq de TOcéan. 
; Pour juger lûieu^ç encore, de la grandeur de cette Ville, il faut remarquer 
qu^on y voit viqgt Monallères de Religieux où Ton compte, près de quin»! 
ae cens Profès» Sfç. dix-huit Couvens ae Religieui6s> où il ië trouveibi^; 
deux mille perfonnes, ^ ; " 

. L'impôt, qu'on levé fur la boucherie de Lisbonne > s'^rente tous les ans 
vingt-cinq mille ducats ; on y tue annuellement onze mille bœufs, cent mil* 
IjB brebis, & quinze mille tant chèvre? que boucs. On y voit cent trente & 
une Confrairiejs , qui quêtent & aroaffent de Targent pour les pauvres* Dans 
les jours de fêtes, on peut envoyer de la Ville à la campagne jufqu'à trenter 
Chœurs de Muficiens, fans qu^il manque rien, pour les folemnités accoutu^ 
mées. r 

Elle eft G «larchande^^ il y a perpétuellemeat un fi grand abord de mon- 
de , que des curieux ont remarqué , qu^îl entroit tous les jours quinza 
cens bêtes par k feule porte de S. Antoine , chargées de farine & de 
toutes fortes de fruits, plus» de mille par la porte de St. Vincent, doii* 
!ke cens par celle de PËipérance, & près de neuf cens par celle de Ste« 
Croix. 

Voilà pour ce qui regarde la grandeur de cette Ville. Si on la confidèrç 
du côté de la be^té. Ton y voit un très grand nombre d'édifices magnifi- 
ques & fomptueux, & plufieurs belles places publiques. U eft vrai que fafi^ 
tuation eil im peu incommode, à caufe des collines & des Vallées, dans 
lelquelles elle tu. bâtie, tellement qu'il y faut (nreique toujours monter ou 
delcen<lre j & les rues y font généralement étroites. 

La plus belle de toutes les places de la Ville eft celle qtfonnpmmeOTefr 
reiro do Paço, la Place du Palais, parce que le Palais Royal eft fitué à Tun 
des côtés^ Elle eft au bord du T^e extrêmement étenaue en long & eu 
large, bordée d'une muraille qui règne tout le long du Fleuveà hauteur d'ap- 
pui, & proprement fablée. Ceft un endroit tout-à-fait charmant , d'QÙFon 
voit les Vaifléaux qui font à l'ancrfe le long du port ; on y Voit d'dn côté le 
Palais Royal, qui eft à l'une des extrémités, un autre Palais qui eft à l'eXr 
trémité oppofée ,* & dans le fond un rang de fort belles maifons. 
. Cette Place eft la Scène, o^ Ton célèbre les Autos da Fé, les Aâeg 
de Foi de l'inquifition , .& la Fête des Taureaux ; deforte que le .Eqî 
_ToME IIL Li • ' peut 



2^: 



t).E.SCEIi»TliaH 



nzj^iKit^ d 



LiSBOK- 
ME. 



•4l9lt^l 



iè des f^jEiêtres dé fbn Palais , avec cmite^ 



peut voir Pùnè & Tàùtre cèré 

fa Cour. -. '' •' . i. : ' .- ' . î -^ 

Près;de cette Place Royale, /on en voit ùqe autre^ fituSejdémêmi&ant 
bord du Tage, où eft le graod nçirché dç toute la Ville, &; le lletf oùfoaî 
vent toutes fortes ;dfedenSes 5 &oîù Ton trouve tout ce qtfôn peut foohai-l 
ter de meilleur. • - ^ '^ ; *• i'- ■ r-- '•>::'':.; ;.. 

Outre ces deux/ Placée, il y eh a plufîeufô autres fort belles en divers f 
quartiers de la Ville. La plus grande eft celle qu^on nomme le Rucîo, for-3 
mée en façon d'ainphithéatre, à caufe des collines qui PenvirOnnent, fiir 
leiquelles paroiflent divers beaux Palais. On y tient foire chaque fe-' 
maine. . ^ '. 

Pour venir aux: beaux^édifices qui ornent cette Ville, le Pilais Royal eft 
le plus pemarOTàble qui ïè ptélente à la vue, quand oii arrive à Lisbonne* 
par eau, Ilèft litué au ^bowî du Tage , à Textrétoîtéde^a place Royale , dont 
fai parlé, tellement que le Roi çeiit voir de fes fenêtres toûslliss Vaiffeauxy 
qui arrivent à Lisbonne , & tous ceux qui fen partent. Il eft grand , régu- 
lier & magnifique. Les 'appartemens en foiit fort propres , & richement 
fiieublésjen hiver, lûlis =ert Eté Ton en détend les tapifferies : ^ les vues, qui' 
donnent fur le Fleuve ^fm la Mer , n^en ^ont pas Vm dQ$ moindres orne-' 
lïiens.' Ceft un édifice ' quarré , fait en dôme, avec quatre Tours (oui 
Pavillons, deux -plat^es-fontôs ornées de baluftres, deux galeries -en ttpoîx' 
de cent pas de longueur, à deux étages, & des balcons aux fenêtres.' : 

.Ce Palais n'a pas été «lis d'abord en fétat où il eft. Deux ou trois Rois 
y ont^ fait travailler, & Philippe II particulièrement y fit faire un gt^as pa-^ 
villon , qui eft à Tune d(îs extrémités, du côté de la Place' Royale, au borà 
du Tage. On voit dans ce Patais plufieurs^chambreisi magniiîqttes^ côm-i 
me celle des' Gardes ,^- où. fe tfèntj'afleanbléôdôâ Etats; ^elle dûOon^ 
feil de guerre , & celles de divers Tribunaux. La Chapelle du Roi elt 
k Tun des côtés , richement embellie , & toute brillante d*or & d^a^ur. 

Dans le troifième étage dl la Bibliothèque du Roi , enrichie d'uti trèg^ 
grand nombre de bons livres, rangés dsuis des cabinetsde naypn^ Elle fuf? 
commencée dan^ le. XV Siècle ,^ par les foins du Roi Alfonfe-V. Entr^û» 
dans le Palais ,. on Ê«>uve une cour quarfée, eiivJronnée de 'portiques, oui 
divers marchands étalent des Ouvrages rares & précieux, qu^on apporte dea 
Indes ou d^autres Païs étrangers. . . . . , 

. Les Eglifes font généralement fort belles & magnifiques. Les plus con- 
fidéraWes font la Cathédrale, qu'on appelld la Ceu, celte des Dominiquaiîis, 
-Notre-Dame de iLoreàe,, la Miféricorde, St. Paul, St. Vincent & St. 

ÙEglife Cathédrtlte eft fituée fuf une hdutéur ; c'eft* un bâtiment anticjue 
& fort-fembre, m^iis^fort magnifique, <lédié à St^ Vincent, dont le corps y 
rcpqfe dans'une belle chàffe près du grand autel. On y voit une jolie Sa^ 
•triftie , une Cliapelle richement doréer, & deux grdffès Tours à côté du por- 
tail. On rapport» que St. Vincent ayant été martirilé près du Promontoi- 



D'BSP.AGBIE EX ©B EQRTUG AX. a&r 

Tt^^Szdt&y.cpjLjAite.w^^ comps ayanii été jcité-àkLiaox-l 

Toirie5>flr;lQa ^a^ftioSty.v^c^ééS^ il yi vifat Jes corfjeaux^^* •'^ 

<}ui le gardèrent jufqu'à ce qiie des bonnes gens remportèrent & Tini 
Jiumërent dans i un xseftam lieu .ôà il. demeura jufqu'au milieu du XII 

Aifoni^J) iRoi de Porterai) ayantànâdié Lisbc|mi& d'entrele^ inains 
des Maures PAn 1 14.75 on déterra le corps de St. Vincent 5 &'0n le tranfe 
porta ]}dmpetifèment(^a:£ap.de ^t. Vinbentsians là Cathédrale de Lisbon- 
ne- : Fîèor çoûfèrver la mémoire, dû- Jbhn ofl&ce que des corbfeaux avoicnfi 
rendu à ion corps, -oh en nôuttif deux dans Tehcèifite- de.' cette ikli-i 
fev où pn Jcs- voit . voler > ilknsjeàa fortif jamais;: & il y a ' des^ tfoncsdefi 
tinés à reteyoir les aamôdes^ qxi^dnakmnç' .pour fournir à feûr entr&t 

i ' L^£gliie deslDomimquaiBS^FâiTe.paàr ê&re^la iplu8.fad[le:& la pltis m^grû&^ 
^le devtx)iites. On y reinaix^uc trois (EhapdleS) toutes briMantss de dorm-e 
depuis le pavé jufqu'à la voûte: 'dans Pune on voit^la généalogie de >fatre 




d'une grille d'^g^TÉt; Ja,playe»defon côtéleû.ouvertej iSoteiSt. Sacrement 
y eft continuellement expofé. Cette Chapelle eil éclairée perpécuellemené 
par lîx.cierges!de cire blahcheii éc^i^ir ira ^nkihôoibre!dé'lampbsd'ârgint^ 
on voit fur le portail le&noms. 6LlesJtetES.de tous xeux.jqui ont été brlilé» 
par ordrede rinquiiltioo.i Le Couvent répond fort bieiuà là. ihagniiceiir 
iee de.r£glifë, & les JRjeligieilx jdçr(Ikilrery:foàt to^ fdrt Commo^ 

dément;:' *. .: r: \ :\ "• A , "'i ,\. , .'■'..,. .' . . t ■ .•'.-. 
• Pfè» dû Couveï^t -eft la. Màifoh .de iîlnqi(iiitiën y que Ibs* Portugais: appel» 
lent la Sant^ Cafa:^c^é(i]k que s'ailenibâeF ieîCcwifeii du St. Office, & où 
rinquifîteur Général, qui en eftJe.Ptx^dent, fait fonféjour dans un ap- 
partement magnifique» Ce Confeil dfrîSouverainl, & tous lesàutreâ Tri^ 
iuoaùx de f in^ifîdbh , qui ^nt daiasile Porti^al]) :& ^n& les. Indes, font 
quelquefois obligés de lui rendre compte de leurs procédures , bien: qu'ils 
raient ^âuffî Souvérainis. Gn^voit, dèvao£Ifc):ppctkilde cetcédièce, une 
lieUe foxitaine diàrgée^de ftatues'de marbre, qui jettent Veau <fe tous les 
côtés. '■/..■ , ' . 

: -^ L'AIfaiïdéga, où laJDouariê^ eft tout contre le Palais; t'eft un grand bâ- 
timent , fitué au bord de la mer, compofé de plufîeurs magaacins v<^tésp où 
jîVn ^eft ébligéi defporter toutes les inarchandifèsi qiii arrivent ou quf for- 
-tent, pQur y être ]^lQinbées,imQyei}|;Dfant un certain droit qu'il faut ps- 

Jrrf^T - -1 * ' - ' » ' t .,-!.:. . ^ ■ . - , \ , * ^ 

La Ferme de cette Douane elïruri des plus grands revenus du Roi. Tou- 
-tes les dorures, & en général tout ce qui a de l'ôr ou de l'argent 'filé, y eft 
confifqué comme marouuidife decondrebande^ &le8 livras de quelque ^i>* 
;re & en quelque lâiigue. qu'ils foient écrits, Ibnt d'^rd piortés à rJnquiii- 
:tion, :paur y .être.^»an)iaé8.(>.&;ffiathéafi à ^ukyi'qttinôlfe trouvent pas 
• — ' Ll 2 mar- 



^68 



DESCRIPTION ET DELICES 



LisBON- marooés au ban coin. Outc^e cette Douane ^ il y a la Cafàdos Eiclavosi 
^* où aê vin^ EiEclavés qa^on amène d^Afiôque, il en faut laifTec quatre pour 
les droits du Roi. 

Près, delà eftPArfénal, qui efl afle2 bien foumixTaitillerie 9 demou^et* 
terie, & d'^autres munitions de guerre. Il y en à un autre près du.Palak 
Royal ydà font les magâziins dèftinésaux chote&néceiTaiits pour réqu^pement 
des Vaifleaux. 

Des iept Collines qui partagent la Ville, ks denx phis confîdérables ibnl; 
celles de St. George & œ Ste. Catherine. La prèmièFe eA la plus haute de 
toutes, c'eft la qu'efl: la^ Citadelle ou le Château, fermé d'une enceinte de 
muraillea, qui la fépare de k Ville, & qui en fait comme une Villeparticu^ 
lière. Oa y trouve des rues ^ de&£glilè$, de beUeg mai£bns , des jardins^ 
• des places aarmes & des fortifications. Cette Citadelle commande toute 
là Vilte, & fèrt à la teiiir en bride, étant fovtaife de la foudroyer de cdtte^ 
hauteur, en cas de ibiilevement. Le Marquis de Cafcaes en eA Couver^ 
neur, & cette Charge eft héréditaire à fa famille. 

Derrière le Château dx VEgUiè des Auguftins , dite NoJjkSefiboradagra^ 
tiûy où Fon remarque une précieuië Croix d'or, garnie de pierreries, que 
Ton eftime cent mille écus : on la porte en montre dans les proceiHons de» 
hornieg fêtes. 

Le Roi Don Pedro faôfbît ion fëjour dans un Palais pandculîer, qif ilracbe^ 
ta lorfqu'iïétoit encore Infant, c'efl-à-dire, pendant le gouvernement du^ 
Roi Don Alfonfe fon &ère. Ce Palais efl bâti au> bord du Tage, oompoT^ 
de quatre beaux corps dejogis,. &;âanqué de quatre pavillons, avec deu» 
plattes-formes , &; des galeries, où Fon fe prcmiène au bord de Peau. Cettô 
msâ&fti i été côniiiquée au Marquis de Caftel*Rodriga, paroe qu'il eml»^ 
£1 le parti de&.£Q>agndsy loi'S: cfer la révolution dli Portugal. Ileil vrai 
^ue par le Traité qui fut. fait entre les deux Couronnes il étoit porté 
que tous && biens lui .&roieii£« rendus, mais ceiPalais ne lut a pas encore 
été reftitué.. Ce Palais jiorte; je nom dâ Corpo Sar\tô à; cauTe de la Chapel? 
le qui s'y trouve. 

A l'un des côtés xfe la place Royale eft la Maifbn .de Ville , où s^aflembknt 
les Magiftrats, qui)ioi|t.étah|is.£ir la police^. : C'efi là qu'on diihibue tout le 
bled. Qui fe confume dans Lisbonne, & lorfqu'il n'y en a pas de relie, oor 
a gcaniQ foin d'ôbfervër rég;alité dans k'dîAributioa,. afin que nul fixait iîijet 
de jfe plaindre^ ; , ;•: 

. Il ne faut pas oublier qu'il y a dans Lisbonne imeConfrairie célèbre yqu'on 
-appelle, de la Mifëricorde ,. enPortugais Irmewiadè da^Miferkordia^y çompo- 
fee de tout ce qu'il y a d'honnêtes gens & des plus qualifiés ; le Roi îui-m^ 
-mè &.tes Princes ne font point dimciihé de s'y enrôler;, 

Elle.aj un Préfident ou Pourvoyeur,: que lés Portugais'nommentPrw^v^ 
dar^ doQt remploi efcfoct pftimé^ bien que iforti onéreux. Oo le change 
•tous k$ ans, & celui qw^ertiefi: reviêtHi>^ n'en fqrfe guère làns d^penfer plus 
ide cent miU&franiSSidufieo:^ i^'ils'di. acquitte. aveclionnettr. : Cette pieulè 

Con- 



w 1 w 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL. 269 

Confrairie fë dévoue, pour ainfi dire, à fecourir lespauvres^: efle aflîfte^w*^'»- 
tous ceux qui font daos quelque néceifité que ce fbit , oc oue la honte em- ^^ 
pêche de mandier, les veuves , & les orprfielins ; elle prend foin de leurs af- 
faires, afin QU^il ne leur fbit fait aucun tort Elle entretient grand nombre 
de pauvres nlles, & les marie lorfque Toccafion^s'en préiënte: en un mot 
elle a foin que rien ne leur manque , pourvu qu^eltes vivent bien. On y a(f 
Me lesprifonniers, on travaille à leur procurer la liberté, & lorfqu'il font 
condamnés au fupplice , qiie^ues-uafi de la Confrairie les accompagnent , St, 
les confolent. 

Cette illullre Se pieuiè Confrairie , à laquelle on ne £inroit jamais affez 
donner de louanges, ne borne {Mis lès foins aux vivaris, elle les étend juf- 
qu^aux morts. Elle a une belle & magnifique Eglifè, où Pon dit pbas de dix 
mille meflès pour le felut de* Confrères, & de tous ceux qui font morts, & 
^qui fubllftoient par la charité de la compagnie. Cette Confrairie ne fe trou* 
ve pas feulement dans la Capitale, elle eft encore établie par toutes lea Vil- 
les du Portugal, & dans les Païs qui en dépendent. ♦ 
' Pour achever ce que fai à dire des EgMfès, & des maifons pieufes, il y 
en a une qui porte le nom de Madré de Deos , où Ton garde le St. Suaire > 
que Ton montre tou? tes ans le Jeudi fàint. 

La Reine, Epoufe de Jean v , a fondé une petite Eglife,. qui cft toute 
lambriffée d^ébène depuis le pavé jufqu'à la voûte. Elle eft foutenue par 
des colomnes ^ qui font aufîl du même bois , & ornées de moulures do* 
rées. Cette PriuGeiTe y a voulu être enterrée, & Ton y voit fontombeaui 
Quand on defeend de PEglife Cathédrale , on trouve TEglife de St. An* 
toine de Padoite, bâtie à Thonneur de ce Saint, dans Pendroit où ilde- 
meuroit. 

Outre h Confrairie de la Mifêricorde, on voit encore dans Lisbonne une 
autre maifon de Miféricorde, (avoir un vafte Hôpital, ou fi Ton veut, une 
Infirmerie, la plus belle qu^il y ait en Efoa^ne, où Ton a foin de tous les 
pauvres malades, )ufi]u^à ce qulls foient dékvrés de teurs maux d^une ma<r^ 
nière ou d'une autre. Loriqtfils font guéris, on leur donne une petite fom.^ 
me d'argent, pour vivre dans te repos pendant quelques jours, afin derd- 
tablir leur fanté parfaitement. 

Cette Infirmerie porte le nom de T^s les Saints.. Les Jéfeites ont quav 
fre Monaftères dans cette Ville; Ils font en grande eftime en Portugal, oa 
îeur donne la te nom tfApoftoIos , Apôtres. La principale maifon , qu'ils 
tout, eft toute bâtie de pierres de taille, & enviroraiéc de ^alertes qui con- 
duifent à leurs chambres: Leur Eglife eft grande, & fore bien. ornée; ony 
voit la vte de St. Ignace Loyola leur Fondateur , repréfentée dans de grandis- 
tableaux. La voûte de k Sacriftie eft toute brillante d'axur &c de (£)Iure^ 
& embellie de fort bonnes peintures. - i 

* Le Couvent des^ Religieux de St. François eft un grand bâtiment, dànr 
lequel vivent plus de deux cens cinquante iiommes; leur Eglilè eft grande^,. 
in vQUt^ &' tes piliers^V V^^ ^ fol^tiei^nent,, foui tXTUt azurés &.doi:és/ea 

Ll i feuih- 



.37P , ..D:ESCRiPT.10N ET DELICES 

• 

LisBON- ^JP^lDfig^s. :Prè9 delà Sacriftie jll y a une Chapelle <Je marbre $ qui fert du 
' ^^" • fépuHwe âwx Archevêques 4e Lisbonne. Les Religieux de St. Benoit , en 
Portug^ië San Bénito , ont leur maifon à Textrémité de la Ville auNord-Eft. 
C'eft un grand & vafte bâtiment, dont une feule fa<jade a cent cinquante 
pas de longnair. Les Qirmes ont dans leur Monaftèfç y n. puits, dont la 
pierre, <iui le borde au delTus, eft de jafpe & tçute d^une pièce. 
■ Lorfque du bord méridional du Tage on regarde Ja Ville de Lisbonne , 
jelleiprélente un très belafpedaux yeux; comme elle eft bâtie en amphi- 
théâtre, on en découvre tout à la fois toutes les maifons,qui paroiflent éler 
vées lés unes par deffus. les autres. Et quand on regarde de la Ville la cam- 
pagne, on découvre aufli le plus charmant païfage qui fe puilTe voir. On a 
im beau Fleuve fous les yeux , large d'une lieue , & en quelcjues endroits 
dïivantagejon voit une forêt de VaiffeaUx de toute grandeur , plus loin unç 
belle &c agréable campagne , couverte de Bourgs & de Villages, iSc plusloin 
encarei POcéan. 

Le commerce y eft floriflant autant & plus que dans aucune autre Villç 
du Monde , ce qui fait qu'on y voit des gens de toute Nation & de toute 
ibrte de couleurs, que le trafic y attire, il y a des Marchands François Ca- 
tholiques & Calviniftes , & plulicurs raaifons Angloifes & Hollandoi/es. Les 
Marchands François Catholiques y vivent fous la proteélion (je France,! & 
les Calviniftes fous celle d'Angleterre ou de Hollande. 

La Cour, qui fait la réfidence à Lisbonne , ne fert pas peu à la faire fleu- 
rir eh toute manière , paf le grand nombre de Nobleffe qui y va faire fà 
Cour. à fon Roi,& par le féjour des Grands du: Royaume, qui font une dét 
penlè proportionnée à. leurs richcffes & à leur rang,&; qui FembeliiTent peij 
à peu de fuperbes Palais. 

c On y peut marcher nuit & jour,, fans craiifte deà filoux. Il ne fe paffe 
aucune nuit, cjifil n'y ait en quelque endroit quelque férénade ou qiielquQ 
concert de mulique, à Tiijtention de quelque Belle, & Ton trouve dans les 
mes jufqtfà trois ou qliatre heures gprès minuit, dps gens qui jouent de la 
guitarre, joignant leurs: voix ^u fon de leur inftrumeijt. « 
• Le Port dte Lisbonne a .près de cinq lieues de long, à compter de, San 
Bénito jufqu'à Cafcaes; il eft fort commode &.fort fur, les vaiueauxmouilt 
ient le long de fa Ville,/ &au-déJDfous jufqu-au Château d'Almada , dans un 
bon fond & à dix-huit brafTes d'eau. L'entrée en eft extrêmement diffici- 
le, à caufe des bancs de fable & de rochers qui s'y trouvent; mais en recomr 
j)enfe les vaifFeaux y font parfaitement à Tabri dçs vents,* étant couverts 
^ xl'un côté par les Collines , fur lefquellcs la. Ville», eft fîtUée , & de l'autre par 
les bords oppofés du Tage, qui font fort élevés- ; . ; r 

Lorfque les vaifleaux arrivent^ ils font obligés de làluer d'un coup de car 
non la Forterefle de Bellem, qui eft à deux lieues au-deflbus de Lisbonne^ 
^ mais il leur eft défendu de tirer im fèul coup de canon à la hauteur de la 
Ville, fous quelque prétexte que ce foit. 

. On fait^bonne chère à Lisbonne. On y a la'volaille de rAlen(éj9>Mlièh 

: . i ' ' vres 



M£. 



D'ESPACNE et de PORTUGA'L. ±71 

tres'& les penîrix de Sétubal, les jambons de Lainégo, & ïa viââde de^***^^' 
boucherie des Algarves^ tpi toutes en leur genre font excelfentes. 

L^air y eft d'une douceur charmante & délicieiïfe , le Qel clair& (ans nua- 
ge^) & leseaux-d'un goût ôcd'une bonté merveilleuft. Cela fait qpe leà 
cens y vivent fort longtems, & que les vieillards y confervent encore de 
la vigueur )& ne font point accablés d'infirmités; comme ils le font en d'au- 
tres raïs. L'hiver eft fi doux , qu'on n'y fent point de froid. 
. On fe fort à Lisbonne d'Efclaves amenés d'Afrique, & ces miférables fe 
vendent & s'achètent dans les marchés , tout comme des bêtes. Us rappor- 
tent chaque jour deux réaux de profit k leur maitre, àilfaut outre cela 
qu'ils fe notirriffent. La grande diverCté de couleurs qu'on y voit for les 
tifoges 5 de blancs 5 de noirs , d'olivâtres , de bazanés & • d'autres , cette 
différence 5 dis-je, fkit que quind on veut fe dire homme ou femme 'd'hon- 
neur 5 on fe contente de dire, eu /on branco ou branca^ c'efl:-àrdire5 je fuis 
Blanc où Manche. 

Du relie Lisbonne n'eft pas une Ville forte: on avoit commencéàla for* 
tifier, lorfqu'on craignoit rinvanon des Elpagnols, dont on avoit fecoué le 
joug; mais quand on eut la paix avec eux > on abandonna les ouvrages qu'on 
avoit entrepris. On n'y voit donc que la Citadelle 5 dont j'ai parlé 5 fituéé 
for la plus haute des fept montagnes. Les autres ont une fimple enceinte» 
de vieilles murailles, flanquées de foixante & dix-fept Tours 5 bâties autre-' 
fois par les Maures. 

Ces fept montagnes portent le nom de St. Vincent 5 de St.- André 3 de St.* 
George, deSte.Anfte, de St.-Roch5 de Ste^ Catherine 5^ &dasChagaSy 
c'eft-à-dire des pl'^îes de Notre Seigneur. '•; - ' 

La montagne de St. Vincent eft à l'Orient ; du tems des Maures^elle étoit 
hors de la Ville: la montagne de Ste. Catherine eft k l'Occident. Ces deux 
montagnes font à deux lieues de diftance l'une de l'autre; car on iae comp- 
te pas moins de longueur d'un bout de la Ville à l'autre 5 & dlc eu a fept 
de tour. 

L'Eglife Cathédrale de Lisbonne n'avoit autrefois que la dignité d'Evê- 
ché, mais l'An 1390 le Pape Boniface IX en fit un Archevêché à la prière 
du Roi Jean I. Ce Prélat a pour fuffragans ks Evêques de Côimbre , dé 
Leiria & de Portalègre^ outre fept autres dans l'Afrique & dans l'Améri- 
que: il poflede quarante mille ducats de rente. ' 

Tout le territoire de Lisbonne eft tout-à-fait délicieux 5 merveilleufement 
fertile & - extrêmement peuplé. A cinq lieues à la ronde autour de cette 
Ville on compte vingt-neuf Eglifes paroifliales 5 trente mille cinq cens feux 3 
& près de cinquante mille âmes. Le long du Tage ou trouve vingt-neuf 
Bourgs ou Villages 5 avec leurs Eglifes , comprenant près de huit mille feux > 
& vingt-fix mille âmes. Il eft tems enfin de fortir de Lisbonne. 
*• Entre cette Ville & l'Océan 5 foivantle bord du Tage 5, on toit fix ûa 
fept PJaçeSat' qui méritent d'être remarquées} Alcantara, Beljiem ,3 . St. Ju- 
lien, Cabéça Secca , St. Antoine ,&: Cafcàês. Alcantara eft im petit Bourg > 

kun 



27» DESCRIPTION î:T DELICES 

à unk|iitut de lieue de Lisbonne^ où il y a un Palais Royal» afTei magni* 
fique^ &. fort agriable , par fa ficuation au bord du Tage« Il eil accompar 
:né de beaux Se de délicieux jardins, où Ton voit une infinité de belles 
urs & d'excellens fruité , de calcades^ des grottes 9 & des fontaines arti- 
ficielles. 

B E L L E M^ 

Beluem. 1Q El le m 5 ou Bethléem, eft le nom d'un Bourg, d'un Monaftère & 
£j d'un Fort. Le Monaftère a été le premier, & a donné le nom à tout 
le refte. Le Roi Emanuel le fonda (*) vers le commencement du XVI Siè- 
cle, & le dédia à la Stè. Vierge fous le titre de la naiflance de Notre Sei- 
gneur, en mémoire dequoi on lui donna le nom de Bethléem, que les Por- 
tugais écrivent &; prononcent Bellem , ou Belin. 

Le Qoitre & TEglifè font deux bàtimens véritablement Royaux, bâtis 
Tun & l'autre de belle pierre de taille ouvragée. L'Egliiè eft un vafte 
édifice , dont la voûte eu extrêmement hardie , longue de quarante-huit 
pas plus que la Nef n'a de largeur, & large de vingt-huit pas depuis la fé- 
paracion de la nef jufiju'au grand Autel. La Chapelle du grand Autel eft 
d'un Ordre Dorique, à neuf faces. Les quatre, qui font le plus éloignées 
de l'Autel font fèparées l'une de l'autre par deux grandes Colomnes de mar- 
bre blanc , du même Ordre. Les cinq autres faces , qui terminent le rond ' 
de la Chapelle, ne font fèparées que d'une feule Colomne, Cet Ordre Do- 
Inique eft chargé d'un autre qui eft au-deffus, & celui-ci d'un troifîème plus 
petit , jufqu'à la coupole. 

- Cette Eglife eft faite en CVoix ; la voûte , les côtés Se le pavé font tout 
de jafpe & de marbre blanc & noir : l'entrée eft bordée de belles ftatues de 
marbre, & les Colomnes font relevées de grotefque en fculpture. Dans une 
niche près du grand Autel on voit un St. Jérôme en pierre, fort bien fait, 
tenant d'une main une croix , & de l'autre frapant fa poitrine : la Chapelle 
eft éclairée de deux groffes lampes d'argent. 

Le iRoi Emanuel deflina cette Eglife à être le Maufolée des Rois & de la 
Maifon Royale. On y voit un grand nombre de tombeaux , foit de Rois 
&de Reines, foit de Princes &de PrincélTes, les derniers diftine^ués des 
premiers, en ce que ceux-ci font fupportés par des figures d'élepnans, 5ç 
ornés de carreaux & de couronnes , au-lieu que les autres n'ont rien de 
ièmblable: mais ils font tous dignes de la grandeur des perîbnnes, dont les 
corp^ y font renfermés; travaillés en marbre blanc, noir, & rouge, & 
couverts de rideaux précieux de tafetas ou de velours rouge. 

Le Roi Emanuel eft inhumé vers l'une des quatre premières faces de la 
grande Chapelle , avec fon Epoufe la Reine Marie dans un tombeau près 
du fien. On y ^t TEpitaphe fuivante : Lit^ 

(*) Nous avons parlé ci-delFus de ce qui donna lieo i cette fondation. Vpyes les Awiêks^ 
An. U97. & f^i^» ... 



lyESP'ATGiNE ET DE PORTUGAL. «73 

I 

'•; JàHvre éf Cktnè» qià primw^ • Bmé». 

ExtetiHt'adttmituiUiamiae-Dày 

CmiMtùrbottwaubiMxi$imiEMAMJEL, 

D^s la façade opofëe eft le tombeau du Roi Jean III ^ fis d^Emanuelr 
«réc (cdui de la Reine Oàtherine fa feqime y iœur de Charles-Quint. L'£- 
jMÉipfae de Jean eft telle;: ' ' 

iVf^, iam^ beUoqaey firis^ moderamne mird ' 

JuxH yOANNES Tn-rms Imperium. ^ 

Z>ivina excolutty regno importùvit AtbenaSy 
Hk tandem Jitus eft Rex^ patriaqueparens. 

Les autres tombeaux font aux côtés de rSglKë , placés dans des efpèces 
^ niches^ quV)n à pratiquées dans Tépaifleur de la muraille. 

Le Goitre eft occupé par <iles Hieronimices ; il eft grande magnifique , & 
fiK'tipatifiiix, pouvant contenir juiqu^à deux c^)s Religieux. Le Dortoir 
à trois cens pas de tour > &c conduit à ibixante & douze chambres , dont les 
wies ont .la vue fur le Fleuve, & les autres fur un beau verger d'orangers, 
de citronniers, 69 d'autres arbres rares & pr^ieox, avec une cour où il j 
a de petits étangs. Les chambres des Religieux font grandes , propres oc 
bien airées: le Dortoir eft magnifique,, & a Pair d'un falon d^unemaifcm 
Royale : ils ont environ huit mille ducats de rente , de beaux jardins de 
fleurs & de fruits, un parc fermé de murailles, livafte, & il fertile, qu^ils 
en peuvent tirer du vin & du bled, & y entretenir des troupeaux auAlelà 
de leur néceffaîre. 

Le Roi Eflianuel, -qui avok commencé cet ouvrage^ Tavoit porté fort 
près de fà perfêôion^ mais ayant été prévenu par la mort, il fut contraint 
de remettre «ce foin à fon fils Jean ilL Ceft pourquoi Ton mit cette Inlcrip- 
tioa à Fune des voûtes du Goitre : 

Fajia mole Sacrum Divitue m Uttore Màtri , 

Bsex pojuii Repan maxùnus EMANUEÙ. 
uiuxit Qpus Ikeres regm ^ pietatis^ uteripu 

Strumarâ eertant i reiigione pares. 

• - • 

On voit àsasÈ ie même lieu un Hôtel Royal deftîné pour de pauvres Cen* 
tilshbmines. On y entretient tous ceux qui ayant «nployé leur jeunelfe au 
fovice de leur Roi , riront pas dequoi fubfîfter diins leur vieillefle. Us trou-» 
vent là une retraite honorable, où ils font logés & nourris fort proprement 
Lorlqu'ils entrent dans cette maifon , on leur donne Phabit dç POrdre de 
Clirift, qui eft le plus noble de tous les Ordrfes Militaires de Portugal. 
' Le Goitre & PEglife de Qelkm font conftruita au bord de Peau. Vis-k-' 

Tome IIL Mm vis 




if^. D ES^.CR i P T I O NI EiT: HEri C ESI 'ti 

9vJJi»- vis de ces deux édi^ces» OA itùîtattmific^cbk.'riviè^eBae'Moflê Tour 
quarréej bâtie fur des pilotis» at*c.imeplàtei:fôrnic afvatiiée V oordée d*aa 
parapet. Cette Tour eft regardée .oominc la CitadeHe de Lisbolujè» parce 
que tous les vaiiTeaux^ qui vofit &; qnt Tknneaty foot obligé»^de k Mier 
en paiTant, & d^ montrer leurs commiûlons en venant» & leur billets de 
congé q»afîdJ^s;^tfw«ï5 ; -- 1 •:.•.!•■ î t' -;.■' r r- -r* 
. JU P^SÇ. 4'awe*i ^ftiortèfiéc^e pafcàpe^gsihjs. d'âne) jgrand'éïjlQMfl 
d^artillecie. Ôeft dans cette place que font les cazecmes)^ où idmjieiireDt \ét( 
Soldats de la gamifon.. Les logemens de la Toiu*/ qui font à Pétage d'em- 
bas, fervent de mag9zin3). & ceux de rétage d^enhaîitièevenrà renfbrmec- 
les prifonniers d'Etat. Cette T^ur a au0i été. commeQc6b ^teiftoiSma- 
Quel j & achevée par le^Roi. Jean Jil... , : •. .^ 

♦ ■ 

C A S e A ES./' 

Eux lieues au-deik>us àc BeHem on voit 1% petite ViU^ de Cafcaes^eni 

Loâsi Cafcak, fitu6e fur ie bord de Teau^. La Rade, n^ efii pas fort 

& ksi vaiiTouix y coucent tiique d'êlure jettéseontreliK cochei» & lesi 

truies de &ble 5 quj fètriHiyt^QÊ près delà. .. . ::- '■ ■. .-. m. 

On yoïA dains cette YlUe : mi^ petite fortification' dé dèox^ dbnârbtéàoaBi 

éf d'uaMliPO'^ntieF^; EUefiBL.Captt!dle dîun Maixpii£u:,&ai^iattient à de» 

Seigneurs ,. qui foto. defoeadlus Weoà.Uy. Roi dé CaftUle, pac Al&nfe ibw 

Cils .Naoïcel. 

î,, "". . .•..'St.; .t tf-L-.|>L X. K •■: : • -• i- •'■■> ■■ -i 

AU dèflus de Cafcaes, le Tage fe jette dàns'POcéao paf-wië &!**''€!»*.' 
boBcfautie. Cette emboudiuiecft«inbarràffîie ptp- dbs banciE^de'fôbfei&L 
de rochers fort dangereuK y nommés Cachoppe»^ longs: >de trois cpiart^ dé! 
lieue,. ^ larges de ,aemi<-iifi]Qy;gii la partagent en deux PàlTes oa ^CaAatiK,.' 
p)ar lefquels les vaifleaux peuvent entrer^. fous kiabnduite' des- Bloces'tiôi-^ 
ûer& 

Chacune de ces Pafle§eê^:gardée pai^.nnFo?t, enfitéllc ftrte qii'il n'eil- 
pas poflible à aucun vï^ffean d'entrer dans la rivière fans p«iïer -fous le ca- 
non de Tan ou de TautredeeesÊo^ts. C^s deuxPafifes ne icKlDpas^^ement: 
larges; celle qui eu au Nord, .eilplu%éttoiCe-9 jxlus petite &{>aroonféquent 
plus dangereulè que Tautre; & il eft extrêmement difficile,^ pour ne pas di- 
r&iç9pol(l^,f d'y-.paifer fw«'rê^ cOnfM psr dfôiPilotfiSidii iicu, quiieé^- 
fçnteot ordinairement: aux vaifleaM^',-, i^<^ilt puroifiènt. Cette petite m^- 
k éA; ^étendue par. ijm Fort homtné. lej Ford de Sti . Juliea » du ,. domme les -. 
^or4siffiùsràppçlleiïtpar-coTruptioi»a.>Stf,GiaoBi; ' •• • 

. Ce t<»t eft coqiliruit fur- un r6chef),cam|)!oiè.dabaft)ocis&d&r«daiis-,.tous' 
iievQt.u3 deipii^irres de lai%;^^>«Q£aide qt^U-snt^ pièces de canbnv entre' 
Ifiijq^^s^.il 3^: eft.4,«ftç,^ ?Pi>prç4*4eftI«(»Rj. qui.|ïorte,iJsù- vingt» -livres de 

au;î -1! a;- "haie.. 



\ 



D'ESPAÇNj: ÎP:T;DJE. tOR.TUGAL. t^ï 

))ale. n y a là un GraïKFBeiir. mac iliïtf ^aâiîibn.toiripèfée ordinairement i 
detroiscenshominei'M. • :> •" ^' / f' ^'^'^ .•" 

Lsi grande Paffe^'-^feft^u^iâî dte'Iil petite-, -eft défendue par un autre 
Fçrîj oommé de 1^. Laurent^ &par les Portugais Torre do,Bougio. Ce 
Foft eft fitiié feriiih fe^l^ dèfebley ^.miliép la mer, au Midi de Pem»^ 
tK)ucht*e au 1 
lotis: ce ri'dtt 

t 7 ' 

ide 'taHle. 51 y â tih 
liommes. 

La nile ^ U Mma^ne de 




% > 



* 






i€ I ik T R A- 



1'^ t^ré' B^a'tfance <îato«fOëêaiïbfen'ioiii ai^âelh de Peftibouchrire duTa.*- Cintiu. 
^ gë, & forme lin Promontoire a<^ncé, que les Anciens ont appelle 
J^romontorium Lutue ou Olijiponenfe y &; les Modernes d^ ^ Rocca: 

Ce Promontoire eft unTameau d'une montage fort élevée, qui fe pré* 
fente de fort loin aux vaiflcAux qui rafent cette côte, nommée autrefois 
Mons^ Lurue , & aujourdiiui Sintra ou Cîntr^. A Tun dés qôtés de la i^o^ 
tagrte t^ une petite Ville, qui porte Je même opm, fîtijée derrière C^m, 
4 fept lieues de Lisbonne. ' . ^ . 

Au fomaiet de la mpntagneon voit untçau Monaftère dç Religieux Hie*- 
ronimites, dédié à Noffa Çenhpra da Roca, /c^eft-à-dirç , à Nçtre-Da^me 
4û Rbc, & accompagné d'une Èglife, qui eft un lieii de grande déyptiçiii 
'Pli Ton. va faire dfîsneuvaines.. .. . ' 

*; ;Le Monaftère & l^glife font tous deux tablés ^ns ïe roc ,. jSc une hôtçl* * 

^erie, deftinée ii recevoir les aîlans & ^es véiiàijsp, éft aufli taillée dans la , 

roc. Les Religieux ont un petit jardin, où il a faUti porter d^ailleurs toute 
la terre qu^on y voit. On jouit dans ce lieu-là. ^uoe yue charriante. D^un 
côté Ton voit rOcéan> de 1 autre le Tage,' & des deux autres côtés leConr 
tînent, où de belles & de riches campagnes fe préfeptênt aux yeux , &;forr 
ment linpaïfage très agréable.' ' 'y 

Au pied de la montagne ^ au^je^^s é^ PrpmpflQtoire, il y avoit ancien*- 
nement un Temple dédié au Soleil & à la Lune , dont on voit encore les 
^ruines, <4c4(^i9ue9 Coloom^ «liargée? 4'Ioicrip(?lQ^ : j^n>ft rapporterai 

•.•■".• . . i 



'« 



V î>RO. AETïi{l.T«ITATE. DMPERII. , t% 



SALVTE.' IMP. CAL. ... SEPT1MIL 

SEVERI ET IMP. AVG. CApS. M. 

AVRÈLIL ANTONINL 

AVG. Pif. . J 

Mm 2 • . . iEXi 






X76 DESCRIPTION ET DELICES^ 

Ciimu. ET. JULIAE. AVGL JVIATRIS- CAÉS. : 

DRVSIVS. VALERIVS. CAELIAN.VS. 
VIATL YSL AVGYSTORVM, &c. 

Ail côté de cette montagne, qui regarde rOcéaii, il y a un petit Villà'^ 
ge nommé Collares auprès duquel efl une grotte fort ancienne & fort lon- 
gue) au pied d'un rocber battu des flotade la mer > & dans laquelle on dit 
qu^on a vu de tems en tems des Tritons ou hommes matins jouans de leur 
cornet; comme les habitans de Lisbonne le firent fivoir autrefois à Tibère 
par une Ambaflade qu'ils lui envoyèrent à ce fujet. 

Entre ce Village & la Montagne eill la- Vallée de Colferes^ la phis agré»» 
ble, la plus délicieufe & la plus fertile, qui fe puifle voir au Monde. Ella 
eft longue d'iine lieue ,, fi -bien cultivée & fi; bien plantée dfarbres , qu^elle- 
nourrit prefque toute la Ville de Lisbonne , par les fruits , le bled , &t 
le yin, qu'on en tranfporte là, qu'on y marche pfe%ue par-tout à Fom^ 
bre, & que quand on s'y repofe fous quelque arbre ^ on fe trouve d'abord 
tout couvert de fleurs*. 

Fîllei au Midi du Tage. 

Auur T Tls-à-vîs de Lisbonne eft le Château (TAlmadà , fîtué fur un rocher à uii 
BA. V coi^i ^" P^tit Golfe de Côuna, dans un lieu où les bords de la rivière 

font fort éleyéi II prend fon nom d'un petit Bourg, au bout duqjiel il 

eft bâti 11. Y a une Fontaine , . dont Teau a la vertu de guéfir de la gravelle. 
CxxoHh, Un peu plus haut êft le Village de Couna j. litué.au £bnddu peut Golfe 

^i porte fon nom. - ■ 

AtDEAr Continuant à marcher à rOrient^. on trouve Aldéa-Gairéga-, grosBbyrg 
Galle, au bord du Tage j c'eft là route ordinaire de ceux <inr vont de Séville à Ufr» 

bonne 1 ils s'embarquent à Atdéa-Galléga,. &; dans deux ou trois heures on 

arrive à. Lisbonne ^ le trajet n'étant que de trois lieues. 
On voit dkns ce BOiurg une belle Eglife» dont la voûte eft toute dprécj 

■& quelques moulins àjeaij, que te Tage fait, tourner, 'dans le tçms de la pleir 

ije mer; On y cuit dU Tel,' de la même façon qii'à la Rochelle «m France^ 



«Al 



r: 



s E. T V: B: A L. 



Sjstw. ÇErtn^AÈ, que- quel^ues-un» appellent ma^à-propo8 Saiht-Ubes, eft 
•A*. luf une Ville nouveUe , bâtie des ruines d'une plus ancienne , nommée 
Cétobtiga, qui étoitun.peu plus avant.au Couchant, où l'on adoroit Jupi- 
piter Ammon, dans.letèms du F^igani^i On a trouvé 4ps lès mazuner 
les reftes d'ua vieux ÏWplç, '&î{i,ié^d à'îm bélier,,' qui iétoitle fimbole dcL 
cette Êiuffe Diviijité». « . ; 

Sétubol eft fîtuéè à là t^te dii petîtColire-r. que là marée formeàl'fembon- 
cfause du Zadaon. Elle s'eft accrua péurà-peu par la commodité defonPorti, 
par la fertilité dfi &ii.ten:«ir,'-pïir la «çheffe de ià pêche, & la fécondité det 
iês feliofiSii. i i..i: li 



D^BSPAGNE ET DE PORTUGAL. 277 

11 s^y fait un très grande quantité de beau fbl Uanc , que les vaifleaux mar- Srnt^ 
chands viennent charger pour porter dans le9 Païs du Nord^ on y prend u-bau ^ 
ne très grande quantité de paÊiToiis^ S^^^^ transporte en divers iieux dû 

• voifinage» & le commerce y eft iloriâaint, tellement que Sét«bal depuis 
deux cQis ans en^^ça efl devenue une Vilte coniîdérable. 

On a eu foin de la bien fortifier ^ en la fermant de bonnes murailles avec 
cinq baftions & deux demî-baftions du côté de terre ^ & deux baftion? du 
côté de la Mer : outre un petit Fort, nommé de St PhiLippe> conAruitiur 
uneéminence^ à un quart de lieue de la Ville» 

A rentrée ài Port on a élevé un autre Fort, nommé St. Jago deOutaoâ> 
^ de quatre baftions avec une platte^orme, où Ton peut mettre du canon, & 
une Tour, garnie d'une nombreufè artillerie. 

. Cette Ville cTt fituée au bout d'une plaine de deux lieues de Ion srueuf^ 

extrêmement fertile en grains, en vin^ & en fruits. Cette pkine eft bor* 

«née au Nord par un rang de mc»itagnes> qui fi>nt chargées de belles forêts 

de pins & de divers autres arbres ; on y voit particulièrement une è^èce 

d'arbriileau , qui porte la graine , dont on fait la teinture d'écarlate. 

Au Couchant de Sétubal la terre fait un Promontoire, fort avance dans 

* h mer , qui préfente deux cornes , Tune au Nôrxi du côté du Tzg^ , & Tau- 
trt au Midi> du côté de TOcéan, appelle par les^ Anciens Prtnnoniorjum • 
Barbarium y & par les Modernes, Cap de ËfpkheL 

Ce Promontoire efl un rameau des montages, dont je viens de parler > 
qui s^étendent en long îufquos-la.. Les rochers de ces montagnes ne font 
prefque autre chofè que des carrières d'ua fort beau ja^, blanc, verd> in- 
carnat, & de diverfes autres couleurs, dont on fait des Cotemnes, qui re- 
Soivent une polilTure fi admirable, qu^elles renvoyent les im^ea comme 
es miroirs. 

Au Couchant de Sétubal efl Cézimbra , (Cecimhrtca)^ petite Ville prés C£2x» 
du Cap d^Ëfbichèl, fur TOcéan, avec un Château afTez bien fortifié. bra. 

Au Nord-Efl de Sétubal on voit Palmela> fituée fur le panchant de la p^i;jjj£^ 
.montagne, & acxompagnée d'un Château qui efl bâti fiirle roc. Cette Pla- u» 
ce efl une Commanderie de TOrdre de St Jaques. . 

Dans cet endroit , la Province d'Eârémadoùre s^tréd tconfidérablement, Bts a- 
-& s^avancé vers le Ta^e, il faut donc revenir au bord de ce Fleuve. On venti. 
voit là fiénavente, petite Place > fituée fur la rivière de Soro^prés de Ten- 
droit où elle fe perd dans le Tage. 

Plus avant à FOrient efl Salvaterra, autre petite Place., fituée (fans uneSAivA- 
campagne très fertile en fi-uits y en vin & en bled : il y a là. une Maifbn Ro-'^^&x^ 
yale, où la Cour va de tems'en tems. 

MugeA efi plus haut fitué au conâiient.de la.pedtésivièrCidè:Q3lo ÂrduMuci»;. 
Tage a huit lieues cîe Lisbonne.. On rappelle autrement Porta de Mugen :. 
fi>n nom lui vient des^Mi^ges, poifTons dont la pêche y efl fort abondante;. 

Almeyrin. efi plus haut encore, dans un fort bon air & dm^ une campa- ^™*^ 
gne fertile comme la précédente. Il y a un Palais Royal> où k Cour va*'**" 

Mm* 3 auili 



ajS .DESCRIPTION ET DELICES 

^^F^' msSi pzSèr ^ptdques ^'ours j ^ oài fe Sioî prend le directiflesMOt de h chafte. 
Ma0(w- î On a pu . wir par le détail que je yiens de doooer f ipit TEfirémadoure du 
^^ rfbrdi^roeicàde. point en bonté aux aitfîipa Piirvincef du Royaume) oi 
meme^à odiés lie PE^pagne. Le terrîtodre de Saatsuren produit luie ii gran- 
de abondance dé giàlks» Se nourrit une û ennds qudsoibt de troiq>eaux » 
jQU^ j^ut: entrer en ^arallèie avec lai Sicile/ Les fntttà & Jbs Vina de tente la 
BroTÛace fostiadDiirables; cleâ-lkiqfiie & trouveot tas orasges donc»; mi^on 
trahfpjc^rte) en quantité dans les Païs ^angerS) arec Jee vins &r lesifruiti* 
La terre y efl, pour ainfî dire, touverte de fleua en tout tenu.» les a- 
r beiiles y donnent une quantité merveilleufe de raieli les oliviers y produi- 
iènt des. olives^ dcoit oa tire uneu^xcellënte huile, les rivières y font fècon* 
des en bons poiiTons, les ntontagnes ont des carrières de divorfes pierres 
. firécieuiës^^.le Tage loairnirûitde Tor aux habitans, s'il étoit.permis de le 
chercher 5 enfin Pair y >eil: trè6.<lûuz & très bon y & il y nè^ne un Printems 
prévue perpétuel Onauroit fiort de ibdiaiter plus de délies donfi un Païi. 

La Frovimxd' ALZNTEJO, . 

Alex- T ^ÂLETn^Ejo, Fra^ktda Tmns-Taganay efl la cinquième Province de 
T£jo. . Jl> Portugal ) ainfi appéllée d^un mot qui iigiiiiie aip-delà du Tage , parœ 
qu'en effet elle eft au-ofelà de ce Fleuve k Pteard de Liaboni>ec ^ 
Elie eft bornée à i^Orient par PAndalou^ &c par PEflrémadoure ETpa- 

fnole, au ^lord par PEflrémadoure de Porterai, à POccident par la mêoje 
rovince & par POcéan y & au Midi par le Koyaume d'Algarve. 
Si^n étenxiue eft d^environ trente-iîx iîeues de long^ & preique^autant de 
large, coippcenant à peu près tout cet eibace, qui bit renCârmé eotrË le Ta* 
ge & la Guadiana , & un petit quartier de Païs au-delà de ce deriiier. Fiet>^ 
' rtf ièparé ide PAndakinde par ta rivière dé ia Œanca. ' * 

Cette Province eft arrofée d'un a^Ter grand nombre de rîvièiies médio- 
cres, dont k piu$ remarquable eft le Zadaon^Sadanus, anciennement Cal- 
, lipiis^ quiibrtant des montagnes d'Aigarve, coule du Midi au Nord^ & 
fe jette dans la mer, un ^eu ai^ddTus de'SétulnL Les autaes ibot VEkzth 
. . rama, qui 'pafleii Ëbora, puis a Viana, & & jette dans le Zadaùn ;dr Oam« 
pilha^, qui entre dans la même rivière; laCanha, qui palfe à Monte-Mor- 
0-N0VO5 ôc tombe dans le Tage près de Bénavente; POdivor & PAvis, 
qui fe jettent dans le Soro ; & la Caye , . qui tombe dans la Guadiana entre 
Êlvas & Badajos. 

Toutes ces rivières Jhnt peu confidérahles , & CariiTent pre(que toutps» en 
Eté. La Province eft divifée en cinq Comarcas , celles deiPortal^^, d'El- 
ias ^ d'EftrèmoSt d'Ebora^ de Bé|a. . >: . 






' .1 



Cbf' 



D^ESÎAGNE ETD3 POJLTUtîitL. «.jy 



. ^ Bowg ûommé Akléa-Gail^, dont f à! parlé ct4b£&) oa va delà h 

oAte<>Mor-o->Noiv«y'jqtii<ài'eft k^donze liones, JSn .cheinio faiÊtnt oa yoii: 

im'fbtt'jbièçitj cfê&ct fthleiBieQ3Cy airofé de quelques ruil&ai^) «niKre^oupà 

de dietf^ fèrêCsi^de %>in») & ibtt Fefiembbtntlaïuci J^des qui ^nft en Fr«n^' 

ct^ -eâi^ ÊdQtddanx ÀcBayonne. :/•• i 

Aptë&>iittÉ gnuides lieues de chemin Ton trobvé U!Qe.t>onneàô(eIIeriey 
ilônuivéd la Veata I^IovsC) bàdeàPhoimeurde fJiiiii^IL Quatre lieues^ 
f(las âvane OA ' voie MonceKMor>o4^0T6 » Vilte bâtieeQj)arde'ii)i'Iepiu^' 
f^'SXkt d')hi& mbtàigÔË i en partie daps la pfaimi^ «t hosâde la sirière àcf 
CiËohaf^'défâodud pai- tfftCilEitba»> qme&fàrk . 

■ . • ' • "E. B .O'f.R-jA.' ,■ r" 



^ V . • ■ 4 f 



EBoKA ell une Vflle Tort ancienne, qui fîit déjà confîdèraBfe du tsem» 
. de la révolte d^Ef})agne cofttre les'KcmiainR ttMis'ViriatiiaV o«nt dn- ' 
qnanté^nî ayant k venue! de Notre Seigneur, On otoit qu'elle, a :été bâtie ■ • 
par lë^ iHiéhièiens^ <jui Pappellèrent Ëb^a y dHiii' nom qui i%Qifie ks ihiitè; " '^ 
ovt les revenus' ctelë rFètrè ^ pouF nfavqiie» lar fbrdlitié de ibàr terroir. ; ' > 
Jule Céfâr lui donna le droit dé ViUâ Latine > avec le nom^dq LibsTéfUL 
tas Jtdiaj comme il paroit par ime andenne Infcrip^^ qu -on. y a^ tiour- 
vée:: • *' ^^ - ^- ^ ^ '^« «. 

,, .. ^ .DIVO. lYLIO. 

-'• • ^••. . : •• : .01li:iLLIVSj!IN.::BtoVN.. : . ' il... / ;• 

ET. MVNIC. LIBERALITATÈM: 

• '• E^ EX Dt D* » ' 

QYOÎVSl DEDICATIONE. , t 

, VENmiGENETRlCE GAESTVM: 
; ; MATROîSfAt.DONVM. TVLERVNT. ' i ' ^^ 

' 'Sertorra^y' coiïftrtiifît une bonne enceinoe de mtitàifies de groffiàs pieràj 
de- taille ,. '& im magnifique 'Aqueduc, qui ayant été miné pac le ràas jfiic 
réparé au XVI Siède parte R6i Jeaii III.. ' • ' 

Cettié'Vitfe étoit fort tonfidérable du céms'deB Rois Gbtfis;-! elle avejC'le; 
droit de battre momïéye , comme <Jh % Vok par une Médaille :dtt RoiSifé-- 
bul-, oùoiiUt'çes'môtsfurlérevers, G^fàs Shorit. ' "■ " -'I : • - 

Elle fiitaii pouvoir dti« Maures ju^u*à TAh iii66,\que'lé Roi AlfônfeiF 
la leur enlev^avec dHitttres' Villes de PAIônlSéjOi Vïngt 9m après il y étâMit 
uriEvêché',. 8è dariè îe "XVrsiècle le Pàpe^PautïH,à la prière du;ttoitei' 
IITv \'êttvi kla-dighité'âtAlétrQpote^-lé ^wéAfetf'AdhévôvifrAtrfcjGw-^i 
dinal Héi^i , frère jdii Kolf^Jëar^f qùi^ daîàs^Itl&t»' tebtMwfôrie érènb^^i^rèsct 
Ift'mo^ dè'fbirÀevett- rinâ}^^éD6brSéb1lffiôfcu>>''CéiliQa-£r^t:y> én^èa 

«ne 



. i • 



■ ■• • • # 



t^ .lîîESJClLIFTION ET DELICES 

une Académie ou Univerlîté TAn i ^f p> & elfe iè rendit d^bord célibte 
par hs habiles gens qu^elle produifît. 

Ebora eft ikuée prelque an «corar de la Ptovince^ dans une campagne tu) 
peu inégale, mais fort a^éable, environnée de Montagnes de tous côté& 
La campaene eft très ierule y les Montagnes ie &nt de mémo , fdaiitées de 
grands^ arbres <le diverfes ^tes, fruitiers & autres^ âcfacJiisntde^ inities 
aargent dans les entrailles At la terre. La ViUe peut conteak' ênvà'Qa 
cinq mille Bourgeois capables de porter les armes ; elk idoit être fortifiée de 
treize baftions^ £c défendue par une Citadelle qu^on y a coouneâcée* 
Aaaojo- Ebora eft hors de la* route de Badajos ; revenant donc à ce chemin ^ de 
Monte-Mor on paffe pai* AnojoloS) Ville paflablesïent grande^ à trois 
lîeues d^Ebora^ utuée hr une Montagne fî élevée ^ qu^on la voit de quatre, 
lieues loin. Elle eft accompagnée d'un fort beau Château > bâti au defllis 
de la Montagne; & au deflbus de la Ville > on trouve dans une Vallée un 
Monaftère magnifique, qui mérite d'être Vu, Arrojolos eft un patrimoine 
des Rois de Portugal 9 en qualité de Ducs de Bragance, & porte le titre 
de Comté. 
D'ArrojQbsion va pafier à EftrémoS) qui en eft à fîx lieues. 



tos. 



EwRà- 

»^«*- élevée 



Sur la route on voit» à côté du chemin > Evoramonte, petite Place fort 
rvéti bâtie fur la pointe d'Un rocher fort haut, fort étroit & fort eicarpé^ 



qui s^éleve au milieu de la nlaine^n^étant acceiTible^iae par un ièul endroitt 
La campagne d'alentour eft riche en pâturages. 

E S T R E M O S. 

Esnts- TJ^Stremos eft une Ville nouvelle, njaîs&ft confidérable, très bien 
nos. Jj fortifiée & fort peuplée. Elle eft divilée en deux parties, la Ville Hau- 
ce & la BalIè. 

La Ville Haute eft comme la Gitadeile-, bâtie fur le Haut d'une petite 
Montagne, qu'elle ocqiipe toute entière,. & fortifiée du côté de la Ville 
Bafle (te cinq baftiçns & d'un demi^baftion; du cojté oppofè, de trois baf- 
tions& d'un demi-ba/lion ; & environnée d'un farge folTé de toutes parts. 
La Ville BalTe eft plus fpacieufe que l'autre , fortifiée aulTi très r^ulièremçnt 
decinqbaftions&de'deuxdemi-baftions, & fermée au (Il d'un large foîTé. 
Toutes ces fortifications font ré vêtues de^iierres de taille. 

Lesmaifims delà Ville font, toutes blanches par dehors » ce qui piK)duit 
un effet fort agréable à la vue. Les principales maifons font ornées de cor 
lomnes d'un beau marbre, qu'on trouve fur le lieu même; çzr il y a. là im 
roc^tout de miarbre^ ^ui s^ôtaot rencontré à. l'endroit dHm des baÛions de 




cernent des deux Monaft^^ Royaux., rEfcuriaf&i Bellem. ; 

On voità Eftràoios tme . Xow cqnftruite tout entière de ce niorbre^ P^r 

les 



D^ES3?ÀGNB ET DE l>ÔRTtJGAL. im 

l^fblûsàï Roi Denis I. -Les pierres, dont elle eft compofée, ont teçujEsTw^ 
une fi grande poliffure^ qu'elJes jettent un éclatTOerveiileuxj lorfqo'^llesM^^ 
font frappées «es gravons du Soleil- » 

La Ville BdTe d'Eftrénws eft plus nouvelle que la Haute. OiiyVoitund 
belle grande place , longue de la portée d'un moufquet^ au milieu de la- 
quelle il y a un ^tang. On frabriqi,iô là des vafès de terre cizelée ^ qui font 
fort eiîïibës par^ toute f Europe, à caufe de leur beauté fingulière, & dé 
Todeur ôxcelbiite qu'ils réjwndent^ • ^ 

Hors de la Ville on voit une fontaine merveilleufe, qaiellfi -grofley 
qu'elle fait toùfiier des «aouliris dès la fouïce. Hle tarit ^nhi ver , contre^ 
l'ordinaire des auttes fontaines, & tout ce qu'onyjette^ fe convertit eà 
pierre avec le tems- 

L'An 1663 les Portugais, conduits par le Comte de Scbombeîg, rem» 
portèrent^rès de cette Ville une viétoire complète fur les Caftillans con-»» 
duits par Don Juan d'Autriche -(*). 5, On t/^ouva dans la caffette de ce 
,, Prince, >(t) divers placarts imprimés, qui avdent été «tachés à Madrii 
^ au commencement de la Campagne, qui cofttenoient \ine éfiumératioit 
$, exaéle des Troupes, de Partiilerie, des munitions, &; généralement di 
o> tout l'attirail de l'armée, fpécifiant juiques au nombre des fers à chevd 
^, & des cloux^ que les CafUllanff emportoienc fiour la conquête du Portu- 
„ gaL La Cour de Lisbonne pour fe divertir fit écrire au bas d'un de ces 
^, imprimés, par fe Secrétaire d'Etat: Tcxa ce que deffus nous certifions être 
^, véritable^ Payant trowoé à la défaite de Don Juan d'Autriche, ppocbe 
^, îïirftrémos, le huitième Juin y KJdj, 

V . : E L :V A È. 

D'EsTRiEMOS kEIvas il y a une jôwnée de che^rnid. E!vas, HelvisjELVAS^ 
eft une Ville fort ancienne, bâtie par les Helves peuples de la Gaulé, 
qui habitoient auparavant entre la Garonne & la Loire, &; qui ayant paffé 
-dans i'Efpagne, avec d'autres Gaulois, y;avoient apportée nom de Celti- 
-ques. On y a découvert grand nombre de monumens de l'antiquité 5 maïs 
xromœe il n'y ea a poiflt^ où l'on trouve 4e ôom de la Viïïe , je ne les rap- 
«porterai pas. 

Elvas eft aujourdhui une grande Ville, & l'une des lûeilleures & des plus 
importantes de^ Portugal , firaée à deux lieues des frontières de i'Eftréma- 
'dowe Efpagnole, ! & «à trois de Badajos. Elle ^ fur une Montagne , qu'elle 
occupe toute entière, fortifiée de fept baftions, de ttuîsdemi-baftions, de 
-fauic desQi-Junes> & de quelques auQfes Ouv^gés, tous conftruits de pierre ^ 
de taiUe. - . . . , 

Les rues "de la Ville font halles ^ Se les jnaiibns y fi>ât fort propres. Il y a 

là 

(♦) Nous aîrons parlé de cette. Bataille dass les <t) Mémoires d'JbUmcmrty pag. 167. 16J. 
Jhmles^ fous l'Aftnée itJ(53. * -.•'-• . . , . 

. Tlour III, Kn 



^a» .PESCILÏPTION ET DELICES v. 

Eltis. là nm CitQFfie fî grap^ , qu'Ole eoaùent aQçz [cTeau pour on Ibwiitk t^uigi 

duc, d'Une lieue de long, élevé en quelnoçs eodroH» di^ quatre .à oitv] t»m, 
fmles fort JiAUtes.ïk« wu^ fur \g» autrç^. A oôté de TAqubduc dl uq9 gnur- 
de forêt d'oliviers, de trait quaets de lisuô dâ longueur j^ diilribaé» pu ià^ 
1^, dvec dç I^Ues ^«itQ^ii m milieu. L'Aqueduc fut rompu pv ITÂrmi^ 
CaiUIlajie,qMi aiU^ft çôt^ Vilfe l'An i<î59,fou9 la conduite de Doà^ Juju» 
d'Autriche. Ce JÉ'rince fut battu là par le Marquis de Mai!iaJye,&LCO«cc«int 
^e lever le iîège» . , ' . 

Elvfis dépepdoit autrefois de l'Archevêché d'Ebort ; mm l'An i ?7o eU 
)ç es fut détachée» à la prière du Don Séhaftien, par le Pape Pie V, et 
{on Èglife érigée en Evêché,avec dix mille ducats de reiBte. EBe vrcÀt dé* 
ja étéTionor^ du titre.de Cité par k Roi Emanùel , l^Ail 1^13; Ôa y ai de 
l'ibuile excellente» & l'uo-dea meilleurs viiw du Fortu|pd. . : ,. 

' Sortant de la ViUe, pour paiT^ dans la CaftiJle, 00 voitf Htcla: droite un 
Fort, nomm^ de Ste.^ Lucie, qui fert de Citadelle à Elva*. Ce Fore eft 
çonftruit hors de^inwnùlkft de la ViUe, fur une hauteur, ayant cioq baf^- 
tioa$9 «Su un petit Foriiaqmcré au milieu, avec tu; CafVidier àkv4 

* f 



•j^ :■.: 



Camto- ^ A àïux UeMM^d'^^^^ CaonpotKÊiyQr , Plaee Êontièreu hr k> bor^ 



Majox. x\ ^^ ^ CayÊ, »fifZ2 bisn^fortÀûéft d\Ouvj3ige» coa^mit^ de pierre 4r 
taille. Ces Ouvrages font une boQue murailk? trois dcmi-t^afiiona, deu^ 
baftions entiers , deux Ouvrages à corne, deux demi-lunes.. Cette Pfacpeft 
dans un très- bon air ; & le.^a^ièxct'y f^tiett parfaitement bien le nom: 
qu'il porte. 

^.^ Ç^e VittB^ éjii .^8 dfes jfuMWs d'ttiie. ViUë antitUne iwamfeBf#ii>, 

,& l'ofi y vois encore un§ vieille ^lifè» qui a retsnn que)<)ues (race» de f^ 

jiomî on rappelle >îofià{Seal»QradaBe(»ua. * . i ; •• 

Ar»on. . RempfltaRt là Çgyp 04. PîOMW Arfooche» » petite Plaee> a^ ^ten^ ibiy 

cHfis. j tifiie» ,Le* I^psgiiote' k priifleat iJàw la ^tter»e d» ^oftugd* 4e «prèi Vawir 

.pçife , ils- ayo^^il d^^& di'êa ^te ;)e«tr Place d'annea; imst èUti kiHrr iitf- 

enlevée bientôt après , & le Il,oi de Portugal y a But faire cinq bailàuM^. 

deux demi-bftftJOQSi ^ un largîç foffé^ 

Arroqcbes p@¥tQit.liuçieniiemeiif le, qpm à^Jrtm «f^, par oppoGs^ 
i llfl^pj» , ^- 8'appellQi£.^rwiri.«M»i.. . Aujooidhui elle peiis avoir eavi^ 

•.ÈD9fin;q«$nfrfeatHteiip, , . . ;. s Vr • 

AiEGREfc- : .Çppfeiujiasft à i*«W8Ç8P la. Cay$ > .a» xcm -^U^gieiiB ^ qje^tei Piaoe/oD6 jd* 

Tc^ lie , fîtuée dans une campagne très agréable; ce qui lui a &it donnei lencùft 

r^'fejtç porftB^. jËîle. » été feodée pjtf Je Iloi Dénia L Pfii» Jiàut eft Porta- 

jjiègre. 

OGeBX<^ Entre Campo-Mayor & Aléffrete, à l'Qrient ^é ces deux Places > ç^ O- 

ta. gûellaj beau Bourg avec un Châteatrî ïïttié fur' une li^çç mQÂîagoe,, au 

r -; ' \ À.l aii.) .pie<i 



D'ESBA.GKE'ET DEPORT'OG'AL 2«3 

^Mv^IâqiKiU&cànl&ki ChévonL Ck y w>it une Fontaine merveittmftyqài' 
tue tous les animaux , qu'on y jette, à la rdèrve des grenouilles, & dowe» 
YtàOy^vo»^ ëchàttfiéé païf kfea^ne peut cuire ni la chair , ni les légtimes. 



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i -■; 



r 



: fOK f A L E G R E. 

PbftrALïiiiii éft une jcî^e Ville, aitec tîârè pfedPoRTA- 

éhmt mioBtî^he Ibrt hmtk 5 iland uiie campagîie a^éable. Elk. eft en-îïGRE, 
viFonnéeite b(»ne»OTuraîHes5 flanqoéei de douze Toui^s, &arrolèe de^ 
très bdles Fontaines. 

li y a un Evêché^ <jui vaut huit mille ducats de rente, érigé par le Pafw 
Paul III, à la prière dut fe^ Jèàh Ul ^ ■ ^ 

A deux^ lieues^ de Portalègre eft Çaftello-do-Vide , Château fort 5 fitué dans Castel* ^ 
ime '^la^înc ekyiroiiiiêe de mo^agnès^, où Pôn tienC dSc^dinâire €m<5' (&)mlLo-Do- 
pagnîeB^e Cavalerie en ^nifon. ' '..SyioE. 

' A roricnt démette Place eft Marvalî^ ou Marvaon , autre Château fott^MAR- 
bâti aufli entre des montagnes. . ^ 1 .( -'^kti. 

Toutes ces Places, dont je viens de faire rénumération, font fituées le 
long d^une chaine de Montggnes, nommée anciennement Àfons Herminiûs^ 
de même que celle qui eft dans la Province de Beira, Ces Montagnes s'é- 
tendéfi* fort 'to long, & reriferment ]?t*ialègre^i les Châteaux dé Mar^iij * 
4k de Caftello;do-Vide, OgueHa,. Alégrete, Arronches & Cam^K)^ 
Mayor. -'.... ..> ; 

AnciOTneineïrt iî y ayokutte Villfe fort cohfidérable & fore pm(&nte,lM[EiDijw 
éxM cette môntagine, fituéei i^< de Tendrolt où eft )e Château de Màr-^BRiGA. 
Van; on la îAdmmôiC Meidtibrigâi, d^un mot de l^ncienfie L'angue £lpa*- 
^M^, qui (igniiiôit la m^i eko^ ^e lé Ma^debouilg des Allemand, èc 
le Parthénopolis des Grecs , c'eft-à-dire, li Vate des Vierges. 
' Les habitans de cette ViUe ââcieiine étoiîânt; fbirifômmés Pluinbarn^ parl- 
ée quUlsr êtoi«it riches en étaia, dont il- 16 trouyoit ^s mines fécondes Ana^ 
h montasse; il y en ayôit amûid^argent. ' O» voit encore Tes rafees de^ 
cette Viile dan« une Vaflée, près du C3ldtc!a<i de Mairvah; ici des Tourf 
renverfées, là des pouts ruinés, àilteBr& dé» ^pefte» dé maifërwypàr-cout des^ 
veftiges d'qne grande magnificence ^ & d'efpace en efpace les côtés de la 
montagne percés de grandes cavernes*, dans le» enckoits où ëtoient les 
mines. 

D^'^tournàrit au Sod-Oudft, on? vèit à POcciden^ dé Pbrtalègré, unecRiTôï 
petite Place nommée* Crato , où iP y a un Prieuré Royal, qui eft k plus 
grande, la pli»o[éhé,t en un mot là prétttière Commanderiç-, que POrdfe 
de Malthe ait dans le Portugal. Ceux Qui-en font revêtus, font toujouM? 
d'uae nafflance diftinguée. Au Midk ae Crato eft Alternio-Chao j petite 
Place, b*ie par les Kcnnains, & nommée anciennement Elter. Elle efP 
da»8 une plaine foft agréable & très fertile. Plus avant eft Cabéca-da-Vi- 
de, petite Place: av)BC «a ChAteau, £ar taoé àaiiceir. Air Midi de Cabeça 

Nn 2 eft 




^ DESCIttFTION ET DELICES 

eft Fronitgira y Ville de h Comarca d'JEârémos, * fiir. la. «yière d'AviS^, . ac^ 
QDinpagn^ d'un, vieux Château,. 
YwRos, Tout, près de J^ronteira eft. Vçiros , fituée au bord de l^ rivière d'Anfea-i 
loura; défendue par un bon Château très bien fortifié 5 capable de faire una 
longue réfîftance- Ce. Château; a été/bâQ pv Laurent Alonço Hfuvièmfr 
Grand-Maitre des Chevaliers de TOrdre d'Avis. 

La riyiè?« d'Anhaloars^ eft; féconde en bons poiff^ Ç^Ie d'Avis ^ danr 
laquelle elje fe jette, a dontné. fon noifK k un beau Château , qui efl fitué fuç 
fçs bords > un p.en,au-deilii8 du çonfluenfi de çps deux, rivièces^ appartenant 
à rOrdre militaire, qui en porte le nom. 

« 

' ■ ■ ■ ' . 

WiHes frontières^ atar&i m Midi ^M^'oasi. 

LA pi^ière ei|: Gérumégn^,, liÊuee fur ug^haut^ur/^M b0rjd:de 1% GUa- 
diana. , Elle eft fortifiée d^un bâillon & de quatre demi-baflions : elle.- 
ayoit: ci-devant un vieil». Château ,, flanqué de, dix-fèpt.Toui^ x, bâti gat Ict 
Roi Dénis I., 

h I V E N ç -flr. 

OtwEW- 'jp^ -^ Tautre côté. d9 la Gu«d»aï» eit Olivença,, Ville paffablement grançfe; 



WEWEN- «p^ £ Fautre côte. 09 la Giwd«aft» eit 01ivença,,ViHe mflâblement grande; 

§*• I / jGtuég dans une vafte campagne.. Cette Place eft tn^ importante, à', 
caufè du voiilnage deTAndalouDe , dans un Païs tout uni & tout ouvert \^ 
<efl pourquoi leffPortiigais ont eu;foin. de la. bien fertiliçriL On l'a muni de 
neuf gr^d? baflionsy d'un btftipn. détaché au dgyant de Ht cpurdnP) ^ 
d'un large fofTé d'unç.prpfon^ur extisiordinair^ Ou^e ces .ouvrages, quir 
fpnt tou$. cevêtus de pierfe (^ taille,, on y vqIc e^io^re un grand .ouvjrage à, 
. corne, conflruitfurunftbau(3Sur>. ï 

. Cettp Vilie fut pi^fe paç.les; Eipagnols TAa itfj^S,, & l'antipathie entre 
](es deux Nations çtoitalor? fî grande ,.<}ue às^ touq Içs Bourgeois,. 4I n''y, 
on eut pas un qui voulut y <ieniei«er,, bien quç Içs Vainqueurs le leur perr^ 
HiifTent;. ils aim^renç. inieUK ipert^ leurs biens & s'é^iler. volontairemonit». 
que 4e çeçpnnpitre.Ieurp eijiiçHiis pour.ieurs maîtres (,*)j 



VLLL.A -VI Z O SA, 



-- t 



TT^IfcLA-.Vi-ZGSA^^ Villa-Viçiolk, ou, pjutôt Vilfe- Vifeia , mot qui fï- 
V gnifie une Ville agreab^le \ voir ,. eft ime Place, affez grande , fituée au 
Couchant d^ Gérumégoa^ entre ElvaS; ^ JÈftrémPS^, uapai.«i deiTous du 
^emin > qui .eft entre ces deun- Villes*, 

. £lle a titre de MarquiiSit) 6ç appartient en propre au Roi de Portugal >. 
^qpa]|ité dçQuQ.ds.BragaacsrjTesi Ancêtres ji^qu^ défunilkRoi ion grandi 

rèjre^. 



,' - . , 



D.^ESPACKE ET DE PORTUGAL. / sSf 

Père, y^ont fait leur réfideiice. Ilay ontrim beau Palais, accomjK^nécSunViLLAr 
grande parc hors de la Ville, remph de* toute forte dc: gibien Viz. 

La Ville efl fortifiée à la moderne; une partie eil couverte- dHme tran^^ 
thée, flanquée de redans;^ dans Tautre on a attaché trois baftionsà la mu- 
raille, avec trois contre-gardes & deux demi-baflion$. Outre cela elle dh 
défendbs par un vieux Œàtdra, qui eft un quarré long , auquel on a atta- 
ché quats-e ba(Uons: du^.£Ôté qui regarde la Ville ,. îLeft environné de deu^ 
demi-bailions, & du côté oppoiè il eft couvert d^une étoile à. huit pointes. 

Le terroir de cette Ville eu extrêmement fertile en toutes chofes,& Ton. 
y trouve des carrières d'un beau àiarbre verd.. 

Il y a dans le Fauxbourg de cette Ville un Temple fort ancien, confacrér 
à St* Jaques ,.q»i dans le temsde l'Antiquité Payenne avoit été bâti àThon*^ . 
neur de Profe^ine. j On y a trouvé un très grand, nombre de monurnens 
%^'Ijli/criptions, faites à Thonneur de cette Uu&e DivinitéLJe.n'en.rappoc-^ 
terai qu'une feule : 

PKOSERPINAE. SBRVATRICP 

C VETTIVS. SILVINVS^ 
PRO.. EVNOIDE. PLAVTILLA 
CONIVCE. SJM..RESTITVTA 

V. S. A L. P. 

•■ » . . • , 

• Ces <fc»mères lettres- lénifient, wft<OTyo/««tf «ïôM 

: Dans la même Ville eft un Couvent ^e Religieux <k St; Auguftin , où Tons 
voit aufli quantité d'Infcriptions antiques, ^^portées en ce lieu, par ordre, 
de TWiodofe Duc de Bra^ce, d^unBoui^ noQupé O Terrao» fitu4 vers^ 
le confluent des deux rivières d^Ëxarrama & d'Alvito. 

Ces Infcriptions font toutes à Thonneur du Dieu Endovellicus,;, dont lœ 
Bom a tant (bnné de peine k tous les.Critiques les plus habiles : jç n^ea rag^ 
gorterai qu'une: 

DEO. ENDOVELLïCa 

PRAESTANTISSIMI. NVMINK. 

SEXTVS. COCCEIVS. CRATERVS 

HONORINYS. EQVES. ROdWANYS^ 

EX. VOTO. 

Au Midi de ViIIa-Vi2Q& eft Alândroàl petite Place, ffiuée liïr une Kau-»Aiaw- 
Èeur, au bord d'une rivière féconde en poiflbns , &i.défendue par.un Çh"à-ï>*<**'*" 
teau palîayement fort. On^ voit dans ce : Château une Infcription antique ,. 
kJ'honneur.du Dieu Endovellicus , laquelle y a été tran^rtée d!0 T&nam 



f> 



V < ' . 






r 



G. IVLIVS, NOVATVS*. 

ENDOVEkLLICO. PRO^ 

SALVTE. VIVENNIAEi' 

MANILIAE. SVAE; 

V,OTVM, SOLVlfï 



i%6 . ni:S.C:RIP'EI;ON ETnE-UClS 

* 

FcBSBt- .BtnWan Sid^£ft'<^ vok'feireira yiein^ Château, fitiiéftrimeliaiiteut 
^^ ' près de la Guadbui«> kqnel oo..» fortifié) m y alt&chaat quatre baftiioa^i 

& deiix'demiriuiies» 9c en repviMumiaiit d^im urge foiTé. > 

Moi7- Moucion tSt an éfiSom êsfwc&n^ fi» 1» Gnadwan» Cf^un Bosi» 
AAON. défdidu par im Château médiocrement fort 
jy^^g. A]X)rientdeMouràooeftKo!aidarfiiirkRiv!ii^ 
OAx. & par un Cfaàtean. . O^tte Rivièite d^Ardita en reçoit une autre il fl**Mff*Tii^ 

Mordgaon» âcië jette dans la Guadiana près de ' . 

MOURA. 

J . : 

MouBA. Vyf^^K^ eft une^ Ville ancienne > cmmue dauœl!AQitiqiittdibiitIe nom 
iVL â'Arucci Nùokj'xmNova- Chskas.Jrnccitikm^ comme .on peut s^ea 
aâiiretr par divers monUmehs^ fùr^tout par Pinfiiripdon fuivante^ qu^oay 
a déterrée, faite à Tlioneur d^Ag^ippine mère de GermankufiL: 

IVLIAE- AGRIPPINAE 
CAESARIS. AUG. GERMANICL 
: ' . . • . MATRK Aua 

NOVA, CIVITA& aruccitana; 

^ Moura efl: fîtuée au confluent de PArdita & de la Guadiana , affes: bien 
fortifiée) avec un vieux Chàleau , quicifairepour^trededârenÊ: ilyad^or* 
^aire dans cette Place une garnUbn oe cmc{ Compagnies Vi^Infantem> èc 
d^une (te Cav^erie. ' , ' 

On a découvert un è^ ^and nombre de monumens antiques dalis cette 
Ville, ^&; dans fon Territoipe. Dtt» i»i ViHâj^, qui eft fur le chemin de^ 
>îottra'ày3ia-Nova deFicaftô, il y a une vieille Chapelle, dédiée àSt, 
Michel, <Â Ton voit cette Inicription, que je pemarque à caidè de ki ibgu* 
larité de POrthographe: 

• filïS^MAN : . . ' 
IBVà AVRrtLIAU. M. F, ffALLAlL 

' AN^>iO. XII. ■ 
* ' - n» & £• S. T. Ttf L» 

Les deux II valent un e, telleinent <ju'U faut lire AureRa M. F. GalUy 

S E R P A. , 

SiRPA. /^N trouve dans Pltinérairè d'Antonin, un Ville nommée &r/»tf > & 
Xj marquée fiir la route dS/uris k^ax-Ju^y entre Ebora & Tinest à 
treize milles du premier de ces Lieux » & à vingt milles du fécond. 

Il y en a qui veulent que. cette Ville ^Gile encore aujourdhui , quelle 
conièrve ïbn ancien nom fyn^ aucun changement, & que ce Ibit la Ville 
:." Serpa 



D'ESPAGNE ET DE BaRTTTGAL. 5t8r 



H&tfa^ dbnt nom patkrom ci-<i{N-ès; Ils ie^ndàitiiir iine»icienae.Inr-SùrA« 
«ripcîoii» trx»ivée wprès au MucaiUes^de cé^te Ville^f Se où on lit entre ai»» 
tN cet motsFAiiA P&xsca Seepbnsis. Mais oomÀe ni Toràre de 
la route (ie ricinéraife d^Antoiua nile nombre des milles ne s^accordent pa» 
avec ce ièntiment^ on |>eiit a^ément croire quç CQttQ Infcrlption a pu être 
«raofportée dans lé Liçu d'où elle a été déterrée* 

flualques Médailles E^gnoles avec des Caraââres Phéniciens y trouvées 
tiaos l^AndaJottfîe. Il y a ime de œs Médailles qu^on îuge qui peut avoir dn 
rapport à la Ville Serpa, &; c'eft la onzième enjiombre. Voici la. remar* 
qiie fiii lia concerfxer 

yj Je crois que la XL MédaiUe^ où IVxi voit d'un côté œi homme qui fè 

y^ charge dXDiranges par devant &. par derrièiDe m été fraise à Serpa Vilk 

/ '4 de la BétiqHe fiir TAna»^ & dont i| çfk fait mention dans. Fltinéraire 

'^ d^AntOinn^ dans TAnonyme de Raveniia & dans line Infcription de 
^ Gruter p. DCLXXXli 9 7, où elle eft nommée Fa bia Prisca S£R- 
^ p E N s I S. tHe a confervé ce même nom jufqu^à pr^nt. Je me per-^ 
yy fliade qu^il faut lire dans le revers, uro- SfirpcL . il n*y a qiae la première 
^ lettre qui j)uiire faire de la différence qu^il y a entre. dlç & le Sim^ïïè^ 
^ breuy aum bien que le Samaritain^ dont il n^y a id^e le trait de deffus^ 
2) marqué. Mais il ie peuc^fidr^, >(loafîeur^ que â figure ne foit pas biea 
^y achevée dans votre Médaille > €)u que quelques-uns écriviiFent ainfi cette 
^ lettre pour abréger comme 00 le voit ea phifieurs autres > qtii font pluS' 
'^ fimpks & dégagée» que le»- lettvea cQmii^acs^de& Samaatams; La fe- 
^ cônde lettre dft claifenbent Un H^by la tceiGème. jcia i^i^ , ourim ^^ 
yy Greçy qui eft yenu de la figmre Phénicienne, & k juatôème uii^^ 

yy Le fécond mot tk beaucoi^plus diflScile «déchifiter, qooiqQelesLlet- 
5, très en foient claires. Il y a viublement awn en caraâères Hébreux 5 ex- 
yy cepté que le Betb efl un peu autrement fait. Ce mot ne ië trouve enau- 
^ cune Langue Orientale, au moins que ^ fiche. Comme je vois que la 
yy dernière lettre, qui eft im Èctby eft plus grande que les autres, je ht 
„ prendrois pour une kttre double , félon Tu^e des Infcriptions Romai- 
„ nés, où Ton remarque fouyçnt lamême chofe, &î je premier Hbetbpour 
„ la première lettre d\m mot qu^èUe. fignifie par abréviation. Je liiois- 
„ donc om asn bbéres hbobeby & le fens de ces trois motsferoit/^5^//,(cair 
„ c'eft ce que veut dire bber^)^ mme Serpa. Aufli voit^m fur cette Mé-^ 
„ daiMe la ligure Hiéroglypliique de cet Aftre. Qn peut dite q^ie le Soleil 
^ aime les lieux auxquels il fait produire d'auûl beaux fruits ^ que le font 
^ ks Citions & le* Of anges;. r : 

Filiajett nq/hwtt nil ni/i pomajfiluat^ 



.• .. V. 



aSS ,T2>ESCRIPTION TT DELICES 

***?^ On lié peut Tien affûrer pofitivément de la fignifiîcation des lettres déta^ 
«chéeS) & dont ^chacune iignifie un mot, à moins ^ue Faucre côté de la 
jMédaïUe^ on la fuite ne détermine clairement le lèas^ Maïs on ne doit pas 
^trouver étrange que dans ces Caraâères Phéniciens^ ogn fuppofe qu^une let- 
>tre peut iîgnmer un mot; premièrement parce que ces. Médailles :Ont /été 
frappées en Efpagne, fous TEmpire Ramaixi^ & qûè les £i^ag]ioJs< Doit- 
voient fuivre en cda la coutume des Romains ; fecondement parce qu'on a 
remarqué la même chofe dans les Médailles Juives en Caraâères Phéiniciens 
où Ton Yoitsrer pour nser rrcrSv Scbanab Scblijcbitb^ ou n^rv Scbîfobitb; ç-efir 
^«dire la quatrième , ou la iixième année* 

Je laifle à d'autres à prononcer fur la folidité de ces conjedtures. Je me 
èornerîù à remarquer.^ Brémîèrement que s'il eft vrai que l'ancienne S £ a p a 
•étoit fur l'Anas ^ elle étoit diflférente de la Ville que nous connoiffons au- 
jourdhui fous le nom de Se rp a 5 puîfque celle^i fe trouve à une lieue delà 
Cuadiana, qui eft l'Anas des Anciens : Secondement qu'il n'eft pas vrai que 
^'ancienne SjERPA ^oit nommée Eabia Prisca S£RP£nsi«) dans 
l'Infcription en queftion; ce feroit d'une Fille morte en faire une Ville. Ces 
<leux mots Pabia&Prisca^ font le nom & le furnom de la Fille de Prii^ 
•eus & de Fabia^ &;S£RP£NSiseftle nom National, qui nous apprend 
4)ue .la Eilieà l'honneur de laquelle a été dreiFée cette Infaîption , étoit de là 
V ille de S £ R F A. En firoifîème 4ieu 9 que quoique la Ville S £ R p A d'au jçurr 
^hui confèrve le nom de l'ancienae y on ne peut pas conclure qu'elle foit 
«dans la même place^ comme je l'ai déjà dit ci-del&s. 

La Ville appellée Serpûy qui fe trouve au Midi de Moura, eft une Ville 
ancienne , felon quelques-uns , &; qui a retenu ion nom tout entier fans le 
moindre changement 9 comme on peut a'en convaincre par l'Epitaphe fiur 
^ante:> qu^on y a trouvée près des murailles^ 

. D. M. s. '\ 

FABIA. PRISCA, SERPENSIS. 
C. R. ANN. XX. 

•C. GEMINICVS* PRISCVS. PATER, 
ET. FABIA. CADILLA. MAT£R. 
POSV£RVNT. 

•m ■• 

Seipa eft ïîtuée fia* une hauteur fort rude & pleine de rochers 5 à une lieue 
de la Guadiana^ à trois journées de Lisbonne &L à demi-journée des confias 
:de l'Andaloufie. , 

Comme c'eft une \\[\t frontière, onaeu.foindela fortifier, & l'on y 
entretient d'ordinaire une garnifbn de deux Compagnies. La camparâe 
eft fort agréablett&ut à l'entour , plantée de petites forêts de %uiers & d'o* 
liviers. • / . . _ ^ 

X .Cette Ville eft la grande route de ceux qui vont de Lisbonne à Cadix, 
ou dans TAndalouile. Four aller de Serpa à Lisbçuuie^ on laifle Béja fur 

■ ' la 



]a gauche, & Ton s'arrête à.iin'*<SBb»ilig.noinmé Cubas. De Cubas jut . - -, 
^u'à Aldèa-GaUégail.y-adk-fef^libSéid^oheinin: toute cette route n'eft 

fasses plus agréablps; on |ie rencoptrepre^e par-tout. qu'un chemin ià- 
lonneux & défert, ol'il Y'i qSël^uès'gïttvres hStdferres", iijua'tre ou cmq 
Jieues les unes des autrps., .-'q-j /--i - f ■ - i 

Quand on veut palier de Sçnxt'"?M".^4u4^"^^» bri trouve d'abord USiersâ- 
Sierra-Moréna, dans lagu^Jç' .!t"fetgFI»PB'',P#i'i!:J>n Village, nommé Monoui 
Balmégo, où la montagne commente 'à s^buffer, & d'où l'on entre dans 
■cette grande Province. " ;I .M.' /i. .//.*! ..■•'j 

11 A arrivé il y a eiiviron'céfet ar 
-durant l'efpace de quatorze aiiseht/i 
tpfe, qnç,taBf«a,le|,jf^KfS,d'e^u,y 
ver le moindre puits i ni la tnômilfi 
divers •«ndroiçsjlfp;uf«l!}ifjaiix,î 

luette?; ^^Témprâlçniehtdevmfl - - 

6c d'argent, qui étdiêht cachées d 
encore le^ fentes & los crévalTes c 
accident. Je' revieiisauPorfi^aJ. ' 

-Au Miài^eSfrfiStl M^rtola, \ ISam-. 

pu de celui de'Myi:tïIis,':qu'ëtle;pO! M- '. 

lieues, de Béjaj'^dw'uûè fituàtiop 
dé lii Guadiana, prés de l'ënaroît, 
quesbateauxi &clans le-voifinage.! 

D)) tews^s Rorafiins. elle a été t 
peut;ea| )ùgef paj-'jjsçrand nombre.de aïonwaens anciens,, comme Colbmr 
;nësi ftitùes &'âuû-és chôfcs fetoblaBles", qii^on y'a détçrtéesjiScpal'lcsmu-' 
Tailles de la Ville, où l'on voit grand nombre de pièces 'de tculpturé, pla- 
'quées confufëment & liors d'œuwe, ^3fjàç8 Architeâes barbares & igno- 
lans, comme étaient les Mkutss &les Cotts. ; , 

I^ Roi Sanche enleva cette Ville aux Maures l'An 1 2 39, & en fit la. 
■ première Commàndérie de l'Ordre de 'St; Jaques en- Portugal. Dans la fui- 
ite cet honneur a été transféré à Paim^à;'- ■'' ■ '^ 

..,B,EJ: A......,: .,. , . 

RET.ouRNANxau milieu du Païsparla route de Serpà, l'on voit BéjaBiji. 
ou Béxa :, Ville ancienne , . qoi r étâ Tort i^ciiftJérablE. dans l'Antiqui- 
té, ibuslenomdePax-Jalia. Elle'ell>fituëedahs Hiiéplainefortacréable, 
& fertile en toutes chofes , partlculièrehient fen viri excelfent* 

On y a déterré une très grande quantité 'de'monutnens' antiques, qui font 
voir qu'elle a été riche & puiflante autfefois. On y voit encore trois por- 
tes (^e la Ville, qui Ibnt d'architeâure Romaine: dan^les dégi^ de !*£- 
gljfe Cathédi|âk on }jt câti;e Infcriptio^ mutilée : 

' ToMk ÏIL ' "■ '60 " PAX. 



190, çBsenHTroïr tt Juntcvs. 

fctt. . , . . . FAX. jyiil, . i-. 

I^ filivaote É lit towe «ntière daqs b glaa du naichéi. 

L. AEUO. AVRBLIO. ÇOMMODO 

IMP. CAES. ABU ' • 

' HADBJANI ANTONINI AVG. 

. P£t P. P^FILIO. 
COt. PAX. JVLIA. b. D. . 
Q. PETRONIO, MATERNO. 
C..J\a.IO.,JVLIANO. U. ViR. 

Bija eft accomt>>giM$ d'oit.teaii Châteai), qtdilui feit (fe (Ut^flA.' EBs 

fct reprife fur les Mâtites rAii lifc. 

Jotm. Au Nord-EftdeBéja, eqtte cette Ville &Ebora, çftHoltel-,; petite Ha- 
CÉ près dç la fourçe de TMjiofr Ctufe fqtunç CoUliie, dont b hauBmf.eft 
occupée par an.Ecrt.. . 

Viuri. A rOccideat ds Pbftel on. vBfc Vlana, fitnéefiir-rExarraeaiqçat»: 
lieues iffilioi^» ^^ndps par un beau. Châ;teau. . " 

OYe». a. l'Occident ^6 Vijiiii'ëV,0.1i"er»ori, I tte- 

màok/' 'J^aràma-, prÈsdil (^nftiient de tett* rivière & " ' ! 

■ A UflS dçm'i-fleti aq-dulftits de ce Bourg , ', efr. 

lift vieux Teiftpti:,, Kjtijpaf les iPajren^ à l'Jion faci* 

par les. Chrétiens aux Sts. MartiCsSt Jtift &, ■Oavt., 

' duantité dJInfcribCion? Payôpiies & 'Clirétiet , dtxfc 

chaque genre, ta Pàjfeniiè ëtt faite par.l»|ir«ftdÈ îrêttâfttfebPrOrtB^ 
^, àr6oanenr<fcJupftfc,. ,,.'.("." , r ': ■,■ 1 ,' '' 
-'■ ■ ■•'■■■■ •' jà^ioim' 

FLAVfA. L.-K'rVFINA. EMEftnteltMS- ■ 

FLAMINICA. PROVINC. LVSltANIAE.. , ; 
IJfiML CM, Biy(ERlT*NSIS. PERPES;- .... i y 

Ef (HVNICIPJ, SALAC 

D'..D,. 

La Oirétienee eft^pbn ^'Meni Wbtte ^' &ite llAn ^2 :: on Itlit fin Ite 
gorte du temple : 

fiVNCiMNIQyE ÊPffiaVM SANCT0RVM .-' ■ 

,; , . NOMINE CEPTVM JVitn ET PASTORIS 

MARSfiVaWM, QV.ORVM CONSTAT ESSE SACRATVM' 
- CÛNSVMMATV'M EST iWC OPVS ÉRA.: 

. ..,.., .,.. ,. . . pçcXX,.' 

•j^ ■ lî'O.TerBKMnBntinuant-à'œartfiër ait Condianti. en voit Alcsçir^dç» 
7^,, Sai» appeUée autrefois. &/orf<»,/MÎMr«Wà», qui eft -ittuée ïir le ïtadoin» 
lu, 4aui$ b CpiQ^c» de SétubaL Us'y trouve trois cbofet dignes ,dp remacwe, 

r-, I .1,. .;i,u ,„a 



ïy|^SjPî^«HE:«Ti0E>p|lTU«;^t. ¥^ 



^ei»;:m»titfçfip. ffym^ W mm? içôté^ <Î3S,i^^, . où rofli «liç quantité 
'^ iei^ 4c ti«6 jcumpi^e fer^ ^ |9bç«, j^p^oit ;0^ ait des 9^68, qu'oQ 

D^Akaç»' alladt x« Midi le^oog des côtes; ya^,y>oi^^^ .^^fi^ Ç^ç^m.y^''' '^* 
1>âtie4i une lieae <& demie du rivage., fur une Coiline a^^ble, d^où Ton dé*^ ^ 
«couvre TOcéan. Le çtpift ^'eHepçrte ^uj^or^hai Ip» vient en partie de Ca- ^^*^"*» 
<€era Soigneur Maure, qui polTédoit cette Ville, lorique ies Chrétiens -la re- 
iNV^nt 9 4s. €tk partie é^e image mkacaleuiè dç St, Jaqoe^.» ^ii|t detep , 
«ée lors de la priiè de la Ville. ' , . i 

. fiJles'^i^v^^JiejBiiCuinesd^iineafldenB^ V:iHe> nommée Mérojsr^S^ 
ini éMt 4 <)eop( jôças jiÂ?, f^elà, & dont on. vp^t encoi^ 4â8 ruines , des pans 
<de miurailies «vec des Tours, lesiiùns àji^mi jrenyerli^y d^auts^es encore e^ 
leur &iitm^m é^9Çf^«,^ un pont bâti w miilieu de 1^ Vallée» & uae£on- 
efefùfle^èroiéë d^w beeu<re^o»- de pierre de taille. 

. O» voit le^ nom de -cette Ville «ncienney dans wie de&ri{Àion ^nyi^ 
iSiaèflï.^ui.eft.ppèsdelà^ . / ; j 

• IX ■ M. ^Sw • '• 

^viVlVS. L. P. QVINTIA^IJJ 
. FABÉR. MÀtWARlV4. PIVS 
) • IN. SVOS. VlXiT. ANN. XLVi. 

ICVBIA. Q. F. SCRGtLLA. MËROB&. 
MARJTa fi» Mb^EC. 

• \ • ♦ ' • * 

"■ • • I j r • • ■ . • . .- - , , : 

* - ■ ' * ' • ' ... V . ' I . ■ ' '^ 

. i^Skèi «ftjttnPtoaft de Ucf^ )àtiiSucb£>aâl défié, jago de tsatotti^ péùpléèmtkk 
tât pèdieur») <ii garnie fne {apêdie |r^ éft Im% ridi& Oo y ^o^iièi^ or4- 
wûrenent «ne ^^^Ce- gxc^irali.de-i'«ângtHtfa<) l(09uaies > Avec âae art/Uerîe 
nflbz Bombreufè. 

'- Âa Codchaoïfc & ^^m Midi dè.Sk^èftdait3«^j^BS°'^<rOnpi<|uey qui s'é-Oimi* 
«end %a ioàg & xii latg« entre lïlft.&.^Oueft») & roafeciàe ii;( m doKieoifts. 
'BourgS> & ^on nombre de Viflages. :o 

wi r.iA piusrcôdidâmble ée ices Bajoqg^srsft Otrif^e j qui à Jontté £>d nom k 
la Campagne. 




I«es fréMttefB tlettiipoitèieat tuie viâaSiéxxuhpiette fyt jek^ leooemis ,& Ah 

^îâty>Ml lès «ofidiiifoir, ^«^QliÉq|elit jds^'uofe &i^ 

Roi de Portugal fur le champ de bâitaÉe. Ati XVI Siècle le Roi^ébaftiep 

5^ ^SBd^ Hûe bkte j^liferavec dès ïka^klttai paix perpéTueT h mémoire 
un-'fi'heufreo'x iSc il glorieux ^vènetaetit .. j ■ . ^^ 

'• Lil^pilice ^îAlentéjojeft très ikfae^ilnèafettîfe leh^bDiîtes :chofe* ^ Atùr- '' 
plus grande fertilité ell celle du bkd,;%et4ûi3uiaiËiit'doQner., -à^ufte titjtfo t^*Jo» 
4efi<:^4è gt^eridof otcngaLc •Ûêi yii-ftciliille.aufiLdlbiadlciit wt : 

Oo ï A-^ 



*' • . V 



â5>i I>ES€RÎPT!dN ET bBÊfC^l^gt 

Albh- r Lès-^Hiîts y font aamîrablès;, c^eft delà- qiPon- tranfpolté^diËns W^h^è^ 

ï*Jo* trangecs , des oranges dôuces'&dès dattes , '<joi y-fë)M 'fi éftiméei!}; La^air 

des ircbis & du* gros èétail eft très délicate , & leur hit fértà faire dit &o^ 

mage de, très bon ^oût II y a quelques endroits,, où Tto trouva des 'car<r 

■' ■ ' rîèrèsdfriçarbre&dejà^é. <• • •" I 

• '. >'■■'■.'_ £j Prèvince d'AL G AKVK ' •;• - 

• -■ ••' ■ ' -> ' ■■■■■ --l' r . ■ . . . . . • • .■ .., I'.' . ' • .. .V.' -,_. 

Algar- T a fîkième^ dernière Province Jti Portugal ^ eft celle qui ^rtt \b t«m 
^9^ JL^ jî'Algarve, ou Algarbe. Elle eft au Mioi du* Royaume, bornée à POc*- 
cident & au Midi par fOcéan; à POrient par Pj^ndalôtifie^ dont elte eft fé- 
^aréé paria Guàdiana; & ail Nordparquelques mèntàgnes^ 'ûoihmées S^ 
ras de Caldéraon, qui la fépàrent de PAlentôjbi ' ^^ ' ; ' '* \ 

Cette Province n^eftpas tort grande^, -elle rfk qtfènVîtok vihgt^ièpt lieueir 
de lonç , fur huit de large ^ & trente-cinq de côte» fur TOcéan. Elle eft ^ 
rofèe oin affez bon nombre de rivières , mai^ comme elleS font toutes pe- 
tites, & que leur cours nes^étend pasfortbin^^je Ae mCariétei^pas*à-eti 
faire rénumération*. 




tems 

de cinq Siècles, & lui. c>rit:<fcnhé: lé npni qu'il porte. Tous les Auteurs 

que j'ai vus , & j'en, al vui un affea: bon 'nombre ^ Raccordent k dire q^ie c'effe 

un mot Arabe , qiû. Ggniiiê "une canifiàgne fertilël Le premier qui Ta écrit,, 

n'étoit pas fort bien inforAié^ & tou§ les autres,, qui Tontfuivi comme 

des moutons , fe font trompés après liii. Algarbe ne lignifie autre 

ehbfè qa^UB Paîs Qc^idelitjdii& iitué: à: l'extrémité jds^laite 

convient fort bien ^ à cecteiPrmdnce. :Ij^ Ars^ 

qui a lariaême origine^ pojw ligner. llÂ^iqu0,£^ 

litanie. . i:, - ., * 

Ôfl y compte quatrei^litèQ uiipetiénoinliré'dla^ l&lJes nemAqimàles^. 
& quantité de Boings & de ViUi4à.;Ués £ités font Tavi^ ,;.Far(>>^ SUy^ 
& Lagos. ^ /r'.;.;' / -.L '^ ^i.^Mi nuv- ^ - . • i 

I^1rpûviiMe'^'Al»rY6ie^iiâ^^ aifkitsigtoib,<}ô<|ii£]fyie 

part qu^on la confîdère. L'Océan lui fert de rempart de deuîc: coté» V ail 
jhTord eUe n'a rient à xidindre <)B;l?qiaèBii > mais .quaiid icék lui arrivait > . 




^^tf bordfej-''^ ' ' '>:::...' - i 7 / j;A .oIlu,::.d i-. r -m r!". .: -: / ' >.îîr. ;i •;!) \^b\ 
^^^^ - ôa- voit là Aky)y|ia|xf içe yj!te»fitiaéb au borddfcxc Fleuve ^ prBTqufivijK 
^jjj^ à-vis de Xérès*de-Guadiana , oud'Efiiris, comme on lîafpe^kaiiQieooftr 
^" -' itienfc Elleeûdéiendnejte'nnoï^M^ 
• • b-RéariapQiièdenteniîicréfde^Maijqwlfet;j : \ il >; . > îiu ;i y n v. - :\ 



D'XSJPAGKB.ET ETE FO^tTUGAL' 2^ 

im^'-m] ê?Apmontt, txèsibite parâ/fîtnittien» à ouiiè des ^odiers^^ 
ctt défendent i; approché. . • .1 : 

, T A V î L A 

TAvi'LJk .oa-Tav9%eft la O^icaie de laProvince). &uée fur him^TAnux 
de là mer,, à.remboaehvre d'unie, petite rivièrç» nommée Gilaon. On 
«roit i{vûf:Uc. ^Sl ùtBalâ des- Aasiens^ . ÉUen^eft ni pande ni beaucoup peu- 
plée , & Von. n'y cctmpte guèrei que âfivx mille habitans. Son Port efl. af* 
t&t fpacieux , & pafle pour Tun des meilleurs du Royaume. • On y voit une- 
belle FopterefTe, bâtie par. le Roi Sébastien. La campagne autour de la Vil- 
k efl fort agré^le & très fertile. 



•i t 



• ^ f 



'l } ' • . *• > t' '^^ —— •'— • yr-^ . . ^ j 



Mj A, Ixi , Q*^ 

ArOcddènt de Tavila eft Faro , en Latiii PbaruSy Ville conCdéraÙeFARo* 
placée prefque au milieu des côtes, qui font face au Midi. Elle eflli- 
^ tuée au hoitd de COcéan^ dans un. lieu fort commode, &.très bien fortifié ^ 
par la Nature.. 

Cette Place s%fl accrue des. ru jnesd!tine ViUe ancienne., nommée OfTo- 
. Boba^ qui étofC dans fbn voilùiage,. à rOrjeitt^ & qui n'efl plus aujourdhui 

3u'un petit Village, nommée Ëfloi. On voit ce npm. dans rinfcription- 
timt, pierre antique, qu'on a. tranfportée. à Faro '^ 

IMP. CAÉs; p. LiCINlà. 

VALERIANO. P. F. AVG^ , 

PONT. MAX. p:. p. TR- pot:. 

m. COS. RESP: OSSON. 
EX. DECRETO. ORD. DEVOT. 

NVMINI. MAIESTATL. 

IS. ÈlYS. a. D.. 



' I 



r Cet^ Ville cf OiTonoba étoît auITi honorée (TùnEvêché 5 ^y zptés-& 
rume, a été transféré à J'aro: il vaut. quinze mille ducats de revenu. La pê- 
içhe eft &rt bonne à Faro: Ton y prend entr^autres des thons & des fjircC- 
{les 3 qu'on vend aux v^eaux marchands étrangers^ . qui les portent dans 
leur Païs., /r , nu 

. Alfonië) Roi de Portugal 3 après avoir fait plufieurs conquêtes dans TAt- 
gaqiv«3 entrepris le fiège. de ]^ro en; 124.9. Le MiramoUn de. Maroc x à 
i^ui cette iVille, ^ppaTtfmoit^ içn ayoit/fgittjrétablir les fortifications 5 &y a- 
voit établi pour Gouverneur un de fès plus grands Capitaines appelle. A- 
ben-Baran. Ce CommandjiQt y^avoit nu^né Une Garnifon confidéraole pour 
h défendre par terre & par mer. Alfonfe marcha lui-même à cette con- 
qui9t^>;& c(Mnm!9nç«^]paF iç repdrp;maltre de tous les pofks .& de toutes *Jes. 
jayenues;^»! où. Ton^ pouvQit; Jec^urii: k fitoi quand il rauroitaKHegie. 

Oo i Xea- 



o^ . a):ESCllIiPTI03ff-'ET DZEÏ-IGES 

rgais&ent de fi preSmiea «ttaques^qa^ils lesTéduifireni: ii ^capkdèt. <Le Rei 
Vouhit4)ien kur accorder* ime ^ime^de'Ce (ju^Us h]l<kinandèr^^ ^'letr 
|)ermitde fbrtir dek Ville, -àtsàa Axa vmesâi £ui8 bagages, &laifik!Èi 'lf> 
l)erté.ii<ceux <]ui fureat-bien ai&s d*y re(ter j^dexontimisr let»' profèffio&îSc 

i^imbolih, ■&()it'ils*ie:re^ '. J^ 

S^joutE.' Ldule, au Nord-Otieft de Faro, eftiiae pedt^Vile, <i]Hi n*4i «en 4e 
ibEt4:àxiàr9uabk ^ue'k titre -de Comté) ^elie. poste. 

S I 1. V £ & 

O nier. Cette Ville a été autrefois pins ceoGdérable qu^elle ne Ve&^ pré- 
sent. La ikuation en eft tout-à-faitcharmante) dans une campaene^ "xpi 
teft toute plantée ^t hoMOi jardins & de petkes imêts de 4iens arSres feu^ 
itiers; tellement ^^d'ie^eft comme un petit Paradis terreftre: auiTi a-t*«!le le 
• nom^le'Parayib. NonoMant tous ces ^émens efle nVft.pas fort peuplée^ 
&x:ommeielle avoit été revêtue de la dignité Ëpifcopale aux dépens d^Ofib* 
' jDobat Hin Ten a auffi dépouillée TAn i f 90 y pour en orner Faro. 

Au St^-Oueft de Silves , FOcéan fait deux petites Gourburai^en s^avan* 
<çant dans les terres» à Pembouchure de deux^ecites rivières 9 & la marée 
y forme«deux bons Ports de barre^ où les vaifleaux peuvent entrer dans le 
«tems de ia pleine 4ner : ces deux Ports iont ViUa-Nova^e-Portimaono & 
Albec 

Le plus Oriental ties deux <û Villa-Njc>va ; feutrée en eïl afTe^ aifëe^ 
|)arce ^e Ja palTe eft fort <}roite: rautre^ ^ui eft plus au Couchant, favoir 
Aborou Alvor, a rentrée plus difficile à «aufe des rochers qui 4a bordent , 



& papce qu^elle eftxoui^À oue lacivière y va.en ièrpentant. 
3£Baa. Albor dl un petit Bourg 9 iitué au fond 4u golfe , qui forme le port , dont 
Je pade; ^ au milieu >du goUe paroit une petite lile élevée , dont la partie 
:|a plus haute dl ame elfilanade, où Ton vok les mines 4^une Ville^ bâtie 
fttf les Maures. Ces jniiaes font ^sonnoitre que la Ville a été m^nifique. 

Les ÂnciâM mettent liaAS ce quartier >dei Païs ua Poit^ qu-^ils nomment 
Amàbéâb Fortms^ 4e Port d'Âanibal. <]omme ils ^n parledt ^Tsae nanière 
tm peu vague 5 iàx^ marquer les diftances des lieux 5 Ton ne peut pas bien 
idétenniner, fi par-là Ton dok entendre ÂflK>r9 ou Villa-Kova^e-Poiti** 
anaon : ce qu^il y a de certain^ c'dl qu'il faut entendre ou Pun ou raiftrê: 
Le Bourg 4*AU)or eu dans une ^e pleine» «où Don ïecueiUe d^excd'» 

tent vin. 

L A G O S- 

L&OM. T A'60seftimeViSeaBcieime,domle8t?éogFap|yttderAiftk)ukéiio^ 
Mme ont p^ fous le aom de Lacobriga» fiuiée au bord de la aer. - • 

Cette 



': CMte Phce^ où 4«ieu«e le Gç^gvttmatàè £k Province > eft-bién -fécti-^^aev 
ftèe; ksmuraïUeayfixicbâdesïiif Jeroc LeRoiSébaftienyfitocttiiïcai^ «. 
ce dte ion tenu un Château qijd.paflbitpour.fi>i!t)&; depuis Ja.rèroliitiondi|f 
Bortuffai^ on a attaché dix petits bailions à la muraille^ 

Le foEt de Ls^os efl aflbz bon> &la pêche des thons yeftifort nche^ill 
eft défimdn par. oéux bateties de canQn).<||ii^ôaA élevées fiir deuxpointe»: 
de rocbee. Il ya toujoius bonne gamiibn. 

Au. Couchant de Lago8> k terre ^avançant dans là^ Mer forme d&ux^ 
pointes >, ou Promontoires >. qui laiflent entre-deux un^petit-golfè de daq^ 
quart! de lieues d^étendue. La pointe la phis Occidentale des deux eft cel- 
Ift-qœ les Andens<x)ot appeUée Frommti^'him Sacrum^ ^ les ModemeS'Jet 
Cap de.Saimr Vincent; L^autre pointe» comme étant moins «onfîdërable-* 
âtjiuMQSxemarquée) n*ft pais de nom porticuUep. 
- One voit:là une petite : Ville y ; qui retient encore quelqjues traces de Tan-v- 
«àen nom.. du Promontoire, dont -efie eft à une lieue & demie de diftance ::: 
€iai^ppelle Sagtei*. £Ue futTiondée yers le commencement da XV Siède; 
ta» Don Henri , âb dû.- Roi Jean L . Ce Prince aimoit le i^our de cette> 
Ville^ &.enyoypit deUbdes Bottes > cbeccher. des coûtes nouvelles ,^..pottc: 
j|6nécrer dans les Jades Orientales: 

Cette Place eft im boni^cMt de mer« très bien fortiâé y. &. pourvu ihùaisr. 
Aombieufe artillerie. On Peftiqie une des meilleuces du Royaume. 

La. Pcovince d'Algarve a été au pouvoirides Maures Yt(f»Q&. de cinq cois Aton»' 
trênte-fîx ans. - iElle ieuF.fiit enlevée au milieu du XIII Siècle par AifbsUè y&^- 
IU,;iEoi de BoFODgal. .' Ce Pjihfie fiit le premier y^ qui en prit le ticcede Roi j, 
auparavant elle n'^avoit que le nom de Comté. Aâbnië X» Roi de Cafôlle^- 
av^oit donné endotàBéàcrixfafiUé nacorelle^-les opétentions ^'U avpic: 
iard^Alg^u^re , lorfqu- AHbniè III ^touià cette Pûnoeue , après avoir ^lépudié^ 
Matilde £i piémière femme, . 

Ces pavticulanbés font nq)portées d^Eécemmen^ par cpéo^ Au^nsrsi- 
Mr. le Qiiien.de la Neuville) qui a.éoit THiftoire de Portugal, dit qu!Ai^- 
fi>n& X Roi de CaftiHe^donna rAlganre en Dot à & fille naturelle Béàttrix'. 
qa^il ayoit e»e.de Marie de Gufioan^de ViHéna-en l<ii âiiànt époufër.A^a^ 
fè 111 Roi de Portugal. Cette Dot-.ièrbit.uni»éiènft'bien particulier ^..pttif^.!- 
que ce Païs étoit pofTédé. par: les Maures lorique Don Alfon&. devenu^ Rois 
p^r la mort de Don.Sanche répudia la Reine Matilde foa épouiè fous pié— 
texte de ftérilité, pteur^époufer Béatrix.. Ce mariage > dit Mr. MauguLj(*)j 
fyi beaucoup de bruit; Matilde sy qjpofii, & le fit caflèr^par ie Pape AJé^ 
xandns IV. LaJBidle de ce Pontife ait moins de f6rce q^e Tamour d'Alfbnn- 
ië ; il garda fk nouvelle. Epouiè , & par bonheur-la Gomtefle Mattidayenapts: 
à.mourir quelque tems sqprès, la^caufe dé Finyalidité.da ce nutriag(|jeeip^>\. 
le Pape le -connrma i& l^itima le Prince qui.en avoicéoéJeJcuit? . : 

• <^eaffaire.tecminée,.Ilbn.AJ£3niè.portat0utKi$ibp9^^ 

(^ Abaigé de l'HUtotre-^e Fdungtl, p, Sp, £f/i(^i .j,-." 






VIÊk 



Atcà- iliîft'ae&Héflèns fur PAIgarté. Le R»i de Caftiite'fon Beau^pè» en ayStai 
cohiriieilcé h Conquête , & le-^pluspettdmJtié de fes Gétiénua.Payo Cortéa 
' Màitre de POrdre de St. Jaques, Portugais d^origine^ y étant alors occu- 
é. Don Aifonfe envoya la Reine fiéatrjx foaEpouféJui domandeir la ce^: 
on a^e^fesWifcsfiffcé Païs; « ' . - ;,::. . » ) 

Ixï(MllIahreçiit favorablement '«^^ & lui accorda? 

la ceiTion qu^elle jaemandoit fous certaines. conditions, auxcnielles il renonr 
ça quelque téms après, en faveur de Don Dénis ridfant de Portugal fon 
Petit-iils. 

Mr. Maugin a trë^'bîen fenti les difficultés qu^on peut faire contre cette' 
•demandé de la part du Portuçaû, & contre cette œUion)de ia part de PEf- 
praghe,^ il ne les diffimifle pôiht : il n^eft p» k croire, dit-lT, qœ les Caf- 
tillans euffent plus de droit fur PAlgarve^pK les Portugais: au cootrwre 
ceux-ci p^iHbiéîïtêtre les mieux fondés^ prétendre cette Province, vpiiA 
qu'ils avoient conquis autreifois fur les Maures 3a Ville de SilveaCapitale.de. 
â' Algar vè , & l'avoient conièrvée pendant plus de quarante ans. Il eft vrai 
qu'ails Pavoient perdue, mais ils Pavoient reprife pour la féconde fois avant 
coe le Général Caftillan arrivât aux frontière^ def Algarve. On a même?' 
'Oes Lettres^ qui montrent que les Rois de Ptott]gal<& de<jaftiUefaifoient 
de- concert .la conquête de ce Païs. Ainfi la Reine de Portugal n'alla dans ^ 
la taftille, autant qu'on le peut croire, que pour travailler au règlement de«: 
Limites, ou pour empêcher que les Caftillans ne fe fiffent un propre des 
conquêtes Portugaifès , ou enlin pour obtenir un ordre au Général Caftil'' 
lan de rendre les Villes d'Ajuftrel &dé Mertola, qu'il ayoit ûupriiès^ hi^l 
qu'elles appartinfferit OTx Portugais. ' • » 

Ce font les conjedlures de Mr; «Maugin* . Il faut ajouter, quefiJ'Al^-. 
ve lui avoit été donnée pour fa Dot, comme le dit Mr. Baudrand,. qui la 
fait fille d' Aifonfe IX, & non pas d'Alfonfe X, qu'avait à faire le Roi de 
Portugal de faire ' foUiciter la ceflion des Droits de fon Beaorpère iiir.ce 

Pais? , ' ^ ^' •.. .:!/. :î 

Qpoiqu^il en foit> AlforifèlII entra dansPAIgarve, & fut joint près de 
Sêlir, par le Général de l'Armée Oaftillanei qui Payant: reconnu pour Sou- 
verain de -ce païs ^ lui rendit ^compté de fes cottiquêtes ,« &c Im offrit fbn fèrvi- 
<e. Ce Monarque Paccepta. Ils furent de compagnie mettre le GègQ do- 
vanti?arOj qui ife rendit peu de tems après- 
Don Aifonfe mena fen Aiméè viûorieufe devant Joule, qu^'il prit d'af^ 
feut , Algéfur & Albufeyra eurent te Même fort En .un mot y il fe rendiç 
martre de tout le refte de l'Algarve, ;& en chafla les Mùfulmans qui le pof* 
fèdoient depuis cent quatre-vingts ans. 

Âinfî le Portugal dl devenu maitre de PAlgarvc par droit de conquête, 
& le Beau-père la facilita à fbn gendre par le fëcours qu'il lui donna 
pour cela.' Détlis I, fils <i'Alfi>nfe & de Béatrix, furnommé le Pèrexle 
k Patrie, prit le Titre de Roi des Algarves, que fes SuccefTeurs ont con- 

fervé. :..•..; .^ .v. 

Le 



beaucoup plus g#âÀlè'iHflf^^bUè^âeiim:]g6f^lk>reiig6fré*^^^ 
Quien de la Neuville '*^ - «_.. t.i.__ 

& en Ef^^nei ^.«eî 

grand 




i:i t 








tfoït ^uftju'à Tréfflécôfly'»bàf'^oâ^fituiéslesiRoyàiiiiies*der€zi ddCéuia & 



Royaume de 




r6 qt»'efi& renfei'nioicMfidalûu&;-&. piutié'du:R«yaame de' Grénkk. : 1^' 
Roi de Portugal fe dit Roi des Algarves deçà & delà îa>l^ ^ 'A&iqii&? 
CépenditUfie fmt bô^^oue^^ieeee CôùfODherp^Tédôît Itif loà' (Oôtës ^e Ètirba^ie 
tô-'tetombéifôâs Iiti€0minàtiéii^ââr>#n])M!si il>nèM Feftèit'pliiS^ue-lrtfH^ 
kp *^^ll!& -be^ à Chaires JI , Roi d' Angk(p^-, ' {Mîtir !ft DoC di Mfaht6 
Je Poiti^ ^^M' épouÊi^- & les Atidois Pont énfiiite abandonné àcaufèdéi 
dépbnces (jeli n^tolent pas compenféesipar une utilité proportionnée. Léo 
£ipagnols n^ont que Ceuta dans la Barbarie. ■ > 

f ta JPi^viadei â'Alg^rve peot paffer avec 'jufteittifbô poiir uh Païs féttïe. 
£Uô(Hp^di)Ee ordinairement aflez de bled pour nourrirrfës habicahs; & ce-^ 
M qui ctoISi prè8idu>CapdeSc. Vinbeitt;;><{iaffepour-rundes>iBeill0urs<kr 
Royaume. ÎJOrGpi*'û y ea maâque, on en rapporte en quantité de la Cam- 
pagne d^Ourique, iSc du Territoire de Mat(^> dont la, plqs grande richeig^ 
fe<éonfifteen^bled.f ' ..:.::;.: i ■ : t:'^ ..... •«:> 

• L'AJ^Vé eftfertile principalemenC'ë^fhiicA & 6n vàii • Td^te Isipàt^e 
IJIféirjdiohXle ek'4à>iïkne de vi^oblesfâ; de Boi».dè^)^u$ér», &Jà Mer e^ 
féconde en àiveti^ genres <]e poifibn»^fbrt dtôiktsi " Les Vai^aux étram 
gens'y^vônt charger d'excellent' Vin, da !F^fies eii Câbas; des Railins 
fècs» des Figoes^desAmindes; dc»Ti)o»3&desSardi»isriSs^et^tè| 
autres ^nréés de 'cetxe nature ^ lAstut^les éraai|wr|ter -daas ^es Pals du 

îloâ'di ■'■••• "J •' ;'..!.."■! • •■ ■'. '! 'iiî-'l ç"'!. liLc >:• <.'./ i:-.- •?•./) 

'i A^ifèi^aii donnélà^defcriptipel des VSttes^'E^agSi^^ dé itdrtiigal^i^ 
avoir fait remarquer tout ce qui s'y trouve de plus curieux , nous allOÀsiaï^ 
trépr^iârë de donner uoeiéée chtinf &\liftmcbe'dë''ce qui cOûcerâe kGbu- 
vernemene; de< ces deuBP Rioy«uine8>--de'leiir'£tfli>palitiqàe ^ àis- Mctfùs St 
de0CcHituaiie:> dés Habitai» , de leur Cofluaeree V de'lèuf Hefigionyi^e ku^ 

i:;^OME m. Pp 












:n:. ? 



OK dit dlordisM!» qjiie ter VoYagpirs^onfc beftio <!». diaix cMèa^ tir«f4 

cefTalres à ceax qui. voijent voyager en £ip0g»k^. y £!ac TEipagfiie ^eoft»8ft 
dans feouMje diièpupsl» M<»oiMr<i)»9 éË^C^UkUlsm ^te Povtugal. L9 paci^ 
ce eft d\in fort gi(«i)4:u%e pour c0us^ qaela ouiofiEé c^Kwitju^es-dÀBi^ 
ce Païs-là, car-on n?y tromé pgs les agrèmens que rdaeençontre^n voyîi;> 
gçmt dans l^s. anti^Paj^;» 4k.rui^<iput dansl» haofi&,. i^oifiiluaPaï? ijo^ 
«^on^araUe ^ cee ^eacdi 

Ômià: on. paâê d^ k fmu» eth Efpagiift» eoc^p. trenye j^IysleA^dyiiCemi. 
çi^on a eue» dao8'le;?9J(3cp'oti vient dp qnitteti^<&ri)o^ detoos^ 

vtr une il prodigiguië di9^ence>. je ne dis pas dan&la Laogufe) çarçe:^ 
Hpit peu de ehpre % mw9^^isQ^>aleneiit dtas les^mani^jet de. viyce ^ de i«i 
çevoir 1(8? rEtçaijgeip,. 

1. lues çJiQi^ vont) enecme iiflê% bû^dw» 1« QMsiQigoe ^ la:]Sfiivarm>,Qà,'lér 
Peuples om qii^ite. cfaofede Vovsf»ftim &Lde l^hunmntté Frani^i^) mais 
4m9 TAiîagoa» d^ws^ la Bi^ye^; 4c alUeurs^^. gà^à^lemeiK daoe cp^^ 
Monarchie 1 il faut: iè iidbu^ à faioe mauvaiie chère. U eft vrai qun dft: 
fçtte mmère oa. dépâ>iè:»pi(i8> âdc'eft Ikun pcofit tpHt elaÙL que ToO' 
Sût .-••.•.•:".; 

/. On eotne d'ordinatise àtos^ les HoteOeries par récurié» dti-.9iQiA9:daf)Sjdé 
c^taines i^novmoes*^ 901 vous même dans quelque chambre^ QÙvoHfjC^tit 
Te? les quai^ parois 9 qtielqfiefoi^ufibQisdeJic^ pouii ch^mcjeHsi ç^4}|uQm 
un granaoombre depecitesbpugies». qu^ font aâ<%de liipM^pQ*^V9k^ 
qiie vous mange?;; oe.afio.^ l'od^unâ? lafuo)^ de t»i;^de bougÉe^s^iftr 
commode pas» on vous apporte ).it vous, le fouhaitez,. uoi'lsrafiârxî^g^ 
jûux d'olives eh cbi^boo^f Q^^d 00 jBioQte, on trowA;^ liuidîç 1^1»- 
l^r<, la ^ffKmai^laG^ qwaieu lettems de prendre^ beafWS.hahitiàl 
dimaoohe pont, vou^ iaire hponevr :& a^tn&as k elle-mêsie, . . i ^^ 
. Ordinaiiemei^ 01^ n'entre dane^ aucim logis pour dînen On.s'an)êtç en» 
flleine campme». k Tombre de ^elqiie acbiie «Lan bord d'un. rt|ilGî«i>. s'il 
l'en tTQuve, «i>>QLm»n9S;de ce.dootiOQ s'ell.garni ; :cepend^til^ M%^, 
tiers», qui; vous conçurent» fdnt repàitre leurs mulets, leur donnain^d$ 

&r^e^ w.^ iS^T^in^». itiâ^î^^.^ b(^ailkhàchÊé> cai: ils^niloQtipCMJttL 
de.&ini: ,• -i- '■':'• j"-'> • r- 

■ . Qfxmd)mff§9ti':9ob:1^pii^^Q&}!û^ 

Jin gar^jb Mulq$i^> pourrViQU8:CDnduib?e par-teutoù vous fouhaite^ d'aQer^ 
■àk moyçQoai^t HO pri^j^^dçot^on opnyifsit aueq lui>Uieft'obligé de vousjcocbr 
j|Qice>, 4c.de^ ncnirrk. a^ec fos mulets :~qo n'y voyage d'ordinaire qu'jen 
Miile% out. M.ulet9>^ ^ les C^hevaux y iont pluscrares.qll9{Ms^■aBisa»wc^<^- 




KVenif itt» HdHEÉMteé) ^ftn<l bn y krdve, fet-i iiûftâk tMdféy 

?b& -aV ^<)dtè nem ils ptë^y "k^fèsiàèittiiçi pot fw lé feu. L*Hdte ne 
^9ùi» Ikitâe ^' J6 ^£t)V»ëft^ lé 3it ) pour totft le fêfte » il 4ë feut envoyet 
dMNlMrsrf vdift «le vdMUA; ^KWÉ^ fil peine dy-aHet- vous^Baâèaie. On 
<dORife4Fttfg^ okSfMtté^ PdA Vft t&M dMVdiet du pam, du vin, deBi 
tiSAde^ l&gé&mstiÉeiSrtoUt c6*^{*oii fouh^ice, "fiftatitldliiâ^ôAlepui^ 
^^etmer; U «ft^^^^'^Ufe cèlflé (XM^nttàë Ifôifi bon côtéL * 
i I>|lri:fti4âe!tii^iiée&'6ëâ diôictéftitgié) Toh &it eex^ù^^Betit paydr, &;mt 
Itdtt ne .^tit pas êipônnôr^ On vous «i|)prètè votre viande , ^ Ton donne 
iftiie^f^^'de(nie> oa^deHxtéatixpourfelctvicio, totBtnieiis'parlent, St 
«tibiât pditr le lit> ce ^revient environ i qpSBUs Ibus dé Frante. Si Ton 
lëtrbavédàÉis Quelque- grande VMé, ùfk aura tniè happe grande commetm^ 
itSViette) & uÀé ^ferviéçte ff^ttaâe ^étiditte vol tnoucfadir de poche ; dansd^aa-^ 
t*tt«nd!<ilt&^'iHk«tà^fcttpîŒfer.- ■ 

L^ jLits ne font pas fort r^goutans ; . quelque matelas^ , -dei quetofuef 
iMaffi»^ éa tout aâ plicb une <coavertiiré de cc^bn ; à là campagne A 
lut fàSdt la nttit fir te tarreau $ ou bien fur ^élqué botte de pxîH 
IK> ^\!fi«tkdaié avbir fbin ^e faire ^bleil Potier ^ pour' en chafTét la ver* 
iiine;- ' • ' .•'■ ^ ...:•.• -, . • ■ . 

• Lisië HdièdKbfltt) pim !ft flujMrt, dés ttiSrabld»» «qui n^oât^ bîéh'til 
^i)iâiéiHr) ^tti Ir^H^cnt les paÉigers tant^qu^ils peuvétat, i& tout ce <xPBà 
iem 'stttrapefit^ «fl de bonne f)i!ifè. Il y à qadqaeè bonnes Auberges aans 
les priscipales Villes, comme à X^idrid, à SévUle, à Lisbonne .^ Ca<^^ 
lËàÊi et iGUtiKJé: l^birdi|âîredes7)r«^ lé»bc« 

'lifstaé^vOuer «|ti^bâtret!vepti^-toat de la tm)e estcélfen^ey mius i> né 
îkûtvàtÀ pÉs apprêter. - tit ttixnOkih. 'dfi'fbrt iéé^drë» le'poiiTon efl pbur Por^ 
cKoint' és^^Uént:, et VéA ^ 4co«ve des pigeoms^ des perdrix rouges, St 
4e3 jambons d'un jB^oâtéxqui& i ir . 

Le. vin efk aum naturellement d*un goût exquis ^ Se fort ftomacha! > 
^iiKikâUèi'émeitt hk6tig6, ihkis on ixt» boit' i^ eh Effugne avec fllai^ 
w, jftaité ^Vmi le hiet tout daii§ de grande Vàiflêaux faits de peaux dé 
iKMkts ^dâtotoiéesi 'qui fèntént ia poix ^ 4s bdàc^ à fkire vomir. Il tf y 
a ^ « Ott^c^ie^ le iRoyaume de Valehce) où Pcn fèiferve de tôn<^ 

-' Le 'Vhi ^rfe ^fidttifefis PHte de Cadix ^délicieux, kié prépare de la 
«ïiftâèré ^fiiiva«ie <^): On éfièaffle les Vignes, afin qôe rien n^empcche 
iPardéttc dn-Seieil dV>pérer il» lès mppeS) &'quahd edésont toute là matii- 
rite. qu*eUes peuv^ft- avw, on Tes coupe) ^on les ihet danâùné grandit 
^ve> «u UGÉéti dé».l8quéHe on iaiHfe un 'ei|>ace vuide amable de contenir 
km modton, tMi un chien que Pony met entnr, chaiiué & vêtu, aprâ^ 
^ù^on Pa égoi^ <On jette par deBus de la chau3t vi^e aVéc queh^ livrés 

• • •' ' ' ' . • •: '•' ..-;..•- ^Q 

<*i liiOt, rouget dri^fi^gHti - - • . " * .., c. -''.-'■.. - - 

Pp â 





Dord.. On 5î yei^.e^fuiteder^ttr 

ibrmenter & bouillir tout çp œêlange pen^t ^tuaCF&à'^inq^iom^, qiMtfiiâb 

ént pp]iîr;cpnfoisp\çrj Ç àb^iiyç^jpjtcraçipiîa .qu^i^ y. Alînsfoi HJ-^jfle.tr/Wb 

'êsUe^dela siiV^ 

blancs-d'œufe b^tiis a\^^ Iç, yfft pq^jr amafler jpfôpîpte^^t rçr^pre |c.; J^ér 
cume« &f Jes %e.iwtJr pa«}k,l)on4e à,^ 

çeç felmigandtô où ^e,l;^^as ^, fetf ^:des..y^,exçe)Je«»daj3«^99Sfes-qu8^ 
tiers. Les Chartreux de Aéra prétendent qi^ile l^r ^( l?e^|^pioc|i9^ 

\ Lej»in, que,roi>..wa«gç:dsMMcç§HQte]Jqrie59..éflfaifi 

. ... ... _., ...... - - ,, - ,-.- - aJre,^.«)W!jbii»R:6eu« 

QUI veulent y taire meilleure chère , doivent y voyager dans le tem^fJ9§ 

fruits j; car ajQfs Us.trqiii^fjf^t^towt^ur* Atfqfl^çt 4^^^^ rés^}i^mie9 

Çgues.,,, les raiiins œnlç^çiiSÈjWtreS:,. les; oraggo» , , IçprÇttrQi^ ^ite^r^^ 

^xions y uns. I^r^r des pokef j, des pommes » & c^ai^pcos Ir uica n^o «^9 <^9^ 

dénwles. •; " ,. ,]> ';; ^-, , ...I'."/ ?;:; :;!■.;.:.•{ 

-•. Ce qu^il.y.adeiJip.lH'FBîjeçi^^^ 

tre de la Monarchie, on ne rencontr'e pas mieux, & il ne fèmble pa,i»Qi|HH% 
foitàl^florted^yillSfÇW^^^ Pft?^^«u©ll«iÇ'fift'll^.qftâmçjP^i:'& 
jl,.nY a de-#fârçncç cmMfifa^^uoKOff^ft ^}pn M^mm^ 4^^m(î 
ou des Hôtçs;^ dans ces c^^x Ro^upes, I^rqutq de, \î^iddl U^nieilri 
leure de toutes, &! celle où ro eft le mieux fe^yy^; /çuuç.î^iiMjppm; yeft %fc 

chçF^ ;, ; .; ;, ' /, t ''«''«'■-> lii >T;, ■'"'■ ^^ 3(!. .' ïjlL'îiJj'.fi j : ii;j> il'.) aw •— 1 
.. Coj°n^e ÇEfpagnen.'eIJ B^^ ^:beaufipuf^!PFMx:'jimanjtpsppI46:flttfetîft;J^ 
pojjjrcoit; être,,, on y .f^j^ïiyciifccinqpu.lpc. lieue« de{fihepiin<i.!av%9f,<Hie«î 




Je , 

jà'autrp rànèdé aie' 

"joif, Vôn-'en paille avoir 

. <^es Ijs^iipes ^ . ou de certain, bojs , .^^ui ij 

'',':[ Quand un E&agnol V9y^e,.jl,^ ti 
valife eft fur le devanf. de.]bj fèlle, .& ^ 

.porte. deux flacopa.de tjjii^ojtuIU, j| 

côtés, & au deflbus uneelpèce de poche ou de bourlê de cùlr, où Ton met 
iz U gkcc ca Eté) pour tenir k vm frai:. La m^o4e^ert. fcM^t bonf e.)^^ 




«I Eipàfaai'ds> iifbtÉjJierl pas m»fè[iQEiit)idl\u^^tCLi-r4'5Pfiiae<]|V0Kffî 

uL>Uh&4Ucre.dicilbÀ'k()«slleul£uiCJ9UQi^Vo;(^^ pceniieat garde.^.eé 
^iDouàa&t '.UE^aga^ieà divifôè sa ipiitte Pitovinces» ^uis compfeor..^ 

(knc, pour ainfî.diie^nuh?£tttsriD^ait9.>&QMCBS lies fias qa'ci^(|!fi& de'i'une.^ 
j?aiitresl>^ ijuiiacnDfeMëzifcMFveQD) (ii:jSnit à: chaq^ i^zffiini&amir^.i^tc 
•les Douaniers j' eom^ner.'eiWivlcittsjaiuàs'ce j|aêt rpmpoct^ ^& înir psyçr 
les droits qu^ils exigent. Ceft là la plus groiTe dépeniè (ja^oa^fiiit obligé d$ ^ 
^ùn'i '&ieette.d^[ieBiè ^cxAet loia^tant parce .qu'elle reiiicotrouveac^que 
iùr«toiit4'tau|ètde:riKaiâcëjdta'II>àMi^u]tev8[> i^ui febtàpres-àJa^sKMS^^/Ss-QO 
&nt)ti<]imitiiffîcùlt£ de'k^hfifijnetlBeMiti^éq^ip £cnii^»'4>Qur)d4 

3&oinâre&ùtB-t:ôime.ki^oKdobLaatiçe89 4^iaiuliqiêib&4o-eft^tmuùd*ii9}R9(^ 
&port(i&t fijoi :-! Ctèpéndant'llé sl!ylibn£:rouvi3Dit:aucluQ» attention ^'âtii^ 
pcligûQt les gehs à'preodre un billet d'eux» afiio d'avoir ioccafiôn 'as fh, j&ise 
dânn^p de l'argeaf. : Il y a thème Quelques Prov^Qoe^^ .,oà l'on ne. perjn^t 
fsb dâ^Mtei iiiieâDmnie4nédtt>a&Gt'^ge«tihQr$ fiksicQndà^jilf^Utc^fllt 
prendre des lettusde cfaaD|;e^^ Fob|«fd:t9}))Qttr3ifur k change» t.'.,; /r 

1!.: •; ?-ii- 'î'i V'>.^'j1».ij; ^v.'.'ivJi ,JJ ' ihn.. :.';-i'.i- "'- ';!H-... :..• • 'J y-.'.- 

T *Aiti'd&1^liajÇne eft gériérafcment.pur, ipc )&^ chaude i& fort boa 

meidaddld 

tMsydfieâi<t0uele >t%i^^ Safeî^'il'^KplartlrarbiKno, ^ Toa/y f lâpliëirtif 

^ Iç l^s'bésu i^'ï ^tii*-^ ^iâoxvôir^ al>B'y a^pas lie œoiodreivpâitrfiuei 




ge, qui dérobe la vue du Soleil. . ■ < • i . . . ;.'.: :. , n » ; .< • 
■' L'faiv^ifie^sY&icprdqàe^point'feài», &jâè8le nx^ de^^SeptembrgifuP 




V0i^^àlàI^dë|lte^:queifilr:lés^a^t1^e9^D|n8 cc8.in6is's& lÉIs^OutsIof^ 
:%iiiri;4»eaux'^ii(t'ie3'{riu9'tteiiixu)i^o» ' >h iioq :tb . ■ >i 

Il efl viy quedads les i^ois dè'Jtùn^ de:JèiUeei i&:d'At>iitr^l» lirhaleur:^ 
eft ovdinaitbineot infiii^unrtablb,- particalièFementatiJcœurdu:Païs<fc /dlàns 
ks^rovî^Ke; MéÉi4iâdalBst;^en!i)éa3dn]^nfelËs.m]it& jSaDl)simvi9oi«$%ii 
^jotfi défideoiiiès jqtts >k& p&s: beanooeors dés Sais du Noqd v ^^^ ishsâ€w»(|ô]ft 
^^màr^vieouiaiic de'ioi!c'e<| qufèltedbi& ldinrittn>tDè£|:^Httid: çQoibreid^f^ 
tités mières. & db.rBiiréauiX^!<és.comiHei.sv«c ciek,le\CQifaiiîe|liflit||lU{^^ 
tient ^c', il s'y' ^**t-*°û''POuflièxehicarEibte .. ..•:.•<{ ....-.^'Irv.^io} 

'. .Qtfopi augmente la chaltilt: eft. ^ fèrémtéide Patrjoiht9^kUrctâ^(.''d<^ 

Fu NooeL'i Qai^lbiè à:liabTérltè*!toWtJiia<viiiit^&^ 

Pp % g^ardcr 



. 1- .- 



r^d^mdonne ii «et àpas tr&mpêm, M tsiiMile £lroBMint> île qbelsroe metefacc^ 
coaibe «I^Mi tnutndHBKr iitfbad)6> 4ci«ad JX]â9ift{feiiclii8,4e j«,flMMtié. du 
«qqjM. £t «a^^éaéoA il feifiait pqtowtâennier iiontreies.Mitts do^lnj ttiic^ 

-. LerTenoir de.f£^N^|ae eft iiu^, ^Kuimie Ji 1^. fjor.tûift Pa&$ nmil 
^généralement iNufcuit^ il oft &c& «Kxituéiiac» néampoins f^xt ûttute |)«w 
coiK oà il eâ jovû^ . . 

Il y A iàe .graades'diiuiieB 4e Mont^Mn^kf imie létemcL & ifiîae h^atieat 
Mo^kofe» <tar «>utrefle$ l'yréiiéeBtqailbatJiâbx iosûinkes^ cm y voit vit 
Mont ViùMm «u Soldnos, <tj|iB :tlntv&(e.tmâA&Ft3a'àt POkâsiit kVOcd^ 
dent ^ dès kè Pyrénôes jufquien <3alice; les deux M6iitB lieraûaàn léus te 
Pomigad; Sa^i»*» dx:)c(âi dat» la CailiBe Vieitté^ la Sierra Moréna, crai 
fàgae attSl 4t lX>ieiit à f Occident^ «sbcre rEArémadoore & TAtidaiodiei 
«^éteindaift jt^^à ja Mer, aux &oâCières 4a iV^rtagal; poiff ne pas parler 
4e |ili;ii2efir6 Kotres Mnoias £otifidè?able$, gui aeiont^ des raJM^uib àsi 
premières, i& ^ 1^ eô&a(»it ibufi dés aéms pamcu]ier&^ : ^ J.i. ; 

<je8 Monta£;nes font en quelque endroits, fèches, arides>'&flériles;on 
n'y voit que des rochers tout pâé^y âciiAidii tioMtaie'la main. Dans d^au- 
Cres endroits elles êyat couvertes <de grandes & de va/les forêts, de diverfès 
d^6côtJ*aibrés,€iiti>e lesquels il y en a ^Smt rfices en d>ttaretf Paîf î\com!>> 
ne les lièges^ teschénes^verdè)» les ctotjuge8« les loyers, ^ palmiers dfc 
«RMÉ^inB aittres. Il «^ trouve lax^ de trèiMos fiio^iles, èc des Mm ^oit 
waCBulnst pour làgBéii&n de divcrîèsitialiMliei, pâfticuti^rf^ieqt tàtos M 
FvnÉiièes <& dans ks Moncacnës de Vatence. i^ y a de titès b<His j>atiloa^si 
on Ton nourrit une infinité de troupeaux. .' 

- |jesieaiapa£nàioat.gônâiLtelnenJtfôi^ yndeSefidroits^oàTon 

Sût qforfqoesSeàes iiu|s tAimrer tan ariirej» à Totûbiie duquel khi iè pwl^ te^ 
l^ôdbr. 'Oc^ iècfaardlb xk tetioir vitot 'de. trois cacu^) du pejtit SKtobre 
ét>feiiiNe8& ^ fontanes qiti sV troovent, à: proportion tie j^tesdèie du 
terrain, du peu de proGmdenr dés rivière & -des Flcuvps qiiirrarro^âtyâB 
f^ifin (fe la aiâieitf exsdeflive desmois de r£té, qui Eut tarir les ^uil6es; 

les parties iss vaàaax. anx^èes ïbot celles dêâ Provinces mantûnes, parte 
«beïcttnes iesiitéères s^y rendent, & teslplns grandes y kM git^ffîes d&i 
jépwaâe des ^us pet&e& Les ^K^ores avoient âg^eot pourvu ^ tet. in- 
cM^vèucaoït, par «m «^-and nomlire dé puits, qu% avaient treoiës donsioi 
csuiapfl|ties, ^ par ck pâits xanaox ou ng|6le8', dans lel^uâle» âs-coochii^ 
foiencreau, pour arroter tous leslieax*^ en «voient bdbln. Ily^n a 
^ûSkatt tfoÀ TcÂfiÛént àicbre auioiirdhul, fiir^tont dans les Royaumes de 
GréMade oc d^Andid(Me^ «flcin i^agtiols'mii s^ lent aocomnodés^'ieM 
âvebt iûeXkptKiiSÊet : s^ilt vouloietit prendre k pdfae ée Etire b màne par^ 
tomoù il dl tféîselfiure, lëlbCiilërbitd'ivii très grand rapport» làaafCfottar- 

. l rel- 



TcBf giflnfrtpèaboan. 3g.^fe»fifetilè l defQilnrq^oa|eiit<iii«r»^vàEitév. 91^ 
fi rÈrpa^e ét^ habilée ^ «b peuplft libeneu» A^indafinnis , oooàape It 
fyntr iesLFEançpis, les Aiiglois es ]es TfoHandois» «e ièooic te ^âs le meil- 
]^> le pltt^feenÛe» te'iWB BÎ^y & ]e<plushhaireux, qu^ifu ait iion-lèu*>- 
kment dMw^lTSiirope» nKMS.<ianf> tofut le. Monde même. Dda vieatecfaarlm 
Aiieiefis ont parte d&FElfeag^ooinMiied\in.Païsiiiei^ en uaiaot: 

•omme d*liaBEuadi8 tenmie: 'eUeéeDÎt alocs habitée par uiLpei^^uarli^ 
borieuX) qBe<€^ <|uiPoccupé ^ujourdhui.. 

- i Le dé&ul! de ciitlnie Ikit qu*ôn a*y i^ pas abondance de grains ;3sl CàiGU»: 
tati^jwtees €aittan<)tiey & il y; en! fiuit portée dHûlleurSr oomine âs-Smaocy 
èi dts- ViUe»ivinBiineftf c\fk en jtsette confidécadon. ùpe les - Vaiff«tœc charv 
gés db Bledv ne payent poinfr d^ifnfiifiit axL'Rol.4 Oàothk que le- pain -y d^ 
ordÈDtûftm^itt ânefv &^<]fue oe (^ ne cooteroirpas ailleurs qjiacre ibusvenc 
coûte là êoi'y â^VÊyisnti^^fi/a&Èe^(^&a! donnena plutôt oir^^re db ^'m^ à. tm 
msaiÊiMiti qu^ttii. monceau 4e>pau^ Il arim>.quelquefi>iJB que les Voyageurt^ 
ae pouvant avoir <iu>paih>dàns les Viltespourlètip aident, (bne obligés d^al^^ 
Itt" û^uven- lé Magiittat>, qji^a nomme Ox^égldovy. pouc s*en.&uie ckat- 

On recueille en.£fpas;nfrdtb iroment, de Venger^, cHy««(bs tSpèasi âbr. tèt 

fumes, dtt^^ièiglÊy Se c&tfedde<TuiS]uie;. IL ne »y. isouve point xl^voifiey, 
en fiiiuibifirâé iicenifi td^ùlleursj Je m*imaginé<qa& cela peocède de M lèehè^ 
tefla du teaoit: Elle «nu grandi que le bSd «ft^uekïuefois ha^lfur Hupîsui*^ 
t», â& 11$ y. foufloun vettic d^Ëft, «yiuoon^nne, oommèun-^ièu, tmirte^raedi- 
fu «à iïpiSsy. dans kt^ point iriême de leur matuaté. A)ontoii0 ^iôelft^qur 
(lertains quatiers du Royaume, ct>ram&la€M^e&^rËAFéfflk(^>ui<ej,^t 
expofés à de» eflkins d& J^ucËerele^^: ^ broutent, pour sûnfi dwe, 1^ vmË 
& lefê£,âcd6vel«ntEle bléd jul^^à la^iadiiet II e& vfai aufii qjie cela nMr 

pas -ordinaire. ' ■ • ■ ^ . . 

Les É^gnols on^ une fi.^rande hoirei^ pourrces Sauterelles, que àit^ 
Ibs-années qu^il y en ay.ils>n.e'veplBntpomt'Okahger de BeFdyijt^'parG^qurèl*- 
ies fè^nouirillênt de^ ces-irifeôes^- mais* ks^Strangensqui aéi fôtarpMll fcru^- 
ouleiâ, en font fort bonne ehèee.. Let^ïloi'd^iaghea ^TeneS fttçdcu^ 
Mk8^ qu^il Êiît fèmerpoui^ Tirage- de isb- }4sùfbn^- à^lùi^cfash^m raan*- 
qqe , . il lés &it arrofèr par des hommc^ deilinés k ceroffice. Eiâkispoûr fi^ 
nir. cet article , tout le grain» <^i. oboît en £%igne^ .^.par&item^t beaa*, 
& de fèrt bon-. goût. * ' J'^hi- . f 

< Le yin'y «Il exoetlent^ foitrl^Girôifi ronge «a.dflir«t;rmakû:tifôfl:^pa8: 
:^é^le a\i goûj^, parte* qù!&n; le^ mivdan^des peaux de-beucapprêtees^, 
telleé9£njb:qué râdesieaëultoi4outt^<Bauvii&) t«Ckâiifroa>d^ boitisi ^y^dë' 
)a poixv. • -^ 

■ C^v^ <iV?m'pbité^tMnè Kds étfkaî^^». eft^ iiteilliiâr>t^ Goftii cpsi^ 1èr 
^bite dàiis-ié Fal^iriêiiie;,^pceqtl^ttle4tii3t)dBn8 des.tonneaoKl'dtK^^dlns 

]^^aiid'm^:iHULB^nol8):^«suîilS'eékbei»i^^ ll'^^tàitptm 



^ «lll^'S lE ï lEBCriI 5 ETR niBin £ E 8 1 'a 



-!;iîe8:fFttitfci^nt:(x>inni&.tbùt~lél(i>dne.>^ lèefbà^^d&éL, diàtwallmiicilt excek 
Isâs^î'tm.y.a.dsàipokesy .des pcùnnfest^) detf'iiliaftatigisis, dèB!£ibix.&-:de8 t>H4 

iinw(s< dos ;forét»iëQCtà»s ^VJC^3rfitft i9nHUMit]«ry^<flffi'4}âiB^^ 
4Ay ,âc:<|Eieiis9 Erpsgncils^lci&Utede beucrelî jciiâèilt:^ aii^vàttnttitioafr. woe 
de rhuile.' Les figuiers & les gjràiidii»iiy faptih'i sOTBOA^n- itappjàèmt 
d^ tâbs* vives -dasfs tes Piïs dit Ncrd.? 'On ^y*^ {idfE:îj^i5Di:togesî..<dea :ci- 
tfons. j ^des éitsa y deftiimoofi ^ des çigfitt9%' ai». caoroooBs^.du (ÊtfiaQd & dbl 
xwiiodstgsUs; / Ils'yirocinediveis>beiJ33g€!!S]»(|»i^ii^W:g^ 
^«rtictttôreaeotdeàliïllftjtesj.i&ldes tl^pe^t»^-} ;v ir. .":q on ,î;,>i ',;, . >, 
n.IfAiviaé^y eft £ondéiifdi»9''^^^^ixvlifint^^^î>liifif^ 
nuu]is,'d& gienft i^opres âB;iif tHl(».fiUç,&rô«ipd'iiQ goiitio^^ ijrâiJ! k^iK)!!» 
thsrs^ntlA'&veat p^ actommodet prc^reafi^c O^içiiimp^^rfiiiwlièeftt 
ment lesJsunU^Kb.Gtfdaigne âpudel^œégos^.te jbcçi^f debl!£ftn^do«R 
iS<iLît;volaille& le gibier yiont'fbrjtbonsi mgis f^rtiçilie^t £>ai}s-)^Prpr. 
vinces maritimes on a dWcellent poifTon , mois dans le cœur du Païs il-j^ 
iâbai2Hf«.«&^Bx6tôiiieBQentçlieit ■/) , :■ . ^ i-f. - : -XI ..-, .'•.,[: ci rXJ 
c dbe» Montagne icott fêeoiidlEis ^n.<pirri£ire8 & ieki inuûèTe^ daly ^tisJnwf^ 
direct getiresâOimai!breis,&)d0.pierr«^!préciei^;.^l]£ew9n^^ 
minécai») comme ahw» ^uTce» falpêtre, Gal»iilne> &divëKe8<fi>iite9 dft 
fà^ outre.le:Êl^ toinfia on en cuit dans Iqdsûc ^^Païs^d; fiu* iës côcçs» 




deiiX'^réiiMiâr^k tiaiidis.'que les Indes.auront deifu^i eâ ^çjDrnir. .t'C^qMe^r 
tafw ]àç& rivièffisi rduteiitîdei rQr.dJws.teitf lûble j& l'on &it.^ Ig-fcçpttg 4? 
la couronne des Rois de Portugal font faits Pun &; l'autre de lV>r ) qui a ^ 
tfljiivé dans le iTagè.-.,. -.,;:{ •:. -" ; .- • -• 
- ;J''ai.déja;défirit:ie^ àiv&t^{dmts âoMat qu'iIiy.a!daflfr4'EÇ'açne ; : je ;mi? 
<iODtenfceraii^riçi«irpyer.<î«'ilyea'^d!(W2pQttjtrdie priiki^^ St.'Sért 
bJtflâen>Biihap",.lQriiolila:Cpniglaa9lP9rtd, iJfihonne^ Cadix, PuerÇft, 
iktL Mèif^»^: félà3i^9 JC^^^ Grajo près de V^anpe,,^ 

: . L'Efpîigi^ft ittiwqile, de. Matjelots, ç'eft .pi^u^quoi aù.retour de la Flotte dos 
Indes, on les tient en arrêt, afin qu'ils ne puiflent pas s'évader j & quç ^ 
IB9(lfe.iae{telte<pii5?d^ttéo'dfe;!no»<fe,j!e Roiîn'^^pas 4)eauçoMp.de Vaiffeaiix, 
&6)si^sii^t:^ç>>Sm\^.^nM^^ -que Sa Majefté Ofc- 

ilioliqu!^ «4 fM' V 24e«i;iil!eillear$ kfmfomi de .J^i^ç ^£ les BiTça^yiens , 4; lêi 
Portugais. - ' ' î 

" Pout.cç<fflifegQrde;Ie8j«iioi«fa:4kee^H<liyawii&) il y a on ailez, mna 
Q)bie>d« M^nta£9.e8 ^.de^orétpji où l'oftiço^ve^^aiiMté ^egros &:4? 



•vi IMI 



^tagQ.e8 
loenB gibier): p9rticqllèr6iieQt des aui!PJfQuc.làùy2i£ef>: (Jj^il^;.^.les 'pl 



r. 



k . >« 




D^ ESPAGNE ET DE. ÏORTUG AL. jor 

eârft^ 'deicAeinreii^y & d^^ntres gnmwtly (èmbiables. Il f& trouve Vjiiekpiet 
ÊmglierS) œ queiqiies loups dans, les^ Pyr^^ je ne &cne pasqu^il y ait 
«ucun ours. Maïs de toutes les bêtes âuv^s, il n^y a point d^eQ>èce qui 
è trouve en fi grande quantité, que les lapins; aufTi y font*ils beaucoup de 
mal aux fruits de la terre, tant à creufër , qu^à brouter. 

Les campagnes. & leâ Monà^oes ibhDcouveitesule grands troupeaux de 
brebis, de chèvres, & de bœdts oa.de vaches. Les chevaux & les mulets 
font ceux qu'ion prife le plus de tous les animaux de TE^a^ne. Les pre- 
miers ont été eftunés danà coqs les fièdes, à catiiè de kur vitefTe & de leur 
beauté. Ceux d'Andaloûfie,& particulièrement ceux d'autour de Cordoue^ 
paiTent pour les plus légers, aulll bien que cçux du Portugal; mais ceux 
d'Ailorie fimt les plus forts. Les meiUeursmulets viennent ife la Caftille, 
£ç particulièrement de h Manche^ le Païs duvénéra.bleI>onQuichottie^^ 

aulu font-ils fort chers, & le couple coûte à Lisbonne juiqu'à iiait cens: 

» . • • • • • • 

«eus. 

On ne voyage dans toute ^E^î^ne qu'en mulets , foit qu'on les employé* 
pour monture, ou pour porter une litière ou tirer tin caroffec cela vient«de 
ce qii'Hs y font bea:ucoup plus propres que les chevaux, car TEipagneeft 
montuieufe en tant d'endroits, & Ton trouve li ibuvent des chemins étroits,, 
difficiles, pierreux, & dangereux pour les précipices, qu'il feroit impoflTible 
de marcher iiirement avec des chevaux, au-lieu <fat les mulets ont le pied 
fi ferme, qu'en cent & deux cens lieues de chemin dans des Montagnes, ils 
ne feront peut-être pas un faux pas. . 

c On a dans 4'£fpagne une efpèce de voiture qui eft inconnue dans les au- 
tres Païs: c'efl des g^alères que 4e veux parler. Ce font de grands bàtimens 
de la forme desdiariots ds pofte èd Hollande & d'Allemagne, mais cinq ou 
ibc fois plus Jongs, ronds, par defibus, & tcou verts de toile par deffus. Qa 
y attèle ordinairement une vintaine de chevaux pour les trainer , & il y peut 
tenir quarante perfonnes à chaaihe. Ces machines vont lentement; on y 
lait la cuifîne, on y a toutes iès provifîons, & l'on y couche auffi commo* 
dément qu'on le feroit dans bien des Hôtelleries du Plat-Païs. 11 en part 
toujours dix ou douze à la fois, pours'entre-fecouriraubeifoin; car cela 
ytrfe quelquefois , & lorique ce malneur arrive, ôl ne Bmt pas moins de cent 
Hommes pour le relever* 

: Le grand u&ge qu'on £uc des Mulets en Efpanie eft <:aufe qu'on n'y a 
p^ tant de chevaux qu'il iëroit néceifaire; & c^eft un des défauts aux*- 
quels les Rois n'ont pas affez pris garde. Un Roi de Portugal avoit bien 
ienti cela:, lotiqU'il lui vint dans V^prit de défendre l'uiàge des Mu- 
lets. 

. . Les Eccldiaftiques, SécuUérs & Réguliers, qui ont accoutumé d'aller par* 
tout^ montés fiir -des Mules, ne voulant pas acquiefcer à cette défenfè, lui 
repréfentèrent leurs droits & leurs ^privilè^es, en vertu defquelsil leur accor- 
da difpenfe pour fe fervir de Mules, mais en même tems il défendit à tous 
ks Maréchaux de fon Royaume, de ferrer ni Mule ni Mulet, pour quiqn© 
Tome III. ,(^q ce 



p^ ..I^ESTCRlE-TIXXNETiDELlQESa 

œ fSfry/fiff peine" dl^ ia'iiès S tàMilsàia:jBfmlk ^lipj>^^ 
Mulets, que ^ép^^CQ^ y^s:}àù»^l^^p9^i:^\S3^SL^f^Vui»dpsmx^^ 
àtes caùfès derU foiblpfTe, en op ^'èlte 8'6ii.tioiiv«-dd^eiiii^e iod^i^oa^ 
porte Êi gaefrtL r--. • .,...•;.'..,,.. , , . , ,. ;■ ,. . _ 

' ,.*.» , ,^ ... |. ^-k-^ , ''1', .i"*'^'' '"* 

! ' { * ' • \ 

; ! .',!! ; .i . . l; . .II. . : 'j ■■■} ■■ ' •■, f.'" - «. ■ . 

LÈs ' E^Ki^ob Tjni iè e^iatun pe# oi?âtpe:& tnattdaê^ la tatlle médto- 
cre, nuds-fiiiie, l^^vif & iin, tas dpntaaileK bien rangéds, la têee. 
belle, & les tniil» aflbz réguliers) & ilsfontaiaii^res ^ dédiaméft. Utf 
portèhtordiiiiairementiairidievenx, &;.(^eftnBietd^;^u*oaleuèvott«b£uv 
ger h pèrttqjié. Uï 1^ pavdigàit aiuc^^ôtés <}è ù t^e , &; les pal&m de^t 
wère l'Oreille: I •' ■ ' . ••-'-'«:• . - ' 3. , . t; 

Leur habit efl un chapeau doublé de tafifetas noir^ unegoniHe, qui'efl^ 
me efii^ 4$ p^^t cbiot^de cartda, couyèrt (te quelque 1^^ étoffé, quia 
leur tient le< cou. droit: &.&rré,, un jufle.-aurCorpB laige à manches ferrées^ 
et toujours de quelque étbffe npioes^.tilçs chaïilies étroites, des bs^ bien ti-*- 
^, èc^ der fouliens d^ua cxàk fbrt délié. . Âjputez à cela qu^ib nemetteno. 
pomt de poudre i leurs cjjeveux, qu'ils portent ordinairement tm^épèeefw- 
froyablemuit longue, un. poignard attaché à la cetntuse, &un<maaced») 
par defliis lout le cefte. Pour ce qui eft.de leurs niœurs &iàt leur manièrd 
de vivre, ils font fort (bbres pour le vin^âspourles viafides. . ( 

Ils bohn^t fort peu de yia: ils mafagent pea, le QE»ntmui & les B6âr- 
geois même ièi coiitentent.' d'un^ plat de laito» , d-olive» , ;' ou- de ra^ 
nets; iSs hi populace fe ré^gale ^irâd una gofiife d'o^on. Les Ëf^f» 
gnols ont ttn proverbe qui. porte que^ l/iiàs msfiàmoii tuan Jàiadb y ra>^ 
vanÙIos foh comda de Cavauérosy ce qui lignifie que des olives^ unefikfi^ 
4e é^ des, ra^fèrtsfmt un mat^ger de Owatiers* Mais 00 leor rq>roch9 
que quand ils font en fête ctiez quelqu'un qui les invite, ils mangeiot'af^ 
excès. .■..-.•• 

iSoit natsrelsj .foie a6^sâatioa,ils ont un griuid air dQ iërieux éb der grati*^ j 
tè, qui impoiè à ceux.qni ne les connoiOent pas; ils fiuit froids, ré^èrv^». 
peu communicatifs^ mais aulfi quand ils ont de Famitié pour quelqu'un, ^ 
qu'ils viennent à bout de quitter leur gravité pour quelque moment, on le», 
^uve fort jolies gens, gai^v animés, enjoués ^ptes d'uÀeagr^ibfe vi-^ 

wcité. ■ ■ "• • . -, 

• . Un Auteur.) que nous avbnsd^cité, fait «n portait: aiToK étendu dès 
Efpaenols dont il parle en ces termes. Les Ëfpa^nols ont des vertus r^ 
geâM)les, &;. des défiiuts condamnables, de même que tous tes-autses-. 
^eui^es; . Ils ont; reiprit fuhlim$ , pénétrant &i. très propre pour les plu#- 
hautes Sciences:^ itaais pas malheur cet dj^it-n'elb pas cultivé. - par untf 
^lle éducation, ce qui &it qu'on n'y voit pa? commimément-tânt de 
S^iiq^ qu^ {"tance, & en quelques Jiutres . f aïs où il y a dô célèbres^ 

t.. ■ 1. :î:-Ecote».; 



i^dkioB dans le goût de la Nadon. Ce goût coniîfle à s'attacher .^^t;iiij9T 

^d«<w»> , ik >k^ . Jwiftrè4qpw« • o&, ^©#.?j«ipç;i Bii^s'oft 4' we ç^^nièw 

'te embraflèr celle des Modernes ) aon plus qwi Té^d de la M^^ilk^:^ 
^P:^j^aBL<^e>s'vfi^fàt,}^^tiS: p?s fuiY*^.,fifFVilemept:l^ti>-4eÇ ;¥Pi?i n| 

èurok ^piret ^ la <}H[j*ï:è;4<;:bi9A'ï*w>fqi>My 4p-$mi'¥4deeinne|«[(Oi^pî^i 

«i^çiS |^<S*S3-tQ«Wç^lj^i4e?^ie^fjiPiW9(o|?^^ ;iÙi;-(iWt pour ise fjiH.f^^ 

.^<Jei^?pP«&6ep.£*MflUe ^.I?fafliaJii(|HP^ .^î»s le^^ïl«iIs.ils.fQ^t rort|)çu.<fe 

progrès ) àcaufè qu ilsnégl"*^"* ''"' '^-^^^^^'-'^ j^a—a^*^ ». jitr — -^ ->...*. 

te . QuejdUîo .trop ff »%i ^mehm^timm ;îf^4^ç^fmm. nmt^Q> dft PJWor- 

fepine & de Médecine) oc de trop aeii^g^jg|«qqe,,p<Hireux ejgi i):^èi;e{4l^ 
Jô^jtii/awijv^-I^f^ijp^HJwqursiîiils^ç,;!^^ Pjiilo/opjjiçsa ni bonà 

^éfdepioss m l^ons; J>0«|tçs5,'tpMce ^]Gpf ^'açiatqfeapt fi?ôp. ^x uns, i|s adop^ 
«îent tQUt.Q8. lfipr»pri)eut»,i.i$fw,r>^giig«a;it.tïQp les autres,, ils istroduifefit 
ijaios 4àir, P^^vwie^^iç^e; dVrrégPÎîfiç^kiqw.î^^ ^outje feu 4e çettf 
ijnagiinaa9i<;yiyefl^.U4Ue^4v«i Y«ç, '^-fw Içi.Mi 4^gé»^ f P M» 

'<;eHe8:4ela( Profit auffl;Ye%-«i fQr^^peJl de>o^jQfîa^prs ^ini euxi g q« 
-ea, ^^cepltç «quelques n'étUtaupurs , qui^kmâs; d'une; ^çquoiCen^^i^Ue, ièiji^ 

lïlpntn!a\K}ir.pïsber^adu/e<50i^<î(9;l'ÀT!Ê,.. .> ,-, -■■ ..;;•.,. î 

^:(f^^o^(»;afibI>S'daW;ief^^e*lÇ8-iISi^j(?ÇJweBl^ ic^ei^lodqur'ilfl 8> 

divnisot |j jffliel^ q^eftion de,l,pgiq^ej|'deMét^h5^«?5 ou de^ThéOr 
ifigj^ Scholaipqiie. lOnfjeut-.^requUlsûerftJwidQnpwtjauïais-iiu'ilsn'a^ 
yfiatdrpomi iikiC dire») épuiféja in^tièiî©. jSî i^ J?ofitiv« avçitips uaçm^p 
<|bai«tj;8i|»oui>«iix, il n'y .a pas de doute qiiVls n'y fiffçfitlesLni^^prpgçè* 
maip prefqué.aftcun.peie piqué de s;y: appliquer, .... r . ^ - 
. : .Pour ce^ ^ JNgàcdé Jes Tlléplogiçfls ^Cor^Mx^ «Btpeut -ditç queil Wflagïi^ 
lèule en à plus produit que le relie delaClupt^i^tj^^sia^ dQ8t\-teQ9#>rer«^ 





célèbres Univeriitéàt Mais en revanche , il nuA demeura d^cord que 
qiiantité de leurs Auteursf ont; excella daos Ij^ Ouvrages de piété» & ont en* 

ïichi. l'Ilgliife d''«ûe infinité de Uvtes.qtti traitent; de te weipirituelléj qp*etow- 
u$ M^atttrf9 .KatiQi»!.rç;â«it ù*K hçnufn.^L'&^mi^n^iml^s^fisi 

Ci> Q.q 2 • Le 



r 



30g DESCRIPTION ET DELICES 

Le nombre des Jiirifconfiiltefîy eft irifini, & Fcm ne (auroit nié^'Ë^sTn^ 
jttftice oue la Jurifprudence nYfôit enfeignée fôfidèremem aufR bien que 1» 
plus Fannée rotitique-. 

Si de Ist <tirpoGtioa qu^ls ont pour les Sciences ^ nous pafTon» à lénrs ao-^ 
très bonnes qualités ) nous trouverons qu% font fins, adroits , âges <) ît^ 
crets, myAémeux.3 patiens dàneles advèrfltës, ardens dïtûs^ leurs entrépd-^' 
ftS) conitansà fespourfuivre^ lents kfë ^ténnihery flâiis iolidesduisleur» 
(délibérations. - 

Ik (ont généreux, magnifiques, libéraux, pfEçietix; charitables, bons 
amis, délicats fiir le point d*honneuf , fihcères dans leurs amitiés, dou&& 
agréables dan? la converfation, graves dans leurs (Sfcours, ennemis de la 
ttédifimce, fobres^ dans le manger, &iî-éleignés'cfel^^ 
eue fi un homme de diftinâion s^nivroit une rois dtos fa vi^^' il fboit per« 
ou de réputation pour le refle defespurs; ce qui fait que parmi les per-^ 
ibnnes qui font au defTus du commun, il'j; a-plus dé honte eh Efpagne 
d^entrer dans un cabaret, qu'il ny^n a^en franee â'entrer dans un lieufu& 
peéL 

' Pour faire concevoir à^non LeéEeur une haut» idée de \!&aT éxaâitudê à; 
tenir ce qu^ls ont promis, je n^ai qu^à le ^rier de^lire attentivement ee qui 
afriva fous le règne dePhÛippe IL^ 

Une Dame de la première qualité,. &; quî mêrîfce^ien que je mette icîfbn 

►m,i aima mieux fiiuver la vieau meurtrier d^un fils uhîque quelle avoit. 



nom 



que de manouep à la parole qu^elle lui avoit donnée. Cette Dame qui étoit 
de PiUullre Maifon oe Moncada, & qui avoit époufè^ufip Seigneur des plus 
^ifHngués de Ja Courj étant feufe dans (on appartement où eWeétoit occu* 
pée à lire, un homme vêtu à la Françoife, &. qui avoit une épée fknglanc# 
% la main, y entra, & la conjura- par tout cef^ ourdie avait d& pkis'per au 
Hiondê de permettre queft maifbn lui fèrvît d'azile, fans c^Uoi il ne pou^ 
Toit éviter de perdre la vie par- la main du bourreau. Je viens malheureufe- 
nient de tuer un homme. Madame, lui dit-ilen peu de mots, & je fias vi> 
cernent pourftrivi par tte^^éris qui fè vôiit faifir oe moi, fî je n'obtiens pas 
de votre can^niBoiï la grâce qi^ je vou9 demande* ^ Entrez en diligence 
ésins un cabinet que cette tapifTerie cache^ lui répondît cette généreufeDa* 
me, & ne craignez pas que je puifle êfré capable d'abufer dé la confiance 
que vous avez eue en moi. Le tems eft trop précieux & la €onjondure«rop 
prefTante pour en pouvoir dire davcantage^t mais la fîiite jufUfiera que rien 
âem'ëil ^us cher quelrfia parole, &S puuque votre vie eflen mon pouvoir^ 
vflfus' la cfevéz croire en aubrance. 

• ;fi tfy avdfi qu'un moment qu'il étoît caché, quand ceux qui le pourflii* 
▼oient entrèrent chez cette Dame^ <>ù ils Ibutenoient qu'un nomme qui a- 
▼ait encore dans la main l'épée dtmt il en venoitde tuer \m autre, s'étoit- 
jctiré ? maie elle qui parut à la fenêtre 5 & qui fit la furprife lorfqu'ils lui ap- 
f iwent ce qulls défiroient, les mena dlê-méme par tous les endroits de la 
luifon^ excepté dans le «abiîaee qui fervoit d'azile au^ Càvàliep^ i&n'ayant 



D^ESPAGNE Et DE PORTUGAL. z^ 

• pas trouvé ce qu% cherchoiént , il& Tui demandèrene pardon de h peine 
outils M avouent donnée & fe retirèrent. A peine tous ces gens étoîent-il» 
fcrns) que Ibn porta le fils de lapame^^ percéd'un coup d'épée qmkû tra- 
vèrfoit le corps^ 

On apprit à cette infortainée Mère q«e celui qu^elle venoit c^aider il 
& cacher^ étoit fbn iqwrtrier ; & je trouve qu'il (eroit mal*akë d!expr£*- 
mer les mouvemens dont elfe fe fentit agitée > quand elle vit que ion 
fils venoit d'être tué par la main d'un homme à qui elle avoit promis çb 
imver la vie. " '• ' - 

Après des combats qnll fait avoir reflentis pour en tnen parler 3 ce qu'eK 
Je jdevoît à ia foi, remporta for. ce qu'elle devoit à la nature 9 & fî-tôt que 
la nuit fut venue ^ elle alla donner la liberté à celui qui lui venoit de ravit 

• le plus cher bbjer de^fà tendrefle ^ & Tunique fruit de ion amour conjugal. 

• Sors d'ici mifërable) lui dic-eUe, liai ouvrant la |>orfie du* cabinet où elte 
ravoît fi offideufement caché, & ne t^expofe pas davantage aux yeux d'il- 
' ne mère de qui tu viens de tuer le iiis. La parole que je &'a^ donnée, & qui 
)ufqu'à préiènt a été inviolable, te dérobe à ma juite vengeanœ , lorfqu'ili 
m'eil aifé de raflbavir: mais quand elle ièra dégagée, & qiie je t'aurai fkic 
conduire en lieu de fureté , me doute pas que je ne fois ailez bonne mère 
pour te pourfuivre en ^elque endroit que tu te retires^ & que je ne lois 
anlfi ferme dans mon reftentiment , que je fuis éxaéle à tenir ma parole. 

Le Françcns, qui étoit un Cadet de la Maiibn de Montlucy voulut faire 
4es excuiès à cette Dame ^& luÉdire que ion iils s'étoit attiré le malheur qui 
\kii étoit arrivé en le provoquant à Ëiire ce qu'il avoitfait: mais loin de le 
vouloir écouter: Sors, te dis- je, interrompit cette Mèredéiblée, & n'a^ 
ln]& paff df^une grâce que ma foibleiTé laifTe trop longtems durer. Les excu^ 
ies du meurtrier d%n fils ne font point d'imprelHon fiir l'àme df une mère, ât 
tu ne peux me fbucenir' qu^il y fok allé de ton honneur , d'attaquer une vie 
qui te de voit être indifférente^ ans m'inftruire qu'il y va du mien à ne feu 
pas laiiier tne qui m'ell odieule. 

.; Ôn> pourrok raj^rter une infinité d^autres^ exempleffqui juflifieroient 
combien les Ëipa^nob font ixaâs dans leurs promdies: mais comme ce 
détail me meneroit trop loin, je reviens à d'autres* qualités qui ne font pas 
jfioins eftimaUes- que celtes dont je* viens de parler. 

On peut dire fans crainte d'outrer la matière^ qu'il n^y s pas dé peuple? 
dont h Roi fbit li tendrement aimé.. Toutes les Hiftoires font foi de cette 
Térité, &Céâren étoit (î pleinement convaincu^ qu'après avoir conquis: 
k sefle de Pfipagne^ il voukit avoir une garde Efpiagnole auprès de "êl per- 
ibnne. Maàs Iquand nous n?aurions pas toute l'Antiquité pour garant de 
:cette: inviolable £d^té, noua n'aurions qu'à jetter les yeux fur la conduise 
qu'ils ont tenue à Regard de Philippe V pour en être perfnadès. Toute la 
Praoce.^ït inihuitequ^après que Chax^: H l'eut déclaré fiiccefleup de fës 
vailes £tats, une foule d'Çfpagnok vinrent à Verfailles pour lui donner des: 
4isarques dekof&profonidareipcâs*:- Qi]els[app]audiâèmens.nç reçut*iJii pas: 



Çio .. J5^SC^I*TIO:N ET 0E»LIC£:6. 

«iôci mhi^ iw-te FrQnlièptô.^ i^Vifi^s.^ lés Oun^aâies furent abandon* 
g^ pmr.lçurs jMbitaas! pour JWer.trQHvftr fur fitti. lolfkgè. Des yi&illai^i 
•«ecabl^ r^Ms te |K>i4^:dç l»y:8,«n^iées.i vretnblokntfsiKDiitfappeUié «toute b. 
vigueur de la' plus'floriflàiKe jeunefle, pour aller du fond -des firovioces. les 
,l>hiâjr64ul^) .oé^Uidris id^^joes de j6ie aux {ûndsdcletir nourean Sou- 
■veiaûi. Le 'COiiciours 4u Peuple .lut fi gr^od ile :ii^ i|ue ne MQnadqpu fie 
^oà 6{i%rée)d9t}9 Madrid> <iHQ ^iDlieurs i)eiJ>AQfi8 iuceat/étanffibe» dans la 
&vriS!» &4'awtre5,eftrGpiée«, ... ^ . . ..! n î^ • :.• ',.•.- 

Comme ■ces démonilrations d^amour pourroieiit'pi^er pouc^q^mqucs 
^03 V^ipri-ti de j^uelqups.pêrfbimes qui ■ne/ejcôntea0efit;^.dâB;fafi{9ar^ces, 

fllloQS à dea pmive9:9ue> j'j^vaoce •d'autaat^plusiiar.^**^!^^ 9ie.)'«n ai . été ie 
témoifioculaire. ..... i ... . 

.:(A |)eiQe4e£.oi eut pris poilèffîea'd^. fà Mofi»chki>.aqKir£nip(vrar^^ 
âeâpeUadans foniparbi prefque tous 4é9;P^nCBts .dé TËdùpe pour le détrô- 
ner. Une ligue formidable & forma contre lui • Ûa portai JosUioiteursxle 
.ila.gHerj« Mu£$ dans le c«ur de iès Eutsl; idsnxlRo^vnies^ vtut Provin- 
ce confidèFable qui eurent le ^oialheur de donner dansJes pk^.que Jeur 

deladominacâon Autriduenne, âc 
r>£tatnç iwtiè impaire à: ilaLivio- 
Jcoce du vaiiiguçur. - ..,!.., .'.■-.. 

L'ArchJHuc y fut proclamé en 1706, j&reçu ûtii^Kx Qn>yiiablifc dés 
rTribwiaùx çn Ion nom» on y battit de la JiioiuiDie à.fen anoviuné groITe 
.«iurmée campa aux pieds de iès murs t)eadai|ulQi!|gtem& Tout ce que la Po- 
;litiqu&la plus rafinée peut inventer ae plus fédumnt, fut mis eh ufàge pour 
corrompre, les Peuples. Les Villes -& .les (^>ampi^es furent inotidées de 
-.Manifeilesi. an pour mieux dire, <ie Libelles ii^iHâeux poi^r décrier la per*- 
Soam du jeune Monarque, & £00. Gouvetaabent; Ooipcd^ les .ua& pxr 
.«leamotifs d'imérêt» & les autres pjâr; Isdcntilite dca.fiipplicss.. Dignitâs 
:£(ScléG3J(liq^9 Viceroyautés » Gônvememêas des Provinces, Ëmpiois 
dans la Magiflrature,tout fut ofi^ert à ceux jqui.isoudroient^iè déclarer poqr 
jCMesIIl^ & totit <9.:que k mifère.Jfe^laLimortvaat'.de-.piusai&i7uxs^ 
{^pof^ iat}x yeux- de ci$hx qui-'nei voudroiont pm: ît cecoançici-s pour Ejcr. 
. Cepçndaiot)) ni la llatt^iiè.âl|)éra»{:e des biens j&;des honmiffs» n'éutiphs 
aifez d'attraits pour lès attirer <àifiba;pai'ti s, ;ni4a t:raiate des (dnsiaiiels fup- 
•pUces aiTézde puil&nce pour les intimida-. Touioinrs fermes & inébranla- 
bles dans ,1a loi qu'ils avoient jurée à leur légitia» iSouvcrain , ils dédaignb- 
.rent g^éreuièmeot tous les avantages. quk)nileur>ûffiroit^ &-nràprifèi£Kt 





tinsiit. de TAficbiduc. , On n& vit iprefquâ »if cune iportis 
.foQ pai&ge« Ênvain fit^n xépandre/dea^ùnioes iconfîdérables pat)-tout qù 
til paiToit pouc mendier qoelquei acdamations JforcâésyperibQiie n'en-vouTik 
'jUMSeti fi ce n^^ quelques âi&ns.de la- lie.dii .peuple. • : 
r .]lfaut.4€f(eadantjcoaYa9r'qiie:lÊLpactiiiqJi(k£hilipH&étoitidaas|m^ 

' ) tat 



. 1 > 



tat d^OMbk : cflê «éteins delà première inva&Mi^. k peine aVoit il Vk^ 
mille nbiiimes *fe Trolipes^lées pour réfilterà. ua déluge d'ennônuflTofc 
le pétt qu'il en AVQtf écoienc & fatiguées par la longue mardie <|n^elîe8'rarent 
obligées de fkite ap^ le maavais fiiccèâ du flè^ deJ^celone» qu!elles é«i 
toient prefque hors d'état de faire la campagne. Ehitems delafèconde^ 
^rifôfine n'ignore qçi^prés là perte de la bataille de Sarrigoffe il eut toutes 
les peines du âlôade pour mlTeffiblec huit mille hommes du débcèrde fem 
àthiée, 

' On (ait eiîedre^^àprès ees deux funelles évènemens, fes Finances étoient^ 
entièrement épuifees: que fon armée délabrée manquoitde vivres & cfe mu*» 
ilitloû^5; & que félon toute» les apparences > il n'avoit d'autre reffource quft 
de fë réfugie)* en France pouc ie mettre à couvert de l'orage qui le m^na^ 
çoit r le bruit même s'en répandit dans tout le Camp, ce qui cau& tant dpr 
douleuRaux troupes, que tous les Officiers &.les Soldats proteilèrent hau-* 
tÊment que ff Sa Majéfté fe/voyoit réduite à cette f«dietfe néœfliÉé,' ils é- 
eiient réfblus de la fuivre par-tout où cÛc iroit*. 

t^hilippe fùe fî feniiblemenD touché de voir- tant d'amour & de iîdéixtér 
dans le cœur de fès Sujets, qu'il tâcha de diffiper leur crainte par une prcH 
teftation authentique de répandre julqu'à la dernière goûte de fon iàng, plu- 
tôt que de les abandonner. Ceâr alFurances réciproques 'd^moor&; de ten-^^ 
drelle firent couler dès larmes de joie des yeux du &)uverain.& des Sujets »« 
& produifîrent de fi bons effets, qu'au^lieu^ qu'auparavant on évitoit fot** 
gneufèmentla rencontre des Êimemis^ on- les alla attaquer quelques joui» 
après. • " ■ • ' ' ' 

/Cette intrépidité à^^laqtlelte ils ne «r&ttèi«loienfr^,les déconcerta fî forty. 
que voyant Pefpérance de pouvoir corrompre la fadélité des Ë^xignols en*^ 
tièrement évanouie, ils furent contraints cte le retirer vers les frontières 
du Royaume de Valence, où l^néeiuivante ils furent entièrement dé&it» 
dans la célèbre bataille d'Almanïa. . - - 

Leur fuite précipitée dâ Madrid ayant facilité au Roi le moyei^ d'y reiH^ 
trer, il y fut reçu en triomphe au milieu des^ acclamations des Peuples >quii 
pendaiit plufîeurs jours firent retentir les airs de miUe crisid'4dlégrefle> bé^* * 
nifl^nt le Seigneur de tes avdir remis fous la domination de leur l^itimer 
Souverain. Ils proteftèrent qu'ils étoient prêts à fecrifrer leurs biens & leiu^- 
vies pour la détenie de fa-peribnne facrée & d0 & couronne ; & pafTanrdes: 
proteflations aux dïèts, depuis' ce tems-lk, ils ont fknalé leur zèle par xbsp 
Gôns gratuits conGdérables 'd'argent> &. par dea fecours extraarmnaireaf 
d'hommes , de chevaux , de munitions Se oe vivres , tellement que la lecons^ 
de tentative fur Madrid ne réuflît pas mieux à l'Ardiiduc que la première. 

Maïs ce qui doit fervir de monument, étemel à la gloire de cette noble- 
Nation.^ c^eft d'avoir vu deux illuftres Evêquesy fuivisdet<Mitlei»Cler^ 
à la tête d^iièarinéedoAt ils payoienti^ piitây, inr'CnidikàLune main; 
& une épée^*rabtre> livrant des "eombats^ .piena«t*d€B Villes, Aforçanc; 
]ga£^eDiitl'iiifflemi'à.cèder.aU&\^^^ ^âtf lukfhottof^ntf. d'ïEiotreé qm oncr 

aHaOf- 






31$ DESCRIPTION ET DELICES 

sd^andonné des revenus immenfes pour ne pas vouloir prpter ferment de fi- 
délité à rArciiiduc;d^autres enfin qui au milieu de ùl Cour & fous Tes yeuK 
ont lancé lés foudres de rJEgliiè contre ceux qui le f econnoiffoient pour 
Roi, & contre les Prêtres & Jes Moines qui donnoient Pabiblution à ceux 
qui fiiivoient Gm parti. 

Rien nieft plus digne d'être tnmfmis à la Poftérité la plus reculée, ^«c la 
oonftante fidélité d'un Arragonnois, œû aima mieux perdre la vie par h 
main d'un Bourreau, que de violer la toi qu'il avoit jurée à Philippe V, & 
&s enfans ne méritent-ils pas des louanges éternelles >de n'avoir demandé à 
ce Monarque pour toute récompenfe , que la permiffion d'avoir des Armes^ 
&; de mettre icans leur Ecuflion une Fleur de Lis , & un homme attadié à 
une potence^ pour marquer à toute ia terre que la mort la plus i^nomi- 
fiieufe n'a rien quexl'honorable quand on l'endure pour la détenie de fon 
Roi. 

Philippe ne doit-il pas le «couvrement de la Ville nie Oueiîça à la géné- 
rofké d'un de les habitans, qui mit le feu à une maifon qu'il ne faifoit qu'a- 
chever de bàtir^ & qui lui avoit conté beaucoup d'argent, dans laquelle les 
ennemis avoient toutes 4eurs inunitions de bouche & de ^ecre. 

- Les E^gJiols font naturellement fort dévots,, & li on remarque qu'As 
donnent un peu. trop odans les apparences extérieures de la dévotion, on en 
doit attribuer la faute À leurs Piutews^ qui ne s'appliquent pas allez à leur 
expliquer en quoiconitfte la véritable piété; ou bien aux Moines^ ^i par 
vne politique aulTi intérefTée oue condamnable y les entretiennent dans ce 
culte apparent parle moyen de leurs Confrairies, dont les Moines fe fer- 
vent utilement pour étaolir un riche patrimoine fur le débris de la vérita- 
ble dévotion. 

Ils profeflent tous la ReKg;iQn C!atiholiqtte, Apoilolîque Se Romaine^ & 
ne ibufirent parmi eux ni Juifs, ni Hérétiques, ni Schifmatiques. On ne 
les fauroit trop louer de ne pas prêter l'oreille aux <lifcours iédoilàns des 
Novateurs par rapport aux funeftes effets quiont é^ouvés ceux «qui par une 
indifcrète curîoiké les ont écoutés trop légèrement , &; qui en voulant le 
frayer une route noavtfie pour parvenir à la plus haute perfeélion, fe font 
précipités idans le icomble de l'abomination : mais d'un autre côté il arrive 
Îbuvent/Que pour ne pas iSparer l'yvraie d'avec le bon grain, ils s'en tien- 
nent k oe 'Certains préjugés qui entretiennent les Peuples^ & même les 
gens de Lettres dans l'ignorance des plus importantes matières qui peuvent 
conduire à ja perfeâion Chrétienne; ce qui n'arriveroit pas iî une judicieux 
fe Critique -en fait de Dodtrine étoit pecmife. 

Leur dévotion ?pour la Sainte Vierge va iî loin , que dans l'excès de leur 
ïèle ils ne prennent pas garde que par une pieufe ijrâorance, bien fou vent 
ils rendent à la Mère un icuke qui n^eA dû qu'au Fus. Us ont une fi pro- 
fonde vénération pour le JSaint Siège^que pour n'avoir pas la «oindre con*. 
teftation avec le Pape , ils en paifent par tout ce qu'il vout^ & reçoivent. 
taout ce qui vient de ik part avec une foumii&on véritablem^t filiale: Cha- 

- , . pe- 



^ ES3P'A^GINEl mn: IXE: œrOiR T10 C ÀL. à^rj 

66 qw part 'aé la main du Souverain Pontiie eu :&cfé pour eux , & malheiib 
Si celui quLdbR)it avancer la iHoindre choie xontre fbn infaillibilité: s^il é^ 
twt déboncéo' i| pourroit. compter d'être mis dans ks cachots de Tlnqu^** 
tion, &tfy*êtrecondainoèxoiùme]iUï hérétique^ î. 

• îls-orft beaiïCopp de jrëfpeélcponr les Prêtres &:pour les Religieux, avec 
cette d^érence y que dans Iça kmneucs qu'iis.rendejitjaux: uns & aux autres^ 
ils fembtent ihppofer xjue la Saïntëtâ ne i^flde que dans lapeçfonne.des pr6i 
miers 9 & qu^elle s^étend jûfques fur les habits des Religieux > d'autant qu'ils 
ne 'batfent que sk main de ceux-là > & qu'ils baifent la manche de ceux-ci^ 
à.laqœlle ils^croyent bonnement qu'il y ait de grandes Indulgences attap* 
chées.'- . ' . 1" ^' '1 ( . • • ' r /i ^ ]' ' i ,; '...', 

' Leur refpcd pour îles femme» n'^eik pas momxice qub celui qu'ils tant pour 
les Prêtres' & pôuh lesr Re%ieux. Oinr peut dire que: ce font de véritables I* 
doles auxquelles ils prodiguent deur encens. Quelques raifons qu'ils ayent 
•de fe plaindre d'elles^ il ne leur eft jamais permis de leur rien dire de 
choquant: c&ik qoî iè piquentf de iàyoir hïçik leur monde i, mettent] un 
genou en terre en lesaDcid^nt, leur baifent la main, :& ne fe relèvent 
qu'après en avoir été bien priés: leur déférènœ . poui( celles qui font eat4 
ceintes eft û grande > que quand; elles voyétit^un bijou &i qu'elles matr 
qûent en avoir envie > ils font dans l'obligation de le leur donner > & par 
màlheor pour eujs> elles. font exuêjnemenr MbeptibJes de ces fortes. dlen^ 

- ^ <3ette attention va^£ Joiixque fousie rôgpe kk Philippe ili^ (an ifaômme qui 
(avoitien Tadn^iniûration de fe9Finânce&', fut aceufè diatoindiverti des fooif- 
mes immenfès du Tréfor Royal ,& -conduit en prifôn â!oii il nè> devoit forthr 
<que pour aller - à- la potence. Son /procès étoit inlbuit ^ ' ^ on n'attendoit 
2]ueie moment que les Juges prononçalTeot Ja^Seoteoce de mort. Pour le 
•tirer de ce mauvais pas ^ la femme jrit le;parti de s^er jètter aux pieds du 
Roi & de lui dire qu'elle étoit grol&>/iâ quPelle'avoit u|ie& grande envie de 
voir fon mari hors de prifon, qu'elle avorteroit infailliblement ii ba Majefté 
ttt?avoit:TOs: la fconté de l'en J&ire fortiB. o ; '. . ; i ^ _ ^ 

Le ^Roi m)uva quelque chofè de fort fiqp;ulîer dans f envie de cette fem- 
me >^^ & ^ eut fuivi les mouvemens de £i bontés il lui anroit accordé ce 
.<]Q'elle demandoit; mais comme l'affisure dont il s'agiifoit étoit de la derniè- 
.re conféquence, il ne voulult i;ien détentxiner&nfia^sûir pris l'avis de fon 
ConfoiL II fut donc mis en délibération ii le Roi^devcûi avoir égard à la 
demande de cette femme ^ &; toutes les voix fe réunirent pour conclure qu^il 
-étoit incomparablement plus, glorieux à uxi'graiid Roi oui faifodt profefllon 
-de la Religion Chrétienne de donner la vie a un coupable qui avoit^érité 
Ja mort) que de donner la mort à un innocent qui n'avoit pas encore )ouï 
t]es avaiiitages de la. vie, deforte que.kprifonnier fut mis en liberté, abfous 
de fon crime, & remis en pefleUlon du bien qu'il avoit volé au Roi^ dont 
4Sa Majefté lui fit dott . • .. 

Tome IlL Rr Un 



r Un deaplw gnaâ$4c:kx^'àé£wts (^c^ dla.'^oir tix^.boiuifiiopcttibik 
d'eux-mêmes, &txo|).dçiliépriapour.lQ?îWtre8Nîi6ioxis.. O^joegùilàift 
qu'ils s'imaginenc que pour: êti£quelque.x:hofe. de gaoaày. il Jaut.^t^s iié.j^ 
p2^nol;.d^iQite..qus dga-fqiL'ils traitent avec. ^Ique £txai^er , ik aâsJéisat 
un certain air de fupé.riorité,qiÙYi)iiiqu'àJ?a*TÔg3n^ ..-/'.^Jj ^f t 

- . Lea. autres peuple» )de, l'Europe tlâcHent i^ cecofier ce qu'ilj.ysd de<dâ&c«- 
lueux dans.lem:^ .coul;ua]$iSi&: dans. leur mœtira> enfadpptant jcequ'il y.^jdo 
bon dans celles de& audres Nations 9 dèlà-vientiqueles Fateas ooé-foioidë 
Ëiir& voyager leurs en&ns,afin que par une étpdè fèrieufè des Maximes des 
Ètrai^ers, ils fè dépouillent des préjugés trop, avantageux de ieur f*aïs? 
mais .les.£fpagnpls çcoisç^ent Se. d^;rader s!ils denoij^nr cette' oànduitqK efi 
<^ayes de leurs u&ges, ils ibnt les premiers à en faire rélpgej.&toujours^ptçb. 
à. condamner ceux, def autres, lîatipns. . Commâ ijs.'iilont pas accoutumé. 



de voyager, ils igooi^iiK fiJfortIesbôautés.'dçalattresLSaïsj qu-il$:&per4 
iiKK^ni: ^uflement. qu'excepté t^ Champs Ëiifejrjten.ii^ap^rpclis. de VE& 



• ♦ ' » • » j-j 








fè' voit dan& les Ëgliiès^ x^ là que & dcmnçQtJp pju&ioureiit le» œadês^ 
vousy Q'eft-Jà iqu^oii ib.|>ade! dçs yeuxy &; que Içs Csvsdttrs.pcéfenicent-les^ 
lioi9mages^deieur^€ikuràxi?a^ . Oa. 

fuit de loin à loin laperfonne que l'on, couche Oîvjoue^ on remarque fonlc^- 
^s y,: on liii doQné àçs&àëraàos^'^ bonhss oajipécMhtes.^ ^oix M |mdc à Jtra-- 
vers le&mllçB.dês fehet^eay quand an le peut; &.loci^èlavpartiè.€ibliée[V 
DH cherdie de. prt & d'autre à tromper la vi^l^ceideâ jaloux:> k:qàoiiia 
femmes ont un^talént mièrveilleuK^. . Maïs m^ulheuràceUxlqmibntiiinv^ 
la .mort kur eil .ailiuréa> &U fautqu'ik tuptljei^rhomiiK^iDuqa'^ 
tués: car ce q'6fl;,pa&iëulemeat:unl]ii9ri qui tuera }^ 
me) maié un nère:, un âèrbjh^ferac point xlifficulté d'attàûtoÈcTiïkiiaiâ:: 
d'une fille ou ifunfi Jœuit: ; 1 :i- : /: . ;- . *..- . j ..,::'.::;.!? li-. 

Les £fpagnols ont beaucouf) d'honneuc £$; de fierté , IVmf^b dire môme : 
-que c'eil là Jeùrmarottb,. maiç ikJnivèbu!>Qt pokiti.quaifd.il s'a^t dç /e \bn- 
•er 5^ de quelque mariièj e qu'on Jes ait offenîès. Ils ne font point difl&uké 
[e prendre ua homme à leur avanta^> & de rafTaÛlnery ou s'ils n^oâtpf8 
ile courage dp ^rejeiix*4nênse8l16cé^io^ ibicrouv«it!dQs:affiiir|n8à^gx^ 
. qui leur uvrent un hdmmd mort dàixs uà cerfiain tsm$^ mbyennâlnt lihe {jQUJh 
lîîne d'argent^." . ': "l'/i. *:\:'..r .,[' .v. i ^j ^ r -, 'L*»: -' ••i):iî*'..b 

i- Ce foçt d\i^din^rede6.bKœ^^dir&oyaui^ Ijsffpdos dètêi>- 

: minés fcélérats qu^il yaitibus Ixvoùtedçs-iCiétt».-' Ils xjorteatideî petite 




Loriqu'un honuiiç.furprend fa femm^ en adpltè»^i^t^eot la tuer^vëc. 



éui lajipoitec liés çomê&i lîlikfTdu^ pQUjrjeQ tkerqiidqueproi^it) iorfqu'oijb 
^ientà le découvrir, x>iLk5Êd£k}kiij&'&€eiB2i^ m Jesnneticliaduâ^à che^ 
t^hôii fik fin AAe'^icni hûcBZtSLcbh à4a têto une belle graade paire^e cor-^ 
ae3i>f}a3féc:rdj8SL foanetes^ieii cet état>Qa1%xpofè en mojftre au peuple; la 




pôûl*. ^s;iMtJ]spn)iièip$i>i Jà rcwfu^^ foit!gnuidQ ^•Ë^agÀe . de ce ca*^ 

' Dami idus fes Païs du "Mdnde^ la ^doùfie eft ime pWH6hx;oiidafnnable y 
^oTfeofte ceux quiTk.'ferit&it à des exi^ '^ui bnt desTuiteà^fâcheufes', &!qui. 
tM^le bibfi ifeiprent h Tér^hé Jdlleiirscpuraî '^ Mais ènj£ipsagne ce n'db 

pas^miie 'psUTionv "C^èfi: iinè fitoeurrqiii'n'^a imbomeR,: m modéradon. . v Les* 
xrimes les plus énormes tfont rien d'em^iant pour un* jaloux, qui a réfblii 
Mdfi^|e:Ivso^ér^doiltDe ^|miq^ jjfleK^fje: ii^lxampû^rpourrienJà ylede 

€oSk procmîn , Sk^c nelàQ de fon aihi , ide foii' parent , & même de ia pro^ 

3ire femitia / ' -' .-,.,..... ^. ,. 

- Quelques ; cxemples.proïi v.arorit jcette^véïiît^:. Le Mafroùis de iSoIéra étanb 
Vkerdi de !Kav»rre<, ^ ikifoà} un pi^iM d'adidëttie aan^ fon Palais txkft 
tesGeiitilhommesiide Pampelilne.^j rm cbacmi atroitf la'>iibefté:de jouera 
vu de pafFer agréablement le t^ras dans les charmes d\me honnête conveh 
êlûàà: .':î'- •?■:::.;■' ^ ■.'•.:'.'* i !'--.,' iii^l;- • ' S- :..; 

- ' La VicenReiiie isiYkqît toutesHes Dames^dék Ville à. en faite au tant daiiè 
fen :appaftemei]lt. Jeii|e i^& PEcuier du iViceroLicohçut qfuelqiie fëntiment 
^etenmfiè^DOur.tEàe. jeune iped étoit paâkbîementi bien faite, r& 
4]uitàvbiclla:Tépbtation!dlavoà beaucoup de ivectu^ iMais éniin le Mari con» 
^t^ iinci il ifortel jaloufîe coittre lut >i :^f ùniibir que Ja Vicô-Reine ordonna à 
FËcùîer d'allerjsaxoffipags^ Ûable taisez: ieUé, h yàlôux les iuivit pa^ 
À'-^pas, :^.à peine'furetit-ik entr^s^dan^ là Maxfoà„ qu'ail les étendit tous 
les dqux fur iç carreau, âc.ïe iauvati mais il iiie porta pas loin rimpiuu»- 
té de fon crime; car ayant nété pris pajnmiiineb'oupe^ie voleurs, ds 
grands -cjieiniias', h ïut livj-é eiitre liœinakis du Bourrêau3> & mis, en quatre 
^lartier^^ '' '-i.. * ^' \ ^.••.' '• ji".- ^j i- * -.-^ '>■ . i iwl "' . i .' /> 

- Ce qtH>J[è.pairaàMadridéni7o7 

Te. UnMaitre d'Ecole ayant cru lavbiri entrevu- quelque thirfè dans Ja con?- 
dttite de fon Lpouiè, qui fembloijt: lui annoncer x]udque phésiomène oui dé* 
liotoit .ie!icocuâg;e, ^ jeva âtoidemènt un beau ttaàaQ:>ia:{x>igiiardk d^ Ib 
iit , defcendit Tefcalier , ferma la porte de la Maifon , £i «Tallà réfbgier 
idins :1& ?Couvent tjes €oirdçlier6,poi^' îKné fbtopaà plutôt' ârcrré*, qu'il dit 
"sm.G^dien: IMdn.Père^ Jrôiyilad0fdem^maikmi;'iËava^ez-y!i^^^ 
^ns ddivps^ Religieux pour l^rer ks bbfèqUea de i^a fèmineque je viens de 

poignarder.' ' ^^^ r " 'r ^ > 

t Content d'avoir fait un fi > bel cKplok , il rcroyoit} être tvk tdùte fureté par^ 

mi ces Moines^ ^ Maas ràffîufe:élân( paryeoue ^œtoreâka'du Rqî:^ Ssl Mx- 

' * Rr 4 jefté 



V \ 



îKÎ DESCPvIPTIÔN ET DELICES. 

jiefté ordonna au?on Tarrachàt d\m liea qiii h^étoit pas fait pour être! Facile: 
des icélérats: n bien qu^ayant été pris fous FAutel çiême> ilfac conckiit eor 
priion-^ d'oùil;ne foitit<)ue^povraUèrklapotencb. . 

Ge qui eil armé au commencement de Tannée 17169 n^a guère lâen d& 
moins affireux* Vu Page du Duc de Véragaas.s'étantamouraGhé:id!un& 
Suivante de btDutheiIe> & ayant zvpris que cette fille étQippromUëeamari 
liage à un Avocat > dil&niQla lés fentimens que Ô )alou[fe juiiafpira^ & rér- 
folut de. baigner " '' ^ ' '* ' " " ' ''" . - «r..^ 

qu'il devînt le po ^ ^ . 

fc. Pour cet effet il fe munit d'un poignard , & le fdîr que le mariage 
fe devoit accomplir, il. attendit TAvocat dans PAnti-Chamjbce de la Dur 
cheiTe^ il lui en doncaideuxcoupsfi. bien appliqués^ qu'Sâ lui fit trou-i 
ver la mort dananne.. cérén^bnie qui n'a^ été inftituée que pou;: donoert 

Un Gentilhomme François appelle Sànto Domingo^ .étant* allé en/f^fh^ 
gne fous le règne de Charles U y pouc s^ &ire connoître dé fes Parens , (cart 
ton grand-Père étoit Elpamol ) , y fut reçu avec de grandes démonilrationsf 
de joie & d'amitié. Lé Marquislde Gafira-monte te,fit honneur de le pro- 
iiuice à4a Cour i où ilne fiiti pas longtçms fans s'ippercevoir que ià bonne 
Tgûnt avoit fait de* fortes impcdOicms iiir. le cœur, d'ime CamarifisLde iaî 
Reine». î -.' • • . d. :' . . \..\\ \ . \'\. ■ }A .. , . r. ^•.. "-. 

Content de fa Bonne fortune, iltâchoit de la ménager le mieux qu'il hift 
étoit polîible. Mais comme la condition de celles qui ont Phonneur de fer* 
Tir la. Reine 3 a plutôt Tair d'un éclatant efclavage, que , de toute autre cIkH 
ie^ ' il* ne faut pas a'étoiinei; iî notre CaTalier trou voit-de grandes difficultés 
à vaii)cre pour. faire connoîtrcàfa MaîtrefTe les fèntiménsidq teQdœ(reqii'iîl> 
àvoit pour elle. On n'a là ni confid^t, ni médiateuti^ &;la J&Ulà reiTouro^ 
des Amans, c'eft:de paflér.à.leursMaîiireires:ATec;leG| do^ts/. . F^ nuiUieutl 
pour Santo Domingo j^il ne âvoit pas la prémîèiè-iettre de ce langage muet>. 
& il lui auroic: été plus^ aiiè de faira une démonftratioa d'Algèltfe > qu'une 
déclaration cËamour dana «e^ jargon ray/Uque.- . : 1 : : ; ! ) . 
: . Cette contiaii\te. le dé&fpéroit». maiis enfin >> Je .Ciel & ^lara pour lui^ 
en infpirant au Roi & à la Reine d'aller demeurer quelque tems à Aranjuez^ 
«Car comme daiîs z^^ pantie's de Cam^a^e;;les Suivan£ps deJta Rêiiie nefont 

Î>as fi étroitement obfervées qu'à.Madnd > notre Amant palFionné eut plg^^ 
ieuFs occalions de s'entre^nir avec celle pour:QUi fon cœur foupiroit; idér 
forte qa'il QrpyDit QixeL.au combleideion booneuc» lo(iqu!un jalau^^Ylot 
troubler la-fêté/ç :'^' :j ;' ;L» .:..- [ j;. ' •- . ....';.. .... 

J.j Cétoijt nn; Officier} de^ jchéi kiR6i^oquâ;dê}iun.bnetema miigu^^ 
-ÊLveûrs dç ia belle C;imariik ^r- mais bii) eil ahroit été rebuté depuis d'op^wb- 
'.tionidu Erançôis.. Ne pwiyant^pksldij;érer. ilnetejle prcfécenœi ^iliéfolwt 
de faire acheter bien chèrement une fi belle conquête à fon rivale ^ r * \ 
-i PôuTï cet; effet,, un jour qu'il ïillQitprpméndriTesamourêufes>â\Kries dans 

-QPë. de çe&fupsdies j^lJée&ir^âxaiijuez ^ri'iijpagiïoi kfutisborderji^^^ 



D^ESPAGNE E:T DE PORTUGAL V %ii^ 



eentenanœ grave & iière v & lui demanda d?iin'ton impérieiuc ponoqpioi il; 

éBoit fiaffidu auprès de la Camariftc. .^ i . , ,« 

- ^SaâtoDoraingO'âé croyant pas être obligé, de i^ acf 

tions à un homme qu^ilne cenaoiiToit pas> & qui n?avoi( aucun droit de 
Ivà faire une iëmblable queftion^ lui répondit d'une nianière à lui faire conr 
noître que ces airs impérieux n^étoient pas faits àfonufage^ qu'il lui ism 
dôicfèsafîiduités parce qu'il ne connoiflbit perfonne au. monde qui en .fut 
il di^e. quielle. ' Maisf^vezTiroiis^ lùiditsirro^nunentrÇ^ queji^ 

foupire pbnr elle^ ^ que je vous défâi:us fi)U& peine dé la vie, ae lui pariée àk? 
avantage; 

Santo Domingo, lans s'étonner, lui répliqua, pour ce qui edde vOs 
Ibupirs, c'eltdcquoi )e m'èmbaraflb fort peu.- A* l'égard de votre dëfenfe, 
ibuvene2^vou3 qu'elle n'eft pas de miie< chez moi: & quajcbt à votre mena:^ 
ce, je vous avertis que fcje ne meurs que dès coups que vouaipc porterai 
îc -coins gcand rifqiie de ifaourir de vieilleilê. Ceft, be que no«3 alloriff vpu-, 
dit le jaloux Efpagnol , & fan3 perdre un inftant, il met l'cpéfe à la main.,. 
' CeBe de Santo Domingo ne tint pas longtems au founeauy & bien Jul 
ea prit^ car fbn adverf^iœ lui allongea une eftpcade qui Ini aunoictraveri^ 
le corps, s'il n'eût preftement, détourné le coup. Le combat dura long;^ 
tems., ;mais à la fin, Santo Domingo prit il bien les avanta^a de ion .co^ 
té, t^ d'une, flanconn^de qu'il donna à. fon Enaeciii, il lui lit mor^e, 1^ 
pouflièie;. ; ' 

Les femmes étant renfermées pHis éboitemént que c^s Religteufes, chcrrr 
chènt kk dédommager, & les maris de hnt côté ne font pas plus fages., Ih 
y en à plufîèurs qui, oittré leurs femmes, entîDetiennent ces Concubinôs k 
pot &àièu, comipe on^ parle,, leaunes par mois, (on. les appelle Améfa=^ 
das), les autres pour toujours, eu nourii longtems quelle cœur leut «a 
dît j/ celles-ci fe nomment Airiahcébadasi ) I ,, 

Les jeunes.gens, qui entrent- dans le monde, commencent par -là leun 
galanterie/ & ces diefordres criminels (ont caufë d'une certaine malig;ne.in7- 
fiuence, qui eft génénilement répandue parmi les E^^agnob, &Iîmv6té& 
lée,. qu'on. dit qu'ils l'apportent au Mondo.-dès le wntrc de leur mère. ., 

Ils font aufli caufe que l'Efpagne n'eft pas aufll peuplée qu'elle le ferpit^p 
fi les peuplçs étoient plus, continéns. : Il ell étonnaint qu?an Païs fi richç^ h. 
fertile, & pofé fous un Ciel fi pur & fi fain, foit fi dépeuplé; Si onTecher?, 
etki dîoù ce mal vient ,. on en découvrira trois ou quatre fourcesi. 

La première eft celle que je viens d'indiquer; la grande licence, qui rès^ 
gne à. cet égard eri Elpagné,. fait 'qu'il y en a plufieurs qwi he^fe marient 
point,: préférant des^ piaifîrs criminels à un honnâte:& légitime Jiiariage^ 
Cȱte hc^ice engage uni infinité dé: elles,, mal élevées âc.fai^s principe d& 
9£Ttu,. à yéndEeJeisr.pudicité au premier ofirant; i^:: iceux- qui (()nt mariés,. 
portanHéiirSfcareffes à. d'autre» qu'k^leiios femmes, ne travaiilejat p|Lsà;remjr 
^lir Jeur: famille de bons enfaflSj^ &, PEtat 4o bons Citoyens^ . . 

1 ^ji — ^ j>. çjyj^ e&.lJiafecciLdité idssXeiwPîei E^sitoles,,.qui ,comtne: 



^n$ •..laXiS.CRIPTIQN lET i>z.Lrcî:.'S 



ièllis^poinnencâat dTà^ fdFe^^çstefl&as:^. citent aufii 4e 

ibonne heure > étant rare d'en voir qui^hayciïtaw^effUsdefàgeîdQîtrette 
«aa;8;:^^c9tiea^aiiûri qu^jir^fir^ voir;<]a]33[Ie8>&imlle^;pki6(d^ à 
:ouatre bnikos ^ nés id- une féùlc femme. Ce défaut ^u t venir dç. k.^haieur 
«de l^ak 9 <fxi fait que lesienimes fent4S[ibin$ féconds, (Sosies Pus diaUâSf 

>:^La traîfîèiue^iifbquô J6i:he0che^ ;efi: ladécoufferte des JiMlefe OrîéntiJiès 
& OîcideûNes^ qui>a eiag'agé.une infinké^^E^^ 
tùn$ âtas^ti^^^d^k ékàj^^^ qui ^ voiit^ ^^ tooMbià^j^^ 

chemin :> les uns fe marient dans ie Païs même où ils è)nt arrivés^ &; axnli^ 
ti'en revient pas le quart «n .ETpagnel '• ,. 

/ Cette îrbifièÂe caufe de la^lépopùlation de FEi^giœ^ reft^très bien dé^ 
taillée éa^ m& dan^ un ibeau: jour jpx xm Auteur moderûe^ dont «xûtQ$i lei 
|>ardôsibiïtprefque autant -derfenten^ Voici feà papoiès.. 
r '^^ Uelfet oardinaire des Colomesieft dWoiblir.les Païs^ .d'oùiot^ kSiCirei 
^, fa»spbiipler;cêUxoùonles'envc^ ^ :: • L 

" i^/ ilfaut que les hommes Teftent où ils font; Il y*a des* maladies qui vien- 
^ ine&t^de ce qtf on change ^n bon air contre 4m mauvais; d'auttes qui viem 
:ii »^t préàifétttefirt'de ce jqu'o^ change. ; . . \ '. ,. i. j ; 

• ^iy Qband «lï Païs eft défert , îc^eft bo préjugé de quelque ^ice.ipartipiifei; 
^<àarii<lansAùtQ èa (CUmat:ainfî quand i^n^âte^^^siiommQesd'bn Ciel haiire^ 
^ pour les envoya dans lui tel Païs 9 on fait précifément ie contraké^eiKf 

^y'qu?oïi fe-propoie^ -^- ..>>.-..•' , , n. . .■ \, . . .» . i -. 

.'. y^ Les Romai|i&&voientx^la par expérieocec ils rélegnoieiat tous lés 
^ Qdmitteîfc éfl Saftlaigne^ & ils y i&ifaielit:pafrei! les Juifs ; il fallut &<x>n* 
^ ^ibler de letH^ pèrtev çho^ quale m^ris ^i^iis-avoient pourceamiférabksy 

^ ^ete'doit ^trôs racilp. • ' \ ' - ' • i '^ »• '• :['- > 

55 Le grand Cha-Abas voulant ôteraux Tores lo HDOffen (fentretenipiib 

^igrcdTes Artoées fur les frontières ^ tranfporta prefqiie tous les Arméniens 

^y hors de leur Païs^ Se envoya plus de vingt mille fam^illes dans la Provins. 

^y 4ce de Cuilon y . qui périrehtjîrefgue toutes etti très peu ide ienbs. ,...'* 
y^ Touis iei tranfports de Peuples-, faits kOonflantiaopiei nlont jaqaaia 

^y-Ce iiombre prodigieux de Nè^es:ç dontncwsiâvcias parlé,- n'a. poinï 
yy rempli rAhîérique- . ' ; . .: . , 

y^ Depuis ta ddlrudtion des Juifs ibus Adrien y la P^efdnc eft fims Hà» 
^9 bitans. ' . ' - : . : » j.-.v xi. 

: 35 ili f«rt donc avouer^ fjue- les grandes 4^^ prefoneitrépa* 

y^ râbles 9 parce qu^m-Peuple qui manque à im certain iioi&t,..r 
fy même- état ; ^^^ ii par hazard il fe ritabtic y il faut jdes fiècka pour . (x^ 

: yy Que fî dans lin état de défaillance <> la. moindre des .cû-canftances 
yy dont nous avons pwlé, vient à concourir^ non feulement il nisfe ré» 
9) pare pas , mais il dépérit tous les ^ours y & tend à (oà> anéai&tiâemen^ 



£)?E s V^C N E . E T D Ei B O.H^HQA L: 335^ 
^ primîtf jmr: bteh Mn que ce vuide^^ferm^e^ Uêsvkni^^ 

r >^ ^Depuis ia àèvaftia^ é&^PAméri^^ l0sEs?AGV^OLi»qmompris /^ 
^ place de Jes> anciens HahitanSj n^ontj^IarepeuplerrmiimffvireypaK^ 
i^fhmHfè. fut'j^fet^okPfOiiaxd» mfMur une iuJHce Divine V ies Deftmkurs 
y^ Je défruî/ha eux^màhes^)^pcûnj^ ^ n ; ^. 

' ' 55 Leîs 'Princes ne doivent donc jioiftt fongerà peuplepdegrandsffà&par 
^^ des Colonies: je ne dis pas qu^èlles(ne réitflîffeilt ^elqnefois : ilya^d^. 
•^ Climats fi ieureux y qqe TEfpèce'sY multiplie toujours; témoin ces Jlles. 
)5 ijiii onè été peuplées par des malades que quelques Vaifleaux y avoiént: 
55 ' abandpnnélî 5 & qui y récou vroient auln-tôt la f^ î > 

•; 5ji Mai&Gubnd ces Colonies' réulfîrôiênt:jaù4iéud'augrt^ 
î^- elles ne ^tbroiént que' la partager,, à moins qû^êlIes n'eiifTènt très peu d'à- 
V> tendue , comme font celles i, que Von env'ôye pour otcuper quelque Plocje 
-5y pour le Commerce.' 

5, Les Carthaginois avoient comme les Efpagnols découvert pAinérique, 
^59 ou au moins dé grandes liks, dans lefquelles- ils faifoiént un Commerce 
» prodigieux; mais quand ils virent Je ftombi-e de leurs Habitans dirai- 
^r iiuer, • cette fage République défendit^ iès &]jets ce Cc^nmerce &cet<» 
35 Navigatiom . . . ;• ,. ; •; 

fs^i fàudrvif faff^ repajjep tous I^s Indiens^ ^tous les Métifs enEJpagne:: il 
S^ fdudtûif rmêf-eàcent Mmarcbitt t&us^fes Feupks dlfperfés; '^^î/ila tnoi-^ 
'i tiéfeukfhe^t dé cèignàtiâfS^lûmes^i'fe :«wy?r©o/^y'/E».PA oif*® devien- 
';^ droit Ja tuijfhnce derEurape'Ui'plus tedmahU. 1 -; - ; ' | - :^ ; 

^ 55 Oïl peut coiApafer leé Empire»' 'à îïri Arbre v dont' les l^teiicKes trop- 
y^ étendues ôtent'tputle fuc dii trohi,' &:ne fttvent qu'à fekç de Tom- 
■^ bragé». • ■ ♦ - « .• : '•••■••... i^. • • 't / ».• j 

,5 %iénM^èidr^eoMge»lH?rt^ 
y^ ^ue Pexemple des? OKTu G A LS ^ des l^sp A G^pLS. . .i 

^ 5, Ces deux Nations ayàM concis àwc^ UM^ràpiditMHcokc&oûb^dei 
% mes immenfes^ plus étonnés de leurs ^iâoires , queles f^pks maincusiiéietir 
^5, défaite ^ Jongèrent aux Moyens de les conjer^uer: ils prirent cbaam pouF Gg^ 
yy îa une voie di0f^enter - - ♦ *- ^ -^ --* *-• '— — - -^ r 
* 55 Ztfi Espagnols de/èjpérans ^^ retenir les Nations vaincues dans la- 
-^^"yy'Jidélité^ prirent le parti de hs exterminer y gf^^iTy envoyer d'Efpagnp 4cs 
[^[Peuples fidèles; jamais dejfeifi borridk n^Jht plus potil^uelkment estécut^. 
y^ an ^Jit un Peuple mtjjî nonéreuxaue tous ceux de t Europe en/embïe y -dif- 
^y^ parôître de Ja terre à P arrivée de ces Bàf'bareSy qui femblèftfit y en dé- 
55 couvrant les Indes y avoir voulu en mémetems ^couvrir aux hommes y quel' 

'. ^5^ Pav^citte1)arhm'ie ils conjèrvèfen^ ^ce/]P,(âs feus leur donmà^m \ yùg^^ 
'ij par /à combien kltdnqùétèfjm/u^ 
yy mfiihcerémdde. affreux itoii mlqùé :immsàt~ fiumerà-flsJ>u.re/JenM^ tfifft de ■ 

, ' yy mil^ 



96? .J .\®ER5K:nR.rîPTItD NET Dî^f'L'î CBU 

» fi ^^i^ ' Q^ firoient-ih devenus^ s'ils avaient donné le tems à ces Peuples 
^y dtrevfhir^ de fadmiration^où ils étoient^de VaKrrwée de cet muneauxvenusy 
^ ^ d^laerairafidgJeunfmdresl 

. \n4itata au^ iPoRTu<îAi« 5 ils prirwf,ufte wie Aotste ^f^iffkt: . îh 
•35 n^ employèrent p^sks' cruautés ^ auffi furenS-Hs èipntôt chajfés dp tous les 
i^, ^aîs qu^iis avoient découverts : les Hollandoisfav9rifèrefa larébeKion de 
•^y as Feuplès y ^ en profitèrent (^\ . - .. 

La quatrième fource aa défaut, de Peuple en E4>ngne eft Texpulfion <des 
31aures. J^ai déjà remarqué plus d'une fois que tandis qu'ils ont été maîtres 
de quelque Province de oeïte Monarchie > tout y ;îtoit extrêmement petiplé» 
}JAài i6\tà le Roi Philippe IH^ foitpp? «èle poiiria Religion , foitpar quel- 
que principe tle politique mal entendue^ les -cfaaffa^tousrde fes Etats', & il 
en; fortit plus dç neuf cens mille 3 oui fe retirèropt en Afriquç. On peut 
juger qu'après line évacuation fi conudérâble le Fais dut refter étrangement 
.dépeuplé l^t). . • . . 

On pourroit encore indiquer imex:influième CTàÇz 03 ce défaift 5 qui.n^ 
"|)asimpins d'influence qr.e les» autres,. nîaiMomfae elle neplairoi-t pas Ktou- 
tea . fottes d'efprits, js ne la rapporteriii paS;, ^'^ime mieux la laifleç devm^ 
aux perfonnes intelligentes, . . 

Cette^ cinquième caufe dont notre Autour fte veut point parler, eft ap- 
paremment . le grand ^nombre o'Eccléfîaftiques qui fe trouvent ^H»Efpagne, 




g?.tion de Tefoèce. L'exiîdlent A*Jteur qpe npua venons de citer , a axmû- 
rraUemént bien dàcrit ce vice intecne d%Hî Etat , vice qui fhgn^ fur-tout 
•en Elpagne, & qui jie contribue pas peu i diminuer le nombre de fes Jia- 
bitans. Pour épargner au Leéleur la peine d'aller cheicher dans cet Au- 
.teiir ce. qu'il, dit for Cette importante raaiière^ ;je cît^faj ici ^ propres pa- 
roles- " .^ .'- ,. , [-] ^ \ ; • ';•-•> ./' ,: 

• ^ *iv lift' tvôhifeition. du. Diyqrçe aVï pas la feule çaufe de^î.a dipopulatîon 
yi des Ghràtiene; Iç grand nombre d^JEiiûwquea,* qu'ils ont parmi eux, n'en 
.„. eft pas une moixi^icorifîdérftble. 

^, Je parle des Prêtres & àos Dervis^dePun ^ de l'autre Sexe , quife 

\ î „ vouent 

' /*) LUttres 'Pèrfaimr., Tom. II. , . " ' que c« uonibre taontôit à pfcis de neuf- ccos 

' (t) Voyez ce qtie nou3 avons dit /ur cela xlans ipiile, quelques Hiftorjeos prétendent qu'il en 

\nos AijrwALES Tous f' An r<5io , en parlant dû fbrtit beaucoup moins, \Sc d'autres qftîil en forte 

"Roi Philippe Jll, qui, dans vie -tetns qoela Mo* beaucoup davantage. 

.tuurchie Ëfpagaole copmençoic àrS^épuifer d'ba- JSmanucl y Roi de Portugal , avoît ufé dUlIne 

bitans , par les nom^'eufes Colonies que l'ava- pareille violence eâ 1495 » ayant ordonné malgré 

tice tranfplantoît dansée nouveau Monde, -chafla les /épréfentantions de^on Confeil, que tous les 

•de fes États plus de huit cens mille Maures , lui Juifs & les Maures fortiffenc jde fon Royaunie 

qui auroit dû au jcontraire en faire venir davan* fous peine de demeurer efclaves. On ufa dans 
'tage^ Les ^Hîdoriens varient fur leHoiAbre des ' cette dccaiién de toutes fortes de violences, 

Âlaurés qui fortireot alors d'E^agne,, iioàr.fe fur-tput.A L*é|ard des .Juifs. Voyez ci-deifiis les 

retirer en Afrique. Nous avons diCqulf en for* AMjf Atks lous TAn 14P5> I4SW5, 1500* 
lit plus de huit oci^ rallie , notre AuUor ^ 






t 



} 



D'ESPAGNE ET DE ï>ÔllT UGÀL 321 



55 



55 



55 



vouent à iine continence éternelle : c^eft chez les Chrétiens la vertu par 
yy excellence; en (}uoi je ne les comprens pas^ ne facliant cequec'eilqu^u.^ 
ne vertu, dont il ne réfiilte rien. 

yy Je trouve Que leurs Dofteufs fe contredifent manifeftement , quand ils 
diient que le Mari^ eft faint, & que le Célibat, qui lui efl oppofè, Tefi 
yy encore davantage : fans compter qu'en fait de Préceptes^ & de Dogmes 
55 fondamentaux , le bien eft toujours le mieux. . 

yy Le nombre de ces gens faifant profeflion de Célibat eft prodigieux. 
,, Les Pères y condamnoient autrefois les enfans dès le berceau : aujourdhui 
*,, ils sY vouent etfx-mêmes dès Tâge de quatorze ans y ce qui revient à peu 
,, près à la même choie. 

55 Ce métier de Continence a anéanti plus d'hommes, queles peftes, 
,5 & les guerres les plus fanglantes n'ont jamais fait»^ On voit dans cha» 
,5 que Maifon Religieuiè une famille éternelle, où il ne naît perfonne,. & 
„ qui s'entretient aux dépens de toutes les autres : ces maifons font tou» 
„ jours ouvertes comme autant de gouffres , où s'enfeveMent les races fu?^ 
,> turesi 

3, Cette Politique eft bien différente de celte des^ Romains , qui établif^ 
„ foient des Loix pénales contre ceux, qui fè refufbient aux Loix du M^ 
„ riage, & vouloient jouir d'une liberté fi contraire à l'utilité publique^ 

„ Je ne te parle ici que des Païs Catholiques.. Dans la Religion ProteC* 
„ tante tout te monde eft en droit de faire des enfans: elle nefouffre ni 
„ Prêtres ni Dervis ; & fi dans l'établiffement de cette Religion , qui ra^ 
yy menoit tout aux premiers tems , fes Fondateurs n'avoient été accufès 
„ lans ceffe d'intempérance, il ne faut pas douter qu'après avoir rendu la 
„ pratique du Mariage univerfèlle , ils n'en euffent encore adouci le joug y 
„ & achevé d'ôter touee la barrière, qui fépace en ce point le Nazaréen & 
„ Mahomet. ' . 

„ Mais, quoiqu'il en fbit, il eft certain que la Religion donne aux Pro* 
„ teftans un avantage infini fur les Catholiques. 

„ J'ôfe le dire y dans Tétat préfent où eft l'Europç, il n^ft pas poffiblé 
„ que la Religion Catholique y iubfifte cinq cens ans. 

„ Avant Tabaiffement de laPuiffanced'EsPAGNE, les Catholiques é^ 
„ toient beaucoup plus forts que les Proteftans: ces derniers font peu à peu 
„ parvenus à un Equilibre ; & aujourdhui la balance commence à l'empor^ 
„ ter de leur côté : cette fupériorité augmentera tous les jours ; tes Protef^ 
„ tans deviendront plus riches &; plus puiilàns , & tes Catholiques plus 
„ foibles. 

„ Les Païs Proteftans doivent être , & font réellement plus peuplés, que- 
5, les Catholiques^; d'où il fuit premièrement que les tributs y font pluis 
„ confidérables , parce qu'ils augmentent à proportioiL de ceux qui les 
„ payent. 

, Secondement que les terres y font mieux culivées. Enfin que te Com- 
merce y fleurit davantage , parce qu'il y a plusL.de gens qjii ontunefostu- 
ToME IIL S s 53 ne: 



3M DESCRIPTION ET DELICES 

^ ne à faire, & qu^avec pluJ delîefoms, on y a plus de reflburces pour les 
3^ rœiplif, Qiiand il n^ ^ que le nombre de gens (uffifans pour la cultu^ 
55 TC <ks terres, il faut que le Commerce périlTe; &; loriqu'il n'y a ^e celui 
^, qui eft n^efiatfe pour entretenir le Commerce^ û faut que la culture des 
. 5, terres manque, c^eft-à-dire, il faut que tous les deux tombent en même 
5, tems, parce que Ton ne s'attaclie jamais ii run,que ce ne fbitauxd^ns 
:3, de Pautre. 

,5 Quant aux Païs Catholiques , non feulement la culture des terres y t& 
i, abandonnée: mais même Pinduftrie y eft pernicieufe: elle ne confiftc 
^ qtf à apprenore cinq ou fix mots d'une Langue morte : dès qu'-un homme 
^y a cette provifîon par devers lui , il ne doit plus s^mbaraffer defafoftunep 
^, il trouve dans le Cloître uile vie tranquile^ qui dans le monde lui auroit 
j^, coûté des fueurs & des peines. 

. „ Ce tfeft pas tout. Les Dervis ont en leurs mains preique toutes ks ri- 
5, dielTes de FEtat: c'dl une Société de gens avares, oui prennent tour 
^ jours^ & ne rendent jamais: ils acaimulent (ans celTe des revenus, pour 
^, aquérir des capitaux : tant Je richefles tombent , pour ainfi dire , en pa- 
^ ralyfîe ; plus de circulation ; plus de Commerce; plus d'Arts; plus de 
^ Manufaéhires. 

„ 11 n'y a point de Prince Proteftant, qui ne levé fur fes Peuples dix fois 
^, plus d'impôts^ que le Pape n^en levé fur fes Sujets : cependant ces der- 
,, niers font miférables , pendant que les autres vivent dans Populence : le 
^, Commerce ranime tout chez les ans; & le Monacliifme porte k mort 
^, par-tottt chez les autres (*). 

L'Eipaçne étant deftituée d'hahitans-, a dû par-là nrême refter en fri- 
che 5 & € eft là une caufe du peu de fertilité de l'Efpagne. Le Pais eft ex* 
tellent, mais il n'eft pas cultivé, foit parce qu'il manque d'habitans, foit 
parce que ceux qui l'habitent, ne veulent pas fe donner la peine de le cul- 
tiver/ 

Les Eipagnols Ibnt parefleux oc glorieux ; il n y a pas julqu^au laolndre 
Fàïiàn qui i?ait fà généalogie toute prête , \Sc oui ne (è croie hidalgo comtno 
«î Rei, -c^efl-à-dire, noble comme le Roi, &; defcendu de quelque Paladin^ 
<jui ait rendu quelque fervice à la Couronne. Dans cette fuppofition ils ne 
veulent pas déroger à la defiendenda ^ c'eft ainfi qu'ils parlent, ce qui arri- 
i;!eroit s'ils s'abaiiToient à labourer, & la terre reilerok en friche, fi les £- 
trangers ne venoient la cultiver. 

• Le Roi Philippe III voulant remédier k ces deux maux , qqe )e viens 
de marquer , crut obliger fes fujets à peupler le Païs & à s'appliquer à 
Tagricultore , en les prehant par leur foible. Il déclara qu'il donnerait 
ia Ndblefic, avec le titre d'Ecuyer, à tout homme, qui s'appliquerait de 
hbTOip foi au labourage: & cela oe fufiânt p^, on déclara ^'outre la 
N^leife, on ièroit exempt d'aller à la guerre, mais dans la fuite la guer^ 

. rè 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL. jsj 

tù étant furvenue obligea dà feùmndst ce privilège aiu^ JùnéM^ (ies €tt 
milles.. 

Philippe IV d^cl^tra que cous ceux qui fè m^ieroient) feroîent libres d^ 
tout imp&t, quatre aits durant après leurs ndceS) & que ceux qui feroienç 
le même avant Tàge de dix-huit ans^ auroient dès ce tems4à la jouiflanoe 
de leur bien & de celui de kur femme ; que ceux qui auroient eafix fils d'vtt 
ne femme légitime > vivans tout à la fois.) auroient aulfr une pleine exempt 
tion de» toutes fortes d-impôts, quand même dans la fuite un des fils vien-^ 
droit à mourir. Et pour encourager les pauvres gens à fe marier > il ordon*»^ 
na une certaine iomme^ comme pour dot^ à ceux ou celles qui auroient cet* 
te bonne intention. 

Mais tous ces avantages ne purent pas prévaloir fur Tentêtement dès Ei^ 
pagnols pour leur prétendue NoblefFe; on ne vit pas beaucoup d'empreffer 
ment pour & conformer à Tintentioa du Roi ; le Païs eit toujours fbrt dé^ 
peuplé 5 & manque de culture eh plufîèurs endroits. 

Philippe IV, pour peupler fon Royaume > appella lès Etrangers au dét- 
faut de iès Sujets, & donna une déclaration que tous ceux oui voudroient 
«^appliquer au labourage , ou à quelque métier, paître les troupeaux , &de- 
meurer vingt lieues avant dans le Pàïs, feroient exempts à perpétuité d«r 
toutes fortes d^impôts , de charges , & d^éxaârions ; mais Ton n^a pas re^ 
marqué que cela ait produit un grand effet. Enfin il fit défendre toutes les 
Maifons publiques de débauche. Mais- cet Edit n^a pas duré longtems.. JM 
ell vrai que tous les ans on voit arriver en Efpagne un grand nombre dV* 
tifang & de laboureurs, qui viennent de TAuvergne, oy du Languedoc»^, 
ffiiais ordinairement ils s^èn vont après que la fiiifbn de travailler n^efl plus i, 
€>u après y avoir pafTé quelque tems/ 

Un Païfàn Efpagnol demeure afTis, occupé à racler quelque méchant»- 
guitarre, tandis que des Etrangers labourent fà terre, fement, & moifTon^ 
nent pour lui, &; tirent tout fbh- argenL Cela fait quils font pauvre Se mit 
accommodés chez eux, mais ils favent fou tenir leur indigence avec im air 
de gravité qui impofe. Avec cela ils ne font point ménagers, ne faventcfr 
que c^efl que fiii» des pBovifîons pour Tentretien dfe leur fëmille. Ils vivent^ 
pour ainfi dire , du jour à la journée , &: femblent pratiquer le précepte dâ 
TEvangile, de n^avoir foqci du lendemain , fi feulement ils le fiiifoient pan- 
principe de vertu & par réflexion. * ^ 

Cela fe remarque particulièrement dans les maifons des Grands y il n&s^ 
£iit pas la moindre provifion, non pas même pour un jour; on achette, ©us 
plutôt on va prendra chaque jour à crédit chez le Boulanger^ diez.le PàtifV 
ier, chez le Boucher, chez le Rotiffeur, ce qu'il fautpour toute la jouméej. 
& lorfqu'elle efl finie, on.fëroitfortembarailéde trouver un verre de viot 
dans la maifbn, en cas de befbin. v .. 

Les Efpagnols font d^ailleurs gens d'efprit & de boa fens y qui raifbnnenç 
jîifte fur les* fujets qui fe préfentent. lis font braves y ont de rhotincuir &: 
du courage, honnis pour fe vanger, en quolils^ontd&sxnasdmestojat^*^ 

S.s & &ic: 



324; DESCRIPTION ET DELICES 

fait oppofces, je iie dirai pas au Chrirtianifine, mais à la raiibn &; à Thon- 
jiêteté. Dans la guerre ils font plus propres à foutenir un aflaut qu'à atta* 
qiier 5 à défendre une Ville qu'à TaiFièger, cornioiffent le péril, & ne vont 
pas s'y jetter étourdiment, mais ils l'attendent Us fa vent fupporterlafaim, 
la foif & les autres incommodités de la vie, mais on les accufë d'être ram- 
pans dans l'adverfîté, infolens & préfomptueux dans la prolpéritéicruels & 
barbares k l'égard des vaincus. 

• Si l'on en a vu qui fe font deshonorés par leur poltronnerie » oikcn a vu 
d'autres aufli , qui ont fait paroître une fermeté véritablement héroïque dans 
les guerres que l'Efpagne a foutenue, en EuropenSc aux Indes. 

Ils ont peu de familiarité les uns avec les autres; rarement arrive-t-il 
qu'un homme invite fon ami à manger avec lui: ils diient qu'ils ne vivent 
pas pour manger, comme d'autres Peuplés, mais qu'ils mangent pour vi- 
vje. . Les hommes mangent toujours feuîs. Un Père de famille eft aflis feul 
à table, & toutes les femmes, fans exception, mangent par terre, aflliës 
fur un carreau avec leurs enfans , & leur table dreilée fur un tapis étendu. 
.Voici de quelle manière ils paflent la vie. . 

• Le matin au lever on prend de l'eau glacée & puis du chocolat. Pour 
dîner ils s'affeient, comme je viens de le marquer, & font un repas fort lé- 

:er. Le plus grand Seigneur n'aura que deux plats de ragoût, rempli d'ail, 
le poivre où de fafran; & pour deffert, un peu de frmt , quoique par la 
Loi .d'Alfonfe X, aucun Cavalier ne peut manger de l'ail, ou bien il faut 
qu'il s'abfeate de la Cour. Ci-devant à la Cour de Portugal tous les 
Seigneurs qui approchoient de la perfonne du Roi ^ ne buvoient point 
de vin , parce que Sa Majefté n'en buvoit point , & ne pouvoit pas 
même, le foufFrir ; ou s'ils en buvoient , ils n'ofoient paroître à la Cour, 
& fe préfenter devant le Roi , de peur d'encourir fon indignation. 
' Après dîner on fait ce qu'ils appellent la Siejia^ on fe deshabile, & l'on 
fe couche fur un lit. Dans ce tems-là tout eît tranquille comme au milieu 
de la nuit, les boutiques & les maifons font fermées^. & il ne paroit pas une 
ame dans les rues, lî ce n'eii peut-être quelque Etranger, qui ne fait pas la 
coutume du Païs^ ou qui ne trouve pas à propos de s'y accommoder. Ce- 
la dure un peu plus, longtems en Eté qu'en hiver. Qiiand on s'eft relevé, 
on prend de nouveau du" chocolat , ou des eaux glacées, & chacun va là où 
fon cœur ou fcs affaires l'appellent. 

^ A onze heures de la nuit , oii environ , l'on fe retire : le mari & la fem- 
me fe couclient , «on étend une nape fur le Ik , on foupe , & Ton fait un re- 
pas autant & plus frugal que le dîner; après quoi l'on s'endort , fi on le juge 
9 propc». .Ceux qui ont des intrigues, montent à cheval, & vont battre 
i'eftraide^ à l'intention de l'objet de leurs vœux, & il fe paile peu de nuits, 
à Madrid , & à Lisbonne , peut-être mêm.e dans d'autres Villes , fans qu'il 
y ait plufîeurs concerts de mufique dans les rues. 

A cette occalîon je remarquerai que les Efpa^nols aiment la mufique ^ la 
folie, bien qu'ils n'ayent guère d'habiles Mimciens. Les anciens Luiita- 

niens 



g 



D^RSPAGNE ET, pE PORTUGAL. 32J 

piens avoient déjà cette, inclination^ & on leur attribue Pinvention d'une 
'^fpéce de viole. Les Efpagnols font fi amoureux de la guitarre^ qu'il n'y 
ia pas- juiqu'amç fàvètiers^ aux: laboureurs Se ^ux Soldats , qui ne portent 
jd'ordinaire une guitarre enécbârpe.. 

Je ne ûurois m'empèclier à cç mjet de rapporter un traita qui m'a toujour? 
paru imgulier. Vingt-cinq ans pu en^viron après la révolution du Portur 
al , dans le tems que les deux Courronnes voifines étoient en guerre , les 
^x)rtuj^ais firent une courfè dans l'Andalouiîe, & pillèrent le beau Bourg de 
Traiguéro^, Paflant plus avant ils J^ilTèrent un Cavalier en fçntinelle à h 
porte d'une Eglife de ce Bourg ; & ce Cavalier ie mit à jouer tranquillement 
de fà guitarre y qui n'étoit pas d'accord. Un Bourgeois du lieu > oui venoit 
.d'être piUé^ entendant la jniffique de ce Soldat, & choqué de la aiflbnance 
' de l'inftrument , le pria civileinent de lui donner fa guitarre ; * l'ayant eue , i| 
la mit d'accord y & la rendit au Portugais , en lui difant , Agora fia templd- 
da ; maintenant elle ifi êtaccord\ après quoi il continua froidement à fe pro- 
mener ^ comme auparavant. 

Ils font fort compofés dans toutes leurs manières, & cette gravité qu'ils 
^ifFeétent , va jufoues à leurs divertiflemens ; quand ils jouent , c'ell a- 
■ vec un profond filence , &; fans lailTer paroitre la moindre émotion ; 6c 
/bit qu'ils perdent , foit qu'ils gagnent ^ 90. leur voit toujours le même 
vifage. , , 

Lorfqu'un homme a gagné au jeu, il eft de la civilité d'offrir fon gain \ 
ceux qui ont été ibeâateurs , qui peuvent làns feçon prendre ce qu'on leur 
.offre , & fi on ne leyr offroit rien , ils pourroiènt le demander. Il y a même 
des Chevaliers d'induftrie, qui ne vivent que de ce revenu , allant règlement 
jaux Académies de jeu> où de quelque cpté que la viéloire le tourne, leur 
gain eft toujours affurè. • - 

Cette gravité ËipagnolJs paroit principalement dans ks Rois. On rappori- 
te dePhilippe IV, Roi d'Efpagnei & de Jean IV, Roi de Portugal, que 
i^uand ils donnoient audience, on ne leur voyoit aucun mouvement de 
corps, aucuîi changement de viïage; quelque réponfe qu'ils fiffent, c'étoit 
toujours d'un air égal, & le premier ihr*tout iembloit n'avoir rien de mobi- 
le que les yeux &; les lèvres. 

, Comme ils font naturellement glorieux , aulfi font-ils de grands formalif- 
tès , & pointilleux fiir lés moinores chofes , même fur les mots ; fâchant 
merveilleuièment l'art de mettre leur honneur à couvert , à la faveur de cet- 
te pointillerie. Témoin Ferdinand d'Avila Commandant du Château 
jd'Utrecht^ dans le XVI Siècle, qui étant afliegé par Màximilien Comr 
^e de Boilut, ne vouloit jamais lui rendre la Place., mais confëntit à la 
coiifîgner entre les mains 9 &; à en fortir , difànt toujours , qu'il aime^ 
roit mieux perdre la vie avec tout fon monde , que de rendre une 
Place. 

Les Dames Espagnoles mettent toutes du rouge fur le viiage , il n'y en a 
pas une qui ne le faue j quand je dis les Elpagnoîes, j'entens aufll les Port u- 
; - Ss 3 gâifès: 



%26 DESCRIPTION ET DÉTLICES 

gàilès: elle* en ornent leurs joues, lew- menton, leur gorge^ le. bout é» 
oreilles, les épaules, les doigts, & la paume des mains. Eues ne preiment 
pas cela pour fard : farder chez elles ,, n^éft que quand on met du: blanc a* 
vec le rouge :. elles fe parent de cette manière le foir en le couchant, & h 
matin à leur lever. Elles ne portent point de bonnet ftrr h tête , ni Jour nt 
nuit; leur coiffure eft différente, mais qiielque^ différence qû^il sYtroave>, 
c^eft toujours tçte nue. 

Elles portent leurs cheveux plat8'> unis, & treffés en trois, quatre ou cinq 
nattes, félon îeur fantaifie, & ces nattes font pendantes, cordonnées^ a /ec 
des rubans , ou avec de» pierreries ,. fi c'eft une Dame de la première 
qiialité; elles les nouent à la ceinture, ou fî elles font à la maifon, el- 
les les enveloppent derrière la tête^ avec ua morceau de tafetas de cou- 
leur. 

Leur deshabiUé éft une jiipe , une camîfele fbrt jufte par lè corps- & par 
les manches , & fur les épaules une niantille de tafetas , qui eft une efpèce 
d'écharpe longue &. large, -dont elles fe. couvrent la tête &. le vifage , quandî 
elles veulent. 

Quand elles fortent, elle portent des e(J)èees de grands vertugadîns, lar^ 
ges & ronds comme des tonneaux , compofés de cinq ou fîx cerceaux de gros 
Si d^chal,. attachés avec des rubans, de la ceinture jhfqu'à terre > à^queK 
que diflance les uns des. autres; &^ces cerceaux foutiennent cinq, fîx^fçpt,. 
pfqu'à. douze jupes, les unes fur les autres- Ces jupes ne traînent jamais par 
derrière, mais toujourspar devant & aux côtés, cela viçntdetequ^èllesne 
montrent jamais leurs pieds, quelles ont extrêmement, petits; qllestesca- 
cficnt avec le plus grand ^n du monde, & c'eft la dernière fâvèiirpoiirurt. 
homme , lorsquHme Dame fè réfout à lui laiffér voir fcs pieds. Leurs fôu-^ 
liers font fans taloq, & fi jufte?, qu^ils femblent être colé^ 3/U pied| avec 
tout cet équipage elles gUffent plutôt qu'elles ne marchent; quelquefois pour- 
relever leur taille, elles portent des chapins , qui les hauffont d'tm^ de* 
mi-pied > & quand elles les ont chauffés , elles marchent fort incommo- 
dément. ' ' 

' Parmi elles c'èft un. trait de beauté que d^être maigre, fiç dènVbtf poîrit 
de fein; & tandis <we les Françoifes ^ les Vénitiennes font renfler leur çor-^ 

fe avec foin, les Efpagnôles s^çpliquent à l^pplatir de bonne heure, fe, 
andant comjne des entans au maillot. 

EUes ne portent point de colier> njaif? en échange elles ont des bracelets^ 
das bagues, & des pendans d'oreîUe , plus gros que tous ceux qu'on voit 
en HoSandê. Telle eft la diverCté des goûts des nations différentes^ eii: 
matière de beauté* Il y en a même que^ùes^unes, qui attachent qûelquift. 
beau joli bijou à leurs péndans^df oreilles y quehjue ornement de pierreries-,, 
iwur exemple, ou d^autres chofes fembhblès , félon leurquaîitéou leur pou voir- 
Da refte les modç&font différentes pour la coiffure , ^ les Dames fe cpif^ 
lent un pei». autcemént dan J là Navarre & dans TArragon, que dans la Caf^ 
vue*. 



D^ESPAGNE ET DE PORTUGAL 32? 

Lorfijue les Dames fe rendent vifîte5 eHes ne fè donnent ni fiè^e nifku- 
teuii, mais elles font toutes aJÛiifes par terre , les jambes en croix , furies 
tapas ^Q des carreaux*. lE.lk ne ie baifënt point en fe faluant^ mais elles fe 
ix-éfèntent ia main nue 3 &c quand elles veulent s^adrefTer à une Dame en 
particulier 5 elles ne lui donnent point le nom de ià Maifbn 5 ou de fbn 
Maris iî elle eÀ mariées mais celui qu'elle a reçu au batême 3 Donna C/a^ 

! On dit que Içs Dames dç la première quaEté ne fe vont promener que I^ 
première année de leur mariage 5 du moins aux promenades publiques; eh- 
core ny vont-elles qu^^avec leurs maris. Celles qui veulent fe trouver dans 
ces promenades fans être connues , fè chargent de certaines mantes 3 com^ 
me On les appelle 9 dont elles le couvrent la tête & le vifage; mais elles fa^ 
vent fe découvrir à propos à cei\x qui leur plaiient : .on les a défendues eç 
Portugais parce qu'on s'apperçut qu'elles fervoient à couvrir autre chofe que 
^es vifages 3 & que les Villes maritimes fe remplifToient d'enfans auITi blonde 
qu'en iuigléterre ou en France. 

. Pour achever ce que j'ai à dire des Dames E^agnoles 3 j'ajouterai qu'où 
a dans ce Païs-là beaucoup de confîdération &.de complaifence pour celles 
qui font enceintes^ parce qu'on eft perfliadé que £ on les offenfbits le cha- 
grin 3 qu'elles en concevroiènt , blelTeroit leur enfant ; c'ef t pourquoi oa 
n'ôfe rien leur tefiifer de tout ce qu'elles fouliaitejfit ; & les envies, antojosy 
^ui les prennent 3 vont quelquefois aflez loin. Il n'y a pas jufqu'aux Rois 
mêmes qui ne portent la complaifancçs jufqu'à s'açconmioder à leur foi^ 
bleffe, 

' Les Dames veuves pafFent leur vie la première année de leur deuil dan$ 
^e chambre toute tendue de noirs où le foleîl n'entre jamais; Tannée fui- 
!irante elle peuvent mettre ïme tenture grife; mais elles n'ofent fe fervir d'au- 
cun meuble qui ait quelque beauté. Leur habit eft d'une étoffe noire s char^ 
çé d'un furplis de toile fine 3 qui defcend jufqu'aux |;enoux : iiu* la tête el-* 
es portent une pièce de moufTelines qui cache leur^ cheveux &; couvre leur 
gorgÈ)3 & psff deflus tout cela elles ont tme Iqngiie mante de t^fetas noir 3 

aui ddbend jufqu'à terre. Les hommes, qui ibnt en grand deuil, portent 
e longs manteaux trainanss &; au-lieu ae chapeau 3 leur tête eA coiffée 
d'un* bonnet de Carton fort hauts couvert de crêpe. Le manteau 3 qu'ils 
ont s eil d'une étofte fort légères fortmiace^ <& qui tombe en pièces à la 
rencontre de la moindre choies & c'efî parmi eux un équipage fort bien^ 
féant & de bon airs d'avoir ^a habit déchiré^ ce qui eu encore ufi refk 
des Orientaux:s qui ont eu autrefois^ & dont quelques-uns ont encore au; 
50urdhui s la coutume de déchirer IqufS habits dans les grandes douleurs. 

Quand on enterre une perfbnne > on lui met ordinairement l'habit de que(- 
ue Ordre Religieux s dont elle a ibuhaité pendant fà vie d'avoir l'interce^ 
îon. Les Dames prennent d'ordinaire celui des Carmélites s quiell fort 
»ftiméenEfpagne. , -^ . ^ 

. Pnifque aous jGbmmes Gik Tarticle des çnterremenss nous rapporterons ici 

i ^ ce 



le 



Il 



228 DESCRIPTION ET DELICES 

Ce qui s^obferve à celui du Roi, de la Reine, du Prince des Afturies & àes 
Infans. Dès que le Roi eft mort, les Capitaines de la Garde font étsihlir le 
.Corps de Garde dans rappartement de fon Succeffeur, & un moment après 
îe Pr^fident de CafUtle, le Grand Maître d'Hôtel & le Sumîlfcr de Corps, 
portent le Teftament du défîmt cacheté , & loi demandent permiffion de 
rouvrir. Le nouveau Roi ayant permis dVn faire Pouverture , ils- s'en re- 
tournent à Tappartement du Roi défunt, où un des Membres du Confeildo 
la Chambre fait dreffer un Ade qui porte^ que ceux qui ont été témoins au 
Teftament, fe préfènteront pom en voir faire Pouverture , qui fefaità Pinf* 
tant , après quoi un Secrétaire d'Etat en fait la lefture eii préfence de tou» 
ceux qui fe trouvent préfens. 

On porte pendant cetems-Ià le corps du défunt dkns te Safon, où Toa 
dreffe un lit de parade élevé d'environ cinq pieds, près dé la porte de la piè- 
ce quToa appefle /a Sale des Furies. A quelque diftance du Ht, on dreflë 
un Autel où Pon chante les Mefles Pontificales pour Pâme 4*1- défunt. Du 
côté de PEvangile on met un fauteuil pour le Grand-Maître d'Hôtel au bout 
du Banc des Grands ^^ vis-à-vis duquel oo en met un autre du côté de PEpi- 
trepour tes- Aumôniers du Roi, de la même manière que dans la Chapelle 
Royale. Des deux côtés dti Salon on dreUe divers Autels pour y dire des 
Mefles baflès. 

Tandis qu^oii met le Corps dans te Cercueil, te Sumiller de Corps, après 
ravoir fait fermer à clef, le remet au Grand-Maître dTHôtel , & le Grand 
Aumônier fe deflaifit de la clef, & la donne au Grand-Maître d'Hôtel. Dès 
ce moment 1 2 Soldats de la .Garde de los monteras font la Garde du Corps}- 
fix for PEftrade & les autres fix en kis. Pend^int tout le tems que le Corps 
demeure expofé fur te Lit de Parade , les Commimautés Keligieufes vonef 
tous les matins chantée tes Vigiles, dire plufieurs Mefles, & te foir elles vont 
chanter les Vêpres des Morts. 

Cefl: au Grand-Maître a écrire au Prélat qui doit aflîflier avec lui auprès 
du Corps de fe tenir ptét,& au Grand Ecuyer,'pour qu'il ordonne ce qui le 
regarde. Il nomme ving-quatre Gentilshommes^, (avoir douze de la Bou- 
che & douze de 1^ Maifôn du Rod. . Il écrit au Préfîdent de Caftilte , afin 
qu'ail nomme les Alciïdei I| drdotMie à un Maître d'Hôtel de difpofer les 
chofes néceflkîres,' & cehi?-ci avertît les Capitaines des Gardes & te Con* 
troUeur, afin que chacun d'ciik remplifle les devoirs de fon Emploi. 

Ceft au Huifeer de la Chambre d'avertir les Gentilshommes de la Bouche 
& de la Chambre. Le .GontroUeur fait préparer les' voitures, & avertit les 
Couven? de Saint Dominique, de Saint François, deîSaint Auguftin> & 
des Carmfis> afin quexhacun nomme li Relidëux pour aflTifter au Con^ 
voi, & lorfqull eft tems de faire Péiite^ciûent du Corps, il dépêche un Cou- 
rier de TEcurie du Roi-poor leur faire amener dès Muiea 

Les chofes étant di^oiées de la forte, les Grand.*?, les Maîtres d'Hôtel', 
tes Gentilshommes de la Chambre defçendent le Corps au petit Portique où 
tes Gentilshommes^ de^la Boaclié te reçoivent & te inettent dans laXitière. 

La 



D^ESPAONE ET DE PORTUGAL- 32j> 

La Chapelle du Roi accompagna le corps jufqu'au Portique, aprèff laquelle 
marche le nouveau Roi, &; tes Infans, fuppofé qu'il y en ait , haUllés de 
deuil & en capuche. Le Sumilier de Corps porte la queue du manteau du Roi. 

D^ que le corps a été remis entre Içs mains des Gentilshommes de la Bou- 
die, le Roi & ks lofâns ie retirent, & à Tinflant le Convoi parc cUnsTor* 
•dre qui fuit * . 

Les Akuazils de la Cour commencent la marche. Les Ordres Religieux ' 
par rang aancienneté. Deux Alcaldes de la Cbur. Dou2e Gentilshommes 
de la Miifon du RoL Douze Gentilsliommes de la Bouche. LlEcurie du 
Roi avec & Bannière. La Chapelle du Roi avec la Croix. Les Officiers 
<fe la Garde. Les Maîtres d'Hôtel. Les Grands. 
. Lorfi]ue tout ce monde à défilé), marche la Litière dans laquelle eft le 
corps 9 environnée de douie Pages avec des flambeaux, & de dix Soldats 
de la Garde de los Montéros. Le Grand-Maître d^Hôtel & le Grand-Âu* 
ihoniér vont derâère le corps. 9 le premier a la droite & le fécond à la 
'gamrhe. Après le Grand-Maatre d'Hôtel & le Grand-Aumonier vont les 
Gentilshommes de"k Chambre. 

La Garde à cheval précédée par des Etendarts noirs convoyé ceux qui 
environnent la Litière , & le Lieutenant qui la commande, marche après 
les Gentilshommes de la Chambre. Le Grand-Maître d'Iiotel^ chargé d\i- 
ne Lettre dn Roî pour k Prieu^dn Mooailère 4ç Saint Laurçot de rEfcÔH 
rial, la lui envoyé quelques heures avant que d'y arriver, afin qu^il-di4>ofe 
toutes les diofes nÉceflaiKS. 

jPar-tOQtoù le Convoi s^arrête pour dire la Mefle, ou poiu: quelque autre 
cas qui puifle iurvenir, le Grand-Maître d'Hôtel, ou le Maître d'Hôtel qni 
^ cbsagà de la conduite du Convoi, précède le Grand- AusuHiier. Le 
Convoi monte depuis l'Eicurial jufqu'à Saint Laurent par l'allée des Ormaiu^ 
£tant arrivé au Portique de l'Egliië^ la Comnji^auté l'y va Teçevqir. 
. En cet endroit on met le corps fur une Table couverte de Brocard, ^ 
pour lors les Grands, les Gentilshommes delà Chambre, & les Maîtres 
d'Hôtel le piremient & le portent fur r£ûrade3 qui eA dreiTée -dans le Chœur 
-de fEgUfe. 'Lor£pi'iI eft pofé deflus, les Soldats de la Garde de Iqs Mon- 
^05 eà Êmt chargés^ jufiju'à la fin des Offices. 

- i^prèscique les Offices font finis, fes Grands,, les. Oentilshpmmes de la 
Chambre & ks Maîtres d'Hôtel le*reprQfiiien^.& le portent jui^rà la porte 
du Panthéon, où ils le mettent fur une Table parée de la même manière 
ipe xelfc du Portique. Etant pofé fur la Table, le Grand-Maître d'Hôtel 
qui cft Dépofitscirc :de la Ckf du Gearcueil, en fait l'ouverture, après quoi 
iui&le Grand Aumônier le livt^ntap Prieur de i^aint Laurent «eQp^é&nce 
d'un Secrétaire d'Etat, dont ils prennent Aéle par devant le même Secré- 
taire é'Etat;-;*; "' ï; : r- :" .7.''iV 
' L'Aifte de Temife étant fait, les Montéros prennent ie Ceitc9«^9 ie deP 
cendcntdaop Je Panthéon, & k Convot iè retire* , -, 

Les Cérémonies que nous venons de rapporter s'ob^rvewt; ^.r^ijterre-t 
: Tome IIL Tt ' ment 



Sjo •' DESCRIPTION ET DELICES' 

ment des Reines, fans qull y ait aucune différence, fi ce n^eft que la Ck- 
maréra Mayor va immédiatement après le corps , vêtue de deuil &; montée 
lïïrnneMûIé. 

A la mort d'un Infant fa Gouvernante met le CJorps dans un Cercueil, le 
ferme & en; garde la Oef, après quoi on^le porte dans la, Cfiapeile., Le 
Grand Maître-d'Hôtel du Roi écrit au Prélat que le Roi nomme pour: ab- 
tompagnér le Corps du Défunt, pour qu^il fe tienne prêt, & au Grand Au- 
mônier, afin qu'il nomme huit Aumôniers, un Fourrier & deux Qercs de 
rOratbire- , Il nomme fix Gentilshommes de la Boudsie! & fix autces de la 
Maifon du Roi; Il écrit au Préfident de Callille, afin qtfil nomme un Al- 
cade. Il ordonne au Maître d'Hôtel qui doit conduire le Convoi , de dit- 
pofer toutes les chofes néceffaires, & aavertir les Officiers de la Garde & 
le ControIIeur de la même manière que pour Pénterrement du Roi 

Lorfqu'on fait Penlevement du Corps, la Gouvernante du Défunt fait la 
îremiiè du Cercueil au Maître-d'Hôtel & au Prélat qui doivent conduire le 
Convoi, pardevant le Secrétaire que le Roi a nommé pbut cela, & en prend 
.Aéle. Les Maîtres-d'Hôtel du Roi, de la Reine & des Infens defcenderit 
le Corps par un efcalier dérobé, jufqu^à la porte du Jardin de la Prieure, où 
les Gentilshommes de la Boudie le prennent , & le mettent dans la Litière. 
Le Convoi marche dans le même ordre que celui du Roi , mais il n^eft pas 
1Q nombreux , & les Grands & les Geatilshommes de la Chambre n Y ainP 
tent pas. • • 

Pour ce qui regarde PEnterrement des Infantes, il ne diffère en rien de 
celui des Infants, fi ce n'èft cju'uneDuefladlionneuriîiit le corps, vêtue 
de deuil, & montée fur une Mule. . . r . 

Pour paffer du deuil aux divertiiremefts , les Efpagnols ^n ont quelqups- 
tms qui leur font communs avec les autres Nations, comme la promenade 
la Comédie, & d'autres, dont il n'eft pas néceflaire de faire Ténumération^ 
lis eh ont auffi qui leur font particuliers, comine tes jeux de cannes,. & la 
tourfe des Taureaux. 

LeurMufique, leurs Comédies, & kurs Opéras n'ont rien de fort confi- 
dérable , & n'approchent pas de celles des François & des Italiens : cepeil»- 
dant la Coméaie eft extrêmement recherchée. par tour.es fortses de gensi 
^nds & petits, & toutes les foisqu'on en:joue,.il y a un concours pro- 
digieux. Dans le Câtnaval il y a Cpniédie deuxfois, le mâtin. & Taprèà* 
dînée. 

Pour ce qui eft de la promenade , il n'y a prefque que les hommes, qui 
prennent ce divertiffement ' avec liberté, les Dames n'y paroiffent guère j 
ou fi elles y paroîflent , ce n'eft qu'en caroffe , ouàpié^ couvertes cfeieurs 
mantes. - - * 

En Portugal elles ont encore moins de liberté qu'en El^ajgne; & bien 
bin d^aUer à la promenade, on dit qu'elles ne fortent que trois fois en ieur 
vie, pour aller à l'Eglife , favoir quand «lies font batifôes^ quand on les 
marie, Sclorfeifon les ônfèvélit.' : « ::::./- 



D'ESPAGNE ET Dli PORTUGAL. 331 

On a dans Madrid de certains jours deftints à la promenade, où tout le 
monde va, & Sa Majefté s'y rencontre quelquefois, mais le plus confidé- 
rable eft le premier de Mai, alors tout le monde fort, & il n'y a pas juf- 
qu'aux plus petits Bourgeois, qui ne foient de la fête. Les perlbnnes de 
qualité ft promènent en carofle , les Bourgeois & les petites gens font alTis, 
les uns au bord du Mançanarès, d'autres à Tombre de quelque arbre, dillri- 
bués par petits pelotons ; on en voit qui font avec leur femme & leurs en- 
fans, d'autres avec leurs amis, & d'autres avec leurs MaitrelTes. Les uns 
jouent de la guicarre & de la iiarpe , & les autres font collation , avec quel- 
que morceau de jambon, de poularde, ou de la falade d'ail & d'oignon. 

Les Jeux de Cannes font une elpèce de tournois , qu'ils ont retenu des 
Maures. Plufîeurs Cavaliers , montés à l'avantage , courent les uns con- 
tre les autres, & fe lancent des cannes l'un contre l'autre, en manière de 
dards , & la fin du jeu eft , après avoir fait fon coup , de favoir tourner à 
propos, afin de fe mêler les uns parmi les autres, avec une efpèce de ca- 
dence ou mefure. 

i%î du Troifième Tome. 



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