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ANNALES
DES
SCIENCES NATURELLES.
IMPRIMERIE DE J. TASTU,
RUE DE VAUGIRARD, N° 36.
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* SCIENCE
MM. AUDOUIN, AD. BRONGNIART £r DUMAS,
COMPRENAN#
LA PHYSIOLOGIE ANIMALE ET VÉGÉLALE , L'ANATOMIE
COMPARÉE DES DEUX RÈGNES, LA ZOOLOGIE. LA BOTA-
NIQUE ; LA MINÉRALOGIE ET LA GÉOLOGIE.
TOME PREMIER,
ACCOMPAGNÉ DE PLANCHES INA".
À PARIS,
ge CHEZ BÉCHET JEUNE.
LIBR AIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MEDECINE,
PLACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE, N° 4.
4824.
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INTRODUCTION.
Dirvis long-temps les hommes qui se livrent à la cul-
ture des sciences ont été frappés des secours mutuel
qu’elles se prêtent , et lorsqu'on examine avec attention
Fhistoire des savans qui se sont acquis une éclatante cé--
lébrité par leurs découvertes , on ne tarde pas à se con
vaincre qu'ils ont tous dirigé leurs études sur plusieurs.
parties de l’histoire de la nature. C’est à l’heureuse al-
liance de la chimie et de la physique, c’est à l’emploi
sage et discret des théories mathématiques, qu’il faut
attribuer les progrès immenses que font chaque jour ces
deux branches des connaissances humaines ; progrès
destinés, sans aucun doute , à porter jusqu'aux temps
les plus reculés le glorieux souvenir du siècle qui en a
été le témoin , et du pays qui peut s’énorgueillir d’avoir
donné le jour aux philosophes dont le génie a su pour-
suivre sans relâche l’érection de cet admirable monu-
ment intellectuel. Quarante années se sont à peine écou-
lées, et déjà les questions les plus importantes ont été.
résolues. On a pu faire marcher à-la-fois les hautes con-
ceptions de la théorie , les détails pratiques les plus mi-
nutieux , et des applications tellement variées, d’un in-
térêt si général, qu’on a quelque droit de s'attendre à
voir bientôt l’existence industrielle des peuples entière-
ment changée. Un homme qui sait réunir toutes les con-
paissances positives à l'imagination la plus brillante , un
vj INTRODUCTION.
homme dont la brûlante activité s’est toujours consacrée
à pénétrer les secrets de la nature , et à deviner les pou-
voirs de l'intelligence, M. Alexandre de Humboldt, que
chacun a déjà reconnu sans doute , nous a révélé, de-
puis plusieurs années, quelques-unes des grandes pen-
sées que nous pouvons espérer de voir se réaliser de nos
jours. En discutant les analyses organiques de MM. Gay-
Lussac et Thénard, il a démontré Ja possibilité d’une
opération chimique propre à nous fournir artificiellement
les produits que nous relirons du bled lui-même. Ge pro-
blême est devenu maintenant l’un des plus simples de
Ja science. La facilité remarquable avec laquelle on
est parvenu dernièrement à transformer le bois en gomme
et en sucre crystallisable , nous montre assez que la chi-
mie ne saurait tarder à résoudre aussi cette grande
question d'économie publique, et nous ne pourrions pré-
voir les conséquences commerciales et politiques d’une
découverte aussi simple en apparence.
Mais si la chimie et la physique ont subi des révolu-
tions assez complètes pour avoir acquis le droit de dis-
cuter ayec précision des problèmes aussi délicats , osera-
t-on accuser les autres branches de l’histoire-de la na-
ture, d’être restées stationnaires pendant que celles-ci
avançaient à pas de géant dans le sentier de la vérité ?
Non, sans doute, et la marche qu’elles ont suivie, quoi-
que moins riche en brillans résultats, quoique moins
heureuse dans ses applications aux besoins de notre
existence , n’en a pourtant été ni moins réelle , ni moins
rapide. L’anatomie comparative, le rapprochement phi-
losophique des formes propres aux corps organisés , et
les lois qui nous permettent d’en deviner les variations ,
INTRODUCTION. C7
la classification naturelle des animaux et des plantes,
leur distribution géographique , l'examen de leurs fonc-
tions matérielles, toutes ces parties ont éprouvé des
perfectionnemens incontestables ; plusieurs d’entr’elles
même ont été créées de nos jours. Au milieu de ces car-
rières neuves se fait remarquer l’histoire des animaux
antédiluviens , si féconde en hautes conséquences , et
l'exemple le plus étonnant de ce que peut uneimagination
vive , lorsqu'un jugement sage.en modère les élans , et
qu’une puissante capacité intellectuelle en régularise les
conceptions. La géologie, revenue de ses anciens égare-
mens, et désormais éclairée par les sciences qu’elle a su
intéresser à ses progrès, repose aujourd'hui sur des bases
solides ; et se trouve bien près d’atteindre le grand but
qu’elle a dû se proposer. La détermination précise des
antiques habitans de notre globe, a contribué pour
beaucoup à lui donner une direction plus judicieuse ;
mais c’est sur-tout au subit développement des systèmes
minéralogiques , que l’on peut attribuer sa nouvelle im-
pulsion.
Examinons de plus près chacune de ces sciences , et
nous ne tarderons pas à nous convaincre qu’elles se se-
raient épargnées beaucoup de travaux, si, comme la
physique et la chimie , elles avaient su s'enrichir par des
emprunts réciproques.
Les deux règnes organiques. séparés malheureusement
dès l’origine des recherches dont ils ont été l’objet, sem-
blent aujourd’hui sur le point de se confondre’en un seul.
Le même esprit dirige les personnes occupées à classer les
êtres qui les composent. On commence à s’apercevoir
que la même force préside aux opérations par le moyen
vétf INTRODUCTION:
desquelles les corps ‘organisés peuvent s’assimiler les!
particules de la matière, et cette seule circonstance
nous oblige à réunir toutes Le notions Pipe que
en un même faisceau: : +
Si cette conviction , fruit heureux d une longue expé-:
rience , eùt été spontanément acquise par lobservation:
des faits généraux que lon avait pu saisir dès le premier
âge des sciences naturelles , il est fort probable que leur
marche se serait , par cela seul, débarrassée de beau-
coup d’entraves. En effet, dans le règne animal, les
familles ont été devinées à l’instant où l’on a cherché
des bases de classification. Il n’en a pas été de même
des végétaux , et la difficulté de trouver des principes
réels de rapprochement, a forcé les botanistes à compa-
rer un seul système d’organes , et à se servir des diffé-
rences qu'ils observaient pour former leurs divisions
artificielles. Une telle erreur n’eût jamais été commise,
si l’on n’avait pas séparé les deux règnes; on auraitsenti
que les bases de la classification devaient être les mêmes
dans l’un et dans l’autre, et l’on aurait cherché, par
une étude anatomique plus délicate des formes végétales,
à remplir un but que des observations superficielles ne
pouvaient atteindre.
Mais si la botanique s’est laissé devancer par la zoolo-
gie dans ces premiers temps, elle peut se flaiter à son
tour de l'avoir précédée sous. plus d’un rapport. L'étude
attentive des productions hybrides et monstrueuses, si
fréquentes dans le règne végétal , avait conduit plusieurs
philosophes, et en particulier le célèbre botaniste de
Genève , à des considérations très-élevées sur les lois de
l’organisation. Plus tard, M. Geoffroy de Saint-Hilaire a
INTRODUCTION. 12
deviné tout le parti que l’on pourrait tirér dans les rap-
prochemens anatomiqués , de l'influence qu’exercent les
uns sur les autres tous les organes d’un même système
animal. L'activité qu'il a déployée dans ses recherches,
les résultats curieux , importans et inattendus qu’il en a
déduits , et l’ensemble qu'il a su mettre dans ses tra-
vaux, forment aujourd’hui un corps de doctrine impo-
sant bien supérieur aux nolions consignées dans les ou-
vrages de Botanique. Mais il n’en est pas moins vrai que
les premières vues de cet ordre ont été déduites de la
comparaison des formes végétales.
Ce n’est point là le seul avantage propre à exciter l’é-
mulation des zoologistes , ‘et tous les hommes qui s’oc-
cupent d'histoire naturelle doivent être frappés d’éton-
nement en voyant l’extrème différence qui s’observe entre
l’état de la classification des végétaux et celle des ani-
maux. Une législation sévère règle tous les travaux des
botanistes; un ordre admirable règne jusques dans les”
moindres détails de cette science , et le système de no-
menclature dont on y fait usage peut être considéré
comme une des plus heureuses combinaisons de la mné-
monique. |
Dans les recherches des zoologistes , on observe , au
contraire ,uneinégalité qui semble résulter de la division
forcée du travail. Les ornithologistes , les icthyologistes ;,
les entomologistes , les conchyliologistes , se concen-
trent chacun dans le champ qu’ils exploitent, et sem-
blent le plus souvent ignorer les principes que leurs voi-
sins ont cru devoir adopter. Il se rencontre, à la vérité ,
des exceptions, et l’une des plus remarquables est,
sans contredit, l’arrangement des animaux articulés en
æ INTRODUCTION.
familles naturelles, par M. Latreille. Toutefois, le
règne animal, que nous devons à M. Cuvier, est le seut
ouvrage dans lequel on ait envisagé, d’une manière phi-
losophique , tout l’ensemble des êtres animés, et où
l’on ait cherché à les distribuer d’après un système mé-
thodique et général. Espérons que les germes précieux
qu'il renferme ne tarderont pas à se développer et à pro-
duire une classification détaillée des animaux, fondée:
sur les caractères anatomiques qui les distinguent , et
capable de rivaliser avec les meilleurs traités spécifiques
que les botanistes possèdent.
Les études anatomiques de ces deux règnes présentent
aussiquelques différences singulières qui doivent être attri-
buées entièrement au point d’où l’on était parti. Ghezles
animaux , les fonctions se manifestent par leurs résultats ,
et l’on réunit plas facilement et avec plus de certitude
des organes qui produisent les mêmes effets. Dans les
végétaux, au contraire , si l’on en excepte le système
reproducteur , tous les autres sont encore enveloppés
d’une obscurité complète. Par cela seul , anatomie vé-
gétale a dû se borner à l’étude des formes , tandis que
l'anatomie animale repose en entier sur la détermination
des fonctions. Dans leur embarras , les botanistes ont
essayé diverses combinaisons , et M. de Jussieu leur
ayant dévoilé l’importance des caractères de position , ce
trait de lumière leur a bientôt ouvert une nouvelle route.
Ils ont généralisé cette pensée , et l’ont appliquée avec
autant de succès que de bonheur à leurs nouvelles étu-
des. C’est beaucoup plus tard encore , et sans doute à
cause de la facilité avec laquelle la zoologie pouvait se
passer de cet ordre d'observations ; c’est. beaucoup plus
INTRODUCTION. 2j
lard , maïs avec un succès bien plusg rand , que M. Geof-
froy de Saint-Hilaire est venu découvrir à son tour les
lois de position qui exercent maintenant une influence si
remarquable dans les recherches d’anatomie animale.
La direction qu’on a suivie dans les observations phy-
siologiques , offre des diversités non moips curieuses. En
ce qui concerne les animaux , on est parti d’un point de
vue entièrement médical, et pour les végétaux on ne
s’est laissé guider que par des considérations purement
chimiques. Aussi voyons-nous que la physiologie des
premiers n’a possédé , pendant fort long-temps , que des
observations anatomiques ou pathologiques, toutes les
expériences étaient même dirigées dans le seul but d’exa-
miner les résultats produits par un trouble accidentel
ou volontaire amené dans l’une des fonctions. Les tra-
vaux tentés par quelques chimistes étaient ‘mal appré-
ciés ou dénaturés dans leurs conséquences, et restaient
le plus souvent sans application. Mais, chose remar-
quable , c'est que toutes les observations d’anatomie fine ,
toutes celles de chimie ou de physique, se rapportaient
à des fonctions isolées, présentaient, par cela même, un
point de vue commun tellement distinct et déterminé ,
qu’on a dû chercher à les mettre en harmonie , et que
des théories physiques plus ou moins Justes ont été ima-
ginées à l'effet d'expliquer les actions observées dans l’é-
conomie animale,
Il n’en est point ainsi de la physiologie végétale.
Son origine , toute scientifique, aurait dû la faire aller
plus vite et plus loin ; mais en examinant sa marche, on
reconnait bientôt les causes qui ont arrêté ses progrès.
Les observations anatomiques sont restées dans le plus
æij INTRODUCTION.
parfait isolement, et les recherches chimiques ont eu
rarement pour but des fonctions de, détail. Les anato-
mistes semblent avoir considéré les végétaux comme des
êtres sans fonctions organiques , et les chimistes parais-
sent les avoir envisagés comme des corps identiques dans
toutes leurs parties et sans organes distincts. Ils ne se
sont, par conséquent, presque jamais appliqués à démé-
ler les propriétés particulières à chacun de leurs sys-
tèmes, et personne n’a pu parvenir encore à rattacher
les faits anatomiques aux faits chimiques ou physiques.
Aucune théorie n’a été conçue, et les savans qui se con-
sacrent à ce genre d'expériences semblent même s’igno.
rer mutuellement.
Les phénomènes généraux de la vie tiennent pour-
tant à la même cause , quelles que soient la forme , la
complication ou la simplicité de l'appareil dans lequel
ils se manifestent. Un esprit commun doit animer les
observateurs qui veulent percer les nuages dont cette
faculté se trouve encore enveloppée , et découvrir les
lois qui peuvent servir à classer ses effets. Les belles ex-
périences de MM. Magendie, Edwards, etc. ; les ana-
lyses animales de MM. Vauquelin , Thénard, Berzé-
lius, Chevreul, ont amené des résultats sans doute , et
ces résultats ne tarderaient pas à rencontrer d’utiles ap-
plications à la physiologie végétale , si les personnes qui
s’en occupent s’élaient habituées à en faire l’objet d’une
méditation attentive. De même , les recherches si multi-
pliées, si exactes de l’infatigable Th. de Saussure , se
lieront prochainement , nous osons l’espérer, aux savantes
observations anatomiques de M. de Mirbel ; et les unes
et les autres , convenablement interprétées, fourniront
des lois applicables à l'examen des êtres animés.
INTRODUCTION. œui]
Persuadés qu’une telle fusion est possible , convaincus
qu'elle aurait les conséquences les plus avantageuses ,
nous dirigerons constamment notre entreprise vers ce
grand but. Les classificateurs ne sauraient.se passer de
connaissances anatomiques , et le soin que nous met-
trons à réunir toutes les découvertes en ce genre, facili-
tera beaucoup leurs travaux. Pour les physiologistes , il
est aisé de voir que toutes les notions relatives au règne
organique font partie de leur domaine. Si la belle science
qu'ils perfectionnent veut dominer toutes les autres ,
elle doit s'approprier tous leurs résultats, quand ils lui
présentent de nouvelles vues ou de nouvelles lois. L’ana-
tomie ne s’est éclairée que par des comparaisons soi-
gneuses; de même la physiologie n’atteindra la vérité
qu’autant qu’elle pourra comprendre , dans ses recher-
ches, les systèmes les plus variés. Si elle a pris un essor
scientifique dès le moment où elle est devenue expéri-
mentale, il est probable qu’elle se mettra dans son vé-
ritable rang lorsqu'elle deviendra comparative. On n’a
point assez observé peut-être que le célèbre Spallanzani
travaillait dans cette direction , et qu’on trouve en elle
la clef de ses plus belles découvertes.
Le règne inorganique offre beaucoup plus d'ensemble,
et les savans qui se consacrent à son étude sont manifes-
tement sous l’empire des: mêmes idées: Les minéralo-
gistes , qui ont fait faire de véritables progrès à cette
science, ont su se servir à propos des notions de physique,
de chimie, et l’étude des formes danses corps crystallisés
vient de prendre tout d’un coup une impulsion nouvelle
qui promet une moisson abondante et riche en résultats
philosophiques. La géologie est devenue l'occupation
œiv INTRODUCTION.
favorite des hommes les plus élevés dans les sciences ;
elle avance rapidement vers son but, et les révolutions
éprouvées par la surface du globe ne tarderont pas à
nous être connues avec la plus extrême rigueur. Mais ,
nous le répétons, le règne inorganique est étudié de tous
côtés avec une suite dans les idées, une communauté
dans les moyens , qui,rendent les résultats parfaitement
comparables, et notre tâche agréable et facile. Il est
toutefois un point de vue que nous ne devons pas oublier
dans cette esquisse ; c’est l’intime liaison que l'étude
des corps organisés fossiles établit entre la zoologie , la
botanique et la géologie. Sans ce rapprochement obligé,
les deux règnes resteraient entièrement séparés. l’un de
l’autre; mais la nécessité d’étudier les fossiles entrai-
nera toujours les géologues à l'étude des animaux et des
végétaux vivans; comme la nécessité de classer les fos-
siles a forcé les botanistes et les: zoologistes à se livrer à
des études de géologie pure.
L’étendue de notre plan et l’esprit de notre us BR
peuveñtMmaintenant s’apprécier avec facilité. Notre
Journal comprendra toutes les branches des sciences
naturelles qu’on a coutume de considérer, comme scien -
tifiques ; nous les saisirons au point oùelles se trouvent,
et nous ferons connaître à nos lecteurs tous les mémoires
originaux qu'on voudra bien nous -confier. Nous tradui-
-rons tous ceux qui nous paräîtront le mériter, et nous
donnerons des autres des jextraits ;suflisans pour repro-
duire ce qu'ils pourraient renfermer d’essentiel.
La physiologie générale , l’anätomie comparée des deux
règnes , la zoologie la botanique»; mminuhgies la el
INTBODUCTION. æv
logie , ces diverses parlies, qui constituent l’histoire
scientifique des deux règnes organique et inorganique ,
se trouveront réunies dans notre recueil. On conçoit qu’il
serait complètement inutile d’y faire entrer les applica-
tions médicales , agricoles ou métallurgiques , car sous
ce rapport les Journaux de médecine , d'agriculture , et
l'excellent ouvrage publié par le Conseil des mines , ne
laissent rien à souhaiter.
Nous espérons que les considérations précédentes au-
ront suffisamment appris aux personnes qui aiment et
cultivent les sciences naturelles , sous quel rapport elles
peuvent attendre quelque avantage de cette nouvelle en-
treprise. Le plus grand de tous consiste sans doute en ce
que nous chercherons à fournir un moyen peu coûteux
de généraliser leurs études à ceux. d’entre les savans
que leur position obligeait à les rendre spéciales ; et nous
devons ajouter que l'intérêt bienveillant qu'on nous ‘a
déjà témoigné de toutes parts, est un sûr garant denotre
succès et la meilleure preuve de la justesse des vues qui
nous dirigent.
Il nous resterait à montrer aux personnes qui jusqu’à
présent sont restées étrangères aux progrès de l’histoire
naturelle , que les faits dont elle s'occupe mériteraient
une meilleure place dans l'éducation. générale: Mais
M. Cuvier qui sait envisager , sous un point de vue neuf
* et plein de finesse, toutes les questions qui $’offrent à son
esprit , nous fournira dans quelques lignes ce que l’on ‘a
dit jusqu’à présent de plus remarquable à ce sujet.
« Cette habitude:, que l’on prend nécessairement en
» étudiant l’histoire naturelle, de classer dans son esprit
» un très-grand, nombre d'idées, est l’un de; avantages
&v] INTRODUCTION.
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2
»
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»
de cette science dont on a le moins parlé , et qui de-
viendra peut-être le principal lorsqu'elle aura été géné-
ralement, introduite dans l’éducation commune : on
s'exerce par là dans cette partie de la logique qui se
nomme la méthode, à-peu-près. comme on s'exerce
par l'étude de la géométrie dans celle qui se nomme le
syllogisme ; par la raison que l’histoire naturelle: est
la science qui exige les méthodes les plus précises’,
comme la géométrie celle qui demande les raisonne-
mens les plus rigoureux. Or, cet art de la méthode,
une fois qu’on le possède bien ; s'applique avec un
avantage infini aux études les plus étrangères à l’his-
toire naturelle. Toute discussion qui suppose un classe-
ment des faits, toute recherche qui exige une distribu-
tion de matières , se fait d’après les mêmes lois, et tel
jeune homme qui n’avait cru faire de cette science
qu’un objet d’amusement, est surpris lui-même , à
l'essai, de la facilité qu’ellé lui a procurée pourdébrouil-
ler tous les genres d’affaires. »
‘ «Ellen’est pas moins utile dans la solitude. Assez-éten-
due pour suflire à l'esprit le plus vaste , assez variée ,
assez intéressante pour distraire l’ame la plus agitée,
elle console le malheureux, elle-calme les haînes.
Une fois élevé à la contemplation de cette harmonie
de la nature , irrésistiblement réglée par la Providence,
que l’on trouve faibles et petits ces ressorts qu’elle à
bien voulu laisser dépendre ‘du libre arbitre des
hommes! Que l’on s'étonne de voir tant de beaux gé-
nies se consumer si inutilement pour leur bonheur et
pour celui des autres , à la recherche de vaines com-
binaisons dont quelques années suffisent. pour faire
disparaître jusqu'aux traces ! »
ANNALES
DES
SCIENCES NATÜRELLES.
ARR RS LR LE LR LRU LR RER LR LAVER LATE LULLLLILEUILLUOR LRRLATILR LR
NOUVELLE THÉORIE
DE LA GÉNÉRATION:
Par MM. Prévost Er Duwas.
Dvs les premiers temps historiques des sciences, les phi-
losoplies qui se sont consacrés x leur culture ont dennt
beaucoup d’attention au phénomène de la reproduction
des êtres vivans. Ils ont présenté des idées plus ou moins
remärquables pour rendre raison des faits dont l’exi-
stence avoit été reconnue; maïs ceux-ci se bornant ,
pour ainsi dire , à l'observation la plus vulgaire , ils ont
tté entraînés dans de graves erreurs. Aristote, le père
de la philosophie naturelle , est peut-être le seul qui
se soit fait une notion judicieuse de la nature de ce phé-
nomène. Depuis cet homme illustre , chaque école , cha-
que secte a discouru sur ce sujet d’une manière plus ou
moins ingénieuse ; et quoiqu'il se soit exécuté de temps
à autre des séries d’observations, il est permis d’avancer
1. i
(2)
que l’on n’a point encore atteint le but que leurs auteu:s
avaient en vue.
En entrant dans cette carrière , nous avons considéré
avec quelque effroi la réputation , les travaux nombreux
et les découvertes importantes de nos devanciers. Plu-
sieurs d’entr’eux , pour ne pas dire tous, ont été placés
d’une manière éminemment propre à faciliter leurs étu-
des. Les uns se sont trouvés à la tête de grandes Acadé-
mies, les autres ont possédé la faveur de quelque Prince
généreux et ami de la science ; tous ont eu sous la main
les matériaux indispensables à des recherches d’un genre
aussi délicat. Que ne devions-nous pas redouter de la
faiblesse de nos moyens , lorsque nous-étions forcés de
convenir que le mécanisme de la génération n’avait pas
encore été mis en évidence en dépit de ces eflorts puis-
sans et répétés ?
Nous prions le lecteur de ne pas repousser trop vîte
notre manière d'envisager le phénomène, quand bien
même elle serait en opposition avec ses propres vues.
S'il lui est possible de faire abstraction des notions qu’il
a déjà acquises sur ce sujet, nous-sommes persuadés
qu’il n’éprouvera pas de répugnance à admettre notre
explication avec les restrictions convenables et dans les
limites que nous lui avons posées ; car , si nous sommes
appelés à combattre des idées généralement reçues , ‘il
convient de ne pas perdre de vue , qu’il est peu de science
où l’erreur soit plus facile à propager que dans celle-ci.
La liaison qui rattache les connaissances physiologiques
aux idées que nous nous formons de notre existence ma- |
térielle rend tous les hommes curieux des résultats obte- :
nus par les personnes qui se vouent à ce genre d'étude.
(3)
Ïl suit de à, qu'il existe une sorte d'opinion publique
sur la plupart des questions qui intéressent la vie ani-
male. Elle nous habitue à envisager les phénomènes or-
ganiques sous un point de vue miraculeux, ou en d’au-
tres termes , comme étant le résultat d’un ordre de lois,
très-différent de celui que nous montre la nature ina-
nimée.
Il est cependant de toute évidence qu'il existe dans les
animaux deux ordres de phénomènes qu’on ne peut con-
fondre en aucune manière. Ceux de l’intellect , dont la
manifestation suppose un principe immatériel , sur la na-
ture particulière duquel il est impossible de présenter des
notions précises. Geux du corps , quisemblent susceptibles
d’une explication purement physique, puisque nous ne
voyons en eux qu'une élaboration de matériaux déjà
existans sans création quelconque , et puisque dans beau-
coup de cas , lorsque l’action est d’une nature suffisam-
ment simple , on parvient aisément à démontrer la série
d'effets chimiques ou physiques qui déterminent ce ré-
sultat. Gette conviction nous a donné quelque confiance
en nos traväux , et nous a permis d'espérer , qu’au moyen
d’une expérimentation délicate , il ne serait pas impos-
sible d’arriver à la connaissance des lois naturelles qui
concourent à la production des actes dela vie. Persuadés
qu'ils n’ontrien de miraculeux, nous nous attachons à
étudier toutes leurs circonslancés , et nous cherchons à
combiner nos observations avec celles des physiologistes
qui nous ont précédés. Si nous avançons qu'il n'est pas
toujours aisé de les mettre en harmonie , nous ne sur-
prendrons guère les personnes qui ont réfléchi à l'état
actuel de la physiologie. On s'aperçoit aisément que cette
de
(4)
branche des connaissances hnmaines n’a point encore
véritablement pris un rang parmi les sciences exactes.
Elle manque , il faut l'avouer, d’un corps de docirine
fondé sur l’expérience, auquel on puisse ramener les ques-
tions de détail qui font l’objet des recherches particu-
lières. C’est un magnifique palais , pour lequel, depuis
bien des siècles, il se prépare de riches matériaux, mais
dont l'édification ne pourra commencer que lorsqu'on
aura trouvé les pierres qui doivent servir à poser ses fon-
demens.
Dépuis les premières époques de la philosophie , tous
les savans qui se sont consacrés aux études anatomiques ,
ou bien à ces brillantes spéculations physiologiques que
le public accueille toujours avec tant d’avidité, tous ont
abordé , sous un point de vue quelconque, la question
de la génération. Il en est résulté une multitude prodi-
gieuse de travaux qui ne demandent qu’à être revus et
réunis par un lien commun , pour former un des plus
beaux monumens que le génie humain ait encore eu le
pouvoir d'élever. Beaucoup de considérations de détail
ont été vivement débattues et amenées à ce point de
clarté, qui laisse peu de chosé à souhaiter; mais d’un
commun accord , tous les bons'esprits de notre époque,
regardent le phénomène général comme étant enveloppé
du voile le plus épais. Les uns envisagent comme une
chose probable que le nouvel être se forme de toutes
pièces au moment dela fécondation ; mais où , quand et
comment , c’est ce qu’ils ne peuvent résoudre en aucune
manière. Les autres penchent au contraire pour le fa-
meux système de l’emboitement, auquel Charles Bonnet
prêta lout le poids de sa logique et qu’il fit adopter à la
ï (5)
grande majorité de ses contemporains et de ses succes
seurs. Pour eux , tous les embryons préexistent dans le
sein de la mère, et le mâle se borne à leur donner la
commotion vitale : on est forcé , dans cette hypothèse ,
d'admettre que les premiers êtres de la création renfer-
maient toutes les générations successives , emboîtées les
unes dans les autres. Au premier abord, cette supposi-
tion effraie , mais peu-à-peu l'esprit s’y habitue , etbien-
iôt il la préfère à toutes les autres. Il semble plus facile
de concevoir une époque où la nature en travail donnait ,
pour ainsi dire, d’un seul coup, naissance à toute la
création présente et future , que d'imaginer une activité
continuelle qui répugne à notre faiblesse. Nous aimons
à nous lier par des rapports de ressemblance avec l'in-
telligence suprême qui préside à l’ordre de notre uni-
vers. Nous voulons qu’elle se repose, par cela même
qu'il nous est impossible de nouslivrer à une contention
d’esprit éternelle.
Le célèbre naturaliste Genevois n’a pu s’empêcher de
porter dans ses vues métaphysiques , les sentimens re-
ligieux qu’il se plaisait à montrer dans toutes les occa-
sions. Il a cru voir dans l’épigénèse une espèce de créa-
lion spontanée, qui tendait à soustraire les êtres orga-
nisés aux lois d’une nature plus relevée , pour les faire
rentrer dans la classe des corps bruts. C’est probable-
ment à cette erreur d’une ame véritablement pieuse que
l’exagération peu raisonnée des partisans de l’épigénèse
rend bien plus facile à concevoir , que nous devons le
syslème de l’emboîtement des germes , suivant Jequel ,
dès l'instant de la création, Dieu ayant communiqué le
souflle de vie aux êtres organisés ; façonnés par ses mains,
(67 .
cette impulsion primitive propagée d’âge en âge , et ré-
partie de génération en génération suffit pour attribuer
à chaque être vivant la faculté de se dérober aux lois
physiques et mécaniques qui régissent la nature morte.
Chaque membre de celle immense famiile renferme
tous les germes de ses descendans. Ils sont emboîtés de
manière à rendre leur développement successif , quoi-
qu'ils participent également à l’éncrgie assimilatrice dont
ils furent doués.
Ges principes simples , quoiqu’effrayans pour l’imagi-
nation , rendent assez bien raison des phénomènes , et cer-
tes leur auteur était trop versé dans la science de l'analyse
pour les admettre , s’il ne les eût pas trouvés en har-
monie avec les conditions connues du problème. Appuyé
de la démonstration hallérienne , fort des expériences de
Spallanzani sur le tétard , et se fiant aux lois de l’ana-
logie , qui lui permettaient de déduire la préexistence
du germe dans les animaux , de l’organisation connue
de l’ovaire des plantes , il n’a pas craint de donner à
sa théorie toute l’extension possible et de l'appliquer aux
diverses circonstances de la génération. Il devient inu-
tile de le suivre dans ces divers détails , puisque les bases
sur lesquelles il avait établi tous ses raisonnemens sont
évidemment fausses. Son idée fondamentale reste sans
preuve , et devient par conséquent une hypothèse gra-
tuile , qui n'offre d'intérêt que sous le rapport histo-
rique.
Quoique de toutes parts les découvertes anatomiques
sur la formation du fétus viennent sapper sa théorie, il
n'enest pas moins vrai qu’elle conserve encore beaucoup
de partisans. L'épigénèse qu’on avait abandonnée re-
(470)
prend quelque faveur ; mais cette explication vague se
prête si facilement aux vues particulières et aux désirs
de chacun des savans qui la préfère, qu’on en trouve
bien rarement deux qui soient d'accord sur les faits prin-
cipaux. C’est dans cet état d’une fluctuation pénible que
nous ayons essayé de discuter , par une. méthode pure-
ment expérimentale, les principales circonstances du phé-
nomène de la génération.
Jetons maintenant sur elles un coup-d’œil général , et
après les avoir comparées , nous essaierons de fixer la
marche que nous devons préférer pour les étudier avec
succès.
Deux êtres animés , l’un mâle , l’autre femelle, pris à
leur naissance, commencent dès leur entrée dans le
monde à exécuter toutes les fonctions qui caractérisent
le règne auquel ils appartiennent. Leur sang circule ils
respirent, digèrent, sentent, se meuvent et si l’on pé-
nètre dans l’intérieur de leur organisation , on ne tarde
pas à s’apercevoir qu’ils possèdent aussi la faculté de
produire plusieurs transformations sécrétoires ; cepen-
dant , ils sont encore inhabiles à la génération. Les or-
ganes que l’exercice de cette fonction exige ne manquent
pourtant pas ; mais ils se montrent sous une forme ru-
dimentaire, bien suffisante pour indiquer la nullité de
leur emploi. A une époque déterminée , ces appareils se
développent d’une manière brusque , et atteignenten peu
de temps le degré de perfection nécessaire à l’objet qu'ils
ont à remplir. Celui du mâle produit un liquide d’une
nature particulière qui est mis en réserve dans des cavi-
tés appropriées. Dans beaucoup de cas même , sa pré-
sence ne se manifeste qu’au moment où il devient uiile ,
219
et alors l'appareil de la génération plus simple, manque
entièrement de réservoir. La femelle crée des ovules, Ce
sont des corps particuliers sécrétés par les ovaires , et qui
se composent généralement d’une matière liquide ou pul-
peuse renfermée dans un sacmembraneux de forme sphé-
rique ou alongée.,
Lorsque ces préparatifs sont terminés de part et d'au -
tre , les deux êtres sont devenus capables d’en produire
un troisième , et si l’acte par lequel ils arriveront à ce
résultat varie beaucoup pour la forme , il est toujours le
même quant à sa principale circonstance. Gelle-ci con-
siste en ce que, d’une manière quelconque , la liqueur
fournie par le mâle arrive au contact de l'œuf produit
par la femelle. Ge pelit corps devient , dès-lors , suscep-
tible d’un développement ultérieur, et se transforme par
degrés; pourvu qu'il se trouve dans des conditions con-
venables de nutrition ,en unjeuneanimal demême espèce
que le père et la mère desquels il provient.
Tel est le phénomène de la génération réduit à son
expression la plus générale. Il se compose donc essentiel-
lement de trois temps principaux qu'il importe de sé-
parer pour établir quelque clarté dans notre examen.
Nous devons, en premier lieu, acquérir une ‘bonne
définition de la liqueur prolifique , apprendre comment
elle se forme , étudier ses divers élémens et en apprécier
l'importance. L'œuf fixera notre attention ensuite , et
nous essaierons , s’ilest possible , d'analyser sa structure
de manière à assigner l'emploi des diverses parties dont
il est formé. Après avoir acquis ces données , nous serons
bien mieux en état de saisir les phénomènes qui arrivent
au moment où l’œuf et la liqueur prolifique entrent en
(9)
rapport , sous les conditions nécessaires à la féconda-
Lion , et nous suivronsayec plus de profit les changemens
divers qu’il éprouve après cette époque, jusqu’au mo-
ment où nous aurons établi l’existence de tous les organes
da nouvel être. \
Après avoir exécuté les expériences que nous allons
rapporter , nous ayons senti que nous contractions l’en-
gagement de mettre notre théorie dans la plus entière
évidence. Nous avons donc étendu notre plan et nous le
poursuivons avec ardeur, de manière à pouvoir publier
dans les années qui vont suivre des monographies ren-
fermant l’histoire complète de la génération et du déve-
loppement du félus dans diverses espèces d'animaux.
Nous ayons eu soin de les choisir parmi les mammifêres ,
les oiseaux , les batraciens et les reptiles. Nous nous occu-
perons ensuite des poissons , des mollusques , des insec-
tes, et enfin de ces êtres équivoques , placés par les natu-
ralistes sur les limites des deux règnes organisés.
Il était pourtant nécessaire que nos idées fussent con-
nues du public, afin qu’elles fussent soumises à «ne
discussion dont nous espérons tirer parti pour donner
une plus grande perfection à notre travail. Mais à pré-
sent que notre théorie va se trouver établie d’une ma-
nière suffisante , nons pourrons nous livrer aux recher-
ches lenteset pénibles que nous avons déjàcommencées.
Nous ne craindrons plus de faire usage des ressources
nombreuses que nous offre celte ville, qui voit briller
toutes les sciences d’un éclat si vifet si pur. fl nous sera
permis de mettre à profit les dispositions bienveillantes
des hommes célèbres à qui la direction des établissemens
publics se trouve confiée. Nous avons été déjà l'objet de
(10)
leurs bontés en maintes occasions , et nous les prions
de vouloir bien agréer l'expression sincère de notre re-
connaissance. Enfin , nous espérons ou pour mieux dire
nous sommes certains d'avance que beaucoup de questions
particulières encore obscuros ne tarderont pas à s’éclair-
cir , grâce à la curiosité ardente et active qui caractérise
la jeunesse laborieuse au milieu de laquelle nous avons
le bonheur de vivre.
PREMIÈRE PARTIE.
Observations relatives à l'appareil générateur des ani-
maux mâles ; examen des liquides renfermés dans
les diverses glandes qui peuvent s'y rencontrer ;
histoire et description des animalcules spermatiques.
Ex étudiant la physiologie , on ne voit au premier
abord qu’une immense quantité de faits isolés les uns
des autres, quelquefois même contradicioires en appa-
rence , et l'esprit rencontre rarement une loi bien déter-
minée sur laquelle il puisse se reposer du soin de réunir
tant de détails et de les rappeler lorsqu'ils deviennent
nécessaires. Les théories qui devraient être ici , comme
dans toutes les sciences physiques , l’expression rigou-
reuse et générale des phénomènes connus; ces théories
ont été conçues malheureusement à des époques recu-
lées , elles ont presque toujours devancé l'observation
des faits qu’elles prétendaient expliquer , elles se sont mul-
tipliées à l'infini et l’histoire de la science nous les mon-
tre semblables à ces rêves ingénieux , dont une imagina-
lion enfantine se plait à récréer ses loisirs. Mais depuis
(11)
quelques années le génie expérimental s’est emparé de la
physiologie , on a senti qu’il était nécessaire de coordon-
ner d’abord des faits bien constatés , pour en tirer ensuite
des conclusions légitimes. C’est en suivant cette marche
heureuse, que nous pouvons espérer de voir un jour la
science de la vie , élevée au rang que son importance lui
assigne. On y parviendra, sans doute , en rassemblant
|
les actions particulières sous des lois nettes et bien arré-
tées , et en se servant ensuite de celles-ci, pour inven-
ter de nouvelles combinaisons susceptibles d’accroître la
série des faits qu’il nous est permis d’apprécier. Dès l’in-
stant où la chimie a suivi celte route, elle a, pour ainsi
dire , élé créée toute entière. Les lois particulières se
sont multipliées , les lois générales se sont laissé pres-
sentir , et dans l’espace d’un demi-siècle elle a fait plus
de progrès que la physiologie depuis l’époque de sa créa-
tion ; mais dans l’étude de la vie , il semblait, avant ces
derniers temps, que l’on n’expliquaitrien si on n’expliquait
pas tout , et comme il est très-rare d'arriver du premier
coup à des notions d’un ordre très-élevé , l’on se croyait
obligé de suppléer’aux faits dont on manquait, par une
hypothèse qui comblait Fespace vide qu’on aurait été
forcé de laisser en arrière.
Les Mémoires que nous avons l’honneur de soumettre
au jugement del’Académie , ont pour objet l'Histoire de
la génération et serviront mieux que de simples raison-
nemens à développer et préciser notre pensée. On verra
comment nous sommes parvenus à établir sur tous les
points de cctte fonction des lois particulières, propres à
représenter certaines parties du phénomène général. Si
nous avons eu le courage d’aborder l’ensemble de notre
. (28)
sujet ce n'est qu'après avoir acquis toutes ces nolions
locales , et nousavons éprouvé la satisfaction Ja plus vive,
en voyant qu'elles pouvaient se réunir, au moyen d’une
proposition simple , rigoureuse et susceptible de s’élen-
dre à la plus grande partie du règne animal.
Etudiée de cette manière , la physiologie possédera
sans doute un jour des bases rationnelles , et la partie de
la vie animale qui se rapporte aux phénomènes maié-
riels se trouvera ainsi ramenée à des conditions chimi-
ques , physiques ou mécaniques. Nous avons déjà fat
voir que l'irritabilité musculaire se représentait facile-
ment etdans ses moindres détails, au moyen d’une action
électrique bien connue : nous allons montrer maintenant
quelles sont les conditions matérielles , et pour ainsi dire
mécaniques de la génération , et bientôt nous aurons
l'honneur de communiquer à l’Académie nos expérien-
ces nouvelles touchant le phénomène important des
sécrétions. En suivant nos divers résultats , on ne verra
pas , sans quelque étonnement , que les lois deviennent
plus simples à mesure qu’on approfondit davantage Îles
faits sur lesquels elles reposent , et l’on parlagera peul-
être l'espoir dontnous sommes animés , relativement au
perfectionnement futur de la belle science , qui s'occupe
du plus beau phénomène de la création.
L'histoire de la génération comprend plusieurs par-
ties bien distinctes , et nous avous eu la précaution de
les traiter toutes séparement avec le plas grand soin et
d'en isoler les divers résultats. Notre ouvrage se compo-
sera donc de faits et de lois. Si ces dernières sont bien
établies, elles amèneront bientôt des découvertes de la
plus haute importance; mais si par cas elles se trou-
(16 )
vaient erronées, la sciencé n’en aurait pas moins acquis
un grand nombre de faits €onslalés avec la plus scru-
puleuse attention. Ils serviront toujours de point de
départ et de base de raisonnement , ét chacuri eh tirera
les conséquences qui lüi sémbleront les plus judicieuses.
Nousallons parcourir aujourd’hui les observations que
avons recueillies sur les fonctions du mâle. Mais avant de
passer à l’énumération des expériences que nous avons
tentées sur ce sujet , nous dirons quelques mots des or-
ganes préparateurs de la semence. On peut distingüet
jusqu’à cinq siéges de sécrétion , qui sémblent tous con-
courir au résultat. Il nous importe donc de les connaître
et d’en discuter l'emploi particulier.
Le premier , le plus général de tous, est le testicule ,
organe ovoide et binaire dans les animaux vertébrés :
mais dont la forme et lé nombre varient dans les autres
classes. Nous nous occuperons seulement des premiers
dans ce moment et nous renverrons à chaque cas parti-
culier le peu que nous savons sur les autres. Chez les
mammifères , les testicules consistent, comme on sait ,
en une masse de vaisseaux spermatiques entortllés, liés en-
eux par untissu cellulaire parenchymateux, au milieu
düquel viennent se répandre les vaisseaux sanguins. Ils
percent en petit nombre la membrane albuginée , et se
réunissent en un conduit unique, connu sous le nom
d'épididyme, qui se continue lui-même avec le canal dé-
férent. Celui-ci amène dans l’urètre le liquide fourni par
le testicule , et le verse dans la partie connue des ana-
tomistés sous le nom de vérumontanum.
Cette cavité recoit aussi les aboutissans de divers or-
ganes sécréteurs. L’un des plus remarquables , que l’on a
(14)
pourtant considéré jusqu’à ce jour comme un simple lieu
de dépôt pour la liqueur fournie par le testicule , porte
le nom de vésicule séminale, par analogie avec la vési-
cule du foie à laquelle on la compare d'ordinaire. Nous
verrons qu'il est peut-être convenable d'établir quelques
restrictions aux fonctions qu’on lui attribue généralement.
D'ailleurs, un grand nombre de mammifères se trouve
privé de ce réservoir, quel que soit son emploi.
La prostate verse dans le même lieu le liquide qu’elle
sépare du sang. Cette glande , que peu d’animaux possè-
dent , ne se trouve pas dans certaines espèces très-rap-
prochées par le reste de leur organisation de celles qui
en sont munies, 3
Enfin, on a distingué dernièrement un appareil vési-
culeux plütôt que glandulaire , qu’on a considéré comme
l’adjuvant des vésicules séminales ; et auquel, en con-
séquence , on a donné le nom de vésicule accessoire. Il
existe fort rarement.
C’est surtout aux travaux de M. Cuvier que nous de-
vons l’avantage de pouvoir ainsi caractériser et désigner
nettement chacune de ces parties. Leur classification de-
venait très-importante dans une étude délicate comme
celle à laquelle nous allons nous livrer , et seule elle a pu
nous permettre de fixer suffisamment le rôle particulier
à chacun de cesorganes , qui semblent , au premier abord,
concourir tous à-la-fois et participer également à la pro-
duction du liquide spermatique. L’urètre recevrait, en
effet , les matièces que chacun d’eux est habile à pro-
duire , s’il était possible que leur existence fût simulta-
née; mais les trois derniers manquent trop fréquemment
pour qu’on puisse imaginer que leur coopération soit né-
(NE
cessaire à la production de l’agent fécondateur. La vé-
sicule séminale elle-même peut être éliminée avec faci-
lité, soit qu’on ne voie en elle qu’un simple lieu de
dépôt , soit qu’on lui accorde le rôle d’organe sécréteur.
Dans l’une et l’autre suppositions , son absence fréquente
démontre assez qu’elle ne joue qu’un rôle secondaire.
Le testicule paraît donc l’organe essentiel à cette for-
mation , et rien ne confirme mieux la vérité d’une telle
conclusion, que l’exemple d’une foule d'animaux qui
n'en possèdent pas d’autre. Les oiseaux , beaucoup d’a-
nimaux à sang froid, n’ont réellement que des testicules
dont le liquide est porté jusques au lieu de l’émission
par un canal droit ou fréquemment replié sur lui-même.
Passons maintenant à l’étude de la liqueur sperma-
tique , et cherchons à fixer les idées des personnes que
la physiologie intéresse , sur un sujet qu’on regarde au-
jourd’hui comme fort obscur, d’autant que la plupart des
auteurs qui ont écrit sur cette science ont manifesté des
opinions vagues ou douteuses sur ce point important.
L'abus étrange que-les amis des hypothèses hasardeuses
ont fait du microscope à cette occasion , justilie assez
la répugnance que les esprits positifs éprouvent à discu-
ter des observations failes avec un instrument décevant
pour tous ceux qu’une longue habitude n’a pas rendus
maîtres de son emploi.
Personne n’ignore cependant que plusieurs natura-
listes du plus grand mérile ont signalé et confirmé l’exis-
tence de certains êtres agités de mouvemens spontanés
dans les liquides séminaux de presque tous les animaux.
Leur petitesse les avait dérobés aux recherches , jusques
vers l’an 1677. À cette époque, ils furent découverts par
(16)
Ham et Leewenhoeck, d’un côté, et par Hartsæker de
l’autre , sans qu'il soit possible d'établir entr’eux la prio-
rité d’une manière bien précise. Leewenhoeck décrivit
les animalcnles qui lui furent offerts par les semences de
divers animaux, et constata des différences assez nota-
bles entr'eux. Mais les idées hypothétiques qu’il mit en
avant jetèrent beaucoup de discrédit sur les résultats de
ses travaux , sur-toul à l’époque où le système de l’em-
boîtement prit faveur.
. Onen était resté là pendant un leinps assez long, lors-
qué l'attention des observateurs fut de nouveau rappelée
sür cé point par les recherches de M. Needham, dont
les dissertations sont trop connues pour qu’il soit utile de
lésrappeler ici. M. de Buffon s’en occupa beaucoup aussi
vers la même époque, et nous examinerons plus tard ses
résultat , qui sont trop peu nombreux pour justifier la
hardiesse des conclusions qu'il en avait déduites. If pa-
raît, en outre, que son instrument n’était pas favorable
à de telles recherches , et qu’il était lui-même peu fami-
liarisé avec l'emploi du microscope. Spallanzani fixa aussi
son attention sur la même question, il la traita d’une
manière plus positive et avec la sagacité qu’on admire
dans tous les ouvrages dont il a enrichi la physiologie.
Il examina et décrivit les animalcules d’un très-grand
nombre d’animaux , et remarqua toujours le plus parfait
accord entreses propres observations el celles de Leewen-
hoeck ; mais il envisagea le sujet sous un point de vue
particulier , qui lui fut suggéré par ses propres travaux
sur les infusoires , et par les idées de Bonnet, qui occu-
paient alors toute l’Europe savante. M. de Gleichen , na-
turaliste allemand, nous a donné des résultats analogues
(17)
et M. Bory-Saint-Vincent , que la lecture de notre pré-
mier essai sur les animalcules engagca dans une série
d'observations semblables , a trouvé la plus grande har- :
monie entre nos descriptions et les siennes.
L'existence des animalcules, la constance de leur
forme , et leur similitude dans tous les individus d’une
même espèce , se trouve donc confirmée par les recher-
ches de Leewenhoeck, Hartsæker , De Gleichen, Spal-
lanzani, les nôtres, eelles de M. Bory-Saint-Vincent ,
et aussi par des essais moins complets publiés acciden-
tellement dans les écrits de beaucoup d’autres natura-
listes.
Parcourons maintenant quelques-unes de nos expé-
riences , et nous verrons qu'il est facile de donner une
description comparable des animalcules , et sur-tout de
prouver qu'ils sont le produit d’une véritable sécrétion.
Afin de procéder, dans cette étude, d’une manière lo-
gique, nous allons envisager d’abord l'appareil généra-
teur sous sa forme la plus simple, et nous examine-
rons ensuite les divers degrés de complication qu'il est
susceptible de nous offrir. Cette méthode a le double
défaut de s’écarter considérablement des classifications
zoologiques et de considérer comme nuls des organes
qu'on retrouverait probablement sous une forme rudi-
mentaïre ; mais dans l'esprit de cet ouvrage , elle nouse
offre l’avantage précieux d'amener ‘progressivement 1
lecteur à la conception facile des dispositions secrétoi-
res les plus complexes.
Putois. Nous commencerons la série par les mammi-
Cères , et parmi ceux-ci nous choisirons le putois, à
ause de l'extrême. simplicité de son appareil généra-
ï. 2
(18)
teur. Nous n’y voyons en effet que deux testicules ovales,
à-peu-près de la grosseur d’une noisetle , dont les ca-
vaux déférens viennent s’unir dans l’urètre , à quelques
lignes seulement au-dessous du col de la vessie. Arrivé
dans cet endroit, le liquide spermatique suit la direc-
tion du canal, et s'échappe à l’état de pureté par l’ori-
fice du gland , au moment de l’éjaculation. Le pénis de
cet animal renferme un os long de deux pouces, légère-
ment recourbé , et dont l'extrémité extérieure, qui est
plate, se trouve percée d’un trou ovale. Si l’on examine
au microscope le liquide éjaculé , on y remarque une
foule d’animalcules en mouvement , parfaitement sem-
blables entr’eux pour la forme, la grandeur et le mode
de locomotion. Leur extrémité antérieure est renflée,
circulaire ; mais rapplatie, en sorte que lorsqu'ils se
placent sur le côté, on ne la distingue plus du reste de
l’animalcule. La queue est longue , susceptible de flexion ,
et c’est à l’aide des mouvemens qu’elle exécute , que le
petit être devient capable de locomotion. En général, la
manière dont ces animaux nagent se rapproche beaucoup
de l'allure des petits tétards de grenouille dont ils ont en
effet la forme et la vivacité.
Dans le canal déférent, on rencontre un liquide lai-
teux, épais, qui renferme une masse si considérahle
d’animalcules , qu’il serait impossible d’y rien distinguer
si l’on n’avait soin de le délayer avec un peu d’eau pure
ou de salive, Il est très-vraisemblable, comme le pen-
sait Leewenhoeck , que dans cet état la semence contient
plus d’animalcules que du véhicule liquide , en sorte
qu’ils se trouvent entassés les uns sur les autres, et à
peine humectés. Ils ressemblent d’ailleurs en tous points
(19) |
à ceux que nous avons trouvés dans le liquide éjaculé.
Ils ont la même forme , les mêmes dimensions, et se
meuvent de la même manière. Gomme eux, ils ne sont
mêlés d'aucune matière organique étrangère. L'épidi-
dyme donne lieu à des remarques semblables.
Si l’on prend le testicule et qu’on en coupe des tran-
ches, soit à sa surface, soit à sa partie centrale, près de
l'insertion de l’épididyme ou à , l'extrémité opposée ;
qu’on délaye dans un peu d’eau le liquide quis’en écoule,
et qu’on l’examine au microscope, on le trouvera tou-
jours abondamment chargé d’animalcules semblables
entr’eux et identiques avec les précédens, Seulement ils
seront mélangés de globules graisseux et de petits frag-
mens de tissu cellulaire ou parenchymateux, Ces corps
étrangers sont dus à la facilité avec laquelle se déchire
et se brise la masse du testicule dont ils proviennent
évidemment.
# La faculté locomotrice des animalcules césse très-ra-
pidement lorsqu'on les extrait ainsi des organes après Ja
mort de l’animal , mais élle dure davantage dans la li-
queur obtenue par éjaculation. Elle se prolonge encore
plus lorsqu'on laisse le liquide dans les vaisseaux. Ainsi
quelques porlions du canal déférent délayées dans un
peu d’eau oudesalive, chargent ces véhicules d’une foule
d’animalcules en mouvement , mais au bout de quinze à
vingt minutes on les trouve tous morts. Ils vivent ou se
meuvent pendant deux ou trois heures, sous les mêmes .
circonstances , si l’on fait usage de liqueur éjaculée. En-
fin , sil’on extrait l’appareil générateur du corps de l’a-
nimal ; et qu'on le conserve dans un linge humecté , on
peut en obtenir des animalcules vivans quinze à dix-huit
2,
(0)
heures après l'opération , soit qu’on les prenne dans les
canaux déférens , soit qu’on les retire des testicules eux -
mêmes. Leur mort n'arrive pas d’une manière brusque.
En effet , lorsque les animalecules sont bien vivans, on
remarque en eux des flexions rapides et alternatives de
la queue , qui ne permettent pas de chercher ailleurs la
cause de leur mouvement progressif. Presque toujours
ils se dirigent en avant; jamais on ne les voit rétrograder,
mais bien souvent ils ne semblent avoir aucun but déter-
miné , et s’agitent pendant long-temps sans changer de
place d’une manière appréciable. Dans tous ces cas, on
observe une dégradation manifeste de vélocité depuis
l'instant où on les a extraits de l’organe , jusques à celui
qui marque le terme de leur faculté locomotrice: L’éten-
due de leurs mouvemens décroît progressivement , l’am-
plitude de leurs oscillations diminue peu-à-peu , et bien -
tôt ils se montrent sans vie et flottans au gré du liquide
dans lequel ils sont immergés. .
Nous donnerons plus loin un tableau dans lequel se -
ront comparés divers animalcules sous le rapport de leur
longueur réelle. Pour s’en former une idée juste , il suf-
fira de remarquer que , dans nos planches , le grossisse-
ment est toujours de mille diamètres.
Chien. — C’est l'animal qui nous offre , après le putois ,
les organes sécréteurs les moins nombreux. On n'y
trouve , en eflet, que les testicules et la prostate.
Les testicules possèdent un corps d’hygmore et sont
revêtus d’une membrane albuginée, forte et fibreuse.
Lorsqu'on veut les dépouiller , elle s’eniève aisément
et laisse à découvert un parenchyme' tuberculeux et
ondulé, presqu’enlièrement composé de vaisseaux sper-
(21)
matiques. Ceux-ci sont susceptibles d’être isolés les uns
des autres, et possédent un diamètre de ; de millimè-
tre , lorsqu'ils sont gorgés de semence. Ils se contrac-
tent un peu après l'évacuation. Ils sont repliés sur eux-
mêmes en forme d’anse et produisent ainsi des faisceaux
parallèles. En essayant ‘de les suivre pendant un trajet
de plusieurs pieds de longueur , on les voit toujours con-
tinus , sans divisions ni anastomoses , el si l’on examine
avec attention leur embouchure dans l’épididyme , on
voit très-bien qu'ils ÿ parviennent en petit nombre.
Comme à l’ordinaire , celui-ci consiste en un simple con-
duit replié sur lui-même et présente un corps alongé ,
légèrement bosselé, placé le long du testicule. Le canal
déférent auquel il aboutit possède des parois d’une épais-
seur extraordinaire relativement à sa caviié, qui est à
peine d’un liers de millimètre et qui se dessine en blanc
laiteux au travers des membranes , lorsqu'il est gorgé de
semence. Les déférens arrivent dans lurètre, très-près
du côl de la vessie. Ils y versent leur liquide au, moyen
de deux petites ouvertures placées sur les côtés d’une
espèce de papille légère qui en marque la situation. C'est
précisement dans cet endroit que se trouve la prostate.
Elle est à-peu-près de la grosseur d’une fève , mais ar-
rondie et partagée en deux lobes principaux , ce qui lui
donne la forme d’un cœur renversé. Si on la divise , on
voit qu’elle est composée d’un grand nombre de petits ca-
naux parallèles entr’eux et repliés dans l’endroit où ils at-
teignent la surface de la glande. Il serait difficile d'en sé-
parer neltement une portion un peu léngue ; mais il est
bien probable que si l’on pouvait y parvenir , on lrou-
verait que la prostale , commele testicule , consiste en un
(22)
ou plusieurs tubes simples et fort longs. Quoiqu'il er
soit , le liquide qu’ils séparent du sang vient se rendre
dans le canal de l’urètre , sur les côtés du petit tubercule
qui porte les ouvertures des déférens. C’est là que se mêé-
lent les deux liquides , et ils passent ensuite , sans éprou-
ver d'autre addition de matière organique jusques à l’ex-
trémité de la verge, et s’écoulent goutte à goutte d’une
manière uniforme à l'instant ducoit. |
Les corps caverneux présentent une disposition parti-
culière chez cet animal. Ils consistent, comme à l’ordi-
paire , en deux cylindres desubstance fibro-cartilagineuse,
épaisse et élastique , dont l’intérieur est traversé par un
grand nombre de petites brides fibreuses , perpendiculai-
res à l’axe. Entre celles-ci se trouve le tissu spongieux ,
érectile , qui s’engorge de sang dans le temps de l’érec-
tion. Vers la partie moyenne de l’os pénial ,les corps ca-
verneux se renflent beaucoup et produisent ces deux hémi-
sphères qui servent à retenir la verge dans le vagin pen-
dant Pacte de la copulation. Cette condition est indi$pen -
sable à la fécondation , à cause de la lenteur avec laquelle
la semence est émise , et qui semble montrer une sécré-
tion continue, mais peu considérable dans ce moment.
L'os pénial est fixé en arrière sur les corps caverneux.
Il se termine en avant, par un petit cartilage conoïde ,
assez effilé , et la surface inférieure est creusée longitudi-
nalement par une gouttière étroite et profonde qui va en
diminuant , à mesure qu’elle approche de l’extrémité an-
térieure , et finit par s’effacer entièrement.
Examinons maintenant le liquide spermatique lui-mé-
me , en faisant usage des notions que nous venons d’ac-
quérir sur la structure des organes chargés de le sécréter.
(25)
ILest évident que le canal déférent et les conduits de la
prostate amènent dansle vérumontanum des parie dis-
tincts, et que leur mélange produit la liqueur qu’on voit
s’écouler du pénis à l’instant de l’éjaculation. Dansles dé
férens, nous trouvons en abondance un liquide épais,
. blanc et rempli d’animalcules fort agiles. Ils sont plus
petits que ceux du putois, mais d’une forme analogue.
Hs existent aussi dans l’épididyme et se présentent dans
l’un et l’autre cas parfaitement distincts et dégagés de
toute malière hétérogène. Que l’on prenne des tranches
du testicule en divers endroits , qu’on délaye le liquide
qu’elles laissent échapper , et celui-ci montrera de même
une foule d’animalcules en mouvement, semblables en
tout point aux précédents. Ils seront toutefois mélangés
de graisse et de débris que nous savons être dûs à la des-
truction du tissu de l’organe : ainsi , le testicule du chien,
comme celui du putois , émet des animalcules et seule -
ment des animalcules , illes transmet à son canal défé-
rent , et celui-ci les transporte dans le canal de Fu-
rètre. #
Passons à la prostate. Elle sécrète aussi un liquide
opalin , blanchâtre , qu’ilest facile de se procurer à l’état
de pureté, soit en prenant des tranches de cet organic
et recevant sur une plaque de verre le liquide qu’on en
fait sortir , au moyen d’une compression graduée, soit
en obtenant de la même manière celui qui transsude des
canaux excréteurs dela glande. On peut encore , comme
nous l’avons pratiqué fréquemment , laver l’intérieur du
vérumontanum , comprimer l'organe et se servir de Îx
liqueur qui est venue s’y rassembler. Dans toules ces
circonslances, on ne remarquera rien d’analogue aux.
( 24 )
animalcules. Des globules nombreux semblables à ceux
du lait flotteront dans le liquide , mais ils ne manifeste-
ront aucune faculté locomotrice quelconque , seront tou-
jours dépourvus de queue , etl’œil le moins exercé pourra,
dès le premier essai , distinguer les liquides fournis par
les canaux déférens, de ceux que l’on aurait obtenus de
la glande prostate.
Mais pourtant ces deux produits se mélent dans l’u-
rèlre , et il était possible que le microscope püût saisir
quelque actior entr'eux. Nous avons pris une goutte de
l’un et une goutte.de l’autre ; celle qui provenait du ca-
nal déférent fourmillait d’animalcules pleins de vie , l’au-
tre ne contenait que des globules inertes. Leur mélange
exécuté sous le microscope lui-même a été sans résultat ;
les animalcules ont continué leurs mouvemens , sans qu'il
fût possible d’apercevoir aucune accélération ni aucun
ralentissement, Quant aux globules, ils-flottaient dans
la liqueur eomme auparavant ,etne changeaient de place
qu’au moment oùils éprouvaient quelque choc de la part
d’un de leurs agiles compagnons.
Ces circonstances représentaient-elles bien la nature ,
et celte expérience pouvait-elle nous permettre de pro-
noncer relativement aux phénomènes possibles , lorsque
le mélange s’opère dans les organes eux-mêmes ? Quelle
que fût notre opinion à cet égard , nous avons dû cher-
cher d’autres moyens. L’examen de la liqueur sperma-
tique éjaculée nous a d’abord offert les animalcules et
les globules très-distincts et faciles à reconnaître. Les uns
nageaient vivement, les autres restaient immobiles toutes
les fois qu’ils n'étaient pas heurtés. Nous avons craint
qu’il ne fût déjà trop tard; nous ayons sacrifié de suite
(29)
l'animal qu’on venait de séparer de sa femelle, et qui
fournissait sa liqueur fécondante goutte à goutte d’une
manière continue. On a ouvert le vérumontanum , et le
liquide qu'il renfermait a été transporté sous le micros-
cope. On a observé les mêmes phénomènes.
I paraît donc que les produits de ces deux glandes se
mêlent sans agir l’un sur l’autre, et que celui de la
prostate, plus fluide , sert à diluer simplement celui qui
provient du canal déférent, qui est fort épais. Nous avions
déjà remarqué anciennement que la liqueur éjaculée
était presque aussi liquide que l’eau pure , et qu’elle avait,
à très-peu de chose près , la même densité. Nous avions
fait observer en même temps que les matières provenant
du testicule étaient très-consistantes , et qu’il en était de
même de celles qu’on retirait de la prostate. Nous de-
mandions alors où était la source de la sécrétion liquide ,
et nous avions laissé celte question indécise. Aujourd’hui
nous pensons , d’après l'observation dont nous venons de
faire l’histoire , qu’elle provient de la glande prostate qui
fournit en effet une sécrétion très-liquide à l'instant de la
copulation , bien que dans l’état ordinaire, on la trouve
gorgée d’une liqueur épaisse. Cette différence de produit
n’a rien d’extraordinaire , et rentre dans les accidens de
sécrétion les plus familiers à la vie animale.
Nous possédons maintenant les élémens d’une impor-
tante discussion et nous ne la renverrons pas plus loin,
afin d'empêcher le lecteur de se livrer à des préventions
mal fondées. Leewenhoeck a cru , et a publié dans plu-
sieurs occasions , qu’il existait des animalcules sperma-
tiques de forme et de taille diverses ; et ces diflérences
lui semblaient provenir de leur état d’accroissement,
( 26 )
Dans une de ses lettres à Bocrhaave,, il cile une expé-
rience que nous allons examiner avec attention. Il prend
les parties de la génération d’un bélier , et décrit les ani-
malcules trouvés dansles canaux déférens avec beaucoup
d’exactitude ; mais il affirme ensuite n’avoir rien vu de
semblable dans les testicules , et nous savons déjà très-
positivement le contraire. Il paraît que Leewenhoeck
avait négligé de délayer son liquide, ce qui a nécessai-
rement dénaturé le résultat. Il soumet ensuite l’épidi-
dyme à la même investigalion ; mais après un temps assez
long , puisqu'il est question de quelques jours , etiltrouve
alors des animalecules avec des queues et des animalcules
sans queues ; ces derniers sont pour lui des adultes el
les autres des adolescens. Gette distinction serait sans
doute fort heureuse ; mais il suflit d’un séjour bien plus
court dans l’eau ; pour qu’une matière animale ‘quelcon-
que se transforme en globules mouvans. Ge fait est vul-
gaire aujourd'hui, tous les naturalistes le connaissent
parfaitement. Quand Leewenhoeck lui même a fait des
observations sur les parties fraîches , il n’a jamais décrit
de semblables choses. M. de Buffon a commis une er-
reur analogue , bien que les travaux de son ami M. Née-
dham eussent dû l’en garantir; mais de plus, ilest tombé
dans une autre illusion , lorsqu'il a pris des liqueurs sémi-
nales éjaculées soit dans le chien, soit dans l’homme, el
qu'il a confondu les globules fournis par la prostate avec
de véritables animalcules.
Pour nous, il nous semble évident que les animal-
cules spermatiques n’ont aucun intermédiaire entre l'état
parfait et la non-existence. Dès l’instant où on les aper-
çoit, ils se montrent tels qu'ils doivent être tou-
(27)
jours, et dans le testicule lui-même , ils présentent les
dimensions et la forme qu’on leur retrouve après l’éja-
culation.
Lapin. — Les testicules de cet animal sont assez vo-
lumineux et d’une forme alongée qui se présente rare-
ment. La poche qui les renferme les fait remonter qual-
quefois jusques dans l'anneau , de telle sorte qu'ils se
trouvent entièrement dissimulés. Ils sont enveloppés des
mêmes membranes qu’à l'ordinaire , et privés de corps
d’hygmore. Les vaisseaux spermatiques ont = de milli-
mètre de diamètre , sont disposés en faisceaux et liés par
un tissu cellulaire au milieu duquel circulent les vais-
seaux sanguins. Ceux-ci serpentent à-peu-près dans un
sens perpendiculaire à l’axe du testicule et se ramifient
peu. Nous n’avons pu saisir le passage des vaisseaux sper-
matiques dans. l’épididyme avec assez de netteté pour
les compter; mais il est digne de remarque , que les ca-
paux dé celui-ci sont presque aussi déliés que ceux du
testicule lui-même. Les déférens ne nous offrent rien de
particulier , et viennent en se rapprochant, aboutir au-
dessous du col de la vessie. Leurembouchure est cachée
par une poche de forme carrée , dont les angles supérieurs
tendent souvent à se prolonger en cornes : c’est la vési-
cule séminale. Elle possède des parois épaisses, assez
souples , et ressemblant , par leur texture , à celles de la
vessie urinaire. L'intérieur est revêtu d’une membrane
muqueuse et présente une cavité simple. Sur sa paroi
postérieure , on remarque un renflement glanduleux qui
n’alteint pas lé sommet de la vésicule , et se termine à-
peu-près aux trois quarts de sa hauteur. Son apparence
est'granulense , ce qui provient des petits culs-de-sac
#
( 28 )
dont il est composé , et qui se trouvant placés les us
à côté des autres , ne laissent voir que leur sommité.
M. Guvier considère cet appareil comme la prostate , et
nous verrons que l'examen de la liqueur qu’il sécrète ,
confirme cette opinion , que le célèbre auteur de l’Ana-
tomie comparée n’avail offerte qu'avec l'apparence de
quelque doute. à rl
Si l’on fend longitudinalement lurètre à sa partie an-
térieure , on met à nu une petite languette mobile,
sous laquelle se trouve une protubérance charnue , cor-
diforme. C’est entr’elles deux que viennent s’ouvrir les
canaux déférens en avant par deux orifices distincts , et
la vésicule séminale dans le fond , au moyen d’une seule
ouverture. À la même hauteur , mais sur le tranchant de
la languette, on observe à droite et à gauche cinq ou
six fentes très-fines , qui servent de passage au liquide
fourni par la prostate.
Dans le testicule , l’épididymeet les canaux déférens ,
on trouve une liqueur blanche , épaisse qui renferme
une foule d’animalcules plus longs que ceux du chien.
La rapidité de leurs mouvemens est extraordinaire , et
c'est peut-être de tous les mammifères celui qui possède
les animalcules les plus remarquables sous ce rapport.
La prostate contient un liquide bac , laiteux , dans
lequel on trouve beaucoup de globules analogues à ceux
du lait pour la forme et la grossenr, mais qui ne présentent
jamais d’animalcules,
Enfin , dans l’intérieur de la vésicule séminale , on ren-
contre un liquide gris-jaunâtre , dans lequel on distin-
gue une foule d’animalcules en mouvement. Ils sont mé-
lés de quelques corps étrangers très-gros, sphéroïdaux
( 29)
et globuleux , comme toutes les parcelles de mucus qui
se détachent des membranes muqueuses. On n’a pas be-
soin d'ajouter aucun véhicule pour voir les animalcules
distincis el séparés , et lorsqu'on examine la liqueur avec
attention , on reconnaît qu’ils sont accompagnés de pe-
tits globules semblables à ceux qu’on trouve dans la
prostate.
Le jeu de ces diverses parties devient facile à suivre
au moyen de toutes ces notions, Les testicules fournis-
sent des animalcules, et les canaux déférens les amènent
dans le vérumontanum. La prostate secrète des globules
qu’elle verse dans le même lieu , et la vésicule séminale,
qui ne produit rien, s’ouvre pour recevoir le mélange
des deux liquides qu’elle conserve jusqu’au moment où
son émission peut devenir utile. Malgré l'existence de ce
troisième organe , la liqueur éjaculée ne se trouve donc
pas plus complexe que dans le chien , qui n’en possède
que deux.
( La suite au prochain Numéro. )
OrsErvations sur les genres Cyrinus et NEPENTHES ;
L2
Par M. An. BronGnrAnT.
M. Rob. Brown, dans son savant Mémoire surle genre
Rafflesia (1), en traitant des affinités de cette plante
singulière , indique une division de la famille des Aristo-
lochiées , telle qu’elle avait éié établie par M. de Jussieu,
(1) Trans. Linn. , vol, XII , p.
( 30)
en deux nouvelles familles ou en deux tribus; l’une,
sous le nom d’AsARIN£ES , paraît devoir renfermer des
genres Asarum, Thottea , Aristolochia et Bragantia ;
l’autre, qu’il désigne par le nom de cyriNËEs, compren-
drait le genre Cytinus , le Ra/flesia , encore imparfaite-
ment connu, puisqu'on n’a pu en étudier que l'individu
mâle , et le genre Nepenthes , qui s’éloigne cependant de
cette famille par son ovaire-libre.
Ce rapprochement curieux d’un genre jusqu'alors
laissé parmi les plantes dont la position était la plus in-
certaine dans la méthode naturelle , la manière incom -
plète ou même inexacte dont les genres Nepenthes et Cy-
tinus m'ont paru décrits jusqu'ici , m'ont engagé à les
examiner avec soin ; malheureusement un des points
les plus importans à éclaircir a échappé à toutes mes re-
cherches ; je veux parler de la structure de la graine du
Cytinus ; il m'a été impossible de me procurer des fruits
mûrs de cette plante, et MM. De Candolle et Delisle,
qui ont pu l’étudier sur le vivant, m'ont dit les avoir
toujours trouvées stériles et sans trace d’embryons.
Le Cytinus , tès-voisin des Aristolochiées proprement
dites, par la structure de ses fleurs mâles , en diffère
par la séparalion des sexes dans des fleurs particulières ,
et sur-tout par son ovaire uniloculaire à placentas parié-
laux; enfin, par le nombre quaternaire de toutes les
parües de la fleur , nombre qui est ternaire dans toutes
les véritables Aristolochices.
Le Nepenthes se rapproche du Cytinus par la sépara-
tion des sexes dans les fleurs différentes, par le nombre
également quatcrnaire des divers organes de la fleur,
par la structure presqu’identique de ses étamines ; enfin ,
(31)
quoique son ovaire soit divisé en quatre loges , le mode
de placentation de ses graines peut être regardé comme
le même, puisqu'elles sont insérées également aux deux
côtés de placentas pariétaux qui ne diffèrent des placentas
du Cytinus qu’en ce qu’ils sont beaucoup plus saillants et
divisent complètement le fruit en quatre loges.
Ces deux genres et le Ra/fflesia se ressemblent encore
par leur préfloraison imbriquée , tandis que les Asari-
nées de M. Rob. Brown, ou Aristolochiées proprement
dites , ont la préfleuraison valvaire.
Le Nepenthes ne diffère essentiellement du Cytinus
que par son ovaire supérieur, par son fruit déhiscent, ce
qu’on peut regarder comme une conséquence du carac-
ière précédent , et par son stigmate sessile. Quant à la
grande différence qui existe entre le port de ces deux
senres, on doit y donner peu d’importance si on se
rappelle que presque toujours les plantes parasites sont
dépourvues de feuilles et de couleurs brillantes, quoi-
que plusieurs d’entr’elles appartiennent à des familles de
plantes ornées du feuillage le plus beau. Ainsi la diffé-
rence d'aspect n'empêche pas de placer la CGuscute parmi
les Convolvulacées , les Orobanches auprès des Rhinan-
thacées , les Gassythes auprès des Lauriers. Parmi les Or-
chidées, beaucoup de plantes parasites et aphylles se
trouvent rangées à côté des espèces dont la végétation est
la plus riche; ces exemples suffisent pour rappeler le
peu de cas qu’on doit faire du port, sur-tout lorsqu'il
dépend seulement du plus ou moins grand développe-
ment de certains organes , et non de leur insertion ou de
leur structure.
Le mode de vegétation et la structure de la fleur
(52)
mâle du Ra/flesia ; la seule qu’on connaisse , ont , comme
l’a parfaitement fait sentir M. Rob. Brown , de grandes
analogies avec l’organisation du Cytinus ; ces deux plantes
sont également parasites sur les racines , et couvertes d’é-
cailles imbriquées ; leur périanthe, en partie tubuleux, a
son limbe divisé en lobes profonds , arrondis , et imbriqués
pendant la préfleuraison ; la position des étamines est la
même, et les cornes nombreuses qui surmontent la co-
lonne centrale du Ra/]lesia, rappellent les huit tuber-
cules coniques qui terminent la colonne staminifère du
Cytinus , ei qui paraissent des vestiges des huit.lobes du
stigmate de la fleur femelle ; les principales différences
consistent dans le grand nombre d’étamines qui existent
dans le Ra/flesia, dans la singulière structure de ces éta-
mines que leur état peu développé n’a peut-être pas
bien permis d’observer ; dans le nombre considérable
des appendices qui surmontent la colonne centrale ; et
qui en les supposant analogues à ceux du Cytinus, indi-
queraient un ovaire à placentas très-nombreux; enfin ,
dans la divisior qumquennaire du limbe du périanthe.
Les trois genres Cytinus , Rafflesia et Nepenthes , pa-
raissent donc s’accorder .par un assez grand nombre de
caracières, pour mériter de former un groupe particu-
lier , diflérant des vraies Aristolochiées , principalement
par la séparation des sexes , par le nombre quaternaire ou
quinquennaire des parties de la flear , et par leur préfle u-
raison imbriquée ; on pourra regarder ce groupe très-
voisin des Aristolochiées , soit comme une simple sec- .
tion de cette famille , soit comme une famille particulière.
Peut-être lorsque l’AÆphyteix sera mieux connu, vien-
dra-t-il se ranger auprès de ces mêmes genres ;,sa ma-
(55 )
nière de croître sur les racines d’autres plantes , sa forme
générale,’ tout paraît le rapprocher du Cytinus et du
Bafflesia , mais il*est connu trop imparfaitement pour
qu’on puisse rien fixer d’une manière certaine sur ses
affinités. Le nombre ternaire des diverses parties de la
fleur pourrait porter à le regarder comme monocotylé-
doné, on comme plus voisin des Aristolochiées , sur-tout
s’il est réellement hermaphrodite : mais on peut élever
quelques doutes à cet égard , quand on voit que jusqu’à
ces derniers temps le Cytinus a été décrit comme her-
maphrodite, et que Linnée et tous les anciens auteurs
ont attribué le même caractère au Nepenthes , tandis
que l’un et l’autre ont les fleurs unisexuelles. C’est dans
le Genera de M. de Jussieu et dans celui de Schreber 3
ouvrages publiés à la même époque, qu’on trouve les
premières descriptions exactes du Nepenthes ; cependant
la structure de la graine n’est décrite avec détail dans
aucun de ces ouvrages , et on verra qu’elle présente plu-
sieurs faits assez curieux. Gærtner, qui l’a examinée le
premier , nous paraît $’être trompé à plusieurs égards ;
il ne dit rien dela structure singulière des tégumens qui
lenveloppent ; il a bien observé l'endosperme et l’em-
bryon dans son centre, mais il a indiqué ce dernier
comme monocotylédoné (1) ; malgré son extrême peti-
iesse, je l’ai toujours vu divisé en deux cotylédons
hinéaires appliqués l’un contre l’autre ; sa radicule , dans
les graines des deux espèces que nous avons observées,
est dirigée vers le point d’attache extérieur de la graine
LLC
(1) M. Richard a le premier indiqué cette erreur dans
son admirable opuscule de l'Andyse du fruit, p.46, 82.
1. 2
(34)
au placenta; mais , comme on le verrà bientôt, elle est
opposée au point par lequel les vaisseaux nourriciers ar-
rivent à la surface même de cette graine : en eflet , l’a-
mande , de forme oblongue , composée de l’embryon et
de l’endosperme qui l’entoure , est recouverte par un pre-
mier tégument membraneux , mais assez dense et comme
plucheux à sa surface. Ce tégument est terminé à ses
deux extrémités par deux pointes plus ou moins longues ,
l’une inférieure est la plus mince et libre, du moins
dans la graine mûre (1) 3 l’autre , supérieure , est for-
mée d’un cordon vasculaire assez fort, et va s’insérer au
sommet de la cavité d’une sorte de: coiffe membra-
neuse , tubuleuse ; qui enveloppe la graine de toute part
sans lui adhérer dans le N. madaguascariensis, et qui
adhère à la partie moyenne de la graine dans le N. in-
dica ; cette enveloppe membraneuse , qui ressemble
asséz par sa forme à la coîfle très-alongée de certaines
mousses , se prolonge supérieurement en une extrémité
(1) Cette pointe qui, dans leNepenthes endica, se
prolonge en un filament assez long, mais irès-grèle, di-
rigé vers le hile, qui, dans le N. madagascariensis ,
ést béaucoup plus courte, et ne se prelonge pas tout-à-
fait jusqu’au point où le cordon ombilical se détache de
l'emveloppe membraneuse de la graine , ne poutrait-ellé
pas être considérée comme le resté d’un second faisceau
vasculaire formé par les vaisseaux fécondans qui se seraient
détruits après la fleuraison? Ge fait s’accorderait avec plu:
sieurs autrés ; pour faire présimer que dans beaucoup
de cas où la radicule est opposée au hile, elle est dirigée
vers le point d'insertion des vaisseaux fécondans qui se-
raïent distincts dans ces piantes des vaisseaux nourri-
ciers, et qui se seraient détruits pendant la maturation.
(55 )
subulée et spongieuse à l’intérieur , tandis qu’inférieu-
rement elle forme une sorte de tube rétréci à sa base ,
et ouvert par un pore oblique ; la graine est suspendu ,
comme on l’a vu, par un cordon vasculaire au sommet
fermé de cette enveloppe tubuleuse; si on suit ce
cordon depuis son insertion au tégument intérieur
de la graine jusqu’au placenta , on voit qu'après avoir
atteint le fond de celte sorte de coïffe , il se réfléchit
et redescend dansses paroïs membraneuses qu’il parcourt
sous la forme d’une nervure vasculaire très-facile à dis-
tinguer avec une forte loupe , à cause de la ténuité de
la membrane; il suit alors deux mafches différentes dans
les deux espèces que j'ai eu occasion d'observer, Dans
le N. indica , il reste dans les parois de Penveloppe ex-
térieure jusqu’auprès de son orifice inférieur , son extré-
mité forme le hile , et les graines paraissent ainsi ses-
siles sur le placenta, quoïque les’ vaisseaux qui sortent
de cet organe pour se porter dans la graine parcourent
un espace assez grand avant de l’atteindre. Dans le W.
madagascariensis , le faisceau vasculaire arrivé à-peu-près
à moitié de l’espace compris entre le sommet de la
graine et l'extrémité inférieure de son enveloppe mem-
braneuse , s’isole de cette enveloppe êt forme un court
pédicelle qui va s’insérer au placenta ; mais ce n’est pa
la seule singularité que présente celte graine ; à sa nialu -
rité , ce pédicelle, qui se trouve ainsi obfique sur la di-
rection de Ja graine , se continue presque toujours. dañs
cetie même direction , sous la forme d’un filet sétacé
libre qui traverse obliquement la coîfle membraneuse ,
la perce du côté opposé à celui par lequel il était entré ,
et se prolonge en dehors én continuant la direction du
=
Je
(56)
pédicelle inséré au placenta : la graine, ou plutôt son
enveloppe tubuleuse, paraît ainsi traversée obliquement
par un petit filament noirâtre, vasculaire dans la partie
qui correspond au placenta, et celluleux dans son ex-
trémité libre.
Ce prolongement subulé ne paraît se développer que
pendant la maturation des graines, car il n’existe pas
dans les ovules , dans les graines avorlées et même quel-
quefois dans les graines fertiles; on peut le comparer au
crochet qui embrasse en partie la graine des Acanthacées
et qui n’est également qu'un prolongement du podo-
sperme développé pendant la maturation de la graine.
La graine d’une autre espèce (1) , analysée par M. Ri-
chard , et dont son fils a bien voulu me communiquer le
dessin et la des cription, lui ont présenté quelques diffé-
rences de structure importantes à remarquer .: l’endo-
sperme et la forme de l’embryon sont, à peu de chose près,
les mêmes dans cette espèce et dans celles que j'ai exami-
nées; mais M. Richard indique la radicule comme supé-
rieure, tandis que je l’ai toujours trouvéeinférieure. L’exac-
iitude de cet habile observateur ne doit laisser presqu’au-
cun doute sur ce qu'il a vu; le soin que j’ai mis à répéterles
observaiions queñÿ'avais déjà faites , mc permet de croire
que je ne me suis pas trompé. Serait-il donc possible que
dans ce genre , quelques espèces eussent la radicule supé-
(1) Les échantilions conservés par M. Richard , ne con-
sistapt qu'en fleurs et fruits détachés , je n’ai pu détermi-
ner s'ils provenaient du N. cristata ou de quelqu’espèce
nouvelle. Il m'a été impossible de vérifier l'observation
que je rapporte, toutesles graines quirestaient dans l’her-
bier de M. Richard s'étant trouvées stériles.
(3%)
rieure , tandis que d’autres l'ont inférieure et la forme
différente des tégumens de ces graines ne peut-elle pas ex-
pliquer cette différence de position ; dans les deux espèces
que jai observées , la graine proprement dite, ou l'a-
mande , est suspendue à l’extrémité d’un cordon ombilical
recourbé ; le point supérieur est donc celui qui corres-
pond au hile ou à l'insertion des vaisseaux nourriCiers ;
dans la graine décrite et figurée par M. Richard (pl. 5,
fig. 3), on ne voit aucun indice de cette suspension ; la
graine , au contraire , paraît droite dans son enveloppe
membraneuse , et recouverte par un seul tégument. En
admettant ce fait, on voit que les embryons de ces di-
verses espèces auraient la même position dans la graine,
qu'ils seraient toujours inverses; tandis qu’en fixant leur
position par rapport à l’axe du fruit, ou même d’après le
point d'insertion extérieur des graines, la radicule serait
tantôt dirigée vers le hile, et tantôt opposée à ce point,
anomalie qu’il paraît difficile d'admettre dans un genre
aussi naturel. .
Il était impossible d’étudier le genre Nepenthes, sans
fixer quelques momens son attention sur les urnes si re-
marquables qui terminent ses feuilles , et qui ont causé
l'admiration de tous les voyageurs ; suivant les observa-
tions des naturalistes qui ont observé ces plantes dans
leur pays natal , ces urnes ne se remplissent pas seule-
ment à la suite des pluies ou par l'effet de la rosée, mais
elles sont le siège d’une véritable sécrétion d’eau parfai-
tement limpide et très-bonne à boire ; le peu d’étendue
de la surface exposée au rayonnement du ciel, dans ces
urnes étroites et profondes , s’opposait à ce qu’on pût ad-
mettre qu’elles se remplissaient par l'effet seul de la ro-
(58)
sée : aussi tous les voyageurs disent que l’eau que ces
urnes contiennent , est le résultat d’une exhalation de
leurs parois ; mais aucun n’a indiqué si cette surface pré-
sentait quelque modification de structure qui pût expli-
quer un phénomène aussi singulier : j’ai examiné avec
soin la surface intérieure des urnes des trois espèces qui
existent dans les herbiers de Paris , et j’ai toujours trouvé
celle surface couverte , soit complètement , soit en par-
tie, de petites glandes ou tubercules noirs , saillans , très-
nombreux et très-serrés. Dansle VNepenthes madagasca-
riensis, ces glandes couvrent toute la surface interne des
urnes depuis l’orifice jusqu’au fond , elles sont noires ,
arrondies et déprimées ; dans les Vepenthes indica
et cristata , elles n’occupent que la moitié inférieure de
Vurne , elles sont plus petites, plus saillantes , d’un brun
foncé, el très-serrées; elles cessent brusquément à la moi-
tié de l’urne , dont la surface.intérieure devient unie et
est couverte d’une poussière glauque ou plutôt bleuâtre
ou violacée , du moins sur les échantillons secs. Ilest dif-
fcile de ne pas admettre que ces glandes , qui ne se re-
trouvent sur auçune autre partie de ces plantes, sont des-
tinées à la sécrétion du liquide abondant qui remplit ces
urnes; malgré le degré de probabilité qu’il nous paraît
y avoir en faveur de cette opinion , il faudrait la vérifier
par des expériences directes sur la plante vivante.
Je passe actuellement à la description détaillée des genres
et des espèces qui composent le groupe des Cytinées ;
on verra que j'ai indiqué sous le nom de Nepenthes
cristata , une espèce qui me paraît nouvelle et bien dis-
tincle de trois autres espèces connues , quoique je n’en
aie vu que des individus dépourvus de fleurs etde fruits.
(39 )
CYTINEÆ.
Flores monoici vel dioici ;
Perianthium superum {in Nepenthe inferum.) 4-5
partitum: prefloratio imbricata (1).
Stamina 8 , 16 vel numerosiora , columnæ centrali
inserta , extrorsa.
Ovarium adhærens vel liberum uni vel quadriloculare ;
placentæ 4 v.8 parietales. Stylus cylindricus vel nullus.
Stigma lobatum, lobis numero placentarum æqualibus.
Semina numerosa ; endospermum carnosum ; embryo
rectus axilis , dicotyledoneus, ;
IL RAFFLESIA. R. Brown. trans. Linn. T. XIIF,
p- 207.
Flores dioici.
* Perianthium monophyllum coloratum , tubo ventri- :
coso , coronà fauci annulari indivisà ; limbo quinque
partito æquali.
Masc. Columna (inclusa) limbo apicis reclinato , sub-
tus simplici serie polyandro; disco processibus concen-
tricis tecto:; antheræ sessiles, subglobosæ , cellulosæ ,
poro apicis dehiscentes.
0 TT
(1) J'emploie ici le mot de préfloraison imbriquée , dans
le sens général que M. R. Brown me paraîtluiavoir donné,
c’est-à-dire, pour désigner une disposition des diverses
partiesdes enveloppes florales, telle que une ou plusieurs
des divisions de cette enveloppe , recouvrent entièrement
ou en partie les autres divisions, sans être recouvertes
par elles. Les divers modes de préfloraison désignés par
M. De Candolle, sous les noms d’imbriquée, de quincon-
ciale et d’alternative, ne me’paraissent que des variétés
de ce mode général de préfloraison.
(40 )
Fem. (ignota.)
1. RarrzesraA Annoznt. Br. I. c.
Planta subacaulis super radices, Cissi angustifolii
parasilica , carnosa , bracteis maximis obtusis inbrica-
is obtecta ; flos maximus , terminalis. !
Ilar. Java.
2, RarrcesiA Hornsriespr. R. Br. 1. c.
Species vix nola , flore multo minori. :
Has. Java.
II. CYTINUS. L.
Flores monoici. Perianthium superum tubuloso-
campanulatum , limbo 4-fido.
Masc. Columna centralis antherifera apice tuberculis
conicis circiter 8 ( Stigmalum rudimenlis) coronaia ;
antheræ 8, circum columnæ apicem sessiles, bilocu-
lares , loculis distinctis linearibus rimä longitudinali de-
hiscentibus. É
Feu. Ovarium inferum, uniloculare ; placentæ
8 parietales longitudinales ; ovula numerosissima. Stylus
cylindricus simplex. Stigma capitatum , crassum, octo-
sulcatum. $Semina..……
1. Cyrinus nyrocisris. Linn.
Cytinus hypocistis Lin., Syst. veget., et omnium
auctorum recentiorum.
Asarum hypocistis. Linn. spec. , p, 635.
Hypocistis. G. B. Tourn. coroll. , p. 46 , t. 477.
Var. . Gaule magis elongato, squamis oblongis fusco-
flavescentibus , floribus numerosioribus majoribus.
Var. g. Gaule brevissimo paucifloro , squamis ovatis
purpurescentibus , floribus minoribus 3-5, sub capitalis.
Haz. In Galli australi, Italià, Hispaniâ, Lusitaniä ,
2%
(41)
Grecià, Barbariâ, Asiâ minori , super radices Céstorum
parasitica (v.s. s.)
Caulis brevis, erectus , simplex , radicibus FE
aflixus , squamis oblongis vel ovatis, imbricatis , undique
tectus. Flores spicati, sub capitati , monoici, feminei in-
feriores, masculi superiores , utrique tribracteati; brac-
teâ inferiori latiori, oblongâ, cauli oppositä., duobus su-
perioribus lateralibus, oppositis ,lLn.aribus , in floribus
femineis ad basim ovarii insertis, omnibus margine ci-
liatis.
Fros mascozus. Perianthium basi tubulosum , limbo
4 partito sub patente , lacinns ovato-oblongis externe
granuloso-hirsutis , margine ciliatis; tubo interiüs et ex-
terius hirsuto , membranis quatuor septiformibus, laci-
niis perianthiü alternis et ab ejus parietibus ad colum-
nam centralem extensis, in quatuor foraminibus tubu-
losis , superiüs apertis, diviso. Prefloratioimbricata alter-
nativa, (laciniis duobus oppositis exterioribus , alternis
interioribus. )
Columna centralis, (stylus florum feminorum ?) car-
nosa, crassa, erecta , parte nudà tubum perianthii vix
superante , superiüus incrassala , antheris tecta et apice
producta in cornicula oclo , carnosa, difformia , sub-
conica, (stigmatum rudimenta ?). Antheræ octo sessiles,
circa partem superiorem columnæ centralis annulum cy-
lindricum efformantes, biloculares ; loculis discrets, linea-
ribus , approximalis , rimâ longitudinali dehiscentibus.
( Ovarii indicium nullam , pedicellum breve carnosum
cavitate null excavatum. )
Fos FEmINEus. Pertanthium ut in flore masculo.
Ovarium inferum, sphæricum, diametro tubi pe
(42 )
rianthii multo majus, duobus bractcis oppositis oblongo-
linearibus , illius basi adnatis , stipatum, supernè hispi-
dulum , uniloculare, succo gommoso ( succo hypocisti )
repletum. Placentæ parietales octo , ab apice ovarii ferè
usque ad ejus basim extensæ, lineâ angustâ ovarii pa-
rieti aflixæ et in membranam subtilem, planam , ovarii
parieli appressam , nec illi adhærentem , expansæ.
Ovula tenuissima et numerosissima , cuique pla-
centæ per Lotam superficiem internam membranæ pla-
centalis aflixa , ovoidea , superficiei subreticulatä.
Stylus e. fundo perianthii el vertice ovarii nascens,
cylindricus’, crassus , membranis quatuor septiformibus ,
calycis tubo adhærens (ut columna centralis floris mas-
culi), faucem tubi calycis magis superans quam co-
lumna antherifera. Sigma subsphæricum , profunde
octo-costatum, superficiei granulosà ; vasculis conducto-
ribus in octo fasciculis dispositis , partem mediam cujus-
que costæ stigmatis percurrentibus.
Semina..….
IT. NEPENTHES. L.
Flores dioici. Perianthium inferum, patens profunde
quadripartitum.
Masc. Columna centralis antherifera cylindrica , infer-
nè nuda , apice antheris circiter 16 , in capitulum sub-
sphæricum agglomeratis, tecta, Antheræ sessiles approxi-
matæ , biloculares , loculis linearibus rimâ longitudinal
dehiscentibus.
Fex. Ovarium subtetragonum, quadriloculare. Sty-
lus 0. Stigma sessile quadrangulare subquadrilobum.
Capsula quadrilocularis, 4-valvis, placentis quatuor e
medio valvarum enalis partita, Semina numerosa , sela-
(43)
cea, septorum lateribus inserta, tegumento duplici ,
exteriori membranaceo subulato , involuta.
1. Nepenruess iNpica. Lamk.
Foliis lanceolatis basi angustatis sessilibus , scyphis sub
cylindricis levibus ; floribus paniculatis..
Badura vel Bandura. Planta Zeylanica in foliorum ex-
tremo folliculum peniformem expansum habens. Herm.
Mus. Zeyl., p. 16 et 57. (Ex ejus herbario) et apud
Breyn. , Prod. 1, p. 18.
Utricaria vegetabilis Zeylanensium , Bandura Cinga-
libus dicta. Pluk. Phyt. ,t. 237.
Nepenthes Zeylanicum flore minore, Breyn., Prod.
2 , P. 70. | +
Bandura Zeylanica. Burm. Thes. Zeyl., p. 42,
t. 17. (Plant. masc.)
Nepenthes distillatoria. Linn. Hort. Cliff. 431.
Spec. Plant. 1554. Flor. Zeyl. 321. Burmann, F1.
Ind. 190. Willd. , Spec. , pl. IV, p. 875.
Nepenthes indica. Lamark et Poiret., Encycl., IV,
p- 458.
Has. in Ceylan / Hermann, Burmann, Lechenault.)
In India / Macé.) (v. s. sp. in Herb. Hermanni et
Burmanni nunc in Museo Lessertiano repositis, in
Herb. Musei Parisiensis. ) :
Caulis erectus simplex, crassus. Folia alterna glaber-
rima , lanceolata, inferius angustata semi-amplexicau-
lia , nervo medio cfasso apice in cirrhum desinente, late-
ralibus 4-5 nervo medio parallelis apice confluentibus ,
alteris nervulis, e nervo medio oblique nascentibus, cru-
ciatis. Cérrhus longus arcuatus , sæpiüs spiraliter tortus ,
apice vix incrassatus in scyphum dilatatus. Seyphus sub-
(44)
cylindricus, mediä parte pauld angustiore , superficie
externà in junioribus pilis rufis obteclà , in adultis gla
brâ, nervis longitudinalibus et transversalibus clathrata ;
nervis 3 longitudinalibus aliis multé majoribus, uno
posteriore usque ad insertionem operculi extenso ; duobus
alteris anterioribus approximaltis ; superficies interna
superiüs pruinosa, pulvere violaceo inspersa , inferiüs
glandulis minutis sessilibus numerosis tecta ; orificium
coarctatum , annulo angusto interius reflexo transversim
striato marginatum. Operculum subrotundum superiüs
reticulatum , postice ad punctum fnsertionis breve mu-
cronatum , inferius glandulis cupulatis vel foveolis minu-
tis numeérosis atris notalum.
Flores paniculati , paniculâ florescente terminali, fruc-
tiferà laterali ; pedunculis in plantis masculis 3-5 floris ,
in femineis 2-3 floris.
Fos mascuzus. Perianthium patens , profunde quadri-
partitum , laciniis ovato-subrotundis obtusis , margine ci-
liatis, extüs ferrugineo-pilosis , interiüs foveolis oblongis
nigris punctulatis. Prefloratio imbricata, alternativa
( laciniis duobus oppositis exterioribus , alternis interio-
ribus. )
Stamina 16 columnæ centrali versus apicem inserta ,
sessilia , capitulum subsphæricum efformantia. Antheræ
sessiles , extrorsæ, biloculares , loculis Linearibus sub-
undulatis parallelis, rimä longitudinali dehiscentibus.
Fos rewmeus. Perianthium inferum profunde quadri-
partitüm , laciniis ovato-oblongis obtusis,, exteriüs fer-
rugineo pilosis, interius foveolis minutis notatis.
Ovarium ovatum Z4-costatum ; externe ferrugineosse -
riceum , 4-loculare , placentis septiformibus medio val-
nt mt. és fs
(45 )
varum affixis. Ov ula numerosa duobus lateribus septorum
inserla , ascendeniia et exieriüs versus parietes capsulæ
inflexa. Stylus nullus. Stigma sessile disciforme carno-
sum nigrum 4-lobum , lobis placentis alternis et suturæ
valvarum respondentibus.
Capsula oblongo-tetragona , truncata , exterius pu-
bescens, stigmate atro coronata , 4-valvis, suturis angu-
lis respondentibus, 4-locularis , placéntis quatuor septi-
formibus e medio valvarum enatis partita.
Semina minuta ascendentia , duplici tegumento tecta ;
exierius membranaceum tenuissime striatum fusiforme ,
inferius tubulosum et poro versus basim apertum , supe-
riüs cellulosum , mediä parte nucleumtegumento proprio
involutum continens , eique adhærens , vasorum nutri-
tiorum fasciculo percursum , ab hilo (margini aperturæ
inferioris notato), usque ad partem superiorem nuclei
extenso , ejusque apici affixo; interius nucleo conlorme ,
superiüs acuminatum et fasciculo vasorum nutritiorum
affixum , mediä parte tegumento exteriori adhærens ,
inferius in filamento tenui libero pendulo (an vasorum fe-
cundatorum vestisio ? ) productum. Vucleus ovato-oblon-
gus. Endospermum carnosum album,embryonem omnind
involvens. Embryo'axilis rectus subeylindricus vel fusi-
formis dicotyledoneus , cotyledonibus linearibus. Radicula
Ovato conica infera , vereus hilum externum spectans,
sed insertioni vasorum in nucleum opposita.
2. NePENTRES mADAGAscARIENSIS. Poir.
Foliis oblongis bas anguslalis semi-amplexicaulibus
scyphis infundibuliformibus levibus; floribus panieu-
latis.
Ponga , AL adagascariensium.
(46)
Amramatico , Ælacourt, Hist, Madag. , pe 150:
fig. 43.
Nepenthes Madagoscariensis. Poiret, Encycl. IV,
p: 459. Wild. , spec. IV, p. 875:
Hab. in Madagascar (Commerson), (v. s. sp. in
Herb. musei Parisiensis, de Jussieu, Delessert.)
Caulis erectus simplex , glaber , érassus. Folia al-
terne , oblonga basi angustata semi-amplexicaulia glabra,
margine in junioribus pubeëscénte, nérvo medio crasso
apice in cirrhum desinente , nervis lateralibus vix distinc-
tis. Cirrhus in foliis junioribus rufo-villosus , foliis bre-
vior, arcualus , apice incrassatus el in scyphum dilataius.
Scyphus infundibuliformis, obliques , glaber , exterius
venis reticulatus , levis , interiüus glandulis nigris sessilibus
depressis versüs fundum majoribus distinctus. Orificium
haud contractum añnule lato interiüus reflexo , transver-
sim striato, marginatum. Operculum rotundum vel sub-
reniforme , superiüs vénosum , inferius glndulis rotun-
dis depressis ornatum.
Flores paniculati , panicula florescente subterminali ,
fructifera laterali axillari , pedunculis in plantis mascu-
lis multifloris (inferioribus 8-12 floris) subumbellatis
in femineis 5-6 floris , ferrugineo-villosissimis,
FLos mascurus. Perianthium patens profundé 4 parti-
tum ,. Jaciniis ovatis obtusis, exterius pilis’ ferrugineis
L2
sericeis dense oblectum , interits foveolis minulissimis
olalum ; prefloratio imbritata alternativa, laciniis ex-
ierioribus pauld majoribns.
Stamina circiter 16 columnæ centrali versus apicem
inserta , extrorsa , sessilia ; Capitulum subsphæricum effor-
mantia. Antheræ sessiles biloculares , loculis oblongis
(47)
approximatis parallelis, sulco longitudinali notatis et
rimà dehiscentibus.
Fos remNeus. Perianthium inferum profunde 4-par-
titum laciniis obovato oblongis obtusis , exteriüs ferrugi-
neo sericeum , interius foveolis minutis distinctum ;
prefloratio imbricata alternativa ; ovarium oblongo-te-
tragonum truncatum , externe pilis ferrugineis longiori-
bus sericeis nitentibus simplicibus articulatis dense ap-
pressis tectum , quadriloculare , placentis septiformibus
medio valvarum aflixis. Ovula numerosa utrique parieti
septorum duplici serie inserta , ascendentia. Stylus nullus.
Stigma sessile carnosum crassum nigrum sub-quadrilo-
bum. Capsula fusiformis tetragona , apice truncata , slig-
mate atro coronata , exteriüus ante maturitatem ferrugineo-
pubescens , deinde glaberrima cinerea , quadrivalvis ,
suturis angulis respondentibus , quadrilocularis placentis
medio valvarum enatis , margine interiore axim è atlin-
gentibus sed non inter se adhærentibus , partila.
Semina fusiformia tegumento duplice tecta ; exterius
membranaceum tenuissimum, eleganter striis longitudina-
libus et transversalibus cancellatum, sub calyptræforme ,
inferne tubulosum , poro ad basim apertum , superne cel-
lulosum , nucleum tegumento propio tectum et ad apicem
cavitatis tegumentis exterioris affixum involvens nec ei
adhærens , vasorum nutritioram fasciculo, ab apice nuclei
usque ad mediam partem tegumenti externi extenso per-
cursum , et podospermo obliquo , vasis nutriliis continuo
et in filamentum setaceum cellulosum rigidum sæpiüus
producto ,transfixum ; interius nucleo conforme , supe-
rius fasciculo vasoruin autritiorum affixum , inferius acu-
minatum. Vucleus ovato-oblongus. Endospermum car-
(48) |
nosum albidum embryonem omnind involvens. Embryo
axilis rectus subfusiformis dicotyledoneus , cotyledonibus
linearibus, radiculà hilum spectante (vasculorum nutri-
tiorum insertioni oppositâ) duplolongioribus.
Oss. In plaribus speciminibus Madagascaricis , pani-
culam umbellulis florum numerosioribus, et flores laci-
niüs perianthii ovatis acutis observavi, in aliis semina
podospermo non transfixa vidi; an sint diversæ species
ex iasula Madagascariensi allatæ , foliis et scyphis sub-
similes , atque sub nomine Nepenihe Madagascariensi
confusæ dubito; etenim specimina fere omnia , ab anti-
quioribus botanicis collecta ; locis patalibus accurate
inscriplis deslituta sunt, nec sæpius collectiones plantas
masculas ét femineas simul et in eodem loco lectas conli-
nent, unde evenit ut difficilius species plantarum dioica-
rum et vegelatione affinium certis notis discernantur.
3. NepenTnes PuyLLAmpnorA, Willd.
Foliis lanceolatis petiolatis ; scyphis subventricosis
levibus , floribus racemosis.
Cây nàp âm, Cochinchinensium.
Phyllamphora mirabilis, Lour. .. Flor, Coch. NH ;
p. 744.
Cantharifera , Rumph. , Amb. V, p. 191,1. 50, fig. 2.
_Nepenthes phyllamphora, Wülld., spec. IV, p. 874.
4: NEPENTRES CRISTATA.
Foliis oblongo-lanceolatis semi-amplexicaulibus ; sey:
phis basi ventricosis , antice membranis duobus cristatis
ornats ; floribus..….
Has. Madagascar (Comimerson); Mauban in insulis
Philippinis (MWée) , (v. s. sp. sine floribus in herb.
Delessert, de Jussieu , Richard. ) |
( 49 )
Caulis simplex erectus brevis ; folia alterna oblongo-
lanceolata basi anguslata, semi-amplexicaulia , glaber-
rima , rervis reticulatis apice inflexis et margini sub
parallelis , nervo medio crasso in cirrhum desinente : cir-
rhus folio brevior, arcuatus nec spiraliter tortus ; seyphus
subcylindricus inferne ventricosus , superne angustatus ;
superficie externà reticulaià, nervis tribus majoribus lon-
gitudinalibus percursä, posleriore nudo, duobus ante-
rioribus cristà membranaceâ , vix duobus lineis proemi-
nente, margine laceratâ, ornatis; superficie internä,
inferne glandulis nigris minutis distinctä , superne prui-
noso-glaucä ; orificium annulo angusto transversim striato
marginalum; operculum sub rotundum inferius glandu-
L
lis notatum.
Ons. I. a Nepenthe indicä diflert magnitudine mi:
nori , et scyphis inferne ventricosis cristatis ; a Nepenthe
phyllamphorä foliis sessilibus et scyphis cristatis. .
Ons. Il. Alteræ speciei? folia disjuncta vidi in her-
bario cel. de Jussieu , foliis præcedentis speciei sub simi-
lia , sed multd majora , oblonga , basi magis angustata ,
scypho ampliori, cristis membranaceis latioribus or.
pato , prædita, à Clar. Poivre collecta. An species dis-
tinota ?
Ons. IIL Accuratissimus Richardius diversæ speciei
flores et. fructus maturos sejuncios , originisque ignotæ
possidebat, cujus semina descripsit et icone illustravil;
hujus celeberrimi observatoris descriptionem et iconem
amicissimo Ach. Richardio debeo et hüc refero ; an ad
3, 4
(50)
N. phyllämphoram , vel ad præcedentem , vel etiam ad
novam speciem pertineat dubito (1).
A seminibus priorum specierum , radiculà superä
multb differt , sed embryonis inversio , in his speciebus ,
suspensioni nuclei ad apicem cavitatis tegumenti externi
attribuenda videtur.
. EXPLICATION DES PLANCHES.
PI. 4. CyrTinus HyPOGISTIS.
A.Fleur mâle. —B. La même coupée longitudinalement
et considérablement grossie. — G. Fleur femelle. —
D. La même coupée longitudinalement et considérable-
+
(1) Semina assurgentia seu ascendentia setaceo fusi-
formia. à
Nucteus fere ad mediam longitudinem positus, infe-
rioris tamen extremitatis constanter pauld propinquior
obovoideo-oblongus, alterius lateris seu marginis vicinior,
rufidulus.
Tegumen proprium dilute stramineo-pallens, utrin-
que suprà infräque nucleum, cui adhæret , longissime pro-
ductum; sub microscopio venis longitudinalibus venulis-
que transversis eleganter cancellatis.
Albumen sordide pallenti-exalbidum earnosum cylin-
draceo-oblongum, ad apicem inferiorem tantis per atte-
auatum. 1
Embryo candidus undique ïinclusus , rectiusculus |
priori subconformis , et fere ejusdem longitudinis inver-
sus, paulè ultra medium fissus in 2 cotylones appressos. |
(51)
ment gro$sie ; 0. ovaire; p, placentas pariétaux, —
E. Stigmate coupé longitudinalement et transversale-
ment, — F. Placenta coupé horizontalement ; 0. pa-
rois de l'ovaire ; a, membrane placentale ; g. ovules.
— G. Ovule grossie. — A*. Coupe d’un bouton pour
montrer le mode de préfloraison.
Pl. 5, fig. à. Nerentrues IND1 CA.
a. Fleurs mâles de grandeur naturelle. — À, Un bouton,
_ At. Sa coupe transversale pour montrer son mode
de. préfloraison. — B. Fleur mâle grossie. — C. Eta-
mines. — D. Une anthère avant sa déhiscence. —
E. La même ouverte.—f. Fleurs femelles de grandeur
paturelle. — G. Fleur femelle grossie. — H. Coupe
de l’ovaire montrant les ovules et leurs points d’inser-
tion aux cloisons. — I. Capsule. — K. Une valve de
la capsule portant les graines. — 1. Graines de gran-
deur naturelle. — L. Graine vue au microscope; h. le
hile. M. La même coupée longitudinalement ; t.
tégument externe ; H tégument intérne ; v, vaisseaux
nourriciers de la graine ; r, endosperme ; e. embryon.
_— N. Graine dépouillée de son enveloppe externe ,
et récouverte seulement par son tégument propre, <—-
O. Amande. —P, La même coupée longitudinalement ;
f. endosperme ; e. embryon. = Q. Embryon isolé.
Fig. 2. Graine du Nepenthes M adagascariensis,
l’, Graines de grandeur nalufelle, — L’. Les mêmes
grossies, =— M”. Une graine coupée longitudinale
nént; :#, tégument extérné; n”. tégument interne ;
Ÿ. vaisseaux nourriciers; uw’, podosperñme ; x. sonextré-
Are
( 52)
mité celluleuse et sétacée ; y. son point d'insertion au
placenta. — N’. Graine dépouillée de son enveloppe
externe , et recouverle par son tégument propre. —
P’. La même coupée Jongitudinalement ; r. endo-
sperme ; e”. embryon.
Fig. 3. Graine d’une espèce indéterminée de Vepenthes
décrite par M. Richard , et copiée d’après son dessin.
}”. Graines de grandeur naturelle. — L”. Graine grossie.
__ M”. La mêmé coupée longitudinalement ; t”. tégu-
| DUT ë
ment celluleux 3 r””.; endosperme ; e”. embryon.
Ogservarions sur le genre Couma , d’Aublet.
Pan M. Acu. Ricuanr.
Puusrgurs dés-genres mentionnés par Aublet dans ses
plantes de la Guyané , sont restés jusqu’à présent en-
veloppés d’une obscurité profonde, qui n'a pas permis
aux botanistes de bien apprécier leurs rapports et leurs
affinités naturelles. En effet , les descriptions) de cel au-
teur, quoique souvent fort détaillées , sont par fois très-
incomplètes, surtout dans les organes de la reproduc-
tion , qui comme chacun sait, ‘offrent les caractères les
plus importans dans la coordination naturelle des végé-
taux. Aussi plusieurs des genres de cette contrée, dont
la végétation ‘est si‘riche et si variée , sont-ils encore
aujourd’hui très-peu connus. Poisoéséir d’un herbier
de plus de trois milles plantés ; recueillies par mon père
aux Antilles, à Gayennetet dans toute la Guyanne, pen-
( 55)
dant un séjour de huit années, je me propose d’éclai-
rer successivement ceux des genres d’Aublet, sur
lesquels on n’a encore que des notions imparfaites , et
de compléter ainsi, autant que possible ,la connaissance
des espèces qui composent la Flore de la Guyane.
Parmi les genres obscurs décrits par Aublet, nous nous
arrêterons aujourd'hui sur celui dont il a parlé. dans son
supplément , (pag. 36.) sous le nom de Couma. Il ne
se compose que d’une seule espèce , le Couma Guyan-
nensis , Aubl., Guy. suppl. , pag. 36 , t. 392. C’est un
grand arbre originaire des forêts de la Guyane , et dont
on n’a connu jusqu’à présent que les fruits. Les fleurs
n’avaient point encore été observées , et la description
du fruit donnée par Aublet est tellement incomplète , que
M. de Jussieu n’ayant pu reconnaître les affinités de ce
genre, ni indiquer sa place ,’en à fait aucune mention
même dans sa classe déjà si nombreuse des Zncertæ
sedis. Les échantillons très-bien conservés de cette
plante que nous possédons , nous mettent à même de
compléter son histoire et d’indiquer avec certitude l’or-
dre naturel auquel elle appartient.
La tige du. Goumier de la Guyane peut s’élever à une
hauteur de trente pieds et même au-delà, sur un dia-
mètre de deux pieds. C’est un des arbres les plus élégans
qui décorent les forêts de cette partie de l'Amérique. Son
écorce est épaisse , grisâtre et laisse écouler en abondance
par les incisions qu’on y pratique, un suc laiteux et
blanchâtre, qui se durcit à l’air , et prend une teinte
grise. Les jeunes rameaux sont triangulaires et glabres.
Les feuiiles sont verticillées par trois; les fleurs sont
roses , assez semblables à celles du jasmin à grandes
(54)
fleurs pour la forme et la grandeur. Elles sont disposées
en panicules axillaires , dont les pédoncules sont ra-
meux et trichotomes. Leur calice monosépale se divise
en cinq lobes lancéolés et profonds; leur corolle est
monopétale , régulière, tubuleuse et infundibuliforme.
Son limbe ; qui estun peu oblique, offre cinq lanières étroi-
tes, d’abord tordues en spirale avant leur épanouisse-
ment , puis élalées et un peu réfléchies. Dans l’intérieur
du tube de la corolle sont insérées cinq étamines , très:
courtes , dont les anthères sont sagittées. L’ovaire est
globuleux , un peu déprimé , enveloppé dans la moitié
de sa hauteur par un disque hypogyne assez mince :
coupé en travers, cet ovaire m'a constamment pré-
senté une seule loge , aux parois de laquelle sont in-
sérés deux trophosmespermes longitudinaux, recouvert
d’une très-grande quantité d’ovules fort petits. Le style
est simple et se termine par un stigmate bifide. Les
fruits, d’après Aublet , sont charnus, arrondis, de Ja
grosseur d’une noix verte, recouverte de sont brou;
leur peau est fine et roussâtre ; leur chair est de la
même couleur , fondante et un peu pâteuse, mais d’un
goût fort agréable, Avant leur maturité, ils sont remplis
d’un suc âcre et laiteux. Ils contiennent de trois à cinq
graines un peu aplaties.
D'après la description succincte que nous venons de
tracer du Couma de la Guyane ,in’est aucun botaniste
qui n’y réconnaisse facilement une plante de la famille
des Apocynées. C’est en effet dans cette famille que
ce genre doit être placé , tout près des genres Carissæ.,
Ambelanta , Pacouria et Cerbera. H se distingue des
irois premiers, qui probablement doivent être réunis
mm,
(55)
par son ovaire et son fruit uniloculaires , et du dernier
par l’absence de ce noyau comprimé à deux loges disper-
mes , qui forme l’un des caractères essentiels du genre
Cerbera. Cependant, ces caractères ont besoin d’être
de nouveau examinés avec soin , avant de rien prononcer
sur l’existence de ces divers genres , qui ontentr’eux de s.
grands rapports.
Dansun fort bel Ouvrage , recemment publié en An-
gleterre , par M. Rudge , sous le titre de Zcones plan-
tarum Guyanæ rariorum ; le Couma Guyanensis d’Au-
blet, se trouve décrit et figuré sous ls nom de Cerbera
triphylla, p. 31,1. 48; mais le botaniste anglais n’a pas
reconnu la plante d’Aublet, et donne son Cerbera tri-
phylla comme un végétal entièrement nouveau. Gepen-
dant , il est impossible de méconnaître leur identité ,
soit d’après la figure , soit d’après la description donnée
par Aublet et par M. Rudge. Le nom de Cerbera tri-
phylla ne saurait donc être adopté, puisque celui de
Couma est plus ancien , et que d’ailleurs cette plante ne
peut en aucune manière être rapportée au genre Cerbera.
Le nom donné par M. Rudge devra donc être cité
seulement comme un synonyme du Coumier de la
Guyane.
Quoiqu’appartenant avec la plus grande certitude à
une famille composée de végétaux lactescens , âcres et
très-vénéneux , le Goumier s’en éloigne par les qualités
de son fruit. En eflet, dit Aublet , les Nègres portent
ce fruit dans les marchés de Cayenne , et les Créoles le
placent parmi les meilleurs fruits du pays. On l'y dé-
signe vulgairement sous les noms de Couma ou de
Poirier.
(56)
Nous ferons observer, en terminant cette note , que
notre but n’a été que de faire connaître la plante dési-
goéo par Aublet sous le nom de Couma Guiannensis ,
et d'indiquer l’ordre naturel dans lequel elle vient se
ranger ; mais jusqu'à quel point le genre Couma ct les
deux genres Ambelania et Pacouria du même auteur,
diffèrent-ils , soit entr’eux , soit des autres genres de la
même seclion , et en particulier du Carissa ; c’est ce
que nous nous proposons d’examiner en détail dans
un travail que nous avons entrepris sur les genres de
la famille des Apocynées qui ont le fruit simple et charnu.
Nous allons maintenant donner une description dé-
taillée du Couma Guyannensis.
Couma Guyanensis, Aublet, Guyan. suppl. , 39,
t. 592. Cerbera triphylla, Rudge, Içon. pl. Guy. »,
p. 51, 1. 48.
Arbor 5o pedes alta cortice cinereo , crasso , suc-
cum lactescentem emiitente ; ramis erectis ; ramulis
subtrigonis glabris. |
lolia ternato-verticillata, late ovali-acuminata , inte-
gerrima , glabra , supra nigro-viridia , subtus pallidiora,
nervosa, basi in petiolum breyem , membranaceum,
canaliculatum , erectum desinentia, petiolis invicem
sese involventibus. Folia 4-6 pollices longa , 3-4 lata ,
facillime cadunt , ita ut suprema tantum pars ramorum
foliis ornetur,
Flores rose i elegantissimi magnitudine formâ que
Jasmino grandifloro consimilés , in paniculà axillari pe-
dunculatä foliis breviori ; ramosâ dispositi. Pedunculo ,
(57)
pedicellisque glabris apice tantum subpulverulentis, er-
ticulatis , subtrigonis ; multoties ramoso-trichotomis , ad
basim semper totidem bracteolis caducis stipitatis.
Calyx monosepalus persistens turbinato-campanulatus
exlus pulverulentus , quinquepartitus, laciniis erectis
lanceolato-acutis æqualibus.
Corolla tubulosa subinfundibuliformis ; tubo cylin-
drico , medià parte subinflato, calyce quadrupld lon- -
giori; limbo quinquepartito subobliquo ; laciniis patulo-
deflexis , angusto-lanceolatis acutis, tubi longitudine ,
extus pulverulentis ; fanx pilis appressis suboccluditur.
Stamina quinque medio corollæ tubo aflixa inclusa ;
erecta; filamentis brevissimis subpilosis; antheris in-
trorsis bilocularibus , cordato-sagittatis.
Ovarium globoso-depressum striatum, disco annu-
lari sinuoso usque ad medium altitudinis cinctum ; uni-
loculare , trophospermiis duobus parietalibus oppositis
longitudinalibus , utroque ovulis numerosis , minimis
onusio.
Stylus subulatus simplex usque ad stamina attingens ,
glaber. Stigma terminale oblongum bipartitum , Ur
dice squammiformi obtuso , bas cinctum.
Fructus (a me non visus ) ex Aubletio , pomiformis ,
nucis Communis magnitudine , intus pulposus semina
3--orbiculato-oblonga planiuscula in ordinate includens.
Grescit in Guyanä. b.
(58)
NOUVEELES OBSERVATIONS sur le terrain qui contient ,
en Normandie (département de l'Orne ), le bois
fossile à odeur de truffes ;
Par M. J. Desnoÿers.
Lonsque j’essayai de décrire (1) le corps organisé
fossile , désigné par les naturalistes Italiens, sous le
nom de Tartuffite, et long-temps regardé comme un
Madrépore , bien qu’il ne soit réellement qu’un végétal fos-
sile à tige creuse, converti en chaux carbonatée acicu
laire, conservant un principe bitumineux odorant que
le frottement manifeste , j'indiquai son existence sur plu-
sieurs points de la Normandie , en outre des localités
du Vicentin, jusqu'alors les seules connues. Je parlai
même de sa position géognostique avec quelques détails
pour deux localités que je connaissais davantage, Croi- ”
silles et Curcy dans le canton d’Evrecy (Calvados).
Ces observations montraïent que ce fossile paraissait ap-
partenir aux parties moyennes de la formation du Jura ,
et surtout à la série des couches calcaires et argileuses
de cette formation , que les géologues de Caen ont nom-
mée calcaire d’Evrecy. Mais cette portion inférieure d’un
des terrains secondaires dont les limites sont le plus
écartées, se compose elle-même de plusieurs ensembles
de couches qui se remplacent mutuellement et sont assez
distincts, pour que d’excellens observateurs, MM. Buc-
(1) Mém. de la Société d’hist. nat. de Paris, t. L°*
(59 )
kland , Prévost et Boué les aient nettement séparés. C’est
à deux de ces dépôts équivalens à peu-près pour l’âge et
différens pour la composition minérale et organique qu’ap-
partient également la Tartuflite. Toutefois elle est plus
abondante , mieux caractérisée et plus parfaitement ana-
logue aux échantillons du Vicentin , dans les deux nou-
velles localités que je vais décrire ( Ecouché et Frenay-le-
Buffard, arrondissement d’Argentan, département de
FOrne). Ces motifs m'ont engagé à revenir sur ce fait
‘géologique.
Les couches de ces localités, ainsi que celles de:
Croisilles et de Curcy, très-probablement superposées
au calcaire Lias à gryphées arquées, sont évidemment
inférieures à celui sur lequel et aux dépens duquel
est construite Ja vil de Caen, et que les géologues
de cette ville ont nommé calcaire de Caen. Gette der-
nière roche est reconnaissable par sa blancheur, lho-
mogénéité de sa texture et la finesse de son grain qui la
rendent comme le calcaire parisien, d’un emploi si
usuel en architecture, par l’odeur légèrement bitumi-
neuse qu’elle exhale lorsqu'on la frotte ou bien qu’on la
scie, par les plaquettes et nodules de silex corné alter-
nant en lits, souvent épais de plusieurs pieds, avec les
bancs calcaires, enfin par les fossiles qu’elle contient.
Infiniment plus rares que ceux des couches qu’elle re-
couvre , ou dont elle est recouverte , ces corps sont néan-
moins assez caractéristiques. On yrencontre en effet ,outre
des débris abondans de crocodiles , beaucoup de coquilles
particulières parmi lesquelles on remarque une espèce
voisine pour la forme et la structure du genre Pinne, une.
où deux autres très- alongées approchant des Pernes ,
(60 )
une Modiole striée , un petit Peigne , plusieurs Térébra=
tules, dontune Epineuse , une petite coquille bivalve dont
le facies annonce une Lucine ou une Cythérée; point de
gryphées et très-rarement des Ammonites et des Bélem-
niles , caractère négalif qui n’est point à négliger ; on
y. voit enfin une petite coquille turriculée qui pourrait
bien être: un cérithe, et dont M. Prevost a, je crois ,
parlé le premier.
. Je sens combien de pareilles déterminations seraient
insuffisantes et incomplètes, si elles étaient données
pour elles-mêmes et servaient à décrire spécialement une
roche , mais je ne rappelle ces principaux caractères que
pour montrer l'exactitude d’un rapprochement entre
elle et des couches calcaires non déterminées encore.
Considéré sous un autre point de vue , ce calcaire
pourrait recevoir un nom emprunté à la géographie phy-
sique , aussi convenable , peut-être, que celui qu’il doit à la
géographie politique ; en le nommant ealcaire des plaines
de la formationjurassique, on rappellerait un fait assez
général dans les départemens du Galvados et de l'Orne ,
c'est que les plaines de ces départemens, comprises dans
les terrains secondaires , sont habituellement à ce ni-
veau. Il ne faudrait pas, toutefois, faire de celte déno-
mination une application trop rigoureuse; car, on trou-
verait que les couches à polypiers , les couches oolithi-
ques blanches uniformes , forment çàet là , à des étages
supérieur et inférieur , des espaces de plusieurs lieues
sans inégalités sensibles, comme ailleurs la craie , le
calcaire grossier , les marnes d’eau douce, les allu-
vions, etc. Je ne donne ce fait que comme un résultat
habituel , et j'indique d’abord la grande plaine de Caen,
(61)
la mieux connue, qui s'étend à l'O. vers Bayeux, au
S. E. vers St.-Pierre, sur Dives , Coulibœuf, etc. , et
surtout au S. vers Falaise. Autour de cette dernière
ville on observe des vallons multipliés, de nombreuses
proéminences des terrains intermédiaires (grès pourpré
et schistes ardoisiers, T'honschieffer) , qui perçant à tra-
vers les couches horizontales secondaires , semblent
erminer cette première plaine, mais ne font que l’inter-
rompre. En effet , après avoir traversé les îles de grès (1)
de Martigny , la Hoguette, Cordey, Neuvy , Maison-
Rouge, etc. ; on découvre une plaine nouvelle qui sé:
tend vers Tran, Argentan, Ecouché , et n’est que la
continuation de la première , si l’on en juge par sa po-
sition et sa nature. Il serait facile d’en indiquer d’autres
prolongemens au-delà d’Argentan, vers Seez et même
jusqu’auprès d'Alençon, où la découverte d’ossemens
de crocodiles (2) nous rappelle un des fossiles les plus
caractéristiques de cette époque. Ces plaines , extrême-
ment fertiles , semblent avoir été d'anciens bassins , se
commuriquant par des gorges plus ou moins évasées au
fond desquels les eaux marines déposaient leurs sédi-
mens, au pied des terrains anciens qui les bordent ou
les traversent. |
(1) M. Desmarest père a décrit quelques-unes de ces
êtes de l’ancienne terre, ainsi qu'il les nommait ; si l’on
peut ajouter à ses descriptions, du moins il n’ya rien à
en retrancher. (Voy. Encyclopédie méth., part. Géogr.
physique, art. Argentan, ancienne terre, etc.)
(2) M. Guvier, Ossemens fossiles, t. V.
(62)
En s’élevant au dessus de leur niveau habituel, on
rencontre quelques-unes de ces îles dont nous venons
de parler, ou bien l’une des couches variées de la for-
mation oolithique supérieure, telles qu’un conglomérat
formé de grains calcaires et de coquilles brisées et arron-
dies entre Caen et la mer, etc., des amas considéra-
bles de Polypiers sur beaucoup de points du départe-
ment du Calvados et dans celui de l’Orne, à Ocagnes
au N,,et à Montmerrey au S. d’Argentan.
Si l’on descend dansles vallons quitraversentcket là ces
plaines , ou bien si l’on se dirige vers leurs extrémités, on
trouve un calcaire oolithique blanc; mais plus ordinaire:
ment cette réunion de bancs argileux, éalcaires , sili-
ceux, la plupart très-coquilliers, qu'on a désignés sous
le nom de calcaire d'Evrecy , et dont j'ai décrit deux
localités qui m’avaient offert la Tartuflite, comme à l'O. et
auS. O. de Caen , sur les bords des terrains anciens du
Bocage. On remarque encoreen se dirigeant plus au midi,
vers Falaise et Argentan, des assisses d’un sable À grains
le plus souvent très-fins, accompagné quelquefois de
galets quartzeux, et dont les parties supérieures, liées
par un ciment calcaire , forment des bancs durs et très-
cohérens. Ce sont précisément les parties solides de ce
dépôt que j'ai d’abord indiquées comme l'équivalent
probable du calcaire d’Evrecy , que je désirais faire
Connaître en raison de la grande abondance de Tartuflite
que jy ai rencontrée, il me reste à donner sa des-
“cription géographique , après avoir assigné sa place géo-
gnostique. Il me suflira , à cet effet , d’expliquer rapide-
ment la coupe jointe à ces observations (pl. 6).
Gette coupe du point (a) au point (g) , comprendune
( 65.)
étendue de trois lieues environ , resserrée du S. au N.,
entre la vallée de l'Orne au moulin de Sérans, à l'O.
d’Ecouché et de la chaîne ancienne de Neuvy (1). On voit
qu'iln’y a aucune proportion entre les diverses dimensions
de cette coupe, et que l'épaisseur figurée des strates ne
correspond aucunement à leur étendue en superficie.
Au point de départ (a) sur les bords de l'Orne , la
rivière n’est point encore encaissée , comme un peu plus
loin , dans des roches schisteuses ou granitiques ; elle est
seulement bornée , sur sa rive droite , par des sables gé-
néralement colorés en jaune , épais de 25 à 30 pieds , et
que l’on prendrait pour une alluvion récente si l’on n’y
découvrait d'anciennes coquilles , telles que des térébra-
tules , des bélemnites , etc. , si l’on ne les voyait, s’en-
durcissant peu-à-peu dans leur partie supérieure , for-
mer des bancs solides d’un aggrégat de sable quart-
zeux et de chaux carbonatée. Ceux-ci renferment
plus abondamment les mêmes fossiles , et, entre au-
tres, de petits tufs sinueux très-remarquables , sépa-
rés: par des articulations, qui rappellent la forme des
Isis , et des frigmens de tiges de Tartuflite entièrement
analogues à celles du Vicentin. Il ne reste plus, enfin,
aucun doute sur l’ancienneté relative de ces sables fria-
bles ou cohérens, lorsqu'on les voit, peu après, recou-
(1) J'ai eule plaisir de visiter ces lieux avec M. Her-
vieu , principal du Collège de Falaise, dont les connais-
sances variées et l’obligeance m'ont été très-utiles dans
nes recherches au milieu d’un pays qu’il observe lui-
même depuis long-temps sous le point de vue de la géo-
graphie physique. |
(64)
verts par la nappe calcaire qui constitue en (6) la
plaine au milieu de laquelle est situé le bourg d’Ecou-
ché, plaine qui s'étend assez loin au midi et va rejoindre
celle d’Argentan à l’est. Des excavations nombreuses, par
exemple au N. le bois de Sérans , Bourg-Loquin , le Ménil;
au $S. Joué, du Plain et Aveines, facilitent l’observation
de ce terrain , qui se compose de bancs alternatifs d’un
calcaire blancet grenu ; il est exploité, lorsqu'il est un
peu dur, comme pierre à chaux et pierre à bâtir. Plus
tendre, il fournit une marne fréquemment employée
en agriculture dans la partie montueuse , et bien moins
fertile, des cantons de Briouze et de Rânes. Ces diffé-
rens bancs sont séparés par quatre ou. cinq alternatives
de silex corné, disposées absolument comme dans le
calcaire de la plaine de Gaen. Outreles fossiles habituels
à cette roche, on voit ici très-abondamment les petites
coquilles dont j'ai déjà parlé, semblables, les unes à
des Gérithes , les autres à des Cythérées , et qui , réunies
sur le même morceau , le rendent difficile à distinguer
d’un échantillon du calcaire parisien , bien plus mo-
derne.
En s’avançant toujours au Nord, on traverseen (c)
à Monigaroult , une proéminence de roches anciennes
formée , sur ce point, de schistes argileux , gris et ver-
dâtres, durs ou décomposés, qui semblent presque
verticaux , mais tellement ‘tourmentés que leur direc-
tion est difficile à saisir.
Plus loin (d) la colline ditele mont Vloger, présente,
à un niveau bien supérieur à celui du moulin de Serrans ,
des sables et grès calcarifères tout-à-fait analogues pour
leur nature et leurs fossilles. On sait combien souvent
a —
(65)
les niveaux géognosliques, sont peu en rapport avec les
niveaux physiques, et, pour un fait si ordinaire il n’est
pas besoin de rappeler les Fis et les Diablerets.
Après quelques inégalités de terrain produites par
cette île et par ces dunes , recommence une plaine cal-
caire (e) tout-à-fait analogue à la précédente , et qui
n'est plus interrompue qu’au vallon sitaé avant Fre-
nay (a°). C’est ici que la même superposition de couches ,
c’est-à-dire, le calcaire blanc (ææ) sur le sable et le
grès calcarifère, nous montre de nouveau dans cette
dernière les mêmes fossiles , et particulièrement les tiges
de Tartufite les plus entières, accompagnées , comme
dansle Vicentin , de polypiers astroïtes convertis en spath
calcaire saccharoïde , et de petites étoiles d’Encrinites
qui m'avaient paru ressem bler à des crystaux d’arrago-
nite ; on y voit aussi des fragmens de schiste intermé-
diaire très-altérés.
La plaine calcaire ( f) continue jusqu’au vallon de Rout-
figny , où elle s’arrête au pied de la chaîne escarpée (c’.2)
de Neuvy, Corday , Fourneaux , etc. , formée de schis-
tes et de marbre, et en plus grande partie , sur-tout vers
les sommets, de grès pourpre intermédiaire (1).
Au-delà de ces terrains anciens , on retrouve le sable
et le grès calcaire à Tartuflite , avec tous ses caractères ,
—
(1) Je crois que ce nom de grès pourpré a été proposé
d’abord par M. Menard , pour désigner l’ancien grès
rouge argluis , allernant avec les Grauwackes, et le dis-
tinguer de l’ancien grè$ rouge allemand , contemporain
de la houille, et du grès bigarré qui contient les plus
grands dépôts de sel gemme.
1. 5
( 66 )
la même position, et des fossiles plus variés , c’est aux
environs de Falaise (à Guibray, Rougemont , ete.) ,
où il repose sur une argile avec lignites, qui pourrait
répondre à l’une de celles du Lias.
Si dans la série des couches calcaires et argileuses
d'Evrecy , il en est une qui puisse correspondre assez
exactement à ce grès calcarifère, ce serait la couche
n.° 8 de la première coupe, qui contient aussi la Tartuffite,
mais accompagnée de la Gryphœa cymbium, que nous
ne voyons point ici. Pour la structure minérale, le
conglomérat de sable et de calcaire qui repose immédia-
tement (Croisilles) sur une assise épaisse deable et de
galets quar(zeux offrirait aussi quelque rapprochement.
Depuis mes premières observations sur Ja Tartuf-
fite , j'ai eu connaissance d’un fait nouveau relatif aux
principes organiques conservés dans cérlains végétaux
lapidifiés. M. Menard possède dans sa riche collection de
fossiles, un fragment de bois montrant les fibres les
plus déliées , converti en fer oxydé brunâtre , et empâté
dans un grès également ferrugineux. Ge bois ferrifère ,
recueilli dans une sablonière à trois-quarts de lieue de
Rochefort , sur la route de La Rochelle , par M. Dela-
veaux, alors professeur d'histoire naturelle à Saintes,
est remarquable par la propriété que lui a reconnue
M. Menard, de manifester, quand on le frotte, une odeur
voisine de celle de l’acide muriatique.
Je dois à l'obligeance de M. Boué, la connaissance
d’un autre fait qui se lie bien plus particulièrement à
l'objet de ces recherches : c'est l'existence, dans les
environs d'Oxford , en Angleterre , d’un fossile entière- |
«®)
ment analogue par sa forme, sa structure , sa conversion
en chaux carbonatée fibreuse , enfin , par son odeur, aux
bois calcarifiés etodorans du Vicentin et de Normandie,
J'ai vu dans la collection de M. Boué, plusieurs échan-
tillons qu’il serait impossible de distinguer de ceux des deux
autres pays. Is ont été recueillis dans un terrain infé-
rieur à la craie ; c’est le sable ferrugineux (Zron-sand) ,
ou peut être Oxford clay, qui dépend de la formation
jurassique. La similitude de gissement se réunit ,comme
on voit, à tous les autres caractères, pour prouver l’i-
dentité de ce fossile. J’ai rencontré chez ce même na.
turaliste des échantillons d’un Rétinite noir ; qui , par le
choc, exhalent une odeur de truffes peu différente de
celle de tous ces bois fossiles, mais pourtant sans qu’il se
voie aucune trace d'organisation.
LA
Mémoire sur une larve qui dévore les nHEriIx NEmorA-
LIS , et sur l’insecte auquel elle donne naissance ;
Par le Comte Iexace Mrezzinsky ,
Membre-honéraire de la Société helvétique > COITESPOR-
dant da Musée, et membre de la Société de philoso-
phié à Genève.
Sr l’on considère d’une manière générale les êtres de
la nature , on en trourera peu qui n’aieat des ennemis
assez redoutables pour les. détruire ou du moins pour
les incommoder vivement dans le but de se fournir à
leurs dépens un moyen de subsistance.
La larve que je me propose de décrire est un exemple
9.
(68)
très-remarquable de ce que je viens d'avancer. En
m’occupant des escargots sous le rapport de leur phy-
siologie, je trouvai un hélice qui était retiré dans sa
coquille ; dont: l’intérieur contenait aussi une larve.
Ce fait m'’intéressa beaucoup, et je cherchai à recon-
naître l'individu établi avec l’hélice. Pour cet effet,
je m’adressai à plusieurs naturalistes , je consultai quel-
ques ouvrages, mais nulle part je ne trouvai de quoi
satisfaire ma,curiosité; car la larve dont il s'agissait
était inconnue. Je me déterminai dès-lors à en faire
une étude particulière , et ce sont les résultats succincts
de cette. étude , faite encore très-imparfaitement, que je
viens présenter ici.
Il est en général peu e larves, qui offrent , au moins
äux yeux du naturaliste, uns aspect aussi agréable que
celle-là. Elle est jaunâtre , et a 8 à 9 lignes de long sur
X à 5 de large. (1) Sa tête munie de deux mandibu-
les bifides très-fortes , porte à sa partie supérieure deux
antennes brunes , composées de deux articulations; cha- |
cune de ces antennes est supportée , en outre, par une
espèce de prolongement membraneux et blanchâtre. A
la partie inférieure de la tête et au-dessous des mandi-
bules , sont situés sur un même plan horizontal, quatre
palpes , dont les deux exterñes sont légèrement épatés et
toujours en mouvement , et les deux internes plus minces
et moins mobiles.
(x) L'on ne peut guère connaître les dimensions pré-
cises de cette larve, car elles varient selon la position ,
l’âge et le degré d’embonpoint que ces animaux ont ac-
quis : on peut en diré autant de l’insecte parfait qui en
provient.
( 69 )
Le corps de la larve est divisé en douze articulations ou
anneaux, dont les trois antérieurs portent six pattes fortes
et bien conformées ; ces articulations n’ont que peu de
poils parsemés çà et là , sans aucun ordre. Les huit arti-
culations suivantes portent inférieurement chacune deux
fausses patteset supérieurement deux houppes de poils de
chaque côté. Ces poils sont placés sur une espèce de pro-
longement de l’épiderme, en partie vide en dedans , et
qui fait de fortes saillies sur le côlé de chaque articu-
lation. Enfin , la 12.° articulation porte l’anus et deux
houppes de poils terminales , formées de la même ma-
nière , mais plus grosses que toutes les autres. L’anus
de cette larve offre ceci de très-remarquable , c’est que
non-seulement il lui sert pour l’émission d’excrémens li-
quides et peu abondans , mais encore qu'il contient
dans son intérieur une espèce de pied cartilagineux que
l’animal peut sortir et rentrer à volonté , et dont il se
sert pour marcher. Ge pied est un peu évasé à son ex-
trémité , et légèrement enduit d’une humeur visqueuse ,
ensorte que le point d’appui qu'il doit offrir est très-fort,
La larve s’en sert beaucoup pour marcher; mais le mo-
ment où cet organe lui est d’un plus grand usage ,
c’est sans contredit lorsqu'elle est en train de tuer un
escargot; alors elle a besoin de beaucoup de force pour
s’enfoncer dans la coquille, malgré la résistance de sa
victime.
Des deux côtés du corps de la larve, entre les deux ran-
gées de houppes de poils, se trouve aussi une rangée
de points saillans , glanduleux et noirâtres : ce sont là
probablement ses trachées ; j’ai lieu de supposer que
‘ses trachées sont en communication avec les houppes de
( 70 )
poils en question , ef que dané l’état ordinaire des cho-
ses, celles-ci étant en contact avec l'air par une grande
surface , le pompent , le transmettent aux trachées et
favorisent ainsi la respiration de l'animal. Mais lorsqué
la larve s’est enfoncée dans la vase formée par la putré-
faction de lescargot tué ; les trachées ne peuvent plus
_ remplir leurs fonctions ordinaires; ne pourrait-on pas
supposer que , dans celte position , l’animel respire au
moyen des houppes de poils dont il a été question plus
haut , et dont on aperçoit toujours au moins les deux
tenminales. De cette manière, les trachées communi-
queraient par les houppes avec läir extérieur. Je ne
présente ceci que comme une hypothèse et non point
comme un fait bien constaté.
Pour terminer ce que j’ai à dire de l'extérieur de là
larve, j’ajouterai qu’elle a sur le dos deux rangées de ta-
ches brunes, séparées par une bande blanchâtre qui tra-
verse tout son corps, c’est son vaisseau dorsal.
d’entre maintenant dans quélques détails sur les mœurs
de cette larve. La voracité est sans contredit le carac-
tère qui doit le plus appeler notre’attention. Cette dis-
position est en effet telle chez cet animal, qu'aucun escar-
got ne peut lui échapper une fois qu’il a ‘commencé son
attaque. Lorsqu'elle estaffamée, élle se met à la recherche
d’un hélice proportionné à sa taille , et quand elle en
trouve un, elle ne le quitte pas qu’elle ne l’ait entière-
ment dévoré. Si au moment où la larve rencontre lescar-
got, il se trouve hors de sa coquille , ‘elle ne l’attaque
pas ; mais elle grimpe dessus êt accompagne ainsi jus-
qu'au moment où le malheureux mollusque rentre dans
st dérioure ; ce n’estqn’alors qu’elle s’approche du flanc
(71)
droit de l’escargot , y plonge sa tête et l’enfonce avec
force, à l’aide du pied dont j'ai parlé plus haut , quel-
quefois jusqu’à la seconde spire de la coquille. L’escar-
got parvient encore depuis ce moment , en faisant des
contorsions très-grandes, signe de la souffrance qu’il
éprouve , à ressortir l’extrémité de son pied ou de sa
tête ; mais au bout de peu de temps, il est obligé de
se résigner et de rentrer dans sa coquille pour n’en plus
ressortir. La seule circonstance qui puisse encore sau-
ver l’escargot de celte position fâcheuse , c’est de ren-
contrer , en faisant ses contorsions , un corps saillant ,
contre lequel il puisse coller son ennemi , enduit de
l’humeur visqueuse dont il l'avait entouré; ceci ne sau-
rait nullement être attribué à l'instinct de l’hélice ;
mais seulement au hasard.
Toutes les recherches que j'ai faites , dans le but de
découvrir le moyen employé par la larve pour donner à
sa proie une mortaussi prompte ont été inutiles , et l’on
ne peut savoir , en effet, ce qui se passe entr’eux dans
l’intérieur de la coquille ; tout ce que je sais , c'est que
je suis parvenu à faire tuer dans une jôurnée trois escar -
gots par la même larve. C’est ce que j’ai fait , en la privant
de sa proie , dès que j’ai pu juger que le mollusque ne
pouvait survivre aux meurtrissures qu’il avait éprouvées.
Par cette expérience , j’ai voulu m’assurer si la larve ne
se servirait point d’un venin pour faire périr sa victime ;
mais le corps de lhélice, gardé pendant quelques jours
après sa mort, ne m'a rien présenté qui pût me faire
soupçonner l'existence d’aucun liquide vénéneux quel-
conque.
Ces larves se trouvent surtout dans les ruisseaux des-
(72)
séchés. situés au-dessous des haies. Lorsqu'on voit une
coquille fraîchement tombée, renversée , propre en de-
dans ; et que l’escargot n’est pas visible à l’ extérieur , en
cassant la première spire de la coquille , on est presque
sûr d'y trouver une larve occupée à le dévorer. On
en trouve de différentes grosseurs , les petites se lo-
gent dans les petites coquilles et les grandes attaquent
les. grands escargots.
Lorsqu'une petite larve a mangé un escargot, elle
grossit, change de peau, et s’en va chercher un mol-
Jusque plus grand. Je ne saurais indiquer combien de fois
cetle opération se répète ; car je n’ai pu prendre encore
de ces larves à la sortie de leurs œufs.
Dès que la larve a acquis sa grandeur naturelle , elle
atlaque un dernier escargot et le mange complètement,
en n ‘laissant rien, si ce n’est qu’elle rejette, avec force ,
vers la fin de son opération , une quantité assez notable
de matière en décomposition et à demi-liquide , en sorte
que le dedans de la coquille reste toujours propre (à).
Quand une fois la larve a vidé tout ce qui était con-
———_—_—_—— ————_——————— ——
(1) Quand la larve a presque fini de manger son escar-
got, ce qui se fait dans l’espace de quinze jours environ,
tout-à-coup l’on voit la coquille souillée extérieurement
par une espèce de matière noire et très-fétide, et en con-
sidérant son intérieur on la trouve parfaitement propre,
et la larve y est enfoncée très-profondément. De quel
procédé se sert-elle pour faire cette émission ? C’est ce
que j'ignore encore complètement ; mais ce qui est très-
remarquable , c’est que malgré la viscosité de Ja matière,
oette émission peut cependant se faire sans qu’il reste rien
dans son intérieur; ce phé nomène est constant.
(as)
tenu dans la coquille ; qu’elle est devenue très-grosse ,
plus blanche et plus brillante , elle reste en cet état dans
l’inaction pendant un temps plus ou moins long, jusqu’à
ce qu’elle change encore de peau ; mais il faut observer
que celte mue est très-différente de celles dont j’ai parlé
plus haut; car ici l’aspect de la larve est entièrement
modifié. C'est alors qu’elle passe à l’état de nymphe ;
elle reste pourtant toujours mobile et conserve encore
des houppes de poils, mais moins apparens que celle de
la larve. La nymphe reste ainsi tout au fond de la co-
quille pendant trois ou quatre mois, puis au commen-
cement du printemps, on la voit tout-à-coup blanchir
prodigieusement,
L’une d'elles, que j’avais à cette époque dehors de sa
demeure , m'a offert un phénomène qui m’a paru assez
surprenant. Une partie de sa peau est descendue du corps
de la nymphe par sa partie postérieure, et elle y est
restée adhérente. C’est ce que j'ai voulu rendre plus clair
dans la figure 5 , où j'ai fait donner à la partie postérieure
de la peau une teinte un peu plus foncée pour indiquer
que cette partie , dont la nymphe se dépouille, doit être
distinguée de ‘celle qui recouvrait son corps quelques
instans auparavant.
Après cette espèce de demi-mue la peau s’est crevée ,
et l’animal qui en est sorti avait encore un aspect tout
différent du précédent. C’était l’insecte parfait, mais
dans les premiers momens il était tout blanc, ses an-
neaux étaient ondulés et non point écailleux et imbri-
qués comme ils le deviennent peu de jours après. Dans
ce même temps les taches et le coloris de la peau se
montrent , el c’est ainsi que la nymphe passe à l’état d'in:
(74)
secte parfait. La preuve que c'était bien-là l'insecte par-
fait, c’est la ponte d'œufs dont j'ai été témoin. Il faut
observer que toutes ces mues et métamorphoses doivent
se faire dans l’intérieur de la coquille , et si on dérange
l’animal de cette position les résultats sont plus ou moins
modifiés, ensorte qu’il est très-difficile d’en faire une
étude bien exacte.
Après avoir obtenu l'insecte parfait, la première chose
qui devait nécessairement se présenter à mon esprit,
c'était de lui assigner une place dans la grande classe
des insectes. Or n'ayant eu jusqu’à présent que l’indi-
vidu femelle , et n’ayant pas encore suflisamment étudié
l'insecte en question , je n’en ai pu déterminer la place
précise. Toutefois m’étant assuré qu'il n’était encore
mentionné dans aucune classification , je me suis déter-
miné à le faire connaître. :
Afin de rappeler que la larve de cet insecte se nourrit
avec une grande avidité, je me suis déterminé à Jui
donner pour nom générique celui de Cochleoctonus et
pour ‘nom d’espèce celui de Cochleoctonus voraæ.
3 , Te
Genre Cocaréocrons. Cochleoctonus.
Leur corps offre 1 2 anneaux dont les trois premiers por-
tent chacun une paire de patteset le premier des trois forme
le corcelet. Les stigmates de l’insecte sont très-distincls ;
on en compte neuf de chaque côté du corps , et ils sont por-
tés sur une espèce de dentelure qui borde les deux côtés
de l'abdomen. La tête est pourvüe d'antennes compo-
sées de sept articles , et portées sur une espèce de base qui
formerait le &. article ; à sa partie postérieure et laté-
ralement sont deux yeux lisses. Antérieurement et des-
) ”
sous les antennés , se trouve la bouche armée de deux
mandibules bifides très-fortes; au-dessous des mandi-
bules sont quatre palpes assez membraneuses : les deux
externes sont plus longsque les deux internes.
Cochléoctone vorace. Cochleoctonus vorax. M.
Le corps a 10 à 11 lignes de longueur sur trois x trois et
demie de largueur ; il est d’un jaune orangé; les anneaux
dont il est composé et qui se recouvrent les uns les au-
tres portent supérieurement chacun deux taches noires de
forme assez irrégulière, ét par dessous les trois premières
sont munies des six pattes de l’insecte ; les suivantes ont
chacune une paire de fausses pattes, excepté la dernière
qui porte l’anus. Les pattes de cet insecte sont fortes et
terminées par deux crochets assez puissans.
Quant aux mœurs des Cochléoctones , j’ai eu trop peu
de ces insectes et par conséquent recueilli trop peu de
faits sur ce sujet, pour pouvoir encore en donner des
détails suffisans. Peu de temps après que la nymphe s’est
dépouillée de sa dernière peau, l’insecte parfait sort de
la coquille, et j’en ai placé un dans une boîte où j'avais
mis d’un côté de la terre sèche et de l’autre une terre
humide et recouverte d'herbe en végétation; de l’un et
de l’autre côté j’ai placé des pierres. Tout cet arrange-
ment devait m'indiquer le côté vers lequel se dirigeait
Vinseote , et jusqu’à un certain point son genre de vie.
Comme je lui avais vu des mandibules bifides, j'ai
placé aussi dans la boîte des fragméns de vers de terre
et des escargots , mais l’insecte a regardé avec indiffé-
rence tout ce que je lui offrais; et quant à la place, ll
ne m’a pas paru en avoir fait un choix bien décidé; ce-
(76)
pendant il se tenaitle plus souvent dans l’herbe. Il se pro-
mena ainsi dans cette boîte durant quatre à cinq semaines,
pondit des œufs, puis périt. Je ne saurais aflirmer si
cetle mort fut naturelle ou si elle fut le résultat du dé-
faut de nourriture. J’ai eu deux autres insectes, dont
j'ai dà sacrifier un pour le faire peindre avec exactitude,
et l’autre a éprouvé un petit accident qui a accéléré sa
fin, mais il avait aussi pondu des œufs, J’ai trouvé de
plus dans un fossé , une coquille d’escargot qui contenait
cet insecte collé contre des œufs par sa partie postérieure
età moitié dehors de son domicile; j’espérais que ces œufs
seraient féconds comme étant pris dehors, ce qui ne se
réalisa point. Les œufs après avoir resté pendant long-
temps dans la coquille se moisirent , et je n’en ai pu tirer
aucun parti.
En rapprochant le peu de caractères que j’ai su dé-
couvrir chez l’insecte qui m'occupe, je n’ai pu me dé-
terminer d’une manière décisive pour la place qu'il de-
vait occuper dans la classification ; cependant je n’ai eu
du doute qu'entre l’ordre des Parasites et la tribu des
Lampyrides.
D'un côté, à PEN de ses mâchoires bifides, ses an-
tennes à septarticles, ses stigmates autour de son abdo-
men et d’autres caractères encore, je serais tenté de
croire que mon Gochléoctone doit faire un second genre
dans l’ordre des Parasites ; mais alors je conviendrais
qu'il faudrait apporter quelques modifications aux ca:
racières de l’ordre*en question, et même qu'il serait ,
ce me semble , à propos de changer le nom de cet ordre;
car le nouveau genre, qui ne paraîil pas êlre parasite, de-
manderait cette modificalion.
(77)
,
D'un autre côté, l'apparence extérieure, le manque
d’un sucoir rétractile et des deux lèvres membraneuses
m'ont fait pencher vers l’idée que ce serait un genre que
l’on pourrait placer à côté de celui des Lampyres dans la
tribu des Lampyrides.
Je dois faire observer ici que je ne donne ces deux
opinions que comme des hypothèses, et que je ne sau-
rais soutenir l’une ou l’autre qu’à de certaines condi-
tions que je pourrai éclaicir seulement plus tard. Ainsi
supposons qu'on vienne à découvrir le mâle, qu'il soit
ailé, et qué ses caractères aient du rapport avec ceux
des mâles des Lampyres, alors j'aurais tout au moins
une forte probabilité que mon individu appartient aux
Lampyrides. Mais, si au contraire, je découvre que cette
circonstance n’a pas lieu, et qu'il y a du rapport entre
ses mœurs el ceux des parasites déjà connus, dans ce
cas je serai aussi fortement autorisé à croire que mon
insecte appartient à l’ordre des Parasites. En attendant
que je puisse, le printemps prochain, saison à laquelle
paraît se borner la vie de ces insectes, m'occuper avec
plus de détails de cet animal, je: suis obligé de laisser
ce travail au point où je l’ai amené jusqu’à présent.
ExPLICATION DES FIGURES.
. e {; .
Fig. 1, la larve. Fig, 2 , td., vue par dessus et grossie
trois fois. Fig. 3, td. , par dessous même grossisse-
ment. fig. 4, la nymphe. Fig. 5, nymphe en méta-
morphose. Fis. 6, insecte parfait. Fig.:7, id, , vu
par-dessus et grossi trois fois. Fig. 8, id., par des-
sous. Fig. 9, antenne. Fig. 10,mandibule. F8. 11,
patte. ï
(@12)
Nore sur le Mémoire de M. le Comte Ignace Miel-
zinsky , relatif à une larve qui dévore l'asrx
NEMORALIS ;
Par M. LaATREILLE,
Membre de l’Institut.
Aucun naturaliste, à ma connaissance , n’a décrit
cette larve d'insectes , ni même de larve qui lui soit ana-
Jogue par la forme de labdomen. Ces observations ,
quoique incomplètes, méritent donc: notre reconnais-
sance , et nous devons inviter leur auteur à faire , à cet
égard , de nouvelles recherches qui lui permettent de
remplir ces lacunes:
: Puisque nous connaissons plusieurs insectes de divers
ordres, dont les femelles , et même quelquefois les
mäâles, sont privés d’ailes , l'absence de ces organes
est point un caractère exclusivement propre aux in-
sectes aptères proprement dits , tels que les thysanoures ,
les parasites et nos suceurs.
L'étude des autres caractères , et de l’animal- suivi
dans ses divers âges, peut seule alors nous éclairer. Or,
puisque la larve , qui fait le sujet de ce mémoire , passe
. à l’état de nymphe , acquiert une nouvelle forme , et
qu’elle n’est point parasite , elle, n’appartient point à
ordre que nous avons désigné ainsi.
” D’autres earactères comparatifs l’en excluent encore.
D’après la déscription que M. Miclzinsky a donnée de la
femelle én état parfait, et d’après les figures qui l’ac-
compagnent , on voit que cet imsecte à cinq articles à
F 59 )
tous Jes tarses, dont aucun n’est bilobé; que ses an-
tennes sont filiformes et composées, non de sept arti-
cles, comme il le dit dans celte description , mais de
dix au moins (voyez la figure grossie de l’un de ces or-
ganes) ; que ses mandibules sont bifides , que la tête
est dépourvue d’yeux lisses, et que le prothorax sur-#
passeæen grandeur les deux segmens suivans. Ces carac-
tères , et ceux que nous présente le même insecte dans
son premier état, nous déterminent à le placer dans
notre famille des Serricornes, qui nous offre d’ailleurs
des exemples de femelles absolument aptères, et des
larves pareillement carnassières. Le pénultième article -
des tarses des Lampyres (1) étant bilobé, les Cochléoc.
tones s’en éloïgneraient sous ce rapport , et avoisine-
raient les malachies. |
D'autres considérations semblent les rapprocher de
quelques coléopières pentamères clavicornes , et parti-
culièrement des Boucliers. La larve. d’une espèce
(lævigata) de ce genre, grimpe souvent sur diverses
plantes, pour se nourrir , ainsi que celle du cochléoctone
vorace , de l'animal de certaines espèces d’escargots.
Les nymphes de quelques coléoptères de la même fa-
mille sont encore , ainsi que celle de l’insecte précé-
dent , plus ou moins engagées dans la dernière dépouille
de leurs larves.
Nous exhorterons M. Mielzinsky à faire une étude
plus détaillée des parties de cetanimal , et sur-tout de
celles de la mastication. Les renseignemens qu'il nous
mm
(1) Quelques femelles sont totalement aptères , el d’au-
ires n’ont que des élytres très-courtes.
( 80 ),
fournit sont insaffisans , et en admettant le genre qu’il
propose, nous pensons néanmoins qu'il n’est pas fondé
sur un signalement rigoureux et précis. Espérons qu'il
sera assez heureux pour découvrir le mâle de cette es-
pèce , et pour compléter ainsi, au moyen de ROC
observations , son intéressant Mémoire.
[2
Consipérarions et Rapports nouveaux d'anatomie
comparée concernant les mammiféres à sabots ;
Par M. Grorrnoy DE SAiNT-HitAIRE,
Membre de l'Institut.
(Extrait communiqué d’un Mémoire lu à l’Académie des
Sciences, le 15 décembre 1823. )
Anr. I. L'auteur revient à ce paragraphe sur un sujet
qu'il a déjà traité dans le 9."* volume des Mémoires da
Muséum d'histoire naturelle , sur les matériaux primitifs
dont se composent les apophyses épineuses des huit pre-
mières vertèbres dorsales chez un fœtus de vache , en-
core très-peu développé. Une apophÿse montante de
verlèbre, se trouve composée de deux pièces, aussi
distinctes que complètement ossifiées , au tiers du déve-
loppement total : une seule trouve à s'implanter sur
les extrémités conjointes des deux arcs osseux qui en-
tourent la moelle épinière , l’autre est située au-devant
où vers le haut de celle-là, ét le tout est surmonté d’un
cartilage qui ne s ’ossifie que chez les adultes. Aïnsif il
n’y a qu'un moment favorable sd cette observation ;
quelques jours avant on ne voit qu’une masse cartilagineuse
et alongée , et plus tard, qu’un seul os; parce que les
(&)
deux élémens qui en font partie, sont promptement
soudés et confondus. Dans le cas de séparation de ces
deux élémens, cette époque de développement total
correspond à la composition des osselets d’une nageoire
dorsale. C’est une formation de même ordre dans la
série des développemens, qui est poursuivie plus Join
chez les fœtus des mamamiïères , mais qui reste stationnaire
chez les poissons , sorte de fœtus dans une condition
permanente. Chaque espèce de ces matériaux se distin-
gue de la même façon dans les deux groupes d’animaux
vertébrés ; l’une est une tige également engagée dans les
chairs , une apophyse tutrice , comme s’expriment les
ichtyologistes , et l’autre , une partie posée comme sur
une quille. S’ilne se fait aucune construction autour
de celle-ci , elle s’alonge et reste toujours mobile ; tel
est en effet le rayon des nageoires dorsales chez les pois-
sons. Ainsi se prouve de plusen plus la proposition avan-
cée par M. Geoffroy , et énoncée pour la première fois
en 1807, ( Annales du Mus. d’hist. nat. ,t. 10, p. 344,)
que les poissons dans leur premier: âge sont dans les
mêmes conditions , relativement à leur développement
fœtal , que les fœtus des mammifères.
Art. IL. On avait pressenti , mais point établi démon-
strativement la décomposition de l’os du canon des ru--
minans en deux pièces (métacarpiennes ou métatarsien-
nes.) M. Geoffroy a présentéune pièce où cette sépara-
tion est manifeste. Le fœtus dont il est parlé à l’article
précédent a sérvi de sujet.
Arr. III. Contre l'opinion commune , favorable à l’i-
dée que les animaux ruminans constituent un type abso-
lument séparé et caractérisé par l'existence de deux doigts
1. 6
+
(82)
seulement à chaque pied , M. Geoffroy St.-Hilaire établit
que ces animaux sont soumis aux mêmes subdivisions digi-
tales que les autres mammifères. Le principe du balance-
ment des organes y exerce seulement ane plus grande
influence. Si les doigts intermédiaires sont plus dévelop-
pés , les doigts latéraux le sont moins , et en effet, cela
tient si peu aux relations des autres organes, que chez
quelques animaux des genres Moschus et Cervus , cette
disproportion de volume est moindre que chez certains
mammifères à ongles. Le Ghevrotain et le Must ont leurs
doigts latéraux parfaits à tous égards. Les métatarsiens
de ces doigts accompagnent los du canon dans toute leur
longueur , et les doigts qui y sont suspendus descendent
jusqu'à terre, el rendent service dans certaines évolu-
tions. Le Renne , le Gerf de Virginie et le Ghevreuil ont
ces mêmes doigts latéraux forts et assez prolongés; mais
surtout ceux-ci n’occupent pas l’arrière partie , et sont
au contraire les flancs de l’os du canon; enfin, les
pièces qui leur tiennent lieu de métatarsiens sont en par-
tie osseuses et en partie cartilagineuses , arrangement
qui réalise au surplus un fait du segment précédent où
de l’avant-bras , auquel les conditions rudimentaires im-
posées à l’un des deux os, par le sur-développement de
l’autre pièce ; (du eubitus , par rapport au radius où du
radius à l'égard du Cubitus) procurent une atténuation ,
un défaut d’ossification remplacé par du cartilage , ou
seulement par un ligament. C'était donc se refuser à lé-
vidence des faits , que de nommer ergots ou ongles sur-
numéraires , les petits doigts des ruminans , stylets, leurs
os métacarpiens : c’élait effectivement placer sous le
rideau , et comme travestir par des noms bizarres tous
à ( 83 )
les faits scientifiques , tous les rapports de ces matériaux
organiques,
Note sur le genre BAvminra de Linné ;
Par Cnanrces Kunrx,
GavaniLes fut le premier qui appela l’attention des
botanistes sur la grande différence que présentent les
diverses espèces de Bauhinia, dans l’organisation de leurs
fleurs. Il distingua , sous le nom de Pauletia , les espèces
à dix étamines fertiles ; et conserva à celles qui n’en ont
qu'une seule (comme le Bauhinia Pes capræ, le B.
latifolia , etc.) le nom de Bauhinia. Dans toutes les es-
pèces décrites dans ses ouvrages, l’ovaire est pédicellé
et le calice offre une structure analogue, c’est-à-dire ,
un tube cylindrique persistant , un limbe divisé en cinq
parties linéaires , égales , très-longues ét caduques. Mais
un certain nombre d'espèces, qu’il paraît n’avoir pas
connues , peuvent former un troisième groupe. On ob-
serve, en eflet, dans le Bauhinia scandens de Linné,
le Bauhinia glabra de Jacquin , et quelques autres, un
calice ventru à cinq dents, divisé en deux lobes, un
ovaire sessile et dix étamines fertiles , parfaitement li-
bres. Comme cette structure se rencontre dans l'espèce
li plus anciennement connue, nous sommes d’avis de
conserver au groupe qui la renferme le nom de Bauhinia ,
en assignant aux Bauhinia de Cavanilles celui de Cas-
patia , pour faire allusion à un des frères Bauhin.
( 84)
BauminiaA.
Bauhiniæ species. Linn.
Calyæ ventricoso-campanulatus, membranaceus, bi-
labiatus , déciduus , labio superiore bi-, inferiore tri-
dentato. Petala quinque , fundo calycis inserta, ungui-
culata, pauld inæqualia. Stamina 10, ibidem inserta,
omnia fertilia et libera. Ovarium sessile, uniloculare.
Stylus 1, ascendens. Legumen sessile / siccum , lineari-
oblongum, compresso-planum, uniloculare, bivalve ,
polyspermum.
Arbores ; plerumque frutices scandentes et cirrosi,
folia alterna, biloba, interdum foliis sub conjugatis in-
termixtis. Racemi terminales et axillares-flores ; albi vel
flavescentes ; pedicellis basi uni-, medio bibracteatis.
Geminæ hujus generis species sunt : Bauhinia scan-
dens , Linn. (Lœfl. It. ed. germ. p. 283.) , B. glabra
Jacq. et B. heterophylla nob. ; dubiæ : B. Outi-mouta
et Guyanensis, Aubl.
PauzeriA. Cavanilles.
Bauhiniæ pleræque auct.
Calyæ tubo cylindraceo ; limbo quinquepartito , deci-
duo; laciniis longissimis , liberis vel in ligulæ formam
sibi invicem adhærentibus, reflexis. Petala quinque ,
summo tubo' calycis inserta , longe unguiculala , parum
inæqualia. Stamina. 10 , ibidem inserta, ima basi con-
nata, alterna breviora, omniafertilia, rarissime bre-
viora sterilia (antheris efletis vel nullis). Ovarium longe
stipitatum. Stylus 1, arcuatus., Lesumen : slipitatum
siccum , lineare , compressum , uniloculare , bivalve ,
polyspermum.
( 85)
Arbores aut frutices, interdum aculeatæ. Folia al-
terna, magis minusve profunde biloba. Stipukæ petio-
Jares geminæ. Flores racemosi, terminales vel laterales ,
interdum solitarii-terni oppositifoliüi ; pedicellis basi uni-,
medio bibracteatis. Corollæ albæ, luteo-rubentes vel
purpureæ.
Hujus generis sunt, præler species. Ge illostanus
(Pauletia aculeata , et inermis), Bauhinia aculeata Linn.
Jacq., B. grandiflora Poir., B. forficata, Link et Otto,
B. rufescens, Lam. (Ill. t. 529, f. 2.) , B. Madagas-
cariensis, Desv. ( staminibus alternis sterilibus capilla-
ceis), B. ramosa Lam. , ctc.
u CASPARIA.
Bauhiniæ Pes capræ, latifolia, subrotundifolia, Lu-
. maria, Cav. Ic.t. Lo4 , 4o7; et B. divaricata , Lam.
TU. t, 329. f. 3. |
Calyæ tubo brevi, cylindraceo, persistente ; limbo
quinquepartito, deciduo; laciniis longissimis, lineari-
bus, sibi invicem adhærentibus, in ligulæ formam re-
flexis. Petala quinque , summo tubo calycis inserta ,
jonge unguiculata, subæqualia. Stamina 10, ibidem in-
. serta ; 9 sterilia , parva , inferne connata ; decimum lon-
gissimum , fertile, liberum. Ovarium longe stipitatum.
Stylus 1 , arcuatus. Stigma bilobum (?). Lezumen sti-
pitatum , siccum, late lineare, compressum , unilocu-
lare, bivalve, polyspermum.
Arbores aut frutices inermes. Folia Btér) magis
minusve profunde biloba. Stipulæ petiolares , geminæ,
Racemi terminales et axillares. Flores albi, rosei vel
( 86)
rubri ; pedicellis basi uni-, supra basim (semper?)}
bibractealis. .
Nore sur les bassins tertiaires , 1.° de la place Saint-
Dominique à Gênes; 2.° de Sestri di Ponente,
Par M. Launenr Pangro , de Gênes.
(Communiquée par M. Berrrann-Gesin. )
Les terrains tertiaires assez étendus sur le versant
Nord de l’Apennin , ne se montrent, surson versant Sud
en Ligurie, que sur un petit nombre de points , et avec
très-peu d’étendue; ils forment une suite de petits bas-
sins le long de la rivière du Ponent , placés ordinaire-
ment dans le fond de petites vallées ouvertes transversa-
lement aux contreforts qui aboutissent à la mer : on en
voit dans Gènes, à Sestri di Ponente , à Arenzano ,
peut-être à Savone et à Albenga. Parmi ceux-ci, les
deux premiers , que j'ai plus particulièrement visités ,
ne diffèrent point entre eux. Celui de Gènes a un quart
de lieue de longueur du $. 0. au N, E. , il s’étend de-
puis la place St.-Dominique jusques près de la prome-
nade de l’Aqua-sola et des Capucins ; il repose sur les
couches de calcaire de transition , (semblable à celui de
la Lanterne) qui forment le cap de la Cava ,et esticom-
posé dans sa partie inférieure d’une masse d'argile bleue
_coquilière, semblable à celle de Gastel-arcuato. Elle a
jusqu’à 4o pieds de puissance, et contient des Ostrea
pleuronectes , Br. , des Pinna nobilis , des Ampullaires
des Murex , des Gones , des Huitres , des Gariophyllites
(87)
et en général les mêmes coquilles qu’on retrouve dans
les argiles des collines sub-Apennines dans le Plaisantin et
le Parmesan ; on y voit encore des fragmens de bois
bituminisé et des fruits de plantes conifères. Cette ar-
gile est assez plastique , un peu micacée , faisant un peu
d'effervescence avec les acides. Les sables jaunes recou-
vrent cette formation ; mais onne peut pas bien mesu-
rer leur puissance , ni voir si dans leur partie inférieure
ils alternent avec les argiles bleus , parce que toute la
colline est encombrée de maisons. Il n’en est pas de même
du bassin de Sestri ; celui-ci se trouve dans la petite vallée de
Borzoli, et est.entouré au Nord, à l'Est et au Sud , par
des montagnes ophiolitiques , en quelques endroits schis-
to-talqueuses , et à l'O. par le Gaz:0 , montagne de cal-
caire siliceux', un peu talqueux, assez ancien , qui parait
subordonné dans les masses ophiolitiques de cette chaîne ;
il s'étend d’une demi-lieue en longueur dans le sens de
la vallée du S. O. au N. E., et à l'E. N. E., et d’une
portée de fusil en largeur vers le S. E. Il est composé à
partir d’en bas : 1.° d’une couche d'argile bleue co-
quillière , avec Huitres, Vénus, Pecten Pleuronec-
tes , Buccins , etc. , mêlée de petits bancs de cailloux
roulés ophiolitiques, et de morceaux d’un calcaire ou
alpin ou de transition roulés et percés par des Pholades.
Ce banc a 30 à 4o pieds de puissance; 2.° d’une
couche de 3 pieds de sables jaunes coquilliers , avec des
Peignes , et en partie les mêmes coquilies qu’on retrouve
dans la couche précédente et des petits cailloux roulés
d’ophiolite ; 3.° d’une nouvelle couche d’argile bleue, un
peu moins coquillière que la précédente, moins plasti-
que , plus sableuse , de 5 à 6 pieds d'épaisseur ; 4.° d’une
(88)
suite de 4 à 5 alternances de sables jaunes coquilliers ,
avec cailloux d’ophiolites ,en couches peu puissantes ,
colorés par l’oxyde defer, et d'argile bleue très-peu co-
quillière ; le tout ayant 10 à 12 pieds de puissance ;
5.° enfin d’une masse de sables jaunes ophiolitiques avec
quelques Peignes et des cailloux roulés. Toutes ces cou-
ches sont presque horizontales , et ne se relèvent un peu
que vers les bords du bassin ; c’est dans le n.° 1 parti-
culièrement , ainsi qu’à Gènes dans l'argile bleue infé-
rieure , qu'on a trouvé une Gryphée dont M. Bertrand
Geslin a pris des exemplaires.
Enfin , le bassin d’Arenzano n’est qu’un petit amas
d’argile bleue avec des Huitres : je n’y ai point vu d’au-
tres coquilles. ;
Il résulte de l'examen des deux bassins de Sestri et
de Gènes, qu'ils sont de même époque entre eux, et qu'ils
ne diffèrent de ceux qui sont de l’autre côté de l’Apennin,
sur le versant Nord , qu’en ce que les fragmens qui y
sont répandus paraissent avoir plus de rapports avec les
montagnes qui les avoisinent. |
de
Note des corps organisés fossiles trouvés dans les
bassins décr ‘ ci-dessus , d’après la classification de
Brocclu.
Uxivaves. Bivarves.
Dentalium elephantinum. Solen strigilatus ?
Nerita helicina. bis Anomiïia orbiculata ?
Poluta calcarata. Pinna nobilrs.
V'olula striatula. Ostrea pleuronectes.
Conus-antediluctanus. Ostrea edulrs.
Buccinum echinophortm. Gryphea ?
( 89 )
UnivaLves. Bivazves.
Strombus Pes pelicanr. Des Zénus et autres co-
Murex toratus. quilles en trop mauvais
D. turricula. état pour être détermi-
M. longiroster. nées.
M. doliaris. Des Peignes.
WT. oblongus.
Un Trochus et d’autresunivalves, mais
en trop mauvais état pour pouvoir
être déterminées.
Ces coquilles , qui toutes se retrouvent aussi de l’autre
côté de l’Apennin , ne laissent point de doute sur l’ana-
logie et l'identité de ces terrains tertiaires. (1)
(1) Note par M. Arexannre BroNeNiart, Membre de
l'Institut.
La ressemblance de ces terrains, non-seulement dans
les débris de corps organisés fossiles qu’ils renferment ,
mais encore dans la nature , la couleur, la position et la
succession des différentes roches d’aggrégation qui les
composent, marnes argileuses, sables, cailloux rou-
lés, etc. , est un phénomène fort remarquable et d’autant
plus, que d’après les observations de M. Brocchi, et
d’après celles que j'ai eu occasion de répéter , cette
ressemblance, pour ainsi dire minutieuse, s'étend depuis
le fond ou l’origine de la grande vallée du P6, c’est-à-
dire, depuis les environs de Turin jusqu’en Calabre ;
cette succession, observée dans l'enceinte de Gênes, et
décrite par l’auteur de.la Notice précédente, se présente
avec les mêmes circonstances dans l'enceinte ou au moins
sous les murs de Sienne, dans l’enceinte de Rome , etc.
Jai reconnu le mème terrain avec les mêmes coquilles,
( 90 )
Note sur le genre Scu1zoPETrALON.
Sims , dans le Botanical magazins , n.° 2379 ,a figuré
sous le nom de Schizopetalon Walkeri , un nouveau
genre de Crucifère originaire du Ghili, et remarquable
par ses pétales pinnatifides ; du reste , sa description
était si incomplète , qu’on ne pouvait se former une opi-
nion exacte sur les aflinités de ce genre : deux descrip-
tions et deux figures nouvelles de cette plante viennent
’être publiées et ont fait connaître plusieurs caractères
singuliers, dont un est jusqu’à présent unique dans loute
la famille des Crucifères ; on sait combien , malgré l’é-
troite affinité qui les unit, ces plantes varient quant à la
structure de leur embryon , et le parti que MM. R.
Brown et Decandolle ont tiré de ces caractères pour éta-
blir de nouvelles divisions dans cette famille. Le genre
Schizopetalon offre une nouvelle modification très-sin-
gulière dans cette structure ; mais qui n’est pas exprimé
exactement de même par les deux habiles botanistes
les mêmes roches , etc. , sur la petite colline de {a Costa,
au nord de Saint-Remo, par conséquent, sur le revers
méridional des Apennins, et à plus de trois cents pieds
d’élévation au-dessus du niveau de la mer; il est com-
posé d’un sable calcaréo-siliceux jaunâtre, avec des lits
d'argile figuline bleuâtre : les cailloux roulés sont très-
gros ; ils sont siliceux et portent la preuve d’un séjour
assez long dans la mer, car beaucoup d’entr’eux sont
chargés de grosses huîtres qui y sont adhérentes, et qui ;
par leur mode d’application , prouvent qu’elles ont vécu
sur cette base.
(91 )
auxquels nous en devons la connaissance. M. R, Brown
dans le Botanical register , n.° 752 , décrit l'embryon de
cette plante comme ayant quatre colylédons verticillés ,
égaux et roulés en spirales. M. Hooker, dans l'Exotic
Flora , n.° 74, l’indique comme dicotylédoné , mais à
cotylédons très-profondement bipartis; la figure analyÿti-
que , parfaitement exécutée, qui accompagne sa descrip-
tion , les représente également divisés presque jusqu’à la
base. Ce point reste donc encore à vérifier ; du reste, les
deux descriptions que nous yenons de citer, sont par-
faitement d'accord ; nousallons rapporter ici l'excellente
description de M. R. Brown.
SCHIZOPETALON.
Calyæ clausus. Petala pinnatifida ! Siliqua torosa ,
seminibus uniseriatis.. Cotyledones quatuor! separatim
contortuplicatæ.
SCHIZOPETALON WALKERI. Herba annua ; folia alterna
sinuato-pinnatifida, pubescentia, pube tenui ramosä.
Racemus terminalis foliaceo-bracteatus. Calyx pubes-
cens foliolis albo-marginatis, lateralibus altius descen-
dentibus, Petala alba, unguibus calycem paulo superan-
tibus , laminis circumscriptione ovatis, pinnatifidis ,
laciniis linearibus siccitate (et forsan æstivatione) invo-+
lutis. Stamina 6 , filamentis subæqualibus , edentulis ,
antheris uniformibus , sagittato - linearibus, introrsis.
Glandulæ hypogynæ quatuor , lineares , erectæ , petalis
suboppositæ , geminatim basibus dilatatis confluentibus ,
filamenta lateralia stipantes. Stylus brevissimus. Stig-
mata papulosa , connato-approximata , in stylum des-
curentia , basibus solutis, unicum quasi subextincto-
(92)
rüforme efformantibus. Siliqua sessilis, bilocularis , an-
eusto linearis , pube ramosâ brevi conspersa, valvis ve-
nosis. Semina sphærico - lenticularia. Embryo viridis.
Radicula albicans , arcuata , semine pauld longior. Co-
tyledones verticillatæ æquales , elongatæ , angustatæ ,
semiteretes , separatim subspiraliter involutæ.
Oss. In ordine cruciferarum genus nulli cgnito afline
et equidem ob numerum figuram , et vernationem coty-
ledonum , petala pinnatifida , sligmatis structuram et
stamina subæqualia , jp distinctæ iniium efformare
videtur.
NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
Extrait d’une lettre de M. ox FReminvirze, Lieute-
?
nant de vaisseau , etc.
M. de Fréminville a fait en 1822, et dans les six pré-
miers mois de 1823 , un voyage sur les côtes occidentales
d'Afrique , notamment sur celles du Gap- Vert et du
Sénégal , et dans les Antilles françaises. Il a formé pen-
dant ce long voyage des collections nombreuses d’his-
toirenaturelle , qu’il a rapportées à Brest , el il a recueilli
des observations qu’il compte publier aussitôt que ses
fonctions , comme officier de marine, lui en laisseront
le loisir. Nous extraierons quelques passages. d’une lettre
très-détaillée qu’il a écrite à l’un des coopérateurs de
ce recueil,
M. de Fréminville est fat de Brest vers la fin de
février. 1822 , et a eu occasion dans sa traversée de Te-
(95 )
- nériffe à la côte d'Afrique, d'observer un grand nombre
de Physalides qui doivent être le sujet de quelques-unes
de’ses publications.
Quoique les travaux de M. de Fréminville aient été
constamment dirigés vers la zoologie, il n’a pas né-
gligé de recueillir quelques-unes des roches des pa-
rages qu'il a visités. On sait que l’île de Gorée est ba-
saltique ; les échantillons qu’il a rapportés du basalte
de Gorée montrent que cette roche a une struc-
iure crystalline très-déterminée ; mais ce qui a paru plus
remarquable au naturaliste auquel M. Fréminville a
adressé sa lettre et ses échantillons , ce sont des roches
caverneuses , comme le seraient des laves, mais dont
les cavités cylindroïdes s’anastomosaient à la manière des
canaux que montrent les buttes des Thermes, s’éloignant
par là des véritables. läves , dont les cavités bulleuses
sont en général rondes ou ovoïdes et indépendantes
l’une del’autre. Il est difficile de décrire clairement la
partie solide de ces roches caverneuses ; elle ressemble
à un basalte altéré, et par conséquent moins dense
que le basalte qu’on vient de citer et qu’elles accompa-
gnent. Ses cavités sont remplies d’une terre argileuse ,
ocreuse, très-friable , qui passe au minerai de fer argi-
leux, et qui présente des ressemblances bien remar-
quables avec certains minerais de fer argileux et no-
duleux des environs d’Aarau dans le Jura. D’après ce
que soupçonne le rédacteur de cet extrait , ce minerai
est toujours supérieur au calcaire du Jura, il penètre
dans ses fissures ét dans ses cavités; mais il n’est jamais
interposé entre ses couches. Gette singulière ressem-
blance ; qui peut avoir des conséquences qu’on ne peut
( 94 )
développer ici ; devient encore plus frappante dans une
roche ferrügineuse ; vrai minerai de fer argileux et no-
duleux, recueillie par M. de Fréminville au Cap-Vert,
dans le lieu dit la Pointe du Bel-Air. Ges nodules res-
semblent à s’ÿ tromper au minerai de fer d’Aarau que
nous venons de citer.
Il ne paraît pas qu'il y ait de corps organisés dans
ce minerai, pas plus qu'il n’y en a dans celui du Jura;
du moins , sion peut tirer cette conséquence des re-
chérches de M. de Fréminville et des échantillons qu’il a
rapportés:
: paraît que depuis l'entrée de Gonzales de Cintra ; sur
la côte de Barbarie jusqu’au Gap Tagrin à l’entrée de la
Siérra Léone , tous les points élevés de cette partie de la
côte d'Afrique sont volcanisés. Ainsi les hauteurs du
Gap Barbas , celles du Cap-Blanc , le Cap Manuel, le
Gap-Vert, le Gap Roxo, enfin Sierra Léone, sont des
points volcaniques et présentent des amas considérables
dé basaltes et de laves, Il est à remarquer que ces points
assez éloignés les uns des autres, sont séparés par d’im-
menses déserts de sable : on sait que les groupes d’iles
voisins de cette étendue de côtes, sont tous reconnues
depuis long-temps pour d’anciens volcans.
Nous ajouterons à ces rapprochemens , que le minerai
de fer rapporté de Foutadyallon, dans l’intérieur de l’A-
frique, par M. Mollien , a encore avec le minerai de
fer balsatique de Gorée, beaucoup de points de ressem-
blance.
: M, de Fréminvilles’estlivré, à la Martinique, à l'étude
des crustacées, qu’il regarde comme encore peu con-
nus , et pouvant présenter, par conséquent , un grand
( 9
nombre d'espèces et même de genres nouveaux, Parmi
ceux-ci ; il.en a décrit un sous le nom de Boscea ia
trouvé ces crustacées à plus de six lieues au large , vivans
et flottans sur l’eau; ils n ’approchent jamais des côtes ,
et offrent des particularités remarquables; M. de Fré-
minville dit que ce genre devra être placé entre les Cy-
mothoées et les Idothées.
M. de Fréminville s’est aussi beaucoup occupé des rcp-
tiles si communs à la Martinique ; il'a rencontré des
Vipères fer-de-lance de sept à huit pieds de long, et dont
les crochets avait près d’un pouce. Il en a déposé un
individu de la plus grande taille au Musée de Brest ; cet
officier naturaliste dit avoir vérifié sur ces Vipères fer-de-
lance , le fait important annoncé pâr M. Palissot de Beau-
vois, concernant la femelle du Crotale Boïquite. I assure
que , comme cette dermière , celle dufer-de-lance recoit
dans sa gueule ses petits, qui vont s’y réfugier à l’ap-
proche de quelques dangers , et qu’elle les y tient cachés
jusqu’à ce que le danger soit passé.
Plusieurs arbres desiles de la mer du Sud , sont mainte-
nant naturalisés dans le beau jardin botanique royal de la
Martinique , les Spondias cytherea, Mangifer a indica ,
Areca cathecu , plusieurs variétés d’Arbres à pain y pros:
pèrent et y multiplient aussi bien que dans leur sol natal.
M. de Fréminville remarque , comme un fait geologi-
que assez intéressant ; que les îles des Saintes , placées
au milieu d’une longue série d’iles évidemment et même
encore actuellement volcaniques , telles que Saint-Vin-
cent, Tabago, la Grenade , Ste.-Lucie , la Martinique,
la Dominique , la Guadeloupe et Mont-Serrat ne pa-
raissent cependant présenter aucun caractère de volca-
| (96 )
néité, ni dans les substances minérales qu’elles contien-
nent , ni dans la nature et la configuration de leur ter-
rain ; qu’elles ne sont composées que de masses de por-
phyre à granits rouge ou verdâtre , ou même de’ roches
siliceuses. L’ilot appelé la Goche est entièrement forwé
de cette dernière roche. Ce fait devait en effet frapper
M. de Fréminville, et aurait étonné autrefois les Géolo-
gues , comme il a étonné les Zoologistes ; mais depuis
que M. de Humboldt et M. de Buch ont faitremarquer
que les terrains porphyritiques accompagnaient presque
toujours les terrains volcaniques , et en étaient comme
la base, on conçoit très-bien le rapport de structure
qu'il y a entre le sol porphyritique des Saintes , et le sol
volcanique des îles qui les entourent.
Ce porphyre éprouve la décomposition des roches
feldspathiques , et-donne par cette altération un kaolin
impur ou collyrite jaunâtre qu’on dit propre à faire de
la porcelaine.
Le Scarabée Hercule se trouve à la Guadeloupe. M. de
Fréminville l’y a recueilli. Il assure qu’on ne le trouve
pas sur le continent d'Amérique.
EE
YMPRIMERIE DE MIGNERET, RUE DU DRAGON ; N.° 20.
RECHERCHES ANATOMIQUES
SURILE THORAX DES ANIMAUX ARTICULÉS ET CELUL DES
INSÈCTES HEXAPODES EN PARTICULIER .;
Par Vicror Aupourn.
LA
«Quod in observatione indefinitum et VagUTI ,
»id in isformatione fallax et infidum est. »
(Bacon , ob. org.)
Introduction.
Lx besoin d'analyser les phénomènes du règne animal
pour les connaître , et l'impossibilité q’ étudier leur en-
semble sans classer préliminairement les détails, dut
amener la division de la zoologie en plusieurs. branches.
Chacune d’elles fut qualifiée du nom de science et fixa
l'attention exclusive de quelques observateurs qui, guidés
par des vues et un esprit particuliers, ES DUOUE une
direction très- différente. Les Animaux vertébrés, les
Mollusques , les Animaux articulés ‘et les Zoophytes ne
furent étudiés ni avec le même soin , ni avec les mêmes
principes ; aussi, comparées dans le but qu’elles ont at-
teint , et dans le degré de perfectionnement auquel
elles sont arrivées , ces sciences offrent- elles des résul-
tats très- variés ; ; l'anatomie des insectes , parexemple j:
n’a presque de commun avec celle des animaux verté-
brés , que le grand nombre ée faits contelle est enti-
chie ; la partie philosophique lui manque totalement.
| Ilest facile de se rendre compte de cet état fâcheux
de l’entomologie , en jetant un coup-d’œil sitentif sur
la marche qu’elle a constamment suivie. On voit alors
1. 7
( 98 )
que les méthodistes d’une part et les observateurs de
l’autre, ont toujours parcouru des sentiers fort diffé-
rens. Les premiers n’ayant d’autre chose en vue que de
décrire , avec beaucoup de soin , les êtres, quant à leurs :
formes extérieures , afin de découvrir entre eux des
moyens de distinction , saisirent comme au hazard les
caractères qui se présentaient et s’attachèrent surtout
aux plus apparens ; les seconds diminuèrent singulière-
ment l'intérêt de leur travail , en isolant , en général , la
connaissance des mœurs de celle de l’organisation ; ceux
mêmes qui se livrèrent à l’étude de cette dernière science,
n’envisagèrent pas , à beaucoup près , tout ce qui en con-
stitue le domaine. L’anatomie des insectes devait être
en même-temps comparative et spéciale.
L'anatomie comparée considère les organes d’une
manière abstraile ét dans ce qu’ils présentent de com-
mur ; elle les réunit dans un même cadre , les embrasse
par la même pensée, saisit leurs points de contact , ob-
serve les liens qui les unissent, et détermine les lois qui
président à leur arrangement et à leurs fonctions.
L’anatomie spéciale ou individuelle les comprend tous
également; maïs elle les offre dans une série decadres par-
ticuliers , où chaque objet representé avec les ‘carac-
ières qui lui sont propres, est envisagé sous toutes ses
faces et considéré quelquefois dans ses moindres détails.
Chacun de ces genres d’études présente sous deux
aspects très-différens l’organisation des êtres ; l’un est le
complément nécessaire de l’autre , et leur liaison est si
intime, qu’on ne devrait jamais lesisoler. Cependant, c’est
vers cette anatomie individuelle et de détail, que la plu-
part des observateurs ont dirigé presque exclusivement
( 99 )
leur attention. De cette manière d'envisager les choses ,
est née l’importance accordée aux formes , et le penchant
bien naturel à admeltre comme analogues des parties
qui offrent , à quelque chose près, les mêmes caractères,
ou à regarder comme tout-à-fait dissemblables celles qui
présentent un aspect différent. On vit dès-lors tous les
esprits accueillir avec empressement l’idée que chaqué
être plus ou moins favorisé de la nature , avait seul reçu
en partage certains organes refusés complètement à
d’autres.
L’Abeille obtint, comme arme défensive et offensive ,
un cruel aiguillon.
Privé de cet aiguillon , le Carabe crépitant fut pourvu
d’un fluide particulier qu’il lança avec bruit.
La Mouche , mois privilégiée que certains autres in-
sectes , n’eut que deux aîles ; mais en dédommagement,
elle recut des cuillerons, espèce de tambours, et des
balanciers , sortes de baguettes destinées à les frapper et
à produire un son remarquable.
Le Papillon eut en partage une trompe , etla Punaise
un suçoir, appareils particuliers qu’on ne rencontrai
plus dans les Crustacés , dans le Scarabé ou dans la Sau -
terelle munis de mandibules et de mâchoires.
La Cigale posséda un appareil de chant fait sur un
plan original , et dont aucun insecte ne présentait de
traces.
En considérant les divers organes sous ce point de vue, on
créait une liste nombreuse de dissemblances , qui augmen-
tée chaque, jour contrastait singulièrement avec le plan
général d'organisation qu'on ne pouvait méconnaître.
Quelques observateurs qui seflattaient de raisonner , si-
7°
( 100 )
gualèrent ces écarts de la nature et cette sorte de discor-
dance avec elle-même ; ilsdirent : ce sont des Anomalies,
dénomination fatale qui devint un nouvel obstacle à la
philosophie de la science. On ne chercha plus dès ce mo-
ment à classer les différences , l'esprit ne fit plus d’effort
pour s’en rendre compte ; le mot anomalie tint lieu de
toute interprétation, il passa en habitude, et l’usage repété
que l’on en fit, nous explique pourquoi les faits les plus
- simples, et qui se répétaient le plus souvent, ne condui-
sirent à aucune des conclusions qui , désormais , j’es-
père, sembleront naturelles. C’est ainsi que depuis long-
temps on a signalé l’écusson de certains hémipières,
( le genre Scutellère de M. Lamarck ) comme une cir-
constance bien remarquable à cause de son excessif dé-
veloppement , tandis qu'ailleurs il étaitrudimentaire , ou
même ne laissait plus voir aucune trace. Cette observation
curieuse fut bientôt négligée , et cependant si elle eut con-
duit à apprécier plusieurs faits du même genre , on aurait
obtenu sans doute, ce résultat très-important, auquelnous
sommes arrivés; que toutes les différences qu’offrent les
insectes, que tous les organes anomaux qu’ils présentent
ne sont dus qu'à un développement moindre ou plus
grand de certaines parties , existant généralement chez
tous, et dès-lors la philosophie de la science était créée.
Qu'on me permette de signaler d’avance cette con-
clusion , et de lériger en principe. Mes travaux seraient,
très-peu utiles et fort mal appréciés sion la perdait de
vue un instant. Toutefois le but que je me suis proposé
ne serait qu'imparfaitement atteint, et paraîtrait trop
exclusif, si je n’embrassais dans la même pensée la série
des animaux articulés. Les insectes ne sont pas plus pri-
( 101 }
vilégiés que les crustacés ou les arachnides , et ces deux
classes ne le sont pas davantage que les insectes. Les uns
et les autres éprouvent l’influence d’une loi particulière,
qui préside au développement de telle ou telle partie de
leur corps ; de là découlent toutes les différences qu’on
observe entr’eux. Le principe que nous venons de poser
pour les insectes , est par conséquent applicable aux
crustacés et aux arachnides.
Nous croyons en ayoir dit assez pour mettre à même
de juger de l’esprit qui nous dirige; le travail que nous
publions aujourd’hui sur le Thorax , et qui n’est que lé
premiér fragment de notre analyse des parties solides
des animaux articulés , les recherches que nous ferons
connaître bientôt sur les systèmes digestif, nerveux,
générateur , etc. , etc. , ontété entrepris dans cétte nou-
velle direction.
On doit donc s’attendre à trouver dans tous nos travaux
el en particulier dans notre anatomie du thorax, un grand
nombre de faits, qui jamais ne seront offerts isolément
mais dont on dévoilera sans cesse les rapports mutuels.
L'étude d’une pièce, sa comparaison avec une pièce
analogue dans tous les animaux articulés, afin de noter les
modifications variées qu’elle éprouve , tant pour le dé-
veloppement et la forme que pour les fonctions ; l’in-
fluence qu'exerce sa manière d'être sur les pièces voi-
sines, sur certains organes et sur l’être tout entier , tels
sont les développemens dont nous aecompagnerons le sim-
ple exposé anatomique.
Il est facile de concevoir qu’un tel examen ne résulte
pas de quelques faits isolés , mais bien de la comparaison
d’un grand nombre ; aussi me suis-je occupé exclusive-
( 102 }
inent depuis lafin de l’année 1818 , jusqu’au 15 mai 1820,
époque à laquelle mon travail a été présenté à l’Acadé-
mie des sciences , à recueillir un grand nombre d’obser-
vations, dans le but de donner à l’anatomie des annelides,
des crustacés , des arachnides et des insectes , une direc-
tion nouvelle, toute philosophique , et qui fût en harmo-
nie avec celle imprimée par M. Cuvier , et dans ces der-
niers tems par M. Geoffroy-Saint-Hilaire , à l'anatomie
des animaux vertébrés. Je n'aurais pu cependant achever,
si promptement , un travail dont les hommes exercés à la
recherche des faits , apprécieront les difficultés en jet-
tant un coup-d’œil sur les nombreux résultats qu’il a pro-
duits ; je n’aurais pu, dis-je, achever sitôt cetravail, sans
l'assistance précieuse des mes amis Auguste Odier , et
Adoiphe Brongniart, qui, très-jeunes. alors, ont acquis
depuis un nom distingué dans la science.
À l’aide de leurs secours , j’ai pu observer au moins
trois cents espèces différentes , et apporter à l'appui des
recherches que je publie, plus de douze cents pièces ana-
tomiques.
Il nous resterait maintenant à rappeler les travaux que
la science possède sur le squelette des animaux articu-
Jés ; car il est naturel de penser qu’avant d'entreprendre
les nôtres , nous avons dû consulter un grand nombre d’au-
teurs , afin d’alléger là tâche que nous nous imposions,
en nous servant des connaissances acquises, et en les
grouppant pour en faire notre point de départ ; mais nous
avons élé trompés dans nos espérances. (1) Les auteurs les
(1) Un observateur très- distingué, feu Jurine, et dans
ces derniers temps, M. Chabrier ( Mém. dn Mus. d’hist.
( 103 )
plus recommandables, et qui font autorité dans la science ,
ne nous ont fourni que des données plus ou moins vagues
et sans cesse contradictoires. Nous avons employé beau-
coup. de temps à recueillir les définitions que les mé-
thodistes ont faites du petit nombre de pièces qu’ils ont
entrevues , et ce temps a été perdu , parceque, d’une part,
il existe entre eux une discordance complète dans l’emploi
ou l’application des termes , et, que de l’autre, aucune
des parties qu’ils signalent n’ayantété étudiée isolément
et après avoir été préliminairement désunie et désar-
ticulée , ils ne sont d’accord ni sur sa forme, ni sur son
développement , ni sur ses limites. C’est ainsi que les
noms de Sternum et d’Ecusson , au lieu d’être donnés
à des pièces dont les contours seraient exactement déter-
minés, n’ont été appliqués à ces pièces que lorsqu'elles
offraient certains caractères accidentels et de convention ;
de manière qu’on rencontre à chaque page dans les ou
vrages de classification , que tel insecte a un écusson , et:
que tel autre en est privé, que tel genre offre un ster-
num , et qu'il manque dans tel autre. Le fait est que ces
pièces existent dans tous les insectes , et qu’on a prisl’ap-
parence pour la réalité en appliquant les noms de ster-
nat.) ontétudié physiologiquement le thorax des insectes;
mais leurs recherches, entreprises dansun but très-différent
des miennes et adaptées à la théorie qu’ils embrassaient ,
ne peuvent être considérées comme un travail d’anatomice
comparative et philosophique; nous aurons cependant
soin de citer comme synonimes des termes que nous em-
ployons , les dénominations proposées par M. Chabrier,
dans son Essai sur de vol des insectes, dont la publication
est postérieure à la présentation de notre ouvrage à l’Aca-.
démie des Sciences. |
( 104 )
num et d’écusson à de simples accidens de formes. Nous
avons cependant tâché de mettre à profit tout ce dont on
pouvait tirer partie dans ce désordre. Les dénomina-
tions reçues de T'horax, de Sternum , de Scutellum , de
Seutum ; etc. , ont été religieusement conservées, seule-
ment nous les avons définies de telle sorte que les pièces
auxquelles nous les appliquons ne puissent jamais être
méconnues , quelque développement qu’elles aient, et
quelques formes qu’elles affectent.
Nous ne saurions terminer ces remarques préliminaires
sans adrésser nos remerciemens au savant illustre auque}
l'anatomie comparée et la zoologie sont. redevables de
tant de travaux, et qui a contribué d’une manière si
eflicace aux progrès de la science. M. Geoffroy-Saint-
Hilaire a däigné plus d’une fois nous soutenir'et nous gui:
der dans la route que nous parcourions , M. Latreille qui
nous honore d’une amilié toute spéciale à bien voulu
aussi nous adresser, tant par écrit que verbalement ,
plusieurs observations qui ont contribué à l'amélioration
de notre travail, en nous obligeant à fixer davantage
notre attention sur plusieurs points que nous avions
d’abord crus suffisamment éclaircis.
Enfin, si un sentiment de modestie devaitl’emporter sur
un vif sentiment de reconnaissance, et s’il était possible de
satisfaire l’un en ne blessant pas l’autre, nous passerions
sous silence le rapport honorable que M. le baron Guvier
fit à l’Académie des sciences , dans la séance du 19 fé-
vrier.1821, La sanction d’un tel maître qui, après avoir
approuvé nos débuts , nous encourage journellement
dans nos travaux , est une garantie flatteuse à lsquelle
nous attachons le plus grand prix.
( 109 )
CHAPITRE PREMIER.
Observations :sur le système solide des animauæ
articulés.
Lxs parties dures sont aux insectes ce que le squelette
ost aux animaux vertébrés ; c’est-à-dire , qu’elles sou-
tiennent le corps et qu’elles en sont la charpente. Ne
prétendant donner au mot squelette , que cette accep-
tion très-anciennement admise et adoptée de la plupart
des entomologistes , nous l’emploierons de ‘préférence à la
dénomination de Système corné extérieur, qui n’est
point un nom , mais une phrase exprimant peut-être une
comparaison erronnée.
L’anatomie transcendante pourrait , ilest vrai , envi-
sager le squelette sous un tout autre point de vue et dé-
terminer à quelle partie du corps des animaux plus élevés
il correspond. MM. Geoffroy-St.-Hilaire et de Blainville
ont abordé cette question; le premier, én comparant d’une
manière directe le système corné des insectes au système
osseux des animaux vertebrés , et le second , en établis-
sant une comparaison également directe entre ce système
eorné et la peau. L'opinion de M. de Blainville est l’opi-
nion avouée de la plupart des anatomistes tant anciens
que modernes: celle de M. Geoffroy, au contraire , offre
les caractères de la nouveauté , et elle en subira proba-
blement toutes les conséquences , c’est-à-dire, que sans
nier l’exactitude de son observation, on attendra , pour
adépter sa théorie, que les faits nombreux qu’elle em-
brasse aient éprouvé successivement un sévère examen.
Quoiqu'il en soit de ce retard , il n’en est pas moins vrai,
que la confirmation de cette importante découverte
( 106 )
profitera à la science, et que la gloire en reviendra
tout entière à son auteur.
Si celte manière d’envisager le squelette des animaux
articulés eut été utile à l’intelligencede notre sujet , nous
l’aurions abordée franchement ; mais n’en voyant pas la
nécessité absolue , nous nous abstiendrons d’en parler
davantage. Nous aurons la même réserve pour ce qui
concerne la composition anatomique et chimique des
parties dures , et nous garderons le silence sur les ré-
sultats obtenus par MM. Robiquet, Ghevreul et Odier ,
nous réservant d'approfondir ces RES questions dans
une autre circonstance.
Le système solide est formé par la réunion de plusieurs
A elles n’ont pas reçu de nom général, et tandis
qu’on dit dans les animaux vertébrés que le squelelte est
formé d’os , on est obligé de dire dans les insectes qu'il
est composé de pièces. De plus, chaque os dans les ani-
maux vertébrés a reçu un nom spécial , tandis que dans
les insecies , la plupart des pièces sont ignorées ou très-
incomplètement connues.
La connaissance du système solide des animaux arti-
culés est donc bien moins parfaite que celle du squelette
des animaux vertébrés , et cependant son étude est in-
dispensable et de la plus haute importance.
Veut-on apprécier le facies et les différences indivi-
duelles que les espèces présentent ? c’est dans les pièces
du squelette qu’on en découvrira la cause.
Veut-on étudier les organes actifs du mouvement , leur
étendue , leurs rapports ? ce sont les pièces du squelette
auxquelles les muscles s’insèrent , qu’il faut interroger.
Veut-on connaître les organes passifs de la locomo-
(107)
tion terrestre, aquatique ou aérienne , déterminer le jeu
des différens leviers ? c’est encore au squelette qu’il faut
avoir recours.
Veut-on enfin avoir une idée précise des organes des
sens , de l’appareil digestif, respiratoire, générateur, etc. ?
Ge sont les pièces du squelette auxquelles chacun d'eux
correspond et aboutit qu’il faut consulter.
Si l’on joint à cette influence générale , celle qu'il
exerce en particulier , lorsque certaines pièces venant à
se développer dans des rapports différens , entraînent avec
elles un ou plusieurs organes , on se fera une idée assez
exacte du rôle important qu’il remplit, et on conclura
que son étude devait précéder celles des autres sys-
tèmes.
Toutefois elle a été très-négligée , et aucun observa-
teur ne s’est livré spécialement à nous faire connaître les
différentes pièces qui entrent dans sa composition.
L’entomologie est donc encore au point où en était
l'anatomie des vertébrés , avant que la connaissance indi-
viduelle du squelette des animaux et de l’homme en par-
ticulier , ail été entreprise et achevée; les idées acquises
sont plutôt le résultat d’une comparaison éloignée , que
le fait d’une observation directe et exclusive. Guidé par
le flambeau de l’anatomie humaine , on a recherché
dans les insectes des pièces auxquelles on pourrait ap-
pliquer les mêmes noms : on y a reconnu une tête,
des yeux , des mâchoires, une langue , des rotules , des
cuisses , des jambes ; des pieds, etc.
Des analogies basées sur des apparences ne pouvaient
s'étendre très-loin : aussi négligea t-on un grand nom
bre de pièces, qui ne permettaient aucun rapproche-
( 108 )
. mént fondé sur les formes etles usages , eten mécon-
nût-on plusieurs , qui , à cause de leur pelitesse, échap-
pèrent à ce coup-d’œil général et superficiel.
L'insecte aurait été certainement mieux connu, si on-
l’eût étudié plus inviduellement, et si on n’eût établi des
comparaisons éloignées, qu'après avoir acquis une con-
naissance parfaite de son organisation.
Au Éeu de cela, on prit pour point de départ les
fonctions les mieux déterminées chez les animaux su-
périeurs , et on regarda , comme analogues des pièces
qui les remplissent , celles qui présentaient des usages
semblables dans les insectes. Il est bien vrai de dire ,que
dans les insectes comme dans les animaux vertebrés , il
y a progression, vision, manducation , génération , elc. ;
ce sont là des attributs plus ou moins généraux de l'être
organisé vivant; mais il n’est pas encore démontré
que certaines fonctions soient remplies par les mêmes
parties , et que les ailes , le sternum , les hanches, les
cuisses , les trochanters, les mâchoires , etc. , répon.
dent aux ailes, au sternum , aux hanches, etc., des
animaux vertébrés. :
J’en ai dit assez pour faire voir la distance, considé-
rable qui existe entre les connaissance acquises sur le
système solide des insectes , et celles que l’on possède
sur le squelette des animaux vertébrés.
CHAPITRE II,
Considérations générales sur le Squelette des animaux
articulés.
Nous avons annoncé ces deux résultats curieux :
1.° que le squelette des crustacés et des arachnides ne
( 109 }
différait de celui des insectes que par le mode d’accrois-
sement des anneaux qui le composent : 2,9 que ces deux
classes d'animaux ; et que les insectes eux-mêmes ne
différaient entr’eux que par le plus ou le moins grand
développement des parties qui les constituent.
Nous pouvons dire maintenant, que c’est aussi au
genre particulier de développement des organes , que sont
dues les différences observées entre ces derniers êtres à
l’état de larve , de nymphe et d’insecte parfait. Les for-
mes variées sous lesquelles ils se montrent, et les méta-
morphoses singulières qu’ils subissent , résultent en der-
nière analyse du plus où du moins d’accroissement des
mêmes parlies qui concourent à les former. C’est un fait
démontré par les travaux de Swammerdam et de quel-
ques modernes sur l’anatomie des chenilles , ainsi que
par les belles recherches de M. Savigny , sur la bouche
des Lépidoptères comparée à celle de leur premier
âge (1).
Cette observation est surtout applicable aux parties
dures de l’insecte; dans la larve , en effet , chaque seg-
ment est resté dans un développement à-peu-près uni-
forme , tandis que chez l’insecte parfait , plusieurs ont pris
un accroissement prodigieux. Telle est la cause de la
différence énorme qu’on observe entre leur enveloppe
extérieure à chacun de leurs âges. Ce fait est en harmo-
nie avec les découvertes de Swammerdam et de M. Sa-
vigny , puisqu'il tend à démontrer que les mêmes par-
Lies se retrouvent dans la larve et l’insecte , et que ces
PERTUIS UNNNOREEET SRE AN EEE
(1) Mémoire'sur les animaux sans vertèbres , pre-
mière partie, gremier fascicule. Un vol. in 8.° Paris ,
1816.
( 110 )
deux états ne constituent pas deux êtres différens , mais
bien deux modifications du même individu.
La nymphe ou chrysalide est intermédiaire auxdeux
périodes ; elle enest latransition, et est formée, comme
la larve, d’anneaux simples , qui cependant n’ont plus
entr’eux la même uniformité. Cette uniformité est d’au-
tant moins grande , que l’animal est plus rapproché de
l'époque de sa dernière transformation.
L’insecte parfait est le terme de ces changemens ; il
en est le but. Considéré d’une manière générale, son
squelette ne diffère de celui de la larve , que parce que
les trois segmens qui suivent la têle , ont acquis plus
de volume , afin de supporter des appendices qui
dans le premier âge étaient rudimentaires et cachés
quelquefois à l’intérieur. De cet accroissement, résultent
les différences notables qu’il y a entre le thorax et l’ab-
domen ; différences qui disparaissent à mesure qu’on
examine l’animal à une époque plus rapprochée du mo-
ment de sa naissance. Les insectes à métamorphose
quelconque, se ressemblent donc d’autant moins qu'ils
sont plus voisins de leur état parfait; c’est alors seule-
ment qu’on observe des modifications classiques , généri-
ques et spécifiques , bien tranchées. Car, à l’état de
larve , ces caracières ne pouvaient être que très-difii-
cilement saisis.
Dans l’insecte parfait, les proportions relatives de
certains segmens sont telles, qu'on ne reconnait plus
de premier , de second , de troisième anneau, etc. ;
mais qu’on distingue une Tête, un Tronc et un Abdo-
men qui ont chacun des caractères propres.
La tête supporte des mandibules, des mâchoires,
( 111 )
des lèvres , des yeux , des antennes. Le tronc est pourvu
d'ailes et de pattes, tandis que l’abdomen offre de sim
ples stigmates.
Il sera sans doute intéressant de prouver que des par-
ties si différentes sont dues au plus ou moins grand dé-
veloppement des pièces semblables qui les constituent.
Mais avant d'aborder les analogies qu’on pourrait éta-
blir entre la tête, le tronc et l’abdomen ; Dous devons
déterminer les pièces qui les composent chacun en par-
ticulier , et pour acquérir à cet égard des notions très-
exactes , il ne nous sufit pas de les étudier chez un in-
dividu ; mais dans la série des insectes Hexapodes , c’est-
à-dire , dans un grand nombre de changemens qu’elles
éprouvent. Connaissant une pièce de la tête, du tronc
ou de l’abdomen , il nous faudra la retrouver dans tous
les insectes , ou si elle ne se présente pas , nous devrons
en quelque sorte déterminer la cause de cette absence
réelle, ou simplement apparente (1).
Nous verrons la même pièce passer à des développe-
mens, des formes et des usages fort différens.
Ainsi, les parties de la bouche , comme l’a démontré
M. Savigny , tantôt libres, jouiront de mouvemens et
a ,
(1) En nous énonçant ainsi , nous entendons parler des
- relations intimes et constantes qui existent entre les pro-
portions des parties; ainsi , le maximum d’accroissement
du métathorax est toujours en rapport avec l’état rudi-
mentaire du mésothorax; au contraire, le développement
excessif de celui-ci entraîne constamment l’état rudi-
mentaire de l’autre , etc. , etc.
C’est un fait qu’il est facile de saisir pour peu qu’on se
livre à une anatomie véritablement comparative.
(ris)
serviront à la mastication; tantôt rapprochées et alon-
gées , formeront des trompes ou des suçoirs.
Ainsi , les segmens du thorax, en partie désunis où
soudés entr’eux , supporteront tantôt des ailes, tantôt
des balanciers , tantôt des élytres, tantôt des épaulettes
tantôt des volets, etc.
Ainsi l’abdomen , variable dans ses proportions, con-
tiendra des aiguillons , des tarières, des vésicules ana-
les , un appareil pour le chant. Il supportera des stig-
mates , des cocardes , etc.
Le travail que nous publions aujourd’hui, et ceux
que nous ferons connaître par la suite, démontréront
que ces divers organes ne sont pas particuliers à quelques
espèces ; mais qu'ils se rencontrent , ou du moins peu-
vent se rencontrer dans tous les insectes avec des déve:
loppemens, des formes êt des usages variés.
Tous les faits, d’ailleurs, nous amèneront à conclure :
1.° que le squelette des animaux articulés est formé d'un
nombre déterminé de pièces distinctes ou soudées inti-'
mement entr'elles ; 2.° que dans plusieurs cas ; les unes
diminuent ou disparaissent réellement ; tandis que
les autres prennent un développement excessif. 3.° Que
l'accroissement d’une pièce semble exercer sur les pièces
voisines une sorte d'influence qui explique toutés les
différences qu'on remarque entre les individus de
chaque ordre, de chaque famille, de chaque genre.
Cette conséquence générale qui résulte d'observations
nombreuses , comprend nécessairement la série incohé-
rente des anomalies, qui ne sont réputées telles, que
parce que jusqu’à présent on n’a pas embrassé. dans les
iravaux anatomiques, la totalité des animaux articulés,
et qu’on s’est fort peu occupé d’analyser comparative-
{ 1135 )
ment les parties qui entrent dans la composition de leur
squelette; tous ces prétendus écarts de la nature ne
sont en effet que des accroissemens variés et insolites
de parties qu’on retrouve en général ailleurs, mais avec
un volume, une forme et des usages très-divers.
L’insecte, comme nous venons de le voir, suivant qu'il
est larve, nymphe ou parfait, nous offre des différences
notables dans son enveloppe extérieure; mais les deux
premiers âges ne sont que des changemens qui se suc-
cèdent et doivent amener la formation complète du
squelette: c’est aussi ce dernier état que nous devons
étudier spécialement; les autres, ainsi que la manière
dont se développe chaque pièce, et les métamorphoses
que les parties éprouvent, trouveront naturellement
place dans un ouvrage de physiologie.
La réunion , c’est-à-dire l’ensemble de toutes les par-
ties dures du corps, constitue le squelette. Il est formé
lui-même d’un certain nombre de segmens transver-
saux, qui tantôt sont mous et tantôt sont durs. Cette
différence nous oblige de choisir pour sujet de nos re-
cherches, les animaux pourvus de parties dures, afin
d'apprécier leur mode de développement, Mais parmi
les segmens on en distingue plusieurs qui ont pour carac-
ière de supporter des appendices supérieurs ,-ou ailes, et
d’autres qui en sont dépourvus. Le développement des
ailes étant enrapport constant avec celui des pièces qui les
supportent, nous avons dû commencer l'étude du sque-
lette par la classe des insectes hexapodes qui nous offrent
cette particularité; il est indispensable, en effet, pour
arriver à la connaissance parfaite du système solide des ar-
ticulés, de partir du point où les pièces qui le composent
2.
( 114 )
ont acquis leur plus grand accroissement, parce qu’a-
lors, les parties étant bien formées, bien distinctes et
dans leur maximum de fonctions, on peut les suivre
et les reconnaître dans tous les changemens qu’elles
éprouvent , jusqu’à ce qu’elles viennent à disparaître, et
alors, se dirigeant d’après certaines lois, on explique
encore la cause de leur absence.
Mais avant de nous livrer à l’étude curieuse des dé-
tails, examinons les caractères essentiels propres au
squelette des articulés; prenons une idée de son ensem-
ble ; ce premier coup-d’æil, sur ce qu’iloffre de général,
laissera déjà entrevoir quelques résultats importans.
On sait que le squelette des articulés est composé de
segmens qui sont eux-mêmes formés par un nombre dé-
terminé de pièces; le caractère le plus apparent de cha-
cun d’eux est de supporter une paire de pattes et deux
ouvertures pour les organés respiratoires. Mais à côté
d’un anneau qui offre cés parties, on en voit crdinaire-
ment un grand nombre d’autres qui sont privés de l’une
d'elles, ou chez lesquels elles manquent toutes. Les
segmens en outre diffèrent entr'eux ou se ressemblent
par leurs proportions; plusieurs ont atteint souvent un
accroissement excessif; d’autres fois , tous ont pris un ac-
croissement semblable. Le squelette alors est formé d’an-
neaux d’un même volume, et c’est mêmé le cas le plüs
simple du squelette de l’animal articulé. On doit, en effet,
regarder comme une circonstance très-simple, celle où |
chaque pièce, comme chaque segment, présente un |
developpement égal et uniforme , de telle sorte que, con- |
näître la composition d’un des anneaux et limiter leur !
nombre, c’est connaître l'animal tout éntier. Mais
cet état de simplicité est çe qu'on observe le plus rare- |
( 125 })
ment; ilest bien plus commun de voir chez le même
individu des différences dans la composition et le volume:
tel anneau supporte des patteset des branchies , tel autre
n’en offre aucune trace; tel est pourvu d’ailes, tel autre
en est privé; celui-ci est très-élendu , celui-là d’un petit
volume.
Pour apprécier la cause de ces différences et pour s’en
rendre compte, il est essentiei de se créer un point de
départ convenable.
La Scolopendre estun des articulés les plus simples , en
tant que l’on admet comme simple l'animal offrant un
squelette uniforme, c'est-à-dire , formé de parties égale -
ment développées. Cependant, on remarque déjà, à la
partie antérieure, quelques paires de pattes qui sont ru-
dimmentaires etrefoulées vers la tête ; de sorte qu’on pour.
rait très-bien se figurer un animal plus uniformément
composé , en admettant , par exemple, que ces pattes dé-
jetées vers la tête soient restées dans un développement
égal à celui des appendices qui suivent ; on se représen-
terait alors la tête, puis un cértain nombre d’anneaux,
tous également développés et pourvus des mêmes parties.
Mais on pourrait encore réduire et simplifier la proposi-
tion en regardant la tête elle-même comme un assem-
_ blage, une réunion de segmens portant des appendices
tétrouvant leurs analogues dans les pattes. Ceci ad-
mis , on conçoit aisément que la supposition d’un sque-
dette partout uniformément construit pourra se réaliser.
ÆEn effet, qu’y aura:t-il autre chose à faire, si ce n’est de
diviser les segmens qu’on supposera composer la tête,
de leur donner un développement égal à celui des autres
| anneaux , de Îles laisser à la partie antérieure qu'ils occu-
8..
(446 )
pent déjà, de restituer aux pattes qui avaient pris un
usage secondaire leur usage essentiel, celui de servir à la
locomotion. Il est bien évident que dans ce travail rien
n'aura été créé, mais qu’on aura seulement accordé à
chaque partie un égal développement.
Ceci d’ailleurs n’est qu'un échafaudage que j’ai dressé
pour faire concevoir un plan de développement uniforme et
par conséquent très-simple dans les animaux articulés , afin
qu’on puisse ramener sans cesse à ce plan les différences
nombreuses etles anomalies apparentes quise rencontrent.
Cen’est en effet que de l'accroissement semblable ou
dissemblable des segmens , de la réunion ou de la divi-
sion des pièces qui les composent , du maximum de déve-
loppement des uns, de l’état rudimentaire des autres,
que dépendent toutes les différences qui se remarquent
dans la série des animaux articulés. Sile développement
est uniforme ou à-peu-près uniforme dars chaque anneau,
vousrencontrerez la condition des Annelides, des Insectes,
des Chenilles et de toutes les larves. Si au contraire cet
équilibre est détruit et sile maximum d’accroissement s’ef-
fectue sur le 1.%, le 2." et le 3."° segmens qui suivent la
tête, vous aurez un insecte ; s’il s’opère au-delà, il en ré-
sultera une Arachnide:; s’il a lieu plus loin encore, ce sera
un Crustacé décapode.
Le squelette, par cela même qu’il est extérieur, con- |
stitue à lui seul le facies de chaque individu, et se pré-
sente sous des aspects bien différens. Ce sont les formes |
variées qu'il revêt, qui, dans la détermination que l’on a
faite des élémens qui le composent , ont entraîné plusieurs
erreurs; mais dans tous les cas on l’a partagé en divers
segmens, et on lui a distingué la Téte, le Tronc et l'Ab- |
domen.
Dents
(117)
La tête donne insertion à plusieurs parties mobiles for-
mées elles-mêmes de plusieurs pièces ; elle en comprend:
d’autres immobiles. Sous quels aspects ces dernières ne
s'offrent -elles pas ? à quoi attribuer la cause de ces déve-
loppemens variés ? comment en saisir et en apprécier
les lois? est-ce une ou plusieurs pièces qui se sont
accrues dans un sens quelconque? la simplicité ap-
parente de la têle qui forme supérieurement et dans
la plupart des cas, une voûte, sans trace de soudure,
rend cette étude très-difficile. Nous venons de dire
que celte partie, pouvait être considérée comme com-
posée de plusieurs segmens dont les mandibules, la lèvre
inférieure, les mâchoires, les antennes, sont les appen-
dices ; nous nous bornerons à cet énoncé général sans
prétendre déterminer lenombre des divisions et leur limite
dans chaque ordre d'insectes, résultat que nous ne croirons
avoir atleint qu'après une étude comparative faite sur un
nombre infini d'espèces, et suivie dans les différens âges.
La connaissance de l’abdomen est bien plus facile à
acquérir ; il est formé de plusieurs segmens assez sem-
blables entr’eux et dont le caractère essentiel’est de ne
plus supporter de pattes , mais simplement des ouvertures
respiratoires nommées stigmates. Comparé dans les dif-
férens insectes , il fournit des résultats fort curieux;
et son importance d’ailleurs est très-grande à cause
des organes nombreux qu’il contient et de l'influence
qu’exerce sur eux son plus ou moins de développement ;
nous l’étudierons spécialement dans une autre circons-
tance.
Le tronc est la partie principale de l’être, celle qui
détermine la classe à laquelle il appartient et qui constitue,
( 118 )
véritablement l’insecte parfait; il contient les organes
actifs du mouvement et supporte les organes passifs; ilest
surtoui remarquable par le grand nombre de pièces qui
concourent à sa formation et dont on n’a eu jusqu’à pré-
sent qu’une idée très-inexacte. Nous allons nous livrer
exclusivement à son étude. |
CHAPITRE III.
Considérations générales sur le Thorax (1).
On a nommé, Tronc la partie du corps qui se trouve
entre la tête et l'abdomen ; on a distingué ensuite dans
le tronc, le Corselet , la Poitrine, le Sternum , l'Ecus-
son , eic.
Mais la division la plus philosophique et en même-
temps la plus naturelle , est celle en trois segmens.
(1) Dans les dessins assez nombreux qui accompagnent
notre travail , nous avons adopté pour chaque pièce une
lettre particulière : ainsi l’écusson sera toujours désigné
par la lettre e, l’épimère par la lettre k, etc., ete. Cetle
méthode a le précieux avantage de permettre une compa-
raison prompteetdirecte. Nous ferons connaître, par une
table explicative , les signes employés pour indiquer les
différentes pièces, et dans le courant de l’ouvrage nous rap-
pelerons toujours, en nommant chacune d’elles, la lettre
qui lui est affectée ; l'explication de cette lettre se trouvera
également en bas des planches. Lorsque deux ou plusieurs
pièces seront soudées entr’elles , et qu’on croira nécessaire
de faire connaître cette union intime, on ajoutera au dessin
les lettres de chacune des pièces , et on les joindra par un
trait-d’union. C’est ainsi que la lettre à étant consacrée à
d'épisternum , et # au sternum, i-h indiquera la soudure
complète de ces deux pièces et, leur réunion en une seule.
(119)
Le tronc, eneffet, quelque forme qu’il affecte, est tou-
jours divisible en trois anneaux , bien que ceux-ci soient
distincts ou confondus , libres ou soudés entr’eux. Oli-
vier appelle Corselet ( Thorax) , le premier segment ;
mais dans l’application zoologique qu’il en fait , il donne
ce nom à la partie supérieure de la poitrine.
Remarquons , au reste , que peu d'auteurs sont d’ac-
cord sur l’acception que l’on doit donner au mot corse-
let. Les uns ont considéré comme tel, le premier seg-
ment du tronc dans les coléoptères , les orthoptères , plu-
sieurs hémiptères ; les autres ont entendu par là toute
la partie supérieure contenue entre la tête et l'abdomen,
tandis qu'inférieurement , il ne l’appliquaient plus qu’à
la partie placée entre la tête et la poitrine : plusieurs en-
fin , ont nommé Corselet le dos de la poitrine , c’est-à-
dire , l’espace compris entrele premier segment du tronc
et l’abdomen. C’est ici le lieu, je pense, de proposer
une nomenclature basée sur quelques principes solides,
et de choisir des noms admissibles dorénavant dans l’é-
tude de l’anatomie et de la classification.
Nous. substituerons avec M. Latreille, le mot Tno-
RAx que nous ne traduirons pas en français, à la dé-
nomination impropre de Trone, et nous le diviserons ,
comme il le fait, en trois segmens , en donnant à l’en-
semble de chacun d’eux un nom particulier qu’il con-
servera toujours , quelque forme et quelque développe-
ment qu'il présente.
Nous nommerons Proronax (1) le premier segment,
et nous lui conserverons en français , les noms de Cor-
(1) ne (devant }, et (4e%£ ( thorax ).
( 120 })
selet et de Collier , dont M. Latreille s’est toujours servi
pour le désigner.
Le deuxième segment portera lenom de M£sornonax(2).
Enfin, le troisième segment s’appellera Mé£rarnorax(s),
mot employé à-peu-près dans le même sens par MM. Kirby
et Latreille.
Le prothorax , le mésothorax et le métathorax réunis,
constituent le Taorax; la connaissance de ce dernier ne
sera donc complète que lorsque nous aurons étudié sé-
parément les parties de son ensemble. H est toujours
formé , dans la série des insectes hexapodes, de ces trois
segmens , bien que ceux-ci aient des proportions rela-
tives ordinairement opposées. [ci, c’est le mésothorax
qui est le plus accru , là c’est le métathorax; ailleurs ,
c’est le prothorax. Chacun d’eux , cependant , est com-
posé des mêmes élémens de parties, et en connaître
un, c'est connaître les deux autres ; aussi pouvons-nous
énumérer tous ces élémens ct indiquer leurs connexions,
sans craindre de rencontrer des cas particuliers qui dé-
truiraient ce que nous allons poser en principe général.
En nous énonçant de cette manière , nous ne voulons
pas dire que les mêmes pièces se retrouvent toutes dans
chaque segment; car, dans ceux qui sont rudimentaires ,
plusieurs d’entr’elles ont une existence douteuse ou même
ont disparu entièrement ; dans d’autres cas , elles sont
intimement soudées, et ne constituent , en apparence ,
qu’une seule pièce ; mais nous prétendons qu’abstraction
faite des modifications qu’entraîne l’état rudimentaire ou
de soudure intime , l'anneau thoracique est composé des
(1) Mivos ( milieu), etédexëé (thorax ).
(2) Mix (après ) , wgxë (thorax).
(Fo2t")
mêmes parties , c’est-à-dire, que s’il était plus développé
et les pièces divisées, celles-ci seraient en même nombre
et dans les rapports qu’on leur observe lorsqu'elles se ren-
contrent toutes, et qu’elles sont distinctes.
Nous distinguons dans chaque segment une partie in-
férieure, deux parties latéralesetune partie supérieure.
. I. Une pièce unique constitue la partie inférieure ,
c’est le Srennuu (k) (1) Il n’est pas pour nous une simple
éminence accidentelle , ne se rencontrant que dans quel-
ques espèces ; il se retrouve dans tous les insectes , et
forme une pièce à part, plus ou moins développée , sou-
vent distincte , souvent aussi intimement soudée aux
pièces voisines avec lesquelles il se confond.
Notre pièce sternale comprend donc le sternum de
tous les auteurs ; à cette différence près que ses limites
sont connues et son existence démontrée dans toutes les
espèces et dans chaque segment.
$. II. Les parties ordinairement latérales sont formées
de chaque côté par deux pièces principales ; l’une, an-
térieure, appuye sur le sternum , et va gagner la partie
ui ne are OP RE RE AE UE ee de
( 1) ZTépvor.
Lorsqu'on voit un nom assigné à une partie, on
pense que celle-ci est bien connue au moins dans ses
limites; il n’en est pas ainsi du sternum ; mot si souvent
employé par tous les entomologistes. Fabricius , dans sa
Philosophia entomologica , nomme stennux {a ligne
moyenne de la poitrine très saillante dans le Dytique,
l'Hydrophile , Le Taupin. C'est toujours d’une manière
très-vague que les auteurs en ont parlé ; aucun ;, à ma
connaissance, n’en a rigoureusement fixé les contours.
( 129 ) R
supérieure, nous la nommons EpisTennum (4). (1).
La deuxième , que nous avons appelée Eriuère (4) (2)
se soude avec la précédente et lui est postérieure; elle
remonte aussi jusqu’à la partie supérieure et repose dans
certains cas sur le sternum ; mais elle a en outre des
rapports constans avec les hanches du segment , auquel
elle appartient , concourt quelquefois à former la cir-
conférence de leur trou , et s'articule avec elles au moyen
d’une petite pièce que nouscroyons également inconnue ,
et sur laquelle nous reviendrons tout-à-l’heure.
Enfin, il existe une troisième pièce en général très-
peu développée et qu’on aperçoit rarement; elle a des
rapports avec l’épisternum et avec l'aile, toujours elle
s'appuie sur l’épisternum , se prolonge quelquefois in-
férieurement le long de son bord antérieur, ou bien,
devenant libre, passe au devant de l'aile, et se place
même accidentellement au-dessus. Nous l’avions d’abord
désignée sous le nom d’Æypoptère ; mais son changement
de position relativement à l'aile nous a fait préférer celui
de PaArRAPTERE (£°) (3).
La réunion de l’épisternum du paraptère et de Pépi-
mère constitue les FLancs, ( Pleuræ) (4).
(1) Ezi(sur) si (sternum ).
(2) Ezt (sur), et Mypxs (cuisse).
(5) Tape (près de) , #15 ( aile).
(4) Kirby a employé la même dénomination, mais se-
lon nous d’une manière moinsprécise; ildéfinit les flancs,
des côtés perpendiculaires du trone ; or, il est à remar-
quer que.ces côtés peuvent être. formés tantôt par l’épi-
sternumet l’épimère réunis, tantôt en grande partie par
le sternum qui se prolonge latéralement; d’autres fois par
( 123 )
L'ensemble de la partie inférieure et des parties laté-
rales, c’est-à-dire la jonction du sternum et des flancs,
constitue la Porrrine (Pectus) (1).
À celle-ci peuvent se rattacher trois autres pièces assez
importantes.
D
la partie supérieure qui descend jusqu’auprès de la ligne
moyenne inférieure. On conçoit que dans telle ou telle
de ces circonstances, les flancs comprennent des pièces
fort différentes. La dénomination de flancs, a pour nous
une acception précise ; chacun d’eux résulte toujours de
la réunion de l’épisternum , du paraptère et de l’épimère,
quelque position d’ailleurs que ces pièces affectent.
(1) On à appliqué le nom de poitrine à la partie infé-
rieure des deux segmens postérieurs du thorax réunis, et
on s’est privé ainsi de l'avantage de pouvoir désigner par un
nom l’ensemble du sternum et des flancs des trois anneaux
du thorax, c’est-à-dire, l’espace compris inférieurement
entre la tête et l'abdomen. J'ai pensé qu’en définissant la
poitrine , {’ensemble des parties inférieures et latérales
du thorax, je déterminais rigoureusement la valeur de
mon expression, et que l’on pourraitencore nommer poi-
trine la partie inférieure et latérale de chaque segment en
particulier, en ayant soin de dire la poitrine du prothorax ,
la poitrine du mésothorax, la poitrine du métathorax ,
suivant qu’on voudrait désigner l'an ou l’autre de ces
enneaux; il est vrai que je détruis par là une dénomina-
tion généralement admise, ce qui m'empèche d’ävoir un
nom simple applicable aux deux segmens postérieurs ?
dont lassociation est généralement constante ; mais cette
considération ne m’a pas paru d’une importance telle, qu’on
doive nécessairement lui sacrifier des motifs d’un ordre
plus élevé; je proposerai au reste de donner le nom
D’ARRIÈRE-POITRINE à l’ensemble des parties inférieures ct
( 124 )
Au-dessus du sternum , et à sa face interne, c’est-à-
dire au-dedans du corps de l’insecte, existe une pièce
remarquable par l'importance de ses usages, et quelque-
fois par son volume. Elle est située sur la ligne médiane,
et naît ordinairement de l’extrémité postérieure du ster-
num ; elle affecte des formes secondaires assez variées et
paraît généralement divisée en deux branches. M. Cuvier
Vappelle {a pièce en forme d'y grec, parce qu’il l’a ob-
servée dans un cas où elle figurait cette lettre. Nous lui
appliquons le nom »’Enrornorax (k’) (1)parce qu’elle est
toujours située au dedans du thorax.
L’entothorax se rencontre constamment dans chaque
segment du thorax; et semble être, en quelque sorte,
une dépendance du sternum.
Si c'était ici le lieu d’entretenir de ses usages , nous fe-
rions connaître comment il se comporte pour protéger
le système nerveux, et pour l’isoler dans plusieurs cas de
l’appareil digestif et du vaisseau dorsal, mais nous réser-
vons pour un autre travail ce sujet important, qui sera
traité d’ailleurs incessamment sous un point de vue très-
élevé par un anatomiste distingué, M. Serres, médecin
de l’hospice de la Pitié (2).
latérales du mésothorax et du métathorax réunis lors-
qu'on voudra les désigner collectivement.
(1) Eye ( dedans); 603£ (thorax ).
(2) Les observations dont il s’agit ont été faites pen-
dant le courant de l’année 1819. Le résultat le plus im-
portant auquel M. Serres et moi arrivämes alors, fut
la comparaison immédiate de l’entothorax avec la ver-
tèbre des animaux pourvus d’un squelette intérieur. Nous
tenons de M. Geoffroy-Saint-Hilaire , que M. Dutrochet a
découvert aussi cette analogie remarquable.
( 125 )
L’entothorax n'existe pas seulement dans le thorax :
on le retrouve dans la tête, et il devient un moyen assez
certain pour démontrer que celle-ci est composée de plu-
sieurs segmens., comme nous l’établirons plus tard. Il por-
tera dans ce cas le nom Enrocépnaze; on l’observe enfin
dans le premier anneau de l'abdomen (segment mediaire,
Latr. ) de la cigale, et la pièce nommée par Réaumur
Triangle écailleux, est sans aucun doute son analogue.
Nous Pappellerons alors Exrocasrre.
Ee long du bord antérieur de l’episternum, quelque-
fois du sternum , et même à la partie supérieure du corps
on remarque une ouverture stismatique , entourée d’une
pelite pièce souvent cornée; nous avons nommé celte
pièce enveloppante PÉRITRÈME (x) (1).
On ne rencontre pas toujours ce péritrême , parce que
l'ouverture stigmatique est elle-même obliterée ou bien
parce qu'il est soudé intimement aux pièces voisines;
mais lorsqu'il est visible, il est bien nécessaire de le
distinguer. Sa position est importante et deviens un guide
assez sûr dans la comparaison des pièces et dans la re-
cherche des analogues.
Nous avons dit en faisant connaître l’épimère , qu’il
. S’articulait avec la rotule , au moyen d’une petite pièce
inconnue jusqu'ici ; cette pièce qui n’est pas une partie
essentielle du thorax, mérite cependant que nous lui
appliquions un nom, parce qu’elle accompagne l’épi-
mère, et parce qu’elle se trouve associée aux parties de la
patte, qui toutes ont recu des dénominations ; nous l’ap-
pellerons Trocxanrin (/) (2), par opposition avec Tro-
(1) Hey (autour ), äux (trou.) Voyez le peritrème dans
les planches des Libellules et des Orthoptères.
(2) Diminutif de reozæhe, du verbe Tpoxéo (je tourne).
( 126 )
chanter, qui désigne une petite pièce jointe à la rotule
d’une part, et à la cuisse de l’autre. Le trochantin est
tantôt caché à l’intérieur du thorax; tantôt il se montre
à l’extérieur, suivant que la rotule est ou n’est point pro-
longée à la partie interne, dans certains cas, il peut
devenir immobile et se souder avec elle.
Ici se termine l’énumération des pièces qui concou-
rent à former la poitrine de chaque segment: on a pu
remarquer que jusqu'ici elles n’avaient été ainsi men-
tionnées par aucun entomologiste.
Si donc on veut étudier anatomiquement un insecte,
on doit, aÿrès avoir divisé son thorax en trois segmens ,
rechercher à la partie inférieure de chacun d’eux un
sternum et de chaque côté, les flancs composés d’un
épisternum ; d’un paraptère et d’un épimère. On recher-
chera aussi un entothorax, un péritrême , un trochantin.
Je dis qu’on atra à rechercher, et non pas qu’on devra
trouver toutes ces pièces dans chaque insecte. Très-sou-
vent, en eflet, leur réunion est si intime, qu’on ne peut
Nous avons été en quelque sorte contraints, dans cette
circonstance, de nous conformer à l’usage en donnant à
une pièce del'enveloppe extérieure des insectes, un nom
employé dans le squélettede l’homme. Le mot trochanter,
si généralement adopté ,en:entomologie, réclamait celui
de trochantin, pour désigner une pièce ordinairement plus
petite, et qui est à la rotule ce que le trochanter est
dans bien des cas à la cuisse. Nous ajouterons d’ailleurs
que nous accordons au mot trochantin le sens vulgaire,
c’est-à-dire, celui qu’il avait avant qu’on ne l’appliquât à
une partie apophysaire du squelette de l’homme avec
laquelle nous ne prétendons pas le comparer.
(127)
démontrer leur existence en isolant chacune d’elles;
mais quand on a vu ailleurs la poitrine formée par un
certain nombre d’élemens , il est plus rationnel de croire
que dans tous les cas, les mêmes matériaux sont employés
à sa formation, que de supposer sans cesse des créations
nouvelles.
On ne saurait nier, d’ailleurs, qué pour l'étude il
devient indispensable de groupper ainsi les phénomènes,
à moins de faire consister la science dans l’accumulation
de faits épars, n’ayant entr’eux aucune liaison.
$. III. La partie supérieure est aussi peu connue que
l'inférieure. La seule pièce qu’on lui ait distinguée c’est
l’écusson (1) ; ilesttrès-dé veloppé dans le mésothorax des
Scutellères ; rudimentaire dans celui de la plupart des
Hyménoptères, des Diptères, des Lépidoptères, etc., etc.
Sa position entre lés deux ailes l’a fait regarder trop ex-
clusivement comme un point d'appui dans le vol.
On a retrouvé l’écusson dans plusieurs Coléoptères et
dans quelques autres insectes , mais on l’a méconnu ail-
leurs; ou bien, on a indiqué comme tel des parties bien
différentes ; de plus, on a cru cetécusson propre à un seul
(1) L'emploi que l’on a fait du motécusson est très-va-
rié ; comme on s’est attaché spécialement à la forme, on
a nommé indistiactement du même nom plusieurs pièces
différentes. Nous ne nous occuperons pas d’énumérer ici
les discordances nombreuses qu’on rencontre dass la plu-
part des auteurs. Fabricius, dans sa Philosophie entomo-
logique, définit l’écusson d’une manière bien vague; il
dit: Soutellum thoraci postice adhærens , inter alas
porrectum , etc., etc. Les définitions des auteurs plus
récens ne sont guères plus exactes et plus précises.
(128 )
segment du tronc, le mésothorax , tandis que nous l'avons
rencontré quelquefois plus développé dans le métathorax
et qu'on le retrouve jusqu'à un certain point dans le.
prothorax.
Les recherches nombreuses que nous avons faites
nous ont prouvé que l’écusson ne forme pas à lui seul la
partie supérieure, mais que celle-ci est composée de
quatre pièces principales, souvent isolées, d’autres fois in-
timement soudées , ordinairement distinctes. Nous leur
avons donné des noms de rapports, c’est-à-dire basés sur
leur position respective qui ne saurait changer.
Nous conservons le nom de Scutellum, (Ecusson),
à la piècequi l’a déjà recu dans les Hémiptères , et nous
rappelons l’idée d’écusson dans les nouvelles déno-
minations. Ainsi, nous avons nommé Præscurux ( Ecu
antérieur ) (a) , la pièce la plus antérieure; elle est
quelquefois très-grande et cachée ordinairement en tout
ou en partie dans l’intérieur du thorax.
La seconde pièce est notre Scurun, (Ecu) (b) ,elle est
fort importante, souvent très développée, et s’articule
toujours avec les ailes (1) , lorsque celles-ci existent.
La pièce qui suit portera le nom de Seurerrum
(Ecusson ) (c) , elle comprend la saillie accidentelle
nommée écusson par les entomologistes. |
La quatrième pièce a été appelée PosrscurezLux,
(:) Les petites pièces articulaires de l’aile paraissent en
effet se joindre spécialement avec le scutum. Le scutellum
et le postscutellum se prolongent bien aussi jusqu’à l'aile,
mais ils n’aboutissent pas tant aux nervures principales,
qu'à l'expansion membraneuse qui est postérieure à ces _
nervures.
]
(129 )
(Ecusson postérieur) (d) , elle est presque toujours
cachée entièrement dans l’intérieur du thorax ; tantôt elle
se soude à la face interne du scutellum et se confond
avec lui, tantôt elle est libre et n’adhère aux autres
pièces que par ses extrémités latérales.
Telles sont les parties que nous avons distinguées à la
parlie supérieure.
Nous avons déjà reconnu qu'il était nécessaire d’em-
: brasser par un seul nom des pièces qui, ayant des rap-
ports intimes de développement, semblent constituer par
leur réunion un même système, et se groupper pour des
fonctions communes. Nous serons constans dans cette
manière de voir, utile dans la méthode , et indispensable,
je crois, en anatomie.
Ainsi , nous nommerons Teraum dans chaque segment,
la partie supérieure, c’est-à-dire, la réunion des pièces
qui la composent, et nous dirons le tergum du protho-
rax, le tergum du mésothorax, le tergum du métathorax,
suivant que nous voudrons désigner cette partie dans tel
ou tel autre segment du thorax; mais toutes les fois que
nous emploierons seul le nom detergum , nous prétendrons
désigner tous les tergums réunis, c’est-à-dire l’espace
compris entre la tête et le premier anneau de l’abdomen,
On sait que nous avons appliqué le nom de Tho-
rax à l’ensemble des trois anneaux qui suivent la tête;
mais les deux derniers, c’est-à-dire le mésothorax et le
|\métathorax paraissent plus dépendans l’un de l’autre ,
ét tandis que le prothorax, comme on l’observe dans les
Coléoptères, est très-souvent libre, il n’en est pas de
même du segment moyen et du segment postérieur, qui
sont toujours joints d’une manière plus cu moins intime.
1. 9
{ 130 )
Cette association constante a fait appliquer comme nous
l'avons dit, le nom de Poitrine à leur pariie inférieure.
Degeer et Olivier ont proposé le mot dorsum (dos),
pour leur ensemble supérieur. Nous ne croyons pas de-
voir adopter cette dénomination qui nous servira dans
une autre occasion (1), et de même que nous avons em-
ployé le nom d’arrière-poitrine lorsqu'il s’est agi de la
partie inférieure , nous nommerons Arnière-TErquw, le :
tergum du mésothorax et celui du métathorax considérées
collectivement.
C’est une chose si importante, et en même temps si dif-
ficile de s'entendre sur de semblables matières , et on
s’est occupé si peu, jusqu’à présent, d’une nomenclature
anatomique, que j’ai pensé qu’il m'était permis d’insister
tant soit eu sur ce sujet.
Ce que j'ai déjà dit a pu faire naître Le desir de voir
refondre la nomenclature actuelle pour en édifier une
sur un nouveau plan; on a sans doute senti qu'aux dé-
nominalions impropres de sternum , de hanche, de cuisse,
de lèvres, de mâchoires, il serait important de substituer
des noms, ou tout à fait insignifians, ou qui fussent
(1) Nous réservons le nom de porsum , en français
dos, pour désigner toute la partie supérieure de l'animal
articulé ; et nous appelons venTER , ventre, la partie in-
férieure. Ces dénominations seront sur-tout utiles dans la
description zoologique des espèces : on dit vulgairement
d’un insecte qu’il est posé sur le ventre, pour indiquer la
situation naturelle de tout son corps, ou qu’il est placé
sur le dos lorsque sa partie supérieure tout entière est
renversée.
( 151 )
fondés sur la position respective des pièces; personne ne
conçoit mieux que moi combien de tels changemens se-
raient profitables à la scienceeten activeraient les progrès ;
mais quoique peu disposé à faire des concessions à une
routine aveugle, je crois qu'on doit accorder quel-
que chose à l’usige, et que, pour opérer une réforme
dans la nomenclature d’une science, il faut attendre
qu’on y soit en quelque sorte forcé par une masse d’idées
acquises bien coordonnées ; or, dans l’état actuel de l’en-
tomologie , je ne saurais me dissimuler la témérité d’une
semblable entreprise. |
Pour compléter ce que nous avons à dire sur les divi-
visions générales du thorax, nous ajouterons quelques au-
tres dénominations nouvelles. Nous avons parlé de l’en-
tothorax et nous l’avons considéré comme une pièce dis-
tincte en rapport intime avec le sternum qui lui donne
constamment naissance ; ilexiste en effet d’autres parties
qui lui ressemblent à certains égards , mais quien diffèrent
parce qu’elles sont accidentelles ; ce sont des prolonge-
mens , sortes de lames cornées , que l’on remarque aussi À
l'extérieur du thorax, mais quirésultent toujours de la sou-
dure de deux pièces entr’elles ou des deux portions paires
de la même pièce réunies sur la ligne moyenne; leur pré-
sence n’est pas constante, mais lorsqu’elles existent , elles
deviennent un moyen excellent pour distinguer la limite de
certaines parties qui, à l'extérieur, offrent à peine une lé-
gère trace de soudure ; nous leur appliquons lenom général
d’Aronème (y) (1) et nous appelons Apodèmes d'insertion
celles qui donnent ordinairement attache à des muscles.
(1) Aro, de ; dux, lien, c'est-à-dire qui doit sanaissance
à la soudure ou au lien qui unit deux ou plusieurs pièces
Q:..
( 132 )
Les autres apodèmes qui résultent aussi de la soudure
dedeux ou plusieurs pièces, mais qui s’observent à leur
sommet, ne servent plus à l'insertion des muscles , mais
ordinairement à larticulation des ailes , nous les nommons
Apotdèmes articulaires où d’articulation.
x
- Un caractère important des apodèmes , est de naître
de quelques pièces cornées et de leur adhérer si intime-
ment, qu’elles ne jouissent d'aucune mobilité propre, et
ne peuvent pas en être séparées.
Nous verrons au chapitre neuvième de cet ouvrage,
que ces apodèmes d'inserlion se retrouvent dans les
mêmes circonstances chez les crustacés, et qu’ils con-
stituent les lames saillantes, sortes de cloisons que l’on
remarque à l’intérieur de leur thorax et qui naissent
toutes des lignes de soudure des différentes pièces qui le
composent.
Nous distinguons dans l’intérieur du thorax de l’insecte,
d’autres pièces très-importantes et qui ont quelqu’ana-
logie avec les apodèmes d'insertion, mais qui en diffè-
rent parce qu’elles ne naissent pas du point de réunion
de deux pièces , qu’elles sont d’ailleurs plus ou moins mo-
biles, et constituent autant de petites parties distinctes
et indépendantes. Tantôt elles sont évasées à une de leurs
extrémités, pédiculées à l’autre, et ressemblent assez bien
au chapeau de certains champignons ; de cette nature,
par exemple, sont les deux pièces que Réaumur a recon-
nues dans le premier segment de l’abdomen de la cigale, et
- qu'ilnomme où plutôt qu'il définit les plaques cartila-
gineuses ; plusieurs autres observateurs les ont signalées
à l'intérieur du thorax. Nous leur appliquons la dénomi-
( 135 )
nalion générale d’£pinkme (7) (1) ; tantôt elles ont la
forme de petites lamelles donnant aussi attache à des
muscles et jouissant d’une très- grande mobilité : plusieurs
auteurs en ont également fait mention. Quelque forme
qu’elle saffectent, nous leur appliquons alors le nom
d’épidèmes d'insertion.
Nous nommons au contraire , épidèmes d’articulation,
toutes ces petites pièces mobiles, sorte d’osselets arti-
culaires que l’on rencontre à la base des ailes , nous ré-
servant d'appliquer à chacune d’elles un nom particulier;
elles ne servent plus à l’attache des muscles , mais à celle
des appendices supérieurs. et le nom d'épidèmes peut
leur convenir encore à quelques égards.
Lorsque dans un ouvrage de physiologie nous traite-
rons de Jo formation de chaque pièce du squelette , nous
appuierons davantage sur ces parties lrès-curieuses.
Ïl est une autre distinction que nous croyons indis-
pensable d'établir.
Lorsqu’ on a séparé le thorax de la tête et A l’abdo-
men , et divisé le premier en trois segmens , il en résule
des trous limités par la circonférence de chaque anneau.
La tête offre antérieurement un orifice , on pourrait
le nommer Orifice buccal. Celui qu'on remarque pos-
térieurement s ’appellerait Orifice occipital.
Le prothorax présente un trou , On le . nommerait
Trou pharyngien; on appellerait celui du mésothorax
Trou æsophagien , et celui du métathorax Trou Stoma-
chal. Suivant ensuite que lon voudra désigner le dia-
mètre antérieur ou poslérieur de chacun de ces Irous ,
—
(1) Est, sur; due, lieu , c’est-à-dire , qui s’appuie sur
le point de soudure d’une ou plusieurs pièces.
(194)
on emploiera le mot Orijice, etl'on dira , l’orifice pha-
ryngien antérieur ou postérieur ; l’orifice æsophagien
antérieur ou postérieur , etc.
Ces dénominations sont-elles futiles et de peu d’im-
portance ? Je ne le pense pas, elles nous seront d’un
grand secours , lorsque étudiant dans un Mémoire ad hoc,
es trous et les cavités nous démontreront que certaines
jois qui président à la formation du squelette des ani-
maux vertébrés (1) s’observent aussi dans les insectes ;
que par exemple , les trous, les cavités résultent constam-
ment de la réunion de plusieurs parties , que chaque
pièce est divisée sur la ligne moyenne du corps en deux
portions égales ; qu'il n'existe aucune pièce impaire ; en
un mot, que la loi de symétrie, de conjugaison , celle
relative aux cavilés se retrouvent tout aussi constam-
ment dans les animaux articulés que dans les vertébrés ;
tant il est vrai que dans des circonstances que l’on consi-
dère généralement comme très-éloignées (le squelette des
vertébrés et celuides invertébrés) , la nature, pour arri-
ver à un butanalogue, saitemployerles mêmes moyens.
Ge que j'ai dit jusqu'ici a dû être saisi facilement de
tout le monde ,et sans observer scrupuleusement la na-
ture, ona pu prendre une idée très-satisfaisante de la com-
position du squelette des animaux articulés et de leur tho-
rax en particulier, quiconquene s’en tientqu'auxrésultats
principaux d’un travail , et se contente de notions généra-
les, peut se borner à l'énoncé que je viens de présenter : il
lui suffit de se rappeler que dans tousles insectes, le thorax
estdivisé en trois segmens ; que chacun d’eux est composé
(1) Voyez l'ouvrage de M. Serres, sur l’Ostéogénie.
(135)
inférieurement d’un Sternumet d’un Entothorax, latéra
lement d’un Péritrème, d’un Paraptère , d’un Epister-
num et d’un Epimère ; supérieurement d’un Præscutum,
d’un Scutum , d’un Scutellum et d’un Postscutellum ; il
lui suffit, dis-je , de se rappeler toutes ces choses, pour se
figurer exactement le coffre pectoral ; mais quiconque de-
sire connaître le plan général de l’organisation ne peut s’en
tenir à des notions de cegenre ; il doit approfondir le sujet,
me suivre dans les principaux détails ; il acquerra alors des
idées positives ; l'habitude de voir lui donnera ce tact qui
fait saisir et résoudre le point de la difficulté, et cetie con-
viction dans la détermination des analogues, qu’on ne sau-
rait Inculquer à celui qui n’apercevra que quelques points
d’un tableau très-compliqué, qui, pour être suffisamment
connu , réclame un examen attentif et profond.
Je vais doncétudier quélques exemples platôt afin de
faire connaître les pièces déjà nommées , que pour me
livrer à l’anatomie comparée de Lous les grouppes. Ce
n'est en effet qu'après avoir rendu la connaissance de ces
pièces familière , que je publierai un travail plus étendu,
qui ne sera toutefois que le développement des faits que
je vais présenter , mais offerts sous un point de vue
plus spécial et moins élémen*aire. |
La nécessité où nous sommes de faire connaître des
objets nouveaux , nous oblige de commencer l'étude dé-
taillée des pièces par le mésothorax , parce qu’il nous les
présente assez souvent libres et distinctes : c’est aussi le
mésothorax qui a le plus attiré l’attention des entomo-
logistes , à cause de l’écusson , du sternum et des élytres
qu’on lui observe.
(256)
Rapport fait à l’Académie des Sciences, par M. Des-
FONTAINES, sur un Mémoire de M. ADRIEN DE
Jussreu, relatif à la famille des Euphorbiacces.
’
(18 Août 1895. )
Les caractères des Enphorbiacées, entreyus par Lin-
neus et imparfailement exposés par Adanson, ont été
enfin fixés dans le Genera plantarum , où l’on trouve la
description de trente genres appartenant à cette famille,
Depuis la publication de ce dernier Ouvrage , elle n’a
encore subi que de légères modifications ; mais dans ces
derniers temps , les recherches des voyageurs ayant con-
sidérablement augmenté et même plus que doublé le
nombre des genres et des espèces , elle a besoin d’un
nouvel examen.
Le nom de Tricoccæs donné par Linneus aux Euphor-
biacées , et adopté par quelques auteurs , ne doit pas être
admis, puisque la plupart n’ont pas le fruit à trois co-
ques , et que plusieurs même ont un. fruit sans coques.
M. Adrien de Jussieu croit avec raison , que celu id’Eu-
phorbiacées, déjà recu depuislong-temps et employé dans
beaucoup d'ouvrages postérieurs à Linneus ; doit être
préféré.
Le nombre des espèces d’Euphorbiacées augmente
progressivement , en allant des zônes glaciales vers l'É-
quateur , et l'influence des climats leur imprime , comme
aux autres végétaux , une forme particulière et distinc-
tive; celles des tropiques sont ligneuses ou charnues ,
celles des contrées froides ou temperées sont herbacées
et souvent annuelles.
(157)
Les Euphorbiacées se distinguent par leurs propriétés
excitanteset déletères , qui , réparties assez généralement
dans leurs divers organes, sont particulièrement con-
centrées dans l’embryon , et cela est si vrai, que quand
on l’a séparé des graines du pignon d’Inde , de la noix
de Bancoul , de l’'Omphalea, de l’Hevea , etc. , on peuten
manger le périsperme, et l'huile de ricin est un purga-
tif doux , lorsqu’avant de l’estraire , on a eu soin d’ôter
embryon : sans cette précaution , elle devient.drastique.
Les graines des Euphorbiacées sont toutes huileuses,
et l'huile est si abondante dans le Dryandra et dans le
Stillingia sebifera, qu’on l'extrait pour la brüler dans
les lampes et pour d’autres usages. Le suc de plusieurs
espèces contient les élémens de la gomme élastique. À
la Guyane, on la retire de l’Aevea , et on en retrouve
des traces dans le Ricin , l’Hippomane , le Castilloa , le
Sapium aucuparium dont le suc visqueux et gluant sert
à prendre les oiseaux,
Plusieurs Euphorbiacées , comme le Tournesol, l4r-
gytamnia ,nolre mercariale vivace , contiennent un prin-
cipe colorant, enfin les Croton balsamiferum, aroma-
ticum , Cascarilla , dans lesquels le principe âcre et
caustique , moins abondant , est uni à un principe aro-
matique ,sontemployés comme vulnéraires ,et on en fait
usage même intérieurement.
Les fleurs des Euphorbiacées sont unisexuelles ; mais
les fleurs mâles de certaines espèces ont des pistils avor-
tés. Plusieurs fleurs femelles contiennent aussi des dé-
bris d’étamines ; s’il se trouve quelquelois des fleurs
bermaphrodites , on doit les regarder comme purement
accidentelles’, parce qu'elles ne sont jamais qu’en petit
( 158 )
nombre , et que d’autres individus de même espèce en
sont entièrement dépourvus.
Les Euphorbiacées ont-elles quelquefois des corolles ,
ou doit-on regarder comme un double calice les appendices
colorés que l’on remarque dans plusieurs espèces ? Gette
dernière opinion, admise par un auteur dont M. Adrien
de Jussieu doit à plus d’un titre révérer les décisions,
Ini paraît néanmoins devoir être combattue.
L’enveloppe intérieure que l’on regarde comme une
duplicature du calice, n'offre pas ? mème tissu que
lextérieure ; elle se flétrit et tombe séparement, et la
disposition de ces deux enveloppes n’est pas la même
dans le bouton ; d’autre part , si l’on regarde certains
appendices qui se trouvent dans la fleur , comme des
pétales , on sera forcé d’en admettre un très-grand nom-
bre ; car ils y sont souvent très- multipliés , et ils alter-
nent assez fréquemment avec les étamines; mais lors-
qu’une fleur , comme dans diverses espèces de J'atro-
pha, a une enveloppe extérieure divisée en plusieurs
parties , et en outre une seconde enveloppe intérieure ,
indépendante de la première , d’un tissu plus mince , et
teinte de couleurs plus où moins brillantes , on sera
nécessairement porté à regarder la première comme un
calice et la seconde comme une corolle. Or, plus de
quinze genres d'Euphorbiacées ont une enveloppe inté-
rieure colorée et analogue à celle des Jatropha ; à la
vérité , cette seconde enveloppe existe dans certaines
espèces , tandis que d’autres, qui ont beaucoup d’afli-
nité avecelles , en sont dépourvues. D’après les faits ex-
posés ci-dessus , l’auteur pense que les Euphorbiacées
ont quelquefois une corolle; mais que la corolle n’est
pas un organe important dans cette famille.
7
(159 )
Les deux enveloppes dont on vient de par!er n’exis-
tent pas dans l’Excæcaria, le Commia et quelques
autres , où une simple écaille accompagne les organes
de la reproduction. Toutes les autres Eaphorbiacées
ont un calice ordinairement à cinq divisions , et assez
souvent celui de la fleur mâle diffère de celui de la
fleur femelle.
Les pétales, quand la corolle existe , sont communé-
ment en nombre égal aux divisions du calice avec les-
quelles ils alternent. Quelquefois ils sont plus nombreux,
comme dans l’Aleurites ; leur nombre le plus commun
est de cinq, il n’y en a que quatre dans le seul genre
Argytamnia. Enfin, la corolle de quelques J'atropha est
monopétale.
Les appendices intérieurs des enveloppes florales sont
des glandes, des écailles, des membranes distinctes
où soudées en anneau et qui forment quelquefois un cy-
lindre autour de l’ovaire. Au reste , les formes variées
que présentent ces organes , qui sont souvent autres dans
les fleurs mâles que dans les fleurs femelles, doivent
rentrer dans la description des genres et des espèces.
L'auteur examine la disposition des différentes parties
de la fleur avant son épanouissement , et il observe
qu’ellé n’est pas la même dans tous les genres, et que
celle de la corolle diffère presque toujours de celle du
calice , lorsque ces deux organes se trouvent réunis.
Les étamines dans le bouton se présentent sous deux
états différents, tantôt le filet a déjà toute sa lon-
gueur , alors il est tordu ou plié sur lui-même : tantôt
il est vertical , court ou presque nul, eLil ne se déve-
loppe qu'après l'épanouissement de la fleur.
( 140 )
Les Euphorbiacées ont deux, trois, cinq ou un plus
grand nombre d’étamines , qui n’excède guère celui de
dix ; les filets sont libres, monadelphes ou polyadel-
phes ,et les anthères sont souvent soudées ensemble,
Le réceptacle sur lequel s’insèrent les filets , est plane ou
cylindrique; leurs formes ainsi que leurs soudures sont
très-variées, et s’il arrive que ceux qui sont réunis en
un seul corps se divisent à différentes hauteurs, alors
ils paraissent rameux, le Ricin en offre un exemple.
Quelquefois il y a un rudiment de pistil au centre de
la fleur mâle , et si l’on voulait réunir les Euphorbiacées
aux plantes hermaphrodites et les classer d’après l’in-
sertion des étamines , on devrait les regarder comme
hypogynes, puisque les filets sont attachés au réceptacle
et. au-dessous du rudiment du pistil.
La forme et la structureides anthères , décrites impar-
faitement et souvent omises par les auteurs , sans doute
à cause de leur pelitesse , méritent cependant d’être oh-
servées. L'auteur a toujours vu que les anthères étaient
à deux loges et non à un plus grand nombre de loges ,
qu’elles s’ouvraient longitudinalement en dehors et non
transversalement , comme quelques auteurs l’ont avancé.
Elles sont globuleuses , ovales , cylindriques, quelque-
fois fléchies en différens sens , soudées ensemble ou dis-
tinctes , redressées ou pendantes ; les stigmates des fleurs
femelles , placées sur l’ovaire ou sar les styles, sont glan-
duleux , souvent divisés en languettes quelquefois plu
meuses.
Les styles sont soudés ou distincts, entiers ou bien
bifurqués une ou plusieurs fois ; mais dans tous les cas ,
le nombre des styles et de leurs divisions est dans un
rapport constant avec celui des loges de l’ovaire.
(141)
Les stigmates de quelques Euphorbiacées ont une
forme particulière qui mérite d’être observée. Celui du
Dalechampia est évasé et ressemble à un entonnoir ;
ceux du Plukenetia et du Hura sont peltés. Le premier
a quatre lobes ; l'autre, dont le volume excède celui de
l'ovaire , est composé de douze à dix-huit rayons. Le stig-
mate du Janipha se divise en plusieurs lobes , qui par
leur réunion, forment une masse sinueuse et sillonnée
profondément ; enfin , le Gynoûn , nouveau genre de
M: Adrien de Jussieu, a trois stigmatés réunis en un
corps ovoïde plus gros que l’ovaire, et qui ont chacun
la forme d’un segment de sphère, tronqué à sa base.
Si l’on coupe transversalement un ovaire , on y trouve
plusieurs loges disposées circulairement , et séparées les
unes des autres par des cloisons. Chaque loge renferme
un on deux ovules suspendus supérieurement à l’an-
gle interne des loges ; mais à l’époque de la maturité ,
ces organes éprouvent des changemens remarquables.
On y distingue alors : 1.° une enveloppe extérieure , con-
nue sous le nom de sarcocarpe ; £ .° un tégument inté-
rieur de consistance ferme , qui se replie vers le centre
du fruit et en forme les loges , c’est l’endocarpe ; 8.° en-
fin un axe central , autour duquel lesloges sont fixées.
Le sarcocarpe ; ou enveloppe extérieure du fruit, est
mince ou charnu, lisse , ridé , garni de soies, parsemé
de tubercules et quelquefois de pointes semblables à des
épines.
Les loges, connues sous le nom de coques , ont deux
faces, l’une externe , convexe , l’autre interne , formée
de deux plans, soudés ensemble sous un angle plus ou
moins obtus. Get angle interne s'applique contre l’axe
(142)
central , et vers son sommet se trouve une ouverture
pour le passage des vaisseaux qui vont à la graine. Dans
quelques genres dont les coques ont des parois épaisses ,
tels que l’Anda du Brésil, elles se greflent et ne for-
ment qu’un seul noyau à plusieurs loges.
L’axe central a la forme d’une pyramide renversée
ou celle d’un prisme ; quelquefois il est ailé , quelque-
fois conique , et il n’existe même pas toujours.
Les vaisseaux nourriciers du fruit vont les uns à son
enveloppe extérieure , les autres à l’axe central ; d’où
partent des ramifications qui se répandent sur la sur-
face interne des loges, et vers leur sommet, d’autres
ramificalions sous-divisées en autant de petits faisceaux
qu’il y a deloges , se rendent aux ovules dont elles for-
ment le cordon ombilical.
A l’époque dela maturité , les vaisseaux se dessèchent,
leurs adhérences se détruisent , les coques se séparent
de l’axe central, qui persiste ; elles s'ouvrent commu-
nément par le bord interne en deux valves élastiques ,
et l'enveloppe extérieure y reste presque toujours adhé-
rente ; mais ce qui est assez rare , lorsque l’enveloppe
est compacte, comme celle du buis , en s’ouvrant elle
entraîne les loges avec elle; quelquefois les coques et
leur enveloppe, quand elles sont charnues , se soudent
en un seul corps qui ne s’ouvre pas.
Le fruit est le plus ordinairement à trois loges , quel-
quefois à deux ; d’autres fois elles excèdent le nombre
de trois , et on en compte quinze à dix-huit dans le Aura.
Le Crotonopsis est le seul genre quin’en ait qu’une. La
graine est suspendue au côté interne et un peu au-des-
sous du sommet de chaque loge, le cordon ombilical
(145)
est grêle et court , à l’endroit de son union avec la graine
il s’élargit en une arille charnue qui la couronne ou la
. recouvre.
L’attache des ovules offre quelques différences remar-
quables dans certains genres, tels que le Savia , dont
chaque loge est remplie , presque en totalité, par une
masse charnue , suspendue à son sommet et qui s’oblitère
aux approches de la maturité. M. Adrien de Jussieu a
encore observé le même organe, mais plus petit dans
l'Amanoa , et le Leptonema, nouveau genre qu'il a
établi.
La forme des graines est très-variable ; l’auteur en
décrit avec beaucoup de soin les tésumens, l'embryon
et sa position , les cotylédons , le périsperme, et il fait
connaître les modifications qu’offrent ces divers organes
dans un grand nombre d’espèces.
Les Euphorbiacées sont herbacées , ligneuses ou char-
nues ; celles-ci ont des côtes saillantes , ou bien elles sont
parsemées de tubercules et mème garnies d’épines ; leurs
feuilles sont sessiles ou petiolées , alternes , rarement op-
posées , quelquefois réunies en faisceaux, accompagnées
de petites stipules écailleuses et fugaces ; elles sont sim-
ples, entières , dentées ou crenelées , quelquefois divisées
en lobes; leur surface est lisse , garnie de soies ou d’as-
pérités , et l’on remarque souvent une ou deux glandes
sur leur pétiole.
Les fleurs, surtout les mâles , étant très-petites , leur
analyse exige beaucoup d'attention. Leur disposition sur
les rameaux mérite d’être observée avec soin , parce
qu'elle est presque toujours uniforme dans les genres et
même dans les groupes qui ont de l’aflinité, et qu’eile
(144)
offre de très-bons caractères pour les rapprocher ou les
séparer. |
Les poils sont simples ou étoilés , quelquefois tuber-
culeux à la base et glanduleux à leur sommet. Les glandes
sont sessiles, pédonculées, globuleuses, coniques ou ex-
cavées en godet.
Dans la seconde partie de son Mémoire, l’auteur exa-
mine la valear relative des caractères généraux qu'il
vient d'exposer , et ilen déduit les règles qu’il a suivies
pour former les sections et les genres , et pour les dispo-
ser dans l’ordre de leuré affinités.
Les fleurs unisexuelles , la disposition des loges autour
d’un axe central, le nembre d’une ou deux graines dans
chaque loge suspendues vers le sommet de la loge, un
périsperme charnu , les cotylédons planes, la radicule
supérieure, sont les caraclères généraux et distinctifs des
Euphorbiacées. L'auteur les divise en deux grouppes ,
dont l’un comprend celles qui ont deux graines dans
chaque loge de l'ovaire , l’autre celles qui n’en ont
qu'une. Le premier de ces grouppés se sous-divise en
deux sections. La première renferme les Euphorbiacées
à deux graines dans chaque loge de l'ovaire , dont les
fleurs mâles. ont un rudiment de pistil, et dont les
élamines sont attachées autour de sa base. Dans la
seconde se trouvent celles qui n’ont point de rudiment
de pistil , et dont les étamines sont insérées au centre
de la fleur.
Le second groupe d’Euphorbiacées , à loges monosper-
mes , beaucoup plus nombreux que le premier, et dont
les fleurs mâles n’ont point de rudiment de pistil, ne
peut être divisé, d’après le même principe, et l’auteur a
(145)
été obligé d'employer d’autres caractères pour le par-
tager en sections ; les genres qui, comme l’Euphorbia,
le Dalechampia , etc. , ont les fleurs entourées d’un in-
volucre , forment la première section du second groupe.
Une seconde section réunit les genes dont les fleurs
dépourvues d’involucres et accompagnées de feuilles
florales , sont rapprochées en petits faisceaux formant un
épi sur un axe commun. Le Sapium appartient à cette
division.
Un troisième se compose des genres qui ont les fleurs
“également réunies en faisceaux disposés en épi sur un
même axe , mais dont les feuilles florales sont très-petites
et dépourvues de glandes , telsque la Mercuriale et 44
cornea.
Enfin les genres Adelia, Ricinus , Jatropha, etc. , dont
les fleurs en épi ,en grappe ou en panicule , n'’offrent
aucun des modes d’ Ac o nus de trois sections pré=
cédentes sont compris dans la quatrième.
Les caractères variables , tels que la présence ou l’ab-
sence de la eorolle , le nombre des divisions du calice ,
celui des étamines , leurs filets soudés ou distincts ;
les anthères à loges unies ou séparées, la forme de l’o-
‘vaire et du fruit, sa consistance , le nombre dé ses
loges sHeICs 10€ EE servir que pour la distinction
des genres. |
Le travail dont nous venons de faire l'analyse , ren=
ferme un grand nombre d’observalions nouvelles et in-
téressantes sur les Euphorbiscées, famille composée au-
Jourd’hui de plus de mille espèces, et qui bien que
naturelle et très-distincte , offre des variations nombreu-
ses dans la forme, la structure et la disposition des
ii 19
( 246 )
organes. Un second Mémoire faisant suite à celui dont
nous venons de donner l’analyse, contient les descrip- »|
tions de 85 genres d'Euphorbiacées. dont 19 sont nou-
veaux ; plusieurs de ceux que l’on connaissait précédem-
ment ont été rectifiés, et M. Adrien de Jussieu a joint à
ses descriptions des dessins de sa propre main , qui re-
présentent fidèlement les caractères distinctifs de chacun
de ces genres , et qui en facilitent l’intelligence.
Ce travail nous paraît très-digne d’être imprimé dans
les Mémoires des savans étrangers ; il nous fait espérer
que son jeune auteur soutiendra la réputation d’un nom
depuis long-temps célèbre dans la Botanique.
Signé, ne LA BILLARDIÈRE, DesronTAInes, Rapporteurs,
La partie descriptive du Mémoire sur les Euphorbia-
cées e M. Ad. de Jussieu n’étant pas susceptible de lec-
ture, le rapport ci-dessus n’a pu qu’en indiquer les prin-
cipaux résultats; mais l’auteur ayant bien voulu nous en
communiquer un extrait , nous compléterons l'analyse de |
ce travail importanten ajoutant ici le tableau général des
genres de cette famille avec leurs caractères dislinctifs,
et quelques détails de plus sur ceux fondés par l’auteur.
EUPHORBIACEZÆ.
Srcr. I. Loculi 2-ovulati, stamina definita, sub |
pistilli rudimento centrali , sessili, inserta. |
DRYPETES , Vauz. Flores diœci , fasciculati ; calix
4-6-partitus. g' Stamina 4- 6 disco inserta. ® Styli et stig-)
mata-1-2. Ovarium 1-2 loculare. Fructus drupæformis |
1-2-spermus.
(147)
THEGACORIS, An. Juss. Flores diæci?j Calix 5-6-
partitus. Stamina à, in præfloratione erecta, laciniis ca-
licinis opposita , sub pistilli rudimento obconico inserta ;
filamentis flexuosis , quorum apici dilatato utrimque
adnexi antherarum loculi distincti ovati. Glandulæ 5 sta-
minibus alternæ. Q Calix 5-partitus. Styli3 crassiusculi,
apice bifidi. Ovarium disco glanduloso impositum , gla-
brum , 3-loculare, leculis 2-ovulatis. Fructus...….
Caulis lignosus. Folia alterna, 2-stipulacea , stipu-
lis minutis , caducis, petiolata , integra , glabra. Flo-
res in racemis basi bracteatis , aæillaribus terminali-
busve, solitariis aut geminatis, laxi, breviter peduncu-
lai , singuli bracteolati.
OBS. Species unica Madagascariensis, quæin Aa
sub nomine Acalyphæ glabratæ, Vaur. mss. — No-
men a loculis antherarum dislinctis. — Flores diversi
sexûs in diversis speciminibus , an et in arboribus ?
PACHYSANDRA , Micu. Flores monœci , spicati. Ca-
lix 4-sepalus Het Ne 4 , filamentatis dila-
tatis. Q Styli et stigmata 3. Gapsula 3-cornis, 3-cocca ,
6-sperma.
BUXUS , L. Flores monœci , glomerati aut (in Tnri-
cerA ) racemosi. Calix 5-sepalus , bracteaius. Stamina
4. QStyli et stigmata 6. Capsula 6-cornis, 8-cocca ,
6-sperma.
OBS. Congener videtur Tricera , SCHREB. SW. fl.
occ. 1. 333. seu Crantzia, Sw. Prod. differt tantüm
-straéturâ foliorum et inflorescentià.
SEGURINEGA. Juss. Flores diæci. Galix 5-6-par-
titus. {glomerati. Stamina 5-6. © fasciculati. Sen sub-
nulli. Stigmata 3 reflexa. Capsula 5-locularis, C-sperma.
10 ?
(148 )
SAVIA, Wap. Flores diæci. Galix 5-partitus. Pe-
tala 3-5 aut o: glomerati, Stamina 5. solitarii. Styli
3 bifidi. Capsula 3-cocca, 5 sperma.
AMANOA, Ausc. Flores monœci aut diæci, glo-
merati. Calix 5-partitus. g' Stamina 5. Q Styli o. Stig-
mata 3. CGapsula 3-cocca , 8-sperma.
RICHERIA, Wa. Flores diæci, spicati. Calix 4-5-
partitus. Petala 4-5. Stamina 4-5. @ Stylus 1. Stig-
mata 5, revoluta. Capsula corticata, 3-locularis, 3-sperma.
FLUGGEA, Wan. Flores diæci, fasciculati. Galix
5-partitus. J' Stamina 5. @ Stylus 0. Stigmata 2-3, re-
flexa , biloba. Capsula subbaccata, 2-3-locularis, 4-6-
sperma.
Srcr. I. Loculi 2-ovulati. Stami
floris inserta. Flores glomerati , fasciculati aut sub-
na definita centro
solitariri.
EPISTYLIUM , Sw. Florés monœci. j Calix 4-parti-
tus. Filamentum apice incrassatum , 2-antheriferum. ®
Calix 3-partitus. Stylus subnullus. Stigmata 3 , biloba.
Cäpsula 3-locularis , 3-6-sperma.
GYNOON , An. Juss. Flores monœci. ÿ Galix 5-par-
titus. Filamenta 5, superiüs distincta. Antheræ 3, ex-
trorsæ , filamentis sub apice adnatæ. @ Calix 6-partitus.
Stigmata 5 , hinc convexa , inde angulata , connata in
massam unicam, ovoideam , dupld ovario majorem , 3-
partibilem. Ovarium globosum, 6 -sulcum , 3 -loculare ,
loculis 2-ovulatis. Fructus…
Caulis lignosus. Folia alterna, 2-stipulacea, inte-
gra; coriacea , glabra. Flores fasciculati, fasciculis
axillaribus , multi-bracteatis , fœminei masculis plu-
ribus mirti.
( 149)
OBS. Species unica Zeylanensis. — Nomen a stig-
matum connatorum formä.
GLOCHIDION , Fonsr. —Bradleia, Gærrn. Flores
monœæci aut diæci. Galix 6-partitus. ! Stamina 3-6 coa-
lita. @ Stylus subnullus. Stigmata 6. Capsula depressa ,
umbilicala , 6-cocca , 12-sperma. Semina fenestraia.
ANISONEMA, An. duss. — Phyllanthi spec., Porn.
Flores monœci, j Calix 5-partitus. Glandulæ 5 alternæ.
Stamina 5 , filamentis crassis , 2-5 mediis , longioribus,
planè inter se coalitis , 3-2 lateralibus, subliberis ; an-
therarum loculi utrinque filamentorum apici adnati, @
Calix 4-6-partitus. Glandulæ totidem alternæ. Stigmata
6-10 brevia , sessilia; ovarium G6-10-loculare , loculis 2-
ovulatis. Fructus capsularis , globoso-depressus , umbi-
bilicatus , 6-10-sulcus. Semina in quolibet loculo gemi-
na , superposita , angulata , nonnulla sæpè abortiva.
Frutices ramosi, Folia in ramulis fasciculatis sub-
pianatim disposita , alterna , stipulacea , integra , fus-
ea, Flores axillares , bracteati, pedunculati, masculi
fasciculati , fœminei subsolitarii, occasu foliorum qua-
st racemost. |
OBS. Species 2 Indicæ, altera quæ Phyllanthus reti-
No-
eulatus Porn. , altera inedita ( in Herb. Mus. ).
men a filamentis inter se inæqualibus.
LEPTONEMA , An. duss. — #calyphæ spec. Porn.
Flores diæci. Calix 5-partitus. Ç Stamiaa 5 , rariüs 6 ;
filamenta libera, capillacea , exserta ; antheræ crasssio-
res loculis distinctis , in præfloratione pendulis , posteà
erectis. @® Styli 3-5, profundè 2-partili ; ovarium 3-5-
localare , loculis 2-spermis. Frucius capsularis , globoso-
depressus , inlus 3-5-coccus (sæpiüs 5), coccis 2-valvi-
bus , 2-spermis.
( 150 )
Frutex ramosus. Folia alterna , stipulacea , longè
petiolata , subintegra , villosa. Pedunculi solitarit ,
axillares ; in fœmineis longiores, uniflori ;in masculis
multiflori , floribus subumbellatis , multi-bracteatis ;
Bracteæ lineares, longiusculæ.
OBS. Species unica Madagascariensis quæ Acalypha
venosa Porn. — Nomen generis a tenuitate filamento-
rum filo Araneæ comparandâ. — Placentarium dissepi-
mentis quasi 3-5 alatum, superius expanditur in toti-
dem massulas, singulas in singulis loculis pendentes ,
sub quibus excurrunt 2 funiculi, quibus semina inse-
runtur. »
GICGA , Linx. Flores monœci aut diœci. Calix 4-par-
titus. Stamina 4. @ Styli 4-5, bifidi. Capsula sub-
carnosa , 4-9-COCCa, 8-10 -sperma.
OBS. Non-ne affine Tricarium, Lour. Quod tamen,
ex Willdenow , affinius 4rgythamnie.
EMBLICA , Gærr. Flores monœci. Calix 6 -partitus.
d'Stamina 3 , coalita. Q Styli 3, dichotomi. Fructus car-
nosus, 9-coccus, 6-spermus. |
KIRGANELIA, Juss. Flores monœci. Calix 5-6-par-
titus. j* Stamina 5, filamentis inæqualibus, coalitis. Q
Styli 5, bipartiti. Bacca 3-locularis , 6-sperma.
PHYLLANTEAUS, Livx. Flores monœci aut diœæci.
Calix 5-6-partitus. Stamina 5, rarius plura , infrà con-
nata. © Styli 5, bifidi. Capsula 3 -cocca, 6 sperma.
OBS. Congeneres Cathetus, Lour. et Nymphanthus
ejusdem. Breynia, Forsr. ex descriptione et tabulâ
auctoris' a Phyllantho recedit; at in specimine manu
Forsteri inscriplo flores masculi quidem cum descrip-
Uone concordant , fœminei aulem nihil aliud nisi ramus
EL ee
( 151 )
Phyllanthi cernuæ; genus igitur aut delendum aut re-
cognoscendum.
Phyllanthus: cernua, P. Rhamnoides et quædam
_aliæ vicinæ Indicæ aut Timorenses quibusdam ca-
racteribus a Phyllantho discrepant; an inde novum
genus instituendum , medium Phyllanthum inter et
Glochidion ; nonne potiüs, nedum nova genera a Phyl-
lantho detrahantur , ipsi quædam alia consocianda , ut
Xylophylla, Emblica , Kirganelia, Cicca , Menarda ,
Agyneia. :
XYLOPHYLLA, Ernx. Flores monϾci , ad crenulas
ramulorum folia simulantium. ;' Stamina 2-3 connata.
@ Styli 3. Stigmata lacera. Capsula 3 -cocca, 6-sperma.
MENARDA, Coumers. mss. Flores monœci. Calix
magnus persistens, 5 partitus. j Stamina 5 , filamentis
liberis, antheris adnatis , extrorsis; glandulæ 5 calici al-
ternæ. Q Styli 3 crassi, bipartiti ; ovarium disco glandu-
loso latiori impositum (cætera ut in Phyllantho).
Arbuscula , ramis oppositis alternisve. Folia al-
terna, aut sœpiüus opposita, stipulacea, integra, gla-
bra. Flores aæillares®solitarit, aut pauci fasciculati,
fœminei masculis mirtt, MODELE et tenutssimè pe-
dunculati, bracteati.
Ozs. Species unica Madagascariensis (Herb. J'uss. et
Mus. } — Congener videtur Phyllanthus multiflora.
Porn, quæ ex eàdem regione.
MICRANTHEA. Desr. Flores monœci 4 Calix 6-se-
palus. Slamina 3 circà discum glandulosum. Q Calix 6-
partitus. Styli et stigmata 3. Capsula 3-cocca , 6-sperma.
AGYNEIÏA, Lin. Flores monæci. Calix 6 parüitus,
intüs disco membranaceo 6-lobo vestitus. Filamentum
(252)
columnare. 3-antheriferum. Q@ Calix. 6-partitus.. Styli 3
bifidi. Capsula 3-locularis, 6-sperma.
ANDRACHNE , Lin. Flores monϾci. Calix 5-parti-
tus. Petala à aut 0. Stamina 5 connata in stipitem pis-
tilli abortivi. Q Styli 3 bifidi. Capsula 3-cocca ,6-sperma.
CLUYTIA, Wu, Flores diœci. Calix 5-partitus:
Petala 5. Stamina 5 connata.in stipitem pisulli abor-
tivi. @ Styli 5 bifidi. Capsula 5ocularis 3-sperma.
BRIÉDELIA ,; Wan. Flores monœci. Calix 5-fidus.
Petala 5 minuta. Staminà 5-connata in pistilli abortivi
stipitem impositum disco basim calicis vestienti. ® Styli
2 bifidi. Ovarium tubo 5-fido: involutum. Fruclus car-
nosus , 2 locularis, 2-4-spermus.
E Secr. II. Loculi 1-ovulati. Flores, staminibus defini-
tis aut indefinitis, sæpè corollati, fasciculati, spicati,
racemosi aut panieulatt.
ARGYTHAMNIA, Par. Bn. Flores monæci, j Calix
4-partitus. Petala 4. Stamina 4, sub pistilli rudimento
infrà coalita. © Calix 3-partitus. Petala o. Styli 5 bisbi-
fidi. Stüigmata laçera: Capsula 3-cocca.
DITAXIS, Vauz. wss. Flores monœci. Labs 5-par-
titus; præfloratio valvata. Petala 5 alterna; præfloratio
convolutiva. 4 Stamina 10; antheris introrsis , filamentis
infra connalis in stipitem pislilli abortivi, verticillata,
quinque supeyiora , quinque inferiora. © Glandulæ. 5, ca-
licinis Jaciniis oppositæ. Stylus 3- fidus, laciniis 2- fidis ;
stigmata 6, lobatocrenulata; ovarium villosum , 3-locu -
lare , loculis 1-ovulatis. Fructus capsularis , calice persis-
tente cinclus , 3-coccus, coccis bivalvibus ; semina lævia.
Caulis lignosus, cinerescens. Folia alterna , solitaria
fcsciculata-ve, præserity cum juniora , integra aut ser-
( 195 )
rulata, colore puniceo imbuta, sieut et flores. Pedun-
culi axillares, bracteati, pauciflori; flore fœmineo
unico', terminali, majori; maseulis 2, rarà pluribus,
énfrà sitis, oblongis, citù deciduis, bracteatis, brac-
teis persistentibus. Totus habitus Argythamniæ.
OBS. Species 3, duæ Antillanæ (inHerb. Juss., Desf
et Mus. ) tertia Maranonensis (in Herb. Kunth).
CROZOPHORA, Nucx. — Tournesolia. Scop.—
Crotonis Spec. auctorum. Flores monœci. j Calix 5-
partitus; præfloratio valvata. Petala 5 extus furfuracea ,
præfloratio convoiutiva. Stamina 5 aut sæpius 8-10,
quorum 3-5 superiora; filamentis in præfloratione erectis,
infrà connatis in columnam receptaculo glanduloso im-
posilam, antheris extrorsm sub apice filamentorum ad-
nalis, inde cuspidatis. © Calix 10-partitus, laciniis linea-
ribus, petala o. Siyli3, bifidi; stigmala G; ovarium
plerumque squamulis furfuraceis argenteum , 3-loculare,
loculis 1-ovulatis. Fructus capsularis, 3-coccus.
Frutices aut sœæpius Herbæ. Folia alterne, stipula-
cea, stipulis deciduis, sinuata, sæpe plicata mollia-
que. Flores, in apice aut divisuris ramorum, race-
most , bracteati, bracteis, longiusculis , lincaribus ; fœ-
minei in racemis inferiores , longius peduneulati',
masculi densi superiores. Plantæ diversæ partes extus
pilis stellatis tomentosæ aut rarius farinaccæ, intüs
in plerisque colore puniceo imbutæ.
OBS. Species circiter 8, duæ Senegalenses , cæteræ, ex
Arabiâ aut Africâ boreali, quarum duæ et in Europâ
crescunt : inter quas scilicet 'roton tinctorium L. ; C.
obliquum Nahl; ©. Verbascifolium W.; CG. oblongi-
folium Delille , G. Senegalense Lamck. Quibus ex des-
(154)
criptione , forsàn congeneres , G. mollissimus, Geiïs. et
C. Rottleri, Geis. alter Sinensis , alter Indicus.
CROTON, Linw. Flores monœci aut rarissimè diœci.
Calix 5-partitus. petala 5. Stamina 10 aut plura, li-
bera. & petala o. Styli 3, bifidi, pluripartiti-ve. Capsula
3-cocca.
CROTONOPSIS , Mrex. Flores monœci. Calix 5-par :
tilus. S petala 5. Stamina 5 libera. Q Petala o. Stig-
mala 3, biloba. Capsula 1-locularis.
ADELIA , Lin. Flores diϾci. Calix 5-6-partitus. Pe-
tala o. j Stamina plurima basi coalita. Q Stigmata 3
sessilia , lacera. Capsula 3-cocca.
ACIDOTON, Sw. Flores monæci aut diœci. 4 calix
5-partitus. Petala o. Stamina plurima , receptaculo glo-
boso inserta. Q Stylus 3-fidus. Stigmata 3. Capsula 3-
cocca. j |
ROTTLERA , Roxe. Flores diœci aut? monœci. Ga-
lix 3-5-partitus. Petala 0., 4 Stamina plurima recepta-
culo inserta. © Styli 2-3 plumosi. Capsula 2-3-cocca.
CODIÆUM, Rauwru. Phyllaurea, Lour. Crotonis
Spec. L. Flores monœci. Galix 5-partitus , reflexus,
præfloratio convolutiva. Petala 5-alterna, minora, squa-
miformia , quibus glandulæ 5-interiores alternæ. Sta-
mina plurima , filamenta in præfloratione erecta, libera,
receptaculo inserta; antherarum loculi utrinque apici
filamentorum adnati. Q Calix 5-fidus. Petala o. Styli
5, simplices , oblongi , reflexi. Ovarium infrà squamulis
5 cinctum , 5-loculare , loculis 1-ovulatis. Fructus sub-
baccatus (ex Rumpw.) aut capsularis 3-coccus.
Arbores aut frutices. Folia alierna ,: integra, gla-
berrima , lucida, interdum cleganier variegata. Flores
(155)
aæillares aut terminales , racemosi, in racemis diver-
sis masculi et fœminei , bracteati singuli.
OBS. Species 2; altera (Croton variegatum, L.
seu Codiœum, Ramph. 4.65. Tab. 26-27) Indica,
Cochinchinensis, Mollucana , Japonensis, cujus plures
_ yarielates ; altera Timorensis (in Herb. Mus.).
GELONIUM Roxs. Flores diæci. Calix 5-partitus.
Petala 0. j Stamina 12 aut plura. ® Stigmata 2-3 la-
cera. Capsula 2-3 cocca.
HISINGERA, Hezr. Flores diæci. j'-Calix 4-sepa-
lus. Petala 0. Stamina 15-25. © Calix 6-sepalus. Petala
o. Styli 2. Stigmala capilalo-depressa. Baçca 2-locu-
laris.
MOZINNA, Ont. Loureira, Waizxn. Flores diœci.
Calix 5-partitus. Corolla urceolata, 5-loba. ; Stamina
8-13, filamentis mæqualibus, infra coalitis. @ piylus
bifidus. Stigmata 2-4. Capsula 2-cocca.
AMPEREA, An. Juss. Flores monœci aut? diæci.
d' Calix campanulatus, 4-5-fidus, præfloratio valvata.
Petala 0. Stamina 8 exserta, filamentis sub-liberis , 4
exterioribus brevioribus; Antherarun loculi distincti ,
è connectivo granuliformi utrinque penduli, ovati, lu:
tei, in longum secundüum lineam fuscam dehiscentes.
@ Calix 5-partitus, Jaciniis rigidis , persistens. Stigmata
à erecta, bifida, divisuris acutis. Fructus capsularis ,
-Gvoideus , pericarpio tenui, 5-cocco, coccis 2-valvibus,
1-spermis , deciduis. |
Suffrutices ? Ramis compressis , ereclis aut virgalis,
Foliaalterna aut sparsa, rariora, brevia, linearia, acu-
ta. Flores axillares , solitarii aut fasciculati, fasciculis
2-aut plurifloris, masculis aut fœmineis, multi brac-
( 156 )
teali, bracteis rigidis, acutis, interdum ciliatis, Habi-
tus à plerisque Euphorbiaceis valdè diversus.
OBS. Species 5 e Novâ Hollandiä (in Herb. Mus. ).
— Genus dicatum clar. Ampere ex acad. scient.!
RICINOCARPOS , Dgsr. Flores monœci. Calix 5-
partitus. Petala 5. ç/ Stamina plurima , filamentis infrà
in stipitem unicum coalitis. ® Styli 3 biparliti. Capsala
3-locularis.
RICINUS, Lin. Flores monœci. Calix 3-5-partitus.
Petala 0. Z Stamina plurima, filamentis connatis in
stipiies plures ramosos, loculis antherarum distinctis.
@ Stylus 1. Stigmata 3 bipartita, plumosa. Capsula 3-
cocca.
JANIPHA, Kunrs. Flores monœci. Calix campa-
nulatus, 5-partitus. Petala o. 4 Stamina 10, filamen-
tis inæqualibus, liberis , circa discum insertis. Q Stylus 1.
Stigmala 5 in massam rugosam connata. Capsula 3-
‘€OCCa.
JATROPHA, Kunr. Flores monœeci. Calix 5-parti-
tus-lobus-ve. Corolla 5-partila aut 0. çj! Stamina 8-10,
filamentis inæqualibus, coalitis. Q Styli 2 bifidi dicho-
tomive. Capsula 3-cocca.
ELOEOCOCCA, Commer.—Dryandra, Tauns. (non
R. Br. )— Vernicia, Lour. Flores monœci aut? diæci.
Calix 2-3-partitus; præfloratio valvata. Petala 5 dupld
longiora ; præfloratio contorta. 4, Stamina 10-12 (9
ex Th.). Filamentis infrà connatis, 5 exterioribus bre-
vioribus; antheris intrersis, duabus superioribus sæpè
abortivis. Q. Stigmata 3-5 subsessilia, simplicia aut bi-
fida ; ovarium 3-5-loculare , loculis 1-ovulatis. Fructus
carnoso-fibrosus , intus 3-5-coccus.
(157)
Arbores. Folia alterna , longè petiolata, basi 2-glan-
dulosa, integra aut inferiora lobata, glabra juniora-
ve pubescentia; Flores paniculati, Ferhirielees pedun-
culis articulatis.
OBS. Genus nullatenüs diversum ab Æleurite ex R,
Brown (Prodr. 597) qui generi cuidam Proteaceo tri-
buit hoc Dyandræ nomen, eam ob causam hic immu-
tatum— species 2, altera Japonica ( Dryandra cordata ,
Th: 15et 267. Tab. 27. Abrasin, Kæmpf. Amæn. )
altera Sinensis et Cochinchinensis (Wernicia montana,
Lour. 520 — Dryandra vernicia, CGorrea. Ann. Mus.
69. Tab. 32). Hæc vulgd Arbor vernicis , illa Arbre
d'huile nuncupatur, ex usu seminum quæ admodum
oleaginosa sunt, sicut in generibus vicinis Andä, Aleu-
rite, Jatrophä, Ricino, elc. — In ovario, loculi pleni
quodam muco partim per aquam solubili.
ALEURITES , Fonsr. Flores monœci. Calix 2-3-par-
titus. Petala 5. Ç. Stamina plurima , filamentis inæqua-
libus ; connatis. Q. Styli 2 bipartiti, Ovarium tubo con-
formi involutum. Fructus carnosus , 2-coccus.
ANDA , Pis. Flores monœci. Calix campanulatus ,
5-dentatus, petala 5. Z. Stamina 8, filamentis inæ-
qualibus infrà coalitis. ©. Stylus bifidus, stigmata ».
Fructus carnosus, fœtus putamine osseo 2-fenestrato,
2-loculari.
SIPHONIA , Ricu. Flores monœci. Calix 5-fidus-
partitus-ve. Petala o. Ç Columna sub apice 5-10-an-
N' therifera. Q@ Stigmata 3 biloba. Fructus subcarnosus ,
8-coccus.
MABEA , Avez. Flores monœci. j Calix 5-dentatus.
ê (158 )
Petala o. Stamina 9-12. @ Galix 5-G-fidus. Petala o.
Stylus 3-fidus. Stigmata 3 filiformia, Capsula 3-cocca.
HYÆNANCHE, Laws. T'oxicodèndron. ‘Tuuns.
Flores diœci. 4 Calix 5-7-sepalus. Petala o. Stimina
10-30. ® Galix polysepalus. Styli 2-4. Stigmata 4 frim- «
briata. Fructus suberosus, 4-coccus , 8-spermus.
* GARCIA. Rorn. Flores monœci. Calix 3-partitus,
Petala 7-11. J. Stamina plurima, receptaculo hemi- !
sphærico inserta. @ Stylus 1. Stigma 5-lobum. Capsula
3-cocca. .
Secr. IV. Loculi 1-ovulati. Flores, staminibus
. definitis aut indefinitis, apetali, glomerato-spicat: |
aut rarius subracemost.
ALCHORNEA , Sw.—Hermesia. Boxpz. Flores diœci.
£ Calix 2-5-partitus. Stamina 8 , filamentis in annulum
infrà coalitis. ©. Calix 3-5-dentatus. Stylus bipartitus.
Stigmata 2. Capsula baccata, 2-cocca.
CONCEVEIBUM, Ricn. Flores diœci. 4 Calix 3-*
partitus. Stamina 5-4-exserta , filamentis infrà coalitis,
antheris adnatis, introrsis. ©. Calix 5-fidus; stvli 3; .
stigmata plumosa ; ovarium 3-loculare, loculis 1-ovu-
latis. Fructus capsularis , 3-coccus.
Arbores, quædam succo viridi scatentes. Folia al-
terna, stipulacea , longè petiolata , subserrata , supen-
nè glabra , subtus nervis-prominulis reticulata. Flores
in spicis axillaribus aut terminatibus, simplicibus
fasciculatis-ve ; masculi glomerati , glomerulis multi-
bracteatis ; fæminei solitarit, pedunculo incrassato ad
basim bracteato incidentes.
OBS. Species 2 Guyanenses, altera C. cordatum
(Herb. Rich.) ex quâ character hic desumptus ; altera G. !
(159)
Ovatum (Herb. Rich.) seu Conceveiba Guyanensis,
Aubl. (923, tab. 353) an verè congener? Hæc enim
priori aflinis habitu , floribus , inflorescentiä , sed flores
ejus fæœminei tantum noti, quibus : pedunculi crassi , ar-
ticulati, bracteä glandulosâ stipati; calix 5-6 partitus,
laciniis rigidis, acutis, sub quibus alternæ glandulæ
totidem bilobæ ; stylus brevis, tripartitus ; stigmata 3
biloba ; ovarium trigonum pilis fasciculatis quasi pulve-
rulentum ; intüs 3 loculare, loculis basi villosis, 1-ovu-
latis; fructus angulatus, coriaceus, (ex Aubl.) trifa-
riàm dehiscens, loculis 2-valvibus, seminibus calyptrâ
carnosà , eduli, vestitis.
CLAOXYLON, An. Juss. — AcaLyrnæ , spec. auc-
torum. Flores diæci. G! Calix 5-4 partitus. Stamina 15
aut plura; filamenta receptaculo hemispherico inserta ;
antherarum loculi in apice filamenti distincii; erecti,
ab apice in longum dehiscentes. © Calix brevis, 3-par-
titus ; alternæ apperdiculæ 3, subcarnosæ , coloratæ.
Styli 2-5 reflexi , breves , intus plumosi; ovarium 2-3-
loculare , loculis 1-ovulatis. Fructus capsularis, 2-3-
coccus.
Arbusculæ aut frutices. Folia alterna, serrata ,
scabra. Flores in spicis aut racemis axillaribus, soli-
tarit aut laxé fasciculati, fasciculis 1-bracteatis , sin-
-guli bracteolati, brevissimè pedunculati, plerumque
imbuti colore purpureo , præsertim in præfloratione.
OBS. Species >; 3 Borbonienses ibique, ex Gom-
mers., vernaculè Bois cassant nuncupatæ (in Herb.
Juss. et Mus.) : 2 indicæ, quarum una est Acalypha
spiciflora. Burns.
MACARANGA , A. P. Tu. Flores diϾci. 4. Calix 4-
( 160 )
partitus. Stamina 8-12. © Calix urceolatus. Stylus ligu-
liformis. Stigma villosum. Fructus follicularis , (abortu )
1-locularis.
MAPPA, An. Juss. — Ricinr spec. Lin. Flores mo-
nœci diæci-ve. ' Galix 5-partitus. Stamina 3-10 ; fila-
menta libera aut imäâ basi coalita; antherarum loculi
globosi , in longum sulcati et dehiscentes. ®. Calix 2-3-
fidus. Styli 2-5-oblongi , reflexi, intus plumosi , stylus-
ve unicus 2-5-partitus, ovarium echinatum, 2-5-locu-
lare , loculis 1-ovulatis. Capsula 2-3-cocca , echinis raris
longioribus armata.
Arbores aut frutices. Folia alterna , longissimè pétio-
lata, 2-stipulacea, stipulis magnis , deciduis , peltata ;
subintegra , nervosa. Flores spicati , spicis axillaribus ;
pluriès ramosis , bracteati ; bracteæ sessiles ; magnæ, in
fœmineis 1-floræ , in masculis multifloræe. Capsule
conspersæ granulis resinosis, luteis { quibus odor
Gummi ammoniaci ), foliaque punctulis similibus no-
tata.
OBS. Species circiter 4 : una Indica et Molluccana ,
quæ Ricinus Mappa, L., Acalyphæ à Wildenow ad-
juncta : una Timorensis, quæ forsàn conspecifica Ricini
Tanarii, L. Indici et Cochinchinensis, hüc quoque
referendi ; una prætereà inedita (Herb. Mus. } Zeyla-
nensis, An tandem congener Ricinus dioicus, Forst, ?
CATURUS , Linn. Flores diœci. 4 Calix 3-fidus.
Stamina 5. © Galix 5-partitus. Styli 5-lacionati. Capsula
8-cocca.
ACALYPHA, Linx. Flores monæci aut diæci. Calix 42
partus, Stamina 8-16 , loculis antherarum distinctis , ver=
(161)
miformibus. ®. Calix 3 partitus. Styli 3 laciniati. Cap-
sula 3-cocca.
MERCURIALIS, Lixn. Flores monœci aut diœci.
Calix 3-partitus. j Stamina 8-12 aut plura, loculis an-
therarum distinctis , globosis. © Styli 2 breves , denticu-
lati. Capsula 2-cocca.
ANABÆNA , An. Juss. Flores monœci. Calix 5-par-
titus. Filamenta infrà coalita, squamulis 4 cincta ,
superids libera , 10 antherifera , antheris 4-lobatis, unum
sterile medium apice globoso-echinatum (an siyli et
stigmatis rudimentum?). ® Stylus crassus, oblongus ,
stigma trilobum , lobis extüs glandulâ scutiformi notatis,
ovarium 3-loculare, loculis 1-ovulatis. Fructus capsu-
laris, 3-coccus, coccis sub-carinatis, integumento te-
nui 6-partibili vestitus; semina angulata , ossea.
Frutex volubilis. Folia alterna, longè petiolata. Flo-
res racemosi, aæxillares, fæmineus unicus, inferior,
longè pedunculatus , masculi plures, cum pedunculis
brevibus articulati, bracteati.
OBS. Species unica Brasiliensis (in Herb. Mus. et
Juss. ) — Nomenà caulescandente. — Habitus , inflores-
centia multaque alia Pluknetiæ. An duo genera in unum,
charactere paulispèr immutato, confundenda ?
PLUKNETIA, Pcuw. Flores monœci, calix 4-=parti-
tus. j Stamina 8 basi connata in slipitem glandulis 4
barbatis cinctum. © Stylus oblongus, proboscideus.
Stigma peltatum , 4-lobum. Capsula 4-cocca,
TRAGIA, Pruw. Flores monæci. ' Galix 3-partitus.
Stamina 2-3. Q. Calix 5-8-partitus. Stylus 5-fidus.
Capsula 3-cocca.
SET. V. Loculi 1-ovulatt: Flores, staminibus de-
1. 31
( 162 )
finitis, apetali. Bracteæ magnæ , multifloræ , spica-
1@ aut amenta.
MICROSTACHYS, An. Juss. — Tnacræ, Sc. L.
et Vauz. Flores monœci. Calix 3-partitus. Ç' Stamina 3,
filamentis brevibus. © Stylus profundè 5-partitus , re-
flexus ; stigmata 3. Capsula glabra aut regulariter echi-
nata, prismatico-3-cocca, coccis 2-valvibus, 1-sper-
mis; semina teretia. :
Suffrutices rarissimèéherbæ. Foliaaliterna, 2-stipula-
cea, stipulis minutissimis , argulissimè serrulata. Flores
axillares aut extrà-aæillares, bracteati, bracteà 2 -glan-
dulosà, uniflorà in fœmineis quisolisarii, breviter pe-
dunculati, multiflorà in masculis qui distichè spicati,
spicis brevibus, admodum gracilibus.
OBS. Genus a Tragià distinctum præfloratione, calice
in fœmineis 3-partlto , stylo 3-partito, ovarii, capsulæ se-
minumque formä , inflorescentià , toto denique habitu ;
affinius Sapia et Stillingiæ. —Hüc referendæ Tragia
chamelæa, L., T. corniculata, Van. , T. bicornis,
Vaux. (Herb. Juss.) et quædam prætereà in herbariis
ineditæ , omnesAmericanæ ex Antillis, Guyanâ , Brasiliä
— Nomen a spicarum tenuitate.
SAPIUM, Jaco. Flores Monæci. g' Calix 2-fidus,
stamina 2. ® calix 3-dentatus, stylus 3-fidus. Capsula
3-cocca.
STILLINGIA , Lana Flores monœci çZ. Calix tubulo-
sus, dentatus, stamina 2. ® Calix trifidus. Gapsula 5-
0 |
cocca.
TRIADICA , Lour. Flores diæci. Calix campanula-
tus 3-4-fidus. Stamina 2. Q Stylus 1. Stigmata 3.
Bacca exsucca , 5-locularis.
OMALANTHUS, An. Juss. Flores monæci. Galix |
(163)
o-sepalus , sepalis basi emarginatis, glandulosis, in fœ-
minâ caducis. 4. Stamina 6 aut 10 , filamentis brevibus ,
complanatis, partim connatis; antheræ adnatæ, ex-
trorsæ. ©. Stylus 2-fidus. Stigmala 2 glandulosàa, stylo
extüs quasi adnata, basi et apice biloba; ovarium ob-
longum »-loculare , loculis 1 ovulatis. Fructus capsula-
ris, bivalvis.
Frutices. Folia alterna , longè petiolata, petiolis
apice glanduliferis, integra, glabra. Flores spicati ,
terminales ; masculi glomerati, olomerulis sæpius 3-
floris, confertis, bracteatis, bracteä basi 9-glandu-
| los : fœminei simili bracted instructi, longius pe-
dunculati, nune in chlore spicä inferiores, nunc in
diversä remoti.
OBS. Species 2 ineditæ( Herb. Mus. et Juss.) altera Ja-
vanensis et Philippensis, altera è Novä-Hollandiâ. Habi-
tus Stillingiæ sebiferæ. — Nomen à floribus compressis.
— Structura singularis endocarpii (qued non, ut in
cæteris, 2-coccum coccis internè dehiscentibus, sed
testaceum bivalve) iterum examinanda, quoniam mihi
in fructu unico imperfecto observata.
HIPPOMANE , Linw. Flores monœci. 4 Galix trbi-
| natus, 2-fidus. Stamina 2. @ Calix 3-partitus. Stylus 1.
Stigmata 7. Fructus carnosus fœtus nuce 7-loculari.
HURA, Linn. Flores monœci, amentacei. Ç Calix
truncatus. Filamentum columnare pluri-antheriferum. Q
Stylus 1. Stigma 12-1é-radiatum. Capsula 12-18-cocca.
SEBASTIANIA, Srrenc. Flores menœci, amenta +
cei. Squamæ 1-floræ, squamulisintüs instructæ. ç/ Sta-
mina 5. © stylus 3-partitus. Capsula 3-locularis.
EXCOECARIA. Linn. Flores monœci aut diœci,
; 1e
(164)
amentacei: 4 Squamæ staminiferæ. Filamenta 3 basi
coalita simplicia aut partita. ® Calix 3-fidus aut o. Sty-
lus 3-partitus, Gapsula 3-cocca.
COMMIA. Lour. Flores diæci. j Æmentacei, Squamæ
stamini‘eræ. Filamentum unicum pluri-antheriferum.
© racemosi. Calix 3-partitus. Styli 3. Capsula 3-loba.
STYLOCERAS , An. Juss. Flores monæci aut diœci.
d Squama simplex antherifera, antheris sæpiüs 10 oblon-
gis, inæqualibus, introrsis. Q Calix brevis 3-5-partitus.
Ovarium globosum , 2-/-—loculare , superius quasi bicor-
ne stylis 2 oblongis , incurvatis, crassis, intus glandu-
loso-caniculatis; ovula in singulis loculis solitaria, ex
apice pendula. Fructus.... | L
Arbores. Folia qlterna, integerrima , glabra , lucida
( Laurocerasi) , flores aæillares; nunc in tisdem spicis
solitariis geminatisve fœmineus, unicus, terminalis
masculi plures, inferiores ; nunc in diversis arboribus
segregati, maseuli tantum spicati, fæminei solitarii,
breviter pedunculati. Bracteæ ad basim pedunculorum
muliæ , imbricatæ. ]
Or. Species 3 ex Americâ australi inedilæ, duæ in
Herb. Kunth, tertia in Herb. Mus.— Nomen a formä
stylorum.— Genus a cl. Kunth communicatum ; Euphor=.
biaceum floribus declinibus, numeroque et situ semi-
num; Excæcariæ afline squamis antheriferis, proprius
tamen Triceræ et Buxo stylorum formä et toto habitu.—
Quænam fructûs et seminum structura ? in unâ specie
(ex Dombey in Herb. Mus) , pericarpium edule , 4-Sper-
mum , seminibus castaneiformibus. |
MAPROUNEA. Auzz. Flores monœci. y Galix 2-42
fidus. Filamentum »-antheriferum. @ Calix 3-lobus. |
Stylus 5-fidus. Capsula 5-cocca.
(165)
OMPHALEA. Linx. Flores monœci,Calix 4-partitus (7.
Filamentum suprà pileiforme, in ambitu 2-3-antheri-
ferum. © stylus 1. Stigma subtrilobum. Fructus car-
nosus , 2-CoCCus.
Sgér. VI. Loculi 1-ovulati. Flores apetali , monœci
én involucro communi.
DALECHAMPIA. Pruw. Involucrum commune fo-
liaceum, 2-phyllum, 4-appendiculatum. Involucrum
proprium 2-5-phyllum, multiflorum , floribus stipitatis.
Galix 4-5-partitus. Stdmina plura infrà connata. Q In-
volucrum proprium , 2-phyllum, 5-florum. Calix 5-6
aut 10-19-partitus. Stylus et stigma 1. Capsula 3-cocca.
ANTHOSTEMA. An. Juss. Flores monœci, masculi
plures , fœmineus unicus lateralis , in eodem involucro
2-partito, foliolis intüs glandulâ minutà instructis. J.
Involucrum proprium, multilobum, lobis ( circiter 8 )
inter se dissimilibus. Pedicelli numerosi, receptaculo
plano impositi , inæquales , fasciculati , bracteis paleaccis
interjeetis ; singuli superius arliculati cum filament ,
quod basi caliculatum caliculo 3-4-fido, apice 1-anthe-
riferum. © Calix campanulatus, 5 -4- dentatus, infrà
pedunculo incrassato continuus. Stylus crassus , brevis,
3 fidus; stigmata 3 sub-biloba ; ovarium 3-loculare , lo-
culis 1-ov'latis. Fructus subearnosus , 3 - coccus.
Arbor lactescens. Folis alterna, integra, glabra ,
venosa: Peduneuli axillares, multiflori, ramosi, ad
divisuras articulati.
Oss. Species unica Senegalensis (ic Herb. Juss. ) —
Nomen a staminibus singulis florem masculum consti-
tuentibus.
EUPHORBIA. Lan. Involucruin commune, calici-
forme, Plures ambientes. Pedicelli, bracteis infrà in-
( 166 )
terjeclis, singuli articulati cum filamento nudo, 1-an-
therifero. @ unicus centralis. Calix brevissimus aut o.
Styli 3 bifidi. Capsula 3-cocca. x
PEDILANTHUS. Neck. [nvolucrum commune calici-
forme. 4 Plures ambientes. Pedicelli, bracteis stipati
singuli articulati cum filamento nudo, 1 -antherifero.
Q Unicus centralis. Calix o. Stylus 1. Stigmaia 3. Cap-
sula 3-cocca.
+ Genera minüs cognita.
MARGARITARIA. L. F. Flores diæci. Calix 4-den-
tatus. Petala 4. j Stamina 8. Ovarii rudimentum. Q Styli |
et stigmata 4-5. Fructus sub -baccatus, 4-5-coccus.
SUREGADA Roxs. Flores diœci. Galix 5-sepalus
& Stamina plurima. Q Stylus o. Stigmata 3 bipartita.
Capsula 3-cocea 3-sperma.
HEXADICA. Lour. Flores monœci. G Calix 5-par-
tilus. Petala 5. Stamina 5. Q Calix 6-partitus. Petala et
stylus o. Stigmata 6: Capsula G6-locularis 6-sperma.
HOMONOIA. Lour. Flores diæci. j Galix 3-par-
tüitus, extus 3-squamosus, corolla o. Stamina indefinita,
polyadelpha. © Squama simplex, Calix, Corolla et Sty-
lus o. Stigmata 3. Capsula 3-loba , 3-sperma.
CLADODES , Lour. Flores monϾci. Calix 4-partitus. |
Corolla o. ç Stamina 8. @ Stylus o. Stigmata 3. Cap- |
sula 3-loba, 5-sperma.
ECHINUS , Lour. Flores diæci. Calix squamifor-
mis, multfidus. Corolla o. Stamina 30. © Calix 5-6-f-
dus. Corolla o. Styli et Stigmata 2. Capsula-echinata, |
2-COCCa; 2-Sperma.
COLLIGUAYA, Mou. Flores monœci. Calix 4-fi-
dus. Corolla o. ç;' Stamina 8. Q. Styli 3. Capsula 3-
gona, 3-sperma.
(167 )
LASCADIUM, Rar. Flores monœci. Calix integer.
Corolla o. 4 Stamina 12. @ Suyli 3 partiti. Capsula 5-
loba, 3-sperma.
SYNZYGANTHERA , R. et P. Flores monœci. Calix
4-partitus. Petala 4. G' filamentum 2-antheriferum.
Pistilli rudimentum. © Styli et Stigmata 3. Bacca 5-lo-
cularis, 3-sperma.
Osservarions relatives à l'appareil générateur des
animaux mâles ; examen des liquides renfermés
dans les. diverses glandes. qui peuvent s’y rencon-
trer ; histoire et description des animalcules sper-
maliques;
Par MM. Prévost Er Dumas.
( Suite. )
Chat. — Dans toute la famille des Ghats, les organes
de la génération ont un développement faible , compa-
rativement à la taille et à la puissance musculaire re-
: marquable dont se trouvent pourvus les animaux qui la
. composent. La sécrétion du liquide spermatique est elle-
même fort languissante hors de la saison des amours,
et bien souvent il nous est arrivé de ne rencontrer aucun
animalcule dans les testicules du chat domestique ,
bien que les individus que nous avions sacrifiés à nos
recherches fussent adultes, forts et vigoureux. Aux
époques favorables même, tout l’appareil est encore
bien moins gorgé de liqueur que dans les autres mam-
mifères. Cependant on en trouve dans le testicule,
l’épididyme et les déférents , et elle montre alors une foule
d’animalcules en mouvement, de même taille que ceux
{ 168 )
du lapin. Leur tête est plus arrondie ;marquée d’un point
lumineux dans son centre ; ils s’agitent quelquefois sans
fléchir leur queue, mais bien souvent aussi les flexions .
qu’elle décrit montrent qu’elle est utile à leur pouvoir
locomoteur.
A l’embouchure des canaux déférens, et à la hauteur
du vérumontanum, comme chez le chien, se trouve la
prostate, plus volumineuse proportionnellement que les
autres organes, et profondément bilobée dans le sens
longitudinal. Ses canaux s'ouvrent à la surface de l’es-
pèce de languette qui cache les orifices propres aux dé-
férens , et fournissent un liquide chargé de globules sem-
blables à ceux du lait, dont il a lui-même la consistance
et la couleur,
Plus en avant, et dans l’endroit où les corps caverneux
se joignent pour marcher parallèlement , l’on distingue
les glandes de Cowper, elles sont renfermées dans de
petites bourses musculaires assez épaisses , un seul conduit
pour chacune d’elles est destiné à l'émission du liquide |
qu’elles sécrètent.Celui- ci présente un assez grandnombre
de glcbules analogues à ceux de la prostate , mais ils sont
mélangés de gouttelettes de graisse, faciles à reconnaître.
Nous n’avons pu examiner la liqueur séminale éjaculée,
à cause de la difficulté de saisir ces animaux à l'instant
de l’accouplement, dont il est presque impossible d’être
témoin. |
Hérisson. Les organes de la génération possèdent
chez cet animal, comme chez tous les rongeurs, un
développement fort considérable. Nous les avons exami-
nés dans des circonstances variées, c’est-à-dire , après
la mort par la saignée , par la section de la moelle où
( 169)
par l’asphyxie. Dans les deux premiers cas, l'animal
cesse de vivre d’une manière rapide ; dans le dernier , au
contraire , il résiste très-remarquablement à des moyens
qui ne manquent pas d’amener une mort prompte chez le
plus grand nombre des animaux à sang chaud. Il est ar-
rivé plusieurs fois qu'après douze ou quinze minutes de
séjour sous l’eau, un hérisson abandonné à lui-même
reprenait en peu de temps toutes ses facultés , et courait
cà et là comme auparavant. Malgré ces différences , nous
n'avons pas su en remarquer relativement à l’état des li-
quides renfermés dans les diverses glandes dé l'appareil
générateur. Nous donnons toutefois la préférence à la
saignée ,. qui prive mieux de sang toutes les parties qu’on
se propose d'examiner, et qui prévient, par conséquent ,
le mélange des globules sanguins avec les corpuscules
que contiennent les liqueurs spermatiques.
Le testicule est ovoide, long de °0 ou 25 milli-
mètres , renfermé dans l’abdomen , et fixé par un fort
bourrelet musculaire. Après avoir pratiqué des sections
en divers endroits de cet organe , on a recueilli le liquide
blanchâtre qui transsudait des points incisés. Il fourmil-
lait d’animalcules qui s’y trouvaient, comme à l’ordi-
paire, mêlés de quelques particules étrangères. Ils
étaient très-grêles; leur tête paraissait circulaire , ra-
platie , et marquée d’un point lumineux dans son cen-
tre. Leur queue longue semblait plus opaque que celle
des animalcules dont nous avons eu l’occasion de parler
précédemment. L’épididyme et le canal déférent conte-
naient tous deux un liquide blanc de lait, visqueux et
rempli d’animalcules sans mélange de matières hétéro-
gènes.
( 170)
Les vésicules séminales de cet animal sont énormes , et
surpassent en volume tous les autres organes de l’appa-
reil ensemble. Ge sont des grappes alongées, dont le
nombre varie de trois à cinq de chaque côté de la vessie.
Elles sont formées de vaisseaux blanchâtres très-fré-
quemment entortillés et grouppés par un tissu cellulaire
lâche que recouvre une membrane fort mince. Ges
boyaux sont petits au sommet des glandes, mais ils se
réunissent peu-à-peu , et produisent des troncs plus con-
sidérables qui se réduisent enfin à un conduit unique
dont l'ouverture se fait dans la partie supérieure du vé-
rumontanum. Un examen attentif du tissu et de la dis-
position de ces organes, ne laisse apercevoir aucune
différence entre les divers paquets. Ils sont gorgés d’un
liquide blanc opalin qui jaillit des grosses ramificalions
lorsqu'on les ouvre. Gelui-ci coagule lentement et d’une
manière imparfaite, n'offre point d’animalcules, soit
qu’on l’examine pur avant et après la coagulation , soit
qu'on le délaie préalablement avec un’ peu de salive ou
d’eau tiède. Il contient seulement une foule de corps ir-
réguliers de toutes les formes, de toutes les grosseurs,
et semblable, sous plusieurs rapports, à des débris de
matières muqueuses dont ils ont la transparence et l’aspect
grenu. On arrive au même résultat, quelle que soit la
partie des vésicules d’où l’on tire la liqueur.
Les vésicules accessoires sont deux masses glandulaires
jaunes et raplaties qui flottent dans l'abdomen, à côté
des précédentes, mais plus près de la vessie. Chacune
d’elles porte un conduit unique qui va s'ouvrir dans le
vérumontanum , au-dessous des orifices propres aux vé-
sicuies séminales , et fort près de celui de la vessie uri-
pr)
naire. Ge tuyau se divise à sa partie supérieure en six ou
sept branches, qui produisent autant de lobes. En effet,
chacune d’elles se partage en rameaux, puis en ramus-
cules quise terminent en culs-de-sac. Toutes les ramifica-
tions sont droites et disposées en faisceaux, et comme
leur nombre augmente beaucoup à mesure qu’elles s’é-
loignent du point de départ, il en résulte que chaque
lobe est disposé en éventail. Le liquide qu’elles renferment
est clair, incoagulable spontanément, et son inspection
microscopique ne montre que des globules rares de
grosseurs variées, parmi lesquels on distingue aussi des
vésicules graisseuses.
Après avoir fendu le vérumontanum en avant , on cb-
serve facilement les six ouvertures qui servent d’embou-
chure aux organes que nous venons d’énumérer. Les
deux supérieures sont destinées aux vésicules séminales, les
trous intermédiaires correspondent aux canaux déférens,
et les orifices inférieurs communiquent avec le conduit
des vésicules accessoires. Le canal de l’urètre se rétrécit
au-dessous de cet endroit, et va se rendre dans le pénis,
dont le gland présente quelques particularités remar-
quables. Sa portion supérieure se renfle en une crête
oblongue déprimée , qui semble fixée au gland par deux
ailerons latéraux. Entre ceux-ci, se trouve une languette
mobile, dont la pointe se termine par lorifice de l’urètre.
On voit que les vésicules séminales du Hérisson n’ont
point l’usage d’un réservoir destiné à rassembler le liquide
fourni par le testicule. Elles sont remplies d’un liquide tout-
à-fait particulier et qu’elles sécrètent probablement elles-
mêmes. Celui-ci se mélange à la liqueur des déférens,
à celles des vésicules séminäles , et c’est-là ce qui constitue
(172)
le sperme. émis par l'animal au moment de l'éjaculationr.
Cochon-d’Inde.-—Chez cet animal, et en général dans
tous les Rats, les organes préparateurs de la semence
sont nombreux , fortement développés , et sécrètent leurs
divers produits avec une richesse et une abondance en
harmonie avec ce que nous connaissons de leur fécondité.
Le testicule n’offre rien de remarquable, il est presque
rond , et son parenchyme se compose , comme à l’ordi-
naire , de vaisseaux spermatiques répliés sur eux-mêmes,
de manière à ce que les deux portions fléchies soient
presque Loujours juxta-posées. Ceux-ci ont ün tiers demil-
limètre de diamètre, et sont très-friables. Un tissu cellu-
laire lâche les réunit, mais il se laisse déchirer assez fa-
cilement, quoique moins bien que dans le surmulot, Une
masse graisseuse fort considérable accompagne toujours
le testicule et adhère à son sommet; elle n’offre aucune
disposition bien déterminée d’ailleurs, et ne mériterait
pas d’être remarquée s’il n'existait dans les batraciens
un appareil graisseux fort singulier par sa forme, qui a
beaucoup excité la curiosité des anatomistes. La règle
des positions semble indiquer que ces deux appendices
sont de même nature,
L'Epididyme a une forme moins alongée que chez les
autres mammifères , et la partie que l’on nomme sa tête
est très-grosse comparativement au reste: Les vaisseaux |
spermatique:, au nombre de douze ou quinze, percent
l’albuginée à la partie supérieure et postérieure du testi-
cule pour aller le former. Le canal déférent qui lui fait
suile est assez court, point flexueux , d’une épaisseur de
deux à trois millimètres, tandis que sa canaliculation
présente à peine un millimètre de diamètre.
oo
(175)
En arrière de la vessie on observe deux boyaux longs,
tortueux et bosselés ; deux membranes forment leurs
parois , l’une interne , d’untissu muqueux; l’autre externe,
blanche , cassante, parfaitement unie et assez semblable
à l’enveloppe des artères. Elle est très-contractile, et
son action chasse dans l’urètre la matière dont la vèsicule
est remplie. Si l’on perce l’organe , la force avec laquelle
elle s'échappe par l'ouverture, montre qu’elle éprouve
une pression assez considérable. À leur base, ces deux
boyaux ont environ huit millimètres de diamètre, et serap-
prochenttellement qu’ils semblentn’en former qu’un seul.
Ils ne se confondent pourtant pas et viennent s’ouvrir dans
l’urètre par des orifices distincts. Leur longueur est de
douze centimètres environ, et leur sommet se termine
par un cul-de-sac rétréci graduellement, de manière à
w’avoir que deux ou trois millimètres de diamètre,
À la partie inférieure des organes que nous venons de
décrire , on remarque une masse vésiculaire confuse, qui
semble pourtant observer une tendance à se partager en
quaire faisceaux , deux de chaque côté du canal de l’u-
rèlre ; ce sont les vésicules accessoires qui consistent en
un très-grand nombre de culs-de-sac droits, juxta-posés,
liés entr’eux par un tissu cellulaire , et recouverts d’une
membrane cotonneuse. Leur longueur est de dix à douze
millimètres , ils se réunissent à leur base, et forment
ainsi un certain nombre de canaux qui vont s’ouvrir dans
le vérumontanum,
Un peu plus bas, à droite et à gauche du canal de
l'urètre , se trouvent les glandes de Cowper ; elles sont
renfermées dans de petits sacs membraneux , et placées
entre les muscles. de la verge, qui déterminent par leur
(174)
contraciion la sortie du liquide qu’elles contiennent, Elles
ont la forme d’un panache, et l’on remarque à leur partie
postérieure le petit canal excréteur qui doit amener dans
l’urêtre le liquide qu'elles séparent du sang. Ils percent sa
paroi à la hauteur des corps caverneux et s’y jettent par
deux embouchures distinctes. Quant aux autres appareils ,
leurs communications avec l’urètre sont placées plus
haut, et précisément dans le vérumontanam. Un peu au-
dessous du col de la vessie , on observe dans le canal de
l’urètre une fossette ovale , recouverte de deux lèvres
membraneuses, séparées par une fente dans le sens de
leur longueur. C’est au fond de la cavité qu’elles pro-
duisent , et sur ses côtés que viennent s’ouvrir les vésicules
séminales par deux trous séparés au moyen d’un petit
renflemént arrondi, placé sur la ligne médiane de lu-
rètre. C’est à la partie inférieure de cette saillie que se
trouvent les orifices des canaux déférens; un peu au-
dessous, elle se rétrécit brusquement -et se réunit à la
partie inférieure des languettes membraneuses qui se sont
prolongées jusques-là , et qui laissent voir sur leur tran-
chant plusieurs orifices destinés à livrer passage au li-
quide des vésicules accessoires.
On voit par-là, que les testicules et les deux ordres
de vésicules débouchent à-peu-près au même point de
l’'urètre , et qu’ils ne sont joints par le liquide des glandes
de Cowper, qu'après avoir parcouru une partie de ce
canal. Il nous reste à examiner le liquide que fournit
chacun de ces organes, et nous pourrons alors nous.
former une idée précise de la nature des matières émises
pendant l’acte de la copuiation.
Les diverses sections du testicule laissent transsuder
(155)
nn liquide épais et blanchâtre , qui, délayé dans de la
salive ou de l’eau pure, offre au microscope une foule
d’animalcules mouvans , plus longs que ceux du chien,
du lapin ou du chat, mais très-rapprochés pour les di-
mensions ou la forme de ceux que nous avons reconnus
dans le putois. Leur tête est circulaire , plate et marquée
dans le milieu d’un cercle plus transparent que le bord.
Leur queue est longue , assez large , ondulée dans l’état
de mort ou pendant la progression. Mais lorsqu'ils sont
agités sans locomotion sensible, elle est courbée en arc
et semble inflexible ; ils sont d’ailleurs mêlés de matières
hétérogènes qui ne peuvent provenir que du tissu du tes:
ticule, et qui offrent la même apparence que les frag-
mens qu’on en détache.
L’épididyme est gorgé d’un liquide blanc, d'apparence
laiteuse. Pris à l’origine ou à la fin du canal, et délayé
comme à l’ordinaire , il offre toujours des animalcules
en grand nombre et sans aucun mélange de substances
étrangères. Leur forme est identique avec celle des pré-
cédens. Le canal déférent donne lieu aux mêmes obser-
valions; les animalcules s’y montrent nets et pleins de vie.
La matière contenue dans les vésicules séminales est
épaisse, transparente, opaline et comme pulpeuse; elle
s’épaissit rapidement à l’air, et devient alors concrète,
blancheet friable. En se desséchant, elle prend un aspect
corné. On l’examine au microscope, seule ou délayée
dans un peu de salive, elle ne présente que des globules
transparens , souvent aglomérés, mais faciles à séparer.
Dans plusieurs expériences, nous n’avons pas trouvé
d’autre substance dans les vésicules , mais quelquefois la
base de ce boyau était plus blanche qu’à l'ordinaire et
contenait des animalcules, Geux-ci provenaient d’un peu de
(176)
liquide reflué du canal déférent, se voyaient mélés à une
grande quantité de la substance propre aux vésicules
Dans quelques occasions, nous avons observé que la portion
de liquide en contact avec la membrane muqueuse, en
contenait jusques au sommet des culs de-sac. Ils étaient
en mozvement, dans l’unet l’autre cas identiques avec ceux
du canal déférent, mais disséminés dans une grande masse
de la matière propre aux vésicules elles-mêmes.
La liqueur des vésicules accessoires est transparente,
très- fluide, incoagulable spontanément ; elle ne montre
au microscope aucun animalcule, mais seulement quel-
ques globules gros, rares, différens en volume et d’un
aspect qui rappelle celui des gouttelettes de graisse. Enfin,
on peut extraire des glandes de Cowper, au moyen des
procédés que nous avons déjà fait connaître, un liquide
blanc laiteux, rempli de globules très-petits, de la
même dimension que ceux qu’on observe dans le lait.
On voit donc qu’au milieu de tous ces appareils variés,
la constance de l’emploi du testicule se fait remarquer
de la manière Ja plus satisfaisante ; lni seul sécrète des
animalcules et les autres glandes fournissent à la liqueur
séminale des matériaux tout-à-fait différens dont nous ne
saurions encore assigner, il est vrai, l'utilité, mais qui
jouent probablement un rôle secondaire. Nous n’avons
pas eu l’occasion d'examiner la liqueur éjaculée par ces
animaux à l'instant de la copulalion , et nous ne pouvons
présenter, par conséquent, aucune donnée sur les propor-
tions relativesde ces divers produits. On sent assez qu'elles
doivent être d’ailleurs très-variables selonles circonstances.
Le rôle des vésicules séminales n’est donc pas ici,
comme dans le lapin, celui d’un simple réservoir des |
liqueurs versées dans le bulbe de l’urètre par les autres
var
(yra)
organes. Elles renferment , en effet , une matière qui ne
ressemble en rien à celles qu’ils pourraient y amener.
Cette différence a été très-judicieusement signalée par
M. Andral, et mériterait peut-être de fixer l’attention des
lexpérimentateurs. Il se peut que ce soit effectivement
[une sécrétion particulière qui se passerait dans la mem-
|brane des vésicules elle-même, mais il est bien possible
aussi que ces réservoirs reçoivent les liqueurs produites
lpar les vésicules accessoires et les glandes de Cowper, et
| qu’une altération subséquente détermine la variation dont
| nous avons parlé.
Les observations que nous venons de parcourir relati-
vement au Cochon -d’Inde, nous les avons faites de nou-
| veau sur le Surmulot , et comme ces dernières se bor-
| neraient àune simple répétition des mêmes circonstances,
| il nous semble peu nécessaire de nous étendre sur des
| détails superflus. Les animalcules de cet animal ont une
longueur considérable , se meuvent avec vivacité , et
agent à la manière des anguilles, dont ils ont à-peu-
| près la forme ; car leur lête est moins grosse , relative-
ment à la queue , que dans les animaux précédens. Elle
offre ceci de remarquable, qu’elle est marquetée de
| points translucides lorsqu'on l’examine de champ , et ce
| caractère singulier se retrouve dans le Rat, la Souris
blanche et la Souris grise. Vue de côté , la tête ne se
distinguerait plus de la queue , si elle n’était dirigée
d’une facon anguleuse, ce qui la rend aisée à reconnaître.
Le testicule du Surmulot est d’une telle simplicité,
que l’on trouverait beaucoup d'avantage à l’étudier dans
le plus grand détail. Il serait facile ensuite de se former
des autres une idée suflisamment approchée , quoique
© 12
( 178 )
ilsoit presque impossible de parvenir à séparer complète-
ment leurs diverses parties. L’Albuginée minceet trans-
parente permet de voir les vaisseaux spermatiques qu’elle
renferme. Ceux-ci présentent une masse de canaux d’en-
viron un demi-millimètre de diamètre, parallèles en-
tr’eux et placés dans une direction perpendiculaire à
l'axe du testicule. Ils semblent continus dans toute leur
longueur , et lorsqu'ils arrivent à la surface de l’organe ,
ils se contournent brusquement en anse très-serrée , et
reviennent sur eux-mêmes dans une direction opposée.
Ces canaux sont fort transparens , élastiques ; mais
très-friables et d’un tissu qui rappelle celui de la corne,
quoique d’ ailleurs d’une grande délicatesse. Ils se bri-
sent avec beaucoup de facilité , et nous avons cru re-
marquer que celte circonstance se retrouve chez toutes
les classes d'animaux où ils sont apparens. Après ces ob-
servations générales, nous avons voulu nous former
une idée du nombre et de la disposition de ces canaux,
et nous en avons trouvé dix à douze seulement à la sortié
du testicule. Nous avons alors cherché s’ils ne nous offri-
rajent pas quelque terminaison ou des anastomoses , et,
malgré tous nos soins, il nous a été impossible d’en
découvrir aucune. Il paraît donc que le testicule du
Surmulot est formé tout simplement de plusieurs tuyaux |
continus extraordinairement longs, repliés sur eux-
mêmes un très-grand nombre de fois , et dont les bouts}
viennent verser au-dehors de l’organe les matières qui |
s’y sont accumulées. Un tissu cellulaire rare réunit entre
elles leurs diverses portions, et sert aussi à maintenif |
dans la position la plus convenable les vaisseaux sanguins |
qui s’y distribuent, Le cours de l'artère est remarqué |
(179)
ble. Elle pénètre dans le testicule à sa partie supérieure
et postérieure, et lorsqu'elle est arrivée à l’intérieur,
on ne la voit point se ramifier en un grand nombre de
subdivisions : bien au contraire , elle serpente entre les
vaisseaux spermatiques sans se bifurquer, et présente
comme eux des flexions très-nombreuses , mais moins
prononcées. La veine ne suit pas son cours , elle chemine
plus directement , et ne s’en rapproche que très-près
du lieu où elles vont l’une et l’autre percer la mem-
brane albuginée. Gelle-cine contracte aucune adhérence
_avec le parenchyme du testicule , et semble seulement
destinée à contenir l’appareil qui s’observe dans son in-
térieur ; elle s’en sépare partout avec beaucoup de faci-
lité , excepté toutefois dans le lieu par où passent les
vaisseaux sanguins et spermatiques.
Dans l’homme , et beaucoup d’autres mammifères , la
structure du testicule est moins facile à saisir. Elle se
compliqué d’un accident de peu d'importance qui ne
se présente pas d’une manière sensible chez la plupart
des Rats. A la partie interne et postérieure de l’organe,
on remarque un renflement de l’albuginée , ligamen-
teux , plus ou moins résistant , que l’on a nommé le corps
d'Hygmore , cet anatomiste en ayant donné le premier
une descriplion complète et exacte. Il en part des filets
membraneux ou fibreux , qui vont se perdre en rayon-
nant dans la masse du testicule , ou s'attacher à la surface
intérieure. Il est évident que l’usage de cet appareil
consiste à maintenir en leur place les diverses portions
de l’organe.
Nous avons pu , grâces à la complaisante amitié de
-M. Colladon, membre distingué de la Société de Phy-
12..
( 180 )
sique à Genève , soumettre à diverses reprises les liqueurs -
spermatiques de la Souris blanche et de la Souris grise à un
examen comparatiftrès-soigné. L'identité de leurs animal-
cules est complète , soit pour la longueur absolue , soit
pour la forme du renflement céphalique qui, comme nous
l'avons déjà dit , présente des caractères particuliers. A
l’époque où nous étions occupés de cette recherche in-
téressante, M. Colladon fit connaître à la Société de
physique le résultat des observations qu’il faisait avec
zèle et sagacité sur ces deux races de la Souris depuis
quelques années. Les variétés bianche et grise s’accou-
plent sans difficultés; mais les petits qu’elles produisent,
n’offrent aucun mélange de nuance dans Île . pelage.
Quelle que soit la combinaison de mâle et de femelle
qu’on emploie , la génération qui en provient, renferme
des individus blancs et des individus gris en nombre va-
riable; il ne se présente jamais de métis. Il en est de
même si l’on forme de nouvelles associations avec les
Souris blanches et les Souris grises de cette première
génération ; cette singularité se conserve encore à la
troisième , et probablement elle persisterait malgré tous
les mélanges successifs , puisque le nombre considérable
de portées dont on a été Lémoin dans cesrecherches , n’a
pu faire apercevoir d’altération dans la pureté des ty-
pes gris et blancs originels.
Ces circonstances se concoivent aisément , lorsqu'on
admet avec tous les naturalistes l'identité de l’espèce, et
qu’on envisage simplement l’état particulier du pelage
comme une maladie semblable à celle qui produit les
albinos dans l’homme. Mais elles n’en sont pas moins
remarquables, et nous devons souhaiter qu’elles soient
( 181 })
bienlôt publiéesavec tout le détail nécessaire , puisqu’elles.
ont pour objet de jeter quelque jour sur l'histoire des,
métis , l’un des points de la génération des êtres orga-
nisés qui nous promet le plus de lumière relativement
à l'influence particulière au mâle , et à celle que nos ob-
servations subséquentes tendent à placer dans la femelle.
Si le point de vue que nos travaux nons ont amenés à
choisir , semble digne de quelque attention , c’est dans
l'examen attentif des productions Hybrides et des aber-
rations monstrueuses , que l’on peut espérer de trouver
une sorte de contre - épreuve des principes que nous
avons adoptés.
Passons en revue maintenant quelques mammifères ,
sans nous arrêter à la description de leurs organes géné-
rateurs. Nous sommes bien certains , en effet, que letes-
ticule seul produit des animaleules, et que si nous voulons
examiner ces derniers dans les conditions les plus favo-
rables , nous devons les prendre dans le canal déférent ,
et les délayer d’un peu d’eau pure ou de salive. Ges con-
ditions sont simples et faciles à observer ; en sorte que
nous les mentionnons ici une fois pour toutes. Nous re-
grettons vivement d’avoir si peu d’animaux à comparer
sous ce point de vue; mais il nous semble néanmoins
que leur nombre est assez considérable pour fournir les
considérations qui nous sont utiles, et nous espérons
qu’on poursuivra dorénavant ces recherches avec plus
de zèle et d’une manière générale.
Les animalcules du Cheval, ceux de l’Ane, du Tau-
reau et les appareils générateurs du Mulet, vont fixer
notre attention. On conçoit l'utilité d’une comparaison
semblable , lorsqu'on réfléchit à la facilité avec laquelle
( 182)
ces trois espèces peuvent croiser entr’elles. Detous ces ani-
maux ,le Gheval était le seul que nouseussions examiné,
lors de la publication de notre essai sur les animalcules
spermatiques ; depuis lors , nous ayons eu de fréquentes
occasions de vérifier no$ premiers résultats. Les testi-
cules et le canal déférent nous ont fourni toujours de
nombreux animalcuüies très-viyans , mème douze heures
après l’extirpation des organes. Leur tête est arrondie ,
marquée au centre d’un point globuleux et clair, leur
longueur est de 0,050 à 0,""055. Spallanzani, de
Gleichen et plus anciennementHill, avaient déjà reconnu
leur existence dans la liqueur obtenue par éjaculation
dans les haras. |
Plusieurs appareils générateurs de l’Ane ont été le su -
jet de nos observations. Dans tous , nous avons reconnu
des animalcules fort analogues à ceux du Cheval , mais
qui semblaient avoir la tête plus ovale. Leur longueur
totale était de o,""060, c'est-à-dire, à-peu près la
même. M. de Gleichen nous paraît être le premier na-
turaliste qni les ait décrits ; mais comme le dessin qu’il
en a donné , de même que tous ceux que renferme son
ouvrage, à élé fait d’après une liqueur éjaculée , on y
trouve non-seulement des animalcules , mais encore d’au-
trés malières organiques fournies par les glandes secon -
daires de l’appareil mâle.
Nous avons aussi observé soigneusement les liqueurs
retirées du testicule ou de l’épididyme de plusieurs Tau-
reaux. Nous avons eu même la facilité de comparer une
fois les animalcules que nous en obtenions avec ceux du
Cheval donton nous avait apporté les organes en même-
temps. La forme est analogue; mais ceux du Tauréau ne
(185)
nous offrirent pas ces taches circulaires et plus blanches
que nous rencontrons dans les animalcules du Cheval .
et de l’Ane, leur longueur est de 0,°"058 à 0,""06» ;
c’est-à-dire, semblable à celle que nous avons reconnue
dans les animaux précédens, M. de Gleichen , qui avait
beaucoup de facilité pour se procurer la liqueur émise
par les Taureaux à l'instant du coït, en a fait le sujet
d’un très-grand nombre d'observations. Ce sperme a,
selon lui , l'odeur et la couleur de l’eau de colle, etil pense
avoir trouvé beaucoup plus d’animalcules dans celui des
jeunes animaux , que dans celui des Taureaux plus âgés.
On conçoit que nous étions intéressés , pour rendre
cette histoire complète, à comprendre dans notre investi-
gation les organes du Mulet, de ce singulier animal au-
quel on refuse , presque d’un commun accord , la faculté
fécondante. Quoique beaucoup d’écrivains aient sup:
posé qu’il était capable d’engendrer, particulièrement
avec la Jument , nous n’avons pas encore trouvé sur
ce point une seule preuve du fait. Parmi ceux qui sont
le plus disposés à le croire , nous n’en voyons aucun qui
puisse fournir des détails suffisamment précis. Les autres,
au contraire , citent en leur faveur une foule d’essais
infruciueux. Il en est de cette question comme de tous
les cas où les personnes qui se vouent aux sciences sont
appelées à se prononcer sur des résultats négatifs. Un
témoignage positif suffirait pour annuller la valeur de
tous les autres , quelque mulüpliés qu'ils fussent, Il de-
vient donc fort épineux de prendre une opinion arrêtée , et
dans la circonstance présente , nous nous bornerons à
énoncer qu'il est fort probable, si l’on s’en tient à la ma-
jorité des avis , que le plus grand nombre des Mulets
1
(184)
n’est pas apte à la propagation. Dansles grandes fermes
de l'Amérique où il se trouve d'immenses troupeaux de
Mulets , on cite quelques exemples de fécondation. Les
circonstances , en cette occasion , sont bien favorables,
puisqu'on peut observer plusieurs milliers de Mulets
mâles. Cependant les cas où ils ont paru propres à la
propagalion sont presque aussi rares et non moins équi-
voques que les observations faites en Europe. On con-
çoit d’ailleurs que l’on ne peut affirmer avec certitude
que le Mulet soit inhabile à la génération ; mais on a
du moins des preuves très-positives et plus que sufh-.
santes , pour montrer combien il est rare que l'exercice
de cette fonction lui soit accordé.
Quoiqu'il en soit, dans le fond , ik importait beaucoup:
à potre point de vue de savoir s’il existait des animal-
cules dans ses appareils générateurs , et de connaître
leur forme etleur longueur di 6 béta aux espèces.
d’où il'provient.
Nous nous sommes procuré un Mulet d’une douzaine
d'années et qui montrait des sfgnes d’ardeur non équi-
voques. On l’a tué , ct nous avons examiné de suite tout
son appareil générateur avec le plus grand soin. Il ne
nous a pas été possible d’y reucontrer autre chose que
des globules , tels que ceux que nous rencontrons dans
les animaux impubères. Les testicules étaient remplis
d’un fluide opalin , très-abondant et qu’on aurait con-
fondu facilement à l'œil avec la liqueur spermatique la
plus parfaite ; mais sous le microscope , on ne pouvait
y percevoir autre chose que des corpuscules immobiles
dont nous donnons le dessin. Les vésicules séminales et
le canal déférent contenaient le même liquide et repro-
( 185 )
duisirent la même apparence ; la prostate offrait au
contraire une liqueur jaune-sale , dans laquelle flottaient
des globules rares et plus petits.
M. de Gleichen qui avait l’intime conviction de Pexi-
stence des animalcules dans le Mulet, avoue pourtant
qu’il ne lui a pas été possible d’en apercevoir. Il est
vrai qu'il l’attribue plutôt à l’âge du Mulet qui avait
plus de dix ans, qu'à tout autre cause, et il pense que
son expérience prouve seulement l’absence des animal-
cules dans les vieux animaux. Or, comme nous avons
vu nous-mêmes des étalons fort eslimés, quoiqu’ils eus-
sent plus de quinze ans, il nous est impossible d’admet-
re une tel'e explication. M. de Gleichen cite encore des
tentalives faites pour obtenir un accouplement fécon-
dant entre les Mulets et les Jumens. L’acte en lui-même
se passait comme à l’ordinaire et sans difficulté; mais
les femelles ne retenaient pas. Malgré toutes les preuves
qu'il accumule ainsi contre sa propre opinion , car il
croyait que les animalcules étaient nécessaires à la géné-
ration, il n'en conclut pas moins que le Mulet doit être
babile à la réproduction comme toutes les autres espèces.
Nous avons pu faire aussi de fréquentes observations
sur les animalcules du Bouc. Ils ont une extrême viva-
cité dans leurs mouvemens et se rapprochent d’une ma-
bière remarquable de ceux du Lapin, soit par la lon-
gueur , soit par la forme. Il en est de même des animal-
cules du Bélier. Nous n’avons pas besoin de faire obser-
ver, quant à ces derniers , que les remarques dont
Lcewenhoeck a publié les détails sont entièrement fausses.
H à cru reconnaître déjà chez eux les mœurs particu-
Hères de l’espèce et leur disposition à errer par troupes
( 186)
nombreuses. De telles hallucinations se réfutent d’elles-
mêmes , et ont malheureusement discrédité dès sa nais-
sance le système de la génération, d’ailleurs fort bizarre,
auquel cet observateur habile s’était arrêté. Nous le dis-
cuterons par la suite, et l’on verra combien ses idées
étaient peu rationnelles , et surtout peu conformes aux
faits généraux de l’existence fétale.
C’est ici que se terminent nos observations sur les
mammifères. Nous eussions bien désiré pouvoir y join-
dre quelques détails particuliers relativement à la pro-
duction du liquide séminal chez l’homme ; mais nous
avons résolu dès l'instant où nous avons entrepris ces re-
cherches de ne point nousen occuper. Il est inutile d’in-
sister sur les raisons qui nous ont engagés à prendre une
telle détermination ; elles sont de nature à pouvoir être
comprises et appréciées par la plus légère réflexion. Nous
espérons toutefois que ce sujet fixera l’attention de quel-
que anatomiste habile ,et qu’on trouvera , surtout à Paris,
dans les cadavres des malheureux frappés par la loi , les
moyens de remplir une lacune qui n’a pourtant pas beau-
coup d'importance. Nous n’ignorons pas , en eflet, que
l’homme possède aussi des animalcules , puisque c’est
sur une telle liqueur qu'ils furent vus par Leewenhoeck
pour la première fois. Depuis cette époque, ils ont élé
fréquemment observés , etnous ne citerons ici que de
Gleichen, Buffon et Spallanzani dont les expériences
doivent suflire pour confirmer le témoignage de Leewen-
hoeck et d'Hartsæker. Si la semence de l’homme ren-
ferme des animalcules, il.ne reste donc qu'à fixer leur
dimension absolue pour rendre faciles les comparaisons
qu’on désirerait établirentrel’espèce humaineét les mam-
(187)
mifères qui l’avoisinent. Pour donner à de telles expé-
riences une utilité réelle et indépendante de la simple
curiosité , l’en devrait donc commencer par un examen
attentif des animalcules de quelques singes. Si nous
en eussions trouvé l’occasion, nousaurions cherché plus
soigneusement peut-être à nous procurer des cadavres
humains qui fussent propres à ce genre d'expériences ;
mais dans l’état actuel de la question, on conçoit sans
difficulté que l’histoire des animalcules de l’homme n'of-
fre qu’un intérêt trop faible pour engager des observa-
teurs délicats à surmonter le dégoût qu’inspire une sem-
blable investigation.
Nor£ sur un nouveau genre de la famille des
Néritacées (1);
Par G. P. Desmayes,
Membre de la Société d'Histoire naturelle de Paris.
Dans la famille ‘des Néritacées de M. Lamarck , for-
mée des quatres genres Navicelle ( Septaires. Ferussac) $
(1) Cette Notice fut communiquée à la Société d’his-
toire naturelle, dans sa séance du 19 décembre 18253. Je
proposai de donuer au nouveau genre le nom de Tomos-
tome (T'omostoma) , mais j'ignorais alorsque M. Sowerby,
dansle Numéro de novembre de son Mineral conchology,
en avait donné connaissance sous une autre dénomination.
Pour éviter de donner deux noms aux mêmes objets , ce
qui occasionne toujours une confusion désagréable pour
l'étude , j'ai adopté le nom générique de M. Sowerby ,
ainsi que les noms spécifiques pour les deux premières es-
pèces. Ce mémoire renferme des détails qui avaient
( 188 )
Néritine , Nérite et Natice , on a sans douteremarquéune:
transition assez brusque entre les Navicelles et les Né-
ritines ; en eflet , les Navicelles sembleraient , d’après
leur forme et d’après l’espèce de cloison qui partage
leur cavité , appartenir plutôt à la famille des Calyptra-
ciens dans laquelle des Conchyliologues distingués les
avaient rangés ; mais si nous faisons attention que dans
les Crépidules qui s’en rapprochent pour la forme , la
coquille est toujours irrégulière , que le sommet incliné
sur le bord ne présente rien de fixe dans sa position ,
que la lame septiforme elle-même se ressent de l’irré-
gularité générale , et si ensuite nous voyons les animaux
qu'elles contiennent vivre comme tous les Calyptraciens,
fixés sur les corps sous-marins , dont ils prennent pour
ainsi dire, l'empreinte , soit par leurs bords , soit même
par leur forme générale ; si nous ajoutons enfin que les
Crépidules sont toujours dépourvues d’opercules , on
sentira mieux les différences essentielles qui doivent éloi-
gner les Crépidules des Navicelles , puisque celles-ci sont
toujours régulières, operculées comme les Néritines , ce
qui donne lieu de penser que leur animal est éloigné du
genre de vie propre à celui des Crépidules. Ge qui ajoute
une présomption de plus pour les séparer , c'est que les
Crépidules vivent dans la mer , les Navicelles au con-
traire n’habitent que les eaux douces.
On remarque une lacune considérable entre les Na-
vicelles et les Néritines ; les premières n’offrent point de
spire , sont presque patelliformes , les secondes se mon-
échappé à cet observateur, et contient de plus une espèce
qu’il n’a pas cunnue.
{189 )
tfent globuleuses et possèdent constamment une spire:
il était donc à désirer que l’on pût trouver des coquil-
lages qui remplissent cet intervalle, qui servissent de
transition du premier de ces genres au suivant ; tel est
aussi le résultat que l’on peut atteindre au moyen de
notre nouveau genre.
Nous ne présenterons point de coquilles vivantes ,
nous n’en connaissons aucune qui puisse se placer dans
le nouveau genre. Les espèces que nous allons décrire ,
sont des coquilles fossiles , aussi intéressantes par le
passage qu’elles forment , que par leur gissement. En
effet, deux d’entr’elles furent trouvées en Angleterre dans
l’Oolite , terrain ancien , qui semble exclure les coquilies
littorales dans presque toules les circonstances, et qui,
ici , les montre avecune sorte de profusion. On y rencontre
aussi des Gérites, des Turbos , des Toupies , des Térébra-
tules , des Polipiers , et d’autres corps quiontde l’analogie
avec desportions d’Encrinites , et ce qui est remarquable ,
c’est qu'ils offrent tous de nouvelles espèces. Tous ces corps
ont élé découverts et recueillis par M. Miller, célèbre géo-
logue anglais ,et m'ont été communiqués par M. Onder-
wood. La troisième espèce vient du calcaire grossier des
environs de Paris, de Mouchy-le-Châtel près Beauvais
où nous l'avons découverte , et d’où M. Defrance,
depuis, en a reçu quelques-unes, et de Houdan, où
M. Lambotin l’a trouvée le premier.
Genre Prréoze , Pileolus , coquille patelliforme , ré-
gulière, elliptique ou circulaire, conique, sommet
droit ou légérement en spirale , incliné en arrière ; face
“inférieure concave , tranchante sur ses bords ; ouverture
entière, petite, à peine du tiers de la face inférieure ,
(190 )
bord columellaire denté ou strié, bord droit lisse.
Observations. Il est évident, du moins pour nous, que
le genre Piléole fait le passage des Navicelles ou Septaires |
aux Néritines. Nous voyons en effet le sommetcommencer
à se relever , à quitter le bord pour devenir subcentral , et
même , dans une espèce , montrer un commencement de
spire inclinée à droite, ce qui donne une indication pré-
cieuse pour placer convenablement ce genre. Ainsi, la
famille des Néritacées de M. Lamarck, composée d’a-
bord de quatre genres , en renfermera désormais cinq, si
les Gonchyliologues adoptent le nôtre , ce sera dans l’ordre
suivant qu'ils devront être placés pour se trouver dans
leurs rapports les plus naturels : 1.° Navicelle, 2.° Pi-
léole , 3.° Néritine, 4.° Nérite , 5.° Natice. Lorsque des
observations assez bien faites et assez nombreuses auront
prouvé d’une manière précise et rigoureuse que les Né-
ritines et les Nérites , quoique vivant dans des circonslän-
ces différentes , les unes dansles eaux douces , les autres
dans les éaux de la mer , sont pourtant d’une seule ori-
gine ; et sortent d’un même type primitif modifié , sui-
vant les causes locales d’habitalion , alors seulement ;
l’un des deux genres étant supprimé , la famille des Né- |
rilacées restera composée de quatre genres. Il seraitim-
portant de décider si le genre Piléole est marin ou fluvia- |
tile ; nous ne nous dissimulons pas la difficulté que nous
aurions à le faire : nous pouvons dire pourtant qu'il est |
bién probable que les espèces trouvées en Angleterre ,
sont marines , et que celles des environs de Paris, rencon: |
trées dans des terrains marins, ont dû habiter les mers |
qui couvraient nos contrées. On peut cependant objec- |
ter que ces terrains renferment dans un état de mélange |
(191)
et des espèces évidemment fluviatiles et des espèces ma-
rines. Cette objection très-juste a dû laisser dans notre
esprit une incertitude que des observations ultérieures
pourront peut-être détruire. Voici les trois espèces que
nous rapporterons à ce genre.
1.Piléole lisse, Pileolus levis. Sow. PL.15, fig. 1. à. b. c.
Testâ conico - depressä, lævigatâ , suborbiculatä,
vertice subcentrali, infrà concaviusculà , marginatä ,
aperturâ minimä, semi-rotundatä , columellä sublævigatä.
Habite... Fossile de Ancliff, près de Bath , Willshire.
Gette petite coquille, qui a seulement quatre millimètres
de diamètre, est très-aplatie , son ouverture est fort pe-
tite , la columelle avancée en cloison , forme près des
deux tiers de la base. Une sorte de bourrelet aplati , cir-
culaire, lenticulaire , se remarque au-dessus de la co-
lumelle : nous devons cette espèce ainsi que la suivante,
aux recherches de M. Miller.
2. Piléole plissé. Pileolus plicatus. Sow. PI 15,
fig. 2. a. b. c. Testä conicâ , costellis numerosis ornatä
verlice subcentrali, infra concaviüusculà , marginatä
aperturâ secus rotundà , columellä dentato plicatä.
Gette petite espèce a été trouvée avec la précédente;
elle se distingue très-facilement comme espèce ; ainsi
que la première , elle ressemble , vue en dehors à une
petite Patelle élégamment chargée de côtes rayonnantes
êt régulières ; son sommet est plus élevé et plus aigu,
Sa face inférieure est concave , le bourrelet columel-
laire est plus aplati et demi-ovale , la lèvre droite est
marginée.
3. Piléole néritoide. Péleola Neritoides. PI. 13,
fig. 5. a. b.c. Testà ovato-oblongà , conicä, lævigatä,
»
,
(ag2 )
apice acuto , reéurvo , spirali poslico, aperlurâ semi ro-
tundâ ; columellâ crenato-dentatä.
Habite... Fossile de Mouchy, près Beauvais et de Hou-
dan. Il est facile de reconnaître celle espèce, qui est
d’autant plus intéressante , qu’elle présente un commen-
cement de spire, ce qui fait le passage le plus sensible
aux Néritines; car , si l’on supposait la spire un peu
plus grande et plus fortement inclinée , elle appar-
tiendrait indubitablement à ce, dernier genre. Si on
la considère dans sa forme générale , elle ressemble au
premier coup-d’œil à un petit Cabochon très-régulier,
mais vu par la face inférieure , elle présente tous les
caractères des Néritines ; elle est longue de sept milli-
_ mètres.
Aucune coquille ne s'était encore présentée avec la
forme générale d’une patelle , et offrant la columelle d’une
Navicelle ou d’une Néritine. Cette modification devait
offrir encore une fois la preuve que la nature, comme
l’a dit notre zoologiste philosophe Lamarck, ne marche
jamais que par des transitions insensibles.
Canracrères des genres Oriocerus et ANOTIA , deux
nouveaux genres d’insectes hémiptères appartenant
à la famille des Cicanaires, avec la description
de plusieurs espèces ; par M. Wixciam Kimsy.
(Trans. of the Linn. societ., £. XIIE, p…i2s
épi. )
Pour peu que l’on jette un coup-d’æil sur cette fa-
(495 )
mille d’hémiptères à laquelle M. Latrcille a donné lé nom
de Cicadaires , on est frappé de la diversité très-grande
des êtres qui s’y trouvent réunis ; tandis qu'ailleurs les
distinctions génériques sont quelquefois assez nuancées
pour qu’on puisse passer d’un groupe à l’autre sans au-
cune transition sensible, ici les caractèrés sont telle-
ment tranchés que les liens naturels qui doivent réunir
les genres semblent , dans bien des cas, difhiciles à saisir.
Cette observation, que tout entomologiste est à même
de faire , conduit assez nalurellement à penser qu'il
* existe dans la famille des cicadaires et entre certains
genres plusieurs lacunes que l’observation nous permet-
tra tôt ou tard de remplir; c’est d’ailleurs ce qui vient
d’être récemment démontré par le savant M. Kirby,
connu par un grand nombre d’excellens travaux ento-
melogiques. Ayant acheté à la vente du cabinet de
M. Francillon, un envoi d'insectes ramassés en Géor-
gie par M. Abbot, il trouva parmi eux plusieurs espèces
assez semblables à des Fulgores, et ne pouvant toutefois
êlre rangées parmi aucun des genres établis par La-
treille , à cause d’un grand nombre de caractères distincts
qu'ils offraient. Il jugea qu’elles pouvaient former deux
nouveaux genres dont nous exposerons ici les caractères
en les transcrivant d’après le mémoire de M. Kirby.
Genre Oriockre, Otiocerus , Kirby.
Character essentialis.
Antennæ suboéulares ;'elongatæ , basi appendiculatæ,
Character artificialis.
Antennæ suboculares , elongatæ exarticulatæ, multian-
Ya 13
( 194 )
nulatæ epice setigeræ , basi appendiculatæ: appendiculis
antenriformibus, elongalis , tortuosis.
Oculi reniformes.
Ocelli obsoleti aut nulli.
Caput compressum, subiriangulare, suprà et infrà
bicarinatum : fronte subrostrata; rostro sæpius subas-
cendenti.
Character naturalis.
Corpus oblongum, immarginatum, parvum , agile :
cute subcornea. Caput magnum , valdè compressum,
subtriangulare [ T'ab. 14, fig. 1. suprà etinfrà bicari-
natum | fig. 2. a, a. b, b. | carinis approximatis, in-
ferioribus præcipuè, plus minus ascendentibus , supe-
rioribus interdum rectis.
Promuscis inflexa , filiformis, biarticulata : articulo
extimo brevissimo , ad basin pedum posticorum attingens.
Labrum dimidatio-conicum a naso subdistinctum , pro-
muscidis basin obtegens, nasus [ fig: 1. b. 1 elevatus,
compressus.
Genæ angustæ, lineares, ad nasum adjacentes. Oculi
[fgase:i laterales, postici, reniformes. Stemmata
seu Ocelli obsoleta vix cernenda. Antennæ [ fig. 1. d.
et fig. 8. b.] inter oculos et nasum, ex processu oblongo
iympaniformi membrana obtecta [ fig. 1. f. et fig. 8.
a. |, prodeuntes , filiformes aut subclavatæ, elongatæ,
subflexuosæ , exarticulatæ , multi annulatæ : apice um-
bilicato setigero ; seta tenuissima , basi appendiculatæ.
Appendiculis unica vel duabus [ fig. 1. ee, et fig. 8. c.],
antennarum ferè longitudine et forma , multi-annulatis,
tortuosis , apice muticis.
Truncus subglobosus. Thorax brevissimus , postice
(195 )
bifidus : lobis [ fig. 3. ] divergentibus, utrinque de-
flexus : lateribus dilatatis rotundatis.
Seutellum cum dorsolo a quo vix distinctum sub-
rhomboidale. Postscutellum triangulare. Lumbale utrin-
que spiraculo pertusum. Pedes longitudinaliter angu-
lati : posticis saltatoriis. Coxæ quatuor anteriores elon-
gatæ , lineares : posticis brevioribus, magnis incrassatis.
Trochanteres anteriores parvi dimidiato-ovati femorum
basi subtus adnexi : posticis duobus magnis femorum
basin excipientibus. Femora filiformia. Tibiæ filiformes ,
apice calcaratæ : calcaribus minutissimis. T'arsè triar-
ticulati : anterioribus quatuor articulo extimo brevis-
_simo; posticis articulo primo sequentibus longiori , se-
cundo extimo breviori , omnibus spinulis semicoronatis,
quod non in tarsis anterioribus obtinet. T'arsi omnes
biunguiculati : unguiculis simplicibus. Elytra cuneifor-
mia, corpore duplo longiora , membranaceo-pergame-
nea (1) , neurosa ; areolis plurimis ; basalibus linearibus,
apicalibus parallelogrammicis. 4læ dimidiato-cordatæ,
pergameno-membranaceæ , elytris breviores et latiores.
Abdomen subtrigonum : carina dorsali; segmentis
dorsalibus sex, ventralibus quinque ultimo reliquis ma-
jori in medio lobato : lobo rotandato [ fig. 7. e. ]. Ano
femineo apparatu sextuplici : laminis duabus infericribus
sinu magno suprà excisis | fig. 7. a@. ] lateribus oblon-
gis , [ fig.7. d, b. ] superioribus triangularibus basi intüs
rectangulis [ fig. 6. aa. |; ano masculo supra stylo
(1) L'expression de Pergameneus est employée par
Kirby dans l'introduction de son Entomotogie , pour si-
gnifier une substance intermédiaire entre la coriacée et la
membraneuse, assez semblable à du parchemin.
19.
(196)
elongato lineari basi incrassato [ fig. 4. a. ], subtus for-
cipe è laminis duabus foliiformibus oblongis concavis
sursum arCuatis intüs nipirnns sinuatis [ fig: 4 bb. 7,
instructo.
Les Otiocères ont des rapports avecles genres Fulyore
et Delphax; ils se rapprochent des premiers par leur
front prolongé en pointe et des derniers par les yeux
réniformes et les antennes alongées ; ils se distinguent en-
suite des uns.et des autres par plusieurs caractères: par-
ticuliers dont quelques-uns sont vraiment remarquables ;
tels sont, par exemple, la tête comprimée avec une dou-
ble crête en dessus et en dessous; les antennes sans
articulations et seulement très-annelées, présentant à
leur base un et même-deux appendices ou oreillettes ,
longs et tortueux, circonstance qui ne se rencontre dans
dans aucun des genres de la famille des cicadaires ; en-
fin l’absence des yeux lisses, très-visibles dans les Ful-
gores-et dans les Delphax, ainsi que la structure diffé-
- rente de appareil anal des sexes. Kirby décrit huit
espèces , toutes originaires de la Géorgie. Nous ne pré-
senterons que les phrases différentielles et comparatives
qui peuvent suflir pour les distinguer.
1. O. Degcerii Kirby.
. O0. Rubescens , elytris virescente-punctatis : vasis ro-
seis ; apice: summo pollinoso-niveo. Long. corp. lin. @
3: f 3.
2. O. Stollii Kirby.
O. Rufescens , elytris alisque nigricantibus : vasis ro-
seis,, illis apice macula albida. Long, corp. din. ‘5.
3. O. Abboti Kirby.
O. Rufescens, alis lacteis , elytris pallidis nigro punc-
tatis. Long. corp. lin. @ et j' 2.
(197)
4. O: Francilloni Kirby.
O. Pallidus , alis lacteis, elytris nigro punctatis et fas-
ciatis, abdomine utrinque punctis nigris. Long. corp.
lin. © 3:
5. O. Coquebertii Kirby.
O. Pallidus, elytris vitta apice furcata, punètoque
que sanguinis. Long. corp. lin. © 3.[ Tab. 14, fig: 14. l
6. 0. Reaumurii Kirbv.'
O. Rufescente-pallidus , elytris vitta abbrévinté apice
dilatata punctisque quinque nigricantibus. Long. corp.
lin, @ ei.
7. O. :Schellenbergii Kixby.
©. Pallidus , capite sanguineo, elytris at vasis
roseis. Long. corp. lin. @ ».
8. O. Wolfi Kirby.
O. Pallidus , elytris luteolis : vitta fracta punctisque
sparsis migricantibus. Long. corp. lin. @® oi. j'oï.
Deux des mâles décrits ci-dessus , savoir : O: Stollii et
O. Abbotii , présentent deux appendices à la base des
antennes et il n’en existe qu’un dans l’O. Wolfii, de
sorte que les espèces du genre pourraient être divisées
en deux sections : 1.° Antennis masculis appendiculis
. duabus; 2° Antennis masculis appendicula uniea.
Kirby n’ayant pasles mâles de toutes les espèces ; n’a pu
“employer les deux sections qu’il propose.
Gex Anorie, Anotia. Kirby.
Charaëier essentialis.
Antènnæ suboculares , biarticulatæ : articulo p‘itno
+ brevissimo , extimo elongato infrà apicem seligero.
Character artificialis.
(198)
Antennæ suboculares, biarticulatæ : articulo primo
brevissimo , extimo elongato paulo infrà apicem setigero.
Oculi prominuli, semilunati.
Ocelli obsoleti aut nulli.
Caput compressum , subtriangulare, suprà et infrà
bicarinatum : fronte subrostrata ; rostro recto.
Observ. Character naturalisferè ut in genere præce-
denti : sed caput rosiro haud ascendenti : carinis su-
_périoribus thoracem versus divergentibus, inferioribus ap-
proximatis pectus versus convergentibus etdemüm coali-
ts. Promuscis ,brevissima vix basin pedum intermediorum
attingens. Vasus capitis fere longitudine [ Tab. 14, fig. 9.
b«]: Oculi prominentes , semilunati { fég. 9.c.]. Antennæ
capite longiores, biarticulatæ : articulo primo brevis-
simo et vix ullo (fig, 9. e. | secundo elongato, subli-
neari, Gompresso , subannulato , sursum apice obliquo
truncato et subemarginato , ex emarginatura paulo infra
apicem summum setigero [ fig. 9. d. et fig. 10, @ b. ].
Thorazxlobis subfractis, apicesubemarginatis. [ /£g.11.1.
Elytra basi antice dente prominulo reflexo, neurosa :
areolis intermediis difformibus , apicalibus pere
bus. 4lœ dimidiato-ellipticæ. ‘
Les Anoties sont intermédiaires aux Otiocères et aux Del-
phax; maiselles en diffèrent par certains(caractères. Elles
se distinguent des premiers par le manque d’appendices à
la base des antennes, par une plus grande brièveté du
bec, par les yeux sémi-lunaires et très-proéminens, par
le plus grand alongement du nez et par la différence
qui s’observe dans la disposition des nervures des ély-
tres, ainsi que par la dent angulaire de leur base an-
térieure. Elles s’éloignent des Delphax par leur tête com-
primée à deux carènes prolongées légèrement en bec;
( 199 )
par la longueur comparative des articles des antennes,
le premier article étant très-long dans les Delphax [ fig.
12. a. |, par l’absence de l’éperon, très-remarquable ,
qui arme les jambes postérieures dans ce même genre ;
par la manière différente dont les élytres sont veinées et
par leur forme ; par l’absence des yeux lisses; enfin par
les appendices de l’anus , qui, dans les Delphax, ressem-
blent davantage à ceux des Cigales de Latreille [ g. 13.1.
Kirby décrit une seule espèce propre à ce nouveau
genre ; l'individu sur lequel il établit est une femelle
dont les organes copulateurs externes ressemblent à ceux
des Otiocères.
1. À. Bonnet. Kirby.
[ Tab. 14, fig. 15. ]. Long. corp. lin. 1°.
Corpus pallidum. Caput triangulare; linea auran-
tiaca ab oculis ad rostri apicem ducta. Oculi pallidi. An-
tennæ capite longiores. Elytra lutescentia : maculis hya-
linis ; neura obliqua in disco apici propiori, nigra; costa
apicem versus sanguineo transverse lineatula , in ‘apice
ipso puncta quatuor nigricantia notanda. 4l{æ subhya-
linæ : neura disci transversa anteriori nigricanti.
Les Otiocères et les Anoties qui, à cause de leurs an-
tennes insérées immédiatement sous les yeux, appar-
tiennent à la sous-famille des Fulgorelles de Latreille,
ou au genre Fulgore de Linné , doivent être placés, selon
Kirby, dans une section particulière , à cause de l’ab-
sence des yeux lisses,
ExPLICATION DE LA PLANCHE XIV.
Détails du genre Otiocire,
Fig, 1, La tête; — a, Le rostre; hb. Le museau; —
{ 200 )
c. L’œil; — d. l’amtenne ; — ce., Les appendices des
antennes; —f. Tubercule, d’où naissent l'antenne et
les appendices. — Fig. 2. La tête vue de côté pour
montrer les carènes ; — aa. Carènes supérieures ; —
bb. Carènes inférieures. — Fig. 5. Partie du thorax ;
—a. Un de ses lobes. — Fis. 4. L’anus du mâle, vu
de côté; — a. Le prolongement stiliforme; — b. Le
prolongement foliacé. — Fig. 5. Le même, vu en
_ dessous; — aa. Les prolongemens foliacés'; — b. L’or-
gare mâle?— Fig. G. L'appareil anal de la femelle ,
vu en dessus ; —aa. Les deux lames supérieures ; —
bb. Parties des lames latérales. — Fig. 7. Le même
appareil, vu en dessous ; — aa. La paire inférieure des
lames ; — bb. Les lames latérales; —c. Le dernier
segment inférieur de l’abdomen. — Fig. 8. partie
_ de la tête d’une espèce , dont l’antenne n’a qu’un seul
appendice ; —a. Le prolongement d’où naît l’antenne;
—b. L'antenne; — c. Son appendice.
Détails du genre Anotia.—Fig. 9. La tête ; —a. Le rostre;
—b. Le museau; — c. l'œil; — d. e. l’antenne. — Fio.
10. Partie de l'antenne; —a. Son sommet émarginé;
=D; La soie. — Fig: 1 1. Partie du: Thorax ; Ha Un
de ses lobes. — ; ÿ
Quelques détails du genre Delphax, Fabr. — Fig. 12.
L’antenne; — a. Le premier article; — b. Le se-
cond ; —c. La soie. — Fig. 15. Son anus ; — a.
L’oviducte répondant à a. , de la fig. 7; — bb, lame
latérales répondant à bb. des figures 6 et 7.—Fig. 14.
Otiocerus Coquebertii. —Fig. 15. Annotia Bonetii.
( 201 )
Norice sur la vie et les travaux de Louis-CrAUuDE-
Marie RicuarD, membre de l’Enstitut , professeur
à la Faculté de Médecine de Paris, membre de la
Légion-d’honneur, etc. , etc. ;
Par M. Cnanres Kuwrx.
Des circonstances indépendantes de notre volonté,
. nous dirigent ordinairement dansle choix de nos études.
Alors des dispositions plus ou moins heureuses , plus ou
moins persévérantes conduisent à des résultats plus ou
moins satisfaisans. Mais lorsque les sciences deviennent
l’objet d’une prédilection naturelle, lorsque des talens
éminens $e joignent à une grande ardeur pour le travail,
nous voyons s’élever ces hommes supérieurs , quiouvrent
une nouyelle carrière dans les sciences et sont la gloire
de leur siècle.
Louis-Claude-Marie Richard , naquit à Versailles le
4 septembre 1754. Son père, Claude Richard , jardi-
nier du Roi à Auteuil , était un homme fort instruit , non-
- seulement dans tout ce qui était relatif à sa profession ,
mais encore dans les mathématiques , et il était chargé
de suppléer , en cas de maladie , le professeur qui don-
naitaux Pages des leçons de cette science. Louis XY,
qui le rencontrait souvent en allant visiter des jardins ,
fut frappé de la justesse de son esprit et de son extrême
franchise; il se plaisait à s’entretenir avec lui sur divers
objets , et il finit par l’honorer de sa confiance.
Claude Richard avait 16 enfans , et malgré son éco-
nomie , ne pouvant se flatter de leur laisser quelque for-
( 202 })
tune , il voulut du moins leur donner une bonne éducation.
Louis, qui était l’aîné , fut placé au collège de Ver-
non , où il se distingua par son aptitude et par son ar-
deur pour le travail, ses progrès furent très-rapides.
Dans ses heures de récréation , il apprit à dessiner et
à lever des plans , sans se douter que ce talent serait
un jour pour lui une grande ressource.
Le frère de Claude Richard avait la direction du jar-
din royal de Trianon, où se trouvaient alors réunies les
productions végétales les plus rares et les plus belles des
deux hémisphères :ce futlà , que le jeune Richard , qui
allait souvent voir son oncle , prit le goût de la botani-
que ; il passait les journées entières à examinerles plan-
tes, à les décrire et à former un petit herbier; il n’avait
qu’onze années , lorsque ce goût devint une Passion.
. La lecture de quelques voyages exalta son imagina-
tion , et il prit dès-lors la résolution de se livrer uni-
quement à l’histoire naturelle , et de-parcourir les pays
les plus éloignés et les moins connus, pour y faire des
découvertes.
À l’âge de 13 ans , il avait fini ses premières classes
et il allaitentrer en rhétorique , lorsque l'archevêque de
Paris , qui avait remarqué ses dispositions précoces , pro-
mit à Richard le père sa protection particulière , s’il
voulait faire entrer son fils dansla carrière ecclésiastique.
Cette proposition fut accueillie avec empressement par
Ja famille; mais elle déplut beaucoup à notre jeune na-
turaliste, qui se refusa à toutes les sollicitations : son
père ayant insisté, et se montrant inflexible , le jeune
homme épuisa tous les moyens de persuasion , et déses-
pérant enfin de réussir , il prit le parti de quitter la maison
( 205 )
paternelle et de venir seul à Paris. Cette démarche était
sans doute très-repréhensible , elle ne pouvait être ex-
-cusée que par l’âge de l’enfant ; mais elle prouvait une
passion si violente pour l'étude, que le père crut qu'il
serait imprudent de la contrarier, et qu'il fallait la
laisser calmer d’elle-même par le temps et par la ré-
flexion. Elle s’accrut au contraire chaque jour, et le
résultat en à été plus heureux qu’on n’aurait pu lé
prévoir.
Voilà donc un enfant de 15 ans, sans expérience ,
abandonné à lui-même , se trouvant seul à Paris, au
milieu de tous les dangers et de toutes les séductions ,
et n’ayant pour subsister, que les petites épargnes qu'il
avait faites, et une pension de 12 francs par mois,
que son père consentit à lui accorder pour quelque
temps. Qu'on se figure l’état de dénuement dans le-
quel il dut se trouver. Le père espérait toujours que
le besoin ramènerait son fils chez lui 3 mais rien au
monde ne pouvait altérer la patience du jeune Richard,
et lui faire changer une résolution de laquelle dépendait
le bonheur de sa vie. Au milieu des privations les plus
cruelles , il continua de s’instruire et suivit avec beau-
coup d’assiduité , un cours de rhétorique et de philoso-
phie au collège Mazarin. Il fallait cependant trouver un
moyen d'existence : heureusement l’art du dessin le lui
fournit. À force de démarches , il rencontra des archi-
tectes qui voulurent bien lui donner des plans à copier :
comme il s’en acquittait avec beaucoup d'intelligence ,
on lui confia d’autres travaux du même genre, qui bien-
tôt lui procurèrent au-dela de ses besoins.
Il put alors se livrer avec plus de facilité à ses études
À 204 }
favorites. La botanique, l’anatomie comparée , la z00-
logie ; la minéralogie intéressaient également sa curiosité |
et l’occupaient pendant la plus grande partie de la jour-
née ; la nuit était consacrée aux travaux lucratifs , qui
se présentaient en grand nombre ; et qui lui étaient payés
fort cher. Bientôt il ne se contenta plus de copier des.
plans, il en traça lui-même , et le: beau jardin de Straas
à Auteuil, a été exécuté d’après ses desseins. Toujours
occupé de ses projets de voyage , il profita d’un concours
de circonstances favorables pour se procurer, par ses
économies , les moyens de les réaliser. On assure que ,
lors de son départ pour l’Amérique, il avait ramassé
une somme considérable. ,
Quoique Richard fut encore très-jeune , il avait pré-
senté à l’Académie des Sciences plusieurs Mémoires , qui
avaient attiré l’attention de Bernard de Jussieu. Cegrand
botaniste l’accueillit avec bienveillance , et lui permit de
consulter sa bibliothèque et ses riches collections.
Ce qu’il avait desiré avec tant d’ardeur depuis son
enfance, se réalisa enfin en 1781. L'Académie des
Sciences le proposa à Louis XVI pour un voyage dans
la Guyane française et aux Antilles. Ce Monarque , qui
l'avait connu irès-jeune, approuva le choix de l’Aca-
démie , el promit , non-seulement de lui faire rem-
bourser à son retour tous les frais de son voyage , mais
de le recompenser encore par une pansion et une place
analogue à ses goûts. |
Richard , qui nourrissait depuis long -temps le projet
d’entreprendre un voyage dans des pays éloignés , s’y était
préparé pendant quinze ans, par l'étude. du dessin, et par
celle de toutes les parties de l’histoire naturelle , et c’est
( 205 )
un avantage qu'il avait sur presque tous ses prédéces-
seurs. Il quitta la France le 16 mai 1781. Après un
séjour de quelques mois à Cayenne, où il débarqua le
l12 décembre, il parcourut une grande partie de la
Guyane française, la Martinique , la Guadeloupe , la Ja-
maïque , Saint-Thomas , et la plupart des îles situëèes à
l'entrée du Golfe du Mexique. Zoologiste, botaniste
et minéralogiste, il décrivit et disséqua les animaux , il
analysa et dessina les plantes , il étudia le gissement des
roches ; tout fut examiné avec un égal intérêt , et cha-
que jour ajouta à la richesse de ses collections. Sous
un ciel brûlant, dans le climat le plus malsain , il ne
compta pour rien les fatigues et les dangers. IL traversa
| des plages immenses, il s'établit au milieu des. forêts ,
| il gravit les montagnes , il entra dans les crevasses en-
core fumantes des souffrières, et souvent il faillit être
victime de son zèle. Tantôt il fut sur le point d’être aban-
donné par ses guides , loin de toute habitation , tantôt
il dut craindre d’être dépouillé et peut-être massacré par
eux. Dans ces circonstances périlleuses , il trouva son
salut dans son courage et sa présence d'esprit : il sut
| dominer les misérables qui l'entouraient , et leur. im-
| poser par son intrépidité. On le vit aller à la chasse du
| jaguar, et l’attaquer, sans crainte d’être dévoré par cet
animal , qui se précipite avec fureur sur celui qui n’a fait
que le blesser.
Un séjour de huit ans dans un pays où l’on n’obtient
qu’à force d'argent qnelque secours des indigènes ; et les
frais indispensables pour la préparation et le transport de
ses collections , ayant enfin épuisé les fonds qu ’ilavaitéco-
no misés avantson départ , il écrivit en France pour s’en
( 206 )
procurer de nouveaux ; mais toutes ses demandes restë-
rent sans réponse. On était alors agité par des intérêts
trop importans pour s'occuper d’un voyageur éloigné."
Il fat donc forcé de revenir dans sa patrie , où il arriva
au mois de mai 1 789. |
La révolution avait déja commencé; la plupart des w
amis et des protecteurs de Richard avaient disparu ou
se trouvaient sans crédit. Les promesses qu’on lui avait
faites avant son départ furent oubliées , et l’on ne fit au-
cune attention aux immenses collections qu’il rapportait.
Un herbier de trois mille plantes, la plupart nouvelles,
un grand nombre de caisses remplies de quadrupèdes ,
d'oiseaux; d'insectes et de coquilles, une suite pré-
cieuse de minéraux et deroches étaient le résultat de
son voyage. On n’avait jamais vu peut - être tant de ma-
iériaux réunis par un seul homme et en sipeu detemps; w
mais celui qui les avait rassemblés avec un dévouement
si généreux , resla sans récompense et livré à des pri-
vations d'autant plus cruelles , que les fatigues d’unlong
voyage avaient aliéré sa santé. Il avait toujours été d’une
constitution faible , et il souffrait beaucoup d’une hernie
et d’un catharre chronique de la vessie, dont il avait.
été attaqué pendant son séjour en Amérique. Il sentit
le besoin de goûter quelque repos et de s’entourer de
soins affectueux, et il se maria en 1790. Dès-lors il:
sembla vouloir se séparer du monde pour ne plus vivre
que dans le sein de sa famille. L’indifférence de ses
compatriotes et ses infirmités avaient influé d’une ma-
nière fâcheuse sur son caractère, etle commerce qu'il
entretenait avec les savans se ressentit bientôt de cette
(207)
disposition de son ame. Il passa plusieurs années dans
un isolement complet , et nous ne possédons aucun tra-
vail botanique de quelque importance qui date de cette
époque. Il s’occupa beaucoup alors de zoologie. Sa
collection de coquilles était une des plus riches et des
mieux nommées , et il prétendait que sa méthode de
classification avait eu quelque influence sur les idées
de quelques auteurs justement célèbres dans cette bran-
che de l’histoire naturelle. Il paraît que ce fut dans le
même temps qu’il commença l’admirable collection de
dessins analytiques , qu’il n’a pas cessé d'augmenter jus-
qu’à la fin de sa vie.
Les nombreux témoignages d'estime qu'il reçut de la
part des savans les plus distingués de l’Europe, la justice
qu’on rendit à ses talens, et surtout un âge plus avancé
ayant rendu à son ame le calme dont il avait été privé
pendant plusieurs années ; il n’eut pas de peine à se rap-
procher de ceux qui avaient regretté sonéloignement , et
n’avaient cessé de reconnaître son mérite. Il fut choisi
pour remplir la chaire de botanique à l’École de méde-
cine ; quelques années après , il fut élu membre de la
première classe de l’Institut , dans la section de zoolo-
gie et d'anatomie comparée. La Société royale de Lon-
| dres l’admit au nombre de ses correspondans , et il fut
nommé membre de la Légion d'honneur.
La place de professeur à l’École de médecine l’obli-
geant à faire toutes les années un cours public de bo-
tanique , ilremplit cette tâche avec le plus grand succès.
|Ilne se contentait pas d'exposer les élémens de la
science et les caractères des genres , il donnait encore
(212)
des leçons d’analyse. Les plantes à la maïn , il expo-
sait dans les termes les plus simples la structure , les
rapports et les diverses modifications des organes. On
sentit tellement l'utilité de ces démonstrations , que des
botanistes déjà très instruits , ne craignirent pas de ve
nir se placer parmi les élèves, pour écouter l'illustre’
professeur. Tous les dimanches Richard faisait une her-
borisation dans la campagne. Alors il était entouré de
deux ou trois cents élèves qui se pressaient autour de.
lui : sitôt qu'il croyait pouvoir leur faire trouver une
plante intéressante , il s’enfonçait le premier dans les
marais , il franchissait les haies et les fossés , il se frayait
un chemin à'travers les broussailles:, il oubliait ses in-
firmités; on eût dit qu'il avait retrouvé toute la vigueur
de sa jeunesse. Ce ne fut que dans les dernières années:
de sa vie, et pendant une longue convalescence, qu’ils
confia le soin de ses élèves à son fils Achille Richard,»
qu'il avait instruit et qui, par les ouvrages qu'il a pu-
bliés depuis, s’est montré digne de le remplacer.
Richard était avare de son temps , il redoutait les vi-
sites: Pour être bien accueilli de lui , il fallait annoncer’
le désir de s’instruire. Le travail était son unique jouis-
sance , et lorsque les fonctions de sa place l’obligeaient
à quitter son cabinet, et qu’un beau soleil lui parais-
sait favorable à ses observations , il s’écriait avec dou-
leur : encore un jour perdu pour l’analyse !
Ge n’était ni pour sa réputation ni pour augmenter sa’ |
fortane qu'il travaillait avec tant d’ardeur ; il aimait lal |
science pour elle-même; son unique but était de mieux
connaître l’organisation desplantes, de déterminer leurs.
(- 209 )
affinités, de découvrir quelque nouvelle loi d'anatomie ou
de physiologie végétale.
Malgré la gêne qu’il éprouvait quelquefois à cause de
sa nombreuse famille, il rejetta toujours avec dédain
les propositions qui lui furent faites de s’associer à des
entreprises lucratives : ilne voulait s'occuper que de ses
analyses. Il ne put cependant conserver toujoursle calme
nécessaire pour ses méditations. Blessé de quelques atta-
ques dirigées contre ses écrits , il voulut répondre, et il
| Je fit avec une animosité qui lui attira des repliques dés-
agréables. Ges discussions , ficheuses pour son repos,
ont eu cependant un résultat utile , en ce qu'elles ont
éclairci des questions importantes , et qu'elles ont donné
lieu à la publication de plusieurs Mémoires excellens.
En 1818 , les souffrances que Richard avait jusqu'a
lors supportées avec courage el résignation. devinrent
beaucoup plus violentes, et il, fut lee de renoncer à
tout travail suivi. Une obstruction intestinale fit craindre
pour ses jours : les soins de sa famille et l’habileté. des
médecins ne purent lui rendre la santé ; mais ils calmèrent
ses douleurs et prolongèrent sa vie:, Pendant deux ans
encore il profiia de tous les intervalles de calme pour
continuer ses observations. Quelques, jours avant sa
mort , il recommanda à son fils d’arroser de petites plan-
tes dont il voulait faire l analyse. Ce fut le > juin 1821
qu’il fut enlevé aux sciences , à l’à âge deG7ans.
Quoique Richard n’ait publié qu'un petitnombre d’ ou-
vrages , il est certainement l’un des hommes de son siè-
cle qui ont le plus contribué aux progrès de la botani-
que ; l'influence qu'il a exercée se, fera sentir surtout
par les travaux de ceux qui se sont pénélrés de ses prin-
. | 14
{ s10 })
cipes, et qui marchént sur ses traces. Personne n’a
poussé plus loin l'art d'observer la nature jusques dans
les moindres détails : la difficulté d’une recherche était
pour lui une raison de s’en occuper : l'organisation la plüs
compliquée était celle qui l’intéressait le’ plus :’il passait
des mois entiefs à suivre une ‘observation , lorsqu'elle
lui paraissait devoir répandre quelque lumière Sur un
point encore ‘obscur. Il possédait au plus haut degré Part
du dessin. Toutes ses figures offrent les détails les ‘plus
minutieux , avec une netteté et une exactitude admi
rables ; il savait que c’est seulement par de telles ana
lÿses qu'on parvient à faire d’heureux rapprochemens.
Ses écrits sont quelquefois ‘d’un siyle négligé ; mais il
n’én est aucun qui ne contienne des obsérvations neuves
et proféndes , ét le peu d'ouvrages qu’il a laissés suffisent
‘pour illustrer son nôm. Son analyse du fruit ést ün‘tra-
vail absolument neuf , et'qui ne laisse’ rien à ‘désirer. Il
‘a examiné et fait connaître à fond les’ ‘familles les plus
‘diMiciles , telles que les Graminées , les Orchidées ,‘les
Hydrocharidées, les’ Gonifères ,'étc., et ‘c’est lui quia
inspiré à la génération actuelle le goût de cette analyse
rigoureuse et de cet examen approfondi , qui EAU
‘essentiellement l'École française.
Richard'a laissé un nombre prodigieux de ‘mätériaüx |
‘inédits. Comme il cherchait les lois générales , il avait étu-.
diéavec le même soin les plus petites Cryptogamés ét lès,
plantes les plus” ‘composéès , ct plusieurs détouvértes|
‘imporlantes faïtes dépuis ‘cinquante äns, se trouvent dahs l
ses manuscrits. C’est'aïnsi qu'il avait! reconnu ‘avant
"Hedwig la véritable stracture des mousses , Sans pour- M
‘tant attribuer les mêmes fonctions à leurs organes.
Quoïque l’Institut, voulant s’attacher Richard , l’eüt
4
l
fl
|
(wk&r )
.nomméàrune place vacante.dans la section de Zoologie,
on ne pensait pas qu’un, homme qui avait fait en bo-
-tanique des travaux Si importans, eût eu le loisir de s’in-
«strüire:à fondidans les autres. parties de l’histoire natu-
-relle. On ‘ignorait assez généralement que: pendant son
séjour en Amérique , il avait, réuni un grand nombre de
“matériaux précieux pour la Zoologie, l’Anatomie compa -
rée et la Géologie. C’est seulement en -examinant ses
-xanuscrits ,.ses.dessins.et les préparations, conservées
“dans son: cabinet ;qu’on.a pu.se.faire une idée de lé.
»tendue-et de la variété de ses,connaissances ; on a re:
connu alors que son siècle a produit peu d'hommes qui
“puissent lui être. comparés! (a 1). |
Nous possédons de Richard : |
(Le) Dictionnaire : élémentaire . de Botanique > par
IBülliardi revu. Etprésquie ft FemFRt: refondu., Amster-
dam 1800.
Ho Fo To s
QG) Les Rédacteurs de ce Recueil doivent à Fobligeante
amitié de M. Achille Richard, les manuscrits de/son père ,
sur {« Zovlogie et l’Anatomiecomparée: Hs:se propo-
‘isent'de les publier successivement, et d’y joindre Jes des-
sinsnombreux «et remarquables, qui. les. "AGFARDAEMENT-
Cest donc à-plus d'unititre.qu’ils. ont voulu, placer i ici la
‘notice qu’on vient de. lire ; et, que M. Kunth avai compc-
i\séepour.la Biographie universelle. Elle servira d’ intro=
duction aux. Mémoires de M. Richard, et.les Rédacteurs
.a8e,plaisent à la: considérer en même temps comme ün té-
.moignage de,leur haute Yénération pour Tillustre Auteur
de l'Analyse du fruit, et comme un ‘hommage téfidu
à sa mémoire, et auquel tous les Naturalistes s rétipresse-
. ront 4e souscrire. } ob
( 2159 )
Outre plusieurs articles intéressins, comme Baie,
Bulbe , Préfloraison, Arille, ete. , objets dont Richard
a fait le premier connaître la véritable nature ou l’im-
portance pour les rapports naturels , cet ouvrage est re-
marquable à cause de 12 tableaux présentant toutes les
modifications des divers organes d’une plante ; c’est le
catalogue le plus complet et le plus Pa enaiten des
termes techniques.
II. Commentatio de Convallaria RME L. , no-
vum genus constituente : præœmissis nonnullis cirea
plantas liliaceas observationibus. (Nouv. Journ. de
© Bot., par Schrader, tom. IT. , p. 1., 1807).
III. Mémoire sur les Hydrocharidées. (Mém. de l’In-
slitut, 1811, p. 1.).
© IV. Démonstrations botaniques , ou Analyse du fruit
considéré en général, par Richard , publiées par Duval,
8.° 1808. Ouvrage qui, à cause de sa grande concision , de
la difficulté de l’objet qu'il traite et de la masse d’observa-.
tionsquis’y trouvent accumulées, exige plusieurs lectures ,
même de la part de ceux qui sont versés dans la science
des végétaux; mais on est récompensé de cette peine
par les idées exactes , les définitions précises et la marche
” philosophique que l’auteur a introduites pour la première:
fois dans une des parties les plus difficiles dela botani-
que, la connaissance du fruit; et l’ouvrage de Gærtner
serait bien plus parfait, si son auteur ne l'avait publié.
qu'après avoir eu connaissance dé celui de Richard.
Il y a deux traductions de l'Analyse du fruit: l’une en
allemand, par M. Voigt, avec les notes de Richard
(Leipzig, 1811), et l’autre en anglais, par M. John
Lindley (Londres, 1819).
Nous allons exposer les idées de l’auteur. Tout fruit h
( 215 )
est composé de deux parties, du péricarpe, qui en dé-
termine extérieurement la forme, et de la graine qui
s’y trouve renfermée. Ge qui est en dehors de la graine
appartient au péricarpe, et le Lile est leur seul point de
contact. Le péricarpe est formé par un parenchyme
( sarcocarpe ) revêtu extériéurement d’un épiderme
(épicarpe), et tapissé en dedans par une membrane.
(endocarpe). Quelquefois (dans les fruits à noyau),
la partie interne du sarcocarpe acquiert une consistance
osseuse ou ligneuse. La connaissance de l’ovaire doit
précéder celle du fruit. Sa cavité est tantôt uniloculaire ,
tantôt divisée par des cloisons en deux ou plusieurs loges.
Les vraies cloisons sont une continuation de l’endocarpe;
elles aliernent toujours avec les stigmates ou avec leurs
lobes, et se distinguent par ces caractères des fausses.
cloisons. Les graines sont fixées sur des placentas (tro-
phospermes), par des cordons ombilicaux (podosper-
mes). Quelquelois, le sommet du podosperme prend,
après la fécondation, une expansion (arile) plus ou
moins grande. La base du péricarpe est indiquée par son
point d'attache ; son sommet, par la trace du style ou du
stigmale; ce dernier caractère distingue le péricarpe
d’autres enveloppes, auxquelles on a donné impropre-
ment ce nom. Le péricarpe peut rester clos (indéhiscent),
ou se rompre et s'ouvrir de différentes manières, parmi
lesquelles la déhiscence valvaire (en deux ou plusieurs
valves) est la plus commune. Elle se fait tantôt au milieu
des loges {d. loculicide), tantôt vis-à-vis des cloisons
(d. septicide) , tantôt elle rompt les cloisons, qui alors
ne tiennent plus aux valves (d. septifrage). À celte oc-
casion , Richard indique les moyens pour se garantir des
erreurs dans lesquelles peut induire une fausse déhis-
({ougs)
ceñce: | ét nécessaire de savoir distinguèr ün fruit com-
posé d'avec: un fruit simple > ce dernier: doit être le pro-:
duit d’uñe seulé fléur: Un'seub style., une loge ou la pré:
sencé dés vétitables cloisons-Établissent Tunité du fruit.’
Commé l’ovule ést toujours revêtu d’un tégument , le
péricarpe né peut jämais mañquer pare conséquent, : il
n’éxisté pas de graïnés nues; celles que l'on a prises pour
tellés , ont le péricarpe très-mince , ow soudé avec le té-
gument propre de là graine.
La graine est cette partis da fruit qui, soùs une enve-
loppeunique (épisperme), renferme un corps (amande),
dont toute la masse où une partie seulement est le ru-
dimént d’une nouvelle plante. La cicatrice (Aile). par
laquelle la graine était attachée au péricarpe , désigne sa,
base; son sommet, lorsqu'il n’est pas indiqué par la di-
reéction des vaisseaux ou leur réunion (chalaze), se,
trouve , en tirant une ligne du centre de la base par le
point central de la rfiasse totale. Une graine peut être fixée.
du fond (dressée) ou au haut (renversée) de la loge,
ou bien se trouver attachée latéralement par son sommet
(suspendue) , par sa base (ascendante) où par son mi:
lieu ( éritrope). La connaissance de l’adnexion et de
la direction dé la graine est essentielle pour établir des
rapports naturels. L’épispérme ést toujours simple, mais
quelquefois séparable én deux lames. Tantôt l’amande con-
stitue seule embryon (émbryons épispermiques) , tantôt
elle est composée de deux corps ( l'embryon et l’endo-
sperme) dissemblables , contigus (embryons extrairés) où
enveloppés (embryons intraires) l’un par l’autre, sans
côntinuilé parenchymale (embryons endospermiques).
La plüralité des embryons est une monstruosité, Ghaque.
enibryén présente une extrémité radiculaire et une
( 229 )
extrémité cotylédonaire, IL est nécessaire de considérer.
outre la dérection propre de l'embryon, sa direction...
relative au périçarpe, (direction ‘on périgarpique) , ou bien.
à la graine (d. spermique), L’embryÿon peut suivre la di-
rection de la graine, (komotrope » €, orthotrope, s'ilest en
même lemps, droit), ou une direction contraire (anti:
trope), ou ni l’une ni l’autre (hétérotrope). IL est, ap-
pelé amphitrope, quand ses deux extrémités se rappro-
chent du hile. Les parties. essentielles d’un embryon.
sont : 1.° la Aadicule (toujours indivise) ; 2.° le Coty;
lédon (unique et complètement clos, ou. au nombre de
deux ou plusieurs, opposés ou vericillés) ; 3,° la Tigelle
(ou prolongement de la radicule aboutissant à la Le
des cotylédons) ;. et 4.° la Gemmule (ou Plumule).
L'absence ou la présence de l'embryon distinguent. les
inembryonées (Cryptogames, Acotylédonées) des em-
bryonées (Phanérogames). Ces dernières sont pourvues
d'organes sexuels et se reproduisent par un embryon.
Elles se divisent en Endorhizes et en Exorhizes, Dans
les. Endorhizes , l’extrémité radiculaire renferme un, OU.
plusieurs tubercules radicelläires qui en sortent par la
germination pour former la racine de la plante : dans les.
Exorhizes, cette extrémité devient elle-même la raçine,
L'embryon des Endorhizes est ordinairement entouré -
d’un endosperme. ( endospermique et intraire) » Tare-
ment il en.est dépourvu. Dans l’un ou l’autre ças (Æup-
pia, Hydrocharis h Nymphæa., Graminées, etc.),
la radicule prend quelquefois un volume extraordinaire .
(embryons macropodes). Ce renflement est. appelé-
Kitellus on Scutellum par Gærtner. Richard démontre.
que la structure des embryons macropodes ne diffère pas.
essenlicllement de çelle des autres Endorhizes, et cite
(216)
des exemples analogues, mêmé parmi les Exorhizes,
Les embryons exorhizes présentent ordinairement
l’une des deux extrémités fendue en deux ou plusieurs
cotylédons rarement (Cyclamen, Cuscuta, Lecythis)
l'embryon constitue un corps à surface parfaitement ho-
mogène, dont un bout s’alonge ou grossit en racine ,
l’autre se comportant comme une gemmule (Exorhizes
acotylédons ). On rencontre encore quelquefois les deux
cotylédons soudés en un seul (embryons macrocéphales).-
Quand (dans le Rhizophora , etc.) Fembryon germe
ou commence à germer dans le péricarpe encore attaché
à la plante , il porte le nom de blastocarpe.
Richard promet de prouver que les Conifères et les
Cycadées sont celles des Exorhizes qui ont le plus d’affi-
nités avec les Endorhizes.
V. Analyse botanique des Embryons endorhizes ,
ou monocotyledonés, et particulièrement de celui des
Graminées. (Ann. du Mus. , tom. 17, pag. 225 et 442.
1811).
La première partie de ce Mémoire , un des plus im=
portans pour la Carpologie, contient des descriptions
d’un grand nombre d’embryons monocotylédons , ac-
compagnées des figures d’une précision admirable. Dans
la seconde partie, pour trailer convenablement le prin-
cipal sujet, l’organisation des embryons des Graminées,
Richard est obligé de développer plusieurs idées énon-
cées seulement dans son Analyse du fruit. Nous avons
vu que la structure de l'embryon, son développement
par la germination ou son absence totale , ont fourni à
Richard la base de ses deux grandes divisions : les Em-
bryonées , pourvues de sexe et de graines, et les /nem-
bryonées , privées d'organes sexuels, et se multipliant
(#17)
par des Sporules , corps reproducteurs, d’une nature
particulière. Une sporule ne contient aucune trace d’em-
bryon; elle n’a point besoin de fécondation , son déve-
loppement est une simple expansion de sa masse : com-
posée d’un tissu cellulaire et revêtue d’une épiderme ,
elle ne constitue avant sa formation , qu’une partie inté-
grante de son réceptacle. Au lieu de deux , Richard dis-
tingue maintenant trois modifications principales parmi les
embryonées , les Endorhizes ,les Exorhizesetles Synrhi-
ses. Ces derniers tiennent en quelque sorte, le milieu
entre les deux précédens ; le sommet de leur radicule est
attaché à une substance endospermique , qu’il déchire ,
en émettant par la germination un tubercule interne ,
qui devient la racine de la plante. La gemmule est située
entre les bases de deux ou de plusieurs cotylédons.
Le défaut ou le mode de déplacement de l’épisperme
pendant la germination des Endorhizes , font distinguer à
Richard trois modes de germination. Tantôt l’épisperme
renfermant le cotylédon reste fixé latéralement près la
gaine de celui-ci ou près de son prolongement vagini-
fère (g. admotive) , tantôt l’épisperme est éloigné de
celie même partie par l'éloignement du cotylédo dont
it enveloppe le sommet ( g. remotive). Les embryons
macropodes présentent un troisième mode ( g. imme-
tive ) ; Les tégumens séminaux restent fixés au bas de
la jeune plante par lextrémité immobile de leur radi-
cule. Dans la germination admotive, l’épisperme avec
les parties qu'il renferme, reste le plus souvent sous
terre (2. subterranée ) ; rarement il pousse au dehors
( g. exterranée }. La germination rémotive admet quatre
modes (2. foliaire, filaire , aciculaire et claviculaire},
selon le développement ou la forme de Ja partie du co-
( 218 ).
tylédon qui surmonte la gaine. La germination immo-
tive.se divise. en. gemmination basilaire et, g. latérale ,
la dernière est particulière aux Graminées.
Dans une digression sur les parties accessoires du fruit,
des Graminées, Richard établit pour ses diverses parties,
une terminologie nouvelle. Il rejette les noms de calice.
et corolle, appliqués improprement aux écailles florales.
des Graminées , qu’il compare aux spathelles, de: plusieurs
autres endorhizes. Il appelle glume celles qui entourent
immédiatement les organes sexuels, et épicène celles
qui sont extérieures à la glume. Le nectaire. de Schreber
(qu’ilcompare aux soies du Dulichium, aux paléoles
du Fuirenæ, à la cupule du Seleria et, à l’utricule du.
Carex ) reçoit le nom de, glumelle.
Le fruit des, Graminées est le plus souvent renferimé.
dans la glume. Le péricarpe , ordinairement, mince et
membraneux , fait presque toujours tellement corps.
avec l’épisperme ,qu’ils semblent ne former qu’un seul:
tégument (caryopse) ;. mais à chaque fruit: il faut dis-
tinguer une face interne et externe ; l’aréole embryo:
nale se trouve à la base de celle-oi ; à l’autre face , sou-
vent munie d’un sillon , on remarque le hile (nommé.
"Spile, par Richard), au travers du péricarpe , en
forme de tache ou de ligne brune. L’embryon appli-
qué latéralement et obliquement à un endosperme fa.
rinacé , constituant la majeure partie de l’amande , se
compose de deux parties, de /’Hypoblaste, corps plus
ou moins applati, d’une substance charnue et. d’une
forme variable , et du Blaste , petit cylindre couché lon:
giludinalement sur le milieu de ce corps , et fixé par sa.
partie moyenne, de sorte que les deux extrémités res-
tent libres, Quelquefois on observe vers le milieu dy:
(219 )
blaste ui petit-appendice en forme d’onzlet, qui porte!
chez Richard le nom d’Epiblaste. M. de, Jussieu et d’aw-,
tres botanistes , regardert l’hypoblaste comme le, véri-:
table cotylédon. Gæriner le considère comme un corps:
d’une nature intermédiaire entre le cotylédon et len-
dosperme , et le nomme Yitellus. D’après Richard, au
contraire , l'hypoblaste. est une véritable radicule_ (:ou
un renflement particulier de celle-ci }, dépourvue de la
faculté. de développer une radicelle, et dort l’épiblaste
n’estqu’un prolongement, La partie supérieure du blaste;
(la gemmule de certains botanistes } est le cotylédon ,
et inférieure ( la radicule de ces mêmes botanistes ).est
une bosse radiculaire (Radiculode ) de la tigelle , ana-
logue aux iubercules radicellaires, que la germination
développe sur celle de plusieurs embryons. Pour appuyer
cette théorie, Richard rappelle l'embryon du Zanichel-
lia: , rénflé à sa base , et celui du Peckea et du Clusia
formé presque entièrement par laradicule. L'observation
de M. Poiteau , que les Endorhizes n’ont point de racine
pivotante , lui fournit un autre argument. Comme , sui-
vantson explication , le riz aurait le cotylédon renfermé
dans la radicule , il fallait trouver ailleurs des exemples
d’une même organisation. Le Peckea butyrosa lui en
fournit un tout-à-fait semblable, et l’Hydrocharis pré-
sente au moins quelque analogie. L’hypoblaste ne sup-
porte aucune lésion , non plus que la radicule dans les
autres plantes ; en le détruisant, onempêche l’embryon
de germer ; ce que l’on n’apourtant pas à craindre dans
les Graminées , quand on coupe seulement la radiculode.
Richard tire de la germination une dernière grande
preuve de sa théorie. Lorsque le fruit des Graminées se
lrouve dans des circonstances favorables peur germer ,
( 220 )
la radiculode perce dehors, en rompant ses enveloppes ,
et s'ouvre vers son sommet, pour laisser sortir une ou
rarement plusieurs radicelles qu’elle engaine à sa base ,
sans s’accroître davantage. En même temps , les bosses
latérales qui existent sur la tigelle développent leurs ra-
dicelles, le cotylédon s’alonge dans un sens opposé et
forme un tube , d’où sort une première feuille. L’hypo-
blaste ne prend point d’accroissement sensible. Après :
avoir rempli ses fonctions nutritives , il se flétrit ; l'en.
dosperme qui s’était amolli et changé en pulpe amyla-
cée se dessèche , et est entraîné dans la destruction des,
autres tégumens séminaux.
Richard finit son Mémoire en alléguant des nouvelles
observations qui prouvent que le Nelumbo etle Nym
phœæa doivent être rangés parmi les Endorhizes.
VI. Examen critique de quelques Mémoires anato-
mico-physiologico-botaniques de M. Mirbel. (Journal
de Phys.) —VIT. Proposition d’une nouvelle famille de
plantes, les Butomées. (Mém. du Mus. , t. 1, p. 364}
— VIT. Annotationes de Orchideis europæis. (Ibid. ,
tom. 4,p. 23). — IX. Mémoiresur lanouvelle famille |
des Calycérées. (Ibid. , tom. 6, pag. 28). —X. Mé-
moire sur la nouvelle familie des Balanophorées , ter-
miné et publié par M. Achille Richard. (Zbid. ,tom. 8,,
pag. 404). — XI. Mémoire sur les familles des Coni-
fères et des Cycadées. Ouvrage manuscrit, accompagné
d’un grand nombre de figures d’analyse, les plus parfaites
que nous possédions. — XII. Richard est l’auteur ano-
nyme du Flora Boreali-Americana de Michaux, en
deux volumes, 1803. — XIII. Il a publié plusieurs
Mémoires conjointement avec M. de Jussieu, sur des
familles nouvelles : les Loranthées ., les Gesnérices..
(221 )
les Lobéliacées (Ann. du Mus.), etc. — XIV. Cata-
. logue des plantes de Cayenne envoyées par Leblond,,
dans lequel Richard a mentionné un grand nombre d’espè-
ces nouvelles. (Act. de la Soc. d’Hist. nat. de Paris).
— XV. Mémoire sur le Lygeum spartum.( Ibid.) —
XVI. Extrait d’une instruction pour les voyageurs
- matiralistes (Ibid). Richard y examine , entre autres ,
quels sont, dans les animaux , les différens organes qui
fournissent les meilleures caractères , et qu’il importe le
plus au naturaliste-voyageur de bien étudier.
OssenvarTions sur le LETARUS CEPHALOTE , €t
Description de trois espèces nouvelles ;
Par G. Fiscuen.
UExtrait de ’Entomographia Tinperii Russici , tome 1.°t, p.133.)
Le genre Lethrus, établi par Scopoli ét'adopté mainte-
tenant de tous les entomologistes , se composait d’une
seule espèce, le Lethrus cephalotes. M. Fischer , sans
revenir sur les caractères génériques parfaitement déve-
loppés par M. Latreille , décrit trois espèces nouvelles et
ajoute quelques détails curieux sur les habitudes de l'in-
secte que l’on connaissait déjà. Nous offrirons aux enlo-
L mologistes ces observations importantes , consignées
_ dans un ouvrage rare et peu connu.
1. Lerunus cernarorTe, Leéthrus cephalotes Faznr.,
| Ouiv. , Lan. , elc. , etc., et Fiscuer (Tab.xur, fig. 1).
_ Longit. 8—9 lin. Latit., Thor. 5—6. lin.
L. Totus niger Thorace elyiris que lœvibus.
Le Lethrus céphalote est un insecte très-nuisible aux
ndroits cultivés, parce qu'il cherche de préférence les
(222 )
“bourgeons el les feuilles à peine apparentes , et les coupe
net ‘avec ‘les pinces tranchantes de ses mandibules;
“on l’appélle ‘en Hongrie, 6ù ‘il fait beaucoup ide :mal.
‘aüx vignes , Schneider; : é’est:àdire , coupeur. »1
“grimpe “rèsibien , ‘et après avoir ‘coupé ‘le :bourgeon
‘de ‘a ‘plante, il revient ‘sur ses pas en marchant ‘à
‘réculons comme ‘une écrevisse , et: emporte ‘son: butin
‘dans le trou qu’il ‘habite. ‘Chäque trou , creusé-dans la
‘terre , 'est'occupé par un couple; mäis , à l'époque des
amours, il arrive souvent qu'un mâle ‘étranger vient
troubler la tranquillité du ménage et cherche à s’intro-
duire dans l'habitation. Alors , il se livre un combat vé-
hément entre le mâle propriétaire et le mâle usurpateur.
La femelle ne reste pas inactive ; elle bouche l’ouverture
du trou, soutient son compagnon, et le poussant sans
cesse par le derrière ; elle entretient l’animosité du com-
bat; l’action ne cesse qu'après la mort ou la fuite de
l’aggresseur.
Grandeur. du Geotrupe stercoraire , où un peu, plus
_petit. Tête grande, large , proéminente , avec des ex-
,pansions latérales qui de chaque côté portent les yeux;
ces prolongemens sont arrondis ; chaperon formant une
partie semi-cireulaire..et élevée de la tête. Lèvre émar-
-ginée, très-peu raboteuse en haut, dontle creux est. rem-
pli par un renflement. Mandibules triangulaires et fortes :
très grosses dans les femelles, et ayant dans les mâles
un appendice dentiforme.très- -grand, courbé vers k inté-
rieur, Ces:appendices pouvant bien, être des crampons
avec lesquels l’animal se tiendrait en grimpant et en
marchant à reculons,.ou se défendrait en combattant.
Corseletplus large que l'abdomen , lisse , largement échan-
cré en avant et en arrière, et rebordé des deux côtés.
( 225 )
Ecusson large , triangulaire et lisse. Elytres réunies, lisses ,
rétrécies postérieuremént'elembrassant la base de l’abdo-
men. Poïtrine ‘se ‘prolongeant /beaucoup!én arrière (à
‘cause de'céla l’abdomén a irès-peu' de ‘lünguéür , et dés
“dernières paîtes paraissent inséréés tout près de l'anus)
Corps noir en dessous’et ‘brillant. Guisses’ portant en
‘ivaht'un disque garni de soiés rousses. Jambes anté-
‘riéurés ün peu plus longues que le prolhiorax ; compriméés
et dentéès en dehors. Deux dents paraissent principale-
ment, les autrés sont oblitérées.! En Sibérie ; près du
PRES ën Podolie et près de Kharküt.
‘2. Lernäus À Bfossis, Eéthris scoparius , Fiscnen.
T ab.xur, fig. 2). Lonoit.i8 lin: ,atit. 5 lin.
‘L. INibér ; Süprè seabriuséulus infra Se tibirs
anticis scopalis.
‘Presque de la même grandeür que le précadent ; -mais
s’en distinguant par son corps räbôteux , velu’en'bas ,'et
par Ses jambes garnies de soïès plus - -sérréès ; 6réilles ou
“appendicés de la tête plus larges él carrées. Téte réssem-
‘lant'à célle’du Lethrus céphalote ; mais’ offrant uu plus
“grand nombre de’ points imprimés , ‘ce qui la rend rabo-
‘teuse ;'le ‘chäperon plus ‘arrondi ét portant deux tubér-
‘cules longitudinaux: ; ‘Jèvresüpérieure , et mandibüules
*4eliés. ‘Préthérax rebordé ; YAbords velus ; très-raboteux ,
l'a causé des points énfoncés qu'on y observe. Ecusson' large
9h $a”base , iriaigulaire’ et pointillé. Elytres räboteuséset
“garnies de $oies courtés. Gorps‘velw’ en dessous ‘ef pattes
lgarnies de ‘sôies plus lôngüés’ qui forment à l'extrémité
‘des jambes de dévant des Brossés très-distinctes et roidés.
Dans les steppes méridiôiales d'Orénbourg.
3. Leranus LonGImane, Lethrus longimanus, Frsciër,
(Tab. xur , fig. 3). Longit. 5 lin. latit. 4 lin.
(24)
L. Negrescenti violaceus nitidus , scabriusculus , ti-
bits anticis longis , totis dentatis.
| Beaucoup plus petit que le Letrhus cépkalote. Têie ra-
boteuseet présentantune cicatrice frontale formée far des
points enfoncés rapprochés les uns des autres ; appendices
de la tête larges et carrés. Corselet raboteux et très-re-
bordé ; écusson court, triangulaire et canaliculé. Elytres
réunies , beaucoup plus étroites que le prothorax et un peu
plus longues , raboteuses ; avec plusieurs impressions li-
néaires. Corps garni inférieurement de soies ; pattes anté- :
rieures velues, jambes ayant une longueur proportion-
nelle assez grande, comparées au prothorax. Leur som-
met ayant trois épines et offrant six dentelures dans leur
longueur. Jambes postérieures très-épineuses, Habite
aussi les steppes méridionales d’Orenboursg.
4. Leranus ne Ponoute , Lethrus Podolicus , Fisouen,
Longit. 6 lin.; latit. 4, lin.
L. Totus niger, thorace lœvi, elytris rugosulis...
- Un peu plus grand que l’espèce précédente , et se distin-
guantdu Lethrus céphalote par les caractères suivans : tête
munie d’un chaperon presque carré; mandibules offrant
une carène vers le haut ; dent qui se voiten bas, dirigée en
avantet proportionnellement moins grande. Corselet lisse,
mais cependant tant soit peu pointillé , ses bords latéraux
et postérieurs plus réfléchis; écusson alongé, pointu et
non triangulaire ; élytres raboteuses, avec une trace de
lignes imprimées. Corps présentant inférieurement des
petits pores et des petites soies; pattes sarnies d’épines, et
jambes de devant plus distinctement dentelées avec une
épine simple et non triple au sommet. Habite la Podolie
australe.
MonoGRAPHIE DU GENRE SPIRÆ À ;
Précédée de quelques Considérations sur la famille
des Rosacées ;
Par M. J. CansEessenes ;
Correspondant de la Société d'Histoire naturelle de Paris.
L Rosacf£es forment, dans le Genera de M. de Jus:
sieu, la dixième famille de la quatorzième classe, dans
laquelle sont renfermées les plantes à corolle polypétale
périgyne ; elles se divisent en plusieurs tribus,
A leur tête sont les Pomacées , qui ont les plus grands
rapports avec la famille des Myrtacées, et qui sont ca-
ractérisées par leurs ovaires , soudés en tout ou en partie
avec le calice, contenant le plus souvent deux ovules
ascendans et collatéraux (le Cydonia seul présente une
dixaine d’ovules, étalés horizontalement et alternes ).
M. Lindley (1) a publié un Mémoire très-intéressant sur
ce groupe.
PR CEE D RES
{i) Feu M. Richard et M. Lindley semblent croire que
dans tout le groupe des Pomacées , les ovules et les
graines sont ascendantes ou dressées et collatérales. Cepen-
dant, dans le Cydonia, y compris le Chœnomeles de
M. Lindley , les ovules sont perpendiculaires à l’axe du
fruit, c’est-à-dire, péritropes , alternes, et se recouvrant
horizontalement les uns les autres.
Lesdifférens genres de Pomacées offrent presque tous les
passages depuis les ovaires entièrement libres jusqu'aux
ovaires soudés par toutes leurs faces, soit entre eux , soit
avec le tube épaissi du calice. |
Le Purshia de M. De Candolle a tout le port extérieur
1. DE)
{ 226 )
La tribu des Roses est formée par le seul genre Rosa,
qui est caractérisé par ses ovaires libres, nombreux , in-
déhiscens , à enveloppe osseuse, dispersés sur toute la
du Mespilus oxyacantha, et nous paraît faire plutôt par-
tie de la tribu des Pomacées que de celle des Spirées; il
n’a cependant qu’un seul ovaire parfaitement libre au
fond du calice.
Dans le Photinia de M. Lindley , les ovaires sont unis
entre eux, mais non avec le calice, si ce n’est par leur
partie inférieure.
Dans le Cotoncaster, les ovaires sont soudés avec la
paroi du calice par le dos, et libres par les faces, ainsi
que par l’angle correspondant à l’axe du fruit.
Dans le Cydonia , ils sont soudés par le dos , imparfai-
tement soudés par les faces , et libres dans le centre.
M. Delile les a vu libres par le centre, dans les Malus
coronaria , Mill. ,et Malus sempervirens , Mich.
Le sommet seul des ovaires est libre dans le Mespilus
germanica et dans le Cratægus japonica. La totalité du
reste de leur surface est soudée.
Dans toutes les autres Pomacées, les ovaires sont sou-
dés entre eux et avec le calice, et ils sont recouverts au
sommet par une couche charnue plus ou moins épaisse
d’où partent les styles.
Nous hasarderons, à la suite de ces considérations sur
la soudure plus ou moins complète des ovaires ; notre
opinion surquelques-uns des genres établis par M. Lindley.
Le genre Chænomeles rentre dans le Cydonia; son
fruit , que l’on a pu observer depuis plusieurs années à.
Paris, ne s'ouvre point en cinq valves, comme l'avait dit
Thunberg, et les caractères tirés des étamines insérées
sur deux rangs, et du limbe du calice persistant et très-
(227)
surface intérieure d’un calice étranglé au sommet, con-
tenant un seul ovule suspendu. Nous avons diverses ob-
servations sur ce genre, de MM. Desvaux, Lindley,
Trattinick, Wood, etc.
Les Sanguisorbées se distinguent des autres Rosacées
par leurs fleurs , souvent diclines et dépourvues de pétales,
et par leurs ovaires en nombre déterminé , enfermés dans
un Calice resserré au sommet , etcontenant un seul ovule.
Leurs fruits sont des achènes. Personne ne s’est occupé
spécialement des plantes qui forment ce groupe (1).
Les Potentillées sont caractérisées par leurs ovaires
en nombre indéterminé, insérés, soit sur un réceptacle
proéminent, soit au fond du calice, et ne renfermant
qu'un seul ovule suspendu , ou plus rarement ascendant,
Leurs fruits sont des achènes, quelquefois des drupes.
Nous devons à M. Nestler un travail sur les genres de
celte tribu, suivi d’une Monographie des Poientilles ; à
DD his, ni lin soins ont, msjinlinie jé nés
charnu, se fondent par une foule de nuances dans le type
ordinaire. Cette plante nous parait évidemmentun Cydo-
mia. (Cydonia japonica, Pers.)
L’Osteomeles ne diffère du Méspilus que par ses loges
uni-ovulées, et mérite à peine d’être conservé. L’Eriobo
tra nous semble devoir être réuni au Pyrus. Le Ra-
phiolepis rentre dans le Photinia. Le Cratægus et le
Cotoneaster dans le Mespilus.
Les seuls genres qui resteraient dans les Pomacées se-
raient donc : Purshia, Photinia, Mespilus , Pyrus ,
Cydonia , Osteomeles , Amelanchier , et Chamæmetes.
(1) M. Nestler, dans sa Monographie des Potentilles,
aséparé de cette tribu les genrés 4grimonia et Sibbatdia
qui se rapprochent davantage des Potentillées.
19:
( 228 )
M. Lehmann une Monographie du même genre, et à
M. Nées d’Esenbeck une Monographie des Rubus.
Les Amvygdalées ou Drupacées, n’ont qu’un seul
ovaire ; leur fruit est une noix drupacée , renfermant une
ou deux semences. Nous ne connaissons aucun travail
destiné particulièrement à faire connaître les genres de
ce groupe.
Les genres Tigarea, Delima, Prockia ët Hirtella,
formaient , dans le Gencera de M. de Jussieu, la sixième
tribu des Rosacées : le premier a été réuni au T'etracera,
par Wildenow ; le second a été placé dans les Magno-
liacées ; le Prochia fait partie de la nouvelle famille des
Bixinées, établie par M. Kunth, etl’Æirtella, appartient
à celle des Chrysobalanées , constituée par M. R. Brown.
Outre les groupes que nous venons d’énumérer, les
Rosacées renferment encore celui des Spirées; qui fait
l’objet de ce Mémoire; les diverses modifications que
présente la structure des plantes qui le composent, nous
ont paru mériter quelqu’attention.
Le genre Spiræa possède trente-cinq espèces ; dix-
huit d’entre elles sont cultivées au Jardin des Plantes
et chez MM. Noisette et Gels; cinq autres se trouvent,
soit dans l’Herbier du Muséum , où la complaisance de
MM. Desfontaines et Deleuze m'a mis à même de les
étudier avec soin, soit dans ceux de MM. de Jussieu;
Thouin, de Lessert, Richard, et Ad. Brongniart; je
saisis cette occasion de remercier ici ces sayans, qui
m'ont permis de disposer de leurs collections, et m'ont
aidé de leurs avis ; mais il est un botaniste à qui je dois
plus encore; c’est M. Gay, c’est lui qui m'a mis sur la
voie des recherches que je publie aujourd’hui, et quia
( 229 )
constamment guidé mes pas dans la carrière difficile de
l'observation. Privé, depuis mon séjour à Paris, des
excellens conseils de M. Delile , j’ai retrouvé, dans
M. Gay, les mêmes principes, la même obligeance; j'ai
cru entendre le même maître. Puisse l'hommage que je
fais à ces savans , de ce Mémoire, leur prouver ma
reconnaissance pour les lecons qu’ils m’ont données.
Il est douze espèces du genre dont j’entreprends
l’histoire, qui. ne se trouvent dans aucune des collec-
tions de la Capitale, et que je n’ai pu parvenir à me
procurer; je rapporterai, dans ce cas, pour chacune, la:
description de l’auteur qui me paraîtra la plus propre à
la faire connaître. Je sens très-bien la lacune que le
manque de ces espèces laissera dans mon travail: aussi
doit-on regarder ce Mémoire, moins comme une Mono-
graphie complète des Spirées, que comme un travail
destiné à faire connaître les détails d'organisation d’un
certain nombre d’entre elles , et les rapports intimes qui
les lient aux autres Rosacées. :
Caractères du genre SPIRÆA.
La tribu des Spirées comprenait , dans le Gencra de
M. de Jussieu , les genres Spiræa, Suriana et Tétrace-
ra ; celui-ci a été réuni aux Dilléniacées ; le second doit
aussi être séparé du groupe dont nous nous occupons ;
ses pétaleset ses étamines sont hypogynes , il doit donc
être rapporté à la treizième classe avec les plantes Poly-
pétales à étamines hypogynes.
M. de Gandolle (1) a réuni à la tribu des Spirées les
(1) Transact, Soc. Linn. Lond. XIL, p. 152.
. ( 230 }
genres Keria et Purshia : le dernier n’existe dans au-
cune des collections de Paris, mais l'inspection de la
figure de Pursh, nous fait présumer, comme nous l’a-
vons déjà dit, qu’il doit plutôt se rattacher à la tribu
des Pomacées ; le premier est cultivé à fleurs doubles
dans tous nos jardins, où nous avons pu l’examiner avec
soin. Ses caraclères, comme genre, ne nous ont pas
paru d’une assez grande valeur; celui tiré de l'unité
d’ovule, le seul qui soit important, est considérablement
atténué par les variations que l’on observe dans cet or-
gane chez les, Spiræa; quant à ceux tirés de la diffé-
rence de son port, de ses fleurs jaunes, grandes, soli-
taires au sommet des rameaux, nous ne croyons pas qu'ils
puissent suflire pour le conserver comme genre distinct ;
nous suivrons donc l'exemple de M. Desvaux, et nous
le réunirons provisoirement aux Spiræa, en attendant
que ses graines , qui ne mürissent pas dans nos jardins,
aient été observées. La tribu dont nous neus occupons
serait donc réduite à ce seul genre, car nous n’en con-
naissons aucun autre, décrit ou inédit, qui puisse s’y
rapporter (1).
(à) M. Kunth, dans le XXVI.” Fascicule de la partie
botanique du Voyage de M. de Humboldt, vient de réunir
à la tribu des Spiréacées , les genres Kagenéèckia , Ruiz
et Pavon; Quilaja, Moll. ; Vauquelinia , Humb. et
Bonpl.; et Lindteya , Kunth, genre nouveau dédié à
M. Lindley.
Ces quatre genres font évidemment partie du groupé
dont nous nous occupons ; dans le premier , les ovaires
sont entièrement libres ; dans les trois autres, ces orga-
( 251
Le genre Spiræa est composé d’arbrisseaux dépourvus
d’aiguillons , et de plantes herbacées vivaces.
Leurs rameaux et leurs feuilles sont alternes, celles-ci
sont penninerves, plus rarement marquées de trois ner-
vures qui partent de la base en divergeant, tantôt en-
tières , tantôt lobées, angulaires , dentées en scie ou seu-
lement crenelées aa sommet , pinnatifides dans les Spir.
sorbifolia, Ulmaria, lobata , etc., décomposées dans le
Spir. Aruncus, tripartites dans les Spir. trifoliata et
stipulata ; les espèces herbacées sont toutes, à l’excep-
tion du Spir. Aruncus, munies de stipules pétiolaires ;
parmi les ligneuses , on ne retrouve cet organe que dans
les Spir. sorbifolia , opulifolia et japonica.
Les fleurs sont hermaphrodites {dioïques dans le seul
Spir, Aruncus), disposées en ombelle, en corymbe , en
panicule ou en cime; elles sont solitaires au sommet des
rameaux et très-grandes dans le Spir. japonica; dans
la plupart des espèces elles répandent une odeur agréable.
Le calice est infère, à peine fendu jusqu’au milieu ;
ordinairement en entonnoir; campanulé dans les Spur.
Aruncus, Ulmaria, lobata, digitata; en forme d’urne
antique dans les Spir. trifoliata et stipulata, hypocra -
nes sont plus ou moins soudés entre eux , mais jamais
avec le calice comme dans la plupart des Pomactes.
Cette soudure plus ou moins complète ne saurait les éloi-
gner des Spirées, puisque nous verrons dans la suite de
ce Mémoire ; que le Spir. sorbifolia présente le même
caractère, et. possède , par conséquent , ainsi que les
genres V’auquelinia et Lindleya, un ovaire unique à
cinq loges, à chacune desquelles vient correspondre un
des styles.
( 252 )
tériforme dans le Spir. japonica ; les dents sont persis+
tantes ainsi que le tube.
Les péiales sont au nombre de cinq, et quelquefois de
six, sept et huit sur le même individu, insérés au hant
du tube du calice, et alternes avec ses segmens, mar
qués de veines palmées ; leur forme est en général ronde
ou en ovale renversé; elle est lancéolée dans les Spir.
trifoliata et stipulata ; ils sont blancs, plus rarement
roses ou mélangés de ces deux couleurs , jaunes dans le
Spir. japonica à fleurs doubles.
Le nombre des étamines varie depuis vingt jusqu’à
cinquante-quatre, elles sont insérées circulairement au
haut du tube du calice entre les pétales et le sommet du
disque ; leurs filamens sont capillaires, de la couleur des
pétales ; leurs anthères sont insérées au milieu du dos,
didymes, à deux lobes s’ouvrant chacun par une fente
longitudinale, jaunes, quelquefois roses.
Les Spirées présentent des différences notables dans
l'épaisseur de leurs parois calicinales ; dans les Spir.
trifoliata et stipulata le calice est mince , et pour ainsi
dire transparent; dans toutes les autres espèces que nous
avons examinées , il est sensiblement plus épais. Lors-
qu'on cherche à se rendre compte de cette différence
par une coupe longitudinale du calice, on ne tarde pas
à s’apercevoir que dans les premières espèces que nous
avons nommées , les parois sont simples, c’est-à-dire
composées d’une seule pièce ; tandis qu’elles sont doubles,
formées de deux membranes soudées, dans toutes les
autres. Rarement la membrane intérieure adhère à l’ex-
térieure dans toute sa longueur , le plus souvent elle
s’en détache vers le sommet et forme au-dessous des fi-
( 253 ) |
- Jamens un rebord saillant , qui est tantôt entieret marqué
de dix crenelures, tantôt divisé jusqu’à la base en dix
segmens parfaitement distincts les uns des autres, C'est
cet organe, considéré à la fois dans sa partie saillante et
dans sa partie adhérente , auquel nous donnerons le nom
de disque dans la suite de ce Mémoire.
Cet organe prend dans les Rosacées toutes sortes de
formes : dans le genre dont nous nous occupons, il se
dessèche lorsque les ovaires sont fécondés ; dans les Po-
macées , il prend à cette époque un grand développe-
ment, embrasse les carpelles, se glisse entre leurs cloi-
sons qu'il parvient à séparer en augmentant de volume,
et forme enfin par son union avec le calice épaissi, ces
fruits que nous nommons Pomme , Poire, etc; dans les
Rosiers , il tapisse, comme dans les Pomacées, l’intérieur
du calice, augmente de volume avec lui, et produit en-
fin par son accroissement cette substance pulpeuse et
rouge qui recouvre l’intérieur du calice et supporte des
fruits entourés d’une multitude de poils.
Quelle que soit cependant la différence que présente
le disque dans ses formes extrêmes, on ne saurait lui
attribuer qu’une importance générique très-bornée ,
puisque, dans le genre dont nous nous occupons spécia-
lement ici, il manque ou existe dans des formes d’ail -
leurs semblables.
Les Spirées ont en général cinq ovaires, (ce nombre
varie cependant de trois à douze) , insérés au fond du
calice , uniloculaires , libres dans la plupart des espèces,
-soudés plus ou moins entre eux dans les Spir. sorbi-
folia, Ulmaria , Filipendula ; ils sont le plus souvent
sessiles , quelquefois stipités, comme dans les Spir. sor-
(254)
bifolia et opulifolia ; ils sont triquètres et légèrement
courbés en faucille dans le plus grand nombre, con-
tournés dans le Spir. japonica , ordinairement rappro-
chés les uns des autres par lear angle intérieur, mais
libres du côté de laxe dans les Spir. Filipendula, Ul-
maria, digitata, lobata ; dans toutes les espèces ces
ovaires sont atténués insensiblement en un style inséré
un peu Jatéralement, cylindrique, tronqué au sommet,
le plus souvent filiforme , mais qui affecte la forme d’une
massue très-épaissie à son extrémité dansles Spir. Fili-
pendula, Ulmaria , lobata , digitata ; ce style est cou.
vert de poils couchés dans le Spir. japonica ; ilest glabre
dans toutes les autres espèces. |
Les ovules, dont le nombre varie de un à treize, sont
insérés alternativement sur la suture intérieure de l’o-
vaire : ils sont suspendus dans le plus grand nombre des
espèces; dans le Spir. opulifolia , l’un est suspendu et
les autres sont ascendans ; ils sont tous ascendans dans
les Spir. trifoliata et stipulrta , on n’en observe qu’un
seul péritrope dans le Spir. j'aponica.
Les carpelles sont en même nombre que les ovaires,
quelquefois cependant on en rencontre un ou deux de
moins par l'avortement de ceux-ci; leur volume aug-
mente environ du double en mürissant; dans le seul
Spir. opulifolia ils s’enflent en vessie et sont beaucoup
plus gros que les ovaires, à la maturité ils s'ouvrent par
leur angle intérieur et laissent voir les graines qui sont
alors insérées alternativement sur les deux valves.
Les semences sont alongées dans la plupart des es-
pèces , ovoïdes dans le Spir. opulifolia. Le raphé est
simple et se prolonge depuis Pombilic jusqu’à l’autre ex-
( 255 )
trémité de la graine, où il se termine par une chalaze
en forme de tubercule. Le tégument propre est le plus
souvent mince etun peu lâche; il est dur et très-tendu
dans le Spvr. opulifolia. Le périsperme est nul ou presque
nul ; l'embryon est droit; la radicule est tournée vers
l'extrémité de la graire la plus voisine de l’ombilic , elle
esl conique, trois où quatre fois plus courte que les co-
tylédons; ceux-ci sont ovales ou oblongs, obtus à leur
sommet. La plumule n’est pas visible.
On peut voir, d’après ce que nous venons de dire,
que les Spirées qui présentent plusieurs des caractères
communs à toute la famille des Rosacées , en ont aussi
de moindre valeur qui les distinguent des autres groupes
de cette famille, dont elles se rapprochent cependant
par une foule de nuances. Ces points de contact sont
tels, que dans beaucoup de cas on est très-embarrassé
pour fixer la limite des diverses tribus.
En général, elles diffèrent des Pomaetes par leurs
ovaires libres , jamais soudés avec le calice, par leurs
ovules alternes, par leurs carpelles déhiscens.
Ëlles s’éloignent encore plus des Rosiers qui ont des
fruits à enveloppe osseuse, indéhiscens , toujours uni-
ovulés , aitachés aux parois d’un calice étranglé au
sommet.
Les Sanguisorbées , plantes souvent privées de pétales
et diclines, dont les fruits sont des achènes souvent
soudés entre eux et recouverts par le calice , diffèrent
au premier aspect, des plantes dont nous nous occu-
pons.
Les Potentillées s’en éloignent par leurs ovaires nom-
( 256 }
breux souvent portés sur un réceptacle proéminent , par
leurs fruits qui sont des achènes ou des drupes.
Enfin , les Amygdalées ou Drupacées en diffèrent
par leur ovaire unique et leurs fruits indéhiscens et dru-
pacés.
Groupes à former dans le genre SrirÆA.
Moœnch , dans son Methodus, a divisé les Spiræa en
trois genres, savoir : Spiræa , Filipendula et Ulmaria,
auxquels il a ajouté, dans son Supplementum , le genre
Gillenia.
En commençant à étudier ce genre, considérant la.
différence de port que présentent les espèces de Spirées,
nous crûmes à la nécessité de suivre les divisions de cet
auteur en supprimant le genre Filipendula qui offre
trop de rapports avec l’Ulmaria pour en être séparé.
L'inspeclion des ovules , caractère essentiel entièrement
négligé par Mœnch , semblait lever tous nos doutes ;
en effet, nous trouvions dans les vrais Spiræa de
5à 18 ovules, suspendus , insérés au sommet de l’o-
vaire ; dans les Ulmaria nous n’en rencontrions que
deux, suspendus, insérés vers le milieu de l'ovaire ;
enfin les Gillenia nous en présentaient deux, ascen-
dans, insérés vers la base de l’ovaire, Gette dernière
division nous paraissait surtout bien éloignée des vraies
Spiræa , lorsque l'inspection des ovules du Spir. opuli-
folia vint nous offrir un passage bien naturel pour lier
les Gillenia aux autres espèces du genre. x
Si l’on ouvre un ovaire du Spir. opulifolia, on trouve
deux ou trois ovules insérés vers son milieu , ovoïdes,
transversaux , et dont lesextrémités regardent les parois
(287)
Jatérales de l'ovaire ; lorsque le fruit mûrit , les ovules
changeant de position , deviennent alors , l’un suspendu
et les autres ascerdans.
Cette observation qui diminuait bien l'importance
de la position des ovules dans ies Spiræa, nous a déter-
minés, en suivant l'exemple de la plupart des bota-
nistes modernes , à les regarder comme formant un seul
genre, auquel nous avons cru devoir réunir le Keria
qui, comme nous l’avons déjà observé, n’a pas de ca-
ractère assez essentiel pour en être séparé. La position
et le nombre des ovules nous serviront à former des sec-
tions bien distinctes ; ces divisions sont d'autant plus
naturelles qu’elles se rapportent parfaitement à celles
que l’on pourrait fonder sur le port des espèces.
La première , sous le nom de Spiræa, comprendra
le Spir. Aruncus et toutes les Spirées ligneuses à l’ex-
ception des Spir. opulifolia et japonica ; ces espèces ont
ordinairement des feuilles indivises, pinnatifides, dans
le Spir. sorbifolia, décomposées dans le Spir. Aruncus ,
elles sont toutes ,à l'exception du Spir. sorbifolia , dé-
pourvues de stlipules. Le disque recouvre l'intérieur du
calice, s’en sépare au-dessus de l’insertion des étamines ;
cette partie libre est tantôt marquée de dix crenelures,
tantôt composée de dix lobes distincts ; dans le seul
Spir. sorbifolia cet organe est entièrement soudé avec
le calice dont il recouvre la paroi interne comme une
espèce de vernis. Les styles sont droits, filiformes , gla-
bres; les ovules sont au nombre de 5 à 18, suspen-
dus, attachés depuis le sommet de la suture intérieure
de l'ovaire jusques vers son milieu. Les carpelles aug-
mentent à peine du double en mûrissant , leur péricarpe
présente la consistance d’un papier épais.
( 258 )
Cette division, la plus nombreuse du genre , peutse
diviser en trois sous-sections ; dans la première seront
toutes les espèces ligneuses dont le disque devient libre
au-dessous de l'insertion des étamines ; la seconde ren-
ferme le Spir. sorbifolia, dont le disque , comme nous l’a-
vons dit plushaut , est entièrement soudé avec le calice et
dont les feuilles sont pinratifides et munies de stipules ;
la troisième enfin ne comprendra que le Spir. aruncus,
la seule des espèces herbacées qui soit munie d’un
disque , et dont les feuilles sont décomposées et les fleurs
dioïques.
La seconde de nos divisions portera le nom d’Ulma-
ria, déjà consacré par les anciens auteurs ; elle con-
tiendra les Spir. Filipendula, Ulmaria , digitata et
lobata ; ces plantes sont toutes herbacées ; leurs feuilles
sont pinnatifides , pourvues de stipules; leurs fleurs
sont en cimes ; leur disque est nul; on en observe à
peine quelqués rudimens sous la forme de côtes qui
partant du sommet du tube du calice , au-dessous de
l'insertion des étamines, se prolongent jusqu’au fond;
leurs styles sont glabres , courts, réflechis , en forme de
massue ; leur ovules sont au nombre de deux , insérés
au milieu de la suture intérieure de l’ovaire ; leurs car-
pelles ressemblent à ceux de la division précédente.
La troisième section renfermera le seul Spér. opulifo-
lia ; cet arbrisseau a des feuilles munies de stipules ;
un disque soudé, comme dans le Spir. sorbifolia ,
avec la paroi interne du calyce ; des styles droits , fil
formes , glabres , semblables à ceux des espèces com-
prises dans fa première division ; ses carpelles s’enflent
en vessie et deviennent cinq ou six fois plus grands que
‘4 s ( 259 )
l'ovaire , leur péricarpe est mince et flexible ; les graines
sont au nombre de deux , plus rarement de trois , l’une
suspendue et les autres ascendantes. Nous donnerons
à celte section le nom de Physocarpos , faisant allusion
au renflement des carpelles.
Les Spir. trifoliata et stipulata formeront notre qua-
trième section ; ces deux espèces ont des liges herbacées,
des feuilles tripartites, munies de stipules; leur disque
est nul; leur calice est en forme d’urne antique, re-
couvrant les ovaires ; leurs pétales sont lancéolés, très-
longs ; leurs filamens très-courts ; leurs styles droits, fi-
liformes , glabres ; leurs ovules , au nombre de deux , as-
cendans , nérés presqu’à la base de la suture intérieure
de l’ovaire. Nous conserverons à cette section lenom de
Gillenia, donné par Mœnch et adopté par Nuttall,
Notre cinquième et dernière division comprendra le
Spir. japonica (Keria japonica, Dec.) , et sera carac-
térisée par ses feuilles munies de stipules ; son calice hy-
pocratériforme ; ses fleurs grandes , solitaires au sommet
des rameaux, jaunes dans les individus cultivés à fleurs
doubles dans nos jardins ; son style filiforme couvert de
poils couchés comme dans les genres Rosa et Calycan-
thus ; ses fruits contournés comme ceux du Spir, ul-
maria; sa graine unique, péritrope, insérée au milieu
de la suture intérieure de l’ovaire. Nous donnerons à
cette section le nom de Keria déjà employé par M. de
Candolle pour désigner cette plante.
COL
Table chronologique des espèces connues et décrites
du genre SPIRÆA.
salicifolia.
tomentosa.
chamædrifolia.
hypericifolia.
. crenata.
1253. Linné Sp. PI. Ed: xs. 2t:.{ 11..( opulifolia.
sorbifolia.
Aruncus.
Filipendula.
Ulmaria.
trifoliata.
1760. Scopoli. FI. Carniol .......... 1... ulmifolia.
1770. Jacquin. Hort. Vindob........ 1.. lobata.
trilobata.
771. Linné, Mantissa.,. ............ | ë
ain lævigata.
1781. Linné fils. Suppl........,..... 1.. argentéa.
callosa.
palmata.
incisa.
betulifolia.
alpina.
thalictroïdes.
camtschatica.
1784. Thunberg. Fl Jap: 0... de
1784: Pallas. FL Ross... +....:.:..:.. 4.
1779. Willdenow:Sp. PL. :4:..:-::42. 1.. digitata.
cœrulescens.
1800 P0ITéRADiCi Mer mer reeeLe 3..4 magellanica: |
lanceolata.
1806, VValdstein et Kitaibel. PI. Hung. 1.. cana.
acutifolia.
obovata.
stipulata.
1809. Willdenow. Enum........ ÉTRAES
capitata. |
1816. Pursh. F1. Amer. Sept........ a 2) 0 E HEAR PT
à 33
Nous ajouterons dans notre Monographie les Sprr. flexuosa ,
espèce envoyée, de Russie, par M. Fischer, connue dans les
jardins de Paris sous:le faux nom de Sprr. alpina, et Spir. ja |
ponica, auparavant Keria japonica, Dec.
(241)
Habitations des Spirées.
Les Spirées habitent pour la plupart les contrées sep--
tentrionales et tempérées de l’hémisphère boréal, où
elles s'étendent à presque toutes les latitudes ; le Nord
de l’Europe, de l’Asie et de l'Amérique en possède un
grand nombre; quelques-unes croissent en France, en
Italie, en Espagne, en Chine, au Japon; Sonnerat a
rapporté le Spir. cœrulescens des Indes orientales.
On ne connaît dans l'hémisphère austral que deux es-
pèces de ce genre recueillies par Commerson : l’une au
détroit de Magellan , l’autre à l’Ile de France. Enfin,
le Spir. argentea croit sous l’équateur , à la Nouvelle-
_ Grenade.
Quelques Spirées sont communes aux deux continens,
de ce nombre sont : le Spir. hypericifolia, qui habite
l'Amérique septentrionale, le Nord de l’Europe, la
France, où elle a été observée par Gouan, et trouvée
récemment par M. Gay, et l'Espagne ; le Spir. Aruncus
et plusieurs autres espèces qui croissent dans plusieurs
[contrées de l’Europe , de l’Asie et de l'Amérique septen-
trionale. Quelques autres ne se plaisent que dans des
| pays plus circonscrits ; je cilerai parmi celles-ci les Spir.
trifoliata et stipulata , qui n’ont encore été trouvées que
| dans quelques provinces des Etats-Unis.
En général, les espèces herbacées préfèrent les lieux
| bas et marécageux , cù elles acquièrent un plus grand
développement ; les espèces ligneuses, au contraire , se
rencontrent fréquemment sur le penchant des côteaux,
où on les remarque quelquelois entre les fentes des ro-
| chers.
1. 10
(242)
Propriétés médicales et usages économiques des
Spirées.
Les Spir. F ilipendula et Ulmaria étaient employées
fréquemment par les anciens médecins; nous ne nous
étendrons pas sur les vertus qu’on attribuait à ces plantes,
leur usage étant presque totalement abandonné aujour-
d’hui.
Pallas (1) nous apprend que les habitans du Kamit-
chatka mangent les jeunes pousses crues du Spir. Camts-\
chatica, et recueillent avec soin les racines pour s’en
nourrir pendant l'hiver. Selon cet auteur, les Russes ra-
massent les feuilles de plusieurs espèces ligneuses et en
prennent l’infusion au lieu de thé.
Les médecins des Etats-Unis assurent (2) que le Spir.
tomentosa jouit d’une verlu amère très-énergique ; son
emploi est recommandée contre la diarrhée.
Mais les espèces du genre dont nous faisons l’histoire ,
qui offrent le plus de secours à la médecine, sontles Spir.
trifoliata et stipulata ; M. Barton (5) nous apprend que,
leurs racines sont vivaces , composées de plusieurs fibres
minces, longues , brunes , quelquefois noueuses dans une
portion considérable de leur longueur, et disposées au-
tour d’un tubercule épais ; elles ressemblent en quelque
sorte à celles de l’Zpécacuanha , auxquelles on peut les il
comparer sous le rapport officinal. On leur attribue en:
core des vertus toniques qui font qu’on les emploie avec W
*
.
(1) Pal! , F4. Ross. 1, p. 41.
(2) Med. Reposit. VI, p. 256-272.
(5) Barton , Vegelat Mat. Med. T, p. 65.
(245) ©
succès contre les fièvres intermittentes. Elles doivent
être administrées en poudre , à la dose de trente grains
pour un adulte; dans cette proportion, elles peuvent
être regardées comme un émétique eflicace et sans dan-
ger. Leurs propriétés sont si énergiques, que les paysans
américains, qui en usent quelquefois avec peu de mo-
dération, sont obligés de recourir aux secours de la mé-
decine.
Toute la plante jouit probablement des mêmes vertus
à un degré moins énergique; on assure qu’administrée
aux chevaux elle rétablit promptement leur appétit.
(La suite dans le prochain Numéro. )
\
Quelques Considérations sur les Méduses ;
Par MM. Quoy Er GaimarD ,
Médecins-naturalistes de l'expédition de découvertes autour du
monde , commandée par M. le capitaine Frexcrwer.
Les Méduses, qui portent sur quelques-unes de nos
. côtes le nom de Warmout, appartiennent à la classe des
zoophytes ou animaux rayonnés. Les anciens les nom-
maient Orties de mer, à cause de la démangeaison brû-
lante que quelques-unes font éprouver à la main qui les
touche , et Poumons marins, d’après leur forme ou leurs
mouvemens alternatifs d’expansion et de resserrementé
Ces singuliers animaux, dont la plupart jouissent de la
propriété d’être éminemment phosphorescens pendant la
nuit et de briller comme autant de globes de feu, sont
mous, gélatineux , le plus souvent incolores et quelque-
10.
N (4)
fois ornés des plus belles couleurs. Leur partie princi-
pale est formée d’un disque ou ombrelle contractile , avec
ou sans appendices. Leur parenchyme est si peu consi-
dérable que , pac la seule évaporation , il se résout très-
promptement en une eau limpide, salée, et qu’une Méduse
de vingt à trente livres ne présente plus aiors qu’un ré-
sidu de quelques grains, formé de parties membraneuses
et transparentes. On dirait que l’eau s'organise pour for-
mer ces animaux. Toutes les parties de leur corps sont
irritables , et c’est par la contraction réitérée et le res-
serrement sur elle-même de l’ombrelle, que s'opère la
progression. Les Méduses n’ont, ni système nerveux,
ni organes des sens , à l'exception de celui du toucher
qui a lieu par toute leur surface ; elles puisent , dans le
milieu où elles vivent, leur nourriture à l’état molécu-
laire , et ne peuvent point se diriger par une volonté pro-
pre vers tel ou tellieu, ni fuir ce qui peut leur être nuisible.
Les Méduses sont les animaux pélagiens les plus ré-
pandus; on en trouve dans toutes les mers, depuis le
Groënland jusqu’au cap Horn, et surtout dans les mers
inter-tropicales. Elles peuvent quelquefois affronter l’agi-
tation des flots; mais il est probable que dans les tem-
pêtes elles jouissent de la faculté d'aller chercher à de
grandes profondeurs des eaux plus paisibles. Ge n’est
en effet que dans les calmes qu’on voit leurs légions pa:
raître à la surface. Il nous est souvent arrivé de naviguer |
pendant plusieurs jours au milieu de ces animaux qui
constamment suivaient une même direction. Lorsque
l'impulsion des courans les favorise, ils doivent par=,
courir d'assez grandes distances; ils sont doric suscepti-
bles de changer de méridien et de latitude: aussi,
(245)
avons-nous observé les mêmes espèces dans des parages
différens; et, pour ne pas multiplier les exemples, il
nous suflira de dire que nous avons trouvé , en très-grand
nombre , à l'entrée du port Jackson , la Pélagie panopyre
que MM. Péron et Lesueur ont recueillie dans l'Océan
atlantique équatorial. Ainsi, il n’est pas toujours exact
de dire que telle espèce habite constamment tel ou tel
lieu. Cependant les Méduses de la zône torride diffèrent
de celles des températures froides , et, comme tous les
êtres qui jouissent de la double influence de la lumière
et de la chaleur, elles brillent dans toutes leurs parties de
plus belles couleurs , paraissent à la surface des eaux et
usent de la part de vie que la nature leur a départie ,
tandis que celles des mers froides , ordinairement ternes
et décolorées , restent pendant l’hiver engourdies au fond
des eaux et ne reparaissent qu’au printemps, embellies
des organes qui servent probablement à la reproduction.
Relativement aux autres fonctions dont ces animaux
ont pu être doués, et à commencer par la première de
toutes, la digestion , nous pensons avec M. Cuvier que
les ouvertures que Baster, Müller, Péron et Lesueur ont
pris pour des bouches, n’en sont pas. Tout le monde sait
que ces derniers raturalistes ont établi leurs grandes
divisionssur des caractères qui ne sont point exacts ; ils
disentavoir vu des Méduses digérer jusqu’à des poissons.
Gette opinion est aussi celle de MM. Bosc, Gaëde ; Ey-
senhardt et Chamisso. De pareils observateurs méritent
sans contredit toute la confiance que leur nom inspire ;
mais nous pouvons assurer que , dans quelques espèces ,
un phénomène de digestion aussi compliqué est tout-à-
fait impossible ; faute d'organes convenables pour l’opé-
(246)
rer. Une nouvelle espèce de Dyanée que nous avons prise
non loin des côtes de Valence, dans la Méditerranée ,
nous paraît fournir un argument sans réplique : cette
Méduse ne présente aucune ouverture par laquelle
puisse entrer une substance quelconque d’un volume vi-
sible ; et, cependant sa texture intime est en tout sem-
blable à celle des autres espèces du même genre. La figure :
que donne Müller; et qui a été copiée par d’autres auteurs,
d’une Méduse avalant un poisson, ne prouve rien; car,
ainsi que le remarque M. Cuvier, il peut très-facilement
s'être introduit dans une ouverture presque toujours
béante et qui offre peu de résistance. Nous savons, et
nous l'avons vu plusieurs fois, que les Physalies sucent
et digèrent les petits poissons qui ont reçu la commo-
tion de leurs brûlans tentacules ; mais les Méduses ne
sont pas organisées comme elles et pourvues de sucoirs.
Bien que quelques-unesaient en partage cette faculté cor-
rosive, ont-elles des organes susceptibles de digérer des
corps solides ? C’est, selon nous, une question encore
indécise et qui mérite l’attention des observateurs.
Comment s’opère leur respiration ? se fait-elle par
toute la surface de l’ombrelle, comme le pense M. de
Blainville et Péron, pour quelques espèces seulement ,
car ils admettent dans d’autres des sortes de branchies.
S’il est absolument nécessaire que ces derniers êtres de la
chaine animale aient une respiration, ce qui n’est rien
moins que prouvé, puisqu'on n’a pas encore trouvé ,
dans toutes les espèces, des organes fixes et invariables
propres à cette fonction , la première hypothèse serait
la plus probable: car des Méduses placées dans une eau
qui n’est pas renouvelée, l’altèrent aussitôt , y dégagent
(247) :
un muçus gluant qui s’embarrasse dans leurs tentacules
et elles finissent par périr. Il s'opère donc de toute leur
surface une exhalation excrémentitielle qui a besoin d’être
promptement enlevée pour ne pas leur nuire. Est - ce
une respiration? Nous ne le croyons pas, puisque les
Biphores , qui ont un appareil respiratoire très-compli-
qué , dégagent pareillement des matières visqueuses lors-
qu’ils sont dans une eau peu abondante. On peut en dire
autant des Firoles, des Glaucus et probablement de tous
les Mollusques zoophytes pélagiens , soit qu’on leur ait
ou non reconnu des branchies. «
Gene CYANÉE.
Cyanée, Péron. Cyanea, Péron.
Corps orbiculaire, transparent, ayant en dessous un
pédoncule et des bras; des tentacules au pourtour de
l’ombrelle ; quatre bouches (ouvertures } ou davantage ,
au disque inférieur.
Cxyanke rose. C'yanea rosea. Quoy et Gaimard. Vo-
yage autour du monde. Atl. de zool. pl. 85, fig. 1 et 2.
Cyanea hemispherica , verrucosa, rosea ; brachiis
quaternis, cotyliferis ; tentaculis longissimis et nume-
TOSissimis.
Forme hémisphérique. Couleur générale d’un beau
rose. Ombrelle tuberculeuse, à huit échancrures prin-
cipales au pourtour , subdivisées en huit autres moins
profondes. Quatre bouches ou ouvertures. Quatre bras
très-longs , striés longitudinalement , remplis de cotyles
floconneux d’un rose tendre. Des tentacules très-nom-
breux et excessivement longs (ils pouvaient , dans leur
extension , atteindre jusqu’à six pieds ), tirant leur ori-
. ( 248 }
gine en dessous de l’ombrelle, d’une surface rubanée,
formée de plusieurs lignes circulaires entrecoupées par
plusieurs petits plans verticaux , aussi striés. Des quatre
ouvertures partent autant de lignes qui vont se confondre
à Ja réunion des quatre bras.
Cette magnifique Cyanée a été prise à environ vingt
lieues du Port-Jackson, sur les côtes de la Nouvelle-
Hollande La mer était calme et remplie d’autres pe-
tites Méduses que Péron a décrites sous le nom de Pé-
lagie panopyre. Cette Cyanée renfermait , dans ses longs
tentacules , une foule de pelits crustacés et plusieurs
poissons ; ils étaient tous pleins de vie et s’agitaient dans
le bocal qui avait reçu la Méduse ; rien n’a indiqué qu’elle
parut en faire sa proie.
Cxaxkx Astier. Cyanea Astier. Quoy et Gaimard ,
Voyage autour du monde. Al. de zool. pl. 84, fig. 1.
Cyanca convexa, verrucosa , griseo-hyalina; um-
bellæ margine intus striato ; brachiis foliaceis viola-
ceis quatuor ; tentaculis octo rubris.
Ombrelle convexe, pointillée en dessus, striée lon-
gitudinalement en dessous. Quatre ouvertures contenant
des ovaires rougeâtres. Quatre bras se divisant sous
l’ombrelle en quatre lames foliacées , ondulées , violettes
et assez longues. Huit longs tentacules rougeâtres , fili-
formes , insérés au pourtour du limbe qui est uni.
Cette Cyanée , figurée de grandeur naturelle, vient
des contrées équatoriales de la mer du Sud. Sans ses
quatre ouvertures , elle pourrait facilement être rangée
parmi les Dyanées.
Nous la dédions à un matelot de notre expédition qui
fut le premier à se jeter à la mer pour sauver un homme
( 249 )
qu’un malheureux accident venait de blesser à mort, Cét
hommage, bien faible sans doute , que nous nous plai-
. sons à rendre au brave équipage de l’Uranie dans la
personne de l’un de ses meilleurs matelots, rappellera
le souvenir d’une de ces bonnes actions que sont tou-
jours disposés à foire ces hommes intrépides, habitués
à toutes les privations, formés à tous les périls et si sou-
vent mal appréciés.
Aperçu de la Constitution géologique de la province
de Marwa , et de quelques districts voisins ; no-
tamment du côté du nord-ouest et de l’ouest; tiré
d’une lettre adressée par M. DANGERFIELD , capt-
taine et ingénieur géographe, à Sir Joux Mar-
cor, et insérée par ce Général dans son Mémoire
sur l'Inde centrale. Londres , 1823, t. IT,
Appendice , N.° 2.
Le Malwa qui occcupe la partie centrale de l'Inde,
entre les parallèles de 21° 30°, et 24° environ de latitude
septentrionale , consiste en une riche plaine élevée ,
s’inclinant doucement vers le Nord , ce qui est la di-
reclion de la très-grande majorité des cours d’eau
de celte province. Ge pays paraît former l’extrémité
d’une vaste étendue de terrain de Trapp de. forma-
tion secondaire , qui, à partir de l'extrémité du Dekan
et même probablement du Mysore, occupe tout le pays
au-dessus des Gates et une partie des plaines infé-
rieures , sur la côte occidentale de la péninsule, y com-
pris les îles de Bombay, Salsette et Elephanta. C'est
dans cette formation que se trouvent les Cornalines , les
{ 2bo )
Agates , etc. , des montagnes de Rajpeeply (Radjpipli)
et les grandes grottes célèbres parmi les antiquaires,
qui servirent de temples au culte de Brahma et à celui
de Budd’ha. On ne voit de ces temples que dans la
bande de terrain dontil s’agit, ce qui vient probablement
de la facilité que l’on a eue à excaver et à tailler les ro-
chers de grès, d'argile, de minerai de fer et d’Amyg-
daloïde qui composent ce terrein , et aussi de la forme
des éminences boisées qui s’y trouvent et qui sont pro-
pres à inspirer un recueillement religieux. Il y a dans
cetle même bande beaucoup de rangées de montagnes avec |
leurs ramifications; mais excepté celles qui entourent les
grands plateaux, peu d’entr’elles s’élèvent de plus de :
6 ou 700 pieds au-dessus du niveau des plaines. La
province même de Malwa, bien qu’elle soit bordée de
tout côté de pays de montagnes, et séparée au Nord-
Ouest et à l'Ouest, des terreins d’alluvion du Guzarate ,
par la grande chaîne primitive qui forme tout le Mewar
et probablement le Marwar, n’offre que des tertres coni-
ques à sommets aplatis, tels qu’on en trouve communément
dans les terrains de Trapp secondaire , et ces tertres ne
sont élevés que de 100 à 300 pieds au-dessus du plateau.
Au sud , on descend du Malwa au Nemanr et au bassin
de la Nerbudda, par une pente très-rapide qui est celle des
monts de Vindhya, élevés, en général, de 1650 pieds
au-dessus de cette rivière, et qui n’offrent presque par-
tout aux voyageurs que des passages difficiles ( Gâtes. )
Ces montagnes, ainsi que toutes celles du Malwa,
paraissent être distinctementstratifiées, étant formées de
couches horizontales et alternatives de Trapp ou Basalte
etd’Amygdaloïde, le plus souvent au nombre de quatorze.
( 251 )
L’épaisseur de ces couches va en augmentant de bas en
haut ; celle qui approche le plus de la surface du sol
étant épaisse de 15 à 30 pieds. On observe que les Amyg-
daloïies forment les bancs les plus puissans; cependant
le tout repose sur un banc de Basalte de 300 pieds de
hauteur, et cette dernière roche est celle de toute la
plaine inférieure.
Dans les deux ou trois couches supérieures du plateau,
le Trapp est à grain fin et compacte ; mais plus bas, il
passe graduellement à l’état de Trapp globulaire, dont
les sphéroïdes , d’abord peu considérables , augmentent
de grosseur dans la profondeur jusqu’à être d’un volume
énorme dans les couches les plus basses. La nature de
celte roche, dit M. Dangerfeld , est bien connue par les
détails que Thomson a donnés sur le système de Werner,
où elle est placée parmi les roches de transition.
L’Amygdaloïde se décomposant à l’air plus aisément que
le Trapp , ilest facile de distinguer à l’extrémité des bancs,
même de loin , à laquelle de ces deux roches ils appartien -
nent ; le Trapp forme des escarpemens verticaux , nus, et
d’une couleur sombre, tandis que l’Amygdaloïde, en se
désaggrégeant , donne lieu à des éboulemens en pente
douce , d’une terre fertile et couverte de végétation. Delà
résulte une disposition en gradins surlaquelleestfondé très-
probablement le nom de T'rapp , emprunté des Suédois.
L’art a profité de cette manière d’être du bord des pla-
teaux, pour y asseoir les forts nombreux , qu’on y re-
marque , notamment dans le Dekan, le Candeish et le
Concan.
Dans l’Amygdaloïde des monts Vindhya, la masse
paraît être une Wacke tendre contenant des cavités ta-
( 252 )
pissées de lerre verte, quelquefois vides, mais plus or-
dinairement remplies de concrétions globulaires, com-
primées ou mamelonnées , de Zéolite , de Spath calcaire
ou de crystaux de Quartz, dont le volume n’excède pas
celui d’une grosse amande ; les plus nombreux sont les
noyaux calcaires et de Mésotype , réunis au centre par des
filamens très-déliés et convergens; il y à aussi des petits
crystaux de Zéolite cubique et des crystallisations sili-
ceuses, souvent remplies de Spath calcaire.
Au-dessous du Gâte de Jaum, entre Mundleysir et
Mhysir, ou observe un groupe de colonnes basaltiques
de 4 à 6 pieds de haut, et de 12 à 18 pouces de dia-
mètre, en prismes à quatre ou six côtés, d’une pierre
irès-dure et d’un noir brillant. Ces colonnes sont portées
sur une roche de Basalte à grain fin, contenant quel-
quefois du feldspath, mais coupée plus ordinairement
par de petites veines verticales de Quartz ou par des filets
du même Basalte , mais qui paraît contenir alors plus de
fer. Dans cette roche, sur laquelle la Nerbudda coule
pendant long-temps , se touvent de beaux échantillons
de Zéolites , particulièrement de celles en feuillets , radiées
ou prismatiques ( stélbite) ; on les rencontre aussi at-
tachés à de gros fragmens de Quartz.
Dans la majeure partie du nord de Nemaur, la roche
se montre rarement à la surface dans les plaines.
Les berges de la Nerbudda, quiont4oà 50 pieds de haut,
entre Mundleysiret Chiculdah , se composent , sous l’hu-
mus , de deux couches distinctes de terrain d’alluvion. La
couche supérieure , dont l'épaisseur est ordinairement
de 30 à 4o pieds, contient une grande quantité de marne
endurcie, fortement imprégnée de sel commun, que les
( 253 )
indigènes en extraient par lalixivation et par l’évaporation
au soleil. L’inférieure, qui a une teinte rougeâtre moins
claire, contient une forte proportion de carbonate de
soude, uni à un peu de muriale; elle n’a guères que 10
à 19 pieds d'épaisseur et repose immédiatement sur le
Basalte qui forme le lit de la rivière. Dans la saison
sèche, ces deux sels forment une efllorescence épaisse à
la surface de la berge, et l’on se borne à vendre celle de
soude. telle qu’elle se trouve, pour le blanchissage et
d’autres usages semblables, sans employer le lessivage
comme pour le sel commun.
En quelques endroits de la berge, près de la ville de
Mhysir, on fait remarquer dans la couche supérieure,
ou près de la jonction des deux couches, des briques et
des, débris de poterie , que l’on prétend avoir appartenu
à l’ancienne ville du même nom qui aurait élé couverte
par. une pluie de terre à une époque très-reculée, ainsi
qu’on le dit aussi de celle d’Oojein, et de plus de quatre-
vingt autres grandes villes du Malwa et du Bégur. Tou-
tefois , il n’y a là, suivant M. Dangerfield, aucune ap-
parence de matières volcaniques, quoiqu’on remarque
dans la chaîne des monts Vindhya et dans le Rajpeeply,
près du sommet de certaines hauteurs , des creux quel-
quefois remplis d’eau, que l’on a jugé pouvoir être des
cratères ; l’auteur ne les ayant pas observés lui-même,
déclare qu’il ne peut hasarder à cet: égard aucune: opi-
nion, À la vérité , les trémblemens de terre sont fréquens
au N.-0. de ce pays, et souventterribles , si l’on en peut
juger par celui qui, dans ces derniers temps, a boule-
versé presqu'entièrement la province de Gutch; cepen-
dant , les terrains dont on vient de parler ; et les sels qui
(254 )
s’y trouvent , sembleraient, suivant notre auteur, pro-
venir de la décomposition des roches dont les montagnes
voisines sont formées , et dont les débris doivent être
charriés et déposés dans les lieux bas par les torrens de
pluie qui caractérisent le climat de l’Inde, plutôt que
des éjections volcaniques. Resterait à savoir pourquoi il
existe une ligne de démarcation aussi tranchée entre les
deux couches qui constituent le terrain d’alluvion.
L’auteur place ici la description abrégée du cours de
la Nerbuddha, qui n'appartient point à ce Journal,
étant plus géographique que géologique.
La constitution minéralogique des hautes plaines du
Malwa comporte peu de variété. Ce sont, suivant les
différentes élévations du terrain , des Trapps , tantôt cel-
lulaires , tantôt compactes , ou bien de l’Amygdaloïde,
deux sortes de roches qui alternent constamment dans
ce pays, mais dont les bancs diminuent d’épaisseur à
mesure qu’on s'éloigne des monts Vindhya vers le nord.
Les tertres dont on a parlé offrent souvent un banc su-
périeur de Trapp ou de Wacke en fragmens empâtés dans
une argile ferrugineuse , et la surface est parsemée
de nombreux débris de la même roche cellulaire, qui
semblent avoir été roulés. Tout d’ailleurs ressemble dans
ce plateau à ce qui a été dit de la constitution des monts
Vindhya.
Le sol végétal a généralement , dans la plaine,
trois, dix et jusqu’à quinze pieds d'épaisseur; c’est ou
une terre franche (loam), fréquemment rouge et com-
pacte, ou un terreau noir; elle recouvre quelquefois,
surtout au pied des tertres et au bord des ruisseaux, une
couche mince de marne contenant depetites boules d’ar-
L
( 255 )
gile de couleur claire. Ces marnes ou calcaires terreux
contiennent beaucoup de coquilles univalves , bivalves,
de Buccins et une espèce de Moules; les Ammonites se
trouvent principalement dansle lit de la Nerbudda , près
de Onkar Mundattag, et des cataractes; mais l’auteur
ne les a jamais vues en place. |
Indépendamment des grands dépôts de minerai de fer
qui se trouvent dans les montagnes dont le Malwa est en-
touré, il y a, à l’est du Chumbul, une bande étroite de mine-
rai de fer argileux cellulaire qui s’étend fréquemment d’un
bout à l’autre de cette province, etse prolonge même, à ce
qu'on croit, au N.-0. jusque dans celle de Harrowtee ; cette
bande s’élève plus ou moins au-dessus du terrain adja-
cent; mais rarement de plus de deux cents pieds, par
exemple , à Doomnar , où des temples souterrains y ont
été creusés. Le minerai de fer paraît reposer sur desgrès;
dans quelques parties , il est assez compacte ; dans d’au-
tres, il a de grandes cavités contenant du minerai pisi-
forme ou botryoïde, mais de même nature. Ce minerai
est pauvre et ne s’exploite pas.
La partie septentrionale du Malwa est principalement
occupée par du grès fissile ou non fissile, surmonté
en plusieurs endroits par une rangée de collines allant
de Chittore à Harrowtee, et formée de cornéenne
(Hornsione) esquilleuse ou conchoïde, dont les bancs
sont quelquefois si minces qu’on les prendrait pour de
simples feuillets. La couleur ordinaire de cette cor-
néenne est un vert très-clair ou un gris rougeâtre,
avec des raies étroites d’un rouge plus foncé tirant sur
le violet, et d’une structure radiée. Les collines dont
il s’agit sont constamment taillées à pic sur toute
( 296 )
leur hauteur , qui est de deux cents à deux cent-cinquanté
pieds. Les couches en sont horizontales ou à peu-près à
mais la partie supérieure ne forme qu’une seule masse:
Les grès sont généralement à grains très-fins, et de
différentes teintes claires. Les variégés brunes ont le grain
un peu plus gros et contiennent quelquefois un peu de
Mica. Différentes sortes de grès sont employées comme
pierres à bâtir; mais surtout la variété grise, qui est
merveilleusement propre à cet usage par la facilité avec
laquelleelle obéit au ciseau , sans cependant se laisser al-
térer par l'air. s
Après Dulput Poora, on trouve une contrée ondulée
dont la roche semble appartenir au grès bigarré de Werner;
cette roche offre différentes teintes de gris et de rougé,
par bandes et par taches; mais, au-delà de Cheetakairee ,
la variété dominante est le grès gris , offrant quelquefois
de pelites taches d’un rouge brillant et contenant des
couches minces de calcaire à gros grain, et une marñé
rouge à grain fin. On travaille dans ce même lieu de
Cheetakairee un minerai de fer réniforme ou mameloné,
de bonne qualité, qui. s’exploite abondamment à peu de
distance vers le sud , et vers Neemutch.
Ne pouvant entrer dans le détail de toutes les localités,
nous citerons entre Peeliah et Dewlia un espace de ter-
rain fortement accidenté, formé de calcaire et de grès,
au nord duquel il ya beaucoup de gypse et de sel gemme ,
et peut-être du terrain houiller.
Aux environs de Gannore, on commence à trouver
des Siénites dont l’aspeët varie beaucoup , suivant qu’elles
contiennent plus ou moins d’Amphibole. Quelquefois, les
parties constituantes de la roche sont disposées en bandes
distinctes.
(25% )
Vers Reindhur se montre le granite auquel suc:
cède plus à l’ouest, en montant , un grand espace de
schiste argileux , puis un peu de syénite, et encore un
granite à petits grains, qui semble tacheté dé verdâtre
parce qu’il esl parsemé de petits crvstaux de thallite.
De Durolee aux montagnes qui’ entourent à l’est la
ville d’Odeypoor , la roche dominante est un gneiss on-
dulé en bancs presque verticaux , ou plongeant fortement
vers le nord-est, et contenant du granite ou alternant
avec lui.
Les montagnes d’Odeypoor ont généralement quatre
à sept cents pieds de haut et sont composées de cor-
néenne , en masses et en prismes le plus souvent porphy-
ritiques , quelquefois aussi en conglomératavec beaucoup
de mica d’un jaune brillant , interposé. Cette roche paraît
reposer immédiatement sur le gneiss; mais elle s’ap
puie sur le mica-schiste, ou plutôt, peut-être , elle
entoure un banc de cette dernière roche. La chute d’un
pan d’une de ces montagnes a misà découvert d'énormes
colonnes de cornéenne , qui, à raison du mica qui s’y
trouve , ressemble à un porphyre ; c’est par celte fissure
que passe la rivière Bedus, pour aller former, près
d'Odeypoor, un lac artificiel d’une grande beauté,
A l’ouest, et tout près de Soledav, on commence à
monter la rangée de montagnes de Maunpoor ou Suloom-
bur , élevées généralement de sept ou huit cents pieds
au dessus de la vallée de Duriawud , mais sur quelques
points de onze à douze cents pieds ,et composée presqu’en-
tièrement de schiste avec des bancs subordonnés de dia-
base compacte et schistoïde , et aussi decalcaire crystallin,
à grain fin, d’un gris clair. Ces bancs subordonnés man-
A 17
( 258 }
quent dans le haut de ces montagnes. Les schistes argi-
leux ou chloriteux y sont verticaux ou très-fortement
inclinés à l’est, ayant leur direction du N.-N.-O. au
S:-S.-E. Da mulieu de ces schistes s'élèvent rapidement,
au N. de Maunpoor, deux grands rochers de quartz
blanc, dei-transparent et quelquefois un peu rougeâtré,
dont lä hauteur est de cent-cinquante à deux cents pieds ; .
et dont la blancheur, qui contraste avec la couleur
sombre des schistes ; jointe à leur forme anguleuse , offre
de loin l’apparence d’amas de neige, et plus près celle
de châteaux en ruines. Il y a de même d’énormes bancs
de quartz, non-seulement dans ces montagnes, mais
dans toutes les plaines basses de Suloombur et vers
Odeypoor:
Après avoir passé Béerawul , on voit beaucoup de mica
schiste dans la vallée de Malpoor; du granite et ensuite
du gneiss jusqu’à Suloombur. La montagne au pied de
laquelle ce lieu est bâti est aussi de gneïiss avec des
veines de quartz; mais plus loin, on ne trouve plus que
le mica schiste avec des couches minces d’amphibole etde
mica ou d’amphibole schistoïde: Les belles montagnes
de 4 à 700 pieds de haut, qui dominent le magnifique
lac artificiel de Deybur , sont de gneiss jusqu’à une cer-
taine hauteur ; mais au-dessus, leurs escarpemens n'of- |
frent qu'un amas de blocs réniformes de cornéenne ou,
de quartz , liés par un ciment de même ualure ; et entre+
mêlés de petites plaques de mica d’un jaune brillant ;
qui facilitent la séparalion de ces blocs.
Cesmontagneset celles d’Odeypoor sont une branche dé
la grande chaîne qui règne du sudau nord , entrele Malwa; M
le Rath , le Bagur , d’une paït, et le Guzarate de l’autre, | k
(259)
et qui aboutissent au noïd aux montagnés plus impo-
santes en£ore du Marwar. La connaissance qu’on a de
cétte vaste étendue de montagnes est malheureusement
fort bornée. On a lieu, cependant , de juger qu’elle doit
être entièrement composée de roches primitives , prin-
cipalement de schistes ou de calcaire; au sud, du côté
dé Docngurpoor, dominént surtout les schistes, avec
beaucoup de pierre ollaire et de stéatite pure ; au nord,
ce sont en plus grande partie des marbres primitifs et du
crystal de roche. Le marbre , le crystal et la stéatite sex:
portent delà dans toutes les contrées voisinés. On pré-
tend qu'il y a eu , au nord, des exploitations fort avan-
tageuses de cuivre et de plomb que les derniers troubles
ont forcé d'interrompre; il y avait même , dit-on, du
Mincrai d'argent , mais qui ne payait pas les frais.
La descente du Malwa vers le Guzaräte , au sud ouest,
ést plus sraduelle et les montagnes y sont moins élevées ;
mais la nature des roches et leur disposition est à-peu-
près la même que dans la partie quia été décrite jusqu'ici.
Aux roches trapéennes du Malwa succèdent des grès
grossiers et des pierres calcaires avec d’éhormes bancs
de quartz et des conglomérats formés de gros blocs. Le
| éalcaire est en général grossier , d’un rouge de brique
foncé, mêlé de blans, et contient souvent beaucoup de
{Silex. Vers Gooräh, commencent les schistes argiieux
| et chloriteux, et des éminences saillantes de quartz sem -
| blables à cellés qu’on a décrites ci-dessus en parlant des
montagnes de Mauhpoor ; mais qui, ayant ici moins
\d’élévation et plus d’étendue, ont l’apparence d’un camp.
Au-delà de Goorah , la roche dominante est le mica
schiste, avec des filets de feldspath pur , quelquefois
uns —
17.
( 26p })
parfaitement blanc. A Rajpoor, et de À jusqu’à Ghota
Odeypoor , on voit un granite à pelits grains , où le mica
est noir, mais où les autres parlies constituantes sont
blanches.
A Odeypoor se montre un calcaire rouge à larges
grains , à fracture brillante, contenant de petits crys-
taux de serpentine , disséminés, et quelque peu de mica.
Il y a enccre du granite jusque près de Jubboogaum ;
après quoi on ne voit plus guères de roches en place
jusqu’au Guzarate, où l’on exploite sur beaucoup de |
points du grès grossier dont on fait des meules.
_ Quant aux frontières du Malwa , vers l’est et le nord: |
est, le caractère géologique en est peu connu; mais il |
paraît qu'après avoir traversé aussi de ce côtéune bande
montagneuse, que l’on nomme la seconde rangée des |
monts Vindhya, on descend, également par degrés, |
jusqu'aux plaines inférieures appartenant à la province!
de Bundelcund. On a lieu de croire qu’il n’y a pas de |
roches primitives dans cette direction.
M. Dangerfield a joint à sa lettre un essai de cartel
géologique, où il a indiqué, par des teintes plates , la
{
position respective des bandes occupées par le terrain
trapéen du plateau du Malwa, par le grès qu'on trouve
après ce terrain lorsqu'on va vers l’ouest , et successive-|
ment dans cette même direction par la siénite, pan
la cornéenne, par le gneiss et le granite, par le cal-
caire à grain grossier , et enfin, par une autre bande :
de grès, jusqu’à ce qu’on arrive au terrain d’alluvion
du Guzarate. C.-M.
( 261 )
Dgscriprion d’une nouvelle espèce d'Arachnides,
du genre ErgirA, de M. WaALCkENAER;
Par G. VAUTHIER.
Cette nouvelle espèce d’Arachnide , originaire de Java,
que je décrirai sous le nom d’Epeira curvicaudu, m'a
été communiquée par M. Léman. La singularité de son
organisation et son état parfait de conservation m'ont dé-
terminé à en. faire un dessin analytique , et m'ont engagé
à en publier la description. |
La collection du Muséum d'Histoire naturelle, que
j'ai scrupuleusement examinée, et les auteurs que j'ai
consultés, ne m’ayant présenté aucune espèce qui fut
parfaitement identique à celle-ci, j'ai cru pouvoir la
publier comme nouvelle, etenrichir le genre Epeire d’une
espèce de plus.
ÉPEÏÎRE A QUEUES COURBES.
Epeira curvicauda. (Nob.)
Description. Gorps de forme à-peu-près triangulaire ,
long de quinze lignes , du crochet terminal des mâchoires
à l'extrémité des cornes caudales: tête munie de deux
mâchoires cornées, noires, lisses, terminées par un
crochet écailleux, de couleur brune claire , sinué en de-
hors auprès de son articulation ; chaque mâchoire armée
d’une double rangée de dents inégales, au nombre de
quatre , dont la dernière est la plus grande. L'intervalle
que laissent les dents entre elles est garni de poils noirs ,
( 262 )
roides , comparables à des cils, assez longs , dépassant le
contour intérieur des mâchoires et se confondant à leur
base, près le bord supérieur du corselet, Deux palpes
velus, d’un brun foncé, s’attachant sur les côtés des
mâchoires, composés de cinq articles, dont le premier
court, le second le double plus long, le troisième re-
courbé plus court que le premier , les deux suivans à-peu-
près égaux en longueur, le dernier terminé par
un petit ongle noir. Lèvres brunes , beaucoup plus
courtes que les mâchoires, arrondies antérieurement,
Menton brun, court, arrondi à son bord antérieur. Le
corselet est noir , très-bombé , le double plus large que
long , de forme à-peu-près trapézoïdale , ayant son bord
antérieur sinué, légèrement arrondi sur les côtés, et
hérissé entièrement de poils blancs assez roides; au mi-
lieu et vers le bord antérieur, sur un tubercule noir,
saillant et dépourvu de poils, sont placés quatre yeux
lisses, très-brillans , dont les deux antérieurs plus petits
et plus rapprochés entre eux, De chaque côté , à la même
hauteur , sont deux tubercules de même couleur , encore
plus élevés , à l'extrémité desquels se trouve un œil double,
Les pattes sont velues, de couleur testacée, an nombre de
huit, composéés chacune de cinq articles, dont le der-
nier brun, terminé parun crochet bifide , de même cou-
leur, si petit qu’il est presque confondu avec les pails
qui l’entourent. La première paire est la plus longue , en-
suite la seconde, la troisième beaucoup plus courte , la
quatrième de la longueur de la seconde. L’abdomen d’un
jaune est rougeâtre, de forme triangulaire , son angle
antérieur tronqué, est légèrement sinué , et donne. at-
tache au corselet ; les côtés sinués, portent à la partie
({ 265 )
postérieure une petite épine noire , près de laquelle s’at-
tache une grande corne rugueuse, garnie de poils noi-
râtres , recourbée en dedans, de couleur rouge brique à
sa base, noirâtre à son extrémité; le bord postérieur est
légèrement courbé en dehors , au-dessus de ce bord se
trouve un fort pli aux extrémités duquel sont placées
dans un enfoncement deux taches noires tuberculeuses ;
sur deux éminences de ce même pli sont attachées deux
épines brunes, plus longues que celles des parties laté-
rales et dépassant Îe rebord. L’abdomen est en outre re-
bordé généralement, concave, ayant au milieu une
éminence arrondie ; il porte à sa surface vingt-trois La-
ches noires , luisantes , de forme à-peu-près ovale , dont
le bord est saillant, et ayant au centre un pelit tuber -
cule élevé. Ges taches sont ainsi disposées : quatre à la
partie antérieure, trois sur chacun des côtés, neuf sur
le bord postérieur , et quatre sur l’éminence du milieu ;
elles pourraient bien être les stigmales qui don-
nent accès à la respiration. Le dessous de l’abdomen est
nuancé de brun, de rouge et de jaune, plissé , etayant
Vanus noir et saillant.
EXPLICATION DES FIGURES.
Ps. 18. Fig. 1. L’insecte grossi du double, — Fig. 2.
Parties de la bouche vues en dessous. A,mâchoires , B,
lèvres, C, menton.—F'ig. 3.L’une des queues très-grossie.
— Fig. 4. Mâchoires, palpes, corselet , patles et partie
antérieure de l’abdomen très-grossis, vus en dessus.
A mâchoires , B palpes, € tubercules portant les yeux,
D pattes, E taches noires de l'abdomen, — Fig. 5.
(264 )
Partie postérieure de l’abdomen très-grossie, vue en
dessous; montrant le pli qui porte les deux épines et les |
deux, taches noires qui sont dans son ‘enfoncement.
À amus.-Æis. 6. L'un des tubercules latéraux du cor-
selet très-grossi , portant le double œil.
lu
RECTIMCATIONS des caractères du genre BELLEROPNE , |
établi dans la Conchyliogie de Denys Montfort ;
Par M. Derrance.
On trouve dans l’Eissel, canton du duché de Juliers ,
aux environs de Chimay, petite ville des Pays-Bas, et
en Irlande, dans des couches très-anciennes, des co-
quilles fossiles de plusieurs espèces, que Denys, Mont-
fort et d’aütres auteurs ont placées dans le genre Belle-
rophe. Ce genresetrouve , dans la Conchyliologie syslé-
matique , rangé parmi les coquilles univalves cloisonnées ,
et porte , entre autres caractères que cet auteur lui a
assignés , celui d’avoir des cloisons unies percées par un
siphon.
Malheureusement ce naturaliste, quoique possé-
dant des talens remarquables , a cependant consigné
un très-grand nombre d'erreurs, tant dans ses des-
criptions que dans les figures qu’il a publiées. Une
de ces erreurs est d’avoir annoncé que Îles coquilles
du genre Belerophe étaient cloisonnées. J’en possède
deux espèces, dont l’une provient de la collection
de Montfort et a peut-être servi de type à la descrip-
tion et à la figure qu’il en a données, page 51 de l’ou-
vrage ci-dessus cité. Ayant soupconné que ces coquilles
( 265 )
remplies de spath calcaire étaient monothalames , j'en ai
scié une transversalement et j'ai vu , en effet, qu’elle est
enroulée sur elle-même, comme un Nautile ; mais qu’elle
n’a point de cloisons, en sorte qu’au lieu d’entrer dans
la division des Céphalopodes polythalames , ce genre
devra être placé dans celle des Céphalopodes monothala-
mes, auprès des Argonautes, dont les caractères , tels
qu'ils ont été assignés par M. Lamarck, ne peuvent lui
convenir , puisque le test de ceux-ci, qui est très-mince,
est fort épais dans lestBellerophes , et qu’au lieu de deux
carènes que portent les Argonautes, on voit au milieu
dû dos des Bellerophes une seule carène qui sépare la co-
quille en deux parties égales. Ces derniers en diffèrent
encore en ce que les tours de leur spire sont très-nom-
breux , au lieu que les Argonautes sont courbés, mais
non enroulés sur eux-mêmes, en sorte qu’on aperçoit
la presque totalité de leur coquille, dont le sommet est
extraordinairement obtus.
Les Argonautes et les Bulles sont les coquilles dont les
Bellerophes paraissent se rapprocher le plus; mais ils en
sont tellement éloignés par leurs caractères qu'ils semblent
devoir constituer un genre à part. Dans ce Cas, Voici
les caractères qu’on doit lui assigner :
Coquille libre, univalve, non cloisonnée, roulée
sur elle-méme et en spirale, déprimée , formant la na-
vette; le dernier tour de spire renfermant tous les
autres ; bouche très ovale, recevant dans son milieu le
dos de la coquille.
( 266 )
Ossxnvarions sur les mœurs des Castors ; extraites
- du Voyage de Carrwrient au Labrador.
Ge voyageur a fait au Labrador un séjour de douze
ou quinze ans dans l'unique but de se livrer à sa passion
pour la chasse. Ses observations sur les mœurs du Cas-
tor sont donc celles d’un témoin oculaire et méritent
probablement beaucoup plus de confiance que celles
dont on a fait jusqu'ici usage en histoire : naturelle,
Tout ce que j'ai lu jusqu’à présent au sujet des castors,
dit Cariwright (Journal of transactions on the coast of
Labrador, tom, x, pag, 13—26) ,est rempli d'erreurs
et paraît avoir été écrit par des personnes qui n’ayaient ja-
mais vu les habitations de ces animaux, et quise fondaient …
seulement sur les récits des chasseurs , rarement véri-
diques.
C’est ordinairement vers le commencement d’août que
ces animaux se mettent à construire leurs habitations.
Yoici la manière dont ils s’y prennent pour se loger ; si le
bassin naturel dontils ont fait choix a une certaine profon-
deur d’eau près du bord, sans qu’il s’y trouve cependant
aucun rocher, ils commencent à creuser sous l’eau, au pied
de la berge, un trou qu'ils poussent peu-à-peu ep pente
jusqu’à la surface du sol , et , de la terre qui sort de ce |
trou , ils forment une petite butte dans laquelle ils mêlent
quantité de petits morceaux de hoiset même des pierres ;
ils donnent à cette butte la forme d’un dôme , ayant or-
dinairement quatre pieds de haut; mais quelquefois jus-
qu’à six ou sept pieds au-dessus du niveau du sol. La
base on est généralement ovale, son grand diamètre est
( 207)
de dix à douze pieds, le petit de huit à neuf. À mesure
qu'ils élèvent cette butte, ils la creusent en dessous pour
former le logement qui doit les recevoir avec leur famille ,
et qu'ils ont soin de tenir au-dessus du niveau des grosses
eaux. À la partie antérieure de cette demeure , ils pra-
tiquent une descente en pente douce aboutissant à l’eau,
et c’est dessous l’eau qu’ils en sortent et qu’ils y entrent.
Les chasseurs nomment cette entrée l'angle. Il est rare
que les Castors se contentent d’en pratiquer une seule ;
ils en ont ordinairement deux, quelquefois même jusqu’à
trois,
Le logement intérieur ne forme qu’une seule chambre.
elle ressemble à un four, et le sol en est garni de copeaux
fins et étroits.
À une petite distance de l’angle est le magasin pour
les provisions. C’est là que les Castors conservent les ra-
cines de Nénuphar et les branchages dont ils se nourris.
sent, ayant soin de planter ceux-ci par en bas dans la
yase. L'auteur a vu de ces magasins qui contenaient une
charretée de ces sortes de provisions , et les Gastors sont
si laborieux qu’ils ne cessent d’en amasser et d’ajouter
de nouveaux trayaux à leur demeure, tant que leur
pièce d'eau n’est pas couverte d’une glace épaisse , et
même tant qu’il leurest possible d'entretenir une ouver:
ture dans la glace,
Lorsqu'une pièce d’eau ne leur semble pas avoir assez
de profondeur, ils savent y élever la surface de Feau
en barrant la décharge par une digue ou chaussée en
travers, qu’ils forment avec des morceaux de bois, des
pierres , de la terre grasse etdu sable; ces chaussées sont
si solides, que l’auteur dit s’en être servi plusieurs fois
( 268 )
comme de pont sans s’exposer en aucune manière , si ce
n’est à se mouiller les pieds , parce qu'elles sont exacte:
ment au niveau de l’eau. Lorsque le barrage ne suffit pas
pour que l’eau s'élève assez près du bord de l'étang, les
castors bâtissent leur maison dans l'étang même, à
quelques mètres du rivage , en commencant par le fond
et en entassant la terre qu'ils ont amassée; car il est
indispensable qu'ils conservent au moins trois pieds d’eau
au-dessus de lextrémité de l'entrée , sans quoi l’eau ve-
nant à se geler leur fermerait absolument le passage.
Lorsque dans la pièce d’eau il se trouve une île , c’est là
qu’ilsétablissentleurs constructions, comme étant le lieu
le plus à l'abri de toute attaque ; ils ont soin aussi de
choisir de préférence l'exposition du sud. Les cabanes
des Castors n’ont pas d’issue du côté de terre, parce-
qu’une semblable ouverture faciliterait l’accès des bêtes
féroces , et que, d’ailleurs , le froid pénétrant par là ex:
poserait les habitans de la cabane à une température
plus rigoureuse que celle qu'ils peuvent supporter, et
pourrait geler l’eau dans l'entrée.
Ces architectes ne sont cependant pas toujours infail-
hbles dans leurs opérations ; on les a vus se fixer sur un
étang où il n’y avait pas de quoi les nourrir , ou dans des
localités où l’eau les gagnait dans les crues ou les dégels,
et les forçait de s'échapper par le toît en y faisant une
ouverture au moyen de laquelle l’eau se gelait dans l’in-".
térieur et ne permettait plus aux Castors de habiter.
Ces divers accidens en font périr un certain nombre.
Quelquefois les castors habitent sur la même pièce d’eaw
pendant trois ou quatre ans de suite, ou même plus;
souvent aussi ils se bâtissent tous les ans une nouvelle
( 269 )
demeuré ; d’autres fois , ils se contentent de réparer une
ancienne habitalion abandonnée, ou bien ils en bâtis-
sent une autre à côté, dont le haut se confond avec
celui de l’ancienne et communique avec elle à l’intérieur,
ce qui a fait croire que leurs demeures avaient plusieurs
chambres : ils ont même soin de construire une seconde
habitation près de celle qu'ils occupent pour s’y réfugier
en cas de besoin; c’est ce que les chasseurs Anglais
nomment hovel.
L'auteur n’a pas eu occasion de s’assurer si les castors
font ou non usage de leur queue comme d’une truelle ;
mais il croit que non , attendu que cette queue est fort
pesante et que les attaches én sontfaibles, quoique nom-
breuses ; il est disposé à croire que ces animaux battent
la terre avec leurs pieds de devant, qu’on peutnommer
Jeurs mains. +
Lorsqu'ils plongent, leur queue , tombant sur l’eau
de tout son poids, produit un bruit remarquable.
Buffon et d’autres auteurs ont dit aussi que les castors
font usage de leur queue comme de traîneaux pour
transporter des pierres et de la terre: Je ne saurais, dit
Cartwright, contredire positivement celte asserlion ,
n'ayant jamais vu ces animaux au travail; mais la forme
de leur queue , qui est bombée au milieu, me paraît
peu propre à cet usage, à moins qu’on ne suppose qu'un
autre castor ne prit soin de contenir la charge en place
etsurtout les pierres ; d’ailleurs , siles Castors se servaient
ainsi de leur queue , elle porterait par dessous la mar-
que du frottement, ce qu’on n’a jamais observé.
Ces animaux s’asseoient à la manière des singes et
portent leur nourriture à leur bouche avec leurs pattes
(230)
de devant. En été, ils courent ça et là, et au licu de
rentrér habituellement dans leurs demeures ; ils couchent
volontiers sous quelque buisson au bord de l’eau, où ils!
se font un lit de menus branchages qui ressemble asséz”
bien aù nid des oies sauvages: Leur démarche est:
très-lente à terre ét il est facile de les ätteindre ; mais ,
quoique fort timides , ils opposent au besoin une assez!
grande résistance; élant protégés par leurs longs poils
et par une peau épaisse, et étant armés de dents longues
et fortes , implantées dans de vigoureuses mâchoires ; on
m'a même assuré, dit l’auteur, qu’un Castor dans la
force de l’âge avait presqu’entièrement coupé d’un seul
coup la jambe d’un chien: Cependant , il y a des exem-
ples que les Loutres se glissent dans leurs cabanes et les \
tuent; mais il est probable qu’elles choisissent pour cela
le temps «üles pères et mères sont &bsens et ne s’aita-
quent qu'aux jeunes Gastors.
Il arrive quelquefois que, lorsqu'un Castor est ren<
contré par un homme et qu'il sent qu'il ne péut lui
échapper ; il se pose sur son derrière et se met à crier
douloüreusement comme ferait ur pelit enfant.” Cart-
wright cite l’exemple d’un homme nouvellement arrivé à)
Terre-Néuve ; et dont le cœur n’était pas endurci par la
chasse , qui, ayant trouvé dans $on chemin un castor qui
portait une bâche sur son épaule , le voyant s'arrêter et
crier de cette manière , lui dit : « Rassure-loi , pauvre ani-
mal, je ne voudrais pas te faire de mal pour tout aw
monde ; reprends ta bûche et va à tes affaires: (tom. 17, na
21). Cañtwright dit qu’un homme nommé Atk'ns, qui
était à son sérvice , ne püt se résoudre à manger dé la
chair de Castor , étant persuadé que ce sont des hommes
(271) :
qu'un malin pouvoir a forcés à prendre cette forme.
. Les Castors ne mangent ni poisson ni aucune substance
animale ; ils vivent uniquement de feuilles et de l'écorce
des arbres et arbustes non résineux, ét des racines du
Nénuphar (Water Lily). Je les ai vus quelquefois , dit
Cartwright, ronger de la Sapinette noire (Abies nigra ;
Black:Spruce) , et couper des Sapins argentés; mais je
crois qu'ils n’y ont recours que lorsque les autres espèces
d'arbres leur manquent, et seulement pour servir à leurs
constructions. On a observé que parmi les différens arbres
qui croissént à Terre-Neuveet au Labrador, celui qu’ils
préfèrent est le Tremble (Populus tremula) ; et ensuite
le Bouleau ( Betula albu). Ges animaux wentreprennent
d’abattre de gros arbres que quandils n’en trouvent pas do
moindre grosseur et dont l’écorce tendre est probablement
plus à leur goût; mais, à la quantité de grands arbres
qu’on trouve abattus par eux récemment, on voit qu'ils
en viennent à bout en peu de temps. S'il ne s’agit que
d’un jeune arbre de la grosseur d’une canne, ils le cou-
pent d’un seul coup aussi net qu’on pourrait le faire
avec uné serpette; ceux qui ne sont pas des plus gros,
ils les rongent d’un seul côté; lorsque le tronc est très-
fort , ils rengent tout à l’entour et finissent par le faire
tomber du côté de l’eau pour diminuer la peine du trans-
port; lorqu'ils ont abattu ainsi un grand arbre, ils en
détächent toutes les branches et les coupent en morceaux
uscéptibles d’être chargés sur leurs épaules ou trainés
ävec les dents.
Ils choisissent de préférence les arbres qui sont au
veñt de leur pièce d’eau , parce qu’ainsi le vent leur ap-
{porté, pendant le travail, les émanations de l’énnemi qui
———
(272 )
pourrait les surprendre , et qu'il favorise la chute de
l'arbre du côté de l’eau et son flottage vers leurs cabane.
Is préfèrent l'écorce des jeunes branches ; mais ils se
contentent aussi de celle des troncs. Le Nénuphar les en-
graisse beaucoup plus que tout autre nourriture; mais il
communique à leur chair un goût fort désagréable ; au
contraire , les Castors qui n’ont vécu que de branchages, et
particulièrement de ceux du Bouleau, sont le plus déli-
cieux manger qu'offre le règne animal. C'est vers la mi-
juillet que ces animaux commencent à engraisser ; ils
ont atteint leur plus grand embonpoint à la fin de sep-
tembre, et ils maigrissent ensuite à mesure que l'hiver
s’avance; de sorte qu'ils sont très-maigres au mois de
mai, ressemblant en cela, ainsi qu'à plusieurs autres
égards , aux Porc-épics.
Les Gastors ne commencent à toucher à leurs provi-
sions que lorsque leur étang est pris entièrement. Les |
tronçons de bois qu’ils ont amassés étant mêlés les uns dans
les autres, il leur serait difficile de les retirer entiers ;
ils les divisent donc avec leurs dents et les entrent par
morceaux dans leur logement où ils en mangent l’écorce
à loisir, et après les avoir pelés , ils jettent le surplus
dans l’eau.
Les Castors s’accouplent en mai ; les femelles nettenlil
bas vers la fin de juin; elles font ordinairement deux pes |
tits, mâle ,et femelle; quelquefois, cependant , elles en |
ont trois ou quatre ; les jeunes femelles n’en produisent |
souvent qu’un seul à la fois. Les jeunes continuent à vivre
avec les pères et mères jusqu’à l’âge de trois ans; c’est |
alors qu'ils s’apparient à leur tour, se bâtissent une |
cabane et commencent à avoir des petits. Quelquefois |
|
(275)
cependant si lés provisions ne manquent pas et si Ia
famille n’est pas inquiétée , les jeunes restent plus long-
temps avec leurs parens , et l’on trouve alors deux fa-
milles dans unemême cabane.
On sait qu’il y a des Castors qui vivent isolés, et que
les Ermites , comme les chasseurs les appellent , se re-
connaissent à une marque noire sur le dos, à l’intérieur
de la peau; les chasseurs prétendent que ce sont des
paresseux que les autres ont expulsés parce qu’ils ne vou-
laient pas travailler. Cartwright croit avec plus de vrai-
semblance que ce sont des veufs ou des veuves qui atten-
dent dans la solitude que le sortleur présente quelqu’in-
dividu de sexe différent avec lequel ils puissent s’appa-
reiller de nouveau ; il ajoute que la marque noire vient
de ce qu'ils n’ont pas de compagnons pour leur tenir
chaud. Il est si faux que cesErmites soient des paresseux ,
qu'on estquelquefois étonné des constructions qu’ils font
à'eux seuls.
Un Gastor avancé en âge, étant vidé, pèse environ
quarante-cinq livres ; les jeunes, également vides, pèsent
environ trente-quatre livres.
On employe divers moyens pour chasser les Castors ;
outre ceux qu'on tue à l’affut, les indigènes ont une
autre manière de les prendre que Cartwright décrit de
| la manière suivante : lorsque la pièce d’eau où se trouve
l'habitation des Castors n’est pas susceptible d’être mise
à sec, les chasseurs percent le toit de cette habitation
de manière à en voir l’intérieur et à découvrir la posi-
tion de ce qu’on appelle les Angles ; c’est-à-dire , l’en-
trée ou les entrées qui conduisent par dessous l’eau dans
cette cabane. Alors , ils enfoncent des bâtons le long de
L. 18
(274 )
la ligne où l’eau baigne le pied de la butte artificielle
des Gastors, et où la terre est toujours molle; ces bâtons
sont plantés obliquement de manière à boucher en se
croisant le passage par lequel ces animaux entrent et
sortent: cela fait , les chasseurs retirent leurs bâtons ,
ne les ayant placés provisoirement que pour s’assurer de
la direction convenable, Ils rebouchent aussi l’ouver-
ture qu'ils ont faite au toît de l’habitation, et ils se
mettent à battre les buissons dans le voisinage , accom-
pagnés de leurs chiens. Les Castors effrayés se jettent à
l’eau , et regagnent leur cabane ; alors, le chasseur les ÿ
enferme en remettant en place les bâtons dont nous
avons parlé. Par ce moyen, ces animaux n’ayant plus
d’issue deviennent immanquablement la proie des chas-
seurs, qui peuvent les tuer dans leur habitation, ou même
les y prendre vivans par l’ouverture qu’ils avaient faite
au toit. C.-M.
Osservarions relatives à l'appareil générateur des
animaux mâles ; examen des liquides renfermés
dans les diverses glandes qui peuvent 5’y rencon«
. . . . |
trer ; histoire et description des animalcules sper-
maliques;
Par MM. Prévosr Er Dumas.
( Suite. )
Prustgurs points de vue nous faisaient désirer vive- |
ment de soumettre à l'examen microscopique un nombre |
considérable d'oiseaux , et nous y étions particulièrement |
dd
dé
(275)
excités en réfléchissant à la facilité avec laquelle se pro-
duisent leshybrides dans quelques familles de cette classe,
Nous avons été contrariés par une circonslance inatten-
due. La plupart des oiseaux sont soumis à des alternatives
nettement tranchées qui les rendent inhabiles à se repro-
duire hors de certaines époques bien connues. Toute
leur organisation sexuelle se trouve subordonnée à cette
condition , ét les Moineaux , par exemple, ne sont pu-
bères que vers la saison de leurs amours. On trouve alors
leur testicule volumineux , blanc, gorgé de semence, et _
celle-ci fourmille d’animalcules que nous avons déja fait
connaître dans notre essai précédent. Leur tête plate et
circulaire se présente souvent de côté; leur queue,
longue et eflilée comme une aiguille, se contourne peu
dans leurs mouvemens, qui semblent s’exécuter tout
d’une pièce. Mais , iln’en est pas de même en tout autre
temps, et le testicule, réduit au dixième de son volume,
offre la teinte gris-jaunâtre qui est propre aux vaisseaux
spermaliques qui le composent. Ceux-ci ne contiennent
absolument aucune espèce de liquide, et l’on a beau le
comprimer, le diviser, en délayer des fragmens dans
Veau, rien ne peut y faire reconnaître des animalcules,
Le Moineau mâle n’est donc véritablement pubère qu’au
printemps, et perd cette prérogative dès qu’il a accom-
pli l’œuvre de la reproduction. Il en est de même des
_ Serins de Canarie, des Linottes , des Pinsons, des Ca-
nards domestiques et des Goqs-d’Inde. Les tentatives
infructueuses auxquelles nous nous sommes livrés pen-
dant le temps dont nous avons pu disposer pour cet objet,
et que nous avions fixé malheureusement vers la fin de
l'été, ces tentatives nous ont fait connaître l’existence
18..
(276)
de cette loi remarquable , et nous ont obligés à renvoyer :
au printemps prochain l’exécution d’une Monographie :
complète des animalcules spermatiques chez les oiseaux.
Pour le moment, nous nous bornons à présenter ici
quelques résultats propres à donner une idée précise de
leur forme. Ceux du Coq, que nous avions déja exami-
nés, que Leewenhoeck avait découverts et parfaitement
dessinés, et que De Gleichen lui-même avait obser-
vés, nous ont fourni l’occasion d'admirer l’exactitude
extraordinaire de l’infatigable scrutateur Hollandais. La .
figure que nous en avions donnée , celle que De Gleichen
publia , sont toutes les deux inexactes, et celle de Lee-
wenhoeck est au contraire parfaitement conforme à la
planche que nous rétablissons aujourd’hui. Les animal-
cules du coq consistent en une tête oblongue qui se ré-
trécittout-à-coup à sa base et se continue en une queue
extrêmement fine qu'il est presque impossible de recon-
naître aux premières observations. Mais, si l’on se livre
pendant quelques jours à cet examen , on parvient aisé-
ment à s’assurer de son existence, et alors l’animalcule
se montre tel que nous venons de le dépeindre. Mais,
ce qu'il y a de plus singulier, c’est que le Coq, pris en
toute saison , se prête facilement à ce genre de recherches,
et se dérobe, par conséquent, à une loi qui pourrait
sembler plus générale. Il partage , avec les mammifères ,
le privilège d’une puberté continue. Il est donc probable
que c’est sur lui qu’on cherchera la vérification des faits
que nous avons cherché à établir , et cette circonstance
nous engage à décrire en détail le système reproducteur
de cet animal. Il est fort simple, comme celui de la
plus grande partie, et peut-être de tous les oiseaux. Il
(4227)
ne renferme , en effet, que deux testicules placés dans
la cavité abdominale , de chaque côté de la colonne ver-
‘tébrale , et adossés à la partie supérieure des reins. Sur
leur face interne et postérieure , on voit sortir un nombre
très-considérable de petits canaux très-déliés , tortueux et
perpendiculaires à la direction del’axe, ils viennent peu-
à-peu se réunir dans un tuyau commun plus gros et qui
se renfle encore à mesure qu’il reçoit de nouvelles bran-
ches. Enfin , celui-ci s’achemine d’une manière flexueuse
vers le cloaque , où son extrémité va saillir sous la forme
d’une petite papille conique qui en porte l’orifice à son
extrémité. Cette particularité devient très-importante
d’après le point de vue remarquable choisi par M. Geof-
froy-de.St.-Hilaire , et qui nous promet de si belles con-
sidérations sur les conditions qui déterminent les diffé-
rences sexuelles. En rapportant notre observation, il
nous en a attribué la découverte ; mais on trouve dans
l'ouvrage de de Graaf une excellente figure des organes
du Coq, où ces papilles sont parfaitement dessinées.
C’est donc à lui qu’il faut rapporter la citation bienveil-
lante dont nous avons été l’objet.
Le testicule du Goq est ovale et présente une homo-
géneïté dans sa structure, qui semble d’abord éloigner
l’idée de l'existence de vaisseaux spermatiques. Il n’est
cependant pas dificile de s’assurer que son parenchyme
enest composé, et si l’on prend un fragment de l'organe,
quelle que soit d’ailleurs sa position , on trouve toujours
qu’il renferme beaucoup de petits tuyaux très-friables ,
entortillés sur eux-mêmes et gorgés de semence; ils ont
un demi-miilimètre de diamètre et sont fixés l’un à l’autre.
( 378)
par un très-grand nombre de petites fibres de tissu cellu-
laire qui les embrassent étroitement.
Le Pigeon possède aussi des animalcules , etleur forme ,
leur longueur, les rapprochent singulièrement de ceux
que nous venons de décrire dans le Coq, tellement même
qu’il serait impossible de dire en quoi üs diffèrent. Nous
avons trouvé que les organes de cet animal en contenaient
dans une époque où il nous était impossible d’en obtenir
des Moineaux, du Canard et du Goq-d’Inde, ce qui nous
porte à penser qu’il conserve sa puberté pendant toute
l’année, de même que le Goq domestique.
Quant à ceux du Canard, ils avaient été mal dessinés
dans notre premier travail et cela tient à la cause que
nous avons déjà signalée. Depuis lors, nous avons pu
nous convaincre que leur forme est analogue à celle des
deux espèces précédentes. Ils sont plus courts, cepen-
dant, et ne se présentent qu’au printemps et au commen-
cement de l'été. En automne, on trouve les testicules
secs et arides , d’une couleur jaune sale, et le canal
déférent est entièrement vide.
Tous les animaux vertébrés à sang-froid que nous
avons examinés possèdent aussi des animalcules, et si
nous en présentons ici quelques-uns seulement , c’est
afin d’épargner des répétitions inutiles et fatigantes. Dans
la Grenouille commune, les testicules ont Ja forme et le
volume d’un haricot blanc demoyenne grosseur. Ils sont
placés des deux côtés de la colonne vertébrale, en avant
des reins. L’enveloppe péritonéale qui les recouvre exté-
rieurement leur donne cette apparence tigrée de noir
qu’on observe dans beaucoup de cas. L’albuginée, si
l’on peut encore lui donner ce nom, est fine, transpa-
( 279 )
rente, et présente à sa surface quelque chose d’analogue
aux mailles du tissu cellulaire. Le parenchyme est gorgé
de liquide , et celui-ci fourmille en tout temps d’animal-
cules doués d’un mouvement très-vif. De la face posté-
rieure des testicules près de leur bord interne, sortent
des canaux eflérens au nombre de six ou huit, disposés
par paires et très-légèrement flexueux. Ils se dirigent en
dedans vers le bord interne du rein correspondant, le
contournent; et passant dans son parenchyme près de sa
surface postérieure ,ils vont s'ouvrir dans les-uretères.
Ceux-ci longent la partie de l'organe qui est dirigée vers
la colonne vertébrale et se rendent en droite ligne au
cloaque dans lequel ils versent l'urine en temps ordinaire ,
et la liqueur spermatique à l’époque des amours. Mais
avant d’y arriver, ils se renflent en une poche latérale
très-distensible et d’un volume considérable vers le temps
de l’accouplement. Le conduit reprend son volume pri-
mitif lorsqu'il est près de son embouchure , et vient se
terminer dans le eloaque par une papille très- marquée.
Cette disposition remarquable des canaux déférens avait
été vaguement indiquée par Swammerdam ; mais elle
nous a paru digne de quelqu’attention , Ce qui nous à
engagé à donner une figure qui en exprime tous les dé-
tails. Au printemps , tout ce système est injecté en blanc,
et nous avons pu suivre les animalcules depuis le testi-
cule, les petits canaux efférens , l’uretèrs et sa dilatation ,
jusques dans le cloaque , où la plus légère pression les fait
parvenir à l'instant. Il est à remarquer que le liquide
contenu dans les poches vésiculaires paraît moins dense
que celui qui se rencontre dans le testicule ou dans les
canaux efférens qui n’ont pas encore traversé le rein,
( 280 )
Cela pourrait tenir au mélange des sécrétions spermati-
que et urinaire , et la Grenouille offrirait l’exemple re-
marquable , et peut-être moins rare qu’on ne pense, d’un
animal chez lequel l’urine sert à diluer la semence four-
nie par le testicule , et remplace ainsi les appareils vé-
siculaires que nous avons vus dans les mammifères. Il
est certain qu’au printems l'urine des Grenouilles con-
tient beaucoup d’animalcules spermatiques bien faciles
à reconnaître , et qu’il ne faudrait pas confondre avec
les gros vers que renferme souvent leur vessie, urinaire.
Le sommet du testicule est surmonté d’un panache
très-apparent vers le printems. Sa couleur est jaune et
semble due à la présence d’un fluide onctueux qui le
distend alors; mais après l’accouplement, cet appareil
se flétrit, s’aflaisse et pâlit beaucoup , de manière qu’on
a quelquefois de la peine à le retrouver. Il est découpé
en cinq ou six lanières linéaires, dans la partie moyenne
desquelles on voit ramper un. vaisseau considérable re-
lativement : à leur volume. Cet organe graisseux est d’ail-
leurs intimément uni au testicule , et comme implanté
sur lui ; ce qui semble annoncer qu'il existe entr’eux des
communicalions assez intimes ; vu au microscope, le li-
quide onctueux qu'il renferme ne montre que des vési-
cules graisseuses.
La liqueur séminale de ces animaux obtenue par émis-
sion spontanée contient une telle quantité d’animalcules ,
et leur mouvement est si rapide , que l’œil armé du mi-
croscope n’y percoit qu’une espèce de bouillonnement
très-singulier. Mais lorsqu’on la délaie ou qu’on prend
le liquide du testicule, le mouvement plus lent et les
animalcules mieux isolés permettent d’en percevoir la
|
|
|
( 281 )
forme sans difficulté. Ils sont fort courts; leur tête est
oblongue, raplatie et marquée dans son centre d’une
tache plus claire , que nous n’avons bien vue qu’au moyen
de l’excellent microscope de M. Amici.
La Grenouille à tempes rousses nous a offert des ani-
malcules semblables en tout point ; mais elle se distingue
de la précédente par quelques particularités de son ap-
pareil générateur qui semblent singulières , lorsqu’on ré-
fléchit à la ressemblance qui existe d’ailleurs entre ces
deux espèces. Le testicule est beaucoup plus petit ; l’u-
retère est plus large comparativement , mais il est privé
de la dilatation que nous avons décrite el se termine dans
le cloaque par un simple orifice sans papille. La femelle
offre des différences encore plus saillantes , sur lesquelles
nous aurons l’occasion de revenir dans un autre Mémoire.
On trouve chez les Crapauds des variations plus re-
marquables encore, mais elles ne portent que sur les
arrangemens accessoires de l’appareil ; et le testicule s’y
voit toujours gorgé d’un liquide qui fourmille d’animal -
cules plus ou moins longs.
Dans la Salamandre à crête, les testicules sont placés
tout-à - fait au - dessus des reins, et leur forme change
beaucoup d’un animal à l’autre. On y distingue toujours
deux parties intimément unies entr’elles : l’une est jau-
nâtre, d’un tissu fort analogue à celui du testicule de
la Grenouille , et contient beaucoup d’animalcules ; l’au-
tre est d’un gris de perle, demi-transparenie, et n’en
présente jamais. Quelquefois la portion qui les sécrète
est rassemblée en uné seule masse irrégulière qui occupe
la partie inférieure de l’organe ; quelquefois aussi elle se
partage en deux lobes réunis par un pédicule très grêle,
( 282)
et c’est alors sur l’inférieur que se trouve la petite masse
opaline. Dans tous les cas, on voit partir de la portion
interne et postérieure de chaque testicule six ou huit
vaisseaux sanguins qui se réunissent successivement en
un canal commun. Celui-ci se recourbe, se dirige en
bas, passe en dedans des uretères et s'ouvre avec eux
dans le cloaque par le même orifice terminé en forme
de papille. Celles-ci servent donc à la fois à l'évacuation
de la semence et à celle de l’urine. -
Près des testicules, se trouve un corps volumineux ,
onctueux , d’une couleur dorée , divisé en deux ou trois
lobes et fort analogue au panache de la Grenouille. Le
liquide qu’il renferme ne montre que des globules grais-
seux , d’une couleur orangée très-belle.
Les reins, chez la Salamandre, sont d’un volume con-
sidérable ; et l’on voit avec étonnement se détacher de
leur bord extérieur, des uretères nombreux disposés en
faisceau qui viennent tous aboutir à l’orifice génito-uri-
naire. En temps ordinaire , ils contiennent une liqueur
limpide qui présente tous les caractères de l’urine ; mais :
au printemps , et dans les mâles seulement, ils se trou-
vent gorgés d’un liquide blanc, laiteux , si analogue par
son apparence à celui des canaux déférens , que nous
crûmes au premier moment , que le sperme refluait dans
les uretères. Le microscope vint dissiper notre erreur ;
car ce liquide ne contenait point d’animalcules , et l’on
y voyait seulement un nombre prodigieux de globules
d’une forme et d’une dimension identiques, avec celles
des globules du lait. Ce n’était donc point de la se-
mence ? Ce n’était pas non plus de l’urine ? Et l’on ne
saurait former que des conjectures sur lorigine et la
( 283)
. destination de cette singulière liqueur ; que l’on retrouve
constamment chez les mâles , à l'approche de l’accou-
plement.
Les animalcules de la Salamandre ont une forme très-
remarquable , et diffèrent entièrement de ceux que nous
avons décrits jusques à présent. Ils sont fort longs , fort
grêles , et se terminent en avant par une têle obovale
tellement plate, que lorsqu'elle se présente sur le côté,
on dirait qu'ils n’en ont pas du tout. Ils se meuvent
d’une manière aussi fatigante que singulière. Leur corps
entier se courbe en un arc très-régulier , mais qui change
de direction à tout instant. Quelquefois ils exécutent cette
espèce d'évolution pendant plus de dix minutes, sans
bouger de place. On les voit aussi, mais plus rarement,
nager par des ondulations répétées et horizontales , à peu
près à la manière des serpens. Lorsqu'ils sont à sec;
leur corps devient très-flexueux. Mais ce qu'ils ont cer-
tainement de plus extraordinaire , c’est leur longueur
absolue qui est égale à o,"4 de millimètre. Sous ce
rapport, ils s’éloignent étrangement des animalcules pré-
cédens qui sont beaucoup plus courts. Malgré cette dif-
férence , il ne paraît pas que leur diamètre soit plus fort ;
bien au contraire, les animalcules du Cochon d'inde ,
par exemple, ont la queue plus épaisse et la tête bien
plus grosse, quoiqu'’ils soient à peu près cinq fois moins
longs.
La Salamandre palmée et la Salamandre terrestre pos-
sèdent aussi des animalcules qui ne diffèrent que par la
longueur de ceux que nous venons de décrire. Chez.ces
animaux , il suflit de presser le venire au mâle vers le
printemps , pour faire sortir par l’ouverture du cloaque
une liqueur qui en offre une quantité prodigieuse.
(284 )
La Vipère , l’'Orvet, quelques Couleuvres , les Lézards
gris et verds nous ont fourni des animalcules : et l’occa-
sion de les examiner s’est renouvelée plusieurs fois pour
chacune de ces espèces. En général , ils se rapprochent |
de ceux des mammifères pour la forme et la longueur ,
quoique leur tête se trouve beaucoup moins marquée, :
La laite des poissons fourmille de corps mouvans sur
la forme desquels il y a beaucoup de variations dans les
auteurs qui l’ont examinée. Pour le plus grand nombre,
ils n’ont vu que des globules vivement agités ; mais cette
illusion provient évidemment de l'extrême ténuité de
leur queue, qui échappe aux yeux les mieux exercés.
Au moyen de l'instrument de M. Amici, nous avons eu
l’occasion de nous assurer que chacun de ces globules
était bien réellement pourvu d’une queue; et nous espé-
rons pouvoir incessamment réunir en un autre Mémoire
les observations que nous avons recueillies sur ce point,
et celles que nous nous proposons de faire sur les ani-
maux articulés que nous avons encore peu considérés
sous ce point de vue, mais chez lesquels l’existence des
animalcules a été constatée par Leewenhoeck.
Quant aux mollusques, ils se prêtent merveilleuse-
ment à ce genre de recherches en raison de la dimen-
sion extraordinaire de leurs animalcules ; et dans l’Es-
cargot, par exemple, ceux qu’on y rencontre en abon-
dance, ont près d’un millimètre de longueur absolue,
et ressemblent beaucoup pour le port et la forme géné-
rale à ceux que nous avons décrits dans la Salamandre,
Ils ont le corps ondulé dans toute sa longueur , se meu-
vent avec assez de lenteur pour qu’on puisse aisément les
suivre, et se terminent en avant par une tête obovale. Ils
SRE
( 285 )
nagent loujours de la même manière que les Anguilles; mais :
quelquefois ils ont l'air d’être en repos complet , quoique
leur tête pivote sur sa base en décrivant des oscillations
fort rapides. Ce balancement peut durer pendant très-
long-temps , sans que l’animalcule change de place. Pour
les mesurer , nous avons été forcés de prendre un grossis-
sement moins fort qu’à l'ordinaire, car leur corps entier
ne pouvait être perçu avec celui de 300 diamètres, quoi-
que son champ soit très-étendu et très-net ; il semble
qu’on devrait les voir à l’œil nu puisqu'ils ont une demi-
ligne de longueur ; mais si l’on réfléchit à la ténuité de
leur corps, on concevra comment ils peuvent échapper à
nos regards lorsqu'on ne fait pas usage d’une lentille.
Les autres Escargots en possèdent aussi de semblables;
les Limaces , les Lymnées en ont de même nature ; mais
on pourra voir dans le tableau des mesures absolues ,
qu’ils sont généralement plus courts que ceux de l’Hélix-
Pomatia que nous venons de décrire.
Après avoir poursuivi dans ces principales classes du
règne animal l'étude de la sécrétion spermatique, il im-
porte de discuter les résultats principaux que nous en
avons obtenus. Nous avons vu que le testicule était le
seul organe constant et essentiel , tous les autres pouvant
manquer dans le plus grand nombre des cas sans que la
fonction génératrice en soit influencée. Cette circon-
stance prouve , d’une manière presqu’incontestable ,
qu'il est le siége de la sécrétion au moyen de laquelle
s'opère la fécondation des œufs. Nous avons reconnu,
dans les mêmes recherches, que les animalcules sper-
matiques ne se montraiené que dans cet organe, et la
liaison de ces deux lois de l’économie animale semble
( 286 )
indiquer que ces êtres jouissent d’une importance réelle
et peut-être exclusive dans Pacte de la génération. Il
était donc nécessaire de poursuivre leur étude sous ce
point de vue, et de multiplier les faits, afin d'éclairer la
question sur toutes ses faces.
Les animaux impubères sont inhabiles à la reproduc-
tion , et l'étude attentive de leurs organes pouvait nous
éclairer sur la cause prochaine de leur incapacité. Nôus
avons mis à profit toules les occasions qui se sont pré-
sentées à nous depuis deux ans , etnous pouvons assurer,
d’après un nombre d’expériences extrêmement considé-
rable, que les jeunes Chiens, Chats, les Lapins, les
Veaux, les Poulains , les Anons, les Cochons d’Inde de
quelques mois; un grand nombre de Surmulots, de
Souris du même âge, les Poulets et les petits Canards ;
enfin les Grenouilles jeunes ne possèdent pas d’animal-
cules spermatiques. La liqueur qu’on extrait de leurs or-
ganes contient les globules irréguliers qu’on observe dans
les testicules du Mulet; mais elle est complètement pri-
vée de corps mouvans, et jamais nous n’avons pu dé-
couvrir, au milieu des globules qui flottaient dans lé
liquide , quelqu’objet qui rappelât par sa forme les ani-
malcules propres aux animaux pubères. Les anciens ob-
servaleurs avaient déjà fait mention de cette circon-’
stance , mais nous ne pensons pas qu'ils eussent apporté
dans leurs recherches le scrupule et le soin que nous
avons mis dans les nôtres, et qu'ils les eussent surtout
variées et multipliées suffisimment pour donner à cette
loi un caractère général et précis,
Après une époque de la vie, qui, sans être bien déter-
mince, varie peu dans chaque espèce, les animaux de-
(287 )
viennent stériles. Il était fort important de comparer les
matières sécrétées dans cette période avec celles que
nous avions examinées , soit dans l’état adulte, soit dans
le jeune âge , avant la manifestation des symptômes
connus de la puberté. Sur ce point, nous n’aurons pas
l'avantage d'offrir un grand nombre de résultats, et l’on
conçoit qu'il est bien moins aisé de se procurer des êtres
dans les conditions de vieillesse convenable. Cependant
nous avons pu soumettre à l’examen les parties de la gé-
néralion d'un.élalon, âgé de vingt-cinq années, et qui
se trouvait hors de service depuis quatre oucinq ans , ainsi
que celles de quelques Chiens fort âgés ; dont nous avons
pu disposer. Les organes n’étaient pas dans un état ma-
ladif, mais ils se. trouvaient dépourvus d’animalcules , et
la liqueur qu’ils contenaient ressemblait, sous tous les
rapports, à celle quenous avions observée dans les jeunes
individus des mêmes espèces. Ce point de vue avait
aussi, dans plusieurs occasions , été le sujet de quelques
recherches, et nous trouvons, dans les auteurs qui s’en
sont occupés, des résultats parfaitement conformes. à
ceux que nous avons obtenus nous-mêmes,
Les données que nous venons d’acquérir établissent
déjà suflisamment l'importance des animalcules et mon-
trent qu’il existe une relation intime énire leur présence
dans les organes et le pouvoir fécondateur de l’animal,
Il est donc indispensable d’en faire l’objet d’une étude
particulière, et de définir exactement les principales pro-
priétés qui les caraciérisent. Le sperme du Chien de-
meure parfaitement fluide et transparent; le mouvement
s’y conserve pendant plusieurs heures. Ces deux circon
stances le rendaient plus propre que tout autre aux obser-
< ations suivantes,
( 288 )
Nous avons mis dans deux capsules d’argent des quan“
tités égales de liqueur spermatique ; nous avons laissé
l’une comme terme de comparaison, et nous avons fait
plonger dans l’autre une baguette métallique vernie jus-
qu’à son extrémité, de manière qu’en mettant en com-
munication la baguette et la capsule avec les deux sur-
faces d’une bouteille de Leyde , fortement chargée, on
excitait une étincelle qui passait en totalité au travers
du liquide et non point à la surface. Après quelques dé-
charges , les animalcules étaient complètement immo-
biles, tandis que ceux qu’on n’avait point élecirisés s’a=
gitaient tout autant qu'avant l'expérience , qui n’avait |
duré que cinq minutes.
Nous avons fixé sur une glace deux fils de platine,
dont les extrémités, vis-à-vis l’une de l’autre, étaient
séparées par quelques lignes d'intervalle. Cet appareil a
été placé sous le microscope, et les fils ont été mis en
communication avec deux branches de laiton qui se ren-
daient dans des capsules pleines de mercure et portées
par une table indépendante de l’appui du microscope.
L’une d'elles communiquait à demeure avec l’un des
pôles d’une forte pile ; l’autre servait à établir ou rompre
le circuit au moyen de l’immersion ou de l’'émersion du
rhéophore. On a mis alors une goutte de liqueur sperma-
tique entre les deux fils de platine, et le mouvement des
animalcules étant bien perçu, l’on a établi le circuit
galvanique. Mais soit qu’il ait été continu , soit qu'on ait
donné des secousses, on n’a pu voir aucune altération
dans le mouvement, Après avoir suffisamment constaté
ce point, on a promené le microscope dans toute l’é-
tendue du liquide, et l’on a vu que dans les portions
(289 )
» contiguës au pôle positif ils étaient tous immobiles ,
tandis que, soit auprès du pôle opposé, soit dans les au-
tres parties du liquide, on les voyait aussi agités qu'avant
l'expérience. Get effet doit être attribué très-probable -
.ment à l’action des acides produits au pôle positif, et
nous en trouverons plus bas des preuves convaincantes.
Les expériences nouvelles sur les propriétés du cou-
rant galvanique fermé ne nous permettaient pas de né-
gliger son action dans cette circonstance. Nous n’avons
aperçu aucun effet sensible en nous servant de l’appareil
. précédent , dans lequel on avait substitué aux deux pointes
_de platine un fil entier du même métal. Les expériences,
qui n’ont pas été troublées. par l'effet calorifique, ont
certainement mis en évidence la nullité d’effet du cou-
- rant. Nous n’avons pas été plus heureux en nous servant
: d’un fort aimant que nous avons mis en rapport avec le
liquide , soit sous le microscope lui-même, soit ailleurs,
. pendant un temps assez long.
On voit que ces diverses épreuves laissent beaucoup.
de doute sur l'irritabilité de ces petits êtres, et nous
pensons, pour notre propre compte, qu’elles démontrent
l'absence d’un système musculaire analogue à celui des
grands animaux. Nous discuterons ailleurs la forme mé-
canique.au moven de laquelle peuvent se concevoir les
mouvemens qu’ils exécutent, indépendamment de toute
“organisation compliquée.
Conclusions de ce Mémoire.
1.° Tous les animaux mâles , en état de puberté, pos-
sèdent desanimalcules spermatiques. Les individus jeunes,
ceux qui sont trop âgés, n’en offrent aucun indice , et
1. 19
{ 290 )
les oiseaux se font remarquer par l’absence complète
de ces êtres à toule autre époque que celle fixée par la
nature pour leur accouplement. Le Coq domestique et
le Pigeon échappent à cette loi.
2. Les animalcules spermatiques existent dans le tes |
ticule à l’état de perfection complète ; ils sont transmis
aux canaux déférens, et n’éprouvent aucune altération
dans ce trajet. Leur mouvement et leur forme ne sont
point influencés non plus au moment du mélange des li-
quides sécrétés par les autres glandes, en sorte qu’ils
arrivent au dehors tels qu’on les voyait déjà, lorsqu'on
les prenait dans les vaisseaux spermatiques eux-mêmes.
3.° Les vésicules séminales , les vésicules accessoires ,
la glande prostate et celles de Gowper ne fournissent ja=
mais d’animalcules ; et si l’on en rencontre quelquefois
dans la vésicule séminale ; ils proviennent évidemment
des canaux déférens.
4. Le mouvement spontané des animalcules speria=
tiques est intimement lié à l’état physiologique de l'indi-
vidu qui les fournit. Getie circonstance suffit à elle seule
pour les distinguer nettement des animalcules infusoires.
Ïls en diffèrent encore par la constance de leur forme,
dans tous les êtres d’une même espèce, et toutes nos ex;
périences démontrent qu’ils sont le produit d’une véri-,
table sécrétion. |
5+ L'élincelle électrique les tue. Le courant galvani-
que ne les affecte pas même dans un état d'intensité suf-
fisant pour décomposer l’eau et les sels que contient
celle-ci.
6.° Quelle que soit l'opinion qu'on adopte sur le rôle
des animalcules spermaliques , nous avons démontré
(291)
qu'ils sont produits par le seul organe essentiel à la fa-
culté fécondante , qu’ils existent dans tous les animaux
capables de reproduire leur espèce autrement que par
bouture , qu'ils manquent au contraire dans tous ceux
qui se trouvent inhabiles à la génération, et que leur
présence dans le liquide séminal est le véritable signe
qui sert à le caractériser.
Nous joindrons au Mémoire qu’on vient de lire quel-
ques observations que nous avons eu l’occasion de faire ;
depuis qu’il a été communiqué à l’Académie des Scien-
ces. Comme/jelles ne seraient pas bien comprises sans le
secours d’une nouvelle figure , nous renverrons ce sujet
à notre Numéro prochain, dans lequel nous donnerons
en même temps l'explication détaillée de toutes les plan-
.ches relatives au Mémoire snr les organes mâles.
Il est facile de voir que nous eussions pu donner ici
des idées générales qui ressortent naturellementdés phé-
inomènes que nous avons fait connaître , mais il nous a
paru plus convenable deles conserver jusques au moment
où nous aurons parcouru dans son ensemble la question
‘de la génération toute entière.
Le tableau suivant renferme les résultats numériques
de nos mesures. Les animalcules de plusieurs animaux s’y
‘trouvent comparés sous le rapport de leur longueur: dans
‘la dernière çolonne , celui du chien étant pris pour 10.
| Dans lapremière , les dimensions absolues sont exprimées
‘en fractions du millimètre.
19..
292 )
Tableau des mesures précises de quelques animatcules
spermatiques.
CAP LONGUEUR
LonGuEur RELATIVE,
NOM DE L'ANIMAL. He celui du Chien
millimètres.
pris pour 10.
Putois.
Chien.
Lapin.
Chat.
Hérisson.
Cochon-d’Inde.
Surmulot.
Souris grise ou blanche.
Cheval.
Ane.
Taureau.
Bouc.
Bélier.
Moineau.
Coq.
Canard.
Pigeon.
Vipère.
Couleuvre de Razomowsky.
Orvet.
Crapaud accoucheur.
Grenouille.
Salamandre à crète,
Escargot (1. pomatia.)
Lymnée (71. palustris. )
( 295 )
Exrrarr pu Rapport fait à l'Académie des Sciences ,
dans la Séance du24juin1822, par M. BRONGNIART,
sur leMémoire de M.Consrtant PREvOST, ayant pour
titre : Géologie des Falaises de la Normandie (1).
Les escarpemens à pic que présentent souvent les
côles qui bordent la mer, et qu’on nomme falaises en
Normandie , offrent, sur une grande étendue, la super-
position claire des couches , et comme ces couches ne
sont jamais parfaitement horizontales, on voit sortir
successivement et comme de dessous terre, les couches.
inférieures , qui, dans d’autres lieux , sont enfouies à,
une grande profondeur.
Examinons ce que ce moyen sûr et commode d’ob-
servation a appris à M. Prevost, et à quelle décou-
verte intéressante , à quel résultat général il l’a conduit.
L'auteur a suivi les côtes de la Picardie , de la Nor-
mandie et du Gotentin, depuis Calais jusques près de,
Cherbourg; il a reconnu les mêmes roches aux deux,
extrémités de cette ligne. Ellés appartiennent aux ter-
rains primordiaux, et forment comme les rives ou bords
du bassin de roches primitives, dans lequel se sant dé-
posées les couches qui ont rempli ce bassin ou golfe,
(1) Les nouvelles recherches entreprises par M. Pre-
vost ayant retardé jusqu’à présent la publication de son
travail , nous avons pensé qu’il serait agréable à nos lec-
teurs, de connaître le rapport dans lequel M. Brongniart
en a rappelé les principaux résultats.
(294) |
et dont le milieu parait être vers Dieppe. Comme ces
couches vont en se relevant des deux côtés, ou des en-
virons de Dieppe à Gherbourg et à Calais, il a vu , dans
le milieu, les terrains les plus superficiels ou les plus
modernes , près des extrémités, les plus profonds ou les
plus anciens, et dans l'intervalle, tous les terrains in-
termédiaires. Le développement en profil de la partie
occidéntale de cette côte, qu'il a présenté a l’Aca.
démie, donne une idéc de la disposition généralé des di-
vers lerrains qui s’y montrent.
On reconnaît déjà par ce premier aperçu, quel avan-
tage présente là marche que M. Prevost à suivie. Elle
nous apprend d’une manière aussi claire que certaine,
qué les terrains primordiaux qui se montrent dans le
Boulonnais et dans le Cotentin, sont les bords d’un
vaste golfé ou bassin, dans le fond duquel se sont dé-
posées toutes les roches postérieures , non pas horizon-
talement, mais en se courbant et én suivant par celte
courbure , celle du fond du bassin. Puis abandonnant
celle courbure peu à peu, à mesure qu’elles le remplis-
saient, de manière que cellés du milieu qui sont les
dernières et les plus superficielles, deviennent presque
horizontales.
Tel estle premier ésuliat que présente le travail de M,
Prevost, résultat entièrement de géographie physique , et
tout-à-fait indépendant de la diversité de nature de ces
différentes couches , et de toutes les particularités qu'elles
peuvent montrer dans leur épaisseur et dans les corps
organisés qu'elles renferment.
Ge genre de considération offre un second point de
vue qui embrasse moins détendue, mais qui pénètre
( 295 )
plus profondément dans la structure du sol, eten fai-
sant découvrir toutes les parties et les rapports que
ces parties ont entr’elles, il est fécond en observations
de détail nouvelles , et en résultats également nouveaux
et inattendue.
M. Prevost a donné, dansune coupe théorique et gé-
nérale très-bien faite, un véritable tableau de ces faits
et de leurs résultats. Ge tableau, par la manière dont
il est construit et coloré , montre à l’observateur , sui-
vant la distance à laquelle-il se place, ou les grandes
divisions de terrains et leurs caractères généraux seu-
lement, ou les dernières subdivisionset: pär conséquent
tous les faits de detail qui en composent l’histoire.
M. Prevost examine ensuite les unes après les autres,
les différentes parties de ce tableau , en commencant
par les plus inférieures. c’est-à-dire , par les terrains, en
couches inclinées. Il fait remarquer les traits frappans
de ressemblance qu’il y a entre les roches et;les mi-
néraux qui composent les terrains aux deux extrémités
de la ligne, c’est-à-dire, dans le Cotentin et dans les
Ardennes, à une distance de plus de 80 lieues.
Il remonte ensuite dans les terrains en couches à peu
près horizontales, qui ont rempli l'espèce de grande val-
lée ouverté dans les premiers; nous ne Île suivrons pas
couche pat couche dans ‘cette”description: La: coupe
donne une idée suflisante de leur nombre , de leur suc-
cession, et même de leurs caractères principaux; nous
nous contenterons de rappeler les particularités qu'il a
observées sur quelques-unes d’entre elles , et surtout
celles dont la connaissance nous paraît due aux recher -
ches de M. Prévost,
( 296 }
Calcaire à Gryphées.
Le premier de tous, dans cet ordre d’ancienneté, est le
Calcaire brun qui renferme principalement le Gryphea
arcuataæ. Sa place bien déterminée dans une série presque
complète de toutes les couches postérieures au terrain
primordial est une observation de la plus grande impor-
tance, parce qu’elle nous fait connaître celle de ce même
Calcaire dans les lieux où il est abondant, caractériséet
caractéristique, mais où la forme du sol ne permet: pas
aussi bien de la voir. M. Prevost a senti l’importance de
celte circonstance et n’a pasomis de nous faireremarquer
l'identité de cette méme couche avec celles qui ren-
ferment les mêmes coquilles, dans la Bourgogne et dans
le Jura, au pied des Calcaires qui composent la plus grande
partie de cette chaîne, et si, dans la suite de ce mé-
moire, nous trouvons des observations qui semblent di-
minuer beaucoup la valeur des caractères zoologiques
en géologie, nous trouvons , dès l’entréo, un fait très-
remarquable, qui donne à, ces caractères une impor-
tance que ne pourront lui enlever les observations suh=
séquenles. |
Le second dépôt sédimentaire en montant, offrant une
suite nombreuse d’assises. calcaires ou marneuses., Cst
célèbre dans l’histoire des terrains de sédiment inférieur
de l’Angleterre, sous le nom de Lias.
Les Gryphées arquées du Calcaire précédent , y sont
très-rares; mais une autre espèce, le Gryphea Cymbium,
y est très-commune ,.et cette circonstance est aussi heu-
reuse qu'instructive , en nous faisant voir:
\ (297)
1.9 Qu'il n’est pas possible de caractériser les couches
d’un terrain par le nom du genre de coquilles qu’elles
renferment, mais qu’il faut nécessairement en désigner
l’espèce et même la désigner avec exactitude.
9.° Que dans les parties inférieures et anciennes de
l'écorce du globe, comme dans les dépôts supérieurs et
pouveaux du sommet de Montmartre, la même espèce
n’a pas vécu long-temps sur le même fond ; que des
espèces différentes au contraire, se sont succédées et
se sont remplacées avec une rapidité dont nous ne con-
païissons aucun exemple dans le fond de nos mers ac-
tuelles.
Calcaire oolithique.
Le Calcaire, composé de pelits grains ronds, comme
ceux de la poudre à canon, et qu’on nomme. Oolithe,
commence à paraître ici, et c’est aussi dans les marnes
argilleuses interposées à ce calcaire , que se montrent les
débris de ce singulier et monstrueux reptile ou poisson,
auquel M. De la Bêche a donné le nom d’Icthyosaure,
et qui serait le premier ou le plus ancien des animaux
vertébrés qui aient paru à la surface ou dans les eaux
de l’ancien monde, si on ne connaissait les poissons et
les tortues des ardoises de transition de Glaris.
C’est au-dessus de ce dépôt sédimenteux remarquable,
que s’en présente un autre, non moins remarquable par
sa grande puissance ; sa grande étendue en Europe , ses
caractères minéralogiques et zoologiques. C’est le Cal-
caire oolithique, ainsi nommé, parce que cetle variété
de calcaire y est très-souvent dominante. Elle n’y est
donc niexæclusive, ni constante. L'expression que nous
( 298 )
venons d'employer le dirait suffisamment; mais, nous
répélerons encore avec M. Prévost, que le Galcaire
oolithique a ici: son siège principal, mais non. pas
exclusif, et que sa présence, partout où il se trouve en
abondance avec les mêmes, caractères zoologiques , est
très-propre, non pas à prouver, mais à faire présu-
mer que les couches calcaires dont il fait partie appar -
tiennent aux terrains supérieurs,.au (Calcaire, à Gry-
phées et inférieurs à la craie.
M. Prevost yrapporte la pierre de Portland et le Cal-
caire de Caen, c’est-à-dire, celui dont les carrières sont
à la porte de cette ville. Il rattache par conséquent cette
dénomination employée souvent et très-à propos par les
géologues du département du Calvados, mais qui ne doit
pas en sortir; il la rattache, dis-je, à celle du Calcaire
oolithique ou du Calcaire moyen du Jura. C’est traiter
la géologie d’une manière générale et comme elle doit
’être , et nous admettons ce rapprochement comme plus
exact que celui qui est présenté dans les conclusions.
C’est ici, et à ce qu'il parait dans les assises supé-
rieures et plus grossières de ce grand dépôt calcaire ,
que commence à se montrer le fait géologique remar-
quable , dont la découverte est entièrement due à
M. Prévost, et qui semble ôter aux caractères z0ologi-
ques une grande partie de leur utilité pour la détermina-
tion de l’ordre de succession des couches du globe. Ge |
fait est la présence des cérithes , elc. , coquilles fossiles
qui sont si abondantes dans Îe calcaire grossier supérieur
à la Craie, qu’on lui en avait quelquefois donné l’'épi-
thète; mais on ne les avait point vues, ni dans la Craie,
ni dans aucune des couches inférieures à ce dépôt cal-
( 299 )
caire. Ces Cérithes sont accompagnées'èt de quelques-uns
des genres des coquilles qui les accompagnent dans le
Calcaire grossier, et de celles qui sont propres aux Cal-
caires anciens. Elles ne peuvent y avoir été amenées ;
d’ailleurs , il faut qu’elles aient vécu dans le même temps
et sur le même fond que les AÂmmonites, les Belemnites,
les Trigonies, etc. , avec lesquelles on les trouve , pour la
première fois, en société. On ne peut douter de la réa-
lité de cette association , non-seulement parce que les ta-
lens de M. Prévost pour ce genre d'observation nous sont
connus, mais parce qu'il vient d’en être de ce fait, comme
de tout ce qui paraît nouveau, et qui ne l’est souvent
que parce qu'aucun observateur attentif ne l'avait fait re-
marquer. Ge fait n’est pas isolé, on l’a retrouvé dans
plusieurs endroits avec les mêmes circonstances , dans la
même position, c’est-à-dire, dans les terrains presque
immédiatement inférieurs à la craie. M. Prevost en cite
des exemples dans son Mémoire. |
Des animaux vertébrés se présentent aussi dans ce
terrain ; ils appartiennent toujours aux classes des Pois-
sons et des Reptiles, mais à des espèces et même à des
genres différens de ceux du calcaire inférieur ; tel est ie
Crocodile trouvé aux environs de Caen.
Le Calcaire des environs de cette ville auquel on a
donné le nom -de calcaire à Polypiers, à cause de la
grande quantité de Madrépores qui le composent, n’est
autre chose que les assises supérieures de cette forma-
tion, et ne paraît mériter une distinction particulière
que dans la description géognostique du Calvados.
Mais les marnes argilleuses , bleuâtres , qui séparent
les dernières assises supérieures du Calcaire colithique
( 300 }
des assises inférieures du dépôt de craie, demandent
une mention et même une dénomination particulière
par une raison de même valeur que celles que nous avons
apportées pour le Calcaire oolithique ; c’est-à-dire qu’elles
sont comme lui très étendues , presque générales , sur-
tout parfaitement caractérisées par les corps organisés
fossiles qu’elles renferment , et notamment par une es-
pèce de Crocodile encore différent de celui du Calcaire
oolithique inférieur.
Ces Marnes argilleuses , bleuâtres , ont été confondues
avec celles qui sont immédiatement au-dessus du Calcaire
à Gryphées et qu’on voit à Dives; mais leur position les
en distingue; et quand ce moyen ne peut pas êtie em-
ployé , les coquilles fossiles et surtout le grand Saurien
qu'on y trouve, et qui est très-diflérent de l’Ichlyo-
saure des premiers , donnent un autre moyen de les re-
conuaître. On peut voir ce terrain au cap de la Hève,
près du Hâvre, au niveau de la mer, et immédiatement
au-dessous du terrain de Craie.
Voilà donc la position de ce dernier, de la Craie par-
faitement déterminée, au moins pour celte parlie de
l’Europe , et il y a lieu de croire qu’elle l’est également
pour loutes les autres parties de ce continent où on
pourra l’observer. ;
Non-seulement la position du terrain de Craie sur le
Calcaire oolithique est établie par cette observation qui
n’est pas particulière à M. Prévost, mais elle en est dis-
tinctement séparée par une circonstance caractéristique
sur laquelle ce géologue a appelé le premier notre atten-
tion; c’est un dépôt de sable en zônes non parallèles,
qui indique par sa présence et par sa disposition un
( 301 )
changement notable dans les causes qui ont produit les
terrains inférieurs et supérieurs. La Craie inférieure est
grise, très-sablonneuse , et montre peu de Silex pyroma-
que, c’est-à-dire de Silice pure et isolée ; la Craie supé-
rieure , qui au contraire en renferme un grand nombre,
est plus blanche et moins sablonneuse, comme si la
matière siliceuse s'était mêlée avec la matière calcaire
dans les assises inférieures, tandis que ces deux sub-
stances se seraient séparées nettement dans les assises
supérieures. Le fait existe ; il a été vu depuis long-temps,
mais il a été remarqué explicitement pour la première
fois par M. Prévost.
Au-dessus de la craie, se présentent, dans quelques
endroits, des lambeaux du terrain de sédiment supérieur
et surtout des couches lacsutres inférieures de ce ter-
rain. M. Prevost l’a constaté en citant les Limnées et les
Planorbes qu'il y a trouvés; il a fait aussi remarquer
que les Lignites de ces terrains formaient des couches
assez étendues , tandis que ceux qui sont inférieurs à la
Craie, se présentent presque toujours en fragmens épars;
et cette observation claire et précise confirme la diffé-
rence que l’un de nous a reconnue depuis long-temps,
entre les puissans dépôts de Lignite supérieurs à la Craie
et les morceaux de ce combustible fossile épars dans les
terrains inférieurs. |
Après cet examen des différentes couches de la terre,
on arrive pour’ ainsi dire à sa surface, et on n’a plus à
y examiner que les terrains superficiels et meubles , que
l’on appelle terrains de transport. On croit qu'il n’y a
plus rien à en dire, à moins que de détailler scrupuleu-
sement toutes leurs parties; mais M. Prévost a su y dé-
couvrir deux faits généraux très-remarquables :
( 302 )
Le premier; c’est que ces terrains; à l’est de la ri
vière de Dives, sont composés de matériaux entièrement
différens de ceux qui les composent à l’ouest de ceite
rivière.
Ces terrains de transport de l’est ne montrent que
des Silex de la Craie disséminé dans un sable rouge ar-
silo-ferrugineux ; les terrains de l’ouest ne présentent
que des fragmens roulés de Quartz et de Grès apparte-
nant aux terrains de transition du Cotentin ;
Le second fait est conmimun aux deux terrains ; c’est que
toutes ces pierres dures qui sont élendues non-seule-
ment sur les assises les plus supérieures de la Craie , mais
sur les terrains encore plus nouveaux qui la recouvrent,
ne résultent pas de la destruction de ces parties super -
ficielles ; mais viennent des assises inférieures de la Craie
et des roches les plus-profondes des terrains du Cotentin.
Ce! fait seraît inexplicable , si M. Prévost ne nous rap-
péläit que les assises inférieures de ces terrains sont con-
caves , et que leurs bords s’élevant à Ja surface du sol
aux extrémités du golfe ou du bassin qu’elles remplis-
sent, ont pu et dû fournir les débris solides et arrondis
par le frottement -quisont.élé transportés de ces bords
vérs le milieu du bassin. Nous regardons celle observa-
| tion comme l’ane des/plas nouvelles et des plus curieu-
ses de celles qui sont renfermées dans le Mémoire de
M. Prévost.’ Ces'terrains de transport. superficiels sont
ceux qu’on néglige le‘plus ; on croit qu'iln’y a plus rien
à y voir; il est vrai qu il:y a peu. de.minéraux à trou-
ver, péu de faits isolés à. y recueillir ; mais les lois géo-
logiques que M: Prévost vient deremarquer dans ceux de
la Normandie ; prouvent combien de <hoses ils peuvent
( 503 }
encore nous apprendre , lorsqu'on sait les observer: d’a-
‘bord en détail et ensuite en grand.
‘elles sont, parmi les observations renfermées dans la
première partie du Mémoire de M. Prevost, celles qui
nous ont paru lui être tout-à-fait propres ét les plus di-
gnes de fixer de nouveau l'attention de ‘l’Académie ,
comme ayant ajouté de nouveaux faits à ceux qui com:
posent l’histoire naturelle de la terre , et de nouvelles
règles à celles qui constituent la science de la géognosie.
Nous avons dû rappeller avec quelques détails les
principaux objets traités dans la première partie du Mé-
moire de M. Prevost, parce que ces objets sont pres-
que tous des résultats généraux , déduits la plupart des
observations propres à l’auteur ; et que c’est là qu'est le
principal mérite du travail que nous examinons.
Nous avons beaucoup moins de choses à recueillir
dans la seconde partie, non pas qu’elle soit vide de
faits ou d'observations , mais parce que ces faits et ces
observations sont ceux dont M. Prevost a liré les ré-
sultats précédens. Nous devons donc chercher à en faire
apprécier le mérite sous le point de vue du nombre, de
“la valèur , de l’ordre dans lequel ils sont présentés.et de
leur éxactitude reconnue ou présumée.
Plusieurs de ces observations de détails conduisent à
des considérations très “intéressantes , parmi lésquelles
nous choisirons les suivantes.
M. Prévost fait remarquer qué les Silex de la Graïe ‘se
présentent en bandes 'coftinues dans quelques lieux. Ge
fait ainsi isolé serait sans intérêt ; du\moins poür le mo-
ment, £i l’auteur n’ajoulait que dans quelques ‘parties
dès falaïses ; près dé Féchip par exemple!, celte conti-
(304 )
nuité est interrompue et que la partie correspondante de
ces bandes se retrouve à un niveau plus bas, comme si
cette partie se füt enfoncée avec les terrains qui les ren-
ferment; fait analogue à celui qu’on observe dans les mi-
nes de Houille, et qui paraît dû à une même cause. Mais
d’autres bandes présentent un phénomène plus remar-
quable; une partie s’est aussi comme enfoncée sans ce-
pendant quitter celle qui a conservé son premier niveau.
Ces bandes de Silex ont été comme fléchies ; et comme
dans ieur état actuel de dureté, on ne pourrait conce-
voir une telle flexion sans une rupture complète , on
peut présumer que le Silex n’avait pas dans ce moment
la solidité , l'espèce de sécheresse et de fragilité qu'il
présente maintenant.
A l’occasion du terrain des environs de Caen, M. Pre-
vost établit par des comparaisons tirées de la position du
Calcaire des environs de cette ville, de la texture de ce
calcaire, des corps organisés qu’il renferme ; qu’il n’est
- qu’une partie des assises supérieures du terrain oolithi-
que , plus développée en raison de sa position dans une
grande cavité.
Les environs de Valogne sont célèbres depuis quelques
années par le nombre d'individus et d’espèces de co-
quilles fossiles que M. de Gerville y a recueillis, et dont
il a généralement enrichi toutes les collections de l’Eu-
rope. Mais il y voyait mélées, pour ainsi dire, pêle-mêle
et comme elles se trouvaient, des coquilles analogues à
celles du Calcaire grossier des environs de Paris , et des
coquilles qui appartiennent généralement à des terrains
très-anciens. La découverte que M. Prevost venait de
_ faire de Cérithes dans un Calcaire inférieur à la Craie,
- -. ( 305 )
lui donnait le désir, lui faisait presque un devoir de vi=
siter ce canton. Il a vu ce que M. de Gerville avait an-
noncé, un vrai mélange de coquilles d’âges très -différens,
mais il a remarqué :
:1.° Que ces terrains étaient déposés dans les espèces
de vallées étroites ou de longues cavités qui se trouvent
entre les crètes que présentent ici les extrémités de bans
presque verticaux des roches primordiales du Cotentin,
2,° Que les coquilles de ces terrains étaient ou mélées
tout-à -fait, ou déposées dans un ordre inverse de leur
anciennelé présumée, c’est-à-dire que les coquilles du
calcaire moderne et superficiel de Paris étaient dessous,
et les coquilles de la Craie ancienne et profonde étaient
dessus. Il a vu que la plupart de ces coquilles et des
débris quiles accompagnaient, indiquaient , par de nom-
breux signes extérieurs , qu’elles avaient été amenées de
Bloin et souvent altérées par un transport violent; enfin,
et ce fait est des plus importans , que ce terrain meuble
et composé de débris anciens et modernes, n’était re-
“ couvert par aucune roche, par aucun terrain plus ancien
que ces débris modernes. Les circonstances sont donc
“ici bien différentes de celles qu’on observe à Trouville ,
à Caen, etc., où M. Prevost a reconnu des Gérithes,
espèces d’un genre de coquilles regardées comme mo-
…dernes , au-dessous d’un terrain ancien , et si on ajoute
que ces dernières Gérithes paraissent différentes de celles
du Calcaire grossier, on conclura , avec M. Prevost,
qu'il n’y a qu’une analogie trompeuse entre le mélange
de Valogne et’ la superposition de Trouville, et que ces
associations de coquilles anciennes et modernes dans
1. 20
( 306 )
les deux endroits, sont dues à des causes qui paraissent
ôtre très-différentes.
Ces causes, M. Prevost croit les avoir trouvées dans
la position du terrain de Valogne dans la ligne de la di-
rection principale de la grande vallée de la Seine , et dans
le transport ancien des débris des divers terrains qui
remplissaient cette vallée.
Nous ne pourrions le suivre dans cette explication,
donner les développemens nécessaires pour la faire ad-
mettre , et présenter les objections propres à la rendre
douteuse, sans répéter tout ce que M. Prevost a dit , et
même sans y ajouter beaucoup de choses. Nous sorti-
rions àlors des bornes de ce rapport; nous nous conten-
terons donc de dire, que quoique cette explication soit
encore sujette à plusieurs difficultés, nous la regardons
comme ingénieuse , même comme assez vraisemblable ,
et comme devant être très-soigneusement distinguée def
hypothèses sans fond qu’on faisait autrefois aussi faci-
lement qu'inutilement , pour expliquer et la structure
de toute la terre et celle de chaque petit canton habité
par ces géologues plus féconds en explications qu’en ob-
sérvations.
Les conclusions mises par M. Prevost à la fin de son
Mémoire , ne sont pas seulement des conséquences nous,
velles qui résultent des faits rassemblés dans ce travail,
elles présentent des vues ‘encore plus étendues, et in |
diquent comment cette première étude des roches qui
composent une grande partie des terrains de la Côte
N. O. de la France , l’a conduit à reconnaître dans |
l'Angleterre les bassins qui correspondent à ceux du
continent : il nous semble avoir prouvé, par exemple, |
( 507 )
que c'était le terrain de l'ile de Wight qui était la con-
tinuation du bassin de Paris , et non pas celui “de
Londres, qui correspondait plutôt au terrain de sédi-
ment supérieur des environs d'Anvers.
Revenant ensuite sur l’analogie de composition des
Falaises de la Basse-Normandie avec le Jura , il nous pa-
raît avoir très-bien reconnu leurs rapports, au moins
jusqu’au Calcaire dit de Caen. Ainsi, il rapporte le
Calcaire à Gryphées arquées de Dives , au Calcaire infé-
rieur du Jura , le Calcaire oolithique au Calcaire moyen
du Jura , et le Calcaire grossier de Caen, aux assises
supérieures du Jura, Si nous avons quelques doutes à
élever sur ces comparaisons , ce ne sera qu’à l’occasion
de la dernière, qui, sans être fausse , n’est peut-être
pas complète. L’un de nous, qui a eu occasion de visiter
le Jura dans beaucoup de points, croit que les assises
réellement supérieures de cette grande formation calcaire
présentent une réunion de caractères qu’on ne voit pas suf-
fisamment dans le Calcaire de Gaen, et si l’on veut trouver
en Normandie un dépôt qui lui soit analogue , comme
-cela doit être en effet , il est présamable qu’on le recon-
naîtra plus complètement dans le Calcaire à polypiers,
“et dans ses lits inférieurs réunis à celui du Galcaire de
Caen, que dans ce dernier seul, Ge n’est pas ici le lieu
de donner les raisons de ce rapprochement.
Nous devons enfin terminer ce rapport. Nous avons
‘été obligés de lui donner quelque développement, parce
que nous avons €ru devoir remettre sous les yeux de
Académie les objets principaux renfermés dans un
grand travail dont elle a eu communication il y a déjà
#ix mois ; et cependant ce que nous venons d'extraire
20,:
( 308 )
du Mémoire de M. Prevost n’est pas lout ce qu'il pré-
sente de neuf ou d’intéressant ; c’est seulement ce qu’il
offre de plus saillant; cela suflit pour asseoir notre ju-
gement, et poûr mettre l’Académie à même de l’ap-
précier. Elle verra avec nous que ce n’est pas une des-
cription géognostique et topographique que M. Prevost
s’est contemté de lui présenter ,.quoiqu’un travail de ce
genre ne füt pas sans utilité; mais que c’est un Mémoire
qui établit le nombre, les caractères et l’ordre de su-
perposition des différens dépôts qui se sont succédés
entre les terrains primordiaux et les terrains nouveaux
des environs de Paris, dans une grande partie de l’Eu-
rope , peut-être même sur toute la terre. Les terrains,
de Normandie ne sont là que comme le sujet de l’expé-
rience en grand, dont les résultats sont déduits, L’ac-
cord de ces résultats avec ‘ce que l’on a observé dans
plusieurs autres lieux, surtout avec ce que MM. Webs-
ter, Parkinson, Greenough, Buckland , Mantell, etc. ,
ont si bien vu et si bien décrit en Angleterre, rend!
cette expérience suffisante pour qu’on puisse admettre,
d’après elle seule, les conséquences tirées par M. Pre-,
vost , et Les règles géologiques qui en résultent.
Nous regardons le travail de M. Prevost comme très-
remarquable, et comme ayant efficacement contribué
aux progrès de la Géologie, quoiqu’un des pas qu'il
fait faire à celte science semble être rétrograde ; mais
on avance autant une science en détruisant des erreurs,
qu’en découvrant de nouvelles vérités ; et en effet,
n'est-ce pas découvrir une vérité, que détruire l” erreur | |
qui la cachait.
Signé Guvier , Prony , BroNGNIART, Rapporteur.
( 50g.)
OsservarTions microscopiques sur le. Coxrenva
comoïpes , Dillw. ;
Par B. Garzzon.
Après avoir observé les plantes marines ( Thalassio-
phytes) pendant plusieurs années, je concentrai plus
particulièrement mon attention sur les productions ma-
rines filamenteuses appelées Conferva par plusieurs au-
teurs, et dont un grand nombre est compris par De Can-
dolle , sous la dénomination de Ceramium. L’organisa-
tion de ces Thalassiophytes, dites articulées, noffrit
dans leurs filamens un tissu ou une membrane dont le
renforcement transversal interrompait de distance en
distance la continuité. Les intervalles formés par ces
sortes de cloisons étaient chargés, dans toutes les espè-
ces, de matière colorée. Je remarquai que dans quelques
espèces lés cellules étaient simples; que dans d’autres
elles étaient multiples et se groupaient autour d’un axe ;
que dans quelques-unes elles étaient alongées , et que dans
d’autres elles étaient très-raccourcies. Je remarquaiencore
que l’organisation de plusieurs autres espèces, quoique ar-
ticulée au centre , devenait continue à la circonférence.
Je crus avoir suivi la marche de la nature dans cette
progression du simple au composé , et je me disposais à
publier les groupes dans lesquels, d’après ces observa-
tions, javais subdivisé les espèces de Thalassiophytes et
. même d’Hydrophytes agglomérées dans les genres Con-
| ferva et Ceramium, lorsque je me trouvai arrêté par
l'impossibilité de comprendre dans aucune de mes divi-
| sions, que je regardais comme les plus naturelles ,
une production confervoide marine très-abondante
( 310 }
sur la partie des roches de nos côtes qui forme le lit-
toral que la mer à chaque marée couvre et découvre.
La production que nous examinons pullule sur nos ri-
vages marilimes en pelites touffes épaisses , très-courtes,
pénicilliformes, onctueuses au toucher, de couleur brune,
tantôt jaunâtre , tantôt grisâtre ; vue au microscope, elle
est composée de filamens fasciculés extrêmement ténus,
rameux, dichotomes, membraneux , Incrustés de corpus-
cules ovoïdes jaune-brun , pressés et disposés les uns au-
près des aulires, tantôt longitudinalement, de manière à
former et garnir pleinement le filament dans toute sa lon-
gueur, tantôt inclinés diagonalement et laissant alors des
interstices hyalins qui sont les parties de la membrane
du filament; cette membrane est muqueuse, transpa-
reale , et ne présente au microscope aucune organisa
tion celluleuse. À la dessiccation, cette production change
de couleur, devient d’un gris verdâtre, et prend sou-
vent un aspect légèrement terreux.
Elle est décrite dans Dillwyn (British Confervæ) et
bien figurée planche 27, À, sous le nom de Conferva
comoides. Dillwyn, en lui donnant le nom spécifique
comoides , a voulu retracer l’effet qu’elle produit sur les
sommités arrondies des roches calcaires quand l’eau en
est retirée; elle présente alors, tant par la couleur que
par l’éparpillement de ses filamens déliés, quelque res-
semblance avec la chevelure rare et roussâtre de Ja tête
d’un très-jeune enfant.
D'après la description de Vaucher, je ne doute nulle-
ment que son Ectosperma appendiculata, trouvée dans
un bassin d’eau salée à Lons-le-Saulnier, ne soit la même
production que ceile qui nous occupe. Je regrette de
( 311 )
n’en avoir pas d’échantillon, mais la figure 2 de la plan-
che 3 de son ouvrage fortifie la conviction que sa des-
cription courte , mais caractéristique , m'avait déjà in-
spirée de l'identité spécifique de ces deux productions.
Quant aux appendices qui couvrent celle de Vaucher, il
est une saison où la production que nous examinons en
est aussi couverte. Sont-ils une émanation inhérente aux
tubes , ou sont-ils des corpuscules étrangers adhérens
Je crois cette dernière hypothèse plus probable, puis-
que les appendices n’accompagnent point constamment
cette production , et qu’un grand noînbre de corps sem-
blables sont aperçus sur d’autres espèces de conferves
marines.
Après avoir décrit la production marine que j’analyse ,
et avoir détaillé les formes et les noms sous lesquels elle
a été connue par les divers auteurs qui en ont parlé avant
moi, je vais maintenant exposer mes observations. Les
filamens de cette production, examinés à plusieurs re-
prises avec une forte loupe, ne m'ont présenté de dis-
tinct dans leur tégument qu’une sorte de ponctuation
jaune-brun , dont l'intensité variait à diverses époques
de mes observations. Je fais d’abord cette remarque pour
prémunir contre le jugementirop précipité que l’usage seul
de la loupe pourrait faire porter à des botanistes exclusive-
ment habitués à cet instrument. Les verres inférieurs du
microscope ne m’ont même présenté rien de satisfaisant
dans l'examen de la membrane des filamens ; j'appuie
sur ces circonstances afin que les naturalistes qui vou-
dront répéter mes expériences ne se décourageni pas et
aient recours aux plus forts verres de leur microscope.
Toutefois , je les engage à ne s’élever à cette puissance
(32) hein"
qu'après avoir reconnu avec les verres inférieurs la forme
et les limites du filament dont ils veulent grossir une
partie de la membrane. Alors, armés d’une pointe très-
fine, et stimulant légèrement sur le champ du micro-
scope la tige de la production que nous examinons, ils
verront qu'elle n’a l’aspect d’une tige que par lentortil-
lement vers la base de plusieurs des filamens rameux
qui la composent. Parvenu de la sorte à séparer un des
filamens de cette production, on le suivra dans toute sa
longueur; on verra des ramifications diffuses , lâchement
divariquées et offrant à leurs aisselles des angles difformé-
ment arrondis ; les extrémités sont tantôt arrondies ,
tantôt pointues; ce dernier mode est plus commun dans
les extrémités des ramifications. C’est vers ces parties que
. la pointe devra agir pour lacérer le filament; c’est alors
qu'en augmentant la puissance du microscope , on
verra se désagréger de ce filament des corpuscules ténus ,
linéaires, ovoides, dont les extrémités sont transparentes
et le centre marqué d’une particule de matière colorée
jaunâtre. Le filament se trouve hyalin à la partie qu’oc-
cupaient les corpuscules ; c’est‘alors qu’on aperçoit faci-
lement et qu’on peut suivre la disposition des autres cor-
puscules encore engagés dans cette matière hyaline du
filament, qui est comme une sorte de mucosité membra-
neuse sans la moindre apparence de disposition cellulaire.
Si l’on fait agir la pointe dans une partie plus avancée
du filament, on a la satisfaction de voir ces corpuscules
colorés , pressés et rapprochés les uns des autres et en
grand nombre dans toute la longueur du filament dont
ils constituent la couleur, et à la forme duquel ils don-
nent un aspect légèrement arrondi. Si après ce petit tra-
( 515 )
vail l’on abaisse imperceptiblement la lentille sur le
champ du microscope, on le verra couvert d’une grande
quanlité de ces mêmes corpuscules colorés.
Satisfait d’avoir détaché ces nombreux corpuscules de
la membrane muqueuse où ils étaient engagés, je crus
long-temps qu'ils étaient les séminules de cette produc-
duction. Quelques idées pourtant venaient traverser
cette satisfaction. Je me déterminai donc à suivre pen-
dant un an, et plus s’il était nécessaire, le développe-
ment de cette production, à profiter de cet espace de
temps pour observer de nouveau les autres productions
filamenteuses confervoïdes , tant des eaux salées que des
eaux douces;'et par ces rapprochemens, établir des com-
paraisons qui me missent à même de prononcer sur le
classement des Hydrophytes anomales ; ma persévérance
a été couronnée d’un plein succès. dJ’ai vu, fait voir,
revu, et je revois encore les corpuscules colorés des fila-
mens du Conferva comoides , Dillwyn, avançant grave-
ment et lentement sur le champ de mon microscope,
reculant de même , changeant de direction , enfin doués
d’un mouvement subit, itératif, mesuré et volontaire.
Leur forme est tantôt un carré parallélogramme, tantôt
une ellipse; la première est celle qu’ils affectent dans
l’état de repos, la seconde est celle qu’on remarque le
plus communément quand ils sont en mouvement ; dans
l’une et l’autre , l’extrémitéest toujours hyaline, la matière
colorée jaune occupe le centre et change souvent de dis-
position par une sorte de dilatation ou de contractilité
dont elle semble douée. Ces corpuscules animés, dégagés
de leur filament, ne tardent pas à prendre de l’accroisse-
ment, ceux mêmes qui y restent engagés jouissent du
( 514)
même avantage; leur dimension en longueur, dans le
plus petit état où j'ai pu les apercevoir, peut être évaluée
à la 500, °° partie d’une ligne ; dans leur développement,
ils ne tardent pas à arriver à la 100.° partie; dans un
état avancé, la dilatation de ces animalcules a été si
grande , tant en longueur qu’en largeur, qu’une ligne
carrée, qui aurait pu précédemment contenir 8 à 900 de
ces animalcules , en contenait à peine 150 ; ils sont alors
entièrement elliptiques et dans un élat d'inertie presque
complet ; la matière colorée est rétractée en deux glo-
bules susceptibles pourtant de mobilité et placés commu-
nément aux deux tiers de chaque extrémité, le reste de
l'ellipse est hyalin , d’une consistance membrano-mu-
queuse. Dans ces états, l’animalcule appartient aux Bac-
cillariées de Bory de St.-Vincent, et fait partie tantôt
de ses Navicules, tantôt de ses Baccillaires. Cet ani-
malcule n’est point figuré dans Muller, mais il a des ana-
logies de’ forme et de mouvement avec les V’ibrio bi-
punciatus et tripunctatus de cet auteur.
Que deviennent ces animalcules ? C’est une question
qui m'a long-temps occupé, et à laquelle il me sera fa-
cile de répondre en exposant une partie des expériences
que j’ai faites pour la résoudre. Nous avons vu la faculté
de dilatation et de développement dont les animalcules
du Conferva comoides étaient susceptibles. Celte faculté
se manifeste, non-seulement dans l’état libre, mais même
lorsque l’animalcule estencore engagé dans la mucosité du
filament. Toutefois il est bon de faire observer que dans ce
dernier cas il y a eu migration des trois-quarts au moins
des autres animalcules naviculaires agglomérés dans la
mucosité du filament, Ges Vavicules revêlent en quan:
(515)
üté innombrable la surface de la vase qui couvre les ro-
chers da bord de la mer, et de celle qui obstrue les ports
et bassins; elles y forment un enduit brun-chocolat,
qu’avant de l’examiner au microscope j'avais soupçonné
être la graine ou les seminules des Thalassiophytes Nul
doute que dans ces animalcules il n’y ait un grand
nombre d’espèces différentes , mais il est cerlain aussi,
d’après le développement et les formes diverses de la na-
vicule du Conferva comoides, que la même espèce vue
dans divers états de croissance a été prise pour des es-
pèces différentes. La navicule du €. comoides se dis-
tingue dans toutes ses métamorphoses par des extrémités
hyalines tellement transparentes, que les limites de la
membrane muqueuse ne sont discernables qu'avec beau-
coup d’attention et en diminuant sur le porte-objet l’in-
tensité de la lumière. Ces animalcules semblent avoir
un tel besoin d’association, que c’est à ce besoin qu'est
due la formation du filament du C. comoides. Les jeunes
navicules se rapprochent en glissant et s'étendant plu-
sieurs sur une seule ligne, de manière que les extré-
mités antérieures et postérieures de chaque animalcule
s’enchevétrent les unes à côté des autres, et dans cet
état exsudent un mucus qui forme la partie membra-
neuse du filament. Les ramifications se forment de même
et par là on explique facilement le peu de régularité
qu’elles’offrent. Il en est de même des extrémités poin-
tues de ces ramilications ; ce sont des filamens où la ligne
d’aggrésation des navicules n’est pas encore terminée.
Quant aux extrémités mousses et arrondies des filamens
principaux , elles sont une suite de l'abondance du mucus
membraneux qui revêt et garantit les animalcules qui s’y
(316) %
trouvent immergés ; ces filamens sont comme terminés.
Quand les animalcules , par leur croissance, s’y trouvent
à l’étroit, alors ils forment vers un point des tuméfac-
tions d’où sort une élongation qui est un nouveau-ra-
meau composé de navicules qui glissent les unes sur les
autres jusqu’à ce qu’elles aient atteint une disposition qui
les satisfasse, leur permette de rester en repos et d’ac…
croître ainsi leur enveloppe membrano-muqueuse.
Si mes lecteurs ont voulu prêter une attention propor-
tionnée à la précision des détails que je viens d'exposer,
ils conviendront que mes expériences m'ont ramené au.
point de départ de la lacération du filament , et qu'après
l’avoir décomposé à leurs yeux comme il l’a été aux miens,
je viens de le reconstituer aux leurs comme je lai vu
maintes et maintes fois sur le champ de mon microscope;
ma grande satisfaction est de pouvoir leur épargner en
ce moment les alternatives de découragement et d’espé-
rance, les tâtonnemens fatigans que j’ai subis avant d’ar-
river au résultat positif que je signale. Nul doute que
l’on ne me demande maintenant l’origine de ces animal-
cules , d’où ils viennent, comme ils naissent, en un mot
leur mode de reproduction. Si je ne m'étais fait à moi-
même ces questions , et que je ne me fusse point appli-
qué, avant la publication de ce Mémoire , à la recherche
de leur solution , on pourrait trancher la difficulté par la
supposition d’une génération spontanée ; mais de pa-
reilles idées sembleraient , comme elles le sont effective-
ment, l’aveu des bornes de nos connaissances. Quand
l’homme, abusant du pouvoir magique de l'imagination ,
rêve des syslèmes fantastiques , les faits deviennent sté-
riles , des lueurs trompeuses égarent son esprit ; il peut
x (317)
alors fermer les yeux, dire adieu à la vérité, elle n’a
plus d’attraits pour lui. Mais nous pouvons prouver aux
partisans de la spontanéité que nos navicules produisent
des petits êtres qui les perpétuent. Prenons pour cette
preuve des filamens du C. comoides encore dans toute
leur intégralité, c’est-à-dire , dont les animalcules ne se
soient pas encore désagrégés. Suivons ces filamens dans
leur développement, nous verrons les navicules grossir,
la matière jaune qui les colore au centre acquérir de l’in-
tensité, la membrane transparente se dilater. Alors un
grand nombre de ces navicules se sépareront du filament
et vogueront librement ; mais au bout de quelques jours,
elles deviendront moins agiles , resteront stationnaires ,
et, soit isolées, soit s’agrégeant bout à bout, nous les
verrons , comme celles engagées dans la mucosité du
filament , se dilater dans la partie hyaline, de manière,
comme je l’ai dit, à prendre entièrement la forme d’une
ellipse. Dans cet état ,,la matière colorée que cette el-
lipse renferme se divise en forme de globules, se con-
dense en quelque sorte, et de jaune devient presque
brune ; elle forme alors deux petits globules distincts.
Ces globules , observés constamment pendant huit ou dix
jours, deviennent imperceptiblement grenus , se déga-
gent de la membrane hyaline, et forment comme une sorte
de poussière colorée qui est évidemment le frai de nos
Navicules du C. comoïdes , puisque cette sorte de pous-
sière , observée encore pendant plusieurs jours de suite ,
acquiert du mouvement et reproduit les animalcules
dans un état de ténuité qu'on voit cesser chaque
jour , l’animalcule prenant de l’accroissement et une
forme sous l’œil de l'observateur. Get état est celui
(H8)
où les navicules colorent la surface des fonds vaseux des
ports de mer et des roches maritimes ; c’est celui qui pré-
cède immédiatement l’état d’aggrégation filamenteuse.
Cet état d’aggrégation me paraît commun à plusieurs au-
tres espèces de productions de cette nature que j'ai ob-
servées avec le même soin , et dont je donnerai dans uné
autre notice les caractères.
Le besoin de fixer mes idées sur ces êtres m'a obligé
de les comprendre sous un nom qui rappelât à mes yeux
leur origine , leur organisation et leur faculté. Néma-
zoûnes (filament composé d’animalcules) est le nom que
je leur donne. En présentant dans cette notice l’histoire
d’une espèce , j'ai désiré fixer l'attention des cryptoga-
mistes sur d’autres espèces qui, observées constamment
et avec persévérance dans leurs divers états de crois-
sance ou de développement , présenteront des résultats
généraux analogues à ceux que je viens de décrire , tels
que l’aggrégation d’animalcules en filament mucoso-mem-
Draneux , tantôt inerte, tantôt actif, la mobilité et la
diversité d'aspect de la matière colorée qu’il renferme ,
et la dissolution ou désaggrégation de cette matière re-
productrice des animalcules. J'ai déjà pour garans de
ces généralités une série nombreuse de faits particuliers
observés sur les espèces figurées dans Dillwyn, sous les
roms de C. nummuloides, pl. supl. B. — C. lineata,
pl. sup. B.— C. curta, pl. 76. — C. fucicola , pl. 66.
= C. carnéa., pl. 84. — C. ericetorum, pl. 1. — C.
fusco-purpurea , pl. 92. — C. atro-purpurea , pl. 103.
= C.'ocellata , pl. sup. D. — C. lanuginosa , pl. 45.
— C. youngana, pl. 102. — Cette dernière espèce: m’a
été signalée el envoyée par mon ami, M. Auguste Le
(l
É 519 )
Prévost, membre de l’académie des sciences de Rouen,
qui avait observé el suivi au microscope une partie des
métamorphoses de cette Némazoône. Les Conferva am-
phibia, vesicata, zonata, myochrous et distorta, de
Dillwyn , appartiennent aussi aux Vémazoônes. Les oscil-
latoires de Vaucher en font partie essentielle , j’ai vu
la désaggrégation des corpuscules annulaires qui consti-
tuent les filamens. Le Conf. pectinalis , Dillwyn, pl. 24,
est comrne plusieurs espèces du genre Diatoma, de De
Candolle , une aggrégation latérale de Navicules. Les
espèces dont Lyngbye a fait un genre sous le nom de
Echinella, sont dans le même cas. Les élégantes Dra-
parnaldies de Bory n'échappent pas non plus à la nou-
velle catégorie, le témoignage du très-savant et très-
respectable Mertens est irrécusable sur ce point. Il
m'écrit ( 29 février 1823 ) : « Ce que vous me dites
» de vos observations sur les Hyÿdrophytes ne m’a point
» surpris ; il y à bien long-temps que j’ai conçu la même
»idée sur l’animalité de ces êtres. Dans les bains de
» Diiburg où j'ai passé quelques semaines l'été dernier ,
»je fis voir le 3 août à un grand nombre de savans la
»Conferva mutabilis dans son état de plante, le 5 août,
se résoudre en molécules douées de locomobilité , se
»réunir le 6 en forme de simples articulations , et re-
»constituer le 10 la forme primitive de €. mutabilis. »
D’après l’énumération des espèces ci-dessus cilées, on
n’hésitera point à comprendre dans la classe des MNé-
mazoônes , les Arthrodiées de Bory. Les observations
curieuses , les détails ingénieux et les résultats positifs
d’après lesquels cet infatigable savant a basé la création
de ceite famille, ne me laissent aucun doute sur la na-
Eaon)
ture des filamens qu’il a considérés comme l'état de
plantes des animalcules qui 1ôt ou tard s’en exsudent et
qu’alors il appelle Zoocarpes (animalcules-graines. )} Ces
APR dégagés de leurs entraves , voguent librement
jusqu’au moment où ils reconstituent un filament, soit
par leur agrégation , soit par leur dilatation; dans ce
dernier cas , le Zoocarpe est complexe , c’est-à-dire, qu'il
est déjà une agrégalion d’animalcules , ce qui peut s’ob-
server dans le Sahnacis nitida , fig. 10, Tiresias monili-
formis, fig. 15, et Cadmus sericea, fig. 14, des plan-
ches des Arthrodiées de Bory (Diction. Sn d'His-
toire naturelle. )
Nul doute que les filamens des Arthrodiées ne soient
de nature animale , et leur développement le produit de
l'accroissement ou de la dilatation des êtres souvent im-
perceptibles qu’ils renferment. Ces êtres sont de formes
diverses , presque toujours chargés de matière colorée , et
ils transsudent un mucus qui forme la membrane hyaline
du filament. Ces animalcules sont très-visibles au micros-
cope , dans les spirales des jeunes filamens du Salmacis
nitida, Bory (Conf. jugalis, De Cand.) Ils forment une
série continue , mais distante, de globules punctiformes,
très-brillante, douée de scintillation , et rétractile lors-
qu’on attaque le filament avec la pointe. Ces faits et ceux
sur lesquels j’ai basé le classement dans les Némazoônes
des espèces de productions aquatiques , Lant marines que
d’eau douce, ci-dessus énumérées , seront développés :
dans un nouveau Mémoire, où , rendant hommage aux
observations et aux travaux de Muller, Girod-Chantrans,
Vaucher, Bory'de Saint-Vincent et autres naturalistes ,
je relaterai, rapptocherai et combinerai les faits nom-
( 321 )
breux d’animalité que ces savans observateurs ontles pre=
miers signalés dans les Hydrophytes. (1)
OsservatiONs sur le Genre CouraATari ‘d’Aublet :
Pan M. Acuizce Ricuarp.
Aublet a décrit sous le nom de Couratari Guyanen-
sis, un grand arbre originaire des forêts de la Guyane
et de l'ile de Cayenne , qu’il n’avait observé qu’en fruit.
Depuis cette époque , aucun botaniste n’a été plus heu-
reux qu’Aublet , et l’on en n’avait pas décrit les fleurs,
TIRE en —_
(1) Les observations microscopiques du professeur J.-B.
Amici, sur la circulation extraordinaire du fluide dans
le Chara vulgaris, ne me laissent aucun doute sur l’a-
nalogie du Chara avec les autres Hydrophytes que je
considère comme Némazoônes. Si le professeur Amici
eût été moins frappé de l'importance du fluide circulant
dans cette production , il aurait pu s'occuper davantage
de la nature des globules que renferment ces tubes
hyalins, et je pense qu’il aurait alors reconnu que la cir-
culation du fluide n’est qu'une conséquence de l’anima-
tion des globules. (Note de L’Auteur.)
Des faits de même nature bien connus des physiolo-
gistes , et parmi lesquels il suffit de citer le mouvement
des globules dans le suc du Chelidonium majus, ne nous
permettent pas de partager une opinion qui n’est d’ail-
leurs aucunement d’accord avec le mode de reproducticn
{des Chara. (R.)
. 27
(1522: )
en sorte qu'il était assez diflicile de déterminer bien ri-
goureusement la place de ce genre dans la série naturelle.
Possédant plusieurs échantillons en fleurs de ce végétal ,
je puis indiquer avec exactitude non-seulement l’ordre
paturel auquel il appartient, mais les caractères précis
du genre qu'il constitue.
Le fruit du Couratari est un des plus singuliers que l’on
connaisse; aussi le recherche-t-on dans les collections
comme un objet de curiosité. C’est une sorte de capsule
ligneuse de cinq à six pouces de hauteur, obscurément
triangulaire, de deux pouces à deux pouces et demi de
diamètre, un peu évasée à son sommet, qui se ferme par
le moyen d’un opercule court, épais, convexe , à la face
inférieure duquel le réceptacle central adhère , et quil
entraîne avec lui, au moment où il se détache. Ce récep-
tacle est épais, triangulaire, marqué d’une dépression
‘ longitudinale sur ses trois surfaces. Chacun de ses angles
est une des cloisons qui partageaient la capsule avant sa
parfaite maturité , et qui se détache insensiblement de sa
paroi interne, à laquelle elle adhérait. Les graines ren
fermées dans cette capsule sont peu nombreuses, très:
alongées, planes, membraneuses et en forme d'ailes sur
leurs bords.
Tels sont les seuls points que l’on connaissait jusqu’à
présent de l’organisation du Couratari. Ces caractéres, |
tirés du fruit, ont, comme il est facile de le voir, une
très-grande analogie avec ceux du genre Lecythis.
Aussi M. de Jussieu en avait-il rapproché le Gouratari,
mais cependant avec doute , ne connaissant pas les fleurs b
de cet arbre. La description que nous allons en donner"
confirmera le rapprochement naturel indiqué par le,
savant auteur du Genera plantarum.
|
( 525 )
Les feuilles du Couratari sont alternes, dépourvues de
stipules, courtement pétiolées , elliptiques , acuminées ,
entières, coriaces , glabres des deux côtés, longues de
cinq à six pouces, larges de deux pouces à deux pouces
: et demi. Les fleurs sont grandes, blanches, légèrement
lavées de pourpre, disposées en épis simples, solitaires ,
placés à l’aisselle des feuilles supérieures et plus courts
qu’elles. Chaque fleur est pédicellée et articulée vers la
base de son pédoncule qui est long de cinq à six lignes.
Le calice est turbiné à sa base, à six divisions un peu
épaisses, ovales lancéolées , aiguës, dressées. La corolle se
compose de six pétales étalés, un peu inégaux, obovales
obtus , soudés ensemble à leur base par l’intermède des
filets staminaux, de manière qu’ils tombent d’une seule
pièce et représentent une corolle monopétale rotacée. Les
étamines, dont le nombre est extrêmement considérable,
sont monadelphes. Leur androphore est peu saillant d’un
côté, tandis que du côté opposé, il se prolonge en un
urcéole très- alongé , Concavye , tronqué au sommet, re-
couvert dans toute sa face interne d’anthères à deux
loges portées chacune par un filet court.
L'ovaire est adhérent par sa moitié inférieure avec le
tube calycinal. Get ovaire se termine par un style subulé,
au sommet duquel est un stigmate extrêmement petit,
légèrement quadrilobé. Coupé en travers, l'ovaire offre
quatre loges contenant chacune quatre ovules attachés
à leur fond et dressés.
La Mnetire de l'embryon est fort singulière ; il est
simplement recouvert par le tégument propre de la graine,
et sa radicule est recourbée , très-longue, cylindrique,
un peu renflée dans sa partie supérieure , appliquée sur
21..
(324 )
la face d’un des deux cotylédons. Ceux-ci sont planes,
foliacés, plissés, et offrent une gouttière qui recoit la
radicule.
Pour peu que l’on compare ces caractères avec ceux
dugenre Lecythis, il sera facile d’en saisir la grande res-
semblance. En effet, dans l’un et dans l’autre, nous
trouvons un calice, une corolle et des étamines, abso-
lument les mêmes. Dans le Couratari, le style est assez
long, tandis qu’il existe à peine dans trois espèces de Le- |
cythis de la Guyane que j’ai analysées.
On remarque encore quelques autres différences entre |
le genre qui nous occupe et les autres espèces de Lecy-
this. En eflet, nous avons trouvé dans plusieurs fleurs |
de Couratari, l’ovaire constamment à quatre loges , et |
contenant chacune quatre ovules dressés , tandis que dans |
les trois espèces de Lecythis déjà mentionnées, nous
n’avons constamment trouvé que deux loges dans l’o-
vaire, et un très-grand nombre d’ovules attachés à Ia
partie inférieure de la cloison. Cependant nous n’igno- À
rons pas que dans quelques espèces du même genre, le
nombre des loges est plus grand. De plus, les graines
offrent dans le Couratari une forme qu’elles n’ont pas
dans les Lecythis. Elles sont très-alongées , planes, mem-
braneuses et en forme d'ailes sur leurs bords. 1l en est de
même de l'embryon qui est fort différent dans ces deux |
genres.
Mais ces différences suflisent-elles pour établir un
genre, nous ne saurions l’affirmer. On pourrait , en modi-
fiant les caractères du genre Lecythis, y comprendre les
particularités offertes par le Couratari. S'il est souvent
avantageux pour les progrès de la science , d'établir de
( 525 )
nouveaux genres , lorsque l’on trouve des types d’orga-
nisation tout-à-fait nouveaux , il ne l’est pas moins éga-
- lement de détruire ceux qui n’offrent pas des différences
assez tranchées. Aussi ne proposerions-nous pas d’éta-
blir un genre distinct pour le végétal qui nous. occupe,
s’il fallait surcharger la science d’un nom nouveau. Mais
comme ce nom existe déjà, nous ne voyons nul incon-
vénient à conserver le genre indiqué par Aublet.
Nous ferons remarquer ici une assez grande diffé-
rence entre la structure de l’ovaire et.celle du fruit dans
le Couratari. L’ovaire m’a constamment présenté quatre
loges, tandis que le fruit n’en offre toujours que trois;
car bien qu’à l’époque de sa parfaite maturité, la cap-
sule ne nous montre qu’une cavité unique , elle ne doit
pas moins être considérée comme à trois loges. Son
axe central, qui fait corps par son sommet avec Foper-
cule, présente trois angles qui ne sont autre chose que
trois cloisons d’abord adhérentes à la paroi interne du
‘fruit, et qui ne s’en sont détachées que par suite de la
dessication et de la dilatation qu'il éprouve au moment où
Vopercule tombe. Une des loges de l’ovaire avorte donc
constamment:
De tout ce qui précède, il résulte que le Couratari
Guyannensis d’'Aublet , peut être considéré comme for.
mant un genre qui touche immédiatement au genre Le-
cythis, et dont nous traçerons bientôt les caractères.
Le Lecythis avait d’abord été placé par M. de Jussieu
dans la famille des Myrtées avec le Couroupita et le
Gustavia. Mais ces trois genres, qui ont entr’eux la plus
grande affinité, s’éloignent des Myrtes par une foule de
caractères , et mon père avait le premier proposé d'en
former une petite famille distincte sous le nom de Lé-
( 320 )
cythidées. Outre les trois genres mentionnés plus haut,
cette petite famille comprend encore le Bertholetia de
M. de Humboldt, genre fort intéressant, dont M. Poiteau a
fait le premier connaître les fleurs dans son travail sur les
Lécythidées. Ce groupe , que l’on peut considérer comme
une famille distincte ou simplement comme une section
des Mÿrtées , se distingue des Myries proprement dits:
1°. par ses feuilles constamment allernes et non ponc-
tuées ; 2,° par son ovaire seulement à demi-infère ; 3.° par
sa corolle pseudo-monopétale ; 4.° par $es étamines mo-
padelphes et par la forme de son embryon. Les Lécy:
thidées nous paraissent avoir plusieurs points de ressem-
blance avec une famille très-éloignée des Myrtées ; sa-
voir les Malvacées , Sans cependant que nous croyons
devoir les en rapprocher. En effet, dans l’une et dans
Fautre les feuilles sont alternes et non ponctuées ; les
pélales sont soudés ensemble à la base par l'intermédiaire
des filets staminaux. Les élamines sont monadelphes ; les
-cotylédons sont souvent plissés sur eux-mêmes, Mais les :
Malvacées ont des stipules qui manquent dans les Lécy-
thidées ; les Malvacées ont l'ovaire libre tandis qu'il est
semi-infère dans les Lécythidées. Il y a donc entreces
deux familles des points de structure qui les rappro-
chent et d’autres qui les éloignent l’une de l’autre.
Lorsque l’on examine avec. soin les caractères offerts
par les genres Lecythis , Couroupita, Bertholetia :et
Gustavia, et qu'on les compare entr’eux , on est forcé
de considérer le Couratari comme un genre distinct.
Dans'ces cinq genres , toutes les parties de la fleur of-
frent use organisation analogue , et les différences
qui existent entr'eux ne consistent que dans quelques
modifications de leur fruit , de leurs graines et de leur
(327)
embryon. Ainsi , le fruit reste complètement indéhis-
cent dans les genres Couroupita , Bertholetia et Gustaæ-
via , tandis qu'il s'ouvre parle moyen d’un opercule,
dans les genres Lecythis et Couratari. L’ embryon con-
siste en une masse homogène sans dislinction de cotylé-
dons ni de gemmule dans les genres Lecythis et Bertho-
letia ; tandis que dans le Couroupita, la radicule, qui
est très-longue , est roulée autour des cotylédons , et que
dans le Couratari, la radicule , également très-longue,
cylindrique et recourbée , est appliquée dans une sorte
de gouttière formée par le repliement des deux cotylé-
dons , qui sont planes, très-grands, foliacés et comme
chiffonnés. Le genre Gustavia se distingue des quatre
autres par son androphore égal, non déjeté d’un côté,
etpar son embryon , dont la radicule est très-courte ,
conique; et les deux cotylédons très -épais et nullement
plissés. Ainsi , l’on distinguera le Couratari des autres
Lécythidées , par son opercule ladhérent avec l’axe
central qui se détache de la base du fruit : par ses grai-
nes très-grandes, planes , membraneuses, ét en forme
d'ailes, et par son embryon recourbé dont la radicule
est longue, cylindrique, et les deux cotylédons larges,
foliacés et repliés sur eux-mêmes.
Ce petit grouppe qui ne se compose que de cinq genres
nous fait voir que dans les végétaux , les caractères tirés
même des organes les plus importans , n’ont pas une
valeur absolue, mais que cette valeur varie suivant les
familles. Ainsi la structure de l'embryon qui genérale-
ment est la même dans tous les genres d’une même fa-
mille etqui fournit les caractères du premier ordre , n’a,
dans le grouppe des Lecythidées et même dans toute la
famille des Myrtacées, qu’une importance bien faible,
(528 )
puisqu'elle offre des différences si tranchées dans cinq
genres aussi voisins les uns des autres. En effet, nous.
trouvons dans l'embryon des Lécythidées, trois types
d'organisation : 1.°l’embryon formeune même masse ho-
mogêne sans distinction de radicule, ni de cotylédons ,
dans les genres Lecythis et Bertholetia. 2.° Il offre une M
radicule alongée , cylindrique , repliée sur les deux co-
tylédons qui sont minces, foliacés et plissés dans lesgenres
Couroupita et Couratari. 5.° Enfin dans le genre Gus-
tavia. Ja radiculeest courte, conique, les deux cotylédons
sont très-épais et nullement plissés.
M. de Jussieu, dans son Genera, après avoir réuni
avec doute le Couratari d'Aublet au Lecythis, se de-
mande si ce genre n’est pas le même que le Penarvalli
de Rhéede ou Zanonia de Linné? Mais la connaissance
exacte de la structure de la fleur du Couratari et la
comparaison de son fruit avec celui du Zanonia, re-
poussent également ce raprochement. Dans. ce dernier
genre , le fruit au lieu de s’ouvrir par un opercule sim-
ple qui entraîne avec lui l’axe central, s’ouvre en trois
valves incomplètes. Les caractères de la fleur ne sont
pas moins diflérens.
A la suite de son mémoire sur le fruit des Cucurbi-
tacées et des Passiflorées, M. Auguste de St.-Hilaire a
proposé l'établissement d’une petite famille nouvelle, à
laquelle il donne le nom de Nandhirobées et qui se com-
poserait des genres Fevillea, Zanonia et Couratari.
Cette famille servirait en quelque sorte à combler l’in-
tervalle qui existe entre les Passiflorées et Myrtacées.
Mais ce que nous avons dit précédemment de l’organi-
sation des diverses parties du Gouralari, doit suffire pour
faire voir que ce genre ne saurait être éloigné des Lecy-
(529 )
this et ne peut être placé dans un ordre naturel diffé-
rent de ces derniers.
Jusqu’à présent le genre qui nous occupe ne se com-
posait que d’une seule espèce , le Couratari Guyannensis
d’Aublet. M. Raddi vient d’en indiquer une seconde,
originaire du Brésil, et à laquelle il donne le nom de
Couratari Estrellensis. Mais M. Raddi n’a observé cette
espèce qu’en fruits. Il n’en a pas connu la fleur. Néan-
moins , les différences qu’il indique nous paraissent suf-
fisantes pour établir une seconde espèce. ‘Elle diffère de
la première par son fruit dont le bord ou l’ouverture
est découpée et comme frangée , et parses graines, qui
ne sont ailées que d’un seul côté.
Le genre Couratari se compose donc de deux espèces,
l’une, Couratari G uyannensis Aublet , est originaire des
forêts de la Guyane francaise ; l’autre, Couratari Estrel-
lensis Raddi, croît dans celles du Brésil.
Nous allons maintenant tracer les caractères du genre
Couratari et donner une description détaillée du Cou-
. ralari Guyannensis.
CourarTart, Aublet.
Calyx monosepalus basi turbinatus, limbo 6-par-
Lilo , laciniis lanceolatis, erectis. Corolla 6-petala, basi
coalita. Stamina numerosissima in urceolo magno, con-
cavo , unilaterali, apice truncato, intus antherifero , dis-
posita. Ovarium semi-inferum 3-4 loculare ; loculis 4-
ovulatis , ovulis erectis. Stylus subulatus simplex. Pyxi-
_ dium oblongum, obsoletè trigonum , subuniloculare ;
axis centralis trigona , apice cum operculo convexo ,
_ cohærens et cum illo decidua. Semina oblonga , com-
pressa , plano - membranacea , marginibus alæformibus.
( 350 )
Embryo hippocrepicus, radicula longa, cylindrica ; coty-
ledones foliaceæ , plicatæ , incumbentes.
Arbor foliis simplicibus, alternis , exstipulatis ; flo-
ribus magnis spicatis ; spicis simplicibus axillaribus.
Couraran Guyannensis. Aublet. Guy. , t. 290.
Arbor excelsa iaut arbuscula in ripis fluviorum Guyan-
næ crescens ; ramis patentissimis griseo-cinereis.
Folia alterna brevi petiolata, elliptico - acuminata,
integerrima , glabra , Coriacea, bruneo- viridia, subtus
pallidiora , venosa , 5-6 pollices longa , 2-3 lata , depen-
dentia ; petiolo brevi, canaliculato, sémitereti,
Flores magni , elegantissimi, candido-purpurascentes
spicati. Spica axillaris , folio dimiéio brevior, floribus
19-15, brevi pedunculatis subobliquis, reflexis ; ad
basim articulatis et caducis constans.
Calyæ turbinato-campanulatus , persistens basi 5s0-
lidä cum inferiore ovarit parte cohærens. Limbus 6-par-
titus ; laciniis sub erectis, lanceolalo-acutis , subæqua-
libus glabris.
Corolla : Petala sex patentissima calyce multo lon-
giora , inæqualia, crassa, obovali-oblusa , basi, me-
diante staminum urceolo , coalita et inde corollam mo-
nopetalam rotaceam æmulantia, 0#
Stamina numerosissima monadelpha in urceolum sub
petalis insertum et cum illis cohærentem , hinc breverm ,
illinc in Jigulam lateralem deflexam , valde concavam 3
apice truncatam , productum. Interna urceoli facies an
theris numerosissimis subcordiformibus apice emargi-
nato-obtusis, bilocularibus, filamento brevi insidentibus
obtegilur.
Ovarium semi-inferum ; media superior pars suprà |
. ( 551 )
urceolum eminens ; inferior cum calice cohærens ; tri
aut quadriloculare , ovulis quatuor oblongis planiusculis
- basi aflixis inde erectis in singulo loculo.
Stylus subulatus simplex, glaber, brevis, Stigmate
parvulo obtuso terminatus.
Fructus : Pixidium 4-6 uncias longum obconoïdeum ,
truncatum , coriaceo-durum, subtrigonum, 3-loculare
( uno è loculis ovarii abortivo } apice operculato , oper-
culo infra in receptaculum trigonum et usque ad imum
loculum descendens primo cohærens, sed, mox separa-
tum produclo; post dehiscentiam, id est receplaculi
separationem, capsulæ dilatatur ostium. Semina in sin-
gulo loculo pauca erecta, podospermio brevi insidentia,
plano-membranacea et alæformia , oblonga, angusta, ob-
tusa ; embryo epispermicus recurvatus et , ut in Cruciferis
pluribus , radicula longa cylindrica , sub: apice sub-
incrassata ; cotyledones planæ, foliaceæ, plicatæ , ac-
cumbentes.
Crescit in sylvis Guyannæ. b.
f
EXPLICATION DE LA PLANCHE 21.
Fig. 1. Couratari de la Guyanne, réduit au deux-Liers de lagrandeur
nätärelle. — 2. Corolle vue en dessus. — 3. La même vue en des-
sous: — 4, Etamine, — 5. Calice.—16. Coupe transversale de l’o-
vaire.— 7. Le même, coupé longitudinalement. —8.; Fruit. —
y: Columelle et Opercule.séparés du fruit.
Notre sur la nécessité de retirer le corps organisé
nommé Aupniroire, de la série des fossilesanimaux ;
Par M. Desuaresr , de la Société Philomatique.
Lorsqu’en 1811 je décrivis sous le nom d’Amphitoite ,
un corps fossile mârin dont j'avais trouvé à Montmartre
>
( 352 )
les débris, dans une couche de marne calcaire remplie
de vesliges de coquillages analogues à ceux de la for-
mation du Calcaire grossier, je me crus fondé à con-
sidérer ce corps , comme appartenant à la classe des Po-
lypiers flexibles; mais comme formant néanmoins une
division toute particulière dans ce groupe.
‘Les caractères sur lesquels je me fondais pour appuyer
cétte détermination, corsistaient principalement, 1.° dans
la disposition ramifiée et irrégulière de ce corps, 2.° dans
sa division en anneaux ou articles, dont le bord supé-
rieur offrait des échancrures opposées, quant aux faces
des rameaux, et à la fois alternes quant aux articles qui
formaient ceux-ci. 3.° Dans la présence des points enfon-
cés, disposés en une seule série sur le contour de ce même
bord supérieur , et que je pouvais considérer comme for-
mant autant de loges ou de cellules propres à conte-
nir des polypes. 4.° Dans l’aplatissement sensible de
ces corps, qui me permeltait de penser qu’ils avaient
été comprimés et déformés comme les autres restes d’a-
nimaux marins, au milieu desquels je les avais rencon .
trés. Gelte déformation surtout me faisait rejeter les
rapports que j'aurais pu reconnaître entre mon Amphi-
toïte et les Polypiers pierreux ou Madrépores qui auraient
résisté à la compression occasionée par le poids des
couches supérieures. 5.° Dans l'existence de tuber-
cules, de distance en distance, et que je prenais pour
des boutons gemmipares, tels qu'il en existe dans les co-
raux. 6.° Enfin, dans la présence des traces de cils ou
filets régulièrement disposés en verlicilles autour des an- |
neaux, etqui me semblaient avoir de l’analogie avec
les ramuscules de certaines Sertulariées et notamment du
Sertularia antennina.
( 535 )
Depuis le temps où j'ai publié cette description , l’Am-
phitoïte a été admise par plusieurs oryciographes et zoo-
logistes qui out adopté les rapprochemens que j'avais
cru remarquer entre elle et les enveloppes plus ou moins
solides des animaux rayonnés de la classe des Polypiers.
Aujourd’hui, il faut revenir néanmoins sur l’origine
du fossile en question , car le hazard le plus grand vient
de me fournir l’occasion de proposer cette rectification.
Le maître de poste de Collioure, département des Py-
renées Orientales, envoya récemment à M. Marmin,
l’un des administrateurs des Postes à Paris, amateur dis-
tingué d'histoire naturelle , un fragment de végétal qu’il
avait trouvé en se promenant sur le bord dela mer, et
que la vague venait d’y déposer. M. Marmin donna cet
objet à mon beau-frère M. Léman, qui a bien voulu
me le remettre pour le décrire, mais qui a recon-
nu, dès le premier moment, les formes de lAmphi-
toite, telles que je les avais décrites, et fait représenter
dans une planche du bulletin de la Société Philoma-
tique. Un grand nombre d’articulations étaient à nu,
mais celles de l’extrémité de ce fragment étaient revé-
tues de filamens irès-nombreux , assez roides , dont
l’ensemble composait une sorte de pinceau grossier , de
la sorte de ceux que l’on désigne ordinairement sous
le nom de brosses. En les écartant, on voyait que les
fibres étaient réunies à leur base , et qu’elles dépendaient
de feuilles dont le nombre était égal à celui des articu-
lations. Ces fibres étaient la partie: ligneuse qui avait
resisté à l’action des eaux de la merÿ et au roulis dont
ce fragment avait été le jouet pendant un temps fort
long; c’étaient les représentans des &fl doni l’Amphi-
| toile offrait des traces.
( 554)
Les articulations dénudées étaient comme celles du
corps fossile , alternativement échancrées d’un côté
et de l’autre dans leur bord supérieur , et le contour de
ce bord offrait une rangée de petites saillies qui n’étaient
que les débris de la base des fibres qui n’existaient plus.
Ces légères saillies correspondaient parfaitement à la
rangée de petits enfoncemens que j’avais considérés, dans
l’Amphitoïte, comme étant la demeure des Polypes.
Le corps lui-même du végétal était comprimé comme
celui du prétendu Polypier, et les branches qui en nais-
saient portaient des sortes de gemmules , comme celles
du fossile.
Les portions de feuilles entières qui restaient, étaient :
applaties , légèrement concaves du côté de la tige qu’elles
embrassaient ; leur ligne d’insertion se rapportait préci-
sément à celle qu’occupait la série de points saillans du
bord supérieur des différentes articulations , et l’échan-
crure de celui-ci était produite par leur intervalle.
Ces feuilles , en style de botanique, étaient engainentes,
opposées, relativement aux faces de la.tige, que la com-
pression de celle-ci fait distinguer , et alternes par rap-
port aux articulations dont cette tige est composée.
En un mot, ce débris de végétal n’était autre chose
que la souche d’une plante marine très-commune , que
tous les herbiers des botanistes renferment , que j'a-
vais vue maintes et maintes fois, mais constamment re-
couverte de bases de feuilles qui empêchaient de re-
connaître son organBation. C'était la souche du Zostera
oceanica de Linné® qui m’a paru tellement semblable
nant Zostérite) e je n’oserais lui assigner des carac-
tères distincüfs.
LA
f
4
A
#
Û
( 555 )
SprRIDENS , nouveau genre de mousse découvert par
M. G. GC. Renwarot, et décrit par M. Nues,
d’Esenbeck.
(Extr. des Nova act. Leop. Carol. Nat. Curios. XT, p. 143.)
Ge nvuveau genre décrit par M. Nees , nous paraît si voi-
sin des Leskea d'Hedwig, qu’il nous semble presqu’im-
possible de l’en séparer ; il n’en diffère en effet, que par
les dents de son péristome externe , plus longues et con-
tournées en spirale ; mais on sait que dans un grand
nombre de mousses, particulièrement parmi celles à pé-
ristome double, les dents du péristome extérieur sont
courbées en dedans; or, de cette courbure, à la tor-
sion qu’on observe dans les dents du Spiridens, il n’y a
qu’une bien légère différence, et qui ne nous paraîtrait
pas susceptible de fournir un caractère générique; cette
plante n’en est pas moins très-remarquable par sa gran-
deur et son port. Nous allons rapporter la description
qu’en donne M. Nees.
SPIRIDENS.
Capsula lateralis, Peristomium exterius , dentes 16
. Janceolato-subulati, apice spiraliter torti ; énterius, cilia
| conformia , membranâ connexa , apice bina ternave co-
hœrentia ; Calyptra cucullata , glabra.
Sptridens Reinwvardtit.
Tige droite ou ascendante d’un pied et plus; glabre,
d’une couleur pourpre , divisée supégeurement en quel-
ques rameaux simples; feuilles ins
tout autour de la tige , étalées lors
des , redressées pendant la sécheres
rousses , les supérieures d’un verd ja
ées sur six rangs
elles sont humi-
: les inférieures
de sept à
( 536 )
huit lignes de long , lancéolées, acuminées , embrassant: |
la tige par une sorte de gaine, plus épaisses et dentées |
sur les bords; nervure moyenne atteignant l’extrémité
de la feuille. |
Fleurs femelles plus rapprochées vers le sommet
de la tige, plus courtes que les feuilles , sessiles;
feuilles périchætiales étroitement imbriquées, les infé-
rieures plus petites , ovales, acuminées , sans nervures ,
présentant une ou deux dentelures vers le sommet ; les
supérieures plus grandes, amplexicaules à leur base et
se terminant en une extrémité subulée presque filiforme
très-entières et marquées de trois nervures plus distine-
tes vers l'extrémité de la feuille; paraphyses très-nom-
breuses, subulées, transparentes , articulées; pédoncule
très-court, dépassant à peine la gaine.
Capsule plus courte que les feuilles, ne sortant que peu des
feuilles du périchætium , longue de trois lignes, obovale,
retrécie à sa base et légèrement oblique ; péristome double ;
l'extérieur composé de seize dents également espacées ,)
longues , subulées, droites et courbées au sommet lors-
qu'elles sont humides , égalant alors le périsiome inté-
rieur , contournées en spirales par la sécheresse ; l’inté-,
rieur formé par une membrane reliculée , diviséeen seize
cils lancéolés ou subulés , carénés , striés transversale-
ment, quelquefois réunis au sommet; point d’anneau.
Opercule , droit, conique , acuminé , égal à la moitie de
la capsule. Goiffe fendue latéralement , subulée , glabre.
Cette belle mousée a été découverte par M. Reinwardt,
sur le grand volcañ de l'ile de Tidor, l’une des petites,
Moluques. M. Neeslprésume que le Bartramia gigantea
de Schwægrichéffpourrait appartenir au même genre.
+
22
Ë +
;
| (337 )
- Mémoire sur une CHAUVE-SOURIS AMÉRICAINE, for-
mant une nouvelle espèce dans le genre Nyeri
NOME;
Par M. Isinong GEorrrog Sarnr-HiLarme.
Lu à la Société d'histoire naturelle de Paris le vendredi 5 mars 1824
Une opinion regardée comme paradoxale par un grand
nombre de naturalistes, mais à laquelle d’autres ont trouvé
les caractères de la vérité, et. attaché pour cette raison
une grande importance, consiste à admettre que les ani-
maux de l’un des continens lui appartiennent exclusive-
ment, et ne se retrouvent jamais dans l’autre. Pour ap-
| précier cette opinion à sa juste valeur, ilest indispensable
- de faire ici une distinction : veut-on dire que des animaux
de l’un des deux mondes, ne peuvent se réunir , comme
espèces d'un même genre, avec ceux de l’autre, ou bien ;
prétend-on seulement que les animaux des deux mondes
diffèrent spécifiquement ?
La seconde question est facile à résoudre : qui doute
en effet de l’importance des caractères de patrie pour dis-
tinguer les espèces ? Combien de nos animaux de France
ne se retrouvent pas dans les pays les plus voisins ? com-
bien même sont confinés dansune seule de nos provinces,
à l'exclusion de toutes les autres ? et quand nous voyons
la nature varier ainsi presque d’un champ à l’autre, com-
ment irions-nous ne pas tenir compte de limmensité des
mers ?
Quant à la première question, elle présente une diff-
culté réelle; peut-être même n’avons-nous pas encore,
même aujourd'hui, assez de données pour arriver à sa
AN 22
( 338 )
solution : au moins serais-je disposé à le croire par la con-
sidération du fait si nouveau, si contraire aux idées re-
cues, qui fait l’objet de ce travail:
Buffon remarque (1) que les animaux de l’un des con-
tinens manquent à l’autre, et que cela est vrai pour tous,
ceux exceptés qui peuvent se multiplier dans les climats
septentrionaux. Il explique ce dernier fait par la conti-
guité des deux continens vers le nord.
Cette observation faite par Buffon, les animaux n'étant
considérés que sous le point de vue spécifique, pouvait
l'être aussi sous le point de vue générique, au moins pour
les genres des premières familles. Buffon , qui ne l'écrivit
pas, le pensait sans doute néanmoins , puisqu'il osa,
connaissant à peine quelques espèces de singes de l’un
et de l’autre continent, tracer pour tous des caractères
fondés sur les différences qui distinguent les singes amé-
ricains de ceux de l’ancien monde. Les découvertes des
naturalistes postérieurs à Buffon , n’ont fait que confirmer
ce qu'il avait avancé, en sorte que son idée, audacieuse,
peut-être même téméraire abstraction dans l’origine, peut
maintenant être considérée comme le fruit d’un sentiment
exquis des rapports des êtres, comme l’œuvre d’un génie
qui devancait les temps.
C'est un fait très-digne de remarque, et qui trouve
peut-être en partie son explication dans l'attention plus |
grande que les zoologistes ont dû apporter à l'étude des |
êtres qui ressemblent davantage à l’homme, et dans B|
formation plus soignée des premiers genres qui en a dû
être le résultat nécessaire; c’est, dis-je, un fait très-re- |
—___——— |
(1) Animaux communs aux deux continens, T. IX,p.o7etsuiv. |
( 339 )
marquable, que, plus on descend dans l'échelle des êtres,
plus l’existence d'animaux semblables habitant les deux
mondes, devient fréquente. Aïnsi, de tous les genres de
singes, de lémuriens , de cheiroptères , d’insectivores jus-
qu’à ce jour connus, il n’en est, je puis le dire, aucun
dont l'existence, dans l’un et dans l’autre continent, soit
constatée. Pour trouver le premier exemple de cette exis-
tence simultanée dans les deux mondes, il faut descendre
jusqu'aux carnivores; alors on arrive aux ours, aux
felis, etc.
Parmi toutes ces familles formées de genres confinés
toujours exclusivement ou dans l’un ou dans l’autre des
deux continens, une des plus remarquables est celle
des cheiroptères. Comme le vulgaire le fait encore, la
science zoologique embrassait autrefois sous une dé-
nomination commune toutes les espèces connues de
Chauve-Souris, et il était vrai de dire alôrs que le genre
Vespertilion habitait toutes les régions et toutes les par-
ties du globe. Maïs, dans la suite, quand les naturalistes,
guidés par une observation plus attentive et plus savante,
ont vu qu'il en était des Chauve-Souris comme des singes
qui doivent être regardés non pas comme un genre , mais
bien comme une grande famille ; quand enfin les nom-
breuses espèces de Chauve-Souris ont été réparties dans
des genres naturels ; chose remarquable! tous les nou-
_ veaux genres, vraiment naturels, se trouvaient appartenir
toujours à l’un des deux continens, à l'exclusion del’autre.
Aujourd’hui le genre Vespertilion est le seul qui se
trouve dans les deux mondes ; mais le genre Vespertilion
est-il bien naturel ? ne reste-t-il pas encore quelque sub-
division à faire? Je ne tenterai pas de résoudre la ques-
tion, ce qui m'entrainerait trop loin ; je ferai seulement
DAÙ
(340 )
observer que plusieurs célèbres zoologistes ont déjà pro-
posé de nouvelles subdivisions de ce genre.
Quant aux genres Roussette et Rhinopome, et au
genre Atalaphe, de M. Raflinesque , lesquels ; a-t-on dit,
existent dans les deux mondes, je remarquerai que la
prétendue Roussette d'Amérique est, comme il a été vé-
rifié, de l'Inde, et appartient à l’espèce Pteropus Les-
chenaultiü ; que le genre Rhinopome (1) n’est point un
genre naturel , les deux espèces qui le composent pou-
vant bien avoir des ressemblances, mais non pas des res-
semblances telles qu’on puisse les réunir dans le mème
genre. Quant au genre Atalaphe , formé d'espèces sans
aucune incisive , il serait tout-à- fait anomal , puisque
c’est un caractère des Chauve-Souris d’avoir les trois
sortes de dents , et ainsi de n'être jamais privées d’inci-
sives aux deux mâchoires à la fois ; bien plus : les deux
espèces rapportées par M. Raflinesque au genre Atalaphe,
paraissent être des Vespertilions. Chez les Vespertilions,
en effet , les dents incisives tombent quelquefois, comme
le remarque le savant professeur M. Desmarest , et l’on a
bien pu prendre deux Vespertilions , ainsi privés par ac-
cident de leurs incisives , pour des espèces nouvelles. Le
célèbre d'Azzara, et d’autres naturalistes non moins dis-
tingués, nous ont montré, par leur exemple mème , que
le plus habile observateur n’est pas toujours à l'abri de
pareilles erreurs.
Ainsi , jusqu'à ce jour, toutes les fois que l’on a
» ] ,
ro
(1) C’est mon père qui a établi le genre Rhinopome , et jetiens de lui-
même qu’il se propose de séparer dun Rhinopome microphylle, véritable
type du genre Rhinopome, l’espèce appelée jusqu’à ce jour Rhinopome
de la Caroline, et de la classer autrement.
(341)
annoncé l'existence de cheiroptères de mème genre
dans les deux mondes à la fois, l'examen a toujours
montré que la nouvelle de cette existence simultanée n’a-
vait aucun fondement réel ; ainsi la nature s’est tou-
jours montrée constante à ne jamais produire, dans les
deux mondes, des Chauve-Souris formées sur le mème
type.
En voyant cette fixité, cette constance , quel natura-
liste ne serait porté à admettre comme un des caractères
de la famille des Chauve-Souris, d’être répandue dans
les deux mondes, mais formée de genres répartis tou-
jours à l’un éu à l’autre exclusivement? Certes , il ne
pourrait être taxé de témérité, celui qui se laisserait
aller à une abstraction si naturelle : abstraction toute-
fois qui , justifiée par une foule de probabilités , ne l’eût
pas été par une seule preuve positive, et, par conséquent,
qu’une seule découverte suffisait pour condamner.
C’est au célèbre voyageur, M. Auguste Saint-Hilaire,
que la zoologie est redevable des moyens de vérifier enfin
ce fait, non moins important par les conséquences qui
en dérivent, que curieux et remarquable en lui-même.
Ce sera encore là un des fruits de ce beau voyage déjà
si utile aux progrès de la botanique , et qui l’eût été au-
tant, peut-être davantage encore à l'avancement de la
zoologie, si, comme il l’a été de ses travaux botaniques,
M. À. Saint-Hilaire eût été lui-même l'historien de ses
découvertes zoologiques. Le célèbre voyageur vient,
comme chacun le sait, d'explorer le Brésil : c’est dans
cette contrée qu'il a trouvé la Chauve-Souris qui fait le
sujet de cet article : je vais en donner une description
succincte, et démontrer qu’elle appartient au genre Nyc-
tinome ; qu'elle fait une espèce très- naturelle de ce
(54 y
genre trouvé jusqu'ici dans l’ancien monde seulement.
Le genre Nyctinome est voisin , comme on sait, du
genre américain Molosse. Les oreilles , la queue , la phy-
sionomie , la proportion des parties les plus apparentes,
sont presque les mêmes dans les deux genres : aussi, quand
je vis, pour la première fois, la nouvelle Chauve-Souris
du Brésil , frappé de l’idée qu’elle était Américaine, je
crus , au premier moment, voir un Molosse ; mais bien-
tôt, apercevant les pieds couverts de longs poils, les lè-
vres profondément ridées , les membranes des ailes bor-
dées de poils , je tombai dans un doute dont me fit bien-
tôt sortir la considération des dents. Je ‘les comparai à
celles d’un Vyctinome du Bengale, rapporté en 1818
de Pondichéry par M. Leschenault , et je vis, avec sur-
prise, que, non-seulement le nombre, mais, à l'exception
des incisives inférieures bifurquées jusqu’à la racine , et
très-entassées les unes aü - devant des autres chez la
Chauve-Souris du Brésil, un peu moins chez celle d’A-
sie, la disposition et la forme , tout était semblable chez
l’une et chez l’autre. Les crânes appartenaient évidem-
ment à des espèces très-voisines; un peu plus de lar-
geur, un peu moins de longueur , était tout ce qui pou-
vait servir à distinguer le crâne de la Chauve-Souris
d'Amérique de celle d'Asie.
Tous ces caractères ne permettent pas de douter que
la nouvelle Chauve - Souris ne doive être rapportée au
genre Nyctinome , et n’en fasse mème, comme je l’ai
dit, une espèce très- naturelle : ce fait va d’ailleurs être
confirmé , j'oserai dire , rigoureusement prouvé par ce
qui va suivre. g
La patrie de la nouvelle Chauve - Souris étant ce
qu’elle offre de plus remarquable, je la désignerai sous
( 343 )
le nom de Nyctinome du Brésil, Nyctinomus Brasi-
lensis.
Toutefois on pourrait ici me faire une objection
qui, peu fondée en elle-même , le devient par une cir-
constance. J’ai parlé d’une Roussette prétendue améri-
caine : cette Roussette venait effectivement de l’Amé-
rique, mais parce qu’elle y avait été apportée de l'Inde.
On pourrait demander s’il n’est pas possible que la nou-
velle Chauve-Souris ait été aussi apportée en Amérique.
Grâce au zèle du célèbre voyageur , je puis non-seule-
ment être assuré que la nouvelle Chauve-Souris est bien
originaire du Brésil, mais je puis même ajouter qu’elle
est répandue dans le Brésil , et qu'elle n’y est pas rare.
En effet, M. A. Saint-Hilaire a rapporté , non pas un
ou deux , mais onze individus ; et chacun portant l'in-
dication du lieu où il a été trouvé. Ces notes impor-
tantes nous apprennent que sept ont été trouvés dans la
province des Missions , les quatre autres dans le district
de Curityba.
On trouvera peut-être que je me suis trop étendu sur
ces préliminaires, et que j'ai trop tardé à en venir à la
description de la nouvelle espèce ; je ferai toutefois ob-
server que la chose principale de mon mémoire n’est pas
la découverte d’une nouvelle espèce de Chauve-Souris ,
mais bien d’une espèce de Nyctinome en Amérique. Au
reste , en comparant le Nyctinome du Brésil à celui du
Bengale , j'ai déjà donné une partie de ses caractères : je
vais maintenant continuer sa description , ayant toujours
soin de faire remarquer ses principaux rapports avec les
autres Nyctinomes.
Je ne parlerai pas des rides labiales, et des autres carac-
tères génériques de la nouvelle Chauve-Souris : dire qu'elle
(344 )
est Nyctinome, c'est dire qu’elle les possède tous. J'ob-
serverai seulement que sa lèvre supérieure échancrée
comme celle des autres Nyctinomes, l’est moins profon-
dément que celle du Nyctinome d'Égypte; au reste, c’est
encore là un caractère qui lui est commun avec le Nycti-
nome du Bengale, dont l’ensemble de ses rapports la
rend très-voisine.
Le Nyctinome du Brésil est, à peu de chose près, de
mème taille que les Nyctinomes d'Égypte et du Bengale.
Sa longueur totale est très-exactement de 0,106 m. (3
pouces 1 1 lignes) ; la longueur de son corps est de 0,069
m. (2 p.61.); celle de sa queue de 0,037 m. ( 1 p. 51.);
elle a 0,285 m. ( 10 p. 6 |.) d'envergure.
Le poil, assez moelleux et touffu , présente quelques
variétés de couleur : c’est toujours un fond cendré, mais
avec une nuance de brun qui varie du brun noir au brun
fauve. Quoi qu'’il.en soit, on peut dire en général : Le
Nyctinome du Brésil est cendré-brun, d’une teinte plus
grise et moins foncée vers la région abdominale ; un peu
plus foncée vers la poitrine; plus foncée encore et plus
brune à la région dorsale. Les poils qui revêtent la partie
interne de la membrane de l'aile sont de même couleur
que ceux qui couvrent l'abdomen. Des poils très-rares
se remarquent à la portion supérieure de la queue , com-
prise dans la membrane interfémorale, et sur la partie
environnante de cette membrane.
J'ai cru ne devoir faire qu’une espèce de toutes ces va-
riétés; en effet, je trouve sur un ousur plusieursindividus,
les diverses nuances intermédiaires entre le brun fauve
et le brun noir; en sorte que je vois la Chauve-Souris
brun-fauve passer successivement à une teinte plus fon-
cée, puis à une nuance plus sombre encore, et bientôt
\
(345)
au brun-noir. Ces diverses Chauve-Souris, que je rapporte
à la même espèce , présentent d’ailleurs une identité par-
faite pour la taille et les formes. On sait au reste combien
le pelage des Chauve-Souris est sujet à varier, selon
Pâge, le sexe, la saison, etc.
«Leurs caractères génériques omis, les oreilles sont en-
core remarquables par des plis, ou des rides transversales,
qui se retrouvent, un peu moins prononcés peut-être,
chez le Nyctinome du Bengale, mais qui n’existent point
chez celui d'Égypte. Chez les deux premiers, les oreilles
ont un peu moins d’ampleur ; la queue d’une grandeur
movenue ( j'ai donné ci-dessus sa longueur) est envelop-
pée, dans sa moitié supérieure et un peu au-delà, par la
membrane interfémorale dont un prolongement très-
étroit la suit même jusque vers son tiers ou son quart
inférieur. Je n’ai pointaperçu de brides musculaires dans
cettemembrane , un peu plus ample que celle du Nycti-
nome du Bengale. Les membranes des ailes sont taillées
comme chez la Chauve -Souris asiatique, comme chez
la plupart des Molosses , et n’ont point cette forme assez
bizarre qu’on leur connaît chez le Nyctinome d'Égypte ;
elles ont un peu plus de largeur chez le Nyctinome du
Brésil que chez ses congénères, mais elles ont moins de
longueur ; l’humérus est grêle et court; les phalanges
sont assez allongées.
Tels sont les principaux caractères qui rapprochent
la nouvelle Chauve-Souris Brésilienne des autres Nyc-
tinomes ; tel$ sont aussi ceux qui l’en distinguent. Je
pense maintenant avoir suffisamment établi d’un côté que
la Chauve-Souris de M. A. Saint-Hilaire est un vrai Nyc-
tinome; de l’autre, qu’elle doit former une nouvelle es-
pècé dans ce genre, formé jusqu'ici de Chauve-Souris de
( 346)
l’ancien monde exclusivement. Il ne reste plus qu’une
observation .à faire. J'ai eu soin, dans la description,
de faire remarquer combien la forme des dents, du corps;
combien la disposition des ailes, la taille même rappro+
chent l’un de l’autre, le Nyctinome d'Asie et celui d'A+
mérique ; il en est de même de la couleur : en un mot,
chez l’un et chez l’autre tout est presque semblable au
point que l’image de l’un peut être prise pour l’image de
l'autre; au point que, si ces deux animaux habitaient la
même région , on serait tenté de les réunir dans une seule
espèce.
Quel fait remarquable! toutes ces ressemblances, tous
ces rapports existent, et cependant une distance presque
infinie et l'Océan séparent la patrie de l’un de la patrie
de l’autre!
Faire remarquer un si grand éloignement de patries
coïncidant avec une telle ressemblance de formes, une
telle proximité de rapports, c’est presque dire qu’il ne faut
pas tenir compte des caractères de patrie ; telle n’est pour-
tant pas mon idée. N'oublions pas en effet que l'opinion
que je viens de démontrer fausse, semblait démontrée
vraie par l'expérience des siècles ; que, par conséquent,
les exceptions à la règle sont bien rares. La différence de
patrie ne peut plus être, ne sera plus la preuve d’une dif-
férence d'organisation, mais elle peut et doit toujours en
être l’indice ; elle ne peut plus la prouver, elle doit tou-
jours la faire soupconner : en.un mot, elle ne peut plus
commander, elle peut toujours conseiller; et ainsi, ke na-
turaliste, sans suivre aveuglément la route qu’elle indique,
doit recueillir soigneusement ses indications, afin de mar-
cher d’un pas plus ferme et plus sûr dans le chemin qu'il
a cru devoir préférer.
(347)
Je ne terminerai pas sans rappeler que l’établissement
du genre Nyctinome fait partie des nombreux travaux
de mon père sur les Chauve-Souris. Cette circonstance,
indifférente sans doute pour le public, ajoute pour moi
du prix à mon début dans la science, puisqu'il m'est per-
mis de considérer ce travail comme un faible rameau
enté par moi sur une tige produite par mon père.
EXPLICATION DE LA PLANCHE 22.
Fig. 1. Nyctinome du Brésil vu par derrière.
Fig. 2. Tête du Nyctinome du Brésil vue par devant.
Fig. 3. Tête vue de profil.
Fig. 4. Crâne vu de côté.
La figure 1 est réduite aux deux tiers de la grandeur
naturelle.
Les figures 2, 3, 4 sont de grandeur naturelle.
Nore sur l’Acaricus Tu8ærormis de Schœffer ;
Par Arpaonse DE CANDOLLE.
…
IL y a environ trois mois que, dans une excursion que
je fis au petit et an grand Saint-Bernard, je m'arrètai
un jouraux bains de Saint-Didier , près Cormayeur, au
haut de la vallée d'Aoste. Mon premier soin, en visitant
la source d’eau chaude de Saint-Didier , fut d'y chercher
le Champignon extraordinaire que mon père y avait
trouvé en 18or,et qu'il a décrit dans la Flore Française
sous le nom de Clavaria thermalis. I ne paraît pas que
depuis cette époque aucun botaniste ait retrouvé cette
plante à Saint- Didier ou dans quelque autre bain chaud,
en sorte qu'elle n’est encore connue des savans que sur
( 348 )
une seule description, et sur quelques échantillons re-
cueillis et distribués par mon père. Son histoire parais-
sait trop obscure, et elle différait trop des autres Clavaires,
pour que les botanistes qui ne l’avaient pas vue eux-mé-
mes osassent la décrire. Ainsi Fries ( dans son er
Mycologicum , publié en 1821 ) la regarde comme n’ap-
partenant pas au genre Clavaire , mais il ne dit pas à
quel genre on doit la rapporter.
J'ai recueilli un grand nombre d'échantillons de ce
Champignon , et j'ai fait sur sa manière de croître, ainsi
que sur sa nature et sur l’espèce à laquelle on doit le
rapporter, quelques observations qui, je crois, méritent
l'attention des botanistes.
La source de Saint-Didier près Cormayeur avait, lors-
.que je l'ai visitée, et a ordinairement la température
élevée de vingt-huit à vingt-neuf degrés de Réaumur.
Elle paraît pure, ou du moins ses eaux sont claires, sans
goût ni odeur, et ne sont certainement ni sulfureuses
ni ferrugineuses. La source , à l'endroit où elle sort de
terre, est contenue dans un bâtiment tout en bois ; de-là
elle descend dans la maison des bains, à cent pas environ
de distance. Elle se répand par plusieurs canaux dans les
baignoires qui sont grandes et toutes en bois. L'eau ne
cesse jamais de couler dans ces baïgnoires , et les cham-
bres où elles se trouvent sont si basses et si peu aérées ,
que leur atmosphère est toujours chargée de vapeurs à
une température voisine de celle de l’eau. C’est dans
cette atmosphère naissant de la paroi extérieure des baï-
gnoires et du plafond du bâtiment qui contient la source,
que se trouvent les singuliers Champignons dont il est
ici question. Les planches où ils prennent naissance sont
continuellement imbibées et arrosées par lés vapeurs de
( 549 ) <
. l’eau chaude. Ce Champignon est certainement celui qui
est décrit dans la Flore Française sous le nom de Clava-
ria thermalis. Il varie en longueur depuis trois à quatre
pouces jusqu’à quinze ou dix-huit ; il est coriace , roux et
un peu blanchâtre lorsqu'il est frais; la base est plus
rousse que l’extrémité ; il adhère au bois par des sortes
de bourrelets ou tubercules ; il n’a pas de saveur, mais
une odeur particulière ; quelquefois il paraît simple,
quoiqu'il soit toujours ramifié, au moins à sa base ; quel-
quefois il est ramifié de partout, et alors il présente uné
apparence tout-à-fait singulière , chaque rameau étant
1ortillé et bosselé de tous côtés. Dans l’état ordinaire les
rameaux sont allongés , coniques, terminés en pointe,
et ressemblent au pédoncule d’un Agaric. Ce Champi-
gnon noircit et se rabougrit en vieillissant.
Parmi ces Clavaires et croissant absolument dans les
mêmes circonstances , se trouvaient trois Âgarics que
nous recueillimes avec soin. Dès la première vue
nous ne pûmes nous empècher de croire, M. Coulter
et moi, que cet Agaric et la Clavaire n'étaient qu'un
mème Champignon. En effet ils ont entre eux de grands
rapports : ils croissent dans la mème localité, et elle est
assez extraordinaire pour qu'on puisse croire qu’elle a
quelque influence sur la forme des Champignons. Ils
ont les mêmes dimensions; ils ont exactement la mème
consistance ; la même distribution de couleurs et Ja
mème odeur ; le pédicule de l’Agaric est plein et blanc
à l’intérieur comme la Clavaire ; en un mot si on coupait
le chapeau de l’Agaric, on prendrait le reste du Cham-
pignon pour une Clavaire. Ces rapports se présentèrent
immédiatement à notre esprit; mais en y réfléchissant
nous trouvàmes l’hypothèse trop hardie, et nous en con-
( 350 )
clûmes qu'elle était possible, même probable, mais
quelle ne serait prouvée que lorsque nous aurions vu un
Agaric sans chapeau par l'effet de l’avortement , ou
une Clavaire quelconque s'épanouir à son extrémité de
manière à présenter l'apparence d’un Agaric. [1 fallait,
pour qu'on fût sûr de ces transformations, que l’Agaric
sans chapeau se trouvât adhérent à un Agaric parfait,
ou que la Clavaire, développée à son extrémité, se trou-
vât avoir d’autres rameaux dans l’état ordinaire. J'ai
cherché depuis à rapporter notre Agaric à quelque es-
pèce déjà connue. La décurrence extrême de ses feuil-
lets, sa consistance coriace, sa couleur et son pédoncule
plein étaient des caractères qui devaient me permettre
de le rapporter au moins à quelque sous-division du
genre Agaric. J'ai trouvé, dars les planches de l'ouvrage
de Schæœffer sur les Champignons de Bavière, la figure
d’un Agaric qui lui ressemble tout-à-fait, c’est l’Agari-
cus tubæformis de Schoæffer, pl. 248 et 249; mais ce qui
est plus intéressant, c’est que j'y ai trouvé la solution de
notre problème. En effet Schœfler donne une figure
dans laquelle trois de ces À garics partent d’une base com-
mune; mais l'un d'eux n'ayant point de chapeau, son
pédicule se termine en pointe et ressemble tout-à- fait
à notre Clavaire. L'auteur dit dans sa description que cet
Agaric tubiforme est très-changeant et qu'il croît sur les
vieux troncs. Sowerby de son côté en a donné une figure
dans ses English Fungi, pl. 382. Il admet le nom de tu:
Bæformis donné par Schælffer et dit que ce Champignon
change beaucoup d'aspect et croit sur les vieilles poutres.
La planche de Sowerby représente aussi un individu
parfait de la base duquel partent des Agarics avortés,
sans chapeaux, tout-à-fait semblables à notre Clavaire:
( 351 )
Sowerby ajoute dans sa description qu'il croit que la
Clavaria lignosa de Dickson ( fasc. 4, t. 12, fig. 9 ) ainsi
que la Clavaire, Ramaria ceratoïdes de Holmskiod , ne
sont autre chose que des avortemens de cet Agaric tu-
bæformis. La description de Holmskiod s'accorde assez
bien avec notre Clavaire.
On doit donc regarder comme prouvé qüe l’Agaric et la
Clavaire qui se trouvent dans les bains de Saïnt-Didier,
ne sont qu'une même plante; c’est celle que Schæffer et
Sowerby ont décrite sous le nom d’Agaricus tubæformis.
Mon père qui ne l'avait trouvée qu’à l’état avorté l’avait
décrite comme une Clavaire, et en effet c'était alors le seul
genre auquel on püt rapporter ce Champignon quoi-
qu'il diffère assez des autres Clavaires. Voilà un exemple
assez singulier de dégénérescence de formes dans les
Champignons : peut-être est-il plus fréquent que nous ne
le croyons ? peut-être se retrouve-t-il dans d’autres espé-
ces d’Agarics? c'est ce que le temps et des observations
bien faites pourront seuls constater.
D'après ces observations , il faut rayer de la Flore
Francaise l’article de la Clavaria thermalis, et le rem-
placer par l’article suivant placé dans la première division
des Agaricus gymnopus.
Acaricus rusæronmis ( Schæff. fung. bav. t. 248 et
249 ; Sowerb. Engl. fung., t. 382.)
Agaricus (gymnopus )stipite elongato tereti, medio sub-
gibbo, basi rufo, cœterum cum pileo et laminis flavo pal-
lescente, pileo juniore convexo demum superne concavo,
laminis valde decurrentibus, demum transversé scissis.
8 Clavariæformis , pileo abortivo stipite cylindraceo ,
apice attenuato.
Clavaria thermalis, D. C. F1. Fr., ed. 3, n. 266;
(: 35x:)
Ramaria ceratoides, Æolmsk. Clav., p. 104, Clav. li-
gnosa , Dick. fasc. 4,t. 12, fig. 9, ex Sowerb. loc. cit.
Habitatin trabibus cryptarum ad thermas sancti Didieri
in Pedemontio.
EXPLICATION DE LA PLANCHE 23.
Fig. 1. Aggricus tubæformis à l'état de Clavaire. A.
Coupe transversale.
Fig. 2. Autre état de l’Agaricus tubæformis avorté.
Fig. 3. Agaricus tubæformis parfait. A. Coupe trans-
versale.
Fig. 4. Agaricus tubæformis à l'état de Clavaire,
vieux et rabougri.
MONOGRAPHIE DES SPIRÉES;
Par M. CamBessÈnes,
Correspondant de la Société d'histoire naturelle de Paris.
(Suite.)
SPIRÆA.
Spiræa Tournef. Inst. 518.—Linn. Gen. PI. ed.
Schreb. 1 p. 341.—Juss. Gen. PI. 339. —Moœnch. Meth.
PI. 662.— Nutt. Gen. Amer. 1 p. 307. — Filipendula.
Tournef. Moœnch. — Ulmaria. Tournef. Mœnch.—
Barba capræ Tournef. — Gilleria Moœnch. Nutt.
Cazyx inferus, persistens, 5-fidus, nonnunquäm in
eodem individuo 6-5-8-fidus, in Güilleniis 5-dentatus,
in plerisque infundibuliformis, in Spir. lævigata,
arunco , ulmaria, lobata, digitata campanulatus , in
et
(1358 )
\
Gillenis forma urnæantiquæ, in Kerii hypograierifer-
mis ; segmentis in plerisqueæstivatione valvatis, in Xe-
ri imbricatis. Prrara D (in calyce 6-7-8 fido , G-7-8),
calycis fauci ponè filamenta inserta, segmentis calyeinis
alterna et longiora , sessilia aut in unguem attenuata, in
plerisque obovata aut subrotunda , in Gilleniis lanceo-
lata , integra vel apice emarginata , venis palmatim dis-
positis notaia, alba vel pallidè rosea, in Keria flore pleno,
Jutea, æstivatione in plerisque imbricata, in Gillenüs
convoluta. SramiINA 20-54, ponè discum , inter hunc et
peialorum bases calycis fauci inserta; rILAMENmIS in ple-
risque simplici serie dispositis , rariüs biseriatis , in Spir.
Filipendula alia super alia insertis, fiiformibus, æstiva-
tione introrsum replicativis ; ANTHERIS medio dorso in
sertis, bilobis, bilocularibus , didymis , lobis rimà lon-
gitudinali dehiscentibus , in Spir. lœvigata tetragonis,
basi insertis , apice emarginatis , utrinque rimà longitu-
divali dehiscentibus, in Grlleniüs introrsis. Discus te-
nuis, coloratus , tubi calycini parietem internam incrus-
tans, nunc cüm tubo calycino totus concretns in Spir.
sorbifolia et opulifolia , nunc apice infrà cireulum
Stamineum liber, parte liberà brevi, aut 10-partita aut
10-crenata ; in Ü/mariüs discus obsoletus , in Gillentis
nullus. OvarrA 3-12, sæpiüs 5, supera, obtusè triquetra,
subfaleata , unilocularia , in stylum attenuata , sæpissimè
sessilia ; in Spir. opulifolia et sorbifolia stipitata, in ple-
risque libera, in U/martüs et Spir. sorbifolia plûs mirüsve
connata, Sryzus sublateralis, glaber, in Kerig pilosius-.
culus, sulco longitudinali exaratus (am in omnibus?)},
in Spiræis , Physocarpo et Giülleniis fliformis , erectus,
in Ulmariis clavatus, retroflexus. Ovura angulo axili
alternatim inserta , in Spiræis 5-18 appensa , in Ulma-
1. 23
(354 )
rüs 2 appenñsa, in Physocarpo 2-3 altero appenso,
reliquis ascendentibus, in Gillenüs, 2 ascendentia , in
Keriä l peritropum. Carpella tot quot ovaria, secun-
dûm saturam axilem dehiscentia , in solo Physocarpo
inflata , in aliis vix aucta , in plerisque erecta , in Spir.
Ulmaria etin Keriä contorta. Semina ovoidea vel elon-
gata. Rapue simplex ab hilo usquè ad geometricum seminis
apicem ducta, parüm elevata. CHALAzA conspicua, tu-
berculiformis, in Physocarpo non visa. PerisPermum
nullum vel subnullum. Emsrvo homotropus, orthotro-
pus. Raprcuza conica, basin seminis geometricum hili
proximum spectans, cotyledonibus triplo quadruplove
brevior. Coryzenones elongatæ vel ovatæ , apice rotun-
datæ, invicem adplicatæ. PLumuLA inconspicua.
Frutces inermes et herbæ perennantes. Rami alterni,
folia alterna , simplicia, penninervia , rariüs trinervia,
in plerisque indivisa, in Spir. sorbifolia et in Ulmariis
pinnatifida, in Gilenïis tripartita, in Spir. Arunco de-
composita. Stüipulæ petiolares, sæpits nullæ. Flores her-
maphroditi, in solo Arunco abortu dioïci, umbellati,
corymbosi , racemosi, paniculati, in Ulmariis CHAOS
in Keria solitarii, sæpissimè odorati. Pedicelli bracteolati.
Sectio JI. SrrrxA.
Frutices, rariès herbæ (Aruncus). Folia indvisa, in Spir.
sorbifolia pinnatifida, in Spir. Arunco decomposita ,in omni-
bus , præter Spir. sorbifolia, exstipulata. Discus apice liber,,
parte libera 10-crenata vel 10-partita, in Spir. sorbifolia totus
cüm tubo calycino concretus. Stylus erectus , filiformis , gla-
ber. Ovula 5-18 supra mediam suturam axilem ovari affixa,
appensa, elongata , teretiuscula. Carpella ovario vix duplo
majora, erecta , rostrata, pericarpio chartaceo.
Li
(384 )
S L.
Frutices, Folia indivisa , exstipulata. Discus apice liber.
Ovaria libera.
»
1. SPIRÆA HypEerICIFOLIA, foliis glaberrimis, pen-
ninervis ; floribus umbellatis , umbellis sessilibus , ra-
rius pedunculatis.
Pruno sylvestri affinis canadensis. Bauh. Pin. 515. — Spiræa hype-
rici folio Tourn. Inst. 618. — Spir. hypericifolia. Linn. Sp. PI. 1,
p. 489. — Reich. Syst. PI.'II, p. 521. — Pall. Ff. Ross. tab. XXVI.
fig. 2. — Mœnch. Meth. PI. 662. — Host. synops. PI. 258. Willd. Sp.
PI. IL, p. 1057. — Poir. Dict. VII, p. 352. — Pers. Synops. PL. IH,
p. 46. — Marsch. FI. Taur. Cauc. 392. — Willd. Enum. I. p, 540. —
DC. F1. Fr. suppl. 645. — Pursh. FI. Amer. Sept. ed. 2. I. p. 341.
— pir. crenata Barr. tab. 564. — Gouan. Illust. 31. DC. Fi, Fr. IV
P. 477:
Hab. in Cebennis (Gouan I. c. ); in Hispaniä (Barr.
l c.); in Carniolià, Carinthià , Styrià (Host. 1. c. };
in Sibirià ( Pall. L. ce.) ; in montibus Caucasicis (Marsch.
1. c.); in Virginià , Canadà , Pensylvanià (Pursh. 1. c.).
— Floret majo, carpella perficit julio. (V. V. C. in
hort. Paris.)
Frutex 4-6 pedalis. Rami tevetes, glabri, cortice fusco , novelli pu-
beruli. Folia 7-12 lineas longa , 4-6 lineas lata, obsoleté penninervia,
quasi trinervia, spatulata, apice vel integra, vel 3-5 dentata, ntrinque
glabra, juniora apice subciliata. /'lores umbellati, umbellis sessilibus u
roriüs pedunculatis. Pedicelli 5-11 lineas Jongi, pilosiuseuli , basi
5-6-7 foliis bracteiformibus, oblongis, 1-2 lineas lougis, dorso pubes-
centibus suffulti. Calyx infundibuliformis, 5-fidus, puberulüs; 1ubo
decemnervi; segmentis ovato-deltoidvis, trinerviis, erectis, Letulu 5 ,
ovato-subrotunda, segmentis calycinis duplo longiora , 2 lineas longa,
lineam et dimidiam lala, brevissimé unguiculata, nivea, palmirenia,
Stamina 20; lilamenta simplici serie dispositas petais breviora, li-
neam et dimidiam longa, erecta ; antheræ flavescentes, Disci margo
10-partitus, segmentis emarginatis, primdm cereus, demüm fusces-
cens. Ovaria 5, lineam longa, purpurascentia, attenuata in sty lum
23°
( 556 ) .
hineam longum, latere interiore secundüm longitudinem canaliculatum,
disci tubum superantem, segmentis calycinis pauld breviorem , erec-
tum, basi geniculatum. Ovula 8-10, appensa, teretiuscula, longissima,
alba. Carpella 3-5, linéam et dimidiam longa , lineam Jata, gla-
briuscula.
Ons. Cette espèce varie beaucoup par ses feuilles plus
ou moins longues, glabres ou légèrement velues, en-
tières ou à crénelures plus ou moins profondes , varia-
tions qui se rencontrent souvent sur la même plante. De-
là les différences que présentent la planche 564 de Bar-
relier , et la figure 2 de la planche 26 dela Flora Rossica
de Pallas. :
Gouan indique le Spir. hypericifolia, auquel il donne
le faux nom de Spir. crenata, dans les Cévènes, entre
Campestre et Baniols-les-Bains. Plusieurs botanistes
doutaient si cette plante était la mème que celle d'Amé-
rique cultivée dans les jardins. M. Gay a dissipé ce
doute en la découvrant récemment dans le départément
du Cher où elle occupe une région d'environ dix lieues
de longueur sur six de largeur , entre la rivière du Cher
et celle de l'Ievrette , depuis Saint-Amand au midi, jus-
qu'à Bourges au nord. Les échantillons qu'il a bien
voulu nous communiquer nous ont paru ne différer en
rien de ceux provenant de l'Amérique septentrionale.
>. SprræA acurrroztrA, foliis glaberrimis, ob-
longo- lanceolatis, penninerviüs ; floribus umbellats,
umbellis sessilibus.
Spir, acutifolia. Wild, Enuw. 1. p. 640. — Poir. Dict, suppl. V.
p. 221. — Link Enum. Berol. alt. 11. p. 39. — Spir. sibirica. hort:
Paris. ,
Patria ignota. . . . Floret aprili, carpella perficit ju-
nio. (V. V. C. in hort. Paris.)
Frutex 2-3 pedalis.. Rami téretes, glabri, flavescentes, rubri, cor-
( 357 }
tice griseo ; novelli puberuli. Folia glabra, oblongo-lanceolata vel obo-
vata, acuta, integra vel tridentata, semipellucida , penninervia,
utrinque glaucescentia, 7-8 lineas longa, 2 lineas lata, basi in petiolum
attenuata ; inferiora veteri ligno inserta fasciculata ; superiora ramis
novellis inserta, alterna, margine ciliolata. #lores umbellati, umbellis
sessilibus , 5-8 floris. Pedicelli glabri, 5-6 lincas longi, ebracteati,
basi 6-7 squamis ovatis, deciduis, et aliquandd 3-6 folüs bracteiformi-
bus, oblongo-acutis, margine suboiliatis, 3-5 lineas longis suflulti. Calyx
infundibuliformis , glaberrimus ; tubo obconico decemnervi; segmentis
ovato-deltoideis, 3-nerviis, erectis. Petala 5, segmentis calvcinis pauld
longiora, lineam longa, obovata, sordidè alba, palmivenia. S'tamina
20; filamentis simplici serie dispositis, lineam et dimidiam longis, pri-
mûüm erectis, demüm subreflexis; antheris flavescentibus. Disci margo
decemcrenatus , crenis emarginatis. Ovaria 5, lineam longa, gla-
briuscula , attenuata in stylum ovario æqualem, discum et calycis seg-
menta superantem. Ovula 6, appensa , teretiuscula, longissima , alba’,
sæpissimé pleraque abortiva. Carpella 5, sæpius 3 - 4 (uno alterove
abortivo ), lineam et dimidiam longa, glabriuscula.
Oss. Cette espèce se rapproche beaucoup de la précé-
dente. Elle s’en distingue cependant , au premier aspect,
par ses tiges plus diffuses, par ses fleurs plus petites ,
d’un blanc sale, et par l’époque plus précoce de sa flo-
raison. Elle est connue dans les jardins de Paris sous le
nom de Spir. sibirica.
3. SpIRÆA ARGENTEA , fruticosa , argentco -sericea ;
foliis confrtis, obovatis vel oblongis, apicem versus
serratis , flabellato- venosis ; racemis axillaribus et ter-
minalibus , paniculatis ; floribus subicosandris ; ovariis
sericeis, biovulatis. Kunrx.
Spir. argentea. Mutis in Lion. Fil. suppl. 261. — Willd., Sp. pl. 11,
p. 1057. — Poir. Dict. VIT, p. 351. — Pers. Synops., pl. 11, p. 46. —
Hnmb. Bonpl. et Kunth. Nov. Gen. Am. fasc. XXVI, p. 235, tab. 562.
Crescit in regno novo-granatensi.
Rami subsexangulares, fusci, glabriusculi ; ramuli sulcato-angulati,
sericeo-pubescentes, argentei, densè foliosi, Æolia sparsa, petiolata,
in ramulis brevissimis fasciculato-conferta, approximata , obovata aut
(358)
oblonga , basi valdé cuneato-angustata et integerrima , apicem zersüus
serrata, subflabellato-venosa, venis inter se et cùm nervo medio sub-
parallelis, subtüs prominentibus, submembranacea, utrinquè densis-
simè argenteo-sericea , 9-12 lineas et longiora, supernè 4-6 lincas lata.
Petioli 2-3 lineas longi, sermiteretes, densissimè argenteo-sericei. Sti-
pulæ nullæ. Racemi in ramulis axillares et terminales, solitarii, ap-
proximali, paniculas terminales secuudas foliatas referentes, 9-10
lineas longi. Flores sparsi, pedicellati, magnitudine floris Spirææ
bypericifoliæ ; pedicellis 1-172 lineam longis, superné tribracteatis,
rachi bracteisque densissimè argenteo- lanatis. Bracteæ lanceolatæ,
acutæ , subæquales. Calyx internè pubescenti-sericeus, fundo turbi-
nato-concavus, 10-nervius, pubescens, limbo quinquepartitus; laci-
aïis ovatis, aculis, trinerviis, æqualibus. Præfloratio valvata. Petala
quinque, fauci calycis inserta, cùm ejus laciniis alternantia iisque
longiora , brevissimé unguiculata, subovata , obtusa, integra, venosa,
glabra, patentissima , alba (?). Discus annularis, carnosus, faucem ca-
lycis cingens, undulato-crenulatus, glaber. Stamina viginti, limbo
calvcis pauld suprà discum inserta, laciniis calycinis breviora. Fila-
menta subulata, libera , glabra. Antheræ subrotundæ, utrinquè emar-
giuatæ, dorso aflixæ, biloculares, glabræ, longitudinaliter interné
dehiscentes. Ovaria quinque, sessilia, ovato-lanceolata , hirsuto-seri-
cea , unilocularia ; paries internus glaber. Ovula 2, collateralia, infrà
apicem affixa, pendula, glabra, oblonga. Styli terminales, teretiusculi,
erecti, supernè glabri, ovario breviores. Stigmata vix incrassata.
Fructus mihi ignotus. ( Descript. ex Kuwrx. I. c.)
4. SrinÆA raazicrroines , foliis pubescentibus , apice
subtrilobis ; floribus umbellatis , umbellis sessilibus.
Spir. aquilegifolia. Pal. Itin. III. Append. 7934, n° 94, t. P., fig. 3.
Spir. thalictroides. Pall. F1. Ross. I, p. 34,t. XVII. —Willd. Sp.
PL. 11, pag. 1059.—Poir. Dict. VII, pag. 353. — Pers. Synops. PI. IE,
pag. 46.
Hab. in Alpibus daouricis, maturiüus Spir. chamædri-
foliä florens. (Pall. 1. c.) (V. S. S. in herb. Lessert.)
Frutex humilis. Zolia 4-6 lineas longa, 3-4 lineas lata, spatulata,
apice subtriloba, in petiolum Jlineam longum attenuata, utrinquè
præsertim subtüs pubescentia, margine ciliolata, trinervia, nervis
penninerviis. {lores umbellati, umbellis sessilibus, 6-9-floris. Pedicelli
puberuli, 3 lineas longi, basi $-12 foliis bracteiformibus, obovato-ob-
longis, lineam longis, pabesc-ntibus suffulti. Calyx infandihuliformis,
( 359 )
5-fidus, puberulus, lineam longus ; tubo obconico decemnervi ; seg-
mentis ovatis acutis, trinerviis, erectis. Petala 5, segmentis calycinis
duplo longiora, subrotunda, brevissimè unguiculata , alba palmivenia.
S'tamina 20 ; filamentis simplici serie dispositis , lineam longis, capil-
laribus, erectis; antheris cereis. Disci margo 10-partitus, segmentis
emarginatis. Ovaria-5, dimidiam lineam longa, puberula , attenuata
in stylum ovario æqualem, latere interiore secundüm longitudinem
! canaliculatum. Ovula 6-8, appensa, teretiuscula, oblonga. Carpella 5,
rariùs 4 (uno abortivo), tres lineæ quadrantes longa , dimidiam li-
neam lata , puberula.
5. Srmæ4A osovarA, foliis obovatis, obtusis, apice
obtusè inæqualiter dentatis, triplinerviis ; corymbis
axillaribus , sessilibus. Wizio.
Spir. obovata, Waldst et Kitaib in Willd. Enum. I, p. 541.—Schult.
OEsterr. FI. Il, 64. — Poir. Dict. suppl. V, p. 221. — Link. Enum.
Berol. alt. II, p. 40.
Hab. in Hungarià. (Willd. I. c.)
Non est Spir. thalictroides, cujus folia minora, subtriloba, neque
varietas $pir. crenatæ, a quä diversa foliis apice rotundato-6btusis, ob-
tusè inæqualiter dentatis, triplinervio-venosis nec trinerviis venosis,
corymbis sessilibus. (Descript. ex Wizzo. l..c.)
6. Srimæa crenarA, foliis spatulatis, trinerviis, pu-
bescentibus ; floribus corymbosis.
Spir. foliis varis hirsutis, Amm. Stirp. Rar. Ruth. p. 189, n. 268.
Spir. crenata , Pall. FI. Ross. I, p. 35, tab. XIX.—Willd, sp. pl. II,
p. 1058. — Mœnch. Meth. pl. 662. — Pers. Synops. IL, p. 46. —
Marsch. FI. Taur. Cauc. 392. — Willd. Enum. I, p. 541. — Schult.
OEsterr. F1. IL, p. 64. — Link. Enum. Berol. alt. IL, p. 40. — Sir.
.alpina. Poir. Dict. VII, p. 354.
Hab. in Rossià europæà (Pall. 1. c. ); in promontorio
Caucasico planitiebusque adjacentibus (Marsch. 1. c.);in
Hungarià ( Schult. 1. c.). Floret majo (Pall. 1. c.) (V.
S. S. in herb. Lessert et Gay.)
Frutex, ramis teretibus, glabris, novellis pubescentibus , cortice
fusco. Folia 6-8 lineas longa, 2 lineas lata, spatulata, in petiolum
attenuata, pubescentia, glauca, apice acutiuseula, integra vel sub
( 360 )
apice 5-7 denticulata, trinervia. Flores corymbosi, corymbis termina-
libus, 5 7 lineas latis, pedanculatis. Pedicelli teretes, pubescentes,
3 lineas longi , bracte lineari-lanceolat4, iimeam longf, pilosiuscult
apice instrucli. Calyx infundibuliformis, 5-fidus, lineam longus, pu-
bescens ; tubo obconico decemnervi ; segmentis erectis, ovatis, acutis,
trinerviis. Petala 5, segmentis calycinis longiora, lineam longa, sub-
rotunda, exunguiculala, palmivenia, alba. $iamina 20 ; filimentis
Simplici serie dispositis, capillaribus, lineam et dimidiam longis; an-
theris cereis. Disci margo 10-partitus , segmentis integris. Ovaria 5,
tres lineæ quadrantes longa, pubescentia, attenuata in stylum ovario
pauld longiorem. Ovula 5-6, appensa, teretiuscula, longa. l'ructus
mihi ignotus.
Oss. Cette plante a été confondue tantôt avec le Spir.
alpina , tantôt avec le Spir. hypericifolia à feuilles créne-
lées ; elle se distingue facilement de la première espèce
par ses feuilles trinerves et de la seconde par ses feuilles
pubescentes et ses fleurs en corymbe. Nous n'osons dé-
cider si Linnée avait notre plante. en vue lorsqu'il a déerit
son $pir. crenata. Quoiqu'il en scit, on doit toujours con-
server ce nom à la plante figurée dans la Flore de Russie
de Pallas, puisque l'espèce originaire de France et
d’Espagne, figarée dans les Icones de Barreliér et donnée
par la plupart des auteurs comme synonyme du Spir.
crenata, n'est qu'une variété du Spir. hypericifolia.
7.SpiRÆA ALPINA, folis lanceolatis, sessilibus, serrulatis,
glabris; corvmbis terminalibus.
Spir. alpira, Pällas, El. Ross. EL, p. 25, tab. XX. — Wild. sp. pl. ÉE,
p. 1057, — Wälld., Enum. I, p. 540. — Pers., Synops. IL, p. 46. —
Link Envm.Ber. alt IL, p.30.
Fruter sureulis sesquicubitahibus , vel bicubitalibus erecto-patulus ,
ramosus. $Sureuliet rami antiquiores testacei, epidermide longitudina-
liter fissd, fuscescente qud tannis exuuntur ut Lonicera altaica, Crytisus
pinnatus alique frutices. folia plèrumque 3 ad 5 fasciculatim congesta,
vel alterna ,lanceolala, basi valüè attenuata , sessilia, glaberrima, ov
subtilissimé serrulatà vel fntegrâ. Corymbi in ramuilis anni brevibus ;
foliatis, terminales, subelohost, uno versu dispositi,ut in $pir. crenata,
\
( 361 })
sed minüs capiosi, et pedunculis tenuioribus longioribusque. Ælores
paul majores, quam ejusdem, calycibusque glabris ; capsulæ oblongæ,
compressæ, erecto-parallelæ, griseæ.
He Spiræa, inter Wp. crenatam et hypericifoliam media, occurrit in
frigidis sylvatieis et alpinis Sibiriæ oriéntalis , maximè regionum trans-
baïkaleñsium, et circa ivsum lacum Baïkal, ubi hittora glareosa passim
orñat, et junio demüm floret. Differt a Sp. crenata pro cujus varietate
haberi posset, statione , florandi tempore, foliis non trinerviüs, glaber-
rimis, basim versüs attenuatis, sed non petiolatis; dein epidermide
surculorum secedente, pedunculis florum tenuioribus et longioribus ,
capsulis majoribus, erecto-parallelis, ut alia taceam. A Spir. hyperici-
folia american differt foliis acutis enerviis, nec rodundatis trinerviis ;
floribus minoribus in corymbos multiflores, nec in ymbellas sessiles
pauciflores digestis. (Descript. ex Pali. L. c.)
8. Spiræa TRiLogaTA, folis latè ovatis, subrotundis,
trilobis , penninervüs ; floribus corymbosis,
Spir. ramosissima , parvo subrotundo Opulifolio, Amm. Stirp. Rar.
Ruth. 191, n. 251. — Spir. foliis latè ovatis, supra ampliatis ex inciso-
serralis, pedunculis simplicibus, Gmel. FI. Sib., p. 190, tab. bo. — Spir.
trilobata, Linn. Mant. 244. — Reich. Syst., PI IL, p. 52r. — Pall., FI.
Ross. I, p. 33, tab. XVI. — Willd., Sp., PI. Li, p. 1059. — Poir.,
Dict, VII, p. 354.— Pers., Synops. IL, p. {6.— Link Enum. Berol. alt.
II, p. 40.
Hab. in Sibirià propè lacum Baïkal. (Pall. Gmel.
Amm. 1. e. ). Floret majo.. carpella perficit julio (V.V. C.
in hort. Paris.)
L'rutex 3 pedalis ; rami glabri, corticce.lævi, griseo, fascescente. F'olia
alterna, petiolata, glaberrima, penninervia, facie Jæté viridia, dorso
glauca, Petiolosemitereti, glabro, facie plano; caulina et ramea inferiora
Jatè ovata, sûbrotunda, triloba,lobiscrenato-dentatis, 8-10 lineaslonga,
5-9 lineas lata, petiolo 5 lineas lonso; ramea superiora (ramulis floriferis
insidentia ) elliptica, integerrima , aut apice obsolcté 1-2 denticulata,
4 6 lineas longa, 3-4 lineas lata. Flores corymbosi, corymbis hemi-
sphæricis, 10-12 lineas longis, totidem latis. Pedicelli semiunciales,
bractet glabrâ, nunc membranaced filiformi sessili, nunc herbacc
ovaià petiolat, supra medium instructi. Calyx infundibuliformis , 5
fidus ; tubo obconico, decemnervi, extüs glabro , intüs villosiusculo:;
segmentis erectis , ovato-deltoideis, trinerviis, dorso glabris, facie
( 362 )
villosis, margine nudis rubellis. Petala 5, segmentis calycinis duplo
longiora , lineam et dimidiam longa , nivea, obcordata , exunguiculata,
palmivenia. Stamina 20; filamentis simplici serie dispositis, petalis
multd brevioribus, tres quadrantes lineæ longæ; antheris pallidè fla-
vescentibus. Disci margo 10-partitus , segmentis integris, rard emargi-
natis. Ovaria 5, dimidiam lineam longa , glabra attenuata in stylum
ovario æqualem , latere interiore secundüm longitudinem canalicula-
tum , calycis et disci tubum superantem. Ovula 6-8, appensa, ob-
longa , teretiuscula. Carpella 5, lineam longa, dimidiam lineam lata ,
glabriuscula.
9. Sema incisa, foliis ovatis, inciso 5-partitis, ser-
ratis ; umbellis sessilibus.
Spir. incisa, Thunb. , FI. Jap., 213. — Poir., Dict. VII, p. 354.
Crescitin Fakonä monte, ejusque regionibus.— Floret
junio.
Caulis fruticosus, erectus, ramosissimus. Rami et ramuli alterni, fi-
liformes et capillares, flexuosi, cinereiï, glabri, patentes. Z'olia petiolata
ovata, acuta, incisa, subquinquepartita , serrata, subtüs pallida, vil-
losa , patentia, unguicularia. Petiolus capillaris, folio quadruplo bre-
vior. Flores in ultimis ramulis umbellati. Umbella pedunculata simplex.
Pedunculi circitér duodecim, capillares, unguiculares. Corollæ albidæ,
minutæ. (Descript. ex Thunb. I. c.)
10. SPIRÆA CHAMÆDRIFOLIA , foliis ovato-oblongis, gla-
briusculis, obtusiusculis, ab apice ad medium 3-5-7
inciso-crenatis ; floribus corymbosis.
a Vulgarts.
Spir. chamædrios folüs, Amm. Stirp. Rar. Ruth., p. 190, n. 269. —
Spir. chamædrifolia, Linn. sp., pl. I, p. 489. — Reich. Syst. PI. IL, p.
5a1.— Pall. F1. Ross. I, p. 32, tab. XV.—"Thunb. FI. Jap. 210. —
Willd. Sp. PI. IL, p. 1058.— Poir. Dict. VIL, p.352. — Pers. Synops.
IL, p. 46.— Nutt. Gen. Amer. I, p. 307. — Willd. Enum. I, p. 541.—
- Schult. OEster. F1. LE, p. 63.—Pursh. Fl. Amer. Sept. ed. 2, p. 342.—
Link. Enu m. Berol. alt. IL. p. 39.
Hab. in Sibirià, Kamtchatkà, Daourià (Pall. I. c. ),
in Hungarià ( Schult. 1. c.), in Canadà (Pursh... Nutt.
le. ), in Japonià (Thunb. L. c. ). — Floret majo, car-
pella perficit augusto. (V. V. C. in hort. Paris. )
Pc ||
(363)
Frutex 4-5 pedalis. Rami teretes, glabri, cortice fusco, rimis dehis-
cente ; novelli obsoleté angulosi, puberuli. Folia ovato-oblonga, obtu-
siuscula, 3-5-7 dentato, crenata, penninervia, 7-9 lineas louga, 4-6 li-
neas lata, facie viridia, dorso glaucescentia , obsoleté ciliolata , in Pe-
tiolum lineam longum attenuata. Flores corymbosi, corymbis hemi-
sphæricis, 6-14 floris, umbelliformibus, axi generali brevissimo vix
ultrà lineam longo. Pedicelli teretes, glabri, 6 lineas longi, ebracteati,basi
suffulti 6-7 squamis scariosis, ovatis pilosiusculis, et 5-7 foliis bracteifor-
mibus, spatulatis, integris, 5-6 lineas longis, glabris, margine ciliolatis.
Calyxänfundibuliformis, 5 fidus, 2 lineas longus, glaberrimus, tubo
obconico, decemnervi; segmentis ovato-deltoideis, extüs glabris, intüs
pilosiusculis, primüm erecto-patentibus , demiüm reflexis , trinervüis ,
margine ciliolatis. Petala 5, segmentis calycinis longiora , lineam et
dimidiam longa, ovato-rotunda, exunguiculata, nivea, palmivenia. S'ta-
müna 20 ; filamentis simplici serie dispositis capillaribus, 2 172 lineas
longis, petalis longioribus ; antheris cereis. Discimargo decemcrenatus,
crenis emarginatis. Ovaria 5, lineam Ionga, pilosiuscula, attenuata in
stylum ovario æqualem, teretem, glabrum, erectum, apice truncatum.
Ovula 6, appensa, teretiuscula, longissima. Carpella 3-4 (uno allerove
abortivo), rariüs 5, lineam et dimidiam longa, glabriuscula.
e Media.
Spir. chamædrifolia, & media, Pursh. FI. amer. sept. ed. 2. I, p. 342.
—V'arietas pusilla Daouriæ, Pall. FI. Ross. I, p. 32.
Hab. in Canadà (Pursh. 1. c.), in rupestribus Daou-
rig ( Pall. 1. c.) (V.S.S.in herb. Lessert.)
Differt a varietate à foliis minoribus, utrinquè subvil-
losis; floribus minoribus.
> Oblongifolra.
Spir. oblongifolia, Waldst et Kitaib. PI. Hung. Ill, p. 261, tab. 235.
—Willd. Enum. !, p.541.—Schult. OEsterr. EL. IL, p.63.—Poir. Dict.
snppl. V, p. 222. Link. Enum. Ber. alt. IL, p. 40.
Hab. in Hungarià ( Waldst. et Kitaib. 1. e.). (V. V.C.
in hort. Paris. )
Folia basi attenuata , angustiora. Cætera omninè ut in
‘ Varielale «.
( 364 )
Oss. Cette espèce varie beaucoup par ses feuilles plus
où moins grandes , incisées ou seulement crénelées, quel-
quefois entières et pointues ; nous nous contentons d’in-
diquer les trois principales variétés. La dernière (var.
y) paraît se reproduire constamment par la culture.
C’est au Spir. chamædrifolia que l’on doit, selon nous,
rapporter le Spir. foliosa (Poir. Dict. VIL p. 353),
variété cultivée en 1795 dans le jardin de M. Williams,
qui ne diflère du Spir. chamædrifolia « que par les seg-
mens de son calice plus grands et par l’axe général des
corymbes plus allongé; caractères produits par la culture.
11. SriRÆA cAnA, foliis ovatis, acutis, integerrimis,
subdentatisque, villoso-canis ; corymbis terminalhibus
pedunculatis. |
Spir. cana. Waldst. et Kitaib. PI. Hung. I, p. 259, tab 227. Schult.
Œsterr. EL. IT, p. 64.
Hab. in præruptis et altis rupibus Croatiæ, propè la-
eus Phitviczensem. Floret sub finem maïji.
Radix Vignosa calamo raro crassior. Caules fruticosi erecti; cor-
tice obscurè fusco. Folia alterna, brevissimè petiolata, ovata, acuta,
integerrima, utrinquè, præsertim subtüs, pilis mollibus subsericeis
densis canescentia, venis tenuibus reticulato-venosa. 'lores in co-
rymbis fastigiatis, lateralibus, ramulos laterales terminantibus, pe-
dunculatis : pedunculo tereti, villoso, unâ alterâve bracte villosa ins-
tructo; pedicellis vix tres lineas longitudinem æquantibus, filiformibus,
villosis , ebracteatis, exceptis infimis non rard bractei lineari donatis.
Periantium campanulatum, pubescens, quinquedentatum ; dentibus
patentibus, obtusiuseulis , persistentibus. Corolla pentapetala, alba ;
petalis emarginatis. S'tarmina calycem excedentia, tricenis plura : fila-
mentis calyci insertis, tenuissimis, albis ; antheris subrotundis , fla-
vescentibus. Pistilum calycem primüm æquans, demüm excedens :
Germina 5, obliquè ovata, intüs line4 eminente instructa, subpubes-
centia. Styli filiformes , patentes, glabri. Capsulæ oblongæ , sub-
compressæ, subvillosæ, bivalves.
In unico ramulo vegeliore vidimus folia quædam apice hine aut
(265)
utrinquè uno alterove dente acuto sub-serrata; in plantâ cultâ
pluria talia occurrunt ut tamen longè plurima etiam per culturam ma-
neant integerrima. (Descript. ex Walst et Kitaib. 1. c.)
12. SPIRÆA CAPITATA , foliis cvatis, duplicato-dentatis,
subtüs reticulatis, tomentosis ; corymbis terminalibus,
congestis , subcapitatis, longissimé pedunculatis, calycibus
tomentosis. Pursx.
Nutt. Gen. Amer, p 307. — Pursh. FL Amer. Sept. ed. 2. 1, p.
342. — Poir. Dict. Suppl. V. p. 222.
Hab. in Americæ septentrionalis orà occidentali, et
ad flumen Columbia. Floret junio. (Pursh. LI. c.) |
13. SprrÆA FLExUOsA, foliis lanceolatis, glabris, ab apice
admedium dentato-serratis, floribus corÿymbosis (tab. 26).
S'pir. flexuosa. Fisch. in litt. — Spir. alpina, Mort. Paris.
Patria ignota...... Floret aprili, carpella perficit
junio. ( V. V. C. in hort. Paris. )
Frutex 4 pedalis, Rami glabri, angulosi, canaliculati, cortice griseo,
rimis fatiscente ; novelli flexuosi, purpurascentes. folia 8-16 lineas
longa, 4-5 lineas lata, ovato-lanceolata, acuminata, ab apice ad me-
dium usquè dentato-serrata , glaberrima , penninervia, basi subtriner-
via, facie viridia, dorso pallidiora , in petiolum attenuata; Petiolo li-
ñeam longo , in ramum decurrente. Z/ores corymbosi, corymbis
hemisphæricis, 12-15 Jineas longis, totidem latis, corymbum Spir. ul-
mifoliæ referentibus. Pedicelli teretes, 4-6 lineas longi, glaberrimi,
bractei, lineari-subulat4, apice pilosä, infra medium instrueti. Calyx
iofandibuliformis, 5-fidus, glaberrimus, lineam et dimidiam longus;
tubo-obconico decemnervi; segmentis ovato-deltoideis, reflexis, mar-
gine ciliolatis et rubellis, extùs glabris, intüs pilosiusculis. Petala 5,
segmentis calycinis longiora, 2 jineas longa, ovato-subrotunda, exun-
guiculata, nivea, palmivenñia. $'tamina 40-46 ; filamenta absque dis-
tinctis seriis disposita, petalis longiora, 2 172 lineas longa ; antheræ
virgineæ albæ, effetæ fuscescentes. Disci margo decemcrenatus, crenis
emarginatis. Ovaria 5, lineam longa, apice rubella, glabra, attenuata in
stylum \ineam dimidiam longum, leretem, glabrum, latere interiore
Secundèm longitudinem canaliculatum , apice truncaluin, Ovula 6,
‘
( 366 )
appensa, teretiuscula, longissima. Carpella tot quot ovaria lineam et
dimidiam longa , tres lineæ quadrantes lata, glabriuscula.
Oss. Cette espèce’, probablement originaire de Sibé-
rie, est’ connue dans les jardins de Paris sous le faux
nom de Spir. alpina; elle a été envoyée au Jardin du
Roi par M. Fischer sous celui de Spir. flexuosa qu'elle
doit conserver, puisqu'il est bien évident qu’elle ne peut
être confondue avec le Spir. alpina décrit et figuré dans
la Flore de Russie de Pallas.
14. Srmæ4 1anceoLara, folis glabris, ovato-lanceo-
latis , inciso-serratis; floribus corymbosis, corymbis la-
teralibus. (tab. 25.)
Spir. lanceolata. Poir. Dict. VIE, p. 353. — Spir. cantoniensis. Lour.
Flor. coch. ed. Wüälld., I, p.394.
Hab. in insulà Mauritià ( Poir. 1. ce. ), in Sinà (Lour.
1. c. )(V.S.S. in herb. Juss. et Thouin. )
Frutex ramis teretibus, glabris , cortice fusco ; novellis purpuras-
centibus. Folia 12-18 lineas lata, ovato-lanceolata, penninervia, nervis
subtùs prominentibus, glaberrima, ab apice usquè ad medium aut
pauld infrà medium inciso-serrata, serraturis ‘oblusis, in petiolum
attenuata ; Petiolo 2-3 lineas longo, glabro, semi-tereti, facie canali-
culato. Ælores cerymbosi , corymbis pedunculatis. Pedicelli teretes,
glabri, 5-6 lineas longi, bracted lineari-lanceolatâ, parvulà, suprà
medium instructi. Culyx infundibuliformis, 5 fidus, lineam et dimi-
diam longus, glaber; tubo obconico, decemnervi; segmentis ovatis,
acutis, erectis, trinerviis. Petala 5, segmentis calycinis longiora, à li-
neas longa, lineam et dimidiam lata, ovato-subrotunda, exunguiculata,
palmivenia. Stamina 24-26; filamentis simplici serie disposilis, petalis
brevioribus, lineam longis, capillaribus ; antheris cereis. Disci margo
decempartitus, segmentis emarginatis. ovaria 5, lineam longa, glabra,
attenuata in stylum pauld longiorem, teretem, glabrum, latere inte-
riore secundüm longitudinem canaliculatum, apice truncatum. Ovula
6, appensa, teretiuscula, longa. Fructus mihi ignotus.
Ons. Cetteespèce, rapportée, par Commerson, de l'Ile-
de-France, a de grands rapports avec le Spir flexuosa;
elle s’en distingue cependant par ses feuilles plus larges,
ee
( 367 )
incisées et dentées en scie depuis leur sommet jusques
aux trois quarts de leur longueur; par ses étamines
moins longues , moins nombreuses, insérées sur un seul
rang ; par son disque dont la partie libre est divisée en
dix lobes distincts à leur base.
15. SPrmæA uLmiroLrA, foliis glabris, oblongis, ovato-
lanceolatis, margine suprà medium dentato-serratis, se-
cundüm totam peripheriam, denticulatis, floribus corym-
bosis.
Spir. ulmifolia. Scop. FI. Carniol. 1, p. 349, tab. 22. — Willd. Sp.
PI. IL, p. 1058. — Poir. Dict. VII, p. 351.— Pers. Synops. IL, p. 46.
— Wild. Enum. 1, p. 541. — Schult. OEsterr. F1. II, p. 63. — Spir.
chamædrifoliu. Host. Synops. PI. 278.
ab. in Carniolià (Scop. 1. c.), in Hungarià (Schult.
L. c.), in Forojulio, Carniàä. ( Host. L. c. )
Floret majo, carpella perficit julio. ( V. V. C. in hort.
Paris. }
Frutex 3 pedalis. Rami obsoletè tetragoni, glabri; cortice lævi, gri-
seo, fuscescente, demüm sponte soluto aut rimis faliscente, floriferi
villosiusculi. Folia in petiolum attenuata, penninervia, facie glabra
viridia, dorso glaucescentia et juniora villosiuscula ; margine secun-
düm totam peripheriam tenuissimé denticulata ; ramulorum florifero-
rum superiora oblonga, ovato-lancevlata , non supputato petiolo 10
lineas longa , 5-6 lineas lata, margine suprà medium inæqualiter den-
tato-serrata ; petiolo Jlineam et dimidiam longo , semi-tereti , facie ca-
naliculato, margine dorsoque villosiusculo ; ramulorum eorumdem in-
feriora (ramorum veteri ligno inserta), multù minora, 5-6 lineas longa,
3 lineas fata, ovoideo-elliptica, margine suprà medium serrulata (non
dentato-serrata ), petiolo vix lineam longo, complanato, pariter villo-
siusculo. Flores corymbosi, corymbo hemisphærico, 12-14 lineas longo,
totidem lato ; pedicellis filiformibus, bractei parvulä , membranaceÀ,
pilosiusculä, decidu nunc infrà nunc suprà medium instructis, inferio-
ribus semiuncialibus, superioribus 2 172 - 3 lineas longis. Calyx infun-
dibuliformis, 5 rariüs 6-7 fidus ; tubo obconico , glabro, obsoleté de-
cem-nervi; segmentis ovato-deltoideis, uninerviis, dorso glabris, facie
| villosis , margine fusco-ciliatis, primüm erectis adpressis, demüm re-
( 368 )
flexis. Petalu 5. rariùs 6-7, segmentis calycinis duplo longiora, 1 172-a
lineas longa, patentissima, subreflexa, subrotunda, obsoletè venosa,
decidua. Stamina 46-49-54 ; filamentis absquè distinctis seriis disposi-
is, erécto-patentibus, capillaribns, exterioribus petala superantibus,
2-3 lineas longis, interioribus triente brevioribus, omnibus diutissiné
persistentibus ; antheris minutis pallidissimé flavescentibus. Disci margo
per totum ambitum crenatus. Ovaria 5, rarissimè 6, vix dimidiam li-
neam longa, glabra, apice attenuata in stylum duplo loagiorem, ferè
lineam longum, calycis et disci tubum superantem, rectum, erectum,
teretem, secundüm totam feré longitudinem scabriusculum (quadrante
inferiore lævi), primüm vividem, cilissimé exsiccatum et fuscescen-
tem , apice trancatum. Ovulu 15-18, oblonga, teretiuscula, appensa,
dupliei (propter ovula nonnulla ad lævam et dexteram dejecta , quasi
quadruplici) serie inserta. Carpella. tot quot ovaria, lineam longa, di-
midiam lineam lata, glabra.
16. SpiræA seruzirouiA, foliis glaberrimis, ovato-
lanceolatis, ab apice usquè ad medium inciso serratis ; flo-
ribus corymbosis, corymbo terminali composito (tab. 25.)
Spir. foliis ovato-crenatis, Gmel. F1, Sib. HI, p. 189, n. 48. — Sir.
betulijolia, Pal. FI. Ross. [, p. 33, tab. XVI.—Nutt. Gen. Amer. L, p.
307.—Pursh. FI. Amer. Sept. ed. 2.1, p. 342.—#pir. corymbosa,
Schm. in Desv. Journ. Bot. IV, p. 269? — Spir. cratægifolia , Link
Enum. Berol. alt. I, p. 40?
Hab. circa locum Aajam flumen ultrà Lenam fluen-
tem ( Pall. 1. e. ). in montibus Virginiæ. (Pursh. L. c.)
Floret majo junioque. ( Pall. 1. ce. ) ( V. V. in hort
reg. Paris. )
Fruter bipedalis. Rami glaberrimi, teretes, cortice füsco. Folia gla-
berrima, penninervia ; raméa supériora 2-3 uncias Jlonga , 12-20 lineas
läta , ovato-oblonga , ab apice usquè ad medium inciso-dentata, petiolon
lineam longo, facie canaliculato ; inferiora veteri ligno iniserta chovata;
elliptica , 5-7 linéas longa, 3-4 lineas lata, ab apice usquè ad medium
serrata, ia petiolum attenuata, petiolo dimidiam lineam longo. f'/ores
corymbosi, corymbis densis, terminalibus, multifloris, 3-4 uncias
longis , ferè totidem latis. Pedicelli teretes, glabri, Hineam longi, un
duabusve bracteis lineari-lanceolatis , ciliolatis, Hncæ quadrantem
longis suprà medium instructi. Calyx infundibuliformis, 5-fidus, die
midiam liieam longus, glaberrimus; tubo obconico, decemnervi; seg-
»
( 369 )
mentis ovatis, acutiusculis, trinerviüs, erectis. Petulu 5, segmentis
calycinis triplo longiora , tres lineæ quadrantes longa, subrotunda,
exunguiculata, alba, palmivenia. S'tamina 20 ; filamentis simplici serie
dispositis, capillaribus , lineam et dimidiam longis; antheris roseis,
Disci margo decem-partitus, segmentis indivisis, liberis , roseis. Ova-
ria 3-4}, glaberrima, dimidiam lineam longa, viridia, attenuata in
S'tylum duplo longiorem, erectum, rectum, roseum, apice truncatum.
Opvula 5-7 , appensa, teretiuscula. Fructus mihi ignotus.
Oss. Cette espèce a été confondue par la plupart des
auteurs avec le Spir. ulmifolia dont elle est cependant
bien distincte. Elle nous paraît être la même que le Spir.
corymbosa, (Schm. in Desv. 1. c.), et que le Spir. cra-
tægifolia ( Link. 1. c.). Nous ne donnons cependant
notre opinion que comme un simple doute, qui pourrait
être éclairei par ces naturalistes eux-mêmes.
15. Spiræa Lævicara , foliis oblongo-lanceolatis vel
patulatis , glaberrimis ; floribus racemosis.
Spir. lœvigata. Linn. Mantiss. pl. 244. — Reich Syst. PI. II,
p. 519. Gærtn. de Fruct. [, p. 338, tab. 69, fig. 5. — Poir. Dict. VIT,
p. 349. — Pers. Synops. IL, p. 46. — Willd. Enum. I, p. 540. —
Link Eûum. Ber. alt. IE, p. 39. — Spir. Altaïca. Pall. F1. Ross.I,
p. 37, tab. XXIIL.
Crescit in montium Altaicorum regione subnivali,
præsertim circa fluv. /næ, Bjelaja et Zcgerik. (Pall.
1. c. ) Floret aprili, carpella perficit augusto. (V. V.C.
in hort. Paris.)
Frutex bi-tripedalis. Rami teretes, glabri, cortice fusco ; novelli
virides, angulosi. #olia superiora (ramis novellis inserta) remota,
oblongo-lanceolata, mucronata aut spatulata, utrinquè glauca et gla-
berrima, margine tenuiter ciliolata, 3-4 uncias Jlonga, 8-9 lineas lata,
bas: in petiolum lineam latum attenuata , subdecurrentia ; inferiora
( veteri ligno inserta) valdè approximata , quasi verticillata , undiqué
glaberrima. Flores racemosi, racemis in ramorum apice umbellatim
dispositis, terminalibus, glaberrimis, 1-3 uncias longis, pleramque
simplicibus, rard tri-quadrifidis, suprà primum a basi trientem flori-
feris, basi nudis ; singuli racemi axis angulosi. Pedicelli alterni , 1-3 li-
1. 24
637 )
neas longi, basi bracteâ oblongâ , apice obtus4, aut frequentiùs utrin-
qué attenuatà, ipsius pedicelli basi adnatâ illoque longiorA instructi.
Calyx campanulatus 5-6-9-fidus , lineam et dimidiam longus, glaber-
rimus ; tubo extùs glaberrimo , intüs longè piloso; segmentis tubo bre-
vioribus, ovato-deltoideis, ütrinquè glaberrimis , uninerviis, erectis.
Petala 5-6-3, segmentis calycinis duplo longiora, lineam longa, obo-
vata, primüm erecta , demüm subreflexa , in unguem attenuata, alba,
obsoletè venosa. S'tamina 20; filamentis simplici serie dispositis, bre-
vibus, dimidiam lineam jongis ; antheris basi insertis, tetragonis,
apice emarginatis, lutescentibus, nonnullis impotentibus, utrinqué
rimâ longitudinali dehiscentibus. Disci margo decempartitus , segmen-
tis integris , obtusis. Ovaria 5-6-7, dimidiam lineam longa, lævia atte-
puala in stylum , paulo breviorem, erectum, basi geniculatum, apice
incrassatum , emarginatum. Ovula 6, appensa linearia, Jlongissima.
Carpella tot quot ovaria.
18. SPIRÆA MAGELLANICA, fruticosa , foliis petiolatis,
lanceolatis, inæqualiter serratis, nervosis ; racemis ter-
minalibus, subsimplicibus.
Spir. Magellunica. Poir. Dict. VIL, p. 350.
Arbrisseau dont les tiges sont divisées en rameaux grêles, d’un
brun cendré, trés-glabres, garnis de feuilles éparses, pétiolées, lan-
céolées, presque elliptiques, inégalement dentées, presque lobées à
leur contour, cbtuses à leur sommet, un peu rétrécies à leur base,
glabres à leurs deux faces, vertes en dessus, plus pâles, un peu blanchä.
tres en dessous, longues d’environ un pouce et demi, sur un demi-pouce
de large, marquées en dessous de nervures alternes, qui se dirigent
vers leur sommet , les pétioles courts, filiformes. ,
Les fleurs terminent les jeunes rameaux , et sont disposées en une
grappe presque simple, courte. Les pédoncules sont longs , glabres,
capillaires ; le calice glabre , à cinq découpures courtes , aiguës; la co-
rolle assez grande , blanche ; les pétales un peu arrondis.
Cette plante a été recueillie par Commerson au détroit de Magel-
jan. (Descript. ex Porn. 1. c.)
19. Sriræa sazrcrrouA, foliis lanceolatis vel oblongis,
glabris, margine per totum ambitum serratis ; floribus
paniculatis.
æ Carnea.
Syir. Salicis folio. Amm. Stirp. Rar. Ruth. p. 188, n° 265.
Spir. foliis lanceolatis, obtusis, serratis, nudis ; floribus duplicata
racemosis. Gmel. F1. Sib. JT, p. 188, n° 47, tab. 30.
.
(33:)
Spir. S'alicis Jfolio. Tournef. Instit, 618.
Spir. salicifolia. Linn. Sp. pl. 4, P- 489. — Reich. Syst. pl. II,
p. 520.4Pall. Fl: Ross. I, p. 36, tab. XXI. Mœnch. Meth. GG. —
Willd. Sp. PL. IL, p. 1055. — Smith. F1. Brit. Mésp..535. —_ Pbhir.
Dict. VII, p. 349. — Pers. Synopsis. Il, p. 46. Wäilld. — Enum. I,
P: 540. — Schult. OFst. F1. II, p.62, —D C. F1. Fr. IV, P. 477.
Hab. in Sibirià (Gmel. 1. c. )ad O5 fluvium, circa
Jeniseam et in Transbaïkalensi regione (Pall. 1, chain
montibus Arverniæ ( DC. I. c.), in Britanni4 (Smith.
1. c.), in Carniolià, Styrià, ad flum. /»
Knittelfeld. { Schult. L. c. je
Floret junio, carpella perficit augusto, ( V. V. C. in
hort. Paris. )
gering propè
Frutex 4-pedalis. Rami obsoleté an
gulosi, flavescentes , glabri. Fofia
lanceolata, serrata, petiolat
a, 8-12 lineas longa , 6-8 lineas lata ; Penni-
-nervia, margine ciliolata, facie viridia ; dorso pallidio:
ra. Petiolus semi-
teres, facie canaliculatus , linezm longus. Z'lores panicalati ; paniculis
ovato-oblongis, apice racemosis , rachibus teretiusculis, pubescen-
tibus. Pedicelli teretes, pilosiusculi, 3 lineas longi,
bracteis pilosis instructi, alter4 basilari , line
terâ brevissimâ suprà medium afix4, Calyx infundibüliformis, 5-
fidus, glaber, viridis, lineam et dimidiam longus ; tubo obconico
decemnervi ; segmentis ovatis ;
ciliolatis. Petala 5, latè ovata, s
Jineam et dimidiam longa
sæpè duabus
ari 2 lineas long4 , al-
acutiusculis, trinerviis » Margine
egmentis calycinis duplo longiora ,
» eXunguiculata, carnea, palmivenia. 4$!
nina 38-/2 ; filamenta duplici serie disposita, capillaria ; rosea, exte-
riora petalis multo longiora, 3 lineas longa
> luteriora petalis paulù
breviora tres lineæ quadrantes longa; antheræ primèd roseæ, demüm
fuscescentes. Disci margo decemlobatus, lobis basi connatis emargi-
natis, primd purpureus, demüm fuscescens.
drantes longa, glaberrima
lycis tubum superantem,
La-
Ovaria tres lineæ qua-
, Attenuata in stylum ovario æqualem, ca-
teretem, latere interiose secundüm lon-
- . . » .
gitudinem canaliculatum , apice truncatum. Ovula
retiuscula, longa. Carpella tot quot ovaria
longa , dimidiam lineam lata.
6-8 appensa, te-
; glabra, lineam et dimidiam
B Alpestris.
Spir. Salicis folio breviore, latiusculo, crenato, floribus rubris. Amm.
Stirp. Rar. Ruth. p. 188. n° 266, tab. XX VIII.
24"
(372)
Spir. salicifolia var. &. Alpestris. Pal. F1. Ross. 1 p. 36. tab. XXII.
— Wild. Sp. PI. IE, p. 1055. — Poir. Dict. VII, p. 349.
Hab. in Sibirià ( Pall. 1. e. ). Floret junio ( Pall. I. c.).
Frutex pusillus, ramosus; folia breviora quam in var. «;
racemis brevissimis. ( Pall. 1. c. ).
y Panicula.
Spir alba. Du Roi Harbk. II. p. 430.— Ehrh. Beitr.
VIL p. 137.
Spir. salicifolia var y paniculata. Wild. Sp. PI. II.
p. 1025. — Mich. F1. Bor. Amer. L. p. 293. — Poir.
Dict. VIT p. 349. — Aït. Kew IT. p. 198. Pursh.. F1.
Amer. Sept. ed. 24. p. 341.
Hab. in Americà septentrionali à sinu Hudsonis ad
Pensylvaniam, in montibus Carolinæ ( Mich. 1. c.), à
Canadà usquè ad Carolinam (Pursh. |. c.).
Floret majo junioque. ( V. V. C. in hort. Paris. )
Differt à var. «, cortice ramorum rubro, petalis albis,
antheris cereis, disco fuscescente.
d Latifolih.
Spir. salicifolia var. d latifolia. Wild. Sp. PI. IL, p. 1056. — Mich.
Fl. Bor. Amer. L. p. 293. — Poir. Dict. VII, p. 349. — Pursh. FI.
Amer. Sept. 2 ed. 1. p. 341.
Spir carpinifolia. Wild. Enum. 1. p. 540. — Link Enum. Berol. alt.
IH. p. 39.
Hab. cùm præcedente in America septentrionali
(Pursh. 1. e. ) ( V. S. S. in herb. Lessert. ).
Spir. foliis ovato-oblongis ; floribus paniculatis; petalis
albis ; antheris cereis, disco fuscescente.
Cette variété, qui au premier aspect paraît s'éloigner
beaucoup des autres, ne mérite pas cependant, comme
l'avait pensé Willdenow , de former une espèce distincte.
Après un müûr examen nous n'avons Lrouvé aucun Carac-
( 373 )
* Q À , , »
tère qui püt nous permettre d'adopter l'opinion de cet
auteur; on ne doit donc la regarder, selon nous, que
comme une variété remarquable.
! 20. SPiRÆA TOMENTOSA, foliis tomentosis , ovato-lan-
ceolatis, serratis ; floribus paniculatis.
Spir. tomentosu. Linn. Sp. PI. I, p. 489. — Reich. Syst. PI. IT, p.
520. — Mœnch Meth. 662. — Willd. Sp. PI. I1, p. 1056. — Mich. Fi.
Bor. Amer. 1 p. 293. — Poir. Dict. VIE, p. 350. —Pers. Synops. IL p.
46. — Nutt. Gen. Amer. 1. p. 307. — Willd. Enum. 1 p. 540. —Pursh,
F1. Aw. Sept. I. p. 341. —Elijah Mead in Med. Reposit. VI, p. 256-272
cm icone. — Link Enum. Berol. alt. El. p. 39.
ÆHab. in Canadà et occidentalibus montosis Americæ
septentrionalis (Mich. — Pursh. 1. c.)
Floret junio, carpella perficit augusto. (V. V. C. in
hort. Paris.)
Trutex 3-4 pedalis. Rami teretes, tomentosi, cortice fusco. Fou
penninervia, ovato-lanceolata, 12-20 lineas longa, 6-12 lineas lata, ab
apice propè ad basin usquè inæqualiter serrata, facie glabriuseula,
( nervis attamen basi obsoletè tomentosis ), viridia, dorso albida, to-
mentosa, nervis prominentibus; petiolus semiteres, 3 lineas longus,
utrinquè tomentosus. Flores paniculati, paniculâ terminal, 3 uncias
longä, unciam et dimidiam latâ. Pedicelli brevissimi. dimidiam lineam
longi, tomentosi, bracteâ lineari tomentosi, tres lineæ quadrantes
long circa medium instructi. Calyx infundibuliformis, 5 fidus, tomen-
tosus ; tuho obconico, dimidiam lineam longo ; sgmentis ovatis, acutis
dimidiam lineam longis, trinerviis, utrinquè tomentosis, primüm
erectis, demüm reflexis. Petala 5, segmentis calycinis paulo longiora ,_
ob$oletè venosa, exunguiculata, lalè ovata, rosea. S'tamina 20 ; fiia-
mentis simplici serie dispositis, capillaribus, roseis, petala æquantibus,
lincam longis ; antheris roseis. Disci margo viginti crenatus, albidus.
Ovaria 5-6 tomentosa, dimidiam lineam longa, attenuata in s{ylum
ovario æqualem, glabrum , teretem, latere interiore secundüm longitu-
dinem canaliculatum, roseum, apice truncatum. Ovula8, appensa ,
teretiuscula, longa. Carpella tot quot ovaria , tomentosa, lineam longa,
dimidiam lineam lata.
21. SriRÆA cauLosA, folis lanceolatis acutis , ser-
rats, subvillosis; paniculà decomposità , subfastigiatà
( 374 )
Spir. Japonica. Linn. Fil. Supp. 262. — Spir. callosa Thunb. Ft.
Jap. 209. — Wild. Sp. pl. IL. p. 1056. — Poir. Dict. VIL. p.351. —
Pers. Synops. IL. p. 46.
Crescit in insu!à Nipon. — Floret junio.
Caulis fruticosus , ramosus. Rami et ramuli alterni, subteretes , vil-
losi, ATOS APRES erecli. Folia petiolata, alterna, elliptica , acuta,
inæqualiter serrata , serraturis remotis et ee inferiora wilèca
imprimis nervis, suprà viridia , subtüs glauca, nervosa, erecta sesqui-
pollicaria. Petioli lineam longi, semi-teretes, basi extüs callo utrinqué
glabro, rubente. Flores terminales, paniculati, rubri. Panieula suprà de-
composita, subfastigiata. Pedunculi et pedicelli villosi, Diflert a Sir.
tomentosa : foliis villosis nec tomentosis. (Descript. ex Tauxn., L e.)
22, SPIRÆA CÆRULESCENS, frutescens, foliis subsessili-
bus, lanceolato-oblongis , integris, subcærulescentibus ;
paniculis axillaribus, ramosis.
Spir. cærulescens. Poir. Dict. VIL, p. 350.
Ses rameaux sont grêles, ligneux, élancés, glabres, un peu anguleux,
garnis de feuilles presque sessiles; les nes opposées, d’autres alternes,
étroites, lancéolées, longues au moins de trois pouces, sur six lignes de
large, aiguës à leurs deux extrémités, entières à leurs bords, vertes en
dessus, un peu blanchâtres en dessous; passant par la dessiccation à
une couleur bleue assez vive, surtout à leur face supérieure; traversées
par une nervure saillante, et par d’autres latérales à peine sensibles.
Les fleurs sont disposées dans l’aisselle des feuilles supérieures en pa-
x
nicules courtes à cime touffue ; les ramifications munies à leur base
d’une petite bractée linéaire entière ; les calices glabres, à cinq décou-
pures courtes, presqu’obtuses; la corolle blanche, un peu plus longue
que le calice; les pétales obtus; les étamines plus courtes que la co-
rolle. Je ne connais pas le fruit. Cette Plante a été recueillie dans les
Indes par Sonnerat. (Descript. ex Pon., 1. c.)
23. SPIRÆA piscoLor, foliis ovatis, lobatis, dentatis, sub-
plicatis, subtüs niveo-tomentosis, paniculis terminalibus
peduneulatis, ramosissimis — ( Pursh. 1. c. )
Spir. discolor. Nutt. Gen. Amer. 1, p. 307. — Pursh. KI. Amer.
Sept. ed. 2. 1, p. 342. — Poir. Dict. suppl. V, p. 222.
Hab. ad ripas fluminis Kooskoosky. (Pursh. I. c.)
Floret junio julioque ( Pursh. I. c.)
(375) À
AE 2
Frutex. Folia pinnatifida, stipulata. Discus totus cùm
tubo calycino concretus. Ovarra 5 coalita.
24. Srmxa sorsiroLrA , foliis impari-pinnatifidis, fo-
hiolis oppositis , sessilibus , ovato-lanceolatis , duplicato-
serratis ; floribus paniculatis, thyrsoideis.
ax Vuilgaris.
Spir. Sorbi folio. Amm. Stirp. Rar. Ruth. 186, n° 264.
Spir. foliis pinnatis , foliolis uniformibus serralis, caule fruticoso , flori-
bus paniculatis. Gmel. F1. Sib. IL, p.190, n° 51, tab. go. Spir. pin-
nata Mœnch Meth. 662. — Spir. sorbifolia. Linn. Sp. PI. I, p. 490. —
Reich. Syst. PLIL, p. 522. — Pall. FI. Ross. Ï, p.38, tab. XXIV.
— Willd. Sp. PI. II, p. 1060. — Poir. Dict. VIL, p. 355. — Pers.
Synops. 11, p. 46. — Nutt. Gen. Amer. 1, p. 307. — Pursh. FI. Amer.
Sept. ed. 2, I, p. 342.— Link Enum. Berol. alt. IE, p. 40.
Hab. ad orientem jugi Ferchoturiensis, in ripis Turæ
aliorumque fluentorum inter montes versus Sibiriam
descendentium , in Dauriæ vallibus, in totà Sibirià orien-
tali, in Kamichatkà ( Pall. 1. c. ), in Americà septen-
trionali (Pursh. L. c.)
Floret junio, carpella perficit augusto (V. V. C. in
hortis Paris. )
Frutex 3-4 pedalis. Rami teretes, virides, villosiusculi, pilis stella-
tis; superiores herbacei, annui. F’olia caulina impari-pinvatifida, fo-
holis 7-19, oppositis, sessilibus, ovato-lanceolatis, acuminatis, dupli-
cato-serratis, 1-2 uncias longis, 5-8 lineas latis , utrinquè glaberrimis,
peuninerviis, ad nervos transversales subtüs elevatis, suprà carinatim
impressi; Petiolo communi semitereti, facie canaliculato, basi in-
crassato, 5-o uncias Jongo; Æolia basi ramorum floriferorum inserta
sessilia, ovato-lanceolata, integra, vel duo-trilobata, acuminata ,
serrata , margine pilosiuscula, pilis stellatis. S'éipuleæ petiolares, gemi-
næ , laterales, erectæ, in petiolum attenuatæ , lanceolatæ, acuminatæ,
serratæ, 5-6 lineas longæ. #lores paniculati, paniculis multifloris ,
thyrsoideis. Ped'celli teretes , glabri , 2 lineas longi, unâ alterâve brac-
(376)
teolâ circa medium instructi, et prætereà basi suffulti folio rudimen-
tali lincari-lanceolato, stipulis duabus aucto ; bracteolis, folio rudi-
mentali, et stipulis margine stellato-ciliclatis. Calyx infundibulifor-
mis, 5 fidus, lineam et dimidiam longus, viridis, glaberrimus ; tubo
obconico , enervi; segmentis ovatis, obtusis, tres lineæ quadrantes lon-
gis, margine hinc indè ciliolatis, primüm erectis, demüm reflexis.
Petala 5, segmentis calycinis longiora, quinque lineæ quadrantes longa,
patentissima , reflexa, elliptico-obovata, basi in unguem attenuata,
nivea , obsoletè venosa. Sramina 34-40 ; filamentis duplici serie dispo-
sitis, capillaribus , albis , petala superantibus , exterioribus, præsertim
illis quæ cûm petalis alternant , 2 1/2 lineas longis, interioribus dimi-
dio brevioribus ; antheris albidis. Discus totus cùm tubo calycino con-
cretus. Ovaria 5, rarius 6, coalita (!), ( ergo ovarium unicum 5-6
loculare), brevissimè stipitata , pubescentia , dimidiam lineam longa,
apice attenuata in stylum pauld longiorem, calycis tubum superan-
tem, teretem, glabrum, latere interiore secundüm longitudinem cana-
liculatum, apice incrassalum et dilatatum. Ovula 8-9-10, appensa,
teretiuscuia, longa. Carpella tot quot ovaria , libera , lineam longa,
dimidiam lineam lata, puberula.
B Alpina.
Spir. sorbifolia var. & Alpina. Pall. FI. Ross. I, p. 38, tab. XXV.
— Wild. Sp. PI. IL, p. 1060. — Poir. Dict. VIf, p. 355. — Pers.
Synops. Il, p. 46. £
Hab. ad lacum Baical. Floret junio (Pall. 1. c.)
( V.S.S. in herb. Lessert. )
Frutex humilis. (Pall. 1. c.) Differt à var. à : folis minoribus, inciso-
serratis ; //oribus paniculatis, paniculâ laxâ , corymbosÀ ; petalis duplo
majoribus ; pilis simplicibus.
pa.
Herba. Folia supra decomposita. Supulæ nulle. Discus
apice liber crassissimus. Ovaria libera.
25. SpirÆa Aruncus, foliis suprà decompositis ; flori-
bus racemosis, racemis paniculatis.
a Vulgaris.
Barba Capræ. Yourn. Inst. 265. — Spir. folis supra decompositis,
( 397 )
spicis paniculatis , floribus dioicis. Gmel. F1. Sib. LI, p. 192, n° 57. —
Spir. Aruncus. Linn. Sp. PL. I, p. 490. — Scop. FI. Carn. I, p. 350.
—Reich. Syst. PL. IT, p. 522.—Pall. FI. Ross. 1, p. 39, tab. XX VI. —
Thunb. FI. Jap. 211. — Host. Synops. PI. 298. — Willd. Sp. PI. IE,
p. 1060. — Mich. FI. Bor, Amer. I, p. 294. — Poir. Dict. VIL. p. 355.
— Pers. Synops. LT, p. 46. —'Nutt. Gen. Amer. I, p. 307. — Marsch.
FL. Taur. Cauc. 393.— Willd, Enum. I, p. 542. — Schult. OEsterr. F1.
II, p.65. — DC. El. Fr. IV, p. 470. — Pursh. F1. Amer. Sept. ed. 2.
X, p. 343.—Joann. et Car. Presl. F1. Cechica. 101.— Link Enum. Berol.
alt. IL, p. 4o. Ë
Hab. in sylvis montosis Pyrenxorum , Jurassi , Ar-
verniæ , Vogesorum (DC. ]. c.), in Alpibus Sibi-
riæ, in Daourià, in Kamtchatkà, in Caucaso ( Pall.
L. c. }, in montibus Virginiæ, Carolinæ et Georgiæ (Mich.
1. c.), in montibus Fakoniæ ( Thunb. 1. c.), in montanis
Austriæ ( Host. |. c.). Floret junio, carpella perficit au-
gusto (V. V. C. in Hort. Paris.)
Herba 2-3 pedalis, perennis. Caulis diffusus , teres, glaberrimus ,
viridis. Folia suprà decomposita, pinnis pinnatifidis , 3-5 foliatis ; fo-
liolis inferioribus et intermedüs petiolalatis, superioribus sessilibus ,
omnibus ovato-oblongis, acuminatis , basi inæqualiter subcordatis ser-
ratisque, utrinquè glaberrimis, penninervis; foliola in foliis radicali-
bus caulinis cæterùm similia at forma generali ovata, incisa , imd non-
nunquäm basi hinc ad nervum medium usquè unilobata. Petiolus
communis basi semi-teres , facie canaliculalus, propè insertionis punc-
tum incrassätus. Stipulæ nullæ. Flres abortu dioici, racemosi; racemis
alternis, multifloris, gracihibus, paniculatis , pubescentibus, paniculæ
ramis aphyllis. Pedicelli teretes, brevissimi, vix dimidiam lineam
Jongï, albi, apice bracte4 lineari-lanceolat4, viridi, persistente, li-
neam longâ instructi. Calyx campanulatus , 5 fidus, albidus, glaber-
rimus , obsoletè venosus ; tubo hemisphærico dimidiam lineam longo ;
segmentis ovatis, acutiusculis, erectis, lineæ quadrantem longis.
Petala 5, segmentis calycinis longiora , tres lineæ quadrantes longa,
obovata, apice aut retusa aut emarginata, basi in unguem attenuata,
albida , venä unicä longitudinali notata. Stamina 20, simplici serie in-
serta ; filamenta in flore masculo petalis duplo longiora , lineam et di-
midiam longa ; in fæmineo 173 lineam longa ; antheræ albidæ. Discus
totum calycis tubum occupans, carnosus, crassus, viginti crenatus ,
(378 )
apice vix aut non exsertus, aded fugax ut in floribus siccis vix ejus
rudimentum supersit , recens ovaria citissimè cingens, ovaria floris
masculi ferè ad apicem usquè tegens. Ovaria 3 rariùs 4 glaberrima ; in
flore masculo ovoidea , quadrantem lineæ longa, attenuata in stylum
teretem , ovario æqualem ; in fæmineo oblouga, triquetro-teretiuscula,
vix lineam longa, glaberrima, attenuata in sty lum quadruplo brevio-
rem, citissimé exsiccatum et reflexum.Ovula'in flore masculo abortiva ;
in fæmineo 5, appensa, teretiuscula, longa. Carpella in flore fæmineo
tot quot ovaria, lineam et dimidiam longa ; dimidiam lineam lata, gla-
berrima ; in masculo abortiva.
B Americana.
Spiræa Aruncus. Var. 8. Americana. Mich. Fi. Bor. Amer. 1,
p- 294. — Poir. Dict. VII, p. 355. — Pers. je us IE, p. 46. —
Pursh. F1. Am. Sept. ed. 2. I, p. 342.
.. Habitat in montibus Pensylvaniæ et Georgiæ (Pursh).
(V. S.S. in herb. Richard. )
Herba habitu caulique similis varietati 2. Folia utrinqué lucida.
Flores hermaphroditi ; pedicelli 172 lineam longi, puberuli, basi ins-
tructi bractei lineari-lanceolat4, persistente, lineam long. Calyz
campanñulatus, 5 fidus, glaberrimus , tubo hemisphærico, dimidiam
lineem longo ; segmentis erectis, ovatis, obtusis, dimidiam lineam
longis. Discus incrassatus, totum calycis tubum occupans, crenatus.
S'tamina 20 ; filamentis capillaribus, erectis, Hneam et dimidiam lon-
gis; antheris minutis. Petala non vidi. Ovaria 2 rariûs 3, lineam longa,
glabriuscula, oblonga, teretiuscula, attenuata in stylum quadruplo
breviorem , apice truncatum. Ovula 5-6, appensa, teretiuscula, longa.
Carpella non vidi. e
Sectio II, — ULmarr4.
Herbæ perennantes. Folia stipulata pinnatifida, pinnulæ aliæ
magne, aliæe parvulæ intermixtæ. Flores cYMOST , CYMiS um-
bellatis. Discus obsoletus. Stylus clavatus, retr oflexus , glaber.
Opula 2 , circu mediam ovarii suturan: affixa, appensa, oblon-
ga, teretiustula. Carpella ovario vix duplo majora, erecta (in
solà Spir. Ulmaria contorta), rostrata, pericarpio chartaceo.
26. Srimxa Fuipenouza, foliis pinnaufidis, foliolis
( 379)
majoribus lanceolatis, 7-9 lobatis, lobis serratis, ser-
raturis rigidè ciliatis.
« Vulgaris.
Ænanthe Filipendule. Lobel Jean. tab. 891. — Filipendula vulgaris.
Clus. Rar. PI. Hist. lib. VI, p. 211. Dodoens. Pempt. p. 56. —
Magnol. Bot. Montp. 98. — Tournef. Inst. 293. — Mœnch. Meth.
PL. 662. — Spir. folis pinnatis, foliolis uriformibus serratis, caule her-
baceo, floribus cymosis. Gmel. FE Sib. HI, p. 191, n° 82.— Spir. Fili-
pendula. Linn. Sp. PI I, p. 490. — Gouan. Hort. Monsp. 244. —
Ejusd. F1. Monsp. 262. — Scop. FI. Carniol. 1, p. 350. — Reich, Syst.
PI. II, p. 523. — Linn. Fil. Suppl. 262. — Pall. FI. Ross. I, p. 30. —
Host. Synops. 278.— Willd, Sp. PI. I, p. 1061. — Gouan. Mat. Med.
193. — Smith. F1. Brit. IL, p. 535. — Poir. Dict. VIL, p. 356. — Pers.
Synops. IL, p. 46. — Willd. Enum. I, p. 542. Schult. Œsterr. FI.
Il, p. 65. DC. FI. Fr. IV, p. 478. — Link Enum. Berol. alt. II,
p: 40.
[ab. in totæ Europæ sylvis pratisque umbrosis.
Floret junio, carpella perficit augusto ( V. V.S.). Va-
riat flore pleno.
Radix fusiformis, fibras plures per intervalla coarctatas, seu moni-
liformes , emittens ; fibrarum articuli subsphærici. Caulis herbaceus,
bipedalis, teres, striatus, glaberrimus. Folia stipulata, glaberrima; ra-
dicalia 7-9 uncias longa, foliolis numerosis , alternis aut rarissimè op-
positis, sessilibus alterné minimis digitato 3-7 lobatis, alternè elon-
gatis , lanceolatis, pinnatifidis, Ichis serratis, serraturis rigidé ciliatis ;
caulina breviora. cæterüm radicalibus similia. Petiolus communis
foliorum radicalium et caulinorum glaberrimus , triangularis, tribus
faciebus canaliculatus. Stipulæ semiamplexicaules, semicirculares ,
petiolo adherentes, inciso-dentatæ. Flores cymosi, cymis umbellatis,
terminalibus. Pedicelli teretes , glaberrimi , 2-4 lineas longi, plerum-
que nudi, rarissimé bracteA lineari-lanceolatä , brevissimA, viridi,
- suprà medium instructi. Cal;-x infundibuliformis, glaber, 5-6- fidus,
2 lineas longus ; tubo obconico 10-12-14 nervi; segmentis ovatis, dorso
rubellis, apice truncatis, integris vel emarginatis, primd erectis, de-
mm reflexis. Petala 5-6-7, obavata, unguiculata , nivea, margine
aliquandd rubella, segmentis calycinis duplo longiora, 2 172 lineas
longa , palmivenia. Stamina 36-38-40 ; filamenta nervis tubi calycini
suprà medium alia super alia seriatim inserta , petalis pauld breviora,
( 380 )
2 lineas longa; antheræ cereæ. Discus nullus nisi costæ decem a
calycis fauce ad ejus basin ductæ, costis 5 segmentis calycinis op-
positis, 5 alternis. Ovaria 9-12 axi libera, per facies laterales
conniventia, sæpè per paria vel ternatim coalita (ovaris tunc di-
trigynis, trilocularibus) , pubescentia, dimidiam lineam longa, ob-
longa, attenuata in stylum brevissimum , clavatum, reflexum, basi
pubescentem, apice incrassatum, emarginatum. Carpella tot quot ova-
ria, libera , erecta, apice rostrata, pubescentia.
8 Minor.
Filipendula minor. Magnol. Bot. Monsp. 98. Tournef. Inst. 293. —
Spir. filipendula. Far. R minor. Gouan. FI. Monsp. 262. — Wilid.
Sp. PL. IE, p. 1061.— Poir. Dict. VIL, p. 356.
Habitat in locis aridis circa Monspelium. (V. V.S.)
Differt à varietate &, cauli humiliori.
7 Pubescens.
Spir. pubescens. DC. F1. Fr. Suppl. 546.
Habitat in Gallo-ProvinciA circa Fonchateau. ( Guibert.)
Differt à varietate «, foliis pilosis (ex DC. I. c.)
Oss. Cette plante qui, d’après la description de
M. De Candolle, ne se distingue de la filipendule ordi-
naire que par ses feuilles couvertes de poils courts et
serrés, ne mérite pas de former une espèce distincte.
Elle a été découverte dans les collines de la Provence
occidentale, entre Tarascon et Fonchateau, par M. de
Guibert-la-Bastide qui l’a cultivée de graines pendant
deux ans, et ne l’a point vue perdre aucun de sescaractères.
27. Sprmæ4 Urmaria, foliis pinnatifidis, pinnis majo-
ribus duplicato-serratis, inferioribus ovatus, terminali
profundè trilobo.
« Denudata.
Bardicapra et U Imaria vulgi. Lob. Icon. tab. 869. — Ulmariai Clus.
Rar. PI. Hist. lib. VI, p. 198. — Tournef. Inst. 265. Aegina prati.
Dodoens. Pempt. 59. — Ulmaria palustris. Mœnch. Meth. PI. 662. —
Spir. foluis pinnatis impari majore lobato ; floribus cymosis. Gmel, FI.
|
(CL 38r )
Sib. p. 191, no 53.— Spir. Ulmaria. Linn. Sp. PI. I, p. 490. — Gouan.
Hort. Monsp. 245. — Ejusd. F1. Monsp. 262. — Linn. Fil. Suppl. 262.
— Reich. Syst. PL. II, 523. — Pall. FI. Ross. I, p. 40. — Host. Synops.
258. — Willd. Sp. PI. IL, p. 1061. — Gouan. Mat. Med. 193. —
Smith. Fl. Brit. IL, p. 536.— Poir. Dict. VII, p. 356.— Pers. Synops.
LL, p. 47. — Marsch. F1. Taur. Cauc. 393. — Willd. Enum. I, p. 542.
— Schult. OEsterr. FI. II, p. 65. DC. F1. Fr. IV, p. 478. — Link
Enum. Berol. alt. If, p. 40. — Spir. denudata. Joann. et Carol. Presl.
FI. Cechica, ro1,
Hab. in totæ Europæ pratis humidis.
Floret junio julioque; carpella perficit augusto
(VE: S.). Variat flore pleno.
Radix fusiformis, incrassata, fibrosa; fibris numerosis, elonga-
tis. Caulis herbaceus, bi-tripedalis, erectus, angulatus, glaberri-
mus. Folia alterna, stipulata, pinnatifida; pinnis majoribus 6-7,
suboppositis, sessilibus, 12-18 lineas Longis, 8-12 lineas latis, penni-
nerviis, ovatis, acutis, duplicato-serratis, subangulatis, utrinquè
glabris, facie obscurè viridibus , dorso glaucis ; inferioribus indivisis ,
terminali profundi trilobo; minoribus numerosis interjectis. Peduncu-
lus communis 5-5 uncias longus, semiteres , facie canaliculatus. #W4i-
pulæ cordatæ, semiamplexicaules, acutæ, dentatæ. flores cymosi,
cymâ composit4, cymis partialibus r 172-2 uncias latis. Calyx campa-
pulatus , profundè quinquefidus , tres lineæ quadrantes longus ; tubo
extùs pubescente, intùs glabro; segmentis tubo longioribus, dimidiam
lineam longis, ovate lanceplalis, acutiusculis, dorso puberulis, facie :
glabris, trinerviis, reflexis. Petala 5, subelliptica, abrupté in unguem
gracilem attenuata, palmivenia, segmentis calycinis duplo longiora ,
lineam longa , alba. S'tamina »0, simplici serie disposita ; capillaribus
petalis paulè longioribus, quinque lineæ quadrantes longis ; antheris
cereis. Discus nullus nisi coslæ decem à calycis fauce ad ejus basin
ductæ, costis b segmentis calycnis oppositis, 5 alternis. Ovaria
5-9, subfalcata, glaberrima, axi libera , lateribus conviventia et
aliquandd coalita, dimidiam lineam longa , apice ex latere interiore
producta in stylum horizontaliter reflexum , ovario breviorem , ulava-
tum ;apice valdè incrassatum, latere interiore canaliculatum, Ovula 2,
appensa, ovoideo-oblonga. Carpella tot quot ovaria contorta , glabra,
lineam longa , dimidiam lineam lata.
8 Tomentosa.
Spir. Ulmaria Joann. et Carol Presl. FI, Cech. 1or.
( 382 )
Habitat in Europæ pratis humidis passim cûm præce-
dente ( V. V. S.) |
Differt à varietate «, folüs subtüs albido - tomentosis,
floribus aliquandd roseis.
Ors. Cette variété a ordinairement des fleurs blanches
comme la précédente, et n’en diffère que par ses feuilles
tomenteuses en dessous, caractère qui, comme nous avons
eu occasion de l’observer, se perd par une foule de
nuances dans le type ordinaire. M. Pres! dans sa Flore
de Bohème nous apprend qu’elle a des fleurs roses ; il
lui conserve le nom de Spir. Ulmaria , donnant à la va-
riété qui a des feuilles glabres en dessous le nom de Spir.
denudata. Les caractères par lesquels il propose de les
distinguer nous paraissent de trop peu de valeur et mé-
ritent à peine d’en faire deux variétés remarquables.
28. SrimæA piciraATA, foliis pinnatifidis, pinnis majo-
ribus incisis, duplicato-serratis, lobatis (lobis cuneatis),
inferioribus, 3-5 lobis, terminali 5-8 lobo, omnibus sub-
ts tomentosis. À
Uimaria foliis profundè laciniatis ; Amm. Stirp. Rar. Rath., p. 74,
n° 97.— Spir. folio imparti majore multifido. Gel. FI, Sib A, p.193,
n° 56.—45 pir palmata Pall. FI. Ross. I, p. 40, tab. XXVIL.— Sir, digi-
tata NWillid. Sp. PL. IT, 1062. — Poir. Dict. VIL, p. 358. — Pers.
Synops. , p. 47:
Hab. in Daouria, rarior ad Jeniseam ; in omni Sibirià
orientali usque ad mare excurrit (Pall. 1. c, )
Floret julio (Pall. 1. c. ) (V.S. 8. in herb. Lessert: )
Herba. Rami pubescentes, canaliculati. Æolia stipulata, pinnati-
fida, pinnis majoribus 5-7, oppositis, sessilibus, lobatis (lobis cunea-
tis, acuminatis ), facie glabriusculis, dorso albido - tomentosis ; du-
plicato serratis, pinminerviis, nervis subtüs prominentibus; inferiori-
bus 3-5 lobis, 1-2 172 uncias longis , 8-16 lineas latis ; terminali pal-
mato profundèé 5-8-lobo , tres nncias longo, quatuor uncias lato ; mi-
(383 )
noribus raris , parvissimis, vix lineam longis interjectis. Petiolus com-
munis 2-6 uncias longus, pubescens, canaliculatus. Stipulæ reniformes,
semi-amplexicaules, subrotundæ, 6 lineas longæ , totidem latæ, mar-
gine denticulatæ. Flores cymosi, radis 3-5, umbellatis. Pedicelli
teretes, puberuli, 1-3 lineas longi, ebracteati. Ca/yx camparulatus,
5-fidus, puberulus ; tubo obconico decemnervi, dimidiam lineam
longo ; segmentis ovatis, obtusis, dimidiam lineam longis, lineæ qua-
drantem latis, trinerviis, extüs puberulis, intüs glabris. Petala 5-6
segmentis calycinis triplo longiora, lineam et dimidiam longa, lineam
lata, ovata, in unguem gracilem attenuata, alba , palmivenia. Sta-
mina 20 ; filamentis simplici serie dispositis ,. capillaribus, lineam et
dimidiam longis ; antheris cercis. Discus nullus, nisi costæ decem à
calycis fauce usquèé ad'ejus basim ductæ. Ovaria 5-9, pilosiuscula,
subfalcata, axi libera, lateribus conniventia, tres quadrantes lineæ
longa, apice ex latere interiore producta in stylum horizontaliter re-
flexum, ovario breviorem , clavatum , puberulum , apice valdè incras-
satum, latere interiore canaliculatum. Ovula 2, appensa, ovoideo-
oblonga. Carpella tot quoi ovaria , erecta, apice rostrata , lineam et
dimidiam longa , dimidiam lineam lata.
29. SrIRÆA LOBATA, foliis pinnatifidis, pinnis majoribus
incisis, duplicato-serratis, lobatis (lobis cuneatis), in-
ferioribus trilobis, terminali 5-7 lobo, omnibus gla-
berrimis.
Spir. lobata. Jacq. Hort. Vindob. I, p. 38, tab. 88. — Mich. Flor.
Bor. Amer. I, p. 294. — Poir. Dict. VII, p. 358. — Pers. Synops.
U, p. 47. — Nuït. Gen. 1, p. 307. — Wild. Enum. 1, p. 542. —
Pursh FI. Amer. sept, ed. 2, I, p. 343. — Link Enum. Berol. alt.
11, p. 40.
Hab. in pratis bumidis Virginiæ et Carolinæ septen-
trionalis ( Mich..….. Pursh. 1. c. ) Floret julio, carpella
perficit augusto. (V. V. C. in hort. Paris.)
Caulis herbaceus , sesquipedalis, glaber, erectus, teretiusculus , Iæ-
vis, viridis, apice rubellus. Folia stipulata, pinnatifida , pinnis majori-
bus 5-7, oppositis, lobatis (lobis cuneatis), sessilibus, glaberrimis, inci-
sis, duplicato-serralis, penvinerviis, nervis subtüs prominentibus; infe-
rioribus trilobis, 1-3 uncias longis, 8-20 lineas lâtis, terminali profundi
5-7 lobo, 3-4 uncias longo , 4-5 uncias lato; minoribus raris, parvissi-
mis, vix lineam longis interjectis. Petiolus communis 2-3 uncias longus,
(384)
laberrimus , semi-teres, facie canaliculatus et rubellus. S'tipulæ reni-
formes, semi-amplexicaules, subrotundæ, 8 lineas longæ, totidemlatæ,
margine denticulatæ. #lores cymosi, radiis 8-10, umbellatis. Pedicelli
teretes, glaberrimi, rubelli , 1-3 lineas longi, ebracteati. Calyx campa-
nulatus, 5-fidus, glaber ; tubo obconico, dimidiam lineam longo, enervi;
segmentis ovatis, obtusis, dimidiam lineam longis, enerviis. Petala5 ,
segmentis calycinis duplo longiora, lineam longa, rosea, rotunda obso-
leté venosa. S'iamina 36-40, filamentis absquè distinctis seriis disposi-
tis, capillaribus, petala æquantibus, lineam longis , antheris roseis.
Discus nullus nisi costæ decem à calycis fauce ad ejus basin ductæ.
Ovaria 12-14, glaberrima , subfalcata, axi libera, lateribus conniventia,
dimidiam Hineam longa, apice attenuata in stylum horizontaïiter re-
flexum, ovario breviorem, clavatum, apice valdé incrassatum , latere
interiore canaliculatum. Ovula 2, appensa, ovoideo-oblonga. Carpella
tot quot ovaria, erecta , apice rostrata, lineam longa, dimidiam lineam
lata, glaberrima.
Os. Cette espèce a les plus grands rapports avec le Spir..
digitata ; elle s’en distingue cependant par ses feuilles
glabres en desssous, par ses fleurs roses, par ses éta-
mines plus nombreuses, etc.
30. SpIRÆA PALMATA, foliis palmatis, serratis; pani-
culà suprà decomposità.
Spir. palmata, Thunb., Fi. Jap. 212. — Willd. Sp. pl. II, p. 1062.
Poir. Dict. VIE, p. 358.
Habit. in insulà Nipou. Floret junio julioque (Thunb.
lee
Caulis herhaceus, erectus, striatus, totus glaber. Folia alterna, petio-
lata, palmata, inciso-quinque-loba vel septem-loba, glabra, subtüs pal-
lida, venoso-reticulata, palmaria. Lobi cblongi, acuminati, acutè et
duplicato-serrati. Petiolus striatus, folio quadruplo brevior. Paricula
suprà decomposita. Hanc floribus rubris tetragynam inveni ( Descript.
ex Tauws., |. c.).
Os. On voit, d’après la description de Thunberg, que
cette espèce a les plus grands rapports avec le Spir. lo-
bata. Les auteurs qui ont écrit depuis la publication de
sa Flore du Japon nous paraissent n'avoir jamais connu
(385)
suivi leur exemple, en nous contentant d'appeler l’atten-
{tion des botanistes sur la grande analogie qui existe en-
[tre ces deux espèces.
31. SPIRÆA cAmrscHaricA, herbacea, foliis simplici-
{ter palmatis, petiolis appendiculatis , caule hirsuto,
Wpir. foliis multifidis, angulatis, fructibus rectis, hispidis, petiolis ap-
| pendiculatis. Gmel., El. Sib. IIL, p. 192, n. 55. — Spir. Camitschatuca ,
| Pal. F1. Ross. I, p. 41, tab. 28. — Willd. Sp. PI. II, p. 1062. — Poir.
| Dict. VIE, p. 357. — Pers. Synops. II, p. 47.
Tam in peninsulà CamtschaticA, quam Beringiü et reliquis versùs Ame
ricam posilis insulis frequens planta, ex Americ verosimiliter trans-
fuga, quippe quæ in omni Siberi4 nondüm apparuit. Provenit in pratis
udis, in salicetis et ad fluenta et fontes, ad decempedalem altitudinem
assurgens. Flores suaviorem vulgariU//maridodorem spirant. Floret junio,
:
|
x
sémina augusto maturant. Radix crassa, extùs nigra, parenchimate albo.
Caules duo vel tres ex eâdem radice orgyales et ultrà, crassitie ad radi-
cem digitali vel pollicari. Folia radicalia amplissima sæpé pedali latitu-
dine et 8 pollices longa, subtüs piloso-exalbida, quinque-loba, lobis acu-
üs, duplicato-serratis. Petioli propè foliam stipulis aliquot minutis no-
tati ; cauliua folia similia, superiora triloba, summa subhastata vel lan-
ceolata ; stipulis ad ortum peticlorum insignibus, lanceolatis vel semi-
cordatis, dentatis. Caulis subtriquetro-teretiusculus, pilosus, profandé
sulcatas. Cyma terminalis ramosa, sparsa, speciosissima. Ælores pauld
majores U lnariæ, petalis 5, ovatis, albis. Calyx quinquefidus, pilosus ;
laciniis reflexis. $'tamina vigenis pauciora, sæpè denario numero ; Ger-
mina 4-ad 6, hirsutissima; Stylo subcapitato, staminibus breviore,
Capsulæ siliculiformes , parallelæ, pilis hispidæ , griseæ, dispermæ, in-
terdûm unicä tandem perfectà ( Descript. ex Pazr. |. c.).
Sectio III. —Paysocarros.
Frutex. Folia indivisa, stipulata. Discus tenuis cùm tubo ca-
dycino tota concretus. Stylus erectus, filiformis , glaber. Ovula
12-53, circa mediam suturam axilem ovarii affixa, ovoidea, pri-
müm horizontalia, demüm altero appenso reliquis ascenden-
1. 25
( 386 )
tibus. Carpella inflata, ovario sextuplo majora , pericarp io
flexili, membranaceo.
23. Spmæa opuLiroLrA, foliis ovatis, trilobatis, stipu-
latis, utrinquè glabris, palminerviüis; floribus corym-
bosis.
Spir. Opuli folio., Tournef. Inst. 618. — Spir. opulifolia, Linn., Sp.
PI. E, p. 489. — Reich. Syst. PI. IE, p. 522. — Gaertn. de Fruct., I, p.
337, tab. Go, fig. 5 (medioc.). — Mœnch. Meth. PI. 662. — Willd., Sp,
PI. I, p. 1056. — Mich. FI. Bor. Amer. L, p. 293. — Poir. Dict. VI,
p. 354. — Pers. Synops. IE, p. 46. — Nutt. Gener. Amer. I, p. 307.—
Willd. Enum. I, p. 542. — Pursh, FI. Amer. septent., edit. sec. I, p.
432. — Link, Enum. Berol. alt. IL, p 40. 1
Hab. à Canadà ad Carolinam juxtà montes (Mich. I. e.)
Floret maio, carpella perficit julio (V. V. C. in hort.
Paris.)
Lrutex 4-5 pedalis. Rami teretiuseuli, fuscescentes, glabri ; novelli an-
gulosi, virides. Folia stipulata, ovata , nunc cordata, nunc basi integra
aut attenuata, 2-172 uncias longa , totidem lata, triloba, lobis dentato=
crenatis, utrinquè glabra, facie viridia, dorso pallidula, palminervia,
nervo medio penninervio. Petiolus 5-6 lineas iongus, semi-teres, facie
canaliculatus. Stipulæ peliolares, geminæ, laterales , fanceolatæ, mas
gine denticulatæ, petiolo sextuplo breviores. Flores corymbosi, coryms
bis hemisphæricis , pedunculatis ; pedicelli teretes , nunc glabri , nune:
eximiè pubescentes, 7-12 lineas longi, basi bracteati, bracteâ lineari
lanceolatA , integr , rarissimè incisÀ, ciliolatâ. Calyx infundibulifor-
mis , 5-6 fidus, 2 lineas longus ; tubo obconico , glabro, decemnervi;
segmentis ovatis, mucronatis, uninerviis, dorso glabris, facie villosis;|
margine membranaceis, ciliatis, primüm erectis, adpressis , demüm
reflexis. Petala 5 (in calyce 6 fido, 6), segmentis calycinis duplo
longiora , 2 lineas longa, subrotunda, exunguiculata, nivea, obsoletè|
venosa, S'tamina 4o-5o; filamentis duplici serie dispositis, capilla-M
ribus 2 172 lineas longis, petala superantibus; antheris primüm rubellis,
demüm violaceis. Discus : materia tenuis, aurantiaca, cùm tubo caly-|
cino tota concreta. Ovaria 3-4, rariüs 5 , stipitata (stipitibus connatis!
ovaria subæquantibus }), per facies interiores conniventia, obtusè tri-|
quetra, lineam longa, glaberrima, line suturali duplici notata , citis-|
simé in carpellorum formam excrescentia , apice attenuata in stylum) :
|
duplo longiorem, rectum, erectum , teretem, glabrum, apice trunea-)
L2
ll
( 387 )
turm. Ovula 3, rariùs 3, circa punctum medium suturæ axilis affixa,
ovoidea , primüm horizontalia, demüm altero appenso reliquis ascen-
dentibas. Carpella infiata, ovario sextuplo majora, vesicaria ( peri-
carpio membranaceo, purpureo ), bivalvia, fæta seminibus 2, rariüs 3.
S'emina ovoidea , lævissima, albida. Raphe simplex , rectilinea. Cha-
laza non visa. {nitegumentum proprium , durum, fragile. Mem-
brana interior (‘perispermum?}) crassiuscula. Radicula teretins-
cula , cotyledonibus quadruplo brevior. Cotyledones ellipticæ , planæ,
apice rotundatæ.
Sectio IV.— Gizrenra,
Herbæ perennantes. Folia tripartita, stipulata. Flores panicu-
. lati, paniculis laxis. Calyx urnæformis, quinquedentatus. Pe-
» tala lanceolata, longissima, æstivatione convoluta. Filamenta
brevissima. Discus nullus. Styl filiformes, erecti, glabri. Ovula
2, infra mediam suturam axilem ovarit alternatim affixa, as-
cendentia. Carpella calyce sub-inclusa, erecta, rostrata, pert-
carpio chartaceo.
33. SpiRÆA TRIFOLIATA , caule foliisque glabris, foiiis
radicalibus pinnatis, superioribus tripartitis; stipulis
parvulis, calyce basi attenuato, petalis glaberrimis.
* Spir. trifoliata. Lino. Sp. PI. I. p. 409. — Reich. Syst. PI. II,
“p. 524. — Willd. Sp. PI. IT, p. 1063. — Mich. FI. Bor. Amer. I,
p. 294. — Poir. Dict. VIF, p. 359. — Pers. Synops. Il, p. 47.—Willd.
Enum. 1, p. 542. — Pursh. F1. Amer. Sept. ed. 2.1 ,p. 343. — Link
"Enum. Berol. alt. Il, p. 40. — Güillenia trifoliat&. Mœnch. Meth.
Suppl. 286. — Nutt. Gen. Amer. I, p. 305. — Bart. Veget. Mat. Med.
D: p-65, tab. 5.
Hab. in umbrosis sylvis et montibus à Canadà usquè
ad ripas fluminis Ohio ( Barton, 1. c. )
Floret junio, carpella maturat augusto ( V. V. C. in
hort. Paris.)
Radix fibrosa, fibris radiatim horizontaliter excurrentibus, longis-
simis, teretibus, nonnullis torulosis, quasi moliniformibus. Caulis
herbaceus, 2-3 pedalis, glaber. Rami terétes sub ramificationibus com-
pressi, rubelli. Foa radicalia pinnata ; caulina tripartita , segmentis
[41
29
( 388 )
ad basin usquè divisis , lanceolatis, acutis, serralis, 1 172-2 172 unciag
longis, 6-8 lineas latis, glaberrimis, penninerviis, facie viridibus,
dorso pallidis. Petiolus lineam longus, semiteres, facie canalicula-
tus. Stipulæ petiolares, bipartitæ, latcrales, filiformes , margine den-
ticulatæ, lineam longæ. Flores paniculati, paniculâ lax ; pedicelli te-
retes , glaberrimi, 3-5 lineas longi, duabus bracteis lanceolatis, subu-
latis , lineam longis, margine dentatis, rubellis, cirea medium instructi.
Calyx urnæformis, 5-dentatus, glaberrimus ; tubo obconico, basi.
aftenuato , decemnervi, 2 lineas longo ; dentibus erectis, fasciculatim
conniventibus , ovato-lanceolatis, acutis, uninerviis , obsoleté triner-
vis, tres lineæ quadrantes longis, margine glanduloso-ciliatis. Petala
5, patentissima, 6 lineas longa , lineam lata, inæqualiter lineari , lan-
ceolata, acuminata et subcontorta, basi in unguem attenuata, roseo
ct albo mixta, quinquevenia , æstivatione convoluta. Siamina 20,
duplici serie disposita , inferiora à superioribus remotiuscula ; filamen-
ts subulatis, glabris, lineæ quadrantem longis. Æntheris introrsis, fla-
vescentibus, Ovaria 5, calyce tecta , ejusdem fundo inserta , sessilia ,
sericeo-pubescentia , tres lincæ quadrantes longa , obtusé triquetra,
apice attenuata in stylum lineam longum, erectum, rectum, teretem,
glabrum apice truncatum. Ovula 2, infrà mediam suturam axilem
ovaïii alternatim aflixa , ascendentià, obovoidea. Carpella 5, 2 172 li-
neas longa , lineam lata, calyce subinclusa, lineari-subfalcata, glabra aut
pilis raris inspersa, bivalvia, uno alterove gut tribus sæpè abortientibus.
Semina 2, totum loculamentum occupantia, superius plerumquè abor-
tivum , inferius obovoideum, pressione muluo hinc planum illinc con-
vexum. Integumentum proprium suberosum. Aaphe simplex. Cha-
laza mammæformis. Membrana interior { perispermum ?) tenuis, sub-
cornea , embryonem crassum involvens. Radicula teres, gracilis ,
cotyledonibus elliptico-linearibus, hinc planis illinc convexiusculis
triplo brevior. Plumula inconspicua.
34. Srinæa sripuLaTA, caule pubescente ; foliis omni-
bus tripartitis puberulis; stipulis magnis foliaceis, indivisis;
calyce basi rotundato ; petalis margine ciliatis (tab. 28).
Spir. stipulata. Muhlenberg. in Wild. Enum. 1, p. 542. —Poir. Dict.
Sappl. V, p. 221.— Link. Enum. Berol. alt. Il, p. 40. — Gillenia
stipulacea. Nutt. Gen. Amer. I, p. 307. — Bart. Veget. Mat. Med. I,
p. 713 tab. 6. — Spir. trifoliata. Far. £. incisa. Pursh. FI. Amer. Sept.
ed. 2. I, p. 343.
Hab. à ripis fluminis Ohio usquè ad Louisianam (Bart.
( 389 )
L c.). — Floret junio ( Bart. 1. €. } ( V. V.S. in herb.
Ad. Brongniart. )
ÆRami teretes, pubescentes. Folia alterna , lripartita, lobis lanceola-
tis, acutis, penninerviis, inciso-duplicato-serratis, 1 172-2 uncias
longis , 5-6 lineas latis, puberulis, margine secundüm totum ambitum
ciliolatis. Petiolus 2-3 lineas longus, puberuius. Stipulæ petiolares ,
foliaceæ, gemiuæ, ovatæ, basi inæquales, acuminatæ , 8 lineas longæ,
5 lineas latæ, inciso-serratæ, puberulæ. Rami floriferi axillares, pauci-
flori , folio longiores , in apicem caulis paniculam raram mentientes ;
pedicellis ex minuti folii axill4 nascentibus, filiformibus, teretibus,
puberulis, longiusculis, 6-12 lineas longis , sub apice bracteâ unA al-
terdve filiformi ciliat4 deciduf instructis. Calyx urnæformis, 5 denta-
tus , puberulus , tubo basi rotundato, quasi truncato, decemnervi,
lineam et dimidiam longo, dentibus erectis, ovatis, acutis, uninerviis,
dimidiam lineam longis, utrinqué glabris, margine lapuginoso-ciliatis.
Petala 5, patentissima , 4-5 lineas longa , lineam lata, inæqualiter H-
meari-lanceolata , acuminata et subcontorta, margine undulata, ciliata,
basi in unguem attenuata, albida ?, obsoletè venosa. S'tumina 20, du-
plici serie disposita, inferiora à superioribus remotiuscula, filamentis
subulatis , glabris, lineæ quadrantem longis, antheris introrsis, flaves-
centibus. Ovaria 5, calyce tecta, ejusdem fundo inserta, sessilia,
pubescentia, dimidiam lineam longa, obtusè triquetra, apice attenuata
in stylum tres lineæ quadrantes longum , evectum, rectum , teretem,
glabrum, apice truncatum. Ovula a, infrà mediam 'suturam axilem
ovari, alternatim aflixa, ascendentia, obovoidea. Fractus mihi ignotus.
Sectio V. — Kerr.
Frutex. Folia indivisa, stipulata. Flores solitarii, magni, (an
flore pleno ) lutei. Calyx profunde 5-fidus, hypocrateriformis.
Discus nullus? Styli erecti, contorti, filiformes, subulati, pilo-
siusculi. Opulum unicum , circa medium ovarium suturæ axili
affixzum , peritropum. Carpella contorta. ;
35. SriRÆA JAPONICA, caule fruticoso ramoso ; foliis oÿa-
to-lanceolatis, stipulatis, penninerviis, duplicato-serratis;
floribus solitariis, magnis , (in flore pleno } luteis.
Teito vulgo Jamma Buki. Kæmpf. Amæn. Fasc. V. p. 844.—Jamima
Buki alter, flore capitato, Bellidis majusculo, luteo, pleno, sine stamini-
( 390 )
bus. Ejusd. Amæn. Fasc. V, p. 845. — Rubus Japonicus, Linn. Mant. ,
245 — Reich. Syst. PI. IE, p. 535. — Corchorus Japonicus , Thunb. FI,
Jap., 227. — Wild. Sp. PI. 1, p. 1218. — Poir, Dict. IL, p. 105. —
Pers. Synops. IE, p. 67.— Andr. Bot. Repos, IX, t. 589.— Bot. Mag.
tab. 1296. — Keria Japonica, DC. Transact. Linn. Soc. Lond. XII,
p. 152. #pirœa Japonica. Desv. in Mem. Soc. Linn., Par. E, p. 25
Hab. in Japonià circa Nangasaki et alibi (Thunb.
L ©. ). Floret maio, junio, julioque ( V. V. C. flore
pleno in hort. Paris.)
Frutex 8-10 pedalis, ramosus. ami alterni, virgati, teretes, cortice
lævi virescente. lolia petiolata, slipulata, obsoleté cordata, ovato-Jan-
ceolata , acuminata; ramea superiora 3-4 uncias longa, 1 172-2 uncias
lata , ramea inferiora pauld minora ; omnia duplicato-serrata, penni-
nervia, nervis subtüs prominentibus, facie pilis raris inspersa, dorso pi-
losiuscula, pilis simplicibus. Petiolus semi-teres , facie canaliculatus,
3-5 lineas longus pilosiuseulus. Siipulæ axillares, geminæ, lineari-subu-
latæ, pilosiusculæ. Flores terminales, sæpiüs solitarii, lutei, unciam et
dimidiam lati ; peduneulo ævi. Calyx hypocrateriformis, profundé 5-
fidus, ferè 5-partitus, glaberrimus, tubo brevissimo, patentissimo ;
segmentis ovato - subrotundis, apice subtruncatis vel abruptè submu-
cronatis, æstivatione imbricatis. Petala totum talycis tubum ab apicem
ad ejus basin occupantia, numerosa , ovato-oblonga, unguiculata, au-
rea , palmivenia ; exteriora 8-9 lineas longa, 4 lineas lata; interiora
( filamenta petaloïdea ) multù breviora et angustiora. ÆFilamenta
omnia in petalis mutata. Ovaria 5, rariùs pauciora, libera, unilo-
cularia, fasciculatim approximata, in spiram torta, compressiuscula, ex
basi angustè ovoidea, apice attenuata in stylum longé subulatum, in-
fernè glabram, superné pilosiusculum , pilis longiusculis ( indè aflinitas
cùm Rosé et Calycantho) , apice indivisum. Ovulum unicum, circa me-
dium ovarium suturæ axili aflixum, peritropum, cordato-reniforme.
Carpella contorta, abortiva.
Plusieurs des espèces mentionnées ci-dessus n'exis-
tent, comme je l’ai déjà dit, dans aucune collection de
Paris. Parmi celles que j'avais désespéré de me pro=
curer était le Spir. argentea, publié par Linné fils, dont
la description a été évidemment copiée par tous les au=.
teurs qui l'ont suivi. Cette plante a été rapportée d’Amé-
|
( 391 )
rique par MM. de Humboldt et Bonpland, et M. Kunth
m'en a généreusement communiqué des fragmens.
Après les avoir étudiés avec tout le soin possible, j'ai cru
ne pouvoir mieux faire que de transcrire dans son en-
tier la description que cet auteur én a donnée tout récem-
ment. Elle à fourni à M. Kunth l’occasion d'analyser
plusieurs espèces du même genre, de réconnaître les
différences qu'elles offrent quant à la position dé leurs
ovules , et de les signaler dans une note de son ouvrage.
C’est avec une vive satisfaction que j'ai vu mes propres
observations confirmées par celles d’un homme aussi
habile , qui s'était occupé de ce sujet à mon insu, et
dont le travail était publié depuis quelques jours seule-
ment, lorsque je présentai mon Mémoire à la Société
d'histoire naturelle.
ExpeLicATION pes PLANCHES.
PI. 15, fig. 1. Analyse de la fleur du Spiræa hyperi-
cifolia. À, fleur entière ; B, coupe du calice; C, coupe
d’un ovaire ; D, ovule.
Fig. 2. Analyse de la fleur du Spiræa Aruncus. À,
fleur mâle; B, fleur femelle ; C. calice et disque de Îa
fleur femelle ; D, coupe d’un ovaire; E, fruit ; F, graine;
G, embryon. |
PI. 16, fig. 1. Analyse de la fleur du Spiræa Filipen-
dula. À, fleur entière; B, fruit; C, un ovaire; D, sa
coupe longitudinale; E, coupe d’un des carpelles ; F,
graine ; G, embryon.
Fig. 2. Analyse du fruit du Spiræa Ulmaria. À,
ovaire dans le calice; B, fruit mür; C, un des ovaires ;
D, sa coupe longitudinale ; E, graine ; F, embryon.
Fig. 3. Analyse des ovaires du Spiræa sorbifolia. À,
( 392 )
ovaires entiers ; B, les mêmes coupés longitudinalement;
C, leur coupe transversale.
PI. :7, fig. 1. Analyse de la fleur du Spiræa opuli-
Jfolia. À, fleur entière; B, coupe du calice; C, coupe
d’un ovaire; D, fruit; E, coupe d’un des carpelles ; F
ovule , G, graine ; H, embryon.
Fig. 2. Analyse de la fleur du Spiræa trifoliata. A
fleur entière ; B, coupe du calice ; C, étamines : D, coupe
d’un des ovaires ; E, fruit; F, SRE s ; G, graine; H
embryon.
)
)
:
PI. 25. Spiræa lanceolata, Poiret.
— 26. Spiræa flexuosa, Fischer.
:— 27. Spirœa betulifolia, Pallas.
— 28. Spiræa stipulata, Muhlenberg.
\
Mémorre sur la géneration des ANIMAUX A BOURSE e£
le développement de leur fœtus.
Par M. Georrroy DE Sr.-HiLaAIRE,
Membre de l’Institut.
(Extrait)
L'imporrAnce de ce mémoire nous eût fait désirer que
les limites de notre journal nous permissent de l’insérer
en entier, et nous avons cherché, tout en l’ahrégeant , à
reproduire à la fois les idées neuves de son savant au-
teur et les principaux faits qui viennent appuyer ses con-
clusions.
Les femelles des Marsupiaux ont une bourse sous le
ventre, au fond de laquelle est distinctement tout l'ap-
pareil mammaire. Les petits y sont nourris. Linnœus
( 395 )
les y voit reçus et entretenus comme dans une seconde
matrice; mais on a été plus loin puisqu'on a ajouté qu'ils
y prennent naissance. Ainsi cette bourse ne serait plus
seulement dans ce système une représentation fidèle de
la matrice, ce serait la matrice elle-même.
Cet énoncé suflit déjà pour montrer combien il doit
être diflicile de concilier les phénomènes habituels de la
génération humaine et ceux que la génération de ces
êtres plus intimement observés va sans doute nous offrir.
Mais ce serait une philosophie peu sûre que celle qui re-
pousserait, d’après les principes de l’analogie seulement,
des faits aussi clairement constatés que ceux dont nous
allons nous occuper.
Et pour mettre plus de simplicité daus une discussion
aussi délicate, partageons d’abord notre sujet et établis-
- sons en quelque sorte des questions que nous résoudrons
ensuite successivement au moyen des résultats obtenus
par divers naturalistes. Il se peut en effet que la bourse
soit la seule matrice des Didelphes ; Marcgrawe, Pison
avaient pleinement adopté cette opinion, et Valentyn que
ses fonctions ecclésiastiques avaient amené dans les
Indes et qui ignorait l'existence des animaux à bourse en
Amérique, décrit la poche des Flandres et semble aussi
partager ce point de vue. De semblables idées se re-
trouvent en Virginie mème parmi les médecins, et Be-
verley nous assure que les jeunes Opossums existent
dans le faux ventre sans jamais entrer dans le véritable,
et qu’ils se développent aux tetines de leurs mères. Telle
était en général l'opinion populaire dans tous les pays où
de semblables animaux existent, tel est aussi le senti-
ment que le plus grand nombre des voyageurs adopta sans
trop d'examen. La curiosité des anatomistes fut piquée
( 394 )
au dernier point, ils calculèrent d’après l'hypothèse que
nous venons d'énoncer, se procurèrent des animaux à
bourse et soumirent leurs organes générateurs à une dis-
section attentive. Or il fallait nécessairement que les
ovaires et le vagin fussent en communication avec la
poche ventrale qu’on voulait considérer comme une ma-
trice extérieure. Car il était indispensable, pour que le
fœtus püt s'y procréer, que la matigre fournie par la fe-
melle et venant de l'ovaire, que la liqueur émise par le
mâle et lancée dans le vagin, pussent y arriver l’une et
l’autre soit séparément, soit ensemble.
Il n'existait aucun conduit propre à cet usage. La
bourse et les organes intérieurs ne présentaient aucune
espèce de communication. On crut alors pouvoir rejeter
les opinions précédentes, et l’on considéra la circons-
tance singulière qu'on avait annoncée comme facile-
ment expliquée par une supposition fort naturelle. On
crut que la naissance des animaux à bourse était très-pré-
coce et que ces animaux compensaient par une sorte
d’incubation extérieure le désavantage qui en résultait
pour eux. Leur organisation était achevée au moment
de la naissance , mais il leur manquait quelque chose en
taille et en force seulement.
En 1786 M. le comte d’Aboville publia des observa-
tions qui ramenaient aux idées proscrites ct qui par cela
même furent mal reçues des savans que l'inspection ana-
tomique avait entièrement convaincus sur ce point.
« Deux Opossums, mâle et femelle, allaient et venaient
librement dans une maison que M. d’Aboville occupait
aux États-Unis en 1783. Ces animaux, qu'il retirait le
soir dans sa propre chambre , s’y accouplèrent. Dix jours
après, le bord de Porifice de la poche fut trouvé un peu
( 395 )
épaissi, cela parut de plus en plus sensible les jours sui-
vans. Comme la poche s’agrandissait en même - temps,
l'ouverture en devenait bien plus évasée. Le treizième
jour la femelle ne quitte plus sa retraite que pour boire,
manger et se vider. Le quatorzième elle ne sort point.
M. d’Aboville se décide enfin à la saisir et à observer.
La poche dont précédemment l'ouverture s'évasait était
presque fermée : une sécrétion glaireuse humectait les
poils du pourtour. Le quinzième jour un doigt est intro-
duit dans la bourse, et un corps rond de la grosseur
d'un pois y est au fond sensible au toucher. L’explora-
tion en est faite difficilement à raison de l’impatience
de cette mère douce et tranquille précédemment. Le
seixième jour elle sort de la boîte un moment pour man-
ger. Le dix-septième elle se laisse visiter : M. d’Aboville
sent deux corps gros comme un pois et conformés.
comme serait une figue dont la queue occuperait le cen-
tre d’un segment de sphère ; il est toutefois un plus grand
nombre de ces petits naissans. Le vingt-cinquième jour ,
ils sentent et remuent sous le doigt. Au quarantième,
la bourse est assez entr'ouverte pour qu'on puisse les dis-
tinguer ; ét au soixantième , quand la mère est couchée,
on les voit suspendus aux tetines, les uns au dehors de la
bourse et Îles autres au dedans. Quant au mamelon, il
est après le sevrage long de deux lignes, mais il se des-
sèche bientôt et il finit par tomber comme ferait un
cordon ombilical. » |
Roume de St.-Laurent avait déjà communiqué à Buf-
fon que les mamelons des Didelphes femelles apparais-
saient à un certain moment sous la forme de petites
bosses claires dans lesquelles était l'embryon ébauché. 1
avait sollicité le docteur Barton de s'occuper de ce sujet
( 396 )
important, ce qui lui était facile puisqu'il habitait la.
Virginie , et Reimarne de Hambourg ayant de son côté
provoqué ses recherches, le docteur Barton répondit à
ce double appel, et nous allons donner un précis de ses
observations. x
« Les Didelphes mettent bas, non des fœtus, mais
des corps gélatineux , des ébauches informes , des em-
bryons sans: yeux ni oreilles ; la bouche de ces em-
bryons n’est point fendue. Nés de parens gros comme
des Chats, ils pèsent, à leur première apparition , un
grain, d’autres quelque chose de plus, et sept ensemble
dix grains au total. Barton a détaché un de ces em-
bryons pesant neuf grains, sans que cela eût donné lieu
à une plaie, et d’abord à du sang répandu. Il contredit
en ce point un fait avancé par Pennant et d’autres An-
glais. Quinze jours de développement dans le nouveau
domicile, expression imaginée par Barton pour donner la
vraie valeur de la bourse; quinze jours de développe-
ment suflisent pour amener les petits au volume d’une
Souris. Ils ne quittent les mamelles qu’arrivés à la taille
du Rat; puis ils les reprennent à volonté, étant alors
nourris des deux manières, et par le lait de leur
mère, et par ce qu'ils trouvent et peuvent déjà manger.
Pour que cette ébauche naissante et vivante puisse four-
nir aux actes de son développement, il faut, et il ar-
rive que les organes de la digestion et de la respiration
soient dans une harmonie parfaite; aussi les narines
sont-elles, dès l’origine, largement ouvertes, et elles de-
viennent par conséquent les premières voies que suit
l'air qui se rend aux poumons. L'estomac d’un jeune,
pesant quarante-un grains, était considérablement dis-
tendu et dilaté par une matière blanche et laiteuse ; ce-
( 397 )
Jui d'un plus jeune contenait au contraire un liquide
transparent et sans couleur.
» Les yeux se montrent ouverts après cinquante ou
cinquante-deux jours d'existence dans la bourse; les te-
tines sont alors quittées et reprises successivement ; le
poids d’un petit est , après soixante jours, de 531 grains.
Ce qui surprit beaucoup Barton et lui causa une grande
joie fut de rencontrer une femelle qui suflisait à la fois
à deux portées, l’une tirant &sa fin, et l’autre venant à
commencer. Cette mère nourrissait sept petits déjà gros
comme des Rats. Assez forts pour vivre d’alimens solides,
ceux-ci recouraient encore aux tetines pour y puiser du
lait; mais tout-à-coup la bourse se ferme, parce qu’elle
était devenue le nouveau domicile de sept autres petits,
du poids chacun d’un à deux grains. Cependant la pre-
mière portée n’est point privée des soins de cette mère
constamment affectionnée, attentive pour tous. Sa sur-
veillance s'étend toujours sur sa famille déjà élevée. Elle
lui continue son eri de rappel ; elle la rassemble sur son
dos, et la dérobe au danger en l’emportant sur la cime
des arbres.
» De tous ces faits, et dans sa première lettre, Bar-
ton conclut qu’on peut distinguer deux sortes de gesta-
üon, l’une qu'il appelle utérine et qu'il estime être de
vingt-deux à vingt-six jours, et l’autre la gestation mar-
supiale, qui commence depuis l'entrée de l'embryon dans
la bourse. Celle-ci serait la plus importante, physiologi-
quement parlant; car la bourse, ajoute-t-il, est vraiment
un second utérus et le plus important des deux. »
Mais ce n'était point assez de ces résultats singuliers.
Sir. Everard Home avait anciennement donné un mé-
moire sur la génération des Kanguroos , et, entre autres
(398 )
considérations curieuses, ce savant avait annoncé que les
fœtus des animaux à bourse ne laissent apercevoir au-
cune trace de cordon ombilical. Barton vérifie ce fait et
le trouve exact. M. de Blainville revient sur ces résultats
et il annonce que , malgré tous ses soins , il n’a pu ob-
server dans ces fœtus ni veine ni artère ombilicales ,
ni ouraque, ni ligament suspenseur du foie, ni thymus.
Les glandes surénales étaient d’une petitesse extrème. IL
observe avec raison que d’on ne trouve donc chez eux
presque aucune des dispositions propres au fœtus des au-
tres mammifères, c'est-à-dire celles d'ou dépendent la
circulation et la respiration.
De ces faits divers on peut déjà conclure avec fonde-
ment que la fécondation a lieu dans les organes généra-
teurs internes, que les fœtus arrivent dans la poche ven-
tale à un point de développement que nous préciserons
plus bas, mais que nous pouvons déjà regarder comme
tel qu'il est presque impossible d’apercevoir aucune
trace d'organisation dans l’œuf. Enfin plus tard ces fœtus
respirent par le poumon et se nourrissent au moyen de
quelque procédé qui leur est propre puisqu'ils manquent
de cordon,ombilical.
Les observations de M. Geoffroy St.-Hilaire vont com-
pléter maintenant la solution de ce singulier problème.
11 écarte d’abord toute idée de génération gemmipare, et
nous allons lui emprunter textuellement toutes ses con-
sidérations à ce sujet.
«Quant aux Marsupiaux, je ne puis voir en eux que des
Ovulipares ; car ils ont encore moins que les mammife-
res ordinaires l'organe susceptible d'élever l’ovule par
des couches additionnelles à l’état et au volume d’un
œuf, les portions fallopiennes de leurs oviductus étant
( 399 )
très-courtes ( dans les Kanguroos ) ou presque nulles
( dans les Didelphes ). Leurs ovules, qui ne sont point
arrêtés par une matrice ramassée sur elle-mème et fermée
par des cols , sont nécessairement rejetés dehors , au lieu
d'entrer dans des travaux d’incubation à l’intérieur.
Mais dans quel état et à quelle époque ? Rien ne peut
sur ce point suppléer à l'observation, et il est prudent
d'attendre que celle-ci soit donnée. Cependant l’ana-
logie fait entrevoir une circonstance; ce ne saurait être
le produit ovarien sans fécondation, car les femelles
vierges le fournissent comme les femelles imprégnées ; la
différence des unes aux autres, c’est que dans celles-ci
ce produit est eflicace, et que dans celles-là il est des-
tiné à être, après la saison d'amour, repris par la circu-
lation. Les ovules qui s’écouleront ne sauraient être que
des ovules fécondés, mais comme la fécondation ne leur
donne , jusqu’à leur parfaite maturité, que des qualités
de futur contingent, ce n’est point la fécondation en
elle-même, mais les effets de la fécondation qui peuvent
entraîner les ovules. On conçoit que, venant à grossir,
leur accumulation dans les portions ( ad uterum ) de
l’oviductus qui les contiennent, amène un entassement
douloureux pour ces portions contenantes, et que l’a-
nimal cherche à s’en débarrasser, nous pouvons dire à
les pondre. Ainsi ce ne saurait être des ovules dans l’état
de tranquillité et de maturité, tel que l'indique leur pré-
sence dans l'ovaire , mais des ovules dans un commence-
ment de développement. J'ignore ce qui en est, et je
ne fais que donner une supposition ; ce serait l’ovule avec
réseau vasculaire, l’ovule du troisième âge des produits
génitaux.
» L'ovule se greffe à ce moment sur l’un des points de
( 400 ).
la matrice chez les mammifères ordinaires ; il n’y aurait
de différence à l'égard des Marsupiaux que dans le lieu;
la bourse serait un organe supplémentaire , ur second
utérus et le plus important des deux (Barton). Cette ges-
tation utérine de quatorze jours, suivant d’Aboville,
de vingt-deux à vingt-six jours, suivant Barton , se com-
poserait du temps qu'emploient les ovules pour devenir
réseau vasculaire, pour commencer cette première exis-
tence dont les Méduses nous présentent une image, et,
comme je l'ai dit plus haut, dont ces animaux, l’un des
derniers chaînons de l’échelle animale, nous fournissent
une réalisation permanente. Ainsi, l’on conçoit l’ex-
pression de Blumenbach , appliquée à « des êtres appa-
raissant dans la bourse, lesquels ne seraient que des
avortons. » Ainsi s'expliquent, 1° l'observation de
Roume, reproduite par d’Aboville , que ce sont d’abord
des corps ronds, pisiformes ou en figue , des bosses clai-
res, où l’on distingue à peine une faible ébauche d’em-
bryon ; 2° cette autre observation de Barton, que ce
sont des corps gélatineux, des ébauches informes. Dans
l’hypothèse que c’étaient des fœtus nés, on disait, sans le
comprendre, qu'ils s’attachaient aux mamelles; il est au
contraire très-possible et très-naturel que des corps gé-
latineux, que des ovules injectés se greffent aux mamel-
les, qui sont les points de la bourse où les artères sont le
plus développées.
» Le corps gélatineux, déjà ouvragé par unt issu vascu-
laire , cette sorte de Méduse, cet avorton pondu dans la
bourse, forme le troisième état des produits génitaux. Je
ne lui ai pas appliqué le mot de réseau placentaire, mais
celui de réseau vasculaire, parce que je présume que ce
réseau s'établit bien différemment et sans doute avec
( 4or )
plus de simplicité. La respiration doit de bonne heure
s’exécuter dans l'air libre, quand celle des réseaux pla-
centaires puise l'air disséminé dans l’eau. Je me borne
à ce simple énoncé pour ne pas anticiper sur les faits,
espérant que cet aperçu y appellera l'œil des observa-
teurs.
» Ce réseau vasculaire établit l'embryon marsupial sous
des conditions bien différentes de celle des embryons
utérins ; car il s'applique à former, après les appareils
circulatoires et intestinaux, les poumons , et en même
temps les narines, qui sont alors une continuation des ca-
naux aériens. Le développement de l'organe olfactif, et
particulièrement de ses proprès tubercules dañs le cer-
veau, s'ensuit nécessairement; mais , de plus, une au-
tre conséquence qui en découle pareillement, c’est que:
le développement anticipé de celui-ci nuit à la formation
de l'organe de la vision, l’un des premiers à paraître ,
comme l’un des plus considérables systèmes du fœtus
chez les Oiseaux. Barton dit en effet que les jeunes
Opossums n'ouvrent les yeux que vers le cinquantième
ou:le cinquante-deuxième jour de leur entrée dans la
bourse , et M. Serres, auquel on doit de si belles recher-
_ches sur l’encéphale des Animaux vertébrés, m’a com-
muniqué une observation correspondante. Ila vu sur un
fœtus .de Marmose les tubercules gommés . quadri-ju-
meaux fort petits; ce qui est exactement le contraire dans
les embryons utérins: Un autre fait non moins singulier
qu'il a aussi remarqué, c’est l’occlusion ab-ovo des yeux
par le derme. On sait que chez les fœtus utérins les yeux
existent d'abord ouverts , et que les paupières arrivent
ets’étendent dessus plus tard pour les défendre de Ja lu-
mière lors de la naissance. Il semble que les yeux, avant
ATE 26
( 402 )
de devenir un organe de vision, soient consacrés à d’au-
tres services , ou parce qu'ils recueillent certains fluides
sécrétés, ou parce qu'ils établissent une communication
de l'embryon avec son réseau vasculaire ambiant. Voyez,
pour le développement de ces aperçus, la note de ma
Philosophie anatomique, T. TI, p. 317.
» Après l’état d'embryon arrive l’état fœtal. Le fœtus
est tel, du moment que ses membres apparaissent, mais
principalement dès que le poumon est formé, et que
les narines se sont ouvertes et ont donné accès à l'air
ambiant.
» Quel est Je mode de nourriture de ces différens âges ?
La tetine‘est-elle un cordon ombilical, se continuant
par une liaison non interrompue chez l'embryon jusque
dans l’œsophage ?
» Bartontraite, avec détails, du développement de la te-
une : elle croit en longueur et en diamètre, dans la
même raison que croît l'embryon. Celui-ci y fait naître
un appareil de vaisseaux nourriciers analogues à ceux
dont se compose le placenta , mais adaptés dans ce nou-
vel ordre de choses , non plus à une ouverture d’une
courte durée, à l'ouverture ventrale , dite l’ombilic, mais
à un orifice permanent , celui de la bouche elle-même,
entrée plus naturelle peut-être pour la substance alimen-
taire, que celle des fœtus , que nous sommes cependant
et si journellement à portée d'observer. L’embryon
forme son mamelon , a dit Barton ; les plus intimes rap-
ports d’accroissement et de développement existent entre
l’un et l’autre. Quand la bouche de l'embryon grandit,
le mamelon grossit pareïllement ; et, avec le temps, on
s'aperçoit que le mamelon n’est plus qu'en partie con-
tenu dans la bouche; on en voit davantage en dehors M
( 403 )
depuis son insertion à la glande mammaire jusqu'au bord
extérieur des lèvres.
» J'ai eu occasion d'étudier les rapports du mamelon
avec la bouche, mais dans un jeune sujet libre de tous
liens, et revenant teter dans la bourse. C’est un arrange-
ment d’un accord si merveilleux qu’il faut croire qu’une
adhérence des deux parties persistantes dans le premier
âge en avait ainsi ordonné. Afin que les deux fonctions
de la respiration et de la lactation puissent s’exécuter si-
multanément, le larynx est terminé par un col évasé
dont le pourtour se prononce en une sorte de petit bour-
relet; tout cet ensemble est introduit dans les arrière-
narines : ainsi le larynx est placé sur le voile du palais.
De cette manière la respiration du jeune Didelphe se fait
par les narines et Je larynx, lorsque la succion de la te-
tine remplit de lait la bouche et le pharynx. Ce liquide
glisse le long du larynx dont le collet forme un ressaut
qui ménage de chaque côté une très-petite issue pour le
trajet de la substance alimentaire. La lactation achevée,
le larynx descend sous le voile du palais, les narines
deviennent libres; la respiration et la manducation sont,
comme partout ailleurs, des actes nécessairement suc-
cessifs.
» M. d’Aboville a dit du mamelon que, long de deux li-
gnes , il se dessèche après le sévrage , et tombe comme le
ferait un cordon ombilical. Il est beaucoup plus long
quand il sert de pédicule pour suspendre le fœtus. C’est
à ce moment qu'on peut le regarder comme un véritable
cordon ombilical ; mais au bout de six semaines la rup-
ture s’en opère; ses vaisseaux, qui se prolongeaient dans.
le fœtus, s'arrêtent et se terminent dans la glande mam-
maire. Leur rôle , à cette seconde époque , est de nour-
26*
( 404 )
rir abondamment cette glande, et d’en faire un organe
puissant de lactation. Le pédicule de suspension , ainsi
réduit à n'être que le vestige d’un riche appareil, prend
à ce moment le caractère et la fonction d’une tetine.
» Le sang quitte donc une habitude prise pour en con-
tracter une autre; mais n'est-ce pas ce qui arrive chez
toutes les mères des Mammifères ordinaires, quand elles
mettent au jour leurs petits? Ces mêmes effets, chez
les Marsupiaux, tiennent à de semblables causes. Après
l’âge de la suspension aux mamelles , a dit Pennant,
les jeunes Opossums subissent une seconde naissance.
La proposition de Pennant est rigoureusement vraie, |
si l’on admet que leur entrée dans la bourse leur doit
être comptée comme une première naissance. Une pre-
mière fois nés, quand ils ne jouissaient encore que de
l'organisation des Méduses, ils naissent une seconde
fois le jour que leurs yeux sont ouverts , que leur bouche
est fendue latéralement, que le pédicule de suspension
a été rompu, et qu'ils n’ont plus avec leur mère de
rapports que comme lactivores. Un instant auparavant
c'étaient encore des fœtus, les voilà rouveau-nés ou
lactivores.
» À ce moment ils rentrent dans les conditions com-"
munes de tous les Mammifères.
» Cependant jusqu’à quel point s’en sont-ils écartés ?
Ils étaient déjà nés une première fois, organisés comme
des Méduses; mais tous les Mammifères passent par
cette existence intermédiaire ; la différence ici, c'est
que les Marsupianx naissent Méduses dans le second
utérus, {a bourse, et que les Mammifères ordinaires |
naissent avec ce degré d'organisation dans le premier, la
véritable matrice. »
( 405 )
Les observations anatomiques de M. Geoffroy mon-
trent par quel procédé simple et toutefois singulier le cor-
don ombilical se trouve remplacé par un arrangement des
vaisseaux de la bouche. Outre ce fait important son mé-
moire en renferme de très-curieux qui sont destinés à je-
ter quelque jour sur les anomalies de l’organisation des
Marsupiaux adultes. Nous ne nous en occuperons point
ici, notre seul but étant d'attirer l'attention sur les phé-
nomènes que présente la génération chez ces animaux.
Nous. savons d’ailleurs que M. Geoffroy rassemble des
figures soignées pour un ouvrage particulier sur ce sujet,
et nous espérons qu'il nous sera permis d'en faire usage
pour faciliter à nos lecteurs l'intelligence de cette ques-
tion d'anatomie qui ne laisse pas d'offrir quelque difficulté.
Nous allons essayer maintenant de fixer avec précision
l’époque du passage des ovules dans la bourse, et nous al-
lons emprunter encore à M. Geoflroy quelques lignes
qui renferment l'expression réelle de la difficulté d’une
semblable appréciation.
‘« On ne sait pas encore bien au juste quel est, aux
premières journées de leur apparition aux mamelles, le
degré de développement de ces ébauches informes
(Barton), de ces bosses claires (Roume) que, par une
anticipation fàcheuse sur la connaissance des faits , on
déclare être des petits. Cette idée à acquérir est depuis
long-temps l’objet de mes recherches ; mais au moment
où j’essayai de détérminer à quelle époque du développe-
ment des Mammifères ordinaires pouvaient correspondre,
les formations apparaissant périodiquement dans la
bourse des Marsupiaux , je m’aperçus d’une nouvelle
lacune dans la science , ces degrés n’y paraissant pas me-
.surés avec précision. »
( 406 )
M. Geofroy s'est proposé de résoudre cette question,
et il a nécessairement dù chercher dans les Oiseaux et
les Reptiles des définitions propres à fixer les époques
fœtales pour les appliquer aux Marsupiaux. Les recher-
ches auxquelles nous nous sommes livrés , mon excel-
lent ami, le docteur Prévost, et moi, permettent de
prendre un point de comparaison plus rapproché. Je
vais donc établir en peu de mots les résultats de nos expé-
riences sur la génération des Mammifères, et j'espère
que M. Geoffroy me saura gré d’une substitution qui n’al-
tère en rien les conséquences auxquelles il avait été con-
duit, mais qui les rend peut-être plus faciles à saisir.
À l’époque où les femelles de Marmifères entrent en
chaleur , tous les organes générateurs reçoivent un sur-
croît dé sang, et l'ovaire participe à cette nouvelle con-
dition organique. L'’accouplement ne tarde pas à se pro-
duire, et son influence se manifeste par des phénomènes
nouveaux d’une grande importance. Quelques-unes des
vésicules de l'ovaire grossissent rapidement , et acquiè-
rent en peu de jours un diamètre quatre ou cinq fois plus
considérable que celui dont elles étaient douées aupara-
vant. Du septième au neuvième jour après l’accouple-
ment, dans le Chien, ces vésicules se déchirent successi-
vement, et il en sort un ovule sphérique d’un diamètre
comparativement très-petit, puisqu'il n’est que d'un mil-
limètre , tandis que celui des vésicules était de six ou
huit au moins. L’ovule est saisi par le pavillon , tra-
verse la trompe, arrive dans les cornes où il est fécondé.
Il grossit alors, et, dans l’espace de quatre à cinq jours,
il atteint le diamètre d’un pois et ne tarde pas à changer
de forme. Un des bouts de l'œuf s’allonge en pointe,
et ce corps se présente exactement sous l'apparence
( 407 )
d’une poire ou d’une figue. Il est membraneux,- fort
transparent, rempli d’une liqueur claire, et lon peut
aisément, à l’aide d’une loupe, y reconnaître le fœtus
sous la forme d’une ligne allongée. Bientôt une nouvelle
corne se manifeste à l'extrémité opposée de l’œuf. Celui-
ci, qui jusqu'alors était resté libre, commence à con-
tracter des adhérences avec les parois de la matrice,
le cœur et les vaisseaux du fœtus apparaissent, et des
communications vasculaires s’établissent entre la mère
et lui. ;
Comparons maintenant ces résultats avec ce que neus
connaissons des Marsupiaux : le dix-septième jour après
l’accouplement, M. le comte d'Aboville a vu dans la
poche mammaire deux corps gros comme un pois, et
conformés comme serait une figue dont la queue occupe-
rait le centre d’un segment de sphère. Cette observa-
tion curieuse fixe invariablement l’âge de ces ovules , et
elle est d'autant plus précieuse que l’état pyriforme de
l’ovule des Mammifères est tellement transitif, qu'il dure
à peine un jour entier.
La conclusion inévitable de ces faits nous oblige donc
à admettre que les ovules, immédiatement après leur fé-
condation dans les cornes , passent au travers du tube va-
ginal pour se rendre à la bourse qui remplit à leur égard
toutes les fonctions propres alors à la matrice, sauf celle
qui dépend de l'influence fécondante. Ce genre de déve-
loppement extra-utérin se présente quelquefois pour les
autres Mammifères, et bien que ce soit toujours dans des
circonstances accidentelles , on n’en est pas moins bien
certain que le développement de l’œuf peut s’opérer sur
toutes les surfaces muqueuses où il rencontre une ar-
tère. Sous ce point de vue, on arrive donc à simplifier
( 408 )
singulièrement les conditions convenables de l’évolution
fœtale chez les Mammifères même où elle semble si com
pliquée au premier abord. Un œuf fécondé et une artère ®
capable de se prêter à son développement progressif,
c'est à cela que se bornent les données du problème: On
saura plus tard peut-être comment le sang artériel agit sur M
l'œuf; mais, pour le moment, il serait bien curieux et
important de prendre des œufs récemment fécondés dans n.
les cornes d’une femelle , et au moment où ils n’ont pas
encore perdu leur formé sphérique, et de les transpor-
ter dans la cavité abdominale ou thoraëique d’un autre
Animal où on les abandonnerait. Ils se développeraient
très-probablement jusqu’à un certain terme, quand bien
même on ne se servirait pas d’un Animal de la même es-
pèce, et quand bien mème aussi l’on viendrait à les pla-
cer dans l'abdomen d’un màle. Toutes les analogies ti-
rées de l’histoire des monstres viennent à l’appui de ces
considérations qui se trouvent ainsi corroborées à la fois
par l'étude de l’anatomie comparée et celle de la patho-
logie.. 3. D.
DescriPrion d’une nouvelle espèce de COouULEUVRE.
Par M. Bory DE SarnT-VINCENT.
M. Richard père avait recueilli dans son voyage
plusieurs matériaux relatifs à la zoologie ; nous avons
déjà fait connaître à nos lecteurs l'intention dans la-
quelle nous sommes de les publier prochainement. Sa
collection contenait une Couleuvre nouvelle que M. Bory
vient de décrire, et qu'il a dédiée à celui qui l’avait dé-
couverte.
( 409 )
Couleuvre de Richard, Coluber Richardi. B
Le nom vulgaire de Couleuvre Liane, donné à cette
élégante espèce par les habitans de la Guiane , indique
d'avance sa forme élancée et sa flexibilité. En effet , ce
Serpent que nous allons faire connaître , et que nous dé-
dions à la mémoire de Richard notre illustre maître , est
l’un des plus sveltes, des plus élégans, et des plus
minces qui existent. Nous en avons fait la description
sur trois individus rapportés par feu notre savant ami.
Sa taille est de trois à quatre pieds ; la queue très-fine
est fort longue , et équivaut pour le moins au tiers de la
longueur totale ; le corps n’est guère plus gros que le
doigt; le cou, très-aminci et bien distinct, supporte
une tête allongée , ovale , un peu élargie: vers l’occiput
qui est aplati ; elle est couverte de neuf grandes plaques
d’un beau vert de topaze; les écailles, légèrement
carenées sur le dos, le sont plus sensiblement sur
les flancs ; le ventre blanc est plat; le dessus est d’un
brun chatoyant qui produit des reflets comme le ferait
du cuivre de rosette; trois lignes d’un brun clair, vif
et brillant, règnent dans toute la largeur du Serpent;
une petite bande noire , partant de la pointe du museau
et passant sous l’œil, sépare la teinte verte du vertex, de
la couleur blanche qui règne sur les mâchoires ; celles-
ci ont leurs lèvres garnies d’écailles un peu plus grandes
que celles qu'on trouve sur le reste de l’Animal, y
compris les écailles des commissures et une impaire en
avant; il y en a dix-neuf en haut et treize en bas. Cette
espèce présente quelques rapports avec le Boiga, et a
peut-être été confondue avec ce Serpent que nous
croyons être particulier à l’ancien monde, et consé-
( 410 )
quemment fort différent. Il a également quelque ressem-
blance avec le Saurite ; mais la forme de sa tête l’en dis-
tingue ; il est d’ailleurs encore plus mince et proportion-
nellement plus allongé.
Explication de la Planche 24. 4
relle : a, la tête vue en dessus; D, la tête vue en des-
sous ; c, l'œuf de grandeur naturelle.
RapporT verbal fait à l’Academie des Sciences sur
un ouvrage de M. Auguste de Saint-Hilaire, in-
titulé : PLANTES USUELLES DES BRASILIENS (1).
Par M. Le BARON ALEx. DE HumBoLor.
L’Acanémie m'a chargé de lui faire un rapport verbal
sur un ouvrage de botanique qui a pour titre : Plantes
usuelles des Brasiliens. L'auteur de cet ouvrage , M. Au-
guste de Saint-Hilaire , correspondant de l’Institut , con-
tinue à faire jouir le public des fruits d’un voyage de six
années, pendant lesquelles il a parcouru-une vaste por-
tion du Brésil , de la province Cisplatine et des missions
du Paraguay. La botanique et l’histwire naturelle des
animaux ont été enrichies à la fois par ce savant, qui ,!
avant de quitter l’Europe, avait déjà donné tant de
(1) Plantes usuelles des Brasiliens, par M. Auguste de Saint-Hilaire,
correspondant de l’Académie des sciences; première livraison, in-4°,.
avec planches. Prix : 5 fr., chez Grimbert.
Le même auteur va publier incessamment les premières livraisons
d’un autre ouvrage intitulé : Plantes les plus remarquables du Brésil et
du Paraguay.
(4ux )
preuves de sa sagacité et d’une connaissance intime de la
_ structure et des aflinités des formes végétales.
M. Auguste de Saint-Hilaire a rapporté dans sa patrie
un herbier de sept mille plantes, une collection de deux
mille oïseaux , seize mille insectes et cent trente mam-
mifères ; mais ce qui donne un véritable prix à ces objets,
ce qui distingue le voyageur scientifique du simple col-
lecteur, ce sont les observations précieuses qu'il a faites
sur leslieux mèmes pour avancer l'étude des familles na-
turelles, la géographie des plantes et des animaux, la
connaissance des inégalités du sol et l’état de sa culture.
Les savans de toutes les nations attendent avec impa-
tience la publication d'un grand ouvrage, dans lequel,
par la munificence du gouvernement, M. Auguste de
Saint-Hilaire pourra réunir tant de matériaux divers;
jusqu’à l’époque où leurs vœux seront remplis, ils ap-
‘plaudiront avec nous à l’ardeur soutenue qui porte ce
voyageur à devancer ce grand ouvrage par des mémoires
et des traités moins volumineux, quoique également
propres à répandre du jour sur la Flore du Brésil et des
pays voisins.
Le livre des Plantes usuelles ; dont le premier cahier
a été présenté à l’Académie , renferme un choix des vé-
gétaux les plus intéressans sous le rapport de leur uti-
lité médicale, industrielle ou alimentaire. Nous y trou-
ons trois espèces nouvelles de véritable Quinrquina,
deux Æxostema, genre voisin des Cinchona établi par
M. Bonpland, etun Strychnos dont les propriétés fébri-
fuges sont des plus prononcées. La découverte de vrais
Cinchona dans la partie orientale de l'Amérique du Sud,
loin des Cordillières, doit frapper ceux qui s'occupent
de la distribution des végétaux sur le globe , et des causes
“.
(412)
géologiques qui l'ont modifiée. On ne connaît jusqu’à ce
jour aucune espèce de Cinchona, pas même d’'Exostema,
ni dans les montagnes de Silla de Caracas, où végètent
des Befaria, des Aralia, des Thibaudia, et d’autres”
arbustes alpins de la Nouvelle-Grenade, ni dans less
montagnes boisées de Caripé et de la Guiane Française.
Cette absence totale des genres Cinchona et Exostema
sur le plateau du Mexique et dans les régions orientales
de l'Amérique du Sud , au nord de l'équateur (si toute-
fois elle est aussi absolue qu’elle le paraît jusqu'à ce
jour ), surprend d'autant plus, que Jes îles Antilles ne
manquent pas d’espèces de Quinquina à corolles lisses et
à étamines saillantes. Les Quinquina des Cordillières
n’avancent vers l’est dans l’hémisphère boréal, que jus
qu'au 72° degré de longitude occidentale de Paris jus-
qu'aux montagnes de Micaschiste de la Sierra-Nevada,
de Merida. Les Cinchona ferrugina, C. Vellozü, et
C. Remijiana de M. Auguste de Saint-Hilaire, long-
temps confondus avec les Macrocremum , végètent sur
les plateaux de la province de Minas-Geraes , à mille mè-
tres d’élévation, sous un climat tempéré, entre les 184
et 22e degrés de latitude australe. On regarde leur pré#
sence , et ce fait est bien remarquable, comme un indice!
à peu près sûr de la proximité des minerais de fer. L’és
corce amère et astringente de ces Quinquina des mons
tagnes du Brésil ressemble singulièrement, pour la sa=
veur, à celle des Quinquina du Pérou et de la Nouvelle”
Grenade ; cependant leurs qualités fébrifuges sont moin!
prononcées que celles d'un arbre plus célèbre encor s
du Strychnos pseudoquina , que l'on trouve dans le de
trict des Diamans , dans les déserts de Goyas et dans }
partie occidentale de Minas-Geraes. |
» |
|
(413)
De toutes les plantes médicinales de ces vastes con-
trées , le Quina do Campo , ou Strychnos pseudoquina,
est celle dont l'usage est le plus répandu et le mieux
constaté. Les médecins du Brésil en administrent l’écorce
tantôt en poudre, tantôt en décoction. C’est un don
bienfaisant de la nature dans une région où règnent tant
de fièvres intermittentes , comme dans la vallée de Rio
de San-Francisco. M. Auguste de Saint-Hilaire rapporte
que des expériences comparatives faites au Brésil sur le
Strychnos pseudoquina et sur les meilleures espèces de
Cinchona des Cordillières , ont prouvé que les proprié-
tés médicales du premier de ces végétaux ne sont pas
inférieures. Ces expériences ont été répétées avec succès
à Paris, et le Pseudoquina du Brésil, qui, à Rio de
Janeiro mème, n’a pas encore remplacé les écorces des
Cinchona étrangers, pourra un jour devenir un objet
d'exportation pour l'Europe. M. Vauquelin a fait l’ana-
lyse chimique de ce Strychnos ; il y a trouvé un acide
d'une nature particulière, et, ce qui est bien frappant,
il n’y a découvert ni brucine, ni quinine, ni un atôme
des principes vénéneux que renferment le Strychnos nux-
vomica et la Fève de St. Ignace. On savait déjà qu’une
: autre espèce du mème genre, le S. Potatorum, est éga-
lement dépourvue de propriétés délétères, et que la
pulpe du fruit de la noix vomique se mange sans dan-
ger. Les diverses parties des plantes ne contiennent pas
les mêmes principes, et si, je ne dirai pas seulement
dans une même famille, mais dans un même genre, des
végétaux d’une structure organique très - analogue,
offrent des différences, de compositions chimiques si
frappantes , il ne faut point oublier que ces anomalies
sont plus apparentes que vraies, puisque, d’après les
(414)
travaux de MM. Gay-Lussac et Thenard, sur la chimie
végétale, les mêmes élémens , selon de petits change-
mens dans les proportions, se groupent diversement et
produisent des combinaisons dont les effets sur le sys-
tème nerveux peuvent être disamétralement opposés.
Les écorces des Exostema cuspidatum et australe du
Brésil, sont aussi fébrifuges, mais bien inférieures aux M
Quina da serra. Elles ressemblent aux ecorces de Quin-
quina des Antilles et n’offrent comme celles-ci pres-
qu’auçunes traces de quinine et de cinchonine.
A cette liste des plantes médicinales décrites par M.
Auguste de St.-Hilaire , il faut encore ajouter le Paraïba
ou Simaruba bigaré qui est un des plus précieux anti-
vermineux, et l'Évodie fébrifuge que l’on confond, dans
le pays , avec le Quinquina du Pérou , et qui appartient
à la même famille que le Cortex angostura où Cuspare
des missions de l'Amérique Espagnole, que j'ai fait con-
naître sous le nom de Bonplandia trifoliata.
Si dans l'intérieur de la Guiane Française on dé-
couvre un jour des sites assez élevés pour jouir d’un
climat temperé, on pourra, comme je l’ai proposé de-
puis long-temps, y transplanter, par la voie de la rivière
des Amazones , les Cinchona de la partie orientale des
Cordillières de Loxa et de Bracampo, ou bien d’après
les intéressantes découvertes du voyageur dont nous
examinons les travaux, enrichir le sol de la Guiane
par la culture des plantes fébrifuges du Brésil.
A l'intérêt qu'inspirent les considérations sur l'usage
des végétaux, sur l’époque de leur découverte et sur leur “
distribution géographique, M. Auguste de St.-Hilaire
a ajouté l'intérêt des descriptions botaniques les plus
complètes, et de la discussion des affinités de structure
(45)
par laquelle chaque plante se lie au genre voisin. La
botanique moderne en agrandissant l'étendue de son
domainé , en saisissant les rapports multipliés entre les
diverses tribus de végétaux, a conservé toute la sévérité
des classifications méthodiques , des diagnoses abrégées ,
d’une terminologie précise et uniforme , d’une nomen-
clature générique et spécifique appartenant à une langue
morte. Le nombre immense des objets qu’elle embrasse
a rendu indispensable une marche que d’autres parties de
l'histoire naturelle descriptive n’ont pas toujours suivie
avec la même sévérité.
Je re pourrais mettre sous les yeux de l’Académie le
grand nombre d’observations botaniques entièrement neu-
ves que renferme la description des plantes usuelles du
Brésil ; je ne rappellerai que les discussions sur le genre
Strychnos , d’après lesquelles ce genre ne peut former
une famille séparée, comme l'avait proposé M. De Can-
dolle ; sur le genre Ævodia dont l'adoption devient indis-
pensable depuis que M. Kunth dans les Nova Genera, à
prouvé l'identité générique du Zanthoxylum et du Fa-
gara, sur les différences des Quassia et des Simaruba; des
Cinchona et des Exostema. Les botanistes reconnaïîtront
dans l’ensemble de ces discussions la supériorité de ta-
lent avec laquelle le même voyageur à déjà traité, dans
des mémoires séparés, la famille des Primulacées et des
Caryophyllées.
Des planches lithographiées avec soin accompagnent
les descripuüons qui forment autant de monographies
séparées ; et elles offrent l’analyse des parties les plus
délicates de la fructification. C’est ainsi que le traité des
plantes usuelles des Brasiliens, tout en enrichissant la
botanique et la matière médicale, fera connaître aux ha-
(416)
bitans d’un autre hémisphère les richesses d’un pays qui
ne demande que des bras pour le défricher, et des ins-
titutions politiques propres à encourager l’industrie na- M
tionale.
RecuercHes anatomiques sur le THorAx des ani-
maux articulés et celui des INSECTES HEXAPODES *
en particulier.
Par Vicror Aupouix.
(Suite.)
CHAPITRE QUATRIÈME.
Examen du Mésothorax dans différens insectes. Étude
des pièces qui le composent.
Le mésothorax, comme l’indique-son nom, est le
segment moyen ou le deuxième anneau du thorax. Son
caractère le plus apparent est de supporter la deuxième
remarqué, dans un grand nombre d'insectes , une petite
;
|
f
paire de pates et la première paire d'ailes. On lui a aussi |
pièce ordinairement triangulaire qu’on a nommée écus-
son. La forme du mésothorax, son volume, sa consis-W
tance, varient à l'infini. Peu développé dans les! Co-
léoptères et dans les Orthoptères, il l’est davantage dans“
les Hémiptères , les Névroptères, et surtout dans les Hy-
ménoptères , les’ Lépidoptères et les Diptères. Son ac-
croissement excessif est toujours associé à l’état plus o
moins rudimentaire des deux autres segmens. Aussi rex
marque-t-on que les Lépidoptères , les Hyménoptères et
les Diptères ont un prothorax et un métathorax très-r'én
(417)
trécis. Quand au contraire le prothorax et le métatho-
rax se sont fort accrus, le mésothorax situé entre eux
est toujours comprimé et très-étroit. C’est le cas de tous
les Coléoptères.
Si ce coup-d’œil rapide laisse entrevoir l'influence gé-
nérale qu’exercent tous ces changemens sur le facies des
individus, de quel intérêt ne sera-ce pas d'apprécier les
modifications qu’apporte le volume de chacune des
parties, et quelle lumière la connaissance exacte des moin-
dres pièces et leur comparaison dans un grand nombre
d’espèces ne répandra-t-elle pas sur l’anatomie du sque-
lette des animaux articulés ?
C'est pour atteindre ce but, c’est pour marcher vers
des résultats si curieux , que nous allons noter le déve-
loppement relatif de chaque pièce dans les différens or-
dres, et nous rendre compte ainsi des formes variées qui
les caractérisent.
Si les pièces qui composent le mésothorax étaient dans
tous les insectes également bien développées , ou si elles
étaient déjà connues , il serait indifférent de commencer
leur description par tel ou tel ordre et de choisir en-
suite telle ou telle espèce pour comparer. Mais le motif
qui nous a décidé à étudier d’abord le mésothorax nous
fera aussi préférer certains insectes chez lesquels les élé-
mens constiluans sont plus distincts, et nous poursui-
vrons ces recherches sans nous assujettir, dans ce travail
préliminaire, à la série des familles ou des genres.
Nous diviserons ce chapitre en deux paragraphes.
Dans le premier nous examinerons la partie inférieure et
les parties latérales ; et dans le second nous traiterons
de la partie supérieure toujours distincte des précéden-
1. 37
( 418 )
tes, et qui, dans certains cas , paraît avoir une existence
à part (1). ;
$ I. Étude de la pourine ou des parties inférieures et
latérales du mésothorax.
Le Sternum (2), l'Épisternum (i), l'Épimère (4), le
Paraptère (à), l'Entothorax(k) et le Peritrème (x) (2)
forment la partie inférieure et les parties latérales du
mésothorax. Ces pièces sont ordinairement très-recon-
naissables dans les Coléoptères, et il est facile de saisir
les modifications qu’elles éprouvent dans les différens
genres. ;
Dans le Dynque À écusson saune de M. Latreille,
Dytiscus circumflexus , Fabr., le sternum est peu étendu
transversalement ; sa jonction avec l’épisternum et l’é-
pimère est marquée par des lignes de soudures très-dis-
tinctes. Ces deux pièces du flanc sont aussi réunies entre
elles, mais toutes ces parties se disjoignent assez facile-
ment. Nous indiquerons leurs contours , leurs formes,
leurs connexions dans l'anatomie détaillée que nous don-
nerons du thorax de cette espèce (#7. le chapitre X de
notre travail).
© ——————
(1) On verra dans la suite de ce travail que la poitrine et le tergum,
c'est-à-dire les deux segmens qui, par leur réunion , constituent un
anneau complet, sont quelquefois indépendans entre eux et se désu- w
nissent, au point de leur contact, de telle sorte que l’un des arceaux
passe au-dessus de autre, le recouvre et l'emboîte : nous citerons M
comme exemple le Taupe-Grillon, le Criquet , la Sauterelle.
(2) Le péritrème occupe quelquefois la partie supérieure; mais le
plus souvent il est en rapport avec les flancs, c’est pour cela que nous
le considérons comme une partie de la poitrine.
#
(419)
Le Carase Doré , Carabus auratus, Fabr., nous offre
un sternum assez semblable à celui du Dytique. Il est
peu étendu transversalement ; sa face antérieure présente
trois carènes ou-lignes élevées , dont une située sur la li-
gne moyenne du corps est plus saillante que les deux au-
tres. On remarque au sommet du sternum un enfonce-
ment très-prononcé, en forme de large gouttière, sur le-
quel repose l'extrémité du sternum du prothorax. Cette
gouttière ne supporte plus, comme dans le Dytique, le
prolongement du sternum du métathorax, mais elle
offre postérienrement une échancrure, sorte d'angle ren-
trant qui le recoit et s'articule avec lui. Il résulte de
cette disposition que le mécanisme si remarquable qui
produit le saut dans le Taupis, et qu’on reconnaît en-
core dans le Dytique, n'existe plus dans le Carabe,
Postérieurement le sternum présente une crète sail-
lante, longitudinale, très-aiguë , qui partage cette face
en deux portions concaves , faisant partie chacune du
trou des hanches, à la convexité desquelles elles s’a-
daptent exactement. Les flancs, étroits à leur sommet
ec larges à leur base, sont réunis au sternum d’une ma-
nière intime ; l’épisternum (1) surtout, ne s’en distin-
gue que par une légère ligne de soudure; il est assez dé-
veloppé, de forme triangulaire ; un des bords du triangle
est antérieur , et s'articule avec le paraptère, le bord op-
posé ou le postérieur se soude dans toute son étendue
avec l'épimère ; enfin le troisième bord, celui de la base,
repose sur le sternum auquel il est intimement uni. Le
paraptère (i”) très-élroit et presque linéaire , repose infé-
rieurement sur le sternum ; son bord postérieur adhère for-
tement à l’épisternum ; l’antérieur est libre, et concourt à
former l’orifice du trou œsophagien. L’épimère (k), bien
27°
( 420 )
moins développé que l'épisternum avec lequelil est soudé,
et pas autant que le paraptère , est joint au sternum par
son extrémité inférieure, dont une partie renflée et
comme tuberculeuse , se prolonge au-delà pour s’articu-
ler avec la hanche et entrer dans la composition du trou
qui la contient. L’épisternum , le paraptère et l’épimère
se confondent entre eux supérieurement, et deviennent
une sorte de support pour les ailes et pour le tergum.
A la face interne du sternum on remarque l’entotho-
rax (°). Il est formé de deux branches très -rapprochées
à leur base , d’abord parallèles et dirigées en haut et en
avant, s’écartant ensuite l’une de l’autre, pour se por-
ter obliquement en dehors; leur sommet qui s’évase
en une lamelle très-mimce gagne les parois latérales
de la poitrine, et se place en avant des apodèmes d'in-
sertion qui naissent du point de jonction de l'épister-
num et de l’épimère. Il en résulte que la portion éva-
sée des branches de l'entothorax se trouve cachée posté-
rieurement par les apodèmes d'insertion, et qu'anté- w
rieurement c’estle contraire, je veux dire, que dans ce .
sens , l'extrémité des branches de l entothorax masque
les apodèmes. Les apodèmes d'i insertion (7) ne sont très-
développés qu'au point de réunion de l’épimère et de l’é-
pisternum ; la soudure de celui-ci avec le sternum ets
avec le paraptère n'est indiquée à l'intérieur que par de!
légères lignes élevées au-dessus de la surface des pièces.
La division des Bousiers, Copris , Geoflr., et les genres
qui en ont été démembrés nous offrent une poitrine (1)
tès-développée :.elle se prolonge quelquefois de telle
a ———————————————————————————————————— _—
4) J'entends parler ici de la poitrine des trois anneaux thoraciquess
pris ensemble. Voyez au chapitre III le définition de ce terme.
(42r )
sorte en arrière qu'elle envahit la place de l'abdomen et
que les anneaux de celui-ci sont fortement refoulés les uns
vers les autres. Le mesothorax considéré dans son en-
semble n’a cependant pas acquis un développementautre
que dans tous les Coléopières, c’est-à-dire qu'il est tou-
jours étroit et comprimé entre le prothoraxet le métatho-
rax. Toutefois on croit remarquer que la poitrine de cet an-
neau a participé dans certaines proportions relatives à l’ac-
croissement général de la partie inférieure, et qu’elle est
plus développée que de coutume. Nous l'étudierons dans
une espèce exotique , et ce que nous en dirons pourra s’'ap-
pliquer, à peu de choses près, aux Bousiers de notre pays.
. Dans le Bousrer Motosse, Copris Molossus , Fabr. 8
le sternum (k)est bien plus étendu transversalement que
d'avant en arrière. Son bord antérieur arqué de bas en
haut, forme la partie inférieure de l'orifice œsophagien
antérieur. Son bord postérieur offre sur la ligne moyenne
une échancrure angulaire , profonde, qui recoit un pro-
longement médian du sternum du métathorax. De cha-
que côté de l'échancrure ce bord se dirige en avant et
en haut, et constitue une portion de la circonférence du
trou de la hanche. Dans une espèce peu éloignée ,.le Bou-
sier Bucépmate, Copris Bucephalus , Fabr. , le bord pos-
térieur du sternum ne présente plus d’échancrure, et pa-
raît coupé transversalement. Plusieurs espèces du même
genre offrent l’une ou l’autre particularité ; M. Dejean
croit trouver en elles un moyen simple d'établir dans ce
groupe des sections très-naturelles. Mon travail sur le
système corné quand il aura été achevé dans toutes les
familles et dans tous les genres, fournira à l’entomolo-
giste un très-grand nombre de caractères semblables,
pour signaler en un seul mot des distinctions impor-
(422)
tantes. Le sternum présente de chaque côté une extré-
mité ou sommet qui s'articule avec les flancs.
Les flancs qui occupent les parties latérales ne sont pas
dirigés parallèlement à la ligne moyenne du corps, mais
forment avec cette ligne un angle assez aigu. En d’autres
termes, ils sont obliques de dedans en dehors et d'avant
en arrière. La face externe de chacune des trois pièces
qui les composent affecte ensuite une direction différen-
te. Le paraptère (i°) est tourné presque directementen de-
hors. L’épisternum(i)regarde un peu en avant et en haut,
tandis que l’épimère (Æ) est dirigé en bas et tout-à-fait en
avant. Cette disposition sensible dans la plupart des
Coléoptères, et qui rend très-flexueuse la face externe
des flancs, mérite bien qu’on la remarque; l'Épimère
joue ici un rôle important. Situé derrière l’épisternum,
et articulé avec lui par son bord antérieur , il se porte
brusquement en dehors, en suivant une direction un
peu oblique et presque transversale ; il en résulte que l’o-
rifice postérieur du mésothorax offre un énorme dia-
mètre, comparativement à l'orifice antérieur, et que
cet évasement considérable lui permet de se souder par
son bord postérieur au pourtour du métathorax qui a pris
un très-grand développement.
On voit maintenant comment il se fait que, dans tous
les Coléoptères, le mésothorax, beaucoup moins dévelop:
pé transyersalement que lemétathorax , s’unit à lui dans
toute sa circonférence, sans aucune pièce intermédiaire.
On comprend aussi pourquoi il arrive que dans un
grand nombre d'insectes du mème ordre , le mésothorax
semble composé de deux portions distinctes , l'une anté-
rieure , très-étroite, située en avant de la base des ély-
tres , se présentant sous forme d’un étranglement cireu-
(423 )
laire, et emboîtée par le prothorax qui se meut sur elle
comme sur un pivot; l’autre postérieure, très-large , for-
mant avec la précédente un angle rentrant , n'étant pas
reçu dans le prothorax, et se continuant en arrière
avec la poitrine du métathorax. Il est bien clair, que le
rétrécissement est formé en grande partie par l’épister-
num, tandis que l’épimère constitue à lui seul la portion
évasée.
Nous verrons que chez les insectes qui présentent un
diamètre égal pour les segmens moyen et postérieur du
thorax , l’épisternum et l’épimère se rangent ordinaire-
ment sur le même plan. Les Orthoptères en sont un
exemple.
L’entothorax (X') a dans le Bousier Molosse une forme
etun développement assez singulier. Il est divisé en deux
branches naissant d’un feuillet corné qui côtoye inté-
rieurement tout le bord postérieur du sternum; ces
branches rapprochées à leur base s'élèvent bientôt en di-
vergeant, puis se coudent à leur sommet et se terminent
en deux stylets horizontaux très-aigus dirigés en de-
hors. L'une et l’autre sont assez épaisses , mais elles sont
creusées au côté externe par une goutière profonde à leur
base , disparaissant à leur sommet et qui résulte du replie-
ment sur elle-même d’une lame mince qui les constitue.
Au devant de l’entothorax et au-dessous de ses deux
branches, on remarque un vaste sinus formé inférieure-
ment par la face interne du sternum, et supérieure-
ment par le feuillet corné , sur lequel appuie l’entotho-
rax, et aussi par la base des branches de celui-ci ; un
apodème , sorte de cloison , partage sur la ligne moyenne
du corps et dans le sens de la longueur, cette cavité en
deux portions égales.
( 424 )
Ce sinus est ici largement ouvert en avant; mais
dans le Bousier Bucéphale 4 l'ouverture est excessi-
vement rétrécie par des lames apodémiques qui, par-
tant du bord antérieur du sternum, se réunissent à
des feuillets de mème nature, provenant des branches
de l'entothorax. Il n'existe plus dans l’intérieur du,sinus,
cette cloison longitudinale qui le partageait en deux cavi-
tés. Si l’on joint cette dernière particularité à celle men-
tionnée plus haut, on trouvera entre deux espèces très-
voisines, et seulement dans certaines pièces de la
partie inférieure du mésothorax, des différences sufi-
santes pour les caractériser. Le prothorax offrira de
nouveaux moyens de distinction; le métathorax en
présentera d’autres , l'abdomen en fournira à son tour.
Viendra ensuite la tête, puis tous les organes qui
ont fixé d'une manière trop exclusive l'attention des
zoologistes ; j'entends parler de la bouche, des antennes,
des pates et des ailes. Si on réfléchit ensuite aux modi-
fications innombrables des trachées des nerfs, et prin-
cipalement du système digestif, on devra convenir que
toutes les espèces, ou au moins celles de certains genres,
différent beaucoup plus entre elles, qu'on ne le supposait
d’après l’examen superficiel qu'on avait fait d'une partie
fort limitée de leur organisation. Observons d’ailleurs
que, ces différences d'espèce à espèce échappent d’au-
tant moins facilement que l'animal a plus de volume; c’est
même pour cela que dans la circonstance où nous nous
sommes trouvés de faire connaître des parties et des piè-
ces nouvelles, nous avons dû accorder la préférence aux
insectes d’un gros volume, bien que plusieurs d’entre eux
soient exotiques, et par conséquent moins faciles à se
procurer. Nos dessins qui les représenteront tous, sup-
( 425 )
pléeront, par leur fidélité, à cet inconvénient, et la
comparaison avec les espèces indigènes deviendra dès-
lors très-aisée.
Le Burreste céAnT, Buprestis gigas, Fabr., espèce
fort commune du Brésil, nous offre une poitrine com-
posée de pièces distinctes et d’un volume assez considé-
rable.
Le sternum (2) présente sur la ligne moyenne une
gouttière profonde qui reçoit le prolongement du ster-
num du prothorax. Son entrée est très-étroite , mais elle
s’élargit bientôt et se termine en cul-de-sac sans se con-
tinuer sur le métathorax. Celui-ci se réunit entre les
deux pates au bord postérieur du sternum que nous
décrivons, au moyen d’une soudure transversale très-.
visible dans certains individus ; il est échancré vers ce
point , et constitue, à proprement parler, le fond de la
gouttière. Antérieurement, et de chaque côté, on voit
l'origine de deux impressions allongées, concaves, des-
tinées à emboîter les hanches du prothorax, et à com-
pléter en arrière a cavité qui les contient. Postérieure-
ment le sternum présente deux autres impressions arron-
dies, recevant les hanches de la seconde paire de pates,
et constituant la paroï interne de leurs cavités.
Il serait bien difficile de fixer les limites du sterpum
sur les côtés , tant la soudure avec l’épisternum est in-
time. One peut dans celte circonstance, comme dans
plusieurs autres, que s'arrêter à la supposition la plus
vraisemblable. Nous sommes fondés à croire que le ster-
num est très-peu étendu transversalement, et qu'il se
soude avec l'épisternum à la hauteur des hanches, c’est-
à-dire que ne se prolongeant pas sur les côtés, les
flancs descendent jusqu’à lui.
( 426 )
L'Épisternum (ë) appuie sur le sternum et lui estinti- *
mement uni par son bord inférieur. Son sommet s’arti-
cule avec les élytres. Son bord antérieur , comprimé par
le corselet , est tellement confondu avec le paraptère (1),
qu'il faut bien ici faire abstraction de cette petite
pièce. Ce bord offre deux facettes concaves; la supé-
rieure , assez étroite , loge le péritrème (x); la seconde,
plus étendue , se prolonge inférieurément sur le sternum à
ainsi qu'il a été dit, et entre dans la confection des pa-
rois du trou de la hanche. Le bord postérieur de l’épis-
ternum soudé avec l’épimère s’en distingue très-bien.
L'Épimère (4), dont la face externe regarde en avant
eten bas, est plus étroit et plus court que la pièce pré-
-cédente. Il n’appuie pas sur le sternum, mais il s’ar-
ticule avec la hanche par son extrémité inférieure, sans
cependant descendre assez bas pour arrondir la circonfé-
rence de son trou et l’emboîter, comme cela a lieu dans
un grand nombre d'insectes.
L'articulation de l’épimère avec la rotule se fait au
moyen de la petite pièce que nous avons nommée tro-
chantin (P), et qui dans cette espèce s’apercoit facilement.
L’épimère est joint par son bord antérieur et par son
sommet à l'épisternum. Son bord supérieur oblique de
bas en haut, et de dehors en dedans, est contigu à l’élytre
qui appuie sur lui. Enfin son bord postérieug, formant
un angle avec le bord précédent, est en rapport en haut
avec l’épisternum du métathorax, et en bas avec le ster-
num de ce même anneau.
L'Entothorax (X”) n’a point de tige , c’est-à-dire que les !
deux branches partent immédiatement de la face interne
du sternum; éloignées l’une de l’autre dès leur nais-
sance , elles marchent parallèlement et se dirigent
( 427 )
obliquement d’arrière en avant, et de bas en haut. On
ne remarque aucune trace d’apodème d'insertion sur la
ligne où lesternum est joint à l'épisternum , et où celui-ci
se soude avec l’épimère.
C'est dans les insectes éminemment marcheurs qu'on
devra étudier principalement les pièces de la poitrine, de
même que pour avoir une connaissance exacte des par-
ties du dos il faudra observer celles-ci dans les insectes
favorisés pour le vol. Les Coléoptères appartiennent émi-
pemment à la première catégorie, et les Lépidoptères
forment le type de la seconde. Les-Orthoptères , les Hé-
miptères, les Hyménoptères et les Diptères paraissent
sous ce rapport intermédiaires entre ces deux ordres.
L'examen de la poitrine ou du tergum devra par consé-
quent être plus ou moins minutieux suivant qu'il s’agira de
tel ou tel autre groupe. Le mésothoraxdes Coléoptères par
lequel nous avons débuté est un des anneaux de tronc
où les pièces essentielles sont le plus visibles ; cette cir-
constance est pour nous un motif de poursuivre l'étude
des faits qui le concernent dans plusieurs autres espèces.
Une fois la connaissance acquise de la position relative
du sternum , de l’épisternum , du paraptère , de l’épimère
et de l’entothorax, on pourra marcher hardiment
dans le sentier de l’analogie et découvrir chacune de ces
pièces , à travers les modifications innombrables qu’elles
subissent.
Les Charansons forment une famille très-naturelle, et
la description que nous ferons d’une espèce s’'applique-
ra, à peu de choses près , à toutes.
Dans la Caranpre pazmisTe, Curculio palmarum Linn.,
la poitrine du mésothorax est surtout remarquable parce
qu’elle nous offre un fait singulier qui serait une anomalie
( 428 )
formelle si, aulieude nous borner à direquel’épimère n’a-
bandonnait jamais la hanche , nous avions posé en prin-!
cipe général qu'il entre toujours comme partie consti-
tuante de la cavité qui la contient. Dans la Calandre
ce dernier rapport est inadmissible. Voici en eflet ce
qu'on remarque : $
Le sternum (k) présente postérieurement et sur la li-
gne moyenne un prolongement échancré qui, après avoir
passé entre les deux pates, gagne le sternum du méta-
thorax et contracte adhérence avec lui. Outre cette
échancrure on en voit de chaque côté deux autres très-
profondes demi-circulaires qui, après avoir cotoyé les han-
ches à leur côté interne , se continuent au-devant d'elles,
puis se recourbent à leur côté externe et se dirigent enfin
en arrière jusqu’au bordantérieur du sternum du métatho-
rax, auquel elles se terminent. Si on a bien conçu cette dis-
position que nos figures rendront d’ailleurs très-claire, on
verra qu'il s’en suit naturellement que le bord posté-
rieur du sternum du mésothorax constitue à lui seul la
moitié de la circonférence du trou de la hanche, tandis
que l’autre portion est formée par le sternum du méta-
thorax. On comprendra alors comment il arrive que
l’épisternum et l’épimére ne participent plus à for-
mer la circonférence du trou qui contient la hanche ; je
dirai même à l'égard de l’épimère , qu'il est éloigné de la
hanche par l’épisternum lui-même.
Nous avons décrit le bord postérieur du sternum; il
nous reste à étudier son bord antérieur et ses deux bords
latéraux. Le bord antérieur est concave; il fait partie de
l'orifice œsophagien antérieur. Les bords latéraux sont”
soudés très-intimement avec l’épisternum ; on remarque
cependant à l'endroit où s’est opérée la jonction de
.
EE,
LS
( 429 )
chacun d'eux, une ligne de soudure étroite, légère-
ment oblique de bas en haut et d'avant en arrière.
Nous avons montré que le sternum, après avoir
contourné extérieurement les hanches et s'être porté
en arrière, atteignait dans ce dernier sens le métathorax.
Les deux sortes de prolongement qui en résultent entou-
rent de chaque côté la hanche et sont par conséquent un
premier obstacle qui empèche l'épimère de pouvoir ar-
river jusqu’au trou qui les contient. Il en existe un au-
tre : l'épisternum (à ), dont la forme est assez irrégulière,
est soudé laine avec le sternum du métathorax,
et s'oppose ainsi à ce que l’épimère descende jusqu’au trou
de la hanche. Voyons comment a lieu cet empèchement.
Sans nous arrêter à la direction de l’épisternum
qui oblique de bas en haut et d'avant en arrière, re-
jette dans ce dernier sens toutes les pièces du tergum,
et fournit une preuve remarquable de l'influence que la
position des pièces exerce sur les parties voisines et sur
l'individu tout gntier; sans nous arrèter, dis-je, à ces
considérations importantes qui nous éloigneraient de la
chose en question , nous distinguerons à l’épisternum (4)
trois bords et trois angles :
Le bord antérieur confondu avecle paraptère (#) forme
les côtés de l’orifice œsophagien antérieur.
Le bord inférieur se soude aux bords latéraux du ster-
num , et se distingue de celui-ci par la ligne oblique et
étroite que nous avons signalée.
Le bord postérieur oblique d’arrière en avant et de
bas en haut est soudé avec l’épimère.
Ces trois bords en se réunissant forment trois angles.
Le supérieur qui se dirige en haut, en dedans et en ar.
rière, estobtus et s'articule avec les épidèmes articulaires
( 430 )
des élytres. Les deux autres angles sont inférieurs, Ce
lui qui est situé en avant est très-aigu et n’offre d’ailleurs”
rien de remarquable. Le postérieur nous intéresse da-"
vantage. Légèrement tronqué à son sommet, il se”
soude directement au sternum du métathorax, et ferme”
ainsi le passage à l’épimère qui , pour concourir à la formas
tion de la circonférence du trou de la hanche, devrait d’ al
bord passer entre lui et le sternum du métathorax. Mais”
supposons qu'il ait surmonté cette barrière, ne trouve- k
rait-il pas un nouvel obstacle dans le sternum du méso- Ë
thorax que nous avons dit envelopper de chaque côté
les hanches? Si on penchait à conclure de tout ceci : Que.
l’épimère concourant ailleurs et très-souvent, à former la”
circonférence du trou de la hanche , présente ici un cas
anomal; nous rappellerions que la chose vraiment im-
portante consiste dans ses connexions avec la hanche
même, et que dans aucun cas il ne saurait l’abandon-
ner. En eflet l’épimère est-il chassé à une grande dis-
tance du trou qui la contient? il conserve toujours avec
elle les mêmes rapports. Il suflira de nous suivre et
d'examiner nos dessins, pour se convaincre de la vérité
d’une assertion aussi positive.
Quant à l’épimère (k) il ressemble assez bien à un
triangle dont la base serait tournée en haut et le som-
met en bas. Le bord antérieur est convexe, il se soude
avec l’épisternum. Le bord postérieur est légèrement
congave et s'articule avec lépisternum du métathorax..
Le bord supérieur qui est le moins étendu est en rapport n
avec le tergum ; il se réunit en avant au bord antérieur”
et en arrière au bord postérieur, et constitue les deux"
angles de la base. L’angle inférieur ou le sommet du
triangle résulte de la jonction des bords antérieur et
(431)
postérieur ; il est uronqué et soudé avec le sternum
du métathorax qui offre un petit enfoncement pour le
recevoir.
S'il résulte de cet examen que l’épimère n’a aucun
point de contact avec le trou de la hanche, il devient
curieux de savoir comment il se comporte pour ne pas
abandonner cette dernière,
Lorsqu'on considère extérieurement dans la Calandre
palmiste, les hanches ou mieux les rotulès du mésothorax ;
elles paraissent globuleuses; mais si, ayant recours à la
dissection, on enlève les flancs, on voit qu’elles ont une
forme allongée et qu’elles remontent à l’intérieur jus-
qu’à l’épimère qui s'articule alors avec leur sommet,
comme cela a lieu partont ailleurs.
L'épimère, quoiqu’éloigné à l'extérieur de la hanche,
n'en conserve donc pas moins les mêmes rapports avec
elle. Ce fait nous permet de poser en principe : Que l’é-
pimère s’articulant nécessairement avec la hanche :
celle-ci sera d’autant plus allongée qu'il se trouvera
situé à une plus grande distance, et d’autant plus ar-
rondie ou globuleuse, qu'il sera plus voisin d'elle;
ce qui, au reste, se conçoit très-bien en réfléchissant à
que dans le premier cas la hanche doit aller joindre l’é-
pimère partout où il se trouve, et que dans le second
c'est lui qui vient en quelque sorte à sa rencontre, Cet
énoncé est parfaitement d'accord avec tout ce qu’on ob-
serve. Dans le mésothorax du Dytique, par exemple, l'é-
pimère est allongé et très-rapproché de la ligne moyenne
du corps , les rotules sont par cela même, peu étendues
et globuleuses ; dans le métathorax du même insecte, au
contraire, les rotules ont pris un développement excessif
etse sont étendues dans tous les sens, mais sur-tout trans-
(432)
versalement et de bas en haut, de manière à occuper en-
tiérement les côtés jusqu’au dos de l’insecte ; il en est ré-
sulté que l’épimère n’ayant pas eu besoin de se prolonger
vers Ja ligne inférieure et moyenne du corps, est resté
rudimentaire et tout près du dos. /
Quoi qu'il en soit, et pour ajouter encore quelque chose
à ce fait singulier de l’articulation de la hanche avec l’é-
pimère et du déjettement de celui-ci hors de la cavité qui
la contient, nous remarquerons que le Bupreste géant
nous a offert un état intermédiaire entre ce qu’on voit
d’une part dans la Calandre palmiste , et de l’autre dans
certains insectes tels que le Dytique. Si on jette un coup-
d'œil sur le mésothorax du Bupreste, on observera que
son sternum ne se contourne pas en dehors du trou de
la hanche et que l’épisiernum ne se prolonge pas en
arrière jusqu'au métathorax de manière à fermer ce
trou ; mais qu'il laisse un intervalle qu'aurait pu rem-
plir l’épimère s’il eût descendu plus bas, et qui est occu-
pé par un prolongement de la hanche. Supposons main-
tenant que l’épisternum et le sternum du mésothorax
se soient continués en arrière jusqu’au métathorax en
occupant le petit intervalle qui existe là entre les deux
segmens. N'est-il pas évident que, dans ce cas, la por-
tion de la hanche, remplissant cet espace, serait cachées
par l’acroissement de ces pièces, et que l’épimère relégué
hors de la circonférence du trou qui la contient semble
rait en être éloigné extérieurement, mais qu'à l’inté-M
rieur il conserverait avec elle les mêmes rapports ; enfin
ne se produirait-il pas ce que nous observons dans la Ca |
Jandre palmiste ?
(La suite dans un prochain numéro.)
(433 )
Nore sur l'Histoire naturelle de Terre - Neuve,
extrait d’une lettre de M. Cormack.
L'inrérreur de la grande île de Terre-Neuve est jusqu'à
présent l’un des points les moins connus du globe, sous
le rapport de sa géographie physique et de l’histoire de
ses productions ; aucun voyageur instruit ne l’avait encore
parcouru, et de nombreux obstacles, produits tant par
les causes physiques que par la haïne des Indiens qui
l'habitent pour les Européens, s'étaient opposés jusqu’à
ce jour à ce qu’on l’explorät. Le voyageur dont nous ex-
trayons les notes suivantes, a été plus heurenx, il a tra-
versé entièrement cette île de l’est à l’ouest, dans sa plus
grande largeur ; c’est-à-dire de la baïe de la Trinité à
la baie Saint-George. Une carte sur laquelle il a tracé
sa route et les lacs nombreux qu’il a rencontrés , accom-
pagne sa relation, il y a indiqué avec soin la nature des
roches (1) qui se sont présentées successivement à son
examen. Ce voyage d'environ quatre-vingts lieues en ligne
directe, a duré depuis les premiers jours de septembre
jusqu’au commencement de novembre. M. Cormack n’é-
tait accompagné que par un seul Indien Micmac , et les
difficultés qu'il a éprouvées dépendaient surtout de la
quantité de lacs qu’il a dû contourner, et de la neige
épaisse qui commença à tomber dès le 15 octobre. Ces
lacs, d'après l’auteur, couvrent environ un tiers de la
superficie de l’île ; à en juger par la carte qui accompagne
sa relation , la côte méridionale et la côte orientale com-
EEE nnnnel
(1) Ces roches ont été déterminées par le professeur Jameson, à
Edimbourg, d’après les échantillons envoyés par l’auteur.
1. 28
(434)
muniqueraient entre elles dans plusieurs points , par des
successions non interrompues de rivières et de lacs.
Presque tout le pays que ce voyageur a traversé paraît
composé de roches primitives ou de transition : ce sont
principalement des Granites, des Syenites, des Micaschis-
tes, des Porphyres, des Schistes argileux, etc. Dans quel-
ques points seulement , on observe des Grès secondaires
qui paraissent appartenir à la formation houillère ou au
Grès rouge; on y remarque mème, dans quelques endroits,
des indices de charbon de terre; vers le centre de l’île,
près des lacs que l’auteur a nommés lac de Serpentine et
lac Jameson , on rencontre plusieurs rangs de colline de
Serpentine. Ces roches présentent dans ce lieu des va-
riétés nombreuses et très-belles : presque toute la partie
occidentale de l’ile est granitique. Cependant en appro-
chantde la côte près de la baie Saïnt-George, les terrains
deviennenttrès-variés et fort intéressans : à quelques lieues
au sud de cette baie, sur la rivière Barrasway du sud,
on trouve de la Houille de très-bonne qualité ; au nord
de cette rivière on rencontre plusieurs sources salées et
une source sulfureuse ; enfin auprès de cette même
baie on observe une formation gypseuse qui s'étend à
quelques milles dans l'intérieur du pays.
Le sol de cette île est en général très-mauvais, il est
très-humide dans les parties basses, tandis qu'il est nu
et aride sur, les sommets; les bords de la mer près de
l'embouchure des rivières , sont seuls un peu plus fertiles
et susceptibles de culture.
La moitié orientale de l’ilé est basse et boisée ; elle
est traversée du nord au sud par plusieurs rangées de col-
lines peu élevées , son aspect est très-pittoresque.
La partie occidentale est montueuse , inégale, aride
( 435 )
et souvent dépourvue de bois ; mais ces montagnes n'af-
fectent aucune direction particulière ; les rivières et les
lacs ont beaucoup plus détendue dans cette partie de
l’île que dans la partie orientale.
La végétation de l’intérieur de Terre-Neuve ne pré-
sente pas beaucoup d'intérêt, surtout lorsqu'on a déjà
examiné le pays voisin des côtes. Cette île est cependant
assez riche en plantes, surtout en petits arbustes. Les
parties actuellement dénudées paraissent avoir été an-
ciennement boisées; des racines et des troncs d'arbres
d’une grandeur supérieure à ceux qu'on rencontre main-
tenant dans ce pays, se trouvent sous la surface du sol.
Ils ont évidemment été détruits par le feu. Les Sapins, les
Melèses et les Bouleaux composent presque tous les
bois ; les Pins sont rares et en général si rabougris qu'ils
ne fournissent que de mauvais bois de construction.
On y voit aussi quelques Frènes de montagne ( Mon-
tain-Ash). Les parties occidentales de l’île étant peu
couvertes de bois, nourrissent de nombreux troupeaux
de Carribou, espèce de cerf voisine du renne, et propre
à cette partie de l'Amérique. On rencontre ces animaux
par milliers, de sorte que lé pays en paraît quelquefois
couvert; pendant l'hiver ils émigrent dans les parties
orientales et boisées , et ne reviennent dans les prairies
de l'extrémité occidentale de l'ile, qu’au commencement
du printemps ; leur chair forme presque la seule nour-
riture des Indiens. Les Castors étaient autrefois en
grand nombre dans les parties boisées, et on les re-
trouve encore en quaniité dans quelques portions de l’ile.
Les autres animaux sauvages sont très-peu nombreux,
excepté les Renards. Les Oies , les Canards, les Mouettes
et autres oiseaux d’eau de passage, sont très-abondans
28*
( 436 )
dans les lacs de l’intérieur. Mais ils les abandonnent
aussitôt qu'ils sont gelés, pour se rapprocher des côtes.
(Edimb. Philos., journ., janv. 1824.)
OBSERVATIONS sur les prétendus OSSELETS DE L'OUÏE
trouvés par Ernest-Henri Weber, professeur
d'anatomie comparée à Lerpzick.
Par M. E. Georrroy SarnT-Hiraire.
(Lu à la Société d'Histoire naturelle de Paris , séance du 5 mars 1824.)
M. Weser s'est occupé de rédiger un ouvrage sur
l'oreille des animaux, dont il a déjà fait paraître une
première parue, la portion qui est relative à l’oreille
des animaux aquatiques, sous le titre : de Aure anima-
lium aquatilium; Lipsiæ , 1820. Un des bulletins de la
Société Philomatique , année 1821, page 118, a donné
toutes les propositions nouvelles de M. Weber. La plus
importante, du moins par rapport à moi et à mes travaux
de détermination, est relative à la découverte de certains
osselets situés chez la Carpe hors du crâne. M. Weber les
nomme étrier, enclume et marteau. Le bulletin de la
Société Philomatique donne comme une heureuse idée
de l’auteur allemand, d’avoir attribué ces pièces à la
vessie natatoire , et d’avoir en outre considéré ce même
appareil comme une dépendance de l’ouie. L'article du
bulletin fait encore connaître que la pointe du marteau
adhère contamment à la partie supérieure de la vessie
patatoire.
Je montre à la société les petits osselets découverts
par M. Weber. Si ce sont là le marteau, l’enclume et.
l'étrier , la conséquence naturelle de ces idées d’analogie
( 437)
est que je me suis trompé, lorsque j'ai donné ces pièces
comme trouvant ailleurs leurs analogues, c’est-à-dire lors-
que je les ai déclarées déterminées en leur appliquant le
nom des pièces de l'oreille.
Je n’ai point dù donner mes énoncés généraux sur
le crâne et surtout les présenter comme définitifs à
l'égard de tous les êtres , ainsi que je l’ai fait le 23 février
dernier à l’Académie des Sciences, et comme je crois
toujours l’avoir judicieusement établi dans mon tableau
lithographié (1), embrassant toutes les existences quant
#
(1) Tableau portant pour titre: Composition de la téte osseuse chez
l'Homme et les Animaux, trouvée semblable en nombre, connexions et
application usuelle de ses parties. I| accompagnait un Mémoire que
j’ai communiqué à l’Académie des sciences le même jour, 23 février.
Je détache de ce travail les faits qui se lient à la question traitée dans
ce petit écrit.
L’aile temporale forme chez les Poissons une partie séparée du
crâne dont 1outes les pièces, ailleurs restreintes au plus petit volume,
sont au contraire portées chez les Poissons au maximum de composi-
tion. C’est ce que je pense en effet des deux parties du cadre du tym-
pan et des osselets de l’ouïe, osselets ainsi nommés dans l'Homme, où
ils furent d’abord observés. Jai fait figurer cette aile temporale, prise
chez le Brochet et chez le Mérou, en deux parties et dans deux ou-
vrages diflérens: 1° dans le premier atlas de ma Philosophie anatomi-
que, pl. 1; et 2° dans le neuvième volume des Mémoires du Muséum
d'Histoire-Naturelle. Mon allas montre quatre pièces pour l’opercule ;
il n’en existe véritablement que trois : les parties Zet e n’en forment
qu’une seule, qui avait été vue accidentellement rompue. J’applique le
nom de Siapéal ou étrier à la pièce 0; d’Incéal ou enclume à l’inférieure
notée Le; et celui de Aalléal, ou marteau, à l’antérieure m. Cet ensem-
ble de parties, qui compose l’opercule des Poissons, est articulé avec
le surplus de l’aile temporale, fig. et Mém. cités, t. 9, pl vr, fig. 7 et 8. Je
suis ces pièces d’arrière en avant. La premiére, lett. p., est le tympa-
nal analogue au petit filet circulaire du cadre du tympan; la deuxième
r, est le serrial analogue à la grosse tubérosité du même cadre. J'ai déjà
( 438 )
au nombre et quant à toutes les modifications des os
crâniens , je n'ai, dis-je , point dû me prononcer sur ces
faits, sans avoir revu les travaux de M. Weber.
J'ai assez long-temps laissé agir toutes les insinuations
de la rivalité, et il doit m'être sans doute aujourd’hui per-
mis de dire ce que je pense du travail de ce savant
anatomiste.
M. Weber, qui a réellement découvert chez la Carpe
un mode d’association inaccoutumé et vraiment fort
curieux d’osselets , n’a cependant , selon moi du moins,
nullement procédé quant à la détermination de ces
pièces avec la philosophie et la logique qu'on ne peut
se dispenser d'apporter, quand on se propose de rendre
de pareils jugemens. Il ne connaissait point le système
osseux de la Carpe , puisqu'il déclare lui-même adopter
publié le fait de cette séparation du cercle auditif en deux pièces; j’ai
consacré cette découverte, faite chez l’homme par M. Serres, en y at-
tachant le nom de l'inventeur. Une pièce de l'Hyoïde s , ou le Stylhyal,
est articulée avec leserrial ; en arrière est une autre pièce £, lÆdorbital,
analogue à la portion orbitaire du maxillaire supérieur; au-dessus de
celle-ci est le cotyléal c: c’est la portion analogue chez l'Homme à l'arc
osseux posé sur Je rocher, et sous lequel passe la carotide interne pour
pénétrer dans le crâne. Les deux autres piéces, l’une en dehors, u, et
l'autre en dedans, d, sont, celle-là l’adgustal, et celle-ci l’héris-
séal. Ce sont les noms nouveaux que je donne à deux piéces, dont Ja
détermination appartient à M. Cuvier; l'adgustal répondant à l'apophyse
ptérigoïde externe , et l'nérisséal à l’apophyse ptérigoïde interne. Au
contraire , je ne suis point de son sentiment à l'égard des pièces posté-
rieures £, €, r : M. Cuvier nomme Jugalt, ou VPadorbital ; il nomme
caisse e, ou le cotyléal, et temporal r, ou le serrial. Le jugal et le tempo-
ral, existent, suivant moi, au-dessus : le temporal est, soudé au crâne.
M. Cuvier a créé, pour les dénommer, les noms de sous-orbitaire et de
mastoidien. 1} n’y a, du moins c’est mon sentiment , nulle part de sous-
orbitaire, ni de mastoïdien ; et j'ajoute, ni de frontal antérieur mi de
vd
Jrontal postérieur , ni d’interpariétal.
( 439 )
de confiance, quant au crâne de cette espèce, le travail de
Bojanus : ainsi ce n'est point à l'égard d’os voisins qu'il
connaît très-exactement qu'il juge les autres pièces de-
venues pour lui les petits os de l'oreille des Mammiferes :
c’est donc une détermination faite à priori, et basée sur
quelque ressemblance dans la forme et la dimension
des parties; bien mieux, l’auteur semble ignorer qu'il
n'est point là sur des considérations , du moins dans son
point de vue, propres à tous les Poissons ; et en eflet,
hors les genres Cyprinus, Sülurus et Cobitis, rien de cé
qu'il a vu, et comme il l’a vu surla Carpen’existe ailleurs.
Je reviens sur les pièces que M. Weber a découvertes
chez la Carpe et dans tous ses congenères, et Je les trouve
chez tous les Poissons ; mais non plus avec les condi-
tions d'indépendance et de relations qu'elles ont acquises
par suite de leur extension du côté de la vessie nata-
toire. Où sont toutes ces pièces ? derrière et dehors
le crâne. Où sont-elles posées ; car c’est à mon principe
des connexions à me diriger sur leur détermination ? Je
les vois sur les flancs des trois premières vertèbres : et
cette observation faite me porte au pressentiment qué
ce sont des branches vertébrales. Je les étudie plus
spécialement et je ne vois toujours là, on que des périaux
ou que des épiaux (1) de la première, de la seconde et
nd mn alénbth sa heures coll" sc nofdo eines
(a) Ces noms sont définis dans mes Considerations générales sur la
Vertèbre (F. Mém. cités; t. 9, p. 89). J’ai donné dans ce travail les
conditions générales de toute vertébre, que je trouve partout composée
dé heuf pièces, savoir: une centrale, ôu le corps vertébral (eycléal), et
quatre pièces en dessus; savoir : les branches pour enceindre le systèrne
médullaire (deux périaux et deux épiaux); et quatre pièces en des-
sous ; ou les autres branches vertébrales pour le système sanguin (deux
parädaux et deux cataaux).
( 440 )
de la troisième vertèbre. Ces branches vertébrales sont
alors dans toute la classe des Poissons , car elles ne dif-
férent,de ce qui est partout ailleurs que parce qu’elles
se trouvent chez les Cyprins en liaison avec la vessie
natatoire. Mais les mouvemens de celle-ci sont précisé-
ment ce qui les a privées du repos nécessaire à leur
ossification définitive , soitentre elles, soit avec le corps
vertébral. Voilà donc tout le mystère, voilà l’unique fait
nouveau concernant ces petits osselets; ainsi il n’y a
plus là de marteau, d’étrier, ni d’enclume , et mon an-
cienne détermination, si d’ailleurs elle est fondée sur
des motifs avérés, peut rester toujours acquise aux os
de l’opercule.
NorTice sur la PUCE IRRITANTE.
Par M. DErRANCE.
Quoique les puces soient des insectes fort com-
muns, il reste peut-être beaucoup de choses à
connaître à leur égard. L'on sait que de leurs œufs
il sort des larves qui filent des coques soyeuses dans
lesquelles elles se changent en nymphes et ensuite
en insectes parfaits. Lorsque l’on ouvre des femelles
prêtes à pondre on trouve dans leurs corps huit à douze
œufs oblongs, blancs , arrondis et d’égale grosseur aux
deux bouts. Quand ils viennent d’être pondus ils sont
lisses , secs, et coulent comme des globules de mercure,
cherchant , au moindre mouvement , les lieux plus bas
et les fentes où les larves pourront se trouver proté-
gées. Si l’on veut se convaincre de ces faits il suffit de
visiter, pendant l'été surtout, un fauteuil sur lequel
(441)
un chien ou un chat se sera reposé ; on y trouvera beau-
coup d'œufs que ces insectes ont pondus en se placant
- entre l'animal et le corps sur lequel il était couché.
Si ces insectes n'étaient pas aussi nuisibles qu'ils le
sont, l’on pourrait avoir quelque inquiétude sur le sort
de la larve sanguinivore qui doit sortir d’un œuf ainsi
abandonné au hasard ; mais la nature a pourvu à la con-
servation de toutes les espèces , mème de celles qui peu-
vent nous nuire. Avec les œufs on trouve des grains
noirs presque aussi roulans qu'eux qui proviennent de
l'animal qui a servi de pâture à l’insecte , et qui doi-
vent être dévorés par les larves.
Jusqu'à présent l’on a pris ces petits corps pour les
excrémens des puces; mais il y a bien des raisons de
douter qu'ils aient cette origine. Ils ne sont autre chose
que du sang desséché , qui reprend sur-le-champ sa li-
quidité , si on lui restitue l’eau qu'il a perdue. Si c'était
des excrémens et le résidu de matières digérées, ils
auraient une forme régulière , et il semble qu'ils ne pré-
senteraient pas une matière aussi disposée à se dissoudre
et à reprendre la couleur du sang. D'ailleurs , leur gros-
seur est telle qu’elle ne pourrait convenir à l’organe par
lequel ils seraient rejetés par un aussi petit insecte.
Ces grains affectent différentes formes. Les uns sont
axrégulièrement arrondis, mais ordinairement ils sont
cylindriques et luisans ; quelques-uns qui sont contournés
sur eux-mêmes et discoïdes, seraient plus longs que
l'insecte lui-même s'ils étaient déroulés.
Quand ils n'auraient pas tous ces caractères , qui pa-
raissent ne pouvoir convenir à des excrémens, ayant pu
vérifier que ces corps sont dévorés avec avidité par les
larves et qu'ils leur servent de nourriture, il semble
(44)
que ce fait seul pourrait sufire pour penser qu'ils n’ont
pas cêtte origine , car on ne voit pas que des animaux se
nourrissent des excrémens de ceux qui les ont procréés.
Îl reste à découvrir et à expliquer comment ce sang
desséché peut se présenter pour la nourriture des larves
sans provenir du corps des puces ; mais quoique ce qui
se passe à cet égard soit extrèmement fréquent, per-
sonne, peut-être, n'a été à portée de l’observer. Je
hasarderai cette conjecture : c’est que dans certains cas
les puces, et peut-être les femelles exclusivement, au-
raient la faculté d'ouvrir la peau non-seulement pour
se nourrir du sang qu’elles peuvent pomper, mais en-
core d’y faire (comme les sangsues ) une blessure qui
le laisserait couler pendant un certain temps; ce sang,
fluide en sortant de la peau, se dessécherait prompte-
ment par la chaleur de l'animal à mesure qu'il décou-
lerait de la blessure, et ce serait là là cause de la forme
de ceux de ces grains qui sont contournés sur eux-
mêmes. Ce qui viendrait appüyer cette conjecture,
c’est qu'on ne trouve ce sang desséché et calibré que
dans les poils des animaux qui l'ont fourni, et dans
les endroits où ils ont reposé , quoique les insectes se
rencontrent ailleurs. S'ils provenaient des excrémens
des insectes , on en trouverait partout où ces derniers
auraient habité, et c’est ce que l’on ne voit pas. Quand
ils attaquentla peau des hommes, on remarque quelque-
fois des taches du sang qui a dû découler d’une plaie,
mais non des grains calibrés.
Le 22 août j'ai ramassé des œufs pondus du même
jour , et ils sont éclos cinq jours après. Aÿant nourri les
petites larves avec le sang desséché que J'avais 1rouvé
avec les œufs, j'ai remarqué qu’elles marchent fort vite
(44 )
en élevant la tête, et après l'avoir avancée elles «atti-
raient leur corps ; mais elles ne pouvaient s'élever contre
les parois de la boîte.
Je n’ai jamais trouvé ces larves ni leur coque sur les
animaux qui servent de pâture à l’insecte parfait ; et
n'ayant pas , comme ce dernier, une forme et une peau
ferme qui puissent.les protéger, il est exrèmement pro-
bable qu’elles doivent s’y trouver bien rarement. Je leur
ai présenté des mouches, quelques-unes ont paru vou-
loir se nourrir de la substance qui se présentait aux en-
droits où les ailes avaient été arrachées ou aux fentes
du corselet qui avait été un peu écrasé; mais elles ne
les auraient pas attaquées sans ces sortes de blessures.
Leur corps transparent laisse voir la nourriture qu’elles
ont avalée.
Le 9 septembre elles ont commencé à filer des co-
ques ; mais avant de le faire elles ont attendu , comme
le font les chenilles , et probablement toutes les larves,
que tout ce qu’elles avaient mangé fût sorti de leur
corps ; et, dans cet état, elles étaient blanches et tout-
à-fait transparentes,
: Les nymphes qui présentent les pates collées contre
le corps ont beaucoup de rapports dans leur forme avec
les insectes parfaits; et ceux-ci percèrent leur coque
seize jours après qu'elle eut été formée.
: La précaution que prennent certaines personnes de
baigner les animaux pour les débarrasser de ces insec-
tes est bien inutile, puisque ceux que j'ai tenus dans
l'eau pendant vingt-deux heures , ont repris la viè après
en avoir été retirés ; les femelles pleines d’œufs ont péri
à cette épreuve, mais elles ont subi jusqu'à douze heures
d'immersion sans périr.
(444)
Note sur le dégagement d’un gaz ammoniacal pen-
dant la végétation du Casnoroniüum Vurvaria.
C’est un des phénomènes les plus piquans de la phy-
siologie végétale que le fait bien connu des mouvemens
continuels de certains fluides aériformes dans l’intérieur
de leurs organes. Une observation d’un haut intérêt
vient d’être ajvutée par M. Chevallier, à celles que nous
possédons déjà sur cette matière. Il avait annoncé, con-
jointement avec M. Lassaigne, l’existence du sous-car-
bonate d'Ammoniaque, tout formé dans les feuilles du
Chenopodium vulvaria , et cette assertion avait éprouvé
quelque difficulté à passer dans la science, comme fait,
et véritablement on ne voit pas trop pourquoi. Cepen-
dant il faut se féliciter de la controverse qui en est ré-
sultée puisqu'elle a conduit M. Chevallier à la décou-
verte d’un fait bien autrement curieux que le précédent.
Ce n’est plus maintenant un sel ammoniacal faisant
partie des feuilles comme tant d’autres matières salines ,
c'est une exhalation continuelle d'Ammoniaque libre
qui aurait lieu pendant la vie de cette plante. Certaine-
ment ce premier fait, jusqu'à présent isolé , ouvre une
mine riche en résultats importans , et l’on ne peut s’em-
pêcher de le rapprocher des idées ingénieuses de M. Ro-
biquet sur l’Arome. Nous ferons observer d’ailleurs que
c’est pour la première fois qu'on a observé dans les vé- :
gétaux l’exhalation d’un gaz contenant de l'azote, et la
ficilité avec laquelle l'Ammoniaque abandonne ce prin-
sipe, pourrait peut-être faire mieux concevoir la forma-
tion des produits azotés du règne végétal dont on cher-
(445)
chait plutôt la source jusqu’à présent, dans l’air atmos-
phérique et dans les Nitrates ou les Nitrites, qui peuvent
se rencontrer dans les terres. Nous rapporterons tex-
tuellement l’observation de M. Chevallier : « Voulant
obtenir l’acali volaul de la Vulvaire sans employer l’ac-
tion du feu, et par-là éviter des objections qu’on eût
pu me faire, j'ai placé dans un grand pot à fleur une
motte de terre contenant deux pieds de Chenopodium.
Quand je fus assuré que cette transplantation n'avait en
rien influé sur la vitalité du végétal , je plaçai sur le pot
un entonnoir de verre, et je lutai le tout de manière
que la vapeur qui se se dégage continuellement de la
Vulvaire, fütobligée de passer par la partie supérieure de
l’entonnoir. J'adaptai à cette partie supérieure un tube
qui allait se rendre dans un flacon contenant de l'acide
hydrochlorique étendu d’eau. Toutecommunication avec
l'air extérieur était d’ailleurs interrompue par un second
tube plongeant dans l’eau. À peine le premier fut-il en
présence de l’acide hydrochlorique que des vapeurs
blanches se firent apercevoir et se répandirent à la sur-
face du liquide où elles disparaissaient. Ce dégagement
étant très-fort, le soir du jour même je fis l'analyse du
liquide, et je trouvai qu'il contenait de l’hydro-chlorate
d’Ammoniaque. Je répétai plusieurs jours de suite la
mème expérience qui toujours me donna les mêmes
résultats.
» D'après cette expérience, je crois pouvoir être con-
vaincu que le Chenopodium Vulvaria laisse dégager
spontanément de l’Ammoniaque libre pendant l’acte de
la végétation.
» J'ai reconnu d’ailleurs, il y aquelques années, conjoin-
tement avec M. Boullay, qu'un grand nombre de fleurs,
( 446 )
même de celles dont l’odeur est très-agréable , laissent
dégager spontanément du gaz Ammoniaque. »
On ne peut s’empècher de 1ecommander cette obser-
vation à l'attention des personnes qui s'occupent de phy-
siologie végétale. Et puisque M. Chevallier a été assez
heureux pour découvrir cet important phénomène, il
serait bien à désirer qu’il poussât plus loin ses recherches
et qu'il les dirigeät vers l'influenee que les rayons so-
laires peuvent excercer sur ce dégagement, en ayant
soin ; bien entendu , d’exclure la terre végétale, dont la
présence peut troubler les résultats.
Extrait d’une lettre de M. Berzelius, du 17
février 1824.
. . J’a1 analysé l’Uranite d’Autun , et le résultat
raisonné de mon analyse, diffère de celui de M. Laugier.
Ode l'a M AAMEPANRIE ATEN PRET SA AERETE
CRÉELEL ASIA OTORERNR ANS JS LA ha a PEL
BAPE TS NEURONES
Nasnésten el SCIOMENEAURR AND MIA e EE Ne MRET
Aide phéSpRoTique. s EMI TROT AL MEET
BED AS APARTMENT EMI CARRE MSNM
Trace d’ mme et d’acide fluorique, gangue. 2,50
Tonga niiss cha GB69
L'uranite est composé de sous-phosphate de chaux et de
sous-phosphate d’oxide d’urane, dans un tel rapport que le
dernier content le double d’oxigène et d’acideen com-.
paraison du premier, — J'ai aussi analysé celui de Corz
( 447 )
nouailles. Il est composé de manière que l’oxide de
cuivre remplace la chaux et la baryte de celui d’Autun.
C’est donc un sous-phosphate double de cuivre et d’u-
rane qui a la même forme cristalline que celui de chaux
et d’urane, puisque la chaux et l’oxide d’urane sont
isomorphes d’après M. Mitscherlich. J'ai proposé pour
celui de Cornouailles le nom de Chalcolithe, qui lui
était donné par Werner, pour le distinguer de l’uranite
d’Autun.
Notre sur le feuillage des CLIFFORTIA.
Par M. DE Cannozce.
Le feuillage des jolis arbustes du cap de Bonne-Espé-
rance, auxquels Linné a donné le nom de Cliffortia,
présente des bizarreries remarquables ; il a été décrit
jusqu'ici d’une manière fort incorrecte, tandis qu’en le
considérant sous le point de vue que j’ai exposé dans la
Théorie élémentaire ( éd. 2, $ 81-110), il devient fort
clair, et présente un exemple piquant de l'application
des lois combinées de l’adhérence et de l’avortement ou
non développement des organes végétaux.
Les auteurs systématiques divisent les Cffortia en es-
pèces à feuilles alternes fasciculées , ou opposées, mais
elles ont toutes les feuilles alternes; on a,nommé fasci-
culées celles à trois folioles bien distinctes, et qui ont en
outre de petites feuilles qui naissent à l’aisselle des feuil-
les ordinaires; on a nommé opposées celles qui ont en
effet deux lames appliquées l’une contre l’autre, mais
sans faire attention que ces lames partent du même point
de la tige, ce qui n’a jamais lieu dans les feuilles véri-
( 448 )
tablement opposées. Puisque ces termes sont fondés sur
de simples apparences, examinons la réalité des carac-
ières. Les Cliffortia appartiennent à la famille des Rosa-
cées et à la tribu des Sanguisorbées; comme la plupart
de leurs analogues, elles ont des feuilles alternes à pé-
tiole court, munies à leur base de deux stipules adhé-
rentes au pétiole, et formées de trois folioles tantôt li-
bres tantôt soudées ensemble, tantôt égales tantôt iné-
gales entre elles. Elles présentent cinq combinaisons,
qui me servent à diviser le genre en cinq sections très-
naturelles.
1°. Dans les Clifforties que je nomme Multinerves,
on trouve des feuilles en apparence simples portant à
leurs côtés deux stipules, munies à leur base de plu-
sieurs nervures saillantes, et divisées vers le sommet en
trois lobes aigus et inégaux. Ce sont des espèces où les
trois folioles sont soudées en une jusque près des som-
mets ; les nervures propres de chaque foliole sont visi-
bles à la base : les parties non soudées des folioles for-
ment les trois pointes, et les stipules sont visibles aux
deux côtés vers la base. Cette organisation se trouve
dans les Cliffortia ilicrfolia Lin., cordifolia Lam. , et
ruscifolia Lin., où je l’ai observée, et parait exister
aussi, d’après les descriptions, dans le C. bidendata
Willd.
2°, Les Cliflorties que j'appelle Dichoptères ressem-
blent en apparence aux précédentes, et semblent com-
me elles avoir des feuilles simples à une seule nervure
et des stipules bifides, mais la réalité est bien diflé-
rente; ici, ce qui semble la feuille n’est autre chose que
Ja foliole du milieu, qui est grande et bien développée;
ce qui semble une stipule bifide' est composé de la sou
( 449 )
dure incomplète des stipules proprement dites, avec les
folioles latérales de la feuille. J'ai observé cette organi-
sation dans ie C. cuneata d’Aïton, et j'ai lieu de croire,
d’après les descriptions, qu’elle existe de même dans les
C. odorata, serrata, ferruginea, et probablement dans
le C. graminea de Linné fils.
La 3° section, celle des Cliflorties à feuilles menues
( Tenuifoliæ), répond à peu près aux Clifforties fasci-.
culées des auteurs. Les feuilles, lorsqu'elles sont bien
développées, présentent trois folioles grèles, oblongues,
linéaires ou en alène; les deux latérales sont quelque-
fois plus courtes que celles du milieu, mais de nature
et de forme semblables; les stipules sont simples, or-
dinairement distinctes entre elles, mais soudées ensem-
ble dans le €. strobilifera; les feuilles de la tige avor-
tent fréquemment dans cette section , et il ne reste alors
que les stipules, à l’aisselle desquelles se développent
des faisceaux de petites feuilles , phénomène analogue à
ce qui se passe dans l’épine-vinette. J'ai observé ce mode
de foliation dans les Cliffortia strobilifera , juniperina ,
sarmentosa et falcata de Linné ; il est probable, d’après
les descriptions, qu’il se rencontre aussi dans les C. eri-
cæfolia, teretifolia et filifolia, qui peut-être ne sont pas
suflisamment distinguées entre elles.
Les Clifforties à larges feuilles (Latifoliæ) forment la
quatrième section ; elles offrent trois folioles ovales ou
en cœur renversé, bien distinctes, souvent dissembla-
bles de façon que les latérales qui sont les plus petites
semblent être des stipules : mais les vraies stipules exis-
tent au-dessous , de sorte qu’on ne peut les confondre.
Cette section représente avec le moins d’aberration pos-
sible l’état normal des Cliffortia. J'en ai observé les C.
1. 29
(40)
ternata et obcordata, et jy rapporte sans aucun doute,
d’après les descriptions , les ©. trifoliata de Linné, 6bli-
qua de Sprengel , et dentata de Willdenow.
Enfin la cinquième section , celle des Clifforties à deux
folioles ( Bifoliolæ), correspond aux Clifforties à feuilles
opposées ; on y remarque de très-petites stipules et des
feuilles sessiles qui ont les deux folioles latérales grandes,
arrondies et appliquées l’üne contre l’autre : mais la
foliole impaire ou terminale manque tout-à-fait. C’est
ce que j'ai observé dans le €. pulchella, et ce que je
crois exister dans les €. crenata et cinerea; maïs ces
deux dernières sont décrites de manière à laisser du
doute sur leur vraie organisation.
Outre l'avantage de classer ainsi les espèces de Clif-
forties en $sections claires et naturélles, on trouvera
peut-être dans ces faits et un exemple curieux du jeu
des adhérences et des avortemens ;, ét un indice que ce
que nous appelons feuilles simples pourrait bien réelle-
ment être des feuilles dont toutes les parties sont inti-
mement soudées ensemble , tandis que ce que nous
nommons feuilles composées sont celles dont les folioles
restent distinctes les unes des autres. Je me propose de
revenir sur cette question générale , en l’éclairant par
quelques autres exemples.
Essai sur la constitution géognostique des
Pyrénées.
Par J. De CHARPENTIER.
Ouvrage couronné par l’Institut royal de France (x).
Dans la première partie de son ouvrage l’auteur exa-
ARE Le Lo
<
‘{t) A Paris, chez Levrault , rue des Fossés-M.-le-Prince, n, 19 |
(451)
minc la structure physique extérieure des Pyrénées , fait
connaitre successivement l'étendue de cette chaîne, la
forme qu’elle présente, ses vallées avec leurs lacs et les
cirques remarquables appelés oules qui se trouvent à
la naissance de plusieurs, ses sommets les plus éle-
vés, ses cols ou ports, ses glaciers, etc. La seconde partie
est consacrée à un apercu général sur la nature et la
disposition des divers terrains dont les Pyrénées sont
composées. « Les masses minérales qui composent la
» charpente des Pyrénées, dit-il en la commencant, pa-
» raissent appartenir toutes à la classe de roches que
» l’on désigne communément sous le nom de roches nep-
» {uniennes.
» On n'a jamais trouvé dans ces montagnes de roches
» volcaniques, ni aucune substance minérale dont la
» nature ait été changée par l’action des feux souterrains.
»' Les basaltes même, qui sont si répandus dans certains
» pays, et dont l’origine ignée a donné lieu à tant de
» diseussions, ne s'y rencontrent point. Cependant on
» trouve dans ces montagnes de grands dépôts de roches
» amphiboliques modernes, dont le mode de formation
» nous paraît encore extrêmement équivoque ; et nous
» né croyons pas que dans l’état actuel de nos connais-
» sances géologiques on puisse rien décider sur leur ori-
» gine. » Les divers terrains qui composent les Pyré-
nées forment des bandes parallèles à la direction géné-
rale de la chaîne qui est en mème temps la direction la
plus ordinaire de leurs strates. L’inclinaison de ces der-
nières est extrêmement variable. Il n’y a que le terrain
de trapp secondaire qui échappe à ces lois. « Ce singulier
» terrain ne forme pas précisément des bandes comme
» les autres roches des Pyrénées, mais des monticules
à Me
( 452 )
» ou masses isolées , placées en général vers le pied de
» Ja chaîne et à l’entrée des vallées. »
Cette partie se termine par l'exposition des idées de
l’auteur sur le mode de formation et la forme originelle
des Pyrénées et sur les dégradations qui ont produit leur
forme actuelle. Elle est ornée d’une planche qui repré-
sente ces divers objets.
La troisième partie dont la seconde forme en quel-
que sorte l'introduction , et qui constitue à elle seule
plus des deux tiers du volume, « contient la description
» détaillée des différentes espèces de terrains qui consti-
» tuent les Pyrénées. »
L'auteur les divise en trois classes, le terrain primitif, le
terrain intermédiaire et les terrains secondaires. Le terrain
primitif des Pyrénées, extrèmement simple dans sa com-
position, consiste principalement en Granite , en Schiste
micacé et en Calcaire ; le Granite est la roche dominante,
et avec celles qui lui sont subordonnées il forme peut-être
les huit dixièmes de ce terrain. Après lui vient le Schiste
micacé qui dans les Pyrénées est identique avec le
Schiste argileux et le Schiste talqueux. Il n’y a pas dans
cette chaîne de formation indépendante de Gneïss, mais
cette roche se trouve fréquemment subordonnée ou asso-
ciée aux parties supérieures du Granite. Quelques-unes
de ces associations présentent des apparences très-re-
marquables. Le Gneiss semble former d'énormes frag-
mens anguleux au milieu du Granite.
Le Granite des Pyrénées se distingue de celui de beau-
coup d’autres contrées en ce que le Mica passe générale-
ment à l'état de Tale. Il présente un grand nombre de
couches subordonnées parmi lesquelles on distingue des
couches de Calcaïre grenu passant quelquefois au Cal-
(453 )
caire compacte. D’après les passages qu’il offre et les mé-
langes qu'il contient , ce Granite paraît se rapporter au
moins ancien des Granites primitifs. M. de Charpentier
ne repousse même pas l’idée qu'il pourrait appartenir à
l’époque intermédiaire. Il dit lui-même qu'il s’est formé
sur ces roches des idées analogues à celles que M. Bro-
chant de Villiers a émises sur les roches Granitoïdes des
Alpes.
La formation du terrain de Schiste micacé paraît avoir
suivi immédiatement celle du Granite,et on observe mème
un passage de l’une de ces roches à l’autre. Ce terrain
est composé de Schiste micacé, de Schiste argileux et de
Schiste talqueux , et renferme des couches de Calcaire ,
de Quarz, d’Amphibole , de Graphite, de Granite, de
Grunstein commun , de Grunstein à base de Porphyre,
et de feldspath compacte.
Le Trapp primitif subordonné au Schiste micacé et le
Calcaire avec lequel il alterne fréquemment sontles deux
roches des Pyrénées dans lesquelles on observe le plus
grand nombre de minéraux étrangers et d'espèces peu com-
munes. Il y a peu de contrées qui dans un espace aussi
borné que celui que ce terrain occupe dans les montagnes
qui environnent Barèges , offrent un aussi grand nombre
d’espèces minérales. M. de Charpentier n’élève aucun
doute sur l’origine neptunienne de ce Trapp. Le Calcaire
qu’on trouve intercalé dans le Granite et dans le Schiste
micacé des Pyrénées forme un des traits les plus mar-
quans de ces terrains. M. de Charpentier cite entre-au-
tres dans les parties supérieures du Granite , qui en ce
point passe en Gneïss , une couche Calcaire de quinze
toises d'épaisseur qui présente de petites couches su-
bordonnées de Granite et de Gneïss et qu'on peut suivre
( 454 )
sur une longueur de plusieurs lieues. Il décrit parmi les
terrains primitifs une formation de Calcaire le plus sou-
vent saccharoïde , et qui, tant par ce caractère que par
les minéraux accidentels qu'il contient, présente de
grands rapports avec celui qu’on voit subordonné dans
le Granite et le Schiste micacé. Cependant il repose sur
le Granite en stratification discordante, et ses rapports
avec le Schiste micacé ne sont pas connus, non plus que
la discordance de stratification qui doit exister entre lui
et le terrain de transition, si réellement il est primitif.
Le terrain de transition incontestable occupe un grand
espace dans les Pyrénées ; il paraît constituer les deux
tiers de toute la chaine et forme presque partout le faîte
de la chaîne centrale ; il présente une très-grande épais-
seur.
Il se compose principalement de Schiste argileux et
de Calcaire. La dernière de ces roches est plus fréquente
dans la partie supérieure du terrain et la première dans
la partie inférieure. Celle-ci contient principalement
dams-sa partie inférieure des couches de Grauwacke or-
dibaire et Grauwacke schisteuse. Le Caleaire qui se dis-
tingue en grénu, schisteux et compacte renferme des
couches de brèche calcaire. Ce terrain présente un as-
sez grand nombre de couches de Quarz compacte. On y
observe aussi entre autres couches subordonnées des
couches minces de Feldspath compacte qui contiént
quelquefois des réstes d'animaux marins. Ces débris sont
assez fréquens däns les Calcaires; lé Schiste argileux
ainsi que la Grauwacke schisteuse présentent des em- «
preintes végétales. L'auteur n’a pas cherché à établir de
rapprochement particulierentre le terrain detransition des
Pyrénées et les terrains de transition observés dans d’au-
EEE PP
2 on EE
(455)
tres pays. Cependant il indique un grand nombre de rap-
ports entre ce terrain et celui qui s’observe dans un grand
nombre de poinis des Alpes centrales, et que M. Brochant
a caractérisé le premier.
M. de Charpentier n’a distingué dans les terrains
secondaires des Pyrénées que trois formations, le
. Grès rouge (rothe todte liegende), le calcaire Alpin
(zechstein ) et le terrain de Trapp secondaire (ophite).
Cependant il annonce qu'une partie du Calcaire qu'il
nomme Alpin lui parait se rapporter au Calcaire du
Jura (Calcaire oolithique), mais qu'il n’a pu les sé-
parer faute d’une limite tranchée, soit dans leurs mas-
ses soit dans leurs caractères. Peut-être même pour-
rait-on soupconner que les parties dans lesquelles il in-
dique des couches de combustibles au pied septentrional
de la chaîne seront un jour rangées à côté de ces terrains
long-temps problématiques de la Provence, qui d’après les
savantes recherches de M. Brongniart se rapportent aux
premiers dépôts tertiaires. Quant aux masses auxquelles
M. deCharpentier applique spécialementles noms de rothe
todte liegende et de zeschtein, À nous semble que n'ayant
pas observé le terrain houiller dans les Pyrénées et
n'ayant pas fait une étude suivie des fossiles qu'il y a
rencontrés, 1] n'a pas fixé leur âge géologique d’une ma-
nière irrévocable. On sait que plusieurs des terrains rap-
portés d’abord par les Allemands au rothe todte liegende
ont été regardés depuis comme plus anciens que la
houille, et se rapportent au o/d red sanstone des Anglais,
ou comme plus modernes que le Zechstein et se rappor-
tent au Grès bigarré(bunter sandstein, new red sanstone).
De même plusieurs Calcaires qui avaient été rapportés
au Zechslein ont été trouvés depuis plus anciens ou plus
( 456 )
modernes que le calcaire qui a suivi immédiatement le
véritable rothe todte liegende. se pourrait que le rothe
todte liegende et le Zechstein des Pyrénées éprouvassent
‘ un jour un sort analogue . M. de Charpentier ayant prouvé
que ces deux terrains se sont déposés l’un sur l’autre
sans intervalle, il suffirait de fixer d’une manière incon-
testable l’époque de formation de l’un d’eux.
M. de Charpentier a également laissé indécises plusieurs
des questions auxquelles donnent lieu les Ophites et les
dépôts de Marnes bigarrées , de Gypse et de Calcaire ,
et les sources salées qui les accompagnent le plus sou-
vent. Il avait cru d’abord que les Ophites étaient su-
perposés à ces derniers dépôts ; mais d’après les observa-
tions de M. Boué et de M. Levallois qui ont visité les
Pyrénées après lui, et avec les indications que M. Bro-
chant leur avait fournies d’après le manuscrit de M.
Charpentier , dont il était dépositaire , il semble disposé
à admettre que ces deux systèmes de roches dont la con-
coniittance est un fait si remarquable, sont simplement
adossés l’un à l’autre. « Il paraît, dit-il, que cette roche
» (l’Ophite) est souvent placée pour ainsi dire verticale-
» ment à côté du Gypse , de l’Argile et du Calcaire fer-
» rugineux, de manière qu'on ne peut dire ni qu'il re-
» couvre ni quil supporte aucune de ces roches. »
M. de Charpentier a décrit avec le soin qui se montre
dans tout son travail, les divers minéraux répandus acci-
dentellement dans les roches des Pyrénées. Il donne des
détails intéressans sur plusieurs variétés de Macles et
sur le Dipyre. On sait déjà combien il a étendu nos
connaissances sur le Lherzolite ou Pyroxène en roche
qu’il a le premier rapporté à son véritable type miné-
ralogique. Enfin il décrit un minéral, le Couzeranite, qui
( 457)
ne paraît se rapporter à aucune espèce connue et être
une espèce nouvelle dont il a enrichi la science.
Sur le PRETREA et le RoGERriA, deux nouveaux
genres de plantes.
Dans un mémoire qui sera incessamment publié, M.Gay
donne la monographie des plantes que R. Brown avait dé-
tachées des Bignoniacées sous les noms de Sesamées et de
Pedalinées. Deux nouveaux genres font partie de ce tra-
vail ; le Pretrea qui est intermédiaire entre le Sesasum
et le Josephinia , et dont la seule espèce a été décrite par
Loureiro sous le nom de Martynia zanguebarica; le Ro-
geria qui est voisin du Pedalium , et auquel M. Gay rap-
porte trois espèces dont une seule était connue. Ce savant
botaniste les distingue de la manière suivante :
Rogeria adenophylla, fois longe petiolatis,trinervus;trilobis, dentatis,
dentibus diglandulosis, fauce corollinä latâ obconicä, drupâ 4-8 acanthi.
Rogeria longiflora, folüs petiolatis, orbiculatis, trinerviis, fauce co-
rollinâ gracili conico-teretiusculà, drupâ diacanthä.
Rogeria brasiliensis, foliis obovato-spatulatis, in petiolum brevissi-
mum attenuatis, margine denticulatis eglandulosis, fauce corollinà latä
obconicä.
Sur une nouvelle espèce de Curanna.
Par Cu. Kontx.
M. Poiret a décrit dans l'Encyclopédie méthodique une
nouvelle espèce de Robinia sous le nom de Robinia rubi-
ginosa. N n'existe à Paris que dans l’herbier de M. de
Jussieu un seul échantillon de cette plante. C’est là que
je l'ai vu ; mais je me suis convaincu que ce Robinia n'ap-
( 458 )
partient ni à ce genre , ni même à la famille des Légumi-
neuses. C’est un Cupania, plante de la familledes Sapin-
dacées , auquel je donne le nom de Cupania Poiretii. Com-
me M. Poiret ne parle point de organisation des
fleurs, qu'il dit incomplètes , je vais suppléer à cette
omission par la description suivante :
Cauyx profundé quinquepartitus, externè hirsuto-tomentosus, in-
ternè pubescens; laciniis subrotundo-ovatis, rotundatis, concavis, su-
bæqualibus; ante apertionem floris marginibus sibi incumbentibus.
Prrara quinque, sub disco inserta, triloba, externè hirsuta, basi cu-
neata et breviter unguiculata, æqualia, calycem subæquantia; lobo
medio ovato rotundato, lateralibus minoribus, obtusis, cucullato-in-
flexis. SrAmina octo, sub ovario inserta, uni-seriata, subæqualia , ca-
lyce vix longiora. Filamenta subulata, inferne hirsuta libera. AnTHErx
ovato-oblongæ vel ellipticæ, basi bifidæ, dorso aflixæ, biloculares ,
interné secundum longitudinem dehiscentes, glabræ. Discus annularis
inter stamina et petala, glaber. Ovarum superum, sessile, subrotundo-
ovatum , apice in stylum desinens, hirsutum, triloculare; ovulum in
quolibet loculo, ejus fundo aflixum podospermio brevi erasso, suffultum
erectum, ovatum, lenticulari-compressum, Srxzus stamina superans
apice tri (?)-fidus ; lobis revolutis. Frucrus ignotus.
FIN DU PREMIER VOLUME.
TABLE
DES
PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES
CONTENUS DANS CE VOLUME.
PI. I. Purois. Organes générateurs mâles. Fig. 1. TT. Testi-
cules. EE. Épidydimes. DD. Canaux déférens. UU. Uretères.
V. Vessie urinaire. U’. Canal de l’urètre. P’. Pénis recouvert
de son fourreau. — Fig. 2. Pénis développé. G. Gland. OO. Os
pénial. — Fig. 3. Animalcules D pe La du Putois grossis
mille fois en AE.
PI. IL. Cntex. Organes générateurs mâles. Fig.1.TT.Testicules.EE.
Épididymes. DD. Canaux déférens. UU. Urétères. V. Vessie
urinaire. P. Prostate. U’. Canal de l’urètre. P’. Pénis.—Fig. 9.
Vérumontanum ouvert. V. Fragment de la vessie urinaire. PP.
Sections de la prostate. DD. Positions des orifices des canaux dé-
férens. U’. Portion supérieure du canal de l’urètre. — Fig. 3
Détails du testicule. EE. Épididyme. D. Canal déférent gorgé
de semence dont la couleur laiteuse le distingue des tégumens
environnans. À. Albuginée soulevée et détachée du parenchyme
qui se voit à nu en PP. — Fig. 4. Os pénial. RR. Gouttière lon-
gitudinale qui s’y remarque. C. Cartilage qui le termine. — Fig.
5. Globules de la liqueur fournie par la prostate grossis mille
fois en diamètre. — Fig. 6. Animalcules spermatiques grossis
au même point.
PI. IT. Lapin. Organes générateurs mâles. Fig. 1. TT. Testicules.
EE. Épididymes. DD. canaux déférens. UU. Urétères. V. Ves-
sie. V’V”. Vésicule séminale. PP. Prostate. U’. Urétère. P”. Pé-
nis. (Dans cette figure , par.une inadvertance du graveur , tous
les signés ” ont été omis. En s’aidant des figures du Putois et
du’ Chien, on y suppléera très-facilement.) — Fig. >. Véru-
montanum ouvert. DD. Orifices des canaux déférens. PP. Petites
fentes par lesquelles s’écoule le liquide de la prostate. V. Ouver-
ture de la vésicule sémiñale. — L. Globules observés dans la
( 460 )
liqueur de la prostate , grossis trois cents fois seulement. — AA.
Animalcules grossis mille fois comme les précédens.
PI. IV. Analyse des fleurs du CYTINUS HYPoCISTIs.
PI. V. Analyse des fleurs du NEPENTHES 1ND1CA , et du NErENTHES
MADAGASCARIENSIS.
PI. VI. Coupe de terrain contenant le bois fossile à Écoucné et à
FRESNAY-LE-BurFARD (département de l'Orne).
PI. VII. Larve et Insecte parfait du COcHLÉOCTONE VORACE.
PI. VIII. Détails anatomiques sur le thorax du Dyriscus crreuM-
FLEXUS. .
PI. IX. Crar. Organes générateurs mâles. Fig. 1. TT. Testicoles.
EE. Épididymes. DD. Canaux déférens. UU. Uretère. V. Vessie
urinaire. P. Prostate. U’. Canal de l’urètre. CC. Glandes de
Cowper. L'une d’elles est entière; l'autre, ouverte , permet de
voir dans sa partie centrale le tissu de la glande. P’. Pénis. —
Fig. 2. À gauche du lecteur , globules de la liqueur des glandes
de Cowper mélangés de gouttelettes de graisse. A sa droite,
globules du liquide de la prostate sans aucun mélange de corps
étranger. Les objets représentés dans cette figure sont grossis
trois cents fois. — Fig. 3. Animalcules spermatiques du Chat,
grossis mille fois.
PI. X. Hérisson. Organes générateurs mâles. TT. Testicules. EE.
Épididymes. V. Vessie urinaire. V’V’. Vésicules séminales.
VV”. Vésicules accessoires. U. Urètre. P. Pénis recouvert de
son fourreau. G. Gland développé. L. Sa languette vue en
avant. — Fig. 2. Vérumontanurm ouvert pour montrer les ori-
fices des diverses glandes de l'appareil générateur. AA. Sont
ceux des vésicules séminales. BB. Ceux des canaux déférens.
CC. Ceux des vésicules accessoires.—Fg. 3. Animalcules sper-
matiques grossis mille fois. — Fig. 4. Corpuscules renfermés
dans le liquide des vésicules séminales grossis quatre ou cinq
cents fois. — Fig. 5 Globuleset gouttelettes de graisse observées
dans la liqueur des vésicules accessoires grossis idem.
PI. XI. Cocnox D'INDE et SURMULoOT. Organes générateurs mâles.
Fig. 1. Appareil générateur du Cochon d’Inde. TT. Testicules.
EE. Épididymes. GG. Appendice graisseux qui accompagne sôu-
vent le testicule , et qui se montre surtout très-développé dans
les Rats. DD. Canaux déférens. UU. Urétères. V. Vessie uri-
| ( 461 )
naire. V'V’. Vésicules séminales. VV”. Vésicule accessoire.
CC. Glandes de Cowper. U. Canal de l’urètre. P. Pénis déve-
veloppé. — Fig. 2. Canal de l’urètre ouvert. A. L’un des ori-
fices des vésicules séminales. On a coupé la languette qui le re-
couvrait pour qu’il pût être aperçu. De l’autre côté la languette
se trouvant intacte, l’orifice correspondant reste caché. BB.
Ouvertures des canaux déférens. D. Petits trous qui livrent pas-
sage à la liqueur fournie par le canal excréteur des vésicules
accessoires. CC. Canaux excréteurs des glandes de Cowper et
leurs orifices. — Fig. 5. P. Gland développé.-O. Os pénial. —
Fig. 4. Animalcules spermatiques grossis mille fois. — Fig. 5.
Corpuscules flottant dans l’eau qui a servi à délayer la matière
épaisse contenue dans les vésicules séminales. — Fig. 6. Cor-
puscules du liquide de la vésicule accessoire. — Fig. 7. id. de
la prostate. Ces trois dernières figures sont grossies trois cents
fois seulement.
Fig. 8. Détails du testicule du Surmucor. EE. Épididymes. D. Ca-
nal déférent. A. Albugmée ouverte pour montrer le paren-
chyme P dans lequel on distingue très-facilement les vaisseaux
spermatiques à l’œil nu. — Fig. 9. Vaisseaux spermatiques pas-
sant au travers de l’albuginée pour se rendre dans l’épididyme.
Fig. 10 Vaisseau spermatique pris dans l’intérieur du testiêule,
et grossi dix fois. La transparence du tissu permet de voir dans
son intérieur les flocons épais de liqueur spermatique qu’il ren-
ferme. |
PI. XIE. Animalcules de quelques Mammifères, grossis mille fois.
T. Ceux du Taureau. G. Id. du Cheval. A. De l’Ane. M. Cor-
puscules observés dans la liqueur du testicule du Mulet. S B.
Animalcules de la Souris blanche. S G. Ceux de la Souris grise.
S. Ceux du Surmulot. B. Ceux du Bouc. O. Ceux du Bélier. —
H°. Ceux de l'Homme d’après le baron de Gleichen. H. Id. D’a-
près le comte de Buffon. Ces deux dernières figures ne sont
point proportionnelles aux précédentes pour le grossissement.
PI. XIII. Pixrorus (Sow.) Genre de Coquilles fossiles. Fig. 1.
Picrozus LEVIS , Sow. — Fig. 2. PILEOLUS PLICATUS , SOw. —
Fig. 3. PrLeozus Nertroines , Desh.
PI. XIV. Détails de deux nouveaux genres d’Insectes, ANOTIA ct
Orrocgrus, de la famille des Cicadaires.
(4& )
PI. XV. Fig. 1. Détails des fleurs du SPIRÆA HYPERICIFOLIA. —
Fig. 2. Détails des fleurs du SPIRÆA ARUNOUS.
PI. XVI. Fig. 1. Détails des fleurs du SPIRÆA FILIPENDULA. —
Fig. 2. Détails des Fruits du SPIEÆA ULMARIA. — Fig. 3. Dé-
taîls dés fruits du SPIRÆA SORBIFOLTA.
PI. XVIIT. Errira CurvicAuDA , F'auth. Fig. 1. Animal entier.—
Fig. 2.3. 4.5.6. Détails de son organisation extérieure.
PI. XIX. Oisraux. Organes mâles générateurs et Animalcules.
— Fig. 1. Appareil génital du Coq. TT. Testicules. DD. Ca-
naux déférens. PP. Papilles qui terminent ceux-ci. R. Rectum.
S. Son sphincter. UU. Ouverture des uretères. — Fig. 2. Ori-
fice commun des excrémens et des produits urinaires et sperma-
tiques. — SS. Vaisseau spermatique pris dans le tissu du Testi-
cule et grossi dix fois. — C. Animalcules du Coq. — M. Ceux
du Moineau franc. — P. Ceux du Pigeon. — A. Ceux du Ca-
nard. — Ils sont tous grossis mille fois.
PI. XX. ANIMAUX A SANG FROID. Organes générateurs mâles. —
Fig. 1. Appareil génito-urinaire de la Grenouille commune.
TT. Testicules. P. Panache graisseux dont ils sont surmontés.
R. Reins. UU. Uretères. VV. Vésicules séminales ou plutôt
flemens des uretères. P’. Papilles et orifices qui terminent
les uretères. . Rectum ouvert. V’V”. Vessie urinaire bilobée.
—Fig.2.T.Testicule ramené de côté. P. Son panache. R. Reins.
SS. Vaisseaux Spermatiques pénétrant dans Île rein. UU. Uretère.
V. Son renflement. —Fig, 5. Appareil génito-urinaire de la Sa-
lamandre à crête. T. Testicule nu. G. Lobe de graisse au-dessous
duquel on voit l’autre testicule. RR. Reins. DDDD. Canaux dé-
férens. UU. Uretères multiples disposés par faisceaux. R°. Rec-
tum. V’. Vessie urinaire. P. Papilles qui terminent les canaux
déférens et portent leurs orifices. — Fig. 4. Testicule anomal de la
Salamandre. TT. Portions renferment des Animaleules. O. Par-
tie opaline qui n’en contient point. DD. Canal déférent.
G. Animalcules de la Grenouille. G. Ceux du Crapaud accou- ”
cheur. V. Ceux de la Vipère.—Grossis mille fois.—E. Ceux de
l'Escargot des Vignes. S. Ceux de la Salamandre à crête. —
Grossis cent fois seulement.
PI. XXI. Courarant de la Guiane. Awbl. Fig. 1. drétébe entière.
— Analyse de la fleur, du fruit et de la graine.
f
|
|
(463)
PI. XXIT. Nycrinome du Brésil. Fig. 1. Animal entier. —fig. », 5.
tête en dessous et de côté. — Fg. 4. Crâne.
PI. XXIII. Acaricus TUBÆFORMIS , Schæf. Fig. 5. — Le même
avorlé où CLAVARTA THERMATHIS, De Cand. Fig. 1,2, 4.
PI. XXIV. CoULEUVRE DE RD , Bory. À. Tête en date: B.
Tête en dessous. C. OEuf de Be naturelle.
PI. XXV. SrrrÆa lanceolata, Poir.
PI. XXVI. SriræA flexuosa, Fiscz.
PI. XXVII. SrrræA betulifolia, Pall.
PI. XXVIIT. Spiræa stipulata, Mu.
FIN DE LA TABLE DES PLANCHES.
TABLE
DES MATIÈRES
CONTENUES DANS CE VOLUME.
NPC RM
Introduction. th.
Nouvelle Théorie de la génération ; par MM. Prévost et Du-
mas. 1
Observations relatives à l'appareil générateur des animaux
mâles ; Histoire et description des animalcules spermati-
ques ; par les mêmes. 10
Observations sur les genres Cytimus et Nepenthes ; par M.
Ad. Brongniart. 29
Observations sur le genre Couma d’Aublet; par M. Ack.
Richard. 52
Nouvelles Observations sur le terrain qui contient en Nor-
mandie (département de l'Orne), le bois fossile à odeur
de truffes ; par M. J. Desnoyers. 58
Mémoire sur une Larve qui dévore les Hélix nemoralis, et
sur l’insecte auquel elle donne naissance ; par le comte
Jgnace Mielzinsky. 67
Note sur le Mémoire précédent; par M. Latreille , membre
de l’Insutut. 78
Considérations et Rapports nouveaux d'anatomie comparée ,
concernant les mammifères à sabot; par M. Geoffroy de
Saint-Hilaire, membre de l’Institut. 80
Note sur le genre Bauhinia de Linné; par Charles Kunth. 83
Note sur les bassins tertiaires, par M. Laurent Pareto de
Gênes. 86
Note sur le genre Schizopetalon. 98
Extrait d’une lettre de M. de Fréminville, Lieutenant de
vaisseau. 92
Recherches anatomiques sur le thorax des Animaux articulés
j LT TeNAN de ttes Tr x 7% PT. ef
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