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Full text of "Annales des sciences naturelles : comprenant La physiologie animale et végétale, l'anatomie comparée des deux règnes, la zoologie, la botanique, la minéralogie et la géologie"

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ANNALES 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 


IMPRIMERIE DE J. TASTU, 


RUE DE VAUGIRARD, N° 36. 


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* SCIENCE 


MM. AUDOUIN, AD. BRONGNIART £r DUMAS, 


COMPRENAN# 


LA PHYSIOLOGIE ANIMALE ET VÉGÉLALE , L'ANATOMIE 
COMPARÉE DES DEUX RÈGNES, LA ZOOLOGIE. LA BOTA- 
NIQUE ; LA MINÉRALOGIE ET LA GÉOLOGIE. 


TOME PREMIER, 


ACCOMPAGNÉ DE PLANCHES INA". 


À PARIS, 
ge CHEZ BÉCHET JEUNE. 


LIBR AIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MEDECINE, 
PLACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE, N° 4. 


4824. 


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INTRODUCTION. 


Dirvis long-temps les hommes qui se livrent à la cul- 
ture des sciences ont été frappés des secours mutuel 

qu’elles se prêtent , et lorsqu'on examine avec attention 
Fhistoire des savans qui se sont acquis une éclatante cé-- 
lébrité par leurs découvertes , on ne tarde pas à se con 
vaincre qu'ils ont tous dirigé leurs études sur plusieurs. 
parties de l’histoire de la nature. C’est à l’heureuse al- 
liance de la chimie et de la physique, c’est à l’emploi 
sage et discret des théories mathématiques, qu’il faut 
attribuer les progrès immenses que font chaque jour ces 
deux branches des connaissances humaines ; progrès 
destinés, sans aucun doute , à porter jusqu'aux temps 
les plus reculés le glorieux souvenir du siècle qui en a 
été le témoin , et du pays qui peut s’énorgueillir d’avoir 
donné le jour aux philosophes dont le génie a su pour- 
suivre sans relâche l’érection de cet admirable monu- 
ment intellectuel. Quarante années se sont à peine écou- 
lées, et déjà les questions les plus importantes ont été. 
résolues. On a pu faire marcher à-la-fois les hautes con- 
ceptions de la théorie , les détails pratiques les plus mi- 
nutieux , et des applications tellement variées, d’un in- 
térêt si général, qu’on a quelque droit de s'attendre à 
voir bientôt l’existence industrielle des peuples entière- 
ment changée. Un homme qui sait réunir toutes les con- 
paissances positives à l'imagination la plus brillante , un 


vj INTRODUCTION. 


homme dont la brûlante activité s’est toujours consacrée 
à pénétrer les secrets de la nature , et à deviner les pou- 
voirs de l'intelligence, M. Alexandre de Humboldt, que 
chacun a déjà reconnu sans doute , nous a révélé, de- 
puis plusieurs années, quelques-unes des grandes pen- 
sées que nous pouvons espérer de voir se réaliser de nos 
jours. En discutant les analyses organiques de MM. Gay- 
Lussac et Thénard, il a démontré Ja possibilité d’une 
opération chimique propre à nous fournir artificiellement 
les produits que nous relirons du bled lui-même. Ge pro- 
blême est devenu maintenant l’un des plus simples de 
Ja science. La facilité remarquable avec laquelle on 
est parvenu dernièrement à transformer le bois en gomme 
et en sucre crystallisable , nous montre assez que la chi- 
mie ne saurait tarder à résoudre aussi cette grande 
question d'économie publique, et nous ne pourrions pré- 
voir les conséquences commerciales et politiques d’une 
découverte aussi simple en apparence. 

Mais si la chimie et la physique ont subi des révolu- 
tions assez complètes pour avoir acquis le droit de dis- 
cuter ayec précision des problèmes aussi délicats , osera- 
t-on accuser les autres branches de l’histoire-de la na- 
ture, d’être restées stationnaires pendant que celles-ci 
avançaient à pas de géant dans le sentier de la vérité ? 
Non, sans doute, et la marche qu’elles ont suivie, quoi- 
que moins riche en brillans résultats, quoique moins 
heureuse dans ses applications aux besoins de notre 
existence , n’en a pourtant été ni moins réelle , ni moins 
rapide. L’anatomie comparative, le rapprochement phi- 
losophique des formes propres aux corps organisés , et 
les lois qui nous permettent d’en deviner les variations , 


INTRODUCTION. C7 


la classification naturelle des animaux et des plantes, 
leur distribution géographique , l'examen de leurs fonc- 
tions matérielles, toutes ces parties ont éprouvé des 
perfectionnemens incontestables ; plusieurs d’entr’elles 
même ont été créées de nos jours. Au milieu de ces car- 
rières neuves se fait remarquer l’histoire des animaux 
antédiluviens , si féconde en hautes conséquences , et 
l'exemple le plus étonnant de ce que peut uneimagination 
vive , lorsqu'un jugement sage.en modère les élans , et 
qu’une puissante capacité intellectuelle en régularise les 
conceptions. La géologie, revenue de ses anciens égare- 
mens, et désormais éclairée par les sciences qu’elle a su 
intéresser à ses progrès, repose aujourd'hui sur des bases 
solides ; et se trouve bien près d’atteindre le grand but 
qu’elle a dû se proposer. La détermination précise des 
antiques habitans de notre globe, a contribué pour 
beaucoup à lui donner une direction plus judicieuse ; 
mais c’est sur-tout au subit développement des systèmes 
minéralogiques , que l’on peut attribuer sa nouvelle im- 
pulsion. 

Examinons de plus près chacune de ces sciences , et 
nous ne tarderons pas à nous convaincre qu’elles se se- 
raient épargnées beaucoup de travaux, si, comme la 
physique et la chimie , elles avaient su s'enrichir par des 
emprunts réciproques. 

Les deux règnes organiques. séparés malheureusement 
dès l’origine des recherches dont ils ont été l’objet, sem- 
blent aujourd’hui sur le point de se confondre’en un seul. 
Le même esprit dirige les personnes occupées à classer les 
êtres qui les composent. On commence à s’apercevoir 
que la même force préside aux opérations par le moyen 


vétf INTRODUCTION: 


desquelles les corps ‘organisés peuvent s’assimiler les! 
particules de la matière, et cette seule circonstance 
nous oblige à réunir toutes Le notions Pipe que 
en un même faisceau: : + 

Si cette conviction , fruit heureux d une longue expé-: 
rience , eùt été spontanément acquise par lobservation: 
des faits généraux que lon avait pu saisir dès le premier 
âge des sciences naturelles , il est fort probable que leur 
marche se serait , par cela seul, débarrassée de beau- 
coup d’entraves. En effet, dans le règne animal, les 
familles ont été devinées à l’instant où l’on a cherché 
des bases de classification. Il n’en a pas été de même 
des végétaux , et la difficulté de trouver des principes 
réels de rapprochement, a forcé les botanistes à compa- 
rer un seul système d’organes , et à se servir des diffé- 
rences qu'ils observaient pour former leurs divisions 
artificielles. Une telle erreur n’eût jamais été commise, 
si l’on n’avait pas séparé les deux règnes; on auraitsenti 
que les bases de la classification devaient être les mêmes 
dans l’un et dans l’autre, et l’on aurait cherché, par 
une étude anatomique plus délicate des formes végétales, 
à remplir un but que des observations superficielles ne 
pouvaient atteindre. 

Mais si la botanique s’est laissé devancer par la zoolo- 
gie dans ces premiers temps, elle peut se flaiter à son 
tour de l'avoir précédée sous. plus d’un rapport. L'étude 
attentive des productions hybrides et monstrueuses, si 
fréquentes dans le règne végétal , avait conduit plusieurs 
philosophes, et en particulier le célèbre botaniste de 
Genève , à des considérations très-élevées sur les lois de 
l’organisation. Plus tard, M. Geoffroy de Saint-Hilaire a 


INTRODUCTION. 12 


deviné tout le parti que l’on pourrait tirér dans les rap- 
prochemens anatomiqués , de l'influence qu’exercent les 
uns sur les autres tous les organes d’un même système 
animal. L'activité qu'il a déployée dans ses recherches, 
les résultats curieux , importans et inattendus qu’il en a 
déduits , et l’ensemble qu'il a su mettre dans ses tra- 
vaux, forment aujourd’hui un corps de doctrine impo- 
sant bien supérieur aux nolions consignées dans les ou- 
vrages de Botanique. Mais il n’en est pas moins vrai que 
les premières vues de cet ordre ont été déduites de la 
comparaison des formes végétales. 

Ce n’est point là le seul avantage propre à exciter l’é- 
mulation des zoologistes , ‘et tous les hommes qui s’oc- 
cupent d'histoire naturelle doivent être frappés d’éton- 
nement en voyant l’extrème différence qui s’observe entre 
l’état de la classification des végétaux et celle des ani- 
maux. Une législation sévère règle tous les travaux des 
botanistes; un ordre admirable règne jusques dans les” 
moindres détails de cette science , et le système de no- 
menclature dont on y fait usage peut être considéré 
comme une des plus heureuses combinaisons de la mné- 
monique. | 

Dans les recherches des zoologistes , on observe , au 
contraire ,uneinégalité qui semble résulter de la division 
forcée du travail. Les ornithologistes , les icthyologistes ;, 
les entomologistes , les conchyliologistes , se concen- 
trent chacun dans le champ qu’ils exploitent, et sem- 
blent le plus souvent ignorer les principes que leurs voi- 
sins ont cru devoir adopter. Il se rencontre, à la vérité , 
des exceptions, et l’une des plus remarquables est, 
sans contredit, l’arrangement des animaux articulés en 


æ INTRODUCTION. 


familles naturelles, par M. Latreille. Toutefois, le 
règne animal, que nous devons à M. Cuvier, est le seut 
ouvrage dans lequel on ait envisagé, d’une manière phi- 
losophique , tout l’ensemble des êtres animés, et où 
l’on ait cherché à les distribuer d’après un système mé- 
thodique et général. Espérons que les germes précieux 
qu'il renferme ne tarderont pas à se développer et à pro- 
duire une classification détaillée des animaux, fondée: 
sur les caractères anatomiques qui les distinguent , et 
capable de rivaliser avec les meilleurs traités spécifiques 
que les botanistes possèdent. 

Les études anatomiques de ces deux règnes présentent 
aussiquelques différences singulières qui doivent être attri- 
buées entièrement au point d’où l’on était parti. Ghezles 
animaux , les fonctions se manifestent par leurs résultats , 
et l’on réunit plas facilement et avec plus de certitude 
des organes qui produisent les mêmes effets. Dans les 
végétaux, au contraire , si l’on en excepte le système 
reproducteur , tous les autres sont encore enveloppés 
d’une obscurité complète. Par cela seul , anatomie vé- 
gétale a dû se borner à l’étude des formes , tandis que 
l'anatomie animale repose en entier sur la détermination 
des fonctions. Dans leur embarras , les botanistes ont 
essayé diverses combinaisons , et M. de Jussieu leur 
ayant dévoilé l’importance des caractères de position , ce 
trait de lumière leur a bientôt ouvert une nouvelle route. 
Ils ont généralisé cette pensée , et l’ont appliquée avec 
autant de succès que de bonheur à leurs nouvelles étu- 
des. C’est beaucoup plus tard encore , et sans doute à 
cause de la facilité avec laquelle la zoologie pouvait se 
passer de cet ordre d'observations ; c’est. beaucoup plus 


INTRODUCTION. 2j 


lard , maïs avec un succès bien plusg rand , que M. Geof- 
froy de Saint-Hilaire est venu découvrir à son tour les 
lois de position qui exercent maintenant une influence si 
remarquable dans les recherches d’anatomie animale. 

La direction qu’on a suivie dans les observations phy- 
siologiques , offre des diversités non moips curieuses. En 
ce qui concerne les animaux , on est parti d’un point de 
vue entièrement médical, et pour les végétaux on ne 
s’est laissé guider que par des considérations purement 
chimiques. Aussi voyons-nous que la physiologie des 
premiers n’a possédé , pendant fort long-temps , que des 
observations anatomiques ou pathologiques, toutes les 
expériences étaient même dirigées dans le seul but d’exa- 
miner les résultats produits par un trouble accidentel 
ou volontaire amené dans l’une des fonctions. Les tra- 
vaux tentés par quelques chimistes étaient ‘mal appré- 
ciés ou dénaturés dans leurs conséquences, et restaient 
le plus souvent sans application. Mais, chose remar- 
quable , c'est que toutes les observations d’anatomie fine , 
toutes celles de chimie ou de physique, se rapportaient 
à des fonctions isolées, présentaient, par cela même, un 
point de vue commun tellement distinct et déterminé , 
qu’on a dû chercher à les mettre en harmonie , et que 
des théories physiques plus ou moins Justes ont été ima- 
ginées à l'effet d'expliquer les actions observées dans l’é- 
conomie animale, 

Il n’en est point ainsi de la physiologie végétale. 
Son origine , toute scientifique, aurait dû la faire aller 
plus vite et plus loin ; mais en examinant sa marche, on 
reconnait bientôt les causes qui ont arrêté ses progrès. 
Les observations anatomiques sont restées dans le plus 


æij INTRODUCTION. 


parfait isolement, et les recherches chimiques ont eu 
rarement pour but des fonctions de, détail. Les anato- 
mistes semblent avoir considéré les végétaux comme des 
êtres sans fonctions organiques , et les chimistes parais- 
sent les avoir envisagés comme des corps identiques dans 
toutes leurs parties et sans organes distincts. Ils ne se 
sont, par conséquent, presque jamais appliqués à démé- 
ler les propriétés particulières à chacun de leurs sys- 
tèmes, et personne n’a pu parvenir encore à rattacher 
les faits anatomiques aux faits chimiques ou physiques. 
Aucune théorie n’a été conçue, et les savans qui se con- 
sacrent à ce genre d'expériences semblent même s’igno. 
rer mutuellement. 

Les phénomènes généraux de la vie tiennent pour- 
tant à la même cause , quelles que soient la forme , la 
complication ou la simplicité de l'appareil dans lequel 
ils se manifestent. Un esprit commun doit animer les 
observateurs qui veulent percer les nuages dont cette 
faculté se trouve encore enveloppée , et découvrir les 
lois qui peuvent servir à classer ses effets. Les belles ex- 
périences de MM. Magendie, Edwards, etc. ; les ana- 
lyses animales de MM. Vauquelin , Thénard, Berzé- 
lius, Chevreul, ont amené des résultats sans doute , et 
ces résultats ne tarderaient pas à rencontrer d’utiles ap- 
plications à la physiologie végétale , si les personnes qui 
s’en occupent s’élaient habituées à en faire l’objet d’une 
méditation attentive. De même , les recherches si multi- 
pliées, si exactes de l’infatigable Th. de Saussure , se 
lieront prochainement , nous osons l’espérer, aux savantes 
observations anatomiques de M. de Mirbel ; et les unes 
et les autres , convenablement interprétées, fourniront 
des lois applicables à l'examen des êtres animés. 


INTRODUCTION. œui] 


Persuadés qu’une telle fusion est possible , convaincus 
qu'elle aurait les conséquences les plus avantageuses , 
nous dirigerons constamment notre entreprise vers ce 
grand but. Les classificateurs ne sauraient.se passer de 
connaissances anatomiques , et le soin que nous met- 
trons à réunir toutes les découvertes en ce genre, facili- 
tera beaucoup leurs travaux. Pour les physiologistes , il 
est aisé de voir que toutes les notions relatives au règne 
organique font partie de leur domaine. Si la belle science 
qu'ils perfectionnent veut dominer toutes les autres , 
elle doit s'approprier tous leurs résultats, quand ils lui 
présentent de nouvelles vues ou de nouvelles lois. L’ana- 
tomie ne s’est éclairée que par des comparaisons soi- 
gneuses; de même la physiologie n’atteindra la vérité 
qu’autant qu’elle pourra comprendre , dans ses recher- 
ches, les systèmes les plus variés. Si elle a pris un essor 
scientifique dès le moment où elle est devenue expéri- 
mentale, il est probable qu’elle se mettra dans son vé- 
ritable rang lorsqu'elle deviendra comparative. On n’a 
point assez observé peut-être que le célèbre Spallanzani 
travaillait dans cette direction , et qu’on trouve en elle 
la clef de ses plus belles découvertes. 

Le règne inorganique offre beaucoup plus d'ensemble, 
et les savans qui se consacrent à son étude sont manifes- 
tement sous l’empire des: mêmes idées: Les minéralo- 
gistes , qui ont fait faire de véritables progrès à cette 
science, ont su se servir à propos des notions de physique, 
de chimie, et l’étude des formes danses corps crystallisés 
vient de prendre tout d’un coup une impulsion nouvelle 
qui promet une moisson abondante et riche en résultats 
philosophiques. La géologie est devenue l'occupation 


œiv INTRODUCTION. 


favorite des hommes les plus élevés dans les sciences ; 
elle avance rapidement vers son but, et les révolutions 
éprouvées par la surface du globe ne tarderont pas à 
nous être connues avec la plus extrême rigueur. Mais , 
nous le répétons, le règne inorganique est étudié de tous 
côtés avec une suite dans les idées, une communauté 
dans les moyens , qui,rendent les résultats parfaitement 
comparables, et notre tâche agréable et facile. Il est 
toutefois un point de vue que nous ne devons pas oublier 
dans cette esquisse ; c’est l’intime liaison que l'étude 
des corps organisés fossiles établit entre la zoologie , la 
botanique et la géologie. Sans ce rapprochement obligé, 
les deux règnes resteraient entièrement séparés. l’un de 
l’autre; mais la nécessité d’étudier les fossiles entrai- 
nera toujours les géologues à l'étude des animaux et des 
végétaux vivans; comme la nécessité de classer les fos- 
siles a forcé les botanistes et les: zoologistes à se livrer à 
des études de géologie pure. 

L’étendue de notre plan et l’esprit de notre us BR 
peuveñtMmaintenant s’apprécier avec facilité. Notre 
Journal comprendra toutes les branches des sciences 
naturelles qu’on a coutume de considérer, comme scien - 
tifiques ; nous les saisirons au point oùelles se trouvent, 
et nous ferons connaître à nos lecteurs tous les mémoires 
originaux qu'on voudra bien nous -confier. Nous tradui- 

-rons tous ceux qui nous paräîtront le mériter, et nous 
donnerons des autres des jextraits ;suflisans pour repro- 
duire ce qu'ils pourraient renfermer d’essentiel. 

La physiologie générale , l’anätomie comparée des deux 
règnes , la zoologie la botanique»; mminuhgies la el 


INTBODUCTION. æv 
logie , ces diverses parlies, qui constituent l’histoire 
scientifique des deux règnes organique et inorganique , 
se trouveront réunies dans notre recueil. On conçoit qu’il 
serait complètement inutile d’y faire entrer les applica- 
tions médicales , agricoles ou métallurgiques , car sous 
ce rapport les Journaux de médecine , d'agriculture , et 
l'excellent ouvrage publié par le Conseil des mines , ne 
laissent rien à souhaiter. 

Nous espérons que les considérations précédentes au- 
ront suffisamment appris aux personnes qui aiment et 
cultivent les sciences naturelles , sous quel rapport elles 
peuvent attendre quelque avantage de cette nouvelle en- 
treprise. Le plus grand de tous consiste sans doute en ce 
que nous chercherons à fournir un moyen peu coûteux 
de généraliser leurs études à ceux. d’entre les savans 
que leur position obligeait à les rendre spéciales ; et nous 
devons ajouter que l'intérêt bienveillant qu'on nous ‘a 
déjà témoigné de toutes parts, est un sûr garant denotre 
succès et la meilleure preuve de la justesse des vues qui 
nous dirigent. 

Il nous resterait à montrer aux personnes qui jusqu’à 
présent sont restées étrangères aux progrès de l’histoire 
naturelle , que les faits dont elle s'occupe mériteraient 
une meilleure place dans l'éducation. générale: Mais 
M. Cuvier qui sait envisager , sous un point de vue neuf 

* et plein de finesse, toutes les questions qui $’offrent à son 
esprit , nous fournira dans quelques lignes ce que l’on ‘a 
dit jusqu’à présent de plus remarquable à ce sujet. 

« Cette habitude:, que l’on prend nécessairement en 
» étudiant l’histoire naturelle, de classer dans son esprit 
» un très-grand, nombre d'idées, est l’un de; avantages 


&v] INTRODUCTION. 


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2 


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L2 


» 


» 


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de cette science dont on a le moins parlé , et qui de- 
viendra peut-être le principal lorsqu'elle aura été géné- 
ralement, introduite dans l’éducation commune : on 
s'exerce par là dans cette partie de la logique qui se 
nomme la méthode, à-peu-près. comme on s'exerce 
par l'étude de la géométrie dans celle qui se nomme le 
syllogisme ; par la raison que l’histoire naturelle: est 
la science qui exige les méthodes les plus précises’, 
comme la géométrie celle qui demande les raisonne- 
mens les plus rigoureux. Or, cet art de la méthode, 
une fois qu’on le possède bien ; s'applique avec un 
avantage infini aux études les plus étrangères à l’his- 
toire naturelle. Toute discussion qui suppose un classe- 
ment des faits, toute recherche qui exige une distribu- 
tion de matières , se fait d’après les mêmes lois, et tel 
jeune homme qui n’avait cru faire de cette science 
qu’un objet d’amusement, est surpris lui-même , à 
l'essai, de la facilité qu’ellé lui a procurée pourdébrouil- 
ler tous les genres d’affaires. » 


‘ «Ellen’est pas moins utile dans la solitude. Assez-éten- 


due pour suflire à l'esprit le plus vaste , assez variée , 
assez intéressante pour distraire l’ame la plus agitée, 
elle console le malheureux, elle-calme les haînes. 
Une fois élevé à la contemplation de cette harmonie 
de la nature , irrésistiblement réglée par la Providence, 
que l’on trouve faibles et petits ces ressorts qu’elle à 
bien voulu laisser dépendre ‘du libre arbitre des 
hommes! Que l’on s'étonne de voir tant de beaux gé- 
nies se consumer si inutilement pour leur bonheur et 
pour celui des autres , à la recherche de vaines com- 
binaisons dont quelques années suffisent. pour faire 
disparaître jusqu'aux traces ! » 


ANNALES 


DES 


SCIENCES NATÜRELLES. 


ARR RS LR LE LR LRU LR RER LR LAVER LATE LULLLLILEUILLUOR LRRLATILR LR 


NOUVELLE THÉORIE 


DE LA GÉNÉRATION: 


Par MM. Prévost Er Duwas. 


Dvs les premiers temps historiques des sciences, les phi- 
losoplies qui se sont consacrés x leur culture ont dennt 
beaucoup d’attention au phénomène de la reproduction 
des êtres vivans. Ils ont présenté des idées plus ou moins 
remärquables pour rendre raison des faits dont l’exi- 
stence avoit été reconnue; maïs ceux-ci se bornant , 
pour ainsi dire , à l'observation la plus vulgaire , ils ont 
tté entraînés dans de graves erreurs. Aristote, le père 
de la philosophie naturelle , est peut-être le seul qui 
se soit fait une notion judicieuse de la nature de ce phé- 
nomène. Depuis cet homme illustre , chaque école , cha- 
que secte a discouru sur ce sujet d’une manière plus ou 
moins ingénieuse ; et quoiqu'il se soit exécuté de temps 
à autre des séries d’observations, il est permis d’avancer 
1. i 


(2) 
que l’on n’a point encore atteint le but que leurs auteu:s 
avaient en vue. 

En entrant dans cette carrière , nous avons considéré 
avec quelque effroi la réputation , les travaux nombreux 
et les découvertes importantes de nos devanciers. Plu- 
sieurs d’entr’eux , pour ne pas dire tous, ont été placés 
d’une manière éminemment propre à faciliter leurs étu- 
des. Les uns se sont trouvés à la tête de grandes Acadé- 
mies, les autres ont possédé la faveur de quelque Prince 
généreux et ami de la science ; tous ont eu sous la main 
les matériaux indispensables à des recherches d’un genre 
aussi délicat. Que ne devions-nous pas redouter de la 
faiblesse de nos moyens , lorsque nous-étions forcés de 
convenir que le mécanisme de la génération n’avait pas 
encore été mis en évidence en dépit de ces eflorts puis- 
sans et répétés ? 

Nous prions le lecteur de ne pas repousser trop vîte 
notre manière d'envisager le phénomène, quand bien 
même elle serait en opposition avec ses propres vues. 
S'il lui est possible de faire abstraction des notions qu’il 
a déjà acquises sur ce sujet, nous-sommes persuadés 
qu’il n’éprouvera pas de répugnance à admettre notre 
explication avec les restrictions convenables et dans les 
limites que nous lui avons posées ; car , si nous sommes 
appelés à combattre des idées généralement reçues , ‘il 
convient de ne pas perdre de vue , qu’il est peu de science 
où l’erreur soit plus facile à propager que dans celle-ci. 
La liaison qui rattache les connaissances physiologiques 
aux idées que nous nous formons de notre existence ma- | 
térielle rend tous les hommes curieux des résultats obte- : 
nus par les personnes qui se vouent à ce genre d'étude. 


(3) 

Ïl suit de à, qu'il existe une sorte d'opinion publique 
sur la plupart des questions qui intéressent la vie ani- 
male. Elle nous habitue à envisager les phénomènes or- 
ganiques sous un point de vue miraculeux, ou en d’au- 
tres termes , comme étant le résultat d’un ordre de lois, 
très-différent de celui que nous montre la nature ina- 
nimée. 

Il est cependant de toute évidence qu'il existe dans les 
animaux deux ordres de phénomènes qu’on ne peut con- 
fondre en aucune manière. Ceux de l’intellect , dont la 
manifestation suppose un principe immatériel , sur la na- 
ture particulière duquel il est impossible de présenter des 
notions précises. Geux du corps , quisemblent susceptibles 
d’une explication purement physique, puisque nous ne 
voyons en eux qu'une élaboration de matériaux déjà 
existans sans création quelconque , et puisque dans beau- 
coup de cas , lorsque l’action est d’une nature suffisam- 
ment simple , on parvient aisément à démontrer la série 
d'effets chimiques ou physiques qui déterminent ce ré- 
sultat. Gette conviction nous a donné quelque confiance 
en nos traväux , et nous a permis d'espérer , qu’au moyen 
d’une expérimentation délicate , il ne serait pas impos- 
sible d’arriver à la connaissance des lois naturelles qui 
concourent à la production des actes dela vie. Persuadés 
qu'ils n’ontrien de miraculeux, nous nous attachons à 
étudier toutes leurs circonslancés , et nous cherchons à 
combiner nos observations avec celles des physiologistes 
qui nous ont précédés. Si nous avançons qu'il n'est pas 
toujours aisé de les mettre en harmonie , nous ne sur- 
prendrons guère les personnes qui ont réfléchi à l'état 
actuel de la physiologie. On s'aperçoit aisément que cette 

de 


(4) 

branche des connaissances hnmaines n’a point encore 
véritablement pris un rang parmi les sciences exactes. 
Elle manque , il faut l'avouer, d’un corps de docirine 
fondé sur l’expérience, auquel on puisse ramener les ques- 
tions de détail qui font l’objet des recherches particu- 
lières. C’est un magnifique palais , pour lequel, depuis 
bien des siècles, il se prépare de riches matériaux, mais 
dont l'édification ne pourra commencer que lorsqu'on 
aura trouvé les pierres qui doivent servir à poser ses fon- 
demens. 

Dépuis les premières époques de la philosophie , tous 
les savans qui se sont consacrés aux études anatomiques , 
ou bien à ces brillantes spéculations physiologiques que 
le public accueille toujours avec tant d’avidité, tous ont 
abordé , sous un point de vue quelconque, la question 
de la génération. Il en est résulté une multitude prodi- 
gieuse de travaux qui ne demandent qu’à être revus et 
réunis par un lien commun , pour former un des plus 
beaux monumens que le génie humain ait encore eu le 
pouvoir d'élever. Beaucoup de considérations de détail 
ont été vivement débattues et amenées à ce point de 
clarté, qui laisse peu de chosé à souhaiter; mais d’un 
commun accord , tous les bons'esprits de notre époque, 
regardent le phénomène général comme étant enveloppé 
du voile le plus épais. Les uns envisagent comme une 
chose probable que le nouvel être se forme de toutes 
pièces au moment dela fécondation ; mais où , quand et 
comment , c’est ce qu’ils ne peuvent résoudre en aucune 
manière. Les autres penchent au contraire pour le fa- 
meux système de l’emboitement, auquel Charles Bonnet 
prêta lout le poids de sa logique et qu’il fit adopter à la 


ï (5) 

grande majorité de ses contemporains et de ses succes 
seurs. Pour eux , tous les embryons préexistent dans le 
sein de la mère, et le mâle se borne à leur donner la 
commotion vitale : on est forcé , dans cette hypothèse , 
d'admettre que les premiers êtres de la création renfer- 
maient toutes les générations successives , emboîtées les 
unes dans les autres. Au premier abord, cette supposi- 
tion effraie , mais peu-à-peu l'esprit s’y habitue , etbien- 
iôt il la préfère à toutes les autres. Il semble plus facile 
de concevoir une époque où la nature en travail donnait , 
pour ainsi dire, d’un seul coup, naissance à toute la 
création présente et future , que d'imaginer une activité 
continuelle qui répugne à notre faiblesse. Nous aimons 
à nous lier par des rapports de ressemblance avec l'in- 
telligence suprême qui préside à l’ordre de notre uni- 
vers. Nous voulons qu’elle se repose, par cela même 
qu'il nous est impossible de nouslivrer à une contention 
d’esprit éternelle. 

Le célèbre naturaliste Genevois n’a pu s’empêcher de 
porter dans ses vues métaphysiques , les sentimens re- 
ligieux qu’il se plaisait à montrer dans toutes les occa- 
sions. Il a cru voir dans l’épigénèse une espèce de créa- 
lion spontanée, qui tendait à soustraire les êtres orga- 
nisés aux lois d’une nature plus relevée , pour les faire 
rentrer dans la classe des corps bruts. C’est probable- 
ment à cette erreur d’une ame véritablement pieuse que 
l’exagération peu raisonnée des partisans de l’épigénèse 
rend bien plus facile à concevoir , que nous devons le 
syslème de l’emboîtement des germes , suivant Jequel , 
dès l'instant de la création, Dieu ayant communiqué le 
souflle de vie aux êtres organisés ; façonnés par ses mains, 


(67 . 

cette impulsion primitive propagée d’âge en âge , et ré- 
partie de génération en génération suffit pour attribuer 
à chaque être vivant la faculté de se dérober aux lois 
physiques et mécaniques qui régissent la nature morte. 
Chaque membre de celle immense famiile renferme 
tous les germes de ses descendans. Ils sont emboîtés de 
manière à rendre leur développement successif , quoi- 
qu'ils participent également à l’éncrgie assimilatrice dont 
ils furent doués. 

Ges principes simples , quoiqu’effrayans pour l’imagi- 
nation , rendent assez bien raison des phénomènes , et cer- 
tes leur auteur était trop versé dans la science de l'analyse 
pour les admettre , s’il ne les eût pas trouvés en har- 
monie avec les conditions connues du problème. Appuyé 
de la démonstration hallérienne , fort des expériences de 
Spallanzani sur le tétard , et se fiant aux lois de l’ana- 
logie , qui lui permettaient de déduire la préexistence 
du germe dans les animaux , de l’organisation connue 
de l’ovaire des plantes , il n’a pas craint de donner à 
sa théorie toute l’extension possible et de l'appliquer aux 
diverses circonstances de la génération. Il devient inu- 
tile de le suivre dans ces divers détails , puisque les bases 
sur lesquelles il avait établi tous ses raisonnemens sont 
évidemment fausses. Son idée fondamentale reste sans 
preuve , et devient par conséquent une hypothèse gra- 
tuile , qui n'offre d'intérêt que sous le rapport histo- 
rique. 

Quoique de toutes parts les découvertes anatomiques 
sur la formation du fétus viennent sapper sa théorie, il 
n'enest pas moins vrai qu’elle conserve encore beaucoup 
de partisans. L'épigénèse qu’on avait abandonnée re- 


(470) 


prend quelque faveur ; mais cette explication vague se 
prête si facilement aux vues particulières et aux désirs 
de chacun des savans qui la préfère, qu’on en trouve 
bien rarement deux qui soient d'accord sur les faits prin- 
cipaux. C’est dans cet état d’une fluctuation pénible que 
nous ayons essayé de discuter , par une. méthode pure- 
ment expérimentale, les principales circonstances du phé- 
nomène de la génération. 

Jetons maintenant sur elles un coup-d’œil général , et 
après les avoir comparées , nous essaierons de fixer la 
marche que nous devons préférer pour les étudier avec 
succès. 

Deux êtres animés , l’un mâle , l’autre femelle, pris à 
leur naissance, commencent dès leur entrée dans le 
monde à exécuter toutes les fonctions qui caractérisent 
le règne auquel ils appartiennent. Leur sang circule ils 
respirent, digèrent, sentent, se meuvent et si l’on pé- 
nètre dans l’intérieur de leur organisation , on ne tarde 
pas à s’apercevoir qu’ils possèdent aussi la faculté de 
produire plusieurs transformations sécrétoires ; cepen- 
dant , ils sont encore inhabiles à la génération. Les or- 
ganes que l’exercice de cette fonction exige ne manquent 
pourtant pas ; mais ils se montrent sous une forme ru- 
dimentaire, bien suffisante pour indiquer la nullité de 
leur emploi. A une époque déterminée , ces appareils se 
développent d’une manière brusque , et atteignenten peu 
de temps le degré de perfection nécessaire à l’objet qu'ils 
ont à remplir. Celui du mâle produit un liquide d’une 
nature particulière qui est mis en réserve dans des cavi- 
tés appropriées. Dans beaucoup de cas même , sa pré- 
sence ne se manifeste qu’au moment où il devient uiile , 


219 
et alors l'appareil de la génération plus simple, manque 
entièrement de réservoir. La femelle crée des ovules, Ce 
sont des corps particuliers sécrétés par les ovaires , et qui 
se composent généralement d’une matière liquide ou pul- 
peuse renfermée dans un sacmembraneux de forme sphé- 
rique ou alongée., 

Lorsque ces préparatifs sont terminés de part et d'au - 
tre , les deux êtres sont devenus capables d’en produire 
un troisième , et si l’acte par lequel ils arriveront à ce 
résultat varie beaucoup pour la forme , il est toujours le 
même quant à sa principale circonstance. Gelle-ci con- 
siste en ce que, d’une manière quelconque , la liqueur 
fournie par le mâle arrive au contact de l'œuf produit 
par la femelle. Ge pelit corps devient , dès-lors , suscep- 
tible d’un développement ultérieur, et se transforme par 
degrés; pourvu qu'il se trouve dans des conditions con- 
venables de nutrition ,en unjeuneanimal demême espèce 
que le père et la mère desquels il provient. 

Tel est le phénomène de la génération réduit à son 
expression la plus générale. Il se compose donc essentiel- 
lement de trois temps principaux qu'il importe de sé- 
parer pour établir quelque clarté dans notre examen. 
Nous devons, en premier lieu, acquérir une ‘bonne 
définition de la liqueur prolifique , apprendre comment 
elle se forme , étudier ses divers élémens et en apprécier 
l'importance. L'œuf fixera notre attention ensuite , et 
nous essaierons , s’ilest possible , d'analyser sa structure 
de manière à assigner l'emploi des diverses parties dont 
il est formé. Après avoir acquis ces données , nous serons 
bien mieux en état de saisir les phénomènes qui arrivent 
au moment où l’œuf et la liqueur prolifique entrent en 


(9) 
rapport , sous les conditions nécessaires à la féconda- 
Lion , et nous suivronsayec plus de profit les changemens 
divers qu’il éprouve après cette époque, jusqu’au mo- 
ment où nous aurons établi l’existence de tous les organes 
da nouvel être. \ 

Après avoir exécuté les expériences que nous allons 
rapporter , nous ayons senti que nous contractions l’en- 
gagement de mettre notre théorie dans la plus entière 
évidence. Nous avons donc étendu notre plan et nous le 
poursuivons avec ardeur, de manière à pouvoir publier 
dans les années qui vont suivre des monographies ren- 
fermant l’histoire complète de la génération et du déve- 
loppement du félus dans diverses espèces d'animaux. 
Nous ayons eu soin de les choisir parmi les mammifêres , 
les oiseaux , les batraciens et les reptiles. Nous nous occu- 
perons ensuite des poissons , des mollusques , des insec- 
tes, et enfin de ces êtres équivoques , placés par les natu- 
ralistes sur les limites des deux règnes organisés. 

Il était pourtant nécessaire que nos idées fussent con- 
nues du public, afin qu’elles fussent soumises à «ne 
discussion dont nous espérons tirer parti pour donner 
une plus grande perfection à notre travail. Mais à pré- 
sent que notre théorie va se trouver établie d’une ma- 
nière suffisante , nons pourrons nous livrer aux recher- 
ches lenteset pénibles que nous avons déjàcommencées. 
Nous ne craindrons plus de faire usage des ressources 
nombreuses que nous offre celte ville, qui voit briller 
toutes les sciences d’un éclat si vifet si pur. fl nous sera 
permis de mettre à profit les dispositions bienveillantes 
des hommes célèbres à qui la direction des établissemens 
publics se trouve confiée. Nous avons été déjà l'objet de 


(10) 

leurs bontés en maintes occasions , et nous les prions 
de vouloir bien agréer l'expression sincère de notre re- 
connaissance. Enfin , nous espérons ou pour mieux dire 
nous sommes certains d'avance que beaucoup de questions 
particulières encore obscuros ne tarderont pas à s’éclair- 
cir , grâce à la curiosité ardente et active qui caractérise 
la jeunesse laborieuse au milieu de laquelle nous avons 
le bonheur de vivre. 


PREMIÈRE PARTIE. 


Observations relatives à l'appareil générateur des ani- 
maux mâles ; examen des liquides renfermés dans 
les diverses glandes qui peuvent s'y rencontrer ; 
histoire et description des animalcules spermatiques. 


Ex étudiant la physiologie , on ne voit au premier 
abord qu’une immense quantité de faits isolés les uns 
des autres, quelquefois même contradicioires en appa- 
rence , et l'esprit rencontre rarement une loi bien déter- 
minée sur laquelle il puisse se reposer du soin de réunir 
tant de détails et de les rappeler lorsqu'ils deviennent 
nécessaires. Les théories qui devraient être ici , comme 
dans toutes les sciences physiques , l’expression rigou- 
reuse et générale des phénomènes connus; ces théories 
ont été conçues malheureusement à des époques recu- 
lées , elles ont presque toujours devancé l'observation 
des faits qu’elles prétendaient expliquer , elles se sont mul- 
tipliées à l'infini et l’histoire de la science nous les mon- 
tre semblables à ces rêves ingénieux , dont une imagina- 
lion enfantine se plait à récréer ses loisirs. Mais depuis 


(11) 
quelques années le génie expérimental s’est emparé de la 
physiologie , on a senti qu’il était nécessaire de coordon- 
ner d’abord des faits bien constatés , pour en tirer ensuite 
des conclusions légitimes. C’est en suivant cette marche 
heureuse, que nous pouvons espérer de voir un jour la 
science de la vie , élevée au rang que son importance lui 
assigne. On y parviendra, sans doute , en rassemblant 


| 


les actions particulières sous des lois nettes et bien arré- 
tées , et en se servant ensuite de celles-ci, pour inven- 
ter de nouvelles combinaisons susceptibles d’accroître la 
série des faits qu’il nous est permis d’apprécier. Dès l’in- 
stant où la chimie a suivi celte route, elle a, pour ainsi 
dire , élé créée toute entière. Les lois particulières se 
sont multipliées , les lois générales se sont laissé pres- 
sentir , et dans l’espace d’un demi-siècle elle a fait plus 
de progrès que la physiologie depuis l’époque de sa créa- 
tion ; mais dans l’étude de la vie , il semblait, avant ces 
derniers temps, que l’on n’expliquaitrien si on n’expliquait 
pas tout , et comme il est très-rare d'arriver du premier 
coup à des notions d’un ordre très-élevé , l’on se croyait 
obligé de suppléer’aux faits dont on manquait, par une 
hypothèse qui comblait Fespace vide qu’on aurait été 
forcé de laisser en arrière. 

Les Mémoires que nous avons l’honneur de soumettre 
au jugement del’Académie , ont pour objet l'Histoire de 
la génération et serviront mieux que de simples raison- 
nemens à développer et préciser notre pensée. On verra 
comment nous sommes parvenus à établir sur tous les 
points de cctte fonction des lois particulières, propres à 
représenter certaines parties du phénomène général. Si 
nous avons eu le courage d’aborder l’ensemble de notre 


. (28) 
sujet ce n'est qu'après avoir acquis toutes ces nolions 
locales , et nousavons éprouvé la satisfaction Ja plus vive, 
en voyant qu'elles pouvaient se réunir, au moyen d’une 
proposition simple , rigoureuse et susceptible de s’élen- 
dre à la plus grande partie du règne animal. 

Etudiée de cette manière , la physiologie possédera 
sans doute un jour des bases rationnelles , et la partie de 
la vie animale qui se rapporte aux phénomènes maié- 
riels se trouvera ainsi ramenée à des conditions chimi- 
ques , physiques ou mécaniques. Nous avons déjà fat 
voir que l'irritabilité musculaire se représentait facile- 
ment etdans ses moindres détails, au moyen d’une action 
électrique bien connue : nous allons montrer maintenant 
quelles sont les conditions matérielles , et pour ainsi dire 
mécaniques de la génération , et bientôt nous aurons 
l'honneur de communiquer à l’Académie nos expérien- 
ces nouvelles touchant le phénomène important des 
sécrétions. En suivant nos divers résultats , on ne verra 
pas , sans quelque étonnement , que les lois deviennent 
plus simples à mesure qu’on approfondit davantage Îles 
faits sur lesquels elles reposent , et l’on parlagera peul- 
être l'espoir dontnous sommes animés , relativement au 
perfectionnement futur de la belle science , qui s'occupe 
du plus beau phénomène de la création. 

L'histoire de la génération comprend plusieurs par- 
ties bien distinctes , et nous avous eu la précaution de 
les traiter toutes séparement avec le plas grand soin et 
d'en isoler les divers résultats. Notre ouvrage se compo- 
sera donc de faits et de lois. Si ces dernières sont bien 
établies, elles amèneront bientôt des découvertes de la 
plus haute importance; mais si par cas elles se trou- 


(16 ) 
vaient erronées, la sciencé n’en aurait pas moins acquis 
un grand nombre de faits €onslalés avec la plus scru- 
puleuse attention. Ils serviront toujours de point de 
départ et de base de raisonnement , ét chacuri eh tirera 
les conséquences qui lüi sémbleront les plus judicieuses. 

Nousallons parcourir aujourd’hui les observations que 
avons recueillies sur les fonctions du mâle. Mais avant de 
passer à l’énumération des expériences que nous avons 
tentées sur ce sujet , nous dirons quelques mots des or- 
ganes préparateurs de la semence. On peut distingüet 
jusqu’à cinq siéges de sécrétion , qui sémblent tous con- 
courir au résultat. Il nous importe donc de les connaître 
et d’en discuter l'emploi particulier. 

Le premier , le plus général de tous, est le testicule , 
organe ovoide et binaire dans les animaux vertébrés : 
mais dont la forme et lé nombre varient dans les autres 
classes. Nous nous occuperons seulement des premiers 
dans ce moment et nous renverrons à chaque cas parti- 
culier le peu que nous savons sur les autres. Chez les 
mammifères , les testicules consistent, comme on sait , 
en une masse de vaisseaux spermatiques entortllés, liés en- 
eux par untissu cellulaire parenchymateux, au milieu 
düquel viennent se répandre les vaisseaux sanguins. Ils 
percent en petit nombre la membrane albuginée , et se 
réunissent en un conduit unique, connu sous le nom 
d'épididyme, qui se continue lui-même avec le canal dé- 
férent. Celui-ci amène dans l’urètre le liquide fourni par 
le testicule , et le verse dans la partie connue des ana- 
tomistés sous le nom de vérumontanum. 

Cette cavité recoit aussi les aboutissans de divers or- 
ganes sécréteurs. L’un des plus remarquables , que l’on a 


(14) 

pourtant considéré jusqu’à ce jour comme un simple lieu 
de dépôt pour la liqueur fournie par le testicule , porte 
le nom de vésicule séminale, par analogie avec la vési- 
cule du foie à laquelle on la compare d'ordinaire. Nous 
verrons qu'il est peut-être convenable d'établir quelques 
restrictions aux fonctions qu’on lui attribue généralement. 
D'ailleurs, un grand nombre de mammifères se trouve 
privé de ce réservoir, quel que soit son emploi. 

La prostate verse dans le même lieu le liquide qu’elle 
sépare du sang. Cette glande , que peu d’animaux possè- 
dent , ne se trouve pas dans certaines espèces très-rap- 
prochées par le reste de leur organisation de celles qui 
en sont munies, 3 

Enfin, on a distingué dernièrement un appareil vési- 
culeux plütôt que glandulaire , qu’on a considéré comme 
l’adjuvant des vésicules séminales ; et auquel, en con- 
séquence , on a donné le nom de vésicule accessoire. Il 
existe fort rarement. 

C’est surtout aux travaux de M. Cuvier que nous de- 
vons l’avantage de pouvoir ainsi caractériser et désigner 
nettement chacune de ces parties. Leur classification de- 
venait très-importante dans une étude délicate comme 
celle à laquelle nous allons nous livrer , et seule elle a pu 
nous permettre de fixer suffisamment le rôle particulier 
à chacun de cesorganes , qui semblent , au premier abord, 
concourir tous à-la-fois et participer également à la pro- 
duction du liquide spermatique. L’urètre recevrait, en 
effet , les matièces que chacun d’eux est habile à pro- 
duire , s’il était possible que leur existence fût simulta- 
née; mais les trois derniers manquent trop fréquemment 
pour qu’on puisse imaginer que leur coopération soit né- 


(NE 

cessaire à la production de l’agent fécondateur. La vé- 
sicule séminale elle-même peut être éliminée avec faci- 
lité, soit qu’on ne voie en elle qu’un simple lieu de 
dépôt , soit qu’on lui accorde le rôle d’organe sécréteur. 
Dans l’une et l’autre suppositions , son absence fréquente 
démontre assez qu’elle ne joue qu’un rôle secondaire. 

Le testicule paraît donc l’organe essentiel à cette for- 
mation , et rien ne confirme mieux la vérité d’une telle 
conclusion, que l’exemple d’une foule d'animaux qui 
n'en possèdent pas d’autre. Les oiseaux , beaucoup d’a- 
nimaux à sang froid, n’ont réellement que des testicules 
dont le liquide est porté jusques au lieu de l’émission 
par un canal droit ou fréquemment replié sur lui-même. 

Passons maintenant à l’étude de la liqueur sperma- 
tique , et cherchons à fixer les idées des personnes que 
la physiologie intéresse , sur un sujet qu’on regarde au- 
jourd’hui comme fort obscur, d’autant que la plupart des 
auteurs qui ont écrit sur cette science ont manifesté des 
opinions vagues ou douteuses sur ce point important. 
L'abus étrange que-les amis des hypothèses hasardeuses 
ont fait du microscope à cette occasion , justilie assez 
la répugnance que les esprits positifs éprouvent à discu- 
ter des observations failes avec un instrument décevant 
pour tous ceux qu’une longue habitude n’a pas rendus 
maîtres de son emploi. 

Personne n’ignore cependant que plusieurs natura- 
listes du plus grand mérile ont signalé et confirmé l’exis- 
tence de certains êtres agités de mouvemens spontanés 
dans les liquides séminaux de presque tous les animaux. 
Leur petitesse les avait dérobés aux recherches , jusques 
vers l’an 1677. À cette époque, ils furent découverts par 


(16) 

Ham et Leewenhoeck, d’un côté, et par Hartsæker de 
l’autre , sans qu'il soit possible d'établir entr’eux la prio- 
rité d’une manière bien précise. Leewenhoeck décrivit 
les animalcnles qui lui furent offerts par les semences de 
divers animaux, et constata des différences assez nota- 
bles entr'eux. Mais les idées hypothétiques qu’il mit en 
avant jetèrent beaucoup de discrédit sur les résultats de 
ses travaux , sur-toul à l’époque où le système de l’em- 
boîtement prit faveur. 

. Onen était resté là pendant un leinps assez long, lors- 
qué l'attention des observateurs fut de nouveau rappelée 
sür cé point par les recherches de M. Needham, dont 
les dissertations sont trop connues pour qu’il soit utile de 
lésrappeler ici. M. de Buffon s’en occupa beaucoup aussi 
vers la même époque, et nous examinerons plus tard ses 
résultat , qui sont trop peu nombreux pour justifier la 
hardiesse des conclusions qu'il en avait déduites. If pa- 
raît, en outre, que son instrument n’était pas favorable 
à de telles recherches , et qu’il était lui-même peu fami- 
liarisé avec l'emploi du microscope. Spallanzani fixa aussi 
son attention sur la même question, il la traita d’une 
manière plus positive et avec la sagacité qu’on admire 
dans tous les ouvrages dont il a enrichi la physiologie. 
Il examina et décrivit les animalcules d’un très-grand 
nombre d’animaux , et remarqua toujours le plus parfait 
accord entreses propres observations el celles de Leewen- 
hoeck ; mais il envisagea le sujet sous un point de vue 
particulier , qui lui fut suggéré par ses propres travaux 
sur les infusoires , et par les idées de Bonnet, qui occu- 
paient alors toute l’Europe savante. M. de Gleichen , na- 
turaliste allemand, nous a donné des résultats analogues 


(17) 

et M. Bory-Saint-Vincent , que la lecture de notre pré- 
mier essai sur les animalcules engagca dans une série 
d'observations semblables , a trouvé la plus grande har- : 
monie entre nos descriptions et les siennes. 

L'existence des animalcules, la constance de leur 
forme , et leur similitude dans tous les individus d’une 
même espèce , se trouve donc confirmée par les recher- 
ches de Leewenhoeck, Hartsæker , De Gleichen, Spal- 
lanzani, les nôtres, eelles de M. Bory-Saint-Vincent , 
et aussi par des essais moins complets publiés acciden- 
tellement dans les écrits de beaucoup d’autres natura- 
listes. 

Parcourons maintenant quelques-unes de nos expé- 
riences , et nous verrons qu'il est facile de donner une 
description comparable des animalcules , et sur-tout de 
prouver qu'ils sont le produit d’une véritable sécrétion. 
Afin de procéder, dans cette étude, d’une manière lo- 
gique, nous allons envisager d’abord l'appareil généra- 
teur sous sa forme la plus simple, et nous examine- 
rons ensuite les divers degrés de complication qu'il est 
susceptible de nous offrir. Cette méthode a le double 
défaut de s’écarter considérablement des classifications 
zoologiques et de considérer comme nuls des organes 
qu'on retrouverait probablement sous une forme rudi- 
mentaïre ; mais dans l'esprit de cet ouvrage , elle nouse 
offre l’avantage précieux d'amener ‘progressivement 1 
lecteur à la conception facile des dispositions secrétoi- 
res les plus complexes. 

Putois. Nous commencerons la série par les mammi- 
Cères , et parmi ceux-ci nous choisirons le putois, à 

ause de l'extrême. simplicité de son appareil généra- 

ï. 2 


(18) 

teur. Nous n’y voyons en effet que deux testicules ovales, 
à-peu-près de la grosseur d’une noisetle , dont les ca- 
vaux déférens viennent s’unir dans l’urètre , à quelques 
lignes seulement au-dessous du col de la vessie. Arrivé 
dans cet endroit, le liquide spermatique suit la direc- 
tion du canal, et s'échappe à l’état de pureté par l’ori- 
fice du gland , au moment de l’éjaculation. Le pénis de 
cet animal renferme un os long de deux pouces, légère- 
ment recourbé , et dont l'extrémité extérieure, qui est 
plate, se trouve percée d’un trou ovale. Si l’on examine 
au microscope le liquide éjaculé , on y remarque une 
foule d’animalcules en mouvement , parfaitement sem- 
blables entr’eux pour la forme, la grandeur et le mode 
de locomotion. Leur extrémité antérieure est renflée, 
circulaire ; mais rapplatie, en sorte que lorsqu'ils se 
placent sur le côté, on ne la distingue plus du reste de 
l’animalcule. La queue est longue , susceptible de flexion , 
et c’est à l’aide des mouvemens qu’elle exécute , que le 
petit être devient capable de locomotion. En général, la 
manière dont ces animaux nagent se rapproche beaucoup 
de l'allure des petits tétards de grenouille dont ils ont en 
effet la forme et la vivacité. 

Dans le canal déférent, on rencontre un liquide lai- 
teux, épais, qui renferme une masse si considérahle 
d’animalcules , qu’il serait impossible d’y rien distinguer 
si l’on n’avait soin de le délayer avec un peu d’eau pure 
ou de salive, Il est très-vraisemblable, comme le pen- 
sait Leewenhoeck , que dans cet état la semence contient 
plus d’animalcules que du véhicule liquide , en sorte 
qu’ils se trouvent entassés les uns sur les autres, et à 
peine humectés. Ils ressemblent d’ailleurs en tous points 


(19) | 
à ceux que nous avons trouvés dans le liquide éjaculé. 
Ils ont la même forme , les mêmes dimensions, et se 
meuvent de la même manière. Gomme eux, ils ne sont 
mêlés d'aucune matière organique étrangère. L'épidi- 
dyme donne lieu à des remarques semblables. 

Si l’on prend le testicule et qu’on en coupe des tran- 
ches, soit à sa surface, soit à sa partie centrale, près de 
l'insertion de l’épididyme ou à , l'extrémité opposée ; 
qu’on délaye dans un peu d’eau le liquide quis’en écoule, 
et qu’on l’examine au microscope, on le trouvera tou- 
jours abondamment chargé d’animalcules semblables 
entr’eux et identiques avec les précédens, Seulement ils 
seront mélangés de globules graisseux et de petits frag- 
mens de tissu cellulaire ou parenchymateux, Ces corps 
étrangers sont dus à la facilité avec laquelle se déchire 
et se brise la masse du testicule dont ils proviennent 
évidemment. 

# La faculté locomotrice des animalcules césse très-ra- 
pidement lorsqu'on les extrait ainsi des organes après Ja 
mort de l’animal , mais élle dure davantage dans la li- 
queur obtenue par éjaculation. Elle se prolonge encore 
plus lorsqu'on laisse le liquide dans les vaisseaux. Ainsi 
quelques porlions du canal déférent délayées dans un 
peu d’eau oudesalive, chargent ces véhicules d’une foule 
d’animalcules en mouvement , mais au bout de quinze à 
vingt minutes on les trouve tous morts. Ils vivent ou se 
meuvent pendant deux ou trois heures, sous les mêmes . 
circonstances , si l’on fait usage de liqueur éjaculée. En- 
fin , sil’on extrait l’appareil générateur du corps de l’a- 
nimal ; et qu'on le conserve dans un linge humecté , on 
peut en obtenir des animalcules vivans quinze à dix-huit 
2, 


(0) 

heures après l'opération , soit qu’on les prenne dans les 
canaux déférens , soit qu’on les retire des testicules eux - 
mêmes. Leur mort n'arrive pas d’une manière brusque. 
En effet , lorsque les animalecules sont bien vivans, on 
remarque en eux des flexions rapides et alternatives de 
la queue , qui ne permettent pas de chercher ailleurs la 
cause de leur mouvement progressif. Presque toujours 
ils se dirigent en avant; jamais on ne les voit rétrograder, 
mais bien souvent ils ne semblent avoir aucun but déter- 
miné , et s’agitent pendant long-temps sans changer de 
place d’une manière appréciable. Dans tous ces cas, on 
observe une dégradation manifeste de vélocité depuis 
l'instant où on les a extraits de l’organe , jusques à celui 
qui marque le terme de leur faculté locomotrice: L’éten- 
due de leurs mouvemens décroît progressivement , l’am- 
plitude de leurs oscillations diminue peu-à-peu , et bien - 
tôt ils se montrent sans vie et flottans au gré du liquide 
dans lequel ils sont immergés. . 

Nous donnerons plus loin un tableau dans lequel se - 
ront comparés divers animalcules sous le rapport de leur 
longueur réelle. Pour s’en former une idée juste , il suf- 
fira de remarquer que , dans nos planches , le grossisse- 
ment est toujours de mille diamètres. 

Chien. — C’est l'animal qui nous offre , après le putois , 
les organes sécréteurs les moins nombreux. On n'y 
trouve , en eflet, que les testicules et la prostate. 

Les testicules possèdent un corps d’hygmore et sont 
revêtus d’une membrane albuginée, forte et fibreuse. 
Lorsqu'on veut les dépouiller , elle s’eniève aisément 
et laisse à découvert un parenchyme' tuberculeux et 
ondulé, presqu’enlièrement composé de vaisseaux sper- 


(21) 

matiques. Ceux-ci sont susceptibles d’être isolés les uns 
des autres, et possédent un diamètre de ; de millimè- 
tre , lorsqu'ils sont gorgés de semence. Ils se contrac- 
tent un peu après l'évacuation. Ils sont repliés sur eux- 
mêmes en forme d’anse et produisent ainsi des faisceaux 
parallèles. En essayant ‘de les suivre pendant un trajet 
de plusieurs pieds de longueur , on les voit toujours con- 
tinus , sans divisions ni anastomoses , el si l’on examine 
avec attention leur embouchure dans l’épididyme , on 
voit très-bien qu'ils ÿ parviennent en petit nombre. 
Comme à l’ordinaire , celui-ci consiste en un simple con- 
duit replié sur lui-même et présente un corps alongé , 
légèrement bosselé, placé le long du testicule. Le canal 
déférent auquel il aboutit possède des parois d’une épais- 
seur extraordinaire relativement à sa caviié, qui est à 
peine d’un liers de millimètre et qui se dessine en blanc 
laiteux au travers des membranes , lorsqu'il est gorgé de 
semence. Les déférens arrivent dans lurètre, très-près 
du côl de la vessie. Ils y versent leur liquide au, moyen 
de deux petites ouvertures placées sur les côtés d’une 
espèce de papille légère qui en marque la situation. C'est 
précisement dans cet endroit que se trouve la prostate. 
Elle est à-peu-près de la grosseur d’une fève , mais ar- 
rondie et partagée en deux lobes principaux , ce qui lui 
donne la forme d’un cœur renversé. Si on la divise , on 
voit qu’elle est composée d’un grand nombre de petits ca- 
naux parallèles entr’eux et repliés dans l’endroit où ils at- 
teignent la surface de la glande. Il serait difficile d'en sé- 
parer neltement une portion un peu léngue ; mais il est 
bien probable que si l’on pouvait y parvenir , on lrou- 
verait que la prostale , commele testicule , consiste en un 


(22) 

ou plusieurs tubes simples et fort longs. Quoiqu'il er 
soit , le liquide qu’ils séparent du sang vient se rendre 
dans le canal de l’urètre , sur les côtés du petit tubercule 
qui porte les ouvertures des déférens. C’est là que se mêé- 
lent les deux liquides , et ils passent ensuite , sans éprou- 
ver d'autre addition de matière organique jusques à l’ex- 
trémité de la verge, et s’écoulent goutte à goutte d’une 
manière uniforme à l'instant ducoit. | 

Les corps caverneux présentent une disposition parti- 
culière chez cet animal. Ils consistent, comme à l’ordi- 
paire , en deux cylindres desubstance fibro-cartilagineuse, 
épaisse et élastique , dont l’intérieur est traversé par un 
grand nombre de petites brides fibreuses , perpendiculai- 
res à l’axe. Entre celles-ci se trouve le tissu spongieux , 
érectile , qui s’engorge de sang dans le temps de l’érec- 
tion. Vers la partie moyenne de l’os pénial ,les corps ca- 
verneux se renflent beaucoup et produisent ces deux hémi- 
sphères qui servent à retenir la verge dans le vagin pen- 
dant Pacte de la copulation. Cette condition est indi$pen - 
sable à la fécondation , à cause de la lenteur avec laquelle 
la semence est émise , et qui semble montrer une sécré- 
tion continue, mais peu considérable dans ce moment. 

L'os pénial est fixé en arrière sur les corps caverneux. 
Il se termine en avant, par un petit cartilage conoïde , 
assez effilé , et la surface inférieure est creusée longitudi- 
nalement par une gouttière étroite et profonde qui va en 
diminuant , à mesure qu’elle approche de l’extrémité an- 
térieure , et finit par s’effacer entièrement. 

Examinons maintenant le liquide spermatique lui-mé- 
me , en faisant usage des notions que nous venons d’ac- 
quérir sur la structure des organes chargés de le sécréter. 


(25) 

ILest évident que le canal déférent et les conduits de la 
prostate amènent dansle vérumontanum des parie dis- 
tincts, et que leur mélange produit la liqueur qu’on voit 
s’écouler du pénis à l’instant de l’éjaculation. Dansles dé 
férens, nous trouvons en abondance un liquide épais, 
. blanc et rempli d’animalcules fort agiles. Ils sont plus 
petits que ceux du putois, mais d’une forme analogue. 
Hs existent aussi dans l’épididyme et se présentent dans 
l’un et l’autre cas parfaitement distincts et dégagés de 
toute malière hétérogène. Que l’on prenne des tranches 
du testicule en divers endroits , qu’on délaye le liquide 
qu’elles laissent échapper , et celui-ci montrera de même 
une foule d’animalcules en mouvement, semblables en 
tout point aux précédents. Ils seront toutefois mélangés 
de graisse et de débris que nous savons être dûs à la des- 
truction du tissu de l’organe : ainsi , le testicule du chien, 
comme celui du putois , émet des animalcules et seule - 
ment des animalcules , illes transmet à son canal défé- 
rent , et celui-ci les transporte dans le canal de Fu- 
rètre. # 

Passons à la prostate. Elle sécrète aussi un liquide 
opalin , blanchâtre , qu’ilest facile de se procurer à l’état 
de pureté, soit en prenant des tranches de cet organic 
et recevant sur une plaque de verre le liquide qu’on en 
fait sortir , au moyen d’une compression graduée, soit 
en obtenant de la même manière celui qui transsude des 
canaux excréteurs dela glande. On peut encore , comme 
nous l’avons pratiqué fréquemment , laver l’intérieur du 
vérumontanum , comprimer l'organe et se servir de Îx 
liqueur qui est venue s’y rassembler. Dans toules ces 
circonslances, on ne remarquera rien d’analogue aux. 


( 24 ) 

animalcules. Des globules nombreux semblables à ceux 
du lait flotteront dans le liquide , mais ils ne manifeste- 

ront aucune faculté locomotrice quelconque , seront tou- 

jours dépourvus de queue , etl’œil le moins exercé pourra, 

dès le premier essai , distinguer les liquides fournis par 
les canaux déférens, de ceux que l’on aurait obtenus de 

la glande prostate. 

Mais pourtant ces deux produits se mélent dans l’u- 
rèlre , et il était possible que le microscope püût saisir 
quelque actior entr'eux. Nous avons pris une goutte de 
l’un et une goutte.de l’autre ; celle qui provenait du ca- 
nal déférent fourmillait d’animalcules pleins de vie , l’au- 
tre ne contenait que des globules inertes. Leur mélange 
exécuté sous le microscope lui-même a été sans résultat ; 
les animalcules ont continué leurs mouvemens , sans qu'il 
fût possible d’apercevoir aucune accélération ni aucun 
ralentissement, Quant aux globules, ils-flottaient dans 
la liqueur eomme auparavant ,etne changeaient de place 
qu’au moment oùils éprouvaient quelque choc de la part 
d’un de leurs agiles compagnons. 

Ces circonstances représentaient-elles bien la nature , 
et celte expérience pouvait-elle nous permettre de pro- 
noncer relativement aux phénomènes possibles , lorsque 
le mélange s’opère dans les organes eux-mêmes ? Quelle 
que fût notre opinion à cet égard , nous avons dû cher- 
cher d’autres moyens. L’examen de la liqueur sperma- 
tique éjaculée nous a d’abord offert les animalcules et 
les globules très-distincts et faciles à reconnaître. Les uns 
nageaient vivement, les autres restaient immobiles toutes 
les fois qu’ils n'étaient pas heurtés. Nous avons craint 
qu’il ne fût déjà trop tard; nous ayons sacrifié de suite 


(29) 
l'animal qu’on venait de séparer de sa femelle, et qui 
fournissait sa liqueur fécondante goutte à goutte d’une 
manière continue. On a ouvert le vérumontanum , et le 
liquide qu'il renfermait a été transporté sous le micros- 
cope. On a observé les mêmes phénomènes. 

I paraît donc que les produits de ces deux glandes se 
mêlent sans agir l’un sur l’autre, et que celui de la 
prostate, plus fluide , sert à diluer simplement celui qui 
provient du canal déférent, qui est fort épais. Nous avions 
déjà remarqué anciennement que la liqueur éjaculée 
était presque aussi liquide que l’eau pure , et qu’elle avait, 
à très-peu de chose près , la même densité. Nous avions 
fait observer en même temps que les matières provenant 
du testicule étaient très-consistantes , et qu’il en était de 
même de celles qu’on retirait de la prostate. Nous de- 
mandions alors où était la source de la sécrétion liquide , 
et nous avions laissé celte question indécise. Aujourd’hui 
nous pensons , d’après l'observation dont nous venons de 
faire l’histoire , qu’elle provient de la glande prostate qui 
fournit en effet une sécrétion très-liquide à l'instant de la 
copulation , bien que dans l’état ordinaire, on la trouve 
gorgée d’une liqueur épaisse. Cette différence de produit 
n’a rien d’extraordinaire , et rentre dans les accidens de 
sécrétion les plus familiers à la vie animale. 

Nous possédons maintenant les élémens d’une impor- 
tante discussion et nous ne la renverrons pas plus loin, 
afin d'empêcher le lecteur de se livrer à des préventions 
mal fondées. Leewenhoeck a cru , et a publié dans plu- 
sieurs occasions , qu’il existait des animalcules sperma- 
tiques de forme et de taille diverses ; et ces diflérences 
lui semblaient provenir de leur état d’accroissement, 


( 26 ) 

Dans une de ses lettres à Bocrhaave,, il cile une expé- 
rience que nous allons examiner avec attention. Il prend 
les parties de la génération d’un bélier , et décrit les ani- 
malcules trouvés dansles canaux déférens avec beaucoup 
d’exactitude ; mais il affirme ensuite n’avoir rien vu de 
semblable dans les testicules , et nous savons déjà très- 
positivement le contraire. Il paraît que Leewenhoeck 
avait négligé de délayer son liquide, ce qui a nécessai- 
rement dénaturé le résultat. Il soumet ensuite l’épidi- 
dyme à la même investigalion ; mais après un temps assez 
long , puisqu'il est question de quelques jours , etiltrouve 
alors des animalecules avec des queues et des animalcules 
sans queues ; ces derniers sont pour lui des adultes el 
les autres des adolescens. Gette distinction serait sans 
doute fort heureuse ; mais il suflit d’un séjour bien plus 
court dans l’eau ; pour qu’une matière animale ‘quelcon- 
que se transforme en globules mouvans. Ge fait est vul- 
gaire aujourd'hui, tous les naturalistes le connaissent 
parfaitement. Quand Leewenhoeck lui même a fait des 
observations sur les parties fraîches , il n’a jamais décrit 
de semblables choses. M. de Buffon a commis une er- 
reur analogue , bien que les travaux de son ami M. Née- 
dham eussent dû l’en garantir; mais de plus, ilest tombé 
dans une autre illusion , lorsqu'il a pris des liqueurs sémi- 
nales éjaculées soit dans le chien, soit dans l’homme, el 
qu'il a confondu les globules fournis par la prostate avec 
de véritables animalcules. 

Pour nous, il nous semble évident que les animal- 
cules spermatiques n’ont aucun intermédiaire entre l'état 
parfait et la non-existence. Dès l’instant où on les aper- 
çoit, ils se montrent tels qu'ils doivent être tou- 


(27) 
jours, et dans le testicule lui-même , ils présentent les 
dimensions et la forme qu’on leur retrouve après l’éja- 
culation. 

Lapin. — Les testicules de cet animal sont assez vo- 
lumineux et d’une forme alongée qui se présente rare- 
ment. La poche qui les renferme les fait remonter qual- 
quefois jusques dans l'anneau , de telle sorte qu'ils se 
trouvent entièrement dissimulés. Ils sont enveloppés des 
mêmes membranes qu’à l'ordinaire , et privés de corps 
d’hygmore. Les vaisseaux spermatiques ont = de milli- 
mètre de diamètre , sont disposés en faisceaux et liés par 
un tissu cellulaire au milieu duquel circulent les vais- 
seaux sanguins. Ceux-ci serpentent à-peu-près dans un 
sens perpendiculaire à l’axe du testicule et se ramifient 
peu. Nous n’avons pu saisir le passage des vaisseaux sper- 
matiques dans. l’épididyme avec assez de netteté pour 
les compter; mais il est digne de remarque , que les ca- 
paux dé celui-ci sont presque aussi déliés que ceux du 
testicule lui-même. Les déférens ne nous offrent rien de 
particulier , et viennent en se rapprochant, aboutir au- 
dessous du col de la vessie. Leurembouchure est cachée 
par une poche de forme carrée , dont les angles supérieurs 
tendent souvent à se prolonger en cornes : c’est la vési- 
cule séminale. Elle possède des parois épaisses, assez 
souples , et ressemblant , par leur texture , à celles de la 
vessie urinaire. L'intérieur est revêtu d’une membrane 
muqueuse et présente une cavité simple. Sur sa paroi 
postérieure , on remarque un renflement glanduleux qui 
n’alteint pas lé sommet de la vésicule , et se termine à- 
peu-près aux trois quarts de sa hauteur. Son apparence 
est'granulense , ce qui provient des petits culs-de-sac 


# 


( 28 ) 

dont il est composé , et qui se trouvant placés les us 
à côté des autres , ne laissent voir que leur sommité. 
M. Guvier considère cet appareil comme la prostate , et 
nous verrons que l'examen de la liqueur qu’il sécrète , 
confirme cette opinion , que le célèbre auteur de l’Ana- 
tomie comparée n’avail offerte qu'avec l'apparence de 
quelque doute. à rl 

Si l’on fend longitudinalement lurètre à sa partie an- 
térieure , on met à nu une petite languette mobile, 
sous laquelle se trouve une protubérance charnue , cor- 
diforme. C’est entr’elles deux que viennent s’ouvrir les 
canaux déférens en avant par deux orifices distincts , et 
la vésicule séminale dans le fond , au moyen d’une seule 
ouverture. À la même hauteur , mais sur le tranchant de 
la languette, on observe à droite et à gauche cinq ou 
six fentes très-fines , qui servent de passage au liquide 
fourni par la prostate. 

Dans le testicule , l’épididymeet les canaux déférens , 
on trouve une liqueur blanche , épaisse qui renferme 
une foule d’animalcules plus longs que ceux du chien. 
La rapidité de leurs mouvemens est extraordinaire , et 
c'est peut-être de tous les mammifères celui qui possède 
les animalcules les plus remarquables sous ce rapport. 

La prostate contient un liquide bac , laiteux , dans 
lequel on trouve beaucoup de globules analogues à ceux 
du lait pour la forme et la grossenr, mais qui ne présentent 
jamais d’animalcules, 

Enfin , dans l’intérieur de la vésicule séminale , on ren- 
contre un liquide gris-jaunâtre , dans lequel on distin- 
gue une foule d’animalcules en mouvement. Ils sont mé- 
lés de quelques corps étrangers très-gros, sphéroïdaux 


( 29) 

et globuleux , comme toutes les parcelles de mucus qui 
se détachent des membranes muqueuses. On n’a pas be- 
soin d'ajouter aucun véhicule pour voir les animalcules 
distincis el séparés , et lorsqu'on examine la liqueur avec 
attention , on reconnaît qu’ils sont accompagnés de pe- 
tits globules semblables à ceux qu’on trouve dans la 
prostate. 

Le jeu de ces diverses parties devient facile à suivre 
au moyen de toutes ces notions, Les testicules fournis- 
sent des animalcules, et les canaux déférens les amènent 
dans le vérumontanum. La prostate secrète des globules 
qu’elle verse dans le même lieu , et la vésicule séminale, 
qui ne produit rien, s’ouvre pour recevoir le mélange 
des deux liquides qu’elle conserve jusqu’au moment où 
son émission peut devenir utile. Malgré l'existence de ce 
troisième organe , la liqueur éjaculée ne se trouve donc 
pas plus complexe que dans le chien , qui n’en possède 
que deux. 


( La suite au prochain Numéro. ) 


OrsErvations sur les genres Cyrinus et NEPENTHES ; 


L2 


Par M. An. BronGnrAnT. 


M. Rob. Brown, dans son savant Mémoire surle genre 
Rafflesia (1), en traitant des affinités de cette plante 
singulière , indique une division de la famille des Aristo- 
lochiées , telle qu’elle avait éié établie par M. de Jussieu, 


(1) Trans. Linn. , vol, XII , p. 


( 30) 

en deux nouvelles familles ou en deux tribus; l’une, 
sous le nom d’AsARIN£ES , paraît devoir renfermer des 
genres Asarum, Thottea , Aristolochia et Bragantia ; 
l’autre, qu’il désigne par le nom de cyriNËEs, compren- 
drait le genre Cytinus , le Ra/flesia , encore imparfaite- 
ment connu, puisqu'on n’a pu en étudier que l'individu 
mâle , et le genre Nepenthes , qui s’éloigne cependant de 
cette famille par son ovaire-libre. 

Ce rapprochement curieux d’un genre jusqu'alors 
laissé parmi les plantes dont la position était la plus in- 
certaine dans la méthode naturelle , la manière incom - 
plète ou même inexacte dont les genres Nepenthes et Cy- 
tinus m'ont paru décrits jusqu'ici , m'ont engagé à les 
examiner avec soin ; malheureusement un des points 
les plus importans à éclaircir a échappé à toutes mes re- 
cherches ; je veux parler de la structure de la graine du 
Cytinus ; il m'a été impossible de me procurer des fruits 
mûrs de cette plante, et MM. De Candolle et Delisle, 
qui ont pu l’étudier sur le vivant, m'ont dit les avoir 
toujours trouvées stériles et sans trace d’embryons. 

Le Cytinus , tès-voisin des Aristolochiées proprement 
dites, par la structure de ses fleurs mâles , en diffère 
par la séparalion des sexes dans des fleurs particulières , 
et sur-tout par son ovaire uniloculaire à placentas parié- 
laux; enfin, par le nombre quaternaire de toutes les 
parües de la fleur , nombre qui est ternaire dans toutes 
les véritables Aristolochices. 

Le Nepenthes se rapproche du Cytinus par la sépara- 
tion des sexes dans les fleurs différentes, par le nombre 
également quatcrnaire des divers organes de la fleur, 
par la structure presqu’identique de ses étamines ; enfin , 


(31) 
quoique son ovaire soit divisé en quatre loges , le mode 
de placentation de ses graines peut être regardé comme 
le même, puisqu'elles sont insérées également aux deux 
côtés de placentas pariétaux qui ne diffèrent des placentas 
du Cytinus qu’en ce qu’ils sont beaucoup plus saillants et 
divisent complètement le fruit en quatre loges. 

Ces deux genres et le Ra/fflesia se ressemblent encore 
par leur préfloraison imbriquée , tandis que les Asari- 
nées de M. Rob. Brown, ou Aristolochiées proprement 
dites , ont la préfleuraison valvaire. 

Le Nepenthes ne diffère essentiellement du Cytinus 
que par son ovaire supérieur, par son fruit déhiscent, ce 
qu’on peut regarder comme une conséquence du carac- 
ière précédent , et par son stigmate sessile. Quant à la 
grande différence qui existe entre le port de ces deux 
senres, on doit y donner peu d’importance si on se 
rappelle que presque toujours les plantes parasites sont 
dépourvues de feuilles et de couleurs brillantes, quoi- 
que plusieurs d’entr’elles appartiennent à des familles de 
plantes ornées du feuillage le plus beau. Ainsi la diffé- 
rence d'aspect n'empêche pas de placer la CGuscute parmi 
les Convolvulacées , les Orobanches auprès des Rhinan- 
thacées , les Gassythes auprès des Lauriers. Parmi les Or- 
chidées, beaucoup de plantes parasites et aphylles se 
trouvent rangées à côté des espèces dont la végétation est 
la plus riche; ces exemples suffisent pour rappeler le 
peu de cas qu’on doit faire du port, sur-tout lorsqu'il 
dépend seulement du plus ou moins grand développe- 
ment de certains organes , et non de leur insertion ou de 
leur structure. 

Le mode de vegétation et la structure de la fleur 


(52) 

mâle du Ra/flesia ; la seule qu’on connaisse , ont , comme 
l’a parfaitement fait sentir M. Rob. Brown , de grandes 
analogies avec l’organisation du Cytinus ; ces deux plantes 
sont également parasites sur les racines , et couvertes d’é- 
cailles imbriquées ; leur périanthe, en partie tubuleux, a 
son limbe divisé en lobes profonds , arrondis , et imbriqués 
pendant la préfleuraison ; la position des étamines est la 
même, et les cornes nombreuses qui surmontent la co- 
lonne centrale du Ra/]lesia, rappellent les huit tuber- 
cules coniques qui terminent la colonne staminifère du 
Cytinus , ei qui paraissent des vestiges des huit.lobes du 
stigmate de la fleur femelle ; les principales différences 
consistent dans le grand nombre d’étamines qui existent 
dans le Ra/flesia, dans la singulière structure de ces éta- 
mines que leur état peu développé n’a peut-être pas 
bien permis d’observer ; dans le nombre considérable 
des appendices qui surmontent la colonne centrale ; et 
qui en les supposant analogues à ceux du Cytinus, indi- 
queraient un ovaire à placentas très-nombreux; enfin , 
dans la divisior qumquennaire du limbe du périanthe. 

Les trois genres Cytinus , Rafflesia et Nepenthes , pa- 
raissent donc s’accorder .par un assez grand nombre de 
caracières, pour mériter de former un groupe particu- 
lier , diflérant des vraies Aristolochiées , principalement 
par la séparation des sexes , par le nombre quaternaire ou 
quinquennaire des parties de la flear , et par leur préfle u- 
raison imbriquée ; on pourra regarder ce groupe très- 
voisin des Aristolochiées , soit comme une simple sec- . 
tion de cette famille , soit comme une famille particulière. 

Peut-être lorsque l’AÆphyteix sera mieux connu, vien- 
dra-t-il se ranger auprès de ces mêmes genres ;,sa ma- 


(55 ) 

nière de croître sur les racines d’autres plantes , sa forme 
générale,’ tout paraît le rapprocher du Cytinus et du 
Bafflesia , mais il*est connu trop imparfaitement pour 
qu’on puisse rien fixer d’une manière certaine sur ses 
affinités. Le nombre ternaire des diverses parties de la 
fleur pourrait porter à le regarder comme monocotylé- 
doné, on comme plus voisin des Aristolochiées , sur-tout 
s’il est réellement hermaphrodite : mais on peut élever 
quelques doutes à cet égard , quand on voit que jusqu’à 
ces derniers temps le Cytinus a été décrit comme her- 
maphrodite, et que Linnée et tous les anciens auteurs 
ont attribué le même caractère au Nepenthes , tandis 
que l’un et l’autre ont les fleurs unisexuelles. C’est dans 
le Genera de M. de Jussieu et dans celui de Schreber 3 
ouvrages publiés à la même époque, qu’on trouve les 
premières descriptions exactes du Nepenthes ; cependant 
la structure de la graine n’est décrite avec détail dans 
aucun de ces ouvrages , et on verra qu’elle présente plu- 
sieurs faits assez curieux. Gærtner, qui l’a examinée le 
premier , nous paraît $’être trompé à plusieurs égards ; 
il ne dit rien dela structure singulière des tégumens qui 
lenveloppent ; il a bien observé l'endosperme et l’em- 
bryon dans son centre, mais il a indiqué ce dernier 
comme monocotylédoné (1) ; malgré son extrême peti- 
iesse, je l’ai toujours vu divisé en deux cotylédons 
hinéaires appliqués l’un contre l’autre ; sa radicule , dans 
les graines des deux espèces que nous avons observées, 
est dirigée vers le point d’attache extérieur de la graine 


LLC 


(1) M. Richard a le premier indiqué cette erreur dans 


son admirable opuscule de l'Andyse du fruit, p.46, 82. 


1. 2 


(34) 


au placenta; mais , comme on le verrà bientôt, elle est 
opposée au point par lequel les vaisseaux nourriciers ar- 
rivent à la surface même de cette graine : en eflet , l’a- 
mande , de forme oblongue , composée de l’embryon et 
de l’endosperme qui l’entoure , est recouverte par un pre- 
mier tégument membraneux , mais assez dense et comme 
plucheux à sa surface. Ce tégument est terminé à ses 
deux extrémités par deux pointes plus ou moins longues , 
l’une inférieure est la plus mince et libre, du moins 
dans la graine mûre (1) 3 l’autre , supérieure , est for- 
mée d’un cordon vasculaire assez fort, et va s’insérer au 
sommet de la cavité d’une sorte de: coiffe membra- 
neuse , tubuleuse ; qui enveloppe la graine de toute part 
sans lui adhérer dans le N. madaguascariensis, et qui 
adhère à la partie moyenne de la graine dans le N. in- 
dica ; cette enveloppe membraneuse , qui ressemble 
asséz par sa forme à la coîfle très-alongée de certaines 
mousses , se prolonge supérieurement en une extrémité 


(1) Cette pointe qui, dans leNepenthes endica, se 
prolonge en un filament assez long, mais irès-grèle, di- 
rigé vers le hile, qui, dans le N. madagascariensis , 
ést béaucoup plus courte, et ne se prelonge pas tout-à- 
fait jusqu’au point où le cordon ombilical se détache de 
l'emveloppe membraneuse de la graine , ne poutrait-ellé 
pas être considérée comme le resté d’un second faisceau 
vasculaire formé par les vaisseaux fécondans qui se seraient 
détruits après la fleuraison? Ge fait s’accorderait avec plu: 
sieurs autrés ; pour faire présimer que dans beaucoup 
de cas où la radicule est opposée au hile, elle est dirigée 
vers le point d'insertion des vaisseaux fécondans qui se- 
raïent distincts dans ces piantes des vaisseaux nourri- 
ciers, et qui se seraient détruits pendant la maturation. 


(55 ) 
subulée et spongieuse à l’intérieur , tandis qu’inférieu- 
rement elle forme une sorte de tube rétréci à sa base , 
et ouvert par un pore oblique ; la graine est suspendu , 
comme on l’a vu, par un cordon vasculaire au sommet 
fermé de cette enveloppe tubuleuse; si on suit ce 
cordon depuis son insertion au tégument intérieur 
de la graine jusqu’au placenta , on voit qu'après avoir 
atteint le fond de celte sorte de coïffe , il se réfléchit 
et redescend dansses paroïs membraneuses qu’il parcourt 
sous la forme d’une nervure vasculaire très-facile à dis- 
tinguer avec une forte loupe , à cause de la ténuité de 
la membrane; il suit alors deux mafches différentes dans 
les deux espèces que j'ai eu occasion d'observer, Dans 
le N. indica , il reste dans les parois de Penveloppe ex- 
térieure jusqu’auprès de son orifice inférieur , son extré- 
mité forme le hile , et les graines paraissent ainsi ses- 
siles sur le placenta, quoïque les’ vaisseaux qui sortent 
de cet organe pour se porter dans la graine parcourent 
un espace assez grand avant de l’atteindre. Dans le W. 
madagascariensis , le faisceau vasculaire arrivé à-peu-près 
à moitié de l’espace compris entre le sommet de la 
graine et l'extrémité inférieure de son enveloppe mem- 
braneuse , s’isole de cette enveloppe êt forme un court 
pédicelle qui va s’insérer au placenta ; mais ce n’est pa 
la seule singularité que présente celte graine ; à sa nialu - 
rité , ce pédicelle, qui se trouve ainsi obfique sur la di- 
rection de Ja graine , se continue presque toujours. dañs 
cetie même direction , sous la forme d’un filet sétacé 
libre qui traverse obliquement la coîfle membraneuse , 
la perce du côté opposé à celui par lequel il était entré , 
et se prolonge en dehors én continuant la direction du 


= 


Je 


(56) 
pédicelle inséré au placenta : la graine, ou plutôt son 
enveloppe tubuleuse, paraît ainsi traversée obliquement 
par un petit filament noirâtre, vasculaire dans la partie 
qui correspond au placenta, et celluleux dans son ex- 
trémité libre. 

Ce prolongement subulé ne paraît se développer que 
pendant la maturation des graines, car il n’existe pas 
dans les ovules , dans les graines avorlées et même quel- 
quefois dans les graines fertiles; on peut le comparer au 
crochet qui embrasse en partie la graine des Acanthacées 
et qui n’est également qu'un prolongement du podo- 
sperme développé pendant la maturation de la graine. 

La graine d’une autre espèce (1) , analysée par M. Ri- 
chard , et dont son fils a bien voulu me communiquer le 
dessin et la des cription, lui ont présenté quelques diffé- 
rences de structure importantes à remarquer .: l’endo- 
sperme et la forme de l’embryon sont, à peu de chose près, 
les mêmes dans cette espèce et dans celles que j'ai exami- 
nées; mais M. Richard indique la radicule comme supé- 
rieure, tandis que je l’ai toujours trouvéeinférieure. L’exac- 
iitude de cet habile observateur ne doit laisser presqu’au- 
cun doute sur ce qu'il a vu; le soin que j’ai mis à répéterles 
observaiions queñÿ'avais déjà faites , mc permet de croire 
que je ne me suis pas trompé. Serait-il donc possible que 
dans ce genre , quelques espèces eussent la radicule supé- 


(1) Les échantilions conservés par M. Richard , ne con- 
sistapt qu'en fleurs et fruits détachés , je n’ai pu détermi- 
ner s'ils provenaient du N. cristata ou de quelqu’espèce 
nouvelle. Il m'a été impossible de vérifier l'observation 
que je rapporte, toutesles graines quirestaient dans l’her- 
bier de M. Richard s'étant trouvées stériles. 


(3%) 


rieure , tandis que d’autres l'ont inférieure et la forme 
différente des tégumens de ces graines ne peut-elle pas ex- 
pliquer cette différence de position ; dans les deux espèces 
que jai observées , la graine proprement dite, ou l'a- 
mande , est suspendue à l’extrémité d’un cordon ombilical 
recourbé ; le point supérieur est donc celui qui corres- 
pond au hile ou à l'insertion des vaisseaux nourriCiers ; 
dans la graine décrite et figurée par M. Richard (pl. 5, 
fig. 3), on ne voit aucun indice de cette suspension ; la 
graine , au contraire , paraît droite dans son enveloppe 
membraneuse , et recouverte par un seul tégument. En 
admettant ce fait, on voit que les embryons de ces di- 
verses espèces auraient la même position dans la graine, 
qu'ils seraient toujours inverses; tandis qu’en fixant leur 
position par rapport à l’axe du fruit, ou même d’après le 
point d'insertion extérieur des graines, la radicule serait 
tantôt dirigée vers le hile, et tantôt opposée à ce point, 
anomalie qu’il paraît difficile d'admettre dans un genre 
aussi naturel. . 

Il était impossible d’étudier le genre Nepenthes, sans 
fixer quelques momens son attention sur les urnes si re- 
marquables qui terminent ses feuilles , et qui ont causé 
l'admiration de tous les voyageurs ; suivant les observa- 
tions des naturalistes qui ont observé ces plantes dans 
leur pays natal , ces urnes ne se remplissent pas seule- 
ment à la suite des pluies ou par l'effet de la rosée, mais 
elles sont le siège d’une véritable sécrétion d’eau parfai- 
tement limpide et très-bonne à boire ; le peu d’étendue 
de la surface exposée au rayonnement du ciel, dans ces 
urnes étroites et profondes , s’opposait à ce qu’on pût ad- 
mettre qu’elles se remplissaient par l'effet seul de la ro- 


(58) 

sée : aussi tous les voyageurs disent que l’eau que ces 
urnes contiennent , est le résultat d’une exhalation de 
leurs parois ; mais aucun n’a indiqué si cette surface pré- 
sentait quelque modification de structure qui pût expli- 
quer un phénomène aussi singulier : j’ai examiné avec 
soin la surface intérieure des urnes des trois espèces qui 
existent dans les herbiers de Paris , et j’ai toujours trouvé 
celle surface couverte , soit complètement , soit en par- 
tie, de petites glandes ou tubercules noirs , saillans , très- 
nombreux et très-serrés. Dansle VNepenthes madagasca- 
riensis, ces glandes couvrent toute la surface interne des 
urnes depuis l’orifice jusqu’au fond , elles sont noires , 
arrondies et déprimées ; dans les Vepenthes indica 
et cristata , elles n’occupent que la moitié inférieure de 
Vurne , elles sont plus petites, plus saillantes , d’un brun 
foncé, el très-serrées; elles cessent brusquément à la moi- 
tié de l’urne , dont la surface.intérieure devient unie et 
est couverte d’une poussière glauque ou plutôt bleuâtre 
ou violacée , du moins sur les échantillons secs. Ilest dif- 
fcile de ne pas admettre que ces glandes , qui ne se re- 
trouvent sur auçune autre partie de ces plantes, sont des- 
tinées à la sécrétion du liquide abondant qui remplit ces 
urnes; malgré le degré de probabilité qu’il nous paraît 
y avoir en faveur de cette opinion , il faudrait la vérifier 
par des expériences directes sur la plante vivante. 

Je passe actuellement à la description détaillée des genres 
et des espèces qui composent le groupe des Cytinées ; 
on verra que j'ai indiqué sous le nom de Nepenthes 
cristata , une espèce qui me paraît nouvelle et bien dis- 
tincle de trois autres espèces connues , quoique je n’en 
aie vu que des individus dépourvus de fleurs etde fruits. 


(39 ) 
CYTINEÆ. 

Flores monoici vel dioici ; 

Perianthium superum {in Nepenthe inferum.) 4-5 
partitum: prefloratio imbricata (1). 

Stamina 8 , 16 vel numerosiora , columnæ centrali 
inserta , extrorsa. 

Ovarium adhærens vel liberum uni vel quadriloculare ; 
placentæ 4 v.8 parietales. Stylus cylindricus vel nullus. 
Stigma lobatum, lobis numero placentarum æqualibus. 

Semina numerosa ; endospermum carnosum ; embryo 
rectus axilis , dicotyledoneus, ; 

IL RAFFLESIA. R. Brown. trans. Linn. T. XIIF, 
p- 207. 

Flores dioici. 

* Perianthium monophyllum coloratum , tubo ventri- : 
coso , coronà fauci annulari indivisà ; limbo quinque 
partito æquali. 

Masc. Columna (inclusa) limbo apicis reclinato , sub- 
tus simplici serie polyandro; disco processibus concen- 
tricis tecto:; antheræ sessiles, subglobosæ , cellulosæ , 
poro apicis dehiscentes. 


0 TT 


(1) J'emploie ici le mot de préfloraison imbriquée , dans 
le sens général que M. R. Brown me paraîtluiavoir donné, 
c’est-à-dire, pour désigner une disposition des diverses 
partiesdes enveloppes florales, telle que une ou plusieurs 
des divisions de cette enveloppe , recouvrent entièrement 
ou en partie les autres divisions, sans être recouvertes 
par elles. Les divers modes de préfloraison désignés par 
M. De Candolle, sous les noms d’imbriquée, de quincon- 
ciale et d’alternative, ne me’paraissent que des variétés 
de ce mode général de préfloraison. 


(40 ) 

Fem. (ignota.) 

1. RarrzesraA Annoznt. Br. I. c. 

Planta subacaulis super radices, Cissi angustifolii 
parasilica , carnosa , bracteis maximis obtusis inbrica- 
is obtecta ; flos maximus , terminalis. ! 
Ilar. Java. 

2, RarrcesiA Hornsriespr. R. Br. 1. c. 
Species vix nola , flore multo minori. : 


Has. Java. 

II. CYTINUS. L. 

Flores monoici. Perianthium superum tubuloso- 
campanulatum , limbo 4-fido. 

Masc. Columna centralis antherifera apice tuberculis 
conicis circiter 8 ( Stigmalum rudimenlis) coronaia ; 
antheræ 8, circum columnæ apicem sessiles, bilocu- 
lares , loculis distinctis linearibus rimä longitudinali de- 
hiscentibus. É 

Feu. Ovarium inferum, uniloculare ; placentæ 
8 parietales longitudinales ; ovula numerosissima. Stylus 
cylindricus simplex. Stigma capitatum , crassum, octo- 
sulcatum. $Semina..…… 

1. Cyrinus nyrocisris. Linn. 

Cytinus hypocistis Lin., Syst. veget., et omnium 
auctorum recentiorum. 

Asarum hypocistis. Linn. spec. , p, 635. 

Hypocistis. G. B. Tourn. coroll. , p. 46 , t. 477. 

Var. . Gaule magis elongato, squamis oblongis fusco- 
flavescentibus , floribus numerosioribus majoribus. 

Var. g. Gaule brevissimo paucifloro , squamis ovatis 
purpurescentibus , floribus minoribus 3-5, sub capitalis. 

Haz. In Galli australi, Italià, Hispaniâ, Lusitaniä , 


2% 


(41) 
Grecià, Barbariâ, Asiâ minori , super radices Céstorum 
parasitica (v.s. s.) 

Caulis brevis, erectus , simplex , radicibus FE 
aflixus , squamis oblongis vel ovatis, imbricatis , undique 
tectus. Flores spicati, sub capitati , monoici, feminei in- 
feriores, masculi superiores , utrique tribracteati; brac- 
teâ inferiori latiori, oblongâ, cauli oppositä., duobus su- 
perioribus lateralibus, oppositis ,lLn.aribus , in floribus 
femineis ad basim ovarii insertis, omnibus margine ci- 
liatis. 

Fros mascozus. Perianthium basi tubulosum , limbo 
4 partito sub patente , lacinns ovato-oblongis externe 
granuloso-hirsutis , margine ciliatis; tubo interiüs et ex- 
terius hirsuto , membranis quatuor septiformibus, laci- 
niis perianthiü alternis et ab ejus parietibus ad colum- 
nam centralem extensis, in quatuor foraminibus tubu- 
losis , superiüs apertis, diviso. Prefloratioimbricata alter- 
nativa, (laciniis duobus oppositis exterioribus , alternis 
interioribus. ) 

Columna centralis, (stylus florum feminorum ?) car- 
nosa, crassa, erecta , parte nudà tubum perianthii vix 
superante , superiüus incrassala , antheris tecta et apice 
producta in cornicula oclo , carnosa, difformia , sub- 
conica, (stigmatum rudimenta ?). Antheræ octo sessiles, 
circa partem superiorem columnæ centralis annulum cy- 
lindricum efformantes, biloculares ; loculis discrets, linea- 
ribus , approximalis , rimâ longitudinali dehiscentibus. 

( Ovarii indicium nullam , pedicellum breve carnosum 
cavitate null excavatum. ) 

Fos FEmINEus. Pertanthium ut in flore masculo. 

Ovarium inferum, sphæricum, diametro tubi pe 


(42 ) 

rianthii multo majus, duobus bractcis oppositis oblongo- 
linearibus , illius basi adnatis , stipatum, supernè hispi- 
dulum , uniloculare, succo gommoso ( succo hypocisti ) 
repletum. Placentæ parietales octo , ab apice ovarii ferè 
usque ad ejus basim extensæ, lineâ angustâ ovarii pa- 
rieti aflixæ et in membranam subtilem, planam , ovarii 
parieli appressam , nec illi adhærentem , expansæ. 

Ovula tenuissima et numerosissima , cuique pla- 
centæ per Lotam superficiem internam membranæ pla- 
centalis aflixa , ovoidea , superficiei subreticulatä. 

Stylus e. fundo perianthii el vertice ovarii nascens, 
cylindricus’, crassus , membranis quatuor septiformibus , 
calycis tubo adhærens (ut columna centralis floris mas- 
culi), faucem tubi calycis magis superans quam co- 
lumna antherifera. Sigma subsphæricum , profunde 
octo-costatum, superficiei granulosà ; vasculis conducto- 
ribus in octo fasciculis dispositis , partem mediam cujus- 
que costæ stigmatis percurrentibus. 

Semina..…. 

IT. NEPENTHES. L. 

Flores dioici. Perianthium inferum, patens profunde 
quadripartitum. 

Masc. Columna centralis antherifera cylindrica , infer- 
nè nuda , apice antheris circiter 16 , in capitulum sub- 
sphæricum agglomeratis, tecta, Antheræ sessiles approxi- 
matæ , biloculares , loculis linearibus rimâ longitudinal 
dehiscentibus. 

Fex. Ovarium subtetragonum, quadriloculare. Sty- 
lus 0. Stigma sessile quadrangulare subquadrilobum. 

Capsula quadrilocularis, 4-valvis, placentis quatuor e 
medio valvarum enalis partita, Semina numerosa , sela- 


(43) 
cea, septorum lateribus inserta, tegumento duplici , 
exteriori membranaceo subulato , involuta. 

1. Nepenruess iNpica. Lamk. 

Foliis lanceolatis basi angustatis sessilibus , scyphis sub 
cylindricis levibus ; floribus paniculatis.. 

Badura vel Bandura. Planta Zeylanica in foliorum ex- 
tremo folliculum peniformem expansum habens. Herm. 
Mus. Zeyl., p. 16 et 57. (Ex ejus herbario) et apud 
Breyn. , Prod. 1, p. 18. 

Utricaria vegetabilis Zeylanensium , Bandura Cinga- 
libus dicta. Pluk. Phyt. ,t. 237. 

Nepenthes Zeylanicum flore minore, Breyn., Prod. 
2 , P. 70. | + 

Bandura Zeylanica. Burm. Thes. Zeyl., p. 42, 
t. 17. (Plant. masc.) 

Nepenthes distillatoria. Linn. Hort. Cliff. 431. 
Spec. Plant. 1554. Flor. Zeyl. 321. Burmann, F1. 
Ind. 190. Willd. , Spec. , pl. IV, p. 875. 

Nepenthes indica. Lamark et Poiret., Encycl., IV, 
p- 458. 

Has. in Ceylan / Hermann, Burmann, Lechenault.) 
In India / Macé.) (v. s. sp. in Herb. Hermanni et 
Burmanni nunc in Museo Lessertiano repositis, in 
Herb. Musei Parisiensis. ) : 


Caulis erectus simplex, crassus. Folia alterna glaber- 


rima , lanceolata, inferius angustata semi-amplexicau- 
lia , nervo medio cfasso apice in cirrhum desinente, late- 
ralibus 4-5 nervo medio parallelis apice confluentibus , 
alteris nervulis, e nervo medio oblique nascentibus, cru- 
ciatis. Cérrhus longus arcuatus , sæpiüs spiraliter tortus , 
apice vix incrassatus in scyphum dilatatus. Seyphus sub- 


(44) 

cylindricus, mediä parte pauld angustiore , superficie 
externà in junioribus pilis rufis obteclà , in adultis gla 
brâ, nervis longitudinalibus et transversalibus clathrata ; 
nervis 3 longitudinalibus aliis multé majoribus, uno 
posteriore usque ad insertionem operculi extenso ; duobus 
alteris anterioribus approximaltis ; superficies interna 
superiüs pruinosa, pulvere violaceo inspersa , inferiüs 
glandulis minutis sessilibus numerosis tecta ; orificium 
coarctatum , annulo angusto interius reflexo transversim 
striato marginatum. Operculum subrotundum superiüs 
reticulatum , postice ad punctum fnsertionis breve mu- 
cronatum , inferius glandulis cupulatis vel foveolis minu- 
tis numeérosis atris notalum. 

Flores paniculati , paniculâ florescente terminali, fruc- 
tiferà laterali ; pedunculis in plantis masculis 3-5 floris , 
in femineis 2-3 floris. 

Fos mascuzus. Perianthium patens , profunde quadri- 
partitum , laciniis ovato-subrotundis obtusis , margine ci- 
liatis, extüs ferrugineo-pilosis , interiüs foveolis oblongis 
nigris punctulatis. Prefloratio imbricata, alternativa 
( laciniis duobus oppositis exterioribus , alternis interio- 
ribus. ) 

Stamina 16 columnæ centrali versus apicem inserta , 
sessilia , capitulum subsphæricum efformantia. Antheræ 
sessiles , extrorsæ, biloculares , loculis Linearibus sub- 
undulatis parallelis, rimä longitudinali dehiscentibus. 

Fos rewmeus. Perianthium inferum profunde quadri- 
partitüm , laciniis ovato-oblongis obtusis,, exteriüs fer- 
rugineo pilosis, interius foveolis minutis notatis. 

Ovarium ovatum Z4-costatum ; externe ferrugineosse - 
riceum , 4-loculare , placentis septiformibus medio val- 


nt mt. és fs 


(45 ) 
varum affixis. Ov ula numerosa duobus lateribus septorum 
inserla , ascendeniia et exieriüs versus parietes capsulæ 
inflexa. Stylus nullus. Stigma sessile disciforme carno- 
sum nigrum 4-lobum , lobis placentis alternis et suturæ 
valvarum respondentibus. 

Capsula oblongo-tetragona , truncata , exterius pu- 
bescens, stigmate atro coronata , 4-valvis, suturis angu- 
lis respondentibus, 4-locularis , placéntis quatuor septi- 
formibus e medio valvarum enatis partita. 

Semina minuta ascendentia , duplici tegumento tecta ; 
exierius membranaceum tenuissime striatum fusiforme , 
inferius tubulosum et poro versus basim apertum , supe- 
riüs cellulosum , mediä parte nucleumtegumento proprio 
involutum continens , eique adhærens , vasorum nutri- 
tiorum fasciculo percursum , ab hilo (margini aperturæ 
inferioris notato), usque ad partem superiorem nuclei 
extenso , ejusque apici affixo; interius nucleo conlorme , 
superiüs acuminatum et fasciculo vasorum nutritiorum 
affixum , mediä parte tegumento exteriori adhærens , 
inferius in filamento tenui libero pendulo (an vasorum fe- 
cundatorum vestisio ? ) productum. Vucleus ovato-oblon- 
gus. Endospermum carnosum album,embryonem omnind 
involvens. Embryo'axilis rectus subeylindricus vel fusi- 
formis dicotyledoneus , cotyledonibus linearibus. Radicula 
Ovato conica infera , vereus hilum externum spectans, 
sed insertioni vasorum in nucleum opposita. 

2. NePENTRES mADAGAscARIENSIS. Poir. 


Foliis oblongis bas anguslalis semi-amplexicaulibus 


scyphis infundibuliformibus levibus; floribus panieu- 
latis. 


Ponga , AL adagascariensium. 


(46) 

Amramatico , Ælacourt, Hist, Madag. , pe 150: 
fig. 43. 

Nepenthes Madagoscariensis. Poiret, Encycl. IV, 
p: 459. Wild. , spec. IV, p. 875: 

Hab. in Madagascar (Commerson), (v. s. sp. in 
Herb. musei Parisiensis, de Jussieu, Delessert.) 

Caulis erectus simplex , glaber , érassus. Folia al- 
terne , oblonga basi angustata semi-amplexicaulia glabra, 
margine in junioribus pubeëscénte, nérvo medio crasso 
apice in cirrhum desinente , nervis lateralibus vix distinc- 
tis. Cirrhus in foliis junioribus rufo-villosus , foliis bre- 
vior, arcualus , apice incrassatus el in scyphum dilataius. 
Scyphus infundibuliformis, obliques , glaber , exterius 
venis reticulatus , levis , interiüus glandulis nigris sessilibus 
depressis versüs fundum majoribus distinctus. Orificium 
haud contractum añnule lato interiüus reflexo , transver- 
sim striato, marginatum. Operculum rotundum vel sub- 
reniforme , superiüs vénosum , inferius glndulis rotun- 
dis depressis ornatum. 

Flores paniculati , panicula florescente subterminali , 
fructifera laterali axillari , pedunculis in plantis mascu- 
lis multifloris (inferioribus 8-12 floris) subumbellatis 
in femineis 5-6 floris , ferrugineo-villosissimis, 

FLos mascurus. Perianthium patens profundé 4 parti- 
tum ,. Jaciniis ovatis obtusis, exterius pilis’ ferrugineis 


L2 


sericeis dense oblectum , interits foveolis minulissimis 
olalum ; prefloratio imbritata alternativa, laciniis ex- 
ierioribus pauld majoribns. 

Stamina circiter 16 columnæ centrali versus apicem 
inserta , extrorsa , sessilia ; Capitulum subsphæricum effor- 
mantia. Antheræ sessiles biloculares , loculis oblongis 


(47) 


approximatis parallelis, sulco longitudinali notatis et 
rimà dehiscentibus. 

Fos remNeus. Perianthium inferum profunde 4-par- 
titum laciniis obovato oblongis obtusis , exteriüs ferrugi- 
neo sericeum , interius foveolis minutis distinctum ; 
prefloratio imbricata alternativa ; ovarium oblongo-te- 
tragonum truncatum , externe pilis ferrugineis longiori- 
bus sericeis nitentibus simplicibus articulatis dense ap- 
pressis tectum , quadriloculare , placentis septiformibus 
medio valvarum aflixis. Ovula numerosa utrique parieti 
septorum duplici serie inserta , ascendentia. Stylus nullus. 
Stigma sessile carnosum crassum nigrum sub-quadrilo- 
bum. Capsula fusiformis tetragona , apice truncata , slig- 
mate atro coronata , exteriüus ante maturitatem ferrugineo- 
pubescens , deinde glaberrima cinerea , quadrivalvis , 
suturis angulis respondentibus , quadrilocularis placentis 
medio valvarum enatis , margine interiore axim è atlin- 
gentibus sed non inter se adhærentibus , partila. 

Semina fusiformia tegumento duplice tecta ; exterius 
membranaceum tenuissimum, eleganter striis longitudina- 
libus et transversalibus cancellatum, sub calyptræforme , 
inferne tubulosum , poro ad basim apertum , superne cel- 
lulosum , nucleum tegumento propio tectum et ad apicem 
cavitatis tegumentis exterioris affixum involvens nec ei 
adhærens , vasorum nutritioram fasciculo, ab apice nuclei 
usque ad mediam partem tegumenti externi extenso per- 
cursum , et podospermo obliquo , vasis nutriliis continuo 
et in filamentum setaceum cellulosum rigidum sæpiüus 
producto ,transfixum ; interius nucleo conforme , supe- 
rius fasciculo vasoruin autritiorum affixum , inferius acu- 
minatum. Vucleus ovato-oblongus. Endospermum car- 


(48) | 
nosum albidum embryonem omnind involvens. Embryo 
axilis rectus subfusiformis dicotyledoneus , cotyledonibus 
linearibus, radiculà hilum spectante (vasculorum nutri- 
tiorum insertioni oppositâ) duplolongioribus. 

Oss. In plaribus speciminibus Madagascaricis , pani- 
culam umbellulis florum numerosioribus, et flores laci- 
niüs perianthii ovatis acutis observavi, in aliis semina 
podospermo non transfixa vidi; an sint diversæ species 
ex iasula Madagascariensi allatæ , foliis et scyphis sub- 
similes , atque sub nomine Nepenihe Madagascariensi 
confusæ dubito; etenim specimina fere omnia , ab anti- 
quioribus botanicis collecta ; locis patalibus accurate 
inscriplis deslituta sunt, nec sæpius collectiones plantas 
masculas ét femineas simul et in eodem loco lectas conli- 
nent, unde evenit ut difficilius species plantarum dioica- 
rum et vegelatione affinium certis notis discernantur. 

3. NepenTnes PuyLLAmpnorA, Willd. 

Foliis lanceolatis petiolatis ; scyphis subventricosis 
levibus , floribus racemosis. 

Cây nàp âm, Cochinchinensium. 

Phyllamphora mirabilis, Lour. .. Flor, Coch. NH ; 
p. 744. 

Cantharifera , Rumph. , Amb. V, p. 191,1. 50, fig. 2. 

_Nepenthes phyllamphora, Wülld., spec. IV, p. 874. 

4: NEPENTRES CRISTATA. 

Foliis oblongo-lanceolatis semi-amplexicaulibus ; sey: 
phis basi ventricosis , antice membranis duobus cristatis 
ornats ; floribus..…. 

Has. Madagascar (Comimerson); Mauban in insulis 
Philippinis (MWée) , (v. s. sp. sine floribus in herb. 
Delessert, de Jussieu , Richard. ) | 


( 49 ) 

Caulis simplex erectus brevis ; folia alterna oblongo- 
lanceolata basi anguslata, semi-amplexicaulia , glaber- 
rima , rervis reticulatis apice inflexis et margini sub 
parallelis , nervo medio crasso in cirrhum desinente : cir- 
rhus folio brevior, arcuatus nec spiraliter tortus ; seyphus 
subcylindricus inferne ventricosus , superne angustatus ; 
superficie externà reticulaià, nervis tribus majoribus lon- 
gitudinalibus percursä, posleriore nudo, duobus ante- 
rioribus cristà membranaceâ , vix duobus lineis proemi- 
nente, margine laceratâ, ornatis; superficie internä, 
inferne glandulis nigris minutis distinctä , superne prui- 
noso-glaucä ; orificium annulo angusto transversim striato 


marginalum; operculum sub rotundum  inferius glandu- 
L 
lis notatum. 


Ons. I. a Nepenthe indicä diflert magnitudine mi: 
nori , et scyphis inferne ventricosis cristatis ; a Nepenthe 
phyllamphorä foliis sessilibus et scyphis cristatis. . 


Ons. Il. Alteræ speciei? folia disjuncta vidi in her- 
bario cel. de Jussieu , foliis præcedentis speciei sub simi- 
lia , sed multd majora , oblonga , basi magis angustata , 
scypho ampliori, cristis membranaceis latioribus or. 


pato , prædita, à Clar. Poivre collecta. An species dis- 
tinota ? 


Ons. IIL Accuratissimus Richardius diversæ speciei 
flores et. fructus maturos sejuncios , originisque ignotæ 
possidebat, cujus semina descripsit et icone illustravil; 
hujus celeberrimi observatoris descriptionem et iconem 
amicissimo Ach. Richardio debeo et hüc refero ; an ad 


3, 4 


(50) 


N. phyllämphoram , vel ad præcedentem , vel etiam ad 
novam speciem pertineat dubito (1). 

A seminibus priorum specierum , radiculà superä 
multb differt , sed embryonis inversio , in his speciebus , 
suspensioni nuclei ad apicem cavitatis tegumenti externi 
attribuenda videtur. 


. EXPLICATION DES PLANCHES. 


PI. 4. CyrTinus HyPOGISTIS. 


A.Fleur mâle. —B. La même coupée longitudinalement 
et considérablement grossie. — G. Fleur femelle. — 


D. La même coupée longitudinalement et considérable- 
+ 


(1) Semina assurgentia seu ascendentia setaceo fusi- 
formia. à 

Nucteus fere ad mediam longitudinem positus, infe- 
rioris tamen extremitatis constanter pauld propinquior 
obovoideo-oblongus, alterius lateris seu marginis vicinior, 
rufidulus. 

Tegumen proprium dilute stramineo-pallens, utrin- 
que suprà infräque nucleum, cui adhæret , longissime pro- 
ductum; sub microscopio venis longitudinalibus venulis- 
que transversis eleganter cancellatis. 

Albumen sordide pallenti-exalbidum earnosum cylin- 
draceo-oblongum, ad apicem inferiorem tantis per atte- 
auatum. 1 

Embryo candidus undique ïinclusus , rectiusculus | 
priori subconformis , et fere ejusdem longitudinis inver- 


sus, paulè ultra medium fissus in 2 cotylones appressos. | 


(51) 
ment gro$sie ; 0. ovaire; p, placentas pariétaux, — 
E. Stigmate coupé longitudinalement et transversale- 
ment, — F. Placenta coupé horizontalement ; 0. pa- 
rois de l'ovaire ; a, membrane placentale ; g. ovules. 
— G. Ovule grossie. — A*. Coupe d’un bouton pour 
montrer le mode de préfloraison. 


Pl. 5, fig. à. Nerentrues IND1 CA. 


a. Fleurs mâles de grandeur naturelle. — À, Un bouton, 
_ At. Sa coupe transversale pour montrer son mode 
de. préfloraison. — B. Fleur mâle grossie. — C. Eta- 
mines. — D. Une anthère avant sa déhiscence. — 
E. La même ouverte.—f. Fleurs femelles de grandeur 
paturelle. — G. Fleur femelle grossie. — H. Coupe 
de l’ovaire montrant les ovules et leurs points d’inser- 
tion aux cloisons. — I. Capsule. — K. Une valve de 
la capsule portant les graines. — 1. Graines de gran- 
deur naturelle. — L. Graine vue au microscope; h. le 
hile. M. La même coupée longitudinalement ; t. 
tégument externe ; H tégument intérne ; v, vaisseaux 
nourriciers de la graine ; r, endosperme ; e. embryon. 
_— N. Graine dépouillée de son enveloppe externe , 
et récouverte seulement par son tégument propre, <—- 
O. Amande. —P, La même coupée longitudinalement ; 
f. endosperme ; e. embryon. = Q. Embryon isolé. 

Fig. 2. Graine du Nepenthes M adagascariensis, 

l’, Graines de grandeur nalufelle, — L’. Les mêmes 
grossies, =— M”. Une graine coupée longitudinale 

nént; :#, tégument extérné; n”. tégument interne ; 
Ÿ. vaisseaux nourriciers; uw’, podosperñme ; x. sonextré- 


Are 


( 52) 
mité celluleuse et sétacée ; y. son point d'insertion au 
placenta. — N’. Graine dépouillée de son enveloppe 
externe , et recouverle par son tégument propre. — 
P’. La même coupée Jongitudinalement ; r. endo- 
sperme ; e”. embryon. 


Fig. 3. Graine d’une espèce indéterminée de Vepenthes 
décrite par M. Richard , et copiée d’après son dessin. 


}”. Graines de grandeur naturelle. — L”. Graine grossie. 
__ M”. La mêmé coupée longitudinalement ; t”. tégu- 
| DUT ë 
ment celluleux 3 r””.; endosperme ; e”. embryon. 


Ogservarions sur le genre Couma , d’Aublet. 
Pan M. Acu. Ricuanr. 


Puusrgurs dés-genres mentionnés par Aublet dans ses 
plantes de la Guyané , sont restés jusqu’à présent en- 
veloppés d’une obscurité profonde, qui n'a pas permis 
aux botanistes de bien apprécier leurs rapports et leurs 
affinités naturelles. En effet , les descriptions) de cel au- 
teur, quoique souvent fort détaillées , sont par fois très- 
incomplètes, surtout dans les organes de la reproduc- 
tion , qui comme chacun sait, ‘offrent les caractères les 
plus importans dans la coordination naturelle des végé- 
taux. Aussi plusieurs des genres de cette contrée, dont 
la végétation ‘est si‘riche et si variée , sont-ils encore 
aujourd’hui très-peu connus. Poisoéséir d’un herbier 
de plus de trois milles plantés ; recueillies par mon père 
aux Antilles, à Gayennetet dans toute la Guyanne, pen- 


( 55) 
dant un séjour de huit années, je me propose d’éclai- 
rer successivement ceux des genres d’Aublet, sur 
lesquels on n’a encore que des notions imparfaites , et 
de compléter ainsi, autant que possible ,la connaissance 
des espèces qui composent la Flore de la Guyane. 

Parmi les genres obscurs décrits par Aublet, nous nous 
arrêterons aujourd'hui sur celui dont il a parlé. dans son 
supplément , (pag. 36.) sous le nom de Couma. Il ne 
se compose que d’une seule espèce , le Couma Guyan- 
nensis , Aubl., Guy. suppl. , pag. 36 , t. 392. C’est un 
grand arbre originaire des forêts de la Guyane , et dont 
on n’a connu jusqu’à présent que les fruits. Les fleurs 
n’avaient point encore été observées , et la description 
du fruit donnée par Aublet est tellement incomplète , que 
M. de Jussieu n’ayant pu reconnaître les affinités de ce 
genre, ni indiquer sa place ,’en à fait aucune mention 
même dans sa classe déjà si nombreuse des Zncertæ 
sedis. Les échantillons très-bien conservés de cette 
plante que nous possédons , nous mettent à même de 
compléter son histoire et d’indiquer avec certitude l’or- 
dre naturel auquel elle appartient. 

La tige du. Goumier de la Guyane peut s’élever à une 
hauteur de trente pieds et même au-delà, sur un dia- 
mètre de deux pieds. C’est un des arbres les plus élégans 
qui décorent les forêts de cette partie de l'Amérique. Son 
écorce est épaisse , grisâtre et laisse écouler en abondance 
par les incisions qu’on y pratique, un suc laiteux et 
blanchâtre, qui se durcit à l’air , et prend une teinte 
grise. Les jeunes rameaux sont triangulaires et glabres. 
Les feuiiles sont verticillées par trois; les fleurs sont 
roses , assez semblables à celles du jasmin à grandes 


(54) 

fleurs pour la forme et la grandeur. Elles sont disposées 
en panicules axillaires , dont les pédoncules sont ra- 
meux et trichotomes. Leur calice monosépale se divise 
en cinq lobes lancéolés et profonds; leur corolle est 
monopétale , régulière, tubuleuse et infundibuliforme. 
Son limbe ; qui estun peu oblique, offre cinq lanières étroi- 
tes, d’abord tordues en spirale avant leur épanouisse- 
ment , puis élalées et un peu réfléchies. Dans l’intérieur 
du tube de la corolle sont insérées cinq étamines , très: 
courtes , dont les anthères sont sagittées. L’ovaire est 
globuleux , un peu déprimé , enveloppé dans la moitié 
de sa hauteur par un disque hypogyne assez mince : 
coupé en travers, cet ovaire m'a constamment pré- 
senté une seule loge , aux parois de laquelle sont in- 
sérés deux trophosmespermes longitudinaux, recouvert 
d’une très-grande quantité d’ovules fort petits. Le style 
est simple et se termine par un stigmate bifide. Les 
fruits, d’après Aublet , sont charnus, arrondis, de Ja 
grosseur d’une noix verte, recouverte de sont brou; 
leur peau est fine et roussâtre ; leur chair est de la 
même couleur , fondante et un peu pâteuse, mais d’un 
goût fort agréable, Avant leur maturité, ils sont remplis 
d’un suc âcre et laiteux. Ils contiennent de trois à cinq 
graines un peu aplaties. 

D'après la description succincte que nous venons de 
tracer du Couma de la Guyane ,in’est aucun botaniste 
qui n’y réconnaisse facilement une plante de la famille 
des Apocynées. C’est en effet dans cette famille que 
ce genre doit être placé , tout près des genres Carissæ., 
Ambelanta , Pacouria et Cerbera. H se distingue des 
irois premiers, qui probablement doivent être réunis 


mm, 


(55) 

par son ovaire et son fruit uniloculaires , et du dernier 
par l’absence de ce noyau comprimé à deux loges disper- 
mes , qui forme l’un des caractères essentiels du genre 
Cerbera. Cependant, ces caractères ont besoin d’être 
de nouveau examinés avec soin , avant de rien prononcer 
sur l’existence de ces divers genres , qui ontentr’eux de s. 
grands rapports. 

Dansun fort bel Ouvrage , recemment publié en An- 
gleterre , par M. Rudge , sous le titre de Zcones plan- 
tarum Guyanæ rariorum ; le Couma Guyanensis d’Au- 
blet, se trouve décrit et figuré sous ls nom de Cerbera 
triphylla, p. 31,1. 48; mais le botaniste anglais n’a pas 
reconnu la plante d’Aublet, et donne son Cerbera tri- 
phylla comme un végétal entièrement nouveau. Gepen- 
dant , il est impossible de méconnaître leur identité , 
soit d’après la figure , soit d’après la description donnée 
par Aublet et par M. Rudge. Le nom de Cerbera tri- 
phylla ne saurait donc être adopté, puisque celui de 
Couma est plus ancien , et que d’ailleurs cette plante ne 
peut en aucune manière être rapportée au genre Cerbera. 

Le nom donné par M. Rudge devra donc être cité 
seulement comme un synonyme du Coumier de la 
Guyane. 

Quoiqu’appartenant avec la plus grande certitude à 
une famille composée de végétaux lactescens , âcres et 
très-vénéneux , le Goumier s’en éloigne par les qualités 
de son fruit. En eflet, dit Aublet , les Nègres portent 
ce fruit dans les marchés de Cayenne , et les Créoles le 
placent parmi les meilleurs fruits du pays. On l'y dé- 
signe vulgairement sous les noms de Couma ou de 
Poirier. 


(56) 

Nous ferons observer, en terminant cette note , que 
notre but n’a été que de faire connaître la plante dési- 
goéo par Aublet sous le nom de Couma Guiannensis , 
et d'indiquer l’ordre naturel dans lequel elle vient se 
ranger ; mais jusqu'à quel point le genre Couma ct les 
deux genres Ambelania et Pacouria du même auteur, 
diffèrent-ils , soit entr’eux , soit des autres genres de la 
même seclion , et en particulier du Carissa ; c’est ce 
que nous nous proposons d’examiner en détail dans 
un travail que nous avons entrepris sur les genres de 
la famille des Apocynées qui ont le fruit simple et charnu. 

Nous allons maintenant donner une description dé- 
taillée du Couma Guyannensis. 


Couma Guyanensis, Aublet, Guyan. suppl. , 39, 


t. 592. Cerbera triphylla, Rudge, Içon. pl. Guy. », 
p. 51, 1. 48. 


Arbor 5o pedes alta cortice cinereo , crasso , suc- 
cum lactescentem emiitente ; ramis erectis ; ramulis 
subtrigonis glabris. | 

lolia ternato-verticillata, late ovali-acuminata , inte- 
gerrima , glabra , supra nigro-viridia , subtus pallidiora, 
nervosa, basi in petiolum breyem , membranaceum, 
canaliculatum , erectum desinentia, petiolis invicem 
sese involventibus. Folia 4-6 pollices longa , 3-4 lata , 
facillime cadunt , ita ut suprema tantum pars ramorum 
foliis ornetur, 

Flores rose i elegantissimi magnitudine formâ que 
Jasmino grandifloro consimilés , in paniculà axillari pe- 
dunculatä foliis breviori ; ramosâ dispositi. Pedunculo , 


(57) 
pedicellisque glabris apice tantum subpulverulentis, er- 
ticulatis , subtrigonis ; multoties ramoso-trichotomis , ad 
basim semper totidem bracteolis caducis stipitatis. 

Calyx monosepalus persistens turbinato-campanulatus 
exlus pulverulentus , quinquepartitus, laciniis erectis 
lanceolato-acutis æqualibus. 

Corolla tubulosa subinfundibuliformis ; tubo cylin- 
drico , medià parte subinflato, calyce quadrupld lon- - 
giori; limbo quinquepartito subobliquo ; laciniis patulo- 
deflexis , angusto-lanceolatis acutis, tubi longitudine , 
extus pulverulentis ; fanx pilis appressis suboccluditur. 

Stamina quinque medio corollæ tubo aflixa inclusa ; 
erecta; filamentis brevissimis subpilosis; antheris in- 
trorsis bilocularibus , cordato-sagittatis. 

Ovarium globoso-depressum striatum, disco annu- 
lari sinuoso usque ad medium altitudinis cinctum ; uni- 
loculare , trophospermiis duobus parietalibus oppositis 
longitudinalibus , utroque ovulis numerosis , minimis 
onusio. 

Stylus subulatus simplex usque ad stamina attingens , 
glaber. Stigma terminale oblongum bipartitum , Ur 
dice squammiformi obtuso , bas cinctum. 

Fructus (a me non visus ) ex Aubletio , pomiformis , 
nucis Communis magnitudine , intus pulposus semina 


3--orbiculato-oblonga planiuscula in ordinate includens. 
Grescit in Guyanä. b. 


(58) 


NOUVEELES OBSERVATIONS sur le terrain qui contient , 
en Normandie (département de l'Orne ), le bois 
fossile à odeur de truffes ; 


Par M. J. Desnoÿers. 


Lonsque j’essayai de décrire (1) le corps organisé 
fossile , désigné par les naturalistes Italiens, sous le 
nom de Tartuffite, et long-temps regardé comme un 
Madrépore , bien qu’il ne soit réellement qu’un végétal fos- 
sile à tige creuse, converti en chaux carbonatée acicu 
laire, conservant un principe bitumineux odorant que 
le frottement manifeste , j'indiquai son existence sur plu- 
sieurs points de la Normandie , en outre des localités 
du Vicentin, jusqu'alors les seules connues. Je parlai 
même de sa position géognostique avec quelques détails 
pour deux localités que je connaissais davantage, Croi- ” 
silles et Curcy dans le canton d’Evrecy (Calvados). 
Ces observations montraïent que ce fossile paraissait ap- 
partenir aux parties moyennes de la formation du Jura , 
et surtout à la série des couches calcaires et argileuses 
de cette formation , que les géologues de Caen ont nom- 
mée calcaire d’Evrecy. Mais cette portion inférieure d’un 
des terrains secondaires dont les limites sont le plus 
écartées, se compose elle-même de plusieurs ensembles 
de couches qui se remplacent mutuellement et sont assez 
distincts, pour que d’excellens observateurs, MM. Buc- 


(1) Mém. de la Société d’hist. nat. de Paris, t. L°* 


(59 ) 

kland , Prévost et Boué les aient nettement séparés. C’est 
à deux de ces dépôts équivalens à peu-près pour l’âge et 
différens pour la composition minérale et organique qu’ap- 
partient également la Tartuflite. Toutefois elle est plus 
abondante , mieux caractérisée et plus parfaitement ana- 
logue aux échantillons du Vicentin , dans les deux nou- 
velles localités que je vais décrire ( Ecouché et Frenay-le- 
Buffard, arrondissement d’Argentan, département de 
FOrne). Ces motifs m'ont engagé à revenir sur ce fait 
‘géologique. 

Les couches de ces localités, ainsi que celles de: 
Croisilles et de Curcy, très-probablement superposées 
au calcaire Lias à gryphées arquées, sont évidemment 
inférieures à celui sur lequel et aux dépens duquel 
est construite Ja vil de Caen, et que les géologues 
de cette ville ont nommé calcaire de Caen. Gette der- 
nière roche est reconnaissable par sa blancheur, lho- 
mogénéité de sa texture et la finesse de son grain qui la 
rendent comme le calcaire parisien, d’un emploi si 
usuel en architecture, par l’odeur légèrement bitumi- 
neuse qu’elle exhale lorsqu'on la frotte ou bien qu’on la 
scie, par les plaquettes et nodules de silex corné alter- 
nant en lits, souvent épais de plusieurs pieds, avec les 
bancs calcaires, enfin par les fossiles qu’elle contient. 
Infiniment plus rares que ceux des couches qu’elle re- 
couvre , ou dont elle est recouverte , ces corps sont néan- 
moins assez caractéristiques. On yrencontre en effet ,outre 
des débris abondans de crocodiles , beaucoup de coquilles 
particulières parmi lesquelles on remarque une espèce 
voisine pour la forme et la structure du genre Pinne, une. 
où deux autres très- alongées approchant des Pernes , 


(60 ) 

une Modiole striée , un petit Peigne , plusieurs Térébra= 
tules, dontune Epineuse , une petite coquille bivalve dont 
le facies annonce une Lucine ou une Cythérée; point de 
gryphées et très-rarement des Ammonites et des Bélem- 
niles , caractère négalif qui n’est point à négliger ; on 
y. voit enfin une petite coquille turriculée qui pourrait 
bien être: un cérithe, et dont M. Prevost a, je crois , 
parlé le premier. 

. Je sens combien de pareilles déterminations seraient 
insuffisantes et incomplètes, si elles étaient données 
pour elles-mêmes et servaient à décrire spécialement une 
roche , mais je ne rappelle ces principaux caractères que 
pour montrer l'exactitude d’un rapprochement entre 
elle et des couches calcaires non déterminées encore. 

Considéré sous un autre point de vue , ce calcaire 
pourrait recevoir un nom emprunté à la géographie phy- 
sique , aussi convenable , peut-être, que celui qu’il doit à la 
géographie politique ; en le nommant ealcaire des plaines 
de la formationjurassique, on rappellerait un fait assez 
général dans les départemens du Galvados et de l'Orne , 
c'est que les plaines de ces départemens, comprises dans 
les terrains secondaires , sont habituellement à ce ni- 
veau. Il ne faudrait pas, toutefois, faire de celte déno- 
mination une application trop rigoureuse; car, on trou- 
verait que les couches à polypiers , les couches oolithi- 
ques blanches uniformes , forment çàet là , à des étages 
supérieur et inférieur , des espaces de plusieurs lieues 
sans inégalités sensibles, comme ailleurs la craie , le 
calcaire grossier , les marnes d’eau douce, les allu- 
vions, etc. Je ne donne ce fait que comme un résultat 
habituel , et j'indique d’abord la grande plaine de Caen, 


(61) 

la mieux connue, qui s'étend à l'O. vers Bayeux, au 
S. E. vers St.-Pierre, sur Dives , Coulibœuf, etc. , et 
surtout au S. vers Falaise. Autour de cette dernière 
ville on observe des vallons multipliés, de nombreuses 
proéminences des terrains intermédiaires (grès pourpré 
et schistes ardoisiers, T'honschieffer) , qui perçant à tra- 
vers les couches horizontales secondaires , semblent 
erminer cette première plaine, mais ne font que l’inter- 
rompre. En effet , après avoir traversé les îles de grès (1) 
de Martigny , la Hoguette, Cordey, Neuvy , Maison- 
Rouge, etc. ; on découvre une plaine nouvelle qui sé: 
tend vers Tran, Argentan, Ecouché , et n’est que la 
continuation de la première , si l’on en juge par sa po- 
sition et sa nature. Il serait facile d’en indiquer d’autres 
prolongemens au-delà d’Argentan, vers Seez et même 
jusqu’auprès d'Alençon, où la découverte d’ossemens 
de crocodiles (2) nous rappelle un des fossiles les plus 
caractéristiques de cette époque. Ces plaines , extrême- 
ment fertiles , semblent avoir été d'anciens bassins , se 
commuriquant par des gorges plus ou moins évasées au 
fond desquels les eaux marines déposaient leurs sédi- 
mens, au pied des terrains anciens qui les bordent ou 
les traversent. | 


(1) M. Desmarest père a décrit quelques-unes de ces 
êtes de l’ancienne terre, ainsi qu'il les nommait ; si l’on 
peut ajouter à ses descriptions, du moins il n’ya rien à 
en retrancher. (Voy. Encyclopédie méth., part. Géogr. 
physique, art. Argentan, ancienne terre, etc.) 

(2) M. Guvier, Ossemens fossiles, t. V. 


(62) 

En s’élevant au dessus de leur niveau habituel, on 
rencontre quelques-unes de ces îles dont nous venons 
de parler, ou bien l’une des couches variées de la for- 
mation oolithique supérieure, telles qu’un conglomérat 
formé de grains calcaires et de coquilles brisées et arron- 
dies entre Caen et la mer, etc., des amas considéra- 
bles de Polypiers sur beaucoup de points du départe- 
ment du Calvados et dans celui de l’Orne, à Ocagnes 
au N,,et à Montmerrey au S. d’Argentan. 

Si l’on descend dansles vallons quitraversentcket là ces 
plaines , ou bien si l’on se dirige vers leurs extrémités, on 
trouve un calcaire oolithique blanc; mais plus ordinaire: 
ment cette réunion de bancs argileux, éalcaires , sili- 
ceux, la plupart très-coquilliers, qu'on a désignés sous 
le nom de calcaire d'Evrecy , et dont j'ai décrit deux 
localités qui m’avaient offert la Tartuflite, comme à l'O. et 
auS. O. de Caen , sur les bords des terrains anciens du 
Bocage. On remarque encoreen se dirigeant plus au midi, 
vers Falaise et Argentan, des assisses d’un sable À grains 
le plus souvent très-fins, accompagné quelquefois de 
galets quartzeux, et dont les parties supérieures, liées 
par un ciment calcaire , forment des bancs durs et très- 
cohérens. Ce sont précisément les parties solides de ce 
dépôt que j'ai d’abord indiquées comme l'équivalent 
probable du calcaire d’Evrecy , que je désirais faire 
Connaître en raison de la grande abondance de Tartuflite 
que jy ai rencontrée, il me reste à donner sa des- 
“cription géographique , après avoir assigné sa place géo- 
gnostique. Il me suflira , à cet effet , d’expliquer rapide- 
ment la coupe jointe à ces observations (pl. 6). 

Gette coupe du point (a) au point (g) , comprendune 


( 65.) 

étendue de trois lieues environ , resserrée du S. au N., 
entre la vallée de l'Orne au moulin de Sérans, à l'O. 
d’Ecouché et de la chaîne ancienne de Neuvy (1). On voit 
qu'iln’y a aucune proportion entre les diverses dimensions 
de cette coupe, et que l'épaisseur figurée des strates ne 
correspond aucunement à leur étendue en superficie. 

Au point de départ (a) sur les bords de l'Orne , la 
rivière n’est point encore encaissée , comme un peu plus 
loin , dans des roches schisteuses ou granitiques ; elle est 
seulement bornée , sur sa rive droite , par des sables gé- 
néralement colorés en jaune , épais de 25 à 30 pieds , et 
que l’on prendrait pour une alluvion récente si l’on n’y 
découvrait d'anciennes coquilles , telles que des térébra- 
tules , des bélemnites , etc. , si l’on ne les voyait, s’en- 
durcissant peu-à-peu dans leur partie supérieure , for- 
mer des bancs solides d’un aggrégat de sable quart- 
zeux et de chaux carbonatée. Ceux-ci renferment 
plus abondamment les mêmes fossiles , et, entre au- 
tres, de petits tufs sinueux très-remarquables , sépa- 
rés: par des articulations, qui rappellent la forme des 
Isis , et des frigmens de tiges de Tartuflite entièrement 
analogues à celles du Vicentin. Il ne reste plus, enfin, 
aucun doute sur l’ancienneté relative de ces sables fria- 
bles ou cohérens, lorsqu'on les voit, peu après, recou- 


(1) J'ai eule plaisir de visiter ces lieux avec M. Her- 
vieu , principal du Collège de Falaise, dont les connais- 
sances variées et l’obligeance m'ont été très-utiles dans 
nes recherches au milieu d’un pays qu’il observe lui- 
même depuis long-temps sous le point de vue de la géo- 
graphie physique. | 


(64) 

verts par la nappe calcaire qui constitue en (6) la 
plaine au milieu de laquelle est situé le bourg d’Ecou- 
ché, plaine qui s'étend assez loin au midi et va rejoindre 
celle d’Argentan à l’est. Des excavations nombreuses, par 
exemple au N. le bois de Sérans , Bourg-Loquin , le Ménil; 
au $S. Joué, du Plain et Aveines, facilitent l’observation 
de ce terrain , qui se compose de bancs alternatifs d’un 
calcaire blancet grenu ; il est exploité, lorsqu'il est un 
peu dur, comme pierre à chaux et pierre à bâtir. Plus 
tendre, il fournit une marne fréquemment employée 
en agriculture dans la partie montueuse , et bien moins 
fertile, des cantons de Briouze et de Rânes. Ces diffé- 
rens bancs sont séparés par quatre ou. cinq alternatives 
de silex corné, disposées absolument comme dans le 
calcaire de la plaine de Gaen. Outreles fossiles habituels 
à cette roche, on voit ici très-abondamment les petites 
coquilles dont j'ai déjà parlé, semblables, les unes à 
des Gérithes , les autres à des Cythérées , et qui , réunies 
sur le même morceau , le rendent difficile à distinguer 
d’un échantillon du calcaire parisien , bien plus mo- 
derne. 

En s’avançant toujours au Nord, on traverseen (c) 
à Monigaroult , une proéminence de roches anciennes 
formée , sur ce point, de schistes argileux , gris et ver- 
dâtres, durs ou décomposés, qui semblent presque 
verticaux , mais tellement ‘tourmentés que leur direc- 
tion est difficile à saisir. 

Plus loin (d) la colline ditele mont Vloger, présente, 
à un niveau bien supérieur à celui du moulin de Serrans , 
des sables et grès calcarifères tout-à-fait analogues pour 
leur nature et leurs fossilles. On sait combien souvent 


a — 


(65) 
les niveaux géognosliques, sont peu en rapport avec les 
niveaux physiques, et, pour un fait si ordinaire il n’est 
pas besoin de rappeler les Fis et les Diablerets. 

Après quelques inégalités de terrain produites par 
cette île et par ces dunes , recommence une plaine cal- 
caire (e) tout-à-fait analogue à la précédente , et qui 
n'est plus interrompue qu’au vallon sitaé avant Fre- 
nay (a°). C’est ici que la même superposition de couches , 
c’est-à-dire, le calcaire blanc (ææ) sur le sable et le 
grès calcarifère, nous montre de nouveau dans cette 
dernière les mêmes fossiles , et particulièrement les tiges 
de Tartufite les plus entières, accompagnées , comme 
dansle Vicentin , de polypiers astroïtes convertis en spath 
calcaire saccharoïde , et de petites étoiles d’Encrinites 
qui m'avaient paru ressem bler à des crystaux d’arrago- 
nite ; on y voit aussi des fragmens de schiste intermé- 
diaire très-altérés. 

La plaine calcaire ( f) continue jusqu’au vallon de Rout- 
figny , où elle s’arrête au pied de la chaîne escarpée (c’.2) 
de Neuvy, Corday , Fourneaux , etc. , formée de schis- 
tes et de marbre, et en plus grande partie , sur-tout vers 
les sommets, de grès pourpre intermédiaire (1). 

Au-delà de ces terrains anciens , on retrouve le sable 
et le grès calcaire à Tartuflite , avec tous ses caractères , 


— 


(1) Je crois que ce nom de grès pourpré a été proposé 
d’abord par M. Menard , pour désigner l’ancien grès 
rouge argluis , allernant avec les Grauwackes, et le dis- 
tinguer de l’ancien grè$ rouge allemand , contemporain 
de la houille, et du grès bigarré qui contient les plus 
grands dépôts de sel gemme. 

1. 5 


( 66 ) 
la même position, et des fossiles plus variés , c’est aux 
environs de Falaise (à Guibray, Rougemont , ete.) , 
où il repose sur une argile avec lignites, qui pourrait 
répondre à l’une de celles du Lias. 

Si dans la série des couches calcaires et argileuses 
d'Evrecy , il en est une qui puisse correspondre assez 
exactement à ce grès calcarifère, ce serait la couche 
n.° 8 de la première coupe, qui contient aussi la Tartuffite, 
mais accompagnée de la Gryphœa cymbium, que nous 
ne voyons point ici. Pour la structure minérale, le 
conglomérat de sable et de calcaire qui repose immédia- 
tement (Croisilles) sur une assise épaisse deable et de 
galets quar(zeux offrirait aussi quelque rapprochement. 

Depuis mes premières observations sur Ja Tartuf- 
fite , j'ai eu connaissance d’un fait nouveau relatif aux 
principes organiques conservés dans cérlains végétaux 
lapidifiés. M. Menard possède dans sa riche collection de 
fossiles, un fragment de bois montrant les fibres les 
plus déliées , converti en fer oxydé brunâtre , et empâté 
dans un grès également ferrugineux. Ge bois ferrifère , 
recueilli dans une sablonière à trois-quarts de lieue de 
Rochefort , sur la route de La Rochelle , par M. Dela- 
veaux, alors professeur d'histoire naturelle à Saintes, 
est remarquable par la propriété que lui a reconnue 
M. Menard, de manifester, quand on le frotte, une odeur 
voisine de celle de l’acide muriatique. 

Je dois à l'obligeance de M. Boué, la connaissance 
d’un autre fait qui se lie bien plus particulièrement à 
l'objet de ces recherches : c'est l'existence, dans les 
environs d'Oxford , en Angleterre , d’un fossile entière- | 


 «®) 
ment analogue par sa forme, sa structure , sa conversion 
en chaux carbonatée fibreuse , enfin , par son odeur, aux 
bois calcarifiés etodorans du Vicentin et de Normandie, 
J'ai vu dans la collection de M. Boué, plusieurs échan- 
tillons qu’il serait impossible de distinguer de ceux des deux 
autres pays. Is ont été recueillis dans un terrain infé- 
rieur à la craie ; c’est le sable ferrugineux (Zron-sand) , 
ou peut être Oxford clay, qui dépend de la formation 
jurassique. La similitude de gissement se réunit ,comme 
on voit, à tous les autres caractères, pour prouver l’i- 
dentité de ce fossile. J’ai rencontré chez ce même na. 
turaliste des échantillons d’un Rétinite noir ; qui , par le 
choc, exhalent une odeur de truffes peu différente de 
celle de tous ces bois fossiles, mais pourtant sans qu’il se 
voie aucune trace d'organisation. 


LA 


Mémoire sur une larve qui dévore les nHEriIx NEmorA- 
LIS , et sur l’insecte auquel elle donne naissance ; 


Par le Comte Iexace Mrezzinsky , 


Membre-honéraire de la Société helvétique > COITESPOR- 
dant da Musée, et membre de la Société de philoso- 
phié à Genève. 


Sr l’on considère d’une manière générale les êtres de 

la nature , on en trourera peu qui n’aieat des ennemis 

assez redoutables pour les. détruire ou du moins pour 

les incommoder vivement dans le but de se fournir à 

leurs dépens un moyen de subsistance. 

La larve que je me propose de décrire est un exemple 
9. 


(68) 

très-remarquable de ce que je viens d'avancer. En 
m’occupant des escargots sous le rapport de leur phy- 
siologie, je trouvai un hélice qui était retiré dans sa 
coquille ; dont: l’intérieur contenait aussi une larve. 
Ce fait m'’intéressa beaucoup, et je cherchai à recon- 
naître l'individu établi avec l’hélice. Pour cet effet, 
je m’adressai à plusieurs naturalistes , je consultai quel- 
ques ouvrages, mais nulle part je ne trouvai de quoi 
satisfaire ma,curiosité; car la larve dont il s'agissait 
était inconnue. Je me déterminai dès-lors à en faire 
une étude particulière , et ce sont les résultats succincts 
de cette. étude , faite encore très-imparfaitement, que je 
viens présenter ici. 

Il est en général peu e larves, qui offrent , au moins 
äux yeux du naturaliste, uns aspect aussi agréable que 
celle-là. Elle est jaunâtre , et a 8 à 9 lignes de long sur 
X à 5 de large. (1) Sa tête munie de deux mandibu- 
les bifides très-fortes , porte à sa partie supérieure deux 


antennes brunes , composées de deux articulations; cha- | 


cune de ces antennes est supportée , en outre, par une 
espèce de prolongement membraneux et blanchâtre. A 
la partie inférieure de la tête et au-dessous des mandi- 
bules , sont situés sur un même plan horizontal, quatre 
palpes , dont les deux exterñes sont légèrement épatés et 
toujours en mouvement , et les deux internes plus minces 
et moins mobiles. 


(x) L'on ne peut guère connaître les dimensions pré- 
cises de cette larve, car elles varient selon la position , 
l’âge et le degré d’embonpoint que ces animaux ont ac- 
quis : on peut en diré autant de l’insecte parfait qui en 
provient. 


( 69 ) 

Le corps de la larve est divisé en douze articulations ou 
anneaux, dont les trois antérieurs portent six pattes fortes 
et bien conformées ; ces articulations n’ont que peu de 
poils parsemés çà et là , sans aucun ordre. Les huit arti- 
culations suivantes portent inférieurement chacune deux 
fausses patteset supérieurement deux houppes de poils de 
chaque côté. Ces poils sont placés sur une espèce de pro- 
longement de l’épiderme, en partie vide en dedans , et 
qui fait de fortes saillies sur le côlé de chaque articu- 
lation. Enfin , la 12.° articulation porte l’anus et deux 
houppes de poils terminales , formées de la même ma- 
nière , mais plus grosses que toutes les autres. L’anus 
de cette larve offre ceci de très-remarquable , c’est que 
non-seulement il lui sert pour l’émission d’excrémens li- 
quides et peu abondans , mais encore qu'il contient 
dans son intérieur une espèce de pied cartilagineux que 
l’animal peut sortir et rentrer à volonté , et dont il se 
sert pour marcher. Ge pied est un peu évasé à son ex- 
trémité , et légèrement enduit d’une humeur visqueuse , 
ensorte que le point d’appui qu'il doit offrir est très-fort, 
La larve s’en sert beaucoup pour marcher; mais le mo- 
ment où cet organe lui est d’un plus grand usage , 
c’est sans contredit lorsqu'elle est en train de tuer un 
escargot; alors elle a besoin de beaucoup de force pour 
s’enfoncer dans la coquille, malgré la résistance de sa 
victime. 

Des deux côtés du corps de la larve, entre les deux ran- 
gées de houppes de poils, se trouve aussi une rangée 
de points saillans , glanduleux et noirâtres : ce sont là 
probablement ses trachées ; j’ai lieu de supposer que 
‘ses trachées sont en communication avec les houppes de 


( 70 ) 

poils en question , ef que dané l’état ordinaire des cho- 
ses, celles-ci étant en contact avec l'air par une grande 
surface , le pompent , le transmettent aux trachées et 
favorisent ainsi la respiration de l'animal. Mais lorsqué 
la larve s’est enfoncée dans la vase formée par la putré- 
faction de lescargot tué ; les trachées ne peuvent plus 
_ remplir leurs fonctions ordinaires; ne pourrait-on pas 
supposer que , dans celte position , l’animel respire au 
moyen des houppes de poils dont il a été question plus 
haut , et dont on aperçoit toujours au moins les deux 
tenminales. De cette manière, les trachées communi- 
queraient par les houppes avec läir extérieur. Je ne 
présente ceci que comme une hypothèse et non point 
comme un fait bien constaté. 

Pour terminer ce que j’ai à dire de l'extérieur de là 
larve, j’ajouterai qu’elle a sur le dos deux rangées de ta- 
ches brunes, séparées par une bande blanchâtre qui tra- 
verse tout son corps, c’est son vaisseau dorsal. 

d’entre maintenant dans quélques détails sur les mœurs 
de cette larve. La voracité est sans contredit le carac- 
tère qui doit le plus appeler notre’attention. Cette dis- 
position est en effet telle chez cet animal, qu'aucun escar- 
got ne peut lui échapper une fois qu’il a ‘commencé son 
attaque. Lorsqu'elle estaffamée, élle se met à la recherche 
d’un hélice proportionné à sa taille , et quand elle en 
trouve un, elle ne le quitte pas qu’elle ne l’ait entière- 
ment dévoré. Si au moment où la larve rencontre lescar- 
got, il se trouve hors de sa coquille , ‘elle ne l’attaque 
pas ; mais elle grimpe dessus êt accompagne ainsi jus- 
qu'au moment où le malheureux mollusque rentre dans 
st dérioure ; ce n’estqn’alors qu’elle s’approche du flanc 


(71) 

droit de l’escargot , y plonge sa tête et l’enfonce avec 
force, à l’aide du pied dont j'ai parlé plus haut , quel- 
quefois jusqu’à la seconde spire de la coquille. L’escar- 
got parvient encore depuis ce moment , en faisant des 
contorsions très-grandes, signe de la souffrance qu’il 
éprouve , à ressortir l’extrémité de son pied ou de sa 
tête ; mais au bout de peu de temps, il est obligé de 
se résigner et de rentrer dans sa coquille pour n’en plus 
ressortir. La seule circonstance qui puisse encore sau- 
ver l’escargot de celte position fâcheuse , c’est de ren- 
contrer , en faisant ses contorsions , un corps saillant , 
contre lequel il puisse coller son ennemi , enduit de 
l’humeur visqueuse dont il l'avait entouré; ceci ne sau- 
rait nullement être attribué à l'instinct de l’hélice ; 
mais seulement au hasard. 

Toutes les recherches que j'ai faites , dans le but de 
découvrir le moyen employé par la larve pour donner à 
sa proie une mortaussi prompte ont été inutiles , et l’on 
ne peut savoir , en effet, ce qui se passe entr’eux dans 
l’intérieur de la coquille ; tout ce que je sais , c'est que 
je suis parvenu à faire tuer dans une jôurnée trois escar - 
gots par la même larve. C’est ce que j’ai fait , en la privant 
de sa proie , dès que j’ai pu juger que le mollusque ne 
pouvait survivre aux meurtrissures qu’il avait éprouvées. 
Par cette expérience , j’ai voulu m’assurer si la larve ne 
se servirait point d’un venin pour faire périr sa victime ; 
mais le corps de lhélice, gardé pendant quelques jours 
après sa mort, ne m'a rien présenté qui pût me faire 
soupçonner l'existence d’aucun liquide vénéneux quel- 
conque. 

Ces larves se trouvent surtout dans les ruisseaux des- 


(72) 

séchés. situés au-dessous des haies. Lorsqu'on voit une 
coquille fraîchement tombée, renversée , propre en de- 
dans ; et que l’escargot n’est pas visible à l’ extérieur , en 
cassant la première spire de la coquille , on est presque 
sûr d'y trouver une larve occupée à le dévorer. On 
en trouve de différentes grosseurs , les petites se lo- 
gent dans les petites coquilles et les grandes attaquent 
les. grands escargots. 

Lorsqu'une petite larve a mangé un escargot, elle 
grossit, change de peau, et s’en va chercher un mol- 
Jusque plus grand. Je ne saurais indiquer combien de fois 
cetle opération se répète ; car je n’ai pu prendre encore 
de ces larves à la sortie de leurs œufs. 

Dès que la larve a acquis sa grandeur naturelle , elle 
atlaque un dernier escargot et le mange complètement, 
en n ‘laissant rien, si ce n’est qu’elle rejette, avec force , 
vers la fin de son opération , une quantité assez notable 
de matière en décomposition et à demi-liquide , en sorte 
que le dedans de la coquille reste toujours propre (à). 

Quand une fois la larve a vidé tout ce qui était con- 

———_—_—_—— ————_——————— —— 

(1) Quand la larve a presque fini de manger son escar- 
got, ce qui se fait dans l’espace de quinze jours environ, 
tout-à-coup l’on voit la coquille souillée extérieurement 
par une espèce de matière noire et très-fétide, et en con- 
sidérant son intérieur on la trouve parfaitement propre, 
et la larve y est enfoncée très-profondément. De quel 
procédé se sert-elle pour faire cette émission ? C’est ce 
que j'ignore encore complètement ; mais ce qui est très- 
remarquable , c’est que malgré la viscosité de Ja matière, 
oette émission peut cependant se faire sans qu’il reste rien 
dans son intérieur; ce phé nomène est constant. 


(as) 

tenu dans la coquille ; qu’elle est devenue très-grosse , 
plus blanche et plus brillante , elle reste en cet état dans 
l’inaction pendant un temps plus ou moins long, jusqu’à 
ce qu’elle change encore de peau ; mais il faut observer 
que celte mue est très-différente de celles dont j’ai parlé 
plus haut; car ici l’aspect de la larve est entièrement 
modifié. C'est alors qu’elle passe à l’état de nymphe ; 
elle reste pourtant toujours mobile et conserve encore 
des houppes de poils, mais moins apparens que celle de 
la larve. La nymphe reste ainsi tout au fond de la co- 
quille pendant trois ou quatre mois, puis au commen- 
cement du printemps, on la voit tout-à-coup blanchir 
prodigieusement, 

L’une d'elles, que j’avais à cette époque dehors de sa 
demeure , m'a offert un phénomène qui m’a paru assez 
surprenant. Une partie de sa peau est descendue du corps 
de la nymphe par sa partie postérieure, et elle y est 
restée adhérente. C’est ce que j'ai voulu rendre plus clair 
dans la figure 5 , où j'ai fait donner à la partie postérieure 
de la peau une teinte un peu plus foncée pour indiquer 
que cette partie , dont la nymphe se dépouille, doit être 
distinguée de ‘celle qui recouvrait son corps quelques 
instans auparavant. 

Après cette espèce de demi-mue la peau s’est crevée , 
et l’animal qui en est sorti avait encore un aspect tout 
différent du précédent. C’était l’insecte parfait, mais 
dans les premiers momens il était tout blanc, ses an- 
neaux étaient ondulés et non point écailleux et imbri- 
qués comme ils le deviennent peu de jours après. Dans 
ce même temps les taches et le coloris de la peau se 
montrent , el c’est ainsi que la nymphe passe à l’état d'in: 


(74) 

secte parfait. La preuve que c'était bien-là l'insecte par- 
fait, c’est la ponte d'œufs dont j'ai été témoin. Il faut 
observer que toutes ces mues et métamorphoses doivent 
se faire dans l’intérieur de la coquille , et si on dérange 
l’animal de cette position les résultats sont plus ou moins 
modifiés, ensorte qu’il est très-difficile d’en faire une 
étude bien exacte. 

Après avoir obtenu l'insecte parfait, la première chose 
qui devait nécessairement se présenter à mon esprit, 
c'était de lui assigner une place dans la grande classe 
des insectes. Or n'ayant eu jusqu’à présent que l’indi- 
vidu femelle , et n’ayant pas encore suflisamment étudié 
l'insecte en question , je n’en ai pu déterminer la place 
précise. Toutefois m’étant assuré qu'il n’était encore 
mentionné dans aucune classification , je me suis déter- 
miné à le faire connaître. : 

Afin de rappeler que la larve de cet insecte se nourrit 
avec une grande avidité, je me suis déterminé à Jui 
donner pour nom générique celui de Cochleoctonus et 
pour ‘nom d’espèce celui de Cochleoctonus voraæ. 


3 , Te 
Genre Cocaréocrons. Cochleoctonus. 


Leur corps offre 1 2 anneaux dont les trois premiers por- 
tent chacun une paire de patteset le premier des trois forme 
le corcelet. Les stigmates de l’insecte sont très-distincls ; 
on en compte neuf de chaque côté du corps , et ils sont por- 
tés sur une espèce de dentelure qui borde les deux côtés 
de l'abdomen. La tête est pourvüe d'antennes compo- 
sées de sept articles , et portées sur une espèce de base qui 
formerait le &. article ; à sa partie postérieure et laté- 
ralement sont deux yeux lisses. Antérieurement et des- 


) ” 
sous les antennés , se trouve la bouche armée de deux 
mandibules bifides très-fortes; au-dessous des mandi- 
bules sont quatre palpes assez membraneuses : les deux 
externes sont plus longsque les deux internes. 


Cochléoctone vorace. Cochleoctonus vorax. M. 


Le corps a 10 à 11 lignes de longueur sur trois x trois et 
demie de largueur ; il est d’un jaune orangé; les anneaux 
dont il est composé et qui se recouvrent les uns les au- 
tres portent supérieurement chacun deux taches noires de 
forme assez irrégulière, ét par dessous les trois premières 
sont munies des six pattes de l’insecte ; les suivantes ont 
chacune une paire de fausses pattes, excepté la dernière 
qui porte l’anus. Les pattes de cet insecte sont fortes et 
terminées par deux crochets assez puissans. 

Quant aux mœurs des Cochléoctones , j’ai eu trop peu 
de ces insectes et par conséquent recueilli trop peu de 
faits sur ce sujet, pour pouvoir encore en donner des 
détails suffisans. Peu de temps après que la nymphe s’est 
dépouillée de sa dernière peau, l’insecte parfait sort de 
la coquille, et j’en ai placé un dans une boîte où j'avais 
mis d’un côté de la terre sèche et de l’autre une terre 
humide et recouverte d'herbe en végétation; de l’un et 
de l’autre côté j’ai placé des pierres. Tout cet arrange- 
ment devait m'indiquer le côté vers lequel se dirigeait 
Vinseote , et jusqu’à un certain point son genre de vie. 
Comme je lui avais vu des mandibules bifides, j'ai 
placé aussi dans la boîte des fragméns de vers de terre 
et des escargots , mais l’insecte a regardé avec indiffé- 
rence tout ce que je lui offrais; et quant à la place, ll 
ne m’a pas paru en avoir fait un choix bien décidé; ce- 


(76) 

pendant il se tenaitle plus souvent dans l’herbe. Il se pro- 
mena ainsi dans cette boîte durant quatre à cinq semaines, 
pondit des œufs, puis périt. Je ne saurais aflirmer si 
cetle mort fut naturelle ou si elle fut le résultat du dé- 
faut de nourriture. J’ai eu deux autres insectes, dont 
j'ai dà sacrifier un pour le faire peindre avec exactitude, 
et l’autre a éprouvé un petit accident qui a accéléré sa 
fin, mais il avait aussi pondu des œufs, J’ai trouvé de 
plus dans un fossé , une coquille d’escargot qui contenait 
cet insecte collé contre des œufs par sa partie postérieure 
età moitié dehors de son domicile; j’espérais que ces œufs 
seraient féconds comme étant pris dehors, ce qui ne se 
réalisa point. Les œufs après avoir resté pendant long- 
temps dans la coquille se moisirent , et je n’en ai pu tirer 
aucun parti. 

En rapprochant le peu de caractères que j’ai su dé- 
couvrir chez l’insecte qui m'occupe, je n’ai pu me dé- 
terminer d’une manière décisive pour la place qu'il de- 
vait occuper dans la classification ; cependant je n’ai eu 
du doute qu'entre l’ordre des Parasites et la tribu des 
Lampyrides. 

D'un côté, à PEN de ses mâchoires bifides, ses an- 
tennes à septarticles, ses stigmates autour de son abdo- 
men et d’autres caractères encore, je serais tenté de 
croire que mon Gochléoctone doit faire un second genre 
dans l’ordre des Parasites ; mais alors je conviendrais 
qu'il faudrait apporter quelques modifications aux ca: 
racières de l’ordre*en question, et même qu'il serait , 
ce me semble , à propos de changer le nom de cet ordre; 
car le nouveau genre, qui ne paraîil pas êlre parasite, de- 
manderait cette modificalion. 


(77) 


, 


D'un autre côté, l'apparence extérieure, le manque 
d’un sucoir rétractile et des deux lèvres membraneuses 
m'ont fait pencher vers l’idée que ce serait un genre que 
l’on pourrait placer à côté de celui des Lampyres dans la 
tribu des Lampyrides. 

Je dois faire observer ici que je ne donne ces deux 
opinions que comme des hypothèses, et que je ne sau- 
rais soutenir l’une ou l’autre qu’à de certaines condi- 
tions que je pourrai éclaicir seulement plus tard. Ainsi 
supposons qu'on vienne à découvrir le mâle, qu'il soit 
ailé, et qué ses caractères aient du rapport avec ceux 
des mâles des Lampyres, alors j'aurais tout au moins 
une forte probabilité que mon individu appartient aux 
Lampyrides. Mais, si au contraire, je découvre que cette 
circonstance n’a pas lieu, et qu'il y a du rapport entre 
ses mœurs el ceux des parasites déjà connus, dans ce 
cas je serai aussi fortement autorisé à croire que mon 
insecte appartient à l’ordre des Parasites. En attendant 
que je puisse, le printemps prochain, saison à laquelle 
paraît se borner la vie de ces insectes, m'occuper avec 
plus de détails de cet animal, je: suis obligé de laisser 
ce travail au point où je l’ai amené jusqu’à présent. 


ExPLICATION DES FIGURES. 


. e {; . 
Fig. 1, la larve. Fig, 2 , td., vue par dessus et grossie 


trois fois. Fig. 3, td. , par dessous même grossisse- 
ment. fig. 4, la nymphe. Fig. 5, nymphe en méta- 
morphose. Fis. 6, insecte parfait. Fig.:7, id, , vu 
par-dessus et grossi trois fois. Fig. 8, id., par des- 
sous. Fig. 9, antenne. Fig. 10,mandibule. F8. 11, 
patte. ï 


(@12) 


Nore sur le Mémoire de M. le Comte Ignace Miel- 
zinsky , relatif à une larve qui dévore l'asrx 
NEMORALIS ; 


Par M. LaATREILLE, 


Membre de l’Institut. 


Aucun naturaliste, à ma connaissance , n’a décrit 
cette larve d'insectes , ni même de larve qui lui soit ana- 
Jogue par la forme de labdomen. Ces observations , 
quoique incomplètes, méritent donc: notre reconnais- 
sance , et nous devons inviter leur auteur à faire , à cet 
égard , de nouvelles recherches qui lui permettent de 
remplir ces lacunes: 

: Puisque nous connaissons plusieurs insectes de divers 
ordres, dont les femelles , et même quelquefois les 
mäâles, sont privés d’ailes , l'absence de ces organes 
est point un caractère exclusivement propre aux in- 
sectes aptères proprement dits , tels que les thysanoures , 
les parasites et nos suceurs. 

L'étude des autres caractères , et de l’animal- suivi 
dans ses divers âges, peut seule alors nous éclairer. Or, 
puisque la larve , qui fait le sujet de ce mémoire , passe 
. à l’état de nymphe , acquiert une nouvelle forme , et 
qu’elle n’est point parasite , elle, n’appartient point à 
ordre que nous avons désigné ainsi. 

” D’autres earactères comparatifs l’en excluent encore. 
D’après la déscription que M. Miclzinsky a donnée de la 
femelle én état parfait, et d’après les figures qui l’ac- 

compagnent , on voit que cet imsecte à cinq articles à 


F 59 ) 

tous Jes tarses, dont aucun n’est bilobé; que ses an- 
tennes sont filiformes et composées, non de sept arti- 
cles, comme il le dit dans celte description , mais de 
dix au moins (voyez la figure grossie de l’un de ces or- 
ganes) ; que ses mandibules sont bifides , que la tête 
est dépourvue d’yeux lisses, et que le prothorax sur-# 
passeæen grandeur les deux segmens suivans. Ces carac- 
tères , et ceux que nous présente le même insecte dans 
son premier état, nous déterminent à le placer dans 
notre famille des Serricornes, qui nous offre d’ailleurs 
des exemples de femelles absolument aptères, et des 
larves pareillement carnassières. Le pénultième article - 
des tarses des Lampyres (1) étant bilobé, les Cochléoc. 
tones s’en éloïgneraient sous ce rapport , et avoisine- 
raient les malachies. | 

D'autres considérations semblent les rapprocher de 
quelques coléopières pentamères clavicornes , et parti- 
culièrement des Boucliers. La larve. d’une espèce 
(lævigata) de ce genre, grimpe souvent sur diverses 
plantes, pour se nourrir , ainsi que celle du cochléoctone 
vorace , de l'animal de certaines espèces d’escargots. 
Les nymphes de quelques coléoptères de la même fa- 
mille sont encore , ainsi que celle de l’insecte précé- 
dent , plus ou moins engagées dans la dernière dépouille 
de leurs larves. 

Nous exhorterons M. Mielzinsky à faire une étude 
plus détaillée des parties de cetanimal , et sur-tout de 
celles de la mastication. Les renseignemens qu'il nous 


mm 


(1) Quelques femelles sont totalement aptères , el d’au- 
ires n’ont que des élytres très-courtes. 


( 80 ), 
fournit sont insaffisans , et en admettant le genre qu’il 
propose, nous pensons néanmoins qu'il n’est pas fondé 
sur un signalement rigoureux et précis. Espérons qu'il 
sera assez heureux pour découvrir le mâle de cette es- 
pèce , et pour compléter ainsi, au moyen de ROC 
observations , son intéressant Mémoire. 


[2 


Consipérarions et Rapports nouveaux d'anatomie 
comparée concernant les mammiféres à sabots ; 


Par M. Grorrnoy DE SAiNT-HitAIRE, 
Membre de l'Institut. 


(Extrait communiqué d’un Mémoire lu à l’Académie des 
Sciences, le 15 décembre 1823. ) 


Anr. I. L'auteur revient à ce paragraphe sur un sujet 
qu'il a déjà traité dans le 9."* volume des Mémoires da 
Muséum d'histoire naturelle , sur les matériaux primitifs 
dont se composent les apophyses épineuses des huit pre- 
mières vertèbres dorsales chez un fœtus de vache , en- 
core très-peu développé. Une apophÿse montante de 
verlèbre, se trouve composée de deux pièces, aussi 
distinctes que complètement ossifiées , au tiers du déve- 
loppement total : une seule trouve à s'implanter sur 
les extrémités conjointes des deux arcs osseux qui en- 
tourent la moelle épinière , l’autre est située au-devant 
où vers le haut de celle-là, ét le tout est surmonté d’un 

cartilage qui ne s ’ossifie que chez les adultes. Aïnsif il 
n’y a qu'un moment favorable sd cette observation ; 
quelques jours avant on ne voit qu’une masse cartilagineuse 
et alongée , et plus tard, qu’un seul os; parce que les 


(&) 
deux élémens qui en font partie, sont promptement 
soudés et confondus. Dans le cas de séparation de ces 


deux élémens, cette époque de développement total 


correspond à la composition des osselets d’une nageoire 
dorsale. C’est une formation de même ordre dans la 
série des développemens, qui est poursuivie plus Join 
chez les fœtus des mamamiïères , mais qui reste stationnaire 
chez les poissons , sorte de fœtus dans une condition 
permanente. Chaque espèce de ces matériaux se distin- 
gue de la même façon dans les deux groupes d’animaux 
vertébrés ; l’une est une tige également engagée dans les 
chairs , une apophyse tutrice , comme s’expriment les 
ichtyologistes , et l’autre , une partie posée comme sur 
une quille. S’ilne se fait aucune construction autour 
de celle-ci , elle s’alonge et reste toujours mobile ; tel 
est en effet le rayon des nageoires dorsales chez les pois- 
sons. Ainsi se prouve de plusen plus la proposition avan- 
cée par M. Geoffroy , et énoncée pour la première fois 
en 1807, ( Annales du Mus. d’hist. nat. ,t. 10, p. 344,) 
que les poissons dans leur premier: âge sont dans les 
mêmes conditions , relativement à leur développement 
fœtal , que les fœtus des mammifères. 

Art. IL. On avait pressenti , mais point établi démon- 


strativement la décomposition de l’os du canon des ru-- 


minans en deux pièces (métacarpiennes ou métatarsien- 
nes.) M. Geoffroy a présentéune pièce où cette sépara- 
tion est manifeste. Le fœtus dont il est parlé à l’article 
précédent a sérvi de sujet. 

Arr. III. Contre l'opinion commune , favorable à l’i- 
dée que les animaux ruminans constituent un type abso- 
lument séparé et caractérisé par l'existence de deux doigts 

1. 6 


+ 


(82) 
seulement à chaque pied , M. Geoffroy St.-Hilaire établit 
que ces animaux sont soumis aux mêmes subdivisions digi- 
tales que les autres mammifères. Le principe du balance- 
ment des organes y exerce seulement ane plus grande 
influence. Si les doigts intermédiaires sont plus dévelop- 
pés , les doigts latéraux le sont moins , et en effet, cela 
tient si peu aux relations des autres organes, que chez 
quelques animaux des genres Moschus et Cervus , cette 
disproportion de volume est moindre que chez certains 
mammifères à ongles. Le Ghevrotain et le Must ont leurs 
doigts latéraux parfaits à tous égards. Les métatarsiens 
de ces doigts accompagnent los du canon dans toute leur 
longueur , et les doigts qui y sont suspendus descendent 
jusqu'à terre, el rendent service dans certaines évolu- 
tions. Le Renne , le Gerf de Virginie et le Ghevreuil ont 
ces mêmes doigts latéraux forts et assez prolongés; mais 
surtout ceux-ci n’occupent pas l’arrière partie , et sont 
au contraire les flancs de l’os du canon; enfin, les 
pièces qui leur tiennent lieu de métatarsiens sont en par- 
tie osseuses et en partie cartilagineuses , arrangement 
qui réalise au surplus un fait du segment précédent où 
de l’avant-bras , auquel les conditions rudimentaires im- 
posées à l’un des deux os, par le sur-développement de 
l’autre pièce ; (du eubitus , par rapport au radius où du 
radius à l'égard du Cubitus) procurent une atténuation , 
un défaut d’ossification remplacé par du cartilage , ou 
seulement par un ligament. C'était donc se refuser à lé- 
vidence des faits , que de nommer ergots ou ongles sur- 
numéraires , les petits doigts des ruminans , stylets, leurs 
os métacarpiens : c’élait effectivement placer sous le 
rideau , et comme travestir par des noms bizarres tous 


à ( 83 ) 


les faits scientifiques , tous les rapports de ces matériaux 
organiques, 


Note sur le genre BAvminra de Linné ; 


Par Cnanrces Kunrx, 


GavaniLes fut le premier qui appela l’attention des 
botanistes sur la grande différence que présentent les 
diverses espèces de Bauhinia, dans l’organisation de leurs 
fleurs. Il distingua , sous le nom de Pauletia , les espèces 
à dix étamines fertiles ; et conserva à celles qui n’en ont 
qu'une seule (comme le Bauhinia Pes capræ, le B. 
latifolia , etc.) le nom de Bauhinia. Dans toutes les es- 
pèces décrites dans ses ouvrages, l’ovaire est pédicellé 
et le calice offre une structure analogue, c’est-à-dire , 
un tube cylindrique persistant , un limbe divisé en cinq 
parties linéaires , égales , très-longues ét caduques. Mais 
un certain nombre d'espèces, qu’il paraît n’avoir pas 
connues , peuvent former un troisième groupe. On ob- 
serve, en eflet, dans le Bauhinia scandens de Linné, 
le Bauhinia glabra de Jacquin , et quelques autres, un 
calice ventru à cinq dents, divisé en deux lobes, un 
ovaire sessile et dix étamines fertiles , parfaitement li- 
bres. Comme cette structure se rencontre dans l'espèce 
li plus anciennement connue, nous sommes d’avis de 
conserver au groupe qui la renferme le nom de Bauhinia , 
en assignant aux Bauhinia de Cavanilles celui de Cas- 
patia , pour faire allusion à un des frères Bauhin. 


( 84) 
BauminiaA. 


Bauhiniæ species. Linn. 

Calyæ ventricoso-campanulatus, membranaceus, bi- 
labiatus , déciduus , labio superiore bi-, inferiore tri- 
dentato. Petala quinque , fundo calycis inserta, ungui- 
culata, pauld inæqualia. Stamina 10, ibidem inserta, 
omnia fertilia et libera. Ovarium sessile, uniloculare. 
Stylus 1, ascendens. Legumen sessile / siccum , lineari- 
oblongum, compresso-planum, uniloculare, bivalve , 
polyspermum. 

Arbores ; plerumque frutices scandentes et cirrosi, 
folia alterna, biloba, interdum foliis sub conjugatis in- 
termixtis. Racemi terminales et axillares-flores ; albi vel 
flavescentes ; pedicellis basi uni-, medio bibracteatis. 

Geminæ hujus generis species sunt : Bauhinia scan- 
dens , Linn. (Lœfl. It. ed. germ. p. 283.) , B. glabra 
Jacq. et B. heterophylla nob. ; dubiæ : B. Outi-mouta 
et Guyanensis, Aubl. 

PauzeriA. Cavanilles. 
Bauhiniæ pleræque auct. 


Calyæ tubo cylindraceo ; limbo quinquepartito , deci- 
duo; laciniis longissimis , liberis vel in ligulæ formam 
sibi invicem adhærentibus, reflexis. Petala quinque , 
summo tubo' calycis inserta , longe unguiculala , parum 
inæqualia. Stamina. 10 , ibidem inserta, ima basi con- 
nata, alterna breviora, omniafertilia, rarissime bre- 
viora sterilia (antheris efletis vel nullis). Ovarium longe 
stipitatum. Stylus 1, arcuatus., Lesumen : slipitatum 
siccum , lineare , compressum , uniloculare , bivalve , 
polyspermum. 


( 85) 
Arbores aut frutices, interdum aculeatæ. Folia al- 
terna, magis minusve profunde biloba. Stipukæ petio- 


Jares geminæ. Flores racemosi, terminales vel laterales , 


interdum solitarii-terni oppositifoliüi ; pedicellis basi uni-, 
medio bibracteatis. Corollæ albæ, luteo-rubentes vel 


purpureæ. 
Hujus generis sunt, præler species. Ge illostanus 


(Pauletia aculeata , et inermis), Bauhinia aculeata Linn. 
Jacq., B. grandiflora Poir., B. forficata, Link et Otto, 


B. rufescens, Lam. (Ill. t. 529, f. 2.) , B. Madagas- 


cariensis, Desv. ( staminibus alternis sterilibus capilla- 
ceis), B. ramosa Lam. , ctc. 


u CASPARIA. 


Bauhiniæ Pes capræ, latifolia, subrotundifolia, Lu- 


. maria, Cav. Ic.t. Lo4 , 4o7; et B. divaricata , Lam. 


TU. t, 329. f. 3. | 
Calyæ tubo brevi, cylindraceo, persistente ; limbo 
quinquepartito, deciduo; laciniis longissimis, lineari- 
bus, sibi invicem adhærentibus, in ligulæ formam re- 
flexis. Petala quinque , summo tubo calycis inserta , 
jonge unguiculata, subæqualia. Stamina 10, ibidem in- 


. serta ; 9 sterilia , parva , inferne connata ; decimum lon- 


gissimum , fertile, liberum. Ovarium longe stipitatum. 
Stylus 1 , arcuatus. Stigma bilobum (?). Lezumen sti- 
pitatum , siccum, late lineare, compressum , unilocu- 
lare, bivalve, polyspermum. 

Arbores aut frutices inermes. Folia Btér) magis 
minusve profunde biloba. Stipulæ petiolares , geminæ, 
Racemi terminales et axillares. Flores albi, rosei vel 


( 86) 


rubri ; pedicellis basi uni-, supra basim (semper?)} 
bibractealis. . 


Nore sur les bassins tertiaires , 1.° de la place Saint- 
Dominique à Gênes; 2.° de Sestri di Ponente, 


Par M. Launenr Pangro , de Gênes. 


(Communiquée par M. Berrrann-Gesin. ) 


Les terrains tertiaires assez étendus sur le versant 
Nord de l’Apennin , ne se montrent, surson versant Sud 
en Ligurie, que sur un petit nombre de points , et avec 
très-peu d’étendue; ils forment une suite de petits bas- 
sins le long de la rivière du Ponent , placés ordinaire- 
ment dans le fond de petites vallées ouvertes transversa- 
lement aux contreforts qui aboutissent à la mer : on en 
voit dans Gènes, à Sestri di Ponente , à Arenzano , 
peut-être à Savone et à Albenga. Parmi ceux-ci, les 
deux premiers , que j'ai plus particulièrement visités , 
ne diffèrent point entre eux. Celui de Gènes a un quart 
de lieue de longueur du $. 0. au N, E. , il s’étend de- 
puis la place St.-Dominique jusques près de la prome- 
nade de l’Aqua-sola et des Capucins ; il repose sur les 
couches de calcaire de transition , (semblable à celui de 
la Lanterne) qui forment le cap de la Cava ,et esticom- 
posé dans sa partie inférieure d’une masse d'argile bleue 

_coquilière, semblable à celle de Gastel-arcuato. Elle a 
jusqu’à 4o pieds de puissance, et contient des Ostrea 
pleuronectes , Br. , des Pinna nobilis , des Ampullaires 
des Murex , des Gones , des Huitres , des Gariophyllites 


(87) 
et en général les mêmes coquilles qu’on retrouve dans 
les argiles des collines sub-Apennines dans le Plaisantin et 
le Parmesan ; on y voit encore des fragmens de bois 
bituminisé et des fruits de plantes conifères. Cette ar- 
gile est assez plastique , un peu micacée , faisant un peu 
d'effervescence avec les acides. Les sables jaunes recou- 
vrent cette formation ; mais onne peut pas bien mesu- 
rer leur puissance , ni voir si dans leur partie inférieure 
ils alternent avec les argiles bleus , parce que toute la 
colline est encombrée de maisons. Il n’en est pas de même 
du bassin de Sestri ; celui-ci se trouve dans la petite vallée de 
Borzoli, et est.entouré au Nord, à l'Est et au Sud , par 
des montagnes ophiolitiques , en quelques endroits schis- 
to-talqueuses , et à l'O. par le Gaz:0 , montagne de cal- 
caire siliceux', un peu talqueux, assez ancien , qui parait 
subordonné dans les masses ophiolitiques de cette chaîne ; 
il s'étend d’une demi-lieue en longueur dans le sens de 
la vallée du S. O. au N. E., et à l'E. N. E., et d’une 
portée de fusil en largeur vers le S. E. Il est composé à 
partir d’en bas : 1.° d’une couche d'argile bleue co- 
quillière , avec Huitres, Vénus, Pecten Pleuronec- 
tes , Buccins , etc. , mêlée de petits bancs de cailloux 
roulés ophiolitiques, et de morceaux d’un calcaire ou 
alpin ou de transition roulés et percés par des Pholades. 
Ce banc a 30 à 4o pieds de puissance; 2.° d’une 
couche de 3 pieds de sables jaunes coquilliers , avec des 
Peignes , et en partie les mêmes coquilies qu’on retrouve 
dans la couche précédente et des petits cailloux roulés 
d’ophiolite ; 3.° d’une nouvelle couche d’argile bleue, un 
peu moins coquillière que la précédente, moins plasti- 
que , plus sableuse , de 5 à 6 pieds d'épaisseur ; 4.° d’une 


(88) 
suite de 4 à 5 alternances de sables jaunes coquilliers , 
avec cailloux d’ophiolites ,en couches peu puissantes , 
colorés par l’oxyde defer, et d'argile bleue très-peu co- 
quillière ; le tout ayant 10 à 12 pieds de puissance ; 
5.° enfin d’une masse de sables jaunes ophiolitiques avec 
quelques Peignes et des cailloux roulés. Toutes ces cou- 
ches sont presque horizontales , et ne se relèvent un peu 
que vers les bords du bassin ; c’est dans le n.° 1 parti- 
culièrement , ainsi qu’à Gènes dans l'argile bleue infé- 
rieure , qu'on a trouvé une Gryphée dont M. Bertrand 
Geslin a pris des exemplaires. 

Enfin , le bassin d’Arenzano n’est qu’un petit amas 
d’argile bleue avec des Huitres : je n’y ai point vu d’au- 
tres coquilles. ; 

Il résulte de l'examen des deux bassins de Sestri et 
de Gènes, qu'ils sont de même époque entre eux, et qu'ils 
ne diffèrent de ceux qui sont de l’autre côté de l’Apennin, 
sur le versant Nord , qu’en ce que les fragmens qui y 
sont répandus paraissent avoir plus de rapports avec les 
montagnes qui les avoisinent. | 

de 
Note des corps organisés fossiles trouvés dans les 
bassins décr ‘ ci-dessus , d’après la classification de 

Brocclu. 


Uxivaves. Bivarves. 
Dentalium elephantinum. Solen strigilatus ? 
Nerita helicina. bis Anomiïia orbiculata ? 
Poluta calcarata. Pinna nobilrs. 
V'olula striatula. Ostrea pleuronectes. 
Conus-antediluctanus. Ostrea edulrs. 


Buccinum echinophortm. Gryphea ? 


( 89 ) 


UnivaLves. Bivazves. 
Strombus Pes pelicanr. Des Zénus et autres co- 
Murex toratus. quilles en trop mauvais 
D. turricula. état pour être détermi- 
M. longiroster. nées. 
M. doliaris. Des Peignes. 


WT. oblongus. 

Un Trochus et d’autresunivalves, mais 
en trop mauvais état pour pouvoir 
être déterminées. 


Ces coquilles , qui toutes se retrouvent aussi de l’autre 
côté de l’Apennin , ne laissent point de doute sur l’ana- 
logie et l'identité de ces terrains tertiaires. (1) 


(1) Note par M. Arexannre BroNeNiart, Membre de 
l'Institut. 


La ressemblance de ces terrains, non-seulement dans 
les débris de corps organisés fossiles qu’ils renferment , 
mais encore dans la nature , la couleur, la position et la 
succession des différentes roches d’aggrégation qui les 
composent, marnes argileuses, sables, cailloux rou- 
lés, etc. , est un phénomène fort remarquable et d’autant 
plus, que d’après les observations de M. Brocchi, et 
d’après celles que j'ai eu occasion de répéter , cette 
ressemblance, pour ainsi dire minutieuse, s'étend depuis 
le fond ou l’origine de la grande vallée du P6, c’est-à- 
dire, depuis les environs de Turin jusqu’en Calabre ; 
cette succession, observée dans l'enceinte de Gênes, et 
décrite par l’auteur de.la Notice précédente, se présente 
avec les mêmes circonstances dans l'enceinte ou au moins 
sous les murs de Sienne, dans l’enceinte de Rome , etc. 
Jai reconnu le mème terrain avec les mêmes coquilles, 


( 90 ) 


Note sur le genre Scu1zoPETrALON. 


Sims , dans le Botanical magazins , n.° 2379 ,a figuré 
sous le nom de Schizopetalon Walkeri , un nouveau 
genre de Crucifère originaire du Ghili, et remarquable 
par ses pétales pinnatifides ; du reste , sa description 
était si incomplète , qu’on ne pouvait se former une opi- 
nion exacte sur les aflinités de ce genre : deux descrip- 
tions et deux figures nouvelles de cette plante viennent 

’être publiées et ont fait connaître plusieurs caractères 
singuliers, dont un est jusqu’à présent unique dans loute 
la famille des Crucifères ; on sait combien , malgré l’é- 
troite affinité qui les unit, ces plantes varient quant à la 
structure de leur embryon , et le parti que MM. R. 
Brown et Decandolle ont tiré de ces caractères pour éta- 
blir de nouvelles divisions dans cette famille. Le genre 
Schizopetalon offre une nouvelle modification très-sin- 
gulière dans cette structure ; mais qui n’est pas exprimé 
exactement de même par les deux habiles botanistes 


les mêmes roches , etc. , sur la petite colline de {a Costa, 
au nord de Saint-Remo, par conséquent, sur le revers 
méridional des Apennins, et à plus de trois cents pieds 
d’élévation au-dessus du niveau de la mer; il est com- 
posé d’un sable calcaréo-siliceux jaunâtre, avec des lits 
d'argile figuline bleuâtre : les cailloux roulés sont très- 
gros ; ils sont siliceux et portent la preuve d’un séjour 
assez long dans la mer, car beaucoup d’entr’eux sont 
chargés de grosses huîtres qui y sont adhérentes, et qui ; 
par leur mode d’application , prouvent qu’elles ont vécu 
sur cette base. 


(91 ) 

auxquels nous en devons la connaissance. M. R, Brown 
dans le Botanical register , n.° 752 , décrit l'embryon de 
cette plante comme ayant quatre colylédons verticillés , 
égaux et roulés en spirales. M. Hooker, dans l'Exotic 
Flora , n.° 74, l’indique comme dicotylédoné , mais à 
cotylédons très-profondement bipartis; la figure analyÿti- 
que , parfaitement exécutée, qui accompagne sa descrip- 
tion , les représente également divisés presque jusqu’à la 
base. Ce point reste donc encore à vérifier ; du reste, les 
deux descriptions que nous yenons de citer, sont par- 
faitement d'accord ; nousallons rapporter ici l'excellente 
description de M. R. Brown. 


SCHIZOPETALON. 


Calyæ clausus. Petala pinnatifida ! Siliqua torosa , 
seminibus uniseriatis.. Cotyledones quatuor! separatim 
contortuplicatæ. 

SCHIZOPETALON WALKERI. Herba annua ; folia alterna 
sinuato-pinnatifida, pubescentia, pube tenui ramosä. 
Racemus terminalis foliaceo-bracteatus. Calyx pubes- 
cens foliolis albo-marginatis, lateralibus altius descen- 
dentibus, Petala alba, unguibus calycem paulo superan- 
tibus , laminis circumscriptione ovatis, pinnatifidis , 
laciniis linearibus siccitate (et forsan æstivatione) invo-+ 
lutis. Stamina 6 , filamentis subæqualibus , edentulis , 
antheris uniformibus , sagittato - linearibus, introrsis. 
Glandulæ hypogynæ quatuor , lineares , erectæ , petalis 
suboppositæ , geminatim basibus dilatatis confluentibus , 
filamenta lateralia stipantes. Stylus brevissimus. Stig- 
mata papulosa , connato-approximata , in stylum des- 
curentia , basibus solutis, unicum quasi subextincto- 


(92) 
rüforme efformantibus. Siliqua sessilis, bilocularis , an- 
eusto linearis , pube ramosâ brevi conspersa, valvis ve- 
nosis. Semina sphærico - lenticularia. Embryo viridis. 
Radicula albicans , arcuata , semine pauld longior. Co- 
tyledones verticillatæ æquales , elongatæ , angustatæ , 
semiteretes , separatim subspiraliter involutæ. 

Oss. In ordine cruciferarum genus nulli cgnito afline 
et equidem ob numerum figuram , et vernationem coty- 
ledonum , petala pinnatifida , sligmatis structuram et 
stamina subæqualia , jp distinctæ iniium efformare 
videtur. 


NOUVELLES SCIENTIFIQUES. 


Extrait d’une lettre de M. ox FReminvirze, Lieute- 
? 
nant de vaisseau , etc. 


M. de Fréminville a fait en 1822, et dans les six pré- 
miers mois de 1823 , un voyage sur les côtes occidentales 
d'Afrique , notamment sur celles du Gap- Vert et du 
Sénégal , et dans les Antilles françaises. Il a formé pen- 
dant ce long voyage des collections nombreuses d’his- 
toirenaturelle , qu’il a rapportées à Brest , el il a recueilli 
des observations qu’il compte publier aussitôt que ses 
fonctions , comme officier de marine, lui en laisseront 
le loisir. Nous extraierons quelques passages. d’une lettre 
très-détaillée qu’il a écrite à l’un des coopérateurs de 
ce recueil, 

M. de Fréminville est fat de Brest vers la fin de 
février. 1822 , et a eu occasion dans sa traversée de Te- 


(95 ) 

- nériffe à la côte d'Afrique, d'observer un grand nombre 
de Physalides qui doivent être le sujet de quelques-unes 
de’ses publications. 

Quoique les travaux de M. de Fréminville aient été 
constamment dirigés vers la zoologie, il n’a pas né- 
gligé de recueillir quelques-unes des roches des pa- 
rages qu'il a visités. On sait que l’île de Gorée est  ba- 
saltique ; les échantillons qu’il a rapportés du basalte 
de Gorée montrent que cette roche a une struc- 
iure crystalline très-déterminée ; mais ce qui a paru plus 
remarquable au naturaliste auquel M. Fréminville a 
adressé sa lettre et ses échantillons , ce sont des roches 
caverneuses , comme le seraient des laves, mais dont 
les cavités cylindroïdes s’anastomosaient à la manière des 
canaux que montrent les buttes des Thermes, s’éloignant 
par là des véritables. läves , dont les cavités bulleuses 
sont en général rondes ou ovoïdes et indépendantes 
l’une del’autre. Il est difficile de décrire clairement la 
partie solide de ces roches caverneuses ; elle ressemble 
à un basalte altéré, et par conséquent moins dense 
que le basalte qu’on vient de citer et qu’elles accompa- 
gnent. Ses cavités sont remplies d’une terre argileuse , 
ocreuse, très-friable , qui passe au minerai de fer argi- 
leux, et qui présente des ressemblances bien remar- 
quables avec certains minerais de fer argileux et no- 
duleux des environs d’Aarau dans le Jura. D’après ce 
que soupçonne le rédacteur de cet extrait , ce minerai 
est toujours supérieur au calcaire du Jura, il penètre 
dans ses fissures ét dans ses cavités; mais il n’est jamais 
interposé entre ses couches. Gette singulière  ressem- 
blance ; qui peut avoir des conséquences qu’on ne peut 


( 94 ) 


développer ici ; devient encore plus frappante dans une 
roche ferrügineuse ; vrai minerai de fer argileux et no- 
duleux, recueillie par M. de Fréminville au Cap-Vert, 
dans le lieu dit la Pointe du Bel-Air. Ges nodules res- 
semblent à s’ÿ tromper au minerai de fer d’Aarau que 
nous venons de citer. 

Il ne paraît pas qu'il y ait de corps organisés dans 
ce minerai, pas plus qu'il n’y en a dans celui du Jura; 
du moins , sion peut tirer cette conséquence des re- 
chérches de M. de Fréminville et des échantillons qu’il a 
rapportés: 

: paraît que depuis l'entrée de Gonzales de Cintra ; sur 

la côte de Barbarie jusqu’au Gap Tagrin à l’entrée de la 
Siérra Léone , tous les points élevés de cette partie de la 
côte d'Afrique sont volcanisés. Ainsi les hauteurs du 
Gap Barbas , celles du Cap-Blanc , le Cap Manuel, le 
Gap-Vert, le Gap Roxo, enfin Sierra Léone, sont des 
points volcaniques et présentent des amas considérables 
dé basaltes et de laves, Il est à remarquer que ces points 
assez éloignés les uns des autres, sont séparés par d’im- 
menses déserts de sable : on sait que les groupes d’iles 
voisins de cette étendue de côtes, sont tous reconnues 
depuis long-temps pour d’anciens volcans. 

Nous ajouterons à ces rapprochemens , que le minerai 
de fer rapporté de Foutadyallon, dans l’intérieur de l’A- 
frique, par M. Mollien , a encore avec le minerai de 
fer balsatique de Gorée, beaucoup de points de ressem- 
blance. 

: M, de Fréminvilles’estlivré, à la Martinique, à l'étude 
des crustacées, qu’il regarde comme encore peu con- 
nus , et pouvant présenter, par conséquent , un grand 


( 9 

nombre d'espèces et même de genres nouveaux, Parmi 
ceux-ci ; il.en a décrit un sous le nom de Boscea ia 
trouvé ces crustacées à plus de six lieues au large , vivans 
et flottans sur l’eau; ils n ’approchent jamais des côtes , 
et offrent des particularités remarquables; M. de Fré- 
minville dit que ce genre devra être placé entre les Cy- 
mothoées et les Idothées. 

M. de Fréminville s’est aussi beaucoup occupé des rcp- 
tiles si communs à la Martinique ; il'a rencontré des 
Vipères fer-de-lance de sept à huit pieds de long, et dont 
les crochets avait près d’un pouce. Il en a déposé un 
individu de la plus grande taille au Musée de Brest ; cet 
officier naturaliste dit avoir vérifié sur ces Vipères fer-de- 
lance , le fait important annoncé pâr M. Palissot de Beau- 
vois, concernant la femelle du Crotale Boïquite. I assure 
que , comme cette dermière , celle dufer-de-lance recoit 
dans sa gueule ses petits, qui vont s’y réfugier à l’ap- 
proche de quelques dangers , et qu’elle les y tient cachés 
jusqu’à ce que le danger soit passé. 

Plusieurs arbres desiles de la mer du Sud , sont mainte- 
nant naturalisés dans le beau jardin botanique royal de la 
Martinique , les Spondias cytherea, Mangifer a indica , 
Areca cathecu , plusieurs variétés d’Arbres à pain y pros: 
pèrent et y multiplient aussi bien que dans leur sol natal. 

M. de Fréminville remarque , comme un fait geologi- 
que assez intéressant ; que les îles des Saintes , placées 
au milieu d’une longue série d’iles évidemment et même 
encore actuellement volcaniques , telles que Saint-Vin- 
cent, Tabago, la Grenade , Ste.-Lucie , la Martinique, 
la Dominique , la Guadeloupe et Mont-Serrat ne pa- 
raissent cependant présenter aucun caractère de volca- 


| (96 ) 

néité, ni dans les substances minérales qu’elles contien- 
nent , ni dans la nature et la configuration de leur ter- 
rain ; qu’elles ne sont composées que de masses de por- 
phyre à granits rouge ou verdâtre , ou même de’ roches 
siliceuses. L’ilot appelé la Goche est entièrement forwé 
de cette dernière roche. Ce fait devait en effet frapper 
M. de Fréminville, et aurait étonné autrefois les Géolo- 
gues , comme il a étonné les Zoologistes ; mais depuis 
que M. de Humboldt et M. de Buch ont faitremarquer 
que les terrains porphyritiques accompagnaient presque 
toujours les terrains volcaniques , et en étaient comme 
la base, on conçoit très-bien le rapport de structure 
qu'il y a entre le sol porphyritique des Saintes , et le sol 
volcanique des îles qui les entourent. 

Ce porphyre éprouve la décomposition des roches 
feldspathiques , et-donne par cette altération un kaolin 
impur ou collyrite jaunâtre qu’on dit propre à faire de 
la porcelaine. 

Le Scarabée Hercule se trouve à la Guadeloupe. M. de 
Fréminville l’y a recueilli. Il assure qu’on ne le trouve 
pas sur le continent d'Amérique. 


EE 


YMPRIMERIE DE MIGNERET, RUE DU DRAGON ; N.° 20. 


RECHERCHES ANATOMIQUES 


SURILE THORAX DES ANIMAUX ARTICULÉS ET CELUL DES 
INSÈCTES HEXAPODES EN PARTICULIER .; 


Par Vicror Aupourn. 


LA 


«Quod in observatione indefinitum et VagUTI , 
»id in isformatione fallax et infidum est. » 


(Bacon , ob. org.) 


Introduction. 


Lx besoin d'analyser les phénomènes du règne animal 
pour les connaître , et l'impossibilité q’ étudier leur en- 
semble sans classer préliminairement les détails, dut 
amener la division de la zoologie en plusieurs. branches. 
Chacune d’elles fut qualifiée du nom de science et fixa 
l'attention exclusive de quelques observateurs qui, guidés 
par des vues et un esprit particuliers, ES DUOUE une 
direction très- différente. Les Animaux vertébrés, les 
Mollusques , les Animaux articulés ‘et les Zoophytes ne 
furent étudiés ni avec le même soin , ni avec les mêmes 
principes ; aussi, comparées dans le but qu’elles ont at- 
teint , et dans le degré de perfectionnement auquel 
elles sont arrivées , ces sciences offrent- elles des résul- 
tats très- variés ; ; l'anatomie des insectes , parexemple j: 
n’a presque de commun avec celle des animaux verté- 

brés , que le grand nombre ée faits contelle est enti- 
chie ; la partie philosophique lui manque totalement. 

| Ilest facile de se rendre compte de cet état fâcheux 
de l’entomologie , en jetant un coup-d’œil sitentif sur 
la marche qu’elle a constamment suivie. On voit alors 


1. 7 


( 98 ) 

que les méthodistes d’une part et les observateurs de 
l’autre, ont toujours parcouru des sentiers fort diffé- 
rens. Les premiers n’ayant d’autre chose en vue que de 
décrire , avec beaucoup de soin , les êtres, quant à leurs : 
formes extérieures , afin de découvrir entre eux des 
moyens de distinction , saisirent comme au hazard les 
caractères qui se présentaient et s’attachèrent surtout 
aux plus apparens ; les seconds diminuèrent singulière- 
ment l'intérêt de leur travail , en isolant , en général , la 
connaissance des mœurs de celle de l’organisation ; ceux 
mêmes qui se livrèrent à l’étude de cette dernière science, 
n’envisagèrent pas , à beaucoup près , tout ce qui en con- 
stitue le domaine. L’anatomie des insectes devait être 
en même-temps comparative et spéciale. 

L'anatomie comparée considère les organes d’une 
manière abstraile ét dans ce qu’ils présentent de com- 
mur ; elle les réunit dans un même cadre , les embrasse 
par la même pensée, saisit leurs points de contact , ob- 
serve les liens qui les unissent, et détermine les lois qui 
président à leur arrangement et à leurs fonctions. 

L’anatomie spéciale ou individuelle les comprend tous 
également; maïs elle les offre dans une série decadres par- 
ticuliers , où chaque objet representé avec les ‘carac- 
ières qui lui sont propres, est envisagé sous toutes ses 
faces et considéré quelquefois dans ses moindres détails. 

Chacun de ces genres d’études présente sous deux 
aspects très-différens l’organisation des êtres ; l’un est le 
complément nécessaire de l’autre , et leur liaison est si 
intime, qu’on ne devrait jamais lesisoler. Cependant, c’est 
vers cette anatomie individuelle et de détail, que la plu- 
part des observateurs ont dirigé presque exclusivement 


( 99 ) 


leur attention. De cette manière d'envisager les choses , 
est née l’importance accordée aux formes , et le penchant 
bien naturel à admeltre comme analogues des parties 
qui offrent , à quelque chose près, les mêmes caractères, 
ou à regarder comme tout-à-fait dissemblables celles qui 
présentent un aspect différent. On vit dès-lors tous les 
esprits accueillir avec empressement l’idée que chaqué 
être plus ou moins favorisé de la nature , avait seul reçu 
en partage certains organes refusés complètement à 
d’autres. 

L’Abeille obtint, comme arme défensive et offensive , 
un cruel aiguillon. 

Privé de cet aiguillon , le Carabe crépitant fut pourvu 
d’un fluide particulier qu’il lança avec bruit. 

La Mouche , mois privilégiée que certains autres in- 
sectes , n’eut que deux aîles ; mais en dédommagement, 
elle recut des cuillerons, espèce de tambours, et des 
balanciers , sortes de baguettes destinées à les frapper et 
à produire un son remarquable. 

Le Papillon eut en partage une trompe , etla Punaise 
un suçoir, appareils particuliers qu’on ne rencontrai 
plus dans les Crustacés , dans le Scarabé ou dans la Sau - 
terelle munis de mandibules et de mâchoires. 

La Cigale posséda un appareil de chant fait sur un 
plan original , et dont aucun insecte ne présentait de 
traces. 

En considérant les divers organes sous ce point de vue, on 
créait une liste nombreuse de dissemblances , qui augmen- 
tée chaque, jour contrastait singulièrement avec le plan 
général d'organisation qu'on ne pouvait méconnaître. 
Quelques observateurs qui seflattaient de raisonner , si- 


7° 


( 100 ) 

gualèrent ces écarts de la nature et cette sorte de discor- 
dance avec elle-même ; ilsdirent : ce sont des Anomalies, 
dénomination fatale qui devint un nouvel obstacle à la 
philosophie de la science. On ne chercha plus dès ce mo- 
ment à classer les différences , l'esprit ne fit plus d’effort 
pour s’en rendre compte ; le mot anomalie tint lieu de 
toute interprétation, il passa en habitude, et l’usage repété 
que l’on en fit, nous explique pourquoi les faits les plus 
- simples, et qui se répétaient le plus souvent, ne condui- 
sirent à aucune des conclusions qui , désormais , j’es- 
père, sembleront naturelles. C’est ainsi que depuis long- 
temps on a signalé l’écusson de certains hémipières, 
( le genre Scutellère de M. Lamarck ) comme une cir- 
constance bien remarquable à cause de son excessif dé- 
veloppement , tandis qu'ailleurs il étaitrudimentaire , ou 
même ne laissait plus voir aucune trace. Cette observation 
curieuse fut bientôt négligée , et cependant si elle eut con- 
duit à apprécier plusieurs faits du même genre , on aurait 
obtenu sans doute, ce résultat très-important, auquelnous 
sommes arrivés; que toutes les différences qu’offrent les 
insectes, que tous les organes anomaux qu’ils présentent 
ne sont dus qu'à un développement moindre ou plus 
grand de certaines parties , existant généralement chez 
tous, et dès-lors la philosophie de la science était créée. 

Qu'on me permette de signaler d’avance cette con- 
clusion , et de lériger en principe. Mes travaux seraient, 
très-peu utiles et fort mal appréciés sion la perdait de 
vue un instant. Toutefois le but que je me suis proposé 
ne serait qu'imparfaitement atteint, et paraîtrait trop 
exclusif, si je n’embrassais dans la même pensée la série 
des animaux articulés. Les insectes ne sont pas plus pri- 


( 101 } 

vilégiés que les crustacés ou les arachnides , et ces deux 
classes ne le sont pas davantage que les insectes. Les uns 
et les autres éprouvent l’influence d’une loi particulière, 
qui préside au développement de telle ou telle partie de 
leur corps ; de là découlent toutes les différences qu’on 
observe entr’eux. Le principe que nous venons de poser 
pour les insectes , est par conséquent applicable aux 
crustacés et aux arachnides. 

Nous croyons en ayoir dit assez pour mettre à même 
de juger de l’esprit qui nous dirige; le travail que nous 
publions aujourd’hui sur le Thorax , et qui n’est que lé 
premiér fragment de notre analyse des parties solides 
des animaux articulés , les recherches que nous ferons 
connaître bientôt sur les systèmes digestif, nerveux, 
générateur , etc. , etc. , ontété entrepris dans cétte nou- 
velle direction. 

On doit donc s’attendre à trouver dans tous nos travaux 
el en particulier dans notre anatomie du thorax, un grand 
nombre de faits, qui jamais ne seront offerts isolément 
mais dont on dévoilera sans cesse les rapports mutuels. 
L'étude d’une pièce, sa comparaison avec une pièce 
analogue dans tous les animaux articulés, afin de noter les 
modifications variées qu’elle éprouve , tant pour le dé- 
veloppement et la forme que pour les fonctions ; l’in- 
fluence qu'exerce sa manière d'être sur les pièces voi- 
sines, sur certains organes et sur l’être tout entier , tels 
sont les développemens dont nous aecompagnerons le sim- 
ple exposé anatomique. 

Il est facile de concevoir qu’un tel examen ne résulte 
pas de quelques faits isolés , mais bien de la comparaison 
d’un grand nombre ; aussi me suis-je occupé exclusive- 


( 102 } 

inent depuis lafin de l’année 1818 , jusqu’au 15 mai 1820, 
époque à laquelle mon travail a été présenté à l’Acadé- 
mie des sciences , à recueillir un grand nombre d’obser- 
vations, dans le but de donner à l’anatomie des annelides, 
des crustacés , des arachnides et des insectes , une direc- 
tion nouvelle, toute philosophique , et qui fût en harmo- 
nie avec celle imprimée par M. Cuvier , et dans ces der- 
niers tems par M. Geoffroy-Saint-Hilaire , à l'anatomie 
des animaux vertébrés. Je n'aurais pu cependant achever, 
si promptement , un travail dont les hommes exercés à la 
recherche des faits , apprécieront les difficultés en jet- 
tant un coup-d’œil sur les nombreux résultats qu’il a pro- 
duits ; je n’aurais pu, dis-je, achever sitôt cetravail, sans 
l'assistance précieuse des mes amis Auguste Odier , et 
Adoiphe Brongniart, qui, très-jeunes. alors, ont acquis 
depuis un nom distingué dans la science. 

À l’aide de leurs secours , j’ai pu observer au moins 
trois cents espèces différentes , et apporter à l'appui des 
recherches que je publie, plus de douze cents pièces ana- 
tomiques. 

Il nous resterait maintenant à rappeler les travaux que 
la science possède sur le squelette des animaux articu- 
Jés ; car il est naturel de penser qu’avant d'entreprendre 
les nôtres , nous avons dû consulter un grand nombre d’au- 
teurs , afin d’alléger là tâche que nous nous imposions, 
en nous servant des connaissances acquises, et en les 
grouppant pour en faire notre point de départ ; mais nous 
avons élé trompés dans nos espérances. (1) Les auteurs les 


(1) Un observateur très- distingué, feu Jurine, et dans 
ces derniers temps, M. Chabrier ( Mém. dn Mus. d’hist. 


( 103 ) 


plus recommandables, et qui font autorité dans la science , 
ne nous ont fourni que des données plus ou moins vagues 
et sans cesse contradictoires. Nous avons employé beau- 
coup. de temps à recueillir les définitions que les mé- 
thodistes ont faites du petit nombre de pièces qu’ils ont 
entrevues , et ce temps a été perdu , parceque, d’une part, 
il existe entre eux une discordance complète dans l’emploi 
ou l’application des termes , et, que de l’autre, aucune 
des parties qu’ils signalent n’ayantété étudiée isolément 
et après avoir été préliminairement désunie et désar- 
ticulée , ils ne sont d’accord ni sur sa forme, ni sur son 
développement , ni sur ses limites. C’est ainsi que les 
noms de Sternum et d’Ecusson , au lieu d’être donnés 
à des pièces dont les contours seraient exactement déter- 
minés, n’ont été appliqués à ces pièces que lorsqu'elles 
offraient certains caractères accidentels et de convention ; 
de manière qu’on rencontre à chaque page dans les ou 

vrages de classification , que tel insecte a un écusson , et: 
que tel autre en est privé, que tel genre offre un ster- 
num , et qu'il manque dans tel autre. Le fait est que ces 
pièces existent dans tous les insectes , et qu’on a prisl’ap- 
parence pour la réalité en appliquant les noms de ster- 


nat.) ontétudié physiologiquement le thorax des insectes; 
mais leurs recherches, entreprises dansun but très-différent 
des miennes et adaptées à la théorie qu’ils embrassaient , 
ne peuvent être considérées comme un travail d’anatomice 


comparative et philosophique; nous aurons cependant 
soin de citer comme synonimes des termes que nous em- 
ployons , les dénominations proposées par M. Chabrier, 
dans son Essai sur de vol des insectes, dont la publication 
est postérieure à la présentation de notre ouvrage à l’Aca-. 
démie des Sciences. | 


( 104 ) 


num et d’écusson à de simples accidens de formes. Nous 
avons cependant tâché de mettre à profit tout ce dont on 
pouvait tirer partie dans ce désordre. Les dénomina- 
tions reçues de T'horax, de Sternum , de Scutellum , de 
Seutum ; etc. , ont été religieusement conservées, seule- 
ment nous les avons définies de telle sorte que les pièces 
auxquelles nous les appliquons ne puissent jamais être 
méconnues , quelque développement qu’elles aient, et 
quelques formes qu’elles affectent. 

Nous ne saurions terminer ces remarques préliminaires 
sans adrésser nos remerciemens au savant illustre auque} 
l'anatomie comparée et la zoologie sont. redevables de 
tant de travaux, et qui a contribué d’une manière si 
eflicace aux progrès de la science. M. Geoffroy-Saint- 
Hilaire a däigné plus d’une fois nous soutenir'et nous gui: 
der dans la route que nous parcourions , M. Latreille qui 
nous honore d’une amilié toute spéciale à bien voulu 
aussi nous adresser, tant par écrit que verbalement , 
plusieurs observations qui ont contribué à l'amélioration 
de notre travail, en nous obligeant à fixer davantage 
notre attention sur plusieurs points que nous avions 
d’abord crus suffisamment éclaircis. 

Enfin, si un sentiment de modestie devaitl’emporter sur 
un vif sentiment de reconnaissance, et s’il était possible de 
satisfaire l’un en ne blessant pas l’autre, nous passerions 
sous silence le rapport honorable que M. le baron Guvier 
fit à l’Académie des sciences , dans la séance du 19 fé- 
vrier.1821, La sanction d’un tel maître qui, après avoir 
approuvé nos débuts , nous encourage journellement 
dans nos travaux , est une garantie flatteuse à lsquelle 
nous attachons le plus grand prix. 


( 109 ) 


CHAPITRE PREMIER. 


Observations :sur le système solide des animauæ 
articulés. 


Lxs parties dures sont aux insectes ce que le squelette 
ost aux animaux vertébrés ; c’est-à-dire , qu’elles sou- 
tiennent le corps et qu’elles en sont la charpente. Ne 
prétendant donner au mot squelette , que cette accep- 
tion très-anciennement admise et adoptée de la plupart 
des entomologistes , nous l’emploierons de ‘préférence à la 
dénomination de Système corné extérieur, qui n’est 
point un nom , mais une phrase exprimant peut-être une 
comparaison erronnée. 

L’anatomie transcendante pourrait , ilest vrai , envi- 
sager le squelette sous un tout autre point de vue et dé- 
terminer à quelle partie du corps des animaux plus élevés 
il correspond. MM. Geoffroy-St.-Hilaire et de Blainville 
ont abordé cette question; le premier, én comparant d’une 
manière directe le système corné des insectes au système 
osseux des animaux vertebrés , et le second , en établis- 
sant une comparaison également directe entre ce système 
eorné et la peau. L'opinion de M. de Blainville est l’opi- 
nion avouée de la plupart des anatomistes tant anciens 
que modernes: celle de M. Geoffroy, au contraire , offre 
les caractères de la nouveauté , et elle en subira proba- 
blement toutes les conséquences , c’est-à-dire, que sans 
nier l’exactitude de son observation, on attendra , pour 
adépter sa théorie, que les faits nombreux qu’elle em- 
brasse aient éprouvé successivement un sévère examen. 
Quoiqu'il en soit de ce retard , il n’en est pas moins vrai, 
que la confirmation de cette importante découverte 


( 106 ) 
profitera à la science, et que la gloire en reviendra 
tout entière à son auteur. 

Si celte manière d’envisager le squelette des animaux 
articulés eut été utile à l’intelligencede notre sujet , nous 
l’aurions abordée franchement ; mais n’en voyant pas la 
nécessité absolue , nous nous abstiendrons d’en parler 
davantage. Nous aurons la même réserve pour ce qui 
concerne la composition anatomique et chimique des 
parties dures , et nous garderons le silence sur les ré- 
sultats obtenus par MM. Robiquet, Ghevreul et Odier , 
nous réservant d'approfondir ces RES questions dans 
une autre circonstance. 

Le système solide est formé par la réunion de plusieurs 
A elles n’ont pas reçu de nom général, et tandis 
qu’on dit dans les animaux vertébrés que le squelelte est 
formé d’os , on est obligé de dire dans les insectes qu'il 
est composé de pièces. De plus, chaque os dans les ani- 
maux vertébrés a reçu un nom spécial , tandis que dans 
les insecies , la plupart des pièces sont ignorées ou très- 
incomplètement connues. 

La connaissance du système solide des animaux arti- 
culés est donc bien moins parfaite que celle du squelette 
des animaux vertébrés , et cependant son étude est in- 
dispensable et de la plus haute importance. 

Veut-on apprécier le facies et les différences indivi- 
duelles que les espèces présentent ? c’est dans les pièces 
du squelette qu’on en découvrira la cause. 

Veut-on étudier les organes actifs du mouvement , leur 
étendue , leurs rapports ? ce sont les pièces du squelette 
auxquelles les muscles s’insèrent , qu’il faut interroger. 

Veut-on connaître les organes passifs de la locomo- 


(107) 
tion terrestre, aquatique ou aérienne , déterminer le jeu 
des différens leviers ? c’est encore au squelette qu’il faut 
avoir recours. 

Veut-on enfin avoir une idée précise des organes des 
sens , de l’appareil digestif, respiratoire, générateur, etc. ? 
Ge sont les pièces du squelette auxquelles chacun d'eux 
correspond et aboutit qu’il faut consulter. 

Si l’on joint à cette influence générale , celle qu'il 
exerce en particulier , lorsque certaines pièces venant à 
se développer dans des rapports différens , entraînent avec 
elles un ou plusieurs organes , on se fera une idée assez 
exacte du rôle important qu’il remplit, et on conclura 
que son étude devait précéder celles des autres sys- 
tèmes. 

Toutefois elle a été très-négligée , et aucun observa- 
teur ne s’est livré spécialement à nous faire connaître les 
différentes pièces qui entrent dans sa composition. 

L’entomologie est donc encore au point où en était 
l'anatomie des vertébrés , avant que la connaissance indi- 
viduelle du squelette des animaux et de l’homme en par- 
ticulier , ail été entreprise et achevée; les idées acquises 
sont plutôt le résultat d’une comparaison éloignée , que 
le fait d’une observation directe et exclusive. Guidé par 
le flambeau de l’anatomie humaine , on a recherché 
dans les insectes des pièces auxquelles on pourrait ap- 
pliquer les mêmes noms : on y a reconnu une tête, 
des yeux , des mâchoires, une langue , des rotules , des 
cuisses , des jambes ; des pieds, etc. 

Des analogies basées sur des apparences ne pouvaient 
s'étendre très-loin : aussi négligea t-on un grand nom 
bre de pièces, qui ne permettaient aucun rapproche- 


( 108 ) 

. mént fondé sur les formes etles usages , eten mécon- 
nût-on plusieurs , qui , à cause de leur pelitesse, échap- 
pèrent à ce coup-d’œil général et superficiel. 

L'insecte aurait été certainement mieux connu, si on- 
l’eût étudié plus inviduellement, et si on n’eût établi des 
comparaisons éloignées, qu'après avoir acquis une con- 
naissance parfaite de son organisation. 

Au Éeu de cela, on prit pour point de départ les 
fonctions les mieux déterminées chez les animaux su- 
périeurs , et on regarda , comme analogues des pièces 
qui les remplissent , celles qui présentaient des usages 
semblables dans les insectes. Il est bien vrai de dire ,que 
dans les insectes comme dans les animaux vertebrés , il 
y a progression, vision, manducation , génération , elc. ; 
ce sont là des attributs plus ou moins généraux de l'être 
organisé vivant; mais il n’est pas encore démontré 
que certaines fonctions soient remplies par les mêmes 
parties , et que les ailes , le sternum , les hanches, les 
cuisses , les trochanters, les mâchoires , etc. , répon. 
dent aux ailes, au sternum , aux hanches, etc., des 
animaux vertébrés. : 

J’en ai dit assez pour faire voir la distance, considé- 
rable qui existe entre les connaissance acquises sur le 
système solide des insectes , et celles que l’on possède 
sur le squelette des animaux vertébrés. 


CHAPITRE II, 
Considérations générales sur le Squelette des animaux 
articulés. 


Nous avons annoncé ces deux résultats curieux : 
1.° que le squelette des crustacés et des arachnides ne 


( 109 } 
différait de celui des insectes que par le mode d’accrois- 
sement des anneaux qui le composent : 2,9 que ces deux 
classes d'animaux ; et que les insectes eux-mêmes ne 
différaient entr’eux que par le plus ou le moins grand 
développement des parties qui les constituent. 

Nous pouvons dire maintenant, que c’est aussi au 
genre particulier de développement des organes , que sont 
dues les différences observées entre ces derniers êtres à 
l’état de larve , de nymphe et d’insecte parfait. Les for- 
mes variées sous lesquelles ils se montrent, et les méta- 
morphoses singulières qu’ils subissent , résultent en der- 
nière analyse du plus où du moins d’accroissement des 
mêmes parlies qui concourent à les former. C’est un fait 
démontré par les travaux de Swammerdam et de quel- 

ques modernes sur l’anatomie des chenilles , ainsi que 

par les belles recherches de M. Savigny , sur la bouche 
des Lépidoptères comparée à celle de leur premier 
âge (1). 

Cette observation est surtout applicable aux parties 
dures de l’insecte; dans la larve , en effet , chaque seg- 
ment est resté dans un développement à-peu-près uni- 
forme , tandis que chez l’insecte parfait , plusieurs ont pris 
un accroissement prodigieux. Telle est la cause de la 
différence énorme qu’on observe entre leur enveloppe 
extérieure à chacun de leurs âges. Ce fait est en harmo- 
nie avec les découvertes de Swammerdam et de M. Sa- 
vigny , puisqu'il tend à démontrer que les mêmes par- 


Lies se retrouvent dans la larve et l’insecte , et que ces 
PERTUIS UNNNOREEET SRE AN EEE 


(1) Mémoire'sur les animaux sans vertèbres , pre- 
mière partie, gremier fascicule. Un vol. in 8.° Paris , 
1816. 


( 110 ) 
deux états ne constituent pas deux êtres différens , mais 
bien deux modifications du même individu. 

La nymphe ou chrysalide est intermédiaire auxdeux 
périodes ; elle enest latransition, et est formée, comme 
la larve, d’anneaux simples , qui cependant n’ont plus 
entr’eux la même uniformité. Cette uniformité est d’au- 
tant moins grande , que l’animal est plus rapproché de 
l'époque de sa dernière transformation. 

L’insecte parfait est le terme de ces changemens ; il 
en est le but. Considéré d’une manière générale, son 
squelette ne diffère de celui de la larve , que parce que 
les trois segmens qui suivent la têle , ont acquis plus 
de volume , afin de supporter des appendices qui 
dans le premier âge étaient rudimentaires et cachés 
quelquefois à l’intérieur. De cet accroissement, résultent 
les différences notables qu’il y a entre le thorax et l’ab- 
domen ; différences qui disparaissent à mesure qu’on 
examine l’animal à une époque plus rapprochée du mo- 
ment de sa naissance. Les insectes à métamorphose 
quelconque, se ressemblent donc d’autant moins qu'ils 
sont plus voisins de leur état parfait; c’est alors seule- 
ment qu’on observe des modifications classiques , généri- 
ques et spécifiques , bien tranchées. Car, à l’état de 
larve , ces caracières ne pouvaient être que très-difii- 
cilement saisis. 

Dans l’insecte parfait, les proportions relatives de 
certains segmens sont telles, qu'on ne reconnait plus 
de premier , de second , de troisième anneau, etc. ; 
mais qu’on distingue une Tête, un Tronc et un Abdo- 
men qui ont chacun des caractères propres. 

La tête supporte des mandibules, des mâchoires, 


( 111 ) 
des lèvres , des yeux , des antennes. Le tronc est pourvu 
d'ailes et de pattes, tandis que l’abdomen offre de sim 
ples stigmates. 

Il sera sans doute intéressant de prouver que des par- 
ties si différentes sont dues au plus ou moins grand dé- 
veloppement des pièces semblables qui les constituent. 

Mais avant d'aborder les analogies qu’on pourrait éta- 
blir entre la tête, le tronc et l’abdomen ; Dous devons 
déterminer les pièces qui les composent chacun en par- 
ticulier , et pour acquérir à cet égard des notions très- 
exactes , il ne nous sufit pas de les étudier chez un in- 
dividu ; mais dans la série des insectes Hexapodes , c’est- 
à-dire , dans un grand nombre de changemens qu’elles 
éprouvent. Connaissant une pièce de la tête, du tronc 
ou de l’abdomen , il nous faudra la retrouver dans tous 
les insectes , ou si elle ne se présente pas , nous devrons 
en quelque sorte déterminer la cause de cette absence 
réelle, ou simplement apparente (1). 

Nous verrons la même pièce passer à des développe- 
mens, des formes et des usages fort différens. 

Ainsi, les parties de la bouche , comme l’a démontré 


M. Savigny , tantôt libres, jouiront de mouvemens et 
a , 


(1) En nous énonçant ainsi , nous entendons parler des 
- relations intimes et constantes qui existent entre les pro- 
portions des parties; ainsi , le maximum d’accroissement 
du métathorax est toujours en rapport avec l’état rudi- 
mentaire du mésothorax; au contraire, le développement 
excessif de celui-ci entraîne constamment l’état rudi- 
mentaire de l’autre , etc. , etc. 

C’est un fait qu’il est facile de saisir pour peu qu’on se 
livre à une anatomie véritablement comparative. 


(ris) 
serviront à la mastication; tantôt rapprochées et alon- 
gées , formeront des trompes ou des suçoirs. 

Ainsi , les segmens du thorax, en partie désunis où 
soudés entr’eux , supporteront tantôt des ailes, tantôt 
des balanciers , tantôt des élytres, tantôt des épaulettes 
tantôt des volets, etc. 

Ainsi l’abdomen , variable dans ses proportions, con- 
tiendra des aiguillons , des tarières, des vésicules ana- 
les , un appareil pour le chant. Il supportera des stig- 
mates , des cocardes , etc. 

Le travail que nous publions aujourd’hui, et ceux 
que nous ferons connaître par la suite, démontréront 
que ces divers organes ne sont pas particuliers à quelques 
espèces ; mais qu'ils se rencontrent , ou du moins peu- 
vent se rencontrer dans tous les insectes avec des déve: 
loppemens, des formes êt des usages variés. 

Tous les faits, d’ailleurs, nous amèneront à conclure : 
1.° que le squelette des animaux articulés est formé d'un 


nombre déterminé de pièces distinctes ou soudées inti-' 


mement entr'elles ; 2.° que dans plusieurs cas ; les unes 
diminuent ou disparaissent réellement ; tandis que 


les autres prennent un développement excessif. 3.° Que 


l'accroissement d’une pièce semble exercer sur les pièces 
voisines une sorte d'influence qui explique toutés les 
différences qu'on remarque entre les individus de 
chaque ordre, de chaque famille, de chaque genre. 

Cette conséquence générale qui résulte d'observations 
nombreuses , comprend nécessairement la série incohé- 
rente des anomalies, qui ne sont réputées telles, que 
parce que jusqu’à présent on n’a pas embrassé. dans les 
iravaux anatomiques, la totalité des animaux articulés, 
et qu’on s’est fort peu occupé d’analyser comparative- 


{ 1135 ) 


ment les parties qui entrent dans la composition de leur 
squelette; tous ces prétendus écarts de la nature ne 
sont en effet que des accroissemens variés et insolites 
de parties qu’on retrouve en général ailleurs, mais avec 
un volume, une forme et des usages très-divers. 

L’insecte, comme nous venons de le voir, suivant qu'il 
est larve, nymphe ou parfait, nous offre des différences 
notables dans son enveloppe extérieure; mais les deux 
premiers âges ne sont que des changemens qui se suc- 
cèdent et doivent amener la formation complète du 
squelette: c’est aussi ce dernier état que nous devons 
étudier spécialement; les autres, ainsi que la manière 
dont se développe chaque pièce, et les métamorphoses 
que les parties éprouvent, trouveront naturellement 
place dans un ouvrage de physiologie. 

La réunion , c’est-à-dire l’ensemble de toutes les par- 
ties dures du corps, constitue le squelette. Il est formé 
lui-même d’un certain nombre de segmens transver- 
saux, qui tantôt sont mous et tantôt sont durs. Cette 
différence nous oblige de choisir pour sujet de nos re- 
cherches, les animaux pourvus de parties dures, afin 
d'apprécier leur mode de développement, Mais parmi 
les segmens on en distingue plusieurs qui ont pour carac- 
ière de supporter des appendices supérieurs ,-ou ailes, et 
d’autres qui en sont dépourvus. Le développement des 
ailes étant enrapport constant avec celui des pièces qui les 
supportent, nous avons dû commencer l'étude du sque- 
lette par la classe des insectes hexapodes qui nous offrent 
cette particularité; il est indispensable, en effet, pour 
arriver à la connaissance parfaite du système solide des ar- 
ticulés, de partir du point où les pièces qui le composent 

2. 


( 114 ) 
ont acquis leur plus grand accroissement, parce qu’a- 
lors, les parties étant bien formées, bien distinctes et 
dans leur maximum de fonctions, on peut les suivre 
et les reconnaître dans tous les changemens qu’elles 
éprouvent , jusqu’à ce qu’elles viennent à disparaître, et 
alors, se dirigeant d’après certaines lois, on explique 
encore la cause de leur absence. 

Mais avant de nous livrer à l’étude curieuse des dé- 
tails, examinons les caractères essentiels propres au 
squelette des articulés; prenons une idée de son ensem- 
ble ; ce premier coup-d’æil, sur ce qu’iloffre de général, 
laissera déjà entrevoir quelques résultats importans. 

On sait que le squelette des articulés est composé de 
segmens qui sont eux-mêmes formés par un nombre dé- 
terminé de pièces; le caractère le plus apparent de cha- 
cun d’eux est de supporter une paire de pattes et deux 
ouvertures pour les organés respiratoires. Mais à côté 
d’un anneau qui offre cés parties, on en voit crdinaire- 
ment un grand nombre d’autres qui sont privés de l’une 
d'elles, ou chez lesquels elles manquent toutes. Les 
segmens en outre diffèrent entr'eux ou se ressemblent 
par leurs proportions; plusieurs ont atteint souvent un 
accroissement excessif; d’autres fois , tous ont pris un ac- 
croissement semblable. Le squelette alors est formé d’an- 
neaux d’un même volume, et c’est mêmé le cas le plüs 
simple du squelette de l’animal articulé. On doit, en effet, 


regarder comme une circonstance très-simple, celle où | 
chaque pièce, comme chaque segment, présente un | 
developpement égal et uniforme , de telle sorte que, con- | 
näître la composition d’un des anneaux et limiter leur ! 


nombre, c’est connaître l'animal tout éntier. Mais 


cet état de simplicité est çe qu'on observe le plus rare- | 


( 125 }) 


ment; ilest bien plus commun de voir chez le même 
individu des différences dans la composition et le volume: 
tel anneau supporte des patteset des branchies , tel autre 
n’en offre aucune trace; tel est pourvu d’ailes, tel autre 
en est privé; celui-ci est très-élendu , celui-là d’un petit 
volume. 

Pour apprécier la cause de ces différences et pour s’en 
rendre compte, il est essentiei de se créer un point de 
départ convenable. 

La Scolopendre estun des articulés les plus simples , en 
tant que l’on admet comme simple l'animal offrant un 
squelette uniforme, c'est-à-dire , formé de parties égale - 
ment développées. Cependant, on remarque déjà, à la 
partie antérieure, quelques paires de pattes qui sont ru- 
dimmentaires etrefoulées vers la tête ; de sorte qu’on pour. 
rait très-bien se figurer un animal plus uniformément 
composé , en admettant , par exemple, que ces pattes dé- 
jetées vers la tête soient restées dans un développement 
égal à celui des appendices qui suivent ; on se représen- 
terait alors la tête, puis un cértain nombre d’anneaux, 
tous également développés et pourvus des mêmes parties. 
Mais on pourrait encore réduire et simplifier la proposi- 
tion en regardant la tête elle-même comme un assem- 
_ blage, une réunion de segmens portant des appendices 
tétrouvant leurs analogues dans les pattes. Ceci ad- 
mis , on conçoit aisément que la supposition d’un sque- 
dette partout uniformément construit pourra se réaliser. 
ÆEn effet, qu’y aura:t-il autre chose à faire, si ce n’est de 
diviser les segmens qu’on supposera composer la tête, 

de leur donner un développement égal à celui des autres 
| anneaux , de Îles laisser à la partie antérieure qu'ils occu- 
8.. 


(446 ) 


pent déjà, de restituer aux pattes qui avaient pris un 
usage secondaire leur usage essentiel, celui de servir à la 
locomotion. Il est bien évident que dans ce travail rien 
n'aura été créé, mais qu’on aura seulement accordé à 
chaque partie un égal développement. 

Ceci d’ailleurs n’est qu'un échafaudage que j’ai dressé 
pour faire concevoir un plan de développement uniforme et 
par conséquent très-simple dans les animaux articulés , afin 
qu’on puisse ramener sans cesse à ce plan les différences 
nombreuses etles anomalies apparentes quise rencontrent. 

Cen’est en effet que de l'accroissement semblable ou 
dissemblable des segmens , de la réunion ou de la divi- 
sion des pièces qui les composent , du maximum de déve- 
loppement des uns, de l’état rudimentaire des autres, 
que dépendent toutes les différences qui se remarquent 
dans la série des animaux articulés. Sile développement 
est uniforme ou à-peu-près uniforme dars chaque anneau, 
vousrencontrerez la condition des Annelides, des Insectes, 
des Chenilles et de toutes les larves. Si au contraire cet 
équilibre est détruit et sile maximum d’accroissement s’ef- 
fectue sur le 1.%, le 2." et le 3."° segmens qui suivent la 
tête, vous aurez un insecte ; s’il s’opère au-delà, il en ré- 
sultera une Arachnide:; s’il a lieu plus loin encore, ce sera 
un Crustacé décapode. 


Le squelette, par cela même qu’il est extérieur, con- | 


stitue à lui seul le facies de chaque individu, et se pré- 


sente sous des aspects bien différens. Ce sont les formes | 


variées qu'il revêt, qui, dans la détermination que l’on a 
faite des élémens qui le composent , ont entraîné plusieurs 
erreurs; mais dans tous les cas on l’a partagé en divers 


segmens, et on lui a distingué la Téte, le Tronc et l'Ab- | 


domen. 


Dents 


(117) 

La tête donne insertion à plusieurs parties mobiles for- 
mées elles-mêmes de plusieurs pièces ; elle en comprend: 
d’autres immobiles. Sous quels aspects ces dernières ne 
s'offrent -elles pas ? à quoi attribuer la cause de ces déve- 
loppemens variés ? comment en saisir et en apprécier 
les lois? est-ce une ou plusieurs pièces qui se sont 
accrues dans un sens quelconque? la simplicité ap- 
parente de la têle qui forme supérieurement et dans 
la plupart des cas, une voûte, sans trace de soudure, 
rend cette étude très-difficile. Nous venons de dire 
que celte partie, pouvait être considérée comme com- 
posée de plusieurs segmens dont les mandibules, la lèvre 
inférieure, les mâchoires, les antennes, sont les appen- 
dices ; nous nous bornerons à cet énoncé général sans 
prétendre déterminer lenombre des divisions et leur limite 
dans chaque ordre d'insectes, résultat que nous ne croirons 
avoir atleint qu'après une étude comparative faite sur un 
nombre infini d'espèces, et suivie dans les différens âges. 

La connaissance de l’abdomen est bien plus facile à 
acquérir ; il est formé de plusieurs segmens assez sem- 
blables entr’eux et dont le caractère essentiel’est de ne 
plus supporter de pattes , mais simplement des ouvertures 
respiratoires nommées stigmates. Comparé dans les dif- 
férens insectes , il fournit des résultats fort curieux; 
et son importance d’ailleurs est très-grande à cause 
des organes nombreux qu’il contient et de l'influence 
qu’exerce sur eux son plus ou moins de développement ; 
nous l’étudierons spécialement dans une autre circons- 
tance. 

Le tronc est la partie principale de l’être, celle qui 
détermine la classe à laquelle il appartient et qui constitue, 


( 118 ) 


véritablement l’insecte parfait; il contient les organes 
actifs du mouvement et supporte les organes passifs; ilest 
surtoui remarquable par le grand nombre de pièces qui 
concourent à sa formation et dont on n’a eu jusqu’à pré- 
sent qu’une idée très-inexacte. Nous allons nous livrer 
exclusivement à son étude. | 


CHAPITRE III. 


Considérations générales sur le Thorax (1). 


On a nommé, Tronc la partie du corps qui se trouve 
entre la tête et l'abdomen ; on a distingué ensuite dans 
le tronc, le Corselet , la Poitrine, le Sternum , l'Ecus- 
son , eic. 

Mais la division la plus philosophique et en même- 
temps la plus naturelle , est celle en trois segmens. 


(1) Dans les dessins assez nombreux qui accompagnent 
notre travail , nous avons adopté pour chaque pièce une 
lettre particulière : ainsi l’écusson sera toujours désigné 
par la lettre e, l’épimère par la lettre k, etc., ete. Cetle 
méthode a le précieux avantage de permettre une compa- 
raison prompteetdirecte. Nous ferons connaître, par une 
table explicative , les signes employés pour indiquer les 
différentes pièces, et dans le courant de l’ouvrage nous rap- 
pelerons toujours, en nommant chacune d’elles, la lettre 
qui lui est affectée ; l'explication de cette lettre se trouvera 
également en bas des planches. Lorsque deux ou plusieurs 
pièces seront soudées entr’elles , et qu’on croira nécessaire 
de faire connaître cette union intime, on ajoutera au dessin 
les lettres de chacune des pièces , et on les joindra par un 
trait-d’union. C’est ainsi que la lettre à étant consacrée à 
d'épisternum , et # au sternum, i-h indiquera la soudure 
complète de ces deux pièces et, leur réunion en une seule. 


(119) 

Le tronc, eneffet, quelque forme qu’il affecte, est tou- 
jours divisible en trois anneaux , bien que ceux-ci soient 
distincts ou confondus , libres ou soudés entr’eux. Oli- 
vier appelle Corselet ( Thorax) , le premier segment ; 
mais dans l’application zoologique qu’il en fait , il donne 
ce nom à la partie supérieure de la poitrine. 

Remarquons , au reste , que peu d'auteurs sont d’ac- 
cord sur l’acception que l’on doit donner au mot corse- 
let. Les uns ont considéré comme tel, le premier seg- 
ment du tronc dans les coléoptères , les orthoptères , plu- 
sieurs hémiptères ; les autres ont entendu par là toute 
la partie supérieure contenue entre la tête et l'abdomen, 
tandis qu'inférieurement , il ne l’appliquaient plus qu’à 
la partie placée entre la tête et la poitrine : plusieurs en- 
fin , ont nommé Corselet le dos de la poitrine , c’est-à- 
dire , l’espace compris entrele premier segment du tronc 
et l’abdomen. C’est ici le lieu, je pense, de proposer 
une nomenclature basée sur quelques principes solides, 
et de choisir des noms admissibles dorénavant dans l’é- 
tude de l’anatomie et de la classification. 

Nous. substituerons avec M. Latreille, le mot Tno- 
RAx que nous ne traduirons pas en français, à la dé- 
nomination impropre de Trone, et nous le diviserons , 
comme il le fait, en trois segmens , en donnant à l’en- 
semble de chacun d’eux un nom particulier qu’il con- 
servera toujours , quelque forme et quelque développe- 
ment qu'il présente. 

Nous nommerons Proronax (1) le premier segment, 
et nous lui conserverons en français , les noms de Cor- 


(1) ne (devant }, et (4e%£ ( thorax ). 


( 120 }) 
selet et de Collier , dont M. Latreille s’est toujours servi 
pour le désigner. 

Le deuxième segment portera lenom de M£sornonax(2). 

Enfin, le troisième segment s’appellera Mé£rarnorax(s), 
mot employé à-peu-près dans le même sens par MM. Kirby 
et Latreille. 

Le prothorax , le mésothorax et le métathorax réunis, 
constituent le Taorax; la connaissance de ce dernier ne 
sera donc complète que lorsque nous aurons étudié sé- 
parément les parties de son ensemble. H est toujours 
formé , dans la série des insectes hexapodes, de ces trois 
segmens , bien que ceux-ci aient des proportions rela- 
tives ordinairement opposées. [ci, c’est le mésothorax 
qui est le plus accru , là c’est le métathorax; ailleurs , 
c’est le prothorax. Chacun d’eux , cependant , est com- 
posé des mêmes élémens de parties, et en connaître 
un, c'est connaître les deux autres ; aussi pouvons-nous 
énumérer tous ces élémens ct indiquer leurs connexions, 
sans craindre de rencontrer des cas particuliers qui dé- 
truiraient ce que nous allons poser en principe général. 

En nous énonçant de cette manière , nous ne voulons 
pas dire que les mêmes pièces se retrouvent toutes dans 
chaque segment; car, dans ceux qui sont rudimentaires , 
plusieurs d’entr’elles ont une existence douteuse ou même 
ont disparu entièrement ; dans d’autres cas , elles sont 
intimement soudées, et ne constituent , en apparence , 
qu’une seule pièce ; mais nous prétendons qu’abstraction 
faite des modifications qu’entraîne l’état rudimentaire ou 
de soudure intime , l'anneau thoracique est composé des 


(1) Mivos ( milieu), etédexëé (thorax ). 
(2) Mix (après ) , wgxë (thorax). 


(Fo2t") 
mêmes parties , c’est-à-dire, que s’il était plus développé 
et les pièces divisées, celles-ci seraient en même nombre 
et dans les rapports qu’on leur observe lorsqu'elles se ren- 
contrent toutes, et qu’elles sont distinctes. 
Nous distinguons dans chaque segment une partie in- 
férieure, deux parties latéralesetune partie supérieure. 


. I. Une pièce unique constitue la partie inférieure , 
c’est le Srennuu (k) (1) Il n’est pas pour nous une simple 
éminence accidentelle , ne se rencontrant que dans quel- 
ques espèces ; il se retrouve dans tous les insectes , et 
forme une pièce à part, plus ou moins développée , sou- 
vent distincte , souvent aussi intimement soudée aux 
pièces voisines avec lesquelles il se confond. 

Notre pièce sternale comprend donc le sternum de 
tous les auteurs ; à cette différence près que ses limites 
sont connues et son existence démontrée dans toutes les 
espèces et dans chaque segment. 


$. II. Les parties ordinairement latérales sont formées 
de chaque côté par deux pièces principales ; l’une, an- 


térieure, appuye sur le sternum , et va gagner la partie 


ui ne are OP RE RE AE UE ee de 

( 1) ZTépvor. 

Lorsqu'on voit un nom assigné à une partie, on 
pense que celle-ci est bien connue au moins dans ses 
limites; il n’en est pas ainsi du sternum ; mot si souvent 
employé par tous les entomologistes. Fabricius , dans sa 
Philosophia entomologica , nomme stennux {a ligne 
moyenne de la poitrine très saillante dans le Dytique, 
l'Hydrophile , Le Taupin. C'est toujours d’une manière 
très-vague que les auteurs en ont parlé ; aucun ;, à ma 
connaissance, n’en a rigoureusement fixé les contours. 


( 129 ) R 

supérieure, nous la nommons EpisTennum (4). (1). 

La deuxième , que nous avons appelée Eriuère (4) (2) 
se soude avec la précédente et lui est postérieure; elle 
remonte aussi jusqu’à la partie supérieure et repose dans 
certains cas sur le sternum ; mais elle a en outre des 
rapports constans avec les hanches du segment , auquel 
elle appartient , concourt quelquefois à former la cir- 
conférence de leur trou , et s'articule avec elles au moyen 
d’une petite pièce que nouscroyons également inconnue , 
et sur laquelle nous reviendrons tout-à-l’heure. 

Enfin, il existe une troisième pièce en général très- 
peu développée et qu’on aperçoit rarement; elle a des 
rapports avec l’épisternum et avec l'aile, toujours elle 
s'appuie sur l’épisternum , se prolonge quelquefois in- 
férieurement le long de son bord antérieur, ou bien, 
devenant libre, passe au devant de l'aile, et se place 
même accidentellement au-dessus. Nous l’avions d’abord 
désignée sous le nom d’Æypoptère ; mais son changement 
de position relativement à l'aile nous a fait préférer celui 
de PaArRAPTERE (£°) (3). 

La réunion de l’épisternum du paraptère et de Pépi- 
mère constitue les FLancs, ( Pleuræ) (4). 


(1) Ezi(sur) si (sternum ). 

(2) Ezt (sur), et Mypxs (cuisse). 

(5) Tape (près de) , #15 ( aile). 

(4) Kirby a employé la même dénomination, mais se- 
lon nous d’une manière moinsprécise; ildéfinit les flancs, 
des côtés perpendiculaires du trone ; or, il est à remar- 
quer que.ces côtés peuvent être. formés tantôt par l’épi- 
sternumet l’épimère réunis, tantôt en grande partie par 
le sternum qui se prolonge latéralement; d’autres fois par 


( 123 ) 


L'ensemble de la partie inférieure et des parties laté- 
rales, c’est-à-dire la jonction du sternum et des flancs, 
constitue la Porrrine (Pectus) (1). 

À celle-ci peuvent se rattacher trois autres pièces assez 

importantes. 
D 
la partie supérieure qui descend jusqu’auprès de la ligne 
moyenne inférieure. On conçoit que dans telle ou telle 
de ces circonstances, les flancs comprennent des pièces 
fort différentes. La dénomination de flancs, a pour nous 
une acception précise ; chacun d’eux résulte toujours de 
la réunion de l’épisternum , du paraptère et de l’épimère, 
quelque position d’ailleurs que ces pièces affectent. 

(1) On à appliqué le nom de poitrine à la partie infé- 
rieure des deux segmens postérieurs du thorax réunis, et 
on s’est privé ainsi de l'avantage de pouvoir désigner par un 
nom l’ensemble du sternum et des flancs des trois anneaux 
du thorax, c’est-à-dire, l’espace compris inférieurement 
entre la tête et l'abdomen. J'ai pensé qu’en définissant la 
poitrine , {’ensemble des parties inférieures et latérales 
du thorax, je déterminais rigoureusement la valeur de 
mon expression, et que l’on pourraitencore nommer poi- 
trine la partie inférieure et latérale de chaque segment en 
particulier, en ayant soin de dire la poitrine du prothorax , 
la poitrine du mésothorax, la poitrine du métathorax , 
suivant qu’on voudrait désigner l'an ou l’autre de ces 
enneaux; il est vrai que je détruis par là une dénomina- 
tion généralement admise, ce qui m'empèche d’ävoir un 
nom simple applicable aux deux segmens postérieurs ? 
dont lassociation est généralement constante ; mais cette 
considération ne m’a pas paru d’une importance telle, qu’on 
doive nécessairement lui sacrifier des motifs d’un ordre 

plus élevé; je proposerai au reste de donner le nom 
D’ARRIÈRE-POITRINE à l’ensemble des parties inférieures ct 


( 124 ) 

Au-dessus du sternum , et à sa face interne, c’est-à- 
dire au-dedans du corps de l’insecte, existe une pièce 
remarquable par l'importance de ses usages, et quelque- 
fois par son volume. Elle est située sur la ligne médiane, 
et naît ordinairement de l’extrémité postérieure du ster- 
num ; elle affecte des formes secondaires assez variées et 
paraît généralement divisée en deux branches. M. Cuvier 
Vappelle {a pièce en forme d'y grec, parce qu’il l’a ob- 
servée dans un cas où elle figurait cette lettre. Nous lui 
appliquons le nom »’Enrornorax (k’) (1)parce qu’elle est 
toujours située au dedans du thorax. 

L’entothorax se rencontre constamment dans chaque 
segment du thorax; et semble être, en quelque sorte, 
une dépendance du sternum. 

Si c'était ici le lieu d’entretenir de ses usages , nous fe- 
rions connaître comment il se comporte pour protéger 
le système nerveux, et pour l’isoler dans plusieurs cas de 
l’appareil digestif et du vaisseau dorsal, mais nous réser- 
vons pour un autre travail ce sujet important, qui sera 
traité d’ailleurs incessamment sous un point de vue très- 
élevé par un anatomiste distingué, M. Serres, médecin 
de l’hospice de la Pitié (2). 


latérales du mésothorax et du métathorax réunis  lors- 
qu'on voudra les désigner collectivement. 

(1) Eye ( dedans); 603£ (thorax ). 

(2) Les observations dont il s’agit ont été faites pen- 
dant le courant de l’année 1819. Le résultat le plus im- 
portant auquel M. Serres et moi arrivämes alors, fut 
la comparaison immédiate de l’entothorax avec la ver- 
tèbre des animaux pourvus d’un squelette intérieur. Nous 


tenons de M. Geoffroy-Saint-Hilaire , que M. Dutrochet a 


découvert aussi cette analogie remarquable. 


( 125 ) 


L’entothorax n'existe pas seulement dans le thorax : 
on le retrouve dans la tête, et il devient un moyen assez 
certain pour démontrer que celle-ci est composée de plu- 
sieurs segmens., comme nous l’établirons plus tard. Il por- 
tera dans ce cas le nom Enrocépnaze; on l’observe enfin 
dans le premier anneau de l'abdomen (segment mediaire, 
Latr. ) de la cigale, et la pièce nommée par Réaumur 
Triangle écailleux, est sans aucun doute son analogue. 
Nous Pappellerons alors Exrocasrre. 

Ee long du bord antérieur de l’episternum, quelque- 
fois du sternum , et même à la partie supérieure du corps 
on remarque une ouverture stismatique , entourée d’une 
pelite pièce souvent cornée; nous avons nommé celte 
pièce enveloppante PÉRITRÈME (x) (1). 

On ne rencontre pas toujours ce péritrême , parce que 
l'ouverture stigmatique est elle-même obliterée ou bien 
parce qu'il est soudé intimement aux pièces voisines; 
mais lorsqu'il est visible, il est bien nécessaire de le 
distinguer. Sa position est importante et deviens un guide 
assez sûr dans la comparaison des pièces et dans la re- 
cherche des analogues. 

Nous avons dit en faisant connaître l’épimère , qu’il 
. S’articulait avec la rotule , au moyen d’une petite pièce 
inconnue jusqu'ici ; cette pièce qui n’est pas une partie 
essentielle du thorax, mérite cependant que nous lui 
appliquions un nom, parce qu’elle accompagne l’épi- 
mère, et parce qu’elle se trouve associée aux parties de la 
patte, qui toutes ont recu des dénominations ; nous l’ap- 
pellerons Trocxanrin (/) (2), par opposition avec Tro- 


(1) Hey (autour ), äux (trou.) Voyez le peritrème dans 
les planches des Libellules et des Orthoptères. 
(2) Diminutif de reozæhe, du verbe Tpoxéo (je tourne). 


( 126 ) 
chanter, qui désigne une petite pièce jointe à la rotule 
d’une part, et à la cuisse de l’autre. Le trochantin est 
tantôt caché à l’intérieur du thorax; tantôt il se montre 
à l’extérieur, suivant que la rotule est ou n’est point pro- 
longée à la partie interne, dans certains cas, il peut 
devenir immobile et se souder avec elle. 

Ici se termine l’énumération des pièces qui concou- 
rent à former la poitrine de chaque segment: on a pu 
remarquer que jusqu'ici elles n’avaient été ainsi men- 
tionnées par aucun entomologiste. 

Si donc on veut étudier anatomiquement un insecte, 
on doit, aÿrès avoir divisé son thorax en trois segmens , 
rechercher à la partie inférieure de chacun d’eux un 
sternum et de chaque côté, les flancs composés d’un 
épisternum ; d’un paraptère et d’un épimère. On recher- 
chera aussi un entothorax, un péritrême , un trochantin. 
Je dis qu’on atra à rechercher, et non pas qu’on devra 
trouver toutes ces pièces dans chaque insecte. Très-sou- 
vent, en eflet, leur réunion est si intime, qu’on ne peut 


Nous avons été en quelque sorte contraints, dans cette 
circonstance, de nous conformer à l’usage en donnant à 
une pièce del'enveloppe extérieure des insectes, un nom 
employé dans le squélettede l’homme. Le mot trochanter, 
si généralement adopté ,en:entomologie, réclamait celui 
de trochantin, pour désigner une pièce ordinairement plus 
petite, et qui est à la rotule ce que le trochanter est 
dans bien des cas à la cuisse. Nous ajouterons d’ailleurs 
que nous accordons au mot trochantin le sens vulgaire, 
c’est-à-dire, celui qu’il avait avant qu’on ne l’appliquât à 
une partie apophysaire du squelette de l’homme avec 
laquelle nous ne prétendons pas le comparer. 


(127) 
démontrer leur existence en isolant chacune d’elles; 
mais quand on a vu ailleurs la poitrine formée par un 
certain nombre d’élemens , il est plus rationnel de croire 
que dans tous les cas, les mêmes matériaux sont employés 
à sa formation, que de supposer sans cesse des créations 
nouvelles. 

On ne saurait nier, d’ailleurs, qué pour l'étude il 
devient indispensable de groupper ainsi les phénomènes, 
à moins de faire consister la science dans l’accumulation 
de faits épars, n’ayant entr’eux aucune liaison. 


$. III. La partie supérieure est aussi peu connue que 
l'inférieure. La seule pièce qu’on lui ait distinguée c’est 
l’écusson (1) ; ilesttrès-dé veloppé dans le mésothorax des 
Scutellères ; rudimentaire dans celui de la plupart des 
Hyménoptères, des Diptères, des Lépidoptères, etc., etc. 
Sa position entre lés deux ailes l’a fait regarder trop ex- 
clusivement comme un point d'appui dans le vol. 

On a retrouvé l’écusson dans plusieurs Coléoptères et 
dans quelques autres insectes , mais on l’a méconnu ail- 
leurs; ou bien, on a indiqué comme tel des parties bien 
différentes ; de plus, on a cru cetécusson propre à un seul 


(1) L'emploi que l’on a fait du motécusson est très-va- 
rié ; comme on s’est attaché spécialement à la forme, on 
a nommé indistiactement du même nom plusieurs pièces 
différentes. Nous ne nous occuperons pas d’énumérer ici 
les discordances nombreuses qu’on rencontre dass la plu- 
part des auteurs. Fabricius, dans sa Philosophie entomo- 
logique, définit l’écusson d’une manière bien vague; il 
dit: Soutellum thoraci postice adhærens , inter alas 
porrectum , etc., etc. Les définitions des auteurs plus 
récens ne sont guères plus exactes et plus précises. 


(128 ) 


segment du tronc, le mésothorax , tandis que nous l'avons 
rencontré quelquefois plus développé dans le métathorax 


et qu'on le retrouve jusqu'à un certain point dans le. 


prothorax. 

Les recherches nombreuses que nous avons faites 
nous ont prouvé que l’écusson ne forme pas à lui seul la 
partie supérieure, mais que celle-ci est composée de 
quatre pièces principales, souvent isolées, d’autres fois in- 
timement soudées , ordinairement distinctes. Nous leur 
avons donné des noms de rapports, c’est-à-dire basés sur 
leur position respective qui ne saurait changer. 

Nous conservons le nom de Scutellum, (Ecusson), 
à la piècequi l’a déjà recu dans les Hémiptères , et nous 
rappelons l’idée d’écusson dans les nouvelles déno- 
minations. Ainsi, nous avons nommé Præscurux ( Ecu 
antérieur ) (a) , la pièce la plus antérieure; elle est 
quelquefois très-grande et cachée ordinairement en tout 
ou en partie dans l’intérieur du thorax. 

La seconde pièce est notre Scurun, (Ecu) (b) ,elle est 
fort importante, souvent très développée, et s’articule 
toujours avec les ailes (1) , lorsque celles-ci existent. 

La pièce qui suit portera le nom de Seurerrum 
(Ecusson ) (c) , elle comprend la saillie accidentelle 
nommée écusson par les entomologistes. | 

La quatrième pièce a été appelée PosrscurezLux, 


(:) Les petites pièces articulaires de l’aile paraissent en 
effet se joindre spécialement avec le scutum. Le scutellum 
et le postscutellum se prolongent bien aussi jusqu’à l'aile, 
mais ils n’aboutissent pas tant aux nervures principales, 


qu'à l'expansion membraneuse qui est postérieure à ces _ 


nervures. 


] 


(129 ) 
(Ecusson postérieur) (d) , elle est presque toujours 
cachée entièrement dans l’intérieur du thorax ; tantôt elle 
se soude à la face interne du scutellum et se confond 
avec lui, tantôt elle est libre et n’adhère aux autres 
pièces que par ses extrémités latérales. 

Telles sont les parties que nous avons distinguées à la 
parlie supérieure. 

Nous avons déjà reconnu qu'il était nécessaire d’em- 

: brasser par un seul nom des pièces qui, ayant des rap- 
ports intimes de développement, semblent constituer par 
leur réunion un même système, et se groupper pour des 
fonctions communes. Nous serons constans dans cette 
manière de voir, utile dans la méthode , et indispensable, 
je crois, en anatomie. 

Ainsi , nous nommerons Teraum dans chaque segment, 
la partie supérieure, c’est-à-dire, la réunion des pièces 
qui la composent, et nous dirons le tergum du protho- 
rax, le tergum du mésothorax, le tergum du métathorax, 
suivant que nous voudrons désigner cette partie dans tel 
ou tel autre segment du thorax; mais toutes les fois que 
nous emploierons seul le nom detergum , nous prétendrons 
désigner tous les tergums réunis, c’est-à-dire l’espace 
compris entre la tête et le premier anneau de l’abdomen, 

On sait que nous avons appliqué le nom de Tho- 
rax à l’ensemble des trois anneaux qui suivent la tête; 
mais les deux derniers, c’est-à-dire le mésothorax et le 

|\métathorax paraissent plus dépendans l’un de l’autre , 
ét tandis que le prothorax, comme on l’observe dans les 
Coléoptères, est très-souvent libre, il n’en est pas de 
même du segment moyen et du segment postérieur, qui 
sont toujours joints d’une manière plus cu moins intime. 


1. 9 


{ 130 ) 


Cette association constante a fait appliquer comme nous 
l'avons dit, le nom de Poitrine à leur pariie inférieure. 
Degeer et Olivier ont proposé le mot dorsum (dos), 
pour leur ensemble supérieur. Nous ne croyons pas de- 
voir adopter cette dénomination qui nous servira dans 
une autre occasion (1), et de même que nous avons em- 
ployé le nom d’arrière-poitrine lorsqu'il s’est agi de la 
partie inférieure , nous nommerons Arnière-TErquw, le : 
tergum du mésothorax et celui du métathorax considérées 
collectivement. 

C’est une chose si importante, et en même temps si dif- 
ficile de s'entendre sur de semblables matières , et on 
s’est occupé si peu, jusqu’à présent, d’une nomenclature 
anatomique, que j’ai pensé qu’il m'était permis d’insister 
tant soit eu sur ce sujet. 

Ce que j'ai déjà dit a pu faire naître Le desir de voir 
refondre la nomenclature actuelle pour en édifier une 
sur un nouveau plan; on a sans doute senti qu'aux dé- 
nominalions impropres de sternum , de hanche, de cuisse, 
de lèvres, de mâchoires, il serait important de substituer 
des noms, ou tout à fait insignifians, ou qui fussent 


(1) Nous réservons le nom de porsum , en français 
dos, pour désigner toute la partie supérieure de l'animal 
articulé ; et nous appelons venTER , ventre, la partie in- 
férieure. Ces dénominations seront sur-tout utiles dans la 
description zoologique des espèces : on dit vulgairement 
d’un insecte qu’il est posé sur le ventre, pour indiquer la 
situation naturelle de tout son corps, ou qu’il est placé 
sur le dos lorsque sa partie supérieure tout entière est 
renversée. 


( 151 ) 


fondés sur la position respective des pièces; personne ne 
conçoit mieux que moi combien de tels changemens se- 
raient profitables à la scienceeten activeraient les progrès ; 
mais quoique peu disposé à faire des concessions à une 
routine aveugle, je crois qu'on doit accorder quel- 
que chose à l’usige, et que, pour opérer une réforme 
dans la nomenclature d’une science, il faut attendre 
qu’on y soit en quelque sorte forcé par une masse d’idées 
acquises bien coordonnées ; or, dans l’état actuel de l’en- 
tomologie , je ne saurais me dissimuler la témérité d’une 
semblable entreprise. | 

Pour compléter ce que nous avons à dire sur les divi- 
visions générales du thorax, nous ajouterons quelques au- 
tres dénominations nouvelles. Nous avons parlé de l’en- 
tothorax et nous l’avons considéré comme une pièce dis- 
tincte en rapport intime avec le sternum qui lui donne 
constamment naissance ; ilexiste en effet d’autres parties 
qui lui ressemblent à certains égards , mais quien diffèrent 
parce qu’elles sont accidentelles ; ce sont des prolonge- 
mens , sortes de lames cornées , que l’on remarque aussi À 
l'extérieur du thorax, mais quirésultent toujours de la sou- 
dure de deux pièces entr’elles ou des deux portions paires 
de la même pièce réunies sur la ligne moyenne; leur pré- 
sence n’est pas constante, mais lorsqu’elles existent , elles 
deviennent un moyen excellent pour distinguer la limite de 
certaines parties qui, à l'extérieur, offrent à peine une lé- 
gère trace de soudure ; nous leur appliquons lenom général 
d’Aronème (y) (1) et nous appelons Apodèmes d'insertion 
celles qui donnent ordinairement attache à des muscles. 


(1) Aro, de ; dux, lien, c'est-à-dire qui doit sanaissance 
à la soudure ou au lien qui unit deux ou plusieurs pièces 


Q:.. 


( 132 ) 


Les autres apodèmes qui résultent aussi de la soudure 
dedeux ou plusieurs pièces, mais qui s’observent à leur 
sommet, ne servent plus à l'insertion des muscles , mais 
ordinairement à larticulation des ailes , nous les nommons 
Apotdèmes articulaires où d’articulation. 


x 


- Un caractère important des apodèmes , est de naître 
de quelques pièces cornées et de leur adhérer si intime- 
ment, qu’elles ne jouissent d'aucune mobilité propre, et 
ne peuvent pas en être séparées. 


Nous verrons au chapitre neuvième de cet ouvrage, 
que ces apodèmes d'inserlion se retrouvent dans les 
mêmes circonstances chez les crustacés, et qu’ils con- 
stituent les lames saillantes, sortes de cloisons que l’on 
remarque à l’intérieur de leur thorax et qui naissent 
toutes des lignes de soudure des différentes pièces qui le 


composent. 


Nous distinguons dans l’intérieur du thorax de l’insecte, 
d’autres pièces très-importantes et qui ont quelqu’ana- 
logie avec les apodèmes d'insertion, mais qui en diffè- 
rent parce qu’elles ne naissent pas du point de réunion 
de deux pièces , qu’elles sont d’ailleurs plus ou moins mo- 
biles, et constituent autant de petites parties distinctes 
et indépendantes. Tantôt elles sont évasées à une de leurs 
extrémités, pédiculées à l’autre, et ressemblent assez bien 
au chapeau de certains champignons ; de cette nature, 
par exemple, sont les deux pièces que Réaumur a recon- 
nues dans le premier segment de l’abdomen de la cigale, et 

- qu'ilnomme où plutôt qu'il définit les plaques cartila- 
gineuses ; plusieurs autres observateurs les ont signalées 
à l'intérieur du thorax. Nous leur appliquons la dénomi- 


( 135 ) 
nalion générale d’£pinkme (7) (1) ; tantôt elles ont la 
forme de petites lamelles donnant aussi attache à des 
muscles et jouissant d’une très- grande mobilité : plusieurs 
auteurs en ont également fait mention. Quelque forme 
qu’elle saffectent, nous leur appliquons alors le nom 
d’épidèmes d'insertion. 

Nous nommons au contraire , épidèmes d’articulation, 
toutes ces petites pièces mobiles, sorte d’osselets arti- 
culaires que l’on rencontre à la base des ailes , nous ré- 
servant d'appliquer à chacune d’elles un nom particulier; 
elles ne servent plus à l’attache des muscles , mais à celle 
des appendices supérieurs. et le nom d'épidèmes peut 
leur convenir encore à quelques égards. 

Lorsque dans un ouvrage de physiologie nous traite- 
rons de Jo formation de chaque pièce du squelette , nous 
appuierons davantage sur ces parties lrès-curieuses. 

Ïl est une autre distinction que nous croyons indis- 
pensable d'établir. 

Lorsqu’ on a séparé le thorax de la tête et A l’abdo- 
men , et divisé le premier en trois segmens , il en résule 
des trous limités par la circonférence de chaque anneau. 

La tête offre antérieurement un orifice , on pourrait 
le nommer Orifice buccal. Celui qu'on remarque pos- 
térieurement s ’appellerait Orifice occipital. 

Le prothorax présente un trou , On le . nommerait 
Trou pharyngien; on appellerait celui du mésothorax 
Trou æsophagien , et celui du métathorax Trou Stoma- 
chal. Suivant ensuite que lon voudra désigner le dia- 
mètre antérieur ou poslérieur de chacun de ces Irous , 


— 


(1) Est, sur; due, lieu , c’est-à-dire , qui s’appuie sur 
le point de soudure d’une ou plusieurs pièces. 


(194) 

on emploiera le mot Orijice, etl'on dira , l’orifice pha- 
ryngien antérieur ou postérieur ; l’orifice æsophagien 
antérieur ou postérieur , etc. 

Ces dénominations sont-elles futiles et de peu d’im- 
portance ? Je ne le pense pas, elles nous seront d’un 
grand secours , lorsque étudiant dans un Mémoire ad hoc, 
es trous et les cavités nous démontreront que certaines 
jois qui président à la formation du squelette des ani- 
maux vertébrés (1) s’observent aussi dans les insectes ; 
que par exemple , les trous, les cavités résultent constam- 
ment de la réunion de plusieurs parties , que chaque 
pièce est divisée sur la ligne moyenne du corps en deux 
portions égales ; qu'il n'existe aucune pièce impaire ; en 
un mot, que la loi de symétrie, de conjugaison , celle 
relative aux cavilés se retrouvent tout aussi constam- 
ment dans les animaux articulés que dans les vertébrés ; 
tant il est vrai que dans des circonstances que l’on consi- 
dère généralement comme très-éloignées (le squelette des 
vertébrés et celuides invertébrés) , la nature, pour arri- 
ver à un butanalogue, saitemployerles mêmes moyens. 

Ge que j'ai dit jusqu'ici a dû être saisi facilement de 
tout le monde ,et sans observer scrupuleusement la na- 
ture, ona pu prendre une idée très-satisfaisante de la com- 
position du squelette des animaux articulés et de leur tho- 
rax en particulier, quiconquene s’en tientqu'auxrésultats 
principaux d’un travail , et se contente de notions généra- 
les, peut se borner à l'énoncé que je viens de présenter : il 
lui suffit de se rappeler que dans tousles insectes, le thorax 
estdivisé en trois segmens ; que chacun d’eux est composé 


(1) Voyez l'ouvrage de M. Serres, sur l’Ostéogénie. 


(135) 


inférieurement d’un Sternumet d’un Entothorax, latéra 
lement d’un Péritrème, d’un Paraptère , d’un Epister- 
num et d’un Epimère ; supérieurement d’un Præscutum, 
d’un Scutum , d’un Scutellum et d’un Postscutellum ; il 
lui suffit, dis-je , de se rappeler toutes ces choses, pour se 
figurer exactement le coffre pectoral ; mais quiconque de- 
sire connaître le plan général de l’organisation ne peut s’en 
tenir à des notions de cegenre ; il doit approfondir le sujet, 
me suivre dans les principaux détails ; il acquerra alors des 
idées positives ; l'habitude de voir lui donnera ce tact qui 
fait saisir et résoudre le point de la difficulté, et cetie con- 
viction dans la détermination des analogues, qu’on ne sau- 
rait Inculquer à celui qui n’apercevra que quelques points 
d’un tableau très-compliqué, qui, pour être suffisamment 
connu , réclame un examen attentif et profond. 

Je vais doncétudier quélques exemples platôt afin de 
faire connaître les pièces déjà nommées , que pour me 
livrer à l’anatomie comparée de Lous les grouppes. Ce 
n'est en effet qu'après avoir rendu la connaissance de ces 
pièces familière , que je publierai un travail plus étendu, 
qui ne sera toutefois que le développement des faits que 
je vais présenter , mais offerts sous un point de vue 
plus spécial et moins élémen*aire. | 

La nécessité où nous sommes de faire connaître des 
objets nouveaux , nous oblige de commencer l'étude dé- 
taillée des pièces par le mésothorax , parce qu’il nous les 
présente assez souvent libres et distinctes : c’est aussi le 
mésothorax qui a le plus attiré l’attention des entomo- 
logistes , à cause de l’écusson , du sternum et des élytres 
qu’on lui observe. 


(256) 


Rapport fait à l’Académie des Sciences, par M. Des- 
FONTAINES, sur un Mémoire de M. ADRIEN DE 
Jussreu, relatif à la famille des Euphorbiacces. 


’ 


(18 Août 1895. ) 


Les caractères des Enphorbiacées, entreyus par Lin- 
neus et imparfailement exposés par Adanson, ont été 
enfin fixés dans le Genera plantarum , où l’on trouve la 
description de trente genres appartenant à cette famille, 
Depuis la publication de ce dernier Ouvrage , elle n’a 
encore subi que de légères modifications ; mais dans ces 
derniers temps , les recherches des voyageurs ayant con- 
sidérablement augmenté et même plus que doublé le 
nombre des genres et des espèces , elle a besoin d’un 
nouvel examen. 

Le nom de Tricoccæs donné par Linneus aux Euphor- 
biacées , et adopté par quelques auteurs , ne doit pas être 
admis, puisque la plupart n’ont pas le fruit à trois co- 
ques , et que plusieurs même ont un. fruit sans coques. 
M. Adrien de Jussieu croit avec raison , que celu id’Eu- 
phorbiacées, déjà recu depuislong-temps et employé dans 
beaucoup d'ouvrages postérieurs à Linneus ; doit être 
préféré. 

Le nombre des espèces d’Euphorbiacées augmente 
progressivement , en allant des zônes glaciales vers l'É- 
quateur , et l'influence des climats leur imprime , comme 
aux autres végétaux , une forme particulière et distinc- 
tive; celles des tropiques sont ligneuses ou charnues , 
celles des contrées froides ou temperées sont herbacées 
et souvent annuelles. 


(157) 

Les Euphorbiacées se distinguent par leurs propriétés 
excitanteset déletères , qui , réparties assez généralement 
dans leurs divers organes, sont particulièrement con- 
centrées dans l’embryon , et cela est si vrai, que quand 
on l’a séparé des graines du pignon d’Inde , de la noix 
de Bancoul , de l’'Omphalea, de l’Hevea , etc. , on peuten 
manger le périsperme, et l'huile de ricin est un purga- 
tif doux , lorsqu’avant de l’estraire , on a eu soin d’ôter 
embryon : sans cette précaution , elle devient.drastique. 

Les graines des Euphorbiacées sont toutes huileuses, 
et l'huile est si abondante dans le Dryandra et dans le 
Stillingia sebifera, qu’on l'extrait pour la brüler dans 
les lampes et pour d’autres usages. Le suc de plusieurs 
espèces contient les élémens de la gomme élastique. À 
la Guyane, on la retire de l’Aevea , et on en retrouve 
des traces dans le Ricin , l’Hippomane , le Castilloa , le 
Sapium aucuparium dont le suc visqueux et gluant sert 
à prendre les oiseaux, 

Plusieurs Euphorbiacées , comme le Tournesol, l4r- 
gytamnia ,nolre mercariale vivace , contiennent un prin- 
cipe colorant, enfin les Croton balsamiferum, aroma- 
ticum , Cascarilla , dans lesquels le principe âcre et 
caustique , moins abondant , est uni à un principe aro- 
matique ,sontemployés comme vulnéraires ,et on en fait 
usage même intérieurement. 

Les fleurs des Euphorbiacées sont unisexuelles ; mais 
les fleurs mâles de certaines espèces ont des pistils avor- 
tés. Plusieurs fleurs femelles contiennent aussi des dé- 
bris d’étamines ; s’il se trouve quelquelois des fleurs 
bermaphrodites , on doit les regarder comme purement 
accidentelles’, parce qu'elles ne sont jamais qu’en petit 


( 158 ) 
nombre , et que d’autres individus de même espèce en 
sont entièrement dépourvus. 

Les Euphorbiacées ont-elles quelquefois des corolles , 
ou doit-on regarder comme un double calice les appendices 
colorés que l’on remarque dans plusieurs espèces ? Gette 
dernière opinion, admise par un auteur dont M. Adrien 
de Jussieu doit à plus d’un titre révérer les décisions, 
Ini paraît néanmoins devoir être combattue. 

L’enveloppe intérieure que l’on regarde comme une 
duplicature du calice, n'offre pas ? mème tissu que 
lextérieure ; elle se flétrit et tombe séparement, et la 
disposition de ces deux enveloppes n’est pas la même 
dans le bouton ; d’autre part , si l’on regarde certains 
appendices qui se trouvent dans la fleur , comme des 
pétales , on sera forcé d’en admettre un très-grand nom- 
bre ; car ils y sont souvent très- multipliés , et ils alter- 
nent assez fréquemment avec les étamines; mais lors- 
qu’une fleur , comme dans diverses espèces de J'atro- 
pha, a une enveloppe extérieure divisée en plusieurs 
parties , et en outre une seconde enveloppe intérieure , 
indépendante de la première , d’un tissu plus mince , et 
teinte de couleurs plus où moins brillantes , on sera 
nécessairement porté à regarder la première comme un 
calice et la seconde comme une corolle. Or, plus de 
quinze genres d'Euphorbiacées ont une enveloppe inté- 
rieure colorée et analogue à celle des Jatropha ; à la 
vérité , cette seconde enveloppe existe dans certaines 
espèces , tandis que d’autres, qui ont beaucoup d’afli- 
nité avecelles , en sont dépourvues. D’après les faits ex- 
posés ci-dessus , l’auteur pense que les Euphorbiacées 
ont quelquefois une corolle; mais que la corolle n’est 
pas un organe important dans cette famille. 


7 


(159 ) 

Les deux enveloppes dont on vient de par!er n’exis- 
tent pas dans l’Excæcaria, le Commia et quelques 
autres , où une simple écaille accompagne les organes 
de la reproduction. Toutes les autres Eaphorbiacées 
ont un calice ordinairement à cinq divisions , et assez 
souvent celui de la fleur mâle diffère de celui de la 
fleur femelle. 

Les pétales, quand la corolle existe , sont communé- 
ment en nombre égal aux divisions du calice avec les- 
quelles ils alternent. Quelquefois ils sont plus nombreux, 
comme dans l’Aleurites ; leur nombre le plus commun 
est de cinq, il n’y en a que quatre dans le seul genre 
Argytamnia. Enfin, la corolle de quelques J'atropha est 
monopétale. 

Les appendices intérieurs des enveloppes florales sont 
des glandes, des écailles, des membranes distinctes 
où soudées en anneau et qui forment quelquefois un cy- 
lindre autour de l’ovaire. Au reste , les formes variées 
que présentent ces organes , qui sont souvent autres dans 
les fleurs mâles que dans les fleurs femelles, doivent 
rentrer dans la description des genres et des espèces. 

L'auteur examine la disposition des différentes parties 
de la fleur avant son épanouissement , et il observe 
qu’ellé n’est pas la même dans tous les genres, et que 
celle de la corolle diffère presque toujours de celle du 
calice , lorsque ces deux organes se trouvent réunis. 

Les étamines dans le bouton se présentent sous deux 
états différents, tantôt le filet a déjà toute sa lon- 
gueur , alors il est tordu ou plié sur lui-même : tantôt 
il est vertical , court ou presque nul, eLil ne se déve- 
loppe qu'après l'épanouissement de la fleur. 


( 140 ) 

Les Euphorbiacées ont deux, trois, cinq ou un plus 
grand nombre d’étamines , qui n’excède guère celui de 
dix ; les filets sont libres, monadelphes ou polyadel- 
phes ,et les anthères sont souvent soudées ensemble, 
Le réceptacle sur lequel s’insèrent les filets , est plane ou 
cylindrique; leurs formes ainsi que leurs soudures sont 
très-variées, et s’il arrive que ceux qui sont réunis en 
un seul corps se divisent à différentes hauteurs, alors 
ils paraissent rameux, le Ricin en offre un exemple. 

Quelquefois il y a un rudiment de pistil au centre de 
la fleur mâle , et si l’on voulait réunir les Euphorbiacées 
aux plantes hermaphrodites et les classer d’après l’in- 
sertion des étamines , on devrait les regarder comme 
hypogynes, puisque les filets sont attachés au réceptacle 
et. au-dessous du rudiment du pistil. 

La forme et la structureides anthères , décrites impar- 
faitement et souvent omises par les auteurs , sans doute 
à cause de leur pelitesse , méritent cependant d’être oh- 
servées. L'auteur a toujours vu que les anthères étaient 
à deux loges et non à un plus grand nombre de loges , 
qu’elles s’ouvraient longitudinalement en dehors et non 
transversalement , comme quelques auteurs l’ont avancé. 
Elles sont globuleuses , ovales , cylindriques, quelque- 
fois fléchies en différens sens , soudées ensemble ou dis- 
tinctes , redressées ou pendantes ; les stigmates des fleurs 
femelles , placées sur l’ovaire ou sar les styles, sont glan- 
duleux , souvent divisés en languettes quelquefois plu 
meuses. 

Les styles sont soudés ou distincts, entiers ou bien 
bifurqués une ou plusieurs fois ; mais dans tous les cas , 
le nombre des styles et de leurs divisions est dans un 
rapport constant avec celui des loges de l’ovaire. 


(141) 

Les stigmates de quelques Euphorbiacées ont une 
forme particulière qui mérite d’être observée. Celui du 
Dalechampia est évasé et ressemble à un entonnoir ; 
ceux du Plukenetia et du Hura sont peltés. Le premier 
a quatre lobes ; l'autre, dont le volume excède celui de 
l'ovaire , est composé de douze à dix-huit rayons. Le stig- 
mate du Janipha se divise en plusieurs lobes , qui par 
leur réunion, forment une masse sinueuse et sillonnée 
profondément ; enfin , le Gynoûn , nouveau genre de 
M: Adrien de Jussieu, a trois stigmatés réunis en un 
corps ovoïde plus gros que l’ovaire, et qui ont chacun 
la forme d’un segment de sphère, tronqué à sa base. 

Si l’on coupe transversalement un ovaire , on y trouve 
plusieurs loges disposées circulairement , et séparées les 
unes des autres par des cloisons. Chaque loge renferme 
un on deux ovules suspendus supérieurement à l’an- 
gle interne des loges ; mais à l’époque de la maturité , 
ces organes éprouvent des changemens remarquables. 
On y distingue alors : 1.° une enveloppe extérieure , con- 
nue sous le nom de sarcocarpe ; £ .° un tégument inté- 
rieur de consistance ferme , qui se replie vers le centre 
du fruit et en forme les loges , c’est l’endocarpe ; 8.° en- 
fin un axe central , autour duquel lesloges sont fixées. 

Le sarcocarpe ; ou enveloppe extérieure du fruit, est 
mince ou charnu, lisse , ridé , garni de soies, parsemé 
de tubercules et quelquefois de pointes semblables à des 
épines. 

Les loges, connues sous le nom de coques , ont deux 
faces, l’une externe , convexe , l’autre interne , formée 
de deux plans, soudés ensemble sous un angle plus ou 
moins obtus. Get angle interne s'applique contre l’axe 


(142) 
central , et vers son sommet se trouve une ouverture 
pour le passage des vaisseaux qui vont à la graine. Dans 
quelques genres dont les coques ont des parois épaisses , 
tels que l’Anda du Brésil, elles se greflent et ne for- 
ment qu’un seul noyau à plusieurs loges. 

L’axe central a la forme d’une pyramide renversée 
ou celle d’un prisme ; quelquefois il est ailé , quelque- 
fois conique , et il n’existe même pas toujours. 

Les vaisseaux nourriciers du fruit vont les uns à son 
enveloppe extérieure , les autres à l’axe central ; d’où 
partent des ramifications qui se répandent sur la sur- 
face interne des loges, et vers leur sommet, d’autres 
ramificalions sous-divisées en autant de petits faisceaux 
qu’il y a deloges , se rendent aux ovules dont elles for- 
ment le cordon ombilical. 

A l’époque dela maturité , les vaisseaux se dessèchent, 
leurs adhérences se détruisent , les coques se séparent 
de l’axe central, qui persiste ; elles s'ouvrent commu- 
nément par le bord interne en deux valves élastiques , 
et l'enveloppe extérieure y reste presque toujours adhé- 
rente ; mais ce qui est assez rare , lorsque l’enveloppe 
est compacte, comme celle du buis , en s’ouvrant elle 
entraîne les loges avec elle; quelquefois les coques et 
leur enveloppe, quand elles sont charnues , se soudent 
en un seul corps qui ne s’ouvre pas. 

Le fruit est le plus ordinairement à trois loges , quel- 
quefois à deux ; d’autres fois elles excèdent le nombre 
de trois , et on en compte quinze à dix-huit dans le Aura. 
Le Crotonopsis est le seul genre quin’en ait qu’une. La 
graine est suspendue au côté interne et un peu au-des- 
sous du sommet de chaque loge, le cordon ombilical 


(145) 
est grêle et court , à l’endroit de son union avec la graine 
il s’élargit en une arille charnue qui la couronne ou la 
. recouvre. 

L’attache des ovules offre quelques différences remar- 
quables dans certains genres, tels que le Savia , dont 
chaque loge est remplie , presque en totalité, par une 
masse charnue , suspendue à son sommet et qui s’oblitère 
aux approches de la maturité. M. Adrien de Jussieu a 
encore observé le même organe, mais plus petit dans 
l'Amanoa , et le Leptonema, nouveau genre qu'il a 
établi. 

La forme des graines est très-variable ; l’auteur en 
décrit avec beaucoup de soin les tésumens, l'embryon 
et sa position , les cotylédons , le périsperme, et il fait 
connaître les modifications qu’offrent ces divers organes 
dans un grand nombre d’espèces. 

Les Euphorbiacées sont herbacées , ligneuses ou char- 
nues ; celles-ci ont des côtes saillantes , ou bien elles sont 
parsemées de tubercules et mème garnies d’épines ; leurs 
feuilles sont sessiles ou petiolées , alternes , rarement op- 
posées , quelquefois réunies en faisceaux, accompagnées 
de petites stipules écailleuses et fugaces ; elles sont sim- 
ples, entières , dentées ou crenelées , quelquefois divisées 
en lobes; leur surface est lisse , garnie de soies ou d’as- 
pérités , et l’on remarque souvent une ou deux glandes 
sur leur pétiole. 

Les fleurs, surtout les mâles , étant très-petites , leur 
analyse exige beaucoup d'attention. Leur disposition sur 
les rameaux mérite d’être observée avec soin , parce 
qu'elle est presque toujours uniforme dans les genres et 
même dans les groupes qui ont de l’aflinité, et qu’eile 


(144) 
offre de très-bons caractères pour les rapprocher ou les 
séparer. | 

Les poils sont simples ou étoilés , quelquefois tuber- 
culeux à la base et glanduleux à leur sommet. Les glandes 
sont sessiles, pédonculées, globuleuses, coniques ou ex- 
cavées en godet. 

Dans la seconde partie de son Mémoire, l’auteur exa- 
mine la valear relative des caractères généraux qu'il 
vient d'exposer , et ilen déduit les règles qu’il a suivies 
pour former les sections et les genres , et pour les dispo- 
ser dans l’ordre de leuré affinités. 

Les fleurs unisexuelles , la disposition des loges autour 
d’un axe central, le nembre d’une ou deux graines dans 
chaque loge suspendues vers le sommet de la loge, un 
périsperme charnu , les cotylédons planes, la radicule 
supérieure, sont les caraclères généraux et distinctifs des 
Euphorbiacées. L'auteur les divise en deux grouppes , 
dont l’un comprend celles qui ont deux graines dans 
chaque loge de l'ovaire , l’autre celles qui n’en ont 
qu'une. Le premier de ces grouppés se sous-divise en 
deux sections. La première renferme les Euphorbiacées 
à deux graines dans chaque loge de l'ovaire , dont les 
fleurs mâles. ont un rudiment de pistil, et dont les 
élamines sont attachées autour de sa base. Dans la 
seconde se trouvent celles qui n’ont point de rudiment 
de pistil , et dont les étamines sont insérées au centre 
de la fleur. 

Le second groupe d’Euphorbiacées , à loges monosper- 
mes , beaucoup plus nombreux que le premier, et dont 
les fleurs mâles n’ont point de rudiment de pistil, ne 
peut être divisé, d’après le même principe, et l’auteur a 


(145) 
été obligé d'employer d’autres caractères pour le par- 
tager en sections ; les genres qui, comme l’Euphorbia, 
le Dalechampia , etc. , ont les fleurs entourées d’un in- 


volucre , forment la première section du second groupe. 


Une seconde section réunit les genes dont les fleurs 
dépourvues d’involucres et accompagnées de feuilles 
florales , sont rapprochées en petits faisceaux formant un 
épi sur un axe commun. Le Sapium appartient à cette 
division. 


Un troisième se compose des genres qui ont les fleurs 


“également réunies en faisceaux disposés en épi sur un 


même axe , mais dont les feuilles florales sont très-petites 
et dépourvues de glandes , telsque la Mercuriale et 44 
cornea. 

Enfin les genres Adelia, Ricinus , Jatropha, etc. , dont 
les fleurs en épi ,en grappe ou en panicule , n'’offrent 
aucun des modes d’ Ac o nus de trois sections pré= 
cédentes sont compris dans la quatrième. 

Les caractères variables , tels que la présence ou l’ab- 
sence de la eorolle , le nombre des divisions du calice , 
celui des étamines , leurs filets soudés ou distincts ; 
les anthères à loges unies ou séparées, la forme de l’o- 


‘vaire et du fruit, sa consistance , le nombre dé ses 


loges sHeICs 10€ EE servir que pour la distinction 
des genres. | 

Le travail dont nous venons de faire l'analyse , ren= 
ferme un grand nombre d’observalions nouvelles et in- 
téressantes sur les Euphorbiscées, famille composée au- 
Jourd’hui de plus de mille espèces, et qui bien que 
naturelle et très-distincte , offre des variations nombreu- 
ses dans la forme, la structure et la disposition des 


ii 19 


( 246 ) 

organes. Un second Mémoire faisant suite à celui dont 
nous venons de donner l’analyse, contient les descrip- »| 
tions de 85 genres d'Euphorbiacées. dont 19 sont nou- 
veaux ; plusieurs de ceux que l’on connaissait précédem- 
ment ont été rectifiés, et M. Adrien de Jussieu a joint à 
ses descriptions des dessins de sa propre main , qui re- 
présentent fidèlement les caractères distinctifs de chacun 
de ces genres , et qui en facilitent l’intelligence. 

Ce travail nous paraît très-digne d’être imprimé dans 
les Mémoires des savans étrangers ; il nous fait espérer 
que son jeune auteur soutiendra la réputation d’un nom 
depuis long-temps célèbre dans la Botanique. 


Signé, ne LA BILLARDIÈRE, DesronTAInes, Rapporteurs, 


La partie descriptive du Mémoire sur les Euphorbia- 
cées e M. Ad. de Jussieu n’étant pas susceptible de lec- 
ture, le rapport ci-dessus n’a pu qu’en indiquer les prin- 
cipaux résultats; mais l’auteur ayant bien voulu nous en 
communiquer un extrait , nous compléterons l'analyse de | 
ce travail importanten ajoutant ici le tableau général des 
genres de cette famille avec leurs caractères dislinctifs, 
et quelques détails de plus sur ceux fondés par l’auteur. 


EUPHORBIACEZÆ. 


Srcr. I. Loculi 2-ovulati, stamina definita, sub | 
pistilli rudimento centrali , sessili, inserta. | 
DRYPETES , Vauz. Flores diœci , fasciculati ; calix 
4-6-partitus. g' Stamina 4- 6 disco inserta. ® Styli et stig-) 
mata-1-2. Ovarium 1-2 loculare. Fructus drupæformis | 
1-2-spermus. 


(147) 

THEGACORIS, An. Juss. Flores diæci?j Calix 5-6- 
partitus. Stamina à, in præfloratione erecta, laciniis ca- 
licinis opposita , sub pistilli rudimento obconico inserta ; 
filamentis flexuosis , quorum apici dilatato utrimque 
adnexi antherarum loculi distincti ovati. Glandulæ 5 sta- 
minibus alternæ. Q Calix 5-partitus. Styli3 crassiusculi, 
apice bifidi. Ovarium disco glanduloso impositum , gla- 
brum , 3-loculare, leculis 2-ovulatis. Fructus...…. 

Caulis lignosus. Folia alterna, 2-stipulacea , stipu- 
lis minutis , caducis, petiolata , integra , glabra. Flo- 
res in racemis basi bracteatis , aæillaribus terminali- 
busve, solitariis aut geminatis, laxi, breviter peduncu- 
lai , singuli bracteolati. 

OBS. Species unica Madagascariensis, quæin Aa 
sub nomine Acalyphæ glabratæ, Vaur. mss. — No- 
men a loculis antherarum dislinctis. — Flores diversi 
sexûs in diversis speciminibus , an et in arboribus ? 

PACHYSANDRA , Micu. Flores monœci , spicati. Ca- 
lix 4-sepalus Het Ne 4 , filamentatis dila- 
tatis. Q Styli et stigmata 3. Gapsula 3-cornis, 3-cocca , 
6-sperma. 

BUXUS , L. Flores monœci , glomerati aut (in Tnri- 
cerA ) racemosi. Calix 5-sepalus , bracteaius.  Stamina 
4. QStyli et stigmata 6. Capsula 6-cornis, 8-cocca , 
6-sperma. 

OBS. Congener videtur Tricera , SCHREB. SW. fl. 
occ. 1. 333. seu Crantzia, Sw. Prod. differt tantüm 
-straéturâ foliorum et inflorescentià. 

SEGURINEGA. Juss. Flores diæci. Galix 5-6-par- 
titus. {glomerati. Stamina 5-6. © fasciculati. Sen sub- 
nulli. Stigmata 3 reflexa. Capsula 5-locularis, C-sperma. 


10 ? 


(148 ) 

SAVIA, Wap. Flores diæci. Galix 5-partitus. Pe- 
tala 3-5 aut o:  glomerati, Stamina 5. solitarii. Styli 
3 bifidi. Capsula 3-cocca, 5 sperma. 

AMANOA, Ausc. Flores monœci aut diæci, glo- 
merati. Calix 5-partitus. g' Stamina 5. Q Styli o. Stig- 
mata 3. CGapsula 3-cocca , 8-sperma. 

RICHERIA, Wa. Flores diæci, spicati. Calix 4-5- 
partitus. Petala 4-5. Stamina 4-5. @ Stylus 1. Stig- 
mata 5, revoluta. Capsula corticata, 3-locularis, 3-sperma. 

FLUGGEA, Wan. Flores diæci, fasciculati. Galix 
5-partitus. J' Stamina 5. @ Stylus 0. Stigmata 2-3, re- 
flexa , biloba. Capsula subbaccata, 2-3-locularis, 4-6- 
sperma. 

Srcr. I. Loculi 2-ovulati. Stami 
floris inserta. Flores glomerati , fasciculati aut sub- 


na definita centro 


solitariri. 

EPISTYLIUM , Sw. Florés monœci. j Calix 4-parti- 
tus. Filamentum apice incrassatum , 2-antheriferum. ® 
Calix 3-partitus. Stylus subnullus. Stigmata 3 , biloba. 
Cäpsula 3-locularis , 3-6-sperma. 

GYNOON , An. Juss. Flores monœci. ÿ Galix 5-par- 
titus. Filamenta 5, superiüs distincta. Antheræ 3, ex- 
trorsæ , filamentis sub apice adnatæ. @ Calix 6-partitus. 
Stigmata 5 , hinc convexa , inde angulata , connata in 
massam unicam, ovoideam , dupld ovario majorem , 3- 
partibilem. Ovarium globosum, 6 -sulcum , 3 -loculare , 
loculis 2-ovulatis. Fructus… 

Caulis lignosus. Folia alterna, 2-stipulacea, inte- 
gra; coriacea , glabra. Flores fasciculati, fasciculis 
axillaribus , multi-bracteatis , fœminei masculis plu- 


ribus mirti. 


( 149) 


OBS. Species unica Zeylanensis. — Nomen a stig- 
matum connatorum formä. 

GLOCHIDION , Fonsr. —Bradleia, Gærrn. Flores 
monœæci aut diæci. Galix 6-partitus. ! Stamina 3-6 coa- 
lita. @ Stylus subnullus. Stigmata 6. Capsula depressa , 
umbilicala , 6-cocca , 12-sperma. Semina fenestraia. 

ANISONEMA, An. duss. — Phyllanthi spec., Porn. 
Flores monœci, j Calix 5-partitus. Glandulæ 5 alternæ. 
Stamina 5 , filamentis crassis , 2-5 mediis , longioribus, 
planè inter se coalitis , 3-2 lateralibus, subliberis ; an- 
therarum loculi utrinque filamentorum apici adnati, @ 
Calix 4-6-partitus. Glandulæ totidem alternæ. Stigmata 
6-10 brevia , sessilia; ovarium G6-10-loculare , loculis 2- 
ovulatis. Fructus capsularis , globoso-depressus , umbi- 
bilicatus , 6-10-sulcus. Semina in quolibet loculo gemi- 
na , superposita , angulata , nonnulla sæpè abortiva. 

Frutices ramosi, Folia in ramulis fasciculatis sub- 
pianatim disposita , alterna , stipulacea , integra , fus- 
ea, Flores axillares , bracteati, pedunculati, masculi 
fasciculati , fœminei subsolitarii, occasu foliorum qua- 
st racemost. | 

OBS. Species 2 Indicæ, altera quæ Phyllanthus reti- 
No- 


eulatus Porn. , altera inedita ( in Herb. Mus. ). 
men a filamentis inter se inæqualibus. 

LEPTONEMA , An. duss. — #calyphæ spec. Porn. 
Flores diæci. Calix 5-partitus. Ç Stamiaa 5 , rariüs 6 ; 
filamenta libera, capillacea , exserta ; antheræ crasssio- 
res loculis distinctis , in præfloratione pendulis , posteà 
erectis. @® Styli 3-5, profundè 2-partili ; ovarium 3-5- 
localare , loculis 2-spermis. Frucius capsularis , globoso- 
depressus , inlus 3-5-coccus (sæpiüs 5), coccis 2-valvi- 
bus , 2-spermis. 


( 150 ) 

Frutex ramosus. Folia alterna , stipulacea , longè 
petiolata , subintegra , villosa. Pedunculi solitarit , 
axillares ; in fœmineis longiores, uniflori ;in masculis 
multiflori , floribus subumbellatis , multi-bracteatis ; 
Bracteæ lineares, longiusculæ. 

OBS. Species unica Madagascariensis quæ Acalypha 
venosa Porn. — Nomen generis a tenuitate filamento- 
rum filo Araneæ comparandâ. — Placentarium dissepi- 
mentis quasi 3-5 alatum, superius expanditur in toti- 
dem massulas, singulas in singulis loculis pendentes , 
sub quibus excurrunt 2 funiculi, quibus semina inse- 
runtur. » 

GICGA , Linx. Flores monœci aut diœci. Calix 4-par- 
titus.  Stamina 4. @ Styli 4-5, bifidi. Capsula sub- 
carnosa , 4-9-COCCa, 8-10 -sperma. 

OBS. Non-ne affine Tricarium, Lour. Quod tamen, 
ex Willdenow , affinius 4rgythamnie. 

EMBLICA , Gærr. Flores monœci. Calix 6 -partitus. 
d'Stamina 3 , coalita. Q Styli 3, dichotomi. Fructus car- 
nosus, 9-coccus, 6-spermus. | 

KIRGANELIA, Juss. Flores monœci. Calix 5-6-par- 
titus. j* Stamina 5, filamentis inæqualibus, coalitis. Q 
Styli 5, bipartiti. Bacca 3-locularis , 6-sperma. 

PHYLLANTEAUS, Livx. Flores monœci aut diœæci. 
Calix 5-6-partitus.  Stamina 5, rarius plura , infrà con- 
nata. © Styli 5, bifidi. Capsula 3 -cocca, 6 sperma. 

OBS. Congeneres Cathetus, Lour. et Nymphanthus 
ejusdem. Breynia, Forsr. ex descriptione et tabulâ 
auctoris' a Phyllantho recedit; at in specimine manu 
Forsteri inscriplo flores masculi quidem cum descrip- 
Uone concordant , fœminei aulem nihil aliud nisi ramus 


EL ee 


( 151 ) 


Phyllanthi cernuæ; genus igitur aut delendum aut re- 


cognoscendum. 
Phyllanthus: cernua, P. Rhamnoides et quædam 


_aliæ vicinæ Indicæ aut Timorenses quibusdam ca- 


racteribus a Phyllantho discrepant; an inde novum 
genus instituendum , medium Phyllanthum inter et 
Glochidion ; nonne potiüs, nedum nova genera a Phyl- 
lantho detrahantur , ipsi quædam alia consocianda , ut 
Xylophylla, Emblica , Kirganelia, Cicca , Menarda , 
Agyneia. : 

XYLOPHYLLA, Ernx. Flores monϾci , ad crenulas 
ramulorum folia simulantium. ;' Stamina 2-3 connata. 
@ Styli 3. Stigmata lacera. Capsula 3 -cocca, 6-sperma. 

MENARDA, Coumers. mss. Flores monœci. Calix 
magnus persistens, 5 partitus. j Stamina 5 , filamentis 
liberis, antheris adnatis , extrorsis; glandulæ 5 calici al- 
ternæ. Q Styli 3 crassi, bipartiti ; ovarium disco glandu- 
loso latiori impositum (cætera ut in Phyllantho). 

Arbuscula , ramis oppositis alternisve. Folia al- 
terna, aut sœpiüus opposita, stipulacea, integra, gla- 
bra. Flores aæillares®solitarit, aut pauci fasciculati, 
fœminei masculis mirtt, MODELE et tenutssimè pe- 
dunculati, bracteati. 

Ozs. Species unica Madagascariensis (Herb. J'uss. et 
Mus. } — Congener videtur Phyllanthus multiflora. 
Porn, quæ ex eàdem regione. 

MICRANTHEA. Desr. Flores monœci 4 Calix 6-se- 
palus. Slamina 3 circà discum glandulosum. Q Calix 6- 
partitus. Styli et stigmata 3. Capsula 3-cocca , 6-sperma. 

AGYNEIÏA, Lin. Flores monæci.  Calix 6 parüitus, 
intüs disco membranaceo 6-lobo vestitus. Filamentum 


(252) 
columnare. 3-antheriferum. Q@ Calix. 6-partitus.. Styli 3 
bifidi. Capsula 3-locularis, 6-sperma. 

ANDRACHNE , Lin. Flores monϾci.  Calix 5-parti- 
tus. Petala à aut 0. Stamina 5 connata in stipitem pis- 
tilli abortivi. Q Styli 3 bifidi. Capsula 3-cocca ,6-sperma. 

CLUYTIA, Wu, Flores diœci. Calix 5-partitus: 
Petala 5.  Stamina 5 connata.in stipitem pisulli abor- 
tivi. @ Styli 5 bifidi. Capsula 5ocularis 3-sperma. 

BRIÉDELIA ,; Wan. Flores monœci. Calix 5-fidus. 
Petala 5 minuta.  Staminà 5-connata in pistilli abortivi 
stipitem impositum disco basim calicis vestienti. ® Styli 
2 bifidi. Ovarium tubo 5-fido: involutum. Fruclus car- 
nosus , 2 locularis, 2-4-spermus. 

E Secr. II. Loculi 1-ovulati. Flores, staminibus defini- 
tis aut indefinitis, sæpè corollati, fasciculati, spicati, 
racemosi aut panieulatt. 

 ARGYTHAMNIA, Par. Bn. Flores monæci, j Calix 
4-partitus. Petala 4. Stamina 4, sub pistilli rudimento 
infrà coalita. © Calix 3-partitus. Petala o. Styli 5 bisbi- 
fidi. Stüigmata laçera: Capsula 3-cocca. 

DITAXIS, Vauz. wss. Flores monœci. Labs 5-par- 
titus; præfloratio valvata. Petala 5 alterna; præfloratio 
convolutiva. 4 Stamina 10; antheris introrsis , filamentis 
infra connalis in stipitem pislilli abortivi, verticillata, 
quinque supeyiora , quinque inferiora. © Glandulæ. 5, ca- 
licinis Jaciniis oppositæ. Stylus 3- fidus, laciniis 2- fidis ; 
stigmata 6, lobatocrenulata; ovarium villosum , 3-locu - 
lare , loculis 1-ovulatis. Fructus capsularis , calice persis- 
tente cinclus , 3-coccus, coccis bivalvibus ; semina lævia. 

Caulis lignosus, cinerescens. Folia alterna , solitaria 
fcsciculata-ve, præserity cum juniora , integra aut ser- 


( 195 ) 
rulata, colore puniceo imbuta, sieut et flores. Pedun- 
culi axillares, bracteati, pauciflori; flore fœmineo 
unico', terminali, majori; maseulis 2, rarà pluribus, 
énfrà sitis, oblongis, citù deciduis, bracteatis, brac- 
teis persistentibus. Totus habitus Argythamniæ. 

OBS. Species 3, duæ Antillanæ (inHerb. Juss., Desf 
et Mus. ) tertia Maranonensis (in Herb. Kunth). 

CROZOPHORA, Nucx. — Tournesolia. Scop.— 
Crotonis Spec. auctorum. Flores monœci. j Calix 5- 
partitus; præfloratio valvata. Petala 5 extus furfuracea , 
præfloratio convoiutiva. Stamina 5 aut sæpius 8-10, 
quorum 3-5 superiora; filamentis in præfloratione erectis, 
infrà connatis in columnam receptaculo glanduloso im- 
posilam, antheris extrorsm sub apice filamentorum ad- 
nalis, inde cuspidatis. © Calix 10-partitus, laciniis linea- 
ribus, petala o. Siyli3, bifidi; stigmala G; ovarium 
plerumque squamulis furfuraceis argenteum , 3-loculare, 
loculis 1-ovulatis. Fructus capsularis, 3-coccus. 

Frutices aut sœæpius Herbæ. Folia alterne, stipula- 
cea, stipulis deciduis, sinuata, sæpe plicata mollia- 
que. Flores, in apice aut divisuris ramorum, race- 
most , bracteati, bracteis, longiusculis , lincaribus ; fœ- 
minei in racemis inferiores , longius peduneulati', 
masculi densi superiores. Plantæ diversæ partes extus 
pilis stellatis tomentosæ aut rarius farinaccæ, intüs 
in plerisque colore puniceo imbutæ. 

OBS. Species circiter 8, duæ Senegalenses , cæteræ, ex 
Arabiâ aut Africâ boreali, quarum duæ et in Europâ 
crescunt : inter quas scilicet 'roton tinctorium L. ; C. 
obliquum Nahl; ©. Verbascifolium W.; CG. oblongi- 
folium Delille , G. Senegalense Lamck. Quibus ex des- 


(154) 

criptione , forsàn congeneres , G. mollissimus, Geiïs. et 

C. Rottleri, Geis. alter Sinensis , alter Indicus. 
CROTON, Linw. Flores monœci aut rarissimè diœci. 


Calix 5-partitus.  petala 5. Stamina 10 aut plura, li- 


bera. & petala o. Styli 3, bifidi, pluripartiti-ve. Capsula 
3-cocca. 

CROTONOPSIS , Mrex. Flores monœci. Calix 5-par : 
tilus. S petala 5. Stamina 5 libera. Q Petala o. Stig- 
mala 3, biloba. Capsula 1-locularis. 

ADELIA , Lin. Flores diϾci. Calix 5-6-partitus. Pe- 
tala o. j Stamina plurima basi coalita. Q Stigmata 3 
sessilia , lacera. Capsula 3-cocca. 

ACIDOTON, Sw. Flores monæci aut diœci. 4 calix 
5-partitus. Petala o. Stamina plurima , receptaculo glo- 
boso inserta. Q Stylus 3-fidus. Stigmata 3. Capsula 3- 
cocca. j | 

ROTTLERA , Roxe. Flores diœci aut? monœci. Ga- 
lix 3-5-partitus. Petala 0., 4 Stamina plurima recepta- 
culo inserta. © Styli 2-3 plumosi. Capsula 2-3-cocca. 

CODIÆUM, Rauwru. Phyllaurea, Lour. Crotonis 
Spec. L. Flores monœci.  Galix 5-partitus , reflexus, 
præfloratio convolutiva. Petala 5-alterna, minora, squa- 
miformia , quibus glandulæ 5-interiores alternæ. Sta- 
mina plurima , filamenta in præfloratione erecta, libera, 
receptaculo inserta; antherarum loculi utrinque apici 
filamentorum adnati. Q Calix 5-fidus. Petala o. Styli 
5, simplices , oblongi , reflexi. Ovarium infrà squamulis 
5 cinctum , 5-loculare , loculis 1-ovulatis. Fructus sub- 
baccatus (ex Rumpw.) aut capsularis 3-coccus. 

Arbores aut frutices. Folia alierna ,: integra, gla- 
berrima , lucida, interdum cleganier variegata. Flores 


(155) 


aæillares aut terminales , racemosi, in racemis diver- 
sis masculi et fœminei , bracteati singuli. 

OBS. Species 2; altera (Croton variegatum, L. 
seu Codiœum, Ramph. 4.65. Tab. 26-27) Indica, 
Cochinchinensis, Mollucana , Japonensis, cujus plures 

_ yarielates ; altera Timorensis (in Herb. Mus.). 

GELONIUM Roxs. Flores diæci. Calix 5-partitus. 
Petala 0. j Stamina 12 aut plura. ® Stigmata 2-3 la- 
cera. Capsula 2-3 cocca. 

HISINGERA, Hezr. Flores diæci. j'-Calix 4-sepa- 
lus. Petala 0. Stamina 15-25. © Calix 6-sepalus. Petala 
o. Styli 2. Stigmala capilalo-depressa. Baçca 2-locu- 
laris. 

MOZINNA, Ont. Loureira, Waizxn. Flores diœci. 
Calix 5-partitus. Corolla urceolata, 5-loba. ; Stamina 
8-13, filamentis mæqualibus, infra coalitis. @ piylus 
bifidus. Stigmata 2-4. Capsula 2-cocca. 

AMPEREA, An. Juss. Flores monœci aut? diæci. 
d' Calix campanulatus, 4-5-fidus, præfloratio valvata. 
Petala 0. Stamina 8 exserta, filamentis sub-liberis , 4 
exterioribus brevioribus; Antherarun loculi distincti , 
è connectivo granuliformi utrinque penduli, ovati, lu: 
tei, in longum secundüum lineam fuscam dehiscentes. 
@ Calix 5-partitus, Jaciniis rigidis , persistens. Stigmata 
à erecta, bifida, divisuris acutis. Fructus capsularis , 
-Gvoideus , pericarpio tenui, 5-cocco, coccis 2-valvibus, 
1-spermis , deciduis. | 

Suffrutices ? Ramis compressis , ereclis aut virgalis, 
Foliaalterna aut sparsa, rariora, brevia, linearia, acu- 
ta. Flores axillares , solitarii aut fasciculati, fasciculis 
2-aut plurifloris, masculis aut fœmineis, multi brac- 


( 156 ) 
teali, bracteis rigidis, acutis, interdum ciliatis, Habi- 
tus à plerisque Euphorbiaceis valdè diversus. 

OBS. Species 5 e Novâ Hollandiä (in Herb. Mus. ). 
— Genus dicatum clar. Ampere ex acad. scient.! 

RICINOCARPOS , Dgsr. Flores monœci. Calix 5- 
partitus. Petala 5. ç/ Stamina plurima , filamentis infrà 
in stipitem unicum coalitis. ® Styli 3 biparliti. Capsala 
3-locularis. 

RICINUS, Lin. Flores monœci. Calix 3-5-partitus. 
Petala 0. Z Stamina plurima, filamentis connatis in 
stipiies plures ramosos, loculis antherarum distinctis. 
@ Stylus 1. Stigmata 3 bipartita, plumosa. Capsula 3- 
cocca. 

JANIPHA, Kunrs. Flores monœci. Calix campa- 
nulatus, 5-partitus. Petala o. 4 Stamina 10, filamen- 
tis inæqualibus, liberis , circa discum insertis. Q Stylus 1. 
Stigmala 5 in massam rugosam connata. Capsula 3- 
‘€OCCa. 

JATROPHA, Kunr. Flores monœeci. Calix 5-parti- 
tus-lobus-ve. Corolla 5-partila aut 0. çj! Stamina 8-10, 
filamentis inæqualibus, coalitis. Q Styli 2 bifidi dicho- 
tomive. Capsula 3-cocca. 

ELOEOCOCCA, Commer.—Dryandra, Tauns. (non 
R. Br. )— Vernicia, Lour. Flores monœci aut? diæci. 
Calix 2-3-partitus; præfloratio valvata. Petala 5 dupld 
longiora ; præfloratio contorta. 4, Stamina 10-12 (9 
ex Th.). Filamentis infrà connatis, 5 exterioribus bre- 
vioribus; antheris intrersis, duabus superioribus sæpè 
abortivis. Q. Stigmata 3-5 subsessilia, simplicia aut bi- 
fida ; ovarium 3-5-loculare , loculis 1-ovulatis. Fructus 
carnoso-fibrosus , intus 3-5-coccus. 


(157) 

Arbores. Folia alterna , longè petiolata, basi 2-glan- 
dulosa, integra aut inferiora lobata, glabra juniora- 
ve pubescentia; Flores paniculati, Ferhirielees pedun- 
culis articulatis. 


OBS. Genus nullatenüs diversum ab Æleurite ex R, 
Brown (Prodr. 597) qui generi cuidam Proteaceo tri- 
buit hoc Dyandræ nomen, eam ob causam hic immu- 
tatum— species 2, altera Japonica ( Dryandra cordata , 
Th: 15et 267. Tab. 27. Abrasin, Kæmpf. Amæn. ) 
altera Sinensis et Cochinchinensis (Wernicia montana, 
Lour. 520 — Dryandra vernicia, CGorrea. Ann. Mus. 
69. Tab. 32). Hæc vulgd Arbor vernicis , illa Arbre 
d'huile nuncupatur, ex usu seminum quæ admodum 
oleaginosa sunt, sicut in generibus vicinis Andä, Aleu- 
rite, Jatrophä, Ricino, elc. — In ovario, loculi pleni 
quodam muco partim per aquam solubili. 


 ALEURITES , Fonsr. Flores monœci. Calix 2-3-par- 
titus. Petala 5. Ç. Stamina plurima , filamentis inæqua- 
libus ; connatis. Q. Styli 2 bipartiti, Ovarium tubo con- 
formi involutum. Fructus carnosus , 2-coccus. 


ANDA , Pis. Flores monœci. Calix campanulatus , 
5-dentatus, petala 5. Z. Stamina 8, filamentis inæ- 
qualibus infrà coalitis. ©. Stylus bifidus, stigmata ». 
Fructus carnosus, fœtus putamine osseo 2-fenestrato, 
2-loculari. 


SIPHONIA , Ricu. Flores monœci. Calix 5-fidus- 


partitus-ve. Petala o. Ç Columna sub apice 5-10-an- 


N' therifera. Q@ Stigmata 3 biloba. Fructus subcarnosus , 
8-coccus. 


MABEA , Avez. Flores monœci. j Calix 5-dentatus. 


ê (158 ) 
Petala o. Stamina 9-12. @ Galix 5-G-fidus. Petala o. 


Stylus 3-fidus. Stigmata 3 filiformia, Capsula 3-cocca. 
HYÆNANCHE, Laws. T'oxicodèndron. ‘Tuuns. 


Flores diœci. 4 Calix 5-7-sepalus. Petala o. Stimina 


10-30. ® Galix polysepalus. Styli 2-4. Stigmata 4 frim- « 


briata. Fructus suberosus, 4-coccus , 8-spermus. 


* GARCIA. Rorn. Flores monœci. Calix 3-partitus, 


Petala 7-11. J. Stamina plurima, receptaculo hemi- ! 


sphærico inserta. @ Stylus 1. Stigma 5-lobum. Capsula 


3-cocca. . 
Secr. IV. Loculi 1-ovulati. Flores, staminibus 


. definitis aut indefinitis, apetali, glomerato-spicat: | 


aut rarius subracemost. 

ALCHORNEA , Sw.—Hermesia. Boxpz. Flores diœci. 
£ Calix 2-5-partitus. Stamina 8 , filamentis in annulum 
infrà coalitis. ©. Calix 3-5-dentatus. Stylus bipartitus. 
Stigmata 2. Capsula baccata, 2-cocca. 


CONCEVEIBUM, Ricn. Flores diœci. 4 Calix 3-* 


partitus. Stamina 5-4-exserta , filamentis infrà coalitis, 


antheris adnatis, introrsis. ©. Calix 5-fidus; stvli 3; . 


stigmata plumosa ; ovarium 3-loculare, loculis 1-ovu- 
latis. Fructus capsularis , 3-coccus. 

Arbores, quædam succo viridi scatentes. Folia al- 
terna, stipulacea , longè petiolata , subserrata , supen- 
nè glabra , subtus nervis-prominulis reticulata. Flores 
in spicis axillaribus aut terminatibus, simplicibus 


fasciculatis-ve ; masculi glomerati , glomerulis multi- 


bracteatis ; fæminei solitarit, pedunculo incrassato ad 


basim bracteato incidentes. 
OBS. Species 2 Guyanenses, altera C. cordatum 


(Herb. Rich.) ex quâ character hic desumptus ; altera G. ! 


(159) 

Ovatum (Herb. Rich.) seu Conceveiba Guyanensis, 
Aubl. (923, tab. 353) an verè congener? Hæc enim 
priori aflinis habitu , floribus , inflorescentiä , sed flores 
ejus fæœminei tantum noti, quibus : pedunculi crassi , ar- 
ticulati, bracteä glandulosâ stipati; calix 5-6 partitus, 
laciniis rigidis, acutis, sub quibus alternæ glandulæ 
totidem bilobæ ; stylus brevis, tripartitus ; stigmata 3 
biloba ; ovarium trigonum pilis fasciculatis quasi pulve- 
rulentum ; intüs 3 loculare, loculis basi villosis, 1-ovu- 
latis; fructus angulatus, coriaceus, (ex Aubl.) trifa- 
riàm dehiscens, loculis 2-valvibus, seminibus calyptrâ 
carnosà , eduli, vestitis. 


CLAOXYLON, An. Juss. — AcaLyrnæ , spec. auc- 
torum. Flores diæci. G! Calix 5-4 partitus. Stamina 15 
aut plura; filamenta receptaculo hemispherico inserta ; 
antherarum loculi in apice filamenti distincii; erecti, 
ab apice in longum dehiscentes. © Calix brevis, 3-par- 
titus ; alternæ apperdiculæ 3, subcarnosæ , coloratæ. 
Styli 2-5 reflexi , breves , intus plumosi; ovarium 2-3- 
loculare , loculis 1-ovulatis. Fructus capsularis, 2-3- 
coccus. 

Arbusculæ aut frutices. Folia alterna, serrata , 
scabra. Flores in spicis aut racemis axillaribus, soli- 
tarit aut laxé fasciculati, fasciculis 1-bracteatis , sin- 
-guli bracteolati, brevissimè pedunculati, plerumque 
imbuti colore purpureo , præsertim in præfloratione. 

OBS. Species >; 3 Borbonienses ibique, ex Gom- 
mers., vernaculè Bois cassant nuncupatæ (in Herb. 


Juss. et Mus.) : 2 indicæ, quarum una est Acalypha 
spiciflora. Burns. 


MACARANGA , A. P. Tu. Flores diϾci. 4. Calix 4- 


( 160 ) 


partitus. Stamina 8-12. © Calix urceolatus. Stylus ligu- 
liformis. Stigma villosum. Fructus follicularis , (abortu ) 
1-locularis. 


MAPPA, An. Juss. — Ricinr spec. Lin. Flores mo- 
nœci diæci-ve. ' Galix 5-partitus. Stamina 3-10 ; fila- 
menta libera aut imäâ basi coalita; antherarum loculi 
globosi , in longum sulcati et dehiscentes. ®. Calix 2-3- 
fidus. Styli 2-5-oblongi , reflexi, intus plumosi , stylus- 
ve unicus 2-5-partitus, ovarium echinatum, 2-5-locu- 
lare , loculis 1-ovulatis. Capsula 2-3-cocca , echinis raris 
longioribus armata. 

Arbores aut frutices. Folia alterna , longissimè pétio- 
lata, 2-stipulacea, stipulis magnis , deciduis , peltata ; 
subintegra , nervosa. Flores spicati , spicis axillaribus ; 
pluriès ramosis , bracteati ; bracteæ sessiles ; magnæ, in 
fœmineis 1-floræ , in masculis multifloræe. Capsule 
conspersæ granulis resinosis, luteis { quibus odor 
Gummi ammoniaci ), foliaque punctulis similibus no- 
tata. 

OBS. Species circiter 4 : una Indica et Molluccana , 
quæ Ricinus Mappa, L., Acalyphæ à Wildenow ad- 
juncta : una Timorensis, quæ forsàn conspecifica Ricini 
Tanarii, L. Indici et Cochinchinensis, hüc quoque 
referendi ; una prætereà inedita (Herb. Mus. } Zeyla- 
nensis, An tandem congener Ricinus dioicus, Forst, ? 

CATURUS , Linn. Flores diœci. 4 Calix 3-fidus. 
Stamina 5. © Galix 5-partitus. Styli 5-lacionati. Capsula 
8-cocca. 

ACALYPHA, Linx. Flores monæci aut diæci.  Calix 42 
partus, Stamina 8-16 , loculis antherarum distinctis , ver= 


(161) 
miformibus. ®. Calix 3 partitus. Styli 3 laciniati. Cap- 
sula 3-cocca. 

MERCURIALIS, Lixn. Flores monœci aut diœci. 
Calix 3-partitus. j Stamina 8-12 aut plura, loculis an- 
therarum distinctis , globosis. © Styli 2 breves , denticu- 
lati. Capsula 2-cocca. 

ANABÆNA , An. Juss. Flores monœci. Calix 5-par- 
titus.  Filamenta infrà coalita, squamulis 4 cincta , 
superids libera , 10 antherifera , antheris 4-lobatis, unum 
sterile medium apice globoso-echinatum (an siyli et 
stigmatis rudimentum?). ® Stylus crassus, oblongus , 
stigma trilobum , lobis extüs glandulâ scutiformi notatis, 
ovarium 3-loculare, loculis 1-ovulatis. Fructus capsu- 
laris, 3-coccus, coccis sub-carinatis, integumento te- 
nui 6-partibili vestitus; semina angulata , ossea. 

Frutex volubilis. Folia alterna, longè petiolata. Flo- 
res racemosi, aæxillares, fæmineus unicus, inferior, 
longè pedunculatus , masculi plures, cum pedunculis 
brevibus articulati, bracteati. 

OBS. Species unica Brasiliensis (in Herb. Mus. et 
Juss. ) — Nomenà caulescandente. — Habitus , inflores- 
centia multaque alia Pluknetiæ. An duo genera in unum, 
charactere paulispèr immutato, confundenda ? 

PLUKNETIA, Pcuw. Flores monœci, calix 4-=parti- 
tus. j Stamina 8 basi connata in slipitem glandulis 4 
barbatis cinctum. © Stylus oblongus, proboscideus. 
Stigma peltatum , 4-lobum. Capsula 4-cocca, 

TRAGIA, Pruw. Flores monæci. ' Galix 3-partitus. 
Stamina 2-3. Q. Calix 5-8-partitus. Stylus 5-fidus. 
Capsula 3-cocca. 

SET. V. Loculi 1-ovulatt: Flores, staminibus de- 

1. 31 


( 162 ) 


finitis, apetali. Bracteæ magnæ , multifloræ , spica- 
1@ aut amenta. 

MICROSTACHYS, An. Juss. — Tnacræ, Sc. L. 
et Vauz. Flores monœci. Calix 3-partitus. Ç' Stamina 3, 
filamentis brevibus. © Stylus profundè 5-partitus , re- 
flexus ; stigmata 3. Capsula glabra aut regulariter echi- 
nata, prismatico-3-cocca, coccis 2-valvibus, 1-sper- 
mis; semina teretia. : 

Suffrutices rarissimèéherbæ. Foliaaliterna, 2-stipula- 
cea, stipulis minutissimis , argulissimè serrulata. Flores 
axillares aut extrà-aæillares, bracteati, bracteà 2 -glan- 
dulosà, uniflorà in fœmineis quisolisarii, breviter pe- 
dunculati, multiflorà in masculis qui distichè spicati, 
spicis brevibus, admodum gracilibus. 

OBS. Genus a Tragià distinctum præfloratione, calice 
in fœmineis 3-partlto , stylo 3-partito, ovarii, capsulæ se- 
minumque formä , inflorescentià , toto denique habitu ; 
affinius Sapia et Stillingiæ. —Hüc referendæ Tragia 
chamelæa, L., T. corniculata, Van. , T. bicornis, 
Vaux. (Herb. Juss.) et quædam prætereà in herbariis 
ineditæ , omnesAmericanæ ex Antillis, Guyanâ , Brasiliä 
— Nomen a spicarum tenuitate. 

SAPIUM, Jaco. Flores Monæci. g' Calix 2-fidus, 
stamina 2. ® calix 3-dentatus, stylus 3-fidus. Capsula 


3-cocca. 


STILLINGIA , Lana Flores monœci çZ. Calix tubulo- 


sus, dentatus, stamina 2. ® Calix trifidus. Gapsula 5- 


0 | 


cocca. 


TRIADICA , Lour. Flores diæci. Calix campanula- 
tus 3-4-fidus.  Stamina 2. Q Stylus 1. Stigmata 3. 
Bacca exsucca , 5-locularis. 


OMALANTHUS, An. Juss. Flores monæci. Galix | 


(163) 


o-sepalus , sepalis basi emarginatis, glandulosis, in fœ- 
minâ caducis. 4. Stamina 6 aut 10 , filamentis brevibus , 
complanatis, partim connatis; antheræ adnatæ, ex- 
trorsæ. ©. Stylus 2-fidus. Stigmala 2 glandulosàa, stylo 
extüs quasi adnata, basi et apice biloba; ovarium ob- 
longum »-loculare , loculis 1 ovulatis. Fructus capsula- 
ris, bivalvis. 

Frutices. Folia alterna , longè petiolata, petiolis 
apice glanduliferis, integra, glabra. Flores spicati , 
terminales ; masculi glomerati, olomerulis sæpius 3- 
floris, confertis, bracteatis, bracteä basi 9-glandu- 
| los : fœminei simili bracted instructi, longius pe- 
dunculati, nune in chlore spicä inferiores, nunc in 
diversä remoti. 

OBS. Species 2 ineditæ( Herb. Mus. et Juss.) altera Ja- 
vanensis et Philippensis, altera è Novä-Hollandiâ. Habi- 
tus Stillingiæ sebiferæ. — Nomen à floribus compressis. 
— Structura singularis endocarpii (qued non, ut in 
cæteris, 2-coccum coccis internè dehiscentibus, sed 
testaceum bivalve) iterum examinanda, quoniam mihi 
in fructu unico imperfecto observata. 

HIPPOMANE , Linw. Flores monœci. 4 Galix trbi- 
| natus, 2-fidus. Stamina 2. @ Calix 3-partitus. Stylus 1. 
Stigmata 7. Fructus carnosus fœtus nuce 7-loculari. 

HURA, Linn. Flores monœci, amentacei. Ç Calix 
truncatus. Filamentum columnare pluri-antheriferum. Q 
Stylus 1. Stigma 12-1é-radiatum. Capsula 12-18-cocca. 

SEBASTIANIA, Srrenc. Flores menœci, amenta + 
cei. Squamæ 1-floræ, squamulisintüs instructæ. ç/ Sta- 
mina 5. © stylus 3-partitus. Capsula 3-locularis. 

EXCOECARIA. Linn. Flores monœci aut diœci, 

; 1e 


(164) 
amentacei: 4 Squamæ staminiferæ. Filamenta 3 basi 
coalita simplicia aut partita. ® Calix 3-fidus aut o. Sty- 
lus 3-partitus, Gapsula 3-cocca. 

COMMIA. Lour. Flores diæci. j Æmentacei, Squamæ 
stamini‘eræ. Filamentum unicum pluri-antheriferum. 
© racemosi. Calix 3-partitus. Styli 3. Capsula 3-loba. 

STYLOCERAS , An. Juss. Flores monæci aut diœci. 
d Squama simplex antherifera, antheris sæpiüs 10 oblon- 
gis, inæqualibus, introrsis. Q Calix brevis 3-5-partitus. 
Ovarium globosum , 2-/-—loculare , superius quasi bicor- 
ne stylis 2 oblongis , incurvatis, crassis, intus glandu- 
loso-caniculatis; ovula in singulis loculis solitaria, ex 
apice pendula. Fructus.... | L 

Arbores. Folia qlterna, integerrima , glabra , lucida 
( Laurocerasi) , flores aæillares; nunc in tisdem spicis 
solitariis geminatisve fœmineus, unicus, terminalis 
masculi plures, inferiores ; nunc in diversis arboribus 
segregati, maseuli tantum spicati, fæminei solitarii, 
breviter pedunculati. Bracteæ ad basim pedunculorum 
muliæ , imbricatæ. ] 

Or. Species 3 ex Americâ australi inedilæ, duæ in 
Herb. Kunth, tertia in Herb. Mus.— Nomen a formä 
stylorum.— Genus a cl. Kunth communicatum ; Euphor=. 
biaceum floribus declinibus, numeroque et situ semi- 
num; Excæcariæ afline squamis antheriferis, proprius 
tamen Triceræ et Buxo stylorum formä et toto habitu.— 
Quænam fructûs et seminum structura ? in unâ specie 
(ex Dombey in Herb. Mus) , pericarpium edule , 4-Sper- 
mum , seminibus castaneiformibus. | 

MAPROUNEA. Auzz. Flores monœci. y Galix 2-42 
fidus. Filamentum »-antheriferum. @ Calix 3-lobus. | 


Stylus 5-fidus. Capsula 5-cocca. 


(165) 
OMPHALEA. Linx. Flores monœci,Calix 4-partitus (7. 


Filamentum suprà pileiforme, in ambitu 2-3-antheri- 
ferum. © stylus 1. Stigma subtrilobum. Fructus car- 
nosus , 2-CoCCus. 

Sgér. VI. Loculi 1-ovulati. Flores apetali , monœci 
én involucro communi. 

DALECHAMPIA. Pruw. Involucrum commune fo- 
liaceum, 2-phyllum, 4-appendiculatum. Involucrum 
proprium 2-5-phyllum, multiflorum , floribus stipitatis. 
Galix 4-5-partitus. Stdmina plura infrà connata. Q In- 
volucrum proprium , 2-phyllum, 5-florum. Calix 5-6 
aut 10-19-partitus. Stylus et stigma 1. Capsula 3-cocca. 

ANTHOSTEMA. An. Juss. Flores monœci, masculi 
plures , fœmineus unicus lateralis , in eodem involucro 
2-partito, foliolis intüs glandulâ minutà instructis. J. 
Involucrum proprium, multilobum, lobis ( circiter 8 ) 
inter se dissimilibus. Pedicelli numerosi, receptaculo 
plano impositi , inæquales , fasciculati , bracteis paleaccis 
interjeetis ; singuli superius arliculati cum filament , 
quod basi caliculatum caliculo 3-4-fido, apice 1-anthe- 
riferum. © Calix campanulatus, 5 -4- dentatus, infrà 
pedunculo incrassato continuus. Stylus crassus , brevis, 
3 fidus; stigmata 3 sub-biloba ; ovarium 3-loculare , lo- 
culis 1-ov'latis. Fructus subearnosus , 3 - coccus. 

Arbor lactescens. Folis alterna, integra, glabra , 
venosa: Peduneuli axillares, multiflori, ramosi, ad 
divisuras articulati. 

Oss. Species unica Senegalensis (ic Herb. Juss. ) — 
Nomen a staminibus singulis florem masculum consti- 

tuentibus. 

EUPHORBIA. Lan. Involucruin commune, calici- 
forme,  Plures ambientes. Pedicelli, bracteis infrà in- 


( 166 ) 


terjeclis, singuli articulati cum filamento nudo, 1-an- 


therifero. @ unicus centralis. Calix brevissimus aut o. 
Styli 3 bifidi. Capsula 3-cocca. x 
PEDILANTHUS. Neck. [nvolucrum commune calici- 
forme. 4 Plures ambientes. Pedicelli, bracteis  stipati 
singuli articulati cum filamento nudo, 1 -antherifero. 
Q Unicus centralis. Calix o. Stylus 1. Stigmaia 3. Cap- 
sula 3-cocca. 
+ Genera minüs cognita. 


MARGARITARIA. L. F. Flores diæci. Calix 4-den- 


tatus. Petala 4. j Stamina 8. Ovarii rudimentum. Q Styli | 


et stigmata 4-5. Fructus sub -baccatus, 4-5-coccus. 

SUREGADA Roxs. Flores diœci. Galix 5-sepalus 
& Stamina plurima. Q Stylus o. Stigmata 3 bipartita. 
Capsula 3-cocea 3-sperma. 

HEXADICA. Lour. Flores monœci. G Calix 5-par- 
tilus. Petala 5. Stamina 5. Q Calix 6-partitus. Petala et 
stylus o. Stigmata 6: Capsula G6-locularis 6-sperma. 

HOMONOIA. Lour. Flores diæci. j Galix 3-par- 


tüitus, extus 3-squamosus, corolla o. Stamina indefinita, 


polyadelpha. © Squama simplex, Calix, Corolla et Sty- 


lus o. Stigmata 3. Capsula 3-loba , 3-sperma. 


CLADODES , Lour. Flores monϾci. Calix 4-partitus. | 
Corolla o. ç Stamina 8. @ Stylus o. Stigmata 3. Cap- | 


sula 3-loba, 5-sperma. 
ECHINUS , Lour. Flores diæci.  Calix squamifor- 
mis, multfidus. Corolla o. Stamina 30. © Calix 5-6-f- 


dus. Corolla o. Styli et Stigmata 2. Capsula-echinata, | 


2-COCCa; 2-Sperma. 


COLLIGUAYA, Mou. Flores monœci. Calix 4-fi- 


dus. Corolla o. ç;' Stamina 8. Q. Styli 3. Capsula 3- 
gona, 3-sperma. 


(167 ) 

LASCADIUM, Rar. Flores monœci. Calix integer. 
Corolla o. 4 Stamina 12. @ Suyli 3 partiti. Capsula 5- 
loba, 3-sperma. 

SYNZYGANTHERA , R. et P. Flores monœci. Calix 
4-partitus. Petala 4. G' filamentum 2-antheriferum. 
Pistilli rudimentum. © Styli et Stigmata 3. Bacca 5-lo- 
cularis, 3-sperma. 


Osservarions relatives à l'appareil générateur des 
animaux mâles ; examen des liquides renfermés 
dans les. diverses glandes. qui peuvent s’y rencon- 
trer ; histoire et description des animalcules sper- 
maliques; 

Par MM. Prévost Er Dumas. 
( Suite. ) 


Chat. — Dans toute la famille des Ghats, les organes 
de la génération ont un développement faible , compa- 
rativement à la taille et à la puissance musculaire re- 
: marquable dont se trouvent pourvus les animaux qui la 
. composent. La sécrétion du liquide spermatique est elle- 

même fort languissante hors de la saison des amours, 
et bien souvent il nous est arrivé de ne rencontrer aucun 
animalcule dans les testicules du chat domestique , 
bien que les individus que nous avions sacrifiés à nos 
recherches fussent adultes, forts et vigoureux. Aux 
époques favorables même, tout l’appareil est encore 
bien moins gorgé de liqueur que dans les autres mam- 
mifères. Cependant on en trouve dans le testicule, 
l’épididyme et les déférents , et elle montre alors une foule 
d’animalcules en mouvement, de même taille que ceux 


{ 168 ) 
du lapin. Leur tête est plus arrondie ;marquée d’un point 
lumineux dans son centre ; ils s’agitent quelquefois sans 
fléchir leur queue, mais bien souvent aussi les flexions . 
qu’elle décrit montrent qu’elle est utile à leur pouvoir 
locomoteur. 

A l’embouchure des canaux déférens, et à la hauteur 
du vérumontanum, comme chez le chien, se trouve la 
prostate, plus volumineuse proportionnellement que les 
autres organes, et profondément bilobée dans le sens 
longitudinal. Ses canaux s'ouvrent à la surface de l’es- 
pèce de languette qui cache les orifices propres aux dé- 
férens , et fournissent un liquide chargé de globules sem- 
blables à ceux du lait, dont il a lui-même la consistance 
et la couleur, 

Plus en avant, et dans l’endroit où les corps caverneux 
se joignent pour marcher parallèlement , l’on distingue 
les glandes de Cowper, elles sont renfermées dans de 
petites bourses musculaires assez épaisses , un seul conduit 
pour chacune d’elles est destiné à l'émission du liquide | 
qu’elles sécrètent.Celui- ci présente un assez grandnombre 
de glcbules analogues à ceux de la prostate , mais ils sont 
mélangés de gouttelettes de graisse, faciles à reconnaître. 

Nous n’avons pu examiner la liqueur séminale éjaculée, 
à cause de la difficulté de saisir ces animaux à l'instant 
de l’accouplement, dont il est presque impossible d’être 
témoin. | 

Hérisson. Les organes de la génération possèdent 
chez cet animal, comme chez tous les rongeurs, un 
développement fort considérable. Nous les avons exami- 
nés dans des circonstances variées, c’est-à-dire , après 
la mort par la saignée , par la section de la moelle où 


( 169) 
par l’asphyxie. Dans les deux premiers cas, l'animal 
cesse de vivre d’une manière rapide ; dans le dernier , au 
contraire , il résiste très-remarquablement à des moyens 
qui ne manquent pas d’amener une mort prompte chez le 
plus grand nombre des animaux à sang chaud. Il est ar- 
rivé plusieurs fois qu'après douze ou quinze minutes de 
séjour sous l’eau, un hérisson abandonné à lui-même 
reprenait en peu de temps toutes ses facultés , et courait 
cà et là comme auparavant. Malgré ces différences , nous 
n'avons pas su en remarquer relativement à l’état des li- 
quides renfermés dans les diverses glandes dé l'appareil 
générateur. Nous donnons toutefois la préférence à la 
saignée ,. qui prive mieux de sang toutes les parties qu’on 
se propose d'examiner, et qui prévient, par conséquent , 
le mélange des globules sanguins avec les corpuscules 
que contiennent les liqueurs spermatiques. 

Le testicule est ovoide, long de °0 ou 25 milli- 
mètres , renfermé dans l’abdomen , et fixé par un fort 
bourrelet musculaire. Après avoir pratiqué des sections 
en divers endroits de cet organe , on a recueilli le liquide 
blanchâtre qui transsudait des points incisés. Il fourmil- 
lait d’animalcules qui s’y trouvaient, comme à l’ordi- 
paire, mêlés de quelques particules étrangères. Ils 
étaient très-grêles; leur tête paraissait circulaire , ra- 
platie , et marquée d’un point lumineux dans son cen- 
tre. Leur queue longue semblait plus opaque que celle 
des animalcules dont nous avons eu l’occasion de parler 
précédemment. L’épididyme et le canal déférent conte- 
naient tous deux un liquide blanc de lait, visqueux et 


rempli d’animalcules sans mélange de matières hétéro- 
gènes. 


( 170) 

Les vésicules séminales de cet animal sont énormes , et 
surpassent en volume tous les autres organes de l’appa- 
reil ensemble. Ge sont des grappes alongées, dont le 
nombre varie de trois à cinq de chaque côté de la vessie. 
Elles sont formées de vaisseaux blanchâtres très-fré- 
quemment entortillés et grouppés par un tissu cellulaire 
lâche que recouvre une membrane fort mince. Ges 
boyaux sont petits au sommet des glandes, mais ils se 
réunissent peu-à-peu , et produisent des troncs plus con- 
sidérables qui se réduisent enfin à un conduit unique 
dont l'ouverture se fait dans la partie supérieure du vé- 
rumontanum. Un examen attentif du tissu et de la dis- 
position de ces organes, ne laisse apercevoir aucune 
différence entre les divers paquets. Ils sont gorgés d’un 
liquide blanc opalin qui jaillit des grosses ramificalions 
lorsqu'on les ouvre. Gelui-ci coagule lentement et d’une 
manière imparfaite, n'offre point d’animalcules, soit 
qu’on l’examine pur avant et après la coagulation , soit 
qu'on le délaie préalablement avec un’ peu de salive ou 
d’eau tiède. Il contient seulement une foule de corps ir- 
réguliers de toutes les formes, de toutes les grosseurs, 
et semblable, sous plusieurs rapports, à des débris de 
matières muqueuses dont ils ont la transparence et l’aspect 
grenu. On arrive au même résultat, quelle que soit la 
partie des vésicules d’où l’on tire la liqueur. 

Les vésicules accessoires sont deux masses glandulaires 
jaunes et raplaties qui flottent dans l'abdomen, à côté 
des précédentes, mais plus près de la vessie. Chacune 
d’elles porte un conduit unique qui va s'ouvrir dans le 
vérumontanum , au-dessous des orifices propres aux vé- 
sicuies séminales , et fort près de celui de la vessie uri- 


pr) 

naire. Ge tuyau se divise à sa partie supérieure en six ou 
sept branches, qui produisent autant de lobes. En effet, 
chacune d’elles se partage en rameaux, puis en ramus- 
cules quise terminent en culs-de-sac. Toutes les ramifica- 
tions sont droites et disposées en faisceaux, et comme 
leur nombre augmente beaucoup à mesure qu’elles s’é- 
loignent du point de départ, il en résulte que chaque 
lobe est disposé en éventail. Le liquide qu’elles renferment 
est clair, incoagulable spontanément, et son inspection 
microscopique ne montre que des globules rares de 
grosseurs variées, parmi lesquels on distingue aussi des 
vésicules graisseuses. 

Après avoir fendu le vérumontanum en avant , on cb- 
serve facilement les six ouvertures qui servent d’embou- 
chure aux organes que nous venons d’énumérer. Les 
deux supérieures sont destinées aux vésicules séminales, les 
trous intermédiaires correspondent aux canaux déférens, 
et les orifices inférieurs communiquent avec le conduit 
des vésicules accessoires. Le canal de l’urètre se rétrécit 
au-dessous de cet endroit, et va se rendre dans le pénis, 
dont le gland présente quelques particularités remar- 
quables. Sa portion supérieure se renfle en une crête 
oblongue déprimée , qui semble fixée au gland par deux 
ailerons latéraux. Entre ceux-ci, se trouve une languette 
mobile, dont la pointe se termine par lorifice de l’urètre. 

On voit que les vésicules séminales du Hérisson n’ont 
point l’usage d’un réservoir destiné à rassembler le liquide 
fourni par le testicule. Elles sont remplies d’un liquide tout- 
à-fait particulier et qu’elles sécrètent probablement elles- 
mêmes. Celui-ci se mélange à la liqueur des déférens, 
à celles des vésicules séminäles , et c’est-là ce qui constitue 


(172) 

le sperme. émis par l'animal au moment de l'éjaculationr. 

Cochon-d’Inde.-—Chez cet animal, et en général dans 
tous les Rats, les organes préparateurs de la semence 
sont nombreux , fortement développés , et sécrètent leurs 
divers produits avec une richesse et une abondance en 
harmonie avec ce que nous connaissons de leur fécondité. 

Le testicule n’offre rien de remarquable, il est presque 
rond , et son parenchyme se compose , comme à l’ordi- 
naire , de vaisseaux spermatiques répliés sur eux-mêmes, 
de manière à ce que les deux portions fléchies soient 
presque Loujours juxta-posées. Ceux-ci ont ün tiers demil- 
limètre de diamètre, et sont très-friables. Un tissu cellu- 
laire lâche les réunit, mais il se laisse déchirer assez fa- 
cilement, quoique moins bien que dans le surmulot, Une 
masse graisseuse fort considérable accompagne toujours 
le testicule et adhère à son sommet; elle n’offre aucune 
disposition bien déterminée d’ailleurs, et ne mériterait 
pas d’être remarquée s’il n'existait dans les batraciens 
un appareil graisseux fort singulier par sa forme, qui a 
beaucoup excité la curiosité des anatomistes. La règle 
des positions semble indiquer que ces deux appendices 
sont de même nature, 

L'Epididyme a une forme moins alongée que chez les 
autres mammifères , et la partie que l’on nomme sa tête 


est très-grosse comparativement au reste: Les vaisseaux | 


spermatique:, au nombre de douze ou quinze, percent 
l’albuginée à la partie supérieure et postérieure du testi- 
cule pour aller le former. Le canal déférent qui lui fait 
suile est assez court, point flexueux , d’une épaisseur de 
deux à trois millimètres, tandis que sa canaliculation 
présente à peine un millimètre de diamètre. 


oo 


(175) 

En arrière de la vessie on observe deux boyaux longs, 
tortueux et bosselés ; deux membranes forment leurs 
parois , l’une interne , d’untissu muqueux; l’autre externe, 
blanche , cassante, parfaitement unie et assez semblable 
à l’enveloppe des artères. Elle est très-contractile, et 
son action chasse dans l’urètre la matière dont la vèsicule 
est remplie. Si l’on perce l’organe , la force avec laquelle 
elle s'échappe par l'ouverture, montre qu’elle éprouve 
une pression assez considérable. À leur base, ces deux 
boyaux ont environ huit millimètres de diamètre, et serap- 
prochenttellement qu’ils semblentn’en former qu’un seul. 
Ils ne se confondent pourtant pas et viennent s’ouvrir dans 
l’urètre par des orifices distincts. Leur longueur est de 
douze centimètres environ, et leur sommet se termine 
par un cul-de-sac rétréci graduellement, de manière à 
w’avoir que deux ou trois millimètres de diamètre, 

À la partie inférieure des organes que nous venons de 
décrire , on remarque une masse vésiculaire confuse, qui 
semble pourtant observer une tendance à se partager en 
quaire faisceaux , deux de chaque côté du canal de l’u- 
rèlre ; ce sont les vésicules accessoires qui consistent en 
un très-grand nombre de culs-de-sac droits, juxta-posés, 
liés entr’eux par un tissu cellulaire , et recouverts d’une 
membrane cotonneuse. Leur longueur est de dix à douze 
millimètres , ils se réunissent à leur base, et forment 
ainsi un certain nombre de canaux qui vont s’ouvrir dans 


le vérumontanum, 
Un peu plus bas, à droite et à gauche du canal de 


l'urètre , se trouvent les glandes de Cowper ; elles sont 
renfermées dans de petits sacs membraneux , et placées 
entre les muscles. de la verge, qui déterminent par leur 


(174) 

contraciion la sortie du liquide qu’elles contiennent, Elles 
ont la forme d’un panache, et l’on remarque à leur partie 
postérieure le petit canal excréteur qui doit amener dans 
l’urêtre le liquide qu'elles séparent du sang. Ils percent sa 
paroi à la hauteur des corps caverneux et s’y jettent par 
deux embouchures distinctes. Quant aux autres appareils , 
leurs communications avec l’urètre sont placées plus 
haut, et précisément dans le vérumontanam. Un peu au- 
dessous du col de la vessie , on observe dans le canal de 
l’urètre une fossette ovale , recouverte de deux lèvres 
membraneuses, séparées par une fente dans le sens de 
leur longueur. C’est au fond de la cavité qu’elles pro- 
duisent , et sur ses côtés que viennent s’ouvrir les vésicules 
séminales par deux trous séparés au moyen d’un petit 
renflemént arrondi, placé sur la ligne médiane de lu- 
rètre. C’est à la partie inférieure de cette saillie que se 
trouvent les orifices des canaux déférens; un peu au- 
dessous, elle se rétrécit brusquement -et se réunit à la 
partie inférieure des languettes membraneuses qui se sont 
prolongées jusques-là , et qui laissent voir sur leur tran- 
chant plusieurs orifices destinés à livrer passage au li- 
quide des vésicules accessoires. 

On voit par-là, que les testicules et les deux ordres 
de vésicules débouchent à-peu-près au même point de 
l’'urètre , et qu’ils ne sont joints par le liquide des glandes 
de Cowper, qu'après avoir parcouru une partie de ce 
canal. Il nous reste à examiner le liquide que fournit 
chacun de ces organes, et nous pourrons alors nous. 
former une idée précise de la nature des matières émises 
pendant l’acte de la copuiation. 

Les diverses sections du testicule laissent transsuder 


(155) 

nn liquide épais et blanchâtre , qui, délayé dans de la 
salive ou de l’eau pure, offre au microscope une foule 
d’animalcules mouvans , plus longs que ceux du chien, 
du lapin ou du chat, mais très-rapprochés pour les di- 
mensions ou la forme de ceux que nous avons reconnus 
dans le putois. Leur tête est circulaire , plate et marquée 
dans le milieu d’un cercle plus transparent que le bord. 
Leur queue est longue , assez large , ondulée dans l’état 
de mort ou pendant la progression. Mais lorsqu'ils sont 
agités sans locomotion sensible, elle est courbée en arc 
et semble inflexible ; ils sont d’ailleurs mêlés de matières 
hétérogènes qui ne peuvent provenir que du tissu du tes: 
ticule, et qui offrent la même apparence que les frag- 
mens qu’on en détache. 

L’épididyme est gorgé d’un liquide blanc, d'apparence 
laiteuse. Pris à l’origine ou à la fin du canal, et délayé 
comme à l’ordinaire , il offre toujours des animalcules 
en grand nombre et sans aucun mélange de substances 
étrangères. Leur forme est identique avec celle des pré- 
cédens. Le canal déférent donne lieu aux mêmes obser- 
valions; les animalcules s’y montrent nets et pleins de vie. 

La matière contenue dans les vésicules séminales est 
épaisse, transparente, opaline et comme pulpeuse; elle 
s’épaissit rapidement à l’air, et devient alors concrète, 
blancheet friable. En se desséchant, elle prend un aspect 
corné. On l’examine au microscope, seule ou délayée 
dans un peu de salive, elle ne présente que des globules 
transparens , souvent aglomérés, mais faciles à séparer. 
Dans plusieurs expériences, nous n’avons pas trouvé 
d’autre substance dans les vésicules , mais quelquefois la 
base de ce boyau était plus blanche qu’à l'ordinaire et 
contenait des animalcules, Geux-ci provenaient d’un peu de 


(176) 

liquide reflué du canal déférent, se voyaient mélés à une 
grande quantité de la substance propre aux vésicules 
Dans quelques occasions, nous avons observé que la portion 
de liquide en contact avec la membrane muqueuse, en 
contenait jusques au sommet des culs de-sac. Ils étaient 
en mozvement, dans l’unet l’autre cas identiques avec ceux 
du canal déférent, mais disséminés dans une grande masse 
de la matière propre aux vésicules elles-mêmes. 

La liqueur des vésicules accessoires est transparente, 
très- fluide, incoagulable spontanément ; elle ne montre 
au microscope aucun animalcule, mais seulement quel- 
ques globules gros, rares, différens en volume et d’un 
aspect qui rappelle celui des gouttelettes de graisse. Enfin, 
on peut extraire des glandes de Cowper, au moyen des 
procédés que nous avons déjà fait connaître, un liquide 
blanc laiteux, rempli de globules très-petits, de la 
même dimension que ceux qu’on observe dans le lait. 

On voit donc qu’au milieu de tous ces appareils variés, 
la constance de l’emploi du testicule se fait remarquer 
de la manière Ja plus satisfaisante ; lni seul sécrète des 
animalcules et les autres glandes fournissent à la liqueur 
séminale des matériaux tout-à-fait différens dont nous ne 
saurions encore assigner, il est vrai, l'utilité, mais qui 
jouent probablement un rôle secondaire. Nous n’avons 
pas eu l’occasion d'examiner la liqueur éjaculée par ces 
animaux à l'instant de la copulalion , et nous ne pouvons 
présenter, par conséquent, aucune donnée sur les propor- 
tions relativesde ces divers produits. On sent assez qu'elles 
doivent être d’ailleurs très-variables selonles circonstances. 

Le rôle des vésicules séminales n’est donc pas ici, 


comme dans le lapin, celui d’un simple réservoir des | 


liqueurs versées dans le bulbe de l’urètre par les autres 


var 


(yra) 

organes. Elles renferment , en effet , une matière qui ne 
ressemble en rien à celles qu’ils pourraient y amener. 
Cette différence a été très-judicieusement signalée par 
M. Andral, et mériterait peut-être de fixer l’attention des 
lexpérimentateurs. Il se peut que ce soit effectivement 
[une sécrétion particulière qui se passerait dans la mem- 
|brane des vésicules elle-même, mais il est bien possible 
aussi que ces réservoirs reçoivent les liqueurs produites 
lpar les vésicules accessoires et les glandes de Cowper, et 
| qu’une altération subséquente détermine la variation dont 
| nous avons parlé. 
Les observations que nous venons de parcourir relati- 
vement au Cochon -d’Inde, nous les avons faites de nou- 
| veau sur le Surmulot , et comme ces dernières se bor- 
| neraient àune simple répétition des mêmes circonstances, 
| il nous semble peu nécessaire de nous étendre sur des 
| détails superflus. Les animalcules de cet animal ont une 
longueur considérable , se meuvent avec vivacité , et 
agent à la manière des anguilles, dont ils ont à-peu- 
| près la forme ; car leur lête est moins grosse , relative- 
ment à la queue , que dans les animaux précédens. Elle 
offre ceci de remarquable, qu’elle est marquetée de 
| points translucides lorsqu'on l’examine de champ , et ce 
| caractère singulier se retrouve dans le Rat, la Souris 
blanche et la Souris grise. Vue de côté , la tête ne se 
distinguerait plus de la queue , si elle n’était dirigée 
d’une facon anguleuse, ce qui la rend aisée à reconnaître. 

Le testicule du Surmulot est d’une telle simplicité, 
que l’on trouverait beaucoup d'avantage à l’étudier dans 
le plus grand détail. Il serait facile ensuite de se former 
des autres une idée suflisamment approchée , quoique 

© 12 


( 178 ) 
ilsoit presque impossible de parvenir à séparer complète- 
ment leurs diverses parties. L’Albuginée minceet trans- 
parente permet de voir les vaisseaux spermatiques qu’elle 
renferme. Ceux-ci présentent une masse de canaux d’en- 
viron un demi-millimètre de diamètre, parallèles en- 
tr’eux et placés dans une direction perpendiculaire à 
l'axe du testicule. Ils semblent continus dans toute leur 
longueur , et lorsqu'ils arrivent à la surface de l’organe , 
ils se contournent brusquement en anse très-serrée , et 
reviennent sur eux-mêmes dans une direction opposée. 
Ces canaux sont fort transparens , élastiques ; mais 
très-friables et d’un tissu qui rappelle celui de la corne, 
quoique d’ ailleurs d’une grande délicatesse. Ils se bri- 
sent avec beaucoup de facilité , et nous avons cru re- 
marquer que celte circonstance se retrouve chez toutes 
les classes d'animaux où ils sont apparens. Après ces ob- 
servations générales, nous avons voulu nous former 
une idée du nombre et de la disposition de ces canaux, 
et nous en avons trouvé dix à douze seulement à la sortié 
du testicule. Nous avons alors cherché s’ils ne nous offri- 
rajent pas quelque terminaison ou des anastomoses , et, 
malgré tous nos soins, il nous a été impossible d’en 
découvrir aucune. Il paraît donc que le testicule du 


Surmulot est formé tout simplement de plusieurs tuyaux | 
continus extraordinairement longs, repliés sur eux- 
mêmes un très-grand nombre de fois , et dont les bouts} 
viennent verser au-dehors de l’organe les matières qui | 
s’y sont accumulées. Un tissu cellulaire rare réunit entre 
elles leurs diverses portions, et sert aussi à maintenif | 

dans la position la plus convenable les vaisseaux sanguins | 


qui s’y distribuent, Le cours de l'artère est remarqué | 


(179) 
ble. Elle pénètre dans le testicule à sa partie supérieure 
et postérieure, et lorsqu'elle est arrivée à l’intérieur, 
on ne la voit point se ramifier en un grand nombre de 
subdivisions : bien au contraire , elle serpente entre les 
vaisseaux spermatiques sans se bifurquer, et présente 
comme eux des flexions très-nombreuses , mais moins 
prononcées. La veine ne suit pas son cours , elle chemine 
plus directement , et ne s’en rapproche que très-près 
du lieu où elles vont l’une et l’autre percer la mem- 
brane albuginée. Gelle-cine contracte aucune adhérence 
_avec le parenchyme du testicule , et semble seulement 
destinée à contenir l’appareil qui s’observe dans son in- 
térieur ; elle s’en sépare partout avec beaucoup de faci- 
lité , excepté toutefois dans le lieu par où passent les 
vaisseaux sanguins et spermatiques. 
Dans l’homme , et beaucoup d’autres mammifères , la 
structure du testicule est moins facile à saisir. Elle se 
compliqué d’un accident de peu d'importance qui ne 
se présente pas d’une manière sensible chez la plupart 
des Rats. A la partie interne et postérieure de l’organe, 
on remarque un renflement de l’albuginée , ligamen- 
teux , plus ou moins résistant , que l’on a nommé le corps 
d'Hygmore , cet anatomiste en ayant donné le premier 
une descriplion complète et exacte. Il en part des filets 
membraneux ou fibreux , qui vont se perdre en rayon- 
nant dans la masse du testicule , ou s'attacher à la surface 
intérieure. Il est évident que l’usage de cet appareil 
consiste à maintenir en leur place les diverses portions 
de l’organe. 
Nous avons pu , grâces à la complaisante amitié de 
-M. Colladon, membre distingué de la Société de Phy- 


12.. 


( 180 ) 


sique à Genève , soumettre à diverses reprises les liqueurs - 


spermatiques de la Souris blanche et de la Souris grise à un 
examen comparatiftrès-soigné. L'identité de leurs animal- 
cules est complète , soit pour la longueur absolue , soit 
pour la forme du renflement céphalique qui, comme nous 
l'avons déjà dit , présente des caractères particuliers. A 
l’époque où nous étions occupés de cette recherche in- 
téressante, M. Colladon fit connaître à la Société de 
physique le résultat des observations qu’il faisait avec 
zèle et sagacité sur ces deux races de la Souris depuis 
quelques années. Les variétés bianche et grise s’accou- 
plent sans difficultés; mais les petits qu’elles produisent, 
n’offrent aucun mélange de nuance dans Île . pelage. 
Quelle que soit la combinaison de mâle et de femelle 
qu’on emploie , la génération qui en provient, renferme 
des individus blancs et des individus gris en nombre va- 
riable; il ne se présente jamais de métis. Il en est de 
même si l’on forme de nouvelles associations avec les 
Souris blanches et les Souris grises de cette première 
génération ; cette singularité se conserve encore à la 
troisième , et probablement elle persisterait malgré tous 
les mélanges successifs , puisque le nombre considérable 
de portées dont on a été Lémoin dans cesrecherches , n’a 
pu faire apercevoir d’altération dans la pureté des ty- 
pes gris et blancs originels. 

Ces circonstances se concoivent aisément , lorsqu'on 
admet avec tous les naturalistes l'identité de l’espèce, et 
qu’on envisage simplement l’état particulier du pelage 
comme une maladie semblable à celle qui produit les 
albinos dans l’homme. Mais elles n’en sont pas moins 
remarquables, et nous devons souhaiter qu’elles soient 


( 181 }) 


bienlôt publiéesavec tout le détail nécessaire , puisqu’elles. 
ont pour objet de jeter quelque jour sur l'histoire des, 
métis , l’un des points de la génération des êtres orga- 
nisés qui nous promet le plus de lumière relativement 
à l'influence particulière au mâle , et à celle que nos ob- 
servations subséquentes tendent à placer dans la femelle. 
Si le point de vue que nos travaux nons ont amenés à 
choisir , semble digne de quelque attention , c’est dans 
l'examen attentif des productions Hybrides et des aber- 
rations monstrueuses , que l’on peut espérer de trouver 
une sorte de contre - épreuve des principes que nous 
avons adoptés. 

Passons en revue maintenant quelques mammifères , 
sans nous arrêter à la description de leurs organes géné- 
rateurs. Nous sommes bien certains , en effet, que letes- 
ticule seul produit des animaleules, et que si nous voulons 
examiner ces derniers dans les conditions les plus favo- 
rables , nous devons les prendre dans le canal déférent , 
et les délayer d’un peu d’eau pure ou de salive. Ges con- 
ditions sont simples et faciles à observer ; en sorte que 
nous les mentionnons ici une fois pour toutes. Nous re- 
grettons vivement d’avoir si peu d’animaux à comparer 
sous ce point de vue; mais il nous semble néanmoins 
que leur nombre est assez considérable pour fournir les 
considérations qui nous sont utiles, et nous espérons 
qu’on poursuivra dorénavant ces recherches avec plus 
de zèle et d’une manière générale. 

Les animalcules du Cheval, ceux de l’Ane, du Tau- 
reau et les appareils générateurs du Mulet, vont fixer 
notre attention. On conçoit l'utilité d’une comparaison 
semblable , lorsqu'on réfléchit à la facilité avec laquelle 


( 182) 
ces trois espèces peuvent croiser entr’elles. Detous ces ani- 
maux ,le Gheval était le seul que nouseussions examiné, 
lors de la publication de notre essai sur les animalcules 
spermatiques ; depuis lors , nous ayons eu de fréquentes 
occasions de vérifier no$ premiers résultats. Les testi- 
cules et le canal déférent nous ont fourni toujours de 
nombreux animalcuüies très-viyans , mème douze heures 
après l’extirpation des organes. Leur tête est arrondie , 


marquée au centre d’un point globuleux et clair, leur 


longueur est de 0,050 à 0,""055. Spallanzani, de 
Gleichen et plus anciennementHill, avaient déjà reconnu 
leur existence dans la liqueur obtenue par éjaculation 
dans les haras. | 

Plusieurs appareils générateurs de l’Ane ont été le su - 
jet de nos observations. Dans tous , nous avons reconnu 
des animalcules fort analogues à ceux du Cheval , mais 
qui semblaient avoir la tête plus ovale. Leur longueur 
totale était de o,""060, c'est-à-dire, à-peu près la 
même. M. de Gleichen nous paraît être le premier na- 
turaliste qni les ait décrits ; mais comme le dessin qu’il 
en a donné , de même que tous ceux que renferme son 
ouvrage, à élé fait d’après une liqueur éjaculée , on y 
trouve non-seulement des animalcules , mais encore d’au- 
trés malières organiques fournies par les glandes secon - 
daires de l’appareil mâle. 

Nous avons aussi observé soigneusement les liqueurs 
retirées du testicule ou de l’épididyme de plusieurs Tau- 
reaux. Nous avons eu même la facilité de comparer une 
fois les animalcules que nous en obtenions avec ceux du 
Cheval donton nous avait apporté les organes en même- 
temps. La forme est analogue; mais ceux du Tauréau ne 


(185) 


nous offrirent pas ces taches circulaires et plus blanches 
que nous rencontrons dans les animalcules du Cheval . 
et de l’Ane, leur longueur est de 0,°"058 à 0,""06» ; 
c’est-à-dire, semblable à celle que nous avons reconnue 
dans les animaux précédens, M. de Gleichen , qui avait 
beaucoup de facilité pour se procurer la liqueur émise 
par les Taureaux à l'instant du coït, en a fait le sujet 
d’un très-grand nombre d'observations. Ce sperme a, 
selon lui , l'odeur et la couleur de l’eau de colle, etil pense 
avoir trouvé beaucoup plus d’animalcules dans celui des 
jeunes animaux , que dans celui des Taureaux plus âgés. 

On conçoit que nous étions intéressés , pour rendre 
cette histoire complète, à comprendre dans notre investi- 
gation les organes du Mulet, de ce singulier animal au- 
quel on refuse , presque d’un commun accord , la faculté 
fécondante. Quoique beaucoup d’écrivains aient sup: 
posé qu’il était capable d’engendrer, particulièrement 
avec la Jument , nous n’avons pas encore trouvé sur 
ce point une seule preuve du fait. Parmi ceux qui sont 
le plus disposés à le croire , nous n’en voyons aucun qui 
puisse fournir des détails suffisamment précis. Les autres, 
au contraire , citent en leur faveur une foule d’essais 
infruciueux. Il en est de cette question comme de tous 
les cas où les personnes qui se vouent aux sciences sont 
appelées à se prononcer sur des résultats négatifs. Un 
témoignage positif suffirait pour annuller la valeur de 
tous les autres , quelque mulüpliés qu'ils fussent, Il de- 
vient donc fort épineux de prendre une opinion arrêtée , et 
dans la circonstance présente , nous nous bornerons à 
énoncer qu'il est fort probable, si l’on s’en tient à la ma- 
jorité des avis , que le plus grand nombre des Mulets 

1 


(184) 

n’est pas apte à la propagation. Dansles grandes fermes 
de l'Amérique où il se trouve d'immenses troupeaux de 
Mulets , on cite quelques exemples de fécondation. Les 
circonstances , en cette occasion , sont bien favorables, 
puisqu'on peut observer plusieurs milliers de Mulets 
mâles. Cependant les cas où ils ont paru propres à la 
propagalion sont presque aussi rares et non moins équi- 
voques que les observations faites en Europe. On con- 
çoit d’ailleurs que l’on ne peut affirmer avec certitude 
que le Mulet soit inhabile à la génération ; mais on a 
du moins des preuves très-positives et plus que sufh-. 
santes , pour montrer combien il est rare que l'exercice 
de cette fonction lui soit accordé. 

Quoiqu'il en soit, dans le fond , ik importait beaucoup: 
à potre point de vue de savoir s’il existait des animal- 
cules dans ses appareils générateurs , et de connaître 

leur forme etleur longueur di 6 béta aux espèces. 
d’où il'provient. 

Nous nous sommes procuré un Mulet d’une douzaine 
d'années et qui montrait des sfgnes d’ardeur non équi- 
voques. On l’a tué , ct nous avons examiné de suite tout 
son appareil générateur avec le plus grand soin. Il ne 
nous a pas été possible d’y reucontrer autre chose que 
des globules , tels que ceux que nous rencontrons dans 
les animaux impubères. Les testicules étaient remplis 
d’un fluide opalin , très-abondant et qu’on aurait con- 
fondu facilement à l'œil avec la liqueur spermatique la 
plus parfaite ; mais sous le microscope , on ne pouvait 
y percevoir autre chose que des corpuscules immobiles 
dont nous donnons le dessin. Les vésicules séminales et 
le canal déférent contenaient le même liquide et repro- 


( 185 ) 


duisirent la même apparence ; la prostate offrait au 
contraire une liqueur jaune-sale , dans laquelle flottaient 
des globules rares et plus petits. 

M. de Gleichen qui avait l’intime conviction de Pexi- 
stence des animalcules dans le Mulet, avoue pourtant 
qu’il ne lui a pas été possible d’en apercevoir. Il est 
vrai qu'il l’attribue plutôt à l’âge du Mulet qui avait 
plus de dix ans, qu'à tout autre cause, et il pense que 
son expérience prouve seulement l’absence des animal- 
cules dans les vieux animaux. Or, comme nous avons 
vu nous-mêmes des étalons fort eslimés, quoiqu’ils eus- 
sent plus de quinze ans, il nous est impossible d’admet- 
re une tel'e explication. M. de Gleichen cite encore des 
tentalives faites pour obtenir un accouplement fécon- 


dant entre les Mulets et les Jumens. L’acte en lui-même 


se passait comme à l’ordinaire et sans difficulté; mais 
les femelles ne retenaient pas. Malgré toutes les preuves 
qu'il accumule ainsi contre sa propre opinion , car il 
croyait que les animalcules étaient nécessaires à la géné- 
ration, il n'en conclut pas moins que le Mulet doit être 
babile à la réproduction comme toutes les autres espèces. 

Nous avons pu faire aussi de fréquentes observations 
sur les animalcules du Bouc. Ils ont une extrême viva- 
cité dans leurs mouvemens et se rapprochent d’une ma- 
bière remarquable de ceux du Lapin, soit par la lon- 
gueur , soit par la forme. Il en est de même des animal- 
cules du Bélier. Nous n’avons pas besoin de faire obser- 
ver, quant à ces derniers , que les remarques dont 
Lcewenhoeck a publié les détails sont entièrement fausses. 
H à cru reconnaître déjà chez eux les mœurs particu- 
Hères de l’espèce et leur disposition à errer par troupes 


( 186) 

nombreuses. De telles hallucinations se réfutent d’elles- 
mêmes , et ont malheureusement discrédité dès sa nais- 
sance le système de la génération, d’ailleurs fort bizarre, 
auquel cet observateur habile s’était arrêté. Nous le dis- 
cuterons par la suite, et l’on verra combien ses idées 
étaient peu rationnelles , et surtout peu conformes aux 
faits généraux de l’existence fétale. 

C’est ici que se terminent nos observations sur les 
mammifères. Nous eussions bien désiré pouvoir y join- 
dre quelques détails particuliers relativement à la pro- 
duction du liquide séminal chez l’homme ; mais nous 
avons résolu dès l'instant où nous avons entrepris ces re- 
cherches de ne point nousen occuper. Il est inutile d’in- 
sister sur les raisons qui nous ont engagés à prendre une 
telle détermination ; elles sont de nature à pouvoir être 
comprises et appréciées par la plus légère réflexion. Nous 
espérons toutefois que ce sujet fixera l’attention de quel- 
que anatomiste habile ,et qu’on trouvera , surtout à Paris, 
dans les cadavres des malheureux frappés par la loi , les 
moyens de remplir une lacune qui n’a pourtant pas beau- 
coup d'importance. Nous n’ignorons pas , en eflet, que 
l’homme possède aussi des animalcules , puisque c’est 
sur une telle liqueur qu'ils furent vus par Leewenhoeck 
pour la première fois. Depuis cette époque, ils ont élé 
fréquemment observés , etnous ne citerons ici que de 
Gleichen, Buffon et Spallanzani dont les expériences 
doivent suflire pour confirmer le témoignage de Leewen- 
hoeck et d'Hartsæker. Si la semence de l’homme ren- 
ferme des animalcules, il.ne reste donc qu'à fixer leur 
dimension absolue pour rendre faciles les comparaisons 
qu’on désirerait établirentrel’espèce humaineét les mam- 


(187) 


mifères qui l’avoisinent. Pour donner à de telles expé- 
riences une utilité réelle et indépendante de la simple 
curiosité , l’en devrait donc commencer par un examen 
attentif des animalcules de quelques singes. Si nous 
en eussions trouvé l’occasion, nousaurions cherché plus 
soigneusement peut-être à nous procurer des cadavres 
humains qui fussent propres à ce genre d'expériences ; 
mais dans l’état actuel de la question, on conçoit sans 
difficulté que l’histoire des animalcules de l’homme n'of- 
fre qu’un intérêt trop faible pour engager des observa- 
teurs délicats à surmonter le dégoût qu’inspire une sem- 
blable investigation. 


Nor£ sur un nouveau genre de la famille des 
Néritacées (1); 
Par G. P. Desmayes, 
Membre de la Société d'Histoire naturelle de Paris. 


Dans la famille ‘des Néritacées de M. Lamarck , for- 
mée des quatres genres Navicelle ( Septaires. Ferussac) $ 


(1) Cette Notice fut communiquée à la Société d’his- 
toire naturelle, dans sa séance du 19 décembre 18253. Je 
proposai de donuer au nouveau genre le nom de Tomos- 
tome (T'omostoma) , mais j'ignorais alorsque M. Sowerby, 
dansle Numéro de novembre de son Mineral conchology, 
en avait donné connaissance sous une autre dénomination. 
Pour éviter de donner deux noms aux mêmes objets , ce 
qui occasionne toujours une confusion désagréable pour 
l'étude , j'ai adopté le nom générique de M. Sowerby , 
ainsi que les noms spécifiques pour les deux premières es- 
pèces. Ce mémoire renferme des détails qui avaient 


( 188 ) 

Néritine , Nérite et Natice , on a sans douteremarquéune: 
transition assez brusque entre les Navicelles et les Né- 

ritines ; en eflet , les Navicelles sembleraient , d’après 

leur forme et d’après l’espèce de cloison qui partage 

leur cavité , appartenir plutôt à la famille des Calyptra- 

ciens dans laquelle des Conchyliologues distingués les 
avaient rangés ; mais si nous faisons attention que dans 
les Crépidules qui s’en rapprochent pour la forme , la 

coquille est toujours irrégulière , que le sommet incliné 

sur le bord ne présente rien de fixe dans sa position , 

que la lame septiforme elle-même se ressent de l’irré- 

gularité générale , et si ensuite nous voyons les animaux 
qu'elles contiennent vivre comme tous les Calyptraciens, 

fixés sur les corps sous-marins , dont ils prennent pour 

ainsi dire, l'empreinte , soit par leurs bords , soit même 

par leur forme générale ; si nous ajoutons enfin que les 

Crépidules sont toujours dépourvues d’opercules , on 

sentira mieux les différences essentielles qui doivent éloi- 
gner les Crépidules des Navicelles , puisque celles-ci sont 

toujours régulières, operculées comme les Néritines , ce 

qui donne lieu de penser que leur animal est éloigné du 

genre de vie propre à celui des Crépidules. Ge qui ajoute 
une présomption de plus pour les séparer , c'est que les 

Crépidules vivent dans la mer , les Navicelles au con- 
traire n’habitent que les eaux douces. 

On remarque une lacune considérable entre les Na- 
vicelles et les Néritines ; les premières n’offrent point de 
spire , sont presque patelliformes , les secondes se mon- 


échappé à cet observateur, et contient de plus une espèce 
qu’il n’a pas cunnue. 


{189 ) 
tfent globuleuses et possèdent constamment une spire: 
il était donc à désirer que l’on pût trouver des coquil- 
lages qui remplissent cet intervalle, qui servissent de 
transition du premier de ces genres au suivant ; tel est 
aussi le résultat que l’on peut atteindre au moyen de 
notre nouveau genre. 

Nous ne présenterons point de coquilles vivantes , 
nous n’en connaissons aucune qui puisse se placer dans 
le nouveau genre. Les espèces que nous allons décrire , 
sont des coquilles fossiles , aussi intéressantes par le 
passage qu’elles forment , que par leur gissement. En 
effet, deux d’entr’elles furent trouvées en Angleterre dans 
l’Oolite , terrain ancien , qui semble exclure les coquilies 
littorales dans presque toules les circonstances, et qui, 
ici , les montre avecune sorte de profusion. On y rencontre 
aussi des Gérites, des Turbos , des Toupies , des Térébra- 
tules , des Polipiers , et d’autres corps quiontde l’analogie 
avec desportions d’Encrinites , et ce qui est remarquable , 
c’est qu'ils offrent tous de nouvelles espèces. Tous ces corps 
ont élé découverts et recueillis par M. Miller, célèbre géo- 
logue anglais ,et m'ont été communiqués par M. Onder- 
wood. La troisième espèce vient du calcaire grossier des 
environs de Paris, de Mouchy-le-Châtel près Beauvais 
où nous l'avons découverte , et d’où M. Defrance, 
depuis, en a reçu quelques-unes, et de Houdan, où 
M. Lambotin l’a trouvée le premier. 

Genre Prréoze , Pileolus , coquille patelliforme , ré- 
gulière, elliptique ou circulaire, conique, sommet 
droit ou légérement en spirale , incliné en arrière ; face 
“inférieure concave , tranchante sur ses bords ; ouverture 
entière, petite, à peine du tiers de la face inférieure , 


(190 ) 

bord columellaire denté ou strié, bord droit lisse. 

Observations. Il est évident, du moins pour nous, que 
le genre Piléole fait le passage des Navicelles ou Septaires | 
aux Néritines. Nous voyons en effet le sommetcommencer 
à se relever , à quitter le bord pour devenir subcentral , et 
même , dans une espèce , montrer un commencement de 
spire inclinée à droite, ce qui donne une indication pré- 
cieuse pour placer convenablement ce genre. Ainsi, la 
famille des Néritacées de M. Lamarck, composée d’a- 
bord de quatre genres , en renfermera désormais cinq, si 
les Gonchyliologues adoptent le nôtre , ce sera dans l’ordre 
suivant qu'ils devront être placés pour se trouver dans 
leurs rapports les plus naturels : 1.° Navicelle, 2.° Pi- 
léole , 3.° Néritine, 4.° Nérite , 5.° Natice. Lorsque des 
observations assez bien faites et assez nombreuses auront 
prouvé d’une manière précise et rigoureuse que les Né- 
ritines et les Nérites , quoique vivant dans des circonslän- 
ces différentes , les unes dansles eaux douces , les autres 
dans les éaux de la mer , sont pourtant d’une seule ori- 
gine ; et sortent d’un même type primitif modifié , sui- 
vant les causes locales d’habitalion , alors seulement ; 
l’un des deux genres étant supprimé , la famille des Né- | 
rilacées restera composée de quatre genres. Il seraitim- 
portant de décider si le genre Piléole est marin ou fluvia- | 


tile ; nous ne nous dissimulons pas la difficulté que nous 
aurions à le faire : nous pouvons dire pourtant qu'il est | 
bién probable que les espèces trouvées en Angleterre , 
sont marines , et que celles des environs de Paris, rencon: | 
trées dans des terrains marins, ont dû habiter les mers | 
qui couvraient nos contrées. On peut cependant objec- | 


ter que ces terrains renferment dans un état de mélange | 


(191) 
et des espèces évidemment fluviatiles et des espèces ma- 
rines. Cette objection très-juste a dû laisser dans notre 
esprit une incertitude que des observations ultérieures 
pourront peut-être détruire. Voici les trois espèces que 
nous rapporterons à ce genre. 

1.Piléole lisse, Pileolus levis. Sow. PL.15, fig. 1. à. b. c. 
Testâ conico - depressä, lævigatâ , suborbiculatä, 
vertice subcentrali, infrà concaviusculà , marginatä , 
aperturâ minimä, semi-rotundatä , columellä sublævigatä. 

Habite... Fossile de Ancliff, près de Bath , Willshire. 
Gette petite coquille, qui a seulement quatre millimètres 
de diamètre, est très-aplatie , son ouverture est fort pe- 
tite , la columelle avancée en cloison , forme près des 
deux tiers de la base. Une sorte de bourrelet aplati , cir- 
culaire, lenticulaire , se remarque au-dessus de la co- 
lumelle : nous devons cette espèce ainsi que la suivante, 
aux recherches de M. Miller. 

2. Piléole plissé. Pileolus plicatus. Sow. PI 15, 
fig. 2. a. b. c. Testä conicâ , costellis numerosis ornatä 
verlice subcentrali, infra concaviüusculà , marginatä 
aperturâ secus rotundà , columellä dentato plicatä. 

Gette petite espèce a été trouvée avec la précédente; 
elle se distingue très-facilement comme espèce ; ainsi 
que la première , elle ressemble , vue en dehors à une 
petite Patelle élégamment chargée de côtes rayonnantes 
êt régulières ; son sommet est plus élevé et plus aigu, 
Sa face inférieure est concave , le bourrelet columel- 
laire est plus aplati et demi-ovale , la lèvre droite est 
marginée. 

3. Piléole néritoide. Péleola Neritoides. PI. 13, 
fig. 5. a. b.c. Testà ovato-oblongà , conicä, lævigatä, 


» 


, 


(ag2 ) 
apice acuto , reéurvo , spirali poslico, aperlurâ semi ro- 
tundâ ; columellâ crenato-dentatä. 

Habite... Fossile de Mouchy, près Beauvais et de Hou- 
dan. Il est facile de reconnaître celle espèce, qui est 
d’autant plus intéressante , qu’elle présente un commen- 
cement de spire, ce qui fait le passage le plus sensible 
aux Néritines; car , si l’on supposait la spire un peu 
plus grande et plus fortement inclinée , elle appar- 
tiendrait indubitablement à ce, dernier genre. Si on 
la considère dans sa forme générale , elle ressemble au 
premier coup-d’œil à un petit Cabochon très-régulier, 
mais vu par la face inférieure , elle présente tous les 
caractères des Néritines ; elle est longue de sept milli- 
_ mètres. 

Aucune coquille ne s'était encore présentée avec la 
forme générale d’une patelle , et offrant la columelle d’une 
Navicelle ou d’une Néritine. Cette modification devait 
offrir encore une fois la preuve que la nature, comme 
l’a dit notre zoologiste philosophe Lamarck, ne marche 
jamais que par des transitions insensibles. 


Canracrères des genres Oriocerus et ANOTIA , deux 
nouveaux genres d’insectes hémiptères appartenant 
à la famille des Cicanaires, avec la description 
de plusieurs espèces ; par M. Wixciam Kimsy. 
(Trans. of the Linn. societ., £. XIIE, p…i2s 


épi. ) 


Pour peu que l’on jette un coup-d’æil sur cette fa- 


(495 ) 

mille d’hémiptères à laquelle M. Latrcille a donné lé nom 
de Cicadaires , on est frappé de la diversité très-grande 
des êtres qui s’y trouvent réunis ; tandis qu'ailleurs les 
distinctions génériques sont quelquefois assez nuancées 
pour qu’on puisse passer d’un groupe à l’autre sans au- 
cune transition sensible, ici les caractèrés sont telle- 
ment tranchés que les liens naturels qui doivent réunir 
les genres semblent , dans bien des cas, difhiciles à saisir. 
Cette observation, que tout entomologiste est à même 
de faire , conduit assez nalurellement à penser qu'il 
* existe dans la famille des cicadaires et entre certains 
genres plusieurs lacunes que l’observation nous permet- 
tra tôt ou tard de remplir; c’est d’ailleurs ce qui vient 
d’être récemment démontré par le savant M. Kirby, 
connu par un grand nombre d’excellens travaux ento- 
melogiques. Ayant acheté à la vente du cabinet de 
M. Francillon, un envoi d'insectes ramassés en Géor- 
gie par M. Abbot, il trouva parmi eux plusieurs espèces 
assez semblables à des Fulgores, et ne pouvant toutefois 
êlre rangées parmi aucun des genres établis par La- 
treille , à cause d’un grand nombre de caractères distincts 
qu'ils offraient. Il jugea qu’elles pouvaient former deux 
nouveaux genres dont nous exposerons ici les caractères 
en les transcrivant d’après le mémoire de M. Kirby. 


Genre Oriockre, Otiocerus , Kirby. 


Character essentialis. 

 Antennæ suboéulares ;'elongatæ , basi appendiculatæ, 
Character artificialis. 
Antennæ suboculares , elongatæ exarticulatæ, multian- 
Ya 13 


( 194 ) 
nulatæ epice setigeræ , basi appendiculatæ: appendiculis 
antenriformibus, elongalis , tortuosis. 

Oculi reniformes. 

Ocelli obsoleti aut nulli. 

Caput compressum, subiriangulare, suprà et infrà 
bicarinatum : fronte subrostrata; rostro sæpius subas- 
cendenti. 

Character naturalis. 

Corpus oblongum, immarginatum, parvum , agile : 
cute subcornea. Caput magnum , valdè compressum, 
subtriangulare [ T'ab. 14, fig. 1. suprà etinfrà bicari- 
natum | fig. 2. a, a. b, b. | carinis approximatis, in- 
ferioribus præcipuè, plus minus ascendentibus , supe- 
rioribus interdum rectis. 

Promuscis inflexa , filiformis, biarticulata : articulo 
extimo brevissimo , ad basin pedum posticorum attingens. 
Labrum dimidatio-conicum a naso subdistinctum , pro- 
muscidis basin obtegens, nasus [ fig: 1. b. 1 elevatus, 
compressus. 

Genæ angustæ, lineares, ad nasum adjacentes. Oculi 
[fgase:i laterales, postici, reniformes. Stemmata 
seu Ocelli obsoleta vix cernenda. Antennæ [ fig. 1. d. 
et fig. 8. b.] inter oculos et nasum, ex processu oblongo 
iympaniformi membrana obtecta [ fig. 1. f. et fig. 8. 
a. |, prodeuntes , filiformes aut subclavatæ, elongatæ, 
subflexuosæ , exarticulatæ , multi annulatæ : apice um- 
bilicato setigero ; seta tenuissima , basi appendiculatæ. 
Appendiculis unica vel duabus [ fig. 1. ee, et fig. 8. c.], 
antennarum ferè longitudine et forma , multi-annulatis, 
tortuosis , apice muticis. 

Truncus subglobosus. Thorax brevissimus , postice 


(195 ) 
bifidus : lobis [ fig. 3. ] divergentibus, utrinque de- 
flexus : lateribus dilatatis rotundatis. 

Seutellum cum dorsolo a quo vix distinctum sub- 
rhomboidale. Postscutellum triangulare. Lumbale utrin- 
que spiraculo pertusum. Pedes longitudinaliter angu- 
lati : posticis saltatoriis. Coxæ quatuor anteriores elon- 
gatæ , lineares : posticis brevioribus, magnis incrassatis. 
Trochanteres anteriores parvi dimidiato-ovati femorum 
basi subtus adnexi : posticis duobus magnis femorum 
basin excipientibus. Femora filiformia. Tibiæ filiformes , 
apice calcaratæ : calcaribus minutissimis. T'arsè triar- 
ticulati : anterioribus quatuor articulo extimo brevis- 
_simo; posticis articulo primo sequentibus longiori , se- 
cundo extimo breviori , omnibus spinulis semicoronatis, 
quod non in tarsis anterioribus obtinet. T'arsi omnes 
biunguiculati : unguiculis simplicibus. Elytra cuneifor- 
mia, corpore duplo longiora , membranaceo-pergame- 
nea (1) , neurosa ; areolis plurimis ; basalibus linearibus, 
apicalibus parallelogrammicis. 4læ dimidiato-cordatæ, 
pergameno-membranaceæ , elytris breviores et latiores. 

Abdomen subtrigonum : carina dorsali; segmentis 
dorsalibus sex, ventralibus quinque ultimo reliquis ma- 
jori in medio lobato : lobo rotandato [ fig. 7. e. ]. Ano 
femineo apparatu sextuplici : laminis duabus infericribus 
sinu magno suprà excisis | fig. 7. a@. ] lateribus oblon- 
gis , [ fig.7. d, b. ] superioribus triangularibus basi intüs 
rectangulis [ fig. 6. aa. |; ano masculo supra stylo 


(1) L'expression de Pergameneus est employée par 
Kirby dans l'introduction de son Entomotogie , pour si- 
gnifier une substance intermédiaire entre la coriacée et la 
membraneuse, assez semblable à du parchemin. 


19. 


(196) 
elongato lineari basi incrassato [ fig. 4. a. ], subtus for- 
cipe è laminis duabus foliiformibus oblongis concavis 
sursum arCuatis intüs nipirnns sinuatis [ fig: 4 bb. 7, 
instructo. 

Les Otiocères ont des rapports avecles genres Fulyore 
et Delphax; ils se rapprochent des premiers par leur 
front prolongé en pointe et des derniers par les yeux 
réniformes et les antennes alongées ; ils se distinguent en- 
suite des uns.et des autres par plusieurs caractères: par- 
ticuliers dont quelques-uns sont vraiment remarquables ; 
tels sont, par exemple, la tête comprimée avec une dou- 
ble crête en dessus et en dessous; les antennes sans 
articulations et seulement très-annelées, présentant à 
leur base un et même-deux appendices ou  oreillettes , 
longs et tortueux, circonstance qui ne se rencontre dans 
dans aucun des genres de la famille des cicadaires ; en- 
fin l’absence des yeux lisses, très-visibles dans les Ful- 
gores-et dans les Delphax, ainsi que la structure diffé- 
- rente de appareil anal des sexes. Kirby décrit huit 
espèces , toutes originaires de la Géorgie. Nous ne pré- 
senterons que les phrases différentielles et comparatives 
qui peuvent suflir pour les distinguer. 

1. O. Degcerii Kirby. 

. O0. Rubescens , elytris virescente-punctatis : vasis ro- 
seis ; apice: summo pollinoso-niveo. Long. corp. lin. @ 
3: f 3. 

2. O. Stollii Kirby. 

O. Rufescens , elytris alisque nigricantibus : vasis ro- 
seis,, illis apice macula albida. Long, corp. din. ‘5. 

3. O. Abboti Kirby. 

O. Rufescens, alis lacteis , elytris pallidis nigro punc- 
tatis. Long. corp. lin. @ et j' 2. 


(197) 

4. O: Francilloni Kirby. 

O. Pallidus , alis lacteis, elytris nigro punctatis et fas- 
ciatis, abdomine utrinque punctis nigris. Long. corp. 
lin. © 3: 

5. O. Coquebertii Kirby. 

O. Pallidus, elytris vitta apice furcata, punètoque 
que sanguinis. Long. corp. lin. © 3.[ Tab. 14, fig: 14. l 

6. 0. Reaumurii Kirbv.' 

O. Rufescente-pallidus , elytris vitta abbrévinté apice 
dilatata punctisque quinque nigricantibus. Long. corp. 
lin, @ ei. 

7. O. :Schellenbergii Kixby. 

©. Pallidus , capite sanguineo, elytris at vasis 
roseis. Long. corp. lin. @ ». 

8. O. Wolfi Kirby. 

O. Pallidus , elytris luteolis : vitta fracta punctisque 
sparsis migricantibus. Long. corp. lin. @® oi. j'oï. 

Deux des mâles décrits ci-dessus , savoir : O: Stollii et 
O. Abbotii , présentent deux appendices à la base des 
antennes et il n’en existe qu’un dans l’O. Wolfii, de 
sorte que les espèces du genre pourraient être divisées 
en deux sections : 1.° Antennis masculis appendiculis 
. duabus; 2° Antennis masculis appendicula uniea. 
Kirby n’ayant pasles mâles de toutes les espèces ; n’a pu 
“employer les deux sections qu’il propose. 


Gex Anorie, Anotia. Kirby. 


Charaëier essentialis. 

Antènnæ suboculares , biarticulatæ : articulo p‘itno 
+ brevissimo , extimo elongato infrà apicem seligero. 

Character artificialis. 


(198) 

Antennæ suboculares, biarticulatæ : articulo primo 
brevissimo , extimo elongato paulo infrà apicem setigero. 

Oculi prominuli, semilunati. 

Ocelli obsoleti aut nulli. 

Caput compressum , subtriangulare, suprà et infrà 
bicarinatum : fronte subrostrata ; rostro recto. 

Observ. Character naturalisferè ut in genere præce- 
denti : sed caput rosiro haud ascendenti : carinis su- 
_périoribus thoracem versus divergentibus, inferioribus ap- 
proximatis pectus versus convergentibus etdemüm coali- 
ts. Promuscis ,brevissima vix basin pedum intermediorum 
attingens. Vasus capitis fere longitudine [ Tab. 14, fig. 9. 
b«]: Oculi prominentes , semilunati { fég. 9.c.]. Antennæ 
capite longiores, biarticulatæ : articulo primo brevis- 
simo et vix ullo (fig, 9. e. | secundo elongato, subli- 
neari, Gompresso , subannulato , sursum apice obliquo 
truncato et subemarginato , ex emarginatura paulo infra 
apicem summum setigero [ fig. 9. d. et fig. 10, @ b. ]. 
Thorazxlobis subfractis, apicesubemarginatis. [ /£g.11.1. 
Elytra basi antice dente prominulo reflexo, neurosa : 
areolis intermediis difformibus , apicalibus pere 
bus. 4lœ dimidiato-ellipticæ. ‘ 

Les Anoties sont intermédiaires aux Otiocères et aux Del- 
phax; maiselles en diffèrent par certains(caractères. Elles 
se distinguent des premiers par le manque d’appendices à 
la base des antennes, par une plus grande brièveté du 
bec, par les yeux sémi-lunaires et très-proéminens, par 
le plus grand alongement du nez et par la différence 
qui s’observe dans la disposition des nervures des ély- 
tres, ainsi que par la dent angulaire de leur base an- 
térieure. Elles s’éloignent des Delphax par leur tête com- 
primée à deux carènes prolongées légèrement en bec; 


( 199 ) 
par la longueur comparative des articles des antennes, 
le premier article étant très-long dans les Delphax [ fig. 
12. a. |, par l’absence de l’éperon, très-remarquable , 
qui arme les jambes postérieures dans ce même genre ; 
par la manière différente dont les élytres sont veinées et 
par leur forme ; par l’absence des yeux lisses; enfin par 
les appendices de l’anus , qui, dans les Delphax, ressem- 
blent davantage à ceux des Cigales de Latreille [ g. 13.1. 

Kirby décrit une seule espèce propre à ce nouveau 
genre ; l'individu sur lequel il établit est une femelle 
dont les organes copulateurs externes ressemblent à ceux 
des Otiocères. 

1. À. Bonnet. Kirby. 

[ Tab. 14, fig. 15. ]. Long. corp. lin. 1°. 

Corpus pallidum. Caput triangulare; linea auran- 
tiaca ab oculis ad rostri apicem ducta. Oculi pallidi. An- 
tennæ capite longiores. Elytra lutescentia : maculis hya- 
linis ; neura obliqua in disco apici propiori, nigra; costa 
apicem versus sanguineo transverse lineatula , in ‘apice 
ipso puncta quatuor nigricantia notanda. 4l{æ subhya- 
linæ : neura disci transversa anteriori nigricanti. 

Les Otiocères et les Anoties qui, à cause de leurs an- 
tennes insérées immédiatement sous les yeux, appar- 
tiennent à la sous-famille des Fulgorelles de Latreille, 
ou au genre Fulgore de Linné , doivent être placés, selon 
Kirby, dans une section particulière , à cause de l’ab- 
sence des yeux lisses, 


ExPLICATION DE LA PLANCHE XIV. 
Détails du genre Otiocire, 


Fig, 1, La tête; — a, Le rostre; hb. Le museau; — 


{ 200 ) 
c. L’œil; — d. l’amtenne ; — ce., Les appendices des 
antennes; —f. Tubercule, d’où naissent l'antenne et 
les appendices. — Fig. 2. La tête vue de côté pour 
montrer les carènes ; — aa. Carènes supérieures ; — 
bb. Carènes inférieures. — Fig. 5. Partie du thorax ; 
—a. Un de ses lobes. — Fis. 4. L’anus du mâle, vu 
de côté; — a. Le prolongement stiliforme; — b. Le 
prolongement foliacé. — Fig. 5. Le même, vu en 
_ dessous; — aa. Les prolongemens foliacés'; — b. L’or- 


gare mâle?— Fig. G. L'appareil anal de la femelle , 


vu en dessus ; —aa. Les deux lames supérieures ; — 
bb. Parties des lames latérales. — Fig. 7. Le même 
appareil, vu en dessous ; — aa. La paire inférieure des 
lames ; — bb. Les lames latérales; —c. Le dernier 
segment inférieur de l’abdomen. — Fig. 8. partie 
_ de la tête d’une espèce , dont l’antenne n’a qu’un seul 
appendice ; —a. Le prolongement d’où naît l’antenne; 
—b. L'antenne; — c. Son appendice. 
Détails du genre Anotia.—Fig. 9. La tête ; —a. Le rostre; 
—b. Le museau; — c. l'œil; — d. e. l’antenne. — Fio. 
10. Partie de l'antenne; —a. Son sommet émarginé; 
=D; La soie. — Fig: 1 1. Partie du: Thorax ; Ha Un 
de ses lobes. — ; ÿ 
Quelques détails du genre Delphax, Fabr. — Fig. 12. 
L’antenne; — a. Le premier article; — b. Le se- 
cond ; —c. La soie. — Fig. 15. Son anus ; — a. 
L’oviducte répondant à a. , de la fig. 7; — bb, lame 
latérales répondant à bb. des figures 6 et 7.—Fig. 14. 
Otiocerus Coquebertii. —Fig. 15. Annotia Bonetii. 


( 201 ) 


Norice sur la vie et les travaux de Louis-CrAUuDE- 
Marie RicuarD, membre de l’Enstitut , professeur 
à la Faculté de Médecine de Paris, membre de la 
Légion-d’honneur, etc. , etc. ; 


Par M. Cnanres Kuwrx. 


Des circonstances indépendantes de notre volonté, 
. nous dirigent ordinairement dansle choix de nos études. 
Alors des dispositions plus ou moins heureuses , plus ou 
moins persévérantes conduisent à des résultats plus ou 
moins satisfaisans. Mais lorsque les sciences deviennent 
l’objet d’une prédilection naturelle, lorsque des talens 
éminens $e joignent à une grande ardeur pour le travail, 
nous voyons s’élever ces hommes supérieurs , quiouvrent 
une nouyelle carrière dans les sciences et sont la gloire 
de leur siècle. 
Louis-Claude-Marie Richard , naquit à Versailles le 
4 septembre 1754. Son père, Claude Richard , jardi- 
nier du Roi à Auteuil , était un homme fort instruit , non- 
- seulement dans tout ce qui était relatif à sa profession , 
mais encore dans les mathématiques , et il était chargé 
de suppléer , en cas de maladie , le professeur qui don- 
naitaux Pages des leçons de cette science. Louis XY, 
qui le rencontrait souvent en allant visiter des jardins , 
fut frappé de la justesse de son esprit et de son extrême 
franchise; il se plaisait à s’entretenir avec lui sur divers 
objets , et il finit par l’honorer de sa confiance. 
Claude Richard avait 16 enfans , et malgré son éco- 
nomie , ne pouvant se flatter de leur laisser quelque for- 


( 202 }) 


tune , il voulut du moins leur donner une bonne éducation. 

Louis, qui était l’aîné , fut placé au collège de Ver- 
non , où il se distingua par son aptitude et par son ar- 
deur pour le travail, ses progrès furent très-rapides. 
Dans ses heures de récréation , il apprit à dessiner et 
à lever des plans , sans se douter que ce talent serait 
un jour pour lui une grande ressource. 

Le frère de Claude Richard avait la direction du jar- 
din royal de Trianon, où se trouvaient alors réunies les 
productions végétales les plus rares et les plus belles des 
deux hémisphères :ce futlà , que le jeune Richard , qui 
allait souvent voir son oncle , prit le goût de la botani- 
que ; il passait les journées entières à examinerles plan- 
tes, à les décrire et à former un petit herbier; il n’avait 
qu’onze années , lorsque ce goût devint une Passion. 

. La lecture de quelques voyages exalta son imagina- 
tion , et il prit dès-lors la résolution de se livrer uni- 
quement à l’histoire naturelle , et de-parcourir les pays 
les plus éloignés et les moins connus, pour y faire des 
découvertes. 

À l’âge de 13 ans , il avait fini ses premières classes 
et il allaitentrer en rhétorique , lorsque l'archevêque de 
Paris , qui avait remarqué ses dispositions précoces , pro- 
mit à Richard le père sa protection particulière , s’il 
voulait faire entrer son fils dansla carrière ecclésiastique. 
Cette proposition fut accueillie avec empressement par 
Ja famille; mais elle déplut beaucoup à notre jeune na- 
turaliste, qui se refusa à toutes les sollicitations : son 
père ayant insisté, et se montrant inflexible , le jeune 
homme épuisa tous les moyens de persuasion , et déses- 
pérant enfin de réussir , il prit le parti de quitter la maison 


( 205 ) 
paternelle et de venir seul à Paris. Cette démarche était 
sans doute très-repréhensible , elle ne pouvait être ex- 
-cusée que par l’âge de l’enfant ; mais elle prouvait une 
passion si violente pour l'étude, que le père crut qu'il 
serait imprudent de la contrarier, et qu'il fallait la 
laisser calmer d’elle-même par le temps et par la ré- 
flexion. Elle s’accrut au contraire chaque jour, et le 


résultat en à été plus heureux qu’on n’aurait pu lé 
prévoir. 


Voilà donc un enfant de 15 ans, sans expérience , 
abandonné à lui-même , se trouvant seul à Paris, au 
milieu de tous les dangers et de toutes les séductions , 
et n’ayant pour subsister, que les petites épargnes qu'il 
avait faites, et une pension de 12 francs par mois, 
que son père consentit à lui accorder pour quelque 
temps. Qu'on se figure l’état de dénuement dans le- 
quel il dut se trouver. Le père espérait toujours que 
le besoin ramènerait son fils chez lui 3 mais rien au 
monde ne pouvait altérer la patience du jeune Richard, 
et lui faire changer une résolution de laquelle dépendait 
le bonheur de sa vie. Au milieu des privations les plus 
cruelles , il continua de s’instruire et suivit avec beau- 
coup d’assiduité , un cours de rhétorique et de philoso- 
phie au collège Mazarin. Il fallait cependant trouver un 
moyen d'existence : heureusement l’art du dessin le lui 
fournit. À force de démarches , il rencontra des archi- 
tectes qui voulurent bien lui donner des plans à copier : 
comme il s’en acquittait avec beaucoup d'intelligence , 
on lui confia d’autres travaux du même genre, qui bien- 
tôt lui procurèrent au-dela de ses besoins. 

Il put alors se livrer avec plus de facilité à ses études 


À 204 } 

favorites. La botanique, l’anatomie comparée , la z00- 
logie ; la minéralogie intéressaient également sa curiosité | 
et l’occupaient pendant la plus grande partie de la jour- 
née ; la nuit était consacrée aux travaux lucratifs , qui 
se présentaient en grand nombre ; et qui lui étaient payés 
fort cher. Bientôt il ne se contenta plus de copier des. 
plans, il en traça lui-même , et le: beau jardin de Straas 

à Auteuil, a été exécuté d’après ses desseins. Toujours 

occupé de ses projets de voyage , il profita d’un concours 

de circonstances favorables pour se procurer, par ses 

économies , les moyens de les réaliser. On assure que , 

lors de son départ pour l’Amérique, il avait ramassé 

une somme considérable. , 

Quoique Richard fut encore très-jeune , il avait pré- 
senté à l’Académie des Sciences plusieurs Mémoires , qui 
avaient attiré l’attention de Bernard de Jussieu. Cegrand 
botaniste l’accueillit avec bienveillance , et lui permit de 
consulter sa bibliothèque et ses riches collections. 

Ce qu’il avait desiré avec tant d’ardeur depuis son 
enfance, se réalisa enfin en 1781. L'Académie des 
Sciences le proposa à Louis XVI pour un voyage dans 
la Guyane française et aux Antilles. Ce Monarque , qui 
l'avait connu irès-jeune, approuva le choix de l’Aca- 
démie , el promit , non-seulement de lui faire rem- 
bourser à son retour tous les frais de son voyage , mais 
de le recompenser encore par une pansion et une place 
analogue à ses goûts. | 

Richard , qui nourrissait depuis long -temps le projet 
d’entreprendre un voyage dans des pays éloignés , s’y était 
préparé pendant quinze ans, par l'étude. du dessin, et par 
celle de toutes les parties de l’histoire naturelle , et c’est 


( 205 ) 


un avantage qu'il avait sur presque tous ses prédéces- 
seurs. Il quitta la France le 16 mai 1781. Après un 
séjour de quelques mois à Cayenne, où il débarqua le 
l12 décembre, il parcourut une grande partie de la 
Guyane française, la Martinique , la Guadeloupe , la Ja- 
maïque , Saint-Thomas , et la plupart des îles situëèes à 
l'entrée du Golfe du Mexique. Zoologiste, botaniste 
et minéralogiste, il décrivit et disséqua les animaux , il 
analysa et dessina les plantes , il étudia le gissement des 
roches ; tout fut examiné avec un égal intérêt , et cha- 
que jour ajouta à la richesse de ses collections. Sous 
un ciel brûlant, dans le climat le plus malsain , il ne 
compta pour rien les fatigues et les dangers. IL traversa 
| des plages immenses, il s'établit au milieu des. forêts , 
| il gravit les montagnes , il entra dans les crevasses en- 
core fumantes des souffrières, et souvent il faillit être 
victime de son zèle. Tantôt il fut sur le point d’être aban- 
donné par ses guides , loin de toute habitation , tantôt 
il dut craindre d’être dépouillé et peut-être massacré par 
eux. Dans ces circonstances périlleuses , il trouva son 
salut dans son courage et sa présence d'esprit : il sut 
| dominer les misérables qui l'entouraient , et leur. im- 
| poser par son intrépidité. On le vit aller à la chasse du 
| jaguar, et l’attaquer, sans crainte d’être dévoré par cet 
animal , qui se précipite avec fureur sur celui qui n’a fait 
que le blesser. 


Un séjour de huit ans dans un pays où l’on n’obtient 
qu’à force d'argent qnelque secours des indigènes ; et les 
frais indispensables pour la préparation et le transport de 
ses collections , ayant enfin épuisé les fonds qu ’ilavaitéco- 
no misés avantson départ , il écrivit en France pour s’en 


( 206 ) 


procurer de nouveaux ; mais toutes ses demandes restë- 
rent sans réponse. On était alors agité par des intérêts 


trop importans pour s'occuper d’un voyageur éloigné." 


Il fat donc forcé de revenir dans sa patrie , où il arriva 
au mois de mai 1 789. | 


La révolution avait déja commencé; la plupart des w 


amis et des protecteurs de Richard avaient disparu ou 
se trouvaient sans crédit. Les promesses qu’on lui avait 
faites avant son départ furent oubliées , et l’on ne fit au- 
cune attention aux immenses collections qu’il rapportait. 
Un herbier de trois mille plantes, la plupart nouvelles, 
un grand nombre de caisses remplies de quadrupèdes , 
d'oiseaux; d'insectes et de coquilles, une suite pré- 
cieuse de minéraux et deroches étaient le résultat de 


son voyage. On n’avait jamais vu peut - être tant de ma- 
iériaux réunis par un seul homme et en sipeu detemps; w 
mais celui qui les avait rassemblés avec un dévouement 


si généreux , resla sans récompense et livré à des pri- 
vations d'autant plus cruelles , que les fatigues d’unlong 
voyage avaient aliéré sa santé. Il avait toujours été d’une 
constitution faible , et il souffrait beaucoup d’une hernie 


et d’un catharre chronique de la vessie, dont il avait. 


été attaqué pendant son séjour en Amérique. Il sentit 
le besoin de goûter quelque repos et de s’entourer de 


soins affectueux, et il se maria en 1790. Dès-lors il: 


sembla vouloir se séparer du monde pour ne plus vivre 
que dans le sein de sa famille. L’indifférence de ses 
compatriotes et ses infirmités avaient influé d’une ma- 
nière fâcheuse sur son caractère, etle commerce qu'il 
entretenait avec les savans se ressentit bientôt de cette 


(207) 

disposition de son ame. Il passa plusieurs années dans 
un isolement complet , et nous ne possédons aucun tra- 
vail botanique de quelque importance qui date de cette 
époque. Il s’occupa beaucoup alors de zoologie. Sa 
collection de coquilles était une des plus riches et des 
mieux nommées , et il prétendait que sa méthode de 
classification avait eu quelque influence sur les idées 
de quelques auteurs justement célèbres dans cette bran- 
che de l’histoire naturelle. Il paraît que ce fut dans le 
même temps qu’il commença l’admirable collection de 
dessins analytiques , qu’il n’a pas cessé d'augmenter jus- 
qu’à la fin de sa vie. 


Les nombreux témoignages d'estime qu'il reçut de la 
part des savans les plus distingués de l’Europe, la justice 
qu’on rendit à ses talens, et surtout un âge plus avancé 
ayant rendu à son ame le calme dont il avait été privé 
pendant plusieurs années ; il n’eut pas de peine à se rap- 
procher de ceux qui avaient regretté sonéloignement , et 
n’avaient cessé de reconnaître son mérite. Il fut choisi 
pour remplir la chaire de botanique à l’École de méde- 
cine ; quelques années après , il fut élu membre de la 
première classe de l’Institut , dans la section de zoolo- 
gie et d'anatomie comparée. La Société royale de Lon- 
| dres l’admit au nombre de ses correspondans , et il fut 
nommé membre de la Légion d'honneur. 


La place de professeur à l’École de médecine l’obli- 
geant à faire toutes les années un cours public de bo- 
tanique , ilremplit cette tâche avec le plus grand succès. 
|Ilne se contentait pas d'exposer les élémens de la 
science et les caractères des genres , il donnait encore 


(212) 

des leçons d’analyse. Les plantes à la maïn , il expo- 
sait dans les termes les plus simples la structure , les 
rapports et les diverses modifications des organes. On 
sentit tellement l'utilité de ces démonstrations , que des 
botanistes déjà très instruits , ne craignirent pas de ve 
nir se placer parmi les élèves, pour écouter l'illustre’ 
professeur. Tous les dimanches Richard faisait une her- 
borisation dans la campagne. Alors il était entouré de 
deux ou trois cents élèves qui se pressaient autour de. 
lui : sitôt qu'il croyait pouvoir leur faire trouver une 
plante intéressante , il s’enfonçait le premier dans les 
marais , il franchissait les haies et les fossés , il se frayait 
un chemin à'travers les broussailles:, il oubliait ses in- 
firmités; on eût dit qu'il avait retrouvé toute la vigueur 
de sa jeunesse. Ce ne fut que dans les dernières années: 
de sa vie, et pendant une longue convalescence, qu’ils 
confia le soin de ses élèves à son fils Achille Richard,» 
qu'il avait instruit et qui, par les ouvrages qu'il a pu- 
bliés depuis, s’est montré digne de le remplacer. 

Richard était avare de son temps , il redoutait les vi- 
sites: Pour être bien accueilli de lui , il fallait annoncer’ 
le désir de s’instruire. Le travail était son unique jouis- 
sance , et lorsque les fonctions de sa place l’obligeaient 
à quitter son cabinet, et qu’un beau soleil lui parais- 
sait favorable à ses observations , il s’écriait avec dou- 
leur : encore un jour perdu pour l’analyse ! 


Ge n’était ni pour sa réputation ni pour augmenter sa’ | 
fortane qu'il travaillait avec tant d’ardeur ; il aimait lal | 
science pour elle-même; son unique but était de mieux 
connaître l’organisation desplantes, de déterminer leurs. 


(- 209 ) 
affinités, de découvrir quelque nouvelle loi d'anatomie ou 
de physiologie végétale. 

Malgré la gêne qu’il éprouvait quelquefois à cause de 
sa nombreuse famille, il rejetta toujours avec dédain 
les propositions qui lui furent faites de s’associer à des 
entreprises lucratives : ilne voulait s'occuper que de ses 
analyses. Il ne put cependant conserver toujoursle calme 
nécessaire pour ses méditations. Blessé de quelques atta- 
ques dirigées contre ses écrits , il voulut répondre, et il 

| Je fit avec une animosité qui lui attira des repliques dés- 
agréables. Ges discussions , ficheuses pour son repos, 


ont eu cependant un résultat utile , en ce qu'elles ont 
éclairci des questions importantes , et qu'elles ont donné 
lieu à la publication de plusieurs Mémoires excellens. 
En 1818 , les souffrances que Richard avait jusqu'a 
lors supportées avec courage el résignation. devinrent 
beaucoup plus violentes, et il, fut lee de renoncer à 
tout travail suivi. Une obstruction intestinale fit craindre 
pour ses jours : les soins de sa famille et l’habileté. des 
médecins ne purent lui rendre la santé ; mais ils calmèrent 
ses douleurs et prolongèrent sa vie:, Pendant deux ans 
encore il profiia de tous les intervalles de calme pour 
continuer ses observations. Quelques, jours avant sa 
mort , il recommanda à son fils d’arroser de petites plan- 
tes dont il voulait faire l analyse. Ce fut le > juin 1821 
qu’il fut enlevé aux sciences , à l’à âge deG7ans. 
Quoique Richard n’ait publié qu'un petitnombre d’ ou- 
vrages , il est certainement l’un des hommes de son siè- 
cle qui ont le plus contribué aux progrès de la botani- 
que ; l'influence qu'il a exercée se, fera sentir surtout 
par les travaux de ceux qui se sont pénélrés de ses prin- 


. | 14 


{ s10 }) 

cipes, et qui marchént sur ses traces. Personne n’a 
poussé plus loin l'art d'observer la nature jusques dans 
les moindres détails : la difficulté d’une recherche était 
pour lui une raison de s’en occuper : l'organisation la plüs 
compliquée était celle qui l’intéressait le’ plus :’il passait 
des mois entiefs à suivre une ‘observation , lorsqu'elle 
lui paraissait devoir répandre quelque lumière Sur un 
point encore ‘obscur. Il possédait au plus haut degré Part 
du dessin. Toutes ses figures offrent les détails les ‘plus 
minutieux , avec une netteté et une exactitude admi 
rables ; il savait que c’est seulement par de telles ana 
lÿses qu'on parvient à faire d’heureux rapprochemens. 
Ses écrits sont quelquefois ‘d’un siyle négligé ; mais il 
n’én est aucun qui ne contienne des obsérvations neuves 
et proféndes , ét le peu d'ouvrages qu’il a laissés suffisent 
‘pour illustrer son nôm. Son analyse du fruit ést ün‘tra- 
vail absolument neuf , et'qui ne laisse’ rien à ‘désirer. Il 
‘a examiné et fait connaître à fond les’ ‘familles les plus 
‘diMiciles , telles que les Graminées , les Orchidées ,‘les 
Hydrocharidées, les’ Gonifères ,'étc., et ‘c’est lui quia 
inspiré à la génération actuelle le goût de cette analyse 
rigoureuse et de cet examen approfondi , qui EAU 
‘essentiellement l'École française. 


Richard'a laissé un nombre prodigieux de ‘mätériaüx | 
‘inédits. Comme il cherchait les lois générales , il avait étu-. 


diéavec le même soin les plus petites Cryptogamés ét lès, 


plantes les plus” ‘composéès , ct plusieurs détouvértes| 
‘imporlantes faïtes dépuis ‘cinquante äns, se trouvent dahs l 
ses manuscrits. C’est'aïnsi qu'il avait! reconnu ‘avant 
"Hedwig la véritable stracture des mousses , Sans pour- M 


‘tant attribuer les mêmes fonctions à leurs organes. 
Quoïque l’Institut, voulant s’attacher Richard , l’eüt 


4 
l 


fl 


| 


(wk&r ) 


.nomméàrune place vacante.dans la section de Zoologie, 
on ne pensait pas qu’un, homme qui avait fait en bo- 
-tanique des travaux Si importans, eût eu le loisir de s’in- 
«strüire:à fondidans les autres. parties de l’histoire natu- 
-relle. On ‘ignorait assez généralement que: pendant son 
séjour en Amérique , il avait, réuni un grand nombre de 
“matériaux précieux pour la Zoologie, l’Anatomie compa - 
rée et la Géologie. C’est seulement en -examinant ses 
-xanuscrits ,.ses.dessins.et les préparations, conservées 
“dans son: cabinet ;qu’on.a pu.se.faire une idée de lé. 
»tendue-et de la variété de ses,connaissances ; on a re: 
connu alors que son siècle a produit peu d'hommes qui 
“puissent lui être. comparés! (a 1). | 
Nous possédons de Richard : | 
(Le) Dictionnaire : élémentaire . de Botanique > par 
 IBülliardi revu. Etprésquie ft FemFRt: refondu., Amster- 
dam 1800. 


Ho Fo To s 
QG) Les Rédacteurs de ce Recueil doivent à Fobligeante 
amitié de M. Achille Richard, les manuscrits de/son père , 
sur {« Zovlogie et l’Anatomiecomparée: Hs:se propo- 
‘isent'de les publier successivement, et d’y joindre Jes des- 
sinsnombreux «et remarquables, qui. les. "AGFARDAEMENT- 
Cest donc à-plus d'unititre.qu’ils. ont voulu, placer i ici la 
‘notice qu’on vient de. lire ; et, que M. Kunth avai compc- 
i\séepour.la Biographie universelle. Elle servira d’ intro= 
duction aux. Mémoires de M. Richard, et.les Rédacteurs 
.a8e,plaisent à la: considérer en même temps comme ün té- 
.moignage de,leur haute Yénération pour Tillustre Auteur 
de l'Analyse du fruit, et comme un ‘hommage téfidu 
à sa mémoire, et auquel tous les Naturalistes s rétipresse- 
. ront 4e souscrire. } ob 


( 2159 ) 

Outre plusieurs articles intéressins, comme Baie, 
Bulbe , Préfloraison, Arille, ete. , objets dont Richard 
a fait le premier connaître la véritable nature ou l’im- 
portance pour les rapports naturels , cet ouvrage est re- 
marquable à cause de 12 tableaux présentant toutes les 
modifications des divers organes d’une plante ; c’est le 
catalogue le plus complet et le plus Pa enaiten des 
termes techniques. 

II. Commentatio de Convallaria RME L. , no- 
vum genus constituente : præœmissis nonnullis cirea 
plantas liliaceas observationibus. (Nouv. Journ. de 
© Bot., par Schrader, tom. IT. , p. 1., 1807). 

III. Mémoire sur les Hydrocharidées. (Mém. de l’In- 
slitut, 1811, p. 1.). 

© IV. Démonstrations botaniques , ou Analyse du fruit 

considéré en général, par Richard , publiées par Duval, 

8.° 1808. Ouvrage qui, à cause de sa grande concision , de 


la difficulté de l’objet qu'il traite et de la masse d’observa-. 


tionsquis’y trouvent accumulées, exige plusieurs lectures , 
même de la part de ceux qui sont versés dans la science 
des végétaux; mais on est récompensé de cette peine 
par les idées exactes , les définitions précises et la marche 


” philosophique que l’auteur a introduites pour la première: 


fois dans une des parties les plus difficiles dela botani- 
que, la connaissance du fruit; et l’ouvrage de Gærtner 


serait bien plus parfait, si son auteur ne l'avait publié. 


qu'après avoir eu connaissance dé celui de Richard. 
Il y a deux traductions de l'Analyse du fruit: l’une en 
allemand, par M. Voigt, avec les notes de Richard 


(Leipzig, 1811), et l’autre en anglais, par M. John 


Lindley (Londres, 1819). 


Nous allons exposer les idées de l’auteur. Tout fruit h 


( 215 ) 

est composé de deux parties, du péricarpe, qui en dé- 
termine extérieurement la forme, et de la graine qui 
s’y trouve renfermée. Ge qui est en dehors de la graine 
appartient au péricarpe, et le Lile est leur seul point de 
contact. Le péricarpe est formé par un parenchyme 
( sarcocarpe ) revêtu extériéurement d’un épiderme 
(épicarpe), et tapissé en dedans par une membrane. 
(endocarpe). Quelquefois (dans les fruits à noyau), 
la partie interne du sarcocarpe acquiert une consistance 
osseuse ou ligneuse. La connaissance de l’ovaire doit 
précéder celle du fruit. Sa cavité est tantôt uniloculaire , 
tantôt divisée par des cloisons en deux ou plusieurs loges. 
Les vraies cloisons sont une continuation de l’endocarpe; 
elles aliernent toujours avec les stigmates ou avec leurs 
lobes, et se distinguent par ces caractères des fausses. 
cloisons. Les graines sont fixées sur des placentas (tro- 
phospermes), par des cordons ombilicaux (podosper- 
mes). Quelquelois, le sommet du podosperme prend, 
après la fécondation, une expansion (arile) plus ou 
moins grande. La base du péricarpe est indiquée par son 
point d'attache ; son sommet, par la trace du style ou du 
stigmale; ce dernier caractère distingue le péricarpe 
d’autres enveloppes, auxquelles on a donné impropre- 
ment ce nom. Le péricarpe peut rester clos (indéhiscent), 
ou se rompre et s'ouvrir de différentes manières, parmi 
lesquelles la déhiscence valvaire (en deux ou plusieurs 
valves) est la plus commune. Elle se fait tantôt au milieu 
des loges {d. loculicide), tantôt vis-à-vis des cloisons 
(d. septicide) , tantôt elle rompt les cloisons, qui alors 
ne tiennent plus aux valves (d. septifrage). À celte oc- 
casion , Richard indique les moyens pour se garantir des 
erreurs dans lesquelles peut induire une fausse déhis- 


({ougs) 

ceñce: | ét nécessaire de savoir distinguèr ün fruit com- 

posé d'avec: un fruit simple > ce dernier: doit être le pro-: 
duit d’uñe seulé fléur: Un'seub style., une loge ou la pré: 

sencé dés vétitables cloisons-Établissent Tunité du fruit.’ 
Commé l’ovule ést toujours revêtu d’un tégument , le 

péricarpe né peut jämais mañquer pare conséquent, : il 
n’éxisté pas de graïnés nues; celles que l'on a prises pour 

tellés , ont le péricarpe très-mince , ow soudé avec le té- 

gument propre de là graine. 

La graine est cette partis da fruit qui, soùs une enve- 
loppeunique (épisperme), renferme un corps (amande), 
dont toute la masse où une partie seulement est le ru- 
dimént d’une nouvelle plante. La cicatrice (Aile). par 
laquelle la graine était attachée au péricarpe , désigne sa, 
base; son sommet, lorsqu'il n’est pas indiqué par la di- 
reéction des vaisseaux ou leur réunion (chalaze), se, 
trouve , en tirant une ligne du centre de la base par le 
point central de la rfiasse totale. Une graine peut être fixée. 
du fond (dressée) ou au haut (renversée) de la loge, 
ou bien se trouver attachée latéralement par son sommet 
(suspendue) , par sa base (ascendante) où par son mi: 
lieu ( éritrope). La connaissance de l’adnexion et de 
la direction dé la graine est essentielle pour établir des 
rapports naturels. L’épispérme ést toujours simple, mais 
quelquefois séparable én deux lames. Tantôt l’amande con- 
stitue seule embryon (émbryons épispermiques) , tantôt 
elle est composée de deux corps ( l'embryon et l’endo- 
sperme) dissemblables , contigus (embryons extrairés) où 
enveloppés (embryons intraires) l’un par l’autre, sans 
côntinuilé parenchymale (embryons endospermiques). 
La plüralité des embryons est une monstruosité, Ghaque. 
enibryén présente une extrémité radiculaire et une 


( 229 ) 

extrémité cotylédonaire, IL est nécessaire de considérer. 
outre la dérection propre de l'embryon, sa direction... 
relative au périçarpe, (direction ‘on périgarpique) , ou bien. 
à la graine (d. spermique), L’embryÿon peut suivre la di- 
rection de la graine, (komotrope » €, orthotrope, s'ilest en 
même lemps, droit), ou une direction contraire (anti: 
trope), ou ni l’une ni l’autre (hétérotrope). IL est, ap- 
pelé amphitrope, quand ses deux extrémités se rappro- 
chent du hile. Les parties. essentielles d’un embryon. 
sont : 1.° la Aadicule (toujours indivise) ; 2.° le Coty; 
lédon (unique et complètement clos, ou. au nombre de 
deux ou plusieurs, opposés ou vericillés) ; 3,° la Tigelle 
(ou prolongement de la radicule aboutissant à la Le 
des cotylédons) ;. et 4.° la Gemmule (ou Plumule). 
L'absence ou la présence de l'embryon distinguent. les 
inembryonées (Cryptogames, Acotylédonées) des em- 
bryonées (Phanérogames). Ces dernières sont pourvues 
d'organes sexuels et se reproduisent par un embryon. 
Elles se divisent en Endorhizes et en Exorhizes, Dans 
les. Endorhizes , l’extrémité radiculaire renferme un, OU. 
plusieurs tubercules radicelläires qui en sortent par la 
germination pour former la racine de la plante : dans les. 
Exorhizes, cette extrémité devient elle-même la raçine, 

L'embryon des Endorhizes est ordinairement entouré - 
d’un endosperme. ( endospermique et intraire) » Tare- 
ment il en.est dépourvu. Dans l’un ou l’autre ças (Æup- 
pia, Hydrocharis h Nymphæa., Graminées, etc.), 
la radicule prend quelquefois un volume extraordinaire . 
(embryons macropodes). Ce renflement est. appelé- 
Kitellus on Scutellum par Gærtner. Richard démontre. 
que la structure des embryons macropodes ne diffère pas. 
essenlicllement de çelle des autres Endorhizes, et cite 


(216) 


des exemples analogues, mêmé parmi les Exorhizes, 

Les embryons exorhizes présentent ordinairement 
l’une des deux extrémités fendue en deux ou plusieurs 
cotylédons rarement (Cyclamen, Cuscuta, Lecythis) 
l'embryon constitue un corps à surface parfaitement ho- 
mogène, dont un bout s’alonge ou grossit en racine , 
l’autre se comportant comme une gemmule (Exorhizes 
acotylédons ). On rencontre encore quelquefois les deux 
cotylédons soudés en un seul (embryons macrocéphales).- 
Quand (dans le Rhizophora , etc.) Fembryon germe 
ou commence à germer dans le péricarpe encore attaché 
à la plante , il porte le nom de blastocarpe. 

Richard promet de prouver que les Conifères et les 
Cycadées sont celles des Exorhizes qui ont le plus d’affi- 
nités avec les Endorhizes. 

V. Analyse botanique des Embryons endorhizes , 
ou monocotyledonés, et particulièrement de celui des 
Graminées. (Ann. du Mus. , tom. 17, pag. 225 et 442. 
1811). 

La première partie de ce Mémoire , un des plus im= 
portans pour la Carpologie, contient des descriptions 
d’un grand nombre d’embryons monocotylédons , ac- 
compagnées des figures d’une précision admirable. Dans 
la seconde partie, pour trailer convenablement le prin- 
cipal sujet, l’organisation des embryons des Graminées, 
Richard est obligé de développer plusieurs idées énon- 
cées seulement dans son Analyse du fruit. Nous avons 
vu que la structure de l'embryon, son développement 
par la germination ou son absence totale , ont fourni à 
Richard la base de ses deux grandes divisions : les Em- 
bryonées , pourvues de sexe et de graines, et les /nem- 
bryonées , privées d'organes sexuels, et se multipliant 


(#17) 

par des Sporules , corps reproducteurs, d’une nature 
particulière. Une sporule ne contient aucune trace d’em- 
bryon; elle n’a point besoin de fécondation , son déve- 
loppement est une simple expansion de sa masse : com- 
posée d’un tissu cellulaire et revêtue d’une épiderme , 
elle ne constitue avant sa formation , qu’une partie inté- 
grante de son réceptacle. Au lieu de deux , Richard dis- 
tingue maintenant trois modifications principales parmi les 
embryonées , les Endorhizes ,les Exorhizesetles Synrhi- 
ses. Ces derniers tiennent en quelque sorte, le milieu 
entre les deux précédens ; le sommet de leur radicule est 
attaché à une substance endospermique , qu’il déchire , 
en émettant par la germination un tubercule interne , 
qui devient la racine de la plante. La gemmule est située 
entre les bases de deux ou de plusieurs cotylédons. 

Le défaut ou le mode de déplacement de l’épisperme 
pendant la germination des Endorhizes , font distinguer à 
Richard trois modes de germination. Tantôt l’épisperme 
renfermant le cotylédon reste fixé latéralement près la 
gaine de celui-ci ou près de son prolongement vagini- 
fère (g. admotive) , tantôt l’épisperme est éloigné de 
celie même partie par l'éloignement du cotylédo dont 
it enveloppe le sommet ( g. remotive). Les embryons 
macropodes présentent un troisième mode ( g. imme- 
tive ) ; Les tégumens séminaux restent fixés au bas de 
la jeune plante par lextrémité immobile de leur radi- 
cule. Dans la germination admotive, l’épisperme avec 
les parties qu'il renferme, reste le plus souvent sous 
terre (2. subterranée ) ; rarement il pousse au dehors 
( g. exterranée }. La germination rémotive admet quatre 
modes (2. foliaire, filaire , aciculaire et claviculaire}, 


selon le développement ou la forme de Ja partie du co- 


( 218 ). 
tylédon qui surmonte la gaine. La germination immo- 
tive.se divise. en. gemmination basilaire et, g. latérale , 
la dernière est particulière aux Graminées. 
Dans une digression sur les parties accessoires du fruit, 
des Graminées, Richard établit pour ses diverses parties, 
une terminologie nouvelle. Il rejette les noms de calice. 


et corolle, appliqués improprement aux écailles florales. 


des Graminées , qu’il compare aux spathelles, de: plusieurs 
autres endorhizes. Il appelle glume celles qui entourent 
immédiatement les organes sexuels, et épicène celles 
qui sont extérieures à la glume. Le nectaire. de Schreber 
(qu’ilcompare aux soies du Dulichium, aux paléoles 


du Fuirenæ, à la cupule du Seleria et, à l’utricule du. 


Carex ) reçoit le nom de, glumelle. 


Le fruit des, Graminées est le plus souvent renferimé. 


dans la glume. Le péricarpe , ordinairement, mince et 
membraneux , fait presque toujours tellement corps. 
avec l’épisperme ,qu’ils semblent ne former qu’un seul: 
tégument (caryopse) ;. mais à chaque fruit: il faut dis- 
tinguer une face interne et externe ; l’aréole embryo: 
nale se trouve à la base de celle-oi ; à l’autre face , sou- 


vent munie d’un sillon , on remarque le hile (nommé. 


"Spile, par Richard), au travers du péricarpe , en 
forme de tache ou de ligne brune. L’embryon appli- 
qué latéralement et obliquement à un endosperme fa. 
rinacé , constituant la majeure partie de l’amande , se 
compose de deux parties, de /’Hypoblaste, corps plus 
ou moins applati, d’une substance charnue et. d’une 
forme variable , et du Blaste , petit cylindre couché lon: 
giludinalement sur le milieu de ce corps , et fixé par sa. 
partie moyenne, de sorte que les deux extrémités res- 
tent libres, Quelquefois on observe vers le milieu dy: 


(219 ) 
blaste ui petit-appendice en forme d’onzlet, qui porte! 
chez Richard le nom d’Epiblaste. M. de, Jussieu et d’aw-, 
tres botanistes , regardert l’hypoblaste comme le, véri-: 
table cotylédon. Gæriner le considère comme un corps: 
d’une nature intermédiaire entre le cotylédon et len- 
dosperme , et le nomme Yitellus. D’après Richard, au 
contraire , l'hypoblaste. est une véritable radicule_ (:ou 
un renflement particulier de celle-ci }, dépourvue de la 
faculté. de développer une radicelle, et dort l’épiblaste 
n’estqu’un prolongement, La partie supérieure du blaste; 
(la gemmule de certains botanistes } est le cotylédon , 
et inférieure ( la radicule de ces mêmes botanistes ).est 
une bosse radiculaire (Radiculode ) de la tigelle , ana- 
logue aux iubercules radicellaires, que la germination 
développe sur celle de plusieurs embryons. Pour appuyer 
cette théorie, Richard rappelle l'embryon du Zanichel- 
lia: , rénflé à sa base , et celui du Peckea et du Clusia 
formé presque entièrement par laradicule. L'observation 
de M. Poiteau , que les Endorhizes n’ont point de racine 
pivotante , lui fournit un autre argument. Comme , sui- 
vantson explication , le riz aurait le cotylédon renfermé 
dans la radicule , il fallait trouver ailleurs des exemples 
d’une même organisation. Le Peckea butyrosa lui en 
fournit un tout-à-fait semblable, et l’Hydrocharis pré- 
sente au moins quelque analogie. L’hypoblaste ne sup- 
porte aucune lésion , non plus que la radicule dans les 
autres plantes ; en le détruisant, onempêche l’embryon 
de germer ; ce que l’on n’apourtant pas à craindre dans 
les Graminées , quand on coupe seulement la radiculode. 
Richard tire de la germination une dernière grande 
preuve de sa théorie. Lorsque le fruit des Graminées se 
lrouve dans des circonstances favorables peur germer , 


( 220 ) 


la radiculode perce dehors, en rompant ses enveloppes , 
et s'ouvre vers son sommet, pour laisser sortir une ou 
rarement plusieurs radicelles qu’elle engaine à sa base , 
sans s’accroître davantage. En même temps , les bosses 
latérales qui existent sur la tigelle développent leurs ra- 
dicelles, le cotylédon s’alonge dans un sens opposé et 
forme un tube , d’où sort une première feuille. L’hypo- 


blaste ne prend point d’accroissement sensible. Après : 


avoir rempli ses fonctions nutritives , il se flétrit ; l'en. 
dosperme qui s’était amolli et changé en pulpe amyla- 
cée se dessèche , et est entraîné dans la destruction des, 
autres tégumens séminaux. 

Richard finit son Mémoire en alléguant des nouvelles 
observations qui prouvent que le Nelumbo etle Nym 
phœæa doivent être rangés parmi les Endorhizes. 

VI. Examen critique de quelques Mémoires anato- 
mico-physiologico-botaniques de M. Mirbel. (Journal 
de Phys.) —VIT. Proposition d’une nouvelle famille de 
plantes, les Butomées. (Mém. du Mus. , t. 1, p. 364} 
— VIT. Annotationes de Orchideis europæis. (Ibid. , 


tom. 4,p. 23). — IX. Mémoiresur lanouvelle famille | 


des Calycérées. (Ibid. , tom. 6, pag. 28). —X. Mé- 
moire sur la nouvelle familie des Balanophorées , ter- 
miné et publié par M. Achille Richard. (Zbid. ,tom. 8,, 
pag. 404). — XI. Mémoire sur les familles des Coni- 
fères et des Cycadées. Ouvrage manuscrit, accompagné 
d’un grand nombre de figures d’analyse, les plus parfaites 
que nous possédions. — XII. Richard est l’auteur ano- 
nyme du Flora Boreali-Americana de Michaux, en 
deux volumes, 1803. — XIII. Il a publié plusieurs 
Mémoires conjointement avec M. de Jussieu, sur des 


familles nouvelles : les Loranthées ., les Gesnérices.. 


(221 ) 

les Lobéliacées (Ann. du Mus.), etc. — XIV. Cata- 
. logue des plantes de Cayenne envoyées par Leblond,, 
dans lequel Richard a mentionné un grand nombre d’espè- 
ces nouvelles. (Act. de la Soc. d’Hist. nat. de Paris). 
— XV. Mémoire sur le Lygeum spartum.( Ibid.) — 
XVI. Extrait d’une instruction pour les voyageurs 
- matiralistes (Ibid). Richard y examine , entre autres , 
quels sont, dans les animaux , les différens organes qui 
fournissent les meilleures caractères , et qu’il importe le 
plus au naturaliste-voyageur de bien étudier. 


OssenvarTions sur le LETARUS CEPHALOTE , €t 
Description de trois espèces nouvelles ; 
Par G. Fiscuen. 


UExtrait de ’Entomographia Tinperii Russici , tome 1.°t, p.133.) 


Le genre Lethrus, établi par Scopoli ét'adopté mainte- 
tenant de tous les entomologistes , se composait d’une 
seule espèce, le Lethrus cephalotes. M. Fischer , sans 
revenir sur les caractères génériques parfaitement déve- 
loppés par M. Latreille , décrit trois espèces nouvelles et 
ajoute quelques détails curieux sur les habitudes de l'in- 
secte que l’on connaissait déjà. Nous offrirons aux enlo- 
L mologistes ces observations importantes , consignées 
_ dans un ouvrage rare et peu connu. 

1. Lerunus cernarorTe, Leéthrus cephalotes Faznr., 

| Ouiv. , Lan. , elc. , etc., et Fiscuer (Tab.xur, fig. 1). 

_ Longit. 8—9 lin. Latit., Thor. 5—6. lin. 
L. Totus niger  Thorace elyiris que lœvibus. 

Le Lethrus céphalote est un insecte très-nuisible aux 

ndroits cultivés, parce qu'il cherche de préférence les 


(222 ) 
“bourgeons el les feuilles à peine apparentes , et les coupe 
net ‘avec ‘les pinces tranchantes de ses mandibules; 


“on l’appélle ‘en Hongrie, 6ù ‘il fait beaucoup ide :mal. 


‘aüx vignes , Schneider; : é’est:àdire , coupeur. »1 
“grimpe “rèsibien , ‘et après avoir ‘coupé ‘le :bourgeon 
‘de ‘a ‘plante, il revient ‘sur ses pas en marchant ‘à 
‘réculons comme ‘une écrevisse , et: emporte ‘son: butin 
‘dans le trou qu’il ‘habite. ‘Chäque trou , creusé-dans la 
‘terre , 'est'occupé par un couple; mäis , à l'époque des 
amours, il arrive souvent qu'un mâle ‘étranger vient 
troubler la tranquillité du ménage et cherche à s’intro- 
duire dans l'habitation. Alors , il se livre un combat vé- 
hément entre le mâle propriétaire et le mâle usurpateur. 
La femelle ne reste pas inactive ; elle bouche l’ouverture 
du trou, soutient son compagnon, et le poussant sans 
cesse par le derrière ; elle entretient l’animosité du com- 
bat; l’action ne cesse qu'après la mort ou la fuite de 
l’aggresseur. 

Grandeur. du Geotrupe stercoraire , où un peu, plus 
_petit. Tête grande, large , proéminente , avec des ex- 
,pansions latérales qui de chaque côté portent les yeux; 

ces prolongemens sont arrondis ; chaperon formant une 
partie semi-cireulaire..et élevée de la tête. Lèvre émar- 
-ginée, très-peu raboteuse en haut, dontle creux est. rem- 
pli par un renflement. Mandibules triangulaires et fortes : 
très grosses dans les femelles, et ayant dans les mâles 
un appendice dentiforme.très- -grand, courbé vers k inté- 
rieur, Ces:appendices pouvant bien, être des crampons 
avec lesquels l’animal se tiendrait en grimpant et en 
marchant à reculons,.ou se défendrait en combattant. 
Corseletplus large que l'abdomen , lisse , largement échan- 
cré en avant et en arrière, et rebordé des deux côtés. 


( 225 ) 
Ecusson large , triangulaire et lisse. Elytres réunies, lisses , 
rétrécies postérieuremént'elembrassant la base de l’abdo- 
men. Poïtrine ‘se ‘prolongeant /beaucoup!én arrière (à 
‘cause de'céla l’abdomén a irès-peu' de ‘lünguéür , et dés 
“dernières paîtes paraissent inséréés tout près de l'anus) 
Corps noir en dessous’et ‘brillant. Guisses’ portant en 
‘ivaht'un disque garni de soiés rousses. Jambes anté- 
‘riéurés ün peu plus longues que le prolhiorax ; compriméés 
et dentéès en dehors. Deux dents paraissent principale- 
ment, les autrés sont oblitérées.! En Sibérie ; près du 
PRES ën Podolie et près de Kharküt. 
‘2. Lernäus À Bfossis, Eéthris scoparius , Fiscnen. 
T ab.xur, fig. 2). Lonoit.i8 lin: ,atit. 5 lin. 
‘L. INibér ; Süprè seabriuséulus infra Se tibirs 
anticis scopalis. 
‘Presque de la même grandeür que le précadent ; -mais 
s’en distinguant par son corps räbôteux , velu’en'bas ,'et 
par Ses jambes garnies de soïès plus - -sérréès ; 6réilles ou 
“appendicés de la tête plus larges él carrées. Téte réssem- 
‘lant'à célle’du Lethrus céphalote ; mais’ offrant uu plus 
“grand nombre de’ points imprimés , ‘ce qui la rend rabo- 
‘teuse ;'le ‘chäperon plus ‘arrondi ét portant deux tubér- 
‘cules longitudinaux: ; ‘Jèvresüpérieure , et mandibüules 
*4eliés. ‘Préthérax rebordé ; YAbords velus ; très-raboteux , 
l'a causé des points énfoncés qu'on y observe. Ecusson' large 
9h $a”base , iriaigulaire’ et pointillé. Elytres räboteuséset 
“garnies de $oies courtés. Gorps‘velw’ en dessous ‘ef pattes 
lgarnies de ‘sôies plus lôngüés’ qui forment à l'extrémité 
‘des jambes de dévant des Brossés très-distinctes et roidés. 
Dans les steppes méridiôiales d'Orénbourg. 
3. Leranus LonGImane, Lethrus longimanus, Frsciër, 


(Tab. xur , fig. 3). Longit. 5 lin. latit. 4 lin. 


(24) 
L. Negrescenti violaceus nitidus , scabriusculus , ti- 
bits anticis longis , totis dentatis. 
| Beaucoup plus petit que le Letrhus cépkalote. Têie ra- 
boteuseet présentantune cicatrice frontale formée far des 
points enfoncés rapprochés les uns des autres ; appendices 
de la tête larges et carrés. Corselet raboteux et très-re- 
bordé ; écusson court, triangulaire et canaliculé. Elytres 
réunies , beaucoup plus étroites que le prothorax et un peu 
plus longues , raboteuses ; avec plusieurs impressions li- 


néaires. Corps garni inférieurement de soies ; pattes anté- : 


rieures velues, jambes ayant une longueur proportion- 
nelle assez grande, comparées au prothorax. Leur som- 
met ayant trois épines et offrant six dentelures dans leur 
longueur. Jambes postérieures très-épineuses, Habite 
aussi les steppes méridionales d’Orenboursg. 

4. Leranus ne Ponoute , Lethrus Podolicus , Fisouen, 
Longit. 6 lin.; latit. 4, lin. 

L. Totus niger, thorace lœvi, elytris rugosulis... 

- Un peu plus grand que l’espèce précédente , et se distin- 
guantdu Lethrus céphalote par les caractères suivans : tête 
munie d’un chaperon presque carré; mandibules offrant 
une carène vers le haut ; dent qui se voiten bas, dirigée en 
avantet proportionnellement moins grande. Corselet lisse, 
mais cependant tant soit peu pointillé , ses bords latéraux 
et postérieurs plus réfléchis; écusson alongé, pointu et 
non triangulaire ; élytres raboteuses, avec une trace de 
lignes imprimées. Corps présentant inférieurement des 
petits pores et des petites soies; pattes sarnies d’épines, et 
jambes de devant plus distinctement dentelées avec une 
épine simple et non triple au sommet. Habite la Podolie 
australe. 


MonoGRAPHIE DU GENRE SPIRÆ À ; 


Précédée de quelques Considérations sur la famille 
des Rosacées ; 


Par M. J. CansEessenes ; 


Correspondant de la Société d'Histoire naturelle de Paris. 


L Rosacf£es forment, dans le Genera de M. de Jus: 
sieu, la dixième famille de la quatorzième classe, dans 
laquelle sont renfermées les plantes à corolle polypétale 
périgyne ; elles se divisent en plusieurs tribus, 

A leur tête sont les Pomacées , qui ont les plus grands 
rapports avec la famille des Myrtacées, et qui sont ca- 
ractérisées par leurs ovaires , soudés en tout ou en partie 
avec le calice, contenant le plus souvent deux ovules 
ascendans et collatéraux (le Cydonia seul présente une 
dixaine d’ovules, étalés horizontalement et alternes ). 
M. Lindley (1) a publié un Mémoire très-intéressant sur 
ce groupe. 
PR CEE D RES 

{i) Feu M. Richard et M. Lindley semblent croire que 
dans tout le groupe des Pomacées , les ovules et les 
graines sont ascendantes ou dressées et collatérales. Cepen- 
dant, dans le Cydonia, y compris le Chœnomeles de 
M. Lindley , les ovules sont perpendiculaires à l’axe du 
fruit, c’est-à-dire, péritropes , alternes, et se recouvrant 
horizontalement les uns les autres. 

Lesdifférens genres de Pomacées offrent presque tous les 
passages depuis les ovaires entièrement libres jusqu'aux 
ovaires soudés par toutes leurs faces, soit entre eux , soit 
avec le tube épaissi du calice. | 

Le Purshia de M. De Candolle a tout le port extérieur 

1. DE) 


{ 226 ) 
La tribu des Roses est formée par le seul genre Rosa, 


qui est caractérisé par ses ovaires libres, nombreux , in- 
déhiscens , à enveloppe osseuse, dispersés sur toute la 


du Mespilus oxyacantha, et nous paraît faire plutôt par- 
tie de la tribu des Pomacées que de celle des Spirées; il 
n’a cependant qu’un seul ovaire parfaitement libre au 
fond du calice. 

Dans le Photinia de M. Lindley , les ovaires sont unis 
entre eux, mais non avec le calice, si ce n’est par leur 
partie inférieure. 

Dans le Cotoncaster, les ovaires sont soudés avec la 
paroi du calice par le dos, et libres par les faces, ainsi 
que par l’angle correspondant à l’axe du fruit. 

Dans le Cydonia , ils sont soudés par le dos , imparfai- 
tement soudés par les faces , et libres dans le centre. 

M. Delile les a vu libres par le centre, dans les Malus 
coronaria , Mill. ,et Malus sempervirens , Mich. 

Le sommet seul des ovaires est libre dans le Mespilus 
germanica et dans le Cratægus japonica. La totalité du 
reste de leur surface est soudée. 

Dans toutes les autres Pomacées, les ovaires sont sou- 
dés entre eux et avec le calice, et ils sont recouverts au 
sommet par une couche charnue plus ou moins épaisse 
d’où partent les styles. 

Nous hasarderons, à la suite de ces considérations sur 
la soudure plus ou moins complète des ovaires ; notre 
opinion surquelques-uns des genres établis par M. Lindley. 

Le genre Chænomeles rentre dans le Cydonia; son 


fruit , que l’on a pu observer depuis plusieurs années à. 


Paris, ne s'ouvre point en cinq valves, comme l'avait dit 
Thunberg, et les caractères tirés des étamines insérées 
sur deux rangs, et du limbe du calice persistant et très- 


(227) 
surface intérieure d’un calice étranglé au sommet, con- 
tenant un seul ovule suspendu. Nous avons diverses ob- 
servations sur ce genre, de MM. Desvaux, Lindley, 
Trattinick, Wood, etc. 

Les Sanguisorbées se distinguent des autres Rosacées 
par leurs fleurs , souvent diclines et dépourvues de pétales, 
et par leurs ovaires en nombre déterminé , enfermés dans 
un Calice resserré au sommet , etcontenant un seul ovule. 
Leurs fruits sont des achènes. Personne ne s’est occupé 
spécialement des plantes qui forment ce groupe (1). 

Les Potentillées sont caractérisées par leurs ovaires 
en nombre indéterminé, insérés, soit sur un réceptacle 
proéminent, soit au fond du calice, et ne renfermant 
qu'un seul ovule suspendu , ou plus rarement ascendant, 
Leurs fruits sont des achènes, quelquefois des drupes. 
Nous devons à M. Nestler un travail sur les genres de 
celte tribu, suivi d’une Monographie des Poientilles ; à 
DD his, ni lin soins ont, msjinlinie jé nés 
charnu, se fondent par une foule de nuances dans le type 
ordinaire. Cette plante nous parait évidemmentun Cydo- 
mia. (Cydonia japonica, Pers.) 

L’Osteomeles ne diffère du Méspilus que par ses loges 
uni-ovulées, et mérite à peine d’être conservé. L’Eriobo 
tra nous semble devoir être réuni au Pyrus. Le Ra- 
phiolepis rentre dans le Photinia. Le Cratægus et le 
Cotoneaster dans le Mespilus. 

Les seuls genres qui resteraient dans les Pomacées se- 
raient donc : Purshia, Photinia, Mespilus , Pyrus , 
Cydonia , Osteomeles , Amelanchier , et Chamæmetes. 

(1) M. Nestler, dans sa Monographie des Potentilles, 
aséparé de cette tribu les genrés 4grimonia et Sibbatdia 
qui se rapprochent davantage des Potentillées. 

19: 


( 228 ) 


M. Lehmann une Monographie du même genre, et à 
M. Nées d’Esenbeck une Monographie des Rubus. 

Les Amvygdalées ou Drupacées, n’ont qu’un seul 
ovaire ; leur fruit est une noix drupacée , renfermant une 
ou deux semences. Nous ne connaissons aucun travail 
destiné particulièrement à faire connaître les genres de 
ce groupe. 

Les genres Tigarea, Delima, Prockia ët Hirtella, 
formaient , dans le Gencera de M. de Jussieu, la sixième 
tribu des Rosacées : le premier a été réuni au T'etracera, 
par Wildenow ; le second a été placé dans les Magno- 
liacées ; le Prochia fait partie de la nouvelle famille des 
Bixinées, établie par M. Kunth, etl’Æirtella, appartient 
à celle des Chrysobalanées , constituée par M. R. Brown. 

Outre les groupes que nous venons d’énumérer, les 
Rosacées renferment encore celui des Spirées; qui fait 
l’objet de ce Mémoire; les diverses modifications que 
présente la structure des plantes qui le composent, nous 
ont paru mériter quelqu’attention. 

Le genre Spiræa possède trente-cinq espèces ; dix- 
huit d’entre elles sont cultivées au Jardin des Plantes 
et chez MM. Noisette et Gels; cinq autres se trouvent, 
soit dans l’Herbier du Muséum , où la complaisance de 
MM. Desfontaines et Deleuze m'a mis à même de les 
étudier avec soin, soit dans ceux de MM. de Jussieu; 
Thouin, de Lessert, Richard, et Ad. Brongniart; je 
saisis cette occasion de remercier ici ces sayans, qui 
m'ont permis de disposer de leurs collections, et m'ont 
aidé de leurs avis ; mais il est un botaniste à qui je dois 
plus encore; c’est M. Gay, c’est lui qui m'a mis sur la 
voie des recherches que je publie aujourd’hui, et quia 


( 229 ) 

constamment guidé mes pas dans la carrière difficile de 
l'observation. Privé, depuis mon séjour à Paris, des 
excellens conseils de M. Delile , j’ai retrouvé, dans 
M. Gay, les mêmes principes, la même obligeance; j'ai 
cru entendre le même maître. Puisse l'hommage que je 
fais à ces savans , de ce Mémoire, leur prouver ma 
reconnaissance pour les lecons qu’ils m’ont données. 

Il est douze espèces du genre dont j’entreprends 
l’histoire, qui. ne se trouvent dans aucune des collec- 
tions de la Capitale, et que je n’ai pu parvenir à me 
procurer; je rapporterai, dans ce cas, pour chacune, la: 
description de l’auteur qui me paraîtra la plus propre à 
la faire connaître. Je sens très-bien la lacune que le 
manque de ces espèces laissera dans mon travail: aussi 
doit-on regarder ce Mémoire, moins comme une Mono- 
graphie complète des Spirées, que comme un travail 
destiné à faire connaître les détails d'organisation d’un 
certain nombre d’entre elles , et les rapports intimes qui 
les lient aux autres Rosacées. : 


Caractères du genre SPIRÆA. 


La tribu des Spirées comprenait , dans le Gencra de 
M. de Jussieu , les genres Spiræa, Suriana et Tétrace- 
ra ; celui-ci a été réuni aux Dilléniacées ; le second doit 
aussi être séparé du groupe dont nous nous occupons ; 
ses pétaleset ses étamines sont hypogynes , il doit donc 
être rapporté à la treizième classe avec les plantes Poly- 
pétales à étamines hypogynes. 

M. de Gandolle (1) a réuni à la tribu des Spirées les 


(1) Transact, Soc. Linn. Lond. XIL, p. 152. 


. ( 230 } 

genres Keria et Purshia : le dernier n’existe dans au- 
cune des collections de Paris, mais l'inspection de la 
figure de Pursh, nous fait présumer, comme nous l’a- 
vons déjà dit, qu’il doit plutôt se rattacher à la tribu 
des Pomacées ; le premier est cultivé à fleurs doubles 
dans tous nos jardins, où nous avons pu l’examiner avec 
soin. Ses caraclères, comme genre, ne nous ont pas 
paru d’une assez grande valeur; celui tiré de l'unité 
d’ovule, le seul qui soit important, est considérablement 
atténué par les variations que l’on observe dans cet or- 
gane chez les, Spiræa; quant à ceux tirés de la diffé- 
rence de son port, de ses fleurs jaunes, grandes, soli- 
taires au sommet des rameaux, nous ne croyons pas qu'ils 
puissent suflire pour le conserver comme genre distinct ; 
nous suivrons donc l'exemple de M. Desvaux, et nous 
le réunirons provisoirement aux Spiræa, en attendant 
que ses graines , qui ne mürissent pas dans nos jardins, 
aient été observées. La tribu dont nous neus occupons 
serait donc réduite à ce seul genre, car nous n’en con- 
naissons aucun autre, décrit ou inédit, qui puisse s’y 
rapporter (1). 


(à) M. Kunth, dans le XXVI.” Fascicule de la partie 
botanique du Voyage de M. de Humboldt, vient de réunir 
à la tribu des Spiréacées , les genres Kagenéèckia , Ruiz 
et Pavon; Quilaja, Moll. ; Vauquelinia , Humb. et 
Bonpl.; et Lindteya , Kunth, genre nouveau dédié à 
M. Lindley. 

Ces quatre genres font évidemment partie du groupé 
dont nous nous occupons ; dans le premier , les ovaires 
sont entièrement libres ; dans les trois autres, ces orga- 


( 251 

Le genre Spiræa est composé d’arbrisseaux dépourvus 
d’aiguillons , et de plantes herbacées vivaces. 

Leurs rameaux et leurs feuilles sont alternes, celles-ci 
sont penninerves, plus rarement marquées de trois ner- 
vures qui partent de la base en divergeant, tantôt en- 
tières , tantôt lobées, angulaires , dentées en scie ou seu- 
lement crenelées aa sommet , pinnatifides dans les Spir. 
sorbifolia, Ulmaria, lobata , etc., décomposées dans le 
Spir. Aruncus, tripartites dans les Spir. trifoliata et 
stipulata ; les espèces herbacées sont toutes, à l’excep- 
tion du Spir. Aruncus, munies de stipules pétiolaires ; 
parmi les ligneuses , on ne retrouve cet organe que dans 
les Spir. sorbifolia , opulifolia et japonica. 

Les fleurs sont hermaphrodites {dioïques dans le seul 
Spir, Aruncus), disposées en ombelle, en corymbe , en 
panicule ou en cime; elles sont solitaires au sommet des 
rameaux et très-grandes dans le Spir. japonica; dans 
la plupart des espèces elles répandent une odeur agréable. 

Le calice est infère, à peine fendu jusqu’au milieu ; 
ordinairement en entonnoir; campanulé dans les Spur. 
Aruncus, Ulmaria, lobata, digitata; en forme d’urne 
antique dans les Spir. trifoliata et stipulata, hypocra - 


nes sont plus ou moins soudés entre eux , mais jamais 
avec le calice comme dans la plupart des Pomactes. 
Cette soudure plus ou moins complète ne saurait les éloi- 
gner des Spirées, puisque nous verrons dans la suite de 
ce Mémoire ; que le Spir. sorbifolia présente le même 
caractère, et. possède , par conséquent , ainsi que les 
genres V’auquelinia et Lindleya, un ovaire unique à 
cinq loges, à chacune desquelles vient correspondre un 
des styles. 


( 252 ) 
tériforme dans le Spir. japonica ; les dents sont persis+ 
tantes ainsi que le tube. 

Les péiales sont au nombre de cinq, et quelquefois de 
six, sept et huit sur le même individu, insérés au hant 
du tube du calice, et alternes avec ses segmens, mar 
qués de veines palmées ; leur forme est en général ronde 
ou en ovale renversé; elle est lancéolée dans les Spir. 
trifoliata et stipulata ; ils sont blancs, plus rarement 
roses ou mélangés de ces deux couleurs , jaunes dans le 
Spir. japonica à fleurs doubles. 

Le nombre des étamines varie depuis vingt jusqu’à 
cinquante-quatre, elles sont insérées circulairement au 
haut du tube du calice entre les pétales et le sommet du 
disque ; leurs filamens sont capillaires, de la couleur des 
pétales ; leurs anthères sont insérées au milieu du dos, 
didymes, à deux lobes s’ouvrant chacun par une fente 
longitudinale, jaunes, quelquefois roses. 

Les Spirées présentent des différences notables dans 
l'épaisseur de leurs parois calicinales ; dans les Spir. 
trifoliata et stipulata le calice est mince , et pour ainsi 
dire transparent; dans toutes les autres espèces que nous 
avons examinées , il est sensiblement plus épais. Lors- 
qu'on cherche à se rendre compte de cette différence 
par une coupe longitudinale du calice, on ne tarde pas 
à s’apercevoir que dans les premières espèces que nous 
avons nommées , les parois sont simples, c’est-à-dire 
composées d’une seule pièce ; tandis qu’elles sont doubles, 
formées de deux membranes soudées, dans toutes les 
autres. Rarement la membrane intérieure adhère à l’ex- 
térieure dans toute sa longueur , le plus souvent elle 
s’en détache vers le sommet et forme au-dessous des fi- 


( 253 ) | 
- Jamens un rebord saillant , qui est tantôt entieret marqué 
de dix crenelures, tantôt divisé jusqu’à la base en dix 
segmens parfaitement distincts les uns des autres, C'est 
cet organe, considéré à la fois dans sa partie saillante et 
dans sa partie adhérente , auquel nous donnerons le nom 
de disque dans la suite de ce Mémoire. 

Cet organe prend dans les Rosacées toutes sortes de 
formes : dans le genre dont nous nous occupons, il se 
dessèche lorsque les ovaires sont fécondés ; dans les Po- 
macées , il prend à cette époque un grand développe- 
ment, embrasse les carpelles, se glisse entre leurs cloi- 
sons qu'il parvient à séparer en augmentant de volume, 
et forme enfin par son union avec le calice épaissi, ces 
fruits que nous nommons Pomme , Poire, etc; dans les 
Rosiers , il tapisse, comme dans les Pomacées, l’intérieur 
du calice, augmente de volume avec lui, et produit en- 
fin par son accroissement cette substance pulpeuse et 
rouge qui recouvre l’intérieur du calice et supporte des 
fruits entourés d’une multitude de poils. 

Quelle que soit cependant la différence que présente 
le disque dans ses formes extrêmes, on ne saurait lui 
attribuer qu’une importance générique très-bornée , 
puisque, dans le genre dont nous nous occupons spécia- 
lement ici, il manque ou existe dans des formes d’ail - 
leurs semblables. 

Les Spirées ont en général cinq ovaires, (ce nombre 
varie cependant de trois à douze) , insérés au fond du 
calice , uniloculaires , libres dans la plupart des espèces, 
-soudés plus ou moins entre eux dans les Spir. sorbi- 
folia, Ulmaria , Filipendula ; ils sont le plus souvent 
sessiles , quelquefois stipités, comme dans les Spir. sor- 


(254) 
bifolia et opulifolia ; ils sont triquètres et légèrement 
courbés en faucille dans le plus grand nombre, con- 
tournés dans le Spir. japonica , ordinairement rappro- 
chés les uns des autres par lear angle intérieur, mais 
libres du côté de laxe dans les Spir. Filipendula, Ul- 
maria, digitata, lobata ; dans toutes les espèces ces 
ovaires sont atténués insensiblement en un style inséré 
un peu Jatéralement, cylindrique, tronqué au sommet, 
le plus souvent filiforme , mais qui affecte la forme d’une 
massue très-épaissie à son extrémité dansles Spir. Fili- 


pendula, Ulmaria , lobata , digitata ; ce style est cou. 


vert de poils couchés dans le Spir. japonica ; ilest glabre 
dans toutes les autres espèces. | 

Les ovules, dont le nombre varie de un à treize, sont 
insérés alternativement sur la suture intérieure de l’o- 
vaire : ils sont suspendus dans le plus grand nombre des 
espèces; dans le Spir. opulifolia , l’un est suspendu et 
les autres sont ascendans ; ils sont tous ascendans dans 
les Spir. trifoliata et stipulrta , on n’en observe qu’un 
seul péritrope dans le Spir. j'aponica. 

Les carpelles sont en même nombre que les ovaires, 
quelquefois cependant on en rencontre un ou deux de 
moins par l'avortement de ceux-ci; leur volume aug- 
mente environ du double en mürissant; dans le seul 
Spir. opulifolia ils s’enflent en vessie et sont beaucoup 
plus gros que les ovaires, à la maturité ils s'ouvrent par 
leur angle intérieur et laissent voir les graines qui sont 
alors insérées alternativement sur les deux valves. 

Les semences sont alongées dans la plupart des es- 
pèces , ovoïdes dans le Spir. opulifolia. Le raphé est 
simple et se prolonge depuis Pombilic jusqu’à l’autre ex- 


( 255 ) 

trémité de la graine, où il se termine par une chalaze 
en forme de tubercule. Le tégument propre est le plus 
souvent mince etun peu lâche; il est dur et très-tendu 
dans le Spvr. opulifolia. Le périsperme est nul ou presque 
nul ; l'embryon est droit; la radicule est tournée vers 
l'extrémité de la graire la plus voisine de l’ombilic , elle 
esl conique, trois où quatre fois plus courte que les co- 
tylédons; ceux-ci sont ovales ou oblongs, obtus à leur 
sommet. La plumule n’est pas visible. 


On peut voir, d’après ce que nous venons de dire, 
que les Spirées qui présentent plusieurs des caractères 
communs à toute la famille des Rosacées , en ont aussi 

de moindre valeur qui les distinguent des autres groupes 
de cette famille, dont elles se rapprochent cependant 
par une foule de nuances. Ces points de contact sont 
tels, que dans beaucoup de cas on est très-embarrassé 
pour fixer la limite des diverses tribus. 


En général, elles diffèrent des Pomaetes par leurs 
ovaires libres , jamais soudés avec le calice, par leurs 
ovules alternes, par leurs carpelles déhiscens. 


Ëlles s’éloignent encore plus des Rosiers qui ont des 
fruits à enveloppe osseuse, indéhiscens , toujours uni- 
ovulés , aitachés aux parois d’un calice étranglé au 
sommet. 

Les Sanguisorbées , plantes souvent privées de pétales 
et diclines, dont les fruits sont des achènes souvent 
soudés entre eux et recouverts par le calice , diffèrent 
au premier aspect, des plantes dont nous nous occu- 
pons. 


Les Potentillées s’en éloignent par leurs ovaires nom- 


( 256 } 


breux souvent portés sur un réceptacle proéminent , par 


leurs fruits qui sont des achènes ou des drupes. 

Enfin , les Amygdalées ou Drupacées en diffèrent 
par leur ovaire unique et leurs fruits indéhiscens et dru- 
pacés. 


Groupes à former dans le genre SrirÆA. 


Moœnch , dans son Methodus, a divisé les Spiræa en 
trois genres, savoir : Spiræa , Filipendula et Ulmaria, 
auxquels il a ajouté, dans son Supplementum , le genre 
Gillenia. 


En commençant à étudier ce genre, considérant la. 


différence de port que présentent les espèces de Spirées, 
nous crûmes à la nécessité de suivre les divisions de cet 
auteur en supprimant le genre Filipendula qui offre 
trop de rapports avec l’Ulmaria pour en être séparé. 
L'inspeclion des ovules , caractère essentiel entièrement 
négligé par Mœnch , semblait lever tous nos doutes ; 
en effet, nous trouvions dans les vrais Spiræa de 
5à 18 ovules, suspendus , insérés au sommet de l’o- 
vaire ; dans les Ulmaria nous n’en rencontrions que 
deux, suspendus, insérés vers le milieu de l'ovaire ; 
enfin les Gillenia nous en présentaient deux, ascen- 
dans, insérés vers la base de l’ovaire, Gette dernière 
division nous paraissait surtout bien éloignée des vraies 
Spiræa , lorsque l'inspection des ovules du Spir. opuli- 
folia vint nous offrir un passage bien naturel pour lier 
les Gillenia aux autres espèces du genre. x 
Si l’on ouvre un ovaire du Spir. opulifolia, on trouve 
deux ou trois ovules insérés vers son milieu , ovoïdes, 
transversaux , et dont lesextrémités regardent les parois 


(287) 
Jatérales de l'ovaire ; lorsque le fruit mûrit , les ovules 
changeant de position , deviennent alors , l’un suspendu 
et les autres ascerdans. 

Cette observation qui diminuait bien l'importance 
de la position des ovules dans ies Spiræa, nous a déter- 
minés, en suivant l'exemple de la plupart des bota- 
nistes modernes , à les regarder comme formant un seul 
genre, auquel nous avons cru devoir réunir le Keria 
qui, comme nous l’avons déjà observé, n’a pas de ca- 
ractère assez essentiel pour en être séparé. La position 
et le nombre des ovules nous serviront à former des sec- 
tions bien distinctes ; ces divisions sont d'autant plus 
naturelles qu’elles se rapportent parfaitement à celles 
que l’on pourrait fonder sur le port des espèces. 

La première , sous le nom de Spiræa, comprendra 
le Spir. Aruncus et toutes les Spirées ligneuses à l’ex- 
ception des Spir. opulifolia et japonica ; ces espèces ont 
ordinairement des feuilles indivises, pinnatifides, dans 
le Spir. sorbifolia, décomposées dans le Spir. Aruncus , 
elles sont toutes ,à l'exception du Spir. sorbifolia , dé- 
pourvues de stlipules. Le disque recouvre l'intérieur du 
calice, s’en sépare au-dessus de l’insertion des étamines ; 
cette partie libre est tantôt marquée de dix crenelures, 
tantôt composée de dix lobes distincts ; dans le seul 
Spir. sorbifolia cet organe est entièrement soudé avec 
le calice dont il recouvre la paroi interne comme une 
espèce de vernis. Les styles sont droits, filiformes , gla- 
bres; les ovules sont au nombre de 5 à 18, suspen- 
dus, attachés depuis le sommet de la suture intérieure 
de l'ovaire jusques vers son milieu. Les carpelles aug- 
mentent à peine du double en mûrissant , leur péricarpe 
présente la consistance d’un papier épais. 


( 258 ) 

Cette division, la plus nombreuse du genre , peutse 
diviser en trois sous-sections ; dans la première seront 
toutes les espèces ligneuses dont le disque devient libre 
au-dessous de l'insertion des étamines ; la seconde ren- 
ferme le Spir. sorbifolia, dont le disque , comme nous l’a- 
vons dit plushaut , est entièrement soudé avec le calice et 
dont les feuilles sont pinratifides et munies de stipules ; 
la troisième enfin ne comprendra que le Spir. aruncus, 
la seule des espèces herbacées qui soit munie d’un 
disque , et dont les feuilles sont décomposées et les fleurs 
dioïques. 

La seconde de nos divisions portera le nom d’Ulma- 
ria, déjà consacré par les anciens auteurs ; elle con- 
tiendra les Spir. Filipendula, Ulmaria , digitata et 
lobata ; ces plantes sont toutes herbacées ; leurs feuilles 
sont pinnatifides , pourvues de stipules; leurs fleurs 
sont en cimes ; leur disque est nul; on en observe à 
peine quelqués rudimens sous la forme de côtes qui 
partant du sommet du tube du calice , au-dessous de 
l'insertion des étamines, se prolongent jusqu’au fond; 
leurs styles sont glabres , courts, réflechis , en forme de 
massue ; leur ovules sont au nombre de deux , insérés 
au milieu de la suture intérieure de l’ovaire ; leurs car- 
pelles ressemblent à ceux de la division précédente. 

La troisième section renfermera le seul Spér. opulifo- 
lia ; cet arbrisseau a des feuilles munies de stipules ; 
un disque soudé, comme dans le Spir. sorbifolia , 
avec la paroi interne du calyce ; des styles droits , fil 
formes , glabres , semblables à ceux des espèces com- 
prises dans fa première division ; ses carpelles s’enflent 
en vessie et deviennent cinq ou six fois plus grands que 


‘4 s ( 259 ) 

l'ovaire , leur péricarpe est mince et flexible ; les graines 
sont au nombre de deux , plus rarement de trois , l’une 
suspendue et les autres ascendantes. Nous donnerons 
à celte section le nom de Physocarpos , faisant allusion 
au renflement des carpelles. 

Les Spir. trifoliata et stipulata formeront notre qua- 
trième section ; ces deux espèces ont des liges herbacées, 
des feuilles tripartites, munies de stipules; leur disque 
est nul; leur calice est en forme d’urne antique, re- 
couvrant les ovaires ; leurs pétales sont lancéolés, très- 
longs ; leurs filamens très-courts ; leurs styles droits, fi- 
liformes , glabres ; leurs ovules , au nombre de deux , as- 
cendans , nérés presqu’à la base de la suture intérieure 
de l’ovaire. Nous conserverons à cette section lenom de 
Gillenia, donné par Mœnch et adopté par Nuttall, 

Notre cinquième et dernière division comprendra le 
Spir. japonica (Keria japonica, Dec.) , et sera carac- 

térisée par ses feuilles munies de stipules ; son calice hy- 
pocratériforme ; ses fleurs grandes , solitaires au sommet 
des rameaux, jaunes dans les individus cultivés à fleurs 
doubles dans nos jardins ; son style filiforme couvert de 
poils couchés comme dans les genres Rosa et Calycan- 
thus ; ses fruits contournés comme ceux du Spir, ul- 
maria; sa graine unique, péritrope, insérée au milieu 
de la suture intérieure de l’ovaire. Nous donnerons à 
cette section le nom de Keria déjà employé par M. de 
Candolle pour désigner cette plante. 


COL 
Table chronologique des espèces connues et décrites 
du genre SPIRÆA. 


salicifolia. 
tomentosa. 
chamædrifolia. 
hypericifolia. 
. crenata. 
1253. Linné Sp. PI. Ed: xs. 2t:.{ 11..( opulifolia. 
sorbifolia. 
Aruncus. 
Filipendula. 
Ulmaria. 
trifoliata. 


1760. Scopoli. FI. Carniol .......... 1... ulmifolia. 
1770. Jacquin. Hort. Vindob........ 1.. lobata. 


trilobata. 


771. Linné, Mantissa.,. ............ | ë 
ain lævigata. 


1781. Linné fils. Suppl........,..... 1.. argentéa. 


callosa. 
palmata. 
incisa. 
betulifolia. 
alpina. 
thalictroïdes. 
camtschatica. 


1784. Thunberg. Fl Jap: 0... de 


1784: Pallas. FL Ross... +....:.:..:.. 4. 


1779. Willdenow:Sp. PL. :4:..:-::42. 1.. digitata. 


cœrulescens. 
1800 P0ITéRADiCi Mer mer reeeLe 3..4 magellanica: | 


lanceolata. 


1806, VValdstein et Kitaibel. PI. Hung. 1..  cana. 


acutifolia. 
obovata. 
stipulata. 


1809. Willdenow. Enum........ ÉTRAES 


capitata. | 


1816. Pursh. F1. Amer. Sept........ a 2) 0 E HEAR PT 


à 33 


Nous ajouterons dans notre Monographie les Sprr. flexuosa , 


espèce envoyée, de Russie, par M. Fischer, connue dans les 
jardins de Paris sous:le faux nom de Sprr. alpina, et Spir. ja | 


ponica, auparavant Keria japonica, Dec. 


(241) 


Habitations des Spirées. 


Les Spirées habitent pour la plupart les contrées sep-- 
tentrionales et tempérées de l’hémisphère boréal, où 
elles s'étendent à presque toutes les latitudes ; le Nord 
de l’Europe, de l’Asie et de l'Amérique en possède un 
grand nombre; quelques-unes croissent en France, en 
Italie, en Espagne, en Chine, au Japon; Sonnerat a 
rapporté le Spir. cœrulescens des Indes orientales. 

On ne connaît dans l'hémisphère austral que deux es- 
pèces de ce genre recueillies par Commerson : l’une au 
détroit de Magellan , l’autre à l’Ile de France. Enfin, 
le Spir. argentea croit sous l’équateur , à la Nouvelle- 

_ Grenade. 


Quelques Spirées sont communes aux deux continens, 

de ce nombre sont : le Spir. hypericifolia, qui habite 
l'Amérique septentrionale, le Nord de l’Europe, la 
France, où elle a été observée par Gouan, et trouvée 
récemment par M. Gay, et l'Espagne ; le Spir. Aruncus 
et plusieurs autres espèces qui croissent dans plusieurs 
[contrées de l’Europe , de l’Asie et de l'Amérique septen- 
trionale. Quelques autres ne se plaisent que dans des 
| pays plus circonscrits ; je cilerai parmi celles-ci les Spir. 
trifoliata et stipulata , qui n’ont encore été trouvées que 
| dans quelques provinces des Etats-Unis. 
En général, les espèces herbacées préfèrent les lieux 
| bas et marécageux , cù elles acquièrent un plus grand 
développement ; les espèces ligneuses, au contraire , se 
rencontrent fréquemment sur le penchant des côteaux, 
où on les remarque quelquelois entre les fentes des ro- 
| chers. 


1. 10 


(242) 


Propriétés médicales et usages économiques des 
Spirées. 


Les Spir. F ilipendula et Ulmaria étaient employées 


fréquemment par les anciens médecins; nous ne nous 
étendrons pas sur les vertus qu’on attribuait à ces plantes, 
leur usage étant presque totalement abandonné aujour- 
d’hui. 
Pallas (1) nous apprend que les habitans du Kamit- 


chatka mangent les jeunes pousses crues du Spir. Camts-\ 


chatica, et recueillent avec soin les racines pour s’en 
nourrir pendant l'hiver. Selon cet auteur, les Russes ra- 
massent les feuilles de plusieurs espèces ligneuses et en 
prennent l’infusion au lieu de thé. 

Les médecins des Etats-Unis assurent (2) que le Spir. 
tomentosa jouit d’une verlu amère très-énergique ; son 
emploi est recommandée contre la diarrhée. 

Mais les espèces du genre dont nous faisons l’histoire , 
qui offrent le plus de secours à la médecine, sontles Spir. 


trifoliata et stipulata ; M. Barton (5) nous apprend que, 
leurs racines sont vivaces , composées de plusieurs fibres 


minces, longues , brunes , quelquefois noueuses dans une 
portion considérable de leur longueur, et disposées au- 
tour d’un tubercule épais ; elles ressemblent en quelque 


sorte à celles de l’Zpécacuanha , auxquelles on peut les il 


comparer sous le rapport officinal. On leur attribue en: 


core des vertus toniques qui font qu’on les emploie avec W 


* 


. 


(1) Pal! , F4. Ross. 1, p. 41. 
(2) Med. Reposit. VI, p. 256-272. 
(5) Barton , Vegelat Mat. Med. T, p. 65. 


(245) © 


succès contre les fièvres intermittentes. Elles doivent 


être administrées en poudre , à la dose de trente grains 
pour un adulte; dans cette proportion, elles peuvent 
être regardées comme un émétique eflicace et sans dan- 
ger. Leurs propriétés sont si énergiques, que les paysans 
américains, qui en usent quelquefois avec peu de mo- 
dération, sont obligés de recourir aux secours de la mé- 
decine. 

Toute la plante jouit probablement des mêmes vertus 
à un degré moins énergique; on assure qu’administrée 
aux chevaux elle rétablit promptement leur appétit. 


(La suite dans le prochain Numéro. ) 


\ 


Quelques Considérations sur les Méduses ; 


Par MM. Quoy Er GaimarD , 


Médecins-naturalistes de l'expédition de découvertes autour du 


monde , commandée par M. le capitaine Frexcrwer. 


Les Méduses, qui portent sur quelques-unes de nos 


. côtes le nom de Warmout, appartiennent à la classe des 


zoophytes ou animaux rayonnés. Les anciens les nom- 
maient Orties de mer, à cause de la démangeaison brû- 
lante que quelques-unes font éprouver à la main qui les 
touche , et Poumons marins, d’après leur forme ou leurs 
mouvemens alternatifs d’expansion et de resserrementé 
Ces singuliers animaux, dont la plupart jouissent de la 


propriété d’être éminemment phosphorescens pendant la 


nuit et de briller comme autant de globes de feu, sont 
mous, gélatineux , le plus souvent incolores et quelque- 
10. 


N (4) 

fois ornés des plus belles couleurs. Leur partie princi- 
pale est formée d’un disque ou ombrelle contractile , avec 
ou sans appendices. Leur parenchyme est si peu consi- 
dérable que , pac la seule évaporation , il se résout très- 
promptement en une eau limpide, salée, et qu’une Méduse 
de vingt à trente livres ne présente plus aiors qu’un ré- 
sidu de quelques grains, formé de parties membraneuses 
et transparentes. On dirait que l’eau s'organise pour for- 
mer ces animaux. Toutes les parties de leur corps sont 
irritables , et c’est par la contraction réitérée et le res- 
serrement sur elle-même de l’ombrelle, que s'opère la 
progression. Les Méduses n’ont, ni système nerveux, 
ni organes des sens , à l'exception de celui du toucher 
qui a lieu par toute leur surface ; elles puisent , dans le 
milieu où elles vivent, leur nourriture à l’état molécu- 
laire , et ne peuvent point se diriger par une volonté pro- 
pre vers tel ou tellieu, ni fuir ce qui peut leur être nuisible. 

Les Méduses sont les animaux pélagiens les plus ré- 
pandus; on en trouve dans toutes les mers, depuis le 
Groënland jusqu’au cap Horn, et surtout dans les mers 
inter-tropicales. Elles peuvent quelquefois affronter l’agi- 
tation des flots; mais il est probable que dans les tem- 
pêtes elles jouissent de la faculté d'aller chercher à de 
grandes profondeurs des eaux plus paisibles. Ge n’est 
en effet que dans les calmes qu’on voit leurs légions pa: 


raître à la surface. Il nous est souvent arrivé de naviguer | 


pendant plusieurs jours au milieu de ces animaux qui 
constamment suivaient une même direction. Lorsque 


l'impulsion des courans les favorise, ils doivent par=, 


courir d'assez grandes distances; ils sont doric suscepti- 
bles de changer de méridien et de latitude: aussi, 


(245) 

avons-nous observé les mêmes espèces dans des parages 
différens; et, pour ne pas multiplier les exemples, il 
nous suflira de dire que nous avons trouvé , en très-grand 
nombre , à l'entrée du port Jackson , la Pélagie panopyre 
que MM. Péron et Lesueur ont recueillie dans l'Océan 
atlantique équatorial. Ainsi, il n’est pas toujours exact 
de dire que telle espèce habite constamment tel ou tel 
lieu. Cependant les Méduses de la zône torride diffèrent 
de celles des températures froides , et, comme tous les 
êtres qui jouissent de la double influence de la lumière 
et de la chaleur, elles brillent dans toutes leurs parties de 
plus belles couleurs , paraissent à la surface des eaux et 
usent de la part de vie que la nature leur a départie , 
tandis que celles des mers froides , ordinairement ternes 
et décolorées , restent pendant l’hiver engourdies au fond 
des eaux et ne reparaissent qu’au printemps, embellies 
des organes qui servent probablement à la reproduction. 
Relativement aux autres fonctions dont ces animaux 
ont pu être doués, et à commencer par la première de 
toutes, la digestion , nous pensons avec M. Cuvier que 
les ouvertures que Baster, Müller, Péron et Lesueur ont 
pris pour des bouches, n’en sont pas. Tout le monde sait 
que ces derniers raturalistes ont établi leurs grandes 
divisionssur des caractères qui ne sont point exacts ; ils 
disentavoir vu des Méduses digérer jusqu’à des poissons. 
Gette opinion est aussi celle de MM. Bosc, Gaëde ; Ey- 
senhardt et Chamisso. De pareils observateurs méritent 
sans contredit toute la confiance que leur nom inspire ; 
mais nous pouvons assurer que , dans quelques espèces , 
un phénomène de digestion aussi compliqué est tout-à- 
fait impossible ; faute d'organes convenables pour l’opé- 


(246) 

rer. Une nouvelle espèce de Dyanée que nous avons prise 
non loin des côtes de Valence, dans la Méditerranée , 
nous paraît fournir un argument sans réplique : cette 
Méduse ne présente aucune ouverture par laquelle 
puisse entrer une substance quelconque d’un volume vi- 
sible ; et, cependant sa texture intime est en tout sem- 
blable à celle des autres espèces du même genre. La figure : 
que donne Müller; et qui a été copiée par d’autres auteurs, 
d’une Méduse avalant un poisson, ne prouve rien; car, 
ainsi que le remarque M. Cuvier, il peut très-facilement 
s'être introduit dans une ouverture presque toujours 
béante et qui offre peu de résistance. Nous savons, et 
nous l'avons vu plusieurs fois, que les Physalies sucent 
et digèrent les petits poissons qui ont reçu la commo- 
tion de leurs brûlans tentacules ; mais les Méduses ne 
sont pas organisées comme elles et pourvues de sucoirs. 
Bien que quelques-unesaient en partage cette faculté cor- 
rosive, ont-elles des organes susceptibles de digérer des 
corps solides ? C’est, selon nous, une question encore 
indécise et qui mérite l’attention des observateurs. 

Comment s’opère leur respiration ? se fait-elle par 
toute la surface de l’ombrelle, comme le pense M. de 
Blainville et Péron, pour quelques espèces seulement , 
car ils admettent dans d’autres des sortes de branchies. 
S’il est absolument nécessaire que ces derniers êtres de la 
chaine animale aient une respiration, ce qui n’est rien 
moins que prouvé, puisqu'on n’a pas encore trouvé , 
dans toutes les espèces, des organes fixes et invariables 
propres à cette fonction , la première hypothèse serait 
la plus probable: car des Méduses placées dans une eau 
qui n’est pas renouvelée, l’altèrent aussitôt , y dégagent 


(247) : 
un muçus gluant qui s’embarrasse dans leurs tentacules 
et elles finissent par périr. Il s'opère donc de toute leur 
surface une exhalation excrémentitielle qui a besoin d’être 
promptement enlevée pour ne pas leur nuire. Est - ce 
une respiration? Nous ne le croyons pas, puisque les 
Biphores , qui ont un appareil respiratoire très-compli- 
qué , dégagent pareillement des matières visqueuses lors- 
qu’ils sont dans une eau peu abondante. On peut en dire 
autant des Firoles, des Glaucus et probablement de tous 
les Mollusques zoophytes pélagiens , soit qu’on leur ait 
ou non reconnu des branchies. « 


Gene CYANÉE. 
Cyanée, Péron. Cyanea, Péron. 


Corps orbiculaire, transparent, ayant en dessous un 
pédoncule et des bras; des tentacules au pourtour de 
l’ombrelle ; quatre bouches (ouvertures } ou davantage , 
au disque inférieur. 

Cxyanke rose. C'yanea rosea. Quoy et Gaimard. Vo- 
yage autour du monde. Atl. de zool. pl. 85, fig. 1 et 2. 

Cyanea hemispherica , verrucosa, rosea ; brachiis 
quaternis, cotyliferis ; tentaculis longissimis et nume- 
TOSissimis. 

Forme hémisphérique. Couleur générale d’un beau 
rose. Ombrelle tuberculeuse, à huit échancrures prin- 
cipales au pourtour , subdivisées en huit autres moins 
profondes. Quatre bouches ou ouvertures. Quatre bras 
très-longs , striés longitudinalement , remplis de cotyles 
floconneux d’un rose tendre. Des tentacules très-nom- 
breux et excessivement longs (ils pouvaient , dans leur 
extension , atteindre jusqu’à six pieds ), tirant leur ori- 


. ( 248 } 
gine en dessous de l’ombrelle, d’une surface rubanée, 
formée de plusieurs lignes circulaires entrecoupées par 
plusieurs petits plans verticaux , aussi striés. Des quatre 
ouvertures partent autant de lignes qui vont se confondre 
à Ja réunion des quatre bras. 

Cette magnifique Cyanée a été prise à environ vingt 
lieues du Port-Jackson, sur les côtes de la Nouvelle- 
Hollande La mer était calme et remplie d’autres pe- 
tites Méduses que Péron a décrites sous le nom de Pé- 
lagie panopyre. Cette Cyanée renfermait , dans ses longs 
tentacules , une foule de pelits crustacés et plusieurs 
poissons ; ils étaient tous pleins de vie et s’agitaient dans 
le bocal qui avait reçu la Méduse ; rien n’a indiqué qu’elle 
parut en faire sa proie. 

Cxaxkx Astier. Cyanea Astier. Quoy et Gaimard , 
Voyage autour du monde. Al. de zool. pl. 84, fig. 1. 

Cyanca convexa, verrucosa , griseo-hyalina; um- 
bellæ margine intus striato ; brachiis foliaceis viola- 
ceis quatuor ; tentaculis octo rubris. 

Ombrelle convexe, pointillée en dessus, striée lon- 
gitudinalement en dessous. Quatre ouvertures contenant 
des ovaires rougeâtres. Quatre bras se divisant sous 
l’ombrelle en quatre lames foliacées , ondulées , violettes 
et assez longues. Huit longs tentacules rougeâtres , fili- 
formes , insérés au pourtour du limbe qui est uni. 

Cette Cyanée , figurée de grandeur naturelle, vient 
des contrées équatoriales de la mer du Sud. Sans ses 
quatre ouvertures , elle pourrait facilement être rangée 
parmi les Dyanées. 

Nous la dédions à un matelot de notre expédition qui 
fut le premier à se jeter à la mer pour sauver un homme 


( 249 ) 

qu’un malheureux accident venait de blesser à mort, Cét 
hommage, bien faible sans doute , que nous nous plai- 
. sons à rendre au brave équipage de l’Uranie dans la 
personne de l’un de ses meilleurs matelots, rappellera 
le souvenir d’une de ces bonnes actions que sont tou- 
jours disposés à foire ces hommes intrépides, habitués 
à toutes les privations, formés à tous les périls et si sou- 
vent mal appréciés. 


Aperçu de la Constitution géologique de la province 
de Marwa , et de quelques districts voisins ; no- 
tamment du côté du nord-ouest et de l’ouest; tiré 
d’une lettre adressée par M. DANGERFIELD , capt- 
taine et ingénieur géographe, à Sir Joux Mar- 
cor, et insérée par ce Général dans son Mémoire 
sur l'Inde centrale. Londres , 1823, t. IT, 
Appendice , N.° 2. 


Le Malwa qui occcupe la partie centrale de l'Inde, 
entre les parallèles de 21° 30°, et 24° environ de latitude 
septentrionale , consiste en une riche plaine élevée , 
s’inclinant doucement vers le Nord , ce qui est la di- 
reclion de la très-grande majorité des cours d’eau 
de celte province. Ge pays paraît former l’extrémité 
d’une vaste étendue de terrain de Trapp de. forma- 
tion secondaire , qui, à partir de l'extrémité du Dekan 
et même probablement du Mysore, occupe tout le pays 
au-dessus des Gates et une partie des plaines infé- 
rieures , sur la côte occidentale de la péninsule, y com- 
pris les îles de Bombay, Salsette et Elephanta. C'est 
dans cette formation que se trouvent les Cornalines , les 


{ 2bo ) 


Agates , etc. , des montagnes de Rajpeeply (Radjpipli) 
et les grandes grottes célèbres parmi les antiquaires, 
qui servirent de temples au culte de Brahma et à celui 
de Budd’ha. On ne voit de ces temples que dans la 
bande de terrain dontil s’agit, ce qui vient probablement 
de la facilité que l’on a eue à excaver et à tailler les ro- 
chers de grès, d'argile, de minerai de fer et d’Amyg- 
daloïde qui composent ce terrein , et aussi de la forme 
des éminences boisées qui s’y trouvent et qui sont pro- 
pres à inspirer un recueillement religieux. Il y a dans 
cetle même bande beaucoup de rangées de montagnes avec | 
leurs ramifications; mais excepté celles qui entourent les 
grands plateaux, peu d’entr’elles s’élèvent de plus de : 
6 ou 700 pieds au-dessus du niveau des plaines. La 
province même de Malwa, bien qu’elle soit bordée de 
tout côté de pays de montagnes, et séparée au Nord- 
Ouest et à l'Ouest, des terreins d’alluvion du Guzarate , 
par la grande chaîne primitive qui forme tout le Mewar 
et probablement le Marwar, n’offre que des tertres coni- 
ques à sommets aplatis, tels qu’on en trouve communément 
dans les terrains de Trapp secondaire , et ces tertres ne 
sont élevés que de 100 à 300 pieds au-dessus du plateau. 

Au sud , on descend du Malwa au Nemanr et au bassin 
de la Nerbudda, par une pente très-rapide qui est celle des 
monts de Vindhya, élevés, en général, de 1650 pieds 
au-dessus de cette rivière, et qui n’offrent presque par- 
tout aux voyageurs que des passages difficiles ( Gâtes. ) 

Ces montagnes, ainsi que toutes celles du Malwa, 
paraissent être distinctementstratifiées, étant formées de 
couches horizontales et alternatives de Trapp ou Basalte 
etd’Amygdaloïde, le plus souvent au nombre de quatorze. 


( 251 ) 

L’épaisseur de ces couches va en augmentant de bas en 
haut ; celle qui approche le plus de la surface du sol 
étant épaisse de 15 à 30 pieds. On observe que les Amyg- 
daloïies forment les bancs les plus puissans; cependant 
le tout repose sur un banc de Basalte de 300 pieds de 
hauteur, et cette dernière roche est celle de toute la 
plaine inférieure. 

Dans les deux ou trois couches supérieures du plateau, 
le Trapp est à grain fin et compacte ; mais plus bas, il 
passe graduellement à l’état de Trapp globulaire, dont 
les sphéroïdes , d’abord peu considérables , augmentent 
de grosseur dans la profondeur jusqu’à être d’un volume 
énorme dans les couches les plus basses. La nature de 
celte roche, dit M. Dangerfeld , est bien connue par les 
détails que Thomson a donnés sur le système de Werner, 
où elle est placée parmi les roches de transition. 

L’Amygdaloïde se décomposant à l’air plus aisément que 
le Trapp , ilest facile de distinguer à l’extrémité des bancs, 
même de loin , à laquelle de ces deux roches ils appartien - 
nent ; le Trapp forme des escarpemens verticaux , nus, et 
d’une couleur sombre, tandis que l’Amygdaloïde, en se 
désaggrégeant , donne lieu à des éboulemens en pente 
douce , d’une terre fertile et couverte de végétation. Delà 
résulte une disposition en gradins surlaquelleestfondé très- 
probablement le nom de T'rapp , emprunté des Suédois. 
L’art a profité de cette manière d’être du bord des pla- 
teaux, pour y asseoir les forts nombreux , qu’on y re- 
marque , notamment dans le Dekan, le Candeish et le 
Concan. 

Dans l’Amygdaloïde des monts Vindhya, la masse 
paraît être une Wacke tendre contenant des cavités ta- 


( 252 ) 

pissées de lerre verte, quelquefois vides, mais plus or- 
dinairement remplies de concrétions globulaires, com- 
primées ou mamelonnées , de Zéolite , de Spath calcaire 
ou de crystaux de Quartz, dont le volume n’excède pas 
celui d’une grosse amande ; les plus nombreux sont les 
noyaux calcaires et de Mésotype , réunis au centre par des 
filamens très-déliés et convergens; il y à aussi des petits 
crystaux de Zéolite cubique et des crystallisations sili- 
ceuses, souvent remplies de Spath calcaire. 

Au-dessous du Gâte de Jaum, entre Mundleysir et 
Mhysir, ou observe un groupe de colonnes basaltiques 
de 4 à 6 pieds de haut, et de 12 à 18 pouces de dia- 
mètre, en prismes à quatre ou six côtés, d’une pierre 
irès-dure et d’un noir brillant. Ces colonnes sont portées 
sur une roche de Basalte à grain fin, contenant quel- 
quefois du feldspath, mais coupée plus ordinairement 
par de petites veines verticales de Quartz ou par des filets 
du même Basalte , mais qui paraît contenir alors plus de 
fer. Dans cette roche, sur laquelle la Nerbudda coule 
pendant long-temps , se touvent de beaux échantillons 
de Zéolites , particulièrement de celles en feuillets , radiées 
ou prismatiques ( stélbite) ; on les rencontre aussi at- 
tachés à de gros fragmens de Quartz. 

Dans la majeure partie du nord de Nemaur, la roche 
se montre rarement à la surface dans les plaines. 

Les berges de la Nerbudda, quiont4oà 50 pieds de haut, 
entre Mundleysiret Chiculdah , se composent , sous l’hu- 
mus , de deux couches distinctes de terrain d’alluvion. La 
couche supérieure , dont l'épaisseur est ordinairement 
de 30 à 4o pieds, contient une grande quantité de marne 
endurcie, fortement imprégnée de sel commun, que les 


( 253 ) 

indigènes en extraient par lalixivation et par l’évaporation 
au soleil. L’inférieure, qui a une teinte rougeâtre moins 
claire, contient une forte proportion de carbonate de 
soude, uni à un peu de muriale; elle n’a guères que 10 
à 19 pieds d'épaisseur et repose immédiatement sur le 
Basalte qui forme le lit de la rivière. Dans la saison 
sèche, ces deux sels forment une efllorescence épaisse à 
la surface de la berge, et l’on se borne à vendre celle de 
soude. telle qu’elle se trouve, pour le blanchissage et 
d’autres usages semblables, sans employer le lessivage 
comme pour le sel commun. 

En quelques endroits de la berge, près de la ville de 
Mhysir, on fait remarquer dans la couche supérieure, 
ou près de la jonction des deux couches, des briques et 
des, débris de poterie , que l’on prétend avoir appartenu 
à l’ancienne ville du même nom qui aurait élé couverte 
par. une pluie de terre à une époque très-reculée, ainsi 
qu’on le dit aussi de celle d’Oojein, et de plus de quatre- 
vingt autres grandes villes du Malwa et du Bégur. Tou- 
tefois , il n’y a là, suivant M. Dangerfield, aucune ap- 
parence de matières volcaniques, quoiqu’on remarque 
dans la chaîne des monts Vindhya et dans le Rajpeeply, 
près du sommet de certaines hauteurs , des creux quel- 
quefois remplis d’eau, que l’on a jugé pouvoir être des 
cratères ; l’auteur ne les ayant pas observés lui-même, 
déclare qu’il ne peut hasarder à cet: égard aucune: opi- 
nion, À la vérité , les trémblemens de terre sont fréquens 
au N.-0. de ce pays, et souventterribles , si l’on en peut 
juger par celui qui, dans ces derniers temps, a boule- 
versé presqu'entièrement la province de Gutch; cepen- 
dant , les terrains dont on vient de parler ; et les sels qui 


(254 ) 

s’y trouvent , sembleraient, suivant notre auteur, pro- 
venir de la décomposition des roches dont les montagnes 
voisines sont formées , et dont les débris doivent être 
charriés et déposés dans les lieux bas par les torrens de 
pluie qui caractérisent le climat de l’Inde, plutôt que 
des éjections volcaniques. Resterait à savoir pourquoi il 
existe une ligne de démarcation aussi tranchée entre les 
deux couches qui constituent le terrain d’alluvion. 

L’auteur place ici la description abrégée du cours de 
la Nerbuddha, qui n'appartient point à ce Journal, 
étant plus géographique que géologique. 

La constitution minéralogique des hautes plaines du 
Malwa comporte peu de variété. Ce sont, suivant les 
différentes élévations du terrain , des Trapps , tantôt cel- 
lulaires , tantôt compactes , ou bien de l’Amygdaloïde, 
deux sortes de roches qui alternent constamment dans 
ce pays, mais dont les bancs diminuent d’épaisseur à 
mesure qu’on s'éloigne des monts Vindhya vers le nord. 
Les tertres dont on a parlé offrent souvent un banc su- 
périeur de Trapp ou de Wacke en fragmens empâtés dans 
une argile ferrugineuse , et la surface est parsemée 
de nombreux débris de la même roche cellulaire, qui 
semblent avoir été roulés. Tout d’ailleurs ressemble dans 
ce plateau à ce qui a été dit de la constitution des monts 
Vindhya. 

Le sol végétal a généralement , dans la plaine, 
trois, dix et jusqu’à quinze pieds d'épaisseur; c’est ou 
une terre franche (loam), fréquemment rouge et com- 
pacte, ou un terreau noir; elle recouvre quelquefois, 
surtout au pied des tertres et au bord des ruisseaux, une 
couche mince de marne contenant depetites boules d’ar- 


L 


( 255 ) 
gile de couleur claire. Ces marnes ou calcaires terreux 
contiennent beaucoup de coquilles univalves , bivalves, 
de Buccins et une espèce de Moules; les Ammonites se 
trouvent principalement dansle lit de la Nerbudda , près 
de Onkar Mundattag, et des cataractes; mais l’auteur 
ne les a jamais vues en place. | 

Indépendamment des grands dépôts de minerai de fer 
qui se trouvent dans les montagnes dont le Malwa est en- 
touré, il y a, à l’est du Chumbul, une bande étroite de mine- 
rai de fer argileux cellulaire qui s’étend fréquemment d’un 
bout à l’autre de cette province, etse prolonge même, à ce 
qu'on croit, au N.-0. jusque dans celle de Harrowtee ; cette 
bande s’élève plus ou moins au-dessus du terrain adja- 
cent; mais rarement de plus de deux cents pieds, par 
exemple , à Doomnar , où des temples souterrains y ont 
été creusés. Le minerai de fer paraît reposer sur desgrès; 
dans quelques parties , il est assez compacte ; dans d’au- 
tres, il a de grandes cavités contenant du minerai pisi- 
forme ou botryoïde, mais de même nature. Ce minerai 
est pauvre et ne s’exploite pas. 

La partie septentrionale du Malwa est principalement 
occupée par du grès fissile ou non fissile, surmonté 
en plusieurs endroits par une rangée de collines allant 
de Chittore à Harrowtee, et formée de cornéenne 
(Hornsione) esquilleuse ou conchoïde, dont les bancs 
sont quelquefois si minces qu’on les prendrait pour de 
simples feuillets. La couleur ordinaire de cette cor- 
néenne est un vert très-clair ou un gris rougeâtre, 
avec des raies étroites d’un rouge plus foncé tirant sur 
le violet, et d’une structure radiée. Les collines dont 
il s’agit sont constamment taillées à pic sur toute 


( 296 ) 


leur hauteur , qui est de deux cents à deux cent-cinquanté 
pieds. Les couches en sont horizontales ou à peu-près à 
mais la partie supérieure ne forme qu’une seule masse: 
Les grès sont généralement à grains très-fins, et de 
différentes teintes claires. Les variégés brunes ont le grain 
un peu plus gros et contiennent quelquefois un peu de 
Mica. Différentes sortes de grès sont employées comme 
pierres à bâtir; mais surtout la variété grise, qui est 
merveilleusement propre à cet usage par la facilité avec 
laquelleelle obéit au ciseau , sans cependant se laisser al- 
térer par l'air. s 

Après Dulput Poora, on trouve une contrée ondulée 
dont la roche semble appartenir au grès bigarré de Werner; 
cette roche offre différentes teintes de gris et de rougé, 
par bandes et par taches; mais, au-delà de Cheetakairee , 
la variété dominante est le grès gris , offrant quelquefois 
de pelites taches d’un rouge brillant et contenant des 
couches minces de calcaire à gros grain, et une marñé 
rouge à grain fin. On travaille dans ce même lieu de 
Cheetakairee un minerai de fer réniforme ou mameloné, 
de bonne qualité, qui. s’exploite abondamment à peu de 
distance vers le sud , et vers Neemutch. 

Ne pouvant entrer dans le détail de toutes les localités, 
nous citerons entre Peeliah et Dewlia un espace de ter- 
rain fortement accidenté, formé de calcaire et de grès, 
au nord duquel il ya beaucoup de gypse et de sel gemme , 
et peut-être du terrain houiller. 

Aux environs de Gannore, on commence à trouver 
des Siénites dont l’aspeët varie beaucoup , suivant qu’elles 
contiennent plus ou moins d’Amphibole. Quelquefois, les 
parties constituantes de la roche sont disposées en bandes 
distinctes. 


(25% ) 

Vers Reindhur se montre le granite auquel suc: 
cède plus à l’ouest, en montant , un grand espace de 
schiste argileux , puis un peu de syénite, et encore un 
granite à petits grains, qui semble tacheté dé verdâtre 
parce qu’il esl parsemé de petits crvstaux de thallite. 
De Durolee aux montagnes qui’ entourent à l’est la 
ville d’Odeypoor , la roche dominante est un gneiss on- 
dulé en bancs presque verticaux , ou plongeant fortement 
vers le nord-est, et contenant du granite ou alternant 
avec lui. 

Les montagnes d’Odeypoor ont généralement quatre 
à sept cents pieds de haut et sont composées de cor- 
néenne , en masses et en prismes le plus souvent porphy- 
ritiques , quelquefois aussi en conglomératavec beaucoup 
de mica d’un jaune brillant , interposé. Cette roche paraît 
reposer immédiatement sur le gneiss; mais elle s’ap 
puie sur le mica-schiste, ou plutôt, peut-être , elle 
entoure un banc de cette dernière roche. La chute d’un 
pan d’une de ces montagnes a misà découvert d'énormes 
colonnes de cornéenne , qui, à raison du mica qui s’y 
trouve , ressemble à un porphyre ; c’est par celte fissure 
que passe la rivière Bedus, pour aller former, près 
d'Odeypoor, un lac artificiel d’une grande beauté, 

A l’ouest, et tout près de Soledav, on commence à 
monter la rangée de montagnes de Maunpoor ou Suloom- 
bur , élevées généralement de sept ou huit cents pieds 
au dessus de la vallée de Duriawud , mais sur quelques 
points de onze à douze cents pieds ,et composée presqu’en- 
tièrement de schiste avec des bancs subordonnés de dia- 
base compacte et schistoïde , et aussi decalcaire crystallin, 
à grain fin, d’un gris clair. Ces bancs subordonnés man- 


A 17 


( 258 } 


quent dans le haut de ces montagnes. Les schistes argi- 
leux ou chloriteux y sont verticaux ou très-fortement 
inclinés à l’est, ayant leur direction du N.-N.-O. au 
S:-S.-E. Da mulieu de ces schistes s'élèvent rapidement, 
au N. de Maunpoor, deux grands rochers de quartz 
blanc, dei-transparent et quelquefois un peu rougeâtré, 
dont lä hauteur est de cent-cinquante à deux cents pieds ; . 
et dont la blancheur, qui contraste avec la couleur 
sombre des schistes ; jointe à leur forme anguleuse , offre 
de loin l’apparence d’amas de neige, et plus près celle 
de châteaux en ruines. Il y a de même d’énormes bancs 
de quartz, non-seulement dans ces montagnes, mais 
dans toutes les plaines basses de Suloombur et vers 
Odeypoor: 

Après avoir passé Béerawul , on voit beaucoup de mica 
schiste dans la vallée de Malpoor; du granite et ensuite 
du gneiss jusqu’à Suloombur. La montagne au pied de 
laquelle ce lieu est bâti est aussi de gneïiss avec des 
veines de quartz; mais plus loin, on ne trouve plus que 
le mica schiste avec des couches minces d’amphibole etde 
mica ou d’amphibole schistoïde: Les belles montagnes 
de 4 à 700 pieds de haut, qui dominent le magnifique 
lac artificiel de Deybur , sont de gneiss jusqu’à une cer- 
taine hauteur ; mais au-dessus, leurs escarpemens n'of- | 
frent qu'un amas de blocs réniformes de cornéenne ou, 
de quartz , liés par un ciment de même ualure ; et entre+ 
mêlés de petites plaques de mica d’un jaune brillant ; 
qui facilitent la séparalion de ces blocs. 

Cesmontagneset celles d’Odeypoor sont une branche dé 
la grande chaîne qui règne du sudau nord , entrele Malwa; M 
le Rath , le Bagur , d’une paït, et le Guzarate de l’autre, | k 


(259) 

et qui aboutissent au noïd aux montagnés plus impo- 
santes en£ore du Marwar. La connaissance qu’on a de 
cétte vaste étendue de montagnes est malheureusement 
fort bornée. On a lieu, cependant , de juger qu’elle doit 
être entièrement composée de roches primitives , prin- 
cipalement de schistes ou de calcaire; au sud, du côté 
dé Docngurpoor, dominént surtout les schistes, avec 
beaucoup de pierre ollaire et de stéatite pure ; au nord, 
ce sont en plus grande partie des marbres primitifs et du 
crystal de roche. Le marbre , le crystal et la stéatite sex: 
portent delà dans toutes les contrées voisinés. On pré- 
tend qu'il y a eu , au nord, des exploitations fort avan- 
tageuses de cuivre et de plomb que les derniers troubles 
ont forcé d'interrompre; il y avait même , dit-on, du 
Mincrai d'argent , mais qui ne payait pas les frais. 

La descente du Malwa vers le Guzaräte , au sud ouest, 
ést plus sraduelle et les montagnes y sont moins élevées ; 
mais la nature des roches et leur disposition est à-peu- 
près la même que dans la partie quia été décrite jusqu'ici. 
Aux roches trapéennes du Malwa succèdent des grès 
grossiers et des pierres calcaires avec d’éhormes bancs 
de quartz et des conglomérats formés de gros blocs. Le 
| éalcaire est en général grossier , d’un rouge de brique 
foncé, mêlé de blans, et contient souvent beaucoup de 
{Silex. Vers Gooräh, commencent les schistes argiieux 


| et chloriteux, et des éminences saillantes de quartz sem - 
| blables à cellés qu’on a décrites ci-dessus en parlant des 
montagnes de Mauhpoor ; mais qui, ayant ici moins 
\d’élévation et plus d’étendue, ont l’apparence d’un camp. 
Au-delà de Goorah , la roche dominante est le mica 


schiste, avec des filets de feldspath pur , quelquefois 


uns — 


17. 


( 26p }) 
parfaitement blanc. A Rajpoor, et de À jusqu’à Ghota 
Odeypoor , on voit un granite à pelits grains , où le mica 
est noir, mais où les autres parlies constituantes sont 
blanches. 

A Odeypoor se montre un calcaire rouge à larges 
grains , à fracture brillante, contenant de petits crys- 
taux de serpentine , disséminés, et quelque peu de mica. 
Il y a enccre du granite jusque près de Jubboogaum ; 
après quoi on ne voit plus guères de roches en place 
jusqu’au Guzarate, où l’on exploite sur beaucoup de | 
points du grès grossier dont on fait des meules. 
_ Quant aux frontières du Malwa , vers l’est et le nord: | 
est, le caractère géologique en est peu connu; mais il | 
paraît qu'après avoir traversé aussi de ce côtéune bande 
montagneuse, que l’on nomme la seconde rangée des | 
monts Vindhya, on descend, également par degrés, | 
jusqu'aux plaines inférieures appartenant à la province! 
de Bundelcund. On a lieu de croire qu’il n’y a pas de | 
roches primitives dans cette direction. 

M. Dangerfield a joint à sa lettre un essai de cartel 
géologique, où il a indiqué, par des teintes plates , la 


{ 


position respective des bandes occupées par le terrain 


trapéen du plateau du Malwa, par le grès qu'on trouve 
après ce terrain lorsqu'on va vers l’ouest , et successive-| 
ment dans cette même direction par la siénite, pan 
la cornéenne, par le gneiss et le granite, par le cal- 


caire à grain grossier , et enfin, par une autre bande : 
de grès, jusqu’à ce qu’on arrive au terrain d’alluvion 


du Guzarate. C.-M. 


( 261 ) 


Dgscriprion d’une nouvelle espèce d'Arachnides, 
du genre ErgirA, de M. WaALCkENAER; 


Par G. VAUTHIER. 


Cette nouvelle espèce d’Arachnide , originaire de Java, 
que je décrirai sous le nom d’Epeira curvicaudu, m'a 
été communiquée par M. Léman. La singularité de son 
organisation et son état parfait de conservation m'ont dé- 
terminé à en. faire un dessin analytique , et m'ont engagé 
à en publier la description. | 

La collection du Muséum d'Histoire naturelle, que 
j'ai scrupuleusement examinée, et les auteurs que j'ai 
consultés, ne m’ayant présenté aucune espèce qui fut 
parfaitement identique à celle-ci, j'ai cru pouvoir la 
publier comme nouvelle, etenrichir le genre Epeire d’une 
espèce de plus. 


ÉPEÏÎRE A QUEUES COURBES. 


Epeira curvicauda. (Nob.) 


Description. Gorps de forme à-peu-près triangulaire , 
long de quinze lignes , du crochet terminal des mâchoires 
à l'extrémité des cornes caudales: tête munie de deux 
mâchoires cornées, noires, lisses, terminées par un 
crochet écailleux, de couleur brune claire , sinué en de- 
hors auprès de son articulation ; chaque mâchoire armée 
d’une double rangée de dents inégales, au nombre de 
quatre , dont la dernière est la plus grande. L'intervalle 
que laissent les dents entre elles est garni de poils noirs , 


( 262 ) 
roides , comparables à des cils, assez longs , dépassant le 
contour intérieur des mâchoires et se confondant à leur 
base, près le bord supérieur du corselet, Deux palpes 
velus, d’un brun foncé, s’attachant sur les côtés des 
mâchoires, composés de cinq articles, dont le premier 
court, le second le double plus long, le troisième re- 
courbé plus court que le premier , les deux suivans à-peu- 
près égaux en longueur, le dernier terminé par 
un petit ongle noir. Lèvres brunes , beaucoup plus 
courtes que les mâchoires, arrondies antérieurement, 
Menton brun, court, arrondi à son bord antérieur. Le 
corselet est noir , très-bombé , le double plus large que 
long , de forme à-peu-près trapézoïdale , ayant son bord 
antérieur sinué, légèrement arrondi sur les côtés, et 
hérissé entièrement de poils blancs assez roides; au mi- 
lieu et vers le bord antérieur, sur un tubercule noir, 
saillant et dépourvu de poils, sont placés quatre yeux 
lisses, très-brillans , dont les deux antérieurs plus petits 
et plus rapprochés entre eux, De chaque côté , à la même 
hauteur , sont deux tubercules de même couleur , encore 
plus élevés , à l'extrémité desquels se trouve un œil double, 
Les pattes sont velues, de couleur testacée, an nombre de 
huit, composéés chacune de cinq articles, dont le der- 
nier brun, terminé parun crochet bifide , de même cou- 
leur, si petit qu’il est presque confondu avec les pails 
qui l’entourent. La première paire est la plus longue , en- 
suite la seconde, la troisième beaucoup plus courte , la 
quatrième de la longueur de la seconde. L’abdomen d’un 
jaune est rougeâtre, de forme triangulaire , son angle 
antérieur tronqué, est légèrement sinué , et donne. at- 
tache au corselet ; les côtés sinués, portent à la partie 


({ 265 ) 

postérieure une petite épine noire , près de laquelle s’at- 
tache une grande corne rugueuse, garnie de poils noi- 
râtres , recourbée en dedans, de couleur rouge brique à 
sa base, noirâtre à son extrémité; le bord postérieur est 
légèrement courbé en dehors , au-dessus de ce bord se 
trouve un fort pli aux extrémités duquel sont placées 
dans un enfoncement deux taches noires tuberculeuses ; 
sur deux éminences de ce même pli sont attachées deux 
épines brunes, plus longues que celles des parties laté- 
rales et dépassant Îe rebord. L’abdomen est en outre re- 
bordé généralement, concave, ayant au milieu une 
éminence arrondie ; il porte à sa surface vingt-trois La- 
ches noires , luisantes , de forme à-peu-près ovale , dont 
le bord est saillant, et ayant au centre un pelit tuber - 
cule élevé. Ges taches sont ainsi disposées : quatre à la 
partie antérieure, trois sur chacun des côtés, neuf sur 
le bord postérieur , et quatre sur l’éminence du milieu ; 
elles pourraient bien être les stigmales qui don- 
nent accès à la respiration. Le dessous de l’abdomen est 
nuancé de brun, de rouge et de jaune, plissé , etayant 
Vanus noir et saillant. 


EXPLICATION DES FIGURES. 


Ps. 18. Fig. 1. L’insecte grossi du double, — Fig. 2. 
Parties de la bouche vues en dessous. A,mâchoires , B, 
lèvres, C, menton.—F'ig. 3.L’une des queues très-grossie. 
— Fig. 4. Mâchoires, palpes, corselet , patles et partie 
antérieure de l’abdomen très-grossis, vus en dessus. 
A mâchoires , B palpes, € tubercules portant les yeux, 
D pattes, E taches noires de l'abdomen, — Fig. 5. 


(264 ) 


Partie postérieure de l’abdomen très-grossie, vue en 


dessous; montrant le pli qui porte les deux épines et les | 


deux, taches noires qui sont dans son ‘enfoncement. 
À amus.-Æis. 6. L'un des tubercules latéraux du cor- 
selet très-grossi , portant le double œil. 


lu 


RECTIMCATIONS des caractères du genre BELLEROPNE , | 


établi dans la Conchyliogie de Denys Montfort ; 


Par M. Derrance. 


On trouve dans l’Eissel, canton du duché de Juliers , 
aux environs de Chimay, petite ville des Pays-Bas, et 
en Irlande, dans des couches très-anciennes, des co- 
quilles fossiles de plusieurs espèces, que Denys, Mont- 
fort et d’aütres auteurs ont placées dans le genre Belle- 
rophe. Ce genresetrouve , dans la Conchyliologie syslé- 
matique , rangé parmi les coquilles univalves cloisonnées , 
et porte , entre autres caractères que cet auteur lui a 
assignés , celui d’avoir des cloisons unies percées par un 
siphon. 

Malheureusement ce naturaliste, quoique possé- 
dant des talens remarquables , a cependant consigné 
un très-grand nombre d'erreurs, tant dans ses des- 
criptions que dans les figures qu’il a publiées. Une 
de ces erreurs est d’avoir annoncé que Îles coquilles 
du genre Belerophe étaient cloisonnées. J’en possède 
deux espèces, dont l’une provient de la collection 
de Montfort et a peut-être servi de type à la descrip- 
tion et à la figure qu’il en a données, page 51 de l’ou- 
vrage ci-dessus cité. Ayant soupconné que ces coquilles 


( 265 ) 

remplies de spath calcaire étaient monothalames , j'en ai 
scié une transversalement et j'ai vu , en effet, qu’elle est 
enroulée sur elle-même, comme un Nautile ; mais qu’elle 
n’a point de cloisons, en sorte qu’au lieu d’entrer dans 
la division des Céphalopodes polythalames , ce genre 
devra être placé dans celle des Céphalopodes monothala- 
mes, auprès des Argonautes, dont les caractères , tels 
qu'ils ont été assignés par M. Lamarck, ne peuvent lui 
convenir , puisque le test de ceux-ci, qui est très-mince, 
est fort épais dans lestBellerophes , et qu’au lieu de deux 
carènes que portent les Argonautes, on voit au milieu 
dû dos des Bellerophes une seule carène qui sépare la co- 
quille en deux parties égales. Ces derniers en diffèrent 
encore en ce que les tours de leur spire sont très-nom- 
breux , au lieu que les Argonautes sont courbés, mais 
non enroulés sur eux-mêmes, en sorte qu’on aperçoit 
la presque totalité de leur coquille, dont le sommet est 
extraordinairement obtus. 

Les Argonautes et les Bulles sont les coquilles dont les 
Bellerophes paraissent se rapprocher le plus; mais ils en 
sont tellement éloignés par leurs caractères qu'ils semblent 
devoir constituer un genre à part. Dans ce Cas, Voici 
les caractères qu’on doit lui assigner : 

Coquille libre, univalve, non cloisonnée, roulée 
sur elle-méme et en spirale, déprimée , formant la na- 
vette; le dernier tour de spire renfermant tous les 
autres ; bouche très ovale, recevant dans son milieu le 
dos de la coquille. 


( 266 ) 


Ossxnvarions sur les mœurs des Castors ; extraites 
- du Voyage de Carrwrient au Labrador. 


Ge voyageur a fait au Labrador un séjour de douze 
ou quinze ans dans l'unique but de se livrer à sa passion 
pour la chasse. Ses observations sur les mœurs du Cas- 
tor sont donc celles d’un témoin oculaire et méritent 
probablement beaucoup plus de confiance que celles 
dont on a fait jusqu'ici usage en histoire : naturelle, 
Tout ce que j'ai lu jusqu’à présent au sujet des castors, 
dit Cariwright (Journal of transactions on the coast of 
Labrador, tom, x, pag, 13—26) ,est rempli d'erreurs 
et paraît avoir été écrit par des personnes qui n’ayaient ja- 
mais vu les habitations de ces animaux, et quise fondaient … 
seulement sur les récits des chasseurs , rarement véri- 
diques. 

C’est ordinairement vers le commencement d’août que 
ces animaux se mettent à construire leurs habitations. 
Yoici la manière dont ils s’y prennent pour se loger ; si le 
bassin naturel dontils ont fait choix a une certaine profon- 
deur d’eau près du bord, sans qu’il s’y trouve cependant 
aucun rocher, ils commencent à creuser sous l’eau, au pied 
de la berge, un trou qu'ils poussent peu-à-peu ep pente 
jusqu’à la surface du sol , et , de la terre qui sort de ce | 
trou , ils forment une petite butte dans laquelle ils mêlent 
quantité de petits morceaux de hoiset même des pierres ; 
ils donnent à cette butte la forme d’un dôme , ayant or- 
dinairement quatre pieds de haut; mais quelquefois jus- 
qu’à six ou sept pieds au-dessus du niveau du sol. La 
base on est généralement ovale, son grand diamètre est 


( 207) 


de dix à douze pieds, le petit de huit à neuf. À mesure 


qu'ils élèvent cette butte, ils la creusent en dessous pour 
former le logement qui doit les recevoir avec leur famille , 
et qu'ils ont soin de tenir au-dessus du niveau des grosses 
eaux. À la partie antérieure de cette demeure , ils pra- 
tiquent une descente en pente douce aboutissant à l’eau, 
et c’est dessous l’eau qu’ils en sortent et qu’ils y entrent. 
Les chasseurs nomment cette entrée l'angle. Il est rare 
que les Castors se contentent d’en pratiquer une seule ; 
ils en ont ordinairement deux, quelquefois même jusqu’à 
trois, 

Le logement intérieur ne forme qu’une seule chambre. 
elle ressemble à un four, et le sol en est garni de copeaux 
fins et étroits. 

À une petite distance de l’angle est le magasin pour 
les provisions. C’est là que les Castors conservent les ra- 
cines de Nénuphar et les branchages dont ils se nourris. 
sent, ayant soin de planter ceux-ci par en bas dans la 
yase. L'auteur a vu de ces magasins qui contenaient une 
charretée de ces sortes de provisions , et les Gastors sont 
si laborieux qu’ils ne cessent d’en amasser et d’ajouter 
de nouveaux trayaux à leur demeure, tant que leur 
pièce d'eau n’est pas couverte d’une glace épaisse , et 
même tant qu’il leurest possible d'entretenir une ouver: 
ture dans la glace, 

Lorsqu'une pièce d’eau ne leur semble pas avoir assez 
de profondeur, ils savent y élever la surface de Feau 
en barrant la décharge par une digue ou chaussée en 
travers, qu’ils forment avec des morceaux de bois, des 
pierres , de la terre grasse etdu sable; ces chaussées sont 
si solides, que l’auteur dit s’en être servi plusieurs fois 


( 268 ) 


comme de pont sans s’exposer en aucune manière , si ce 
n’est à se mouiller les pieds , parce qu'elles sont exacte: 
ment au niveau de l’eau. Lorsque le barrage ne suffit pas 
pour que l’eau s'élève assez près du bord de l'étang, les 
castors bâtissent leur maison dans l'étang même, à 
quelques mètres du rivage , en commencant par le fond 
et en entassant la terre qu'ils ont amassée; car il est 
indispensable qu'ils conservent au moins trois pieds d’eau 
au-dessus de lextrémité de l'entrée , sans quoi l’eau ve- 
nant à se geler leur fermerait absolument le passage. 
Lorsque dans la pièce d’eau il se trouve une île , c’est là 
qu’ilsétablissentleurs constructions, comme étant le lieu 
le plus à l'abri de toute attaque ; ils ont soin aussi de 
choisir de préférence l'exposition du sud. Les cabanes 
des Castors n’ont pas d’issue du côté de terre, parce- 
qu’une semblable ouverture faciliterait l’accès des bêtes 
féroces , et que, d’ailleurs , le froid pénétrant par là ex: 
poserait les habitans de la cabane à une température 
plus rigoureuse que celle qu'ils peuvent supporter, et 
pourrait geler l’eau dans l'entrée. 

Ces architectes ne sont cependant pas toujours infail- 
hbles dans leurs opérations ; on les a vus se fixer sur un 
étang où il n’y avait pas de quoi les nourrir , ou dans des 
localités où l’eau les gagnait dans les crues ou les dégels, 
et les forçait de s'échapper par le toît en y faisant une 
ouverture au moyen de laquelle l’eau se gelait dans l’in-". 
térieur et ne permettait plus aux Castors de habiter. 
Ces divers accidens en font périr un certain nombre. 
Quelquefois les castors habitent sur la même pièce d’eaw 
pendant trois ou quatre ans de suite, ou même plus; 
souvent aussi ils se bâtissent tous les ans une nouvelle 


( 269 ) 

demeuré ; d’autres fois , ils se contentent de réparer une 
ancienne habitalion abandonnée, ou bien ils en bâtis- 
sent une autre à côté, dont le haut se confond avec 
celui de l’ancienne et communique avec elle à l’intérieur, 
ce qui a fait croire que leurs demeures avaient plusieurs 
chambres : ils ont même soin de construire une seconde 
habitation près de celle qu'ils occupent pour s’y réfugier 
en cas de besoin; c’est ce que les chasseurs Anglais 
nomment hovel. 

L'auteur n’a pas eu occasion de s’assurer si les castors 
font ou non usage de leur queue comme d’une truelle ; 
mais il croit que non , attendu que cette queue est fort 
pesante et que les attaches én sontfaibles, quoique nom- 
breuses ; il est disposé à croire que ces animaux battent 
la terre avec leurs pieds de devant, qu’on peutnommer 
Jeurs mains. + 

Lorsqu'ils plongent, leur queue , tombant sur l’eau 
de tout son poids, produit un bruit remarquable. 

Buffon et d’autres auteurs ont dit aussi que les castors 
font usage de leur queue comme de traîneaux pour 
transporter des pierres et de la terre: Je ne saurais, dit 
Cartwright, contredire positivement celte asserlion , 
n'ayant jamais vu ces animaux au travail; mais la forme 
de leur queue , qui est bombée au milieu, me paraît 
peu propre à cet usage, à moins qu’on ne suppose qu'un 
autre castor ne prit soin de contenir la charge en place 
etsurtout les pierres ; d’ailleurs , siles Castors se servaient 
ainsi de leur queue , elle porterait par dessous la mar- 
que du frottement, ce qu’on n’a jamais observé. 

Ces animaux s’asseoient à la manière des singes et 
portent leur nourriture à leur bouche avec leurs pattes 


(230) 

de devant. En été, ils courent ça et là, et au licu de 
rentrér habituellement dans leurs demeures ; ils couchent 
volontiers sous quelque buisson au bord de l’eau, où ils! 
se font un lit de menus branchages qui ressemble asséz” 
bien aù nid des oies sauvages: Leur démarche est: 
très-lente à terre ét il est facile de les ätteindre ; mais , 
quoique fort timides , ils opposent au besoin une assez! 
grande résistance; élant protégés par leurs longs poils 
et par une peau épaisse, et étant armés de dents longues 
et fortes , implantées dans de vigoureuses mâchoires ; on 

m'a même assuré, dit l’auteur, qu’un Castor dans la 

force de l’âge avait presqu’entièrement coupé d’un seul 

coup la jambe d’un chien: Cependant , il y a des exem- 

ples que les Loutres se glissent dans leurs cabanes et les \ 
tuent; mais il est probable qu’elles choisissent pour cela 
le temps «üles pères et mères sont &bsens et ne s’aita- 
quent qu'aux jeunes Gastors. 

Il arrive quelquefois que, lorsqu'un Castor est ren< 
contré par un homme et qu'il sent qu'il ne péut lui 
échapper ; il se pose sur son derrière et se met à crier 
douloüreusement comme ferait ur pelit enfant.” Cart- 
wright cite l’exemple d’un homme nouvellement arrivé à) 
Terre-Néuve ; et dont le cœur n’était pas endurci par la 
chasse , qui, ayant trouvé dans $on chemin un castor qui 
portait une bâche sur son épaule , le voyant s'arrêter et 
crier de cette manière , lui dit : « Rassure-loi , pauvre ani- 
mal, je ne voudrais pas te faire de mal pour tout aw 
monde ; reprends ta bûche et va à tes affaires: (tom. 17, na 
21). Cañtwright dit qu’un homme nommé Atk'ns, qui 
était à son sérvice , ne püt se résoudre à manger dé la 
chair de Castor , étant persuadé que ce sont des hommes 


(271) : 

qu'un malin pouvoir a forcés à prendre cette forme. 
. Les Castors ne mangent ni poisson ni aucune substance 
animale ; ils vivent uniquement de feuilles et de l'écorce 
des arbres et arbustes non résineux, ét des racines du 
Nénuphar (Water Lily). Je les ai vus quelquefois , dit 
Cartwright, ronger de la Sapinette noire (Abies nigra ; 
Black:Spruce) , et couper des Sapins argentés; mais je 
crois qu'ils n’y ont recours que lorsque les autres espèces 
d'arbres leur manquent, et seulement pour servir à leurs 
constructions. On a observé que parmi les différens arbres 
qui croissént à Terre-Neuveet au Labrador, celui qu’ils 
préfèrent est le Tremble (Populus tremula) ; et ensuite 
le Bouleau ( Betula albu). Ges animaux wentreprennent 
d’abattre de gros arbres que quandils n’en trouvent pas do 
moindre grosseur et dont l’écorce tendre est probablement 
plus à leur goût; mais, à la quantité de grands arbres 
qu’on trouve abattus par eux récemment, on voit qu'ils 
en viennent à bout en peu de temps. S'il ne s’agit que 
d’un jeune arbre de la grosseur d’une canne, ils le cou- 
pent d’un seul coup aussi net qu’on pourrait le faire 
avec uné serpette; ceux qui ne sont pas des plus gros, 
ils les rongent d’un seul côté; lorsque le tronc est très- 
fort , ils rengent tout à l’entour et finissent par le faire 
tomber du côté de l’eau pour diminuer la peine du trans- 
port; lorqu'ils ont abattu ainsi un grand arbre, ils en 
détächent toutes les branches et les coupent en morceaux 
uscéptibles d’être chargés sur leurs épaules ou trainés 
ävec les dents. 

Ils choisissent de préférence les arbres qui sont au 
veñt de leur pièce d’eau , parce qu’ainsi le vent leur ap- 
{porté, pendant le travail, les émanations de l’énnemi qui 


——— 


(272 ) 
pourrait les surprendre , et qu'il favorise la chute de 
l'arbre du côté de l’eau et son flottage vers leurs cabane. 
Is préfèrent l'écorce des jeunes branches ; mais ils se 
contentent aussi de celle des troncs. Le Nénuphar les en- 
graisse beaucoup plus que tout autre nourriture; mais il 
communique à leur chair un goût fort désagréable ; au 
contraire , les Castors qui n’ont vécu que de branchages, et 
particulièrement de ceux du Bouleau, sont le plus déli- 
cieux manger qu'offre le règne animal. C'est vers la mi- 
juillet que ces animaux commencent à engraisser ; ils 
ont atteint leur plus grand embonpoint à la fin de sep- 
tembre, et ils maigrissent ensuite à mesure que l'hiver 
s’avance; de sorte qu'ils sont très-maigres au mois de 
mai, ressemblant en cela, ainsi qu'à plusieurs autres 
égards , aux Porc-épics. 

Les Gastors ne commencent à toucher à leurs provi- 
sions que lorsque leur étang est pris entièrement. Les | 
tronçons de bois qu’ils ont amassés étant mêlés les uns dans 


les autres, il leur serait difficile de les retirer entiers ; 
ils les divisent donc avec leurs dents et les entrent par 
morceaux dans leur logement où ils en mangent l’écorce 
à loisir, et après les avoir pelés , ils jettent le surplus 


dans l’eau. 

Les Castors s’accouplent en mai ; les femelles nettenlil 
bas vers la fin de juin; elles font ordinairement deux pes | 
tits, mâle ,et femelle; quelquefois, cependant , elles en | 
ont trois ou quatre ; les jeunes femelles n’en produisent | 
souvent qu’un seul à la fois. Les jeunes continuent à vivre 
avec les pères et mères jusqu’à l’âge de trois ans; c’est | 
alors qu'ils s’apparient à leur tour, se bâtissent une | 


cabane et commencent à avoir des petits. Quelquefois | 
| 


(275) 
cependant si lés provisions ne manquent pas et si Ia 
famille n’est pas inquiétée , les jeunes restent plus long- 
temps avec leurs parens , et l’on trouve alors deux fa- 
milles dans unemême cabane. 

On sait qu’il y a des Castors qui vivent isolés, et que 
les Ermites , comme les chasseurs les appellent , se re- 
connaissent à une marque noire sur le dos, à l’intérieur 
de la peau; les chasseurs prétendent que ce sont des 
paresseux que les autres ont expulsés parce qu’ils ne vou- 
laient pas travailler. Cartwright croit avec plus de vrai- 
semblance que ce sont des veufs ou des veuves qui atten- 
dent dans la solitude que le sortleur présente quelqu’in- 
dividu de sexe différent avec lequel ils puissent s’appa- 
reiller de nouveau ; il ajoute que la marque noire vient 
de ce qu'ils n’ont pas de compagnons pour leur tenir 
chaud. Il est si faux que cesErmites soient des paresseux , 
qu'on estquelquefois étonné des constructions qu’ils font 
à'eux seuls. 

Un Gastor avancé en âge, étant vidé, pèse environ 
quarante-cinq livres ; les jeunes, également vides, pèsent 
environ trente-quatre livres. 

On employe divers moyens pour chasser les Castors ; 
outre ceux qu'on tue à l’affut, les indigènes ont une 
autre manière de les prendre que Cartwright décrit de 
| la manière suivante : lorsque la pièce d’eau où se trouve 
l'habitation des Castors n’est pas susceptible d’être mise 
à sec, les chasseurs percent le toit de cette habitation 
de manière à en voir l’intérieur et à découvrir la posi- 
tion de ce qu’on appelle les Angles ; c’est-à-dire , l’en- 
trée ou les entrées qui conduisent par dessous l’eau dans 
cette cabane. Alors , ils enfoncent des bâtons le long de 

L. 18 


(274 ) 
la ligne où l’eau baigne le pied de la butte artificielle 
des Gastors, et où la terre est toujours molle; ces bâtons 
sont plantés obliquement de manière à boucher en se 
croisant le passage par lequel ces animaux entrent et 
sortent: cela fait , les chasseurs retirent leurs bâtons , 
ne les ayant placés provisoirement que pour s’assurer de 
la direction convenable, Ils rebouchent aussi l’ouver- 
ture qu'ils ont faite au toît de l’habitation, et ils se 
mettent à battre les buissons dans le voisinage , accom- 
pagnés de leurs chiens. Les Castors effrayés se jettent à 
l’eau , et regagnent leur cabane ; alors, le chasseur les ÿ 


enferme en remettant en place les bâtons dont nous 
avons parlé. Par ce moyen, ces animaux n’ayant plus 
d’issue deviennent immanquablement la proie des chas- 
seurs, qui peuvent les tuer dans leur habitation, ou même 
les y prendre vivans par l’ouverture qu’ils avaient faite 
au toit. C.-M. 


Osservarions relatives à l'appareil générateur des 
animaux mâles ; examen des liquides renfermés 
dans les diverses glandes qui peuvent 5’y rencon« 


. . . . | 
trer ; histoire et description des animalcules sper- 


maliques; 
Par MM. Prévosr Er Dumas. 
( Suite. ) 


Prustgurs points de vue nous faisaient désirer vive- | 
ment de soumettre à l'examen microscopique un nombre | 
considérable d'oiseaux , et nous y étions particulièrement | 


dd 


dé 


(275) 
excités en réfléchissant à la facilité avec laquelle se pro- 
duisent leshybrides dans quelques familles de cette classe, 
Nous avons été contrariés par une circonslance inatten- 
due. La plupart des oiseaux sont soumis à des alternatives 
nettement tranchées qui les rendent inhabiles à se repro- 
duire hors de certaines époques bien connues. Toute 
leur organisation sexuelle se trouve subordonnée à cette 
condition , ét les Moineaux , par exemple, ne sont pu- 
bères que vers la saison de leurs amours. On trouve alors 
leur testicule volumineux , blanc, gorgé de semence, et _ 
celle-ci fourmille d’animalcules que nous avons déja fait 
connaître dans notre essai précédent. Leur tête plate et 
circulaire se présente souvent de côté; leur queue, 
longue et eflilée comme une aiguille, se contourne peu 
dans leurs mouvemens, qui semblent s’exécuter tout 
d’une pièce. Mais , iln’en est pas de même en tout autre 
temps, et le testicule, réduit au dixième de son volume, 
offre la teinte gris-jaunâtre qui est propre aux vaisseaux 
spermaliques qui le composent. Ceux-ci ne contiennent 
absolument aucune espèce de liquide, et l’on a beau le 
comprimer, le diviser, en délayer des fragmens dans 
Veau, rien ne peut y faire reconnaître des animalcules, 
Le Moineau mâle n’est donc véritablement pubère qu’au 
printemps, et perd cette prérogative dès qu’il a accom- 
pli l’œuvre de la reproduction. Il en est de même des 
_ Serins de Canarie, des Linottes , des Pinsons, des Ca- 
nards domestiques et des Goqs-d’Inde. Les tentatives 
infructueuses auxquelles nous nous sommes livrés pen- 
dant le temps dont nous avons pu disposer pour cet objet, 
et que nous avions fixé malheureusement vers la fin de 
l'été, ces tentatives nous ont fait connaître l’existence 
18.. 


(276) 
de cette loi remarquable , et nous ont obligés à renvoyer : 
au printemps prochain l’exécution d’une Monographie : 
complète des animalcules spermatiques chez les oiseaux. 
Pour le moment, nous nous bornons à présenter ici 
quelques résultats propres à donner une idée précise de 
leur forme. Ceux du Coq, que nous avions déja exami- 
nés, que Leewenhoeck avait découverts et parfaitement 
dessinés, et que De Gleichen lui-même avait obser- 
vés, nous ont fourni l’occasion d'admirer l’exactitude 
extraordinaire de l’infatigable scrutateur Hollandais. La . 
figure que nous en avions donnée , celle que De Gleichen 
publia , sont toutes les deux inexactes, et celle de Lee- 
wenhoeck est au contraire parfaitement conforme à la 
planche que nous rétablissons aujourd’hui. Les animal- 
cules du coq consistent en une tête oblongue qui se ré- 
trécittout-à-coup à sa base et se continue en une queue 
extrêmement fine qu'il est presque impossible de recon- 
naître aux premières observations. Mais, si l’on se livre 
pendant quelques jours à cet examen , on parvient aisé- 
ment à s’assurer de son existence, et alors l’animalcule 
se montre tel que nous venons de le dépeindre. Mais, 
ce qu'il y a de plus singulier, c’est que le Coq, pris en 
toute saison , se prête facilement à ce genre de recherches, 
et se dérobe, par conséquent, à une loi qui pourrait 
sembler plus générale. Il partage , avec les mammifères , 
le privilège d’une puberté continue. Il est donc probable 
que c’est sur lui qu’on cherchera la vérification des faits 
que nous avons cherché à établir , et cette circonstance 
nous engage à décrire en détail le système reproducteur 
de cet animal. Il est fort simple, comme celui de la 
plus grande partie, et peut-être de tous les oiseaux. Il 


(4227) 
ne renferme , en effet, que deux testicules placés dans 
la cavité abdominale , de chaque côté de la colonne ver- 
‘tébrale , et adossés à la partie supérieure des reins. Sur 
leur face interne et postérieure , on voit sortir un nombre 
très-considérable de petits canaux très-déliés , tortueux et 
perpendiculaires à la direction del’axe, ils viennent peu- 
à-peu se réunir dans un tuyau commun plus gros et qui 
se renfle encore à mesure qu’il reçoit de nouvelles bran- 
ches. Enfin , celui-ci s’achemine d’une manière flexueuse 
vers le cloaque , où son extrémité va saillir sous la forme 
d’une petite papille conique qui en porte l’orifice à son 
extrémité. Cette particularité devient très-importante 
d’après le point de vue remarquable choisi par M. Geof- 
froy-de.St.-Hilaire , et qui nous promet de si belles con- 
sidérations sur les conditions qui déterminent les diffé- 
rences sexuelles. En rapportant notre observation, il 
nous en a attribué la découverte ; mais on trouve dans 
l'ouvrage de de Graaf une excellente figure des organes 
du Coq, où ces papilles sont parfaitement dessinées. 
C’est donc à lui qu’il faut rapporter la citation bienveil- 
lante dont nous avons été l’objet. 

Le testicule du Goq est ovale et présente une homo- 
géneïté dans sa structure, qui semble d’abord éloigner 
l’idée de l'existence de vaisseaux spermatiques. Il n’est 
cependant pas dificile de s’assurer que son parenchyme 
enest composé, et si l’on prend un fragment de l'organe, 
quelle que soit d’ailleurs sa position , on trouve toujours 
qu’il renferme beaucoup de petits tuyaux très-friables , 
entortillés sur eux-mêmes et gorgés de semence; ils ont 
un demi-miilimètre de diamètre et sont fixés l’un à l’autre. 


( 378) 
par un très-grand nombre de petites fibres de tissu cellu- 
laire qui les embrassent étroitement. 

Le Pigeon possède aussi des animalcules , etleur forme , 
leur longueur, les rapprochent singulièrement de ceux 
que nous venons de décrire dans le Coq, tellement même 
qu’il serait impossible de dire en quoi üs diffèrent. Nous 
avons trouvé que les organes de cet animal en contenaient 
dans une époque où il nous était impossible d’en obtenir 
des Moineaux, du Canard et du Goq-d’Inde, ce qui nous 
porte à penser qu’il conserve sa puberté pendant toute 
l’année, de même que le Goq domestique. 

Quant à ceux du Canard, ils avaient été mal dessinés 
dans notre premier travail et cela tient à la cause que 
nous avons déjà signalée. Depuis lors, nous avons pu 
nous convaincre que leur forme est analogue à celle des 
deux espèces précédentes. Ils sont plus courts, cepen- 
dant, et ne se présentent qu’au printemps et au commen- 
cement de l'été. En automne, on trouve les testicules 
secs et arides , d’une couleur jaune sale, et le canal 
déférent est entièrement vide. 

Tous les animaux vertébrés à sang-froid que nous 
avons examinés possèdent aussi des animalcules, et si 
nous en présentons ici quelques-uns seulement , c’est 
afin d’épargner des répétitions inutiles et fatigantes. Dans 
la Grenouille commune, les testicules ont Ja forme et le 
volume d’un haricot blanc demoyenne grosseur. Ils sont 
placés des deux côtés de la colonne vertébrale, en avant 
des reins. L’enveloppe péritonéale qui les recouvre exté- 
rieurement leur donne cette apparence tigrée de noir 
qu’on observe dans beaucoup de cas. L’albuginée, si 
l’on peut encore lui donner ce nom, est fine, transpa- 


( 279 ) 


rente, et présente à sa surface quelque chose d’analogue 


aux mailles du tissu cellulaire. Le parenchyme est gorgé 
de liquide , et celui-ci fourmille en tout temps d’animal- 
cules doués d’un mouvement très-vif. De la face posté- 
rieure des testicules près de leur bord interne, sortent 
des canaux eflérens au nombre de six ou huit, disposés 
par paires et très-légèrement flexueux. Ils se dirigent en 
dedans vers le bord interne du rein correspondant, le 
contournent; et passant dans son parenchyme près de sa 
surface postérieure ,ils vont s'ouvrir dans les-uretères. 
Ceux-ci longent la partie de l'organe qui est dirigée vers 
la colonne vertébrale et se rendent en droite ligne au 
cloaque dans lequel ils versent l'urine en temps ordinaire , 
et la liqueur spermatique à l’époque des amours. Mais 
avant d’y arriver, ils se renflent en une poche latérale 
très-distensible et d’un volume considérable vers le temps 
de l’accouplement. Le conduit reprend son volume pri- 
mitif lorsqu'il est près de son embouchure , et vient se 
terminer dans le eloaque par une papille très- marquée. 
Cette disposition remarquable des canaux déférens avait 
été vaguement indiquée par Swammerdam ; mais elle 
nous a paru digne de quelqu’attention , Ce qui nous à 
engagé à donner une figure qui en exprime tous les dé- 
tails. Au printemps , tout ce système est injecté en blanc, 
et nous avons pu suivre les animalcules depuis le testi- 
cule, les petits canaux efférens , l’uretèrs et sa dilatation , 
jusques dans le cloaque , où la plus légère pression les fait 
parvenir à l'instant. Il est à remarquer que le liquide 
contenu dans les poches vésiculaires paraît moins dense 
que celui qui se rencontre dans le testicule ou dans les 
canaux efférens qui n’ont pas encore traversé le rein, 


( 280 ) 
Cela pourrait tenir au mélange des sécrétions spermati- 
que et urinaire , et la Grenouille offrirait l’exemple re- 
marquable , et peut-être moins rare qu’on ne pense, d’un 
animal chez lequel l’urine sert à diluer la semence four- 
nie par le testicule , et remplace ainsi les appareils vé- 
siculaires que nous avons vus dans les mammifères. Il 
est certain qu’au printems l'urine des Grenouilles con- 
tient beaucoup d’animalcules spermatiques bien faciles 
à reconnaître , et qu’il ne faudrait pas confondre avec 
les gros vers que renferme souvent leur vessie, urinaire. 

Le sommet du testicule est surmonté d’un panache 
très-apparent vers le printems. Sa couleur est jaune et 
semble due à la présence d’un fluide onctueux qui le 
distend alors; mais après l’accouplement, cet appareil 
se flétrit, s’aflaisse et pâlit beaucoup , de manière qu’on 
a quelquefois de la peine à le retrouver. Il est découpé 
en cinq ou six lanières linéaires, dans la partie moyenne 
desquelles on voit ramper un. vaisseau considérable re- 
lativement : à leur volume. Cet organe graisseux est d’ail- 
leurs intimément uni au testicule , et comme implanté 
sur lui ; ce qui semble annoncer qu'il existe entr’eux des 
communicalions assez intimes ; vu au microscope, le li- 
quide onctueux qu'il renferme ne montre que des vési- 
cules graisseuses. 

La liqueur séminale de ces animaux obtenue par émis- 
sion spontanée contient une telle quantité d’animalcules , 
et leur mouvement est si rapide , que l’œil armé du mi- 
croscope n’y percoit qu’une espèce de bouillonnement 
très-singulier. Mais lorsqu’on la délaie ou qu’on prend 
le liquide du testicule, le mouvement plus lent et les 
animalcules mieux isolés permettent d’en percevoir la 


| 
| 
| 


( 281 ) 


forme sans difficulté. Ils sont fort courts; leur tête est 
oblongue, raplatie et marquée dans son centre d’une 
tache plus claire , que nous n’avons bien vue qu’au moyen 
de l’excellent microscope de M. Amici. 

La Grenouille à tempes rousses nous a offert des ani- 
malcules semblables en tout point ; mais elle se distingue 
de la précédente par quelques particularités de son ap- 
pareil générateur qui semblent singulières , lorsqu’on ré- 
fléchit à la ressemblance qui existe d’ailleurs entre ces 
deux espèces. Le testicule est beaucoup plus petit ; l’u- 
retère est plus large comparativement , mais il est privé 
de la dilatation que nous avons décrite el se termine dans 
le cloaque par un simple orifice sans papille. La femelle 
offre des différences encore plus saillantes , sur lesquelles 
nous aurons l’occasion de revenir dans un autre Mémoire. 

On trouve chez les Crapauds des variations plus re- 
marquables encore, mais elles ne portent que sur les 
arrangemens accessoires de l’appareil ; et le testicule s’y 
voit toujours gorgé d’un liquide qui fourmille d’animal - 
cules plus ou moins longs. 

Dans la Salamandre à crête, les testicules sont placés 
tout-à - fait au - dessus des reins, et leur forme change 
beaucoup d’un animal à l’autre. On y distingue toujours 
deux parties intimément unies entr’elles : l’une est jau- 
nâtre, d’un tissu fort analogue à celui du testicule de 
la Grenouille , et contient beaucoup d’animalcules ; l’au- 
tre est d’un gris de perle, demi-transparenie, et n’en 
présente jamais. Quelquefois la portion qui les sécrète 
est rassemblée en uné seule masse irrégulière qui occupe 
la partie inférieure de l’organe ; quelquefois aussi elle se 
partage en deux lobes réunis par un pédicule très grêle, 


( 282) 


et c’est alors sur l’inférieur que se trouve la petite masse 
opaline. Dans tous les cas, on voit partir de la portion 
interne et postérieure de chaque testicule six ou huit 
vaisseaux sanguins qui se réunissent successivement en 
un canal commun. Celui-ci se recourbe, se dirige en 
bas, passe en dedans des uretères et s'ouvre avec eux 
dans le cloaque par le même orifice terminé en forme 
de papille. Celles-ci servent donc à la fois à l'évacuation 
de la semence et à celle de l’urine. - 

Près des testicules, se trouve un corps volumineux , 
onctueux , d’une couleur dorée , divisé en deux ou trois 
lobes et fort analogue au panache de la Grenouille. Le 
liquide qu’il renferme ne montre que des globules grais- 
seux , d’une couleur orangée très-belle. 

Les reins, chez la Salamandre, sont d’un volume con- 
sidérable ; et l’on voit avec étonnement se détacher de 
leur bord extérieur, des uretères nombreux disposés en 
faisceau qui viennent tous aboutir à l’orifice génito-uri- 
naire. En temps ordinaire , ils contiennent une liqueur 
limpide qui présente tous les caractères de l’urine ; mais : 
au printemps , et dans les mâles seulement, ils se trou- 
vent gorgés d’un liquide blanc, laiteux , si analogue par 
son apparence à celui des canaux déférens , que nous 
crûmes au premier moment , que le sperme refluait dans 
les uretères. Le microscope vint dissiper notre erreur ; 
car ce liquide ne contenait point d’animalcules , et l’on 
y voyait seulement un nombre prodigieux de globules 
d’une forme et d’une dimension identiques, avec celles 
des globules du lait. Ce n’était donc point de la se- 
mence ? Ce n’était pas non plus de l’urine ? Et l’on ne 
saurait former que des conjectures sur lorigine et la 


( 283) 


. destination de cette singulière liqueur ; que l’on retrouve 
constamment chez les mâles , à l'approche de l’accou- 
plement. 

Les animalcules de la Salamandre ont une forme très- 
remarquable , et diffèrent entièrement de ceux que nous 
avons décrits jusques à présent. Ils sont fort longs , fort 
grêles , et se terminent en avant par une têle obovale 
tellement plate, que lorsqu'elle se présente sur le côté, 
on dirait qu'ils n’en ont pas du tout. Ils se meuvent 
d’une manière aussi fatigante que singulière. Leur corps 
entier se courbe en un arc très-régulier , mais qui change 
de direction à tout instant. Quelquefois ils exécutent cette 
espèce d'évolution pendant plus de dix minutes, sans 
bouger de place. On les voit aussi, mais plus rarement, 
nager par des ondulations répétées et horizontales , à peu 
près à la manière des serpens. Lorsqu'ils sont à sec; 
leur corps devient très-flexueux. Mais ce qu'ils ont cer- 
tainement de plus extraordinaire , c’est leur longueur 
absolue qui est égale à o,"4 de millimètre. Sous ce 
rapport, ils s’éloignent étrangement des animalcules pré- 
cédens qui sont beaucoup plus courts. Malgré cette dif- 
férence , il ne paraît pas que leur diamètre soit plus fort ; 
bien au contraire, les animalcules du Cochon d'inde , 
par exemple, ont la queue plus épaisse et la tête bien 
plus grosse, quoiqu'’ils soient à peu près cinq fois moins 
longs. 

La Salamandre palmée et la Salamandre terrestre pos- 
sèdent aussi des animalcules qui ne diffèrent que par la 
longueur de ceux que nous venons de décrire. Chez.ces 
animaux , il suflit de presser le venire au mâle vers le 
printemps , pour faire sortir par l’ouverture du cloaque 
une liqueur qui en offre une quantité prodigieuse. 


(284 ) 
La Vipère , l’'Orvet, quelques Couleuvres , les Lézards 


gris et verds nous ont fourni des animalcules : et l’occa- 
sion de les examiner s’est renouvelée plusieurs fois pour 


chacune de ces espèces. En général , ils se rapprochent | 


de ceux des mammifères pour la forme et la longueur , 
quoique leur tête se trouve beaucoup moins marquée, : 

La laite des poissons fourmille de corps mouvans sur 
la forme desquels il y a beaucoup de variations dans les 
auteurs qui l’ont examinée. Pour le plus grand nombre, 
ils n’ont vu que des globules vivement agités ; mais cette 
illusion provient évidemment de l'extrême ténuité de 
leur queue, qui échappe aux yeux les mieux exercés. 
Au moyen de l'instrument de M. Amici, nous avons eu 
l’occasion de nous assurer que chacun de ces globules 
était bien réellement pourvu d’une queue; et nous espé- 
rons pouvoir incessamment réunir en un autre Mémoire 
les observations que nous avons recueillies sur ce point, 
et celles que nous nous proposons de faire sur les ani- 
maux articulés que nous avons encore peu considérés 
sous ce point de vue, mais chez lesquels l’existence des 
animalcules a été constatée par Leewenhoeck. 

Quant aux mollusques, ils se prêtent merveilleuse- 
ment à ce genre de recherches en raison de la dimen- 
sion extraordinaire de leurs animalcules ; et dans l’Es- 
cargot, par exemple, ceux qu’on y rencontre en abon- 
dance, ont près d’un millimètre de longueur absolue, 
et ressemblent beaucoup pour le port et la forme géné- 
rale à ceux que nous avons décrits dans la Salamandre, 
Ils ont le corps ondulé dans toute sa longueur , se meu- 
vent avec assez de lenteur pour qu’on puisse aisément les 
suivre, et se terminent en avant par une tête obovale. Ils 


SRE 


( 285 ) 


nagent loujours de la même manière que les Anguilles; mais : 
quelquefois ils ont l'air d’être en repos complet , quoique 

leur tête pivote sur sa base en décrivant des oscillations 
fort rapides. Ce balancement peut durer pendant très- 

long-temps , sans que l’animalcule change de place. Pour 
les mesurer , nous avons été forcés de prendre un grossis- 

sement moins fort qu’à l'ordinaire, car leur corps entier 
ne pouvait être perçu avec celui de 300 diamètres, quoi- 
que son champ soit très-étendu et très-net ; il semble 

qu’on devrait les voir à l’œil nu puisqu'ils ont une demi- 
ligne de longueur ; mais si l’on réfléchit à la ténuité de 

leur corps, on concevra comment ils peuvent échapper à 

nos regards lorsqu'on ne fait pas usage d’une lentille. 

Les autres Escargots en possèdent aussi de semblables; 
les Limaces , les Lymnées en ont de même nature ; mais 
on pourra voir dans le tableau des mesures absolues , 
qu’ils sont généralement plus courts que ceux de l’Hélix- 
Pomatia que nous venons de décrire. 

Après avoir poursuivi dans ces principales classes du 
règne animal l'étude de la sécrétion spermatique, il im- 
porte de discuter les résultats principaux que nous en 
avons obtenus. Nous avons vu que le testicule était le 
seul organe constant et essentiel , tous les autres pouvant 
manquer dans le plus grand nombre des cas sans que la 
fonction génératrice en soit influencée. Cette circon- 
stance prouve , d’une manière presqu’incontestable , 
qu'il est le siége de la sécrétion au moyen de laquelle 
s'opère la fécondation des œufs. Nous avons reconnu, 
dans les mêmes recherches, que les animalcules sper- 
matiques ne se montraiené que dans cet organe, et la 
liaison de ces deux lois de l’économie animale semble 


( 286 ) 


indiquer que ces êtres jouissent d’une importance réelle 
et peut-être exclusive dans Pacte de la génération. Il 
était donc nécessaire de poursuivre leur étude sous ce 
point de vue, et de multiplier les faits, afin d'éclairer la 
question sur toutes ses faces. 

Les animaux impubères sont inhabiles à la reproduc- 
tion , et l'étude attentive de leurs organes pouvait nous 
éclairer sur la cause prochaine de leur incapacité. Nôus 
avons mis à profit toules les occasions qui se sont pré- 
sentées à nous depuis deux ans , etnous pouvons assurer, 
d’après un nombre d’expériences extrêmement considé- 
rable, que les jeunes Chiens, Chats, les Lapins, les 
Veaux, les Poulains , les Anons, les Cochons d’Inde de 
quelques mois; un grand nombre de Surmulots, de 
Souris du même âge, les Poulets et les petits Canards ; 
enfin les Grenouilles jeunes ne possèdent pas d’animal- 
cules spermatiques. La liqueur qu’on extrait de leurs or- 
ganes contient les globules irréguliers qu’on observe dans 
les testicules du Mulet; mais elle est complètement pri- 
vée de corps mouvans, et jamais nous n’avons pu dé- 
couvrir, au milieu des globules qui flottaient dans lé 
liquide , quelqu’objet qui rappelât par sa forme les ani- 
malcules propres aux animaux pubères. Les anciens ob- 
servaleurs avaient déjà fait mention de cette circon-’ 
stance , mais nous ne pensons pas qu'ils eussent apporté 
dans leurs recherches le scrupule et le soin que nous 
avons mis dans les nôtres, et qu'ils les eussent surtout 
variées et multipliées suffisimment pour donner à cette 
loi un caractère général et précis, 

Après une époque de la vie, qui, sans être bien déter- 
mince, varie peu dans chaque espèce, les animaux de- 


(287 ) 

viennent stériles. Il était fort important de comparer les 
matières sécrétées dans cette période avec celles que 
nous avions examinées , soit dans l’état adulte, soit dans 
le jeune âge , avant la manifestation des symptômes 
connus de la puberté. Sur ce point, nous n’aurons pas 
l'avantage d'offrir un grand nombre de résultats, et l’on 
conçoit qu'il est bien moins aisé de se procurer des êtres 
dans les conditions de vieillesse convenable. Cependant 
nous avons pu soumettre à l’examen les parties de la gé- 
néralion d'un.élalon, âgé de vingt-cinq années, et qui 
se trouvait hors de service depuis quatre oucinq ans , ainsi 
que celles de quelques Chiens fort âgés ; dont nous avons 
pu disposer. Les organes n’étaient pas dans un état ma- 
ladif, mais ils se. trouvaient dépourvus d’animalcules , et 
la liqueur qu’ils contenaient ressemblait, sous tous les 
rapports, à celle quenous avions observée dans les jeunes 
individus des mêmes espèces. Ce point de vue avait 
aussi, dans plusieurs occasions , été le sujet de quelques 
recherches, et nous trouvons, dans les auteurs qui s’en 
sont occupés, des résultats parfaitement conformes. à 
ceux que nous avons obtenus nous-mêmes, 

Les données que nous venons d’acquérir établissent 
déjà suflisamment l'importance des animalcules et mon- 
trent qu’il existe une relation intime énire leur présence 
dans les organes et le pouvoir fécondateur de l’animal, 
Il est donc indispensable d’en faire l’objet d’une étude 
particulière, et de définir exactement les principales pro- 
priétés qui les caraciérisent. Le sperme du Chien de- 
meure parfaitement fluide et transparent; le mouvement 
s’y conserve pendant plusieurs heures. Ces deux circon 


stances le rendaient plus propre que tout autre aux obser- 
< ations suivantes, 


( 288 ) 


Nous avons mis dans deux capsules d’argent des quan“ 
tités égales de liqueur spermatique ; nous avons laissé 
l’une comme terme de comparaison, et nous avons fait 
plonger dans l’autre une baguette métallique vernie jus- 
qu’à son extrémité, de manière qu’en mettant en com- 
munication la baguette et la capsule avec les deux sur- 
faces d’une bouteille de Leyde , fortement chargée, on 
excitait une étincelle qui passait en totalité au travers 
du liquide et non point à la surface. Après quelques dé- 
charges , les animalcules étaient complètement immo- 
biles, tandis que ceux qu’on n’avait point élecirisés s’a= 
gitaient tout autant qu'avant l'expérience , qui n’avait | 
duré que cinq minutes. 

Nous avons fixé sur une glace deux fils de platine, 
dont les extrémités, vis-à-vis l’une de l’autre, étaient 
séparées par quelques lignes d'intervalle. Cet appareil a 
été placé sous le microscope, et les fils ont été mis en 
communication avec deux branches de laiton qui se ren- 
daient dans des capsules pleines de mercure et portées 
par une table indépendante de l’appui du microscope. 
L’une d'elles communiquait à demeure avec l’un des 
pôles d’une forte pile ; l’autre servait à établir ou rompre 
le circuit au moyen de l’immersion ou de l’'émersion du 
rhéophore. On a mis alors une goutte de liqueur sperma- 
tique entre les deux fils de platine, et le mouvement des 
animalcules étant bien perçu, l’on a établi le circuit 
galvanique. Mais soit qu’il ait été continu , soit qu'on ait 
donné des secousses, on n’a pu voir aucune altération 
dans le mouvement, Après avoir suffisamment constaté 
ce point, on a promené le microscope dans toute l’é- 
tendue du liquide, et l’on a vu que dans les portions 


(289 ) 

» contiguës au pôle positif ils étaient tous immobiles , 
tandis que, soit auprès du pôle opposé, soit dans les au- 
tres parties du liquide, on les voyait aussi agités qu'avant 
l'expérience. Get effet doit être attribué très-probable - 
.ment à l’action des acides produits au pôle positif, et 
nous en trouverons plus bas des preuves convaincantes. 

Les expériences nouvelles sur les propriétés du cou- 

rant galvanique fermé ne nous permettaient pas de né- 
gliger son action dans cette circonstance. Nous n’avons 
aperçu aucun effet sensible en nous servant de l’appareil 

. précédent , dans lequel on avait substitué aux deux pointes 

_de platine un fil entier du même métal. Les expériences, 
qui n’ont pas été troublées. par l'effet calorifique, ont 
certainement mis en évidence la nullité d’effet du cou- 

- rant. Nous n’avons pas été plus heureux en nous servant 

: d’un fort aimant que nous avons mis en rapport avec le 
liquide , soit sous le microscope lui-même, soit ailleurs, 

. pendant un temps assez long. 

On voit que ces diverses épreuves laissent beaucoup. 
de doute sur l'irritabilité de ces petits êtres, et nous 
pensons, pour notre propre compte, qu’elles démontrent 
l'absence d’un système musculaire analogue à celui des 

grands animaux. Nous discuterons ailleurs la forme mé- 
canique.au moven de laquelle peuvent se concevoir les 
mouvemens qu’ils exécutent, indépendamment de toute 
“organisation compliquée. 


Conclusions de ce Mémoire. 


1.° Tous les animaux mâles , en état de puberté, pos- 
sèdent desanimalcules spermatiques. Les individus jeunes, 
ceux qui sont trop âgés, n’en offrent aucun indice , et 


1. 19 


{ 290 ) 
les oiseaux se font remarquer par l’absence complète 
de ces êtres à toule autre époque que celle fixée par la 
nature pour leur accouplement. Le Coq domestique et 
le Pigeon échappent à cette loi. 


2. Les animalcules spermatiques existent dans le tes | 
ticule à l’état de perfection complète ; ils sont transmis 


aux canaux déférens, et n’éprouvent aucune altération 
dans ce trajet. Leur mouvement et leur forme ne sont 
point influencés non plus au moment du mélange des li- 
quides sécrétés par les autres glandes, en sorte qu’ils 
arrivent au dehors tels qu’on les voyait déjà, lorsqu'on 
les prenait dans les vaisseaux spermatiques eux-mêmes. 

3.° Les vésicules séminales , les vésicules accessoires , 
la glande prostate et celles de Gowper ne fournissent ja= 
mais d’animalcules ; et si l’on en rencontre quelquefois 
dans la vésicule séminale ; ils proviennent évidemment 
des canaux déférens. 

4. Le mouvement spontané des animalcules speria= 
tiques est intimement lié à l’état physiologique de l'indi- 
vidu qui les fournit. Getie circonstance suffit à elle seule 
pour les distinguer nettement des animalcules infusoires. 


Ïls en diffèrent encore par la constance de leur forme, 


dans tous les êtres d’une même espèce, et toutes nos ex; 
périences démontrent qu’ils sont le produit d’une véri-, 


table sécrétion. | 


5+ L'élincelle électrique les tue. Le courant galvani- 
que ne les affecte pas même dans un état d'intensité suf- 


fisant pour décomposer l’eau et les sels que contient 


celle-ci. 
6.° Quelle que soit l'opinion qu'on adopte sur le rôle 
des animalcules spermaliques , nous avons démontré 


(291) 

qu'ils sont produits par le seul organe essentiel à la fa- 
culté fécondante , qu’ils existent dans tous les animaux 
capables de reproduire leur espèce autrement que par 
bouture , qu'ils manquent au contraire dans tous ceux 
qui se trouvent inhabiles à la génération, et que leur 
présence dans le liquide séminal est le véritable signe 
qui sert à le caractériser. 


Nous joindrons au Mémoire qu’on vient de lire quel- 
ques observations que nous avons eu l’occasion de faire ; 
depuis qu’il a été communiqué à l’Académie des Scien- 
ces. Comme/jelles ne seraient pas bien comprises sans le 
secours d’une nouvelle figure , nous renverrons ce sujet 
à notre Numéro prochain, dans lequel nous donnerons 
en même temps l'explication détaillée de toutes les plan- 

.ches relatives au Mémoire snr les organes mâles. 

Il est facile de voir que nous eussions pu donner ici 
des idées générales qui ressortent naturellementdés phé- 

inomènes que nous avons fait connaître , mais il nous a 
paru plus convenable deles conserver jusques au moment 
où nous aurons parcouru dans son ensemble la question 
‘de la génération toute entière. 

Le tableau suivant renferme les résultats numériques 
de nos mesures. Les animalcules de plusieurs animaux s’y 
‘trouvent comparés sous le rapport de leur longueur: dans 
‘la dernière çolonne , celui du chien étant pris pour 10. 

| Dans lapremière , les dimensions absolues sont exprimées 
‘en fractions du millimètre. 


19.. 


292 ) 


Tableau des mesures précises de quelques animatcules 
spermatiques. 


CAP LONGUEUR 
LonGuEur RELATIVE, 


NOM DE L'ANIMAL. He celui du Chien 


millimètres. 


pris pour 10. 


Putois. 

Chien. 

Lapin. 

Chat. 

Hérisson. 
Cochon-d’Inde. 
Surmulot. 

Souris grise ou blanche. 
Cheval. 

Ane. 

Taureau. 

Bouc. 

Bélier. 

Moineau. 

Coq. 

Canard. 

Pigeon. 

Vipère. 

Couleuvre de Razomowsky. 
Orvet. 

Crapaud accoucheur. 
Grenouille. 

Salamandre à crète, 
Escargot (1. pomatia.) 
Lymnée (71. palustris. ) 


( 295 ) 


Exrrarr pu Rapport fait à l'Académie des Sciences , 
dans la Séance du24juin1822, par M. BRONGNIART, 
sur leMémoire de M.Consrtant PREvOST, ayant pour 
titre : Géologie des Falaises de la Normandie (1). 


Les escarpemens à pic que présentent souvent les 
côles qui bordent la mer, et qu’on nomme falaises en 
Normandie , offrent, sur une grande étendue, la super- 
position claire des couches , et comme ces couches ne 
sont jamais parfaitement horizontales, on voit sortir 
successivement et comme de dessous terre, les couches. 
inférieures , qui, dans d’autres lieux , sont enfouies à, 
une grande profondeur. 

Examinons ce que ce moyen sûr et commode d’ob- 
servation a appris à M. Prevost, et à quelle décou- 
verte intéressante , à quel résultat général il l’a conduit. 

L'auteur a suivi les côtes de la Picardie , de la Nor- 
mandie et du Gotentin, depuis Calais jusques près de, 
Cherbourg; il a reconnu les mêmes roches aux deux, 
extrémités de cette ligne. Ellés appartiennent aux ter- 
rains primordiaux, et forment comme les rives ou bords 
du bassin de roches primitives, dans lequel se sant dé- 
posées les couches qui ont rempli ce bassin ou golfe, 


(1) Les nouvelles recherches entreprises par M. Pre- 
vost ayant retardé jusqu’à présent la publication de son 
travail , nous avons pensé qu’il serait agréable à nos lec- 
teurs, de connaître le rapport dans lequel M. Brongniart 
en a rappelé les principaux résultats. 


(294) | 

et dont le milieu parait être vers Dieppe. Comme ces 
couches vont en se relevant des deux côtés, ou des en- 
virons de Dieppe à Gherbourg et à Calais, il a vu , dans 
le milieu, les terrains les plus superficiels ou les plus 
modernes , près des extrémités, les plus profonds ou les 
plus anciens, et dans l'intervalle, tous les terrains in- 
termédiaires. Le développement en profil de la partie 
occidéntale de cette côte, qu'il a présenté a l’Aca. 
démie, donne une idéc de la disposition généralé des di- 
vers lerrains qui s’y montrent. 

On reconnaît déjà par ce premier aperçu, quel avan- 
tage présente là marche que M. Prevost à suivie. Elle 
nous apprend d’une manière aussi claire que certaine, 
qué les terrains primordiaux qui se montrent dans le 
Boulonnais et dans le Cotentin, sont les bords d’un 
vaste golfé ou bassin, dans le fond duquel se sont dé- 
posées toutes les roches postérieures , non pas horizon- 
talement, mais en se courbant et én suivant par celte 
courbure , celle du fond du bassin. Puis abandonnant 
celle courbure peu à peu, à mesure qu’elles le remplis- 
saient, de manière que cellés du milieu qui sont les 
dernières et les plus superficielles, deviennent presque 
horizontales. 

Tel estle premier ésuliat que présente le travail de M, 
Prevost, résultat entièrement de géographie physique , et 
tout-à-fait indépendant de la diversité de nature de ces 
différentes couches , et de toutes les particularités qu'elles 
peuvent montrer dans leur épaisseur et dans les corps 
organisés qu'elles renferment. 

Ge genre de considération offre un second point de 
vue qui embrasse moins détendue, mais qui pénètre 


( 295 ) 
plus profondément dans la structure du sol, eten fai- 
sant découvrir toutes les parties et les rapports que 
ces parties ont entr’elles, il est fécond en observations 
de détail nouvelles , et en résultats également nouveaux 
et inattendue. 

M. Prevost a donné, dansune coupe théorique et gé- 
nérale très-bien faite, un véritable tableau de ces faits 
et de leurs résultats. Ge tableau, par la manière dont 
il est construit et coloré , montre à l’observateur , sui- 
vant la distance à laquelle-il se place, ou les grandes 
divisions de terrains et leurs caractères généraux seu- 
lement, ou les dernières subdivisionset: pär conséquent 
tous les faits de detail qui en composent l’histoire. 

M. Prevost examine ensuite les unes après les autres, 
les différentes parties de ce tableau , en commencant 
par les plus inférieures. c’est-à-dire , par les terrains, en 
couches inclinées. Il fait remarquer les traits frappans 
de ressemblance qu’il y a entre les roches et;les mi- 
néraux qui composent les terrains aux deux extrémités 
de la ligne, c’est-à-dire, dans le Cotentin et dans les 
Ardennes, à une distance de plus de 80 lieues. 

Il remonte ensuite dans les terrains en couches à peu 
près horizontales, qui ont rempli l'espèce de grande val- 
lée ouverté dans les premiers; nous ne Île suivrons pas 
couche pat couche dans ‘cette”description: La: coupe 
donne une idée suflisante de leur nombre , de leur suc- 
cession, et même de leurs caractères principaux; nous 
nous contenterons de rappeler les particularités qu'il a 
observées sur quelques-unes d’entre elles , et surtout 
celles dont la connaissance nous paraît due aux recher - 


ches de M. Prévost, 


( 296 } 
Calcaire à Gryphées. 


Le premier de tous, dans cet ordre d’ancienneté, est le 
Calcaire brun qui renferme principalement le Gryphea 
arcuataæ. Sa place bien déterminée dans une série presque 
complète de toutes les couches postérieures au terrain 
primordial est une observation de la plus grande impor- 
tance, parce qu’elle nous fait connaître celle de ce même 
Calcaire dans les lieux où il est abondant, caractériséet 
caractéristique, mais où la forme du sol ne permet: pas 
aussi bien de la voir. M. Prevost a senti l’importance de 
celte circonstance et n’a pasomis de nous faireremarquer 
l'identité de cette méme couche avec celles qui ren- 
ferment les mêmes coquilles, dans la Bourgogne et dans 
le Jura, au pied des Calcaires qui composent la plus grande 
partie de cette chaîne, et si, dans la suite de ce mé- 
moire, nous trouvons des observations qui semblent di- 
minuer beaucoup la valeur des caractères zoologiques 
en géologie, nous trouvons , dès l’entréo, un fait très- 
remarquable, qui donne à, ces caractères une impor- 
tance que ne pourront lui enlever les observations suh= 
séquenles. | 

Le second dépôt sédimentaire en montant, offrant une 
suite nombreuse d’assises. calcaires ou marneuses., Cst 
célèbre dans l’histoire des terrains de sédiment inférieur 
de l’Angleterre, sous le nom de Lias. 

Les Gryphées arquées du Calcaire précédent , y sont 
très-rares; mais une autre espèce, le Gryphea Cymbium, 
y est très-commune ,.et cette circonstance est aussi heu- 
reuse qu'instructive , en nous faisant voir: 


\ (297) 
1.9 Qu'il n’est pas possible de caractériser les couches 
d’un terrain par le nom du genre de coquilles qu’elles 
renferment, mais qu’il faut nécessairement en désigner 
l’espèce et même la désigner avec exactitude. 
9.° Que dans les parties inférieures et anciennes de 
l'écorce du globe, comme dans les dépôts supérieurs et 
pouveaux du sommet de Montmartre, la même espèce 
n’a pas vécu long-temps sur le même fond ; que des 
espèces différentes au contraire, se sont succédées et 
se sont remplacées avec une rapidité dont nous ne con- 
païissons aucun exemple dans le fond de nos mers ac- 
tuelles. 


Calcaire oolithique. 


Le Calcaire, composé de pelits grains ronds, comme 
ceux de la poudre à canon, et qu’on nomme. Oolithe, 
commence à paraître ici, et c’est aussi dans les marnes 
argilleuses interposées à ce calcaire , que se montrent les 
débris de ce singulier et monstrueux reptile ou poisson, 
auquel M. De la Bêche a donné le nom d’Icthyosaure, 
et qui serait le premier ou le plus ancien des animaux 
vertébrés qui aient paru à la surface ou dans les eaux 
de l’ancien monde, si on ne connaissait les poissons et 
les tortues des ardoises de transition de Glaris. 

C’est au-dessus de ce dépôt sédimenteux remarquable, 
que s’en présente un autre, non moins remarquable par 
sa grande puissance ; sa grande étendue en Europe , ses 
caractères minéralogiques et zoologiques. C’est le Cal- 
caire oolithique, ainsi nommé, parce que cetle variété 
de calcaire y est très-souvent dominante. Elle n’y est 
donc niexæclusive, ni constante. L'expression que nous 


( 298 ) 

venons d'employer le dirait suffisamment; mais, nous 
répélerons encore avec M. Prévost, que le Galcaire 
oolithique a ici: son siège principal, mais non. pas 
exclusif, et que sa présence, partout où il se trouve en 
abondance avec les mêmes, caractères zoologiques , est 
très-propre, non pas à prouver, mais à faire présu- 
mer que les couches calcaires dont il fait partie appar - 
tiennent aux terrains supérieurs,.au (Calcaire, à Gry- 
phées et inférieurs à la craie. 

M. Prevost yrapporte la pierre de Portland et le Cal- 
caire de Caen, c’est-à-dire, celui dont les carrières sont 
à la porte de cette ville. Il rattache par conséquent cette 
dénomination employée souvent et très-à propos par les 
géologues du département du Calvados, mais qui ne doit 
pas en sortir; il la rattache, dis-je, à celle du Calcaire 
oolithique ou du Calcaire moyen du Jura. C’est traiter 
la géologie d’une manière générale et comme elle doit 
’être , et nous admettons ce rapprochement comme plus 
exact que celui qui est présenté dans les conclusions. 

C’est ici, et à ce qu'il parait dans les assises supé- 
rieures et plus grossières de ce grand dépôt calcaire , 
que commence à se montrer le fait géologique remar- 
quable , dont la découverte est entièrement due à 
M. Prévost, et qui semble ôter aux caractères z0ologi- 
ques une grande partie de leur utilité pour la détermina- 


tion de l’ordre de succession des couches du globe. Ge | 


fait est la présence des cérithes , elc. , coquilles fossiles 
qui sont si abondantes dans Îe calcaire grossier supérieur 
à la Craie, qu’on lui en avait quelquefois donné l’'épi- 
thète; mais on ne les avait point vues, ni dans la Craie, 
ni dans aucune des couches inférieures à ce dépôt cal- 


( 299 ) 

caire. Ces Cérithes sont accompagnées'èt de quelques-uns 
des genres des coquilles qui les accompagnent dans le 
Calcaire grossier, et de celles qui sont propres aux Cal- 
caires anciens. Elles ne peuvent y avoir été amenées ; 
d’ailleurs , il faut qu’elles aient vécu dans le même temps 
et sur le même fond que les AÂmmonites, les Belemnites, 
les Trigonies, etc. , avec lesquelles on les trouve , pour la 
première fois, en société. On ne peut douter de la réa- 
lité de cette association , non-seulement parce que les ta- 
lens de M. Prévost pour ce genre d'observation nous sont 
connus, mais parce qu'il vient d’en être de ce fait, comme 
de tout ce qui paraît nouveau, et qui ne l’est souvent 
que parce qu'aucun observateur attentif ne l'avait fait re- 
marquer. Ge fait n’est pas isolé, on l’a retrouvé dans 
plusieurs endroits avec les mêmes circonstances , dans la 
même position, c’est-à-dire, dans les terrains presque 
immédiatement inférieurs à la craie. M. Prevost en cite 
des exemples dans son Mémoire. | 

Des animaux vertébrés se présentent aussi dans ce 
terrain ; ils appartiennent toujours aux classes des Pois- 
sons et des Reptiles, mais à des espèces et même à des 
genres différens de ceux du calcaire inférieur ; tel est ie 
Crocodile trouvé aux environs de Caen. 

Le Calcaire des environs de cette ville auquel on a 
donné le nom -de calcaire à Polypiers, à cause de la 
grande quantité de Madrépores qui le composent, n’est 
autre chose que les assises supérieures de cette forma- 
tion, et ne paraît mériter une distinction particulière 
que dans la description géognostique du Calvados. 

Mais les marnes argilleuses , bleuâtres , qui séparent 
les dernières assises supérieures du Calcaire colithique 


( 300 } 

des assises inférieures du dépôt de craie, demandent 
une mention et même une dénomination particulière 
par une raison de même valeur que celles que nous avons 
apportées pour le Calcaire oolithique ; c’est-à-dire qu’elles 
sont comme lui très étendues , presque générales , sur- 
tout parfaitement caractérisées par les corps organisés 
fossiles qu’elles renferment , et notamment par une es- 
pèce de Crocodile encore différent de celui du Calcaire 
oolithique inférieur. 

Ces Marnes argilleuses , bleuâtres , ont été confondues 
avec celles qui sont immédiatement au-dessus du Calcaire 
à Gryphées et qu’on voit à Dives; mais leur position les 
en distingue; et quand ce moyen ne peut pas êtie em- 
ployé , les coquilles fossiles et surtout le grand Saurien 
qu'on y trouve, et qui est très-diflérent de l’Ichlyo- 
saure des premiers , donnent un autre moyen de les re- 
conuaître. On peut voir ce terrain au cap de la Hève, 
près du Hâvre, au niveau de la mer, et immédiatement 
au-dessous du terrain de Craie. 

Voilà donc la position de ce dernier, de la Craie par- 
faitement déterminée, au moins pour celte parlie de 
l’Europe , et il y a lieu de croire qu’elle l’est également 
pour loutes les autres parties de ce continent où on 
pourra l’observer. ; 

Non-seulement la position du terrain de Craie sur le 
Calcaire oolithique est établie par cette observation qui 


n’est pas particulière à M. Prévost, mais elle en est dis- 


tinctement séparée par une circonstance caractéristique 
sur laquelle ce géologue a appelé le premier notre atten- 
tion; c’est un dépôt de sable en zônes non parallèles, 
qui indique par sa présence et par sa disposition un 


( 301 ) 

changement notable dans les causes qui ont produit les 
terrains inférieurs et supérieurs. La Craie inférieure est 
grise, très-sablonneuse , et montre peu de Silex pyroma- 
que, c’est-à-dire de Silice pure et isolée ; la Craie supé- 
rieure , qui au contraire en renferme un grand nombre, 
est plus blanche et moins sablonneuse, comme si la 
matière siliceuse s'était mêlée avec la matière calcaire 
dans les assises inférieures, tandis que ces deux sub- 
stances se seraient séparées nettement dans les assises 
supérieures. Le fait existe ; il a été vu depuis long-temps, 
mais il a été remarqué explicitement pour la première 
fois par M. Prévost. 

Au-dessus de la craie, se présentent, dans quelques 
endroits, des lambeaux du terrain de sédiment supérieur 
et surtout des couches lacsutres inférieures de ce ter- 
rain. M. Prevost l’a constaté en citant les Limnées et les 
Planorbes qu'il y a trouvés; il a fait aussi remarquer 
que les Lignites de ces terrains formaient des couches 
assez étendues , tandis que ceux qui sont inférieurs à la 
Craie, se présentent presque toujours en fragmens épars; 
et cette observation claire et précise confirme la diffé- 
rence que l’un de nous a reconnue depuis long-temps, 
entre les puissans dépôts de Lignite supérieurs à la Craie 
et les morceaux de ce combustible fossile épars dans les 
terrains inférieurs. | 

Après cet examen des différentes couches de la terre, 
on arrive pour’ ainsi dire à sa surface, et on n’a plus à 
y examiner que les terrains superficiels et meubles , que 
l’on appelle terrains de transport. On croit qu'il n’y a 
plus rien à en dire, à moins que de détailler scrupuleu- 
sement toutes leurs parties; mais M. Prévost a su y dé- 
couvrir deux faits généraux très-remarquables : 


( 302 ) 

Le premier; c’est que ces terrains; à l’est de la ri 
vière de Dives, sont composés de matériaux entièrement 
différens de ceux qui les composent à l’ouest de ceite 
rivière. 

Ces terrains de transport de l’est ne montrent que 
des Silex de la Craie disséminé dans un sable rouge ar- 
silo-ferrugineux ; les terrains de l’ouest ne présentent 
que des fragmens roulés de Quartz et de Grès apparte- 
nant aux terrains de transition du Cotentin ; 

Le second fait est conmimun aux deux terrains ; c’est que 
toutes ces pierres dures qui sont élendues non-seule- 
ment sur les assises les plus supérieures de la Craie , mais 
sur les terrains encore plus nouveaux qui la recouvrent, 
ne résultent pas de la destruction de ces parties super - 
ficielles ; mais viennent des assises inférieures de la Craie 
et des roches les plus-profondes des terrains du Cotentin. 
Ce! fait seraît inexplicable , si M. Prévost ne nous rap- 
péläit que les assises inférieures de ces terrains sont con- 
caves , et que leurs bords s’élevant à Ja surface du sol 
aux extrémités du golfe ou du bassin qu’elles remplis- 
sent, ont pu et dû fournir les débris solides et arrondis 
par le frottement -quisont.élé transportés de ces bords 
vérs le milieu du bassin. Nous regardons celle observa- 

| tion comme l’ane des/plas nouvelles et des plus curieu- 
ses de celles qui sont renfermées dans le Mémoire de 
M. Prévost.’ Ces'terrains de transport. superficiels sont 
ceux qu’on néglige le‘plus ; on croit qu'iln’y a plus rien 
à y voir; il est vrai qu il:y a peu. de.minéraux à trou- 
ver, péu de faits isolés à. y recueillir ; mais les lois géo- 
logiques que M: Prévost vient deremarquer dans ceux de 
la Normandie ; prouvent combien de <hoses ils peuvent 


( 503 } 
encore nous apprendre , lorsqu'on sait les observer: d’a- 
‘bord en détail et ensuite en grand. 

‘elles sont, parmi les observations renfermées dans la 
première partie du Mémoire de M. Prevost, celles qui 
nous ont paru lui être tout-à-fait propres ét les plus di- 
gnes de fixer de nouveau l'attention de ‘l’Académie , 
comme ayant ajouté de nouveaux faits à ceux qui com: 
posent l’histoire naturelle de la terre , et de nouvelles 
règles à celles qui constituent la science de la géognosie. 

Nous avons dû rappeller avec quelques détails les 
principaux objets traités dans la première partie du Mé- 
moire de M. Prevost, parce que ces objets sont pres- 
que tous des résultats généraux , déduits la plupart des 
observations propres à l’auteur ; et que c’est là qu'est le 
principal mérite du travail que nous examinons. 

Nous avons beaucoup moins de choses à recueillir 
dans la seconde partie, non pas qu’elle soit vide de 
faits ou d'observations , mais parce que ces faits et ces 
observations sont ceux dont M. Prevost a liré les ré- 
sultats précédens. Nous devons donc chercher à en faire 
apprécier le mérite sous le point de vue du nombre, de 

“la valèur , de l’ordre dans lequel ils sont présentés.et de 
leur éxactitude reconnue ou présumée. 

Plusieurs de ces observations de détails conduisent à 
des considérations très “intéressantes , parmi lésquelles 
nous choisirons les suivantes. 

M. Prévost fait remarquer qué les Silex de la Graïe ‘se 
présentent en bandes 'coftinues dans quelques lieux. Ge 
fait ainsi isolé serait sans intérêt ; du\moins poür le mo- 

ment, £i l’auteur n’ajoulait que dans quelques ‘parties 
dès falaïses ; près dé Féchip par exemple!, celte conti- 


(304 ) 
nuité est interrompue et que la partie correspondante de 
ces bandes se retrouve à un niveau plus bas, comme si 
cette partie se füt enfoncée avec les terrains qui les ren- 
ferment; fait analogue à celui qu’on observe dans les mi- 
nes de Houille, et qui paraît dû à une même cause. Mais 
d’autres bandes présentent un phénomène plus remar- 
quable; une partie s’est aussi comme enfoncée sans ce- 
pendant quitter celle qui a conservé son premier niveau. 
Ces bandes de Silex ont été comme fléchies ; et comme 
dans ieur état actuel de dureté, on ne pourrait conce- 
voir une telle flexion sans une rupture complète , on 
peut présumer que le Silex n’avait pas dans ce moment 
la solidité , l'espèce de sécheresse et de fragilité qu'il 
présente maintenant. 

A l’occasion du terrain des environs de Caen, M. Pre- 
vost établit par des comparaisons tirées de la position du 
Calcaire des environs de cette ville, de la texture de ce 
calcaire, des corps organisés qu’il renferme ; qu’il n’est 

- qu’une partie des assises supérieures du terrain oolithi- 
que , plus développée en raison de sa position dans une 
grande cavité. 

Les environs de Valogne sont célèbres depuis quelques 
années par le nombre d'individus et d’espèces de co- 
quilles fossiles que M. de Gerville y a recueillis, et dont 
il a généralement enrichi toutes les collections de l’Eu- 
rope. Mais il y voyait mélées, pour ainsi dire, pêle-mêle 
et comme elles se trouvaient, des coquilles analogues à 
celles du Calcaire grossier des environs de Paris , et des 
coquilles qui appartiennent généralement à des terrains 
très-anciens. La découverte que M. Prevost venait de 
_ faire de Cérithes dans un Calcaire inférieur à la Craie, 


- -. ( 305 ) 
lui donnait le désir, lui faisait presque un devoir de vi= 
siter ce canton. Il a vu ce que M. de Gerville avait an- 
noncé, un vrai mélange de coquilles d’âges très -différens, 
mais il a remarqué : 

:1.° Que ces terrains étaient déposés dans les espèces 
de vallées étroites ou de longues cavités qui se trouvent 
entre les crètes que présentent ici les extrémités de bans 
presque verticaux des roches primordiales du Cotentin, 

2,° Que les coquilles de ces terrains étaient ou mélées 
tout-à -fait, ou déposées dans un ordre inverse de leur 
anciennelé présumée, c’est-à-dire que les coquilles du 
calcaire moderne et superficiel de Paris étaient dessous, 
et les coquilles de la Craie ancienne et profonde étaient 
dessus. Il a vu que la plupart de ces coquilles et des 
débris quiles accompagnaient, indiquaient , par de nom- 
breux signes extérieurs , qu’elles avaient été amenées de 
Bloin et souvent altérées par un transport violent; enfin, 
et ce fait est des plus importans , que ce terrain meuble 
et composé de débris anciens et modernes, n’était re- 


“ couvert par aucune roche, par aucun terrain plus ancien 
que ces débris modernes. Les circonstances sont donc 
“ici bien différentes de celles qu’on observe à Trouville , 
à Caen, etc., où M. Prevost a reconnu des Gérithes, 
espèces d’un genre de coquilles regardées comme mo- 
…dernes , au-dessous d’un terrain ancien , et si on ajoute 
que ces dernières Gérithes paraissent différentes de celles 
du Calcaire grossier, on conclura , avec M. Prevost, 
qu'il n’y a qu’une analogie trompeuse entre le mélange 
de Valogne et’ la superposition de Trouville, et que ces 
associations de coquilles anciennes et modernes dans 
1. 20 


( 306 ) 
les deux endroits, sont dues à des causes qui paraissent 
ôtre très-différentes. 

Ces causes, M. Prevost croit les avoir trouvées dans 
la position du terrain de Valogne dans la ligne de la di- 
rection principale de la grande vallée de la Seine , et dans 
le transport ancien des débris des divers terrains qui 
remplissaient cette vallée. 

Nous ne pourrions le suivre dans cette explication, 
donner les développemens nécessaires pour la faire ad- 
mettre , et présenter les objections propres à la rendre 
douteuse, sans répéter tout ce que M. Prevost a dit , et 
même sans y ajouter beaucoup de choses. Nous sorti- 
rions àlors des bornes de ce rapport; nous nous conten- 
terons donc de dire, que quoique cette explication soit 
encore sujette à plusieurs difficultés, nous la regardons 
comme ingénieuse , même comme assez vraisemblable , 
et comme devant être très-soigneusement distinguée def 
hypothèses sans fond qu’on faisait autrefois aussi faci- 
lement qu'inutilement , pour expliquer et la structure 
de toute la terre et celle de chaque petit canton habité 
par ces géologues plus féconds en explications qu’en ob- 


sérvations. 

Les conclusions mises par M. Prevost à la fin de son 
Mémoire , ne sont pas seulement des conséquences nous, 
velles qui résultent des faits rassemblés dans ce travail, 
elles présentent des vues ‘encore plus étendues, et in | 
diquent comment cette première étude des roches qui 
composent une grande partie des terrains de la Côte 
N. O. de la France , l’a conduit à reconnaître dans | 


l'Angleterre les bassins qui correspondent à ceux du 
continent : il nous semble avoir prouvé, par exemple, | 


( 507 ) 
que c'était le terrain de l'ile de Wight qui était la con- 
tinuation du bassin de Paris , et non pas celui “de 
Londres, qui correspondait plutôt au terrain de sédi- 
ment supérieur des environs d'Anvers. 

Revenant ensuite sur l’analogie de composition des 
Falaises de la Basse-Normandie avec le Jura , il nous pa- 
raît avoir très-bien reconnu leurs rapports, au moins 
jusqu’au Calcaire dit de Caen. Ainsi, il rapporte le 
Calcaire à Gryphées arquées de Dives , au Calcaire infé- 
rieur du Jura , le Calcaire oolithique au Calcaire moyen 
du Jura , et le Calcaire grossier de Caen, aux assises 
supérieures du Jura, Si nous avons quelques doutes à 
élever sur ces comparaisons , ce ne sera qu’à l’occasion 
de la dernière, qui, sans être fausse , n’est peut-être 
pas complète. L’un de nous, qui a eu occasion de visiter 
le Jura dans beaucoup de points, croit que les assises 

réellement supérieures de cette grande formation calcaire 

présentent une réunion de caractères qu’on ne voit pas suf- 
fisamment dans le Calcaire de Gaen, et si l’on veut trouver 
en Normandie un dépôt qui lui soit analogue , comme 
-cela doit être en effet , il est présamable qu’on le recon- 
naîtra plus complètement dans le Calcaire à polypiers, 
“et dans ses lits inférieurs réunis à celui du Galcaire de 
Caen, que dans ce dernier seul, Ge n’est pas ici le lieu 
de donner les raisons de ce rapprochement. 

Nous devons enfin terminer ce rapport. Nous avons 
‘été obligés de lui donner quelque développement, parce 
que nous avons €ru devoir remettre sous les yeux de 
Académie les objets principaux renfermés dans un 
grand travail dont elle a eu communication il y a déjà 
#ix mois ; et cependant ce que nous venons d'extraire 


20,: 


( 308 ) 


du Mémoire de M. Prevost n’est pas lout ce qu'il pré- 
sente de neuf ou d’intéressant ; c’est seulement ce qu’il 
offre de plus saillant; cela suflit pour asseoir notre ju- 
gement, et poûr mettre l’Académie à même de l’ap- 
précier. Elle verra avec nous que ce n’est pas une des- 
cription géognostique et topographique que M. Prevost 
s’est contemté de lui présenter ,.quoiqu’un travail de ce 
genre ne füt pas sans utilité; mais que c’est un Mémoire 
qui établit le nombre, les caractères et l’ordre de su- 
perposition des différens dépôts qui se sont succédés 
entre les terrains primordiaux et les terrains nouveaux 
des environs de Paris, dans une grande partie de l’Eu- 
rope , peut-être même sur toute la terre. Les terrains, 
de Normandie ne sont là que comme le sujet de l’expé- 
rience en grand, dont les résultats sont déduits, L’ac- 
cord de ces résultats avec ‘ce que l’on a observé dans 
plusieurs autres lieux, surtout avec ce que MM. Webs- 
ter, Parkinson, Greenough, Buckland , Mantell, etc. , 
ont si bien vu et si bien décrit en Angleterre, rend! 
cette expérience suffisante pour qu’on puisse admettre, 
d’après elle seule, les conséquences tirées par M. Pre-, 
vost , et Les règles géologiques qui en résultent. 

Nous regardons le travail de M. Prevost comme très- 
remarquable, et comme ayant efficacement contribué 
aux progrès de la Géologie, quoiqu’un des pas qu'il 
fait faire à celte science semble être rétrograde ; mais 
on avance autant une science en détruisant des erreurs, 


qu’en découvrant de nouvelles vérités ; et en effet, 
n'est-ce pas découvrir une vérité, que détruire l” erreur | | 
qui la cachait. 


Signé Guvier , Prony , BroNGNIART, Rapporteur. 


( 50g.) 


OsservarTions microscopiques sur le. Coxrenva 
comoïpes , Dillw. ; 


Par B. Garzzon. 


Après avoir observé les plantes marines ( Thalassio- 
phytes) pendant plusieurs années, je concentrai plus 
particulièrement mon attention sur les productions ma- 
rines filamenteuses appelées Conferva par plusieurs au- 
teurs, et dont un grand nombre est compris par De Can- 
dolle , sous la dénomination de Ceramium. L’organisa- 
tion de ces Thalassiophytes, dites articulées, noffrit 
dans leurs filamens un tissu ou une membrane dont le 
renforcement transversal interrompait de distance en 
distance la continuité. Les intervalles formés par ces 
sortes de cloisons étaient chargés, dans toutes les espè- 
ces, de matière colorée. Je remarquai que dans quelques 
espèces lés cellules étaient simples; que dans d’autres 
elles étaient multiples et se groupaient autour d’un axe ; 
que dans quelques-unes elles étaient alongées , et que dans 
d’autres elles étaient très-raccourcies. Je remarquaiencore 
que l’organisation de plusieurs autres espèces, quoique ar- 
ticulée au centre , devenait continue à la circonférence. 
Je crus avoir suivi la marche de la nature dans cette 
progression du simple au composé , et je me disposais à 
publier les groupes dans lesquels, d’après ces observa- 
tions, javais subdivisé les espèces de Thalassiophytes et 
. même d’Hydrophytes agglomérées dans les genres Con- 
| ferva et Ceramium, lorsque je me trouvai arrêté par 

l'impossibilité de comprendre dans aucune de mes divi- 
| sions, que je regardais comme les plus naturelles , 


une production confervoide marine très-abondante 


( 310 } 
sur la partie des roches de nos côtes qui forme le lit- 
toral que la mer à chaque marée couvre et découvre. 

La production que nous examinons pullule sur nos ri- 
vages marilimes en pelites touffes épaisses , très-courtes, 
pénicilliformes, onctueuses au toucher, de couleur brune, 
tantôt jaunâtre , tantôt grisâtre ; vue au microscope, elle 
est composée de filamens fasciculés extrêmement ténus, 
rameux, dichotomes, membraneux , Incrustés de corpus- 
cules ovoïdes jaune-brun , pressés et disposés les uns au- 
près des aulires, tantôt longitudinalement, de manière à 
former et garnir pleinement le filament dans toute sa lon- 
gueur, tantôt inclinés diagonalement et laissant alors des 
interstices hyalins qui sont les parties de la membrane 
du filament; cette membrane est muqueuse, transpa- 
reale , et ne présente au microscope aucune organisa 
tion celluleuse. À la dessiccation, cette production change 
de couleur, devient d’un gris verdâtre, et prend sou- 
vent un aspect légèrement terreux. 

Elle est décrite dans Dillwyn (British Confervæ) et 
bien figurée planche 27, À, sous le nom de Conferva 
comoides. Dillwyn, en lui donnant le nom spécifique 
comoides , a voulu retracer l’effet qu’elle produit sur les 
sommités arrondies des roches calcaires quand l’eau en 
est retirée; elle présente alors, tant par la couleur que 
par l’éparpillement de ses filamens déliés, quelque res- 
semblance avec la chevelure rare et roussâtre de Ja tête 
d’un très-jeune enfant. 

D'après la description de Vaucher, je ne doute nulle- 
ment que son Ectosperma appendiculata, trouvée dans 
un bassin d’eau salée à Lons-le-Saulnier, ne soit la même 
production que ceile qui nous occupe. Je regrette de 


( 311 ) 

n’en avoir pas d’échantillon, mais la figure 2 de la plan- 
che 3 de son ouvrage fortifie la conviction que sa des- 
cription courte , mais caractéristique , m'avait déjà in- 
spirée de l'identité spécifique de ces deux productions. 
Quant aux appendices qui couvrent celle de Vaucher, il 
est une saison où la production que nous examinons en 
est aussi couverte. Sont-ils une émanation inhérente aux 
tubes , ou sont-ils des corpuscules étrangers adhérens 
Je crois cette dernière hypothèse plus probable, puis- 
que les appendices n’accompagnent point constamment 
cette production , et qu’un grand noînbre de corps sem- 
blables sont aperçus sur d’autres espèces de conferves 
marines. 

Après avoir décrit la production marine que j’analyse , 
et avoir détaillé les formes et les noms sous lesquels elle 
a été connue par les divers auteurs qui en ont parlé avant 
moi, je vais maintenant exposer mes observations. Les 
filamens de cette production, examinés à plusieurs re- 
prises avec une forte loupe, ne m'ont présenté de dis- 
tinct dans leur tégument qu’une sorte de ponctuation 
jaune-brun , dont l'intensité variait à diverses époques 
de mes observations. Je fais d’abord cette remarque pour 
prémunir contre le jugementirop précipité que l’usage seul 
de la loupe pourrait faire porter à des botanistes exclusive- 
ment habitués à cet instrument. Les verres inférieurs du 
microscope ne m’ont même présenté rien de satisfaisant 
dans l'examen de la membrane des filamens ; j'appuie 
sur ces circonstances afin que les naturalistes qui vou- 
dront répéter mes expériences ne se décourageni pas et 
aient recours aux plus forts verres de leur microscope. 
Toutefois , je les engage à ne s’élever à cette puissance 


(32) hein" 
qu'après avoir reconnu avec les verres inférieurs la forme 
et les limites du filament dont ils veulent grossir une 
partie de la membrane. Alors, armés d’une pointe très- 
fine, et stimulant légèrement sur le champ du micro- 
scope la tige de la production que nous examinons, ils 
verront qu'elle n’a l’aspect d’une tige que par lentortil- 
lement vers la base de plusieurs des filamens rameux 
qui la composent. Parvenu de la sorte à séparer un des 
filamens de cette production, on le suivra dans toute sa 
longueur; on verra des ramifications diffuses , lâchement 
divariquées et offrant à leurs aisselles des angles difformé- 
ment arrondis ; les extrémités sont tantôt arrondies , 


tantôt pointues; ce dernier mode est plus commun dans 


les extrémités des ramifications. C’est vers ces parties que 
. la pointe devra agir pour lacérer le filament; c’est alors 
qu'en augmentant la puissance du microscope , on 
verra se désagréger de ce filament des corpuscules ténus , 
linéaires, ovoides, dont les extrémités sont transparentes 
et le centre marqué d’une particule de matière colorée 
jaunâtre. Le filament se trouve hyalin à la partie qu’oc- 
cupaient les corpuscules ; c’est‘alors qu’on aperçoit faci- 
lement et qu’on peut suivre la disposition des autres cor- 
puscules encore engagés dans cette matière hyaline du 
filament, qui est comme une sorte de mucosité membra- 
neuse sans la moindre apparence de disposition cellulaire. 
Si l’on fait agir la pointe dans une partie plus avancée 
du filament, on a la satisfaction de voir ces corpuscules 
colorés , pressés et rapprochés les uns des autres et en 
grand nombre dans toute la longueur du filament dont 
ils constituent la couleur, et à la forme duquel ils don- 
nent un aspect légèrement arrondi. Si après ce petit tra- 


( 515 ) 
vail l’on abaisse imperceptiblement la lentille sur le 
champ du microscope, on le verra couvert d’une grande 
quanlité de ces mêmes corpuscules colorés. 

Satisfait d’avoir détaché ces nombreux corpuscules de 
la membrane muqueuse où ils étaient engagés, je crus 
long-temps qu'ils étaient les séminules de cette produc- 
duction. Quelques idées pourtant venaient traverser 
cette satisfaction. Je me déterminai donc à suivre pen- 
dant un an, et plus s’il était nécessaire, le développe- 
ment de cette production, à profiter de cet espace de 
temps pour observer de nouveau les autres productions 
filamenteuses confervoïdes , tant des eaux salées que des 
eaux douces;'et par ces rapprochemens, établir des com- 
paraisons qui me missent à même de prononcer sur le 
classement des Hydrophytes anomales ; ma persévérance 
a été couronnée d’un plein succès. dJ’ai vu, fait voir, 
revu, et je revois encore les corpuscules colorés des fila- 
mens du Conferva comoides , Dillwyn, avançant grave- 
ment et lentement sur le champ de mon microscope, 
reculant de même , changeant de direction , enfin doués 
d’un mouvement subit, itératif, mesuré et volontaire. 
Leur forme est tantôt un carré parallélogramme, tantôt 
une ellipse; la première est celle qu’ils affectent dans 
l’état de repos, la seconde est celle qu’on remarque le 
plus communément quand ils sont en mouvement ; dans 
l’une et l’autre , l’extrémitéest toujours hyaline, la matière 
colorée jaune occupe le centre et change souvent de dis- 
position par une sorte de dilatation ou de contractilité 
dont elle semble douée. Ces corpuscules animés, dégagés 
de leur filament, ne tardent pas à prendre de l’accroisse- 
ment, ceux mêmes qui y restent engagés jouissent du 


( 514) 

même avantage; leur dimension en longueur, dans le 
plus petit état où j'ai pu les apercevoir, peut être évaluée 
à la 500, °° partie d’une ligne ; dans leur développement, 
ils ne tardent pas à arriver à la 100.° partie; dans un 
état avancé, la dilatation de ces animalcules a été si 
grande , tant en longueur qu’en largeur, qu’une ligne 
carrée, qui aurait pu précédemment contenir 8 à 900 de 
ces animalcules , en contenait à peine 150 ; ils sont alors 
entièrement elliptiques et dans un élat d'inertie presque 
complet ; la matière colorée est rétractée en deux glo- 
bules susceptibles pourtant de mobilité et placés commu- 
nément aux deux tiers de chaque extrémité, le reste de 
l'ellipse est hyalin , d’une consistance membrano-mu- 
queuse. Dans ces états, l’animalcule appartient aux Bac- 
cillariées de Bory de St.-Vincent, et fait partie tantôt 
de ses Navicules, tantôt de ses Baccillaires. Cet ani- 
malcule n’est point figuré dans Muller, mais il a des ana- 
logies de’ forme et de mouvement avec les V’ibrio bi- 
punciatus et tripunctatus de cet auteur. 

Que deviennent ces animalcules ? C’est une question 
qui m'a long-temps occupé, et à laquelle il me sera fa- 
cile de répondre en exposant une partie des expériences 
que j’ai faites pour la résoudre. Nous avons vu la faculté 
de dilatation et de développement dont les animalcules 
du Conferva comoides étaient susceptibles. Celte faculté 
se manifeste, non-seulement dans l’état libre, mais même 
lorsque l’animalcule estencore engagé dans la mucosité du 
filament. Toutefois il est bon de faire observer que dans ce 
dernier cas il y a eu migration des trois-quarts au moins 
des autres animalcules naviculaires agglomérés dans la 
mucosité du filament, Ges Vavicules revêlent en quan: 


(515) 

üté innombrable la surface de la vase qui couvre les ro- 
chers da bord de la mer, et de celle qui obstrue les ports 
et bassins; elles y forment un enduit brun-chocolat, 
qu’avant de l’examiner au microscope j'avais soupçonné 
être la graine ou les seminules des Thalassiophytes Nul 
doute que dans ces animalcules il n’y ait un grand 
nombre d’espèces différentes , mais il est cerlain aussi, 
d’après le développement et les formes diverses de la na- 
vicule du Conferva comoides, que la même espèce vue 

dans divers états de croissance a été prise pour des es- 
pèces différentes. La navicule du €. comoides se dis- 
tingue dans toutes ses métamorphoses par des extrémités 
hyalines tellement transparentes, que les limites de la 

membrane muqueuse ne sont discernables qu'avec beau- 
coup d’attention et en diminuant sur le porte-objet l’in- 
tensité de la lumière. Ces animalcules semblent avoir 
un tel besoin d’association, que c’est à ce besoin qu'est 
due la formation du filament du C. comoides. Les jeunes 
navicules se rapprochent en glissant et s'étendant plu- 

sieurs sur une seule ligne, de manière que les extré- 
mités antérieures et postérieures de chaque animalcule 
s’enchevétrent les unes à côté des autres, et dans cet 
état exsudent un mucus qui forme la partie membra- 
neuse du filament. Les ramifications se forment de même 
et par là on explique facilement le peu de régularité 
qu’elles’offrent. Il en est de même des extrémités poin- 
tues de ces ramilications ; ce sont des filamens où la ligne 
d’aggrésation des navicules n’est pas encore terminée. 

Quant aux extrémités mousses et arrondies des filamens 
principaux , elles sont une suite de l'abondance du mucus 
membraneux qui revêt et garantit les animalcules qui s’y 


(316) % 


trouvent immergés ; ces filamens sont comme terminés. 
Quand les animalcules , par leur croissance, s’y trouvent 
à l’étroit, alors ils forment vers un point des tuméfac- 
tions d’où sort une élongation qui est un nouveau-ra- 
meau composé de navicules qui glissent les unes sur les 
autres jusqu’à ce qu’elles aient atteint une disposition qui 
les satisfasse, leur permette de rester en repos et d’ac… 
croître ainsi leur enveloppe membrano-muqueuse. 

Si mes lecteurs ont voulu prêter une attention propor- 
tionnée à la précision des détails que je viens d'exposer, 
ils conviendront que mes expériences m'ont ramené au. 
point de départ de la lacération du filament , et qu'après 
l’avoir décomposé à leurs yeux comme il l’a été aux miens, 
je viens de le reconstituer aux leurs comme je lai vu 
maintes et maintes fois sur le champ de mon microscope; 
ma grande satisfaction est de pouvoir leur épargner en 
ce moment les alternatives de découragement et d’espé- 
rance, les tâtonnemens fatigans que j’ai subis avant d’ar- 
river au résultat positif que je signale. Nul doute que 
l’on ne me demande maintenant l’origine de ces animal- 
cules , d’où ils viennent, comme ils naissent, en un mot 
leur mode de reproduction. Si je ne m'étais fait à moi- 
même ces questions , et que je ne me fusse point appli- 
qué, avant la publication de ce Mémoire , à la recherche 
de leur solution , on pourrait trancher la difficulté par la 
supposition d’une génération spontanée ; mais de pa- 
reilles idées sembleraient , comme elles le sont effective- 
ment, l’aveu des bornes de nos connaissances. Quand 
l’homme, abusant du pouvoir magique de l'imagination , 
rêve des syslèmes fantastiques , les faits deviennent sté- 
riles , des lueurs trompeuses égarent son esprit ; il peut 


x (317) 
alors fermer les yeux, dire adieu à la vérité, elle n’a 
plus d’attraits pour lui. Mais nous pouvons prouver aux 
partisans de la spontanéité que nos navicules produisent 
des petits êtres qui les perpétuent. Prenons pour cette 
preuve des filamens du C. comoides encore dans toute 
leur intégralité, c’est-à-dire , dont les animalcules ne se 
soient pas encore désagrégés. Suivons ces filamens dans 
leur développement, nous verrons les navicules grossir, 
la matière jaune qui les colore au centre acquérir de l’in- 
tensité, la membrane transparente se dilater. Alors un 
grand nombre de ces navicules se sépareront du filament 
et vogueront librement ; mais au bout de quelques jours, 
elles deviendront moins agiles , resteront stationnaires , 
et, soit isolées, soit s’agrégeant bout à bout, nous les 
verrons , comme celles engagées dans la mucosité du 
filament , se dilater dans la partie hyaline, de manière, 
comme je l’ai dit, à prendre entièrement la forme d’une 
ellipse. Dans cet état ,,la matière colorée que cette el- 
lipse renferme se divise en forme de globules, se con- 
dense en quelque sorte, et de jaune devient presque 
brune ; elle forme alors deux petits globules distincts. 
Ces globules , observés constamment pendant huit ou dix 
jours, deviennent imperceptiblement grenus , se déga- 
gent de la membrane hyaline, et forment comme une sorte 
de poussière colorée qui est évidemment le frai de nos 
Navicules du C. comoïdes , puisque cette sorte de pous- 
sière , observée encore pendant plusieurs jours de suite , 
acquiert du mouvement et reproduit les animalcules 
dans un état de ténuité qu'on voit cesser chaque 
jour , l’animalcule prenant de l’accroissement et une 
forme sous l’œil de l'observateur. Get état est celui 


(H8) 

où les navicules colorent la surface des fonds vaseux des 
ports de mer et des roches maritimes ; c’est celui qui pré- 
cède immédiatement l’état d’aggrégation filamenteuse. 
Cet état d’aggrégation me paraît commun à plusieurs au- 
tres espèces de productions de cette nature que j'ai ob- 
servées avec le même soin , et dont je donnerai dans uné 
autre notice les caractères. 

Le besoin de fixer mes idées sur ces êtres m'a obligé 
de les comprendre sous un nom qui rappelât à mes yeux 
leur origine , leur organisation et leur faculté. Néma- 
zoûnes (filament composé d’animalcules) est le nom que 
je leur donne. En présentant dans cette notice l’histoire 
d’une espèce , j'ai désiré fixer l'attention des cryptoga- 
mistes sur d’autres espèces qui, observées constamment 
et avec persévérance dans leurs divers états de crois- 
sance ou de développement , présenteront des résultats 
généraux analogues à ceux que je viens de décrire , tels 
que l’aggrégation d’animalcules en filament mucoso-mem- 
Draneux , tantôt inerte, tantôt actif, la mobilité et la 
diversité d'aspect de la matière colorée qu’il renferme , 
et la dissolution ou désaggrégation de cette matière re- 
productrice des animalcules. J'ai déjà pour garans de 
ces généralités une série nombreuse de faits particuliers 
observés sur les espèces figurées dans Dillwyn, sous les 
roms de C. nummuloides, pl. supl. B. — C. lineata, 
pl. sup. B.— C. curta, pl. 76. — C. fucicola , pl. 66. 
= C. carnéa., pl. 84. — C. ericetorum, pl. 1. — C. 
fusco-purpurea , pl. 92. — C. atro-purpurea , pl. 103. 
= C.'ocellata , pl. sup. D. — C. lanuginosa , pl. 45. 
— C. youngana, pl. 102. — Cette dernière espèce: m’a 
été signalée el envoyée par mon ami, M. Auguste Le 


(l 
É 519 ) 
Prévost, membre de l’académie des sciences de Rouen, 
qui avait observé el suivi au microscope une partie des 
métamorphoses de cette Némazoône. Les Conferva am- 
phibia, vesicata, zonata, myochrous et distorta, de 
Dillwyn , appartiennent aussi aux Vémazoônes. Les oscil- 
latoires de Vaucher en font partie essentielle , j’ai vu 
la désaggrégation des corpuscules annulaires qui consti- 
tuent les filamens. Le Conf. pectinalis , Dillwyn, pl. 24, 
est comrne plusieurs espèces du genre Diatoma, de De 
Candolle , une aggrégation latérale de Navicules. Les 
espèces dont Lyngbye a fait un genre sous le nom de 
Echinella, sont dans le même cas. Les élégantes Dra- 
parnaldies de Bory n'échappent pas non plus à la nou- 
velle catégorie, le témoignage du très-savant et très- 
respectable Mertens est irrécusable sur ce point. Il 
m'écrit ( 29 février 1823 ) : « Ce que vous me dites 
» de vos observations sur les Hyÿdrophytes ne m’a point 
» surpris ; il y à bien long-temps que j’ai conçu la même 
»idée sur l’animalité de ces êtres. Dans les bains de 
» Diiburg où j'ai passé quelques semaines l'été dernier , 
»je fis voir le 3 août à un grand nombre de savans la 
»Conferva mutabilis dans son état de plante, le 5 août, 
se résoudre en molécules douées de locomobilité , se 
»réunir le 6 en forme de simples articulations , et re- 
»constituer le 10 la forme primitive de €. mutabilis. » 
D’après l’énumération des espèces ci-dessus cilées, on 
n’hésitera point à comprendre dans la classe des MNé- 
mazoônes , les Arthrodiées de Bory. Les observations 
curieuses , les détails ingénieux et les résultats positifs 
d’après lesquels cet infatigable savant a basé la création 
de ceite famille, ne me laissent aucun doute sur la na- 


Eaon) 

ture des filamens qu’il a considérés comme l'état de 
plantes des animalcules qui 1ôt ou tard s’en exsudent et 
qu’alors il appelle Zoocarpes (animalcules-graines. )} Ces 
APR dégagés de leurs entraves , voguent librement 
jusqu’au moment où ils reconstituent un filament, soit 
par leur agrégation , soit par leur dilatation; dans ce 
dernier cas , le Zoocarpe est complexe , c’est-à-dire, qu'il 
est déjà une agrégalion d’animalcules , ce qui peut s’ob- 
server dans le Sahnacis nitida , fig. 10, Tiresias monili- 
formis, fig. 15, et Cadmus sericea, fig. 14, des plan- 
ches des Arthrodiées de Bory (Diction. Sn d'His- 
toire naturelle. ) 

Nul doute que les filamens des Arthrodiées ne soient 
de nature animale , et leur développement le produit de 
l'accroissement ou de la dilatation des êtres souvent im- 
perceptibles qu’ils renferment. Ces êtres sont de formes 
diverses , presque toujours chargés de matière colorée , et 
ils transsudent un mucus qui forme la membrane hyaline 
du filament. Ces animalcules sont très-visibles au micros- 
cope , dans les spirales des jeunes filamens du Salmacis 
nitida, Bory (Conf. jugalis, De Cand.) Ils forment une 
série continue , mais distante, de globules punctiformes, 
très-brillante, douée de scintillation , et rétractile lors- 
qu’on attaque le filament avec la pointe. Ces faits et ceux 
sur lesquels j’ai basé le classement dans les Némazoônes 
des espèces de productions aquatiques , Lant marines que 
d’eau douce, ci-dessus énumérées , seront développés : 
dans un nouveau Mémoire, où , rendant hommage aux 
observations et aux travaux de Muller, Girod-Chantrans, 
Vaucher, Bory'de Saint-Vincent et autres naturalistes , 
je relaterai, rapptocherai et combinerai les faits nom- 


( 321 ) 
breux d’animalité que ces savans observateurs ontles pre= 
miers signalés dans les Hydrophytes. (1) 


OsservatiONs sur le Genre CouraATari ‘d’Aublet : 


Pan M. Acuizce Ricuarp. 


Aublet a décrit sous le nom de Couratari Guyanen- 
sis, un grand arbre originaire des forêts de la Guyane 
et de l'ile de Cayenne , qu’il n’avait observé qu’en fruit. 
Depuis cette époque , aucun botaniste n’a été plus heu- 
reux qu’Aublet , et l’on en n’avait pas décrit les fleurs, 


TIRE en —_ 


(1) Les observations microscopiques du professeur J.-B. 
Amici, sur la circulation extraordinaire du fluide dans 
le Chara vulgaris, ne me laissent aucun doute sur l’a- 
nalogie du Chara avec les autres Hydrophytes que je 
considère comme Némazoônes. Si le professeur Amici 
eût été moins frappé de l'importance du fluide circulant 
dans cette production , il aurait pu s'occuper davantage 
de la nature des globules que renferment ces tubes 
hyalins, et je pense qu’il aurait alors reconnu que la cir- 
culation du fluide n’est qu'une conséquence de l’anima- 
tion des globules. (Note de L’Auteur.) 

Des faits de même nature bien connus des physiolo- 
gistes , et parmi lesquels il suffit de citer le mouvement 
des globules dans le suc du Chelidonium majus, ne nous 
permettent pas de partager une opinion qui n’est d’ail- 
leurs aucunement d’accord avec le mode de reproducticn 
{des Chara. (R.) 

. 27 


(1522: ) 
en sorte qu'il était assez diflicile de déterminer bien ri- 
goureusement la place de ce genre dans la série naturelle. 
Possédant plusieurs échantillons en fleurs de ce végétal , 
je puis indiquer avec exactitude non-seulement l’ordre 
paturel auquel il appartient, mais les caractères précis 
du genre qu'il constitue. 

Le fruit du Couratari est un des plus singuliers que l’on 
connaisse; aussi le recherche-t-on dans les collections 
comme un objet de curiosité. C’est une sorte de capsule 
ligneuse de cinq à six pouces de hauteur, obscurément 
triangulaire, de deux pouces à deux pouces et demi de 
diamètre, un peu évasée à son sommet, qui se ferme par 
le moyen d’un opercule court, épais, convexe , à la face 
inférieure duquel le réceptacle central adhère , et quil 
entraîne avec lui, au moment où il se détache. Ce récep- 
tacle est épais, triangulaire, marqué d’une dépression 
‘ longitudinale sur ses trois surfaces. Chacun de ses angles 
est une des cloisons qui partageaient la capsule avant sa 
parfaite maturité , et qui se détache insensiblement de sa 
paroi interne, à laquelle elle adhérait. Les graines ren 
fermées dans cette capsule sont peu nombreuses, très: 
alongées, planes, membraneuses et en forme d'ailes sur 
leurs bords. 

Tels sont les seuls points que l’on connaissait jusqu’à 
présent de l’organisation du Couratari. Ces caractéres, | 
tirés du fruit, ont, comme il est facile de le voir, une 
très-grande analogie avec ceux du genre Lecythis. 
Aussi M. de Jussieu en avait-il rapproché le Gouratari, 
mais cependant avec doute , ne connaissant pas les fleurs b 
de cet arbre. La description que nous allons en donner" 
confirmera le rapprochement naturel indiqué par le, 
savant auteur du Genera plantarum. 


| 


( 525 ) 

Les feuilles du Couratari sont alternes, dépourvues de 
stipules, courtement pétiolées , elliptiques , acuminées , 
entières, coriaces , glabres des deux côtés, longues de 
cinq à six pouces, larges de deux pouces à deux pouces 


: et demi. Les fleurs sont grandes, blanches, légèrement 


lavées de pourpre, disposées en épis simples, solitaires , 
placés à l’aisselle des feuilles supérieures et plus courts 
qu’elles. Chaque fleur est pédicellée et articulée vers la 
base de son pédoncule qui est long de cinq à six lignes. 


Le calice est turbiné à sa base, à six divisions un peu 


épaisses, ovales lancéolées , aiguës, dressées. La corolle se 
compose de six pétales étalés, un peu inégaux, obovales 
obtus , soudés ensemble à leur base par l’intermède des 
filets staminaux, de manière qu’ils tombent d’une seule 
pièce et représentent une corolle monopétale rotacée. Les 
étamines, dont le nombre est extrêmement considérable, 
sont monadelphes. Leur androphore est peu saillant d’un 
côté, tandis que du côté opposé, il se prolonge en un 
urcéole très- alongé , Concavye , tronqué au sommet, re- 
couvert dans toute sa face interne d’anthères à deux 
loges portées chacune par un filet court. 

L'ovaire est adhérent par sa moitié inférieure avec le 


tube calycinal. Get ovaire se termine par un style subulé, 


au sommet duquel est un stigmate extrêmement petit, 


légèrement quadrilobé. Coupé en travers, l'ovaire offre 


quatre loges contenant chacune quatre ovules attachés 
à leur fond et dressés. 

La Mnetire de l'embryon est fort singulière ; il est 
simplement recouvert par le tégument propre de la graine, 
et sa radicule est recourbée , très-longue, cylindrique, 
un peu renflée dans sa partie supérieure , appliquée sur 

21.. 


(324 ) 
la face d’un des deux cotylédons. Ceux-ci sont planes, 
foliacés, plissés, et offrent une gouttière qui recoit la 
radicule. 

Pour peu que l’on compare ces caractères avec ceux 
dugenre Lecythis, il sera facile d’en saisir la grande res- 
semblance. En effet, dans l’un et dans l’autre, nous 
trouvons un calice, une corolle et des étamines, abso- 
lument les mêmes. Dans le Couratari, le style est assez 


long, tandis qu’il existe à peine dans trois espèces de Le- | 


cythis de la Guyane que j’ai analysées. 


On remarque encore quelques autres différences entre | 


le genre qui nous occupe et les autres espèces de Lecy- 


this. En eflet, nous avons trouvé dans plusieurs fleurs | 
de Couratari, l’ovaire constamment à quatre loges , et | 
contenant chacune quatre ovules dressés , tandis que dans | 


les trois espèces de Lecythis déjà mentionnées, nous 
n’avons constamment trouvé que deux loges dans l’o- 


vaire, et un très-grand nombre d’ovules attachés à Ia 
partie inférieure de la cloison. Cependant nous n’igno- À 


rons pas que dans quelques espèces du même genre, le 
nombre des loges est plus grand. De plus, les graines 
offrent dans le Couratari une forme qu’elles n’ont pas 


dans les Lecythis. Elles sont très-alongées , planes, mem- 


braneuses et en forme d'ailes sur leurs bords. 1l en est de 


même de l'embryon qui est fort différent dans ces deux | 


genres. 


Mais ces différences suflisent-elles pour établir un 


genre, nous ne saurions l’affirmer. On pourrait , en modi- 
fiant les caractères du genre Lecythis, y comprendre les 
particularités offertes par le Couratari. S'il est souvent 
avantageux pour les progrès de la science , d'établir de 


( 525 ) 

nouveaux genres , lorsque l’on trouve des types d’orga- 
nisation tout-à-fait nouveaux , il ne l’est pas moins éga- 
- lement de détruire ceux qui n’offrent pas des différences 
assez tranchées. Aussi ne proposerions-nous pas d’éta- 
blir un genre distinct pour le végétal qui nous. occupe, 
s’il fallait surcharger la science d’un nom nouveau. Mais 
comme ce nom existe déjà, nous ne voyons nul incon- 
vénient à conserver le genre indiqué par Aublet. 

Nous ferons remarquer ici une assez grande diffé- 
rence entre la structure de l’ovaire et.celle du fruit dans 
le Couratari. L’ovaire m’a constamment présenté quatre 
loges, tandis que le fruit n’en offre toujours que trois; 
car bien qu’à l’époque de sa parfaite maturité, la cap- 
sule ne nous montre qu’une cavité unique , elle ne doit 
pas moins être considérée comme à trois loges. Son 
axe central, qui fait corps par son sommet avec Foper- 
cule, présente trois angles qui ne sont autre chose que 
trois cloisons d’abord adhérentes à la paroi interne du 

‘fruit, et qui ne s’en sont détachées que par suite de la 
dessication et de la dilatation qu'il éprouve au moment où 
Vopercule tombe. Une des loges de l’ovaire avorte donc 
constamment: 

De tout ce qui précède, il résulte que le Couratari 
Guyannensis d’'Aublet , peut être considéré comme for. 
mant un genre qui touche immédiatement au genre Le- 
cythis, et dont nous traçerons bientôt les caractères. 

Le Lecythis avait d’abord été placé par M. de Jussieu 
dans la famille des Myrtées avec le Couroupita et le 
Gustavia. Mais ces trois genres, qui ont entr’eux la plus 
grande affinité, s’éloignent des Myrtes par une foule de 
caractères , et mon père avait le premier proposé d'en 
former une petite famille distincte sous le nom de Lé- 


( 320 ) 

cythidées. Outre les trois genres mentionnés plus haut, 
cette petite famille comprend encore le Bertholetia de 
M. de Humboldt, genre fort intéressant, dont M. Poiteau a 
fait le premier connaître les fleurs dans son travail sur les 
Lécythidées. Ce groupe , que l’on peut considérer comme 
une famille distincte ou simplement comme une section 
des Mÿrtées , se distingue des Myries proprement dits: 
1°. par ses feuilles constamment allernes et non ponc- 
tuées ; 2,° par son ovaire seulement à demi-infère ; 3.° par 
sa corolle pseudo-monopétale ; 4.° par $es étamines mo- 
padelphes et par la forme de son embryon. Les Lécy: 
thidées nous paraissent avoir plusieurs points de ressem- 
blance avec une famille très-éloignée des Myrtées ; sa- 
voir les Malvacées , Sans cependant que nous croyons 
devoir les en rapprocher. En effet, dans l’une et dans 
Fautre les feuilles sont alternes et non ponctuées ; les 
pélales sont soudés ensemble à la base par l'intermédiaire 
des filets staminaux. Les élamines sont monadelphes ; les 
-cotylédons sont souvent plissés sur eux-mêmes, Mais les : 
Malvacées ont des stipules qui manquent dans les Lécy- 
thidées ; les Malvacées ont l'ovaire libre tandis qu'il est 
semi-infère dans les Lécythidées. Il y a donc entreces 
deux familles des points de structure qui les rappro- 
chent et d’autres qui les éloignent l’une de l’autre. 
Lorsque l’on examine avec. soin les caractères offerts 
par les genres Lecythis , Couroupita, Bertholetia :et 
Gustavia, et qu'on les compare entr’eux , on est forcé 
de considérer le Couratari comme un genre distinct. 
Dans'ces cinq genres , toutes les parties de la fleur of- 
frent use organisation analogue , et les différences 
qui existent entr'eux ne consistent que dans quelques 
modifications de leur fruit , de leurs graines et de leur 


(327) 


embryon. Ainsi , le fruit reste complètement indéhis- 
cent dans les genres Couroupita , Bertholetia et Gustaæ- 
via , tandis qu'il s'ouvre parle moyen d’un opercule, 
dans les genres Lecythis et Couratari. L’ embryon con- 
siste en une masse homogène sans dislinction de cotylé- 
dons ni de gemmule dans les genres Lecythis et Bertho- 
letia ; tandis que dans le Couroupita, la radicule, qui 
est très-longue , est roulée autour des cotylédons , et que 
dans le Couratari, la radicule , également très-longue, 
cylindrique et recourbée , est appliquée dans une sorte 
de gouttière formée par le repliement des deux cotylé- 
dons , qui sont planes, très-grands, foliacés et comme 
chiffonnés. Le genre Gustavia se distingue des quatre 
autres par son androphore égal, non déjeté d’un côté, 
etpar son embryon , dont la radicule est très-courte , 
conique; et les deux cotylédons très -épais et nullement 
plissés. Ainsi , l’on distinguera le Couratari des autres 
Lécythidées , par son opercule ladhérent avec l’axe 
central qui se détache de la base du fruit : par ses grai- 
nes très-grandes, planes , membraneuses, ét en forme 
d'ailes, et par son embryon recourbé dont la radicule 
est longue, cylindrique, et les deux cotylédons larges, 
foliacés et repliés sur eux-mêmes. 

Ce petit grouppe qui ne se compose que de cinq genres 
nous fait voir que dans les végétaux , les caractères tirés 
même des organes les plus importans , n’ont pas une 
valeur absolue, mais que cette valeur varie suivant les 
familles. Ainsi la structure de l'embryon qui genérale- 
ment est la même dans tous les genres d’une même fa- 
mille etqui fournit les caractères du premier ordre , n’a, 
dans le grouppe des Lecythidées et même dans toute la 
famille des Myrtacées, qu’une importance bien faible, 


(528 ) 


puisqu'elle offre des différences si tranchées dans cinq 


genres aussi voisins les uns des autres. En effet, nous. 
trouvons dans l'embryon des Lécythidées, trois types 


d'organisation : 1.°l’embryon formeune même masse ho- 
mogêne sans distinction de radicule, ni de cotylédons , 


dans les genres Lecythis et Bertholetia. 2.° Il offre une M 


radicule alongée , cylindrique , repliée sur les deux co- 
tylédons qui sont minces, foliacés et plissés dans lesgenres 
Couroupita et Couratari. 5.° Enfin dans le genre Gus- 
tavia. Ja radiculeest courte, conique, les deux cotylédons 
sont très-épais et nullement plissés. 

M. de Jussieu, dans son Genera, après avoir réuni 
avec doute le Couratari d'Aublet au Lecythis, se de- 
mande si ce genre n’est pas le même que le Penarvalli 
de Rhéede ou Zanonia de Linné? Mais la connaissance 
exacte de la structure de la fleur du Couratari et la 
comparaison de son fruit avec celui du Zanonia, re- 
poussent également ce raprochement. Dans. ce dernier 
genre , le fruit au lieu de s’ouvrir par un opercule sim- 
ple qui entraîne avec lui l’axe central, s’ouvre en trois 
valves incomplètes. Les caractères de la fleur ne sont 
pas moins diflérens. 

A la suite de son mémoire sur le fruit des Cucurbi- 
tacées et des Passiflorées, M. Auguste de St.-Hilaire a 
proposé l'établissement d’une petite famille nouvelle, à 
laquelle il donne le nom de Nandhirobées et qui se com- 
poserait des genres Fevillea, Zanonia et Couratari. 
Cette famille servirait en quelque sorte à combler l’in- 
tervalle qui existe entre les Passiflorées et Myrtacées. 
Mais ce que nous avons dit précédemment de l’organi- 
sation des diverses parties du Gouralari, doit suffire pour 
faire voir que ce genre ne saurait être éloigné des Lecy- 


(529 ) 
this et ne peut être placé dans un ordre naturel diffé- 
rent de ces derniers. 

Jusqu’à présent le genre qui nous occupe ne se com- 
posait que d’une seule espèce , le Couratari Guyannensis 
d’Aublet. M. Raddi vient d’en indiquer une seconde, 
originaire du Brésil, et à laquelle il donne le nom de 
Couratari Estrellensis. Mais M. Raddi n’a observé cette 
espèce qu’en fruits. Il n’en a pas connu la fleur. Néan- 
moins , les différences qu’il indique nous paraissent suf- 
fisantes pour établir une seconde espèce. ‘Elle diffère de 
la première par son fruit dont le bord ou l’ouverture 
est découpée et comme frangée , et parses graines, qui 
ne sont ailées que d’un seul côté. 

Le genre Couratari se compose donc de deux espèces, 
l’une, Couratari G uyannensis Aublet , est originaire des 
forêts de la Guyane francaise ; l’autre, Couratari Estrel- 
lensis Raddi, croît dans celles du Brésil. 

Nous allons maintenant tracer les caractères du genre 
Couratari et donner une description détaillée du Cou- 
. ralari Guyannensis. 


CourarTart, Aublet. 


Calyx monosepalus basi turbinatus, limbo 6-par- 
Lilo , laciniis lanceolatis, erectis. Corolla 6-petala, basi 
coalita. Stamina numerosissima in urceolo magno, con- 
cavo , unilaterali, apice truncato, intus antherifero , dis- 
posita. Ovarium semi-inferum 3-4 loculare ; loculis 4- 
ovulatis , ovulis erectis. Stylus subulatus simplex. Pyxi- 
_ dium oblongum, obsoletè trigonum , subuniloculare ; 
axis centralis trigona , apice cum operculo convexo , 
_ cohærens et cum illo decidua. Semina oblonga , com- 
pressa , plano - membranacea , marginibus alæformibus. 


( 350 ) 
Embryo hippocrepicus, radicula longa, cylindrica ; coty- 
ledones foliaceæ , plicatæ , incumbentes. 
Arbor foliis simplicibus, alternis , exstipulatis ; flo- 
ribus magnis spicatis ; spicis simplicibus axillaribus. 


Couraran Guyannensis. Aublet. Guy. , t. 290. 


Arbor excelsa iaut arbuscula in ripis fluviorum Guyan- 
næ crescens ; ramis patentissimis griseo-cinereis. 

Folia alterna brevi petiolata, elliptico - acuminata, 
integerrima , glabra , Coriacea, bruneo- viridia, subtus 
pallidiora , venosa , 5-6 pollices longa , 2-3 lata , depen- 
dentia ; petiolo brevi, canaliculato, sémitereti, 

Flores magni , elegantissimi, candido-purpurascentes 
spicati. Spica axillaris , folio dimiéio brevior, floribus 
19-15, brevi pedunculatis subobliquis, reflexis ; ad 
basim articulatis et caducis constans. 

Calyæ turbinato-campanulatus , persistens basi 5s0- 
lidä cum inferiore ovarit parte cohærens. Limbus 6-par- 
titus ; laciniis sub erectis, lanceolalo-acutis , subæqua- 
libus glabris. 

Corolla : Petala sex patentissima calyce multo lon- 
giora , inæqualia, crassa, obovali-oblusa , basi, me- 
diante staminum urceolo , coalita et inde corollam mo- 
nopetalam rotaceam æmulantia,  0# 

Stamina numerosissima monadelpha in urceolum sub 
petalis insertum et cum illis cohærentem , hinc breverm , 
illinc in Jigulam lateralem deflexam , valde concavam 3 
apice truncatam , productum. Interna urceoli facies an 


theris numerosissimis subcordiformibus apice emargi- 
nato-obtusis, bilocularibus, filamento brevi insidentibus 


obtegilur. 
Ovarium semi-inferum ; media superior pars suprà | 


. ( 551 ) 
urceolum eminens ; inferior cum calice cohærens ; tri 
aut quadriloculare , ovulis quatuor oblongis planiusculis 
- basi aflixis inde erectis in singulo loculo. 

Stylus subulatus simplex, glaber, brevis, Stigmate 
parvulo obtuso terminatus. 

Fructus : Pixidium 4-6 uncias longum obconoïdeum , 
truncatum , coriaceo-durum, subtrigonum, 3-loculare 
( uno è loculis ovarii abortivo } apice operculato , oper- 
culo infra in receptaculum trigonum et usque ad imum 
loculum descendens primo cohærens, sed, mox separa- 
tum produclo; post dehiscentiam, id est receplaculi 
separationem, capsulæ dilatatur ostium. Semina in sin- 
gulo loculo pauca erecta, podospermio brevi insidentia, 
plano-membranacea et alæformia , oblonga, angusta, ob- 
tusa ; embryo epispermicus recurvatus et , ut in Cruciferis 
pluribus , radicula longa cylindrica , sub: apice sub- 
incrassata ; cotyledones planæ, foliaceæ, plicatæ , ac- 
cumbentes. 


Crescit in sylvis Guyannæ. b. 


f 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 21. 


Fig. 1. Couratari de la Guyanne, réduit au deux-Liers de lagrandeur 
nätärelle. — 2. Corolle vue en dessus. — 3. La même vue en des- 
sous: — 4, Etamine, — 5. Calice.—16. Coupe transversale de l’o- 
vaire.— 7. Le même, coupé longitudinalement. —8.; Fruit. — 
y: Columelle et Opercule.séparés du fruit. 


Notre sur la nécessité de retirer le corps organisé 
nommé Aupniroire, de la série des fossilesanimaux ; 


Par M. Desuaresr , de la Société Philomatique. 


Lorsqu’en 1811 je décrivis sous le nom d’Amphitoite , 


un corps fossile mârin dont j'avais trouvé à Montmartre 
> 


( 352 ) 
les débris, dans une couche de marne calcaire remplie 
de vesliges de coquillages analogues à ceux de la for- 
mation du Calcaire grossier, je me crus fondé à con- 
sidérer ce corps , comme appartenant à la classe des Po- 
lypiers flexibles; mais comme formant néanmoins une 
division toute particulière dans ce groupe. 

‘Les caractères sur lesquels je me fondais pour appuyer 
cétte détermination, corsistaient principalement, 1.° dans 
la disposition ramifiée et irrégulière de ce corps, 2.° dans 
sa division en anneaux ou articles, dont le bord supé- 
rieur offrait des échancrures opposées, quant aux faces 
des rameaux, et à la fois alternes quant aux articles qui 
formaient ceux-ci. 3.° Dans la présence des points enfon- 
cés, disposés en une seule série sur le contour de ce même 
bord supérieur , et que je pouvais considérer comme for- 
mant autant de loges ou de cellules propres à conte- 
nir des polypes. 4.° Dans l’aplatissement sensible de 
ces corps, qui me permeltait de penser qu’ils avaient 
été comprimés et déformés comme les autres restes d’a- 
nimaux marins, au milieu desquels je les avais rencon . 
trés. Gelte déformation surtout me faisait rejeter les 
rapports que j'aurais pu reconnaître entre mon Amphi- 
toïte et les Polypiers pierreux ou Madrépores qui auraient 
résisté à la compression occasionée par le poids des 
couches supérieures. 5.° Dans l'existence de tuber- 
cules, de distance en distance, et que je prenais pour 
des boutons gemmipares, tels qu'il en existe dans les co- 
raux. 6.° Enfin, dans la présence des traces de cils ou 
filets régulièrement disposés en verlicilles autour des an- | 
neaux, etqui me semblaient avoir de l’analogie avec 
les ramuscules de certaines Sertulariées et notamment du 
Sertularia antennina. 


( 535 ) 

Depuis le temps où j'ai publié cette description , l’Am- 
phitoïte a été admise par plusieurs oryciographes et zoo- 
logistes qui out adopté les rapprochemens que j'avais 
cru remarquer entre elle et les enveloppes plus ou moins 
solides des animaux rayonnés de la classe des Polypiers. 

Aujourd’hui, il faut revenir néanmoins sur l’origine 
du fossile en question , car le hazard le plus grand vient 
de me fournir l’occasion de proposer cette rectification. 
Le maître de poste de Collioure, département des Py- 
renées Orientales, envoya récemment à M. Marmin, 
l’un des administrateurs des Postes à Paris, amateur dis- 
tingué d'histoire naturelle , un fragment de végétal qu’il 
avait trouvé en se promenant sur le bord dela mer, et 
que la vague venait d’y déposer. M. Marmin donna cet 
objet à mon beau-frère M. Léman, qui a bien voulu 
me le remettre pour le décrire, mais qui a recon- 
nu, dès le premier moment, les formes de lAmphi- 
toite, telles que je les avais décrites, et fait représenter 
dans une planche du bulletin de la Société Philoma- 
tique. Un grand nombre d’articulations étaient à nu, 
mais celles de l’extrémité de ce fragment étaient revé- 
tues de filamens irès-nombreux , assez roides , dont 
l’ensemble composait une sorte de pinceau grossier , de 
la sorte de ceux que l’on désigne ordinairement sous 
le nom de brosses. En les écartant, on voyait que les 
fibres étaient réunies à leur base , et qu’elles dépendaient 
de feuilles dont le nombre était égal à celui des articu- 
 lations. Ces fibres étaient la partie: ligneuse qui avait 
resisté à l’action des eaux de la merÿ et au roulis dont 
ce fragment avait été le jouet pendant un temps fort 


long; c’étaient les représentans des &fl doni l’Amphi- 
| toile offrait des traces. 


( 554) 

Les articulations dénudées étaient comme celles du 
corps fossile , alternativement échancrées d’un côté 
et de l’autre dans leur bord supérieur , et le contour de 
ce bord offrait une rangée de petites saillies qui n’étaient 
que les débris de la base des fibres qui n’existaient plus. 
Ces légères saillies correspondaient parfaitement à la 
rangée de petits enfoncemens que j’avais considérés, dans 
l’Amphitoïte, comme étant la demeure des Polypes. 

Le corps lui-même du végétal était comprimé comme 
celui du prétendu Polypier, et les branches qui en nais- 
saient portaient des sortes de gemmules , comme celles 
du fossile. 

Les portions de feuilles entières qui restaient, étaient : 
applaties , légèrement concaves du côté de la tige qu’elles 
embrassaient ; leur ligne d’insertion se rapportait préci- 
sément à celle qu’occupait la série de points saillans du 
bord supérieur des différentes articulations , et l’échan- 
crure de celui-ci était produite par leur intervalle. 

Ces feuilles , en style de botanique, étaient engainentes, 
opposées, relativement aux faces de la.tige, que la com- 
pression de celle-ci fait distinguer , et alternes par rap- 
port aux articulations dont cette tige est composée. 

En un mot, ce débris de végétal n’était autre chose 
que la souche d’une plante marine très-commune , que 
tous les herbiers des botanistes renferment , que j'a- 
vais vue maintes et maintes fois, mais constamment re- 


couverte de bases de feuilles qui empêchaient de re- 
connaître son organBation. C'était la souche du Zostera 


oceanica de Linné® qui m’a paru tellement semblable 


nant Zostérite) e je n’oserais lui assigner des carac- 


tères distincüfs. 
LA 
f 


4 
A 
# 
Û 


( 555 ) 

SprRIDENS , nouveau genre de mousse découvert par 
M. G. GC. Renwarot, et décrit par M. Nues, 
d’Esenbeck. 

(Extr. des Nova act. Leop. Carol. Nat. Curios. XT, p. 143.) 


Ge nvuveau genre décrit par M. Nees , nous paraît si voi- 
sin des Leskea d'Hedwig, qu’il nous semble presqu’im- 
possible de l’en séparer ; il n’en diffère en effet, que par 
les dents de son péristome externe , plus longues et con- 
tournées en spirale ; mais on sait que dans un grand 
nombre de mousses, particulièrement parmi celles à pé- 
ristome double, les dents du péristome extérieur sont 

 courbées en dedans; or, de cette courbure, à la tor- 
sion qu’on observe dans les dents du Spiridens, il n’y a 
qu’une bien légère différence, et qui ne nous paraîtrait 
pas susceptible de fournir un caractère générique; cette 
plante n’en est pas moins très-remarquable par sa gran- 
deur et son port. Nous allons rapporter la description 
qu’en donne M. Nees. 


SPIRIDENS. 


Capsula lateralis, Peristomium exterius , dentes 16 
. Janceolato-subulati, apice spiraliter torti ; énterius, cilia 
| conformia , membranâ connexa , apice bina ternave co- 
hœrentia ; Calyptra cucullata , glabra. 

Sptridens Reinwvardtit. 

Tige droite ou ascendante d’un pied et plus; glabre, 
d’une couleur pourpre , divisée supégeurement en quel- 
ques rameaux simples; feuilles ins 
tout autour de la tige , étalées lors 
des , redressées pendant la sécheres 
rousses , les supérieures d’un verd ja 


ées sur six rangs 


elles sont humi- 
: les inférieures 
de sept à 


( 536 ) 
huit lignes de long , lancéolées, acuminées , embrassant: | 
la tige par une sorte de gaine, plus épaisses et dentées | 
sur les bords; nervure moyenne atteignant l’extrémité 
de la feuille. | 

Fleurs femelles plus rapprochées vers le sommet 
de la tige, plus courtes que les feuilles , sessiles; 
feuilles périchætiales étroitement imbriquées, les infé- 
rieures plus petites , ovales, acuminées , sans nervures , 
présentant une ou deux dentelures vers le sommet ; les 
supérieures plus grandes, amplexicaules à leur base et 
se terminant en une extrémité subulée presque filiforme 
très-entières et marquées de trois nervures plus distine- 
tes vers l'extrémité de la feuille; paraphyses très-nom- 
breuses, subulées, transparentes , articulées; pédoncule 
très-court, dépassant à peine la gaine. 

Capsule plus courte que les feuilles, ne sortant que peu des 
feuilles du périchætium , longue de trois lignes, obovale, 
retrécie à sa base et légèrement oblique ; péristome double ; 
l'extérieur composé de seize dents également espacées ,) 
longues , subulées, droites et courbées au sommet lors- 
qu'elles sont humides , égalant alors le périsiome inté- 
rieur , contournées en spirales par la sécheresse ; l’inté-, 
rieur formé par une membrane reliculée , diviséeen seize 
cils lancéolés ou subulés , carénés , striés transversale- 
ment, quelquefois réunis au sommet; point d’anneau. 
Opercule , droit, conique , acuminé , égal à la moitie de 
la capsule. Goiffe fendue latéralement , subulée , glabre. 

Cette belle mousée a été découverte par M. Reinwardt, 
sur le grand volcañ de l'ile de Tidor, l’une des petites, 
Moluques. M. Neeslprésume que le Bartramia gigantea 
de Schwægrichéffpourrait appartenir au même genre. 


+ 
22 


Ë + 

; 

| (337 ) 

- Mémoire sur une CHAUVE-SOURIS AMÉRICAINE, for- 
mant une nouvelle espèce dans le genre Nyeri 
NOME; 


Par M. Isinong GEorrrog Sarnr-HiLarme. 


Lu à la Société d'histoire naturelle de Paris le vendredi 5 mars 1824 


Une opinion regardée comme paradoxale par un grand 
nombre de naturalistes, mais à laquelle d’autres ont trouvé 
les caractères de la vérité, et. attaché pour cette raison 
une grande importance, consiste à admettre que les ani- 
maux de l’un des continens lui appartiennent exclusive- 
ment, et ne se retrouvent jamais dans l’autre. Pour ap- 

| précier cette opinion à sa juste valeur, ilest indispensable 
- de faire ici une distinction : veut-on dire que des animaux 
de l’un des deux mondes, ne peuvent se réunir , comme 
espèces d'un même genre, avec ceux de l’autre, ou bien ; 
prétend-on seulement que les animaux des deux mondes 
diffèrent spécifiquement ? 

La seconde question est facile à résoudre : qui doute 
en effet de l’importance des caractères de patrie pour dis- 
tinguer les espèces ? Combien de nos animaux de France 
ne se retrouvent pas dans les pays les plus voisins ? com- 
bien même sont confinés dansune seule de nos provinces, 
à l'exclusion de toutes les autres ? et quand nous voyons 
la nature varier ainsi presque d’un champ à l’autre, com- 
ment irions-nous ne pas tenir compte de limmensité des 
mers ? 

Quant à la première question, elle présente une diff- 
culté réelle; peut-être même n’avons-nous pas encore, 
même aujourd'hui, assez de données pour arriver à sa 

AN 22 


( 338 ) 
solution : au moins serais-je disposé à le croire par la con- 
sidération du fait si nouveau, si contraire aux idées re- 
cues, qui fait l’objet de ce travail: 

Buffon remarque (1) que les animaux de l’un des con- 
tinens manquent à l’autre, et que cela est vrai pour tous, 
ceux exceptés qui peuvent se multiplier dans les climats 
septentrionaux. Il explique ce dernier fait par la conti- 
guité des deux continens vers le nord. 

Cette observation faite par Buffon, les animaux n'étant 
considérés que sous le point de vue spécifique, pouvait 
l'être aussi sous le point de vue générique, au moins pour 
les genres des premières familles. Buffon , qui ne l'écrivit 
pas, le pensait sans doute néanmoins , puisqu'il osa, 
connaissant à peine quelques espèces de singes de l’un 
et de l’autre continent, tracer pour tous des caractères 
fondés sur les différences qui distinguent les singes amé- 
ricains de ceux de l’ancien monde. Les découvertes des 
naturalistes postérieurs à Buffon , n’ont fait que confirmer 
ce qu'il avait avancé, en sorte que son idée, audacieuse, 
peut-être même téméraire abstraction dans l’origine, peut 
maintenant être considérée comme le fruit d’un sentiment 
exquis des rapports des êtres, comme l’œuvre d’un génie 
qui devancait les temps. 

C'est un fait très-digne de remarque, et qui trouve 
peut-être en partie son explication dans l'attention plus | 
grande que les zoologistes ont dû apporter à l'étude des | 
êtres qui ressemblent davantage à l’homme, et dans B| 
formation plus soignée des premiers genres qui en a dû 
être le résultat nécessaire; c’est, dis-je, un fait très-re- | 


—___——— | 


(1) Animaux communs aux deux continens, T. IX,p.o7etsuiv. | 


( 339 ) 

marquable, que, plus on descend dans l'échelle des êtres, 
plus l’existence d'animaux semblables habitant les deux 
mondes, devient fréquente. Aïnsi, de tous les genres de 
singes, de lémuriens , de cheiroptères , d’insectivores jus- 
qu’à ce jour connus, il n’en est, je puis le dire, aucun 
dont l'existence, dans l’un et dans l’autre continent, soit 
constatée. Pour trouver le premier exemple de cette exis- 
tence simultanée dans les deux mondes, il faut descendre 
jusqu'aux carnivores; alors on arrive aux ours, aux 
felis, etc. 

Parmi toutes ces familles formées de genres confinés 
toujours exclusivement ou dans l’un ou dans l’autre des 
deux continens, une des plus remarquables est celle 
des cheiroptères. Comme le vulgaire le fait encore, la 
science zoologique embrassait autrefois sous une dé- 
nomination commune toutes les espèces connues de 
Chauve-Souris, et il était vrai de dire alôrs que le genre 
Vespertilion habitait toutes les régions et toutes les par- 
ties du globe. Maïs, dans la suite, quand les naturalistes, 
guidés par une observation plus attentive et plus savante, 
ont vu qu'il en était des Chauve-Souris comme des singes 
qui doivent être regardés non pas comme un genre , mais 
bien comme une grande famille ; quand enfin les nom- 
breuses espèces de Chauve-Souris ont été réparties dans 
des genres naturels ; chose remarquable! tous les nou- 

_ veaux genres, vraiment naturels, se trouvaient appartenir 
toujours à l’un des deux continens, à l'exclusion del’autre. 

Aujourd’hui le genre Vespertilion est le seul qui se 
trouve dans les deux mondes ; mais le genre Vespertilion 
est-il bien naturel ? ne reste-t-il pas encore quelque sub- 
division à faire? Je ne tenterai pas de résoudre la ques- 
tion, ce qui m'entrainerait trop loin ; je ferai seulement 


DAÙ 


(340 ) 
observer que plusieurs célèbres zoologistes ont déjà pro- 
posé de nouvelles subdivisions de ce genre. 

Quant aux genres Roussette et Rhinopome, et au 
genre Atalaphe, de M. Raflinesque , lesquels ; a-t-on dit, 
existent dans les deux mondes, je remarquerai que la 
prétendue Roussette d'Amérique est, comme il a été vé- 
rifié, de l'Inde, et appartient à l’espèce Pteropus Les- 
chenaultiü ; que le genre Rhinopome (1) n’est point un 
genre naturel , les deux espèces qui le composent pou- 
vant bien avoir des ressemblances, mais non pas des res- 
semblances telles qu’on puisse les réunir dans le mème 
genre. Quant au genre Atalaphe , formé d'espèces sans 
aucune incisive , il serait tout-à- fait anomal , puisque 
c’est un caractère des Chauve-Souris d’avoir les trois 
sortes de dents , et ainsi de n'être jamais privées d’inci- 
sives aux deux mâchoires à la fois ; bien plus : les deux 
espèces rapportées par M. Raflinesque au genre Atalaphe, 
paraissent être des Vespertilions. Chez les Vespertilions, 
en effet , les dents incisives tombent quelquefois, comme 


le remarque le savant professeur M. Desmarest , et l’on a 


bien pu prendre deux Vespertilions , ainsi privés par ac- 


cident de leurs incisives , pour des espèces nouvelles. Le 
célèbre d'Azzara, et d’autres naturalistes non moins dis- 
tingués, nous ont montré, par leur exemple mème , que 
le plus habile observateur n’est pas toujours à l'abri de 


pareilles erreurs. 
Ainsi , jusqu'à ce jour, toutes les fois que l’on a 
» ] , 


ro 


(1) C’est mon père qui a établi le genre Rhinopome , et jetiens de lui- 
même qu’il se propose de séparer dun Rhinopome microphylle, véritable 
type du genre Rhinopome, l’espèce appelée jusqu’à ce jour Rhinopome 
de la Caroline, et de la classer autrement. 


(341) 

annoncé l'existence de cheiroptères de mème genre 
dans les deux mondes à la fois, l'examen a toujours 
montré que la nouvelle de cette existence simultanée n’a- 
vait aucun fondement réel ; ainsi la nature s’est tou- 
jours montrée constante à ne jamais produire, dans les 
deux mondes, des Chauve-Souris formées sur le mème 
type. 

En voyant cette fixité, cette constance , quel natura- 
liste ne serait porté à admettre comme un des caractères 
de la famille des Chauve-Souris, d’être répandue dans 


les deux mondes, mais formée de genres répartis tou- 


jours à l’un éu à l’autre exclusivement? Certes , il ne 
pourrait être taxé de témérité, celui qui se laisserait 
aller à une abstraction si naturelle : abstraction toute- 
fois qui , justifiée par une foule de probabilités , ne l’eût 
pas été par une seule preuve positive, et, par conséquent, 
qu’une seule découverte suffisait pour condamner. 
C’est au célèbre voyageur, M. Auguste Saint-Hilaire, 


que la zoologie est redevable des moyens de vérifier enfin 


ce fait, non moins important par les conséquences qui 
en dérivent, que curieux et remarquable en lui-même. 
Ce sera encore là un des fruits de ce beau voyage déjà 
si utile aux progrès de la botanique , et qui l’eût été au- 
tant, peut-être davantage encore à l'avancement de la 
zoologie, si, comme il l’a été de ses travaux botaniques, 
M. À. Saint-Hilaire eût été lui-même l'historien de ses 
découvertes zoologiques. Le célèbre voyageur vient, 
comme chacun le sait, d'explorer le Brésil : c’est dans 
cette contrée qu'il a trouvé la Chauve-Souris qui fait le 
sujet de cet article : je vais en donner une description 
succincte, et démontrer qu’elle appartient au genre Nyc- 
tinome ; qu'elle fait une espèce très- naturelle de ce 


(54 y 
genre trouvé jusqu'ici dans l’ancien monde seulement. 

Le genre Nyctinome est voisin , comme on sait, du 
genre américain Molosse. Les oreilles , la queue , la phy- 
sionomie , la proportion des parties les plus apparentes, 
sont presque les mêmes dans les deux genres : aussi, quand 
je vis, pour la première fois, la nouvelle Chauve-Souris 
du Brésil , frappé de l’idée qu’elle était Américaine, je 
crus , au premier moment, voir un Molosse ; mais bien- 
tôt, apercevant les pieds couverts de longs poils, les lè- 
vres profondément ridées , les membranes des ailes bor- 
dées de poils , je tombai dans un doute dont me fit bien- 
tôt sortir la considération des dents. Je ‘les comparai à 
celles d’un Vyctinome du Bengale, rapporté en 1818 
de Pondichéry par M. Leschenault , et je vis, avec sur- 
prise, que, non-seulement le nombre, mais, à l'exception 
des incisives inférieures bifurquées jusqu’à la racine , et 
très-entassées les unes aü - devant des autres chez la 
Chauve-Souris du Brésil, un peu moins chez celle d’A- 
sie, la disposition et la forme , tout était semblable chez 
l’une et chez l’autre. Les crânes appartenaient évidem- 
ment à des espèces très-voisines; un peu plus de lar- 
geur, un peu moins de longueur , était tout ce qui pou- 
vait servir à distinguer le crâne de la Chauve-Souris 
d'Amérique de celle d'Asie. 

Tous ces caractères ne permettent pas de douter que 
la nouvelle Chauve - Souris ne doive être rapportée au 
genre Nyctinome , et n’en fasse mème, comme je l’ai 
dit, une espèce très- naturelle : ce fait va d’ailleurs être 
confirmé , j'oserai dire , rigoureusement prouvé par ce 
qui va suivre. g 

La patrie de la nouvelle Chauve - Souris étant ce 
qu’elle offre de plus remarquable, je la désignerai sous 


( 343 ) 
le nom de Nyctinome du Brésil, Nyctinomus Brasi- 
lensis. 

Toutefois on pourrait ici me faire une objection 
qui, peu fondée en elle-même , le devient par une cir- 
constance. J’ai parlé d’une Roussette prétendue améri- 
caine : cette Roussette venait effectivement de l’Amé- 
rique, mais parce qu’elle y avait été apportée de l'Inde. 
On pourrait demander s’il n’est pas possible que la nou- 
velle Chauve-Souris ait été aussi apportée en Amérique. 
Grâce au zèle du célèbre voyageur , je puis non-seule- 
ment être assuré que la nouvelle Chauve-Souris est bien 
originaire du Brésil, mais je puis même ajouter qu’elle 
est répandue dans le Brésil , et qu'elle n’y est pas rare. 
En effet, M. A. Saint-Hilaire a rapporté , non pas un 
ou deux , mais onze individus ; et chacun portant l'in- 
dication du lieu où il a été trouvé. Ces notes impor- 
tantes nous apprennent que sept ont été trouvés dans la 
province des Missions , les quatre autres dans le district 
de Curityba. 

On trouvera peut-être que je me suis trop étendu sur 
ces préliminaires, et que j'ai trop tardé à en venir à la 
description de la nouvelle espèce ; je ferai toutefois ob- 
server que la chose principale de mon mémoire n’est pas 
la découverte d’une nouvelle espèce de Chauve-Souris , 
mais bien d’une espèce de Nyctinome en Amérique. Au 
reste , en comparant le Nyctinome du Brésil à celui du 
Bengale , j'ai déjà donné une partie de ses caractères : je 
vais maintenant continuer sa description , ayant toujours 
soin de faire remarquer ses principaux rapports avec les 
autres Nyctinomes. 

Je ne parlerai pas des rides labiales, et des autres carac- 
tères génériques de la nouvelle Chauve-Souris : dire qu'elle 


(344 ) 

est Nyctinome, c'est dire qu’elle les possède tous. J'ob- 
serverai seulement que sa lèvre supérieure échancrée 
comme celle des autres Nyctinomes, l’est moins profon- 
dément que celle du Nyctinome d'Égypte; au reste, c’est 
encore là un caractère qui lui est commun avec le Nycti- 
nome du Bengale, dont l’ensemble de ses rapports la 
rend très-voisine. 

Le Nyctinome du Brésil est, à peu de chose près, de 
mème taille que les Nyctinomes d'Égypte et du Bengale. 
Sa longueur totale est très-exactement de 0,106 m. (3 
pouces 1 1 lignes) ; la longueur de son corps est de 0,069 
m. (2 p.61.); celle de sa queue de 0,037 m. ( 1 p. 51.); 
elle a 0,285 m. ( 10 p. 6 |.) d'envergure. 

Le poil, assez moelleux et touffu , présente quelques 
variétés de couleur : c’est toujours un fond cendré, mais 
avec une nuance de brun qui varie du brun noir au brun 
fauve. Quoi qu'’il.en soit, on peut dire en général : Le 
Nyctinome du Brésil est cendré-brun, d’une teinte plus 
grise et moins foncée vers la région abdominale ; un peu 
plus foncée vers la poitrine; plus foncée encore et plus 
brune à la région dorsale. Les poils qui revêtent la partie 
interne de la membrane de l'aile sont de même couleur 
que ceux qui couvrent l'abdomen. Des poils très-rares 
se remarquent à la portion supérieure de la queue , com- 
prise dans la membrane interfémorale, et sur la partie 
environnante de cette membrane. 

J'ai cru ne devoir faire qu’une espèce de toutes ces va- 
riétés; en effet, je trouve sur un ousur plusieursindividus, 
les diverses nuances intermédiaires entre le brun fauve 


et le brun noir; en sorte que je vois la Chauve-Souris 


brun-fauve passer successivement à une teinte plus fon- 
cée, puis à une nuance plus sombre encore, et bientôt 


\ 


(345) 

au brun-noir. Ces diverses Chauve-Souris, que je rapporte 
à la même espèce , présentent d’ailleurs une identité par- 
faite pour la taille et les formes. On sait au reste combien 
le pelage des Chauve-Souris est sujet à varier, selon 
Pâge, le sexe, la saison, etc. 

«Leurs caractères génériques omis, les oreilles sont en- 
core remarquables par des plis, ou des rides transversales, 
qui se retrouvent, un peu moins prononcés peut-être, 
chez le Nyctinome du Bengale, mais qui n’existent point 
chez celui d'Égypte. Chez les deux premiers, les oreilles 
ont un peu moins d’ampleur ; la queue d’une grandeur 
movenue ( j'ai donné ci-dessus sa longueur) est envelop- 
pée, dans sa moitié supérieure et un peu au-delà, par la 
membrane interfémorale dont un prolongement très- 
étroit la suit même jusque vers son tiers ou son quart 
inférieur. Je n’ai pointaperçu de brides musculaires dans 
cettemembrane , un peu plus ample que celle du Nycti- 
nome du Bengale. Les membranes des ailes sont taillées 
comme chez la Chauve -Souris asiatique, comme chez 
la plupart des Molosses , et n’ont point cette forme assez 
bizarre qu’on leur connaît chez le Nyctinome d'Égypte ; 
elles ont un peu plus de largeur chez le Nyctinome du 
Brésil que chez ses congénères, mais elles ont moins de 
longueur ; l’humérus est grêle et court; les phalanges 
sont assez allongées. 

Tels sont les principaux caractères qui rapprochent 
la nouvelle Chauve-Souris Brésilienne des autres Nyc- 
tinomes ; tel$ sont aussi ceux qui l’en distinguent. Je 
pense maintenant avoir suffisamment établi d’un côté que 
la Chauve-Souris de M. A. Saint-Hilaire est un vrai Nyc- 
tinome; de l’autre, qu’elle doit former une nouvelle es- 
pècé dans ce genre, formé jusqu'ici de Chauve-Souris de 


( 346) 

l’ancien monde exclusivement. Il ne reste plus qu’une 
observation .à faire. J'ai eu soin, dans la description, 
de faire remarquer combien la forme des dents, du corps; 
combien la disposition des ailes, la taille même rappro+ 
chent l’un de l’autre, le Nyctinome d'Asie et celui d'A+ 
mérique ; il en est de même de la couleur : en un mot, 
chez l’un et chez l’autre tout est presque semblable au 
point que l’image de l’un peut être prise pour l’image de 
l'autre; au point que, si ces deux animaux habitaient la 
même région , on serait tenté de les réunir dans une seule 
espèce. 

Quel fait remarquable! toutes ces ressemblances, tous 
ces rapports existent, et cependant une distance presque 
infinie et l'Océan séparent la patrie de l’un de la patrie 
de l’autre! 

Faire remarquer un si grand éloignement de patries 
coïncidant avec une telle ressemblance de formes, une 
telle proximité de rapports, c’est presque dire qu’il ne faut 
pas tenir compte des caractères de patrie ; telle n’est pour- 
tant pas mon idée. N'oublions pas en effet que l'opinion 
que je viens de démontrer fausse, semblait démontrée 
vraie par l'expérience des siècles ; que, par conséquent, 
les exceptions à la règle sont bien rares. La différence de 
patrie ne peut plus être, ne sera plus la preuve d’une dif- 
férence d'organisation, mais elle peut et doit toujours en 
être l’indice ; elle ne peut plus la prouver, elle doit tou- 
jours la faire soupconner : en.un mot, elle ne peut plus 
commander, elle peut toujours conseiller; et ainsi, ke na- 
turaliste, sans suivre aveuglément la route qu’elle indique, 
doit recueillir soigneusement ses indications, afin de mar- 
cher d’un pas plus ferme et plus sûr dans le chemin qu'il 
a cru devoir préférer. 


(347) 

Je ne terminerai pas sans rappeler que l’établissement 
du genre Nyctinome fait partie des nombreux travaux 
de mon père sur les Chauve-Souris. Cette circonstance, 
indifférente sans doute pour le public, ajoute pour moi 
du prix à mon début dans la science, puisqu'il m'est per- 
mis de considérer ce travail comme un faible rameau 
enté par moi sur une tige produite par mon père. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 22. 


Fig. 1. Nyctinome du Brésil vu par derrière. 

Fig. 2. Tête du Nyctinome du Brésil vue par devant. 

Fig. 3. Tête vue de profil. 

Fig. 4. Crâne vu de côté. 

La figure 1 est réduite aux deux tiers de la grandeur 
naturelle. 

Les figures 2, 3, 4 sont de grandeur naturelle. 


Nore sur l’Acaricus Tu8ærormis de Schœffer ; 


Par Arpaonse DE CANDOLLE. 


… 


IL y a environ trois mois que, dans une excursion que 
je fis au petit et an grand Saint-Bernard, je m'arrètai 
un jouraux bains de Saint-Didier , près Cormayeur, au 
haut de la vallée d'Aoste. Mon premier soin, en visitant 
la source d’eau chaude de Saint-Didier , fut d'y chercher 
le Champignon extraordinaire que mon père y avait 
trouvé en 18or,et qu'il a décrit dans la Flore Française 
sous le nom de Clavaria thermalis. I ne paraît pas que 
depuis cette époque aucun botaniste ait retrouvé cette 
plante à Saint- Didier ou dans quelque autre bain chaud, 
en sorte qu'elle n’est encore connue des savans que sur 


( 348 ) 
une seule description, et sur quelques échantillons re- 
cueillis et distribués par mon père. Son histoire parais- 
sait trop obscure, et elle différait trop des autres Clavaires, 
pour que les botanistes qui ne l’avaient pas vue eux-mé- 
mes osassent la décrire. Ainsi Fries ( dans son er 
Mycologicum , publié en 1821 ) la regarde comme n’ap- 
partenant pas au genre Clavaire , mais il ne dit pas à 
quel genre on doit la rapporter. 

J'ai recueilli un grand nombre d'échantillons de ce 
Champignon , et j'ai fait sur sa manière de croître, ainsi 
que sur sa nature et sur l’espèce à laquelle on doit le 
rapporter, quelques observations qui, je crois, méritent 
l'attention des botanistes. 

La source de Saint-Didier près Cormayeur avait, lors- 

.que je l'ai visitée, et a ordinairement la température 
élevée de vingt-huit à vingt-neuf degrés de Réaumur. 
Elle paraît pure, ou du moins ses eaux sont claires, sans 
goût ni odeur, et ne sont certainement ni sulfureuses 
ni ferrugineuses. La source , à l'endroit où elle sort de 
terre, est contenue dans un bâtiment tout en bois ; de-là 
elle descend dans la maison des bains, à cent pas environ 
de distance. Elle se répand par plusieurs canaux dans les 
baignoires qui sont grandes et toutes en bois. L'eau ne 
cesse jamais de couler dans ces baïgnoires , et les cham- 
bres où elles se trouvent sont si basses et si peu aérées , 
que leur atmosphère est toujours chargée de vapeurs à 
une température voisine de celle de l’eau. C’est dans 
cette atmosphère naissant de la paroi extérieure des baï- 
gnoires et du plafond du bâtiment qui contient la source, 
que se trouvent les singuliers Champignons dont il est 
ici question. Les planches où ils prennent naissance sont 
continuellement imbibées et arrosées par lés vapeurs de 


( 549 ) < 
. l’eau chaude. Ce Champignon est certainement celui qui 
est décrit dans la Flore Française sous le nom de Clava- 
ria thermalis. Il varie en longueur depuis trois à quatre 
pouces jusqu’à quinze ou dix-huit ; il est coriace , roux et 
un peu blanchâtre lorsqu'il est frais; la base est plus 
rousse que l’extrémité ; il adhère au bois par des sortes 
de bourrelets ou tubercules ; il n’a pas de saveur, mais 
une odeur particulière ; quelquefois il paraît simple, 
quoiqu'il soit toujours ramifié, au moins à sa base ; quel- 
quefois il est ramifié de partout, et alors il présente uné 
apparence tout-à-fait singulière , chaque rameau étant 
1ortillé et bosselé de tous côtés. Dans l’état ordinaire les 
rameaux sont allongés , coniques, terminés en pointe, 
et ressemblent au pédoncule d’un Agaric. Ce Champi- 
gnon noircit et se rabougrit en vieillissant. 

Parmi ces Clavaires et croissant absolument dans les 
mêmes circonstances , se trouvaient trois Âgarics que 
nous recueillimes avec soin. Dès la première vue 
nous ne pûmes nous empècher de croire, M. Coulter 
et moi, que cet Agaric et la Clavaire n'étaient qu'un 
mème Champignon. En effet ils ont entre eux de grands 
rapports : ils croissent dans la mème localité, et elle est 
assez extraordinaire pour qu'on puisse croire qu’elle a 
quelque influence sur la forme des Champignons. Ils 
ont les mêmes dimensions; ils ont exactement la mème 
consistance ; la même distribution de couleurs et Ja 

mème odeur ; le pédicule de l’Agaric est plein et blanc 
à l’intérieur comme la Clavaire ; en un mot si on coupait 
le chapeau de l’Agaric, on prendrait le reste du Cham- 
pignon pour une Clavaire. Ces rapports se présentèrent 
immédiatement à notre esprit; mais en y réfléchissant 
nous trouvàmes l’hypothèse trop hardie, et nous en con- 


( 350 ) 
clûmes qu'elle était possible, même probable, mais 
quelle ne serait prouvée que lorsque nous aurions vu un 
Agaric sans chapeau par l'effet de l’avortement , ou 
une Clavaire quelconque s'épanouir à son extrémité de 
manière à présenter l'apparence d’un Agaric. [1 fallait, 
pour qu'on fût sûr de ces transformations, que l’Agaric 
sans chapeau se trouvât adhérent à un Agaric parfait, 
ou que la Clavaire, développée à son extrémité, se trou- 
vât avoir d’autres rameaux dans l’état ordinaire. J'ai 
cherché depuis à rapporter notre Agaric à quelque es- 
pèce déjà connue. La décurrence extrême de ses feuil- 
lets, sa consistance coriace, sa couleur et son pédoncule 
plein étaient des caractères qui devaient me permettre 
de le rapporter au moins à quelque sous-division du 
genre Agaric. J'ai trouvé, dars les planches de l'ouvrage 


de Schæœffer sur les Champignons de Bavière, la figure 


d’un Agaric qui lui ressemble tout-à-fait, c’est l’Agari- 
cus tubæformis de Schoæffer, pl. 248 et 249; mais ce qui 
est plus intéressant, c’est que j'y ai trouvé la solution de 
notre problème. En effet Schœfler donne une figure 
dans laquelle trois de ces À garics partent d’une base com- 
mune; mais l'un d'eux n'ayant point de chapeau, son 
pédicule se termine en pointe et ressemble tout-à- fait 
à notre Clavaire. L'auteur dit dans sa description que cet 
Agaric tubiforme est très-changeant et qu'il croît sur les 
vieux troncs. Sowerby de son côté en a donné une figure 
dans ses English Fungi, pl. 382. Il admet le nom de tu: 
Bæformis donné par Schælffer et dit que ce Champignon 
change beaucoup d'aspect et croit sur les vieilles poutres. 
La planche de Sowerby représente aussi un individu 
parfait de la base duquel partent des Agarics avortés, 
sans chapeaux, tout-à-fait semblables à notre Clavaire: 


( 351 ) 
Sowerby ajoute dans sa description qu'il croit que la 
Clavaria lignosa de Dickson ( fasc. 4, t. 12, fig. 9 ) ainsi 
que la Clavaire, Ramaria ceratoïdes de Holmskiod , ne 
sont autre chose que des avortemens de cet Agaric tu- 
bæformis. La description de Holmskiod s'accorde assez 
bien avec notre Clavaire. 

On doit donc regarder comme prouvé qüe l’Agaric et la 
Clavaire qui se trouvent dans les bains de Saïnt-Didier, 
ne sont qu'une même plante; c’est celle que Schæffer et 
Sowerby ont décrite sous le nom d’Agaricus tubæformis. 
Mon père qui ne l'avait trouvée qu’à l’état avorté l’avait 
décrite comme une Clavaire, et en effet c'était alors le seul 
genre auquel on püt rapporter ce Champignon quoi- 
qu'il diffère assez des autres Clavaires. Voilà un exemple 
assez singulier de dégénérescence de formes dans les 
Champignons : peut-être est-il plus fréquent que nous ne 
le croyons ? peut-être se retrouve-t-il dans d’autres espé- 
ces d’Agarics? c'est ce que le temps et des observations 
bien faites pourront seuls constater. 

D'après ces observations , il faut rayer de la Flore 
Francaise l’article de la Clavaria thermalis, et le rem- 
placer par l’article suivant placé dans la première division 
des Agaricus gymnopus. 

Acaricus rusæronmis ( Schæff. fung. bav. t. 248 et 
249 ; Sowerb. Engl. fung., t. 382.) 

Agaricus (gymnopus )stipite elongato tereti, medio sub- 
gibbo, basi rufo, cœterum cum pileo et laminis flavo pal- 
lescente, pileo juniore convexo demum superne concavo, 
laminis valde decurrentibus, demum transversé scissis. 

8 Clavariæformis , pileo abortivo stipite cylindraceo , 
apice attenuato. 


Clavaria thermalis, D. C. F1. Fr., ed. 3, n. 266; 


(: 35x:) 
Ramaria ceratoides, Æolmsk. Clav., p. 104, Clav. li- 
gnosa , Dick. fasc. 4,t. 12, fig. 9, ex Sowerb. loc. cit. 
Habitatin trabibus cryptarum ad thermas sancti Didieri 
in Pedemontio. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 23. 


Fig. 1. Aggricus tubæformis à l'état de Clavaire. A. 
Coupe transversale. 

Fig. 2. Autre état de l’Agaricus tubæformis avorté. 

Fig. 3. Agaricus tubæformis parfait. A. Coupe trans- 
versale. 

Fig. 4. Agaricus tubæformis à l'état de Clavaire, 
vieux et rabougri. 


MONOGRAPHIE DES SPIRÉES; 


Par M. CamBessÈnes, 
Correspondant de la Société d'histoire naturelle de Paris. 
(Suite.) 
SPIRÆA. 


Spiræa Tournef. Inst. 518.—Linn. Gen. PI. ed. 
Schreb. 1 p. 341.—Juss. Gen. PI. 339. —Moœnch. Meth. 
PI. 662.— Nutt. Gen. Amer. 1 p. 307. — Filipendula. 
Tournef. Moœnch. — Ulmaria. Tournef. Mœnch.— 
Barba capræ Tournef. — Gilleria Moœnch. Nutt. 

Cazyx inferus, persistens, 5-fidus, nonnunquäm in 
eodem individuo 6-5-8-fidus, in Güilleniis 5-dentatus, 
in plerisque infundibuliformis, in Spir. lævigata, 
arunco , ulmaria, lobata, digitata campanulatus , in 


et 


(1358 ) 
\ 


Gillenis forma urnæantiquæ, in Kerii hypograierifer- 


mis ; segmentis in plerisqueæstivatione valvatis, in Xe- 


ri imbricatis. Prrara D (in calyce 6-7-8 fido , G-7-8), 
calycis fauci ponè filamenta inserta, segmentis calyeinis 
alterna et longiora , sessilia aut in unguem attenuata, in 
plerisque obovata aut subrotunda , in Gilleniis lanceo- 
lata , integra vel apice emarginata , venis palmatim dis- 
positis notaia, alba vel pallidè rosea, in Keria flore pleno, 
Jutea, æstivatione in plerisque imbricata, in Gillenüs 
convoluta. SramiINA 20-54, ponè discum , inter hunc et 
peialorum bases calycis fauci inserta; rILAMENmIS in ple- 
risque simplici serie dispositis , rariüs biseriatis , in Spir. 
Filipendula alia super alia insertis, fiiformibus, æstiva- 
tione introrsum replicativis ; ANTHERIS medio dorso in 
sertis, bilobis, bilocularibus , didymis , lobis rimà lon- 
gitudinali dehiscentibus , in Spir. lœvigata tetragonis, 
basi insertis , apice emarginatis , utrinque rimà longitu- 
divali dehiscentibus, in Grlleniüs introrsis. Discus te- 
nuis, coloratus , tubi calycini parietem internam incrus- 
tans, nunc cüm tubo calycino totus concretns in Spir. 
sorbifolia et opulifolia , nunc apice infrà cireulum 
Stamineum liber, parte liberà brevi, aut 10-partita aut 
10-crenata ; in Ü/mariüs discus obsoletus , in Gillentis 
nullus. OvarrA 3-12, sæpiüs 5, supera, obtusè triquetra, 
subfaleata , unilocularia , in stylum attenuata , sæpissimè 
sessilia ; in Spir. opulifolia et sorbifolia stipitata, in ple- 
risque libera, in U/martüs et Spir. sorbifolia plûs mirüsve 
connata, Sryzus sublateralis, glaber, in Kerig pilosius-. 
culus, sulco longitudinali exaratus (am in omnibus?)}, 
in Spiræis , Physocarpo et Giülleniis fliformis , erectus, 
in Ulmariis clavatus, retroflexus. Ovura angulo axili 
alternatim inserta , in Spiræis 5-18 appensa , in Ulma- 
1. 23 


(354 ) 


rüs 2 appenñsa, in Physocarpo 2-3 altero appenso, 
reliquis ascendentibus, in Gillenüs, 2 ascendentia , in 
Keriä l peritropum. Carpella tot quot ovaria, secun- 
dûm saturam axilem dehiscentia , in solo Physocarpo 
inflata , in aliis vix aucta , in plerisque erecta , in Spir. 
Ulmaria etin Keriä contorta. Semina ovoidea vel elon- 
gata. Rapue simplex ab hilo usquè ad geometricum seminis 
apicem ducta, parüm elevata. CHALAzA conspicua, tu- 
berculiformis, in Physocarpo non visa. PerisPermum 
nullum vel subnullum. Emsrvo homotropus, orthotro- 
pus. Raprcuza conica, basin seminis geometricum hili 
proximum spectans, cotyledonibus triplo quadruplove 
brevior. Coryzenones elongatæ vel ovatæ , apice rotun- 
datæ, invicem adplicatæ. PLumuLA inconspicua. 
Frutces inermes et herbæ perennantes. Rami alterni, 
folia alterna , simplicia, penninervia , rariüs trinervia, 
in plerisque indivisa, in Spir. sorbifolia et in Ulmariis 
pinnatifida, in Gilenïis tripartita, in Spir. Arunco de- 
composita. Stüipulæ petiolares, sæpits nullæ. Flores her- 
maphroditi, in solo Arunco abortu dioïci, umbellati, 
corymbosi , racemosi, paniculati, in Ulmariis CHAOS 


in Keria solitarii, sæpissimè odorati. Pedicelli bracteolati. 


Sectio JI. SrrrxA. 


Frutices, rariès herbæ (Aruncus). Folia indvisa, in Spir. 
sorbifolia pinnatifida, in Spir. Arunco decomposita ,in omni- 
bus , præter Spir. sorbifolia, exstipulata. Discus apice liber,, 
parte libera 10-crenata vel 10-partita, in Spir. sorbifolia totus 
cüm tubo calycino concretus. Stylus erectus , filiformis , gla- 
ber. Ovula 5-18 supra mediam suturam axilem ovari affixa, 
appensa, elongata , teretiuscula. Carpella ovario vix duplo 
majora, erecta , rostrata, pericarpio chartaceo. 


Li 


(384 ) 
S L. 
Frutices, Folia indivisa , exstipulata. Discus apice liber. 
Ovaria libera. 


» 


1. SPIRÆA HypEerICIFOLIA, foliis glaberrimis, pen- 
ninervis ; floribus umbellatis , umbellis sessilibus , ra- 
rius pedunculatis. 


Pruno sylvestri affinis canadensis. Bauh. Pin. 515. — Spiræa hype- 
rici folio Tourn. Inst. 618. — Spir. hypericifolia. Linn. Sp. PI. 1, 
p. 489. — Reich. Syst. PI.'II, p. 521. — Pall. Ff. Ross. tab. XXVI. 
fig. 2. — Mœnch. Meth. PI. 662. — Host. synops. PI. 258. Willd. Sp. 
PI. IL, p. 1057. — Poir. Dict. VII, p. 352. — Pers. Synops. PL. IH, 
p. 46. — Marsch. FI. Taur. Cauc. 392. — Willd. Enum. I. p, 540. — 
DC. F1. Fr. suppl. 645. — Pursh. FI. Amer. Sept. ed. 2. I. p. 341. 
— pir. crenata Barr. tab. 564. — Gouan. Illust. 31. DC. Fi, Fr. IV 


P. 477: 
Hab. in Cebennis (Gouan I. c. ); in Hispaniä (Barr. 


l c.); in Carniolià, Carinthià , Styrià (Host. 1. c. }; 


in Sibirià ( Pall. L. ce.) ; in montibus Caucasicis (Marsch. 


1. c.); in Virginià , Canadà , Pensylvanià (Pursh. 1. c.). 
— Floret majo, carpella perficit julio. (V. V. C. in 
hort. Paris.) 


Frutex 4-6 pedalis. Rami tevetes, glabri, cortice fusco , novelli pu- 
beruli. Folia 7-12 lineas longa , 4-6 lineas lata, obsoleté penninervia, 
quasi trinervia, spatulata, apice vel integra, vel 3-5 dentata, ntrinque 
glabra, juniora apice subciliata. /'lores umbellati, umbellis sessilibus u 
roriüs pedunculatis. Pedicelli 5-11 lineas Jongi, pilosiuseuli , basi 
5-6-7 foliis bracteiformibus, oblongis, 1-2 lineas lougis, dorso pubes- 
centibus suffulti. Calyx infundibuliformis, 5-fidus, puberulüs; 1ubo 
decemnervi; segmentis ovato-deltoidvis, trinerviis, erectis, Letulu 5 , 
ovato-subrotunda, segmentis calycinis duplo longiora , 2 lineas longa, 
lineam et dimidiam lala, brevissimé unguiculata, nivea, palmirenia, 
Stamina 20; lilamenta simplici serie dispositas petais breviora, li- 
neam et dimidiam longa, erecta ; antheræ flavescentes, Disci margo 
10-partitus, segmentis emarginatis, primdm cereus, demüm fusces- 
cens. Ovaria 5, lineam longa, purpurascentia, attenuata in sty lum 

23° 


( 556 ) . 
hineam longum, latere interiore secundüm longitudinem canaliculatum, 
disci tubum superantem, segmentis calycinis pauld breviorem , erec- 
tum, basi geniculatum. Ovula 8-10, appensa, teretiuscula, longissima, 
alba. Carpella 3-5, linéam et dimidiam longa , lineam Jata, gla- 
briuscula. 

Ons. Cette espèce varie beaucoup par ses feuilles plus 
ou moins longues, glabres ou légèrement velues, en- 
tières ou à crénelures plus ou moins profondes , varia- 
tions qui se rencontrent souvent sur la même plante. De- 
là les différences que présentent la planche 564 de Bar- 
relier , et la figure 2 de la planche 26 dela Flora Rossica 
de Pallas. : 

Gouan indique le Spir. hypericifolia, auquel il donne 
le faux nom de Spir. crenata, dans les Cévènes, entre 
Campestre et Baniols-les-Bains. Plusieurs botanistes 
doutaient si cette plante était la mème que celle d'Amé- 
rique cultivée dans les jardins. M. Gay a dissipé ce 
doute en la découvrant récemment dans le départément 
du Cher où elle occupe une région d'environ dix lieues 
de longueur sur six de largeur , entre la rivière du Cher 
et celle de l'Ievrette , depuis Saint-Amand au midi, jus- 
qu'à Bourges au nord. Les échantillons qu'il a bien 
voulu nous communiquer nous ont paru ne différer en 
rien de ceux provenant de l'Amérique septentrionale. 

>. SprræA acurrroztrA, foliis glaberrimis, ob- 
longo- lanceolatis, penninerviüs ; floribus umbellats, 
umbellis sessilibus. 

Spir, acutifolia. Wild, Enuw. 1. p. 640. — Poir. Dict, suppl. V. 
p. 221. — Link Enum. Berol. alt. 11. p. 39. — Spir. sibirica. hort: 
Paris. , 

Patria ignota. . . . Floret aprili, carpella perficit ju- 
nio. (V. V. C. in hort. Paris.) 


Frutex 2-3 pedalis.. Rami téretes, glabri, flavescentes, rubri, cor- 


( 357 } 


tice griseo ; novelli puberuli. Folia glabra, oblongo-lanceolata vel obo- 
vata, acuta, integra vel tridentata, semipellucida , penninervia, 
utrinque glaucescentia, 7-8 lineas longa, 2 lineas lata, basi in petiolum 
attenuata ; inferiora veteri ligno inserta fasciculata ; superiora ramis 
novellis inserta, alterna, margine ciliolata. #lores umbellati, umbellis 
sessilibus , 5-8 floris. Pedicelli glabri, 5-6 lincas longi, ebracteati, 
basi 6-7 squamis ovatis, deciduis, et aliquandd 3-6 folüs bracteiformi- 
bus, oblongo-acutis, margine suboiliatis, 3-5 lineas longis suflulti. Calyx 
infundibuliformis , glaberrimus ; tubo obconico decemnervi; segmentis 
ovato-deltoideis, 3-nerviis, erectis. Petala 5, segmentis calvcinis pauld 
longiora, lineam longa, obovata, sordidè alba, palmivenia. S'tamina 
20; filamentis simplici serie dispositis, lineam et dimidiam longis, pri- 
mûüm erectis, demüm subreflexis; antheris flavescentibus. Disci margo 
decemcrenatus , crenis emarginatis. Ovaria 5, lineam longa, gla- 
briuscula , attenuata in stylum ovario æqualem, discum et calycis seg- 
menta superantem. Ovula 6, appensa , teretiuscula, longissima , alba’, 
sæpissimé pleraque abortiva. Carpella 5, sæpius 3 - 4 (uno alterove 
abortivo ), lineam et dimidiam longa, glabriuscula. 


Oss. Cette espèce se rapproche beaucoup de la précé- 
dente. Elle s’en distingue cependant , au premier aspect, 
par ses tiges plus diffuses, par ses fleurs plus petites , 
d’un blanc sale, et par l’époque plus précoce de sa flo- 
raison. Elle est connue dans les jardins de Paris sous le 
nom de Spir. sibirica. 


3. SpIRÆA ARGENTEA , fruticosa , argentco -sericea ; 
foliis confrtis, obovatis vel oblongis, apicem versus 
serratis , flabellato- venosis ; racemis axillaribus et ter- 
minalibus , paniculatis ; floribus subicosandris ; ovariis 
sericeis, biovulatis. Kunrx. 


Spir. argentea. Mutis in Lion. Fil. suppl. 261. — Willd., Sp. pl. 11, 
p. 1057. — Poir. Dict. VIT, p. 351. — Pers. Synops., pl. 11, p. 46. — 
Hnmb. Bonpl. et Kunth. Nov. Gen. Am. fasc. XXVI, p. 235, tab. 562. 


Crescit in regno novo-granatensi. 


Rami subsexangulares, fusci, glabriusculi ; ramuli sulcato-angulati, 
sericeo-pubescentes, argentei, densè foliosi, Æolia sparsa, petiolata, 
in ramulis brevissimis fasciculato-conferta, approximata , obovata aut 


(358) 


oblonga , basi valdé cuneato-angustata et integerrima , apicem zersüus 
serrata, subflabellato-venosa, venis inter se et cùm nervo medio sub- 
parallelis, subtüs prominentibus, submembranacea, utrinquè densis- 
simè argenteo-sericea , 9-12 lineas et longiora, supernè 4-6 lincas lata. 
Petioli 2-3 lineas longi, sermiteretes, densissimè argenteo-sericei. Sti- 
pulæ nullæ. Racemi in ramulis axillares et terminales, solitarii, ap- 
proximali, paniculas terminales secuudas foliatas referentes, 9-10 
lineas longi. Flores sparsi, pedicellati, magnitudine floris Spirææ 
bypericifoliæ ; pedicellis 1-172 lineam longis, superné tribracteatis, 
rachi bracteisque densissimè argenteo- lanatis. Bracteæ lanceolatæ, 
acutæ , subæquales. Calyx internè pubescenti-sericeus, fundo turbi- 
nato-concavus, 10-nervius, pubescens, limbo quinquepartitus; laci- 
aïis ovatis, aculis, trinerviis, æqualibus. Præfloratio valvata. Petala 
quinque, fauci calycis inserta, cùm ejus laciniis alternantia iisque 
longiora , brevissimé unguiculata, subovata , obtusa, integra, venosa, 
glabra, patentissima , alba (?). Discus annularis, carnosus, faucem ca- 
lycis cingens, undulato-crenulatus, glaber. Stamina viginti, limbo 
calvcis pauld suprà discum inserta, laciniis calycinis breviora. Fila- 
menta subulata, libera , glabra. Antheræ subrotundæ, utrinquè emar- 
giuatæ, dorso aflixæ, biloculares, glabræ, longitudinaliter interné 
dehiscentes. Ovaria quinque, sessilia, ovato-lanceolata , hirsuto-seri- 
cea , unilocularia ; paries internus glaber. Ovula 2, collateralia, infrà 
apicem affixa, pendula, glabra, oblonga. Styli terminales, teretiusculi, 
erecti, supernè glabri, ovario breviores. Stigmata vix incrassata. 
Fructus mihi ignotus. ( Descript. ex Kuwrx. I. c.) 


4. SrinÆA raazicrroines , foliis pubescentibus , apice 
subtrilobis ; floribus umbellatis , umbellis sessilibus. 

Spir. aquilegifolia. Pal. Itin. III. Append. 7934, n° 94, t. P., fig. 3. 

Spir. thalictroides. Pall. F1. Ross. I, p. 34,t. XVII. —Willd. Sp. 
PL. 11, pag. 1059.—Poir. Dict. VII, pag. 353. — Pers. Synops. PI. IE, 
pag. 46. 

Hab. in Alpibus daouricis, maturiüus Spir. chamædri- 
foliä florens. (Pall. 1. c.) (V. S. S. in herb. Lessert.) 


Frutex humilis. Zolia 4-6 lineas longa, 3-4 lineas lata, spatulata, 
apice subtriloba, in petiolum Jlineam longum attenuata, utrinquè 
præsertim subtüs pubescentia, margine ciliolata, trinervia, nervis 
penninerviis. {lores umbellati, umbellis sessilibus, 6-9-floris. Pedicelli 
puberuli, 3 lineas longi, basi $-12 foliis bracteiformibus, obovato-ob- 
longis, lineam longis, pabesc-ntibus suffulti. Calyx infandihuliformis, 


( 359 ) 


5-fidus, puberulus, lineam longus ; tubo obconico decemnervi ; seg- 
mentis ovatis acutis, trinerviis, erectis. Petala 5, segmentis calycinis 
duplo longiora, subrotunda, brevissimè unguiculata , alba palmivenia. 
S'tamina 20 ; filamentis simplici serie dispositis , lineam longis, capil- 
laribus, erectis; antheris cereis. Disci margo 10-partitus, segmentis 
emarginatis. Ovaria-5, dimidiam lineam longa, puberula , attenuata 
in stylum ovario æqualem, latere interiore secundüm longitudinem 
! canaliculatum. Ovula 6-8, appensa, teretiuscula, oblonga. Carpella 5, 
rariùs 4 (uno abortivo), tres lineæ quadrantes longa , dimidiam li- 
neam lata , puberula. 


5. Srmæ4A osovarA, foliis obovatis, obtusis, apice 
obtusè inæqualiter dentatis, triplinerviis ; corymbis 
axillaribus , sessilibus. Wizio. 


Spir. obovata, Waldst et Kitaib in Willd. Enum. I, p. 541.—Schult. 
OEsterr. FI. Il, 64. — Poir. Dict. suppl. V, p. 221. — Link. Enum. 
Berol. alt. II, p. 40. 


Hab. in Hungarià. (Willd. I. c.) 


Non est Spir. thalictroides, cujus folia minora, subtriloba, neque 
varietas $pir. crenatæ, a quä diversa foliis apice rotundato-6btusis, ob- 
tusè inæqualiter dentatis, triplinervio-venosis nec trinerviis venosis, 
corymbis sessilibus. (Descript. ex Wizzo. l..c.) 


6. Srimæa crenarA, foliis spatulatis, trinerviis, pu- 
bescentibus ; floribus corymbosis. 

Spir. foliis varis hirsutis, Amm. Stirp. Rar. Ruth. p. 189, n. 268. 

Spir. crenata , Pall. FI. Ross. I, p. 35, tab. XIX.—Willd, sp. pl. II, 
p. 1058. — Mœnch. Meth. pl. 662. — Pers. Synops. IL, p. 46. — 
Marsch. FI. Taur. Cauc. 392. — Willd. Enum. I, p. 541. — Schult. 
OEsterr. F1. IL, p. 64. — Link. Enum. Berol. alt. IL, p. 40. — Sir. 
.alpina. Poir. Dict. VII, p. 354. 

Hab. in Rossià europæà (Pall. 1. c. ); in promontorio 
Caucasico planitiebusque adjacentibus (Marsch. 1. c.);in 
Hungarià ( Schult. 1. c.). Floret majo (Pall. 1. c.) (V. 
S. S. in herb. Lessert et Gay.) 

Frutex, ramis teretibus, glabris, novellis pubescentibus , cortice 


fusco. Folia 6-8 lineas longa, 2 lineas lata, spatulata, in petiolum 
attenuata, pubescentia, glauca, apice acutiuseula, integra vel sub 


( 360 ) 


apice 5-7 denticulata, trinervia. Flores corymbosi, corymbis termina- 
libus, 5 7 lineas latis, pedanculatis. Pedicelli teretes, pubescentes, 
3 lineas longi , bracte lineari-lanceolat4, iimeam longf, pilosiuscult 
apice instrucli. Calyx infundibuliformis, 5-fidus, lineam longus, pu- 
bescens ; tubo obconico decemnervi ; segmentis erectis, ovatis, acutis, 
trinerviis. Petala 5, segmentis calycinis longiora, lineam longa, sub- 
rotunda, exunguiculala, palmivenia, alba. $iamina 20 ; filimentis 
Simplici serie dispositis, capillaribus, lineam et dimidiam longis; an- 
theris cereis. Disci margo 10-partitus , segmentis integris. Ovaria 5, 
tres lineæ quadrantes longa, pubescentia, attenuata in stylum ovario 
pauld longiorem. Ovula 5-6, appensa, teretiuscula, longa. l'ructus 
mihi ignotus. 


Oss. Cette plante a été confondue tantôt avec le Spir. 
alpina , tantôt avec le Spir. hypericifolia à feuilles créne- 
lées ; elle se distingue facilement de la première espèce 
par ses feuilles trinerves et de la seconde par ses feuilles 
pubescentes et ses fleurs en corymbe. Nous n'osons dé- 
cider si Linnée avait notre plante. en vue lorsqu'il a déerit 
son $pir. crenata. Quoiqu'il en scit, on doit toujours con- 
server ce nom à la plante figurée dans la Flore de Russie 
de Pallas, puisque l'espèce originaire de France et 
d’Espagne, figarée dans les Icones de Barreliér et donnée 
par la plupart des auteurs comme synonyme du Spir. 
crenata, n'est qu'une variété du Spir. hypericifolia. 

7.SpiRÆA ALPINA, folis lanceolatis, sessilibus, serrulatis, 
glabris; corvmbis terminalibus. 

Spir. alpira, Pällas, El. Ross. EL, p. 25, tab. XX. — Wild. sp. pl. ÉE, 


p. 1057, — Wälld., Enum. I, p. 540. — Pers., Synops. IL, p. 46. — 
Link Envm.Ber. alt IL, p.30. 

Fruter sureulis sesquicubitahibus , vel bicubitalibus erecto-patulus , 
ramosus. $Sureuliet rami antiquiores testacei, epidermide longitudina- 
liter fissd, fuscescente qud tannis exuuntur ut Lonicera altaica, Crytisus 
pinnatus alique frutices. folia plèrumque 3 ad 5 fasciculatim congesta, 
vel alterna ,lanceolala, basi valüè attenuata , sessilia, glaberrima, ov 
subtilissimé serrulatà vel fntegrâ. Corymbi in ramuilis anni brevibus ; 


foliatis, terminales, subelohost, uno versu dispositi,ut in $pir. crenata, 
\ 


( 361 }) 


sed minüs capiosi, et pedunculis tenuioribus longioribusque. Ælores 
paul majores, quam ejusdem, calycibusque glabris ; capsulæ oblongæ, 
compressæ, erecto-parallelæ, griseæ. 

He Spiræa, inter Wp. crenatam et hypericifoliam media, occurrit in 
frigidis sylvatieis et alpinis Sibiriæ oriéntalis , maximè regionum trans- 
baïkaleñsium, et circa ivsum lacum Baïkal, ubi hittora glareosa passim 
orñat, et junio demüm floret. Differt a Sp. crenata pro cujus varietate 
haberi posset, statione , florandi tempore, foliis non trinerviüs, glaber- 
rimis, basim versüs attenuatis, sed non petiolatis; dein epidermide 
surculorum secedente, pedunculis florum tenuioribus et longioribus , 
capsulis majoribus, erecto-parallelis, ut alia taceam. A Spir. hyperici- 

folia american differt foliis acutis enerviis, nec rodundatis trinerviis ; 
floribus minoribus in corymbos multiflores, nec in ymbellas sessiles 
pauciflores digestis. (Descript. ex Pali. L. c.) 


8. Spiræa TRiLogaTA, folis latè ovatis, subrotundis, 
trilobis , penninervüs ; floribus corymbosis, 


Spir. ramosissima , parvo subrotundo Opulifolio, Amm. Stirp. Rar. 
Ruth. 191, n. 251. — Spir. foliis latè ovatis, supra ampliatis ex inciso- 
serralis, pedunculis simplicibus, Gmel. FI. Sib., p. 190, tab. bo. — Spir. 
trilobata, Linn. Mant. 244. — Reich. Syst., PI IL, p. 52r. — Pall., FI. 
Ross. I, p. 33, tab. XVI. — Willd., Sp., PI. Li, p. 1059. — Poir., 
Dict, VII, p. 354.— Pers., Synops. IL, p. {6.— Link Enum. Berol. alt. 
II, p. 40. 

Hab. in Sibirià propè lacum Baïkal. (Pall. Gmel. 
Amm. 1. e. ). Floret majo.. carpella perficit julio (V.V. C. 


in hort. Paris.) 


L'rutex 3 pedalis ; rami glabri, corticce.lævi, griseo, fascescente. F'olia 
alterna, petiolata, glaberrima, penninervia, facie Jæté viridia, dorso 
glauca, Petiolosemitereti, glabro, facie plano; caulina et ramea inferiora 
Jatè ovata, sûbrotunda, triloba,lobiscrenato-dentatis, 8-10 lineaslonga, 
5-9 lineas lata, petiolo 5 lineas lonso; ramea superiora (ramulis floriferis 
insidentia ) elliptica, integerrima , aut apice obsolcté 1-2 denticulata, 
4 6 lineas longa, 3-4 lineas lata. Flores corymbosi, corymbis hemi- 
sphæricis, 10-12 lineas longis, totidem latis. Pedicelli semiunciales, 
bractet glabrâ, nunc membranaced filiformi sessili, nunc herbacc 
ovaià petiolat, supra medium instructi. Calyx infundibuliformis , 5 
fidus ; tubo obconico, decemnervi, extüs glabro , intüs villosiusculo:; 


segmentis erectis , ovato-deltoideis, trinerviis, dorso glabris, facie 


( 362 ) 

villosis, margine nudis rubellis. Petala 5, segmentis calycinis duplo 
longiora , lineam et dimidiam longa , nivea, obcordata , exunguiculata, 
palmivenia. Stamina 20; filamentis simplici serie dispositis, petalis 
multd brevioribus, tres quadrantes lineæ longæ; antheris pallidè fla- 
vescentibus. Disci margo 10-partitus , segmentis integris, rard emargi- 
natis. Ovaria 5, dimidiam lineam longa , glabra attenuata in stylum 
ovario æqualem , latere interiore secundüm longitudinem canalicula- 
tum , calycis et disci tubum superantem. Ovula 6-8, appensa, ob- 
longa , teretiuscula. Carpella 5, lineam longa, dimidiam lineam lata , 
glabriuscula. 

9. Sema incisa, foliis ovatis, inciso 5-partitis, ser- 
ratis ; umbellis sessilibus. 

Spir. incisa, Thunb. , FI. Jap., 213. — Poir., Dict. VII, p. 354. 

Crescitin Fakonä monte, ejusque regionibus.— Floret 
junio. 

Caulis fruticosus, erectus, ramosissimus. Rami et ramuli alterni, fi- 
liformes et capillares, flexuosi, cinereiï, glabri, patentes. Z'olia petiolata 
ovata, acuta, incisa, subquinquepartita , serrata, subtüs pallida, vil- 
losa , patentia, unguicularia. Petiolus capillaris, folio quadruplo bre- 
vior. Flores in ultimis ramulis umbellati. Umbella pedunculata simplex. 
Pedunculi circitér duodecim, capillares, unguiculares. Corollæ albidæ, 
minutæ. (Descript. ex Thunb. I. c.) 

10. SPIRÆA CHAMÆDRIFOLIA , foliis ovato-oblongis, gla- 
briusculis, obtusiusculis, ab apice ad medium 3-5-7 
inciso-crenatis ; floribus corymbosis. 

a Vulgarts. 


Spir. chamædrios folüs, Amm. Stirp. Rar. Ruth., p. 190, n. 269. — 
Spir. chamædrifolia, Linn. sp., pl. I, p. 489. — Reich. Syst. PI. IL, p. 
5a1.— Pall. F1. Ross. I, p. 32, tab. XV.—"Thunb. FI. Jap. 210. — 
Willd. Sp. PI. IL, p. 1058.— Poir. Dict. VIL, p.352. — Pers. Synops. 
IL, p. 46.— Nutt. Gen. Amer. I, p. 307. — Willd. Enum. I, p. 541.— 

- Schult. OEster. F1. LE, p. 63.—Pursh. Fl. Amer. Sept. ed. 2, p. 342.— 
Link. Enu m. Berol. alt. IL. p. 39. 


Hab. in Sibirià, Kamtchatkà, Daourià (Pall. I. c. ), 
in Hungarià ( Schult. 1. c.), in Canadà (Pursh... Nutt. 
le. ), in Japonià (Thunb. L. c. ). — Floret majo, car- 
pella perficit augusto. (V. V. C. in hort. Paris. ) 


Pc || 


(363) 


Frutex 4-5 pedalis. Rami teretes, glabri, cortice fusco, rimis dehis- 
cente ; novelli obsoleté angulosi, puberuli. Folia ovato-oblonga, obtu- 
siuscula, 3-5-7 dentato, crenata, penninervia, 7-9 lineas louga, 4-6 li- 

neas lata, facie viridia, dorso glaucescentia , obsoleté ciliolata , in Pe- 
tiolum lineam longum attenuata. Flores corymbosi, corymbis hemi- 
sphæricis, 6-14 floris, umbelliformibus, axi generali brevissimo vix 
ultrà lineam longo. Pedicelli teretes, glabri, 6 lineas longi, ebracteati,basi 
suffulti 6-7 squamis scariosis, ovatis pilosiusculis, et 5-7 foliis bracteifor- 
mibus, spatulatis, integris, 5-6 lineas longis, glabris, margine ciliolatis. 
Calyxänfundibuliformis, 5 fidus, 2 lineas longus, glaberrimus, tubo 
obconico, decemnervi; segmentis ovato-deltoideis, extüs glabris, intüs 
pilosiusculis, primüm erecto-patentibus , demiüm reflexis , trinervüis , 
margine ciliolatis. Petala 5, segmentis calycinis longiora , lineam et 
dimidiam longa, ovato-rotunda, exunguiculata, nivea, palmivenia. S'ta- 
müna 20 ; filamentis simplici serie dispositis capillaribus, 2 172 lineas 
longis, petalis longioribus ; antheris cereis. Discimargo decemcrenatus, 
crenis emarginatis. Ovaria 5, lineam Ionga, pilosiuscula, attenuata in 
stylum ovario æqualem, teretem, glabrum, erectum, apice truncatum. 
Ovula 6, appensa, teretiuscula, longissima. Carpella 3-4 (uno allerove 
abortivo), rariüs 5, lineam et dimidiam longa, glabriuscula. 


e Media. 


Spir. chamædrifolia, & media, Pursh. FI. amer. sept. ed. 2. I, p. 342. 
—V'arietas pusilla Daouriæ, Pall. FI. Ross. I, p. 32. 


Hab. in Canadà (Pursh. 1. c.), in rupestribus Daou- 
rig ( Pall. 1. c.) (V.S.S.in herb. Lessert.) 
Differt a varietate à foliis minoribus, utrinquè subvil- 


losis; floribus minoribus. 
> Oblongifolra. 


Spir. oblongifolia, Waldst et Kitaib. PI. Hung. Ill, p. 261, tab. 235. 
—Willd. Enum. !, p.541.—Schult. OEsterr. EL. IL, p.63.—Poir. Dict. 
snppl. V, p. 222. Link. Enum. Ber. alt. IL, p. 40. 


Hab. in Hungarià ( Waldst. et Kitaib. 1. e.). (V. V.C. 
in hort. Paris. ) 
Folia basi attenuata , angustiora. Cætera omninè ut in 


‘ Varielale «. 


( 364 ) 

Oss. Cette espèce varie beaucoup par ses feuilles plus 
où moins grandes , incisées ou seulement crénelées, quel- 
quefois entières et pointues ; nous nous contentons d’in- 
diquer les trois principales variétés. La dernière (var. 
y) paraît se reproduire constamment par la culture. 
C’est au Spir. chamædrifolia que l’on doit, selon nous, 
rapporter le Spir. foliosa (Poir. Dict. VIL p. 353), 
variété cultivée en 1795 dans le jardin de M. Williams, 
qui ne diflère du Spir. chamædrifolia « que par les seg- 
mens de son calice plus grands et par l’axe général des 
corymbes plus allongé; caractères produits par la culture. 


11. SriRÆA cAnA, foliis ovatis, acutis, integerrimis, 
subdentatisque, villoso-canis ; corymbis terminalhibus 
pedunculatis. | 


Spir. cana. Waldst. et Kitaib. PI. Hung. I, p. 259, tab 227. Schult. 
Œsterr. EL. IT, p. 64. 


Hab. in præruptis et altis rupibus Croatiæ, propè la- 
eus Phitviczensem. Floret sub finem maïji. 


Radix Vignosa calamo raro crassior. Caules fruticosi erecti; cor- 
tice obscurè fusco. Folia alterna, brevissimè petiolata, ovata, acuta, 
integerrima, utrinquè, præsertim subtüs, pilis mollibus subsericeis 
densis canescentia, venis tenuibus reticulato-venosa. 'lores in co- 
rymbis fastigiatis, lateralibus, ramulos laterales terminantibus, pe- 
dunculatis : pedunculo tereti, villoso, unâ alterâve bracte villosa ins- 
tructo; pedicellis vix tres lineas longitudinem æquantibus, filiformibus, 
villosis , ebracteatis, exceptis infimis non rard bractei lineari donatis. 
Periantium  campanulatum, pubescens, quinquedentatum ; dentibus 
patentibus, obtusiuseulis , persistentibus. Corolla pentapetala, alba ; 
petalis emarginatis. S'tarmina calycem excedentia, tricenis plura : fila- 
mentis calyci insertis, tenuissimis, albis ; antheris subrotundis , fla- 
vescentibus. Pistilum calycem primüm æquans, demüm excedens : 
Germina 5, obliquè ovata, intüs line4 eminente instructa, subpubes- 
centia. Styli filiformes , patentes, glabri. Capsulæ oblongæ , sub- 
compressæ, subvillosæ, bivalves. 


In unico ramulo vegeliore vidimus folia quædam apice hine aut 


(265) 
utrinquè uno alterove dente acuto sub-serrata; in plantâ cultâ 


pluria talia occurrunt ut tamen longè plurima etiam per culturam ma- 
neant integerrima. (Descript. ex Walst et Kitaib. 1. c.) 


12. SPIRÆA CAPITATA , foliis cvatis, duplicato-dentatis, 
subtüs reticulatis, tomentosis ; corymbis terminalibus, 
congestis , subcapitatis, longissimé pedunculatis, calycibus 
tomentosis. Pursx. 


Nutt. Gen. Amer, p 307. — Pursh. FL Amer. Sept. ed. 2. 1, p. 
342. — Poir. Dict. Suppl. V. p. 222. 


Hab. in Americæ septentrionalis orà occidentali, et 
ad flumen Columbia. Floret junio. (Pursh. LI. c.) | 


13. SprrÆA FLExUOsA, foliis lanceolatis, glabris, ab apice 
admedium dentato-serratis, floribus corÿymbosis (tab. 26). 


S'pir. flexuosa. Fisch. in litt. — Spir. alpina, Mort. Paris. 


Patria ignota...... Floret aprili, carpella perficit 
junio. ( V. V. C. in hort. Paris. ) 


Frutex 4 pedalis, Rami glabri, angulosi, canaliculati, cortice griseo, 
rimis fatiscente ; novelli flexuosi, purpurascentes. folia 8-16 lineas 
longa, 4-5 lineas lata, ovato-lanceolata, acuminata, ab apice ad me- 
dium usquè dentato-serrata , glaberrima , penninervia, basi subtriner- 
via, facie viridia, dorso pallidiora , in petiolum attenuata; Petiolo li- 
ñeam longo , in ramum decurrente. Z/ores corymbosi, corymbis 
hemisphæricis, 12-15 Jineas longis, totidem latis, corymbum Spir. ul- 
mifoliæ referentibus. Pedicelli teretes, 4-6 lineas longi, glaberrimi, 
bractei, lineari-subulat4, apice pilosä, infra medium instrueti. Calyx 
iofandibuliformis, 5-fidus, glaberrimus, lineam et dimidiam longus; 
tubo-obconico decemnervi; segmentis ovato-deltoideis, reflexis, mar- 
gine ciliolatis et rubellis, extùs glabris, intüs pilosiusculis. Petala 5, 
segmentis calycinis longiora, 2 jineas longa, ovato-subrotunda, exun- 
guiculata, nivea, palmivenñia. $'tamina 40-46 ; filamenta absque dis- 
tinctis seriis disposita, petalis longiora, 2 172 lineas longa ; antheræ 
virgineæ albæ, effetæ fuscescentes. Disci margo decemcrenatus, crenis 
emarginatis. Ovaria 5, lineam longa, apice rubella, glabra, attenuata in 
stylum \ineam dimidiam longum, leretem, glabrum, latere interiore 
Secundèm longitudinem canaliculatum , apice truncaluin, Ovula 6, 


‘ 
( 366 ) 
appensa, teretiuscula, longissima. Carpella tot quot ovaria lineam et 
dimidiam longa , tres lineæ quadrantes lata, glabriuscula. 

Oss. Cette espèce’, probablement originaire de Sibé- 
rie, est’ connue dans les jardins de Paris sous le faux 
nom de Spir. alpina; elle a été envoyée au Jardin du 
Roi par M. Fischer sous celui de Spir. flexuosa qu'elle 
doit conserver, puisqu'il est bien évident qu’elle ne peut 
être confondue avec le Spir. alpina décrit et figuré dans 
la Flore de Russie de Pallas. 

14. Srmæ4 1anceoLara, folis glabris, ovato-lanceo- 
latis , inciso-serratis; floribus corymbosis, corymbis la- 
teralibus. (tab. 25.) 

Spir. lanceolata. Poir. Dict. VIE, p. 353. — Spir. cantoniensis. Lour. 
Flor. coch. ed. Wüälld., I, p.394. 

Hab. in insulà Mauritià ( Poir. 1. ce. ), in Sinà (Lour. 
1. c. )(V.S.S. in herb. Juss. et Thouin. ) 

Frutex ramis teretibus, glabris , cortice fusco ; novellis purpuras- 
centibus. Folia 12-18 lineas lata, ovato-lanceolata, penninervia, nervis 
subtùs prominentibus, glaberrima, ab apice usquè ad medium aut 
pauld infrà medium inciso-serrata, serraturis ‘oblusis, in petiolum 
attenuata ; Petiolo 2-3 lineas longo, glabro, semi-tereti, facie canali- 
culato. Ælores cerymbosi , corymbis pedunculatis. Pedicelli teretes, 
glabri, 5-6 lineas longi, bracted lineari-lanceolatâ, parvulà, suprà 
medium instructi. Culyx infundibuliformis, 5 fidus, lineam et dimi- 
diam longus, glaber; tubo obconico, decemnervi; segmentis ovatis, 
acutis, erectis, trinerviis. Petala 5, segmentis calycinis longiora, à li- 
neas longa, lineam et dimidiam lata, ovato-subrotunda, exunguiculata, 
palmivenia. Stamina 24-26; filamentis simplici serie disposilis, petalis 
brevioribus, lineam longis, capillaribus ; antheris cereis. Disci margo 
decempartitus, segmentis emarginatis. ovaria 5, lineam longa, glabra, 
attenuata in stylum pauld longiorem, teretem, glabrum, latere inte- 
riore secundüm longitudinem canaliculatum, apice truncatum. Ovula 
6, appensa, teretiuscula, longa. Fructus mihi ignotus. 

Ons. Cetteespèce, rapportée, par Commerson, de l'Ile- 
de-France, a de grands rapports avec le Spir flexuosa; 
elle s’en distingue cependant par ses feuilles plus larges, 


ee 


( 367 ) 
incisées et dentées en scie depuis leur sommet jusques 
aux trois quarts de leur longueur; par ses étamines 
moins longues , moins nombreuses, insérées sur un seul 
rang ; par son disque dont la partie libre est divisée en 
dix lobes distincts à leur base. 


15. SPrmæA uLmiroLrA, foliis glabris, oblongis, ovato- 
lanceolatis, margine suprà medium dentato-serratis, se- 
cundüm totam peripheriam, denticulatis, floribus corym- 
bosis. 


Spir. ulmifolia. Scop. FI. Carniol. 1, p. 349, tab. 22. — Willd. Sp. 
PI. IL, p. 1058. — Poir. Dict. VII, p. 351.— Pers. Synops. IL, p. 46. 
— Wild. Enum. 1, p. 541. — Schult. OEsterr. F1. II, p. 63. — Spir. 
chamædrifoliu. Host. Synops. PI. 278. 


ab. in Carniolià (Scop. 1. c.), in Hungarià (Schult. 
L. c.), in Forojulio, Carniàä. ( Host. L. c. ) 

Floret majo, carpella perficit julio. ( V. V. C. in hort. 
Paris. } 


Frutex 3 pedalis. Rami obsoletè tetragoni, glabri; cortice lævi, gri- 
seo, fuscescente, demüm sponte soluto aut rimis faliscente, floriferi 
villosiusculi. Folia in petiolum attenuata, penninervia, facie glabra 
viridia, dorso glaucescentia et juniora villosiuscula ; margine secun- 
düm totam peripheriam tenuissimé denticulata ; ramulorum florifero- 
rum superiora oblonga, ovato-lancevlata , non supputato petiolo 10 
lineas longa , 5-6 lineas lata, margine suprà medium inæqualiter den- 
tato-serrata ; petiolo Jlineam et dimidiam longo , semi-tereti , facie ca- 
naliculato, margine dorsoque villosiusculo ; ramulorum eorumdem in- 
feriora (ramorum veteri ligno inserta), multù minora, 5-6 lineas longa, 
3 lineas fata, ovoideo-elliptica, margine suprà medium serrulata (non 
dentato-serrata ), petiolo vix lineam longo, complanato, pariter villo- 
siusculo. Flores corymbosi, corymbo hemisphærico, 12-14 lineas longo, 
totidem lato ; pedicellis filiformibus, bractei parvulä , membranaceÀ, 
pilosiusculä, decidu nunc infrà nunc suprà medium instructis, inferio- 
ribus semiuncialibus, superioribus 2 172 - 3 lineas longis. Calyx infun- 
dibuliformis, 5 rariüs 6-7 fidus ; tubo obconico , glabro, obsoleté de- 

cem-nervi; segmentis ovato-deltoideis, uninerviis, dorso glabris, facie 
| villosis , margine fusco-ciliatis, primüm erectis adpressis, demüm re- 


( 368 ) 

flexis. Petalu 5. rariùs 6-7, segmentis calycinis duplo longiora, 1 172-a 
lineas longa, patentissima, subreflexa, subrotunda, obsoletè venosa, 
decidua. Stamina 46-49-54 ; filamentis absquè distinctis seriis disposi- 
is, erécto-patentibus, capillaribns, exterioribus petala superantibus, 
2-3 lineas longis, interioribus triente brevioribus, omnibus diutissiné 
persistentibus ; antheris minutis pallidissimé flavescentibus. Disci margo 
per totum ambitum crenatus. Ovaria 5, rarissimè 6, vix dimidiam li- 
neam longa, glabra, apice attenuata in stylum duplo loagiorem, ferè 
lineam longum, calycis et disci tubum superantem, rectum, erectum, 
teretem, secundüm totam feré longitudinem scabriusculum (quadrante 
inferiore lævi), primüm vividem, cilissimé exsiccatum et fuscescen- 
tem , apice trancatum. Ovulu 15-18, oblonga, teretiuscula, appensa, 
dupliei (propter ovula nonnulla ad lævam et dexteram dejecta , quasi 
quadruplici) serie inserta. Carpella. tot quot ovaria, lineam longa, di- 
midiam lineam lata, glabra. 


16. SpiræA seruzirouiA, foliis glaberrimis, ovato- 
lanceolatis, ab apice usquè ad medium inciso serratis ; flo- 
ribus corymbosis, corymbo terminali composito (tab. 25.) 


Spir. foliis ovato-crenatis, Gmel. F1, Sib. HI, p. 189, n. 48. — Sir. 
betulijolia, Pal. FI. Ross. [, p. 33, tab. XVI.—Nutt. Gen. Amer. L, p. 
307.—Pursh. FI. Amer. Sept. ed. 2.1, p. 342.—#pir. corymbosa, 
Schm. in Desv. Journ. Bot. IV, p. 269? — Spir. cratægifolia , Link 
Enum. Berol. alt. I, p. 40? 


Hab. circa locum Aajam flumen ultrà Lenam fluen- 
tem ( Pall. 1. e. ). in montibus Virginiæ. (Pursh. L. c.) 
Floret majo junioque. ( Pall. 1. ce. ) ( V. V. in hort 
reg. Paris. ) 


Fruter bipedalis. Rami glaberrimi, teretes, cortice füsco. Folia gla- 
berrima, penninervia ; raméa supériora 2-3 uncias Jlonga , 12-20 lineas 
läta , ovato-oblonga , ab apice usquè ad medium inciso-dentata, petiolon 
lineam longo, facie canaliculato ; inferiora veteri ligno iniserta chovata; 
elliptica , 5-7 linéas longa, 3-4 lineas lata, ab apice usquè ad medium 
serrata, ia petiolum attenuata, petiolo dimidiam lineam longo. f'/ores 
corymbosi, corymbis densis, terminalibus, multifloris, 3-4 uncias 
longis , ferè totidem latis. Pedicelli teretes, glabri, Hineam longi, un 
duabusve bracteis lineari-lanceolatis , ciliolatis, Hncæ quadrantem 
longis suprà medium instructi. Calyx infundibuliformis, 5-fidus, die 
midiam liieam longus, glaberrimus; tubo obconico, decemnervi; seg- 


» 


( 369 ) 


mentis ovatis, acutiusculis, trinerviüs, erectis. Petulu 5, segmentis 
calycinis triplo longiora , tres lineæ quadrantes longa, subrotunda, 
exunguiculata, alba, palmivenia. S'tamina 20 ; filamentis simplici serie 
dispositis, capillaribus , lineam et dimidiam longis; antheris roseis, 
Disci margo decem-partitus, segmentis indivisis, liberis , roseis. Ova- 
ria 3-4}, glaberrima, dimidiam lineam longa, viridia, attenuata in 
S'tylum duplo longiorem, erectum, rectum, roseum, apice truncatum. 
Opvula 5-7 , appensa, teretiuscula. Fructus mihi ignotus. 


Oss. Cette espèce a été confondue par la plupart des 
auteurs avec le Spir. ulmifolia dont elle est cependant 
bien distincte. Elle nous paraît être la même que le Spir. 
corymbosa, (Schm. in Desv. 1. c.), et que le Spir. cra- 
tægifolia ( Link. 1. c.). Nous ne donnons cependant 
notre opinion que comme un simple doute, qui pourrait 
être éclairei par ces naturalistes eux-mêmes. 


15. Spiræa Lævicara , foliis oblongo-lanceolatis vel 
patulatis , glaberrimis ; floribus racemosis. 


Spir. lœvigata. Linn. Mantiss. pl. 244. — Reich Syst. PI. II, 
p. 519. Gærtn. de Fruct. [, p. 338, tab. 69, fig. 5. — Poir. Dict. VIT, 
p. 349. — Pers. Synops. IL, p. 46. — Willd. Enum. I, p. 540. — 
Link Eûum. Ber. alt. IE, p. 39. — Spir. Altaïca. Pall. F1. Ross.I, 
p. 37, tab. XXIIL. 


Crescit in montium Altaicorum regione subnivali, 
præsertim circa fluv. /næ, Bjelaja et Zcgerik. (Pall. 
1. c. ) Floret aprili, carpella perficit augusto. (V. V.C. 


in hort. Paris.) 


Frutex bi-tripedalis. Rami teretes, glabri, cortice fusco ; novelli 
virides, angulosi. #olia superiora (ramis novellis inserta) remota, 
oblongo-lanceolata, mucronata aut spatulata, utrinquè glauca et gla- 
berrima, margine tenuiter ciliolata, 3-4 uncias Jlonga, 8-9 lineas lata, 
bas: in petiolum lineam latum attenuata , subdecurrentia ; inferiora 
( veteri ligno inserta) valdè approximata , quasi verticillata , undiqué 
glaberrima. Flores racemosi, racemis in ramorum apice umbellatim 
dispositis, terminalibus, glaberrimis, 1-3 uncias longis, pleramque 
simplicibus, rard tri-quadrifidis, suprà primum a basi trientem flori- 
feris, basi nudis ; singuli racemi axis angulosi. Pedicelli alterni , 1-3 li- 


1. 24 


637 ) 

neas longi, basi bracteâ oblongâ , apice obtus4, aut frequentiùs utrin- 
qué attenuatà, ipsius pedicelli basi adnatâ illoque longiorA instructi. 
Calyx campanulatus 5-6-9-fidus , lineam et dimidiam longus, glaber- 
rimus ; tubo extùs glaberrimo , intüs longè piloso; segmentis tubo bre- 
vioribus, ovato-deltoideis, ütrinquè glaberrimis , uninerviis, erectis. 
Petala 5-6-3, segmentis calycinis duplo longiora, lineam longa, obo- 
vata, primüm erecta , demüm subreflexa , in unguem attenuata, alba, 
obsoletè venosa. S'tamina 20; filamentis simplici serie dispositis, bre- 
vibus, dimidiam lineam jongis ; antheris basi insertis, tetragonis, 
apice emarginatis, lutescentibus, nonnullis impotentibus, utrinqué 
rimâ longitudinali dehiscentibus. Disci margo decempartitus , segmen- 
tis integris , obtusis. Ovaria 5-6-7, dimidiam lineam longa, lævia atte- 
puala in stylum , paulo breviorem, erectum, basi geniculatum, apice 
incrassatum , emarginatum. Ovula 6, appensa linearia, Jlongissima. 
Carpella tot quot ovaria. 


18. SPIRÆA MAGELLANICA, fruticosa , foliis petiolatis, 
lanceolatis, inæqualiter serratis, nervosis ; racemis ter- 


minalibus, subsimplicibus. 

Spir. Magellunica. Poir. Dict. VIL, p. 350. 

Arbrisseau dont les tiges sont divisées en rameaux grêles, d’un 
brun cendré, trés-glabres, garnis de feuilles éparses, pétiolées, lan- 
céolées, presque elliptiques, inégalement dentées, presque lobées à 
leur contour, cbtuses à leur sommet, un peu rétrécies à leur base, 
glabres à leurs deux faces, vertes en dessus, plus pâles, un peu blanchä. 
tres en dessous, longues d’environ un pouce et demi, sur un demi-pouce 
de large, marquées en dessous de nervures alternes, qui se dirigent 
vers leur sommet , les pétioles courts, filiformes. , 

Les fleurs terminent les jeunes rameaux , et sont disposées en une 
grappe presque simple, courte. Les pédoncules sont longs , glabres, 


capillaires ; le calice glabre , à cinq découpures courtes , aiguës; la co- 


rolle assez grande , blanche ; les pétales un peu arrondis. 
Cette plante a été recueillie par Commerson au détroit de Magel- 
jan. (Descript. ex Porn. 1. c.) 
19. Sriræa sazrcrrouA, foliis lanceolatis vel oblongis, 


glabris, margine per totum ambitum serratis ; floribus 


paniculatis. 
æ Carnea. 
Syir. Salicis folio. Amm. Stirp. Rar. Ruth. p. 188, n° 265. 
Spir. foliis lanceolatis, obtusis, serratis, nudis ; floribus duplicata 
racemosis. Gmel. F1. Sib. JT, p. 188, n° 47, tab. 30. 


. 


(33:) 

Spir. S'alicis Jfolio. Tournef. Instit, 618. 

Spir. salicifolia. Linn. Sp. pl. 4, P- 489. — Reich. Syst. pl. II, 
p. 520.4Pall. Fl: Ross. I, p. 36, tab. XXI. Mœnch. Meth. GG. — 
Willd. Sp. PL. IL, p. 1055. — Smith. F1. Brit. Mésp..535. —_ Pbhir. 
Dict. VII, p. 349. — Pers. Synopsis. Il, p. 46. Wäilld. — Enum. I, 
P: 540. — Schult. OFst. F1. II, p.62, —D C. F1. Fr. IV, P. 477. 

Hab. in Sibirià (Gmel. 1. c. )ad O5 fluvium, circa 
Jeniseam et in Transbaïkalensi regione (Pall. 1, chain 
montibus Arverniæ ( DC. I. c.), in Britanni4 (Smith. 
1. c.), in Carniolià, Styrià, ad flum. /» 


Knittelfeld. { Schult. L. c. je 


Floret junio, carpella perficit augusto, ( V. V. C. in 
hort. Paris. ) 


gering propè 


Frutex 4-pedalis. Rami obsoleté an 


gulosi, flavescentes , glabri. Fofia 
lanceolata, serrata, petiolat 


a, 8-12 lineas longa , 6-8 lineas lata ; Penni- 
-nervia, margine ciliolata, facie viridia ; dorso pallidio: 


ra. Petiolus semi- 
teres, facie canaliculatus , linezm longus. Z'lores panicalati ; paniculis 


ovato-oblongis, apice racemosis , rachibus teretiusculis, pubescen- 
tibus. Pedicelli teretes, pilosiusculi, 3 lineas longi, 
bracteis pilosis instructi, alter4 basilari , line 


terâ brevissimâ suprà medium afix4, Calyx infundibüliformis, 5- 
fidus, glaber, viridis, lineam et dimidiam longus ; tubo obconico 
decemnervi ; segmentis ovatis ; 

ciliolatis. Petala 5, latè ovata, s 
Jineam et dimidiam longa 


sæpè duabus 
ari 2 lineas long4 , al- 


acutiusculis, trinerviis » Margine 
egmentis calycinis duplo longiora , 
» eXunguiculata, carnea, palmivenia. 4$! 
nina 38-/2 ; filamenta duplici serie disposita, capillaria ; rosea, exte- 
riora petalis multo longiora, 3 lineas longa 


> luteriora petalis paulù 
breviora tres lineæ quadrantes longa; antheræ primèd roseæ, demüm 


fuscescentes. Disci margo decemlobatus, lobis basi connatis emargi- 
natis, primd purpureus, demüm fuscescens. 
drantes longa, glaberrima 
lycis tubum superantem, 


La- 


Ovaria tres lineæ qua- 
, Attenuata in stylum ovario æqualem, ca- 


teretem, latere interiose secundüm lon- 
- . . » . 
gitudinem canaliculatum , apice truncatum.  Ovula 


retiuscula, longa. Carpella tot quot ovaria 
longa , dimidiam lineam lata. 


6-8 appensa, te- 
; glabra, lineam et dimidiam 
B Alpestris. 


Spir. Salicis folio breviore, latiusculo, crenato, floribus rubris. Amm. 


Stirp. Rar. Ruth. p. 188. n° 266, tab. XX VIII. 
24" 


(372) 
Spir. salicifolia var. &. Alpestris. Pal. F1. Ross. 1 p. 36. tab. XXII. 
— Wild. Sp. PI. IE, p. 1055. — Poir. Dict. VII, p. 349. 
Hab. in Sibirià ( Pall. 1. e. ). Floret junio ( Pall. I. c.). 
Frutex pusillus, ramosus; folia breviora quam in var. «; 
racemis brevissimis. ( Pall. 1. c. ). 


y Panicula. 


Spir alba. Du Roi Harbk. II. p. 430.— Ehrh. Beitr. 
VIL p. 137. 

Spir. salicifolia var y paniculata. Wild. Sp. PI. II. 
p. 1025. — Mich. F1. Bor. Amer. L. p. 293. — Poir. 
Dict. VIT p. 349. — Aït. Kew IT. p. 198. Pursh.. F1. 
Amer. Sept. ed. 24. p. 341. 

Hab. in Americà septentrionali à sinu Hudsonis ad 
Pensylvaniam, in montibus Carolinæ ( Mich. 1. c.), à 
Canadà usquè ad Carolinam (Pursh. |. c.). 

Floret majo junioque. ( V. V. C. in hort. Paris. ) 

Differt à var. «, cortice ramorum rubro, petalis albis, 


antheris cereis, disco fuscescente. 
d Latifolih. 


Spir. salicifolia var. d latifolia. Wild. Sp. PI. IL, p. 1056. — Mich. 
Fl. Bor. Amer. L. p. 293. — Poir. Dict. VII, p. 349. — Pursh. FI. 
Amer. Sept. 2 ed. 1. p. 341. 

Spir carpinifolia. Wild. Enum. 1. p. 540. — Link Enum. Berol. alt. 
IH. p. 39. 

Hab. cùm præcedente in America septentrionali 
(Pursh. 1. e. ) ( V. S. S. in herb. Lessert. ). 

Spir. foliis ovato-oblongis ; floribus paniculatis; petalis 
albis ; antheris cereis, disco fuscescente. 

Cette variété, qui au premier aspect paraît s'éloigner 
beaucoup des autres, ne mérite pas cependant, comme 
l'avait pensé Willdenow , de former une espèce distincte. 
Après un müûr examen nous n'avons Lrouvé aucun Carac- 


( 373 ) 
* Q À , , » 
tère qui püt nous permettre d'adopter l'opinion de cet 
auteur; on ne doit donc la regarder, selon nous, que 
comme une variété remarquable. 


! 20. SPiRÆA TOMENTOSA, foliis tomentosis , ovato-lan- 
ceolatis, serratis ; floribus paniculatis. 


Spir. tomentosu. Linn. Sp. PI. I, p. 489. — Reich. Syst. PI. IT, p. 
520. — Mœnch Meth. 662. — Willd. Sp. PI. I1, p. 1056. — Mich. Fi. 
Bor. Amer. 1 p. 293. — Poir. Dict. VIE, p. 350. —Pers. Synops. IL p. 
46. — Nutt. Gen. Amer. 1. p. 307. — Willd. Enum. 1 p. 540. —Pursh, 
F1. Aw. Sept. I. p. 341. —Elijah Mead in Med. Reposit. VI, p. 256-272 
cm icone. — Link Enum. Berol. alt. El. p. 39. 


ÆHab. in Canadà et occidentalibus montosis Americæ 
septentrionalis (Mich. — Pursh. 1. c.) 

Floret junio, carpella perficit augusto. (V. V. C. in 
hort. Paris.) 


Trutex 3-4 pedalis. Rami teretes, tomentosi, cortice fusco. Fou 
penninervia, ovato-lanceolata, 12-20 lineas longa, 6-12 lineas lata, ab 
apice propè ad basin usquè inæqualiter serrata, facie glabriuseula, 
( nervis attamen basi obsoletè tomentosis ), viridia, dorso albida, to- 
mentosa, nervis prominentibus; petiolus semiteres, 3 lineas longus, 
utrinquè tomentosus. Flores paniculati, paniculâ terminal, 3 uncias 
longä, unciam et dimidiam latâ. Pedicelli brevissimi. dimidiam lineam 
longi, tomentosi, bracteâ lineari tomentosi, tres lineæ quadrantes 
long circa medium instructi. Calyx infundibuliformis, 5 fidus, tomen- 
tosus ; tuho obconico, dimidiam lineam longo ; sgmentis ovatis, acutis 
dimidiam lineam longis, trinerviis, utrinquè tomentosis, primüm 
erectis, demüm reflexis. Petala 5, segmentis calycinis paulo longiora ,_ 
ob$oletè venosa, exunguiculata, lalè ovata, rosea. S'tamina 20 ; fiia- 
mentis simplici serie dispositis, capillaribus, roseis, petala æquantibus, 
lincam longis ; antheris roseis. Disci margo viginti crenatus, albidus. 
Ovaria 5-6 tomentosa, dimidiam lineam longa, attenuata in s{ylum 
ovario æqualem, glabrum , teretem, latere interiore secundüm longitu- 
dinem canaliculatum, roseum, apice truncatum. Ovula8, appensa , 
teretiuscula, longa. Carpella tot quot ovaria , tomentosa, lineam longa, 
dimidiam lineam lata. 


21. SriRÆA cauLosA, folis lanceolatis acutis , ser- 


rats, subvillosis; paniculà decomposità , subfastigiatà 


( 374 ) 
Spir. Japonica. Linn. Fil. Supp. 262. — Spir. callosa Thunb. Ft. 


Jap. 209. — Wild. Sp. pl. IL. p. 1056. — Poir. Dict. VIL. p.351. — 
Pers. Synops. IL. p. 46. 


Crescit in insu!à Nipon. — Floret junio. 


Caulis fruticosus , ramosus. Rami et ramuli alterni, subteretes , vil- 
losi, ATOS APRES erecli. Folia petiolata, alterna, elliptica , acuta, 
inæqualiter serrata , serraturis remotis et ee inferiora wilèca 
imprimis nervis, suprà viridia , subtüs glauca, nervosa, erecta sesqui- 
pollicaria. Petioli lineam longi, semi-teretes, basi extüs callo utrinqué 
glabro, rubente. Flores terminales, paniculati, rubri. Panieula suprà de- 
composita, subfastigiata. Pedunculi et pedicelli villosi, Diflert a Sir. 
tomentosa : foliis villosis nec tomentosis. (Descript. ex Tauxn., L e.) 


22, SPIRÆA CÆRULESCENS, frutescens, foliis subsessili- 


bus, lanceolato-oblongis , integris, subcærulescentibus ; 
paniculis axillaribus, ramosis. 


Spir. cærulescens. Poir. Dict. VIL, p. 350. 

Ses rameaux sont grêles, ligneux, élancés, glabres, un peu anguleux, 
garnis de feuilles presque sessiles; les nes opposées, d’autres alternes, 
étroites, lancéolées, longues au moins de trois pouces, sur six lignes de 
large, aiguës à leurs deux extrémités, entières à leurs bords, vertes en 
dessus, un peu blanchâtres en dessous; passant par la dessiccation à 
une couleur bleue assez vive, surtout à leur face supérieure; traversées 
par une nervure saillante, et par d’autres latérales à peine sensibles. 
Les fleurs sont disposées dans l’aisselle des feuilles supérieures en pa- 


x 


nicules courtes à cime touffue ; les ramifications munies à leur base 


d’une petite bractée linéaire entière ; les calices glabres, à cinq décou- 


pures courtes, presqu’obtuses; la corolle blanche, un peu plus longue 
que le calice; les pétales obtus; les étamines plus courtes que la co- 
rolle. Je ne connais pas le fruit. Cette Plante a été recueillie dans les 
Indes par Sonnerat. (Descript. ex Pon., 1. c.) 

23. SPIRÆA piscoLor, foliis ovatis, lobatis, dentatis, sub- 
plicatis, subtüs niveo-tomentosis, paniculis terminalibus 
peduneulatis, ramosissimis — ( Pursh. 1. c. ) 

Spir. discolor. Nutt. Gen. Amer. 1, p. 307. — Pursh. KI. Amer. 
Sept. ed. 2. 1, p. 342. — Poir. Dict. suppl. V, p. 222. 

Hab. ad ripas fluminis Kooskoosky. (Pursh. I. c.) 

Floret junio julioque ( Pursh. I. c.) 


(375) À 
AE 2 


Frutex. Folia pinnatifida, stipulata. Discus totus cùm 
tubo calycino concretus. Ovarra 5 coalita. 


24. Srmxa sorsiroLrA , foliis impari-pinnatifidis, fo- 
hiolis oppositis , sessilibus , ovato-lanceolatis , duplicato- 
serratis ; floribus paniculatis, thyrsoideis. 


ax Vuilgaris. 


Spir. Sorbi folio. Amm. Stirp. Rar. Ruth. 186, n° 264. 

Spir. foliis pinnatis , foliolis uniformibus serralis, caule fruticoso , flori- 
bus paniculatis. Gmel. F1. Sib. IL, p.190, n° 51, tab. go. Spir. pin- 
nata Mœnch Meth. 662. — Spir. sorbifolia. Linn. Sp. PI. I, p. 490. — 
Reich. Syst. PLIL, p. 522. — Pall. FI. Ross. Ï, p.38, tab. XXIV. 
— Willd. Sp. PI. II, p. 1060. — Poir. Dict. VIL, p. 355. — Pers. 
Synops. 11, p. 46. — Nutt. Gen. Amer. 1, p. 307. — Pursh. FI. Amer. 
Sept. ed. 2, I, p. 342.— Link Enum. Berol. alt. IE, p. 40. 


Hab. ad orientem jugi Ferchoturiensis, in ripis Turæ 
aliorumque fluentorum inter montes versus Sibiriam 
descendentium , in Dauriæ vallibus, in totà Sibirià orien- 
tali, in Kamichatkà ( Pall. 1. c. ), in Americà septen- 
trionali (Pursh. L. c.) 

Floret junio, carpella perficit augusto (V. V. C. in 
hortis Paris. ) 


Frutex 3-4 pedalis. Rami teretes, virides, villosiusculi, pilis stella- 
tis; superiores herbacei, annui. F’olia caulina impari-pinvatifida, fo- 
holis 7-19, oppositis, sessilibus, ovato-lanceolatis, acuminatis, dupli- 
cato-serratis, 1-2 uncias longis, 5-8 lineas latis , utrinquè glaberrimis, 
peuninerviis, ad nervos transversales subtüs elevatis, suprà carinatim 
impressi; Petiolo communi semitereti, facie canaliculato, basi in- 
crassato, 5-o uncias Jongo; Æolia basi ramorum floriferorum inserta 
sessilia, ovato-lanceolata, integra, vel duo-trilobata, acuminata , 
serrata , margine pilosiuscula, pilis stellatis. S'éipuleæ petiolares, gemi- 
næ , laterales, erectæ, in petiolum attenuatæ , lanceolatæ, acuminatæ, 
serratæ, 5-6 lineas longæ. #lores paniculati, paniculis multifloris , 
thyrsoideis. Ped'celli teretes , glabri , 2 lineas longi, unâ alterâve brac- 


(376) 


teolâ circa medium instructi, et prætereà basi suffulti folio rudimen- 
tali lincari-lanceolato, stipulis duabus aucto ; bracteolis, folio rudi- 
mentali, et stipulis margine stellato-ciliclatis. Calyx infundibulifor- 
mis, 5 fidus, lineam et dimidiam longus, viridis, glaberrimus ; tubo 
obconico , enervi; segmentis ovatis, obtusis, tres lineæ quadrantes lon- 
gis, margine hinc indè ciliolatis, primüm erectis, demüm reflexis. 
Petala 5, segmentis calycinis longiora, quinque lineæ quadrantes longa, 
patentissima , reflexa, elliptico-obovata, basi in unguem attenuata, 
nivea , obsoletè venosa. Sramina 34-40 ; filamentis duplici serie dispo- 
sitis, capillaribus , albis , petala superantibus , exterioribus, præsertim 
illis quæ cûm petalis alternant , 2 1/2 lineas longis, interioribus dimi- 
dio brevioribus ; antheris albidis. Discus totus cùm tubo calycino con- 
cretus. Ovaria 5, rarius 6, coalita (!), ( ergo ovarium unicum 5-6 
loculare), brevissimè stipitata , pubescentia , dimidiam lineam longa, 
apice attenuata in stylum pauld longiorem, calycis tubum superan- 
tem, teretem, glabrum, latere interiore secundüm longitudinem cana- 
liculatum, apice incrassalum et dilatatum. Ovula 8-9-10, appensa, 
teretiuscuia, longa. Carpella tot quot ovaria , libera , lineam longa, 
dimidiam lineam lata, puberula. 


B Alpina. 

Spir. sorbifolia var. & Alpina. Pall. FI. Ross. I, p. 38, tab. XXV. 
— Wild. Sp. PI. IL, p. 1060. — Poir. Dict. VIf, p. 355. — Pers. 
Synops. Il, p. 46. £ 

Hab. ad lacum Baical. Floret junio (Pall. 1. c.) 
( V.S.S. in herb. Lessert. ) 
Frutex humilis. (Pall. 1. c.) Differt à var. à : folis minoribus, inciso- 


serratis ; //oribus paniculatis, paniculâ laxâ , corymbosÀ ; petalis duplo 
majoribus ; pilis simplicibus. 


pa. 
Herba. Folia supra decomposita. Supulæ nulle. Discus 
apice liber crassissimus. Ovaria libera. 


25. SpirÆa Aruncus, foliis suprà decompositis ; flori- 
bus racemosis, racemis paniculatis. 


a Vulgaris. 


Barba Capræ. Yourn. Inst. 265. — Spir. folis supra decompositis, 


( 397 ) 


spicis paniculatis , floribus dioicis. Gmel. F1. Sib. LI, p. 192, n° 57. — 
Spir. Aruncus. Linn. Sp. PL. I, p. 490. — Scop. FI. Carn. I, p. 350. 
—Reich. Syst. PL. IT, p. 522.—Pall. FI. Ross. 1, p. 39, tab. XX VI. — 
Thunb. FI. Jap. 211. — Host. Synops. PI. 298. — Willd. Sp. PI. IE, 
p. 1060. — Mich. FI. Bor, Amer. I, p. 294. — Poir. Dict. VIL. p. 355. 
— Pers. Synops. LT, p. 46. —'Nutt. Gen. Amer. I, p. 307. — Marsch. 
FL. Taur. Cauc. 393.— Willd, Enum. I, p. 542. — Schult. OEsterr. F1. 
II, p.65. — DC. El. Fr. IV, p. 470. — Pursh. F1. Amer. Sept. ed. 2. 
X, p. 343.—Joann. et Car. Presl. F1. Cechica. 101.— Link Enum. Berol. 
alt. IL, p. 4o. Ë 


Hab. in sylvis montosis Pyrenxorum , Jurassi , Ar- 
verniæ , Vogesorum (DC. ]. c.), in Alpibus Sibi- 
riæ, in Daourià, in Kamtchatkà, in Caucaso ( Pall. 
L. c. }, in montibus Virginiæ, Carolinæ et Georgiæ (Mich. 
1. c.), in montibus Fakoniæ ( Thunb. 1. c.), in montanis 
Austriæ ( Host. |. c.). Floret junio, carpella perficit au- 
gusto (V. V. C. in Hort. Paris.) 


Herba 2-3 pedalis, perennis. Caulis diffusus , teres, glaberrimus , 
viridis. Folia suprà decomposita, pinnis pinnatifidis , 3-5 foliatis ; fo- 
liolis inferioribus et intermedüs petiolalatis, superioribus sessilibus , 
omnibus ovato-oblongis, acuminatis , basi inæqualiter subcordatis ser- 
ratisque, utrinquè glaberrimis, penninervis; foliola in foliis radicali- 
bus caulinis cæterùm similia at forma generali ovata, incisa , imd non- 
nunquäm basi hinc ad nervum medium usquè unilobata. Petiolus 
communis basi semi-teres , facie canaliculalus, propè insertionis punc- 
tum incrassätus. Stipulæ nullæ. Flres abortu dioici, racemosi; racemis 
alternis, multifloris, gracihibus, paniculatis , pubescentibus, paniculæ 
ramis aphyllis. Pedicelli teretes, brevissimi, vix dimidiam lineam 
Jongï, albi, apice bracte4 lineari-lanceolat4, viridi, persistente, li- 
neam longâ instructi. Calyx campanulatus , 5 fidus, albidus, glaber- 
rimus , obsoletè venosus ; tubo hemisphærico dimidiam lineam longo ; 
segmentis ovatis, acutiusculis, erectis, lineæ quadrantem longis. 
Petala 5, segmentis calycinis longiora , tres lineæ quadrantes longa, 
obovata, apice aut retusa aut emarginata, basi in unguem attenuata, 
albida , venä unicä longitudinali notata. Stamina 20, simplici serie in- 
serta ; filamenta in flore masculo petalis duplo longiora , lineam et di- 
midiam longa ; in fæmineo 173 lineam longa ; antheræ albidæ. Discus 
totum calycis tubum occupans, carnosus, crassus, viginti crenatus , 


(378 ) 


apice vix aut non exsertus, aded fugax ut in floribus siccis vix ejus 
rudimentum supersit , recens ovaria citissimè cingens, ovaria floris 
masculi ferè ad apicem usquè tegens. Ovaria 3 rariùs 4 glaberrima ; in 
flore masculo ovoidea , quadrantem lineæ longa, attenuata in stylum 
teretem , ovario æqualem ; in fæmineo oblouga, triquetro-teretiuscula, 
vix lineam longa, glaberrima, attenuata in sty lum quadruplo brevio- 
rem, citissimé exsiccatum et reflexum.Ovula'in flore masculo abortiva ; 
in fæmineo 5, appensa, teretiuscula, longa. Carpella in flore fæmineo 
tot quot ovaria, lineam et dimidiam longa ; dimidiam lineam lata, gla- 
berrima ; in masculo abortiva. 


B Americana. 


Spiræa Aruncus. Var. 8. Americana. Mich. Fi. Bor. Amer. 1, 
p- 294. — Poir. Dict. VII, p. 355. — Pers. je us IE, p. 46. — 
Pursh. F1. Am. Sept. ed. 2. I, p. 342. 


.. Habitat in montibus Pensylvaniæ et Georgiæ (Pursh). 
(V. S.S. in herb. Richard. ) 


Herba habitu caulique similis varietati 2. Folia utrinqué lucida. 
Flores hermaphroditi ; pedicelli 172 lineam longi, puberuli, basi ins- 
tructi bractei lineari-lanceolat4, persistente, lineam long. Calyz 
campanñulatus, 5 fidus, glaberrimus , tubo hemisphærico, dimidiam 
lineem longo ; segmentis erectis, ovatis, obtusis, dimidiam lineam 
longis. Discus incrassatus, totum calycis tubum occupans, crenatus. 
S'tamina 20 ; filamentis capillaribus, erectis, Hneam et dimidiam lon- 
gis; antheris minutis. Petala non vidi. Ovaria 2 rariûs 3, lineam longa, 
glabriuscula, oblonga, teretiuscula, attenuata in stylum quadruplo 
breviorem , apice truncatum. Ovula 5-6, appensa, teretiuscula, longa. 
Carpella non vidi. e 


Sectio II, — ULmarr4. 


Herbæ perennantes. Folia stipulata pinnatifida, pinnulæ aliæ 
magne, aliæe parvulæ intermixtæ. Flores cYMOST , CYMiS um- 
bellatis. Discus obsoletus. Stylus clavatus, retr oflexus , glaber. 
Opula 2 , circu mediam ovarii suturan: affixa, appensa, oblon- 
ga, teretiustula. Carpella ovario vix duplo majora, erecta (in 
solà Spir. Ulmaria contorta), rostrata, pericarpio chartaceo. 


26. Srimxa Fuipenouza, foliis pinnaufidis, foliolis 


( 379) 


majoribus lanceolatis, 7-9 lobatis, lobis serratis, ser- 
raturis rigidè ciliatis. 


« Vulgaris. 


Ænanthe Filipendule. Lobel Jean. tab. 891. — Filipendula vulgaris. 
Clus. Rar. PI. Hist. lib. VI, p. 211. Dodoens. Pempt. p. 56. — 
Magnol. Bot. Montp. 98. — Tournef. Inst. 293. — Mœnch. Meth. 
PL. 662. — Spir. folis pinnatis, foliolis uriformibus serratis, caule her- 
baceo, floribus cymosis. Gmel. FE Sib. HI, p. 191, n° 82.— Spir. Fili- 
pendula. Linn. Sp. PI I, p. 490. — Gouan. Hort. Monsp. 244. — 
Ejusd. F1. Monsp. 262. — Scop. FI. Carniol. 1, p. 350. — Reich, Syst. 
PI. II, p. 523. — Linn. Fil. Suppl. 262. — Pall. FI. Ross. I, p. 30. — 
Host. Synops. 278.— Willd, Sp. PI. I, p. 1061. — Gouan. Mat. Med. 
193. — Smith. F1. Brit. IL, p. 535. — Poir. Dict. VIL, p. 356. — Pers. 
Synops. IL, p. 46. — Willd. Enum. I, p. 542. Schult. Œsterr. FI. 
Il, p. 65. DC. FI. Fr. IV, p. 478. — Link Enum. Berol. alt. II, 
p: 40. 

[ab. in totæ Europæ sylvis pratisque umbrosis. 


Floret junio, carpella perficit augusto ( V. V.S.). Va- 
riat flore pleno. 


Radix fusiformis, fibras plures per intervalla coarctatas, seu moni- 
liformes , emittens ; fibrarum articuli subsphærici. Caulis herbaceus, 
bipedalis, teres, striatus, glaberrimus. Folia stipulata, glaberrima; ra- 
dicalia 7-9 uncias longa, foliolis numerosis , alternis aut rarissimè op- 
positis, sessilibus alterné minimis digitato 3-7 lobatis, alternè elon- 
gatis , lanceolatis, pinnatifidis, Ichis serratis, serraturis rigidé ciliatis ; 
caulina breviora. cæterüm radicalibus similia. Petiolus communis 
foliorum radicalium et caulinorum glaberrimus , triangularis, tribus 
faciebus canaliculatus. Stipulæ semiamplexicaules, semicirculares , 
petiolo adherentes, inciso-dentatæ. Flores cymosi, cymis umbellatis, 
terminalibus. Pedicelli teretes , glaberrimi , 2-4 lineas longi, plerum- 
que nudi, rarissimé bracteA lineari-lanceolatä , brevissimA, viridi, 
- suprà medium instructi. Cal;-x infundibuliformis, glaber, 5-6- fidus, 
2 lineas longus ; tubo obconico 10-12-14 nervi; segmentis ovatis, dorso 
rubellis, apice truncatis, integris vel emarginatis, primd erectis, de- 
mm reflexis. Petala 5-6-7, obavata, unguiculata , nivea, margine 
aliquandd rubella, segmentis calycinis duplo longiora, 2 172 lineas 
longa , palmivenia. Stamina 36-38-40 ; filamenta nervis tubi calycini 
suprà medium alia super alia seriatim inserta , petalis pauld breviora, 


( 380 ) 

2 lineas longa; antheræ cereæ. Discus nullus nisi costæ decem a 
calycis fauce ad ejus basin ductæ, costis 5 segmentis calycinis op- 
positis, 5 alternis. Ovaria 9-12 axi libera, per facies laterales 
conniventia, sæpè per paria vel ternatim coalita (ovaris tunc di- 
trigynis, trilocularibus) , pubescentia, dimidiam lineam longa, ob- 
longa, attenuata in stylum brevissimum , clavatum, reflexum, basi 
pubescentem, apice incrassatum, emarginatum. Carpella tot quot ova- 
ria, libera , erecta, apice rostrata, pubescentia. 


8 Minor. 


Filipendula minor. Magnol. Bot. Monsp. 98. Tournef. Inst. 293. — 
Spir. filipendula. Far. R minor. Gouan. FI. Monsp. 262. — Wilid. 
Sp. PL. IE, p. 1061.— Poir. Dict. VIL, p. 356. 

Habitat in locis aridis circa Monspelium. (V. V.S.) 

Differt à varietate &, cauli humiliori. 


7 Pubescens. 


Spir. pubescens. DC. F1. Fr. Suppl. 546. 

Habitat in Gallo-ProvinciA circa Fonchateau. ( Guibert.) 

Differt à varietate «, foliis pilosis (ex DC. I. c.) 

Oss. Cette plante qui, d’après la description de 
M. De Candolle, ne se distingue de la filipendule ordi- 
naire que par ses feuilles couvertes de poils courts et 
serrés, ne mérite pas de former une espèce distincte. 
Elle a été découverte dans les collines de la Provence 
occidentale, entre Tarascon et Fonchateau, par M. de 
Guibert-la-Bastide qui l’a cultivée de graines pendant 
deux ans, et ne l’a point vue perdre aucun de sescaractères. 


27. Sprmæ4 Urmaria, foliis pinnatifidis, pinnis majo- 
ribus duplicato-serratis, inferioribus ovatus, terminali 
profundè trilobo. 


« Denudata. 


Bardicapra et U Imaria vulgi. Lob. Icon. tab. 869. — Ulmariai Clus. 
Rar. PI. Hist. lib. VI, p. 198. — Tournef. Inst. 265. Aegina prati. 
Dodoens. Pempt. 59. — Ulmaria palustris. Mœnch. Meth. PI. 662. — 
Spir. foluis pinnatis impari majore lobato ; floribus cymosis. Gmel, FI. 


| 


(CL 38r ) 

Sib. p. 191, no 53.— Spir. Ulmaria. Linn. Sp. PI. I, p. 490. — Gouan. 
Hort. Monsp. 245. — Ejusd. F1. Monsp. 262. — Linn. Fil. Suppl. 262. 
— Reich. Syst. PL. II, 523. — Pall. FI. Ross. I, p. 40. — Host. Synops. 
258. — Willd. Sp. PI. IL, p. 1061. — Gouan. Mat. Med. 193. — 
Smith. Fl. Brit. IL, p. 536.— Poir. Dict. VII, p. 356.— Pers. Synops. 
LL, p. 47. — Marsch. F1. Taur. Cauc. 393. — Willd. Enum. I, p. 542. 
— Schult. OEsterr. FI. II, p. 65. DC. F1. Fr. IV, p. 478. — Link 
Enum. Berol. alt. If, p. 40. — Spir. denudata. Joann. et Carol. Presl. 
FI. Cechica, ro1, 


Hab. in totæ Europæ pratis humidis. 
Floret junio julioque; carpella perficit augusto 
(VE: S.). Variat flore pleno. 


Radix fusiformis, incrassata, fibrosa; fibris numerosis, elonga- 
tis. Caulis herbaceus, bi-tripedalis, erectus, angulatus, glaberri- 
mus. Folia alterna, stipulata, pinnatifida; pinnis majoribus 6-7, 
suboppositis, sessilibus, 12-18 lineas Longis, 8-12 lineas latis, penni- 
nerviis, ovatis, acutis, duplicato-serratis, subangulatis, utrinquè 
glabris, facie obscurè viridibus , dorso glaucis ; inferioribus indivisis , 
terminali profundi trilobo; minoribus numerosis interjectis. Peduncu- 
lus communis 5-5 uncias longus, semiteres , facie canaliculatus. #W4i- 
pulæ cordatæ, semiamplexicaules, acutæ, dentatæ. flores cymosi, 
cymâ composit4, cymis partialibus r 172-2 uncias latis. Calyx campa- 
pulatus , profundè quinquefidus , tres lineæ quadrantes longus ; tubo 
extùs pubescente, intùs glabro; segmentis tubo longioribus, dimidiam 
lineam longis, ovate lanceplalis, acutiusculis, dorso puberulis, facie : 
glabris, trinerviis, reflexis. Petala 5, subelliptica, abrupté in unguem 
gracilem attenuata, palmivenia, segmentis calycinis duplo longiora , 
lineam longa , alba. S'tamina »0, simplici serie disposita ; capillaribus 
petalis paulè longioribus, quinque lineæ quadrantes longis ; antheris 
cereis. Discus nullus nisi coslæ decem à calycis fauce ad ejus basin 
ductæ, costis b segmentis calycnis oppositis, 5 alternis. Ovaria 
5-9, subfalcata, glaberrima, axi libera , lateribus conviventia et 
aliquandd coalita, dimidiam lineam longa , apice ex latere interiore 
producta in stylum horizontaliter reflexum , ovario breviorem , ulava- 
tum ;apice valdè incrassatum, latere interiore canaliculatum, Ovula 2, 
appensa, ovoideo-oblonga. Carpella tot quot ovaria contorta , glabra, 
lineam longa , dimidiam lineam lata. 


8 Tomentosa. 


Spir. Ulmaria Joann. et Carol Presl. FI, Cech. 1or. 


( 382 ) 

Habitat in Europæ pratis humidis passim cûm præce- 
dente ( V. V. S.) | 

Differt à varietate «, folüs subtüs albido - tomentosis, 
floribus aliquandd roseis. 

Ors. Cette variété a ordinairement des fleurs blanches 
comme la précédente, et n’en diffère que par ses feuilles 
tomenteuses en dessous, caractère qui, comme nous avons 
eu occasion de l’observer, se perd par une foule de 
nuances dans le type ordinaire. M. Pres! dans sa Flore 
de Bohème nous apprend qu’elle a des fleurs roses ; il 
lui conserve le nom de Spir. Ulmaria , donnant à la va- 
riété qui a des feuilles glabres en dessous le nom de Spir. 
denudata. Les caractères par lesquels il propose de les 
distinguer nous paraissent de trop peu de valeur et mé- 
ritent à peine d’en faire deux variétés remarquables. 


28. SrimæA piciraATA, foliis pinnatifidis, pinnis majo- 
ribus incisis, duplicato-serratis, lobatis (lobis cuneatis), 
inferioribus, 3-5 lobis, terminali 5-8 lobo, omnibus sub- 
ts tomentosis. À 


Uimaria foliis profundè laciniatis ; Amm. Stirp. Rar. Rath., p. 74, 
n° 97.— Spir. folio imparti majore multifido. Gel. FI, Sib A, p.193, 
n° 56.—45 pir palmata Pall. FI. Ross. I, p. 40, tab. XXVIL.— Sir, digi- 
tata NWillid. Sp. PL. IT, 1062. — Poir. Dict. VIL, p. 358. — Pers. 
Synops. , p. 47: 

Hab. in Daouria, rarior ad Jeniseam ; in omni Sibirià 
orientali usque ad mare excurrit (Pall. 1. c, ) 

Floret julio (Pall. 1. c. ) (V.S. 8. in herb. Lessert: ) 


Herba. Rami pubescentes, canaliculati. Æolia stipulata, pinnati- 
fida, pinnis majoribus 5-7, oppositis, sessilibus, lobatis (lobis cunea- 
tis, acuminatis ), facie glabriusculis, dorso albido - tomentosis ; du- 
plicato serratis, pinminerviis, nervis subtüs prominentibus; inferiori- 
bus 3-5 lobis, 1-2 172 uncias longis , 8-16 lineas latis ; terminali pal- 
mato profundèé 5-8-lobo , tres nncias longo, quatuor uncias lato ; mi- 


(383 ) 


noribus raris , parvissimis, vix lineam longis interjectis. Petiolus com- 
munis 2-6 uncias longus, pubescens, canaliculatus. Stipulæ reniformes, 
semi-amplexicaules, subrotundæ, 6 lineas longæ , totidem latæ, mar- 
gine denticulatæ. Flores cymosi, radis 3-5, umbellatis. Pedicelli 
teretes, puberuli, 1-3 lineas longi, ebracteati. Ca/yx camparulatus, 
5-fidus, puberulus ; tubo obconico decemnervi, dimidiam lineam 
longo ; segmentis ovatis, obtusis, dimidiam lineam longis, lineæ qua- 
drantem latis, trinerviis, extüs puberulis, intüs glabris. Petala 5-6 
segmentis calycinis triplo longiora, lineam et dimidiam longa, lineam 
lata, ovata, in unguem gracilem attenuata, alba , palmivenia. Sta- 
mina 20 ; filamentis simplici serie dispositis ,. capillaribus, lineam et 
dimidiam longis ; antheris cercis. Discus nullus, nisi costæ decem à 
calycis fauce usquèé ad'ejus basim ductæ. Ovaria 5-9, pilosiuscula, 
subfalcata, axi libera, lateribus conniventia, tres quadrantes lineæ 
longa, apice ex latere interiore producta in stylum horizontaliter re- 
flexum, ovario breviorem , clavatum , puberulum , apice valdè incras- 
satum, latere interiore canaliculatum. Ovula 2, appensa, ovoideo- 
oblonga. Carpella tot quoi ovaria , erecta, apice rostrata , lineam et 
dimidiam longa , dimidiam lineam lata. 


29. SrIRÆA LOBATA, foliis pinnatifidis, pinnis majoribus 
incisis, duplicato-serratis, lobatis (lobis cuneatis), in- 
ferioribus trilobis, terminali 5-7 lobo, omnibus gla- 
berrimis. 

Spir. lobata. Jacq. Hort. Vindob. I, p. 38, tab. 88. — Mich. Flor. 
Bor. Amer. I, p. 294. — Poir. Dict. VII, p. 358. — Pers. Synops. 


U, p. 47. — Nuït. Gen. 1, p. 307. — Wild. Enum. 1, p. 542. — 
Pursh FI. Amer. sept, ed. 2, I, p. 343. — Link Enum. Berol. alt. 


11, p. 40. 

Hab. in pratis bumidis Virginiæ et Carolinæ septen- 
trionalis ( Mich..….. Pursh. 1. c. ) Floret julio, carpella 
perficit augusto. (V. V. C. in hort. Paris.) 


Caulis herbaceus , sesquipedalis, glaber, erectus, teretiusculus , Iæ- 
vis, viridis, apice rubellus. Folia stipulata, pinnatifida , pinnis majori- 
bus 5-7, oppositis, lobatis (lobis cuneatis), sessilibus, glaberrimis, inci- 
sis, duplicato-serralis, penvinerviis, nervis subtüs prominentibus; infe- 
rioribus trilobis, 1-3 uncias longis, 8-20 lineas lâtis, terminali profundi 
5-7 lobo, 3-4 uncias longo , 4-5 uncias lato; minoribus raris, parvissi- 
mis, vix lineam longis interjectis. Petiolus communis 2-3 uncias longus, 


(384) 


laberrimus , semi-teres, facie canaliculatus et rubellus. S'tipulæ reni- 
formes, semi-amplexicaules, subrotundæ, 8 lineas longæ, totidemlatæ, 
margine denticulatæ. #lores cymosi, radiis 8-10, umbellatis. Pedicelli 
teretes, glaberrimi, rubelli , 1-3 lineas longi, ebracteati. Calyx campa- 
nulatus, 5-fidus, glaber ; tubo obconico, dimidiam lineam longo, enervi; 
segmentis ovatis, obtusis, dimidiam lineam longis, enerviis. Petala5 , 
segmentis calycinis duplo longiora, lineam longa, rosea, rotunda obso- 
leté venosa. S'iamina 36-40, filamentis absquè distinctis seriis disposi- 
tis, capillaribus, petala æquantibus, lineam longis , antheris roseis. 
Discus nullus nisi costæ decem à calycis fauce ad ejus basin ductæ. 


Ovaria 12-14, glaberrima , subfalcata, axi libera, lateribus conniventia, 


dimidiam Hineam longa, apice attenuata in stylum horizontaïiter re- 
flexum, ovario breviorem, clavatum, apice valdé incrassatum , latere 
interiore canaliculatum. Ovula 2, appensa, ovoideo-oblonga. Carpella 
tot quot ovaria, erecta , apice rostrata, lineam longa, dimidiam lineam 
lata, glaberrima. 


Os. Cette espèce a les plus grands rapports avec le Spir.. 
digitata ; elle s’en distingue cependant par ses feuilles 
glabres en desssous, par ses fleurs roses, par ses éta- 
mines plus nombreuses, etc. 


30. SpIRÆA PALMATA, foliis palmatis, serratis; pani- 
culà suprà decomposità. 

Spir. palmata, Thunb., Fi. Jap. 212. — Willd. Sp. pl. II, p. 1062. 
Poir. Dict. VIE, p. 358. 

Habit. in insulà Nipou. Floret junio julioque (Thunb. 
lee 

Caulis herhaceus, erectus, striatus, totus glaber. Folia alterna, petio- 
lata, palmata, inciso-quinque-loba vel septem-loba, glabra, subtüs pal- 
lida, venoso-reticulata, palmaria. Lobi cblongi, acuminati, acutè et 
duplicato-serrati. Petiolus striatus, folio quadruplo brevior. Paricula 


suprà decomposita. Hanc floribus rubris tetragynam inveni ( Descript. 
ex Tauws., |. c.). 


Os. On voit, d’après la description de Thunberg, que 
cette espèce a les plus grands rapports avec le Spir. lo- 
bata. Les auteurs qui ont écrit depuis la publication de 
sa Flore du Japon nous paraissent n'avoir jamais connu 


(385) 


suivi leur exemple, en nous contentant d'appeler l’atten- 
{tion des botanistes sur la grande analogie qui existe en- 
[tre ces deux espèces. 


31. SPIRÆA cAmrscHaricA, herbacea, foliis simplici- 
{ter palmatis, petiolis appendiculatis , caule hirsuto, 


Wpir. foliis multifidis, angulatis, fructibus rectis, hispidis, petiolis ap- 
| pendiculatis. Gmel., El. Sib. IIL, p. 192, n. 55. — Spir. Camitschatuca , 
| Pal. F1. Ross. I, p. 41, tab. 28. — Willd. Sp. PI. II, p. 1062. — Poir. 
| Dict. VIE, p. 357. — Pers. Synops. II, p. 47. 

Tam in peninsulà CamtschaticA, quam Beringiü et reliquis versùs Ame 
ricam posilis insulis frequens planta, ex Americ verosimiliter trans- 
fuga, quippe quæ in omni Siberi4 nondüm apparuit. Provenit in pratis 
udis, in salicetis et ad fluenta et fontes, ad decempedalem altitudinem 
assurgens. Flores suaviorem vulgariU//maridodorem spirant. Floret junio, 


: 
| 
x 


sémina augusto maturant. Radix crassa, extùs nigra, parenchimate albo. 
Caules duo vel tres ex eâdem radice orgyales et ultrà, crassitie ad radi- 
cem digitali vel pollicari. Folia radicalia amplissima sæpé pedali latitu- 
dine et 8 pollices longa, subtüs piloso-exalbida, quinque-loba, lobis acu- 
üs, duplicato-serratis. Petioli propè foliam stipulis aliquot minutis no- 
tati ; cauliua folia similia, superiora triloba, summa subhastata vel lan- 
ceolata ; stipulis ad ortum peticlorum insignibus, lanceolatis vel semi- 
cordatis, dentatis. Caulis subtriquetro-teretiusculus, pilosus, profandé 
sulcatas. Cyma terminalis ramosa, sparsa, speciosissima. Ælores pauld 
majores U lnariæ, petalis 5, ovatis, albis. Calyx quinquefidus, pilosus ; 
laciniis reflexis. $'tamina vigenis pauciora, sæpè denario numero ; Ger- 
mina 4-ad 6, hirsutissima; Stylo subcapitato, staminibus breviore, 
Capsulæ siliculiformes , parallelæ, pilis hispidæ , griseæ, dispermæ, in- 
terdûm unicä tandem perfectà ( Descript. ex Pazr. |. c.). 


Sectio III. —Paysocarros. 


Frutex. Folia indivisa, stipulata. Discus tenuis cùm tubo ca- 
dycino tota concretus. Stylus erectus, filiformis , glaber. Ovula 
12-53, circa mediam suturam axilem ovarii affixa, ovoidea, pri- 
müm horizontalia, demüm altero appenso reliquis ascenden- 


1. 25 


( 386 ) 
tibus. Carpella inflata, ovario sextuplo majora , pericarp io 
flexili, membranaceo. 


23. Spmæa opuLiroLrA, foliis ovatis, trilobatis, stipu- 
latis, utrinquè glabris, palminerviüis; floribus corym- 
bosis. 


Spir. Opuli folio., Tournef. Inst. 618. — Spir. opulifolia, Linn., Sp. 
PI. E, p. 489. — Reich. Syst. PI. IE, p. 522. — Gaertn. de Fruct., I, p. 
337, tab. Go, fig. 5 (medioc.). — Mœnch. Meth. PI. 662. — Willd., Sp, 
PI. I, p. 1056. — Mich. FI. Bor. Amer. L, p. 293. — Poir. Dict. VI, 
p. 354. — Pers. Synops. IE, p. 46. — Nutt. Gener. Amer. I, p. 307.— 
Willd. Enum. I, p. 542. — Pursh, FI. Amer. septent., edit. sec. I, p. 
432. — Link, Enum. Berol. alt. IL, p 40. 1 


Hab. à Canadà ad Carolinam juxtà montes (Mich. I. e.) 
Floret maio, carpella perficit julio (V. V. C. in hort. 
Paris.) 


Lrutex 4-5 pedalis. Rami teretiuseuli, fuscescentes, glabri ; novelli an- 
gulosi, virides. Folia stipulata, ovata , nunc cordata, nunc basi integra 
aut attenuata, 2-172 uncias longa , totidem lata, triloba, lobis dentato= 
crenatis, utrinquè glabra, facie viridia, dorso pallidula, palminervia, 
nervo medio penninervio. Petiolus 5-6 lineas iongus, semi-teres, facie 
canaliculatus. Stipulæ peliolares, geminæ, laterales , fanceolatæ, mas 
gine denticulatæ, petiolo sextuplo breviores. Flores corymbosi, coryms 
bis hemisphæricis , pedunculatis ; pedicelli teretes , nunc glabri , nune: 
eximiè pubescentes, 7-12 lineas longi, basi bracteati, bracteâ lineari 
lanceolatA , integr , rarissimè incisÀ, ciliolatâ. Calyx infundibulifor- 
mis , 5-6 fidus, 2 lineas longus ; tubo obconico , glabro, decemnervi; 
segmentis ovatis, mucronatis, uninerviis, dorso glabris, facie villosis;| 
margine membranaceis, ciliatis, primüm erectis, adpressis , demüm 
reflexis. Petala 5 (in calyce 6 fido, 6), segmentis calycinis duplo 
longiora , 2 lineas longa, subrotunda, exunguiculata, nivea, obsoletè| 
venosa, S'tamina 4o-5o; filamentis duplici serie dispositis, capilla-M 
ribus 2 172 lineas longis, petala superantibus; antheris primüm rubellis, 
demüm violaceis. Discus : materia tenuis, aurantiaca, cùm tubo caly-| 
cino tota concreta. Ovaria 3-4, rariüs 5 , stipitata (stipitibus connatis! 
ovaria subæquantibus }), per facies interiores conniventia, obtusè tri-| 
quetra, lineam longa, glaberrima, line suturali duplici notata , citis-| 
simé in carpellorum formam excrescentia , apice attenuata in stylum) : 

| 


duplo longiorem, rectum, erectum , teretem, glabrum, apice trunea-) 


L2 


ll 


( 387 ) 
turm. Ovula 3, rariùs 3, circa punctum medium suturæ axilis affixa, 
ovoidea , primüm horizontalia, demüm altero appenso reliquis ascen- 
dentibas. Carpella infiata, ovario sextuplo majora, vesicaria ( peri- 
carpio membranaceo, purpureo ), bivalvia, fæta seminibus 2, rariüs 3. 
S'emina ovoidea , lævissima, albida. Raphe simplex , rectilinea. Cha- 
 laza non visa. {nitegumentum proprium , durum, fragile. Mem- 
brana interior (‘perispermum?}) crassiuscula. Radicula  teretins- 
cula , cotyledonibus quadruplo brevior. Cotyledones ellipticæ , planæ, 
apice rotundatæ. 


Sectio IV.— Gizrenra, 


Herbæ perennantes. Folia tripartita, stipulata. Flores panicu- 
. lati, paniculis laxis. Calyx urnæformis, quinquedentatus. Pe- 
» tala lanceolata, longissima, æstivatione convoluta. Filamenta 
brevissima. Discus nullus. Styl filiformes, erecti, glabri. Ovula 
2, infra mediam suturam axilem ovarit alternatim affixa, as- 
cendentia. Carpella calyce sub-inclusa, erecta, rostrata, pert- 
carpio chartaceo. 


33. SpiRÆA TRIFOLIATA , caule foliisque glabris, foiiis 
radicalibus pinnatis, superioribus tripartitis; stipulis 
parvulis, calyce basi attenuato, petalis glaberrimis. 


* Spir. trifoliata. Lino. Sp. PI. I. p. 409. — Reich. Syst. PI. II, 
“p. 524. — Willd. Sp. PI. IT, p. 1063. — Mich. FI. Bor. Amer. I, 
p. 294. — Poir. Dict. VIF, p. 359. — Pers. Synops. Il, p. 47.—Willd. 
Enum. 1, p. 542. — Pursh. F1. Amer. Sept. ed. 2.1 ,p. 343. — Link 
"Enum. Berol. alt. Il, p. 40. — Güillenia trifoliat&. Mœnch. Meth. 
Suppl. 286. — Nutt. Gen. Amer. I, p. 305. — Bart. Veget. Mat. Med. 
D: p-65, tab. 5. 


Hab. in umbrosis sylvis et montibus à Canadà usquè 
ad ripas fluminis Ohio ( Barton, 1. c. ) 
Floret junio, carpella maturat augusto ( V. V. C. in 


hort. Paris.) 


Radix fibrosa, fibris radiatim horizontaliter excurrentibus, longis- 
simis, teretibus, nonnullis torulosis, quasi moliniformibus. Caulis 
herbaceus, 2-3 pedalis, glaber. Rami terétes sub ramificationibus com- 
pressi, rubelli. Foa radicalia pinnata ; caulina tripartita , segmentis 


[41 


29 


( 388 ) 

ad basin usquè divisis , lanceolatis, acutis, serralis, 1 172-2 172 unciag 
longis, 6-8 lineas latis, glaberrimis, penninerviis, facie viridibus, 
dorso pallidis. Petiolus lineam longus, semiteres, facie canalicula- 
tus. Stipulæ petiolares, bipartitæ, latcrales, filiformes , margine den- 
ticulatæ, lineam longæ. Flores paniculati, paniculâ lax ; pedicelli te- 
retes , glaberrimi, 3-5 lineas longi, duabus bracteis lanceolatis, subu- 
latis , lineam longis, margine dentatis, rubellis, cirea medium instructi. 
Calyx urnæformis, 5-dentatus, glaberrimus ; tubo obconico, basi. 
aftenuato , decemnervi, 2 lineas longo ; dentibus erectis, fasciculatim 
conniventibus , ovato-lanceolatis, acutis, uninerviis , obsoleté triner- 
vis, tres lineæ quadrantes longis, margine glanduloso-ciliatis. Petala 
5, patentissima, 6 lineas longa , lineam lata, inæqualiter lineari , lan- 
ceolata, acuminata et subcontorta, basi in unguem attenuata, roseo 
ct albo mixta, quinquevenia , æstivatione convoluta. Siamina 20, 
duplici serie disposita , inferiora à superioribus remotiuscula ; filamen- 
ts subulatis, glabris, lineæ quadrantem longis. Æntheris introrsis, fla- 
vescentibus, Ovaria 5, calyce tecta , ejusdem fundo inserta , sessilia , 
sericeo-pubescentia , tres lincæ quadrantes longa , obtusé triquetra, 
apice attenuata in stylum lineam longum, erectum, rectum, teretem, 
glabrum apice truncatum. Ovula 2, infrà mediam suturam axilem 
ovaïii alternatim aflixa , ascendentià, obovoidea. Carpella 5, 2 172 li- 
neas longa , lineam lata, calyce subinclusa, lineari-subfalcata, glabra aut 
pilis raris inspersa, bivalvia, uno alterove gut tribus sæpè abortientibus. 
Semina 2, totum loculamentum occupantia, superius plerumquè abor- 
tivum , inferius obovoideum, pressione muluo hinc planum illinc con- 
vexum. Integumentum proprium suberosum. Aaphe simplex. Cha- 
laza mammæformis. Membrana interior { perispermum ?) tenuis, sub- 
cornea , embryonem crassum involvens. Radicula teres, gracilis , 
cotyledonibus elliptico-linearibus, hinc planis illinc convexiusculis 
triplo brevior. Plumula inconspicua. 


34. Srinæa sripuLaTA, caule pubescente ; foliis omni- 
bus tripartitis puberulis; stipulis magnis foliaceis, indivisis; 
calyce basi rotundato ; petalis margine ciliatis (tab. 28). 


Spir. stipulata. Muhlenberg. in Wild. Enum. 1, p. 542. —Poir. Dict. 
Sappl. V, p. 221.— Link. Enum. Berol. alt. Il, p. 40. — Gillenia 
stipulacea. Nutt. Gen. Amer. I, p. 307. — Bart. Veget. Mat. Med. I, 
p. 713 tab. 6. — Spir. trifoliata. Far. £. incisa. Pursh. FI. Amer. Sept. 
ed. 2. I, p. 343. 


Hab. à ripis fluminis Ohio usquè ad Louisianam (Bart. 


( 389 ) 
L c.). — Floret junio ( Bart. 1. €. } ( V. V.S. in herb. 
Ad. Brongniart. ) 


ÆRami teretes, pubescentes. Folia alterna , lripartita, lobis lanceola- 
tis, acutis, penninerviis, inciso-duplicato-serratis, 1 172-2 uncias 
longis , 5-6 lineas latis, puberulis, margine secundüm totum ambitum 
ciliolatis. Petiolus 2-3 lineas longus, puberuius. Stipulæ petiolares , 
foliaceæ, gemiuæ, ovatæ, basi inæquales, acuminatæ , 8 lineas longæ, 
5 lineas latæ, inciso-serratæ, puberulæ. Rami floriferi axillares, pauci- 
flori , folio longiores , in apicem caulis paniculam raram mentientes ; 
pedicellis ex minuti folii axill4 nascentibus, filiformibus, teretibus, 
puberulis, longiusculis, 6-12 lineas longis , sub apice bracteâ unA al- 
terdve filiformi ciliat4 deciduf instructis. Calyx urnæformis, 5 denta- 
tus , puberulus , tubo basi rotundato, quasi truncato, decemnervi, 
lineam et dimidiam longo, dentibus erectis, ovatis, acutis, uninerviis, 
dimidiam lineam longis, utrinqué glabris, margine lapuginoso-ciliatis. 
Petala 5, patentissima , 4-5 lineas longa , lineam lata, inæqualiter H- 
meari-lanceolata , acuminata et subcontorta, margine undulata, ciliata, 
basi in unguem attenuata, albida ?, obsoletè venosa. S'tumina 20, du- 
plici serie disposita, inferiora à superioribus remotiuscula, filamentis 
subulatis , glabris, lineæ quadrantem longis, antheris introrsis, flaves- 
centibus. Ovaria 5, calyce tecta, ejusdem fundo inserta, sessilia, 
pubescentia, dimidiam lineam longa, obtusè triquetra, apice attenuata 
in stylum tres lineæ quadrantes longum , evectum, rectum , teretem, 
glabrum, apice truncatum. Ovula a, infrà mediam 'suturam axilem 
ovari, alternatim aflixa, ascendentia, obovoidea. Fractus mihi ignotus. 


Sectio V. — Kerr. 


Frutex. Folia indivisa, stipulata. Flores solitarii, magni, (an 
flore pleno ) lutei. Calyx profunde 5-fidus, hypocrateriformis. 
Discus nullus? Styli erecti, contorti, filiformes, subulati, pilo- 
siusculi. Opulum unicum , circa medium ovarium suturæ axili 
affixzum , peritropum. Carpella contorta. ; 


35. SriRÆA JAPONICA, caule fruticoso ramoso ; foliis oÿa- 
to-lanceolatis, stipulatis, penninerviis, duplicato-serratis; 
floribus solitariis, magnis , (in flore pleno } luteis. 


Teito vulgo Jamma Buki. Kæmpf. Amæn. Fasc. V. p. 844.—Jamima 
Buki alter, flore capitato, Bellidis majusculo, luteo, pleno, sine stamini- 


( 390 ) 
bus. Ejusd. Amæn. Fasc. V, p. 845. — Rubus Japonicus, Linn. Mant. , 
245 — Reich. Syst. PI. IE, p. 535. — Corchorus Japonicus , Thunb. FI, 
Jap., 227. — Wild. Sp. PI. 1, p. 1218. — Poir, Dict. IL, p. 105. — 
Pers. Synops. IE, p. 67.— Andr. Bot. Repos, IX, t. 589.— Bot. Mag. 
tab. 1296. — Keria Japonica, DC. Transact. Linn. Soc. Lond. XII, 
p. 152. #pirœa Japonica. Desv. in Mem. Soc. Linn., Par. E, p. 25 


Hab. in Japonià circa Nangasaki et alibi (Thunb. 


L ©. ). Floret maio, junio, julioque ( V. V. C. flore 
pleno in hort. Paris.) 


Frutex 8-10 pedalis, ramosus. ami alterni, virgati, teretes, cortice 
lævi virescente. lolia petiolata, slipulata, obsoleté cordata, ovato-Jan- 
ceolata , acuminata; ramea superiora 3-4 uncias longa, 1 172-2 uncias 
lata , ramea inferiora pauld minora ; omnia duplicato-serrata, penni- 
nervia, nervis subtüs prominentibus, facie pilis raris inspersa, dorso pi- 
losiuscula, pilis simplicibus. Petiolus semi-teres , facie canaliculatus, 
3-5 lineas longus pilosiuseulus. Siipulæ axillares, geminæ, lineari-subu- 
latæ, pilosiusculæ. Flores terminales, sæpiüs solitarii, lutei, unciam et 
dimidiam lati ; peduneulo ævi. Calyx hypocrateriformis, profundé 5- 
fidus, ferè 5-partitus, glaberrimus, tubo brevissimo, patentissimo ; 
segmentis ovato - subrotundis, apice subtruncatis vel abruptè submu- 
cronatis, æstivatione imbricatis. Petala totum talycis tubum ab apicem 
ad ejus basin occupantia, numerosa , ovato-oblonga, unguiculata, au- 
rea , palmivenia ; exteriora 8-9 lineas longa, 4 lineas lata; interiora 
( filamenta petaloïdea ) multù breviora et angustiora. ÆFilamenta 
omnia in petalis mutata. Ovaria 5, rariùs pauciora, libera, unilo- 
cularia, fasciculatim approximata, in spiram torta, compressiuscula, ex 
basi angustè ovoidea, apice attenuata in stylum longé subulatum, in- 
fernè glabram, superné pilosiusculum , pilis longiusculis ( indè aflinitas 
cùm Rosé et Calycantho) , apice indivisum. Ovulum unicum, circa me- 
dium ovarium suturæ axili aflixum, peritropum, cordato-reniforme. 
Carpella contorta, abortiva. 


Plusieurs des espèces mentionnées ci-dessus n'exis- 
tent, comme je l’ai déjà dit, dans aucune collection de 
Paris. Parmi celles que j'avais désespéré de me pro= 
curer était le Spir. argentea, publié par Linné fils, dont 
la description a été évidemment copiée par tous les au=. 
teurs qui l'ont suivi. Cette plante a été rapportée d’Amé- 


| 


( 391 ) 

rique par MM. de Humboldt et Bonpland, et M. Kunth 
m'en a généreusement communiqué des fragmens. 
Après les avoir étudiés avec tout le soin possible, j'ai cru 
ne pouvoir mieux faire que de transcrire dans son en- 
tier la description que cet auteur én a donnée tout récem- 
ment. Elle à fourni à M. Kunth l’occasion d'analyser 
plusieurs espèces du même genre, de réconnaître les 
différences qu'elles offrent quant à la position dé leurs 
ovules , et de les signaler dans une note de son ouvrage. 
C’est avec une vive satisfaction que j'ai vu mes propres 
observations confirmées par celles d’un homme aussi 
habile , qui s'était occupé de ce sujet à mon insu, et 
dont le travail était publié depuis quelques jours seule- 
ment, lorsque je présentai mon Mémoire à la Société 
d'histoire naturelle. 


ExpeLicATION pes PLANCHES. 


PI. 15, fig. 1. Analyse de la fleur du Spiræa hyperi- 
cifolia. À, fleur entière ; B, coupe du calice; C, coupe 
d’un ovaire ; D, ovule. 

Fig. 2. Analyse de la fleur du Spiræa Aruncus. À, 
fleur mâle; B, fleur femelle ; C. calice et disque de Îa 
fleur femelle ; D, coupe d’un ovaire; E, fruit ; F, graine; 
G, embryon. | 

PI. 16, fig. 1. Analyse de la fleur du Spiræa Filipen- 
dula. À, fleur entière; B, fruit; C, un ovaire; D, sa 
coupe longitudinale; E, coupe d’un des carpelles ; F, 
graine ; G, embryon. 

Fig. 2. Analyse du fruit du Spiræa Ulmaria. À, 
ovaire dans le calice; B, fruit mür; C, un des ovaires ; 
D, sa coupe longitudinale ; E, graine ; F, embryon. 

Fig. 3. Analyse des ovaires du Spiræa sorbifolia. À, 


( 392 ) 
ovaires entiers ; B, les mêmes coupés longitudinalement; 
C, leur coupe transversale. 

PI. :7, fig. 1. Analyse de la fleur du Spiræa opuli- 
Jfolia. À, fleur entière; B, coupe du calice; C, coupe 
d’un ovaire; D, fruit; E, coupe d’un des carpelles ; F 
ovule , G, graine ; H, embryon. 

Fig. 2. Analyse de la fleur du Spiræa trifoliata. A 
fleur entière ; B, coupe du calice ; C, étamines : D, coupe 


d’un des ovaires ; E, fruit; F, SRE s ; G, graine; H 
embryon. 


) 


) 


: 


PI. 25. Spiræa lanceolata, Poiret. 

— 26. Spiræa flexuosa, Fischer. 
:— 27. Spirœa betulifolia, Pallas. 

— 28. Spiræa stipulata, Muhlenberg. 


\ 


Mémorre sur la géneration des ANIMAUX A BOURSE e£ 
le développement de leur fœtus. 


Par M. Georrroy DE Sr.-HiLaAIRE, 
Membre de l’Institut. 
(Extrait) 


L'imporrAnce de ce mémoire nous eût fait désirer que 
les limites de notre journal nous permissent de l’insérer 
en entier, et nous avons cherché, tout en l’ahrégeant , à 
reproduire à la fois les idées neuves de son savant au- 
teur et les principaux faits qui viennent appuyer ses con- 
clusions. 

Les femelles des Marsupiaux ont une bourse sous le 
ventre, au fond de laquelle est distinctement tout l'ap- 
pareil mammaire. Les petits y sont nourris. Linnœus 


( 395 ) 
les y voit reçus et entretenus comme dans une seconde 
matrice; mais on a été plus loin puisqu'on a ajouté qu'ils 
y prennent naissance. Ainsi cette bourse ne serait plus 
seulement dans ce système une représentation fidèle de 
la matrice, ce serait la matrice elle-même. 

Cet énoncé suflit déjà pour montrer combien il doit 
être diflicile de concilier les phénomènes habituels de la 
génération humaine et ceux que la génération de ces 
êtres plus intimement observés va sans doute nous offrir. 
Mais ce serait une philosophie peu sûre que celle qui re- 
pousserait, d’après les principes de l’analogie seulement, 
des faits aussi clairement constatés que ceux dont nous 
allons nous occuper. 

Et pour mettre plus de simplicité daus une discussion 
aussi délicate, partageons d’abord notre sujet et établis- 
- sons en quelque sorte des questions que nous résoudrons 
ensuite successivement au moyen des résultats obtenus 
par divers naturalistes. Il se peut en effet que la bourse 
soit la seule matrice des Didelphes ; Marcgrawe, Pison 
avaient pleinement adopté cette opinion, et Valentyn que 
ses fonctions ecclésiastiques avaient amené dans les 
Indes et qui ignorait l'existence des animaux à bourse en 
Amérique, décrit la poche des Flandres et semble aussi 
partager ce point de vue. De semblables idées se re- 
trouvent en Virginie mème parmi les médecins, et Be- 
verley nous assure que les jeunes Opossums existent 
dans le faux ventre sans jamais entrer dans le véritable, 
et qu’ils se développent aux tetines de leurs mères. Telle 
était en général l'opinion populaire dans tous les pays où 
de semblables animaux existent, tel est aussi le senti- 
ment que le plus grand nombre des voyageurs adopta sans 
trop d'examen. La curiosité des anatomistes fut piquée 


( 394 ) 

au dernier point, ils calculèrent d’après l'hypothèse que 
nous venons d'énoncer, se procurèrent des animaux à 
bourse et soumirent leurs organes générateurs à une dis- 
section attentive. Or il fallait nécessairement que les 
ovaires et le vagin fussent en communication avec la 
poche ventrale qu’on voulait considérer comme une ma- 
trice extérieure. Car il était indispensable, pour que le 
fœtus püt s'y procréer, que la matigre fournie par la fe- 
melle et venant de l'ovaire, que la liqueur émise par le 
mâle et lancée dans le vagin, pussent y arriver l’une et 
l’autre soit séparément, soit ensemble. 

Il n'existait aucun conduit propre à cet usage. La 
bourse et les organes intérieurs ne présentaient aucune 
espèce de communication. On crut alors pouvoir rejeter 
les opinions précédentes, et l’on considéra la circons- 
tance singulière qu'on avait annoncée comme facile- 
ment expliquée par une supposition fort naturelle. On 
crut que la naissance des animaux à bourse était très-pré- 
coce et que ces animaux compensaient par une sorte 
d’incubation extérieure le désavantage qui en résultait 
pour eux. Leur organisation était achevée au moment 
de la naissance , mais il leur manquait quelque chose en 
taille et en force seulement. 

En 1786 M. le comte d’Aboville publia des observa- 
tions qui ramenaient aux idées proscrites ct qui par cela 
même furent mal reçues des savans que l'inspection ana- 
tomique avait entièrement convaincus sur ce point. 
« Deux Opossums, mâle et femelle, allaient et venaient 
librement dans une maison que M. d’Aboville occupait 
aux États-Unis en 1783. Ces animaux, qu'il retirait le 
soir dans sa propre chambre , s’y accouplèrent. Dix jours 
après, le bord de Porifice de la poche fut trouvé un peu 


( 395 ) 

épaissi, cela parut de plus en plus sensible les jours sui- 
vans. Comme la poche s’agrandissait en même - temps, 
l'ouverture en devenait bien plus évasée. Le treizième 
jour la femelle ne quitte plus sa retraite que pour boire, 
manger et se vider. Le quatorzième elle ne sort point. 
M. d’Aboville se décide enfin à la saisir et à observer. 
La poche dont précédemment l'ouverture s'évasait était 
presque fermée : une sécrétion glaireuse humectait les 
poils du pourtour. Le quinzième jour un doigt est intro- 
duit dans la bourse, et un corps rond de la grosseur 
d'un pois y est au fond sensible au toucher. L’explora- 
tion en est faite difficilement à raison de l’impatience 
de cette mère douce et tranquille précédemment. Le 
seixième jour elle sort de la boîte un moment pour man- 
ger. Le dix-septième elle se laisse visiter : M. d’Aboville 
sent deux corps gros comme un pois et conformés. 
comme serait une figue dont la queue occuperait le cen- 
tre d’un segment de sphère ; il est toutefois un plus grand 
nombre de ces petits naissans. Le vingt-cinquième jour , 
ils sentent et remuent sous le doigt. Au quarantième, 
la bourse est assez entr'ouverte pour qu'on puisse les dis- 
tinguer ; ét au soixantième , quand la mère est couchée, 
on les voit suspendus aux tetines, les uns au dehors de la 
bourse et Îles autres au dedans. Quant au mamelon, il 
est après le sevrage long de deux lignes, mais il se des- 
sèche bientôt et il finit par tomber comme ferait un 
cordon ombilical. » | 

Roume de St.-Laurent avait déjà communiqué à Buf- 
fon que les mamelons des Didelphes femelles apparais- 
saient à un certain moment sous la forme de petites 
bosses claires dans lesquelles était l'embryon ébauché. 1 
avait sollicité le docteur Barton de s'occuper de ce sujet 


( 396 ) 
important, ce qui lui était facile puisqu'il habitait la. 
Virginie , et Reimarne de Hambourg ayant de son côté 
provoqué ses recherches, le docteur Barton répondit à 
ce double appel, et nous allons donner un précis de ses 
observations. x 

« Les Didelphes mettent bas, non des fœtus, mais 
des corps gélatineux , des ébauches informes , des em- 
bryons sans: yeux ni oreilles ; la bouche de ces em- 
bryons n’est point fendue. Nés de parens gros comme 
des Chats, ils pèsent, à leur première apparition , un 
grain, d’autres quelque chose de plus, et sept ensemble 
dix grains au total. Barton a détaché un de ces em- 
bryons pesant neuf grains, sans que cela eût donné lieu 
à une plaie, et d’abord à du sang répandu. Il contredit 
en ce point un fait avancé par Pennant et d’autres An- 
glais. Quinze jours de développement dans le nouveau 
domicile, expression imaginée par Barton pour donner la 
vraie valeur de la bourse; quinze jours de développe- 
ment suflisent pour amener les petits au volume d’une 
Souris. Ils ne quittent les mamelles qu’arrivés à la taille 
du Rat; puis ils les reprennent à volonté, étant alors 
nourris des deux manières, et par le lait de leur 
mère, et par ce qu'ils trouvent et peuvent déjà manger. 
Pour que cette ébauche naissante et vivante puisse four- 
nir aux actes de son développement, il faut, et il ar- 
rive que les organes de la digestion et de la respiration 
soient dans une harmonie parfaite; aussi les narines 
sont-elles, dès l’origine, largement ouvertes, et elles de- 
viennent par conséquent les premières voies que suit 
l'air qui se rend aux poumons. L'estomac d’un jeune, 
pesant quarante-un grains, était considérablement dis- 
tendu et dilaté par une matière blanche et laiteuse ; ce- 


( 397 ) 
Jui d'un plus jeune contenait au contraire un liquide 
transparent et sans couleur. 

» Les yeux se montrent ouverts après cinquante ou 
cinquante-deux jours d'existence dans la bourse; les te- 
tines sont alors quittées et reprises successivement ; le 
poids d’un petit est , après soixante jours, de 531 grains. 
Ce qui surprit beaucoup Barton et lui causa une grande 
joie fut de rencontrer une femelle qui suflisait à la fois 
à deux portées, l’une tirant &sa fin, et l’autre venant à 
commencer. Cette mère nourrissait sept petits déjà gros 
comme des Rats. Assez forts pour vivre d’alimens solides, 
ceux-ci recouraient encore aux tetines pour y puiser du 
lait; mais tout-à-coup la bourse se ferme, parce qu’elle 
était devenue le nouveau domicile de sept autres petits, 
du poids chacun d’un à deux grains. Cependant la pre- 
mière portée n’est point privée des soins de cette mère 
constamment affectionnée, attentive pour tous. Sa sur- 
veillance s'étend toujours sur sa famille déjà élevée. Elle 
lui continue son eri de rappel ; elle la rassemble sur son 
dos, et la dérobe au danger en l’emportant sur la cime 
des arbres. 

» De tous ces faits, et dans sa première lettre, Bar- 
ton conclut qu’on peut distinguer deux sortes de gesta- 
üon, l’une qu'il appelle utérine et qu'il estime être de 
vingt-deux à vingt-six jours, et l’autre la gestation mar- 
supiale, qui commence depuis l'entrée de l'embryon dans 
la bourse. Celle-ci serait la plus importante, physiologi- 
quement parlant; car la bourse, ajoute-t-il, est vraiment 
un second utérus et le plus important des deux. » 

Mais ce n'était point assez de ces résultats singuliers. 
Sir. Everard Home avait anciennement donné un mé- 


moire sur la génération des Kanguroos , et, entre autres 


(398 ) 
considérations curieuses, ce savant avait annoncé que les 


fœtus des animaux à bourse ne laissent apercevoir au- 
cune trace de cordon ombilical. Barton vérifie ce fait et 


le trouve exact. M. de Blainville revient sur ces résultats 


et il annonce que , malgré tous ses soins , il n’a pu ob- 
server dans ces fœtus ni veine ni artère ombilicales , 
ni ouraque, ni ligament suspenseur du foie, ni thymus. 
Les glandes surénales étaient d’une petitesse extrème. IL 
observe avec raison que d’on ne trouve donc chez eux 
presque aucune des dispositions propres au fœtus des au- 
tres mammifères, c'est-à-dire celles d'ou dépendent la 
circulation et la respiration. 

De ces faits divers on peut déjà conclure avec fonde- 
ment que la fécondation a lieu dans les organes généra- 
teurs internes, que les fœtus arrivent dans la poche ven- 
tale à un point de développement que nous préciserons 
plus bas, mais que nous pouvons déjà regarder comme 
tel qu'il est presque impossible d’apercevoir aucune 
trace d'organisation dans l’œuf. Enfin plus tard ces fœtus 
respirent par le poumon et se nourrissent au moyen de 
quelque procédé qui leur est propre puisqu'ils manquent 
de cordon,ombilical. 

Les observations de M. Geoffroy St.-Hilaire vont com- 
pléter maintenant la solution de ce singulier problème. 
11 écarte d’abord toute idée de génération gemmipare, et 
nous allons lui emprunter textuellement toutes ses con- 
sidérations à ce sujet. 

«Quant aux Marsupiaux, je ne puis voir en eux que des 
Ovulipares ; car ils ont encore moins que les mammife- 
res ordinaires l'organe susceptible d'élever l’ovule par 
des couches additionnelles à l’état et au volume d’un 
œuf, les portions fallopiennes de leurs oviductus étant 


( 399 ) 

très-courtes ( dans les Kanguroos ) ou presque nulles 
( dans les Didelphes ). Leurs ovules, qui ne sont point 
arrêtés par une matrice ramassée sur elle-mème et fermée 
par des cols , sont nécessairement rejetés dehors , au lieu 
d'entrer dans des travaux d’incubation à l’intérieur. 
Mais dans quel état et à quelle époque ? Rien ne peut 
sur ce point suppléer à l'observation, et il est prudent 
d'attendre que celle-ci soit donnée. Cependant l’ana- 
logie fait entrevoir une circonstance; ce ne saurait être 
le produit ovarien sans fécondation, car les femelles 
vierges le fournissent comme les femelles imprégnées ; la 
différence des unes aux autres, c’est que dans celles-ci 
ce produit est eflicace, et que dans celles-là il est des- 
tiné à être, après la saison d'amour, repris par la circu- 
lation. Les ovules qui s’écouleront ne sauraient être que 
des ovules fécondés, mais comme la fécondation ne leur 
donne , jusqu’à leur parfaite maturité, que des qualités 
de futur contingent, ce n’est point la fécondation en 
elle-même, mais les effets de la fécondation qui peuvent 
entraîner les ovules. On conçoit que, venant à grossir, 
leur accumulation dans les portions ( ad uterum ) de 
l’oviductus qui les contiennent, amène un entassement 
douloureux pour ces portions contenantes, et que l’a- 
nimal cherche à s’en débarrasser, nous pouvons dire à 
les pondre. Ainsi ce ne saurait être des ovules dans l’état 
de tranquillité et de maturité, tel que l'indique leur pré- 
sence dans l'ovaire , mais des ovules dans un commence- 
ment de développement. J'ignore ce qui en est, et je 
ne fais que donner une supposition ; ce serait l’ovule avec 
réseau vasculaire, l’ovule du troisième âge des produits 
génitaux. 


» L'ovule se greffe à ce moment sur l’un des points de 


( 400 ). 

la matrice chez les mammifères ordinaires ; il n’y aurait 
de différence à l'égard des Marsupiaux que dans le lieu; 
la bourse serait un organe supplémentaire , ur second 
utérus et le plus important des deux (Barton). Cette ges- 
tation utérine de quatorze jours, suivant d’Aboville, 
de vingt-deux à vingt-six jours, suivant Barton , se com- 
poserait du temps qu'emploient les ovules pour devenir 
réseau vasculaire, pour commencer cette première exis- 
tence dont les Méduses nous présentent une image, et, 
comme je l'ai dit plus haut, dont ces animaux, l’un des 
derniers chaînons de l’échelle animale, nous fournissent 
une réalisation permanente. Ainsi, l’on conçoit l’ex- 
pression de Blumenbach , appliquée à « des êtres appa- 
raissant dans la bourse, lesquels ne seraient que des 
avortons. » Ainsi s'expliquent, 1° l'observation de 
Roume, reproduite par d’Aboville , que ce sont d’abord 
des corps ronds, pisiformes ou en figue , des bosses clai- 
res, où l’on distingue à peine une faible ébauche d’em- 
bryon ; 2° cette autre observation de Barton, que ce 
sont des corps gélatineux, des ébauches informes. Dans 
l’hypothèse que c’étaient des fœtus nés, on disait, sans le 
comprendre, qu'ils s’attachaient aux mamelles; il est au 
contraire très-possible et très-naturel que des corps gé- 
latineux, que des ovules injectés se greffent aux mamel- 
les, qui sont les points de la bourse où les artères sont le 
plus développées. 

» Le corps gélatineux, déjà ouvragé par unt issu vascu- 
laire , cette sorte de Méduse, cet avorton pondu dans la 
bourse, forme le troisième état des produits génitaux. Je 
ne lui ai pas appliqué le mot de réseau placentaire, mais 
celui de réseau vasculaire, parce que je présume que ce 
réseau s'établit bien différemment et sans doute avec 


( 4or ) 


plus de simplicité. La respiration doit de bonne heure 
s’exécuter dans l'air libre, quand celle des réseaux pla- 
centaires puise l'air disséminé dans l’eau. Je me borne 
à ce simple énoncé pour ne pas anticiper sur les faits, 
espérant que cet aperçu y appellera l'œil des observa- 
teurs. 

» Ce réseau vasculaire établit l'embryon marsupial sous 
des conditions bien différentes de celle des embryons 
utérins ; car il s'applique à former, après les appareils 
circulatoires et intestinaux, les poumons , et en même 
temps les narines, qui sont alors une continuation des ca- 
naux aériens. Le développement de l'organe olfactif, et 
particulièrement de ses proprès tubercules dañs le cer- 
veau, s'ensuit nécessairement; mais , de plus, une au- 
tre conséquence qui en découle pareillement, c’est que: 
le développement anticipé de celui-ci nuit à la formation 
de l'organe de la vision, l’un des premiers à paraître , 
comme l’un des plus considérables systèmes du fœtus 
chez les Oiseaux. Barton dit en effet que les jeunes 
Opossums n'ouvrent les yeux que vers le cinquantième 
ou:le cinquante-deuxième jour de leur entrée dans la 
bourse , et M. Serres, auquel on doit de si belles recher- 
_ches sur l’encéphale des Animaux vertébrés, m’a com- 
muniqué une observation correspondante. Ila vu sur un 
fœtus .de Marmose les tubercules gommés . quadri-ju- 
meaux fort petits; ce qui est exactement le contraire dans 
les embryons utérins: Un autre fait non moins singulier 
qu'il a aussi remarqué, c’est l’occlusion ab-ovo des yeux 
par le derme. On sait que chez les fœtus utérins les yeux 
existent d'abord ouverts , et que les paupières arrivent 
ets’étendent dessus plus tard pour les défendre de Ja lu- 
mière lors de la naissance. Il semble que les yeux, avant 

ATE 26 


( 402 ) 
de devenir un organe de vision, soient consacrés à d’au- 
tres services , ou parce qu'ils recueillent certains fluides 
sécrétés, ou parce qu'ils établissent une communication 
de l'embryon avec son réseau vasculaire ambiant. Voyez, 
pour le développement de ces aperçus, la note de ma 
Philosophie anatomique, T. TI, p. 317. 

» Après l’état d'embryon arrive l’état fœtal. Le fœtus 
est tel, du moment que ses membres apparaissent, mais 
principalement dès que le poumon est formé, et que 
les narines se sont ouvertes et ont donné accès à l'air 
ambiant. 

» Quel est Je mode de nourriture de ces différens âges ? 
La tetine‘est-elle un cordon ombilical, se continuant 
par une liaison non interrompue chez l'embryon jusque 
dans l’œsophage ? 

» Bartontraite, avec détails, du développement de la te- 
une : elle croit en longueur et en diamètre, dans la 
même raison que croît l'embryon. Celui-ci y fait naître 
un appareil de vaisseaux nourriciers analogues à ceux 
dont se compose le placenta , mais adaptés dans ce nou- 
vel ordre de choses , non plus à une ouverture d’une 
courte durée, à l'ouverture ventrale , dite l’ombilic, mais 
à un orifice permanent , celui de la bouche elle-même, 
entrée plus naturelle peut-être pour la substance alimen- 
taire, que celle des fœtus , que nous sommes cependant 
et si journellement à portée d'observer. L’embryon 
forme son mamelon , a dit Barton ; les plus intimes rap- 
ports d’accroissement et de développement existent entre 
l’un et l’autre. Quand la bouche de l'embryon grandit, 
le mamelon grossit pareïllement ; et, avec le temps, on 
s'aperçoit que le mamelon n’est plus qu'en partie con- 
tenu dans la bouche; on en voit davantage en dehors M 


( 403 ) 
depuis son insertion à la glande mammaire jusqu'au bord 
extérieur des lèvres. 

» J'ai eu occasion d'étudier les rapports du mamelon 
avec la bouche, mais dans un jeune sujet libre de tous 
liens, et revenant teter dans la bourse. C’est un arrange- 
ment d’un accord si merveilleux qu’il faut croire qu’une 
adhérence des deux parties persistantes dans le premier 
âge en avait ainsi ordonné. Afin que les deux fonctions 
de la respiration et de la lactation puissent s’exécuter si- 
multanément, le larynx est terminé par un col évasé 
dont le pourtour se prononce en une sorte de petit bour- 
relet; tout cet ensemble est introduit dans les arrière- 
narines : ainsi le larynx est placé sur le voile du palais. 
De cette manière la respiration du jeune Didelphe se fait 
par les narines et Je larynx, lorsque la succion de la te- 
tine remplit de lait la bouche et le pharynx. Ce liquide 
glisse le long du larynx dont le collet forme un ressaut 
qui ménage de chaque côté une très-petite issue pour le 
trajet de la substance alimentaire. La lactation achevée, 
le larynx descend sous le voile du palais, les narines 
deviennent libres; la respiration et la manducation sont, 
comme partout ailleurs, des actes nécessairement suc- 
cessifs. 

» M. d’Aboville a dit du mamelon que, long de deux li- 
gnes , il se dessèche après le sévrage , et tombe comme le 
ferait un cordon ombilical. Il est beaucoup plus long 
quand il sert de pédicule pour suspendre le fœtus. C’est 
à ce moment qu'on peut le regarder comme un véritable 
cordon ombilical ; mais au bout de six semaines la rup- 
ture s’en opère; ses vaisseaux, qui se prolongeaient dans. 
le fœtus, s'arrêtent et se terminent dans la glande mam- 


maire. Leur rôle , à cette seconde époque , est de nour- 
26* 


( 404 ) 
rir abondamment cette glande, et d’en faire un organe 
puissant de lactation. Le pédicule de suspension , ainsi 
réduit à n'être que le vestige d’un riche appareil, prend 
à ce moment le caractère et la fonction d’une tetine. 

» Le sang quitte donc une habitude prise pour en con- 
tracter une autre; mais n'est-ce pas ce qui arrive chez 
toutes les mères des Mammifères ordinaires, quand elles 
mettent au jour leurs petits? Ces mêmes effets, chez 
les Marsupiaux, tiennent à de semblables causes. Après 
l’âge de la suspension aux mamelles , a dit Pennant, 
les jeunes Opossums subissent une seconde naissance. 
La proposition de Pennant est rigoureusement vraie, | 
si l’on admet que leur entrée dans la bourse leur doit 
être comptée comme une première naissance. Une pre- 
mière fois nés, quand ils ne jouissaient encore que de 
l'organisation des Méduses, ils naissent une seconde 
fois le jour que leurs yeux sont ouverts , que leur bouche 
est fendue latéralement, que le pédicule de suspension 
a été rompu, et qu'ils n’ont plus avec leur mère de 
rapports que comme lactivores. Un instant auparavant 
c'étaient encore des fœtus, les voilà rouveau-nés ou 
lactivores. 

» À ce moment ils rentrent dans les conditions com-" 
munes de tous les Mammifères. 

» Cependant jusqu’à quel point s’en sont-ils écartés ? 
Ils étaient déjà nés une première fois, organisés comme 


des Méduses; mais tous les Mammifères passent par 
cette existence intermédiaire ; la différence ici, c'est 
que les Marsupianx naissent Méduses dans le second 
utérus, {a bourse, et que les Mammifères ordinaires | 
naissent avec ce degré d'organisation dans le premier, la 


véritable matrice. » 


( 405 ) 


Les observations anatomiques de M. Geoffroy mon- 
trent par quel procédé simple et toutefois singulier le cor- 
don ombilical se trouve remplacé par un arrangement des 
vaisseaux de la bouche. Outre ce fait important son mé- 
moire en renferme de très-curieux qui sont destinés à je- 
ter quelque jour sur les anomalies de l’organisation des 
Marsupiaux adultes. Nous ne nous en occuperons point 
ici, notre seul but étant d'attirer l'attention sur les phé- 
nomènes que présente la génération chez ces animaux. 
Nous. savons d’ailleurs que M. Geoffroy rassemble des 
figures soignées pour un ouvrage particulier sur ce sujet, 
et nous espérons qu'il nous sera permis d'en faire usage 
pour faciliter à nos lecteurs l'intelligence de cette ques- 
tion d'anatomie qui ne laisse pas d'offrir quelque difficulté. 

Nous allons essayer maintenant de fixer avec précision 
l’époque du passage des ovules dans la bourse, et nous al- 
lons emprunter encore à M. Geoflroy quelques lignes 
qui renferment l'expression réelle de la difficulté d’une 
semblable appréciation. 

‘« On ne sait pas encore bien au juste quel est, aux 
premières journées de leur apparition aux mamelles, le 
degré de développement de ces ébauches informes 
(Barton), de ces bosses claires (Roume) que, par une 
anticipation fàcheuse sur la connaissance des faits , on 
déclare être des petits. Cette idée à acquérir est depuis 
long-temps l’objet de mes recherches ; mais au moment 
où j’essayai de détérminer à quelle époque du développe- 
ment des Mammifères ordinaires pouvaient correspondre, 
les formations apparaissant périodiquement dans la 
bourse des Marsupiaux , je m’aperçus d’une nouvelle 
lacune dans la science , ces degrés n’y paraissant pas me- 
.surés avec précision. » 


( 406 ) 

M. Geofroy s'est proposé de résoudre cette question, 
et il a nécessairement dù chercher dans les Oiseaux et 
les Reptiles des définitions propres à fixer les époques 
fœtales pour les appliquer aux Marsupiaux. Les recher- 
ches auxquelles nous nous sommes livrés , mon excel- 
lent ami, le docteur Prévost, et moi, permettent de 
prendre un point de comparaison plus rapproché. Je 
vais donc établir en peu de mots les résultats de nos expé- 
riences sur la génération des Mammifères, et j'espère 
que M. Geoffroy me saura gré d’une substitution qui n’al- 
tère en rien les conséquences auxquelles il avait été con- 
duit, mais qui les rend peut-être plus faciles à saisir. 

À l’époque où les femelles de Marmifères entrent en 
chaleur , tous les organes générateurs reçoivent un sur- 
croît dé sang, et l'ovaire participe à cette nouvelle con- 
dition organique. L'’accouplement ne tarde pas à se pro- 
duire, et son influence se manifeste par des phénomènes 
nouveaux d’une grande importance. Quelques-unes des 
vésicules de l'ovaire grossissent rapidement , et acquiè- 
rent en peu de jours un diamètre quatre ou cinq fois plus 
considérable que celui dont elles étaient douées aupara- 
vant. Du septième au neuvième jour après l’accouple- 
ment, dans le Chien, ces vésicules se déchirent successi- 
vement, et il en sort un ovule sphérique d’un diamètre 
comparativement très-petit, puisqu'il n’est que d'un mil- 
limètre , tandis que celui des vésicules était de six ou 
huit au moins. L’ovule est saisi par le pavillon , tra- 
verse la trompe, arrive dans les cornes où il est fécondé. 
Il grossit alors, et, dans l’espace de quatre à cinq jours, 
il atteint le diamètre d’un pois et ne tarde pas à changer 
de forme. Un des bouts de l'œuf s’allonge en pointe, 
et ce corps se présente exactement sous l'apparence 


( 407 ) 

d’une poire ou d’une figue. Il est membraneux,- fort 
transparent, rempli d’une liqueur claire, et lon peut 
aisément, à l’aide d’une loupe, y reconnaître le fœtus 
sous la forme d’une ligne allongée. Bientôt une nouvelle 
corne se manifeste à l'extrémité opposée de l’œuf. Celui- 
ci, qui jusqu'alors était resté libre, commence à con- 
tracter des adhérences avec les parois de la matrice, 
le cœur et les vaisseaux du fœtus apparaissent, et des 
communications vasculaires s’établissent entre la mère 
et lui. ; 

Comparons maintenant ces résultats avec ce que neus 
connaissons des Marsupiaux : le dix-septième jour après 
l’accouplement, M. le comte d'Aboville a vu dans la 
poche mammaire deux corps gros comme un pois, et 
conformés comme serait une figue dont la queue occupe- 
rait le centre d’un segment de sphère. Cette observa- 
tion curieuse fixe invariablement l’âge de ces ovules , et 
elle est d'autant plus précieuse que l’état pyriforme de 
l’ovule des Mammifères est tellement transitif, qu'il dure 
à peine un jour entier. 

La conclusion inévitable de ces faits nous oblige donc 
à admettre que les ovules, immédiatement après leur fé- 
condation dans les cornes , passent au travers du tube va- 
ginal pour se rendre à la bourse qui remplit à leur égard 
toutes les fonctions propres alors à la matrice, sauf celle 
qui dépend de l'influence fécondante. Ce genre de déve- 
loppement extra-utérin se présente quelquefois pour les 
autres Mammifères, et bien que ce soit toujours dans des 
circonstances accidentelles , on n’en est pas moins bien 
certain que le développement de l’œuf peut s’opérer sur 
toutes les surfaces muqueuses où il rencontre une ar- 
tère. Sous ce point de vue, on arrive donc à simplifier 


( 408 ) 

singulièrement les conditions convenables de l’évolution 
fœtale chez les Mammifères même où elle semble si com 
pliquée au premier abord. Un œuf fécondé et une artère ® 
capable de se prêter à son développement progressif, 
c'est à cela que se bornent les données du problème: On 
saura plus tard peut-être comment le sang artériel agit sur M 
l'œuf; mais, pour le moment, il serait bien curieux et 
important de prendre des œufs récemment fécondés dans n. 
les cornes d’une femelle , et au moment où ils n’ont pas 
encore perdu leur formé sphérique, et de les transpor- 
ter dans la cavité abdominale ou thoraëique d’un autre 
Animal où on les abandonnerait. Ils se développeraient 
très-probablement jusqu’à un certain terme, quand bien 
même on ne se servirait pas d’un Animal de la même es- 
pèce, et quand bien mème aussi l’on viendrait à les pla- 
cer dans l'abdomen d’un màle. Toutes les analogies ti- 
rées de l’histoire des monstres viennent à l’appui de ces 
considérations qui se trouvent ainsi corroborées à la fois 
par l'étude de l’anatomie comparée et celle de la patho- 
logie.. 3. D. 


DescriPrion d’une nouvelle espèce de COouULEUVRE. 
Par M. Bory DE SarnT-VINCENT. 


M. Richard père avait recueilli dans son voyage 
plusieurs matériaux relatifs à la zoologie ; nous avons 
déjà fait connaître à nos lecteurs l'intention dans la- 
quelle nous sommes de les publier prochainement. Sa 
collection contenait une Couleuvre nouvelle que M. Bory 
vient de décrire, et qu'il a dédiée à celui qui l’avait dé- 
couverte. 


( 409 ) 
Couleuvre de Richard, Coluber Richardi. B 


Le nom vulgaire de Couleuvre Liane, donné à cette 
élégante espèce par les habitans de la Guiane , indique 
d'avance sa forme élancée et sa flexibilité. En effet , ce 
Serpent que nous allons faire connaître , et que nous dé- 
dions à la mémoire de Richard notre illustre maître , est 
l’un des plus sveltes, des plus élégans, et des plus 
minces qui existent. Nous en avons fait la description 
sur trois individus rapportés par feu notre savant ami. 
Sa taille est de trois à quatre pieds ; la queue très-fine 
est fort longue , et équivaut pour le moins au tiers de la 
longueur totale ; le corps n’est guère plus gros que le 
doigt; le cou, très-aminci et bien distinct, supporte 
une tête allongée , ovale , un peu élargie: vers l’occiput 
qui est aplati ; elle est couverte de neuf grandes plaques 
d’un beau vert de topaze; les écailles, légèrement 
carenées sur le dos, le sont plus sensiblement sur 
les flancs ; le ventre blanc est plat; le dessus est d’un 
brun chatoyant qui produit des reflets comme le ferait 
du cuivre de rosette; trois lignes d’un brun clair, vif 
et brillant, règnent dans toute la largeur du Serpent; 
une petite bande noire , partant de la pointe du museau 
et passant sous l’œil, sépare la teinte verte du vertex, de 
la couleur blanche qui règne sur les mâchoires ; celles- 
ci ont leurs lèvres garnies d’écailles un peu plus grandes 
que celles qu'on trouve sur le reste de l’Animal, y 
compris les écailles des commissures et une impaire en 
avant; il y en a dix-neuf en haut et treize en bas. Cette 
espèce présente quelques rapports avec le Boiga, et a 
peut-être été confondue avec ce Serpent que nous 


croyons être particulier à l’ancien monde, et consé- 


( 410 ) 
quemment fort différent. Il a également quelque ressem- 
blance avec le Saurite ; mais la forme de sa tête l’en dis- 
tingue ; il est d’ailleurs encore plus mince et proportion- 
nellement plus allongé. 


Explication de la Planche 24. 4 


relle : a, la tête vue en dessus; D, la tête vue en des- 
sous ; c, l'œuf de grandeur naturelle. 


RapporT verbal fait à l’Academie des Sciences sur 
un ouvrage de M. Auguste de Saint-Hilaire, in- 
titulé : PLANTES USUELLES DES BRASILIENS (1). 


Par M. Le BARON ALEx. DE HumBoLor. 


L’Acanémie m'a chargé de lui faire un rapport verbal 
sur un ouvrage de botanique qui a pour titre : Plantes 
usuelles des Brasiliens. L'auteur de cet ouvrage , M. Au- 
guste de Saint-Hilaire , correspondant de l’Institut , con- 
tinue à faire jouir le public des fruits d’un voyage de six 
années, pendant lesquelles il a parcouru-une vaste por- 
tion du Brésil , de la province Cisplatine et des missions 
du Paraguay. La botanique et l’histwire naturelle des 
animaux ont été enrichies à la fois par ce savant, qui ,! 
avant de quitter l’Europe, avait déjà donné tant de 


(1) Plantes usuelles des Brasiliens, par M. Auguste de Saint-Hilaire, 
correspondant de l’Académie des sciences; première livraison, in-4°,. 
avec planches. Prix : 5 fr., chez Grimbert. 

Le même auteur va publier incessamment les premières livraisons 
d’un autre ouvrage intitulé : Plantes les plus remarquables du Brésil et 
du Paraguay. 


(4ux ) 


preuves de sa sagacité et d’une connaissance intime de la 
_ structure et des aflinités des formes végétales. 

M. Auguste de Saint-Hilaire a rapporté dans sa patrie 
un herbier de sept mille plantes, une collection de deux 
mille oïseaux , seize mille insectes et cent trente mam- 
mifères ; mais ce qui donne un véritable prix à ces objets, 


ce qui distingue le voyageur scientifique du simple col- 
lecteur, ce sont les observations précieuses qu'il a faites 
sur leslieux mèmes pour avancer l'étude des familles na- 
turelles, la géographie des plantes et des animaux, la 
connaissance des inégalités du sol et l’état de sa culture. 
Les savans de toutes les nations attendent avec impa- 
tience la publication d'un grand ouvrage, dans lequel, 
par la munificence du gouvernement, M. Auguste de 
Saint-Hilaire pourra réunir tant de matériaux divers; 
jusqu’à l’époque où leurs vœux seront remplis, ils ap- 
‘plaudiront avec nous à l’ardeur soutenue qui porte ce 
voyageur à devancer ce grand ouvrage par des mémoires 
et des traités moins volumineux, quoique également 
propres à répandre du jour sur la Flore du Brésil et des 
pays voisins. 

Le livre des Plantes usuelles ; dont le premier cahier 
a été présenté à l’Académie , renferme un choix des vé- 
gétaux les plus intéressans sous le rapport de leur uti- 
lité médicale, industrielle ou alimentaire. Nous y trou- 
ons trois espèces nouvelles de véritable Quinrquina, 
deux Æxostema, genre voisin des Cinchona établi par 
M. Bonpland, etun Strychnos dont les propriétés fébri- 
fuges sont des plus prononcées. La découverte de vrais 
Cinchona dans la partie orientale de l'Amérique du Sud, 
loin des Cordillières, doit frapper ceux qui s'occupent 
de la distribution des végétaux sur le globe , et des causes 


“. 


(412) 


géologiques qui l'ont modifiée. On ne connaît jusqu’à ce 
jour aucune espèce de Cinchona, pas même d’'Exostema, 
ni dans les montagnes de Silla de Caracas, où végètent 
des Befaria, des Aralia, des Thibaudia, et d’autres” 
arbustes alpins de la Nouvelle-Grenade, ni dans less 
montagnes boisées de Caripé et de la Guiane Française. 
Cette absence totale des genres Cinchona et Exostema 


sur le plateau du Mexique et dans les régions orientales 
de l'Amérique du Sud , au nord de l'équateur (si toute- 
fois elle est aussi absolue qu’elle le paraît jusqu'à ce 
jour ), surprend d'autant plus, que Jes îles Antilles ne 

manquent pas d’espèces de Quinquina à corolles lisses et 

à étamines saillantes. Les Quinquina des Cordillières 

n’avancent vers l’est dans l’hémisphère boréal, que jus 
qu'au 72° degré de longitude occidentale de Paris jus- 
qu'aux montagnes de Micaschiste de la Sierra-Nevada, 
de Merida. Les Cinchona ferrugina, C. Vellozü, et 
C. Remijiana de M. Auguste de Saint-Hilaire, long- 
temps confondus avec les Macrocremum , végètent sur 
les plateaux de la province de Minas-Geraes , à mille mè- 
tres d’élévation, sous un climat tempéré, entre les 184 
et 22e degrés de latitude australe. On regarde leur pré# 
sence , et ce fait est bien remarquable, comme un indice! 
à peu près sûr de la proximité des minerais de fer. L’és 
corce amère et astringente de ces Quinquina des mons 
tagnes du Brésil ressemble singulièrement, pour la sa= 
veur, à celle des Quinquina du Pérou et de la Nouvelle” 
Grenade ; cependant leurs qualités fébrifuges sont moin! 
prononcées que celles d'un arbre plus célèbre encor s 
du Strychnos pseudoquina , que l'on trouve dans le de 
trict des Diamans , dans les déserts de Goyas et dans } 
partie occidentale de Minas-Geraes. | 


» | 
| 


(413) 

De toutes les plantes médicinales de ces vastes con- 
trées , le Quina do Campo , ou Strychnos pseudoquina, 
est celle dont l'usage est le plus répandu et le mieux 
constaté. Les médecins du Brésil en administrent l’écorce 
tantôt en poudre, tantôt en décoction. C’est un don 
bienfaisant de la nature dans une région où règnent tant 
de fièvres intermittentes , comme dans la vallée de Rio 
de San-Francisco. M. Auguste de Saint-Hilaire rapporte 
que des expériences comparatives faites au Brésil sur le 
Strychnos pseudoquina et sur les meilleures espèces de 
Cinchona des Cordillières , ont prouvé que les proprié- 
tés médicales du premier de ces végétaux ne sont pas 
inférieures. Ces expériences ont été répétées avec succès 
à Paris, et le Pseudoquina du Brésil, qui, à Rio de 
Janeiro mème, n’a pas encore remplacé les écorces des 
Cinchona étrangers, pourra un jour devenir un objet 
d'exportation pour l'Europe. M. Vauquelin a fait l’ana- 
lyse chimique de ce Strychnos ; il y a trouvé un acide 
d'une nature particulière, et, ce qui est bien frappant, 
il n’y a découvert ni brucine, ni quinine, ni un atôme 
des principes vénéneux que renferment le Strychnos nux- 
vomica et la Fève de St. Ignace. On savait déjà qu’une 
: autre espèce du mème genre, le S. Potatorum, est éga- 
lement dépourvue de propriétés délétères, et que la 
pulpe du fruit de la noix vomique se mange sans dan- 
ger. Les diverses parties des plantes ne contiennent pas 
les mêmes principes, et si, je ne dirai pas seulement 
dans une même famille, mais dans un même genre, des 
végétaux d’une structure organique très - analogue, 
offrent des différences, de compositions chimiques si 
frappantes , il ne faut point oublier que ces anomalies 
sont plus apparentes que vraies, puisque, d’après les 


(414) 
travaux de MM. Gay-Lussac et Thenard, sur la chimie 
végétale, les mêmes élémens , selon de petits change- 


mens dans les proportions, se groupent diversement et 
produisent des combinaisons dont les effets sur le sys- 


tème nerveux peuvent être disamétralement opposés. 
Les écorces des Exostema cuspidatum et australe du 


Brésil, sont aussi fébrifuges, mais bien inférieures aux M 


Quina da serra. Elles ressemblent aux ecorces de Quin- 
quina des Antilles et n’offrent comme celles-ci pres- 
qu’auçunes traces de quinine et de cinchonine. 

A cette liste des plantes médicinales décrites par M. 
Auguste de St.-Hilaire , il faut encore ajouter le Paraïba 
ou Simaruba bigaré qui est un des plus précieux anti- 
vermineux, et l'Évodie fébrifuge que l’on confond, dans 
le pays , avec le Quinquina du Pérou , et qui appartient 
à la même famille que le Cortex angostura où Cuspare 
des missions de l'Amérique Espagnole, que j'ai fait con- 
naître sous le nom de Bonplandia trifoliata. 

Si dans l'intérieur de la Guiane Française on dé- 
couvre un jour des sites assez élevés pour jouir d’un 
climat temperé, on pourra, comme je l’ai proposé de- 
puis long-temps, y transplanter, par la voie de la rivière 
des Amazones , les Cinchona de la partie orientale des 
Cordillières de Loxa et de Bracampo, ou bien d’après 
les intéressantes découvertes du voyageur dont nous 
examinons les travaux, enrichir le sol de la Guiane 
par la culture des plantes fébrifuges du Brésil. 

A l'intérêt qu'inspirent les considérations sur l'usage 


des végétaux, sur l’époque de leur découverte et sur leur “ 
distribution géographique, M. Auguste de St.-Hilaire 


a ajouté l'intérêt des descriptions botaniques les plus 
complètes, et de la discussion des affinités de structure 


(45) 


par laquelle chaque plante se lie au genre voisin. La 
botanique moderne en agrandissant l'étendue de son 
domainé , en saisissant les rapports multipliés entre les 
diverses tribus de végétaux, a conservé toute la sévérité 
des classifications méthodiques , des diagnoses abrégées , 
d’une terminologie précise et uniforme , d’une nomen- 
clature générique et spécifique appartenant à une langue 
morte. Le nombre immense des objets qu’elle embrasse 
a rendu indispensable une marche que d’autres parties de 
l'histoire naturelle descriptive n’ont pas toujours suivie 
avec la même sévérité. 

Je re pourrais mettre sous les yeux de l’Académie le 
grand nombre d’observations botaniques entièrement neu- 
ves que renferme la description des plantes usuelles du 
Brésil ; je ne rappellerai que les discussions sur le genre 
Strychnos , d’après lesquelles ce genre ne peut former 
une famille séparée, comme l'avait proposé M. De Can- 
dolle ; sur le genre Ævodia dont l'adoption devient indis- 
pensable depuis que M. Kunth dans les Nova Genera, à 
prouvé l'identité générique du Zanthoxylum et du Fa- 
gara, sur les différences des Quassia et des Simaruba; des 
Cinchona et des Exostema. Les botanistes reconnaïîtront 
dans l’ensemble de ces discussions la supériorité de ta- 
lent avec laquelle le même voyageur à déjà traité, dans 
des mémoires séparés, la famille des Primulacées et des 
Caryophyllées. 

Des planches lithographiées avec soin accompagnent 
les descripuüons qui forment autant de monographies 
séparées ; et elles offrent l’analyse des parties les plus 
délicates de la fructification. C’est ainsi que le traité des 
plantes usuelles des Brasiliens, tout en enrichissant la 
botanique et la matière médicale, fera connaître aux ha- 


(416) 
bitans d’un autre hémisphère les richesses d’un pays qui 
ne demande que des bras pour le défricher, et des ins- 
titutions politiques propres à encourager l’industrie na- M 
tionale. 


RecuercHes anatomiques sur le THorAx des ani- 
maux articulés et celui des INSECTES HEXAPODES * 
en particulier. 


Par Vicror Aupouix. 
(Suite.) 
CHAPITRE QUATRIÈME. 


Examen du Mésothorax dans différens insectes. Étude 
des pièces qui le composent. 


Le mésothorax, comme l’indique-son nom, est le 
segment moyen ou le deuxième anneau du thorax. Son 
caractère le plus apparent est de supporter la deuxième 


remarqué, dans un grand nombre d'insectes , une petite 


; 
| 


f 
paire de pates et la première paire d'ailes. On lui a aussi | 


pièce ordinairement triangulaire qu’on a nommée écus- 
son. La forme du mésothorax, son volume, sa consis-W 
tance, varient à l'infini. Peu développé dans les! Co- 
léoptères et dans les Orthoptères, il l’est davantage dans“ 
les Hémiptères , les Névroptères, et surtout dans les Hy- 
ménoptères , les’ Lépidoptères et les Diptères. Son ac- 
croissement excessif est toujours associé à l’état plus o 
moins rudimentaire des deux autres segmens. Aussi rex 
marque-t-on que les Lépidoptères , les Hyménoptères et 
les Diptères ont un prothorax et un métathorax très-r'én 


(417) 


trécis. Quand au contraire le prothorax et le métatho- 
rax se sont fort accrus, le mésothorax situé entre eux 
est toujours comprimé et très-étroit. C’est le cas de tous 
les Coléoptères. 

Si ce coup-d’œil rapide laisse entrevoir l'influence gé- 
nérale qu’exercent tous ces changemens sur le facies des 
individus, de quel intérêt ne sera-ce pas d'apprécier les 
modifications qu’apporte le volume de chacune des 
parties, et quelle lumière la connaissance exacte des moin- 
dres pièces et leur comparaison dans un grand nombre 
d’espèces ne répandra-t-elle pas sur l’anatomie du sque- 
lette des animaux articulés ? 

C'est pour atteindre ce but, c’est pour marcher vers 
des résultats si curieux , que nous allons noter le déve- 
loppement relatif de chaque pièce dans les différens or- 
dres, et nous rendre compte ainsi des formes variées qui 
les caractérisent. 

Si les pièces qui composent le mésothorax étaient dans 
tous les insectes également bien développées , ou si elles 
étaient déjà connues , il serait indifférent de commencer 
leur description par tel ou tel ordre et de choisir en- 
suite telle ou telle espèce pour comparer. Mais le motif 
qui nous a décidé à étudier d’abord le mésothorax nous 
fera aussi préférer certains insectes chez lesquels les élé- 
mens constiluans sont plus distincts, et nous poursui- 
vrons ces recherches sans nous assujettir, dans ce travail 
préliminaire, à la série des familles ou des genres. 

Nous diviserons ce chapitre en deux paragraphes. 
Dans le premier nous examinerons la partie inférieure et 
les parties latérales ; et dans le second nous traiterons 
de la partie supérieure toujours distincte des précéden- 

1. 37 


( 418 ) 


tes, et qui, dans certains cas , paraît avoir une existence 
à part (1). ; 


$ I. Étude de la pourine ou des parties inférieures et 
latérales du mésothorax. 


Le Sternum (2), l'Épisternum (i), l'Épimère (4), le 
Paraptère (à), l'Entothorax(k) et le Peritrème (x) (2) 
forment la partie inférieure et les parties latérales du 
mésothorax. Ces pièces sont ordinairement très-recon- 
naissables dans les Coléoptères, et il est facile de saisir 
les modifications qu’elles éprouvent dans les différens 
genres. ; 

Dans le Dynque À écusson saune de M. Latreille, 
Dytiscus circumflexus , Fabr., le sternum est peu étendu 
transversalement ; sa jonction avec l’épisternum et l’é- 
pimère est marquée par des lignes de soudures très-dis- 
tinctes. Ces deux pièces du flanc sont aussi réunies entre 
elles, mais toutes ces parties se disjoignent assez facile- 
ment. Nous indiquerons leurs contours , leurs formes, 
leurs connexions dans l'anatomie détaillée que nous don- 
nerons du thorax de cette espèce (#7. le chapitre X de 


notre travail). 
© —————— 

(1) On verra dans la suite de ce travail que la poitrine et le tergum, 
c'est-à-dire les deux segmens qui, par leur réunion , constituent un 
anneau complet, sont quelquefois indépendans entre eux et se désu- w 
nissent, au point de leur contact, de telle sorte que l’un des arceaux 
passe au-dessus de autre, le recouvre et l'emboîte : nous citerons M 
comme exemple le Taupe-Grillon, le Criquet , la Sauterelle. 

(2) Le péritrème occupe quelquefois la partie supérieure; mais le 
plus souvent il est en rapport avec les flancs, c’est pour cela que nous 
le considérons comme une partie de la poitrine. 


# 


(419) 

Le Carase Doré , Carabus auratus, Fabr., nous offre 
un sternum assez semblable à celui du Dytique. Il est 
peu étendu transversalement ; sa face antérieure présente 
trois carènes ou-lignes élevées , dont une située sur la li- 
gne moyenne du corps est plus saillante que les deux au- 
tres. On remarque au sommet du sternum un enfonce- 
ment très-prononcé, en forme de large gouttière, sur le- 
quel repose l'extrémité du sternum du prothorax. Cette 
gouttière ne supporte plus, comme dans le Dytique, le 
prolongement du sternum du métathorax, mais elle 
offre postérienrement une échancrure, sorte d'angle ren- 
trant qui le recoit et s'articule avec lui. Il résulte de 
cette disposition que le mécanisme si remarquable qui 
produit le saut dans le Taupis, et qu’on reconnaît en- 
core dans le Dytique, n'existe plus dans le Carabe, 
Postérieurement le sternum présente une crète sail- 
lante, longitudinale, très-aiguë , qui partage cette face 
en deux portions concaves , faisant partie chacune du 
trou des hanches, à la convexité desquelles elles s’a- 
daptent exactement. Les flancs, étroits à leur sommet 
ec larges à leur base, sont réunis au sternum d’une ma- 
nière intime ; l’épisternum (1) surtout, ne s’en distin- 
gue que par une légère ligne de soudure; il est assez dé- 
veloppé, de forme triangulaire ; un des bords du triangle 
est antérieur , et s'articule avec le paraptère, le bord op- 
posé ou le postérieur se soude dans toute son étendue 
avec l'épimère ; enfin le troisième bord, celui de la base, 
repose sur le sternum auquel il est intimement uni. Le 
paraptère (i”) très-élroit et presque linéaire , repose infé- 
rieurement sur le sternum ; son bord postérieur adhère for- 
tement à l’épisternum ; l’antérieur est libre, et concourt à 
former l’orifice du trou œsophagien. L’épimère (k), bien 

27° 


( 420 ) 

moins développé que l'épisternum avec lequelil est soudé, 
et pas autant que le paraptère , est joint au sternum par 
son extrémité inférieure, dont une partie renflée et 
comme tuberculeuse , se prolonge au-delà pour s’articu- 
ler avec la hanche et entrer dans la composition du trou 
qui la contient. L’épisternum , le paraptère et l’épimère 
se confondent entre eux supérieurement, et deviennent 
une sorte de support pour les ailes et pour le tergum. 

A la face interne du sternum on remarque l’entotho- 
rax (°). Il est formé de deux branches très -rapprochées 
à leur base , d’abord parallèles et dirigées en haut et en 
avant, s’écartant ensuite l’une de l’autre, pour se por- 
ter obliquement en dehors; leur sommet qui s’évase 
en une lamelle très-mimce gagne les parois latérales 
de la poitrine, et se place en avant des apodèmes d'in- 
sertion qui naissent du point de jonction de l'épister- 
num et de l’épimère. Il en résulte que la portion éva- 
sée des branches de l'entothorax se trouve cachée posté- 
rieurement par les apodèmes d'insertion, et qu'anté- w 
rieurement c’estle contraire, je veux dire, que dans ce . 
sens , l'extrémité des branches de l entothorax masque 
les apodèmes. Les apodèmes d'i insertion (7) ne sont très- 
développés qu'au point de réunion de l’épimère et de l’é- 
pisternum ; la soudure de celui-ci avec le sternum ets 
avec le paraptère n'est indiquée à l'intérieur que par de! 
légères lignes élevées au-dessus de la surface des pièces. 

La division des Bousiers, Copris , Geoflr., et les genres 
qui en ont été démembrés nous offrent une poitrine (1) 
tès-développée :.elle se prolonge quelquefois de telle 


a ———————————————————————————————————— _— 


4) J'entends parler ici de la poitrine des trois anneaux thoraciquess 
pris ensemble. Voyez au chapitre III le définition de ce terme. 


(42r ) 

sorte en arrière qu'elle envahit la place de l'abdomen et 
que les anneaux de celui-ci sont fortement refoulés les uns 
vers les autres. Le mesothorax considéré dans son en- 
semble n’a cependant pas acquis un développementautre 
que dans tous les Coléopières, c’est-à-dire qu'il est tou- 
jours étroit et comprimé entre le prothoraxet le métatho- 
rax. Toutefois on croit remarquer que la poitrine de cet an- 
neau a participé dans certaines proportions relatives à l’ac- 
croissement général de la partie inférieure, et qu’elle est 
plus développée que de coutume. Nous l'étudierons dans 
une espèce exotique , et ce que nous en dirons pourra s’'ap- 
pliquer, à peu de choses près, aux Bousiers de notre pays. 

. Dans le Bousrer Motosse, Copris Molossus , Fabr. 8 
le sternum (k)est bien plus étendu transversalement que 
d'avant en arrière. Son bord antérieur arqué de bas en 
haut, forme la partie inférieure de l'orifice œsophagien 
antérieur. Son bord postérieur offre sur la ligne moyenne 
une échancrure angulaire , profonde, qui recoit un pro- 
longement médian du sternum du métathorax. De cha- 
que côté de l'échancrure ce bord se dirige en avant et 
en haut, et constitue une portion de la circonférence du 
trou de la hanche. Dans une espèce peu éloignée ,.le Bou- 
sier Bucépmate, Copris Bucephalus , Fabr. , le bord pos- 
térieur du sternum ne présente plus d’échancrure, et pa- 
raît coupé transversalement. Plusieurs espèces du même 
genre offrent l’une ou l’autre particularité ; M. Dejean 
croit trouver en elles un moyen simple d'établir dans ce 
groupe des sections très-naturelles. Mon travail sur le 
système corné quand il aura été achevé dans toutes les 
familles et dans tous les genres, fournira à l’entomolo- 
giste un très-grand nombre de caractères semblables, 
pour signaler en un seul mot des distinctions impor- 


(422) 


tantes. Le sternum présente de chaque côté une extré- 
mité ou sommet qui s'articule avec les flancs. 

Les flancs qui occupent les parties latérales ne sont pas 
dirigés parallèlement à la ligne moyenne du corps, mais 
forment avec cette ligne un angle assez aigu. En d’autres 
termes, ils sont obliques de dedans en dehors et d'avant 
en arrière. La face externe de chacune des trois pièces 
qui les composent affecte ensuite une direction différen- 
te. Le paraptère (i°) est tourné presque directementen de- 
hors. L’épisternum(i)regarde un peu en avant et en haut, 
tandis que l’épimère (Æ) est dirigé en bas et tout-à-fait en 
avant. Cette disposition sensible dans la plupart des 
Coléoptères, et qui rend très-flexueuse la face externe 
des flancs, mérite bien qu’on la remarque; l'Épimère 
joue ici un rôle important. Situé derrière l’épisternum, 
et articulé avec lui par son bord antérieur , il se porte 
brusquement en dehors, en suivant une direction un 
peu oblique et presque transversale ; il en résulte que l’o- 
rifice postérieur du mésothorax offre un énorme dia- 
mètre, comparativement à l'orifice antérieur, et que 
cet évasement considérable lui permet de se souder par 
son bord postérieur au pourtour du métathorax qui a pris 
un très-grand développement. 

On voit maintenant comment il se fait que, dans tous 
les Coléoptères, le mésothorax, beaucoup moins dévelop: 
pé transyersalement que lemétathorax , s’unit à lui dans 
toute sa circonférence, sans aucune pièce intermédiaire. 

On comprend aussi pourquoi il arrive que dans un 
grand nombre d'insectes du mème ordre , le mésothorax 
semble composé de deux portions distinctes , l'une anté- 
rieure , très-étroite, située en avant de la base des ély- 
tres , se présentant sous forme d’un étranglement cireu- 


(423 ) 


laire, et emboîtée par le prothorax qui se meut sur elle 
comme sur un pivot; l’autre postérieure, très-large , for- 
mant avec la précédente un angle rentrant , n'étant pas 
reçu dans le prothorax, et se continuant en arrière 
avec la poitrine du métathorax. Il est bien clair, que le 
rétrécissement est formé en grande partie par l’épister- 
num, tandis que l’épimère constitue à lui seul la portion 
évasée. 

Nous verrons que chez les insectes qui présentent un 
diamètre égal pour les segmens moyen et postérieur du 
thorax , l’épisternum et l’épimère se rangent ordinaire- 
ment sur le même plan. Les Orthoptères en sont un 
exemple. 

L’entothorax (X') a dans le Bousier Molosse une forme 
etun développement assez singulier. Il est divisé en deux 
branches naissant d’un feuillet corné qui côtoye inté- 
rieurement tout le bord postérieur du sternum; ces 
branches rapprochées à leur base s'élèvent bientôt en di- 
vergeant, puis se coudent à leur sommet et se terminent 
en deux stylets horizontaux très-aigus dirigés en de- 
hors. L'une et l’autre sont assez épaisses , mais elles sont 
creusées au côté externe par une goutière profonde à leur 
base , disparaissant à leur sommet et qui résulte du replie- 
ment sur elle-même d’une lame mince qui les constitue. 

Au devant de l’entothorax et au-dessous de ses deux 
branches, on remarque un vaste sinus formé inférieure- 
ment par la face interne du sternum, et supérieure- 
ment par le feuillet corné , sur lequel appuie l’entotho- 
rax, et aussi par la base des branches de celui-ci ; un 
apodème , sorte de cloison , partage sur la ligne moyenne 
du corps et dans le sens de la longueur, cette cavité en 
deux portions égales. 


( 424 ) 


Ce sinus est ici largement ouvert en avant; mais 
dans le Bousier Bucéphale 4 l'ouverture est excessi- 
vement rétrécie par des lames apodémiques qui, par- 
tant du bord antérieur du sternum, se réunissent à 


des feuillets de mème nature, provenant des branches 


de l'entothorax. Il n'existe plus dans l’intérieur du,sinus, 
cette cloison longitudinale qui le partageait en deux cavi- 
tés. Si l’on joint cette dernière particularité à celle men- 
tionnée plus haut, on trouvera entre deux espèces très- 
voisines, et seulement dans certaines pièces de la 
partie inférieure du mésothorax, des différences sufi- 
santes pour les caractériser. Le prothorax offrira de 
nouveaux moyens de distinction; le métathorax en 
présentera d’autres , l'abdomen en fournira à son tour. 
Viendra ensuite la tête, puis tous les organes qui 
ont fixé d'une manière trop exclusive l'attention des 
zoologistes ; j'entends parler de la bouche, des antennes, 
des pates et des ailes. Si on réfléchit ensuite aux modi- 
fications innombrables des trachées des nerfs, et prin- 
cipalement du système digestif, on devra convenir que 
toutes les espèces, ou au moins celles de certains genres, 
différent beaucoup plus entre elles, qu'on ne le supposait 
d’après l’examen superficiel qu'on avait fait d'une partie 
fort limitée de leur organisation. Observons d’ailleurs 
que, ces différences d'espèce à espèce échappent d’au- 
tant moins facilement que l'animal a plus de volume; c’est 
même pour cela que dans la circonstance où nous nous 
sommes trouvés de faire connaître des parties et des piè- 
ces nouvelles, nous avons dû accorder la préférence aux 
insectes d’un gros volume, bien que plusieurs d’entre eux 
soient exotiques, et par conséquent moins faciles à se 
procurer. Nos dessins qui les représenteront tous, sup- 


( 425 ) 
pléeront, par leur fidélité, à cet inconvénient, et la 
comparaison avec les espèces indigènes deviendra dès- 
lors très-aisée. 

Le Burreste céAnT, Buprestis gigas, Fabr., espèce 
fort commune du Brésil, nous offre une poitrine com- 
posée de pièces distinctes et d’un volume assez considé- 
rable. 

Le sternum (2) présente sur la ligne moyenne une 
gouttière profonde qui reçoit le prolongement du ster- 
num du prothorax. Son entrée est très-étroite , mais elle 
s’élargit bientôt et se termine en cul-de-sac sans se con- 
tinuer sur le métathorax. Celui-ci se réunit entre les 
deux pates au bord postérieur du sternum que nous 
décrivons, au moyen d’une soudure transversale très-. 
visible dans certains individus ; il est échancré vers ce 
point , et constitue, à proprement parler, le fond de la 
gouttière. Antérieurement, et de chaque côté, on voit 
l'origine de deux impressions allongées, concaves, des- 
tinées à emboîter les hanches du prothorax, et à com- 
pléter en arrière a cavité qui les contient. Postérieure- 
ment le sternum présente deux autres impressions arron- 
dies, recevant les hanches de la seconde paire de pates, 
et constituant la paroï interne de leurs cavités. 

Il serait bien difficile de fixer les limites du sterpum 
sur les côtés , tant la soudure avec l’épisternum est in- 
time. One peut dans celte circonstance, comme dans 
plusieurs autres, que s'arrêter à la supposition la plus 
vraisemblable. Nous sommes fondés à croire que le ster- 
num est très-peu étendu transversalement, et qu'il se 
soude avec l'épisternum à la hauteur des hanches, c’est- 
à-dire que ne se prolongeant pas sur les côtés, les 
flancs descendent jusqu’à lui. 


( 426 ) 


L'Épisternum (ë) appuie sur le sternum et lui estinti- * 


mement uni par son bord inférieur. Son sommet s’arti- 
cule avec les élytres. Son bord antérieur , comprimé par 
le corselet , est tellement confondu avec le paraptère (1), 
qu'il faut bien ici faire abstraction de cette petite 
pièce. Ce bord offre deux facettes concaves; la supé- 
rieure , assez étroite , loge le péritrème (x); la seconde, 
plus étendue , se prolonge inférieurément sur le sternum à 
ainsi qu'il a été dit, et entre dans la confection des pa- 
rois du trou de la hanche. Le bord postérieur de l’épis- 
ternum soudé avec l’épimère s’en distingue très-bien. 

L'Épimère (4), dont la face externe regarde en avant 
eten bas, est plus étroit et plus court que la pièce pré- 

-cédente. Il n’appuie pas sur le sternum, mais il s’ar- 
ticule avec la hanche par son extrémité inférieure, sans 
cependant descendre assez bas pour arrondir la circonfé- 
rence de son trou et l’emboîter, comme cela a lieu dans 
un grand nombre d'insectes. 

L'articulation de l’épimère avec la rotule se fait au 
moyen de la petite pièce que nous avons nommée tro- 
chantin (P), et qui dans cette espèce s’apercoit facilement. 

L’épimère est joint par son bord antérieur et par son 
sommet à l'épisternum. Son bord supérieur oblique de 
bas en haut, et de dehors en dedans, est contigu à l’élytre 
qui appuie sur lui. Enfin son bord postérieug, formant 
un angle avec le bord précédent, est en rapport en haut 
avec l’épisternum du métathorax, et en bas avec le ster- 
num de ce même anneau. 


L'Entothorax (X”) n’a point de tige , c’est-à-dire que les ! 


deux branches partent immédiatement de la face interne 
du sternum; éloignées l’une de l’autre dès leur nais- 
sance , elles marchent parallèlement et se dirigent 


( 427 ) 
obliquement d’arrière en avant, et de bas en haut. On 
ne remarque aucune trace d’apodème d'insertion sur la 
ligne où lesternum est joint à l'épisternum , et où celui-ci 
se soude avec l’épimère. 

C'est dans les insectes éminemment marcheurs qu'on 
devra étudier principalement les pièces de la poitrine, de 
même que pour avoir une connaissance exacte des par- 
ties du dos il faudra observer celles-ci dans les insectes 
favorisés pour le vol. Les Coléoptères appartiennent émi- 
pemment à la première catégorie, et les Lépidoptères 
forment le type de la seconde. Les-Orthoptères , les Hé- 
miptères, les Hyménoptères et les Diptères paraissent 
sous ce rapport intermédiaires entre ces deux ordres. 
L'examen de la poitrine ou du tergum devra par consé- 
quent être plus ou moins minutieux suivant qu'il s’agira de 
tel ou tel autre groupe. Le mésothoraxdes Coléoptères par 
lequel nous avons débuté est un des anneaux de tronc 
où les pièces essentielles sont le plus visibles ; cette cir- 
constance est pour nous un motif de poursuivre l'étude 
des faits qui le concernent dans plusieurs autres espèces. 
Une fois la connaissance acquise de la position relative 
du sternum , de l’épisternum , du paraptère , de l’épimère 
et de l’entothorax, on pourra marcher hardiment 
dans le sentier de l’analogie et découvrir chacune de ces 
pièces , à travers les modifications innombrables qu’elles 
subissent. 

Les Charansons forment une famille très-naturelle, et 
la description que nous ferons d’une espèce s’'applique- 
ra, à peu de choses près , à toutes. 

Dans la Caranpre pazmisTe, Curculio palmarum Linn., 
la poitrine du mésothorax est surtout remarquable parce 
qu’elle nous offre un fait singulier qui serait une anomalie 


( 428 ) 


formelle si, aulieude nous borner à direquel’épimère n’a- 


bandonnait jamais la hanche , nous avions posé en prin-! 


cipe général qu'il entre toujours comme partie consti- 
tuante de la cavité qui la contient. Dans la Calandre 
ce dernier rapport est inadmissible. Voici en eflet ce 
qu'on remarque : $ 

Le sternum (k) présente postérieurement et sur la li- 
gne moyenne un prolongement échancré qui, après avoir 
passé entre les deux pates, gagne le sternum du méta- 
thorax et contracte adhérence avec lui. Outre cette 
échancrure on en voit de chaque côté deux autres très- 
profondes demi-circulaires qui, après avoir cotoyé les han- 
ches à leur côté interne , se continuent au-devant d'elles, 
puis se recourbent à leur côté externe et se dirigent enfin 
en arrière jusqu’au bordantérieur du sternum du métatho- 
rax, auquel elles se terminent. Si on a bien conçu cette dis- 
position que nos figures rendront d’ailleurs très-claire, on 
verra qu'il s’en suit naturellement que le bord posté- 
rieur du sternum du mésothorax constitue à lui seul la 
moitié de la circonférence du trou de la hanche, tandis 
que l’autre portion est formée par le sternum du méta- 
thorax. On comprendra alors comment il arrive que 
l’épisternum et l’épimére ne participent plus à for- 
mer la circonférence du trou qui contient la hanche ; je 
dirai même à l'égard de l’épimère , qu'il est éloigné de la 
hanche par l’épisternum lui-même. 

Nous avons décrit le bord postérieur du sternum; il 


nous reste à étudier son bord antérieur et ses deux bords 


latéraux. Le bord antérieur est concave; il fait partie de 


l'orifice œsophagien antérieur. Les bords latéraux sont” 


soudés très-intimement avec l’épisternum ; on remarque 
cependant à l'endroit où s’est opérée la jonction de 


. 


EE, 


LS 
( 429 ) 
chacun d'eux, une ligne de soudure étroite, légère- 


ment oblique de bas en haut et d'avant en arrière. 
Nous avons montré que le sternum, après avoir 


contourné extérieurement les hanches et s'être porté 


en arrière, atteignait dans ce dernier sens le métathorax. 
Les deux sortes de prolongement qui en résultent entou- 
rent de chaque côté la hanche et sont par conséquent un 
premier obstacle qui empèche l'épimère de pouvoir ar- 
river jusqu’au trou qui les contient. Il en existe un au- 
tre : l'épisternum (à ), dont la forme est assez irrégulière, 
est soudé laine avec le sternum du métathorax, 
et s'oppose ainsi à ce que l’épimère descende jusqu’au trou 
de la hanche. Voyons comment a lieu cet empèchement. 

Sans nous arrêter à la direction de l’épisternum 
qui oblique de bas en haut et d'avant en arrière, re- 
jette dans ce dernier sens toutes les pièces du tergum, 
et fournit une preuve remarquable de l'influence que la 
position des pièces exerce sur les parties voisines et sur 
l'individu tout gntier; sans nous arrèter, dis-je, à ces 
considérations importantes qui nous éloigneraient de la 
chose en question , nous distinguerons à l’épisternum (4) 
trois bords et trois angles : 

Le bord antérieur confondu avecle paraptère (#) forme 
les côtés de l’orifice œsophagien antérieur. 

Le bord inférieur se soude aux bords latéraux du ster- 
num , et se distingue de celui-ci par la ligne oblique et 
étroite que nous avons signalée. 

Le bord postérieur oblique d’arrière en avant et de 
bas en haut est soudé avec l’épimère. 

Ces trois bords en se réunissant forment trois angles. 
Le supérieur qui se dirige en haut, en dedans et en ar. 
rière, estobtus et s'articule avec les épidèmes articulaires 


( 430 ) 
des élytres. Les deux autres angles sont inférieurs, Ce 
lui qui est situé en avant est très-aigu et n’offre d’ailleurs” 
rien de remarquable. Le postérieur nous intéresse da-" 
vantage. Légèrement tronqué à son sommet, il se” 
soude directement au sternum du métathorax, et ferme” 


ainsi le passage à l’épimère qui , pour concourir à la formas 


tion de la circonférence du trou de la hanche, devrait d’ al 
bord passer entre lui et le sternum du métathorax. Mais” 
supposons qu'il ait surmonté cette barrière, ne trouve- k 
rait-il pas un nouvel obstacle dans le sternum du méso- Ë 
thorax que nous avons dit envelopper de chaque côté 
les hanches? Si on penchait à conclure de tout ceci : Que. 
l’épimère concourant ailleurs et très-souvent, à former la” 
circonférence du trou de la hanche , présente ici un cas 
anomal; nous rappellerions que la chose vraiment im- 
portante consiste dans ses connexions avec la hanche 
même, et que dans aucun cas il ne saurait l’abandon- 
ner. En eflet l’épimère est-il chassé à une grande dis- 
tance du trou qui la contient? il conserve toujours avec 
elle les mêmes rapports. Il suflira de nous suivre et 
d'examiner nos dessins, pour se convaincre de la vérité 
d’une assertion aussi positive. 

Quant à l’épimère (k) il ressemble assez bien à un 
triangle dont la base serait tournée en haut et le som- 
met en bas. Le bord antérieur est convexe, il se soude 
avec l’épisternum. Le bord postérieur est légèrement 
congave et s'articule avec lépisternum du métathorax.. 
Le bord supérieur qui est le moins étendu est en rapport n 
avec le tergum ; il se réunit en avant au bord antérieur” 
et en arrière au bord postérieur, et constitue les deux" 
angles de la base. L’angle inférieur ou le sommet du 
triangle résulte de la jonction des bords antérieur et 


(431) 


postérieur ; il est uronqué et soudé avec le sternum 
du métathorax qui offre un petit enfoncement pour le 
recevoir. 

S'il résulte de cet examen que l’épimère n’a aucun 
point de contact avec le trou de la hanche, il devient 
curieux de savoir comment il se comporte pour ne pas 
abandonner cette dernière, 

Lorsqu'on considère extérieurement dans la Calandre 
palmiste, les hanches ou mieux les rotulès du mésothorax ; 
elles paraissent globuleuses; mais si, ayant recours à la 
dissection, on enlève les flancs, on voit qu’elles ont une 
forme allongée et qu’elles remontent à l’intérieur jus- 
qu’à l’épimère qui s'articule alors avec leur sommet, 
comme cela a lieu partont ailleurs. 

L'épimère, quoiqu’éloigné à l'extérieur de la hanche, 
n'en conserve donc pas moins les mêmes rapports avec 
elle. Ce fait nous permet de poser en principe : Que l’é- 
pimère s’articulant nécessairement avec la hanche : 
celle-ci sera d’autant plus allongée qu'il se trouvera 
situé à une plus grande distance, et d’autant plus ar- 
rondie ou globuleuse, qu'il sera plus voisin d'elle; 
ce qui, au reste, se conçoit très-bien en réfléchissant à 
que dans le premier cas la hanche doit aller joindre l’é- 
pimère partout où il se trouve, et que dans le second 
c'est lui qui vient en quelque sorte à sa rencontre, Cet 
énoncé est parfaitement d'accord avec tout ce qu’on ob- 
serve. Dans le mésothorax du Dytique, par exemple, l'é- 
pimère est allongé et très-rapproché de la ligne moyenne 
du corps , les rotules sont par cela même, peu étendues 
et globuleuses ; dans le métathorax du même insecte, au 
contraire, les rotules ont pris un développement excessif 
etse sont étendues dans tous les sens, mais sur-tout trans- 


(432) 


versalement et de bas en haut, de manière à occuper en- 
tiérement les côtés jusqu’au dos de l’insecte ; il en est ré- 
sulté que l’épimère n’ayant pas eu besoin de se prolonger 
vers Ja ligne inférieure et moyenne du corps, est resté 
rudimentaire et tout près du dos. / 

Quoi qu'il en soit, et pour ajouter encore quelque chose 
à ce fait singulier de l’articulation de la hanche avec l’é- 
pimère et du déjettement de celui-ci hors de la cavité qui 
la contient, nous remarquerons que le Bupreste géant 
nous a offert un état intermédiaire entre ce qu’on voit 
d’une part dans la Calandre palmiste , et de l’autre dans 
certains insectes tels que le Dytique. Si on jette un coup- 
d'œil sur le mésothorax du Bupreste, on observera que 
son sternum ne se contourne pas en dehors du trou de 
la hanche et que l’épisiernum ne se prolonge pas en 
arrière jusqu'au métathorax de manière à fermer ce 
trou ; mais qu'il laisse un intervalle qu'aurait pu rem- 
plir l’épimère s’il eût descendu plus bas, et qui est occu- 
pé par un prolongement de la hanche. Supposons main- 
tenant que l’épisternum et le sternum du mésothorax 
se soient continués en arrière jusqu’au métathorax en 
occupant le petit intervalle qui existe là entre les deux 
segmens. N'est-il pas évident que, dans ce cas, la por- 
tion de la hanche, remplissant cet espace, serait cachées 
par l’acroissement de ces pièces, et que l’épimère relégué 
hors de la circonférence du trou qui la contient semble 
rait en être éloigné extérieurement, mais qu'à l’inté-M 
rieur il conserverait avec elle les mêmes rapports ; enfin 
ne se produirait-il pas ce que nous observons dans la Ca | 
Jandre palmiste ? 

(La suite dans un prochain numéro.) 


(433 ) 


Nore sur l'Histoire naturelle de Terre - Neuve, 
extrait d’une lettre de M. Cormack. 


L'inrérreur de la grande île de Terre-Neuve est jusqu'à 
présent l’un des points les moins connus du globe, sous 
le rapport de sa géographie physique et de l’histoire de 
ses productions ; aucun voyageur instruit ne l’avait encore 
parcouru, et de nombreux obstacles, produits tant par 
les causes physiques que par la haïne des Indiens qui 
l'habitent pour les Européens, s'étaient opposés jusqu’à 
ce jour à ce qu’on l’explorät. Le voyageur dont nous ex- 
trayons les notes suivantes, a été plus heurenx, il a tra- 
versé entièrement cette île de l’est à l’ouest, dans sa plus 
grande largeur ; c’est-à-dire de la baïe de la Trinité à 
la baie Saint-George. Une carte sur laquelle il a tracé 
sa route et les lacs nombreux qu’il a rencontrés , accom- 
pagne sa relation, il y a indiqué avec soin la nature des 
roches (1) qui se sont présentées successivement à son 
examen. Ce voyage d'environ quatre-vingts lieues en ligne 
directe, a duré depuis les premiers jours de septembre 
jusqu’au commencement de novembre. M. Cormack n’é- 
tait accompagné que par un seul Indien Micmac , et les 
difficultés qu'il a éprouvées dépendaient surtout de la 
quantité de lacs qu’il a dû contourner, et de la neige 
épaisse qui commença à tomber dès le 15 octobre. Ces 
lacs, d'après l’auteur, couvrent environ un tiers de la 
superficie de l’île ; à en juger par la carte qui accompagne 
sa relation , la côte méridionale et la côte orientale com- 


EEE nnnnel 


(1) Ces roches ont été déterminées par le professeur Jameson, à 
Edimbourg, d’après les échantillons envoyés par l’auteur. 
1. 28 


(434) 


muniqueraient entre elles dans plusieurs points , par des 
successions non interrompues de rivières et de lacs. 

Presque tout le pays que ce voyageur a traversé paraît 
composé de roches primitives ou de transition : ce sont 
principalement des Granites, des Syenites, des Micaschis- 
tes, des Porphyres, des Schistes argileux, etc. Dans quel- 
ques points seulement , on observe des Grès secondaires 
qui paraissent appartenir à la formation houillère ou au 
Grès rouge; on y remarque mème, dans quelques endroits, 
des indices de charbon de terre; vers le centre de l’île, 
près des lacs que l’auteur a nommés lac de Serpentine et 
lac Jameson , on rencontre plusieurs rangs de colline de 
Serpentine. Ces roches présentent dans ce lieu des va- 
riétés nombreuses et très-belles : presque toute la partie 
occidentale de l’ile est granitique. Cependant en appro- 
chantde la côte près de la baie Saïnt-George, les terrains 
deviennenttrès-variés et fort intéressans : à quelques lieues 
au sud de cette baie, sur la rivière Barrasway du sud, 
on trouve de la Houille de très-bonne qualité ; au nord 
de cette rivière on rencontre plusieurs sources salées et 
une source sulfureuse ; enfin auprès de cette même 
baie on observe une formation gypseuse qui s'étend à 
quelques milles dans l'intérieur du pays. 

Le sol de cette île est en général très-mauvais, il est 
très-humide dans les parties basses, tandis qu'il est nu 
et aride sur, les sommets; les bords de la mer près de 
l'embouchure des rivières , sont seuls un peu plus fertiles 
et susceptibles de culture. 

La moitié orientale de l’ilé est basse et boisée ; elle 
est traversée du nord au sud par plusieurs rangées de col- 
lines peu élevées , son aspect est très-pittoresque. 

La partie occidentale est montueuse , inégale, aride 


( 435 ) 


et souvent dépourvue de bois ; mais ces montagnes n'af- 
fectent aucune direction particulière ; les rivières et les 
lacs ont beaucoup plus détendue dans cette partie de 
l’île que dans la partie orientale. 

La végétation de l’intérieur de Terre-Neuve ne pré- 
sente pas beaucoup d'intérêt, surtout lorsqu'on a déjà 
examiné le pays voisin des côtes. Cette île est cependant 
assez riche en plantes, surtout en petits arbustes. Les 
parties actuellement dénudées paraissent avoir été an- 
ciennement boisées; des racines et des troncs d'arbres 
d’une grandeur supérieure à ceux qu'on rencontre main- 
tenant dans ce pays, se trouvent sous la surface du sol. 
Ils ont évidemment été détruits par le feu. Les Sapins, les 
Melèses et les Bouleaux composent presque tous les 
bois ; les Pins sont rares et en général si rabougris qu'ils 
ne fournissent que de mauvais bois de construction. 
On y voit aussi quelques Frènes de montagne ( Mon- 
tain-Ash). Les parties occidentales de l’île étant peu 
couvertes de bois, nourrissent de nombreux troupeaux 
de Carribou, espèce de cerf voisine du renne, et propre 
à cette partie de l'Amérique. On rencontre ces animaux 
par milliers, de sorte que lé pays en paraît quelquefois 
couvert; pendant l'hiver ils émigrent dans les parties 
orientales et boisées , et ne reviennent dans les prairies 
de l'extrémité occidentale de l'ile, qu’au commencement 
du printemps ; leur chair forme presque la seule nour- 
riture des Indiens. Les Castors étaient autrefois en 
grand nombre dans les parties boisées, et on les re- 
trouve encore en quaniité dans quelques portions de l’ile. 
Les autres animaux sauvages sont très-peu nombreux, 
excepté les Renards. Les Oies , les Canards, les Mouettes 
et autres oiseaux d’eau de passage, sont très-abondans 

28* 


( 436 ) 
dans les lacs de l’intérieur. Mais ils les abandonnent 
aussitôt qu'ils sont gelés, pour se rapprocher des côtes. 
(Edimb. Philos., journ., janv. 1824.) 


OBSERVATIONS sur les prétendus OSSELETS DE L'OUÏE 
trouvés par Ernest-Henri Weber, professeur 
d'anatomie comparée à Lerpzick. 


Par M. E. Georrroy SarnT-Hiraire. 


(Lu à la Société d'Histoire naturelle de Paris , séance du 5 mars 1824.) 


M. Weser s'est occupé de rédiger un ouvrage sur 
l'oreille des animaux, dont il a déjà fait paraître une 
première parue, la portion qui est relative à l’oreille 
des animaux aquatiques, sous le titre : de Aure anima- 
lium aquatilium; Lipsiæ , 1820. Un des bulletins de la 
Société Philomatique , année 1821, page 118, a donné 
toutes les propositions nouvelles de M. Weber. La plus 
importante, du moins par rapport à moi et à mes travaux 
de détermination, est relative à la découverte de certains 
osselets situés chez la Carpe hors du crâne. M. Weber les 
nomme étrier, enclume et marteau. Le bulletin de la 
Société Philomatique donne comme une heureuse idée 
de l’auteur allemand, d’avoir attribué ces pièces à la 
vessie natatoire , et d’avoir en outre considéré ce même 
appareil comme une dépendance de l’ouie. L'article du 
bulletin fait encore connaître que la pointe du marteau 
adhère contamment à la partie supérieure de la vessie 
patatoire. 

Je montre à la société les petits osselets découverts 


par M. Weber. Si ce sont là le marteau, l’enclume et. 


l'étrier , la conséquence naturelle de ces idées d’analogie 


( 437) 


est que je me suis trompé, lorsque j'ai donné ces pièces 
comme trouvant ailleurs leurs analogues, c’est-à-dire lors- 
que je les ai déclarées déterminées en leur appliquant le 
nom des pièces de l'oreille. 

Je n’ai point dù donner mes énoncés généraux sur 
le crâne et surtout les présenter comme définitifs à 
l'égard de tous les êtres , ainsi que je l’ai fait le 23 février 
dernier à l’Académie des Sciences, et comme je crois 
toujours l’avoir judicieusement établi dans mon tableau 
lithographié (1), embrassant toutes les existences quant 


# 
(1) Tableau portant pour titre: Composition de la téte osseuse chez 


l'Homme et les Animaux, trouvée semblable en nombre, connexions et 
application usuelle de ses parties. I| accompagnait un Mémoire que 
j’ai communiqué à l’Académie des sciences le même jour, 23 février. 

Je détache de ce travail les faits qui se lient à la question traitée dans 
ce petit écrit. 

L’aile temporale forme chez les Poissons une partie séparée du 
crâne dont 1outes les pièces, ailleurs restreintes au plus petit volume, 
sont au contraire portées chez les Poissons au maximum de composi- 
tion. C’est ce que je pense en effet des deux parties du cadre du tym- 
pan et des osselets de l’ouïe, osselets ainsi nommés dans l'Homme, où 
ils furent d’abord observés. Jai fait figurer cette aile temporale, prise 
chez le Brochet et chez le Mérou, en deux parties et dans deux ou- 
vrages diflérens: 1° dans le premier atlas de ma Philosophie anatomi- 
que, pl. 1; et 2° dans le neuvième volume des Mémoires du Muséum 
d'Histoire-Naturelle. Mon allas montre quatre pièces pour l’opercule ; 
il n’en existe véritablement que trois : les parties Zet e n’en forment 
qu’une seule, qui avait été vue accidentellement rompue. J’applique le 
nom de Siapéal ou étrier à la pièce 0; d’Incéal ou enclume à l’inférieure 
notée Le; et celui de Aalléal, ou marteau, à l’antérieure m. Cet ensem- 
ble de parties, qui compose l’opercule des Poissons, est articulé avec 
le surplus de l’aile temporale, fig. et Mém. cités, t. 9, pl vr, fig. 7 et 8. Je 
suis ces pièces d’arrière en avant. La premiére, lett. p., est le tympa- 
nal analogue au petit filet circulaire du cadre du tympan; la deuxième 
r, est le serrial analogue à la grosse tubérosité du même cadre. J'ai déjà 


( 438 ) 
au nombre et quant à toutes les modifications des os 
crâniens , je n'ai, dis-je , point dû me prononcer sur ces 
faits, sans avoir revu les travaux de M. Weber. 

J'ai assez long-temps laissé agir toutes les insinuations 
de la rivalité, et il doit m'être sans doute aujourd’hui per- 
mis de dire ce que je pense du travail de ce savant 
anatomiste. 

M. Weber, qui a réellement découvert chez la Carpe 
un mode d’association inaccoutumé et vraiment fort 
curieux d’osselets , n’a cependant , selon moi du moins, 
nullement procédé quant à la détermination de ces 
pièces avec la philosophie et la logique qu'on ne peut 
se dispenser d'apporter, quand on se propose de rendre 
de pareils jugemens. Il ne connaissait point le système 
osseux de la Carpe , puisqu'il déclare lui-même adopter 


publié le fait de cette séparation du cercle auditif en deux pièces; j’ai 
consacré cette découverte, faite chez l’homme par M. Serres, en y at- 
tachant le nom de l'inventeur. Une pièce de l'Hyoïde s , ou le Stylhyal, 
est articulée avec leserrial ; en arrière est une autre pièce £, lÆdorbital, 
analogue à la portion orbitaire du maxillaire supérieur; au-dessus de 
celle-ci est le cotyléal c: c’est la portion analogue chez l'Homme à l'arc 
osseux posé sur Je rocher, et sous lequel passe la carotide interne pour 
pénétrer dans le crâne. Les deux autres piéces, l’une en dehors, u, et 
l'autre en dedans, d, sont, celle-là l’adgustal, et celle-ci l’héris- 
séal. Ce sont les noms nouveaux que je donne à deux piéces, dont Ja 
détermination appartient à M. Cuvier; l'adgustal répondant à l'apophyse 
ptérigoïde externe , et l'nérisséal à l’apophyse ptérigoïde interne. Au 
contraire , je ne suis point de son sentiment à l'égard des pièces posté- 
rieures £, €, r : M. Cuvier nomme Jugalt, ou VPadorbital ; il nomme 
caisse e, ou le cotyléal, et temporal r, ou le serrial. Le jugal et le tempo- 
ral, existent, suivant moi, au-dessus : le temporal est, soudé au crâne. 
M. Cuvier a créé, pour les dénommer, les noms de sous-orbitaire et de 
mastoidien. 1} n’y a, du moins c’est mon sentiment , nulle part de sous- 
orbitaire, ni de mastoïdien ; et j'ajoute, ni de frontal antérieur mi de 


vd 


Jrontal postérieur , ni d’interpariétal. 


( 439 ) 

de confiance, quant au crâne de cette espèce, le travail de 
Bojanus : ainsi ce n'est point à l'égard d’os voisins qu'il 
connaît très-exactement qu'il juge les autres pièces de- 
venues pour lui les petits os de l'oreille des Mammiferes : 
c’est donc une détermination faite à priori, et basée sur 
quelque ressemblance dans la forme et la dimension 
des parties; bien mieux, l’auteur semble ignorer qu'il 
n'est point là sur des considérations , du moins dans son 
point de vue, propres à tous les Poissons ; et en eflet, 
hors les genres Cyprinus, Sülurus et Cobitis, rien de cé 
qu'il a vu, et comme il l’a vu surla Carpen’existe ailleurs. 

Je reviens sur les pièces que M. Weber a découvertes 
chez la Carpe et dans tous ses congenères, et Je les trouve 
chez tous les Poissons ; mais non plus avec les condi- 
tions d'indépendance et de relations qu'elles ont acquises 
par suite de leur extension du côté de la vessie nata- 
toire. Où sont toutes ces pièces ? derrière et dehors 
le crâne. Où sont-elles posées ; car c’est à mon principe 
des connexions à me diriger sur leur détermination ? Je 
les vois sur les flancs des trois premières vertèbres : et 
cette observation faite me porte au pressentiment qué 
ce sont des branches vertébrales. Je les étudie plus 
spécialement et je ne vois toujours là, on que des périaux 
ou que des épiaux (1) de la première, de la seconde et 
nd mn alénbth sa heures coll" sc nofdo eines 


(a) Ces noms sont définis dans mes Considerations générales sur la 
Vertèbre (F. Mém. cités; t. 9, p. 89). J’ai donné dans ce travail les 
conditions générales de toute vertébre, que je trouve partout composée 
dé heuf pièces, savoir: une centrale, ôu le corps vertébral (eycléal), et 
quatre pièces en dessus; savoir : les branches pour enceindre le systèrne 
médullaire (deux périaux et deux épiaux); et quatre pièces en des- 
sous ; ou les autres branches vertébrales pour le système sanguin (deux 
parädaux et deux cataaux). 


( 440 ) 


de la troisième vertèbre. Ces branches vertébrales sont 
alors dans toute la classe des Poissons , car elles ne dif- 
férent,de ce qui est partout ailleurs que parce qu’elles 
se trouvent chez les Cyprins en liaison avec la vessie 
natatoire. Mais les mouvemens de celle-ci sont précisé- 
ment ce qui les a privées du repos nécessaire à leur 
ossification définitive , soitentre elles, soit avec le corps 
vertébral. Voilà donc tout le mystère, voilà l’unique fait 
nouveau concernant ces petits osselets; ainsi il n’y a 
plus là de marteau, d’étrier, ni d’enclume , et mon an- 
cienne détermination, si d’ailleurs elle est fondée sur 
des motifs avérés, peut rester toujours acquise aux os 
de l’opercule. 


NorTice sur la PUCE IRRITANTE. 
Par M. DErRANCE. 


Quoique les puces soient des insectes fort com- 
muns, il reste peut-être beaucoup de choses à 
connaître à leur égard. L'on sait que de leurs œufs 
il sort des larves qui filent des coques soyeuses dans 
lesquelles elles se changent en nymphes et ensuite 
en insectes parfaits. Lorsque l’on ouvre des femelles 
prêtes à pondre on trouve dans leurs corps huit à douze 
œufs oblongs, blancs , arrondis et d’égale grosseur aux 
deux bouts. Quand ils viennent d’être pondus ils sont 
lisses , secs, et coulent comme des globules de mercure, 
cherchant , au moindre mouvement , les lieux plus bas 
et les fentes où les larves pourront se trouver proté- 
gées. Si l’on veut se convaincre de ces faits il suffit de 
visiter, pendant l'été surtout, un fauteuil sur lequel 


(441) 
un chien ou un chat se sera reposé ; on y trouvera beau- 
coup d'œufs que ces insectes ont pondus en se placant 
- entre l'animal et le corps sur lequel il était couché. 

Si ces insectes n'étaient pas aussi nuisibles qu'ils le 
sont, l’on pourrait avoir quelque inquiétude sur le sort 
de la larve sanguinivore qui doit sortir d’un œuf ainsi 
abandonné au hasard ; mais la nature a pourvu à la con- 
servation de toutes les espèces , mème de celles qui peu- 
vent nous nuire. Avec les œufs on trouve des grains 
noirs presque aussi roulans qu'eux qui proviennent de 
l'animal qui a servi de pâture à l’insecte , et qui doi- 
vent être dévorés par les larves. 

Jusqu'à présent l’on a pris ces petits corps pour les 
excrémens des puces; mais il y a bien des raisons de 
douter qu'ils aient cette origine. Ils ne sont autre chose 
que du sang desséché , qui reprend sur-le-champ sa li- 
quidité , si on lui restitue l’eau qu'il a perdue. Si c'était 
des excrémens et le résidu de matières digérées, ils 
auraient une forme régulière , et il semble qu'ils ne pré- 
senteraient pas une matière aussi disposée à se dissoudre 
et à reprendre la couleur du sang. D'ailleurs , leur gros- 
seur est telle qu’elle ne pourrait convenir à l’organe par 
lequel ils seraient rejetés par un aussi petit insecte. 
Ces grains affectent différentes formes. Les uns sont 
axrégulièrement arrondis, mais ordinairement ils sont 
cylindriques et luisans ; quelques-uns qui sont contournés 
sur eux-mêmes et discoïdes, seraient plus longs que 
l'insecte lui-même s'ils étaient déroulés. 

Quand ils n'auraient pas tous ces caractères , qui pa- 
raissent ne pouvoir convenir à des excrémens, ayant pu 
vérifier que ces corps sont dévorés avec avidité par les 
larves et qu'ils leur servent de nourriture, il semble 


(44) 


que ce fait seul pourrait sufire pour penser qu'ils n’ont 
pas cêtte origine , car on ne voit pas que des animaux se 
nourrissent des excrémens de ceux qui les ont procréés. 

Îl reste à découvrir et à expliquer comment ce sang 
desséché peut se présenter pour la nourriture des larves 
sans provenir du corps des puces ; mais quoique ce qui 
se passe à cet égard soit extrèmement fréquent, per- 
sonne, peut-être, n'a été à portée de l’observer. Je 
hasarderai cette conjecture : c’est que dans certains cas 
les puces, et peut-être les femelles exclusivement, au- 
raient la faculté d'ouvrir la peau non-seulement pour 
se nourrir du sang qu’elles peuvent pomper, mais en- 
core d’y faire (comme les sangsues ) une blessure qui 
le laisserait couler pendant un certain temps; ce sang, 
fluide en sortant de la peau, se dessécherait prompte- 
ment par la chaleur de l'animal à mesure qu'il décou- 
lerait de la blessure, et ce serait là là cause de la forme 
de ceux de ces grains qui sont contournés sur eux- 
mêmes. Ce qui viendrait appüyer cette conjecture, 
c’est qu'on ne trouve ce sang desséché et calibré que 
dans les poils des animaux qui l'ont fourni, et dans 
les endroits où ils ont reposé , quoique les insectes se 
rencontrent ailleurs. S'ils provenaient des excrémens 
des insectes , on en trouverait partout où ces derniers 
auraient habité, et c’est ce que l’on ne voit pas. Quand 
ils attaquentla peau des hommes, on remarque quelque- 
fois des taches du sang qui a dû découler d’une plaie, 
mais non des grains calibrés. 

Le 22 août j'ai ramassé des œufs pondus du même 
jour , et ils sont éclos cinq jours après. Aÿant nourri les 
petites larves avec le sang desséché que J'avais 1rouvé 
avec les œufs, j'ai remarqué qu’elles marchent fort vite 


(44 ) 


en élevant la tête, et après l'avoir avancée elles «atti- 
raient leur corps ; mais elles ne pouvaient s'élever contre 
les parois de la boîte. 

Je n’ai jamais trouvé ces larves ni leur coque sur les 
animaux qui servent de pâture à l’insecte parfait ; et 
n'ayant pas , comme ce dernier, une forme et une peau 
ferme qui puissent.les protéger, il est exrèmement pro- 
bable qu’elles doivent s’y trouver bien rarement. Je leur 
ai présenté des mouches, quelques-unes ont paru vou- 
loir se nourrir de la substance qui se présentait aux en- 
droits où les ailes avaient été arrachées ou aux fentes 
du corselet qui avait été un peu écrasé; mais elles ne 
les auraient pas attaquées sans ces sortes de blessures. 
Leur corps transparent laisse voir la nourriture qu’elles 
ont avalée. 

Le 9 septembre elles ont commencé à filer des co- 
ques ; mais avant de le faire elles ont attendu , comme 
le font les chenilles , et probablement toutes les larves, 
que tout ce qu’elles avaient mangé fût sorti de leur 
corps ; et, dans cet état, elles étaient blanches et tout- 
à-fait transparentes, 

: Les nymphes qui présentent les pates collées contre 
le corps ont beaucoup de rapports dans leur forme avec 
les insectes parfaits; et ceux-ci percèrent leur coque 
seize jours après qu'elle eut été formée. 

: La précaution que prennent certaines personnes de 
baigner les animaux pour les débarrasser de ces insec- 
tes est bien inutile, puisque ceux que j'ai tenus dans 
l'eau pendant vingt-deux heures , ont repris la viè après 
en avoir été retirés ; les femelles pleines d’œufs ont péri 


à cette épreuve, mais elles ont subi jusqu'à douze heures 
d'immersion sans périr. 


(444) 


Note sur le dégagement d’un gaz ammoniacal pen- 
dant la végétation du Casnoroniüum Vurvaria. 


C’est un des phénomènes les plus piquans de la phy- 
siologie végétale que le fait bien connu des mouvemens 
continuels de certains fluides aériformes dans l’intérieur 
de leurs organes. Une observation d’un haut intérêt 
vient d’être ajvutée par M. Chevallier, à celles que nous 
possédons déjà sur cette matière. Il avait annoncé, con- 
jointement avec M. Lassaigne, l’existence du sous-car- 
bonate d'Ammoniaque, tout formé dans les feuilles du 
Chenopodium vulvaria , et cette assertion avait éprouvé 
quelque difficulté à passer dans la science, comme fait, 
et véritablement on ne voit pas trop pourquoi. Cepen- 
dant il faut se féliciter de la controverse qui en est ré- 
sultée puisqu'elle a conduit M. Chevallier à la décou- 
verte d’un fait bien autrement curieux que le précédent. 
Ce n’est plus maintenant un sel ammoniacal faisant 
partie des feuilles comme tant d’autres matières salines , 
c'est une exhalation continuelle d'Ammoniaque libre 
qui aurait lieu pendant la vie de cette plante. Certaine- 
ment ce premier fait, jusqu'à présent isolé , ouvre une 
mine riche en résultats importans , et l’on ne peut s’em- 
pêcher de le rapprocher des idées ingénieuses de M. Ro- 
biquet sur l’Arome. Nous ferons observer d’ailleurs que 
c’est pour la première fois qu'on a observé dans les vé- : 
gétaux l’exhalation d’un gaz contenant de l'azote, et la 
ficilité avec laquelle l'Ammoniaque abandonne ce prin- 
sipe, pourrait peut-être faire mieux concevoir la forma- 
tion des produits azotés du règne végétal dont on cher- 


(445) 

chait plutôt la source jusqu’à présent, dans l’air atmos- 
phérique et dans les Nitrates ou les Nitrites, qui peuvent 
se rencontrer dans les terres. Nous rapporterons tex- 
tuellement l’observation de M. Chevallier : « Voulant 
obtenir l’acali volaul de la Vulvaire sans employer l’ac- 
tion du feu, et par-là éviter des objections qu’on eût 
pu me faire, j'ai placé dans un grand pot à fleur une 
motte de terre contenant deux pieds de Chenopodium. 
Quand je fus assuré que cette transplantation n'avait en 
rien influé sur la vitalité du végétal , je plaçai sur le pot 
un entonnoir de verre, et je lutai le tout de manière 
que la vapeur qui se se dégage continuellement de la 
Vulvaire, fütobligée de passer par la partie supérieure de 
l’entonnoir. J'adaptai à cette partie supérieure un tube 
qui allait se rendre dans un flacon contenant de l'acide 
hydrochlorique étendu d’eau. Toutecommunication avec 
l'air extérieur était d’ailleurs interrompue par un second 
tube plongeant dans l’eau. À peine le premier fut-il en 
présence de l’acide hydrochlorique que des vapeurs 
blanches se firent apercevoir et se répandirent à la sur- 
face du liquide où elles disparaissaient. Ce dégagement 
étant très-fort, le soir du jour même je fis l'analyse du 
liquide, et je trouvai qu'il contenait de l’hydro-chlorate 
d’Ammoniaque. Je répétai plusieurs jours de suite la 
mème expérience qui toujours me donna les mêmes 
résultats. 

» D'après cette expérience, je crois pouvoir être con- 
vaincu que le Chenopodium Vulvaria laisse dégager 
spontanément de l’Ammoniaque libre pendant l’acte de 
la végétation. 

» J'ai reconnu d’ailleurs, il y aquelques années, conjoin- 
tement avec M. Boullay, qu'un grand nombre de fleurs, 


( 446 ) 
même de celles dont l’odeur est très-agréable , laissent 
dégager spontanément du gaz Ammoniaque. » 

On ne peut s’empècher de 1ecommander cette obser- 
vation à l'attention des personnes qui s'occupent de phy- 
siologie végétale. Et puisque M. Chevallier a été assez 
heureux pour découvrir cet important phénomène, il 
serait bien à désirer qu’il poussât plus loin ses recherches 
et qu'il les dirigeät vers l'influenee que les rayons so- 
laires peuvent excercer sur ce dégagement, en ayant 
soin ; bien entendu , d’exclure la terre végétale, dont la 
présence peut troubler les résultats. 


Extrait d’une lettre de M. Berzelius, du 17 
février 1824. 


. . J’a1 analysé l’Uranite d’Autun , et le résultat 
raisonné de mon analyse, diffère de celui de M. Laugier. 


Ode l'a M AAMEPANRIE ATEN PRET SA AERETE 
CRÉELEL ASIA OTORERNR ANS JS LA ha a PEL 
BAPE TS NEURONES 
Nasnésten el SCIOMENEAURR AND MIA e EE Ne MRET 
Aide phéSpRoTique. s EMI TROT AL MEET 
BED AS APARTMENT EMI CARRE MSNM 


Trace d’ mme et d’acide fluorique, gangue. 2,50 


Tonga niiss cha GB69 


L'uranite est composé de sous-phosphate de chaux et de 
sous-phosphate d’oxide d’urane, dans un tel rapport que le 
dernier content le double d’oxigène et d’acideen com-. 
paraison du premier, — J'ai aussi analysé celui de Corz 


( 447 ) 


nouailles. Il est composé de manière que l’oxide de 
cuivre remplace la chaux et la baryte de celui d’Autun. 
C’est donc un sous-phosphate double de cuivre et d’u- 
rane qui a la même forme cristalline que celui de chaux 
et d’urane, puisque la chaux et l’oxide d’urane sont 
isomorphes d’après M. Mitscherlich. J'ai proposé pour 
celui de Cornouailles le nom de Chalcolithe, qui lui 
était donné par Werner, pour le distinguer de l’uranite 
d’Autun. 


Notre sur le feuillage des CLIFFORTIA. 
Par M. DE Cannozce. 


Le feuillage des jolis arbustes du cap de Bonne-Espé- 
rance, auxquels Linné a donné le nom de Cliffortia, 
présente des bizarreries remarquables ; il a été décrit 
jusqu'ici d’une manière fort incorrecte, tandis qu’en le 
considérant sous le point de vue que j’ai exposé dans la 
Théorie élémentaire ( éd. 2, $ 81-110), il devient fort 
clair, et présente un exemple piquant de l'application 
des lois combinées de l’adhérence et de l’avortement ou 
non développement des organes végétaux. 

Les auteurs systématiques divisent les Cffortia en es- 
pèces à feuilles alternes fasciculées , ou opposées, mais 
elles ont toutes les feuilles alternes; on a,nommé fasci- 
culées celles à trois folioles bien distinctes, et qui ont en 
outre de petites feuilles qui naissent à l’aisselle des feuil- 
les ordinaires; on a nommé opposées celles qui ont en 
effet deux lames appliquées l’une contre l’autre, mais 
sans faire attention que ces lames partent du même point 
de la tige, ce qui n’a jamais lieu dans les feuilles véri- 


( 448 ) 

tablement opposées. Puisque ces termes sont fondés sur 
de simples apparences, examinons la réalité des carac- 
ières. Les Cliffortia appartiennent à la famille des Rosa- 
cées et à la tribu des Sanguisorbées; comme la plupart 
de leurs analogues, elles ont des feuilles alternes à pé- 
tiole court, munies à leur base de deux stipules adhé- 
rentes au pétiole, et formées de trois folioles tantôt li- 
bres tantôt soudées ensemble, tantôt égales tantôt iné- 
gales entre elles. Elles présentent cinq combinaisons, 
qui me servent à diviser le genre en cinq sections très- 
naturelles. 

1°. Dans les Clifforties que je nomme Multinerves, 
on trouve des feuilles en apparence simples portant à 
leurs côtés deux stipules, munies à leur base de plu- 
sieurs nervures saillantes, et divisées vers le sommet en 
trois lobes aigus et inégaux. Ce sont des espèces où les 
trois folioles sont soudées en une jusque près des som- 
mets ; les nervures propres de chaque foliole sont visi- 
bles à la base : les parties non soudées des folioles for- 
ment les trois pointes, et les stipules sont visibles aux 
deux côtés vers la base. Cette organisation se trouve 
dans les Cliffortia ilicrfolia Lin., cordifolia Lam. , et 
ruscifolia Lin., où je l’ai observée, et parait exister 
aussi, d’après les descriptions, dans le C. bidendata 
Willd. 

2°, Les Cliflorties que j'appelle Dichoptères ressem- 
blent en apparence aux précédentes, et semblent com- 
me elles avoir des feuilles simples à une seule nervure 
et des stipules bifides, mais la réalité est bien diflé- 
rente; ici, ce qui semble la feuille n’est autre chose que 
Ja foliole du milieu, qui est grande et bien développée; 
ce qui semble une stipule bifide' est composé de la sou 


( 449 ) 


dure incomplète des stipules proprement dites, avec les 
folioles latérales de la feuille. J'ai observé cette organi- 
sation dans ie C. cuneata d’Aïton, et j'ai lieu de croire, 
d’après les descriptions, qu’elle existe de même dans les 
C. odorata, serrata, ferruginea, et probablement dans 
le C. graminea de Linné fils. 
La 3° section, celle des Cliflorties à feuilles menues 
( Tenuifoliæ), répond à peu près aux Clifforties fasci-. 
culées des auteurs. Les feuilles, lorsqu'elles sont bien 
développées, présentent trois folioles grèles, oblongues, 
linéaires ou en alène; les deux latérales sont quelque- 
fois plus courtes que celles du milieu, mais de nature 
et de forme semblables; les stipules sont simples, or- 
 dinairement distinctes entre elles, mais soudées ensem- 
ble dans le €. strobilifera; les feuilles de la tige avor- 
tent fréquemment dans cette section , et il ne reste alors 
que les stipules, à l’aisselle desquelles se développent 
des faisceaux de petites feuilles , phénomène analogue à 
ce qui se passe dans l’épine-vinette. J'ai observé ce mode 
de foliation dans les Cliffortia strobilifera , juniperina , 
sarmentosa et falcata de Linné ; il est probable, d’après 
les descriptions, qu’il se rencontre aussi dans les C. eri- 
cæfolia, teretifolia et filifolia, qui peut-être ne sont pas 
suflisamment distinguées entre elles. 
Les Clifforties à larges feuilles (Latifoliæ) forment la 
quatrième section ; elles offrent trois folioles ovales ou 
en cœur renversé, bien distinctes, souvent dissembla- 
bles de façon que les latérales qui sont les plus petites 
semblent être des stipules : mais les vraies stipules exis- 
tent au-dessous , de sorte qu’on ne peut les confondre. 
Cette section représente avec le moins d’aberration pos- 
sible l’état normal des Cliffortia. J'en ai observé les C. 


1. 29 


(40) 


ternata et obcordata, et jy rapporte sans aucun doute, 
d’après les descriptions , les ©. trifoliata de Linné, 6bli- 
qua de Sprengel , et dentata de Willdenow. 

Enfin la cinquième section , celle des Clifforties à deux 
folioles ( Bifoliolæ), correspond aux Clifforties à feuilles 
opposées ; on y remarque de très-petites stipules et des 
feuilles sessiles qui ont les deux folioles latérales grandes, 
arrondies et appliquées l’üne contre l’autre : mais la 
foliole impaire ou terminale manque tout-à-fait. C’est 
ce que j'ai observé dans le €. pulchella, et ce que je 
crois exister dans les €. crenata et cinerea; maïs ces 
deux dernières sont décrites de manière à laisser du 
doute sur leur vraie organisation. 

Outre l'avantage de classer ainsi les espèces de Clif- 
forties en $sections claires et naturélles, on trouvera 
peut-être dans ces faits et un exemple curieux du jeu 
des adhérences et des avortemens ;, ét un indice que ce 
que nous appelons feuilles simples pourrait bien réelle- 
ment être des feuilles dont toutes les parties sont inti- 
mement soudées ensemble , tandis que ce que nous 
nommons feuilles composées sont celles dont les folioles 
restent distinctes les unes des autres. Je me propose de 
revenir sur cette question générale , en l’éclairant par 
quelques autres exemples. 


Essai sur la constitution géognostique des 
Pyrénées. 
Par J. De CHARPENTIER. 
Ouvrage couronné par l’Institut royal de France (x). 


Dans la première partie de son ouvrage l’auteur exa- 


ARE Le Lo 


< 


‘{t) A Paris, chez Levrault , rue des Fossés-M.-le-Prince, n, 19 | 


(451) 

minc la structure physique extérieure des Pyrénées , fait 
connaitre successivement l'étendue de cette chaîne, la 
forme qu’elle présente, ses vallées avec leurs lacs et les 
cirques remarquables appelés oules qui se trouvent à 
la naissance de plusieurs, ses sommets les plus éle- 
vés, ses cols ou ports, ses glaciers, etc. La seconde partie 
est consacrée à un apercu général sur la nature et la 
disposition des divers terrains dont les Pyrénées sont 
composées. « Les masses minérales qui composent la 
» charpente des Pyrénées, dit-il en la commencant, pa- 
» raissent appartenir toutes à la classe de roches que 
» l’on désigne communément sous le nom de roches nep- 
» {uniennes. 

» On n'a jamais trouvé dans ces montagnes de roches 
» volcaniques, ni aucune substance minérale dont la 
» nature ait été changée par l’action des feux souterrains. 
»' Les basaltes même, qui sont si répandus dans certains 
» pays, et dont l’origine ignée a donné lieu à tant de 
» diseussions, ne s'y rencontrent point. Cependant on 
» trouve dans ces montagnes de grands dépôts de roches 
» amphiboliques modernes, dont le mode de formation 
» nous paraît encore extrêmement équivoque ; et nous 
» né croyons pas que dans l’état actuel de nos connais- 
» sances géologiques on puisse rien décider sur leur ori- 
» gine. » Les divers terrains qui composent les Pyré- 
nées forment des bandes parallèles à la direction géné- 
rale de la chaîne qui est en mème temps la direction la 
plus ordinaire de leurs strates. L’inclinaison de ces der- 
nières est extrêmement variable. Il n’y a que le terrain 
de trapp secondaire qui échappe à ces lois. « Ce singulier 
» terrain ne forme pas précisément des bandes comme 
» les autres roches des Pyrénées, mais des monticules 
à Me 


( 452 ) 


» ou masses isolées , placées en général vers le pied de 
» Ja chaîne et à l’entrée des vallées. » 

Cette partie se termine par l'exposition des idées de 
l’auteur sur le mode de formation et la forme originelle 
des Pyrénées et sur les dégradations qui ont produit leur 
forme actuelle. Elle est ornée d’une planche qui repré- 
sente ces divers objets. 

La troisième partie dont la seconde forme en quel- 
que sorte l'introduction , et qui constitue à elle seule 
plus des deux tiers du volume, « contient la description 
» détaillée des différentes espèces de terrains qui consti- 
» tuent les Pyrénées. » 

L'auteur les divise en trois classes, le terrain primitif, le 
terrain intermédiaire et les terrains secondaires. Le terrain 
primitif des Pyrénées, extrèmement simple dans sa com- 
position, consiste principalement en Granite , en Schiste 
micacé et en Calcaire ; le Granite est la roche dominante, 
et avec celles qui lui sont subordonnées il forme peut-être 
les huit dixièmes de ce terrain. Après lui vient le Schiste 
micacé qui dans les Pyrénées est identique avec le 
Schiste argileux et le Schiste talqueux. Il n’y a pas dans 
cette chaîne de formation indépendante de Gneïss, mais 
cette roche se trouve fréquemment subordonnée ou asso- 
ciée aux parties supérieures du Granite. Quelques-unes 
de ces associations présentent des apparences très-re- 
marquables. Le Gneiss semble former d'énormes frag- 
mens anguleux au milieu du Granite. 

Le Granite des Pyrénées se distingue de celui de beau- 
coup d’autres contrées en ce que le Mica passe générale- 
ment à l'état de Tale. Il présente un grand nombre de 
couches subordonnées parmi lesquelles on distingue des 
couches de Calcaïre grenu passant quelquefois au Cal- 


(453 ) 

caire compacte. D’après les passages qu’il offre et les mé- 
langes qu'il contient , ce Granite paraît se rapporter au 
moins ancien des Granites primitifs. M. de Charpentier 
ne repousse même pas l’idée qu'il pourrait appartenir à 
l’époque intermédiaire. Il dit lui-même qu'il s’est formé 
sur ces roches des idées analogues à celles que M. Bro- 
chant de Villiers a émises sur les roches Granitoïdes des 
Alpes. 

La formation du terrain de Schiste micacé paraît avoir 
suivi immédiatement celle du Granite,et on observe mème 
un passage de l’une de ces roches à l’autre. Ce terrain 
est composé de Schiste micacé, de Schiste argileux et de 
Schiste talqueux , et renferme des couches de Calcaire , 
de Quarz, d’Amphibole , de Graphite, de Granite, de 
Grunstein commun , de Grunstein à base de Porphyre, 
et de feldspath compacte. 

Le Trapp primitif subordonné au Schiste micacé et le 
Calcaire avec lequel il alterne fréquemment sontles deux 
roches des Pyrénées dans lesquelles on observe le plus 
grand nombre de minéraux étrangers et d'espèces peu com- 
munes. Il y a peu de contrées qui dans un espace aussi 
borné que celui que ce terrain occupe dans les montagnes 
qui environnent Barèges , offrent un aussi grand nombre 
d’espèces minérales. M. de Charpentier n’élève aucun 
doute sur l’origine neptunienne de ce Trapp. Le Calcaire 
qu’on trouve intercalé dans le Granite et dans le Schiste 
micacé des Pyrénées forme un des traits les plus mar- 
quans de ces terrains. M. de Charpentier cite entre-au- 
tres dans les parties supérieures du Granite , qui en ce 
point passe en Gneïss , une couche Calcaire de quinze 
toises d'épaisseur qui présente de petites couches su- 
bordonnées de Granite et de Gneïss et qu'on peut suivre 


( 454 ) 


sur une longueur de plusieurs lieues. Il décrit parmi les 
terrains primitifs une formation de Calcaire le plus sou- 
vent saccharoïde , et qui, tant par ce caractère que par 
les minéraux accidentels qu'il contient, présente de 
grands rapports avec celui qu’on voit subordonné dans 
le Granite et le Schiste micacé. Cependant il repose sur 
le Granite en stratification discordante, et ses rapports 
avec le Schiste micacé ne sont pas connus, non plus que 
la discordance de stratification qui doit exister entre lui 
et le terrain de transition, si réellement il est primitif. 

Le terrain de transition incontestable occupe un grand 
espace dans les Pyrénées ; il paraît constituer les deux 
tiers de toute la chaine et forme presque partout le faîte 
de la chaîne centrale ; il présente une très-grande épais- 
seur. 

Il se compose principalement de Schiste argileux et 
de Calcaire. La dernière de ces roches est plus fréquente 
dans la partie supérieure du terrain et la première dans 
la partie inférieure. Celle-ci contient principalement 
dams-sa partie inférieure des couches de Grauwacke or- 
dibaire et Grauwacke schisteuse. Le Caleaire qui se dis- 
tingue en grénu, schisteux et compacte renferme des 
couches de brèche calcaire. Ce terrain présente un as- 
sez grand nombre de couches de Quarz compacte. On y 
observe aussi entre autres couches subordonnées des 
couches minces de Feldspath compacte qui contiént 
quelquefois des réstes d'animaux marins. Ces débris sont 
assez fréquens däns les Calcaires; lé Schiste argileux 


ainsi que la Grauwacke schisteuse présentent des em- « 


preintes végétales. L'auteur n’a pas cherché à établir de 
rapprochement particulierentre le terrain detransition des 
Pyrénées et les terrains de transition observés dans d’au- 


EEE PP 


2 on EE 


(455) 


tres pays. Cependant il indique un grand nombre de rap- 
ports entre ce terrain et celui qui s’observe dans un grand 
nombre de poinis des Alpes centrales, et que M. Brochant 
a caractérisé le premier. 

M. de Charpentier n’a distingué dans les terrains 
secondaires des Pyrénées que trois formations, le 
. Grès rouge (rothe todte liegende), le calcaire Alpin 
(zechstein ) et le terrain de Trapp secondaire (ophite). 
Cependant il annonce qu'une partie du Calcaire qu'il 
nomme Alpin lui parait se rapporter au Calcaire du 
Jura (Calcaire oolithique), mais qu'il n’a pu les sé- 
parer faute d’une limite tranchée, soit dans leurs mas- 
ses soit dans leurs caractères. Peut-être même pour- 
rait-on soupconner que les parties dans lesquelles il in- 
dique des couches de combustibles au pied septentrional 
de la chaîne seront un jour rangées à côté de ces terrains 
long-temps problématiques de la Provence, qui d’après les 
savantes recherches de M. Brongniart se rapportent aux 
premiers dépôts tertiaires. Quant aux masses auxquelles 
M. deCharpentier applique spécialementles noms de rothe 
todte liegende et de zeschtein, À nous semble que n'ayant 
pas observé le terrain houiller dans les Pyrénées et 
n'ayant pas fait une étude suivie des fossiles qu'il y a 
rencontrés, 1] n'a pas fixé leur âge géologique d’une ma- 
nière irrévocable. On sait que plusieurs des terrains rap- 
portés d’abord par les Allemands au rothe todte liegende 
ont été regardés depuis comme plus anciens que la 
houille, et se rapportent au o/d red sanstone des Anglais, 
ou comme plus modernes que le Zechstein et se rappor- 
tent au Grès bigarré(bunter sandstein, new red sanstone). 
De même plusieurs Calcaires qui avaient été rapportés 
au Zechslein ont été trouvés depuis plus anciens ou plus 


( 456 ) 

modernes que le calcaire qui a suivi immédiatement le 
véritable rothe todte liegende. se pourrait que le rothe 
todte liegende et le Zechstein des Pyrénées éprouvassent 
‘ un jour un sort analogue . M. de Charpentier ayant prouvé 
que ces deux terrains se sont déposés l’un sur l’autre 
sans intervalle, il suffirait de fixer d’une manière incon- 
testable l’époque de formation de l’un d’eux. 

M. de Charpentier a également laissé indécises plusieurs 
des questions auxquelles donnent lieu les Ophites et les 
dépôts de Marnes bigarrées , de Gypse et de Calcaire , 
et les sources salées qui les accompagnent le plus sou- 
vent. Il avait cru d’abord que les Ophites étaient su- 
perposés à ces derniers dépôts ; mais d’après les observa- 
tions de M. Boué et de M. Levallois qui ont visité les 
Pyrénées après lui, et avec les indications que M. Bro- 
chant leur avait fournies d’après le manuscrit de M. 
Charpentier , dont il était dépositaire , il semble disposé 
à admettre que ces deux systèmes de roches dont la con- 
coniittance est un fait si remarquable, sont simplement 
adossés l’un à l’autre. « Il paraît, dit-il, que cette roche 
» (l’Ophite) est souvent placée pour ainsi dire verticale- 
» ment à côté du Gypse , de l’Argile et du Calcaire fer- 
» rugineux, de manière qu'on ne peut dire ni qu'il re- 
» couvre ni quil supporte aucune de ces roches. » 

M. de Charpentier a décrit avec le soin qui se montre 
dans tout son travail, les divers minéraux répandus acci- 
dentellement dans les roches des Pyrénées. Il donne des 
détails intéressans sur plusieurs variétés de Macles et 
sur le Dipyre. On sait déjà combien il a étendu nos 
connaissances sur le Lherzolite ou Pyroxène en roche 
qu’il a le premier rapporté à son véritable type miné- 
ralogique. Enfin il décrit un minéral, le Couzeranite, qui 


( 457) 


ne paraît se rapporter à aucune espèce connue et être 
une espèce nouvelle dont il a enrichi la science. 


Sur le PRETREA et le RoGERriA, deux nouveaux 
genres de plantes. 


Dans un mémoire qui sera incessamment publié, M.Gay 
donne la monographie des plantes que R. Brown avait dé- 
tachées des Bignoniacées sous les noms de Sesamées et de 
Pedalinées. Deux nouveaux genres font partie de ce tra- 
vail ; le Pretrea qui est intermédiaire entre le Sesasum 
et le Josephinia , et dont la seule espèce a été décrite par 
Loureiro sous le nom de Martynia zanguebarica; le Ro- 
geria qui est voisin du Pedalium , et auquel M. Gay rap- 
porte trois espèces dont une seule était connue. Ce savant 
botaniste les distingue de la manière suivante : 

Rogeria adenophylla, fois longe petiolatis,trinervus;trilobis, dentatis, 
dentibus diglandulosis, fauce corollinä latâ obconicä, drupâ 4-8 acanthi. 

Rogeria longiflora, folüs petiolatis, orbiculatis, trinerviis, fauce co- 
rollinâ gracili conico-teretiusculà, drupâ diacanthä. 

Rogeria brasiliensis, foliis obovato-spatulatis, in petiolum brevissi- 


mum attenuatis, margine denticulatis eglandulosis, fauce corollinà latä 
obconicä. 


Sur une nouvelle espèce de Curanna. 
Par Cu. Kontx. 


M. Poiret a décrit dans l'Encyclopédie méthodique une 
nouvelle espèce de Robinia sous le nom de Robinia rubi- 
ginosa. N n'existe à Paris que dans l’herbier de M. de 
Jussieu un seul échantillon de cette plante. C’est là que 
je l'ai vu ; mais je me suis convaincu que ce Robinia n'ap- 


( 458 ) 


partient ni à ce genre , ni même à la famille des Légumi- 
neuses. C’est un Cupania, plante de la familledes Sapin- 
dacées , auquel je donne le nom de Cupania Poiretii. Com- 
me M. Poiret ne parle point de organisation des 
fleurs, qu'il dit incomplètes , je vais suppléer à cette 
omission par la description suivante : 


Cauyx profundé quinquepartitus, externè hirsuto-tomentosus, in- 
ternè pubescens; laciniis subrotundo-ovatis, rotundatis, concavis, su- 
bæqualibus; ante apertionem floris marginibus sibi incumbentibus. 
Prrara quinque, sub disco inserta, triloba, externè hirsuta, basi cu- 
neata et breviter unguiculata, æqualia, calycem subæquantia; lobo 
medio ovato rotundato, lateralibus minoribus, obtusis, cucullato-in- 
flexis. SrAmina octo, sub ovario inserta, uni-seriata, subæqualia , ca- 
lyce vix longiora. Filamenta subulata, inferne hirsuta libera. AnTHErx 
ovato-oblongæ vel ellipticæ, basi bifidæ, dorso aflixæ, biloculares , 
interné secundum longitudinem dehiscentes, glabræ. Discus annularis 
inter stamina et petala, glaber. Ovarum superum, sessile, subrotundo- 
ovatum , apice in stylum desinens, hirsutum, triloculare; ovulum in 
quolibet loculo, ejus fundo aflixum podospermio brevi erasso, suffultum 
erectum, ovatum, lenticulari-compressum, Srxzus stamina superans 
apice tri (?)-fidus ; lobis revolutis. Frucrus ignotus. 


FIN DU PREMIER VOLUME. 


TABLE 


DES 


PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES 


CONTENUS DANS CE VOLUME. 


PI. I. Purois. Organes générateurs mâles. Fig. 1. TT. Testi- 
cules. EE. Épidydimes. DD. Canaux déférens. UU. Uretères. 
V. Vessie urinaire. U’. Canal de l’urètre. P’. Pénis recouvert 
de son fourreau. — Fig. 2. Pénis développé. G. Gland. OO. Os 
pénial. — Fig. 3. Animalcules D pe La du Putois grossis 
mille fois en AE. 

PI. IL. Cntex. Organes générateurs mâles. Fig.1.TT.Testicules.EE. 
Épididymes. DD. Canaux déférens. UU. Urétères. V. Vessie 
urinaire. P. Prostate. U’. Canal de l’urètre. P’. Pénis.—Fig. 9. 
Vérumontanum ouvert. V. Fragment de la vessie urinaire. PP. 
Sections de la prostate. DD. Positions des orifices des canaux dé- 
férens. U’. Portion supérieure du canal de l’urètre. — Fig. 3 
Détails du testicule. EE. Épididyme. D. Canal déférent gorgé 
de semence dont la couleur laiteuse le distingue des tégumens 
environnans. À. Albuginée soulevée et détachée du parenchyme 
qui se voit à nu en PP. — Fig. 4. Os pénial. RR. Gouttière lon- 
gitudinale qui s’y remarque. C. Cartilage qui le termine. — Fig. 
5. Globules de la liqueur fournie par la prostate grossis mille 
fois en diamètre. — Fig. 6. Animalcules spermatiques grossis 
au même point. 

PI. IT. Lapin. Organes générateurs mâles. Fig. 1. TT. Testicules. 
EE. Épididymes. DD. canaux déférens. UU. Urétères. V. Ves- 
sie. V’V”. Vésicule séminale. PP. Prostate. U’. Urétère. P”. Pé- 
nis. (Dans cette figure , par.une inadvertance du graveur , tous 
les signés ” ont été omis. En s’aidant des figures du Putois et 
du’ Chien, on y suppléera très-facilement.) — Fig. >. Véru- 
montanum ouvert. DD. Orifices des canaux déférens. PP. Petites 
fentes par lesquelles s’écoule le liquide de la prostate. V. Ouver- 
ture de la vésicule sémiñale. — L. Globules observés dans la 


( 460 ) 


liqueur de la prostate , grossis trois cents fois seulement. — AA. 
Animalcules grossis mille fois comme les précédens. 

PI. IV. Analyse des fleurs du CYTINUS HYPoCISTIs. 

PI. V. Analyse des fleurs du NEPENTHES 1ND1CA , et du NErENTHES 
MADAGASCARIENSIS. 

PI. VI. Coupe de terrain contenant le bois fossile à Écoucné et à 
FRESNAY-LE-BurFARD (département de l'Orne). 

PI. VII. Larve et Insecte parfait du COcHLÉOCTONE VORACE. 

PI. VIII. Détails anatomiques sur le thorax du Dyriscus crreuM- 
FLEXUS. . 

PI. IX. Crar. Organes générateurs mâles. Fig. 1. TT. Testicoles. 
EE. Épididymes. DD. Canaux déférens. UU. Uretère. V. Vessie 
urinaire. P. Prostate. U’. Canal de l’urètre. CC. Glandes de 
Cowper. L'une d’elles est entière; l'autre, ouverte , permet de 
voir dans sa partie centrale le tissu de la glande. P’. Pénis. — 
Fig. 2. À gauche du lecteur , globules de la liqueur des glandes 
de Cowper mélangés de gouttelettes de graisse. A sa droite, 
globules du liquide de la prostate sans aucun mélange de corps 
étranger. Les objets représentés dans cette figure sont grossis 
trois cents fois. — Fig. 3. Animalcules spermatiques du Chat, 
grossis mille fois. 

PI. X. Hérisson. Organes générateurs mâles. TT. Testicules. EE. 
Épididymes. V. Vessie urinaire. V’V’. Vésicules séminales. 
VV”. Vésicules accessoires. U. Urètre. P. Pénis recouvert de 
son fourreau. G. Gland développé. L. Sa languette vue en 
avant. — Fig. 2. Vérumontanurm ouvert pour montrer les ori- 
fices des diverses glandes de l'appareil générateur. AA. Sont 
ceux des vésicules séminales. BB. Ceux des canaux déférens. 
CC. Ceux des vésicules accessoires.—Fg. 3. Animalcules sper- 
matiques grossis mille fois. — Fig. 4. Corpuscules renfermés 
dans le liquide des vésicules séminales grossis quatre ou cinq 
cents fois. — Fig. 5 Globuleset gouttelettes de graisse observées 
dans la liqueur des vésicules accessoires grossis idem. 

PI. XI. Cocnox D'INDE et SURMULoOT. Organes générateurs mâles. 
Fig. 1. Appareil générateur du Cochon d’Inde. TT. Testicules. 
EE. Épididymes. GG. Appendice graisseux qui accompagne sôu- 
vent le testicule , et qui se montre surtout très-développé dans 
les Rats. DD. Canaux déférens. UU. Urétères. V. Vessie uri- 


| ( 461 ) 
naire. V'V’. Vésicules séminales. VV”. Vésicule accessoire. 
CC. Glandes de Cowper. U. Canal de l’urètre. P. Pénis déve- 
veloppé. — Fig. 2. Canal de l’urètre ouvert. A. L’un des ori- 
fices des vésicules séminales. On a coupé la languette qui le re- 
couvrait pour qu’il pût être aperçu. De l’autre côté la languette 
se trouvant intacte, l’orifice correspondant reste caché. BB. 
Ouvertures des canaux déférens. D. Petits trous qui livrent pas- 
sage à la liqueur fournie par le canal excréteur des vésicules 
accessoires. CC. Canaux excréteurs des glandes de Cowper et 
leurs orifices. — Fig. 5. P. Gland développé.-O. Os pénial. — 
Fig. 4. Animalcules spermatiques grossis mille fois. — Fig. 5. 
Corpuscules flottant dans l’eau qui a servi à délayer la matière 
épaisse contenue dans les vésicules séminales. — Fig. 6. Cor- 
puscules du liquide de la vésicule accessoire. — Fig. 7. id. de 
la prostate. Ces trois dernières figures sont grossies trois cents 
fois seulement. 
Fig. 8. Détails du testicule du Surmucor. EE. Épididymes. D. Ca- 
nal déférent. A. Albugmée ouverte pour montrer le paren- 
chyme P dans lequel on distingue très-facilement les vaisseaux 
spermatiques à l’œil nu. — Fig. 9. Vaisseaux spermatiques pas- 
sant au travers de l’albuginée pour se rendre dans l’épididyme. 
Fig. 10 Vaisseau spermatique pris dans l’intérieur du testiêule, 
et grossi dix fois. La transparence du tissu permet de voir dans 
son intérieur les flocons épais de liqueur spermatique qu’il ren- 
ferme. | 
PI. XIE. Animalcules de quelques Mammifères, grossis mille fois. 
T. Ceux du Taureau. G. Id. du Cheval. A. De l’Ane. M. Cor- 
puscules observés dans la liqueur du testicule du Mulet. S B. 
Animalcules de la Souris blanche. S G. Ceux de la Souris grise. 
S. Ceux du Surmulot. B. Ceux du Bouc. O. Ceux du Bélier. — 
H°. Ceux de l'Homme d’après le baron de Gleichen. H. Id. D’a- 
près le comte de Buffon. Ces deux dernières figures ne sont 
point proportionnelles aux précédentes pour le grossissement. 
PI. XIII. Pixrorus (Sow.) Genre de Coquilles fossiles. Fig. 1. 
Picrozus LEVIS , Sow. — Fig. 2. PILEOLUS PLICATUS , SOw. — 
Fig. 3. PrLeozus Nertroines , Desh. 
PI. XIV. Détails de deux nouveaux genres d’Insectes, ANOTIA ct 
Orrocgrus, de la famille des Cicadaires. 


(4& ) 

PI. XV. Fig. 1. Détails des fleurs du SPIRÆA HYPERICIFOLIA. — 
Fig. 2. Détails des fleurs du SPIRÆA ARUNOUS. 

PI. XVI. Fig. 1. Détails des fleurs du SPIRÆA FILIPENDULA. — 
Fig. 2. Détails des Fruits du SPIEÆA ULMARIA. — Fig. 3. Dé- 
taîls dés fruits du SPIRÆA SORBIFOLTA. 

PI. XVIIT. Errira CurvicAuDA , F'auth. Fig. 1. Animal entier.— 
Fig. 2.3. 4.5.6. Détails de son organisation extérieure. 

PI. XIX. Oisraux. Organes mâles générateurs et Animalcules. 
— Fig. 1. Appareil génital du Coq. TT. Testicules. DD. Ca- 
naux déférens. PP. Papilles qui terminent ceux-ci. R. Rectum. 
S. Son sphincter. UU. Ouverture des uretères. — Fig. 2. Ori- 
fice commun des excrémens et des produits urinaires et sperma- 
tiques. — SS. Vaisseau spermatique pris dans le tissu du Testi- 
cule et grossi dix fois. — C. Animalcules du Coq. — M. Ceux 
du Moineau franc. — P. Ceux du Pigeon. — A. Ceux du Ca- 
nard. — Ils sont tous grossis mille fois. 

PI. XX. ANIMAUX A SANG FROID. Organes générateurs mâles. — 
Fig. 1. Appareil génito-urinaire de la Grenouille commune. 
TT. Testicules. P. Panache graisseux dont ils sont surmontés. 
R. Reins. UU. Uretères. VV. Vésicules séminales ou plutôt 

flemens des uretères. P’. Papilles et orifices qui terminent 
les uretères. . Rectum ouvert. V’V”. Vessie urinaire bilobée. 
—Fig.2.T.Testicule ramené de côté. P. Son panache. R. Reins. 
SS. Vaisseaux Spermatiques pénétrant dans Île rein. UU. Uretère. 
V. Son renflement. —Fig, 5. Appareil génito-urinaire de la Sa- 
lamandre à crête. T. Testicule nu. G. Lobe de graisse au-dessous 
duquel on voit l’autre testicule. RR. Reins. DDDD. Canaux dé- 
férens. UU. Uretères multiples disposés par faisceaux. R°. Rec- 
tum. V’. Vessie urinaire. P. Papilles qui terminent les canaux 
déférens et portent leurs orifices. — Fig. 4. Testicule anomal de la 
Salamandre. TT. Portions renferment des Animaleules. O. Par- 
tie opaline qui n’en contient point. DD. Canal déférent. 


G. Animalcules de la Grenouille. G. Ceux du Crapaud accou- ” 


cheur. V. Ceux de la Vipère.—Grossis mille fois.—E. Ceux de 
l'Escargot des Vignes. S. Ceux de la Salamandre à crête. — 
Grossis cent fois seulement. 

PI. XXI. Courarant de la Guiane. Awbl. Fig. 1. drétébe entière. 
— Analyse de la fleur, du fruit et de la graine. 


f 
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| 


(463) 

PI. XXIT. Nycrinome du Brésil. Fig. 1. Animal entier. —fig. », 5. 
tête en dessous et de côté. — Fg. 4. Crâne. 

PI. XXIII. Acaricus TUBÆFORMIS , Schæf. Fig. 5. — Le même 
avorlé où CLAVARTA THERMATHIS, De Cand. Fig. 1,2, 4. 

PI. XXIV. CoULEUVRE DE RD , Bory. À. Tête en date: B. 
Tête en dessous. C. OEuf de Be naturelle. 

PI. XXV. SrrrÆa lanceolata, Poir. 

PI. XXVI. SriræA flexuosa, Fiscz. 

PI. XXVII. SrrræA betulifolia, Pall. 

PI. XXVIIT. Spiræa stipulata, Mu. 


FIN DE LA TABLE DES PLANCHES. 


TABLE 
DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS CE VOLUME. 


NPC RM 
Introduction. th. 
Nouvelle Théorie de la génération ; par MM. Prévost et Du- 

mas. 1 
Observations relatives à l'appareil générateur des animaux 

mâles ; Histoire et description des animalcules spermati- 

ques ; par les mêmes. 10 
Observations sur les genres Cytimus et Nepenthes ; par M. 

Ad. Brongniart. 29 
Observations sur le genre Couma d’Aublet; par M. Ack. 

Richard. 52 


Nouvelles Observations sur le terrain qui contient en Nor- 
mandie (département de l'Orne), le bois fossile à odeur 
de truffes ; par M. J. Desnoyers. 58 
Mémoire sur une Larve qui dévore les Hélix nemoralis, et 
sur l’insecte auquel elle donne naissance ; par le comte 


Jgnace Mielzinsky. 67 
Note sur le Mémoire précédent; par M. Latreille , membre 
de l’Insutut. 78 


Considérations et Rapports nouveaux d'anatomie comparée , 
concernant les mammifères à sabot; par M. Geoffroy de 


Saint-Hilaire, membre de l’Institut. 80 
Note sur le genre Bauhinia de Linné; par Charles Kunth. 83 
Note sur les bassins tertiaires, par M. Laurent Pareto de 

Gênes. 86 
Note sur le genre Schizopetalon. 98 
Extrait d’une lettre de M. de Fréminville, Lieutenant de 

vaisseau. 92 
Recherches anatomiques sur le thorax des Animaux articulés 

j LT TeNAN de ttes Tr x 7% PT. ef 


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