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Full text of "Annales des Sciences Naturelles Botaniques"

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ANNALES 


SCIENCES NATUÜURELLES. 


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SECONDE SÉRIE 


TOME X. 


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IMPRIMÉ CH£Z PAUL RENOUARD, | 
VA RUX GARANCIÈRE, Ne 5. de 


fpar dl 1 


COMPRENANT 
LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, 


I'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, 
ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ; 


RÉDIGÉES 
POUR LA ZOOLOGIE 


PAR MM. AUDOUIN ET MILNE EDWARDS, 


ET POUR LA BOTANIQUE 


PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. 


Geconde Bérie. 


TOME DIXIÈME. — BOTANIQUE. 


PARIS. 
CROCHARD & C*, LIBRAIRES-ÉDITEURS, 


PLACE DE L'ÉCOLE=DE-MÉDECINE ; N. 13. 


1838. 


ANNALES 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 


PARTIE BOTANIQUE. 


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(2 


Mémoire sur l’Amidon, considéré sous les points de vue 
anatomique , chimique et physiologique, 


Par M. PAven. 


Dimensions, formes extérieures, constitution organique, propriétés physiques, 
composition élémentaire, altérations mécaniques, combinaisons et transforma- 
tions, progrès de développement, terme de croissance, désagrégation spon- 
tanée et phénomènes de dissolution pendant la végétation des plantes. 


Si l’on admet avec moi que la substance organique composant 
toutes les fécules amylacées possède de nombreuses propriétés 
physiques et chimiques qui ne sauraient être les attributs ni des 
corps cristallisables, ni des substances enchainées dans une or- 
ganisation définitive; que, placée près des limites entre les corps 
organisables et les véritables organes des êtres vivans , elle par- 
ticipe des deux natures, laisse apercevoir plusieurs degrés de 
ses transformations tantôt vers l’un, tantôt vers l’autre de ces 
deux états de toute la matière organique; que partout où elle 
surabonde, placée en réserve pour fournir à de nouveaux déve- 
loppemens, elle peut accomplir cette destinée sans être alté- 


/ 


6 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


rable comme les substances solubles, et sans exiger comme le 
ligneux, pour devenir “assimilables , de si profondes altérations 
qu elles détruisent tout le tissu végétal en contiguité; si on se 
'a représente, au contraire, spontanément dissoluble à l'aide 
de transformations mécaniques et chimiques graduées dont je 
crois être parvenu à comprendre, à expliquer les curieux phé- 
nomènes; alors, dis-je, on comprendra tout l'intérêt scienti- 
fique qui m'a paru s'attacher au long travail dont je vais écrire 
le résumé. 

Depuis l'observation fondamentale de Leeuwenhoeck , l'étude 
de l’amidon a souvent touché aux points les plus élevés , aux 
questions les plus délicates de l’organographie, de la physiolo- 
gie végétale et de la chimie organique; elle ouvre une carrière 
nouvelle aux efforts combinés de ces trois sciences, et prouve 
déjà, par d'immenses applications, que leurs procédés les plus 
exacts, les discussions les plus approfondies, n’ont rien de su- 
perflu à son égard. 

Je serais resté bien au-dessous d’un tel sujet sans les encoura- 
gemens de l’Académie, sans les conseils et l’aide de ses savans 
rapporteurs (1); en lui soumettant aujourd’hui les conclusions 
de mes recherches précédentes, avec les résultats de nouvelles 
et nombreuses investigations, Je crois avoir accompli autant 
qu'il était en moi, la tâche que je m'étais imposée, et j'ose me 
présenter au concours ouvert pour un prix de physiologie 
végétale. 

Je réclamerai encore, à cette occasion, l'indulgence de l'Aca- 
démie et le bienveillant appui de ses membres pour les travaux 
analogues, et non moins difficiles peut-être, que j'ai entrepris 
sur le Ligneux, VInuline, le Gluten et l’'Albumine végétale, 
travaux dont les résultats pourraient intéresser les mêmes 
sciences ainsi que leurs applications aux arts agricoles. 


(x) Qu'il me soit permis de témoigner ici toute ma gratitude envers MM. Biot, Thenard, 
Beudant, Chevreul, Dumas, de Jussieu, Dutrochet, Robiquet, Brongniart et Turpin, la plupart 
commissaires de l'Académie des Sciences, qui ont examiné mes Mémoires et dont les vues 
ainsi que les expériences ont souvent précédé mes recherches ; je dois en outre une grande 
partie de l'intérêt répandu sur les transformations de lamidon , aux applications nouvelles 
lonnées à la Dextrine par M. le baron Silvestre 


PAYEN. — Sur l’Aimidon. 7 


] 

L'ordre que j'ai cru devoir adopter, en définitive, pour expo- 
ser d’une manière précise et claire l’ensemble des données sur 
les fécules se trouve être précisément l'inverse de la marche vers 
laquelle je fus entrainé dans la première série de mes re- 
cherches : de là l'utilité d'une publication qui offrit à-la-fois le 
résumé méthodique des connaissances récemment acquises à 
cet égard, et permit d'intercaler à leur place naturelle les faits 
inédits qui viennent aujourd’hui compléter les démonstrations 
des divers résultats. 

Une difficulté grave m'a long-temps arrêté dans la rédaction 
de ce Mémoire : la voici, et voici comment je l'ai tournée , ne 
pouvant la vaincre. 

La description des formes et de la contexture des fécules de- 
vait précéder les autres données ; mais, pour être entreprises 
avec succés , les nouvelles préparations microscopiques avaient 
dü être préalablement éclairées de toutes les lumieres acquises 
à l'observateur par la détermination des propriétés de cette cu- 
rieuse substance, de telle sorte que les phénomènes de rupture, 
d’expansibilité, de coloration, d’exfoliation et de dissolubilité, 
graduelles ou subites , sur le porte-objet ou dans les actes de la 
végétation, fussent possibles à prévoir, et permissent de diriger 
les observations, puis de discerner les véritables effets produits. 

On admettra donc la nécessité où je me trouve conduit main- 
tenant, pour me faire comprendre, d'exposer très sommaire- 
ment les conclusions principales des expériences successivement 
poursuivies, dans ces derniers temps, sur les propriétés et les 
réactions de la matière amylacée avant de procéder à lexposé 
méthodique qu’annonce le titre de ce Mémoire. Je me propose 
d’ailleurs de tracer d’abord en quelques mots les progrès de la 
science à cet égard et les principaux faits dus à différens au- 
teurs. (1) 


(r) J'ai souvent consulté pour les notes historiques de ce Mémoire, le rapport de MM. The 
pard, Dulong, Dumas et Chevreul rapporteur, sur les Mémoires de MM. Payen et Persoz, 
Guérin et Lassaigne insérés au Recueil des savans étrangers , L v. 


8 PAYEN. — Sur d’Æmidon. 


Résumé historique des faits observés et des opinions émises rc- 
lativement à la nature et aux changemens de l’amidon. 


1° Les anciens chimistes de l’école de Stah], avaient extrait de 
l’'amidon par la chaleur, du gaz inflammable, de l'huile et du 
charbon, ils n’eurent d’ailleurs aucune idée nette sur sa com- 
position ni sur ses formes. 

2° En 1716, les premières observations microscopiques dues 
à Leeuwenhoeck, signalerent la forme globuleuse des grains de 
la fécule, et l'inégale résistance à l’eau bouillante de leurs par- 
ties internes et externes.(r) 

3° En 1965, le docteur Irvine indiqua la saccharification de 
Ja farine par le malt (ccum). 

4° Vauquelin fit connaître en 1811, la propriété que l’ami- 
don possede d’être rendu soluble par une légère torréfaction, 
mais il ne détermina pas les résultats chimiques de cette réac- 
tion , ni les termes &e la température auxquels on peut l’opérer. 
Bouillon Lagrange, conseilla plusieurs applications de l'amidon 
torréfié pour remplacer la gomme dans l'encre et la teinture en 
noir. ( Bulletin de ph. t. 3, p. 54 et 216). 

5° En 1841, Kirchoff découvrit la conversion de l’'amidon en 
sucre par l'acide sulfurique étendu (MM. Vogel, Delarive, Biot, 
Persoz et Guérin Vary, déterminérent ultérieurement les pro- 
duits de cette réaction.) 

6° M. Couverchel observa, en 1819, l'effet des acides oxali- 
que, tartrique, malique, qui opèrent les mêmes changemens, 
MM. Henry et Plisson annoncèrent que l'acide quinique les 
produit aussi (Bibl. Brit. Sciences et Arts, T. 6, p. 333, Journal 
de ph. t. 7, p. 269, Savans étrangers, t. 3, p. 234, et Ann. de 
cn. et ph. t.rxr.) 

7° MM. Thenard et Gay Lussac, donnèrent une analyse 
exacte de lamidon hydraté (Recherches physico-chimiques }, 


1) Antouit Leeuwenhoeck , regi& quæ Loudini est societatis collegiæ , epistolæ physiologi- 
Gé, super compluribus naturæ arcanis. ...: Delphis, apud Adrianum Beman , 1719, 
pate-232, 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 9 


. dans le même état M. Berzelius le combinait ensuite à l’oxide de 
plomb. ( Ann. de ch. t. 105, p. 82 ). 

8 MM. Gauthier de Claubry et Collin, firent connaître en 1824 
un caractère important de l’amidon. La belle couleur bleue ou 
violette qu’il acquiert en s’unissant à l’iode ( Ann. de ch. t. 09, 
p.92). M. Felletier ajouta quelques observations intéressantes 
à ce fait. 

9° Kirchoff décrivit en 1816, des réactions spontanées qui 
sous l'influence du gluten altèrent l’amidon , et le transforment 
partiellement en matière gommeuse et en sucre (Journ. de ph. 
t. 2, p. 250). M. de Dombasle publia les résultats de ses expé- 
riences en grand à cet égard (Ann. de chim. et de phys. t. 13, 
p- 284). 

10° M. de Saussure en 1818, conclut de ses expériences sur 
lempois abandonné à l'air, que l'amidon se convertit spontané- 
ment en sucre et en quatre autres matières (Ann. de chim. et de 
phys. t 11p. 379). 
11° M. Lassaigne en 1810, vit que l’amidon torréfié est neu- 
tre et ne donne pas d'acide mucique; que sa solution est colorée 
en rouge par Piode et dépose de l’'iodure bleu (Journ. de pharm. 
to D 900) 

12° En 1821 M. Couverchel dit, que Famidon exposé deux 
heures au bain d'huile, ne perd que de l’eau et laisse une ma- 
tière peu colorée, ne différant de la gomme que par une plus 
forte proportion d'eau. M. Robiquet en 1822 (Dict. techn. t. 2, 
p. 435), afin de montrer toute l’importance d’une température 
constante dans certaines réactions, cita la conversion au bain- 
marie de lamidon en matière soluble. 

13° De 1823 à 1830, M. Dubrunfaut fit de belles obser- 
vations sur la saccharification de la fécule par les grains germés, 
et des applications aux arts des distillateurs et des brasseurs, 
à la préparation des sirops économiques ; il chercha le principe 
actif de ces réactions, et crut l'avoir trouvé d’abord dans l’hor- 
déine, puis ensuite dans le gluten soluble. Ses nombreuses 
expériences sont consignées dans les Mémoires de la société 
centrale d'agriculture, 1823, p. 146 et numéros de mai et sep- 
tembre 1830, de l’Agriculteur manufacturier. 


10 PÂAYEN. — Sur l’ Ainidon. 


14° Des essais analogues à ceux de Leeuwenhoeck mais pour- 
suivis à l’aide de liquides, ou de températures dont l’action 
énergique trompa l'observateur, firent assimiler la substance in- 
terne de l’amidon, à la gomme, et la partie extérieure à des té- 
gumens tigneux, ce fut un pas rétrograde qui eut une longue 
portée. (1) 

15° Un point marqué sur les grains de plusieurs fécules fut 
aperçu par M. Raspail et plusieurs micrographes, on ie nomma 
hile; autour de lui on vit distinctement parfois des lignes excen- 
triques considérées comme des plis ondulés, jusque-là on re- 
gardait d’ailleurs les grains de l’amidon comme des vésicules 
pleines d’une substance homogène, que l’on compara même à la 
gomme arabique. 

16° Les réactions chimiques observées par plusieurs savans 
(MM. de Saussure, Chevreul, Guérin, Lassaigne, Guibourt, 
Caventou, Planche, etc.), ainsi qu'un phénomène optique dé- 
couvert par M. Biot, pronvérent que cette dernière substance 
n'était point de la gomme proprement dite. 

17° M. Th. de Saussure communiqua le 21 mars 1833, à la 
Société de physiologie et d'Histoire naturelle de Genève, des 
recherches sur la formation du sucre dans la germination du 
blé, il attribuait cette réaction à une matière azotée formant les 
quatre centièmes du gluten, et qui saccharifierait seulement 
quatre fois son poids d’amidon ; il l'a nommée mucine. 

15° La découverte de la diastase que nous fimes en avril 
1533, M. Persoz et moi, jeta un nouveau jour sur ces trans- 
formations naturelles, par un principe actif qui change en dex- 
trine et en sucre deux mille fois son poids d’amidon (Ann. de 


ch:t. 53, p. 73ett. 56, p.337). 


(2) Les recherches et les conclusions de Leeuwenhoeck étaient presque oubliées, lorsque 
M. Raspail parvint à exciter vivement l'attention des chimistes et des physiologistes, en publiant, 
de 1825 à 1850 , une série de recherches sur les fécules : il mesura les dimensions, décrivit 
les formes de plusieurs d’entre eïles , et chercha à démontrer leur structure et leur composition 
chimiques. Si la plupart de ses ingénieuses hypothèses ont dû céder à l'inflexible rigueur des 
faits plus profondément scrutés , la science ne lui sera pas moins reconnaissante de l'impulsion 
utile qu'elle lui dut en cette circonstance. (Voyez plus loin quelques.remarques à cet égard , et 
Annales des Sciences naturelles , t. rt, et des Sriences d'observation, L 711, p. 216.) 


PAYEN. Sur d Amidon. II 


En mars 1833, M. Biot venait de lire à l’Institut un mémoire 
sur une propriété moléculaire optique appliquée à caractériser 
les produits de la dissolution et de la conversion en sucre de 
l'amidon par l'acide sulfurique, lorsque j'offris à ce savant de 
lui soumettre des réactions analogues opérées sur la fécule 
par une solution végétale exempte de toute acidité comme d’al- 
calinité au tournesol et au goût. M. Biot voulut bien, dès le 
lendemain , répéter avec moi l’expérience : il reconnut que les 
produits de la réaction instantanée n'étaient certainement pas 
du sucre, pour la plus grande partie du moins. L'accueil em- 
pressé que ma proposition avait reçue devint l’origine d’un tra- 
vail que M. Persoz et moi nous entreprimes, et de la découverte 
que nous fimes bientôt après de la Diastase. (1) 

19° M. Beudant ayant remarqué le très petit volume du ré- 
-sidu de la réaction en grand de la diastase, prévit que la fécule 
n'avait pas de tégument. 

20° M. Lassaigne observa le joli phénomène de la décolora- 
tion et de la coloration alternatives de l’iodure bleu d’amidon, 
par l'élévation et labaissement de la température (Ann. de ch. 
t. 53,p. 109),j yajoutai plusieurs faits prouvant la contractibilité 
du composé bleu (Journ. de chim. médical. t.1x, p.510 à 512). 

21° M. Caventou, puis M. Guibourt, chacun de leur côté fu- 
rent portés par plusieurs observations à considérer toute la 
substance de lamidon comme un seul prineipe immédiat. 

22° M. Turpin a fait observer que les plus petits grains de la 
fécule de pomme-de-terre, sont sphériques comme plus nouvelle- 
ment nés, que sur les plus gros irréguliers on distingue clairement 
le hile, il a décrit et figuré les zûnes d’accroissement, plusieurs 
grains greffés deux à deux par approche, et M. Biot a trouvé 
jusqu'à trois grains entregreftés ainsi (Ann. de ch. t. 1x, p. 46). 

23° M. Guérin détermina plusieurs circonstances de ja réac- 
tion de la diastase, et fit connaître la composition du sucre qu’elle 
produit (Ann. de ch. t. rx, 32). 


(x) Voyez je Mémoire y relatif, Annales de chimie, tom. z1rx; le Recueil des savans étran— 
gers , . v, et le rapport de MM. Thenard, Dumas et Robiquet, fait à l’Iostitut en juin 1833, 
ainsi que les recherches antérieures de M. de Saussure et de M. Dubrunfaut, cités dans les rap- 
ports de M, Chevreul et de M. Dumas, 


12 PAYEN. — Sur l’_1midon. 


24° L'analyse et des apparences très difficiles à discerner net- 
tement firent croire à l'existence de trois corps différens dans 
chaque grain de fécule (Ann.de ch. et ph. t. vr, p. 226). 

25° La composition, le poids atomique, des propriétés 
extensibles et contractiles remarquables, furent alors reconnues 
identiques dans toute la masse féculente d’un grand nombre de 
fécules, je démontrai en outre, les inégalités de cohésion dans 
les grains de différens âges, ainsi que dans la masse de chacun 
de ces grains en particulier, ces phénomènes indiquaient des 
couches superposé et une organisation spéciale; j'avais con- 
staté l'identité chimique entre l’amidon et la dextrine, lorsque 
M. Dumas trouva la composition de cette dernière substance 
combinée anhydre; je reconnus ensuite le même poids ato- 
mique. à la fécule ( Ann. de ch.et ph. t.rxr, p. 355 ett. rxv, 
p. 225). : 

26° L'observation faite par M. Biot dans le passage d’un rayon 
de lumière polarisée au travers d’un gros grain de fécule, lui 
permit d'annoncer dans le grain une construction réguliere et 
des couches d’inégales densités autour d’un axe, sans indiquer 
toutefois le mode d’arrangement ni la cause de la variation des 
densités. 

27° M. Dutrochet, en constatant que l’amidon à Pétat nor- 
mal ne jouissait pas d’un pouvoir d’endosmose sensible, a 
prouvé que ses grains ne contiennent aucune matière soluble 
directement à froid : il fit, ainsi que M. Dumas, des expériences 
microscopiques que nous avons rapportées plus loin sur Paction 
de la Diastase. 

28° De belles recherches microscopiques firent admettre 
aussi par M. Fritzsche dans les grains de l’amidon, des couches 
concentriques sans qu'il püt les montrer, sans qu'on eüt 
encore prouvé l'existence du hile que l’on ne discernait pas 
sur beaucoup de fécules , notamment sur celles des légumineu- 
ses et des graminées (Ann. de Poggendorff, t. xxx, p. 129). 

29° Parvenu à rompre un grand nombre de ses grains, je fis 
voir clairement que toute la masse intérieure de l'amidon est 
solide et insoluble dans l’eau froide. 

30° A l'aide de plusieurs réactions nouvelles, je réussis à 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 13 


creuser et évaser lehile même sur des fécules où il n'avait pas 
paru jusques alors, et à montrer les lignes des couches internes. 

31° D’autres réactions déterminerent enfin lexfoliation des 
couches successivement enveloppantes, et je pus expliquer les 
inégales densités par les différens degrés d'hydratation des 
couches inégalement denses. Ces expériences répétées sur 
diverses fécules firent mieux apprécier leurs formes et les par- 
ticularités de leur constitution, elles permirent de bien carac- 
tériser ainsi, Jusques aux granules amylacés que renferment les 
grains du pollen de plusieurs plantes aquatiques. 

Alors aussi une foule d'anomalies apparentes disparurent ; de 
nombreuses et importantes industries agricoles , et des applica- 
tions économiques furent créées, qui eurent pour base la con- 
naissance exacte des propriétés physiques et chimiques de l’ami- 

-don; par suite enfin, je crois pouvoir l’espérer du moins, la 
physiologie végétale s'enrichira de notions nouvelles sur. les 
phénomènes curieux de la formation, de la croissance, et de la 
dissolution de la substance amylacée dans les tissus des végé- 
taux ; ces vues sont exposées ainsi que les faits à l'appui dans la 
troisième section de ce Mémoire. 

32° Des combinaisons nouvelles observées par M. Pelouze, 
mais encore inédites, seront indiquées dans la deuxième section. 


Exposé sommaire des principaux résultats des observations 
récentes sur les propriétés de lAmidon. 


Toute la substance de l’'amidon est homogène dans sa compo- 
sition et ses propriétés, sauf de légères différences de cohésion 
appréciables et que j'ai mises à profit pour déterminer la struc- 
ture intime ainsi que le mode de développement de l’amidon. 

Ces différences peuvent être constatées, soit dans chaque 
grain d’une fécule quelconque, soit entre des fécules dévelop- 
pées sous des influences diverses dans une même plante, soit 
enfin entre les fécules de végétaux différens. 

L’Amidon hydraté est dissous par la Diastase, qui n’opère au- 
cun effet de ce genre sur aucun corps connu. Cette propriété si 
caractéristique m'a surtout aidé à reconnaitre l'identité de la 


(4 PAYEN. — Our d’Aradon. 


substance qui affecte des formes si variables dans les fécules 
amylacées. (1) 

L’Amidon , dissous par la Diastase comme par les acides, puis 
épuré du sucre que sa propre décomposition partielle à fait 
naître, est soluble dans l’eau froide et dans l'alcool étendu ; à 
masse égale, sa solution dévie plus énergiquement à droite la 
lumière polarisée qu'aucune autre matiere organique essayée 
de là le nom de Dextrine proposé par M. Biot et généralement 
adopté, qui défigne l’amidon devenu soluble dans l’eau froide 
sans que sa composition chimique fût changée. 

Le sucre obtenu par suite d’une réaction complete de la Dias- 
tase sur l'Amidon est identique avec celui ou l’un de ceux qui 
peuvent résulter de la conversion du même corps par les 
acides. (2) 

L’Amidon est désagrégé, puis rendu soluble, non-seulement 
par les acides et par la Diastase, mais encore par une tempéra- 
ture convenable qui, appliquée seule, opère même plus gra- 
duellement cet effet, suivant l'état d’agrégation des particules 
organiques et sans production de sucre ; nous verrons comment 
ces propriétés facilitent l’exfoliation des couches d’accroissement. 

La solubilité dans Peau, obtenue par différentes voies , laisse 
à l'amidon son insolubilité dans l'alcool anhydre , et n’altère en 
rien sa composition élémentaire ni son poids atomique que 
nous ferons connaître plus loin. (3) 

Voici les propriétés qui (outre les réactions indiquées ci- 
dessus ) caractérisent toute la substance amylacée à l’état nor- 
mal : une insolubilité complète, directement et à froid, dans 
l’eau et dans l'alcool ; une grande extensibilité et une contracti- 


(x) M. Chevreul a démontré que la dénomination d'amidon convient et suffit à celte 
substance’, nous avons employé fréquemment aussi comme synonymes, les mots fécules amyla- 
cées, et fécule, parce que l'usage nous y autorisait encore, et afin d'éviter dans le discours les 
trop nombreuses redites d’un seul nom. 

(2) Voyez le travail de M. Biot, t. 1v, des Mémoires de l’Académie et les Recherches de 
M. Guérin, tom. v, du Recueil des savans étrangers et Annales de chimie, t. zv (MM. Dumas 
et Robiquet rapporteurs ). 

(3) Pour les détails sur ce fait et les suivans, voyez un Mémoire inséré dans le Recueil des 
savans étrangers sur les Conclusions prises ie 26 décembre 1837, par MM. Thenard, Du- 
long et Dumas rapporteur, et Annales de chimie, t. zxv, p. 225. 


PAYEN. — Sur l’_Æmidon. 15 


bilité remarquables sous l'influence de plusieurs agens; la colo. 
ration bleue légèrement violetée que lui fait acquérir la solution 
d’iode ; l’augmentation et la prédominance de la couleur rouge 
dans cette corabinaison, et sa plus grande instabilité suivant les 
progrès de la désagrégation des fécules; enfin la cessation de 
toute colorabilité par l’iode, dès que la désagrégation est portée 
au point d'offrir le maximum de solubilité à froid, c’est-à-dire 
le passage complet à l’état de Dextrine. 

L’amidon plus où moins désagrégé se combine ainsi que la 
Dextrine et dans les mêmes proportions avec les bases ; toutes 
les propriétés de la substance organique se retrouvent ensuite 
même avec les nuances dues à chacun des degrés d'atténuation 
de ses parties, lorsqu'on la dégage de son union aux bases ; en 
cela elle se conduit de même que certains tissus de composition 

trés différente , la peau des animaux, par exemple, qui amet- 
tent cértains corps en combinaison, comme le Tannin, sans 
perdre leur structure. 

L'eau peut être considérée comme remplissant les fonctions 
de base à l'égard de l’Amidon et de la Dextrine ; elle est effecti- 
vement déplacée par une base plus énergique à l’aide d’une forte 
dessiccation, ou peut rester combinée avec chacun des compo- 
sans présentant alors l’union de deux Hydrates. 

Que l’on veuille bien admettre et se rappeler les faits ci-des- 
sus, qui d’ailleurs seront démontrés plus loin, et l'on compren- 
dra sans peine les moyens que j'ai mis en usage pour arriver à 
la connaissance positive de la structure intime des fécules. 


PREMIÈRE SECTION. — Dimensions , formes extérieures et consti- 
tution organique des fécules. 


Les dimensions de plusieurs fécules ont été déterminées avec 
soin et exactitude en 1825, par M. Raspail et par M. Dumas ; 
cependant, comme jen ai examiné un plus grand nombre et que 
je me suis proposé de trouver les maxima en recherchant pour 
chaque plante les conditions de développement qui les produi- 
sent, et que J'indiquerai plus loin, j'ai cru devoir présenter ici, 


16 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


dans un tableau synoptique , les fécules rangées suivant ordre 
de leur plus grande longueur indiquée en millièmes de milli- 
mètre ; quant aux dimensions les plus petites où intermédiaires, 
on ne saurait les déterminer à des époques de développement 
assez précises pour que cela ofirit beaucoup &intérét; pour 
d'autres on arriverait, comme nous le dirons, à les observer en 
quelque sorte punctiformes ou sans grandeur appréciable dans 
les cellules où leur substance commence à s'organiser. 

M. Raspail vient de donner dans la dernière édition (r838) de 
son système de chimie organique, les figures et dimensions des 
fécules de vingt plantes. (1) 

Neuf de celles-ci ont aussi fait l’objet de mes observations, 
parmi les quarante que j'ai décrites et figurées, pl. 1, 2, 3, 4, 5 
eb6:2: 

Sur ces neuf fécules, sept, telles que les a dessinées l’auteur, 
ne me semblent pas offrir des formes caractéristiques : deux seu- 
lement sont bien reconnaissables, celle de la pomme-de-terre 
dont j'ai retrouvé et reproduit les formes, et une fécule dite 
arrow-root ; quant à cette dernière elle est souvent remplacée 
dans le commerce par d’autres fécules aussi agréables au goût : 
de là vient sans doute que M. Raspail-n’aura pu se procurer au 
lieu du véritable arow-root qu'un échantillon de la fécule de 
Batates dont il a représenté assez fidèlement les formes. Cela 
m'était d'abord arrivé, je m’en suis aperçu en examinant cette 
dernière, mon observation fut ensuite confirmée, lorsque ayant 
étudié directement la fécule dans les rhizômes du Maranta 
arundinacea, Jai pu déterminer et dessiner la configuration 
toute différente de ses grains. 

On reconnaitra facilement combien l'anatomie des fécules 
dans l'ouvrage précité, diffère de celle que j'ai déduite de mes 
recherches, j'aurai soin d’ailleurs de faire remarquer plusieurs 
faits physiologiques du même ouvrage qui coïncident avec ceux 
que j'ai constatés. 


1) Elles y sont ainsi désignées : Fécule de’ Pomme de terre, du Chara , du Sagou, du Lys 
des incas, de Fève , d'Igname ; de Tulipe , de Pois vert , anonyme des Antilles, de Froment, 
d'?ris, de Tapioka , du petit Millet, de Massette , \'Avoine, de Seigle, de Lentille, d' Arrow 
Root, d'Orge antique et de Trappa. 


PAYEN. — Our l Amidon. 17 


Tableau des dimensions maximes en longueur des grains de différentes fécules 
mesurées en millièmes de millimètre. (x) 


1, Tubercules des grosses Pommes -de-terre de Rohan. . . . . . 185 
2. Racine de Colombo (Menisvermum palmatum). . . . . . . 180 
3. Rhizômes le plus volumineux du Cannu gigantea . + . + : . 175 
Æ. t. du Canna discelor . . . . . . 150 
os cb. de Maranta arundinacea (Arrow-root du commerce) . 140 
6. Plusieurs variétés de Pommes-de-terre. . . . . . . . . . , 140 
TMBulbesde Lis 0 Nadine istienéitAo. LES RO 
Sn rEuberculesd\Oxa/zsicrenata. he 0e DAMON LS 100 
9. Tige d’un très gros Æchénocactus erinaceus importé. . . . . . 75 
AO SAS OU MPONIC.e A0 de enie dernedet clef nelle are -hie Pets 87O 
mi MGrainesdersrosses FeVES: : +. à à + 1. BE AE A or 
2 20 Ne LENTUIES NAN Ce TU 0e Ve. SU 07 
13. Do Re Ar COLA NES D DONS UM à 0100 
14. DATE CEOSRPOIS PE SR EE MAR RE AREA I PAt 50 


1 Enumduible- blanc. O2Re NC SE Ar AUS BIOS RIRE ENG 


16. Sagou non altéré (fécule de la moelle fraiche du Sagouier). . . 45 
17. Grandes écailles des bulbes de Jacinthe. . NS) à Lee Eee Ne GED, 


18. Base des petioles d’un Cycas circinalis. . . . . ARS 
19. Tubercules de Batates. . . . . SEE OU PL ee NOT 
20. 1b. d'Orchis latifolia et Bifolia. PNA E PEUT AIME RME D 


2haBErintidutsros: Mais (blanc, jaune et violet). . 2.4 .: . "30 
20 HHEUItIQu/Sorghorouse Lie I.E EURE TIENNE 
23. Tiges volumineuses de Cactus peruvianus. . . . . . . . . . 3o 


24. Graine de Naïas major. . . $ AE TS Ce mA ER OU 
25. Tige de Cactus Pereskia randiflôre AP SAT ne A Qos 
26. Grame d’'Æponogetum distachyum . : . . Re ie ED 


27. Tige du Ginkgo biloba (Salisburia acianthiflie de Ma 22 
28. Tiges de To DTA SULLETIS TS MERDE AD DIN elle te el 20 
20 ErnitiduWearicum ctalicum. des 0e 0e in G 
30. Graines de Naïas major à demi développées. . . . . . . . . 
CnBollen du G0bbanutans Ne ch TERRA CS T6 
dire duiCacius Jlaselliformes. ee ENT NS A Le NT 


(r) Quelques-unes des plantes désignées ci-dessus, surtout parmi celles qni sont cultivées 
dans nos serres, pourraient sans doute , par un plus grand développement encore, produire des 


fécules plus volumineuses, mais il est fort probable que la plupart des relations, à cet égard, 
eontinueraient de subsister entire elles. 


X, Boran, — Juillet, 2 


16 PAYEN. — Sur l’,{nidon. \ 


33... Tige d’Echinocactus erinaceus de.serre.:..… . Ye nine Pie 
34° Polles du Ruppia maritime. 2e. ee ete os A 
35. Tige d'Opuntia tuna et Ficus LILAS ST ee OR CNE ARE D) 
36. 10 d'Opurtia-curassapica. |." SU NE DO 
37. Fruit du gros millet (Panicum miliaceum) . . . . . . . . . 10 
38. Tige de Cactus mamillaria discolor. ... . . . , ... : . . 8 
39. ‘Ecorce d’Aylanthus glandulosa +." se 8 
40 Tige de Cactus SerpERÉETUSESR US NNEANE NE: DUMONT EURE 7,5 
41.:tRacine de Panais. 5202008 LP EE NE Te UNS At ER 
45: Pollen.:de: Nafas:majorirs ER QU, Ge LE, RENE een 7,5 
43. Tige de Cactus monstruosus. 1,54, 45, ne 1 16 
Ah: “Graine de‘bettéraves 2e Mes P APR TE ER SRE 
45. - Graine du Chenopodinm quinoas : +. 4 4 à 1 DNS a 


On remarquera dans ce tableau que la plus grosse fécule des 
tises souterraines de la plus grosse variété de pommes de terre, 
du Menispermum palmatum et du Carna gigantea, ont en lon- 
gueur une dimension une fois et demie plus forte que celle de 
l'amidon le plus gros d’une graine (la Féve, Faba vulguris ), et 
quatre-vingt-dix fois la même dimension de l’amidon de la 
graine du Chenopodium quinoa ; les volumes comparés des 
mêmes fécules présenteraient de bien plus énormes différences, 
car les rapports, considérés il est vrai comme entre des sphé- 
roïides, seraient comme 724,625 et 421,875 sont à 1 : ainsi le 
volume de la fécule de fève serait 421,875 fois plus grand que 
le volume de l’amidon du Quinoa, et celui des fécules de Pomme 
de terre de Rohan et du Columbo deviendraient approximative- 
ment alors au delà de 524,000 fois le même volume. Il est 
digne de remarque, peut-être aussi, que plusieurs fécules de 
graines et de tiges sont moins volumineuses que les granules 
d’amidon contenus dans des grains de pollen. 


Formes des Fécules. 


La configuration des grains de plusieurs fécules a été donnée 
par de très habiles micrographes; mais en ayant observé moi- 
même un plus grand nombre, et favorisé surtout par la certi- 
tude d'une structure interne particulière très résistante , j'ai dû 
attacher plus de prix à des déterminations exactes et constater 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 19 


plus facilement les formes et les dimensions des mêmes grains, 
vus dans plusieurs positions, j'ai cherché à voir leurs plus ou 
moins grandes dépressions et les figures polyédriques qu’ils de- 
vaient fortement retenir après les avoir reçues d’une sorte de 
moulage par leurs adhérences mutuelles ou la pression exercée 
des uns sur les autres dans les cellules des végétaux : il ne sera 
donc pas inutile de reproduire les figures que j'ai dessinées des 
fécules à l’état normal; elles serviront d’ailleurs de termes de 
comparaison pour mieux juger les effets des moyens appliqués 
à faire ressortir leur structure interne. 

Examinées de cette manière et malgré une grande analogie 
apparente entre elles, malgré surtout de grandes variations dans 
les différens grains de chacune, on va voir que la plupart ont 
véritablement une sorte de physionomie spéciale qui ne permet 
pas de les confondre. 

Le caractère commun à un grand nombre de fécules dans 
leurs formes externes est de présenter des contours arrondis 
toutes les fois que leurs grains baignent dans un suc très 
aqueux ou ne sont pas assez nombreux et volumineux à-la-fois 
pour remplir plusieurs cellules contiguës et au point d’être for- 
tement comprimées les unes par les autres : dans ce cas dont 
nous citerons plusieurs exemples,elles affectent , on le concevra 
aisément, des formes polyédriques. 


a 


Formes de la fecule des tubercules de Pommes-de-tierre. 


Cette fécule , extérieurement bien décrite par divers ebserva- 
teurs , est figurée avec assez de soin (pl. 1, fig. a, a’, a”): elle se 
distingue, surtout dans la variété dite de Rohan, par le plus fort 
volume qu'on ait encore observé de ses grains; par les formes 
des portions de sphéroïdes et d’ellipsoides qui les composent ; 
enfin par la marque du hile et les traces üu lignes des degrés 
d’accroissement plus faciles à discerner que sur la plupart des 
autres fécules. Des déchirures spontanées s’observent sur des 
grains vieux ou très volumineux, qui se rencontrent surtout dans 
les tubercules arrivés au maximum de leur développement ou 
de la maturation; ces déchirures anguleuses partent générale- 


2, 


20 PAYEN. — Sur l’_Æmidon. 


ment du hile. Nous reviendrons sur lapplication de ces effets 
1 l'étude de la substance interne. 


Lécule de la racine de Colombo (Menispermum palmatum ). 


Deux particularités notables caractérisent cette fécule entre 
toutes les autres, outre le volume considérable de ses plus gros 
grains : ce sont, ainsi que le montrent les fig. 14 de la pl. 3: 
1° les protubérances mamelonnées qui semblent sortir du corps 
principal d’un grand nombre de ses grains et se prolongent par- 
fois en un corps fusiforme ; 2° la disposition du hile ou des fentes 
étoilées qui indiquent sa place sur la partie la plus volumineuse 
de chaque grain. Cette fécuie est presque toujours composée de 
grains globuleux ovoides ou pyriformes, qui constituent soit le 


corps principal, soit ses gibbosités. 
Fécule des rhizômes du Canna gigantea. 


Cette fécule est remarquable par les grandes dimensions que 
ses graines atteignent dans les Rhizômes très développés, et, 
plus tard, par leur désagrégation graduée, pour servir à la 
végétation des parties plus récentes de la plante. Quant à ses 
formes spéciales, elles présentent, comme le montrent les fig. 1, 
2, 3 de la planche 6, en général, une disposition du hile inverse 
de celle observée dans la fécule du Columbo; car, à partir de 
ce point d’accroissement, les grains, augmentant de volume 
par degrés, présentent souvent en projection des figures ana- 
logues à des poires, des fioles, des cornues, ou des bouteilles 
arrondies. Tous ces grains, à l'exception des plus jeunes, sont 
sensiblement aplatis; en sorte que, retournés avec précaulion, 
ils présentent une épaisseur moindre des deux tiers ou des trois 
quarts que leur largeur. Voyez le même grain dans deux posi- 
tions a @. 


Fecule du Canna discolor. 


La même particularité d'aplatissement des grains que nous 
venons de signaler, se retrouve dans cette fécule blanche et 


PAYEN. — Sur l'Amidon. 21 


brillante; mais elle se distingue de la précédente par des formes 
qui se rapprochent de celle d’un écusson arrondi, plus eu 
moins court ou allongé, et au sommet duquel se trouve presque 
toujours situé le hile; souvent celui-ci est au milieu du bout 
déprimé et entre deux protubérances légères où développées, 
les lignes d’accroissement se voient généralement fines et nom- 
breuses. On peut reconnaitre ces configurations spéciales dans 
les fig. 17 de la pl. 3; plusieurs des grains très allongés offrent 
des lignes d’accréissement qui ne reviennent plus envelopper 
le hile, mais en sont, au contraire, plus ou moins éloignées. 


Fécule des bulbes de Luis. 


Ea plupart des grains bien développés de cette fécule tres 
blanche, sont pyriformes, plus ou moins allongés ; leur hile est 
marqué généralement vers le petit bout; les lignes d’accroisse- 
ment, fines et distinctes, s’écartent parfois du hile, en laissant 
une trace bien visible à la limite de leur séparation; quelques 
grains ont des sortes de côtes arrondies ou protubérances allon- 
gées, comme l'indiquent les deux fig. & a! d’un même grain, vu 
dans deux positions, pl. 4, fig. 6. 

La fécule la plus développée dans les anciennes. écailles est 
plus irrégulière, souvent gibbeuse, offrant des fractures en 
étoiles ou irradiées du point d'insertion du hile; celui-ci est 
quelquefois double sur un même grain, comme cela se remar- 
que plus ou moins rarement sur presque toutes les fécules. 
Comme presque toutes les autres encore, celle-ci est générale- 
ment globuleuse lorsqu'elle est très jeune. Voyez les fig. 4 de 
larpli se 


Fécule des tubercules d’Oxalis crenata. 


Celle-ci se présente généralement en petits corps cylindroiï- 
ques ou légèrement coniques plus ou moins allongés, laissant 
voir les lignes d’accroissement et leur hile rarement double, 
souvent étoilé sur les vieux grains. On reconnaitra ces caracteres 
assez tranchés dans les tig.5 de la pl. 6. 


22 PAYEN. — Sur l’ Amidon. 


* Jecule de l'Æchiiocactus erinaceus. 


Dans un très gros Æchinocacius erinacezs(1), importé en 
France et envoyé à M. Magendie,qui voulut bien me permettre 
d’en disposer, je trouvai près du cylindre des faisceaux ligneux 
qui envelcppe la partie médullaire , des grains de fécule plus 
volumineux que dans aucunautre Cactus, mais il ne s’en trouvait 
que de très rares vestiges dans toutes les autres parties de cette 
énorme tige. 

Cette fécule offrait quelques lignes circulaires concentriques 
d’accroissement, elle était d’ailleurs remarquable par les formes 
irrégulières, généralement arrondies, mais dépendante des rap- 
ports de position de ses grains ; leur croissance avait été si lon- 
gue que des fentes sinueuses étoilés annonçaient leur prochaine 
dislocation, et permettaient de les çasser en segmens par une 
légère pression. Nous démontrerons plus loin que tous ces ca- 
racteres résultent naturellement de l’âge de la plante, et de l'a- 
bondance des sucs aqueux qui remplissent ses cellules. 


Û 


Fécule du Sagouier. 


Le Sagou du commerce nous arrive en globules légèrement 
fauves ou blancs; ce sont des agglomérats roulés, composés 
d’un grand nombre de grains de fécule, la plupart offrant des 
modifications de formes et l'ouverture du hile, dues à l'élévation 
de la température, lors de leur préparation. On peut reconnaitre 
sur plusieurs aussi(pl. 6,fig. 11 et r2),les effets de la présence de 
l'eau, au moment du traitement à chaud; cette dernière réaction 
est surtout indiquée par les formes de la fécule du Sagou blanc 
(fig. 12). Nous y reviendrons plus loin en décrivant les divers 
phénomenes produits par certains degrés de la température, 
soit seule, soit en présence de l’eau. (2) 


(1) Sa tige sphéroïdale avait 50 centimètres de hauteur. 

(2) Ces caractères me semblent mettre hors de doute la préparation à chaud jusqu'ici con- 
testée du sagou, Voyez l’article Sagou du Diet. de MM. Mérat et Delens, les observations de 
MM. Raspail et Caventou, un Mémoire de M. Poiteau, Journal de chimie médicale, 1825, 


etsurlout les recherches sur l'Histoire du sagou par M. Planche, 1837. 


PAYEN. — Sur l’ÆAmidon. 23. 


La fécule extraite à l’état normal de la moelle du Sagouier 
cultivé au Jardin du Roi, présenta une configuration remar- 
quable, que je n’ai encore retrouvée dans l'amidon d'aucune 
espèce de plante. Beaucoup de grains affectent sensiblement, 
dans la moitié de leur volume, la forme d’un hémisphere, tan- 
dis que l’autre moitié du même grain est polyédrique, souvent 
à six faces latérales aboutissant à une face courbe hexagonale. 
Voyez les fig. 4 ct 5 de la pl. 6. On se fera encore une idée de 
cette forme en la comparant à une demi-sphère posée sur la base 
d’une pyramide à six faces, tronquée par une surface courbe 
hexagonale ; ces deux parties ayant un axe commun qui traverse 
le hile, et l'ouverture de celui-ci étant marquée à la superficie 
de la portion sphérique; on pourrait enfin comprendre la forme 
d’un tel corps, en supposant que la substance encore plastique 
de l'amidon se serait moulée en même temps que développée 
dans l’intérieur des sommets qui terminent l’espace compris 
entre deux, trois, quatre ou cinq solides semblables. Nous re- 
viendrons sur cette particularité dans la section de l'étude phy- 
siologique. 


Âmidon des cotylédons de Fèves. 


Ses grains se distinguent de tous les précédens par ies bords 
généralement sinueux de leurs projections, les ondulations 
marquées de leur surface, la difficulté d’apercevoir directement, 
du moins, leurs lignes d’accroissement, bien que l’on parvienne 
à discerner, près de leurs bords, deux ou trois épaisseurs appa- 
rentes, et encore par l'absence ou plutôt linvisibilité directe du 
hile, et par la dépression inégale de tous les grains volumi- 
neux, dépression qui réduit d’un tiers ou de moitié la surface 
de leur projection, lorsqu'on les fait tourner sur leur grand axe 
d’un quart de circonférence. Les fig. 6 de la pl. 6 montrent ces 
formes et plusieurs grains tournés sous deux ou trois positions. 
En les comparant aux figures de la fécule des pois, on verra que 
celle-ci diffère par une plus faible épaisseur et par des dépres- 
sions plus fortes, suivant des lignes qui se réunissent dans l'axe. 

Dans les Fèves volumineuses presque müres, on trouve des 
grains d'amidon parmi les plus gros, qui sont sinueux et con. 


2/ PAYEN. — Sur À Amidon. 


tournés en demi-arc de cercle, ou terminés par un crochet, ou 
inéme encore bifurqués irrégulièerement. 


Amidon des cotylédons de Pois (Pisum sativum). 


Les fig. 1 de la pl. 4 montrent les différences que nous venons 
d'indiquer entre cette fécule et la précédente, ainsi que les divers 
aspects d’un même grain @, a’, a". On remarquera surtout dans 
les fortes dépressions canaliculées qui sillonnent ses grains, la 
cause de l'erreur qui a fait dessiner, par un habile observateur 
étranger, une sorte de hile allongé et dans l’axe. En effet, pres- 
que tous les grains vis de trois quarts offrent cette apparence : 
il a fallu tourner un grand nombre de grains entre deux lames 
de verre et les dessiner chacun dans plusieurs positions, pour 
dissiper toute illusion optique à cet égard. Je suis parvenu, d’ail- 
leurs, à démontrer, par un procédé général indiqué plus loin, 
la forme et la position du véritable bile, presque invisible à 
l’état normal. 

Les fécules des Lentilles et des Haricots ont des conforma- 
tions analogues moins prononcées dans les premières surtout. 


Aundon des bles durs et tendres. 


L'examen attentif de l’un des beaux types des blés blancs, la 
Tuzelle de Provence, et des espèces de blés durs bien caracté- 
risés, notamment le blé de Pologne et le blé de ‘Taganrock (tr. 
polonicum et tr. durum), montre dans leurs grains d’amidon 
une physionomie toute particulière. Bien développés, ils sont 
tous irrégulièrement aplatis ou plutôt lenticulaires et à rebords 
arrondis; lune de leurs faces est ordinairement plus proémi- 
nente et fait supposer, par le sens des fractures étoilées qui s'y 
aperçoivent quelquefois, que vers leur sommet se trouve le siège 
du hile. 

Pour bien discerner toute cette structure externe, il est in- 
dispensable de faire rouler lentement les grains dans l’eau, entre 
deux lames de verre, sans les quitter de l'œil sous le micro- 
scope; on parvient alors à les voir sous plusieurs faces, comme 
indiquent les fig. 7 & , a', de la pl. 6. On ne saurait cependant 


PAYEN. — Sur L’Amidon. 25 


démontrer directement ainsi l'emplacement du hile : nous verrons 
plus bas comment on y peut parvenir. Les grains de cette fécule 
sont d'autant moins déprimés et apprôochent d'autant plus des 
formes de sphéroïdes ou d'ellipsoïdes, qu’ils sont plus jeunes et 
de plus petites dimensions. 


Fécule des tubercules de Batates (Convolyulus batatas). 


Cette fécule, si complètement exempte de toute saveur étran:- 
gère, qu’elle peut à cet égard soutenir la comparaison avec les 
fécules de Canna discolor, de Maranta arundinacea, du Sagouier 
et des Orchis, se distingue de toutes celles que nous avons 
décrites dans ce mémoire, par la configuration d’un grand 
nombre de ses grains, ainsi que le montrent les fig. 15, 16, 17, 
de la pl. 6. 

Ils paraissent tronqués vers le bout opposé au hile : les bords 
arrondis prouvent cependant que ce n’est point véritablement 
une coupure; on aperçoit parfois une ligne courbe rentrante 
qui annonce dans cette surface déprimée une partie creusée 
comme le fond des bouteilles ordinaires à vin. Il y a réellement 
en cet endroit une cavité qui, peu profonde, devient sensible 
lorsqu'elle reçoit par hasard le bout arrondi d’un autre grain : 
nous verrons bientôt comment on la fait prononcer davantage. 
Beaucoup de ses grains semblent sphériques parce qu'ils repo- 
sent sur leurs faces déprimées; on s’en aperçoit en les forçant 
de changer de position et de se coucher sur les parties ar- 
rondies. 

La plupart des autres grains ont pour cachet particulier 
d'offrir des formes polyédriques ou des surfaces courbes légè- 
rement rentrantes d’un côté ou vers l’un des bouts, tandis que 
la portion opposée est en général arrondie et convexe. 

Le hile et les lignes d’accroissement se voient aisément sur ces 
grains, ce qui les distingue de plusieurs autres fécules à formes 


polyédriques. (Voy. les fig. 15 de la pl.6.) 
Fecules des tubercules d’'Orchis (Salep). 


Cette fécule est en grains généralement ovoides plus ou moins 


20 PAYEN. — Sur l’Æmidon. 
irréguliers; le hile est situé sur la partie la plus volumineuse ou 
le gros bout du grain. 

Dans un grand nombre de ces petits tubercules, tous les 
grains de fécule sont soudés et offrent des masses amorphes qui 
remplissent les cellules; ce caractère dépend sans doute de la 
température élevée à laquelle la dessiccation a commencé: les 
tubercules étant alors très humides, la fécule a dû former em- 
pois en s’hydratant dans chaque cellule; de là encore, la demi- 
transparence de la plupart des petits tubercules secs. 

Les configurations naturelles des cette fécule sont bien mieux 
observées sur les tubercules à l’état sain, j'ai extrait de ces der- 
niers les grains dessinés , pl. 6, fig. 18 et 19. 

La fécule fig. 18 vient des tubercules d'Orchis bifolia : on 
voit que plusieurs de ses grains globuliformes offrent deux por- 
tions coniques sur le même axe, on voit en outre sur quelques- 
uns deux hiles marqués dans la partie sphérique. 

Les grains de la fécule d’Orchis latifolia sont la plupart sous 
forme de sphéroïdes, munis d'un ou de deux hiles, mais pres- 
que tous se terminent par un seul cône à pointe mousse où 
arrondie. Voyez les fig. 19. 


Fceule des bulbes de Jacinthe. 


Bien que cette fécule ait une analogie évidente, et à laquelle 
on devait s'attendre , avec celle des Lis, on peut l'en distinguer 
à ses contours généralement plus irréguliers, à la position du 
hile sur le bout souvent le plus volumineux, et surtout , enfin, 
à la courbure qu'affecte la partie moyenne, et qui fait paraître 
en saillie et plus éclairés ses deux bouts arrondis. (Voy. les fig. 13, 
pl. 6). 

Dans les écailles extérieures où les développemens ont été le 
plus long-temps prolongés, on trouve un grand nombre de. 
grains étcilés, fendus, et d’autres commençant à s’exfolier. Cela 


tent à un phénomène physiologique général sur lequel nous 
reviendrons. 


PAYEN. — Sur T° A4midon. 27 


Fécule du Cycas circinalis. 


Cette fécule, extraite de la base des pétioles sur un stipe ayant 
de quatre à cinq ans, offre une conformité remarquable dans 
les parties polyédriques et les portions sphériques de ses grains, 
avec la fécule de sagouier : on y retrouve, correspondant aux 
mêmes points, le hile ainsi que les lignes circulaires d’accroisse- 
ment; nous verrons que les aggomérats de ces grains sont aussi 
semblablement disposés dans les cellules. 


Amidon des grains de gros Maïs (blanc, jaune et violet). 


Outre les différences physiologiques dont nous parlerons à la 
fin de ce Mémoire, et qui résultent des époques de développe- 
ment et de dissolutions des fécules, on remarquera entre les 
grains d’amidon du même âge, dans un même grain de mais, 
de grandes variations de formes. Toute la partie cornée ou 
demi translucide adhérente au tissu en contact avec l’épiderme 
d’un de ces fruits, présente ses grains de fécule tellement 
serrés et enchâssés dans une masse commune fortement pressée 
de toutes parts entre les cellules voisines, que tous ces grains 
ont une forme polyédrique, et qu’on parvient à en rompre plu- 
sieurs sans les désagréger les uns des autres; c’est ce que fait 
voir la fig. 20, pl. 6. Ce grand rapprochement des parties, ob- 
servé par M. Raspail, explique la demi-transparence de la sub- 
stance cornée et la rudesse de la farine de maïs; quant à la por- 
tion farineuse des mêmes grains qui se rapproche du Cotylédon 
et qui est d'autant plus abondante que le maïs offre plus de 
blancheur et d'opacité , celle-ci contient un grand nombre de 
grains libres, les uns sont globuleux, piriformes, ovoïdes; les: 
autres offrent, d’un côté, des formes arrondies, et de l’autre, 
des faces polyédriques , comme l’indiquent les fig. a, b, c, pl. 6. 
Sur quelques-uns on parvient à distinguer le bile. 


Amidon des grames de Sorgho rouge (Sorshum vulgare). 


Cette graine, dont la plante coupée jeune, produit un fou- 


28 PAYEN. — Sur L’Æmidon. 

rage si abondant, ne doit l'infériorité de sa farine grossière qu’à 
la difficulté d’en éliminer le son; car, bien que Ja plupart des 
grains de la fécule affectent des formes polyédriques (#7. la pl. 6, 
fig.22), résultant de la pression qu'ils ont éprouvée les uns contre 
les autres, ils sont presque tous libres. On aperçoit sur lune 
de leurs faces arrondies quelques fentes irradiées d'un centre 
qui marque la position du hile. 


Fécule de la tige d’un Cactus peruvianus. 


Un grand nombre des Cactus cultivés en serre ne contiennent 
pas ou renferment seulement des traces d’amidon. Il m'a fallu 
rechercher, pour chacun d’eux, les plus développés, sons qu'ils 
fassent trop vieux, pour arriver à bien déterminer les formes de 
leurs grains de fécule, et quant à leurs dimensions, des maxima 
qui pourront, comme je lai observé sur un volumineux ÆZchi- 
cactus erinaceus (voir page 22), s'élever encore dans d’autres 
circonstances de végétation. (1) 

Les grains de fécuie du Cactus sont, en général, sous formes 
de sphéroïdes ou d’ellipsoïdes; on y peut parfois apercevoir le 
point d'insertion du hile, plusieurs des lignes d’accroissement , 
et quelques légères ondulations à leur superficie; un grand 
nombre de ces grains offrent évidemment [a réunion de deux 
ou de trois d’entre: eux, ainsi que le font voir les fig. 21 de 
la pl. 6. 


Amidon de la graine du Naïas major. 


Les grains d’amidon de cette graine sont, en général, globu- 
leux ou ovoiïdes, quelquefois légèrement déprimés dans le mulieu 
des deux faces opposées. (Voyez les fig. 4’ de la pl. 5). Lorsque 
la graine n'est qu'à demi développée, les grains d’amidon ont 
une dimension moitié moindre, fig. b. 


(x) Je dois à l'extrême obligeance de MM. les professeurs du Jardin-du-Roi, ainsi qu'à 
M. Neumaun, chef des serres chaudes, à MM. Cels et Duvillers, membre de la Société royale 
d'horticulture , d’avoir pu faire varier mes observations sur un grand nombre de Cactus, sur les 
rhizômes de plusieurs Canna, les racines du Ménispermum palmatum, les tubereules d'Orchis, 
la moelle du Sagouier , les fécnles du Cycas circinalis, du Ginkgo biloba, le pollen du Globba 
nulans , etc. 


PAYEN. — Sur l’Æmidon. 29 


Fécule de la tige du Cactus Pereskia grandiflora. 


Sur une branche de trois millimètres provenant d'un individu 
ayant trente-quatre centimeires de haut, j'ai trouvé les cellules 
de la partie médulaire complètement remplies de fécule , plus 
grosse là que partout ailleurs ; les grains de celle-ci portaient 
des hiles bien marqués ainsi que plusieurs de leurs lignes d’ac- 
croissement. 

Leurs formes assez irrégulières montraient des résuitats évi- 
dens d’adhérences, entre les grains ainsi qu’on en peut juger 
par des configurations polyédriques ou des portions planes de 
plusieurs de ces grains dessinés, pl. 4, fig. a. 


Amidon des graines d’Æponogetum distachy um. 


Quoique de petites dimensions, les grains de cette fécule 
laissent voir le point de leur hile; leurs formes sont quelquefois 
toutes arrondies. Sur beaucoup d’entre eux, on remarque une 
sorte d’enfoncement ou des dépressions plus ou moins éten- 
dues; on remarque encore, ainsi que lindiquent les fig. 23 de 
la pl. 6, un assez grand nombre de ces grains, terminés par des 
faces polyédriques ou tronquées, analogues à celles qui carac- 
térisent la fécule des Batates, fécule que ses dimensions ne per- 
mettraient pas de confondre, sous le microscope, avec celle-ci. 


\ 


Fécule du Ginkgo biloba (Salisburia adianthifolia) . 


Une branche ayant 27,5 millimètres de diamètre contenait 
dans le tissu médulaire, dans les couches ligneuses et dans lé- 
corce une fécule remarquable par ses formes très sinueuses 
échancrées, à faces polyédriques souvent aplaties, allongées, 
offrant des jrotubérances latérales. 


Fecule du Cactus brasiliensts. 


Les grains de cette fécule sont remarquables, comme on Île 
voit dans les fig. B de la pl. 5, par leurs irrégularités. Non-seu- 


30 PAYEN. — Sur l’Æmidon. 


lement les bords de la projection sont, en général, sinueux et 
leur superficie est gibbeuse, mais encore des portions plus effi- 
lées et courbes offrent l'apparence d’une sorte de crochet; le 
hile ni les lignes d’accroissement ne sont pas nettement percep- 
tibles. 


Amidon du fruit du Panicum italicum. 


Presque tous ses grains d’amidon sont terminés par des formes 
polyédriques fort analogies à celles des grains amylacés du maïs 
dont ils se distinguent par leurs petites dimensions. On y trouve 
aussi, dans la partie cornée, des agglomérats de grains solide- 
ment enchässés dans les cellules où ils sont soudés par une forte 
pression. Voyez les fig. C de la pl. S. 


Amidon du pollen de G/obba nutans. 


Les grains du pollen, les pius développés surtout, contien- 
nent plus ou moins abondamment dans leur fovilla des granules 
offrant les principaux caractères de l’amidon, et sur l'analyse 
desquels nous reviendrons plus tard. Les fig. À, B, de la pl. 3, 
montrent ces granules , la plupart de formes elliptiques, souvent 
courbes, offrant alors une configuration analogue à celle d’un 
concombre. J'ai indiqué, sur une partie des granules sortis par 
l'explosion naturelle d’un grain de pollen, la coloration bleue 
que leur communique l’iode, tandis que ce corps teint en jaune 
les membranes, et laisse sans couleur marquée la partie fluidi- 
forme du fovilla. 


Fécule du Cactus flagelliformus. 


Les grains les plus développés de cette fécule, dans une forte 
tige, offraient, comme le montrent les fig. 4 de la pl. 4, une 
projection à bord sinueux et une dépression sensible au milieu; 
ils étaient sensiblement aplatis, en sorte que leur épaisseur se 
trouvait moindre d’un tiers environ que leur largeur maxime : 
plusieurs grains paraissaient doubles. 


e. 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 31 


Fecule de l'Æchinocactus erinaceus cultivé en serre. 


Ses plus gros grains, pris prés de l'axe de la tige, sont glo- 
buliformes; un petit nombre sont doubies; au centre nième se 
trouvaient des srains à bords irréguliers, qui semblaient avoir 
été altérés dans leur structure, fig. e, pl. 4. 


Hécule du pollen de Ruppia marttima. 


Les grains de cette fécule sont plus on moins irrégulièrement 
arrondis ou oblongs; les plus gros sont, la plupart, déprimés 
au centre; plusieurs sont cylindriques, terminés par des bouts 
arrondis; leur corps est plus où moins courbé, en sorte que, 
perfois, ils simulent ainsi un cylindre contourné en couronne. 


Fécule de la tige du Cactus opuntia tunas 


Grains globuliformes; plusieurs doubles. Une fécule sem- 
blable, à grains un peu plus petits et surtout plus rares, s'est 
trouvée dans le Cactus opuntia ficus indica , pl. 4, fig. f. 


Fécule du Cactus CUTASSAVICUS. 


Très peu abondante; elle offre plusieurs grains doubles ou 
allongés, à bords et superficie légèrement ondulés, pl. 4, fig. A. 


Amidon du fruit du Millet (Panicum miliaceum). 


Les grains de cet amidon sont de formes polyédriques fort 
analogues à ceux du Panicum italicum. Voyez les fig. : de la 


pl 4. 


Fécuie du Cactus mamillaria discolor. 


Ses grains, arrondis ou à bords sinueux , sont semblables à 
ceux de la fécule des Cactus opuntia et Curassavicus, quoique 


plus petits, fig. 7, pl. 4. 


32 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


Fécuie de l'écorce de lZy/anthus glandulosa. 


Cette fécule se montre en grains très irréguliers, générale- 
ment polyédriques, fig., K, pl 4. 


Fécule de la tige du Cactus serpentinus. 


Ses grains, analogues à ceux des fécules de plusieurs Cactus, 
sont arrondis, montrent quelques lignes d’accroissement et 
quelques ondulations à leur surface : on y rencontre des grains 
doubles fig. rm, pl. 4. 


Fécule de la racine de Panais. 


Tous les grains de cette fécule offrent une projection arron- 
die et une portion de cercle concentrique marquant, comme 
lindiquent les fig. 2, pl. 4, une ondulation circulaire à leur 


superficie. 
>  Amidon du pollen de Naïas major. 

Presque tous les grains cylindroïques de cet amidon offrent 
une incurvation plus ou moins prononcée : les plus petits sont 
ovoides. Voir les fig. a, pl. 5. 


Fecule du Cactus monstruosus. 


Cette fécule, en grains assez rares, est globuliforme : elle n’a 


pas montré de grains doubles, pl. 4, fig. ». 


Amidon de la graine de Betteraves. 


Il se présente en grains sensiblement sphériques, qui se rap- 
prochent beaucoup, à tous égards, de ceux de la graine du 
Chenopodium quinoa , fig. o, pl 4. 


Amidon de la graine du Chenopodium quinoa. 


Les grains de cet amidon sont les plus petits que j'aie obser- 
vés dans des graines venues à maturité; ils sont globuliformes 
ou ovoides, comme l’indiquent les fig.p , pl. 5. 


(La suite au prochain cahier). 


rs Q eee ——— 


HUGO Mour,. — Sur les Lenticelles. 33 


Untersuchungen über die Lenticellen. — Recherches sur les 

Lenticelles ; dissertation inaugurale soutenue sous la prési- 

. dence de M. H. Mon en mai 1836, par Charles Edouard Ma- 
3er de Hirsau. — Tubingen. 


Dans une courte introduction , M. Mokhl nous apprend qu'il 
a publié il y a quelques années dans le journal botanique de 
Ratisbonne (r), des observations sur les Lenticelles dans le but 
de prouver que ces parties ne sont pas, comme l’a prétendu 
De Candolle, des bourgeons de radicelles ; une étude des Lenti- 
celles lui paraît d'autant plus nécessaire que dans plusieurs 
écrits botaniques, l'opinion de Decandolle a été admise comme 
une vérité démontrée, notamment dans le traité d’Ernest 
Meyer sur les métamorphoses des plantes, et cette étude peut 
être faite plus facilement maintenant que l'anatomie du liège 
et du faux liège (Borke) des dicotylédones a été étudiée dans 
une dissertation inaugurale soutenue dans cette faculté. (2) 

Sous le nom de Lenticelles (Lenticellæ, glandulæ lenticulares, 
en allemand Zinsenfcærmigen Driüsen, Linsen, Rindenh6cker- 
chen), on désigne des points élevés, dispersés irréguliérement 
sur l’écorce des arbres ou des arbrisseaux dicotylédonés , et 
qui se distinguent par leur couleur particulière ou par leur 
forme de petites verrues. 

On les remarque surtout sur les rameaux d’une année, tant 
que l'écorce est encore verte et que l’épiderme a conservé son 
intégrité, elles paraissent d'abord comme de petites places 
rondes ou allongées, se distinguant un peu par leur couleur; 
plus tard, tantôt vers la fin de la première année, tantôt dans 
les années suivantes, la cuticule se déchire longitudinalement 
au-dessus des Lenticelles qui se changent en verrues plus ou 
moins saillantes, souvent partagées comme en deux lèvres 
par un sillon médian. La surface de ces verrues est le plus 


(:) Flora , 1832, page 65. 
{2) Voyez.ce mémoire dans ces Annales , lome vit, page 
X. Boran. — Juillet, 3 


34 HUGO MOHL. — Sur les Lenticelles. 


souvent colorée en brun, leur substance est jusqu’à une certairie 
profondeur sèche, friable, subéreuse. Par un plus grand ac- 
croissement en diamètre du rameau , les Lenticelles s'étendent 
en largeur et deviennent des stries transversales. Enfin dans 
de vieilles tiges, lorsque l'écorce produit du liège où du faux 
liège, le déchirement de lécorce commence dans les Lenti- 
celles, et elles deviennent méconnaissables, par exemple, dans 
le Peuplier blanc (Si/ber Papel), le Pommier, le Bouleau, ou 
bien lorsque les parties extérieures de l'écorce tombent sous la 
forme d’écailles lisses, les Lenticelles tombent avec ces écailles, 
et on n’en trouve plus aucune trace. 

Sur une coupe transversale on reconnaît facilement à l’aide 
d'une loupe, que les Lenticelles sott plazées sur Îa partie exté- 
rieure de l'écorce, et qu'elles n’ont aucune communication 
avec l’écorce ou avec le bois ; c’est ce que des recherches micros- 
copiques rendent tout-à-fait évident. Le plus généralement les 
Lenticelles sont formées de cellules vertes, incolores ou colo- 
rées d'une manière particulière (jaune dans le Berberis, rou- 
geâtre dans le Sambucus nigra ), placées entre l’épiderme et le 
parenchyme cortical vert. Ces cellules sont disposées en séries 
perpendiculaires à laxe du rameau, elles sont généralement 
plus petites que celles du parenchyme vert, se confondent 
avec lui inférieurement tandis qu'à l'extérieur , où par le dé- 
chirement de l’épiderme elles ont subi le contact de l'air, elles 
se sont desséchées et forment une masse brune subéreuse. Cette 
structure est au fond la même chez les différens arbres, elle 
subit cependant quelques modifications, en ce que la partie 
extérieure de l’écorce éprouve des variations auxquelles partici- 
pent les Lenticelles. 

La forme la plus simple se rencontre ue les plantes chez 
lesquelles sur les jeunes branches, il ne se forme point de tissu 
intermédiaire ( du liège ou du périderme) entre l’épiderme et Le 
parenchyme cortical, comme dans le Corus alba par exemple. 
Chez cette plante (comme chez la plupart de nos arbres et 
arbrisseaux }, on peut reconnaitre dans le parenchyme cortical 
deux couches qui ne sont cependant pas extrêmement dis- 
unctes. Dans la couche la plus extérieure, les cellules sont 


HUGO MOHL — Sur Les Lenticelles. 35 


douées de parois un peu plus épaisses et étroitement liées par 
de la substance intercellulaire ; dans la couche intérieure la 
liaison des cellules est plus lâche, et il existe entre elles de 
grands méats intercellulaires et des lacunes irrégulières; ces 
couches seront dans la suite de ce travail désignées par les noms 
de couche extérieure et intérieure du parenchyme cortical. 

Là où il y a une Lenticelle, la couche extérieure manque 
et est remplacée par le tissu de celle-ci; elle est formée par une 
extension de la couche parenchymateuse intérieure, extension 
qui se compose de séries perpendiculaires de petites cellules, 
lesquelles intérieurement passent graduellement à la forme des 
cellules de la couche intérieure du parenchyme , tandis qu’elles 
se répandent au-dehors en une masse fongueuse bientôt dessé- 
chée, comme cela se remarque dans la couche subéreuse placée 
sous l’épiderme de plusieurs plantes : Quercus suber, Acer cam- 
pesire. 

Sur les plantes ligneuses chez lesquelles on remarque entre 
le parenchyme vert et l’épiderme, une couche subéreuse molle 
ou un périderme formé de cellules en tables à parois épaisses, 
les Lenticelles présentent la même structure quoiqu’elle soit 
plus difficile à reconnaitre. La Lenticelle est comme dans le Cor- 
nus, logée dans une cavité de la couche parenchymateuse exté- 
rieure, et elle présente la même structure, mais extérieurement 
sa surface ne se limite pas immédiatement à l’épiderme, et sa 
couche extérieure se confond latéralement avec la couche su- 
béreuse (par exemple : Sambucus nigra, Berberis vulgaris, Ery- 
thrina corallodendron), ou avec le périderme ( par exemple : 
Aesculus Pavia, Corylus Avellana, Prunus Padus , spinosa , 
Populus dlatata, alba, Gleditschia triacantha, Cratagus oxya- 
cantha, Pyrus malus, Betula alba). 

Dans ces plantes, comme dans le Cornus, le tissu de la Len- 
ticelle forme à la surface une saillie subéreuse qui se dessèche 
extérieurement, et produit ces élévations verruciformes bien 
connues, mais le liège ou le périderme participent à cette for- 
mation. En même temps la substance subéreuse de l'écorce 
éprouve autour de la Lenticelle une sorte de soulèvement et 
se confond avec la substance subéreuse de celle-ci, de sorte 


> 
D, 


36 nuco mMour. — Sur les Lentivelles. 


qu'on ne peut indiquer une délimitation rigoureuse entre elles, 
et que l'élévation en forme de verrue est formée au milieu de 
la substance subéreuse de la Lenticelle, et entourée de celle de 
l'écorce. Le périderme se comporte de la même manière. D’a- 
près ce qui précède nous devons reconnaitre deux couches 
dans les Lenticelles, l'une intérieure, vivante, formée de cel- 
lules vertes ou incolores, disposées en série perpendiculaires, 
produisant sans cesse à l'extérieur de nouvelles cellules qui 
meurent ensuite, et forme la couche extérieure, subéreuse et 
desséchée. 

Ces circonstances nous permettent de reconnaitre une grande 
analogie entre les Lenticelles et la formation subéreuse habi- 
tuelle ; il n'y a entre ces deux productions qu’une seule diffé- 
rence, qui consiste en ce que le véritable liège se forme entre 
l'épiderme et la couche cellulaire extérieure, tandis que le liège 
des Lenticelles est produit au-dehors par une extension du pa- 
renchyme cortical intérieur. 

L’analogie entre les Tenticelles et le liège est encore confir. 
mée par ce fait, que dans les plantes douées d’un véritable 
liège ou d'un périderme , la partie extérieure des Lenticelles se 
confond avec le liège environnant, et que tous deux concou- 
rent à former les élévations lenticulaires. Nous trouverons en 
outre de l’analogie dans le mode de développement de ces par- 
ties. Le tissu cellulaire sous épidermique destiné à se développer 
en liège, persiste sous la forme d’une couche mince tant que 
l’épiderme reste entier, mais dès qu'il se déchire il se produit 
sous la crevasse et sur ses côtés une excroiïssance de tissu cel- 
lulaire qui produit une couche subéreuse épaisse. La même 
chose se passe dans les lenticelles: tant que lépiderme les 
couvre, elles restent petites, plongées dans le parenchyme cor- 
tical extérieur, et les rangées cellulaires dont elles sont formées 
ont une direction qui rayonne en divergeant de la surface de 
l'écorce vers le bois; mais dès que l’épiderme se déchire, la 
lenticelle se produit au-dehors, ses rangés cellulaires prennent 
une direction parallele, et leur partie extérieure forme-bientôt 
l'excroissance subéreuse desséchée. Si lon place dans leau un 
rameau garni de lenticelles développées (de Saule par exemple), 


HUGO MOHL. — Sur des Lenticelles. 37 
la dessiccation des cellules nouvelles est arrêtée, et leur accrois- 
sement facilité, alors la masse subéreuse dépasse sensiblement 
son volume habituel, et la surface de la lenticelle se développe 
en une masse fongueuse blanche. La même chose s'observe fré- 
quemment à d’autres endroits de l’écorce dans le tissu cellulaire 
placé au-dessous de l’épiderme , lorsqu'il est dégagé par une fis- 
sure de celui-ci et soumis à l'influence de l’eau. 

Ces faits démontrent que les lenticelles sont wne formation 
subéreuse partielle, qui ne naît point comme le véritable liège 
du parenchyme cortical extérieur, mais est formée par une 
excroissance du parenchyme cortical intérieur. 

La production au-dehors de nouvelles cellules à la surface 
de la lenticelle, et leur dessiccation se continuent pendant quel- 
ques années, jusqu'à ce que les couches extérieures de l'écorce 
cessent de vivre, ce qui termine le développement des len- 
celles. 

Chez les arbres où le périderme en restant lisse s’épaissit 
pendant plusieurs années par l'addition de nouveaux feuillets 
sur sa face interne, et où la substance subéreuse sèche des len- 
ucelles est formée en même temps par leur partie interne verte, 
et par le périderme, le tissu cellulaire qui se produit à la sur- 
tace de ces lenticelles, perd la structure parenchymateuse du 
liège, et acquiert de plus en plus celle du périderme, jusqu'à 
ce qu'il se confonde avec les couches intérieures plus jeunes 
du périderme, et forme avec elles une couche continue homo- 
gène. De cette manière leur partie interne cellulaire se trouve 
séparée par le périderme de leur partie exterieure subéreuse se- 
che; alors l'accroissement postérieur de la lenticelle est arrêté, 
et.on ne la trouve plus que comme le débris d’une formation an 
térieure, placé sur le périderme uniforme qui couvre l'écorce, 
par exemple : dans lA/ex aquifolium , le Corylus avellana, et 
surtout dans le Bouleau. Chez ce dernier les couches du pé- 
riderme s'étant développées en grand nombre, pour former 
les feuillets blancs qui se détachent de lécorce, on trouve en- 
core les lenticelles sous la forme de raies iransversales brunâ- 
tres, dont l'étude anatomique fait voir que ce ne sont plus de 
vratés lenticelles, mais que les feuillets du périderme se sont con- 


38 HUGO MOHL. — Sur Les Lenticelles. 


tinués sans interruption sur les places où des lenticelles se 
trouvaient précédemment, seulement en acquérant à ces pla- 
ces une structure quelque peu différente. La couleur brune et 
la tuméfaction de ces raies est due à ce qu'aux places où on les 
remarque, la couche mince de cellules subéreuses qui existe 
entre les feuillets du périderme, a acquis un peu d’accroisse- 
ment, et une couleur brune, montrant ainsi un passage à la 
formation subéreuse qui envahit plus tard toute la surface de 
l'écorce; peu d'années plus tard ceite formation subéreuse se 
continue de ces marques sur le reste de l’écorce lorsque le pé- 
riderme est déchiré par suite de la distension de l'écorce, car gé- 
néralement le déchirement du périderme commence aux len- 
ticelles, et donne aussitôt lieu à un plus grand développement 
de substance subéreuse. 

Les choses se passent autrement chez les arbres où il se dé- 
veloppe un faux liège. Chez eux, lorsqu'ils ont atteint un cer- 
tain âge, les couches nouvelles du périderme ne se développent 
pas entre la surface du parenchyme cortical vert et les vieilles 
couches du périderine, mais bien dans l'intérieur du paren- 
chyme cortical et dans les couches du liber; il résulte de ce dé- 
veloppement que les couches extérieures de l’écorce sont sépa- 
rées de sa partie interieure et vivante , et tombent sous la forme 
d'écailles desséchées. Alors les nouvelles couches du périderme 
ne sont plus placées entre la partie interne et la partie externe 
des lenticelles, mais au-dessous du parenchyme cortical duquel 
nait la lenticelle; celle-ci se trouve ainsi rejetée avec les écailles 
du faux liège (exemple : Platanus occidentalis, Salix alba, 
babylonica , Pyrus malus, Cratægus oxyacantha, etc.) 

Les arbres doués de faux liège présentent deux modifications: 
tantôt la formation du périderme, le déchirement et l’exfoliation 
de l'écorce, sont tout-à-fait mdépendans des lenticelles, parce 
que le périderme se développe en grandes plaques situées beau- 
coup plus profondément qu’elles , et qu'il fait tomber de grands 
morceaux de l'écorce couverte de lenticelles ( Platanus). Dans 
d’autres cas, la formation intérieure du périderme n’occupe pas 
d'abord une aussi grande étendue sur la circonférence de la 
lige, mais commence à de petites places, autour des endroits 


HUGO MOHL. —— Sur les Lenticelles 30 


ou l'écorce se déchire d’abord, ce qui, chez beaucoup d'arbres, 
a lieu à l'endroit des lenticelles (Cratægus, Pyrus, Salix , Po- 
pulus) ; écorce s’y déchire ordinairement d'abord en longueur, 
et on trouve sous les lenticelles et autour d'elles de petites 
couches d'épiderme qui changent en faux liège les parties de 
l'écorce sur lesquelles la lenticelle est placée; ce n’est que plus 
tard que cette formation s'étend davantage. La marche de ces 
phénomènes est surtout remarquable dans le Populus alba. 
La manière de voir exposée ci-dessus est en contradiction avec 
celle de M. De Candolie (1), qui considère les lenticelles comme 
«des bourgeons radiculaires. Son opinion résultait d'observations 
faites sur des rameaux de Saules qu'il avait placés dans l'eau, 
où ils produisirent des racines adventives. Il crut remarquer 
que les racines sortaient toujours des lenticelles, et que si on 
enlève celles-ci par une section qui va jusqu’au bois, il se forme 
des lenticelles adventives desquelles sortent alors les racines. 
Ceci est en contradiction avec les données fournies par lanato- 
mie et avec ce que l’on observe dans le développement des ra- 
cines adventives, comme M. Mohl la déjà annoncé ailleurs. (2) 
Quant au premier point de vue, nous avons dit plus hant que 
les lenticelles sont placées dans la partie extérieure de l'écorce, 
et qu'elles ne sont pas en relation avec les couches intérieures 
de l’écorce où se trouvent les faisceaux fibreux , encore moins 
avec le bois. En outre, on sait bien que, lorsque dans les dico- 
tylédones il se forme des racines adventives, celles-ci paraissent 
toujours sous la forme d’un petit bouton formé dun tissu cellu- 
laire très délicat et transparent, qui naît sur la limite qui existe 
entre le bois et l'écorce. Tandis que ce petit bouton s’allonge 
en cône, il y apparaît un cercle de faisceaux vasculaires qui 
partage son tissu cellulaire en moelle et en écorce. A la base 
du bouton, les faisceaux nouvellement formés se placent à côté 
de ceux du cylindre ligneux sur lequel ce bouton est posé, de. 
sorte qu'il s'établit une connexion organique entre le bois de 
la nouvelle racine et celui de l’ancienne tige. L'écorce du bouton 


' 


(:) Annales des Sciences naturelles, tomie vir, page à. 
(2) Flora, 1832, tomer, page 65. 


4o HÜGO MOUL. — Sur les Lenticelles. 

radiculaire est soudé à la base avec la couche corticale inté- 
rieurc dela tige; à la pointe, au contraire, il n’y a pas de rap- 
port organique entre ce bouton et l'écorce de la tige. Lorsque 
ce bouton s’allonge en racine, il presse le tissu cellulaire devant 
jui et soulève lérorce en un petit mamelon qui se déchire enfin 
au sommet et laisse passer la petite racine autour de laquelle 
les couches corticales traversées forment comme une sorte de 
coléorhize. 

Quant au second point, savoir, la production de racines ad- 
ventives à des endroits déterminés, il est vrai que tous les points 
de la tige ne sont pas également propres à la production des 
racines adventives ; mais Ces places ne sont pas en rapport avec 
la disposition extérieure de lécorce; elles sont déterminées, 
au contraire, par la structure du corps ligneux.On peut remar- 
quer que les racines adventives se développent principalement 
à certaines places où un rayon médullaire passe dans l'écorce; 
cela se voit surtout dans plusieurs espèces herbacées, par 
exemple, l’?mpatiens noli-tangere. Là se trouve peut-être la cause 
de ce fait, que dans beaucoup de plantes les racines adventives 
se développent pius facilement aux articulations qu'aux entre 
nœuds ; il est vrai que dans plusieurs on doit l'attribuer à un 
obsiacle qu’éprouve à ces points la sève descendante; cepen- 
dant il peut aussi résulter en grande partie de ce que, par le 
passage des faisceaux vasculaires dans les feuilles, il doit se 
trouver aux articulations des lacunes dans le corps ligneux, les- 
quelles sont remplies de tissu cellulaire et constituent de grands 
rayons médullaires. 

M. Mohl a déjà observé autrefois (endroit cité) que dans des 
branches de Saule les radicelles ne sortirent pas des lenticelles, 
mais de tous les points des rameaux; que ce ne fut qu’acciden- 
tellement que ca et là une radicelle sortit d’un point où 
avait été une lenticelle, et que, par conséquent, ces organes 
n'avaient eu aucune part à leur formation. (1) 


(x) D'après Tréviranus (Phys, de Gew., tome 1, page 263), Dupeut-Thouars est arrivé 
au méme résultat. L'auteur regrelle de ne pas connaître le travail dans lequel Dupetit-Thouars 
a fait connaître ces faits. 


, 


HUGO MOHL. — Sur les Lenticelles. 41 


Ce résultat sera encore confirmé pour nous, si nous remar- 
quons que, quoique les lenticelles se trouvent dans la plupart 
des arbres et arbrisseaux, elles ne sont pas une formation gé- 
néralement répandue, car elles manquent dans les Coniféres, 
les tiges charnues, les herbes, les tiges des monocotylédones 
et des Cryptogames, quoique plusieurs de ces plantes produi- 
sent même régulierement des racines aériennes ( Cactus, Sem- 
pervivum, Fougères arborescentes). 

Les feuilles produisent quelquefois naturellement des racines 
adventives comme les tiges, lorsqu’elles tiennent encore à la 
plante , et on peut provoquer artificiellement cette production, 
surtout chez les feuilles charnues séparées de la tige; cependant 
les feuilles sont absolument dépourvues de lenticelles. 

Il est donc démontré, d’une part, que les lenticelles, quand 
elles existent, ne prennent aucune part à la formation des ra- 
cines adventives; d'autre part, que celles-ci se forment dans 
plusieurs plantes où 11 n’existe pas la moindre trace de lenticelles. 

Si les racines adventives naissaient d’un bourgeon et que 
celui-ci füt une lenticelle, on devrait en trouver sur les racines, 
car les fibres radiculaires naissent sur les branches de la racine 
comme les racines adventives sur la tige; mais on chercherait 
vainement des lenticelles sur les racines terrestres ou aériennes 
d’où naîtront des fibres jatérales. Le fait que les fibres radicales 
aussi bien que les racines adventives naissent aux points de 
contact d’un rayon médullaire avec l’écorce, explique pourquoi 
celles-ci sont si souvent disposées en séries longitudinales, sur- 
tout en quatre rangées. On chercherait vainement à la surface 
de l’écorce une cause de ce phénomène. 

L'opinion de M. De Candolle ne pouvant être adoptée, exa- 
minons celle de M. Ernest Meyer (r). Cet auteur établit un pa- 
rallèle entre les différentes sortes de bourgeons et les différentes 
sortes de lenticelles ; il distingue trois sortes de bourgeons : les 
bourgeons principaux (Haupt- Augen),les bourgeons accessoires 
( Bei-Augen) et les bourgeons dispersés ( Zerstreuete-Augen ); 
il admet de même des lenticelles principales, accessoires et dis- 


(x) Linnæa, ème vi, page 447. 


42 HUGO. MOHL. — Sur les Lienticelles. 


persées (Haupt-Linsen, Bei-Linsen, Zerstreuete-Linsen). Meyer ne 
donne aucune observation plus précise sur les lenticelles dis- 
persées, qu'il met en parallèle avec les bourgeons adventifs de 
Du Petit-Thouars, « car, dit-il, on me passera bien celles:-là ! » 
Mais il présente des exemples tirés des mono et des dicotylé- 
dones, de lenticelles accessoires (comparées aux bourgeons 
nommés par Rœper Gemmæ accessoriæ ) et de lenticelles prin- 
cipales ( comparées aux bourgeons axillaires des feuilles; il ap- 
plique ces noms aux fibres radicales qui naissent des bourgeons 
sur la tige : dans ces cas, ilse forme une seule racine à chaque 
bourgeon. comme, par exemple, dans le Vanilla aromatica à 
côté du bourgeon, dans le Bulbine fruticosa en face du bour- 
geon ; ces racines proviennent d'une lenticelle principale, ou 
bien il se forme une couronne ou une demi-couronne de lenti- 
celles à l'articulation; l'une d’elles produit une plus grande ra- 
cine ordinairement opposée à la feuille : c’est la lenticelle prin- 
cipale ; les autres ne produisent que de petites racines, on même 
ne se développent pas : ce sont les lenticelles accessoires (Ca/la 
pertusa, Juncus lampocarpus , plusieurs Graminées, Cypéra- 
cées, Joncées , Aroïdées). Ces lenticelles.accessoires se compor- 
tent à l'égard de la lenticelle principale comme les bourgeons 
accessoires à légard du bourgeon principal, avec cette seule 
différence qu'elles ne sont jamais placées au-dessus ou au-des- 
sous, mais toujours sur les côtés de la lenticelle principale. 
Suivant Meyer, les dicotylédones présentent des faits ana- 
logues. Dans les Ombellifères et les Renonculacées, il n’est pas 
rare de voir une lenticelle principale opposée au bourgeon ; et 
des lenticelles accessoires formant un cercle complet ou incom- 
plet. Dans plusieurs dicotylédones fortement articulées , il y a 
une lenticelle sur les côtés de chaque bourgeon, à la place des 
bourgeons accessoires, comme dans plusieurs Crassulées, et la 
lenticelle principale paraît manquer. Dans le Cotyledon orbicu- 
laris , un cercle de lenticelles naît autour de la base de la feuille. 
Ainsi, non-seulement Meyer admet avec De Candolle que 
les lenticelles sont des bourgeons radiculaires, mais il donne 
encore une bien plus grande extension à cette manière de voir 
en admettant des lenticelles dans les monocotylédones et les 


HUGO MOnr. — Sur les Lenticelles. 43 


plantes herbacées, et en ce que, outre les productions que l’on 
avait jusqu’à ce jour appelées de ce nom, il en reconnaît d’au- 
tres situées régulièrement à des places déterminées. L’apprécia- 
tion de ces données nous présente un cas tout différent de celui 
où nous nous sommes trouvés vis-à-vis de M. De Candolle. Les 
idées de ce dernier étaient la conséquence d’une erreur d’ob- 
servation. De Candolle n’avait pas distingué des lenticelles les 
places où les jeunes racines traversent l'écorce, et où le paren- 
chyme se gonfle par l'influence de l’eau. Les observations de 
Meyer sont au contraire parfaitement exactes, en ce que les 
racines adventives se développent régulièrement aux places in- 
diquées par lui , et qu'elles sont indiquées avant leur dévelop- 
pement par de petits tubercules ; mais le rapprochement de ces 
tubercules et des lenticelles est peu conforme à la réalité. 

La lenticelle des dicotylédones ligneuses est placée dans la 
couche extérieure de l'écorce , tandis que le point de départ des 
racines adventives est situé beaucoup plus profondément entre 
l'écorce et le bois. Il est facile de voir que les tubercules obser- 
vés par Meyer n'ont pas la structure des lenticelles, et que les 
racines adventives se forment, chez les monocotylédones , à une 
certaine profondeur dans la tige, sans qu’il en existe aucun indice 
à la superficie. Si chez les monocotylédones qui ont des racines 
aériennes et une écorce appréciable, par exemple, le Yanilla 
plañifolia, on étudie les places auxquelles se produisent les 
racines, pendant les premiers degrés de leur développement, on 
voit que ces racines se forment comme les racines aériennes des 
dicotylédones ; il se forme de la même manière un rudiment 
cellulaire dans lequel apparaissent ensuite des vaisseaux, tandis 
que sa pointe reste sans continuité avec l'écorce, la soulève et 
la traverse. Le point de l'écorce ainsi soulevé ne diffère en rien, 
par sa structure, de l'écorce environnante, et avant qu’elle ait 
été soulevée, rien n'indique qu’elle doive l'être un jour. 

Il est donc bien évident que les tubercules observés par Meyer 
n'ont aucune analogie avec les lenticelles et se forment d’une 
manière tout-à-fait mécanique. 

Sur les racines des monocotylédones, aux places où se déve- 
loppent des fibres latérales, on ne trouve également rien qui 


44 HUGO MOHL. — Sur les Lenticelles. 


ressemble à des lenticelles. Elles commencent par de petits bou: 
sons qui naissent entre l'écorce et le r1editullium fibreux (voy. 
Mohl, De Palmar. struct. t. 1. f. 8). 

Dans les dicotylédones, où Meyer reconnait une disposition 
régulière dec lenticelles , les choses se passent comme dans les 
monocotylédones : les racines paraissent, il est vrai, à des points 
déterminés, mais elles ne naissent pas d’une lenticelle. Meyer 
parait attacher une grande importance à ce fait, que dans plu- 
sieurs Crassulacées (par exemple, Cr. fetragona), les racines 
naissent aux places où devraient se trouver des bourgeons ac- 
cessoires, d'où (si J'ai bien compris l’auteur) résulte pour lui 
une analogie entre les bourgeons et les lenticeiles. La chose a 
lieu fréquemment, en effet, dans les Cr. tetragona, cordata, etc., 
mais pourtant pas constamment : souvent on voit les racines 
naître au-dessus du bourgeon qui manque, d’autres fois au-des- 
sous de la feuille ou entre les deux feuilles, ce qui prouve que 
si elles naissent fréquemment à une place déterminée, on n’ob- 
serve cependant pas à cet égard une très grande régularité, mais 
que toute la circonférence de larticulation est propre à leur 
production , qu'elles ne sont point par conséquent une méta- 
morphose des bourgeons accessoires, qui occupent une place 
nécessairement déterminée relativement au bourgeon principal. 

Nous avons encore à considérer quelques autres opinions 
sur la nature des lenticelles , opinions dont les unes ont été ou- 
bliées depuis le travail de De Candolle, ou qui sont toutes nuu- 
velles et n’ont pas encore été généralement appréciées. 

L'opinion la plus répandue avant celle de De Candolle fut 
celle de Guettard, qui les prit pour des glandes {glandes lenti- 
culaires). Cette idée n’était fondée que sur leur aspect extérieur, 
car personne n’a Jamais remarqué qu'elless sécrétassent un li- 
quide, quoique quelques physiologistes, par exempleVaucher(r), 
parlent des sucs particuliers qu'elles renferment, et que Mir- 
bel (2) les décrive comme des lacunes remplies de sucs huileux 
ou résineux , comparables aux cavités qui renferment la résine. 


1 


(1) Sennebier, Physiologie végétale , tome 1, page 459. 
(2) Elémens de physiologie végétale, tome 1, page 175, ÿ 


HUGO Mon. — Sur les Lenticelles.” 45 


Je crois que mes recherches ont suffisamment démontré qu’ils 
n'ont pas cette structure, et Tréviranus aussi déclare n’y avoir 
jamais rencontré une cavité propre à l'élaboration d’une sécré- 
tion (1). Simême nous nemployons pas exclusivement le terme 
de glandes pour désigner les parties qui élaborent un suc par- 
ticulier, et quand nous penserions pouvoir appliquer aux par- 
ties cellulaires ou aux cellules placées dans le tissu et renfer- 
mant un suc différent du suc cellulaire répandu par toute la 
plante, encore ce terme ne conviendrait-il pas aux lenticeiles, 
parce qu’elles ne contiennent aucun suc particulier et qu'elles 
se dessèchent à mesure qu’elles paraissent. 

Da Peüt-Thouars (2) les appelle des pores corticaux , et croit 
qu'elles sont destinées à établir une communication entre l'air 
extérieur et la couche amilacée de l’écorce(3) , communication 
nécessaire à la transformation de cette dernière en parenchyme 
vert. Plusieurs motifs doivent faire rejeter cette manière de 
voir; car, d’une part, l’idée que le parenchyme vert résulte du 
développement de la couche incolore ou faiblement colorée si- 
tuée au-dessous, n’est fondée que sur une supposition en faveur 
de laquelle aucun fait positif ne fait pencher la balance. D’ail- 
leurs, quand même cela serait, l’influence des lenticelles serait 
inutile pour cela, puisque beaucoup d’arbres en sont privés 
(Conifères, Orangers, Rosiers, Ævonymus europœus); et en 
outre, les observations anatomiques rapportées ci-dessus font 
voir que les lenticelles ne sont pas de simples pores. 

Agardh (4), qui se prononce en faveur de l'opinion de De 
Candolle que les racines adventives naissent des lenticelles, ne 
croit pas que cela soit dû à ce que celles-ci sont des bourgeons 
radiculaires, mais il les regarde comme étant des ouvertures 
dans l'écorce , une sorte de lacunes aériennes qu'il compare à 


# 


; 


(x) Phys. der Gewächse, t. c, p. 364: 

(2) Essais sur la végétation, page 222, 

(3) Dupetit-Thouars appelle ainsi la couche intérieure faiblement colorée du parenchyme 
cortical situé en-dehors du liber, qu’il considère ( ce qui u’est pas très conforme à la nature) 
comme une partie distincte du parenchyme vert et qu’il décrit comme une couche blanche 
sèche , formée de petits grains non liés entre eux. 

(4) Organographie , page 128. 


A6 uNGiR. — Sur les Lenticelles. 


celles que l’on observe dans Pintérieur de l'écorce, chez le Su- 
reau par exemple ; les radicules ne sortent alors à ces places 
que parce que ces ouvertures livrent un passage à l'humidité 
qui déterraine la formation des racines. Comme il a été prouvé 
plus haut que les racines ne sortent pas par les lenticelles, il est 
inutile de faire de nouvelles objections à la théorie d’Agardh. 


AD. STEINHEIL. 


RecercHES sur les Lenticelles par le professeur Unceer, & 
Graetz ( Flora ; 1836. p. 577). 


En examinant la nature des petits organes qu'on désigne 
sous le nom de lenticelles, j'espère limiter non-seulement 
mieux le sens de ce mot, mais Je crois séparer de ces organes 
par des considérations physiologiques et anatomiques, quel- 
ques formations analogues aux lenticelles. Je dois commencer 
par rappeler qu'ici, comme généralement dans la nature orga- 
nique, lorsqu'il s’agit de différences’ essentielles d'organes in- 
férieurs et très simples, la forme de ces organes ne fournit 
aucun caractère suffisant; que les caractères qu’elle fournit 
sont souvent très trompeurs et que, par cette raison, il faut re- 
chercher les fonctions d’un organe lorsqu'on s'occupe de son 
étude. Nous savons jusqu'ici très peu de chose sur les lenti- 
celles sous le rapport anatomique et physiologique, et nous n’en 
savons guère plus sur la forme et l'existence de ces organes 
dans les différentes plantes. (1) | 

Les expériences que j'ai faites en 1834, 1835 et 1836, ten- 
dant à constater les caractères des lenticelles dès qu’elles se 
trouvent entourées d’eau, m'ont fourni des preuves irrécusables 
de l'exactitude des observations de Mohl, par lesquelles il com- 


(x) On voit par la date de ce Mémoire que l’auteur n’avait pas encore connaissance du tra= 
vail de M, Mob}, dont nous venous de donner l'analyse, 


unGrr. — Sur les Lenticelles. 47 


bat l'opinion de Decandolle, qui considérait les lenticelles 
comme représentant par rapport aux racines, ce que sont les 
bourgeons relativement aux rameaux. Il m'est impossible 
d'exposer en détail les expériences que j'ai faites, je me bôrne 
à dire que les expériences de Decandolle et de Mohi, aussi bien 
que les miennes, quoique faites sur des espèces de saules dif- 
férentes, fournissent des résultats exactement semblables sur 
l'époque où s'opère le développement des lenticelles et des 
racines adventives. 

Cependant il ne sera pas hors de propos que j'indique ici la 
formation des racines avee quelques détails. Mohl fait remar- 
quer avec beaucoup de raison, que, dans l'origine, la radicule 
affecte la forme d’un corps conique obtus, qui par la base se 
trouve appliqué au corps ligneux du tronc ou du rameau, 
dont le sommet au contraire est tourné vers le dehors; que, 
lors de l'accroissement les faisceaux de liber de l'écorce sont 
poussés de côté, et que par un accroissement successif des par- 
ties nouvellement formées de la radicule, il naît un bourrelet à 
la place correspondante du tronc. Lorsque dans cet état on 
examine de plus près la jeune radicule, intimement liée d’ail- 
leurs au parenchyme du corps cortical, on trouvera toutes les 
cellules encore très petites, à parois minces et le faisceau des 
cellules allongées placé au milieu ne contient point encore 
de vaisseaux. 

Le développement subséquent dcnne naissance à un déchi- 
rement de l’épiderme, parallèle à la direction du tronc et pro- 
duisant une fente dans tout le corps cortical, d’où naît enfin 
la jeune radicule. L’accroissement dela radicule, qui jusqu’à ce 
point exigeait quinze jours pour les rameaux de Saule placés 
dans l'eau, s'opère maintenant avec beaucoup plus de vitesse. 
Avant tout un anneau vasculaire cherche à se développer, il 
occupe le centre de la radicule et se met en communica- 
tion avec le bois du rameau, moyennant nn élargissement 
en forme d’entonnoir aplati. Cet examen anatomique attentif 
fait voir que c'est surtout la couche la plus jeune du liber, 
contenant les cellules du parenchyme et les vaisseaux les 
plus tendres, qui contribue à la naissance de l'anneau vas- 


45 UNGER. — Sur les Lerticelles. 


culaire (proprement de l'anneau ligneux) de la jeune racine, 
qui même en partie en abandonne la direction régulièrement 
perpendiculaire pour se prolonger dans la racine. J'ai irouvé 
à la térité la partie du corps ligneux, à laquelle était fixée la 
racine nouvellement née, agrandie et un peu renflée par le 
gonflement des cellules ligneuses, mais je n’ai pas réussi à re- 
connaître si les couches ligneuses intérieures prennent éga- 
lement part à cette transformation. Il était cependant facile 
de reconnaitre que , au-dessus du point où se trouvait la base de 
la racine, la couche du liber la plus récente s’éterdait en quel- 
que sorte dans le corps médullaire de la racine et y présentait 
plus de consistance que dans les autres parties. 

Quant aux vaisseaux de la racine qui n'avait que quatre à 
cinq semaines d'âge, la plupart d’entre eux étaient formés de. 
fausses trachées, mais vers l’intérieur, comme ordinairement, 
ils présentaient des vaisseaux spiraux à articulations courtes. 
Successivement leur diamètre s’accrut et après dix semaines, 
quand la racine présentait déja une longueur considérable et 
une plus grande lucidité, ils avaient atteint une forme fort pen 
différente de celle qu'ils présentent dans lPAubier formé en 
dernier lieu. Quant à la liaison de la jeune racine avec le corps 
cortical, il devait nécessairement, à mesure que cette racine 
grossissait, se présenter une séparation plus nette du paren- 
chyme appartenant à chacune de ces deux parties. Cette sépa- 
ration se continue probablement encore par la suite, de sorte 
que la partie la plus intérieure seulement reste contigué au 
corps cortical. La forme, la grandeur, la composition et la di- 
rection du tissu cellulaire font voir que toute la formation des 
racines adventives s'est faite presque indépendamment du 
corps cortical. C’est un résultat qui s'accorde exactement avec 
celui obtenu par Mobhl. 

Je dois encore faire mention d’ane circoustance qui répand 
quelque lumiere sur Porigine des racines adventives, dont jus- 
qu'ici aucun auteur n’a fait mention et que je n'ai moi-même 
observée qu'il y a peu de temps. Il naît quelquefois des racines 
adventives aux rameaux dépourvus non-seulement entièrement 
de lenticelles, niais même à des endroits où généralement 


üuNGER. —— Sur les Lenticelles. 9 


nous nesommes pas habitués à en voir naître. Ainsi j'ai vu 
des rameaux de Nerium oleander, placés dans l’eau pour leur 
faire pousser des racines, produire ces dernières non-seulement 
immédiatement autour du point où le rameau avait été coupé, 
mais quelquefois l’une ou l’autre de ces racines naissait de la 
moelle même mise à nu par la coupe transversale du rameau. 
L'examen anatomique ne montra dans ce cas aucun rapport 
intime entre la moelle et les racines, car ces dernières n'étaient 
liées qu’à la face intérieure du corps ligneux. 

Je reviens, après cette digression, aux lenticelles dont nous 
avons à examiner d’abord la structure et l'origine. 

En examinant anatomiquement, ne füt-ce que d’une ma- 
nière très superficielle une lenticelle telle qu’on les voit naître 
fréquemment sur l'écorce des arbres et des arbustes dicotylé- 
donés, on s’apercevra d’abord que ce corps n’a de liaison 
qu'avec le corps cortical, qu'il en tire son origine et que la 
forme qu'il affecte ne dépend donc que de lécorce. 

Tant que l’écorce des plantes arborescentes dicotylédonées 
est encore jeune et verte, elle est comme les feuilles couverte 
de stomates, mais qui sont moins nombreux que ceux des 
feuilles, et le reste de son organisation présente une organisa- 
tion identique à celle de ces mêmes feuilles. Ce n’est que dans 
un âge plus avancé lorsqu'il se forme entre la couche corticale 
et le corps ligneux de nouvelles couches de ces deux parties, 
que la structure de l'écorce s'éloigne d’une manière sensible 
de sa simplicité primitive. Par cet accroissement les cellules du 
parenchyme augmentent toujours vers l’intérieur, ce qui pousse 
nécessairement les couches intérieures vers la circonférence. 
Je crois que c’est en partie à la suite de la pression exercée 
successivement par les couches de cellules qui se forment sur 
les couches extérieures déjà formées, que ces dernières couches 
sont dilatées dans le sens de la largeur. Ce n’est qu’à cette épo- 
que, lorsqu'il se forme de la sorte un corps cortical propre- 
ment dit, que la naissance des lenticelles a lieu. Si alors nous 
examinons plus en détail ces dernières, nous verrons que c’est 
un excès de développement des cellules aplaties de la couche 


corticale extérieure, qui donne lieu au premier développement 
X. BOTAN, == Juillet, 4 


Do UNGER, — Sur les Lenticelles. 


des lenticelles. Ce développement exubérant commence aux 
points où plus tard il se développe une lenticelle, par Pagran- 
dissement des cellules isolées ; cet agrandissement a pour ré- 
sultat un relâchement de contiguité, et celui-ci est suivi d’une 
séparation complète. À cette époque une augmentation consi- 
dérable des cellules nouvellement formées s'est déjà opérée, et 
c’est la première cause qui fait crever les cellules de la couche 
superficielle. Ordinairenent ce n’est que dans cet état que la 
lenticeile se présente à la surface de l'écorce. On verra alors 
les restes de la couche corticale extérieure déchirée, entourés 
de petits groupes isolés, soit légèrement réunis, soit entière- 
ment séparés, d’une substance cellulaire rousse à demi dessé- 
chée (fig. 7. c.). Dans cette matière rousse, pulvérulente, on 
reconnait très bien des cellules isolées qui sont détachées de la 
couche corticale située plus intérieurement, et qui se sont en 
quelque sorte rendues indépendantes. La forme de ces cellules 
détachées est plus régulière que celle des cellules corticales. 
Les masses de tissu cellulaire encore contigu tiennent le mi- 
lieu entre ces deux formes, et présentent d’une manière très 
évidente le passage de l'une à l’autre. Souvent les masses du tissu 
cellulaire, nouvellement produites, au lieu de se réduire en 
poudre s'attachent à la lenticelle et produisent cette formation 
verruqueuse , dont une espèce d’Evonymus tre même son nom. 

Nous rencontrerons des phénomènes tous différens dans 
le cas où la lenticelle est exposée plutôt à linfluence de l’hu- 
midité, qu'à celle de l'air sec; ces changemens ont particu- 
lièrement lieu, quand on place dans l’eau des rameaux où 
se trouvent les formations dont je viens de parler. Il est vrai 
de dire qu'un grand nombre de plantes sur lesquelles jai fait 
des expériences à cet égard, n’ont offert aucun changement 
dans les lenticelles, mais quelques-unes présentaient des parti- 
cularités curieuses, qui méritent d’être examinées de nouveau, 
quoique quelques auteurs en aient déjà fait mention. Ce sont 
les lenjicelles des Saules, qui montrent surtout ces phénomé- 
nes d’une manière très nette. Le premier changement qu’on 
observe apres quinze jours consiste en ce que la surface brune 
inégale de la lenticelle, est soulevée par une couche sous-ja- 


uncer. — Sur les Lentcelles. 55 


cente d’un tissu blanchätre, et est déchirée peu-à-peu par elle. 
La couche corticale était ordinairement déjà crevée, la masse 
cellulaire contiguë renfermée dans la lenticelle est seule écartée 
par cette interruption de continuité. Quand ceci a eu lieu, la 
masse cellulaire blanche, sous-jacente, se développe toujours 
davantage, dépasse la surface de la lenticelle et se divise même 
en quelques verrues ou lobes. La couche corticale supérieure 
dont la fente se développe encore davantage , entoure cet 
excès de développement cellulaire comme un calyce à lobes 
réfléchis. L'examen de ces verrues blanchätres fait voir qu’elles 
se composent d’un tissu cellulaire très lâche, dont les inter- 
stices renferment de l'air, à la manière des canaux intercellu- 
laires élargïs. Les cellules isolées sont arrondies, oblongues et 
semblables aux cellules dites du mérenchyme; elles sont les 
plus longues à la surface, se raccourcissent insensiblementet 
passent de la sorte dans les cellules parenchymateuses or- 
dinaires du corps cortical. Ces cellules d’un développement 
excessif, se distinguent en outre parce que leur contenu orga- 
nique se réduit uniquement en une masse mucilagineuse, glo- 
buleuse, d’une teinte rougeâtre que brunit la teinture d’iode. 
Vers l'intérieur où ces cellules se transforment en cellules 
vertes du corps ligneux , cette masse roussätre diminue tou- 
jours et semble disparaitre enfin dans les cellules corticales. 
Il est à remarquer que les cellules vertes n’ont point leur ma- 
tière colorante dans des vésicules, comme cela se voit ordi- 


nairement, mais qu'elle se trouve distribuée dans Fintérieur 
méme des cellules. 


Lorsque cet accroissement a atteintun certain degré de dé- 
veloppement, il s'arrête et même après trois mois, l'examen le 
plus attentif ne présente plus de changemens progressifs dans 
cette masse cellulaire. Dans l'Evonymus verrucosus, ce phéno- 
mène se présente de la même manière que dans les Sanles. 

Ayant ainsi poursuivi le développement normal des lenticel- 
les, ainsi queleur développement moins habituel, il nous reste 
à comparer avec les lenticelles, des formations analogues quant 
à leur structure, qu'on rencontre également sur l'écorce et 
en général sur la surface des vésétaux. 


4 


b2 UNGEr. — Sur Les Lenticelles. 


C'est ici que viennent se ranger les verrues et les glandes, 
organes qu’on rencontre non-seulement sur l'écorce des plantes 
dicotylédonées, mais aussi sur des parties foliacées et qui par 
là déjà, semblent indiquer qu'ils ne se trouvent que dans un 
rapport éloigné avec les lenticelles, 

Les verrues et les glandes diffèrent entre elles non pas tant 
par leur structure que par leurs fonctions. Les glandes sont 
des organes sécrétant des matières très différentes ,ce qui n’est 
pas le cas pour les verrues. Ni les unes ni les autres ne sont, 
comme les lenticelles des organes indépendans, mais elles 
sont toujours les représentantes de quelque organe avorté et 
d’une partie de la plante qui s’est arrêtée dans son céveloppe- 
ment. On ferait donc mieux en organographie, de les consi- 
dérer et de les décrire d’après les organes métamorphosés 
qu'elles représentent, et d’y voir en quelque sorte des rudimens 
d’autres organes, que de les réunir sous ure dénomination 
commune, et de les distinguer d’après des caractères minu- 
tieux ; on devrait par conséquent traiter dans le chapitre des 
feuilles et des stipules des glandes qui représentent ces organes, 
et traiter de celles qui représentent des étamines, des anthères, 
des pistils, etc., lorsqu'on parle de ces organes eux-mêmes. 
Par là on aurait dès le principe un point de départ fixe pour 
l'examen de leur structure intime; effectivement, et d’après les 
considérations que je viens de faire valoir, aucun organe ne 
varie autant dans sa structure que les verrués et les glandes 
varient dans la leur. 

Quant aux verrues, elles paraissent dans tous les cas d’une 
structure plus simple que les glandes, et elles représentent 
généralement un excès de développement de l’épiderme. Les 
cellules de l’épiderme devenant bosselées dans beaucoup de 
plantes, me semblent le premier essai de la nature pour for- 
mer des verrues ; ceci est très évident dans l’Æ/0e verrucosa. 
Les cellules de l’'épiderme y sont munies d'une bosse; les ver- 
rues naissent de ce que par endroits, les deux premières cel- 
lules du parenchyme, placés sous l’épiderme, se changent en 
cellules de l’épiderme. Par là le nombre des vésicules de chlo- 
rophylle qu’elles contiennent, se réduit non-seulement à son 


UNGER. —— Sur les Lenticelles. 53 


minimum, mais il s’opère aussi un épaississement considérable 
de la membrane cellulaire elle-même : cet épaississement est ac- 
compagné de l'apparition de prétendus pores. Les deux formes 
se rapprochent d’une manière sensible des cellules de l’épiderme. 

Lesor ganes glanduleux affectent en général une structure 
beaucoup plus variée. Le tissu n'en reste pas toujours simple et 
réduit au seul tissu cellulaire, il n’est pas rare de voir, selon les 
cas, les faisceaux vasculaires prendre part à la formation des 
glandes, comme par exemple dans les glandes pétiolaires des 
Passiflora, Acacia, Prunus, etc. J'ai observé la structure la plus 
simple des glandes sur l'écorce des rameaux d’une année du 
Betula älba. Ces glandes bosselées, très semblables, qui sécrè- 
tent un liquide résineux, sont formées d’abord, comme les len- 
ticelles, de cellules de la couche corticale extérieure, avec la 
différence, cependant, que ces glandes n’augmentent pas con- 
sidérablement en grandeur et ne se séparent pas les unes des 
autres, mais qu’elles sécrètent une substance résineuse. Les 
cellules de l’épiderme semblent particulièrement produire 
cette sécrétion et, par l'accumulation de la substance sécrété, 
leurs parois latérales et intérieures paraissent se déchirer. Je 
üre cette conclusion de ce fait que j'ai trouvé assez constam- 
ment les matières sécrétées dans ces glandes recouvertes des 
débris de lépiderme. 

Il s’agit maintenant de déduire de ce que nous avons déjà vu, 
la valeur organique des lenticelles. Et d’abord il est évident que 
ces organes ne sont point des gemmes radicales, comme De 
Candolle Padmet. Cette opinion est combattue d’une manière 
irréfragable par leur structure simple, cellulaire, qui ne change 
pas essentiellement même lors de leur développement parfait, 
parce qu'on les rencontre seulement sur le corps cortical, par 
leur forme, leurs métamorphosés, etc.; les mêmes raisons ce- 
pendant militent en même temps contre toute affinité avec 
d'autres formations bourgeonnantes dans les plantes parfaites. IL 
ÿ à tout aussi peu de raisons ponr considérer les lenticelles 
comme dés organes extérieurs de la plante, arrêtés dans leur 
développement. Si donc nous voulons chercher à en deviner 
la valeur, il ne nous reste d'autrevoie, que de porter notre atten- 


54 UNGER. — Sur les Lenticelles. 


tention des plantes parfaites sur celles qui le sont le moins. 
C'est ici que nous trouverons d’abord dans les Fougères une 
conformation qui, sans contredit, présente une grande aff- 
nité avec les lenticelles, et que nous ont fait connaître Martius 
(Denkschriffen der bol. Gesellschaft WU, p. 25), et plus tard Mohl 
dans son excellent Mémoire sur les Fougères arborescentes 
( dans Martius Ie. sel. plant. crypt. Brasil, p. 7). Nous appre- 
nons que sur l'écorce des Z/sophila nigra, vestita, phalerata et 
schanschin, sur les Chnoophora excelsa et Didymochlaena si- 
nuosa , on observe des fossettes de forme arrondie, elliptique 
ou linéaire, dont les dimensions en longueur sont au plus de 
deux à quatre lignes. Leur cavité pénétrant dans le parenchyme 
de l'écorce, est remplie d’une poudre couleur de rouille, qui 
n’est composée que de cellules desséchées. Originairement ces 
cellules sont sans doute contigués et c’est pourquoi ces fossettes 
sont recouvertes d’une membrane qui est la continuation de 
l’épiderme du tronc. Plus tard, quand la dissolution du tissu 
cellulaire en cellules isolés s'opère, le déchirement de la mem- 
brane qui les recouvre paraît s’opérer en même temps. 

C’est dans ces organes qui, jusqu'ici, ont été énigmatiques, 
qu'il est facile de reconnaitre l’analogie avec les lenticelles, 
surtout si l’on considère encore que ces organes du stipe des 
Fougères sont, de même quej les lenticelles, indépendantes de 
la formation des racines. 

Cette opinion acquiert plus de valeur si nous considérons des 
plantes encore moins parfaites, les plantes cellulaires, et si nous 
æssayons de rechercher dans leur forme primitive la formation 
des lenticelles. Peut-être ceci nous mettra-t-il sur la voie pour 
découvrir plus facilement la nature de ces organes singuliers. 

I1me semble que d’un côté les Sorédies du thalle de beaucoup 
de Lichens, et d’un autre côté.les feuilles sporifères de beaucoup 
de Jongermannes, représentent les organes qui dans les plantes 
plus parfaites se montrent comme des lenticelles. Plusieurs obser- 
vations militent en faveur de opinion d’après laquelle la produc- 
tion desglandules au sommet des feuilles de Jongermannes, et les 
granules gemmiformes eux-mêmes, sont, quant à leur manière 
de se produire, quant à leur forme, etc., analogues au 


uNGER. — Sur les Lenticelles. 55 


cellules pulvérulentes des fossettes des troncs de Fougères: 
je vais citer les plus curieuses de ses observations : Lorsqu'on 
observe attentivement la manière dont les sporules se forment, 
on trouvera que celles des Jongermannes, de même que les gra- 
nules détachées des fossettes dans les Fougères , ne sont autre 
chose que des cellules ou détachées, ou du moinstres légèrement 
continues, qui ont encore leur forme polyédrique primitive. 
La similitude dés formes se retrouve quelquefois dans les or- 
ganes particuliers quis’observentaux prolongemens des cellules 
contenues dans les fossettes dont j'ai déjà parlé. Toute la dif- 
férence consiste donc en ce que c’est ici l'écorce et là un or- 
gane foliacée qui dégénère, et produit ces exubérances. 

Dans les Lichens, les rapports sont plus simples et les ana- 
logies y sont moins méconnaissables. La Sorédie naissant sur 
le thalle présente absolument la forme d’une lenticelle, la 
cause en est évidente; qu'on compare la structure du thalle des 
Lichens avec le corps cortical, et on sera surpris de l’analogie de 
leurs diverses parties. Le thalle des Lichens présente en géné- 
ral deux couches différentes, la supérieure, le sératum corti- 
cale , et l’inférieure, la stratum medullare ; cette dernière se 
continue quelquefois en une couche de cellules (hypothalle), 
formée par des ceilules allongées et fortement mélées, qui 
n'est peut-être autre chose que le corps cotylédonaire de la 
sporidie germante, persistant dans le plus grand nombre de 
cas. Les deux couches nese distinguent, anatomiquement par« 
lant, que parce que dans le siratum corticale, la masse géla- 
tineuse, connue sous le nom de matière intercellulaire, est 
tellement prépondérante que la formation celiulaire ne peut 
s’opérer, tandis qu’elle s'opère généralement dans le sfratum. 
medullare. La raison de ces différences d’organisation ne paraît 
devoir être cherchée que dans l'influence de l'air atmosphérique. 

Les cellules qui naissent les premières sont encore globu- 
Jeuses, elles sont à peine recouvertes d’une membrane parti= 
culière, et sont plutôt à considérer comme des excavations 
dans la masse gélatineuse du Lichen ; ces excavations plus ou 
moins régulieres sont remplies d'une substance colorante verte 
et résineuse. 


pd 


56 UNGER. — Our les Lenticelles. 


Des phénomènes entièrement semblables s’observent aussi 
dans le corps cortical des végétaux dicotylédonés. C’est ici que, 
en laissant de côté les faisceaux du liber, nous distinguons 
également deux couches, l’une extérieure où prédomine la 
matière intercellulaire, qui réunit en un seul tout plusieurs ran- 
gées de cellules superposées ; l’autre intérieure, distinguée tant 
par la séparation qui a lieu dans ces cellules que par leur teinte 
verte. La couche cellulaire extérieure correspond à la couche 
corticale du thalle des Lichens, et l’intérieure répond à la sub- 
stance médullaire. Il résulte évidemment de ces faits que les 
sorédies du thalle des Lichens, dont la forme déjà rappelle 
celle des lenticelles, doivent présenter dans leur structure in- 
time beaucoup de ressemblances avec ces organes. L’observa- 
tion a prouvé que les sorédiès représentent une anamorphose 
du thalle, ayant beaucoup d’analogie avec l’état lépreux et 
étant par rapport à celui-ci, ce qu'une affection locale est à 
l'égard d’une affection générale; en un mot, que cette anamor- 
phose n’est qu’une lèpre qui se produit sur certains points. Je 
ne vois dans la lèpre elle-même, rien d'autre qu’un essai man- 
qué d’une formation cellulare, elle présente des rudnñens de 
cellules nés de la matière intercelluiaire. 

Lorsque cette anomalie est générale, c'est-à-dire qu’elle en- 
vahit tout le corps du Lichen, il s'ensuit une dissolution com- 
plète de celui-ci. Il en est autrement quand elle ne se présente 
que comme une maladie topique, et qu’elle n’occupe que des 
points isolés: c’est alors qu’on voit paraitre non-seulement 
des essais de formation de cellules, mais qu’on observe encore 
des cellules parfaitement développées, des propagules, des go- 
nidies, etc., entremélés aux cellules avortées; on les voit même 
empêcher la reproduction de la plante. 

Nous avons démontré que les lenticelles ne sont formées 
que par un accroissement excessif des cellules, et je n’appelle 
plus l'attention du lecteur que sur quelques faits qui viennent 
à l'appui de la comparaison de ces deux organes : ainsi par 
exemple, la substance brune, pulvérulente des lenticelles, n'est 
qu'un essai manqué de formation cellulaire, essai qui réussit 
dans certaines circonstances (dans l'eau) à former de vérita- 


UNGER. == Our les Lenticelles. 57 


bles cellules comme dans les gonidies, et dans les lenticelles, 
de même que dans les Lichens, tout le corps cortical prend 
part à cette anamorphose. 

Je crois avoir démontré identité de tous ces organes qui pa- 
paraissent si différens et avoir fait faire un pas à l'explication 
de la nature des lenticelles. À mon avis par conséquent les len- 
ticelles représentent le même organe qui, dans les plantes plus 
simples, constituent les sorédies, ce qui dans les Cormophylles 
forme les propagules, et dans les Fougères les fossettes rem- 
plies de poussière. C’est dans les propagules des Jongermannes 
que la valeur des lenticelles se montre indubitablement de la 
manière la plus évidente, et on pourrait considérer les lenti- 
celles comme des essais de la nature pour continuer la forma- 
tion des propagules sur l'écorce des dicotylédonées. Il y a plus, 
la production des/propagules semble appartenir non-seulement 
aux végétaux simples, mais elle parait se rencontrer dans tout le 
règne végétal. Une observation faite sur de jeunes pousses du 
Prunus padus et du Syringa vuloaris, nous fournit à cet égard 
des faits très importans : j'ai remarqué que dans ces plantes 
les lenticelles se développent aux emplacemens seuls, où, dans 
les rameaux encore jeunes, se trouvent des stomates peu nom- 
breux. Ces places sont faciles à trouver, parce qu’elles se dis- 
tnguent par leur teinte plus pâle; elles se voient surtout bien 
sur- les rameaux rougeûtres du Prunus padus. Probablement 
c'est là un phénomène qui ne se trouve pas uniquement ici, 
mais qui se représente sur toutes les plantes qui donnent nais- 
sance à des lenticelles. L'origine des lenticelles se trouve donc 
dans une liaison quelconque avec la respiration des plantes, 
et si l'on considérait la forme de ces organes, on pourrait cer- 
tainement les regarder comme des organes respiratoires effacés. 

La véritable nature des lenticelles sera d'une importance en- 
core plus générale, si nous considérons leur valeur comme des 
organes donnant naissance à des propagules, et si nous remar- 
quons en outre que la destination alternative d’un organe à 
servir tantôt à la respiration, et tantôt, ne füt-ce qu'en appa- 
rence, à la propagation, que cette double destination, dis-je, 
trouve de nombreux faits analogues dans le règne animal. 


58 UNGERi = Sur les Lenticelles. 


P. S. Dans la flore de 1837, nous trouvons à la page 236, la 
note suivante de M. Unger, sur les lenticelles. 


« Des recherches continuées sur un grand nombre d'arbres et d’arbustes, 
pour l'étude du développement des lenticelles, n’ont fait voir que dans tous les 
cas où, plus tard, il s’est formé une lenticelle, il existait un stomate à l’épiderme 
du rameau vert. Même dans les arbres dont les parties les plus jeunes des pousses 
annuelles sont couvertes de poils, comme dans l’U/mus suberosa, on trouve 
quelques stomates à l’épiderme, et j'ai observé que, dans ce cas aussi, le pore 
oblitéré de l’épiderme se transforme en lenticelle. Pour répéter ces expériences , 
qu’on choisisse les jeunes pousses du Bignonia catalpa, qui présentent tous les 
passages, depuis le pore dans son état normal jusqu'à la rupture de lépi- 
derme. 

«J'avais continué ces recherches, lorsque je reçus les deux excellens mé- 
, moires de Hugo Moll sur le développement du liège et sur les lenticelles, pu- 
bliés le premier en février , le second en mai 1836. Quant aux lenticelles, je 
puis me ranger de l'avis, qu’elles sont à considérer comme une formation par- 
tielle de liège , en tant que le type du développement de ces organes est iden- 
tique; mais en faveur de mon opinion, un peu différente de celle de Mohl, je 
dois rappeler le fait, que les cellules pullulantes des lenticelles font voir con- 
stamment une tendance à la séparation ; et qu’elles représentent donc, comme 
je l'ai soutenu, une formation analogue à celle des propagules. » 


$ 


Sur le genre Torreya, par G. A. W. AnvorT ( Annals of natural 
history. n. 2. new series, p. 126. Apr. 1838). 


Pendant l’hiver dernier, j'ai recu de mon ami, le Dr. Torrey, 
de New-York, un fragment du Torreya paniculata de Spren- 
gel. D'après les remarques de Sprengel dans ses eue Entde- 
kungen (1824) 2. p.127, les caractères essentiels de ce genre 
consisteraient en un calice à 5 lobes ouverts, une corolle tubu- 
leuse, cinq étamines longuement exsértes, insérées sur le tube 
de la corolle, un ovaire supère soudé avec la corolle, un lon 
style grêle, et un stigmate simple. Dans le système artificiel, il 
serait placé près du Cestrum et du Sessea (qui sont des Sola- 
nées); mais dans ordre naturel, il devrait prendre place à côté 
du Salpianthus, parmi les Nyctaginées. Si la description de ce 
genre était exacte, il serait certainement très distinct et des plus 
remarquables; l'insertion des étamines empéchant de le placer 
dans les Nyctaginées et paraissant devoir le ranger parmi les 
corrolliflores, tandis que d’un autre côté la soudure de l'ovaire 


C A. W. ARNOLT, — Sur le genre Torreya. 59 


avec la corolle semblerait indiquer que celle-ci n’est qu’un pé- 
rianthe unique, que l'ovaire est infère, et que le prétendu calice 
est une bractée. La place du Torreya serait conséquemment 
parmi les Monochlamydées péristaminées. 


_‘Telles sont du moins les opinions contradictoires que je 
m'étais formées de ce genre; mais à présent qu’il a été en mon 

ouvoir de l’analyser, mes observations ont amené un résultat 
différent. Sprengel a décrit le calice etla corolle avec une pré- 
cision suffisante: ces deux organes cependant sont à peine glan- 
duleux; mais, ainsi que la panicule entière, ils sont plus ou 
moins couverts d’une pubescence blanche. Les étamines, quand 
elles sont humectées, se tordent en spirale, et sont insérées sur 
la corolle, comme le dit Sprengel; mais, ce qui est important, 
elles sont seulement au nombre de 4, et non de 5; elles sont 
didynames et légèrement incluses. La place de ce genre estdonc 
dans la Didynamie et non dans la Pentandrie. Le style est caduc 
et simple ; mais le stigmate est décidément bifide, à lobes courts, 
subulés et inégaux. L’ovaire n’adhère pas au calice ou à la co- 
rolle; mais il est parfaitement libre et tant soit peu charnu. A 
l’état jeune, dans léquel j'ai seulement examiné cet ovaire, ilest 
uniloculaire; il ya 2 cloisons opposées qui souvent atteignent 
l'axe, mais qui se divisenten deux branches présentant la forme 
du sommet de la lettre T ( Sa ), lesquelles branches se replient 
en dedans et portent chacune à leur extrémité un ovule. Ainsi 
le genre Torreya appartient aux corolliflores, et possède 4 éta- 
mines didynames et un ovaire quadriovulé, circonstance que 
Sprengel a totalement omise. Des deux familles, les Labiées et 
les Verbénacées, qui renferent des genres avec ces carac- 
teres, c'est avec ces dernières qu’il a le plus d’affinités, à raison 
de sa corolle à lobes presque égaux. Mais les Verbénacées, ainsi 
que les Labiées, ont l’ovaire à 4 loges et non uniloculaires; ceci 
ne parait pas cependant avoir beaucoup d'importance, et est 
plutôt une différence de mots que de faits; car, à raison du 
rapprochement des extrémités des deux demi-cloisons, du pa- 
rallélisme des branches divariquées et de la nature charnue de 
l'ovaire, il est très probable que dans un état plus avancé les 
parties rapprochées se soudent entre elles, ou que leur intervalle 
est rempli par une substance charnue. Les ovaires de toutes lee 
Verbénacées drupacées que j'ai examinés présentent la même 
organisation qui a été décrite par Roxburgh dans sa Flora in- 
dica (v. 3. p. 67.), quand en parlant du Siphonantus hastatus, 
il dit: « Ovaire à 4 angles, paraissant être à 4 loges, avec un 
ovule dans chaque loge, aitaché au côté concave des ailes d’un 


60 C. A. W. ARNOLT. — Sur le genre Torreya. 


réceptacle pariétal fungiforme, rassemblé, mais non soudé dans 
le centre; ce qui donne à l'ovaire l’apparence quadriloculaire. » 
La même organisation s’observe dans le fruit mür du C/eroden- 
dron siphonanthus Br. (Siphonanthus indicus E.), où la coque 
de chaque noyau ou pyrène ne forme pas une pièce solide, mais 
est une lame enroulée formée de la paroï interne du drupe et 
de la cloison d’une de ses branches divariquée et repliée en de- 
dans; ou, pour parler plus philosophiquement, est la moitié en- 
roulée d’une des deux feuilles carpellaires (TT), desquelles 
l'ovaire et le fruit se composent. 


Le Torreya de Sprengel appartient donc aux Verbénacées, et 
son large calice, sa corolle tubuleuse à 5 lobes égaux, ses éta- 
mines et son style, son stigmate bifide et aigu et la structure 
de son ovaire, démontrent son identité avec le C/erodendrum. 
Il appartient à la première section de M. Brown, mais je n'ai 
point vu d'espèce qui puisse lui être comparée sous le rapport 
de l’inflorescence et de la grandeur des fleurs (qui ont en- 
viron 172 pouce de longueur), et la description des feuilles dans 
Sprengel est tellement imparfaite qu’on ne peut le rapporter à 
aucune espèce décrite. Il se rapproche davantage d’une espèce 
de la côte de l'Afrique méridionale qui se trouve dans l’herbier 
de sir W. J. Hooker. Sprengel dit qu’il a été recueilli par M. Per- 
rin dans le Brésil; mais le D' Torrey, qui en a fait l'envoi à 
Sprengel, n’a informé que c'était une erreur, M. Perrin ayant 
seulement herborisé à la Guadeloupe et dans les îles voisines. 


À la même époque où j’ai reçu la plante ci-dessus mentionnée, 
le D' Torrey m'a écrit ce qui suit: 


«Je vais vous entretenir d’un nouveau et {bel arbre analogue au T'axus , 
indigène de la Fluride centrale. Il a été découvert, il y a environ trois ans, par 
mon estimable ami H. B. Croom, de Tallabassee. Quoiqu'il soit tellement abon- 
dant près d’Aspalaga, qu’on s’en sert pour faire des planches et comme bois de 
construction, aucune description n’en a été publiée jusqu’à ce jour. Un petit 
échantillon, sans fleur ni fruit, envoyé par M. Croom à Philadelphie, a été vu 
par M. Nuttall, qui a supposé que c'était le T'axus montana où Podocarpus 
taxifolius de Richard, et a inséré une notice très courte sur cette plante, dans 
la première partie du 7° volume du Journal de l'Académie de Philadelphie. J'ai 
reçu dans le même temps un autre échantillon de M. Croom; mais le défaut 
d'organes de Ja fructification m’empêche de déicrminer la plante. L’année d'en- - 
suite j'ai reçu les fleurs mâles, et enfin, plus réceminent, M. Croom eut la bonté 
de m'envoyer le fruit dans l'esprit-de-vin. C’esi évidemment une Taxinée (ap- 
partenant à la seconde subdivision de cette famille de Richard, avec des fleurs 
dressces), et elle doit former un nouveau genre, qui differe du Podocarpus par 


C. A. W. ARNOLT. — Sur le genre Torreya. 61 


ses fleurs fertiles dressées, et du Taxus par l'absence du disque en forme de 
coupe large et charnu, dans lequel les graines de ce dernier genre sont plon- 
gées; par ses anthères quadrilobées, dimidiées et portées sur un pédicelle ou axe 
très allongé. Cet arbre a de 6 à 18 pouces de diamètre, et de 20 à 40 pieds de 
haut; il est pourvu de branches nombreuses étalces, qui se divisent d’une ma= 
nière trichotome : son aspect, à quelque distance, est celui du Pinus cana- 
densis. Le bois est dense et d'un grain serré, pesant, relativement aux autres 
bois de la famille , et dans les anciens troncs d’une couleur rougeâtre : il à une 
odeur forte et particulière, surtout lorsqu'il est rompu ou brûlé. Il est souvent 
appelé par cette raison, dans le pays, & cèdre puant » (stinking cedar); on en 
fait d'excellentes clôtures et il ne paraît pas être attaqué par les insectes, Son 
écorce laisse écouler , en petite quantité, une résine d’un rouge de sang, de 
consistance pâteuse, soluble dans lalcool, et formant une solution chargée et 
transparente ; lorsqu'on la chauffe, elle produit une très grande quantité de 
térébenthine, mais d’une odeur désagréable. Son feuillage ressemble beaucoup 
a celui du Z'axus canadensis ou du Podocarpus taxifolius, mais les feuilles sont 
plus larges. Le fruit mür, ou plutôt Ja graine, est de la grosseur d’une muscade, 
avec l’albumen très agréablement ruminé, les inflexions de la membrane interne 
de couleur brune , pénètrent dans l’albumen qui est blanc, et en atteignent 
presque le milieu; cette structure contribue encore à séparer cette plante 
des T'axus , et ce caractère (autant que je sache) n’a point encore été observé 
dans la famille. La graine est dépourvue de capule charnue (arille) , mais son 
enveloppe externe est elle-même charnue ou plutôt coriace, et la recouvre en 
entier en laissant une petite perforation au sommet. La graine, dépouillée de 
l'enveloppe dont elle est recouverte, ressemble beaucoup au gland du chène, 
ainsi qu'au fruit du T'axus nucifera (figure par L. CG. Richard, Mem. Conif., 
t.2), Ilestde beaucoup plus gros que celui de toutes les autres espèces du même 
genre. Jai cru un moment que cette dernière plante (originaire dn Japon) pourrait 
bien en être voisine; mais en consultant la figure et la description dans l’ou- 
yrage cité ci-dessus , je reste convaincu maintenant qu’elle ne peut y être rap- 
portée ; lalbamen n’y est point ruminé, et le testa ou exocarpe est incompara- 
blement plus mince. Richard, qui cite seulement les graines de cette espèce, dit 
qu’elles sont dépourvues d’involucre charnu ou de cupule, et Kæmpfer, par qui 
elles ont été décrites également, n’en fait aucune mention. Ceite enveloppe 
charnue pourrait avoir été détachée de l'échantillon, ou Kæmpfer peut l'avoir 
omise, car, dans le 7°. baccata et le T°. canadensis, elle est très courte et ca- 
chée par les écailles de l’involucre. Je possède un échantillon avec des fleurs 
mâles en trés bon état, et provenant de ceux distribués par le docteur Wallich, 
et dont je suis redevable au docteur Lindley ; mais il se rapporte à plusieurs 
égards aux fleurs mâles de l’espèce commune de Taxus. 

«Il y a un autre point de structure dans la graine de la plante de la Flo- 
ride, dont je n’ai pas encore trouvé d’analogue dans le Zaxus : ce sont deux 
sillons longitudinaux à l'intérieur de la coque , s'étendant de Ja base jusque vers 


62 c. A. W, ARNOLT. — Sur le genre Torreya. 


le sommet, et déclinant lésèrement sur le côté. La portion dépassant le sommet 
est perforée et communique obliquement, par le bas, avec une ouverture de la 
surface externe de la graine. Un faisceau vasculaire du parenchyme de lexo- 
carpe, s'étend sur chacun des côtés de la coque, et paraît envoyer un filet vers 
l'ouverture externe ; il passe à travers un canal étroit et s’'émarge à son orifice, 
au sommet du sillon interne. Quant à ce canal, je ne puis avec certitude lui as- 
signer aucun usage. » R 


Comme j'ai fait remarquer plus haut la nécessité de suppri- 
mer le genre Torreya de Sprengel, je suis certain que j’exprime 
le vœu de tous les botanistes, en appliquant maintenant ce nom 
à l'arbre de la Floride dont je vais donner la description. 


TorreyAa, Arn. 


Frores proici. — Masc. Amentum primum subglobosum, 
demum elongatum. Rachis nuda, demum elongata, basi squa- 
mis siccis quadrifariam imbricatis bracteata, multiflora. Squamæ 
staminiferæ, pedicellatæ, subpeltatæ, dimidiatæ , hinc antheram 
4-locularem pendulam gerentes. 

Fæm. Amentum ovatum, basi ut in masc. bracteatum, uni- 
florum. Discus carnosus hypogynus nullus. Ovulum erectum. 
Semen ovatum basi squamis siccis haud grandefactis bractea- 
tum, cæiterum nudum, testa crassa extus carnoso-coriacea, intus 
fibrosa : tegmen crustaceum, durum. Albumen ruminatum. 
Embryÿo subcylindricus, brevis; cotyledones connatæ. 

Arbor. Rami potentes ; ramuli distiche furcati. Folia disticha, 
linearia, rigida, mucronato-pungentia. 

1. T. taxifolia Arn., in Hook. Sc. Plant. v. 3. ined. Taxus 
montana, ÂVuit. in Journ. Ac. Sc. Phil. vi. (non Willd.) 

Hab. in Florida media, in collibus calcareis secus ripam 
orientalem fluminis Appalach , prope confluentes Flint et 
Chattahoochie; et ad Flat Creek influentem fl. Appalach ; 
etiamque ad Aspalaga copiose. 


Arbor mediocris, undique glaberrima. Ram patentes; ramuli distichè fur- 
cati, petiolis decurrentibus angulati. Folia approximata, solitaria, disticha, 
patentia ad ang. 50-70 grad., brevissimè petiolata, petiolis vix semilineam longis, 
crassiuscula , linearia, 10-15 lincas longa , versus apicem curvilineam-acutata, 
mucronala , mucrone Jlongiusculo pungenti acutissimo, supra convexiuscula 
viridia nitida, subtus pallidiora glaucescentia nervo lato utrinque rubro limitato 


— 


G. A. W: ARNOLT. — Sur de genre Torreya. 63 


Masc. Æmenta axillaria sessilia, subsolitaria, primd globosa , dein ovalia, 
demüm elongata linearia.  Bracteæ inferiores rhombeo-ovatæ , obtusiusculæ , 
mediæ et superiores latè ovatæ, acuiæ ac sensim majores , omnes quadrifariam 
imbricatæ , convexæ, carinaiæ, crassiusculæ, rigidæ, mesophylla carnosula. 
Biachis (columna staminum Monadelphorum, Auct.) prima brevis et crassa , vix 
bracteis longior, tandem exserta ac eas 4-5-plo-superans, angulata, rufescens, 
esquamata, Pedicelli apice squamam antheriferam ( florem singulum ) gerentes in 
rachi spiraliter inserti, primüm suberecti, demüm horizontaliter patentes gra- 
ciles attamen breves. Squamæ imæqualiter quadrangulatæ , peltatæ , at propè 
latus posterius affixæ, dimidiatæ. Æntheræ flavæ , ad latera squamæ anteriora 
afixæ pendulæ, quadriloculares, loculis liberis contiguis, prinum inter se 
ac pedicello parallelis, intüs dehiscentibus, posteà divergentibus. 

Fœm. Amenta axillaria, sessilia , solitaria vel bma. Bracteæ quadrifariam, 
arcte imbricatæ ïis maris conformes , interiores majores ovulum unicum junius 
ferè omnino involventes. Discus hypogynus vel plane nullus, vel saltem tenuis- 
simus et obsoletus, ac nunquäm per ætatem grandefactus vel carnosus, 

Fecundatione peracta bracteæ irregulariter imbricatæ evadunt. Tunc etiam 
Ovpulum exectum ultra bracteas exsertum; ovatum, acutiusculum, subcompres- 
sum (in siccà), cœruleum et valdè glaucum: esta crassa carnoso-coriacea, fibris 
albis minutis cylindraceis flexuosis lævibus inarticulatis erectiusculis per carnem 
impensis ; Foramen (exostoma Mirb.) majusculum ore inæquali ob iestam apice 
hinc in labium brevissimum incumbentem productam. Tesmen testæ conforme 
et secundum æiatem plus miusve ea brevius , eaque basi solummodo cohærens; 
foramen (ezdostoma Mirb.) minutum. Nucleus ovatus mammillatus, summo apice 
depressus et quasi foraminulatus, tegmine ferè dimidio brevior. Semen maturum 
nudum, disco carnoso nullo immersum, ad basim squamis feré immutatis hinc 
repulsis bracteatum, ovatum vel oboyatum, 11-15 lineas longum, 8-11 crassum, 
apice mammillatum et obscurè perloratum. Testa lineam crassa, extùs corru- 
gata , internè carnoso-fibrosà et celiulis cylindraceis vacuis plurimis impleta. 
Tesmen (seu endocarpium internum auctorum) oblongum, testæ cavum implens 
et ea omnino cohærens, apice ostiola conspicuo perforatum, durum, crustaceum, 
vix 5 lineam crassum, extüs lævissimum. Nucleus tegmini conformis ,eoque ferè 
omnin0 cohærens, apicem versus solummodo liber. Albumen membrana tenui- 
fusca tectum, subcartilagineum, album, rimis ac fissuris flexuosis profundis 
membrana tegente impletis eleganter ruminatum. Æmbryo in albuminis axi ad 
apicem situs, rectus, albumine 5-plo-brevior subcylindraceus , ad basin (coty- 
ledonum regionem) brevissime bilobus, apice ad radiculam paulo attenuatuss 
Radicula supera cum albumine cohærens. Cotyledones duæ, connatæ, per ger- 
minationem discretæ, lineares e basi seminis erumpentes. 


Les fleurs femelles sont positivement sessiles, mais le seul 
fruit entier que j'ai en ma possession, est muni de bractées 
à l'extrémité d’un pédoncule ou d’une tige, à environ un demi- 
pouce au-dessous du fruit; ces bractées sont formées par de 


64 C. A, W. ARNOLT. = Sur le genre Torreya. 


très petites écailles analogues à celles qui entourent l’ovule dans 
un âge très peu avancé : cette tige est très probablement un 
jeune bourgeon. 


Pour les botanistes qui conservent le Taxus dans la mona- 
delphie et considèrent la colonne staminifère comme une seule 
fleur, ce genre peut encore être placé dans cette classe; mais 
examen du rachis ou celui du chaton mâle du Podocarpus, 
indique qu’il est composé de plusieurs fleurs. 


Je ferai encore une remarque en ce quiregardele Taxus nucti- 
fera, c’est que, d’après la lettre que m'a adressée M. le docteur 
Torrey, toutes les figures ou descriptions données par les bota- 
nistes modernes semblent être empruntées à Kæmpfer (Am., p. 
814,t.815)et à Gærtner. L’arille en réseau placé entre la partie 
charnue et le noyau ressemble, jusqu’à un certain point, à la 
partie fibreuse du testa du Torreya. Gærtner ajoute : « Corticis 
baccati figuram et descriptionem a Kæmpfero mutuatus sum : 
videant itaque alii num omnino clausus, anne saltem per ma- 
turitatem apice obturatus sit? Arillus, quem ad naturam deli- 
neavi, nihil aliud esse mihi videtur quam involucri carnosi mem- 
brana interna. » Mais,quel que soit le cas relativement à la plante 
du Japon, je ne puis y reconnaitre le testa du Zorreya. Gærtner 
décrit et figure l’embryon placé à la base de l’albumen, et agit 
de même pour le Taxus baccata, ce qui est reconnu inexact. 
Le docteur Torrey mentionne les fleurs comme étant semblables 
à celles du Taxus nucifera ; mais, comme dans les ééhantillons re- 
cueillis dans le Nepal, par le docteur Wallich,et distribués par lui 
sous le n° 6054 de son Catalogue, cet éminent botaniste considère 
avec beaucoup de doute cette plante comme la même espèce 
que celle de Kæmpfer, nous regarderons toujours les caractères 
du Taxus nucifera comme très obscurs en ce qui a rapport aux 
sexes des fleurs. 


PAYEN. — Sur lAmidon. 65 


Mémoire sur l’_Amidon , considéré sous les points de vues 
anatomique, chimique et physiologique, 


Par M. Paye. 


( Suite. Voy. page 5.) 


ANATOMIE DE L'AMIDON. 


Rupture en deux ou plusieurs morceaux, formes et propriétés des fragmens. — 
Ouverture du hile jusqu'au centre des grains, etc., vue interne des couches 
d’accroissement. — Dissolution de la couche superficielle des fécules. — Exfo- 
liation des couches solides qui composent chacun des grains d’amidon. 


Nous avons dit que Leeuwenhoeck , observant l’amidon sous 
le miscroscope, le vit en grains globuleux irréguliers : après 
lavoir fait chauffer au milieu de l’eau , il ne trouva plus que des 
pellicules ; ayant d’ailleurs observé ces mêmes pellicules en grand 
nombre dans les excrémens des oiseaux nourris avec des fruits 
de céréales, iltira de ces faits la conséquence que l’zmidon était 
formé d’une enveloppe ou tégument, et d’une matière intérieure 
bien différente de celle qui constituait la poche enveloppante, 
car celle-ci était insoluble et non assimilable, tandis que la pre- 
miere était soluble et nutritive. 

On ne pouvait alors, en effet, tirer d'autres conclusions 
d'expériences faites avec toute la sagacité du célèbre observa- 
teur, et il est permis de croire qu’il eüt été impossible d’aller 
plus loin sans le secours d’une étude chimique approfondie, 
hérissée de difficultés d'autant plus graves, que des théories 
ingénieuses soutenues par de très habiles expérimentateurs 
s’interposaient toujours jusqu’au moment où les faits nouveaux 
furent assez nombreux pour déborder enfin de toutes parts les 
obstacles, et rendre la vérité d’antant plus éclatante qu’elle avait 
été plus long-temps obscurcie. 

Sans nous arrêter aux hypothèses de M. Luke Howard, qui 


. S Q . Ê Ê + 
fut conduit, en 1795, à voir dans l’amidon une organisation 
X. Poran, — Aoul. 5 


66 PAYEN. — Sur | Amidon. 


semblable à celle du pollen, nous rappellerons que l'opinion de 
Leeuwenhoeck fut confirmée, en 1812, par les observations de 
M. Villars, puis par les nombreuses et intéressantes recherches 
précitées de M. Raspail, mais les chimistes ne purent admettre 
l'extension donnée au fait de Leeuwenhoeck, et qui présenta 
comme une véritable gomme la substance intérieure de lamidon. 

Plusieurs objections sérieuses et habilement déduites de 
bonnes observations, furent présentées 1° en 1826, par M. Ca- 
ventou qui, ne reconnaissant pas, à l’aide de l’analyse immé- 
diate, plusieurs principes dans lamidon, admit que la matière 
soluble devait être un produit d’altération par l’eau et la cha- 
leur; 2° par M. Guibourt en 1829, qui, dés-lors, considéra les 
deux substances comme différentes, plutôt par leur degré de 
cohésion, que par une composition chimique particulière à 
chacune d’elles, bien qu’il eût vérifié les observations micros- 
copiques publiées alors. 

M. Biot s’occupa, dans les premiers jours de 1833, de carac- 
tériser par une propriété moléculaire optique la substance in- 
terne de l'amidon, que ce savant obtint avec M. Persoz, en la 
faisant dissoudre par l'acide sulfurique. 

J'ai dit comment je fus conduit, peu de temps après, à re- 
chercher le principe actif d’une dissolution analogue de lami- 
don , et à découvrir avec M. Persoz la Diastase à laquelle on sait 
aujourd'hui que sont dus aussi les phénomènes de liquéfaction 
et de saccarification de la fécule, observés et si bien décrits par 
M. Dubrunfaut, mais attribués à l'Hordéine, puis au Gluten so- 
luble, et plus tard, par M. de Saussure, à la Mucine. 

M. Guérin Varry prouva, par une série de recherches pu- 
bliées le 1° avril 1833, que la substance intérieure de lamidon 
ne pouvait être considérée comme soluble à la manière: de la 
gomme, mais il admit un tégument isomérique et un troisième 
principe immédiat soluble. Ce fut alors que, dans deux Mé- 
moires présentés à l’Académie des Sciences, le 16 septembre et 
le 21 octobre 1833, au nom de MM. Payen et Persoz, un srand 
nombre d'expériences indiquaient que l’amidon était composé 
pour les 995 millièmes de son poids, au moins, d'une seule 
substance organique, insoluble directement dans l’eau froide, 


PAYEN. «— Sur L’Amidon. 67 


caractérisée par la réaction de la Diastase etde l’Tode ; que la même 
matière donnait ses caractères spéciaux à tous les produits plus 
ou moins solubles ou insolubles de l’amidon, traité par l’eau à 
froid ou à chaud, ou par les broyages. 

Ces résultats devinrent l’objet d’une controverse assez vive 
pour qu’il me parüt convenable de déclarer que privé de la 
collaboration de M. Persoz, j'en devais seul assumer toute la 
responsabilité. 

M. Chevreul n’admit que provisoirement une partie soluble 
préexistante, attendant qu’une équation analytique entre les 
matières extraites sans altération, décidat si elles devaient être 
considérées comme deux espèces distinctes. 

J'entrepris alors un travail chimique plus complet, que les 
conseils et les observations de MM. Dumas et Chevreul, me fi- 
rent étendre aux anaïyses comparées, et à la détérmination du 
poids atomique d’un grand nombre de fécules amylacées, de 
leurs parties plus ou moins agrégées, de la dextrine produit de 
la dissolution ultime ; la conclusion de toutes ces expériences 
offrit, avec les résultats des observations optiques de M. Biot, 
un accord qui déjà avait soutenu mon courage dans de si 
longues et pénibles recherches ; enfin j’eus la vive satisfaction 
de voir mes nombreuses analyses confirmées par les commis- 
saires de l’Institut, ainsi que leurs conséquences admises géné- 
ralement par les chimistes en France (1), MM. Berzélius, 
Liebig, etc., à l'étranger. 

Ainsi on devait admettre que l’amidon était composé d’une 
seule substance, dont les couches superposées oftraient plu- 
sieurs degrés d’agrégation et les propriétés principales signalées 
au commencement de ce mémoire. 

M. Biot arrivait de son côté à faire ressortir de ses observa- 
ons, sur la lumière polarisée passant au travers d’un grain de 
fécule, la nécessité dans ce grain d’une construction organique 
régulière autour d’un axe. Enfin M. Fristche, en Allemagne, 
était conduit à des conclusions analogues par suite d’un examen 


(1) Voyez le Mémoire Annales de chimie, 1838, et le rapport de MM. Thenard, 
Dulong , Dumas et Robiquet, le 26 décembre 1837. 


68 PAYEN. —— Sur L’_Æmidon. 


microscopique très minutieux, et de figures artistement des- 
sinées sous un fort grossissement : il annonçait effectivement 
dans son important mémoire déjà cité, la superposition de couches 
concentriques dans toute la masse de chaque grain de fécule. 
Mais beaucoup d'objections subsistaient encore à cet égard, 
on n'avait pas pu juger directement de l’état et des proprié- 
tés de la substance interne de l’amidon; ces couches on ne 
les avait point vues développées , on ne savait pas s’il était pos- 
sible de les désunir, comment elles se formaient et se dissolvaient 
dans la végétation, tels furent, après les formes et les dimen- 
sions que je viens de décrire , les objets de mes investigations. 


Ruptures des fécules elexamen direct de leur substance interne. 


Au début de ce travail, je crus devoir m'occuper des moyens 
de rompre les grains d’amidon sans altérer leur substance, d’é- 
viter même tout broyage ou frottement énergique; je renonçai 
aux sections par des lames tranchantes parce qu'elles exigeaient 
un scellement préalable avec une matière étrangère. 

P’écrasement par une pression graduée me parut de beau- 
coup préférable, mais afin de diminuer encore la force à em- 
ployer et les altérations que je craignais tant, je recherchai à 
quel état et dans quelle plante lamidon offrirait moins de ré- 
sistance ; après de nombreuses tentatives qu'il serait trop long 
de rapporter ici, je reconnus que les tubercules des pommes- 
de-terre volumineuses, et obtenues sous l'influence d’une lon- 
gue végétation, contenaient dans certaines parties de leur tissu 
la plus grosse fécule, et que les grains de celle-ci résistaient le 
moins à la pressiôn. 

À tous ces égards la variété dite de Rohan, me parut mériter 
la préférence: je trouvai effectivement dans un de ses tubercules 
venus à maturité, une fécule dont la plupart des grains étaient 
légèrement /élés en étoiles à partir du hile, quelques traces 
des fentes se prolongeaient dans l'axe et se ramifiaient des deux 
côtés de celui-ci. 

En comprimant sans beaucoup de force et sans instrument 
particulier entre deux lames de verre cette fécule, j'y rencon- 


PAYEN. — Sur l'ÆAmidon. 69 


trai ensuite sous le microscope un grand nombre de grains plus 
ou moins profondément fendus, étoilés, ou séparés en deux 
ou plusieurs fragmens. 


La planche 1 montre : 1° les grains tels qu'ils se trouvaient dans les cel- 
lules de la pomme-de-terre ; 2° les ruptures opérées par une légère pression ct 
3° les fragmens gonflés dans toutes leurs parties internes et externes par une 
très faible solution de soude : 

De a en a et a”, les figures représentent les grains de fécule extraits d’une 
pomme-de-terre de Rohan, parvenue à sa maturité complète. Eu B , on voit 
Vun des grains les plus développés ayant une longueur de 180 et 185 millièmes 
de millimètre. 


C,G,C,C, grains plus largement fendus que les précédens. 
D, gros grains plus fendillés encore. 


Nota. Toutes les figures suivantes , jusques et comprise la figure J , montrent 
des grains de la même fécule rompus à l'aide d’une légère pression. 


E,E,E, grains rompus jusqu’au centre. 


F,E, face interne de deux grains cassés en deux fragmens, laissant voir 
une cavité autour de l’axe. 

F’ moitié d’un grain vue latéralement. 

G, tronçon d’un grain séparé en trois parties. 

G'etG” morceaux laissant voir à nu la substance interne sur deux côtes. 

G”, fragment montrant sur quatre de ses faces la substance intérieure 
à cassure ragonnée. 

H, grain allongé rompu en deux parties très irrégulières qui indiquent 

encore un axe correspondant au hile. 
Y, E, grains sphéroïdes cassés. 
J, grain ellipsoïde rompu en trois suivant des sections partant du centre. 


Tous ces grains librement accessibles dans leurs parues internes, ne cèdent 
à l’eau froide absolument rien qui puisse être coloré par l’iode. 


K, moitié d’un grain commençant à se gonfler par une solution al- 
caline. 

L,M, menus fragmens ou quartiers de grain gonflés par la même solu- 
tion (contevant 0,01 de soude ). 

N, grain très irrégulièrement brisé dont toutes les arêtes des fractures 
se sont arrondies en se tuméfiant par le même réactif. 

O, grains moins brisés, dont le gonflement a ‘effacé lés angles des frac- 
tures. 


Ces figures dessinées sous le microscope, prouvent que la 


70 PAYEN. — Sur l’Armidon. 


substance intérieure de la fécule est consistante et insoluble à 
froid : elle offre avec différens réactifs, l’eau, l’iode, la diastase, 
les acides, etc., les mêmes phénomènes que les parties super- 
ficielles et les grains entiers. 


Ainsi donc la nature consistante, l’insolubilité dans l’eau 
froide de toute la masse interne de l'amidon, ne peuvent plus 
être l’objet d’un doute; cette épreuve décisive a d’ailleurs été ré- 
pétée un grand nombre de fois sur beaucoup de fécules, nous 
nous bornerons à en citer deux exemples encore, un autre se 
présentera naturellement plus loin. 

Des deux expériences que nous choisirons, l’une est relative 
à la fécule du Canna discolor, cette fécule plus souple est plus 
difficile à rompre; l’autre se rapporte à l’amidon des pois ( Pi- 
sum salivum ); ce dernier dont on voit deux grains rompus 
fie. 1,4, 6e "pl4, offre aux réactifs une résistance due à sa plus 
forte cohésion, mais qui une fois vaincue laisse manifester tous les 
phénomènes caractéristiques de la substance amylacée; résis- 
tance assez remarquable et que nous apprécierons plus loin. Il 
se rompt ordinairement en deux parties à-peu-près égales, sui- 
sant la ligne médiane de dépression qui réduit son épaisseur 
et sa force ; les fragmens ne laissent rien dissoudre, ils offrent à 
l'intérieur les mêmes propriétés que manifestent toutes les ré- 
actions chimiques sur l’amidon intact. 

La fécule du Canna discolor fortement comprimée montre 
par la forme de ses ruptures, fig. 18, &, b,c, d, pl. 3, et l'exten- 
sion de ses grains , qu’elle est assez flexible pour s'étendre très 
sensiblement avant de rompre, toutefois ses parties internes 
présentent les mêmes propriétés physiques et chimiques que les 
parties externes , sauf encore de légères modifications dues aux 
différences de cohésion. 


Accroissement du hile dans différentes fécules et vue des couches 
concentriques internes. 


Le hile tres facile à observer sur plusieurs fécules n'est pas 
ciscernable aux plus forts grossissemens sur beaucoup d’autres; 
fai pensé quil serait intéressant de prouver sa présence même 


PAYEN. —- Sur l’Amidon. 71 


dans ce dernier cas, et que l’on y parviendrait à l’aide d’une 
contraction suffisante, opérée par une forte dessiccation etcapa- 
ble de faire ressortir les différences de cohésion. 

En effet, les parties le moins fortement agrégées devant étre 
plus distendues par l’eau dans l’état normal, devaient récipro- 
quement plus diminuer de volume que les autres, offrant d’ail- 
leurs moins de résistance, elles devaient céder à elles seules 
aux différences du retrait opéré sur toutes les autres parties. 
Enfin, le hile me parut devoir être le siège de ces résultats d’une 
double contraction, puisque tout me portait à croire que les 
parties intérieures dans chaque grain étaient moins agrégées, 
seulement parce qu’elles avaient été organisées le plus récem- 
ment, qu'en conséquence la matière de chaque couche avait 
dû s’introduire par le hile et remplir la cavité; que ses dernières 
portions enduisaient les parois de celui-ci; qu’enfin la solubilité 
acquise à la substance amylacée par suite d’une température éle- 
vée devant être plus grande ; aussi en ce point, l'effet de la dis- 
solution pouvait faire apparaitre l’orifice même dans les fécules 
trop souples et minces pour que les effets du retrait fussent 
visibles. 

L'expérience répondit parfaitement à ces prévisions, et _je 
suis parvenu ainsi à marquer nettement le hile, en le forçant à 
s'ouvrir sur plusieurs fécules jusqu’au centre de leurs grains 
sphériques, ou jusqu’à l'axe des grains allongés. On jugera bien 
tous les détails de ce curieux phénomène à l'inspection des fig. 8, 
pl. 6, qui comprennent les effets de ce genre obtenus sur Pa- 
midon de blé, et pl. 4,fig. 2, sur l’amidon de pois, chez lesquels 
l'existence d’un hile n'avait pas encore été démontrée. 

Par ce procédé on trouve facilement, comme le montrent 
aussi les figures de la fécule de pomme-de-terre soumise à ce 
traitement, ceux des grains dont la nutrition s’est faite par 
deux et même par trois hiles (PI. 2, cases 2, 3, 4). On parvient 
encore très facilement, en observant ainsi préparées, les fécules 
d'un gros volume, et globuliformes, à discerner dans l’intérieur 
de la cavité du hile qui se présente évasée en entonnoir, les 
lignes circulaires marquant les bords des couches emboitées. 

Parmi toutes les fécules desséchées entre les températures de 


72 PAYEN. — ur l’Amidon. 


200 à 220 degrés, celle du Canna discolor, dont les grains sont 
le plus aplatis, montrait moins son hile qu'avant la dessiccation ; 
cela tenait sans doute à ce que ses grains étaient plus minces 
et plus diaphanes; supposant toutefois que le point d’inser- 
tion du hile devait étre plus attaquable que les autres sur 
chaque grain, j’essayai de le faire paraitre en desséchant cette 
fécule seulement à 200° afin de la rendre tres avide d’eau sans 
quelle füt bien soluble, puis la plongeant dans l’eau froide le 
gonflement subit qu’elle éprouva, fit augmenter et paraître 
l'ouverture jusque-là inaperçue du hile, au point qu'il eût été 
même discernable sous un faible grossissement. Voyez les fi- 
gures 19,@,a',b, c, de la planche 3. 

J'avais comme on le voit, sur la même planche, fig. 20 , ob- 
tenu un effet analogue mais beaucoup moins prononcé, en por- 
tant la température de cette fécule seulement à+ 150°.La même 
expérience répétée sur la fécule de pomme-de-terre eut pour ré- 
sultat de prouver que l'agrandissement du hile , était un effet 
mécanique exempt d’altération chimique : en effet cette fécule 
ayant été chauffée à 155°, on vit son hile fort agrandi comme 
lindiquent les figures a, b, c, d, e de la planche 2, bien que 
toute la substance füt restée insoluble dans l’eau; tenue dans 
ce liquide, l’ouverture du hile fut peu-à-peu remplie par le gon- 
-flement de la substance intérieure, qui fit disparaitre les cercles 
des couches concentriques. 


La fig. f montre comment le hile encore ouvert, laisse pé- 
nétrer plus rapidement une solution alcaline faible qui produit 
quelques déchirures, jusqu’à ce que le gonflement plus consi- 
dérable indiqué fig. g efface ces déchirures. 

Les fig. f’, g font paraître le gonflement comparativement 
opéré par la même solution sur un grain de fécule non desséché; 
dans ce cas il ne se manifeste aucune déchirure, mais le gon- 
flement maxime se présente sous le même aspect dans les deux 
essais, comme le montre la figure H. 


PAYEN. — Sur L’Amidon. 73 


Dissolution partielle de la couche externe des fécules, éxfélidtion 
des couches sous-Jacentes. 


Les différentes fécules desséchées et rendues en parties solu- 
bles par uneélévation de température entre 200 et 220°, ont 
éprouvé des modifications physiques légères, qui cependant 
m'ont paru suffisantes pour faire ressortir par des caractères 
spéciaux et démontrer l’existence des couches superposées, par 
conséquent la structure interne des grains. 

Déjà nous avons vu que le retrait inégal produit dans les cou- 
ches par la dessiccation, fait creuser le hile et apparaître les li- 
gnes concentriques intérieures d’accroissement. 

Le deuxième effet produit par l'élévation de la température, 
consiste dans la dissolubilité que la substanceamylacée acquiert, 
mais cette modification physique qui n’altère en rien la com- 
position chimique, est variable suivant la cohésion dans les 
différentes fécules et dans l’intérieur de chaque grain. 

J'ai supposé qu’on pourrait profiter de ces propriétés acquises 
pour montrer que la couche externe est de même nature que 
les parties internes, et exfolier ces différentes couches ; que pour 
atteindre ce but il faudrait 1° opérer une dissolution locale de 
la couche enveloppante, à l’aide d’un dissolvant déposé sur 
une portion de la superficie de chaque grain ; 2° faire agir ce 
liquide successivement sur toutes les parties internes, afin que 
les couches les plus résistantes ou seulement hydratables et 
extensibles, sans être entièrement dissolubles pussent s’exfolier 
et s'étendre ; 3° enfin varier l'énergie dissolvante du liquide em- 
ployé pour observer ces effets, même sur les fécules que l’eau 
seule dissoudrait trop vite, ou trop complètement. On va voir 
comment toutes ces prévisions se sont réalisées. 

Le moyen le plus simple que j'aie pu trouver pour déposer 
une guttule d’eau sur chacun des grains isolément consiste à 
immerger la fécule dans une goutte d’alcool un peu hydraté, 
l'alcool s’évipore spontanément plus vite que leau, en sorte 
qu’une petite guttule de celle-ci reste sur chaque grain de fécule, 


74 PAYEN. — Sur l’ Æmidon. 


et l’on peut observer son action, soit directement, soit et mieux 
encore en immergeant la fécule dans l’alcool; enfin on peut 
augmenter les effets produits soit en réitérant à plusieurs re- 
prises l'immersion et l’évaporation, soit en ajoutant une plus 
forte proportion d’eau à l'alcool. 

Les fig. :,7,4 de la PI. 2 montrent l’effet de cette réaction locale 
sur la fécule des pommes de terre chauffée préalablement à 
+ 200°, pendant 1/2 heure. On voit que la portion de la superfi- 
cie sur laquelle la guttule d’eau s’est concentrée est attaquée et 
partiellement dissoute : ainsi la partie la plus extérieure, désa- 
grégeable par la chaleur, est alors attaquable par l’eau. 

Plusieurs autres fécules subissent de la part de l’eau posée lo- 
calement , des influences très analogues; on peut le reconnaître 
aussi sur les fig. , m, 7, o, qui montrent les résultats des mêmes 
réactions répétées sur des grains de fécule déjà privés, par les 
progrès de la végétation des couches extérieures; ces grains 
avaient été préalablement chauffés à + 200° ainsi les couches 
sous-jacentes montrent encore ici des caractères semblables à 
ceux des couches superficielles. 

Ces réactions produisent des phénomènes semblables re- 
Jativement à la fécule du Cunna discolor (voy. les fig, 23 de la 
pl. 3) une légère modification tenant à la plus grande flexibilité 
des couches de cette fécule déjà signalée plus haut, explique 
la forme sinueuse des bords de la surface attaquée par l’eau ; les 
fig. 9 de la pl. 6 montrent les effets de la même expérience sur 
lamidon du blé ; les fig. 16 , a, b, sur celle de CoZumbo ; Îles 
fig. 6, a, b, de la pl. 4 sur la fécule des bulbes de Lis; enfin les 
fig. 4,a,b,c, montrent des effets analogues sur l’amidon des Pois. 


Exfoliation artificielle des couches concentriques composant 
toutes les fécules. 


Nous avons indiqué les causes de cette exfoliation dont nous 
présenterons ici des exemples. 

La fécule des pommes de terre, sur laquelle nous venons de 
faire connaître l’action locale de l’eau, fut immergée sous le 
microscope dans l’eau alcoolisée; alors les différens grains sui- 


PAYEN. — Sur l’Æmidon. 7 


vant leur cohésion, leur âge ou la température toujours un peu 
variable à laquelle ils ont été soumis, présentèrent en s’hydra- 
tant des ruptures en divers sens, puis l'extension successive et 
la séparation sous différentes formes de plusieurs de leurs-cou- 
ches concentriques ; les fig. p, g, r, s de la pl. 2 donnent une 
idée assez exacte de ces phénomenes. 

Des exfoliations bien plus prononcées eurent lieu en opérant 
de la même manière sur la fécule chauffée préalablement à 2 10°. 
la fig. # de la pl. 2 montre un grain de cette fécule se dissolvant 
en partie et s’exfoliant en plusieurs tuniques. 

Des enveloppes concentriques plus développées encore sur 
les trois grains fig. #, £”, {”, sont rendus très visibles par l’ad- 
dition de l’iode. On comprend que dans ce cas les portions qui 
présentent le violet le plus foncé sont celles qui ont le plus d’é- 
paisseur ou de cohésion : de là vient encore l’aspect de la portion 
centrale, sorte de noyau non encore exfolié. , 

PL. 2, fig.u,u’,u",u”, les mêmes effets produits sur la fécule 
en partie dissoute par la végétation, prouvent encore que les 
couches sous-jacentes se peuvent développer et exfolier comme 
les plus externes. 

PI. 5, fig. 3,'a, b, on voit les phénomènes semblables opérés 
sur la fécule de colombo. 

Quant aux grains de la fécule du Pisum sativum, sa confor- 
mation déprimée explique la particularité remarquabie de son 
exfoliation en quelques feuillets se développant comme une carte 
repliée sur elle-même; pour exfolier cette fécule douée de plus de 
consistance et de cohésion que les autres, il a fallu comme pour 
faire prononcer son hile, porter préalablement la température 
à + 220°. (Voy. fig. 2, pl. 4.) 

Aucune fécule ne laisse mieux voir les exfoliations succes- 
sives des couches où tuniques que celles des Rhizômes du 
Canna discolor. 

Les fig. 2, c, d,de la pl. 5, montrent clairement ces exfoliations 
rendues si évidentes par l'iode qu'il serait inutile de les expli- 
quer autrement, nous ajouterons seulement ici que les sortes 
de capsules exfoliées fig. d proviennent en général des grains le 
plus allongés; qu'en comprimant et faisait un peu glisser entre 


76 PAYEN. — Sur l Amidon. 


les lames de verre les grains ainsi préparés , on parvient aisé- 
ment à séparer sur tous les points adhérens les capsules les unes 
des autres. 

Le chapitre suivant montrera comment une foule de réactions 
chimiques , qui ont fait deviner la structure intime de l’amidon, 
dérivent elles-mêmes directement de cette structure et des pro- 
priétés de la substance amylacée ; on reconnaitra, en outre, 
conrbien les mêmes données sont indispensables à l'étude phy- 
siologique des fécules : enfin nous y retrouverons une cause de 
l'exfoliation spontanée de l’amidon durant la végétation des 


plantes ; nous montrerons ses effets dans la 3° section de ce mé- 
moire. 


DEUXIÈME SECTION. — EXAMEN CHIMIQUE DE L'AMIDON. 


Hydratation , différens termes de dessiccation , effets de la température, solubi- 
lité graduée suivant la cohésion, transformation en dextrine ; fusibilité de 
lamidon ; action simultanée de l’eau et de la température : 1° sur les parties 
plus ou moins agrégées de l’amidon à l’état normal; 2° sur differentes fe- 
cules sèches ou hydratées ; 3° au-dessous et au-dessus de zéro ; gonflement 
par les solutions alcalines ; théorie de l’empois; action de Fiode, des acides, 
des bases, des sels, de la diastase ; principaux phénomènes d’extensibilite et 
de contractilité de lamidon combiné avec l'iode ; poids spécifique, composi- 
tion élémentaire ct poids atomique de lamidon et de la dextrine. 


Hydratalion et différers termes de dessiccation. 

Les petits corps granuleux, composés de couches solides 
concentriquement disposées qui constituent les fécutes amyla- 
cées de toutes les plantes, sont doués d’un pouvoir hygro- 
scopique très remarquable; remarquable surtout en ce qu'il 
se manifeste à des termes fixes, suivant des relations simples 
entre l'atome d’amidon et le nombre d’atomes d’eau : il cède 
d'autant plus facilement à l’action hygrométrique des corps 
voisins 10, 4 et 2 atomes d’eau qu'il en contient davantage ; 
cufin le dernier âtome constituant une véritable combinaison 


PAYEN. «— Sur L’Amidon. 77 


intime, ne peut être enlevé sans qu'on y substitue un atome 
d’une base plus énergique. 

Ainsi, l’amidon avec l’eau nous offre une première série d’hy- 
dratations faciles à défaire et à reproduire un grand nombre de 
fois, sans altérer en rien ses qualités organiques, pourvu qu’on 
élimine avec soin certaines autres influences, ou que du moins 
on abrège la durée du contact. 

Nous verrons plus loin qu’on peut engager l’amidon dans des 
combinaisons bien plus fortes, sans détruire cette organisation 
spéciale que nous ferons bientôt ressortir par divers phèno- 
mènes curieux. 

Quelques faits vont éclaircir ces assertions. 

Au moment où l’on vient d’extraire et de purifier par d’abon- 
dans lavages la fécule de pommes de terre, si on la met égout- 
ter en petits blocs sur une substance capable d’absorber méca- 
niquement presque toute l’eau interposée, par exemple, sur une 
dalle en plâtre, au bout de vingt-quatre à trente-six heures l’eau 
interposée sera passée dans la dalle ou exhalée dans Pair, et la 
fécule ne céderait plus rien à une pression mécanique. 


Si alors on en fait dessécher une quantité connue, on verra 
qu’elle peut perdre 6,4523 de son poids, ce qui correspond à 
15 atomes d’eau pour 1 atome de fécule sèche (ou :: 1687 :2042). 
Un deuxième terme d'hydratation se produit lorsque, prenant 
un poids donné de fécule sèche, on l’expose à + 20° centési- 
maux, dans un air presque saturé d'humidité pendant quatre 
à dix jours. 

Alors cette substance offre un aspect et des caractères phy- 
siques tout particuliers : sa blancheur éclatante a quelque chose 
du reflet de la neige, ses grains ont une propension telle à l’ad- 
hérence qu'ils se tiennent en une masse sensiblement plastique, 
lors mème que lon en forme, par une légère pression, une 
lame posée verticalement, ayant moins d’un millimètre d’épais- 
seur pour 10 à 15 de hauteur; une plaque semblable ou plus 
épaisse, mise entre deux feuillets de papier léger, prend et 
garde les empreintes d'un cachet fortement appuyé, sans com- 
muniquer au papier la moindre trace d’eau; enfin, secoué sur 
un -tamis fin, cette fécule refuse d’y passer; jetée par flocons 


78 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


sur une plaque métallique, chauffée à + ro0°, ses grains se 
soudent à Pinstant. 

Lorsque après 46 heures d'exposition sous une cloche, entre 
plusieurs vases remplis d’eau, elle cessait d'augmenter de poids, 
pesée à diverses reprises 12’, 2/ et 48 heures plus tard, elle 
contenait 0,329 d’eau , proportion équivalant à 10 atomes au- 
delà de l’atome le plus fortement combiné. 

Pour apprécier laugmentation de volume, opéré par ce 
terme d'hydratation, on expose aux mêmes influences de lhu- 
midité 17 centimètres cubes de fécule, préalablement desséchée 
au maximum, mesurés ensuite après l’absorption des 10 atomes 
d’eau; et en effectuant, dans les deux cas, le plus fort tasse- 
ment possible , on reconnut que le volume était porté à 25,5°: 
l'augmentation était donc d'environ 5o pour 100 parties; l’ad- 
dition d’un excès d’eau n’y change rien. 

Deux autres degrés d'hydratation qui se représentent cons- 
tamment sont ceux que la fécule conserve à l’air dans les lo- 
caux situés au premier étage et dans les magasins secs. Dans 
ce premier cas, on reconnait par la dessiccation que la fécule 
contient généralement 0,16 d’eau, proportion qui correspond 
à {atomes au-delà de l'atome indispensable à la constitution 
de la fécule libre. 

En cet état, la fécule, quoique pulvérulente, offre encore un 
degré sensible d’adhérence entre ses grains , lorsqu'on la presse 
entre les doigts ellg fait éprouver à la peau une légère sensation 
de fraicheur; jetée sur une plaque chauffée à 100° elle se des- 
sèche sans s’igglomérer. 

On arrive facilement à constater ce terme d’hydratation en 
abandonnant la fécule pendant ro, 15, 30 jours à l’air ; la tem- 
pérature moyenne étant de 16 à 20°, et l’hygromètre marquant 
50° à 65° ;alors, si l’on expose peu-à-peu la matière pendant 36 
heures dans le vide sec à + 20°,on parvient à lui enlever deux 
atomes d’eau; cette proportion est engagée avec une force très 
notable, et ne s'exhale que par saccades : en effet, après avoir 
maintenu le vide à 1 centimètre près, durant plusieurs heures, 
si on le pousse à un millimètre et qu’on l'y soutienne, le déga- 
gement de la vapeur d’eau devient tumultueux et projette la 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 79 


substance jusqu’à dix centimètres de hauteur. L'opération pour- 
rait même être compromise par cet accident, si l'on n'avait le 
soin de garnir le tube d’un double tissu de soie très fin, et 
d'opérer très lentement cette dessiccation. On élimine ensuite, 
comme nous allons le voir, deux autres atomes d’eau qui com- 
plètent 0,18 d’eau; dans les mêmes circonstances, une demi- 
feuille d’un papier à filtrer, dit de Berzélius, venant de Suède, 
et considéré comme du ligneux pur, contenait 276 milligrammes 
d’eau sur 4200 milligrammes, ce qui correspond à 2,76 pour 100, 
c’est-à-dire moins que la sixième partie de la proportion rete- 
nue par l’amidon. 

La fécule ainsi gardée dans le vide sec à la température de 16 
à 20° centésimaux, retient 0,009, ce qui correspond à 2 atomes 
d’eau pour un atome d’amidon (ou :: 225 : 2042). 

La fécule alors est coulante entre les doigts, n’occasionne 
aucune sensation appréciable de secheresse ni d'humidité; com- 
primée elle ne contracte aucune adñérence sensible; on la ta- 
mise facilement sans qu'il s'en émane beaucoup de poussière. 

Il ne faut pas moins qu’une dessiccation soutenue pendant 
plusieurs heures dans le vide sec à + 100 ou 125 pour réduire 
la proportion d’eau à 1 atome, qui représente l’eau de combi- 
naison intime. 

Alors, refroidie, la fécule se montre sous la forme d’une pou- 
dre extrêmement mobile , ne pouvant être tamisée sans répan- 
dre des nuages de poussière; elle fait éprouver à la peau un 
sentiment de sécheresse, de chaleur et de constriction; exposée 
en couches minces, à l’air ordinaire d’un appartement, elle 
absorbe rapidement de l’humidité, et bientôt son poids est 
augmenté de plus d’un cinquième. 

L’élimination des deux derniers atomes d’eau, séparables 
ainsi, a présenté encore les signes non équivoques d’une force 
très notable, vaincue; car, au moment où la température du 
bain étant à + 100°, on réduisit la pression à un millimètre; 
l’émanation, brusquement opérée , projeta la substance contre 
les parois du tube, et, jusques à plusieurs centimètres de hau- 
teur, bien que l’on eüt agi, comme dans les essais précédens, 
sur moins d'un gramme. 


60 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


Dans la panification, la fécule hydratée à chaud par une tero- 
pérature de 100° que l’intérieur des pains acquiert, reste solide, 
souple, la pression n’en peut extraire d’eau; elle contient alors 
0,468 à 0,469 d’eau, proportion qui représenterait 16 équiva- 
lens. 

Voici donc, en les récapitulant , les formules des principaux 
termes d’hydratation de la fécule , que les moyennes d’un grand 
nombre d'expériences nous ont appris avoir une stabilité très 
notable, bien que leurs mélanges pussent introduire des termes 
intermédiaires. 


TamLeAU des relations principales entre l’amidon et l'eau dans 
des circonstances déterminées. (1) 


Amidon|Amidon. | 


# ? 
ÉTAT DE LAMIDON. FORMULES. sec. |anhydre 


1° Anhydre (combiné)... C24 H1809..........| 1930 105,8| 100 


2° Séché de 100° à 1400, 
vide sec(2)..........] (H20O, C24 H1? O9) ........| 2042 100 |94,5 


3° Séché à 20°, vide sec. .| (H20, C24H' 809) + 2H20.| 2267 90,08| 85 


4° A V'air t— 20°, hy. 0,6.| (H20,C24H18 09) 4H2 O. | 2492 82. |77,40 


Bi -Td: id. 5 
d'humidité 3167 | 55,5 | 64,50| 60,94|f 


6° Égoutté le plus possible.|  » » — 15H20. | 3529 | 45,33| 54,67| 51,67 ë 


Sous tous ces états, excepté le dernier peut-être, l’amidon 
solide ne présente aucune quantité d’eau libre. 


(x) Le dernier terme le plus élevé de cette hydratation n’est, peut-être, que le résultat de 
l'interposition entre les particules amylacées ; les autres. prouvent la perméabilité notable des 
grains d'amidon. Il se pourrait qu’ils représentassent des combinaisons analogues à celles qui 
constituent les hyärates multiples de l’acide sulfurique; du moins, tous les essais coïncident 
si bien avec les nombres équivalens qu'on serait porté à le croire. 


(2) C'est-à-dire, autant que cela est possible, sans l’altérer ou sans le combiner à une base. 
Nous verrons plusieurs de ces termes se reproduire à l’égard de la dextrine, Toutes ces expé- 
riences ont été faites sur la fécule de pomme de terre, 


< ; PAYEN. — Sur l’Ammidon. 81 


La fécule de pomme de terre, dite sèche commercialement, 
correspond au n° 4; elle renferme 18 centièmes d’eau. 

La fécule, vendue humide, correspond au n° 6; elle contient 
45,33 d'eau pour, ou les deux tiers de son poids de la fécule 
appelée sèche. 

Sous les quatre premiers états, la fécule reste en poudre fa. 
cile à tamiser. Cependant elle offre des différences facilement 
appréciables aufact; rien n’est changé dans ses formes sous le 
microscope, seulement le volume de ses grains augmente avec 
l’hydratation. Nous reviendrons plus loin sur des applications 
théoriques et pratiques de ces états particuliers d’hydratation. 

Cette faculté absorbante très remarquable rapproche encore 
lamidon de plusieurs substances organisées , tandis qu’elle l’é- 
loigne beaucoup d’än grand nombre de matières compactes 
imorganiques où désorganisées, telles que les métaux, le ue 
le sulfate de baryte et beaucoup de sels insolubles, le sable, 
houille, l’anthracite, etc., qui, bien que Suite tén tue HAE 
à peine retenir quelques centièmes d’eau, sans que leur super- 
ficie soit évidemment mouillée. 


Byfets de la température sur l'amidon et sur différentes 
fécules. 


Nous avons examiné, dans la première section, comment on 
parvient, sous le microscope, à mettre en évidence la structure 
intime des fécules, en faisant éprouver des retraits variés aux 
couches plus où moins compactes de chaque grain, facilitant 
ainsi leur hydratation, leur exfoliation et même leur dissolubi- 
lité ; nous allons maintenant démontrer par des faits chimiques 
en quoi consistent ces réactions, que nous appliquerons encore 
dans la dernière partie de ce mémoire. 

Toutes les fécules chauffées uniformément à + 150°, pendant 
une heure, amenées à ne plus contenir qu’un atome d’eau, sont 
devenues beaucoup plus aptes à s’hydrater, même après le re- 
froidissement, cela arrive surtout à celles dont le retrait a ou- 
vert le hile ; mais dans ce cas-là l’eau qui s'introduit dans leur 
intérieur resté même accessible ultérieurement, ne parvient 


X. Bora. — Aout. 6 


9 PAYEN. — Sur d’'Ammidon. 


pas à troubler l’organisation, à les désagréger, et rien ne se 
dissout. (Voy. les fig. a, b, c, d,e de la pl. 1.) 


Solubilité graduée des fécules suivant leur cohésion; premier 
mode de transformation en dextrine. 


Une températuiïe entre 200 et 220°, soutenue et bien égale- 
ment répartie, telle qu'on peut aisément l'obtenir en plaçant un 
gramme de la matière dans un tube étroit plongé dans un bain 
d'huile, suffit, pour désagréger toutes les fécules depuis celle 
des trés jeunes tubercules de pommes de terre et des panais, 
qui résistent peu, jusqu'à l’'amidon des pois presque mürs, qui 
résistent beaucoup plus. 

Ces changemens peuvent être tellement favorisés par un 
certain état d'hydratation de la fécule, à l'instant où la réaction 
s'opère, qu’on parvient à les déterminer en élevant de 40° moins 
la température; c'est qu'alors le contact, mieux établi, facilite 
la contraction, et un commencement de fusion qui défait l’or- 
ganisation graduellement dans toutes les parties. 

Ainsi, la fécule ayant été, comme nous venons de le voir, peu- 
à-peu déshydratée préalablement par une température soutenue 
à 100° et même 125 dans le vide sec, à 160° on n’aura sensible- 
ment ercore changé ni son aspect ni son insolubilité (après le 
refroidissement à l'air ). Si l’on continue à la chauffer jusques à 
200°, et que l'on soutienne à ce terme pendant une demi- 
heure, l’on ne verra aucun dégagement sensible se manifester; 
la substance, en cffet, n'aura perdu de son poids qu’une quan- 
tité insignifiante; sa couleur se sera très faiblement ambrée; 
cependant un commencement d'agglomération entre les grains 
aura eu lieu, et la plus grande partie sera devenue soluble dans 
l'eau froide. 

Ces derniers phénomènes pourront être produits par une 
température de 40° au-dessous (c'est-ï-dire à 160°}, à la seule 
condition de porter immédiatement, à ce terme, la température 
de la fécule contenant 4 atomes d’eau. 

Si l'on opère de même, sur la fécuie hydratée, à ro atomes 
d’eau, elle se colorera un peu plus, et sera agelomérée en une 


PAYEN. — Sur d’Amidon. 83 


masse demi fondue, plus complètement soluble. Nous allons 
faire connaître un moyen d'augmenter cet effet en facilitant 
plus encore le rapprochement des particules. 


Liquéfaction de la fecule à + 200°. 


Au lieu de porter brusquement la température au terme 
voulu, on facilitera plus encore les réactions précitées en em- 
péchant la volatilisation de l’eau d'hydratation. 

À cet effet, on place dans un tube en verre épais 10 grammes 
de fécule séchée à l’air; on ferme très exactement à bouchon 
forcé, et l’on introduit le tout dans un double tube en cuivre 
dont le couvercle à clavette appuie le bouchon du tube interne. 

On plonge à demi dans un bain d’huile réglé à + 200°, puis 
on laisse une demi-heure à une heure en s’éloignant de crainte 
d'explosion; au bout de ce temps on trouve dans le tube en 
verre une masse homogène et diaphane qui évidemment a subi 
une fusion complète. Le même effet a lieu en chauffant brus- 
quement dans l’air entre 205 et 2#5, sans laisser la fécule se 
déshydrater, mais la substance fondue est plus colorée et plus 
altérée que dans le vase clos. : 

L'effet principal des réactions qui précèdent est le même sur 
toutes les fécules , il est d'autant plus complet et plus prompt 
aussi que la substance est plus pure et les grains plus jeunes; 
les parties le moins agrégées deviennent d’abord solubles , tandis 
que les autres restent insolubles, puis peu-à-peu la désagrégation 
faisant des progrès, tout devient dissoluble à de légères traces 
près , retenues par quelques corps étrangers indiqués plus loin. 

*Les parties le plus fortement agrégées, dont les proportions 
varient dans la même fécule et dans les fécules différentes , ces 
parties, pour devenir solubles, passent par les mêmes phases 
de désagrégation que les premières attaquées, et donnent suc- 
cessivement avec l’eau l’iode, la température, les acides, les sels 
neutres, les bases, absolument les mêmes phénomènes que nous 
exposerons ci-après; puis enfin les z2axiüma de solubilité à 
froid obtenus ainsi, produisent la dextrine qui diffère d’autant 
plus par ses propriétés physiques que plus complètement dés- 

6, 


84 PAŸEN. — Sur l,4midon. 


agrégée et soluble, on la compare avec: une fécuie plus forte: 
ment organisée, douée de plus de cohésion. 

La dextrine ne préexiste donc point telle dans un grain d’a- 
midon intact, mais tous les agens si divers de désagrégation 
tendent à la produire. Ce nom lui convient d'autant mieux qu'il 
n'indique pas cette préexistence, et peut s'appliquer au même 
corps venu d’une origine différente. (1) 

Nous déontrérons que ces propriétés divergentes entre. la 
dextrine et l’amidon si importantes à considérer, tiennent au 
groupement des particules. Examinons maintenant les effets 
combinés de l’eau et de la température, puis nous .exposerons 
les réactions de l’iode et,des autres corps sur l’amidon. 


Action simultanée de l'eau et de la température. 


Nous venons de voir qu’en augmentant par une dessiccation 
portée près de sa limite l’avidité de l’amidon pour l’eau, comme 
on l'aurait pu faire relativement à de l'argile, du plâtre, de 1a 
craie, et pour divers autres corps insolubles Lydratables, on 
parvient à gonfler, rompre et désagréger une partie des grains. 
de fécule dans l’eau, par une température de + 4o°. 

Mais il en est autrement lorsque, mettant d’abord à froid 
l’eau en contact avec l’amidon, on élève peu-à-peu la tempé- 
rature du liquide. 

Afin de préciser l'étude de cette don nous l'appliquerons. 
à la fécule extraite de toute la masse tuberculeuse des pommes 
de terre, et nous ferons voir qu'elle varie suivant l’âge de: cette 
fécule. 

Si l’on prend, par exemple, 1 gramme de fécule, qu'on le dé- 
laie dans 15 grammes d’eau, que l’on élève graduellement la 
température en agitant sans cesse, aucun changement ne se 
manifestera jusqu'à ce que le mélange soit parvenu entre le 55 
et 56” degré centésimal : alors même le plus grand nombre des 
grains n'auront éprouvé aucun changement appréciable, mais 
les grains très jeunes doués d'une plus faible cohésion, auront 


(1) Au tissu végétal, par exemple, désagrégé et dissous à l’aide de l'acide sulfurique à froid. 
: 


PAYEN. — Qur l’4midon. 85 


absorbé plus d’eau, le gonflement des parties internes en aura 
fait entr’ouvrir quelques-uns, et une trés petite quantité de sub- 
stance plus gonflée se sera répandue et désagrégée dans le 
liquide, on reconnaitra ces phénomènes soit an microscope, 
soit à l’aide de liode, soit enfin en observant l'augmentation du 
volume de la fécuie déposée. 

Si l’on élève la température peu-à-peu davantage, les mêmes 
effets produits sur un plus grand nombre de grains deviendront 
de plus en plus sensibles; mais au 60° degré beaucoup encore 
w’auront point atteint leur gonflement ultime, ni laissé répandre 
leur substance dans l’eau. 

La consistance d’empois ne se prononcera guêre avant que 
la température se soit élevée à 72°, mais elle augmentera encore 
d’une manière notable jusqu’au 100° degré (en supposant même 
la quantité d'eau maintenue constante, soit en faisant retomber 
dans la masse le produit de la condensation, soit en compensant 
par une addition d’eau l'effet de l'évaporation). Alors les grains 
de fécule seront gonflés au point d'occuper tout le volume du 
mélange; its seront d'autant plus pressés les’ uns contre les 
autres que leur tendance à un plus fort sonflement maintiendra 
leur force élastique, celle-ci sera vaincue seulement par le dé- 
faut d'espace, c’est-à dire d’un volume de liquide suffisant. 


Extension libre et graduée de l'umidon par l'eau et la tempé- 
rature. 


Ayant délayé 1 gramme de fécule sèche dans 25 centimètres 
cubes d’eau bouillie refroidie à + 5o° et porté le mélange en 
lagitant à 54° du bout de cinq minutes, l'iode ni le oo 
ne signalaient aucun changement. On porta alors de 56 à 57° la 
température, qui fut soutenue pendant quinze minutes. On oh- 
serva après le refroidissement à +: 20°, durant un repos de 
a heures que le volume du dépôt, primitivement égal à 

‘90, était porté à 2 cent. c., dont 0,45 de dépôt léger. L'iode 
en ire excès dans le liquide surnageant, devint bleu translu- 
cide à 5 centimètres d'épaisseur. 

En Opérant de même et soutenant quinze minutes la tempé- 


+ 


© 


86 PAYEN. — Sur L’ Amidon. 


rature à Go’, le volume du dépôt devint égal à 3,75 centim. c. 
dont 2,25 de dépôt léger. Le liquide limpide prit, avec l’iode, 
une couleur bleue foncée opaque à 1°,4. 

Dans les mêmes circonstances, la température de 65 degrés 
avait augmenté le volume du dépôt jusqu’à 11 cent. cubes dont 
10 de dépôt léger; le liquide clair devenait bleu intense par . 
l'iode et opaque à 0°,6 d’épaisseur. 

Pour 70 à 72°, on eut un dépôt entièrement léger, demi 
transparent, de 21 cent. cubes, sans dépôt lourd opaque; le 
liquide surnageant prenait avec l'iode uue forte coloration et 
une opacité complete à 0”, 4 d'épaisseur. 

L'expérience fut encore faite à 95° : le mélange contenu dansle 
inême tube , refroidi et maintenu durant dix heures à la tempé- 
rature de 20° à 15°, sans rien laisser déposer, avait acquis une 
légère con itance d'empois. 

Dans tous ces essais, le volume du liquide avait été ramené 
au volume total primitif. 

Sous le microscope, le gonflement de toute la masse des 
grains les montrait sous les formes indiquées fig. H, pLI  . 
et fig. a, pl. b, occupait successivement les volumes intermé- 
diaires, entre celui de leur état normal et le gonflement maxime 
dù à latempérature de 100+. Par le refroidissement on les voyait 
se contracter et former des plis ; à 6o°, la substance interne gon- 
flée faisait hernie au dehors de re grains. 


Rupture et dissolubilité à froid. 


On peut cependant faire rompre les grains les moivs résistans 
des fécules desséchées préalablement à -+ 140° dans le vide, 
en laissant leur température s’abaisser seulement à + 40° cen- 
tésimaux, puis les jetant dans de l’eau non aérée également 
à + 40°. Alors, suivant l’âge ou l’organisation plus ou moins 
serrée des grains, l’eau pénètre dans quelques-uns avec assez de 
force et de rapidité pour les gonfler, opérer des déchirures 
visibles au microscope, et désagréger les parties le plus divisées, 
qui, se répandant alors dans le liquide, y peuvent être décelées 
par l’iode; d’autres réactifs démontrent leur contractilité. Nous 


PAYEN. — Sur Ll’Amidon. 87 


verrons qu’en augmentant l'énergie des mêmes moyens, on 
pousse plus loin cette désagrégation, qui atteint par degrés les 
couches plus anciennes et le plus fortement agrégées de tous 
les grains d’amidon. 


Contraction de l’amidon hydraté, par le refroidissement. 
24 > P 


En réfléchissant à l’extensibilité remarquable de l’amidon hy- 
draté, sous l’influence de la chaleur, je fus conduit à penser 
qu’un effet inverse serait produit par l’abaissement de la tem- 
pérature. 

Plusieurs expériences curieuses ont justifié cette hypothése ; 
ainsi l’'amidon délayé et chauffé dans 5o à ro0 fois son poids 
d’eau, à des températures variées, entre 70 et 100’, puis jeté sur 
un filtre, laissa couler des liquides diaphanes, incolores, qui, 
soumis à la température de — 10°, puis dégelés, offrirent une 
grande partie de la substance contractée, apparaissant en flo- 
cons volumineux avec ses propriétés caractéristiques. Le magma 
resté sur le filtre, complètement égoutté, puis soumis à la con- 
gélation, fut tellement contracté, qu’apres le dégel il s’en sépara 
spontanément une eau limpide abondante. 

Le même effet de contraction opéré sur l’empois en la con- 
gélation, permet d’en éliminer l’eau qui exsude facilement après 
le dégel comme d’une matière spongieuse, sous une faible pres- 
sion ; il peut donner une sorte de cartonnage moulé, blanc, 
opaque, en le laissant égoutter et sécher à l'air. 


Séparation entre l'amidon et l'eau, par un simple rapproche- 
ment dans le vide à froid. 


Des évaporations dans le vide et des contractions alternati- 
ves par congélation, séparent en définitive complètement Pa- 
midon de o à 200 fois son volume d’eau, dans laquelle on 
l'avait distendu ou dissous, par une élévation de température 
à +70 ou go°. Ainsi, par exemple, un gramme de fécule rapide- 
ment porté à 70° dans bo grammes d’eau, puis refroidi et con- 
gelé, laissa sortir en dégelant un liquide clair, dont 25 centim. 
cubes furent rapprochés à o dans le vide; le résidu, délayé sans 


38 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


frottement avec 4 grammes d’eau à + 10°; contenait des flocons 
que l’on sépara, le liquide clair qui en fut extrait, rapproché 
encore à siccité dans le vide et délayé, offrit quelques flocons 
que la congélation resserra, et qui, séparés du liquide, avaient 
toutes les propriétés de l’amidon; quant au liquide, il ne con- 
tenait plus que des traces impondérables d’amidon; rapproché 
à sec et délayé, il laissa voir quelques parcelles floconneuses à 
peine perceptibles et bleuissant par l'iode, mais impondé. 
rables. 


Séparation de lamidon dissous dans l'eau, en filtrant celle-ci 
au travers des tissus des végétaux. 


Si l’amidon!, même très étendu dans l’eau, conservait entre 
ses particules de telles relations, que des agens peu énergiques, 
ou même un simple abaissement de température, fissent con- 
iracter celles-ci et les agrégeassent entre elles, un filtre consi- 
dérablement plus fin que tous ceux de nos laboratoires pouvait 
aussi déterminer leur agglomération et les arrêter au passage. 

J'ai cherché ce filtre dans les spongioles des radicelles des 
plantes ; l'expérience réussit sans difficulté en opérant ainsi: le 
liquide diaphane. et refroidi d’une partie d’amidon chauffé à 
100° dans 100 parties d’eau, fut réparti entre deux éprouvettes; 
dans l'une on implanta les radicelles d’un bulbe de jacinthe, et 
l'on vit, au bout de vingt heures, de légers flocons d’amidon se 
séparer, tandis que dans l’autre éprouvette la limpidité n'avait 
pas été troublée. 

La précipitation augmente graduellement autour des radi- 
celles. Si l'on plonge ensuite celles-ci dans l’eau pure, puis dans 
une solution aqueuse d’iode, on voit les flocons se détacher en 
uné belle nuance bleue sur le fond jaunâtre des radicelles. Un 
frottement léger enlève toute la surface bleuie; alors les sec- 
tions dans l'axe ou perpendiculaires à l'axe des radicelles, sont 
complètement exemptes de substance bleuissable , l’'amidon 
n’a donc pu pénétrer dans le tissu ; la superficie de lépi- 
dériné au bout des spongioles a seule retenu une très légère 
couche amylacée adhérente : c’est un effet de la succion plus 


PAYEN. — Sur l'Amidon: 89 


forte en ce point; toutefois, le tissu sous-jacent n’a été pénétré 
que par l'eau éliminée pure des flocons amylacés. 

Ce mode d’expérimentation varié dans ses circonstances, et 
répété en employant les radicelles de plusieurs autres plantes, 
donna lieu aux mêmes phénomenes. Si, par exemple, on im- 
plante des radicelles dans un empois refroidi de 25 parties d’eau 
pour une de fécule, elles ne puisent encore que de l’eau exempte 
d’amidon. 


Gonflement énorme de l’amidon par la pénétration à;froid d’une 
eau faiblement alcalisée. 


Une expérience curieuse laisse distinctement apercevoir l’ef- 
fet de l'extensibilité remarquable de l’amidon. 

On alcalise faiblement de l’eau, par exemple, en y dissolvant 
0,02 de son, volume d’une solution de soude à 35°; puis on y 
projette, sous le microscope, des grains d’amidon, et lon voit 
ceux-ci se gonfler considérablement, se dérider, puis s'étendre 
beaucoup, et assez irrégulièrement pour former plusieurs plis 
allongés. Les fig. f”, g, H de la planche 1“ montrent ce phéno- 
mène graduellement opéré. 


Mesure du gonflement de l’amidon. 


En comparant les grains d’amidon avant et après leur gon- 
flement par l’eau alcalisée, on vit que la surface de leur pro- 
jection horizontale était augmentée dans le rapport de 1 à 30; 
ils avaient d’ailleurs, tout en se gonflant, subi une dépression 
difficile à mesurer, mais dont nous avions tenu compte en 
portant l'augmentation totale à 75 ou 8o fois le volume pri- 
mitif. 

Deux expériences nous ont paru propres à vérifier approxi- 
mativement ces mesures : l’une consistait à délayer de l’amidon 
à froid dans un volume d’eau alcalisée, moindre que celui qu’on 
lui supposait pouvoir acquérir, et dans ce cas ses grains gonflés 
les uns sur les autres devaient occuper le volume total, retenus 
même dans leur gonflement par le manque-de liquide, et main- 
tenus adhérons par la portion de leur substance qui, plus fai- 


90 PAYEN. — Sur l’Æmidon. 


blement et plus récemment organisée, s’est désagrégée, puis 
interposée entre les grains. 

L'autre tenait à l'emploi d’un excès de liquide, qui permit à 
tous les grains de prendre leur maximum de développement, 
puis de se précipiter ensuite, en se reposant les uns sur les 
autres. & 


Les faits suivans confirmérent ces prévisions. 1° L'on agita 
pendant deux minutes l’amidon à froid avec 5o fois son poids 
d’eau , contenant 0,02 de solution de soude à 36°, ce qui cor- 
respond à moins de o,o1 de soude pure. Les grains gonflés 
occupèrent effectivement toute la masse, et le liquide ne sur- 
nageait pas, même au bout de vingt-quatre heures. 2° La même 
expérience fut répétée en employant 150 parties d’eau alcali- 
sée pour une d’amidon. Les grains gonflés commencèrent en 
moins d’une minute à se déposer, etau bout de douze heures 
comme après vingt-quatre heures, surnagés par un liquide dia- 
phane, ils occupaient un volume de 72,6; leur premier volume 
observé au bout de vingt-quatre heures, dans l’eau pure, avant 
le gonflement, étant à. (1) 


Plus fort gonflement opéré par un effet d’endosmose. 


Si les grains plissés n’avaient pas éprouvé de déchirures, et 
si les grains déchirés avaient conservé dans leurs parties in- 
ternes la propriété spongieuse , un nouveau gonflement devait 
déplisser les premiers et augmenter le volume de tous. J’essayai 
d'obtenir ces effets, et j'y parvins à l’aide d’un phénomène d’en- 
dosmose que produisit une addition d’eau pure. 

Ainsi, en ajoutant de l’eau au mélange de la première expé- 
rience, 100 fois le poids de l’amidon, agitant et examinant sous 
le microscope, on obtint le déplissement de la plupart des 
grains et l'augmentation du volume de tous; celle-ci fut d’ail- 
leurs manifeste au bout de douze heures, car alors la masse des 
grains d’'amidon occupait, sous le liquide diaphane surnageant, 
96 fois le volume primitif de l’'amidon employé. 


(1) x gramme de fécule non déformée occupe dans l'eau pure à + 10° le volume de 
r. cent. cub, 55 avec l’eau interposée. 


PAYEN. — Sur L’'Amidon. 91 


or ou perméabilité differente dans les amidons de 


différens âges. 


Il me sembla que l’on pourrait entiere à l’aide de la réaction 
des solutions alcalines faibles , si l’amidon est doué de degrés 
différens de cohésion, suivant son âge. À cet effet, de très pe- 
tits tubercules de pommes de terre, n'ayant encore que trois à 
quatre millimètres de diamètre, furent écrasés entre les doigts 
dans l’eau; l’amidon trés fin qui en sortit fut lentement déposé. 
Quelques grains mis en contact, sur le porte-objet du micro- 
scope, avec une solution de soude à 36”, étendue de 100 fois 
son volume d’eau, se gonflèrent considérablement. Plusieurs 
d’entre eux, irrégulièrement allongés, formèrent de longs re- 
plis; mais dans le plupart la dilatation, plus uniforme que dans 
les amidons moins jeunes, laissait voir une figure arrondie peu 
ou pas plissée, ou sans déchirures. L’addition d’iode ou d’eau 
acidulée rendait plus évidente cette particularité remarquable. 

Une solution alcaline deux fois plus faible avait donc produit 
les phénomènes précités. La même observation fut faite en em- 
ployant l’amidon de jeunes tubercules d’oxalis crenata. (1) 

Afin de recherther si la plus petite dimension des grains n’é- 
tait pas aussi une circonstance déterminante, je soumis aux 
mêmes essais de l’amidon extrait de batates bien mures. Il exi- 
gea l'emploi de la plus forte solution pour produire les mêmes 
phénomènes; toutes choses égales d’ailleurs. ‘Ainsi les dimen- 
sions ont peu ou pas d'influence, quand elles ne résultent pas 
de l’âge ou de particularités dans la végétation qui auraient 
modifié la cohésion. 

11 était probable que l'énergie absorbante, accrue dans l’a- 
midon par une forte dessiccation à + r20° dans le vide sec, 
favoriserait aussi beaucou» la pénétration de l’eau alcalisée. En 
effet cette dernière, deux fois plus étendue (c’est-à-dire, conte- 


(x) C’est ainsi que les différens grains d’amidon &’un même tubercule se rompeut et se dé- 
tendent successivement dans l’eau à des températures différentes ; alors ces effets suivent évie 
demment les degrés d'une cohésion graduellement acquise avec l’âge de leur formation. 


92 PAYEN., — Sur L’_Amidon. 


nant 0,01 de solution), fit gonfler alors l’amidon des pommes 
de terre müres; quelques grains étaient même déchirés par 
suite, sans doute, de la rapidité fu gonflement. 

Des phénomènes analogues, avec les mêmes différences dues 
sans doute aux mêmes causes, eurent lieu en employant des 
solutions d’acide sulfurique ; mais il fallut donner à celle-ci une 
très forte acidité, car la solution qui fit gonfler et rompre des 
grains mürs d'amidon contenait 0,3 de son volume en acide 
à 66°, et la plus faible, qui suffit pour gonfler et rompre les 
plus jeunes amidons , contenait 0,2 de son volume d'acide con- 
centré. Il faut donc environ 100 fois plus d'acide sulfurique 
que de soude pour opérer à froid la désagrégation de la fécule. 

On constatait facilement des déchirures sur la plupart des 
grains gonflés; enfin on put observer le développement , con- 
ünuant après la rupture, et souvent même se prononçant 
dans la matière interne qui se gonflait en dehors. La solution 
d’iode rendit encore tous ces phénomènes très distincts sous le 
microscope. 


Théorie de la-formation de l'empors et de ses changemens 


physiques. 


Il n’a pas fallu moins que toutes les notions qui précèdent 
sur les propriétés organiques, physiques et chimiques de l'a- 
midon pour comprendre et expliquer nettement la formation et 
les altérations mécaniques de l’empois. : 

Nous avons vu, soit par l'examen microscopique dans la pre- 
miere et la Liane sections de ce mémoire, soit par les ré- 
actions sur de plus grandes masses ci-dessus indiquées, l’exten- 
sion considérable acquise par les fécules lorsqu'elles absorbent 
l’eau à froid sous l'influence de 0,01 de soude ou de potasse: 
nous avons.montré comment l'élévation de la température, fa- 
cilitant aussi l’hydratation et l'extensibilité de la matière amy- 
lacée, chaque grain dans ce cas se gonfle encore considéra- 
blement, de manière à pouvoir occuper plus de 30 fois son 
volume ordinaire. Or, toutes les fois que l’espace dans Île liquide 
manque à ce développement maxime, tous ces grains sont né: 


PAYEN. — Sur l’ Amudon. 93 


cessairement en contact, pressés les uns contre les autres; sou- 
ples d’ailleurs et doués d’une certaine élasticité, ils se trouvent 
maintenus adhérens par leurs parties moins résistantes dissémi- 
nées dans le liquide ambiant; ils occupent donc ainsi tout le 
volume du mélange, et lui donnent la consistance gélatineuse 
quechacun d’eux possède en particulier. (Cet:effet, en somme, 
est tout-à-fait comparable à celui obtenu à froid par les solu- 
tions alcalines). : 

Après le refroidissement , la contraction propre encore à la 
fécule hydratée, et dont nous avons exposé divers exemples , 
resserre les grains gonflés, les scelle plus étroitement par la 
matière amylacée libre qui les environne : de là cette contrac- 
tion qui durcit l’empois, le fait fendiller, et laisse exsuder quel- 
quefois une portion du liquide, entrainant les parties trés faible- 
ment organisées qu’il a pu dissoudre. 


Maximum et minimum d'empois produits par l'amidon des 
pommes de terre. 


M. Dumas m'ayant invité à examiner le phénomène curieux 
d’une production extraordinaire d’empois par une fécule com- 
merciale, je constatai d’abord que cette fécule ne contenait 
aucun corps nouveau : sa propriété spéciale pouvait dépendre 
de l’extensibilité variable de l’amidon; ayant d’ailleurs observé 
que cette substance se désagrège peu-à peu dans l’eau chaude ; 
je supposai qu’elle retiendrait d'autant plus d'eau interposée , 
que son gonflement à chaud serait plus rapide et l'influence de 
l’eau à cette température moins prolongée. 

J'essayai donc de la mettre dans les circanstances où certains 
corps (argile, par exemple), sont rapidement délayés : à cet 
effet , la fécule bien desséchée dans le vide à + r120° et refroidi, 
fut délayée dans 25 fois son poids d’eau, chauffée préalablement 
à 68°; le mélange acquit immédiatement une consistance d’em- 
pois, qui augmenta avec la température vivement portée à 
+ 90°. 

Tandis que la fécule mise à froid, dans les mêmes propor- 
tions d’eau, chauffée graduellement à 65 , puis portée en trois 


94 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


heures à 90° (sans déperdition d’eau), conserva une fluidité 
sirupeuse. Nous ajouterons, pour fixer les idées par des nom- 
bres, que le développement complet, mais rapide, de 10 gram- 
mes de fécule dans 200 grammes d’eau, donna un empois aussi 
consistant que celui obtenu de 14 grammes de la même sub- 
stance lentement hydratée. 


Empois converti en mucilage à 140°. 


Dans l'expérience qui nrécède, le ramollissement de l’amidon 
hydraté résultait, sans doute, de la désagrégation plus avancée 
par une température plus long-temps soutenue, on devait donc 
obtenir probablement un effet plus sensible encore à l'aide 
d’une plus haute température. 

Afin de vérifier cette hypothèse, je disposai une éprouvette 
en cuivre capable de résister à une forte pression. 57 grammes 
d'empois très consistant (formé de 7 grammes d’amidon et de 
5o cent. cubes d’eau) y furent introduits; puis, après avoir her- 
métiquement fermé le vase, on chauffa le tout à 140° durant 


une demi-heure. 
L'appareil étant refroidi, on en retira la substance amylacée : 


elle avait perdu sa consistance forte, qui s'était changée en une 
fluidité mucilagineuse. 

Ainsi, dans ce dernier cas, pour 100 parties d’eau, 14 parties 
d’amidon donnèrent moins de consistance que » parties dans 
la premiere expérience, ou, à poids égal, firent trois fois moins 
d'effet. 

Nous montrerons plus loin d’autres résultats, qui seront aussi 
d’autres preuves de ces différens degrés de désagrégation de la 
substance amylacte. 


PAYEN — Sur L’Amidon. 95 


ACTION DE L'IODE SUR L'AMIDON. 


Phénomènes de coloration et de décoloration par liodure ; effets remarquables de 
sa contractilité ; variations de couleur et de stabilité produites par toutes les 
causes de désagrégation de la substance amylacée, composition. 


Un des caractères les plus curieux de l’amidon est sa colora- 
tion bleue ou violette sous l'influence de l’iode. 

Cette couleur est d'autant plus intense, plus rapprochée du 
bleu pur, et plus stable, que l’amidon est mieux agrégé ou 
moins désagrégé. 

L'effet de la désagrégation graduelle de la substance amylacée 
est de lui faire prendre, lorsque ensuite on l’unit à l’iode, des 
nuances violettes virant de plus en plus au rouge; la même 
substance, aux premiers degrés de son organisation naissante 
dans les plantes, développe, sous l'influence de l’iode, des 
nuances rougeûtres, violettes, puis bleues. 

La contractilité de l’amidon distendu ou dissous dans l’eau, 
puis bleui, est d'autant plus grande, sa précipitation plus facile, 
la dissolution par la chaleur plus lente et difficile , que la sub- 
stance amylacée à été moins fortement divisée préalablement 
dans le liquide. 

Les parties moins désagrégées sont aussi celles qui se com- 
binent les premières avec l’iode et qui le retiennent plus forte- 
ment, en présence de l’eau, de l'air, de la lumière et de la 
chaleur. 

L’élévation de la température, la lumière, les bases, l'alcool, 
et divers agens, enlèvent l'iode à l’'amidon. 

T’abaissement de la température, la présence des acides, des 
sels neutres, etc., contractent liodure bleu et parfois le font 
reparaîitre au milieu des liquides décolorés; le chlore en faibles 
proportions produit le même effet quand la décoloration ré- 
sulte d’une formation d’acide iodhydrique. 

La coloration bleue par l'iode ne peut étre attribuée à l’action 
de l'air, ni à la présence d’un produit volatil dans lPamidon. 


96 PAYEN., — Sur l’ Aimidon. 


Nous allons démontrer par des faits toutes ces assertions. 

Dans le rapport sur nos précédens mémoires, les commis- 
saires de l’Académie indiquèrent trois expériences utiles; je les 
ai faites. Voici leurs résultats : l’iode produit la coloration bleue 
sur l’amidon dans l’eau privée d’air comme dans l’eau aérée; la 
fécule chauffée même à +140 dans l'eau, bleuit encore par 
liode après le refroidissement, bien que l’empois, très consistant, 
traité ainsi, n'ait plus alors qu'une viscosité et une transparence 
analogues à celles de la gomme adraganthe délayée à l’eau froide. 

L'amidon chauffé et dissous par la diastase dans un appareil 
clos, ne donne aucun produit distillée auquel on puisse attri- 
buer la propriété de bleuir par liode. Ainsi ce n’est point un 
corps étranger volatil qui communique à lamidon cette pro- 
priété. 


Pénétration de l’iode dans les grains d'amidon. 


Si l’on verse sur de la fécule à l’état normal une solution tres 
affaiblie d’iode, la coloration en violet. est d’abord assez superfi- 
cielle pour que les grains conservent leur transparence sous le 
microscope. 

De plus fortes proportions d’iode augmentent tellement l’in- 
tensité de la coloration ,que les grains semblent noirs et opaques 
lors même quils ont seulement un centième de millimètre ; 
la combinaison et la coloration ont pénétré jusques’ au centre ; 
on s’en assure en lavant, puis cassant plusieurs grains sous le 
microscope ; les solutions très affaiblies (à o,oo1 de soude et 
de potasse) décolorent également jusques au centre tous les 
grains bleuis. Lorsqu'on opère sous le microscope cette décolo- 
ration à l’aide de l’ammoniaque , on voit les couches extérieures 
perdre les premieres leur couleur, puis le même phénomène 
gagner graduellement jusques au centre. 


Variation des nuances communiquées à l’amidon par liode. 


La fécule exempte de toute altération , désagrégée dans mille 
fois son poids d’eau par une température de 100, donne une 


PAYEN. — Sur l’Amudon. 97 


solution qui , filtrée , acquiert une belle teinte bleue indigo par 
l’iode ; un excès du réactif, par sa propre coloration jaune, fait 
virer la nuance au vert. 

Une foule d’altérations et un faible degré d’agrégation dont 
les jeunes grains d’amidon entiers ne sont pas toujours exempts, 
donnent à la matière 'amylacée la propriété de se teindre en 
rouge fauve pér l’iode, en sorte que le mélange des parties plus 
ou moins altérées ainsi donne diverses nuances de violet. 

Les divers degrés de désagrégation et de dissolubilité obtenus 
en traitant la fécule, soit par la température entre 200 et 220°, 
soit par l'acide sulfurique concentré ou étendu, soit par la dias- 
tase en arrétant chacune de ces réactions à différens termes, 
donnent, avec un léger excès d’iode, des colorations violettes 
virant de plus en plus au rouge. : 

Les premières gouttes de la solution diode produisent une 
coloration bleue en se combinant d’abord aux parties le moins 
désagrégées; de nouvelles additions font virer la nuance au vio- 
let de plus en plus r'ougeûtre. 

Les solutions alcalines de soude et de potasse désagrèsent 
évidemment moins la fécule que la haute température, les acides 
forts et la diastase, car dans le premier cas le liquide conserve 
une consistance mucilagineuse prononcée, Cette moindre dés- 
agrégation se manifeste aussi par l’iode qui donne encore des 
nuances bleues. 

D'après les observations de M. Lassaigne, la combinaison 
qu'on obtient en versant peu-à-peu une solution alcoolique 
d'iode dans la partie dissoute de la fécule extraite à froid par un 
long broyage, est caractérisée en ce que sa solution aqueuse 
s'affaiblit en couleur au fur et à mesure que sa température s’é- 
lève et jusqu'à ce qu’enfin elle disparaisse à une température de 
+ 89 à 90° centésimaux. 

En laissant refroidir la liqueur décolorée, on la voit reprendre 
peu-à-peu une légère teinte bleue qui se fonce de plus en plus 
à mesure que la température s’abaisse, et acquiert ensuite la 
même intensité qu'avant d’avoir été chauffée. 


X, BorTanx, — Août, 


si 


98 __ PAYEN. — Sur l’Amidon. 


Action de la lumière sur l’iodure d'amidon dissous. 


La lumière exerce une action décomposante sur la solution 
d’iodure d'amidon dans l’eau ; diffuse, elle affaiblit lentement la 
couleur bleue ; mais cet effet se produit en quelques heures, 
lorsque la solution est exposée à l’action directe des rayons du 
soleil, la température étant de 30 à 4o degrés. 

Ce phénomène, comme l'a expliqué M. Guibourt (Journal de 
chimie médicale, tom. 5. 1829) est dù à la décomposition de 
l’eau, qui forme de l'acide hydriodique, et à la volatilisation de 
l'ionde ; nous verrons plus bas qu'il peut rester de l’iodure d’a- 
midon non visible directement. 

M. Lassaigne à fait voir que la solution, ainsi décolorée par 
une exposition aux rayons ardens du soleil, peut reprendre en 
partie sa belle couleur bleue par l'addition de quelques gouttes 
de solution aqueuse de chlore. Les résultats suivans sont encore 
dus à cet habile chimiste : 1° des solutions de chlore et de 
brôme mélées à la solution d’iodure d'amidon la décolorent à 
l'instant ; il se produit des chlorures et des bromures d’iode qui 
restent dans la solution ; l’acide sulfureux ajouté, rétablit peu- 
à-peu la coloration en transformant le chlore et le brôme en 
acides hydrochlorique et hydrobromique, et passant lui-même 
à l’état d'acide sulfurique par l’oxigene de l’eau. 

La potasse, la soude, la chaux, l’eau de baryte et l’'ammo- 
niaque décolorent l’iodure d’amidon , comme l'ont remarqué 
MM. Colin et Gaultier de Claubry ; lorsqu'on sature ces bases 
par un acide , la combinaison bleue est reproduite. 

Pour déterminer la composition de cet iodure, M. Lassaigne 
o sursaturé, par une solution alcoolique d’iode, une solution 
d’amidon titrée et fait évaporer le liquide à sec, dans le vide, 
au-dessus de l'acide sulfurique concentré; du poids du résidu 
sec, il a cru pouvoir déduire la proportion d'iode combinée, qui 
s'est trouvée, d'après un seul essai, égale à 41,79 d'iode pour 
58,21 d'amidon. 

La série suivante de mes expériences explique et complete 


PAYEN. — Sur L’Amidon. 99 


les faits précités ; elle met de plus en plus en évidence les carac- 
tères organiques et les propriétés physiques et chimiques de 
Vamidon. On y trouvera notamment l'explication des phéno- 
mènes de l’iodure blanc et de la réapparition de la coloration 
bleue, par des corps incapables d'isoler l’iode de l'acide iodhy- 
drique; enfin on y reconnaîtra la cause des variations dans les 
résultats des essais sur l'équivalent d’iode. 


Action de la température sur liodure d’amnidon étendu ou 
dissous dans l’eau. 


Afin de déterminer la limite de la température utile à la 
décoloration du composé bleu , j'ai cherché quel serait le degré 
au-dessous duquel il n’y aurait plus de diminution sensible 
d'intensité dans la coloration. On reconnait ainsi qu’à 64° en 
présence d'un excès d’iode , la coloration bleue est permanente, 
tandis qu à 66° l’iodure se dissout complètement dans une suf- 
fisante quantité d’eau, et perd toute sa couleur bleue qu’il re- 
prend par le refroidissement si l’on a opéré dans un tube clos 
contenant un excès du réactif, autrement l'intensité diminuerait 
surtout par la volatilisation de l’iode. La décoloration exige des 
températures graduellement plus élevéesau fur et à mesure que 
l’on augmente les proportions d'amidon dans le liquide : elle pa- 
rait donc, ici encore, tenir à l'extension ou dilatation de l’iodure, 
dissous en plus forte proportion par des températures plus éle- 
vées. Cette décoloration a lieu sans doute lorsque les groupes 
moléculaires du composé sont assez écartés pour laisser passer 
sans la réfraction spéciale les rayons de lumière. 


Opacité de l’iodure d’amidon. 


L'iodure d’amidon est opaque sous une épaisseur d’un cen- 
tième de millimètre; on le constate aisément en interposant 
entre lœil et la lumiere une solution de 1 gramme d’iodure dans 
1000 centimètres cubes d’eau contenue entre deux lames paral- 
lèles en verre, écartées de 1000 centièmes de millimètre ou 
d’un centimètre, puis s’assurant que la lumière n’est pas sensi- 
blement transmise au travers de la couche liquide. 


“3 
A 


100 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


Cette observation avait beaucoup contribué à me faire consi- 
dérer l'iodure d’amidon comme distendu plutôt que dissous, et 
celte opinion m'a dirigé vers les expériences suivantes, qui 
toutes ont réussi. 

En admettant la solubilité réelle de ce composé bleu, on ne 
peut nier que la disposition particulière de ses particules soit 
telle qu’une foule d’agens les sépare du liquide par une très lé- 
gere contraction, et qu’alors l’insolubilité soit évidente, comme 
le prouvent les faits suivans. 


Séparation de l'iodure d'amidon par l’ichthyocolle. 


L'ichthyocolle battue, détrempée, lavée à froid et délayée 
dans la solution d’iodure, entraîne ce composé bleu dans le 
réseau qu’elle déploie au milieu du liquide. On peut reconnaître 
à Pœil nu la séparation; on s’en assure par le filtre qui retient 
toute la substance bleuie. 


Précipitation et contraction de l'iodure par les acides, les 
sels , etc. 


Tous les acides, les composés binaires neutres et les sels es- 
sayés, ont produit cet effet avec une énergie et des phénomenes 

variés. 

Nous citerons entre autres les acides sulfurique, azotique, 
chlorhydrique, les chlorures de calcium , de barium, de sodium; 
les sulfates de chaux, de fer, de cuivre, de potasse et d’alumine; 
le carbonate de soude , le chromate de potasse, l’oxalate et l'hy- 
drochlorate d'ammoniaque. Ainsi les acides qui dissolvent l’a- 
midon libre contractent l’amidon uni à l’ivde : c'est une preuve 
de plus de la combinaison qui existe entre ces deux corps. 

La forme des précipités, leur réunion plus ou moins rapide 
et complète, la proportion des agens employés pour manifester 
la séparation entre l’iodure et le liquide, ont varié suivant : 
1° que l’amidon hydraté et dissous conservait encore plus ou 
moins de cohésion, qu'il était extrait de grosses fécules en flo- 
cons plus volumineux, ou 2° au contraire, que mieux divisé, ou 


PAYEN, — Our l’Amidon. 101 


extrait de fécules plus jEOne plus ténues, il éprouvait moins 
de contraction. 

De très minimes proportions de tous les agens solubles que 
nous venons d'indiquer peuvent déterminer à Ti instant cette sé- 
paration tranchée. 

Pour fixer les idées par des nombres, nous dirons : 1° qu’on 
l’obtient à l’aide d’une solution neutre de sulfate de chaux satu- 
rée (à + 10° de température) étendue de seize fois son poids 
d’eau pure versée dans un volume égal au sien du liquide bleu 
foncé, préparé en ajoutant à froid un léger excès d’iode à la dis- 
solution filtrée d’une partie de fécule de pommes de terre dans 
109 parties d’eau ; 2° qu’une solution contenant o,0007r de son 
poids de chlorure de calcium mêlée, à volume égal, avec le 
même liquide bleu, provoque aussitôt la séparation d’un coa- 
gulum bleu, mais que celui-ci, dans ces deux cas, occupe long- 
temps presque tout le volume, ne laissant voir que par des in- 
tervalles minces, et près de la superficie, le liquide diaphane 
interposé. : 

L’amidon désagrégé par divers agens, dissous à chaud, refroidi 
et uni à l’iode, exige des proportions d'autant plus fortes des 
agens précités pour être contracté, que la désagrégation a été 
poussée plus loin. 

Dans ces expériences et dans une foule d'autres qu'il serait 
trop long de rapporter ici, l’iodure d’amidon , lorsqu'il est pré- 
cipité, a d'ailleurs conservé toutes ses propriétés, et semble 
n'avoir éprouvé qu'un rapprochement entre ses parties. 

En eflet , la température nécessaire pour opérer la décolora- 
tion est d'autant plus élevée que liodure, sous l'influence des 
sels, à pris une plus forte cohésion, toutes choses égales 
d’ailleurs ; cette circonstance aurait de même pour effet de re- 
tarder la dissolution de toute autre matière soluble seulement 
à chaud. 


Précipitation de l’iodure d'amidon par un abaissement de tenr- 
péralure. 


Ce nouvel ordre d'invesligations me parait propre à démon. 


1 


102 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


trer directement les caractères contractiles de l'amidon hydraté 
uni à l'iode. 

Non-seulement j'obtins, après avoir congelé le liquide, la con- 
traction et l'élimination complète du composé bleu , même dans 
un liquide qui en contenait moins que la millième partie de son 
poids, mais encore cet élégant phénomène se manifesta par un 
simple abaissement de la température à zéro, sans congélation ; 
dans ce dernier cas, les flocons restaient quelquefois tellement 
volumineux dans trois à quatre cents fois leurs poids d'eau 
qu’ils occupaient toute la hauteur du liquide. Or, bien qu'ils se 
trouvassent pendant plusieurs jours en contact par une énorme 
surface , avec l’eau entre + 12 et 15°, il ne s’en dissolvit pas la 
moindre trace : un filtre les retint tous, et le liquide en sortit 
sans coloration bleue. Ainsi donc une contraction imperceptible 
directement , opérée sans l’emploi d'aucun réactif pondérable 
avait suffi pour ôter à l’iodure d’amidon la propriété de se main- 
tenir en dissolution dans l’eau. 

Ces flocons contractés par ce simple refroidissement se com- 
portent dans l’eau, à la température de +65 à 100°, comme 
s'ils eussent été coagulés par de minimes proportions de sels ou 
d'acides ; ainsi ils se distendent et se décolorent d'autant plus 
difficilement, et exigent pour cela une température d'autant 
plus élevée qu’ils ont pris une plus forte cohésion ; cependant 
cette nouvelle extension, qui les rend incolores et solubles à 
chaud, laisse reprendre une coloration bleue générale au liquide 
refroidi; on peut encore les contracter et les séparer de l’eau 
par un nouvel abaissement de la température à oc : leurs pro- 
priétés les plus fugaces ne sont donc pas plus altérées dans ce 
cas que leur composition chimique. 


Le phénomène de séparation par refroidissement de l’amidon 
étendu dans l’eau et bleui par un léger excès d’iode, varie lors- 
qu'une altération a eu lieu dans la solution aqueuse (avant l’ad- 
dition de l’iode), soit par le temps, soit par une ébullition 
trop prolongée. Dans ce cas, l’amidon se sépare incomplètement, 
et sa coloration par Piode est différente : les parties altérées ou 
excessivement distendues résistent à la contraction ; elles sont 
colorées en violet qu’un petit excès fait virer au rouge, tandis 


PAYEN. — Sur l’ AÆmidon. 103 


que dans l’eau contenant seulement 0,000 de son poids d’ami- 
don dissous à l’aide d’une température de 70 à r00° ou d’une 
courte ébullition, lexcès d'iode produit une nuance verdätre 
résultant du bleu d'amidon mélé à la couleur jaune du réactif. 


Les mêmes effets ont lieu par suite de broyages très éner- 
giques opérés sur l’amidon à froid, soit dans l'eau , soit à sec. 
Les mêmes différences de la contractilité, sous l'influence des 
acides, des sels , etc., ont lieu par suite de ces altérations. Après 
l’action des bases alcalines, les proportions précipitables par 
contraction sont d’autant plus faibles que la réaction dissolvante 
a été plus énergique, bien que la belle coloration bleu-indigo 
ait persisté. 

Après les réactions dissolvantes à froid ou à chaud des acides 
forts et de la diastase, les proportions de la substance bleuie 
précipitable par contraction, diminuent rapidement et d'autant 
plus que la nuance rougeâtre, signe certain d’une division plus 
avancée, domine plus. 

Toute précipitation par un effet de contractilité due au froid, 
aux acides et aux sels, cesse lorsque la substance amylacée est 
divisée au point de donner avec l’iode une nuance de violet rou- 
geâtre, à plus forte raison lorsque, plus atténuée, elle donne 
une coloration sensiblement rouge. 

En d'autres temps nous avons démontré lextensibilité et la 
contractilité très grandes de l’ichthyocolle réduite en gelée à 
froid, et la destruction de ces propriétés par une simple ébul- 
lition. 


Formation de l’iodure d'amidon invisible directement. 


Dans toutes les circonstances où les particules du composé 
bleu ou violet sont le plus distendues ou mieux dissoutes, ou 
plus divisées, la coloration disparaît. Nous rapportons à cette 
cause : 

1° Le phénomène de la décoloration et de la coloration alter- 
natives de l’iodure par la chaleur; et nous allons en citer plu- 
sieurs autres exemples. 


2° Lorsqu'on a transformé en dextrine et en sucre l’amidon 


104 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


par la diastase, on reconnait, en versant quelques gouttes d’ivde 
dans le liquide, que la transformation est plus ou moins com- 
plète. Cependant , lors même que l’iode ne produit pas ainsi dans 
les liquides étendus de coloration directe, souvent il arrive que, 
après l'avoir fait rapprocher en sirop, même par une ébullition 
vive , l'inde donne alors une coloration violette ou vineuse plus 
ou moins intense, que la plus grande distension de l'iodure 
rendait d’abord imperceptible. 

3° Dans une dissolution filtrée d’amidon ainsi que dans l’ami- 
don hydraté à 100° par cent fois son poids d’eau , puis incom- 
plètement attaqué par la diastase, si l’on verse à froid une goutte 
de solution d’iode, une nuance foncée, bleue ou violette, se 
manifeste dans les points en contact; mais, aussitôt que l’on 
agite, le composé coloré disparait en se répartissant dans toute la 
masse ou se dissolvant dans l’amidon libre. 

4° On obtient le même effet en versant à froid un excès de 
solution d’amidon sur le liquide qu’on vient de colorer par 
liode ; la même quantité d’eau ne détruit pas la couleur. 

5° Lorsque, après avoir fait disparaître plusieurs fois la couleur 
par une température intermédiaire entre 66° et 100° la diminu- 
tion de l’iode a réduit la proportion du composé bleu au point 
qu’il soit invisible , on le fait reparaître en contractant ses par- 
ties par un acide. 

6° Il en est de même dans la plupart des cas ci-dessus. Ainsi 
donc le composé existait, mais ses particules, trop écartées ne 
décomposaient plus la lumière. 


Composition de l’iodure d'amidon. 


L'analyse du composé bleu, publiée par M. Lassaigne, ayant 
été faite sur la partie la plus désagrégeable de lamidon, n'étant 
d’ailleurs assuré qu’une plus forte désagrégation enlevait gra- 
duellement à l’amidon son pouvoir de combinaison avec l’iode 
j'espérai obtenir un composé plus stable et mieux défini , en 
saturant à froid, avec un excès de solution aqueuse d’iode, la 
fécule pure, hydratée (par. cinquante fois son poids d’eau bouil- 
lante); mais desséchée alors dans le vide sec à + 100°, l'iodure 
ne retint que 0,07 d'iode. 


PAYEN. — Sur dl’ Armidon. 10) 


Afin de réunir des circonstances plus favorables , je crus de- 
voir répéter l'essai sur de la fécule pure intacte. Je l’agitai à froid 
dans une solution aqueuse saturée d’iode, que la fécule décolo- 
ra, en lui enlevant tout l’iode et se colorant elle-même en bleu 
intense. Je renouvelai la solution jusqu’à ce que sa coloration 
jaune persistât sans diminution sensible; alors l’iodure en grains 
opaques d’un bleu très intense fut desséché dans le vide sec à 
12°; puis soumis à une nouvelle dessiccation à 110°, dans le 
vide au-dessus de l’acide sulfurique concentré, il fut pesé en 
cet état; enfin lavé avec une solution froide d'ammoniaque qui 
le décolora en enlevant l'iode, puis à l'eau distillée et séchée à 
110°, il devint manifeste qu’il avait acquis d’abord, puis perdu 
ensuite 0,057 diode, ce qui était loin de correspondre à deux 
atomes ou un équivalent, ou même à un seul atome. Il était d’ail- 
leurs possible que la combinaison n’eût pas atteint ses limites 
dans l’intérieur des grains de fécule. J'essayai de favoriser la 
réaction par une hydratation préalable à chaud, puis de rendre 
le composé bleu plus stable par l’addition d’un sel neutre: à 
cet effet, 5 décigrammes de fécule pure, séchée à 120° dans le 
vide, furent hydratés au bain-marie à la température de + 80° 
dans 100 centimètres cubes d’eau, le liquide étant refroidi à +- 
5o°. On y versa un excès de solution saturée d’iode, ce qu'an- 
noncait la nuance bleue formée virant au vert. 

On ajouta alors 1 gr., 5 de chlorure de sodium dissous dans 
10 gr. d’eau, et ayant abaissé la température du mélange à + 
5°, l'iodure bleu, précipité en flocons, se rassembla au fond du 
vase; le liquide surnageant était jaune et contenait évidemment 
un excès d’iode. 

Décanté, filtré, rapproché, ce liquide donna quelques flocons 
impondérables d’iodure bleu sans autre résidu, tout l’iodure 
floconneux recueilli avec soin et pesé, donna un poids net, en 
tenant compte du sel interposé et après dessiccation à 100° dans 
le vide, de 538, ce qui représentait 38 d'augmentation de poids 
du à liode, ou 7:10 pour 100, ou un peu moins d’un dixième 
d'équivalent. 


106 PAYEN. — Sur L Amidon. 


Saturation de l’amidon en grains par la vapeur d'iode. 


Un moyen analogue à celui qui procure un terme constant 
d'hydratation, me parut devoir être tenté pour saturer l’amidon 
en grains par l'iode. 968 millig. de fécule à 0,18 d’eau, furent 
placés dans un tube clos en présence de 4 gr. diode préci- 
pités par l’eau sur un filtre. | 

La fécule prit peu-à-peu et successivement, à partir des 
points rapprochés de l’iode, les nuances orangée jaune, violacée 
terne, violet rougeâtre, violet, indigo, indigo foncé presque 
noir. j 

Le filtre acquérait en même temps les colorations analogues 
suivantes, dues aux quantités accrues par degrés de l’iode, dis- 
tribué sur son tissu: jaune fauve, orangé , fauve violacé, violet 
ruugeàtre, violet foncé. 

La tension de la vapeur d’iode fut de temps à autre soutenue 
en maintenant la température de la partie du tube correspon- 
dante au filtre de 25 à 5o°. 

Au bout de dix jours, toutes les parties de l’amidon, parais- 
sant pénétrées au maximum par la vapeur d’iode condensée , on 
retira le filtre, l’iodure, après dessiccation dans le vide sec à + 
15°, pesait 904". D’après des expériences antérieures, il devait 
alors retenir 2 atomes d’eau ; en effet, la dessiccation poussée à ses 
limites par une température soutenue de 100 à 105° dansle vide, 
occasiona une perte d’eau égale à 78" : il restait donc d’iodure 
sec un poids de 826, et retranchant l'équivalent sec de la fécule 
employée ou 704, il restait 3,2 pour le poids de l’iode en com- 
binaison ce qui ne représente que 4 pour 100 d'iodure : ainsi 
la saturation était plus incomplète que par les autres procédés. 


Saturation de l’amidon par l’iode déterminée sans dessiccation. 


Craignant encore qu'une cause d'erreur, dans les essais pré- 
cédens, fût due à la volatilisation d’une partie de l'iode, j'ima- 
ginai un autre mode de vérification qui permit d'apprécier le 
pouvoir saturant de lamidon, pour l’iode, sans obliger à aucune 
évaporation: voici comment J'expérimentai. 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 107 


5 décigrammes de fécule à 0,18 d’eau, représentant 41 cent. 
d’amidon à un atome d’eau, furent délayés dans 100 cent. 
cubes d’eau; le mélange fut chauffé à l’ébullition , puis refroidi; 
on y versa 184,5 milligr. diode dissous dans r4 cent. cubes 
d'alcool; le liquide d’un bleu très foncé fut agité de temps à 
autre pendant une demi-heure , alors on ajouta 2 gram. de sel 
marin en poudre, et lorsqu'il fut dissous par l'agitation, on laissa 
déposer. 

Il était d'avance évident que la quantité d'iode employée étant 
proportionnée à l'équivalent de deux atomes pour un d’amidon 
(:: 1570,5: 2042.), si la combinaison avait lieu dans ce rapport, 
il ne devait plus rester d’iode libre en solution, et après la pré- 
cipitation le liquide surnageant eût été incolore; mais loin de 
là sa nuance annonça qu'il était saturé d’iode dont il y avait par 
conséquent un grand excès. 

Dans la prévoyance de ce résultat, j'avais disposé presque si- 
multanément un mélange tout semblable, sauf l’amidon qui en 
avait été complètement exclus. 

Dans ces deux liquides, une partie de l’iode s’étant précipitée, 
J'ajoutai peu à peu dans le premier assez d’eau pour tout redis- 
soudre, et même un excès que l’affaiblissement de sa nuance 
annonça. Îl en contenait alors 450; j'ajoutai ensuite assez d’eau 
dans le premier pour arriver enfin à une égale intensité de 
nuance; il en fallut en totalité 500 c,c ; ainsi donc, l’iode ab- 
sorbé par la fécule était représenté par un dixième seulement 
de la quantité qui eût représenté un équivalent, et c'était là 
un maximum, puisque l’amidon restait en présence d’un excès 
d’iode dont l’évaporation était rendue impossible. 

‘Il paraissait donc bien évident que la faculté de combinaison 
de la fécule pour l’iode dépendait de la cohésion acquise 
entre ses parties, et que ce pouvoir ne pouvait jamais atteindre 
à la limite correspondante à un équivalent d’iode ( 042,1570,5). 

Cependant une expérience de M. Lassaigne avait approché de 
ce résultat que j'avais obtenu ensuite, moi-même , en la répé- 
tant dans des circonstances analogues, c’est-à-dire en versant 
un grand excès de solution alcoolique d’iode sur de lamidon 
hydraté ou dissous; et séchant à froid, j'ai trouvé l'explication 


108 PAYEN. — Sur l Amaidon. 


de cette anomalie apparente en découvrant dans l’iodure ainsi 
préparé des cristaux d’iode. 

On observe facilement ces cristaux sous le microscope en 
mélangeant une goutte de solution aqueuse d’amidon avec une 
goutte de solution alcoolique d’iode saturée, sur le porte-objet : 
on voit aussitôt une belle cristallisation de longs prismes qua- 
drangulaires opaques ,souvent opposés bout à bout, étincelans 
comme des lames d'acier poli; les plus longs ont 25 centièmes 
de millimètre, et seulement r centième de millimètre de lar- 
geur ; ils sont terminés tantôt en pointe acérée, tantôt par des 
pyramides à quatre faces; quelquefois plus courts, ils présen- 
tent une projection rhomboïdale. 

L’impossibilité d'unir l’iode à lamidon, dans les rapports des 
poids équivalens, me détermina à entreprendreune nouvellesérie 
d'expériences dans la vue d'apprécier, soit la force de combi- 
naison , soit ses différences dans les réactions entre l’amidon en 
grains intacts et l’iode : voici les principaux résultats de ces 
investigations. 


Action de la température sur les grains d'amidon hydratés et 
unis avec l’iode. 


La fécule pure, tenue pendant huit jours dans une solution 
aqueuse, saturée d’iode que l’on renouvela huit fois, fut des- 
séchée dans l'air à+-16° de température, Phygromètre marquant 
de 5o à 55°; pesée en cet état, puis séchée 12 heures à 15° dans 
le vide , elle perdit 22" sur 295 ou 6,8 pour cent, ce qui équi- 
vaudrait à 2 atomes d’eau, en supposant engagée dans cette 
combinaison la proportion d’iode observée (7,1 pour 100). : 

Il résulte de là que lamidon combiné avec l'iode retient 
dans le vide à + 15° autant d’eau que l’amidon libre dans les 
mêmes circonstances, ce qui est d'accord avec ies observations 
précédentes et celles qui suivent. 

En continuant à chauffer dans le vide pendant dix heures, 
a la température de r06°,il se dégagea 23" d’eau, ce qui corres- 
pond encore à 2 atomes; les dernières traces furent très diffi- 
ciles à enlever. 


PAYEN. — Sur l’.Amidon. 109 


Résistance remarquable acquise par l’amidon en grains sous 
l'influence de l'iode. 


La température ayant été portée très lentement dans le vide 
à 220°, qu'on soutint 4o minutes, il se dégagea d’abord de l’iode, 
puis le dégagement cessa; après le refroidissement dans le vide 
la matière était encore d’une nuance très foncée; on ajouta 2 
grammes d’eau, puis on dessécha, et la température ayant été 
portée à 220°, un nouveau dégagement d’iode eut lieu, mais la 
nuance était très foncée encore; l’iodure épuisé par l’eau ne 
céda que 5 milligrammes (ou 0,02) de la substance soluble désa- 
grégée, offrant les caracteres de la dextrine, mais se colorant 
en violet par l’iode. 

Ainsi, une très forte proportion de l’amidon avait été préser- 
vée par l'iode de la désagrégation que cette haute température 
eùt complètement opérée. 

Au contraire, la combinaison avait acquis une cohésion et 
une résistance très remarquables aux agens de dissolution, 

Sous le microscope, la plupart des grains étaient d’un bleu 
opaque presque noir, ceux-ci résistaient aux alcalis et aux aci- 
des concentrés à froid , et ne s’attaquaient que très lentement à 
chaud par lacide sulfurique concentré , qui alors dégageait de 
l'acide sulfureux. 

Les grains qui, plus faiblement organisés, avaient perdu la plus 
grande partie de l'iode, se montraient de couleur jaune foncée, 
translucides sous le microscope, insolubles dans Peau, fragiles, 
à cassures anguleuses vitriformes. 

L’acide sulfurique concentré les attaquait lentement à froid 
et les désagrégeait par degrés. 

Une stabilité aussi grande, donnée à l’amidon par l’iode, offre 
une preuve de plus d’une combinaison réelle entre ces deux 
corps. 


Solution de l’iodure d’amidon hydraté. 


Afin de vérifier si l'influence très grande de l’eau d’hydratation 
sur la désagrégation de la fécule contrebalancerait la tendance 


110 PAYEN. — Sur l’Æmidon. 


de l’iode à maintenir plus stables les parties de l’amidon en 
grains, je plongeai dans un bain d'huile chauffé à 162° de l’io- 
dure saturé d’iode en grains pulvérulens, à 2 atomes d’eau, 
placés dans un tube clos. Au bout de 30 minutes, cet iodure fut 
intégralement fondu; refroidi, il se présentait en masse vitri- 
forme diaphane jaune fauve, inattaquable par l’eau , soluble 
dans l'acide sulfurique froid, précipitable par l’eau en flocons 
bruns. 


Désagrégation par la chaleur de l’iodure en grains deri-saturé 
d’iode , mais hydrate. 


Voulant accroître l'influence de l’eau en diminuant celle de 
l'iode, je soumis brusquement dans un tube ouvert, à 162° de 
température, de la fécule unie seulement à 0,04 d’iode et con- 
tenant 4 atomes d’eau; après une demi-heure de réaction, les 
grains, primitivement d’un wiolet foncé, étaient de couleur fauve, 
diaphanes, cassant comme de petits granules de gomme , très 
dissolubles à l'eau ; leur solution développait par l’icde une co- 
loration d’un violet rougeûtre : ainsi la présence de l’eau avait 
surmonté l’action constrictive de l’iode. 


Inertie de la solution alcoolique d’iode sur l’amidon sec , et de- 
composition de l’iodure d'amidon par l'alcool anhydre. 


Les deux expériences suivantes montrent que l’action entre 
l'alcool et l’iode est plus énergique que la combinaison entre 
l'ivde et l’amidon : que l’on agite dans un tube à froid une so- 
lution d’iode par l'alcool pur, avec de l’amidon séché au maxi- 
mun (de 100 à 130° dans le vide — H°, O0, C*, H° O° ), il ne s’o- 
pérera aucune combinaison ni coloration, l'amidon restera blanc, 
et la solution alcoolique conservera sa couleur sans déperdition 
aucune ; si alors on ajoute quelques gouttes d’eau au mélange, 
la combinaison aura lieu sur-le-champ , et les grains d’amidon 
deviendront aussitôt violet de plus en plus foncé. 

Réciproquement, si l’on agite de la fécule bleuie par un ex- 
ces d’iode, dans 20 fois son poids d’alcool anhydre, et qu'on re- 
nouvelle plusieurs fois celui-ci, les grains d’amidon perdront 


PAYEN. — Sur L’Amidon. 111 


chaque fois une nouvelle quantité d’iode, mais très lentement ; 
au bout de dix jours , après avoir renouvelé huit fois l'alcool, 
la coloration , de plus en plus affaiblie, aura viré au violet rou- 
geâtre, et plus des 0,8 de l’iode auront été séparés de la fécule. 

Si l’on agit à la température de l'ébullition de l'alcool, aucun 
des grains n’est déformé, la décoloration est plus rapide, et, 
dans tous les cas, on observe sous le microscope une décelora- 
tion beaucoup plus avancée sur les plus jeunes grains, qui sont 
devenus diaphanes et rosâtres. 


Diminution de la couleur de l’iodure d’amidon par un Phéno- 
inène de transparence sans réaction chimique. 


Les nombreuses observations qui précèdent concourent à 
prouver que la coloration de la substance amylacée par l'iode 
dépend de larrangement organique des particules entre les- 
quelles l'iode modifie la lumière, puisqu'on peut, en altérant 
ces dispositions, changer ou détruire les effets de coloration. 

Il était donc permis de supposer qu’en rendant ce passage 
libre aux rayons lumineux, à l’aide d’un corps inerte interposé, 
on affaiblirait les phénomènes de coloration. 

On réalise cette déduction par les expériences suivantes : 

Après avoir privé l’iodure d’amidon de 0,03 d'iode par un la- 
vage à chaud dans l'alcool anhydre, séché à lair et placé sous le 
microscope, tous ses grains paraîtront violets demitran sparens 
où opaques. Si l'on ajoute entre les lames du porte-objet une 
goutte d'huile de moelle, récente, incolore et pure, on voit une 
décoloration marquée s'effectuer au fur et à mesure de la péné- 
tration de l'huile, de la périphérie au centre. 

Cet effet est plus prompt sur les plas jeunes grains (qui ne 
sont pas toujours les plus petits, mais ceux dans lesquels toutes 
les observations annoncent une organisation plus faible); au 
bout de quelques heures, plusieurs d’entre eux montrent en 
projection un disque central violet où rougeâtre, entouré &un 
cercle diaphane sans couleur ; on pourrait prendre ces grains 
de fécule pour des globules de sang, si leur noyau n'offrait des 
bords irréguliers ou nuageux, et s'ils ne laissaient discerner le 


hile. 


112 PAYEN. — Sur L’Armidon. 


Ce curieux phénomène s'opère plus rapidement lorsque l’on 
accélère la pénétration de l'huile par une dessiccation préalable 
de l’iodure à + 80°; alors , au bout d’une heure, plusieurs des 
plus jeunes grains sont presque entièrement décolorés; d’autres, 
à peine rosâtres, le plus grand nombre demi-translucides auprès 
du centre, diaphanes ou sans couleur sur les bords de leur pro- 
jection; quelques-uns des plus vieux, restés violets opaques, 
ne sont pas décolorés dans une profondeur appréciable. 

Ainsi donc ici encore une diaphanéité graduellement acquise, 
produisant les effets d’une division à divers degrés, donnait lieu 
à toutes les dégradations de nuances dont tant de réactions 
m'avaient permis d'apprécier la prineipale cause; toutefois, on 
pouvait ici supposer soit une altération spéciale qui eût détruit 
la combinaison, soit une dissolution par l'huile qui eùt entrainé 
l’iode ; j’essayai de lever d'avance ces objections en faisant repa- 
raître l'iodure vec tous ses caractères : jy parvins en faisant 
d'abord imbiber dans du papier l'huile interposée; puis ex- 
trayant , à laide de l’éther, celle qui avait pénétré à l'intérieur 
des grains, alors la couleur de l'iodure reparut avec son inten- 
sité première , dans les grains qui avaient paru décolorés. 


Exjoliation à froid de l'amidon teint par l’iode. 


Après avoir desséché au maximum l’iodure d’amidon par une 
température soutenue de 100° dans le vide, si on le laisse re- 
froidir. Si même on l’abandonne plusieurs jours en vases her- 
métiquement clos, on pourra s'assurer , en l’observant au 
microscope dans l'alcool anhydre, que ses grains, violets, 
opaques , sont intacts ; mais alors, si l’on y ajoute de l’eau 
froide , soit pendant qu’il est encore mouillé d'alcool, soit à nu, 
on verra aussitôt un grand nombre de grains se rompre, s’exfo- 
lier; une partie même de leur substance se désagrégera dans le 
liquide et prendra des nuances violettes, rougeâtres , tandis que 
les couches exfoliées, en s’hydratant , acquerront des nuances 
très rapprochées du bleu. Ce joli phénomène, si facile à repro- 
duire , prouve l'énergie de l'attraction de l'iodure anhydre 
d'amidon pour l'eau. 


PAYEN. — Sur l'Aimmidon. 113 


Toutes les expériences qui précèdent ayant mis en évidence 
l'attraction énergique de l’iode pour l’amidon hydraté, je dus 
vérifier par une saturation directe les proportions maximes d’iode 
engagées dans cette sorte d'action. 

796 milligrammes de fécule à deux atomes d’eau furent hydra- 
tés dans 300 grammes d’eau à, 100° pendant une heure; le liquide 
refroidi reçut 58,5 milligr.d’iode, dissous dans 8 centi. cub. d’al- 
cool. Le contact ayant duré douze heures , on opéra la sépara- 
tion à l’aide de trois grammes de chlorure de sodium, et l’on vit 
peu-à-peu , au bont d’une neure, les flocons bleus se précipiter, 
en se contractant , surnagés par un liquide teint en jaune ver- 
dâtre ; il fallut ajouter 84 milligr. de fécule, hydratée à :00° dans 
20 centi. cub. d’eau, pour que la solution surnageante devint 
sensiblement incolore. 

Ainsi donc le maximum d’iode fixé par lamidon est d’un 
équivalent du premier pour dix équivalens du second ; car 


726 + 84 — 840: 58,5 :: 2267 : 157,0. 


L'importance attachée avec raison par les chimistes , les phy- 
siologistes et les organographes au caractère de la coloration 
de lamidon par l’iode me détermine à résumer ici les déductions 
définitives sur la nature de ce composé. 


Conclusions sur la nature de l’ivdure d'amidon. 


L'art de ja teinture consiste, suivant M. Chevreul, à fixer sur 
les étoffes au moyen de l'attraction moléculaire des substances 
qui agissent sur la lumière autrement que ne le fait la surface 
des étoffes. 

L'action de l’iode sur l’amidon peut étre nettement définie de 
la méme manière : c'est la résultante de l'attraction d’une par- 
acule d’iode sur un groupe de particules amylacées, et non une 
combinaison d'atome à atome. 

Un équivalent d’iode teint dix équivalens d’amidon ; les poids 
sont entre eux comme 7,18 : 92, et les volumes comme 1 : 42,55. 

La réaction intime est prouvée par les propriétés nouvelles 


du composé et notamment par une résistance telle à l'élévation 
X. Boran. — Août. 8 


114 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


de la température que la substance organique peut être soustraite 
à la désagrégation, perdre avec l’iode son eau de composition 
et se réduire même en charbon sans changer de formes (p. 109). 

La stabilité de l’iodure bleu, étendu dans l’eau froide , et sa 
grande contractilité sous diverses influences prouvent encoreune 
attraction énergique entre ses composans. (Voyez p. 100 à 102.) 

Les nuances le plus rapprochées du bleu sont fixées sur la 
substance amylacée , distendues dans l’eau, mais non désagré- 
gée , comme elle le serait par la diastase ou les acides forts. 

Dans les grains d’amidon intacts, l’iode en vapeur ne peut 
pénétrer en proportions suffisantes pour produire la coloration 
bleue, bien que la nuance violette soit intense au point de 
paraître noire (p. 106). 

Cette coloration se dégrade par les agens qui enlève liode 
(l'alcool, par exemple, voyez p. 110): elle est affaiblie par les 
corps qui aident le passage de la lumière (comme l'huile, p. 111). 

Tous les moyens d’atténuer les groupes des particules amyla- 
cées diminuent la force d'attraction de ces groupes pour liode. 
alors aussi on ne peut obtenir que des nuances violettes. Il en 
est de même , relativement à l’amidon, intact , hydraté, lorsque 
l’alcool intervenant diminue, par son affinité pour l'iode, les 
proportions de ce réactif fixées. (1) 

Lorsque enfin les groupes des particules organiques disparais- 
seut sous une division telle que toutes les propriétés contractiles 
sont évanouies, la faculté de fixer l’iode ou de se teindre dispa- 
rait aussi; en un mot, lamidon est changé en dextrine. 

L’iode est un réactif insuffisant \pour prouver la présence, 
l'absence ou les proportions de la substance amy lacée ; car 1° des 
colorations violettes analogues à celles de l’iodure d’amidon 
peuvent être communiquées au papier par l'iode; 2° l'amidon 


(x) D'un côté , les modifications de la couleur bleue, lorsqu'elle vire aux nuances violettes 
par l'atténuation des particules combinées ; d’une autre part, la coloration bleue propre à la 
substance qui , étant le moins désagrégée , est douée d’une plus forte attraction pour l’iode , 
peuvent se comprendre, en les comparant aux deux ordres de phénomènes qui suivent : 

1° Beaucoup de substance qui réfléchissent le bleu, telles que l’indigo et le bleu de Prusse, 
«e nuancent de violet , de rouge ou d’orangé, lorsqu'ils sont très divisés ou polis; 

2° Sur une superficie violette, la fixation d’une matière jaune peut produire le bleu. 


PAYEN. — Sur L’ Amidon. 115 


faiblement agrégé ou désagrégé ne donne ni couleur ni com- 
posé stables avec l’iode ; et 3° la présence de l'alcool fait virer 
au violet, de plus en plus rougeàtre , les nuances de liodure 
d’amidon en grains. 


Phénomènes dus à la contractilité de l’amidon sous l'influence 
dé la baryte, de l’oxide de plomb, de l'hydrate de chaux et 
du chlorure de sodium. 


La solution de baryte contracte très fortement la fécule lorsque 
celle-ci est prodigieusement gonflée par l'eau bouillante er 
refroidie. 

Si l’on verse une un de Pate dans un empois, même 
très léger, celui-ci offre aussitôt deux parties distinctes, FPune 
trèséliquide , l’autre ayant acquis par la séparation de l’eau une 
forte cohésion, présente une masse dure, tenace, élastique , très 
difficilement perméable. 

Lors même que l’amidon est beaucoup plus dilaté encore et 
séparé des parties les plus agrégées à l'aide d’une filtration, il 
éprouve par la solution de baryte une contraction telle qu'il est 
précipité à l'instant, et des flocons agglutinés s’attachent aux pa- 
rois du vase. 

Mais, dès que ia combinaison, graduellement complétée avec 
la baryte, a détruit la forme spongieuse contractée de l'amidon, 
la dissolution entière s'effectue dans la même quantité d’eau au 
milieu de laquelle la précipitation avait eu lieu. 

Ce phénomène de précipitation est fort remarquable: car il 
est dù à une réaction dont : produit est une combinaison 
soluble. 

Aucun autre, en effet, ne manifeste mieux la disposition or- 
ganique des particules. On conçoit que celles-ci, n'étant dissé- 
minées que par groupes, puissent se rapprocher sur plusieurs 
centres d'action où la combinaison s'opère, sans trouver sensi- 
blement assez d'eau pour se dissoudre, tandis qu'il s’en trouve 
dans la masse liquide un excès qui se décèle bientôt par la disso- 
lution totale. 


Nous verrons plus loin comment on peut déterminer le poids 


8 


116 PAYEN. — Sur dl’ Æmidon. 


atomique de la matière organique engagée dans cette combi- 
naison. 

Le sous-acétate de plomb donne avec l’amidon frapidement 
hydraté, dissous et filtré, un précipité insoluble, même dans 
un excès d'eau ,tandisqu’il ne précipite pas directement l’amidon 
désagrégé, parvenu à l'état de dextrine; toutefois la même com- 
binaison , opérée à l’aide d’un agent auxiliaire, nous servira 
pour trouver la capacité de saturation de la substance amylacée 
dans ces deux états. 

L'eau de chaux précipite aussi l’amidon en flocons variables, 
suivant l’état de division de cette substance, signalant encore les 
mêmes dispositions organiques et leurs altérations dans la sub- 
stance amylacée. 

Les solutions de sulfate de cuivre, de persulfate de fer, de 
chlorure de barium et de divers sels, ne précipitent pas lamidon 
plus ou moins désagrégé, dissous à chaud, refroidi et rendu 
limpide par la filtration. 

Le sel marin produit cependant un effet évident de contrac- 
tion sur l’amidon hydraté ; voici comment 6n s’en assure. 

Ayant préparé dans un tube et au bain-marie un empois léger 
avec r gramme de fécule sèche et 25 centimètres cubes d’eau, 
chauffés en les agitant jusqu’à 95°, puis refroidis, on pose sur 
la superficie de la substance amylacée 4 ou 5 grammes de sel 
marin en cristaux menus ; au bout de 24 heures, on voit dis- 
tinctement un liquide diaphane extrait par le sel s’interposer 
entre ses cristäux, et chaque jour former une solution plus 
abondante et limpide qui surnage; un excès d’iode y accuse la 
présence de l’amidon dissous, en produisant une combinaison 
bleue dont les flocons se contractent bientôt et se précipitent 
lentement. 


(La suite au prochain cahier.) 


Fa 


W. GRIFFITH, — Sur les Rhizophorces. 117 


Sur la famille des RuizoPhoRres, 


Par M. W. GRIFFITH. (1) 


Le premier fait que je mentionnerai est relatif aux anthères, 
et paraît avoir déjà été bien observé par Jacquin dans son 
Histoire des plantes d'Amérique , page 142, et postérieurement 
par lillustre R. Brown, qui l'a fait remarquer en peu de mots 
dans son Mémoire sur le Rafflesia(Linn. Trans. vol. 13, pars 1, 
p- 214): « Dans d’autres cas, il se fait une séparation dans une 
portion déterminée de la membrane, en suivant toute la lon- 
gueur du lobe de l’anthère comme dans les Hamamélidées et 
me Berbéridées , ou correspondant à des sous-divisions comme 
dans le plus grand nombre des Laurinées, ou enfin n'ayant 
pas de rapports faciles à saisir avec la structure interne comme 
dans certaines espèces de Rhiïzophora ». J'avais reconnu cette 
structure depuis peu de temps, ignorant complètement qu’elle 
eût été observée antérieurement par M. Brown. Ce fut dans l’In- 
troduction à l'étude de la Botanique, par M. Lindley, que J'en 
trouvai la première mention. Comme cette organisation parait 
particulière au genre Rhizophora (tel que je l'ai limité}, elle 
dépend probablement d’une structure interne. Je Pai observée 
dans le À. macrorhiza, et, d’après l'examen des jeunes an- 
thères,je présume qu’elle existe également dans le À. Candelaria. 

Leurs anthères sont presque sessiles , d’une grandeur consi- 
dérable, et comprimées latéralement, surtout dans le À. Can- 
delaria. Leur côté étroit est interne et externe, ou, en d’autres 
termes, situé antérieurement ou postérieurement par rapport 
à l'axe. En examinant plus attentivement leur surface externe, 
on aperçoit une multitude de corps arrondis , opaques, pressés 
les uns contre les autres, et paraissant Monee dans la substance 
des anthères, qui est traversée par le milieu , et de haut en bas, 
par une ligne déprimée. Cette ligne est moins étendue dans le 


(x) Extr. des Transactions of the medical and physical society of Calcutta. 8°. 12 pag. 
avec une plenche. 


118 W. GRIFFITH. — Sur les Rhizophorées. 


À. Candelaria ,tandis que dansle À. macrorhiza elle atteint pres- 
que le sommet de l’anthère. Si, à l’époque où je viens de décrire 
cette derniere, on la coupe transversalement, on remarque que 
la masse de l’anthère est celluleuse, que les cellules placées vers 


le centre sont plus larges, plus distinctes, et qu’il existe vers - 


la circonférence un nombre considérable de sacs. Ceux-ci sont 
complètement clos, plus ou moins ovales, et disposés sans ré- 
gularité. Ils sont remplis, à cette époque, de pollen encore 
imparfait; et quoiqu’ayant une profondeur assez considérable , 
ils sont cependant indépendans les uns des autres. Dans le À. 
Candelaria , aucun de ces sacs ne parait être développé suivant 
la ligne extérieure ou antérieure; dans le À. macrorhiza , ils 
le sont dans toute la périphérie, et sont en outre plus petits et 
plus comprimés vers le haut que partout ailleurs. Le tissu de la 
circonférence , ou épiderme, comme je l’appellerai, est par- 
faitement continu avec les bords des sacs et avec le tissu inter- 
posé entre chacun d'eux. Dans le R. macrorhiza , au moment 
de l’épanouissement des fleurs, on voit que cet épiderme s’est 
séparé du corps de l’anthère en suivant la ligne oblique imdi- 
quée plus haut. Deux valves se sont alors formées , et restent 
nécessairement dans leur situation primitive. Après l’épanouis- 
sement dé la fleur, la valve intérieure , qui est la plus petite des 
deux, se sépare de haut en bas et se replie en dedans; l'exté- 
rieure se recourbe en dehors, et reste attachée par la base ainsi 
que par le sommet. ‘ 

La masse entière des anthères n’offre aucune trace d’alvéole ; 
celles-ci sont plus ou moins remplies de pollen. Les traces de 
la continuité primitive du tissu restent adhérentes aux bords des 
alvéoies aussi bien qu'a celles des dépressions visibles à la par- 
tie interne des valves, formant primitivement les couvercles des 
alvéoles, ou plutôt qui les fermait. Cette particularité de la struc- 
ture du pollen re paraît pas appartenir uniquement à l’organisa- 
tion anormale de ces anthères ; elle semble se rapprocher de celle 
du Gui, autant qu’on en peut juger d’après la figure donnée par 
A. TL. de Jussieu dans son mémoire sur les Caprifoliacées et les 
Loranthacées, publié dans les Annales du Muséum ( tom. 12. 
t. 27, fig. E ). Je ne puis m'expliquer la direction des valves des 


W. GRIFFITH. — Sur les Rluzophorées. 119 


anthères qu’en considérant les loges, dont il me faudrait suivre 
la formation comme étant antérieures et postérieures, dans le- 
quel cas chacune des valves serait simple. Cette supposition me 
parait néanmoins contraire à toute analogie, car je ne connais 
aucun exemple de cette disposition. Ou si nous prenons le type 
de l’anthere tel que l’a définie M. Brown , il consiste « en deux 
follicules ou loges, attachées suivant toute leur longueur aux 
bords d’un filament comprimé» ; le parallélisme est inverse. D'a- 
près cette manière de voir, les valves doivent être composées, 
car chacune doit être formée par une demi-valve du coté droit 
et une demie du côté gauche, la ligne d'union des deux valves 
représentant la ligne de séparation dans les autres cas. Je ne 
connais parmi les anthères aucune forme analogue ; mais on 
rencontre des exemples analogues de déhiscence dans les fruits, 
où ils forment ce que l’on désigne sous le nom de déhiscence 
loculicide. Une position semblable des valves me parait être le 
résultat d’une torsion du filament; mais ceci ne me parait pas 
devoir être pris comme exemple. Le développement du pollen 
doit nécessairementoffrir quelque particularité, mais le manque 
de matériaux m'empèche de les mentionner. 

Les cotylédonsdes Zhizophora, Kandelia et Bruguiera decan- 
dra sont soudés à l’état de maturité, et forment une masse qui, 
vers la base (laquelie est articulée avec le collet)},est cylindrique, 
creusé, charnue et coriace vers le sommet ; la moitié supérieure 
de cette partie est ordinairement un peu resserrée, et entourée 
par un üssu spongieux. Ce tissu semble se développer dans les 
tégumens de l'ovule, qui à cette époque commence à se déta: 
cher et à pousser vers le fond de la cavité péricarpienne. Dans 
la plante qui nous occupe, la plumule est logée dans la cavité 
du cylindre. L’ovaire sur lequel on observe cette structure n’est 
inférieure que dans un quart ou une moitié; la partie supérieure 
coriace de la capsule étant pour ainsi dire saillante. (1) 


(x) Jacquin et Gærtner se sont trompés tous deux sur la structure du fruit dn ÆRhizophora. 
Les cotylédons soudés forment la « crus » de Jacquin et le « vitelluss de Gærtner, et les tégu- 
mens dérangés sont « l’albumenr» de Gærtner et la « calyptra » de Jacquin. Suivant ces auteurs, 
la graine est réduite à la radicule et la plumule , tandis que les cotylédons de Gærtner soni la: 
partie inférieure de la plumule, 


120 W. GRIFFITH. — Sur les Rhizophorées, 


Dans le Bruguiera parviflora W. et À., et probablement dans 
toutes les vraies espèces du genre , les cotylédons sont distincts, 
charnus et plano-convexes; ils ne sont point articulés avec le 
collet ; ils sont en outre enfermés dans leurs premiers tégumens, 
ouverts seulement au point correspondant à la radicule. Dans 
ces deux espèces, la capsule complètement inférieure est entiè- 
rement renfermée dans le calice. La plumule, dans le B. parvi- 
flora, logée entre les cotylédons , est entourée d’un fluide mu- 
cilagineux et transparent. 

La radicule, dans son état de maturité, est formée par un 
système périphérique et central, dont les tissus , quoique con- 
tigus, présentent une ligne de démarcation. La masse princi- 
pale se compose de cellules qui abondent en matière amylacée. 
La proportion des fibres ligneuses varie considérablement. 
Dans le À. Candelaria et macrorhiza, on les rencontre tout le 
long du système central; elles sont excessivement fines. Dans 
le À. decandra, la proportion des fibres,extrêmement petite, se 
borne à la circonférence du système central ; dans le Kandelia, 
où ce tissu est très serré, il existe seulement vers le sommet 
du même système, et ne présente aucune communication avec 
le collet. La proporticn des vaisseaux se trouve excessivement 
faible dans Îes racines de ces diverses espèces, et semble même 
manquer dans quelques autres. Je dois ajouter que le système 


central devient plus tard le bois ; les cellules du centre du Bru-' 


guiera parviflora subsistent et constituent la moelle. 

J'ai remarqué, pour ce qui est relatif à l’exsertion ou au sou- 
lèvement de la tige dans ces végétaux, que ce phénomène ap- 
partenait en entier au genre Rhizophora, où il prend un très 
grand développement, surtout dans le À. maerorhiza. Il n’est 
pas difficile de concevoir cet effet, lorsque l’on prend eu con- 
sidération le nombre de racines descendant des branches vers 
la terre. Celles-ci doivent, pendant leur accroissement , ren- 
contrer une grande résistance à chacune des extrémités. La 
forme en arcade qu’elles prennent constamment après leur en- 
foncement dans le sol ( la convexité étant dirigée en haut } est 
une conséquence nécessaire de cette résistance. 

Les Rhizophora, tels qu'ils ont été établis par Linné , me pa- 


t 
W. GRIFFITH. — Sur les Rhizophorées. 121 


raissent contenir les types de trois genres, quoique M. De Can- 
dolle"n’en admette qu’un. Je pense que dans cette famille, outre 
les parties essentielles , les étamines définies et présentant des 
variations constantes pourront, sauf une exception, être em- 
ployées comme caractère de quelque valeur : le Kandelia 
semble donc, en tenant compte de la structure des pétales, 
constituer un bon genre, adopté par MM. Wight et Arnott 
dans leur Prodrome de la Flore de la Péninsule de l'Inde orien- 
tale. Le Bruguiera n'est pas aussi satisfaisant, depuis que le 
B. decandra ( Rhizophora Roxb.), dont il existe une excellente 
figure parmi les dessins coloriés appartenant au Jardin bota- 
nique de l’honorable compagnie de Calcutta, réunit la fleur du 
Bruguiera et le fruit du Rhizophora. 

Je terminerai par un Synopsis des Rhizophorées que j'ai re- 
cueillies sur la côte de la province de Tenasserim, par le 16°30° 
parallèle et le 12° latitude nord. 


RHIZOPHOREZÆ, R. Brown. Gen. remark. app. Flind. vol. 2, 
p- 549. 


1. Rxizopnora L. (ex parte), DC. Prod. vol. 3. p. 31 (ex parte). 
Wight et Arnott, Prod. Flor. Penins. ind. vol. 1, p. 310. 


Je ferai remarquer que la singulière structure des anthères 
propre à ce genre, doit entrer comme caractère générique im- 
portant. Il me parait qu'on a confondu deux espèces sous le 
nom de À. Candelaria ; je propose de les caractériser de la ma- 
nière suivante : 


1. À. Candelaria DC. 

R. foliis ovalibus mucronato-cuspidatis, pedunculis petiolo 
brevioribus sæpius 2-floris, floribus 9-12 andris, fructibus 
subulato-clavatis nutantibus. 

R. Candelaria DC. Prod. 3. p. 32. W. et A. I. c. p. 310. — 
Pee Candel, Rheed. Mal. vr. p. 61. t. 34. — + Ca Cande- 
larium Rumph. Amb. 3. p. 108, t. 71. 72. 

Hab.ad littora limosa maris et æstuariorum oræ Tenasse- 
rim , ubique. Floret aprili, maio. 


122 © W. GRIFFITH. — Sur les Rhizophorées.  *. 


Arbuscula coronà latà fere hemisphæricä. Flores albi. Petala angusta, sublævis, 
per æstivationem stamina non amplectentia. Stamina sæpissime 12, quorum 2 
scpalo cuique, 1 petalo cuique opposita. Radicula (exserta) 1 £ pedalis. 


2. R. macrorhiza Griff. 


R. foliis ovali-ellipticis mucronato-cuspidatis, cymis nutanti- 
bus dichotomis petiolos excedentibus, floribus 8-andris 
fructibus subulato-clavatis pendulis. 


R. Mangle Roxb. FI. Ind. vol. 2, p. 459. Ejusd. Ic. pict. 
in Hort. bot. Calcutt. asservatæ v. 8. t. 115. bona. 


Hab. secus littora limosa maris circa Mergui, oræ Tenasse- 
rim copiose. Flor. aprili, maio. 


Arbor 25-pedalis, coronä parvä. Flores semper octandri, suaviter odorati. 
Petala alba, conduplicata , marginibus villosis. Stamina 4 sepalis, #-opposita et 
his per æstivationera amplexa. Radicula (exserta ) maxima, 2 ; pedalis, subver- 
l'ucosa. pa 

Cette espèce me semble différer, par la forme de ses feuilles, 
du À. Mangle L., originaire de l'hémisphère nord. Le port de 
ces deux plantes est très distinct, ainsi que la forme des an- 
thères. La disposition pendante du fruit du À. macrorhiza ré- 
sulte de la grande longueur du pédoncule , tandis qu'il est tel- 
lement court dans le À. Candelaria , qu'à l’époque de la ger- 
mination du fruit il est d’abord dressé et se courbe postérieure- 
ment par son propre poids. 


IT. KANDELIA W. et A. 
Ruizopnora $ Kawperia DC. 


Ogs. Le caractère de l'ovaire, tel que l'ont établi MM. Wight 
et Arnott, est une modification de la structure ordinaire du 
fruit dans la famille, comme je l'ai reconnu par mes propres 
observations. Je l'ai trouvé ayant la structure ordinaire. 

K. Rheedei W.et A. 1. c.p.32s: — Tsjerou Kandel. Rhecd, 
Le. p.63, t. 35. — ARhizophora Kandel L. DC. !. c. p. 32. 

Hab. ad ripas limosas fluminum oiæ Tenasserim , præcipue 


ostta versus. Floret septembre, octobre. 


W. GRIFFITE. — Sur des Rhizophorées. 123 


III. BRUGUIERA Lamk 
* Floribus 8-petalis. 
1. B. cylindrica W. et A. 


B. foliis lanceolato-obovatis subacutis, pedunculis 1-3-floris 
petiolis paullo brevioribus, calycis fructus laciniis patenti. 
reflexis, fructibus cylindraceis acutiusculis. 


B. cylindrica W. et A.1. c.p.3r1.—Rhizophora cylindrica L. 
DC. L c. p. 32. — Kanil-Kandel, Rheed. I. c. p. 59, t. 35. 

Hab. secus limosa littora insulæ Pulo Gyoon et Madama- 
can , rarius ; florens novembre. 


Arbuscula. Flores viridescentes. Calycis laciniæ lineares. Petala albida, api- 
cibus ciliato-pinnatifidis. Fructus penduli 5-6 unciales. 


O8s. La figure donnée par Rheede se rapporte assez bien 
à ma plante, qui diffère du 2. parviflora de Roxburgh. 


2. B. parviflora W. et A. 


B. foliis lanceolatis v. lanceolato-ovatis obtusiusculis, pedun- 
culis petiolorum longitudine dichotomè 5-floris, calycis 
fructüs lacinns erectis fructibus obtusis. 

B. parviflora W. et À. 1. c. p. 311 (sine caractere ). — Ahi- 
Zophora parviflora Roxb. 1. c. p. 461. Ejusd. Icon. pictæ supp. 
V, 2.1.4. 

Hab. inter alias Rhizophoreas in insula parva , anglicè Ma- 
damacam dicta, Mergui proxima. Floret fructusque profert 
ab octobre usque ad martium. 


Arbuscula elegans. Flores viridi-lutescentes, Dodo Calycis tubus elon- 
gatus, subfusiformis. Petala lutescentia, sie Fructus subcylindrici 4-5-un- 
ciales, penduli , apicibus quasi truncçati et medio foveolati. 


** Floribus 10-13 petalis. 


B. gymnorhiza Lamk. W.et A. Le.p. 311. — Kandel. 
Rheed, Mal. p. 57. t. Br. optima et 52 mala.— Mangium cel-, 


12/ W. GLIFFITH. — Sur les Rhizophorees. 
sum, Rumph. amb. 3. p. 102. t. 68 mala. — Rhizophora gym- 
norhiza L. Roxb. 1. c. p. 460. Ejusd. Icon. pict. vol. 8. t. 114. 
Hab. ad littora oræ Tenasserim; florens per totum annum. 


*** Species inter Rhizophoram et Bruguieram media. 


B. decandra Griff. 
B. foliis obovatis obtusissimis floribus dense capitulatis , ca- 
lycibus 5-partitis fructibus clavatis sulcatis. 


Rhizophora decandra Roxb. FI. ind. Synops. mss, Ejusd. Icon. 
vol. 8.1. 116 optima DC. L c. p. 33. 


Hab. ad littora limosa oræ Tenasserim ad Martaban et Mergui. 
Floret per menses calidos. 


Frutex sæpius humilis. Flores viridescenti-albidi. Petala alba (demum co- 
riacea et brunnescentia), conduplicata , apicibus inciso-laciniata. Stamina peta- 
lorum numero dupla, 2 petalo cuique opposita et per æstivationem codem am- 
plexa. Antheræ biloculares. Calyx fructüs semi-inferus, coriaceus, lacimiis 
patentibus. Fructus erectus vel nutans. Radicula (exserta) 5-6 uncialis. 


Species flore Bruguieræ , fructus Rhizophareæ. 


IV. CARALLIA Roxb. 


C, lucida Roxb. Cor. pl. vol. 3. t. 211. Ejusd. icon. pict. vol. 
9.t:,19-mala. El;ind.vol.2.p#181..W.etxAE c:.5.372. 


Hab. in humidis oræ Tenasserim ad Moalmain et Mergui. 
Floret decembre. 


Arbor humilis, ramulis compressis. Folia ovata v. oblongo-ovata, crenulata, in- 
terdum integra, coriacea. Cymi axillares, oppositi, dichotomi, folis breviores. Flo- 
res dense aggregati, viridescenti-albidi, odoris forte ingrati. Petala alba. Stamina 
petalorum numero dupla, alterna, petalis opposita et per æstivationem iisdem 
amplexa. Antheræ biloculares, longitudinaliter dehiscentes. Ovarium 4-loculare, 
loculis 2-ovulatis. Stylus filiformis; stigma 4-lobum ovula pendula. Tegumenta 
bina distincta. Foramen superum hilum prope. 


J. D. 


M. 1. SCHEIDWEILER. — Cactées nouvelles. 125 


Drescriprio diagnostica nonnullarum CacrEaRun , quæ a D° 
Galeotti in provinciis Potosi et Guanaxato regni Mexicani 
inveniuntur, a M. J. ScxeinwæiLer, prof. Bot. ac Agronomiæ 
institut. Regiæ veter. Regni Belgici. 


(Extr. du Bulletin de l’Académie royale de Brnxelles, août 1838. ) 


Ariocarpus Scheid. 


Caract. gen. — Calycis tubus subtrigonus monophyllus, su- 
perus 6-7 partitus marcescens ; petala 12 uniserialia a calyce 
distincta ; stamina numerosa, pluriserialia ; pistillum unicum, 
stigma sexfidum ; bacca turbinata unilocularis , vacua, polysper- 
ma; semina parietalia ; embryo rectus, subglobosus, radicula 
crassa obtusa. 


ATioCarpus relusus. 


A. simplex interdum multiplex, foliis multifarüis deltoïdeis apice retusis, 
apice cartilagineis, supra convexiusculis, lepidoto-punctatis, glauco-cinereis, 
subtus ad angulum gibbosis; areolis infra apicem foliorum immersis, oblongis 
lanatis, biaculeatis, adultis nudis ; aculeis brevissimis; axillis setoso-lanatis; flo- 
res inter basin foliorum e lanæ medio; calycis tubus 5 lin. longus, integer subtri- 
gonus 6-7-partitus; scpala lanceolata acuminata ; petala 12, angustiora, sepala 
vix superantia ; stamina numerosa inflexa; stylus simplex elavatus stigmatibus 
sex radiatis, planis, undulatis. 


Habitat in rupibus porphyricis prope San-Luis de Potosi. 
Alt. 6500 ad 7000 ped. 


EcxinocAcrus. 


1. Echinocactus pectinatus. 


E. multiplex, superne ramosus, cylindricus, læte vividis, vertice umbilicato; 
costis 20-22 compressis tuberculatis acuatis ; areolis linearibus immersis, obscure 
cinereis minutissipe albido punctatis vel pulverulentis : aculeis exterioribus 30 
inæqualibus bifarie radiantibus albidis, basi roseis junioribus amœne roseis, cen- 
trahibus tribus parvulis, rectis, compressis, nonnumquam basi confluentibus 
brunes. 


Hab. propé la isla del Pennasco in locis temperatis. 


126 M. I. SCHEIDWEILER. — Cactées nouvelles: 


2. Echinocactus tortus. 

E. oblongus vel subglobosus octangularis, læte viridis, quandoque maculis 
bruneis irregularibus notatus; costis compressis spiraliter tortis, tuberculis albis 
lanuginosis tectis; sinubus undulatis ; areolis remotiusculis, flavo dein griseo- 
tomentosis; aculeis 8-10, supremis mmoribus, medio v. infirmo longissimo gla- 
diato, mediis rectis, summis recurvulis, cylindricis aut compressis, pallide flavis, 
basi aureis transversim striatis; sepala subulato pungentia. 


Hab. ad rupes propè la isla del Pennasco. 


0 


3. Echinocactus phyllacanthus Mart. var. spinis foliaccis 
tribus. 

E. obovatus, læte viridis, vertice convexo, costis plurimis, confertis undula- 
üis, quandoque interruptis cum tuberculis applanatis interpositis; areolis sparsis 
immersis, nudis, jumoribus parce tomentosis ; aculeis superioribus tribus, medio 
foliaceo tricuspidato, lateralibus gladiatis, recurvulis; inferioribus 4 minoribus, 
gracilioribus rectis; adultis nigrescentibus, junioribus griseo-carneis, omnibus 


transversim striatis. 


4. Echinocactus phyllacanthus. Var. spina foliacea unica. 
A præcedente aculeorum numero et vertice umbilicato dis- 
cernitur , spina lata, foliacea unica apice tricuspidata. 


MAMMILLARIA. 


1. Mammillaria radians DC. v. globosa. 


M. multiplex globosa, axillis tomentosis, areolis nudis, junioribus parce 
tomentosis oblongis ; aculeis 18-20 radientibus albidis, rigidis: bacca oblonga 
maxima, vasis placentariis centralibus; semina oblonga,læte brunea; radicula 


incurva. 


>. Mammillaria versicolor. 


M. lactescens, basi et superne ramosa, globosa vertice umbilicato, axillis 
lanatis; mammillis tetragonis læte viridibus, medio et versus apicem sæpe 
rubris; areolis infra apicem mammillarum immersis , nudis, junioribus lanatis ; 
aculeis 5-6 albidis, junioribus lutescentibus rectis; centraliflongissimo recurvo, 
flexuoso. 

Aculeorum forma maxime variat; supremus nonnunquam 
parvus, aut longior rectus, vel. recurvus. 


Hab. propè San-Luis de Potosi, 


. 
ET 


€ 
AT. IT. SCHEIDWEILER. — Cactées nouvelles. 127 


3. Mammillaria depressa. 

M. lactescens, cylindracea vertice depresso umbilicato; axillis senioribus nu- 
dis, jumioribus lanatis; mammillis confertis, subtrigonis, læte viridibus, minu- 
tissime punctatis; areolis nudis junioribus lanatis, infra apicem mammillarum; 
aculeis septem albis, interdam apice nigris, radiantibus, aut sæpe imcurvulis, cen- 
trali recurvulo, carneo, uncato. 


4. Mamrmillaria clavata. 

M. suaplex clavata ; axillis latis, lauatis deinde nudis, glandul:m rubram ge- 
renübus:; marmmillis cylindricis ad basin tetragonis viridibus; areolis lanatis 
tandem nubis; aculeis exterioribus 10 rigidis fuscescentibus albo-incrustaüs, 
basi aureis, centrali longiore eorneo. 


Hæc species videtur esse varietas Marmmillaria Lehmanni. 
Hort. Berol. 


5. Mammaullaria glochidiata Mart. var. purpurea. 

M. sabglobosa cæspitosa ; axillis lanatis, mammillis cylindricis elongatis basi 
solutis ; areola juniora lanata ; aculeis exterioribus setuformibus 20 horizonta- 
hibus albidis, interioribus 4 rectis, centrali uncato, summis purpureis basi 
aureis. à 


6. Mammillaria inconspicua. 

M. radice lignora glabra; caudice cylindrico superne et basi prelifero ; 
axillis nudis, junioribus lanatis, mammillis confertissimis obtase conicis, spira- 
liter dispositis, apice oblique truncatüs ; areolis nudis; aculeis exterionbus 35 
radiantibus hyalinis tandem nigrescentibus, centrali unico rigidicre longiore 
nigro- 

Videtur esse varietas Mamillariæ centrispiræ P£. à qua acu- 
leorum numero colore eorum et caudice basi prolifero discer- 
nitur. 


7. Mammillaria stipitata. 


. M. simplex, clavata, basi valde attenuata, axillis lanatis, deinde nudis glan- 
dula rosea instructis; mammillis conicis, subincurvulis, basi lats antice canali- 
culatis ; areolis nudis, junioribus lanatis; aculeis exterioribus octo, radiantibus, 


albis apice nigris, centrali unico, multo longiore uncato, carneo apice fusces- 
cente. 


8. Mammillaria decipiens. 


M. multiplex : clavata basi attenuata rosea; axillis adnatis nudis jumioribus 


128 M. I. SCHFIDWEILER. — Cactées nouvelles. 


parce lanatis et setosis sæpe roseis ; mammillis cylindraceis , Iæte viridibus sub- 
lente minutissime punctatis ; areolis junioribus lanatis tandem nudis; aculeis 
exterioribus 7 radiantibus aibo-flavescentibus, centralibus 1-2 fuscis rectis lon- 
gioribus, omnibus delicatulis ; baccæ inter setas 4, cylindraceæ, mammillis initio 


consimiles tandem longissimæ. 


9. Mammillaria candida. 

M. multiplex, globosa tandem cylindracea; vertice depressa; axillis setosis; 
maminillis cylhndricis, subclavatis, obtusissimis, pallide viridibus, aculeis radian- 
tibus supertextis, areolis lanatis tandem nudis ; aculeis exterioribus plurimis seti- 
formibus, centralibus 8-10-12 rectis, exterioribus parum validioribus, omnibus 
albissimis. — Species ornatissima. 

Hab. in rupestribus propè San-Luis de Potosi. 


10. Mammillaria supertexta Mart. var. mam. longioribus. 

M. lactescens ; globosa, umbilicata, mammillis tetragonis conicis, viridibus, 
confertibus; axillis lanatis; areolis subnudis; aculeis centralibus 2-3-4 albis 
apice nigricantibus, rigidis, exterioribus 20-22 albis regidiusculis bifarie ra- 
diantibus. 


Hab. in Mexico. 


11. Mammillaria conopsea. 

M. lactescens, glauca, cæspitosa; axillis Janatis, mammillis confertis irregu- 
lariter obtuse tetragonis, angulo inferiore producto, areolis infra apicem mam- 
millarum tomentosris, tandem nudis immersis; aculeis 5 iræqualibus; duobus 
superioribus brevibus, lateralibus longioribus, infimo longissimo, recurvulo ; 
omnibus pruinosis albidis apice nigris. 

Plurimæ sunt varietates, quæ differunt numero aculeorum et 
forma mammiilarum. 

Hab. prope lila del Pennasco. 


12. Mammillaria formosa Galeotti. 

M. lactescens; simplex, subclavata vertice umbilicato; axillis et interstitus 
floccoso-lanatis; mammillis confertis, spiraliter dispositis, obtuse tetragonis, læte 
viridibus, glaberrimis, sub lente albo-punctatis; areolis nudis; aculeis exteriori- 
ribus 20-22 albis rigidiusculis, radiantibus; interioribus 6, stellatis, acicularibus, 
basi incrassatis, nascentibus carneis apice et basi nigris, demum rigris, tandem 
griselse 

Hab. propè San-Felipe. 


mm —— — 


C. MARTINS. — Sur le mont l/entoux. 129 


Essar sur la topographie botanique du mont Ventoux, en 
Provence, 


Par C.F. Martins, D. M. 


(Lu à la Societé philematique le 17 mars 1838.) 


6 I. DESCRIPTION PHYSIQUE ET MÉTÉOROLOGIE 
DU MONT VENTOUX. 


Cette montagne, une des plus élevées parmi celles qui héris- 
sent l’intérieur de la France, se trouve sous le parallèle de 44° 
10’ 27”, et à 2° 56° 30”, à l’orient du méridien de Paris. Elle est 
à 12 lieues au nord-est d'Avignon, et domine majestueusement 
le fertile bassin qui forme le département de Vaucluse. (1) 

Le Ventoux fait partie du système de chaïnons parallèles qui 
sillonnent cette région sous le nom de montagnes du Léberon, de 
Sainte-Victoire, des Alpines, etc. Sa forme est pyramidale. Une 
crête tranchante sépare les deux versans principaux. Elle court 
de l’est à l’ouest en s’abaissant fortement à partir du sommet et 
s'arrête au bord du Rhône, après avoir éprouvé des ruptures 
nombreuses dues au relèvement composé de ses couches, qui 
plongent vers le sud, et présentent au nord leurs tranches es- 
carpées. À la base du versant septentrional s’élève une petite 
chaîne de montagnes courant du sud-ouest au nord-est. D’étroites 
vallées la séparent du Ventoux, mais elle se rattache à lui par 
plusieurs cols, dont le plus élevé, le col du Comte atteint, sui- 


(x) Quelques auteurs ont cru reconnaître dans le Ventoux l’Aeria des anciens, mais il paraît 
que les Romains désignaient sous ce nom une ville mentionnée par Strabon (Liv, IV, p. 185), 
Etienne de Byzance et Artémidore. Danville ( Wotice sur la Gaule, édit. n-4, p: 37) ne craint 
pas d’avancer que cette ville était sur le Ventoux; mais le mot 4eria se retrouve dans la dénomi- 
nation dn château de Lers, situé vis-à-vis de Roquemwaure et dont la position s'accorde parfaite= 
ment avec l'indication de Strabon, qui place Aeria entre Avignon et Orange. 

X. BorTan, — Septembre. 9 


. 


130 C. MARTINS. — Sur Le mont Ventoux. 


vant M. Guérin, la hauteur de mille mètres (1). C’est par son in- 
termédiaire et une suite de chaïnons paralleles que le Ventoux 
se trouve lié au grand système des Alpes maritimes, dont il est 
le dernier échelon dans la direction du sud-ouest. Sa pente mé- 
ridionale est entièrement découverte et vient expirer dans la 
plaine du Rhône. 

La hauteur du Ventoux, comme celle de la plupart des monta- 
gnes,n'a été bien connue que depuis l’épaque où les méthodes 
géodésiques et barométriques sont arrivées à un haut degré de 
perfection. Lacaille la fixait à 2106 mètres d’après des obser- 
vations faites à Aigues-Mortes , et à 1958 d’après celles qu'il 
répéta sur la montagne de Sainte-Victoire. Les observations de 
Lacaille recalculées par Delambre ( Base du système métrique, 
t. III, p. 536), d'après sa formule et par le commandant Del- 
cros ( Bibliot. univers. t. XE, p. 167 ), donnent les nombres sui- 
vans : celles d’Aigues-Mortes 1958 ; celles de Sainte-Victoire 
1937 et 1911", 9; Suivant qu'on adopte pour la hauteur de 
Sainte-Victoire au-dessus du niveau de la mer 984",5 ou 958",8. 
M. de Zach (Correspondance astronomique, 5° cah.) estimait la 
hauteur du Ventoux à 1919 mètres.” 

Les incertitudes que doivent laisser dans tous les esprits des 
résultats aussi divergens, n'ont été dissipées que dans ces derniers 
temps. En 1823, M. Delcros, officier supérieur d'état-major , et 
de l’ancien corps des ingénieurs géographes militaires, fut chargé 
des grands travaux géodésiques dont le réseau couvre toute cette 
partie du royaume et doit servir de base à la levée de la nou- 
velle carte de France. Le Ventoux est un des points qu'il a dé- 
terminés avec le plus de soin, et nous devons à cet officier dis - 
tingué la seule mesure réellement exacte de cetté montagne. 
C’est par une chaîne de triangles, qui partent du niveau de la 
Méditerranée au pied du phare de Planier, et se lient par plu- 
sieurs combinaisons , à un signal élevé sur la chapelle qui cou- 
ronne le faite du Ventoux, qu'elle a été obtenue. Ea moyenne 


(1) Loire: les hauteurs indiquées dans ce mémoire sont en mètres Un métre=3 pieds o pouec 
11,900 lignes, 


C. MARTINS. — Our le mont lentoux. 131 


de quatre résultats très concordans, a donné à M. Delcros 
1911°,4 pour la hauteur du point culminant. 

Examinons maintenant les résultats fourais par le baromètre 
employé comme instrument hÿpsométrique, et appliqué à la me- 
sure du Ventoux. Sans parler des causes d'erreurs communes à 
toutes les montagnes, il en présente encore deux autres qui lui 
sont propres. Son sommet, isolé de toutes parts, est battu con- 
stamment par des vents d’une violenceextrême, qui, en remontant 
le long de ses flancs, soulèvent les couches atmosphériques et dé- 
terminent l’abaissement de la colonne mercurielle. Cet effet, que 
Ramond a déjà signalé (Recherches sur la formule barométrique, 
p- 126), doit être plns sensible sur le Ventoux que sur toute autre 
montagne. La seconde cause d'erreur provient de ce que les tem: 
pératures de l'air qui accompagnent les observations baromé- 
triques correspondantes faites à Avignon, à Orange ou à Nimes,sont 
en général trop élevées. Ces deux causes tendent toutes les deux 
à exagérer la hauteur du Ventoux. La preuve en est dans les 
nombres suivans, qui sont extraits de différens auteurs. Darluc 
(Histoire naturelle de la Provence, t.r, p. 205) l'estime à 1976". 
Delcros (Bibl. univ. t. v, p. 283), 1957. M. de Gasparin à 1968". 
M. Guérin {Mesur. barom., p. 58) donne comme moyenne d’un 
erand nombre d'observations 1949". Les miennes Gnt été faites 
avec un baromètre à siphon, et calculées avec le plus grand soin 
par le commandant Delcros, en prenant pour bases les obser- 
vations correspondantes faites à Avignon par M. Guérin; à Nimes, 
par M. Valz, et à Marseille, par M. Gambard: La hauteur des 
différentes stations a de plus été déduite de mes propres obser- 
vations successives. Voici le tableau de quelques résultats : 


: FRS 4 EVA Obs. Trigonom. 
DATES, ’ Avignon. Nîmes, rare Éuceesiren|lDele ton STATIONS. 


n ÿ 


1836. | 


27 juill. midi.|1922m,7 1914,6 1y060,6 1008M,5|1908m,4| Chapelle de la Sie-Croix. 
Id. 3h.lr1943 ,711938 ,4 19279 ,6|1925 ,9|1911 ,4| Sommet du Ventoux. 


On voit dans ce tableau que les chiffres fournis par les ob- 


9. 


132 C. MARTINS. — Sur le mont l’entoux. 


servations successives se rapprochent le plus de la vérité; puis 
viennent ceux obtenus par les correspondantes de Marseille. Les 
hauteurs calculées par Nimes et surtout par Avignon, donnent 
des nombres beaucoup trop forts. On y reconnait l'effet de la 
température toujours trop élevée dans ces deux villes; tandis 
qu’elle l’est beaucoup moins à Marseille, où la chaleur du jour 
est tempérée par le voisinage de la mer (1). La première des 
deux observations, faite dans l'intérieur de la chapelle, à l'abri 
du vent et avec le plus grand soin , a donné, en calculant d’a- 
près les observations successives, un résultat identique, à un 
décimètre près, avec celui que M. Delcros avait obtenu par 
les moyens géodésiques. 


DESCRIPTION PHYSIQUE DU MONT VENTOUX. 
ÿ 


Un des versans du mont Ventoux, celui qui vient mourir 
dans la plaine du Rhône, est tourné vers le S.-S.-0.; l’autre re- 
garde le N.-N.-E Le premier est exposé à toute la violence des 
vents du sud etde la bise; l’autre est protégé par les chaînes de 
montagnes qui courent parallèlement à lui. Aucune de ces chai- 
nes ne présente de sommet qui s'élève à plus de mille métres, 
et il faudrait s'avancer jusqu'aux Alpes maritimes pour trouver 
des montagnes dont la hauteur égalàt celle du Ventoux. Grâce à 
cet isolement, les effets du décroissement de la température ne 
sont nullement altérés, et manifestent aux yeux du botaniste 
leur puissante influence sur la végétation. 

L’inclinaison de la pente moyenne des deux versans n’est pas 
la même ; elle est de 10° pour le versant méridional, de 19° 30: 
pour le versant septentrional qui offre une succession de cor- 
niches dues à la rupture des couches de la montagne. Une cre- 
vasse profonde le sépare du chaïnon parallele correspondant : 
celui-ci forme l’autre bord de la faille, et présente au sud les 


(x) Cette influence se fait sentir dans les 80 observations au moyen desquelles j'ai déterminé 


les zones végétales du Ventoux. 


C. MARTINS. — Sur le mont Fenioux. 133 


" 
tranches de ses couches brisées, dont les plans s’inclinent vers 
le nord. 

La pente méridiouale coincide avec le plan déversé de ses 
couches , et va plonger sous le sol de la plaine du Rhône. Cette 
vaste surface est sillonnée par des ravins profonds dus à la rup- 
ture transversale que les couches ont subie dans le double sou- 
lèvement qui lui a imprimé sa forme et sa position actuelles. 
Ces ravins sont à sec pendant les trois quarts de l’année; mais 
après les fortes pluies de l’automne et du printemps, ils se 
transforment en torrens impétueux qui dévastent les plaines 
environnantes, tandis qu’en été ce sont d’étroits et arides val- 
lons où la chaleur est insupportable. Depuis les déboisemens 
irréfléchis de la fin du siècle dernier, l’action combinée des eaux 
et du vent a peu-à-peu enlevé toute la couche de terre végétale 
qui tapissait les flancs de la montagne, et le Ventoux n’est plus 
qu'un mont pelé où la roche disparaît sous les fragmens de 
pierre calcaire amoncelés de tous côtés : aussi peut-on le com- 
parer sans métaphore à un immense amas de pierres calcaires 
concassées. 

À quelle formation appartient le Ventoux? 

Pour répondre à cette question, il eût fallu faire un examen 
attentif de ses couches dans toute sa hauteur. Notre attention 
absorbée en entier par l’étude de la végétation, ne s’est point 
portée sur cet objet; tout ce que nous pouvons dire, c’est que 
la masse de la montagne est calcaire. Vers le sommet, elle est 
jonchée de rognons et de fragmens de silex pyromaque qui 
pourraient faire présumer que les couches supérieures appar- 
üennent au terrain crétacé ou au calcaire siliceux tertiaire qui 
se montre à Vaucluse. Au pied du versant méridional, on ob- 
serve des grès ferrugineux, des poudingues et des lignites qui 
doivent appartenir au terrain de transport tertiaire ancien que 
le dernier soulèvement de la montagne a nécessairement dis- 
loqué. 

Quelques minéraux et un petit nombre de fossiles se trou- 
vent sur le Ventoux. M. E. Frossard y a recueilli de la chaux 
sulfatée, du fer sulfuré en état de décomposition, des em- 
preintes d’oursins et de zoophytes. M. Requien a signalé des 


34 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 


nautilites sur le versent septentrional à la hauteur de 800 mètres, 
et du côté de l’est à une petite distance du sommet, on voit une 
grosse ammonite. Pour le botaniste ces détails de géologie sont 
suffisans; car la cohésion, l'humidité , fa couleur et la pente 
du sol ont probablement une influence plus grande sur la végé- 
tation que la nature chimique de la roche. La couche épaisse 
de fragmens calcaires qui recouvre uniformément les flancs du 
Ventoux, et qui ne disparait qu’au sommet et le long de larète 
dont nous avons parlé, a dû nécessairement modifier puissam- 
ment la végétation herbacée de la montagne. Les tiges des plan- 
tes sont forcées de se faire jour à travers les pierres pour trouver 
la lumière, tandis que leurs racines s’enfoncent dans le sol, 
protégées par les fragmens qui le recouvrent. Il en résulte que 
l’eau pénètre difficilement jusqu’à elles, mais s’y conserve plus 
long-temps. Pendant les grandes chaleurs de l'été elles sont pré- 
servées de l’action directe des rayons solaires avec d'autant plus 
d'efficacité que la couleur grise de la pierre n’est pas favorable 
à l'absorption du calorique. Il y a plus, des nuits toujours froides 
et lévaporation rapide produite par les vents toujours violens 
qui règnent sur ces hauteurs, empêchent le sol de s’échauffer 
d'une manière notable. Il résulte de cet ensemble de circon- 
stances que l’on trouve sur cette montague un grand nombre de 
plantes acaules ou à tige enterrée sous les pierres, qui dissi- 
mulent mal la nudité de ses flancs. 

On ne rencontre pas sur le Ventoux ces sources abondantes 
qui entretiennent la fraicheur sur le penchant des Alpes ; quatre 
filets d’eau semblent jaillir à regret sur ses pentes arides: ce sont 
au nord les puits du mont Serein à 1455" d’élévation , la Font- 
Bliole à 1788", la source d’Angel à 1164”, et enfin celle de 
Lagrave. (+) 


(2) Au pied du versant septentrional du Ventoux, nou loin de Malaucene et à une hauteur de 
&13 m, sur la mer, on voit avec surprise une source abondante, qui forme à l'instant même 


un ruisseau considérable, et rappelle, sous plusieurs points de vue, la célèbre fontaine de 
Vaucluse, 


C. MARTINS. = Sur de mont Fentoux. 135 


MÉTÉOROLOGIE DU MONT VENTOUX. 


On possede pius de renseignemens sur le climat du Ventoux 
que sur celui de la plupart des montagnes de l'Europe. Ils sont 
néanmoins encore bien insuffisans lorsqu'il s’agit d'apprécier 
tous les élémens dont on a besoin pour déterminer les condi- 
tons atmophériques qui influent sur la distribution des végé- 
taux. Nous ne savons pas, en particulier , quels sont le maxima 
et les minima de la température pour chaque mois, les quan- 
tités de pluie et de neige ; nous ignorons le rapport numérique 
des jours sereins aux jours brameux, etc., etc. Toutefois, en 
combinant les obcervations déjà faites, on peut en déduire par 
induction quelques-unes des lois qui nous intéressent. 

M. le Dr. Guérin d'Avignon a fait des expériences directes 
pour déterminer la différence qui existe dans les diverses saisons 
entre la température du sommet du Ventoux et celle de la plaine. 
Il les a consignées dans les Æssais de médecine qu'il a publiés 
en commun avec M. le D'. Waton en 1798, et dans son petit 
volume intitulé Mesures barométriques. U habitait alors Car- 
pentras , où la hauteur moyenne du baromètre est de 353"",30, 
ce qui donne une élévation de 101 mètres au-dessus du niveau 
de la mer. La température moyenne déduite de deux années 
d'observations est de + 18°,4 pour le jour et de+ r1°,2 pour 
la nuit. Dans les grandes chaleurs, le thermomètre centigrade 
s'élève à + 37°, et il atteint souvent 34°,8. En hiver, il descend 
rarement à —2° ou — /° : c’est exceptionnellement qu'en 178% 
il tomba à — 190,5. L'air est presque toujours sec en été lorsque 


c'est le vent du nord qui souffle. En hiver au contraire ce vent 


amène les naages et la pluie. Celui qui vient de l'est est moins 
sec que le vent du nordet moins humide que celui du sud; il 
souffle dans toutes les saisons : celui d'ouest est le précurseur 
des orages. Les vents font quelquefois varier le thermomètre 
de 12° en un jour. La bise ou vent du N.-N.-0. règne environ 
la moitié de l'année : en juin, juillet et août , elle est remplacée 
par le vent du S.-0. qui se lève vers une ou deux heures de 
l'après-midi et cesse au moment ou le.soleil se couche. En ré- 


1306 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 


sumé, dit M. Guérin, dans une lettre qu’il a bien voulu m’adres- 
ser à ce sujet, pendant les mois de juin, juillet, août et sep- 
tembre qui sont les seuls où la végétation soit active sur le 
Ventoux, les vents du midi soufflent cinq ou six fois pendant 
deux ou trois Jours de suite, ceux du nord huit ou dix fois pen- 
dant le même intervalle. Enfin le S.:-O. interrompu par quelques 
jours de calme règne pendant le reste de l’année. La ville de 
Carpentras n'étant située qu’à deux lieues au sud-ouest du mont 
Ventoux, nous pouvons considérer le climat de Carpentras 
comme étant celui du pied de la montagne. Dans les deux ta- 
bleaux suivans nous avons réuni toutes les différences de tem- 
pérature observées jusqu'ici entre Avignon d’un côté, le sommet 
du Ventoux et les bergeries du mont Serein de l’autre. 


TABLEAU DES DIFFÉRENCES DE TEMPÉRATURE 


observées entre Avignon et le sommet du Ventoux. 


SOMMET 
du Ventoux. 


AVIGNON. 
DIFFÉRENCES. | OBSERVATEURS. 


207 1911: 


9 Janvier 1799. 
7 h. 1/2. — 20,5. ” BE Guérin. 


Al 11 Janvier 1798. 
8 h. ù id. 
9 h. id, 
10 h. V52. id. 


127 juillet 1836. 
midi. 8 Martins. 


3 h. : Ds id. 


21 sept. 1814: 
10 h. : Delcros. 
11 h. 910: id. 
midi. 2 id. 
1 h. À F0! id. 
2 h. ù id. 


5 octobre 1797. 5 Guérin. 


C. MARTINS, = Sur le mont Ventoux. 137 


TABLEAU DES DIFFÉRENCES DE TEMPÉRATURE 


observées entre Avignon et les bergeries du mont Serein. 


AVIGNON, BERGERIES 
—_— du mont Serein DIFFÉRENCES. OBSERVATEURS. 
20m. à 1424 m. 


22 Juillet 1836. 
11 h. — 20°,9. ; Martins, 


27 juillet 1836. 
1x h. — 290,0: D id. 


20 sept. 1815. 
2 h. —- 26°,0. Delcros. 
3 h. + 25°,0. . è id. 


21 sept. 1815. 
10 h. + 229,0. 
11 b. 24,5. 


215ept. 1814. 
3 h. —22°,7. 


Du premier de ces deux tableaux nous pouvons déduire la 
différence des températures de l'air, entre À vignon et le sommet 
du Ventoux en été et en hiver. Du second, celle qui existe entre 
cette même ville et les bergeries du mont Serein en été. La tem- 
pérature moyenne d'Avignon, déduite d'observations continuées 
pendant 27 ans par M. Guérin, est de 14°, 38. (Voy. Mes. baro- 
métr. p. 121-158). D’après cela, la différence moyenne de la 
température entre Avignon et le sommet du Ventoux, conclue 
du premier tableau, est de 10°,15 en hiver, 14°,66 en été, et la 
différence moyenne de l’année sera 12°, 82: nombre qui, retran- 
ché de la température moyenne d'Avignon, nous donne + 1°, 56, 
pour la température moyenne de l’année, au sommet du Ven- 
toux. (1) 


(x) Voici les calculs qui nous ont conduit à ces résultats. Soient : 


t La moyenne des températures observées en été à Avignon. D’après les huit dernières oh- 
servalions # — 24°,13. 


138 C. MARTINS. — Sur Le mont lentoux. 


Nous trouvons aussi, pour la différence moyenne de l'été, en- 
ire Avignon et les bergeries du mont Serein, 4°, 4; pour la dif- 
férence moyenne de l’année 8°,2, et 6°,2 pour la température 
moyenne de l’année. (1) 

D’après ces données, nous pouvons calculer le décroissement 
de la température sur toute la pente méridionale du Ventoux. 
Pour le versant septentrional , nous en serons réduits à des ap- 
proximations, parce que nous n'avons pas d'observations direc- 
tes sur les différences de température qu’on trouverait entre le 
pied septentrional de la montagne et les bergeries du mont Se- 
rein, mais seulement sur celles qui existent entre cette localité 
et la ville d'Avignon, située au sud du Ventoux. De plus, la 
petite chaîne parallèle qui s'élève de 800 à 1000 mètres le long 
de ce versant, est située en plein midi, et fait rayonner vers 
lui la chaleur qu’elle absorbe. Le décroissement doit donc être 
faible jusqu’à la bauteur de goo mètres environ, tandis qu'il 
marche très rapidement à partir de cette hauteur. 


CRE 


La moyenne des températures observées en hiver à Carpentras et réduites pour Avignon 

&'—= + 0, 27. 

d' La différence moyenne entre Avignon et le sommet du Ventoux, déduite des observa- 
tions d'été : d = 14°.66. 

d' La différence moyenne entre Avignon et le sommet du Ventoux, déduite des observa- 

tions d'hiver: d'— 10°, 15. 


« 


T La température moyenne d'Avignon: T = 14°,38. : 
æ La différence inconnue correspondant à la température moyenne d'Avignon; 
On aura la proportion: 
t—tl: d—d':: T—tl: d= x, 
D'où 
d— x —:1°,84 et x — 19,80. 


(1) Ne possédant aucun renseignement sur la température d'hiver des bergertes du montSe- 
rein, nous allons chercher d’abord la différence moyenne qui existe entre le sommet du Ventonx 
et Avignon, en été. Pour cela, il suffit de faire dans la proportion ci-dessus, T —249°,3 ; ce 
qui donne pour la différence estivale cherchée 14°, 69. On passe de là à la vraie différence 
moyenne , qui est 12°, 82. Pour les bergeries du mont Serein, on passera de 9°,4, différence 
des températures en été, à la différence moyenne de l’année que nous zommerons y, au moyen 
de la proportion < 
x4 500122 80651004 SN 


D'où 7 —8°,2, qui estla véritable différence moyenne de l'année entre Aviguon el les ber- 


ACTIGS du mont Serein, 


C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 134 


Nous trouvons, en effet, qu'en été, ce décroissement est d’un 
degré pour 87 mètres , depuis les bergeries du mont Serein jus- 
qu’au sommet du Ventoux. On ne saurait tirer aucun résultat 
rigoureux de la comparaison des températures d'Avignon avec 
celles des prairies du mont Serein, pour les motifs énoncés ci-_ 
dessus. Nous ferons observer seulement que leur comparaison 
donne, pour l'été, uni déeroissement d’un degré par 149 mètres: 
décroissement dont la lenteur, comparée à celui du versant op- 
posé, dans cette saison , s'explique par les mêmes circonstances. 

Sur le versant méridional, on observe un décroissement de 1° 
pour 188 mètres en hiver; 129 metres en été, et 1/4 mètres en 
moyenne. . | L 

Comparons ces résultats à quelques-uns de ceux auxquels 
sont arrivés d’autres observateurs. Comme nous ne pouvons 
pas savoir, à priori, si la loi du décroissement de la température 
est la même pour des latitudes très différentes; comme il est, 
au contraire, infiniment probable, ainsi que Ramond l'avait déjà 
remarqué, qu’elle est différente sous la zone torride et dans la 
zone boréale, j'ai cru devoir citer uniquement les résultats four- 
nis par des observations faites sur des montagnes situées du 
43° au 49° degré de latitude, et n’employer que celles où la 
hauteur de la colonne d’air mesurée n’excède pas 2000 mètres; 
car on sait, grâce aux travaux de M. de Humboldt, que la loi 
du décroissement n’est pas uniforme, lorsqu'on s'élève à de 
grandes hauteurs. 

M. le D' Guérin (Mesures barométr. p. 63 Yavait conclu de ses 
observations sur le Ventoux un décroissement moyen de 175m. 
savoir : 156 m. en été et 19 en hiver. Les observations de 
Ramond (Recherches sur la formule barométrique , p. 189), 
qui réunissent les conditions énoncées ci-dessus, donnent en 
moyenne 148 mètres pour 1° de refroidissement, résultat qui 
ne diffère: du mien que de 4 mètres. M. Delcros a trouvé, au 
moyen de 108 observations simultanées , faites en novembre 
1813, à Strasbourg et au donjon de Lichtemberg, dont la dif- 
férence en hauteur est de 275 m°, un décroissement de 1° pour 
159 m. ; sur le Rothiflueh (hauteur 1410 m.), par des observa- 
tions faites en août, 180 m. : pour le Eandsberg (hauteur, 


140 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 


684 m.), 109 et 113 m.; enfin, pour le Chasseral (hauteur 
1468 m.),209 m. La moyenne de tous ces nomhres est un dé- 
croissement d’1° pour 155 m. Ce résultat diffère de 9 mètres de 
de celui auquel je suis arrivé; mais il faut remarquer qu'il 
est la conséquence d'observations faites à quatre degrés de lati- 
tude plus au nord; et cette différence de 9 mètres porte sur un 
élément encore si peu connu des physiciens qu’elle ne saurait 
faire soupçonner l'exactitude de M. Delcros ou la mienne. 

Ainsi donc, sur le Ventoux, le décroissement de la tempéra- 
ture se fait suivant la même loi que sur les montagnes situées 
entre les mêmes parallèles, et, sous ce point de vue comme sous 
les autres, il est éminemment propre aux observations de géo- 
graphie botanique. 

Plusieurs auteurs d’un grand poids ont affirmé que la tempé- 
rature des sources se rapprochait beaucoup de la température 
moyenne de l'air pendant l’année. Cette assertion ne se vérifie 
pas sur celles du Ventoux. La Fontfiliole, qui est située à 1788 
m., c’est-à-dire à 123 m. seulement au-dessous du sommet de la 
montagne et sur son versant septentrional, offre une tempéra- 
ture constante : M. Guérin l’a toujours trouvée de 5°,5 centigr.; 
M. Emilien Frossard et moi, de 5°,0. Or, d'apres la loi du dé- 
croissement , elle devrait différer d’un degré tout au plus de la 
moyenne du sommet et être par conséquent à la température de 
2°,82. Cette singulière source se réduit à un mince, mais intaris- 
sable filet d’eau qui se fait jour entre les pierres. IL est difficile 
d'expliquer son origine-à si peu de distance au-dessous d’un 
sommet isolé et dépourvu de neige pendant quatre mois de 
l’année au moins. La température des autres sources est de même 
toujours plus élevée que la moyenne de l’année. Celles appelées 
puits du mont Serein, situées à 1455 m., sont à 8°,8. La fontaine 
d’Angel, élevée de 1164 m., a une température de 0,0, suivant 
M. Guérin. 

La neige persiste pendant sept mois de l’année sur le sommet 
du Ventoux. Au fond des ravins ou combes qui avoisinent le bâ- 
timent appelé Jas (1565"), et qui sont eux-mêmes à 1500" en- 
viron, on la conserve tout l'été dans de grands trous recou- 
verts de branchages. Tous les jours, pendant la belle saison, 


| 


| 


C. MARTINS. — Our le mont Ventoux. 141 


des mulets la transportent à Carpentras, à Avignon, et même, 
dit-on, jusqu’à Nimes. 

L'ensemble des détails topographiques, géologiques et météo- 
rologiques que nous venons de donner, prouve que le Ventoux 
réunit les conditions les plus favorables pour étudier l’influence 
de la hauteur et de l’exposition sur la végétation; en effet: 

1° Il est situé sous le 45° degré de latitude, à distance égale 
du pôle et de l'équateur, parallèle sous lequel la différence des 
expositions au midi et au nord est aussi sensible que possible; 

2° Ii s'élève au milieu d’une plaine où la température moyenne 
annuelle est de + 14°; celie de janvier, le mois le plus froid , de 
+ 5°; celle d'août, le mois le plus chaud, de + 24°. 

3° Son sommet n’atteint pas la limite des neiges éternelles qui 
est à 950" plus haut : il est cependant assez élevé pour que sa 
température moyenne annuelle soit égale à celle de l'Islande, et 
supérieure seulement de 2°,6 à celle de Ho du Grand- 
Saint-Bernard ; 

4° La composition chimique de la roche, sa ce sa cohé- 
sion, sa pénétrabilité, sont uniformes ; 

5° Les sources qui jaillissent à sa surface sont si peu nombreu- 
ses et si faibles, que partout le sol est également aride et 
desseché. 

6° Les vents violens qui règnent pendant tout l’été dispersent 
les graines dans tous les sens; 

7° Le Ventoux n’est pas couvert de ces grandes forêts qui s’op- 
posent à la dissémination de tous les végétaux, à l’existence de 
la plupart d’entre eux, et altèrent sensiblement les lois du dé- 
croissement de la température ; 

8° La présence d’un grand nombre de plantes sociales, les 
Lavandes, les Thymus vulgaris et T. angustifolius, le Nepeta 
graveolens, l'Aphyllanthes monspeliaca , le Satureia montana, 
l’'Eryngium spina-alba, les Hètres, le Buis, les Pinus alepensis 
et P. uncinata, lOlivier, les Sapins, les Noyers, le Quercus ilex 
et le Juniperus communis, facilitent singulièrement la délimi- 
tation des régions végétales , et la détermination de la plus 
grande hauteur à laquelle chaque plante peut s'élever. 


142 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 


$ II. BOTANÏIQUE. 


Dans le livre intitulé Æerborisations autour de Montpellier , 
par Ant. Gouan (1795), on trouve, page 225, une notice sur le 
mont Ventoux. L'auteur donne une liste des plantes qu’il a ob- 
servées sur cette montagne. Cette liste est fortincomplète, et, de 
plus, elle contient une foule d'espèces qui n’ont jamais existé sur 
le Ventoux ; la plupart des autres sont désignées par de faux noms, 
et enfin, plusieurs d’entre elles ont disparu depuis, par suite 
des déboisemens irréfléchis opérés pendant la révolution. C’est 
une tradition vulgaire dansie pays, que la montagne était autre- 
fois couverte de forêts magnifiques. Les érudits invoquent même 
à cet égard le témoignage de Pétrarque. En effet, celui-ci fit, en 
1345, à l’âge de 4o ans, une ascension au mont Ventoux, qu’il 
raconte en latin fort prétentieux, dans la première lettre du 4° 
livre de ses Epistolæ de rebus familiaribus. W partit de Malau- 
cène avec son frère, se perdit, et rencontra un vienx berger, qui 
l’assura qu'il n'atteindrait pas le sommet. Pétrarque ne se laissa 
pas décourager et arriva, épuisé de fatigue, au haut de la mon- 
tagne. Voici ce qu'il en dit: « Colis est omnium supremus 
quem SYLVESTRES féliorum (1) vocant, Cur ignoro , nisi quod 
per antiphrasim, ut quædam alia dici, suspicor. Videtur enim 
verè paler omnium vicinorum montium. Illius in vertice plani- 
lies parva est, illic demum fessi conquievimus, etc. 

On a voulu conclure de ce mot sylvestres que Pétrarque 
applique aux habitans du Ventoux, qu’autrefois il était couvert 
d’épaisses forêts : cette conclusion est évidemment très hasar- 
dée; mais il est. positif que beaucoup de bois ont été abattus 
pendant la révolution, d’autres renversés par la violence des 
vents. Une forêt, située sur la pente septentrionale, à 1560 
mètres d'élévation, fut déracinée tout entière par une bise 


(x) Cette dénomination est restée à la source qui avoisine le sommet : elle se nomme en- 
core aujourd'hui la fontaine Filiole ( Fons filiorum ). 


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C. MARTINS. — Sur le mont Venioux. 143 


du N.-E., en 1705. Sur la pente N.-O., j'ai vu, à une hauteur 
de 1590 mètres, des souches d'arbres énormes. Un vieillard de 
Malaucène me parlait avec regret des belles forêts qui couvraient 
autrefois les flancs de la montagne , et M. Requien , qui connait 
les plantes du Ventoux comme celles de son jardin, a vu dis- 
paraître successivement le Lilium martagon, le Gentiana ciliata, 
le Veronica aphylla, le Pyrola secunda, et un grand nombre 
de Lichens et de Mousses, qui ne peuvent prospérer qu'à 
l’ombre des grands arbres. 

Ces déboisemens ont-ils altéré sensiblement îes limites de la 
végétation ligneuse? Je ne le crois pas. Examinons d’abord les 
limites supérieures : celles du Hètre, du Pinus uncinata, du 
Juniperus communis et du Quercus ilex, sont indiquées surtout 
par le rabougrissement de ces végétaux, qui, à cet état, ne sau- 
raient devenir un objet d'exploitation. Celle du Sapin (-4bies 
excelsa) est dans une localité tout-à-fait inaccessible. D'ailleurs, 
il n'existe pas sur le Ventoux, comme sur les Alpes, des chälets 
élevés au-dessus de la région des arbres, où l’on entretienne un 
feu continuel pour la préparation des fromages. Les habitans 
des châlets de la Suisse vont chercher du bois au plus près. et 
abaïssent ainsi artificiellement la limite supérieure des végétaux 
ligneux. Peut-être la limite inférieure du Hêtre a-t-elle été un peu 
élevée ; toutefois, au midi, cet arbre se montre d'abord à l’état 
rabougri ,et, au nord, il descend assez bas pour qu'il soit diffi- 
cile de supposer qu'il ait pu croître au-dessous de sa limite 
actuelle. Je dirai la même chose du Sapin et du Pinus uncinata. 
Quant aux Noyers, aux Chènes verts, à l’Olivier, au Pinus ale- 
pensis, leur limite inférieure n’est pas sur le Ventoux ; ils descen- 
dent jusque dans les plaines les plus chaudes de la Provence. 

Mais si les déboisemens n’ont pas altéré sensiblement les li- 
mites des arbres, ils ont exercé l'influence la plus funeste sur la 
végétation de la plaine et de la montagne. Les nuages ne se sont 


plus arrêtés autour de son sommet : au lieu de se résoudre en 


pluies fines et pénétrantes, ils se sont précipités sous la forme de 
torrens éphémères qui ont sillonné ses flancs et dévasté les 
campagnes voisines, L’humidité du sol s'évaporant rapidement, 
les sources ont tari; la terre végétale a été balayée par les vents, 


144 c. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 


emportée par les eaux, et le Ventoux est devenu un mont pelé, 
aride, inculte, où de chétifs troupeaux de moutons trouvent à 
peine quelques maigrès graminées végétant entre des pierres, 
tandis qu’il devrait être couvert de forêts touffues et de prairies 


verdoyantes. 
Depuis Gouan, M. Requien a exploré assidûment le Ventoux. 


Il y a découvert une foule d'espèces, les unes nouvelles pour la 
Flore française, les autres inconnues avant lui. C’est principale. 
ment dans le Supplément à la Flore française, par De Candolle, 
et dans la Flora gallica de Loiseleur-Deslongchamps que ces 
espèces ont été décrites. Il n’a pas négligé la détermination des 
limites végétales et les a figurées sur un profil du Ventoux, qu’il 
a bien voulu me communiquer, avec sa libéralité accoutumée. 
C’est à ce travail inédit que J'ai emprunté la détermination des 
limites du Thym, et il m'a servi de vérification par l'accord 
presque constant de nos résultats. Les différences proviennent 
uniquement de ce que M. Requien a adopté 1960 m. pour la 
hauteur totale du Ventoux, au lieu de 1911, qui est le chiffre 
donné par la géodésie. Quelques-unes de ces limites ont été 
déterminées_sur le versant septentrional, conjointement avec 
M. Delcros , en 1815, et insérées dans la Bibliothèque univer- 


selle, t. V, p. 283 (1817). 
Voici le tableau de ces résultats: 


Limite supérieure des Oliviers et inférieure 

des Lavande" sie RER Ann 
Limite inférieure des Mepeta. . . . .... 837 m. 
Limite inférieure des Pinus , Carlina acau- 


Dis etc ARR SE SRE NS RES ONE: 
Limite inférieure du Fagus sylvatica, Abies 
DecHR OAI INSEE RL FE 97 One 


La nudité des flancs du Ventoux, l'absence de forêts et de 
grandes inégalités de terrain, facilitent singulièrement la déter- 
mination des limites de chaque végétation sociale. Il est aisé de 
voir ou s’arrétent non-seulement les arbres et les arbrisseaux, 
mais encore les herbes telle que les Lavandes et le Safureia mon- 


c. MARTINS. — Sur de mont Ventoux. 149 


{ana qui forment à leur limite des lignes sinueuses qu’on peut 
suivre tout le long des flancs de la montagne et qui conservent 
une horizontalité presque mathématique : en voici quelques 
exemples. Au nord, la limite des Lavandes a été fixée par trois 
stations situées à une demi-lieue au moins de distance hori- 
zontale; les nombres obtenus sont 1375 m., 1359 et 1348. Au 
midi , la limite extrême du Pinus uncinata rabougri a été dé- 
terminée par deux observations faites sur deux points très éloi- 
gnés : lune donne 1810 m., l’autre 1601. 

La planche qui accompagne ce mémoire représente le mont 
Ventoux coupé par un plan dirigé du nord au sud, depuis la 
partie supérieure de la crête jusqu’à la mer, en laissant à l’est 
le sommet de la montagne. Ce plan n’est pas vertical ; j'ai sup- 
posé qu'il était dirigé obliquement vers le spectateur , en tour- 
pant sur la méridienne du sommet comme sur une charnière. 
Il en résulte qu'une partie des versans nord et sud peuvent être 
aperçus par lui. L’échelle des hauteurs est de, c’est-à-dire 
1 millimètre pour 10 mètres; l'échelle horizontale est de ——, 
c’est-à-dire d’un millimètre pour 5o mètres. Sur la marge, nous 
avons indiqué les régions végétales ; sur la coupe, les limites 
des plantes sociales. La ligne marquée o est le niveau de la 
Méditerranée. 

Au pied du versant méridional, on voit une rangée de col- 
lines formées de grès ferrugineux. Elles sont couvertes dOli- 
viers et de Pins d'Alep. Près du versant septentrional, on re- 
marque la petite chaîne parallèle qui s'élève de 800 à r000 m. 
Jai reproduit aussi fidelement que possible l'aspect de la mon- 
tagne en m'’aidant de la carte de Cassini, des ordonnées four- 
nies par les hauteurs barométriques, et d’une vue prise de- 
puis l'arc de triomphe d'Orange, que je dois à l’obligeance de 
M. Charles de Tourreau. Il est évident que les pentes ont dû 
être exagérées dans le rapport des deux échelles. 


X Bean Septembre 1e 


1/40 C MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 


RÉGIONS VÉGÉTALES DU. MONT VENTOUX. 


Le mont Ventoux offre une succession de régions végé- 
tales bien définies et caractérisées par l'existence de certaines 
plantes qui manquent dans les autres. Ces régions sont au nom:- 
bre de six sur le versant méridional, de cinq sur le versant sep- 
tentrional. J'ai cherché à les distinguer en leur donnant le nom 
du végétal le plus commun ou le plus apparent dans la zone 
qu’elles embrassent; mais souvent il m'a été impossible de dési- 
gner une région par le nom d'une plante qui se trouvât dans 
toute son étendue; ainsi, sur le versant méridional, les Lavandes 
s'élèvent bien plus haut que la limite supérieure du Ty mus vul- 
garis qui termine supérieurement la région. Le Pinus uncinata 
commence déjà à 1480 metres, quoique la limite inférieure de la 
région qu’il caractérise soit à 1560. Sur le versant septentrional 
l’Abies excelsa se montre avant la fin des hêtres, mais il est rare 
et n'existe que dans quelques localités, Pour représenter exac- 
tement ce qui existe dans la nature, il faudrait que ces régions 
empiétassent les unes sur les autres, disposition très difficile à 
figurer d’une manière graphique. C'est afin d’obvier à cet in- 
convénient que J'ai noté sur la coupe de la montagne les limites 
inférieures et supérieures de chaque plante sociale. 


Régions du versant meéridional. 


Région du Pinus alepensis. Get arbre, qui forme des forêts 
en Syrie, en Italie et sur les bords de la Méditerranée aux envi- 
rons de Fréjus et d'Antibes, s'élève sur les collines, qui sont au 
nord-ouest de Bedoin , jusqu’à une hauteur qui varie entre 303 
et 450 mètres, on trouve dans ces forêts tous les végétaux qui 
caractérisent la région méditerranéenne tels que : 


Olea europæa. Helianthemum fumana. 
Quercus coccifera. Catananche cœrulea. 
Erica scoparia. Slæhelina dubia. 
Doryenium suffruticosum. Leuzea conifera. 
Rosmarinus officinalis. Genista hispanica. 


Région du Quercus ilex. Les bois rabougris dont l’essence est 
L 


C. MARTINS. — Sr le mont Ventoux. 147 


formée par cet arbre s'arrêtent aux environs de Bedoin a une 
hauteur qui oscille entre 480 et 540 mètres; dans cette région on 
trouve les plantes suivantes : 


Centaurea solstitialis. Melissa nepeta. 


Scolymus hispanicus. Xanthium spinosum. 


Glaucium luteum. Psoralea bituminosa. 


Plumbago europæa. Juniperus oxycedrus. 


Buplhthalmum aquaticum. Euphorbia characias. 


Région du Thymus vulgaris et des Lavandes. — Elle s'élève 
jusqu’à r 150 mètres, est dépourvue d'arbres et occupée par des 
champs d'avoine , de seigle, de pois chiche ( Cicer arietinum) , 
du Buis rabougri, le Cynanchum vincetoxicum , le Nepeta gra- 
veolens , l'Aphyllanthes monspeliaca, le Carlina acanthifolia, 
des touffes éparses de Teucrium polium , et quelques pieds de 
Prenanthes viminea. 


Région des Hétres. — Les premiers Hètres rabougris se mon- 
trent à 1153 mètres; mais ce n’est guère qu’à 1240 qu'ils de- 
viennent élevés et touffus ; aussi fixerons-nous à 1150 mètres 
le commencement de cette région, car à cette hauteur, le Hêtre 
exclut toute autre végétation. La limite supérieure de cette ré- 
gion s'élève à 1660 mètres. On trouve un grand nombre de 
plantes ligneuses et herbacées à l'ombre de ces arbres : ce sont, 
à mesure qu'on s'élève : | 

Juniperus communis. 

Urtica dioica. 


Hieracium prunellæfolium. 
Solidago virsa-aurea. 


Eryngium spina-aiba. 
Acer opulifolium. 

Pyrus aria. 
Æmelanchier vulgaris. 
Rhamnus alpinus. 

Rosa ruliginosa. 
Paronychia serpillifolia. 
Ribes alpinum. 

Silene valesia. 

Galium pum:lum. 
Sempervivum montanum. 
Chrysanthemum corymbosum. 
Viburnum lantana. 
Bisculella coronopifolia. 


Cacalia alpina. 
Sedum anopetalum. 
Festuca durtuscula. 
Galium Villarsit. 
Cheiranthus alpinus. 
T'halictrum pubescens. 
Taraxacum dens-leonis. 
Achillæa millefolium. 
Ayvena elatior. 
Carduus carlinæfolius. 
Arbutus uva-ursi. 
Rumex alpinus. 
Anthyllis montana. 
Athamanta cretensis. 


10. 


148 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 


Cette zone est la région boisée du Ventoux : elle forme une 
bande noire qui le traverse dans son milieu et qu’on aperçoit 
de fort loin. Je ne pense pas, comme je l'ai déjà fait remar- 
quer précédemment, que les exploitations aient altéré sensible- 
ment ses limites inférieures et supérieures. Voici sur quoi je me 
fonde : les Hêtres commencent à 1130 mètres, et forment jus- 
qu’à 1240 des buissons bas et rabougris qui ne valent pas la 
peine d’être exploités; supérieurement, à 1660 mètres, ils sont 
trop élevés pour que les habitans de Bedoin et des communes 
voisines aillent les chercher si haut sur la montagne. C’est uni- 
quement au milieu de la forêt que lon trouve çà et là des 
arbres ou des branches coupées ; elles servent principalement à 
recouvrir la neige quiséjourne dans des trous où elle se conserve 
pendant l'été. 


Résion du Pinus uncinata. — La limite inférieure de cet 
arbre est à 1480 mètres ; à 1650 il se rabougrit et forme de petits 
buissons hémisphériques ; c’est le seul arbre qui monte Jjus- 
qu’à 1810 mètres, limite extrème de toute végétation ligneuse. 
Outre la plupart des plantes de la région précédente qui s'é- 
lèvent dans celle-ci, on y trouve le Teucrium montanum , Va 
Saxifraga cespitosa et le Juniperus communis. 


Région Alpine. — Elle s'étend depuis 1810 mètres jusqu'au 
sommet, qui est à 1911 ; les végétaux dominans de cette région 


sont : 
Papaver aurantiacum. Avena sedenensis. 
Viola cenisia. Biscutella coronopifolia. 
Galium Villarsti. Poa alpina , brevifolia. 
Alyssum montanum. Carduus carlinæfolius. 
Arenaria striata. Urtica dioica. 
T'hymus serpy llum. Euphorbia gerardiana. 8 minor. 
Oxytropis cyanea. Athamanta cretensis. 
Tberis nana. Festuca duriuscula. 
Avena setacea. Carex rupestris. 


Les neuf dernières plantes de cette liste habitent le monticule 
terminal, qui a 21 mètres environ de hauteur. 


C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 149 


Régions du versant septentrional. 


La région la plus inférieure est caractérisée par l'existence 
du Chêne vert, du Mürier, des vignes, etc. 

Région du Quercus ilex.— Sa limite supérieure est à 618 m.; 
mais auch elle descend plus bas. On retrouve dans cette 
région la plupart des plantes que nous avons observées sur 
la pente méridionale. Je mentionnerai seulement le Satureia 
montana, le Spartium junceum , le Senecio gallicus et YEu 
phorbia serrata. Je n'ai pas observé ces trois dernières sur le 
versant qui regarde le sud. 

Région des Noyers — Sa limite supérieure se trouve au-des- 
sus de la chapelle de Saint-Sidoine , à 597 mètres; quelquefois 
elle s’abaisse jusqu'a 619. Cet arbre, qui est aussi abondant de 
ce côté qu'il est rare de l'autre, m'a paru devoir caractériser 
cette zone, d'autant plus que la hauteur à laquelle il s'élève sur 
le Ventoux s'accorde parfaitement avec sa limite moyenne dans 
les Alpes de la Suisse. On remarque dans cette région : 


Echinops ritro. Buxus sempervirens. 
Centaurea paniculata. Cynanchum vincetoxicum. 
Catananche cæœrulea. Carlina acaulis , v. caulescens. 


Plus haut, c'est-à-dire entre 797 et g10 mètres, le sol est 
couvert de Lavandes, de Buis et de Thymus vulgaris ; mais 
aucune végétation arborescente ne caractérise cette zone. 


Région des Hétres.— Elle règne depuis 310 jusqu'a 1376 m. 
ou finissent les grands Hêtres avec les Lavandes, et où commen- 
cent les Hêtres rabougris. La plupart des arbres et arbrisseaux 
de la région des Hètres du côté opposé, tels que: Æmelanchier 
vulgaris, Acer opulifolium, Pyrus aria, Viburnum lantana , 
se retrouvent dans celle-ci, de même que l'£ryngium spina-alba 
et l’Urtica dioica. J'y ai découvert quelques végétaux que je n'a- 
vais pas rencontrés sur l’autre versant : ce sont : 


lex aquifolium. Oxalis acetosella. 
Sambucus ebulus. Hieracium staticefolium. 
Digitalis parviflora. Antennaria dioic«. î 


Asperula odorata. Phyteuma Charmele. 


150 C. MARTINS. — Sur de mont Ventoux. 


Région du Pinus uncinata et de l'Abies excelsa. — Ces deux 
arbres, dont la limite inférieure est au-dessous de la région 
qu'ils caractérisent , ne s'élèvent pas au-dessus de 1720 mètres. 
Les végétaux les plus intéressans parmi ceux qui les accom- 
pagnent sont : 


Cacalia alpinæ. Linaria alpina. 
Plantago victorialis. L. striata. 

P. media. Silene valesia. 
Phyteuma spicatum. Arenaria grandiflora. 
Aquilegia viscosa. Papaver aurantiacum. 
Polypodium calcareum. Gulium pumilum. 
Hieracium prunellæfolium. 
Paronychia serpillifolia. 


Dianthus sub-acaulis. 


Cheiranthus alpinus. 
Cotoneaster vulgaris. 
T'halicitrum pubescens. 


Arenaria austriaca. Androsace villosa. 


Les six dernieres plantes se trouvent à la limite supérieure 
de cette zone, 


Région Alpine. — Elle commence à 1720 mètres, et monte 
jusqu'au sommet; on y observe les plantes suivantes : 


Alyssum montanum. Phyteuma orbiculare , nanurm. 
Athamanta cretensis. 


Arnica scorpioides. 


ÎIberis nana. 
Galium Villarsii. 
Arenaria striata. Carduus carlinæfolius. 
Valeriana saliunca. 
Allium narcissiflorum. 


Ranunculus Columnæ. 


A. mucronata. 
A. tetraquetra. 
T'hymus angustifolius. 


Avena setacea. - Oxytropis eyanea. 


Festuca duriuscula. 
Saxifraga oppositifolia. 
$S. muscoides. 

S. cespitosa. 

S. aizoon. 

Campanula Allionti. 


Astragalus aristatus. 
Ononis cenisia. 
Alchemilla alpina. 
Urtica dioica. 
Globularia cordifolia. 


Carex rupestris. 


(La suite au prochain cahier.) 


U. H. DE VRiese. — Cycadearum Africæ-Australis. 15 


Novæ species Cycadearum Africæ-Australis quas descriptio- 
ribus illustravit U. H. pe Vies, ph. et med. D, prof. extr. 
in Athenæo illustri Amstelodamensi. 


Quo tempore prodiüit scriptum Lehmannianum de Cycadeis 
Africæ Australis (1), non solum unicuique hortorum præfecto 
occasio est oblata melius cognoscendi plurimas Cycadeas , sed 
ansa mihi quoque data commerci litterari, cum clarissimo 
Lehmanno, quod hos inprimis mihi tulit fructus ut huic speciosæ 
familiæ plantarum , necdüm satis cognitæ , animum animadver- 
terim et nunc summam specierum earum quas observaverim 
publici juris faciam. In quo suasorem præcipuum agnosco pro- 
fessorem Hamburgensem Lehmannum , cujus humanitati et 
amice mecum factæ communicationi maximé debitur, si forte 
quid animadversione dignum his in adnotationibus reperiatur, 
quæ vero qualescumque sint, id saltem efficiant ut ali quoque 
ad pervestigandas suas species denuo excitentur. Non aliam his 
scriptis laudem sector aut honorem. Cycadearum ordini , magis 
formä quaäm numero specierum notando, anteà duo genera, 
Cycas L. et Zamia L. accensebantur (2). Horum postremum 
recensioribus Eckloni et Zeyheri in Africa Australi Botanicis 
perquisitionibus, et deinde inprimis Lehmanni opera rectius 
cognitum ést, ab eoque primüm in duo genera accuratè distinc- 
um. Quam separationem jàm significaverant quidem Cel. Dryan- 
der et R. Brown (3), alique, deficiente tamen cognitioni struc- 
turæ florum extra omne dubium ponere non potuerunt. 


(1) Hamburgi editum, 1834. 
(2) Richard, Sur les familles des Cycadées, p. 17958 


(3) «Species Americanæ, quæ Zamiæ genuinæ , a capensibus et Novæ Hollandiæ forsan 


À 
ñ 


genere distinguendæ , monente CI, Dryandro; propter squamas masculas peltatas , muticas, 
femineis conformes ; et acervulos antherarum binos distinctos ; in his porro pinnæ cum ra- 


cheos processu manifestè articulatæ sunt, dûm in reliquis vel obsoletissime articulatæ , vel 
» omninô decurrentes, « Prodr. p. 348 , edit, London, 1810. 


152 U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 


Utriusque generis, collatis speciebus americanis et africanis 
ab Eklono adportatis characteres itàa constituit auctor. 


I. ZAMIA L. Richard , Conifères , tab. 27, 28. 


Mas. Strobilus : squamæ apice dilatato incrassatoque hexa- 
gono-peltatæ, basi valde angustatæ , subtus in superiore parte 
instructæ acervulis binis antherarum unilocularium in margine 
squamarum prominentibus. 


Fem. Strobilus squamis apice dilatato incrassatoque hexagono- 
peltatis subtus bifloris, floribus inversis. Fructus; Drupa mono. 
sperma. 


IT. ENCEPHALARTOS Lehm. Tab. 3 Operis laudati. 


Mas. Strobilus : squamæ apice angustato-incrassatoque rhom- 
boideo-peltatæ, subtus antheris sessilibus unilocularibus undique 
confertissime obtectæ. 


Fem. Strobilus : squamis apice dilatato incrassatoque rhom- 
boideo-peltatis subtüs bifloris, floribus inversis. Fructus : drupa 
monosperma. 

Character igitur maximè essentialis, qui dicitur, Zamiæ est in 
antheris marginalibus et squamis hexagonis peltatis. Encepha- 
larti vero character versatur in antheris dense confertis per 
totam inferiorem superficiem squamæ cuneiformis, apice rhom- 
boideï. 

Characterem genericum a se positum vidit iterum confirma- 
tum cl. auctor in Encephalarto Caffra, qui mense Maio hujus 
anni Hamburpi floruit. Tandem equidem vidi in figurà egregià 
inflorescentiæ Æncephalarti horridi masculini et fœminini, me- 
cum communicati a viro doct. C. Dalen, med. doctore Rothero- 
damensi, qui utramque plantam florentem ante aliquot annos 
a promontorio Bonæ Spei acceperat. 

Nominis rationem intelligas ex Græcis txepahos et épros, egregie 


U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 155 


datum plantis illis quas nostrates in illà terrà, quondam colonia 
Batavorum, ob usum, panis arbores dixisse videntur. 

Ad hoc genus Lehmannianum referendum est illud quod sub 
Arthrozamiæ nomine proposuit Reichenbachius (conspectu 
regni vesetabilis,n° 751) quod haud rectè ad Zamiamn L. retulit 
Endlicherus. (1) 

Undecim a Lehmanno M aber Encephalarti species, 
quæ omnes capenses sunt, excepto solo Z. spirali (Z. spirali 
Salisb.), cujus patria est Nova Hollandia. 

Haram in numero duæ novæ species ab auctore propositi 
sunt, eo tempore incognitæ, Encephalartos Frederici-Gullielmi 
et Encephalartos Altensteinii utraque planta forma egregia spec- 
tabilis ac dignissima quæ talium botanices Mæcenatum nomine 
indicetur. 

Specierum notæ petuntur ex caudicis conditione, ex rachi ac 
pinnis, quæ tamen ni graviter fallor non omnes ejusdem viden- 
tur esse dignitatis et constantiæ. Accedit quod in siccatis atque 
herbario servatis frondibus, rachis forma difficiliüs efficiatur, si 
quidem laxior ejus internus contextus et succi mucilaginosi 
evaporatio faciant ut in unum confluant exteriora, et naturalis 
forma , non nisi instituta cum vivis plantis comparatione tuto 
erui adhiberique ad certd definiendas species queat. 

Sunt in Encephalartis plurima quoque quæ incremento par- 
tium mutentur. Quod maximè valet de directione frondium, 
forma pinnarum earumque pubescentia. Lanuginosam tamen 
aut glabram superficiem caudicum excipias quæ in coustituendis 
speciebus non parvi faciendæ esse videntur. Id quod non effugit 
Lehmannum, qui aliarum caudices constanter lanuginosos, 
aliarum semper glabros esse, merito contendere videtur, quique 
in specimine pulcherrimæ speciei Encephalarti Frederici Gui- 
lielmi, horti Hamburgensis tres pedes alto, lanuginem peren- 
nem agnoscit. Idem constat ex descriptione et figuris Zamiæ 
lanuginosæ Jacquini (2), qui scribit: « Caudex in hoc nunc 


(1) Reich. Zandb, d. nat, Pflanz. Systems, 1837, p. 60. 
(2) Fragm. bot. figuris coloratis illustrata ab auno 1800 g, edita per vi fasc., opera et 
sumptibus Jacquini. Viennæ , 1809, ibique tab. 30 et 3r. 


154 U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 


« altitudinem novem unciarum attigit..... lanugine ad tactum 
« molli totus obductus , quæ plane desideratur in aliis. » 

Quæ lanugo quemadmodüm nonnullis, ità glabrities aliis con- 
stans esse speciebus videtur.!n caudicibus junioribus ac turio- 
nibus aliarum specierum et partium hoc præcipuè manifestum 
est ne minimum quidem lanuginis obferentibus. 

Sequitur jam specierum aliquot generis ÆEncephalarti quas 
nunquam descriptas esse opinor, aut figuris illustratas, qualis- 
cumque commemorato. 


I. ENcEPHALARTOS BRACHYPHyYLLUS Lehm. et de Vr. 


Encephalartos brachyphytlus Hortulan. - 


E. caudice glabro, rachi subtereti vel semitereti, supra hic illie 
lanuginosa, infra minus lanuginosa. Pinnis multi-jugis, brevibus 
lanceolatis, pagina superiore extrorsum flexis, basi et interiore 
(id est inferiore) margine omnibus lanatis, exteriore (id est su- 
periore) rarius lanatis, aut plane glabris, mucrouatis. DE Ve. 


Habitat in Africa australi. 


Habitu bæc planta a plerisque aliis quos novi Encephalartis 
diversa est. 


Caudex in nostro specimine habet diametrum transversum duorum circa de- 
cimetrorum, altitudinem paulo minorem. Quæ supra terram invenitur pars fere 
hemisphæram refert. 

Superficies est squamosa, glabra, tota obtecta cicatricibus lapsorum aut abscis- 
sorum foliorum., 

In vertice gerit frondes 10-16, aut plures, quæ cinguntur retroflexis parti- 
bus superstitibus externarum frondium. 

Inflorescentia. Strobilus masculinus ex medio frondium exsurgens ; solitarius , 
diüturnæ evolutionis (fere biennis), erectus, frondium rudimentis quasi cir- 
cumdatus, sessilis oblongus, 0,15 metri longus, et 0,05 latus, teres, in super- 
ficie rugosus. Coustat totus ex massa dura, lignea, brunnea. In medio axis est 
durissima, cui, ope basis angustioris, in spiræ modun affiguntur. squamæ aut 
bracteæ , apice romboïdeo-peltatæ , superna parte siriato-rugosæ ; adversa vero 


% 
-  U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 155 


totæ quantæ antheris numerossissimis unilocularibus, longitudinaliter, dehis- 
cenübus, obtectæ. 

Frondes apice et basi parumper decrescentes, divergentes, diversi modo cur- 
vatæ, laxæ; in pagina superiore saturate virides , in dorso pallide virescentes. 
Rhachis digitum crassa, subteres vel semitcres, ex strata constans exteriore du- 
riore et compage iatcriore medullari laxa, succo mucilaginoso, in aere coagu- 
labihi, repleta. 

Rhachis facies superior, id est, quæ lucem spectat, obtegitur lanugine ad 
basm densa, cinereo-grisea, adpressa, versus apicem vero minus densa, arach- 
noïdea aut floccosa. 

Facies ejusdei inferior ad basin et insertionem pinnarum parumper lanata 
est, porro vero sursum pilosiuscula aut tomentosa, tandem glabra, per totam 
longitudinem tenuissime striata. 

Piunæ conniventes, breves 0,05 metri partes æquantes, versus apicem et basin 
rhachis decrescentes. Juga pinuarum plerumque quinquaginta. Pinnæ ipsæ rachi 
continuæ primum oppositæ, tum ex torsione rhachis alternantes, approximatæ. 
Sunt autem pinoæ basi sua ita torsæ ut superficies folioli partim dorso sequentis 
accumbat, partim exteriora spectet; quæ versio facit ut dorsa pinnarum utri- 
usque lateris rhachis sibi opponantur. 

Omnia foliola sunt lanceolata aut lineari-lanceolata, longitudinaliter tenuis- 
sime striata ; pleraque ad basin lanata autarachnoïidea , nonnulla hic illic ciliata, 
ceterum glabra, striata, integerrima, basi et apice angustata ; apex quidem 
quodammodo inæqualis, obliquus, mucronulatus, mucronein pleris sphacelato. 

Hæc species proximè accedere ad eos Encephalartos videtur, 
quarum pinnæ sunt integerrimæ; ab omnibus mihi cognitis 
speciebus maximè distincta est brevitate ac propria forma pin- 
narum; £.cycadifolius a nostro differt pinnis linearibus, £. pun- 
gens, E. Lehmanni, E. caffer, ne alios characteres commemo- 
rem, quam facillime longitudine et forma pinnarum a nostra 
planta distinguntur. 

Reperta est ab Henrico Swellengrebel, viro nobilissimo, archi- 
capitulari Rheno-Trajectino (Heer van het Domkapittel) in itinere 
ab eo facto, anno 1976 , per terram Caffram. Ab eodem in pa- 
triam reduci, sequenti anno allata et culta est usquè ad an- 
num 1802 in suburbano propè Trajectum , a quo tempore Hen- 
ricus van Lunteren, cultor hortulanus diligens hanc. plantam 
possidet. Bis florait primum anno 1833 tum anno 1836, quo 
huic specimini ad hoc usque tempus in scientià botanicà inco- 
guità , premium plantæ rarissimæ florentique propositum antis- 


61 
136 U.H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 


tibus culturæ hortorum Batavæ in certamine mense Junio habito, 
opportunitate festi bi-secularis universitatis Rheno-Trajectinæ, 
adjudicaverunt uno consensu certaminis judices. Horum verd 
virorum clar. nullus unquàäm se huic similem plantam cycadeain 
vidisse meminerat, nec ad cognitarum specierum aliquam re- 
ferre poterat. Igitur planta pro nova specie habenda esse vide- 
batur. 

Equidem hanc plantam denud explorare constitueram. Posteà 
igitur collata eadem cum descriptione specierum cognitarum, 
nulli diagnosi convenire mihi visa est. De genere quidem proti- 
nus nullum erat dubium. Novæ speciei opinione me confirmavit 
Lehmannus vir cl. et ad descriptionem ac delineationem confi- 
ciendam et edendam auctor benevolus mihi exstitit. In horto 
autem botanico Hamburgensi (1) eadem planta colitur sub no- 
mine Æncephalarti brachyphylli, uti mecum communicavit 
Lehmannus, quod nomen ideo, quippè egregie indicans præ- 
cipuum characterem essentialem, servandum atque viri celeb. 
idcirco nomen quoque huic postponendum esse duxi. (2) 


2. ÉNCEPHALARTOS ELONGATUS Lehm. 


E caudice glabro, rachi obscure tetragona pinnisque glauces- 
centibus, lineari-lanceolatis, falcato-ensiformibus, pungentibus, 
elongatis, integerrimis , glabris. Len. 


Sunt rhaches graciles, quodammodo carinatæ longissimæ , læves nec splen- 
dentes. Pinnæ alternæ, crecto-conniventes; latis quandoque intervallis distant 
a se invicem quæ in eodem latere reperiurtur, sunt longe, vel lineari, vel fal- 
cato-lanceolatæ, basi angustæ, medio latiores, apice iterum contractæ, pungen- 
tes, planæ, saturate virides in pagina præsertim superiore, minus in inferiore ; 
tola frons apice et basi decrescit. 


Est species affinis E. Lehmanni, sed ab eo tamen valdè 


e 


(1) Doubletten Verzeichniss des Hamb, bot.-gart. 1836, p. 97. 
(2) Düm hæc jàm per plures menses typis describenda parata erant ; hujus plantæ comme- 
morationem dandam esse censui , in diario Harlemensi qui inscribitur ; Vurtius artium et lit- 


cerarum. Multa impedimenta expertus hæc priüs ja lucem emittere haud potui. 


U. U. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 157 


distincta characteribus in diagnostica phrasi indicatis. Colitur 
in horto botanico Hamburgensi, ejusque frondem cum diagnosi 
a se conscripta, mecum humanissimè communicavit Lehmannus 
in litteris die 6 mensis Octobris anni 1836, ad me datis. Hanc 
plantam vidit vir cl. in collectione plantarum Parmentieriana 
Enghiennensi. Eamdem jam ante multos annos in horto bota- 
nico Rotterodamensi cultam vidi, novamque speciem esse sus- 
picatus sum, quod nunc arguit quoque vir doctissimus Mi- 


quel. (1) 
3. ÉNCEPHALARTOS SPINULOSUS Lehm. 


Zamia spinosa Hortul. 


E. caudice glabro, rachi brevissima, inferiore semitereti , su- 
periori plana, foliolis oblongo-lanceolatis, subpruinoso-glauces- 
centibus, exteriore latere supernè apiceque inæqualiter dentato 
dentibus spinulosis 3-4 ;interiore 1-2 dentato. DE Ve, 

Hujus speciei rachin accepi a Lehmanno, una cum illà sequer- 
tis speciei. Videtur et hæc planta, cujus in hortis juniora tantum 
coluntur specimina,adhuüc noôndüm descriptam obferre speciem. 
Fructificatio incognita adhuc est. 


Magnam certèin characteribus essentialibus, habet analogiam 
cum oilaste Allensleini ; qui tamen pinnas obfert in 
utroque latere divaricato denticulatas. A cæteris omnibus 


speciebus quam facillimè parvitate hæc ab unoquoque distin- 
guetur. 


(x) Conf. Nunt. Lit. et Art. Hart. anni 1837.Nunc vero viro doct. animus.esse videtur hujus 
plantæ figuram exhibere eamque describere, quo fit ut equidem hâc in specie brevior esse 
possim, 


158 U. H. DE VRIESE. — Cycadearum. Africæ-Australis. 


4. ExcEPHALARTOS Nanus Lehm. 


F 


Zamia nana MHortulan. 


E. caudice glabro, rhachi brevissima , inferiore teretiuscula, 
superiore planiuscula , sulcata; foliolis pruinoso-glaucis, oblon- 
go-ovatis, mucronulatis ; latere exteriore bi-tridentato, interiore 
integerrimo, vel rarius rudimento parvi dentis instructo. DE Vr. 

Accedit procul dubio proximè ad Æ. horridum, a quo, ne 
habita quidem aliorum characterum ratione , differt maximè 
dentibus non divaricatis , valdè approximatis. 

Pleraque specimina hortorum Batavorum inter se collata, 
majores vel minores obferunt diversitates, ità ut tot ferè consti- 
tuere varietates possis quot plantæ numerantur. Maxima quidem 
et pretiosissima exemplaria habet hortus Hopeanus Spaarnber- 
gensis prope Harlemum , tum horti Academici Lugduno-Batavus 
et Rheno-Trajectinus. Magni caudices cernuntur in Cycadeis 
cultoris cujusdam urbis Trajecti, qui tamen frondes mihi roganti 
ad instituendam comparationem , non cessit. 

Hæc diversitas quoque conspicua est in speciminibus horti 
Amstelodamensis, in quibus tres præsertim numeramus species 
certo distinctas. Æ. Lehmanni Eckl. (cujus specimen junius ante 
tres annos 6btulimus horto botanico Parisiensi) ab eo tamen 
quem a Lehimanno legimus descriptum, rhachi teretiuscula, di- 
versum (1). Altera nostri horti species est Æ. caffer egregie 
Lehmannianæ conveniens diagnosi. 

Nulla vero species in hortis tot obfert diversitates, quot tertia 
horti nostri species £. ille horridus , sive Zamia horrida a Jac- 
quino descripta et figura illustrata. Quam Jacquinianam descrip- 
tionem et delineationem si pro typo hujus speciei habemus, 
nequaquam impedimus quominus in his hortorum Æncephalar- 
is communi Lorridorum nomine vulgo dictis, plures varietates 


(x) Vide iconem speciei in 4/9. Garten-Zeitung herausgegeben, von Frien. Otro, und 
Axe, Dierricu 4ter Jahrg, n° 20 1836. 


U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 159 


etunam alteramve speciem distinguamus,cüm in horto botanico 
Amstelodamensi, tüm in reliquis hortis Batavis præsentem. Ho- 
rum quidem uti et aliorum frondes mecum, quæ sunt humani- 
tate, communicaverunt professores botanices, viri cl. hortorum 
præfecti. Quibus sinceras ago gratias et qui non improbabunt 
ea a me in lucem edi, quæ ex collatis speciminibus jure meo 
conficere mihi videor. 


5. EvcrpHATARTOs Van Hazrrr De Vr. 


E caudice. .…. rhachi sub-tetragona pinnisque sordidè palli- 
doque viridibus , lanceolatis , acutis , glabris, in inferiore mar- 
gine dentibus duobus late-distantibus, grandibus, foliolis rard 
subbifidis,in superiore latere uni-brevissimequedentatis. DE Ve. 

Frondem hanc mihi dedit Herm. Chr. van Hall, vir cl. bota- 
nices et œconomiæ ruralis in Academia Groningiana professor, 
instituto regio Batavo adscriptus. Collata hac fronde cum omni- 
bus Encephalartis mihi cognitis, ad nullum melius accedere 
quam ad Æ. horridum visa est ; ab eo tamen tot characteribus 
differre ut equidem non dubitem eam novam habere speciem, 
quam nomine viri amicissimi, cujus benevolentia eamdem cog- 
novi, indicare gratus requirit animus. 

Utrum veré judicaverim necne constet ex descriptione sequenti 
cum Jacquiniana illa Zamiæ horridæ comparata. Rhachis ferè 
eadem se habet ratione, qua rhachis Z. horridæ Jacq. descri- 
bitur. Nimirum hæc dicitur tetragona a Lehmanno. In quod 
tamen animadvertere liceat hunc characterem non omnibus 
£E. horridis convenire. In recenter abscissis frondibus nonnullo- 
rum speciminum horti nostri, perfecto teres est transversa sectio. 
Frondes hic sunt patulæ, apice recurvæ, laxæ , cum contra in 
E. horrido rigidissimæ dicuntur; glabræ, rore illo cœruleo- 
glaucescente nequaquam tectæ, non tamen obscurè virent ut 
abstersæ Aorridi frondes, sed pallidissimo viro induuntur. Pinnæ 
pleræque alternæ , supremæ tantum suboppositæ, nec coriaceæ 
illæ , sed magis membranaceæ. Omnes , infimis exceptis , denta- 


160  U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 


tæ. Superiores tantüm margine inferiore trifidæ, pleræque pinnæ 
adultæ in superiore medio margine unidentatæ , dente minimo, 
brevissimo,quiomnibus hujus plantæ frondibus adest, nec in ullis 
aliis Encephalartis, ad Æ. korridum ab hortulanis relatis atque 
cæteris indubiis £. horridi characteribus conspicuis, a me visus 
est. Pinnarum apex non adeo quidem validus atque pungentis- 
simus est, qui veri Æ. horridi, sed ferè mucronulatus. Crescit 
in horto botanico Academiæ Groningianæ. Patriam antem esse 
Africam Australem suadet inprimis affinitas maxima cum Æ. hor- 
rido , Americanarum Cycadearum nulla cum nostrà specie ana- 
logia ,atque Zamiarum antiquarum capensium in hortis Batavis 
præ illis Novi Orbis præsentia. 

Ultima quæ enumerabitur species a Lehmanno etiam ad me 
missa est atque dicitur. 


6. ENCEPHALARTOS LATIFRONS Lehm. 


E caudice glabro , rachi subtetragona, pinnis latis, obscure 
viridibus, lanceolatis, acutis, glabris, mucronatis; inferioribus 
integris; mediis apice inæqualiter bifidis, margine inferiore 1-2 
dentatis , supericre integris ; superioribus angustioribus infe- 
rioreque margine 2-3 dentatis, dentibus inæqualibus. De Vr. 

Iterum proxime ad ÆZ. horridum accedit, a quo præcipuë 
differt, cum absentia superficiei glaucæ latioribusque pinnis, 
tüum diversa marginis inferioris incisura. Allatam diagnosin effeci 
non solum ex ipsà fronde, sed ex iis quoque quæ de hac planta, 
in horto Hamburgensi culta, accepi a viro clar. sæpe a me suprà 
laudato in litteris ad me datis d. 22 m. Julii hujus anni. 


PAYEN, — Sur l°.Æmido, 161 


Mémoirs sur l’Æmidon , considéré sous les points de vues 
anatomique, chimique et physiologique, 


Par M. Paven. 


( Suite. Voy. pages 5 et 65.) 


RÉACTION DES ACIDES SUR L'AMIDON. 


Nous ne saurions, sans sortir du cadre de ces Annales, exposer 
tous les résultats de l’action des acides sur lamidon; on les 
trouvera d’ailleurs tres bien décrits chez les auteurs mentionnés 
dans notre abrégé historique. 

Nous ajouterons, toutefois, que le premier effet des acides 
sulfurique, chlorhydrique, azotique, tartrique, ne se borne pas, 
comme on l'avait généralement supposé, et comme nous l’avions 
admis nous-mêmes (M. Persoz et moi ) d’après l'opinion reçue, 
à rompre une enveloppe et mettre en liberté, une substance 
gommeuse interne , mais qu'il consiste à désagréger toute la 
substance amylacée, et lui faire perdre, en la disolvant, les 
caractères dus à l’organisation spéciale que nous avons fait 
connaitre. 

Que l’acide acétique n’opérant pas un effet semblable, on peut 
tirer de cette différence un parti important pour la science et 
les applications que nous indiquerons en terminant ce mémoire. 

Parmi les réactions ultérieures des acides forts, l’une des plus 
intéressantes et des mieux connues, est celle de l'acide sulfuri- 
que, à l’aide duquel l’eau change l’amidon soluble ou la dex- 
trine en un sucre analogue à ceux dits de raisin, de diabète, et 
au sucre que produit l’action de la diastase. 


XYLOIDINE. 


Au nombre des réactions les plus curieuses entre les acides 
X. Boran. — Septembre. II 


162 PAYEN. — Qur l’Aimidon: 


et la substance amylacée, il faut ranger celle que l'acideazotique 
exerce dans certaines circonstances. 

Nous ne voulons pas ici parler dé la transformation impor- 
tante , mais depuis long-temps connue, de l’amidon en acideoxa- 
lique (1); nous décrirons seulement des combinaisons nouvelle- 
ment constatées, dont une se réalise, tout en conservant en 
grande partie, une résistance et une insolubilité analogues à celles 
de Ja matiere organique ; les notions suivantes qui s’y rapportent 
sont extraites d’une récente communication faite par M. Pelouse 
à l'Académie des Sciences. 

Il ya quelques années, M. Braconnot observa que l'acide ni- 
trique concentré, convertit l’amidon, le ligneux, et quelques au- 
tres substances en une matière nouvelle qu'il nomma Xyloïdine. 

La composition de cette subtance, les circonstances qui ac- 
compagnent sa formation, n’ont pas été examinées ; ses proprié- 
tés principales , étaient incomplètement déterminées ou incon- 
nues : ma note, dit M. Pelouse, sans combler cette lacune, fera 
mieux connaitre la Xyloïdine. 

Si l’on fait un mélange d’amidon avec l'acide nitrique , ayant 
une densité de 1,5, au bout de quelques minutes, la disparition 
de l’amidon est complète, la liqueur conserve la teinte jaune de 
l'acide nitrique concentré, et aucun gaz ne se dégage ; traitée 
immédiatement par l’eau, elle laisse précipiter la Xyloïdine tout 
entière, et la liqueur filtrée donne par l’évaporation, à peine un 
résidu sensible. 

Si, au lieu d'opérer la précipitation par l’eau aussitôt après 
la dissolution de l'amidon, on abandonue la liqueur à elle- 
même dans un vase fermé , elle se colore peu-à-peu et affecte 
les teintes diverses d’un mélange d'acide nitrique et de deutoxi- 
de d’azote. 

L'eau y forme un précipité de Xyloïdine, dont la quantité 
diminue de plus en plus avec le temps, au bout de deux jours 
et quelquefois même de plusieurs heures, elle cesse entièrement 
de se troubler. La Xyloïdine a été détruite et transformée com- 


(tr; On trouvera, dansles Annales de chimie de 1826 , de nouvelles données, dues à M. Gué- 
vin , sur la préparation de cet acide , ainsi que sur un autre acide (oxalhydrique ou nitro-sac- 
charique) provenant encore de la réaction de l'acide azotique. 


PAYEN. — Sur l’ Amidon. 163 


plètement en un nouvel acide que l’évaporation présente sous 
la forme d’une masse blanche solide , incristallisable, déliques- 
cente, dont le poids est beaucoup plus considérable que celui 
de l’amidon soumis à l'expérience. Du reste, il ne se produit ni 
acide carbonique, ni acide oxalique pendant cette réaction. 

La Xyloïdine , premier produit de lacide nitrique sur l’ami- 
don, résulte de l’union, atome à atome, de ces deux corps. 

Lorsqu’au lieu d'abandonner à la température ordinaire un 
mélange d’amidon et d'acide azotique concentré, on le porte à 
l’ébullition, l’amidon , décomposé en quelques minutes, produit 
le nouvel acide déliquescent, qu’on obtient alors facilement 
pur et en tres grande quantité par une évaporation au bain- 
marie. 

Cet acide ne contient pas d'azote, il a quelques rapports avec 
l'acide oxalhydrique (acide-nitro saccharique), mais il en diffère 
par sa composition. Une chaleur modérée le convertit en un au- 
tre acide de couleur noire, soluble dans l’eau , et susceptible de 
régénérer, sous l'influence de l'acide azotique, l’acide blanc dont 
il dérive. | 

L’acide azotique concentré, bouillant, l'attaque avec la plus 
grande difficulté; à froid, il le change lentement en acide oxali- 
que, sans qu’il y ait production d'acide carbonique. 

Ainsi, par une oxidation lente que détermine la présence 
d’une quantité convenable d'acide azotique concentré, l’ami- 
don se convertit successivement en Xyloïdine,en acide déliques- 
cent, et en acide oxalique, sans que le carbone participe au 
déplacement des autres élémens de ces matières. Ces réactions 
curieuses s'effectuent d’elles-mêmes à froid dans des vases fer- 
més. : 

La X yloïdine est très combustible à la température de. 1 80°. 
centésimaux; elle prend feu, brüle presque sans résidu et avec 
beaucoup de vivacité. Cette propriété conduisit l’auteur à une 
expérience susceptible de plusieurs applications, particulière- 
ment dans l'artillerie. (1) 


(x) Il nous semble aussi que, dans la préparation des feux des mines et des pièces d'artifice, 
les papiers et cartonnages , rendus ainsiimperméables etirès combustibles, auraient une grande 
ulilite. 


1 


164 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


En plongeant du papier dans de l'acide azotique à 1,5 de 
densité, l'y laissant le temps nécessaire pour qu'il en soit pénétré 
ce qui à lieu en général au bout de deux ou trois minutes, puis 
l'en retirant pour le laver à grande eau, on obtient une espèce 
de parchemin impénétrable à l’humidité, et d’une extrême com- 
bustibilité. Le même effet a lieu sur lestissus de toile et de coton. 

Le papier ou les tissus qui ont ainsi subi l’action de l'acide 
azotique, doivent leurs propriétés nouvelles à la Xyloïdine qui 
les recouvre. 

Onvoit que dans le composé remarquable, caractérisé par 
les recherches de M. Pelouse, lamidon ayant perdu un atome 
d’eau, remplacé par atome d'acide azotique, joue le rôle de base, 
tandis que le même principe immédiat, en se combinant à 
loxide de plomb, et perdant aussi un atome d’eau, remplit le 


rôle d’une acide. 
Réaction de la diastase sur l'amidon. 


Parmi un si grand nombre de réactions susceptibles de bien 
caractériser l’amidon , et de démontrer sa présence et ses pro- 
portions , aucune n'est aussi remarquable , aussi spéciale que 
celle de la diastase qui nous reste à décrire. 

Cette substance constitue un principe actif, crée pendant la 
germination, et qui n'avait point d’analogue dans la science 
lorsque M. Persozet moi nous sommes parvenus à l’isoler. 

Elle contient d'autant moins d'azote, qu’elle approche plus de 
‘état de pureté : solide , blanche , amorphe, insoluble dans 
l'alcool pur, soluble dans l’eau et l’acool faible, sa solation ac- 
queuse est neutre et sans saveur marquée ; elle n'est point 
précipitée par le sous-acétate de plomb; abandonnée à _elle- 
même elle s’altère plus ou moins vite, suivant la tempéra- 
ture atmosphérique , devient acide et perd toute son énergique 
action sur la fécule; assez sèche pour être pulvérulente , elle 
se conserve long-temps; toutefois, au bout de deux ans elle pent 
avoir perdu sa propriété principale. 

La diastase est bien caractérisée, soit par son inertie complète 
sur les teintures végétales sensibles aux acides et aux acalis,sur 


PAYEN. — Swr l’Amidon. 165 


J'albumine , le gluten , l'inuline, le sucre de canne, la gomme 
arabique, le ligneux. (1) 

Caractérisée surtout par sa puissante action sur la fécule hy- 
dratée qu’elle peut dissoudre et isoler ainsi de la plupart des 
principes immédiats ci-dessus énumérés , ainsi que de tous les 
corps insolubles auxquelles elle serait mêlée, elle peut aussi élimi- 
ner de cette manière les corps étrangers adhérens à l’amidon,que 
lon croyait faire partie d’une enveloppe spéciale, mais qui net- 
tement chassée ainsi, ne bleuissent même plus par liode; elle 
agit sur l’'amidon hydraté à chaud, d’abord en séparant ses grou- 
pes moléculaires, au point de détruire instantanément tous 
les caractères de son organisation. 

Cette singulière propriété de séparation justifie bien le nom 
de diastase, donné à la substance qui la possède et qui exprime 
précisément ce fait. 

Dans le traitement de la fécule par la diastase, l'opération 
convenablement suivie, donne la destrine plus blanche et plus 
pure qu’elle r’avait encore été préparée; aussi y retrouve-t-on 
éminemment, le grand pouvoir de rotation sur la lumière pola- 
risée, qui la caractérise et qu’on n’obtient à un degré égal, par 
aucun autre procédé ; toutefois la solution de diastase en pré- 
sence de la dextrine, convertit cette dernière substance graduel- 
lement en sucre. | 

Il faut que la température soit maintenue durant le contact 
de 65 à 75°, car , si l’on chauffe jusqu’à ébullition la solution 
de diatase, elle perd la faculté d’agir sur la féculeet sur la dextrine. 

La diastase existe dans les semences d’orge , d'avoine, et de 
blé germées, près des germes, mais non dans les radicelles ; elle 
n'existe ni dans les pousses ni dans les racines de la pomme de 
terre, mais seulement dans le tubercule près et autour de leur 
point d'insertion , c’est-à-dire , précisément à l'endroit où l’on 


e 


(x) La diastase détermine la dissolution et la conversion en sucre d’une proportion de fécule 
soixante fois plus considérable que celle opérée dans lemême temps par acide sulfurique, tandis 
que, d’une autre part, ce dernier corps, transforme complètement en sucre, analogue à celui du 
raisin , les quatre substances précédentes , sur lesquelles la diastase est sans influence; enfin la 
présence des carbonates de soude , de potasse ou de chaux, donnant au liquide les caractères 
marqués de l’alcalinité (ce quiparalyserait l'action de l'acide) n'empêche pas la diastase de réagir. 


166 PAYEN. — Suf ll’ Æmidou. 


conçoit que la réaction puisse être utile pour dissoudre la fé- 

cule; elle y est généralement accompagnée d’une substance 
azotée, qui, comme elle , est soluble dans l’eau, insoluble dans 
l'alcool, mais qui en diffère par la propriété qu’elle à de se coa- 
guler dans l’eau à la température de 65 à 75°, de ne point agir sur 
la fécule, ni sur la dextrine, d’être précipitée de ses solutions 
par le sous-acétate de plomb, et éliminée en grande partie par 
Vacoel avant la précipitation de la diastase. Nous avons encore 
retrouvé la diastase dans l'écorce, sous les bourgeons de lay- 
lanthus glandulosa, où j'avais précédemment démontré Ja pré- 
sence de l’'amidon. 

Les céréales et les pommes de terre avant la germination ne 
manifestent point la présence de la diastase ; on l’extrait de 
l'orge germée par les procédés suivans, et l’on en obtient d'autant 
plus, que la germination a été plus régulière, et qu'en-se déve- 
loppant, la gemmule s’est plus approchée d’une longueur égale 
à celle de chacun des grains. (1) 


Extraction de la Diastase. 


Après avoir fait macérer lorge germée en poudre dans l’eau 
à 25 ou 30° pendant quelques instans , on soumet le mélange 
pêteux à une forte pression, et l’on filtre la solution trouble ; le 
liquide clair est chauffé dans un bain-marie, à 95 degrés. Cette 
température coagule la plus grande partie de la matière azotée, 
qu’on doit séparer alors par une nouvelle filtration; le liquide, 
filtré, peut servir à différens essais comme diastase brute: il ren- 
ferme le principe actif, plus un peu de matière azotée, de sub- 
stance colorante, et une petite quantité de sucre; pour séparer 
ces derniers, on verse jusqu’à cessation de précipité de l'alcool 
anhydre dans la liqueur, la diastase y étant insoluble se dépose 
en flocons qu’on doit recueillir et dessécher à une basse tem- 
pérature , afin de ne pas laltérer ; il faut surtout éviter de la 
chauffer humide jusqu'a go ou r100°. 


(1) L'orge germée des brasseurs contient rarement plus de deux millièmes de san poids de 
diastase, 


PAYEN. = Sur l Amidon. 107 


On l’obtient plus pure encore enr la disolvant dans l’eau et la 
précipitant de nouveau par l'alcool, surtout si l’on répète ces 
solutions et précipitations deux fois. Le charbon d’os n’altérant 
pas les solutions de diastase , on peut l'appliquer à leur décolo- 
ration. 

On prépare la diastase exempte de matière azotée , sans coa- 
guler celle-ci, par l'élévation de la température, mais seulement 
par plusieurs précipitations à l’aide de l'alcool. Après chaque 
précipitation, il se dissout moins de cette substance et la dias- 
tase devient de plus en plus blanche et pure; voici lé mode 
d'opérer : 

On écrase dans un mortier l'orge fraichement germée , on 
l'humecte avec environ moitié de son poids d'eau, on soumet 
ce mélange à une forte pression; le liquide qui en découle , est 
mêlé avec assez d'alcool pour détruire sa viscosité et précipiter 
la plus grande partie de la matière azotée, que l’on sépare à 
l’aide d’une filtration; la solution filtrée, précipitée par Falcool, 
donne la diastase impure, on la purifie par trois solutions dans 
l’eau et précipitations par l'alcool en exces. Recueillie sur un 
filtre, elle en est enlevée humide, puis desséchée en couche 
mince, sur des lames en verre dans un courant d'air sec ou 
dans le vide à 4o ou 45°. 

Cette opération peut être rendue plus économique en éva- 
porant ces solutions au bain marie, ou dans le vide au-dessous 
de 70°, avant de précipiter la diastase par l’acooi. 

Lorsque l'extraction de ce principe immédiat nouveau a été 
faite avec soin, son énergie est telle qu’une partie en poids, suf- 
fit pour liquéfier complètement deux mille parties de fécule. 


Dissolution et transformation de l’amidon par la diastase. 


Les phénomènes que présentent la dissolution graduée ou ie 
changement en sucre de la fécule suivant les proportions de la 
diastase et de l’eau , la durée du contact et l'élévation de la tem- 
pérature, sont dignes d'attention; nous ferons connaître les plus 
importans d'entre eux. 


108 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


( La soude et la potasse agissant aussi d’une facon toute diffé- 
rente de l’ammoniaque, où peut déduire de cette observation, 
une preuve à l'appui d’une théorie chimique , et un moyen 
d'essai des composés et sels ammoniacaux que nous décrirons 
aussi. ) 

Si l’on traite la fécule délayée à froid dans huit à dix fois son 
poids d’eau, par 0,005 de diastase , en chauffant le mélange gra- 
duellement au bain-marie, la plus vive réaction s'opère entre 
les températures soutenues de 70 à 80°; elle est telle souvent 
que l’amidon se dissolvant au fur et à mesure qu’il s'hydrate, 
les grains gonflés disparaissent successivement, et ce mélange 
n'acquiert pas une consistance d'empois. On s'assure, en mélant 
une goutte de solution d’ iode , que la totalité de l'amidon est 
transformée, ce qui a lieu au bout de trois heures de réaction, 
si la diastase était bien pure. 

Une légère proportion de substance a die reste quelque- 
fois engagée dans le mélange, sans que sa présence soit décelée 
par l'iode; mais, séparée du sucre par l’alçool, elle reste avec la 
dextrine et se sépare ensuite, lorsqu'on dissout celle-ci dans l’al- 
coo! faible à 0,35 ou 0,4. à 

Dans la fécule préalablement hydratée, l’'amidon gonflé, ayant 
une cohésion moindre, est bier plus rapidement transformé par 
la diastase. 

Lorsque, par exemple, une proportion suffisante de diastase 
est projetée dans de l’empois épais, à la température de 70 à 75», 
qu'une vive agitation multiplie les points de contact ou la réac- 
tion s'opère, une liquéfaction subite alieu. 

La figure 1, planche 5, fait bien voir les effets de cette réac- 
tion, au moment où l’armidon est gonflé par vingt fois son poids 
d’'ean à 80°. Une goutte de l'empois, mise sous le microscope, 
présente ses grains, que l’on peut colorer en bleu par l'iode, 
sous les formes des figures 1 , a. Une minute après Paddition 
de la diastase, le mélange liquide n'offre pius de grains, et l’iode 
ne le colore plus qu’en violet de moins en moins foncé, comme 
Pindiquent les teintes D, c, d,e. 

Une autre expérience tres curieuse, que MM. Dutrochet et 
Dumas ont faite pour observer la réaction de la diastase, consiste 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 169 


à placer dans une petite cavité, entre deux lames de verre, quel- 
ques gouttes de solution étendue de diastase et plusieurs grains 
de fécule, puis à chauffer graduellement sous le microscope. En 
observant avec attention, on voit les grains se gonfler, puis s’é- 
vanouir aussitôt; ils disparaissent tous successivement ainsi, dès 
que la réaction vive commence, entre 65 et 70 degrés centési- 
maux. À 

Après la réaction complète de la diastase, il ne reste plus d’in- 
soluble que des traces de corps étrangers qui adhéraient à l’ami- 
don , tels que des débris de cellules, de l’albumine, des carbo- 
nate et phosphate de chaux, de la silice, et, parfois, une huile 
essentielle, à odeur désagréable. Ces matières varient suivant 
les différentes fécules et les soins apportés à leur épuration. Leur 
proportion excède rarement 0,005 et parfois ne s'élève pas à 
0,001 du poids total. Les moyens d'épuration que nous avons 
donnés les réduisent à moins de 0,0005. 

Nous croyons devoir reproduire’ici la plupart des résultats in- 
téressans obtenus par M. Guérin, relativement aux circonstan- 
ces diverses sous lesquelles il a fait réagir la diastase. (1) 

À une température de 70 à 75°, 100 parties d’amidon avec 
1000 parties d’eau et 1,7 partie de diastase, ajoutée en deux fois, 
n'ont donné que 17,58 parties de sucre. Tout le reste de l’ami- 
don pur était, sans aucun doute, alors transformé en dextrine, 
et ildut en être de même pour les essais snivans. 

1! est résulté d’une deuxième expérience que 100 parties d’a- 
midon, converties en empois avec environ 3900 parties d’eau, 
puis mêlées avec 6,13 parties de diastase dissoutes dans 4o par- 
ties d’eau, fourmssent , entre 60 et 65° , 86,91 parties de sucre. 

M. Dubrunfaut est arrivé aussi à augmenter les proportions 
de sucre, en augmentant la quantité d’eau pendant la réaction 
de l'orge germé. 

Nous avions observé que la réaction de la diastase a lieu sans 
absorption ni dégagement de gaz; M. Guérin a démontré, en 
outre, qu'elle s'exerce dans le vide; qu’à 20° et après vingt-quatre 


(x) L'auteur avait préparé cet agent d’après le premier procédé décrit par M. Persoz 


el moi. 


\ 


170 PAYEN. — Sur l’ Amidon. 


heures, 12,25 de diastase produisent, avec 100 parties d’amidon 
converti en empois, 77,64 parties de sucre; qu'à froid la dia- 
stase. fluidifie encore l’empois. À o°, même, un résultat sem- 
blable eut lieu, et 100 parties d’amidon fournirent 11,82 de 
sucre, que l’on détermina par les produits de la fermentation. 
C’est sans contredit, comme le dit l’auteur, un résultat surprenant 
que de voir la diastase , qui n’est ni acide ni alcaline, liquéfier et 
saccharifier aussi rapidement l’empois, à la température de la 
glace fondante. 

Enfin, en prévenant la congélation à l’aide du sel marin, 
M. Guérin est parvenu à démontrer que la diastase fluidifie l'em- 
pois d’amidon entre — 12° et — 5°, et qu'il ne se produit pas la 
moindre quantité de sucre, mais bien exclusivement de la dex- 
trine. 


Sucre et dextrine produits par la réaction de la diastase sur 
ë l’amidon: 


Lorsque la réaction de la diastase sur l’amidon ne laisse plus 
aucune particule colorable en violet rougetre par l’iode, Îe pro- 
duit contient, suivant les circonstances ci-dessus indiquées, de 
la dextrine et du sucre. 

Voici d’abord les caractères communs à ces deux substances 
et qui les distinguent de l’amidon : 

Elles sont très solubles dans l’eau et dans lalcool faible ; leur 
solution sirupeuse retient fortement l’eau, même au milieu de 
l'alcool à 88 centièmes. 

Dissoutes dans l’eau, eiles ne sont pas précipitées par le tan- 
nin, l’infusion de noix de galle, le sous-acétate de plomb, la 
chaux ni la baryte; l’iode ne les colore pas en bleu. 

Tous ces réactifs exercent, au contraire, par les phénomènes 
que nous venons de décrire, leur influence remarquable sur les 
solutions d’amidon. 

Ni le charbon d'os, ni l’alumine en gelée, aucun des compo- 
sés binaires, des acides, des oxides, des sels métalliques, soit 
neutres, soit à réaction acide ou alcaline essayés isolément ne 
précipitent ni le sucre, ni la dextrine ainsi obtenus, ! 


PAYEN. — Sur l’ Amidon: 171 


L'alcool depuis 95 centièmes jusqu’à l'état anhydre, ne dissout 
ni l’un ni l’autre. 

Toutefois les propriétés caractéristiques suivantes séparent 
nettement l’un de l’autre ces deux produits de la réaction de la 
diastase, permettent de les séparer, comme nous le dirons plus 
loin, et de s'assurer de leur pureté individuelle. 


Le sucre est dissous sans reste, par l'alcool à 84 centièmes, 
tandis que la dextrine est précipitée par cet agent et se rassem- 
ble hydratée au fond du vase. 

IL offre ure saveur très sucrée, tandis que la dextrine, lége- 
rement mucilagineuse, est sans saveur marquée. Elle est très so- 
luble dans lalcoo! à 0,30, moins dans l’alcool à 0,45, et insoluble 
dans lalcool à 0,80. : 

Le sucre, sous linflüence de la levure, de l’eau et d’une tem- 
pérature convenable, se transforme en alcool et en acide carbo- 
nique. Placée dans les mêmes circonstances, la dextrine ne 
donne pas d'alcool; c’est elle qui communique à la bière la pro- 
priété mucilagineuse, qui retient l’acide carbonique; rend la 


mousse persistante; fait reconnaitre cette boisson obtenue des 


grains ou de la fécule et la distingue de celle qu’on a essayé de 
préparer avec d’autres matières sucrées, contenant peu ou point 
de substances gorrmeuses. C’est encore à cette matière que l’on 
doit attribuer les effets de la bière dans la peinture, effets re- 
produits et variés dans les applications de la dextrine. 

La dextrine, sous l'influence de quatre volumes d’eau aiguisée 
d'un centième d'acide sulfurique, chauffée à 100’, se transforme 
ensucre. 

Le sucre que donne la diastase est beaucoup plus difficile à 
dessécher et plus hygrométrique que la dextrine. La composition 
chimique de ce sucre, d’après les analyses de M. Guérin et de 
M. Péligot est la même que celle du sucre de raisin ; tous deux 
ne donnent que des cristaux mous. 


100 d’'amidon desséché dans le vide sec à froid et retenant 2 
atomes d’eau, équivalent à 100 de sucre provenant de la réac- 
tion de l'acide ou de la diastase, et desséché le plus possible. 


100 d'amidon desséché dans le vide à + 140° représenté par 


172 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


C*, H°, 0°, H;, O, équivalent à 111,13 du même sucre, séché au 
maximum que représente la formule 


C Hé 0, 3470 


d'après M. Péligot, formule qui s'accorde d’ailleurs avec la com- 
position en centièmes des analyses antérieures par MM. Prout, 
de Saussure et Guérin. 

Enfin, les expériences de M. Biot ont prouvé qne la dextrine 
obtenue par la diastase exerce une déviation à droite sur le plan 
de polarisation de la lumière, au même degré pour des masses 
égales , que l’'amidon à l’état normal. 

Les sucres obtenus de lamidon par la diastase ou par l'acide 
sulfurique, et celui de diabète, désignés sous le nom de glucose 
par M. Dumas, sont doués tous trois d'un même pouvoir de 
rotation à droite, mais ils l’exercent avec une intensité considé- 
rablement moindre que la dextrine. 

En rapprochant tous les résultats des transformations de la 
substance amylacée, comparant la composition chimique et les 
combinaisons atomiques de ses produits, on peut concevoir l’es- 
pérance de faire naître un produit intermédiaire du plus baut 
intérêt. 

En effet, l’'amidon ainsi que la dextrine, dans un de leurs 
états les plus stables, capables de s'engager tels dans d’autres 
combinaisons, se peuvent représenter par la formule 


CF x O7 HO — (C4 H°° Où qui X 2 — Cr: H: O°. 


Le sucre produit par une hydratation réelle de lPamidon 
sous plusieurs influences, est équivalent, soit à l’état cristal- 
lisé, soit dans ses combinaisons avec la baryte et la chaux, à la 
formule 


CH“0", 7H: 0 — C#H“O". 
Le même, desséché à + 130°, est représenté par 


Cie 03H00" HO! 


PAYEN. — Sur L Amidon. 173 


tandis que le sucre de cannes, soit cristallisé, soit umi à la 
chaux ou à la baryte, équivaut à 


C®, H“, O° ” 


e 


c’est-à-dire à la combinaison exactement intermédiaire entre le 
point de départ, ou l’amidon ou la dextrine, et le produit 
ou le sucre de fécule au maximum de dessiccation. 


Il semble donc que, pour changer directement la fécule amy- 
lacée en sucre de cannes , il suffirait d'arrêter à point l’hydra- 
tation ou de ménager les proportions des agens , ou les circon- 
stances , de manière à tomber directement sur cet important 
terme intermédiaire. C’est dans cette direction que je poursuis 
actuellement , une de mes séries de recherches. 


Propriété de l'amidon à demi désagrégé par la diastase. 


Nous avons vu que la diastase peut mettre en dissolution deux 
mille fois son poids de fécule. 

Si l’on arrête la réaction en portant à 100° la température, 
aussitôt que la fluidité s’opère, puis que l’on fasse rapprocher 
le liquide en consistance sirupeuse, on observera que la matière 
est devenue opaque après le refroidissement; délayée dans l’eau, 
une forte proportion refusera de s’y dissoudre; lavée jusqu'à 
épuisement de tout ce qui était soluble, elle est redissoute, 
pour la plus grande partie, dans l'eau chauffée de 6v à 65 degrés; 
entretenue en solution aqueuse entre 70 et 80°, elle laisse peu- 
à-peu déposer les corps étrangers et les parties peu désagrégées. 
La solution filtrée, rapidement évaporée, puis desséchée en cou- 
ches minces, présente alors l’amidon à demi désagrégé, incolore, 
diaphane. 

IL est insipide, neutre, incolore. Exposé à l'air saturé d’humi- 
dité, il s’y gonfle, reste en plaques transparentes, souples, mais 
cassantes: Plongé dans froide, il.se gonfle davantage, absorbe 
plus d’eau, mais reste un peu élastique, conserve encore ses 
formes et présente les mêmes cassures anguleuses. 

Chauffé à 65° dans l’eau, il se dissout ; le liquide évaporé 


174 PAYEN. — Sur l’Æmidon. 


devient de plus en plus sirupeux, redesséché, il reprend ses ca- 
ractères primitifs; mis en contact avec l’eau froide, sans aucune 
agitation, il ne sy dissout pas, et l’iode accuse à peine sa pré- 
sence dans ie liquide. 

Mais, si on le broie à sec ou mouillé, puis qu’on l’étende 
d'eau , le liquide mème filtré en contient une très notable pro- 
portion, et se colore fortement en un violet, se rapprochant 
d'autant moins du bleu qu’on a versé plus d’iode. 

Tous les liquides froids, diaphanes, obtenus par les précé- 
dentes réactions de l’eau, et qui contiennent de l’amidon pur, 
sont troublés par lalcool en quantité suffisante, et d'autant 
moindre que l'amidon a été moins divisé, ou moins long-temps 
chauffé en contact avec l’eau. 

Si l'on étend d’eau à l'instant même, le précipité d’amidon se 
redissout, si l’on attendait quelques heures, la méme addition 
ne pourrait plus éclaircir la liqueur, bien que le précipité fût 
encore d’une assez grande ténuité pour rester en suspension , 
et que chauffé dans cet excès d’eau, il se dissolvit et ne reparüt 
plus dans le liquide refroidi, à moins qu'on y ajoutât de nou- 
veau un assez grand excès d'alcool. On démontre donc en- 
core ainsi, que la plus légère cohésion suffit pour rendre 
lamidon insoluble, et que très sensiblement désagrégé, ce prin- 
cipe immédiat conserve une propension forte à une réagréga- 
tion notable. 

Lorsqu'on a employé seulement la proportion d'alcool né- 
cessaire pour faire apparaître l’amidon en suspension, et que 
l’on soumet le liquide trouble à l'élévation graduée de la tempé- 
rature, il s’éclaircit entre le 65 et le 66° degré, puis se trouble 
de nouveau en refroidissant. Ces phénomènes peuvent être re- 
produits un grand nombre de fois. Ils offrent encore une ana- 
logie frappante avec ceux que produit l'iodure d’amidon , par 
la chaleur, et s'expliquent de la même manière. 

Sous l'influence d’un plus grand excès d'alcool, la solution 
aqueuse froide de l’amidon, laisse cette substance précipitée 
insoluble à chaud comme à froid. 

Si l’on traite les diverses fécules par 100 fois leur poids d’eau 
chauffée avec elles jusqu’à r00, et que l’on filtre, le liquide 


PAYEN. — Sur d’Amidon. 175 


diaphane sera d'autant plus promptement précipité, avec de 
moindres proportions d'alcool, et en flocons d'autant plus 
volumineux qu'il proviendra de fécules plus grosses, douées 
d’une plus forte cohésion; qu’enfin il aura été chauffé moins 
long-temps. 

L'amidon précipité par l'alcool n’est pas altéré, car, recueil- 
li, lavé, puis desséché à basse température , à l'air ou dans le 
vide, il jouit de toutes les propriétés qui le caractérisent si bien. 
Les réactions suivantes résultent encore des dispositions orga- 
niques précitées, elles offrent de nouveaux exemples de con- 
traction de la substance amylacée. 


Phénomènes observés par le contact du tannin. 


Les liquides aqueux, diaphanes froids, qui contiennent l'ami- 
don, dissous directement, ou soustraits à la réaction de la dias- 
tase, offrent, à de légères modifications près, les phénomènes 
suivans : 

La solution de noix de galle les trouble et produit ensuite 
un précipité qui se réunit en flocons allongés, gris, opaques , 
puis en magma au fond du vase. 

Les mêmes liquides préalablement bleuis par l’iode sont su- 
bitement décolorés par la solution astringente , un précipité 
grisätre se dépose ensuite ; la solution de tannin empêche com- 
plètement les réactions de 1 diastase sur de l’amidon. 

Si, dans une solution aqueuse, filtrée, refroidie d’amidon, ob: 
tenue d'une partie de fécule dissoute à nu dans 100 d'eau, l’on 
verse peu-à-peu de la solution du tannin pur de M. Pelouze, 
on observe, d’abord un précipité laiteux que l'excès de la pre- 
mière solution peut redissoudre, 

Puis, un précipité plus abondant qui rend le liquide blanc 
opaque ne se dépose pas, même au bout de six heures , ne se 
dissout pas, même dans beaucoup d’eau qu'il rend opaque ou 
opaline pendant plusieurs jours. 

Plus abondant encore par une nouvelle addition de tannin, 
le précipité rend le liquide plus opaque (au bout d’un ou de 
plusieurs jours , une partie du précipité se dépose en magma 


176 PAYEN. — Our d'Amidon. 


‘ 


adhésif, la chaleur le fait redissoudre et le refroidissement le 
fait reparaître en suspension ). 

Si l’on fractionne les liquides troubles ci-dessus , et qu’on 
observe une partie de chacun d'eux, sous l'influence de la cha- 
leur on verra qu’ils deviennent tous limpides, par des élévations 
de température qui varient avec la proportion du composé et 
reprennent leur opacité par le refroidissement. 

Ainsi, le liquide contenant déjà assez de précipité pour être 
opaque à 20° dans un tube de six millimètres, devient diaphane, 
chauffé à 36° ; refroidi à 30°, il commence à se troubler et à re- 
prendre graduellement son opacité première. 

Ces derniers phénomènes reproduits plusieurs fois avec le 
même liquide sont encore analogues à ceux que présentent le 
composé bleu sous l'influence des variations de température, 
et nous semblent également dus à des solubilités variables. 


Propriétés caractéristiques, communes aux fécules amylacées 
extraites de diverses plantes. 


En employant l’iode, les acides, les sels, la congélation et les 
autres agens qui produisent avec l’amidon de pomme de terre, 
les phénomènes décrits ci-dessus , et plus loin, en obtient les 
mêmes résultats avec plusieurs autres amidons; ainsi la fécule 
des panais, si fine et si facilement attaquable à l’eau, traitée de la 
même manière, laisse apparaitre des flocons d’une belle nuance 
bleue, mais d’une finesse très grande, qui semble être en rap- 
port avec la ténuité de la fécule employée, et la plus faible agré- 
gation de ses parties. | 

Les mêmes causes expliquent la plus grande promptitude de 
son hydratation et des diverses actions chimiques, exercées sur 
elle. 


On obtient des résultats analogues avec l’amidon, plus fin en- 
core de l’endosperme des graines du Wyctago hortensis (Mira- 
bilis jalapa, belle de nuit). 


Les fécules suivantes ont encore les mêmes propriétés carac- 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 177 


téristiques, bien qu’elles offrent dans la conformation de leurs 
grains, plusieurs particularités. 

” On trouve dans la racine tuberculeuse de l’igname ( d/oscorea 
alata ), une fécule ayant des figures assez variées; un grand 
nombre de ses grains sont plus ou moins irrégulièrement ar- 
rondis, d’autres ont une forme ellipsoide ou celle d’un cylindre 
terminé par deux portions de sphéroïde. 

Parmi ces derniers, le corps cylindrique est dans quelques- 
uns plus ou moins infléchi; enfin, dans plusieurs on remarque 
un contour triangulaire dont les côtés sont curvilignes, et les 
angles arrondis. 

Lesgrains de l’amidondestubercules del’Ozxalis crenata, venus 
à maturité, ont aussi la plupart une conformation remarquable 
décrite fig. 3, pl. 6; tous laissent distinctement voir à partir du 
hile, les lignes excentriques qui indiquent laccroissement pro- 
gressif de la sécrétion amylacée. 


Observations sur les caractères de l’amidon à l’état naissant, 
et particularité relative à ce principe dans quelques légumi- 
neuses. 


Afin de rechercher si les mêmes propriétés existaient dans 
l'amidon, à l'état naissant ou très jeune, j'examipai cette sécré- 
tion au moment où elle se montre dans les cotylédons encore 
baignés par le liquide sucré de l’ovule du pisum sativum. 

Ses grains très petits alors, offrent aussi les caractères physi- 
ques et chimiques qui précèdent, et ceux que nous exposerons 
plus loin ; une particularité remarquable dans leurs formes a été 
décrite et figurée pl. 4, fig. 1. 

Dans les cotylédons de la fève commune, on trouve des grains 
d’amidon plus sinueux encore. 

L’amidon extrait des haricots et des lentilles présente des 
grains qui se dessinent par des contours moins sinueux que les 
précédens. 

Enfin , l’amidon en très petite quantité dans les graines de 
Colutea arborescens (Baguenaudier), est en grains excessive- 


ment petits, qui sont arrondis quoique plus ou moins irréguliers. 
X: Boran, — Septembre, 17) 


178 PAYEN. — Sur l’ Arnidon. 


La configuration sinueuse, contournée où vermiforme, obser- 
vée dans plusieurs graines des légumineuses, ne se retrouve 
donc pas dans toutes au même degré; elle offre un exemple de plus 
des variétés de formes que peut affecter lamidon dans les cir- 
constances légèrement variables , où se produit cette sécrétion, 
sans que les caractères physiques essentiels ni la composition 
chimique soient différentes. 


Amidon complètement épuré, dissoluble, sans reste appréciable 
par la diastase et l'eau aiguisée d'acide sulfurique. 


Voici un résultat dont je dois les premiers indices à M. Beu- 
dant?: lorsque ce savant s’occupait d'appliquer avec tant de 
succés, en grand, la réaction de la diastase, la très faible propor- 
tion du résidu de cette réaction lui fit penser qu’il pouvait être 
dû à des corps étrangers, et non à un tégument d’une autre na- 
ture que l’amidon. Je suis parvenu à démontrer cette hypothèse 
en débarrassant l’amidon de pommes de terre, des corps adhé- 
rens à sa superficie. Il suffit pour cela de le traiter à froid alter- 
nativement par l'alcool, l'acide chlorhydrique étendu de 500 par- 
ties d’eau , et la potasse ou ia soude étendues de 2000 fois leur 
poids d’eau, en ayant le soin d'opérer un lavage complet à l’eau 
pure après la réaction de chacun de ces agens. L’amidon est 
alors d’une blancheur éclatante, soluble sans reste appréciable 
dans l’eau, par la diastase comme par l’eau aiguisée d’acide sul- 
furique. Il a servi en cet état aux expériences optiques de 
M. Biot, et m'a permis d’observer sous l'influence d’une hydra- 
tation plus rapide, une transformation plus complète de lami- 
don par la diastase, et d'obtenir ainsi un sirop plus sucré, im- 
médiatement limpide. 


Analyse comparée de l’amidon et de ses parties le plusfortement 


agresees. 


Afin de reconnaître s’il existait des différences dans la com- 
position élémentaire de l’amidon, doué de plus ou moins de 
cohésion, j'ai cru devoir comparer la composition des parties 


PAYEN. — Sur l’ Amidon. 179 


agrégées le plus fortement , le moins altérables par conséquent 
pendant leur séparation, avec celle de l’ämidon intact. 

A cet effet, l’amidon épuré par les procédés ci-dessus décrits, 
fut chauffé à la température de 90 degrés dans 100 fois son poids 
d’eau; tous ses grains étant ainsi dilatés ou rompus, on laissa 
refroidir à o°, puis, on élimina les portions les plus désagrégées 
ou dissoutes, au.moyen de lavages successifs, par 100 fois le vo- 
lume de toute la masse d’eau à o°, puis, enfin par une pression 
très lentement graduée , de la substance mise entre 20 doubles 
de papier à filtre, lavé. 

L’amidon le plus résistant, obtenu ainsi très pur et d'une 
blancheur éclatante , fut séché dans le vide sec à froid, mis en 
poudre, puis la dessiccation alors achevée dans le vide sec, et au 
bain d'huile chauffé à 100° ; 0%, 445 brülés avec tous les soins 
utiles, ont donné en eau, 0”, 260 et en acide carbonique 0f,707, 
d’où l’on déduit la composition suivante : 


Danone ei en one elin Let F9,0 
Hydrogène Ur 5 64), 100.0 
OXISEHES Ne ee ere cuis der) 40)7 


Et la formule : C*, H°,0. 

C’est la même que celle de l’amidon pur. Or, les parties qui 
ont le plus de cohésion, ayant la même composition élémen- 
taire que l’amidon tout entier, les portions de celui-ci, qui ont 
une cohésion moindre, ne sauraient avoir une composition diffé- 
rente, toute la substance constitue donc un seul principe immé- 
diat organique. 


Extraction de la dextrine pure. 


Les moyens dont je me suis servi pour éliminer complète- 
ment le sucre de la dextrine , dans le produit non colorable 
par l’iode de la réaction de la diastase sur l’amidon, exigent du 
temps et de la patience, car, après la dissolution par l'alcool fai- 
ble, et la précipitation par l'alcool, on n'obtient qu’une solution 
alcoolique, contenant plus de sucre que de dextrine, et un prés 
cipité renfermant plus de dextrine que de sucre. 


12, 


180 PAYEN, — Sur l’_Æimidon. 

En redissolvant dans l'eau et précipitant encore sans employer 
un excès d’acool, le même phénomène se passe, et la dextrine 
précipitée est seulement moins impure. 

Ce n’est qu’en réitérant jusqu'à dix fois toute cette manipula - 
tion, et sacrifiant une grande partie de la dextrine, qu’on obtient 
l'autre portion de celle-ci, entièrement exempte de sucre. 

En cét état, elle se dessèche facilement en couches minces, 
dans un courant d'air sec, et sans conserver d’adhérence avec 
les corps polis, la porcelaine ou le verre par exemple, tandis 
que son mélange avec le sucre adhere , au point qu'après sa 
dessiccation, on ne peut l’enlever sans arracher une partie de la 
substance même des vases ; la dextrine diaphane incolore, offre 
d'ailleurs l’ensemble des caractères précédemment décrits. 


Pouvoir de rotation de la dextrine. 


Ayant remis à M. Biot un échantillon de dextrine ainsi obte- 
nue, ce savant voulut bien observer son pouvoir de rotation à 
droite sur la lumière polarisée, et ille trouva égal à celui de 
l'amidon, récemment mis en dissolution par l'eau bouillante ou 
par d’autres agens. 

La composition chimique s'accorde bien, comme on va le voir, 
avec cette observation directe d’un pouvoir moléculaire con- 
stant. 


Analyse de la dextrine. 


L'analyse de la dextrine desséchée à 100 dans le vide sec, 
a donné les résultats suivans : pour cent parties : 


‘Expérience. Formuie. 
Ce AU sen el AO C2 — o0,44836 | 
HNIOS OMR TURF 6759 HE} 0661189 1,00 
Oeraloa sut Moborck ég/@t Oÿ — .0,50046 | 


Elle représente donc 4 composition de la dextrine quise trouve 
ainsi être égale à celle de lamidon pur. 


e 


PAYEN — Sur l Amidon. 1Q1 


Composition élémentaire de l’amidon de diverses plantes et des 
produits de sa dissolution. Poids atomique de l’amidon et de 
la dextrine , et définition de la nature chimique de ces deux 
corps. ‘ 


Les faits précédemment exposés démontrent qu'au milieu de 
ses nombreuses modifications, l’amidon conserve toutes ses pro- 
priétés chimiques; qu'on ÿ peut reconnaître ses caractères phy- 
siques spéciaux , en tenant-compte des résultats de différences 
plus ou moins prononcées d’agrégation entre des particules in: 
tégrantes. 

Qu’une simple action mécanique peut produire plusieurs de: 
grés de cette désagrégation. 

Que mieux encore, l’eau avec l’aide de la chaleur et de l’ac- 
tion mécanique, permet de pousser plus loin sa désagrégation 
sans atteindre à ses limites. 

Qu'enfin, plusieurs agens chimiques, la diastase, les acides 
sulfurique, chlorhydrique, tartrique, etc., opèrent rapidement 
Ja dissolution entière de l’amidon, ne lui laissant aucun des ca- 
ractères dus à eelte agrégation particulière sorte d'organisation 
impercentible directement, mais pourtant d’une ténacité re- 
marquable : c’est donc une dernière transformation par suite 
de laquelle l’extensibilité, la contractibilité, sont détruites, de 
même que la faculté de se teindre par la combinaison de l’iode, 
en bleu, ou dans les diverses nuances de violet, et jusqu’au 
rouge, suivant les degrés de sa division. Mais toutes ses pro- 
priétés, incontestablement chimiques, lui restent. 


Ainsi donc, l’amidon irtact et ses parties les plus contractiles 
ou les plus contractées , ont la même composition chimique que 
le produit de sa plus complète dissolution; mais en était-il de 
même des états intermédiaires? Cela paraissait rationnel ; cepen- 
dant plusieurs caractères remarquables pouvaient porter à pen- 
ser, soit que deux. ou plusieurs substances différentes préexis- 
tassent dans Pamidon; soit qu'elles fussent produites parle con- 


182 PAYEN. — Sur l’ Amidon. 


cours de l’hydratation, des broyages et de la chaleur; qu’ainsi 
elles présenteraient, malgré leurs propriétés communes, des dif- 
férences dans leur composition chimique; il restait encore à vé- 
rifier si les fécules offrant des formes et des cohésions variées, : 
extraites des graines, des tubercules et des racines de: plantes 
différentes contenaient bien le même principe immédiat, comme 
lindiquaient d’ailleurs leurs propriétés et de nombreuses réac- 
tions chimiques. Enfin, si les produits de la dissolution de ce 
principe, à l’aide de acide sulfurique ou des alcalis, était réelle- 
ment composé de même que la dextrine produite par la diastase. 


Toutes ces questions ne pouvaient être définitivement résolues 
que par des analyses immédiates et élémentaires de diverses 
fécules. 


Analyses comparées des parties plus résistantes et de celles qui 
sont plus dissolubles dans les grains d’amidon. 
J'ai extrait avec soin, à l’aide de broyages et lavages réitérés 
à froid et à 100°, 1° les parties le moins agrégées dans la fécule.. 
2° les portions qui, douées de plus de cohésion naturelle; en 
acquièrent davantage en se resserrant par l’évaporation. 


Les substances furent d’ailleurs réduites en poudre fine et 
amenées chacune à la limite ultime de siccité sans altération 
avant d’être analysées. (1) 


Voici les résultats obtenus en opérant ainsi : 


1° Analyses de la portion le plus fortement agrègée (2) 


A. Desséchée entre 75 et 80° cent. à l'air : 


(x) Tous les détails de ces analyses se trouvant consignés daus les Annales de chimie, t. 225, 
je n’ai pas cru devoir les reproduire ici. 


(2) Elle avait été extraite par les procédés décrits pour la préparations des deux amidins , 
qu'on supposait être des principes de nature spéciale dans l'amidon. 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 185 


B. Nouvelle quantité obtenue par les mêmes moyens; dessé- 
chée dans le vide sec à la température soutenue de 100°:. 


A 


— 


Carbone . . . 40,073 


Hydrogène. .  6,44a 
Oxigène . . . 53,585 


100 


2° Analyses de la partie le plus aisément désagrégeable. (1) 


Æ., Desséchée de 100 à 105° dans le vide sec. 


B. Partie semblable tirée de la fécule de Maranta arundina- 
cea, desséchée à 100° dans le vide. 


À 


Carbone . . . 44,270 
Hydrogène . . 6,27 
Oxigène . . . 49,46 


.3° Analyse de l’anudon intact épuré par l'alcool et l’eau. 


A. Fécule de pommes de terre desséchée directement dans 
le vide sec, à la température de 100». 


B. Fécule de panais séchée dans le vide sec à 100°. 


C. Fécule de fèves, remarquable par ses gibbosités et sa con- 
figuration sinueuse, desséchée à 100° dans le vide. 


(x) Elle fut extraite ; suivant les procédés indiqués pour la préparation de l'amidine , que 
l'en supposait constituer dans l’amidon un principe immédiat. 


184 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


D. Fécule de maranta arundinacea, desséchée à 200°, dans 
le vide sec. % 


a aise Ne D 
| Ésrpne - . 43,81 | 44,45 | 44h | 44,33 
Hydrogène. 6,10 6,39 6 ” : 6,25 
| 49,6 49,42 


Oxigène . . En 49,16 


4° Analyses comparees de l'amidon dissous par divers agens 
l 5 


(Dextrine). 


Cette série de recherches était utile pour reconnaitre si le pro- 
duit de la dissolution intégrale de l’amidon, par des agens chi- 
miques très différens, avait une composition chimique identi- 
que avec celle de l’amidon intact et ses parties plus ou moins 
agrégées. 


A. J'examinai d'abord une substance obtenue en grand à 
l'aide d’une température soutenue entre 200 et 210°, qui rend 
la fécule presque entièrement soluble. 

À l’aide de lavages à chaud et à froid, par l'alcool à 36°, puis 
à 30°, on lui enleva la plus grande partie de la matière colorante, 
son épuration fut achevée par solution dans l’eau à 00°, filtra- 
tion et rapprochement, précipitation par l'alcool et dessiccation; 
dissoute alors dans l’eau chaude, filtrée, puis évaporée à sec, on 
lobtint diaphane et cassante; réduite en poudre fine et séchée 
dans l'air à 80° de température, son analyse a offert les résul- 
tats qui suivent indiqués colonne A du tableau ci-après. 

Une portion de la même substance desséchée à 100° dans le 
vide a perdu 0,025; ce qui donnerait pour sa composition dans 
cet état de siccité les nombres de la colonne B. 

Un produit commercial analogue dit gomme dextrine, con- 
serve aussi les formes des grains de fécule; il est plus soluble et 
presqueincolore ; purifié de même, il a donné la dextrine blan- 


PAYEN. — Our l’Amidon. 18 


che et diaphane comrnie du cristal. Son analyse présente les nom- 
bres de la colonne C. 

On l'avait desséché à + r00° dans le vide sec. 

On rendit l’amidon soluble à froid par un procédé analogue à 
celui que M. Biot emploie pour obtenir la dextrine : en le tritu- 
rant avec son poids d’acide sulfurique concentré, délayant et 
broyant le magma avec moitié de son volume d’eau, laissant en 
contact pendant une heure, précipitant par l'alcool, et délayant 
à l’eau (dix fois alternativement, afin d'éliminer les dernières 
traces de sucre), faisant dissoudre, filtrer puis rapprocher à siccité 
on broie alors, on dessèche dans le vide sec, à la température 
de 100°; analysé en cet état, cet amidon soluble a donné les ré- 
sultats de la colonne D. 

On obtint encore la dissolubilité de l’'amidon, quoiqu'à un 
moindre degré, en le traitant par o, 5 de son poids de soude ou 
de potasse pures dissoutes dans vingt fois leur poids d’eau, tenant 
pendant dix à douze heures le mélange à la température de 5o 
à 60°, et l’agitant de temps à autre, séparant ensuite les corps 
étrangers par l'acide acétique, puis comme ci-dessus, par l'alcool 
et l’eau alternativement: enfin à l’aide d’une filtration et de l’é- 
vaporation à siccité; la substance desséchée alors à 80° donna les 
nombres contenus colonne E. 

La même substance , desséchée à r00° dans le vide sec perdit 
0,00999, ce qui ramène sa composition aux nombres F. 


A B G D E F 


Carbone. . . . .| 4316 | 44,2] 44,27 | 43,57 | 43 44,8 


Hydrogène. . . . | 6,21 6 6,27 6,11 6,17 6 
Oxigène. . . . . | 51,63 | 49,8 | 49,46 | 50,52 | 50,83 | 49,2 
| ' 


Ainsi donc, toutes les substances analysées furent représen- 
tées, aprés leur dessiccation complète, par la formule 


C2, HO° ou C* H» O!. 


Il restait encore à comparer le poids atomique de la dextrine 


186 PAYEN. — Sur d'Ainidon. 


avec celui qu’on admet pour l’amidon, et à vérifier celui-ci, afin 
de résoudre completement la question si long-temps débattue, 
et de contrôler tous les résultats précédens. Ces nouvelles recher- 
ches offraient des difficultés d’un autre genre, que je suis enfin 
parvenu à surmonter. 


Poids atomique de la dextrine, déduit de ses combinaisons avec 
le protoxide de plomb et avec la baryte. 


La dextrine, obtenue pure et soluble, offre le dernier degré 
de désagrégation de la fécule amylacée; aussi ne peut-on préci- 
piter ses solutions par aucun des nombreux agens jusqu'ici es- 
sayés, qui contractent l’amidon gonflé ou dissous daus l’eau, et 
décelent en lui des propriétés dépendantes de l’organisme ou du 
groupement particulier deses molécules intégrantes. 

Supposant que si la dextrine n’avait pu être précipitée par 
l’un des oxides métalliques qui se combinent avec le plus grand 
nombre des substances organiques, cela pouvait tenir soit à ce 
que la combinaison était soluble, soit à ce qu’elle n’avait pas 
été possible en présence d’un acide, même faible, j’essayai d’abord 
de faire intervenir des agens dissolvans peu énergiques, chargés 
à saturation, puis une base inerte sur la substance organique, 
mais capable de rompre l'équilibre, en sollicitant l'acide faible 
uni à l'oxide métallique , puis enfin les deux moyens réunis. 


Voici les résultats des recherches entreprises d’après ces 
vues ! 


La dextrine dissoute jusqu’à saturation dans Palcool à 0,56 
la température étant + 24°, se déposait hydratée, sirupeuse, et 
en proportions d'autant plus fortes que la température s’abais- 
sait davantage, on la dissolvait en chauffant de nouveau à 24° 
et en agitant. 

Ces solutions, en proportionsdiverses, étaient abondamment 
précipitées par l'alcool anhydre ou à 0,95. Aucune d'elles ne fut 
troublée par les solutions aqueuses d’acétate neutre ou tribasique 
de plomb, ni même par une solution saturée d’acétate neutre, 
dans l’alcoo!l à 0,56°, 


PAYEN. —- Sur l’ Amidon. 187 


Les mêmes faits furent observés en mélant ensemble des solu- 
tionssaturées de dextrine et d’acétate de plomb dans l'alcool à 0,4. 
Ce premier ordre de moyens ne procurant pas encore la pré- 
cipitation de la dextrine combinée, on tenta le deuxième pre 
cédé. 

A cet effet, un excès d’ammoniaque fut ajouté dans une solu- 
tion aqueuse, étendue, d’acétate neutre de plomb; le liquide fut 
filtré; il commença, au bout de quelques heures, à HépOs£r des 
cristaux blancs très fins, aiguillés . brillans. 

Avant comme apres la cristallisation , les solutions aqueuses 
d’acétate de plomb, contenant encore un excès d’ammoniaque, 
donnèrent, avec les solutions de dextrine un précipité blanc 
opaque, très volumineux, soluble par une addition d’acide acé- 
tique. (1) 

Voici les résultats. obtenus en employant, pour précipiter la - 
dextrine l’acétate ammoniacal (2), qui pourra s'appliquer à la 
détermination du poids atomique de quelques autres matières 
organiques, difficiles à combiner. 

5 décigrammes de dextrinate de plomb (obtenu en versant 
la dextrine dans un excès du réactif, bien lavé, égoutté, séché à 
50° dans le vide sec) brülés, ont laissé un rés de protoxide, de 
plomb pesant 2,89, quantité qui était, par conséquent unie avec 
2,11 de dextrine. D'où l’on tire 


2, 19: 2,11 2: 33094,5 : tor8;,r. 


Or, la composition élémentaire de la dextrine, telle que je 
l'ai indiquée, donnerait 


5 Mnoririaneiagos # 1138 01 
ER 024 be 1021,0 
OA ne ee 5 ce ol 

(x) La présence de l'excès d’ammoniaque est la cause déterminante de la réaction, sans doute 
parce que celte base s’unit à l'acide acétique au moment où l’oxide de plomb se porte sur la 
dextrine ; en effet, les cristaux aiguillés , bien lavés et séchés dans le vide , ne retiennent plus 
d'ammoniaque , et leur dissolution ne précipite plus la dextrine. La précipitation a lieu, si on 
ajoute alors de l’ammoniaque au mélange, 

(2) Je désigne ainsi par abréviation la solution d’acétate de plemb tribasique, contenant de 
acétate d’ammoniaque , plus un excès d’ammoniaque (voir, Annales de chimie ,t. 37, p.66 ; 
non mémoire sur les acélates el l’hydrate de protoxide de plomb), 


188 PAYEN. — Sur L'Armidon. 


Donc le poids de dextrine équivalent à l'atome de protoxide 
de plomb peut être égal à ro2r. 

Afin de vérifier s’il n'existait pas un autre composé, je chan- 
geai ainsi les circonstances de la réaction: l’acétate ammoniacal 
en solution aqueuse froide, fut versé peu-à-peu, et en agitant 
beaucoup dans une solution chaude de dextrine , on voyait à 
chaque addition un précipité se former et disparaître par le 
mouvement. 

On continua ainsi jusqu'a ce qu’il se produisit un précipité 
permanent, égal à-peu-près en volume à la moitié de ce que 
pouvait donner une partie de la même solution par un excès du 
réactif. 

Le précipité, recueilli et lavé, à l'abri de l'acide carbonique, 
fut dissous à chaud et la solution évaporée dans une cornue jus- 
qu’à ce que la température de l’ébullition füt égale à 1 15°. Refroi- 
die alors, un excès d’ammoniaque reproduisit le précipité , qu 
fut recueilli, lavé , égoutté, séché. (1) 

La combinaison; ainsi épurée, fut desséchée à 100°, jusqu'à 
cessation de perte; mise alors en poudre impalpable, elle laissa 
dégager une nouvelle quantité d’eau à la même température; 
complètement brülée, elle donna les résultats suivans : sur 3 dé- 
cigrammes, qui se sont réduits, dans 3 expériences, à 


1%, 1,18: — 2°, 1,2; — 3°, 1,225; moyenne, 1202; 
D'où l’on tire 
120,2 : 170,8 :: 1294,5 : 2086. 


En admettant que ce fut la combinaison d’atome à atome, le 
poids atomique de la dextrine devait être représenté par C* H# 
O, résultat que notre premier essai rendait admissible, car il 
était relatif à la combinaison riche en oxide métallique , qui de- 
vait être bibasique. 


(1) La combinaison de dextrine qui surnageait le précipité, séparée par l'alcool et calcinée 
à l'air, laissa inginérer la matière organique en revivifant à très peu près, la totalité du plomb 
en sphéroïdes ; celui-ci , complètement brûlé par trois additions d'acide azotique, représenterait 
unatome pour sx de dextrine. 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 189 


Un autre réactif, la solution de baryte dans l’esprit-de-bois, 
découvert par MM. Dumas et Péligot, pouvant contrôler ces pre- 
miers résultats, j'étudiai quelques-unes deses propriétés relatives 
à la dextrine. 

. L’esprit-de-bois, marquant 97° à l’alcoomètre Gay-Lussac, 
étendu de son volume d’eau, peut être mêlé en toutes propor- 
tions avec la solution saturée de dextrine, dans l’alcool à 0,560, 
sans qu’il y ait précipitation; mais ce mélange est précipité en 
flocons volumineux par l’acétate de plomb ammoniacal. Il en est 
de même de la solution de dextrine dans lesprit-de-bois à 0,5. 
Un excès de cette solution fait redissoudre le précipité, surtout 
à chaud; par le refroidissement, il se dépose une partie de la 
dextrine en flocons hydratés. 

J'essayai donc de trouver encore le poids atomique de la dex- 
trine dissoute dans l'alcool à 0,56° ou dans l’esprit-de-bois à 0,5 
en la combinant avec la baryte dissoute dans lesprit-de-bois, 
étendu de son volume d’eau , lavant avec le même dissolvant à 
l'abri du contact de l’air ou, du moins, de l'acide carbonique, 
desséchant dans le vide, etc. (1) 

Le composé de baryte et de dextrine préparé sec à l’aide de 
toutes les précautions minutieuses indiquées (2), au point ou son 
incinération, entre plusieurs temps d’une température soutenue, 
donnait des produits sensiblement égaux, a présenté les nombres 
ci-après, dans trois expériences. 

3 décigrammes ont laissé en résidu : 


1210002; 0,93; — 3°, 0,95,5 ; — moyenne, 0,95,5. 


Ou 95,5 de baryte, pour 204,5 de dextrine; d’où l’on tire 
95,2 :.204,5 : : 95600 : 204, 


(x) Voyez les détails de cette difficile opération, Annales de chimie, t, 225; p 65. 


(1) I retient l’eau avec une telle ténacité, que; devenu solide et pulvérulent sous l'influence 
d'un courant d’air sec sans acide carbonique , à une température de; r00°, soutenue durant dix 
heures, sa perte, par l'incinération, après un boursouflement considérable, a été de 231 mil- 
ligrammes sur 361 : il ne restait que 69 de baryte, Or, 69 : 231 : : 956,9 : 320$; déduisant 
de ee nombre l'équivalent de la dextrine y engagée, ou 2042, il resté 1161 où sensiblement 
dix atomes d’eau. Séché de même à + 140°, il conserve sept équivalens d'eanet se; boursoufle 


encore av.nt de krüler. 


190 PAYEN. — Sur l’'_{midon. 


Et, enfin, cette conclusion que le poids atomique de la dex- 
trine, représenté par la formule C* H* O", est égal théorique- 
ment à 20/2. s 


Afin de contrôler définitivement tous les résultats qui pré- 
cèdent, je me décidai à déterminer par l’oxide de cuivre la com- 
position du composé de dextrine et d’oxide de plomb, afin d’en 
comparer les nombres avec ceux que donnerait la combinaison 
définie du même ordre avec l’amidon. 


L'analyse élémentaire du dextrinate bibasique de plomb a 
donné les résultats suivans : 


Carbone: 5". 51058 

Hydrogène . «+ « + + +. 0,22 } 3,57 
Oxigène … "5. . ,) 1,77 8,42 
Protoxide de plomb. . . . . . 4,85 


Et la relation entre l’oxide et la dextrine : 485 : 3,57 :: 2780 : 
2052 ou la formule 
2Pb O, C°! H:° O"°, 


que l’on déduit soit de la somme des élémens de la substance 
organique , soit encore de leur poids proportionnel entre eux. 


La dextrinate neutre donnait lieu aux mêmes conclusions et 
sa formule paraissait être 


Pb O, C', HO». 


La dextrine, ainsi combinée, offrait donc un cas d’isomérie 
avec le sucre de cannes. 

Toutefois , comme ce dernier contient à l’état libre un atome 
d’eau , qu’on peut lui enlever en le combinant, M. Dumas pensa 
qu’il en devait être de même de la dextrine, et , après avoir véri- 
fié ce doute par des analyses sur les deux dextrinates desséchés 
à + 180° dans le vide, il m’engagea à m’en assurer de mon côté; 
en conséquence, je soumis le dextrinate bibasique en poudre 
impalpable et qui m'avait fournila dose précédemment analysée, 
à une nouvelle dessiccation dans le vide sec, deux fois à une 
température de 175 à 180°. 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 191 


Ce composé, de blanc qu'il était, prit, par cette élévation de 
température, une teinte bre on prononcée, mais il était res- 
té soluble dans l'acide acétique faible, sans résidu, sans dégage- 
ment de gaz et sans coloration. Il n'avait donc pas subi d’altéra- 
tion sensible. 


353,6 milligrammes furent réduits, dans cette opération, à 


344,7 , d'où l'on voit que les 842 milligr. analysés se seraient ré- 
duits à 820, équivalant à 


CR XL Re  MDB,0 

HR NE To, 71) —1995,0 | 

OP RE NE M EMO 7,8 = 820,0 
DORE NS Ne 85 0 


Ces nombres correspondent à la formule 
C*“H'° O°2 PbO, 


dans laquelle le carbone est à l'hydrogène :: 917,28 : 112,32, 
ouencore :: 158 : 19 45, et le dextrinate est à la matière orga- 
nique : : 4718: 1929, ou encore: 820: 335,2. En comparant tous 
les nombres de la formule avec ceux de l'analyse, on trouve 


Calcul, Expérience. 
C4, 918,24 19,45 19,92 
(5 PAS EE PERS 112,5 2,388 2,4 
Corot rares 900,0 19,17 19,3 
2) 0018 BICN ETS DORE 2789,0 59,0 59,0 
4719,74 100,00 100,00 


Le dextrinate neutre de plomb , par sa dessiccation à + 175° 
_centésimaux, perdit, relativement à la substance organique, une 
égale proportion d’eau. 


Ainsi donc, la dextrine, aussi sèche qu’on puisse l’obtenir, 
est représentée par CH" O0"; mais elle contient alors un atome 
d’eau en combinaison ; on peut-le lui enlever, après qu’on l’a 
combinée avec l’oxide de plomb, et alors son poids atomique 
devient 

G* H° 0° — 1930: 


192 PAYEN. — Sur dl’ Amidon. 


Il restait encore à rechercher si le poids atomique de lainidon 
pur était le même que celui de la dextrine. | 

Je préparai donc un amylate bibasique de plomb, en traitant 
2 grammes d’amidon pur par 250 grammes d’eau; portant à l’é- 
bullition qui fut soutenue 20 minutes sans évaporation. Tout le 
liquide, mis sur deux filtres, donna üue solution limpide, qui 
fut versée dans un excès de la solution d’acétate de plomb am- 
” moniacal ; le précipité recueilli sur un filtre, lavé, séché, égoutté 
dans le vide sec jusqu’à la température de 185° centésimaux, 
prit alors une nuance fauve semblable à celle du déxtrinate sou- 
mis à la même température. 


L'analyse élémentaire de cet amylate a donné les résultats sui- 


vans : 
M = 8,245, C0°— 6,35, HO — 1,97, 


D'où 
112,9 : 12,5 ce 109 -H:e e" — 2,188 
1,97 , —. 0,2198 = (5 PRES T am IN TEE 
296,5, ::,::::96,5 : 6,37a5i3 Gvayss == .,,17,624 
PDO. 1006 
824,50 


Dans ces nombres, la proportion de l’oxide est trop faible 
pour correspondre exactement au composé bibasique ; mais la 
formation d'une petite quantité d’amylate neutre suffisait pour 
expliquer ce résultat. 

Je crus cependant devoir essayer de me rapprocher plus ex- 
périmentalement des formules rationnelles, et, à cet effet, je pré- 
parai une deuxième dose d'amylate, en prenant plus de précau-- 
tions pour éviter la formation de l’amylate neutre. Voici les ré- 
sultats de son analyse : 

M = 854,2, C'O' — 64, HO — 195, 

D'où l’on tire 

376,5 :176,5 12516407 CAES US ag, 10 
249,9 022,5 20 10815 Hi slt ar66:=1:872;10 
199,r—.21,66 =.:.,.:, 0. 173,34 

PDO. Es. 7e .1482,09 


854,19 


PAYEN..— Sur L'Amidon. 193 


On voit que la base diffère encore ici de la proportion théo- 
rique; quantà Ja formule de la substance organique, elle cadre 
aussi.exactement que possible avec ces nombres. 

M. Berzélius était arrivé à la même conclusion en employant 
le sous-nitrate de plomb, pour précipiter unesolution d'amidon 
bouillante, mêlée d’'ammoniaque; seulement, n'ayant poussé la 
dessiccation qu’à 100°, l’amylate, était resté blanc et avait con- 
servé un atome d’eau (1). Enfin, ce célèbre chimiste avait au- 
trefois annoncé (1) qu'il n’était pas possible, par cette méthode, 
de saisir exactement le moment ou il ne se forme pas d’amylate 
neutre de plomb ni de sous-nitrate insoluble. 

J'espérai toutelois.y parvenir à l’aide du nouveau réactif, qui 
me permettait l'emploi d’un excès d’ammoniaque dans les deux 
liquides : cette opération eut un entier succés. 


Préparation de l’amylate bibasique de plomb. 


On chauffe à 10°; en agitant 10 grammes de fécule pure 
dans 1200 grammes d’eau; le liquide filtré.est porté à l’ébullition 
et l’on y ajoute 20 centimètres cubes d'ammoniaque préalable- 
ment étendue dans 4o centimètres cubes d’eau. On verse alors 
en agitant le tout dans F acétate de plomb ammoniacal en excès 
Gissous et limpide. 

On prépare ceite solution en ajoutant 5 grammes donc 
niaque à la solution houillie de 30 grammes d’acétate de plomb 
neutre dans 200 grammes d’eau, ce qui donne lieu dans le li- 
quide à la réaction suivante: 


3 at. acétate neutre cris- S 1 at. acétate tribasique. 4939 
Mise 0. 190,0 2 at, acétate ammoniag. 1715 
3 at. ammoniaque absolue, 643,5 = | at. ammoniaque . . . 214,5 
Sat (Cause lee 000 
7768,5 ia 
s" 7768,5 


L’acétate d'ammoniaque rend stable l'acétate tribasique, mal- 


(x) En sorte que Ja formule adoptée en dernier lieu par M. Berzélius et M, Liébig est 
un ou denx PbO, C24 H2° Ox exactement équivalente à à rou 2 PbO, CHI 00 + H: O. 
(2) Anciennes Annales de,chimiei, 1. xcv. 
X Boran. — Octobre, 15 


194 PAYEN. — Sur l'Amidon. 


gré l'excès d’ammoniaque ; et la présence de cette base dans les 
deux solutions empêche la formation de l’acétate neutre ou de 
l’acétate sesqui-basique, que l’amidon ne décomposerait pas. 
Le précipité d’amylate de plomb se dépose; on décante, et on 
remplace par une égale quantité d’eau bouillante. On répète 
quatre fois ces lavages, toujours en vases clos; on recueille le 
dépôt sur un filtre lavé à l'eau bouillante; on remplit quatre fois 
successivement le filtre d’eau bouillante, aussitôt que la plus 
grande partie du liquide est égouttée, mais sans attendre que 
l'amylate ait pris un retrait qui le ferait fendiller. On doit laisser 
les filtrations s’opérer sous une cloche où l'air soit privé d'acide 
carbonique, par la potasse ou la soude. 
Après la dernière addition d’eau, on laisse égoutter pendant 
deux à trois heures; on enveloppe le filtre dans six doubles de 
papier non collé ; on commence la dessiccation dans le vide ,au- 
dessus de la potasse sèche ; on l’achève à + 180°, avec les pré- 
cautions ordinaires, mais surtout après avoir réduit la matière 
-en poudre impalpable. L’amylate de plomb donne alors constam- 
ment, soit par la combustion, soit par l'analyse élémentaire, la 
composition représentée par C* H* O°, 2Pb O. 


Voici les résultats de l'analyse de l’amylate bibasique de 
:plomb. 
SM D one 5 57 
Où. 0 RS SO OUTM ES W7a, 46 372,8 
D A NN D ent Z 90,90. 
PDO SN CN US Me 036; 


‘Ces nombres, comparés à ceux de la formule, donnent : 


Calcul. Expérience. 

Ce die ete NUJOLO;2E 19,45 19,66 

LS NT DRM PRES 2,38 2,37 

Orne ist o0o 19,17 19,07 

PDO... 4.061. 3007890 59,0 58,90 
&k719,74 100,00 100,00 


On prépare de la même manière le dextrinate bibasique de 
plomb, sauf une moindre proportion d’eau, pour dissoudre la 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 195 


dextrine ; le produit est plus constant et plus aisément obtenu 
que par les autres moyens. 

M. Berzélius, dans une lettre du 7 mai dernier, fit savoir à 
l’Académie des Sciences de Paris, que tous mes résultats, ayant 
été vérifiés par un chimiste allemand très exercé, et trouvés 
exacts, il ne conservait de doutes que relativement au dernier 
atome d’eau enlevé à l’'amidon, comme à la dextrine. 

M. Dumas vérifia bientôt après, ses analyses du dextrinate de 
plomb ; de mon côté, les expériences annoncées par M. Berzelius, 
ne conduisirent à exécuter de nouvelles analyses, dont voici les 
résultats : 


EXPERIENCES. Moyenne. 
A, 
1'e 2° 3° 4° 
| 
Amylate de plomb employé ........ 1,025 | o,907 | o,894 | 0,988 
Oxide ...... 0,649 0,528 | 0,536 | o,630 
— Obtenu........ {Carbone ..| 0,178 0,180 0,167 0,178 
Eau Re 0,198 0,199 0,191 0,180 
{| Équivalens en cen- {Carbone . ere 7:34 | 47,49 | 46,64 | 47,48 | 47,23 
{| tièmes de la ma- | Hydrogène ..… 5,85 5,83 5,8y 5,83 5,85 
tière organique. Oxigène...... 46,81! 46,68] 47,47 | 46,69 |  46,9r 


mm | —_——————— | _—_— | —— | ———— 


100,00 100,00 100,00 100,00 09,99 


La matière employée dans la première analyse avait été obte- 
nue de la fécule pure, traitée par 100 fois son poids d’eau bouil- 
lante, puis combinée intégralement avec l’oxide de plomb, sans 
rien séparer préalablement par le filtre. 

Les trois analyses suivantes furent faites sur deux autres amy- 
lates, préparés avec une solution d’amidon filtrée. 

La température de la dessiccation pour la première expérience 


fut égale à 135° pendant trois heures, dansle vide sec; pour les 
13. 


100 PAYEN. — Sur l’Ammidon. 
‘essais suivans, ontporta la température à + 170°; enfin, la pre- 
miére et la troisième analyses ont été faites par M. Schmershall et 
moi, la deuxième! par M. Schmersahll seul'et la quatrième par 
“moi seul: Qi 2110 

Les nombres suivans prouvent que la formule C*H% O°'s’ac- 
corde bien avec là moyenne et chacune des analyses. Ils confir- 
ment les résultats précédens. 


Calculé. Trouvé. 
CA us ro Var OL be 47,52 47,23 | | 
à PO APS LEA RE A LE | ou 5,83 5,85 f;— 100 
(0 ÉPR PA TTE S  ARR Te [OR y 46,65 46,91 


. Poids spécifique de l'amidon. 


La détermination exacte du poids de lamidon, comparé à ce- 
lui de l’eau sous le même volume, présentait d’assez grandes 
difficultés, en raison surtout de l’hydratabilité de la substance 
et de l'adhérence de l'air interposé. Voici comment je suis par- 
venu dernièrement à l'obtenir, en opérant sur de la fécule de 
pommes de terre épurée et préalablement desséchée dans le 
vide sec, à la température de 120°, soutenue pendant six 
heures. | 

Dans un petit ballon à col étroit, taré, J'introduisis, jusqu’à 
la moitié environ de sa capacité, de l'huile de moelle filtrée, dé- 
barrassée d’eau et de gaz, dans le vide à ro0°; la fécule fut alors 
ajoutée peu-à-peu, en agitant sans cesse, afin de bien impré- 
gner tous ses grains. On soumit alors ce mélange dans le vide, 
à l’action d’une température soutenue à + 100°, pendant dix 
heures; en agitant encore de temps à'autre, et jusqu'a cessation 
de: dégagement aériforme, le baïlon: fut refroidi à + 19°,55, 
rempli d'huile jusqu’à une ligne de niveau, tracée au point le plus 
étroit du col; pesé en cet état, puis vidé, rempli d’eau distillée, 
exactement au même point; pesé de nouveau. On peut aïnsicom- 
parer le poids du volume der fécule avec des volumes égaux 
‘d’huile déplacée, puis celle-ci avec le même volume d’eau, enfin 
rapporter à ce dernier le poids de la:fécule. : 


(2 


PAYEN. «— Sur l’Aimidon.: 107 


Voici les nombres de l’une de ces expériences qui, répétée 
trois fois, donna les mêmes résultats : 


Substance employée. ER des ur ed MAUR au PS 2 Ho pe 

Hiniescplus fécule ©. 1 Fr ere" 34507 

Huile occupant le volume du vase. . . . . . . 29 ,92 

Huile déplacée: par la fécule. , + 41.41... 29 ,32—21,96 — 7,36 
Poids de l’eau remplissant le ballon. . . . . . — 32,045 

Rapport de lhuile à l’eau. . . 29,32 : 32045 : : 7,36 : 8,044 :: 915 : 1000 


Rapport de la densité de l’eau au 
poids spécifique de lamidon . 8044 : 12109 :: 1000 : 1508,5 


Ainsi, à volume égal, lamidon pèse moitié plus que l’eau, ou, 
le poids de celle-ci étant 1000, celui de l’amidon est 1505,5, 
pour lattempérature de + 19,65. Il diffère donc du poids spé: 
cifique, du sucre qui a ététrouvé être de 1606,06. 

Par une température soutenue durant deux heures à 206", 
lamidon dans l'huile éprouva un commencement d'aitération : 
des bulles de gaz se dégagèrent; sa couleur devint fauve, et 
son poids spécifique fut porté à 1555. Cette augmentation de 
pôids résultait à-la-fois du dégagement de produits hydrogénés 
et de la conversion d’une portion de la substance en dextrine: 


Poids spécifique de la dextrine. 


La dextrine pulvérisée, desséchée à + 120°, puis à 41250 
dans le vide sec, pesée alternativement dans l'air et dans huile, 


avec! la précaution ci- dessus indiquée, re les nombres sui- 
vans : is 


Poids de la dextrine employée Re Ce 70000 
Huile, plus tninel FA RENOM UE EE 32,486 
“Poids de l'huile conténué dans le ballon ei. 29,320 :! 

Huile deplacée par la dextrine . . . à 44 124,580 


‘Rapport de la densité de l’huile à celle à. l’eau. 474,5189 
Rapport entre le poids de l'eau et celui de la pe 


il Ft j ab ni 30- 
dextrine + + … de oo 5189 : 79 :: 1000 : : 1520 


Ainsi le poids énifque de l'amidon est à celui dei Ja dé 
trine comme 1506 est à 1h20. 0% 6 SEUL TE 
Ce résultat est d'accord avec: l'observation de la diminution 


198 PAYEN. — Sur l’Amidon. 


de volume observée pendant la conversion de la fécule en dex- 
trine ; mais il se pourrait bien que l’un et l’autre effet dépen- 
dissent d’un simple resserrement mécanique qui aurait com- 
plété l'expulsion des dernières traces d'air interposées. 


Termes d’hydratation de la dextrine. 


Afin d'obtenir sur la dextrine des influences égales à celles 
exercées sur l’amidon, j'employai, dans cette série d’essais, de 
la fécule convertie en dextrine, sans déformation. Restée ainsi 
en grains, on ne put constater de terme précis d'hydratation 
dans l'air saturé d'humidité, parce qu'elle fut liquéfiée par l’eau 
absorbée; mais , exposée à l'air en couches minces pendant huit 
à douze jours, l'hygrometre ayant marqué o 60 à 68 et le ther- 
momètre + 20 à + 14°, elle retint l'équivalent de 4 atomes 
d'eau; exposée 24 à 48 heures dans le vide sec à + 15 à 19/, elle 
contenait 2 atomes qu’elle perdit dans le vide sec , soutenu à +- 
100 comme à+-140°, ne retenant plus alors que l'atome, consti- 
tuant ainsi tous les nombres des quatre premières lignes du ta- 
bleau relatif aux degrés d'hydratation de l’amidon , qui s’appli- 
quent exactement à la dextrine. 

Ainsi donc, la dextrine , par sa composition élémentaire, son 
poids atomique et ses termes d’hydratation, comme aussi par 
son action moléculaire sur la lumière polarisée, est identique 
avec lamidon. 

La dextrine et l’amidon offrent à-la-fois les mêmes relations 
entre leurs atomes constituans, et des phénomènes très divers 
sous l'influence d’agens nombreux, mais ces phénomènes ne dé- 
montrent pas des propriétés inhérentes à une combinaison mo- 
léculaire : ils dépendent de la forme et de l'agrégation des parti- 
cules. 

On peut, en effet, les faire tous varier par un grand nombre 
de modifications qui ne changent absolument rien à la compo- 
sition ni au poids atomique de la matiere. 

Ainsi l'amidon, toujours identique chimiquement, mais sécrété 
par différens végétaux ou sous des influences variables de sol 
et de saison , ou encore à différens âges , présente des volumes 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 109) 


et des degrés de cohésion très divers; soumis à de simples-actions 
mécaniques, il produit avec l’eau, l'alcool, la potasse, la soude, la 
baryte, l'iode, le tannin, l’acétate de plomb , les sels neutres, etc. , 
une foule de réactions spéciales. 

Divisé plus encore par la diastase, la température , les acides 
puissans et les alcalis caustiques, agens qui diffèrent extrême- 
ment par leur composition et leurs réactions chimiques, Pamidon 
produit alors graduellement plusieurs. phénomènes nouveaux 
en rapport avec le degré de la désagrégation opérée ; puis tout- 
à-coup sa dissolution complète semble avoir anéanti toutes ses 
facultés caractéristiques : on n’en obtient plus ni colorations ni 
précipités, par aucun des agens employés jusque-là avec succès 
pour les produire. 

Il semble qu'il n’y ait plus, pour son nouvel état, de combi- 
naison possible. 

Cependant , sous tant de formes , la composition intime n’a 
point varié, et je viens de démontrer qu’à l’aide de nouveaux 
efforts, on obtient avec les bases des combinaisons définies 
semblables , d'où l’on déduit un même poids atomique. 

Tel que le donne la végétation, ce principe immédiat possède 
donc des formes organiques spéciales qui paraissent modifier 
sa densité et persistent même dans leur dissolution aqueuse(1); 
leur contractilité et leur extensibilité apparaissent au contact 
d’une foule de réactifs. 

C'est un exemple remarquable d'application des moyens 
qu'offrent la chimie-et la physique , pour étudier un corps déjà 
sur la limite de l’organisation appréciable par d’autres procédés, 
suivre toutes les phases d’une désorganisation graduellement 
opérée jusqu’à sa complète dissolution, et pour en saisir même 
certains termes qui offrent d’utiles applications. 

Je crois pouvoir encore conclure de ce genre de recherches, 
que tout en arrivant par des voies diverses à transformer l’amidon 
en dextrine et dans tous les degrés intermédiaires, jamais l'on 


(1) Cette dissolution filtrée se trouble au bout de quelque temps et laisse peu-à-peu précipiter 
la substance encore membraniforme; mais alors sans doule ses particules sont disposées dans 
un autre ordre ; car ni le liquide ni le précipité ne reproduisent la belle coloration bleue avec 
J'iode. 


200 PAYEN. — Sur L’_Æmmidon. 


ne rémontera de la dextrine ou de ses congénères à l’amidon, 
pas plus qu’on ne parviendrait à former artificiellement un seul 
grain de globuline, une utricule, un tissu organisé , un organe 
quelconque de la reproduction végétale. 


Définition de la nature chimique de l’amidon et de la dextrine. 


Considéré sous les rapports chimiques, l’amidon pur, à l'état 
normal, tel qu'on peut’ Pextraire des plantes, est un principe 
immédiat. 

C'est un principe immédiat aux mêmes titres que le Jigneux, 
que la substance des cellules végétales. (r) 

Pour être appelés à jouer le plus directement possible ce rôle 
important dans la constitution des plantes et des animaux, les 
principes immédiats ne doivent-ils pas remplir les conditions 
d'être à l'abri des changemens spontanés, d’être par conséquent 
incristailisables et garantis contre la tendance à s’engager dans 
des combinaisons cristallines, propension si commune aux corps 
inorganisés ? 

Leurs particules ne sont-elles pas douées d’une prédisposition 
à s’agréger entre elles sous des formes en quelque sorte mem- 
braneuses ? 

Après les nombreuses expériences que nous venons de dé- 
crire, on ne saurait nier que la substance amylacée membrani- 
forme à l'état libre ou combinée ne réunit ces conditions; que, 
de plus, roulée en globules par couches concentriques, elle ne 
füt assez stable pour se conserver long-temps et assez attaquable 
pour se tenir en réserve , prête à céder ses particules aux agens 
des développemens ultérieurs des organes végétaux. 

Si la substance propre-de divers tissus a paru jusqu'ici d’une 
nature plus complexe , ne serait-ce pas qu’il resterait à éliminer 
du principe immédiat formant chaque enveloppe,les corps étran- 


(x) Des recherches chimiques, que je dois multiplier avant de présenter leurs résullats, me 
portent à penser que la substance des parois cellulaires est différente du ligneux , et que le 
gluten ne constitue pas ua tissu dans le périsperme du blé , mais bien un dépôt de matière azo- 
tée qui, dissous ultérieurement par un agent spécial, favorisera les premiers développemens 
de la plantule. 


PAYEN, — Sur l’Æmidon. 201 


gers à sa constitution, sécrétés , excrétés ou enveloppés par 
elle? 
Dextrine. 


L’amidon , qui offre une constitution moléculaire identique 
avec celle de la dextrine, en diffère cependant par l’arrangement 
de ses particules, c’est-à-dire de ses groupes moléculaires. Cette 
organisation est remarquable non-seulement en raison des phé- 
nomènes physiques curieux ; qu'on doit lui attribuer, non-seu- 
lement en raison de la variété que sa désagrégation introduit 
graduellement dans ces phénomènes ; mais encore et surtout elle 
est digne du plus haut intérét par la singulière propriété que 
cet arrangement spécial lui donne d'entrer en combinaison avec 
licde, combinaison qui partout signale sa présence et ses 
moindres altérations, mais qui est insuffisante pour la prouver. 

Un tel pouvoir, inhérent aux rappurts de présence entre les 
groupes des particules, qui les modifie lorsqu'on trouble ces 
rapports, qui disparaît lorsqu'on jes détruit; ce pouvoir remar- 
quable établit entre la dextrine, si complètement soluble, et 
lamidon, insoluble directement, une isomérie spéciale bien 
caractérisée , qui existe avec une identité de composition et de 
diverses “éactions moléculaires évidemment iucontestables. 


POINT DE VUE PHYSIOLOGIQUE. 


\ j 


ÉTUDE DE L’AMIDON DANS SES DÉVELOPPEMENS VARIÉS, ET SES RAP- 
PORTS AVEC LA GERMINATION ET LA NUTRITION DES PLANTES. 


Organes qui contiennent de l'amidon, tissus qui en sont dépour- 
vus, influence de la lumière sur la sécrétion de ce principe 
immediat, 


Tous les organes d’un grand nombre de plantes peuvent, 
dans des circonstances favorables , sécréter la substance amyla- 
cée, et plus tard la dissoudre pour la laisser concourir alors à la 
nutrition végétale. | 


202 PAYEN. — Sur l’Æmidorn. 


Cependant , on ne rencontre jamais l’amidon dans les tissus 
qui sont à l’état rudimentaire; ceux-ci ne récelent encore que 
les principes immédiats, indispensables à leurs premiers déve- 
loppemens, c’est-à-dire des matières que j'ai démontré, être dés- 
lors constamment réunies : les unes très riches en azote, les 
autres non azotées. 

Ainsi , les spongioles des radicelles, les plus jeunes rudimens 
des bourgeons foliacés et fructifères, l’intérieur des ovules non 
fécondés et sans aucune exception, toute l’organisation naissante 
est dépourvue de fécule amylacée. 

Cela se conçoit, car celle-ci représente un excès de principe 
assimilable sécrété, seulement, et mis en réserve, après que les 
organes ont atteint un certain développement. 

Je n'ai pas rencontré non plus d'amidon , dans les vaisseaux 
ni dans les méats inter-cellulaires ; c'est qu'il n’y peut passer 
sans doute, qu'après une transformation qui, le rendant soluble, 
lui Ôôte ses caractères distinctifs. 

L'amidon ne se trouve pas dans l'épiderme et manque pres- 
que toujours dans les premières cellules des tissus sous-jacens. 
Cela arrive par suite , je crois, d’une loi générale de sa formation : 
en effet, soit qu’une vitalité plus grande ou qu'une assimilation 
plus efficace par les agens aériens ait lieu dausles points rappro- 
chés de l’air et de la lumière, l’amidon est exclu de ces parties jus- 
qu’à une certaine profondeur , passé laquelle ses grains commen- 
cent à se montrer, puis augmentent en nombre comme en vo- 
lume dans les cellules de plus en plus éloignées de la superficie 
jusqu’à certaines limites ; ilen est de même des organes foliacés 
qui sous la terre sont parfois abondans en fécule , les écailles 
des divers bulbes par exemple, tandis qu'ils en contiennent peu 
ou point s'ils sont exposés à l'air ou à la lumière. 

Nous allons citer quelques faits à l'appui de ces assertions. 

Si l’on coupe une tranche très mince d’un rhizome de Canna 
discolor par un plan perpendiculaire à l’axe, et que l'on examine 
successivement sous le microscope toutes les parties du tissu 
depuis la couche extérieure jusqu’au centre, on ne trouve au- 
cun grain de fécule ni dans l’épiderme , ni dans les cellules con- 
tiguës, ni dans celles qui suivent, jusqu’à une profondeur de 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 203 


8 à ro. Dans les cellules suivantes les grains d’amidon, rares et 
très petits se montrent graduellement plus gros et atteignent au 
plus 5 centièmes de millimétre ; mais ce n'est qu'au-delà du pre- 
mier cercle de vaisseaux que lesgrains, augmentant plus rapide- 
ment de volume, dans les grandes cellules, atteignent le maxi- 
mum de leur développement c’est-à-dire 15 centièmes de millime- 
tre ; ce sont les résultats micrométriques de mes observations 
sur les rhizomes les plus développés que j'aie pu me procurer 
au jardin du roi , ainsi que sur ceux du Canna gigantea et du 
Maranta arundinacea j ils s'accordent avec les essais que j'avais 
faits précédemment pour la Société centrale d'agriculture sur 
la fécule du Canna discolor, envoyée de Montpellier par 
M. Farel. 

Dans les tubercules de l’Orchus latifolia, les plus fortes dimen- 
sions des grains de fécule se remarquent vers le centre , tandis 
qu’ils sont de plus en plus petits dans les cellules qui se rappro- 
chent de l'épiderme. 

Toutes les variétés de pommes de terre sont dépourvues de 
fécule dans leur épiderme et dans le tissu herbacé sous-jacent 
(médule externe, la grosseur et le nombre des grains augmen- 
tent à partir de là , jusqu'au cercle des fibres vasculaires, qui 
entourent la moelle; dans celle-ci les proportions d’amidon sont 
moindres surtout vers le centre. 

Les mêmes résultats, dans les parties semblables, s’observent 
relativement aux tubercules du 7ropæolum tuberosum. 

En général toutes ces plantes ne présentent que très peu ou 
pas de fécule dans les portions de leurs tiges qui s'élèvent au- 
dessus du sol; dans toutes les tiges de cactus , sous leurs di- 
verses formes, les grains de fécule sont plus volumineux, et en 
plus grand nombre dans le tissu médullaire ou les parties voisi- 
nes. On n’en trouve pas de traces près de l’épiderme ni jusqu’à 
une certaine profondeur. 


20/4 PAYEN: — Sur L Æmidon. 


Premiers développemens des fécules , causes de’ leurs ruptures 
spontanées , de leurs conformations variées et d’une apparence 
de téoument. 


il résulte de l’ensemble des propriétés physiques et chimi- 
ques, des grains d’amidon à différens âges-et des parties inéga- 
lement agrégées de chacun d'eux, que le principe immédiat 
dont ils se composent ‘est d’abord sphéroïdal, comme tout 
corps fluide laissé à la propre attraction de ses parties intégran- 
tes ; il absorbe généralement par un seul'point, quelquefois par 
deux , rarement par trois la substance amylacée. 

Celle-ci s’'accumule dans Pintérieur, presse contre les ‘pre- 
mieres parties agrégées , les gonfle, puis est pressée à son tour, 
par une nouvelle quantité de matière qui bientôt encore, reçoit 
et transmet la pression d’un autre flot de Ia sécrétion. 

Ce gonflement successif produit les couches concentriques 
observées; il continue tant que les circonstances extérieures 
laissent une souplesse suffisante aux premières couches qui en- 
veloppent les autres. 

C’est ainsi que dans les parties aqueuses d'une même plante, 
se trouvent des grains d’amidon , d'autant plus volumineux ; 
d'ailleurs , que leur développement s’est prolongé davantage. 

Les rhizomes des cannées , les tubercules des pommes de 
terre, etc, dans les terrains humides offrent les maxima de di- 
mensions des fécules ; tandis que les tiges du Ginkgo biloba , 
et de l_Zylanthus glandulosa, les fruits de plusieurs Graminées, 
les graines de diverses légumineuses , des Chénopodées et une 
foule d’autres laissent plus promptement l’amidon privé d’eau 
et arrêtent sa croissance. 

Lorsque le développement des grains amylacés est considé- 
rable, les premières couches formées ayant perdu leur souplesse 
ne cèdent à la pression interne des dernières parties sécrétées , 
qu’en éprouvant -des ruptures , et celles-ci partent générale- 
ment du hile où les parois amincies opposent le moins de résis- 
tance. 

Quant aux formes extérieures accidentelles , elles dépendent 


BAYEN. — Sur l’Amidon. 20 


évidemment, d’une sorte de moulage sur les obstacles que 
rencontrent les grains amylacés dans le milieu où ilsse gonflent. 

C’est ainsi que, dans le fluide rempli de flocons d’albumine, 
où se forme et s’accroit l’amidon des fèves, haricots et pois, l’iné- 
gale résistance et la viscosité du milien déterminent ces surfa- 
ces ondulées ou creusés en sillons, et ces contours sinueux des 
projections qui caractérisent les grainsamylacés de ces légumi- 
neusès ; d’autres particularités remarquables dans les formes des 
fécules nécessitent le concours d’une ‘autre cause que nous al- 
lons exposer. : 


Apparence tégumentaire et différences de cohésion dans les grains 
de fécule. 


Sur toutes les fécules, la couche superficielle ayant plus de 
cohésion, résiste le plus aux divers agens de dissolution ; cette 
couche est souvent rendue plus difficilement attaquable: encore 
par l’adhérence de plusieurs corps étrangers insolubles, tels que 
l’albumine végétale, les sels calcaires, une matière oléiforme fixe 
et une huile essentielle: de là cette apparence trompeuse d’un 
tégument propre qui, disait-on, offrait une composition distincte. 
La moindre consistance des couches internes dans les fécules 
explique les diverses réactions qui, parfois, déterminent une 
partie de la substance à sortir et former hernie au dehors : c’est 
ce qui arrive si l’on met en contact avec de jeunes grains une 
solution de soude trop faible pour attaquer la couche externe, 
mais qui sintroduisant par le hile gonfle et force à sortir la 
matière intérieure. (77. fig. 8 Z:.B. pl. 4.) 
Conformation polyédrique et agglomération des grains de fecule. 

‘Les formes polyédriques de la fécule du Cycas circinalis, me 
parurent plus remarquables que celles de‘toute autre fécule;soit 
parce qu’elles appartenaient à la plupart des grains et qu'une 
moitié seulement du volume de chacun d'eux était ainsi polyédri- 
que , l’autre moitié ayant conservé: sensiblement: la: forme d'un 
sphéroïde. - | 


206 PAYEN. — Sur d’Arnidon. 


Quelle pouvait être la cause de cette sorte de moulage par- 
tiel ? J'essayai de la découvrir en observant, non plus la fécule 
extraite à part, ni même les cellules aplaties entre les lames du 
porte-objet; mais bien des tranches très minces de la moelle du 
sagouier placées sans pression et sans frottement, dans l’eau , 
entre deux lames de verre. 

11 me fut possible alors de voir la fécule généralement réunie 
en petits agglomérats de deux, trois, quatre, six, ou sept grains: 
(V. case 5, les fig. a, b, c,d, e, pl. 6), la portion engagée dans 
l’agglomération avait seule contracté les formes polyédriques qui 
remplissaient les vides qu’eussent laissé des sphéroïdes entre eux, 
tandis que la portion libre restée en dehors de l’agelomérat avait 
continué ses développemens sous formes arrondies ; on voyait 
distinctement aussi, comme le montrent les figures, cases 4 et 5, 
le hile marqué sur cette partie externe, et les lignes circulaires 
d’accroissement disposées concentriquement autour de lui; une 
faible pression et un léger frottement suffisaient pour séparer 
tous ces grains les uns des autres, et les montrer alors isolés 
comme dans les fig. de la case 4 pl. 6. 

L’explication des formes polyédriques que prennent les fécu- 
les lorsqu’elles sont pressées de toutes parts comme dans les 
parties cornées du maïs, cette explication, dis-je, ne présente 
aucune difficulté maintenant que la constitution intime , et le 
mode de développement sont démontrés : on voit bien que les 
couches externes assez souples et extensibles pour se gonfler , 
en cédant à la force intérieure que produit un accroissement 
graduel de volume, doivent céder aussi à la pression extérieure 
des autres grains qu’elles rencontrent; qu’alors, pour remplir 
l'espace libre, les grains arrondis doivent présenter bientôt des 
surfaces planes et acquérir peu-à-peu des formes polyédriques ; 
qu’alors enfin, la transparence de la masse résulte de l’expulsion 
des substances interposées de densités si différentes (les gaz sur- 
tout); la forte adhérence tient à la nature cohésive même de la 
substance amylacée. 

Mais comment se fait-il que, sans être fortement pressés en- 
tre eux, les grains de fécule acquièrent habituellement dans cer- 
taines plantes une ou plusieurs faces planes, tandis que d’au- 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 207 


tres fécules, même plus abondantes dans chaque cellule, conser- 
vent des contours arrondis ? 

Les circonstances de la végétation des plantes d’où prove- 
naient ces fécules me portèrent à croire que l'abondance de 
l'eau interposée , avait pour les unes prévenu presque toute 
attraction énergique, tandis que pour les autres une proportion 
moindre de ce liquide avait permis à la substance amylacée de 
contracter de nombreuses adhérences. 

Cette hypothèse s’appnyait d’abord sur l'observation directe 
de l'adhérence remarquable entre les grains de la fécule conte- 
nant 10 atomes d’eau, sans qu'il ÿ en eüt aucun excès interposé 
( V. les différens termes d'hydratation, pages 77 et 80.) 

Les mêmes vues furent d'abord justifiées par l'examen com- 
paratif des fécules durant leur croissance: les plus jeunes en et- 
fet se rapprochaïent des formes globuleuses, tandis que deve- 
nues plus âgées et plus volumineuses en même temps que l’eau 
et l’espace ambiant diminuaient, elles avaient contracté entre 
elles quelques adhérences qui rendaient plane une portion de 

leur superficie. 

Les jeunes périspermes de maïs, par exemple, ne contiennent, 
en général, que des grains de fécule globuleux ; bien que près 
de l’état de maturité, presque tous ces fruits offrent une grande 
partie de la masse du périsperme à l’état corné, demi translu- 
cide, résultant de la configuration polyédrique et de la juxta-posi- 

tion des grains de fécule. 
| Une preuve plus démonstrative encore m'a paru devoir être 
| le résultat d’une modification déterminée dans les formes de la 
| fécule en changeant , à dessein , les circonstances de la végéta- 
| tion. 


| 


| 


| Agglomération des grains de fécule produite à volonté pendant 
* la végétation. 


| Voici comment je réunis les circonstances favorables à la 
| modification projetée des formes de la fécule dans les pommes- 
de terre. 

Je laissai germer et pousser ces tubercules à l'air depuis les 


208 PAYEN. — Sur l’ Amidon. 


premiers Jours d'avril jusqu’au 20 août, dans un laboratoire 
où le thermomètre varia de + 12 à 20° centésimaux, et l’hygro- 
mètre deo,/5 à 0,70. 

Les tiges ainsi toutes aériennes portaient des renflemens, à 
la partie inférieure desquels naissaient des mamelons radicel- 
laires blanchâtres, tandis que les parties supérieures se garni- 
rent de petites feuilles vertes. 

Dans les renflemens précités se rencontrèrent parmi de nom- 
breux grains globuliformes de fécule, plusieurs agglomérats de 2, 
3, 4 et même 5 grains, qui par leur adhérence étaient devenus 
polyédriques sur les points en contact. 

Ces réunions étaient plus nombreuses parmi les grains formés 
en dernier lieu , ‘par conséquent sous l'influence des moindres 
proportions d’eau. 

Un assez grand nombre des grains plus volumineux étaient 
doubles; séparés par pression et frottement ils se présentaient 
sous les formes de sphéroïdes, ou d’éllipsoïdes tronqués. 


Rapportentre les parois des cellules et Le hile des grains de fécule. 


Nous avons vu qu’à l'aide de nouveaux moyens d'investigation 
on démontre la présence d’un hile dans des fécules qui jusqu'ici, 
avaient paru n’en pas avoir; on peut done admettre qu'il existe 
pour toutes, et qu’il joue un rôle dars la formation ou dans l’ac- 
croissement des grains amylacés. 

Mais résulte-t-il d'un point d'attache permanent, aux parois 
intérieures de la cellule,ou bien montre-t-il seulement, orifice 
du conduit par lequel l'accroissement s’est opérée par intus-sus- 
ception ? 

En démontrant la difficulté dans certains cas de justifier la 
première hypothèse, nous serons portés à faire prévaloir la se- 
conde. 

Dans ‘un grand nombre de cellules des variétés de pommes 
de terre riches en fécule , dans celle des rhizomes également 
abondans en substance amylacée du Canna discolor, les globules 
d’amidon qui se développent sont en quantité telle, qu’il pa- 


# 


PAYEN. — Sur l’ A midon. 209 


rait impossible que tous restent en rapport avec la paroi interne 
de la cellule, 

Le-maintien-à distance d'une partie des grains , semble plus 
évident.encore dans les cellules où ils sont tellement pressés les 
uns contre les autres , que toute leur périphérie s’est déprimée 
en. facettes fortement adhérentes aux facettes des autres grains 
en-contact, lorsque enfin tous sont polyédriques comme le mori- 
tre la fig.0, pl. 6, relativement aux parties cornées ‘du péri- 
sperme du: maïs , ils sont là tellement enchâssés, qu'évidem- 
ment leurs derniers développemens ent été acquis en place;par 
conséquent à distance des: paroïs pour beaucoup d’entre eux. 
Les mêmes phénomènes s'observent dans la masse fécu'ente du 
périsperme des:fruits de plusieurs graminées ; V. fig. C pl4 re- 
présentant l’amidon du Panicum italicur. 

Nous avons vu un autre exemple curieux de ces développe- 
mens; hors du contact des: parois cellulaires, manifesté durant 
la, croissance des groupes de :grains amylacés, dans les cellules 
de la moelle du Sagouter.Ces groupes nombreux beaucoup plus 
petits que:la cellule, ne peuvent toucher celles-ci que par deux 
ou:trois des points correspondans:à leurs hiles sur six ou Abe 
que parfois ilprésentent. 

| Enfin:une altération spéciale (PL 3, fig. 26, et PL. 4, fig. 8 &,c) 
qui, durant la germination des céréales et les arrêts de la végé- 
tationydes pommes de terre:, laisse désagréger les grains d’ami- 
don; puis réagréger en globules leur substance, me semble venir 
à l’appui des-conclusions qui précèdent. 


D LPétermination de la nature de l'amidon des polleirs. 
Nous avons vu que l’iode est un‘réactif insuffisant de la sub- 
stance amylacéer: il fallait done ÿ combiner les‘autrés moyens 
d'investigation (pour démontrer la nature ‘des granulés bleuis- 
sables dans les grains de plusieurs polleñs. C’èst ce que jé me 
suis empressé de faire à la démande dé RE de: Jüssieir 
Pollen de Giobba nutans.—kes fig. 4,4; a, a", pl. 5, montrent 
les grains de ce pee ‘unélmoîtié est colorée par liode , sa- 
voir: la:membrane végétale extèrne en jaune, la membrane 
X, Boran. — Octobre, 14 


210 PAYEN. — Sur l’'Amidon. 


interne en fauve ou violet , suivant qu’elle contient la Fovilla 
seule ou mêlée d'amidon; les plus petits grains de ce pollen 
sont dans le premier cas ( fig. &), tandis que les plus gros sont 
en partie (fig. a’) pleins de granules amylacés et de fovilla, ou 
complètement remplis de ce mélange (voy. fig. 4’). Ces der- 
niers, mis dans l’eau, laissent échapper les deux matières lors- 
qu'ils font explosion : on voit en effet ( fig. à) un grain de pol- 
len qui a lancé au-dehors la fovilla mucilagincuse formant des 
globes tourbillonnans et disséminant ses grains d’amidon dont 
on voit une moitié bleuie par l’iode. 

Un autre grain de pollen est vu en c teint par l’iode ; en le 
mouillant par une solution de soude à o,or, l'enveloppe interne, 
vivement gonflée, brise l'enveloppe externe, abandonne sous 
l’une des formes €, f, et puis, continuant à être gonflée par 
l'augmentation de volume des granules d’amidon, passe de la 
forme d à la forme d'; celle-ci laisse bientôt apercevoir les gra- 
nules amylacés beaucoup plus volumineux d”, d”’, affaissés sui- 
vant une ligne médiane; une partie de ces grains gonflés et af- 
faissés peuvent encore être bleuis par l'iode ( voy. fig. 4”). 

Les grains du pollen, moins volumineux, se dépouillent aussi 
de leur premiere enveloppe par la soude, mais ordinairement 
restent sphéroïdes sans se désagréger, sans doute parce qu'ils 
contiennent peu ou point de granules d'amidon. 

Il fallait, pour démontrer complètement la nature amylacée 
de ces granules, réunir bien d'autres chservations; les voici : 
ils offrent avec l’eau, sous diverses températures, les phéno- 
mènes d'extension et de contraction; chauffés graduellement 
avec l'acide sulfurique étendu, leur substance, peu-à-peu dis- 
soute, a présenté, par l’iode et les autres réactifs, tous les ca- 
ractères de la désagrégation successive de l’amidon. 

Traitée au bain-marie avec la diastase , elle donne de la dex- 
trine de plus en plus dissoluble, puis se convertit en sucre. 

Des observations semblables caractérisent bien l’amidon des 
pollens de Vuïas major et de Ruppia maritima ; celui-ci con- 
tient aussi des proportions variables de fécule ( voy. case 25, 
pl. 3). @, a’, pollen normal vu dans l’eau sans pression; 6, c, d, 
pollen pressé, montrant les granules d'amidon; f, ceux-ci vus 


PAYEn. — Sur l’Amidon. 21! 


en dehors; g, grain de pollen dans une solution de soude à 
0,01, faisant explosion et lançant au dehors ses granules d’a- 
midon gonflés ; case 5 : pollen contenant plus ou moins d’ami- 
don,réunien paquets dans la fovilla; on voit des granules iso- 
lés' sortis de ce pollen. La case 6 montre les mêmes granules 
gonflés par la solution alcaline ; la case 7 contient les grains 
d’amidon des graines de Vaias à demi développées ; la case 3, 
le même amidon des graines müres, et la case 9, ce dernier 
gonflé par la soude. 


Dissolution spontanée et passage de la substance amy lacée d’un 
tissu dans un autre. 


Planche 2, fig. ro, on voit les grains de fécule d’une pomme 
de terre poussée. Les premières enveloppes de ces grains ayant 
été dissoutes , laissent voir les formes plus irrégulières et allon- 
gées des parties sous-jacentes , intérieurement moulées. 

La figure 11 montre ces grains chauffés à une température 
de 180° dans le vide. 

La figure 12 indique l’action de guttules d’eau sur la super- 
ficie de ces grains, préalablement chauftés à + 200°. 

Enfin , fig. :3, l’action d’un excès d’eau, puis de l’iode, prou- 
vent que l'exfoliation de ces grains se fait comme dans les di- 
verses fécules normales. 

Des effets semblables de dissolution des couches externes 
sont indiqués, pl. 6, par les fig. 1, a, b, c, d, e. f, pour la fé- 
cule du Canna discolor, et par les fig. a, b, case 2, relative-. 
ment à la fécule du Maranta arundinacea. Une simple pression 
sépare plusieurs tuniques de ces fécules en voie de désagréga- 
tion. { Voy. les fig. c, d, case 2, pl.6.) 

Ce sont des effets curieux de la dissolution graduelle des fé- 
cules, qui, sans cette altération spéciale effectuée par l’eau et'la 
diastase, ne pourraient faire traverser les parois cellulaires par 
un seul de leurs plus petits granules. 

On voit que les couches éxternes s’exfolient successivement, 
se désagrègent et se dissolvent (en dextrine et sucre); les par- 


ties restantes diminuent de volume, et présentent la matière 
14. 


212 PAYEN: — Sur l'Amidon. 


interne avec les différentes formes que leur avait imprimé leur 
moulage contre les paroisdes parties plus anciennement formées. 

Ces phénomènes se passent dans les vieilles écailles des bulbes 
de lis, de jacinthe, dans les plus anciens rhizomes des Cannées, 
dans les pommes de terre en cours de leur végétation repro- 
ductive, jusqu'à l’époque où toutes ces parties sont entièrement 
épuisées de fécule. 

La fécule, très abondante dans les jeunes gousses des pois, 
des haricots et des fêves , alors qu’il n’en existe pas encore dans 
les ovules, passe graduellement dans ceux-ci, où la presque to- 
talité se rassenible en définitive dans les cotylédons de la graine. 

Le passage entre les tissus se fait beaucoup plus rapidement, 
durant même la croissance d’une seule plante annuelle : ainsi, 
on peut la suivre à l’aide de toutes les réactions précitées, dans 
toutes lesparties quisupportent et enveloppent lesépis et les fruits 
du mais. Ainsi les pédoncules de ces épis, tous les feuillets de 
leur spathe, les supports des fruits, les tégumens de ceux-ci, 
contiennent successivement et se transmettent de proche en 
proche de l’amidon en granules, gros de 1 à 2 millièmes de 
millimètre au plus, avant que l’amidon n'arrive dans le péri- 
sperme, où il doit s’accumuler, à l'abri, seulement alors , des 
transformations en dextrine et en sucre, changemens qui ne 
commenceront qu’à l'époque où la germination, renouvelant 
les mêmes circonstances, puisera dans le périsperme les maté- 
riaux d’une alimentation nouvelle. 


Applicätions des données précédentes ; principaux usages des 
fécules et des produits de leurs transformations. 


Formes et dimensions. — Ces caractères spéciaux de certaines 
fécules usuelles peuvent les faire distinguer : ainsi on voit que, 
bien établis, ils: ne permettraient plus, par exemple, de con- 
fondre la fécule commerciale du Maranta arundinacea (Arrow- 
root), case 2, pl. 6, avec celle des Batates, fig. 15, 16 et 17 
même planche, ni avec celle des Pommes de terre, pl. 1, fig. 
as ga, al: 

La forme discoide ou en bouclier de l’amidon des blés, et ses 


l 


e 


PAYEN. — Sur. l=Æimidon. 213 


dimensions (case 7, pl. 6), expliquent comment, à épaisseur 
égale, cet amidon, offrant plus de grains entrecroisés et d'air 
interposé , offre plus de blancheur'et d’opacité que la plupart 
des autres fécules. 

Différens termes d’hydratation. — Lies proportions d'eau si 
considérables et bien définies que l’amidon retient (voy. p. 80) 
dans des circonstances déterminées, peuvent expliquer, me sem- 
ble-t-il , l'utilité de ce principe immédiat dans les pollens de plu- 
sieurs plantes aquatiques; on doit avoir égard à cette remar- 
quable faculté dans toutes les transactions si nombreuses entre 
les producteurs et les consommateurs de fécule, et ce produit 
commercial devrait toujours être titré à l’état sec. 

L'hydratation à 10 atomes d’eau donnant à l’amidon la pro- 
priété de s’agglutiner entre +70 et 100”, il importe d’éviter de 
l’exposer à ces températures dans les séchoirs, avant qu’elle ait 
perdu plusieurs atomes d’eau. Cette observation s'applique aux 
diverses fécules, aux grains sermés , aux farines humides. 

Les conditions d’hydratation durant ia maturation des fé- 
cules , influent beaucoup sur leur cohésion et leur résistance à 
tous les agens : c'est ainsi que l’amidon de pois mürs reste intact 
et’insoluble chauffé à sec jusqu’à + 205 degrés, tandis que la 
fécule des tubercules aqueux devient soluble ou désagrégeable 
à la température de 170 à 100°. 


Différens produits des pommes de terre en fécule. 


Les pommes de terre qui donnent actuellement les quantités, 
chaque année plus énormes, de la fécule que l’agriculture rour- 
nit au commerce et à l’industrie, diffèrent beancoup suivant les 
terrains ou les variétés, et doivent engager les cultivateurs et 
les manufacturiers à s'assurer des faits relatifs à cette production. 

Parmi le grand nombre d'essais que J'ai faits à cet égard , je 
citerai seulement les derniers, dont m'avait chargé la Société 
centrale d'agriculture, à l’occasion de l'examen des cultures 
comparées de M. Battereau-Danet. 


214 PAYEN, — Sur. l’Æmidon. 


Li ARE 
TamcrAu des produits comparés de plusieurs variétés de Pommes de terre, 
à superficie cultivée égale. 


Proportion Cr 
lan QUANÉE sa Date 


VARIÉTÉS. planté à surface pour 100 kil. de de 
de 


x kilog. | Produit 


a produit.| égale. fécule. |la récolte, 


tubercules. 


260 kil. ÿ À Octobre. 


Grosse jaune ..... 230 ] Ë C id. 
Schaw d'Écosse. . .. 200 Septemb. 
Tardive d'Islande. . 250 Octobre. 
Ségonzac 200 c id. 
Sibérie 250 ! Novemb. 
250 6 Octobre. 


Ce tableau montre que, dans les circonstances toutes favo- 
rables à la culture de la pomme de terre de Rohan, cette variété 
serait la plus productive relativement à la quantité totale récol- 
tée et à la substance alimentaire contenue; viendrait ensuite, 
sous ces mêmes rapports, la grosse jaune , puis la variété dite 
Shaw d'Écosse ; que pour le consommateur fabricant de fécuie, 
par exemple, a grosse jaune occuperait le premier rang ; vien- 
drait ensuite la Schaw d'Écosse : ce sont aussi les. variétés les 
plus farineuses , et celles qui, considérées comme aliment, mé- 
ritent et obtiennent la préférence parmi les produits des grandes 
cultures. 

Sous les mêmes rapports, la pomme de terre de Rohan ne 
tierdrait que le quatrième rang, et ne serait plus avantageuse 
pour le cultivateur s’il s'agissait soit d’en extraire de la fécule 
sur lieu , soit de la transporter pour la vendre; car pour en ob- 


tenir un égal produit, il faudrait, dans le premier, soumettre . 


au râpage plus de 150 parties au lieu de 100, 


État et proportions de la fécule dans les pommes de terre gelées. 


Un fait remarquable relatif à l’une de nos plus importantes 
industries agricoles, à depuis long-temps fixé l'attention des fa- 


PAYEN, — Sur l’Amidon. 219 


bricans de fécule. On sait, en effet, que les pommes de terre 
gelées donnent un produit moindre de quelques centièmes seu- 
lement qu'avant leur congélation, tandis qu’après le dégel on 
n'en obtient plus que le quart à peine de la proportion ordi- 
naire, c'est-à-dire 3 ou A au lieu de 15 à 17 pour 100. 

Après avoir examiné attentivement cette grave question par 
analyse comparée, j'ai constaté que la congélation et le dégel 
n'avaient rien rendu soluble, de même que ces phénomènes 
n'avaient occasioné aucune déperdition; il fallait rechercher 
ailleurs la cause de la diminution de rendement en fécule : il 
me parut probable que l'extraction devait être entravée par 
quelque difficulté mécanique. 

Afin de reconnaître quel arrangement particulier dans la fé- 
cule pouvait causer cette perte, je réunis les dépôts féculens 
des tubercules soumis à la rape dégelés ; ils furent délayés 
dans l’eau, puis passés sans agitation au travers d’un tamis 
de soie : la portion restée sur le tamis devant contenir les 
agglomérats s'il s’en trouvait que le frottement eût fait passer 
au travers du premier tamis; cette fécule, plus grenue, sem- 
blait comme feutrée. 

Examinée sous un faible grossissement du microscope, ses 
grains parurent réunis en paquets arrondis, dont le diamètre 
moyen était quatre à cinq fois plus grand que celui des gros 
grains de fécule, et dont quelques-uns étaient adhérens, deux 
à deux, trois à trois, ou en plus grand nombre ; placés sous un 
plus fort grossissement, les grains parurent réunis, dans chaque 
agglomération, par une membrane plissée entre les saillies ii 
leur protubérance marquait. 

Une goutte d’eau introduite entre les lames du porte objet, 
fit peu-à-peu gonfler ces sacs membraneux, en s’y introduisant 
par endosmose ; augmentant ainsi la transparence, elle laissa 
voir distinctement tous les grains de fécule enfermés dans les 
cellules isolées ou réunies deux, trois ou quatre ensemble, et 
qui, soustraites aux pressions latérales supportées dans le tissu, 
avaient changé leur configuration irrégulière polyédrique en 
une forme de sphéroïde. 

Les fig. n°7 a, b, ec, d, montrent l’aspect des cellules déga- 


216 PAYEN. — Sur" LA midon. 


gées du tissu. On ‘remarque sous la.lettre’ 2 une cellule isolée 
ou déchirée, ayant laissé sortir la plus hene bte des grains 
de fécule qu’elle renfermait. . ao HIBVE ax 

On voit en c deux cellules également Sn tbéeS d’eau, adhé- 
rentes entre elles, et dont l’une est vidée de li fécule qu’elle 
contenait: 

l’agglomération d de quatre cellules encore adhérentes par 
quelques portions de leurs parois, montre fes déchirures'sur'les 
deux premières, dont:une: a perdu plusieurs grains de fécule: 

La pulpe-restée:sur le tamis après les lavages, examinée au 
microscope, se composait de cellules; soit groupées en’ plus où 
moins grand nombre, soit isolées, la plupart remplies de fécules 
et arrondies par la pression intérieure que ne contrebalançait 
plus la pression extérieure des cellules voisines ; enfin la fécule, 
même tamisée deux fois, contenait encore cie cellules 
isolées , globuliformes et remplies de fécule. 

Ces observations, concordantes entre elles et avec les expé- 
riences comparatives sur la composition des pommes de terre 
avant et apres la congélation, ne pouvaient laisser de doutes sur 
la cause du phénomène, ni sur les déductions à en tirer dans 
l'intérêt de l’industrie agricole. 

On conçoit en effet que, par suite des changemens de volume 
et d'état, dans les liquides successivement: congelés et dégelés, 
l’'adhérence entre les cellules du tissu intérne avait été détruite 
en même temps et de la même manière que cela avait eu lieu 
entre les parties corticales et l’épiderme, si facile à séparer des 
tubercules après le dégel. 

La plupart des cellules isolées et des groupes de cellules 
ayant perdu leurs adhérences dans la masse tuberculeuse, elles 
devaient se séparer sans offrir assez de résistance aux denturés 
des rapes pour être déchirées. À 

Le râpage ne devait donc mettre en liberté qu'une petite pro- 
portion de la fécule , et celle-ci seule devenait facile à extraire; 
tout le reste, enfermé dans les utricules isolées ou groupées , 
demeurait sur les tamis fins avec le résidu pulpeux. 

On explique facilement aussi comment les tubercules traités 
avant le dégel donnent , à quelques centièmes pres; les mêmes 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 37 


produits qu'avant leur congélation: c'est qu’alors le plus grand 
nombre-de leurs lutricules, scelléés dans la masse pie le liquide 
solidifié , peuvent résister assez aux dents de a râpe pour être 
entamées:et déchirées par elles. 1502 

Enfin;;(si parfois les pommes dé terre gelées sont moins fe 
neuses et plus sucrées’: c’est qu'à l'époque avancée de 4 saison 
oùces caractères ont été observés, la végétation des tüberéules 
avait pu, ävant lascongélation, développer üne quantité sen- 
sible: de diastase capable, comme on le sait ; de liquéfier et de 
sacchärifier, RONA la coction!; la Substhiee ‘ainylacée. | 


Cause de la coloration brune , de la saveur âcre et de l odeur. Vi 
reuse des pommes de terre degelées. 


Chacun a pu observer ces caractères que présentent généra- 
lement les tubercules après le dégel, et que la cuisson modifie 
plus où moins. Je me suis occupé de Îes constater d’abord dans 
les tubercules au moment du dégel, et après un temps plus ou 
moins long, puis de rechercher leurs relations avec les diffé- 
rentes parties des tissus. Enfin d'en déduire les procédés facile- 
ment praticables, de conserver et d'utiliser les pommes de terre 
en éliminant ces influences défavorables. 

Si lon coupeun tubercule par un plan perpendiculaire à l'axe 
de cette tige souterraine, on observera dans la partie centrale 
plus translucide qu’entoure une rangée de vaisseaux, une pro- 
portion de fécule moindre de deux à huit pour cent que dans 
toute la partie corticale plus opaque enveloppant cette rangée 
de conduits. ‘ 

La différence dans la proportion de fécule facile à réconnai- 
tre sous le microscope par le nombre de graïns dans chaque 
ceilule est d'autant plus grande , que les tubercules sont plus 
aqueux (1; entre la couche corticale épaisse et l’'épiderme , 


(x). Afin d’éviter toute chance d'erreur, on devra donc diviser en totalité plusieurs tubercules 
lorsqu'on se proposera d'apprécier exactement par: dessiccation ou suivant une méthode analÿ- 
tique quelconque les influences des variétés, des sols, des engrais, des procédés de la culture 
et des phénomènes météorologiques sur les produits de la pomme de terre. 


218 PAYEN. — Sur l’ Æmidon. 


se trouve la médulle externe colorée en nuances fauves rougei- 
tres ou violettes et souvent verdâtres, lorsque les tubercules se 
sont développés près de la superficie du sol; ce tissu se montre 
sous le microspope complètement privé de fécule, c'est lui qui 
renferme en proportions variables , la plus grande partie des 
principes colorans âcres et à odeur vireuse. 

En effet, si après avoir séparé l’épiderme, on enlève à la räpe 
toute la partie sous-jacente colorée jusqu’à la masse blanchâtre 
de l'écorce, cette pulpe acquiert promptement à l'air une colo- 
ration brune ; le liquide qui s’en écoule spontanément offre une 
odeur vireuse et un goût âcre. Ces caractères varient dans les 
différentes pommes de terre , au point d’être à peine sensibles 
chez les unes, tandis que chez les autres, ils sont tres fortement 
prononcés (1); dans les différens procédés de cuisson les tuber- 
cules sains sont débarrassés de la plus grande partie de ces prin- 
cipes. Car , exposés, par leur situation sous l’épiderme, à la 
première et à la plus forte impression de la chaleur, ils sont mo- 
difiés ou entraînés en vapeur ou même dissous dans le. liquide 
environnant, s'ils n’ont pas été éliminés mécaniquement par un 
épluchage préalable. 

Il est facile de se rendre compte des effets qu’ils produisent 
lorsque les tubercules dégelées laissent en contact les liquides 
de leurs tissus ; ces principes en se répandant alors sans obsta- 
cles dans l’intérieur de la masse féculente lui communiquent les 
caractères observés. 

Quant au caractère acide et au goût putride développés 
quelques jours après le dégel, ils tiennent aux altérations obser- 
vées dans les sucs végétaux abandonnés à eux-mêmes ; alors 
même les tubercules , en partie colorés en brun , laissent 
encore apercevoir nettement leurs cellules disloquées et rem- 
plies de fécule. 


(r) La différence entre les proportions de fécule dans la partie centrale et dans l'écorce, ainsi 
que l'absence de toute substance anylacée dans la médulle externe , sont encore décelées par la s0« 
lution aqueuse d'iode si l'on y tient quelques instans immergées des tranches minces de la pomme 
de terre lavées préalablement. L'absence de coloration marque aussi le trajet des vaisseaux. 
Enfin , elle met en évidence des lacunes irrégulières dépourvues de fécule, Les mêmes parties , 
relativement à certaines variétés violettes recèlent la matière colorante spéciale qui se retrouve 
aussi infiltrée dans la médulle externe. 


PAYEN. -— Sur L Amidon. 219 


L'application des données positives qui précèdent, nous per- 
mettra d'indiquer les moyens à employer pour tirer parti des 
pommes de terre gelées. 

Lorsque dans une féculerie , une partie de l’approvisionne- 
ment aura été atteinte par les gelées, on ne saurait trop se hâter 
de terminer le traitement des tubercules attaqués avant que le 
dégel n'arrive. 

Les pommes de terre que lon n'aurait pu soustraire à la con- 
gélation, étendues sur le sol, lavées par les pluies et desséchées 
spontanément, conserveront la plus grande lpartie de leur sub- 
stance alimentaire. 

On voit encore que les naturels du pays au Pérou, ne per- 
dent rien de la substance solide des mêmes tubercules, lorsque 
pour les rendre faciles à conserver et à porter dans leurs excur- 
sions , ils les soumettent à la gelée sur les hauteurs, puis à 
la dessiccation, aux expositions chaudes de leurs vallées et des 
plaines. Je dois à M. d'Orbigny , la connaissance de cette pra- 
tique. 

Plusieurs autres faits cités par MM. de Lastéyrie , Vilmorin , 
Séguier, Bottin, Dailly, Berthier de Roville , le général Demar- 
çay, etc. , viennent à l’appui de ces déductions. 

Un procédé qui nous semblerait facilement applicable d:ns 
le plus grand nombre-des cas, pour conserver les tubercules 
atteints par la gelée, consisterait à les broyer sans attendre le 
dégel, dans un moulin à cidre , dans un mortier ou à l’aide de 
battes ou de maillets sur un sol dallé. 

On les délayerait ensuite dans l’eau, puis, tamisant cette sorte 
de pulpe dégelée, on en obtiendrait , par les moyens usuels , la 
fécule passée et déposée au fond des vases. 

Quant à la pulpe restée sur le tamis , pressée, séchée à l'air et 
ultérieurement broyée à sec, elle donnerait une bonne farine 
alimentaire si l’on ne préférait la faire manger aûx bestiaux à 
l'état humide ou panifiée. 

En essayant en petit ce procédé, cent parties de pommes de 
terre contenant dix-neuf de fécule ont donné : 

1° En fécule passée au tamis de soie. . . + 9, 0 


Sa 20, D 
2") En-pulpe iséchéé. Ai 2 po A urnes 0 ê 


220 PAYEN. — Sur L'Amidon. 


Les données relatives à la distribution de la fécule dans la 
masse tuberculeuse, etaux qualités des différentes couches des 
tissus, montrent enfin comment une friction énergique, opéré 
dans les laveur$ mécaniques, ou manuels, avant le rayage, peut 
enlever une partie de l’épiderme ainsi que de la médulle externe 
sans rien faire perdre du produit utile et donner ainsi de la fé- 
cule plus bianche et plus pure. 


Nouveau moyen d'essayer les sels amnmoniacaux , les eaux pota- 
bles, les vinaigres et l'acide acétique blanc par l’amidon. 


L'eau chargée d’ammoniaque n’agit pas sensiblement sur la 
fécule, tandis que moins d’un centième du poids du liquide en 
soude ou potasse, suffit pour faire gonfler énormément toute la 
matière organique au point qu’elle peut occuper alors de 
soixante-dix à cent fois son volume primitif. 

Si donc on met eu contact une solution de soude ou de po- 
tasse ; et une solution de sulfate d’ammoniaque ou de tout au- 
tre sel ammoniacal , dans les proportions , telles que les deux 
bases soient exactement équivalentes, à l'instant même laréaction 
est complète, il n’y a plus de sulfate d’ammoniaque ni de soude 
où potasse libre, car le liquide ne conserve aucune action sen- 
sible sur la fécule , tandis que 0,02 de l’une des bases fixes em- 
ployées , eussent suffi pour rendre la fécule gélatiniforme en 
faisant gonfler considérablement son réseau organique. 

Je suis parvenu à rendre lé même réactif cinq fois plus sensi- 
ble en opérant ainsi : 

Après avoir porté au bain-marie la température d'un mé- 
lange de neuf parties d’eau et d’une partie de fécule à + 57° 
centésimaux soutenue pendant dix minutes, on laissa déposer 
et l’on mit dans deux verres à expériences un égal volume du 
dépôt. 

Alors on prépara une solution de soude pure dans l'eau 
exempte d'acide carbonique. 11 demi-centimètres de cette so- 
lution à la température de +- 15°; donnaient, en les versant à 
l'aide de l’alcalimètre Gay-Lussac 64 gouttes, et saturaient tres 


tirer, otre té 


Rene 


PAYEN. — Sur l” Amidon. 291 


exactement: bo demi-centimètres cubes d'acide sulfurique nor- 
mal (contenant 5-d’acide sulfurique pur à r atome d’eau). 

Ainsi donc, en saturant un égal volume d'acide normal avec 
l'ammoniaque , on se procura une'fsolution: de ‘sulfate neutre 
d’ammoniaque exactement équivalente à 11 demi-centimètres, 
cube de l1 solution de soude pure. | 

Ces deux solutions mélangées ensemble donnèrent immédia- 
tement lieu à ‘une réaction complète à froid, car le liquide 
versé sur la fécule entr'ouverte, ne détermine pas son gonfle- 
ment. En ajoutant à un mélange semblable. une ou deux gout- 
tes de la solution de soude ( c’est-à-dire 65 où 66 gouttes au 
lieu de 64 }, le mélange opéré de même, donpa nn liquide agis- 
sant sur la fécule , et lui faisant éprouver le gonflement précité 
évidemment du à l’exces de soude caustique. 

Le même phénomène eut lieu en substituant à un cinquan- 
tième de la quantité de sulfate d’ammoniaque , une quantité 
équivalente de sulfate de potasse où de sulfate de soude avant 
deméler les 11 demi-centimètres cubes de la solution de soude : 
tout autre sel inerte aurait produit le même effet: donc ce moyen 
peut s'appliquer à déceler les mélanges de sels neutres avec le 
sulfate d'ammoniaque ,‘à plus forte raison indiquerait-il ’addi- 
tion qui s'est. faite. souvent des sels à réaction acide du bi sul- 
fate de potasse (sulfate de potasse et d’eau), por exemple"! 

La fécule portée à 100° dans ro6 fois son poids d’eat , refro’- 
die et filtrée, puis bleuie par un léger excès d’iode, devient 
tellement contractile sous l'influence des sels neutres, qu’elle 
peut faire distinguer les unes des autres, certaines eaux natu- 
relles, notamment les eaux de rivières, .des eaux de source moins 
pures, à plus forte raison de la plupart des eaux de puits, et, 
en général, à reconnaitre la présence de faibles proportions de 
sels neutres ou acides, ou légèrement alcalins: 

Ainsi, par exemple, si l’on porte à 100° un gramme de fécule 
dans 100 grammes d’eau que l'on filtre, puis si l’on ajoute à la 
solution filtrée un très léger excès d’iode, on aura terminé la 
préparation du réactif. 

Si l’on veut s’en servir pour comparer le degré de pureté re- 
lative de plusieurs eaux applicables à certains arts agricoles, aux 


229 PAYEN. — Sur l’ 4midon. 


teintures, à l’économie domestique, on versera dans plusieurs 
verres à expériences 10 centimètres cubes de ce liquide bleu, 
puis on ajoutera dans chacun des vases une quantité suffisante 
des eaux à essayer, pour opérer la séparation de la substance 
organique bleuie. 

L'eau dont 1l faudra le moindre volume pour produire cette 
sorte de coagulation sera généralèment la plus chargée de sels, 
quels qu'ils soient, car tous concourent à cet effet. 

Il sera bien d'ajouter préalablement à chacune des eaux quel- 
ques gouttes d’iode, de manière à leur donner une égale et lé- 
gère nuance jaunûtre. 

On reconnaitra nettement ainsi les puretés relatives des eaux 
distillées, de Seine, de l’Ourcq , des puits, etc. 

L'eau de Seine, clarifiée par un demi-millième d’alun, se dis- 
tinguera immédiatement de, l’eau simplement filtrée, et ce 
mode d’essai pourrait être tout-à-fait usuel dans les marchés 
relatifs aux distributions d’eau. j 

Un troisième mode d’action sur la même substance orga- 
nique permet de démontrer directement certaines falsifications 
du vinaigre, et notamment celles qui ont lieu par l'addition de 
l'acide sulfurique ou des acides azotique ou chlorhydrique. (1) 

Voici comment on peut très facilement faire cette épreuve : 

Que l’on mette dans une fiole r gramme de fécule et 100 
cent. cubes d’un vinaigre de vin, de grains ou de cidre; 

Que dans un mélange semblable on ajoute un demi-cen- 
tième d'acide sulfirique, puis que l’on porte à 100° les deux 
liquides en les agitant ; 

Le premier conservera, après une ébullition soutenue pen- 
dant vingt minutes, une opacité lactescente; tandis que le second 
aura acquis, dés le premier moment d’ébullition, une transpa- 
rence quil conservera indéfiniment. 


(1) Je me suis assuré qüe le même phénomène de dissolution complète est produit par l'acide 
tartrique, privé, au moyen de la baryte , de l'acide sulfurique qui l'accompagne toujours dans 
les acides commerciaux. 


PAYEN. — Sur l° Amidon. 223 


Enumération des applications principales des ‘fécules, de la 
dextrine et du sucre d’amidon (glucose). 


1° Amidon à l’état normai, fécule des pommes de terre, ami- 
don des céréales , fécules exotiques.— Ta fécule s'emploie direc- 
tement dans la panificalion : 0,10 à 0,15 ajoutéssurtout aux fa- 
rines de deuxième, rendent les produits plus blancs. 

Dans le collage à la cuve des papiers , elle répartit mieux la 
résine et blanchit la pâte. 

La fécule sert à donner de l’apprêt aux tissus de chanvre, 
lin et coton blanchis. 

On l’emploie dans la préparation de divers produits alimen- 
taires; l'amidon des céréales sert à la confection des empois 
fins, des apprèts blancs ou azurés, des tissus, sparteries , etc. 

Les fécules exotiques, ainsi que celles des Batates, sont fort 
en usage comme substances alimentaires légères, faciles à 
rendre agréables au goût. 

Une grande partie des quantités de fécule extraites chaque 
année des pommes de terre, sont livrées, à l’état humide ou 
sec, aux fabricans de dextrine, de sirops et de sucre solide. 


2° Fécule transformée en dezxtrine.— La fécule de pommes 
de terre, ainsi rendue soluble, en conservant sa forme granu- 
leuse et presque toute sa blancheur, reçoit actuellement une 
foule d'applications économiques. 

C'est ainsi qu’on l'emploie avec les mordans et pour l’épaissis- 
sement des diverses couleurs d'application, sur les toiles peintes; 
dans le gommage et les apprèts doux des indiennes de belle 
qualité, elle ne charge point les fonds et n’altère pas les nuances; 
elle sert à composer les bains gommeux d'impression sur soie. 

Le fonçage et la fixation des couleurs des papiers peints et des 
estampes coloriées, le vernissage provisoire des peintures à 
l'huile, sont autant d'applications économiques dans lesquelles 
la dextrine remplace encore les gommes exotiques. 

Employée pour confectionner les appareils inamovibles légers 
qui maintiennent les fractures réduites, elle offre à la chirurgie 


224 PAYEN. — Sur l’ Amidor. 


des bandages agglutinatifs très faciles à poser et à défaire en 
totalité ou en partie. 

Elle sert à une foule d’usages pour lesquels elle offre une ma- 
tière mucilagineuse ou collante que l’on prépare à l'instant en 
la délayant à froid dans l’eau , et qui reste imputrescible. 

Sucre &’'arnidon, obtenu aujourd'hui sous forme de pains 
solides et blancs: il s'emploie en quantités considérables pour 
compléter dans les vins faibles ou légers la'proportion d'alcool 
utile à leur conservation. La fabrication des bières blanches est 
rendue très facile par l'usage de ce sucre, qui commence à 
s'étendre à l'amélioration des cidres. Depuis deux ans, il s’en ex- 
porte des quantités considérables de France , notamment pour 
l'Angleterre. 


EXPLICATION, DES: PLANCHES. 
PLANCHE 1. 


Fécule des pommes de terre. 


- Fig. a, a’ a”. Fécule à l'état normal. B; C, D. Grains étoilésou fendillés dans les tubercules 
venus lentement à maturité complète. E, F,G, H,1, J. Grains du même tubercule rompus 


en deux ou plusieurs fragmens, par la pression et dans l’eau : la matière interne reste solide ! 


( Voy. p: 69). 


K, L, M. Fragmens gonflés dans toutes leurs parties par une solution contenant o,o1 de , 


soude, N, ©. Grains entiers sous l'influence de la même réaction. 


PLANCHE 2, 
Fécule des pores. de terre. 


Fig. 3. Grains desséchés à + 150 degrés vus dans l'alcool. 

Fig. 6 a, b,c, d, e. Grains dela même fécule mise dans l’eau , s’hydratant sans se dissoudre. 

Fig. 9. Un de ces grains attaqués surtout dans le hile, par la solution alcaline à 0, 0 x de 
soude ; qui gonfle rapidement toutes les parties sôus les formes g, fig. r et H, fig. 6°: 

Un gouflement graduel, plus uniforme a lieu en faisant réagir la: même solution: sur la fécule 
normale : c’est ce que montrent les transformations successives dugrain.a, PI.T, dans les; for- 
mes plus volumineuses f/, g et H. PI. IT. 

Fig. 2. Pl, 2. Grains desséchés à à 200° céntésimaux vus dans l’alcool. 

Fig. 5, p,q 1,51, u, v. Mème fécule éprouvant. par degrés une dilatation} des‘fractures 


CAS 


et une dissolution partielle dans l’eau. 

Fig. 4. Fécule dont le hile a été creusé en entonnoir par Ja dessiccation à + 205°. 

Fig. 7.1, J,K. Même fécule dont la premiere couche externe à été attaquée, puis disque 
par la guttule d'eau que l’évaporation de l'alcool a laissée sur chaque grain. 


PAYEN. — Sur l’Amidon. 225 


Fig. 8. Mémes grains exfoliés par l’eau plus ou moins alcoolisée et dont deux #/ et #/{/sont 
colorés par l'iode. 

Fig. 10. Fécule en partie dépouillée de ses couches externes par la végétation du tuberene. 

Fig. 11. Mêmes grains chauffés à 2000 vus dans l’alcool. 

Fig. 12. Id. attaqués à l’extérieur par la guttule d’eau déposée et gonflés apres 
l'évaporation spontanée, : 

Fig. 13. Mêmes grains efolies par l'eau alcoolisée puis teints par l'iode. 


PLANCHE 3. 


Case 14. Fécule à l’état normal de la racine de Colombo (Menispermum palmatum ). 

Case 15. Même fécule dont le hile a été ouvert par le retrait opéré à 200° centésimaux. 

Case 16. Mème fécule chauffée à 200° : les grains a, b, attaqués extérieurement par 14 
guttule d’eau déposée après l’évaporation de l'alcool, c,c’ d, grains graduellement plus 
hydratés. ; 


Case 17. Fécule du Canna dicolor. 


Case 18. Même fécule rompue ou écrasée entre deux lames de verre : les grains autour de 
la lettre a. seulement fendus; en b, un grain rompu en trois parties et entr'ouvert ; en c, 
grain fendu et aplati; d, grain plus aplati montrant l’espèce de ductilité de cette fécule. 
| Cäses 20, 21, 22. Grains de la fécule du Canna discolor chauffés à 160, 200 et 2100 cen- 
| tésimaux, vus dans l'alcool. s 
Case 19. Même fécule se gonflant dans l’eau après avoir été chauffée à 160°, et montrant 
alors son hile entr’ouvert. 
Case 23. Même fécule d’abord chauffée à 200°, puis plongée dans l'alcool : l’évaporation 
en déposant un peu d'eau sur chaque grain a fait dissoudre une partie de la couche externe, 
Case 24. Un des petits grains de fécule gonflés dans l’eau à r00°. 
| Case 25, fig. a, a!.Grainde pollen du Ruppia maritima vu à l’état normal sous deux positions ; 
| fig. #, c, d, même pollen comprimé laissant voir les quantités variables d’amidon qu’il ren- 
| ferme avec sa fovilla. Fig. f, granules d’amidon sortis d’un grain de pollen déchiré. Fig. y, 
pollen lançant au-dehors ses granules d’amidon gonflés par une solution contenant o, or de 
soude. 
| Case 26. Deuxième exemple de fécule de pommes-de-terre désagrégée et se réagrégeant en 
granules par suite d’un arrêt de végétation du tubercule. 


Fig. «. Amidon des pois, a,a! et a!!, même grain vu sous deux ou trois positions mon- 
trant la dépression qui fit supposer un hile longitudinal ; &, e, deux grains cassés suivant la 
ligne de cette dépression. 


Fig. 2. Même amidon chauffé à°220° centésimaux vu dans lalcool le hile devenu ap- 
| parent, 


| 
| 
| PLANCHE 4. 
| 
| 


Fig. 3. Amidon de pois gonflé par la solution de soude; 6, b!; mémegrain dans deux po- 
sitions. 


vus dans deux positions; c, les mêmes se dissolvant par la diastase. 
Fig. 4. Mêmes grains s'exfoliant par degrés après l’évaporation de l'alcool. 
Fig. 5. Fécule de lis à l’état normal. 


| 

| Fig. 3 bis. Amidon de pois hydratés dans quinze fois leur poids d’eau a, a’ et à, d' grains 
| 

| 

| 

| 

| X. Boran. — Octobre. 15 


226 PAYEN. — Sur l Amidon. 


Fig. 6. La même chauffée à 200° vue dans lalcoo!, hile rendu apparent ; a, a! méme grain 
dans deux positions. 

Fig. 6", a,b,c,d,e, f, g. Mèmes grains graduellement hydratés par évaporation de l’alcoo! 
aqueux. ; 

Fig. 7. Cellules dissociées d’un tubercule de pomme-de-terre dégelé; & , cellnle intacte ; 
be, cellules déchirées et plissées ayant perdu la plus grande partie de leurs grains de fécule ; 
«, agglomération de quatre cellules ayant encore quelques points d’adhérence, deux sont entr’ou- 
vertes. 

Fig. 8. a. Grains de fécule d’un tubercule de pommes-de-terre dont on a arrêté la végé- 
tation; c, gros grain se désagrégeant et granules se reformant; a, granules plus développés 
dont plusieurs sont adhérens deux à deux; &, les mêmes attaqués à l’intérieur du hile par une 
solution à 0,005 de soude qui gonflant seulement la substance amylacée intérieure lui fait 
faire hernie au-dehors. 

Fig. a, Amidon du Cactus pereskia grandiflcra. 

Fig. d. Fécules du Cactus brasiliensis. 

Fig. c. Amidon du fruit du panicum italicum. 

Fig. d. Fécule du Cactus flagelliformis. 

Fig. e. Amidon de l'Echinocactus erinaceus ;—f, fécule du Cactus opuntia tuna;— h, fécule 
du Cactus cUrASs aviCUS ; — g, fécule du Cactus ficus=indica ; i, amidon du millet (Paricum 
muliaceum); — j, fécule du Cactus mamillaria discolor; — k, Amidon de Pécorce de l’47- 
lanthus. glandulosa ; — !, fécule du panais ; — m, fécule du Cactus serpentinus ; —n, fécule 
du Cactus ‘monstruosus; — 0, amidon de la graine de Betteraves; — p, amidon dela graine 
du Chenopodium quinoa ; les dimensions de toutes les fécules de cette planche sont compa- 
rables (x) depuis celles du Canra gigantea, ayant au maximum 185 millièmes de millimètre 
( comme les fécules les plus grosses des pommes-de-terre et de la racine du Colombo), jus- 
qu'à lamidon de la graine du Chenopodium quinoa ayant au plus deux millièmes de mil - 
limètre. 


PLANCHE D. 


Case 1: a. deux grains de fécule du Canna discolor, hydratés et gonflés dans l’eau à + 
90°, puis bleuis par l’iode. dE 

Dès que ces grains hydratés et chaunffés deL7o° à LS 0°sont touchés par la diastase, ils se 
désagrègent, toutes leurs formes disparaissent, et, par l’iode, le liquide donne une nuance 
violette 4, puis vineuse €, puis très faible d, puis enfin presque nulle e, après trois heures de 
réaction. 

Case 2, Fig. ce, d. Grains de la fécule du Cana discolor, d'abord chauffés à = 205°; s'ex- 
foliant dans l’eau ( on les a colorés par l’iode, afin de mieux montrer les couches minces dé- 
veloppées ). 

Case 3: Fig. a, db, couches isolées des mêmes graius, simulant des membranes. 

Case 4. Polien du Globba nutans; a. jeune grain ne contenant pas encore d’amidon; a. 
grain plus gros , à demi.rempli d’amidon, mélé de fovilla; a” gros grain rempli d’amidon; 
b. grain de pollen faisant une explosion spontanée dans l’eau; les granules d’amidon qui en 
sartent en tourbillonnant avec la fovilla, sont indiqués bleuis par l’iode, sur la moitié inférieure 
de cette figuré. c. grain de pollen rempli d'amidon et teint par l’iode; d. le même gonflé par 
ja solution de soude à 0,01, ayant chassé son enveloppe e ; d' même grain plus genflé, ayant 


(1) A l'exception des cellules et grains de fécule de la fig, 7, qui ont été réduits de moitié. 


il 


PAYEN. — Sur l’_Æmidon. 227 


brisé sa première enveloppe ; d', grains d’amidon de mème gonflés au maximum, par la soude 
à 0,01; d'/,mème grains bleuis par l’iode. 

Case 5. Pollen du Vaias major, contenant des dépôts plus où moins abondans d'amidon. 
On voit au-dessous des granules amylacés sortis de ce pollen. 

Case 6. Mèmes granules gonflés par la solution de soude, 

Case 7. Amidon d’une graine de Vaïas major à demi développée. 

Case 8. Amidon de la même graine venue à maturité. 

Case 9. Même amidon gonflé par la soude, 


PLANCHE 6. 


Fig. v. Fécule du Canra gigantea. a, b,c,d,e, f. grains graduellement exfoliés par la 
végétation, épuisant les vieux rhizomes. 


Fig. 2. Fécule du Maranta arundinacea. à, b, Grains exfoliés comme ci-dessus; €, d , 
couche externe séparée d’un grain par pression. 

Fig. 3, Fécule des tubercules d’Oralis crenata. : 

Fig. 4. Grains détachés et fig. 5 , grains agglomérés de la moelle du Cycas circinalis. 

Fig. 6. Amidon des cotylédons des Fèves; en a, en b, en cet d, on voit un grain sous 
deux positions montrant la dépression médiane canaliculée. 

Fig. 7. Amidon de blé: de a en a’ un grain sous trois positions. 

Fig. 8. Même amidon où le hile est rendu apparent par la température de 220° (vu dans lal- 
coul). 

Fig. 9. Le même attaqué par l’eau laissée après l’évaporation de l’acool. 

Fig. ro. Le même gonflé, puis exfolié par l’eau. 

Fig. x r. Fécule de sagou rosé du commerce. 


Fig. 12. Fécule du sagou blanc dont les altérations annoncent une température plus élevée 


en présence de plus d’eau. 


Fig. 13. Fécule d’un bulbe de jacinthe, 

Fig. 14. La mème s’exfoliant dans une vieille écaille. 

Fig, 15. Fécule des batates. 

Fig. 16. La même chauffée à 2000. 

Fig. x7. La même commençant à s’hydrater. 

Eig. 18. Fécule d’'Orchis bifolia. 

Fig. 19. Fécule d’Orchis latifolia. 

Fig. 20. Amidon de Mais. Grains enchâssés et soudés dans les parties curnées du périsperme ; 
a, b, ce. grains isolés de la partie farineuse. : 
. Fig. $r. Fécule du Cactus Peruvianus. 

Fig. 22. Amidon du Sergho rouge. 

Fig. 23. Amidon des graines d’Aponogyetum distachyum. 

Fig. 24. Le même gonflé par la solution de soude. 


228 C. MARTINS. — Sur le mont lentoux. 


Essar sur la topographie botanique du mont ’entoux, en 
Provence, 


Par C. FE. Martins , D. M. 


( Suite. Voy. page 129.) 


COMPARAISON DU VERSANT MÉRIDIONAL AVEC LE VERSANT 
SEPTENTRIONAL. 


Récapitulons en peu de mots les différences les plus sensibles 
qui les distinguent. Le premier s'élève à partir de Bedoin, village 
situé à 208 mètres au-dessus du niveau de la mer, et présente 
une pente moyenne de 10 degrés seulement. Ses flancs, sillonnés 
par de profonds ravins, sont tournés vers une vaste plaine qui 
s'ouvre sur la Méditerranée. I est exposé à-la-fois à toute l’in- 
fluence calorifique des rayons solaires et à toute la violence des 
vents de la mer. Le versant sententrional est au contraire plus 
abrupte, sa pente moyenne étant de 19° 30". A la hauteur de 
1424 mètres, on trouve un petit plateau où sont situées les ber- 
geries du mont Serein. Sa base, élevée de 400 mètres au-dessus 
du niveau de la mer, est abritée par une petite chaine paral- 
lele de 800 à 1000 mètres de hauteur : elle est donc garantie 
de la violence des vents du Nord, et le rayonnement de la chaine 
parallèle contribue encore à élever la température. À partir de 
1000 mètres, l’action échauffante des rayons solaires est très 
faible en raison de l'exposition et de linclinaison de la pente. 
Étudions l'influence de ces différences sur la végétation. 

Les régions du versant méridional sont au nombre de six : 
sur le versant septentrional on n’en compte que cinq. Cela tient 
à ce que celle du Pinus alepensis n'existe pas au nord. En effet, 
le pied de ce versant se trouvant déjà à 400 mètres au-dessus du 
niveau de la mer, et la limite du Pinus alepensis étant à 430 du 
côté méridional, cette circonstance, jointe à l'exposition défavo- 


c. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 229 


rable , nous explique l'absence de cet arbre sur le revers sep- 
tentrional du Ventoux. 

Des deux côtés une zone est caractérisée par l’existence du 
Quercus ilex ; au midi cette région finit dans le voisinage de 
Bedoin, à 538 mètres; au nord elle s'élève à 6r8. Pour expliquer 
cette anomalie apparente, nous devons rappeler qu'au nord ces 
arbres se trouvent dans des gorges étroites qui s’ouvrent vers 
l’ouest, et sont abritées contre les vents froids, par la chaîne de 
montagnes parallèle au Ventoux. Le Safureia montana com- 
mence sensiblement à la même hauteur au midi (416 m.), et 
au nord ( 414 m.).(1} 


Il était intéressant de déterminer. des deux côtés, la limite su- 


périeure des Oliviers; cependant, comme c’est un arbre cultivé, 


je dois faire remarquer que cette limite est nécessairement in- 
fluencée par des circonstances autres que celles dépendantes de 
exposition, du sol ou de la température. Au midi, cette limite 
est à 477 mètres; elle est à or sur la chaîne parallèle au versant 
septentrional du Ventoux. Je ne dois pas oublier de rappeler ici 


que ces champs d’oliviers se trouvent dans les mêmes gorges où 
2 


croit le Quercus ilex, et le dernier champ dont j'aie déterminé la 
hauleur, présentait l'exposition du couchant. Je n’en ai vu aucun 
qui füt en plein nord , et la plupart sont étagés sur les collines 
parallèles au Ventoux, et tournés vers le midi. Il est évident 
en outre, que la culture de cet arbre, ne saurait être avanta- 
geuse à une certaine hauteur sur les flancs découverts du ver- 
sant méridional, à cause de la violence des vents, qui chaque 
année, feraient tomber les olives bien avant leur maturité. L’ex- 
position à une grande influence sur la culture de cet arbre; car 
Gemellaro (Sul la vegetatione del Etna) a trouvé qu'il s'élevait 
à 1250 metres sur le côté méridional , et à 688 mètres seulement 
sur le revers septentrional de l’Etna. (2) 


(x) Suivant M. Requien, sa limite supérieure sur le versant méridional est à r5go metres. 
Cela doit être exact, car je ne l’ai plus trouvé à la limite supérieure des hètres à 1666 mètres, 

(z) M. de Candolle (art. Géographie botanique, Dict. Sciences nat, 1. 18, p. 23) affirme que 
Volivier ne s’élève pas au-dessus de 400 mètres. Mes recherches et celles de beaucoup d’autres 
prouvent que celte opinion est trop absolue. M, Guérin (Mesur. barom. , p. 88 ) l’a aussi.ob. 
servé à une hauteur de 653 mètres près dé Digne et de Forcalquier, 


230 C. MARTINS. — Sur Le mont lentoux. 


Sur la pente sud du Ventoux, le Buis commence précisé- 
ment au point où le Quercus ilex finit. Au nord, sa limite infé- 
rieure n’est pas nettement dessinée, mais je l’ai encore trouvé 
à la hauteur de 1375 mètres; et sur le versant méridional , elle 
peut être fixée approximativement à 1350 ou r4o0 mètres. C’est 
vers 1000 mêtres , que cet arbrisseau est le plus commun des 
deux côtés. 

La région du Thymus vulgaris et des Lavandes (L. vera et L. 
spica) succède immédiatement, au midi, à celle du Chêne vert. 
Au nord, au contraire, nous trouvons une zone caractérisée par 
l'existence des Noyers qui s'élèvent jusqu’à 797 mètres, Ce n’est 
qu’à partir de cette hauteur jusqu'à 419 mètres que les Lavandes 
et en particulier le L. vera, prédominent ; elles cessent au com- 
mencement du bois de Hètres à 919 mètres, mais remontent pa- 
rallèlement à lui jusqu'à une hauteur qu'on peut fixer très 
exactement entre 1350 et 1400 mètres, leur limite inférieure 
étant à 495 mètres. Au midi, les Lavandes ne commencent à être 
abondantes qu’à 672 mètres, mais elles s'élèvent beaucoup plus 
haut, puisqu'elles montent jusqu'à 1646 mètres. 

Une autre différence entre les deux versans, c’est qu’au sud 
nous avons une région comprise entre 538 m. et 1150 m. dé- 
pourvue d'arbres, et caractérisée spécialement par la prédo- 
minance du Thymus vulgaris, des Lavandes, du Buis et du Cy- 
nanchun vincetoxicum ; au nord, on ne trouve qu'une bande 
étroite de 122 mètres de haut, où ces végétaux herbacés règnent 
exclusivement. 

Au midi le Vepeta graveolens (une des plantes sociales les 
plus abondantes sur le Ventoux ) commence un peu plus haut 
que les Lavandes, savoir à 720 mètres environ. Au nord on le 
trouve déjà à 584 dans les vallons abrités, dont nous avons parlé, 
et il s'élève jusqu’à 1250 mètres. Au midi M. Requien fixe la li- 
mite supérieure de cette plante à 1540 mètres; je la crois un peu 
plus élevée, car j'ai encore trouvé de belles touffes de Vepeta 
graveolens à 1666 mètres , à l'abri des derniers Hètres. . 

Au nord , j'ai pu fixer à 995 mètres la limite supérieure des 
Noisetiers. 

Les cultures ne s’élévent pas à la même hauteur des deux 


| 
| 


1 
{l 


C. MARTINS. — Sur Le mont lentoux. 231 


cotés. Au midi elles s'arrêtent à 1035 mètres; au nord , elles 
montent jusqu’à 1360 mètres. Voici, selon moi, les raisons de 
cette différence. Le versant septentrional offre une succession 
de petits plateaux abrités (1), où la terre végétale a quelque 
profondeur. Les forêts, qui descendent plus bas que de l’autre 
côté, entretiennent un peu de fraicheur et d'humidité. Au 
midi , au contraire , la pente est uniformément rapide , décou- 
verte, exposée à toute la violence des vents qui balaient les 
particules terreuses. Aussi n’y voit-on que de chétives récoltes 
de seigle, d'avoine et de pois chiche, qui végètent entre les 
pierres. Au nord comme au sud, ces cultures ne sont continues 
que jusqu’à la bauteur de 600 mètres environ. 

Sur les deux versans, les forêts de Hètres forment une région 
bien caractérisée : au midi, elles couvrent tout l'espace compris 
entre 1 132 et 1666 mètres, c’est-à-direune hauteur de 534 mètres. 
Au nord , elles commencent à 919 et s'élèvent jusqu’à 1377 : 
à partir de cette hauteur jusqu'à 1576 m., cet arbre n'existe 
plus que sous la forme de buissons rabougris. Il occupe donc de 
ce côté une hauteur de 657 mètres. Une circonstance assez cu- 
rieuse, Cest que , au midi, à 1132 mètres d'élévation, le méme 
arbre se montre d’abord à l'état rabougri, mêlé au Quercus 
robur, qui est dans le même état, À 1240 mètres, il atteint ses 
dimensions ordinaires , qui vont en diminuant jusqu’à sa limite 
extrême à 1666 metres. Au nord, c'est le contraire: déjà à 
919 mètres, le Hêtre est un grand arbre; mais, au-dessous des 
prairies du mont Serein, à 1377 mètres, se trouvent les derniers 
grands Hêtres: ils se rabougrissentalors et montent ainsi jusqu’à 
1576 mètres. Wahlenberg (De Fepetatione Helvel. sept. p. 179) à 
observé aussi une différence dans la limite du Hêtre sur les 
deux versans des Alpes. Sur le versant septentrional, elle est en 
moyenne à 1315 mètres; sur le versant méridional, de 1494 à 
1260. Sur l’Etna (Gemellaro, L. c.), le Hètre s'élève à 2085 mètres 
au sud; au nord, à 1970. La différence des limites surles deux 
versans 6st de.315 mètres sur l’Etna, 289 mètres sur Île Ven- 
toux et de 279 sur les Alpes. Ces trois résuitats se confirment 


(1) Voyez la planche, 


232 C. MARTINS. — Sur le mont l’entoux. 


ainsi réciproquement. Les limites et l'étendue de ces deux ré- 
gions sont bien propres à faire apprécier l'influence de la hau- 
teur; au nord, les Hêtres commencent plus bas et s'élèvent 
moins haut; au sud, ils commencent plus haut et s'élèvent aussi 
davantage. Les Hêtres rabougris ne montent pas si haut au nord 
que les hètres élevés au midi. La différence est de go mètres. 

La limite inférieure du Genevrier (Juniperus communis) coïn- 
cide avec celle des grands Hètres des deux côtés, 12/40 mètres au 
midi, 919 mètres au nord. Sa limite supérieure atteint presque 
celle du Pinus uncinata: elle est à 1801 mètres au sud, à 1577 
au nord. Ici encore on reconnait l'influence de l'exposition, qui 
donne une différence de 224 mètres, différence moindre que celle 
trouvée pour les grands Hêtres , parce que le Genevrier est un 
arbrisseau robuste, indifférent aux températures et qui , à l'état 
rabougri (Juniperus nana W.), s'élève à de très grandes hau- 
teurs. Le Thymus serpyllum (T. angustifolius Pers.) commence 
au même niveau et s'élève jusqu'au sommet du Ventoux. 

Nous trouvons au nord, dans la région des Hètres , la limite 
inférieure des Sapins (Zbies excelsa). Elle est indiquée par une 
forêt d’un acces difficile, qui descend jusqu’à 1097 mètres au 
uord-ouest ; au-dessus du village de Brantes. M. Requien estime 
avec raison leur limite inférieure moyenne à 1370 mètres. La 
limite supérieure est, sur un point inaccessible, au-dessous de 
la Fontfiliole , à 1720 mètres environ. 

L'Eryngium spina-alba se trouve des deux eôtés dans la ré- 
gion des Hètres. Sur le versant sud, il commence vers 1350 me- 
tres, dans les clairières de la forêt et cesse au-dessous du Jas , à 
1245 metres. Au nord on le retrouve un peu au-dessus de la 
limite inférieure du Pinus uncinata, à 1365, et il monte au-dessus 
des prés du mont Serein jusqu’à 1480 mètres. On voit que cette 
plante occuge à-peu-près la même zone des deux côtés : seule- 
ment elle s’élève un peu plus haut du côté méridional , dans les 
combes qui avoisinent le bâtiment appelé le Jas : elle est aussi 
plus belle à cette élévation que du côté opposé. Nous trouvons 
encore , dans la région des Hêtres, au midi, la limite inférieure 
du Carduus carlinæfolius, qui persiste jusqu'au sommet du 
Veritoux. 


C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 233 


Sur les deux versans, une région est caractérisée par l’absence 


de toute végétation arborescente, le Pinus uncinata et le Gene- 


vrier (Juniperus communis) exceptés. Au midi, le Pinus uncirata 
commence à 1478 mètres dans la région des Hêtres. Jusqu'à 
la limite des Lavandes (1646 m.), chaque tronc a une taille de 
quinze pieds environ; mais, à partir de ce point, l'arbre se ra- 


| bougrit et ne forme plus que des petits buissons hémisphériques 


d’un à deux pieds de heut, qu’on retrouve encore à une éléva- 
tion de 1810 mètres. C’est le seul arbre qui dépasse la limite des 
Hêtres. Au nord, comme on pouvait s’y attendre, le Pinus un- 
cinata se montre plus bas, à 1347 mètres ; mais on ne le trouve 
pas au-dessus de 1625 mètres. Ici encore nous pouvons appré- 


| cier l'influence de l'exposition , puisque le Pinus uncinata-com- 


mence à 131 metres plus haut et s'élève à 185 mètres plus haut 


| au midi qu'au nord. 


| 
| 
| 


| 
| 


Cette même influence a agi sur la limite inférieure de la région 
alpine: elle commence à 1920 mètres au nord , où elle forme 
une zone de 191 mètres de hauteur, tandis que, au midi, sa 
limite inférieure est à 1810 m.,et sa hauteur de 101 mètres 
seulement. Les plantes du versant septentrional de cette der- 
nière région ne sont pas les mêmes que celles du côté méridio- 
nal. Ce n’est qu’au nord ét dans le voisinage de la Fonifiliole, 
à 1790 mètres, que l’on trouve l{lium narcissiflorum , le Ra- 
nunculus Columnæ, le Valcriana saliunca , Ÿ Arnica scorpioides 
et le Paronyclua serpyllifolia. Les Galium pumilum et G. Vil- 
larsii sont plus abondans au midi. Au nord et au midi, le Saxi- 


| fraga cespitosa commence à 1700 mètres. Au nord/,le Dianthus 


sub-acaulis devient commun à 1834 mètres, ainsi que le Cam- 


panula Allionti. 


J'ai constaté avec M. Requien que même au sommet du Ven- 
toux, on observait encore une différence notable entre les deux 
versans. Tandis que certaines plantes , telles que le Carduus 
carlinæfolius, VUrtica dioica, Ÿ Avena setacea etc. , eic., crois- 
sent indifféremment au nord et au midi; les S'axifraga Aizoon 
et S. opposilifolia ne se trouvent jamais qu’au nord; l'£Euvphor- 
bia gerardiana (E. saxatilis Lois.) ,uniquement sur la pente qui 
descend vers le sud-est 


234 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 


La comparaison de deux versans du Ventoux mène aux con- 
clusions suivantes, quant à l'influence de l'exposition sur la vé- 
gétation de cette montagne : 

1° La Région dun Pinus alepensis manque au nord, parce que 
le pied même de la montagne n'est qu’à 30 mètres au-dessous 
de la limite supérieure de cet arbre ; 

2° Jusqu'à 800 mètres , cette influence est plus que contreba- 
lancée par l'abri de la petite chaine qui court parallèlement au 
Ventoux : c’est pourquoi la limite inférieure du Safureia mon- 
tana , des Lavandes, du Nepeta sraveolens, est plus basse au nord 
qu'au midi, et la limite supérieure du Quercus ilex plus élevee ; 

3° À partir de 900 mètres , l’es position reprend tout son em- 
pire. La limite inférieure des plantes boréales tels que les Genc- 
vriers,Îles Hètres, le Pinus uncinata est plus basse de 222 mètres 
en moyenne, que du côté opposé , parce que déjà à cette hau- 
teur, elles trouvent le climat qui leur convient. 

4e Cest le contraire pour la limite supérieure. Toutes les 
plantes sans exception montent plus haut au sud jusqu'au nord. 
On peut s’en assurer pour le Thymus vulgaris, le Nepeta gra- 
veolens, le Hêtre, l’'Eryngium spina-alba, les Lavandes, le 
Pinus uncinata et le Juniperus communis : la différence moyenne 
pour ces sept plantes est de 245 mètres. Celle des Lavandes étant 
de 2/6 mètres, on peut, sans erreur sensible, la regarder comme 
égale à la différence moyenne des limites supérieures des autres 
plantes examinées comparativement sur les deux versans. 


COMPARAISON DES LIMITES DE QUELQUES VÉGÉTAUX DÜ VENTOUX, 
EN HAUTEUR AVEC LEURS LIMITES EN LATITUDE. 


De même que la température décroit à mesure qu'on s'élève 
sur une montagne , de même elle s’abaisse lorsqu'on s’avance 
de l'équateur vers le pôle. Le décroissement latitudinal est in- 
finiment moins rapide et encore moins régulier. Ainsi, les points 
où la température moyenne de l'année est la même sont situés 
sous des latitudes difrérentes dans les différens pays, et ils 
forment par leur réunion des courbes irrégulières et sinueuses 


C. MARTINS. — Sur le mont Fentoux. 235 


auxquelles M. de Humboldt a donné le nom de Lignes iso- 
thermes. Considérées en Europe seulement, ces lignes vont en 
s’abaissant vers l'Orient. Le Ventoux lui-même est situé sous la 
ligne isotherme de 14°, 4. C. , et voici l'indication de celles dont 
nous ferons usage ici. 

| L'isotherme de 12°,5. C. va de l'embouchure de la Loire ( lat. 
|47°, 14!) à Venise (lat. 4°, 25'), passe à Constantinople, et s’ar- 
|rête dans l'Asie mineure au 40° parallèle. 

L’isotherme de ro°. C. commence à la pointe méridionale de 
lIrlande(lat. 51°, 26), passe un peu au- -dessus de Londres, puis 
ue Prague et Vienne, où elle coupe le 46. de latitude, et va 
|se terminer à la pointe sud de la Crimée par lat. 44°,27°. 
| L'isotherme de 7°,5. C. commence au nord de l'Écosse par 
|58° 24/, puis passe à Copenhague, à Dantzig, coupe le 5o° de la: 
|titude dans le voisinage de Karkov et vient se terminer à lem- 
|bouchure de l'Oural, au 47° parallèle. 

L’isotherme de 5°C. commence au sud de l'Islande, par 63°,40! 
|environ; elle coupe la côte occidentale de la Norwège au niveau 
du 6°, puis le 55° au-dessous de Moscou, et atteint presque Île 

5o°, au nord de la mer Caspienne. 

1' isotherme de 2 5. C. traverse le milieu de l’Isiande , au ni- 
\veau du 65°, puis s'élève sur la côte occidentale de la Norwège 
jusqu'au 66°,30’ pour redescendre sur la côte orientale au 62°,367, 
joù elle reste au sud d'Uméa , puis elle passe par 60°,18" au nord 
| de Saint-Pétersbourg, et se prolonge vers Khasan, où elle se ter- 
Diner vers le 53° de latitude. 
| La ligne de o° coupe le nord de l'Islande au niveau d'Eyafiôr- 
dur, pare? 48".Elle remonte en Laponie jusqu’au cap Nord, par 
|71°,0' lat. longitude 23°,30 E. ; puis elle redescend brusquement 
\vers le golfe de Dvinskaïa dans la mer Blanche, qu’elle traverse 
lau 65°; enfin dans le voisinage des monts Ourals, elle descend 
jusqu'au 58°. 
| Au lieu de compter par degrés de latitude, le botaniste devra 
Cours évidemment par lignes isothermes , quoique ces lignes 
ne puissent donner que des approximations très imparfaites, 
llorsqu’ on veut préjuger la végétation d'un pays. Examinons, en 
|effet , l'influence de la température sur les plantes annuelles et 


| 


236 C. MARTINS. — Sur de mont Ventoux. 


les plantes vivaces. Les plantes annuelles ont besoin d’un été assez 
long pour pouvoir fleurir, fructifier et muürir leurs graines; aussi 
les étés étant d'autant plus courts qu’on s'avance davantage vers 
le pôle ou qu’on s'élève plus haut sur les montagnes , le nombre 
des plantes annuelles va toujours en diminuant, suivant la même 
progression. Parmi les plantes vivaces , il faut distinguer celles 
qui sont herbacées ou acaules et celles qui s'élèvent à une cer- 
taine hauteur , les arbres en particulier. Lorsque la terre est cou- 
verte d’une épaisse couche de neige , le froid le plus rigoureux 
ne saurait atteindre la racine des plantes vivaces qui dorment 
sous cette enveloppe. Cela est vrai surtout pour les plantes 
acaules , qui poussent immédiatement des feuilles et des fleurs, 
des que la neige a disparu; aussi sont-elles plus communes que 
les autres sur les montagnes élevées ou à de hautes latitudes. (1) 

Les arbres, au contraire, ne sauraient résister à des froids 
rigoureux, parce qu'ils ne sont pas protégés par la couche de 
neige. Ceci nous explique pourquoi des contrées dont la tempé- 
rature moyenne est la même, ont des plantes fort différentes. 
Ainsi, le Myrthe, le Laurier et lÆrbutus unedo, peuvent vivre 
en plein air dans le sud de l'Angleterre et de l'Irlande et ne sau- 
raient supporter les hivers de Prague, dont la température 
moyenne est, à très peu de chose près, la même. La moyenne de 
la température des mois d'été est d’une très haute importance. 
Un seul exemple suffit pour le prouver : la température moyenne 
d’Enontekis en Laponie est — 2°,86. C. (lat. 64°); au cap Nord 
(lat. 71°), elle est o°, et cependant il y a des forêts et une végé- 
tation luxuriante à Enontekis, et au cap Nord on ne trouve que 
le Betula nana et deux saules rabougris. Ceci s'explique dès 
qu'on réfléchit que la température moyenne de l'été est+ 12°,6C. 
à Enontekis et seulement 6°,4 au cap Nord. Il est évident que les 
chaleurs de l'été ne sont pas assez fortes pour déterminer l'ac- 
croissement et la maturation des graines d’une foule de végétaux, 
qui bravent les hivers d’Enontekis, où le thermomètre descend 
quelquefois à 36° C. au-dessous de zéro. 


Ces considérations suffisent pour faire voir que la détermina: | 


/ 1 , Apr GARE ! GR CET EN AR CO ESNE 
{1) L'Empelrum nigrum es\’arbustele plus élevé que j'aie trouvé au Spitzherg par 37°,25 lat. 


C. MaRTINS. — Sur de mont Ventoux. 237 


tion des influences qui tendent à modifier la végétation d’une lo- 
calité est un problème qui se complique d’une foule d’élémens, 
parmi lesquels les températures et l'état hygrométrique de l'air 
jouent le rôle principal. La science ne possède point encore des 
données suffisantes pour tracer des lignes de végétations sem- 
| blables, qu’on pourrait appeler lignes isophytes. Nous devons 
| donc nous contenter provisoirement d'étudier les rapports de 
| quelques végétaux avec les lignes isothermes, qui, en Europe 
| du moins, peuvent être suivies avec une exactitude suffisante 
| pour le but que nous nous proposons. 


Pour savoir à combien de mètres en hauteur correspond un 
degré en latitude, il"fallait choisir des végétaux qui satisfissent 
| aux trois conditions suivantes : 1° d’être bien connus et faciles à 
observer; :° d'atteindre sur le Ventoux leur limite extrême ; 
3° d'avoir une limite latitudinale qui ait été déterminée exacte- 
ment. Les deux végétaux qui réunissent ces conditions sont le 
Hêtre (Fagus sylvatica) et le Chène vert {(Quercus ilex). 


La courbe formée par les limites du Hêtre dans les plaines de 
l'Europe suit à-peu-pres la ligne isotherme de 7°,5 C. ; sa limite 
la plus septentrionale w’atteint pas, sur la côte orientale de la 
Norwège , celle de 4°,9: C.; tandis que, sur les bords de la 
| Caspienne, elle descend presque jusqu'à l’isotherme de 10°. C. 
| En effet le Hêtre s'arrête en Ecosse à Edimbourg (Schouw, Euro- 
| pa, p.27); en Norwège, au bof (ibid, p. 8); sur la côte ouest de 
! la Suède au 58° et, sur la côte orientale, au 56°. En Russie, du 
| 52° au 43°. En moyenne, au 54° de jatitude. 
| En France, le Chêne vert ne dépasse pas l'embouchure de la 
Loire au 47° latit. (isotherme 10°). Les limites septentrionales 
» de ces arbres sont donc comprises entre les isothermes de 
| 10° et celle de 6°, qu’elles n’atteisnent cependant nulle part. 
. Voici le nombre de mètres en hauteur correspondant à un degré 
| en latitude, pour chacun de ces deux arbres. 


\ 


| Fagus sylvatica. 168 m. 
moyenne. 192. 


Quercus ilex. 216 m. 


M. De Candolle (Mém. d' Arcueil, MT, p. 276) est arrivé à 


235 C. MARTINS. — Sur le mont l’entoux. 


des chiffres compris entre 180 et200 m., en prenant les limites 
de l'Olivier et du Maïs pour bases de sa détermination. 

Examinons maintenant le rapport qui existe entre l'élévation 
des mêmes arbres sur le Ventoux et leurs limites en latitude, 
calculées d’après les courbes isothermiques. En moyenne, d’a- 
près Schouw (Tab. IV), le Hêtre suit la ligne isotherme de 7°,7, 
ce qui, en prenant pour point de comparaison son élévation 
moyenne sur le Ventoux, nous apprend que, pour le Hêtre, 242 
mètres en hauteur correspondent, en latitude, à un décroisse- 
ment de 1° centigrade de la température moyenne de l’année. {1) 

Le Quercus ilex donne 28/4 mètres en élévation pour 1° de dé- 
croissement de température moyenne en latitude. 

En moyenne, 263 mètres en hauteur correspondert à une dif- 
férence d’un degré entre les lignes isothermes comprises entre 
celles de 14°,4 etde 7°,7, et la différence entre les altitudes cor- 
respondant à un degré en latitude, et celles correspondant à 1° 
d’abaissement de la température moyenne de l'année, est de 
71 mètres. 


COMPARAISON DE LA LIMITE ALTITUDINALE DE QUELQUES PLANTES 
SUK LE VENTOUX ET SUR DES MONTAGNES SITUÉES A DES La- 
TITUDES DIFFÉRENTES. 


C’est en se livront à des recherches de ce genre qu’on re- 
connaît combien la géographie botanique est encore pauvre en 
faits bien observés et assez nombreux pour qu’on puisse en dé- 
duire des moyennes générales et arriver à des résultats dégagés 
de toutes les influences purement locales. On acquiert aussi la 
conviction qu'il faut apporter une grande circonspection dans 
le choix des végétaux qui doivent fournir la base du calcul. Ce 
. sont les plantes alpines qu’on choisit de préférence pour des 
travaux de cette nature; mais, parmi celles qui portent ce nom, 
il en est qui, à partir d'une hauteur déterminée, sont tout-à-fait 


(2) C’estavec un plaisir mêlé d’étonnement que j'ai retrouvé à Bell- Sound au Spitzherg, par 
77 25! lat. les Saxifraga oppositifolia et S, cespitosa, que j'avais recueillies au Ventoux , à 
33 degrés plus au sud. 


C. MARTINS. — Sr le mont lentoux. 239 


insensibles au décroissement de la température. Je citerai, par 
exemple, le Saxifraga Zizoon. On le trouve au sommet du 
Ventoux; mais, en Suisse, M. Hegetschweiler (Xristiche  Auf- 
zaehlung der Schweizer Pflanzen, p. 100) l'a observé au niveau 
du lac de Zurich, à 400 mètres au-dessus de celui de la mer, 
puis à 2793 m. dans les Alpes du canton de Glaris ; je l'ai cueilli 
moi-même à 2900 sur le revers méridional du mont Cervin. Ces 
plantes, qui sont indifférentes aux c'imats si divers que l’on ob- 
serve dans les pays de montagnes, doivent être soigneusement 
écartées. D’autres, telles que l’/ndrosace villosa, les Saxi- 


| fraga oppositifolia et S. cespitosa, n’atteignent pas, sur le Ven- 


toux, leur limite supérieure, qui est beaucoup plus élevée que 
le sommet de la montagne. Quelques-unes sont des végétaux 
cultivés, des céréales, les Noyers, les Oliviers, et leur existence 
dépend de mille circonstances qui sont l’œuvre de l’homme et 
entièrement indépendantes de la constitution du végétal et des 
influences des milieux ambians. Quant aux autres plantes, on 
manque de données suffisantes pour établir les comparaisons 
qui font le sujet de ce chapitre. Deux arbres , toutefois, le Sapin 
(Abies excelsa) et le Hêtre , réunissent toutes les conditions 
exigées, et ils vont nous servir à établir le parallele en question. 
Nous avons rassemblé les hauteurs moyennes que ces deux 
arbres atteisnent sur les différentes montagnes explorées jus- 
qu'ici en Europe. 

La limite supérieure du Hêtre (Fagus sylvatica) a été fixée 
sur PEtna à 1927 mètres par Presl {Ælor. Sic., 1, p. IX) et Phi- 
lippi. Dans les Apennins, le Hêtre n’est plus qu’un arbrisseau , à 
1949 m., suivant Schouw, cité par Meyen (Géogr. des plantes, 
p- 287); d’où l’on peut déduire qu’à l’état d'arbre, il ne dépasse 
pas 1800 m. Sur le versant septentrional des Pyrénées, Parrot a 
fixé sa bmite à 1591 m.SurleVentoux, nous avons trouvé qu’elle 
était en moyenne à 1521. Dans la Suisse méridionale, elle at- 
teint 1428, suivant Wahlenberg, et dans la Suisse septentrionale 
et le Tyrol, d’après Unger, 1300 et 1331 mètres : nous adop- 


terons le nombre 1315. Dans les Carpathes, elle s’abaisse avec 


la température moyenne de l’année et ne monte plus qu'à 1256. 


| Dans la Forét-Noire, sur le mont Hillebille, Wahlenberg ( De 


2/0 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 


V’eget. Helv., p. rxxxix) l’a trouvé à 910. Enfin, à Christiania, 
au 59° de latitude, cet arbre ne s'élève plus au-dessus du niveau 
de la mer. 

Ta limite supérieure du Sapin (Zbies excelsa) a été fixée à 1 800 
mètres dans les Pyrénées par Ramond (Mérn. de l’Inst. vol. xvi, 
p- 140). Nous avons vu qu’elle êtait à 1720 sur le Ventoux. Eu 
Auvergne , le même physicien a observé que la violence du vent 
’empéchait de dépasser 1500 mètres. Dans les Carpathes, elle 
descend à 1425 (Wahl. F2 Curpath. p. rxix). En Suisse, ses 
limites sont si élevées, et en même temps si variables, qu’on ne 
peut pas en faire usage, parce que l'abri formé par les massifs 
des hautes montagnes lui permet de monter très haut dans les 
localités favorables. En Norwège, M. de Buch a trouvé encore le 
Sapin sur le col de Fillefieldt, qui est à 933 mètres au dessus de 
la mer, et situé sous le 61° de latitude. Enfin à Enontekis, en 
Laponie, sous le 69°, il croît encore à 162 m.( Wah]. F1. Zap. 
tab. ad pag. £v). 

Pour rendre sensible ce décroissement successif, on pourrait 
le figurer d’une manière graphique, au moyen de deux coordon:- 
nées. Sur l’une qui serait horizontale, on marquerait les degrés de 
latitude et on éleverait des ordonnées exprimant les différences 
altitudinales. On obtiendrait ainsi une courbe qui se rappro- 
cherait d'autant plus de la ligne des abcisses que le degré de 
latitude serait plus élevé. Sans doute, ces résultats seraient loin 
d’être définitifs, mais ils indiqueraient clairement les lacunes 
que les naturalistes voyageurs doivent s’efforcer de remplir. 


ÉNUMÉRATION 


DES PLANTES PHANÉROGAMES DU MONT VENTOUX. 


Toutes ces plantes ont été signalées sur cette montagne par 
M. Requien. Je les ai retrouvées en grande partie. M. J. Gay a bien 
voulu revoir celles que J'ai rapportées, et vériñer l'exactitude des 
noms et des synonymes. Les hauteurs indiquées sont celles des 
points où j'ai recueilli les plantes, et n’indiquent pas toujours 
jeurs stations extrêmes. Lorsqu'elles ont été déterminées exacte- 


= un = ms 


D 


C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 2/1 


ment par M. Requien ou par moi, J'ai constamment indiqué 
les deux limites, savoir l’inférieure et la supérieure. 


Ranunculaceæ. 


Ranunculus Seguieri. Vill. 

R. montanus. Willd. 

Âquilegia viscosa. Gouan. 1820 m. S. 1620 m.N.,(S. versant méridional. 
N. versant septentrional. ) 

Anemone hepatica. L. 

Thalictrum pubescens. Schl. DC. Prod. (Th. fœtidum. Vill. non aliorum. ) 
p- 13. 1560 m.S. 

Aconitum Anthora. L. 

Helleborus fetidus. L. goo m. N. 


Papaveraceæ. 


Papaver aurantiacu.m Lois. (P. suayeolens Lap.)..De 1570 4.1800 N., et de 
1650 à 18508. 


Glaucium flavuin. Crantz. 540 m. S. 
Cruciferæ. 


Cheiranthus alpinus. Lam. (Erysimum lanceolatum B minus. DC. Prodr. ). 
À 1540 m. $. de 1400 à 1800 N. É 
Biscutella coronopifolia. All. De 1560 à 1900 S. De 1300 à 1850 (Requien). : 
fberis nana. AI. (I. aurosica. Vill.). 1750 N. 1850 S. De 1700 à 1900 (Req.). 
J. saxatilis. L. 
Cochlearia auriculata. Lam. 
C. saxatilis. Lam. 
Alyssuu montanum. L. De 1788 à 1900: N. 
A. alpestre. L. De 500 à 700 (Requien). 
Draba aizoides. L. 
Arabis alpina. L. 
A. brassicæformis. Wal. (Brassica alpina? L.) 
À. turrita. L. 
Isatis tinctoria. L. 650 N. 
Cistineæ. 
Helianthemum Fumana. Mill. jusqu’à 300 (Requien). GE) 
H. alpestre. Dunal. 


Violarieæ. 
Viola arvensis. DC. 
V. cenisia. AN. (V. cenisia « ovatifolia. Ging.) 


| V. arenaria. DC. 


| 
| 
| 


Polysake. 


| Polygala amara. L. 


X, Botan, — Octobre, 


242 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 


Caryophyllcæ. 


Arenaria striata. Vill. (Alsine lancifolia , 6 glandulosa. Koch. Synops.). De 1570 
à 1850 N. 

A. grandiflora. All. 1700 N. 

A. tetraquetra. 6 aggregata. Gay. Ann. Sc. nat. ct Duby Bot. gall. 1600 N. 

A. mucronata. DC.(Alsime mucronata. Gouan. AÏ. rostrata, Koch. Synops). 1600. 

A. austriaca. Duby. Bot. gall. non Jacq. ( A. austriaca B Seringe in DC. Prcdr. 
A. Villarsii. Baïbis. A. triflora. Vill. uon Linu. Alsine Villarsu M. K. Deutsch. 
F1. ). 1100 N. 

Silene nutans. L. 

$. Valesia. L. 1700 S. 1600 N. 

Cerastium arvense, + suffruticosum. Koch. Syn. (G. strictum et suffraticosum 
Seringe in DC. Prodr. C. laricifolium. Vill.) 

Dianthus sub-acaulis. Lois. De 1620 à 1850. N. 

Mochringia muscosa. L. 


Acerinecæ. 
Acer opulifolium. Vill. De 800 à 1350 (Requien). 
À. campestre. L. 


-Geraniaceæ. 
Geranium lucidum. L. 
G. robertianum. L. (G. robertanum, 6 purpureum Vill.) 
G, pyrenaicum. L. 
Oxalideæ. 


Oxalis acetosella.. L. 1450 N. 


Aquifoliaceæ. 
{lex aquifolium. L. 1000 N. Rare. 


Rhamnee. 


-Rhamous alpinus. L. 1550. (Requien.) 


Leguminosæ. 


Genista hispanica. L. (Genistella montis Veutosi spinosa. Bauh. hist. 1. p. 400). 


De 300 à 500. ( Requien.) 
Ononis cenisia. L. 1720. N. De 1000 à 1700. (Req.) 
O. striata. Gouan. 


Oxytropis cyanea. Gaudin. FI. helv. et DC. Prod. (O. neglecta, Gay. Herb. ). 


De 1850 à 1900. N. 
Astragalus depressus. L. 
A. aristatus. Lher. 
Anthyllis montana. 1666. S. De 1200 à 1800, (Req.). 
Vicia sepium. L. 
Phaca australis. L. 
Trifolium cespitosum. (Requien.) 


R 


I 


C. MARTINS. — Sur le mont F’entoux. 


Orobus canescens. Lin, f. 
Spartium junceum. L. 460. N. 
Cytisus Laburnum. L. 

Psoralea bituminosa. L. 540. S. 


Rosaceæ. 


Serbus domestica. L. ( Pyrus sorbus. Gærtu.). 420 S. 
Pyrus Aria. Erh. 1300. S. 
Amelanchier vulgaris. Mœnch. 1350. S. 


Cotonéasier vulgaris. D. C. 1550 environ. S. De 1200 à 1500. (Requien.) 


Rosa rubiginosa. L. 1500. 8, 
Rubus idæus. L. 1400. N. 
R. collinus. DC. 
Potentilla caulescens. L. 
Alchemilla hybrida. Hoffm. 
A. alpina. L. 
. Onagrariee. 


-Epilobium montanum. L. 
Paronychieæ. 


243 


Paronychia serpyllifolia. Poir. 1478 à 1700. S. De 1400 à 1800. (Requien) 


Scleranthus annuus. L 


Crassulacec. 


Sedum anopetalum. DC. 1540 S. 
S. atratum. L. 


Sempervivum montanum. KL. 1550. S. De 1600 au sommet. (Req.) 


-Grossularieæ. 
| Ribes alpinum. L. 1500. 5, 


Saxifrageæ. 


| Saxifraga oppositifolia. L. De 1700 à 1900. N. De 1600 à 1900. (Requien.) 


| S. muscoides. Wulf. 1850. N. 
| S. cespitosa. Scop. De 1810 à 1900 N. 
| S lata. L 

| S .granulata. L. 


| S. Aizoon. Jacq. De 1850 à 1900 N. 
Umbelliferæ. 


| Athamanta cretensis, L. 1900. De 1300 à 1850. (Requien. } 
| Eryngium spina alba. Vill. De 1375 à 1470 N. 1300 à 1550 S. 
i E. campestre. L. 650. N. 
| Bupleurum falcatum. L. 
 Bunium bulbocastanum. L. 
Laserpitium latifohium. DC. 
FL. Siler. L. 
} Æthusa bunius. Murr. (Ptychotis heterophylla. Koch. Umb. ) 
| Chærophyllum sylvestre. L, 


44 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 
Carum Carvi. L. 


Sesch glaucum. L. 
Heracleum pumilum. Vill. 1550. (Requien. ) 


Caprifoliacece. 
Viburaum lautana, L. 1550 S. 


Lonicera alpigena. L. 
L. xylosteum. L. 
Sambucus ebulus. L, 
Rubiaceæ. 


Asperula odorata. L. 1400. N. 
Galium pumilum. Lam. (G. hypnoides. Vill. ). De 160: à 1750 N. De 1500 à 
1800 S. (1) 
G. Villarsü. Req. 1665 S. 1800 environ N. 
G. verticillatum. Lam. 
G. anysophyllum. Vill, 
V’alerianeæ. 


Valeriani saliunca. All 1850 N. 
V. triptenis. &. 
Dipsacecæ. 


Knautia arvensis. v. collina Coult. (Scabiosa collina. Req. ) 


Composttæ. 


Cacalia alpina. L. ( Adenostyles viridis. Cass. ). 1350 N. 1550 S. 
Senecio gallicus. Vill. DC. Prodr. vr. p. 346. 580 N. 
Arnica scorpioides. ( Aronicum scorpioides. DC. Prodr.). 1800. N. De 1700 
à 1900. (Requien., 
Frigeron uniflorum. L. 
Solidago virga aurea. L. 1560. S. ° 
Guaphalium dioicum. L. 1425. N. De 1400 à 1500. (Requicn.) 
>uphthalmum aquaticum. L. (Asteriscus aquaticus. Less.). 460 S. 
Chrysanthemum montanum. L. | pres 
Pyrethrum corymbosum. Wild. 
Artemisia Absinthium. L. 
Xanthium spinosum. L. 500. S. 
Echinops nitro. L. 650. N. 
Carduncellus monspeliensium. A. 600. N: | 
Carduus carlinæfolius. Lam. De ns à 1910. S. 
Leuzea conifera. DC: 420.'S: dr 
Centaurea solstitialis, L. 460. S. 660.N. ! | 
C. paniculata. L. 550. N. | 
C. calcitrapa. L. 500. N. | 


[l 

(x) Cette plante descend très bas à Vaucluse, suivant M. Requien. Elle doit s'ytrouveraune | 

{l 

hauteur qui ne saurait dépasser 330 mètres, puisque c’est celle du rocher le plus élevé dans les 
environs de cette fontaine. 


c. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 245 


C. montana. I. 

C. aspera. L. sa N. 

Carlina acaulis. L. var. 8 caulescens. De 030 à 1570 N. 

C. acanthifolia. AI. 916.5. 

Stæhelina dubia. L. 510.8, 

Scolymns hispanicus. Desf. ( Myscolus microcephalus. + 460.S. 308, N. 

Picridium albidum. DC. 

Lactuca perennis. L. 

Prenanthes viminea. ( Phœnixopus decurrens. Cass.). 1035. S. 

P. purpurea. E. 

P. muralis. L. 

Taraxacum dens-leonis. Desf. 

Hicracium prunellæfolium. Gouan (Crepis pygmæa. L. Koch. Syn: ) 1420 S. 
De 1600 à 1800. N. 

H. staticefolium. Vill, 

H. dubium. L. 

H. humile. Lapeyr. 

Catananche cœrulæa. L. 


Campanulaceæ. 


Phyteuma Charmelü. Vill, De 1400 à 1500. N.(Requien.) 
P. orbiculare. L. var. nanum. De 1788 à 1950. N. 
P. spicatum. L. 1400. N: 
Campanula Allionüi. Vill. 1830. N.O. 
C. persicifolia. L. 
C. urticæfolia. Schmidt. 
Ericacec. 


Arbutus uva ursi. L. 1560..5. 
Pyrola secunda. L. ( Ne s’y trouve plus.) 


Jasmineæ: 


: Fraxinus excelsior. L. 


Olea europæa. L. 500. S. 
Apocyneæ. 


Cynanchum vincetoxicum. R. Br. De 916 à 1240. S. 900. N. 


Gentianeæ. 
Gentiana campestnis. L. 
G. ciliata. L. (Ne s'y trouve plus.) 


Borragineæ. 
Myosotis alpestris Schm: pas 


Solaneæ. 
Verbascum thapsus. L. : 


246 C. MARTINS. — Sur le mont entoux. 


Antirrhineæ. 


Digitalis lutea. L. De 709 à 1300. ( Requien.) 
Linaria striata. DC. 

L. alpina. ‘DC. 

Scrophularia canina. L. 


Rhinanthaceæ. 


Veronica aphylla. L. 1850. (Requien.) 

V. officinalis. L. 

V. serpyllifolia. LE. 

Euphrasia lanceolata ? 

E. alpina. Lam. (E. salisburgensis. Hop. ) 
Pedicularis tuberosa, L. 1850. (Req.) 


Labiateæ. 


Teucrium montanum. Link. 21660. S. 
T. botrys. L. 


Lamium lævigatum. L. 


Nepeta graveolens. Vill. (N. nepetella. var. 6 humilis. Benth. Lab. p. 478 ). 


De 660 à 1660.S. 450 à 1370. N. (Requien.) 
Melissa grandiflora. Benth. Lab. p. 394. 1400. N. 
M. calamintha. L. 

M. Nepeta. L. Benth. Lab. p. 387: 460.5. 


Satureia montana. L. De 420 à 1590. S. Commence à 470 au nord. 
Thymus angustifohus. Pers. Benth. Lab. p. 344. De 1240 à 1900. S. Le 1570 


à 1850. N. 
Lavandula spica. DC. FL fr. Suppl. 
L. vera. DC. De 672 à 1646. S. De 495 à 1400. N, 


Primulaceæ. 


nie villosa. L. 1620. N. 
A. septentrionalis. L. 


Gregoria vitaliana. Duby. Bot. gall. p. 383, (Primula vitaliana Lo) 


Primula suaveolens. Bert. 


Globularieæ, 


Globularia cordifolia. L. De 1000 à 1500. (Requien. } 
G. nana. Lam. De 3400 à 1600. (Req.) 


Plumbagineæ. 


Plumbago europæa. L. 445. S. 
Statice plantaginea. AN. 


D Et SES 


Se mm, — 


EE es 


C. MARTINS, — Sur le mont Ventoux. 


Plantagineæ. 


Plantago media. L.' 1430. N. 
P. victorialis. Poir. 1430. N. (Requicn. ) 
P. serpentina Lam. 


Chenopodeæ. 
Chenopodium bonus-henricus, L. 
Polyszoneæ. 
Rumex seutatus. L. 
S'antalaceæ. 
Thesium alpioum. L. 
Euphorbiaceæ. 


Euphorbia saxatilis. Lois. non Jacq. (E. gcrardiana var. 6 minor. Ræp. ) 
De 1850 à 1900. Est. 

E. serrata. L. 600. N. 

E. purpurata. Thuil. FL par. 

E. characias. L. 480 S. 

Mercurialis perennis. L. 

Buxus sempervirens. L. De 540 à 1330. S. 


Urticeæ: 
Morus nigra. L. 
Urtica dioica. L. De 1240 à 1910. S. 1096. N. 
U. hispida. DC. 
Ficus carica. L. 
Amentacecæ. ° 


Quereus-sessiliflora. Smith. 530. S. 700. N. Raboagri à 1130. S. 
Q. ilex. 538. S. 618. N. 

Populus tremula. L. : 

Fagus-sylvatica. L. De 1132 à 1666. S. De 1920 à 1576. N. 
Corylus avellana. L. 995. N. 


Coniferæ. 
Prius alepensis. Mill. 430. S. 
P. uncinata. Ram. De 1478 à 1810. S. De 1347 à 1625. N. 
P. sylvestris. Mill. Mêlé au P: uncinata. 
Abies excelsa. DC. De 1000 à 1720. N. 
Taxus baccata. L. 
Juniperus communis. L. De 1240 à 1800. S. De 920 à 1580. N. 
J. oxycedrus. L. 540. S 


Orchidecæ. 


Serapias rubra. L. 


ES 


248 C» MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 


Amaryllideæ. 
Narcissus juncifolius. Lag. et Req. in Lois FL. gall. ed. secunda. 
Asparageæ. 
Convallaria polygonatum. L. 
Liliaceæ. 


Lilium martagon. L. 

A. flavum. EL. 

A. narcissiflorum. Vill. { A. grandiflorum. Lam.). 1810. N. 
A. moschatum. L. 

Phalangium liliago. Schreb. 


Junceæ. 


Aphyllanthes monspeliensis. L. Jusqu'à 1150.58. ( Requier. ) 
Luzula maxima. DC. 


L. nivea. DC. 
Cyperaceæ. 
Carex ferruginea. L. 
C. rupestris. AÏl. 1910. 
Gramineæ. 


Triticum caninum. Schreb. sé 
T. sylvaticum. Moenuch. (Bromus gracilis Weig.) 
Secale cereale. L. 1035. S. 1360. N. . 
Poa alpina. var. brevifolia. Gaud. F1. helv. 1900. 
P. nemoralis. L. 
Festuca Halleri. Al. 
F. duriuscula. L. 
F. duriuscula, var. minor. 1900. 
F. glauca. Lam. ° 
Avena sativa. L. 1035. S. 1360. N. 
A. elator. L. ( Arrenatherum avenaceum. P. B.}. 1560. S$. 
A. sedenensis. DC. 1900. 
A. setacca. Vill. De 1800 à EU , 
A. distichophylla. Vill. 
Aira flexuosa. L. 
Stipa pinnata. L. 
Sesleria cœrulea. Ard. 
Agrostis alpina. Leyss. Hal. n. 67. 
A. miliacea. L. (Milium multiflorum. Cav.) 
Echinaria capitata. Desf. 
Filices. 
Aspidium fragile, Sw, 
A. Halleri. Wild. 
Polypodium calcareum. Sm. 1400. N. 
Osmunda lunaria. L. 


J. DE NOTARIS. — Syllabus muscorum. 249 


EXPLICATION DE LA PLANCHE VII. 


Cette planche représente le Ventoux coupé par un plan dirigé du nord au sud depuis la 
partie supérieure de la crête jusqu’à la mer en laissant à l’est le sommet de la montagne, Ce 
plan n’est pas vertical: j'ai supposé qu’il était dirigé obliquement vers le spectateur en tour- 
nant sur la ‘méridienne di sommet comme sur une charnière, I} en résulle qu'une partie des 
versans mord ;et sud: peuvent être -aperçus HE lui en le supposant placé à égale, distance de 
chacun d'eux. L'échelle de hauteurs est de —— c ’est-à-dire un millimètre pour 10 mètres; 
l'échelle horizontate de — - c'est-à-dire d'un millimètre pour 50 mètres, Sur la marge, 
nous avons indiqué les rég rious végétales ; sur la coupe les limites dés plantes sociales sur éhnbe 
versant. La ligne marquée o estle niveau de la Méditerranée. Le village situé au pied du ver- 
sant méridional se nomme Bedcin ; du même côté à 1565 mètres d’élevation, .on remarque un 


petit bâtiment appelé le Jas. 

Au pied du versant septentrioual est le hameau de Beaumont ; à 1424 mètres de bauteur, 
le plateau etles bergeries du Mont-Serein. 

Nora, On v'a'paspu indiquer sur Ja coupe. la fin “E l'Abies excelsa au nord, et; celle du 


Genevr jer et du Pinus uncinata au midi. 


SYLLABUS MUSCORUM 27 Ltaliaet in insulis circumstantibus hucus 
que cogüiorum , auctore J. DE NOTaRIS. M. D. etc. in-6 xx ot 


382, p. Taurini 1838 ex typographia Confari. 


L'Ttalie peut à juste titre être regardée comme le berceau de 
la Cryptogamie et Micheli comme l’auteur qui en a posé les 
premiers fondemens. Depuisla publication des Nova plantarum 
genera,ouvrage immortel du savant précurseur de Linné, jusqu’à 
la fin du siecle dernier, c’est-à-dire pendant une période de 
près de quatre-vingts années, le seul botaniste qui, dans la pé- 
ninsule, ait marché sur les traces glorieuses de l'illustre Florentin, 
est Batarra dont nous possédons une assez bonne histoire des 
Champignons des environs de Rimini. 

Mais avec lé dix-neuvieme siècle , apparaissent des hommes 
dignes: de succéder à ces grands observateurs :c'est ainsi que 
Raddi , après avoir soigneusement exploré les environs de Flo- 
rence et de Rio de Janeiro, jette la première base des nouvelles 
divisions qui viennent d’être tentées avec succès sur les genres 
Marchantia ei Jungermanniu de Linné, que Targioni-Toz- 
zetti établit quelques nouveaux genres dans les Algues dela 
Méditerranée publiées par Bertoloni et que linfortuné Ber- 


250 J. DE NOTARIS. — Syllabus muscorum 


tero , entrainé par uñ penchant irrésistible, quitte sa terre na- 
tale dont les productions n’avaiènt plus pour lui l'attrait de la 
nouveauté, et va parcourir le nouveau monde où il trouve-à-la- 
fois d’abondantes récoltes à faire et une mort affreuse et pré- 
maturée. 

Long-temps négligées en Italie où, comme nous l'avons dit, 
elles avaient pris naissance , les études cryptogamiques y sont 
actuellement en grande faveur. Ainsi la famille des Champignons 
a reçu un nouveau lustre des travaux publiés par M. Viviani 
sur les Agarics et les Bolets des environs de Gênes, et par 
M. Vittadini sur le genre Æmanita et la tribu des Tuberacées; 
celle des Algues s'est enrichie des observations de M. Biasoletti 
sur les Algues microscopiques , d’un traité d’organographie et 
de physiologie de ces plantes par M.Meneghini et d’un ouvrage 
de M. Delle Chiaje, sur les Thalassiophytes des côtes et du 
golfe de Naples ; enfin, les Mousses ont trouvé de dignes his- 
toriens, celles de la Campagne de Rome , dans madame la com- 
tesse Fiorini-Mazzanti et celles des environs de Milan, dans 


MM. Balsamo et De Notaris. M. Garovaglio a aussi publié en. 


exemplaires desséchés et par fascicules,les Mousses de la Valtel- 
line, et M. Lisa un catalogue de celles qui croissent près de Turin. 


L'auteur de l'ouvrage dont nous allons rendre compte , avait 
préludé long-temps à cette publication par d’autres travaux sur 
le même sujet. C'est ainsi que la Bryologia mediolanensis qui 
lui était commune avec M. Balsamo, fut bientôt suivi du Man- 
tissa muscorium ad Floram pedemontanam dont nous donnämes 
un extrait dans ces annales tome 1v de la 2° série, p. r9r. Le 
Specimen de Tortulis italicis et le Spicilegium Muscologiæ itali- 
cœ se succédèrent rapidement , et dès-lors nous pümes prévoir 
que M. De Notaris ne s’arrêterait pas là, et qu'il était appelé à 
nous faire connaitre l’universalité des Mousses de la péninsule 
italique. 

Dans une préface de seize pages, l’auteur expose les motifs 
qui lui ont fait entreprendre ce travail et les différentes sources 
des matériaux qu'il a eus à sa disposition pour lexécuter. Il 
énumere ensuite les difficultés nombreuses qu'ils a eues à sur- 
monter et dont une partie n’a pu être aplanie que par son infa- 


J. DE NOTARIS. — Syllabus muscorum. 251 


tigable activité et une volonté ferme et constante. Enfin, il 
trace le plan qu’il a suivi dans la disposition méthodique des 
espèces. Nous allons donner de ce plan une analyse aussi su- 
cincte que le permettent les bornes de ve recueil. 

En attendant qu’une étude plus approfondie de l’organisation 
et de la physiologie de ces plantes, donne le moyen d'établir 
dans la famille des Mousses des divisions plus naturelles que 
celles qui y ont été admises jusqu'ici, M. De Notaris, profitant 
néanmoins des travaux récens de MM. Bruch et Schimper, les 
range, comme ses devanciers et entre autres M. Hooker, sous 
les deux ordres suivans : 1° Pleurocarpi; 2° Acrocarpi. Les 
genres compris dans chacun de ces ordres sont ensuite réunis 
sous trois autres chefs , suivant que le pésistome est double 
diploperistomi , simple aploperistomi, où nul aperistomi. Mais 
outre ces trois sous-ordres qui distinguent les pleurocarpes, les 
Mousses acrocarpes en admettent un quatrième caractérisé par 
l'absence de tout orifice, ce sont les astomi. L'auteur tente 
ensuite d'introduire quelques coupes naturelles dans ces divi- 
sions, dont les secondes, celles prises du péristomes, sont 
purement artificielles. Mais il ne réussit pas, pour toutes ses 
tribus, à obtenir un résultat satisfaisant. Il y remédie en quel- 
que sorte (comme on le faisait dans le système de Linné, quand 
venait à varier le nombre des étamines }, en indiquant à la fin 
de chaque tribu, les espèces des autres divisions que leur port 
ou d’autres caractères naturels, doivent y rattacher un jour. 
C’est ainsi qu'après les Bryacées qui sont des acrocarpes diplo- 
péristomées , nous voyons figurer, pour mémoire seulement, 
les genres Conostomum , Apiocarpa ( Oreas Brid. ) et Catosco- 
pium qui, malgré leur péristome simple, semblent, par tous 
les autres caracteres étroitement liés avec les divers genres 
qui composent cette tribu. De même, parmi les Funariacées, 
on trouve des genres à double et à simple péristome et 
d’autres tels que les Pyramidium et Physcomitrium qui en 
sont totalement dépourvus. Enfin les Grimmiacées , remar- 
quables par un péristome simple, ont un représentant, le 
Schistidium , qui a l’orifice de sa capsule nu. A part ces anoma- 
lies qu'on rencontre au reste dans toutes nos méthodes, les 


252 I. DE NOTARIS. — Syllabus muscorum. 


genres sont assez naturellement rangés dans cette nouvelle dis- 
position des Mousses. 

Pour chaque espèce, l'auteur donne une synonymie étendue 
d'autant plus importante, qu’elle est le résultat de laborieuses 
recherches, et qu’elle rectifie une foule d’erreurs répandues, 
soit dans beaucoup d'herbiers d'Italie, soit dans la plupart des 
Flores locales de la Péninsule, dont les auteurs ont essayé , sans 
les bien connaitre, d'enregistrer ces plantes dans leurs catalo- 
gues. 

Quand l'espèce est généralement connue, l’auteur se contente 
d'ajouter quelques remarques nouvelles sur ses affinités ‘ou 
‘ quelques caractères inapercus avant lui. Lorqu’elle l’est moins, 
nous trouvons toutes les observations qu’une étude-approfondie 
Va mis à même de faire sur l'espèce et sur sa légitimité. Le plus 
souvent, l'auteur refait la phrase diagnostique , et cette qe 
est quelquefois une bonne description: 

L'auteur a créé un seul genre qu'ila nommé Raineria. Ce 
genre, formé sur une Mousse alpine trouvée dans la Valteline 
appartient aux Splachnacées et est intermédiaire, selon M: De 
Notaris, entreles genres Zremodon et Taylor. UN diffère essen- 
tiellement de ce dernier par une columelle incluse et des dents 
dressées ou recourbées en spire par la sécheresse , mais jamais 
tordues. Voici ses caractères : calyptra mitræformis ; peristo- 
mium simplex è dentibus 32 longè angustè lineari-acuminatis , 
infra thecæ marginem ortis, méliôte Ne inflexis , siccitate 
erectis vel cirrhato-reflexis tremulis, non torquescentibus ; colu- 
nella inclusa. Flores monoici, masculi ir ramrnlo suprà basim 
caulium orto, terminales. 

En jetant les yeux sur le chiffre des Mousses contenues dans 
ce Syllabus, on est étonné de voir qué la péninsule ne le cède 
en rien sous ce rapport aux contrées de l’Europe les plus favo- 
risées par les accidens du sol où la variété de la température. 
Il est vrai que M. De Notaris y rattache d’une part les monta- 
gnes des Alpes qui séparent l'Italie dé la France, dé la Suïsse 
et de l'Allemagne, et de l'autre toutes les îles qui l'entourent, 
même à uné grande distance. Ainsi, la Sicile, la Corseet là Sar- 
daigne ‘ont été mises’ à contribution par lui: Le nombre 408 


I. DE NOTARIS. — Syllabus muscorum. 253 


qu’atteint. le chiffre des espèces, n’a pas moins de quoi nous 
surprendre, nous surtout dont le sol, presque aussi varié, est 
loin d'offrir la même richesse en ce genre. Mais toutes les espè- 
ces admises par l’auteur sont-elles bien légitimes et à l’abri de 
toute contestation? Quelques-unes sont-elles autre chose que 
des formes plus ou moins remarquables d’un même type dont 
elles semblent en effet distinctes, mais auquel pourtant on pour- 
rait les ramener sans beaucoup d’efforts ? 

Nous confessons que nous eussions été tenté de chicaner un 
peu l’auteur sur la légitimité de telle ou telle de ses espèces, Si, 
dans sa préface, il:n’avait en quelque sorte désarmé notre criti- 
que, en donnant au long les motifs qui l’ont décidé à les sdmet- 
tre. Il faut bien aussi que nous convenions qu'en fait d'espèces. 
nouvelles, nons sommes peut-être, à tort ou à raison, plus dif- 
ficile-que beaucoup. de botanistes, et qu’il se pourrait faire que 
ce qui, pour nous, est un sujet de blâme, devint au contraire 
pour d'autres un sujet d’éloges. Il est toujours en effet assez 
malaisé de s'entendre sur la valeur des caractères propres à la 
délimitation des espèces cryptogamiques. 

Mais ce côté de l'ouvrage de M. De Notaris est, au reste, le 
seul qui nous ait paru vulnérable. Aussi, apres avoir fait, bien 
malgré nous, la part de la critique, nous empresserons-nous 
d'ajouter que, irréprochable sous tout autre rapport, cette his- 
toire des Mousses de la péninsule italique mérite à son auteur 
le juste tribut de louanges que nous nous plaisons à lui offrir, 
et qu’elle ne peut manquer d'obtenir les suffrages de tous les 
bryologistes. 

M. De Notaris, qui croit avoir fait peu tant quil ni reste 
quelque chose à faire, nous promet un ouvrage encore plus 
complet sur: la même matière. Nous prenons acte de ce nouvel 
engagement, convaincu que nous sommes d'avance que; quel- 
que difficile qu'elle soit, l’auteur ne restera, pas au dessous de 
la nouvelle ‘tâche qu'il.s'est imposée, La. supériorité de talent, 
dont il vient de faire preuve dans celui que: nous:annonçons, 
nous. doit être un sûr. garant de la manière dont sera traité 


l’autre. 
C...M. 


254 SCHUTTLEWORTH. — Valcrianées d’ Amérique. 


Note sur quatre Valérianées de l'Amérique du Nord , par Ros. 


SaurrrewonTu (Flora , 1839, p. 209 et 449 avec deux plan- 
ches). 


L'étude des plantes de l'Amérique, publiées par la société 
d’Esslingen , donna occasion à M. Shuttleworth d'examiner qua- 


tre plantes de la famille des Valérianées, qui, jusqu'ici, ont été 
imparfaitement connues. Ce sont les suivantes : 


1° Valerianella (Fedia) radiata , Mich. non Dufr. nec DC. 


Fructu subrotundo piloso, loculo fertili cymbæformi dorso-carinato , loculis 
sterilibus discretis divergentibus inflatis fertili æquahibus vel paulo majoribus, 
calycis limbo unidentato recto coronato; floribus capitato-corymbosis, bracteis 
lineari-lanceolatis glabris , basi subcartilagineo-dentatis; foliis radicalibus spa- 
thulatis, caulinis lineari-oblongis basi integriusculis vel grosse inciso-dentatis , 
omnibus obtusis, facie inconspicue pilosis marginibusque ciliatis , caule scabrido. 
Fab. in montibus Alleghany et in Texas. 

Cette espèce vient se placer à côté du 7. carinata Lois. La 
plante que Dufrène et Decandolle donnent sous le nom de 7. ra- 
diata ne parait qu’une variété de 7. olitoria. 


2° J’alerianella (Fedia) triquetra, Hochst etSteud. Fedia che- 
nopodioides Pursh ? 


Fructu trigono minute pubescenti ; dorso convexiusculo, antice leviter sul- 
cato , loculis sterilibus ( conjunctim ) fertili æqualibus , calycis limbosubuni- 
dentato coronato ; floribus corymbosis, staminibus longe exsertis ; bracteis lineari 
oblongis basi subeiliatis ; foliis glabriusculis, radicalibus suborbiculari-spathula- 
Us petiolatis, caulinis oblongis ciliatis subapiculatis leviter sinuato-dentatis, 
caule scabrido-piloso.—Hab. in Virginià et in Ohio civit. 


Cette espece appartient à la troisième section de Decandolle , 
et paraît voisine de 77. trigonocarpa DC. Pursh ne parlant point 
dans sa description , du fruit de cette espèce , il est impossible 
dedire ce qu’il entend par son Fedia chenopodiodes. Le nom que 
les directeurs de la société d’Esslingen ont imposé à cette es- 
pece ne lui convient pas trop, le fruit en étant plutôt trigone 


que triquètre et l’auteur voudrait le voir donner lui nom de 
V. Franckir. 


SCHUTTIEWORTU, — V’alérianées d’A mérique. 255 


3° V'aleriana pauciflora, Mich. non Hook. Flor. bor. Amer. 


Caule-erecto simplici sulcato; foliis radicalibus petiolatis cordatis simplicibus 
sinuato-dentatis , vel integris , caulinis lyrato-pinnatisectis supremis ternatisec- 
ts vel simplicibus , foliolis rhomboideo-ovatis acutis sinuato-dentatis, lobo ter- 
minali majori interdum subcordato ; floribus hermaphroditis triandris, bracteis 
longe ciliatis , corolla longe tubulosa basi gibbosa 1obis ovatis , flamentis longe 
exsertis, fructibus ovalibus compressis dorso tricostatis , facie quinque costatis 
pilosis. — Hab. ad Ohio, 


Nuttal donne une très bonne description de cette espèce Gen. 
I. p. 22. 


4° Valeriana Hookeri , Shutt. 77. pauciflora Hook. Flor. bor. 
Am. tab. CL. non Michx. nec Nutt. 

Glabra, caule erecto simplici sulcato ; foliis radicalibus petiolatis cordatis sim- 
plicibus sinuato-crenatis, caulinis lyrato-pinnati sectis, supremis ternatisectis vel 
simplicibus, foliolis lato-ovatis sinuato-dentatis, floribus hermaphroditis triandris ; 
bracteis glabris, corolla vix tubulosa medio gibbosa lobis subrotundis, filamen- 
tis vix exsertis, fructibus ovatis compressis glabris dorso unicostatis, facie bicos= 
tatis. — Hab. in montibus Rocky montains dictis et ad Columbiam. 

Cette espèce diffère en outre de la précédente par des co- 
rymbes formés d’un plus grand nombre de fleurs plus rappro- 
chées. — L'auteur soupconne que le F’aleriana sylvatica Ri- 
chardson {in Beck Bot. of the North ani! middiestates, p. 164) 
appartient à l’une des deux espèces qu'il vient de distinguer, 
et peut-être faudra-t-il le rapporter à la première plutôt qu’à la 
seconde. 

Les deux planches dont les dessins sont faits par l’auteur lui- 
même, servent à faire ressortir mieux les caractères des plantes 
décrites. 


MiQueLra, genus novum plantarum javanicarum , 
Scripsit C. L. BLUME. 
(Extrait du bulletin des sciences physiques et naturelle de Néerlande, 1, p. 93.) 


Duo abhine anni sunt, quum altero Rumphiæ volumine palmas describens, inter 
alia monerem Corypham L. ad paucas tantummodo species, Indiæ orientali pro- 
prias, pertinere : hinc autem Saribus Rumpb, tanquam peculiare genus, omnes 


256 C. L BLUME. — Miquelia. 


que relatas co ab auctoribus species Americanas esse secernendas. Quod ad illas 
novi orbis Coryphinas , Corypha dulcis H. B. novi Generis mihi quasi typus 
videbatur, quod nomine Miguelia insigniendum putabam : alias autem species 
ad. Caranaibam, vefexebam quod eo primum nomine Corypham ceriféram Ar- 
rud., quæ hujus generis est typus, descripserat Marceravivs. 

Eamdem Coryphæ Auct. disjunctiorem Marrio. V. Cl, eodem fere tem- 
pore aut jam antea fortasse placuisse , cui generum ejus Braheæ et Coperniciæ 
debitur ego, uulissimi præstantissimique hbri V, [ll Envricuer fasciculus ille, 
qui mense octobri 1837 prodiit, (Genera plant. p. 252 et 253),me docuit. 
Ttaque tunc nondum editis, quæ de ea re scripsissem, aliud novum plantarum 
genus nomine F. A. W. Miquer appellandum putavi. Hac enim palma , quæ 
nonvisi præclaris meritis debetur, profecto illi mihi dignus videbatur, qui, a 
teneris vehemertissimo scientiæ amabilis amore captus , quamquam,  stadio 
academico eum summa laude decurso, parum prospera ad eam colendam 
uteretur conditionc, multa tamen et Belgarum quidem non minima ad exco- 
lendam botanicam contulerit. Genus hoc familiæ Cyréandrearum Jack., quæ 
o0phoris parietinis, non involutis, et duplicatis a Scrophularineis Juss. propriis 
differt, sive potius tribus hujus familiæ est habenda, egregium est additamen- 
tum, quum simul ingentem cum quibusdam generibus Gentianearum Juss. affi- 
nitatem indicat. Ceterum Flora Javæ vicinorumque insularum Cyrtandreis 
abundat, quibus etiam Epithema, in meis Bijdragen p. 737 ad Primulaceas 
relatum ; ac postea a V. TI. Brown in Wall. plant. asiat. rar. MI p. 62 aomine 
Aikinia descriptam, annumerandum est, 

Character hic est. 


MIQUELIA. 


Calyx quinque angularis, 5-fidus , æqualis. Corolla hypogynä, subrotata ; 
limbopatente, quinquelobo , subæquali. Séamina quatuor, quintum abortivum, 
subdidynama; antheris veniformibus , unilocularibus , tranverse dehiscentibus. 
Ovarium globosum, pseudo-biloculatum ; séylus brevis; stigma capitatum. 
Capsula ealycis inclusa, spermophoris involutis carnosis seminiferis pseudo- 
quadrilocularis, irregulariter dehiscens. Semina angulata, subgyrata. 


Miquerra corrurEA. Herba annua, caule carnoso, sabsimplici, mferne repente. 
Folia subsessilia opposita , alterna majora , forma et magnitudine quam maxime 
disparia : majora oblonga, acuta, basi oblique rotundata, inæquilatera, penni- 
nervia : hic opposita minima, semilunata, stipulacea. Inflorescentia snbcorymbosa 
ex axillis foliorum stüipulaceornm minorum. Flores cœruleï, obsoletè bracteati. 

Hab. in humo pinguissimo sylvæ nativæ utridæ provinciarum Javæ occidenta- 
hum , veluti circa montem Salak, ubi plantam hanc elegantissimam jam: ann 
1821 reperi. 


BOUSSINGAULT. — Sur la végétation: 257 


Recuercues chimiques sur la végétation, entreprises dans le but 
_d’examiner si les plantes prennent de l'azote à l'atmosphère, 


Par M. BOUSSINGAULT. (1) 


L’azote paraît être un élément constant des végétaux, et lon 
est assez généralement porté à croire que les substances ali- 
mentaires tirées du règne végétal, doivent une grande partie 
de leur faculté nutritive aux principes azotés qui. s’y rencon- 
trent. M. Gay-Lussac a déjà constaté la présence de l’azote dans 
un très grand nombre de semences, ét les analyses que j'ai 
faites pour doser cette matière dans plusieurs graines employées 
comme fourrage, ont établi qu’elle y entre souvent pour une 
portion assez forte. La vesce, les lentilles, les féverolles, ont 
fourni 4 à 5 pour cent d'azote; la graine de trèfle, comme on 
le vérra dans ce Mémoire, en contient 7 pour cent. 

La présence de l'azote dans les différens organes des végétaux 
est due à certaines substances azotées qui s'y trouvent répan- 
dues, et qui offrent une grande analogie de composition avec 
les matières d'origine animale. 

Dans l'état actuel de nos connaissances sur les phénomènes 
chimiques de la végétation, nous savons qu'immédiatement 
après la germination, lorsque la‘plante est née de la graine, 
| ses organes, en agissant sur le gaz acide carbonique qui fait 
| partie de l'atmosphère, peuvent, sous certaines conditions de 
| chaleur et de lumière, s’en assimiler le carbone; de plus, il est 
| reconnu ‘que ces mêmes organes fixent en même temps les élé- 
:mens de l’eau. | | 
| - Ainsi, une graine soumise à l'action de l'air, de Veau, de la 

lumière et d’une certaine température ; germera, développera 
lune ‘plante qui, au moyen de ces seules ressources, pourra, 


(x) Extrait des comptes rendus de l’Académie des Sciences , séance du 22 janvier 1838. 
X. Boran. — Novembre, 17 


258 BOUSSINGAULT. — Sur la végétalion. 


sinon acquérir un développement complet, s'en approcher 
beaucoup, fleurir, par exemple, et donner des indices de fruc- 
tification. Durant le cours de cette végétation, la graine pro- 
duira une plante qui pesera beaucoup plus que ne pesait la 
graine employée, le tout étant supposé au même état de dessic- 
cation. C’est une expérience qui a été faite pour la première 
fois par M.-de Saussure , en faisant germer et végéter des fèves 
dans le sable siliceux et arrosé avec de l’eau distillée. En sou- 
mettant au même régime des semences de trèfle, j'ai obtenu un 
résultat semblable; 10 de graine ont produit une récolte qui a 
pesé 26. 
Par l’action bien connue que les feuilles exercent sur lacide 
carbonique, on comprend comment une plante peut, à l'aide 
:de l'humidité et des seuls élémens contenus dans l’atmosphère, 
s’accroiître et augmenter de poids. En effet, les expériences qui 
ont démontré-cette action font voir que la force vitale s'exerce 
d'abord sur l’oxigène, pendant la germination, et ensuite sur 
le gaz acide carbonique, ‘pendant la végétation proprement 
dite. Mais rien dans les recherches de ce genre n’a prouvé d’une 
manière positive que l'azote de l'air fût sensiblement absorbé. 
ILest vrai qu'à une époque déjà ancienne, Priestley, et après 
lui {ngenhoutz, crurent reconnaitre une absorption manifeste 
d'azote pendant la végétation; mais ces expériences, répétées 
depuis par M. de Saussure, avec des procédés eudiométriques 
plus précis ont établi que cette fixation d'azote n’a point lieu; 
cet habile observateur crut même apercevoir une légère exhala- 
tion de ce gaz. Les résultats de Saussure sont confirmés par 
ceux plus récens de Digby, à cela près que ce dernier physiolo- 
giste a prouvé que les plantes n’exhalent pas d'azote. Cepen- 
dant la présence de l'azote dans les végétaux étant à l'abri de 
toute objection, et l'assimilation de ce principe pendant la-vé- 
gétation étant prouvée par le fait même de la multiplication:des 
semences, on dut nécessairement admettre que dans les expé- 
riences que j'ai rapportées, et dans lesquelles on a fait végéter 
des graines germées aux dépens seuls de l'eau et de l'atmo- 
sphère, la végétation s'opérait sans le secours de l'azote. Cette 
opinion était fortifiée par la difficulté, je puis même dire par 


-BOUSSINGAULT. — Sur la végétation. 25g 


impossibilité de faire grainer une plante ayant pour alimens 
uniques l’eau et l'air. On voyait effectivement que, dans ces con- 
ditions défavorables de culture, la graine, qui est la partie la 
plus azotée d’un végétal , n'était pas reproduite. On fut dès-lors 
conduit à supposer que l'azote, originairement renferimé dans 
la semence, se trouvait réparti dans l’ensemble de la plante 
chétive et incomplète qui en était issue. 

Dans la nature, l'accroissement d'une plante n’a pas lieu aux 
dépens seuls de l’eau et de l'atmosphère : les racines qui fixent 
un végétal dans le sol, y puisent aussi une portion notable de 
sa nourriture ; dans les conditions ordinaires, le développement 
d'une plante se fait par le concours simultané des alimens que 
les racines vont chercher dans la terre, et par celui des élémens 
gazeux que les feuilles enlèveut à l'air. Comme il est d’ailleurs 
reconnu que la nourriture fouruie par le sol est azotée, on à, 
pour cette dernière raison, considéré les engrais comme la 
source principale, unique même, de l'azote qui se rencontre 
dans les végétaux. Les observations de Hermbstæœdt, en mon- 
trant que les céréales cultivées sous l'influence des engrais les 
plus azotés, sont celles qui contiennent le plus de gluten, 


.donnent une certaine force à cette manière de voir : aussi 


Hermbstædt a-t-il conclu de ses recherches, que les plantes 
prennent dans les engrais la totalité de leur azote. 

Néanmoins, il est des faits agricoles qui tendent à faire pen- 
ser que, dans plusieurs circonstances, les végétaux trouvent 
dans l'atmosphère une partie de lazote qui concourt à leur 
organisation ; mais pour bien saisir la valeur de ces faits, il con- 
vient de discuter d’une manière générale la nature de l'aliment 
répandu dans le sol, et qui est recueilli par les racines. Laissant 
de côté toutes les idées hasardées sur l'influence des terres dans 
la végétation, je considérerai, avec Thaer, le fumier ou le ter- 
reau quien dérive, comme l'agent qui contribue le plus effica- 
cement à la formation des plantes, et j'admettrai que la force 
de végétation est déterminée par la proportion de sucs nourri- 
ciers qui se rencontrent dans le terrain ; entendant par sucs 
nourriciers cette partie du terreau susceptible d'être absorbée 
par les suçoirs des racinés, celle en un mot qui, toujours sui- 

, ei 


260 BOUSSINGAULT. — Sur la végétation . 


yant le grand agriculteur que je viens de nommer, constitue la 
fécondité, la fertilité du sol. 

Par les récoltes, le sol se trouve généralement épuisé , sa fer- 
lité diminue; mais cette diminution est loin d’être la même 
pour toutes les cultures. Les plantes vivant aux dépens de l'air 
et du terrain, on concoit que celles qui puisent largement dans 
l’atmosphère épuiseront d'autant moins le sol; on conçoit en- 
core que les récoltes totales , absolues comme celles des tuber- 
cules, de la garance , l’'épuisent au plus haut degré. Les récoltes, 
au contraire, qui laissent des racines dans le sol et des fanes 
sur le terrain, seront beaucoup moins appauvrissantes, puisque, 
par des labours subséquens, les parties abandonnées devien- 
dront de véritables engrais. Au reste, à parité de circonstances, 
les récoltes possèdent des propriétés épuisantes très variées. 
Thaer, qui a constamment cherché à introduire dans la science 
agricole une précision qui y était inconnue avant lui, a essayé 
d'exprimer par des nombres la puissance épuisante des diffé- 
rentes cultures. Sans présenter ici les rapports numériques 
qu'il a déduits de ses longues observations, rapports qui cesse- 
raient peut-être d'être vrais pour des conditions météorolo- 
giques différentes, je mentionnerai le résultat général auquel il 
est arrivé ,'et c’est que les plantes les plus nourrissantes, celles 
qui, sous un poids donné, peuvent nourrir le plus grand 
nombre d'animaux, sont précisément celles dont la culture 
épuise davantage le sol. 

Or, Thaer pose en principe que les engrais les plus actifs, 
ceux qui procurent aux terrains la plus grande fertilité, sont 
aussi ceux qui contiennent la plus forte dose de substances ani- 
malisées. D'un autre côté, J'ai fait vor, dans mon premier Mé- 
moire sur les fourrages, que ceux-là sont les plus nutritifs, qui 
renferment le plus d'azote. En combinant ces deux résultats, on 
trouve que les cultures qui exhument du sol la plus grande 
quantité d’azote, sont en même temps celles qui l'appauvrissent 
ie plus. 

Ceci rend donc probable que, pendant l'épuisement du sol, 
l’action épuisante s'exerce principalement sur la matière azotée 


qui fait partie des sucs nourriciers, et que, pour restituer à la 


BOUSSINGAULT. — Sur la vésétation. 26t 


terre le degré de fertilité qu'elle possédait avant la culture , il 
faut y brodé par les fumiers une quantité équivalente de 
cette même matière azotée. 

Mais si les cultures épuisent ones le sol, il en est 
aussi qui le rendent plus fécond : celle du trèfle, par exemple, 
est dans ce cas. Il parait qu’en laissant ses racines dans le ter- 
rain, et en y enfouissant, comme cela se pratique communé- 
ment, la dernière pousse, on rend au sol une quantité de ma- 
tière organique plus forte que celle à la formation de laquelle 
il a contribué , et qu’on a enlevée comme fourrage ; ainsi, tout 
compte fait, le sol a recu de l'atmosphère plus qu'il n’a fourni 
à la plante récoltée. 

Toute récolte verte enfouie dans le sot l’enrichit. La quantité 
de matière organique introduite par la semence est si minime, 
qu'on peut toutà-fait la négliger, et l'effet utile de cette pra- 
tique est évidemment produit par l'introduction dans le sol des 
‘élémens que la plante a soustraits à l'atmosphère. 

J'ai ditque les physiologistes ont reconnu que les plantes ne 
prennent pas d'azote à l'atmosphère. Cependant, d’après les. 
idées que j'ä exposées sur le principe efficace des engrais, on 
conçoit difficilement comment le sol, en recevant seulement de 
la matière organique non azoôtée, puisse acquérir une fécondité: 
telle que celle que lui communique la culture des plantes amé- 
liorantes, fécondité qui permet de faire une récolte abondante 
de végétaux alimentaires, et par conséquent riches en azote. Il 
y a donc lieu de croire que les cultures améliorantes, l’enfouis- 
sage en vert, les jachères, ne se bornent pas, comme semblent 
l'indiquer les expériences des physiologistes, à faire entrer dans 
le sol du carbone, de l'hydrogène et de loxigène , mais encore 
de l'azote. 

Tels sont les faits agricoles qui, dans mon opinion, rendent 
vraisemblable que les parties vertes des plantes sont aptes à 
s'assimiler l’azote de l’atmosphère. Dans plusieurs établissemens 
agricoles , c’est réellement à l’atmosphère que lagriculteur em- 
prunte les prineipes fécondans qu'il répand sur son terrain. Je 
né prétends pas parler ici de cultures situées dans des condi- 
tions très favorables sans doute, mais que l’on doit considérer 


262 BOUSSINGAULT. — Sur la végetation. 


comme exceptionnelles : tels sont les établissemens qui peuvent 
disposer des immondices des grandes villes, etc. Je considère 
maintenant une industrie agricole isolée et réduite à fabriquer 
ses engrais à l’aide de ses propres ressources; encore faut-il 
établir une distinction, et supposer une localité telle qu'il 
n'existe pas même de prairies naturelles irrigables, car, par les 
inondations, les prairies reçoivent de la matière organique étran- 
gère. Je prendrai pour exemple une ferme consacrée à la cul- 
ture des céréales , possédant par conséquent un nombre assez 
Himité de bestiaux ; on connaît par expérience la quantité d’en- 
grais indispensable, ainsi que le rapport qui doit exister entre 
la surface cultivée en fourrage et celle destinée à la culture 
du produit marchand. Je suppose l'établissement tout formé. 
Chaque année on exportera du froment, du caséum, quelques 
pièces de bétail. Ainsi il y aura exportation constante de pro- 
duits azotés sans qu'il y ait une importation appréciable de la 
même matière. Cependant la fertilité du sol ne s’affaiblira pas. 
On voit que dans de semblables conditions , la matière orga- 
nique continuellement exportée sera remplacée par la culture 
des plantes améliorantes , ou par les jachères, et l'art de lagri- 
culteur consiste à adopter l'assolement qui favorise le mieux et 


le plus promptement possible la transition des élémens de l’at- 
mosphère dans le soi. 


En résumant les faits favorables ou contraires à l’idée que les 
plantes prennent de lazote à l’atmosphère, on voit que lon 
peut considérer la question comme indécise , et c’est dans l’es- 
poir de la résoudre que j'ai entrepris les expériences qui font 
le sujet de ce Mémoire. 


J'emploie l'analyse, je compare la composition des semences 
à la composition des récoltes obtenues aux dépens seuls de l'eau 
et de Pair. Bien que les recherches dont je me suis occupé aient 
été spécialement entreprises dans le but d'examiner la question 
de l'azote, elles déterminent encore avec précision les élémens 
perdus ou acquis par les graines de trefle et de froment, pen- 
dant leur germination et leur végétation. J'étudie d’abord la ger- 
mination du trèfle ; je nomme premiere période de la germina- 


BOUSSINGAULT. — Sur la végétation. 363 


tion l’époque à laquelle les radicules sont développées ; la se- 
conde période est l'époque ou les feuilles séminales sont formées. 


PREMIÈRE PÉRIODE. 


Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.. 


28,893 de graine, contenant. .. : . . . . . . 1,222 0,144 0,866 0,173 
ont donné , graine-germée, 28,241, contenant. 1,154 0,141 0,767 0,178 
Différences. . . . . . — 0,068 — 0,003 — 0,099 + 0,005. 


DEUXIÈME PÉRIODE. 


Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azole. 


28,074 de graines, contenant. . . . . . . . - 1,054 0,124 0,747 0,149 
ont donné , graine germée, ï,727, contenant, :.. 0,817 0,104: 06,656 0,150. 
Différences. ... . . . — 0,237 =- 0,020 — 0,091 + 0,001 


L'analyse indique que pendant la première période de sa ger- 
mination, le trefle a éprouvé une perte totale de 0,068. Sa perte 
consiste en carbone et en oxigène ; le poids de l’oxigène perdu: 
est beaucoup plus fort que celui du carbone; la perte en hy- 
drogène ét le gain en azote sont assez faiblés pour se trouver 
compris dans les erreurs possibles de l'analyse. 

Durant la deuxième période de germination , le trèfle a éga- 
lement perdu du carbone et de l’oxigène; mais ici la perte en 
carbone surpasse ceile en oxigène. De plus, l'analyse montre 
une perte non équivoque en hydrogène. On retrouve dans la 
graine germée l'azote qui. existait dans le trefle avant la ger- 
mination.… ENT 

La. perte totale s’est élevée à 0,117. 

La germination du froment présente à l'analyse de. résultats 
semblables. à 


Je désigne par première période l’époque de apparition des 
radicules. 
par deuxième période l’époque à laquelle les jeunes 
tiges ont la longueur du 
grain. 


26/4 BOUSSINGAULT. — Sur lu végétation. 


“par troisième période celle à laquelle les partés 
vertes dominent dans la 
graine germée : les tiges 
avaient alors une longueur 
de 3 à 5 centimètres. 


PREMIÈRE PÉRIODE. — Le froment à perdu 0,028 pendant sa germination. 


* Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote. 


28,429 de froment, contenant... ....... RARE 1,132 O,141I 1,073 0,083 
ont produit froment germé, contenant. sise slt VISLTE 0,139 1,026 0,087 
Différences. .…...«°.. — 0,021 — 0,002 — 0,047 —- 0,004 


DEUXIÈME PÉRIODE. — Le froment a perdu 0,034 en germant. 


Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote. 


26,130 de froment, contenant... ,...4.... 0,993 0,124 0,940 0,073 
ont produit froment germé, contenant. ....... 0,938 0,121 0,929 0,075 
; E——— nn 2 mn 

Différences... ...... — 0,061 — 0,003 — 0,011 “- 0,002 


TROISIÈME PÉRIODE. — Le froment a perdu 0,16 en germant... 


Carbone. Hydrogène, Oxigène.  Azote. 


aër.,075 de froment, contenant... ........ 0,945 0,117 0,895 ‘0,070 
ont produit froment germé, 1,704, contenant. .…. o 04 0 104), 0,723 |} ‘0,07a 
Différences. 44/24 4 — 0 pe — 0018: — 0,172 ie 0,002 


Ces résultats généraux ; sur là germination ,-auxquels on est 
conduit par l'analyse, différent, comme on peut le voir, de ceux 
obtenus antérieurement, -en se bornant à étudier Paction des 
graines germantes sur l’air atmosphérique. 

La méthode manométrique employée jusqu’à ce jour 4 sans 
doute un grand avantage que n’a pas l'analyse : c'est de consta- 
ter directement les produits gazeux qui peuvent se développer 
pendant la végétation. C’est là la limite de son pouvoir. Les 
substances qui s'échappent sous un! tout autre état ne sont plus 
perceptibles par cette méthode, 

De son côté, l'analyse dernière est impuissante pour nous 


BOUSSINGAULT. — Sur la végétation. 265 


révéler la nature particulière des produits qui prennent nais- 
sance pendant la vie végétale, mais elle nous fait connaître avec 
précision les élémens bruts qui sont acquis, ou éliminés, quel 
que soit d’ailleurs l'état sous lequel ils abandonnent la plante 
ou viennent s’y fixer. 

Dans les premières périodes de la germination, par exemple, 
la méthode manométrique prouve qu’il se forme toujours, aux 
dépens de l'air, du gaz acide carbonique ; quelquefois élle indi- 
que aussi une absorption d’oxigène. On en a conclu que, dans 
cette circonstance, la graine perd du carbone: c’est ce que con- 
fivme l’analyse, mäis de plus elle accuse une perte en oxigène, 
et elle montre que cet oxigène ne se dissipe pas entièrement à 
l’état de l’eau. Il devient alors très probable que c’est unie au 
carbone, en formant avec les élémens de l’eau un composé non 
gazeux, qu'une partie de cet oxigène se sépare de la graine. 

M. Becquerel admet qu'il y a toujours formation d’acide acé- 
tique, lors de la germination. J'ai constaté le fait de l'acidité en 
faisant germer des semences sur une feuille de papier de tour- 
nesol. En reconnaissant avec ce savant physicien que l'acidité 
est due à de lacide acétique, il.est. évident, qu’alors, et par le 
seul fait de son apparition, une graine peut perdre en germant 
une partie de son carbone , autrement qu’en formant de l'acide 
carbonique avec l’oxigène de Pair; et, dans cette occurrence, 
il est probable que l’oxigène appartenant à la séménte , entre 
pour'quelque chose dans la composition de l'acide organique 
formé. 

Les élémens de la graine qui concourent à la production de 
cet acide ne sauraient être appréciés par les moyens eudiomé- 
triques , et l’on peut en dire autant de tous les produits non ga- 
zeux ; mais qui, volatiles comme l'acide acétique, peuvent se 
dissiper à l'état de vapeur pendant la dessiccation de la graine 
germée. | 

Cultures dans un sol privé d'engrais. 
Les graines ont été cultivés dans du sable siliceux, préalable- 


ment chauffé au rouge, pour détruire toute trace de matière 
organique. Les plantes ont été arrosées avec de: l'eau distillée. 


266 BOUSSINGAULT. — Sur la végètlalion. 


Ztésuliat de la culture du trèfle pendant deux mois ( septembre et octobre ). 


Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote. 
16,539 de grains, contenant. .......,:... 0,778 0,092 0,552 0,110: 
ont donné une récolte pesant 1,649, contenant... 1,298: 0,146 0,982 0,120 


Différences. «..,... + 0,500 + 0,054 + 0,430 + o,oro 


Ainsi, pendantune culture de deux mois, le trèfle paraît avoir 
un gain en azote ; la quantité d'azote trouvée en excès semble 
assez forte pour ne pas l’attribuer à une erreur ordinaire d’a- 
nalyse. La graine, ou plus exactement la plante qui én est issue, 
a pris à l'air et à l’eau, du carbone, de l’oxigène et de l'hydro- 
gène. Il est à remarquer que le rapport dans lequel se trouvent 


ces deux derniers élémens est précisément celui dans lequel ils. 
constituent l'eau. 


Culture du trèfle pendant trois mois (août, septembre, octobre). 


Carbone. Hydrogène Oxigène. : Azote. 
18".,586 de grains , contenant. .....s.seee 0,806 0,095 0,571 0,114 
ont produit une récolte pesant 4,106, contenant. ‘2,082 0,271 1,597 0,156 


Différences. ....... + 1,296 — 0,17 — 1,026 + 0,042 


Je passe maintenant aux objections que l’on peut élever sur 
l'exactitude de la méthode que j'ai suivie. 

Une critique sérieuse et qui a été faite toutes les fois que lon 
a voulu fixer le poids des élémens que les végétanx empruntent 
à l’eau et à l’atmosphère, est celle qui attribue une partie des 
élémens acquis par. la plante aux poussières qui voltigent conti- 
nuellement dans l'air. On ne peut nier la présence de ces pous- 


sières , et l'or peut soutenir qu’elles interviennent en agissant 
jusqu’à un certain point, comme le ferait un engrais; et comme 
il n'est pas douteux qu’une partie de ces poussières ne soient 
d’origine animale , on doit supposer, jusqu’à démonstration du 
contraire, qu’elles ont fourni à la plante l’azote qu’elle s'est ap- 
proprié pendant la végétation. 

Pour léver tout scrupule à cet égard, j'ai fait germer et végé- 
ter du trèfle dans un appareil qui met la plante complètement à 


® 


BOUSSINGAUTT. — Sur la végétation. 267 


l'abri des poussières qui sont tenues en suspension dans l’atmo- 
sphère, appareil qui peut offrir différens avantages dans les re- 
cherches chimiques sur la végétation :les résultats obtenus sont 
conformes à ceux déjà mentionnés. 

Au reste, les observations faites sur la culture du froment 
leveront toutes les objections qui auraient pour base l’interven- 
tion des poussières, car je vais montrer que le froment cultivé 
exactement dans les mêmes circonstances que le trèfle, pendant 
le même temps, dans le même lieu, n’a pas absorbé une quan- 
tité d’azoté appréciable par l'analyse; si l’on admet que les pous- 
siéres de l'air aient contribué à porter de Pazote dans les récoltes 
de trèfle, il tombe sous le sens qu’elles auraient du agir égale- 
ment sur les récoltes dé froment, 


Culture du froment pendant deux mois (septembre , octobre ). 


Carbone. Hydrogène. Oxigène.  Azote. 
181:,9%4 dé froment, contenant. : ;.,4,,.,..: 6,580 0,072 0,549 0,04 3 
ont produit üne récolte pesant 1,819, contenant. (WDOr, 03116 0,762 0,040 


. Différences. . .,:,.::. = 0,307 + 0,044 —- 0,213 + 0,003 


Culture du .froment péndant érois mots. 


Carbone, Hydrogène, Oxigène.  Azote. 
18,644 de froment, contenont. sensor) 0,767 0,095, 0,725 , 0,057 
La EE a pesé 3,022, centenant. oies 1,450 0,173 0,333 0,060 


= 


Différences. » » . « . . “+ 0,689 “re 0,078 — 0,608 + 0,005 


En résumant les faits contenus dans ce mémoire, on trouve : 

1e Qu'en germant , le trèfle et le froment ne gagnent ni ne 
perdent d'azote ; 

2° Que pendant la germination, ces graines perdent du car- 
bone , de l'hydrogène et de l’oxigène; et que la quantité de 
chacun de ces élémens, ainsi que le, rapport suivant lequel les 
pertes ont lieu , varient aux différentes phases de la germina- 
tion ; 

3° Que durant la culture du trèfle, dans un sol absolument 


Ca 


263 C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes. 


privé d'engrais, et sous la seule influence de l'eau et de Fair, 
cette plante prend du carbone, de l'hydrogène , de l’oxigène et 
une quantité d'azote appréciable par l'analyse; 

4° Que le froment cultivé exactement dans les mêmes condi- 
tions, emprunte également à l’eau et à l'air du carbone, de l'hy- 
drogène et de l’oxigène; mais qu'après une culture de trois 
mois, l’analyse n’a pu constater un gain ou une perte en azote. 


CRYPTOGAMES ALGÉRIENNES, Ou plantes cellulaires recueillies 
par M. RousseL aux environs d'Alger, et publiées 


Par le Docteur CAMILLE MONTAGNE. 


Dans un travail de M. Steinheil ayant pour titre : Matériaux 
pour servir à la Flore de Barbarie (1) , nous avons déjà fait con- 
naître un assez bon nombre d'espèces de plantes cellulaires re- 
cueillies à Bone par ce botaniste. Nous nous proposons de con- 
tinuer aujourd'hui cette énumération, en donnant la liste de 
toutes les espèces de plantes cryptogames que M. Roussel, na- 
guère pharmacien en chef de l’armée d'Afrique, a trouvées sur 
le littoral et aux environs d’Alger pendant un séjour de deux 
années qu'il a fait dans cette ville. On verra que M. Roussel, 
par des observations et des découvertes d’un grand intérêt, a 
su faire tourner au profit de la science les courts instans de loisir 
que lui laissaient les détails d’un service important. En effet, 
dans le nombre assez Brant des plantes cellulaires she nous 
devons à son zèle éclairé ,il s’en trouve de fort rares qu’on n’a- 

vait point encore rencontrées dans la Méditerranée. D’autres, 
en petit nombre, sont entièrement nouvelles et seront décrites 
ici pour la première fois. Quelques-unes, enfin, montrent, par 
une identité parfaite, la grande analogie qui existe entre la vé- 


(1) Voy. Ann, des Sc. nat, 2° sér. Bot. Tom. 1. p. 282. 


CG. MONTAGNE. — Cryptogamnes algériennes. 269 


. gétation sous-marine d'Alger et celle de Cadix, et fournissent 


de nouvelles données à la géographie comparée des Algues. 
Grâce aux laborieuses investigations de M. Roussel, la Méditer- 
ranée, qu'on avait cru , qu’on avait dit jusqu'ici ne posséder que 
deux Laminaires, les L. debilis et brevipes , vient de s'enrichir 
de trois autres espèces, les L. reniformis, elliptica et purpuras- 
cens'Ag. Cette dernière, il est vrai, avait été récemment trouvée 
à Marseille par M. J. Agardh et à Malaga par notre savant ami 
M. Webb. Plusieurs Halymenies nouvelles, un Dasya fort élégant 
chargé de fructifications, et un nouveau Plagiochasma que 
notre intention est de figurer, donnent beaucoup de prix à 
cette collection cryptogamique. Nous allons tâcher de la faire 
connaître du mieux qu'il nous sera possible. 


ALGÆ , Roth. 


1. Oscillaria limosa Ag. 
2. Calothrix fasciculata Ag. 
3. Bangia atro-purpurea Ag. 
4. Mesogloja vermicularis Ag. 
5. Zygnema deciminum Ag. 
6. Conferva ærea Dillw. 
7 — Linum L. 
8. —  proliferalL. 
9. —  glomerataL. 
10. — distans Ag. Cum icone Dillwÿniana à cel. Agardhio citstà om- 
pino congruens. 
11. Callithamnion plumula Lyngb. Ad alias Algas parasitans. 
12. Ceramium rubrum Ag. 
19° —  diaphanum Roth. ad Polysiphoniam fœniculaceam. 
14. — ciliatum Ducluz. 
15. Griffithsia corallina Ag. 
16. Dasya arbuscula Ag. 
17. Dasya ornithorhyncha Montag. ms. : fronde compresso-planä, bipin- 


natim ramosà, ramis vagis ramellos emittentibus laterales alternos in fila articu- 


lata solutos; stichidiis ovoideo-coracoideis , pl. 8. 


Has. Ad oras Africæ borealis prope Algerium inter rejectamenta maris Medi- 


\terranerinvyenit cl. Roussel. 


Dsscr. Cæspes ex individuis plurimis intricatis constans. Æyons compresso- 


270 C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes. 


plana, continua, uncialis et ultra, semilineam lata, altitudine feré sex linearum 
indivisa, demüm bipinnata, pinnis longis patentibus pinnulisque suberectis ju- 
gamento primario lineari homogeneis vagis aut suboppositis, per totam longitu- 
dinem ramellos emittentibus alternos brevissimos, sinu rotundato sejunctos , tan- 
dem in fila tenuissima penicilliformia semel vel bis statim ab origine dichotoma, 
articulata, articulis basi et apice diametrum æquantibus, reliquis seu medüs du- 
pl triplove eumdem superantibus, solutos. Fructus: süchidia s. receptacula bina, 
rar :solitaria  aut terna inter primam ramellorum bifurcationem sita, ovoidea 
apice incurva rostelli ad instar (unude nomen specificum traxi) brevissimè pedi- 
cellata quandoque subsessilia, sibi invicem concavâ parte opposita, limbo hyah- 
no cincta, globulis oblongis aut sphæricis serie quaternä transversim dispositis 
farcta. Betis areolæ totius frondis et ramellorum minutissimæ penta-hexagonæ 
vel irregulariter subrotundæ , quales in totà serie Floridearum continuarum ob- 
servantur, et de suà Dasyé plané cel. Agardh prædicat, nec, ut in hoc genere 
solenne est, lineares. Frons mollis, delicata, è cellulis hyalinis centralibus et 
aliis coloratis utjam diximus, subrotundis illas ambientibus composita est. Sub- 
stantia membranaceo-gelatinosa. Color purpureus, in globulis stichidiorum sa- 
turior , ad basim frondis in atro-sanguineum vergens. Chartæ et vitro adhæret. 
Species, si alia , insignis et genuina. 


Os. Cette espèce est voisine sans doute du Dasya plana, 
puisque comme lui elle a le réseau de sa fronde composé de cel- 
lules colorées arrondies et non linéaires. Nous ne connaissons 
le Dasya plana d'Agardh que par la description qu’il en donne 
dans le second voiume de son Species _{lgarum , description 
au reste qui, bien qu'incomplète, puisqu'il n’y est point fait men- 
tion de la fructification, convient pourtant sous plusieurs rap- 
ports à notre Dasya ornithorhyncha. 

Si nous consultons ce que dit M. Duby de ce Dasya plana, et 
surtout la figure analytique qu’il en a donnée à la fig. 3 de la 
pl. 11 de son second mémoire sur les Ceramiées, nous nous 
confirmons encore davantage dans l’idée que l'espèce algérienne 
diffère de celle de Trieste. Toutefois la figure citée de M. Duby 
ne pouvait lever les doutes qui doivent toujours naître du défaut 
d'échantillons authentiques, car elle représente le réseau de la 
frondle composé de cellules linéaires et les ramules articulés dès 
leur naissance, caractères qui s'accordent peu avec les termes 
de la description d’Agardh. En effet, ce savant dit positivement 
que le réseau de la fronde et de l'origine des ramules du Dasya 
plana ; est composé de cellules arrondies. 


C. MONTAGNE. — Cryptogames alsériennes. 271 


Ces doutes et notre incertitude sur la légitimité de la charmante 
espèce que nous venons de décrire, un habile algologue est fort 
heureusement venu les faire cesser. M. Chauvin, connu par sa 
belle publication des 4lgues normandes, nous a assuré avoir vu 
des échantillons authentiques du Dasya plana et que la plante 
d'Alger lui en paraissait tout-à-fait différente et absolument 
nouvelle. 

Afin de compléter ce qui reste à dire sur la fructification, 
nous ajouterons ce qui suit : Elle se compose, ainsi que nous 
l'avons déjà dit dans notre description, de deux corps ovoides 
acuminés en forme de bec obtus recourbé et portés sur un pe- 
dicelle qui acquiert rarement plus d’un dixième de millimètre 
de longueur. L'un de ces réceptacles, ordinairement plus déve- 
loppé que lantre, est souveut sessile à la base du pédicelle ; ses 
dimensions sont une longueur, d'un tiers de millimètre sur 
une largeur d'un peu plus d’un dixième de millimètre. 

Le second, sensiblement plüs-petit , mais égalant pourtant 
quelquefois le premier en volume, termine le pédicelle. On en 
rencontre parfois, mais fort rarement , un troisième qui n’a pas 
plus du tiers de la grandeur des deux autres. Ces organes, qui 
correspondent à ce que M. Agardh nomme des stichidies, sont 
placés dans la première bifurcation du rameau avant sa division 
en filamens articulés , et fixés en dehors de la division interne 
au-dessus du sinus arrondi que forme la bifurcation en question. 
1ls sont remplis de granules sphériques ou oblongs, d’un rouge 
pourpre et disposés quatre par quatre en séries transversales et 
longitudinales. Le volumede ces grains ou gongyles diminue de 
la base au sommet de la stichidie. 

Nous avons dit que les deux stichidies se regardaient le plus 
souvent par leur côté concave, mais le contraire s'observe aussi. 


| On peut les considérer comme le résultat de la soudure de quatre 


filimens articulés, dont le développement des articles, arrêté 
dans le sens longitudinal , se serait fait surtout dans le sens 


| transversal. 


De là, les gongyles, qui représentent la matière colorante des 


articles, disposés en séries quaternaires dans le sens transversal}. 


Nota. Ceci était écrit quand M. Duby nous informa par une 


272 c. MONTAGNE. —. Cryptogames algériennes. 


lettre en date du 14 décembre qu'il avait en effet été induit en 
erreur dans la détermination de son Dasyaplana, et que l’Algue 
qu'il a décrite sous ce nom dansle second mémoire sur les Cera- 
miées, ayant été vue depuis par M. J. Agardh, ce jeune savant 
lui avait affirmé que c'était une espèce nouvelle et point du tout 
celle que son père avait publiée sous cette dénomination dans 


le Species Algarum. 


18. Polysiphonia secunda var. adunca “Ag. — Montag. Hist. civ. polit. et 


nat. de l'île de Cuba, Plant, cell. PI. 5; fig. 2. * 


Oss. Nous avions déjà observé à Collioure, en Roussillon, des 
individus appartenans à cette variété. Ceux d'Alger étaient 
mélangés avec le Dasya arbuscula, le Sphacelaria scoparia et 
quelques filamens du Bangia atro-purpurea. Le type de cette 
espèce n'est pas rare dans la Méditerranée; je l'ai recu de 
Marseille, de Gênes et de Maguelone. J'ai aussi observé la va- 
riété adunca rampante sur les feuilles d’un Sargassum vulgare 
provenant de Cuba. 


19. Polysiphonia fruticulosa Duby. 

20. — fucoides Grey. 

21. — fæniculacea Spreng. 

22. Rytiphlæa tinctoria Ag. 

23. Sphacelaria scoparia Ag. 

24 :— Jilicina Ag. 

25. Cladostephus myriophyllum Ag. 

26. Vaucheria Dillwynii Ag. In fossés humidis. 
DT. dichotoma DC. 

28. Bryopsis Balbisiana Lamour. 

29. Codium tomentosurm Ag. 

30: —  adhærens Ag. 

31. —  Bursa Ag. 

32. Flabellaria Desfontainii Lamour. 

33. Valonia utricularis Ag. 

34. Enteromorpha Bertoloni Nob. E. intestinalis Lk. Ex Greville. 
35. Ulva Lactuca L. 


36. —  fasciata!! Delile. Egypt. t. 58. In rupibus marinis ad orientem 
Juliæ Cæsareæ sitis. 
37. — rigida Ag. 


38. Chondria (Laurencia) fastigiata Montag., ms. : frondibus cæspitosis sub- 


C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes. 293 


gelatinosis teretibus parcè ramosis , ramis vagis fastigiatis ramulos (ramenta) bre- 
vissimos apice incrassato pertusos ferentibus. 


Has. Ad rupes submarinas propè urbem Algerium. 


Dsscr. Frondes ag ggregatæ Cote parvulum fastigiatum efficientes , polli- 
cares, crassitie pennæ corvinæ , Statim à basi ramosæ, ramis flexuosis erectis sub- 
Par simulque sæplus concrelis. ARarmni undique vestiti ramentis brevibus, 
appressis ; ad apicem incrassatis. Color è sordidè viridi-lurido ad luteo-brunneum 
exsiccatione vergens: Substantia gelatinoso- cartilaginea. Fructus, modo sit verus 
granula minuta in apice ramentorum pertuso collecta, et per foraminulum tan- 
dem egredientia. 

Cum nul'â specie mihi cognità comparanda videtur genuina species. 


Os. On ne confondra jamais cette espèce, quand une fois 
on Vaura.vue, nt avec le Chondra obtusa var. Delilii Ag. dont 
elle n’est voisine que par les termes de sa définition, ni avec le 
C. papillosa dont la ramification, le port et tous les autres ca- 
ractères sont si différens. Si l’on excepte la grandeur, elle à quel- 


que ressemblance avec la fig.1,tab. 59 de la première Genturie de 
Buxbaum. 


39. Chondria (Laurencia) pinnutifida, Var. ängusta Ag: 


4o. — — — var. Osmunda Ag. 
41. — — oblusa As. 

42. — — dasyphylla Ag. s 
43.  — Ga (Gastridium) £aliformis As. 

44. — — uvaria Âg. 


45. Halymenia rentformis Ag. 


+ 46. Halyinenia marginata Roussel, in litt. : fronde membranacco-coriaceà 
oblongä vel A margine subtiliter incrassato affixâ. 


Has. ad Milleporas et Polyparios varios in littore Algeriensi propé Urbem 
Juliam Cæsaream crescit. 


Drscr. Hadix: Scutom parvulum ad vel prope marginem collocatum. Fons 
orbicularis oblongave plana , toto margine subtiliter incrassato undulata, 4-11 
| poll. longa, 4-7 poll. lata , junior membranaceo: coriacea demüm coriaceo-car- 
nosa. Fructus : granula minuta sparsa aut congesta ad superficiem frondis pro- 
| minenüa, quorum lapsu foramipibus pluribus variæ latitudinis frons passim 
| perforata remanet. Substantiu coriaceo-carnosa huic A. edulis omnind similis. 
Color etiam in omni ætate intensè puniceus ex cl. Roussel, exsiccatæ autem pur- 
puréo-sanguineus. 1e 

X Boran, — Novembre, 18 


274 C. MONTAGNE — Crypiogames algériennes. 


Os. M. Roussel qui a observé plusieurs fois cette Algue ir 
Loco natali, prétend et m’assure qu'elle est distincte de toutes 
ses congénères non-seulement par sa forme et sa manière de 
croître, mais encore par un petit bord saillant qui règne dans 
toute l’étendue de sa circonférence. Quant à moi,Je n'ose me 
charger de la responsabilité de cette espèce , persuadé que ce 
rebord , qu'on retrouve dans une foule d’autres espèces du 
méme genre ; dépend de l'organisation de la fronde et ne peut 
fournir un bon caractère diagnostique. 

Si l’on me demandait à quelle espèce connue je pencherais à 
rapporter l'Algue dont il est ici question , j'indiquerais, avec 
doute cependant, la variélé B media de VI. edulis Ag. Species 
Algarum tom. 1. p. 203, qui a été trouvée aussi dans la Médi- 
terranée, à Malaga. Tout ce que je puis affirmer, c’est que la 
structure de la fronde est celle que décrit le célèbre algologue 
de Lund. 


47. Halymenia ligulata var. Ag. 

48. Halymenia atgeriensis Montag. ms. : fronde tubulosà, membranaccà, 
iripinnatà, pinnis suboppositis, ultimisattenuato-obtusis. PL. 9, fig. 2. 

Has. Ad littora Africæ borealis propè Algerium hancce speciem rejectam in- 
venit cl. Roussel. 

Descr. Jiadix scutum parvulum. Ærons tripollicaris-spithamea, 2-3 poll. 
lata, idcired circumscriptione ovata, tubulosa, è jugamento latitudine quadrili- 
neari tripinnatim divisa. Pinnæ sensim angustiores, primariæ secundariæque sub- 
uppositæ patentes seu cum jugamentis angulum fere rectum efformantes, sinu 
rotundato , tertiæ tandem subattenuatæ apice obtusæ. Color lilacino-roseus, ex- 
siccatæ sordidè purpurescens. Substantia membranacea. Fructns.. deest in meo 
spécimine nec præsens, ul nunc maximè memini, inillis quæ inventori supersunt. 
An eadem cum 7. pinnulatä Ag.? in Bot. Zeit. phrasi insignità non autem de- 
scriptà. 

O»s. Qu'on se figure des échantillons d’Halymenia ventricosa 
régulièrement tripinnés au lieu d’être irrégulièrement rameux- 
dichotomes, et l’on se fera une juste idée de cette espèce. Je 
suis d'autant plus fondé à la regarder corame légitime, que tous 
les individus recueillis par M. Roussel offrent le même carac- 
tère. Ainsi, d'un côté, facies et organisation de l'AÆ.ventricosa, de 
l'autre, ramification de VA. floresia, moins ses innombrables dé- 
chiquetures, telle est la diagnose de cette Algue’très remarquable. 


| 
Î 


C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes. 273 
49. Halymenia furcellata Ag. 


:50.. Halyÿmenia Monardiana , Montag,, ms.: fronde coriaceä planä dichoto-= 
ma, segmentis dilatatis, axillis rotundatis, ultimis ceranoideis attenuatis sRAQUE 
ii 

H. mesenteriformis Monard, ined. ex cl. Roussel. 


Has. Ad oras Africæ borealis propé Juliam-Cæsaream hanc algam gemini fra- 
tres DD. Monard , posteà cl.. Roussel rejectam legerunt, 


Descr. Radix scutata. Frondes aggregatæ è basiplana 2-3 lin. lata mox in la- 
minam..expansæ, semiorbicularem, digitalem-spithamæam. crebrè : dichotomäm , 
axillis rotundatis. Segmenta cuneata dilatata demüm in Jacinias irregulares atte- 
nuatas vel quandoque spathulatas divisa. Fructus : puncta minima in segmentis di- 
latatis sparsa, hinc magis prominentia et glomerulos seminum minutorum globo- 
sorum purpureo-violaceorum in ætate tenerà limbo hyalino cinctorum includen- 
tia. Color purpureus in lurido-viridem vergens. Substantia in exemplaribus ex- 
siccatis chartam pergamenam satis refert. Chartæ Jaxe tantum vel non adhæret. 

Unicum vidi individuum , forsan ; jus frende orbiculari umbilicatà in- 
signe. ri 


Os. Je ne saurais donner une idée plus nette de cette Haly- 
ménie qu'en la comparant à certains individus du Sphærococcus 
crispus Ag., Chondrus polymorphus Lamour. (1). Si M. Roussel 
ne m'avait montré tous les passages entre les grands échantil- 
lons que l’âge décolore et rend comme cartilagineux, et les plus 
petits, qui sont d'un pourpre foncé et plus minces, quoique 
charnus aussi , 1e n'aurais jamais pu croire qu'ils appartinssent 
à une seule et même espèce. 

La structure est celle du genre, c'est-à-dire qu elle consiste 
en deux lames réünies par un tissu cellulaire plus lâche dans 
lequel se forment les glomérules des gongyles. Ceux-ci se déve- 
loppent à Alger en novembre. 

Les échantillons de cette Algue, que j'ai trouvés dans une 
collection appartenant à M. Boivin, ne different dé ceux col- 
ligés par M: Roussel qu'en ce que les extrémités des laciniures 
extrêmes, au’ lieu d'être acuminées, se terminent au contraire 

(t) Voy. Lamouroux , Dissertaf, sur plusieurs espèces de Fucus; ete, Là figure 35 de la plan- 
che 16 représente assez bien le port de quelques-uns de nos échantillons, On remarquera 
seulement que dans notre Algue la dichotomie commence dès Ja base qui est plane et non fili- 


forme. 
18, 


276 C. MONTAGNE. — Crypiogames algériennes. 

par une dilatation en forme de raquette ou de spatule. L'un 
d'eux, qui paraissait jeune, offrait une autre particularité : la 
fronde, attachée par le centre comme dans mon Halymenia 
depressa (1) (Halychrysis depressa Schoush. imed.), ne se divi- 
sait en lanières dichotomes qu'à quelque distance du centre. 
J'ai cru devoir noter ces anomalies, pour compléter autant que 
possible l'histoire de l'espèce. M. Roussel me dit que le point 
d'attache est presque toujours ombiliqué près du bord, de ma- 
nière à paraître marginal. 

En faisant hommage de cette espèce à MM. Monard, méde- 
-cins de Farmée d'Afrique, je paie un juste tribut à leur zèle pour 
‘la science qu'ils ont enrichie de découvertes aussi importantes 
-que nombreuses. 


51.-Sphærococcus (Phyllophora) Lactuca Ag. 


52. — — seminervis!!\ Ag. 

53. _— — nervosus Ag. 

54. _—_ (Chondrus) ÆZeredia Ag. 

65. = — repens Ag. Fucus furcatus Esp.tab. 095. 
fig.infer. 

56. — — norvegicus Âg. 

57. _ (Gelidium) pectinatus Montag. ined. — S. corneus, 


var. « pristoides Ag.— T'eledæma pecti- 
natum Schousb. ms. 


58. _ — corneus Var. € piinatus Ag. — Tucus hyp- 
59. — — noëdes Desfont. coronopifolius Ag. 
‘60. — (Rhodymenia) ciliatus Ag. 
61. — — verruculosus Ag. 
G2. — Et bifdus Ag. 
63. — ( Gigartina) oigartinus Ag. 
64. — — divergens Ag. 
‘65. — ue Griffithsiæ Ag. var nanus Nob. 


‘Ogs. Cétte variété, que M. Roussel a enlevée aux rochers 
sous-marins des environs d'Alger, en les ràclant avec un cou- 
eau, n’a pas plus de deux lignes de hauteur. Comme les échan- 
tillons sont bien fructifiés, nous avons facilement reconnu 
cette Algue que ses nemathèces empécheront toujours.de con- 


(1) Voy. PI rar. Hisp. el Lusit. auct. Webb. Pentas secundas 


| 


N y " à Le 
C. MONTAGNE. —- Cryptogames algériennes. 277 


fondre avec quelque autre que ce soit. Je pensais, au premier 
abord, avoir affaire à mon Sphærococcus (Chondrus) pusillus(1) 
trouvé par M. Steinheil sur les mêmes côtes de Barbarie ; mais 
la forme cylindrique de la fronde, et surtout la présence des 
nemathèces, m'ont vite montré que ce n'était pas lui. Je pos- 
sède une foule de variations de forme et de grandeur du S. 
Griffithsiæ ; je n’en vois aucune aussi rabougrie que celle-ci. 


66. Sphærococcus ( Gigartina) ustulatus Ag. Fucus. miniatus Draparn.?: 


67. — — musciformis Àg. 
68. Rhodomela pinastroides Ag, 
69. » — volubilis Ag. 


70. Bonnemaisonia asparagoïdes Ag. 
71. Alsidium corallinun Ag. Ic: Alg. europ.t. g. 


Oss. Mon savant ami de Notaris a retrouvé cette Algue à .Ca-- 
praja, si ma détermination est exacte. 


72. Microcladia glandulosa. Grey. 
73. Plocamium: vulsare Lamour. 
74. Delesseria ocellata Ag. 
79. — lacerata Ag. et var. uncinata.. 
76. — alata var. dentata Nob. 
77. Stilophora sinuosa Ag. Aufzahl. p. 17: — Encælium sinuosum ejusd. 
Spec. Alg. 
78- — clathrata Ag. lc. sub Encælio. 
79. Padina mediterranea Bory. 
80. —  squamaria Lamour. 
81. —  omphalades Montag. ms. vid. infra. — P. squamaria var. 
nigrescens Bory? 
82. —  Tournefortii Lamour. 
83, —.  adspersa Grev. 
84, Dictyota dichotoma Lamour. 
85. Haliseris polypodioides Ag. 
86. Laminaria reniformis Lamour. 
87. — elliptica Ag. 
88... — purpurascens Ag. 
89. Sporochnus Gæritnera Ag. 
go. Cabrera Ag. 
91. Scytosiphon filum var. & fistulosus Ag. 


(3) Voy. Ann. des Se, nat, 2° sér, Botan, t.1,p. 287 n° 57. pl. 13, fig. 9. 


278 C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes. 
92. Cystoseira ericoides Ag. 


93. —  sedoides Ag. 

g#.  — granulata L. var. Turneri Montag. vid. jus. 

95.; :— barbata Ag. 

96. — crinita Duby.— Fucus crinitus Desf. an reipsà à præce- 

dente diversa species ? 

.97- —  fæniculacea Nob. Fucus fæniculaceus. L. C. discors 
EUR var Ag. 

98.  — vpuntioides Bory, F1. Morée. 

99. — abrotanifolia Ag. 


100. NU Qu Ag. 


LICHENES, Fr. 


101. Verrucaria nigrescens Ach. ad, saxa calcaria. 
102. Collema turgidum? Ach. absque apothecis. 


103. —  crispum Ach. 
104. Lecidea decipiens Ach. 
10b. : vesicularis Ach. 
106. —  candida Ach. 
107. —  contigua Fr. 


108. Biatora vernalis Fr. 
109. Dirina Ceratoniæ Fr. ad cortices Citri aurantz. 
110. Par. melia scruposa Fr. 


(JLL. ——  pallescens B parella Fr. 
112. — cæsia b. tenella Fr. 
113. — saxatilis Bomphalodes Fr. 
114. —  crassa Fr. 
115. —  fulgens Fr. 


116. Roccella tincioria var. phycopsis Fr. 
119. Evernia villosa Fr. 


Nous devons ajouter à ces Lichens quelques autres espèces 
qui nous ont été communiquées par notre confrère M. Guyon, 
chirurgien en chef de l’armée d'Afrique. Il les à recueillies sur le 
plateau de Mansoura, qui domine la ville de Constantine. Ce 
sont les Parmelia crassa Fr., P. sordida var. sulphurea Fr., 
Verrucaria nigrescens Ach. et Lecidea immersa Kloerke. Leur 
croûte était ue sur des fragmens de Dolomie. Tous ces Li- 
chens sont communs chez nous. 


3. GAY. — De Caricibus quibusdani. 279 


FUNGI Fr. 


118. Uredo Ricin: Bivon. 

119. —  Ænagyridis Rouss. 

120. Æcidium Clernatidis DC. 
rat, — ‘Ferulæ Rouss. 
122. Bovista plumbea Pers. 
.128:..Geaster fornicatus Fr. 

124. Cyathus. vernicusus DC. 

125. Clathrus cancellatus. L. 
126. Clathrus (Coleus-) hirudinosus Nob. Coleus hirudinosus Cav. ct: 

Sech. Ann. Sc. nat., 2° sér. Botan. tom. III, p. 253, pl. 8. 
M. Soleirol a aussi vu cette espèce en Corse. 

127. Geoglossum glabrum Pers. 

128.  Peziza leucoloma Rebent. ad terram inter muscos. 

129. T'helephora hirsuta Pers, 


(Suite et fin. à un prochain cahier.) 


| 


DE CARICIBUS QUIBUSDAM 


| Munus cogruitis, vel novis, vel quoad synonymiam aut distri 
butionem geographicam illustrandis, imprimis de Michauxia- 
nis Boreali- Armericanis, et de genere novo ad Cÿperacearum 
trébum camdent pertinente. — Ad:Caricearum. historiam :. 
hanc qualemcunque suam sxmeoLan affert J. Gay. 


Caricum., adolescentulus adhuc Gaudinique alumnus , stu- 
diosissimus fui, Helveticasque cum magistro dulcissimo locis 
natalibus jam tüm conquisivi. Gallicas posteà et Pyrenaicas, ite- 
ratis itineribus, per montes et valles insectatus sum. Deindè quas 
Scandinavia ait, per Swartzium et Wahlenbergium , ferè omnes 
obtinui; sic et Scoticas per Hookerum,Grevilleum aliosque; Ger- 
manicas plerasque per Hoppeum, Reichenbachium, Alex. Braun 
aliosque; Mediterraneas, Corsicas imprimis, Sardoas, Neapolitanas 
et Græcas per Salzmannum, P. Thomam, Morisium, Tenoreumet 


280 I..GAY. — 1e Caricibus quibusdam. 


Martium. Sibiricas quoque plures ab amicissimo Fischero et 
à Bessero'Trinioque accepi. Americanas multas societas Esslin- 
gensis , herbarium Jacquemontianum, collectiones Drummon- 
dianæ postremæ obtulerunt. Quas in Terrà Nova Despreauxius 
anno 1828 collegit, à cl. Lenormand, botanico Virensi, ferè om- 
nes habui , 13 numero. Ità ut species undique collectæ, quæ in 
herbarium proprium convenerunt, centenas cum sexagenis su- 
perarent. Nuper verd Graminum et Cyp. mer. exsicc: centurias 
duas, quas Noveboraci cl. Gray anno 1834 et 1835 pubiici 
juris fecit, pulcherrimas, amici Surreio-Angli dono acceptissimo 
recepi, undè Carices Americanæ 62, quarum plures non- 
düm visæ, supellectili accesserunt ; quæ quidem adeptio operis 
præsentis præcipua fuit causa. Quum enim novi orbis botani- 
cos synonymiæ Michauxiaoæ avidos vidi, nec omnia dubia ad 
eam spectantia soluta esse agnovi, eamdemque, utpotè Mühlen- 
bergianà et Willdenowianà annis duobus anteriorem , ad spe- 
cierum nomina stabilienda plurimüum valere, archetypa  Mi- 
chauxiana, et in herbario Michauxii et in Richardi herbario 
(quem verum solumque Æloræ Boreali- Americanæ, ann. 1803 
Parisiis editæ, auctorem nôrunt omnes), cum speciminibus nuper 
vel priüs ex Americà receptis, sedul comparare studui, labore, 
si qui alius, operoso atque molesto , à quo ver dubia plura 
solvenda et plurima lux in species quasdam pessimè etiamnüm 
cognitas spargenda. 

Pensum peragentem adjuvit maximè ampla Caricum Ameri- 
sanarum series, quam Torreyus nuper , anno scilicet 1833 ; ad 
Jussiæum et Decaisneum misit. Hæc enim , à viris amicissimis 
communicata , comparanti semper coràm fuit, utilissima , undè 
scilicet nomina à cl. Cyperographo Americano proximè ante 
commentationem ejus postremain (anno 1836 editam) recepta, 
ex ipsissimi auctoris autographis cognovi. Scribenti alia quoque 
adfuerunt sive plantarum sive librorum adminicula permulta, 
in quorum numero opuscula Deweyi ad Carices spectantia 
mentione proprià digna sunt. 

In'quibus quum totus eram, herbariaque nostræ metropolis 
primaria meumque ipsius curiosius revolvebam, species mihi 
bene multæ, in collectione Michauxianà desideratæ, et obcuriores 


| 


3. GAY. — De Caricibus quibusdarn. 281 


aut novæ, Americanæ aliæ, aliæ ex orbe veteri, quædam Gal- 
licæ aut Helveticæ et Germanicæ, obviæ fuerunt, quarum ego 
nonnullas quoque illustrandras suscipere volui et, cum Mi- 
chauxianis, pro viribus illustratas hic quoque offero. 

Aliæ vero plures in Musæis Parisiensibus restant, innominatæ 
vel’extricandæ , eæ imprimis quas beat. Jacquemont in Emodo 
et per Indiam totam legit, pleræque jàm à Neesio ab Esenbeck 
in Wicar Inn. Bot. ad specimina Wallichiana tractatæ, non- 
düm vero  omnes,, ut ex unâ alterâve observatione didici, satis 
confirmatæ ; quasque in Peruviæ superioris Andibus Orbi- 
gnyus decerpsit; hæ omnes iterum observandæ. Quas si om- 
nes adgredi, omnes enucleare voluerim, laborem infinitum 
nec intra annum absolvendum viribusque fortè majorem mo- 
liturus fuissem. Præstant finita imperfectis. Ego igitur cur- 
sun in hoc stadio ibi retinere constitui, uhi species operis 
Michauxiani omnes absolutæ | quæstionesque aliæ nonnullæ 
resolutæ metam labori præfixam ostendebant. In quo labo- 
re, quamyis materia præsto, esset et observationes multæ 
jam pridem paratæ vel omnind elaboratæ, tres integros men- 
ses desudavi, ferias dum agebat augustus Galliarum sena- 
tus, cui officiis revinctus sum, et mihi otium studiis vacandi 
datum. 

Ecceigitur feriarum laborem , quem tibi nunc offero, lector 
benevole, in quo de vero et recto exquirendo atque adipiscendo 
unice fui sollicitus , quod quidem sæpè extricatu difficillimum 
fuit, nec semper à me plariè explicatum:confido. Carices et 
enim, si quod aliud plantarum genus, synonymià maxime iabo- 
rant.et specierum in uno eodemque libro , diversis nominibus, 
bis et ter vel decies occurrentium plagà ægrotantur, neque, 
quamvis à Schkuhrio olim viriliter æducatæ iconibusque fide- 
lissimis 1llustratæ fuerint, ab uno rursus medico nec mensibus 
tribus in plenam sanitatem restitui possent. Quæ igitur omisi, 
quæ minus firmè tractavi, condonabis , lector amice, et mihi 
favebis si quà aliquid felicius enodaverim aut novi aliquid in 
scientiæ emolumentum attulerim. 

Descriptionibus meis, quàm potui accuratissimèe elaboratis, 
subest ubique opinio, quam de utriculi origine et significatione 


282 1. GAY. — De Caricibus quibusdam. 

Kunthius nuper aperuit, me judice rectissima et ex Cyperacca- 
rum Graminumque visceribus deducta , cujus cognitionem ob- 
servationibus hinc et indè sparsis exemplisque aberrationum 
plurium , ejus opinionis veritatem commonstrantium , per or- 
bem eruditum spargere magisque et magis divulgare studui. 


Secundüm quam opinionem, utriculus sic dictus Caricum, 
aliis perigynium nuncupatus, neque ad fructum pertinet , quod 
veteres omnes Cum nuperorum multis crediderunt , neque 
e squamis duabus connatis et sibimet oppositis atque cum 
axi spiculæ alternantibus constat, uti Lindleyo anno 16:19 
visum est, sed squamà formatur unicä, axim inter et ova- 
rium posità , et bicarinatä , marginibus antrorsum plicatis et 
connatis ovarium amplectente, nec nisi cum eo deciduà. Quæ 
quidem sententia, cum ab utriculi quoad rachim spiculæ situ, 
paleæ Graninum interiori consimili, tüm à præsentià carinarum 
duarum huic quoque paleæ solemnium, item ab utriculo anticè 
sæpissimè longiüs quam posticè fisso , et in aberrationibus qui- 
busdam monstrosis deorsüm longiüs fatiscente,in £/ynà quoque 
stabiliter aperto et ad squamarum aliarum normam convexe 
explanato, demonstrationem facilem atque plenam, me quidem 
judice , nanciscitur. 

Squama similis, tubulosa quoque et bicarinata, ad basim pe- 
dunculorum observatur, quæ verd, à vertice plantæ nimium 
remota; partes nullas sexuales fovet , et circumcircà clausa more 
vaginæ tantummodo ramum amplectitur. 

Nec alia est vaginarum in foliis Cyperacearum quibuslibet, 
sive culmeis sive radicalibus quæ dicunt, natura et indoles, 
nisi quod.vaginæ, rotundatæ, gemmam abortivam, utriculi 
vero, bicarinati, ovarium in axillà recondunt. Utræque vero, 
squamæ scilicet utriculiformes et vaginæ foliorum, nodo axis cu- 
jusdam sive longioris sive brevissimi adnascuntur aximque 
aginatum supernè transmittunt, cujus brevioris et rachilla 
dicti internodium inferius in utriculis stipitatis manifestissimum 
est. In Schænoxrphio , Elyné et Caricum plurium aberratio- 
nibus rachilla ultra basin utriculi atque intra utriculum pro- 
currit, plus minüs longa et gracilis, apiceque squamas 1-3, 
plurimüum masculas, gerit, undè spicula partialis 2-4 flcra eva- 


| 


3. GAY. — De Curicibus quibusdam. 283 


dit, supernè mascula, inferne monogyna. Squamæ Yero super- 
additæ bicarinatæ non sunt, quemadmodüm squama inferior 
sive utriculus, neque marginibus connatæ, sed planè apertæ et 
unicarinatæ. 

Aliam formam acbilla intra utriculum producta in Uncini& 
induit, in quà flosculos nullos gerit, sed nuda et subulata api- 
ceque hamata ultra utriculum plüs minüus longe procurrit. In 
Carice. microglochide eadem, nuda quoque et subulata, ntri- 
culum parüm superat,, apice, acutata rectaque, non hamata. 
In Carice curvulä;utriculo parüm brevior est, perindè recta et 
sterilis, sæpius tamen cum flosculi rudimento in apice distincto. 
Ità etiam in Coleachyro, genere ejnsdem tribus novo, à me in 
hisce pagellis describendo , res se habet; ibi verd rachilla latis- 
simè alata , non filiformis, occurrit. In Caricibus plerisque ve- 
ris eadem prodit brevissima et vix aliter quàm oculis armatis 
distinguenda, sæpius plane desideratur. 

In plantis memoratis omnibus, rachilla eamdem significatio- 
nem habet, quà præsente utriculi quoque indoles mihi æque 
ac Kunthio extra omne dubium posita est. Est enim axis cujus- 
dam partialis seu rachillæ squama inferior et plerumque uni- 
ca, marginibus connatis flosculum fœmineum nudum et ra- 
chillam insuper ultrà squamæ basim sursûm continuatam vagi- 
nans. 

Utriculum aliquandd stamina includere Brownius olim ad- 
notavit (Prodr. p. 242), quod ego quoque in Carice glauca 
abnormi observawi et singulatim in hisce commentariis addità 
icone descripsi. 

Quæ de utriculo mox prædicavi Kunthius in familiæ et sub- 
tribus generisque charactere (Enum. IL, 1836, p. 2 et 368) 
carptim pressèque admodüm protulit; fusius quoque rem in 
disputatione proprià (1) tractässe videtur, quæ vero mihi non- 
düm nisi.ex titulo innotuit. 

Nova fortè sola est, nondum verd satis. firma, observatio 


(x) Uberdie Natur des schlauchartigen Organs!, welches in der Gattung Carex das Pistill 
und später die Frucht éinhült; in Wiegm. ‘Archiv für die Naturgeschichte, tom. I (1835), 
p- 319, tab, 6. 


284 3. GAY. — De Caricibus quibusdam. 


quam mihi fructus Caricum, anguli scilicet tertii directio , sub- 
ministravit. Caricum digynarum fructum esse compressum, et 
facies complanatas axi ut et squamæ exteriori obverti, margi- 
nes ver seu angulos, cum axe alternantes, ad dextram et si- 
nistram porrigi omnes nôrunt. In Caricibus trigynis fructus 
trigonus semper ‘est, quorum angulorum duo ad dextram et 
sinistram , ut in digynis, plurimum convertuntur. Angulus 
vero tertius, varià directione, in speciebus quibusdam anti- 
cus mihi, in quibusdam aliis posticus apparuit! Quam quidem 
differentiam ego solum in herbariorum speciminibus compres- 
sis, neque stabilem satis, quin potius admodum vacillantem 
observavi. Exempla quippè fructûs angulum tertium nuünc 
ad bracteam exteriorem, nünc ad axim, nüunc obliquè con- 
vertentis in unâ eâdemque Caricis specie nequaquam defue- 
runt. In quibusdam speciebus, tamen , certa quædam: fre- 
quentior directio indubiè comparuit , in aliis alia; quæ quidem 
in specicbus infra descriptis vel obiter tractatis ubique adno- 
tata est. Stabilior fortè eadem in vivis et junioribus plantis 
observanda notam suppeditabit gravem nndè meliorem ma- 
gisque naturalem specierum in cohortes divisionem arcessere li: 
céat, eà è sexuum versipelli distributione, quà auctores ad novis- 
simos usquè omnes abutuntur. Ego vero , otio nünc egens , rent 
infectam relinquere cogor. 

Datà occasioné de embryone quoque Caricum volui oi 
rere, de cujus in Cyperaceis situ bipartito auctores dissentiunt. 
Embryonem Gærtnerus scilicet et descriptionibus et Cyperacea- 
ram quarundam figuris , tab. 2, fig. 2 , 3, Get 7, in albuminis 
basi inclusum monstravit. En RUR quoque Richardus, carpo- 
logus summus, in scriptis et in plurium Cyperacearum figuris, 
in Curice scilicet depauperatà , Sclerié gracili, Scirpo mariti- 
mo et supino declaravit (Conf. Anal. du fruit, 1808, p. 79; 
Exam. crit. Mem. Mirb., 1811, p. 41 et 42; et Anal. embr. en- 
dorh., 1817, tab. 1, fig. 12-21). Sic et Mirbelius in Schæno 
nigricante , Cypero longo et Carice vulpin& (Exam. de la div. 
des végét. endorh. etexorh., 1810, p. 17. tab. 1,2 et 3). Aliter 
ver du us qui Cyperacearum embryonem ir basi seminis 
extra albumen positum affirmavit, remque observatiombus plu- 


3. Gay. — De Cäricibus quibusdam. 285 


ribus confirmässe scripsit (Prodr. Nov. Holl., 1610, p. 212). 
Cujus auctoritate freti auctores deinceps ferè omnes embryo- 
nem Cyperacearum #2 basi alburminis inclusum unanimo con- 
sensu proclamärunt. Solus enim quem noverin Mirbelius for- 
tuito, in solius Scirpi lacustris figurà, loc. supr. cit. tab. 3, 
distincté externum delineatum embryonem obtulit. Serius verd 
omnes à sententià Brownianà deflexerunt et Gærtnerianamrursüs 
amplexi sunt,quam conversionem jam anno 1830 effectam video, 
à quo vero orsam primÔ mihi nondum satis liquidum.Quod qui- 
dem;,an jure an immerito erga Cyperaceas universas ego non 
dicam. Ego enim embryonemCyperacearum non è Scérpis ant Cy- 
peris , nec à ScZerié aut Schæno, sed è Caricibus duabus solum- 
modo novi, nempè è C. depauperaté et C. hordeiformi ; in qui- 
bus vero Brownii sententia apertè prævalere mihi visa est! Ibi 
namque embryo, quoad formam turbinatus et minutissimus , 
albumine certo non includitur, sed embryoni albumen insidet, 
inde quasi stipitatum, eâdem ferè ratione quà lignum armatæ 
sudis ferro insidet, nisi quod ferrum acumine interiore lignum 
penetrat, embryo vero, supernè planus vel modicè convexus, 
in albumen nullo modo intromittitur. Baculi tamen basis arma- 
ta formam seminis integumento proprio nudati, embryonem 
albumini subjectum offerentis, non male refert. 
EmbryonemCyperacearum Brownius non solüminseminisbasi 
extra albumen positum prædicavit, verum etiam homogeneum , 
hoc est solidumnuilâque sive radiculà sive cotyledone distinctum. 
De cujus fabricà internà observationes ego nullas institui. Pa- 
radoxa tamen nimium Brownii opinio videtur. Richardus certe, 
carpologus summus etsubtilissimusspermotomus, vaginam coty- 
leoneam cum radiculà in cavitate quâdam embryonis suprabasi- 
lari excentricà reconditam , minutissimam , nec nisi ope micros- 
copü distinguendam vidit, quod quidem in Caricis depaura- 


| 4æ, Scleriæ gracilis, Scirpique supéni et maritèmi figuris supra 
citatis clarèé expressit, cui ego talibus in rebus fidem habeo maxi- 


mam. 


286 3. GAY. — De Caricibus quibusdarn. 


 DECAS PRIMA. 


1. CAREX FiIsCHERIANA N. 


C. radice stoloniferà ; culmo trigono , scabro , foliis condu- 
plicatis angustissimis fere capillaceis longiore; floribus dioi- 
cis; spiculà solitarià, teretiusculà ; squamis foœmineis ovatis, 
obtusiusculis; utriculis squamäà ferè dimidio longioribus, lanceo- 
latis, apice basique ferè æqualiter attenuatis, planc-convexis, 
glaberrimis, utrinque plurinerviis, margine scabriusculis , ore 
subintegro ; à 2. 


Carex Davalliana. Fisch.! in Jitt., non Smith. 


Habitat in Sibirià Trkutianà , ad flumen Tunka (Tourtchaninow, ex Fisch.! }. 

Affinis Davallianæ, notis tamen pluribus diversa, etsine dubio propria species. 
Radix fortè repens , certo stolonifera nec ut in C. Davallianä planè fibrosa. 
GCulmi breviores, cum foliis tenuiores. Spicula mascula gracilior. Fœminea spi- 
cula multo angustior, 7-9 nec 12-18 flora. Squamæ è fulvo-rufæ nec fuscæ , apice 
et ad latera supra medium multo latiüs albo-marginatæ. Utriculi pauld minores, 
tenuiùs membranacei nec infernè suberosi , rufi nec atrofusci, basi in cuneum at- 
tenuati nec ferè rotundati, apice multo breviüs acuminati vixque magis quam 
basi attenuati , angulis obscuriùs denticulatis (ubi tamen supernè serraturæ 2-3 
- apparent) nervis lateris antici 6-8 , magis distinctis, basi in stipitem decnrrenti- 
bus atque in angulum acutum confluentibus, nec ex utriculi puncto suprabasi- 
lari quasi flabellatim divergertibus , ore utriculi subintegro nec distinctè mem- 
branaceo-bilobo. Achænium ut in C. Davallian sessile , stramineum. Stylus 
filiformi-conicus, persistens, utriculi parte supra achænium vacuâ et ipso achænio 
dimidio brevior, nec partem vacuam æquans et achænium ferè superans. Stig- 
mata graciliora tenuiisque pubescentia , parte exsertà dimidio breviore.. 


Inter species mihi ignotas etin Kunth. Enum. descriptas ad 
nostram sola C. Redowskiana et C. leiocarpa tantillûm accedere 
videntur, quarum prior culmo lævi et utriculis lævibus ore 
bilobis, posterior foliis planis! et utricu!is lævissimis distinctis- 
sima est censenda. Utriculi in meo specimine erecti et erecto- 
patuli, an unquàm ut in €. Davalliané ad horizontem pa- 
tentes? 


1. GAY: — De Caricibus quibusdam. 287 


2. GCAREX DECIPIENS N. 


C. radice fibrosà; culmo obtuse trigono , Iævissimo, foliis 
conduplieatis angustissimis filiformibus longiore; spiculà solita- 
rià , teretiusculà , androgynà, apice Aout squamis foœmineis 
oblonso-ellipticis , acutiusculis; utriculis squamà longioribus, 
stipitatis, plano-convexis, lanceolatis, in rostrum longiusculum 
acuminatis, glaberrimis, lævissimis, enerviis, ore indivisis, 
primo erectis, demüm reflexis ; stigmatibus ». 


Carex macrosty lon ? Lapeyr. Abr. Pyr.(1813)p. 562. 


C. macrostyla ? Decand. FL fr. suppl. (1815) p. 287. — Duby 
Bot. Gall. 1. (1828) p. 488.—non DC. herb! cujus specimen uni- 
cum ad C. pulicarem spectare visum est. 


C. decipiens. Gay! in soc. Essling. PI. Pyr. exsicc. ann. 183r. 
— Ejusd. in Ann. sc. nat. xxvr (1832), p. 200, et Notice sur Endr. 
(1832) p. 21. 


Habitat in Pÿrenæorum occidentalium et centralium regione subalpinä et al- 
pinà, inter 700 et 1200 hexap., locis graminosis siccis; supra thermas Caute- 
| res, proxime infra Ze pont d'Espagne ( Gay!) et ad lacum de Gaube (En- 
dress! ); porro in monte Port de Marcadau, per quem ad Aragonenses ther- 

mas Panticosa ex Cauterets profectis iter est, australi et hispanico montis pro- 
| clivio, supra arborum terminum atque juxta casas pastorum editiores(Gay !); de- 


| nique inter summum montem Port de Benasque etm. Port de la Picade , 1200- 
| 1300 hexap. s. m., longè supra arborum terminam (Endress!). — Julio medio 


| | florentem ego legi, se DS ineunte fructiferam Endress. 
$ 


| Speciem à me ante sexenninm in -hisce ipsis Ephemeridibus 
| propositam nemo auctorum hucusque animadvertisse videtur. 

| Quare eam iterum fusiusque describere volo speroque fore utite- 
:rüm prolata, et in aliarum specierum consortio, monographo? 
‘rum oculos tandem feriat. 


Radix fibrosa, densè cespitosa, fasciculos plurimos , ‘alios fertiles stériles 
| alios, emittens , viticulis in cespitis ambitu vix ullis Cquem radicis processum ho- 
irizontalem in multis observotis speciminibus non nisi semel vidi, unciam dimi- 
| diam longum). Folia in fascieulo quolibet 5-7, erecta vel falcatim patentia, 3-4 
| une. longa, angustissima et quasi filiformia, conduplicata ; obiusè carinata , in- 


288 3. GAY. — De Caricibus quibusdam. 


fernè lævisstma, supernè ad marginem scabriuscula , apice acutè triquetra et 
facie canaliculata, margine et ad carinam scabra, plicata +, explicata + lin. 
lata, vaginis fuscis, striatis. Culmus filiformis, strictus, obtnsè trigonus, lævis- 
simus, florifer triuncialis, longitudine foliorum, demüm 6 maximüm 10 uncialis, 
foliis dimidio longlor. Spicula unica, ebracteata , cylindracea , apiee basique at- 
tenuata, 7-9 lin. longa, 1 5-2 lin. lata, androgyna, apice mascula, flosculis mas- 
culis suduodenis, fœmineis 8-13, rachi lævissimà , trigonà , ponè flosculos fæmi- 
neos in canaliculum excavatâ. Squamæ fœmineæ pentastichæ, laxiusculæ, 1 2-2 
lin. longæ, oblongo-ellipticæ, acutiusculæ , castaneæ, albo-marginatæ, nervo 
carivali viridi, sub apice membranaceo evanescente, maturo fructu deciduæ 
masculæ persistentes , arctè imbricatæ, elliptico-lanceolatæ, fuscæ, margine pal- 
lido. Stamina 3, filamentis angustissimé linearibus, autheris demüm longius- 
culè exsertis, squamä plus dimidio brevioribus. Utriculi (maturi) laxi, squa- 
mà + longiores , 2-22 lin. longi, longiusculè stipitati, lanceolati, membra- 
nacei, glaberrimi, enervii, anticè convexiusculi fuscique et luciduli, pos- 
tüicè planiusculi virentes, apice Jlongits et in subulæ formam attenuato-ros- 
trati, rostro supra achænium un. lin, longo, ore membranaceo, anticè parùm 
fisso, cætertm indiviso, rard distinctè bidentato, primo erecti, nervis carina- 
libus de more ad dextram et sinistram positis, mox converso stipite ità obli- 
quati ut nervi carinales anticus et posticus videantur , serà æstate demüm, ut in 
C. pulicari, refracto stipite planè reflexi et resupinati, parte priùs anticà nünc 
posticä. Achænium sessile, 1 + lin. longum, uütriculo rostrato : brevius, com- 
pressiusculum , elliptico-oblongum, obtusangulum, nervulo filiformi circumsCrip- 
toum, totum olivaceo-fuscescens et impresso-subtiliter punctatum, apice basique 
obtusum nec attenuatam, basi anticà stipatum stipitis rudimento exiguo, filifor- 
mi, partem achænni vix decimam æquante, nisumque ad Uncinian monstrante. 
Stylus longitudine rostri, tenuis , fragilis, persistens, infra medium glaber, su- 
pra medium (ubi stigmata connata stylum continuant) pubescens. Stigmata 2, 
gracilia, scabra , longitudine fere dimidi utriculi. 


Os. 1. Stüirpem C. pulicari proximam distingunt 1° utriculus 
apice in rostrum longiusculum acuminatus nec apice basique 
æqualiter parumque attenuatus, pars nempè utriculi supra 
achænium vacua dimidio longior, un. lin. non ? lin. longa; 
2° stylus supra medium pubescens nec totus glaberrimus ; 
3° culmus fohaque crassiora et firmiora; 4° indoles denique phy- 
siologica, quà Alpium frigidiorum proclivia sicca adfectat, nec 
in planitiei aut montium humiliorum paludibus turfosis vitæ 
conditiones invenit. 


Oss. 2. Notis pluribus à C. nostrà, Caricem macrostylon Tap., 
ex ejus descriptione, videlicet radice repente, utriculis squamà 


3. Gax. — De Caricibus quibusdam: 289 


duplo longioribus ; erectis, nec démuüm reflexis, ét stigmatibus 
lôngissimis, differre quis non crediderit? Cæteris vero, imprimis 
quoad utriculi formam, atque stationem alpinam et affinitatem 
cum C. pulicari summam , descriptio ejus tam benè cum specie 
nostrà quadrat, ut nullus dubitem quin stirps, levi manu des- 
cripta;, plane. eadem sit ac nostra. Rejiciendum vero , utpotè à 
falsä fructüs ‘stylique notione sumptum, nomen Peyrusianum , 
quo jàm decepti, stirpi aut non Visæ aut obiter inspectæ stylum 
longè exsertum præbuerunt Decandolle et Duby, qui utriculum 
nunquàam superat. Non enim stylum, sed utriculi, rostrum elon- 
gatum vidit Peyrusius, undè stirps;macrorhynchos potius quàm 
macrostylos nuncupanda. Nomen verd nostræ minüs:-quàam aliis 
multis Caricibus convenit, et {oncirostrem Torreyus Caricen 
Americanam à nostrà diversissimam jäm appellavit. 


3. CaAREx GUTHNICKIANA N. 


C. ait fibrosà; culmo obtuse tigone, lævissimo, foliis pla- 
niusculis anéustis vix longiore; spiculà solitarià, gracili, elongatà, 
androgynà, apice nant: ; Squamis fœmineis laxissimis, remo- 
üs, oblongo-ellipticis , obtusis; utriculis squamà longioribus, 
sessilibus, plano-convexis, oblongo-ellipticis, in rostrum lon- 
giusculum subabruptè attenuatis, glaberrimis, lævissimis, basi 
utrinque striatis , ore indivisis, primo erectis, demum reflexis ; 
stigmatibus 2. 


Habitat in insulis Azoricis, anno 1838 duobus locis à el. Guthnick lecta 

er 258) 0] 
rempè intra craterem insulæ Fayal, et in insulâ Pico ad latera montis ejus- 
dem nominis celsissimi, altitudine circiter 1 500-2000 ped., Junio et Julio fructi- 
fera. Specimina, inventor, nuperiimè vixque ab itinere Azorico redux, commu- 
nicavit. — Crescit locis humidiusculis, non vero turfosis qui toto archipelago 
Azorico prorshs desiderantur. 

C. decipienti proxima, sed notis pluribus distincta. Fasciculi ex unà dite 
paucissimi, laxi, nec densè cespitosi, steriles 4-6 fertiles 2-3 phyll. Folia 
duplo longiora, omnia falcatim divergentia nec pleraque stricta , semiplicata , 


| ideoque in herbario plana et + lin. lata, nec semper arctè canaliculaio-condupli- 


cata, apice solüm scabriuscula nec margine toto serrulato-scabra, vaginis culmum 
yestientibus multo longioribus , interiore 2-2 ! unciali, quæ in C: decipiente - 


unciam maximüm longa. Culmus longior, debilis, in 3 vis. speciminib. o une. 
X. Boran., — Novembre, 19 


290 3. GAY. — De Caricibus quibusdam. 


longus, longitudine foliorum sterilium , suis vero foliis tertiä parte longior ; qui 
in C. decipiente folia omnia longe superat, rigidulus , strictus. Spicula unciam 
et paulo ulträ longa , parte masculà longiore et tenuiore, cylindraceà, flosculis 
fœmineis 8-9 , laxissimis , nec imbricatis, internodiis dimidio longionibus, infe- 
riore 2 lin. et ultrà longo, rachi ad angulos scabrà nec lævissimàä. Squamæ mas- 
culæ arctiùs imbricatæ, obtusissimæ, apice minutius ciliolatæ nec glaberrimæ ; 
fœmineæ breviüs ellipticæ, obtusæ, palhidiores, apice ciliolatæ non glabræ. Fi- 
lamenta 3, breviora , squamam demüm æquantia nec superantia. Antheræ non 
visæ. Utriculi sessiles nec stipitati, abruptiùs rostrati, ventre + latiore, oblongo- 
elliptico non lanceolato, utrinque viridulo, nec antice fusco , posticè à basi ad 
medium distinct 4-5 striato, basi anticà flabellatim 7-8 striato nec utrinquè 
enervi vel obscuriüs striato, rostro ut in €. decipiente , similiter integerrimo 
nec bidentato , fissurâ antic distincte longiore, ferèque in medium usque ros- 
trum descendente, fortuito etiäm ( quod semel vidi) ultra ventrem medium pro- 
ductà. Achænium (maturum) paulè longius et latius, magis compressum , ellipti- 
cum, viride, lævissimum, nervulo Gliformi similiter circonscriptum et basianticâ 
rudimento stipitis filiformi brevissimo stipatum. Stylus ejusdem longitudinis et 
indolis, sed totus glaberrimus nec supra medium hispidulus. Stigmata eadem. 


Hisce notis stirps à C. decipiente recedit, quibus recognitis 
non possum non pro specie distinctissimà habere. Differt quo- 
que climate loci natalis diversissimo, humido nempè et tempe- 
ratissimo, ut pot gelu nivisque planè experte. 


4. Carex pivisa Huds. 


C. longe repens; culmo folis planis angnstissimis longiore, 
acutiusculé trigono, supernè scabriusculo ; spiculis 5-10 , sessi- 
libus, in capitulum oSlongum , confertum vel basi interruptum, 
basi bracteatum vel nudum aggregatis, androgynis, apice mas- 
culis; squamis ovato-oblongis, acuminato-mucronatis ; utriculis 
squamam æquantibus , erectis, sessilibus vel stipitatis, non 
marginatis, plano-convexis, utrinque nervatis , supernè ad cari- 
nas scabris, ventre elliptico, in rostrum breve vel brevissimum 
et acute bidentatum plüs minus abruptèe acuminato; stigmati- 
bus 2. 


Stirps per Europam occidentalem et austraiem latissime diffusa , ut plurimum 
waritima, nou nisi raro in terris interioribus occurrens. Ad Oceani httora nasei 
locis benè multis, testimonia Britannorum , Gallorum et Lusitanorum ( Brot: 
FI. Lusit, 1. p. 61 , sub C. hybrid& ) docent , sic et specimina plura à me visa, 


| 


| 


3. GAY. — De Caricibus quibusdam. 201 


Scotica, Gallica (ex Abbatisvillà, Portu Gratiæ, Harcfloro, S, Nazarii fano ad ostia 
Ligeris, Burdigalà et Pauillac), Asturica et Canariensia, hæc tamen postrema è 
sol Canamä magnà (Despréaux ! in herb. Webb!) nec ex ullà aliâ Archipelagi 
Canariensis insulà profecta.— Circa mare Mediterraneum, orà Hispanicà, Gallicà 
atque Italicä, frequentior eadem, et ubique fere obvia, sic etin Corsicà, Sardinià, 
Siailià et Jonüs msulis, etiàm in sinu Adriatico imo | Host , Hoppe, Moric.), in 
Græcià (Berger !), in Aegypto (Delile, Nectoux !), circa Hipponem (Steinheil !) 
Algeriam ( Desf.!, Schimp.!, Bove!), et Tingidem ( Salzm.! ). — Nec maris 
Mediterrani limitibus continetur, quippe quæ Tauriam quoque incolit et usque 
ad-mave Caspium, provinciam scilicet Albanopolitanam (C. A. Mey. Verz. p. 30) 
procurrit. — Locis quoque à mari plus minùs rémotis hinc et indé oceurrit, 
nempèé in Iberiæ orientalis montibus Talüsch prope pagum Swant (Meyer L:.e.), 
in Transsilvauià (Baumg. jo in Pannonià ( Host ), nominatim circa Posonium 
(Eudlich.), in Austriä inferiore circa Vindobonam (Host), in Gallià circa Pari 
sios (Thuill.!), Andegavum (Bast., Desv. Guép.), Aginnum (S. Am. et Chaub.!), 
Milhau ( Prost{), Avenionemi ( Req.!) et Aquas Sextias (Maire! ), denique in 
Hispanià circa Aranjuez ( Humb.! in herb. Desf. Y. 

Species distinctissima cognituque facilis, quæ vero, propter 
locorum quibus occurrit diversitatem , atque ob utriculos pau- 
lulüm variabiles, multis fucum fecit, et speciebus ex un plu- 
ribus condendis ansam præbuit, undè synonymis ad hanc usque 
diém maximè gravata et obscurata remansit. 

Rectæ ejus cognitioni obfuit imprimis utriculus apicem versus 
subinembranaceo-marginatus a Goodenowio et Candollio dictus, 
maroinatus à Bertolonio et Reichenbachic, margine membrana- 
ceus Moricandio, rnarsine subalatus Smithio, Deglandeo, Me- 
ratio atque Dubyo, margine alaius Guepino et Brebissonio, qui 
margine proprio re verà prorsüs caret et ad carinas vix aC ne vix 
incrassatus apparet. 

Synonyma, novissimis temporibus, primo Sprengelius, deinde 
Reichenbachius etKunthius, bene exposuerunt. Exclusam, apud 
Kunthium (Enum. 11. p. 372) solam ©. mmarginatam Gort. (FI. 
sept. Prov. Belg. fœd., 1581, p. 247) atque C. schænoidem Dec. 
Fl. fr. vellem, quarum posteriorem ipse auctor cl. à €. divisä 
diversam declaravit { FI. Fr. suppl. p. 289), prior vero, ex no- 
mine specifico, utriculum marginatum significante, et ex citate 
Michel synonymo longè alia species videtur ; varietas quoque, 
à Gortero in adnotatione memorata, ad ©. intermediam procul 
ferè dubio pertinet. Quare C. ivisa, nullà alià auctoritate in 


19. 


292 3. Gay. — De Caricibus quibuisdam. 
floris belgicis admissa ( V.-Hall. FI. Belg. sept. p. 650, Dumort. 
Florul. Belg. p. 146) eliminanda certo est. 

Hujus loci esse C. hybridam Lam. (ex Abbatisvillà), €. schœ- 
noidem Thuill. ! Desf.! et Urvill.! C. Bertoloni Schk. (quæ 
C.‘cuspidata Bertol.), C. splendentem Pers. , et C. Fontanesia- 
nam Poir. (quæ C. schœnoides Desf.!), cum auctoribus suprà 
citatis certissimé credo, quarum plerasque , utpotè speciminibus 
authenticis collatas,-admirationis signo confirmatas offero. De 
C. schænoïde Host., quin ad C. divisam quoque pertineat, ex 
pulcherrimà icone in Gram. Austr. 1. tab. 45. minime dubius 
sum. Quare Kochium optimum, stirpem Austriacam iterum à 
C. divisä distinguere tentantem (F1. Germ. Synops. p. 750) pro- 
bare nequeo. 

Ex iconibus citatis pessimæ sunt Good. in Linn. soc. Trans. 11, 
tab. 10, fig. 2 (C. divisa), quam rectuisam Schkuhrius in Car. 
tab. R. n° 61, tradidit, et Smith Engl. Bot. xvi. tab. 1096 (C. di- 
visa); optimæ, Schk. Car. Suppl. tab. Vv. fig. 61, spicam cum 
floris partibus exhibens (C. divisa) et Rrrr. fig. 208 (C. Berto- 
lonii), item Host Gram. Austr. 1. tab. 45( C. schœnoides) et 
Sturm Deutschl. FI. fasc. 55 (C. schænoides); nec repugnat 
Schk. tab. Qqq. n° 157 (C. austriaca). 

Stirpes non solum supra memoratas omnes in unam conjun- 
gendas esse cum Spreugelio et qui eum secuti sunt censeo, 
verüm etiam alias plures, quæ pro speciebus diversis seorsim 
adhucdüm enumeraniur, prout synonyma C. divisæ subjungen- 
das esse puto. 

Juncus Gramiris Cyperoidis radice , tenuifolius , elatior. 
Barr. Le. (1714) p. 49. n° 499. fig. 118. n° r. Procul dubio, cùm 
ex icone, tüm ex herb. Vaill.! 

Gramen Cyperoides caule prœlongo gracili, spic& brevi cor- 
gestä. Buddle Herb. — Ex herb. Vaill, ! 

Uarex lobata. Schk. Car. p. 28. Suppl. p. 11. tab. 3j. n° r18, 
excl. synon. ommb. et prætermissà de loco natali opinione, 
unde stirpem alpinam omnes credidere, C. divisæ formam utri- 
culo angustiore magisque oblongo et longius rostrato, ore ob- 
scuriüs bidentato insignem offerre videtur, quam ego in C. 
schænoide Tauricà Urvilleanä fere simillimam , non tamen sta- 


3. GAy. — De Caricibus quibusdam. 293 


bilem, sed ad formam brevius ellipticam et brevius rostratam 
oreque bidentatam transeuntem observavi. 


Carex lobata. Link Symbol. ad El. Græc. in Linn. 1x (1835) 
p. 138, hujus loci est sine dubio. Suam enim plantam auctor 
à beat. Bergero habuit, inter cujus collectanea, quæ Mus. reg. Mo- 
nach. commumicavit; C. divisam veram nec ullam aliam ei affi- 
nem inveni: Plantam eamdem, in Lusitanià olim lectam, se 
Schkubrio mississe, qui nomen /obalæ specimini remisso ad- 
scripsit, cl. Link ibidem adnotat, undè patet suam C. lobatam, 
Schkuhrium, non semper alpinam habuisse, et quandoque in. 
stirpe australi et maritimàâ agnovisse (1). 

Carex ammophila. Wilid: Spec. rv, p. 226 (ex Aranjuez His- 
panïe). Schk. Car. Suppl. p. 9. Pers. Synops. 11. p. 537. Poir. 
Dict. suppl. ur. p. 251. Runth Enum. 11. p. 373, Kunthio forma 
C. divisæ videtur et mihi, quoque est.secundüm specimen 
anonymon quod, circa-Aranjuez lectam et ab Humboldtio com- 
municatum, herbarium olim Fontanesianum possidet: 


Carex rivularis. Schk.Car. p 30. tab, Cc. fig. 87, Suppl. p. 12. 
Wild. Spec. |. c. p. 226. Baumg. ? Transsilv. 111. p. 288. Kunth 
Enum. L. c. p.373, cum ex icone citatà tum ex Kunthii descrip- 
tione, eamdem stirpem spiculis remotiusculis ludentem.effin- 


gere -videtnr. 


Carex tripartita. Decand.! F1. fr. (1805), x, p. 108, ne 1715, 
mihi herbarium ill. auctoris Genevæ nuper lustranti ipsissima 
C. divisa visa est, ad. quam igitur C. lobata Duby Bot. Gall. I, 


(x) Quam €. lobatæ Schk. (tab, Jj) habitu maxime affinemagnoscit auctor, C: enervis 
G. A. Mey inLedeb.!Fl. Alt. 1v, p. 209, à C, divisd utriculis utrinque multo tenuius ner- 
vatis, membranaceis et semi pellucidis nec suberoso-coriaceis, opacis nec lucidis, à: basi ad : 
apicem.,sensim. sensimque, attenyatis nec apice rostratis, apice indivisis vel demüm obscuriws 
bilobis nec indè ab inilio acutë, bidentatis, achænio pro utriculi modulo-multo breviore , 
stylo denique parlem utriculi supra achænium vacuam ;solùm dimidiam æquante, pubescente 
nec glabro longè differt, et ad €, microstylim me judice multà propiüs accedit, quamvis 
radice repente nec fibrosà aliisque notis satis superqne distincla. Utriculi neque enerves mihi, 
qualés vidil auctor, neque solo latere plano 4-3 nervii, quales Kunthius describit (Enum. 
IF, p. 372), sed utrinque nervati apparuerunt, nervis posticè 3-4, anlicè 6 9, tenuibus 
quidem et ferè tenuissimis, sed facilè distinguendis, quare stirps nou enervis, sed leptoneura 
fuisset dicenda. Ego Carlartonianam potius ab auctoris meritissimi coguominibus, ([Carolo 
Antonio) appellatam vellem. . 


‘ 


294 3. GAY. — De Caricibus quibusdam. 


p- 490 , quoque referenda, Specimini unico Candolliano , solito 
graciliori , cæterum valdè imperfecto, patria Galloprovincia, 
non (quemadmodüm in auctoris libro) 4{pes Galloprovincie , 
adscribitur, nec plantæ alpinæ speciem specimen -ullo modo 
præbet, 


Carex paradoxa.Benth.' Cat. PI. Pyr.et B. Langued. (1826) 
p. 67.(ex herb. Mus. Par.! et Cambess.!). — non Schk. 

Carex Schæœnoides.Ten.!et C. Schreberi Ten.! in herb: Sbutt- 
lewortlr. l'hujus loci quoque sunt sine dubio. 


Radix repens, rhizomate longo , densè atque adpre&è squamato, ubique pro- 
lifero, fibris pubescentibus vel lanuginosis. Folia plana, lineam tnam maximum 
lata , plerumque dimidio et quod excedit angustiora, margine scabra, erecta vel 
plûs minüs falcatim divergentia. Culmus foliis paulo longior, gracilis, erectus , 
spithamæus , pedalis et bipedalis , acutiusculé trigonus, apice scabriusculus, cæ- 
terùm lævis. Capitulum 5-9 lin. longum ( rarissimè unciale et sesquianciale ), 
ovoidum vel oblongum, subindè teretiusculum, 3-4 lin. latum , rünc confer- 
ussimum, nn lobatam, nünc infernè interruptum. Bracteæ rudimentales ; in- 
ferior nonnunquäm capitulo longior , filiformi-subulata ;. scabra , 1-2 uncialis. 
Spiculæ partiales sessiles, ovoideæ , acutiusculæ ,-2-3 lin. longæ, androgynæ , 
apice masculæ, flosculis masculis paucioribus, quædam rarits intermixtæ ex toto 
vel majore ex parte masculæ. Squamæ fœmineæ ovato-oblongæ, adpressæ, mu- 
cronato-acuminaiæ, crassiusculè et duriusculè membraneæ, lucidulæ, fuscæ, ca- 
rinà supernè cum aeumine scabrà ; masculæ angustiores, non aut vix acuminatæ, 
pallidæ , subindé præter nervum carinalem hyalino-ex toto membranaceæ. Sta- 
mina 3, antheris longè exsertis, apiculatis, barbulatis. Utriculus squamam sub - 
æquans , rard superans , sessilis vel in eâdem spiculà distincté et longiusculè 
süpitatus , suberoso-coriaceus , lutidulus , castaneus , demüum atrofuscus , 
exalatus, carinis supernè scabriusculis, fili-vel nerviformibus , nec distinctè in- 
crassatis , veutre elliptico-subrotundo vel oblongo-ellipuco, anticé convexo , 
costato- 10-12 nervio, posticè plano et 6-g nervio, (nervis in maturo utriculo 
valdè exstantibus , in immaturo sæpè obseuris), apice acumiuato-rostrat6, ros- 
tro plùs minüs abrupto et abbreviato ; sæpè brevissimo ( ventri partem sextam , 
quintam vel quartam æquante ), complanato, margine serrulato , apice bidentato, 
anticè longiüs fisso, dentibus brevibus, rectis, subindè vix manifestis. Achænium 
formà ventri quem replet, sessile, ellipticum , posticè planum , dorso convexius- 
culum , styli basi persistente mucronatum , primo flavescens, deindè fuscescens , 
demüm castaneum. Stylus longitudine rostri vel pauld lougior, crassè filiformis , 
glaberrimus, supra basim fragilis. Stigmata 2, crassiuscula, subulata, villosa, 
utriculo ferè longiora. 


Os. rs. Utriculi, ut jam dixi, plus minuüs late vel angustè 


3. Gay. — De Caricibus quibusdam. 295 


elliptici, subrotundi vel oblongi, sessiles vel omnino stipitati, 
rostro plus minüs abbreviato, plerumque acutè bifido , subindè 
solüm emarginato, vel etiam (utin C. austriacé Schk. tab. Qqq. 
n° 157, quæ nostræ quoque synonÿma secundum Spreng. et 
Kunth.) in eàädem spiculà plane integerrimo atque obtusato; 
undè mea de C. /obat& Schk: opinio orta est, et magis magis- 
que firmata venit, quæ Carex secundüum iconem (Schk. Jj. 
n° 116) nullà alià notà à C. divisé normali , nisi utriculis-oblongé 
ellipticis, longius minüsque abrupte rostratis, apiceque integer- 
rimis differt. Utriculos planè simillimosin €. schoennide Tauricà 
video, in eâdem vero spicà alios latius ellipticos breviusque ros- 
tratos atque ore bidentatos animadverto. 


Oss. 2. Inter Gallicas nostrates, C. Schreberi W. babitu, folns,. 
inflorescentià atque utriculi non marginati formà ad C. divisam 
accedit; C. intermedia Good. texturä utriculi nervati margine- 
que serrulato-scabri eidem convenit. Prior ver differt spiculis 
teretiusculis nec ovoideis, basi nec apice masculis!, utriculis 
membranaceis , longius rostratis, tenuius nervatis, etc. Altera. 
recedit culmo crassiusculo, scaberrimo, foliis dimidiolatioribus, 
capitulo semper elongato, apice basique fœmineo, medio mas- 
culo!, utriculis distincte marginatis !— €. nécrostyls N. differt 
statione alpinä, herbä tenerrimä, radice fibrosà, spiculis basi et 
apice vel basi solum nec apice tantum masculis!, utriculis mem- 
branaceis erostribus, squamis hyalinis, etc.— Inter exoticas con- 
sobrinæ sunt €. stenophylla Whlb. et C. pachystylis N., quæ 
vero staturà constanter humili, squamis non aristato-acuminatis , 
atque utriculis membranaceis, non suberoso-coriaceis ; statim 
digñoscuntur. C.'stenophy lla differt insuper folis convoluto 
conduplicätis nec planis, €. pachysty lis capitulo densissimo, glo- 
boso, utriculis margine lævissimis nec supernè scabris. Quo modo 
€..enervis Mey. (mea C. Curlantoniana) à C. divisé differt , jam 
suprà exposui. 


5. CAREX MICROSTYLIS N. 


G. radice fibrosâ; culmo foliis gramineis longiore ; spiculis. 
6-25, in spicam tenuem, apice basique attenuatam, sæpiüs con- 


290 7 GAY. — De Caricibus quibusdam. 


tinuam aggregatis, inferioribus: quandoque glomeratis.et brac- 
teatis, omnibus androgynis, basi masculis apice foœmineis, vel 
apice basique masculis medio fœmineis; squamis ovato-lanceo- 
latis. acutis, muticis; utriculis stipitatis , erectis, squamà paulo 
longioribus, compressis, exalatis, lævissimis, vel obscuriüs serru- 
latis. (immaturis enerviis), ex ovatà basi in rostrum subinte- 
grum sensim attenuatis ; stigmatibus 2, brevissimis, capillaceis,, 
scabriusculis. 


Carex lobata. E. Thom. | Cat. PI. Helv. (1818) p. 10. — non 
aliorum. 


€. microstyla. Gay! in Gaud.!Fl. Helv. vr (1830), p. 37, tab. r 
(bona et à me anno 1819 cum Gaudino communicata), et Synops. 


(1836) p.177. 
.Wignea microstylis. Reichenb. FI. Germ. excurs. (1830- 104 


Add. p. 140°, n° 380’ (excl. syn. Schk.). 


Habitat in Helvetiæ occidentalis paseuis alpims, in C. fætidæ consortio, 
rara , in monte Lavaraz supra Bex (abi anno 1818 ab E. Thomas! detecta), m 
mônte D. Bernardi prope hospitium (E. Thomas ! ), in Sempronio ( Venetz, ex 
ere cl. de Charpentier ) sin monte Grimsulà ( Lagger ! )et in monte Faulhorn 
supra lacum Brientinum in Oberlandià Bernensi (Guthnick !) , etiam in monte 
Schwabhorn (Guthn.!). Floret Julio. exeunte et AUBULOe 

Radix fibrosa, multiceps, fasciculis in densum minüsque amplum cespitem 
collectis. Folia in quohbet fasciculo 6-7, omnia radicalia , laetè viridia , erecta , 
mollia, ideoque non persistentia, plana, unam lineam vix lata, apice attenuata , 
margine scabriuscula, facie dorsoque lævissima , 1bique tenuiüs striata , interiora 
6-9 unc. longa, exteriora dimidio vel triplo-breviora. Culmus teauis, rectus, 
erectus, folus longior, eorum vagimis basi cinctus, ;supernè longe nudus, 8-12 
uncialis, acutiusçulè inæqualiter tigonus , apice compresso-semicylindrieus,, 
augulis serrulato-scabris. Spica inodora, tenuis, oblonga, apice basiqne attenuata, 
rariüs ovoidea, maximum semuncialis, plus minüs lobata, continua vel rariùs 
basi interrupta, bracteà inferiore setaceo-subulatà , spicam non aut vix æquante, 
rariüs paulo superante, reliquis multo brevioribus, non aut vix conspicuis. 
Spiculæ 'érectæ, 1-2 lin. longæ, 19-6 floræ , ovoideo-oblongæ vel ‘oblongo- 
ellipsoidcæ , acutiusculæ, pallidæ , ex dilutè fusco et viridi variæ, plerumque 
pauc, à 6 ad 12, omnesque solitariæ vel inferiores geminatæ, subinde plures, 
à 12ad 95, quarum superiores solitariæ, inferiores in glomerulos 2-3, sessiles, 
3-4-stachyos congregatæ , inferiore glomerulo subindè remotiusculo, rarissiniè 
io ramulum 8-stachyum, 4 lin. lonsçum, ab imä basi spiculiferum, ampliato. 
Quoad sexum.spiculæ sunt androgynæ , nünc basi masculæ superaë fœmineæ , 


1. Gay. — De Caricibus 'quibusdam. 297 


nünc apice basiqne masculæ medio fœmineæ, cum vel sive flosculo uni- 
co fœminco terminali. Ex toto masculæ, androgynis intermixtæ, rariüs mibi oc- 
currerunt , ex toto fœmineæ nunquam. Flosculi fœminei in quâlibet spiculà bi- 
sexuali masculorum numerum vix unquäm æquantes, plerumque paucissimi. 
Squamæ imbricatæ, ovato-lanceolatæ , acutæ, hyalino-membranaccæ, dilutè 
füscæ, margine pallidiore, nervo carinali viridi, lævissimo vel superné obscuriüs 
scabro: Stamina 3, filamentis squamà demüm multo longioribus, antheris apicu- 
Jatis, mucrone hispidulo. Utriculi (immaturi ) erecti , squamä' paulo longiores, 
membranacei, unam lin. longi, compressi, exalati, nec marginati, basi in brevem 
filiformem stipitem contracti. ex ovatà basi in rostruin anticé breviùs fissum, 
apice indivisum vel rarins distinctè bidentatum sensim attenuati, margiue lævissi- 
mi vel superne, non tamen in rostro sumino, remotiüs atque obscuriüs serrulato- 
scabri. Achænium (immaturum ) utriculo plüs triplo brevius, compressum , ob- 
ovatum, stylo brevi, glaberrimo, stigmatibus 2, capillaceis, scabriusculis nee 
villosis, majore ex parte inelusis, solis apicibus brevids exsertis. — Utriculos 
immaturos in specimnibus æstivahbus non solùm , verüm etiam in autumnali- 
bus , serà Augusti mensis die 31,,ad D. Bernardi hospitium lectis, inveni, 
undè surpem difficiliüs rariusque fructum perficere, quod muliæ alpinæ solent, 

credendum. 


Ors. 1. Stirpem rarissimam, 20 quamvis abhinc annis detec- 
tam et ex phytopolacio Thomasiano ia multa herbaria migra- 
tam, nemo, præter Gaudinum atque Reichenbachium ; cogno- 
visse, videtur. Kunthium et Kochium ,;: post ‘editam Gaudini 
Floram Helveticim de Caricibus sive universis sive Germanicis 
et Helveticis agentes, effugisse miror.Quare remutilen: me fac- 
turum existimavi si descriptionem olim à me elaboratam et cum 
Gaudino communicatam, in multis tamen ab ejus edità descrip- 
tione discrepantem , récusam nunc' et commentariis nonnullis 
auctam, publici juris facerem: 

. Plantulam, quam primüm inventam, Helvetiæ botanophili 
CG. lobatam nuncuparunt. Hoc verd nomine species plures apud 
auctores veniunt,omnes à C. rricrostyli diversæ. Nominis primus 
auctor, Villarsius!, spicam fuscam vel nigrescentem ét spiculas 
basi fœmineas expressis verbis describit û F1. Dauph: 15. p. 197), 
undè ©. /obatam Nil. pro C. fœtidæ formà habendam esse 
crédo,ità quoque sentiéntibus Candollio in! El. fr. ur.p. 106, 
et. Mutel. in Fl. Dauph. 1, p. 454. —C. Zobata Willd. Spec: 1v. 
p- 228, quoad specimina in ejus herbario asservata, duas com- 
plectitur stirpes, Elynam caricinam MK. et C. leporinam seu 


298 3. GAY — De Caricibus quibusdam. 


C. approximatam Hopp. (Conf. Kunth Enum. 11. p. 373). — C. 
lobatam Schkuhrius: primo duabus iconibus, tab. D. n° 18, et Jj. 
n° 18, expressit, posteà tabulam D exclusit, unde, addità tab. 
Rrrr. fig. 208, Caricem Bertolonii (Caricem cuspidatam Bertol.) 
in Car. Suppl. p. 5. constituit. Hæc vero spiculas apice masculas 
gerit et omnibus numeris cum €. divisé Huds. convenit.fHabitu 
et inflorescentià ad nostrsm proprius accedit, è specimine ju- 
niore desumpta, tab. D, facillimè tamen culmis obtusè trigonis 
utrieulis bidentatis et stigmatibus villosis dignoscitur. Minüs à 
C. microstyl distat, et rostro indiviso convenit, Schkuhrii ve- 
rior €. lobata, quam tab. Jj sistit, differt vero radice repente, 
culmo incurvo, spicà fuscà basi dilatatà et spiculis apice mas- 
culis; stirps C. divisæ multo magis quam nicrosty li affinis , nec 
ab ïllà forsan stabiliter verèque diversa, quemadmodüum in 
observationibus ad speciem præcedentem jam adnotavi — Ad 
C. divisam quoque spectat C. /obata Link. Symb. ad FI. Græc. 
in Linnæà 1x. p. 138, secundüum specimina, anonyma quidem, 
à b. Bergero in Peloponneso lecta et ex musæo Monach. ad me 
missa. 


C. tripartitam AI. Ped. n° 2298. tab. 92 fig. 5, plurimi pro 
C. lobalæ synonymo habent; icon tamen cum à speciebus omni- 


bus hoc nomine confusis, tum præsertim à C. microstyli valdè- 


aliéena videtur. 

Spiculis 1gitur apice nec unquàm basi masculis à C. microstyli 
differunt, quas pro C. lobaté auctores vicissim sumpserunt, 
CC. fœtida, divisa et Schkubrit tab: Jj: n° 18 ; differunt et 
notis aliis quamplurimis, ità ut neutra earum proximè affinis 
dici queat ; €. fœtida differt, v. c., radice repente, spiculis in 
capitulum amplius ovoideum odoratum saturatè fuscum ag- 
gregatis, stigmatibus villosis elongatis, utriculis longioribus, 
longiüs attenuato-rostratis, margine supra medium scabris, apice 
bidentatis, etc. 

Nec ulla specierum spiculas basi masculas gerentiun cum 
nostrà confundenda. Sola enim quæ, fortuito depauperata, hàa- 
bitum ©. microstylis quandoque induit, C. elongata, ob spicam 
laxam, nunquam compositam, spiculas ampliores polygynas, 
et squamas obtusas utriculo eleganter striato multo breviores, 


1 Gay. — De Cuaricibus quibusdam. 299 


longe diversa est censenda. Vix propior est C. furva Webb Iter 
Hisp. 1838, p. 5. (e summä Sierra Nevada Hispaniæ), quæ sta- 
turà biunciali, foliis unciam vix longis, culmo æqualiter trigono 
et lævissimoi, spiculis 3-4, nigrescentibus, in capitulum evoi- 
deu 3-4 Jlobum aggregatis et utriculis breviùs attenuato-ros- 
tratis distincussima est. Stirps aptissimè tripartita dicta esset, 
nisi jamala ©. tripartita, dubiis maximé vexata, exstaret. 

: Ors. 2. Descriptionem supra datam elaboranti uniusque pa- 
niculæspiculas onines atque flosculos omnes diligentius explo- 
ranti plures occurrerunt flosculi fœminei monstrosi, et quidem 
duplicis generis. In quorum aliis utriculus, ab apice ad basim 
anticè apertus, et in squamam membranaceam binervem apice 
bilobam expansus, ovario libero juxtà positus apparuit, ve- 
ramque utriculi indoiem planè manifestavit. Patet enim ex eà 
metamorphosi, Caricum sie dictum utriculum squamä unicà bi- 
carinatà marginibusque connatà et axi contiguà, quemadmodum 
amiciss. Kunth in Enum. Il. p. 2. jam exposuit, non vero 
squamis duabus cum axi alternantibus esse formatum. 

Longe aliud fuit secundum utriculi genus, ex quo ad medium 
usque fisso basique tubuloso, juxta ovarium ad normam exstruc- 
tum ét cum stigmatibus suis totunr inclusum , flosculus quoque 
masculus triander, squamâ unicà apertà ‘bicarinatà ad carinas 
plicatä constans et breviter stipitatus, longiüs prodire est visus! 
Spiculas £lynæ.spicatæ partiales (quæ bifloræ et bisexuales) 
indè nata spicula ex asse refert, in eo solum differt quod 
squamæ, inferioris margines infra medium connatos nec ad 
basim usque liberos exhibet! Unde affinitas Alynæ cum Carice 
summa , pris ex habitu cognita, deindè ex utriculi Caricini in- 
dole (Kunth. Enum. IL. p. 368 et 532) firmata, nuünc ex ab- 
normi Caricis evolutione magis magisque illustrata venit. 

His jam scriptis D in flosculis fæmineis ejusdem 
stirpis, à mox descriptà paulo diversam, frequentem observavi, 
quæ quidem in multis spiculis , sed in flosculis inferioribus 
solüm occurrit, è quorum utriculo non squama uniCca stamini- 
fera, sed squamæ 2-3, utriculiferæ {vera scilicet longiusque 
stipitata foœminea spicula) prodeunt, basi inclusæ, apice utri- 
culum genitricem longius vel brevius superantes! 


300 J, GAY. — De Caricibus quibusdam. 


6. Carex Bowartensis Desf. 


C. radice fibrosà ; culmo lævissimo, foliis gramineis longiore; 
spiculis glomeratis , in spicam ellipsoideam continuam basi brac- 
teatam aggregatis, omnibus androgynis apice masculis ; squamis 
ovato-oblongis , acutis, masculis diandris !; utriculis erectis, 
squamà longioribus, compressis, marginatis, ex ovatà basi in 
rostrum bidentatum lævem vel obscuriüs serrulatum sensim at- 
tenuatis, facie dorsoque tuberculatis !; stigmatibus 2, capilla- 
ceis, brevibus, scabriusculis. 


Carex Bonariensis. Desf.! in Poir. Dict. Suppl. II. (1813) 
p. 250. — Schlechtend. ? in Linnæà X (1836) p. 116. — Kunth? 
Enum. IL. (1837) p. 378 (qui Schlechtendalii descriptionemtran- 
scripsit). | 


Habitat in Americà australi extratropicä circa Montevideo et Bonariam (Com- 
mers.! in herb. Thouin. nûne Cambess.! uudè specimina à me deseript.) ; circà 
Montevideo ( Ars. Isabelle ! in herb. Webb. }. 

Radix fibrosa. Folia omnia radicalia, erecta, semipedalia et longiora, plana, 
unam lin. lata, margine scabra, facie dorsoque lævissima. Culmus folis pauld 
longior, maximüm pedalis, gracilis, erectus, obtusè trigonus, angulis lævissi- 
mis, lateribus sulcatis. Panicula spicæformis, ex glomerulis 7-10 alternis sessi- 
lHibus composita, ellipsoidea , continua nee interrupta, 7-12 Jin. longa, 4 Jin. 
lata , inferné bractcata, bracteis subulato-filiformibus, inferiore paniculam supe- 
rante, 1-3 unc. longà, sequente dimidio breviore, reliquis brevissimis. Spicu- 
le in singulo glomerulo 3-6, duas lin. et paulo ultrà longæ, ovoideæ, omnes 
androgynæ , apice masculæ. Squamæ ovato-oblongæ, acutæ, dilutè fuscæ, mar- 
gine albido, nervo carinali lævissimo viridi, subindè. in brevissimum mucronem 
excurrente, Stamina 2, filimentis squamä demüm. paul longioribus, antheris 
magnois, apiculatis , apiculo glaberrimo. Utriculus (immaturus } erectus, sessilis 
nec stipitatus, squamä + longior, 1 + lin. longus, membranaceus, compres- 
sus, exalatus, margine incrassatus et lævissimus, ex ovatä basi in rostrum mar- 
giue lævem vel denticulis 2-4 distantibus scabrum, apice distinctè bidentatum, 
anticè magis fissum sensim longèque attenuatus, posticè enervis, anticè obscuriüs 
3-5 striatus , disco utroque, præsertim in medià longitudine ubi cavitas fructür 
fera in rostrum abit, ut in carpellis quarumdam Ranunculi specierum , intra mar- 
ginen tuberculato ! Achænium (immaturum) amplitudine ferè cavitatis, com- 
pressum, elhpticum, lævissimum. Stylus longissimus, rostrum subæquaus, gla- 
berrimus. Stigmata 2, brevia, capillacea , scabra nec villosa , demüm reflexa, 
longitudine ferè dimidi utriculi. 


1. Gay. — De Caricibus quibusdam. 3of 


Oss. Stirps habitu et inflorescentià ad CC. divisam et micros- 
tylim quidquàam accedens , sed numero staminum à plerisque 
congereribus, et utriculorum disto utroque tuberculato ab 
omnibus quas aut ipse novi aut ritè descriptas i invenio distinc- 
tissima. 

Schlechtendalius L c. Caricem in Brasilià meridionali à Sello- 
wio lectam describit, quæ quidem in multis cum nostrà conve- 
nire videtur , abludit tamen statura 2-3 pedalis nec maximum 


_ pedalis, abludunt utriculi patuli et late ovati, qui in nostrà erecti 


axique adpressi et ex basi angusté ovatà longè acuminati. De 
staminum numero, porro, de utriculis quoque in utroque disco 
tuberculatis et de sexuum in spiculis dispositione prorss silet 
auctor. Suam denique stirpem C. globosæ Thunb, et C. nemo- 
rosæ Rebent. (Schk. tab. Dddd. fig. 186 ) maxime affinem de- 
clarat, quarum prima mihi ignota , secunda pro C. vulpinæ 


| formà habetur ét à nostrà certo certiüs longe recedit. Undè 


quæstio exoritur an stirps Sellowiana eadem ac nostra? Dubium 
forte solvet Caricis Bonariensis verioris, quam extremis vix 
digitis Poiretius attigit , plenior adumbratio. Quare descriptio- 
nem ejus, ad ee Commersoniana olim à me elaboratam , 
nünc cum Caricophilis communicatam volui. 


7. CAREX PACHYSTYLIS N. 


C. humilis, radice repente; culmo obtuse trigono, lævissimo, 
foliüs planiusculis angustis pauld longiore ; spiculis 5-6, ovoideis 
in capitulum subrotundum aggregatis, omnibus androgynis, 
apice masculis ; squamis latè ovatis, acutiusculis; utriculis sessi- 


| Jibus, immaturis squamam subæquantibus, plano - convexis, 


enerviis , glaberrimis , lævissimis, ex basi latè ovatà in rostrum 
longiusculum apice bilobum acuminatis ; stigmatibus 2. 


Habitat in Asià occidentali, inter Halepum et Mosul (Olivier et Bruguières ! 
in herb. Mus. Paris! ), etin Persià ( Bélanger ! in herb, Deless.! ). 


C. stenephyllæ Whïib. valdè affinis, diversa vero staturâ minore, foliis di- 
midio latioribus planiusculis nec conduplicotis filiformibus; culmo crassiore, 
quamvis humiliore; spicularum capitulo globoso nec ovato-oblongo; squamis 
saturatius fuscis; utriculis sessilibus nec breviter stipitatis, basi lat ovatis nec 


302 3. Gay. — De Canicibus quibusdam. 


(junioribui saltem } valdè attenuatis, glaberrimis nec margine supra meditm 
subtiliter densèque serrulato-scabris; stylo denique crassissimo ( undè nomen }, 
basi glabro nec toto hirsutulo. — Fructum maturum non vidi. — Tota planta 
biuncislis. Folia un. vel un. et dimid. unc. longa, un. ferè lin. lata, erecto-paten- 
tia. Stamina ut in C. stenophyll& 3, antheris lougè exsertis. Utriculus immatu- 
rus membraneus, semipellucidus , carinis duabus viridibus, rostro anticè lon- 
giusculé fisso. Ovarium ellipsoideo-oblongum , utriculo dimidio brevius. Stylus 
rostro paul brevior, stigmatibus elongatis, crassiusculis, subulatis, villosissi- 
mis. Rachilla ad achæni basim anticam videtur desiderari, quam ego in C: ste- 
nophyilé omnium minutissimam observavi. by 


B Belangeriana. 


C. culmo longiore, stylo graciliore, utriculis maturis superne 
ad marginem serrulato-scabris. 

Habitat in Persià. ( Bélanger ! in herb. Deless.!) 

Est verisimiliter eadém ac &, ætate solüm magis provecta et 
maturissima. Ipsissimam tamen esse C. pachystylim , ne stirpes 
duas paucis speciminibus mihi cognitas forte misceam, decla- 
rare nolim. Quæ discrimina stirps mihi obtulit sequens descrip- 
tio docebit. 


Radix desideratur. Folia plane ut in &, tria ad basim culmi uniuscujusque 
unc. duas maximüun longa , un. lin. vix lata. Culmus 5-6 uncialis, gracilis, erec- 
tus. Spiculæ earumque capitulum planè utin &, sic et squamæ et sexuum in 
spiculis distributio. Utriculus (maturissimus } squamâ pauld longior, sessilis, 
1+ lin. longus, lucidulus, membranaceus, atrofuscus, basi solüm anticà ex 
albo virens, plano-convexus, ad carinas subincrassatus et supernè acutiusculus, 
non vero propriè marginatus, ibi quoque supra medium minutissimè densèque 
serrulato-scaber, infernè et ad latera glaberrimus lævissimus , posticè planis- 
simus nullisque nervis distinctus, anticè convexus, in parte inferà quæ viret 
exstanter 5-7 nervis, in parte atrofuscà enervis, ventre elliptico, un. lin. 
longo, + lin. lato, in rostrum ipso dimidio brevius, lineari-lanceolatum , su- 
pernë non serrulatum , apice distinctè acutè et strictè bidentatum, anticè lon- 
giüs fissum abruptè attenuato. Rachilla intra utriculum certe nulla. Achænium 
utriculo arctè vaginatum ventremque totum longam latumque replens, sessile, 
lenticulari-compressum , elliptico-subrotundum, iævissimum, castaneum, anticè 
convexiusculum, posticè planum , styli basi residuà brevi coronatum. Stylus ros- 
tro feré dimidio brevior, gracilis, filiformis, proximè supra basim fragilis. Stig- 
mata 2,subulata. longitudine utriculi. 


3. GAY. — De Caricibus quibusdam. 303 


5. Carex Corcnica N. 


G. radice...; culmo erecto, obtusè trigono , læviusculo , foliis 
planis duriusculis longiore; spiculis 6-12, in spicam oblongam, 
laxam et lobatam, basi obscuriüs bracteatam approximatis , 
omnibus and toys, imä basi masculis (paucissimis superiori- 
bus rard ex toto masculis); squamis ovato-oblongis, acuminatis; 
utriculis erectis, squamam subæquantibus, plano-convexis, basi 
rotundatis, utrinque nervatis (anticè multinerviis ), carinis 
supernè marginatis (breviter alatis) et serrulato-scabris, infernè 
nudis, ventre ovato v. elliptico, in rostrum breve acuté bifidum 
subabruptè acuminato; stigmatibus 2. 


Carex intermedia. Urville! Enum. Orient. (1822) p: 122. — 


non Good: 


Habitat in littore Colchidis arenoso prope arcem Soukoum-Kale, Junio fruc- 
tifera (Urvill.! ), et in Tauriæ herbidis prope Kerch ( ex eodem, undè tamen 
specimina nondüm vidi). 


Habitu, staturà et inflorescentià C. arenariæ et intermediæ 
similis, priori ob stationem in arenosis maritimis, ob folia arida 
et rigidula, sexuum quoque distributionem, atque utriculos basi 
rotundatos affinior , diversa tamen culmo obtuse trigono et 
læviusculo non acute trigono scaberrimo, spiculis  omnibus 


| androgynis, basi masculis, quibusdam superiorum rarius ex toto 


masculis (quæ in C. arenarié nunquàm desiderantur et androgy- 
narum vel fominearum numerum plerumqué multo éxcedunt), 
utriculis superne marginatis non late alatis, anticèe 15-16 


| non 7-8 nervis!, denique achænio duas utriculi tertias partes 


æquante, apice basique distincte attenuato, non ellivtico-subro- 
tundo et dimidium vix utriculum attingente. — A nostrà C. 


intermedia dignoscitur culmo ut in ©. arenarit, foliorum læte 


virentium texturà molliori, herbaceä , spiculis vulgd sexu dis- 
tinctis, inferioribus et superioribus ex toto foemineis, interme- 
diis ex toto masculis (unde stirps irtermedia dicta est), utriculis 


 (superne perinde marginatis nec late alatis) basi in cuneum 
‘attenuatis non obtusissimis rotundatis, apice longius attenuatis 


304 1. GAY. — De Caricibus quibusdam . 


nec subabruptè rostratis, ventre elliptico-oblongo non ovoideo 
vel subrotundo-elliptico, anticè, ut in €. arenarid, 7-8 non 15-16 
nervi!l, et achænio obovato, dimidium utriculum longo, non 
apice basique distincte attenuato et duas utriculi.tertias partes 
æquante. 


Radix in speciminibus.omnibus à mevisis desiderata. Folia unam lin. vix lata; 
cpidermide paginæ superioris per lentem densissimè minutissimèque quasi reticu- 
latà. Spica generalis uncialis, sesquiuncialis, ellipsoidea vel teretiusculè oblonga: 
Bractea inferior setacea, spicam dimidiam æquans vel multo brevior ferèque 
inconspicua, Stamina in spiculis maseulis 3, in androgynis sæpissimè 2, filamen- 
tis quandoque in unum connatis, ità ut unicum appareat. Squamæ foemineæ ad- 
pressæ, firmius membranaceæ, acuminatæ, lucidulæ, castaneæ, margine palli- 
diores. Utriculi 1 + lin. longi, ovato-oblongi, dilutè. fusci, basi et posticè 
spongioso-incrassati, anticè crassius membranacei ; nenvi capillares, in latere pla- 
no 7-8, omnes excurrentes, in latere convexo 15-16, quorum 7-8 in rostrum 
confluunt, reliqui alternantes medium ventrem non aut partit superant, omnes 
distinctissimi, quamvis tenues. Achænium compressum, oblongo-ellipticum, 
ve, dilutè fuscum, styli basi persistente brevissimà coronatum. Stylus graci- 
his, longitudine utricuhi. Stigmata non vidi. 


9. CAREX MODEsTA N. 


C. répens, spiculis 10-18, in spicam ellipsoideam dense aggre- 
gatis, superioribus masculis, inferioribus fœmineis, infimà brac- 
teatà; squamis ovato-oblonais, obtusiusculis, masculis diandris"; 
utriculis ovato-oblongis, ir rostrum bidentatum acuminatis, 
margine alatis, alà serrulato-scabrà ; stigmatibus 2. 


Habitat in pratis paludosis Neustuæ inferioris maritimæ, inter Pzirou et 
Créance, juxta rivulum /e Broc, in sinistrà ejus ripâ, non longè infra ponticu- 
lam qui dicitur pont de la Tortue, ibi frequens et ann. 1833, die 19° man, 
florens à memetipso lecta. 

Radix repens, rhizomate brevi, crassiusculo, ut in Jancis quibusdam apice 
tantüum, quà quotannis elongatur, fasciculos agente. Folia omnia radicalia, in 
unoquoque fasciculo 4-5, parüm divergentia, plara, unäm lineam vix lata, mar- 
gine scabra, facie dorsoque lævissima, Cuilmus foliis plerumque multd longior, 
corumque vaginis basi tectus, supernè longè nudas, erecius, gracilis, pedem 
longus , acutè trigonus, apice scaber. Spiculæ 10-18, sessiles, in spicam un- 
cialem vel rariüs paulo longiorem, oblongo-ellipsoideam, apice basique sæpè dis- 
inclè atlenuatam confertim aggregatæ, superiores ovoideo-oblongæ, ex toto 
masculæ, vel quædam intermixtæ androgvnæ apice masculæ , reliquæ longiores , 


3. GAY. — De Caricibus quibusdam.' 305 


cylindraccæ, 3-4 lin. longæ , ex toto fœmineæ vel rarius quædam apice summo 
masculæ, infima bracteä tenui br ‘evique , spicam rariüs æquante vel paulo supe:! 
rante stpata. Squamæ , cûm masculæ tum fœmineæ, ovato- -oblongæ ; obtusius- 
culæ, muucæ, lucidæ, fuscæ, albo-marginatæ, vervo cärimali pallido, non:excur- 
rente. Stamina duo! , antheris or mucrone nudo nec distinctè barbulato. 
Utriculus (juvenilis ) squamä + brévior, compressus, ‘ovato- -oblongus, basi in 
brevém ‘cuneum coniractus, supernè in rostrum bidentatum attenuatus , antice 
longiùs fissus, margine distinctè alatus, basi tanthm et apice nudus, alà ex 
albo-virente, serrulato-scabrà, rostri cuspidibus rectis, ngidis. Stylus infra divi- 
sionem scaber. Stigmata 2. Fructum maturum non vidi. 


Os. Stirps dispositione sexuurmn ambigu et utriculis ad CC. 
arénariam et repentem , habitu vero ad CC. intermediam et 
divisans propiüs accedens, ab omnibus tamen mihi cognitis dis- 
tinctissima, quamvis fructu deficiente nondüm satis cognita. 
A CC.intermedié, divisé ét Schrebert recedit sexuum distribu- 
tione, flosculis maseulis di-nec triandris, utriculis marpine alatis 
nec nudis aut (in ©. intermediä ) obscuriüs marginatis, ‘etc. À 
CC. arenarid, repente et Ligericä differt numero staminum, 
habitu toto et statione, in arenosis enim siccis aut locis hyerne 
tantüm inundatis nequaquàam, sed in pratis palutlosis serà æstate 
vix unquam exsiccatis, crescit. À (. arenari& insuper squamis 
obtusiusculis non longè acuminatis, et à Ziverica folis facie 
dorsoque ævibus ron facie scabris, et spiculis plerurmque sexu 
distinetis, nec androgynis apice foœmineis, facile dignoscitur. 

Convenit cum CC. intermedit et divist, rhizomate brevi,apice 

| solumregerminante , posticè tabescente et sterili, undè stirps à 

CC. arenarit ; repente et Ligeric4 diversissima est, quibus rhi- 
| zomarin contrarias partes longissime prorepit et foliorum fosci- 
 culis secundüm totam longitudinem reviviscit. 

Fructum maturum sibi comparando, Normanni Botanophih, 

et quæ fortè dubia supersunt facile sélvent: 


10. CAREX MicROSTACHYA Ehrh. 


Caricemin Helvetià prius non visam cl. Guthnick, pharma 
| copola Bernensis, ann. 1830 ad lacum parvulum Amsoldingen 
unius horæ itinere ab oppido Thun distantem, detexit, et veluti 
|novam, sub nomine C. Gaudinianæ, in Florà, 1832, 1. p. 241, 

descripsit, quem Gaudinus in Add ad.Fl. Helv. vir. (1835) p. 660 


X. Bora. — Worembre. 20 


306 3. Gax. — De Caricibus quibusdam. 


ét in Synopsin (auctore defuncto ann. 1836 editam p. 778) 
recepit: Ego stirpem, quamprimüm ab inventore communi- 
catam, anno nempé 1833, statim pro C. microstachyé Ehrh. 
agnovi, cujus speciei, Guthnickio et Gaudino prorsuüs ignotæ , 
specimen Upsaliense mihi erat in promptu , à Swartzio olim 
cum Wahlenbergii schedulà autographà ad me missum. Nec 
Hoppeum affinitas plantæ Helveticæ effugit, qui tamen Gaudi- 
nianam. à microstachyd diversam, in Florà, 1832, r. p. 242, ano- 
nymus, existimavit. Hoppeum Kochius in Synops. FI. Germ. 
(1837) p. 755, secutus est, stirpes per novos characteres sepa- 
rare studuit ét, quæ ad Germaniam pertinebant loca natalia 
bipartito sic distribuit, ut quæ australia et alpina sunt aut Al- 
pium jugis vicina ad C. Gaudinianam, quæ contrà septentrio- 
nalia et mari Germanico aut Baltico contermina (stirps enim in 
Germanià medià nondüm lecta est} ad C. microstachyam  refe- 
runtur. Ubi verd ne operam plane perdiderit viram cl. vereor. 
Differentia etenim C. Gaudinianæ, quæ quidem ex Kochii dia- 
gnosi prodit, duplici nititur charactere essential, foliis nempè 
setaceis et canaliculato-triquetris (in C. microstachy dicuntur 
linearia plana), et utriculi rostro longiore (ventrem æquante), 
nargine serrulalo-scabro, non lævi, quibus différentiis si fidere 
vellem foliaque primo considerare ( quæ nemo Suecorum rite 
describit), Upsaliense meum specimen non pro C. microsta- 
chy&, sed pro C. Gaudinianä agnoscere deberem, utpote quod 
iolia, plane ut specimina helvetica, canaliculato-triquetra atque 
angustissima gerit. Nec firmius rostri discrimen videtur; utricu- 


lus enim in stirpe Helveticà longius, in Upsaliensi longius: vel: 
brevius rostratus occurrit, in neutrà apice summo serrulatus_ 


apparet. Quæ exstant marginis serraturæ, in uträque stirpe 
partem ventris superiorem occupant, unde eædem in rostrum 
plus minüs procurrunt, pars verû rostri suprema nuda semper 
relinquitur. Carinarum serraturas, cæterum , in unà eàdemque 
Carice plures adesse posse vel pauciores , vel planè abesse,, af- 
finis C. Davalliana aliaque multa exempla docent. Quod quum 
ità mihi visum sit, €. Gaudinianam veluti speciem à C. ricros- 
tachyä diversam ego admittere nequeo. Synonyma igitur €, mi- 
crostachyæ hæc erunt : 


3: Gay: — De Caricibus quibusdarr: 307 


Carex Gaudiniana: Guthn:!in Florà, 18232,1: p.241. Gaud:! 
Fl. Helv. vin (1833), Add. p. 660 ;:et Synops. (1836) p. 7782 
Hoppe in Sturm:Deutschl. FI. fasc: RRRNE #e° AA ie 
Synops. (1839), p. 795. : 


Vignea gry pos. Reichenb, ! F1. Cerm. exc. (1830 1832), ne 384. 
p. 56, et Add. p. 140° (excl. syn. cum diagnosi et locis plerisque 
patalibus). — Ejusd. Herb. Fl. Germ. n° 1120! (ann. 1837). — 
non Schk. 

Habitat iv Lapponià Pitensi et Lulensi (Læstad., ex Sominerf: Suppl. FI. Lapp. 
p. 89); in Smolandiä, Upsalià!. Vestmaniä et Dalekarlià, :Sueciæ provinens 
(Wabhlenb. Fl. Suec.); Petropoli ( Weinm. in Florâ, 1822, p..228.e1 herb, 
Maille! );1u littore Baltici germanico prope Sedinum (Rostk.. et Schmidt, F1, Se- 
din. p: 363; in Holsatià inter Schlutup ct piscinam Schwartzteich dictam (Nolte 
Psodr. F1. Holsat. p. 76); in confinjis maris Germanici circa Bremam ( Roth. 
et Mert. }, Aurich et Monasterium ( Koch Synops.) ; tüm in Helvetiæ agro Ber- 
nensi ad lacum Amsoldingen prope Thun ( Gathn.!);et'ad vicur: Oberege Ab- 
batiscellanorum (Gustor! inter Gaudini reliquias!); itèñ prope: Brigantium ad 
lacum Bodamicum ( Sauter! in Rchb. herb. Germ. ne 1120!) et.in Tyroli circa 
Kitzbuh]l (Saut. ex Rchb. et Koch); denique in Groenlandià (Hornem. ex Kunth 
Eoum. 1, p. 378 ). 


Quorum locorum, Abbatiscellanorum ditionis statio, hic pri- 
müm notata venit et botanicis imprimis Helveticis accepta erit. 
Apud vicum Oberesg , nempe eà ditionis parte quæ dicitur 
Inner-Rhoden et Rheni valli contermina est, stirpem b. Custor 
in palude quâdam sphagnosà et umbrosà cum £pipacti cordat 
vigentem ultimis vitæ annis leait, et ad Gaudinum jam mor- 
tiferè ægrotantem pro C. PDavallianc var. insigni misit , inter 
cujus postremi reliquias botanicas, supremä magistri olim 
carissimi voluntate mihi legatas,, ego illam inveni, et pro € 7ni- 
crostachy à, quamwvis spiculis omnibus lateralibus abortivis mono- 
stachyam (spiculà tenui, flavescente, semipollicari et ultrà ; apice 
basique vel apice li foœminei), indèque à Hps maine 
abludentem , haud dubius agnovi. 

Qui quidem lusus b. Custorem sic fefellit ut stirpem pro solà 
C. Davallianæ variatione haberet. Hæc vero à C. microstachy&, 
vel monostachyä, radice facile dignoscitur, quæ simplex, brevis 
et cespitosa, non C. chordorhizæ et limosæ ad, instar, brevins 


20, 


305 3, Gay. — De Caricibus quibusdam. 


tamen, ramosa ; differt quoque spiculà monoicà non andro- 
gynà, quod sexuum divortium, in C. Davalliané solemne, non 
nisi ràrissimé in androgyniam basi masculam mitescit ; differt 
tandem utriculis demum recurvatis et patentissimis vel reflexis 
non erectis axique adpressis. Fructum comparare non potui, 
utpote in meis C. microstachyæ speciminibus omnibus immatu- 
rum. Stirpem nihilominus C. Davallianæ magis quäm ulli 
aliæ affiner existimo. Brigantii semper in C. dioicæ et stellulatæ 
consortio vivere Sauterus observavit, quæstionemque pro- 
tulit,an non formaesset Caricis dioicæ procera, per C. stellulatam 
modificata ? (Conf. Reichenb. FI. Germ. excurs. Add. |. c.). Cui 
ego affirmatè respondere nequeo , stirps enim ad C. Davallia- 
nam propiüs quam ad C. dioicam accedit, nec affinitatem ullam 
video rmicrostachyam inter et stellulatam intercedere, Observan- 
dum est insuper neminem quem sciam ad hunc usque diem 
Carices hybriditati obnoxias dictis aut scriptis affirmässe. Sur- 
pem ad lacum Amsoldingen accolas habere C. pulicarem, 
dioicam , stellulatam , limosam et Hornschuchianam in herb. 
Gaudini e Guthnickii epistolis adnotatum invenio. 


Notice sur quelques Cryptogames inédites, récemment décou- 
verles en France, et qui vont étre publiées, en nature; dans 
les Fascicules et F1 de la seconde édition des Plantes Cryp- 
togames de France, 


Par J.B. H. J. DESMAZIÈRES. 
HYPHOMYCETES. 


Boravus Ticuvrrrer. Nob. PL Crypt. Fasce. V. n° 296. 

Floccis fertilibus ramosis, fulvis; ramulis brevisginis vérticillauis ; roue 
subglobosis. — Hab. in muscis. 

Nous! dédions cette espèce nouvelle à notre zélé correspon- 
dant M. Tillette de Clermont, qui la observée à Cambron, près 
Abbeville. Nous l'avons aussi rencontrée plusieurs fois dans les 
taillis des environs de Lille, où elle n'est pas rare,'en autornne, 


1. B. DESMAZIÈRES. — Cryplogames inédites: 309 


sur la mousse et quelquefois sur d’autres plantes vivantes. Ses 
ramifications, en verticilles ; la rapprochent du genre Stachy li- 
dium. 


SPOROTRICHUM FOLIORUM ( Brassicæ) Nob. PI. Crypt. Fasc. V. 
n° 227. 

Thallo tenui, rotundo ; floccis ramosis, albis, tenerrimis, adpressiusculis, 
laxis ; sporulis ovoideis, albis.— Hab. in foliis Brassicæ oleraccæ. 

Nous avons observé ce Sporotrichum, en biver, sur la feuille 
du Chou cultivé, il attaque particulièrement sa face inférieure, 
et forme de petites taches blinches, arrondies, de 2 à5 millime- 
tres. 


FosisPortum A1BU0M, Nob. PI. Grypt. Fasc. V. n° 220. 

Acervulis parvis, sparsis, passim confluentibus; filamentis paucis, tenerrimis, 
evanidis; sporidis ellipsoideis vel fusiformibus, minutis, albis, subcongluti- 
pats. — Hab. in foliis vivis Quercuum. 

Cette espèce se développe, en antomne , à la face inférieure 
des feuilles encore vivantes du Chêne. Ses Sporidies, qui ne se 
séparent pas facilement dans l’eau, sont hyalines et assez iné- 
gaies en grandeur ; les plus longues ont à peine de millimè- 
tre. Nous l'avons tronvée plusieurs fois dans le nord de, la. 
France et notre correspondant, M. Roberge, nous en a adressé 
des échantillons qu'il avait recueillis dans le Calvados. Nous 
eñ possédéns aussi un échantillon , reçu d’un Mycologue de 
Leipzig, sous le nom de Fusidium candidum ; mais il n’est pas 
possible de rapporter-notre: espèce à ‘celle de Link et encore 
moins au Fusidium candidum de Fries. 


Fusisrorniuu Urricæ. Nob. PI. Crypt. Fasc. V. n° 230. 


* Acervis tenuibus, maculæformibus, roturdis, sjarsis, passim confluentibus ; 
flamentis paucis, tenerrimis, evanidis ; sporidüs copiosis, rectis, fusiformibus,, 
magnis, griseo-albis. — Hab. in foliis vivis Urticæ dioicæ. 

Ce Fusisporium se trouve, en été, à la face inférieure des 
feuilles vivantes de l'Ortie dioique. LÉ macules qu'il forme sont 
nombreuses, d'un gris blanchâtre , de à à 5 millimètres de dia- 
mètre. Il arrive quelquefois que, par leur réunion, la feuille encest 
prêsque entierement couverte. Les Sporidies sont hyalines, très 


310 LB DESMAZIERES. — Cryplogames inédites. 

inégales en grandeur ;-les plus longues ont de + à + de milli- 
mètre. Elles sont deux fois plus grosses que celle des Fusispo- 
rium griseum et flavo-virens, plus renflées vers le milieu et:plus 
fusiformes, sans néanmoins être terminées en pointes aiguës. 
Nous en avons aussi observés qui étaient ovoides. 


CONTOMYCETES. 


.Ureno Lecuminum. Nob. PI. Crypt. Fasc. V. n° 234. 


Atervis rotundis , solitaris, maximis, epidermide rüpta einctis; sporulis ovoi- 
deis, pedicellatis, fuscis. — Ad legumina Phaseolorum. Autumno. 

Les sporules de cette espèce, que nous avons observée dans 
le nord de la France, sont semblables à celles de l'Uredo Pha- 
seolorum , DC.; mais on l'en distinguera parfaitement par ses 
grosses ustlés presque toujours solitaires et qui n'ont De 
moins de 4 à 6 millimètres de diametre. 


SEPTORIA ANEMONES. Nob. PI. Crypt. Fasc. V. ne 240. 

Epiphyila. Maculis oblongis, viridi-griseis, in ambitu brunneis. Pseudoperi- 
diis innatis , numerosis, fusco-nigris, minutissimis, poro seu ore apertis. Spori- 
dis linearibus, als rectis, ahis subcurvatis ; sporulis 6-8 , glabosis. —- In foliis 
languescentibus Anemones nemorosæ. Maio. 

Les Sporidies ont + de millimètre de longueur. Quant aux 


sporules globuleuses, leur observation est une des plus difficiles 
du microscope. 


GASTEROMYCETES. 


PERISPORIUM VAGANS, Nos. (Spirœææ hypericifoliæ), PI Crypt. 
Fasc. VI. 


Hyÿpophyllum, sparsum, adnatum, orbiculatum , planiusculum, fusco-nigrum; 
sporidiis minutissimis globosis, hyalinis.— In foliüs plurimarum plantarum her- 
bacearum. Autumno, 


PErIsPoRIUM vAGANS, Nob. (1ridis), PI. Crypt: Fasc. VI. 
Perisporium Iridis? Fries, Syst: myc. 


Cette variété , qui se développe, en automne, sur de feuilles 
vivantes et D nantes de plusieurs ris, parait différer du Pe- 


3. B. DESMAZIÈRFS. — Crypiogames inédites. 311 


risporium Iridis ; que Fries à décrit sur un échantillon sec, 
provenant de l'Amérique septentrionale, en ce que ce dernier 
a ses péridium slobuleux. 


PYRENOMYCETES. 


DiprotA 1ricicoLa, Nob. PI. Crypt. Fasc. VI. 


Nous avons trouvé cette espèce dans le nord de la France, 
sur les branches mortes de l’Z/ex aquifolium. 

Le genre Diplodia est établi très judicieusement par Fries ,. 
aux dépens de son genre Sph&æria , qui renferme encore beau- 
coupd’espèces incohérentes, pour lesquelles il seraindispensable 
d'établir de nouveaux genres, basés sur l'absence d’4sci , sur 
larstructure de la sporidie, ete. Notre savant ami, le docteur 
Montagne, dans sa correspondance avec le mycologue d'Upsal, 
areçu les caractères du genre qui nous occupe, et il les a re- 
produits par cette phrase : « 4sci elliptico-oblongi , didymi ;. 
sporidiis binis referti. » (Aun. des Se. nat. Série 2,t. 1, p. 302). 
Toutefois nous ne pouvons voir, avec Fres, de véritables Æsci 
dans les organes reproducteurs des Diplodia. Hs sont pour nous, 
ainsi que nous l'avons dit dans notre fascicule XV (édit. r), 
des sporidies biloculaires, contenant deux sporules. Nous ajoute- 
ronsicique ces sporidies sont originairement pédicellées, comme 
l’a aussi très bien remarqué le consciencieux observateur Ber- 
Keley, dans des échantillons que nous lui avions transmis. Le 
Sphæria mutila Fries et notre Sphæria Corchori appartiennent. 
à ce nouveau genre, Nous avons encore observé des Diplodia 
sur le Rhus et sur le Populus, mais nous voulons posséder des 
observations encore plus nombreuses avant de publier nos 
phrases spécifiques. 


« 


Dipsopia viricoLA, Nob. PI Crypt. Fasc. VE 

Sur les sarmens du J’itis vinifera. (Voyez la note précédente). 

Dormipra Depazrones Nob. PI. Crypt. Fasc. VI. Depazea bu- 
æicola (Specim. epiph. ), Moug. Stirp. n. 374. 


Epiphylla, m culis eburneïs, nigro-cinctis ; pastulis atris, orbiculatis, con- 
vexulis,-sparsis, dein confluens augulato-difformis. Nuacleis 3-20 confertis, 


312 1. B. DESMAZIÈRES. — Cryplogames inédites. 
minutissimis, albis. Ascis clavatis, brevibus. Sporidiis.oblongis, hyalimis. Spo- 
rulis 4, globosis.—Ad folia Buxi. 

Cette espèce nouvelle figure dans l’un des deux échantillons 
que l’on trouve au n. 974 des Stirpes des Vosges, sous le nom 
de Depazea buxicola ; Hypoxylée fort différente et qui ne se 
trouve jamais qu’à la face inférieure des feuilles encore vivantes 
du Buis. Notre Dothidea Depazeoides ; au contraire, se déve- 
loppe à leur face supérieure et n'a de commun avec le Depazea 
Buxicola que la tache blanche-sur laquelle il repose. Cetté tache 
que nous avons fait entrer dans la description latine ci-dessus, 
n'appartient peut-être réellement qu’au Depazea , cependant 
on trouve presque toujcurs.le Dothidea sans remarquer en 
dessous les périthécium du Depazea. Quoi qu'ilen soit, l'espèce 
intéressante dont il est ici question se développe sous l’épiderme 
de cette tache, le rompt en plusieurs fentes, et se montre au 
dehors sous la forme de tubercules d'un noir intense, épars 
ou confluens, d'abord arrondis, puis quelquefois difformes et 
un peu anguleux. Leur coupe transversale fait découvrir de 3 
à 20 nucleus ou cellules à substance blanche, contenant des 
thèques claviformes , assez petites mais grosses. Les sporidies 
sont oblongues, hyalines et renferment chacune quatre sporules 
globuleuses. 


SPHOERIA MACULÆFORMIS, Var, Filicis, Nob. PI. Crypt. Fase. VE. 

Cette variété est très remarquable par ses périthécium épi- 
phylles. Nous la donnons dans notre fascicule VI, sur l’Æ#sple- 
nium ‘Adiantum-nisrum. 


SPHÆRIA EPIDERMIS Fr. var. €. mnicroscopica. Nob. PI. crypt. 
Fasc. VI. ? 

Cette production , que l'on trouve assez fréquemment dans 
le nord de la France sur la Samarre du Fraxinus excelsior:, a été 
mentionnée (sans la nommer), par le docteur Johnson, dans sa 
Flore de Berwick, sur la Tweed, rivière qui sépare l'Angleterre 
de l'Écosse. 


PHacrnium Lauro-ceRASt Nob. PI. crypt. édit. 1, n° 188. 
Var. major Nob. PI. crypt. Fasc. VI. 


Cette variété, distincte par la grandeur de ses périthécium 


3. B. DESMAZIÈRES. — Cryplogames inédites. 313 


qui sont moins enfoncés, se trouve sur. les feuilles sèches du 
Prunus Lusitanica. Les Asci et les sporidies du type sont iden- 
tiques. Ces dernières sont ovoides, oblongues et souvent unisé- 
riées. Ce caractère modifie un peu celui que nous avons donné 
antérieurement. 


HysTernium commune, Fr. Syst. myc. — Duby Bot. gall. 
Var. nitidum Nob. PI. Crypt. Fasc. VE. 
Hypoderma virgultorum DC. Fi. franç. Sup». 
Sur les tiges sèches de plusieurs grandes plantes herbacées. 


Si l'Hysterium commune de Fries a, comme le dit ce mycolo- 
gue, de grands rapports avec l’Aysterium Rubi, la variété que 
nous publions ici s'en rapproche encore plus par ses périthé- 
cium luisans. Tous les Æysterium commune que nous avons 
trouvés nous-même, ou que nous avons recus de nos correspon- 
dans, ont aussi les périthécium brillans et comme vernissés, et 
nous aurions Cru à une erreur dans la description du Systema 
mycologicum, si les échantillons que l’auteur a publiés dans ses 
Scler. suec. exsicc. n'étaient pas réellement opaques ou d'un 
noir terne. Duby, dans le Botanicum gallicum , dit aussi que 
 V'Hysterium commune est. d’un noir opaque, mais cette asser- 
tion est en contradiction avec la description de l’Hypoderma 
virgullorum de la Flore française, Hypoxylée qu'il rapporte à la 
sienne. Quoi qu'il'en soit, notre variété zitidum.est bien positi- 
vement la plañte de De Candolle, et on la distinguera toujours 
assez facilement de l'Hysterium Rubi, non-seulement par son 
habitat , mais par ses périthécium plus courts et plus obtus. Ils 
sont souvent très allongés et presque aigus dans l'Hysterium 
de la ronce. Il faut prendre garde aussi de confondre l'Hyste- 
run commune avec le Leptostroma hysterioides, espèce fran- 
caise, bien qu'elle ne soit encore dans aucune flore du royaume. 
Non-seulement ce dernier n'offre pas la mème régularité dans 
la forme de ses périthécium, mais leur déhiscence est bien dif 
férente. Ils renferment, du reste, quoi qu’on ait dit et répété 
sur les caractères du genre, des sporidies oblongues, prodigieu- 
sement petites, contenant aux extrémités deux sporules opaques 
et globuleuses. 


314 1. ROŒPER. — Sur les cellules des Sphagnum. 


AYLOGRAPHUM PINORUM, Nob. PI. Crypt. Fasc. VI. 

Peritheciis amphigenis. nigris, nitidulis, sparsis vel confertis, simplicibus ra 
mosisve, oblongis, rectis. Ascis clavæformibus; sporidiis 6-10 ovoideis, hyali- 
pis, uniseptatis. — Jn fois siccis Pinornm. 

Le genre Æylographum ; établi par mademoiselle Libert 
( Ann. des sc. nat. février 1837 ), doit suivre immédiatement le 
genre Hysterium avec lequel il a beaucoup de rapport. Ses es- 
pèces, fort petites, seront probablement très nombreuses, 
lorsqu'on se sera livré particulièrement à leur recherche. Nous 
en avoñs observé plusieurs sur les tiges et les feuilles des plan- 
tes herbacées et même sur les feuilles de quelques arbres. Celle 
que nous publions aujourd’hui offre des périthécium inégaux, 
presque pointus aux extrémités, épars ou ramassés ça et là en 
petits groupes. Ses thèques sont as:ez petites, mais grosses, très 
obtuses et égales dans toute leur longueur. 


RecHerRcHEs sur les cellules des Sphagnum et leurs pores, par 
JEAN Roœprr, professeur à Rostok (Flora 1838. p. 17.) 


L'observation microscopique m'avait depuis long-temps fait 


voir qu’une partie des cellules des Sphagnum sont munies d’ou- 
vertures proportionnellement très grandes , et que l'intérieur 
en est mis en contact immédiat avec l’atmosphère dans laquelle 
ces plantes végètent. Pour constater par des observations di- 
rectes l'existence de ces-ouvertures, j'ai fait les expériences sui- 
vantes : J'écrasai dans de l’eau très pure Palbumen farineux du 
Nymphæa lutea. Vue à l'œil nu, l'eau en était de couleur de lait 
par la présence dés granules tres petits de fécule contenus 
dans cet albumen. Je trempai dans ce liquide des feuilles isolées 
de Sphagnum obtusifolium, qui, lavées auparavant à l’eau pure, 
ne présentaient dans leurs cellules fibreuses et vues sous Île 
imnicroscopé composé, aucune trace de globules amylacés. Après 
quelque temps les feuilles furent retirées du liquide farineux , 
nettoyées avec soin des grains de fécule qui y étaient attachés, 
et mises sur le porte-objet dans de leau pure. 

l'examen microscopique de toutes les feuilles traitées de la 


J. ROEPER. — Sur les cellules des Sphagrnum. 319 


manière indiquée , me fit voir que des grains de fécule en plus 
ou moins grande quantité, avaient pénétré dans les cellules mu- 
nies d'ouvertures, et que, par suite de leur pesanteur, ils s'étaient 
placés sur la paroi cellulaire inférieure, où ils étaient disposés 
généralement par groupes dans les interstices canaliculés formés 
par la:simple membrane cellulaire; jamais je ne ‘es ai vus placés 
sur les fibres qui forment des angles saillans intérieurement. 
Une gouttelette de teinture diode mise sur le porte-objet, me fit 
voir que les granules avaient effectivement pénétré dans les 
cellules. J'étais donc convaincu par cette expérience de la jus- 
tesce de l’opinion soutenue par mon ami Mohl contre Meyen , 
et je ne croyais plus nécessaire de revenir sur le même sujet. 
Une circonstance extraordinaire m’engagea cependant à y re- 
porter toute mon attention. 

Pour examiner les cellules vertes très allongés dans les jeunes 
feuilles fraiches de Sphagnum , je cueiliis en automne quelques 
exemplaires de Sphagnum obtusifolium venus à l'air dans une 
tourbrère au milieu du Jaccinium oxy coccos , de quelques petits 
Saules et d’autres plantes des mêmes localités. Des coupes trans- 
versales très minces me fournirent bientôt le résultat que je 
cherchais, et j'étais sur le point de cesser mes observations, 
lorsque le desir de voir dans une autre direction la liaison par- 
ticulièredes cellules, m’engagea à porter sur le microscope quel- 
ques feuilles entières, étalées dans Peau sur une feuille très mince 
de mica. À peine avais-Je commencé à examiner de plus près les 
cellules fibreuses et celles remplies de chlorophylle, que mon 
attention fut attirée subitement par l'aspect particulier de quel- 
ques-ures de ces cellules placées an bord du champ microsco- 
pique. Je vis de distance à autre des cellules moins transpa- 
rentes et légèrement colorés, présentant dans leur intérieur un 
mouvement particulier. Les cellules, portées sur le milieu du 
champ et examinées de plus près, firent voir dans leur intérieur 
un corps étranger vivant; jy reconnus de jeunes individus 
jaunâtres de Rotifer vulgaris. 

Quelques-uns de ces animalcules étaient réunis'en une masse, 
et immobiles; ils remplissaient les cellules, soit à la moitié:, 
soit au quart; d’autres: individus, au contraire, se mouvaient 


316. J. ROEPER. — Sur les cellules des Sphasnum. 


avec beaucoup de vivacité, distendant, tantôt leur extrémité 
antérieure semblable à une sangsue, et tantôt la contractant, 
ou bien se tordant de tout leur corps, autant que la cellule 
étroite le permettait. D’autres animalcules s'agitaient dans leurs 
cellules, comme siis cherchaient aux parois, et particulière- 
ment aux deux extrémités pointues de la cellule, une issue par 
laquelle ils pourraient s'échapper. L'un d'eux se montra beau- 
coup plus impatient que les autres : j'espérais voir ses efforts 
couronnés de succès , et pendant plus d’une heure jy portai 
une attention continue, Pendant tout ce temps, l’infasoire se 
tordait continuellement dans sa cellule, de manière qu'il se 
trouvait, par son extrémité antérieure, tantôt à l’un, tantôt à 
l'autre des deux sommets de la cellule ; souvent il allait en tà- 
tonnant contre les parois de la cellule, souvent il avançait son 
organe rotatoire et le faisait vibrer; très souvent, et à mon 


grand dépit, il passait devant la grande: ouverture latérale de! 


sa prison, sans y faire attention ; d’autres fois il s’arrètait tout 
près de l'ouverture et.se retournait. Il se trouvait par ha- 
sard , au-dehors: de Pouverture, un petit grain de poussière 
noire, qui, toutes les fois que lanimalcule se contournait 
dans la proximité de l’ouverture cellulaire, présentait un mou- 
véement. trémblotant. Je pouvais m'expliquer ce mouvement 
par suite des expériences faites avec les grains amylacés ; 
cependant: un diaphragme bien:mince pouvait permettre que 
l'eau reçut des mouvemens ondulés, correspondans à ceux de 
lanimalcule placé de l'autre côté du diaphragme. ‘Enfin, et 
après plusieurs heures d'observation , je vis l’animalcule sortir à 
plusieurs reprises, par l'ouverture de la cellule, une partie de 
son extrémité antérieure, mouvement qui détermina le dépla- 
cement du: grain de poussière dont j'ai parlé. Peu après ces pre: 
miers essais, le captif microscopique ernploya tous ses efforts 
et sortit assez lestement de sa prison ; ilne:se rendit cependant 
pas dans la goutielette d’eau, mais bien dans la cellule placée 
immédiatement à côté de l'ouverture par laquelle il venait de 
sortir. La partie postérieure de son corps se trouvait encore 
engagée dans la première cellule quand la partie antérieure eut 
déjà pris possession de sa nouvelle demeure. Dans cellesci , il 


SCHLAUTER. — Sur la végétation des Orobanches. 317 


continua son premier manège, se tordant dans tous les sens 
comme je l'ai décrit plus haut. 

Pendant que je faisais mes observations, eus la satisfaction 
de voir venir chez moi un ami qui a pu reconnaitre avec moi la 
réalité du phénomène que je venais de découvrir. 

Le microscope dont je me suis servi est celui de Plæssel , et, 
comme depuis dix-huit ans je fais usage des meilleurs micros- 
copes anglais et allemands, et que je m’en sers très souvent, il 
n’est guère probable que j'aie pris le change dans mes obser- 
vations. 

Je ferai encore observer que les pores des cellules habitées 
par lesinfusoires s'accordent en tous points avec ceux qui sont 
dépourvus d'habitans; que j'ai fait usage d’un grossissement 
d'environ trois cents diamètres, et que je n'ai employé d’autre 
lumière que celle du jour. La liaison parüculière des cellules 
fibreuses avec celles qui renferment la chlorophylle, de même 
que ia perforation des premières, me semblent destinées à ga- 
rantir les organes de la respiration de la trop grande’ influence 
de l'air, comme l'épiderme, avec sès stomates, le fait dans’les 
plantes les plus parfaites: 


NoTe sur la végétation des Orobanches, par ScarauTeRr. (Flora 


1897, pag. 45.) 


1*Orobanche amethyshina Yhuill, se trouve: en assez grand 
nombre dans les environs d'Hildesheim; l'auteur la observé sur 
les Crepis biennis, Picris hieracioides, Trifotium medium, Medi- 
cago falcata , quelquefois même sur le Libanotis montana etle 
Peucedanum cervaria, quoique plus rarement sur les"quatre 
dernières plantes. Il croit avoir trouvé la cause de sa plus fré- 
quenté existence sur les deux chicoracées , en ce que celles-ci 
lèvent plus fréquemment de graines que les trèfles'etlés om- 
belliféres. C'est toujours sur les rosettes de la première année 
que l’Orobanche se trouve. Un taillis coupé tous les dix ans, 
présente dans toutes ses parties, immédiatement, apres la coupe 
du bois et à la fin de juin une très grande quantité d'O. ame- 


318  scHLaUTER. — Swr la végélation des Orobanches. 


thystina. Tant quele Picris peut végéter entre les arbustes grat- 
dissant de nouveau et qu'il peut par là se reproduire par ses 
graines, on rencontre encore quelques pieds d'Orobanche ; 
plus tard cetté plante parasite ne se voit plus du tout. Le même 
phénomène se présente dans les différentes parties du taillis , à 
mesure que les broussailles furent coupés et après dix années, 
quand le tour d’être coupé revenait-à la première partie du tail- 
lis, l'Orobanche apparaissait de nouveau. Les essais de semis 
des graines d'Orobanche réussirent très bien : à cet effet, il fut 
choisi un endroit où jamais il n’était venu d'Orobanche; les 
graines du Picris et de son parasite furent semées en automne. 
Le Picris se développa très bien, et au mois de mai suivant, 
les fibres des racines et les rosettes étaivnt couvertes de nom- 
breux pieds de l'Orobanche amethystina, de six pouces à deux 
pieds de haut. Quand les graines de cette plante étaient parve- 
nues à maturité, la tige dépérissait jusqu'à l'extrémité infé- 
rieure, et l’année suivante ne présenta aucune végétation. 
partant de l’ancienne souche. Cette espèce n’est donc pas vivace, 
comme on l’'admet généralement, et plusieurs autres espèces 
sont probablement dans lemême cas. Un examen répété fit voir 
que c'est sur l'extrémité des fibres radiculaires du Picris que 
s'implante la graine ridée de l'Orobanche; la radicule de cette 
dernière plante perce les fibres de la plante nourricière; au 
point où ceci a lien, la fibre s’enfle et il se forme un petit épais- 
sissement d’où lOrobanche, dont l'accroissement est mainte- 
pant tres rapide, tire sa nourriture. Les semis d'Orobanche sur 
les racines de Picris fleuri furent sans aucun succes. | 

L'auteur a encore observé l'Orobanche rubens Wallr. (medi- 
caginis Duby); il se borne à dire que cette espèce vient égale- 
ment sur plusieurs plantes ; mais il n’entre dans aucun détail à 
ce sujet; 1l ne dit pas non plus, si d'après son opinion, cette 
espèce se propage de la manière qu'il a décrite pour l'Oroban- 
che amethystina. 


MEYEN. — Our les animaux spermatiques des végétaux. 315 


Lervre de M. Meyen. professeur à l'Université de Berlin, sur les 
animaux spermatiques des végélaux d'organisation inférieure. 


(Lue à l’Académie des Sciences, dans la séance du 3 septembre 1838.) 


« Jai l'honneur d'adresser à l’Académie des Sciences le précis 
de mes: observations: sur l'existence des animaux spermatiques 
dans les végétaux, et de lui soumettre un croquis qui représente 
graphiquement ces petits animaux sous des grossissemens 
de 350 et de 600 fois. Si l’existence d'animaux spermatiques à 
longue queue dans quelques groupes de végétaux d’une orga: 
nisation inférieure , tels que les Musci frondosi et hepatici, est 
déjà, par l’analogie même avec les animaux spermatiques des 
mammifères , un pliénoméne bien digne d’attention, ce phéno- 
mène augmente encore d'intérêt, parce que dans les végétaux 
on parvient à déterminer l’époque à laquelle les animaux com- 
mencent à paraitre. On peut supposer, à cause de fa grande res- 
semblance de leur forme et de la vivacité de leurs mouvemens, 
que dans les deux règnes ces êtres présentent aussi des analogies 
dans leurs fonctions. L'observation nva démontré que dans les 
Mousses, comme dans le Chara, chaque animal spermatique est 
développé isolément dans une cellule de la masse pollinique. 
En 1836, J'avais pris les globules aa (fig. 1, PI. 10) renfermés 
dans les cellules à à du tube pollinique du Chara vulgaris, pour 
les animacules spermatiques mêmes. Aujourd'hui j'ai constaté 
que ces globules ne sont que les petites cellules mucilagineuses 

ans l’intérieur desquelles se forme l’animalcule. Lorsqu'il es 
dans l’int desquell f V Icule. Lorsqu'il est 

ormé, ces petites cellules disparaissent, et l’on voit les animal- 
fi petit ilules d t, et l’on voit les animal 
cules contournés en spires, rangés dans les cellules propres du 
fil pollinique (fig. 2 ). L'action de l’eau fait crever lesmembranes 

P 
du fil et les animacules sortent, La partie plus grosse de leur 
corps se porte en avant, en se courbant et se débattant; la partie 
postérieure très longue et très mince reste encore adhérente au 
fil pollinique (aa, fig. 2 ). Enfin les petits animaux se détachent, 
se déroulent en s’agitant, et continuent leurs mouvemiens spon- 
tanés dans l’eau ; les figures 3 à 9 représentent ces animaieules 

; 8 9:TEP 
du Chara vulgaris libres et dans diverses positions. Dans cet 


320 MEYEN. — Sur le$ animaux spermatiques des végétaux: 


état de liberté , l'extrémité la plus mince du corps , qui est deux 
à trois fois plus longue que la partie épaisse, se porte en avant; 
le tout forme un fil mucilagineux dont les mouvemens rapides 
sont des plus curieux. J'ai figuré les animalcules spermatiques du 
Marchantia polymorpha (fig. ro et11 ); ceux-ci offrent 2 à 2: 
tours de spire. De chaque cellule de la masse pollinique du Har-- 
chantia polymorpha, que M. de Mirbel a très bien reconnue et 
figurée dans son excellent Mémoire d'anatomie végétale (fig. 
53 et 54), sort un seul animal spermatique. La partie mince du 
corps, toute diaphane, est d'abord presque invisible; mais, en 
tuant l'animal par Pemploi de liode , le corps devient jaune et 
plus apparente (fig. 13). Dans le Marchantia , la partie mince 
estégalement la plus longue. A l’état vivant, les animalcules s’y 
montrent toujours roulés, ce que l’on doit sans doute attribuer 
à leur première position dans la cellule. J'ai ajouté aux animal- 
cules du Chara et du Marchantia ceux du Sphagnuim acutifo- 
léum (fig. 14, 15) et ceux del Hypnum triquetrum (fig. 16). 
Dans cette dernière Mousse, les cellules de la masse pollinique 
(fig. 17) restent long-temps collées ensemble par une matière. 
mucilagineuse. Gonflées dans l’eau , une partie-s’en est quelque- 
fois détachée, et alors les cellules mêmes, par impulsion des 
animacules qu’elles renferment, ont montré des mouvemens qui 
n'ont cessé que lorsque les animaux spermatiques en sont sortis 
et ont pu s’agiter isolément. (1) 

«. Je continuerai.ces observations avec le zele et surtout avec 
la circonspection si nécessaire dans ce genre de recherches. » 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 3. 


Fig. 1-2. Tubes polliniques du Chara vulgaris avec les animalcules qu'ils renferment, 
3-9. Animalcules libres de la même plante, igrossis 350ofois. 
10-12. Animalcules du Marchantia polymorpha, grossis 350 fois. 
13. Les mêmes , tués par l’iode et grossis 680 fois. 
14-15. Animalcutes du Spkagnum acutifoliuüm, grossis 350 fois. 
16. Animalcule de l’Æÿnnum triquetrum grossi 680 fois. 
17. Cellules poliiniques qui les renferment, grossis 350 fois. 


(x) Les masses polliniques du Funaria hygrometrica, que j'ai observées dans le mois d’oc— 
tobre, m'ont présenté le même phénomène, mais les petites vésicules intérieures, aplaties, et 
discoïdes, ont présenté des mouvemens extrêmement vifs et très long-temps prolongés sans 
qu'aucun des animalcules s’échappät de leur intérieur ; seulèment leur bord renflé et la pre- 
sence d’un point globuleux plus opaque à la circonférence, semblaient indiqner cet animalcule 
contourné en spirale. Je les ai représentées dans cet état, figure 18 2, €, sortant de la masse 
poilwique, et en 4 plus grossies. 


ee ——— 


EDWARDS ET COLIN. — Sur la respiration des plantes. 321 


Sur la respiration des plantes, 


Par MM. Epwarps et Coris. 


(Memoire lu à l'Académie des Sciences, dans la séance du 26 novembre 1838.) 


Il y a sur la respiration des plantes quelques-uns des plus 
beaux faits que possède la physiologie végétale: mais il n'en 
est pas de même de la théorie qui les unit et qui les explique. 
Elle nous à toujours paru tres difficile à admettre depuis la res- 
piration de Îa graine jusqu’à celle de la feuille. 

En effet, dans la respiration de la graine on n’a guère recon- 
nu d'autre phénomène que le dégagement de Kièide carbo- 
nique (1): on l'explique par la db nas de l’oxigène de 
l'air avec le carbone de la graine. Ainsi la graine ne serait en 
rapport qu'avec l'atmosphère, et le rôle de l’eau dans cet acte 
de la vie des plantes serait absolument nul, ou se bornerait à 
le préparer et à le faciliter; mais il ne contribuerait directe- 
ment en rien à la production du gaz qui se dégage. Voilà done, 
à l'égard de cette théorie, une première difficulté relative à la 


germination ; mais celles qui se présentent contre l’explication 


de la respiration des feuilles sont beaucoup plus graves. La nuit 
il se dégage de l'acide carbonique, puis le jour il s’en absorbe, 
et ilse dégage de l'oxigène aux rayons directs du soleil. Voilà les 
faits, voici l'explication qu’on en donne : l'acide carbonique 
absorbé serait décomposé par la plante, qui s’approprierait le 
carbone et dégagerait l’oxigène. 

Mais c’est supposer à la plante une force qu'il est très difficile 
d'admettre que celle capable de décomposer l’acide carbonique; 
car elle ne se trouve pas facilement dans le règne rninéral, où 
la plus grande simplicité de composition des corps augmente 
leur force décomposante, et où le nombre bien plus considé- 
rable d’élémens répandus dans les divers composés de ce règne 


(x) Nous parlerons dans la suite de ce que les physiologlistes ont fait à ce sujet. 
X. Boran. — Décembre. 21 


322 FDWARDS ET COLIN: 


Sur la vespiration des plantes. 
rend plus probable qu'il s'en trouvera quelqu'un doué de cette 
propriété. 

Enfin l’eau serait encore nulle ici dans son action, quoique 
sa nécessité soit extrême pour les plantes; et l’on ne sait pas 
du tout quel en est le rôle. Telles sont les considérations qui 
nous ont déterminés à reprendre l’examen de cette fonction 
dans les plantes. Nous y avons d’ailleurs été conduits par des 
faits de physiologie agricole sur lesquels nous reviendrons dans 
la suite. 

: Jusqu'ici, les expériences sur la respiration des graines se 
sont toujours faites dans l'air; ou lorsqu'on les à faites dans 
l’eau, on s’est borné à expliquer les phénomenes qui s’y passent 
par ce qui a lieu dans l'air; on n’a pas recherché ce qui se dé- 
gageait de gaz dans le liquide, et par conséquent on n’en a pas 
déterminé la proportion. 

Voilà ce que nous avons fait et ce qui nous a conduits à des 
résultats fort remarquables. Nous avons opéré sur une plus 
grande échelle, afin de mieux faire ressortir les effets de l'expé- 
rience. 

C’est pourquoi nous avons choisi un ballon à col droit, ca- 
pable de contenir de trois à quatre litres d'eau. Nous l’avons 
rempli de ce liquide et nous y avons introduit quarante fèves 
de inarais, grandes et choisies sans fissures à la peau et sans dé- 
faut. Nous avons adapté au ballon un tube recourbé plein d’eau, 
et qui plongeait dans une éprouvette également pleine de ce 
liquide. 

Ainsi les fèves étaient seulement en contact avec l’eau et avec 
l'air qu'elle contenait, air qui ne pouvait pas se renouveler, à 
cause de la manière dont l'expérience était disposée ; et c'est là 
une circonstance fondamentale qui fait tout le succès de l’expé- 
rience. Le premier phénomène qui se présenta fut le dégage- 
ment de bulles d'air provenant des graines. Ces bulles étaient 
d’abord très petites, puis elles grossirent insensiblement et de- 
vinrent, dans l’espace de vingt-quatre heures, très manifestes. 

Cette production de gaz était déjà une circonstance fort ex- 
traordinaire, qui n'avait pas été signalée et qui ne semblait 
guère s’accorder avec les idées qu'on s'était faites sur la germi- 


EDWARDS ET COLIN. — Sur la respiration des plantes. 323 


nation, à moins de supposer que ce dégagement provenait de 
l'air que les fèves pouvaient contenir. Mais cette supposition 
devait bientôt s’'évanouir par le dégagement du gaz qui conti- 
puait toujours, et qui devint trop considérable pour qu’on l’at- 
tribut à cette cause. 

C'est d’abord une certitude que le gaz provenait des graines; 
car , avant de les introduire dans l'appareil, nous avions eu le 
soin de les mettre dans l’eau et de les frotter pour en détacher 
tout l'air qui adhérait à leur surface. Long-temps après avoir été 
plongées dans l'eau de l'appareil, l’on ne voyait pas de gaz à 
leur superficie ; mais il s'en forma peu-à-peu. D'ailleurs, dans 
d’autres occasions où la graine avait été coupée, nous l'avons 
vu sortir du parenchyme. Beaucoup de fèves étaient enlevées 
par des bulles d’air qui leur étaient adhérentes, et qui, venant 
crever à la partie supérieure du baïlon, laissèrent tomber Îes 
graines. 

Après une durée qui n’a Jamais été moindre de quatre jours, 
nous arrêtames l’expérience. Notre premier soin fut de peser les 
graines pour constater la quantité d’eau qu’elles avaient absor- 
bée, et nous trouvämes constamment qu’elle avait dépassé leur 
propre poids. Effectivement, le poids moyen des fèves employées 
était de 100 grammes, et l'humidité qui les gonflait l’élevait en- 
viron à 120 grammes. 

Le point le plus essentiel était de s’assurer si les graines 
étaient vivantes et en état de germer; car il est évident que c’est 
une condition indispensable pour établir que le dégagement 
de gaz qui s’opérait dans l’eau était le résultat d’une fonction 
naturelle et normale. 

Au sortir du liquide, quelques-unes de ces graines avaient 
une déchirure vis-à-vis de la pointe de la radicule ; mais il y en 
avait au plus trois ou quatre dans cet état. 

Si les graines étaient vivantes, la fonction était normale ; 
nous les plantämes donc comparativement avec un même 
nombre d’autres fèves qui n'avaient été soumises à aucune ex- 
périence, et nous eumes le plaisir de les voir lever toutes égale- 
ment bien ; mais la meilleure manière de faire l'expérience est de 
les garder dans un papier humide entre deux assiettes. Le lende- 


27, 


324 EDWARDS £T COLN. — Sur la respiration des plantes. 


main, elles étaient toutes parfaitement germées, en été, et les 
radicules sortaient de quatre à cinq lignes. 

Maintenant, quant à la production du gaz, nous observerons 
que celui qui s’est dégagé en traversant l’eau pour se rendre 
dans le tube et dans l'éprouvette n’était que le signe de la fonc- 
tion ; il est évident qu'il ne pouvait être que l’excédant de celui 
qui se dissolvait dans l’eau au fur et à mesure qu’il se formait ; 
aussi devait-il être en bien moindre quantité. 

La proportion d’air qui avait traversé l’eau sans s’y dissoudre 
s'élevait de 20 à /4o millilitres; mais celle qui s'était dissoute 
dans l’eau, et que nous en avons dégagée par l’ébullition, était 
très considérable et avait bien lieu de nous surprendre. 

Tout l'intérêt de l'expérience dépend ici de la quantité d’air 
naturellement contenue dans l’eau, comparée à celle qui avaitété 
produite par les graines. Nous avons donc fait plusieurs expé- 
riences pour déterminer la proportion d'air contenue dans l’eau 
de fontaine dont nous nous sommes servi. Nous avons trouvé 
que l’eau de nos ballons, avant l’expérience, contenait en 
moyenne 7,) centilitres d'air ; mais apres l'expérience, nous en 
avons dégagé plus d’un demi-litre de gaz (55,5 dans une expé- 
rience de 5 jours) : ainsi, en défalquant la quantité d’air natu- 
rellement contenue dans l'eau , on trouve 47,7 centilitres, ce 
qui fait tout près d’un demi-litre de gaz, produit uniquement 
par l'action de l’eau et des fèves. En prenant une auire expé- 
rience, dont la durée était de six jours, et faisant la même dé- 
falcation, on trouve un reste qui équivaut à 50,5 centilitres de 
gaz produit au-delà de l'air naturellement dissous dans l’eau du 
ballon. 

Il s’est donc dégagé par la seule action des graines et de l’eau, 
en défalquant l'air qu’elle contenait, plus d'un demi-litre de gaz. 

Voilà un effet tellement marqué, et qui se présente sur une 
si grande échelle, qu'on ne peut concevoir le moindre doute 
sur l’action de l’eau dans la respiration des fèves, abstraction 
faite de l'air contenu dans ce liquide. 

Il s’agit maintenant de savoir ce da ’aura fait connaitre l'ana- 
lyse des gaz fournis par les graines : 1° Une proportion énorme 
d'acide carbonique; sur les 55 centilitres produits par l'expé- 


EDWARDS ET COLIN. — Sur la respiration des plantes. 325 


rience de cinq jours faite en été , il y en a eu 48 d’acide carbo- 
nique; 2° une quantité presque infiniment petite d’oxigène, 
210,5; et 3 6 centilitres 5 dixièmes d’un gaz qui paraissait 
être de l’azote. Ainsi donc en résumé : 1° une quantité énorme 
d'acide carbonique; 2° presque pas d’oxigène; 3° une quantité 
de gaz que nous regarderons pour le moment comme entiere- 
ment composée d'azote, et qui s'élevait à un peu moins que la 
quantité d’air contenu dans l’eau. Nous nous réservons d'indi- 
quer dans une autre occasion s'il n’y a pas un autre gaz qui s’y 
mêle. 

D'où provient cette énorme quantité d’acide carbonique où 
l'air contenu dans l’eau n’entre pour rien ? Il est évident que 
puisque l’oxigène ne vient pas de l’air dissous dans Peau, il doit 
venir d’un des élémens de l’eau même. L'eau est donc décom- 
posée; l’oxigène, qui est un de ses élémens, s’unit au carbone 
de la graine , et forme l'acide carbonique qui se dégage en tout 
ou en partie : question que nous examinerons dans une autre 
occasion. 

Que devient l’autre élément de l’eau, l'hydrogène? Nous sup- 
posons pour le moment qu’il n’en paraisse pas une trace , ainsi 
que nous l'avons présenté provisoirement plus haut ; puisqu'il 
n'est pas dégagé, il est évident qu'il est absorbé par la graine. 


Ainsi, dans les conditions où nous avons placé les graines, 
il suit des expériences que nous avons exposées les résultats 
suivans : 

1° L'eau est décomposée ; 

2° L’oxigène de la partie décomposée se porte sur le carbone 
de la graine et forme de l'acide carbonique ; 

3° Get acide carbonique se dégage de la graine en tout ou en 
partie ; 

4° L'autre portion de l’eau décomposée, l'hydrogène, est ab- 


sorbée par la graine en tout ou en partie. 


Voilà les quatre propositions fondamentales relatives à la res- 
piration de la graine, auxquelles nous nous bornons pour le 
moment. 


326 EDWARDS ET COLIN. — Sur la respiration des plantes. 


Il importe peu actuellement de savoir si tout lacide carbo- 
nique est complètement dégagé. 

Il importe également peu que nous sachions dés à présent si 
tout l'hydrogène, rendu libre par la décomposition de l’eau, 
est complètement absorbé par la graine : c’est ce dont nous 
traiterons dans la suite de ce travail. 

Le fait fondamental de ces recherches est donc la décompo- 
sition de l’eau; fait tout-à-fait étranger à la théorie admise jus- 
qu'à ce jour. 

11 résulte aussi des faits que nous avons exposés, que la res- 
piration n’est plus, comme elle était considérée jusqu'ici, uni- 
quement une fonction d’excrétion, mais qu’elle présente en 
même temps, d’après ce que nous avons fait connaître, un fait 
fondamental de la nutrition et du développement de l'embryon 
par l'absorption de l’'hydrogene. 

Outre la respiration de la graine, que nous avons étudiée 
dans plusieurs espèces, nous avons examiné celle des bulbes, 
des tiges, des pétioles, des feuilles et des fleurs. 

Nous nous proposons d’avoir l'honneur de les communiquer 
successivement à l’Académie. 

Mais nous dirons que les faits exposés dans ce Mémoire, re- 
latifs à la respiration de la graine, forment la base de la respi- 
ration des autres parties de la plante : c’est ce que nous ver- 
rons dans la suite, ainsi que la part que l'air prend à cette 
fonction. 

La multiplicité de nos recherches nous a déterminés à prier 
M. Labbé, pharmacien à Versailles , de nous prêter son secours, 
et nous devons beaucoup à son talent et à son habileté. (1) 


(1) On voit, par les recherches exposées dans ce Mémoire, que nos résultats s'accordent 
parfaitement avec quelques faits qui se trouvent dans le beau Mémoire que M. Boussingault 


a lu dans la séance précédente, et qui se rapportent à la fixation de l'hydrogène dans les 
plantes. 


—— — PE Q'Q Q E——— 


SCHULTZ. — Sur la circulation dans les plantes. 327 


Nouverres observalions sur la circulation dans les plantes , 


Par le Dr. C.-H. Schultz. 
(Lues à l’Académie des Sciences, le 20 septembre 1838.) 


Rien ne saurait être plus agréable pour moi, à l'occasion de 
ma présence dans cette illustre assemblée, que d'exprimer per- 
sonnellement ma reconnaissance à l'Académie pour lPhonneur 
qu'elle a daigné faire à mon Mémoire sur la circulation dans 
les plantes, en lui accordant le grand prix de physique, Qu'il 
me soit permis de remercier spécialement MM. les membres 
de la Commission qui s'est chargée du rapport sur des observa- 
tions si détaillées, et qui a témoigné un si vif intérêt à mes 
travaux. 

L'Académie n'a pas reculé devant les dépenses nécessitées par 
la gravure d’un très grand nombre de dessins, et j'ai le plaisir 
de voir qu'on est sur le point de faire imprimer le texte sous 
mes propres yeux. 

Au moment de la publication du mémoire entier, j'ai cru 
que l’Académie n’entendrait pas sans intérêt quelques observa- 
Huons nouvelles accompagnées des dessins concernant le même 
sujet, car ces observations serviront à compléter mon travail, 
ainsi qu’à confirmer le jugement de l’Académie sur celui-ci, et 
à rectifier quelques erreurs dans lesquelles sont tombés divers 
auteurs, depuis la présentation de mon Traité. Quelques savans 
ont confondu le mouvement de cyclose dans les vaisseaux ré- 
pandus dans le tissu cellulaire hors du foyer de la circulation 
avec le mouvement de rotation dans les plantes inférieures. Jai 
fait connaître dans mon Mémoire deux sortes de circulations 
tout-à-fait distinctes l'une de l’autre : l’une existante dans les 
plantes Aomorsaniques, c’est-à-dire dans les plantes pourvues seu- 
lement d’un tissuutrieulaire homogène dont chaque utricule re- 
présente et renferme la totalité des fonctions vitales de la plante; 
circulation qu'a cause du mouvement gyratoire séparé dans 
chaque utricule nous avons nommée la rotation ;l'autre sorte de 


328  scaurrz. — Sur la circulation dans les plantes. 


circulation est propre aux plantes hélérorganiques, c'est-à-dire 
aux plantes pourvues d’un double système de vaisseaux réunis 
par un système cellulaire, lequel remplit seulement les fonc- 
tions de la formation: cette circulation est celle à laquelle j'ai 
assigné le nom de cyclose à cause des courans de sucs renfer- 
més dans des vaisseaux ramifiés et anastomosés en forme réti- 
culaire, de manière qu'il se forme des cercles cohérens et en- 
chaïnés les uns aux autres par les anastomoses. 

Depuis, MM. R. Brown et Amici, sans avoir égard à la cy- 
close, firent connaitre leurs belles observations sur le mouve- 
ment du suc dans les poils nurement cellulaires de plusieurs 
végétaux hétérorganiques ou pourvus de vaisseaux laticifères. 
Vers la mème époque, M. Slack, habile naturaliste anglais, en 
répétant les observations de M. R. Brown sur les poils du Tra- 
descantia virginica ; établit le premier , d’une manière positive, 
la comparaison de cette circulation dans les poils avec la rota- 
tion dans les plantes homorganiques(1).Toutefois, M. Slack avait 
très bien remarqué que ces poils ne sont pas des cellules d’une 
simple membrane, mais qu’ils se composent dun double tissu, 
lun extérieur, lautre intérieur, et que c'est entre les deux 
membranes que s'opère la circulation. M. Slack avait reconnu 
en outre que ce mouvement dans îes poils n'offre pas seulement 
deux courans retournant sur eux-mêmes, mais plutôt de nom- 
breux canaux liés ensemble par des anastomoses réticulaires. 
Donc M. Slack avait décrit d’après nature une véritable cyclose, 
et seulement il ignorait tout-à-fait alors la vraie nature et les 
divers degrés de l’évolution des vaisseaux laticifères et de la 
cyclose, qu'il paraît n'avoir connus que par oui-dire. Voilà ce 
qui porta M. Slack à comparer à tort ce mouvement de cyclose 
à la rotation. 

Plus récemment, ces observations furent répétées par 
M.Meyen; mais quoiqu’on ait dü s'attendre à ce qu’un obser- 
vateur connaissant les vrais rapports de la cyclose distinguñt au 
premier coup-d’œil le mouvement de cyclose de celui de ia ro- 
tation, M. Meyen partage l'opinion, au contraire, de M. Slack, 


(1) Annales des Sciences naturelles, 2° serie, Botan, Tom. 1. p. 271. 


SCHULTZ. — Sur la circulation dans les plantes. 329 


et même il pousse encore plus loin cette fausse comparaison , 
en tâchant de réfuter les observations incontestables de celui- 
ci, savoir : que les courans du suc dans les poils ne s’opéreraient 
pas dans l'intérieur d’une cellule creuse et parfaitement vide, 
mais dans les interstices d’un double tissu. Il est certain que 
cette réfutation est purement hypothétique. M. Meyen re- 
connaît bien qu'il était impossible qu’une vraie rotation se fit 
dans des canaux enfermés entre deux tissus ; mais au lieu d’ad- 
mettre que des courans en forme de réseau dans l'intérieur des 
tissus ne sont autre chose qu'une véritable cyclose , il préférait 
avancer que les observations de MM. R. Brown et Slack sont 
erronées sur ce point, quoiqu'il n’y ait rien de plus juste que 
ces observations, et que la comparaison seule soit fausse. C’est 
aussi pourquoi les figures de cette circulation dans le tissu cel- 
lulaire des poils, données par M. Slack selon les observations de 
M. Brown, sont beaucoup plus conformes à la nature que les 
figures de M. Meyen. 

D'après l’opinion de M. Meyen, il était nécessaire d'admettre 
dans les plantes hétérorganiques, pourvues d’un système vascu- 
laire laticifère, deux sortes de circulation dans la même plante, 
savoir: la cyclose et la rotation, sans qu'on comprenne quel 
rapport ou quelle liaison existe soit entre ces deux circula- 
üons elles-mêmes, soit entre les deux circulations et le système 
des vaisseaux spiraux. Ces contradictions ne sont explicables 
que par lignorance où est M. Meyen des diverses formes, 
de la place, de l'étendue et principalement des degrés de lé- 
volution des vaisseaux laticifères. Ce sont notamment les vasa 
laticifera contracta, dont les parois sont très souvent non re- 
connaissables au milieu du tissu cellulaire, à cause de leur té- 
nuité extrême et de leur transparence vitreuse , et c’est ce qui 
a si souvent empêché les observateurs d'admettre d’une ma- 
nière générale des vaisseaux pour le latex. C'est pour éclaircir 
ces phénomènes que j'ai l'honneur de présenter à l’Académie 
quelques dessins exécutés exactement d’après nature. On voit, 
dans June de ces planches, une coupe longitudinale d'une 
tige vivante du Commelina cœlestis passant par le milieu d'un 
faisceau vasculaire. On aperçoit, à côté des vaisseaux Spiraux, 


330  scauz1z. — Sur la circulation dans les plantes. 


le foyer de la cyclose. Ce foyer se compose d’un faisceau de 
vaisseaux laticifères dont les vaisseaux très déliés et effilés sont 
très serrés et liés entre eux en forme de réseaux à mailles très 
allongées, dans lesquelles on voit les courans du latex ascen- 
dans , descendans et retournans en soi-même. En outre , on re- 
marque à côté du foyer, dans le tissu cellulaire, la cyclose en 
courans bien distans, et la même chose est visible entre les 
cellules du poil que j'ai représenté à un plus fort grossissement 
dans une autre figure. 

On observe de même que les courans épars soit dans le tissu 
cellulaire de la tige, soit dans les poils, ne sont ni séparés dans 
chaque cellule, ni isolés dans tout le tissu cellulaire, mais liés 
au foyer de la circulation en quelques endroits que j'ai indiqués 
dans le dessin; ainsi tout le suc circulant dans le tissu cellulaire 
et dans les poils, dérive du foyer de la cyclose. Le latex dans le 
Commelina aussi bien que dans toutes les Liliacées, n’est pas 
tout-à-fait laiteux, quoiqu'il soit un peu plus opaque que dans 
beaucoup d’autres plantes. Or, toutes ces plantes ayant des 
vaisseaux laticifères d'autant plus fins que leurs sucs sont plus 
transparens, ainsi que je l'ai exposé en détail dans mon Mé- 
moire, il est souvent difficile de trouver et de poursuivre toutes 
les ramifications qui font là connexion des courans. Mais il 
existe ‘des plantes à latex parfaitement laiteux où l’on voit la 
même chose d’une manière encore plus claire. 

J'ai l'honneur de présenter à l’Académie une figure d'un poil 
tenant à une-portion de la corolle du Campanula rapunculoi- 
des. Ainsi que toutes les Campanulacées, cette espèce a un latex 
parfaitement laiteux , et j'ai figuré dans mon Mémoire les vais- 
seaux laticifères de plusieurs Campanulacées dans tous les de- 
grés de leur évolution, afin qu'il ne soit pas douteux que le la- 
tex circule vraiment dans ces vaisseaux. Or, on voit dans ce 
poil vivant les courans du latex dans la même liaison réticulaire 
que dans l'intérieur de la plante, soit dans le foyer de la cyclose 
soit dans le tissu cellulaire. D'ailleurs, ces circulations d’un la- 
tex parfaitement laiteux ressemblent en tout aux courans du 
latex dans Le Commelina, le Tradescantia et les autres plantes 
à latex non laiteux. Ainsi toutes ces sortes de circulations ont 


sCHULTZ. — Sur la circulation dans les plantes. 331 


lieu dans un système de vaisseaux entourant, sous forme d’un 
réseau très fin, les cellules, et traversant même l’intérieur des 

«cellules, dans les directions les plus diverses ; aussi c’est dès le 
premier coup-d'œil qu'on distingue cette circulation de la vraie 
rotation dans les plantes homorganiques. C’est aussi ce que j'ai 
figuré dans quelques Aroïdées, dans mon Mémoire, où l’on 
voit comment les vaisseaux laticifères contractés se répandent 
hors du foyer dans le système cellulaire. Jamais cette circulation 
n'est isolée dans les cellules: car il y a toujours une liaison des 
réseaux des différentes cellules. 

Je ne connais qu’un seul phénomène qui donne une cer- 
taine indépendance à la cyclose de quelques grandes cellules. 
Ce cas arrive lorsque , au milieu d’une cellule, on voit un con- 
fluent de courans plus ou moins radiaires , d’où il résulte que le 
point de réunion de ces courans est comparable au cœur, Jai 
figuré cela dans le Commelina. Mais toujours les courans ra- 
diaires communiquent avec les courans des cellules voisines. 
Pourtant tous ces faits sont restés absolument inconnus à 
M. Meyen, de sorte qu’il va jusqu'à nier les phénomènes les plus 
incontestables, tels que l’existence des vaisseaux laticifères, en 
état de contraction , et même les anastomoses de ces vaisseaux 
dont j'ai peut-être déjà surchargé de figures mon Mémoire. 
C'est ici que je suis obligé de relever encore une autre erreur 
assez singulière. M. Meyen, en niant l'existence des anasto- 
moses des vaisseaux laticifères, cite une figure des vaisseaux fa- 
ticifères d’une Euphorbe charnue, donnée nouvellement par 
M. Link, et à la vérité, dans cette figure, ces vaisseaux sont 
représentés sans anastomoses. Mais c'est moi-même qui avais 
préparé ces vaisseaux pour M. Link, avec toutes les anasto- 
moses qu'on y trouve en réalité, et c’est seulement par la faute 
du dessinateur qu'il ne les avait pas figurés. Or, comme 
M. Link, je ne sais par quel hasard, avait publié ce dessin sans 
faire mention de moi, il est arrivé que M. Meyen a voulu me 
réfuter par mes propres préparations imparfaitement exécutées. 
Certainement les nombreux dessins des anastomoses donnés 
dans mon Mémoire feront disparaître les doutes sur l'existence 
des anastomoses des vaisseaux laticifères et on sera persuadé 


332 SCHULTZ. — Sur la cérculation dans les plantes. 


que les courans du latex, dans la plante vivante, sont tou- 
jours tracés par la forme des réseaux des vaisseaux. La con- 
naissance de ces réseaux jette d’abord une grande lumière sur la 
marche des courans de la cyclose dans l’intérieur du parenchyme 
des plantes vivantes où l’on ne distingue pas mieux les parois 
des vaisseaux mêmes que dans la circulation des animaux, où 
l’on a souvent eu les mêmes doutes sur l’existence des vaisseaux 
dans le système de la périphérie. Peut-être qu’il sera aussi im- 
possible dans les plantes que dans les animaux de séparer les 
vaisseaux dans toutes les parties d’une plante, et qu'on devra 
se contenter de les avoir représentés dans quelques parties, 
mais dans autant de familles que possible, et c'est ce que je 
me suis efforcé de faire dans mon Mémoire et ce que l’Acadé- 
mie a jugé convenable. 

l’ensemble de la connaissance des vaisseaux et du mouve- 
ment du suc nous met en état de distinguer exactement la cy- 
close de la rotation, distinction dont il s’agit ici. Il ne parait pas 
que la rotation euüt lieu dans aucune plante hétérorganique, 

c'est-à-dire à vaisseaux laticifères, tandis que cette rotation se 
retrouve dans toutesles plantes homorganiques phanérogames 
examinées vivantes jusqu'ici. Même dans quelques-unes de ces 
plantes, dont j'ai donné la classification dans mon système des 


plantes d'apres l'observation de lorganisation sur des tiges 


desséchées, que j'avais rangées parmi les plantes dans lesquelles 
on devrait trouver encore la rotation, on la déjà trouvée, 
comme dans le Zanichellia. 

Un autre moyen de distinguer la rotation de la cyclose est 
offert par l'absorption des liquides coloriés, qui dans les plantes 
hétérorganiques ne sont jamais absorbés que par les vaisseaux 
spiraux , tandis que, comme je l'ai démontré dans mon ouvrage 
sur la plante vivante, dans les plantes homorganiques à rotation 
c'est le suc tournant même dans chaque utricule qui se colore 
de suite de la matière colorante absorbée , de manière que dans 
plusieurs plantes homorganiques, j'ai produit une rotation 
rouge par l’absorption de la garance et une rotation bleue par 
l'absorption de lindigo; mais jamais je m’ai pu produire une 
cyclose rouge ou bleue, parce que cesont toujours les vaisseaux 


SCHULTZ. — Sur la circulation dans les plantes. 333 


spiraux qui absorbent les liquides colorés, et jamais le latex 
ne prend une couleur artificielle dans la plante saine. Cest 
aussi ce que j'ai tenté de faire avec le Tradescantia virginica, 
le Commelina cælestis, le Campanula rapunculoides, sans 
avoir réussi à produire une cyclose artificielle rouge ou bleue, 
ce qui se fait si facilement pour la rotation. 

Ainsi, je suis porté à croire qu'une loi générale, tant dans 
l’organisation des plantes que dans l’organisation des animaux, 
sépare deux grandes divisions dans le règne végétal : les homor- 
ganiques et les hétérorganiques; et que c’est principalement 
l’organisation du système de la circulation dont les types divers 
président aux changemens de toute l’organisation interne, de 
laquelle résultent les degrés de développement des divisions na- 
turelles du règne végétal, tandis que dans le règne animal c’est 
privcipalement du système nerveux que dépendent les types 
généraux des divisions naturelles. Cette diversité s’expiique en 
ce que l’organisation des plantes n'offre que des fonctions or- 
ganiques ou végétatives, tandis que, dans les animaux, les 
fonctions animales gouvernent la totalité de l’organisation. Mais 
aussi parmi les fonctions purement végétatives des plantes se 
trouve un système supérieur dominant et remplacaut le sys- 
tème nerveux des animaux, et ce système est le système de la 
circulation. Voilà pourquoi les changemens des grands types de 
la circulation déterminent les changemens de toute lorganisa- 
tion interne qui produit les grandes divisions naturelles du 
règne végétal, divisions que j'ai täché d'exposer dans mon sys- 


teme des plantes. 5 


Quoi qu'il en soit ,il reste hors de doute que tous les phéno- 
mènes qu'on avait pris pour une rotation dans les plantes hé- 
térorganiques appartiennent incontestablement à la cyclose; et 
c'est done le fait principal auquel je me bornerai ici, parce 
qu'il se lie immédiatement aux questions qui ont été proposées 
par l’Académie et auxquelles j'ai répondu dans mon Mémoire. 


334 C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes. 


CRYPTOGAMES ALGÉRIENNES, ow plantes cellulaires recueillies 
par M. Rousse aux environs d’Alger, ef publiées 


Par le Docteur CAMILLE MONTAGNE. 


Suite et fin. (Noy. p. 268.) 


HEPATICÆ, Hedw. 


130. Riccia glauca L. 

131. Oxymitra pyramidata Bisch. 
132. Anthoceros lœvis L. 

133. Targionia hypophylla Mich. 


134. Z'imbriaria intermedia Montag. Sp. nov.? 


Oss. Quoique cette espèce me semble inédite, je ne me ha- 
sarderai pourtant point à la décrire sur un simple échantillon. 
Je me contenterai de dire qu’elle a la forme du Fimbriaria ve- 
nosa Lekm. et Lindbe. , et les réceptacles femelles du Férbria- 
ria chilensis Nees et Montag. Centur. PI. cellul. exot. nouv. n. 72. 
J'attendrai, pour la mieux faire connaitre, qu'elle ait été re- 
trouvée dans la localité indiquée par M. Roussel à plusieurs 
botanistes, et que de nouveaux échantillons plus complets m'en 
soient parvenus. 


135. Lunularia vulgaris Mich. cum receptaculis femineis maturis. 


136. Plagiochasma Rousselianum Montag. 


P. pusillum , receptaculis femineis mono-pentacarpis subtüs barbatis, capsulà 
pedicellatà, fronde obcordato-cuneatà 


Har. in vallibus umbrosis occidentalibus, imprimis loco Boudjareah dicto et 
non multüm ab urbe distanti, ad margines viarum hanc speciem detexit ci. 
Roussel. 

Drscr. Frondes in cæspitem viridi purpureoque variegatum congestæ , sim- 
plices, obcordato-cunçatæ, duas lineas longæ et apicem versus ampliatum emar- 


C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes. 335 


givatumque eamdem amplitudinem metientes, ferè scilicet orbiculares, teneræ, 
membranaceæ medio subtüs incrassatæ et ibi radiculas numerosas cum squamis 
mixtas tenuissimis lanceolatis atro-purpureis sat brevibus nec ad margines sed 
tantüm in emarginaturà frondis sub aspectum venientibus , ferentes, suprà lætè 
et intense virides, epidermide lineolis fuscis reticalatà (retis areolæ hexagonæ pa- 
pilis hemisphæricis oblongisve hyalinis interspersæ) margine undulato adscen- 
dente subtüsque atro-purpureæ tiranslucem adspeciæ subviolaceæ. In facie 
pronà vel inferiori adsunt et plicæ tenuissimæ quæ à centro ad margines radiant, 
Receptaculum femineum mono-pentacarpum non autem ex emarginaturà pro- 
diens , sed in medio oborum frondis non longè antè apicem surgens, pedun- 
culo brevisssmo , dfas ad summum lineas longo, basi compresso, nudo, longitu- 
dinaliter siriato, albo , cellulis minutissimis, ad axem centralem densiüs contex- 
tum radiatim versis composito, apice subtüs paleis tenuissimis longè barbato, 
suffultum. /rvolucra 1 ad 5, fere lineam longa, semilineam lata, viridia, ad 
apicem pedunculi longitudinaliter affixa sibimetque dorso contigua bivalvia, 
seu verticaliter rimà integerrimàä dehiscentia. Quandoque involucrum soliterium 
cernitur subsessile, pedunculo abbreviato; tunc rima supera et transversalis est 
ut jam de mei Plagiochasmatis Peruviani Varietate monocarpä dixi et de suo 
genere Antrocephalo prædicavit celeb. Lehmann. Id si contigerit, vestigia invo- 
lucrorum abortientium sub involucro fertili vel ad ipsius basin remanent et facilè 
deprehenduniur. Ca/yptra tenerrima, albida, stylo parvulo coronata, è cellulis 
quam maximè irregularibus constans, apice cito rumpitur et semper cum invo- 
lucro tam arctè coalita ut ab invicem disjungere difhicile sit. Capsula (sporan- 
gium) sphærica, brunnea , diametro semilineam metiens, pedicello suffulta quar- 
tam lineæ partem adæquante, in fundo involueri affñixo, in lacinias plures irre- 
gulares apice dehiscens. Sporæ globoso-polyedræ quingentesimam millimetri 
partem diametro æquantes, fusco-rubræ, obscuræ, aculeis obtusis spiraliter ut 
videtur seriatis echinatæ. Ælateres trispiri ! ! flexuosi apicibus obtusi, medio 
filis laxissimè spiraliter tortis et utriculo contiguis ventucosis subcancellati. 


Oss. Cette Marchantiée, sans ressembler à aucune autre es- 
pèce du même genre, a de grands rapports, par son réceptacle 
chargé de paillettes ou barbu en dessous, soit avec le Plagio- 
chasma appendiculatum LL L., soit avec le P. peruvianum Nees 
et Montag.; mais elle diffère du premier par la forme obcordée 
presque orbiculaire de sa fronde, et du second par ce même: 
caractère et par son pédicule nu à la base. Si nous la comparons 
avec le Xeboullia madeirensis Raddi , devenu, depuis qu'il a été 
mieux étudié, le P/agiochasma Ailonia N. ab E. ms., nous trou- 
vons encore une plus grande ressemblance, mais aussi nous 
observons des différences qui ne permettent pas de les con- 
fondre. Ainsi, outre que dans le premier le pédicule est garni 


336 C. MONTAGNE. — Crypt ogames algériennes. 


de longues barbes à la base et nu au sommet, ce qui est abso- 
lument le contraire dans le second , la forme de la fronde, di- 
chotome et allongée dans la plante de Madère, courte et arron- 
die dans celle d'Alger, nous semble suffire pour distinguer spé- 
cifiquement ces deux Plasiochasma. Mais les différences ne se 
bornent pas à celles que je viens d'exposer ; il en est encore de 
plus importantes, puisqu'elles ont pour objet les organes de la 
reproduction. Je veux parler des spores, qui dans l'espèce algé- 
rienne sont échinés, et des élatères, composés de trois lames 
roulées en spire, caractères qui ne se retrouvent dans la des- 
cription d'aucune des quatre autres espèces de ce genre. 


137. Codonia pusilla var. Wondrackzeky Dumort. 
138. Aneura pinguis Dumort. 


MUSCI , Juss. 


130. Gymnostomum ovatum Hedw. Ad muros. 
140. — curvisetum Schwægr. 

141. Grimmia pulvinata Sm. 

142. Heissia viridula Hedw. 

143. — Starkeana Hedw. 

144. — verlicillata Schwæsr. 

145. Dicranum varium Hedw. 

146. Trichostomum Barbula Schwægr. 

147, Dydimodon rigidulus Hedw. 

148. Tortula (Barbula) rigida Turn. 


149. — — cuneifolia Roth. 
150. — fps muralis Hedw. 
151. — = unguiculata Hedw. 
153. Bryum sanguineum Bnid. 

153. —  cæspiticium L. 


154.  — platyloma Schwægr. 
155. Bartramia stricta Brid. 

156. Funaria flavicans Mich. 

157. — Fontanesii Schwægr. 
158, — hygrometrica Hedw. 
159. Leskea. sericea Hedw. 

160. Hypnum illecebrum L. 


161. — murale Hedw. 
162. — sérioosum Hoffm. 
163 — aloerianum Vesfont. 


164, Fissidens bryoides Hcdw. 


C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes. 337 


SUPPLÉMENT. 


Un envoi tout récent de plantes cryptogames algériennes 
que je dois à l'obligeance de MM. Monard , médecins de l’armée 
d'Afrique, me met dans la nécessité d'ajouter à la liste précé- 
dente qnelques espèces intéressantes où nouvelles qui n’y figu- 
rent point encore. Par mon empressement à faire connaître au 
monde savant les fructueuses investigations de ces deux amis 
éclairés de la Botanique, je desire à-la-fois leur donner une 
preuve de ma gratitude toute particulière, et les engager à con- 
tinuer avec le même zèle leurs importantes recherches. Comme 
la plupart des espèces de ce dernier envoi sont déjà inscrites 
dans la liste de celles que m'a communiquées M. Roussel, je ne 
mentionnerai ici que les plantes qui n’en font point partie. 


165. Chondria ( Laurencia ) obtusa v. paniculata Ag. 
166. Halymenia nicæensis Lamour. — Duby, Bot. Gall. 
167. Sphærococcus (Gigartina) Griffuihsiæ Ag. (typus) 


168. + Padina omphalodes Montag. m.s.: fronde olivaceo-fuscà initio 
membranaceà nudà orbiculari umbilicatà substipitatà, demüm coriaceä subtüs 
tomentosà varie fissà , lobis cuneiformibus apice laceratis. 

Has. Ad littora Algeriensia inter rejectamenta maris hanc speciem adhuc sub- 
amphibolam legerunt clarr. Monard et Roussel. 

Descr. Radix : scutulum leviter explanatum lineam latum mox in stipitem 
brevissimum centralem abiens. Frons juvenis membranacea orbicularis diametro 
bipollicaris centro olivaceo-fusca, ambitu integro viridescens, ferè nuda vel filis 
raris confervoideis appressis sparsim prope radicem confertiusculè obsitus, adul- 
tior enim manifeste umbilicata, umbilico excavato , hinc suprà umbonata, coriacea, 
tenuissimèe radiatim striata, obscure olivaceo-fusca, subtùs tomento denso olivaceo 
nitente tota obducta, vagè et ad umbilicum usque variè fissa, segmentis cuneatis 
iterum apice rotundato laceratis. Substantia primà juventute membranacea, 
ætate provectà coriacea crassa, tamen flexilis. 


Os. Je n'ai pas dü négliger de faire connaitre cette Algue, 
bien que les échantillons que j'ai recus, soit de M: Roussel, soit 
de MM. Monard, ne me permettent pas d’en tracer encore une 
histoire complète, ni même satisfaisante. La plante que je sou- 


mets ici au Jugement des phycologues à donc besoin d’un plus 
X. BoTAnN, —— Décembre, 22 


333 C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes. 


ample examen, et cet examen doit se faire sur les lieux mêmes 
qu'elle habite; malheureusement, elle n’a jamais été cueillie 
sur le rocher sous-marin où elle végète, mais toujours , au con- 
traire, elle a été ramassée sur le rivage où les flots l'avaient ap- 
portée. Or, cette espèce a des rapports avec plusieurs de ses 
congénères dont il sera malaisé de la distinguer d’une ma- 
nière certaine, tant qu'on ne se sera pas assuré que chacun des 
états qu’on a recueillis et mis à ma disposition appartiennent 
bien à une seule et même plante. Ainsi, par exemple, jai vu 
quelques échantillons tres évidemment ombiliqués dans la col- 
lection de M. Roussel , et en ce moment j'en ai un sous les yeux 
qui me vient de lui; mais, je ne dois pas le taire, cet exem- 
plaire est réduit presque au centre de la fronde, les segmens 
en lesquels elle se divise étant tombés. Ainsi la couleur, seul 
caractère qui puisse aider à distinguer cette espèce du Padina 
squarmarta, chez lequel pourrait fort bien aussi se rencontrer 
une forme ombiliquée, est trop difficile à bien apprécier par 
transparence, pour que je me prononce avec quelque certi- 
tude. D'un autre côté, les échantillons qui nous montrent les 
frondes jeunes et papyracées appartiennent-ils bien aussi à cette 
espèce ou à quelque autre espèce voisine, au P. adspersa Ag., 
par exemple, dont ils ont la couleur? Je le répète, tant qu'on 
n'aura pas tous les intermédiaires qui lient les individus jeunes 
aux vieux, 1l sera de toute impossibilité de décider si les uns et 
les autres sont les âges divers d’une seule et même espèce. 

En attendant que ces nouveaux élémens d’un jugement plus, 
sûr me soient fournis, je crois devoir me renfermer dans le 
coute et appeler de nouveau sur cet objet l’attention.des bota- 
nistes français qui vivent sur les lieux. 

Je dois pourtant dire que les segmens qui se détachent, à ce 
qu'il paraît, à une certaine époque du centre ombiliqué de la 
{ronde , ont une toute autre couleur et une toute autre forme 
que ceux du Padina squamaria ; seule espèce avec laquelle on 
pourrait la confondre. Le P. deusta FI. Dan. est bien différent 
par ses frondes réniformes et glabres sur l'une et l'autre faces. 
Le P. adspersa Ag. ne devient jamais coriace, et le P.collaris, 
originaire de l'Inde, et dont la plupart des caracteres diagnos- 


C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes. 339 


tiques semblent identiques à ceux de notre espèce; s'en dis- 
tingue certainement par une frondé très entière et marquée de 
plis rayonnans du centre à la circonférence. Il reste encore 
dans notre plante, comme dans le P. collaris, à découvrir la 
fructification. 

Quant au Zonaria deusta Lyngbye, dont je possède un échan- 
tillon authentique, c’est une production analogue au Placoma 
corticæformis Schousb. m.s. que j'ai fait connaitre dans la se- 
conde des Pentades des plantes d'Espagne et de Portugal de 
M. Webb, qui m'a fait l'amitié de me communiquer l’un et 
l’autre. 


169. Dictyota laciniata Lamour. non Duby: fronde in lacinias lineares ra- 
mosas vel simplices divisà, apice irregulariter bi-multifidà dentatâve, fructifi- 
catione sparsà. 


Has. ad oras Africæ borcalis prope Juliam-Cæsaream à clar. Monard lecta. 


Descr. Aadix crassa sex lineas circiter diametro metiens densè stuposa. Fron- 
des aggregatæ dodranteles lineares, lineam unam alteramve latæ, sensim aite- 
nuatæ, irregulari modo divisæ, nunc dichotomæ, nunc multifidæ, segmentis 
conformibus, hic et illic è margine ramenta spinulosa filiformia emitteutibus, api- 
cibus hi-plurifidis vel dentatis. Fructus puncta minutissima oculo armato tantùm 
conspicua in frondis lacinias sparsa. Color olivaceo-lutescens, infernè fusces- 
cens. Substantia membranacea tenuis. 

Ors. Cette espèce que: n'avait pas vue M. Agardh, et dont il 
ne donne que la phrase de Lamouronx parmi les espèces à étu- 
dier de nouveau, me semble bien distincte de toutes:les congé- 
nères qui l’avoisinent. Ainsi elle diffère du Dictyota multifida , 
avec lequel M. Duby la confond à:tort, et par ses segmens li: 
néaires décroissant de largeur de la base au sommet et non pas 
dilatés flabelliformes, et par ses capsules ponctiformes sessiles ; 
du D. fasciola ; par la consistance et la couleur de sa fronde, 
qui est deux ou trois fois plus grande et plane, tandis que dans 
cette dernière espèce elle est souvent contournée sur elle-même 
en spirale. Toujours est-il que ma plante ne ressemble ni à la 
figure qu'a donnée Roth du D. fasciola dans ses Catalecta bo- 
tanica (1. p.146. t. 7. fig. 1), ni à l'échantillon que je tiens dé 
mon ami M. Desmazières, et qui fait partie, sous le n° 205, de 
ses fascicnles des Cryptogames du nord de la France. 


22, 


Y CHE 
340 C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes. 


170. Cystoseira granulata 14 — Turn. — Fucus granulatus L. Sp. PL II, p. 
1629.—Turner, Hist. Fuc, IV, p. 131 (exel. var. B pro parte) t. 251, fig. a.— 
Eng]. Bot. t. 2169! — Fucus Abies marina Gmel. Fuc. p. 83. Descriptio nec 
icon. — Fucus nodicaulis ! Stackh. Ner. Brit. t. 18. — Cystoseira granulata 


Ag. Spec. I, p. 55 ?? 


Var. Turneri Montag, m. s.: stipite tuberoso, tuberibus rugosis ramos emit- 
tentibus filiformes mox in folia abientes semipedalia plana linearia angustissima 
pinvatifissa nervo percursa porisque mucifluis pertusa, denud tandem subcylin- 
drica evadentia hinc indè spinis brevibus subulatis onusta; vesiculis nullis; re- 
ceptaculis vel ad basim ramorum vel in parte foliorum terminali subcylindricà 
collocatis, brevibus interruptis granulatis. 


An huc referenda Cystoseira granulata var. Y rigida Ag. 1. c. p. 56: vesi- 
culis nullis, receptaculis brevioribus lauioribus ? Major, firmior, foliis latioribus 
fere explanatis. 


Has. Ad littora Mediterranea Africæ borealis prope Juliam-Cæsaream à clarr. 
Monard et Roussel lecta. 


Ozs. Ceux qui connaissent les nombreuses difficultés dont 
est hérissée l'étude de quelques espèces polymorphes, com- 
prendront que celle de cette Algne a dû me coûter un temps 
fort long. Si je m'étais contenté d’un examen superficiel, 
nul doute qu'il ne me füt arrivé d'en faire une nouvelle es- 
pêce, ainsi que j'en avais le dessein en y jetant les yeux pour 
la première fois. Mais après avoir comparé ensemble ‘et avéc 
ma plante, toutes les descriptions et toutes les figures du Fucus 
granulatus de Linné ; après avoir surtout médité les expressions 
dont se sert pour peindre les invombrables et bizarres varia- 
tions de cette espèce , l'illustre auteur de PHistoria Fucorum , 
observateur aussi habile que consciencieux, je ne puis me re- 
fuser à reconnaître dans la plante algérienne une forme nou- 
velle, quoique bien anormale, de cette espèce linnéenne qui 
paraît avoir été mal comprise par Agardh. En effet, ce savant, 
ni dans sa diagnose, ni dans sa courte et trop incomplète des- 
cription du Cystoscira granulata, ne dit pas nn mot du carac- 
tère principal, c'est-à-dire de la souche tuberculeuse d’où par- 
tent les rameaux, et qu'ont si bien représentée Turner, Stack- 
nouse et l’'English Botany. Cette représentation est si exacte, 
que plusieurs de mes exemplaires d'Afrique semblent avoir 
fourni les modeles de ces figures, pour cette partie du moins de 


C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes. 34r 


la plante; cependant Linné n’omet point ce caractère, qu'il ex- 
prime par les mots de fronde varicosa. Eh bien! non:seulement 
M. Agardh n'en tient nul compte, mais il paraît que les indivi- 
dus sur lesquels il a établi son Cystoseira granulata étaient dé- 
pourvus de tige noueuse , puisque les figures a du Fucus gra- 
nuülatus de Turner ét du F. nodicaulis de Stackhouse lui sem- 
blent douteuses où appartenir à une autre espèce. 

Notre Algue d'Alger, il faut en convenir, possède un facies 
iout-à-fait étranger à l'espèce en question, et je ne mets point 
en doute qu'elle ne soit prise pour une plante spécifiquement 
distincte par un observateur inattentif ou par ces botanistes qui 
se plaisent à appeler d’un nom nouveau toutes les formes un 
peu hétéroclites d’une espèce quelconque. Je ne puis rien faire 
de mieux que de les renvoyer à la description que Turner 
donne de l'espèce, et de-citer les propres paroles qui la ter- 
minent:«Descripto jàm Fuco granulato, quantim in me fuit ad 
« plenum accuralèque , quod' scripsé relego , dolensque agnosco. 
«& descriplionem neque perfectam, neque ullä me arte talem 
« futuram,qualis ad omnes hujus Fuci varietates quadret. Hæc 
« enim et insequens tabula duos Fucos (F. fœniculaceus L.) 
cexhibent, rectè , si qui ali, Proteas vocandos et magis quam 
« alit ferè omnes dubiis hactenis vexatos. » 

Je ne dirai plus que peu de chose de la forme algériennedu 
C. granulata , attendu que la longue phrase par laquelle je lai 
caractérisée équivaut presque à une description, pour Fe com-. 
plément de laquelle je renvoie à celle de Turner. Ne semble-t-1l 
pas que cet auteur ait eu en vue ma plante, en signalant comme 
il suit l'une des formes qu'il a rencontrées lui-même sur les 
côtes d'Angleterre : « 27 exemplaribus quibusdam..... rami 
« omnes subsimplices , plant fuerunt et lineares, nisi quôd api- 
« ces per tubercula c'ebra imposita mutatis in receplacula serni- 
« pollicaria , spin& un alteräve immixt&, fecerunt ué TOTA 
& STIRPS NOVAM SPECIEM SIMULARET. 

Notre variété est elle-même sujette à éprouver des variations 
assez notables, ainsi que je le remarque dans trois échantillons 
dont deux proviennent de la cellection de M. Roussel, et le troi- 
sième appartient à l'envoi de MM. Mon:rd. Les deux premiers 


342 C. MONTAGNE. — Cryptoganes algériennes. 

n’en avaient d'abord imposé au point que je les prenais pour une 
forme du Cystoseira abies marina , négligeant de faire attention 
à la nature nouense du bas de la fronde ou de la souche princi- 
pale, caractère passé sous silence, comme je l'ai dit, par Agardh. 
Dans ces exemplaires, les rameaux, planes, foliacés, se termi- 
nent en effetsupérieurement par une portion filiforme ou rendue 
triquètre par les.épines nombreuses, quoique espacées, dont ils 
sont chargés et qui les font ressembler un, peu à la sommité 
des frondes de l'espèce précitée. Je n'avais pas non plus remar- 
qué que la base cylindracée de quelques-uns de ces rameaux 
étaient, vers leur origine , renflés par des granulations dues à la 
présence de réceptacles. Il na fallu voir l'échantillon très soi- 
gneusement préparé par MM. Monard, et dans lequel les récep- 
tacles n’occupent que cette base des rameaux, pour me donner 
l'éveil'et me porter à examiner de nouveau les de 
M. Roussel, où je les rencontrai également. 

Cette variété, enfin, est au type du C. granulata dans le même 
rapport que le €. opuntioides Bory est au type du C. barbata. 
Pour s'en convaincre, il suffit de jeter les yeux sur les récep- 
tacles, qui, dans l’une et l’autre Algues, sont identiquement les 
mêmes. Je n’établis, au reste, cette comparaison que pour mieux 
faire connaitre mon excessivement anomale variété, me gardant 
bien d'affirmer l'identité de ces deux dernières plantes. 


171. Sargassum megalophyllum Montag. m.s.: caule tereti ramisque sub- 
simplicibus asperrimis , folis longissimè et angustissimè lineari-lanceolatis, inæ- 
qualiter spinoso-serratis simplicibus bifurcisque uninerviis, vesiculis sphæricis 
muticis petiolo filiformi plano suffultis, receptaculis laxè ramosis bifurcatis pe- 
tiolo insidentibus. 


An hüc Sargassum linifolium var. asperifolium Turu.? An etiam Fucus 
lavendulæfolius Delile, Egypte (non descriptus ) ? 


Has. Ad litiora Africana maris Mediterranei propè Juliam-Cæsaream , hanc 
speciem legerunt clarr. Monaïd. 

Drscr. Basis: callus mediocris conicus nigricans subtùs excavatus caulem 
emittens teretem pedalem et ultrà, pennæ corvinæ crassitudine, aculeolis con- 
fertis patentibus, apice ramosis exasperatum et ramis obsitum bomogeneis rard 
subdivisis. Ramuli folüferi spiraliter alterni longitudinem eamdem ferè à basi 
caulis ad apicem usque servantes vel parïm saltem decrescentes. Folia linearia 
duas ad tres pollices longa, vix lineam lata, breviter petiolata, acuta, nervo 


C. MONTAGNE. — Cryptogarnes alzériennes. 343 


conspicuo continuoque percursa , poris serialibus muciflnis instracta, margine 
profundè et inæqualiter serrata, serraturis erecto-patentibus acutissimis vel 
bi-trifidis, brevibus longis commixtis, remoüusculis aut approximatis, pleraque 
in ramis. subalterratim sparsa vesiculis et receptaculis immixta, indivisa aut 
alla passim iterato bifurcata, segmentis simihbus.Vesicu/æ sphæricæ, juniores 
mucronatæ , adultæ muticæ, magnitudine pisi minoris , solitariæ, raræ et præ- 
sertim ad caulem vel ad ramorum basim sitæ, pedicellis fliformibus planiusculis 
ad summum biliuearibus lævibus aut aculeatis suffultæ. Receptacula racemosa 
vel laxe ramosa brevia ovato-lanceolata bifureata torulosa quandoque et illa acan- 
thophora, petiolo non autem axillis foliorum insidentia. Color foliorum rufo- 
fuscus, caulis et receptaculorum nigricans. Substantia foliorum membranacea, 
caulis coriaceo-rigida. 


Os. Si, dans le genre Sargasse, l’on persiste à regarder comme 
caractere de premiere valeur pour la distinction des espè- 
ces, l'intégrité ou la bifurcation des feuilles, je maintiens que 
l’espèce algérienne dont je viens d’esquisser la description est 
bien différente du Sar::assum linifolium. V'une et l'autre offrent 
en effet des caracières communs qui sont : une tige couverte 
d'aspérités, des feuilles longues et étroites, des vésicules sphé- 
riques longuement pédicellées et mutiques, enfin des récep- 
tacles rameux et bifurqués. Mais tout en convenant de l’affinité 
extrême des deux espèces, je ne m'en crois pourtant pas moins 
autorisé à les séparer sur le seul et unique caractère pris de la 
dichotomie ou de la bifurcation des feuilles. Toutefois, ce n’est 
pas à ce seul signe qu'on peut les distinguer : outre un port re- 
marquable et qui s'éloigne de celui de l'espèce figurée par Gin- 
nani, Donati, Esper et Turner, notre $. megalophyllum dif- 
fère encore de l'espèce anciennement connue, par la forme des 
aspérités de la tige, par des feuilles bien plus démesurément 
longues et bien autrement dentées, et enfin par des réceptacles 
beaucoup plus courts. 

:De deux choses Pune;, ou cette espèce devra être séparée de 
sa congénère à laquelle je viens de la comparer, ou il faudra 
réunir ensemble plusieurs Sargasses qui ne se distinguent de 
leurs voisins que par des feuilles une ou deux fois bifurquées. 

Le Sargassum megalophy llum diffère en ontre du $. diversifo- 
lium Ag., originaire comme lui des mêmes parages, par des 
feuilles trois fois plus longues et plus étroites. pétiolées, pro- 


344 C. MONTAGNE, -— Cryplogarnes alsériennes. 


fondément dentées en scie, presque incisées, et par des récep- 
tacles dichotomes ou en grappe espacée. Le senl caractère spé- 
cifique qui ressort de la phrase d’Agardh pour la distinction du 
S. fissifolium, trouvé à Ténériffe où mon savant ami M. Webb la 
retrouvé lui-même plus tard, est l’état lisse et non muriqué de la 
tige principale; mais on peut y ajouter des feuilles à peine dentées. 

Si l’on voulait bien me permettre d'exprimer ici une opinion 

que je n’émets au reste que comme une simple conjecture, je 
dirais que la bifurcation simple ou réitérée des feuilles ne me 
paraît pas toujours par elle-même uu caractère aussi significa- 
tif qu'on s’est plu à le reconnaitre, et qu’il n’a de valeur qu’au- 
tant qu'il est fortifié par la considération d’autres caractères 
plus importans, comme seraient, par exemple. la forme et la 
disposition des réceptacles. En conséquence, je réunirais comme 
variété le S. diversifolium d’'Agardh , Fucus diversifolius Turn., 
au S. vulgare dont il est facile de voir, en jetant les yeux sur 
la planche 103 de l'Historia Fucorum, qu'il ne diffère que par 
quelques-unes de ses feuilles fourchues. C’est au point que le 
célèbre algologue anglais, dont on ne saurait jamais assez louer 
la sagacité, dit en parlant des réceptacles de son Fucus diversi- 
folius , organes que ses exemplaires ne lui montraient qu'ébau- 
chés, « neque est dubitandum quin sint ibi eorum Fuci natantis 
similia ». Turner parle bien des aspérités de la tige, mais la 
figure qu'il donne ne les représente pas. Une fois le principe 
admis que quelques feuilles de Sargasse peuvent, dans une es- 
pèce où elles sont normalement simples, se bifurquer une ou 
plusieurs fois, je n’ai plus la moindre opposition à faire à la réu- 
nion de ma nouvelle espèce africaine avec le Sargassum linifo- 
lium qui croît d’ailleurs aux mêmes lieux. Jusque-là, on n’accor- 
dera, j'espère , de les conserver distincts. 

Je viens de dire que le $. diversifolium était susceptible, dans 
l’hypothèse en question, de rentrer comme variété dans le 
S. vulgare ; mais qu'on sache bien que je n’entends parler que 
de l’Algue décrite par Agardh et Turner et figurée par ce der- 
nier, et point du tout des échantillons du Brésil, que je tiens 


pour fort différens, et qui me paraissent se rapprocher davan- 
tage du S. Jrssifolium. 


C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes. 345 


Je n'ose néanmoins rien conclure des observations qui pré- 
cedent, parce que ma collection ne me fournit pas les bases 
d’un jugement que je laisse à d’autres le soin de rendre définitif 
et sans appel. 


172. Parmelia Borreri Turn. apud Ach. 

173. Weissia reflexa Brid. 

Oss. Espèce charmante et bien caractérisée que M. Requien, 
qui l'a communiquée à Bridel , avait découverte dans le midi de 


la France, et que viennent de retrouver aux environs d’Alger 
MM. Monard. 


* EXPLICATION DES FIGURES. 


PLANCHE Vill. 


a , Dasya ornithorhyncha une fois plus grand que nature; —& , moitié supérieure d’un ra- 
meau chargé de cette sorte de fructification que M. Agardh nomme stichidies. Cette figure est 
grossie quatorze fois. — c, une fructification composée de deux stichidies qui se regardent 
par leur côté concave, la première légèrement pédicellée , la seconde terminant le rameau. Il 
n’en est pas toujours ainsi. Ces stichidies, ainsi grossies , ressemblent assez à un épi femelle de 
Maïs un peu recourbé. Elles sont dessinées à un grossissement de 80 diamètres, d, extrémité 
d'un ramule divisé en filamens articulés , dichotomes à leur naissance, vue au même gros- 
sissement que les stichidies. — e, coupe transversale d’une des dernières divisions de la 
fronde pour montrer son organisation celluleuse intérieure, vue à un grossissement de 48 dia- 
mètres. — f, forme des mailles du réseau de la fronde dans toute son étendue jusqu’à la 
naissance des filamens articulés. Ge réseau est grossi 380 fois. 


PLANCHE IX. 


Fig. 1. — a, un individu du Plagiochasma Rousselianum, muni d'un réceptacle femelle tri= 
carpe , de grandeur naturelle; — à, le même vu à un grossissement de six fois son dia- 
mèlre; —c, un autre individu du même Plagiochasma vu en dessous et au même grossissement; 
— d , capsule encore recouverte de sa calyptre et avant sa rupture au sommet en lanières iné- 
geles ; cette figure est grossie dix fois; — e, tranche mince horizontale du pédicule propre à 
montrer sa forme comprimée et son organisation celluleuse lâche en dehors, et comme fibreuse 
ou serrée vers le centre ; la figure est faite à un grossissement de vingt fois le diamètre; — 
f, élatère trispire grossie 300 fois, — g, séminule échinée vue au même grossissement. 

Fig. 2.—«@, Halymenia algeriensis de grandeur naturelle, Cet individu est un des plus petits 
que j'aie vus. Il y en avait de deux fois plus grands dans la collection de M. Roussel, et tou- 
jours aussi régulièrement tripennés. — 2, coupe transversale d’une pinnule de la fronde, pour 
montrer que celle-ci est tubuleuse, 


346 DONXÉ. — Sur la circulation du Chara. 


Note sur la circulation du Chara ; 
Par M. A. Doxxé. 
( Lue à l’Académie des Sciences dans la séance du 13 avril 1838.) 


Les excellentes observations de M. Amici, confirmées depuis 
par la plupart des micrographes qui se sont occupés de la cir- 
culation du Chara, et, en particulier, par M. Slack, ne pouvaient 
laisser de doute sur l'influence que les séries de granules verts 
fixés régnlièrement à la paroi interne des tubes du Chara, parais- 
sent exercer sur le mouvement du liquide en circulation dans 
cette plante : la rapidité de cette circulation, sa régularité même 
sont subordonnées au nombre, au rapprochement et à l'ordre 
de ces espèces de chapelets de corpuscules immobiles; plus ils 
sont serrés, plus la circulation est active, et l’on sait que le 
mouvement cesse là où ils finissent. C’est la qu’existe Ja ligne de 
démarcation entre le courant asrendant et le courant descen- 
dant ; en otre, il suffit de déranger l’ordre des chapelets verts 
pour troubler en même temps le cours du liquide; on voit se 
former en ce point, si l’on peut dire ainsi, une espèce d’épan- 
chement du fluide circulant. Tous ces faits sont très positifs et 
connus de la plupart des observateurs; on peut dire que c'est 
là que s’arrétent,en ce moment, les notions exactes de la science 
à ce sujet. Beaucoup de théories plus ou moins ingénieuses, ont 
été imaginées , telles que celle de M. Amici, qui considère les 
granules verts comme les élémens d'une pile voltaique, ou celle 
de M. Raspail, qui explique le mouvement circulatoire. par 
lexhalation et l'aspiration des parois du tube de la plante; la 
chaleur, l’évaporation , l'électricité, etc., ont été tour-à-tour in- 
voquées, mais aucune de ces théories n’a jusqu'a présent satis- 
fait au problème, et la circulation dans l'intérieur des cellules 
des plantes est restée un des phénomènes les plus curieux et 
en même temps des plus inexpliqués de la physiologie végétale. 

On jugera si j'ai été plus heureux que les observateurs qui 
m'ont précédé. 

Au lieu de persister à chercher la cause de cette circulation 


DONNÉ. — Sur, la circulation du Chara. 347 


dans les agens physiques, comme tout le monde la fait jus- 
qu'ici, jai pensé qu'il y avait plus de chances de la trouver dans 
une disposition organique, et c'est dé ce point de vue qu’il m'a 
été permis de pénétrer les faits suivans : 

Après avoir soigneusement décortiqué un tube de Chara his- 
pida et l'avoir dépouillé du carbonate calcaire qui trouble sa 
transparence, je Le soumets sous le microscope à une compres- 
sion méthodique et graduée, à l’aide du compresseur de Pur- 
kinje ; cette pression ne tarde pas à détacher un grand nombre 
des granules décrits plus haut. On voit alors de petits chapelets 
formés de cinq, six granules, ou plus, se mettre en mouvement, 
se pelotonner, puis s'arrêter, s'ils ne sont point entraïnés par 
le courant du fluide. d 

D'autres granules, sont complètement détachés les uns des 
autres.et libres de toute adhérence; parmi ceux-ci, on ne tarda 
pas à en voir quelques-uns qui sont mus d’un mouvement de 
rotation plus ou moins rapide, tout:à-fait indépendant du mou- 
vement de circulation générale : les uns tournent sur eux-mé- 
mes sans changer de place, les autres sont entraïnés par le cou- 
rant en conservant leur mouvement spontané de rotation. 

Ces petits corps sont donc doués par eux-mêmes d’une force 
propre à laquelle ils obéissent quandils sonthbres, mais qui réagit 
sur le liquide dans lequel ils sont plongés quand ils sont fixés. 

Le mouvement de rotation dont je parle, est comme je le dis, 
indépendant de celui du liquide en circulation; il est, en effet, 
souvent d’une extrême rapiditéen comparaison de celle dumou- 
vement circulatoire, et il s'exécute dans les points où la cireula- 
tion est la moins active, ou même nulle. I n’est pas rare, en 
outre, de voir deux granules placés l’un près de l’autre et 
doués d'un mouvement inverse; mais l'expérience suivante vient 
démontrer ce fait d’une manière décisive: 

En exprimant sur une lame de verre le suc d’un tube de 
Chara, et soumettant cette goutte de liquide à l'inspection mi- 
croscopique , on la trouve composée non-seulement du fluide 
et des particules blanches qui étaient en circulation, mais d'une 
certaine quantité de granules verts qué la pression a détachés 
des parois du tube. La plupart de ces granules sont pelotonnés, 


Cr 


48 DONNÉ. — Sur la circulation du Chara. 


et l’on n’y découvre aucun mouvement, non plus que dans les 
granules isolés, librement répandus à la surface du verre; mais 
il n’en est pas demême si l’on porte son attention sur les espè- 
ces de grosses gouttes huileuses où albumineuses que forme 
toujours le fluide intérieur du Chara en s’épanchant. Il est rare 
que l’on ne trouve pas dans quelques-unes de ces gouttes, dont 
la transparence est malheureusement troublée par une foule de 
petites granulations , un cu plusieurs granules verts daués du 
même mouvement spontané de rotation que j'ai signalé dans 
l’intérieur du tube lui-même; ces granules étant là dans leur 
fluide propre, ont conservé toutes leurs propriétés, tandis que 
les autres sont morts, s’il n’est permis de m’exprimer ainsi. 

Il est impossible de ne pas remarquer la frappante analogie 
que ces faits établissent entre les corpuscules rangés en séries 
régulières et fixés à la paroi interne de toutes les cellules végé- 
tales où l’on a observé la double circulation d’un fluide, et les 
organes vibratiles des animaux sur lesquels l'attention a été 
particulièrement portée depuis le beau travail de MM. Purkinje 
et Valentin. L’analogie est d'autant plus complète, que les or- 
ganes vibratiles des membranes muqueuses se séparent eux- 
mêmes, ainsi que je l’ai démontré, en particules où l’on voit 
le mouvement persister souvent plus de 24 heures. 

On sent que j'ai dû m'empresser de rechercher s'il existait 
des cils vibratiles à la surface des granules doués du mouvement 
spontané que je viens de décrire, mais jusqu’à présent tous 
mes eflorts ont été vains, et j'ai inutilement employé un gros- 
sissement de 5oo diamètres et le meilleur éclairage; en variant 
l’expérience de toutes les manières, il m'a été impossible de 
m'assurer positivement de l'existence d’un appareil ciliaire : j'a 
bien cru voir une sorte d’auréole brillante autour des granules, 
mais je ne puis rien affirmer de plus à cet égard. 

Je ne dois pas oublier de dire, en terminant, que tous les 
agens qui arrêtent la circulation dans le Chara, anéantissent 
également le mouvement de rotation des granules. 


AD. BRONGNIART ET DUTROCHET. — ARapport. 349 


Rapport fait à l’Académie des Sciences dans sa séance du 30 
avril, par M. Durrocuer, sur un, Mémoire de M. Down , 
relatif à certains phénomènes de mouvement observés chez le 
Chara hispida. 


L'Académie nous a chargés, M: Adolphe Brongniart et moi, 
de lui faire un rapport sur un travail de M. Donné, relatif à la 
cause à laquelle serait due la circulation du liquide contenu 
dans la cavité centrale de chacun des mérithalles des Chara. 
C’est sur le Chara hispida que M. Donné a fait ses observations, 
en s’aidant du secours du compresseur de Purkinje. Nous avons 
répété avec M. Donné les observations annoncées par lui, et 
nous entrons immédiatement dans leur exposition. 

Un mérithaile de Chara, dépouillé de sa partie opaque ex- 
térieure, étant soumis à une pression graduée entre deux lames 
de verre, on voit le mouvement circulatoire se suspendre pen- 
dant-environ une minute et'se rétablir ensuite. Une pression 
nouvelle et plus forte produit de nouveau les mêmes effets. Ces 
premiers phénomènes, observés par vos commissaires, n’ont 
point été annoncés par M. Donné. Bientôt, sous l'effet: de la 
pression augmentée, on voit les séries ou chapelets de:globules 
verts du Chara perdre leur rectitude, se séparer, se rompre 
même ,etise diviser en fragmens plus ou moins longs. La circu- 
lation du fluide est alors extrêmement troublée; beaucoup de 
globules verts composant les séries ou chapelets se désagrègent, 
et, devenant isolés, se mêlent aux globules que charrie le liquide 
circulant. Ces globules verts, devenusisolés, sont faciles à dis- 
tinguer des globules circulans à leur couleur verte; les globules 
circulans n'ont point cette couleur.Or, nous :vons vu plusieurs 
de ces globules verts, désagrégés et devenus libres dans le li- 
quide que contient le tube central du Chara, se mouvoir spon- 
tanément en tournant sur eux-mêmes, ainsi que l’a annoncé 
M: Donné. Nous nous sommes assurés que :ce mouvement de 
rotation ne leur était point imprimé par le liquide circulant, 


350 AD BRONGNIART ET DUTROCHET. — Rapport. 


car, nous l'avons observé, le globule vert étant placé dans un en- 
droit où il n’y avait point de courant circulatoire, et cela parce 
que les séries de globules vertes avaient été détruites dans cet 
endroit par l'effet de la compression. Alors le globule vert tour- 
nait sur lui-même, presque sans changér de place. Quelquefois 
ces globules verts, animés d’un mouvement de rotation, sont 
entraînés, dans cet état, par le courant circulatoire. 

M. Donné nous a donné une Sreuve irréfragable de la spon- 
tauéité du mouvement de rotation des globules verts du Chara, 
par l'expérience suivante : Ayant ouvert un tube central de 
Chara, il en a exprimé avec foree le liquide intérieur sur une 
lame de verre. Cette action comprimante a nécessairement dé- 
taché et isolé quelques-uns des globules verts appartenant aux 
séries ou chapelets, et ils sont sortis du tube mélés au liquide 
exprimé. Ce dernier étant soumis au microscope, nous avons vu 
que ceux de ces globules verts qui étaient contenus dans la par- 
tie la plus aqueuse du liquide étaient sans mouvement ; mais il 
n’en était pas de même de ceux de ces globules qui se trouvaient 
au milieu de grosses gouttes d’un liquide plus épais et granu- 
leux. Ces globules présentaient un mouvement continuel de 
rotation sur eux-mêmes, et ici la spontanéité de ce mouvement 
n’était pas douteuse. Il est donc hors de doute que les globules: 
verts sériés du Chara sont animés par une force qui leur est 
propre où qui émane d'eux; force au moyen de laquelle ils 
agissent sur le liquide qui les environne. Si ces globules sont 
fixés ils impriment du mouvement au liquide environnant ; 
s'ils sont libres et flottans, le mouvement qu'ils tendent à im- 
primer au liquide environnant réagit sur eux-mêmes et les fait 
tourner dans un sens déterminé et qui paraît ne point varier. 

Il nous restait à voir des fragmens de séries ou de chapelets 
ou de globules verts se mouvoir spontanément et se pelotonner 
ainsi que l’adit M. Donné, et ainsi que l'avait vu avant lui l’un 
de vos commissaires. Mais, dans ces observations , il faut être 
servi par le hasard , car on ne peut être sûr de les reproduire à 
volonté. Or, pendant deux heures que vos deux commissaires 
sont restés associés pour ces observations, ils n’ont pu parvenir 
à être témoins du fait dont il s’agit. Votre commissaire rappor- 


AD. BRONGNIARNT ET DUTROCHET. — ARapport. 351 


teur , resté seul pendant une troisième heure employée à suivre 
ar lui-même ce genre de recherches, est enfin parvenu au ré- 
sultat qu’il cherchait, et en même temps , il a vu ‘un aütre phé- 
nomène qui ne s'était point présenté à M. Donné, et qui con- 
firme pleinement les assertions de cet observateur relativement 
à l'existence de la force au moyen de laquelle les globules verts 
agissent sur le liquide qui les environne. Un fragment de cha- 
pelet composé de cinq globules verts , s'était courbé assez pro- 
fondément pour rapprocher ses deux extrémités l’une de l’autre, 
en sorte qu'il formait un cercle complet. Ce cercle, placé, par 
hasard, dans un endroit où la circulation n'existait pas, tournait 
sur lui-même comme une roue en mouvement, mais presque 
sans changer de place , et son mouvement de rotation était tou- 
jours dans le même sens. Ce mouvement de rotation , bien évi- 
demment spontané , prouve que la série ou chapelet de globules 
verts, ployé en cercle, communiquait au liquide environnant 
une impulsion dirigée suivant la circonférence de ce cercle et 
dans un sens déterminé, impulsion qui, réagissant sur ce petit 
cercle en raison de sa mobilité , le faisait tourner sur lui-même, 
par un mécanisme analogue à celui qui fait tourner un soleil 
d'artifice , ou qui fait tourner une turbine. 7 
Ce fait a eu pour témoin un physicien distingué, bien connu 
de l’Académie, M. Peltier. Des faits pareils, que le hasard seul 
peut offrir, ont besoin d’être appuyés par des témoignages. Il 
reste donc bien démontré que les globules verts sériés du Chara 
exercent une action impulsive sur le liquide qui les environne. 
Lorsque ces globules verts sont isolés, l'action impulsive qu'ils 
exercent sur le liquide environnant les fait tourner sur eux- 
mêmes , ainsi que l’a découvert M. Donné ; lorsque ces mêmes 
globules verts sont réunis en série ou chapelet, et que ce cha: 
pélet mobile est courbé en cercle, l'impulsion exercée sur le 
liquide environnant est dirigée dans un sens déterminé suivant 
la circonférence du cerele, c'est-à-dire suivant la longueur du 
chapelet, et ce chapelet circulaire et mobile tourne sur lui- 
même ; enfin, dans l’état naturel, les globules verts étant réu- 
nis en séries ou chapelets fixés à l'intérieur du tube central du 
Chara, leur action impulsive s'exerce sur le ‘liquide environ- 


352 AD. BRONGNIART ET DUTROCHET. — liapport. 


nant, suivant la longueur et selon la direction plus ou moins 
spiralée de ces séries ou chapelets de globules verts. Comme ces 
chapelets sont fixés, c’est le liquide seul qui se meut. Ainsi se 
trouve démontré définitivement un phénomène de la plus haute 
importance en physiologie végétale, celui de l'impulsion que 
les globules verts, et fort probablement de même tous les autres 
globules ou très petites cellules des végétaux, exercent sur les 
liquides intérieurs avec lesquels ils se trouvent en contact. Il 
reste actuellement à déterminer quelle est la cause et quel est 
le mécanisme de cette impulsion. 

On connaît le beau travail de MM. Purkinje et Valentin sur 
le mouvement vibratoire qui existe à la surface de certaines 
membranes muqueuses de la plupart des animaux, et quelque- 
fois à la surface de leur peau. Ce mouvement vibratoire, qui a 
son siège dans des cils microscopiques, imprime un mouvement 
de progression aux liquides environnans. Les auteurs que nous 
venons de citer ont été tentés de rapporter à la même cause le 
mouvement du liquide circulant chez le Chara (1); mais l’obser- 
vation n’a point confirmé leurs soupçons à cet égard : ils n'ont 
pu parvenir à voir des cils vibrans chez le Chara, ni chez les 
autres végétaux dans lesquels il existe une circulation cellulaire. 
Ne pouvant ainsi reconnaître l'identité de la cause de ce mou- 
vement chez les animaux et chez les plantes, les auteurs se sont 
bornés à admettre, par présomption, l'analogie de cette cause. 
C’est cette analogie qu'admet M. Donné : cette analogie , dit-il, 
est d'autant plus complète, que les organes vibratiles des mem- 
branes muqueuses se séparent eux-mêmes , ainsi que je l’a dé- 
montré, en particules où l’on voit le mouvement persister sou- 
vent plus de vingt-quatre heures. Nous ferons observer ici qu’a- 
vant M. Donné, MM. Purkinje.et Valentin (2) avaient vu que 
les particules détachées des parties vibrantes , soit par l’art, soit 
par la nature elle-méme ( natura ipsa), se meuvent et nagent 
au moyen de la vibration de leurs cils, affectent les divers mou- 


(x) De Phenomeno general et fundamentali motës vibratorii continui in membranis tüm 


externis tm internis animalium plurimorum, & 3 et 112. 


(2; Ouvrage cité, 6 33. 


AD. BRONGNIART ET DUTROCHET. — AÆRapport. 353 


vemens que lon voit chez les animalcules infusoires. Or, de ce 
que, dans les parties vibrantes des animaux et dans les chapelets 
de globules verts du Chara, des particules détachées et isolées 
se meuvent spontanément , peut-on en conclure, avec M. Don- 
né, qu'il y a de l’analogie dans la cause dé leur mouvement? 
L'absence complète de cils vibratiles chez les globules verts sé 
riés du Chara, absence annoncée par MM. Purkinje et Valen- 
tin et constatée par M. Donné, ne doit-elle pas porter à pénser 
que la cause du mouvement spontané des globules verts isolés 
n’est pas la même que celle du mouvement spontané des parti- 
cules munies de cils’ vibratiles qui sont détachées des parties 
vibrantes des animaux? MM. Purkinje et Valentin (1) ont vu 
queles substances qui agissent puissamment sur le système ner- 
veux des animaux, telles que l’opium et l'acide hydro-cyanique, 
n’ont pas la moindre influence sur le mouvement vibratoire des 
cils de leurs membranes; or, votre commissaire rapporteur a 
expérimenté que ces mêmes substances agissent très énergique- 
ment pour suspendre ou abolir le mouvement circulatoire du 
Chara : on voit donc que l’analogie de la cause de ces mouve- 
mens n’est pas encore bien établie. Il y a encore beaucoup à 
faire sur ce point fort important de la physiologie animale et 
végétale. M. Donné, par la découverte qu’il a faite de la rota- 
tion spontanée des globules verts du Chara lorsqu'ils sont isolés 
de leurs séries, a bien mérité de la science. Nous avons l’hon- 
neur de proposer à l’Académie de donner son approbation aux 
recherches de cet observateur zélé, et de l’engager à les con- 
tinuer. 


i 


À la suite de ce rapport, M. An. BRoNGNIART communique les 
passages suivans d’une lettre qu’il vient de recevoir de M. 
DonxE : 

« En collant à la surface du compresseur un petit: fil'de vèrre, 
de manière à.étrangler en un point: le tube de Ghara souris à 
l'observation, :non-seulement je parviens à détacher , parsune 
compression graduée, un bien plusigrand nombre de granules, 
pariétaux, qu'en me. bornant! à: comprimer la plante entre les 


(1) Idém, $ 90. 
X. Boran. — Décembre. 29 


354 AD. RRONGNIART ET DUTROCHET. — Rapport. 


deux surfaces planes , ainsi que je l'ai fait devant vous ; mais 
jinterromps'la continuité de beaucoup de séries de granules 
verts que l’on voit alors flotter librement dans le liquide ambiant 
par l’une de leurs extrémités, Ces chapelets se mettent aussitôt 
à s’agiter en tous sens, à se replier sur eux-mêmes, se recourber, 
s’enrouler, puis se dérouler et se replier dans un sens inverse , 
enfin à se contourner de mille manières, à-peu-près comme le 
font deux moitiés d’un ver coupé par le milieu du corps. Ces 
contorsions durent souvent fort long-temps sur un Chara frais et 
vigoureux. 9 

«Il,se produit ensuite des changemens très remarquables dans 
l’ordre et dans la forme des globules pariétaux au moment où 
la circulation vient à être abolie par une cause quelconque. Dans 
l’état normal, les granules verts sont rangés, comme on voit, 
en séries, régulières contre la paroi interne des tubes'de Chara. 
Ces granules sont à-peu-pres elliptiques et presque-en contact 
les unsavec les autres par leurs extrémités allongées: ïssemblent 
se tenir par une substance intermédiaire, que l’on n’apercoit pas 
nettement. Deux. changemens notables dans l’ordreet dans 
l'aspect, de ces particules coïncident,constamment.et d'üne-ma- 
nière instantanée, non pas avec la suspension ,:mais avec l’arrêt 
définitif de la: circulation; aussitôt que, par un:moyen ou agent 
quelconque, on anéantt lemouvement circulatoire, les granules 
verts éprouvent. dans-tonte l'étendue du tube un retrait sur éuxë 
mêmes, une sorte de contraction , de manière qu'ils deviennent 


à-peu-près sphériques d’elliptiques qu'ils étaient, et se séparent 


ainsi les uns des autres par une distance appréciable. Ce mouve- 
ment est si prompt qu'il semblerait un ressort que l’on détend. 

«En même temps le bordde chaque granule, de vague et mal 
défini qu’il était, se prononce et devient presque noir. Des inéga- 
lités se dessinent dans ces petits corps, comme si leur substance 
se plissait par l’espèce de contraction qu’elle subit. 

« J'ai fait de nouveaux efforts pour découvrir une action directe 
de la part des granules verts sur le liquide en circulation; en 
d’autres termes, pour apercevoir des organes de mouvement sur 
ces petits corps auxquels il est difficile maintenant de refuser 
une influence immédiate sur la circulation du Chara.Toutes mes 


5. GAY. — De Caricibus quibusdam. 355 


expérierices'et mes tentatives n’ont réussi qu’à bien constater un 
point: c’est que les particules suspendues dans le liquide en cir- 
culation ne passent pas indifféremment auprès des granules 
vérts, c’est-à-dire qu’elles éprouvent toujoursune petite déviation 
dans leur cours, de manière à décrire de légères sinuosités en 
rapport avec la circonférence des granules. En un mot, on ne 
les voit jamais arriver au contact immédiat de ces granulés; mais 
ellés suivent à une certaine distance le contour de AEole exis- 
tante autour de chaque’ g Hu: 


‘ DE GARICIBUS QUIBUSDAM 


Minüs çcognitis , vel! novis, vel quoad synonymiarn aut distri- 
…butionern géographicam illustrandis, imprimis de Michauxia- 
nis Boreali-Americanis , et de genere nôvo ad: Cyperacearum 

tribun eamdem pertinente. — Ad Caricearum historiam 
hanc qualemcunque suam symBoram affert J. Gay. 


Sue ( Voy. D. 279.) 
DECAS SECUNDA. 


11. CAREX MURICATA L. 


Stirps variabilis admodüm et plures induens formas, quarum 
quæ C. dipulsa Goodenowio olim nuncupata, spiculis pluribus 
et réiotiuseulis dignoscitur, speciem vero propriam, me judice , 
neutiquäm constituit. Hoc solum notatu dignum videtur , quod 
forma sic dicta divulsa in Europà occidentali ét australi, vera 
autem 7z4ricata in Europà interioré frequentior occurrit. 

Omnium longissimè C. muricala , in Europa occidental, à 
séptentrione in meridiem, cum C. paniculaté et €. divisä,'pro- 
cürrit, quippe quætres stirpes , à Scotià ultimä profectæ, simul 
in Galliam et Ibericam peninsulam perveniunt, undé eædem in 


2 
23. 


356 J. GAY. De Caricibus quibusdam. 


Canarienses usque insulas unà pergunt, ultra nusquàm obser- 
vatæ , quæ etiam, soke congenerum , et quidem: C. zzuricata sub 
formà divulsæ , in Teneriffà aut Canarià magnâ occurrunt, 
Webbio observante, à quo specimina earum Canariensia obti- 
uui. Gradus igitur latitudinis 32 superavit atque iter lencarum 
geographicarum G4o emensa est, specierum triga, ubi Canarien- 
sem Archipelagum attigit. 

Ad orientem multo longiüus C. muricala progreditur, quam 
exceptà Lapponià Europa omnis longa lataque novit, quæque 
Caucasum incolit et montes quoque Altaicos petit, ubi stirps gra- 
dus postquam 80 longitudinis trajecit atqne iter leucarum geo- 
graphicarum non minuüs 1600 perfecit, cursum tandem sistere 
videtur. Quas enim gregis ejusdem formas in Emodo à Jacque- 
muntio lectas video, ego distinctas à C. muricat& existimo. 

Americæ quoque septentrionalis magis borealis, Bostoniensis 
némpé agri et remotioris Carltonhouse (in Americà Britannicà 
ad fluvium Saskatchawan , ultra lacum Winnipog) civis dicitur 
(Torr. in Ann. ofthe Lyc. II, p. 389), ne tamen orta Apr 
mina ego nondüum vidi. 


2. GAREX VULPINOIDEA Mich. 


Hanc Purshius ad €. Miühlenbergii. Schk. (FI. Am. sept. I, 
p. 36), Deweyus ad €. stipatam Mühlenb:( in Sillim. Journ. vit, 
p-272 etx, p.277 ) retulit. Deweyum Schweinitzius et Tor- 
reyus, in Ann. of the Lyc. 1, p. 305 , secuti sunt. Nec, viso 
herbario Michauxiano, Torreyus ab eà opinione deflexit , sed 
€. vulpinoideam admirationis signo  stipatam cum. C, stipatæ 
synonimo , in novissimo de Cyp. Amer. tractatu ( Ann. of the 
Lyc.in,1836, p. 390) protulit. In quà re virum clariss. memoria 
fefellit maxime. Carex namque vulpinoidea.Mich. (ex ejus herb.! 
et ex herb. Rich.! !)eademac C.mulüiflora. Wilid.!in herb. Rich. 
et Améric. omn. (quam Schkuhrii tab: LIL. n. 144, benè expris. 
init }planè est, nec differentiam ullam vel leyissimam offert. Ego 
igitur, Poiretio præeunte (Diet. Suppl. IL: fe 208) stirpes;in , 
unam conjungo et C. multifloram. Mühlenb., utpoté necenlti0s., 
rem, C. vulpinoideæ synonymon facio.. Had 9 


3, GaAx. — De Caricibus quibusdain. 397 


Caricem vulpinoideam. Torr. in Ann. of the Lyc. 11, p. 390, 
ad €. stipatam. Mühlenb. esse amandandam, exindè patet. 

Non C. mulhflora nec C. Mühlenbergii Kunthio satis cognita 
fuisse videtur, qui Caricem nomime vulpinoideæ à Jacquemon- 
tio acceptam ad ©. Muüllenbergii, dubiè quidem, retulit et fusiüs 
descripsit ( Enum. 11, p. 381). Quæ enim vuw/pinoidea inscripta 
in herb. Jacquemont ! Americano exstat, cum herb. Michaux. 
peregrinator celeberrimus sedulo contulerat,et reapsead €. vul- 
pénoideurn veram pertinet, Caricem igitur Mühlenbergii. Kunth, 
quoad specimina Jacquemontiana et descriptionem totam quan- 
tam, ad C: vulpinoideam Mich.amandare necesse est. A Pürshio 
deceptum fuisse virum amicissimum, qui primus C. vulpinoi- 
deam cum C. Mühlenbergü in Florà suà Amer. permiscuit, per- 
spicuum est. 

Nec Caricem setaceam. Dewey (Torr.! in herb. Juss.! et De: 
caisne!) à €. vulpinoide diversam existimo. Habitu namquë ; 
inflorescentià, etc., planè convenit, differt solüm utriculis lon- 
gius minüsque abruptè rostratis, quos vero in C. vu/pinoided 
forma admodum  variabiles: deprehendo. Brevirostres in Mi- 
chauxiano specimine et in quibusdam Torreyanis atque in Jac- 
quemontianis video, longirostres in Willdenowiano, Grayanis 
(exsicc. n. 149!) Moserianis et Frankianis (Soc. Essl. ann. 1833! 
et:1837! ). Platyearpa et brevirostris est, quam ad Rio Brassos 
provinciæ Texas Drummondius collegit et Torreyus forte sub, 
€. Miühlenbergi, in Ann. of the Lyc. in, p. 390, enumerat, ego, 
vero à C. vulpinoided distinguere nescio. Icon certo Schkuhrii 
(C.  Mühlenbergié tab. Yyy, n° 178), præsertim quoad infloress 
centiam oligostachyam spiculasque turgidè ovatas, omnino: aies 
na; xidebur. 1x 


13. CAREX LUDIBUNDA N.. 


€ radicé fibrosà, polycephalà, culmis divergentibus; spicä. 
polystachyà , coarctatà, sæpè interruptà, supernè simplici totà- 
que masculà, inferne glomerato-composità, breviter bractéatä, 
glomerulorum spiculis plerumque:sexu distinctis, supérioribus’ 
plerumquemasculis ; squamis ellipticis, muticis , obtusissimis ;, 
utrieulis eréctis, squamam superantibus , plano-convexis, ener- 


358 3. Gay. — De Caricibus quibusdam. 


viis, ovatis,in rostrum subintegrum attenuatis, margine subin- 
crassatis ibique serrulato-scabris; stigmatibus 2, brevissimis, 
scabriusculis. 


Habitat in Neustrià prope vicum Pirow , in palude spongiosà quæ dicitur des 
Rosières , ubi cespitem unicum ;' sed amplissimum, loco aperto’ inter Sphagna 
lætè viventem, anno 1833, die 14° et‘r7* maji vidi. — Accolas habet in eâdem 
palude CC. stellulatam, curtam , intermediam, paniculatam spicæformem, 
teretiusculam, acutam, ripariam et ampullaceam. de , 

Radix fibrosa, multiceps, fasciculos nempè complures, cespitem circularem 
ingentem formantes , emittens. Folia in fasciculo simgulo circiter 6, rigidula; 
planiuscula, unam lin. longa, margine supcrnè serrulato scaberrima, facie dorso- 
que Jævissima , apice longids attenuato, triquetro , exteriora breviora ; rigidiora, 
subpungentia, interiora 8-10 unc. longa. In annum alterum sæpè persistunt, 
exarida, novellum fasciculum quem cingunt culmumque superantia.. Culmi & 
cespitis circularis peripherià extrorsum divergentes! (nec erecti), graciles, rigi - 
duli, recti vel curvuli, foliis annotinis paulo longiores , pedales et ultrà, acutè 
irigoni, ad angulos scäberrimi. Panicula spicæformis, coarctata, 30-58 stachya, 
1-1, unc. longa', 3-4 lin. lata, infernè sæpé interrupta. Constat spiculis 7-12, 
solitarüis, confertis., teretibus , acutiuscuhis, 2-3 lin. longis, plerumque ex toto 
masculis, superiorem axis partem occupantibus, item glomerulis 1-2; spicularum 
mox descriptarum gregi subjectis, sessilibus, oligostachyis, perindè ex tolo.mas- 
culs et glomerulis 2-5, axis partem inferiorem. plùs minüs laxè vestientibus, 
polystächyis, subsessilibus, spiculas i in ramulo brevi imbricatas, sexu plerumque 
distinctas, fæmineas masculis intermixtas vel sæpits suppositas, gerentibus. Fœ- 
mineæ, spiculæ! masculis obesiores, 9-16 floræ, 222 : lin. loigæ, ovoideæ vel 
ellipsoideæ nec cylindraceæ. Antermixtæ occurrunt pique androgynæ; ‘apice 
summo vel imà basi masculæ, aliæe maximà parte masculæ apice surimo fœmineæ. 
Quin et paniculam vidi, totam gentan masculam. Paniculam quoque:observavi 
iotam ferè masculam , in quâ nempè spiculæ tantum tres, ad glomerulos infe- 
riores pertinentes, apice summo vel imà basi fœmineæ an Ita ut vix ulla 
Carex in sexuum 'dispositione magis ludicra videatur, undè quoque deductum 
nomen specificum volui. Bractéæ superiores brevissimæ, obscuræ; inferior seta- 
ceo-acumineta , unciam unam maximüm longa, spicà ideo semper multo brevior, 
ipsum suum glomerulum sæpè non æquaus. Squamæ elliptico-subrotundæ , dilutè 
fuscæ, muticæ, margine lato, aÏbo-membranaceo, nervo carirali pallidiore, lævis- 
simo, infra apicem evanescente ; fæmineæ laxiusculæ, obtusæ ; masculæ obtusis- 
simæ , arctè imbricatæ. Stamina 3, filamentis brevibus , tee sæpiüs partim 
inélbsis !, apiculatis, apiculo barbulato. Utriculi ( immaturi, non tamen propriè 
juveniles ) erecti, squamam, quam distendunt, pauld superantes, un. lin. longi, 
viriduli, plano-convexi, utrinque enervii, ex basi ovatà in rostruut sensim atte- 
nuati, posticè plani, anticè gibbi, margine exalaio, subincrassato, supernè serru- 
lato-scabro, parte inferiore tertià vel dimidià lævi, rostro acutiuseulo integro vel 


3. Gay. — De Caricibus quibusdam. 359 


obseurins fisso; autice Jongiüs fatiscente, Achænium (immaturum) compressun , 
elliptieum vel obovatum, stylo breviglabroque coronatum. Stigmiata 24 brevis- 
sima ,.lineæ/parte vix quartà utriculam superantia , capillasia, scabriuscula nee 
villosa! 


Obs. Ad C. paniculatæ gregem pertinét suprà descripta $pe- 
cies, à vulgari tamen paniculaté, ut etiam à feretiuscul& et para- 
doxé:notis in diagnosi signatis facillime dignoscitur. 

“Propiüs ad'nostram ‘accedere videtur € Boennirghausiana 
Weihe, quantum quidem ex unico specimine herbari Meratiani 
et descriptione Weiheanä (in Florà, 1826, p. 743 ), item ex 
icone Sturmianà ( Deutschl: FL'fase. 55 \'conjicio , unde stirps 
cum €. ludibundä non solùm staturà et infloréscentià, spicula- 
rufi quoque form et colorée , verum etiam utriculis et ludicrà 
sexaum dispositione (1) concordare videtur. Differentiam tamen 
Haud'spernéndam præbent, ex viso speciminé, C. Boenninghau- 
siänce folià et culmi flaccidi nec rigiduli, squamæ oblongæ, 
acutiusculæ, nervo excurrente supernè scrabriusculo quando- 
que apiculatæ, nec muticæ obtusissimæ, antheræ exsertæ et stig-. 
mata elongata villosa. Squamas ir omnibus Caricibus plüs mi- 
nus variabiles esse et stigmata in quibusdam speciebus ( præser- 
tim in ©. cæspitosé) plis: mins longä invéniri, probè Scio: An 
ideo nostra €. ludibundas herbâ et eulmis quamvis lüxurrans, 
pro Boenninghausiantutroque sexu fortuitd lainguwidà habenda®? 
Videant quibus occasio C::Boenninshausianæ in loco fatali ob: 
servandæoblata fuerit, vel speciminum coniparandorum copia 
in promtu erit. Jet 


14. CARExX GLAREOS4A Wahlenb: 


Hæc per specimen Groenlandicum Torreyo nuperrimè veluti 
Americæ civis finnotuit ( Ann. of the Lyc. nr, p. 396), prius in 
Americà septentrionali longà latäque nusquàm inventa. Minus 


: C?- i : 

(x) Spiculas C. Boenninghausianæ omnes androgynas, supernè masculas, describunt Weihe 
et Hoppe, infernè mascnlas vidit Kochius { Fl. Germ, Synops. p. 752). Ego in specimine unico. 
quod (à Lejeuneo missum et sine dubio à Weiheo profectum ) herbarium olin Meratiañum 
possidet , spiculas numeravi 21, quarum 11 ex toto masculas , reliquas androgynas (maseulis 
intermixtas ) pro maximà parte masculas, non n si apice summo vel imà basi vel apice basique 


fœmineas , flosculis fœmineis in qualibet spiculà paucissimis, maximum 4. 


360 1. GAY. — ÎJe Caricibus quibusdam. 


tamen remotam Americæ hospitem, et à plurimis cum C. lago: 
piné Wahlenb: confusam stirpem crediderim, cujus verioris 
specimen, anno 1828 à Despreauxio in Terrä Novàä lectum, 
possideo. De quà re nuncium botanicis Americanis afferre operæ 
pretium fore existimavi. 

Habitu ad C. Zagopinam Wahlenb. ! proximè accedit, diHers 
vero maxime spiculà, ex tribus duabusve, solà terminali andro- 
gynà , reliquis ex toto fœmineis ,quæ in €. lagopiné omnes an- 
drogynæ, basi masculæ. 


15. CAREx SCHREBERI W. 


Ad C. Schreberi synonyma pertinere C. bromoidem. Dubois! 
(Méth. éprouvée., Orléans, 1803, p. 256) ex ipsius auctoris spe- 
cimine in herb, cl. Dubouché asservato nuper cognovi. Ejusdem 
loci quoque est C. tenella. Thuill.! Flor. Par. (1799) p. 479, 
ex herb. Rich. et Brongn. 


16. CarEx Licerica N. 


C. longissimè repens ; culmo acutè trigono , supernè scabro, 
foliis planis, angustis (facie ad strias asperulis! ) longiore ; spi- 
culis 4-12, sessilibus, cylindraceis , acutiusculis, in spicam 
oblongam densiüs vel laxius aggregatis , omnibus:androgynis, 
basi masculis, inferiore obscuriùs bracteatà ; squamis ovato-lan- 
ceolatis, acuminatis ; utriculis stipitatis, eilipticis, plane-convexis, 
utrinque nervatis, margine à basi ad apicem alatis et serrulato- 
densè ciliolatis, cæterum Iævissimis, supernè in rostrum elonga- 
tum acute et strictè bidentatum attenuatis ; stigmatibus 2. 


C. arenaria. Dubois, Méthode éprouvée (1803), p. 254.—Bast.! 
FI. Maine-et-Loire { 1809), p. 338. 


C. Schreberi. Desv. F1. Anj. (1827), p. 73.—Guép.! FI. Maine- 
et-Loire, ed. 1° (1830), p.11;ed. 2° (1838), p. 13. 


Habitat ad ripas Ligeris arenosas, locis fortè purimis, sed hucusque in agro An- 
degavensi solüm et Aurelianensi observata, undè specimina complura, ex Ande- 
gavo nempè per Bastardum et Guepinum, atque ex Aurelià per cl. Dubouche 


3. Gay. — De Caricibus quibusdan. 361 


accepi. Aureliæ stirpem, in sylvulà de ?Jsle, quamLigeris flumen alluit et hye- 
mali tempore tumens sæpè inundat, imprimis frequentem el. Dubouche adnotat. 

Radix repens, rhizomate longissimo, ubique prolifero, certis intervallis fascicu- 
los plures, ex uno codemque nodo , steriles alios alios fertiles agens. Folia omnia 
radicalia, in quovis cespite 4-6, crectiuscula vel falcatim divergenta, spitha- 
mϾa, plaba; unam lin. vix lata, margine serrulatg-scabra ; facie, saltem novella, 
perilentem distinctè asperula ! Culmus è fasciculo ! siizülo unicus, foliis multo 
longior eorumque vaginis inæqualibus-basi ciuctus ;‘erectus ; maximüm pedälis, 
supernè aculè trigonus, ubique scaber, cæterùm lævis. Spiculæ 4-12, sessiles, 
erectæ, obscuriùs bractæatæ, in spicam plüs minûs Jobatam, ferè uucialem, ellip- 
soideo-oblongam, vel quasi lanceolatam, basi sæpè interruptam aggregatæ, 3 1-6 
lin. longæ , omnes cylindraceæ, acutæ vel acutiusculæ, omnes androgynæ, ie 
masculæ, superiores magis polyaudræ, infcriores magis polygynæ, quarum nna 
alterave rarits tota fœminea ; bracteà imâsetaceà, spiculam suam vix æquante. 
Souamæ ovato-lanceolatæ, acuminatæ,  castaneæ, albo-marginatæ, nervo carinali 
viridi,-Stamina 3, antheris demüm longè exsertis, apiculatis, mucrone barbulato. 
Uiriculi maturi squamam æquantes vel pardm superantes , 2 lin. longi , plano- 
convexi, glaberrimi, viridu]i, anticè et posticè membranaceï, ad angulum utrum- 
que distinctè ‘suberoso-incrassati, basi vel in cuneum retracti, vel distinctè sti- 
pitati, supérné atténuato-longè rostrati, margine à basi ad apicem crassiusculè 
nec; Jatè alati et densèserrulato-ciliolati, ventre cum alis (quæ vero sæpè reoli= 
catæ occurrunt, undèe angustior utriculus videtur) unam vix lin. lato, oblongo= 
elliptico, posticè plano, 4-6 nervi, anticè g-11,nervi, nervis utrinque tenuibus 
sed distincts, rostro longitudinem utriculi dimidiam excedente, ‘lineari-lanceo- 
Jato, alis sursam continuatis et progrediendo angustatis marginato, quemadmo- 
düm alæ serrulato-densè ciliolato, apice strictè et acutè bidentato, anticè pauld 
longius fisso. Achænium sæpissimè abortivum, vel ustilagine ampliatum, fisso 
anticè utriculo tünc à parte anteriore nudum; perfectum utriculo arctè vagina- 
tum, ventremque ejus cùm in longitudinem tüm ip latitudinem æquans , sessile, 
compressum, oblongo-ellipticum, basi attenuatum, apicemucronatum, castaneum, 
lævissimum. Stylus teres, filiformis, strictus , rostrum, in plant florente sæpè 
superans, et in parte exsertà, prout stigmalà , villosissimus, in parte iuclusà quo- 
que, et quidem ferè ad basim usque , papillis brevibus minus densis hispidus. 
Stigmata:2, in plantà florente longissima, filiformia , crassiuscula ; villosissima , 
utriculo longiora (descriptio fructus è speciminibus Aurelianensibus).. 


Oss. Stirpem pro C. arenarié ali, ali; in quorum numero 
quoque, Candollius, (FL. fr. suppl., 1815, p. 288), pro C. Schre: 
beri, sampsère, ad quas utique, si radicem imprimis longe re- 
pentem et crescendi modum consideraveris, proximè accedit: 
Sexuum quoque distributione C. Schreberi cum nostrà congruit, 
tenuitate vero omnium partium et foliis dimidio'angustioribus; 


362 7. Gay: — De Curicibus quibusdani. 


atque spiculis paucioribus ; 3-6 non 4-12 , flosculis foœmineis 
porro in qualibet spiculà multo paucioribus, et utriculis mino- 
ribus, eéxalatis!, non nisi in rostro serrulatis, facillime dignos- 
citur, et sine dubio distinctissima est censenda.— Minüs, quoad 
habitum et folia atque utriculum alatum; C. arenaria à nostrà 
distat, recedit tamen spicà multo ampliore et spiculis supério- 
ribus permultis constanter ex toto maseulis, inferioribus pau- 
cioribus, turgidis, ovoidéis, ex toto fœmineis, vel apicé solùm 
aut rariüs apice basique masculis quæ in €. Ligericä omnes an- 
drogynæ, basi masculæ. C. arenaria. recedit prætereà utriculis 
majoribus, sessilibus, crassius et ferè costato-nervatis, latiüs.et 
superne tantüum alatis, infra medium nudis, et achænio:elliptico- 
subrotundo non oblongo:— Nostræ quoqué €: repenñs Bell. 
ob stationem ad ripas fluviorum arenosas et utriculos stipitatos 
téenuinervios, à basi ad apicem alatos, proxima est, differt verû 
sexuum distributione ut in €. arenari@ et uütriculis angustiüs 
alatis longitsque rostratis, rostro nempè Jlongi-simo, ventris 
longitudinem excedente, et insuper stylo! ferè toto :glaberrimo; 
apice solum parciusque hirtulo: -— Folia tandem in C. repente, 
arenari& et Schreberi ütrinque Kevissimia video, quæ in C. Lige- 
ric& sæpè, juniora saltem, facie tuberculis minutissimis acutis 
per lentém asperula apparent. Quibus perpensis C. Ligericam 
nequeo non pro specie proprià agnoscere. 


17. CaREx scopAniA et STRAMINEA SChK. 


C. leporina. Mich.! Fi. Bor. Amer. (1803) 11. p. 170, in.ejus 
herbario quod Mus, Paris. possidet, stirpes duas utriculi formä 
ovato-lanceolatà et elliptico-subrotundà facilè distinguendas, 
nempè C. scopariam Schk. (tab. Xxx. n° 195) et C: stramineam 
ejusd. (tab. G. n° 34, et Xxx. n° 194), complectitur. Speciminum 
in; herb: Michaux. repositorum duo juniora ad ‘€. scopariam, 
quatuor maturissima ad C. stramineam spectant. Confusionem 
eamdem: in herb. Richard: animadyverti in quo speciminum, 
numero quoque 6, tria ad C: scopartam, tria ad straminicedñi per” 
tinent. Definitionis Michauxianæ verba « spicis turgide obtuse- 
que ovatis »:àC.stramined nec à scopari& esse petita, in- 


1. Gax. — De Caricibus quibusdum. 365 


spectio speciminum in. herbario utroque authenticorum clarè 

docet. Undè Torreyus emendandus qui C./eporinam. Mich., 
nullo speciminum discrimine, totam quantam et quidem cum 

admirationis signo.(.vidit enim stirpem:in herb. Michaux.) ad 
C. scopariam refert, in Ann. ofthe Lyc. of N.H. of N..Y. ne 
(1856) P- 394. 


À. Covali Europæà, €. straminea utriculis breviter abrupté- 
que rostratis, ventre latissimè alato:, élliptico-subrotundo, sæpe 
latiore quàm longo nec oblongè-elliptico;, certe differt;-€ sco- 
paria quoqnue, utriculis. multo angustioribus, ovato: lanceolatis, 
SUperne sensimattenuatis non distinctè rostratis, at ‘que alis mar: 
ginälibus in ventre ferè medio:'suhsistentibus nec ‘usque rad 
utriculi basim decrescendo procurrentibus, recedit, et speciem 


sine dubio propriäm éonstituit. 


C. festucacea. Schk. (tab. Www. n°173), quoad specimina Tor- 
reyana in hérb.Juss.l'et Decaisn.!, habitu et inflorescentià, squa- 
mis quoque hyalino-albidis C.'stramineæ planè similis, differt 
tantüm utriculis angustissimè alatis, longiüs nec abruptè r'os= 
tratis (quà postrèmä notà iconi citatæ non respondet), ventre 
cum alis obsoletis elliptico non atissimo et subrotundo. Cum 
(2 OR comparata, eadem, “utriculorum formà gencrali © con- 
que LEUR basi timer rotundatis nec Se : minus LES 
nuatis, alis” quoque supérnè angustioribus, non _ità viridibus, 
häüd ægrèé dignoscitur. 

‘Inter °C. Strämineam et C. festucaceamt exacte intermedia est 
alià Caricis forma, per Americam septentrionalem ut videtur 
fréquens , Mihi tamen quoad nomen dubiä, in quà utriculi ros- 
trique forma planè eadem ac in C. festucaced, alæ vero utricu= 
Kim marginantes utin C. sframine latissimæ observantur. 

An igitur C. straminea et C. festucacea pro formis unius, 
ejusdemque speciei habendæ et sequenti modo, cum formà in- 
termedià, prout varietates definiendæ ? 

C. STRAMINEA « SCHKUHRI , ;utricnlis abruptè breviterque ros- 
tratis, ventre latissimè alato, elliptico-subrotundo (C. straminea. 
Schk:, Willd., etc.) 


364 3. GAY. — De Curicibus quibusdam. 


B iNTERMEDIA , utriculis longius sensimque rostratis, ventre 
elliptico, latissimè alato ( C. fœnea ? Willd. Enum. ; C. strumi- 
nea f minor et ; fæneu? Torr. in Ann. of the Lyc. 111. p. 395 ; 
C. straminea. Un. intin.! 1837, ex agro Cincinnati; C. tenera 
Dewey, Torr.! in herb. Juss.! et Détiénél : ; Carex in herb. Jac- 
quem! innominata, quam in arenosis maritimis insulæ Coney 
prope Novum Eboracum beat. Jacquemont legit ; Carex inno- 
minata è Rio Brassos in ditione Texas, Drummond |) 


y FESTUCACEA , utriculis longius sensimque rostratis, ventre 
elliptico , angustissime alato (©. festucacéa Torr. ! in herb. Juss. ! 
et Decaisn. Djà quà C: festucacea Schk. tab. Www. utriculis 
abruptè rostratis abludere videtur ). k 


18. CAREX STELLULATA Good. 


Hujus loci est, nequidem pro varietate habenda, C. stellulatali. 
grypos. Gaud.! FI. Helv. VIL. (1833; Add. p. 662 (ex Alp: ‘bus Lu- 
ganensibus ). 

Synonyma quoque dot C. grypos. Schk. Car. Suppl (1806) 
p.18. tab. Hhhh. fig. 193. — Hopp. Caricol. Germ. (1826) p.28. 
— Ejusd. in Sturm D. FI. fasc. 57 (1831) ic. — Kunth. Enum. I. 
(1837) p. 419.— Koch. Synops. II (1837), p.753. — non Rchb. 

Suam Schkuhrius C. norvegicam inter et C. loliaceam loca: 
vit, à quibus toto habitu recedit. Eamdem Sprengelius (Syst. 
Veg. ur. p. 809)inter C. lagopinæ synonyma enumeravit, quæ 
comparatis iconibus, totà utriculi fabricà et proportione, squa- 
marum differt. Reichenbachius , tandem, C. grypum in. C. mi- 
crostachy Ehrh. vidit,quæ postrema sexuum distributione lon- 
gissime distat. 

Icone Schkuhrii attentiüs bad at auctorisque descriptio- 
nem perpendenti, duæ tantüm differentiæ apparent quibus C.gry- 
POS à C. stellulatä distinguatur, culmus nernpè teres non trigo- 
nus ; ét utriculi apice incurvi non recti. Hæc versè utriculi diffe- 
rentia nullius momenti est ;illa paradoxa omninÔ est vixque sin- 
cera, cüm nulla congenerum mihi unquàam culmo sic rotundato 
ebstriis prorsüs carente occurrerit. — Duplicem eum characte- 
rem Hoppius tamen loco utroque citato (in destriptione et in 


3. GAY. —r De Caricibus quibusdam. 365 
icone) perspicue exprimit, an ideo ne à Schkuhrio dissentire vi- 
deatur ? Icon certd de cætero in C. stellulatam bene quadrat. 
— Suam quoque grYpum ; stellulatæ proximam Kochius habet, 
L's. c., ubi vero nec Hoppii i iconem adducit, nec de culmo tereti 
mentionem ullam facit. Diagnosibus comparatis à szel/ulaté hæc 
Kochiü grrpus differt culmo scabro non lævi, utriculis erectis 
non squarroso-patentibus, et rostro incuürvo non recto , quibus 
ego minimè sum contentus, tales enim differentiæ facillime in 
stellulatæ exemplaribus diversæ ætatis atque locorum diverso- 
rum inveniuntur. Suam stirpem Kochius è Vallesiæ alpibus supra 
Zermatten habuit, in quibus bis à me et per mensem integrum 
acerrimè exploratis neque C.'stellulata nequé €. lisopina oc! 
currit. (C. lagopiram ibi tamen, nempé ad molem glacialem 
valleculæ Finelen, à cl::Schuttleworth lectam fuisse scio. * 
Hoppii Caricem grypum se vidisse et omnibus notis solidio- 
ribus cum: C. stellulaté vulgatà congruentem, utriculis quoque 
divergentibus instructam invenisse , Gaudinus adnotät, FL 
Helv: vir. p. 662. 


‘19: CAnex eunra Good: 


Hujus loci esse C. -Richardi. Thuill! F1 Par: (15099) p. 482 ‘et° 
Mich.LFl. Bor. Am.(1803) p.170; plures jàm dixêre et ego con- 
firmo, addoque specimina Michauxiananon ad formam gracilem, 
qua, sub 8 Torreyus distinxit ({Ann.sof the Lyc. IL p.303) ,’ 
sed ad vulgarem) pertinere.—— Ad eamdem‘speciem et formam'! 
spectare C. leporinam Lapeyr.! Abr. Pyr. (1813) p. 564 (saltéln 
quoad plantam:in monte de Roja inventam) synonÿmorum cu - 
riosis renuncio, quam stirpem ego in herbario Xatartiano ipsius 
Peyrusii manu inscriptam vidi, et pro communi C. curké agnovi. 

20. CAREX REMOTA L. 


1 


Quam veluti Américanam Torreyus nn novit, ego ini 
Terrà novà ann. 1829 à Despreauxio inventam orideu A: 
C. Deweyand. Schyr. .:quam pro .C.remoté nonnulli sumpserunt;: 
ns Despreauxiana diversissima est, nec, cum C. remot4 Eu- 
ropæà comparata, differentiam ullam cn 


pe D Ce | 


366 F. MIQUEL. — Syr l'Encephalartus horridus. 


NoTE sur l’'ENCEPHALARTUS HORRIDUS Lehm. et sur ses di ifférentes 
formes. 


Par M..le Prof::F. A. N: Miquer, 


Directeur du Jardin de Botanique à Rotterdam, 


Les nombreuses occasions.que nous avons eues d’étudier,;dans. 
notre jardin, une très grande quantité d'individus de: cette  es- 
pèce rapportés de, l’intérieur du Cap; nous ont mis à même d’en: 
donner une description plus complète et peut-être plus correcte. 
que: celles que l’on trouve jusqu’à nos jours dans les livreside 
botanique descriphiye: La grande variabilité de cet Zncephalar: 
tus rend nécessaire la comparaison, des différentes formes qu’il 
présente, avec d’autres espèces pour limiter d'une manière in2: 
contestable les caractères quileur sont propres. Les modifica- 
tions nombreuses de l'Æ. Aorridus font aisément comprendre 
comment les auteurs, qui n’ont! vu que des échantillons isolés, 
sont tombés si souvent dans l’erreur.;:en donnant, ou un carac- 
tère spécifique qui nes’applique-pas àtoutesles différentes formes 
de ce végétal, ou en décrivant ces formes comme autant d’es: 
pèces, différentes, des formes transitoires leur‘étant restées in- 
connues. 

Nous allons en doriner d’abord le caractère spécifique et celui. 
des principales formes qui doivent lui être rapportées: 


E. Ports LEHM. (Pugill. sextus \ 


Cauprce glabra aut lanuginosa; rachz obtuse tetragona ; foliclis lanceolatis 
pruinoso-glaucis aut viridibus, infimis integerrimis vel margine inferiore uni- 
dentatis, superioribus uni-tridentatis vel uni-bidentatis apice bifido, rañus 
margine superiore brevitér unidentato, dentibus omribus pungentibus note 
que grandioribus lobiformibus divaricatis; sérobrlis glabris. 


Observatio. Planta polymorpha, caudicibus cylindrico- -conicis aût ovaideis, 
glabris aut lanugine fusco-grisea tectis, frondibus brevioribus aut longioribus 
(1 — plures pedes) rectis vel plerumque-apice recurvis; fo/iolis infimis lanceo- 


F. MIQUEL.— Sur l'Encephalartus horridus: 367 


latis integerrimis, aut margine  inferiore 1-3 dentatis aut bidentatis apice bifidis, 
rarius margine superiore aut utrinque breviter unidentatis, glaucis viridibus, 
pungentibus, duris, inferioribus et superioribus brevioribus, marginibus subinde 
subrevolütis, nascentibus externe et margine inferiore rachique pilosis, pilis mox 
déciduis. : 

Diagnosis itaque ab is aliorum auctorum recedit, qui ad illem singularem va- 
riabilitatem attendisse non videntur nec legitimæ coloris glauci absentia nec cau- 
dicum sæpius lanuginosorum, mentionem fecerunt, et in primis rariorem illam ini 
margine superivre dentem præteryiderunt. Dire si.autem, foliolorum forma ita 
ludat, ex inde genuimas varietates constituere non licet, cum solummodo e mi- 
nori majorive alicujus foliolorum generis copia quædam forma distingüi possunt , 
intermedns formisin se invicem perspicue transeuntes. 


os E. horridus genuinus. Caudice non raro lanuginoso, frondibus apice re- 
curvis glaucis aut plerumque viridibus, foliolis ut plurimum Done infe- 
wiôre saut ,3 (dentatis ;apice elongato. é 

Syn; Zamia horrida:, Jacq: Fragment, botanica, 1; p.57; ex parte. Tab. 
27,28. E. horridus, Lehm. Pugill. NI,/p.a4 


f.E. 'RoñHals Hallianus. Cd frondibusque utin forma a, foliolis sæpe 
etiam! margine superiore breviter unidentatis. 

Syn. E. van Hallii, de Vriese in Re voor nat. Gesch. en s Phys 
TN; p:14#22. Tab, X, A20: 8.5 

ÿ. E. horridus laufrons. Caudice plerumque glabra , frondibus glaucis viri- 
‘‘dibusve}‘foliolis infnnis sæpiûs integerrimis, séquentibus aut margine mfe- 

_ riore aut superioreunidentatis!, reliquis:margine inferiore uni’ aut bidenta= 
| tis apicibus divaricato-bifidissaut,margme inferioretridentatis. 0 212. 


Syn. E. latifrons Lehm. ex descriptione. de Vriese et icone. c. 1. 1V, p: 424. 
Tab. IX A el B. 


à. E. horridus lanupinosus. Caudice!linuginosa , foholis pleramque viridibus 
ut plurimum margine inferiore bidentatis. 
Sÿn. Zamia lanuginosa Jacq.]. e. p.28, 1. 30 et 31. E. lanuginosus Lehm: 

(Pugill. VI, i c. .) % 


Les auteursique nous venonsde citer ont considéré la éouleur 
glauque ‘des feuilles comme un caractère’ constant, cependant 
notre jardin possèdé plusieurs individus d’une couléur vérte 
foncée, et la même plante porte ‘quelquefois des feuilles de deux 
couleurs. Mais c’est surtout la manière différente dont s’opère la 
fissure des folioles, qui sert à caractériser les différentes formes de 
cet Encephalartus. Les folioles inférieures sont souvent entières; 
les suivantes portent une dent ou bordinférieur ou plus rarement 


368 r. MIQUEL. — Sur l’Encephalartus horridus. 


au supérieur. Ensuite, cette dent inférieure devient plus grande, 
et occupe à-peu-près la partie moyenne de la foliole, ou se 
trouve pres du sommet , de manière que l’on pourrait décrire 
cette foliole comme étant apice bifidum. Les autres folioles 
portent en général deux dents , moins souvent trois au bord 
inférieur (F. margine inf. bidentata seu unidentata, apice bifido; 
tridentata seu bidentata apice bifido'; plus rarement on trouve 
une petite dent au bord supérieur ; et quand cela arrive un peu 
plus fréquemment, où aura l’£. var Hallii de Vriese. Nous 
avons vu des individus dont toutes les folioles, une seule ex- 
ceptée, offraient cette petite dent au bord supérieur, tandis. que 
d’autres en portaient plusieurs. Les autres caractères de l'E. 7. 
Hallii ne sont pas mieux établis et consistent uniquement dans 
la couleur pâle et une consistance moins dure ; or, nous avons 
vu des individus d’un vert glauque et d’une consistance bien 
rigide. On remarque même dans la figure, que l’auteur de cette 
espèce à publiée, plusieurs folioles dont la marge supérieure est 
entière et n’offre aucune dentelure. 

L’E latifrons Lehm. se distinguerait par sa couleur d'un vert 
foncé , les folioles inférieures entières, les moyennes bifides au 
sommet et uni ou.bidentées au bord inférieur; les supérieures 
plus étroites et 2-3 dentées au bord inférieur. 

Mais, outre que ces caractères ne suffisent pas pour une dis- 
tinction incontestable, ils ne sont point constans, car nous pos- 
sédons, par exemple, un exemplaire un peu plus grand que les 
autres, à folioles tout-à-fait glauques et entre lesquelles nous en 
avons trouvé une dont le bord supérieur était unidenté. Nous 
possédons même une feuille qui reéwnit par ses caractères ceux 
de V£. horridus, de VE. van Hallii et de l'E. latifrons. (1) 

On ne s'étonnera pas, d'après ce que nous venons de 
dire , que nous considérions aussi l’Æ. /anuginosus  Lehm. 
comme une forme de lÆ. horridus à tronc velu.: Depuis 
que nous avons constaté que l’£. horridus offre assez souvent 


(x) Toutefois , nous observerons que nous, ne jugeons l’E, latifrons Lehm. que d'après la 
description «et la figure que M: de Vriésé én vient dé publier. Ii FOURS arriver que notre 
savant am); M. Lehmann , fit encore connaitre d’autres caractères. : 


| 
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GC. BLUME. — Palmiers des Indes orientales. 369 


un tronc couvert de poils, les caractères donnés par Jacquin 
( Fragm. 1 p: 28. Tab. 80, 31) de son Z, lan uginosa, savoir, 
le tronc velu et les folioles bidentées vertes , ne suffisaient point 
pour la distinguer de V’Z. horridus. C'était peut-être pour cela 
que  Persoon a voulu caractériser l'E: horridus par des f. £ri- 
dentées glauques , a VE. lanuginosus par les folioles hidentées 
vertes (Synop. "x. 631 ). Mais on comprend aisément, d’après 
notre description de l'Ænc. horridus ; que sa distinction en plu- 
sieurs espèces est entièrement fautive, puisque l’on trouve l’une 
et l'autre sorte de ces foliolés sur la même plante, et on sent 
que les caractères tirés de ces mêmes folioles, et qui ont servi 
à plusieurs botanistes pour faire de chacune de ces formes au- 
tant d'espèces distinctes, ne peuvent être admis. 


Revue des Palmiers de l'archipel des Indes orientales , 


Par le professeur C. FL. BLuME, 


Directeur de l’Herbier royal à Leyde. 
Premier Article. (1) 


Quoique dans la préface du tome II de la Aumphia, nous 
ayons déjà annoncé d’une manière générale tous lesPalmiers dont 
il sera question dans cet ouvrage, il ne sera peut-être pas inutile 
de:communiquer préalablement quelques vues sur cette famille. 
La haute importance de ces végétaux nous a de plus engagé à 
fixer les caractères des genres des Palmiers #2do-orientaux , que 
nous avons examinés, en observant toutefois que la liste des 
Palmiers , publiée par nous au commencement de l’année passée, 
nous a servi de base dans la nomenclature des genres et des 
espèces. 

Peut-être nous fera-t-on l’objection d’avoir trop multiplié le 


(x) Buülletin des Sciences physiques et naturelles en Neerlande , rédigé par MM. W.Miquel,. 
3. Mulder et W. Wenckebach ; 1838 , p, 6r. i 


/ 


X. Boran. — Décembre. 24 


370 c. BLUME. — Pamiers des Indes orientales. 


nombre des genres, surtoutaux dépens du genre /reca Linn., qui, 
avec quelques autres genres voisins, nous occuÿera en premier 
lieu dans le présent mémoire ; mais c’est parce que nous avons 
emprunté les caractères de ces genres à leur végétation elle-même, 
plus qu'on ne la fait peut-être jusqu'ici, ce qui nous semble 
tout-à-fait indispensable dans une famille où les organes de Ja 
génération offrent peu de caractères faciles à saisir. 

Sous ce point de vue, le genre Æreca Linn., comme il a été 
déterminé jusqu’à présent , offre un amas de Palmiers d’une or- 
ganisation très différente, auquel on devrait aussi joindre les 
genres Æuterpe et OŒEnocarpus de Martius et POreodoxa de 
Willdenow, quand on ne veut pas admettre la division de 
l{reca des auteurs en plusieurs genres. C’est non-seulement 
pour exposer plus clairement les affinités naturelles, mais aussi 
parce que la botanique systématique exige que les caractères 
génériques soient tracés d’une manière précise, qu'il nous à 
paru plus juste de diviser certains genres de Palmiers que de 
réunir une foule d'espèces dans des genres vaguement limités. 
Et qu'on ne s'imagine pas qu'en agissant ainsi, le nombre des 
genres soit trop augmenté en proportion de la masse des es- 
pèces. L’immortel Linné lui-même voyait déjà la nécessité d’in- 
corporer dans presque autant de genres les dix espèces de 
Palmiers qu’il connaissait, savoir : 


1. Calamus. 

2. Chamærops. 

3. Borassus. 

A. Corypha, avec deux espèces dont l'une a servi à Gæriner 
pour établir le genre HyPnæxs. 

5. Cocos. 

6. Phœnix. 

7. Areca. 

8. Elate. 

9. Caryola. 


Pour bien fixer le caractère de l’Æreca, nous avons cru de- 
voir considérer comme le vrai représentant de ce genre, l’es- 
péce que Linné a décrite premièrement, l’A4reca catechu (Flor . 


C. BLUME. — Palmiers des 1ndes orientales. 271 


Zeyl. p. 392: Sp: Plant. p: 1189); ensuite nous en avons exa- 
miné les points de rapport et de différence avec les autres es- 
pèces, tant pour le port que pour la structure des organes de 
la génération. De cette manière , la situation des fleurs femelles, 
dans les aisselles des rameaux du spadice, pourvus senlement 
de fleurs mâles, nous a présenté un caractère très distinctif. 
Sans doute ce caractère ne serait d’aucune valeur, si les espèces 
à spadices simples ne différaient, en outre, sous d’autres rap- 
ports. C’est ce que prouve, par exemple, suffisamment l’/reca 
spicata Lam., comme étant le type du Calyptrocalyx , genre 
fort remarquable qui, tout autant que l/guanura et le Cyrtosta- 
chys, se rapporterait peut-être mieux à la section des Borassi- 
nées pinnatifrondes , qu'à celle des Arecinées, et démontre en 
tout cas l’affinité intime de ces sections. C’est par la même rai- 
son que d’autres espèces dont le spadice, quoique divisé en ra- 
meaux, mais garni dans tonte la longueur de ses rhachides de 
fleurs monoïques , doivent être aussi séparées des vraies Areca. 
Elles se rapprochent, sous plusieurs points, de l'Oreodoxa Wild. 
et des genres OEnocarpus et Euterpe de M. Martius, dont nous 
avons rangé les espèces indo-crientales en trois genres : Pinan- 
ga, Oncosperma êt Kentia. Le premier contient des Palmiers 
humbles , à spadices simplément ramifiés, munis de petits fruits 
allongés ou ovoides avec un périsperme ruminé. Les deux autres 
sont des Palmiers élevés, dont le port se rapproche plutôt de 
celui des vraies Æreca. Leurs spadices sont plus ramifiés que 
dans le Pinanga ; les fruits de l’'Oncosperma sont globuleux 
avec un périsperme ruminé, tandis que ceux du Kentia sont 
allongés, avec un périsperme solide, sans aucune trace de 
fissures. 


3. ARECA Linn. 


Frores monoici, in eodem spadice ramosissime aut simplici- 
ter ramoso, spathà duplici, uträque completà cincto, sessiles 
obsolete bracteati , feminei solitarii in alis dilatatis ramulorum 
antice tantum floribus masculis obsessorum. Masc. Calyx tri- 
partitus, laciniis carinatis ( non inter se imbricatis). Corolla tri- 
petala, petalis æstivatione valvatis. Sfamina 3-6-9 ; filamenta 


244 


372 C. BLUME. — Palmiers des * Indes orientales. 


subulata , imà cohærentia. /ntheræ lineares, basifixæ. Péstilli 
rudimentum. Fem. Calyx triphyllus et Corolla tripetala æstiva- 
tione convolutà. Sfarninum rudimenta. Ovarium triloculare 
v. passim trilobum , loculamento unicofertili. Ovzlo in fundo 
affixo. Stigmata 5 sessilia, discreta. Bacca fibrosa, mono- 
sperma. Æ/bumen ruminatum. Émbryo exacte basilare. 


Palmæ elegantes et sæpe proceræ; caudice ut plurimum elato, gracili, rarius 
arundinaceo, stricto, annulato, lævigato, inermi ; frondibus terminalibus, pinna- 
tisectis, petiolorum parte-basilari cylindrica longe vaginante , segmentis pectinato - 
patentibus, lanceolatis, plicatis, acuminatis, sæpe findendis, superioribus passim 
confluentibus et apice præmorsis ; spadicibus infra frondes inferiores enatis, 
spathis coriaceis deciduis, ut plurimum ramosissimis rarius simpliciter ramosis ; 
ramulis masculis-subflexuosis imä in alis excipiendis floribus femineis manifeste 
dilatatis ; floribus pallidis , masculis longe minoribus quam femineis, bracteis mi- 
nutis ; fructibus ovoideis v. ellipsoideis majusculis. 


Species. 1. 4; catechu Linu.tab. 102 A et tab. 104(1).— 2. 4. calapparia , 
tab. 100, fig. 2. — 3. 4. pumila, tab. 99 et tab, 102 C. — 4, 4. triandra 
Roxb.—5. 4. punicea, tab. 122.—6. 4. communis , tab. 128.—7. 4 glan- 
diformis Giesek. tab. 100 ; fig. 1 , 2ttab.128.— 8. 4. macrocalyx, tab. 101. 


Oss. Hoc palmarum genus , Indiæ Orientali proprium, præ- 
cipue insigniunt florum femineorum præcocium in axillis spadi- 
cum rhachidos masculis creberrimis obsessorum situs, nec'non 
stigmata distincta subulata , et denique fructus majuseuli formè 
ovoideà aut elongatà. 


2.OxcosPerma Bl. in Rumphià L..c. 


Frores monoici, in eodem spadice duplicato-ramoso , spathà 
triplici, interiore incompletà, cincto, in scrobiculis sessiles, brac 
teis obsoletis cum rhachide coaleseentibus, masculi bini femi- 
neos singulos stipantes. Masc. Calyx tripartitus laciniis carinatis 
(non inter se imbricatis\. Corolla tripetela, petalis æstivatione 
valvatis. Séamina 6; filamenta crassiuscula, libera. _Zntheræ 
sagittatæ , basifixæ. Pistéllé rudimentum. Fem. Calyx triphyllus 
et Corolla tripetala conformis, æstivatione convolutà. Séarninum 
rudimenta. Ovarium triloculare, loculamento unico fertili, 


(1). Ces citations de planches se rapportent toutes au tome 171 du Aumphia , encore inédit, 


C. BLUME. — Pamiers des Indes orientales. 375 


ovulo lateraliter in fundo affixo. Stigmata tria sessilia arctè 
conniventia. Bacca grumosa, monosperma. Æ/bumen rumina- 
tum. ÆZmbryo in basi positum. 


Palma elegans, in humidis maritimis gregaria ; caudice elato, gracili, anuulato ; 
aculeato , frondibus terminalibus , pet:olis basi longe vaginantibus; pectinato- 
piunatisectis, segmentis reduplicatis , acuminatis, spadicibus infra frondes soli- 
tariis , spathis coriaceïs post anthesin deciduis, inferne duplicato, superne sim- 
pliciter ramosis, ramulis fastigiatis, perdulis, in serobiculis bracteatis, flore uno 
femineo minori ac binis masculis lateralibus colore luteo obsessis ; fructibus glo- 
bosis, parvis. 

Species. 1. O. filamentosa , tab. 82 et tab. 103. 


Os. Jam florum femineorumsitus satis est, ut hoc et seéquentia 
genera ab A/recd Linn. distinguantur. A duobus proxime sequen- 
tibus insuper differt staminibus haud convatis, fructibus globo- 
sis, SarCocarpio grumoso intus tantum obsolete fibroso, denique- 

raphe umbilicali maxime dilatatä scutiformi. 


3. Kenria BL. in Rumphiä L. c. 


Fcores monoïici, in eodem spadice fasciculato-ramoso, spathä.: 
triplici, interiore incompletà cincto, in scrobiculis sessiles, brac- 
teis haud distinctis cum rhachide coalescentibus ;, masculi bini 
femineos singulos stipantes. Masc. Calyx tripartitus, laciniis 
subcarinatis (non inter se imbricatis). Corolla tripetala, petalis 
æstivatione valvatis. Starnina 6 ; filamenta brevissima, basi con- 
nata. Ænthcræ lineares, basifixæ. Prstilli rudimentum. FE. 
Calyx triphyllus et Corolla. tripetala dissimilis æstivatione con- 
volutà. Staminum rudimenta nulla. Ovarium uniloculare; ovulo 
in fundo affixo. S/ylus brevissimus. Stigmata 3 distincta. Bacca. 
parce fibrosa monosperma. Æ{bumen æquabile. Embryo exacte 
basilaris. 


Palma elata, saxatilis; caudice gracili, annulato, lævigato, infra petiolorum. 
partem basilarem cylindricam longe vaginantem subincrassato; frondibus omnibus 
terminalibus , pectivato-pinnatisectis, segmentis reduplicatis , apice subbifidis; 
spadicibus infra frondes verticillatis aut solitariis, spathis coriaceis deciduis , du- 
plicato-ramosis, ramis arrecto-fastigatis, ramulis nndique in. scrobiculis super 
ficialibus flore uno feminco minori ac binis masculis majoribus lateralibus colore- 
stramineo obsessis ; fructibus ellipsoideis parvis. 


374 C. BLUME. — Pudmiers des Indes orientales. 


Species 1. K. procera , tb. 106. 


Oss. Et in P/rangé et in genere præcedenti stigmata sunt ma- 
gis confluentia, quam in hoc, ab utrâque insuper diverso, quod 
florum femineorum petala sunt longe majora foliolis calycis ac 
formà plane alià, atque albumen non ut illis ruminatum, sed 
solidum esse solet. 


4. PINANGA Rumph. (ex parte) BI. in Rumphiàä L c. 


FLoREs monoici,in eodem spadice simpliciter ramoso rarissime 
simplici , spathà duplici, interiore sæpius incompletà cincto, in 
scrobiculis sessiles, bracteis obsoletis cum rhachide coalescen- 
tibus, masculi bini femineos singulos stipantes. Masc. Calyx 
tripartitus , laciniis subcarinatis (non inter se imbricatis ). Co- 
rolla tripetala, petalis æstivatione subvalvatis. Sfamina 6-15 : 
filamenta brevia , superne distincta v.in torum carnosulum con- 
fluentia, Zntheræ lineares, basifixæ. Pistilli rudimentum aut 
nullum. Fem. Calyx triphyllus et Corolla tripetala conformis 
æstivatione convoluta. Staminum rudimenta aut nulla. Ovarium 
uniloculare ; ovulo in fundo sublateraliter affixo. Stylus nullus 
aut brevis. Stigmata 3, vix distincta et sæpius confluentia. Bacca 
fibrosa, monosperma. Æ/bumen ruminatum. ÆEmbryo prope 
basin locatum. 


Palmæ plerumque humiles, sylvicolæ, caudice arundinaceo, gracili , stricto vel 
subflexuoso , annulato, lævigato , inérmi ; frondibus terminalibus , pinnatisectis 
rarius fissis , segmentis plicatis, acuminatis, summis apice truncato-dentatis, spa- 
dicibus infra frondes solitaris, spathis membranaceis vel coriaceis cito deciduis, 
parce ramosis, ramis subfastigiatis, excipiendis femineis ad latus floribus binis 
masculis consociatis, aut distiche, aut undique foveolatis; floribus albidis vel stra- 
mineis; masculis longe mejoribus quam femineis ; fructibus ellipsoideis, parvis. 

Species. Præter quasdam Palmas Borbonicas et Zeylarsenses, quæ huc refe- 
rendæ videntur, sequentes ex Archipelago Indico: 1. P. Nenga , tab. 107. — 
9, P. latisecta , tab. 108.—3. P. costata, tab. 109.—4. P. noxa , tab. 110, 
ge 1.—5. P. globulifera( Areca globulifera Lam.).—6. P. Kuhli, tab. 111. 
— 7. P, coronata ; tab. 119 ettab. 113, fig. 1. — 8. P.(sylvestris) Javana, 
tab. 87 et tab. 110, fig. 2. — 9. P. (sylvestris) cochinchinensis (Arecu sylves= 
tris Lour.). — 10. P. cæsia. — 11. P. minor, tab. 114. — 19. P. patula, 
tab. 115.— 13. P. furfuracea , tab. 116.— 14. P. bifida , tab. 113, fig. 2. 


GC. BLUMF. — Palmiers des Indes orientales. 375 


Os. Genus specierum sane ditissimum, quarum tamen major 
pars in caligine sylvarum Indicarum latent multæque specierum 
laudatarum non accurate notæ sunt. Ab Oncospermé præcipue 
distinguitur filamentis basi aut plane connatis, ovario unilocu- 
lare, fructibusque magis elongatis , sarcocarpio magis fibroso ; 
a Kentid stigmatibus minus distinctis , arctius conniventibus et 
plerumque discoideo-unitis , nec non structurà albuminis. Hæ 
species in duas sectiones divisi possunt ; primà continentur, qua- 
rum flores masculi circum rudimentum pistilli minorem nume- 
ram staminum , filamentis superne distinctis complanatis, exhi- 
bent; alterà quarum flores masculi majori gaudent staminum 
numero, quorum filamenta brevissima tantum non plane in 
discum carnoüsum sunt unita , sine ullo rudimento pistilli. 


5. Cyerosracays BL in Rumphià L. c. 


Frores monoici, in eadem spadice corymboso-ramoso, spa- 
this duabus (?) basilaribus completis (?) cincto e foveis rachidos 
emersi, masculi bini femineos singulos stipantes. Masc, Calyx 
triphyllus. Corolla tripetala. Stamina 6; filamenta complanata, 
basi unita. Æntheræ oblongæ, basifixæ. Pistillt rudimentum. 
FEm. Calyx triphyllus et Corolla tripetala æstivatione convoluta. 
Staminum rudimenta. Ovarium unioculare; ovulo ex apice lo- 
culamenti pendulo. Sigmata 3 sessilia divergentia. Fructus. . 


Palma gregaria, paludosa ; caudice elato, gracili, annulato, inermi, frondibus 
terminalibus , pinratisectis, segmentis reduplicatis, apice sæpe bifidis; spadicibus 
infra frondes: nascentibus, magnis, solitariis, spathis nonnuilis completis (2) fuga- 
cibus vestitis, duplicato-ramosissimis ; ramis divaricatis, ramulis fastigiato-pen- 
dulis ; subtortuosis, tomento subtilissimo granuloso obductis, undique in alveolis 
imter binos fleres masculos singulos femincos fovenubus. 


‘Species 1. C. Renda, tab. 120. 


Oss. Hoc genus ut a cateris dignoscatur, jam ovulum ex ap'ce 
loculamenti pendulum cujus stoma prope umbilicum situm est, 
sufficit. In Hyophorbe Gærin., ob situm embryonis verticalem, 
ovulum identidem in apice ovarii affixum esse videtur, sed'äb 
hoc tamen genere nostrum integumentis floralibus floris femi- 
nei alià ratione dispositis abunde differt. Utrum hoc et duo se- 


276 GC. BLUME. — Palmiers des [Indes orientales. 


quentia genera melius Arecinis an Borassinis accenseantur. ut 
jam supra dixi, compertum non habeo. 


6. Cazyprrocazyx Bl.in Rumphià L. c. 


Frorks polygamo-monoici, in le m spadice simplicissimo 
spathà simplici incompletà cincto, sub bracteis squamæformi- 
bus foveis rachidos immersi, masculi bini femineos v. herma- 
phroditos singulos stipantes. Calyx triphyllus, foliolis cucullatis 
arcte convolutis. Corolla tripetala, petalis æstivatione valvatis. 
Masc. Slamina crebra ; filamentis subulatis, basi in discum car- 
nosum confluentibus. /ntheris linearibus , dorso incumbenti- 
bus. Feu. Staminum rudimenta nulla. Ovarium. incompleto-bi- 
loculare. Sigma simplex, sessile. HermAPar. Samina complura. 
Ovarium superne in stylum brevem attenuatum. Stigmata 3, 
coalescentia. Bacca exsucca, grumosa, monosperma. 4/bumen.…. 


Palma procera, caudice crasso, annulato, lævigato; frondibus terminalibus, 
pinuatisectis!, petiolorum basibus margine in fibras fissihbus, sementis linearibus, 
acuminatis , reduplicatis ; spadicibus elongatis, inter frondium bases nutantibus, 
spathà longitudinaliter apertà coriaceà in peduneulo persistente; floribus in rha- 
chidos excavationibus squamâ obtectis reconditis, bibracteatis, glumaceis ; fruc- 
tibus subglobosis. ‘ 


Species 1. C. spicatus( Areca spicata Lam.), tab. 102 D et tab. 118. 


7. Icuanura BE in Rumphiüà L c, 


FLores polygamo-monoici , in eodem spadice simplicissimo, 
spathis duabus tubulosis incompletis cincto, e foveis rachidos 
bilabiatis emersi, masculi bini femineos vel hermaphroditos, 
singulos stipantes. Masc. Calyx triphyllus, æstivatione convo- 
luta. Corolla tripetala petalis æstivatione valvatis. Stamina 6-9 ; 
filamenta subulata, basi coherentia; antheræ lineares dorso 
affixæ. Fem. Calyx triphyllus et Corolla tripetala æstivatione 
convolutà. Saminum rudimenta. Ovarium uniloculare, ad basin 
binis rudimentariis suffultum. Stigma simplex, sessile. HEr- 
mapgr. Calyx et Corolla ut in Fem. Stamina 6-9; antheris 
ovato-oblongis. Ovarium simplex , stigmatibus tribus conniven- 
tibus obsessum. Bacca monosperma. 4lbumen. :. 


F. MIQUEL. — Jsaria du Brésil. 377 


Palma pusilla, coudice arundinaceo , tenui, annulato, inermi, frondibus 
subterminalibus, pinnatisectis, petiolorum basibus cylindraceis tandem uno latere 
longitudinaliter fissis atque defluentibus, segmentis subtrapezoideis, antice eroso- 
dentatis: spadice inter frondium bases emerso, spathis duabus membranaceis 
spadice mcrescente apice perforatis in ejus pedunculo magis minusve persisten- 
übus , indiviso, sursum incrassato, undique foveis margine bracteæformi elevato 
transversè bivalvi cinctis exculpto, quibus flores virescentes bracteolati sunt 
immersi ; fructibus baccatis olivæformibus, albidis. 


Species 1. Z. leucocarpa , tab. 117. 


Sur une espèce nouvelle d'Isaria du Brésil. 
Par M. F. À. W. MiqueL. 


Suivant le rapport de quelques voyageurs certaines larves, 
entre autres celle d’une-cigale, se tranformeraient en arbre ou 
plutôt en un arbrisseau, ls assurent que la larve s’enfouit:dans 
le sol et y donne naissance à un végétal. M. le colonel Q. M. R:. 
Ver Huell rapporta de St.-Salvador près Bahia, une larve pré- 
sentant les premiers rudimens de ce soi-disant développement 
ligneux. M. le pofesseur Miquel en étudiant cette production, 
y reconnut un champignon épizootique devant former june 
nouvelle espèce d’Zsaria. Celle-ci diffère néanmoins des autres 
espèces du même genre par un séroma plus charnu, assez dur, 
composé d'un tissu central, résistant, blanc, et d’une écorce flo- 
conneuse brune sporifère. M. Miquel pense que cette nouvelle 
espèce pourra former le type d’un sous-genre ou même d’un 
genre distinct. Cette plante est fixée à la partie antérieure du 
front de la larve, par une base bi-rameuse, dont les branches des- 
cendent sur la face devant les deux grands yeux, On remarquait 
également quelques productions analogues, mais beaucoup plus 
courtes, entre les anneaux abdominaux. En général ce champi- 
gnon a le port d’une Clavaire. La larve est encore remplie d’in- 
testins desséchés, elle est très voisine de celle représentée par 
Roesel, t. xxvi, fig. 1, tom. 11 de ses insectes. Il parait incontes- 
table à M. Miquel que ce végétal s’est développé après la mort 
de l’insecte et qu'il ne peut être assimilé aux champignons qui 


378 EBORY SAINT-VINCENT. — Sur l’Isoëtes et le Marsilea Fabri. 


se développent sur les animaux vivans. Cette espècé est carac- 
térisée de la manière suivante : 

IsanrA CicaDz, elongata, cylindrico-angulosa, tenax, apice 
ramulosa, intus albo-carnosa, extus brunea, subfloccosa, sporis 
cylindraceis obtusis. — Hab. in larvis Cicadæ mortuis sub terra 
sepultis, in sylvis Bahiæ. 


Nore sur l'Isoëtes du midi de la France et sur le Marsilea Fabri, 
Par M. Bory DE SAINT- VINCENT. 


(Lue à l'Académie des Sciences, le 2 juillet 1838.) 


Ayant, pour vérifier les travaux de M. Delile sur l’Zsoëtes, et 
de M. Esprit Fabre sur l'espèce nouvelle de Marsilea qui porte 
le nom de cet observateur, cultivé dans de petites marres ar- 
tificielles ces deux plantes intéressantes, j'ai fait à leur sujet les 
remarques suivantes, qui avaient échappé à tous les botanistes 
qui se sont occupés d’elles. 

La foliation de l’Isoëtes de Montpellier se développe sans dé- 
roulement, comme celle des Joncées et des Graminées aqua- 
tiques, et non à la manière des frondes en crosse des Fougères, 
ce qui établit une affinité de plus entre les Isoëtes et les Lyco- 
podiacées. 

Le Marsilea du même pays, plus petit dans toutes ses parties 
que l'espèce commune, et que le nom de quadrifolia ne carac- 
térise plus, puisque toutes ces Marsilées portent quatre folioles, 
a le point terminal du pétiole où s’implantent ces folioles d’un 
rose vif; celles de ses feuilles qui s'élèvent au-dessus de Peau 
sont sujettes à un sommeil aussi remarquable que celui des 
Mimosa et de la plupart des Tégumineuses. Aucune Fougere 
ou autre Cryptogame n'avait encore été signalée comme se fer- 
mant à telle ou telle heure de la journée, pour persister dans 
cet état toute la nuit. Après six heures du soir, dans cette sai- 
son, les quatre folioles, dont chaque fronde se compose, se 
redressent, et s'appliquent aussi étroitement paire contre paire 
que le font les ailes de l’Æedysarum gyrans, les folioles de la 
Sensitive, ou celle des Trèfles ; mais point dans une situation 


MARTINS. — OEuvres d'histoire naturelle de Goethe. 370 


pendante comme dans les Oxalides, qui dorment aussi, et qui 


sont des genres où ce qu’on appelle le sommeil des plantes est 
si manifeste. (1) 


OEUVRES D'HISTOIRE NATURELLE DE GOFTHE , comprenant ses divers 
mémoires d'anatomie comparée, de botanique et de géologie, 
traduits etannotés par Cu. Fr. Martins, D. M. , avec un atlas 
in-fol., contenant les planches originales de l’auteur et enrichi 
de trois dessins ef d’un texte explicatif sur la métamorphose 
des plantes, par P. 3. F. Turpin , membre de l’Institut. Chez 
A. CHERBULIEZ , rue de Tournon , n° 17. 


Goethe, le grand poëte, s’est occupé de toutes les branches 
de l’histoire naturelle, mais surtout de botanique et de zoologie. 
Les botanistes rendirent, les premiers, une tardive. mais éclatante 
justice à son opuscule, intitulé la Métamorphose des plantes. 
Lors de son apparition en 1782, les idées qui s’y trouvent déve- 
loppées eurent peu de retentissement. Goethe partagea le sort 
de tout homme qui devance son siècle , et proclame des vérités 
auxquelles ses contemporains ne sont pas préparés; mais, à 
mesure que la science avançait, évidence de la transformation 
de tous les organes végétaux frappait tous les bons esprits , et 
ce ne fut pas sans étonnement qu'on retrouva , dans les œuvres 

:de Linné, de Wolf et de Goethe, les germes de la plupart des 
systemes organographiques , que l'on croyait nouveaux. Dans 
la métamorphose des plantes, elles sont clairement formulées et 
condensées sous une forme aphoristique. Il y a plus: on y dé- 
couvre l'indication précise de la théorie sur l’accroissement des 
végétaux par les bourgeons, développée depuis par MM. Dupetit- 
Thouars et Lindley. Le peude succès de cet ouvrage sur la méta- 
morphose ne s'explique pas uniquement par la répugnance que 
les hommes ont toujours pour les idées nouvelles; d’autres cir- 


(r) Le même phénomène s’observe également dans le Marsilea quadrifolia ordinaire, enltivé 

au Jardin des Plantes , et on peut s'assurer, par la manière dont les folioles s'appliquent par 

‘paires l’une contre l’autre ; que ce sont réellement des feuilles pinnées à deux paires de folioles 
rapprochées, et non quatre folioles opposées en croix: An. B. 


380 MARTINS. — Œuvres d'histoire naturelle de Goethe. 


constances peuvent en rendre compte. Goethe était poète, et 
il semble qu'un instinct jaloux nous mette en défiance contre 
l’homme qui sort desa spécialité pour aborder un sujet étranger 
à ses études habituelles : aussi l'auteur a-t-il ‘cru devoir faire 
l'historique de ses études botaniques. M. Auguste Saint-Hilaire, 
dans le rapport qu'il a fait à l’Institut, le 20 août 1838, sur la 
partie botanique de la traduction qui nous occupe, s'exprimait 
ainsi sur cette portion de l'ouvrage: « Ce morceau, véritable- 
« ment délicieux ,je netrouve pas d'autre expression pour peindre 
« l'impression qu’il a faite sur moi, ce morceau, dis-je ,4à presque 
« le charme des confessions de Rousseau , et il est toujours plus 
« pur et plus instructif.» 


Nous n'avons rien à ajouter à ces paroles d’un homme dou- 
blement juge dans cette matière comme botaniste et comme 
philologue. Goethe ne s’est pas contenté de nous mettre dans la 
confidence des circonstances qui avaient détérminé sa propre 
métamorphose de poète en naturaliste, il donne encore les 
détails les plus piquans sur les destinées de sa métamorphose 
des plantes, sur le mauvais accueil que lui firent la plupart des 
savans, tandis que les gens du monde n’y voyaient qu’une 
agréable fiction ou une ingénieuse allégorie.' Sous le titre 
d’Additions , il réunit de nouveaux faits à l'appui de sa théo- 
rie, et, dans un troisième mémoire , il analyse l'influence de 
la doctrine des transformations sur la marche de la bota- 
nique depuis 1782 jusqu'à 1831. C’est dans cet opuscule qu’il 
énonce ses scrupules sur la réalité de la fécondation végétale. 
C’est là qu'il formule l'idée d’un type végétal , d’un symbole, 
d'une plante idéale dans son ensemble , mâis formée de parties 
toutes prises dans la nature, et qui faciliterait l'intelligence de 
la métamorphose , en remplaçant des idées abstraites par un 
dessin qui parlerait aux yeux du corjs et à ceux de l'esprit. 
Goethe désignait M. Turpin comme l’homme le plus capable 
d'entreprendre un tel ouvrage, qui nécessitait à-la-fois des 
connaissances profondes en botanique et un talent de dessina- 
teur du premier ordre. Desireux d'accomplir le vœu de Goethe, 
le traducteur se présenta chez M. Turpin, qui, à l'instant même, 
tira de ses cartons un dessin portant la date de 1804 ; et qui 


MARTINS. — VEuvres d'histoire naturelle de Goethe. 381 


était précisément la réalisation de ce type idéal, que l’illustre 
poète avait en vue: cette plante est la troisieme planche de l’atlas. 
Elle représente un végétal coupé, suivant son axe, le collet est 
la ligne de séparation de deux systèmes différens : le système 
inférieur ou terrestre, le supérieur ou aérien. Le système ter- 
restre , c’est la racine. Le dessin fait voir toutes les transforma- 
tions. dont elle est susceptible, sa tendance à pousser des ra: 
meaux ; lorsqu'elle arrive à la surface de la terre , et à se rap- 
procher aussi du système aérien, de même que celui-ci émet des 
racines adventives, des branches souterraines et des fruits 
hypogées qui se modifient dans le sein de la terre et deviennent 
méconnaissables pour l'observateur superficiel. Lesystème aérien 
commence aux cotylédons , qui engendrent successivement et 
par les transitions les plus graduées les feuilles simplesentières, 
puis les feuilles incisées, et enfin les feuilles les plus compo- 
sées. Une nouvelle série de métamophoses nous fait passer in- 
sensiblement au calice, à la corolle, aux étamines, aux péricarpes, 
aux enveloppes de la graine et à l'embryon, qui n’est que la 
répétition des deux, cotylédons qui nous ont servi de point 
de départ. Cette description très abrégée peut donner une idée 
de, cette planche. IL était évident qu'elle n'eüt pas été com: 
prise, si.elle n'avait été accompagnée que d'une simple expli- 
cation : aussi M, Turpin a-til développé avec détail toutes ses 
idées,sur l’économie végétale dans une savante introduction; où: 
il:accumule tous les faits qui militent en faveur de la’ transfor: 
mation des organismes végétaux. 

Cette introduction est un traité complet. d' organographie phy- 
siologique, fondée sur la métamorphose. Réunie aux-œuvres: de 
Goethe, elle résume toute l’histoire de la science des végétaux, 
envisagée sous ce point de vue, qui est celui de la plupart des 
botanistes de notre époque , et, entre autres, de MM. De Can- 
dolle, Lindley, Nees d'Esenbeck, Auguste Saint- RHASEC Ri- 
chard}, Gaudichaud , etc. 

Sans doute il existe encore bien des doutes à éclaircir, bien 
des objections : à résoudre , surtout pour tout ce qui a rapport 
à la graine ; mais la donnée générale dela métamorphoseest ad- 
mise sans contestation par tous les esprits généralisateurs. Pour 


385 marrins. — O£uvres d'histoire naturelle de Goethe. 


porter la conviction dans celui des incrédules, M. Turpin a 
consacré la cinquième planche du même atlas à la réunion de 
tous les exemples de métamorphose les plus probans. Tous sont 
pris dans la nature, et quelques-uns ont déjà été publiés ; mais 
la plupart sont nouveaux et n'ont point encore été figurés. Les 
figures sont au nombre de quarante-six et représentent tous ces 
cas de monstruosité qui prouvent évidemment que les orgares 
floraux depuisle calice jusqu’à l'embryon ne sont que des feuilles 
transformées. 

Une troisième planche de latlas représente une rose et des 
poires prolifères. Ce dessin était d'autant plus nécessaire ; que 
Goethe renvoie très souvent à la rose prolifère , qui lui a, pour 
ainsi dire , donné l’éveil en révélant à son génie l'identité ori- 
ginelle des organes appendiculaires des plantes. L’exécution: 
matérielle de ces planches est admirable. Toutes ont été dessi- 
nées par M. Turpin, et les deux premières ont été gravées par 
MM. Plée et Mougeot, la dernière par M. Talbeaux. 

Nous ne saurions, dans un journal consacré spécialement à la 
botanique, parler des mémoires anatomiques et géologiques de 
Goethe ; nous nous bornerons à faire remarquer que la partie 
zoologique est plus remarquable encore que celle qu'il a con- 
sacrée aux végétaux. L'idée d’un type animal y est clairement 
exposée , et nous ne saurions mieux faire que de renvoyer au 
rapport que M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a fait sur cette 
partie à l’Académie des Sciences, dans la séance du 12 mars 1838. 
La section géologique est la moins importante ; cependant il est 
curieux de voir avec quel bonheur Goethe a poursuivi dans les 
trois règnes la loi fécoude de la métamorphose que l'étude des 
plantes lui avait dévoilée. 


ERRATA. 


CRYPTOGAMES ALGÉRIENNES. Page 276, rétablissez ainsi qu'il suit l’ordre des 
[4 
numéros : 


N° 58. Lisez Sphærococcus corneus var. { pinnatus Ag.— Fucus hypnoides 
Desfont. 


59. Sphærococcus coronopifolius Ag. 


A 


TABLE DES ARTICLES 


CONTENUS DANS CE VOLUME. 


ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. 


Mémoire sur l'Amidon, considéré sous les points de vue chimique, physique 
et physiologique , par M: Payen. . . . . . . . . . . . 5,65, 
Recherches sur les Lenticelles, dissertation inaugurale soutenue sous la 
préndencerde Mo %Monr. 0" he ERA MR TS ee. 
Recherches sur les Lenticelles, par M. le professeur UNGEr. . . . . . . 
Recherches sur la Végétation ,entreprises dansle but d’examiner si les plantes 
prennent de l’azote à l'atmosphère, par M. BoussnGaurr. . . . . . 
Recherches'sur les cellules des Sphagnum etsur leurs pores, par Jean Rorrrr. 
Note sur la Végétation des Orobanches, par M. Scuzaurer. . . . 


Lettre de M. Mrvex surles animaux spermatiques des végétaux d’organisa- 
tion inférieure. . - . . 


ele Tes el leltienter re er ltente ©, ©. 1: + °° 6e 


Sur la respiration des plantes, par MM. W. Enwanps et Cozin. . . . . 


Nouvelles observations sur la circulation dans les plantes , par le docteur 
CH. SCHULTZ. . ... : ue 


Note sur la circulation du Chara, par M. Donné. . . . . . . .., . 


Rapport fait à l’Académie des Sciences sur le mémoire précédent, par M. Du- 
TROCHER = ec © elle ce 


ee te e,relte ef ei je ley -eftieltres lenie 2e 


ere Te ete elitesheirertRe ee oe e ee © o e 


Note sur lZsoetes du midi de la France et sur le Marsilea Fabri, par 
M. Bory-SainT-ViNcENT. . . 


e. ©, ‘roi: ere ele Le dei e& Elle, + _e 


MONOGRAPHIES ET DESCRIPTIONS DE PLANTES. 


Sur le genre Z'orreyta , par M. J. A. NV ARNOTR le Can oi, 
Sur la famille des Rhizophorées , par M. W Gnirrira. . . . . . . . . 


Descriptio diagnostica nonnullarum Cactearum quæ a D. GAxEoTT I in 


provincis Potosi et Guanaxato regni Mexicani inveniuntur, a D’ J, 
SCHEIDWEILER. +. . 


. . + _e + se Te > + » © + » eee e e 


Novæ species Cycadearum Africæ australis, quas descriptionibus illus- 
travit U. M. DE VRisse. . : US 

Note sur quatre Valérianées de l'Amérique du Nord, par R. SaurrLeworrn. 

Miquelia, genus novum plantarum javanicarum scripsitOG. L. BLumE. . 


Revue des Palmiers de l'Archipel des Indes Orientales, par M. le professeur 
Brume (1° article). . . 


161 


314 


321 


346 


117 


38/4 TABLE DES ARTICLES. 


De Caricibus guibusdam minus cognitis ; vel novis , vel quoad synony- 
miam - aut distributionem geographicam illustrandis , imprimis de 
Michauxianis Boreali- Americanis, et de genere novo ad Cyperacea- 
rum tribum eamdem pertinente. — Ad Caricearum historiam hanc 
qualemcumque suam symbolam affert J. Gay. . . . . . . 279, 

Note sur l'Encephalartus horridus Lehm. et sur ses différentes formes, 
par FA: Mrouez. 2e "ns US ; 


Sur une nouvelle espèce d’Zsaria du Brésil, par F. A. W. Miquez. . . . 
FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


Essai sur la topographie botanique du mont Ventoux , en Provence, par 
M. CG. F:-MaRrins,, 0. 0 6. rl. 1 mue Gi 00020 
Cryptogammes algériennes ou plantes cellulaires recueillies par M. Roussez 
aux environs d'Alger, et publiées par M. le Dr Camirze Monracxe. 268, 
Note sur quelques Cryptogames inédites,récemment découvertes en France, 
par M. J. DesmAziÈnes.: à. nn ions 20e 
Syllabus muscorum in Italiä et in insulis circumstantibus hucusque 
cognilorum, auctore J.ne Notaris. ide His estutelendons 


EXTRAITS D'OUVRAGES GÉNÉRAUX ET MÉLANGES 


OEuvres d'histoire naturelle de Goethe, comprenant ses divers mémoires 
d'anatomie comparée , de botanique et de géologie, traduits et annotés par 
M. Cu. Fr. Marins, D. M.;avec un atlas in-fol., contenantles planches 
originales de l’auteur, et enrichi de trois dessins et d’un texte explicatif 
sur la métamorphose des plantes, par M. P. J. F. Turrin, membre de 
l'Institut. PART US on eine Mate rer NU er M et cr be Re 


355 


366 
377 


228 
334 
308 


249 


379 


TABLE DES PLANCHES 


RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS LANS CE VOLUME. 


PLancnes 1, 2, 3, 4, 5, 6. Structureet formes de diverses espèces de fecule. 


7 Topographie botanique du mont Ventoux. 
, 8, 9. Cryptogames nouvelles de l'Algérie. 
10, Animalcules spermatiques des Cryptogames. 


FIN DE LA TABLE DU DIXIÈME VOLUME. 


Bot. Tom.10.P1.1. 


Ann der Science nat. 22 Série’. 


Layen del . 


J'ructuire. de la’ Fecule 


Ann.des Secenc.nat.2° Serre. Bot Tom.10 .Pt.2. JR 


r- 


Payer del. 


Jéructure de la Fecule 


Bot.Tom.10.PL.3. 


NC 


Structure de la Fecule 


=== 


=— 


TP ep Re Er 


a = 


s , 
’ 


Bot. Tom .10.P1,6, 


J'ucture de la Fecute 


Ann des Setenc.nat. 2° Serie. 


Bot Tlom10. 11.6. 


PL Os 


4 = LS 


ce 


(s) 


8@ © 
@ 


Os 
8 


no 


Syueture de l& Peciule 


2000 
REGIONS 

1900 
REGION 


1800 
ALPINE. 


, 
REGION 
1600 
DE L'ABIES EXCELSA 


ET DU 1900 


PINUS UNCINATA 


1500 
’ 
REGION 
1200 
Du 
1100 


FAGUS SYLVATICA 


1000 


Murlac des sciences naturelles 2escrce. Tome1o. 


goo 
JL'AVANDES 
ET 


THYMUS VULGARIS 
Book}. 


’ 
REGION 
DU 70) 


JUGLANS REGIA. 


RÉGION 


DU 


QUERCUS ILEX. 
£ 400 


800 


200 


Rowillet del 


VNERSANT 


SEPTENTRIONAT 


n Cort du J'aturetr montant 


Par des noires. 


Fin de Thyrnurs viélg arts. 


Fin dec noyenre 


Por de Pure rler* 


Com dir-Vepetz grancolens 


Tér der Olivrerr 


Com? der lavande 


Com der granar létres et dx Cénevrier 


CE de nopele graveolers 


C? des Zapandes. 


LE ax Buir = Tina Quererr dec 


Ærr des Olérierr 


Fin da Finus alepensrér 
Com? du-Silareir montana 


TOPOGRAPHIE BOTANIQUE DU MONT 
par ChMartins 


VMENTOUX EN 


PROVENCE. 


re 


ne Mme RS 


1300 FAGUS SYLYATICA M} 


1200 


00 


100 


go0 


THYMUS VULGARIS 
Boo: 


ER 


DES LAVANDES 


500 REGION. 
DU QUERCUS ILEX 


400 5 | 
REGION 
Soo pu 


PINUS ALEPENSIS 


200 

= 

= 

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E-h100 

= 

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Imp.deLemercier Benardetl 

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Bot. Tbm.10. PL. 6. 


Ann. des Seine. nat. 2° Serte. 


Rte 
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C:Montagne del. 


 Dasya ornithorhyncha 


x 


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SN ENT TTL 


Ann: des Seienc. nat: 2° Serte Bot. Tom.10. F1 
7 


C. Montagne del . 


2. J’lagiochasma Rousseliarnuun. 2. Halymenia algerensir. 


PNA L ay 


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Ann.des Seience.nal. 2° Serie Bol .Torn . 


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ninmalcules Soérma. ; SA À 
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