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ANNALES
SCIENCES NATUÜURELLES.
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SECONDE SÉRIE
TOME X.
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IMPRIMÉ CH£Z PAUL RENOUARD, |
VA RUX GARANCIÈRE, Ne 5. de
fpar dl 1
COMPRENANT
LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE,
I'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES,
ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ;
RÉDIGÉES
POUR LA ZOOLOGIE
PAR MM. AUDOUIN ET MILNE EDWARDS,
ET POUR LA BOTANIQUE
PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN.
Geconde Bérie.
TOME DIXIÈME. — BOTANIQUE.
PARIS.
CROCHARD & C*, LIBRAIRES-ÉDITEURS,
PLACE DE L'ÉCOLE=DE-MÉDECINE ; N. 13.
1838.
ANNALES
DES
SCIENCES NATURELLES.
PARTIE BOTANIQUE.
VaidrSreLeret:e121@091010160000018161/00m0Mm0@1006 101010001200 0@01@2009 080608101200 001e
(2
Mémoire sur l’Amidon, considéré sous les points de vue
anatomique , chimique et physiologique,
Par M. PAven.
Dimensions, formes extérieures, constitution organique, propriétés physiques,
composition élémentaire, altérations mécaniques, combinaisons et transforma-
tions, progrès de développement, terme de croissance, désagrégation spon-
tanée et phénomènes de dissolution pendant la végétation des plantes.
Si l’on admet avec moi que la substance organique composant
toutes les fécules amylacées possède de nombreuses propriétés
physiques et chimiques qui ne sauraient être les attributs ni des
corps cristallisables, ni des substances enchainées dans une or-
ganisation définitive; que, placée près des limites entre les corps
organisables et les véritables organes des êtres vivans , elle par-
ticipe des deux natures, laisse apercevoir plusieurs degrés de
ses transformations tantôt vers l’un, tantôt vers l’autre de ces
deux états de toute la matière organique; que partout où elle
surabonde, placée en réserve pour fournir à de nouveaux déve-
loppemens, elle peut accomplir cette destinée sans être alté-
/
6 PAYEN. — Sur l’Amidon.
rable comme les substances solubles, et sans exiger comme le
ligneux, pour devenir “assimilables , de si profondes altérations
qu elles détruisent tout le tissu végétal en contiguité; si on se
'a représente, au contraire, spontanément dissoluble à l'aide
de transformations mécaniques et chimiques graduées dont je
crois être parvenu à comprendre, à expliquer les curieux phé-
nomènes; alors, dis-je, on comprendra tout l'intérêt scienti-
fique qui m'a paru s'attacher au long travail dont je vais écrire
le résumé.
Depuis l'observation fondamentale de Leeuwenhoeck , l'étude
de l’amidon a souvent touché aux points les plus élevés , aux
questions les plus délicates de l’organographie, de la physiolo-
gie végétale et de la chimie organique; elle ouvre une carrière
nouvelle aux efforts combinés de ces trois sciences, et prouve
déjà, par d'immenses applications, que leurs procédés les plus
exacts, les discussions les plus approfondies, n’ont rien de su-
perflu à son égard.
Je serais resté bien au-dessous d’un tel sujet sans les encoura-
gemens de l’Académie, sans les conseils et l’aide de ses savans
rapporteurs (1); en lui soumettant aujourd’hui les conclusions
de mes recherches précédentes, avec les résultats de nouvelles
et nombreuses investigations, Je crois avoir accompli autant
qu'il était en moi, la tâche que je m'étais imposée, et j'ose me
présenter au concours ouvert pour un prix de physiologie
végétale.
Je réclamerai encore, à cette occasion, l'indulgence de l'Aca-
démie et le bienveillant appui de ses membres pour les travaux
analogues, et non moins difficiles peut-être, que j'ai entrepris
sur le Ligneux, VInuline, le Gluten et l’'Albumine végétale,
travaux dont les résultats pourraient intéresser les mêmes
sciences ainsi que leurs applications aux arts agricoles.
(x) Qu'il me soit permis de témoigner ici toute ma gratitude envers MM. Biot, Thenard,
Beudant, Chevreul, Dumas, de Jussieu, Dutrochet, Robiquet, Brongniart et Turpin, la plupart
commissaires de l'Académie des Sciences, qui ont examiné mes Mémoires et dont les vues
ainsi que les expériences ont souvent précédé mes recherches ; je dois en outre une grande
partie de l'intérêt répandu sur les transformations de lamidon , aux applications nouvelles
lonnées à la Dextrine par M. le baron Silvestre
PAYEN. — Sur l’Aimidon. 7
]
L'ordre que j'ai cru devoir adopter, en définitive, pour expo-
ser d’une manière précise et claire l’ensemble des données sur
les fécules se trouve être précisément l'inverse de la marche vers
laquelle je fus entrainé dans la première série de mes re-
cherches : de là l'utilité d'une publication qui offrit à-la-fois le
résumé méthodique des connaissances récemment acquises à
cet égard, et permit d'intercaler à leur place naturelle les faits
inédits qui viennent aujourd’hui compléter les démonstrations
des divers résultats.
Une difficulté grave m'a long-temps arrêté dans la rédaction
de ce Mémoire : la voici, et voici comment je l'ai tournée , ne
pouvant la vaincre.
La description des formes et de la contexture des fécules de-
vait précéder les autres données ; mais, pour être entreprises
avec succés , les nouvelles préparations microscopiques avaient
dü être préalablement éclairées de toutes les lumieres acquises
à l'observateur par la détermination des propriétés de cette cu-
rieuse substance, de telle sorte que les phénomènes de rupture,
d’expansibilité, de coloration, d’exfoliation et de dissolubilité,
graduelles ou subites , sur le porte-objet ou dans les actes de la
végétation, fussent possibles à prévoir, et permissent de diriger
les observations, puis de discerner les véritables effets produits.
On admettra donc la nécessité où je me trouve conduit main-
tenant, pour me faire comprendre, d'exposer très sommaire-
ment les conclusions principales des expériences successivement
poursuivies, dans ces derniers temps, sur les propriétés et les
réactions de la matière amylacée avant de procéder à lexposé
méthodique qu’annonce le titre de ce Mémoire. Je me propose
d’ailleurs de tracer d’abord en quelques mots les progrès de la
science à cet égard et les principaux faits dus à différens au-
teurs. (1)
(r) J'ai souvent consulté pour les notes historiques de ce Mémoire, le rapport de MM. The
pard, Dulong, Dumas et Chevreul rapporteur, sur les Mémoires de MM. Payen et Persoz,
Guérin et Lassaigne insérés au Recueil des savans étrangers , L v.
8 PAYEN. — Sur d’Æmidon.
Résumé historique des faits observés et des opinions émises rc-
lativement à la nature et aux changemens de l’amidon.
1° Les anciens chimistes de l’école de Stah], avaient extrait de
l’'amidon par la chaleur, du gaz inflammable, de l'huile et du
charbon, ils n’eurent d’ailleurs aucune idée nette sur sa com-
position ni sur ses formes.
2° En 1716, les premières observations microscopiques dues
à Leeuwenhoeck, signalerent la forme globuleuse des grains de
la fécule, et l'inégale résistance à l’eau bouillante de leurs par-
ties internes et externes.(r)
3° En 1965, le docteur Irvine indiqua la saccharification de
Ja farine par le malt (ccum).
4° Vauquelin fit connaître en 1811, la propriété que l’ami-
don possede d’être rendu soluble par une légère torréfaction,
mais il ne détermina pas les résultats chimiques de cette réac-
tion , ni les termes &e la température auxquels on peut l’opérer.
Bouillon Lagrange, conseilla plusieurs applications de l'amidon
torréfié pour remplacer la gomme dans l'encre et la teinture en
noir. ( Bulletin de ph. t. 3, p. 54 et 216).
5° En 1841, Kirchoff découvrit la conversion de l’'amidon en
sucre par l'acide sulfurique étendu (MM. Vogel, Delarive, Biot,
Persoz et Guérin Vary, déterminérent ultérieurement les pro-
duits de cette réaction.)
6° M. Couverchel observa, en 1819, l'effet des acides oxali-
que, tartrique, malique, qui opèrent les mêmes changemens,
MM. Henry et Plisson annoncèrent que l'acide quinique les
produit aussi (Bibl. Brit. Sciences et Arts, T. 6, p. 333, Journal
de ph. t. 7, p. 269, Savans étrangers, t. 3, p. 234, et Ann. de
cn. et ph. t.rxr.)
7° MM. Thenard et Gay Lussac, donnèrent une analyse
exacte de lamidon hydraté (Recherches physico-chimiques },
1) Antouit Leeuwenhoeck , regi& quæ Loudini est societatis collegiæ , epistolæ physiologi-
Gé, super compluribus naturæ arcanis. ...: Delphis, apud Adrianum Beman , 1719,
pate-232,
PAYEN. — Sur l’Amidon. 9
. dans le même état M. Berzelius le combinait ensuite à l’oxide de
plomb. ( Ann. de ch. t. 105, p. 82 ).
8 MM. Gauthier de Claubry et Collin, firent connaître en 1824
un caractère important de l’amidon. La belle couleur bleue ou
violette qu’il acquiert en s’unissant à l’iode ( Ann. de ch. t. 09,
p.92). M. Felletier ajouta quelques observations intéressantes
à ce fait.
9° Kirchoff décrivit en 1816, des réactions spontanées qui
sous l'influence du gluten altèrent l’amidon , et le transforment
partiellement en matière gommeuse et en sucre (Journ. de ph.
t. 2, p. 250). M. de Dombasle publia les résultats de ses expé-
riences en grand à cet égard (Ann. de chim. et de phys. t. 13,
p- 284).
10° M. de Saussure en 1818, conclut de ses expériences sur
lempois abandonné à l'air, que l'amidon se convertit spontané-
ment en sucre et en quatre autres matières (Ann. de chim. et de
phys. t 11p. 379).
11° M. Lassaigne en 1810, vit que l’amidon torréfié est neu-
tre et ne donne pas d'acide mucique; que sa solution est colorée
en rouge par Piode et dépose de l’'iodure bleu (Journ. de pharm.
to D 900)
12° En 1821 M. Couverchel dit, que Famidon exposé deux
heures au bain d'huile, ne perd que de l’eau et laisse une ma-
tière peu colorée, ne différant de la gomme que par une plus
forte proportion d'eau. M. Robiquet en 1822 (Dict. techn. t. 2,
p. 435), afin de montrer toute l’importance d’une température
constante dans certaines réactions, cita la conversion au bain-
marie de lamidon en matière soluble.
13° De 1823 à 1830, M. Dubrunfaut fit de belles obser-
vations sur la saccharification de la fécule par les grains germés,
et des applications aux arts des distillateurs et des brasseurs,
à la préparation des sirops économiques ; il chercha le principe
actif de ces réactions, et crut l'avoir trouvé d’abord dans l’hor-
déine, puis ensuite dans le gluten soluble. Ses nombreuses
expériences sont consignées dans les Mémoires de la société
centrale d'agriculture, 1823, p. 146 et numéros de mai et sep-
tembre 1830, de l’Agriculteur manufacturier.
10 PÂAYEN. — Sur l’ Ainidon.
14° Des essais analogues à ceux de Leeuwenhoeck mais pour-
suivis à l’aide de liquides, ou de températures dont l’action
énergique trompa l'observateur, firent assimiler la substance in-
terne de l’amidon, à la gomme, et la partie extérieure à des té-
gumens tigneux, ce fut un pas rétrograde qui eut une longue
portée. (1)
15° Un point marqué sur les grains de plusieurs fécules fut
aperçu par M. Raspail et plusieurs micrographes, on ie nomma
hile; autour de lui on vit distinctement parfois des lignes excen-
triques considérées comme des plis ondulés, jusque-là on re-
gardait d’ailleurs les grains de l’amidon comme des vésicules
pleines d’une substance homogène, que l’on compara même à la
gomme arabique.
16° Les réactions chimiques observées par plusieurs savans
(MM. de Saussure, Chevreul, Guérin, Lassaigne, Guibourt,
Caventou, Planche, etc.), ainsi qu'un phénomène optique dé-
couvert par M. Biot, pronvérent que cette dernière substance
n'était point de la gomme proprement dite.
17° M. Th. de Saussure communiqua le 21 mars 1833, à la
Société de physiologie et d'Histoire naturelle de Genève, des
recherches sur la formation du sucre dans la germination du
blé, il attribuait cette réaction à une matière azotée formant les
quatre centièmes du gluten, et qui saccharifierait seulement
quatre fois son poids d’amidon ; il l'a nommée mucine.
15° La découverte de la diastase que nous fimes en avril
1533, M. Persoz et moi, jeta un nouveau jour sur ces trans-
formations naturelles, par un principe actif qui change en dex-
trine et en sucre deux mille fois son poids d’amidon (Ann. de
ch:t. 53, p. 73ett. 56, p.337).
(2) Les recherches et les conclusions de Leeuwenhoeck étaient presque oubliées, lorsque
M. Raspail parvint à exciter vivement l'attention des chimistes et des physiologistes, en publiant,
de 1825 à 1850 , une série de recherches sur les fécules : il mesura les dimensions, décrivit
les formes de plusieurs d’entre eïles , et chercha à démontrer leur structure et leur composition
chimiques. Si la plupart de ses ingénieuses hypothèses ont dû céder à l'inflexible rigueur des
faits plus profondément scrutés , la science ne lui sera pas moins reconnaissante de l'impulsion
utile qu'elle lui dut en cette circonstance. (Voyez plus loin quelques.remarques à cet égard , et
Annales des Sciences naturelles , t. rt, et des Sriences d'observation, L 711, p. 216.)
PAYEN. Sur d Amidon. II
En mars 1833, M. Biot venait de lire à l’Institut un mémoire
sur une propriété moléculaire optique appliquée à caractériser
les produits de la dissolution et de la conversion en sucre de
l'amidon par l'acide sulfurique, lorsque j'offris à ce savant de
lui soumettre des réactions analogues opérées sur la fécule
par une solution végétale exempte de toute acidité comme d’al-
calinité au tournesol et au goût. M. Biot voulut bien, dès le
lendemain , répéter avec moi l’expérience : il reconnut que les
produits de la réaction instantanée n'étaient certainement pas
du sucre, pour la plus grande partie du moins. L'accueil em-
pressé que ma proposition avait reçue devint l’origine d’un tra-
vail que M. Persoz et moi nous entreprimes, et de la découverte
que nous fimes bientôt après de la Diastase. (1)
19° M. Beudant ayant remarqué le très petit volume du ré-
-sidu de la réaction en grand de la diastase, prévit que la fécule
n'avait pas de tégument.
20° M. Lassaigne observa le joli phénomène de la décolora-
tion et de la coloration alternatives de l’iodure bleu d’amidon,
par l'élévation et labaissement de la température (Ann. de ch.
t. 53,p. 109),j yajoutai plusieurs faits prouvant la contractibilité
du composé bleu (Journ. de chim. médical. t.1x, p.510 à 512).
21° M. Caventou, puis M. Guibourt, chacun de leur côté fu-
rent portés par plusieurs observations à considérer toute la
substance de lamidon comme un seul prineipe immédiat.
22° M. Turpin a fait observer que les plus petits grains de la
fécule de pomme-de-terre, sont sphériques comme plus nouvelle-
ment nés, que sur les plus gros irréguliers on distingue clairement
le hile, il a décrit et figuré les zûnes d’accroissement, plusieurs
grains greffés deux à deux par approche, et M. Biot a trouvé
jusqu'à trois grains entregreftés ainsi (Ann. de ch. t. 1x, p. 46).
23° M. Guérin détermina plusieurs circonstances de ja réac-
tion de la diastase, et fit connaître la composition du sucre qu’elle
produit (Ann. de ch. t. rx, 32).
(x) Voyez je Mémoire y relatif, Annales de chimie, tom. z1rx; le Recueil des savans étran—
gers , . v, et le rapport de MM. Thenard, Dumas et Robiquet, fait à l’Iostitut en juin 1833,
ainsi que les recherches antérieures de M. de Saussure et de M. Dubrunfaut, cités dans les rap-
ports de M, Chevreul et de M. Dumas,
12 PAYEN. — Sur l’_1midon.
24° L'analyse et des apparences très difficiles à discerner net-
tement firent croire à l'existence de trois corps différens dans
chaque grain de fécule (Ann.de ch. et ph. t. vr, p. 226).
25° La composition, le poids atomique, des propriétés
extensibles et contractiles remarquables, furent alors reconnues
identiques dans toute la masse féculente d’un grand nombre de
fécules, je démontrai en outre, les inégalités de cohésion dans
les grains de différens âges, ainsi que dans la masse de chacun
de ces grains en particulier, ces phénomènes indiquaient des
couches superposé et une organisation spéciale; j'avais con-
staté l'identité chimique entre l’amidon et la dextrine, lorsque
M. Dumas trouva la composition de cette dernière substance
combinée anhydre; je reconnus ensuite le même poids ato-
mique. à la fécule ( Ann. de ch.et ph. t.rxr, p. 355 ett. rxv,
p. 225). :
26° L'observation faite par M. Biot dans le passage d’un rayon
de lumière polarisée au travers d’un gros grain de fécule, lui
permit d'annoncer dans le grain une construction réguliere et
des couches d’inégales densités autour d’un axe, sans indiquer
toutefois le mode d’arrangement ni la cause de la variation des
densités.
27° M. Dutrochet, en constatant que l’amidon à Pétat nor-
mal ne jouissait pas d’un pouvoir d’endosmose sensible, a
prouvé que ses grains ne contiennent aucune matière soluble
directement à froid : il fit, ainsi que M. Dumas, des expériences
microscopiques que nous avons rapportées plus loin sur Paction
de la Diastase.
28° De belles recherches microscopiques firent admettre
aussi par M. Fritzsche dans les grains de l’amidon, des couches
concentriques sans qu'il püt les montrer, sans qu'on eüt
encore prouvé l'existence du hile que l’on ne discernait pas
sur beaucoup de fécules , notamment sur celles des légumineu-
ses et des graminées (Ann. de Poggendorff, t. xxx, p. 129).
29° Parvenu à rompre un grand nombre de ses grains, je fis
voir clairement que toute la masse intérieure de l'amidon est
solide et insoluble dans l’eau froide.
30° A l'aide de plusieurs réactions nouvelles, je réussis à
PAYEN. — Sur l’Amidon. 13
creuser et évaser lehile même sur des fécules où il n'avait pas
paru jusques alors, et à montrer les lignes des couches internes.
31° D’autres réactions déterminerent enfin lexfoliation des
couches successivement enveloppantes, et je pus expliquer les
inégales densités par les différens degrés d'hydratation des
couches inégalement denses. Ces expériences répétées sur
diverses fécules firent mieux apprécier leurs formes et les par-
ticularités de leur constitution, elles permirent de bien carac-
tériser ainsi, Jusques aux granules amylacés que renferment les
grains du pollen de plusieurs plantes aquatiques.
Alors aussi une foule d'anomalies apparentes disparurent ; de
nombreuses et importantes industries agricoles , et des applica-
tions économiques furent créées, qui eurent pour base la con-
naissance exacte des propriétés physiques et chimiques de l’ami-
-don; par suite enfin, je crois pouvoir l’espérer du moins, la
physiologie végétale s'enrichira de notions nouvelles sur. les
phénomènes curieux de la formation, de la croissance, et de la
dissolution de la substance amylacée dans les tissus des végé-
taux ; ces vues sont exposées ainsi que les faits à l'appui dans la
troisième section de ce Mémoire.
32° Des combinaisons nouvelles observées par M. Pelouze,
mais encore inédites, seront indiquées dans la deuxième section.
Exposé sommaire des principaux résultats des observations
récentes sur les propriétés de lAmidon.
Toute la substance de l’'amidon est homogène dans sa compo-
sition et ses propriétés, sauf de légères différences de cohésion
appréciables et que j'ai mises à profit pour déterminer la struc-
ture intime ainsi que le mode de développement de l’amidon.
Ces différences peuvent être constatées, soit dans chaque
grain d’une fécule quelconque, soit entre des fécules dévelop-
pées sous des influences diverses dans une même plante, soit
enfin entre les fécules de végétaux différens.
L’Amidon hydraté est dissous par la Diastase, qui n’opère au-
cun effet de ce genre sur aucun corps connu. Cette propriété si
caractéristique m'a surtout aidé à reconnaitre l'identité de la
(4 PAYEN. — Our d’Aradon.
substance qui affecte des formes si variables dans les fécules
amylacées. (1)
L’Amidon , dissous par la Diastase comme par les acides, puis
épuré du sucre que sa propre décomposition partielle à fait
naître, est soluble dans l’eau froide et dans l'alcool étendu ; à
masse égale, sa solution dévie plus énergiquement à droite la
lumière polarisée qu'aucune autre matiere organique essayée
de là le nom de Dextrine proposé par M. Biot et généralement
adopté, qui défigne l’amidon devenu soluble dans l’eau froide
sans que sa composition chimique fût changée.
Le sucre obtenu par suite d’une réaction complete de la Dias-
tase sur l'Amidon est identique avec celui ou l’un de ceux qui
peuvent résulter de la conversion du même corps par les
acides. (2)
L’Amidon est désagrégé, puis rendu soluble, non-seulement
par les acides et par la Diastase, mais encore par une tempéra-
ture convenable qui, appliquée seule, opère même plus gra-
duellement cet effet, suivant l'état d’agrégation des particules
organiques et sans production de sucre ; nous verrons comment
ces propriétés facilitent l’exfoliation des couches d’accroissement.
La solubilité dans Peau, obtenue par différentes voies , laisse
à l'amidon son insolubilité dans l'alcool anhydre , et n’altère en
rien sa composition élémentaire ni son poids atomique que
nous ferons connaître plus loin. (3)
Voici les propriétés qui (outre les réactions indiquées ci-
dessus ) caractérisent toute la substance amylacée à l’état nor-
mal : une insolubilité complète, directement et à froid, dans
l’eau et dans l'alcool ; une grande extensibilité et une contracti-
(x) M. Chevreul a démontré que la dénomination d'amidon convient et suffit à celte
substance’, nous avons employé fréquemment aussi comme synonymes, les mots fécules amyla-
cées, et fécule, parce que l'usage nous y autorisait encore, et afin d'éviter dans le discours les
trop nombreuses redites d’un seul nom.
(2) Voyez le travail de M. Biot, t. 1v, des Mémoires de l’Académie et les Recherches de
M. Guérin, tom. v, du Recueil des savans étrangers et Annales de chimie, t. zv (MM. Dumas
et Robiquet rapporteurs ).
(3) Pour les détails sur ce fait et les suivans, voyez un Mémoire inséré dans le Recueil des
savans étrangers sur les Conclusions prises ie 26 décembre 1837, par MM. Thenard, Du-
long et Dumas rapporteur, et Annales de chimie, t. zxv, p. 225.
PAYEN. — Sur l’_Æmidon. 15
bilité remarquables sous l'influence de plusieurs agens; la colo.
ration bleue légèrement violetée que lui fait acquérir la solution
d’iode ; l’augmentation et la prédominance de la couleur rouge
dans cette corabinaison, et sa plus grande instabilité suivant les
progrès de la désagrégation des fécules; enfin la cessation de
toute colorabilité par l’iode, dès que la désagrégation est portée
au point d'offrir le maximum de solubilité à froid, c’est-à-dire
le passage complet à l’état de Dextrine.
L’amidon plus où moins désagrégé se combine ainsi que la
Dextrine et dans les mêmes proportions avec les bases ; toutes
les propriétés de la substance organique se retrouvent ensuite
même avec les nuances dues à chacun des degrés d'atténuation
de ses parties, lorsqu'on la dégage de son union aux bases ; en
cela elle se conduit de même que certains tissus de composition
trés différente , la peau des animaux, par exemple, qui amet-
tent cértains corps en combinaison, comme le Tannin, sans
perdre leur structure.
L'eau peut être considérée comme remplissant les fonctions
de base à l'égard de l’Amidon et de la Dextrine ; elle est effecti-
vement déplacée par une base plus énergique à l’aide d’une forte
dessiccation, ou peut rester combinée avec chacun des compo-
sans présentant alors l’union de deux Hydrates.
Que l’on veuille bien admettre et se rappeler les faits ci-des-
sus, qui d’ailleurs seront démontrés plus loin, et l'on compren-
dra sans peine les moyens que j'ai mis en usage pour arriver à
la connaissance positive de la structure intime des fécules.
PREMIÈRE SECTION. — Dimensions , formes extérieures et consti-
tution organique des fécules.
Les dimensions de plusieurs fécules ont été déterminées avec
soin et exactitude en 1825, par M. Raspail et par M. Dumas ;
cependant, comme jen ai examiné un plus grand nombre et que
je me suis proposé de trouver les maxima en recherchant pour
chaque plante les conditions de développement qui les produi-
sent, et que J'indiquerai plus loin, j'ai cru devoir présenter ici,
16 PAYEN. — Sur l’Amidon.
dans un tableau synoptique , les fécules rangées suivant ordre
de leur plus grande longueur indiquée en millièmes de milli-
mètre ; quant aux dimensions les plus petites où intermédiaires,
on ne saurait les déterminer à des époques de développement
assez précises pour que cela ofirit beaucoup &intérét; pour
d'autres on arriverait, comme nous le dirons, à les observer en
quelque sorte punctiformes ou sans grandeur appréciable dans
les cellules où leur substance commence à s'organiser.
M. Raspail vient de donner dans la dernière édition (r838) de
son système de chimie organique, les figures et dimensions des
fécules de vingt plantes. (1)
Neuf de celles-ci ont aussi fait l’objet de mes observations,
parmi les quarante que j'ai décrites et figurées, pl. 1, 2, 3, 4, 5
eb6:2:
Sur ces neuf fécules, sept, telles que les a dessinées l’auteur,
ne me semblent pas offrir des formes caractéristiques : deux seu-
lement sont bien reconnaissables, celle de la pomme-de-terre
dont j'ai retrouvé et reproduit les formes, et une fécule dite
arrow-root ; quant à cette dernière elle est souvent remplacée
dans le commerce par d’autres fécules aussi agréables au goût :
de là vient sans doute que M. Raspail-n’aura pu se procurer au
lieu du véritable arow-root qu'un échantillon de la fécule de
Batates dont il a représenté assez fidèlement les formes. Cela
m'était d'abord arrivé, je m’en suis aperçu en examinant cette
dernière, mon observation fut ensuite confirmée, lorsque ayant
étudié directement la fécule dans les rhizômes du Maranta
arundinacea, Jai pu déterminer et dessiner la configuration
toute différente de ses grains.
On reconnaitra facilement combien l'anatomie des fécules
dans l'ouvrage précité, diffère de celle que j'ai déduite de mes
recherches, j'aurai soin d’ailleurs de faire remarquer plusieurs
faits physiologiques du même ouvrage qui coïncident avec ceux
que j'ai constatés.
1) Elles y sont ainsi désignées : Fécule de’ Pomme de terre, du Chara , du Sagou, du Lys
des incas, de Fève , d'Igname ; de Tulipe , de Pois vert , anonyme des Antilles, de Froment,
d'?ris, de Tapioka , du petit Millet, de Massette , \'Avoine, de Seigle, de Lentille, d' Arrow
Root, d'Orge antique et de Trappa.
PAYEN. — Our l Amidon. 17
Tableau des dimensions maximes en longueur des grains de différentes fécules
mesurées en millièmes de millimètre. (x)
1, Tubercules des grosses Pommes -de-terre de Rohan. . . . . . 185
2. Racine de Colombo (Menisvermum palmatum). . . . . . . 180
3. Rhizômes le plus volumineux du Cannu gigantea . + . + : . 175
Æ. t. du Canna discelor . . . . . . 150
os cb. de Maranta arundinacea (Arrow-root du commerce) . 140
6. Plusieurs variétés de Pommes-de-terre. . . . . . . . . . , 140
TMBulbesde Lis 0 Nadine istienéitAo. LES RO
Sn rEuberculesd\Oxa/zsicrenata. he 0e DAMON LS 100
9. Tige d’un très gros Æchénocactus erinaceus importé. . . . . . 75
AO SAS OU MPONIC.e A0 de enie dernedet clef nelle are -hie Pets 87O
mi MGrainesdersrosses FeVES: : +. à à + 1. BE AE A or
2 20 Ne LENTUIES NAN Ce TU 0e Ve. SU 07
13. Do Re Ar COLA NES D DONS UM à 0100
14. DATE CEOSRPOIS PE SR EE MAR RE AREA I PAt 50
1 Enumduible- blanc. O2Re NC SE Ar AUS BIOS RIRE ENG
16. Sagou non altéré (fécule de la moelle fraiche du Sagouier). . . 45
17. Grandes écailles des bulbes de Jacinthe. . NS) à Lee Eee Ne GED,
18. Base des petioles d’un Cycas circinalis. . . . . ARS
19. Tubercules de Batates. . . . . SEE OU PL ee NOT
20. 1b. d'Orchis latifolia et Bifolia. PNA E PEUT AIME RME D
2haBErintidutsros: Mais (blanc, jaune et violet). . 2.4 .: . "30
20 HHEUItIQu/Sorghorouse Lie I.E EURE TIENNE
23. Tiges volumineuses de Cactus peruvianus. . . . . . . . . . 3o
24. Graine de Naïas major. . . $ AE TS Ce mA ER OU
25. Tige de Cactus Pereskia randiflôre AP SAT ne A Qos
26. Grame d’'Æponogetum distachyum . : . . Re ie ED
27. Tige du Ginkgo biloba (Salisburia acianthiflie de Ma 22
28. Tiges de To DTA SULLETIS TS MERDE AD DIN elle te el 20
20 ErnitiduWearicum ctalicum. des 0e 0e in G
30. Graines de Naïas major à demi développées. . . . . . . . .
CnBollen du G0bbanutans Ne ch TERRA CS T6
dire duiCacius Jlaselliformes. ee ENT NS A Le NT
(r) Quelques-unes des plantes désignées ci-dessus, surtout parmi celles qni sont cultivées
dans nos serres, pourraient sans doute , par un plus grand développement encore, produire des
fécules plus volumineuses, mais il est fort probable que la plupart des relations, à cet égard,
eontinueraient de subsister entire elles.
X, Boran, — Juillet, 2
16 PAYEN. — Sur l’,{nidon. \
33... Tige d’Echinocactus erinaceus de.serre.:..… . Ye nine Pie
34° Polles du Ruppia maritime. 2e. ee ete os A
35. Tige d'Opuntia tuna et Ficus LILAS ST ee OR CNE ARE D)
36. 10 d'Opurtia-curassapica. |." SU NE DO
37. Fruit du gros millet (Panicum miliaceum) . . . . . . . . . 10
38. Tige de Cactus mamillaria discolor. ... . . . , ... : . . 8
39. ‘Ecorce d’Aylanthus glandulosa +." se 8
40 Tige de Cactus SerpERÉETUSESR US NNEANE NE: DUMONT EURE 7,5
41.:tRacine de Panais. 5202008 LP EE NE Te UNS At ER
45: Pollen.:de: Nafas:majorirs ER QU, Ge LE, RENE een 7,5
43. Tige de Cactus monstruosus. 1,54, 45, ne 1 16
Ah: “Graine de‘bettéraves 2e Mes P APR TE ER SRE
45. - Graine du Chenopodinm quinoas : +. 4 4 à 1 DNS a
On remarquera dans ce tableau que la plus grosse fécule des
tises souterraines de la plus grosse variété de pommes de terre,
du Menispermum palmatum et du Carna gigantea, ont en lon-
gueur une dimension une fois et demie plus forte que celle de
l'amidon le plus gros d’une graine (la Féve, Faba vulguris ), et
quatre-vingt-dix fois la même dimension de l’amidon de la
graine du Chenopodium quinoa ; les volumes comparés des
mêmes fécules présenteraient de bien plus énormes différences,
car les rapports, considérés il est vrai comme entre des sphé-
roïides, seraient comme 724,625 et 421,875 sont à 1 : ainsi le
volume de la fécule de fève serait 421,875 fois plus grand que
le volume de l’amidon du Quinoa, et celui des fécules de Pomme
de terre de Rohan et du Columbo deviendraient approximative-
ment alors au delà de 524,000 fois le même volume. Il est
digne de remarque, peut-être aussi, que plusieurs fécules de
graines et de tiges sont moins volumineuses que les granules
d’amidon contenus dans des grains de pollen.
Formes des Fécules.
La configuration des grains de plusieurs fécules a été donnée
par de très habiles micrographes; mais en ayant observé moi-
même un plus grand nombre, et favorisé surtout par la certi-
tude d'une structure interne particulière très résistante , j'ai dû
attacher plus de prix à des déterminations exactes et constater
PAYEN. — Sur l’Amidon. 19
plus facilement les formes et les dimensions des mêmes grains,
vus dans plusieurs positions, j'ai cherché à voir leurs plus ou
moins grandes dépressions et les figures polyédriques qu’ils de-
vaient fortement retenir après les avoir reçues d’une sorte de
moulage par leurs adhérences mutuelles ou la pression exercée
des uns sur les autres dans les cellules des végétaux : il ne sera
donc pas inutile de reproduire les figures que j'ai dessinées des
fécules à l’état normal; elles serviront d’ailleurs de termes de
comparaison pour mieux juger les effets des moyens appliqués
à faire ressortir leur structure interne.
Examinées de cette manière et malgré une grande analogie
apparente entre elles, malgré surtout de grandes variations dans
les différens grains de chacune, on va voir que la plupart ont
véritablement une sorte de physionomie spéciale qui ne permet
pas de les confondre.
Le caractère commun à un grand nombre de fécules dans
leurs formes externes est de présenter des contours arrondis
toutes les fois que leurs grains baignent dans un suc très
aqueux ou ne sont pas assez nombreux et volumineux à-la-fois
pour remplir plusieurs cellules contiguës et au point d’être for-
tement comprimées les unes par les autres : dans ce cas dont
nous citerons plusieurs exemples,elles affectent , on le concevra
aisément, des formes polyédriques.
a
Formes de la fecule des tubercules de Pommes-de-tierre.
Cette fécule , extérieurement bien décrite par divers ebserva-
teurs , est figurée avec assez de soin (pl. 1, fig. a, a’, a”): elle se
distingue, surtout dans la variété dite de Rohan, par le plus fort
volume qu'on ait encore observé de ses grains; par les formes
des portions de sphéroïdes et d’ellipsoides qui les composent ;
enfin par la marque du hile et les traces üu lignes des degrés
d’accroissement plus faciles à discerner que sur la plupart des
autres fécules. Des déchirures spontanées s’observent sur des
grains vieux ou très volumineux, qui se rencontrent surtout dans
les tubercules arrivés au maximum de leur développement ou
de la maturation; ces déchirures anguleuses partent générale-
2,
20 PAYEN. — Sur l’_Æmidon.
ment du hile. Nous reviendrons sur lapplication de ces effets
1 l'étude de la substance interne.
Lécule de la racine de Colombo (Menispermum palmatum ).
Deux particularités notables caractérisent cette fécule entre
toutes les autres, outre le volume considérable de ses plus gros
grains : ce sont, ainsi que le montrent les fig. 14 de la pl. 3:
1° les protubérances mamelonnées qui semblent sortir du corps
principal d’un grand nombre de ses grains et se prolongent par-
fois en un corps fusiforme ; 2° la disposition du hile ou des fentes
étoilées qui indiquent sa place sur la partie la plus volumineuse
de chaque grain. Cette fécuie est presque toujours composée de
grains globuleux ovoides ou pyriformes, qui constituent soit le
corps principal, soit ses gibbosités.
Fécule des rhizômes du Canna gigantea.
Cette fécule est remarquable par les grandes dimensions que
ses graines atteignent dans les Rhizômes très développés, et,
plus tard, par leur désagrégation graduée, pour servir à la
végétation des parties plus récentes de la plante. Quant à ses
formes spéciales, elles présentent, comme le montrent les fig. 1,
2, 3 de la planche 6, en général, une disposition du hile inverse
de celle observée dans la fécule du Columbo; car, à partir de
ce point d’accroissement, les grains, augmentant de volume
par degrés, présentent souvent en projection des figures ana-
logues à des poires, des fioles, des cornues, ou des bouteilles
arrondies. Tous ces grains, à l'exception des plus jeunes, sont
sensiblement aplatis; en sorte que, retournés avec précaulion,
ils présentent une épaisseur moindre des deux tiers ou des trois
quarts que leur largeur. Voyez le même grain dans deux posi-
tions a @.
Fecule du Canna discolor.
La même particularité d'aplatissement des grains que nous
venons de signaler, se retrouve dans cette fécule blanche et
PAYEN. — Sur l'Amidon. 21
brillante; mais elle se distingue de la précédente par des formes
qui se rapprochent de celle d’un écusson arrondi, plus eu
moins court ou allongé, et au sommet duquel se trouve presque
toujours situé le hile; souvent celui-ci est au milieu du bout
déprimé et entre deux protubérances légères où développées,
les lignes d’accroissement se voient généralement fines et nom-
breuses. On peut reconnaitre ces configurations spéciales dans
les fig. 17 de la pl. 3; plusieurs des grains très allongés offrent
des lignes d’accréissement qui ne reviennent plus envelopper
le hile, mais en sont, au contraire, plus ou moins éloignées.
Fécule des bulbes de Luis.
Ea plupart des grains bien développés de cette fécule tres
blanche, sont pyriformes, plus ou moins allongés ; leur hile est
marqué généralement vers le petit bout; les lignes d’accroisse-
ment, fines et distinctes, s’écartent parfois du hile, en laissant
une trace bien visible à la limite de leur séparation; quelques
grains ont des sortes de côtes arrondies ou protubérances allon-
gées, comme l'indiquent les deux fig. & a! d’un même grain, vu
dans deux positions, pl. 4, fig. 6.
La fécule la plus développée dans les anciennes. écailles est
plus irrégulière, souvent gibbeuse, offrant des fractures en
étoiles ou irradiées du point d'insertion du hile; celui-ci est
quelquefois double sur un même grain, comme cela se remar-
que plus ou moins rarement sur presque toutes les fécules.
Comme presque toutes les autres encore, celle-ci est générale-
ment globuleuse lorsqu'elle est très jeune. Voyez les fig. 4 de
larpli se
Fécule des tubercules d’Oxalis crenata.
Celle-ci se présente généralement en petits corps cylindroiï-
ques ou légèrement coniques plus ou moins allongés, laissant
voir les lignes d’accroissement et leur hile rarement double,
souvent étoilé sur les vieux grains. On reconnaitra ces caracteres
assez tranchés dans les tig.5 de la pl. 6.
22 PAYEN. — Sur l’ Amidon.
* Jecule de l'Æchiiocactus erinaceus.
Dans un très gros Æchinocacius erinacezs(1), importé en
France et envoyé à M. Magendie,qui voulut bien me permettre
d’en disposer, je trouvai près du cylindre des faisceaux ligneux
qui envelcppe la partie médullaire , des grains de fécule plus
volumineux que dans aucunautre Cactus, mais il ne s’en trouvait
que de très rares vestiges dans toutes les autres parties de cette
énorme tige.
Cette fécule offrait quelques lignes circulaires concentriques
d’accroissement, elle était d’ailleurs remarquable par les formes
irrégulières, généralement arrondies, mais dépendante des rap-
ports de position de ses grains ; leur croissance avait été si lon-
gue que des fentes sinueuses étoilés annonçaient leur prochaine
dislocation, et permettaient de les çasser en segmens par une
légère pression. Nous démontrerons plus loin que tous ces ca-
racteres résultent naturellement de l’âge de la plante, et de l'a-
bondance des sucs aqueux qui remplissent ses cellules.
Û
Fécule du Sagouier.
Le Sagou du commerce nous arrive en globules légèrement
fauves ou blancs; ce sont des agglomérats roulés, composés
d’un grand nombre de grains de fécule, la plupart offrant des
modifications de formes et l'ouverture du hile, dues à l'élévation
de la température, lors de leur préparation. On peut reconnaitre
sur plusieurs aussi(pl. 6,fig. 11 et r2),les effets de la présence de
l'eau, au moment du traitement à chaud; cette dernière réaction
est surtout indiquée par les formes de la fécule du Sagou blanc
(fig. 12). Nous y reviendrons plus loin en décrivant les divers
phénomenes produits par certains degrés de la température,
soit seule, soit en présence de l’eau. (2)
(1) Sa tige sphéroïdale avait 50 centimètres de hauteur.
(2) Ces caractères me semblent mettre hors de doute la préparation à chaud jusqu'ici con-
testée du sagou, Voyez l’article Sagou du Diet. de MM. Mérat et Delens, les observations de
MM. Raspail et Caventou, un Mémoire de M. Poiteau, Journal de chimie médicale, 1825,
etsurlout les recherches sur l'Histoire du sagou par M. Planche, 1837.
PAYEN. — Sur l’ÆAmidon. 23.
La fécule extraite à l’état normal de la moelle du Sagouier
cultivé au Jardin du Roi, présenta une configuration remar-
quable, que je n’ai encore retrouvée dans l'amidon d'aucune
espèce de plante. Beaucoup de grains affectent sensiblement,
dans la moitié de leur volume, la forme d’un hémisphere, tan-
dis que l’autre moitié du même grain est polyédrique, souvent
à six faces latérales aboutissant à une face courbe hexagonale.
Voyez les fig. 4 ct 5 de la pl. 6. On se fera encore une idée de
cette forme en la comparant à une demi-sphère posée sur la base
d’une pyramide à six faces, tronquée par une surface courbe
hexagonale ; ces deux parties ayant un axe commun qui traverse
le hile, et l'ouverture de celui-ci étant marquée à la superficie
de la portion sphérique; on pourrait enfin comprendre la forme
d’un tel corps, en supposant que la substance encore plastique
de l'amidon se serait moulée en même temps que développée
dans l’intérieur des sommets qui terminent l’espace compris
entre deux, trois, quatre ou cinq solides semblables. Nous re-
viendrons sur cette particularité dans la section de l'étude phy-
siologique.
Âmidon des cotylédons de Fèves.
Ses grains se distinguent de tous les précédens par ies bords
généralement sinueux de leurs projections, les ondulations
marquées de leur surface, la difficulté d’apercevoir directement,
du moins, leurs lignes d’accroissement, bien que l’on parvienne
à discerner, près de leurs bords, deux ou trois épaisseurs appa-
rentes, et encore par l'absence ou plutôt linvisibilité directe du
hile, et par la dépression inégale de tous les grains volumi-
neux, dépression qui réduit d’un tiers ou de moitié la surface
de leur projection, lorsqu'on les fait tourner sur leur grand axe
d’un quart de circonférence. Les fig. 6 de la pl. 6 montrent ces
formes et plusieurs grains tournés sous deux ou trois positions.
En les comparant aux figures de la fécule des pois, on verra que
celle-ci diffère par une plus faible épaisseur et par des dépres-
sions plus fortes, suivant des lignes qui se réunissent dans l'axe.
Dans les Fèves volumineuses presque müres, on trouve des
grains d'amidon parmi les plus gros, qui sont sinueux et con.
2/ PAYEN. — Sur À Amidon.
tournés en demi-arc de cercle, ou terminés par un crochet, ou
inéme encore bifurqués irrégulièerement.
Amidon des cotylédons de Pois (Pisum sativum).
Les fig. 1 de la pl. 4 montrent les différences que nous venons
d'indiquer entre cette fécule et la précédente, ainsi que les divers
aspects d’un même grain @, a’, a". On remarquera surtout dans
les fortes dépressions canaliculées qui sillonnent ses grains, la
cause de l'erreur qui a fait dessiner, par un habile observateur
étranger, une sorte de hile allongé et dans l’axe. En effet, pres-
que tous les grains vis de trois quarts offrent cette apparence :
il a fallu tourner un grand nombre de grains entre deux lames
de verre et les dessiner chacun dans plusieurs positions, pour
dissiper toute illusion optique à cet égard. Je suis parvenu, d’ail-
leurs, à démontrer, par un procédé général indiqué plus loin,
la forme et la position du véritable bile, presque invisible à
l’état normal.
Les fécules des Lentilles et des Haricots ont des conforma-
tions analogues moins prononcées dans les premières surtout.
Aundon des bles durs et tendres.
L'examen attentif de l’un des beaux types des blés blancs, la
Tuzelle de Provence, et des espèces de blés durs bien caracté-
risés, notamment le blé de Pologne et le blé de ‘Taganrock (tr.
polonicum et tr. durum), montre dans leurs grains d’amidon
une physionomie toute particulière. Bien développés, ils sont
tous irrégulièrement aplatis ou plutôt lenticulaires et à rebords
arrondis; lune de leurs faces est ordinairement plus proémi-
nente et fait supposer, par le sens des fractures étoilées qui s'y
aperçoivent quelquefois, que vers leur sommet se trouve le siège
du hile.
Pour bien discerner toute cette structure externe, il est in-
dispensable de faire rouler lentement les grains dans l’eau, entre
deux lames de verre, sans les quitter de l'œil sous le micro-
scope; on parvient alors à les voir sous plusieurs faces, comme
indiquent les fig. 7 & , a', de la pl. 6. On ne saurait cependant
PAYEN. — Sur L’Amidon. 25
démontrer directement ainsi l'emplacement du hile : nous verrons
plus bas comment on y peut parvenir. Les grains de cette fécule
sont d'autant moins déprimés et apprôochent d'autant plus des
formes de sphéroïdes ou d'ellipsoïdes, qu’ils sont plus jeunes et
de plus petites dimensions.
Fécule des tubercules de Batates (Convolyulus batatas).
Cette fécule, si complètement exempte de toute saveur étran:-
gère, qu’elle peut à cet égard soutenir la comparaison avec les
fécules de Canna discolor, de Maranta arundinacea, du Sagouier
et des Orchis, se distingue de toutes celles que nous avons
décrites dans ce mémoire, par la configuration d’un grand
nombre de ses grains, ainsi que le montrent les fig. 15, 16, 17,
de la pl. 6.
Ils paraissent tronqués vers le bout opposé au hile : les bords
arrondis prouvent cependant que ce n’est point véritablement
une coupure; on aperçoit parfois une ligne courbe rentrante
qui annonce dans cette surface déprimée une partie creusée
comme le fond des bouteilles ordinaires à vin. Il y a réellement
en cet endroit une cavité qui, peu profonde, devient sensible
lorsqu'elle reçoit par hasard le bout arrondi d’un autre grain :
nous verrons bientôt comment on la fait prononcer davantage.
Beaucoup de ses grains semblent sphériques parce qu'ils repo-
sent sur leurs faces déprimées; on s’en aperçoit en les forçant
de changer de position et de se coucher sur les parties ar-
rondies.
La plupart des autres grains ont pour cachet particulier
d'offrir des formes polyédriques ou des surfaces courbes légè-
rement rentrantes d’un côté ou vers l’un des bouts, tandis que
la portion opposée est en général arrondie et convexe.
Le hile et les lignes d’accroissement se voient aisément sur ces
grains, ce qui les distingue de plusieurs autres fécules à formes
polyédriques. (Voy. les fig. 15 de la pl.6.)
Fecules des tubercules d’'Orchis (Salep).
Cette fécule est en grains généralement ovoides plus ou moins
20 PAYEN. — Sur l’Æmidon.
irréguliers; le hile est situé sur la partie la plus volumineuse ou
le gros bout du grain.
Dans un grand nombre de ces petits tubercules, tous les
grains de fécule sont soudés et offrent des masses amorphes qui
remplissent les cellules; ce caractère dépend sans doute de la
température élevée à laquelle la dessiccation a commencé: les
tubercules étant alors très humides, la fécule a dû former em-
pois en s’hydratant dans chaque cellule; de là encore, la demi-
transparence de la plupart des petits tubercules secs.
Les configurations naturelles des cette fécule sont bien mieux
observées sur les tubercules à l’état sain, j'ai extrait de ces der-
niers les grains dessinés , pl. 6, fig. 18 et 19.
La fécule fig. 18 vient des tubercules d'Orchis bifolia : on
voit que plusieurs de ses grains globuliformes offrent deux por-
tions coniques sur le même axe, on voit en outre sur quelques-
uns deux hiles marqués dans la partie sphérique.
Les grains de la fécule d’Orchis latifolia sont la plupart sous
forme de sphéroïdes, munis d'un ou de deux hiles, mais pres-
que tous se terminent par un seul cône à pointe mousse où
arrondie. Voyez les fig. 19.
Fceule des bulbes de Jacinthe.
Bien que cette fécule ait une analogie évidente, et à laquelle
on devait s'attendre , avec celle des Lis, on peut l'en distinguer
à ses contours généralement plus irréguliers, à la position du
hile sur le bout souvent le plus volumineux, et surtout , enfin,
à la courbure qu'affecte la partie moyenne, et qui fait paraître
en saillie et plus éclairés ses deux bouts arrondis. (Voy. les fig. 13,
pl. 6).
Dans les écailles extérieures où les développemens ont été le
plus long-temps prolongés, on trouve un grand nombre de.
grains étcilés, fendus, et d’autres commençant à s’exfolier. Cela
tent à un phénomène physiologique général sur lequel nous
reviendrons.
PAYEN. — Sur T° A4midon. 27
Fécule du Cycas circinalis.
Cette fécule, extraite de la base des pétioles sur un stipe ayant
de quatre à cinq ans, offre une conformité remarquable dans
les parties polyédriques et les portions sphériques de ses grains,
avec la fécule de sagouier : on y retrouve, correspondant aux
mêmes points, le hile ainsi que les lignes circulaires d’accroisse-
ment; nous verrons que les aggomérats de ces grains sont aussi
semblablement disposés dans les cellules.
Amidon des grains de gros Maïs (blanc, jaune et violet).
Outre les différences physiologiques dont nous parlerons à la
fin de ce Mémoire, et qui résultent des époques de développe-
ment et de dissolutions des fécules, on remarquera entre les
grains d’amidon du même âge, dans un même grain de mais,
de grandes variations de formes. Toute la partie cornée ou
demi translucide adhérente au tissu en contact avec l’épiderme
d’un de ces fruits, présente ses grains de fécule tellement
serrés et enchâssés dans une masse commune fortement pressée
de toutes parts entre les cellules voisines, que tous ces grains
ont une forme polyédrique, et qu’on parvient à en rompre plu-
sieurs sans les désagréger les uns des autres; c’est ce que fait
voir la fig. 20, pl. 6. Ce grand rapprochement des parties, ob-
servé par M. Raspail, explique la demi-transparence de la sub-
stance cornée et la rudesse de la farine de maïs; quant à la por-
tion farineuse des mêmes grains qui se rapproche du Cotylédon
et qui est d'autant plus abondante que le maïs offre plus de
blancheur et d'opacité , celle-ci contient un grand nombre de
grains libres, les uns sont globuleux, piriformes, ovoïdes; les:
autres offrent, d’un côté, des formes arrondies, et de l’autre,
des faces polyédriques , comme l’indiquent les fig. a, b, c, pl. 6.
Sur quelques-uns on parvient à distinguer le bile.
Amidon des grames de Sorgho rouge (Sorshum vulgare).
Cette graine, dont la plante coupée jeune, produit un fou-
28 PAYEN. — Sur L’Æmidon.
rage si abondant, ne doit l'infériorité de sa farine grossière qu’à
la difficulté d’en éliminer le son; car, bien que Ja plupart des
grains de la fécule affectent des formes polyédriques (#7. la pl. 6,
fig.22), résultant de la pression qu'ils ont éprouvée les uns contre
les autres, ils sont presque tous libres. On aperçoit sur lune
de leurs faces arrondies quelques fentes irradiées d'un centre
qui marque la position du hile.
Fécule de la tige d’un Cactus peruvianus.
Un grand nombre des Cactus cultivés en serre ne contiennent
pas ou renferment seulement des traces d’amidon. Il m'a fallu
rechercher, pour chacun d’eux, les plus développés, sons qu'ils
fassent trop vieux, pour arriver à bien déterminer les formes de
leurs grains de fécule, et quant à leurs dimensions, des maxima
qui pourront, comme je lai observé sur un volumineux ÆZchi-
cactus erinaceus (voir page 22), s'élever encore dans d’autres
circonstances de végétation. (1)
Les grains de fécuie du Cactus sont, en général, sous formes
de sphéroïdes ou d’ellipsoïdes; on y peut parfois apercevoir le
point d'insertion du hile, plusieurs des lignes d’accroissement ,
et quelques légères ondulations à leur superficie; un grand
nombre de ces grains offrent évidemment [a réunion de deux
ou de trois d’entre: eux, ainsi que le font voir les fig. 21 de
la pl. 6.
Amidon de la graine du Naïas major.
Les grains d’amidon de cette graine sont, en général, globu-
leux ou ovoiïdes, quelquefois légèrement déprimés dans le mulieu
des deux faces opposées. (Voyez les fig. 4’ de la pl. 5). Lorsque
la graine n'est qu'à demi développée, les grains d’amidon ont
une dimension moitié moindre, fig. b.
(x) Je dois à l'extrême obligeance de MM. les professeurs du Jardin-du-Roi, ainsi qu'à
M. Neumaun, chef des serres chaudes, à MM. Cels et Duvillers, membre de la Société royale
d'horticulture , d’avoir pu faire varier mes observations sur un grand nombre de Cactus, sur les
rhizômes de plusieurs Canna, les racines du Ménispermum palmatum, les tubereules d'Orchis,
la moelle du Sagouier , les fécnles du Cycas circinalis, du Ginkgo biloba, le pollen du Globba
nulans , etc.
PAYEN. — Sur l’Æmidon. 29
Fécule de la tige du Cactus Pereskia grandiflora.
Sur une branche de trois millimètres provenant d'un individu
ayant trente-quatre centimeires de haut, j'ai trouvé les cellules
de la partie médulaire complètement remplies de fécule , plus
grosse là que partout ailleurs ; les grains de celle-ci portaient
des hiles bien marqués ainsi que plusieurs de leurs lignes d’ac-
croissement.
Leurs formes assez irrégulières montraient des résuitats évi-
dens d’adhérences, entre les grains ainsi qu’on en peut juger
par des configurations polyédriques ou des portions planes de
plusieurs de ces grains dessinés, pl. 4, fig. a.
Amidon des graines d’Æponogetum distachy um.
Quoique de petites dimensions, les grains de cette fécule
laissent voir le point de leur hile; leurs formes sont quelquefois
toutes arrondies. Sur beaucoup d’entre eux, on remarque une
sorte d’enfoncement ou des dépressions plus ou moins éten-
dues; on remarque encore, ainsi que lindiquent les fig. 23 de
la pl. 6, un assez grand nombre de ces grains, terminés par des
faces polyédriques ou tronquées, analogues à celles qui carac-
térisent la fécule des Batates, fécule que ses dimensions ne per-
mettraient pas de confondre, sous le microscope, avec celle-ci.
\
Fécule du Ginkgo biloba (Salisburia adianthifolia) .
Une branche ayant 27,5 millimètres de diamètre contenait
dans le tissu médulaire, dans les couches ligneuses et dans lé-
corce une fécule remarquable par ses formes très sinueuses
échancrées, à faces polyédriques souvent aplaties, allongées,
offrant des jrotubérances latérales.
Fecule du Cactus brasiliensts.
Les grains de cette fécule sont remarquables, comme on Île
voit dans les fig. B de la pl. 5, par leurs irrégularités. Non-seu-
30 PAYEN. — Sur l’Æmidon.
lement les bords de la projection sont, en général, sinueux et
leur superficie est gibbeuse, mais encore des portions plus effi-
lées et courbes offrent l'apparence d’une sorte de crochet; le
hile ni les lignes d’accroissement ne sont pas nettement percep-
tibles.
Amidon du fruit du Panicum italicum.
Presque tous ses grains d’amidon sont terminés par des formes
polyédriques fort analogies à celles des grains amylacés du maïs
dont ils se distinguent par leurs petites dimensions. On y trouve
aussi, dans la partie cornée, des agglomérats de grains solide-
ment enchässés dans les cellules où ils sont soudés par une forte
pression. Voyez les fig. C de la pl. S.
Amidon du pollen de G/obba nutans.
Les grains du pollen, les pius développés surtout, contien-
nent plus ou moins abondamment dans leur fovilla des granules
offrant les principaux caractères de l’amidon, et sur l'analyse
desquels nous reviendrons plus tard. Les fig. À, B, de la pl. 3,
montrent ces granules , la plupart de formes elliptiques, souvent
courbes, offrant alors une configuration analogue à celle d’un
concombre. J'ai indiqué, sur une partie des granules sortis par
l'explosion naturelle d’un grain de pollen, la coloration bleue
que leur communique l’iode, tandis que ce corps teint en jaune
les membranes, et laisse sans couleur marquée la partie fluidi-
forme du fovilla.
Fécule du Cactus flagelliformus.
Les grains les plus développés de cette fécule, dans une forte
tige, offraient, comme le montrent les fig. 4 de la pl. 4, une
projection à bord sinueux et une dépression sensible au milieu;
ils étaient sensiblement aplatis, en sorte que leur épaisseur se
trouvait moindre d’un tiers environ que leur largeur maxime :
plusieurs grains paraissaient doubles.
e.
PAYEN. — Sur l’Amidon. 31
Fecule de l'Æchinocactus erinaceus cultivé en serre.
Ses plus gros grains, pris prés de l'axe de la tige, sont glo-
buliformes; un petit nombre sont doubies; au centre nième se
trouvaient des srains à bords irréguliers, qui semblaient avoir
été altérés dans leur structure, fig. e, pl. 4.
Hécule du pollen de Ruppia marttima.
Les grains de cette fécule sont plus on moins irrégulièrement
arrondis ou oblongs; les plus gros sont, la plupart, déprimés
au centre; plusieurs sont cylindriques, terminés par des bouts
arrondis; leur corps est plus où moins courbé, en sorte que,
perfois, ils simulent ainsi un cylindre contourné en couronne.
Fécule de la tige du Cactus opuntia tunas
Grains globuliformes; plusieurs doubles. Une fécule sem-
blable, à grains un peu plus petits et surtout plus rares, s'est
trouvée dans le Cactus opuntia ficus indica , pl. 4, fig. f.
Fécule du Cactus CUTASSAVICUS.
Très peu abondante; elle offre plusieurs grains doubles ou
allongés, à bords et superficie légèrement ondulés, pl. 4, fig. A.
Amidon du fruit du Millet (Panicum miliaceum).
Les grains de cet amidon sont de formes polyédriques fort
analogues à ceux du Panicum italicum. Voyez les fig. : de la
pl 4.
Fécuie du Cactus mamillaria discolor.
Ses grains, arrondis ou à bords sinueux , sont semblables à
ceux de la fécule des Cactus opuntia et Curassavicus, quoique
plus petits, fig. 7, pl. 4.
32 PAYEN. — Sur l’Amidon.
Fécuie de l'écorce de lZy/anthus glandulosa.
Cette fécule se montre en grains très irréguliers, générale-
ment polyédriques, fig., K, pl 4.
Fécule de la tige du Cactus serpentinus.
Ses grains, analogues à ceux des fécules de plusieurs Cactus,
sont arrondis, montrent quelques lignes d’accroissement et
quelques ondulations à leur surface : on y rencontre des grains
doubles fig. rm, pl. 4.
Fécule de la racine de Panais.
Tous les grains de cette fécule offrent une projection arron-
die et une portion de cercle concentrique marquant, comme
lindiquent les fig. 2, pl. 4, une ondulation circulaire à leur
superficie.
> Amidon du pollen de Naïas major.
Presque tous les grains cylindroïques de cet amidon offrent
une incurvation plus ou moins prononcée : les plus petits sont
ovoides. Voir les fig. a, pl. 5.
Fecule du Cactus monstruosus.
Cette fécule, en grains assez rares, est globuliforme : elle n’a
pas montré de grains doubles, pl. 4, fig. ».
Amidon de la graine de Betteraves.
Il se présente en grains sensiblement sphériques, qui se rap-
prochent beaucoup, à tous égards, de ceux de la graine du
Chenopodium quinoa , fig. o, pl 4.
Amidon de la graine du Chenopodium quinoa.
Les grains de cet amidon sont les plus petits que j'aie obser-
vés dans des graines venues à maturité; ils sont globuliformes
ou ovoides, comme l’indiquent les fig.p , pl. 5.
(La suite au prochain cahier).
rs Q eee ———
HUGO Mour,. — Sur les Lenticelles. 33
Untersuchungen über die Lenticellen. — Recherches sur les
Lenticelles ; dissertation inaugurale soutenue sous la prési-
. dence de M. H. Mon en mai 1836, par Charles Edouard Ma-
3er de Hirsau. — Tubingen.
Dans une courte introduction , M. Mokhl nous apprend qu'il
a publié il y a quelques années dans le journal botanique de
Ratisbonne (r), des observations sur les Lenticelles dans le but
de prouver que ces parties ne sont pas, comme l’a prétendu
De Candolle, des bourgeons de radicelles ; une étude des Lenti-
celles lui paraît d'autant plus nécessaire que dans plusieurs
écrits botaniques, l'opinion de Decandolle a été admise comme
une vérité démontrée, notamment dans le traité d’Ernest
Meyer sur les métamorphoses des plantes, et cette étude peut
être faite plus facilement maintenant que l'anatomie du liège
et du faux liège (Borke) des dicotylédones a été étudiée dans
une dissertation inaugurale soutenue dans cette faculté. (2)
Sous le nom de Lenticelles (Lenticellæ, glandulæ lenticulares,
en allemand Zinsenfcærmigen Driüsen, Linsen, Rindenh6cker-
chen), on désigne des points élevés, dispersés irréguliérement
sur l’écorce des arbres ou des arbrisseaux dicotylédonés , et
qui se distinguent par leur couleur particulière ou par leur
forme de petites verrues.
On les remarque surtout sur les rameaux d’une année, tant
que l'écorce est encore verte et que l’épiderme a conservé son
intégrité, elles paraissent d'abord comme de petites places
rondes ou allongées, se distinguant un peu par leur couleur;
plus tard, tantôt vers la fin de la première année, tantôt dans
les années suivantes, la cuticule se déchire longitudinalement
au-dessus des Lenticelles qui se changent en verrues plus ou
moins saillantes, souvent partagées comme en deux lèvres
par un sillon médian. La surface de ces verrues est le plus
(:) Flora , 1832, page 65.
{2) Voyez.ce mémoire dans ces Annales , lome vit, page
X. Boran. — Juillet, 3
34 HUGO MOHL. — Sur les Lenticelles.
souvent colorée en brun, leur substance est jusqu’à une certairie
profondeur sèche, friable, subéreuse. Par un plus grand ac-
croissement en diamètre du rameau , les Lenticelles s'étendent
en largeur et deviennent des stries transversales. Enfin dans
de vieilles tiges, lorsque l'écorce produit du liège où du faux
liège, le déchirement de lécorce commence dans les Lenti-
celles, et elles deviennent méconnaissables, par exemple, dans
le Peuplier blanc (Si/ber Papel), le Pommier, le Bouleau, ou
bien lorsque les parties extérieures de l'écorce tombent sous la
forme d’écailles lisses, les Lenticelles tombent avec ces écailles,
et on n’en trouve plus aucune trace.
Sur une coupe transversale on reconnaît facilement à l’aide
d'une loupe, que les Lenticelles sott plazées sur Îa partie exté-
rieure de l'écorce, et qu'elles n’ont aucune communication
avec l’écorce ou avec le bois ; c’est ce que des recherches micros-
copiques rendent tout-à-fait évident. Le plus généralement les
Lenticelles sont formées de cellules vertes, incolores ou colo-
rées d'une manière particulière (jaune dans le Berberis, rou-
geâtre dans le Sambucus nigra ), placées entre l’épiderme et le
parenchyme cortical vert. Ces cellules sont disposées en séries
perpendiculaires à laxe du rameau, elles sont généralement
plus petites que celles du parenchyme vert, se confondent
avec lui inférieurement tandis qu'à l'extérieur , où par le dé-
chirement de l’épiderme elles ont subi le contact de l'air, elles
se sont desséchées et forment une masse brune subéreuse. Cette
structure est au fond la même chez les différens arbres, elle
subit cependant quelques modifications, en ce que la partie
extérieure de l’écorce éprouve des variations auxquelles partici-
pent les Lenticelles.
La forme la plus simple se rencontre ue les plantes chez
lesquelles sur les jeunes branches, il ne se forme point de tissu
intermédiaire ( du liège ou du périderme) entre l’épiderme et Le
parenchyme cortical, comme dans le Corus alba par exemple.
Chez cette plante (comme chez la plupart de nos arbres et
arbrisseaux }, on peut reconnaitre dans le parenchyme cortical
deux couches qui ne sont cependant pas extrêmement dis-
unctes. Dans la couche la plus extérieure, les cellules sont
HUGO MOHL — Sur Les Lenticelles. 35
douées de parois un peu plus épaisses et étroitement liées par
de la substance intercellulaire ; dans la couche intérieure la
liaison des cellules est plus lâche, et il existe entre elles de
grands méats intercellulaires et des lacunes irrégulières; ces
couches seront dans la suite de ce travail désignées par les noms
de couche extérieure et intérieure du parenchyme cortical.
Là où il y a une Lenticelle, la couche extérieure manque
et est remplacée par le tissu de celle-ci; elle est formée par une
extension de la couche parenchymateuse intérieure, extension
qui se compose de séries perpendiculaires de petites cellules,
lesquelles intérieurement passent graduellement à la forme des
cellules de la couche intérieure du parenchyme , tandis qu’elles
se répandent au-dehors en une masse fongueuse bientôt dessé-
chée, comme cela se remarque dans la couche subéreuse placée
sous l’épiderme de plusieurs plantes : Quercus suber, Acer cam-
pesire.
Sur les plantes ligneuses chez lesquelles on remarque entre
le parenchyme vert et l’épiderme, une couche subéreuse molle
ou un périderme formé de cellules en tables à parois épaisses,
les Lenticelles présentent la même structure quoiqu’elle soit
plus difficile à reconnaitre. La Lenticelle est comme dans le Cor-
nus, logée dans une cavité de la couche parenchymateuse exté-
rieure, et elle présente la même structure, mais extérieurement
sa surface ne se limite pas immédiatement à l’épiderme, et sa
couche extérieure se confond latéralement avec la couche su-
béreuse (par exemple : Sambucus nigra, Berberis vulgaris, Ery-
thrina corallodendron), ou avec le périderme ( par exemple :
Aesculus Pavia, Corylus Avellana, Prunus Padus , spinosa ,
Populus dlatata, alba, Gleditschia triacantha, Cratagus oxya-
cantha, Pyrus malus, Betula alba).
Dans ces plantes, comme dans le Cornus, le tissu de la Len-
ticelle forme à la surface une saillie subéreuse qui se dessèche
extérieurement, et produit ces élévations verruciformes bien
connues, mais le liège ou le périderme participent à cette for-
mation. En même temps la substance subéreuse de l'écorce
éprouve autour de la Lenticelle une sorte de soulèvement et
se confond avec la substance subéreuse de celle-ci, de sorte
>
D,
36 nuco mMour. — Sur les Lentivelles.
qu'on ne peut indiquer une délimitation rigoureuse entre elles,
et que l'élévation en forme de verrue est formée au milieu de
la substance subéreuse de la Lenticelle, et entourée de celle de
l'écorce. Le périderme se comporte de la même manière. D’a-
près ce qui précède nous devons reconnaitre deux couches
dans les Lenticelles, l'une intérieure, vivante, formée de cel-
lules vertes ou incolores, disposées en série perpendiculaires,
produisant sans cesse à l'extérieur de nouvelles cellules qui
meurent ensuite, et forme la couche extérieure, subéreuse et
desséchée.
Ces circonstances nous permettent de reconnaitre une grande
analogie entre les Lenticelles et la formation subéreuse habi-
tuelle ; il n'y a entre ces deux productions qu’une seule diffé-
rence, qui consiste en ce que le véritable liège se forme entre
l'épiderme et la couche cellulaire extérieure, tandis que le liège
des Lenticelles est produit au-dehors par une extension du pa-
renchyme cortical intérieur.
L’analogie entre les Tenticelles et le liège est encore confir.
mée par ce fait, que dans les plantes douées d’un véritable
liège ou d'un périderme , la partie extérieure des Lenticelles se
confond avec le liège environnant, et que tous deux concou-
rent à former les élévations lenticulaires. Nous trouverons en
outre de l’analogie dans le mode de développement de ces par-
ties. Le tissu cellulaire sous épidermique destiné à se développer
en liège, persiste sous la forme d’une couche mince tant que
l’épiderme reste entier, mais dès qu'il se déchire il se produit
sous la crevasse et sur ses côtés une excroiïssance de tissu cel-
lulaire qui produit une couche subéreuse épaisse. La même
chose se passe dans les lenticelles: tant que lépiderme les
couvre, elles restent petites, plongées dans le parenchyme cor-
tical extérieur, et les rangées cellulaires dont elles sont formées
ont une direction qui rayonne en divergeant de la surface de
l'écorce vers le bois; mais dès que l’épiderme se déchire, la
lenticelle se produit au-dehors, ses rangés cellulaires prennent
une direction parallele, et leur partie extérieure forme-bientôt
l'excroissance subéreuse desséchée. Si lon place dans leau un
rameau garni de lenticelles développées (de Saule par exemple),
HUGO MOHL. — Sur des Lenticelles. 37
la dessiccation des cellules nouvelles est arrêtée, et leur accrois-
sement facilité, alors la masse subéreuse dépasse sensiblement
son volume habituel, et la surface de la lenticelle se développe
en une masse fongueuse blanche. La même chose s'observe fré-
quemment à d’autres endroits de l’écorce dans le tissu cellulaire
placé au-dessous de l’épiderme , lorsqu'il est dégagé par une fis-
sure de celui-ci et soumis à l'influence de l’eau.
Ces faits démontrent que les lenticelles sont wne formation
subéreuse partielle, qui ne naît point comme le véritable liège
du parenchyme cortical extérieur, mais est formée par une
excroissance du parenchyme cortical intérieur.
La production au-dehors de nouvelles cellules à la surface
de la lenticelle, et leur dessiccation se continuent pendant quel-
ques années, jusqu'à ce que les couches extérieures de l'écorce
cessent de vivre, ce qui termine le développement des len-
celles.
Chez les arbres où le périderme en restant lisse s’épaissit
pendant plusieurs années par l'addition de nouveaux feuillets
sur sa face interne, et où la substance subéreuse sèche des len-
ucelles est formée en même temps par leur partie interne verte,
et par le périderme, le tissu cellulaire qui se produit à la sur-
tace de ces lenticelles, perd la structure parenchymateuse du
liège, et acquiert de plus en plus celle du périderme, jusqu'à
ce qu'il se confonde avec les couches intérieures plus jeunes
du périderme, et forme avec elles une couche continue homo-
gène. De cette manière leur partie interne cellulaire se trouve
séparée par le périderme de leur partie exterieure subéreuse se-
che; alors l'accroissement postérieur de la lenticelle est arrêté,
et.on ne la trouve plus que comme le débris d’une formation an
térieure, placé sur le périderme uniforme qui couvre l'écorce,
par exemple : dans lA/ex aquifolium , le Corylus avellana, et
surtout dans le Bouleau. Chez ce dernier les couches du pé-
riderme s'étant développées en grand nombre, pour former
les feuillets blancs qui se détachent de lécorce, on trouve en-
core les lenticelles sous la forme de raies iransversales brunâ-
tres, dont l'étude anatomique fait voir que ce ne sont plus de
vratés lenticelles, mais que les feuillets du périderme se sont con-
38 HUGO MOHL. — Sur Les Lenticelles.
tinués sans interruption sur les places où des lenticelles se
trouvaient précédemment, seulement en acquérant à ces pla-
ces une structure quelque peu différente. La couleur brune et
la tuméfaction de ces raies est due à ce qu'aux places où on les
remarque, la couche mince de cellules subéreuses qui existe
entre les feuillets du périderme, a acquis un peu d’accroisse-
ment, et une couleur brune, montrant ainsi un passage à la
formation subéreuse qui envahit plus tard toute la surface de
l'écorce; peu d'années plus tard ceite formation subéreuse se
continue de ces marques sur le reste de l’écorce lorsque le pé-
riderme est déchiré par suite de la distension de l'écorce, car gé-
néralement le déchirement du périderme commence aux len-
ticelles, et donne aussitôt lieu à un plus grand développement
de substance subéreuse.
Les choses se passent autrement chez les arbres où il se dé-
veloppe un faux liège. Chez eux, lorsqu'ils ont atteint un cer-
tain âge, les couches nouvelles du périderme ne se développent
pas entre la surface du parenchyme cortical vert et les vieilles
couches du périderine, mais bien dans l'intérieur du paren-
chyme cortical et dans les couches du liber; il résulte de ce dé-
veloppement que les couches extérieures de l’écorce sont sépa-
rées de sa partie interieure et vivante , et tombent sous la forme
d'écailles desséchées. Alors les nouvelles couches du périderme
ne sont plus placées entre la partie interne et la partie externe
des lenticelles, mais au-dessous du parenchyme cortical duquel
nait la lenticelle; celle-ci se trouve ainsi rejetée avec les écailles
du faux liège (exemple : Platanus occidentalis, Salix alba,
babylonica , Pyrus malus, Cratægus oxyacantha, etc.)
Les arbres doués de faux liège présentent deux modifications:
tantôt la formation du périderme, le déchirement et l’exfoliation
de l'écorce, sont tout-à-fait mdépendans des lenticelles, parce
que le périderme se développe en grandes plaques situées beau-
coup plus profondément qu’elles , et qu'il fait tomber de grands
morceaux de l'écorce couverte de lenticelles ( Platanus). Dans
d’autres cas, la formation intérieure du périderme n’occupe pas
d'abord une aussi grande étendue sur la circonférence de la
lige, mais commence à de petites places, autour des endroits
HUGO MOHL. —— Sur les Lenticelles 30
ou l'écorce se déchire d’abord, ce qui, chez beaucoup d'arbres,
a lieu à l'endroit des lenticelles (Cratægus, Pyrus, Salix , Po-
pulus) ; écorce s’y déchire ordinairement d'abord en longueur,
et on trouve sous les lenticelles et autour d'elles de petites
couches d'épiderme qui changent en faux liège les parties de
l'écorce sur lesquelles la lenticelle est placée; ce n’est que plus
tard que cette formation s'étend davantage. La marche de ces
phénomènes est surtout remarquable dans le Populus alba.
La manière de voir exposée ci-dessus est en contradiction avec
celle de M. De Candolie (1), qui considère les lenticelles comme
«des bourgeons radiculaires. Son opinion résultait d'observations
faites sur des rameaux de Saules qu'il avait placés dans l'eau,
où ils produisirent des racines adventives. Il crut remarquer
que les racines sortaient toujours des lenticelles, et que si on
enlève celles-ci par une section qui va jusqu’au bois, il se forme
des lenticelles adventives desquelles sortent alors les racines.
Ceci est en contradiction avec les données fournies par lanato-
mie et avec ce que l’on observe dans le développement des ra-
cines adventives, comme M. Mohl la déjà annoncé ailleurs. (2)
Quant au premier point de vue, nous avons dit plus hant que
les lenticelles sont placées dans la partie extérieure de l'écorce,
et qu'elles ne sont pas en relation avec les couches intérieures
de l’écorce où se trouvent les faisceaux fibreux , encore moins
avec le bois. En outre, on sait bien que, lorsque dans les dico-
tylédones il se forme des racines adventives, celles-ci paraissent
toujours sous la forme d’un petit bouton formé dun tissu cellu-
laire très délicat et transparent, qui naît sur la limite qui existe
entre le bois et l'écorce. Tandis que ce petit bouton s’allonge
en cône, il y apparaît un cercle de faisceaux vasculaires qui
partage son tissu cellulaire en moelle et en écorce. A la base
du bouton, les faisceaux nouvellement formés se placent à côté
de ceux du cylindre ligneux sur lequel ce bouton est posé, de.
sorte qu'il s'établit une connexion organique entre le bois de
la nouvelle racine et celui de l’ancienne tige. L'écorce du bouton
'
(:) Annales des Sciences naturelles, tomie vir, page à.
(2) Flora, 1832, tomer, page 65.
4o HÜGO MOUL. — Sur les Lenticelles.
radiculaire est soudé à la base avec la couche corticale inté-
rieurc dela tige; à la pointe, au contraire, il n’y a pas de rap-
port organique entre ce bouton et l'écorce de la tige. Lorsque
ce bouton s’allonge en racine, il presse le tissu cellulaire devant
jui et soulève lérorce en un petit mamelon qui se déchire enfin
au sommet et laisse passer la petite racine autour de laquelle
les couches corticales traversées forment comme une sorte de
coléorhize.
Quant au second point, savoir, la production de racines ad-
ventives à des endroits déterminés, il est vrai que tous les points
de la tige ne sont pas également propres à la production des
racines adventives ; mais Ces places ne sont pas en rapport avec
la disposition extérieure de lécorce; elles sont déterminées,
au contraire, par la structure du corps ligneux.On peut remar-
quer que les racines adventives se développent principalement
à certaines places où un rayon médullaire passe dans l'écorce;
cela se voit surtout dans plusieurs espèces herbacées, par
exemple, l’?mpatiens noli-tangere. Là se trouve peut-être la cause
de ce fait, que dans beaucoup de plantes les racines adventives
se développent pius facilement aux articulations qu'aux entre
nœuds ; il est vrai que dans plusieurs on doit l'attribuer à un
obsiacle qu’éprouve à ces points la sève descendante; cepen-
dant il peut aussi résulter en grande partie de ce que, par le
passage des faisceaux vasculaires dans les feuilles, il doit se
trouver aux articulations des lacunes dans le corps ligneux, les-
quelles sont remplies de tissu cellulaire et constituent de grands
rayons médullaires.
M. Mohl a déjà observé autrefois (endroit cité) que dans des
branches de Saule les radicelles ne sortirent pas des lenticelles,
mais de tous les points des rameaux; que ce ne fut qu’acciden-
tellement que ca et là une radicelle sortit d’un point où
avait été une lenticelle, et que, par conséquent, ces organes
n'avaient eu aucune part à leur formation. (1)
(x) D'après Tréviranus (Phys, de Gew., tome 1, page 263), Dupeut-Thouars est arrivé
au méme résultat. L'auteur regrelle de ne pas connaître le travail dans lequel Dupetit-Thouars
a fait connaître ces faits.
,
HUGO MOHL. — Sur les Lenticelles. 41
Ce résultat sera encore confirmé pour nous, si nous remar-
quons que, quoique les lenticelles se trouvent dans la plupart
des arbres et arbrisseaux, elles ne sont pas une formation gé-
néralement répandue, car elles manquent dans les Coniféres,
les tiges charnues, les herbes, les tiges des monocotylédones
et des Cryptogames, quoique plusieurs de ces plantes produi-
sent même régulierement des racines aériennes ( Cactus, Sem-
pervivum, Fougères arborescentes).
Les feuilles produisent quelquefois naturellement des racines
adventives comme les tiges, lorsqu’elles tiennent encore à la
plante , et on peut provoquer artificiellement cette production,
surtout chez les feuilles charnues séparées de la tige; cependant
les feuilles sont absolument dépourvues de lenticelles.
Il est donc démontré, d’une part, que les lenticelles, quand
elles existent, ne prennent aucune part à la formation des ra-
cines adventives; d'autre part, que celles-ci se forment dans
plusieurs plantes où 11 n’existe pas la moindre trace de lenticelles.
Si les racines adventives naissaient d’un bourgeon et que
celui-ci füt une lenticelle, on devrait en trouver sur les racines,
car les fibres radiculaires naissent sur les branches de la racine
comme les racines adventives sur la tige; mais on chercherait
vainement des lenticelles sur les racines terrestres ou aériennes
d’où naîtront des fibres jatérales. Le fait que les fibres radicales
aussi bien que les racines adventives naissent aux points de
contact d’un rayon médullaire avec l’écorce, explique pourquoi
celles-ci sont si souvent disposées en séries longitudinales, sur-
tout en quatre rangées. On chercherait vainement à la surface
de l’écorce une cause de ce phénomène.
L'opinion de M. De Candolle ne pouvant être adoptée, exa-
minons celle de M. Ernest Meyer (r). Cet auteur établit un pa-
rallèle entre les différentes sortes de bourgeons et les différentes
sortes de lenticelles ; il distingue trois sortes de bourgeons : les
bourgeons principaux (Haupt- Augen),les bourgeons accessoires
( Bei-Augen) et les bourgeons dispersés ( Zerstreuete-Augen );
il admet de même des lenticelles principales, accessoires et dis-
(x) Linnæa, ème vi, page 447.
42 HUGO. MOHL. — Sur les Lienticelles.
persées (Haupt-Linsen, Bei-Linsen, Zerstreuete-Linsen). Meyer ne
donne aucune observation plus précise sur les lenticelles dis-
persées, qu'il met en parallèle avec les bourgeons adventifs de
Du Petit-Thouars, « car, dit-il, on me passera bien celles:-là ! »
Mais il présente des exemples tirés des mono et des dicotylé-
dones, de lenticelles accessoires (comparées aux bourgeons
nommés par Rœper Gemmæ accessoriæ ) et de lenticelles prin-
cipales ( comparées aux bourgeons axillaires des feuilles; il ap-
plique ces noms aux fibres radicales qui naissent des bourgeons
sur la tige : dans ces cas, ilse forme une seule racine à chaque
bourgeon. comme, par exemple, dans le Vanilla aromatica à
côté du bourgeon, dans le Bulbine fruticosa en face du bour-
geon ; ces racines proviennent d'une lenticelle principale, ou
bien il se forme une couronne ou une demi-couronne de lenti-
celles à l'articulation; l'une d’elles produit une plus grande ra-
cine ordinairement opposée à la feuille : c’est la lenticelle prin-
cipale ; les autres ne produisent que de petites racines, on même
ne se développent pas : ce sont les lenticelles accessoires (Ca/la
pertusa, Juncus lampocarpus , plusieurs Graminées, Cypéra-
cées, Joncées , Aroïdées). Ces lenticelles.accessoires se compor-
tent à l'égard de la lenticelle principale comme les bourgeons
accessoires à légard du bourgeon principal, avec cette seule
différence qu'elles ne sont jamais placées au-dessus ou au-des-
sous, mais toujours sur les côtés de la lenticelle principale.
Suivant Meyer, les dicotylédones présentent des faits ana-
logues. Dans les Ombellifères et les Renonculacées, il n’est pas
rare de voir une lenticelle principale opposée au bourgeon ; et
des lenticelles accessoires formant un cercle complet ou incom-
plet. Dans plusieurs dicotylédones fortement articulées , il y a
une lenticelle sur les côtés de chaque bourgeon, à la place des
bourgeons accessoires, comme dans plusieurs Crassulées, et la
lenticelle principale paraît manquer. Dans le Cotyledon orbicu-
laris , un cercle de lenticelles naît autour de la base de la feuille.
Ainsi, non-seulement Meyer admet avec De Candolle que
les lenticelles sont des bourgeons radiculaires, mais il donne
encore une bien plus grande extension à cette manière de voir
en admettant des lenticelles dans les monocotylédones et les
HUGO MOnr. — Sur les Lenticelles. 43
plantes herbacées, et en ce que, outre les productions que l’on
avait jusqu’à ce jour appelées de ce nom, il en reconnaît d’au-
tres situées régulièrement à des places déterminées. L’apprécia-
tion de ces données nous présente un cas tout différent de celui
où nous nous sommes trouvés vis-à-vis de M. De Candolle. Les
idées de ce dernier étaient la conséquence d’une erreur d’ob-
servation. De Candolle n’avait pas distingué des lenticelles les
places où les jeunes racines traversent l'écorce, et où le paren-
chyme se gonfle par l'influence de l’eau. Les observations de
Meyer sont au contraire parfaitement exactes, en ce que les
racines adventives se développent régulièrement aux places in-
diquées par lui , et qu'elles sont indiquées avant leur dévelop-
pement par de petits tubercules ; mais le rapprochement de ces
tubercules et des lenticelles est peu conforme à la réalité.
La lenticelle des dicotylédones ligneuses est placée dans la
couche extérieure de l'écorce , tandis que le point de départ des
racines adventives est situé beaucoup plus profondément entre
l'écorce et le bois. Il est facile de voir que les tubercules obser-
vés par Meyer n'ont pas la structure des lenticelles, et que les
racines adventives se forment, chez les monocotylédones , à une
certaine profondeur dans la tige, sans qu’il en existe aucun indice
à la superficie. Si chez les monocotylédones qui ont des racines
aériennes et une écorce appréciable, par exemple, le Yanilla
plañifolia, on étudie les places auxquelles se produisent les
racines, pendant les premiers degrés de leur développement, on
voit que ces racines se forment comme les racines aériennes des
dicotylédones ; il se forme de la même manière un rudiment
cellulaire dans lequel apparaissent ensuite des vaisseaux, tandis
que sa pointe reste sans continuité avec l'écorce, la soulève et
la traverse. Le point de l'écorce ainsi soulevé ne diffère en rien,
par sa structure, de l'écorce environnante, et avant qu’elle ait
été soulevée, rien n'indique qu’elle doive l'être un jour.
Il est donc bien évident que les tubercules observés par Meyer
n'ont aucune analogie avec les lenticelles et se forment d’une
manière tout-à-fait mécanique.
Sur les racines des monocotylédones, aux places où se déve-
loppent des fibres latérales, on ne trouve également rien qui
44 HUGO MOHL. — Sur les Lenticelles.
ressemble à des lenticelles. Elles commencent par de petits bou:
sons qui naissent entre l'écorce et le r1editullium fibreux (voy.
Mohl, De Palmar. struct. t. 1. f. 8).
Dans les dicotylédones, où Meyer reconnait une disposition
régulière dec lenticelles , les choses se passent comme dans les
monocotylédones : les racines paraissent, il est vrai, à des points
déterminés, mais elles ne naissent pas d’une lenticelle. Meyer
parait attacher une grande importance à ce fait, que dans plu-
sieurs Crassulacées (par exemple, Cr. fetragona), les racines
naissent aux places où devraient se trouver des bourgeons ac-
cessoires, d'où (si J'ai bien compris l’auteur) résulte pour lui
une analogie entre les bourgeons et les lenticeiles. La chose a
lieu fréquemment, en effet, dans les Cr. tetragona, cordata, etc.,
mais pourtant pas constamment : souvent on voit les racines
naître au-dessus du bourgeon qui manque, d’autres fois au-des-
sous de la feuille ou entre les deux feuilles, ce qui prouve que
si elles naissent fréquemment à une place déterminée, on n’ob-
serve cependant pas à cet égard une très grande régularité, mais
que toute la circonférence de larticulation est propre à leur
production , qu'elles ne sont point par conséquent une méta-
morphose des bourgeons accessoires, qui occupent une place
nécessairement déterminée relativement au bourgeon principal.
Nous avons encore à considérer quelques autres opinions
sur la nature des lenticelles , opinions dont les unes ont été ou-
bliées depuis le travail de De Candolle, ou qui sont toutes nuu-
velles et n’ont pas encore été généralement appréciées.
L'opinion la plus répandue avant celle de De Candolle fut
celle de Guettard, qui les prit pour des glandes {glandes lenti-
culaires). Cette idée n’était fondée que sur leur aspect extérieur,
car personne n’a Jamais remarqué qu'elless sécrétassent un li-
quide, quoique quelques physiologistes, par exempleVaucher(r),
parlent des sucs particuliers qu'elles renferment, et que Mir-
bel (2) les décrive comme des lacunes remplies de sucs huileux
ou résineux , comparables aux cavités qui renferment la résine.
1
(1) Sennebier, Physiologie végétale , tome 1, page 459.
(2) Elémens de physiologie végétale, tome 1, page 175, ÿ
HUGO Mon. — Sur les Lenticelles.” 45
Je crois que mes recherches ont suffisamment démontré qu’ils
n'ont pas cette structure, et Tréviranus aussi déclare n’y avoir
jamais rencontré une cavité propre à l'élaboration d’une sécré-
tion (1). Simême nous nemployons pas exclusivement le terme
de glandes pour désigner les parties qui élaborent un suc par-
ticulier, et quand nous penserions pouvoir appliquer aux par-
ties cellulaires ou aux cellules placées dans le tissu et renfer-
mant un suc différent du suc cellulaire répandu par toute la
plante, encore ce terme ne conviendrait-il pas aux lenticeiles,
parce qu’elles ne contiennent aucun suc particulier et qu'elles
se dessèchent à mesure qu’elles paraissent.
Da Peüt-Thouars (2) les appelle des pores corticaux , et croit
qu'elles sont destinées à établir une communication entre l'air
extérieur et la couche amilacée de l’écorce(3) , communication
nécessaire à la transformation de cette dernière en parenchyme
vert. Plusieurs motifs doivent faire rejeter cette manière de
voir; car, d’une part, l’idée que le parenchyme vert résulte du
développement de la couche incolore ou faiblement colorée si-
tuée au-dessous, n’est fondée que sur une supposition en faveur
de laquelle aucun fait positif ne fait pencher la balance. D’ail-
leurs, quand même cela serait, l’influence des lenticelles serait
inutile pour cela, puisque beaucoup d’arbres en sont privés
(Conifères, Orangers, Rosiers, Ævonymus europœus); et en
outre, les observations anatomiques rapportées ci-dessus font
voir que les lenticelles ne sont pas de simples pores.
Agardh (4), qui se prononce en faveur de l'opinion de De
Candolle que les racines adventives naissent des lenticelles, ne
croit pas que cela soit dû à ce que celles-ci sont des bourgeons
radiculaires, mais il les regarde comme étant des ouvertures
dans l'écorce , une sorte de lacunes aériennes qu'il compare à
#
;
(x) Phys. der Gewächse, t. c, p. 364:
(2) Essais sur la végétation, page 222,
(3) Dupetit-Thouars appelle ainsi la couche intérieure faiblement colorée du parenchyme
cortical situé en-dehors du liber, qu’il considère ( ce qui u’est pas très conforme à la nature)
comme une partie distincte du parenchyme vert et qu’il décrit comme une couche blanche
sèche , formée de petits grains non liés entre eux.
(4) Organographie , page 128.
A6 uNGiR. — Sur les Lenticelles.
celles que l’on observe dans Pintérieur de l'écorce, chez le Su-
reau par exemple ; les radicules ne sortent alors à ces places
que parce que ces ouvertures livrent un passage à l'humidité
qui déterraine la formation des racines. Comme il a été prouvé
plus haut que les racines ne sortent pas par les lenticelles, il est
inutile de faire de nouvelles objections à la théorie d’Agardh.
AD. STEINHEIL.
RecercHES sur les Lenticelles par le professeur Unceer, &
Graetz ( Flora ; 1836. p. 577).
En examinant la nature des petits organes qu'on désigne
sous le nom de lenticelles, j'espère limiter non-seulement
mieux le sens de ce mot, mais Je crois séparer de ces organes
par des considérations physiologiques et anatomiques, quel-
ques formations analogues aux lenticelles. Je dois commencer
par rappeler qu'ici, comme généralement dans la nature orga-
nique, lorsqu'il s’agit de différences’ essentielles d'organes in-
férieurs et très simples, la forme de ces organes ne fournit
aucun caractère suffisant; que les caractères qu’elle fournit
sont souvent très trompeurs et que, par cette raison, il faut re-
chercher les fonctions d’un organe lorsqu'on s'occupe de son
étude. Nous savons jusqu'ici très peu de chose sur les lenti-
celles sous le rapport anatomique et physiologique, et nous n’en
savons guère plus sur la forme et l'existence de ces organes
dans les différentes plantes. (1) |
Les expériences que j'ai faites en 1834, 1835 et 1836, ten-
dant à constater les caractères des lenticelles dès qu’elles se
trouvent entourées d’eau, m'ont fourni des preuves irrécusables
de l'exactitude des observations de Mohl, par lesquelles il com-
(x) On voit par la date de ce Mémoire que l’auteur n’avait pas encore connaissance du tra=
vail de M, Mob}, dont nous venous de donner l'analyse,
unGrr. — Sur les Lenticelles. 47
bat l'opinion de Decandolle, qui considérait les lenticelles
comme représentant par rapport aux racines, ce que sont les
bourgeons relativement aux rameaux. Il m'est impossible
d'exposer en détail les expériences que j'ai faites, je me bôrne
à dire que les expériences de Decandolle et de Mohi, aussi bien
que les miennes, quoique faites sur des espèces de saules dif-
férentes, fournissent des résultats exactement semblables sur
l'époque où s'opère le développement des lenticelles et des
racines adventives.
Cependant il ne sera pas hors de propos que j'indique ici la
formation des racines avee quelques détails. Mohl fait remar-
quer avec beaucoup de raison, que, dans l'origine, la radicule
affecte la forme d’un corps conique obtus, qui par la base se
trouve appliqué au corps ligneux du tronc ou du rameau,
dont le sommet au contraire est tourné vers le dehors; que,
lors de l'accroissement les faisceaux de liber de l'écorce sont
poussés de côté, et que par un accroissement successif des par-
ties nouvellement formées de la radicule, il naît un bourrelet à
la place correspondante du tronc. Lorsque dans cet état on
examine de plus près la jeune radicule, intimement liée d’ail-
leurs au parenchyme du corps cortical, on trouvera toutes les
cellules encore très petites, à parois minces et le faisceau des
cellules allongées placé au milieu ne contient point encore
de vaisseaux.
Le développement subséquent dcnne naissance à un déchi-
rement de l’épiderme, parallèle à la direction du tronc et pro-
duisant une fente dans tout le corps cortical, d’où naît enfin
la jeune radicule. L’accroissement dela radicule, qui jusqu’à ce
point exigeait quinze jours pour les rameaux de Saule placés
dans l'eau, s'opère maintenant avec beaucoup plus de vitesse.
Avant tout un anneau vasculaire cherche à se développer, il
occupe le centre de la radicule et se met en communica-
tion avec le bois du rameau, moyennant nn élargissement
en forme d’entonnoir aplati. Cet examen anatomique attentif
fait voir que c'est surtout la couche la plus jeune du liber,
contenant les cellules du parenchyme et les vaisseaux les
plus tendres, qui contribue à la naissance de l'anneau vas-
45 UNGER. — Sur les Lerticelles.
culaire (proprement de l'anneau ligneux) de la jeune racine,
qui même en partie en abandonne la direction régulièrement
perpendiculaire pour se prolonger dans la racine. J'ai irouvé
à la térité la partie du corps ligneux, à laquelle était fixée la
racine nouvellement née, agrandie et un peu renflée par le
gonflement des cellules ligneuses, mais je n’ai pas réussi à re-
connaître si les couches ligneuses intérieures prennent éga-
lement part à cette transformation. Il était cependant facile
de reconnaitre que , au-dessus du point où se trouvait la base de
la racine, la couche du liber la plus récente s’éterdait en quel-
que sorte dans le corps médullaire de la racine et y présentait
plus de consistance que dans les autres parties.
Quant aux vaisseaux de la racine qui n'avait que quatre à
cinq semaines d'âge, la plupart d’entre eux étaient formés de.
fausses trachées, mais vers l’intérieur, comme ordinairement,
ils présentaient des vaisseaux spiraux à articulations courtes.
Successivement leur diamètre s’accrut et après dix semaines,
quand la racine présentait déja une longueur considérable et
une plus grande lucidité, ils avaient atteint une forme fort pen
différente de celle qu'ils présentent dans lPAubier formé en
dernier lieu. Quant à la liaison de la jeune racine avec le corps
cortical, il devait nécessairement, à mesure que cette racine
grossissait, se présenter une séparation plus nette du paren-
chyme appartenant à chacune de ces deux parties. Cette sépa-
ration se continue probablement encore par la suite, de sorte
que la partie la plus intérieure seulement reste contigué au
corps cortical. La forme, la grandeur, la composition et la di-
rection du tissu cellulaire font voir que toute la formation des
racines adventives s'est faite presque indépendamment du
corps cortical. C’est un résultat qui s'accorde exactement avec
celui obtenu par Mobhl.
Je dois encore faire mention d’ane circoustance qui répand
quelque lumiere sur Porigine des racines adventives, dont jus-
qu'ici aucun auteur n’a fait mention et que je n'ai moi-même
observée qu'il y a peu de temps. Il naît quelquefois des racines
adventives aux rameaux dépourvus non-seulement entièrement
de lenticelles, niais même à des endroits où généralement
üuNGER. —— Sur les Lenticelles. 9
nous nesommes pas habitués à en voir naître. Ainsi j'ai vu
des rameaux de Nerium oleander, placés dans l’eau pour leur
faire pousser des racines, produire ces dernières non-seulement
immédiatement autour du point où le rameau avait été coupé,
mais quelquefois l’une ou l’autre de ces racines naissait de la
moelle même mise à nu par la coupe transversale du rameau.
L'examen anatomique ne montra dans ce cas aucun rapport
intime entre la moelle et les racines, car ces dernières n'étaient
liées qu’à la face intérieure du corps ligneux.
Je reviens, après cette digression, aux lenticelles dont nous
avons à examiner d’abord la structure et l'origine.
En examinant anatomiquement, ne füt-ce que d’une ma-
nière très superficielle une lenticelle telle qu’on les voit naître
fréquemment sur l'écorce des arbres et des arbustes dicotylé-
donés, on s’apercevra d’abord que ce corps n’a de liaison
qu'avec le corps cortical, qu'il en tire son origine et que la
forme qu'il affecte ne dépend donc que de lécorce.
Tant que l’écorce des plantes arborescentes dicotylédonées
est encore jeune et verte, elle est comme les feuilles couverte
de stomates, mais qui sont moins nombreux que ceux des
feuilles, et le reste de son organisation présente une organisa-
tion identique à celle de ces mêmes feuilles. Ce n’est que dans
un âge plus avancé lorsqu'il se forme entre la couche corticale
et le corps ligneux de nouvelles couches de ces deux parties,
que la structure de l'écorce s'éloigne d’une manière sensible
de sa simplicité primitive. Par cet accroissement les cellules du
parenchyme augmentent toujours vers l’intérieur, ce qui pousse
nécessairement les couches intérieures vers la circonférence.
Je crois que c’est en partie à la suite de la pression exercée
successivement par les couches de cellules qui se forment sur
les couches extérieures déjà formées, que ces dernières couches
sont dilatées dans le sens de la largeur. Ce n’est qu’à cette épo-
que, lorsqu'il se forme de la sorte un corps cortical propre-
ment dit, que la naissance des lenticelles a lieu. Si alors nous
examinons plus en détail ces dernières, nous verrons que c’est
un excès de développement des cellules aplaties de la couche
corticale extérieure, qui donne lieu au premier développement
X. BOTAN, == Juillet, 4
Do UNGER, — Sur les Lenticelles.
des lenticelles. Ce développement exubérant commence aux
points où plus tard il se développe une lenticelle, par Pagran-
dissement des cellules isolées ; cet agrandissement a pour ré-
sultat un relâchement de contiguité, et celui-ci est suivi d’une
séparation complète. À cette époque une augmentation consi-
dérable des cellules nouvellement formées s'est déjà opérée, et
c’est la première cause qui fait crever les cellules de la couche
superficielle. Ordinairenent ce n’est que dans cet état que la
lenticeile se présente à la surface de l'écorce. On verra alors
les restes de la couche corticale extérieure déchirée, entourés
de petits groupes isolés, soit légèrement réunis, soit entière-
ment séparés, d’une substance cellulaire rousse à demi dessé-
chée (fig. 7. c.). Dans cette matière rousse, pulvérulente, on
reconnait très bien des cellules isolées qui sont détachées de la
couche corticale située plus intérieurement, et qui se sont en
quelque sorte rendues indépendantes. La forme de ces cellules
détachées est plus régulière que celle des cellules corticales.
Les masses de tissu cellulaire encore contigu tiennent le mi-
lieu entre ces deux formes, et présentent d’une manière très
évidente le passage de l'une à l’autre. Souvent les masses du tissu
cellulaire, nouvellement produites, au lieu de se réduire en
poudre s'attachent à la lenticelle et produisent cette formation
verruqueuse , dont une espèce d’Evonymus tre même son nom.
Nous rencontrerons des phénomènes tous différens dans
le cas où la lenticelle est exposée plutôt à linfluence de l’hu-
midité, qu'à celle de l'air sec; ces changemens ont particu-
lièrement lieu, quand on place dans l’eau des rameaux où
se trouvent les formations dont je viens de parler. Il est vrai
de dire qu'un grand nombre de plantes sur lesquelles jai fait
des expériences à cet égard, n’ont offert aucun changement
dans les lenticelles, mais quelques-unes présentaient des parti-
cularités curieuses, qui méritent d’être examinées de nouveau,
quoique quelques auteurs en aient déjà fait mention. Ce sont
les lenjicelles des Saules, qui montrent surtout ces phénomé-
nes d’une manière très nette. Le premier changement qu’on
observe apres quinze jours consiste en ce que la surface brune
inégale de la lenticelle, est soulevée par une couche sous-ja-
uncer. — Sur les Lentcelles. 55
cente d’un tissu blanchätre, et est déchirée peu-à-peu par elle.
La couche corticale était ordinairement déjà crevée, la masse
cellulaire contiguë renfermée dans la lenticelle est seule écartée
par cette interruption de continuité. Quand ceci a eu lieu, la
masse cellulaire blanche, sous-jacente, se développe toujours
davantage, dépasse la surface de la lenticelle et se divise même
en quelques verrues ou lobes. La couche corticale supérieure
dont la fente se développe encore davantage , entoure cet
excès de développement cellulaire comme un calyce à lobes
réfléchis. L'examen de ces verrues blanchätres fait voir qu’elles
se composent d’un tissu cellulaire très lâche, dont les inter-
stices renferment de l'air, à la manière des canaux intercellu-
laires élargïs. Les cellules isolées sont arrondies, oblongues et
semblables aux cellules dites du mérenchyme; elles sont les
plus longues à la surface, se raccourcissent insensiblementet
passent de la sorte dans les cellules parenchymateuses or-
dinaires du corps cortical. Ces cellules d’un développement
excessif, se distinguent en outre parce que leur contenu orga-
nique se réduit uniquement en une masse mucilagineuse, glo-
buleuse, d’une teinte rougeâtre que brunit la teinture d’iode.
Vers l'intérieur où ces cellules se transforment en cellules
vertes du corps ligneux , cette masse roussätre diminue tou-
jours et semble disparaitre enfin dans les cellules corticales.
Il est à remarquer que les cellules vertes n’ont point leur ma-
tière colorante dans des vésicules, comme cela se voit ordi-
nairement, mais qu'elle se trouve distribuée dans Fintérieur
méme des cellules.
Lorsque cet accroissement a atteintun certain degré de dé-
veloppement, il s'arrête et même après trois mois, l'examen le
plus attentif ne présente plus de changemens progressifs dans
cette masse cellulaire. Dans l'Evonymus verrucosus, ce phéno-
mène se présente de la même manière que dans les Sanles.
Ayant ainsi poursuivi le développement normal des lenticel-
les, ainsi queleur développement moins habituel, il nous reste
à comparer avec les lenticelles, des formations analogues quant
à leur structure, qu'on rencontre également sur l'écorce et
en général sur la surface des vésétaux.
4
b2 UNGEr. — Sur Les Lenticelles.
C'est ici que viennent se ranger les verrues et les glandes,
organes qu’on rencontre non-seulement sur l'écorce des plantes
dicotylédonées, mais aussi sur des parties foliacées et qui par
là déjà, semblent indiquer qu'ils ne se trouvent que dans un
rapport éloigné avec les lenticelles,
Les verrues et les glandes diffèrent entre elles non pas tant
par leur structure que par leurs fonctions. Les glandes sont
des organes sécrétant des matières très différentes ,ce qui n’est
pas le cas pour les verrues. Ni les unes ni les autres ne sont,
comme les lenticelles des organes indépendans, mais elles
sont toujours les représentantes de quelque organe avorté et
d’une partie de la plante qui s’est arrêtée dans son céveloppe-
ment. On ferait donc mieux en organographie, de les consi-
dérer et de les décrire d’après les organes métamorphosés
qu'elles représentent, et d’y voir en quelque sorte des rudimens
d’autres organes, que de les réunir sous ure dénomination
commune, et de les distinguer d’après des caractères minu-
tieux ; on devrait par conséquent traiter dans le chapitre des
feuilles et des stipules des glandes qui représentent ces organes,
et traiter de celles qui représentent des étamines, des anthères,
des pistils, etc., lorsqu'on parle de ces organes eux-mêmes.
Par là on aurait dès le principe un point de départ fixe pour
l'examen de leur structure intime; effectivement, et d’après les
considérations que je viens de faire valoir, aucun organe ne
varie autant dans sa structure que les verrués et les glandes
varient dans la leur.
Quant aux verrues, elles paraissent dans tous les cas d’une
structure plus simple que les glandes, et elles représentent
généralement un excès de développement de l’épiderme. Les
cellules de l’épiderme devenant bosselées dans beaucoup de
plantes, me semblent le premier essai de la nature pour for-
mer des verrues ; ceci est très évident dans l’Æ/0e verrucosa.
Les cellules de l’'épiderme y sont munies d'une bosse; les ver-
rues naissent de ce que par endroits, les deux premières cel-
lules du parenchyme, placés sous l’épiderme, se changent en
cellules de l’épiderme. Par là le nombre des vésicules de chlo-
rophylle qu’elles contiennent, se réduit non-seulement à son
UNGER. —— Sur les Lenticelles. 53
minimum, mais il s’opère aussi un épaississement considérable
de la membrane cellulaire elle-même : cet épaississement est ac-
compagné de l'apparition de prétendus pores. Les deux formes
se rapprochent d’une manière sensible des cellules de l’épiderme.
Lesor ganes glanduleux affectent en général une structure
beaucoup plus variée. Le tissu n'en reste pas toujours simple et
réduit au seul tissu cellulaire, il n’est pas rare de voir, selon les
cas, les faisceaux vasculaires prendre part à la formation des
glandes, comme par exemple dans les glandes pétiolaires des
Passiflora, Acacia, Prunus, etc. J'ai observé la structure la plus
simple des glandes sur l'écorce des rameaux d’une année du
Betula älba. Ces glandes bosselées, très semblables, qui sécrè-
tent un liquide résineux, sont formées d’abord, comme les len-
ticelles, de cellules de la couche corticale extérieure, avec la
différence, cependant, que ces glandes n’augmentent pas con-
sidérablement en grandeur et ne se séparent pas les unes des
autres, mais qu’elles sécrètent une substance résineuse. Les
cellules de l’épiderme semblent particulièrement produire
cette sécrétion et, par l'accumulation de la substance sécrété,
leurs parois latérales et intérieures paraissent se déchirer. Je
üre cette conclusion de ce fait que j'ai trouvé assez constam-
ment les matières sécrétées dans ces glandes recouvertes des
débris de lépiderme.
Il s’agit maintenant de déduire de ce que nous avons déjà vu,
la valeur organique des lenticelles. Et d’abord il est évident que
ces organes ne sont point des gemmes radicales, comme De
Candolle Padmet. Cette opinion est combattue d’une manière
irréfragable par leur structure simple, cellulaire, qui ne change
pas essentiellement même lors de leur développement parfait,
parce qu'on les rencontre seulement sur le corps cortical, par
leur forme, leurs métamorphosés, etc.; les mêmes raisons ce-
pendant militent en même temps contre toute affinité avec
d'autres formations bourgeonnantes dans les plantes parfaites. IL
ÿ à tout aussi peu de raisons ponr considérer les lenticelles
comme dés organes extérieurs de la plante, arrêtés dans leur
développement. Si donc nous voulons chercher à en deviner
la valeur, il ne nous reste d'autrevoie, que de porter notre atten-
54 UNGER. — Sur les Lenticelles.
tention des plantes parfaites sur celles qui le sont le moins.
C'est ici que nous trouverons d’abord dans les Fougères une
conformation qui, sans contredit, présente une grande aff-
nité avec les lenticelles, et que nous ont fait connaître Martius
(Denkschriffen der bol. Gesellschaft WU, p. 25), et plus tard Mohl
dans son excellent Mémoire sur les Fougères arborescentes
( dans Martius Ie. sel. plant. crypt. Brasil, p. 7). Nous appre-
nons que sur l'écorce des Z/sophila nigra, vestita, phalerata et
schanschin, sur les Chnoophora excelsa et Didymochlaena si-
nuosa , on observe des fossettes de forme arrondie, elliptique
ou linéaire, dont les dimensions en longueur sont au plus de
deux à quatre lignes. Leur cavité pénétrant dans le parenchyme
de l'écorce, est remplie d’une poudre couleur de rouille, qui
n’est composée que de cellules desséchées. Originairement ces
cellules sont sans doute contigués et c’est pourquoi ces fossettes
sont recouvertes d’une membrane qui est la continuation de
l’épiderme du tronc. Plus tard, quand la dissolution du tissu
cellulaire en cellules isolés s'opère, le déchirement de la mem-
brane qui les recouvre paraît s’opérer en même temps.
C’est dans ces organes qui, jusqu'ici, ont été énigmatiques,
qu'il est facile de reconnaitre l’analogie avec les lenticelles,
surtout si l’on considère encore que ces organes du stipe des
Fougères sont, de même quej les lenticelles, indépendantes de
la formation des racines.
Cette opinion acquiert plus de valeur si nous considérons des
plantes encore moins parfaites, les plantes cellulaires, et si nous
æssayons de rechercher dans leur forme primitive la formation
des lenticelles. Peut-être ceci nous mettra-t-il sur la voie pour
découvrir plus facilement la nature de ces organes singuliers.
I1me semble que d’un côté les Sorédies du thalle de beaucoup
de Lichens, et d’un autre côté.les feuilles sporifères de beaucoup
de Jongermannes, représentent les organes qui dans les plantes
plus parfaites se montrent comme des lenticelles. Plusieurs obser-
vations militent en faveur de opinion d’après laquelle la produc-
tion desglandules au sommet des feuilles de Jongermannes, et les
granules gemmiformes eux-mêmes, sont, quant à leur manière
de se produire, quant à leur forme, etc., analogues au
uNGER. — Sur les Lenticelles. 55
cellules pulvérulentes des fossettes des troncs de Fougères:
je vais citer les plus curieuses de ses observations : Lorsqu'on
observe attentivement la manière dont les sporules se forment,
on trouvera que celles des Jongermannes, de même que les gra-
nules détachées des fossettes dans les Fougères , ne sont autre
chose que des cellules ou détachées, ou du moinstres légèrement
continues, qui ont encore leur forme polyédrique primitive.
La similitude dés formes se retrouve quelquefois dans les or-
ganes particuliers quis’observentaux prolongemens des cellules
contenues dans les fossettes dont j'ai déjà parlé. Toute la dif-
férence consiste donc en ce que c’est ici l'écorce et là un or-
gane foliacée qui dégénère, et produit ces exubérances.
Dans les Lichens, les rapports sont plus simples et les ana-
logies y sont moins méconnaissables. La Sorédie naissant sur
le thalle présente absolument la forme d’une lenticelle, la
cause en est évidente; qu'on compare la structure du thalle des
Lichens avec le corps cortical, et on sera surpris de l’analogie de
leurs diverses parties. Le thalle des Lichens présente en géné-
ral deux couches différentes, la supérieure, le sératum corti-
cale , et l’inférieure, la stratum medullare ; cette dernière se
continue quelquefois en une couche de cellules (hypothalle),
formée par des ceilules allongées et fortement mélées, qui
n'est peut-être autre chose que le corps cotylédonaire de la
sporidie germante, persistant dans le plus grand nombre de
cas. Les deux couches nese distinguent, anatomiquement par«
lant, que parce que dans le siratum corticale, la masse géla-
tineuse, connue sous le nom de matière intercellulaire, est
tellement prépondérante que la formation celiulaire ne peut
s’opérer, tandis qu’elle s'opère généralement dans le sfratum.
medullare. La raison de ces différences d’organisation ne paraît
devoir être cherchée que dans l'influence de l'air atmosphérique.
Les cellules qui naissent les premières sont encore globu-
Jeuses, elles sont à peine recouvertes d’une membrane parti=
culière, et sont plutôt à considérer comme des excavations
dans la masse gélatineuse du Lichen ; ces excavations plus ou
moins régulieres sont remplies d'une substance colorante verte
et résineuse.
pd
56 UNGER. — Our les Lenticelles.
Des phénomènes entièrement semblables s’observent aussi
dans le corps cortical des végétaux dicotylédonés. C’est ici que,
en laissant de côté les faisceaux du liber, nous distinguons
également deux couches, l’une extérieure où prédomine la
matière intercellulaire, qui réunit en un seul tout plusieurs ran-
gées de cellules superposées ; l’autre intérieure, distinguée tant
par la séparation qui a lieu dans ces cellules que par leur teinte
verte. La couche cellulaire extérieure correspond à la couche
corticale du thalle des Lichens, et l’intérieure répond à la sub-
stance médullaire. Il résulte évidemment de ces faits que les
sorédies du thalle des Lichens, dont la forme déjà rappelle
celle des lenticelles, doivent présenter dans leur structure in-
time beaucoup de ressemblances avec ces organes. L’observa-
tion a prouvé que les sorédiès représentent une anamorphose
du thalle, ayant beaucoup d’analogie avec l’état lépreux et
étant par rapport à celui-ci, ce qu'une affection locale est à
l'égard d’une affection générale; en un mot, que cette anamor-
phose n’est qu’une lèpre qui se produit sur certains points. Je
ne vois dans la lèpre elle-même, rien d'autre qu’un essai man-
qué d’une formation cellulare, elle présente des rudnñens de
cellules nés de la matière intercelluiaire.
Lorsque cette anomalie est générale, c'est-à-dire qu’elle en-
vahit tout le corps du Lichen, il s'ensuit une dissolution com-
plète de celui-ci. Il en est autrement quand elle ne se présente
que comme une maladie topique, et qu’elle n’occupe que des
points isolés: c’est alors qu’on voit paraitre non-seulement
des essais de formation de cellules, mais qu’on observe encore
des cellules parfaitement développées, des propagules, des go-
nidies, etc., entremélés aux cellules avortées; on les voit même
empêcher la reproduction de la plante.
Nous avons démontré que les lenticelles ne sont formées
que par un accroissement excessif des cellules, et je n’appelle
plus l'attention du lecteur que sur quelques faits qui viennent
à l'appui de la comparaison de ces deux organes : ainsi par
exemple, la substance brune, pulvérulente des lenticelles, n'est
qu'un essai manqué de formation cellulaire, essai qui réussit
dans certaines circonstances (dans l'eau) à former de vérita-
UNGER. == Our les Lenticelles. 57
bles cellules comme dans les gonidies, et dans les lenticelles,
de même que dans les Lichens, tout le corps cortical prend
part à cette anamorphose.
Je crois avoir démontré identité de tous ces organes qui pa-
paraissent si différens et avoir fait faire un pas à l'explication
de la nature des lenticelles. À mon avis par conséquent les len-
ticelles représentent le même organe qui, dans les plantes plus
simples, constituent les sorédies, ce qui dans les Cormophylles
forme les propagules, et dans les Fougères les fossettes rem-
plies de poussière. C’est dans les propagules des Jongermannes
que la valeur des lenticelles se montre indubitablement de la
manière la plus évidente, et on pourrait considérer les lenti-
celles comme des essais de la nature pour continuer la forma-
tion des propagules sur l'écorce des dicotylédonées. Il y a plus,
la production des/propagules semble appartenir non-seulement
aux végétaux simples, mais elle parait se rencontrer dans tout le
règne végétal. Une observation faite sur de jeunes pousses du
Prunus padus et du Syringa vuloaris, nous fournit à cet égard
des faits très importans : j'ai remarqué que dans ces plantes
les lenticelles se développent aux emplacemens seuls, où, dans
les rameaux encore jeunes, se trouvent des stomates peu nom-
breux. Ces places sont faciles à trouver, parce qu’elles se dis-
tnguent par leur teinte plus pâle; elles se voient surtout bien
sur- les rameaux rougeûtres du Prunus padus. Probablement
c'est là un phénomène qui ne se trouve pas uniquement ici,
mais qui se représente sur toutes les plantes qui donnent nais-
sance à des lenticelles. L'origine des lenticelles se trouve donc
dans une liaison quelconque avec la respiration des plantes,
et si l'on considérait la forme de ces organes, on pourrait cer-
tainement les regarder comme des organes respiratoires effacés.
La véritable nature des lenticelles sera d'une importance en-
core plus générale, si nous considérons leur valeur comme des
organes donnant naissance à des propagules, et si nous remar-
quons en outre que la destination alternative d’un organe à
servir tantôt à la respiration, et tantôt, ne füt-ce qu'en appa-
rence, à la propagation, que cette double destination, dis-je,
trouve de nombreux faits analogues dans le règne animal.
58 UNGERi = Sur les Lenticelles.
P. S. Dans la flore de 1837, nous trouvons à la page 236, la
note suivante de M. Unger, sur les lenticelles.
« Des recherches continuées sur un grand nombre d'arbres et d’arbustes,
pour l'étude du développement des lenticelles, n’ont fait voir que dans tous les
cas où, plus tard, il s’est formé une lenticelle, il existait un stomate à l’épiderme
du rameau vert. Même dans les arbres dont les parties les plus jeunes des pousses
annuelles sont couvertes de poils, comme dans l’U/mus suberosa, on trouve
quelques stomates à l’épiderme, et j'ai observé que, dans ce cas aussi, le pore
oblitéré de l’épiderme se transforme en lenticelle. Pour répéter ces expériences ,
qu’on choisisse les jeunes pousses du Bignonia catalpa, qui présentent tous les
passages, depuis le pore dans son état normal jusqu'à la rupture de lépi-
derme.
«J'avais continué ces recherches, lorsque je reçus les deux excellens mé-
, moires de Hugo Moll sur le développement du liège et sur les lenticelles, pu-
bliés le premier en février , le second en mai 1836. Quant aux lenticelles, je
puis me ranger de l'avis, qu’elles sont à considérer comme une formation par-
tielle de liège , en tant que le type du développement de ces organes est iden-
tique; mais en faveur de mon opinion, un peu différente de celle de Mohl, je
dois rappeler le fait, que les cellules pullulantes des lenticelles font voir con-
stamment une tendance à la séparation ; et qu’elles représentent donc, comme
je l'ai soutenu, une formation analogue à celle des propagules. »
$
Sur le genre Torreya, par G. A. W. AnvorT ( Annals of natural
history. n. 2. new series, p. 126. Apr. 1838).
Pendant l’hiver dernier, j'ai recu de mon ami, le Dr. Torrey,
de New-York, un fragment du Torreya paniculata de Spren-
gel. D'après les remarques de Sprengel dans ses eue Entde-
kungen (1824) 2. p.127, les caractères essentiels de ce genre
consisteraient en un calice à 5 lobes ouverts, une corolle tubu-
leuse, cinq étamines longuement exsértes, insérées sur le tube
de la corolle, un ovaire supère soudé avec la corolle, un lon
style grêle, et un stigmate simple. Dans le système artificiel, il
serait placé près du Cestrum et du Sessea (qui sont des Sola-
nées); mais dans ordre naturel, il devrait prendre place à côté
du Salpianthus, parmi les Nyctaginées. Si la description de ce
genre était exacte, il serait certainement très distinct et des plus
remarquables; l'insertion des étamines empéchant de le placer
dans les Nyctaginées et paraissant devoir le ranger parmi les
corrolliflores, tandis que d’un autre côté la soudure de l'ovaire
C A. W. ARNOLT, — Sur le genre Torreya. 59
avec la corolle semblerait indiquer que celle-ci n’est qu’un pé-
rianthe unique, que l'ovaire est infère, et que le prétendu calice
est une bractée. La place du Torreya serait conséquemment
parmi les Monochlamydées péristaminées.
_‘Telles sont du moins les opinions contradictoires que je
m'étais formées de ce genre; mais à présent qu’il a été en mon
ouvoir de l’analyser, mes observations ont amené un résultat
différent. Sprengel a décrit le calice etla corolle avec une pré-
cision suffisante: ces deux organes cependant sont à peine glan-
duleux; mais, ainsi que la panicule entière, ils sont plus ou
moins couverts d’une pubescence blanche. Les étamines, quand
elles sont humectées, se tordent en spirale, et sont insérées sur
la corolle, comme le dit Sprengel; mais, ce qui est important,
elles sont seulement au nombre de 4, et non de 5; elles sont
didynames et légèrement incluses. La place de ce genre estdonc
dans la Didynamie et non dans la Pentandrie. Le style est caduc
et simple ; mais le stigmate est décidément bifide, à lobes courts,
subulés et inégaux. L’ovaire n’adhère pas au calice ou à la co-
rolle; mais il est parfaitement libre et tant soit peu charnu. A
l’état jeune, dans léquel j'ai seulement examiné cet ovaire, ilest
uniloculaire; il ya 2 cloisons opposées qui souvent atteignent
l'axe, mais qui se divisenten deux branches présentant la forme
du sommet de la lettre T ( Sa ), lesquelles branches se replient
en dedans et portent chacune à leur extrémité un ovule. Ainsi
le genre Torreya appartient aux corolliflores, et possède 4 éta-
mines didynames et un ovaire quadriovulé, circonstance que
Sprengel a totalement omise. Des deux familles, les Labiées et
les Verbénacées, qui renferent des genres avec ces carac-
teres, c'est avec ces dernières qu’il a le plus d’affinités, à raison
de sa corolle à lobes presque égaux. Mais les Verbénacées, ainsi
que les Labiées, ont l’ovaire à 4 loges et non uniloculaires; ceci
ne parait pas cependant avoir beaucoup d'importance, et est
plutôt une différence de mots que de faits; car, à raison du
rapprochement des extrémités des deux demi-cloisons, du pa-
rallélisme des branches divariquées et de la nature charnue de
l'ovaire, il est très probable que dans un état plus avancé les
parties rapprochées se soudent entre elles, ou que leur intervalle
est rempli par une substance charnue. Les ovaires de toutes lee
Verbénacées drupacées que j'ai examinés présentent la même
organisation qui a été décrite par Roxburgh dans sa Flora in-
dica (v. 3. p. 67.), quand en parlant du Siphonantus hastatus,
il dit: « Ovaire à 4 angles, paraissant être à 4 loges, avec un
ovule dans chaque loge, aitaché au côté concave des ailes d’un
60 C. A. W. ARNOLT. — Sur le genre Torreya.
réceptacle pariétal fungiforme, rassemblé, mais non soudé dans
le centre; ce qui donne à l'ovaire l’apparence quadriloculaire. »
La même organisation s’observe dans le fruit mür du C/eroden-
dron siphonanthus Br. (Siphonanthus indicus E.), où la coque
de chaque noyau ou pyrène ne forme pas une pièce solide, mais
est une lame enroulée formée de la paroï interne du drupe et
de la cloison d’une de ses branches divariquée et repliée en de-
dans; ou, pour parler plus philosophiquement, est la moitié en-
roulée d’une des deux feuilles carpellaires (TT), desquelles
l'ovaire et le fruit se composent.
Le Torreya de Sprengel appartient donc aux Verbénacées, et
son large calice, sa corolle tubuleuse à 5 lobes égaux, ses éta-
mines et son style, son stigmate bifide et aigu et la structure
de son ovaire, démontrent son identité avec le C/erodendrum.
Il appartient à la première section de M. Brown, mais je n'ai
point vu d'espèce qui puisse lui être comparée sous le rapport
de l’inflorescence et de la grandeur des fleurs (qui ont en-
viron 172 pouce de longueur), et la description des feuilles dans
Sprengel est tellement imparfaite qu’on ne peut le rapporter à
aucune espèce décrite. Il se rapproche davantage d’une espèce
de la côte de l'Afrique méridionale qui se trouve dans l’herbier
de sir W. J. Hooker. Sprengel dit qu’il a été recueilli par M. Per-
rin dans le Brésil; mais le D' Torrey, qui en a fait l'envoi à
Sprengel, n’a informé que c'était une erreur, M. Perrin ayant
seulement herborisé à la Guadeloupe et dans les îles voisines.
À la même époque où j’ai reçu la plante ci-dessus mentionnée,
le D' Torrey m'a écrit ce qui suit:
«Je vais vous entretenir d’un nouveau et {bel arbre analogue au T'axus ,
indigène de la Fluride centrale. Il a été découvert, il y a environ trois ans, par
mon estimable ami H. B. Croom, de Tallabassee. Quoiqu'il soit tellement abon-
dant près d’Aspalaga, qu’on s’en sert pour faire des planches et comme bois de
construction, aucune description n’en a été publiée jusqu’à ce jour. Un petit
échantillon, sans fleur ni fruit, envoyé par M. Croom à Philadelphie, a été vu
par M. Nuttall, qui a supposé que c'était le T'axus montana où Podocarpus
taxifolius de Richard, et a inséré une notice très courte sur cette plante, dans
la première partie du 7° volume du Journal de l'Académie de Philadelphie. J'ai
reçu dans le même temps un autre échantillon de M. Croom; mais le défaut
d'organes de Ja fructification m’empêche de déicrminer la plante. L’année d'en- -
suite j'ai reçu les fleurs mâles, et enfin, plus réceminent, M. Croom eut la bonté
de m'envoyer le fruit dans l'esprit-de-vin. C’esi évidemment une Taxinée (ap-
partenant à la seconde subdivision de cette famille de Richard, avec des fleurs
dressces), et elle doit former un nouveau genre, qui differe du Podocarpus par
C. A. W. ARNOLT. — Sur le genre Torreya. 61
ses fleurs fertiles dressées, et du Taxus par l'absence du disque en forme de
coupe large et charnu, dans lequel les graines de ce dernier genre sont plon-
gées; par ses anthères quadrilobées, dimidiées et portées sur un pédicelle ou axe
très allongé. Cet arbre a de 6 à 18 pouces de diamètre, et de 20 à 40 pieds de
haut; il est pourvu de branches nombreuses étalces, qui se divisent d’une ma=
nière trichotome : son aspect, à quelque distance, est celui du Pinus cana-
densis. Le bois est dense et d'un grain serré, pesant, relativement aux autres
bois de la famille , et dans les anciens troncs d’une couleur rougeâtre : il à une
odeur forte et particulière, surtout lorsqu'il est rompu ou brûlé. Il est souvent
appelé par cette raison, dans le pays, & cèdre puant » (stinking cedar); on en
fait d'excellentes clôtures et il ne paraît pas être attaqué par les insectes, Son
écorce laisse écouler , en petite quantité, une résine d’un rouge de sang, de
consistance pâteuse, soluble dans lalcool, et formant une solution chargée et
transparente ; lorsqu'on la chauffe, elle produit une très grande quantité de
térébenthine, mais d’une odeur désagréable. Son feuillage ressemble beaucoup
a celui du Z'axus canadensis ou du Podocarpus taxifolius, mais les feuilles sont
plus larges. Le fruit mür, ou plutôt Ja graine, est de la grosseur d’une muscade,
avec l’albumen très agréablement ruminé, les inflexions de la membrane interne
de couleur brune , pénètrent dans l’albumen qui est blanc, et en atteignent
presque le milieu; cette structure contribue encore à séparer cette plante
des T'axus , et ce caractère (autant que je sache) n’a point encore été observé
dans la famille. La graine est dépourvue de capule charnue (arille) , mais son
enveloppe externe est elle-même charnue ou plutôt coriace, et la recouvre en
entier en laissant une petite perforation au sommet. La graine, dépouillée de
l'enveloppe dont elle est recouverte, ressemble beaucoup au gland du chène,
ainsi qu'au fruit du T'axus nucifera (figure par L. CG. Richard, Mem. Conif.,
t.2), Ilestde beaucoup plus gros que celui de toutes les autres espèces du même
genre. Jai cru un moment que cette dernière plante (originaire dn Japon) pourrait
bien en être voisine; mais en consultant la figure et la description dans l’ou-
yrage cité ci-dessus , je reste convaincu maintenant qu’elle ne peut y être rap-
portée ; lalbamen n’y est point ruminé, et le testa ou exocarpe est incompara-
blement plus mince. Richard, qui cite seulement les graines de cette espèce, dit
qu’elles sont dépourvues d’involucre charnu ou de cupule, et Kæmpfer, par qui
elles ont été décrites également, n’en fait aucune mention. Ceite enveloppe
charnue pourrait avoir été détachée de l'échantillon, ou Kæmpfer peut l'avoir
omise, car, dans le 7°. baccata et le T°. canadensis, elle est très courte et ca-
chée par les écailles de l’involucre. Je possède un échantillon avec des fleurs
mâles en trés bon état, et provenant de ceux distribués par le docteur Wallich,
et dont je suis redevable au docteur Lindley ; mais il se rapporte à plusieurs
égards aux fleurs mâles de l’espèce commune de Taxus.
«Il y a un autre point de structure dans la graine de la plante de la Flo-
ride, dont je n’ai pas encore trouvé d’analogue dans le Zaxus : ce sont deux
sillons longitudinaux à l'intérieur de la coque , s'étendant de Ja base jusque vers
62 c. A. W, ARNOLT. — Sur le genre Torreya.
le sommet, et déclinant lésèrement sur le côté. La portion dépassant le sommet
est perforée et communique obliquement, par le bas, avec une ouverture de la
surface externe de la graine. Un faisceau vasculaire du parenchyme de lexo-
carpe, s'étend sur chacun des côtés de la coque, et paraît envoyer un filet vers
l'ouverture externe ; il passe à travers un canal étroit et s’'émarge à son orifice,
au sommet du sillon interne. Quant à ce canal, je ne puis avec certitude lui as-
signer aucun usage. » R
Comme j'ai fait remarquer plus haut la nécessité de suppri-
mer le genre Torreya de Sprengel, je suis certain que j’exprime
le vœu de tous les botanistes, en appliquant maintenant ce nom
à l'arbre de la Floride dont je vais donner la description.
TorreyAa, Arn.
Frores proici. — Masc. Amentum primum subglobosum,
demum elongatum. Rachis nuda, demum elongata, basi squa-
mis siccis quadrifariam imbricatis bracteata, multiflora. Squamæ
staminiferæ, pedicellatæ, subpeltatæ, dimidiatæ , hinc antheram
4-locularem pendulam gerentes.
Fæm. Amentum ovatum, basi ut in masc. bracteatum, uni-
florum. Discus carnosus hypogynus nullus. Ovulum erectum.
Semen ovatum basi squamis siccis haud grandefactis bractea-
tum, cæiterum nudum, testa crassa extus carnoso-coriacea, intus
fibrosa : tegmen crustaceum, durum. Albumen ruminatum.
Embryÿo subcylindricus, brevis; cotyledones connatæ.
Arbor. Rami potentes ; ramuli distiche furcati. Folia disticha,
linearia, rigida, mucronato-pungentia.
1. T. taxifolia Arn., in Hook. Sc. Plant. v. 3. ined. Taxus
montana, ÂVuit. in Journ. Ac. Sc. Phil. vi. (non Willd.)
Hab. in Florida media, in collibus calcareis secus ripam
orientalem fluminis Appalach , prope confluentes Flint et
Chattahoochie; et ad Flat Creek influentem fl. Appalach ;
etiamque ad Aspalaga copiose.
Arbor mediocris, undique glaberrima. Ram patentes; ramuli distichè fur-
cati, petiolis decurrentibus angulati. Folia approximata, solitaria, disticha,
patentia ad ang. 50-70 grad., brevissimè petiolata, petiolis vix semilineam longis,
crassiuscula , linearia, 10-15 lincas longa , versus apicem curvilineam-acutata,
mucronala , mucrone Jlongiusculo pungenti acutissimo, supra convexiuscula
viridia nitida, subtus pallidiora glaucescentia nervo lato utrinque rubro limitato
—
G. A. W: ARNOLT. — Sur de genre Torreya. 63
Masc. Æmenta axillaria sessilia, subsolitaria, primd globosa , dein ovalia,
demüm elongata linearia. Bracteæ inferiores rhombeo-ovatæ , obtusiusculæ ,
mediæ et superiores latè ovatæ, acuiæ ac sensim majores , omnes quadrifariam
imbricatæ , convexæ, carinaiæ, crassiusculæ, rigidæ, mesophylla carnosula.
Biachis (columna staminum Monadelphorum, Auct.) prima brevis et crassa , vix
bracteis longior, tandem exserta ac eas 4-5-plo-superans, angulata, rufescens,
esquamata, Pedicelli apice squamam antheriferam ( florem singulum ) gerentes in
rachi spiraliter inserti, primüm suberecti, demüm horizontaliter patentes gra-
ciles attamen breves. Squamæ imæqualiter quadrangulatæ , peltatæ , at propè
latus posterius affixæ, dimidiatæ. Æntheræ flavæ , ad latera squamæ anteriora
afixæ pendulæ, quadriloculares, loculis liberis contiguis, prinum inter se
ac pedicello parallelis, intüs dehiscentibus, posteà divergentibus.
Fœm. Amenta axillaria, sessilia , solitaria vel bma. Bracteæ quadrifariam,
arcte imbricatæ ïis maris conformes , interiores majores ovulum unicum junius
ferè omnino involventes. Discus hypogynus vel plane nullus, vel saltem tenuis-
simus et obsoletus, ac nunquäm per ætatem grandefactus vel carnosus,
Fecundatione peracta bracteæ irregulariter imbricatæ evadunt. Tunc etiam
Ovpulum exectum ultra bracteas exsertum; ovatum, acutiusculum, subcompres-
sum (in siccà), cœruleum et valdè glaucum: esta crassa carnoso-coriacea, fibris
albis minutis cylindraceis flexuosis lævibus inarticulatis erectiusculis per carnem
impensis ; Foramen (exostoma Mirb.) majusculum ore inæquali ob iestam apice
hinc in labium brevissimum incumbentem productam. Tesmen testæ conforme
et secundum æiatem plus miusve ea brevius , eaque basi solummodo cohærens;
foramen (ezdostoma Mirb.) minutum. Nucleus ovatus mammillatus, summo apice
depressus et quasi foraminulatus, tegmine ferè dimidio brevior. Semen maturum
nudum, disco carnoso nullo immersum, ad basim squamis feré immutatis hinc
repulsis bracteatum, ovatum vel oboyatum, 11-15 lineas longum, 8-11 crassum,
apice mammillatum et obscurè perloratum. Testa lineam crassa, extùs corru-
gata , internè carnoso-fibrosà et celiulis cylindraceis vacuis plurimis impleta.
Tesmen (seu endocarpium internum auctorum) oblongum, testæ cavum implens
et ea omnino cohærens, apice ostiola conspicuo perforatum, durum, crustaceum,
vix 5 lineam crassum, extüs lævissimum. Nucleus tegmini conformis ,eoque ferè
omnin0 cohærens, apicem versus solummodo liber. Albumen membrana tenui-
fusca tectum, subcartilagineum, album, rimis ac fissuris flexuosis profundis
membrana tegente impletis eleganter ruminatum. Æmbryo in albuminis axi ad
apicem situs, rectus, albumine 5-plo-brevior subcylindraceus , ad basin (coty-
ledonum regionem) brevissime bilobus, apice ad radiculam paulo attenuatuss
Radicula supera cum albumine cohærens. Cotyledones duæ, connatæ, per ger-
minationem discretæ, lineares e basi seminis erumpentes.
Les fleurs femelles sont positivement sessiles, mais le seul
fruit entier que j'ai en ma possession, est muni de bractées
à l'extrémité d’un pédoncule ou d’une tige, à environ un demi-
pouce au-dessous du fruit; ces bractées sont formées par de
64 C. A, W. ARNOLT. = Sur le genre Torreya.
très petites écailles analogues à celles qui entourent l’ovule dans
un âge très peu avancé : cette tige est très probablement un
jeune bourgeon.
Pour les botanistes qui conservent le Taxus dans la mona-
delphie et considèrent la colonne staminifère comme une seule
fleur, ce genre peut encore être placé dans cette classe; mais
examen du rachis ou celui du chaton mâle du Podocarpus,
indique qu’il est composé de plusieurs fleurs.
Je ferai encore une remarque en ce quiregardele Taxus nucti-
fera, c’est que, d’après la lettre que m'a adressée M. le docteur
Torrey, toutes les figures ou descriptions données par les bota-
nistes modernes semblent être empruntées à Kæmpfer (Am., p.
814,t.815)et à Gærtner. L’arille en réseau placé entre la partie
charnue et le noyau ressemble, jusqu’à un certain point, à la
partie fibreuse du testa du Torreya. Gærtner ajoute : « Corticis
baccati figuram et descriptionem a Kæmpfero mutuatus sum :
videant itaque alii num omnino clausus, anne saltem per ma-
turitatem apice obturatus sit? Arillus, quem ad naturam deli-
neavi, nihil aliud esse mihi videtur quam involucri carnosi mem-
brana interna. » Mais,quel que soit le cas relativement à la plante
du Japon, je ne puis y reconnaitre le testa du Zorreya. Gærtner
décrit et figure l’embryon placé à la base de l’albumen, et agit
de même pour le Taxus baccata, ce qui est reconnu inexact.
Le docteur Torrey mentionne les fleurs comme étant semblables
à celles du Taxus nucifera ; mais, comme dans les ééhantillons re-
cueillis dans le Nepal, par le docteur Wallich,et distribués par lui
sous le n° 6054 de son Catalogue, cet éminent botaniste considère
avec beaucoup de doute cette plante comme la même espèce
que celle de Kæmpfer, nous regarderons toujours les caractères
du Taxus nucifera comme très obscurs en ce qui a rapport aux
sexes des fleurs.
PAYEN. — Sur lAmidon. 65
Mémoire sur l’_Amidon , considéré sous les points de vues
anatomique, chimique et physiologique,
Par M. Paye.
( Suite. Voy. page 5.)
ANATOMIE DE L'AMIDON.
Rupture en deux ou plusieurs morceaux, formes et propriétés des fragmens. —
Ouverture du hile jusqu'au centre des grains, etc., vue interne des couches
d’accroissement. — Dissolution de la couche superficielle des fécules. — Exfo-
liation des couches solides qui composent chacun des grains d’amidon.
Nous avons dit que Leeuwenhoeck , observant l’amidon sous
le miscroscope, le vit en grains globuleux irréguliers : après
lavoir fait chauffer au milieu de l’eau , il ne trouva plus que des
pellicules ; ayant d’ailleurs observé ces mêmes pellicules en grand
nombre dans les excrémens des oiseaux nourris avec des fruits
de céréales, iltira de ces faits la conséquence que l’zmidon était
formé d’une enveloppe ou tégument, et d’une matière intérieure
bien différente de celle qui constituait la poche enveloppante,
car celle-ci était insoluble et non assimilable, tandis que la pre-
miere était soluble et nutritive.
On ne pouvait alors, en effet, tirer d'autres conclusions
d'expériences faites avec toute la sagacité du célèbre observa-
teur, et il est permis de croire qu’il eüt été impossible d’aller
plus loin sans le secours d’une étude chimique approfondie,
hérissée de difficultés d'autant plus graves, que des théories
ingénieuses soutenues par de très habiles expérimentateurs
s’interposaient toujours jusqu’au moment où les faits nouveaux
furent assez nombreux pour déborder enfin de toutes parts les
obstacles, et rendre la vérité d’antant plus éclatante qu’elle avait
été plus long-temps obscurcie.
Sans nous arrêter aux hypothèses de M. Luke Howard, qui
. S Q . Ê Ê +
fut conduit, en 1795, à voir dans l’amidon une organisation
X. Poran, — Aoul. 5
66 PAYEN. — Sur | Amidon.
semblable à celle du pollen, nous rappellerons que l'opinion de
Leeuwenhoeck fut confirmée, en 1812, par les observations de
M. Villars, puis par les nombreuses et intéressantes recherches
précitées de M. Raspail, mais les chimistes ne purent admettre
l'extension donnée au fait de Leeuwenhoeck, et qui présenta
comme une véritable gomme la substance intérieure de lamidon.
Plusieurs objections sérieuses et habilement déduites de
bonnes observations, furent présentées 1° en 1826, par M. Ca-
ventou qui, ne reconnaissant pas, à l’aide de l’analyse immé-
diate, plusieurs principes dans lamidon, admit que la matière
soluble devait être un produit d’altération par l’eau et la cha-
leur; 2° par M. Guibourt en 1829, qui, dés-lors, considéra les
deux substances comme différentes, plutôt par leur degré de
cohésion, que par une composition chimique particulière à
chacune d’elles, bien qu’il eût vérifié les observations micros-
copiques publiées alors.
M. Biot s’occupa, dans les premiers jours de 1833, de carac-
tériser par une propriété moléculaire optique la substance in-
terne de l'amidon, que ce savant obtint avec M. Persoz, en la
faisant dissoudre par l'acide sulfurique.
J'ai dit comment je fus conduit, peu de temps après, à re-
chercher le principe actif d’une dissolution analogue de lami-
don , et à découvrir avec M. Persoz la Diastase à laquelle on sait
aujourd'hui que sont dus aussi les phénomènes de liquéfaction
et de saccarification de la fécule, observés et si bien décrits par
M. Dubrunfaut, mais attribués à l'Hordéine, puis au Gluten so-
luble, et plus tard, par M. de Saussure, à la Mucine.
M. Guérin Varry prouva, par une série de recherches pu-
bliées le 1° avril 1833, que la substance intérieure de lamidon
ne pouvait être considérée comme soluble à la manière: de la
gomme, mais il admit un tégument isomérique et un troisième
principe immédiat soluble. Ce fut alors que, dans deux Mé-
moires présentés à l’Académie des Sciences, le 16 septembre et
le 21 octobre 1833, au nom de MM. Payen et Persoz, un srand
nombre d'expériences indiquaient que l’amidon était composé
pour les 995 millièmes de son poids, au moins, d'une seule
substance organique, insoluble directement dans l’eau froide,
PAYEN. «— Sur L’Amidon. 67
caractérisée par la réaction de la Diastase etde l’Tode ; que la même
matière donnait ses caractères spéciaux à tous les produits plus
ou moins solubles ou insolubles de l’amidon, traité par l’eau à
froid ou à chaud, ou par les broyages.
Ces résultats devinrent l’objet d’une controverse assez vive
pour qu’il me parüt convenable de déclarer que privé de la
collaboration de M. Persoz, j'en devais seul assumer toute la
responsabilité.
M. Chevreul n’admit que provisoirement une partie soluble
préexistante, attendant qu’une équation analytique entre les
matières extraites sans altération, décidat si elles devaient être
considérées comme deux espèces distinctes.
J'entrepris alors un travail chimique plus complet, que les
conseils et les observations de MM. Dumas et Chevreul, me fi-
rent étendre aux anaïyses comparées, et à la détérmination du
poids atomique d’un grand nombre de fécules amylacées, de
leurs parties plus ou moins agrégées, de la dextrine produit de
la dissolution ultime ; la conclusion de toutes ces expériences
offrit, avec les résultats des observations optiques de M. Biot,
un accord qui déjà avait soutenu mon courage dans de si
longues et pénibles recherches ; enfin j’eus la vive satisfaction
de voir mes nombreuses analyses confirmées par les commis-
saires de l’Institut, ainsi que leurs conséquences admises géné-
ralement par les chimistes en France (1), MM. Berzélius,
Liebig, etc., à l'étranger.
Ainsi on devait admettre que l’amidon était composé d’une
seule substance, dont les couches superposées oftraient plu-
sieurs degrés d’agrégation et les propriétés principales signalées
au commencement de ce mémoire.
M. Biot arrivait de son côté à faire ressortir de ses observa-
ons, sur la lumière polarisée passant au travers d’un grain de
fécule, la nécessité dans ce grain d’une construction organique
régulière autour d’un axe. Enfin M. Fristche, en Allemagne,
était conduit à des conclusions analogues par suite d’un examen
(1) Voyez le Mémoire Annales de chimie, 1838, et le rapport de MM. Thenard,
Dulong , Dumas et Robiquet, le 26 décembre 1837.
68 PAYEN. —— Sur L’_Æmidon.
microscopique très minutieux, et de figures artistement des-
sinées sous un fort grossissement : il annonçait effectivement
dans son important mémoire déjà cité, la superposition de couches
concentriques dans toute la masse de chaque grain de fécule.
Mais beaucoup d'objections subsistaient encore à cet égard,
on n'avait pas pu juger directement de l’état et des proprié-
tés de la substance interne de l’amidon; ces couches on ne
les avait point vues développées , on ne savait pas s’il était pos-
sible de les désunir, comment elles se formaient et se dissolvaient
dans la végétation, tels furent, après les formes et les dimen-
sions que je viens de décrire , les objets de mes investigations.
Ruptures des fécules elexamen direct de leur substance interne.
Au début de ce travail, je crus devoir m'occuper des moyens
de rompre les grains d’amidon sans altérer leur substance, d’é-
viter même tout broyage ou frottement énergique; je renonçai
aux sections par des lames tranchantes parce qu'elles exigeaient
un scellement préalable avec une matière étrangère.
P’écrasement par une pression graduée me parut de beau-
coup préférable, mais afin de diminuer encore la force à em-
ployer et les altérations que je craignais tant, je recherchai à
quel état et dans quelle plante lamidon offrirait moins de ré-
sistance ; après de nombreuses tentatives qu'il serait trop long
de rapporter ici, je reconnus que les tubercules des pommes-
de-terre volumineuses, et obtenues sous l'influence d’une lon-
gue végétation, contenaient dans certaines parties de leur tissu
la plus grosse fécule, et que les grains de celle-ci résistaient le
moins à la pressiôn.
À tous ces égards la variété dite de Rohan, me parut mériter
la préférence: je trouvai effectivement dans un de ses tubercules
venus à maturité, une fécule dont la plupart des grains étaient
légèrement /élés en étoiles à partir du hile, quelques traces
des fentes se prolongeaient dans l'axe et se ramifiaient des deux
côtés de celui-ci.
En comprimant sans beaucoup de force et sans instrument
particulier entre deux lames de verre cette fécule, j'y rencon-
PAYEN. — Sur l'ÆAmidon. 69
trai ensuite sous le microscope un grand nombre de grains plus
ou moins profondément fendus, étoilés, ou séparés en deux
ou plusieurs fragmens.
La planche 1 montre : 1° les grains tels qu'ils se trouvaient dans les cel-
lules de la pomme-de-terre ; 2° les ruptures opérées par une légère pression ct
3° les fragmens gonflés dans toutes leurs parties internes et externes par une
très faible solution de soude :
De a en a et a”, les figures représentent les grains de fécule extraits d’une
pomme-de-terre de Rohan, parvenue à sa maturité complète. Eu B , on voit
Vun des grains les plus développés ayant une longueur de 180 et 185 millièmes
de millimètre.
C,G,C,C, grains plus largement fendus que les précédens.
D, gros grains plus fendillés encore.
Nota. Toutes les figures suivantes , jusques et comprise la figure J , montrent
des grains de la même fécule rompus à l'aide d’une légère pression.
E,E,E, grains rompus jusqu’au centre.
F,E, face interne de deux grains cassés en deux fragmens, laissant voir
une cavité autour de l’axe.
F’ moitié d’un grain vue latéralement.
G, tronçon d’un grain séparé en trois parties.
G'etG” morceaux laissant voir à nu la substance interne sur deux côtes.
G”, fragment montrant sur quatre de ses faces la substance intérieure
à cassure ragonnée.
H, grain allongé rompu en deux parties très irrégulières qui indiquent
encore un axe correspondant au hile.
Y, E, grains sphéroïdes cassés.
J, grain ellipsoïde rompu en trois suivant des sections partant du centre.
Tous ces grains librement accessibles dans leurs parues internes, ne cèdent
à l’eau froide absolument rien qui puisse être coloré par l’iode.
K, moitié d’un grain commençant à se gonfler par une solution al-
caline.
L,M, menus fragmens ou quartiers de grain gonflés par la même solu-
tion (contevant 0,01 de soude ).
N, grain très irrégulièrement brisé dont toutes les arêtes des fractures
se sont arrondies en se tuméfiant par le même réactif.
O, grains moins brisés, dont le gonflement a ‘effacé lés angles des frac-
tures.
Ces figures dessinées sous le microscope, prouvent que la
70 PAYEN. — Sur l’Armidon.
substance intérieure de la fécule est consistante et insoluble à
froid : elle offre avec différens réactifs, l’eau, l’iode, la diastase,
les acides, etc., les mêmes phénomènes que les parties super-
ficielles et les grains entiers.
Ainsi donc la nature consistante, l’insolubilité dans l’eau
froide de toute la masse interne de l'amidon, ne peuvent plus
être l’objet d’un doute; cette épreuve décisive a d’ailleurs été ré-
pétée un grand nombre de fois sur beaucoup de fécules, nous
nous bornerons à en citer deux exemples encore, un autre se
présentera naturellement plus loin.
Des deux expériences que nous choisirons, l’une est relative
à la fécule du Canna discolor, cette fécule plus souple est plus
difficile à rompre; l’autre se rapporte à l’amidon des pois ( Pi-
sum salivum ); ce dernier dont on voit deux grains rompus
fie. 1,4, 6e "pl4, offre aux réactifs une résistance due à sa plus
forte cohésion, mais qui une fois vaincue laisse manifester tous les
phénomènes caractéristiques de la substance amylacée; résis-
tance assez remarquable et que nous apprécierons plus loin. Il
se rompt ordinairement en deux parties à-peu-près égales, sui-
sant la ligne médiane de dépression qui réduit son épaisseur
et sa force ; les fragmens ne laissent rien dissoudre, ils offrent à
l'intérieur les mêmes propriétés que manifestent toutes les ré-
actions chimiques sur l’amidon intact.
La fécule du Canna discolor fortement comprimée montre
par la forme de ses ruptures, fig. 18, &, b,c, d, pl. 3, et l'exten-
sion de ses grains , qu’elle est assez flexible pour s'étendre très
sensiblement avant de rompre, toutefois ses parties internes
présentent les mêmes propriétés physiques et chimiques que les
parties externes , sauf encore de légères modifications dues aux
différences de cohésion.
Accroissement du hile dans différentes fécules et vue des couches
concentriques internes.
Le hile tres facile à observer sur plusieurs fécules n'est pas
ciscernable aux plus forts grossissemens sur beaucoup d’autres;
fai pensé quil serait intéressant de prouver sa présence même
PAYEN. —- Sur l’Amidon. 71
dans ce dernier cas, et que l’on y parviendrait à l’aide d’une
contraction suffisante, opérée par une forte dessiccation etcapa-
ble de faire ressortir les différences de cohésion.
En effet, les parties le moins fortement agrégées devant étre
plus distendues par l’eau dans l’état normal, devaient récipro-
quement plus diminuer de volume que les autres, offrant d’ail-
leurs moins de résistance, elles devaient céder à elles seules
aux différences du retrait opéré sur toutes les autres parties.
Enfin, le hile me parut devoir être le siège de ces résultats d’une
double contraction, puisque tout me portait à croire que les
parties intérieures dans chaque grain étaient moins agrégées,
seulement parce qu’elles avaient été organisées le plus récem-
ment, qu'en conséquence la matière de chaque couche avait
dû s’introduire par le hile et remplir la cavité; que ses dernières
portions enduisaient les parois de celui-ci; qu’enfin la solubilité
acquise à la substance amylacée par suite d’une température éle-
vée devant être plus grande ; aussi en ce point, l'effet de la dis-
solution pouvait faire apparaitre l’orifice même dans les fécules
trop souples et minces pour que les effets du retrait fussent
visibles.
L'expérience répondit parfaitement à ces prévisions, et _je
suis parvenu ainsi à marquer nettement le hile, en le forçant à
s'ouvrir sur plusieurs fécules jusqu’au centre de leurs grains
sphériques, ou jusqu’à l'axe des grains allongés. On jugera bien
tous les détails de ce curieux phénomène à l'inspection des fig. 8,
pl. 6, qui comprennent les effets de ce genre obtenus sur Pa-
midon de blé, et pl. 4,fig. 2, sur l’amidon de pois, chez lesquels
l'existence d’un hile n'avait pas encore été démontrée.
Par ce procédé on trouve facilement, comme le montrent
aussi les figures de la fécule de pomme-de-terre soumise à ce
traitement, ceux des grains dont la nutrition s’est faite par
deux et même par trois hiles (PI. 2, cases 2, 3, 4). On parvient
encore très facilement, en observant ainsi préparées, les fécules
d'un gros volume, et globuliformes, à discerner dans l’intérieur
de la cavité du hile qui se présente évasée en entonnoir, les
lignes circulaires marquant les bords des couches emboitées.
Parmi toutes les fécules desséchées entre les températures de
72 PAYEN. — ur l’Amidon.
200 à 220 degrés, celle du Canna discolor, dont les grains sont
le plus aplatis, montrait moins son hile qu'avant la dessiccation ;
cela tenait sans doute à ce que ses grains étaient plus minces
et plus diaphanes; supposant toutefois que le point d’inser-
tion du hile devait étre plus attaquable que les autres sur
chaque grain, j’essayai de le faire paraitre en desséchant cette
fécule seulement à 200° afin de la rendre tres avide d’eau sans
quelle füt bien soluble, puis la plongeant dans l’eau froide le
gonflement subit qu’elle éprouva, fit augmenter et paraître
l'ouverture jusque-là inaperçue du hile, au point qu'il eût été
même discernable sous un faible grossissement. Voyez les fi-
gures 19,@,a',b, c, de la planche 3.
J'avais comme on le voit, sur la même planche, fig. 20 , ob-
tenu un effet analogue mais beaucoup moins prononcé, en por-
tant la température de cette fécule seulement à+ 150°.La même
expérience répétée sur la fécule de pomme-de-terre eut pour ré-
sultat de prouver que l'agrandissement du hile , était un effet
mécanique exempt d’altération chimique : en effet cette fécule
ayant été chauffée à 155°, on vit son hile fort agrandi comme
lindiquent les figures a, b, c, d, e de la planche 2, bien que
toute la substance füt restée insoluble dans l’eau; tenue dans
ce liquide, l’ouverture du hile fut peu-à-peu remplie par le gon-
-flement de la substance intérieure, qui fit disparaitre les cercles
des couches concentriques.
La fig. f montre comment le hile encore ouvert, laisse pé-
nétrer plus rapidement une solution alcaline faible qui produit
quelques déchirures, jusqu’à ce que le gonflement plus consi-
dérable indiqué fig. g efface ces déchirures.
Les fig. f’, g font paraître le gonflement comparativement
opéré par la même solution sur un grain de fécule non desséché;
dans ce cas il ne se manifeste aucune déchirure, mais le gon-
flement maxime se présente sous le même aspect dans les deux
essais, comme le montre la figure H.
PAYEN. — Sur L’Amidon. 73
Dissolution partielle de la couche externe des fécules, éxfélidtion
des couches sous-Jacentes.
Les différentes fécules desséchées et rendues en parties solu-
bles par uneélévation de température entre 200 et 220°, ont
éprouvé des modifications physiques légères, qui cependant
m'ont paru suffisantes pour faire ressortir par des caractères
spéciaux et démontrer l’existence des couches superposées, par
conséquent la structure interne des grains.
Déjà nous avons vu que le retrait inégal produit dans les cou-
ches par la dessiccation, fait creuser le hile et apparaître les li-
gnes concentriques intérieures d’accroissement.
Le deuxième effet produit par l'élévation de la température,
consiste dans la dissolubilité que la substanceamylacée acquiert,
mais cette modification physique qui n’altère en rien la com-
position chimique, est variable suivant la cohésion dans les
différentes fécules et dans l’intérieur de chaque grain.
J'ai supposé qu’on pourrait profiter de ces propriétés acquises
pour montrer que la couche externe est de même nature que
les parties internes, et exfolier ces différentes couches ; que pour
atteindre ce but il faudrait 1° opérer une dissolution locale de
la couche enveloppante, à l’aide d’un dissolvant déposé sur
une portion de la superficie de chaque grain ; 2° faire agir ce
liquide successivement sur toutes les parties internes, afin que
les couches les plus résistantes ou seulement hydratables et
extensibles, sans être entièrement dissolubles pussent s’exfolier
et s'étendre ; 3° enfin varier l'énergie dissolvante du liquide em-
ployé pour observer ces effets, même sur les fécules que l’eau
seule dissoudrait trop vite, ou trop complètement. On va voir
comment toutes ces prévisions se sont réalisées.
Le moyen le plus simple que j'aie pu trouver pour déposer
une guttule d’eau sur chacun des grains isolément consiste à
immerger la fécule dans une goutte d’alcool un peu hydraté,
l'alcool s’évipore spontanément plus vite que leau, en sorte
qu’une petite guttule de celle-ci reste sur chaque grain de fécule,
74 PAYEN. — Sur l’ Æmidon.
et l’on peut observer son action, soit directement, soit et mieux
encore en immergeant la fécule dans l’alcool; enfin on peut
augmenter les effets produits soit en réitérant à plusieurs re-
prises l'immersion et l’évaporation, soit en ajoutant une plus
forte proportion d’eau à l'alcool.
Les fig. :,7,4 de la PI. 2 montrent l’effet de cette réaction locale
sur la fécule des pommes de terre chauffée préalablement à
+ 200°, pendant 1/2 heure. On voit que la portion de la superfi-
cie sur laquelle la guttule d’eau s’est concentrée est attaquée et
partiellement dissoute : ainsi la partie la plus extérieure, désa-
grégeable par la chaleur, est alors attaquable par l’eau.
Plusieurs autres fécules subissent de la part de l’eau posée lo-
calement , des influences très analogues; on peut le reconnaître
aussi sur les fig. , m, 7, o, qui montrent les résultats des mêmes
réactions répétées sur des grains de fécule déjà privés, par les
progrès de la végétation des couches extérieures; ces grains
avaient été préalablement chauffés à + 200° ainsi les couches
sous-jacentes montrent encore ici des caractères semblables à
ceux des couches superficielles.
Ces réactions produisent des phénomènes semblables re-
Jativement à la fécule du Cunna discolor (voy. les fig, 23 de la
pl. 3) une légère modification tenant à la plus grande flexibilité
des couches de cette fécule déjà signalée plus haut, explique
la forme sinueuse des bords de la surface attaquée par l’eau ; les
fig. 9 de la pl. 6 montrent les effets de la même expérience sur
lamidon du blé ; les fig. 16 , a, b, sur celle de CoZumbo ; Îles
fig. 6, a, b, de la pl. 4 sur la fécule des bulbes de Lis; enfin les
fig. 4,a,b,c, montrent des effets analogues sur l’amidon des Pois.
Exfoliation artificielle des couches concentriques composant
toutes les fécules.
Nous avons indiqué les causes de cette exfoliation dont nous
présenterons ici des exemples.
La fécule des pommes de terre, sur laquelle nous venons de
faire connaître l’action locale de l’eau, fut immergée sous le
microscope dans l’eau alcoolisée; alors les différens grains sui-
PAYEN. — Sur l’Æmidon. 7
vant leur cohésion, leur âge ou la température toujours un peu
variable à laquelle ils ont été soumis, présentèrent en s’hydra-
tant des ruptures en divers sens, puis l'extension successive et
la séparation sous différentes formes de plusieurs de leurs-cou-
ches concentriques ; les fig. p, g, r, s de la pl. 2 donnent une
idée assez exacte de ces phénomenes.
Des exfoliations bien plus prononcées eurent lieu en opérant
de la même manière sur la fécule chauffée préalablement à 2 10°.
la fig. # de la pl. 2 montre un grain de cette fécule se dissolvant
en partie et s’exfoliant en plusieurs tuniques.
Des enveloppes concentriques plus développées encore sur
les trois grains fig. #, £”, {”, sont rendus très visibles par l’ad-
dition de l’iode. On comprend que dans ce cas les portions qui
présentent le violet le plus foncé sont celles qui ont le plus d’é-
paisseur ou de cohésion : de là vient encore l’aspect de la portion
centrale, sorte de noyau non encore exfolié. ,
PL. 2, fig.u,u’,u",u”, les mêmes effets produits sur la fécule
en partie dissoute par la végétation, prouvent encore que les
couches sous-jacentes se peuvent développer et exfolier comme
les plus externes.
PI. 5, fig. 3,'a, b, on voit les phénomènes semblables opérés
sur la fécule de colombo.
Quant aux grains de la fécule du Pisum sativum, sa confor-
mation déprimée explique la particularité remarquabie de son
exfoliation en quelques feuillets se développant comme une carte
repliée sur elle-même; pour exfolier cette fécule douée de plus de
consistance et de cohésion que les autres, il a fallu comme pour
faire prononcer son hile, porter préalablement la température
à + 220°. (Voy. fig. 2, pl. 4.)
Aucune fécule ne laisse mieux voir les exfoliations succes-
sives des couches où tuniques que celles des Rhizômes du
Canna discolor.
Les fig. 2, c, d,de la pl. 5, montrent clairement ces exfoliations
rendues si évidentes par l'iode qu'il serait inutile de les expli-
quer autrement, nous ajouterons seulement ici que les sortes
de capsules exfoliées fig. d proviennent en général des grains le
plus allongés; qu'en comprimant et faisait un peu glisser entre
76 PAYEN. — Sur l Amidon.
les lames de verre les grains ainsi préparés , on parvient aisé-
ment à séparer sur tous les points adhérens les capsules les unes
des autres.
Le chapitre suivant montrera comment une foule de réactions
chimiques , qui ont fait deviner la structure intime de l’amidon,
dérivent elles-mêmes directement de cette structure et des pro-
priétés de la substance amylacée ; on reconnaitra, en outre,
conrbien les mêmes données sont indispensables à l'étude phy-
siologique des fécules : enfin nous y retrouverons une cause de
l'exfoliation spontanée de l’amidon durant la végétation des
plantes ; nous montrerons ses effets dans la 3° section de ce mé-
moire.
DEUXIÈME SECTION. — EXAMEN CHIMIQUE DE L'AMIDON.
Hydratation , différens termes de dessiccation , effets de la température, solubi-
lité graduée suivant la cohésion, transformation en dextrine ; fusibilité de
lamidon ; action simultanée de l’eau et de la température : 1° sur les parties
plus ou moins agrégées de l’amidon à l’état normal; 2° sur differentes fe-
cules sèches ou hydratées ; 3° au-dessous et au-dessus de zéro ; gonflement
par les solutions alcalines ; théorie de l’empois; action de Fiode, des acides,
des bases, des sels, de la diastase ; principaux phénomènes d’extensibilite et
de contractilité de lamidon combiné avec l'iode ; poids spécifique, composi-
tion élémentaire ct poids atomique de lamidon et de la dextrine.
Hydratalion et différers termes de dessiccation.
Les petits corps granuleux, composés de couches solides
concentriquement disposées qui constituent les fécutes amyla-
cées de toutes les plantes, sont doués d’un pouvoir hygro-
scopique très remarquable; remarquable surtout en ce qu'il
se manifeste à des termes fixes, suivant des relations simples
entre l'atome d’amidon et le nombre d’atomes d’eau : il cède
d'autant plus facilement à l’action hygrométrique des corps
voisins 10, 4 et 2 atomes d’eau qu'il en contient davantage ;
cufin le dernier âtome constituant une véritable combinaison
PAYEN. «— Sur L’Amidon. 77
intime, ne peut être enlevé sans qu'on y substitue un atome
d’une base plus énergique.
Ainsi, l’amidon avec l’eau nous offre une première série d’hy-
dratations faciles à défaire et à reproduire un grand nombre de
fois, sans altérer en rien ses qualités organiques, pourvu qu’on
élimine avec soin certaines autres influences, ou que du moins
on abrège la durée du contact.
Nous verrons plus loin qu’on peut engager l’amidon dans des
combinaisons bien plus fortes, sans détruire cette organisation
spéciale que nous ferons bientôt ressortir par divers phèno-
mènes curieux.
Quelques faits vont éclaircir ces assertions.
Au moment où l’on vient d’extraire et de purifier par d’abon-
dans lavages la fécule de pommes de terre, si on la met égout-
ter en petits blocs sur une substance capable d’absorber méca-
niquement presque toute l’eau interposée, par exemple, sur une
dalle en plâtre, au bout de vingt-quatre à trente-six heures l’eau
interposée sera passée dans la dalle ou exhalée dans Pair, et la
fécule ne céderait plus rien à une pression mécanique.
Si alors on en fait dessécher une quantité connue, on verra
qu’elle peut perdre 6,4523 de son poids, ce qui correspond à
15 atomes d’eau pour 1 atome de fécule sèche (ou :: 1687 :2042).
Un deuxième terme d'hydratation se produit lorsque, prenant
un poids donné de fécule sèche, on l’expose à + 20° centési-
maux, dans un air presque saturé d'humidité pendant quatre
à dix jours.
Alors cette substance offre un aspect et des caractères phy-
siques tout particuliers : sa blancheur éclatante a quelque chose
du reflet de la neige, ses grains ont une propension telle à l’ad-
hérence qu'ils se tiennent en une masse sensiblement plastique,
lors mème que lon en forme, par une légère pression, une
lame posée verticalement, ayant moins d’un millimètre d’épais-
seur pour 10 à 15 de hauteur; une plaque semblable ou plus
épaisse, mise entre deux feuillets de papier léger, prend et
garde les empreintes d'un cachet fortement appuyé, sans com-
muniquer au papier la moindre trace d’eau; enfin, secoué sur
un -tamis fin, cette fécule refuse d’y passer; jetée par flocons
78 PAYEN. — Sur l’Amidon.
sur une plaque métallique, chauffée à + ro0°, ses grains se
soudent à Pinstant.
Lorsque après 46 heures d'exposition sous une cloche, entre
plusieurs vases remplis d’eau, elle cessait d'augmenter de poids,
pesée à diverses reprises 12’, 2/ et 48 heures plus tard, elle
contenait 0,329 d’eau , proportion équivalant à 10 atomes au-
delà de l’atome le plus fortement combiné.
Pour apprécier laugmentation de volume, opéré par ce
terme d'hydratation, on expose aux mêmes influences de lhu-
midité 17 centimètres cubes de fécule, préalablement desséchée
au maximum, mesurés ensuite après l’absorption des 10 atomes
d’eau; et en effectuant, dans les deux cas, le plus fort tasse-
ment possible , on reconnut que le volume était porté à 25,5°:
l'augmentation était donc d'environ 5o pour 100 parties; l’ad-
dition d’un excès d’eau n’y change rien.
Deux autres degrés d'hydratation qui se représentent cons-
tamment sont ceux que la fécule conserve à l’air dans les lo-
caux situés au premier étage et dans les magasins secs. Dans
ce premier cas, on reconnait par la dessiccation que la fécule
contient généralement 0,16 d’eau, proportion qui correspond
à {atomes au-delà de l'atome indispensable à la constitution
de la fécule libre.
En cet état, la fécule, quoique pulvérulente, offre encore un
degré sensible d’adhérence entre ses grains , lorsqu'on la presse
entre les doigts ellg fait éprouver à la peau une légère sensation
de fraicheur; jetée sur une plaque chauffée à 100° elle se des-
sèche sans s’igglomérer.
On arrive facilement à constater ce terme d’hydratation en
abandonnant la fécule pendant ro, 15, 30 jours à l’air ; la tem-
pérature moyenne étant de 16 à 20°, et l’hygromètre marquant
50° à 65° ;alors, si l’on expose peu-à-peu la matière pendant 36
heures dans le vide sec à + 20°,on parvient à lui enlever deux
atomes d’eau; cette proportion est engagée avec une force très
notable, et ne s'exhale que par saccades : en effet, après avoir
maintenu le vide à 1 centimètre près, durant plusieurs heures,
si on le pousse à un millimètre et qu’on l'y soutienne, le déga-
gement de la vapeur d’eau devient tumultueux et projette la
PAYEN. — Sur l’Amidon. 79
substance jusqu’à dix centimètres de hauteur. L'opération pour-
rait même être compromise par cet accident, si l'on n'avait le
soin de garnir le tube d’un double tissu de soie très fin, et
d'opérer très lentement cette dessiccation. On élimine ensuite,
comme nous allons le voir, deux autres atomes d’eau qui com-
plètent 0,18 d’eau; dans les mêmes circonstances, une demi-
feuille d’un papier à filtrer, dit de Berzélius, venant de Suède,
et considéré comme du ligneux pur, contenait 276 milligrammes
d’eau sur 4200 milligrammes, ce qui correspond à 2,76 pour 100,
c’est-à-dire moins que la sixième partie de la proportion rete-
nue par l’amidon.
La fécule ainsi gardée dans le vide sec à la température de 16
à 20° centésimaux, retient 0,009, ce qui correspond à 2 atomes
d’eau pour un atome d’amidon (ou :: 225 : 2042).
La fécule alors est coulante entre les doigts, n’occasionne
aucune sensation appréciable de secheresse ni d'humidité; com-
primée elle ne contracte aucune adñérence sensible; on la ta-
mise facilement sans qu'il s'en émane beaucoup de poussière.
Il ne faut pas moins qu’une dessiccation soutenue pendant
plusieurs heures dans le vide sec à + 100 ou 125 pour réduire
la proportion d’eau à 1 atome, qui représente l’eau de combi-
naison intime.
Alors, refroidie, la fécule se montre sous la forme d’une pou-
dre extrêmement mobile , ne pouvant être tamisée sans répan-
dre des nuages de poussière; elle fait éprouver à la peau un
sentiment de sécheresse, de chaleur et de constriction; exposée
en couches minces, à l’air ordinaire d’un appartement, elle
absorbe rapidement de l’humidité, et bientôt son poids est
augmenté de plus d’un cinquième.
L’élimination des deux derniers atomes d’eau, séparables
ainsi, a présenté encore les signes non équivoques d’une force
très notable, vaincue; car, au moment où la température du
bain étant à + 100°, on réduisit la pression à un millimètre;
l’émanation, brusquement opérée , projeta la substance contre
les parois du tube, et, jusques à plusieurs centimètres de hau-
teur, bien que l’on eüt agi, comme dans les essais précédens,
sur moins d'un gramme.
60 PAYEN. — Sur l’Amidon.
Dans la panification, la fécule hydratée à chaud par une tero-
pérature de 100° que l’intérieur des pains acquiert, reste solide,
souple, la pression n’en peut extraire d’eau; elle contient alors
0,468 à 0,469 d’eau, proportion qui représenterait 16 équiva-
lens.
Voici donc, en les récapitulant , les formules des principaux
termes d’hydratation de la fécule , que les moyennes d’un grand
nombre d'expériences nous ont appris avoir une stabilité très
notable, bien que leurs mélanges pussent introduire des termes
intermédiaires.
TamLeAU des relations principales entre l’amidon et l'eau dans
des circonstances déterminées. (1)
Amidon|Amidon. |
# ?
ÉTAT DE LAMIDON. FORMULES. sec. |anhydre
1° Anhydre (combiné)... C24 H1809..........| 1930 105,8| 100
2° Séché de 100° à 1400,
vide sec(2)..........] (H20O, C24 H1? O9) ........| 2042 100 |94,5
3° Séché à 20°, vide sec. .| (H20, C24H' 809) + 2H20.| 2267 90,08| 85
4° A V'air t— 20°, hy. 0,6.| (H20,C24H18 09) 4H2 O. | 2492 82. |77,40
Bi -Td: id. 5
d'humidité 3167 | 55,5 | 64,50| 60,94|f
6° Égoutté le plus possible.| » » — 15H20. | 3529 | 45,33| 54,67| 51,67 ë
Sous tous ces états, excepté le dernier peut-être, l’amidon
solide ne présente aucune quantité d’eau libre.
(x) Le dernier terme le plus élevé de cette hydratation n’est, peut-être, que le résultat de
l'interposition entre les particules amylacées ; les autres. prouvent la perméabilité notable des
grains d'amidon. Il se pourrait qu’ils représentassent des combinaisons analogues à celles qui
constituent les hyärates multiples de l’acide sulfurique; du moins, tous les essais coïncident
si bien avec les nombres équivalens qu'on serait porté à le croire.
(2) C'est-à-dire, autant que cela est possible, sans l’altérer ou sans le combiner à une base.
Nous verrons plusieurs de ces termes se reproduire à l’égard de la dextrine, Toutes ces expé-
riences ont été faites sur la fécule de pomme de terre,
< ; PAYEN. — Sur l’Ammidon. 81
La fécule de pomme de terre, dite sèche commercialement,
correspond au n° 4; elle renferme 18 centièmes d’eau.
La fécule, vendue humide, correspond au n° 6; elle contient
45,33 d'eau pour, ou les deux tiers de son poids de la fécule
appelée sèche.
Sous les quatre premiers états, la fécule reste en poudre fa.
cile à tamiser. Cependant elle offre des différences facilement
appréciables aufact; rien n’est changé dans ses formes sous le
microscope, seulement le volume de ses grains augmente avec
l’hydratation. Nous reviendrons plus loin sur des applications
théoriques et pratiques de ces états particuliers d’hydratation.
Cette faculté absorbante très remarquable rapproche encore
lamidon de plusieurs substances organisées , tandis qu’elle l’é-
loigne beaucoup d’än grand nombre de matières compactes
imorganiques où désorganisées, telles que les métaux, le ue
le sulfate de baryte et beaucoup de sels insolubles, le sable,
houille, l’anthracite, etc., qui, bien que Suite tén tue HAE
à peine retenir quelques centièmes d’eau, sans que leur super-
ficie soit évidemment mouillée.
Byfets de la température sur l'amidon et sur différentes
fécules.
Nous avons examiné, dans la première section, comment on
parvient, sous le microscope, à mettre en évidence la structure
intime des fécules, en faisant éprouver des retraits variés aux
couches plus où moins compactes de chaque grain, facilitant
ainsi leur hydratation, leur exfoliation et même leur dissolubi-
lité ; nous allons maintenant démontrer par des faits chimiques
en quoi consistent ces réactions, que nous appliquerons encore
dans la dernière partie de ce mémoire.
Toutes les fécules chauffées uniformément à + 150°, pendant
une heure, amenées à ne plus contenir qu’un atome d’eau, sont
devenues beaucoup plus aptes à s’hydrater, même après le re-
froidissement, cela arrive surtout à celles dont le retrait a ou-
vert le hile ; mais dans ce cas-là l’eau qui s'introduit dans leur
intérieur resté même accessible ultérieurement, ne parvient
X. Bora. — Aout. 6
9 PAYEN. — Sur d’'Ammidon.
pas à troubler l’organisation, à les désagréger, et rien ne se
dissout. (Voy. les fig. a, b, c, d,e de la pl. 1.)
Solubilité graduée des fécules suivant leur cohésion; premier
mode de transformation en dextrine.
Une températuiïe entre 200 et 220°, soutenue et bien égale-
ment répartie, telle qu'on peut aisément l'obtenir en plaçant un
gramme de la matière dans un tube étroit plongé dans un bain
d'huile, suffit, pour désagréger toutes les fécules depuis celle
des trés jeunes tubercules de pommes de terre et des panais,
qui résistent peu, jusqu'à l’'amidon des pois presque mürs, qui
résistent beaucoup plus.
Ces changemens peuvent être tellement favorisés par un
certain état d'hydratation de la fécule, à l'instant où la réaction
s'opère, qu’on parvient à les déterminer en élevant de 40° moins
la température; c'est qu'alors le contact, mieux établi, facilite
la contraction, et un commencement de fusion qui défait l’or-
ganisation graduellement dans toutes les parties.
Ainsi, la fécule ayant été, comme nous venons de le voir, peu-
à-peu déshydratée préalablement par une température soutenue
à 100° et même 125 dans le vide sec, à 160° on n’aura sensible-
ment ercore changé ni son aspect ni son insolubilité (après le
refroidissement à l'air ). Si l’on continue à la chauffer jusques à
200°, et que l'on soutienne à ce terme pendant une demi-
heure, l’on ne verra aucun dégagement sensible se manifester;
la substance, en cffet, n'aura perdu de son poids qu’une quan-
tité insignifiante; sa couleur se sera très faiblement ambrée;
cependant un commencement d'agglomération entre les grains
aura eu lieu, et la plus grande partie sera devenue soluble dans
l'eau froide.
Ces derniers phénomènes pourront être produits par une
température de 40° au-dessous (c'est-ï-dire à 160°}, à la seule
condition de porter immédiatement, à ce terme, la température
de la fécule contenant 4 atomes d’eau.
Si l'on opère de même, sur la fécuie hydratée, à ro atomes
d’eau, elle se colorera un peu plus, et sera agelomérée en une
PAYEN. — Sur d’Amidon. 83
masse demi fondue, plus complètement soluble. Nous allons
faire connaître un moyen d'augmenter cet effet en facilitant
plus encore le rapprochement des particules.
Liquéfaction de la fecule à + 200°.
Au lieu de porter brusquement la température au terme
voulu, on facilitera plus encore les réactions précitées en em-
péchant la volatilisation de l’eau d'hydratation.
À cet effet, on place dans un tube en verre épais 10 grammes
de fécule séchée à l’air; on ferme très exactement à bouchon
forcé, et l’on introduit le tout dans un double tube en cuivre
dont le couvercle à clavette appuie le bouchon du tube interne.
On plonge à demi dans un bain d’huile réglé à + 200°, puis
on laisse une demi-heure à une heure en s’éloignant de crainte
d'explosion; au bout de ce temps on trouve dans le tube en
verre une masse homogène et diaphane qui évidemment a subi
une fusion complète. Le même effet a lieu en chauffant brus-
quement dans l’air entre 205 et 2#5, sans laisser la fécule se
déshydrater, mais la substance fondue est plus colorée et plus
altérée que dans le vase clos. :
L'effet principal des réactions qui précèdent est le même sur
toutes les fécules , il est d'autant plus complet et plus prompt
aussi que la substance est plus pure et les grains plus jeunes;
les parties le moins agrégées deviennent d’abord solubles , tandis
que les autres restent insolubles, puis peu-à-peu la désagrégation
faisant des progrès, tout devient dissoluble à de légères traces
près , retenues par quelques corps étrangers indiqués plus loin.
*Les parties le plus fortement agrégées, dont les proportions
varient dans la même fécule et dans les fécules différentes , ces
parties, pour devenir solubles, passent par les mêmes phases
de désagrégation que les premières attaquées, et donnent suc-
cessivement avec l’eau l’iode, la température, les acides, les sels
neutres, les bases, absolument les mêmes phénomènes que nous
exposerons ci-après; puis enfin les z2axiüma de solubilité à
froid obtenus ainsi, produisent la dextrine qui diffère d’autant
plus par ses propriétés physiques que plus complètement dés-
6,
84 PAŸEN. — Sur l,4midon.
agrégée et soluble, on la compare avec: une fécuie plus forte:
ment organisée, douée de plus de cohésion.
La dextrine ne préexiste donc point telle dans un grain d’a-
midon intact, mais tous les agens si divers de désagrégation
tendent à la produire. Ce nom lui convient d'autant mieux qu'il
n'indique pas cette préexistence, et peut s'appliquer au même
corps venu d’une origine différente. (1)
Nous déontrérons que ces propriétés divergentes entre. la
dextrine et l’amidon si importantes à considérer, tiennent au
groupement des particules. Examinons maintenant les effets
combinés de l’eau et de la température, puis nous .exposerons
les réactions de l’iode et,des autres corps sur l’amidon.
Action simultanée de l'eau et de la température.
Nous venons de voir qu’en augmentant par une dessiccation
portée près de sa limite l’avidité de l’amidon pour l’eau, comme
on l'aurait pu faire relativement à de l'argile, du plâtre, de 1a
craie, et pour divers autres corps insolubles Lydratables, on
parvient à gonfler, rompre et désagréger une partie des grains.
de fécule dans l’eau, par une température de + 4o°.
Mais il en est autrement lorsque, mettant d’abord à froid
l’eau en contact avec l’amidon, on élève peu-à-peu la tempé-
rature du liquide.
Afin de préciser l'étude de cette don nous l'appliquerons.
à la fécule extraite de toute la masse tuberculeuse des pommes
de terre, et nous ferons voir qu'elle varie suivant l’âge de: cette
fécule.
Si l’on prend, par exemple, 1 gramme de fécule, qu'on le dé-
laie dans 15 grammes d’eau, que l’on élève graduellement la
température en agitant sans cesse, aucun changement ne se
manifestera jusqu'à ce que le mélange soit parvenu entre le 55
et 56” degré centésimal : alors même le plus grand nombre des
grains n'auront éprouvé aucun changement appréciable, mais
les grains très jeunes doués d'une plus faible cohésion, auront
(1) Au tissu végétal, par exemple, désagrégé et dissous à l’aide de l'acide sulfurique à froid.
:
PAYEN. — Qur l’4midon. 85
absorbé plus d’eau, le gonflement des parties internes en aura
fait entr’ouvrir quelques-uns, et une trés petite quantité de sub-
stance plus gonflée se sera répandue et désagrégée dans le
liquide, on reconnaitra ces phénomènes soit an microscope,
soit à l’aide de liode, soit enfin en observant l'augmentation du
volume de la fécuie déposée.
Si l’on élève la température peu-à-peu davantage, les mêmes
effets produits sur un plus grand nombre de grains deviendront
de plus en plus sensibles; mais au 60° degré beaucoup encore
w’auront point atteint leur gonflement ultime, ni laissé répandre
leur substance dans l’eau.
La consistance d’empois ne se prononcera guêre avant que
la température se soit élevée à 72°, mais elle augmentera encore
d’une manière notable jusqu’au 100° degré (en supposant même
la quantité d'eau maintenue constante, soit en faisant retomber
dans la masse le produit de la condensation, soit en compensant
par une addition d’eau l'effet de l'évaporation). Alors les grains
de fécule seront gonflés au point d'occuper tout le volume du
mélange; its seront d'autant plus pressés les’ uns contre les
autres que leur tendance à un plus fort sonflement maintiendra
leur force élastique, celle-ci sera vaincue seulement par le dé-
faut d'espace, c’est-à dire d’un volume de liquide suffisant.
Extension libre et graduée de l'umidon par l'eau et la tempé-
rature.
Ayant délayé 1 gramme de fécule sèche dans 25 centimètres
cubes d’eau bouillie refroidie à + 5o° et porté le mélange en
lagitant à 54° du bout de cinq minutes, l'iode ni le oo
ne signalaient aucun changement. On porta alors de 56 à 57° la
température, qui fut soutenue pendant quinze minutes. On oh-
serva après le refroidissement à +: 20°, durant un repos de
a heures que le volume du dépôt, primitivement égal à
‘90, était porté à 2 cent. c., dont 0,45 de dépôt léger. L'iode
en ire excès dans le liquide surnageant, devint bleu translu-
cide à 5 centimètres d'épaisseur.
En Opérant de même et soutenant quinze minutes la tempé-
+
©
86 PAYEN. — Sur L’ Amidon.
rature à Go’, le volume du dépôt devint égal à 3,75 centim. c.
dont 2,25 de dépôt léger. Le liquide limpide prit, avec l’iode,
une couleur bleue foncée opaque à 1°,4.
Dans les mêmes circonstances, la température de 65 degrés
avait augmenté le volume du dépôt jusqu’à 11 cent. cubes dont
10 de dépôt léger; le liquide clair devenait bleu intense par .
l'iode et opaque à 0°,6 d’épaisseur.
Pour 70 à 72°, on eut un dépôt entièrement léger, demi
transparent, de 21 cent. cubes, sans dépôt lourd opaque; le
liquide surnageant prenait avec l'iode uue forte coloration et
une opacité complete à 0”, 4 d'épaisseur.
L'expérience fut encore faite à 95° : le mélange contenu dansle
inême tube , refroidi et maintenu durant dix heures à la tempé-
rature de 20° à 15°, sans rien laisser déposer, avait acquis une
légère con itance d'empois.
Dans tous ces essais, le volume du liquide avait été ramené
au volume total primitif.
Sous le microscope, le gonflement de toute la masse des
grains les montrait sous les formes indiquées fig. H, pLI .
et fig. a, pl. b, occupait successivement les volumes intermé-
diaires, entre celui de leur état normal et le gonflement maxime
dù à latempérature de 100+. Par le refroidissement on les voyait
se contracter et former des plis ; à 6o°, la substance interne gon-
flée faisait hernie au dehors de re grains.
Rupture et dissolubilité à froid.
On peut cependant faire rompre les grains les moivs résistans
des fécules desséchées préalablement à -+ 140° dans le vide,
en laissant leur température s’abaisser seulement à + 40° cen-
tésimaux, puis les jetant dans de l’eau non aérée également
à + 40°. Alors, suivant l’âge ou l’organisation plus ou moins
serrée des grains, l’eau pénètre dans quelques-uns avec assez de
force et de rapidité pour les gonfler, opérer des déchirures
visibles au microscope, et désagréger les parties le plus divisées,
qui, se répandant alors dans le liquide, y peuvent être décelées
par l’iode; d’autres réactifs démontrent leur contractilité. Nous
PAYEN. — Sur Ll’Amidon. 87
verrons qu’en augmentant l'énergie des mêmes moyens, on
pousse plus loin cette désagrégation, qui atteint par degrés les
couches plus anciennes et le plus fortement agrégées de tous
les grains d’amidon.
Contraction de l’amidon hydraté, par le refroidissement.
24 > P
En réfléchissant à l’extensibilité remarquable de l’amidon hy-
draté, sous l’influence de la chaleur, je fus conduit à penser
qu’un effet inverse serait produit par l’abaissement de la tem-
pérature.
Plusieurs expériences curieuses ont justifié cette hypothése ;
ainsi l’'amidon délayé et chauffé dans 5o à ro0 fois son poids
d’eau, à des températures variées, entre 70 et 100’, puis jeté sur
un filtre, laissa couler des liquides diaphanes, incolores, qui,
soumis à la température de — 10°, puis dégelés, offrirent une
grande partie de la substance contractée, apparaissant en flo-
cons volumineux avec ses propriétés caractéristiques. Le magma
resté sur le filtre, complètement égoutté, puis soumis à la con-
gélation, fut tellement contracté, qu’apres le dégel il s’en sépara
spontanément une eau limpide abondante.
Le même effet de contraction opéré sur l’empois en la con-
gélation, permet d’en éliminer l’eau qui exsude facilement après
le dégel comme d’une matière spongieuse, sous une faible pres-
sion ; il peut donner une sorte de cartonnage moulé, blanc,
opaque, en le laissant égoutter et sécher à l'air.
Séparation entre l'amidon et l'eau, par un simple rapproche-
ment dans le vide à froid.
Des évaporations dans le vide et des contractions alternati-
ves par congélation, séparent en définitive complètement Pa-
midon de o à 200 fois son volume d’eau, dans laquelle on
l'avait distendu ou dissous, par une élévation de température
à +70 ou go°. Ainsi, par exemple, un gramme de fécule rapide-
ment porté à 70° dans bo grammes d’eau, puis refroidi et con-
gelé, laissa sortir en dégelant un liquide clair, dont 25 centim.
cubes furent rapprochés à o dans le vide; le résidu, délayé sans
38 PAYEN. — Sur l’Amidon.
frottement avec 4 grammes d’eau à + 10°; contenait des flocons
que l’on sépara, le liquide clair qui en fut extrait, rapproché
encore à siccité dans le vide et délayé, offrit quelques flocons
que la congélation resserra, et qui, séparés du liquide, avaient
toutes les propriétés de l’amidon; quant au liquide, il ne con-
tenait plus que des traces impondérables d’amidon; rapproché
à sec et délayé, il laissa voir quelques parcelles floconneuses à
peine perceptibles et bleuissant par l'iode, mais impondé.
rables.
Séparation de lamidon dissous dans l'eau, en filtrant celle-ci
au travers des tissus des végétaux.
Si l’amidon!, même très étendu dans l’eau, conservait entre
ses particules de telles relations, que des agens peu énergiques,
ou même un simple abaissement de température, fissent con-
iracter celles-ci et les agrégeassent entre elles, un filtre consi-
dérablement plus fin que tous ceux de nos laboratoires pouvait
aussi déterminer leur agglomération et les arrêter au passage.
J'ai cherché ce filtre dans les spongioles des radicelles des
plantes ; l'expérience réussit sans difficulté en opérant ainsi: le
liquide diaphane. et refroidi d’une partie d’amidon chauffé à
100° dans 100 parties d’eau, fut réparti entre deux éprouvettes;
dans l'une on implanta les radicelles d’un bulbe de jacinthe, et
l'on vit, au bout de vingt heures, de légers flocons d’amidon se
séparer, tandis que dans l’autre éprouvette la limpidité n'avait
pas été troublée.
La précipitation augmente graduellement autour des radi-
celles. Si l'on plonge ensuite celles-ci dans l’eau pure, puis dans
une solution aqueuse d’iode, on voit les flocons se détacher en
uné belle nuance bleue sur le fond jaunâtre des radicelles. Un
frottement léger enlève toute la surface bleuie; alors les sec-
tions dans l'axe ou perpendiculaires à l'axe des radicelles, sont
complètement exemptes de substance bleuissable , l’'amidon
n’a donc pu pénétrer dans le tissu ; la superficie de lépi-
dériné au bout des spongioles a seule retenu une très légère
couche amylacée adhérente : c’est un effet de la succion plus
PAYEN. — Sur l'Amidon: 89
forte en ce point; toutefois, le tissu sous-jacent n’a été pénétré
que par l'eau éliminée pure des flocons amylacés.
Ce mode d’expérimentation varié dans ses circonstances, et
répété en employant les radicelles de plusieurs autres plantes,
donna lieu aux mêmes phénomenes. Si, par exemple, on im-
plante des radicelles dans un empois refroidi de 25 parties d’eau
pour une de fécule, elles ne puisent encore que de l’eau exempte
d’amidon.
Gonflement énorme de l’amidon par la pénétration à;froid d’une
eau faiblement alcalisée.
Une expérience curieuse laisse distinctement apercevoir l’ef-
fet de l'extensibilité remarquable de l’amidon.
On alcalise faiblement de l’eau, par exemple, en y dissolvant
0,02 de son, volume d’une solution de soude à 35°; puis on y
projette, sous le microscope, des grains d’amidon, et lon voit
ceux-ci se gonfler considérablement, se dérider, puis s'étendre
beaucoup, et assez irrégulièrement pour former plusieurs plis
allongés. Les fig. f”, g, H de la planche 1“ montrent ce phéno-
mène graduellement opéré.
Mesure du gonflement de l’amidon.
En comparant les grains d’amidon avant et après leur gon-
flement par l’eau alcalisée, on vit que la surface de leur pro-
jection horizontale était augmentée dans le rapport de 1 à 30;
ils avaient d’ailleurs, tout en se gonflant, subi une dépression
difficile à mesurer, mais dont nous avions tenu compte en
portant l'augmentation totale à 75 ou 8o fois le volume pri-
mitif.
Deux expériences nous ont paru propres à vérifier approxi-
mativement ces mesures : l’une consistait à délayer de l’amidon
à froid dans un volume d’eau alcalisée, moindre que celui qu’on
lui supposait pouvoir acquérir, et dans ce cas ses grains gonflés
les uns sur les autres devaient occuper le volume total, retenus
même dans leur gonflement par le manque-de liquide, et main-
tenus adhérons par la portion de leur substance qui, plus fai-
90 PAYEN. — Sur l’Æmidon.
blement et plus récemment organisée, s’est désagrégée, puis
interposée entre les grains.
L'autre tenait à l'emploi d’un excès de liquide, qui permit à
tous les grains de prendre leur maximum de développement,
puis de se précipiter ensuite, en se reposant les uns sur les
autres. &
Les faits suivans confirmérent ces prévisions. 1° L'on agita
pendant deux minutes l’amidon à froid avec 5o fois son poids
d’eau , contenant 0,02 de solution de soude à 36°, ce qui cor-
respond à moins de o,o1 de soude pure. Les grains gonflés
occupèrent effectivement toute la masse, et le liquide ne sur-
nageait pas, même au bout de vingt-quatre heures. 2° La même
expérience fut répétée en employant 150 parties d’eau alcali-
sée pour une d’amidon. Les grains gonflés commencèrent en
moins d’une minute à se déposer, etau bout de douze heures
comme après vingt-quatre heures, surnagés par un liquide dia-
phane, ils occupaient un volume de 72,6; leur premier volume
observé au bout de vingt-quatre heures, dans l’eau pure, avant
le gonflement, étant à. (1)
Plus fort gonflement opéré par un effet d’endosmose.
Si les grains plissés n’avaient pas éprouvé de déchirures, et
si les grains déchirés avaient conservé dans leurs parties in-
ternes la propriété spongieuse , un nouveau gonflement devait
déplisser les premiers et augmenter le volume de tous. J’essayai
d'obtenir ces effets, et j'y parvins à l’aide d’un phénomène d’en-
dosmose que produisit une addition d’eau pure.
Ainsi, en ajoutant de l’eau au mélange de la première expé-
rience, 100 fois le poids de l’amidon, agitant et examinant sous
le microscope, on obtint le déplissement de la plupart des
grains et l'augmentation du volume de tous; celle-ci fut d’ail-
leurs manifeste au bout de douze heures, car alors la masse des
grains d’'amidon occupait, sous le liquide diaphane surnageant,
96 fois le volume primitif de l’'amidon employé.
(1) x gramme de fécule non déformée occupe dans l'eau pure à + 10° le volume de
r. cent. cub, 55 avec l’eau interposée.
PAYEN. — Sur L’'Amidon. 91
or ou perméabilité differente dans les amidons de
différens âges.
Il me sembla que l’on pourrait entiere à l’aide de la réaction
des solutions alcalines faibles , si l’amidon est doué de degrés
différens de cohésion, suivant son âge. À cet effet, de très pe-
tits tubercules de pommes de terre, n'ayant encore que trois à
quatre millimètres de diamètre, furent écrasés entre les doigts
dans l’eau; l’amidon trés fin qui en sortit fut lentement déposé.
Quelques grains mis en contact, sur le porte-objet du micro-
scope, avec une solution de soude à 36”, étendue de 100 fois
son volume d’eau, se gonflèrent considérablement. Plusieurs
d’entre eux, irrégulièrement allongés, formèrent de longs re-
plis; mais dans le plupart la dilatation, plus uniforme que dans
les amidons moins jeunes, laissait voir une figure arrondie peu
ou pas plissée, ou sans déchirures. L’addition d’iode ou d’eau
acidulée rendait plus évidente cette particularité remarquable.
Une solution alcaline deux fois plus faible avait donc produit
les phénomènes précités. La même observation fut faite en em-
ployant l’amidon de jeunes tubercules d’oxalis crenata. (1)
Afin de recherther si la plus petite dimension des grains n’é-
tait pas aussi une circonstance déterminante, je soumis aux
mêmes essais de l’amidon extrait de batates bien mures. Il exi-
gea l'emploi de la plus forte solution pour produire les mêmes
phénomènes; toutes choses égales d’ailleurs. ‘Ainsi les dimen-
sions ont peu ou pas d'influence, quand elles ne résultent pas
de l’âge ou de particularités dans la végétation qui auraient
modifié la cohésion.
11 était probable que l'énergie absorbante, accrue dans l’a-
midon par une forte dessiccation à + r20° dans le vide sec,
favoriserait aussi beaucou» la pénétration de l’eau alcalisée. En
effet cette dernière, deux fois plus étendue (c’est-à-dire, conte-
(x) C’est ainsi que les différens grains d’amidon &’un même tubercule se rompeut et se dé-
tendent successivement dans l’eau à des températures différentes ; alors ces effets suivent évie
demment les degrés d'une cohésion graduellement acquise avec l’âge de leur formation.
92 PAYEN., — Sur L’_Amidon.
nant 0,01 de solution), fit gonfler alors l’amidon des pommes
de terre müres; quelques grains étaient même déchirés par
suite, sans doute, de la rapidité fu gonflement.
Des phénomènes analogues, avec les mêmes différences dues
sans doute aux mêmes causes, eurent lieu en employant des
solutions d’acide sulfurique ; mais il fallut donner à celle-ci une
très forte acidité, car la solution qui fit gonfler et rompre des
grains mürs d'amidon contenait 0,3 de son volume en acide
à 66°, et la plus faible, qui suffit pour gonfler et rompre les
plus jeunes amidons , contenait 0,2 de son volume d'acide con-
centré. Il faut donc environ 100 fois plus d'acide sulfurique
que de soude pour opérer à froid la désagrégation de la fécule.
On constatait facilement des déchirures sur la plupart des
grains gonflés; enfin on put observer le développement , con-
ünuant après la rupture, et souvent même se prononçant
dans la matière interne qui se gonflait en dehors. La solution
d’iode rendit encore tous ces phénomènes très distincts sous le
microscope.
Théorie de la-formation de l'empors et de ses changemens
physiques.
Il n’a pas fallu moins que toutes les notions qui précèdent
sur les propriétés organiques, physiques et chimiques de l'a-
midon pour comprendre et expliquer nettement la formation et
les altérations mécaniques de l’empois. :
Nous avons vu, soit par l'examen microscopique dans la pre-
miere et la Liane sections de ce mémoire, soit par les ré-
actions sur de plus grandes masses ci-dessus indiquées, l’exten-
sion considérable acquise par les fécules lorsqu'elles absorbent
l’eau à froid sous l'influence de 0,01 de soude ou de potasse:
nous avons.montré comment l'élévation de la température, fa-
cilitant aussi l’hydratation et l'extensibilité de la matière amy-
lacée, chaque grain dans ce cas se gonfle encore considéra-
blement, de manière à pouvoir occuper plus de 30 fois son
volume ordinaire. Or, toutes les fois que l’espace dans Île liquide
manque à ce développement maxime, tous ces grains sont né:
PAYEN. — Sur l’ Amudon. 93
cessairement en contact, pressés les uns contre les autres; sou-
ples d’ailleurs et doués d’une certaine élasticité, ils se trouvent
maintenus adhérens par leurs parties moins résistantes dissémi-
nées dans le liquide ambiant; ils occupent donc ainsi tout le
volume du mélange, et lui donnent la consistance gélatineuse
quechacun d’eux possède en particulier. (Cet:effet, en somme,
est tout-à-fait comparable à celui obtenu à froid par les solu-
tions alcalines). :
Après le refroidissement , la contraction propre encore à la
fécule hydratée, et dont nous avons exposé divers exemples ,
resserre les grains gonflés, les scelle plus étroitement par la
matière amylacée libre qui les environne : de là cette contrac-
tion qui durcit l’empois, le fait fendiller, et laisse exsuder quel-
quefois une portion du liquide, entrainant les parties trés faible-
ment organisées qu’il a pu dissoudre.
Maximum et minimum d'empois produits par l'amidon des
pommes de terre.
M. Dumas m'ayant invité à examiner le phénomène curieux
d’une production extraordinaire d’empois par une fécule com-
merciale, je constatai d’abord que cette fécule ne contenait
aucun corps nouveau : sa propriété spéciale pouvait dépendre
de l’extensibilité variable de l’amidon; ayant d’ailleurs observé
que cette substance se désagrège peu-à peu dans l’eau chaude ;
je supposai qu’elle retiendrait d'autant plus d'eau interposée ,
que son gonflement à chaud serait plus rapide et l'influence de
l’eau à cette température moins prolongée.
J'essayai donc de la mettre dans les circanstances où certains
corps (argile, par exemple), sont rapidement délayés : à cet
effet , la fécule bien desséchée dans le vide à + r120° et refroidi,
fut délayée dans 25 fois son poids d’eau, chauffée préalablement
à 68°; le mélange acquit immédiatement une consistance d’em-
pois, qui augmenta avec la température vivement portée à
+ 90°.
Tandis que la fécule mise à froid, dans les mêmes propor-
tions d’eau, chauffée graduellement à 65 , puis portée en trois
94 PAYEN. — Sur l’Amidon.
heures à 90° (sans déperdition d’eau), conserva une fluidité
sirupeuse. Nous ajouterons, pour fixer les idées par des nom-
bres, que le développement complet, mais rapide, de 10 gram-
mes de fécule dans 200 grammes d’eau, donna un empois aussi
consistant que celui obtenu de 14 grammes de la même sub-
stance lentement hydratée.
Empois converti en mucilage à 140°.
Dans l'expérience qui nrécède, le ramollissement de l’amidon
hydraté résultait, sans doute, de la désagrégation plus avancée
par une température plus long-temps soutenue, on devait donc
obtenir probablement un effet plus sensible encore à l'aide
d’une plus haute température.
Afin de vérifier cette hypothèse, je disposai une éprouvette
en cuivre capable de résister à une forte pression. 57 grammes
d'empois très consistant (formé de 7 grammes d’amidon et de
5o cent. cubes d’eau) y furent introduits; puis, après avoir her-
métiquement fermé le vase, on chauffa le tout à 140° durant
une demi-heure.
L'appareil étant refroidi, on en retira la substance amylacée :
elle avait perdu sa consistance forte, qui s'était changée en une
fluidité mucilagineuse.
Ainsi, dans ce dernier cas, pour 100 parties d’eau, 14 parties
d’amidon donnèrent moins de consistance que » parties dans
la premiere expérience, ou, à poids égal, firent trois fois moins
d'effet.
Nous montrerons plus loin d’autres résultats, qui seront aussi
d’autres preuves de ces différens degrés de désagrégation de la
substance amylacte.
PAYEN — Sur L’Amidon. 95
ACTION DE L'IODE SUR L'AMIDON.
Phénomènes de coloration et de décoloration par liodure ; effets remarquables de
sa contractilité ; variations de couleur et de stabilité produites par toutes les
causes de désagrégation de la substance amylacée, composition.
Un des caractères les plus curieux de l’amidon est sa colora-
tion bleue ou violette sous l'influence de l’iode.
Cette couleur est d'autant plus intense, plus rapprochée du
bleu pur, et plus stable, que l’amidon est mieux agrégé ou
moins désagrégé.
L'effet de la désagrégation graduelle de la substance amylacée
est de lui faire prendre, lorsque ensuite on l’unit à l’iode, des
nuances violettes virant de plus en plus au rouge; la même
substance, aux premiers degrés de son organisation naissante
dans les plantes, développe, sous l'influence de l’iode, des
nuances rougeûtres, violettes, puis bleues.
La contractilité de l’amidon distendu ou dissous dans l’eau,
puis bleui, est d'autant plus grande, sa précipitation plus facile,
la dissolution par la chaleur plus lente et difficile , que la sub-
stance amylacée à été moins fortement divisée préalablement
dans le liquide.
Les parties moins désagrégées sont aussi celles qui se com-
binent les premières avec l’iode et qui le retiennent plus forte-
ment, en présence de l’eau, de l'air, de la lumière et de la
chaleur.
L’élévation de la température, la lumière, les bases, l'alcool,
et divers agens, enlèvent l'iode à l’'amidon.
T’abaissement de la température, la présence des acides, des
sels neutres, etc., contractent liodure bleu et parfois le font
reparaîitre au milieu des liquides décolorés; le chlore en faibles
proportions produit le même effet quand la décoloration ré-
sulte d’une formation d’acide iodhydrique.
La coloration bleue par l'iode ne peut étre attribuée à l’action
de l'air, ni à la présence d’un produit volatil dans lPamidon.
96 PAYEN., — Sur l’ Aimidon.
Nous allons démontrer par des faits toutes ces assertions.
Dans le rapport sur nos précédens mémoires, les commis-
saires de l’Académie indiquèrent trois expériences utiles; je les
ai faites. Voici leurs résultats : l’iode produit la coloration bleue
sur l’amidon dans l’eau privée d’air comme dans l’eau aérée; la
fécule chauffée même à +140 dans l'eau, bleuit encore par
liode après le refroidissement, bien que l’empois, très consistant,
traité ainsi, n'ait plus alors qu'une viscosité et une transparence
analogues à celles de la gomme adraganthe délayée à l’eau froide.
L'amidon chauffé et dissous par la diastase dans un appareil
clos, ne donne aucun produit distillée auquel on puisse attri-
buer la propriété de bleuir par liode. Ainsi ce n’est point un
corps étranger volatil qui communique à lamidon cette pro-
priété.
Pénétration de l’iode dans les grains d'amidon.
Si l’on verse sur de la fécule à l’état normal une solution tres
affaiblie d’iode, la coloration en violet. est d’abord assez superfi-
cielle pour que les grains conservent leur transparence sous le
microscope.
De plus fortes proportions d’iode augmentent tellement l’in-
tensité de la coloration ,que les grains semblent noirs et opaques
lors même quils ont seulement un centième de millimètre ;
la combinaison et la coloration ont pénétré jusques’ au centre ;
on s’en assure en lavant, puis cassant plusieurs grains sous le
microscope ; les solutions très affaiblies (à o,oo1 de soude et
de potasse) décolorent également jusques au centre tous les
grains bleuis. Lorsqu'on opère sous le microscope cette décolo-
ration à l’aide de l’ammoniaque , on voit les couches extérieures
perdre les premieres leur couleur, puis le même phénomène
gagner graduellement jusques au centre.
Variation des nuances communiquées à l’amidon par liode.
La fécule exempte de toute altération , désagrégée dans mille
fois son poids d’eau par une température de 100, donne une
PAYEN. — Sur l’Amudon. 97
solution qui , filtrée , acquiert une belle teinte bleue indigo par
l’iode ; un excès du réactif, par sa propre coloration jaune, fait
virer la nuance au vert.
Une foule d’altérations et un faible degré d’agrégation dont
les jeunes grains d’amidon entiers ne sont pas toujours exempts,
donnent à la matière 'amylacée la propriété de se teindre en
rouge fauve pér l’iode, en sorte que le mélange des parties plus
ou moins altérées ainsi donne diverses nuances de violet.
Les divers degrés de désagrégation et de dissolubilité obtenus
en traitant la fécule, soit par la température entre 200 et 220°,
soit par l'acide sulfurique concentré ou étendu, soit par la dias-
tase en arrétant chacune de ces réactions à différens termes,
donnent, avec un léger excès d’iode, des colorations violettes
virant de plus en plus au rouge. :
Les premières gouttes de la solution diode produisent une
coloration bleue en se combinant d’abord aux parties le moins
désagrégées; de nouvelles additions font virer la nuance au vio-
let de plus en plus r'ougeûtre.
Les solutions alcalines de soude et de potasse désagrèsent
évidemment moins la fécule que la haute température, les acides
forts et la diastase, car dans le premier cas le liquide conserve
une consistance mucilagineuse prononcée, Cette moindre dés-
agrégation se manifeste aussi par l’iode qui donne encore des
nuances bleues.
D'après les observations de M. Lassaigne, la combinaison
qu'on obtient en versant peu-à-peu une solution alcoolique
d'iode dans la partie dissoute de la fécule extraite à froid par un
long broyage, est caractérisée en ce que sa solution aqueuse
s'affaiblit en couleur au fur et à mesure que sa température s’é-
lève et jusqu'à ce qu’enfin elle disparaisse à une température de
+ 89 à 90° centésimaux.
En laissant refroidir la liqueur décolorée, on la voit reprendre
peu-à-peu une légère teinte bleue qui se fonce de plus en plus
à mesure que la température s’abaisse, et acquiert ensuite la
même intensité qu'avant d’avoir été chauffée.
X, BorTanx, — Août,
si
98 __ PAYEN. — Sur l’Amidon.
Action de la lumière sur l’iodure d'amidon dissous.
La lumière exerce une action décomposante sur la solution
d’iodure d'amidon dans l’eau ; diffuse, elle affaiblit lentement la
couleur bleue ; mais cet effet se produit en quelques heures,
lorsque la solution est exposée à l’action directe des rayons du
soleil, la température étant de 30 à 4o degrés.
Ce phénomène, comme l'a expliqué M. Guibourt (Journal de
chimie médicale, tom. 5. 1829) est dù à la décomposition de
l’eau, qui forme de l'acide hydriodique, et à la volatilisation de
l'ionde ; nous verrons plus bas qu'il peut rester de l’iodure d’a-
midon non visible directement.
M. Lassaigne à fait voir que la solution, ainsi décolorée par
une exposition aux rayons ardens du soleil, peut reprendre en
partie sa belle couleur bleue par l'addition de quelques gouttes
de solution aqueuse de chlore. Les résultats suivans sont encore
dus à cet habile chimiste : 1° des solutions de chlore et de
brôme mélées à la solution d’iodure d'amidon la décolorent à
l'instant ; il se produit des chlorures et des bromures d’iode qui
restent dans la solution ; l’acide sulfureux ajouté, rétablit peu-
à-peu la coloration en transformant le chlore et le brôme en
acides hydrochlorique et hydrobromique, et passant lui-même
à l’état d'acide sulfurique par l’oxigene de l’eau.
La potasse, la soude, la chaux, l’eau de baryte et l’'ammo-
niaque décolorent l’iodure d’amidon , comme l'ont remarqué
MM. Colin et Gaultier de Claubry ; lorsqu'on sature ces bases
par un acide , la combinaison bleue est reproduite.
Pour déterminer la composition de cet iodure, M. Lassaigne
o sursaturé, par une solution alcoolique d’iode, une solution
d’amidon titrée et fait évaporer le liquide à sec, dans le vide,
au-dessus de l'acide sulfurique concentré; du poids du résidu
sec, il a cru pouvoir déduire la proportion d'iode combinée, qui
s'est trouvée, d'après un seul essai, égale à 41,79 d'iode pour
58,21 d'amidon.
La série suivante de mes expériences explique et complete
PAYEN. — Sur L’Amidon. 99
les faits précités ; elle met de plus en plus en évidence les carac-
tères organiques et les propriétés physiques et chimiques de
Vamidon. On y trouvera notamment l'explication des phéno-
mènes de l’iodure blanc et de la réapparition de la coloration
bleue, par des corps incapables d'isoler l’iode de l'acide iodhy-
drique; enfin on y reconnaîtra la cause des variations dans les
résultats des essais sur l'équivalent d’iode.
Action de la température sur liodure d’amnidon étendu ou
dissous dans l’eau.
Afin de déterminer la limite de la température utile à la
décoloration du composé bleu , j'ai cherché quel serait le degré
au-dessous duquel il n’y aurait plus de diminution sensible
d'intensité dans la coloration. On reconnait ainsi qu’à 64° en
présence d'un excès d’iode , la coloration bleue est permanente,
tandis qu à 66° l’iodure se dissout complètement dans une suf-
fisante quantité d’eau, et perd toute sa couleur bleue qu’il re-
prend par le refroidissement si l’on a opéré dans un tube clos
contenant un excès du réactif, autrement l'intensité diminuerait
surtout par la volatilisation de l’iode. La décoloration exige des
températures graduellement plus élevéesau fur et à mesure que
l’on augmente les proportions d'amidon dans le liquide : elle pa-
rait donc, ici encore, tenir à l'extension ou dilatation de l’iodure,
dissous en plus forte proportion par des températures plus éle-
vées. Cette décoloration a lieu sans doute lorsque les groupes
moléculaires du composé sont assez écartés pour laisser passer
sans la réfraction spéciale les rayons de lumière.
Opacité de l’iodure d’amidon.
L'iodure d’amidon est opaque sous une épaisseur d’un cen-
tième de millimètre; on le constate aisément en interposant
entre lœil et la lumiere une solution de 1 gramme d’iodure dans
1000 centimètres cubes d’eau contenue entre deux lames paral-
lèles en verre, écartées de 1000 centièmes de millimètre ou
d’un centimètre, puis s’assurant que la lumière n’est pas sensi-
blement transmise au travers de la couche liquide.
“3
A
100 PAYEN. — Sur l’Amidon.
Cette observation avait beaucoup contribué à me faire consi-
dérer l'iodure d’amidon comme distendu plutôt que dissous, et
celte opinion m'a dirigé vers les expériences suivantes, qui
toutes ont réussi.
En admettant la solubilité réelle de ce composé bleu, on ne
peut nier que la disposition particulière de ses particules soit
telle qu’une foule d’agens les sépare du liquide par une très lé-
gere contraction, et qu’alors l’insolubilité soit évidente, comme
le prouvent les faits suivans.
Séparation de l'iodure d'amidon par l’ichthyocolle.
L'ichthyocolle battue, détrempée, lavée à froid et délayée
dans la solution d’iodure, entraîne ce composé bleu dans le
réseau qu’elle déploie au milieu du liquide. On peut reconnaître
à Pœil nu la séparation; on s’en assure par le filtre qui retient
toute la substance bleuie.
Précipitation et contraction de l'iodure par les acides, les
sels , etc.
Tous les acides, les composés binaires neutres et les sels es-
sayés, ont produit cet effet avec une énergie et des phénomenes
variés.
Nous citerons entre autres les acides sulfurique, azotique,
chlorhydrique, les chlorures de calcium , de barium, de sodium;
les sulfates de chaux, de fer, de cuivre, de potasse et d’alumine;
le carbonate de soude , le chromate de potasse, l’oxalate et l'hy-
drochlorate d'ammoniaque. Ainsi les acides qui dissolvent l’a-
midon libre contractent l’amidon uni à l’ivde : c'est une preuve
de plus de la combinaison qui existe entre ces deux corps.
La forme des précipités, leur réunion plus ou moins rapide
et complète, la proportion des agens employés pour manifester
la séparation entre l’iodure et le liquide, ont varié suivant :
1° que l’amidon hydraté et dissous conservait encore plus ou
moins de cohésion, qu'il était extrait de grosses fécules en flo-
cons plus volumineux, ou 2° au contraire, que mieux divisé, ou
PAYEN, — Our l’Amidon. 101
extrait de fécules plus jEOne plus ténues, il éprouvait moins
de contraction.
De très minimes proportions de tous les agens solubles que
nous venons d'indiquer peuvent déterminer à Ti instant cette sé-
paration tranchée.
Pour fixer les idées par des nombres, nous dirons : 1° qu’on
l’obtient à l’aide d’une solution neutre de sulfate de chaux satu-
rée (à + 10° de température) étendue de seize fois son poids
d’eau pure versée dans un volume égal au sien du liquide bleu
foncé, préparé en ajoutant à froid un léger excès d’iode à la dis-
solution filtrée d’une partie de fécule de pommes de terre dans
109 parties d’eau ; 2° qu’une solution contenant o,0007r de son
poids de chlorure de calcium mêlée, à volume égal, avec le
même liquide bleu, provoque aussitôt la séparation d’un coa-
gulum bleu, mais que celui-ci, dans ces deux cas, occupe long-
temps presque tout le volume, ne laissant voir que par des in-
tervalles minces, et près de la superficie, le liquide diaphane
interposé. :
L’amidon désagrégé par divers agens, dissous à chaud, refroidi
et uni à l’iode, exige des proportions d'autant plus fortes des
agens précités pour être contracté, que la désagrégation a été
poussée plus loin.
Dans ces expériences et dans une foule d'autres qu'il serait
trop long de rapporter ici, l’iodure d’amidon , lorsqu'il est pré-
cipité, a d'ailleurs conservé toutes ses propriétés, et semble
n'avoir éprouvé qu'un rapprochement entre ses parties.
En eflet , la température nécessaire pour opérer la décolora-
tion est d'autant plus élevée que liodure, sous l'influence des
sels, à pris une plus forte cohésion, toutes choses égales
d’ailleurs ; cette circonstance aurait de même pour effet de re-
tarder la dissolution de toute autre matière soluble seulement
à chaud.
Précipitation de l’iodure d'amidon par un abaissement de tenr-
péralure.
Ce nouvel ordre d'invesligations me parait propre à démon.
1
102 PAYEN. — Sur l’Amidon.
trer directement les caractères contractiles de l'amidon hydraté
uni à l'iode.
Non-seulement j'obtins, après avoir congelé le liquide, la con-
traction et l'élimination complète du composé bleu , même dans
un liquide qui en contenait moins que la millième partie de son
poids, mais encore cet élégant phénomène se manifesta par un
simple abaissement de la température à zéro, sans congélation ;
dans ce dernier cas, les flocons restaient quelquefois tellement
volumineux dans trois à quatre cents fois leurs poids d'eau
qu’ils occupaient toute la hauteur du liquide. Or, bien qu'ils se
trouvassent pendant plusieurs jours en contact par une énorme
surface , avec l’eau entre + 12 et 15°, il ne s’en dissolvit pas la
moindre trace : un filtre les retint tous, et le liquide en sortit
sans coloration bleue. Ainsi donc une contraction imperceptible
directement , opérée sans l’emploi d'aucun réactif pondérable
avait suffi pour ôter à l’iodure d’amidon la propriété de se main-
tenir en dissolution dans l’eau.
Ces flocons contractés par ce simple refroidissement se com-
portent dans l’eau, à la température de +65 à 100°, comme
s'ils eussent été coagulés par de minimes proportions de sels ou
d'acides ; ainsi ils se distendent et se décolorent d'autant plus
difficilement, et exigent pour cela une température d'autant
plus élevée qu’ils ont pris une plus forte cohésion ; cependant
cette nouvelle extension, qui les rend incolores et solubles à
chaud, laisse reprendre une coloration bleue générale au liquide
refroidi; on peut encore les contracter et les séparer de l’eau
par un nouvel abaissement de la température à oc : leurs pro-
priétés les plus fugaces ne sont donc pas plus altérées dans ce
cas que leur composition chimique.
Le phénomène de séparation par refroidissement de l’amidon
étendu dans l’eau et bleui par un léger excès d’iode, varie lors-
qu'une altération a eu lieu dans la solution aqueuse (avant l’ad-
dition de l’iode), soit par le temps, soit par une ébullition
trop prolongée. Dans ce cas, l’amidon se sépare incomplètement,
et sa coloration par Piode est différente : les parties altérées ou
excessivement distendues résistent à la contraction ; elles sont
colorées en violet qu’un petit excès fait virer au rouge, tandis
PAYEN. — Sur l’ AÆmidon. 103
que dans l’eau contenant seulement 0,000 de son poids d’ami-
don dissous à l’aide d’une température de 70 à r00° ou d’une
courte ébullition, lexcès d'iode produit une nuance verdätre
résultant du bleu d'amidon mélé à la couleur jaune du réactif.
Les mêmes effets ont lieu par suite de broyages très éner-
giques opérés sur l’amidon à froid, soit dans l'eau , soit à sec.
Les mêmes différences de la contractilité, sous l'influence des
acides, des sels , etc., ont lieu par suite de ces altérations. Après
l’action des bases alcalines, les proportions précipitables par
contraction sont d’autant plus faibles que la réaction dissolvante
a été plus énergique, bien que la belle coloration bleu-indigo
ait persisté.
Après les réactions dissolvantes à froid ou à chaud des acides
forts et de la diastase, les proportions de la substance bleuie
précipitable par contraction, diminuent rapidement et d'autant
plus que la nuance rougeâtre, signe certain d’une division plus
avancée, domine plus.
Toute précipitation par un effet de contractilité due au froid,
aux acides et aux sels, cesse lorsque la substance amylacée est
divisée au point de donner avec l’iode une nuance de violet rou-
geâtre, à plus forte raison lorsque, plus atténuée, elle donne
une coloration sensiblement rouge.
En d'autres temps nous avons démontré lextensibilité et la
contractilité très grandes de l’ichthyocolle réduite en gelée à
froid, et la destruction de ces propriétés par une simple ébul-
lition.
Formation de l’iodure d'amidon invisible directement.
Dans toutes les circonstances où les particules du composé
bleu ou violet sont le plus distendues ou mieux dissoutes, ou
plus divisées, la coloration disparaît. Nous rapportons à cette
cause :
1° Le phénomène de la décoloration et de la coloration alter-
natives de l’iodure par la chaleur; et nous allons en citer plu-
sieurs autres exemples.
2° Lorsqu'on a transformé en dextrine et en sucre l’amidon
104 PAYEN. — Sur l’Amidon.
par la diastase, on reconnait, en versant quelques gouttes d’ivde
dans le liquide, que la transformation est plus ou moins com-
plète. Cependant , lors même que l’iode ne produit pas ainsi dans
les liquides étendus de coloration directe, souvent il arrive que,
après l'avoir fait rapprocher en sirop, même par une ébullition
vive , l'inde donne alors une coloration violette ou vineuse plus
ou moins intense, que la plus grande distension de l'iodure
rendait d’abord imperceptible.
3° Dans une dissolution filtrée d’amidon ainsi que dans l’ami-
don hydraté à 100° par cent fois son poids d’eau , puis incom-
plètement attaqué par la diastase, si l’on verse à froid une goutte
de solution d’iode, une nuance foncée, bleue ou violette, se
manifeste dans les points en contact; mais, aussitôt que l’on
agite, le composé coloré disparait en se répartissant dans toute la
masse ou se dissolvant dans l’amidon libre.
4° On obtient le même effet en versant à froid un excès de
solution d’amidon sur le liquide qu’on vient de colorer par
liode ; la même quantité d’eau ne détruit pas la couleur.
5° Lorsque, après avoir fait disparaître plusieurs fois la couleur
par une température intermédiaire entre 66° et 100° la diminu-
tion de l’iode a réduit la proportion du composé bleu au point
qu’il soit invisible , on le fait reparaître en contractant ses par-
ties par un acide.
6° Il en est de même dans la plupart des cas ci-dessus. Ainsi
donc le composé existait, mais ses particules, trop écartées ne
décomposaient plus la lumière.
Composition de l’iodure d'amidon.
L'analyse du composé bleu, publiée par M. Lassaigne, ayant
été faite sur la partie la plus désagrégeable de lamidon, n'étant
d’ailleurs assuré qu’une plus forte désagrégation enlevait gra-
duellement à l’amidon son pouvoir de combinaison avec l’iode
j'espérai obtenir un composé plus stable et mieux défini , en
saturant à froid, avec un excès de solution aqueuse d’iode, la
fécule pure, hydratée (par. cinquante fois son poids d’eau bouil-
lante); mais desséchée alors dans le vide sec à + 100°, l'iodure
ne retint que 0,07 d'iode.
PAYEN. — Sur dl’ Armidon. 10)
Afin de réunir des circonstances plus favorables , je crus de-
voir répéter l'essai sur de la fécule pure intacte. Je l’agitai à froid
dans une solution aqueuse saturée d’iode, que la fécule décolo-
ra, en lui enlevant tout l’iode et se colorant elle-même en bleu
intense. Je renouvelai la solution jusqu’à ce que sa coloration
jaune persistât sans diminution sensible; alors l’iodure en grains
opaques d’un bleu très intense fut desséché dans le vide sec à
12°; puis soumis à une nouvelle dessiccation à 110°, dans le
vide au-dessus de l’acide sulfurique concentré, il fut pesé en
cet état; enfin lavé avec une solution froide d'ammoniaque qui
le décolora en enlevant l'iode, puis à l'eau distillée et séchée à
110°, il devint manifeste qu’il avait acquis d’abord, puis perdu
ensuite 0,057 diode, ce qui était loin de correspondre à deux
atomes ou un équivalent, ou même à un seul atome. Il était d’ail-
leurs possible que la combinaison n’eût pas atteint ses limites
dans l’intérieur des grains de fécule. J'essayai de favoriser la
réaction par une hydratation préalable à chaud, puis de rendre
le composé bleu plus stable par l’addition d’un sel neutre: à
cet effet, 5 décigrammes de fécule pure, séchée à 120° dans le
vide, furent hydratés au bain-marie à la température de + 80°
dans 100 centimètres cubes d’eau, le liquide étant refroidi à +-
5o°. On y versa un excès de solution saturée d’iode, ce qu'an-
noncait la nuance bleue formée virant au vert.
On ajouta alors 1 gr., 5 de chlorure de sodium dissous dans
10 gr. d’eau, et ayant abaissé la température du mélange à +
5°, l'iodure bleu, précipité en flocons, se rassembla au fond du
vase; le liquide surnageant était jaune et contenait évidemment
un excès d’iode.
Décanté, filtré, rapproché, ce liquide donna quelques flocons
impondérables d’iodure bleu sans autre résidu, tout l’iodure
floconneux recueilli avec soin et pesé, donna un poids net, en
tenant compte du sel interposé et après dessiccation à 100° dans
le vide, de 538, ce qui représentait 38 d'augmentation de poids
du à liode, ou 7:10 pour 100, ou un peu moins d’un dixième
d'équivalent.
106 PAYEN. — Sur L Amidon.
Saturation de l’amidon en grains par la vapeur d'iode.
Un moyen analogue à celui qui procure un terme constant
d'hydratation, me parut devoir être tenté pour saturer l’amidon
en grains par l'iode. 968 millig. de fécule à 0,18 d’eau, furent
placés dans un tube clos en présence de 4 gr. diode préci-
pités par l’eau sur un filtre. |
La fécule prit peu-à-peu et successivement, à partir des
points rapprochés de l’iode, les nuances orangée jaune, violacée
terne, violet rougeâtre, violet, indigo, indigo foncé presque
noir. j
Le filtre acquérait en même temps les colorations analogues
suivantes, dues aux quantités accrues par degrés de l’iode, dis-
tribué sur son tissu: jaune fauve, orangé , fauve violacé, violet
ruugeàtre, violet foncé.
La tension de la vapeur d’iode fut de temps à autre soutenue
en maintenant la température de la partie du tube correspon-
dante au filtre de 25 à 5o°.
Au bout de dix jours, toutes les parties de l’amidon, parais-
sant pénétrées au maximum par la vapeur d’iode condensée , on
retira le filtre, l’iodure, après dessiccation dans le vide sec à +
15°, pesait 904". D’après des expériences antérieures, il devait
alors retenir 2 atomes d’eau ; en effet, la dessiccation poussée à ses
limites par une température soutenue de 100 à 105° dansle vide,
occasiona une perte d’eau égale à 78" : il restait donc d’iodure
sec un poids de 826, et retranchant l'équivalent sec de la fécule
employée ou 704, il restait 3,2 pour le poids de l’iode en com-
binaison ce qui ne représente que 4 pour 100 d'iodure : ainsi
la saturation était plus incomplète que par les autres procédés.
Saturation de l’amidon par l’iode déterminée sans dessiccation.
Craignant encore qu'une cause d'erreur, dans les essais pré-
cédens, fût due à la volatilisation d’une partie de l'iode, j'ima-
ginai un autre mode de vérification qui permit d'apprécier le
pouvoir saturant de lamidon, pour l’iode, sans obliger à aucune
évaporation: voici comment J'expérimentai.
PAYEN. — Sur l’Amidon. 107
5 décigrammes de fécule à 0,18 d’eau, représentant 41 cent.
d’amidon à un atome d’eau, furent délayés dans 100 cent.
cubes d’eau; le mélange fut chauffé à l’ébullition , puis refroidi;
on y versa 184,5 milligr. diode dissous dans r4 cent. cubes
d'alcool; le liquide d’un bleu très foncé fut agité de temps à
autre pendant une demi-heure , alors on ajouta 2 gram. de sel
marin en poudre, et lorsqu'il fut dissous par l'agitation, on laissa
déposer.
Il était d'avance évident que la quantité d'iode employée étant
proportionnée à l'équivalent de deux atomes pour un d’amidon
(:: 1570,5: 2042.), si la combinaison avait lieu dans ce rapport,
il ne devait plus rester d’iode libre en solution, et après la pré-
cipitation le liquide surnageant eût été incolore; mais loin de
là sa nuance annonça qu'il était saturé d’iode dont il y avait par
conséquent un grand excès.
Dans la prévoyance de ce résultat, j'avais disposé presque si-
multanément un mélange tout semblable, sauf l’amidon qui en
avait été complètement exclus.
Dans ces deux liquides, une partie de l’iode s’étant précipitée,
J'ajoutai peu à peu dans le premier assez d’eau pour tout redis-
soudre, et même un excès que l’affaiblissement de sa nuance
annonça. Îl en contenait alors 450; j'ajoutai ensuite assez d’eau
dans le premier pour arriver enfin à une égale intensité de
nuance; il en fallut en totalité 500 c,c ; ainsi donc, l’iode ab-
sorbé par la fécule était représenté par un dixième seulement
de la quantité qui eût représenté un équivalent, et c'était là
un maximum, puisque l’amidon restait en présence d’un excès
d’iode dont l’évaporation était rendue impossible.
‘Il paraissait donc bien évident que la faculté de combinaison
de la fécule pour l’iode dépendait de la cohésion acquise
entre ses parties, et que ce pouvoir ne pouvait jamais atteindre
à la limite correspondante à un équivalent d’iode ( 042,1570,5).
Cependant une expérience de M. Lassaigne avait approché de
ce résultat que j'avais obtenu ensuite, moi-même , en la répé-
tant dans des circonstances analogues, c’est-à-dire en versant
un grand excès de solution alcoolique d’iode sur de lamidon
hydraté ou dissous; et séchant à froid, j'ai trouvé l'explication
108 PAYEN. — Sur l Amaidon.
de cette anomalie apparente en découvrant dans l’iodure ainsi
préparé des cristaux d’iode.
On observe facilement ces cristaux sous le microscope en
mélangeant une goutte de solution aqueuse d’amidon avec une
goutte de solution alcoolique d’iode saturée, sur le porte-objet :
on voit aussitôt une belle cristallisation de longs prismes qua-
drangulaires opaques ,souvent opposés bout à bout, étincelans
comme des lames d'acier poli; les plus longs ont 25 centièmes
de millimètre, et seulement r centième de millimètre de lar-
geur ; ils sont terminés tantôt en pointe acérée, tantôt par des
pyramides à quatre faces; quelquefois plus courts, ils présen-
tent une projection rhomboïdale.
L’impossibilité d'unir l’iode à lamidon, dans les rapports des
poids équivalens, me détermina à entreprendreune nouvellesérie
d'expériences dans la vue d'apprécier, soit la force de combi-
naison , soit ses différences dans les réactions entre l’amidon en
grains intacts et l’iode : voici les principaux résultats de ces
investigations.
Action de la température sur les grains d'amidon hydratés et
unis avec l’iode.
La fécule pure, tenue pendant huit jours dans une solution
aqueuse, saturée d’iode que l’on renouvela huit fois, fut des-
séchée dans l'air à+-16° de température, Phygromètre marquant
de 5o à 55°; pesée en cet état, puis séchée 12 heures à 15° dans
le vide , elle perdit 22" sur 295 ou 6,8 pour cent, ce qui équi-
vaudrait à 2 atomes d’eau, en supposant engagée dans cette
combinaison la proportion d’iode observée (7,1 pour 100). :
Il résulte de là que lamidon combiné avec l'iode retient
dans le vide à + 15° autant d’eau que l’amidon libre dans les
mêmes circonstances, ce qui est d'accord avec ies observations
précédentes et celles qui suivent.
En continuant à chauffer dans le vide pendant dix heures,
a la température de r06°,il se dégagea 23" d’eau, ce qui corres-
pond encore à 2 atomes; les dernières traces furent très diffi-
ciles à enlever.
PAYEN. — Sur l’.Amidon. 109
Résistance remarquable acquise par l’amidon en grains sous
l'influence de l'iode.
La température ayant été portée très lentement dans le vide
à 220°, qu'on soutint 4o minutes, il se dégagea d’abord de l’iode,
puis le dégagement cessa; après le refroidissement dans le vide
la matière était encore d’une nuance très foncée; on ajouta 2
grammes d’eau, puis on dessécha, et la température ayant été
portée à 220°, un nouveau dégagement d’iode eut lieu, mais la
nuance était très foncée encore; l’iodure épuisé par l’eau ne
céda que 5 milligrammes (ou 0,02) de la substance soluble désa-
grégée, offrant les caracteres de la dextrine, mais se colorant
en violet par l’iode.
Ainsi, une très forte proportion de l’amidon avait été préser-
vée par l'iode de la désagrégation que cette haute température
eùt complètement opérée.
Au contraire, la combinaison avait acquis une cohésion et
une résistance très remarquables aux agens de dissolution,
Sous le microscope, la plupart des grains étaient d’un bleu
opaque presque noir, ceux-ci résistaient aux alcalis et aux aci-
des concentrés à froid , et ne s’attaquaient que très lentement à
chaud par lacide sulfurique concentré , qui alors dégageait de
l'acide sulfureux.
Les grains qui, plus faiblement organisés, avaient perdu la plus
grande partie de l'iode, se montraient de couleur jaune foncée,
translucides sous le microscope, insolubles dans Peau, fragiles,
à cassures anguleuses vitriformes.
L’acide sulfurique concentré les attaquait lentement à froid
et les désagrégeait par degrés.
Une stabilité aussi grande, donnée à l’amidon par l’iode, offre
une preuve de plus d’une combinaison réelle entre ces deux
corps.
Solution de l’iodure d’amidon hydraté.
Afin de vérifier si l'influence très grande de l’eau d’hydratation
sur la désagrégation de la fécule contrebalancerait la tendance
110 PAYEN. — Sur l’Æmidon.
de l’iode à maintenir plus stables les parties de l’amidon en
grains, je plongeai dans un bain d'huile chauffé à 162° de l’io-
dure saturé d’iode en grains pulvérulens, à 2 atomes d’eau,
placés dans un tube clos. Au bout de 30 minutes, cet iodure fut
intégralement fondu; refroidi, il se présentait en masse vitri-
forme diaphane jaune fauve, inattaquable par l’eau , soluble
dans l'acide sulfurique froid, précipitable par l’eau en flocons
bruns.
Désagrégation par la chaleur de l’iodure en grains deri-saturé
d’iode , mais hydrate.
Voulant accroître l'influence de l’eau en diminuant celle de
l'iode, je soumis brusquement dans un tube ouvert, à 162° de
température, de la fécule unie seulement à 0,04 d’iode et con-
tenant 4 atomes d’eau; après une demi-heure de réaction, les
grains, primitivement d’un wiolet foncé, étaient de couleur fauve,
diaphanes, cassant comme de petits granules de gomme , très
dissolubles à l'eau ; leur solution développait par l’icde une co-
loration d’un violet rougeûtre : ainsi la présence de l’eau avait
surmonté l’action constrictive de l’iode.
Inertie de la solution alcoolique d’iode sur l’amidon sec , et de-
composition de l’iodure d'amidon par l'alcool anhydre.
Les deux expériences suivantes montrent que l’action entre
l'alcool et l’iode est plus énergique que la combinaison entre
l'ivde et l’amidon : que l’on agite dans un tube à froid une so-
lution d’iode par l'alcool pur, avec de l’amidon séché au maxi-
mun (de 100 à 130° dans le vide — H°, O0, C*, H° O° ), il ne s’o-
pérera aucune combinaison ni coloration, l'amidon restera blanc,
et la solution alcoolique conservera sa couleur sans déperdition
aucune ; si alors on ajoute quelques gouttes d’eau au mélange,
la combinaison aura lieu sur-le-champ , et les grains d’amidon
deviendront aussitôt violet de plus en plus foncé.
Réciproquement, si l’on agite de la fécule bleuie par un ex-
ces d’iode, dans 20 fois son poids d’alcool anhydre, et qu'on re-
nouvelle plusieurs fois celui-ci, les grains d’amidon perdront
PAYEN. — Sur L’Amidon. 111
chaque fois une nouvelle quantité d’iode, mais très lentement ;
au bout de dix jours , après avoir renouvelé huit fois l'alcool,
la coloration , de plus en plus affaiblie, aura viré au violet rou-
geâtre, et plus des 0,8 de l’iode auront été séparés de la fécule.
Si l’on agit à la température de l'ébullition de l'alcool, aucun
des grains n’est déformé, la décoloration est plus rapide, et,
dans tous les cas, on observe sous le microscope une décelora-
tion beaucoup plus avancée sur les plus jeunes grains, qui sont
devenus diaphanes et rosâtres.
Diminution de la couleur de l’iodure d’amidon par un Phéno-
inène de transparence sans réaction chimique.
Les nombreuses observations qui précèdent concourent à
prouver que la coloration de la substance amylacée par l'iode
dépend de larrangement organique des particules entre les-
quelles l'iode modifie la lumière, puisqu'on peut, en altérant
ces dispositions, changer ou détruire les effets de coloration.
Il était donc permis de supposer qu’en rendant ce passage
libre aux rayons lumineux, à l’aide d’un corps inerte interposé,
on affaiblirait les phénomènes de coloration.
On réalise cette déduction par les expériences suivantes :
Après avoir privé l’iodure d’amidon de 0,03 d'iode par un la-
vage à chaud dans l'alcool anhydre, séché à lair et placé sous le
microscope, tous ses grains paraîtront violets demitran sparens
où opaques. Si l'on ajoute entre les lames du porte-objet une
goutte d'huile de moelle, récente, incolore et pure, on voit une
décoloration marquée s'effectuer au fur et à mesure de la péné-
tration de l'huile, de la périphérie au centre.
Cet effet est plus prompt sur les plas jeunes grains (qui ne
sont pas toujours les plus petits, mais ceux dans lesquels toutes
les observations annoncent une organisation plus faible); au
bout de quelques heures, plusieurs d’entre eux montrent en
projection un disque central violet où rougeâtre, entouré &un
cercle diaphane sans couleur ; on pourrait prendre ces grains
de fécule pour des globules de sang, si leur noyau n'offrait des
bords irréguliers ou nuageux, et s'ils ne laissaient discerner le
hile.
112 PAYEN. — Sur L’Armidon.
Ce curieux phénomène s'opère plus rapidement lorsque l’on
accélère la pénétration de l'huile par une dessiccation préalable
de l’iodure à + 80°; alors , au bout d’une heure, plusieurs des
plus jeunes grains sont presque entièrement décolorés; d’autres,
à peine rosâtres, le plus grand nombre demi-translucides auprès
du centre, diaphanes ou sans couleur sur les bords de leur pro-
jection; quelques-uns des plus vieux, restés violets opaques,
ne sont pas décolorés dans une profondeur appréciable.
Ainsi donc ici encore une diaphanéité graduellement acquise,
produisant les effets d’une division à divers degrés, donnait lieu
à toutes les dégradations de nuances dont tant de réactions
m'avaient permis d'apprécier la prineipale cause; toutefois, on
pouvait ici supposer soit une altération spéciale qui eût détruit
la combinaison, soit une dissolution par l'huile qui eùt entrainé
l’iode ; j’essayai de lever d'avance ces objections en faisant repa-
raître l'iodure vec tous ses caractères : jy parvins en faisant
d'abord imbiber dans du papier l'huile interposée; puis ex-
trayant , à laide de l’éther, celle qui avait pénétré à l'intérieur
des grains, alors la couleur de l'iodure reparut avec son inten-
sité première , dans les grains qui avaient paru décolorés.
Exjoliation à froid de l'amidon teint par l’iode.
Après avoir desséché au maximum l’iodure d’amidon par une
température soutenue de 100° dans le vide, si on le laisse re-
froidir. Si même on l’abandonne plusieurs jours en vases her-
métiquement clos, on pourra s'assurer , en l’observant au
microscope dans l'alcool anhydre, que ses grains, violets,
opaques , sont intacts ; mais alors, si l’on y ajoute de l’eau
froide , soit pendant qu’il est encore mouillé d'alcool, soit à nu,
on verra aussitôt un grand nombre de grains se rompre, s’exfo-
lier; une partie même de leur substance se désagrégera dans le
liquide et prendra des nuances violettes, rougeâtres , tandis que
les couches exfoliées, en s’hydratant , acquerront des nuances
très rapprochées du bleu. Ce joli phénomène, si facile à repro-
duire , prouve l'énergie de l'attraction de l'iodure anhydre
d'amidon pour l'eau.
PAYEN. — Sur l'Aimmidon. 113
Toutes les expériences qui précèdent ayant mis en évidence
l'attraction énergique de l’iode pour l’amidon hydraté, je dus
vérifier par une saturation directe les proportions maximes d’iode
engagées dans cette sorte d'action.
796 milligrammes de fécule à deux atomes d’eau furent hydra-
tés dans 300 grammes d’eau à, 100° pendant une heure; le liquide
refroidi reçut 58,5 milligr.d’iode, dissous dans 8 centi. cub. d’al-
cool. Le contact ayant duré douze heures , on opéra la sépara-
tion à l’aide de trois grammes de chlorure de sodium, et l’on vit
peu-à-peu , au bont d’une neure, les flocons bleus se précipiter,
en se contractant , surnagés par un liquide teint en jaune ver-
dâtre ; il fallut ajouter 84 milligr. de fécule, hydratée à :00° dans
20 centi. cub. d’eau, pour que la solution surnageante devint
sensiblement incolore.
Ainsi donc le maximum d’iode fixé par lamidon est d’un
équivalent du premier pour dix équivalens du second ; car
726 + 84 — 840: 58,5 :: 2267 : 157,0.
L'importance attachée avec raison par les chimistes , les phy-
siologistes et les organographes au caractère de la coloration
de lamidon par l’iode me détermine à résumer ici les déductions
définitives sur la nature de ce composé.
Conclusions sur la nature de l’ivdure d'amidon.
L'art de ja teinture consiste, suivant M. Chevreul, à fixer sur
les étoffes au moyen de l'attraction moléculaire des substances
qui agissent sur la lumière autrement que ne le fait la surface
des étoffes.
L'action de l’iode sur l’amidon peut étre nettement définie de
la méme manière : c'est la résultante de l'attraction d’une par-
acule d’iode sur un groupe de particules amylacées, et non une
combinaison d'atome à atome.
Un équivalent d’iode teint dix équivalens d’amidon ; les poids
sont entre eux comme 7,18 : 92, et les volumes comme 1 : 42,55.
La réaction intime est prouvée par les propriétés nouvelles
du composé et notamment par une résistance telle à l'élévation
X. Boran. — Août. 8
114 PAYEN. — Sur l’Amidon.
de la température que la substance organique peut être soustraite
à la désagrégation, perdre avec l’iode son eau de composition
et se réduire même en charbon sans changer de formes (p. 109).
La stabilité de l’iodure bleu, étendu dans l’eau froide , et sa
grande contractilité sous diverses influences prouvent encoreune
attraction énergique entre ses composans. (Voyez p. 100 à 102.)
Les nuances le plus rapprochées du bleu sont fixées sur la
substance amylacée , distendues dans l’eau, mais non désagré-
gée , comme elle le serait par la diastase ou les acides forts.
Dans les grains d’amidon intacts, l’iode en vapeur ne peut
pénétrer en proportions suffisantes pour produire la coloration
bleue, bien que la nuance violette soit intense au point de
paraître noire (p. 106).
Cette coloration se dégrade par les agens qui enlève liode
(l'alcool, par exemple, voyez p. 110): elle est affaiblie par les
corps qui aident le passage de la lumière (comme l'huile, p. 111).
Tous les moyens d’atténuer les groupes des particules amyla-
cées diminuent la force d'attraction de ces groupes pour liode.
alors aussi on ne peut obtenir que des nuances violettes. Il en
est de même , relativement à l’amidon, intact , hydraté, lorsque
l’alcool intervenant diminue, par son affinité pour l'iode, les
proportions de ce réactif fixées. (1)
Lorsque enfin les groupes des particules organiques disparais-
seut sous une division telle que toutes les propriétés contractiles
sont évanouies, la faculté de fixer l’iode ou de se teindre dispa-
rait aussi; en un mot, lamidon est changé en dextrine.
L’iode est un réactif insuffisant \pour prouver la présence,
l'absence ou les proportions de la substance amy lacée ; car 1° des
colorations violettes analogues à celles de l’iodure d’amidon
peuvent être communiquées au papier par l'iode; 2° l'amidon
(x) D'un côté , les modifications de la couleur bleue, lorsqu'elle vire aux nuances violettes
par l'atténuation des particules combinées ; d’une autre part, la coloration bleue propre à la
substance qui , étant le moins désagrégée , est douée d’une plus forte attraction pour l’iode ,
peuvent se comprendre, en les comparant aux deux ordres de phénomènes qui suivent :
1° Beaucoup de substance qui réfléchissent le bleu, telles que l’indigo et le bleu de Prusse,
«e nuancent de violet , de rouge ou d’orangé, lorsqu'ils sont très divisés ou polis;
2° Sur une superficie violette, la fixation d’une matière jaune peut produire le bleu.
PAYEN. — Sur L’ Amidon. 115
faiblement agrégé ou désagrégé ne donne ni couleur ni com-
posé stables avec l’iode ; et 3° la présence de l'alcool fait virer
au violet, de plus en plus rougeàtre , les nuances de liodure
d’amidon en grains.
Phénomènes dus à la contractilité de l’amidon sous l'influence
dé la baryte, de l’oxide de plomb, de l'hydrate de chaux et
du chlorure de sodium.
La solution de baryte contracte très fortement la fécule lorsque
celle-ci est prodigieusement gonflée par l'eau bouillante er
refroidie.
Si l’on verse une un de Pate dans un empois, même
très léger, celui-ci offre aussitôt deux parties distinctes, FPune
trèséliquide , l’autre ayant acquis par la séparation de l’eau une
forte cohésion, présente une masse dure, tenace, élastique , très
difficilement perméable.
Lors même que l’amidon est beaucoup plus dilaté encore et
séparé des parties les plus agrégées à l'aide d’une filtration, il
éprouve par la solution de baryte une contraction telle qu'il est
précipité à l'instant, et des flocons agglutinés s’attachent aux pa-
rois du vase.
Mais, dès que ia combinaison, graduellement complétée avec
la baryte, a détruit la forme spongieuse contractée de l'amidon,
la dissolution entière s'effectue dans la même quantité d’eau au
milieu de laquelle la précipitation avait eu lieu.
Ce phénomène de précipitation est fort remarquable: car il
est dù à une réaction dont : produit est une combinaison
soluble.
Aucun autre, en effet, ne manifeste mieux la disposition or-
ganique des particules. On conçoit que celles-ci, n'étant dissé-
minées que par groupes, puissent se rapprocher sur plusieurs
centres d'action où la combinaison s'opère, sans trouver sensi-
blement assez d'eau pour se dissoudre, tandis qu'il s’en trouve
dans la masse liquide un excès qui se décèle bientôt par la disso-
lution totale.
Nous verrons plus loin comment on peut déterminer le poids
8
116 PAYEN. — Sur dl’ Æmidon.
atomique de la matière organique engagée dans cette combi-
naison.
Le sous-acétate de plomb donne avec l’amidon frapidement
hydraté, dissous et filtré, un précipité insoluble, même dans
un excès d'eau ,tandisqu’il ne précipite pas directement l’amidon
désagrégé, parvenu à l'état de dextrine; toutefois la même com-
binaison , opérée à l’aide d’un agent auxiliaire, nous servira
pour trouver la capacité de saturation de la substance amylacée
dans ces deux états.
L'eau de chaux précipite aussi l’amidon en flocons variables,
suivant l’état de division de cette substance, signalant encore les
mêmes dispositions organiques et leurs altérations dans la sub-
stance amylacée.
Les solutions de sulfate de cuivre, de persulfate de fer, de
chlorure de barium et de divers sels, ne précipitent pas lamidon
plus ou moins désagrégé, dissous à chaud, refroidi et rendu
limpide par la filtration.
Le sel marin produit cependant un effet évident de contrac-
tion sur l’amidon hydraté ; voici comment 6n s’en assure.
Ayant préparé dans un tube et au bain-marie un empois léger
avec r gramme de fécule sèche et 25 centimètres cubes d’eau,
chauffés en les agitant jusqu’à 95°, puis refroidis, on pose sur
la superficie de la substance amylacée 4 ou 5 grammes de sel
marin en cristaux menus ; au bout de 24 heures, on voit dis-
tinctement un liquide diaphane extrait par le sel s’interposer
entre ses cristäux, et chaque jour former une solution plus
abondante et limpide qui surnage; un excès d’iode y accuse la
présence de l’amidon dissous, en produisant une combinaison
bleue dont les flocons se contractent bientôt et se précipitent
lentement.
(La suite au prochain cahier.)
Fa
W. GRIFFITH, — Sur les Rhizophorces. 117
Sur la famille des RuizoPhoRres,
Par M. W. GRIFFITH. (1)
Le premier fait que je mentionnerai est relatif aux anthères,
et paraît avoir déjà été bien observé par Jacquin dans son
Histoire des plantes d'Amérique , page 142, et postérieurement
par lillustre R. Brown, qui l'a fait remarquer en peu de mots
dans son Mémoire sur le Rafflesia(Linn. Trans. vol. 13, pars 1,
p- 214): « Dans d’autres cas, il se fait une séparation dans une
portion déterminée de la membrane, en suivant toute la lon-
gueur du lobe de l’anthère comme dans les Hamamélidées et
me Berbéridées , ou correspondant à des sous-divisions comme
dans le plus grand nombre des Laurinées, ou enfin n'ayant
pas de rapports faciles à saisir avec la structure interne comme
dans certaines espèces de Rhiïzophora ». J'avais reconnu cette
structure depuis peu de temps, ignorant complètement qu’elle
eût été observée antérieurement par M. Brown. Ce fut dans l’In-
troduction à l'étude de la Botanique, par M. Lindley, que J'en
trouvai la première mention. Comme cette organisation parait
particulière au genre Rhizophora (tel que je l'ai limité}, elle
dépend probablement d’une structure interne. Je Pai observée
dans le À. macrorhiza, et, d’après l'examen des jeunes an-
thères,je présume qu’elle existe également dans le À. Candelaria.
Leurs anthères sont presque sessiles , d’une grandeur consi-
dérable, et comprimées latéralement, surtout dans le À. Can-
delaria. Leur côté étroit est interne et externe, ou, en d’autres
termes, situé antérieurement ou postérieurement par rapport
à l'axe. En examinant plus attentivement leur surface externe,
on aperçoit une multitude de corps arrondis , opaques, pressés
les uns contre les autres, et paraissant Monee dans la substance
des anthères, qui est traversée par le milieu , et de haut en bas,
par une ligne déprimée. Cette ligne est moins étendue dans le
(x) Extr. des Transactions of the medical and physical society of Calcutta. 8°. 12 pag.
avec une plenche.
118 W. GRIFFITH. — Sur les Rhizophorées.
À. Candelaria ,tandis que dansle À. macrorhiza elle atteint pres-
que le sommet de l’anthère. Si, à l’époque où je viens de décrire
cette derniere, on la coupe transversalement, on remarque que
la masse de l’anthère est celluleuse, que les cellules placées vers
le centre sont plus larges, plus distinctes, et qu’il existe vers -
la circonférence un nombre considérable de sacs. Ceux-ci sont
complètement clos, plus ou moins ovales, et disposés sans ré-
gularité. Ils sont remplis, à cette époque, de pollen encore
imparfait; et quoiqu’ayant une profondeur assez considérable ,
ils sont cependant indépendans les uns des autres. Dans le À.
Candelaria , aucun de ces sacs ne parait être développé suivant
la ligne extérieure ou antérieure; dans le À. macrorhiza , ils
le sont dans toute la périphérie, et sont en outre plus petits et
plus comprimés vers le haut que partout ailleurs. Le tissu de la
circonférence , ou épiderme, comme je l’appellerai, est par-
faitement continu avec les bords des sacs et avec le tissu inter-
posé entre chacun d'eux. Dans le R. macrorhiza , au moment
de l’épanouissement des fleurs, on voit que cet épiderme s’est
séparé du corps de l’anthère en suivant la ligne oblique imdi-
quée plus haut. Deux valves se sont alors formées , et restent
nécessairement dans leur situation primitive. Après l’épanouis-
sement dé la fleur, la valve intérieure , qui est la plus petite des
deux, se sépare de haut en bas et se replie en dedans; l'exté-
rieure se recourbe en dehors, et reste attachée par la base ainsi
que par le sommet. ‘
La masse entière des anthères n’offre aucune trace d’alvéole ;
celles-ci sont plus ou moins remplies de pollen. Les traces de
la continuité primitive du tissu restent adhérentes aux bords des
alvéoies aussi bien qu'a celles des dépressions visibles à la par-
tie interne des valves, formant primitivement les couvercles des
alvéoles, ou plutôt qui les fermait. Cette particularité de la struc-
ture du pollen re paraît pas appartenir uniquement à l’organisa-
tion anormale de ces anthères ; elle semble se rapprocher de celle
du Gui, autant qu’on en peut juger d’après la figure donnée par
A. TL. de Jussieu dans son mémoire sur les Caprifoliacées et les
Loranthacées, publié dans les Annales du Muséum ( tom. 12.
t. 27, fig. E ). Je ne puis m'expliquer la direction des valves des
W. GRIFFITH. — Sur les Rluzophorées. 119
anthères qu’en considérant les loges, dont il me faudrait suivre
la formation comme étant antérieures et postérieures, dans le-
quel cas chacune des valves serait simple. Cette supposition me
parait néanmoins contraire à toute analogie, car je ne connais
aucun exemple de cette disposition. Ou si nous prenons le type
de l’anthere tel que l’a définie M. Brown , il consiste « en deux
follicules ou loges, attachées suivant toute leur longueur aux
bords d’un filament comprimé» ; le parallélisme est inverse. D'a-
près cette manière de voir, les valves doivent être composées,
car chacune doit être formée par une demi-valve du coté droit
et une demie du côté gauche, la ligne d'union des deux valves
représentant la ligne de séparation dans les autres cas. Je ne
connais parmi les anthères aucune forme analogue ; mais on
rencontre des exemples analogues de déhiscence dans les fruits,
où ils forment ce que l’on désigne sous le nom de déhiscence
loculicide. Une position semblable des valves me parait être le
résultat d’une torsion du filament; mais ceci ne me parait pas
devoir être pris comme exemple. Le développement du pollen
doit nécessairementoffrir quelque particularité, mais le manque
de matériaux m'empèche de les mentionner.
Les cotylédonsdes Zhizophora, Kandelia et Bruguiera decan-
dra sont soudés à l’état de maturité, et forment une masse qui,
vers la base (laquelie est articulée avec le collet)},est cylindrique,
creusé, charnue et coriace vers le sommet ; la moitié supérieure
de cette partie est ordinairement un peu resserrée, et entourée
par un üssu spongieux. Ce tissu semble se développer dans les
tégumens de l'ovule, qui à cette époque commence à se déta:
cher et à pousser vers le fond de la cavité péricarpienne. Dans
la plante qui nous occupe, la plumule est logée dans la cavité
du cylindre. L’ovaire sur lequel on observe cette structure n’est
inférieure que dans un quart ou une moitié; la partie supérieure
coriace de la capsule étant pour ainsi dire saillante. (1)
(x) Jacquin et Gærtner se sont trompés tous deux sur la structure du fruit dn ÆRhizophora.
Les cotylédons soudés forment la « crus » de Jacquin et le « vitelluss de Gærtner, et les tégu-
mens dérangés sont « l’albumenr» de Gærtner et la « calyptra » de Jacquin. Suivant ces auteurs,
la graine est réduite à la radicule et la plumule , tandis que les cotylédons de Gærtner soni la:
partie inférieure de la plumule,
120 W. GRIFFITH. — Sur les Rhizophorées,
Dans le Bruguiera parviflora W. et À., et probablement dans
toutes les vraies espèces du genre , les cotylédons sont distincts,
charnus et plano-convexes; ils ne sont point articulés avec le
collet ; ils sont en outre enfermés dans leurs premiers tégumens,
ouverts seulement au point correspondant à la radicule. Dans
ces deux espèces, la capsule complètement inférieure est entiè-
rement renfermée dans le calice. La plumule, dans le B. parvi-
flora, logée entre les cotylédons , est entourée d’un fluide mu-
cilagineux et transparent.
La radicule, dans son état de maturité, est formée par un
système périphérique et central, dont les tissus , quoique con-
tigus, présentent une ligne de démarcation. La masse princi-
pale se compose de cellules qui abondent en matière amylacée.
La proportion des fibres ligneuses varie considérablement.
Dans le À. Candelaria et macrorhiza, on les rencontre tout le
long du système central; elles sont excessivement fines. Dans
le À. decandra, la proportion des fibres,extrêmement petite, se
borne à la circonférence du système central ; dans le Kandelia,
où ce tissu est très serré, il existe seulement vers le sommet
du même système, et ne présente aucune communication avec
le collet. La proporticn des vaisseaux se trouve excessivement
faible dans Îes racines de ces diverses espèces, et semble même
manquer dans quelques autres. Je dois ajouter que le système
central devient plus tard le bois ; les cellules du centre du Bru-'
guiera parviflora subsistent et constituent la moelle.
J'ai remarqué, pour ce qui est relatif à l’exsertion ou au sou-
lèvement de la tige dans ces végétaux, que ce phénomène ap-
partenait en entier au genre Rhizophora, où il prend un très
grand développement, surtout dans le À. maerorhiza. Il n’est
pas difficile de concevoir cet effet, lorsque l’on prend eu con-
sidération le nombre de racines descendant des branches vers
la terre. Celles-ci doivent, pendant leur accroissement , ren-
contrer une grande résistance à chacune des extrémités. La
forme en arcade qu’elles prennent constamment après leur en-
foncement dans le sol ( la convexité étant dirigée en haut } est
une conséquence nécessaire de cette résistance.
Les Rhizophora, tels qu'ils ont été établis par Linné , me pa-
t
W. GRIFFITH. — Sur les Rhizophorées. 121
raissent contenir les types de trois genres, quoique M. De Can-
dolle"n’en admette qu’un. Je pense que dans cette famille, outre
les parties essentielles , les étamines définies et présentant des
variations constantes pourront, sauf une exception, être em-
ployées comme caractère de quelque valeur : le Kandelia
semble donc, en tenant compte de la structure des pétales,
constituer un bon genre, adopté par MM. Wight et Arnott
dans leur Prodrome de la Flore de la Péninsule de l'Inde orien-
tale. Le Bruguiera n'est pas aussi satisfaisant, depuis que le
B. decandra ( Rhizophora Roxb.), dont il existe une excellente
figure parmi les dessins coloriés appartenant au Jardin bota-
nique de l’honorable compagnie de Calcutta, réunit la fleur du
Bruguiera et le fruit du Rhizophora.
Je terminerai par un Synopsis des Rhizophorées que j'ai re-
cueillies sur la côte de la province de Tenasserim, par le 16°30°
parallèle et le 12° latitude nord.
RHIZOPHOREZÆ, R. Brown. Gen. remark. app. Flind. vol. 2,
p- 549.
1. Rxizopnora L. (ex parte), DC. Prod. vol. 3. p. 31 (ex parte).
Wight et Arnott, Prod. Flor. Penins. ind. vol. 1, p. 310.
Je ferai remarquer que la singulière structure des anthères
propre à ce genre, doit entrer comme caractère générique im-
portant. Il me parait qu'on a confondu deux espèces sous le
nom de À. Candelaria ; je propose de les caractériser de la ma-
nière suivante :
1. À. Candelaria DC.
R. foliis ovalibus mucronato-cuspidatis, pedunculis petiolo
brevioribus sæpius 2-floris, floribus 9-12 andris, fructibus
subulato-clavatis nutantibus.
R. Candelaria DC. Prod. 3. p. 32. W. et A. I. c. p. 310. —
Pee Candel, Rheed. Mal. vr. p. 61. t. 34. — + Ca Cande-
larium Rumph. Amb. 3. p. 108, t. 71. 72.
Hab.ad littora limosa maris et æstuariorum oræ Tenasse-
rim , ubique. Floret aprili, maio.
122 © W. GRIFFITH. — Sur les Rhizophorées. *.
Arbuscula coronà latà fere hemisphæricä. Flores albi. Petala angusta, sublævis,
per æstivationem stamina non amplectentia. Stamina sæpissime 12, quorum 2
scpalo cuique, 1 petalo cuique opposita. Radicula (exserta) 1 £ pedalis.
2. R. macrorhiza Griff.
R. foliis ovali-ellipticis mucronato-cuspidatis, cymis nutanti-
bus dichotomis petiolos excedentibus, floribus 8-andris
fructibus subulato-clavatis pendulis.
R. Mangle Roxb. FI. Ind. vol. 2, p. 459. Ejusd. Ic. pict.
in Hort. bot. Calcutt. asservatæ v. 8. t. 115. bona.
Hab. secus littora limosa maris circa Mergui, oræ Tenasse-
rim copiose. Flor. aprili, maio.
Arbor 25-pedalis, coronä parvä. Flores semper octandri, suaviter odorati.
Petala alba, conduplicata , marginibus villosis. Stamina 4 sepalis, #-opposita et
his per æstivationera amplexa. Radicula (exserta ) maxima, 2 ; pedalis, subver-
l'ucosa. pa
Cette espèce me semble différer, par la forme de ses feuilles,
du À. Mangle L., originaire de l'hémisphère nord. Le port de
ces deux plantes est très distinct, ainsi que la forme des an-
thères. La disposition pendante du fruit du À. macrorhiza ré-
sulte de la grande longueur du pédoncule , tandis qu'il est tel-
lement court dans le À. Candelaria , qu'à l’époque de la ger-
mination du fruit il est d’abord dressé et se courbe postérieure-
ment par son propre poids.
IT. KANDELIA W. et A.
Ruizopnora $ Kawperia DC.
Ogs. Le caractère de l'ovaire, tel que l'ont établi MM. Wight
et Arnott, est une modification de la structure ordinaire du
fruit dans la famille, comme je l'ai reconnu par mes propres
observations. Je l'ai trouvé ayant la structure ordinaire.
K. Rheedei W.et A. 1. c.p.32s: — Tsjerou Kandel. Rhecd,
Le. p.63, t. 35. — ARhizophora Kandel L. DC. !. c. p. 32.
Hab. ad ripas limosas fluminum oiæ Tenasserim , præcipue
ostta versus. Floret septembre, octobre.
W. GRIFFITE. — Sur des Rhizophorées. 123
III. BRUGUIERA Lamk
* Floribus 8-petalis.
1. B. cylindrica W. et A.
B. foliis lanceolato-obovatis subacutis, pedunculis 1-3-floris
petiolis paullo brevioribus, calycis fructus laciniis patenti.
reflexis, fructibus cylindraceis acutiusculis.
B. cylindrica W. et A.1. c.p.3r1.—Rhizophora cylindrica L.
DC. L c. p. 32. — Kanil-Kandel, Rheed. I. c. p. 59, t. 35.
Hab. secus limosa littora insulæ Pulo Gyoon et Madama-
can , rarius ; florens novembre.
Arbuscula. Flores viridescentes. Calycis laciniæ lineares. Petala albida, api-
cibus ciliato-pinnatifidis. Fructus penduli 5-6 unciales.
O8s. La figure donnée par Rheede se rapporte assez bien
à ma plante, qui diffère du 2. parviflora de Roxburgh.
2. B. parviflora W. et A.
B. foliis lanceolatis v. lanceolato-ovatis obtusiusculis, pedun-
culis petiolorum longitudine dichotomè 5-floris, calycis
fructüs lacinns erectis fructibus obtusis.
B. parviflora W. et À. 1. c. p. 311 (sine caractere ). — Ahi-
Zophora parviflora Roxb. 1. c. p. 461. Ejusd. Icon. pictæ supp.
V, 2.1.4.
Hab. inter alias Rhizophoreas in insula parva , anglicè Ma-
damacam dicta, Mergui proxima. Floret fructusque profert
ab octobre usque ad martium.
Arbuscula elegans. Flores viridi-lutescentes, Dodo Calycis tubus elon-
gatus, subfusiformis. Petala lutescentia, sie Fructus subcylindrici 4-5-un-
ciales, penduli , apicibus quasi truncçati et medio foveolati.
** Floribus 10-13 petalis.
B. gymnorhiza Lamk. W.et A. Le.p. 311. — Kandel.
Rheed, Mal. p. 57. t. Br. optima et 52 mala.— Mangium cel-,
12/ W. GLIFFITH. — Sur les Rhizophorees.
sum, Rumph. amb. 3. p. 102. t. 68 mala. — Rhizophora gym-
norhiza L. Roxb. 1. c. p. 460. Ejusd. Icon. pict. vol. 8. t. 114.
Hab. ad littora oræ Tenasserim; florens per totum annum.
*** Species inter Rhizophoram et Bruguieram media.
B. decandra Griff.
B. foliis obovatis obtusissimis floribus dense capitulatis , ca-
lycibus 5-partitis fructibus clavatis sulcatis.
Rhizophora decandra Roxb. FI. ind. Synops. mss, Ejusd. Icon.
vol. 8.1. 116 optima DC. L c. p. 33.
Hab. ad littora limosa oræ Tenasserim ad Martaban et Mergui.
Floret per menses calidos.
Frutex sæpius humilis. Flores viridescenti-albidi. Petala alba (demum co-
riacea et brunnescentia), conduplicata , apicibus inciso-laciniata. Stamina peta-
lorum numero dupla, 2 petalo cuique opposita et per æstivationem codem am-
plexa. Antheræ biloculares. Calyx fructüs semi-inferus, coriaceus, lacimiis
patentibus. Fructus erectus vel nutans. Radicula (exserta) 5-6 uncialis.
Species flore Bruguieræ , fructus Rhizophareæ.
IV. CARALLIA Roxb.
C, lucida Roxb. Cor. pl. vol. 3. t. 211. Ejusd. icon. pict. vol.
9.t:,19-mala. El;ind.vol.2.p#181..W.etxAE c:.5.372.
Hab. in humidis oræ Tenasserim ad Moalmain et Mergui.
Floret decembre.
Arbor humilis, ramulis compressis. Folia ovata v. oblongo-ovata, crenulata, in-
terdum integra, coriacea. Cymi axillares, oppositi, dichotomi, folis breviores. Flo-
res dense aggregati, viridescenti-albidi, odoris forte ingrati. Petala alba. Stamina
petalorum numero dupla, alterna, petalis opposita et per æstivationem iisdem
amplexa. Antheræ biloculares, longitudinaliter dehiscentes. Ovarium 4-loculare,
loculis 2-ovulatis. Stylus filiformis; stigma 4-lobum ovula pendula. Tegumenta
bina distincta. Foramen superum hilum prope.
J. D.
M. 1. SCHEIDWEILER. — Cactées nouvelles. 125
Drescriprio diagnostica nonnullarum CacrEaRun , quæ a D°
Galeotti in provinciis Potosi et Guanaxato regni Mexicani
inveniuntur, a M. J. ScxeinwæiLer, prof. Bot. ac Agronomiæ
institut. Regiæ veter. Regni Belgici.
(Extr. du Bulletin de l’Académie royale de Brnxelles, août 1838. )
Ariocarpus Scheid.
Caract. gen. — Calycis tubus subtrigonus monophyllus, su-
perus 6-7 partitus marcescens ; petala 12 uniserialia a calyce
distincta ; stamina numerosa, pluriserialia ; pistillum unicum,
stigma sexfidum ; bacca turbinata unilocularis , vacua, polysper-
ma; semina parietalia ; embryo rectus, subglobosus, radicula
crassa obtusa.
ATioCarpus relusus.
A. simplex interdum multiplex, foliis multifarüis deltoïdeis apice retusis,
apice cartilagineis, supra convexiusculis, lepidoto-punctatis, glauco-cinereis,
subtus ad angulum gibbosis; areolis infra apicem foliorum immersis, oblongis
lanatis, biaculeatis, adultis nudis ; aculeis brevissimis; axillis setoso-lanatis; flo-
res inter basin foliorum e lanæ medio; calycis tubus 5 lin. longus, integer subtri-
gonus 6-7-partitus; scpala lanceolata acuminata ; petala 12, angustiora, sepala
vix superantia ; stamina numerosa inflexa; stylus simplex elavatus stigmatibus
sex radiatis, planis, undulatis.
Habitat in rupibus porphyricis prope San-Luis de Potosi.
Alt. 6500 ad 7000 ped.
EcxinocAcrus.
1. Echinocactus pectinatus.
E. multiplex, superne ramosus, cylindricus, læte vividis, vertice umbilicato;
costis 20-22 compressis tuberculatis acuatis ; areolis linearibus immersis, obscure
cinereis minutissipe albido punctatis vel pulverulentis : aculeis exterioribus 30
inæqualibus bifarie radiantibus albidis, basi roseis junioribus amœne roseis, cen-
trahibus tribus parvulis, rectis, compressis, nonnumquam basi confluentibus
brunes.
Hab. propé la isla del Pennasco in locis temperatis.
126 M. I. SCHEIDWEILER. — Cactées nouvelles:
2. Echinocactus tortus.
E. oblongus vel subglobosus octangularis, læte viridis, quandoque maculis
bruneis irregularibus notatus; costis compressis spiraliter tortis, tuberculis albis
lanuginosis tectis; sinubus undulatis ; areolis remotiusculis, flavo dein griseo-
tomentosis; aculeis 8-10, supremis mmoribus, medio v. infirmo longissimo gla-
diato, mediis rectis, summis recurvulis, cylindricis aut compressis, pallide flavis,
basi aureis transversim striatis; sepala subulato pungentia.
Hab. ad rupes propè la isla del Pennasco.
0
3. Echinocactus phyllacanthus Mart. var. spinis foliaccis
tribus.
E. obovatus, læte viridis, vertice convexo, costis plurimis, confertis undula-
üis, quandoque interruptis cum tuberculis applanatis interpositis; areolis sparsis
immersis, nudis, jumoribus parce tomentosis ; aculeis superioribus tribus, medio
foliaceo tricuspidato, lateralibus gladiatis, recurvulis; inferioribus 4 minoribus,
gracilioribus rectis; adultis nigrescentibus, junioribus griseo-carneis, omnibus
transversim striatis.
4. Echinocactus phyllacanthus. Var. spina foliacea unica.
A præcedente aculeorum numero et vertice umbilicato dis-
cernitur , spina lata, foliacea unica apice tricuspidata.
MAMMILLARIA.
1. Mammillaria radians DC. v. globosa.
M. multiplex globosa, axillis tomentosis, areolis nudis, junioribus parce
tomentosis oblongis ; aculeis 18-20 radientibus albidis, rigidis: bacca oblonga
maxima, vasis placentariis centralibus; semina oblonga,læte brunea; radicula
incurva.
>. Mammillaria versicolor.
M. lactescens, basi et superne ramosa, globosa vertice umbilicato, axillis
lanatis; mammillis tetragonis læte viridibus, medio et versus apicem sæpe
rubris; areolis infra apicem mammillarum immersis , nudis, junioribus lanatis ;
aculeis 5-6 albidis, junioribus lutescentibus rectis; centraliflongissimo recurvo,
flexuoso.
Aculeorum forma maxime variat; supremus nonnunquam
parvus, aut longior rectus, vel. recurvus.
Hab. propè San-Luis de Potosi,
.
ET
€
AT. IT. SCHEIDWEILER. — Cactées nouvelles. 127
3. Mammillaria depressa.
M. lactescens, cylindracea vertice depresso umbilicato; axillis senioribus nu-
dis, jumioribus lanatis; mammillis confertis, subtrigonis, læte viridibus, minu-
tissime punctatis; areolis nudis junioribus lanatis, infra apicem mammillarum;
aculeis septem albis, interdam apice nigris, radiantibus, aut sæpe imcurvulis, cen-
trali recurvulo, carneo, uncato.
4. Mamrmillaria clavata.
M. suaplex clavata ; axillis latis, lauatis deinde nudis, glandul:m rubram ge-
renübus:; marmmillis cylindricis ad basin tetragonis viridibus; areolis lanatis
tandem nubis; aculeis exterioribus 10 rigidis fuscescentibus albo-incrustaüs,
basi aureis, centrali longiore eorneo.
Hæc species videtur esse varietas Marmmillaria Lehmanni.
Hort. Berol.
5. Mammaullaria glochidiata Mart. var. purpurea.
M. sabglobosa cæspitosa ; axillis lanatis, mammillis cylindricis elongatis basi
solutis ; areola juniora lanata ; aculeis exterioribus setuformibus 20 horizonta-
hibus albidis, interioribus 4 rectis, centrali uncato, summis purpureis basi
aureis. à
6. Mammillaria inconspicua.
M. radice lignora glabra; caudice cylindrico superne et basi prelifero ;
axillis nudis, junioribus lanatis, mammillis confertissimis obtase conicis, spira-
liter dispositis, apice oblique truncatüs ; areolis nudis; aculeis exterionbus 35
radiantibus hyalinis tandem nigrescentibus, centrali unico rigidicre longiore
nigro-
Videtur esse varietas Mamillariæ centrispiræ P£. à qua acu-
leorum numero colore eorum et caudice basi prolifero discer-
nitur.
7. Mammillaria stipitata.
. M. simplex, clavata, basi valde attenuata, axillis lanatis, deinde nudis glan-
dula rosea instructis; mammillis conicis, subincurvulis, basi lats antice canali-
culatis ; areolis nudis, junioribus lanatis; aculeis exterioribus octo, radiantibus,
albis apice nigris, centrali unico, multo longiore uncato, carneo apice fusces-
cente.
8. Mammillaria decipiens.
M. multiplex : clavata basi attenuata rosea; axillis adnatis nudis jumioribus
128 M. I. SCHFIDWEILER. — Cactées nouvelles.
parce lanatis et setosis sæpe roseis ; mammillis cylindraceis , Iæte viridibus sub-
lente minutissime punctatis ; areolis junioribus lanatis tandem nudis; aculeis
exterioribus 7 radiantibus aibo-flavescentibus, centralibus 1-2 fuscis rectis lon-
gioribus, omnibus delicatulis ; baccæ inter setas 4, cylindraceæ, mammillis initio
consimiles tandem longissimæ.
9. Mammillaria candida.
M. multiplex, globosa tandem cylindracea; vertice depressa; axillis setosis;
maminillis cylhndricis, subclavatis, obtusissimis, pallide viridibus, aculeis radian-
tibus supertextis, areolis lanatis tandem nudis ; aculeis exterioribus plurimis seti-
formibus, centralibus 8-10-12 rectis, exterioribus parum validioribus, omnibus
albissimis. — Species ornatissima.
Hab. in rupestribus propè San-Luis de Potosi.
10. Mammillaria supertexta Mart. var. mam. longioribus.
M. lactescens ; globosa, umbilicata, mammillis tetragonis conicis, viridibus,
confertibus; axillis lanatis; areolis subnudis; aculeis centralibus 2-3-4 albis
apice nigricantibus, rigidis, exterioribus 20-22 albis regidiusculis bifarie ra-
diantibus.
Hab. in Mexico.
11. Mammillaria conopsea.
M. lactescens, glauca, cæspitosa; axillis Janatis, mammillis confertis irregu-
lariter obtuse tetragonis, angulo inferiore producto, areolis infra apicem mam-
millarum tomentosris, tandem nudis immersis; aculeis 5 iræqualibus; duobus
superioribus brevibus, lateralibus longioribus, infimo longissimo, recurvulo ;
omnibus pruinosis albidis apice nigris.
Plurimæ sunt varietates, quæ differunt numero aculeorum et
forma mammiilarum.
Hab. prope lila del Pennasco.
12. Mammillaria formosa Galeotti.
M. lactescens; simplex, subclavata vertice umbilicato; axillis et interstitus
floccoso-lanatis; mammillis confertis, spiraliter dispositis, obtuse tetragonis, læte
viridibus, glaberrimis, sub lente albo-punctatis; areolis nudis; aculeis exteriori-
ribus 20-22 albis rigidiusculis, radiantibus; interioribus 6, stellatis, acicularibus,
basi incrassatis, nascentibus carneis apice et basi nigris, demum rigris, tandem
griselse
Hab. propè San-Felipe.
mm —— —
C. MARTINS. — Sur le mont l/entoux. 129
Essar sur la topographie botanique du mont Ventoux, en
Provence,
Par C.F. Martins, D. M.
(Lu à la Societé philematique le 17 mars 1838.)
6 I. DESCRIPTION PHYSIQUE ET MÉTÉOROLOGIE
DU MONT VENTOUX.
Cette montagne, une des plus élevées parmi celles qui héris-
sent l’intérieur de la France, se trouve sous le parallèle de 44°
10’ 27”, et à 2° 56° 30”, à l’orient du méridien de Paris. Elle est
à 12 lieues au nord-est d'Avignon, et domine majestueusement
le fertile bassin qui forme le département de Vaucluse. (1)
Le Ventoux fait partie du système de chaïnons parallèles qui
sillonnent cette région sous le nom de montagnes du Léberon, de
Sainte-Victoire, des Alpines, etc. Sa forme est pyramidale. Une
crête tranchante sépare les deux versans principaux. Elle court
de l’est à l’ouest en s’abaissant fortement à partir du sommet et
s'arrête au bord du Rhône, après avoir éprouvé des ruptures
nombreuses dues au relèvement composé de ses couches, qui
plongent vers le sud, et présentent au nord leurs tranches es-
carpées. À la base du versant septentrional s’élève une petite
chaîne de montagnes courant du sud-ouest au nord-est. D’étroites
vallées la séparent du Ventoux, mais elle se rattache à lui par
plusieurs cols, dont le plus élevé, le col du Comte atteint, sui-
(x) Quelques auteurs ont cru reconnaître dans le Ventoux l’Aeria des anciens, mais il paraît
que les Romains désignaient sous ce nom une ville mentionnée par Strabon (Liv, IV, p. 185),
Etienne de Byzance et Artémidore. Danville ( Wotice sur la Gaule, édit. n-4, p: 37) ne craint
pas d’avancer que cette ville était sur le Ventoux; mais le mot 4eria se retrouve dans la dénomi-
nation dn château de Lers, situé vis-à-vis de Roquemwaure et dont la position s'accorde parfaite=
ment avec l'indication de Strabon, qui place Aeria entre Avignon et Orange.
X. BorTan, — Septembre. 9
.
130 C. MARTINS. — Sur Le mont Ventoux.
vant M. Guérin, la hauteur de mille mètres (1). C’est par son in-
termédiaire et une suite de chaïnons paralleles que le Ventoux
se trouve lié au grand système des Alpes maritimes, dont il est
le dernier échelon dans la direction du sud-ouest. Sa pente mé-
ridionale est entièrement découverte et vient expirer dans la
plaine du Rhône.
La hauteur du Ventoux, comme celle de la plupart des monta-
gnes,n'a été bien connue que depuis l’épaque où les méthodes
géodésiques et barométriques sont arrivées à un haut degré de
perfection. Lacaille la fixait à 2106 mètres d’après des obser-
vations faites à Aigues-Mortes , et à 1958 d’après celles qu'il
répéta sur la montagne de Sainte-Victoire. Les observations de
Lacaille recalculées par Delambre ( Base du système métrique,
t. III, p. 536), d'après sa formule et par le commandant Del-
cros ( Bibliot. univers. t. XE, p. 167 ), donnent les nombres sui-
vans : celles d’Aigues-Mortes 1958 ; celles de Sainte-Victoire
1937 et 1911", 9; Suivant qu'on adopte pour la hauteur de
Sainte-Victoire au-dessus du niveau de la mer 984",5 ou 958",8.
M. de Zach (Correspondance astronomique, 5° cah.) estimait la
hauteur du Ventoux à 1919 mètres.”
Les incertitudes que doivent laisser dans tous les esprits des
résultats aussi divergens, n'ont été dissipées que dans ces derniers
temps. En 1823, M. Delcros, officier supérieur d'état-major , et
de l’ancien corps des ingénieurs géographes militaires, fut chargé
des grands travaux géodésiques dont le réseau couvre toute cette
partie du royaume et doit servir de base à la levée de la nou-
velle carte de France. Le Ventoux est un des points qu'il a dé-
terminés avec le plus de soin, et nous devons à cet officier dis -
tingué la seule mesure réellement exacte de cetté montagne.
C’est par une chaîne de triangles, qui partent du niveau de la
Méditerranée au pied du phare de Planier, et se lient par plu-
sieurs combinaisons , à un signal élevé sur la chapelle qui cou-
ronne le faite du Ventoux, qu'elle a été obtenue. Ea moyenne
(1) Loire: les hauteurs indiquées dans ce mémoire sont en mètres Un métre=3 pieds o pouec
11,900 lignes,
C. MARTINS. — Our le mont lentoux. 131
de quatre résultats très concordans, a donné à M. Delcros
1911°,4 pour la hauteur du point culminant.
Examinons maintenant les résultats fourais par le baromètre
employé comme instrument hÿpsométrique, et appliqué à la me-
sure du Ventoux. Sans parler des causes d'erreurs communes à
toutes les montagnes, il en présente encore deux autres qui lui
sont propres. Son sommet, isolé de toutes parts, est battu con-
stamment par des vents d’une violenceextrême, qui, en remontant
le long de ses flancs, soulèvent les couches atmosphériques et dé-
terminent l’abaissement de la colonne mercurielle. Cet effet, que
Ramond a déjà signalé (Recherches sur la formule barométrique,
p- 126), doit être plns sensible sur le Ventoux que sur toute autre
montagne. La seconde cause d'erreur provient de ce que les tem:
pératures de l'air qui accompagnent les observations baromé-
triques correspondantes faites à Avignon, à Orange ou à Nimes,sont
en général trop élevées. Ces deux causes tendent toutes les deux
à exagérer la hauteur du Ventoux. La preuve en est dans les
nombres suivans, qui sont extraits de différens auteurs. Darluc
(Histoire naturelle de la Provence, t.r, p. 205) l'estime à 1976".
Delcros (Bibl. univ. t. v, p. 283), 1957. M. de Gasparin à 1968".
M. Guérin {Mesur. barom., p. 58) donne comme moyenne d’un
erand nombre d'observations 1949". Les miennes Gnt été faites
avec un baromètre à siphon, et calculées avec le plus grand soin
par le commandant Delcros, en prenant pour bases les obser-
vations correspondantes faites à Avignon par M. Guérin; à Nimes,
par M. Valz, et à Marseille, par M. Gambard: La hauteur des
différentes stations a de plus été déduite de mes propres obser-
vations successives. Voici le tableau de quelques résultats :
: FRS 4 EVA Obs. Trigonom.
DATES, ’ Avignon. Nîmes, rare Éuceesiren|lDele ton STATIONS.
n ÿ
1836. |
27 juill. midi.|1922m,7 1914,6 1y060,6 1008M,5|1908m,4| Chapelle de la Sie-Croix.
Id. 3h.lr1943 ,711938 ,4 19279 ,6|1925 ,9|1911 ,4| Sommet du Ventoux.
On voit dans ce tableau que les chiffres fournis par les ob-
9.
132 C. MARTINS. — Sur le mont l’entoux.
servations successives se rapprochent le plus de la vérité; puis
viennent ceux obtenus par les correspondantes de Marseille. Les
hauteurs calculées par Nimes et surtout par Avignon, donnent
des nombres beaucoup trop forts. On y reconnait l'effet de la
température toujours trop élevée dans ces deux villes; tandis
qu’elle l’est beaucoup moins à Marseille, où la chaleur du jour
est tempérée par le voisinage de la mer (1). La première des
deux observations, faite dans l'intérieur de la chapelle, à l'abri
du vent et avec le plus grand soin , a donné, en calculant d’a-
près les observations successives, un résultat identique, à un
décimètre près, avec celui que M. Delcros avait obtenu par
les moyens géodésiques.
DESCRIPTION PHYSIQUE DU MONT VENTOUX.
ÿ
Un des versans du mont Ventoux, celui qui vient mourir
dans la plaine du Rhône, est tourné vers le S.-S.-0.; l’autre re-
garde le N.-N.-E Le premier est exposé à toute la violence des
vents du sud etde la bise; l’autre est protégé par les chaînes de
montagnes qui courent parallèlement à lui. Aucune de ces chai-
nes ne présente de sommet qui s'élève à plus de mille métres,
et il faudrait s'avancer jusqu'aux Alpes maritimes pour trouver
des montagnes dont la hauteur égalàt celle du Ventoux. Grâce à
cet isolement, les effets du décroissement de la température ne
sont nullement altérés, et manifestent aux yeux du botaniste
leur puissante influence sur la végétation.
L’inclinaison de la pente moyenne des deux versans n’est pas
la même ; elle est de 10° pour le versant méridional, de 19° 30:
pour le versant septentrional qui offre une succession de cor-
niches dues à la rupture des couches de la montagne. Une cre-
vasse profonde le sépare du chaïnon parallele correspondant :
celui-ci forme l’autre bord de la faille, et présente au sud les
(x) Cette influence se fait sentir dans les 80 observations au moyen desquelles j'ai déterminé
les zones végétales du Ventoux.
C. MARTINS. — Sur le mont Fenioux. 133
"
tranches de ses couches brisées, dont les plans s’inclinent vers
le nord.
La pente méridiouale coincide avec le plan déversé de ses
couches , et va plonger sous le sol de la plaine du Rhône. Cette
vaste surface est sillonnée par des ravins profonds dus à la rup-
ture transversale que les couches ont subie dans le double sou-
lèvement qui lui a imprimé sa forme et sa position actuelles.
Ces ravins sont à sec pendant les trois quarts de l’année; mais
après les fortes pluies de l’automne et du printemps, ils se
transforment en torrens impétueux qui dévastent les plaines
environnantes, tandis qu’en été ce sont d’étroits et arides val-
lons où la chaleur est insupportable. Depuis les déboisemens
irréfléchis de la fin du siècle dernier, l’action combinée des eaux
et du vent a peu-à-peu enlevé toute la couche de terre végétale
qui tapissait les flancs de la montagne, et le Ventoux n’est plus
qu'un mont pelé où la roche disparaît sous les fragmens de
pierre calcaire amoncelés de tous côtés : aussi peut-on le com-
parer sans métaphore à un immense amas de pierres calcaires
concassées.
À quelle formation appartient le Ventoux?
Pour répondre à cette question, il eût fallu faire un examen
attentif de ses couches dans toute sa hauteur. Notre attention
absorbée en entier par l’étude de la végétation, ne s’est point
portée sur cet objet; tout ce que nous pouvons dire, c’est que
la masse de la montagne est calcaire. Vers le sommet, elle est
jonchée de rognons et de fragmens de silex pyromaque qui
pourraient faire présumer que les couches supérieures appar-
üennent au terrain crétacé ou au calcaire siliceux tertiaire qui
se montre à Vaucluse. Au pied du versant méridional, on ob-
serve des grès ferrugineux, des poudingues et des lignites qui
doivent appartenir au terrain de transport tertiaire ancien que
le dernier soulèvement de la montagne a nécessairement dis-
loqué.
Quelques minéraux et un petit nombre de fossiles se trou-
vent sur le Ventoux. M. E. Frossard y a recueilli de la chaux
sulfatée, du fer sulfuré en état de décomposition, des em-
preintes d’oursins et de zoophytes. M. Requien a signalé des
34 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
nautilites sur le versent septentrional à la hauteur de 800 mètres,
et du côté de l’est à une petite distance du sommet, on voit une
grosse ammonite. Pour le botaniste ces détails de géologie sont
suffisans; car la cohésion, l'humidité , fa couleur et la pente
du sol ont probablement une influence plus grande sur la végé-
tation que la nature chimique de la roche. La couche épaisse
de fragmens calcaires qui recouvre uniformément les flancs du
Ventoux, et qui ne disparait qu’au sommet et le long de larète
dont nous avons parlé, a dû nécessairement modifier puissam-
ment la végétation herbacée de la montagne. Les tiges des plan-
tes sont forcées de se faire jour à travers les pierres pour trouver
la lumière, tandis que leurs racines s’enfoncent dans le sol,
protégées par les fragmens qui le recouvrent. Il en résulte que
l’eau pénètre difficilement jusqu’à elles, mais s’y conserve plus
long-temps. Pendant les grandes chaleurs de l'été elles sont pré-
servées de l’action directe des rayons solaires avec d'autant plus
d'efficacité que la couleur grise de la pierre n’est pas favorable
à l'absorption du calorique. Il y a plus, des nuits toujours froides
et lévaporation rapide produite par les vents toujours violens
qui règnent sur ces hauteurs, empêchent le sol de s’échauffer
d'une manière notable. Il résulte de cet ensemble de circon-
stances que l’on trouve sur cette montague un grand nombre de
plantes acaules ou à tige enterrée sous les pierres, qui dissi-
mulent mal la nudité de ses flancs.
On ne rencontre pas sur le Ventoux ces sources abondantes
qui entretiennent la fraicheur sur le penchant des Alpes ; quatre
filets d’eau semblent jaillir à regret sur ses pentes arides: ce sont
au nord les puits du mont Serein à 1455" d’élévation , la Font-
Bliole à 1788", la source d’Angel à 1164”, et enfin celle de
Lagrave. (+)
(2) Au pied du versant septentrional du Ventoux, nou loin de Malaucene et à une hauteur de
&13 m, sur la mer, on voit avec surprise une source abondante, qui forme à l'instant même
un ruisseau considérable, et rappelle, sous plusieurs points de vue, la célèbre fontaine de
Vaucluse,
C. MARTINS. = Sur de mont Fentoux. 135
MÉTÉOROLOGIE DU MONT VENTOUX.
On possede pius de renseignemens sur le climat du Ventoux
que sur celui de la plupart des montagnes de l'Europe. Ils sont
néanmoins encore bien insuffisans lorsqu'il s’agit d'apprécier
tous les élémens dont on a besoin pour déterminer les condi-
tons atmophériques qui influent sur la distribution des végé-
taux. Nous ne savons pas, en particulier , quels sont le maxima
et les minima de la température pour chaque mois, les quan-
tités de pluie et de neige ; nous ignorons le rapport numérique
des jours sereins aux jours brameux, etc., etc. Toutefois, en
combinant les obcervations déjà faites, on peut en déduire par
induction quelques-unes des lois qui nous intéressent.
M. le Dr. Guérin d'Avignon a fait des expériences directes
pour déterminer la différence qui existe dans les diverses saisons
entre la température du sommet du Ventoux et celle de la plaine.
Il les a consignées dans les Æssais de médecine qu'il a publiés
en commun avec M. le D'. Waton en 1798, et dans son petit
volume intitulé Mesures barométriques. U habitait alors Car-
pentras , où la hauteur moyenne du baromètre est de 353"",30,
ce qui donne une élévation de 101 mètres au-dessus du niveau
de la mer. La température moyenne déduite de deux années
d'observations est de + 18°,4 pour le jour et de+ r1°,2 pour
la nuit. Dans les grandes chaleurs, le thermomètre centigrade
s'élève à + 37°, et il atteint souvent 34°,8. En hiver, il descend
rarement à —2° ou — /° : c’est exceptionnellement qu'en 178%
il tomba à — 190,5. L'air est presque toujours sec en été lorsque
c'est le vent du nord qui souffle. En hiver au contraire ce vent
amène les naages et la pluie. Celui qui vient de l'est est moins
sec que le vent du nordet moins humide que celui du sud; il
souffle dans toutes les saisons : celui d'ouest est le précurseur
des orages. Les vents font quelquefois varier le thermomètre
de 12° en un jour. La bise ou vent du N.-N.-0. règne environ
la moitié de l'année : en juin, juillet et août , elle est remplacée
par le vent du S.-0. qui se lève vers une ou deux heures de
l'après-midi et cesse au moment ou le.soleil se couche. En ré-
1306 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
sumé, dit M. Guérin, dans une lettre qu’il a bien voulu m’adres-
ser à ce sujet, pendant les mois de juin, juillet, août et sep-
tembre qui sont les seuls où la végétation soit active sur le
Ventoux, les vents du midi soufflent cinq ou six fois pendant
deux ou trois Jours de suite, ceux du nord huit ou dix fois pen-
dant le même intervalle. Enfin le S.:-O. interrompu par quelques
jours de calme règne pendant le reste de l’année. La ville de
Carpentras n'étant située qu’à deux lieues au sud-ouest du mont
Ventoux, nous pouvons considérer le climat de Carpentras
comme étant celui du pied de la montagne. Dans les deux ta-
bleaux suivans nous avons réuni toutes les différences de tem-
pérature observées jusqu'ici entre Avignon d’un côté, le sommet
du Ventoux et les bergeries du mont Serein de l’autre.
TABLEAU DES DIFFÉRENCES DE TEMPÉRATURE
observées entre Avignon et le sommet du Ventoux.
SOMMET
du Ventoux.
AVIGNON.
DIFFÉRENCES. | OBSERVATEURS.
207 1911:
9 Janvier 1799.
7 h. 1/2. — 20,5. ” BE Guérin.
Al 11 Janvier 1798.
8 h. ù id.
9 h. id,
10 h. V52. id.
127 juillet 1836.
midi. 8 Martins.
3 h. : Ds id.
21 sept. 1814:
10 h. : Delcros.
11 h. 910: id.
midi. 2 id.
1 h. À F0! id.
2 h. ù id.
5 octobre 1797. 5 Guérin.
C. MARTINS, = Sur le mont Ventoux. 137
TABLEAU DES DIFFÉRENCES DE TEMPÉRATURE
observées entre Avignon et les bergeries du mont Serein.
AVIGNON, BERGERIES
—_— du mont Serein DIFFÉRENCES. OBSERVATEURS.
20m. à 1424 m.
22 Juillet 1836.
11 h. — 20°,9. ; Martins,
27 juillet 1836.
1x h. — 290,0: D id.
20 sept. 1815.
2 h. —- 26°,0. Delcros.
3 h. + 25°,0. . è id.
21 sept. 1815.
10 h. + 229,0.
11 b. 24,5.
215ept. 1814.
3 h. —22°,7.
Du premier de ces deux tableaux nous pouvons déduire la
différence des températures de l'air, entre À vignon et le sommet
du Ventoux en été et en hiver. Du second, celle qui existe entre
cette même ville et les bergeries du mont Serein en été. La tem-
pérature moyenne d'Avignon, déduite d'observations continuées
pendant 27 ans par M. Guérin, est de 14°, 38. (Voy. Mes. baro-
métr. p. 121-158). D’après cela, la différence moyenne de la
température entre Avignon et le sommet du Ventoux, conclue
du premier tableau, est de 10°,15 en hiver, 14°,66 en été, et la
différence moyenne de l’année sera 12°, 82: nombre qui, retran-
ché de la température moyenne d'Avignon, nous donne + 1°, 56,
pour la température moyenne de l’année, au sommet du Ven-
toux. (1)
(x) Voici les calculs qui nous ont conduit à ces résultats. Soient :
t La moyenne des températures observées en été à Avignon. D’après les huit dernières oh-
servalions # — 24°,13.
138 C. MARTINS. — Sur Le mont lentoux.
Nous trouvons aussi, pour la différence moyenne de l'été, en-
ire Avignon et les bergeries du mont Serein, 4°, 4; pour la dif-
férence moyenne de l’année 8°,2, et 6°,2 pour la température
moyenne de l’année. (1)
D’après ces données, nous pouvons calculer le décroissement
de la température sur toute la pente méridionale du Ventoux.
Pour le versant septentrional , nous en serons réduits à des ap-
proximations, parce que nous n'avons pas d'observations direc-
tes sur les différences de température qu’on trouverait entre le
pied septentrional de la montagne et les bergeries du mont Se-
rein, mais seulement sur celles qui existent entre cette localité
et la ville d'Avignon, située au sud du Ventoux. De plus, la
petite chaîne parallèle qui s'élève de 800 à 1000 mètres le long
de ce versant, est située en plein midi, et fait rayonner vers
lui la chaleur qu’elle absorbe. Le décroissement doit donc être
faible jusqu’à la bauteur de goo mètres environ, tandis qu'il
marche très rapidement à partir de cette hauteur.
CRE
La moyenne des températures observées en hiver à Carpentras et réduites pour Avignon
&'—= + 0, 27.
d' La différence moyenne entre Avignon et le sommet du Ventoux, déduite des observa-
tions d'été : d = 14°.66.
d' La différence moyenne entre Avignon et le sommet du Ventoux, déduite des observa-
tions d'hiver: d'— 10°, 15.
«
T La température moyenne d'Avignon: T = 14°,38. :
æ La différence inconnue correspondant à la température moyenne d'Avignon;
On aura la proportion:
t—tl: d—d':: T—tl: d= x,
D'où
d— x —:1°,84 et x — 19,80.
(1) Ne possédant aucun renseignement sur la température d'hiver des bergertes du montSe-
rein, nous allons chercher d’abord la différence moyenne qui existe entre le sommet du Ventonx
et Avignon, en été. Pour cela, il suffit de faire dans la proportion ci-dessus, T —249°,3 ; ce
qui donne pour la différence estivale cherchée 14°, 69. On passe de là à la vraie différence
moyenne , qui est 12°, 82. Pour les bergeries du mont Serein, on passera de 9°,4, différence
des températures en été, à la différence moyenne de l’année que nous zommerons y, au moyen
de la proportion <
x4 500122 80651004 SN
D'où 7 —8°,2, qui estla véritable différence moyenne de l'année entre Aviguon el les ber-
ACTIGS du mont Serein,
C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 134
Nous trouvons, en effet, qu'en été, ce décroissement est d’un
degré pour 87 mètres , depuis les bergeries du mont Serein jus-
qu’au sommet du Ventoux. On ne saurait tirer aucun résultat
rigoureux de la comparaison des températures d'Avignon avec
celles des prairies du mont Serein, pour les motifs énoncés ci-_
dessus. Nous ferons observer seulement que leur comparaison
donne, pour l'été, uni déeroissement d’un degré par 149 mètres:
décroissement dont la lenteur, comparée à celui du versant op-
posé, dans cette saison , s'explique par les mêmes circonstances.
Sur le versant méridional, on observe un décroissement de 1°
pour 188 mètres en hiver; 129 metres en été, et 1/4 mètres en
moyenne. . | L
Comparons ces résultats à quelques-uns de ceux auxquels
sont arrivés d’autres observateurs. Comme nous ne pouvons
pas savoir, à priori, si la loi du décroissement de la température
est la même pour des latitudes très différentes; comme il est,
au contraire, infiniment probable, ainsi que Ramond l'avait déjà
remarqué, qu’elle est différente sous la zone torride et dans la
zone boréale, j'ai cru devoir citer uniquement les résultats four-
nis par des observations faites sur des montagnes situées du
43° au 49° degré de latitude, et n’employer que celles où la
hauteur de la colonne d’air mesurée n’excède pas 2000 mètres;
car on sait, grâce aux travaux de M. de Humboldt, que la loi
du décroissement n’est pas uniforme, lorsqu'on s'élève à de
grandes hauteurs.
M. le D' Guérin (Mesures barométr. p. 63 Yavait conclu de ses
observations sur le Ventoux un décroissement moyen de 175m.
savoir : 156 m. en été et 19 en hiver. Les observations de
Ramond (Recherches sur la formule barométrique , p. 189),
qui réunissent les conditions énoncées ci-dessus, donnent en
moyenne 148 mètres pour 1° de refroidissement, résultat qui
ne diffère: du mien que de 4 mètres. M. Delcros a trouvé, au
moyen de 108 observations simultanées , faites en novembre
1813, à Strasbourg et au donjon de Lichtemberg, dont la dif-
férence en hauteur est de 275 m°, un décroissement de 1° pour
159 m. ; sur le Rothiflueh (hauteur 1410 m.), par des observa-
tions faites en août, 180 m. : pour le Eandsberg (hauteur,
140 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
684 m.), 109 et 113 m.; enfin, pour le Chasseral (hauteur
1468 m.),209 m. La moyenne de tous ces nomhres est un dé-
croissement d’1° pour 155 m. Ce résultat diffère de 9 mètres de
de celui auquel je suis arrivé; mais il faut remarquer qu'il
est la conséquence d'observations faites à quatre degrés de lati-
tude plus au nord; et cette différence de 9 mètres porte sur un
élément encore si peu connu des physiciens qu’elle ne saurait
faire soupçonner l'exactitude de M. Delcros ou la mienne.
Ainsi donc, sur le Ventoux, le décroissement de la tempéra-
ture se fait suivant la même loi que sur les montagnes situées
entre les mêmes parallèles, et, sous ce point de vue comme sous
les autres, il est éminemment propre aux observations de géo-
graphie botanique.
Plusieurs auteurs d’un grand poids ont affirmé que la tempé-
rature des sources se rapprochait beaucoup de la température
moyenne de l'air pendant l’année. Cette assertion ne se vérifie
pas sur celles du Ventoux. La Fontfiliole, qui est située à 1788
m., c’est-à-dire à 123 m. seulement au-dessous du sommet de la
montagne et sur son versant septentrional, offre une tempéra-
ture constante : M. Guérin l’a toujours trouvée de 5°,5 centigr.;
M. Emilien Frossard et moi, de 5°,0. Or, d'apres la loi du dé-
croissement , elle devrait différer d’un degré tout au plus de la
moyenne du sommet et être par conséquent à la température de
2°,82. Cette singulière source se réduit à un mince, mais intaris-
sable filet d’eau qui se fait jour entre les pierres. IL est difficile
d'expliquer son origine-à si peu de distance au-dessous d’un
sommet isolé et dépourvu de neige pendant quatre mois de
l’année au moins. La température des autres sources est de même
toujours plus élevée que la moyenne de l’année. Celles appelées
puits du mont Serein, situées à 1455 m., sont à 8°,8. La fontaine
d’Angel, élevée de 1164 m., a une température de 0,0, suivant
M. Guérin.
La neige persiste pendant sept mois de l’année sur le sommet
du Ventoux. Au fond des ravins ou combes qui avoisinent le bâ-
timent appelé Jas (1565"), et qui sont eux-mêmes à 1500" en-
viron, on la conserve tout l'été dans de grands trous recou-
verts de branchages. Tous les jours, pendant la belle saison,
|
|
C. MARTINS. — Our le mont Ventoux. 141
des mulets la transportent à Carpentras, à Avignon, et même,
dit-on, jusqu’à Nimes.
L'ensemble des détails topographiques, géologiques et météo-
rologiques que nous venons de donner, prouve que le Ventoux
réunit les conditions les plus favorables pour étudier l’influence
de la hauteur et de l’exposition sur la végétation; en effet:
1° Il est situé sous le 45° degré de latitude, à distance égale
du pôle et de l'équateur, parallèle sous lequel la différence des
expositions au midi et au nord est aussi sensible que possible;
2° Ii s'élève au milieu d’une plaine où la température moyenne
annuelle est de + 14°; celie de janvier, le mois le plus froid , de
+ 5°; celle d'août, le mois le plus chaud, de + 24°.
3° Son sommet n’atteint pas la limite des neiges éternelles qui
est à 950" plus haut : il est cependant assez élevé pour que sa
température moyenne annuelle soit égale à celle de l'Islande, et
supérieure seulement de 2°,6 à celle de Ho du Grand-
Saint-Bernard ;
4° La composition chimique de la roche, sa ce sa cohé-
sion, sa pénétrabilité, sont uniformes ;
5° Les sources qui jaillissent à sa surface sont si peu nombreu-
ses et si faibles, que partout le sol est également aride et
desseché.
6° Les vents violens qui règnent pendant tout l’été dispersent
les graines dans tous les sens;
7° Le Ventoux n’est pas couvert de ces grandes forêts qui s’op-
posent à la dissémination de tous les végétaux, à l’existence de
la plupart d’entre eux, et altèrent sensiblement les lois du dé-
croissement de la température ;
8° La présence d’un grand nombre de plantes sociales, les
Lavandes, les Thymus vulgaris et T. angustifolius, le Nepeta
graveolens, l'Aphyllanthes monspeliaca , le Satureia montana,
l’'Eryngium spina-alba, les Hètres, le Buis, les Pinus alepensis
et P. uncinata, lOlivier, les Sapins, les Noyers, le Quercus ilex
et le Juniperus communis, facilitent singulièrement la délimi-
tation des régions végétales , et la détermination de la plus
grande hauteur à laquelle chaque plante peut s'élever.
142 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
$ II. BOTANÏIQUE.
Dans le livre intitulé Æerborisations autour de Montpellier ,
par Ant. Gouan (1795), on trouve, page 225, une notice sur le
mont Ventoux. L'auteur donne une liste des plantes qu’il a ob-
servées sur cette montagne. Cette liste est fortincomplète, et, de
plus, elle contient une foule d'espèces qui n’ont jamais existé sur
le Ventoux ; la plupart des autres sont désignées par de faux noms,
et enfin, plusieurs d’entre elles ont disparu depuis, par suite
des déboisemens irréfléchis opérés pendant la révolution. C’est
une tradition vulgaire dansie pays, que la montagne était autre-
fois couverte de forêts magnifiques. Les érudits invoquent même
à cet égard le témoignage de Pétrarque. En effet, celui-ci fit, en
1345, à l’âge de 4o ans, une ascension au mont Ventoux, qu’il
raconte en latin fort prétentieux, dans la première lettre du 4°
livre de ses Epistolæ de rebus familiaribus. W partit de Malau-
cène avec son frère, se perdit, et rencontra un vienx berger, qui
l’assura qu'il n'atteindrait pas le sommet. Pétrarque ne se laissa
pas décourager et arriva, épuisé de fatigue, au haut de la mon-
tagne. Voici ce qu'il en dit: « Colis est omnium supremus
quem SYLVESTRES féliorum (1) vocant, Cur ignoro , nisi quod
per antiphrasim, ut quædam alia dici, suspicor. Videtur enim
verè paler omnium vicinorum montium. Illius in vertice plani-
lies parva est, illic demum fessi conquievimus, etc.
On a voulu conclure de ce mot sylvestres que Pétrarque
applique aux habitans du Ventoux, qu’autrefois il était couvert
d’épaisses forêts : cette conclusion est évidemment très hasar-
dée; mais il est. positif que beaucoup de bois ont été abattus
pendant la révolution, d’autres renversés par la violence des
vents. Une forêt, située sur la pente septentrionale, à 1560
mètres d'élévation, fut déracinée tout entière par une bise
(x) Cette dénomination est restée à la source qui avoisine le sommet : elle se nomme en-
core aujourd'hui la fontaine Filiole ( Fons filiorum ).
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C. MARTINS. — Sur le mont Venioux. 143
du N.-E., en 1705. Sur la pente N.-O., j'ai vu, à une hauteur
de 1590 mètres, des souches d'arbres énormes. Un vieillard de
Malaucène me parlait avec regret des belles forêts qui couvraient
autrefois les flancs de la montagne , et M. Requien , qui connait
les plantes du Ventoux comme celles de son jardin, a vu dis-
paraître successivement le Lilium martagon, le Gentiana ciliata,
le Veronica aphylla, le Pyrola secunda, et un grand nombre
de Lichens et de Mousses, qui ne peuvent prospérer qu'à
l’ombre des grands arbres.
Ces déboisemens ont-ils altéré sensiblement îes limites de la
végétation ligneuse? Je ne le crois pas. Examinons d’abord les
limites supérieures : celles du Hètre, du Pinus uncinata, du
Juniperus communis et du Quercus ilex, sont indiquées surtout
par le rabougrissement de ces végétaux, qui, à cet état, ne sau-
raient devenir un objet d'exploitation. Celle du Sapin (-4bies
excelsa) est dans une localité tout-à-fait inaccessible. D'ailleurs,
il n'existe pas sur le Ventoux, comme sur les Alpes, des chälets
élevés au-dessus de la région des arbres, où l’on entretienne un
feu continuel pour la préparation des fromages. Les habitans
des châlets de la Suisse vont chercher du bois au plus près. et
abaïssent ainsi artificiellement la limite supérieure des végétaux
ligneux. Peut-être la limite inférieure du Hêtre a-t-elle été un peu
élevée ; toutefois, au midi, cet arbre se montre d'abord à l’état
rabougri ,et, au nord, il descend assez bas pour qu'il soit diffi-
cile de supposer qu'il ait pu croître au-dessous de sa limite
actuelle. Je dirai la même chose du Sapin et du Pinus uncinata.
Quant aux Noyers, aux Chènes verts, à l’Olivier, au Pinus ale-
pensis, leur limite inférieure n’est pas sur le Ventoux ; ils descen-
dent jusque dans les plaines les plus chaudes de la Provence.
Mais si les déboisemens n’ont pas altéré sensiblement les li-
mites des arbres, ils ont exercé l'influence la plus funeste sur la
végétation de la plaine et de la montagne. Les nuages ne se sont
plus arrêtés autour de son sommet : au lieu de se résoudre en
pluies fines et pénétrantes, ils se sont précipités sous la forme de
torrens éphémères qui ont sillonné ses flancs et dévasté les
campagnes voisines, L’humidité du sol s'évaporant rapidement,
les sources ont tari; la terre végétale a été balayée par les vents,
144 c. MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
emportée par les eaux, et le Ventoux est devenu un mont pelé,
aride, inculte, où de chétifs troupeaux de moutons trouvent à
peine quelques maigrès graminées végétant entre des pierres,
tandis qu’il devrait être couvert de forêts touffues et de prairies
verdoyantes.
Depuis Gouan, M. Requien a exploré assidûment le Ventoux.
Il y a découvert une foule d'espèces, les unes nouvelles pour la
Flore française, les autres inconnues avant lui. C’est principale.
ment dans le Supplément à la Flore française, par De Candolle,
et dans la Flora gallica de Loiseleur-Deslongchamps que ces
espèces ont été décrites. Il n’a pas négligé la détermination des
limites végétales et les a figurées sur un profil du Ventoux, qu’il
a bien voulu me communiquer, avec sa libéralité accoutumée.
C’est à ce travail inédit que J'ai emprunté la détermination des
limites du Thym, et il m'a servi de vérification par l'accord
presque constant de nos résultats. Les différences proviennent
uniquement de ce que M. Requien a adopté 1960 m. pour la
hauteur totale du Ventoux, au lieu de 1911, qui est le chiffre
donné par la géodésie. Quelques-unes de ces limites ont été
déterminées_sur le versant septentrional, conjointement avec
M. Delcros , en 1815, et insérées dans la Bibliothèque univer-
selle, t. V, p. 283 (1817).
Voici le tableau de ces résultats:
Limite supérieure des Oliviers et inférieure
des Lavande" sie RER Ann
Limite inférieure des Mepeta. . . . .... 837 m.
Limite inférieure des Pinus , Carlina acau-
Dis etc ARR SE SRE NS RES ONE:
Limite inférieure du Fagus sylvatica, Abies
DecHR OAI INSEE RL FE 97 One
La nudité des flancs du Ventoux, l'absence de forêts et de
grandes inégalités de terrain, facilitent singulièrement la déter-
mination des limites de chaque végétation sociale. Il est aisé de
voir ou s’arrétent non-seulement les arbres et les arbrisseaux,
mais encore les herbes telle que les Lavandes et le Safureia mon-
c. MARTINS. — Sur de mont Ventoux. 149
{ana qui forment à leur limite des lignes sinueuses qu’on peut
suivre tout le long des flancs de la montagne et qui conservent
une horizontalité presque mathématique : en voici quelques
exemples. Au nord, la limite des Lavandes a été fixée par trois
stations situées à une demi-lieue au moins de distance hori-
zontale; les nombres obtenus sont 1375 m., 1359 et 1348. Au
midi , la limite extrême du Pinus uncinata rabougri a été dé-
terminée par deux observations faites sur deux points très éloi-
gnés : lune donne 1810 m., l’autre 1601.
La planche qui accompagne ce mémoire représente le mont
Ventoux coupé par un plan dirigé du nord au sud, depuis la
partie supérieure de la crête jusqu’à la mer, en laissant à l’est
le sommet de la montagne. Ce plan n’est pas vertical ; j'ai sup-
posé qu'il était dirigé obliquement vers le spectateur , en tour-
pant sur la méridienne du sommet comme sur une charnière.
Il en résulte qu'une partie des versans nord et sud peuvent être
aperçus par lui. L’échelle des hauteurs est de, c’est-à-dire
1 millimètre pour 10 mètres; l'échelle horizontale est de ——,
c’est-à-dire d’un millimètre pour 5o mètres. Sur la marge, nous
avons indiqué les régions végétales ; sur la coupe, les limites
des plantes sociales. La ligne marquée o est le niveau de la
Méditerranée.
Au pied du versant méridional, on voit une rangée de col-
lines formées de grès ferrugineux. Elles sont couvertes dOli-
viers et de Pins d'Alep. Près du versant septentrional, on re-
marque la petite chaîne parallèle qui s'élève de 800 à r000 m.
Jai reproduit aussi fidelement que possible l'aspect de la mon-
tagne en m'’aidant de la carte de Cassini, des ordonnées four-
nies par les hauteurs barométriques, et d’une vue prise de-
puis l'arc de triomphe d'Orange, que je dois à l’obligeance de
M. Charles de Tourreau. Il est évident que les pentes ont dû
être exagérées dans le rapport des deux échelles.
X Bean Septembre 1e
1/40 C MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
RÉGIONS VÉGÉTALES DU. MONT VENTOUX.
Le mont Ventoux offre une succession de régions végé-
tales bien définies et caractérisées par l'existence de certaines
plantes qui manquent dans les autres. Ces régions sont au nom:-
bre de six sur le versant méridional, de cinq sur le versant sep-
tentrional. J'ai cherché à les distinguer en leur donnant le nom
du végétal le plus commun ou le plus apparent dans la zone
qu’elles embrassent; mais souvent il m'a été impossible de dési-
gner une région par le nom d'une plante qui se trouvât dans
toute son étendue; ainsi, sur le versant méridional, les Lavandes
s'élèvent bien plus haut que la limite supérieure du Ty mus vul-
garis qui termine supérieurement la région. Le Pinus uncinata
commence déjà à 1480 metres, quoique la limite inférieure de la
région qu’il caractérise soit à 1560. Sur le versant septentrional
l’Abies excelsa se montre avant la fin des hêtres, mais il est rare
et n'existe que dans quelques localités, Pour représenter exac-
tement ce qui existe dans la nature, il faudrait que ces régions
empiétassent les unes sur les autres, disposition très difficile à
figurer d’une manière graphique. C'est afin d’obvier à cet in-
convénient que J'ai noté sur la coupe de la montagne les limites
inférieures et supérieures de chaque plante sociale.
Régions du versant meéridional.
Région du Pinus alepensis. Get arbre, qui forme des forêts
en Syrie, en Italie et sur les bords de la Méditerranée aux envi-
rons de Fréjus et d'Antibes, s'élève sur les collines, qui sont au
nord-ouest de Bedoin , jusqu’à une hauteur qui varie entre 303
et 450 mètres, on trouve dans ces forêts tous les végétaux qui
caractérisent la région méditerranéenne tels que :
Olea europæa. Helianthemum fumana.
Quercus coccifera. Catananche cœrulea.
Erica scoparia. Slæhelina dubia.
Doryenium suffruticosum. Leuzea conifera.
Rosmarinus officinalis. Genista hispanica.
Région du Quercus ilex. Les bois rabougris dont l’essence est
L
C. MARTINS. — Sr le mont Ventoux. 147
formée par cet arbre s'arrêtent aux environs de Bedoin a une
hauteur qui oscille entre 480 et 540 mètres; dans cette région on
trouve les plantes suivantes :
Centaurea solstitialis. Melissa nepeta.
Scolymus hispanicus. Xanthium spinosum.
Glaucium luteum. Psoralea bituminosa.
Plumbago europæa. Juniperus oxycedrus.
Buplhthalmum aquaticum. Euphorbia characias.
Région du Thymus vulgaris et des Lavandes. — Elle s'élève
jusqu’à r 150 mètres, est dépourvue d'arbres et occupée par des
champs d'avoine , de seigle, de pois chiche ( Cicer arietinum) ,
du Buis rabougri, le Cynanchum vincetoxicum , le Nepeta gra-
veolens , l'Aphyllanthes monspeliaca, le Carlina acanthifolia,
des touffes éparses de Teucrium polium , et quelques pieds de
Prenanthes viminea.
Région des Hétres. — Les premiers Hètres rabougris se mon-
trent à 1153 mètres; mais ce n’est guère qu’à 1240 qu'ils de-
viennent élevés et touffus ; aussi fixerons-nous à 1150 mètres
le commencement de cette région, car à cette hauteur, le Hêtre
exclut toute autre végétation. La limite supérieure de cette ré-
gion s'élève à 1660 mètres. On trouve un grand nombre de
plantes ligneuses et herbacées à l'ombre de ces arbres : ce sont,
à mesure qu'on s'élève : |
Juniperus communis.
Urtica dioica.
Hieracium prunellæfolium.
Solidago virsa-aurea.
Eryngium spina-aiba.
Acer opulifolium.
Pyrus aria.
Æmelanchier vulgaris.
Rhamnus alpinus.
Rosa ruliginosa.
Paronychia serpillifolia.
Ribes alpinum.
Silene valesia.
Galium pum:lum.
Sempervivum montanum.
Chrysanthemum corymbosum.
Viburnum lantana.
Bisculella coronopifolia.
Cacalia alpina.
Sedum anopetalum.
Festuca durtuscula.
Galium Villarsit.
Cheiranthus alpinus.
T'halictrum pubescens.
Taraxacum dens-leonis.
Achillæa millefolium.
Ayvena elatior.
Carduus carlinæfolius.
Arbutus uva-ursi.
Rumex alpinus.
Anthyllis montana.
Athamanta cretensis.
10.
148 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
Cette zone est la région boisée du Ventoux : elle forme une
bande noire qui le traverse dans son milieu et qu’on aperçoit
de fort loin. Je ne pense pas, comme je l'ai déjà fait remar-
quer précédemment, que les exploitations aient altéré sensible-
ment ses limites inférieures et supérieures. Voici sur quoi je me
fonde : les Hêtres commencent à 1130 mètres, et forment jus-
qu’à 1240 des buissons bas et rabougris qui ne valent pas la
peine d’être exploités; supérieurement, à 1660 mètres, ils sont
trop élevés pour que les habitans de Bedoin et des communes
voisines aillent les chercher si haut sur la montagne. C’est uni-
quement au milieu de la forêt que lon trouve çà et là des
arbres ou des branches coupées ; elles servent principalement à
recouvrir la neige quiséjourne dans des trous où elle se conserve
pendant l'été.
Résion du Pinus uncinata. — La limite inférieure de cet
arbre est à 1480 mètres ; à 1650 il se rabougrit et forme de petits
buissons hémisphériques ; c’est le seul arbre qui monte Jjus-
qu’à 1810 mètres, limite extrème de toute végétation ligneuse.
Outre la plupart des plantes de la région précédente qui s'é-
lèvent dans celle-ci, on y trouve le Teucrium montanum , Va
Saxifraga cespitosa et le Juniperus communis.
Région Alpine. — Elle s'étend depuis 1810 mètres jusqu'au
sommet, qui est à 1911 ; les végétaux dominans de cette région
sont :
Papaver aurantiacum. Avena sedenensis.
Viola cenisia. Biscutella coronopifolia.
Galium Villarsti. Poa alpina , brevifolia.
Alyssum montanum. Carduus carlinæfolius.
Arenaria striata. Urtica dioica.
T'hymus serpy llum. Euphorbia gerardiana. 8 minor.
Oxytropis cyanea. Athamanta cretensis.
Tberis nana. Festuca duriuscula.
Avena setacea. Carex rupestris.
Les neuf dernières plantes de cette liste habitent le monticule
terminal, qui a 21 mètres environ de hauteur.
C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 149
Régions du versant septentrional.
La région la plus inférieure est caractérisée par l'existence
du Chêne vert, du Mürier, des vignes, etc.
Région du Quercus ilex.— Sa limite supérieure est à 618 m.;
mais auch elle descend plus bas. On retrouve dans cette
région la plupart des plantes que nous avons observées sur
la pente méridionale. Je mentionnerai seulement le Satureia
montana, le Spartium junceum , le Senecio gallicus et YEu
phorbia serrata. Je n'ai pas observé ces trois dernières sur le
versant qui regarde le sud.
Région des Noyers — Sa limite supérieure se trouve au-des-
sus de la chapelle de Saint-Sidoine , à 597 mètres; quelquefois
elle s’abaisse jusqu'a 619. Cet arbre, qui est aussi abondant de
ce côté qu'il est rare de l'autre, m'a paru devoir caractériser
cette zone, d'autant plus que la hauteur à laquelle il s'élève sur
le Ventoux s'accorde parfaitement avec sa limite moyenne dans
les Alpes de la Suisse. On remarque dans cette région :
Echinops ritro. Buxus sempervirens.
Centaurea paniculata. Cynanchum vincetoxicum.
Catananche cæœrulea. Carlina acaulis , v. caulescens.
Plus haut, c'est-à-dire entre 797 et g10 mètres, le sol est
couvert de Lavandes, de Buis et de Thymus vulgaris ; mais
aucune végétation arborescente ne caractérise cette zone.
Région des Hétres.— Elle règne depuis 310 jusqu'a 1376 m.
ou finissent les grands Hêtres avec les Lavandes, et où commen-
cent les Hêtres rabougris. La plupart des arbres et arbrisseaux
de la région des Hètres du côté opposé, tels que: Æmelanchier
vulgaris, Acer opulifolium, Pyrus aria, Viburnum lantana ,
se retrouvent dans celle-ci, de même que l'£ryngium spina-alba
et l’Urtica dioica. J'y ai découvert quelques végétaux que je n'a-
vais pas rencontrés sur l’autre versant : ce sont :
lex aquifolium. Oxalis acetosella.
Sambucus ebulus. Hieracium staticefolium.
Digitalis parviflora. Antennaria dioic«. î
Asperula odorata. Phyteuma Charmele.
150 C. MARTINS. — Sur de mont Ventoux.
Région du Pinus uncinata et de l'Abies excelsa. — Ces deux
arbres, dont la limite inférieure est au-dessous de la région
qu'ils caractérisent , ne s'élèvent pas au-dessus de 1720 mètres.
Les végétaux les plus intéressans parmi ceux qui les accom-
pagnent sont :
Cacalia alpinæ. Linaria alpina.
Plantago victorialis. L. striata.
P. media. Silene valesia.
Phyteuma spicatum. Arenaria grandiflora.
Aquilegia viscosa. Papaver aurantiacum.
Polypodium calcareum. Gulium pumilum.
Hieracium prunellæfolium.
Paronychia serpillifolia.
Dianthus sub-acaulis.
Cheiranthus alpinus.
Cotoneaster vulgaris.
T'halicitrum pubescens.
Arenaria austriaca. Androsace villosa.
Les six dernieres plantes se trouvent à la limite supérieure
de cette zone,
Région Alpine. — Elle commence à 1720 mètres, et monte
jusqu'au sommet; on y observe les plantes suivantes :
Alyssum montanum. Phyteuma orbiculare , nanurm.
Athamanta cretensis.
Arnica scorpioides.
ÎIberis nana.
Galium Villarsii.
Arenaria striata. Carduus carlinæfolius.
Valeriana saliunca.
Allium narcissiflorum.
Ranunculus Columnæ.
A. mucronata.
A. tetraquetra.
T'hymus angustifolius.
Avena setacea. - Oxytropis eyanea.
Festuca duriuscula.
Saxifraga oppositifolia.
$S. muscoides.
S. cespitosa.
S. aizoon.
Campanula Allionti.
Astragalus aristatus.
Ononis cenisia.
Alchemilla alpina.
Urtica dioica.
Globularia cordifolia.
Carex rupestris.
(La suite au prochain cahier.)
U. H. DE VRiese. — Cycadearum Africæ-Australis. 15
Novæ species Cycadearum Africæ-Australis quas descriptio-
ribus illustravit U. H. pe Vies, ph. et med. D, prof. extr.
in Athenæo illustri Amstelodamensi.
Quo tempore prodiüit scriptum Lehmannianum de Cycadeis
Africæ Australis (1), non solum unicuique hortorum præfecto
occasio est oblata melius cognoscendi plurimas Cycadeas , sed
ansa mihi quoque data commerci litterari, cum clarissimo
Lehmanno, quod hos inprimis mihi tulit fructus ut huic speciosæ
familiæ plantarum , necdüm satis cognitæ , animum animadver-
terim et nunc summam specierum earum quas observaverim
publici juris faciam. In quo suasorem præcipuum agnosco pro-
fessorem Hamburgensem Lehmannum , cujus humanitati et
amice mecum factæ communicationi maximé debitur, si forte
quid animadversione dignum his in adnotationibus reperiatur,
quæ vero qualescumque sint, id saltem efficiant ut ali quoque
ad pervestigandas suas species denuo excitentur. Non aliam his
scriptis laudem sector aut honorem. Cycadearum ordini , magis
formä quaäm numero specierum notando, anteà duo genera,
Cycas L. et Zamia L. accensebantur (2). Horum postremum
recensioribus Eckloni et Zeyheri in Africa Australi Botanicis
perquisitionibus, et deinde inprimis Lehmanni opera rectius
cognitum ést, ab eoque primüm in duo genera accuratè distinc-
um. Quam separationem jàm significaverant quidem Cel. Dryan-
der et R. Brown (3), alique, deficiente tamen cognitioni struc-
turæ florum extra omne dubium ponere non potuerunt.
(1) Hamburgi editum, 1834.
(2) Richard, Sur les familles des Cycadées, p. 17958
(3) «Species Americanæ, quæ Zamiæ genuinæ , a capensibus et Novæ Hollandiæ forsan
À
ñ
genere distinguendæ , monente CI, Dryandro; propter squamas masculas peltatas , muticas,
femineis conformes ; et acervulos antherarum binos distinctos ; in his porro pinnæ cum ra-
cheos processu manifestè articulatæ sunt, dûm in reliquis vel obsoletissime articulatæ , vel
» omninô decurrentes, « Prodr. p. 348 , edit, London, 1810.
152 U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis.
Utriusque generis, collatis speciebus americanis et africanis
ab Eklono adportatis characteres itàa constituit auctor.
I. ZAMIA L. Richard , Conifères , tab. 27, 28.
Mas. Strobilus : squamæ apice dilatato incrassatoque hexa-
gono-peltatæ, basi valde angustatæ , subtus in superiore parte
instructæ acervulis binis antherarum unilocularium in margine
squamarum prominentibus.
Fem. Strobilus squamis apice dilatato incrassatoque hexagono-
peltatis subtus bifloris, floribus inversis. Fructus; Drupa mono.
sperma.
IT. ENCEPHALARTOS Lehm. Tab. 3 Operis laudati.
Mas. Strobilus : squamæ apice angustato-incrassatoque rhom-
boideo-peltatæ, subtus antheris sessilibus unilocularibus undique
confertissime obtectæ.
Fem. Strobilus : squamis apice dilatato incrassatoque rhom-
boideo-peltatis subtüs bifloris, floribus inversis. Fructus : drupa
monosperma.
Character igitur maximè essentialis, qui dicitur, Zamiæ est in
antheris marginalibus et squamis hexagonis peltatis. Encepha-
larti vero character versatur in antheris dense confertis per
totam inferiorem superficiem squamæ cuneiformis, apice rhom-
boideï.
Characterem genericum a se positum vidit iterum confirma-
tum cl. auctor in Encephalarto Caffra, qui mense Maio hujus
anni Hamburpi floruit. Tandem equidem vidi in figurà egregià
inflorescentiæ Æncephalarti horridi masculini et fœminini, me-
cum communicati a viro doct. C. Dalen, med. doctore Rothero-
damensi, qui utramque plantam florentem ante aliquot annos
a promontorio Bonæ Spei acceperat.
Nominis rationem intelligas ex Græcis txepahos et épros, egregie
U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 155
datum plantis illis quas nostrates in illà terrà, quondam colonia
Batavorum, ob usum, panis arbores dixisse videntur.
Ad hoc genus Lehmannianum referendum est illud quod sub
Arthrozamiæ nomine proposuit Reichenbachius (conspectu
regni vesetabilis,n° 751) quod haud rectè ad Zamiamn L. retulit
Endlicherus. (1)
Undecim a Lehmanno M aber Encephalarti species,
quæ omnes capenses sunt, excepto solo Z. spirali (Z. spirali
Salisb.), cujus patria est Nova Hollandia.
Haram in numero duæ novæ species ab auctore propositi
sunt, eo tempore incognitæ, Encephalartos Frederici-Gullielmi
et Encephalartos Altensteinii utraque planta forma egregia spec-
tabilis ac dignissima quæ talium botanices Mæcenatum nomine
indicetur.
Specierum notæ petuntur ex caudicis conditione, ex rachi ac
pinnis, quæ tamen ni graviter fallor non omnes ejusdem viden-
tur esse dignitatis et constantiæ. Accedit quod in siccatis atque
herbario servatis frondibus, rachis forma difficiliüs efficiatur, si
quidem laxior ejus internus contextus et succi mucilaginosi
evaporatio faciant ut in unum confluant exteriora, et naturalis
forma , non nisi instituta cum vivis plantis comparatione tuto
erui adhiberique ad certd definiendas species queat.
Sunt in Encephalartis plurima quoque quæ incremento par-
tium mutentur. Quod maximè valet de directione frondium,
forma pinnarum earumque pubescentia. Lanuginosam tamen
aut glabram superficiem caudicum excipias quæ in coustituendis
speciebus non parvi faciendæ esse videntur. Id quod non effugit
Lehmannum, qui aliarum caudices constanter lanuginosos,
aliarum semper glabros esse, merito contendere videtur, quique
in specimine pulcherrimæ speciei Encephalarti Frederici Gui-
lielmi, horti Hamburgensis tres pedes alto, lanuginem peren-
nem agnoscit. Idem constat ex descriptione et figuris Zamiæ
lanuginosæ Jacquini (2), qui scribit: « Caudex in hoc nunc
(1) Reich. Zandb, d. nat, Pflanz. Systems, 1837, p. 60.
(2) Fragm. bot. figuris coloratis illustrata ab auno 1800 g, edita per vi fasc., opera et
sumptibus Jacquini. Viennæ , 1809, ibique tab. 30 et 3r.
154 U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis.
« altitudinem novem unciarum attigit..... lanugine ad tactum
« molli totus obductus , quæ plane desideratur in aliis. »
Quæ lanugo quemadmodüm nonnullis, ità glabrities aliis con-
stans esse speciebus videtur.!n caudicibus junioribus ac turio-
nibus aliarum specierum et partium hoc præcipuè manifestum
est ne minimum quidem lanuginis obferentibus.
Sequitur jam specierum aliquot generis ÆEncephalarti quas
nunquam descriptas esse opinor, aut figuris illustratas, qualis-
cumque commemorato.
I. ENcEPHALARTOS BRACHYPHyYLLUS Lehm. et de Vr.
Encephalartos brachyphytlus Hortulan. -
E. caudice glabro, rachi subtereti vel semitereti, supra hic illie
lanuginosa, infra minus lanuginosa. Pinnis multi-jugis, brevibus
lanceolatis, pagina superiore extrorsum flexis, basi et interiore
(id est inferiore) margine omnibus lanatis, exteriore (id est su-
periore) rarius lanatis, aut plane glabris, mucrouatis. DE Ve.
Habitat in Africa australi.
Habitu bæc planta a plerisque aliis quos novi Encephalartis
diversa est.
Caudex in nostro specimine habet diametrum transversum duorum circa de-
cimetrorum, altitudinem paulo minorem. Quæ supra terram invenitur pars fere
hemisphæram refert.
Superficies est squamosa, glabra, tota obtecta cicatricibus lapsorum aut abscis-
sorum foliorum.,
In vertice gerit frondes 10-16, aut plures, quæ cinguntur retroflexis parti-
bus superstitibus externarum frondium.
Inflorescentia. Strobilus masculinus ex medio frondium exsurgens ; solitarius ,
diüturnæ evolutionis (fere biennis), erectus, frondium rudimentis quasi cir-
cumdatus, sessilis oblongus, 0,15 metri longus, et 0,05 latus, teres, in super-
ficie rugosus. Coustat totus ex massa dura, lignea, brunnea. In medio axis est
durissima, cui, ope basis angustioris, in spiræ modun affiguntur. squamæ aut
bracteæ , apice romboïdeo-peltatæ , superna parte siriato-rugosæ ; adversa vero
%
- U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 155
totæ quantæ antheris numerossissimis unilocularibus, longitudinaliter, dehis-
cenübus, obtectæ.
Frondes apice et basi parumper decrescentes, divergentes, diversi modo cur-
vatæ, laxæ; in pagina superiore saturate virides , in dorso pallide virescentes.
Rhachis digitum crassa, subteres vel semitcres, ex strata constans exteriore du-
riore et compage iatcriore medullari laxa, succo mucilaginoso, in aere coagu-
labihi, repleta.
Rhachis facies superior, id est, quæ lucem spectat, obtegitur lanugine ad
basm densa, cinereo-grisea, adpressa, versus apicem vero minus densa, arach-
noïdea aut floccosa.
Facies ejusdei inferior ad basin et insertionem pinnarum parumper lanata
est, porro vero sursum pilosiuscula aut tomentosa, tandem glabra, per totam
longitudinem tenuissime striata.
Piunæ conniventes, breves 0,05 metri partes æquantes, versus apicem et basin
rhachis decrescentes. Juga pinuarum plerumque quinquaginta. Pinnæ ipsæ rachi
continuæ primum oppositæ, tum ex torsione rhachis alternantes, approximatæ.
Sunt autem pinoæ basi sua ita torsæ ut superficies folioli partim dorso sequentis
accumbat, partim exteriora spectet; quæ versio facit ut dorsa pinnarum utri-
usque lateris rhachis sibi opponantur.
Omnia foliola sunt lanceolata aut lineari-lanceolata, longitudinaliter tenuis-
sime striata ; pleraque ad basin lanata autarachnoïidea , nonnulla hic illic ciliata,
ceterum glabra, striata, integerrima, basi et apice angustata ; apex quidem
quodammodo inæqualis, obliquus, mucronulatus, mucronein pleris sphacelato.
Hæc species proximè accedere ad eos Encephalartos videtur,
quarum pinnæ sunt integerrimæ; ab omnibus mihi cognitis
speciebus maximè distincta est brevitate ac propria forma pin-
narum; £.cycadifolius a nostro differt pinnis linearibus, £. pun-
gens, E. Lehmanni, E. caffer, ne alios characteres commemo-
rem, quam facillime longitudine et forma pinnarum a nostra
planta distinguntur.
Reperta est ab Henrico Swellengrebel, viro nobilissimo, archi-
capitulari Rheno-Trajectino (Heer van het Domkapittel) in itinere
ab eo facto, anno 1976 , per terram Caffram. Ab eodem in pa-
triam reduci, sequenti anno allata et culta est usquè ad an-
num 1802 in suburbano propè Trajectum , a quo tempore Hen-
ricus van Lunteren, cultor hortulanus diligens hanc. plantam
possidet. Bis florait primum anno 1833 tum anno 1836, quo
huic specimini ad hoc usque tempus in scientià botanicà inco-
guità , premium plantæ rarissimæ florentique propositum antis-
61
136 U.H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis.
tibus culturæ hortorum Batavæ in certamine mense Junio habito,
opportunitate festi bi-secularis universitatis Rheno-Trajectinæ,
adjudicaverunt uno consensu certaminis judices. Horum verd
virorum clar. nullus unquàäm se huic similem plantam cycadeain
vidisse meminerat, nec ad cognitarum specierum aliquam re-
ferre poterat. Igitur planta pro nova specie habenda esse vide-
batur.
Equidem hanc plantam denud explorare constitueram. Posteà
igitur collata eadem cum descriptione specierum cognitarum,
nulli diagnosi convenire mihi visa est. De genere quidem proti-
nus nullum erat dubium. Novæ speciei opinione me confirmavit
Lehmannus vir cl. et ad descriptionem ac delineationem confi-
ciendam et edendam auctor benevolus mihi exstitit. In horto
autem botanico Hamburgensi (1) eadem planta colitur sub no-
mine Æncephalarti brachyphylli, uti mecum communicavit
Lehmannus, quod nomen ideo, quippè egregie indicans præ-
cipuum characterem essentialem, servandum atque viri celeb.
idcirco nomen quoque huic postponendum esse duxi. (2)
2. ÉNCEPHALARTOS ELONGATUS Lehm.
E caudice glabro, rachi obscure tetragona pinnisque glauces-
centibus, lineari-lanceolatis, falcato-ensiformibus, pungentibus,
elongatis, integerrimis , glabris. Len.
Sunt rhaches graciles, quodammodo carinatæ longissimæ , læves nec splen-
dentes. Pinnæ alternæ, crecto-conniventes; latis quandoque intervallis distant
a se invicem quæ in eodem latere reperiurtur, sunt longe, vel lineari, vel fal-
cato-lanceolatæ, basi angustæ, medio latiores, apice iterum contractæ, pungen-
tes, planæ, saturate virides in pagina præsertim superiore, minus in inferiore ;
tola frons apice et basi decrescit.
Est species affinis E. Lehmanni, sed ab eo tamen valdè
e
(1) Doubletten Verzeichniss des Hamb, bot.-gart. 1836, p. 97.
(2) Düm hæc jàm per plures menses typis describenda parata erant ; hujus plantæ comme-
morationem dandam esse censui , in diario Harlemensi qui inscribitur ; Vurtius artium et lit-
cerarum. Multa impedimenta expertus hæc priüs ja lucem emittere haud potui.
U. U. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 157
distincta characteribus in diagnostica phrasi indicatis. Colitur
in horto botanico Hamburgensi, ejusque frondem cum diagnosi
a se conscripta, mecum humanissimè communicavit Lehmannus
in litteris die 6 mensis Octobris anni 1836, ad me datis. Hanc
plantam vidit vir cl. in collectione plantarum Parmentieriana
Enghiennensi. Eamdem jam ante multos annos in horto bota-
nico Rotterodamensi cultam vidi, novamque speciem esse sus-
picatus sum, quod nunc arguit quoque vir doctissimus Mi-
quel. (1)
3. ÉNCEPHALARTOS SPINULOSUS Lehm.
Zamia spinosa Hortul.
E. caudice glabro, rachi brevissima, inferiore semitereti , su-
periori plana, foliolis oblongo-lanceolatis, subpruinoso-glauces-
centibus, exteriore latere supernè apiceque inæqualiter dentato
dentibus spinulosis 3-4 ;interiore 1-2 dentato. DE Ve,
Hujus speciei rachin accepi a Lehmanno, una cum illà sequer-
tis speciei. Videtur et hæc planta, cujus in hortis juniora tantum
coluntur specimina,adhuüc noôndüm descriptam obferre speciem.
Fructificatio incognita adhuc est.
Magnam certèin characteribus essentialibus, habet analogiam
cum oilaste Allensleini ; qui tamen pinnas obfert in
utroque latere divaricato denticulatas. A cæteris omnibus
speciebus quam facillimè parvitate hæc ab unoquoque distin-
guetur.
(x) Conf. Nunt. Lit. et Art. Hart. anni 1837.Nunc vero viro doct. animus.esse videtur hujus
plantæ figuram exhibere eamque describere, quo fit ut equidem hâc in specie brevior esse
possim,
158 U. H. DE VRIESE. — Cycadearum. Africæ-Australis.
4. ExcEPHALARTOS Nanus Lehm.
F
Zamia nana MHortulan.
E. caudice glabro, rhachi brevissima , inferiore teretiuscula,
superiore planiuscula , sulcata; foliolis pruinoso-glaucis, oblon-
go-ovatis, mucronulatis ; latere exteriore bi-tridentato, interiore
integerrimo, vel rarius rudimento parvi dentis instructo. DE Vr.
Accedit procul dubio proximè ad Æ. horridum, a quo, ne
habita quidem aliorum characterum ratione , differt maximè
dentibus non divaricatis , valdè approximatis.
Pleraque specimina hortorum Batavorum inter se collata,
majores vel minores obferunt diversitates, ità ut tot ferè consti-
tuere varietates possis quot plantæ numerantur. Maxima quidem
et pretiosissima exemplaria habet hortus Hopeanus Spaarnber-
gensis prope Harlemum , tum horti Academici Lugduno-Batavus
et Rheno-Trajectinus. Magni caudices cernuntur in Cycadeis
cultoris cujusdam urbis Trajecti, qui tamen frondes mihi roganti
ad instituendam comparationem , non cessit.
Hæc diversitas quoque conspicua est in speciminibus horti
Amstelodamensis, in quibus tres præsertim numeramus species
certo distinctas. Æ. Lehmanni Eckl. (cujus specimen junius ante
tres annos 6btulimus horto botanico Parisiensi) ab eo tamen
quem a Lehimanno legimus descriptum, rhachi teretiuscula, di-
versum (1). Altera nostri horti species est Æ. caffer egregie
Lehmannianæ conveniens diagnosi.
Nulla vero species in hortis tot obfert diversitates, quot tertia
horti nostri species £. ille horridus , sive Zamia horrida a Jac-
quino descripta et figura illustrata. Quam Jacquinianam descrip-
tionem et delineationem si pro typo hujus speciei habemus,
nequaquam impedimus quominus in his hortorum Æncephalar-
is communi Lorridorum nomine vulgo dictis, plures varietates
(x) Vide iconem speciei in 4/9. Garten-Zeitung herausgegeben, von Frien. Otro, und
Axe, Dierricu 4ter Jahrg, n° 20 1836.
U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis. 159
etunam alteramve speciem distinguamus,cüm in horto botanico
Amstelodamensi, tüm in reliquis hortis Batavis præsentem. Ho-
rum quidem uti et aliorum frondes mecum, quæ sunt humani-
tate, communicaverunt professores botanices, viri cl. hortorum
præfecti. Quibus sinceras ago gratias et qui non improbabunt
ea a me in lucem edi, quæ ex collatis speciminibus jure meo
conficere mihi videor.
5. EvcrpHATARTOs Van Hazrrr De Vr.
E caudice. .…. rhachi sub-tetragona pinnisque sordidè palli-
doque viridibus , lanceolatis , acutis , glabris, in inferiore mar-
gine dentibus duobus late-distantibus, grandibus, foliolis rard
subbifidis,in superiore latere uni-brevissimequedentatis. DE Ve.
Frondem hanc mihi dedit Herm. Chr. van Hall, vir cl. bota-
nices et œconomiæ ruralis in Academia Groningiana professor,
instituto regio Batavo adscriptus. Collata hac fronde cum omni-
bus Encephalartis mihi cognitis, ad nullum melius accedere
quam ad Æ. horridum visa est ; ab eo tamen tot characteribus
differre ut equidem non dubitem eam novam habere speciem,
quam nomine viri amicissimi, cujus benevolentia eamdem cog-
novi, indicare gratus requirit animus.
Utrum veré judicaverim necne constet ex descriptione sequenti
cum Jacquiniana illa Zamiæ horridæ comparata. Rhachis ferè
eadem se habet ratione, qua rhachis Z. horridæ Jacq. descri-
bitur. Nimirum hæc dicitur tetragona a Lehmanno. In quod
tamen animadvertere liceat hunc characterem non omnibus
£E. horridis convenire. In recenter abscissis frondibus nonnullo-
rum speciminum horti nostri, perfecto teres est transversa sectio.
Frondes hic sunt patulæ, apice recurvæ, laxæ , cum contra in
E. horrido rigidissimæ dicuntur; glabræ, rore illo cœruleo-
glaucescente nequaquam tectæ, non tamen obscurè virent ut
abstersæ Aorridi frondes, sed pallidissimo viro induuntur. Pinnæ
pleræque alternæ , supremæ tantum suboppositæ, nec coriaceæ
illæ , sed magis membranaceæ. Omnes , infimis exceptis , denta-
160 U. H. DE VRIESE. — Cycadearum Africæ-Australis.
tæ. Superiores tantüm margine inferiore trifidæ, pleræque pinnæ
adultæ in superiore medio margine unidentatæ , dente minimo,
brevissimo,quiomnibus hujus plantæ frondibus adest, nec in ullis
aliis Encephalartis, ad Æ. korridum ab hortulanis relatis atque
cæteris indubiis £. horridi characteribus conspicuis, a me visus
est. Pinnarum apex non adeo quidem validus atque pungentis-
simus est, qui veri Æ. horridi, sed ferè mucronulatus. Crescit
in horto botanico Academiæ Groningianæ. Patriam antem esse
Africam Australem suadet inprimis affinitas maxima cum Æ. hor-
rido , Americanarum Cycadearum nulla cum nostrà specie ana-
logia ,atque Zamiarum antiquarum capensium in hortis Batavis
præ illis Novi Orbis præsentia.
Ultima quæ enumerabitur species a Lehmanno etiam ad me
missa est atque dicitur.
6. ENCEPHALARTOS LATIFRONS Lehm.
E caudice glabro , rachi subtetragona, pinnis latis, obscure
viridibus, lanceolatis, acutis, glabris, mucronatis; inferioribus
integris; mediis apice inæqualiter bifidis, margine inferiore 1-2
dentatis , supericre integris ; superioribus angustioribus infe-
rioreque margine 2-3 dentatis, dentibus inæqualibus. De Vr.
Iterum proxime ad ÆZ. horridum accedit, a quo præcipuë
differt, cum absentia superficiei glaucæ latioribusque pinnis,
tüum diversa marginis inferioris incisura. Allatam diagnosin effeci
non solum ex ipsà fronde, sed ex iis quoque quæ de hac planta,
in horto Hamburgensi culta, accepi a viro clar. sæpe a me suprà
laudato in litteris ad me datis d. 22 m. Julii hujus anni.
PAYEN, — Sur l°.Æmido, 161
Mémoirs sur l’Æmidon , considéré sous les points de vues
anatomique, chimique et physiologique,
Par M. Paven.
( Suite. Voy. pages 5 et 65.)
RÉACTION DES ACIDES SUR L'AMIDON.
Nous ne saurions, sans sortir du cadre de ces Annales, exposer
tous les résultats de l’action des acides sur lamidon; on les
trouvera d’ailleurs tres bien décrits chez les auteurs mentionnés
dans notre abrégé historique.
Nous ajouterons, toutefois, que le premier effet des acides
sulfurique, chlorhydrique, azotique, tartrique, ne se borne pas,
comme on l'avait généralement supposé, et comme nous l’avions
admis nous-mêmes (M. Persoz et moi ) d’après l'opinion reçue,
à rompre une enveloppe et mettre en liberté, une substance
gommeuse interne , mais qu'il consiste à désagréger toute la
substance amylacée, et lui faire perdre, en la disolvant, les
caractères dus à l’organisation spéciale que nous avons fait
connaitre.
Que l’acide acétique n’opérant pas un effet semblable, on peut
tirer de cette différence un parti important pour la science et
les applications que nous indiquerons en terminant ce mémoire.
Parmi les réactions ultérieures des acides forts, l’une des plus
intéressantes et des mieux connues, est celle de l'acide sulfuri-
que, à l’aide duquel l’eau change l’amidon soluble ou la dex-
trine en un sucre analogue à ceux dits de raisin, de diabète, et
au sucre que produit l’action de la diastase.
XYLOIDINE.
Au nombre des réactions les plus curieuses entre les acides
X. Boran. — Septembre. II
162 PAYEN. — Qur l’Aimidon:
et la substance amylacée, il faut ranger celle que l'acideazotique
exerce dans certaines circonstances.
Nous ne voulons pas ici parler dé la transformation impor-
tante , mais depuis long-temps connue, de l’amidon en acideoxa-
lique (1); nous décrirons seulement des combinaisons nouvelle-
ment constatées, dont une se réalise, tout en conservant en
grande partie, une résistance et une insolubilité analogues à celles
de Ja matiere organique ; les notions suivantes qui s’y rapportent
sont extraites d’une récente communication faite par M. Pelouse
à l'Académie des Sciences.
Il ya quelques années, M. Braconnot observa que l'acide ni-
trique concentré, convertit l’amidon, le ligneux, et quelques au-
tres substances en une matière nouvelle qu'il nomma Xyloïdine.
La composition de cette subtance, les circonstances qui ac-
compagnent sa formation, n’ont pas été examinées ; ses proprié-
tés principales , étaient incomplètement déterminées ou incon-
nues : ma note, dit M. Pelouse, sans combler cette lacune, fera
mieux connaitre la Xyloïdine.
Si l’on fait un mélange d’amidon avec l'acide nitrique , ayant
une densité de 1,5, au bout de quelques minutes, la disparition
de l’amidon est complète, la liqueur conserve la teinte jaune de
l'acide nitrique concentré, et aucun gaz ne se dégage ; traitée
immédiatement par l’eau, elle laisse précipiter la Xyloïdine tout
entière, et la liqueur filtrée donne par l’évaporation, à peine un
résidu sensible.
Si, au lieu d'opérer la précipitation par l’eau aussitôt après
la dissolution de l'amidon, on abandonue la liqueur à elle-
même dans un vase fermé , elle se colore peu-à-peu et affecte
les teintes diverses d’un mélange d'acide nitrique et de deutoxi-
de d’azote.
L'eau y forme un précipité de Xyloïdine, dont la quantité
diminue de plus en plus avec le temps, au bout de deux jours
et quelquefois même de plusieurs heures, elle cesse entièrement
de se troubler. La Xyloïdine a été détruite et transformée com-
(tr; On trouvera, dansles Annales de chimie de 1826 , de nouvelles données, dues à M. Gué-
vin , sur la préparation de cet acide , ainsi que sur un autre acide (oxalhydrique ou nitro-sac-
charique) provenant encore de la réaction de l'acide azotique.
PAYEN. — Sur l’ Amidon. 163
plètement en un nouvel acide que l’évaporation présente sous
la forme d’une masse blanche solide , incristallisable, déliques-
cente, dont le poids est beaucoup plus considérable que celui
de l’amidon soumis à l'expérience. Du reste, il ne se produit ni
acide carbonique, ni acide oxalique pendant cette réaction.
La Xyloïdine , premier produit de lacide nitrique sur l’ami-
don, résulte de l’union, atome à atome, de ces deux corps.
Lorsqu’au lieu d'abandonner à la température ordinaire un
mélange d’amidon et d'acide azotique concentré, on le porte à
l’ébullition, l’amidon , décomposé en quelques minutes, produit
le nouvel acide déliquescent, qu’on obtient alors facilement
pur et en tres grande quantité par une évaporation au bain-
marie.
Cet acide ne contient pas d'azote, il a quelques rapports avec
l'acide oxalhydrique (acide-nitro saccharique), mais il en diffère
par sa composition. Une chaleur modérée le convertit en un au-
tre acide de couleur noire, soluble dans l’eau , et susceptible de
régénérer, sous l'influence de l'acide azotique, l’acide blanc dont
il dérive. |
L’acide azotique concentré, bouillant, l'attaque avec la plus
grande difficulté; à froid, il le change lentement en acide oxali-
que, sans qu’il y ait production d'acide carbonique.
Ainsi, par une oxidation lente que détermine la présence
d’une quantité convenable d'acide azotique concentré, l’ami-
don se convertit successivement en Xyloïdine,en acide déliques-
cent, et en acide oxalique, sans que le carbone participe au
déplacement des autres élémens de ces matières. Ces réactions
curieuses s'effectuent d’elles-mêmes à froid dans des vases fer-
més. :
La X yloïdine est très combustible à la température de. 1 80°.
centésimaux; elle prend feu, brüle presque sans résidu et avec
beaucoup de vivacité. Cette propriété conduisit l’auteur à une
expérience susceptible de plusieurs applications, particulière-
ment dans l'artillerie. (1)
(x) Il nous semble aussi que, dans la préparation des feux des mines et des pièces d'artifice,
les papiers et cartonnages , rendus ainsiimperméables etirès combustibles, auraient une grande
ulilite.
1
164 PAYEN. — Sur l’Amidon.
En plongeant du papier dans de l'acide azotique à 1,5 de
densité, l'y laissant le temps nécessaire pour qu'il en soit pénétré
ce qui à lieu en général au bout de deux ou trois minutes, puis
l'en retirant pour le laver à grande eau, on obtient une espèce
de parchemin impénétrable à l’humidité, et d’une extrême com-
bustibilité. Le même effet a lieu sur lestissus de toile et de coton.
Le papier ou les tissus qui ont ainsi subi l’action de l'acide
azotique, doivent leurs propriétés nouvelles à la Xyloïdine qui
les recouvre.
Onvoit que dans le composé remarquable, caractérisé par
les recherches de M. Pelouse, lamidon ayant perdu un atome
d’eau, remplacé par atome d'acide azotique, joue le rôle de base,
tandis que le même principe immédiat, en se combinant à
loxide de plomb, et perdant aussi un atome d’eau, remplit le
rôle d’une acide.
Réaction de la diastase sur l'amidon.
Parmi un si grand nombre de réactions susceptibles de bien
caractériser l’amidon , et de démontrer sa présence et ses pro-
portions , aucune n'est aussi remarquable , aussi spéciale que
celle de la diastase qui nous reste à décrire.
Cette substance constitue un principe actif, crée pendant la
germination, et qui n'avait point d’analogue dans la science
lorsque M. Persozet moi nous sommes parvenus à l’isoler.
Elle contient d'autant moins d'azote, qu’elle approche plus de
‘état de pureté : solide , blanche , amorphe, insoluble dans
l'alcool pur, soluble dans l’eau et l’acool faible, sa solation ac-
queuse est neutre et sans saveur marquée ; elle n'est point
précipitée par le sous-acétate de plomb; abandonnée à _elle-
même elle s’altère plus ou moins vite, suivant la tempéra-
ture atmosphérique , devient acide et perd toute son énergique
action sur la fécule; assez sèche pour être pulvérulente , elle
se conserve long-temps; toutefois, au bout de deux ans elle pent
avoir perdu sa propriété principale.
La diastase est bien caractérisée, soit par son inertie complète
sur les teintures végétales sensibles aux acides et aux acalis,sur
PAYEN. — Swr l’Amidon. 165
J'albumine , le gluten , l'inuline, le sucre de canne, la gomme
arabique, le ligneux. (1)
Caractérisée surtout par sa puissante action sur la fécule hy-
dratée qu’elle peut dissoudre et isoler ainsi de la plupart des
principes immédiats ci-dessus énumérés , ainsi que de tous les
corps insolubles auxquelles elle serait mêlée, elle peut aussi élimi-
ner de cette manière les corps étrangers adhérens à l’amidon,que
lon croyait faire partie d’une enveloppe spéciale, mais qui net-
tement chassée ainsi, ne bleuissent même plus par liode; elle
agit sur l’'amidon hydraté à chaud, d’abord en séparant ses grou-
pes moléculaires, au point de détruire instantanément tous
les caractères de son organisation.
Cette singulière propriété de séparation justifie bien le nom
de diastase, donné à la substance qui la possède et qui exprime
précisément ce fait.
Dans le traitement de la fécule par la diastase, l'opération
convenablement suivie, donne la destrine plus blanche et plus
pure qu’elle r’avait encore été préparée; aussi y retrouve-t-on
éminemment, le grand pouvoir de rotation sur la lumière pola-
risée, qui la caractérise et qu’on n’obtient à un degré égal, par
aucun autre procédé ; toutefois la solution de diastase en pré-
sence de la dextrine, convertit cette dernière substance graduel-
lement en sucre. |
Il faut que la température soit maintenue durant le contact
de 65 à 75°, car , si l’on chauffe jusqu’à ébullition la solution
de diatase, elle perd la faculté d’agir sur la féculeet sur la dextrine.
La diastase existe dans les semences d’orge , d'avoine, et de
blé germées, près des germes, mais non dans les radicelles ; elle
n'existe ni dans les pousses ni dans les racines de la pomme de
terre, mais seulement dans le tubercule près et autour de leur
point d'insertion , c’est-à-dire , précisément à l'endroit où l’on
e
(x) La diastase détermine la dissolution et la conversion en sucre d’une proportion de fécule
soixante fois plus considérable que celle opérée dans lemême temps par acide sulfurique, tandis
que, d’une autre part, ce dernier corps, transforme complètement en sucre, analogue à celui du
raisin , les quatre substances précédentes , sur lesquelles la diastase est sans influence; enfin la
présence des carbonates de soude , de potasse ou de chaux, donnant au liquide les caractères
marqués de l’alcalinité (ce quiparalyserait l'action de l'acide) n'empêche pas la diastase de réagir.
166 PAYEN. — Suf ll’ Æmidou.
conçoit que la réaction puisse être utile pour dissoudre la fé-
cule; elle y est généralement accompagnée d’une substance
azotée, qui, comme elle , est soluble dans l’eau, insoluble dans
l'alcool, mais qui en diffère par la propriété qu’elle à de se coa-
guler dans l’eau à la température de 65 à 75°, de ne point agir sur
la fécule, ni sur la dextrine, d’être précipitée de ses solutions
par le sous-acétate de plomb, et éliminée en grande partie par
Vacoel avant la précipitation de la diastase. Nous avons encore
retrouvé la diastase dans l'écorce, sous les bourgeons de lay-
lanthus glandulosa, où j'avais précédemment démontré Ja pré-
sence de l’'amidon.
Les céréales et les pommes de terre avant la germination ne
manifestent point la présence de la diastase ; on l’extrait de
l'orge germée par les procédés suivans, et l’on en obtient d'autant
plus, que la germination a été plus régulière, et qu'en-se déve-
loppant, la gemmule s’est plus approchée d’une longueur égale
à celle de chacun des grains. (1)
Extraction de la Diastase.
Après avoir fait macérer lorge germée en poudre dans l’eau
à 25 ou 30° pendant quelques instans , on soumet le mélange
pêteux à une forte pression, et l’on filtre la solution trouble ; le
liquide clair est chauffé dans un bain-marie, à 95 degrés. Cette
température coagule la plus grande partie de la matière azotée,
qu’on doit séparer alors par une nouvelle filtration; le liquide,
filtré, peut servir à différens essais comme diastase brute: il ren-
ferme le principe actif, plus un peu de matière azotée, de sub-
stance colorante, et une petite quantité de sucre; pour séparer
ces derniers, on verse jusqu’à cessation de précipité de l'alcool
anhydre dans la liqueur, la diastase y étant insoluble se dépose
en flocons qu’on doit recueillir et dessécher à une basse tem-
pérature , afin de ne pas laltérer ; il faut surtout éviter de la
chauffer humide jusqu'a go ou r100°.
(1) L'orge germée des brasseurs contient rarement plus de deux millièmes de san poids de
diastase,
PAYEN. = Sur l Amidon. 107
On l’obtient plus pure encore enr la disolvant dans l’eau et la
précipitant de nouveau par l'alcool, surtout si l’on répète ces
solutions et précipitations deux fois. Le charbon d’os n’altérant
pas les solutions de diastase , on peut l'appliquer à leur décolo-
ration.
On prépare la diastase exempte de matière azotée , sans coa-
guler celle-ci, par l'élévation de la température, mais seulement
par plusieurs précipitations à l’aide de l'alcool. Après chaque
précipitation, il se dissout moins de cette substance et la dias-
tase devient de plus en plus blanche et pure; voici lé mode
d'opérer :
On écrase dans un mortier l'orge fraichement germée , on
l'humecte avec environ moitié de son poids d'eau, on soumet
ce mélange à une forte pression; le liquide qui en découle , est
mêlé avec assez d'alcool pour détruire sa viscosité et précipiter
la plus grande partie de la matière azotée, que l’on sépare à
l’aide d’une filtration; la solution filtrée, précipitée par Falcool,
donne la diastase impure, on la purifie par trois solutions dans
l’eau et précipitations par l'alcool en exces. Recueillie sur un
filtre, elle en est enlevée humide, puis desséchée en couche
mince, sur des lames en verre dans un courant d'air sec ou
dans le vide à 4o ou 45°.
Cette opération peut être rendue plus économique en éva-
porant ces solutions au bain marie, ou dans le vide au-dessous
de 70°, avant de précipiter la diastase par l’acooi.
Lorsque l'extraction de ce principe immédiat nouveau a été
faite avec soin, son énergie est telle qu’une partie en poids, suf-
fit pour liquéfier complètement deux mille parties de fécule.
Dissolution et transformation de l’amidon par la diastase.
Les phénomènes que présentent la dissolution graduée ou ie
changement en sucre de la fécule suivant les proportions de la
diastase et de l’eau , la durée du contact et l'élévation de la tem-
pérature, sont dignes d'attention; nous ferons connaître les plus
importans d'entre eux.
108 PAYEN. — Sur l’Amidon.
( La soude et la potasse agissant aussi d’une facon toute diffé-
rente de l’ammoniaque, où peut déduire de cette observation,
une preuve à l'appui d’une théorie chimique , et un moyen
d'essai des composés et sels ammoniacaux que nous décrirons
aussi. )
Si l’on traite la fécule délayée à froid dans huit à dix fois son
poids d’eau, par 0,005 de diastase , en chauffant le mélange gra-
duellement au bain-marie, la plus vive réaction s'opère entre
les températures soutenues de 70 à 80°; elle est telle souvent
que l’amidon se dissolvant au fur et à mesure qu’il s'hydrate,
les grains gonflés disparaissent successivement, et ce mélange
n'acquiert pas une consistance d'empois. On s'assure, en mélant
une goutte de solution d’ iode , que la totalité de l'amidon est
transformée, ce qui a lieu au bout de trois heures de réaction,
si la diastase était bien pure.
Une légère proportion de substance a die reste quelque-
fois engagée dans le mélange, sans que sa présence soit décelée
par l'iode; mais, séparée du sucre par l’alçool, elle reste avec la
dextrine et se sépare ensuite, lorsqu'on dissout celle-ci dans l’al-
coo! faible à 0,35 ou 0,4. à
Dans la fécule préalablement hydratée, l’'amidon gonflé, ayant
une cohésion moindre, est bier plus rapidement transformé par
la diastase.
Lorsque, par exemple, une proportion suffisante de diastase
est projetée dans de l’empois épais, à la température de 70 à 75»,
qu'une vive agitation multiplie les points de contact ou la réac-
tion s'opère, une liquéfaction subite alieu.
La figure 1, planche 5, fait bien voir les effets de cette réac-
tion, au moment où l’armidon est gonflé par vingt fois son poids
d’'ean à 80°. Une goutte de l'empois, mise sous le microscope,
présente ses grains, que l’on peut colorer en bleu par l'iode,
sous les formes des figures 1 , a. Une minute après Paddition
de la diastase, le mélange liquide n'offre pius de grains, et l’iode
ne le colore plus qu’en violet de moins en moins foncé, comme
Pindiquent les teintes D, c, d,e.
Une autre expérience tres curieuse, que MM. Dutrochet et
Dumas ont faite pour observer la réaction de la diastase, consiste
PAYEN. — Sur l’Amidon. 169
à placer dans une petite cavité, entre deux lames de verre, quel-
ques gouttes de solution étendue de diastase et plusieurs grains
de fécule, puis à chauffer graduellement sous le microscope. En
observant avec attention, on voit les grains se gonfler, puis s’é-
vanouir aussitôt; ils disparaissent tous successivement ainsi, dès
que la réaction vive commence, entre 65 et 70 degrés centési-
maux. À
Après la réaction complète de la diastase, il ne reste plus d’in-
soluble que des traces de corps étrangers qui adhéraient à l’ami-
don , tels que des débris de cellules, de l’albumine, des carbo-
nate et phosphate de chaux, de la silice, et, parfois, une huile
essentielle, à odeur désagréable. Ces matières varient suivant
les différentes fécules et les soins apportés à leur épuration. Leur
proportion excède rarement 0,005 et parfois ne s'élève pas à
0,001 du poids total. Les moyens d'épuration que nous avons
donnés les réduisent à moins de 0,0005.
Nous croyons devoir reproduire’ici la plupart des résultats in-
téressans obtenus par M. Guérin, relativement aux circonstan-
ces diverses sous lesquelles il a fait réagir la diastase. (1)
À une température de 70 à 75°, 100 parties d’amidon avec
1000 parties d’eau et 1,7 partie de diastase, ajoutée en deux fois,
n'ont donné que 17,58 parties de sucre. Tout le reste de l’ami-
don pur était, sans aucun doute, alors transformé en dextrine,
et ildut en être de même pour les essais snivans.
1! est résulté d’une deuxième expérience que 100 parties d’a-
midon, converties en empois avec environ 3900 parties d’eau,
puis mêlées avec 6,13 parties de diastase dissoutes dans 4o par-
ties d’eau, fourmssent , entre 60 et 65° , 86,91 parties de sucre.
M. Dubrunfaut est arrivé aussi à augmenter les proportions
de sucre, en augmentant la quantité d’eau pendant la réaction
de l'orge germé.
Nous avions observé que la réaction de la diastase a lieu sans
absorption ni dégagement de gaz; M. Guérin a démontré, en
outre, qu'elle s'exerce dans le vide; qu’à 20° et après vingt-quatre
(x) L'auteur avait préparé cet agent d’après le premier procédé décrit par M. Persoz
el moi.
\
170 PAYEN. — Sur l’ Amidon.
heures, 12,25 de diastase produisent, avec 100 parties d’amidon
converti en empois, 77,64 parties de sucre; qu'à froid la dia-
stase. fluidifie encore l’empois. À o°, même, un résultat sem-
blable eut lieu, et 100 parties d’amidon fournirent 11,82 de
sucre, que l’on détermina par les produits de la fermentation.
C’est sans contredit, comme le dit l’auteur, un résultat surprenant
que de voir la diastase , qui n’est ni acide ni alcaline, liquéfier et
saccharifier aussi rapidement l’empois, à la température de la
glace fondante.
Enfin, en prévenant la congélation à l’aide du sel marin,
M. Guérin est parvenu à démontrer que la diastase fluidifie l'em-
pois d’amidon entre — 12° et — 5°, et qu'il ne se produit pas la
moindre quantité de sucre, mais bien exclusivement de la dex-
trine.
Sucre et dextrine produits par la réaction de la diastase sur
ë l’amidon:
Lorsque la réaction de la diastase sur l’amidon ne laisse plus
aucune particule colorable en violet rougetre par l’iode, Îe pro-
duit contient, suivant les circonstances ci-dessus indiquées, de
la dextrine et du sucre.
Voici d’abord les caractères communs à ces deux substances
et qui les distinguent de l’amidon :
Elles sont très solubles dans l’eau et dans lalcool faible ; leur
solution sirupeuse retient fortement l’eau, même au milieu de
l'alcool à 88 centièmes.
Dissoutes dans l’eau, eiles ne sont pas précipitées par le tan-
nin, l’infusion de noix de galle, le sous-acétate de plomb, la
chaux ni la baryte; l’iode ne les colore pas en bleu.
Tous ces réactifs exercent, au contraire, par les phénomènes
que nous venons de décrire, leur influence remarquable sur les
solutions d’amidon.
Ni le charbon d'os, ni l’alumine en gelée, aucun des compo-
sés binaires, des acides, des oxides, des sels métalliques, soit
neutres, soit à réaction acide ou alcaline essayés isolément ne
précipitent ni le sucre, ni la dextrine ainsi obtenus, !
PAYEN. — Sur l’ Amidon: 171
L'alcool depuis 95 centièmes jusqu’à l'état anhydre, ne dissout
ni l’un ni l’autre.
Toutefois les propriétés caractéristiques suivantes séparent
nettement l’un de l’autre ces deux produits de la réaction de la
diastase, permettent de les séparer, comme nous le dirons plus
loin, et de s'assurer de leur pureté individuelle.
Le sucre est dissous sans reste, par l'alcool à 84 centièmes,
tandis que la dextrine est précipitée par cet agent et se rassem-
ble hydratée au fond du vase.
IL offre ure saveur très sucrée, tandis que la dextrine, lége-
rement mucilagineuse, est sans saveur marquée. Elle est très so-
luble dans lalcoo! à 0,30, moins dans l’alcool à 0,45, et insoluble
dans lalcool à 0,80. :
Le sucre, sous linflüence de la levure, de l’eau et d’une tem-
pérature convenable, se transforme en alcool et en acide carbo-
nique. Placée dans les mêmes circonstances, la dextrine ne
donne pas d'alcool; c’est elle qui communique à la bière la pro-
priété mucilagineuse, qui retient l’acide carbonique; rend la
mousse persistante; fait reconnaitre cette boisson obtenue des
grains ou de la fécule et la distingue de celle qu’on a essayé de
préparer avec d’autres matières sucrées, contenant peu ou point
de substances gorrmeuses. C’est encore à cette matière que l’on
doit attribuer les effets de la bière dans la peinture, effets re-
produits et variés dans les applications de la dextrine.
La dextrine, sous l'influence de quatre volumes d’eau aiguisée
d'un centième d'acide sulfurique, chauffée à 100’, se transforme
ensucre.
Le sucre que donne la diastase est beaucoup plus difficile à
dessécher et plus hygrométrique que la dextrine. La composition
chimique de ce sucre, d’après les analyses de M. Guérin et de
M. Péligot est la même que celle du sucre de raisin ; tous deux
ne donnent que des cristaux mous.
100 d’'amidon desséché dans le vide sec à froid et retenant 2
atomes d’eau, équivalent à 100 de sucre provenant de la réac-
tion de l'acide ou de la diastase, et desséché le plus possible.
100 d'amidon desséché dans le vide à + 140° représenté par
172 PAYEN. — Sur l’Amidon.
C*, H°, 0°, H;, O, équivalent à 111,13 du même sucre, séché au
maximum que représente la formule
C Hé 0, 3470
d'après M. Péligot, formule qui s'accorde d’ailleurs avec la com-
position en centièmes des analyses antérieures par MM. Prout,
de Saussure et Guérin.
Enfin, les expériences de M. Biot ont prouvé qne la dextrine
obtenue par la diastase exerce une déviation à droite sur le plan
de polarisation de la lumière, au même degré pour des masses
égales , que l’'amidon à l’état normal.
Les sucres obtenus de lamidon par la diastase ou par l'acide
sulfurique, et celui de diabète, désignés sous le nom de glucose
par M. Dumas, sont doués tous trois d'un même pouvoir de
rotation à droite, mais ils l’exercent avec une intensité considé-
rablement moindre que la dextrine.
En rapprochant tous les résultats des transformations de la
substance amylacée, comparant la composition chimique et les
combinaisons atomiques de ses produits, on peut concevoir l’es-
pérance de faire naître un produit intermédiaire du plus baut
intérêt.
En effet, l’'amidon ainsi que la dextrine, dans un de leurs
états les plus stables, capables de s'engager tels dans d’autres
combinaisons, se peuvent représenter par la formule
CF x O7 HO — (C4 H°° Où qui X 2 — Cr: H: O°.
Le sucre produit par une hydratation réelle de lPamidon
sous plusieurs influences, est équivalent, soit à l’état cristal-
lisé, soit dans ses combinaisons avec la baryte et la chaux, à la
formule
CH“0", 7H: 0 — C#H“O".
Le même, desséché à + 130°, est représenté par
Cie 03H00" HO!
PAYEN. — Sur L Amidon. 173
tandis que le sucre de cannes, soit cristallisé, soit umi à la
chaux ou à la baryte, équivaut à
C®, H“, O° ”
e
c’est-à-dire à la combinaison exactement intermédiaire entre le
point de départ, ou l’amidon ou la dextrine, et le produit
ou le sucre de fécule au maximum de dessiccation.
Il semble donc que, pour changer directement la fécule amy-
lacée en sucre de cannes , il suffirait d'arrêter à point l’hydra-
tation ou de ménager les proportions des agens , ou les circon-
stances , de manière à tomber directement sur cet important
terme intermédiaire. C’est dans cette direction que je poursuis
actuellement , une de mes séries de recherches.
Propriété de l'amidon à demi désagrégé par la diastase.
Nous avons vu que la diastase peut mettre en dissolution deux
mille fois son poids de fécule.
Si l’on arrête la réaction en portant à 100° la température,
aussitôt que la fluidité s’opère, puis que l’on fasse rapprocher
le liquide en consistance sirupeuse, on observera que la matière
est devenue opaque après le refroidissement; délayée dans l’eau,
une forte proportion refusera de s’y dissoudre; lavée jusqu'à
épuisement de tout ce qui était soluble, elle est redissoute,
pour la plus grande partie, dans l'eau chauffée de 6v à 65 degrés;
entretenue en solution aqueuse entre 70 et 80°, elle laisse peu-
à-peu déposer les corps étrangers et les parties peu désagrégées.
La solution filtrée, rapidement évaporée, puis desséchée en cou-
ches minces, présente alors l’amidon à demi désagrégé, incolore,
diaphane.
IL est insipide, neutre, incolore. Exposé à l'air saturé d’humi-
dité, il s’y gonfle, reste en plaques transparentes, souples, mais
cassantes: Plongé dans froide, il.se gonfle davantage, absorbe
plus d’eau, mais reste un peu élastique, conserve encore ses
formes et présente les mêmes cassures anguleuses.
Chauffé à 65° dans l’eau, il se dissout ; le liquide évaporé
174 PAYEN. — Sur l’Æmidon.
devient de plus en plus sirupeux, redesséché, il reprend ses ca-
ractères primitifs; mis en contact avec l’eau froide, sans aucune
agitation, il ne sy dissout pas, et l’iode accuse à peine sa pré-
sence dans ie liquide.
Mais, si on le broie à sec ou mouillé, puis qu’on l’étende
d'eau , le liquide mème filtré en contient une très notable pro-
portion, et se colore fortement en un violet, se rapprochant
d'autant moins du bleu qu’on a versé plus d’iode.
Tous les liquides froids, diaphanes, obtenus par les précé-
dentes réactions de l’eau, et qui contiennent de l’amidon pur,
sont troublés par lalcool en quantité suffisante, et d'autant
moindre que l'amidon a été moins divisé, ou moins long-temps
chauffé en contact avec l’eau.
Si l'on étend d’eau à l'instant même, le précipité d’amidon se
redissout, si l’on attendait quelques heures, la méme addition
ne pourrait plus éclaircir la liqueur, bien que le précipité fût
encore d’une assez grande ténuité pour rester en suspension ,
et que chauffé dans cet excès d’eau, il se dissolvit et ne reparüt
plus dans le liquide refroidi, à moins qu'on y ajoutât de nou-
veau un assez grand excès d'alcool. On démontre donc en-
core ainsi, que la plus légère cohésion suffit pour rendre
lamidon insoluble, et que très sensiblement désagrégé, ce prin-
cipe immédiat conserve une propension forte à une réagréga-
tion notable.
Lorsqu'on a employé seulement la proportion d'alcool né-
cessaire pour faire apparaître l’amidon en suspension, et que
l’on soumet le liquide trouble à l'élévation graduée de la tempé-
rature, il s’éclaircit entre le 65 et le 66° degré, puis se trouble
de nouveau en refroidissant. Ces phénomènes peuvent être re-
produits un grand nombre de fois. Ils offrent encore une ana-
logie frappante avec ceux que produit l'iodure d’amidon , par
la chaleur, et s'expliquent de la même manière.
Sous l'influence d’un plus grand excès d'alcool, la solution
aqueuse froide de l’amidon, laisse cette substance précipitée
insoluble à chaud comme à froid.
Si l’on traite les diverses fécules par 100 fois leur poids d’eau
chauffée avec elles jusqu’à r00, et que l’on filtre, le liquide
PAYEN. — Sur d’Amidon. 175
diaphane sera d'autant plus promptement précipité, avec de
moindres proportions d'alcool, et en flocons d'autant plus
volumineux qu'il proviendra de fécules plus grosses, douées
d’une plus forte cohésion; qu’enfin il aura été chauffé moins
long-temps.
L'amidon précipité par l'alcool n’est pas altéré, car, recueil-
li, lavé, puis desséché à basse température , à l'air ou dans le
vide, il jouit de toutes les propriétés qui le caractérisent si bien.
Les réactions suivantes résultent encore des dispositions orga-
niques précitées, elles offrent de nouveaux exemples de con-
traction de la substance amylacée.
Phénomènes observés par le contact du tannin.
Les liquides aqueux, diaphanes froids, qui contiennent l'ami-
don, dissous directement, ou soustraits à la réaction de la dias-
tase, offrent, à de légères modifications près, les phénomènes
suivans :
La solution de noix de galle les trouble et produit ensuite
un précipité qui se réunit en flocons allongés, gris, opaques ,
puis en magma au fond du vase.
Les mêmes liquides préalablement bleuis par l’iode sont su-
bitement décolorés par la solution astringente , un précipité
grisätre se dépose ensuite ; la solution de tannin empêche com-
plètement les réactions de 1 diastase sur de l’amidon.
Si, dans une solution aqueuse, filtrée, refroidie d’amidon, ob:
tenue d'une partie de fécule dissoute à nu dans 100 d'eau, l’on
verse peu-à-peu de la solution du tannin pur de M. Pelouze,
on observe, d’abord un précipité laiteux que l'excès de la pre-
mière solution peut redissoudre,
Puis, un précipité plus abondant qui rend le liquide blanc
opaque ne se dépose pas, même au bout de six heures , ne se
dissout pas, même dans beaucoup d’eau qu'il rend opaque ou
opaline pendant plusieurs jours.
Plus abondant encore par une nouvelle addition de tannin,
le précipité rend le liquide plus opaque (au bout d’un ou de
plusieurs jours , une partie du précipité se dépose en magma
176 PAYEN. — Our d'Amidon.
‘
adhésif, la chaleur le fait redissoudre et le refroidissement le
fait reparaître en suspension ).
Si l’on fractionne les liquides troubles ci-dessus , et qu’on
observe une partie de chacun d'eux, sous l'influence de la cha-
leur on verra qu’ils deviennent tous limpides, par des élévations
de température qui varient avec la proportion du composé et
reprennent leur opacité par le refroidissement.
Ainsi, le liquide contenant déjà assez de précipité pour être
opaque à 20° dans un tube de six millimètres, devient diaphane,
chauffé à 36° ; refroidi à 30°, il commence à se troubler et à re-
prendre graduellement son opacité première.
Ces derniers phénomènes reproduits plusieurs fois avec le
même liquide sont encore analogues à ceux que présentent le
composé bleu sous l'influence des variations de température,
et nous semblent également dus à des solubilités variables.
Propriétés caractéristiques, communes aux fécules amylacées
extraites de diverses plantes.
En employant l’iode, les acides, les sels, la congélation et les
autres agens qui produisent avec l’amidon de pomme de terre,
les phénomènes décrits ci-dessus , et plus loin, en obtient les
mêmes résultats avec plusieurs autres amidons; ainsi la fécule
des panais, si fine et si facilement attaquable à l’eau, traitée de la
même manière, laisse apparaitre des flocons d’une belle nuance
bleue, mais d’une finesse très grande, qui semble être en rap-
port avec la ténuité de la fécule employée, et la plus faible agré-
gation de ses parties. |
Les mêmes causes expliquent la plus grande promptitude de
son hydratation et des diverses actions chimiques, exercées sur
elle.
On obtient des résultats analogues avec l’amidon, plus fin en-
core de l’endosperme des graines du Wyctago hortensis (Mira-
bilis jalapa, belle de nuit).
Les fécules suivantes ont encore les mêmes propriétés carac-
PAYEN. — Sur l’Amidon. 177
téristiques, bien qu’elles offrent dans la conformation de leurs
grains, plusieurs particularités.
” On trouve dans la racine tuberculeuse de l’igname ( d/oscorea
alata ), une fécule ayant des figures assez variées; un grand
nombre de ses grains sont plus ou moins irrégulièrement ar-
rondis, d’autres ont une forme ellipsoide ou celle d’un cylindre
terminé par deux portions de sphéroïde.
Parmi ces derniers, le corps cylindrique est dans quelques-
uns plus ou moins infléchi; enfin, dans plusieurs on remarque
un contour triangulaire dont les côtés sont curvilignes, et les
angles arrondis.
Lesgrains de l’amidondestubercules del’Ozxalis crenata, venus
à maturité, ont aussi la plupart une conformation remarquable
décrite fig. 3, pl. 6; tous laissent distinctement voir à partir du
hile, les lignes excentriques qui indiquent laccroissement pro-
gressif de la sécrétion amylacée.
Observations sur les caractères de l’amidon à l’état naissant,
et particularité relative à ce principe dans quelques légumi-
neuses.
Afin de rechercher si les mêmes propriétés existaient dans
l'amidon, à l'état naissant ou très jeune, j'examipai cette sécré-
tion au moment où elle se montre dans les cotylédons encore
baignés par le liquide sucré de l’ovule du pisum sativum.
Ses grains très petits alors, offrent aussi les caractères physi-
ques et chimiques qui précèdent, et ceux que nous exposerons
plus loin ; une particularité remarquable dans leurs formes a été
décrite et figurée pl. 4, fig. 1.
Dans les cotylédons de la fève commune, on trouve des grains
d’amidon plus sinueux encore.
L’amidon extrait des haricots et des lentilles présente des
grains qui se dessinent par des contours moins sinueux que les
précédens.
Enfin , l’amidon en très petite quantité dans les graines de
Colutea arborescens (Baguenaudier), est en grains excessive-
ment petits, qui sont arrondis quoique plus ou moins irréguliers.
X: Boran, — Septembre, 17)
178 PAYEN. — Sur l’ Arnidon.
La configuration sinueuse, contournée où vermiforme, obser-
vée dans plusieurs graines des légumineuses, ne se retrouve
donc pas dans toutes au même degré; elle offre un exemple de plus
des variétés de formes que peut affecter lamidon dans les cir-
constances légèrement variables , où se produit cette sécrétion,
sans que les caractères physiques essentiels ni la composition
chimique soient différentes.
Amidon complètement épuré, dissoluble, sans reste appréciable
par la diastase et l'eau aiguisée d'acide sulfurique.
Voici un résultat dont je dois les premiers indices à M. Beu-
dant?: lorsque ce savant s’occupait d'appliquer avec tant de
succés, en grand, la réaction de la diastase, la très faible propor-
tion du résidu de cette réaction lui fit penser qu’il pouvait être
dû à des corps étrangers, et non à un tégument d’une autre na-
ture que l’amidon. Je suis parvenu à démontrer cette hypothèse
en débarrassant l’amidon de pommes de terre, des corps adhé-
rens à sa superficie. Il suffit pour cela de le traiter à froid alter-
nativement par l'alcool, l'acide chlorhydrique étendu de 500 par-
ties d’eau , et la potasse ou ia soude étendues de 2000 fois leur
poids d’eau, en ayant le soin d'opérer un lavage complet à l’eau
pure après la réaction de chacun de ces agens. L’amidon est
alors d’une blancheur éclatante, soluble sans reste appréciable
dans l’eau, par la diastase comme par l’eau aiguisée d’acide sul-
furique. Il a servi en cet état aux expériences optiques de
M. Biot, et m'a permis d’observer sous l'influence d’une hydra-
tation plus rapide, une transformation plus complète de lami-
don par la diastase, et d'obtenir ainsi un sirop plus sucré, im-
médiatement limpide.
Analyse comparée de l’amidon et de ses parties le plusfortement
agresees.
Afin de reconnaître s’il existait des différences dans la com-
position élémentaire de l’amidon, doué de plus ou moins de
cohésion, j'ai cru devoir comparer la composition des parties
PAYEN. — Sur l’ Amidon. 179
agrégées le plus fortement , le moins altérables par conséquent
pendant leur séparation, avec celle de l’ämidon intact.
A cet effet, l’amidon épuré par les procédés ci-dessus décrits,
fut chauffé à la température de 90 degrés dans 100 fois son poids
d’eau; tous ses grains étant ainsi dilatés ou rompus, on laissa
refroidir à o°, puis, on élimina les portions les plus désagrégées
ou dissoutes, au.moyen de lavages successifs, par 100 fois le vo-
lume de toute la masse d’eau à o°, puis, enfin par une pression
très lentement graduée , de la substance mise entre 20 doubles
de papier à filtre, lavé.
L’amidon le plus résistant, obtenu ainsi très pur et d'une
blancheur éclatante , fut séché dans le vide sec à froid, mis en
poudre, puis la dessiccation alors achevée dans le vide sec, et au
bain d'huile chauffé à 100° ; 0%, 445 brülés avec tous les soins
utiles, ont donné en eau, 0”, 260 et en acide carbonique 0f,707,
d’où l’on déduit la composition suivante :
Danone ei en one elin Let F9,0
Hydrogène Ur 5 64), 100.0
OXISEHES Ne ee ere cuis der) 40)7
Et la formule : C*, H°,0.
C’est la même que celle de l’amidon pur. Or, les parties qui
ont le plus de cohésion, ayant la même composition élémen-
taire que l’amidon tout entier, les portions de celui-ci, qui ont
une cohésion moindre, ne sauraient avoir une composition diffé-
rente, toute la substance constitue donc un seul principe immé-
diat organique.
Extraction de la dextrine pure.
Les moyens dont je me suis servi pour éliminer complète-
ment le sucre de la dextrine , dans le produit non colorable
par l’iode de la réaction de la diastase sur l’amidon, exigent du
temps et de la patience, car, après la dissolution par l'alcool fai-
ble, et la précipitation par l'alcool, on n'obtient qu’une solution
alcoolique, contenant plus de sucre que de dextrine, et un prés
cipité renfermant plus de dextrine que de sucre.
12,
180 PAYEN, — Sur l’_Æimidon.
En redissolvant dans l'eau et précipitant encore sans employer
un excès d’acool, le même phénomène se passe, et la dextrine
précipitée est seulement moins impure.
Ce n’est qu’en réitérant jusqu'à dix fois toute cette manipula -
tion, et sacrifiant une grande partie de la dextrine, qu’on obtient
l'autre portion de celle-ci, entièrement exempte de sucre.
En cét état, elle se dessèche facilement en couches minces,
dans un courant d'air sec, et sans conserver d’adhérence avec
les corps polis, la porcelaine ou le verre par exemple, tandis
que son mélange avec le sucre adhere , au point qu'après sa
dessiccation, on ne peut l’enlever sans arracher une partie de la
substance même des vases ; la dextrine diaphane incolore, offre
d'ailleurs l’ensemble des caractères précédemment décrits.
Pouvoir de rotation de la dextrine.
Ayant remis à M. Biot un échantillon de dextrine ainsi obte-
nue, ce savant voulut bien observer son pouvoir de rotation à
droite sur la lumière polarisée, et ille trouva égal à celui de
l'amidon, récemment mis en dissolution par l'eau bouillante ou
par d’autres agens.
La composition chimique s'accorde bien, comme on va le voir,
avec cette observation directe d’un pouvoir moléculaire con-
stant.
Analyse de la dextrine.
L'analyse de la dextrine desséchée à 100 dans le vide sec,
a donné les résultats suivans : pour cent parties :
‘Expérience. Formuie.
Ce AU sen el AO C2 — o0,44836 |
HNIOS OMR TURF 6759 HE} 0661189 1,00
Oeraloa sut Moborck ég/@t Oÿ — .0,50046 |
Elle représente donc 4 composition de la dextrine quise trouve
ainsi être égale à celle de lamidon pur.
e
PAYEN — Sur l Amidon. 1Q1
Composition élémentaire de l’amidon de diverses plantes et des
produits de sa dissolution. Poids atomique de l’amidon et de
la dextrine , et définition de la nature chimique de ces deux
corps. ‘
Les faits précédemment exposés démontrent qu'au milieu de
ses nombreuses modifications, l’amidon conserve toutes ses pro-
priétés chimiques; qu'on ÿ peut reconnaître ses caractères phy-
siques spéciaux , en tenant-compte des résultats de différences
plus ou moins prononcées d’agrégation entre des particules in:
tégrantes.
Qu’une simple action mécanique peut produire plusieurs de:
grés de cette désagrégation.
Que mieux encore, l’eau avec l’aide de la chaleur et de l’ac-
tion mécanique, permet de pousser plus loin sa désagrégation
sans atteindre à ses limites.
Qu'enfin, plusieurs agens chimiques, la diastase, les acides
sulfurique, chlorhydrique, tartrique, etc., opèrent rapidement
Ja dissolution entière de l’amidon, ne lui laissant aucun des ca-
ractères dus à eelte agrégation particulière sorte d'organisation
impercentible directement, mais pourtant d’une ténacité re-
marquable : c’est donc une dernière transformation par suite
de laquelle l’extensibilité, la contractibilité, sont détruites, de
même que la faculté de se teindre par la combinaison de l’iode,
en bleu, ou dans les diverses nuances de violet, et jusqu’au
rouge, suivant les degrés de sa division. Mais toutes ses pro-
priétés, incontestablement chimiques, lui restent.
Ainsi donc, l’amidon irtact et ses parties les plus contractiles
ou les plus contractées , ont la même composition chimique que
le produit de sa plus complète dissolution; mais en était-il de
même des états intermédiaires? Cela paraissait rationnel ; cepen-
dant plusieurs caractères remarquables pouvaient porter à pen-
ser, soit que deux. ou plusieurs substances différentes préexis-
tassent dans Pamidon; soit qu'elles fussent produites parle con-
182 PAYEN. — Sur l’ Amidon.
cours de l’hydratation, des broyages et de la chaleur; qu’ainsi
elles présenteraient, malgré leurs propriétés communes, des dif-
férences dans leur composition chimique; il restait encore à vé-
rifier si les fécules offrant des formes et des cohésions variées, :
extraites des graines, des tubercules et des racines de: plantes
différentes contenaient bien le même principe immédiat, comme
lindiquaient d’ailleurs leurs propriétés et de nombreuses réac-
tions chimiques. Enfin, si les produits de la dissolution de ce
principe, à l’aide de acide sulfurique ou des alcalis, était réelle-
ment composé de même que la dextrine produite par la diastase.
Toutes ces questions ne pouvaient être définitivement résolues
que par des analyses immédiates et élémentaires de diverses
fécules.
Analyses comparées des parties plus résistantes et de celles qui
sont plus dissolubles dans les grains d’amidon.
J'ai extrait avec soin, à l’aide de broyages et lavages réitérés
à froid et à 100°, 1° les parties le moins agrégées dans la fécule..
2° les portions qui, douées de plus de cohésion naturelle; en
acquièrent davantage en se resserrant par l’évaporation.
Les substances furent d’ailleurs réduites en poudre fine et
amenées chacune à la limite ultime de siccité sans altération
avant d’être analysées. (1)
Voici les résultats obtenus en opérant ainsi :
1° Analyses de la portion le plus fortement agrègée (2)
A. Desséchée entre 75 et 80° cent. à l'air :
(x) Tous les détails de ces analyses se trouvant consignés daus les Annales de chimie, t. 225,
je n’ai pas cru devoir les reproduire ici.
(2) Elle avait été extraite par les procédés décrits pour la préparations des deux amidins ,
qu'on supposait être des principes de nature spéciale dans l'amidon.
PAYEN. — Sur l’Amidon. 185
B. Nouvelle quantité obtenue par les mêmes moyens; dessé-
chée dans le vide sec à la température soutenue de 100°:.
A
—
Carbone . . . 40,073
Hydrogène. . 6,44a
Oxigène . . . 53,585
100
2° Analyses de la partie le plus aisément désagrégeable. (1)
Æ., Desséchée de 100 à 105° dans le vide sec.
B. Partie semblable tirée de la fécule de Maranta arundina-
cea, desséchée à 100° dans le vide.
À
Carbone . . . 44,270
Hydrogène . . 6,27
Oxigène . . . 49,46
.3° Analyse de l’anudon intact épuré par l'alcool et l’eau.
A. Fécule de pommes de terre desséchée directement dans
le vide sec, à la température de 100».
B. Fécule de panais séchée dans le vide sec à 100°.
C. Fécule de fèves, remarquable par ses gibbosités et sa con-
figuration sinueuse, desséchée à 100° dans le vide.
(x) Elle fut extraite ; suivant les procédés indiqués pour la préparation de l'amidine , que
l'en supposait constituer dans l’amidon un principe immédiat.
184 PAYEN. — Sur l’Amidon.
D. Fécule de maranta arundinacea, desséchée à 200°, dans
le vide sec. %
a aise Ne D
| Ésrpne - . 43,81 | 44,45 | 44h | 44,33
Hydrogène. 6,10 6,39 6 ” : 6,25
| 49,6 49,42
Oxigène . . En 49,16
4° Analyses comparees de l'amidon dissous par divers agens
l 5
(Dextrine).
Cette série de recherches était utile pour reconnaitre si le pro-
duit de la dissolution intégrale de l’amidon, par des agens chi-
miques très différens, avait une composition chimique identi-
que avec celle de l’amidon intact et ses parties plus ou moins
agrégées.
A. J'examinai d'abord une substance obtenue en grand à
l'aide d’une température soutenue entre 200 et 210°, qui rend
la fécule presque entièrement soluble.
À l’aide de lavages à chaud et à froid, par l'alcool à 36°, puis
à 30°, on lui enleva la plus grande partie de la matière colorante,
son épuration fut achevée par solution dans l’eau à 00°, filtra-
tion et rapprochement, précipitation par l'alcool et dessiccation;
dissoute alors dans l’eau chaude, filtrée, puis évaporée à sec, on
lobtint diaphane et cassante; réduite en poudre fine et séchée
dans l'air à 80° de température, son analyse a offert les résul-
tats qui suivent indiqués colonne A du tableau ci-après.
Une portion de la même substance desséchée à 100° dans le
vide a perdu 0,025; ce qui donnerait pour sa composition dans
cet état de siccité les nombres de la colonne B.
Un produit commercial analogue dit gomme dextrine, con-
serve aussi les formes des grains de fécule; il est plus soluble et
presqueincolore ; purifié de même, il a donné la dextrine blan-
PAYEN. — Our l’Amidon. 18
che et diaphane comrnie du cristal. Son analyse présente les nom-
bres de la colonne C.
On l'avait desséché à + r00° dans le vide sec.
On rendit l’amidon soluble à froid par un procédé analogue à
celui que M. Biot emploie pour obtenir la dextrine : en le tritu-
rant avec son poids d’acide sulfurique concentré, délayant et
broyant le magma avec moitié de son volume d’eau, laissant en
contact pendant une heure, précipitant par l'alcool, et délayant
à l’eau (dix fois alternativement, afin d'éliminer les dernières
traces de sucre), faisant dissoudre, filtrer puis rapprocher à siccité
on broie alors, on dessèche dans le vide sec, à la température
de 100°; analysé en cet état, cet amidon soluble a donné les ré-
sultats de la colonne D.
On obtint encore la dissolubilité de l’'amidon, quoiqu'à un
moindre degré, en le traitant par o, 5 de son poids de soude ou
de potasse pures dissoutes dans vingt fois leur poids d’eau, tenant
pendant dix à douze heures le mélange à la température de 5o
à 60°, et l’agitant de temps à autre, séparant ensuite les corps
étrangers par l'acide acétique, puis comme ci-dessus, par l'alcool
et l’eau alternativement: enfin à l’aide d’une filtration et de l’é-
vaporation à siccité; la substance desséchée alors à 80° donna les
nombres contenus colonne E.
La même substance , desséchée à r00° dans le vide sec perdit
0,00999, ce qui ramène sa composition aux nombres F.
A B G D E F
Carbone. . . . .| 4316 | 44,2] 44,27 | 43,57 | 43 44,8
Hydrogène. . . . | 6,21 6 6,27 6,11 6,17 6
Oxigène. . . . . | 51,63 | 49,8 | 49,46 | 50,52 | 50,83 | 49,2
| '
Ainsi donc, toutes les substances analysées furent représen-
tées, aprés leur dessiccation complète, par la formule
C2, HO° ou C* H» O!.
Il restait encore à comparer le poids atomique de la dextrine
186 PAYEN. — Sur d'Ainidon.
avec celui qu’on admet pour l’amidon, et à vérifier celui-ci, afin
de résoudre completement la question si long-temps débattue,
et de contrôler tous les résultats précédens. Ces nouvelles recher-
ches offraient des difficultés d’un autre genre, que je suis enfin
parvenu à surmonter.
Poids atomique de la dextrine, déduit de ses combinaisons avec
le protoxide de plomb et avec la baryte.
La dextrine, obtenue pure et soluble, offre le dernier degré
de désagrégation de la fécule amylacée; aussi ne peut-on préci-
piter ses solutions par aucun des nombreux agens jusqu'ici es-
sayés, qui contractent l’amidon gonflé ou dissous daus l’eau, et
décelent en lui des propriétés dépendantes de l’organisme ou du
groupement particulier deses molécules intégrantes.
Supposant que si la dextrine n’avait pu être précipitée par
l’un des oxides métalliques qui se combinent avec le plus grand
nombre des substances organiques, cela pouvait tenir soit à ce
que la combinaison était soluble, soit à ce qu’elle n’avait pas
été possible en présence d’un acide, même faible, j’essayai d’abord
de faire intervenir des agens dissolvans peu énergiques, chargés
à saturation, puis une base inerte sur la substance organique,
mais capable de rompre l'équilibre, en sollicitant l'acide faible
uni à l'oxide métallique , puis enfin les deux moyens réunis.
Voici les résultats des recherches entreprises d’après ces
vues !
La dextrine dissoute jusqu’à saturation dans Palcool à 0,56
la température étant + 24°, se déposait hydratée, sirupeuse, et
en proportions d'autant plus fortes que la température s’abais-
sait davantage, on la dissolvait en chauffant de nouveau à 24°
et en agitant.
Ces solutions, en proportionsdiverses, étaient abondamment
précipitées par l'alcool anhydre ou à 0,95. Aucune d'elles ne fut
troublée par les solutions aqueuses d’acétate neutre ou tribasique
de plomb, ni même par une solution saturée d’acétate neutre,
dans l’alcoo!l à 0,56°,
PAYEN. —- Sur l’ Amidon. 187
Les mêmes faits furent observés en mélant ensemble des solu-
tionssaturées de dextrine et d’acétate de plomb dans l'alcool à 0,4.
Ce premier ordre de moyens ne procurant pas encore la pré-
cipitation de la dextrine combinée, on tenta le deuxième pre
cédé.
A cet effet, un excès d’ammoniaque fut ajouté dans une solu-
tion aqueuse, étendue, d’acétate neutre de plomb; le liquide fut
filtré; il commença, au bout de quelques heures, à HépOs£r des
cristaux blancs très fins, aiguillés . brillans.
Avant comme apres la cristallisation , les solutions aqueuses
d’acétate de plomb, contenant encore un excès d’ammoniaque,
donnèrent, avec les solutions de dextrine un précipité blanc
opaque, très volumineux, soluble par une addition d’acide acé-
tique. (1)
Voici les résultats. obtenus en employant, pour précipiter la -
dextrine l’acétate ammoniacal (2), qui pourra s'appliquer à la
détermination du poids atomique de quelques autres matières
organiques, difficiles à combiner.
5 décigrammes de dextrinate de plomb (obtenu en versant
la dextrine dans un excès du réactif, bien lavé, égoutté, séché à
50° dans le vide sec) brülés, ont laissé un rés de protoxide, de
plomb pesant 2,89, quantité qui était, par conséquent unie avec
2,11 de dextrine. D'où l’on tire
2, 19: 2,11 2: 33094,5 : tor8;,r.
Or, la composition élémentaire de la dextrine, telle que je
l'ai indiquée, donnerait
5 Mnoririaneiagos # 1138 01
ER 024 be 1021,0
OA ne ee 5 ce ol
(x) La présence de l'excès d’ammoniaque est la cause déterminante de la réaction, sans doute
parce que celte base s’unit à l'acide acétique au moment où l’oxide de plomb se porte sur la
dextrine ; en effet, les cristaux aiguillés , bien lavés et séchés dans le vide , ne retiennent plus
d'ammoniaque , et leur dissolution ne précipite plus la dextrine. La précipitation a lieu, si on
ajoute alors de l’ammoniaque au mélange,
(2) Je désigne ainsi par abréviation la solution d’acétate de plemb tribasique, contenant de
acétate d’ammoniaque , plus un excès d’ammoniaque (voir, Annales de chimie ,t. 37, p.66 ;
non mémoire sur les acélates el l’hydrate de protoxide de plomb),
188 PAYEN. — Sur L'Armidon.
Donc le poids de dextrine équivalent à l'atome de protoxide
de plomb peut être égal à ro2r.
Afin de vérifier s’il n'existait pas un autre composé, je chan-
geai ainsi les circonstances de la réaction: l’acétate ammoniacal
en solution aqueuse froide, fut versé peu-à-peu, et en agitant
beaucoup dans une solution chaude de dextrine , on voyait à
chaque addition un précipité se former et disparaître par le
mouvement.
On continua ainsi jusqu'a ce qu’il se produisit un précipité
permanent, égal à-peu-près en volume à la moitié de ce que
pouvait donner une partie de la même solution par un excès du
réactif.
Le précipité, recueilli et lavé, à l'abri de l'acide carbonique,
fut dissous à chaud et la solution évaporée dans une cornue jus-
qu’à ce que la température de l’ébullition füt égale à 1 15°. Refroi-
die alors, un excès d’ammoniaque reproduisit le précipité , qu
fut recueilli, lavé , égoutté, séché. (1)
La combinaison; ainsi épurée, fut desséchée à 100°, jusqu'à
cessation de perte; mise alors en poudre impalpable, elle laissa
dégager une nouvelle quantité d’eau à la même température;
complètement brülée, elle donna les résultats suivans : sur 3 dé-
cigrammes, qui se sont réduits, dans 3 expériences, à
1%, 1,18: — 2°, 1,2; — 3°, 1,225; moyenne, 1202;
D'où l’on tire
120,2 : 170,8 :: 1294,5 : 2086.
En admettant que ce fut la combinaison d’atome à atome, le
poids atomique de la dextrine devait être représenté par C* H#
O, résultat que notre premier essai rendait admissible, car il
était relatif à la combinaison riche en oxide métallique , qui de-
vait être bibasique.
(1) La combinaison de dextrine qui surnageait le précipité, séparée par l'alcool et calcinée
à l'air, laissa inginérer la matière organique en revivifant à très peu près, la totalité du plomb
en sphéroïdes ; celui-ci , complètement brûlé par trois additions d'acide azotique, représenterait
unatome pour sx de dextrine.
PAYEN. — Sur l’Amidon. 189
Un autre réactif, la solution de baryte dans l’esprit-de-bois,
découvert par MM. Dumas et Péligot, pouvant contrôler ces pre-
miers résultats, j'étudiai quelques-unes deses propriétés relatives
à la dextrine.
. L’esprit-de-bois, marquant 97° à l’alcoomètre Gay-Lussac,
étendu de son volume d’eau, peut être mêlé en toutes propor-
tions avec la solution saturée de dextrine, dans l’alcool à 0,560,
sans qu’il y ait précipitation; mais ce mélange est précipité en
flocons volumineux par l’acétate de plomb ammoniacal. Il en est
de même de la solution de dextrine dans lesprit-de-bois à 0,5.
Un excès de cette solution fait redissoudre le précipité, surtout
à chaud; par le refroidissement, il se dépose une partie de la
dextrine en flocons hydratés.
J'essayai donc de trouver encore le poids atomique de la dex-
trine dissoute dans l'alcool à 0,56° ou dans l’esprit-de-bois à 0,5
en la combinant avec la baryte dissoute dans lesprit-de-bois,
étendu de son volume d’eau , lavant avec le même dissolvant à
l'abri du contact de l’air ou, du moins, de l'acide carbonique,
desséchant dans le vide, etc. (1)
Le composé de baryte et de dextrine préparé sec à l’aide de
toutes les précautions minutieuses indiquées (2), au point ou son
incinération, entre plusieurs temps d’une température soutenue,
donnait des produits sensiblement égaux, a présenté les nombres
ci-après, dans trois expériences.
3 décigrammes ont laissé en résidu :
1210002; 0,93; — 3°, 0,95,5 ; — moyenne, 0,95,5.
Ou 95,5 de baryte, pour 204,5 de dextrine; d’où l’on tire
95,2 :.204,5 : : 95600 : 204,
(x) Voyez les détails de cette difficile opération, Annales de chimie, t, 225; p 65.
(1) I retient l’eau avec une telle ténacité, que; devenu solide et pulvérulent sous l'influence
d'un courant d’air sec sans acide carbonique , à une température de; r00°, soutenue durant dix
heures, sa perte, par l'incinération, après un boursouflement considérable, a été de 231 mil-
ligrammes sur 361 : il ne restait que 69 de baryte, Or, 69 : 231 : : 956,9 : 320$; déduisant
de ee nombre l'équivalent de la dextrine y engagée, ou 2042, il resté 1161 où sensiblement
dix atomes d’eau. Séché de même à + 140°, il conserve sept équivalens d'eanet se; boursoufle
encore av.nt de krüler.
190 PAYEN. — Sur l’'_{midon.
Et, enfin, cette conclusion que le poids atomique de la dex-
trine, représenté par la formule C* H* O", est égal théorique-
ment à 20/2. s
Afin de contrôler définitivement tous les résultats qui pré-
cèdent, je me décidai à déterminer par l’oxide de cuivre la com-
position du composé de dextrine et d’oxide de plomb, afin d’en
comparer les nombres avec ceux que donnerait la combinaison
définie du même ordre avec l’amidon.
L'analyse élémentaire du dextrinate bibasique de plomb a
donné les résultats suivans :
Carbone: 5". 51058
Hydrogène . «+ « + + +. 0,22 } 3,57
Oxigène … "5. . ,) 1,77 8,42
Protoxide de plomb. . . . . . 4,85
Et la relation entre l’oxide et la dextrine : 485 : 3,57 :: 2780 :
2052 ou la formule
2Pb O, C°! H:° O"°,
que l’on déduit soit de la somme des élémens de la substance
organique , soit encore de leur poids proportionnel entre eux.
La dextrinate neutre donnait lieu aux mêmes conclusions et
sa formule paraissait être
Pb O, C', HO».
La dextrine, ainsi combinée, offrait donc un cas d’isomérie
avec le sucre de cannes.
Toutefois , comme ce dernier contient à l’état libre un atome
d’eau , qu’on peut lui enlever en le combinant, M. Dumas pensa
qu’il en devait être de même de la dextrine, et , après avoir véri-
fié ce doute par des analyses sur les deux dextrinates desséchés
à + 180° dans le vide, il m’engagea à m’en assurer de mon côté;
en conséquence, je soumis le dextrinate bibasique en poudre
impalpable et qui m'avait fournila dose précédemment analysée,
à une nouvelle dessiccation dans le vide sec, deux fois à une
température de 175 à 180°.
PAYEN. — Sur l’Amidon. 191
Ce composé, de blanc qu'il était, prit, par cette élévation de
température, une teinte bre on prononcée, mais il était res-
té soluble dans l'acide acétique faible, sans résidu, sans dégage-
ment de gaz et sans coloration. Il n'avait donc pas subi d’altéra-
tion sensible.
353,6 milligrammes furent réduits, dans cette opération, à
344,7 , d'où l'on voit que les 842 milligr. analysés se seraient ré-
duits à 820, équivalant à
CR XL Re MDB,0
HR NE To, 71) —1995,0 |
OP RE NE M EMO 7,8 = 820,0
DORE NS Ne 85 0
Ces nombres correspondent à la formule
C*“H'° O°2 PbO,
dans laquelle le carbone est à l'hydrogène :: 917,28 : 112,32,
ouencore :: 158 : 19 45, et le dextrinate est à la matière orga-
nique : : 4718: 1929, ou encore: 820: 335,2. En comparant tous
les nombres de la formule avec ceux de l'analyse, on trouve
Calcul, Expérience.
C4, 918,24 19,45 19,92
(5 PAS EE PERS 112,5 2,388 2,4
Corot rares 900,0 19,17 19,3
2) 0018 BICN ETS DORE 2789,0 59,0 59,0
4719,74 100,00 100,00
Le dextrinate neutre de plomb , par sa dessiccation à + 175°
_centésimaux, perdit, relativement à la substance organique, une
égale proportion d’eau.
Ainsi donc, la dextrine, aussi sèche qu’on puisse l’obtenir,
est représentée par CH" O0"; mais elle contient alors un atome
d’eau en combinaison ; on peut-le lui enlever, après qu’on l’a
combinée avec l’oxide de plomb, et alors son poids atomique
devient
G* H° 0° — 1930:
192 PAYEN. — Sur dl’ Amidon.
Il restait encore à rechercher si le poids atomique de lainidon
pur était le même que celui de la dextrine. |
Je préparai donc un amylate bibasique de plomb, en traitant
2 grammes d’amidon pur par 250 grammes d’eau; portant à l’é-
bullition qui fut soutenue 20 minutes sans évaporation. Tout le
liquide, mis sur deux filtres, donna üue solution limpide, qui
fut versée dans un excès de la solution d’acétate de plomb am-
” moniacal ; le précipité recueilli sur un filtre, lavé, séché, égoutté
dans le vide sec jusqu’à la température de 185° centésimaux,
prit alors une nuance fauve semblable à celle du déxtrinate sou-
mis à la même température.
L'analyse élémentaire de cet amylate a donné les résultats sui-
vans :
M = 8,245, C0°— 6,35, HO — 1,97,
D'où
112,9 : 12,5 ce 109 -H:e e" — 2,188
1,97 , —. 0,2198 = (5 PRES T am IN TEE
296,5, ::,::::96,5 : 6,37a5i3 Gvayss == .,,17,624
PDO. 1006
824,50
Dans ces nombres, la proportion de l’oxide est trop faible
pour correspondre exactement au composé bibasique ; mais la
formation d'une petite quantité d’amylate neutre suffisait pour
expliquer ce résultat.
Je crus cependant devoir essayer de me rapprocher plus ex-
périmentalement des formules rationnelles, et, à cet effet, je pré-
parai une deuxième dose d'amylate, en prenant plus de précau--
tions pour éviter la formation de l’amylate neutre. Voici les ré-
sultats de son analyse :
M = 854,2, C'O' — 64, HO — 195,
D'où l’on tire
376,5 :176,5 12516407 CAES US ag, 10
249,9 022,5 20 10815 Hi slt ar66:=1:872;10
199,r—.21,66 =.:.,.:, 0. 173,34
PDO. Es. 7e .1482,09
854,19
PAYEN..— Sur L'Amidon. 193
On voit que la base diffère encore ici de la proportion théo-
rique; quantà Ja formule de la substance organique, elle cadre
aussi.exactement que possible avec ces nombres.
M. Berzélius était arrivé à la même conclusion en employant
le sous-nitrate de plomb, pour précipiter unesolution d'amidon
bouillante, mêlée d’'ammoniaque; seulement, n'ayant poussé la
dessiccation qu’à 100°, l’amylate, était resté blanc et avait con-
servé un atome d’eau (1). Enfin, ce célèbre chimiste avait au-
trefois annoncé (1) qu'il n’était pas possible, par cette méthode,
de saisir exactement le moment ou il ne se forme pas d’amylate
neutre de plomb ni de sous-nitrate insoluble.
J'espérai toutelois.y parvenir à l’aide du nouveau réactif, qui
me permettait l'emploi d’un excès d’ammoniaque dans les deux
liquides : cette opération eut un entier succés.
Préparation de l’amylate bibasique de plomb.
On chauffe à 10°; en agitant 10 grammes de fécule pure
dans 1200 grammes d’eau; le liquide filtré.est porté à l’ébullition
et l’on y ajoute 20 centimètres cubes d'ammoniaque préalable-
ment étendue dans 4o centimètres cubes d’eau. On verse alors
en agitant le tout dans F acétate de plomb ammoniacal en excès
Gissous et limpide.
On prépare ceite solution en ajoutant 5 grammes donc
niaque à la solution houillie de 30 grammes d’acétate de plomb
neutre dans 200 grammes d’eau, ce qui donne lieu dans le li-
quide à la réaction suivante:
3 at. acétate neutre cris- S 1 at. acétate tribasique. 4939
Mise 0. 190,0 2 at, acétate ammoniag. 1715
3 at. ammoniaque absolue, 643,5 = | at. ammoniaque . . . 214,5
Sat (Cause lee 000
7768,5 ia
s" 7768,5
L’acétate d'ammoniaque rend stable l'acétate tribasique, mal-
(x) En sorte que Ja formule adoptée en dernier lieu par M. Berzélius et M, Liébig est
un ou denx PbO, C24 H2° Ox exactement équivalente à à rou 2 PbO, CHI 00 + H: O.
(2) Anciennes Annales de,chimiei, 1. xcv.
X Boran. — Octobre, 15
194 PAYEN. — Sur l'Amidon.
gré l'excès d’ammoniaque ; et la présence de cette base dans les
deux solutions empêche la formation de l’acétate neutre ou de
l’acétate sesqui-basique, que l’amidon ne décomposerait pas.
Le précipité d’amylate de plomb se dépose; on décante, et on
remplace par une égale quantité d’eau bouillante. On répète
quatre fois ces lavages, toujours en vases clos; on recueille le
dépôt sur un filtre lavé à l'eau bouillante; on remplit quatre fois
successivement le filtre d’eau bouillante, aussitôt que la plus
grande partie du liquide est égouttée, mais sans attendre que
l'amylate ait pris un retrait qui le ferait fendiller. On doit laisser
les filtrations s’opérer sous une cloche où l'air soit privé d'acide
carbonique, par la potasse ou la soude.
Après la dernière addition d’eau, on laisse égoutter pendant
deux à trois heures; on enveloppe le filtre dans six doubles de
papier non collé ; on commence la dessiccation dans le vide ,au-
dessus de la potasse sèche ; on l’achève à + 180°, avec les pré-
cautions ordinaires, mais surtout après avoir réduit la matière
-en poudre impalpable. L’amylate de plomb donne alors constam-
ment, soit par la combustion, soit par l'analyse élémentaire, la
composition représentée par C* H* O°, 2Pb O.
Voici les résultats de l'analyse de l’amylate bibasique de
:plomb.
SM D one 5 57
Où. 0 RS SO OUTM ES W7a, 46 372,8
D A NN D ent Z 90,90.
PDO SN CN US Me 036;
‘Ces nombres, comparés à ceux de la formule, donnent :
Calcul. Expérience.
Ce die ete NUJOLO;2E 19,45 19,66
LS NT DRM PRES 2,38 2,37
Orne ist o0o 19,17 19,07
PDO... 4.061. 3007890 59,0 58,90
&k719,74 100,00 100,00
On prépare de la même manière le dextrinate bibasique de
plomb, sauf une moindre proportion d’eau, pour dissoudre la
PAYEN. — Sur l’Amidon. 195
dextrine ; le produit est plus constant et plus aisément obtenu
que par les autres moyens.
M. Berzélius, dans une lettre du 7 mai dernier, fit savoir à
l’Académie des Sciences de Paris, que tous mes résultats, ayant
été vérifiés par un chimiste allemand très exercé, et trouvés
exacts, il ne conservait de doutes que relativement au dernier
atome d’eau enlevé à l’'amidon, comme à la dextrine.
M. Dumas vérifia bientôt après, ses analyses du dextrinate de
plomb ; de mon côté, les expériences annoncées par M. Berzelius,
ne conduisirent à exécuter de nouvelles analyses, dont voici les
résultats :
EXPERIENCES. Moyenne.
A,
1'e 2° 3° 4°
|
Amylate de plomb employé ........ 1,025 | o,907 | o,894 | 0,988
Oxide ...... 0,649 0,528 | 0,536 | o,630
— Obtenu........ {Carbone ..| 0,178 0,180 0,167 0,178
Eau Re 0,198 0,199 0,191 0,180
{| Équivalens en cen- {Carbone . ere 7:34 | 47,49 | 46,64 | 47,48 | 47,23
{| tièmes de la ma- | Hydrogène ..… 5,85 5,83 5,8y 5,83 5,85
tière organique. Oxigène...... 46,81! 46,68] 47,47 | 46,69 | 46,9r
mm | —_——————— | _—_— | —— | ————
100,00 100,00 100,00 100,00 09,99
La matière employée dans la première analyse avait été obte-
nue de la fécule pure, traitée par 100 fois son poids d’eau bouil-
lante, puis combinée intégralement avec l’oxide de plomb, sans
rien séparer préalablement par le filtre.
Les trois analyses suivantes furent faites sur deux autres amy-
lates, préparés avec une solution d’amidon filtrée.
La température de la dessiccation pour la première expérience
fut égale à 135° pendant trois heures, dansle vide sec; pour les
13.
100 PAYEN. — Sur l’Ammidon.
‘essais suivans, ontporta la température à + 170°; enfin, la pre-
miére et la troisième analyses ont été faites par M. Schmershall et
moi, la deuxième! par M. Schmersahll seul'et la quatrième par
“moi seul: Qi 2110
Les nombres suivans prouvent que la formule C*H% O°'s’ac-
corde bien avec là moyenne et chacune des analyses. Ils confir-
ment les résultats précédens.
Calculé. Trouvé.
CA us ro Var OL be 47,52 47,23 | |
à PO APS LEA RE A LE | ou 5,83 5,85 f;— 100
(0 ÉPR PA TTE S ARR Te [OR y 46,65 46,91
. Poids spécifique de l'amidon.
La détermination exacte du poids de lamidon, comparé à ce-
lui de l’eau sous le même volume, présentait d’assez grandes
difficultés, en raison surtout de l’hydratabilité de la substance
et de l'adhérence de l'air interposé. Voici comment je suis par-
venu dernièrement à l'obtenir, en opérant sur de la fécule de
pommes de terre épurée et préalablement desséchée dans le
vide sec, à la température de 120°, soutenue pendant six
heures. |
Dans un petit ballon à col étroit, taré, J'introduisis, jusqu’à
la moitié environ de sa capacité, de l'huile de moelle filtrée, dé-
barrassée d’eau et de gaz, dans le vide à ro0°; la fécule fut alors
ajoutée peu-à-peu, en agitant sans cesse, afin de bien impré-
gner tous ses grains. On soumit alors ce mélange dans le vide,
à l’action d’une température soutenue à + 100°, pendant dix
heures; en agitant encore de temps à'autre, et jusqu'a cessation
de: dégagement aériforme, le baïlon: fut refroidi à + 19°,55,
rempli d'huile jusqu’à une ligne de niveau, tracée au point le plus
étroit du col; pesé en cet état, puis vidé, rempli d’eau distillée,
exactement au même point; pesé de nouveau. On peut aïnsicom-
parer le poids du volume der fécule avec des volumes égaux
‘d’huile déplacée, puis celle-ci avec le même volume d’eau, enfin
rapporter à ce dernier le poids de la:fécule. :
(2
PAYEN. «— Sur l’Aimidon.: 107
Voici les nombres de l’une de ces expériences qui, répétée
trois fois, donna les mêmes résultats :
Substance employée. ER des ur ed MAUR au PS 2 Ho pe
Hiniescplus fécule ©. 1 Fr ere" 34507
Huile occupant le volume du vase. . . . . . . 29 ,92
Huile déplacée: par la fécule. , + 41.41... 29 ,32—21,96 — 7,36
Poids de l’eau remplissant le ballon. . . . . . — 32,045
Rapport de lhuile à l’eau. . . 29,32 : 32045 : : 7,36 : 8,044 :: 915 : 1000
Rapport de la densité de l’eau au
poids spécifique de lamidon . 8044 : 12109 :: 1000 : 1508,5
Ainsi, à volume égal, lamidon pèse moitié plus que l’eau, ou,
le poids de celle-ci étant 1000, celui de l’amidon est 1505,5,
pour lattempérature de + 19,65. Il diffère donc du poids spé:
cifique, du sucre qui a ététrouvé être de 1606,06.
Par une température soutenue durant deux heures à 206",
lamidon dans l'huile éprouva un commencement d'aitération :
des bulles de gaz se dégagèrent; sa couleur devint fauve, et
son poids spécifique fut porté à 1555. Cette augmentation de
pôids résultait à-la-fois du dégagement de produits hydrogénés
et de la conversion d’une portion de la substance en dextrine:
Poids spécifique de la dextrine.
La dextrine pulvérisée, desséchée à + 120°, puis à 41250
dans le vide sec, pesée alternativement dans l'air et dans huile,
avec! la précaution ci- dessus indiquée, re les nombres sui-
vans : is
Poids de la dextrine employée Re Ce 70000
Huile, plus tninel FA RENOM UE EE 32,486
“Poids de l'huile conténué dans le ballon ei. 29,320 :!
Huile deplacée par la dextrine . . . à 44 124,580
‘Rapport de la densité de l’huile à celle à. l’eau. 474,5189
Rapport entre le poids de l'eau et celui de la pe
il Ft j ab ni 30-
dextrine + + … de oo 5189 : 79 :: 1000 : : 1520
Ainsi le poids énifque de l'amidon est à celui dei Ja dé
trine comme 1506 est à 1h20. 0% 6 SEUL TE
Ce résultat est d'accord avec: l'observation de la diminution
198 PAYEN. — Sur l’Amidon.
de volume observée pendant la conversion de la fécule en dex-
trine ; mais il se pourrait bien que l’un et l’autre effet dépen-
dissent d’un simple resserrement mécanique qui aurait com-
plété l'expulsion des dernières traces d'air interposées.
Termes d’hydratation de la dextrine.
Afin d'obtenir sur la dextrine des influences égales à celles
exercées sur l’amidon, j'employai, dans cette série d’essais, de
la fécule convertie en dextrine, sans déformation. Restée ainsi
en grains, on ne put constater de terme précis d'hydratation
dans l'air saturé d'humidité, parce qu'elle fut liquéfiée par l’eau
absorbée; mais , exposée à l'air en couches minces pendant huit
à douze jours, l'hygrometre ayant marqué o 60 à 68 et le ther-
momètre + 20 à + 14°, elle retint l'équivalent de 4 atomes
d'eau; exposée 24 à 48 heures dans le vide sec à + 15 à 19/, elle
contenait 2 atomes qu’elle perdit dans le vide sec , soutenu à +-
100 comme à+-140°, ne retenant plus alors que l'atome, consti-
tuant ainsi tous les nombres des quatre premières lignes du ta-
bleau relatif aux degrés d'hydratation de l’amidon , qui s’appli-
quent exactement à la dextrine.
Ainsi donc, la dextrine , par sa composition élémentaire, son
poids atomique et ses termes d’hydratation, comme aussi par
son action moléculaire sur la lumière polarisée, est identique
avec lamidon.
La dextrine et l’amidon offrent à-la-fois les mêmes relations
entre leurs atomes constituans, et des phénomènes très divers
sous l'influence d’agens nombreux, mais ces phénomènes ne dé-
montrent pas des propriétés inhérentes à une combinaison mo-
léculaire : ils dépendent de la forme et de l'agrégation des parti-
cules.
On peut, en effet, les faire tous varier par un grand nombre
de modifications qui ne changent absolument rien à la compo-
sition ni au poids atomique de la matiere.
Ainsi l'amidon, toujours identique chimiquement, mais sécrété
par différens végétaux ou sous des influences variables de sol
et de saison , ou encore à différens âges , présente des volumes
PAYEN. — Sur l’Amidon. 109)
et des degrés de cohésion très divers; soumis à de simples-actions
mécaniques, il produit avec l’eau, l'alcool, la potasse, la soude, la
baryte, l'iode, le tannin, l’acétate de plomb , les sels neutres, etc. ,
une foule de réactions spéciales.
Divisé plus encore par la diastase, la température , les acides
puissans et les alcalis caustiques, agens qui diffèrent extrême-
ment par leur composition et leurs réactions chimiques, Pamidon
produit alors graduellement plusieurs. phénomènes nouveaux
en rapport avec le degré de la désagrégation opérée ; puis tout-
à-coup sa dissolution complète semble avoir anéanti toutes ses
facultés caractéristiques : on n’en obtient plus ni colorations ni
précipités, par aucun des agens employés jusque-là avec succès
pour les produire.
Il semble qu'il n’y ait plus, pour son nouvel état, de combi-
naison possible.
Cependant , sous tant de formes , la composition intime n’a
point varié, et je viens de démontrer qu’à l’aide de nouveaux
efforts, on obtient avec les bases des combinaisons définies
semblables , d'où l’on déduit un même poids atomique.
Tel que le donne la végétation, ce principe immédiat possède
donc des formes organiques spéciales qui paraissent modifier
sa densité et persistent même dans leur dissolution aqueuse(1);
leur contractilité et leur extensibilité apparaissent au contact
d’une foule de réactifs.
C'est un exemple remarquable d'application des moyens
qu'offrent la chimie-et la physique , pour étudier un corps déjà
sur la limite de l’organisation appréciable par d’autres procédés,
suivre toutes les phases d’une désorganisation graduellement
opérée jusqu’à sa complète dissolution, et pour en saisir même
certains termes qui offrent d’utiles applications.
Je crois pouvoir encore conclure de ce genre de recherches,
que tout en arrivant par des voies diverses à transformer l’amidon
en dextrine et dans tous les degrés intermédiaires, jamais l'on
(1) Cette dissolution filtrée se trouble au bout de quelque temps et laisse peu-à-peu précipiter
la substance encore membraniforme; mais alors sans doule ses particules sont disposées dans
un autre ordre ; car ni le liquide ni le précipité ne reproduisent la belle coloration bleue avec
J'iode.
200 PAYEN. — Sur L’_Æmmidon.
ne rémontera de la dextrine ou de ses congénères à l’amidon,
pas plus qu’on ne parviendrait à former artificiellement un seul
grain de globuline, une utricule, un tissu organisé , un organe
quelconque de la reproduction végétale.
Définition de la nature chimique de l’amidon et de la dextrine.
Considéré sous les rapports chimiques, l’amidon pur, à l'état
normal, tel qu'on peut’ Pextraire des plantes, est un principe
immédiat.
C'est un principe immédiat aux mêmes titres que le Jigneux,
que la substance des cellules végétales. (r)
Pour être appelés à jouer le plus directement possible ce rôle
important dans la constitution des plantes et des animaux, les
principes immédiats ne doivent-ils pas remplir les conditions
d'être à l'abri des changemens spontanés, d’être par conséquent
incristailisables et garantis contre la tendance à s’engager dans
des combinaisons cristallines, propension si commune aux corps
inorganisés ?
Leurs particules ne sont-elles pas douées d’une prédisposition
à s’agréger entre elles sous des formes en quelque sorte mem-
braneuses ?
Après les nombreuses expériences que nous venons de dé-
crire, on ne saurait nier que la substance amylacée membrani-
forme à l'état libre ou combinée ne réunit ces conditions; que,
de plus, roulée en globules par couches concentriques, elle ne
füt assez stable pour se conserver long-temps et assez attaquable
pour se tenir en réserve , prête à céder ses particules aux agens
des développemens ultérieurs des organes végétaux.
Si la substance propre-de divers tissus a paru jusqu'ici d’une
nature plus complexe , ne serait-ce pas qu’il resterait à éliminer
du principe immédiat formant chaque enveloppe,les corps étran-
(x) Des recherches chimiques, que je dois multiplier avant de présenter leurs résullats, me
portent à penser que la substance des parois cellulaires est différente du ligneux , et que le
gluten ne constitue pas ua tissu dans le périsperme du blé , mais bien un dépôt de matière azo-
tée qui, dissous ultérieurement par un agent spécial, favorisera les premiers développemens
de la plantule.
PAYEN, — Sur l’Æmidon. 201
gers à sa constitution, sécrétés , excrétés ou enveloppés par
elle?
Dextrine.
L’amidon , qui offre une constitution moléculaire identique
avec celle de la dextrine, en diffère cependant par l’arrangement
de ses particules, c’est-à-dire de ses groupes moléculaires. Cette
organisation est remarquable non-seulement en raison des phé-
nomènes physiques curieux ; qu'on doit lui attribuer, non-seu-
lement en raison de la variété que sa désagrégation introduit
graduellement dans ces phénomènes ; mais encore et surtout elle
est digne du plus haut intérét par la singulière propriété que
cet arrangement spécial lui donne d'entrer en combinaison avec
licde, combinaison qui partout signale sa présence et ses
moindres altérations, mais qui est insuffisante pour la prouver.
Un tel pouvoir, inhérent aux rappurts de présence entre les
groupes des particules, qui les modifie lorsqu'on trouble ces
rapports, qui disparaît lorsqu'on jes détruit; ce pouvoir remar-
quable établit entre la dextrine, si complètement soluble, et
lamidon, insoluble directement, une isomérie spéciale bien
caractérisée , qui existe avec une identité de composition et de
diverses “éactions moléculaires évidemment iucontestables.
POINT DE VUE PHYSIOLOGIQUE.
\ j
ÉTUDE DE L’AMIDON DANS SES DÉVELOPPEMENS VARIÉS, ET SES RAP-
PORTS AVEC LA GERMINATION ET LA NUTRITION DES PLANTES.
Organes qui contiennent de l'amidon, tissus qui en sont dépour-
vus, influence de la lumière sur la sécrétion de ce principe
immediat,
Tous les organes d’un grand nombre de plantes peuvent,
dans des circonstances favorables , sécréter la substance amyla-
cée, et plus tard la dissoudre pour la laisser concourir alors à la
nutrition végétale. |
202 PAYEN. — Sur l’Æmidorn.
Cependant , on ne rencontre jamais l’amidon dans les tissus
qui sont à l’état rudimentaire; ceux-ci ne récelent encore que
les principes immédiats, indispensables à leurs premiers déve-
loppemens, c’est-à-dire des matières que j'ai démontré, être dés-
lors constamment réunies : les unes très riches en azote, les
autres non azotées.
Ainsi , les spongioles des radicelles, les plus jeunes rudimens
des bourgeons foliacés et fructifères, l’intérieur des ovules non
fécondés et sans aucune exception, toute l’organisation naissante
est dépourvue de fécule amylacée.
Cela se conçoit, car celle-ci représente un excès de principe
assimilable sécrété, seulement, et mis en réserve, après que les
organes ont atteint un certain développement.
Je n'ai pas rencontré non plus d'amidon , dans les vaisseaux
ni dans les méats inter-cellulaires ; c'est qu'il n’y peut passer
sans doute, qu'après une transformation qui, le rendant soluble,
lui Ôôte ses caractères distinctifs.
L'amidon ne se trouve pas dans l'épiderme et manque pres-
que toujours dans les premières cellules des tissus sous-jacens.
Cela arrive par suite , je crois, d’une loi générale de sa formation :
en effet, soit qu’une vitalité plus grande ou qu'une assimilation
plus efficace par les agens aériens ait lieu dausles points rappro-
chés de l’air et de la lumière, l’amidon est exclu de ces parties jus-
qu’à une certaine profondeur , passé laquelle ses grains commen-
cent à se montrer, puis augmentent en nombre comme en vo-
lume dans les cellules de plus en plus éloignées de la superficie
jusqu’à certaines limites ; ilen est de même des organes foliacés
qui sous la terre sont parfois abondans en fécule , les écailles
des divers bulbes par exemple, tandis qu'ils en contiennent peu
ou point s'ils sont exposés à l'air ou à la lumière.
Nous allons citer quelques faits à l'appui de ces assertions.
Si l’on coupe une tranche très mince d’un rhizome de Canna
discolor par un plan perpendiculaire à l’axe, et que l'on examine
successivement sous le microscope toutes les parties du tissu
depuis la couche extérieure jusqu’au centre, on ne trouve au-
cun grain de fécule ni dans l’épiderme , ni dans les cellules con-
tiguës, ni dans celles qui suivent, jusqu’à une profondeur de
PAYEN. — Sur l’Amidon. 203
8 à ro. Dans les cellules suivantes les grains d’amidon, rares et
très petits se montrent graduellement plus gros et atteignent au
plus 5 centièmes de millimétre ; mais ce n'est qu'au-delà du pre-
mier cercle de vaisseaux que lesgrains, augmentant plus rapide-
ment de volume, dans les grandes cellules, atteignent le maxi-
mum de leur développement c’est-à-dire 15 centièmes de millime-
tre ; ce sont les résultats micrométriques de mes observations
sur les rhizomes les plus développés que j'aie pu me procurer
au jardin du roi , ainsi que sur ceux du Canna gigantea et du
Maranta arundinacea j ils s'accordent avec les essais que j'avais
faits précédemment pour la Société centrale d'agriculture sur
la fécule du Canna discolor, envoyée de Montpellier par
M. Farel.
Dans les tubercules de l’Orchus latifolia, les plus fortes dimen-
sions des grains de fécule se remarquent vers le centre , tandis
qu’ils sont de plus en plus petits dans les cellules qui se rappro-
chent de l'épiderme.
Toutes les variétés de pommes de terre sont dépourvues de
fécule dans leur épiderme et dans le tissu herbacé sous-jacent
(médule externe, la grosseur et le nombre des grains augmen-
tent à partir de là , jusqu'au cercle des fibres vasculaires, qui
entourent la moelle; dans celle-ci les proportions d’amidon sont
moindres surtout vers le centre.
Les mêmes résultats, dans les parties semblables, s’observent
relativement aux tubercules du 7ropæolum tuberosum.
En général toutes ces plantes ne présentent que très peu ou
pas de fécule dans les portions de leurs tiges qui s'élèvent au-
dessus du sol; dans toutes les tiges de cactus , sous leurs di-
verses formes, les grains de fécule sont plus volumineux, et en
plus grand nombre dans le tissu médullaire ou les parties voisi-
nes. On n’en trouve pas de traces près de l’épiderme ni jusqu’à
une certaine profondeur.
20/4 PAYEN: — Sur L Æmidon.
Premiers développemens des fécules , causes de’ leurs ruptures
spontanées , de leurs conformations variées et d’une apparence
de téoument.
il résulte de l’ensemble des propriétés physiques et chimi-
ques, des grains d’amidon à différens âges-et des parties inéga-
lement agrégées de chacun d'eux, que le principe immédiat
dont ils se composent ‘est d’abord sphéroïdal, comme tout
corps fluide laissé à la propre attraction de ses parties intégran-
tes ; il absorbe généralement par un seul'point, quelquefois par
deux , rarement par trois la substance amylacée.
Celle-ci s’'accumule dans Pintérieur, presse contre les ‘pre-
mieres parties agrégées , les gonfle, puis est pressée à son tour,
par une nouvelle quantité de matière qui bientôt encore, reçoit
et transmet la pression d’un autre flot de Ia sécrétion.
Ce gonflement successif produit les couches concentriques
observées; il continue tant que les circonstances extérieures
laissent une souplesse suffisante aux premières couches qui en-
veloppent les autres.
C’est ainsi que dans les parties aqueuses d'une même plante,
se trouvent des grains d’amidon , d'autant plus volumineux ;
d'ailleurs , que leur développement s’est prolongé davantage.
Les rhizomes des cannées , les tubercules des pommes de
terre, etc, dans les terrains humides offrent les maxima de di-
mensions des fécules ; tandis que les tiges du Ginkgo biloba ,
et de l_Zylanthus glandulosa, les fruits de plusieurs Graminées,
les graines de diverses légumineuses , des Chénopodées et une
foule d’autres laissent plus promptement l’amidon privé d’eau
et arrêtent sa croissance.
Lorsque le développement des grains amylacés est considé-
rable, les premières couches formées ayant perdu leur souplesse
ne cèdent à la pression interne des dernières parties sécrétées ,
qu’en éprouvant -des ruptures , et celles-ci partent générale-
ment du hile où les parois amincies opposent le moins de résis-
tance.
Quant aux formes extérieures accidentelles , elles dépendent
BAYEN. — Sur l’Amidon. 20
évidemment, d’une sorte de moulage sur les obstacles que
rencontrent les grains amylacés dans le milieu où ilsse gonflent.
C’est ainsi que, dans le fluide rempli de flocons d’albumine,
où se forme et s’accroit l’amidon des fèves, haricots et pois, l’iné-
gale résistance et la viscosité du milien déterminent ces surfa-
ces ondulées ou creusés en sillons, et ces contours sinueux des
projections qui caractérisent les grainsamylacés de ces légumi-
neusès ; d’autres particularités remarquables dans les formes des
fécules nécessitent le concours d’une ‘autre cause que nous al-
lons exposer. :
Apparence tégumentaire et différences de cohésion dans les grains
de fécule.
Sur toutes les fécules, la couche superficielle ayant plus de
cohésion, résiste le plus aux divers agens de dissolution ; cette
couche est souvent rendue plus difficilement attaquable: encore
par l’adhérence de plusieurs corps étrangers insolubles, tels que
l’albumine végétale, les sels calcaires, une matière oléiforme fixe
et une huile essentielle: de là cette apparence trompeuse d’un
tégument propre qui, disait-on, offrait une composition distincte.
La moindre consistance des couches internes dans les fécules
explique les diverses réactions qui, parfois, déterminent une
partie de la substance à sortir et former hernie au dehors : c’est
ce qui arrive si l’on met en contact avec de jeunes grains une
solution de soude trop faible pour attaquer la couche externe,
mais qui sintroduisant par le hile gonfle et force à sortir la
matière intérieure. (77. fig. 8 Z:.B. pl. 4.)
Conformation polyédrique et agglomération des grains de fecule.
‘Les formes polyédriques de la fécule du Cycas circinalis, me
parurent plus remarquables que celles de‘toute autre fécule;soit
parce qu’elles appartenaient à la plupart des grains et qu'une
moitié seulement du volume de chacun d'eux était ainsi polyédri-
que , l’autre moitié ayant conservé: sensiblement: la: forme d'un
sphéroïde. - |
206 PAYEN. — Sur d’Arnidon.
Quelle pouvait être la cause de cette sorte de moulage par-
tiel ? J'essayai de la découvrir en observant, non plus la fécule
extraite à part, ni même les cellules aplaties entre les lames du
porte-objet; mais bien des tranches très minces de la moelle du
sagouier placées sans pression et sans frottement, dans l’eau ,
entre deux lames de verre.
11 me fut possible alors de voir la fécule généralement réunie
en petits agglomérats de deux, trois, quatre, six, ou sept grains:
(V. case 5, les fig. a, b, c,d, e, pl. 6), la portion engagée dans
l’agglomération avait seule contracté les formes polyédriques qui
remplissaient les vides qu’eussent laissé des sphéroïdes entre eux,
tandis que la portion libre restée en dehors de l’agelomérat avait
continué ses développemens sous formes arrondies ; on voyait
distinctement aussi, comme le montrent les figures, cases 4 et 5,
le hile marqué sur cette partie externe, et les lignes circulaires
d’accroissement disposées concentriquement autour de lui; une
faible pression et un léger frottement suffisaient pour séparer
tous ces grains les uns des autres, et les montrer alors isolés
comme dans les fig. de la case 4 pl. 6.
L’explication des formes polyédriques que prennent les fécu-
les lorsqu’elles sont pressées de toutes parts comme dans les
parties cornées du maïs, cette explication, dis-je, ne présente
aucune difficulté maintenant que la constitution intime , et le
mode de développement sont démontrés : on voit bien que les
couches externes assez souples et extensibles pour se gonfler ,
en cédant à la force intérieure que produit un accroissement
graduel de volume, doivent céder aussi à la pression extérieure
des autres grains qu’elles rencontrent; qu’alors, pour remplir
l'espace libre, les grains arrondis doivent présenter bientôt des
surfaces planes et acquérir peu-à-peu des formes polyédriques ;
qu’alors enfin, la transparence de la masse résulte de l’expulsion
des substances interposées de densités si différentes (les gaz sur-
tout); la forte adhérence tient à la nature cohésive même de la
substance amylacée.
Mais comment se fait-il que, sans être fortement pressés en-
tre eux, les grains de fécule acquièrent habituellement dans cer-
taines plantes une ou plusieurs faces planes, tandis que d’au-
PAYEN. — Sur l’Amidon. 207
tres fécules, même plus abondantes dans chaque cellule, conser-
vent des contours arrondis ?
Les circonstances de la végétation des plantes d’où prove-
naient ces fécules me portèrent à croire que l'abondance de
l'eau interposée , avait pour les unes prévenu presque toute
attraction énergique, tandis que pour les autres une proportion
moindre de ce liquide avait permis à la substance amylacée de
contracter de nombreuses adhérences.
Cette hypothèse s’appnyait d’abord sur l'observation directe
de l'adhérence remarquable entre les grains de la fécule conte-
nant 10 atomes d’eau, sans qu'il ÿ en eüt aucun excès interposé
( V. les différens termes d'hydratation, pages 77 et 80.)
Les mêmes vues furent d'abord justifiées par l'examen com-
paratif des fécules durant leur croissance: les plus jeunes en et-
fet se rapprochaïent des formes globuleuses, tandis que deve-
nues plus âgées et plus volumineuses en même temps que l’eau
et l’espace ambiant diminuaient, elles avaient contracté entre
elles quelques adhérences qui rendaient plane une portion de
leur superficie.
Les jeunes périspermes de maïs, par exemple, ne contiennent,
en général, que des grains de fécule globuleux ; bien que près
de l’état de maturité, presque tous ces fruits offrent une grande
partie de la masse du périsperme à l’état corné, demi translu-
cide, résultant de la configuration polyédrique et de la juxta-posi-
tion des grains de fécule.
| Une preuve plus démonstrative encore m'a paru devoir être
| le résultat d’une modification déterminée dans les formes de la
| fécule en changeant , à dessein , les circonstances de la végéta-
| tion.
|
|
| Agglomération des grains de fécule produite à volonté pendant
* la végétation.
| Voici comment je réunis les circonstances favorables à la
| modification projetée des formes de la fécule dans les pommes-
de terre.
Je laissai germer et pousser ces tubercules à l'air depuis les
208 PAYEN. — Sur l’ Amidon.
premiers Jours d'avril jusqu’au 20 août, dans un laboratoire
où le thermomètre varia de + 12 à 20° centésimaux, et l’hygro-
mètre deo,/5 à 0,70.
Les tiges ainsi toutes aériennes portaient des renflemens, à
la partie inférieure desquels naissaient des mamelons radicel-
laires blanchâtres, tandis que les parties supérieures se garni-
rent de petites feuilles vertes.
Dans les renflemens précités se rencontrèrent parmi de nom-
breux grains globuliformes de fécule, plusieurs agglomérats de 2,
3, 4 et même 5 grains, qui par leur adhérence étaient devenus
polyédriques sur les points en contact.
Ces réunions étaient plus nombreuses parmi les grains formés
en dernier lieu , ‘par conséquent sous l'influence des moindres
proportions d’eau.
Un assez grand nombre des grains plus volumineux étaient
doubles; séparés par pression et frottement ils se présentaient
sous les formes de sphéroïdes, ou d’éllipsoïdes tronqués.
Rapportentre les parois des cellules et Le hile des grains de fécule.
Nous avons vu qu’à l'aide de nouveaux moyens d'investigation
on démontre la présence d’un hile dans des fécules qui jusqu'ici,
avaient paru n’en pas avoir; on peut done admettre qu'il existe
pour toutes, et qu’il joue un rôle dars la formation ou dans l’ac-
croissement des grains amylacés.
Mais résulte-t-il d'un point d'attache permanent, aux parois
intérieures de la cellule,ou bien montre-t-il seulement, orifice
du conduit par lequel l'accroissement s’est opérée par intus-sus-
ception ?
En démontrant la difficulté dans certains cas de justifier la
première hypothèse, nous serons portés à faire prévaloir la se-
conde.
Dans ‘un grand nombre de cellules des variétés de pommes
de terre riches en fécule , dans celle des rhizomes également
abondans en substance amylacée du Canna discolor, les globules
d’amidon qui se développent sont en quantité telle, qu’il pa-
#
PAYEN. — Sur l’ A midon. 209
rait impossible que tous restent en rapport avec la paroi interne
de la cellule,
Le-maintien-à distance d'une partie des grains , semble plus
évident.encore dans les cellules où ils sont tellement pressés les
uns contre les autres , que toute leur périphérie s’est déprimée
en. facettes fortement adhérentes aux facettes des autres grains
en-contact, lorsque enfin tous sont polyédriques comme le mori-
tre la fig.0, pl. 6, relativement aux parties cornées ‘du péri-
sperme du: maïs , ils sont là tellement enchâssés, qu'évidem-
ment leurs derniers développemens ent été acquis en place;par
conséquent à distance des: paroïs pour beaucoup d’entre eux.
Les mêmes phénomènes s'observent dans la masse fécu'ente du
périsperme des:fruits de plusieurs graminées ; V. fig. C pl4 re-
présentant l’amidon du Panicum italicur.
Nous avons vu un autre exemple curieux de ces développe-
mens; hors du contact des: parois cellulaires, manifesté durant
la, croissance des groupes de :grains amylacés, dans les cellules
de la moelle du Sagouter.Ces groupes nombreux beaucoup plus
petits que:la cellule, ne peuvent toucher celles-ci que par deux
ou:trois des points correspondans:à leurs hiles sur six ou Abe
que parfois ilprésentent.
| Enfin:une altération spéciale (PL 3, fig. 26, et PL. 4, fig. 8 &,c)
qui, durant la germination des céréales et les arrêts de la végé-
tationydes pommes de terre:, laisse désagréger les grains d’ami-
don; puis réagréger en globules leur substance, me semble venir
à l’appui des-conclusions qui précèdent.
D LPétermination de la nature de l'amidon des polleirs.
Nous avons vu que l’iode est un‘réactif insuffisant de la sub-
stance amylacéer: il fallait done ÿ combiner les‘autrés moyens
d'investigation (pour démontrer la nature ‘des granulés bleuis-
sables dans les grains de plusieurs polleñs. C’èst ce que jé me
suis empressé de faire à la démande dé RE de: Jüssieir
Pollen de Giobba nutans.—kes fig. 4,4; a, a", pl. 5, montrent
les grains de ce pee ‘unélmoîtié est colorée par liode , sa-
voir: la:membrane végétale extèrne en jaune, la membrane
X, Boran. — Octobre, 14
210 PAYEN. — Sur l’'Amidon.
interne en fauve ou violet , suivant qu’elle contient la Fovilla
seule ou mêlée d'amidon; les plus petits grains de ce pollen
sont dans le premier cas ( fig. &), tandis que les plus gros sont
en partie (fig. a’) pleins de granules amylacés et de fovilla, ou
complètement remplis de ce mélange (voy. fig. 4’). Ces der-
niers, mis dans l’eau, laissent échapper les deux matières lors-
qu'ils font explosion : on voit en effet ( fig. à) un grain de pol-
len qui a lancé au-dehors la fovilla mucilagincuse formant des
globes tourbillonnans et disséminant ses grains d’amidon dont
on voit une moitié bleuie par l’iode.
Un autre grain de pollen est vu en c teint par l’iode ; en le
mouillant par une solution de soude à o,or, l'enveloppe interne,
vivement gonflée, brise l'enveloppe externe, abandonne sous
l’une des formes €, f, et puis, continuant à être gonflée par
l'augmentation de volume des granules d’amidon, passe de la
forme d à la forme d'; celle-ci laisse bientôt apercevoir les gra-
nules amylacés beaucoup plus volumineux d”, d”’, affaissés sui-
vant une ligne médiane; une partie de ces grains gonflés et af-
faissés peuvent encore être bleuis par l'iode ( voy. fig. 4”).
Les grains du pollen, moins volumineux, se dépouillent aussi
de leur premiere enveloppe par la soude, mais ordinairement
restent sphéroïdes sans se désagréger, sans doute parce qu'ils
contiennent peu ou point de granules d'amidon.
Il fallait, pour démontrer complètement la nature amylacée
de ces granules, réunir bien d'autres chservations; les voici :
ils offrent avec l’eau, sous diverses températures, les phéno-
mènes d'extension et de contraction; chauffés graduellement
avec l'acide sulfurique étendu, leur substance, peu-à-peu dis-
soute, a présenté, par l’iode et les autres réactifs, tous les ca-
ractères de la désagrégation successive de l’amidon.
Traitée au bain-marie avec la diastase , elle donne de la dex-
trine de plus en plus dissoluble, puis se convertit en sucre.
Des observations semblables caractérisent bien l’amidon des
pollens de Vuïas major et de Ruppia maritima ; celui-ci con-
tient aussi des proportions variables de fécule ( voy. case 25,
pl. 3). @, a’, pollen normal vu dans l’eau sans pression; 6, c, d,
pollen pressé, montrant les granules d'amidon; f, ceux-ci vus
PAYEn. — Sur l’Amidon. 21!
en dehors; g, grain de pollen dans une solution de soude à
0,01, faisant explosion et lançant au dehors ses granules d’a-
midon gonflés ; case 5 : pollen contenant plus ou moins d’ami-
don,réunien paquets dans la fovilla; on voit des granules iso-
lés' sortis de ce pollen. La case 6 montre les mêmes granules
gonflés par la solution alcaline ; la case 7 contient les grains
d’amidon des graines de Vaias à demi développées ; la case 3,
le même amidon des graines müres, et la case 9, ce dernier
gonflé par la soude.
Dissolution spontanée et passage de la substance amy lacée d’un
tissu dans un autre.
Planche 2, fig. ro, on voit les grains de fécule d’une pomme
de terre poussée. Les premières enveloppes de ces grains ayant
été dissoutes , laissent voir les formes plus irrégulières et allon-
gées des parties sous-jacentes , intérieurement moulées.
La figure 11 montre ces grains chauffés à une température
de 180° dans le vide.
La figure 12 indique l’action de guttules d’eau sur la super-
ficie de ces grains, préalablement chauftés à + 200°.
Enfin , fig. :3, l’action d’un excès d’eau, puis de l’iode, prou-
vent que l'exfoliation de ces grains se fait comme dans les di-
verses fécules normales.
Des effets semblables de dissolution des couches externes
sont indiqués, pl. 6, par les fig. 1, a, b, c, d, e. f, pour la fé-
cule du Canna discolor, et par les fig. a, b, case 2, relative-.
ment à la fécule du Maranta arundinacea. Une simple pression
sépare plusieurs tuniques de ces fécules en voie de désagréga-
tion. { Voy. les fig. c, d, case 2, pl.6.)
Ce sont des effets curieux de la dissolution graduelle des fé-
cules, qui, sans cette altération spéciale effectuée par l’eau et'la
diastase, ne pourraient faire traverser les parois cellulaires par
un seul de leurs plus petits granules.
On voit que les couches éxternes s’exfolient successivement,
se désagrègent et se dissolvent (en dextrine et sucre); les par-
ties restantes diminuent de volume, et présentent la matière
14.
212 PAYEN: — Sur l'Amidon.
interne avec les différentes formes que leur avait imprimé leur
moulage contre les paroisdes parties plus anciennement formées.
Ces phénomènes se passent dans les vieilles écailles des bulbes
de lis, de jacinthe, dans les plus anciens rhizomes des Cannées,
dans les pommes de terre en cours de leur végétation repro-
ductive, jusqu'à l’époque où toutes ces parties sont entièrement
épuisées de fécule.
La fécule, très abondante dans les jeunes gousses des pois,
des haricots et des fêves , alors qu’il n’en existe pas encore dans
les ovules, passe graduellement dans ceux-ci, où la presque to-
talité se rassenible en définitive dans les cotylédons de la graine.
Le passage entre les tissus se fait beaucoup plus rapidement,
durant même la croissance d’une seule plante annuelle : ainsi,
on peut la suivre à l’aide de toutes les réactions précitées, dans
toutes lesparties quisupportent et enveloppent lesépis et les fruits
du mais. Ainsi les pédoncules de ces épis, tous les feuillets de
leur spathe, les supports des fruits, les tégumens de ceux-ci,
contiennent successivement et se transmettent de proche en
proche de l’amidon en granules, gros de 1 à 2 millièmes de
millimètre au plus, avant que l’amidon n'arrive dans le péri-
sperme, où il doit s’accumuler, à l'abri, seulement alors , des
transformations en dextrine et en sucre, changemens qui ne
commenceront qu’à l'époque où la germination, renouvelant
les mêmes circonstances, puisera dans le périsperme les maté-
riaux d’une alimentation nouvelle.
Applicätions des données précédentes ; principaux usages des
fécules et des produits de leurs transformations.
Formes et dimensions. — Ces caractères spéciaux de certaines
fécules usuelles peuvent les faire distinguer : ainsi on voit que,
bien établis, ils: ne permettraient plus, par exemple, de con-
fondre la fécule commerciale du Maranta arundinacea (Arrow-
root), case 2, pl. 6, avec celle des Batates, fig. 15, 16 et 17
même planche, ni avec celle des Pommes de terre, pl. 1, fig.
as ga, al:
La forme discoide ou en bouclier de l’amidon des blés, et ses
l
e
PAYEN. — Sur. l=Æimidon. 213
dimensions (case 7, pl. 6), expliquent comment, à épaisseur
égale, cet amidon, offrant plus de grains entrecroisés et d'air
interposé , offre plus de blancheur'et d’opacité que la plupart
des autres fécules.
Différens termes d’hydratation. — Lies proportions d'eau si
considérables et bien définies que l’amidon retient (voy. p. 80)
dans des circonstances déterminées, peuvent expliquer, me sem-
ble-t-il , l'utilité de ce principe immédiat dans les pollens de plu-
sieurs plantes aquatiques; on doit avoir égard à cette remar-
quable faculté dans toutes les transactions si nombreuses entre
les producteurs et les consommateurs de fécule, et ce produit
commercial devrait toujours être titré à l’état sec.
L'hydratation à 10 atomes d’eau donnant à l’amidon la pro-
priété de s’agglutiner entre +70 et 100”, il importe d’éviter de
l’exposer à ces températures dans les séchoirs, avant qu’elle ait
perdu plusieurs atomes d’eau. Cette observation s'applique aux
diverses fécules, aux grains sermés , aux farines humides.
Les conditions d’hydratation durant ia maturation des fé-
cules , influent beaucoup sur leur cohésion et leur résistance à
tous les agens : c'est ainsi que l’amidon de pois mürs reste intact
et’insoluble chauffé à sec jusqu’à + 205 degrés, tandis que la
fécule des tubercules aqueux devient soluble ou désagrégeable
à la température de 170 à 100°.
Différens produits des pommes de terre en fécule.
Les pommes de terre qui donnent actuellement les quantités,
chaque année plus énormes, de la fécule que l’agriculture rour-
nit au commerce et à l’industrie, diffèrent beancoup suivant les
terrains ou les variétés, et doivent engager les cultivateurs et
les manufacturiers à s'assurer des faits relatifs à cette production.
Parmi le grand nombre d'essais que J'ai faits à cet égard , je
citerai seulement les derniers, dont m'avait chargé la Société
centrale d'agriculture, à l’occasion de l'examen des cultures
comparées de M. Battereau-Danet.
214 PAYEN, — Sur. l’Æmidon.
Li ARE
TamcrAu des produits comparés de plusieurs variétés de Pommes de terre,
à superficie cultivée égale.
Proportion Cr
lan QUANÉE sa Date
VARIÉTÉS. planté à surface pour 100 kil. de de
de
x kilog. | Produit
a produit.| égale. fécule. |la récolte,
tubercules.
260 kil. ÿ À Octobre.
Grosse jaune ..... 230 ] Ë C id.
Schaw d'Écosse. . .. 200 Septemb.
Tardive d'Islande. . 250 Octobre.
Ségonzac 200 c id.
Sibérie 250 ! Novemb.
250 6 Octobre.
Ce tableau montre que, dans les circonstances toutes favo-
rables à la culture de la pomme de terre de Rohan, cette variété
serait la plus productive relativement à la quantité totale récol-
tée et à la substance alimentaire contenue; viendrait ensuite,
sous ces mêmes rapports, la grosse jaune , puis la variété dite
Shaw d'Écosse ; que pour le consommateur fabricant de fécuie,
par exemple, a grosse jaune occuperait le premier rang ; vien-
drait ensuite la Schaw d'Écosse : ce sont aussi les. variétés les
plus farineuses , et celles qui, considérées comme aliment, mé-
ritent et obtiennent la préférence parmi les produits des grandes
cultures.
Sous les mêmes rapports, la pomme de terre de Rohan ne
tierdrait que le quatrième rang, et ne serait plus avantageuse
pour le cultivateur s’il s'agissait soit d’en extraire de la fécule
sur lieu , soit de la transporter pour la vendre; car pour en ob-
tenir un égal produit, il faudrait, dans le premier, soumettre .
au râpage plus de 150 parties au lieu de 100,
État et proportions de la fécule dans les pommes de terre gelées.
Un fait remarquable relatif à l’une de nos plus importantes
industries agricoles, à depuis long-temps fixé l'attention des fa-
PAYEN, — Sur l’Amidon. 219
bricans de fécule. On sait, en effet, que les pommes de terre
gelées donnent un produit moindre de quelques centièmes seu-
lement qu'avant leur congélation, tandis qu’après le dégel on
n'en obtient plus que le quart à peine de la proportion ordi-
naire, c'est-à-dire 3 ou A au lieu de 15 à 17 pour 100.
Après avoir examiné attentivement cette grave question par
analyse comparée, j'ai constaté que la congélation et le dégel
n'avaient rien rendu soluble, de même que ces phénomènes
n'avaient occasioné aucune déperdition; il fallait rechercher
ailleurs la cause de la diminution de rendement en fécule : il
me parut probable que l'extraction devait être entravée par
quelque difficulté mécanique.
Afin de reconnaître quel arrangement particulier dans la fé-
cule pouvait causer cette perte, je réunis les dépôts féculens
des tubercules soumis à la rape dégelés ; ils furent délayés
dans l’eau, puis passés sans agitation au travers d’un tamis
de soie : la portion restée sur le tamis devant contenir les
agglomérats s'il s’en trouvait que le frottement eût fait passer
au travers du premier tamis; cette fécule, plus grenue, sem-
blait comme feutrée.
Examinée sous un faible grossissement du microscope, ses
grains parurent réunis en paquets arrondis, dont le diamètre
moyen était quatre à cinq fois plus grand que celui des gros
grains de fécule, et dont quelques-uns étaient adhérens, deux
à deux, trois à trois, ou en plus grand nombre ; placés sous un
plus fort grossissement, les grains parurent réunis, dans chaque
agglomération, par une membrane plissée entre les saillies ii
leur protubérance marquait.
Une goutte d’eau introduite entre les lames du porte objet,
fit peu-à-peu gonfler ces sacs membraneux, en s’y introduisant
par endosmose ; augmentant ainsi la transparence, elle laissa
voir distinctement tous les grains de fécule enfermés dans les
cellules isolées ou réunies deux, trois ou quatre ensemble, et
qui, soustraites aux pressions latérales supportées dans le tissu,
avaient changé leur configuration irrégulière polyédrique en
une forme de sphéroïde.
Les fig. n°7 a, b, ec, d, montrent l’aspect des cellules déga-
216 PAYEN. — Sur" LA midon.
gées du tissu. On ‘remarque sous la.lettre’ 2 une cellule isolée
ou déchirée, ayant laissé sortir la plus hene bte des grains
de fécule qu’elle renfermait. . ao HIBVE ax
On voit en c deux cellules également Sn tbéeS d’eau, adhé-
rentes entre elles, et dont l’une est vidée de li fécule qu’elle
contenait:
l’agglomération d de quatre cellules encore adhérentes par
quelques portions de leurs parois, montre fes déchirures'sur'les
deux premières, dont:une: a perdu plusieurs grains de fécule:
La pulpe-restée:sur le tamis après les lavages, examinée au
microscope, se composait de cellules; soit groupées en’ plus où
moins grand nombre, soit isolées, la plupart remplies de fécules
et arrondies par la pression intérieure que ne contrebalançait
plus la pression extérieure des cellules voisines ; enfin la fécule,
même tamisée deux fois, contenait encore cie cellules
isolées , globuliformes et remplies de fécule.
Ces observations, concordantes entre elles et avec les expé-
riences comparatives sur la composition des pommes de terre
avant et apres la congélation, ne pouvaient laisser de doutes sur
la cause du phénomène, ni sur les déductions à en tirer dans
l'intérêt de l’industrie agricole.
On conçoit en effet que, par suite des changemens de volume
et d'état, dans les liquides successivement: congelés et dégelés,
l’'adhérence entre les cellules du tissu intérne avait été détruite
en même temps et de la même manière que cela avait eu lieu
entre les parties corticales et l’épiderme, si facile à séparer des
tubercules après le dégel.
La plupart des cellules isolées et des groupes de cellules
ayant perdu leurs adhérences dans la masse tuberculeuse, elles
devaient se séparer sans offrir assez de résistance aux denturés
des rapes pour être déchirées. À
Le râpage ne devait donc mettre en liberté qu'une petite pro-
portion de la fécule , et celle-ci seule devenait facile à extraire;
tout le reste, enfermé dans les utricules isolées ou groupées ,
demeurait sur les tamis fins avec le résidu pulpeux.
On explique facilement aussi comment les tubercules traités
avant le dégel donnent , à quelques centièmes pres; les mêmes
PAYEN. — Sur l’Amidon. 37
produits qu'avant leur congélation: c'est qu’alors le plus grand
nombre-de leurs lutricules, scelléés dans la masse pie le liquide
solidifié , peuvent résister assez aux dents de a râpe pour être
entamées:et déchirées par elles. 1502
Enfin;;(si parfois les pommes dé terre gelées sont moins fe
neuses et plus sucrées’: c’est qu'à l'époque avancée de 4 saison
oùces caractères ont été observés, la végétation des tüberéules
avait pu, ävant lascongélation, développer üne quantité sen-
sible: de diastase capable, comme on le sait ; de liquéfier et de
sacchärifier, RONA la coction!; la Substhiee ‘ainylacée. |
Cause de la coloration brune , de la saveur âcre et de l odeur. Vi
reuse des pommes de terre degelées.
Chacun a pu observer ces caractères que présentent généra-
lement les tubercules après le dégel, et que la cuisson modifie
plus où moins. Je me suis occupé de Îes constater d’abord dans
les tubercules au moment du dégel, et après un temps plus ou
moins long, puis de rechercher leurs relations avec les diffé-
rentes parties des tissus. Enfin d'en déduire les procédés facile-
ment praticables, de conserver et d'utiliser les pommes de terre
en éliminant ces influences défavorables.
Si lon coupeun tubercule par un plan perpendiculaire à l'axe
de cette tige souterraine, on observera dans la partie centrale
plus translucide qu’entoure une rangée de vaisseaux, une pro-
portion de fécule moindre de deux à huit pour cent que dans
toute la partie corticale plus opaque enveloppant cette rangée
de conduits. ‘
La différence dans la proportion de fécule facile à réconnai-
tre sous le microscope par le nombre de graïns dans chaque
ceilule est d'autant plus grande , que les tubercules sont plus
aqueux (1; entre la couche corticale épaisse et l’'épiderme ,
(x). Afin d’éviter toute chance d'erreur, on devra donc diviser en totalité plusieurs tubercules
lorsqu'on se proposera d'apprécier exactement par: dessiccation ou suivant une méthode analÿ-
tique quelconque les influences des variétés, des sols, des engrais, des procédés de la culture
et des phénomènes météorologiques sur les produits de la pomme de terre.
218 PAYEN. — Sur l’ Æmidon.
se trouve la médulle externe colorée en nuances fauves rougei-
tres ou violettes et souvent verdâtres, lorsque les tubercules se
sont développés près de la superficie du sol; ce tissu se montre
sous le microspope complètement privé de fécule, c'est lui qui
renferme en proportions variables , la plus grande partie des
principes colorans âcres et à odeur vireuse.
En effet, si après avoir séparé l’épiderme, on enlève à la räpe
toute la partie sous-jacente colorée jusqu’à la masse blanchâtre
de l'écorce, cette pulpe acquiert promptement à l'air une colo-
ration brune ; le liquide qui s’en écoule spontanément offre une
odeur vireuse et un goût âcre. Ces caractères varient dans les
différentes pommes de terre , au point d’être à peine sensibles
chez les unes, tandis que chez les autres, ils sont tres fortement
prononcés (1); dans les différens procédés de cuisson les tuber-
cules sains sont débarrassés de la plus grande partie de ces prin-
cipes. Car , exposés, par leur situation sous l’épiderme, à la
première et à la plus forte impression de la chaleur, ils sont mo-
difiés ou entraînés en vapeur ou même dissous dans le. liquide
environnant, s'ils n’ont pas été éliminés mécaniquement par un
épluchage préalable.
Il est facile de se rendre compte des effets qu’ils produisent
lorsque les tubercules dégelées laissent en contact les liquides
de leurs tissus ; ces principes en se répandant alors sans obsta-
cles dans l’intérieur de la masse féculente lui communiquent les
caractères observés.
Quant au caractère acide et au goût putride développés
quelques jours après le dégel, ils tiennent aux altérations obser-
vées dans les sucs végétaux abandonnés à eux-mêmes ; alors
même les tubercules , en partie colorés en brun , laissent
encore apercevoir nettement leurs cellules disloquées et rem-
plies de fécule.
(r) La différence entre les proportions de fécule dans la partie centrale et dans l'écorce, ainsi
que l'absence de toute substance anylacée dans la médulle externe , sont encore décelées par la s0«
lution aqueuse d'iode si l'on y tient quelques instans immergées des tranches minces de la pomme
de terre lavées préalablement. L'absence de coloration marque aussi le trajet des vaisseaux.
Enfin , elle met en évidence des lacunes irrégulières dépourvues de fécule, Les mêmes parties ,
relativement à certaines variétés violettes recèlent la matière colorante spéciale qui se retrouve
aussi infiltrée dans la médulle externe.
PAYEN. -— Sur L Amidon. 219
L'application des données positives qui précèdent, nous per-
mettra d'indiquer les moyens à employer pour tirer parti des
pommes de terre gelées.
Lorsque dans une féculerie , une partie de l’approvisionne-
ment aura été atteinte par les gelées, on ne saurait trop se hâter
de terminer le traitement des tubercules attaqués avant que le
dégel n'arrive.
Les pommes de terre que lon n'aurait pu soustraire à la con-
gélation, étendues sur le sol, lavées par les pluies et desséchées
spontanément, conserveront la plus grande lpartie de leur sub-
stance alimentaire.
On voit encore que les naturels du pays au Pérou, ne per-
dent rien de la substance solide des mêmes tubercules, lorsque
pour les rendre faciles à conserver et à porter dans leurs excur-
sions , ils les soumettent à la gelée sur les hauteurs, puis à
la dessiccation, aux expositions chaudes de leurs vallées et des
plaines. Je dois à M. d'Orbigny , la connaissance de cette pra-
tique.
Plusieurs autres faits cités par MM. de Lastéyrie , Vilmorin ,
Séguier, Bottin, Dailly, Berthier de Roville , le général Demar-
çay, etc. , viennent à l’appui de ces déductions.
Un procédé qui nous semblerait facilement applicable d:ns
le plus grand nombre-des cas, pour conserver les tubercules
atteints par la gelée, consisterait à les broyer sans attendre le
dégel, dans un moulin à cidre , dans un mortier ou à l’aide de
battes ou de maillets sur un sol dallé.
On les délayerait ensuite dans l’eau, puis, tamisant cette sorte
de pulpe dégelée, on en obtiendrait , par les moyens usuels , la
fécule passée et déposée au fond des vases.
Quant à la pulpe restée sur le tamis , pressée, séchée à l'air et
ultérieurement broyée à sec, elle donnerait une bonne farine
alimentaire si l’on ne préférait la faire manger aûx bestiaux à
l'état humide ou panifiée.
En essayant en petit ce procédé, cent parties de pommes de
terre contenant dix-neuf de fécule ont donné :
1° En fécule passée au tamis de soie. . . + 9, 0
Sa 20, D
2") En-pulpe iséchéé. Ai 2 po A urnes 0 ê
220 PAYEN. — Sur L'Amidon.
Les données relatives à la distribution de la fécule dans la
masse tuberculeuse, etaux qualités des différentes couches des
tissus, montrent enfin comment une friction énergique, opéré
dans les laveur$ mécaniques, ou manuels, avant le rayage, peut
enlever une partie de l’épiderme ainsi que de la médulle externe
sans rien faire perdre du produit utile et donner ainsi de la fé-
cule plus bianche et plus pure.
Nouveau moyen d'essayer les sels amnmoniacaux , les eaux pota-
bles, les vinaigres et l'acide acétique blanc par l’amidon.
L'eau chargée d’ammoniaque n’agit pas sensiblement sur la
fécule, tandis que moins d’un centième du poids du liquide en
soude ou potasse, suffit pour faire gonfler énormément toute la
matière organique au point qu’elle peut occuper alors de
soixante-dix à cent fois son volume primitif.
Si donc on met eu contact une solution de soude ou de po-
tasse ; et une solution de sulfate d’ammoniaque ou de tout au-
tre sel ammoniacal , dans les proportions , telles que les deux
bases soient exactement équivalentes, à l'instant même laréaction
est complète, il n’y a plus de sulfate d’ammoniaque ni de soude
où potasse libre, car le liquide ne conserve aucune action sen-
sible sur la fécule , tandis que 0,02 de l’une des bases fixes em-
ployées , eussent suffi pour rendre la fécule gélatiniforme en
faisant gonfler considérablement son réseau organique.
Je suis parvenu à rendre lé même réactif cinq fois plus sensi-
ble en opérant ainsi :
Après avoir porté au bain-marie la température d'un mé-
lange de neuf parties d’eau et d’une partie de fécule à + 57°
centésimaux soutenue pendant dix minutes, on laissa déposer
et l’on mit dans deux verres à expériences un égal volume du
dépôt.
Alors on prépara une solution de soude pure dans l'eau
exempte d'acide carbonique. 11 demi-centimètres de cette so-
lution à la température de +- 15°; donnaient, en les versant à
l'aide de l’alcalimètre Gay-Lussac 64 gouttes, et saturaient tres
tirer, otre té
Rene
PAYEN. — Sur l” Amidon. 291
exactement: bo demi-centimètres cubes d'acide sulfurique nor-
mal (contenant 5-d’acide sulfurique pur à r atome d’eau).
Ainsi donc, en saturant un égal volume d'acide normal avec
l'ammoniaque , on se procura une'fsolution: de ‘sulfate neutre
d’ammoniaque exactement équivalente à 11 demi-centimètres,
cube de l1 solution de soude pure. |
Ces deux solutions mélangées ensemble donnèrent immédia-
tement lieu à ‘une réaction complète à froid, car le liquide
versé sur la fécule entr'ouverte, ne détermine pas son gonfle-
ment. En ajoutant à un mélange semblable. une ou deux gout-
tes de la solution de soude ( c’est-à-dire 65 où 66 gouttes au
lieu de 64 }, le mélange opéré de même, donpa nn liquide agis-
sant sur la fécule , et lui faisant éprouver le gonflement précité
évidemment du à l’exces de soude caustique.
Le même phénomène eut lieu en substituant à un cinquan-
tième de la quantité de sulfate d’ammoniaque , une quantité
équivalente de sulfate de potasse où de sulfate de soude avant
deméler les 11 demi-centimètres cubes de la solution de soude :
tout autre sel inerte aurait produit le même effet: donc ce moyen
peut s'appliquer à déceler les mélanges de sels neutres avec le
sulfate d'ammoniaque ,‘à plus forte raison indiquerait-il ’addi-
tion qui s'est. faite. souvent des sels à réaction acide du bi sul-
fate de potasse (sulfate de potasse et d’eau), por exemple"!
La fécule portée à 100° dans ro6 fois son poids d’eat , refro’-
die et filtrée, puis bleuie par un léger excès d’iode, devient
tellement contractile sous l'influence des sels neutres, qu’elle
peut faire distinguer les unes des autres, certaines eaux natu-
relles, notamment les eaux de rivières, .des eaux de source moins
pures, à plus forte raison de la plupart des eaux de puits, et,
en général, à reconnaitre la présence de faibles proportions de
sels neutres ou acides, ou légèrement alcalins:
Ainsi, par exemple, si l’on porte à 100° un gramme de fécule
dans 100 grammes d’eau que l'on filtre, puis si l’on ajoute à la
solution filtrée un très léger excès d’iode, on aura terminé la
préparation du réactif.
Si l’on veut s’en servir pour comparer le degré de pureté re-
lative de plusieurs eaux applicables à certains arts agricoles, aux
229 PAYEN. — Sur l’ 4midon.
teintures, à l’économie domestique, on versera dans plusieurs
verres à expériences 10 centimètres cubes de ce liquide bleu,
puis on ajoutera dans chacun des vases une quantité suffisante
des eaux à essayer, pour opérer la séparation de la substance
organique bleuie.
L'eau dont 1l faudra le moindre volume pour produire cette
sorte de coagulation sera généralèment la plus chargée de sels,
quels qu'ils soient, car tous concourent à cet effet.
Il sera bien d'ajouter préalablement à chacune des eaux quel-
ques gouttes d’iode, de manière à leur donner une égale et lé-
gère nuance jaunûtre.
On reconnaitra nettement ainsi les puretés relatives des eaux
distillées, de Seine, de l’Ourcq , des puits, etc.
L'eau de Seine, clarifiée par un demi-millième d’alun, se dis-
tinguera immédiatement de, l’eau simplement filtrée, et ce
mode d’essai pourrait être tout-à-fait usuel dans les marchés
relatifs aux distributions d’eau. j
Un troisième mode d’action sur la même substance orga-
nique permet de démontrer directement certaines falsifications
du vinaigre, et notamment celles qui ont lieu par l'addition de
l'acide sulfurique ou des acides azotique ou chlorhydrique. (1)
Voici comment on peut très facilement faire cette épreuve :
Que l’on mette dans une fiole r gramme de fécule et 100
cent. cubes d’un vinaigre de vin, de grains ou de cidre;
Que dans un mélange semblable on ajoute un demi-cen-
tième d'acide sulfirique, puis que l’on porte à 100° les deux
liquides en les agitant ;
Le premier conservera, après une ébullition soutenue pen-
dant vingt minutes, une opacité lactescente; tandis que le second
aura acquis, dés le premier moment d’ébullition, une transpa-
rence quil conservera indéfiniment.
(1) Je me suis assuré qüe le même phénomène de dissolution complète est produit par l'acide
tartrique, privé, au moyen de la baryte , de l'acide sulfurique qui l'accompagne toujours dans
les acides commerciaux.
PAYEN. — Sur l° Amidon. 223
Enumération des applications principales des ‘fécules, de la
dextrine et du sucre d’amidon (glucose).
1° Amidon à l’état normai, fécule des pommes de terre, ami-
don des céréales , fécules exotiques.— Ta fécule s'emploie direc-
tement dans la panificalion : 0,10 à 0,15 ajoutéssurtout aux fa-
rines de deuxième, rendent les produits plus blancs.
Dans le collage à la cuve des papiers , elle répartit mieux la
résine et blanchit la pâte.
La fécule sert à donner de l’apprêt aux tissus de chanvre,
lin et coton blanchis.
On l’emploie dans la préparation de divers produits alimen-
taires; l'amidon des céréales sert à la confection des empois
fins, des apprèts blancs ou azurés, des tissus, sparteries , etc.
Les fécules exotiques, ainsi que celles des Batates, sont fort
en usage comme substances alimentaires légères, faciles à
rendre agréables au goût.
Une grande partie des quantités de fécule extraites chaque
année des pommes de terre, sont livrées, à l’état humide ou
sec, aux fabricans de dextrine, de sirops et de sucre solide.
2° Fécule transformée en dezxtrine.— La fécule de pommes
de terre, ainsi rendue soluble, en conservant sa forme granu-
leuse et presque toute sa blancheur, reçoit actuellement une
foule d'applications économiques.
C'est ainsi qu’on l'emploie avec les mordans et pour l’épaissis-
sement des diverses couleurs d'application, sur les toiles peintes;
dans le gommage et les apprèts doux des indiennes de belle
qualité, elle ne charge point les fonds et n’altère pas les nuances;
elle sert à composer les bains gommeux d'impression sur soie.
Le fonçage et la fixation des couleurs des papiers peints et des
estampes coloriées, le vernissage provisoire des peintures à
l'huile, sont autant d'applications économiques dans lesquelles
la dextrine remplace encore les gommes exotiques.
Employée pour confectionner les appareils inamovibles légers
qui maintiennent les fractures réduites, elle offre à la chirurgie
224 PAYEN. — Sur l’ Amidor.
des bandages agglutinatifs très faciles à poser et à défaire en
totalité ou en partie.
Elle sert à une foule d’usages pour lesquels elle offre une ma-
tière mucilagineuse ou collante que l’on prépare à l'instant en
la délayant à froid dans l’eau , et qui reste imputrescible.
Sucre &’'arnidon, obtenu aujourd'hui sous forme de pains
solides et blancs: il s'emploie en quantités considérables pour
compléter dans les vins faibles ou légers la'proportion d'alcool
utile à leur conservation. La fabrication des bières blanches est
rendue très facile par l'usage de ce sucre, qui commence à
s'étendre à l'amélioration des cidres. Depuis deux ans, il s’en ex-
porte des quantités considérables de France , notamment pour
l'Angleterre.
EXPLICATION, DES: PLANCHES.
PLANCHE 1.
Fécule des pommes de terre.
- Fig. a, a’ a”. Fécule à l'état normal. B; C, D. Grains étoilésou fendillés dans les tubercules
venus lentement à maturité complète. E, F,G, H,1, J. Grains du même tubercule rompus
en deux ou plusieurs fragmens, par la pression et dans l’eau : la matière interne reste solide !
( Voy. p: 69).
K, L, M. Fragmens gonflés dans toutes leurs parties par une solution contenant o,o1 de ,
soude, N, ©. Grains entiers sous l'influence de la même réaction.
PLANCHE 2,
Fécule des pores. de terre.
Fig. 3. Grains desséchés à + 150 degrés vus dans l'alcool.
Fig. 6 a, b,c, d, e. Grains dela même fécule mise dans l’eau , s’hydratant sans se dissoudre.
Fig. 9. Un de ces grains attaqués surtout dans le hile, par la solution alcaline à 0, 0 x de
soude ; qui gonfle rapidement toutes les parties sôus les formes g, fig. r et H, fig. 6°:
Un gouflement graduel, plus uniforme a lieu en faisant réagir la: même solution: sur la fécule
normale : c’est ce que montrent les transformations successives dugrain.a, PI.T, dans les; for-
mes plus volumineuses f/, g et H. PI. IT.
Fig. 2. Pl, 2. Grains desséchés à à 200° céntésimaux vus dans l’alcool.
Fig. 5, p,q 1,51, u, v. Mème fécule éprouvant. par degrés une dilatation} des‘fractures
CAS
et une dissolution partielle dans l’eau.
Fig. 4. Fécule dont le hile a été creusé en entonnoir par Ja dessiccation à + 205°.
Fig. 7.1, J,K. Même fécule dont la premiere couche externe à été attaquée, puis disque
par la guttule d'eau que l’évaporation de l'alcool a laissée sur chaque grain.
PAYEN. — Sur l’Amidon. 225
Fig. 8. Mémes grains exfoliés par l’eau plus ou moins alcoolisée et dont deux #/ et #/{/sont
colorés par l'iode.
Fig. 10. Fécule en partie dépouillée de ses couches externes par la végétation du tuberene.
Fig. 11. Mêmes grains chauffés à 2000 vus dans l’alcool.
Fig. 12. Id. attaqués à l’extérieur par la guttule d’eau déposée et gonflés apres
l'évaporation spontanée, :
Fig. 13. Mêmes grains efolies par l'eau alcoolisée puis teints par l'iode.
PLANCHE 3.
Case 14. Fécule à l’état normal de la racine de Colombo (Menispermum palmatum ).
Case 15. Même fécule dont le hile a été ouvert par le retrait opéré à 200° centésimaux.
Case 16. Mème fécule chauffée à 200° : les grains a, b, attaqués extérieurement par 14
guttule d’eau déposée après l’évaporation de l'alcool, c,c’ d, grains graduellement plus
hydratés. ;
Case 17. Fécule du Canna dicolor.
Case 18. Même fécule rompue ou écrasée entre deux lames de verre : les grains autour de
la lettre a. seulement fendus; en b, un grain rompu en trois parties et entr'ouvert ; en c,
grain fendu et aplati; d, grain plus aplati montrant l’espèce de ductilité de cette fécule.
| Cäses 20, 21, 22. Grains de la fécule du Canna discolor chauffés à 160, 200 et 2100 cen-
| tésimaux, vus dans l'alcool. s
Case 19. Même fécule se gonflant dans l’eau après avoir été chauffée à 160°, et montrant
alors son hile entr’ouvert.
Case 23. Même fécule d’abord chauffée à 200°, puis plongée dans l'alcool : l’évaporation
en déposant un peu d'eau sur chaque grain a fait dissoudre une partie de la couche externe,
Case 24. Un des petits grains de fécule gonflés dans l’eau à r00°.
| Case 25, fig. a, a!.Grainde pollen du Ruppia maritima vu à l’état normal sous deux positions ;
| fig. #, c, d, même pollen comprimé laissant voir les quantités variables d’amidon qu’il ren-
| ferme avec sa fovilla. Fig. f, granules d’amidon sortis d’un grain de pollen déchiré. Fig. y,
pollen lançant au-dehors ses granules d’amidon gonflés par une solution contenant o, or de
soude.
| Case 26. Deuxième exemple de fécule de pommes-de-terre désagrégée et se réagrégeant en
granules par suite d’un arrêt de végétation du tubercule.
Fig. «. Amidon des pois, a,a! et a!!, même grain vu sous deux ou trois positions mon-
trant la dépression qui fit supposer un hile longitudinal ; &, e, deux grains cassés suivant la
ligne de cette dépression.
Fig. 2. Même amidon chauffé à°220° centésimaux vu dans lalcool le hile devenu ap-
| parent,
|
|
| PLANCHE 4.
|
|
Fig. 3. Amidon de pois gonflé par la solution de soude; 6, b!; mémegrain dans deux po-
sitions.
vus dans deux positions; c, les mêmes se dissolvant par la diastase.
Fig. 4. Mêmes grains s'exfoliant par degrés après l’évaporation de l'alcool.
Fig. 5. Fécule de lis à l’état normal.
|
| Fig. 3 bis. Amidon de pois hydratés dans quinze fois leur poids d’eau a, a’ et à, d' grains
|
|
|
|
| X. Boran. — Octobre. 15
226 PAYEN. — Sur l Amidon.
Fig. 6. La même chauffée à 200° vue dans lalcoo!, hile rendu apparent ; a, a! méme grain
dans deux positions.
Fig. 6", a,b,c,d,e, f, g. Mèmes grains graduellement hydratés par évaporation de l’alcoo!
aqueux. ;
Fig. 7. Cellules dissociées d’un tubercule de pomme-de-terre dégelé; & , cellnle intacte ;
be, cellules déchirées et plissées ayant perdu la plus grande partie de leurs grains de fécule ;
«, agglomération de quatre cellules ayant encore quelques points d’adhérence, deux sont entr’ou-
vertes.
Fig. 8. a. Grains de fécule d’un tubercule de pommes-de-terre dont on a arrêté la végé-
tation; c, gros grain se désagrégeant et granules se reformant; a, granules plus développés
dont plusieurs sont adhérens deux à deux; &, les mêmes attaqués à l’intérieur du hile par une
solution à 0,005 de soude qui gonflant seulement la substance amylacée intérieure lui fait
faire hernie au-dehors.
Fig. a, Amidon du Cactus pereskia grandiflcra.
Fig. d. Fécules du Cactus brasiliensis.
Fig. c. Amidon du fruit du panicum italicum.
Fig. d. Fécule du Cactus flagelliformis.
Fig. e. Amidon de l'Echinocactus erinaceus ;—f, fécule du Cactus opuntia tuna;— h, fécule
du Cactus cUrASs aviCUS ; — g, fécule du Cactus ficus=indica ; i, amidon du millet (Paricum
muliaceum); — j, fécule du Cactus mamillaria discolor; — k, Amidon de Pécorce de l’47-
lanthus. glandulosa ; — !, fécule du panais ; — m, fécule du Cactus serpentinus ; —n, fécule
du Cactus ‘monstruosus; — 0, amidon de la graine de Betteraves; — p, amidon dela graine
du Chenopodium quinoa ; les dimensions de toutes les fécules de cette planche sont compa-
rables (x) depuis celles du Canra gigantea, ayant au maximum 185 millièmes de millimètre
( comme les fécules les plus grosses des pommes-de-terre et de la racine du Colombo), jus-
qu'à lamidon de la graine du Chenopodium quinoa ayant au plus deux millièmes de mil -
limètre.
PLANCHE D.
Case 1: a. deux grains de fécule du Canna discolor, hydratés et gonflés dans l’eau à +
90°, puis bleuis par l’iode. dE
Dès que ces grains hydratés et chaunffés deL7o° à LS 0°sont touchés par la diastase, ils se
désagrègent, toutes leurs formes disparaissent, et, par l’iode, le liquide donne une nuance
violette 4, puis vineuse €, puis très faible d, puis enfin presque nulle e, après trois heures de
réaction.
Case 2, Fig. ce, d. Grains de la fécule du Cana discolor, d'abord chauffés à = 205°; s'ex-
foliant dans l’eau ( on les a colorés par l’iode, afin de mieux montrer les couches minces dé-
veloppées ).
Case 3: Fig. a, db, couches isolées des mêmes graius, simulant des membranes.
Case 4. Polien du Globba nutans; a. jeune grain ne contenant pas encore d’amidon; a.
grain plus gros , à demi.rempli d’amidon, mélé de fovilla; a” gros grain rempli d’amidon;
b. grain de pollen faisant une explosion spontanée dans l’eau; les granules d’amidon qui en
sartent en tourbillonnant avec la fovilla, sont indiqués bleuis par l’iode, sur la moitié inférieure
de cette figuré. c. grain de pollen rempli d'amidon et teint par l’iode; d. le même gonflé par
ja solution de soude à 0,01, ayant chassé son enveloppe e ; d' même grain plus genflé, ayant
(1) A l'exception des cellules et grains de fécule de la fig, 7, qui ont été réduits de moitié.
il
PAYEN. — Sur l’_Æmidon. 227
brisé sa première enveloppe ; d', grains d’amidon de mème gonflés au maximum, par la soude
à 0,01; d'/,mème grains bleuis par l’iode.
Case 5. Pollen du Vaias major, contenant des dépôts plus où moins abondans d'amidon.
On voit au-dessous des granules amylacés sortis de ce pollen.
Case 6. Mèmes granules gonflés par la solution de soude,
Case 7. Amidon d’une graine de Vaïas major à demi développée.
Case 8. Amidon de la même graine venue à maturité.
Case 9. Même amidon gonflé par la soude,
PLANCHE 6.
Fig. v. Fécule du Canra gigantea. a, b,c,d,e, f. grains graduellement exfoliés par la
végétation, épuisant les vieux rhizomes.
Fig. 2. Fécule du Maranta arundinacea. à, b, Grains exfoliés comme ci-dessus; €, d ,
couche externe séparée d’un grain par pression.
Fig. 3, Fécule des tubercules d’Oralis crenata. :
Fig. 4. Grains détachés et fig. 5 , grains agglomérés de la moelle du Cycas circinalis.
Fig. 6. Amidon des cotylédons des Fèves; en a, en b, en cet d, on voit un grain sous
deux positions montrant la dépression médiane canaliculée.
Fig. 7. Amidon de blé: de a en a’ un grain sous trois positions.
Fig. 8. Même amidon où le hile est rendu apparent par la température de 220° (vu dans lal-
coul).
Fig. 9. Le même attaqué par l’eau laissée après l’évaporation de l’acool.
Fig. ro. Le même gonflé, puis exfolié par l’eau.
Fig. x r. Fécule de sagou rosé du commerce.
Fig. 12. Fécule du sagou blanc dont les altérations annoncent une température plus élevée
en présence de plus d’eau.
Fig. 13. Fécule d’un bulbe de jacinthe,
Fig. 14. La mème s’exfoliant dans une vieille écaille.
Fig, 15. Fécule des batates.
Fig. 16. La même chauffée à 2000.
Fig. x7. La même commençant à s’hydrater.
Eig. 18. Fécule d’'Orchis bifolia.
Fig. 19. Fécule d’Orchis latifolia.
Fig. 20. Amidon de Mais. Grains enchâssés et soudés dans les parties curnées du périsperme ;
a, b, ce. grains isolés de la partie farineuse. :
. Fig. $r. Fécule du Cactus Peruvianus.
Fig. 22. Amidon du Sergho rouge.
Fig. 23. Amidon des graines d’Aponogyetum distachyum.
Fig. 24. Le même gonflé par la solution de soude.
228 C. MARTINS. — Sur le mont lentoux.
Essar sur la topographie botanique du mont ’entoux, en
Provence,
Par C. FE. Martins , D. M.
( Suite. Voy. page 129.)
COMPARAISON DU VERSANT MÉRIDIONAL AVEC LE VERSANT
SEPTENTRIONAL.
Récapitulons en peu de mots les différences les plus sensibles
qui les distinguent. Le premier s'élève à partir de Bedoin, village
situé à 208 mètres au-dessus du niveau de la mer, et présente
une pente moyenne de 10 degrés seulement. Ses flancs, sillonnés
par de profonds ravins, sont tournés vers une vaste plaine qui
s'ouvre sur la Méditerranée. I est exposé à-la-fois à toute l’in-
fluence calorifique des rayons solaires et à toute la violence des
vents de la mer. Le versant sententrional est au contraire plus
abrupte, sa pente moyenne étant de 19° 30". A la hauteur de
1424 mètres, on trouve un petit plateau où sont situées les ber-
geries du mont Serein. Sa base, élevée de 400 mètres au-dessus
du niveau de la mer, est abritée par une petite chaine paral-
lele de 800 à 1000 mètres de hauteur : elle est donc garantie
de la violence des vents du Nord, et le rayonnement de la chaine
parallèle contribue encore à élever la température. À partir de
1000 mètres, l’action échauffante des rayons solaires est très
faible en raison de l'exposition et de linclinaison de la pente.
Étudions l'influence de ces différences sur la végétation.
Les régions du versant méridional sont au nombre de six :
sur le versant septentrional on n’en compte que cinq. Cela tient
à ce que celle du Pinus alepensis n'existe pas au nord. En effet,
le pied de ce versant se trouvant déjà à 400 mètres au-dessus du
niveau de la mer, et la limite du Pinus alepensis étant à 430 du
côté méridional, cette circonstance, jointe à l'exposition défavo-
c. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 229
rable , nous explique l'absence de cet arbre sur le revers sep-
tentrional du Ventoux.
Des deux côtés une zone est caractérisée par l’existence du
Quercus ilex ; au midi cette région finit dans le voisinage de
Bedoin, à 538 mètres; au nord elle s'élève à 6r8. Pour expliquer
cette anomalie apparente, nous devons rappeler qu'au nord ces
arbres se trouvent dans des gorges étroites qui s’ouvrent vers
l’ouest, et sont abritées contre les vents froids, par la chaîne de
montagnes parallèle au Ventoux. Le Safureia montana com-
mence sensiblement à la même hauteur au midi (416 m.), et
au nord ( 414 m.).(1}
Il était intéressant de déterminer. des deux côtés, la limite su-
périeure des Oliviers; cependant, comme c’est un arbre cultivé,
je dois faire remarquer que cette limite est nécessairement in-
fluencée par des circonstances autres que celles dépendantes de
exposition, du sol ou de la température. Au midi, cette limite
est à 477 mètres; elle est à or sur la chaîne parallèle au versant
septentrional du Ventoux. Je ne dois pas oublier de rappeler ici
que ces champs d’oliviers se trouvent dans les mêmes gorges où
2
croit le Quercus ilex, et le dernier champ dont j'aie déterminé la
hauleur, présentait l'exposition du couchant. Je n’en ai vu aucun
qui füt en plein nord , et la plupart sont étagés sur les collines
parallèles au Ventoux, et tournés vers le midi. Il est évident
en outre, que la culture de cet arbre, ne saurait être avanta-
geuse à une certaine hauteur sur les flancs découverts du ver-
sant méridional, à cause de la violence des vents, qui chaque
année, feraient tomber les olives bien avant leur maturité. L’ex-
position à une grande influence sur la culture de cet arbre; car
Gemellaro (Sul la vegetatione del Etna) a trouvé qu'il s'élevait
à 1250 metres sur le côté méridional , et à 688 mètres seulement
sur le revers septentrional de l’Etna. (2)
(x) Suivant M. Requien, sa limite supérieure sur le versant méridional est à r5go metres.
Cela doit être exact, car je ne l’ai plus trouvé à la limite supérieure des hètres à 1666 mètres,
(z) M. de Candolle (art. Géographie botanique, Dict. Sciences nat, 1. 18, p. 23) affirme que
Volivier ne s’élève pas au-dessus de 400 mètres. Mes recherches et celles de beaucoup d’autres
prouvent que celte opinion est trop absolue. M, Guérin (Mesur. barom. , p. 88 ) l’a aussi.ob.
servé à une hauteur de 653 mètres près dé Digne et de Forcalquier,
230 C. MARTINS. — Sur Le mont lentoux.
Sur la pente sud du Ventoux, le Buis commence précisé-
ment au point où le Quercus ilex finit. Au nord, sa limite infé-
rieure n’est pas nettement dessinée, mais je l’ai encore trouvé
à la hauteur de 1375 mètres; et sur le versant méridional , elle
peut être fixée approximativement à 1350 ou r4o0 mètres. C’est
vers 1000 mêtres , que cet arbrisseau est le plus commun des
deux côtés.
La région du Thymus vulgaris et des Lavandes (L. vera et L.
spica) succède immédiatement, au midi, à celle du Chêne vert.
Au nord, au contraire, nous trouvons une zone caractérisée par
l'existence des Noyers qui s'élèvent jusqu’à 797 mètres, Ce n’est
qu’à partir de cette hauteur jusqu'à 419 mètres que les Lavandes
et en particulier le L. vera, prédominent ; elles cessent au com-
mencement du bois de Hètres à 919 mètres, mais remontent pa-
rallèlement à lui jusqu'à une hauteur qu'on peut fixer très
exactement entre 1350 et 1400 mètres, leur limite inférieure
étant à 495 mètres. Au midi, les Lavandes ne commencent à être
abondantes qu’à 672 mètres, mais elles s'élèvent beaucoup plus
haut, puisqu'elles montent jusqu'à 1646 mètres.
Une autre différence entre les deux versans, c’est qu’au sud
nous avons une région comprise entre 538 m. et 1150 m. dé-
pourvue d'arbres, et caractérisée spécialement par la prédo-
minance du Thymus vulgaris, des Lavandes, du Buis et du Cy-
nanchun vincetoxicum ; au nord, on ne trouve qu'une bande
étroite de 122 mètres de haut, où ces végétaux herbacés règnent
exclusivement.
Au midi le Vepeta graveolens (une des plantes sociales les
plus abondantes sur le Ventoux ) commence un peu plus haut
que les Lavandes, savoir à 720 mètres environ. Au nord on le
trouve déjà à 584 dans les vallons abrités, dont nous avons parlé,
et il s'élève jusqu’à 1250 mètres. Au midi M. Requien fixe la li-
mite supérieure de cette plante à 1540 mètres; je la crois un peu
plus élevée, car j'ai encore trouvé de belles touffes de Vepeta
graveolens à 1666 mètres , à l'abri des derniers Hètres. .
Au nord , j'ai pu fixer à 995 mètres la limite supérieure des
Noisetiers.
Les cultures ne s’élévent pas à la même hauteur des deux
|
|
1
{l
C. MARTINS. — Sur Le mont lentoux. 231
cotés. Au midi elles s'arrêtent à 1035 mètres; au nord , elles
montent jusqu’à 1360 mètres. Voici, selon moi, les raisons de
cette différence. Le versant septentrional offre une succession
de petits plateaux abrités (1), où la terre végétale a quelque
profondeur. Les forêts, qui descendent plus bas que de l’autre
côté, entretiennent un peu de fraicheur et d'humidité. Au
midi , au contraire , la pente est uniformément rapide , décou-
verte, exposée à toute la violence des vents qui balaient les
particules terreuses. Aussi n’y voit-on que de chétives récoltes
de seigle, d'avoine et de pois chiche, qui végètent entre les
pierres. Au nord comme au sud, ces cultures ne sont continues
que jusqu’à la bauteur de 600 mètres environ.
Sur les deux versans, les forêts de Hètres forment une région
bien caractérisée : au midi, elles couvrent tout l'espace compris
entre 1 132 et 1666 mètres, c’est-à-direune hauteur de 534 mètres.
Au nord , elles commencent à 919 et s'élèvent jusqu’à 1377 :
à partir de cette hauteur jusqu'à 1576 m., cet arbre n'existe
plus que sous la forme de buissons rabougris. Il occupe donc de
ce côté une hauteur de 657 mètres. Une circonstance assez cu-
rieuse, Cest que , au midi, à 1132 mètres d'élévation, le méme
arbre se montre d’abord à l'état rabougri, mêlé au Quercus
robur, qui est dans le même état, À 1240 mètres, il atteint ses
dimensions ordinaires , qui vont en diminuant jusqu’à sa limite
extrême à 1666 metres. Au nord, c'est le contraire: déjà à
919 mètres, le Hêtre est un grand arbre; mais, au-dessous des
prairies du mont Serein, à 1377 mètres, se trouvent les derniers
grands Hêtres: ils se rabougrissentalors et montent ainsi jusqu’à
1576 mètres. Wahlenberg (De Fepetatione Helvel. sept. p. 179) à
observé aussi une différence dans la limite du Hêtre sur les
deux versans des Alpes. Sur le versant septentrional, elle est en
moyenne à 1315 mètres; sur le versant méridional, de 1494 à
1260. Sur l’Etna (Gemellaro, L. c.), le Hètre s'élève à 2085 mètres
au sud; au nord, à 1970. La différence des limites surles deux
versans 6st de.315 mètres sur l’Etna, 289 mètres sur Île Ven-
toux et de 279 sur les Alpes. Ces trois résuitats se confirment
(1) Voyez la planche,
232 C. MARTINS. — Sur le mont l’entoux.
ainsi réciproquement. Les limites et l'étendue de ces deux ré-
gions sont bien propres à faire apprécier l'influence de la hau-
teur; au nord, les Hêtres commencent plus bas et s'élèvent
moins haut; au sud, ils commencent plus haut et s'élèvent aussi
davantage. Les Hêtres rabougris ne montent pas si haut au nord
que les hètres élevés au midi. La différence est de go mètres.
La limite inférieure du Genevrier (Juniperus communis) coïn-
cide avec celle des grands Hètres des deux côtés, 12/40 mètres au
midi, 919 mètres au nord. Sa limite supérieure atteint presque
celle du Pinus uncinata: elle est à 1801 mètres au sud, à 1577
au nord. Ici encore on reconnait l'influence de l'exposition, qui
donne une différence de 224 mètres, différence moindre que celle
trouvée pour les grands Hêtres , parce que le Genevrier est un
arbrisseau robuste, indifférent aux températures et qui , à l'état
rabougri (Juniperus nana W.), s'élève à de très grandes hau-
teurs. Le Thymus serpyllum (T. angustifolius Pers.) commence
au même niveau et s'élève jusqu'au sommet du Ventoux.
Nous trouvons au nord, dans la région des Hètres , la limite
inférieure des Sapins (Zbies excelsa). Elle est indiquée par une
forêt d’un acces difficile, qui descend jusqu’à 1097 mètres au
uord-ouest ; au-dessus du village de Brantes. M. Requien estime
avec raison leur limite inférieure moyenne à 1370 mètres. La
limite supérieure est, sur un point inaccessible, au-dessous de
la Fontfiliole , à 1720 mètres environ.
L'Eryngium spina-alba se trouve des deux eôtés dans la ré-
gion des Hètres. Sur le versant sud, il commence vers 1350 me-
tres, dans les clairières de la forêt et cesse au-dessous du Jas , à
1245 metres. Au nord on le retrouve un peu au-dessus de la
limite inférieure du Pinus uncinata, à 1365, et il monte au-dessus
des prés du mont Serein jusqu’à 1480 mètres. On voit que cette
plante occuge à-peu-près la même zone des deux côtés : seule-
ment elle s’élève un peu plus haut du côté méridional , dans les
combes qui avoisinent le bâtiment appelé le Jas : elle est aussi
plus belle à cette élévation que du côté opposé. Nous trouvons
encore , dans la région des Hêtres, au midi, la limite inférieure
du Carduus carlinæfolius, qui persiste jusqu'au sommet du
Veritoux.
C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 233
Sur les deux versans, une région est caractérisée par l’absence
de toute végétation arborescente, le Pinus uncinata et le Gene-
vrier (Juniperus communis) exceptés. Au midi, le Pinus uncirata
commence à 1478 mètres dans la région des Hêtres. Jusqu'à
la limite des Lavandes (1646 m.), chaque tronc a une taille de
quinze pieds environ; mais, à partir de ce point, l'arbre se ra-
| bougrit et ne forme plus que des petits buissons hémisphériques
d’un à deux pieds de heut, qu’on retrouve encore à une éléva-
tion de 1810 mètres. C’est le seul arbre qui dépasse la limite des
Hêtres. Au nord, comme on pouvait s’y attendre, le Pinus un-
cinata se montre plus bas, à 1347 mètres ; mais on ne le trouve
pas au-dessus de 1625 mètres. Ici encore nous pouvons appré-
| cier l'influence de l'exposition , puisque le Pinus uncinata-com-
mence à 131 metres plus haut et s'élève à 185 mètres plus haut
| au midi qu'au nord.
|
|
|
|
|
Cette même influence a agi sur la limite inférieure de la région
alpine: elle commence à 1920 mètres au nord , où elle forme
une zone de 191 mètres de hauteur, tandis que, au midi, sa
limite inférieure est à 1810 m.,et sa hauteur de 101 mètres
seulement. Les plantes du versant septentrional de cette der-
nière région ne sont pas les mêmes que celles du côté méridio-
nal. Ce n’est qu’au nord ét dans le voisinage de la Fonifiliole,
à 1790 mètres, que l’on trouve l{lium narcissiflorum , le Ra-
nunculus Columnæ, le Valcriana saliunca , Ÿ Arnica scorpioides
et le Paronyclua serpyllifolia. Les Galium pumilum et G. Vil-
larsii sont plus abondans au midi. Au nord et au midi, le Saxi-
| fraga cespitosa commence à 1700 mètres. Au nord/,le Dianthus
sub-acaulis devient commun à 1834 mètres, ainsi que le Cam-
panula Allionti.
J'ai constaté avec M. Requien que même au sommet du Ven-
toux, on observait encore une différence notable entre les deux
versans. Tandis que certaines plantes , telles que le Carduus
carlinæfolius, VUrtica dioica, Ÿ Avena setacea etc. , eic., crois-
sent indifféremment au nord et au midi; les S'axifraga Aizoon
et S. opposilifolia ne se trouvent jamais qu’au nord; l'£Euvphor-
bia gerardiana (E. saxatilis Lois.) ,uniquement sur la pente qui
descend vers le sud-est
234 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
La comparaison de deux versans du Ventoux mène aux con-
clusions suivantes, quant à l'influence de l'exposition sur la vé-
gétation de cette montagne :
1° La Région dun Pinus alepensis manque au nord, parce que
le pied même de la montagne n'est qu’à 30 mètres au-dessous
de la limite supérieure de cet arbre ;
2° Jusqu'à 800 mètres , cette influence est plus que contreba-
lancée par l'abri de la petite chaine qui court parallèlement au
Ventoux : c’est pourquoi la limite inférieure du Safureia mon-
tana , des Lavandes, du Nepeta sraveolens, est plus basse au nord
qu'au midi, et la limite supérieure du Quercus ilex plus élevee ;
3° À partir de 900 mètres , l’es position reprend tout son em-
pire. La limite inférieure des plantes boréales tels que les Genc-
vriers,Îles Hètres, le Pinus uncinata est plus basse de 222 mètres
en moyenne, que du côté opposé , parce que déjà à cette hau-
teur, elles trouvent le climat qui leur convient.
4e Cest le contraire pour la limite supérieure. Toutes les
plantes sans exception montent plus haut au sud jusqu'au nord.
On peut s’en assurer pour le Thymus vulgaris, le Nepeta gra-
veolens, le Hêtre, l’'Eryngium spina-alba, les Lavandes, le
Pinus uncinata et le Juniperus communis : la différence moyenne
pour ces sept plantes est de 245 mètres. Celle des Lavandes étant
de 2/6 mètres, on peut, sans erreur sensible, la regarder comme
égale à la différence moyenne des limites supérieures des autres
plantes examinées comparativement sur les deux versans.
COMPARAISON DES LIMITES DE QUELQUES VÉGÉTAUX DÜ VENTOUX,
EN HAUTEUR AVEC LEURS LIMITES EN LATITUDE.
De même que la température décroit à mesure qu'on s'élève
sur une montagne , de même elle s’abaisse lorsqu'on s’avance
de l'équateur vers le pôle. Le décroissement latitudinal est in-
finiment moins rapide et encore moins régulier. Ainsi, les points
où la température moyenne de l'année est la même sont situés
sous des latitudes difrérentes dans les différens pays, et ils
forment par leur réunion des courbes irrégulières et sinueuses
C. MARTINS. — Sur le mont Fentoux. 235
auxquelles M. de Humboldt a donné le nom de Lignes iso-
thermes. Considérées en Europe seulement, ces lignes vont en
s’abaissant vers l'Orient. Le Ventoux lui-même est situé sous la
ligne isotherme de 14°, 4. C. , et voici l'indication de celles dont
nous ferons usage ici.
| L'isotherme de 12°,5. C. va de l'embouchure de la Loire ( lat.
|47°, 14!) à Venise (lat. 4°, 25'), passe à Constantinople, et s’ar-
|rête dans l'Asie mineure au 40° parallèle.
L’isotherme de ro°. C. commence à la pointe méridionale de
lIrlande(lat. 51°, 26), passe un peu au- -dessus de Londres, puis
ue Prague et Vienne, où elle coupe le 46. de latitude, et va
|se terminer à la pointe sud de la Crimée par lat. 44°,27°.
| L'isotherme de 7°,5. C. commence au nord de l'Écosse par
|58° 24/, puis passe à Copenhague, à Dantzig, coupe le 5o° de la:
|titude dans le voisinage de Karkov et vient se terminer à lem-
|bouchure de l'Oural, au 47° parallèle.
L’isotherme de 5°C. commence au sud de l'Islande, par 63°,40!
|environ; elle coupe la côte occidentale de la Norwège au niveau
du 6°, puis le 55° au-dessous de Moscou, et atteint presque Île
5o°, au nord de la mer Caspienne.
1' isotherme de 2 5. C. traverse le milieu de l’Isiande , au ni-
\veau du 65°, puis s'élève sur la côte occidentale de la Norwège
jusqu'au 66°,30’ pour redescendre sur la côte orientale au 62°,367,
joù elle reste au sud d'Uméa , puis elle passe par 60°,18" au nord
| de Saint-Pétersbourg, et se prolonge vers Khasan, où elle se ter-
Diner vers le 53° de latitude.
| La ligne de o° coupe le nord de l'Islande au niveau d'Eyafiôr-
dur, pare? 48".Elle remonte en Laponie jusqu’au cap Nord, par
|71°,0' lat. longitude 23°,30 E. ; puis elle redescend brusquement
\vers le golfe de Dvinskaïa dans la mer Blanche, qu’elle traverse
lau 65°; enfin dans le voisinage des monts Ourals, elle descend
jusqu'au 58°.
| Au lieu de compter par degrés de latitude, le botaniste devra
Cours évidemment par lignes isothermes , quoique ces lignes
ne puissent donner que des approximations très imparfaites,
llorsqu’ on veut préjuger la végétation d'un pays. Examinons, en
|effet , l'influence de la température sur les plantes annuelles et
|
236 C. MARTINS. — Sur de mont Ventoux.
les plantes vivaces. Les plantes annuelles ont besoin d’un été assez
long pour pouvoir fleurir, fructifier et muürir leurs graines; aussi
les étés étant d'autant plus courts qu’on s'avance davantage vers
le pôle ou qu’on s'élève plus haut sur les montagnes , le nombre
des plantes annuelles va toujours en diminuant, suivant la même
progression. Parmi les plantes vivaces , il faut distinguer celles
qui sont herbacées ou acaules et celles qui s'élèvent à une cer-
taine hauteur , les arbres en particulier. Lorsque la terre est cou-
verte d’une épaisse couche de neige , le froid le plus rigoureux
ne saurait atteindre la racine des plantes vivaces qui dorment
sous cette enveloppe. Cela est vrai surtout pour les plantes
acaules , qui poussent immédiatement des feuilles et des fleurs,
des que la neige a disparu; aussi sont-elles plus communes que
les autres sur les montagnes élevées ou à de hautes latitudes. (1)
Les arbres, au contraire, ne sauraient résister à des froids
rigoureux, parce qu'ils ne sont pas protégés par la couche de
neige. Ceci nous explique pourquoi des contrées dont la tempé-
rature moyenne est la même, ont des plantes fort différentes.
Ainsi, le Myrthe, le Laurier et lÆrbutus unedo, peuvent vivre
en plein air dans le sud de l'Angleterre et de l'Irlande et ne sau-
raient supporter les hivers de Prague, dont la température
moyenne est, à très peu de chose près, la même. La moyenne de
la température des mois d'été est d’une très haute importance.
Un seul exemple suffit pour le prouver : la température moyenne
d’Enontekis en Laponie est — 2°,86. C. (lat. 64°); au cap Nord
(lat. 71°), elle est o°, et cependant il y a des forêts et une végé-
tation luxuriante à Enontekis, et au cap Nord on ne trouve que
le Betula nana et deux saules rabougris. Ceci s'explique dès
qu'on réfléchit que la température moyenne de l'été est+ 12°,6C.
à Enontekis et seulement 6°,4 au cap Nord. Il est évident que les
chaleurs de l'été ne sont pas assez fortes pour déterminer l'ac-
croissement et la maturation des graines d’une foule de végétaux,
qui bravent les hivers d’Enontekis, où le thermomètre descend
quelquefois à 36° C. au-dessous de zéro.
Ces considérations suffisent pour faire voir que la détermina: |
/ 1 , Apr GARE ! GR CET EN AR CO ESNE
{1) L'Empelrum nigrum es\’arbustele plus élevé que j'aie trouvé au Spitzherg par 37°,25 lat.
C. MaRTINS. — Sur de mont Ventoux. 237
tion des influences qui tendent à modifier la végétation d’une lo-
calité est un problème qui se complique d’une foule d’élémens,
parmi lesquels les températures et l'état hygrométrique de l'air
jouent le rôle principal. La science ne possède point encore des
données suffisantes pour tracer des lignes de végétations sem-
| blables, qu’on pourrait appeler lignes isophytes. Nous devons
| donc nous contenter provisoirement d'étudier les rapports de
| quelques végétaux avec les lignes isothermes, qui, en Europe
| du moins, peuvent être suivies avec une exactitude suffisante
| pour le but que nous nous proposons.
Pour savoir à combien de mètres en hauteur correspond un
degré en latitude, il"fallait choisir des végétaux qui satisfissent
| aux trois conditions suivantes : 1° d’être bien connus et faciles à
observer; :° d'atteindre sur le Ventoux leur limite extrême ;
3° d'avoir une limite latitudinale qui ait été déterminée exacte-
ment. Les deux végétaux qui réunissent ces conditions sont le
Hêtre (Fagus sylvatica) et le Chène vert {(Quercus ilex).
La courbe formée par les limites du Hêtre dans les plaines de
l'Europe suit à-peu-pres la ligne isotherme de 7°,5 C. ; sa limite
la plus septentrionale w’atteint pas, sur la côte orientale de la
Norwège , celle de 4°,9: C.; tandis que, sur les bords de la
| Caspienne, elle descend presque jusqu'à l’isotherme de 10°. C.
| En effet le Hêtre s'arrête en Ecosse à Edimbourg (Schouw, Euro-
| pa, p.27); en Norwège, au bof (ibid, p. 8); sur la côte ouest de
! la Suède au 58° et, sur la côte orientale, au 56°. En Russie, du
| 52° au 43°. En moyenne, au 54° de jatitude.
| En France, le Chêne vert ne dépasse pas l'embouchure de la
Loire au 47° latit. (isotherme 10°). Les limites septentrionales
» de ces arbres sont donc comprises entre les isothermes de
| 10° et celle de 6°, qu’elles n’atteisnent cependant nulle part.
. Voici le nombre de mètres en hauteur correspondant à un degré
| en latitude, pour chacun de ces deux arbres.
\
| Fagus sylvatica. 168 m.
moyenne. 192.
Quercus ilex. 216 m.
M. De Candolle (Mém. d' Arcueil, MT, p. 276) est arrivé à
235 C. MARTINS. — Sur le mont l’entoux.
des chiffres compris entre 180 et200 m., en prenant les limites
de l'Olivier et du Maïs pour bases de sa détermination.
Examinons maintenant le rapport qui existe entre l'élévation
des mêmes arbres sur le Ventoux et leurs limites en latitude,
calculées d’après les courbes isothermiques. En moyenne, d’a-
près Schouw (Tab. IV), le Hêtre suit la ligne isotherme de 7°,7,
ce qui, en prenant pour point de comparaison son élévation
moyenne sur le Ventoux, nous apprend que, pour le Hêtre, 242
mètres en hauteur correspondent, en latitude, à un décroisse-
ment de 1° centigrade de la température moyenne de l’année. {1)
Le Quercus ilex donne 28/4 mètres en élévation pour 1° de dé-
croissement de température moyenne en latitude.
En moyenne, 263 mètres en hauteur correspondert à une dif-
férence d’un degré entre les lignes isothermes comprises entre
celles de 14°,4 etde 7°,7, et la différence entre les altitudes cor-
respondant à un degré en latitude, et celles correspondant à 1°
d’abaissement de la température moyenne de l'année, est de
71 mètres.
COMPARAISON DE LA LIMITE ALTITUDINALE DE QUELQUES PLANTES
SUK LE VENTOUX ET SUR DES MONTAGNES SITUÉES A DES La-
TITUDES DIFFÉRENTES.
C’est en se livront à des recherches de ce genre qu’on re-
connaît combien la géographie botanique est encore pauvre en
faits bien observés et assez nombreux pour qu’on puisse en dé-
duire des moyennes générales et arriver à des résultats dégagés
de toutes les influences purement locales. On acquiert aussi la
conviction qu'il faut apporter une grande circonspection dans
le choix des végétaux qui doivent fournir la base du calcul. Ce
. sont les plantes alpines qu’on choisit de préférence pour des
travaux de cette nature; mais, parmi celles qui portent ce nom,
il en est qui, à partir d'une hauteur déterminée, sont tout-à-fait
(2) C’estavec un plaisir mêlé d’étonnement que j'ai retrouvé à Bell- Sound au Spitzherg, par
77 25! lat. les Saxifraga oppositifolia et S, cespitosa, que j'avais recueillies au Ventoux , à
33 degrés plus au sud.
C. MARTINS. — Sr le mont lentoux. 239
insensibles au décroissement de la température. Je citerai, par
exemple, le Saxifraga Zizoon. On le trouve au sommet du
Ventoux; mais, en Suisse, M. Hegetschweiler (Xristiche Auf-
zaehlung der Schweizer Pflanzen, p. 100) l'a observé au niveau
du lac de Zurich, à 400 mètres au-dessus de celui de la mer,
puis à 2793 m. dans les Alpes du canton de Glaris ; je l'ai cueilli
moi-même à 2900 sur le revers méridional du mont Cervin. Ces
plantes, qui sont indifférentes aux c'imats si divers que l’on ob-
serve dans les pays de montagnes, doivent être soigneusement
écartées. D’autres, telles que l’/ndrosace villosa, les Saxi-
| fraga oppositifolia et S. cespitosa, n’atteignent pas, sur le Ven-
toux, leur limite supérieure, qui est beaucoup plus élevée que
le sommet de la montagne. Quelques-unes sont des végétaux
cultivés, des céréales, les Noyers, les Oliviers, et leur existence
dépend de mille circonstances qui sont l’œuvre de l’homme et
entièrement indépendantes de la constitution du végétal et des
influences des milieux ambians. Quant aux autres plantes, on
manque de données suffisantes pour établir les comparaisons
qui font le sujet de ce chapitre. Deux arbres , toutefois, le Sapin
(Abies excelsa) et le Hêtre , réunissent toutes les conditions
exigées, et ils vont nous servir à établir le parallele en question.
Nous avons rassemblé les hauteurs moyennes que ces deux
arbres atteisnent sur les différentes montagnes explorées jus-
qu'ici en Europe.
La limite supérieure du Hêtre (Fagus sylvatica) a été fixée
sur PEtna à 1927 mètres par Presl {Ælor. Sic., 1, p. IX) et Phi-
lippi. Dans les Apennins, le Hêtre n’est plus qu’un arbrisseau , à
1949 m., suivant Schouw, cité par Meyen (Géogr. des plantes,
p- 287); d’où l’on peut déduire qu’à l’état d'arbre, il ne dépasse
pas 1800 m. Sur le versant septentrional des Pyrénées, Parrot a
fixé sa bmite à 1591 m.SurleVentoux, nous avons trouvé qu’elle
était en moyenne à 1521. Dans la Suisse méridionale, elle at-
teint 1428, suivant Wahlenberg, et dans la Suisse septentrionale
et le Tyrol, d’après Unger, 1300 et 1331 mètres : nous adop-
terons le nombre 1315. Dans les Carpathes, elle s’abaisse avec
la température moyenne de l’année et ne monte plus qu'à 1256.
| Dans la Forét-Noire, sur le mont Hillebille, Wahlenberg ( De
2/0 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
V’eget. Helv., p. rxxxix) l’a trouvé à 910. Enfin, à Christiania,
au 59° de latitude, cet arbre ne s'élève plus au-dessus du niveau
de la mer.
Ta limite supérieure du Sapin (Zbies excelsa) a été fixée à 1 800
mètres dans les Pyrénées par Ramond (Mérn. de l’Inst. vol. xvi,
p- 140). Nous avons vu qu’elle êtait à 1720 sur le Ventoux. Eu
Auvergne , le même physicien a observé que la violence du vent
’empéchait de dépasser 1500 mètres. Dans les Carpathes, elle
descend à 1425 (Wahl. F2 Curpath. p. rxix). En Suisse, ses
limites sont si élevées, et en même temps si variables, qu’on ne
peut pas en faire usage, parce que l'abri formé par les massifs
des hautes montagnes lui permet de monter très haut dans les
localités favorables. En Norwège, M. de Buch a trouvé encore le
Sapin sur le col de Fillefieldt, qui est à 933 mètres au dessus de
la mer, et situé sous le 61° de latitude. Enfin à Enontekis, en
Laponie, sous le 69°, il croît encore à 162 m.( Wah]. F1. Zap.
tab. ad pag. £v).
Pour rendre sensible ce décroissement successif, on pourrait
le figurer d’une manière graphique, au moyen de deux coordon:-
nées. Sur l’une qui serait horizontale, on marquerait les degrés de
latitude et on éleverait des ordonnées exprimant les différences
altitudinales. On obtiendrait ainsi une courbe qui se rappro-
cherait d'autant plus de la ligne des abcisses que le degré de
latitude serait plus élevé. Sans doute, ces résultats seraient loin
d’être définitifs, mais ils indiqueraient clairement les lacunes
que les naturalistes voyageurs doivent s’efforcer de remplir.
ÉNUMÉRATION
DES PLANTES PHANÉROGAMES DU MONT VENTOUX.
Toutes ces plantes ont été signalées sur cette montagne par
M. Requien. Je les ai retrouvées en grande partie. M. J. Gay a bien
voulu revoir celles que J'ai rapportées, et vériñer l'exactitude des
noms et des synonymes. Les hauteurs indiquées sont celles des
points où j'ai recueilli les plantes, et n’indiquent pas toujours
jeurs stations extrêmes. Lorsqu'elles ont été déterminées exacte-
= un = ms
D
C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 2/1
ment par M. Requien ou par moi, J'ai constamment indiqué
les deux limites, savoir l’inférieure et la supérieure.
Ranunculaceæ.
Ranunculus Seguieri. Vill.
R. montanus. Willd.
Âquilegia viscosa. Gouan. 1820 m. S. 1620 m.N.,(S. versant méridional.
N. versant septentrional. )
Anemone hepatica. L.
Thalictrum pubescens. Schl. DC. Prod. (Th. fœtidum. Vill. non aliorum. )
p- 13. 1560 m.S.
Aconitum Anthora. L.
Helleborus fetidus. L. goo m. N.
Papaveraceæ.
Papaver aurantiacu.m Lois. (P. suayeolens Lap.)..De 1570 4.1800 N., et de
1650 à 18508.
Glaucium flavuin. Crantz. 540 m. S.
Cruciferæ.
Cheiranthus alpinus. Lam. (Erysimum lanceolatum B minus. DC. Prodr. ).
À 1540 m. $. de 1400 à 1800 N. É
Biscutella coronopifolia. All. De 1560 à 1900 S. De 1300 à 1850 (Requien). :
fberis nana. AI. (I. aurosica. Vill.). 1750 N. 1850 S. De 1700 à 1900 (Req.).
J. saxatilis. L.
Cochlearia auriculata. Lam.
C. saxatilis. Lam.
Alyssuu montanum. L. De 1788 à 1900: N.
A. alpestre. L. De 500 à 700 (Requien).
Draba aizoides. L.
Arabis alpina. L.
A. brassicæformis. Wal. (Brassica alpina? L.)
À. turrita. L.
Isatis tinctoria. L. 650 N.
Cistineæ.
Helianthemum Fumana. Mill. jusqu’à 300 (Requien). GE)
H. alpestre. Dunal.
Violarieæ.
Viola arvensis. DC.
V. cenisia. AN. (V. cenisia « ovatifolia. Ging.)
| V. arenaria. DC.
|
|
|
Polysake.
| Polygala amara. L.
X, Botan, — Octobre,
242 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
Caryophyllcæ.
Arenaria striata. Vill. (Alsine lancifolia , 6 glandulosa. Koch. Synops.). De 1570
à 1850 N.
A. grandiflora. All. 1700 N.
A. tetraquetra. 6 aggregata. Gay. Ann. Sc. nat. ct Duby Bot. gall. 1600 N.
A. mucronata. DC.(Alsime mucronata. Gouan. AÏ. rostrata, Koch. Synops). 1600.
A. austriaca. Duby. Bot. gall. non Jacq. ( A. austriaca B Seringe in DC. Prcdr.
A. Villarsii. Baïbis. A. triflora. Vill. uon Linu. Alsine Villarsu M. K. Deutsch.
F1. ). 1100 N.
Silene nutans. L.
$. Valesia. L. 1700 S. 1600 N.
Cerastium arvense, + suffruticosum. Koch. Syn. (G. strictum et suffraticosum
Seringe in DC. Prodr. C. laricifolium. Vill.)
Dianthus sub-acaulis. Lois. De 1620 à 1850. N.
Mochringia muscosa. L.
Acerinecæ.
Acer opulifolium. Vill. De 800 à 1350 (Requien).
À. campestre. L.
-Geraniaceæ.
Geranium lucidum. L.
G. robertianum. L. (G. robertanum, 6 purpureum Vill.)
G, pyrenaicum. L.
Oxalideæ.
Oxalis acetosella.. L. 1450 N.
Aquifoliaceæ.
{lex aquifolium. L. 1000 N. Rare.
Rhamnee.
-Rhamous alpinus. L. 1550. (Requien.)
Leguminosæ.
Genista hispanica. L. (Genistella montis Veutosi spinosa. Bauh. hist. 1. p. 400).
De 300 à 500. ( Requien.)
Ononis cenisia. L. 1720. N. De 1000 à 1700. (Req.)
O. striata. Gouan.
Oxytropis cyanea. Gaudin. FI. helv. et DC. Prod. (O. neglecta, Gay. Herb. ).
De 1850 à 1900. N.
Astragalus depressus. L.
A. aristatus. Lher.
Anthyllis montana. 1666. S. De 1200 à 1800, (Req.).
Vicia sepium. L.
Phaca australis. L.
Trifolium cespitosum. (Requien.)
R
I
C. MARTINS. — Sur le mont F’entoux.
Orobus canescens. Lin, f.
Spartium junceum. L. 460. N.
Cytisus Laburnum. L.
Psoralea bituminosa. L. 540. S.
Rosaceæ.
Serbus domestica. L. ( Pyrus sorbus. Gærtu.). 420 S.
Pyrus Aria. Erh. 1300. S.
Amelanchier vulgaris. Mœnch. 1350. S.
Cotonéasier vulgaris. D. C. 1550 environ. S. De 1200 à 1500. (Requien.)
Rosa rubiginosa. L. 1500. 8,
Rubus idæus. L. 1400. N.
R. collinus. DC.
Potentilla caulescens. L.
Alchemilla hybrida. Hoffm.
A. alpina. L.
. Onagrariee.
-Epilobium montanum. L.
Paronychieæ.
243
Paronychia serpyllifolia. Poir. 1478 à 1700. S. De 1400 à 1800. (Requien)
Scleranthus annuus. L
Crassulacec.
Sedum anopetalum. DC. 1540 S.
S. atratum. L.
Sempervivum montanum. KL. 1550. S. De 1600 au sommet. (Req.)
-Grossularieæ.
| Ribes alpinum. L. 1500. 5,
Saxifrageæ.
| Saxifraga oppositifolia. L. De 1700 à 1900. N. De 1600 à 1900. (Requien.)
| S. muscoides. Wulf. 1850. N.
| S. cespitosa. Scop. De 1810 à 1900 N.
| S lata. L
| S .granulata. L.
| S. Aizoon. Jacq. De 1850 à 1900 N.
Umbelliferæ.
| Athamanta cretensis, L. 1900. De 1300 à 1850. (Requien. }
| Eryngium spina alba. Vill. De 1375 à 1470 N. 1300 à 1550 S.
i E. campestre. L. 650. N.
| Bupleurum falcatum. L.
Bunium bulbocastanum. L.
Laserpitium latifohium. DC.
FL. Siler. L.
} Æthusa bunius. Murr. (Ptychotis heterophylla. Koch. Umb. )
| Chærophyllum sylvestre. L,
44 C. MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
Carum Carvi. L.
Sesch glaucum. L.
Heracleum pumilum. Vill. 1550. (Requien. )
Caprifoliacece.
Viburaum lautana, L. 1550 S.
Lonicera alpigena. L.
L. xylosteum. L.
Sambucus ebulus. L,
Rubiaceæ.
Asperula odorata. L. 1400. N.
Galium pumilum. Lam. (G. hypnoides. Vill. ). De 160: à 1750 N. De 1500 à
1800 S. (1)
G. Villarsü. Req. 1665 S. 1800 environ N.
G. verticillatum. Lam.
G. anysophyllum. Vill,
V’alerianeæ.
Valeriani saliunca. All 1850 N.
V. triptenis. &.
Dipsacecæ.
Knautia arvensis. v. collina Coult. (Scabiosa collina. Req. )
Composttæ.
Cacalia alpina. L. ( Adenostyles viridis. Cass. ). 1350 N. 1550 S.
Senecio gallicus. Vill. DC. Prodr. vr. p. 346. 580 N.
Arnica scorpioides. ( Aronicum scorpioides. DC. Prodr.). 1800. N. De 1700
à 1900. (Requien.,
Frigeron uniflorum. L.
Solidago virga aurea. L. 1560. S. °
Guaphalium dioicum. L. 1425. N. De 1400 à 1500. (Requicn.)
>uphthalmum aquaticum. L. (Asteriscus aquaticus. Less.). 460 S.
Chrysanthemum montanum. L. | pres
Pyrethrum corymbosum. Wild.
Artemisia Absinthium. L.
Xanthium spinosum. L. 500. S.
Echinops nitro. L. 650. N.
Carduncellus monspeliensium. A. 600. N: |
Carduus carlinæfolius. Lam. De ns à 1910. S.
Leuzea conifera. DC: 420.'S: dr
Centaurea solstitialis, L. 460. S. 660.N. ! |
C. paniculata. L. 550. N. |
C. calcitrapa. L. 500. N. |
[l
(x) Cette plante descend très bas à Vaucluse, suivant M. Requien. Elle doit s'ytrouveraune |
{l
hauteur qui ne saurait dépasser 330 mètres, puisque c’est celle du rocher le plus élevé dans les
environs de cette fontaine.
c. MARTINS. — Sur le mont Ventoux. 245
C. montana. I.
C. aspera. L. sa N.
Carlina acaulis. L. var. 8 caulescens. De 030 à 1570 N.
C. acanthifolia. AI. 916.5.
Stæhelina dubia. L. 510.8,
Scolymns hispanicus. Desf. ( Myscolus microcephalus. + 460.S. 308, N.
Picridium albidum. DC.
Lactuca perennis. L.
Prenanthes viminea. ( Phœnixopus decurrens. Cass.). 1035. S.
P. purpurea. E.
P. muralis. L.
Taraxacum dens-leonis. Desf.
Hicracium prunellæfolium. Gouan (Crepis pygmæa. L. Koch. Syn: ) 1420 S.
De 1600 à 1800. N.
H. staticefolium. Vill,
H. dubium. L.
H. humile. Lapeyr.
Catananche cœrulæa. L.
Campanulaceæ.
Phyteuma Charmelü. Vill, De 1400 à 1500. N.(Requien.)
P. orbiculare. L. var. nanum. De 1788 à 1950. N.
P. spicatum. L. 1400. N:
Campanula Allionüi. Vill. 1830. N.O.
C. persicifolia. L.
C. urticæfolia. Schmidt.
Ericacec.
Arbutus uva ursi. L. 1560..5.
Pyrola secunda. L. ( Ne s’y trouve plus.)
Jasmineæ:
: Fraxinus excelsior. L.
Olea europæa. L. 500. S.
Apocyneæ.
Cynanchum vincetoxicum. R. Br. De 916 à 1240. S. 900. N.
Gentianeæ.
Gentiana campestnis. L.
G. ciliata. L. (Ne s'y trouve plus.)
Borragineæ.
Myosotis alpestris Schm: pas
Solaneæ.
Verbascum thapsus. L. :
246 C. MARTINS. — Sur le mont entoux.
Antirrhineæ.
Digitalis lutea. L. De 709 à 1300. ( Requien.)
Linaria striata. DC.
L. alpina. ‘DC.
Scrophularia canina. L.
Rhinanthaceæ.
Veronica aphylla. L. 1850. (Requien.)
V. officinalis. L.
V. serpyllifolia. LE.
Euphrasia lanceolata ?
E. alpina. Lam. (E. salisburgensis. Hop. )
Pedicularis tuberosa, L. 1850. (Req.)
Labiateæ.
Teucrium montanum. Link. 21660. S.
T. botrys. L.
Lamium lævigatum. L.
Nepeta graveolens. Vill. (N. nepetella. var. 6 humilis. Benth. Lab. p. 478 ).
De 660 à 1660.S. 450 à 1370. N. (Requien.)
Melissa grandiflora. Benth. Lab. p. 394. 1400. N.
M. calamintha. L.
M. Nepeta. L. Benth. Lab. p. 387: 460.5.
Satureia montana. L. De 420 à 1590. S. Commence à 470 au nord.
Thymus angustifohus. Pers. Benth. Lab. p. 344. De 1240 à 1900. S. Le 1570
à 1850. N.
Lavandula spica. DC. FL fr. Suppl.
L. vera. DC. De 672 à 1646. S. De 495 à 1400. N,
Primulaceæ.
nie villosa. L. 1620. N.
A. septentrionalis. L.
Gregoria vitaliana. Duby. Bot. gall. p. 383, (Primula vitaliana Lo)
Primula suaveolens. Bert.
Globularieæ,
Globularia cordifolia. L. De 1000 à 1500. (Requien. }
G. nana. Lam. De 3400 à 1600. (Req.)
Plumbagineæ.
Plumbago europæa. L. 445. S.
Statice plantaginea. AN.
D Et SES
Se mm, —
EE es
C. MARTINS, — Sur le mont Ventoux.
Plantagineæ.
Plantago media. L.' 1430. N.
P. victorialis. Poir. 1430. N. (Requicn. )
P. serpentina Lam.
Chenopodeæ.
Chenopodium bonus-henricus, L.
Polyszoneæ.
Rumex seutatus. L.
S'antalaceæ.
Thesium alpioum. L.
Euphorbiaceæ.
Euphorbia saxatilis. Lois. non Jacq. (E. gcrardiana var. 6 minor. Ræp. )
De 1850 à 1900. Est.
E. serrata. L. 600. N.
E. purpurata. Thuil. FL par.
E. characias. L. 480 S.
Mercurialis perennis. L.
Buxus sempervirens. L. De 540 à 1330. S.
Urticeæ:
Morus nigra. L.
Urtica dioica. L. De 1240 à 1910. S. 1096. N.
U. hispida. DC.
Ficus carica. L.
Amentacecæ. °
Quereus-sessiliflora. Smith. 530. S. 700. N. Raboagri à 1130. S.
Q. ilex. 538. S. 618. N.
Populus tremula. L. :
Fagus-sylvatica. L. De 1132 à 1666. S. De 1920 à 1576. N.
Corylus avellana. L. 995. N.
Coniferæ.
Prius alepensis. Mill. 430. S.
P. uncinata. Ram. De 1478 à 1810. S. De 1347 à 1625. N.
P. sylvestris. Mill. Mêlé au P: uncinata.
Abies excelsa. DC. De 1000 à 1720. N.
Taxus baccata. L.
Juniperus communis. L. De 1240 à 1800. S. De 920 à 1580. N.
J. oxycedrus. L. 540. S
Orchidecæ.
Serapias rubra. L.
ES
248 C» MARTINS. — Sur le mont Ventoux.
Amaryllideæ.
Narcissus juncifolius. Lag. et Req. in Lois FL. gall. ed. secunda.
Asparageæ.
Convallaria polygonatum. L.
Liliaceæ.
Lilium martagon. L.
A. flavum. EL.
A. narcissiflorum. Vill. { A. grandiflorum. Lam.). 1810. N.
A. moschatum. L.
Phalangium liliago. Schreb.
Junceæ.
Aphyllanthes monspeliensis. L. Jusqu'à 1150.58. ( Requier. )
Luzula maxima. DC.
L. nivea. DC.
Cyperaceæ.
Carex ferruginea. L.
C. rupestris. AÏl. 1910.
Gramineæ.
Triticum caninum. Schreb. sé
T. sylvaticum. Moenuch. (Bromus gracilis Weig.)
Secale cereale. L. 1035. S. 1360. N. .
Poa alpina. var. brevifolia. Gaud. F1. helv. 1900.
P. nemoralis. L.
Festuca Halleri. Al.
F. duriuscula. L.
F. duriuscula, var. minor. 1900.
F. glauca. Lam. °
Avena sativa. L. 1035. S. 1360. N.
A. elator. L. ( Arrenatherum avenaceum. P. B.}. 1560. S$.
A. sedenensis. DC. 1900.
A. setacca. Vill. De 1800 à EU ,
A. distichophylla. Vill.
Aira flexuosa. L.
Stipa pinnata. L.
Sesleria cœrulea. Ard.
Agrostis alpina. Leyss. Hal. n. 67.
A. miliacea. L. (Milium multiflorum. Cav.)
Echinaria capitata. Desf.
Filices.
Aspidium fragile, Sw,
A. Halleri. Wild.
Polypodium calcareum. Sm. 1400. N.
Osmunda lunaria. L.
J. DE NOTARIS. — Syllabus muscorum. 249
EXPLICATION DE LA PLANCHE VII.
Cette planche représente le Ventoux coupé par un plan dirigé du nord au sud depuis la
partie supérieure de la crête jusqu’à la mer en laissant à l’est le sommet de la montagne, Ce
plan n’est pas vertical: j'ai supposé qu’il était dirigé obliquement vers le spectateur en tour-
nant sur la ‘méridienne di sommet comme sur une charnière, I} en résulle qu'une partie des
versans mord ;et sud: peuvent être -aperçus HE lui en le supposant placé à égale, distance de
chacun d'eux. L'échelle de hauteurs est de —— c ’est-à-dire un millimètre pour 10 mètres;
l'échelle horizontate de — - c'est-à-dire d'un millimètre pour 50 mètres, Sur la marge,
nous avons indiqué les rég rious végétales ; sur la coupe les limites dés plantes sociales sur éhnbe
versant. La ligne marquée o estle niveau de la Méditerranée. Le village situé au pied du ver-
sant méridional se nomme Bedcin ; du même côté à 1565 mètres d’élevation, .on remarque un
petit bâtiment appelé le Jas.
Au pied du versant septentrioual est le hameau de Beaumont ; à 1424 mètres de bauteur,
le plateau etles bergeries du Mont-Serein.
Nora, On v'a'paspu indiquer sur Ja coupe. la fin “E l'Abies excelsa au nord, et; celle du
Genevr jer et du Pinus uncinata au midi.
SYLLABUS MUSCORUM 27 Ltaliaet in insulis circumstantibus hucus
que cogüiorum , auctore J. DE NOTaRIS. M. D. etc. in-6 xx ot
382, p. Taurini 1838 ex typographia Confari.
L'Ttalie peut à juste titre être regardée comme le berceau de
la Cryptogamie et Micheli comme l’auteur qui en a posé les
premiers fondemens. Depuisla publication des Nova plantarum
genera,ouvrage immortel du savant précurseur de Linné, jusqu’à
la fin du siecle dernier, c’est-à-dire pendant une période de
près de quatre-vingts années, le seul botaniste qui, dans la pé-
ninsule, ait marché sur les traces glorieuses de l'illustre Florentin,
est Batarra dont nous possédons une assez bonne histoire des
Champignons des environs de Rimini.
Mais avec lé dix-neuvieme siècle , apparaissent des hommes
dignes: de succéder à ces grands observateurs :c'est ainsi que
Raddi , après avoir soigneusement exploré les environs de Flo-
rence et de Rio de Janeiro, jette la première base des nouvelles
divisions qui viennent d’être tentées avec succès sur les genres
Marchantia ei Jungermanniu de Linné, que Targioni-Toz-
zetti établit quelques nouveaux genres dans les Algues dela
Méditerranée publiées par Bertoloni et que linfortuné Ber-
250 J. DE NOTARIS. — Syllabus muscorum
tero , entrainé par uñ penchant irrésistible, quitte sa terre na-
tale dont les productions n’avaiènt plus pour lui l'attrait de la
nouveauté, et va parcourir le nouveau monde où il trouve-à-la-
fois d’abondantes récoltes à faire et une mort affreuse et pré-
maturée.
Long-temps négligées en Italie où, comme nous l'avons dit,
elles avaient pris naissance , les études cryptogamiques y sont
actuellement en grande faveur. Ainsi la famille des Champignons
a reçu un nouveau lustre des travaux publiés par M. Viviani
sur les Agarics et les Bolets des environs de Gênes, et par
M. Vittadini sur le genre Æmanita et la tribu des Tuberacées;
celle des Algues s'est enrichie des observations de M. Biasoletti
sur les Algues microscopiques , d’un traité d’organographie et
de physiologie de ces plantes par M.Meneghini et d’un ouvrage
de M. Delle Chiaje, sur les Thalassiophytes des côtes et du
golfe de Naples ; enfin, les Mousses ont trouvé de dignes his-
toriens, celles de la Campagne de Rome , dans madame la com-
tesse Fiorini-Mazzanti et celles des environs de Milan, dans
MM. Balsamo et De Notaris. M. Garovaglio a aussi publié en.
exemplaires desséchés et par fascicules,les Mousses de la Valtel-
line, et M. Lisa un catalogue de celles qui croissent près de Turin.
L'auteur de l'ouvrage dont nous allons rendre compte , avait
préludé long-temps à cette publication par d’autres travaux sur
le même sujet. C'est ainsi que la Bryologia mediolanensis qui
lui était commune avec M. Balsamo, fut bientôt suivi du Man-
tissa muscorium ad Floram pedemontanam dont nous donnämes
un extrait dans ces annales tome 1v de la 2° série, p. r9r. Le
Specimen de Tortulis italicis et le Spicilegium Muscologiæ itali-
cœ se succédèrent rapidement , et dès-lors nous pümes prévoir
que M. De Notaris ne s’arrêterait pas là, et qu'il était appelé à
nous faire connaitre l’universalité des Mousses de la péninsule
italique.
Dans une préface de seize pages, l’auteur expose les motifs
qui lui ont fait entreprendre ce travail et les différentes sources
des matériaux qu'il a eus à sa disposition pour lexécuter. Il
énumere ensuite les difficultés nombreuses qu'ils a eues à sur-
monter et dont une partie n’a pu être aplanie que par son infa-
J. DE NOTARIS. — Syllabus muscorum. 251
tigable activité et une volonté ferme et constante. Enfin, il
trace le plan qu’il a suivi dans la disposition méthodique des
espèces. Nous allons donner de ce plan une analyse aussi su-
cincte que le permettent les bornes de ve recueil.
En attendant qu’une étude plus approfondie de l’organisation
et de la physiologie de ces plantes, donne le moyen d'établir
dans la famille des Mousses des divisions plus naturelles que
celles qui y ont été admises jusqu'ici, M. De Notaris, profitant
néanmoins des travaux récens de MM. Bruch et Schimper, les
range, comme ses devanciers et entre autres M. Hooker, sous
les deux ordres suivans : 1° Pleurocarpi; 2° Acrocarpi. Les
genres compris dans chacun de ces ordres sont ensuite réunis
sous trois autres chefs , suivant que le pésistome est double
diploperistomi , simple aploperistomi, où nul aperistomi. Mais
outre ces trois sous-ordres qui distinguent les pleurocarpes, les
Mousses acrocarpes en admettent un quatrième caractérisé par
l'absence de tout orifice, ce sont les astomi. L'auteur tente
ensuite d'introduire quelques coupes naturelles dans ces divi-
sions, dont les secondes, celles prises du péristomes, sont
purement artificielles. Mais il ne réussit pas, pour toutes ses
tribus, à obtenir un résultat satisfaisant. Il y remédie en quel-
que sorte (comme on le faisait dans le système de Linné, quand
venait à varier le nombre des étamines }, en indiquant à la fin
de chaque tribu, les espèces des autres divisions que leur port
ou d’autres caractères naturels, doivent y rattacher un jour.
C’est ainsi qu'après les Bryacées qui sont des acrocarpes diplo-
péristomées , nous voyons figurer, pour mémoire seulement,
les genres Conostomum , Apiocarpa ( Oreas Brid. ) et Catosco-
pium qui, malgré leur péristome simple, semblent, par tous
les autres caracteres étroitement liés avec les divers genres
qui composent cette tribu. De même, parmi les Funariacées,
on trouve des genres à double et à simple péristome et
d’autres tels que les Pyramidium et Physcomitrium qui en
sont totalement dépourvus. Enfin les Grimmiacées , remar-
quables par un péristome simple, ont un représentant, le
Schistidium , qui a l’orifice de sa capsule nu. A part ces anoma-
lies qu'on rencontre au reste dans toutes nos méthodes, les
252 I. DE NOTARIS. — Syllabus muscorum.
genres sont assez naturellement rangés dans cette nouvelle dis-
position des Mousses.
Pour chaque espèce, l'auteur donne une synonymie étendue
d'autant plus importante, qu’elle est le résultat de laborieuses
recherches, et qu’elle rectifie une foule d’erreurs répandues,
soit dans beaucoup d'herbiers d'Italie, soit dans la plupart des
Flores locales de la Péninsule, dont les auteurs ont essayé , sans
les bien connaitre, d'enregistrer ces plantes dans leurs catalo-
gues.
Quand l'espèce est généralement connue, l’auteur se contente
d'ajouter quelques remarques nouvelles sur ses affinités ‘ou
‘ quelques caractères inapercus avant lui. Lorqu’elle l’est moins,
nous trouvons toutes les observations qu’une étude-approfondie
Va mis à même de faire sur l'espèce et sur sa légitimité. Le plus
souvent, l'auteur refait la phrase diagnostique , et cette qe
est quelquefois une bonne description:
L'auteur a créé un seul genre qu'ila nommé Raineria. Ce
genre, formé sur une Mousse alpine trouvée dans la Valteline
appartient aux Splachnacées et est intermédiaire, selon M: De
Notaris, entreles genres Zremodon et Taylor. UN diffère essen-
tiellement de ce dernier par une columelle incluse et des dents
dressées ou recourbées en spire par la sécheresse , mais jamais
tordues. Voici ses caractères : calyptra mitræformis ; peristo-
mium simplex è dentibus 32 longè angustè lineari-acuminatis ,
infra thecæ marginem ortis, méliôte Ne inflexis , siccitate
erectis vel cirrhato-reflexis tremulis, non torquescentibus ; colu-
nella inclusa. Flores monoici, masculi ir ramrnlo suprà basim
caulium orto, terminales.
En jetant les yeux sur le chiffre des Mousses contenues dans
ce Syllabus, on est étonné de voir qué la péninsule ne le cède
en rien sous ce rapport aux contrées de l’Europe les plus favo-
risées par les accidens du sol où la variété de la température.
Il est vrai que M. De Notaris y rattache d’une part les monta-
gnes des Alpes qui séparent l'Italie dé la France, dé la Suïsse
et de l'Allemagne, et de l'autre toutes les îles qui l'entourent,
même à uné grande distance. Ainsi, la Sicile, la Corseet là Sar-
daigne ‘ont été mises’ à contribution par lui: Le nombre 408
I. DE NOTARIS. — Syllabus muscorum. 253
qu’atteint. le chiffre des espèces, n’a pas moins de quoi nous
surprendre, nous surtout dont le sol, presque aussi varié, est
loin d'offrir la même richesse en ce genre. Mais toutes les espè-
ces admises par l’auteur sont-elles bien légitimes et à l’abri de
toute contestation? Quelques-unes sont-elles autre chose que
des formes plus ou moins remarquables d’un même type dont
elles semblent en effet distinctes, mais auquel pourtant on pour-
rait les ramener sans beaucoup d’efforts ?
Nous confessons que nous eussions été tenté de chicaner un
peu l’auteur sur la légitimité de telle ou telle de ses espèces, Si,
dans sa préface, il:n’avait en quelque sorte désarmé notre criti-
que, en donnant au long les motifs qui l’ont décidé à les sdmet-
tre. Il faut bien aussi que nous convenions qu'en fait d'espèces.
nouvelles, nons sommes peut-être, à tort ou à raison, plus dif-
ficile-que beaucoup. de botanistes, et qu’il se pourrait faire que
ce qui, pour nous, est un sujet de blâme, devint au contraire
pour d'autres un sujet d’éloges. Il est toujours en effet assez
malaisé de s'entendre sur la valeur des caractères propres à la
délimitation des espèces cryptogamiques.
Mais ce côté de l'ouvrage de M. De Notaris est, au reste, le
seul qui nous ait paru vulnérable. Aussi, apres avoir fait, bien
malgré nous, la part de la critique, nous empresserons-nous
d'ajouter que, irréprochable sous tout autre rapport, cette his-
toire des Mousses de la péninsule italique mérite à son auteur
le juste tribut de louanges que nous nous plaisons à lui offrir,
et qu’elle ne peut manquer d'obtenir les suffrages de tous les
bryologistes.
M. De Notaris, qui croit avoir fait peu tant quil ni reste
quelque chose à faire, nous promet un ouvrage encore plus
complet sur: la même matière. Nous prenons acte de ce nouvel
engagement, convaincu que nous sommes d'avance que; quel-
que difficile qu'elle soit, l’auteur ne restera, pas au dessous de
la nouvelle ‘tâche qu'il.s'est imposée, La. supériorité de talent,
dont il vient de faire preuve dans celui que: nous:annonçons,
nous. doit être un sûr. garant de la manière dont sera traité
l’autre.
C...M.
254 SCHUTTLEWORTH. — Valcrianées d’ Amérique.
Note sur quatre Valérianées de l'Amérique du Nord , par Ros.
SaurrrewonTu (Flora , 1839, p. 209 et 449 avec deux plan-
ches).
L'étude des plantes de l'Amérique, publiées par la société
d’Esslingen , donna occasion à M. Shuttleworth d'examiner qua-
tre plantes de la famille des Valérianées, qui, jusqu'ici, ont été
imparfaitement connues. Ce sont les suivantes :
1° Valerianella (Fedia) radiata , Mich. non Dufr. nec DC.
Fructu subrotundo piloso, loculo fertili cymbæformi dorso-carinato , loculis
sterilibus discretis divergentibus inflatis fertili æquahibus vel paulo majoribus,
calycis limbo unidentato recto coronato; floribus capitato-corymbosis, bracteis
lineari-lanceolatis glabris , basi subcartilagineo-dentatis; foliis radicalibus spa-
thulatis, caulinis lineari-oblongis basi integriusculis vel grosse inciso-dentatis ,
omnibus obtusis, facie inconspicue pilosis marginibusque ciliatis , caule scabrido.
Fab. in montibus Alleghany et in Texas.
Cette espèce vient se placer à côté du 7. carinata Lois. La
plante que Dufrène et Decandolle donnent sous le nom de 7. ra-
diata ne parait qu’une variété de 7. olitoria.
2° J’alerianella (Fedia) triquetra, Hochst etSteud. Fedia che-
nopodioides Pursh ?
Fructu trigono minute pubescenti ; dorso convexiusculo, antice leviter sul-
cato , loculis sterilibus ( conjunctim ) fertili æqualibus , calycis limbosubuni-
dentato coronato ; floribus corymbosis, staminibus longe exsertis ; bracteis lineari
oblongis basi subeiliatis ; foliis glabriusculis, radicalibus suborbiculari-spathula-
Us petiolatis, caulinis oblongis ciliatis subapiculatis leviter sinuato-dentatis,
caule scabrido-piloso.—Hab. in Virginià et in Ohio civit.
Cette espece appartient à la troisième section de Decandolle ,
et paraît voisine de 77. trigonocarpa DC. Pursh ne parlant point
dans sa description , du fruit de cette espèce , il est impossible
dedire ce qu’il entend par son Fedia chenopodiodes. Le nom que
les directeurs de la société d’Esslingen ont imposé à cette es-
pece ne lui convient pas trop, le fruit en étant plutôt trigone
que triquètre et l’auteur voudrait le voir donner lui nom de
V. Franckir.
SCHUTTIEWORTU, — V’alérianées d’A mérique. 255
3° V'aleriana pauciflora, Mich. non Hook. Flor. bor. Amer.
Caule-erecto simplici sulcato; foliis radicalibus petiolatis cordatis simplicibus
sinuato-dentatis , vel integris , caulinis lyrato-pinnatisectis supremis ternatisec-
ts vel simplicibus , foliolis rhomboideo-ovatis acutis sinuato-dentatis, lobo ter-
minali majori interdum subcordato ; floribus hermaphroditis triandris, bracteis
longe ciliatis , corolla longe tubulosa basi gibbosa 1obis ovatis , flamentis longe
exsertis, fructibus ovalibus compressis dorso tricostatis , facie quinque costatis
pilosis. — Hab. ad Ohio,
Nuttal donne une très bonne description de cette espèce Gen.
I. p. 22.
4° Valeriana Hookeri , Shutt. 77. pauciflora Hook. Flor. bor.
Am. tab. CL. non Michx. nec Nutt.
Glabra, caule erecto simplici sulcato ; foliis radicalibus petiolatis cordatis sim-
plicibus sinuato-crenatis, caulinis lyrato-pinnati sectis, supremis ternatisectis vel
simplicibus, foliolis lato-ovatis sinuato-dentatis, floribus hermaphroditis triandris ;
bracteis glabris, corolla vix tubulosa medio gibbosa lobis subrotundis, filamen-
tis vix exsertis, fructibus ovatis compressis glabris dorso unicostatis, facie bicos=
tatis. — Hab. in montibus Rocky montains dictis et ad Columbiam.
Cette espèce diffère en outre de la précédente par des co-
rymbes formés d’un plus grand nombre de fleurs plus rappro-
chées. — L'auteur soupconne que le F’aleriana sylvatica Ri-
chardson {in Beck Bot. of the North ani! middiestates, p. 164)
appartient à l’une des deux espèces qu'il vient de distinguer,
et peut-être faudra-t-il le rapporter à la première plutôt qu’à la
seconde.
Les deux planches dont les dessins sont faits par l’auteur lui-
même, servent à faire ressortir mieux les caractères des plantes
décrites.
MiQueLra, genus novum plantarum javanicarum ,
Scripsit C. L. BLUME.
(Extrait du bulletin des sciences physiques et naturelle de Néerlande, 1, p. 93.)
Duo abhine anni sunt, quum altero Rumphiæ volumine palmas describens, inter
alia monerem Corypham L. ad paucas tantummodo species, Indiæ orientali pro-
prias, pertinere : hinc autem Saribus Rumpb, tanquam peculiare genus, omnes
256 C. L BLUME. — Miquelia.
que relatas co ab auctoribus species Americanas esse secernendas. Quod ad illas
novi orbis Coryphinas , Corypha dulcis H. B. novi Generis mihi quasi typus
videbatur, quod nomine Miguelia insigniendum putabam : alias autem species
ad. Caranaibam, vefexebam quod eo primum nomine Corypham ceriféram Ar-
rud., quæ hujus generis est typus, descripserat Marceravivs.
Eamdem Coryphæ Auct. disjunctiorem Marrio. V. Cl, eodem fere tem-
pore aut jam antea fortasse placuisse , cui generum ejus Braheæ et Coperniciæ
debitur ego, uulissimi præstantissimique hbri V, [ll Envricuer fasciculus ille,
qui mense octobri 1837 prodiit, (Genera plant. p. 252 et 253),me docuit.
Ttaque tunc nondum editis, quæ de ea re scripsissem, aliud novum plantarum
genus nomine F. A. W. Miquer appellandum putavi. Hac enim palma , quæ
nonvisi præclaris meritis debetur, profecto illi mihi dignus videbatur, qui, a
teneris vehemertissimo scientiæ amabilis amore captus , quamquam, stadio
academico eum summa laude decurso, parum prospera ad eam colendam
uteretur conditionc, multa tamen et Belgarum quidem non minima ad exco-
lendam botanicam contulerit. Genus hoc familiæ Cyréandrearum Jack., quæ
o0phoris parietinis, non involutis, et duplicatis a Scrophularineis Juss. propriis
differt, sive potius tribus hujus familiæ est habenda, egregium est additamen-
tum, quum simul ingentem cum quibusdam generibus Gentianearum Juss. affi-
nitatem indicat. Ceterum Flora Javæ vicinorumque insularum Cyrtandreis
abundat, quibus etiam Epithema, in meis Bijdragen p. 737 ad Primulaceas
relatum ; ac postea a V. TI. Brown in Wall. plant. asiat. rar. MI p. 62 aomine
Aikinia descriptam, annumerandum est,
Character hic est.
MIQUELIA.
Calyx quinque angularis, 5-fidus , æqualis. Corolla hypogynä, subrotata ;
limbopatente, quinquelobo , subæquali. Séamina quatuor, quintum abortivum,
subdidynama; antheris veniformibus , unilocularibus , tranverse dehiscentibus.
Ovarium globosum, pseudo-biloculatum ; séylus brevis; stigma capitatum.
Capsula ealycis inclusa, spermophoris involutis carnosis seminiferis pseudo-
quadrilocularis, irregulariter dehiscens. Semina angulata, subgyrata.
Miquerra corrurEA. Herba annua, caule carnoso, sabsimplici, mferne repente.
Folia subsessilia opposita , alterna majora , forma et magnitudine quam maxime
disparia : majora oblonga, acuta, basi oblique rotundata, inæquilatera, penni-
nervia : hic opposita minima, semilunata, stipulacea. Inflorescentia snbcorymbosa
ex axillis foliorum stüipulaceornm minorum. Flores cœruleï, obsoletè bracteati.
Hab. in humo pinguissimo sylvæ nativæ utridæ provinciarum Javæ occidenta-
hum , veluti circa montem Salak, ubi plantam hanc elegantissimam jam: ann
1821 reperi.
BOUSSINGAULT. — Sur la végétation: 257
Recuercues chimiques sur la végétation, entreprises dans le but
_d’examiner si les plantes prennent de l'azote à l'atmosphère,
Par M. BOUSSINGAULT. (1)
L’azote paraît être un élément constant des végétaux, et lon
est assez généralement porté à croire que les substances ali-
mentaires tirées du règne végétal, doivent une grande partie
de leur faculté nutritive aux principes azotés qui. s’y rencon-
trent. M. Gay-Lussac a déjà constaté la présence de l’azote dans
un très grand nombre de semences, ét les analyses que j'ai
faites pour doser cette matière dans plusieurs graines employées
comme fourrage, ont établi qu’elle y entre souvent pour une
portion assez forte. La vesce, les lentilles, les féverolles, ont
fourni 4 à 5 pour cent d'azote; la graine de trèfle, comme on
le vérra dans ce Mémoire, en contient 7 pour cent.
La présence de l'azote dans les différens organes des végétaux
est due à certaines substances azotées qui s'y trouvent répan-
dues, et qui offrent une grande analogie de composition avec
les matières d'origine animale.
Dans l'état actuel de nos connaissances sur les phénomènes
chimiques de la végétation, nous savons qu'immédiatement
après la germination, lorsque la‘plante est née de la graine,
| ses organes, en agissant sur le gaz acide carbonique qui fait
| partie de l'atmosphère, peuvent, sous certaines conditions de
| chaleur et de lumière, s’en assimiler le carbone; de plus, il est
| reconnu ‘que ces mêmes organes fixent en même temps les élé-
:mens de l’eau. | |
| - Ainsi, une graine soumise à l'action de l'air, de Veau, de la
lumière et d’une certaine température ; germera, développera
lune ‘plante qui, au moyen de ces seules ressources, pourra,
(x) Extrait des comptes rendus de l’Académie des Sciences , séance du 22 janvier 1838.
X. Boran. — Novembre, 17
258 BOUSSINGAULT. — Sur la végétalion.
sinon acquérir un développement complet, s'en approcher
beaucoup, fleurir, par exemple, et donner des indices de fruc-
tification. Durant le cours de cette végétation, la graine pro-
duira une plante qui pesera beaucoup plus que ne pesait la
graine employée, le tout étant supposé au même état de dessic-
cation. C’est une expérience qui a été faite pour la première
fois par M.-de Saussure , en faisant germer et végéter des fèves
dans le sable siliceux et arrosé avec de l’eau distillée. En sou-
mettant au même régime des semences de trèfle, j'ai obtenu un
résultat semblable; 10 de graine ont produit une récolte qui a
pesé 26.
Par l’action bien connue que les feuilles exercent sur lacide
carbonique, on comprend comment une plante peut, à l'aide
:de l'humidité et des seuls élémens contenus dans l’atmosphère,
s’accroiître et augmenter de poids. En effet, les expériences qui
ont démontré-cette action font voir que la force vitale s'exerce
d'abord sur l’oxigène, pendant la germination, et ensuite sur
le gaz acide carbonique, ‘pendant la végétation proprement
dite. Mais rien dans les recherches de ce genre n’a prouvé d’une
manière positive que l'azote de l'air fût sensiblement absorbé.
ILest vrai qu'à une époque déjà ancienne, Priestley, et après
lui {ngenhoutz, crurent reconnaitre une absorption manifeste
d'azote pendant la végétation; mais ces expériences, répétées
depuis par M. de Saussure, avec des procédés eudiométriques
plus précis ont établi que cette fixation d'azote n’a point lieu;
cet habile observateur crut même apercevoir une légère exhala-
tion de ce gaz. Les résultats de Saussure sont confirmés par
ceux plus récens de Digby, à cela près que ce dernier physiolo-
giste a prouvé que les plantes n’exhalent pas d'azote. Cepen-
dant la présence de l'azote dans les végétaux étant à l'abri de
toute objection, et l'assimilation de ce principe pendant la-vé-
gétation étant prouvée par le fait même de la multiplication:des
semences, on dut nécessairement admettre que dans les expé-
riences que j'ai rapportées, et dans lesquelles on a fait végéter
des graines germées aux dépens seuls de l'eau et de l'atmo-
sphère, la végétation s'opérait sans le secours de l'azote. Cette
opinion était fortifiée par la difficulté, je puis même dire par
-BOUSSINGAULT. — Sur la végétation. 25g
impossibilité de faire grainer une plante ayant pour alimens
uniques l’eau et l'air. On voyait effectivement que, dans ces con-
ditions défavorables de culture, la graine, qui est la partie la
plus azotée d’un végétal , n'était pas reproduite. On fut dès-lors
conduit à supposer que l'azote, originairement renferimé dans
la semence, se trouvait réparti dans l’ensemble de la plante
chétive et incomplète qui en était issue.
Dans la nature, l'accroissement d'une plante n’a pas lieu aux
dépens seuls de l’eau et de l'atmosphère : les racines qui fixent
un végétal dans le sol, y puisent aussi une portion notable de
sa nourriture ; dans les conditions ordinaires, le développement
d'une plante se fait par le concours simultané des alimens que
les racines vont chercher dans la terre, et par celui des élémens
gazeux que les feuilles enlèveut à l'air. Comme il est d’ailleurs
reconnu que la nourriture fouruie par le sol est azotée, on à,
pour cette dernière raison, considéré les engrais comme la
source principale, unique même, de l'azote qui se rencontre
dans les végétaux. Les observations de Hermbstæœdt, en mon-
trant que les céréales cultivées sous l'influence des engrais les
plus azotés, sont celles qui contiennent le plus de gluten,
.donnent une certaine force à cette manière de voir : aussi
Hermbstædt a-t-il conclu de ses recherches, que les plantes
prennent dans les engrais la totalité de leur azote.
Néanmoins, il est des faits agricoles qui tendent à faire pen-
ser que, dans plusieurs circonstances, les végétaux trouvent
dans l'atmosphère une partie de lazote qui concourt à leur
organisation ; mais pour bien saisir la valeur de ces faits, il con-
vient de discuter d’une manière générale la nature de l'aliment
répandu dans le sol, et qui est recueilli par les racines. Laissant
de côté toutes les idées hasardées sur l'influence des terres dans
la végétation, je considérerai, avec Thaer, le fumier ou le ter-
reau quien dérive, comme l'agent qui contribue le plus effica-
cement à la formation des plantes, et j'admettrai que la force
de végétation est déterminée par la proportion de sucs nourri-
ciers qui se rencontrent dans le terrain ; entendant par sucs
nourriciers cette partie du terreau susceptible d'être absorbée
par les suçoirs des racinés, celle en un mot qui, toujours sui-
, ei
260 BOUSSINGAULT. — Sur la végétation .
yant le grand agriculteur que je viens de nommer, constitue la
fécondité, la fertilité du sol.
Par les récoltes, le sol se trouve généralement épuisé , sa fer-
lité diminue; mais cette diminution est loin d’être la même
pour toutes les cultures. Les plantes vivant aux dépens de l'air
et du terrain, on concoit que celles qui puisent largement dans
l’atmosphère épuiseront d'autant moins le sol; on conçoit en-
core que les récoltes totales , absolues comme celles des tuber-
cules, de la garance , l’'épuisent au plus haut degré. Les récoltes,
au contraire, qui laissent des racines dans le sol et des fanes
sur le terrain, seront beaucoup moins appauvrissantes, puisque,
par des labours subséquens, les parties abandonnées devien-
dront de véritables engrais. Au reste, à parité de circonstances,
les récoltes possèdent des propriétés épuisantes très variées.
Thaer, qui a constamment cherché à introduire dans la science
agricole une précision qui y était inconnue avant lui, a essayé
d'exprimer par des nombres la puissance épuisante des diffé-
rentes cultures. Sans présenter ici les rapports numériques
qu'il a déduits de ses longues observations, rapports qui cesse-
raient peut-être d'être vrais pour des conditions météorolo-
giques différentes, je mentionnerai le résultat général auquel il
est arrivé ,'et c’est que les plantes les plus nourrissantes, celles
qui, sous un poids donné, peuvent nourrir le plus grand
nombre d'animaux, sont précisément celles dont la culture
épuise davantage le sol.
Or, Thaer pose en principe que les engrais les plus actifs,
ceux qui procurent aux terrains la plus grande fertilité, sont
aussi ceux qui contiennent la plus forte dose de substances ani-
malisées. D'un autre côté, J'ai fait vor, dans mon premier Mé-
moire sur les fourrages, que ceux-là sont les plus nutritifs, qui
renferment le plus d'azote. En combinant ces deux résultats, on
trouve que les cultures qui exhument du sol la plus grande
quantité d’azote, sont en même temps celles qui l'appauvrissent
ie plus.
Ceci rend donc probable que, pendant l'épuisement du sol,
l’action épuisante s'exerce principalement sur la matière azotée
qui fait partie des sucs nourriciers, et que, pour restituer à la
BOUSSINGAULT. — Sur la vésétation. 26t
terre le degré de fertilité qu'elle possédait avant la culture , il
faut y brodé par les fumiers une quantité équivalente de
cette même matière azotée.
Mais si les cultures épuisent ones le sol, il en est
aussi qui le rendent plus fécond : celle du trèfle, par exemple,
est dans ce cas. Il parait qu’en laissant ses racines dans le ter-
rain, et en y enfouissant, comme cela se pratique communé-
ment, la dernière pousse, on rend au sol une quantité de ma-
tière organique plus forte que celle à la formation de laquelle
il a contribué , et qu’on a enlevée comme fourrage ; ainsi, tout
compte fait, le sol a recu de l'atmosphère plus qu'il n’a fourni
à la plante récoltée.
Toute récolte verte enfouie dans le sot l’enrichit. La quantité
de matière organique introduite par la semence est si minime,
qu'on peut toutà-fait la négliger, et l'effet utile de cette pra-
tique est évidemment produit par l'introduction dans le sol des
‘élémens que la plante a soustraits à l'atmosphère.
J'ai ditque les physiologistes ont reconnu que les plantes ne
prennent pas d'azote à l'atmosphère. Cependant, d’après les.
idées que j'ä exposées sur le principe efficace des engrais, on
conçoit difficilement comment le sol, en recevant seulement de
la matière organique non azoôtée, puisse acquérir une fécondité:
telle que celle que lui communique la culture des plantes amé-
liorantes, fécondité qui permet de faire une récolte abondante
de végétaux alimentaires, et par conséquent riches en azote. Il
y a donc lieu de croire que les cultures améliorantes, l’enfouis-
sage en vert, les jachères, ne se bornent pas, comme semblent
l'indiquer les expériences des physiologistes, à faire entrer dans
le sol du carbone, de l'hydrogène et de loxigène , mais encore
de l'azote.
Tels sont les faits agricoles qui, dans mon opinion, rendent
vraisemblable que les parties vertes des plantes sont aptes à
s'assimiler l’azote de l’atmosphère. Dans plusieurs établissemens
agricoles , c’est réellement à l’atmosphère que lagriculteur em-
prunte les prineipes fécondans qu'il répand sur son terrain. Je
né prétends pas parler ici de cultures situées dans des condi-
tions très favorables sans doute, mais que l’on doit considérer
262 BOUSSINGAULT. — Sur la végetation.
comme exceptionnelles : tels sont les établissemens qui peuvent
disposer des immondices des grandes villes, etc. Je considère
maintenant une industrie agricole isolée et réduite à fabriquer
ses engrais à l’aide de ses propres ressources; encore faut-il
établir une distinction, et supposer une localité telle qu'il
n'existe pas même de prairies naturelles irrigables, car, par les
inondations, les prairies reçoivent de la matière organique étran-
gère. Je prendrai pour exemple une ferme consacrée à la cul-
ture des céréales , possédant par conséquent un nombre assez
Himité de bestiaux ; on connaît par expérience la quantité d’en-
grais indispensable, ainsi que le rapport qui doit exister entre
la surface cultivée en fourrage et celle destinée à la culture
du produit marchand. Je suppose l'établissement tout formé.
Chaque année on exportera du froment, du caséum, quelques
pièces de bétail. Ainsi il y aura exportation constante de pro-
duits azotés sans qu'il y ait une importation appréciable de la
même matière. Cependant la fertilité du sol ne s’affaiblira pas.
On voit que dans de semblables conditions , la matière orga-
nique continuellement exportée sera remplacée par la culture
des plantes améliorantes , ou par les jachères, et l'art de lagri-
culteur consiste à adopter l'assolement qui favorise le mieux et
le plus promptement possible la transition des élémens de l’at-
mosphère dans le soi.
En résumant les faits favorables ou contraires à l’idée que les
plantes prennent de lazote à l’atmosphère, on voit que lon
peut considérer la question comme indécise , et c’est dans l’es-
poir de la résoudre que j'ai entrepris les expériences qui font
le sujet de ce Mémoire.
J'emploie l'analyse, je compare la composition des semences
à la composition des récoltes obtenues aux dépens seuls de l'eau
et de Pair. Bien que les recherches dont je me suis occupé aient
été spécialement entreprises dans le but d'examiner la question
de l'azote, elles déterminent encore avec précision les élémens
perdus ou acquis par les graines de trefle et de froment, pen-
dant leur germination et leur végétation. J'étudie d’abord la ger-
mination du trèfle ; je nomme premiere période de la germina-
BOUSSINGAULT. — Sur la végétation. 363
tion l’époque à laquelle les radicules sont développées ; la se-
conde période est l'époque ou les feuilles séminales sont formées.
PREMIÈRE PÉRIODE.
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote..
28,893 de graine, contenant. .. : . . . . . . 1,222 0,144 0,866 0,173
ont donné , graine-germée, 28,241, contenant. 1,154 0,141 0,767 0,178
Différences. . . . . . — 0,068 — 0,003 — 0,099 + 0,005.
DEUXIÈME PÉRIODE.
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azole.
28,074 de graines, contenant. . . . . . . . - 1,054 0,124 0,747 0,149
ont donné , graine germée, ï,727, contenant, :.. 0,817 0,104: 06,656 0,150.
Différences. ... . . . — 0,237 =- 0,020 — 0,091 + 0,001
L'analyse indique que pendant la première période de sa ger-
mination, le trefle a éprouvé une perte totale de 0,068. Sa perte
consiste en carbone et en oxigène ; le poids de l’oxigène perdu:
est beaucoup plus fort que celui du carbone; la perte en hy-
drogène ét le gain en azote sont assez faiblés pour se trouver
compris dans les erreurs possibles de l'analyse.
Durant la deuxième période de germination , le trèfle a éga-
lement perdu du carbone et de l’oxigène; mais ici la perte en
carbone surpasse ceile en oxigène. De plus, l'analyse montre
une perte non équivoque en hydrogène. On retrouve dans la
graine germée l'azote qui. existait dans le trefle avant la ger-
mination.… ENT
La. perte totale s’est élevée à 0,117.
La germination du froment présente à l'analyse de. résultats
semblables. à
Je désigne par première période l’époque de apparition des
radicules.
par deuxième période l’époque à laquelle les jeunes
tiges ont la longueur du
grain.
26/4 BOUSSINGAULT. — Sur lu végétation.
“par troisième période celle à laquelle les partés
vertes dominent dans la
graine germée : les tiges
avaient alors une longueur
de 3 à 5 centimètres.
PREMIÈRE PÉRIODE. — Le froment à perdu 0,028 pendant sa germination.
* Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.
28,429 de froment, contenant... ....... RARE 1,132 O,141I 1,073 0,083
ont produit froment germé, contenant. sise slt VISLTE 0,139 1,026 0,087
Différences. .…...«°.. — 0,021 — 0,002 — 0,047 —- 0,004
DEUXIÈME PÉRIODE. — Le froment a perdu 0,034 en germant.
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.
26,130 de froment, contenant... ,...4.... 0,993 0,124 0,940 0,073
ont produit froment germé, contenant. ....... 0,938 0,121 0,929 0,075
; E——— nn 2 mn
Différences... ...... — 0,061 — 0,003 — 0,011 “- 0,002
TROISIÈME PÉRIODE. — Le froment a perdu 0,16 en germant...
Carbone. Hydrogène, Oxigène. Azote.
aër.,075 de froment, contenant... ........ 0,945 0,117 0,895 ‘0,070
ont produit froment germé, 1,704, contenant. .…. o 04 0 104), 0,723 |} ‘0,07a
Différences. 44/24 4 — 0 pe — 0018: — 0,172 ie 0,002
Ces résultats généraux ; sur là germination ,-auxquels on est
conduit par l'analyse, différent, comme on peut le voir, de ceux
obtenus antérieurement, -en se bornant à étudier Paction des
graines germantes sur l’air atmosphérique.
La méthode manométrique employée jusqu’à ce jour 4 sans
doute un grand avantage que n’a pas l'analyse : c'est de consta-
ter directement les produits gazeux qui peuvent se développer
pendant la végétation. C’est là la limite de son pouvoir. Les
substances qui s'échappent sous un! tout autre état ne sont plus
perceptibles par cette méthode,
De son côté, l'analyse dernière est impuissante pour nous
BOUSSINGAULT. — Sur la végétation. 265
révéler la nature particulière des produits qui prennent nais-
sance pendant la vie végétale, mais elle nous fait connaître avec
précision les élémens bruts qui sont acquis, ou éliminés, quel
que soit d’ailleurs l'état sous lequel ils abandonnent la plante
ou viennent s’y fixer.
Dans les premières périodes de la germination, par exemple,
la méthode manométrique prouve qu’il se forme toujours, aux
dépens de l'air, du gaz acide carbonique ; quelquefois élle indi-
que aussi une absorption d’oxigène. On en a conclu que, dans
cette circonstance, la graine perd du carbone: c’est ce que con-
fivme l’analyse, mäis de plus elle accuse une perte en oxigène,
et elle montre que cet oxigène ne se dissipe pas entièrement à
l’état de l’eau. Il devient alors très probable que c’est unie au
carbone, en formant avec les élémens de l’eau un composé non
gazeux, qu'une partie de cet oxigène se sépare de la graine.
M. Becquerel admet qu'il y a toujours formation d’acide acé-
tique, lors de la germination. J'ai constaté le fait de l'acidité en
faisant germer des semences sur une feuille de papier de tour-
nesol. En reconnaissant avec ce savant physicien que l'acidité
est due à de lacide acétique, il.est. évident, qu’alors, et par le
seul fait de son apparition, une graine peut perdre en germant
une partie de son carbone , autrement qu’en formant de l'acide
carbonique avec l’oxigène de Pair; et, dans cette occurrence,
il est probable que l’oxigène appartenant à la séménte , entre
pour'quelque chose dans la composition de l'acide organique
formé.
Les élémens de la graine qui concourent à la production de
cet acide ne sauraient être appréciés par les moyens eudiomé-
triques , et l’on peut en dire autant de tous les produits non ga-
zeux ; mais qui, volatiles comme l'acide acétique, peuvent se
dissiper à l'état de vapeur pendant la dessiccation de la graine
germée. |
Cultures dans un sol privé d'engrais.
Les graines ont été cultivés dans du sable siliceux, préalable-
ment chauffé au rouge, pour détruire toute trace de matière
organique. Les plantes ont été arrosées avec de: l'eau distillée.
266 BOUSSINGAULT. — Sur la végètlalion.
Ztésuliat de la culture du trèfle pendant deux mois ( septembre et octobre ).
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.
16,539 de grains, contenant. .......,:... 0,778 0,092 0,552 0,110:
ont donné une récolte pesant 1,649, contenant... 1,298: 0,146 0,982 0,120
Différences. «..,... + 0,500 + 0,054 + 0,430 + o,oro
Ainsi, pendantune culture de deux mois, le trèfle paraît avoir
un gain en azote ; la quantité d'azote trouvée en excès semble
assez forte pour ne pas l’attribuer à une erreur ordinaire d’a-
nalyse. La graine, ou plus exactement la plante qui én est issue,
a pris à l'air et à l’eau, du carbone, de l’oxigène et de l'hydro-
gène. Il est à remarquer que le rapport dans lequel se trouvent
ces deux derniers élémens est précisément celui dans lequel ils.
constituent l'eau.
Culture du trèfle pendant trois mois (août, septembre, octobre).
Carbone. Hydrogène Oxigène. : Azote.
18".,586 de grains , contenant. .....s.seee 0,806 0,095 0,571 0,114
ont produit une récolte pesant 4,106, contenant. ‘2,082 0,271 1,597 0,156
Différences. ....... + 1,296 — 0,17 — 1,026 + 0,042
Je passe maintenant aux objections que l’on peut élever sur
l'exactitude de la méthode que j'ai suivie.
Une critique sérieuse et qui a été faite toutes les fois que lon
a voulu fixer le poids des élémens que les végétanx empruntent
à l’eau et à l’atmosphère, est celle qui attribue une partie des
élémens acquis par. la plante aux poussières qui voltigent conti-
nuellement dans l'air. On ne peut nier la présence de ces pous-
sières , et l'or peut soutenir qu’elles interviennent en agissant
jusqu’à un certain point, comme le ferait un engrais; et comme
il n'est pas douteux qu’une partie de ces poussières ne soient
d’origine animale , on doit supposer, jusqu’à démonstration du
contraire, qu’elles ont fourni à la plante l’azote qu’elle s'est ap-
proprié pendant la végétation.
Pour léver tout scrupule à cet égard, j'ai fait germer et végé-
ter du trèfle dans un appareil qui met la plante complètement à
®
BOUSSINGAUTT. — Sur la végétation. 267
l'abri des poussières qui sont tenues en suspension dans l’atmo-
sphère, appareil qui peut offrir différens avantages dans les re-
cherches chimiques sur la végétation :les résultats obtenus sont
conformes à ceux déjà mentionnés.
Au reste, les observations faites sur la culture du froment
leveront toutes les objections qui auraient pour base l’interven-
tion des poussières, car je vais montrer que le froment cultivé
exactement dans les mêmes circonstances que le trèfle, pendant
le même temps, dans le même lieu, n’a pas absorbé une quan-
tité d’azoté appréciable par l'analyse; si l’on admet que les pous-
siéres de l'air aient contribué à porter de Pazote dans les récoltes
de trèfle, il tombe sous le sens qu’elles auraient du agir égale-
ment sur les récoltes dé froment,
Culture du froment pendant deux mois (septembre , octobre ).
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.
181:,9%4 dé froment, contenant. : ;.,4,,.,..: 6,580 0,072 0,549 0,04 3
ont produit üne récolte pesant 1,819, contenant. (WDOr, 03116 0,762 0,040
. Différences. . .,:,.::. = 0,307 + 0,044 —- 0,213 + 0,003
Culture du .froment péndant érois mots.
Carbone, Hydrogène, Oxigène. Azote.
18,644 de froment, contenont. sensor) 0,767 0,095, 0,725 , 0,057
La EE a pesé 3,022, centenant. oies 1,450 0,173 0,333 0,060
=
Différences. » » . « . . “+ 0,689 “re 0,078 — 0,608 + 0,005
En résumant les faits contenus dans ce mémoire, on trouve :
1e Qu'en germant , le trèfle et le froment ne gagnent ni ne
perdent d'azote ;
2° Que pendant la germination, ces graines perdent du car-
bone , de l'hydrogène et de l’oxigène; et que la quantité de
chacun de ces élémens, ainsi que le, rapport suivant lequel les
pertes ont lieu , varient aux différentes phases de la germina-
tion ;
3° Que durant la culture du trèfle, dans un sol absolument
Ca
263 C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes.
privé d'engrais, et sous la seule influence de l'eau et de Fair,
cette plante prend du carbone, de l'hydrogène , de l’oxigène et
une quantité d'azote appréciable par l'analyse;
4° Que le froment cultivé exactement dans les mêmes condi-
tions, emprunte également à l’eau et à l'air du carbone, de l'hy-
drogène et de l’oxigène; mais qu'après une culture de trois
mois, l’analyse n’a pu constater un gain ou une perte en azote.
CRYPTOGAMES ALGÉRIENNES, Ou plantes cellulaires recueillies
par M. RousseL aux environs d'Alger, et publiées
Par le Docteur CAMILLE MONTAGNE.
Dans un travail de M. Steinheil ayant pour titre : Matériaux
pour servir à la Flore de Barbarie (1) , nous avons déjà fait con-
naître un assez bon nombre d'espèces de plantes cellulaires re-
cueillies à Bone par ce botaniste. Nous nous proposons de con-
tinuer aujourd'hui cette énumération, en donnant la liste de
toutes les espèces de plantes cryptogames que M. Roussel, na-
guère pharmacien en chef de l’armée d'Afrique, a trouvées sur
le littoral et aux environs d’Alger pendant un séjour de deux
années qu'il a fait dans cette ville. On verra que M. Roussel,
par des observations et des découvertes d’un grand intérêt, a
su faire tourner au profit de la science les courts instans de loisir
que lui laissaient les détails d’un service important. En effet,
dans le nombre assez Brant des plantes cellulaires she nous
devons à son zèle éclairé ,il s’en trouve de fort rares qu’on n’a-
vait point encore rencontrées dans la Méditerranée. D’autres,
en petit nombre, sont entièrement nouvelles et seront décrites
ici pour la première fois. Quelques-unes, enfin, montrent, par
une identité parfaite, la grande analogie qui existe entre la vé-
(1) Voy. Ann, des Sc. nat, 2° sér. Bot. Tom. 1. p. 282.
CG. MONTAGNE. — Cryptogamnes algériennes. 269
. gétation sous-marine d'Alger et celle de Cadix, et fournissent
de nouvelles données à la géographie comparée des Algues.
Grâce aux laborieuses investigations de M. Roussel, la Méditer-
ranée, qu'on avait cru , qu’on avait dit jusqu'ici ne posséder que
deux Laminaires, les L. debilis et brevipes , vient de s'enrichir
de trois autres espèces, les L. reniformis, elliptica et purpuras-
cens'Ag. Cette dernière, il est vrai, avait été récemment trouvée
à Marseille par M. J. Agardh et à Malaga par notre savant ami
M. Webb. Plusieurs Halymenies nouvelles, un Dasya fort élégant
chargé de fructifications, et un nouveau Plagiochasma que
notre intention est de figurer, donnent beaucoup de prix à
cette collection cryptogamique. Nous allons tâcher de la faire
connaître du mieux qu'il nous sera possible.
ALGÆ , Roth.
1. Oscillaria limosa Ag.
2. Calothrix fasciculata Ag.
3. Bangia atro-purpurea Ag.
4. Mesogloja vermicularis Ag.
5. Zygnema deciminum Ag.
6. Conferva ærea Dillw.
7 — Linum L.
8. — proliferalL.
9. — glomerataL.
10. — distans Ag. Cum icone Dillwÿniana à cel. Agardhio citstà om-
pino congruens.
11. Callithamnion plumula Lyngb. Ad alias Algas parasitans.
12. Ceramium rubrum Ag.
19° — diaphanum Roth. ad Polysiphoniam fœniculaceam.
14. — ciliatum Ducluz.
15. Griffithsia corallina Ag.
16. Dasya arbuscula Ag.
17. Dasya ornithorhyncha Montag. ms. : fronde compresso-planä, bipin-
natim ramosà, ramis vagis ramellos emittentibus laterales alternos in fila articu-
lata solutos; stichidiis ovoideo-coracoideis , pl. 8.
Has. Ad oras Africæ borealis prope Algerium inter rejectamenta maris Medi-
\terranerinvyenit cl. Roussel.
Dsscr. Cæspes ex individuis plurimis intricatis constans. Æyons compresso-
270 C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes.
plana, continua, uncialis et ultra, semilineam lata, altitudine feré sex linearum
indivisa, demüm bipinnata, pinnis longis patentibus pinnulisque suberectis ju-
gamento primario lineari homogeneis vagis aut suboppositis, per totam longitu-
dinem ramellos emittentibus alternos brevissimos, sinu rotundato sejunctos , tan-
dem in fila tenuissima penicilliformia semel vel bis statim ab origine dichotoma,
articulata, articulis basi et apice diametrum æquantibus, reliquis seu medüs du-
pl triplove eumdem superantibus, solutos. Fructus: süchidia s. receptacula bina,
rar :solitaria aut terna inter primam ramellorum bifurcationem sita, ovoidea
apice incurva rostelli ad instar (unude nomen specificum traxi) brevissimè pedi-
cellata quandoque subsessilia, sibi invicem concavâ parte opposita, limbo hyah-
no cincta, globulis oblongis aut sphæricis serie quaternä transversim dispositis
farcta. Betis areolæ totius frondis et ramellorum minutissimæ penta-hexagonæ
vel irregulariter subrotundæ , quales in totà serie Floridearum continuarum ob-
servantur, et de suà Dasyé plané cel. Agardh prædicat, nec, ut in hoc genere
solenne est, lineares. Frons mollis, delicata, è cellulis hyalinis centralibus et
aliis coloratis utjam diximus, subrotundis illas ambientibus composita est. Sub-
stantia membranaceo-gelatinosa. Color purpureus, in globulis stichidiorum sa-
turior , ad basim frondis in atro-sanguineum vergens. Chartæ et vitro adhæret.
Species, si alia , insignis et genuina.
Os. Cette espèce est voisine sans doute du Dasya plana,
puisque comme lui elle a le réseau de sa fronde composé de cel-
lules colorées arrondies et non linéaires. Nous ne connaissons
le Dasya plana d'Agardh que par la description qu’il en donne
dans le second voiume de son Species _{lgarum , description
au reste qui, bien qu'incomplète, puisqu'il n’y est point fait men-
tion de la fructification, convient pourtant sous plusieurs rap-
ports à notre Dasya ornithorhyncha.
Si nous consultons ce que dit M. Duby de ce Dasya plana, et
surtout la figure analytique qu’il en a donnée à la fig. 3 de la
pl. 11 de son second mémoire sur les Ceramiées, nous nous
confirmons encore davantage dans l’idée que l'espèce algérienne
diffère de celle de Trieste. Toutefois la figure citée de M. Duby
ne pouvait lever les doutes qui doivent toujours naître du défaut
d'échantillons authentiques, car elle représente le réseau de la
frondle composé de cellules linéaires et les ramules articulés dès
leur naissance, caractères qui s'accordent peu avec les termes
de la description d’Agardh. En effet, ce savant dit positivement
que le réseau de la fronde et de l'origine des ramules du Dasya
plana ; est composé de cellules arrondies.
C. MONTAGNE. — Cryptogames alsériennes. 271
Ces doutes et notre incertitude sur la légitimité de la charmante
espèce que nous venons de décrire, un habile algologue est fort
heureusement venu les faire cesser. M. Chauvin, connu par sa
belle publication des 4lgues normandes, nous a assuré avoir vu
des échantillons authentiques du Dasya plana et que la plante
d'Alger lui en paraissait tout-à-fait différente et absolument
nouvelle.
Afin de compléter ce qui reste à dire sur la fructification,
nous ajouterons ce qui suit : Elle se compose, ainsi que nous
l'avons déjà dit dans notre description, de deux corps ovoides
acuminés en forme de bec obtus recourbé et portés sur un pe-
dicelle qui acquiert rarement plus d’un dixième de millimètre
de longueur. L'un de ces réceptacles, ordinairement plus déve-
loppé que lantre, est souveut sessile à la base du pédicelle ; ses
dimensions sont une longueur, d'un tiers de millimètre sur
une largeur d'un peu plus d’un dixième de millimètre.
Le second, sensiblement plüs-petit , mais égalant pourtant
quelquefois le premier en volume, termine le pédicelle. On en
rencontre parfois, mais fort rarement , un troisième qui n’a pas
plus du tiers de la grandeur des deux autres. Ces organes, qui
correspondent à ce que M. Agardh nomme des stichidies, sont
placés dans la première bifurcation du rameau avant sa division
en filamens articulés , et fixés en dehors de la division interne
au-dessus du sinus arrondi que forme la bifurcation en question.
1ls sont remplis de granules sphériques ou oblongs, d’un rouge
pourpre et disposés quatre par quatre en séries transversales et
longitudinales. Le volumede ces grains ou gongyles diminue de
la base au sommet de la stichidie.
Nous avons dit que les deux stichidies se regardaient le plus
souvent par leur côté concave, mais le contraire s'observe aussi.
| On peut les considérer comme le résultat de la soudure de quatre
filimens articulés, dont le développement des articles, arrêté
dans le sens longitudinal , se serait fait surtout dans le sens
| transversal.
De là, les gongyles, qui représentent la matière colorante des
articles, disposés en séries quaternaires dans le sens transversal}.
Nota. Ceci était écrit quand M. Duby nous informa par une
272 c. MONTAGNE. —. Cryptogames algériennes.
lettre en date du 14 décembre qu'il avait en effet été induit en
erreur dans la détermination de son Dasyaplana, et que l’Algue
qu'il a décrite sous ce nom dansle second mémoire sur les Cera-
miées, ayant été vue depuis par M. J. Agardh, ce jeune savant
lui avait affirmé que c'était une espèce nouvelle et point du tout
celle que son père avait publiée sous cette dénomination dans
le Species Algarum.
18. Polysiphonia secunda var. adunca “Ag. — Montag. Hist. civ. polit. et
nat. de l'île de Cuba, Plant, cell. PI. 5; fig. 2. *
Oss. Nous avions déjà observé à Collioure, en Roussillon, des
individus appartenans à cette variété. Ceux d'Alger étaient
mélangés avec le Dasya arbuscula, le Sphacelaria scoparia et
quelques filamens du Bangia atro-purpurea. Le type de cette
espèce n'est pas rare dans la Méditerranée; je l'ai recu de
Marseille, de Gênes et de Maguelone. J'ai aussi observé la va-
riété adunca rampante sur les feuilles d’un Sargassum vulgare
provenant de Cuba.
19. Polysiphonia fruticulosa Duby.
20. — fucoides Grey.
21. — fæniculacea Spreng.
22. Rytiphlæa tinctoria Ag.
23. Sphacelaria scoparia Ag.
24 :— Jilicina Ag.
25. Cladostephus myriophyllum Ag.
26. Vaucheria Dillwynii Ag. In fossés humidis.
DT. dichotoma DC.
28. Bryopsis Balbisiana Lamour.
29. Codium tomentosurm Ag.
30: — adhærens Ag.
31. — Bursa Ag.
32. Flabellaria Desfontainii Lamour.
33. Valonia utricularis Ag.
34. Enteromorpha Bertoloni Nob. E. intestinalis Lk. Ex Greville.
35. Ulva Lactuca L.
36. — fasciata!! Delile. Egypt. t. 58. In rupibus marinis ad orientem
Juliæ Cæsareæ sitis.
37. — rigida Ag.
38. Chondria (Laurencia) fastigiata Montag., ms. : frondibus cæspitosis sub-
C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes. 293
gelatinosis teretibus parcè ramosis , ramis vagis fastigiatis ramulos (ramenta) bre-
vissimos apice incrassato pertusos ferentibus.
Has. Ad rupes submarinas propè urbem Algerium.
Dsscr. Frondes ag ggregatæ Cote parvulum fastigiatum efficientes , polli-
cares, crassitie pennæ corvinæ , Statim à basi ramosæ, ramis flexuosis erectis sub-
Par simulque sæplus concrelis. ARarmni undique vestiti ramentis brevibus,
appressis ; ad apicem incrassatis. Color è sordidè viridi-lurido ad luteo-brunneum
exsiccatione vergens: Substantia gelatinoso- cartilaginea. Fructus, modo sit verus
granula minuta in apice ramentorum pertuso collecta, et per foraminulum tan-
dem egredientia.
Cum nul'â specie mihi cognità comparanda videtur genuina species.
Os. On ne confondra jamais cette espèce, quand une fois
on Vaura.vue, nt avec le Chondra obtusa var. Delilii Ag. dont
elle n’est voisine que par les termes de sa définition, ni avec le
C. papillosa dont la ramification, le port et tous les autres ca-
ractères sont si différens. Si l’on excepte la grandeur, elle à quel-
que ressemblance avec la fig.1,tab. 59 de la première Genturie de
Buxbaum.
39. Chondria (Laurencia) pinnutifida, Var. ängusta Ag:
4o. — — — var. Osmunda Ag.
41. — — oblusa As.
42. — — dasyphylla Ag. s
43. — Ga (Gastridium) £aliformis As.
44. — — uvaria Âg.
45. Halymenia rentformis Ag.
+ 46. Halyinenia marginata Roussel, in litt. : fronde membranacco-coriaceà
oblongä vel A margine subtiliter incrassato affixâ.
Has. ad Milleporas et Polyparios varios in littore Algeriensi propé Urbem
Juliam Cæsaream crescit.
Drscr. Hadix: Scutom parvulum ad vel prope marginem collocatum. Fons
orbicularis oblongave plana , toto margine subtiliter incrassato undulata, 4-11
| poll. longa, 4-7 poll. lata , junior membranaceo: coriacea demüm coriaceo-car-
nosa. Fructus : granula minuta sparsa aut congesta ad superficiem frondis pro-
| minenüa, quorum lapsu foramipibus pluribus variæ latitudinis frons passim
| perforata remanet. Substantiu coriaceo-carnosa huic A. edulis omnind similis.
Color etiam in omni ætate intensè puniceus ex cl. Roussel, exsiccatæ autem pur-
puréo-sanguineus. 1e
X Boran, — Novembre, 18
274 C. MONTAGNE — Crypiogames algériennes.
Os. M. Roussel qui a observé plusieurs fois cette Algue ir
Loco natali, prétend et m’assure qu'elle est distincte de toutes
ses congénères non-seulement par sa forme et sa manière de
croître, mais encore par un petit bord saillant qui règne dans
toute l’étendue de sa circonférence. Quant à moi,Je n'ose me
charger de la responsabilité de cette espèce , persuadé que ce
rebord , qu'on retrouve dans une foule d’autres espèces du
méme genre ; dépend de l'organisation de la fronde et ne peut
fournir un bon caractère diagnostique.
Si l’on me demandait à quelle espèce connue je pencherais à
rapporter l'Algue dont il est ici question , j'indiquerais, avec
doute cependant, la variélé B media de VI. edulis Ag. Species
Algarum tom. 1. p. 203, qui a été trouvée aussi dans la Médi-
terranée, à Malaga. Tout ce que je puis affirmer, c’est que la
structure de la fronde est celle que décrit le célèbre algologue
de Lund.
47. Halymenia ligulata var. Ag.
48. Halymenia atgeriensis Montag. ms. : fronde tubulosà, membranaccà,
iripinnatà, pinnis suboppositis, ultimisattenuato-obtusis. PL. 9, fig. 2.
Has. Ad littora Africæ borealis propè Algerium hancce speciem rejectam in-
venit cl. Roussel.
Descr. Jiadix scutum parvulum. Ærons tripollicaris-spithamea, 2-3 poll.
lata, idcired circumscriptione ovata, tubulosa, è jugamento latitudine quadrili-
neari tripinnatim divisa. Pinnæ sensim angustiores, primariæ secundariæque sub-
uppositæ patentes seu cum jugamentis angulum fere rectum efformantes, sinu
rotundato , tertiæ tandem subattenuatæ apice obtusæ. Color lilacino-roseus, ex-
siccatæ sordidè purpurescens. Substantia membranacea. Fructns.. deest in meo
spécimine nec præsens, ul nunc maximè memini, inillis quæ inventori supersunt.
An eadem cum 7. pinnulatä Ag.? in Bot. Zeit. phrasi insignità non autem de-
scriptà.
O»s. Qu'on se figure des échantillons d’Halymenia ventricosa
régulièrement tripinnés au lieu d’être irrégulièrement rameux-
dichotomes, et l’on se fera une juste idée de cette espèce. Je
suis d'autant plus fondé à la regarder corame légitime, que tous
les individus recueillis par M. Roussel offrent le même carac-
tère. Ainsi, d'un côté, facies et organisation de l'AÆ.ventricosa, de
l'autre, ramification de VA. floresia, moins ses innombrables dé-
chiquetures, telle est la diagnose de cette Algue’très remarquable.
|
Î
C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes. 273
49. Halymenia furcellata Ag.
:50.. Halyÿmenia Monardiana , Montag,, ms.: fronde coriaceä planä dichoto-=
ma, segmentis dilatatis, axillis rotundatis, ultimis ceranoideis attenuatis sRAQUE
ii
H. mesenteriformis Monard, ined. ex cl. Roussel.
Has. Ad oras Africæ borealis propé Juliam-Cæsaream hanc algam gemini fra-
tres DD. Monard , posteà cl.. Roussel rejectam legerunt,
Descr. Radix scutata. Frondes aggregatæ è basiplana 2-3 lin. lata mox in la-
minam..expansæ, semiorbicularem, digitalem-spithamæam. crebrè : dichotomäm ,
axillis rotundatis. Segmenta cuneata dilatata demüm in Jacinias irregulares atte-
nuatas vel quandoque spathulatas divisa. Fructus : puncta minima in segmentis di-
latatis sparsa, hinc magis prominentia et glomerulos seminum minutorum globo-
sorum purpureo-violaceorum in ætate tenerà limbo hyalino cinctorum includen-
tia. Color purpureus in lurido-viridem vergens. Substantia in exemplaribus ex-
siccatis chartam pergamenam satis refert. Chartæ Jaxe tantum vel non adhæret.
Unicum vidi individuum , forsan ; jus frende orbiculari umbilicatà in-
signe. ri
Os. Je ne saurais donner une idée plus nette de cette Haly-
ménie qu'en la comparant à certains individus du Sphærococcus
crispus Ag., Chondrus polymorphus Lamour. (1). Si M. Roussel
ne m'avait montré tous les passages entre les grands échantil-
lons que l’âge décolore et rend comme cartilagineux, et les plus
petits, qui sont d'un pourpre foncé et plus minces, quoique
charnus aussi , 1e n'aurais jamais pu croire qu'ils appartinssent
à une seule et même espèce.
La structure est celle du genre, c'est-à-dire qu elle consiste
en deux lames réünies par un tissu cellulaire plus lâche dans
lequel se forment les glomérules des gongyles. Ceux-ci se déve-
loppent à Alger en novembre.
Les échantillons de cette Algue, que j'ai trouvés dans une
collection appartenant à M. Boivin, ne different dé ceux col-
ligés par M: Roussel qu'en ce que les extrémités des laciniures
extrêmes, au’ lieu d'être acuminées, se terminent au contraire
(t) Voy. Lamouroux , Dissertaf, sur plusieurs espèces de Fucus; ete, Là figure 35 de la plan-
che 16 représente assez bien le port de quelques-uns de nos échantillons, On remarquera
seulement que dans notre Algue la dichotomie commence dès Ja base qui est plane et non fili-
forme.
18,
276 C. MONTAGNE. — Crypiogames algériennes.
par une dilatation en forme de raquette ou de spatule. L'un
d'eux, qui paraissait jeune, offrait une autre particularité : la
fronde, attachée par le centre comme dans mon Halymenia
depressa (1) (Halychrysis depressa Schoush. imed.), ne se divi-
sait en lanières dichotomes qu'à quelque distance du centre.
J'ai cru devoir noter ces anomalies, pour compléter autant que
possible l'histoire de l'espèce. M. Roussel me dit que le point
d'attache est presque toujours ombiliqué près du bord, de ma-
nière à paraître marginal.
En faisant hommage de cette espèce à MM. Monard, méde-
-cins de Farmée d'Afrique, je paie un juste tribut à leur zèle pour
‘la science qu'ils ont enrichie de découvertes aussi importantes
-que nombreuses.
51.-Sphærococcus (Phyllophora) Lactuca Ag.
52. — — seminervis!!\ Ag.
53. _— — nervosus Ag.
54. _—_ (Chondrus) ÆZeredia Ag.
65. = — repens Ag. Fucus furcatus Esp.tab. 095.
fig.infer.
56. — — norvegicus Âg.
57. _ (Gelidium) pectinatus Montag. ined. — S. corneus,
var. « pristoides Ag.— T'eledæma pecti-
natum Schousb. ms.
58. _ — corneus Var. € piinatus Ag. — Tucus hyp-
59. — — noëdes Desfont. coronopifolius Ag.
‘60. — (Rhodymenia) ciliatus Ag.
61. — — verruculosus Ag.
G2. — Et bifdus Ag.
63. — ( Gigartina) oigartinus Ag.
64. — — divergens Ag.
‘65. — ue Griffithsiæ Ag. var nanus Nob.
‘Ogs. Cétte variété, que M. Roussel a enlevée aux rochers
sous-marins des environs d'Alger, en les ràclant avec un cou-
eau, n’a pas plus de deux lignes de hauteur. Comme les échan-
tillons sont bien fructifiés, nous avons facilement reconnu
cette Algue que ses nemathèces empécheront toujours.de con-
(1) Voy. PI rar. Hisp. el Lusit. auct. Webb. Pentas secundas
|
N y " à Le
C. MONTAGNE. —- Cryptogames algériennes. 277
fondre avec quelque autre que ce soit. Je pensais, au premier
abord, avoir affaire à mon Sphærococcus (Chondrus) pusillus(1)
trouvé par M. Steinheil sur les mêmes côtes de Barbarie ; mais
la forme cylindrique de la fronde, et surtout la présence des
nemathèces, m'ont vite montré que ce n'était pas lui. Je pos-
sède une foule de variations de forme et de grandeur du S.
Griffithsiæ ; je n’en vois aucune aussi rabougrie que celle-ci.
66. Sphærococcus ( Gigartina) ustulatus Ag. Fucus. miniatus Draparn.?:
67. — — musciformis Àg.
68. Rhodomela pinastroides Ag,
69. » — volubilis Ag.
70. Bonnemaisonia asparagoïdes Ag.
71. Alsidium corallinun Ag. Ic: Alg. europ.t. g.
Oss. Mon savant ami de Notaris a retrouvé cette Algue à .Ca--
praja, si ma détermination est exacte.
72. Microcladia glandulosa. Grey.
73. Plocamium: vulsare Lamour.
74. Delesseria ocellata Ag.
79. — lacerata Ag. et var. uncinata..
76. — alata var. dentata Nob.
77. Stilophora sinuosa Ag. Aufzahl. p. 17: — Encælium sinuosum ejusd.
Spec. Alg.
78- — clathrata Ag. lc. sub Encælio.
79. Padina mediterranea Bory.
80. — squamaria Lamour.
81. — omphalades Montag. ms. vid. infra. — P. squamaria var.
nigrescens Bory?
82. — Tournefortii Lamour.
83, —. adspersa Grev.
84, Dictyota dichotoma Lamour.
85. Haliseris polypodioides Ag.
86. Laminaria reniformis Lamour.
87. — elliptica Ag.
88... — purpurascens Ag.
89. Sporochnus Gæritnera Ag.
go. Cabrera Ag.
91. Scytosiphon filum var. & fistulosus Ag.
(3) Voy. Ann. des Se, nat, 2° sér, Botan, t.1,p. 287 n° 57. pl. 13, fig. 9.
278 C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes.
92. Cystoseira ericoides Ag.
93. — sedoides Ag.
g#. — granulata L. var. Turneri Montag. vid. jus.
95.; :— barbata Ag.
96. — crinita Duby.— Fucus crinitus Desf. an reipsà à præce-
dente diversa species ?
.97- — fæniculacea Nob. Fucus fæniculaceus. L. C. discors
EUR var Ag.
98. — vpuntioides Bory, F1. Morée.
99. — abrotanifolia Ag.
100. NU Qu Ag.
LICHENES, Fr.
101. Verrucaria nigrescens Ach. ad, saxa calcaria.
102. Collema turgidum? Ach. absque apothecis.
103. — crispum Ach.
104. Lecidea decipiens Ach.
10b. : vesicularis Ach.
106. — candida Ach.
107. — contigua Fr.
108. Biatora vernalis Fr.
109. Dirina Ceratoniæ Fr. ad cortices Citri aurantz.
110. Par. melia scruposa Fr.
(JLL. —— pallescens B parella Fr.
112. — cæsia b. tenella Fr.
113. — saxatilis Bomphalodes Fr.
114. — crassa Fr.
115. — fulgens Fr.
116. Roccella tincioria var. phycopsis Fr.
119. Evernia villosa Fr.
Nous devons ajouter à ces Lichens quelques autres espèces
qui nous ont été communiquées par notre confrère M. Guyon,
chirurgien en chef de l’armée d'Afrique. Il les à recueillies sur le
plateau de Mansoura, qui domine la ville de Constantine. Ce
sont les Parmelia crassa Fr., P. sordida var. sulphurea Fr.,
Verrucaria nigrescens Ach. et Lecidea immersa Kloerke. Leur
croûte était ue sur des fragmens de Dolomie. Tous ces Li-
chens sont communs chez nous.
3. GAY. — De Caricibus quibusdani. 279
FUNGI Fr.
118. Uredo Ricin: Bivon.
119. — Ænagyridis Rouss.
120. Æcidium Clernatidis DC.
rat, — ‘Ferulæ Rouss.
122. Bovista plumbea Pers.
.128:..Geaster fornicatus Fr.
124. Cyathus. vernicusus DC.
125. Clathrus cancellatus. L.
126. Clathrus (Coleus-) hirudinosus Nob. Coleus hirudinosus Cav. ct:
Sech. Ann. Sc. nat., 2° sér. Botan. tom. III, p. 253, pl. 8.
M. Soleirol a aussi vu cette espèce en Corse.
127. Geoglossum glabrum Pers.
128. Peziza leucoloma Rebent. ad terram inter muscos.
129. T'helephora hirsuta Pers,
(Suite et fin. à un prochain cahier.)
|
DE CARICIBUS QUIBUSDAM
| Munus cogruitis, vel novis, vel quoad synonymiam aut distri
butionem geographicam illustrandis, imprimis de Michauxia-
nis Boreali- Armericanis, et de genere novo ad Cÿperacearum
trébum camdent pertinente. — Ad:Caricearum. historiam :.
hanc qualemcunque suam sxmeoLan affert J. Gay.
Caricum., adolescentulus adhuc Gaudinique alumnus , stu-
diosissimus fui, Helveticasque cum magistro dulcissimo locis
natalibus jam tüm conquisivi. Gallicas posteà et Pyrenaicas, ite-
ratis itineribus, per montes et valles insectatus sum. Deindè quas
Scandinavia ait, per Swartzium et Wahlenbergium , ferè omnes
obtinui; sic et Scoticas per Hookerum,Grevilleum aliosque; Ger-
manicas plerasque per Hoppeum, Reichenbachium, Alex. Braun
aliosque; Mediterraneas, Corsicas imprimis, Sardoas, Neapolitanas
et Græcas per Salzmannum, P. Thomam, Morisium, Tenoreumet
280 I..GAY. — 1e Caricibus quibusdam.
Martium. Sibiricas quoque plures ab amicissimo Fischero et
à Bessero'Trinioque accepi. Americanas multas societas Esslin-
gensis , herbarium Jacquemontianum, collectiones Drummon-
dianæ postremæ obtulerunt. Quas in Terrà Nova Despreauxius
anno 1828 collegit, à cl. Lenormand, botanico Virensi, ferè om-
nes habui , 13 numero. Ità ut species undique collectæ, quæ in
herbarium proprium convenerunt, centenas cum sexagenis su-
perarent. Nuper verd Graminum et Cyp. mer. exsicc: centurias
duas, quas Noveboraci cl. Gray anno 1834 et 1835 pubiici
juris fecit, pulcherrimas, amici Surreio-Angli dono acceptissimo
recepi, undè Carices Americanæ 62, quarum plures non-
düm visæ, supellectili accesserunt ; quæ quidem adeptio operis
præsentis præcipua fuit causa. Quum enim novi orbis botani-
cos synonymiæ Michauxiaoæ avidos vidi, nec omnia dubia ad
eam spectantia soluta esse agnovi, eamdemque, utpotè Mühlen-
bergianà et Willdenowianà annis duobus anteriorem , ad spe-
cierum nomina stabilienda plurimüum valere, archetypa Mi-
chauxiana, et in herbario Michauxii et in Richardi herbario
(quem verum solumque Æloræ Boreali- Americanæ, ann. 1803
Parisiis editæ, auctorem nôrunt omnes), cum speciminibus nuper
vel priüs ex Americà receptis, sedul comparare studui, labore,
si qui alius, operoso atque molesto , à quo ver dubia plura
solvenda et plurima lux in species quasdam pessimè etiamnüm
cognitas spargenda.
Pensum peragentem adjuvit maximè ampla Caricum Ameri-
sanarum series, quam Torreyus nuper , anno scilicet 1833 ; ad
Jussiæum et Decaisneum misit. Hæc enim , à viris amicissimis
communicata , comparanti semper coràm fuit, utilissima , undè
scilicet nomina à cl. Cyperographo Americano proximè ante
commentationem ejus postremain (anno 1836 editam) recepta,
ex ipsissimi auctoris autographis cognovi. Scribenti alia quoque
adfuerunt sive plantarum sive librorum adminicula permulta,
in quorum numero opuscula Deweyi ad Carices spectantia
mentione proprià digna sunt.
In'quibus quum totus eram, herbariaque nostræ metropolis
primaria meumque ipsius curiosius revolvebam, species mihi
bene multæ, in collectione Michauxianà desideratæ, et obcuriores
|
3. GAY. — De Caricibus quibusdarn. 281
aut novæ, Americanæ aliæ, aliæ ex orbe veteri, quædam Gal-
licæ aut Helveticæ et Germanicæ, obviæ fuerunt, quarum ego
nonnullas quoque illustrandras suscipere volui et, cum Mi-
chauxianis, pro viribus illustratas hic quoque offero.
Aliæ vero plures in Musæis Parisiensibus restant, innominatæ
vel’extricandæ , eæ imprimis quas beat. Jacquemont in Emodo
et per Indiam totam legit, pleræque jàm à Neesio ab Esenbeck
in Wicar Inn. Bot. ad specimina Wallichiana tractatæ, non-
düm vero omnes,, ut ex unâ alterâve observatione didici, satis
confirmatæ ; quasque in Peruviæ superioris Andibus Orbi-
gnyus decerpsit; hæ omnes iterum observandæ. Quas si om-
nes adgredi, omnes enucleare voluerim, laborem infinitum
nec intra annum absolvendum viribusque fortè majorem mo-
liturus fuissem. Præstant finita imperfectis. Ego igitur cur-
sun in hoc stadio ibi retinere constitui, uhi species operis
Michauxiani omnes absolutæ | quæstionesque aliæ nonnullæ
resolutæ metam labori præfixam ostendebant. In quo labo-
re, quamyis materia præsto, esset et observationes multæ
jam pridem paratæ vel omnind elaboratæ, tres integros men-
ses desudavi, ferias dum agebat augustus Galliarum sena-
tus, cui officiis revinctus sum, et mihi otium studiis vacandi
datum.
Ecceigitur feriarum laborem , quem tibi nunc offero, lector
benevole, in quo de vero et recto exquirendo atque adipiscendo
unice fui sollicitus , quod quidem sæpè extricatu difficillimum
fuit, nec semper à me plariè explicatum:confido. Carices et
enim, si quod aliud plantarum genus, synonymià maxime iabo-
rant.et specierum in uno eodemque libro , diversis nominibus,
bis et ter vel decies occurrentium plagà ægrotantur, neque,
quamvis à Schkuhrio olim viriliter æducatæ iconibusque fide-
lissimis 1llustratæ fuerint, ab uno rursus medico nec mensibus
tribus in plenam sanitatem restitui possent. Quæ igitur omisi,
quæ minus firmè tractavi, condonabis , lector amice, et mihi
favebis si quà aliquid felicius enodaverim aut novi aliquid in
scientiæ emolumentum attulerim.
Descriptionibus meis, quàm potui accuratissimèe elaboratis,
subest ubique opinio, quam de utriculi origine et significatione
282 1. GAY. — De Caricibus quibusdam.
Kunthius nuper aperuit, me judice rectissima et ex Cyperacca-
rum Graminumque visceribus deducta , cujus cognitionem ob-
servationibus hinc et indè sparsis exemplisque aberrationum
plurium , ejus opinionis veritatem commonstrantium , per or-
bem eruditum spargere magisque et magis divulgare studui.
Secundüm quam opinionem, utriculus sic dictus Caricum,
aliis perigynium nuncupatus, neque ad fructum pertinet , quod
veteres omnes Cum nuperorum multis crediderunt , neque
e squamis duabus connatis et sibimet oppositis atque cum
axi spiculæ alternantibus constat, uti Lindleyo anno 16:19
visum est, sed squamà formatur unicä, axim inter et ova-
rium posità , et bicarinatä , marginibus antrorsum plicatis et
connatis ovarium amplectente, nec nisi cum eo deciduà. Quæ
quidem sententia, cum ab utriculi quoad rachim spiculæ situ,
paleæ Graninum interiori consimili, tüm à præsentià carinarum
duarum huic quoque paleæ solemnium, item ab utriculo anticè
sæpissimè longiüs quam posticè fisso , et in aberrationibus qui-
busdam monstrosis deorsüm longiüs fatiscente,in £/ynà quoque
stabiliter aperto et ad squamarum aliarum normam convexe
explanato, demonstrationem facilem atque plenam, me quidem
judice , nanciscitur.
Squama similis, tubulosa quoque et bicarinata, ad basim pe-
dunculorum observatur, quæ verd, à vertice plantæ nimium
remota; partes nullas sexuales fovet , et circumcircà clausa more
vaginæ tantummodo ramum amplectitur.
Nec alia est vaginarum in foliis Cyperacearum quibuslibet,
sive culmeis sive radicalibus quæ dicunt, natura et indoles,
nisi quod.vaginæ, rotundatæ, gemmam abortivam, utriculi
vero, bicarinati, ovarium in axillà recondunt. Utræque vero,
squamæ scilicet utriculiformes et vaginæ foliorum, nodo axis cu-
jusdam sive longioris sive brevissimi adnascuntur aximque
aginatum supernè transmittunt, cujus brevioris et rachilla
dicti internodium inferius in utriculis stipitatis manifestissimum
est. In Schænoxrphio , Elyné et Caricum plurium aberratio-
nibus rachilla ultra basin utriculi atque intra utriculum pro-
currit, plus minüs longa et gracilis, apiceque squamas 1-3,
plurimüum masculas, gerit, undè spicula partialis 2-4 flcra eva-
|
3. GAY. — De Curicibus quibusdam. 283
dit, supernè mascula, inferne monogyna. Squamæ Yero super-
additæ bicarinatæ non sunt, quemadmodüm squama inferior
sive utriculus, neque marginibus connatæ, sed planè apertæ et
unicarinatæ.
Aliam formam acbilla intra utriculum producta in Uncini&
induit, in quà flosculos nullos gerit, sed nuda et subulata api-
ceque hamata ultra utriculum plüs minüus longe procurrit. In
Carice. microglochide eadem, nuda quoque et subulata, ntri-
culum parüm superat,, apice, acutata rectaque, non hamata.
In Carice curvulä;utriculo parüm brevior est, perindè recta et
sterilis, sæpius tamen cum flosculi rudimento in apice distincto.
Ità etiam in Coleachyro, genere ejnsdem tribus novo, à me in
hisce pagellis describendo , res se habet; ibi verd rachilla latis-
simè alata , non filiformis, occurrit. In Caricibus plerisque ve-
ris eadem prodit brevissima et vix aliter quàm oculis armatis
distinguenda, sæpius plane desideratur.
In plantis memoratis omnibus, rachilla eamdem significatio-
nem habet, quà præsente utriculi quoque indoles mihi æque
ac Kunthio extra omne dubium posita est. Est enim axis cujus-
dam partialis seu rachillæ squama inferior et plerumque uni-
ca, marginibus connatis flosculum fœmineum nudum et ra-
chillam insuper ultrà squamæ basim sursûm continuatam vagi-
nans.
Utriculum aliquandd stamina includere Brownius olim ad-
notavit (Prodr. p. 242), quod ego quoque in Carice glauca
abnormi observawi et singulatim in hisce commentariis addità
icone descripsi.
Quæ de utriculo mox prædicavi Kunthius in familiæ et sub-
tribus generisque charactere (Enum. IL, 1836, p. 2 et 368)
carptim pressèque admodüm protulit; fusius quoque rem in
disputatione proprià (1) tractässe videtur, quæ vero mihi non-
düm nisi.ex titulo innotuit.
Nova fortè sola est, nondum verd satis. firma, observatio
(x) Uberdie Natur des schlauchartigen Organs!, welches in der Gattung Carex das Pistill
und später die Frucht éinhült; in Wiegm. ‘Archiv für die Naturgeschichte, tom. I (1835),
p- 319, tab, 6.
284 3. GAY. — De Caricibus quibusdam.
quam mihi fructus Caricum, anguli scilicet tertii directio , sub-
ministravit. Caricum digynarum fructum esse compressum, et
facies complanatas axi ut et squamæ exteriori obverti, margi-
nes ver seu angulos, cum axe alternantes, ad dextram et si-
nistram porrigi omnes nôrunt. In Caricibus trigynis fructus
trigonus semper ‘est, quorum angulorum duo ad dextram et
sinistram , ut in digynis, plurimum convertuntur. Angulus
vero tertius, varià directione, in speciebus quibusdam anti-
cus mihi, in quibusdam aliis posticus apparuit! Quam quidem
differentiam ego solum in herbariorum speciminibus compres-
sis, neque stabilem satis, quin potius admodum vacillantem
observavi. Exempla quippè fructûs angulum tertium nuünc
ad bracteam exteriorem, nünc ad axim, nüunc obliquè con-
vertentis in unâ eâdemque Caricis specie nequaquam defue-
runt. In quibusdam speciebus, tamen , certa quædam: fre-
quentior directio indubiè comparuit , in aliis alia; quæ quidem
in specicbus infra descriptis vel obiter tractatis ubique adno-
tata est. Stabilior fortè eadem in vivis et junioribus plantis
observanda notam suppeditabit gravem nndè meliorem ma-
gisque naturalem specierum in cohortes divisionem arcessere li:
céat, eà è sexuum versipelli distributione, quà auctores ad novis-
simos usquè omnes abutuntur. Ego vero , otio nünc egens , rent
infectam relinquere cogor.
Datà occasioné de embryone quoque Caricum volui oi
rere, de cujus in Cyperaceis situ bipartito auctores dissentiunt.
Embryonem Gærtnerus scilicet et descriptionibus et Cyperacea-
ram quarundam figuris , tab. 2, fig. 2 , 3, Get 7, in albuminis
basi inclusum monstravit. En RUR quoque Richardus, carpo-
logus summus, in scriptis et in plurium Cyperacearum figuris,
in Curice scilicet depauperatà , Sclerié gracili, Scirpo mariti-
mo et supino declaravit (Conf. Anal. du fruit, 1808, p. 79;
Exam. crit. Mem. Mirb., 1811, p. 41 et 42; et Anal. embr. en-
dorh., 1817, tab. 1, fig. 12-21). Sic et Mirbelius in Schæno
nigricante , Cypero longo et Carice vulpin& (Exam. de la div.
des végét. endorh. etexorh., 1810, p. 17. tab. 1,2 et 3). Aliter
ver du us qui Cyperacearum embryonem ir basi seminis
extra albumen positum affirmavit, remque observatiombus plu-
3. Gay. — De Cäricibus quibusdam. 285
ribus confirmässe scripsit (Prodr. Nov. Holl., 1610, p. 212).
Cujus auctoritate freti auctores deinceps ferè omnes embryo-
nem Cyperacearum #2 basi alburminis inclusum unanimo con-
sensu proclamärunt. Solus enim quem noverin Mirbelius for-
tuito, in solius Scirpi lacustris figurà, loc. supr. cit. tab. 3,
distincté externum delineatum embryonem obtulit. Serius verd
omnes à sententià Brownianà deflexerunt et Gærtnerianamrursüs
amplexi sunt,quam conversionem jam anno 1830 effectam video,
à quo vero orsam primÔ mihi nondum satis liquidum.Quod qui-
dem;,an jure an immerito erga Cyperaceas universas ego non
dicam. Ego enim embryonemCyperacearum non è Scérpis ant Cy-
peris , nec à ScZerié aut Schæno, sed è Caricibus duabus solum-
modo novi, nempè è C. depauperaté et C. hordeiformi ; in qui-
bus vero Brownii sententia apertè prævalere mihi visa est! Ibi
namque embryo, quoad formam turbinatus et minutissimus ,
albumine certo non includitur, sed embryoni albumen insidet,
inde quasi stipitatum, eâdem ferè ratione quà lignum armatæ
sudis ferro insidet, nisi quod ferrum acumine interiore lignum
penetrat, embryo vero, supernè planus vel modicè convexus,
in albumen nullo modo intromittitur. Baculi tamen basis arma-
ta formam seminis integumento proprio nudati, embryonem
albumini subjectum offerentis, non male refert.
EmbryonemCyperacearum Brownius non solüminseminisbasi
extra albumen positum prædicavit, verum etiam homogeneum ,
hoc est solidumnuilâque sive radiculà sive cotyledone distinctum.
De cujus fabricà internà observationes ego nullas institui. Pa-
radoxa tamen nimium Brownii opinio videtur. Richardus certe,
carpologus summus etsubtilissimusspermotomus, vaginam coty-
leoneam cum radiculà in cavitate quâdam embryonis suprabasi-
lari excentricà reconditam , minutissimam , nec nisi ope micros-
copü distinguendam vidit, quod quidem in Caricis depaura-
| 4æ, Scleriæ gracilis, Scirpique supéni et maritèmi figuris supra
citatis clarèé expressit, cui ego talibus in rebus fidem habeo maxi-
mam.
286 3. GAY. — De Caricibus quibusdarn.
DECAS PRIMA.
1. CAREX FiIsCHERIANA N.
C. radice stoloniferà ; culmo trigono , scabro , foliis condu-
plicatis angustissimis fere capillaceis longiore; floribus dioi-
cis; spiculà solitarià, teretiusculà ; squamis foœmineis ovatis,
obtusiusculis; utriculis squamäà ferè dimidio longioribus, lanceo-
latis, apice basique ferè æqualiter attenuatis, planc-convexis,
glaberrimis, utrinque plurinerviis, margine scabriusculis , ore
subintegro ; à 2.
Carex Davalliana. Fisch.! in Jitt., non Smith.
Habitat in Sibirià Trkutianà , ad flumen Tunka (Tourtchaninow, ex Fisch.! }.
Affinis Davallianæ, notis tamen pluribus diversa, etsine dubio propria species.
Radix fortè repens , certo stolonifera nec ut in C. Davallianä planè fibrosa.
GCulmi breviores, cum foliis tenuiores. Spicula mascula gracilior. Fœminea spi-
cula multo angustior, 7-9 nec 12-18 flora. Squamæ è fulvo-rufæ nec fuscæ , apice
et ad latera supra medium multo latiüs albo-marginatæ. Utriculi pauld minores,
tenuiùs membranacei nec infernè suberosi , rufi nec atrofusci, basi in cuneum at-
tenuati nec ferè rotundati, apice multo breviüs acuminati vixque magis quam
basi attenuati , angulis obscuriùs denticulatis (ubi tamen supernè serraturæ 2-3
- apparent) nervis lateris antici 6-8 , magis distinctis, basi in stipitem decnrrenti-
bus atque in angulum acutum confluentibus, nec ex utriculi puncto suprabasi-
lari quasi flabellatim divergertibus , ore utriculi subintegro nec distinctè mem-
branaceo-bilobo. Achænium ut in C. Davallian sessile , stramineum. Stylus
filiformi-conicus, persistens, utriculi parte supra achænium vacuâ et ipso achænio
dimidio brevior, nec partem vacuam æquans et achænium ferè superans. Stig-
mata graciliora tenuiisque pubescentia , parte exsertà dimidio breviore..
Inter species mihi ignotas etin Kunth. Enum. descriptas ad
nostram sola C. Redowskiana et C. leiocarpa tantillûm accedere
videntur, quarum prior culmo lævi et utriculis lævibus ore
bilobis, posterior foliis planis! et utricu!is lævissimis distinctis-
sima est censenda. Utriculi in meo specimine erecti et erecto-
patuli, an unquàm ut in €. Davalliané ad horizontem pa-
tentes?
1. GAY: — De Caricibus quibusdam. 287
2. GCAREX DECIPIENS N.
C. radice fibrosà; culmo obtuse trigono , Iævissimo, foliis
conduplieatis angustissimis filiformibus longiore; spiculà solita-
rià , teretiusculà , androgynà, apice Aout squamis foœmineis
oblonso-ellipticis , acutiusculis; utriculis squamà longioribus,
stipitatis, plano-convexis, lanceolatis, in rostrum longiusculum
acuminatis, glaberrimis, lævissimis, enerviis, ore indivisis,
primo erectis, demüm reflexis ; stigmatibus ».
Carex macrosty lon ? Lapeyr. Abr. Pyr.(1813)p. 562.
C. macrostyla ? Decand. FL fr. suppl. (1815) p. 287. — Duby
Bot. Gall. 1. (1828) p. 488.—non DC. herb! cujus specimen uni-
cum ad C. pulicarem spectare visum est.
C. decipiens. Gay! in soc. Essling. PI. Pyr. exsicc. ann. 183r.
— Ejusd. in Ann. sc. nat. xxvr (1832), p. 200, et Notice sur Endr.
(1832) p. 21.
Habitat in Pÿrenæorum occidentalium et centralium regione subalpinä et al-
pinà, inter 700 et 1200 hexap., locis graminosis siccis; supra thermas Caute-
| res, proxime infra Ze pont d'Espagne ( Gay!) et ad lacum de Gaube (En-
dress! ); porro in monte Port de Marcadau, per quem ad Aragonenses ther-
mas Panticosa ex Cauterets profectis iter est, australi et hispanico montis pro-
| clivio, supra arborum terminum atque juxta casas pastorum editiores(Gay !); de-
| nique inter summum montem Port de Benasque etm. Port de la Picade , 1200-
| 1300 hexap. s. m., longè supra arborum terminam (Endress!). — Julio medio
| | florentem ego legi, se DS ineunte fructiferam Endress.
$
| Speciem à me ante sexenninm in -hisce ipsis Ephemeridibus
| propositam nemo auctorum hucusque animadvertisse videtur.
| Quare eam iterum fusiusque describere volo speroque fore utite-
:rüm prolata, et in aliarum specierum consortio, monographo?
‘rum oculos tandem feriat.
Radix fibrosa, densè cespitosa, fasciculos plurimos , ‘alios fertiles stériles
| alios, emittens , viticulis in cespitis ambitu vix ullis Cquem radicis processum ho-
irizontalem in multis observotis speciminibus non nisi semel vidi, unciam dimi-
| diam longum). Folia in fascieulo quolibet 5-7, erecta vel falcatim patentia, 3-4
| une. longa, angustissima et quasi filiformia, conduplicata ; obiusè carinata , in-
288 3. GAY. — De Caricibus quibusdam.
fernè lævisstma, supernè ad marginem scabriuscula , apice acutè triquetra et
facie canaliculata, margine et ad carinam scabra, plicata +, explicata + lin.
lata, vaginis fuscis, striatis. Culmus filiformis, strictus, obtnsè trigonus, lævis-
simus, florifer triuncialis, longitudine foliorum, demüm 6 maximüm 10 uncialis,
foliis dimidio longlor. Spicula unica, ebracteata , cylindracea , apiee basique at-
tenuata, 7-9 lin. longa, 1 5-2 lin. lata, androgyna, apice mascula, flosculis mas-
culis suduodenis, fœmineis 8-13, rachi lævissimà , trigonà , ponè flosculos fæmi-
neos in canaliculum excavatâ. Squamæ fœmineæ pentastichæ, laxiusculæ, 1 2-2
lin. longæ, oblongo-ellipticæ, acutiusculæ , castaneæ, albo-marginatæ, nervo
carivali viridi, sub apice membranaceo evanescente, maturo fructu deciduæ
masculæ persistentes , arctè imbricatæ, elliptico-lanceolatæ, fuscæ, margine pal-
lido. Stamina 3, filamentis angustissimé linearibus, autheris demüm longius-
culè exsertis, squamä plus dimidio brevioribus. Utriculi (maturi) laxi, squa-
mà + longiores , 2-22 lin. longi, longiusculè stipitati, lanceolati, membra-
nacei, glaberrimi, enervii, anticè convexiusculi fuscique et luciduli, pos-
tüicè planiusculi virentes, apice Jlongits et in subulæ formam attenuato-ros-
trati, rostro supra achænium un. lin, longo, ore membranaceo, anticè parùm
fisso, cætertm indiviso, rard distinctè bidentato, primo erecti, nervis carina-
libus de more ad dextram et sinistram positis, mox converso stipite ità obli-
quati ut nervi carinales anticus et posticus videantur , serà æstate demüm, ut in
C. pulicari, refracto stipite planè reflexi et resupinati, parte priùs anticà nünc
posticä. Achænium sessile, 1 + lin. longum, uütriculo rostrato : brevius, com-
pressiusculum , elliptico-oblongum, obtusangulum, nervulo filiformi circumsCrip-
toum, totum olivaceo-fuscescens et impresso-subtiliter punctatum, apice basique
obtusum nec attenuatam, basi anticà stipatum stipitis rudimento exiguo, filifor-
mi, partem achænni vix decimam æquante, nisumque ad Uncinian monstrante.
Stylus longitudine rostri, tenuis , fragilis, persistens, infra medium glaber, su-
pra medium (ubi stigmata connata stylum continuant) pubescens. Stigmata 2,
gracilia, scabra , longitudine fere dimidi utriculi.
Os. 1. Stüirpem C. pulicari proximam distingunt 1° utriculus
apice in rostrum longiusculum acuminatus nec apice basique
æqualiter parumque attenuatus, pars nempè utriculi supra
achænium vacua dimidio longior, un. lin. non ? lin. longa;
2° stylus supra medium pubescens nec totus glaberrimus ;
3° culmus fohaque crassiora et firmiora; 4° indoles denique phy-
siologica, quà Alpium frigidiorum proclivia sicca adfectat, nec
in planitiei aut montium humiliorum paludibus turfosis vitæ
conditiones invenit.
Oss. 2. Notis pluribus à C. nostrà, Caricem macrostylon Tap.,
ex ejus descriptione, videlicet radice repente, utriculis squamà
3. Gax. — De Caricibus quibusdam: 289
duplo longioribus ; erectis, nec démuüm reflexis, ét stigmatibus
lôngissimis, differre quis non crediderit? Cæteris vero, imprimis
quoad utriculi formam, atque stationem alpinam et affinitatem
cum C. pulicari summam , descriptio ejus tam benè cum specie
nostrà quadrat, ut nullus dubitem quin stirps, levi manu des-
cripta;, plane. eadem sit ac nostra. Rejiciendum vero , utpotè à
falsä fructüs ‘stylique notione sumptum, nomen Peyrusianum ,
quo jàm decepti, stirpi aut non Visæ aut obiter inspectæ stylum
longè exsertum præbuerunt Decandolle et Duby, qui utriculum
nunquàam superat. Non enim stylum, sed utriculi, rostrum elon-
gatum vidit Peyrusius, undè stirps;macrorhynchos potius quàm
macrostylos nuncupanda. Nomen verd nostræ minüs:-quàam aliis
multis Caricibus convenit, et {oncirostrem Torreyus Caricen
Americanam à nostrà diversissimam jäm appellavit.
3. CaAREx GUTHNICKIANA N.
C. ait fibrosà; culmo obtuse tigone, lævissimo, foliis pla-
niusculis anéustis vix longiore; spiculà solitarià, gracili, elongatà,
androgynà, apice nant: ; Squamis fœmineis laxissimis, remo-
üs, oblongo-ellipticis , obtusis; utriculis squamà longioribus,
sessilibus, plano-convexis, oblongo-ellipticis, in rostrum lon-
giusculum subabruptè attenuatis, glaberrimis, lævissimis, basi
utrinque striatis , ore indivisis, primo erectis, demum reflexis ;
stigmatibus 2.
Habitat in insulis Azoricis, anno 1838 duobus locis à el. Guthnick lecta
er 258) 0]
rempè intra craterem insulæ Fayal, et in insulâ Pico ad latera montis ejus-
dem nominis celsissimi, altitudine circiter 1 500-2000 ped., Junio et Julio fructi-
fera. Specimina, inventor, nuperiimè vixque ab itinere Azorico redux, commu-
nicavit. — Crescit locis humidiusculis, non vero turfosis qui toto archipelago
Azorico prorshs desiderantur.
C. decipienti proxima, sed notis pluribus distincta. Fasciculi ex unà dite
paucissimi, laxi, nec densè cespitosi, steriles 4-6 fertiles 2-3 phyll. Folia
duplo longiora, omnia falcatim divergentia nec pleraque stricta , semiplicata ,
| ideoque in herbario plana et + lin. lata, nec semper arctè canaliculaio-condupli-
cata, apice solüm scabriuscula nec margine toto serrulato-scabra, vaginis culmum
yestientibus multo longioribus , interiore 2-2 ! unciali, quæ in C: decipiente -
unciam maximüm longa. Culmus longior, debilis, in 3 vis. speciminib. o une.
X. Boran., — Novembre, 19
290 3. GAY. — De Caricibus quibusdam.
longus, longitudine foliorum sterilium , suis vero foliis tertiä parte longior ; qui
in C. decipiente folia omnia longe superat, rigidulus , strictus. Spicula unciam
et paulo ulträ longa , parte masculà longiore et tenuiore, cylindraceà, flosculis
fœmineis 8-9 , laxissimis , nec imbricatis, internodiis dimidio longionibus, infe-
riore 2 lin. et ultrà longo, rachi ad angulos scabrà nec lævissimàä. Squamæ mas-
culæ arctiùs imbricatæ, obtusissimæ, apice minutius ciliolatæ nec glaberrimæ ;
fœmineæ breviüs ellipticæ, obtusæ, palhidiores, apice ciliolatæ non glabræ. Fi-
lamenta 3, breviora , squamam demüm æquantia nec superantia. Antheræ non
visæ. Utriculi sessiles nec stipitati, abruptiùs rostrati, ventre + latiore, oblongo-
elliptico non lanceolato, utrinque viridulo, nec antice fusco , posticè à basi ad
medium distinct 4-5 striato, basi anticà flabellatim 7-8 striato nec utrinquè
enervi vel obscuriüs striato, rostro ut in €. decipiente , similiter integerrimo
nec bidentato , fissurâ antic distincte longiore, ferèque in medium usque ros-
trum descendente, fortuito etiäm ( quod semel vidi) ultra ventrem medium pro-
ductà. Achænium (maturum) paulè longius et latius, magis compressum , ellipti-
cum, viride, lævissimum, nervulo Gliformi similiter circonscriptum et basianticâ
rudimento stipitis filiformi brevissimo stipatum. Stylus ejusdem longitudinis et
indolis, sed totus glaberrimus nec supra medium hispidulus. Stigmata eadem.
Hisce notis stirps à C. decipiente recedit, quibus recognitis
non possum non pro specie distinctissimà habere. Differt quo-
que climate loci natalis diversissimo, humido nempè et tempe-
ratissimo, ut pot gelu nivisque planè experte.
4. Carex pivisa Huds.
C. longe repens; culmo folis planis angnstissimis longiore,
acutiusculé trigono, supernè scabriusculo ; spiculis 5-10 , sessi-
libus, in capitulum oSlongum , confertum vel basi interruptum,
basi bracteatum vel nudum aggregatis, androgynis, apice mas-
culis; squamis ovato-oblongis, acuminato-mucronatis ; utriculis
squamam æquantibus , erectis, sessilibus vel stipitatis, non
marginatis, plano-convexis, utrinque nervatis , supernè ad cari-
nas scabris, ventre elliptico, in rostrum breve vel brevissimum
et acute bidentatum plüs minus abruptèe acuminato; stigmati-
bus 2.
Stirps per Europam occidentalem et austraiem latissime diffusa , ut plurimum
waritima, nou nisi raro in terris interioribus occurrens. Ad Oceani httora nasei
locis benè multis, testimonia Britannorum , Gallorum et Lusitanorum ( Brot:
FI. Lusit, 1. p. 61 , sub C. hybrid& ) docent , sic et specimina plura à me visa,
|
|
3. GAY. — De Caricibus quibusdam. 201
Scotica, Gallica (ex Abbatisvillà, Portu Gratiæ, Harcfloro, S, Nazarii fano ad ostia
Ligeris, Burdigalà et Pauillac), Asturica et Canariensia, hæc tamen postrema è
sol Canamä magnà (Despréaux ! in herb. Webb!) nec ex ullà aliâ Archipelagi
Canariensis insulà profecta.— Circa mare Mediterraneum, orà Hispanicà, Gallicà
atque Italicä, frequentior eadem, et ubique fere obvia, sic etin Corsicà, Sardinià,
Siailià et Jonüs msulis, etiàm in sinu Adriatico imo | Host , Hoppe, Moric.), in
Græcià (Berger !), in Aegypto (Delile, Nectoux !), circa Hipponem (Steinheil !)
Algeriam ( Desf.!, Schimp.!, Bove!), et Tingidem ( Salzm.! ). — Nec maris
Mediterrani limitibus continetur, quippe quæ Tauriam quoque incolit et usque
ad-mave Caspium, provinciam scilicet Albanopolitanam (C. A. Mey. Verz. p. 30)
procurrit. — Locis quoque à mari plus minùs rémotis hinc et indé oceurrit,
nempèé in Iberiæ orientalis montibus Talüsch prope pagum Swant (Meyer L:.e.),
in Transsilvauià (Baumg. jo in Pannonià ( Host ), nominatim circa Posonium
(Eudlich.), in Austriä inferiore circa Vindobonam (Host), in Gallià circa Pari
sios (Thuill.!), Andegavum (Bast., Desv. Guép.), Aginnum (S. Am. et Chaub.!),
Milhau ( Prost{), Avenionemi ( Req.!) et Aquas Sextias (Maire! ), denique in
Hispanià circa Aranjuez ( Humb.! in herb. Desf. Y.
Species distinctissima cognituque facilis, quæ vero, propter
locorum quibus occurrit diversitatem , atque ob utriculos pau-
lulüm variabiles, multis fucum fecit, et speciebus ex un plu-
ribus condendis ansam præbuit, undè synonymis ad hanc usque
diém maximè gravata et obscurata remansit.
Rectæ ejus cognitioni obfuit imprimis utriculus apicem versus
subinembranaceo-marginatus a Goodenowio et Candollio dictus,
maroinatus à Bertolonio et Reichenbachic, margine membrana-
ceus Moricandio, rnarsine subalatus Smithio, Deglandeo, Me-
ratio atque Dubyo, margine alaius Guepino et Brebissonio, qui
margine proprio re verà prorsüs caret et ad carinas vix aC ne vix
incrassatus apparet.
Synonyma, novissimis temporibus, primo Sprengelius, deinde
Reichenbachius etKunthius, bene exposuerunt. Exclusam, apud
Kunthium (Enum. 11. p. 372) solam ©. mmarginatam Gort. (FI.
sept. Prov. Belg. fœd., 1581, p. 247) atque C. schænoidem Dec.
Fl. fr. vellem, quarum posteriorem ipse auctor cl. à €. divisä
diversam declaravit { FI. Fr. suppl. p. 289), prior vero, ex no-
mine specifico, utriculum marginatum significante, et ex citate
Michel synonymo longè alia species videtur ; varietas quoque,
à Gortero in adnotatione memorata, ad ©. intermediam procul
ferè dubio pertinet. Quare C. ivisa, nullà alià auctoritate in
19.
292 3. Gay. — De Caricibus quibuisdam.
floris belgicis admissa ( V.-Hall. FI. Belg. sept. p. 650, Dumort.
Florul. Belg. p. 146) eliminanda certo est.
Hujus loci esse C. hybridam Lam. (ex Abbatisvillà), €. schœ-
noidem Thuill. ! Desf.! et Urvill.! C. Bertoloni Schk. (quæ
C.‘cuspidata Bertol.), C. splendentem Pers. , et C. Fontanesia-
nam Poir. (quæ C. schœnoides Desf.!), cum auctoribus suprà
citatis certissimé credo, quarum plerasque , utpotè speciminibus
authenticis collatas,-admirationis signo confirmatas offero. De
C. schænoïde Host., quin ad C. divisam quoque pertineat, ex
pulcherrimà icone in Gram. Austr. 1. tab. 45. minime dubius
sum. Quare Kochium optimum, stirpem Austriacam iterum à
C. divisä distinguere tentantem (F1. Germ. Synops. p. 750) pro-
bare nequeo.
Ex iconibus citatis pessimæ sunt Good. in Linn. soc. Trans. 11,
tab. 10, fig. 2 (C. divisa), quam rectuisam Schkuhrius in Car.
tab. R. n° 61, tradidit, et Smith Engl. Bot. xvi. tab. 1096 (C. di-
visa); optimæ, Schk. Car. Suppl. tab. Vv. fig. 61, spicam cum
floris partibus exhibens (C. divisa) et Rrrr. fig. 208 (C. Berto-
lonii), item Host Gram. Austr. 1. tab. 45( C. schœnoides) et
Sturm Deutschl. FI. fasc. 55 (C. schænoides); nec repugnat
Schk. tab. Qqq. n° 157 (C. austriaca).
Stirpes non solum supra memoratas omnes in unam conjun-
gendas esse cum Spreugelio et qui eum secuti sunt censeo,
verüm etiam alias plures, quæ pro speciebus diversis seorsim
adhucdüm enumeraniur, prout synonyma C. divisæ subjungen-
das esse puto.
Juncus Gramiris Cyperoidis radice , tenuifolius , elatior.
Barr. Le. (1714) p. 49. n° 499. fig. 118. n° r. Procul dubio, cùm
ex icone, tüm ex herb. Vaill.!
Gramen Cyperoides caule prœlongo gracili, spic& brevi cor-
gestä. Buddle Herb. — Ex herb. Vaill, !
Uarex lobata. Schk. Car. p. 28. Suppl. p. 11. tab. 3j. n° r18,
excl. synon. ommb. et prætermissà de loco natali opinione,
unde stirpem alpinam omnes credidere, C. divisæ formam utri-
culo angustiore magisque oblongo et longius rostrato, ore ob-
scuriüs bidentato insignem offerre videtur, quam ego in C.
schænoide Tauricà Urvilleanä fere simillimam , non tamen sta-
3. GAy. — De Caricibus quibusdam. 293
bilem, sed ad formam brevius ellipticam et brevius rostratam
oreque bidentatam transeuntem observavi.
Carex lobata. Link Symbol. ad El. Græc. in Linn. 1x (1835)
p. 138, hujus loci est sine dubio. Suam enim plantam auctor
à beat. Bergero habuit, inter cujus collectanea, quæ Mus. reg. Mo-
nach. commumicavit; C. divisam veram nec ullam aliam ei affi-
nem inveni: Plantam eamdem, in Lusitanià olim lectam, se
Schkubrio mississe, qui nomen /obalæ specimini remisso ad-
scripsit, cl. Link ibidem adnotat, undè patet suam C. lobatam,
Schkuhrium, non semper alpinam habuisse, et quandoque in.
stirpe australi et maritimàâ agnovisse (1).
Carex ammophila. Wilid: Spec. rv, p. 226 (ex Aranjuez His-
panïe). Schk. Car. Suppl. p. 9. Pers. Synops. 11. p. 537. Poir.
Dict. suppl. ur. p. 251. Runth Enum. 11. p. 373, Kunthio forma
C. divisæ videtur et mihi, quoque est.secundüm specimen
anonymon quod, circa-Aranjuez lectam et ab Humboldtio com-
municatum, herbarium olim Fontanesianum possidet:
Carex rivularis. Schk.Car. p 30. tab, Cc. fig. 87, Suppl. p. 12.
Wild. Spec. |. c. p. 226. Baumg. ? Transsilv. 111. p. 288. Kunth
Enum. L. c. p.373, cum ex icone citatà tum ex Kunthii descrip-
tione, eamdem stirpem spiculis remotiusculis ludentem.effin-
gere -videtnr.
Carex tripartita. Decand.! F1. fr. (1805), x, p. 108, ne 1715,
mihi herbarium ill. auctoris Genevæ nuper lustranti ipsissima
C. divisa visa est, ad. quam igitur C. lobata Duby Bot. Gall. I,
(x) Quam €. lobatæ Schk. (tab, Jj) habitu maxime affinemagnoscit auctor, C: enervis
G. A. Mey inLedeb.!Fl. Alt. 1v, p. 209, à C, divisd utriculis utrinque multo tenuius ner-
vatis, membranaceis et semi pellucidis nec suberoso-coriaceis, opacis nec lucidis, à: basi ad :
apicem.,sensim. sensimque, attenyatis nec apice rostratis, apice indivisis vel demüm obscuriws
bilobis nec indè ab inilio acutë, bidentatis, achænio pro utriculi modulo-multo breviore ,
stylo denique parlem utriculi supra achænium vacuam ;solùm dimidiam æquante, pubescente
nec glabro longè differt, et ad €, microstylim me judice multà propiüs accedit, quamvis
radice repente nec fibrosà aliisque notis satis superqne distincla. Utriculi neque enerves mihi,
qualés vidil auctor, neque solo latere plano 4-3 nervii, quales Kunthius describit (Enum.
IF, p. 372), sed utrinque nervati apparuerunt, nervis posticè 3-4, anlicè 6 9, tenuibus
quidem et ferè tenuissimis, sed facilè distinguendis, quare stirps nou enervis, sed leptoneura
fuisset dicenda. Ego Carlartonianam potius ab auctoris meritissimi coguominibus, ([Carolo
Antonio) appellatam vellem. .
‘
294 3. GAY. — De Caricibus quibusdam.
p- 490 , quoque referenda, Specimini unico Candolliano , solito
graciliori , cæterum valdè imperfecto, patria Galloprovincia,
non (quemadmodüm in auctoris libro) 4{pes Galloprovincie ,
adscribitur, nec plantæ alpinæ speciem specimen -ullo modo
præbet,
Carex paradoxa.Benth.' Cat. PI. Pyr.et B. Langued. (1826)
p. 67.(ex herb. Mus. Par.! et Cambess.!). — non Schk.
Carex Schæœnoides.Ten.!et C. Schreberi Ten.! in herb: Sbutt-
lewortlr. l'hujus loci quoque sunt sine dubio.
Radix repens, rhizomate longo , densè atque adpre&è squamato, ubique pro-
lifero, fibris pubescentibus vel lanuginosis. Folia plana, lineam tnam maximum
lata , plerumque dimidio et quod excedit angustiora, margine scabra, erecta vel
plûs minüs falcatim divergentia. Culmus foliis paulo longior, gracilis, erectus ,
spithamæus , pedalis et bipedalis , acutiusculé trigonus, apice scabriusculus, cæ-
terùm lævis. Capitulum 5-9 lin. longum ( rarissimè unciale et sesquianciale ),
ovoidum vel oblongum, subindè teretiusculum, 3-4 lin. latum , rünc confer-
ussimum, nn lobatam, nünc infernè interruptum. Bracteæ rudimentales ; in-
ferior nonnunquäm capitulo longior , filiformi-subulata ;. scabra , 1-2 uncialis.
Spiculæ partiales sessiles, ovoideæ , acutiusculæ ,-2-3 lin. longæ, androgynæ ,
apice masculæ, flosculis masculis paucioribus, quædam rarits intermixtæ ex toto
vel majore ex parte masculæ. Squamæ fœmineæ ovato-oblongæ, adpressæ, mu-
cronato-acuminaiæ, crassiusculè et duriusculè membraneæ, lucidulæ, fuscæ, ca-
rinà supernè cum aeumine scabrà ; masculæ angustiores, non aut vix acuminatæ,
pallidæ , subindé præter nervum carinalem hyalino-ex toto membranaceæ. Sta-
mina 3, antheris longè exsertis, apiculatis, barbulatis. Utriculus squamam sub -
æquans , rard superans , sessilis vel in eâdem spiculà distincté et longiusculè
süpitatus , suberoso-coriaceus , lutidulus , castaneus , demüum atrofuscus ,
exalatus, carinis supernè scabriusculis, fili-vel nerviformibus , nec distinctè in-
crassatis , veutre elliptico-subrotundo vel oblongo-ellipuco, anticé convexo ,
costato- 10-12 nervio, posticè plano et 6-g nervio, (nervis in maturo utriculo
valdè exstantibus , in immaturo sæpè obseuris), apice acumiuato-rostrat6, ros-
tro plùs minüs abrupto et abbreviato ; sæpè brevissimo ( ventri partem sextam ,
quintam vel quartam æquante ), complanato, margine serrulato , apice bidentato,
anticè longiüs fisso, dentibus brevibus, rectis, subindè vix manifestis. Achænium
formà ventri quem replet, sessile, ellipticum , posticè planum , dorso convexius-
culum , styli basi persistente mucronatum , primo flavescens, deindè fuscescens ,
demüm castaneum. Stylus longitudine rostri vel pauld lougior, crassè filiformis ,
glaberrimus, supra basim fragilis. Stigmata 2, crassiuscula, subulata, villosa,
utriculo ferè longiora.
Os. rs. Utriculi, ut jam dixi, plus minuüs late vel angustè
3. Gay. — De Caricibus quibusdam. 295
elliptici, subrotundi vel oblongi, sessiles vel omnino stipitati,
rostro plus minüs abbreviato, plerumque acutè bifido , subindè
solüm emarginato, vel etiam (utin C. austriacé Schk. tab. Qqq.
n° 157, quæ nostræ quoque synonÿma secundum Spreng. et
Kunth.) in eàädem spiculà plane integerrimo atque obtusato;
undè mea de C. /obat& Schk: opinio orta est, et magis magis-
que firmata venit, quæ Carex secundüum iconem (Schk. Jj.
n° 116) nullà alià notà à C. divisé normali , nisi utriculis-oblongé
ellipticis, longius minüsque abrupte rostratis, apiceque integer-
rimis differt. Utriculos planè simillimosin €. schoennide Tauricà
video, in eâdem vero spicà alios latius ellipticos breviusque ros-
tratos atque ore bidentatos animadverto.
Oss. 2. Inter Gallicas nostrates, C. Schreberi W. babitu, folns,.
inflorescentià atque utriculi non marginati formà ad C. divisam
accedit; C. intermedia Good. texturä utriculi nervati margine-
que serrulato-scabri eidem convenit. Prior ver differt spiculis
teretiusculis nec ovoideis, basi nec apice masculis!, utriculis
membranaceis , longius rostratis, tenuius nervatis, etc. Altera.
recedit culmo crassiusculo, scaberrimo, foliis dimidiolatioribus,
capitulo semper elongato, apice basique fœmineo, medio mas-
culo!, utriculis distincte marginatis !— €. nécrostyls N. differt
statione alpinä, herbä tenerrimä, radice fibrosà, spiculis basi et
apice vel basi solum nec apice tantum masculis!, utriculis mem-
branaceis erostribus, squamis hyalinis, etc.— Inter exoticas con-
sobrinæ sunt €. stenophylla Whlb. et C. pachystylis N., quæ
vero staturà constanter humili, squamis non aristato-acuminatis ,
atque utriculis membranaceis, non suberoso-coriaceis ; statim
digñoscuntur. C.'stenophy lla differt insuper folis convoluto
conduplicätis nec planis, €. pachysty lis capitulo densissimo, glo-
boso, utriculis margine lævissimis nec supernè scabris. Quo modo
€..enervis Mey. (mea C. Curlantoniana) à C. divisé differt , jam
suprà exposui.
5. CAREX MICROSTYLIS N.
G. radice fibrosâ; culmo foliis gramineis longiore ; spiculis.
6-25, in spicam tenuem, apice basique attenuatam, sæpiüs con-
290 7 GAY. — De Caricibus quibusdam.
tinuam aggregatis, inferioribus: quandoque glomeratis.et brac-
teatis, omnibus androgynis, basi masculis apice foœmineis, vel
apice basique masculis medio fœmineis; squamis ovato-lanceo-
latis. acutis, muticis; utriculis stipitatis , erectis, squamà paulo
longioribus, compressis, exalatis, lævissimis, vel obscuriüs serru-
latis. (immaturis enerviis), ex ovatà basi in rostrum subinte-
grum sensim attenuatis ; stigmatibus 2, brevissimis, capillaceis,,
scabriusculis.
Carex lobata. E. Thom. | Cat. PI. Helv. (1818) p. 10. — non
aliorum.
€. microstyla. Gay! in Gaud.!Fl. Helv. vr (1830), p. 37, tab. r
(bona et à me anno 1819 cum Gaudino communicata), et Synops.
(1836) p.177.
.Wignea microstylis. Reichenb. FI. Germ. excurs. (1830- 104
Add. p. 140°, n° 380’ (excl. syn. Schk.).
Habitat in Helvetiæ occidentalis paseuis alpims, in C. fætidæ consortio,
rara , in monte Lavaraz supra Bex (abi anno 1818 ab E. Thomas! detecta), m
mônte D. Bernardi prope hospitium (E. Thomas ! ), in Sempronio ( Venetz, ex
ere cl. de Charpentier ) sin monte Grimsulà ( Lagger ! )et in monte Faulhorn
supra lacum Brientinum in Oberlandià Bernensi (Guthnick !) , etiam in monte
Schwabhorn (Guthn.!). Floret Julio. exeunte et AUBULOe
Radix fibrosa, multiceps, fasciculis in densum minüsque amplum cespitem
collectis. Folia in quohbet fasciculo 6-7, omnia radicalia , laetè viridia , erecta ,
mollia, ideoque non persistentia, plana, unam lineam vix lata, apice attenuata ,
margine scabriuscula, facie dorsoque lævissima , 1bique tenuiüs striata , interiora
6-9 unc. longa, exteriora dimidio vel triplo-breviora. Culmus teauis, rectus,
erectus, folus longior, eorum vagimis basi cinctus, ;supernè longe nudus, 8-12
uncialis, acutiusçulè inæqualiter tigonus , apice compresso-semicylindrieus,,
augulis serrulato-scabris. Spica inodora, tenuis, oblonga, apice basiqne attenuata,
rariüs ovoidea, maximum semuncialis, plus minüs lobata, continua vel rariùs
basi interrupta, bracteà inferiore setaceo-subulatà , spicam non aut vix æquante,
rariüs paulo superante, reliquis multo brevioribus, non aut vix conspicuis.
Spiculæ 'érectæ, 1-2 lin. longæ, 19-6 floræ , ovoideo-oblongæ vel ‘oblongo-
ellipsoidcæ , acutiusculæ, pallidæ , ex dilutè fusco et viridi variæ, plerumque
pauc, à 6 ad 12, omnesque solitariæ vel inferiores geminatæ, subinde plures,
à 12ad 95, quarum superiores solitariæ, inferiores in glomerulos 2-3, sessiles,
3-4-stachyos congregatæ , inferiore glomerulo subindè remotiusculo, rarissiniè
io ramulum 8-stachyum, 4 lin. lonsçum, ab imä basi spiculiferum, ampliato.
Quoad sexum.spiculæ sunt androgynæ , nünc basi masculæ superaë fœmineæ ,
1. Gay. — De Caricibus 'quibusdam. 297
nünc apice basiqne masculæ medio fœmineæ, cum vel sive flosculo uni-
co fœminco terminali. Ex toto masculæ, androgynis intermixtæ, rariüs mibi oc-
currerunt , ex toto fœmineæ nunquam. Flosculi fœminei in quâlibet spiculà bi-
sexuali masculorum numerum vix unquäm æquantes, plerumque paucissimi.
Squamæ imbricatæ, ovato-lanceolatæ , acutæ, hyalino-membranaccæ, dilutè
füscæ, margine pallidiore, nervo carinali viridi, lævissimo vel superné obscuriüs
scabro: Stamina 3, filamentis squamà demüm multo longioribus, antheris apicu-
Jatis, mucrone hispidulo. Utriculi (immaturi ) erecti , squamä' paulo longiores,
membranacei, unam lin. longi, compressi, exalati, nec marginati, basi in brevem
filiformem stipitem contracti. ex ovatà basi in rostruin anticé breviùs fissum,
apice indivisum vel rarins distinctè bidentatum sensim attenuati, margiue lævissi-
mi vel superne, non tamen in rostro sumino, remotiüs atque obscuriüs serrulato-
scabri. Achænium (immaturum ) utriculo plüs triplo brevius, compressum , ob-
ovatum, stylo brevi, glaberrimo, stigmatibus 2, capillaceis, scabriusculis nee
villosis, majore ex parte inelusis, solis apicibus brevids exsertis. — Utriculos
immaturos in specimnibus æstivahbus non solùm , verüm etiam in autumnali-
bus , serà Augusti mensis die 31,,ad D. Bernardi hospitium lectis, inveni,
undè surpem difficiliüs rariusque fructum perficere, quod muliæ alpinæ solent,
credendum.
Ors. 1. Stirpem rarissimam, 20 quamvis abhinc annis detec-
tam et ex phytopolacio Thomasiano ia multa herbaria migra-
tam, nemo, præter Gaudinum atque Reichenbachium ; cogno-
visse, videtur. Kunthium et Kochium ,;: post ‘editam Gaudini
Floram Helveticim de Caricibus sive universis sive Germanicis
et Helveticis agentes, effugisse miror.Quare remutilen: me fac-
turum existimavi si descriptionem olim à me elaboratam et cum
Gaudino communicatam, in multis tamen ab ejus edità descrip-
tione discrepantem , récusam nunc' et commentariis nonnullis
auctam, publici juris facerem:
. Plantulam, quam primüm inventam, Helvetiæ botanophili
CG. lobatam nuncuparunt. Hoc verd nomine species plures apud
auctores veniunt,omnes à C. rricrostyli diversæ. Nominis primus
auctor, Villarsius!, spicam fuscam vel nigrescentem ét spiculas
basi fœmineas expressis verbis describit û F1. Dauph: 15. p. 197),
undè ©. /obatam Nil. pro C. fœtidæ formà habendam esse
crédo,ità quoque sentiéntibus Candollio in! El. fr. ur.p. 106,
et. Mutel. in Fl. Dauph. 1, p. 454. —C. Zobata Willd. Spec: 1v.
p- 228, quoad specimina in ejus herbario asservata, duas com-
plectitur stirpes, Elynam caricinam MK. et C. leporinam seu
298 3. GAY — De Caricibus quibusdam.
C. approximatam Hopp. (Conf. Kunth Enum. 11. p. 373). — C.
lobatam Schkuhrius: primo duabus iconibus, tab. D. n° 18, et Jj.
n° 18, expressit, posteà tabulam D exclusit, unde, addità tab.
Rrrr. fig. 208, Caricem Bertolonii (Caricem cuspidatam Bertol.)
in Car. Suppl. p. 5. constituit. Hæc vero spiculas apice masculas
gerit et omnibus numeris cum €. divisé Huds. convenit.fHabitu
et inflorescentià ad nostrsm proprius accedit, è specimine ju-
niore desumpta, tab. D, facillimè tamen culmis obtusè trigonis
utrieulis bidentatis et stigmatibus villosis dignoscitur. Minüs à
C. microstyl distat, et rostro indiviso convenit, Schkuhrii ve-
rior €. lobata, quam tab. Jj sistit, differt vero radice repente,
culmo incurvo, spicà fuscà basi dilatatà et spiculis apice mas-
culis; stirps C. divisæ multo magis quam nicrosty li affinis , nec
ab ïllà forsan stabiliter verèque diversa, quemadmodüum in
observationibus ad speciem præcedentem jam adnotavi — Ad
C. divisam quoque spectat C. /obata Link. Symb. ad FI. Græc.
in Linnæà 1x. p. 138, secundüum specimina, anonyma quidem,
à b. Bergero in Peloponneso lecta et ex musæo Monach. ad me
missa.
C. tripartitam AI. Ped. n° 2298. tab. 92 fig. 5, plurimi pro
C. lobalæ synonymo habent; icon tamen cum à speciebus omni-
bus hoc nomine confusis, tum præsertim à C. microstyli valdè-
aliéena videtur.
Spiculis 1gitur apice nec unquàm basi masculis à C. microstyli
differunt, quas pro C. lobaté auctores vicissim sumpserunt,
CC. fœtida, divisa et Schkubrit tab: Jj: n° 18 ; differunt et
notis aliis quamplurimis, ità ut neutra earum proximè affinis
dici queat ; €. fœtida differt, v. c., radice repente, spiculis in
capitulum amplius ovoideum odoratum saturatè fuscum ag-
gregatis, stigmatibus villosis elongatis, utriculis longioribus,
longiüs attenuato-rostratis, margine supra medium scabris, apice
bidentatis, etc.
Nec ulla specierum spiculas basi masculas gerentiun cum
nostrà confundenda. Sola enim quæ, fortuito depauperata, hàa-
bitum ©. microstylis quandoque induit, C. elongata, ob spicam
laxam, nunquam compositam, spiculas ampliores polygynas,
et squamas obtusas utriculo eleganter striato multo breviores,
1 Gay. — De Cuaricibus quibusdam. 299
longe diversa est censenda. Vix propior est C. furva Webb Iter
Hisp. 1838, p. 5. (e summä Sierra Nevada Hispaniæ), quæ sta-
turà biunciali, foliis unciam vix longis, culmo æqualiter trigono
et lævissimoi, spiculis 3-4, nigrescentibus, in capitulum evoi-
deu 3-4 Jlobum aggregatis et utriculis breviùs attenuato-ros-
tratis distincussima est. Stirps aptissimè tripartita dicta esset,
nisi jamala ©. tripartita, dubiis maximé vexata, exstaret.
: Ors. 2. Descriptionem supra datam elaboranti uniusque pa-
niculæspiculas onines atque flosculos omnes diligentius explo-
ranti plures occurrerunt flosculi fœminei monstrosi, et quidem
duplicis generis. In quorum aliis utriculus, ab apice ad basim
anticè apertus, et in squamam membranaceam binervem apice
bilobam expansus, ovario libero juxtà positus apparuit, ve-
ramque utriculi indoiem planè manifestavit. Patet enim ex eà
metamorphosi, Caricum sie dictum utriculum squamä unicà bi-
carinatà marginibusque connatà et axi contiguà, quemadmodum
amiciss. Kunth in Enum. Il. p. 2. jam exposuit, non vero
squamis duabus cum axi alternantibus esse formatum.
Longe aliud fuit secundum utriculi genus, ex quo ad medium
usque fisso basique tubuloso, juxta ovarium ad normam exstruc-
tum ét cum stigmatibus suis totunr inclusum , flosculus quoque
masculus triander, squamâ unicà apertà ‘bicarinatà ad carinas
plicatä constans et breviter stipitatus, longiüs prodire est visus!
Spiculas £lynæ.spicatæ partiales (quæ bifloræ et bisexuales)
indè nata spicula ex asse refert, in eo solum differt quod
squamæ, inferioris margines infra medium connatos nec ad
basim usque liberos exhibet! Unde affinitas Alynæ cum Carice
summa , pris ex habitu cognita, deindè ex utriculi Caricini in-
dole (Kunth. Enum. IL. p. 368 et 532) firmata, nuünc ex ab-
normi Caricis evolutione magis magisque illustrata venit.
His jam scriptis D in flosculis fæmineis ejusdem
stirpis, à mox descriptà paulo diversam, frequentem observavi,
quæ quidem in multis spiculis , sed in flosculis inferioribus
solüm occurrit, è quorum utriculo non squama uniCca stamini-
fera, sed squamæ 2-3, utriculiferæ {vera scilicet longiusque
stipitata foœminea spicula) prodeunt, basi inclusæ, apice utri-
culum genitricem longius vel brevius superantes!
300 J, GAY. — De Caricibus quibusdam.
6. Carex Bowartensis Desf.
C. radice fibrosà ; culmo lævissimo, foliis gramineis longiore;
spiculis glomeratis , in spicam ellipsoideam continuam basi brac-
teatam aggregatis, omnibus androgynis apice masculis ; squamis
ovato-oblongis , acutis, masculis diandris !; utriculis erectis,
squamà longioribus, compressis, marginatis, ex ovatà basi in
rostrum bidentatum lævem vel obscuriüs serrulatum sensim at-
tenuatis, facie dorsoque tuberculatis !; stigmatibus 2, capilla-
ceis, brevibus, scabriusculis.
Carex Bonariensis. Desf.! in Poir. Dict. Suppl. II. (1813)
p. 250. — Schlechtend. ? in Linnæà X (1836) p. 116. — Kunth?
Enum. IL. (1837) p. 378 (qui Schlechtendalii descriptionemtran-
scripsit). |
Habitat in Americà australi extratropicä circa Montevideo et Bonariam (Com-
mers.! in herb. Thouin. nûne Cambess.! uudè specimina à me deseript.) ; circà
Montevideo ( Ars. Isabelle ! in herb. Webb. }.
Radix fibrosa. Folia omnia radicalia, erecta, semipedalia et longiora, plana,
unam lin. lata, margine scabra, facie dorsoque lævissima. Culmus folis pauld
longior, maximüm pedalis, gracilis, erectus, obtusè trigonus, angulis lævissi-
mis, lateribus sulcatis. Panicula spicæformis, ex glomerulis 7-10 alternis sessi-
lHibus composita, ellipsoidea , continua nee interrupta, 7-12 Jin. longa, 4 Jin.
lata , inferné bractcata, bracteis subulato-filiformibus, inferiore paniculam supe-
rante, 1-3 unc. longà, sequente dimidio breviore, reliquis brevissimis. Spicu-
le in singulo glomerulo 3-6, duas lin. et paulo ultrà longæ, ovoideæ, omnes
androgynæ , apice masculæ. Squamæ ovato-oblongæ, acutæ, dilutè fuscæ, mar-
gine albido, nervo carinali lævissimo viridi, subindè. in brevissimum mucronem
excurrente, Stamina 2, filimentis squamä demüm. paul longioribus, antheris
magnois, apiculatis , apiculo glaberrimo. Utriculus (immaturus } erectus, sessilis
nec stipitatus, squamä + longior, 1 + lin. longus, membranaceus, compres-
sus, exalatus, margine incrassatus et lævissimus, ex ovatä basi in rostrum mar-
giue lævem vel denticulis 2-4 distantibus scabrum, apice distinctè bidentatum,
anticè magis fissum sensim longèque attenuatus, posticè enervis, anticè obscuriüs
3-5 striatus , disco utroque, præsertim in medià longitudine ubi cavitas fructür
fera in rostrum abit, ut in carpellis quarumdam Ranunculi specierum , intra mar-
ginen tuberculato ! Achænium (immaturum) amplitudine ferè cavitatis, com-
pressum, elhpticum, lævissimum. Stylus longissimus, rostrum subæquaus, gla-
berrimus. Stigmata 2, brevia, capillacea , scabra nec villosa , demüm reflexa,
longitudine ferè dimidi utriculi.
1. Gay. — De Caricibus quibusdam. 3of
Oss. Stirps habitu et inflorescentià ad CC. divisam et micros-
tylim quidquàam accedens , sed numero staminum à plerisque
congereribus, et utriculorum disto utroque tuberculato ab
omnibus quas aut ipse novi aut ritè descriptas i invenio distinc-
tissima.
Schlechtendalius L c. Caricem in Brasilià meridionali à Sello-
wio lectam describit, quæ quidem in multis cum nostrà conve-
nire videtur , abludit tamen statura 2-3 pedalis nec maximum
_ pedalis, abludunt utriculi patuli et late ovati, qui in nostrà erecti
axique adpressi et ex basi angusté ovatà longè acuminati. De
staminum numero, porro, de utriculis quoque in utroque disco
tuberculatis et de sexuum in spiculis dispositione prorss silet
auctor. Suam denique stirpem C. globosæ Thunb, et C. nemo-
rosæ Rebent. (Schk. tab. Dddd. fig. 186 ) maxime affinem de-
clarat, quarum prima mihi ignota , secunda pro C. vulpinæ
| formà habetur ét à nostrà certo certiüs longe recedit. Undè
quæstio exoritur an stirps Sellowiana eadem ac nostra? Dubium
forte solvet Caricis Bonariensis verioris, quam extremis vix
digitis Poiretius attigit , plenior adumbratio. Quare descriptio-
nem ejus, ad ee Commersoniana olim à me elaboratam ,
nünc cum Caricophilis communicatam volui.
7. CAREX PACHYSTYLIS N.
C. humilis, radice repente; culmo obtuse trigono, lævissimo,
foliüs planiusculis angustis pauld longiore ; spiculis 5-6, ovoideis
in capitulum subrotundum aggregatis, omnibus androgynis,
apice masculis ; squamis latè ovatis, acutiusculis; utriculis sessi-
| Jibus, immaturis squamam subæquantibus, plano - convexis,
enerviis , glaberrimis , lævissimis, ex basi latè ovatà in rostrum
longiusculum apice bilobum acuminatis ; stigmatibus 2.
Habitat in Asià occidentali, inter Halepum et Mosul (Olivier et Bruguières !
in herb. Mus. Paris! ), etin Persià ( Bélanger ! in herb, Deless.! ).
C. stenephyllæ Whïib. valdè affinis, diversa vero staturâ minore, foliis di-
midio latioribus planiusculis nec conduplicotis filiformibus; culmo crassiore,
quamvis humiliore; spicularum capitulo globoso nec ovato-oblongo; squamis
saturatius fuscis; utriculis sessilibus nec breviter stipitatis, basi lat ovatis nec
302 3. Gay. — De Canicibus quibusdam.
(junioribui saltem } valdè attenuatis, glaberrimis nec margine supra meditm
subtiliter densèque serrulato-scabris; stylo denique crassissimo ( undè nomen },
basi glabro nec toto hirsutulo. — Fructum maturum non vidi. — Tota planta
biuncislis. Folia un. vel un. et dimid. unc. longa, un. ferè lin. lata, erecto-paten-
tia. Stamina ut in C. stenophyll& 3, antheris lougè exsertis. Utriculus immatu-
rus membraneus, semipellucidus , carinis duabus viridibus, rostro anticè lon-
giusculé fisso. Ovarium ellipsoideo-oblongum , utriculo dimidio brevius. Stylus
rostro paul brevior, stigmatibus elongatis, crassiusculis, subulatis, villosissi-
mis. Rachilla ad achæni basim anticam videtur desiderari, quam ego in C: ste-
nophyilé omnium minutissimam observavi. by
B Belangeriana.
C. culmo longiore, stylo graciliore, utriculis maturis superne
ad marginem serrulato-scabris.
Habitat in Persià. ( Bélanger ! in herb. Deless.!)
Est verisimiliter eadém ac &, ætate solüm magis provecta et
maturissima. Ipsissimam tamen esse C. pachystylim , ne stirpes
duas paucis speciminibus mihi cognitas forte misceam, decla-
rare nolim. Quæ discrimina stirps mihi obtulit sequens descrip-
tio docebit.
Radix desideratur. Folia plane ut in &, tria ad basim culmi uniuscujusque
unc. duas maximüun longa , un. lin. vix lata. Culmus 5-6 uncialis, gracilis, erec-
tus. Spiculæ earumque capitulum planè utin &, sic et squamæ et sexuum in
spiculis distributio. Utriculus (maturissimus } squamâ pauld longior, sessilis,
1+ lin. longus, lucidulus, membranaceus, atrofuscus, basi solüm anticà ex
albo virens, plano-convexus, ad carinas subincrassatus et supernè acutiusculus,
non vero propriè marginatus, ibi quoque supra medium minutissimè densèque
serrulato-scaber, infernè et ad latera glaberrimus lævissimus , posticè planis-
simus nullisque nervis distinctus, anticè convexus, in parte inferà quæ viret
exstanter 5-7 nervis, in parte atrofuscà enervis, ventre elliptico, un. lin.
longo, + lin. lato, in rostrum ipso dimidio brevius, lineari-lanceolatum , su-
pernë non serrulatum , apice distinctè acutè et strictè bidentatum, anticè lon-
giüs fissum abruptè attenuato. Rachilla intra utriculum certe nulla. Achænium
utriculo arctè vaginatum ventremque totum longam latumque replens, sessile,
lenticulari-compressum , elliptico-subrotundum, iævissimum, castaneum, anticè
convexiusculum, posticè planum , styli basi residuà brevi coronatum. Stylus ros-
tro feré dimidio brevior, gracilis, filiformis, proximè supra basim fragilis. Stig-
mata 2,subulata. longitudine utriculi.
3. GAY. — De Caricibus quibusdam. 303
5. Carex Corcnica N.
G. radice...; culmo erecto, obtusè trigono , læviusculo , foliis
planis duriusculis longiore; spiculis 6-12, in spicam oblongam,
laxam et lobatam, basi obscuriüs bracteatam approximatis ,
omnibus and toys, imä basi masculis (paucissimis superiori-
bus rard ex toto masculis); squamis ovato-oblongis, acuminatis;
utriculis erectis, squamam subæquantibus, plano-convexis, basi
rotundatis, utrinque nervatis (anticè multinerviis ), carinis
supernè marginatis (breviter alatis) et serrulato-scabris, infernè
nudis, ventre ovato v. elliptico, in rostrum breve acuté bifidum
subabruptè acuminato; stigmatibus 2.
Carex intermedia. Urville! Enum. Orient. (1822) p: 122. —
non Good:
Habitat in littore Colchidis arenoso prope arcem Soukoum-Kale, Junio fruc-
tifera (Urvill.! ), et in Tauriæ herbidis prope Kerch ( ex eodem, undè tamen
specimina nondüm vidi).
Habitu, staturà et inflorescentià C. arenariæ et intermediæ
similis, priori ob stationem in arenosis maritimis, ob folia arida
et rigidula, sexuum quoque distributionem, atque utriculos basi
rotundatos affinior , diversa tamen culmo obtuse trigono et
læviusculo non acute trigono scaberrimo, spiculis omnibus
| androgynis, basi masculis, quibusdam superiorum rarius ex toto
masculis (quæ in C. arenarié nunquàm desiderantur et androgy-
narum vel fominearum numerum plerumqué multo éxcedunt),
utriculis superne marginatis non late alatis, anticèe 15-16
| non 7-8 nervis!, denique achænio duas utriculi tertias partes
æquante, apice basique distincte attenuato, non ellivtico-subro-
tundo et dimidium vix utriculum attingente. — A nostrà C.
intermedia dignoscitur culmo ut in ©. arenarit, foliorum læte
virentium texturà molliori, herbaceä , spiculis vulgd sexu dis-
tinctis, inferioribus et superioribus ex toto foemineis, interme-
diis ex toto masculis (unde stirps irtermedia dicta est), utriculis
(superne perinde marginatis nec late alatis) basi in cuneum
‘attenuatis non obtusissimis rotundatis, apice longius attenuatis
304 1. GAY. — De Caricibus quibusdam .
nec subabruptè rostratis, ventre elliptico-oblongo non ovoideo
vel subrotundo-elliptico, anticè, ut in €. arenarid, 7-8 non 15-16
nervi!l, et achænio obovato, dimidium utriculum longo, non
apice basique distincte attenuato et duas utriculi.tertias partes
æquante.
Radix in speciminibus.omnibus à mevisis desiderata. Folia unam lin. vix lata;
cpidermide paginæ superioris per lentem densissimè minutissimèque quasi reticu-
latà. Spica generalis uncialis, sesquiuncialis, ellipsoidea vel teretiusculè oblonga:
Bractea inferior setacea, spicam dimidiam æquans vel multo brevior ferèque
inconspicua, Stamina in spiculis maseulis 3, in androgynis sæpissimè 2, filamen-
tis quandoque in unum connatis, ità ut unicum appareat. Squamæ foemineæ ad-
pressæ, firmius membranaceæ, acuminatæ, lucidulæ, castaneæ, margine palli-
diores. Utriculi 1 + lin. longi, ovato-oblongi, dilutè. fusci, basi et posticè
spongioso-incrassati, anticè crassius membranacei ; nenvi capillares, in latere pla-
no 7-8, omnes excurrentes, in latere convexo 15-16, quorum 7-8 in rostrum
confluunt, reliqui alternantes medium ventrem non aut partit superant, omnes
distinctissimi, quamvis tenues. Achænium compressum, oblongo-ellipticum,
ve, dilutè fuscum, styli basi persistente brevissimà coronatum. Stylus graci-
his, longitudine utricuhi. Stigmata non vidi.
9. CAREX MODEsTA N.
C. répens, spiculis 10-18, in spicam ellipsoideam dense aggre-
gatis, superioribus masculis, inferioribus fœmineis, infimà brac-
teatà; squamis ovato-oblonais, obtusiusculis, masculis diandris";
utriculis ovato-oblongis, ir rostrum bidentatum acuminatis,
margine alatis, alà serrulato-scabrà ; stigmatibus 2.
Habitat in pratis paludosis Neustuæ inferioris maritimæ, inter Pzirou et
Créance, juxta rivulum /e Broc, in sinistrà ejus ripâ, non longè infra ponticu-
lam qui dicitur pont de la Tortue, ibi frequens et ann. 1833, die 19° man,
florens à memetipso lecta.
Radix repens, rhizomate brevi, crassiusculo, ut in Jancis quibusdam apice
tantüum, quà quotannis elongatur, fasciculos agente. Folia omnia radicalia, in
unoquoque fasciculo 4-5, parüm divergentia, plara, unäm lineam vix lata, mar-
gine scabra, facie dorsoque lævissima, Cuilmus foliis plerumque multd longior,
corumque vaginis basi tectus, supernè longè nudas, erecius, gracilis, pedem
longus , acutè trigonus, apice scaber. Spiculæ 10-18, sessiles, in spicam un-
cialem vel rariüs paulo longiorem, oblongo-ellipsoideam, apice basique sæpè dis-
inclè atlenuatam confertim aggregatæ, superiores ovoideo-oblongæ, ex toto
masculæ, vel quædam intermixtæ androgvnæ apice masculæ , reliquæ longiores ,
3. GAY. — De Caricibus quibusdam.' 305
cylindraccæ, 3-4 lin. longæ , ex toto fœmineæ vel rarius quædam apice summo
masculæ, infima bracteä tenui br ‘evique , spicam rariüs æquante vel paulo supe:!
rante stpata. Squamæ , cûm masculæ tum fœmineæ, ovato- -oblongæ ; obtusius-
culæ, muucæ, lucidæ, fuscæ, albo-marginatæ, vervo cärimali pallido, non:excur-
rente. Stamina duo! , antheris or mucrone nudo nec distinctè barbulato.
Utriculus (juvenilis ) squamä + brévior, compressus, ‘ovato- -oblongus, basi in
brevém ‘cuneum coniractus, supernè in rostrum bidentatum attenuatus , antice
longiùs fissus, margine distinctè alatus, basi tanthm et apice nudus, alà ex
albo-virente, serrulato-scabrà, rostri cuspidibus rectis, ngidis. Stylus infra divi-
sionem scaber. Stigmata 2. Fructum maturum non vidi.
Os. Stirps dispositione sexuurmn ambigu et utriculis ad CC.
arénariam et repentem , habitu vero ad CC. intermediam et
divisans propiüs accedens, ab omnibus tamen mihi cognitis dis-
tinctissima, quamvis fructu deficiente nondüm satis cognita.
A CC.intermedié, divisé ét Schrebert recedit sexuum distribu-
tione, flosculis maseulis di-nec triandris, utriculis marpine alatis
nec nudis aut (in ©. intermediä ) obscuriüs marginatis, ‘etc. À
CC. arenarid, repente et Ligericä differt numero staminum,
habitu toto et statione, in arenosis enim siccis aut locis hyerne
tantüm inundatis nequaquàam, sed in pratis palutlosis serà æstate
vix unquam exsiccatis, crescit. À (. arenari& insuper squamis
obtusiusculis non longè acuminatis, et à Ziverica folis facie
dorsoque ævibus ron facie scabris, et spiculis plerurmque sexu
distinetis, nec androgynis apice foœmineis, facile dignoscitur.
Convenit cum CC. intermedit et divist, rhizomate brevi,apice
| solumregerminante , posticè tabescente et sterili, undè stirps à
CC. arenarit ; repente et Ligeric4 diversissima est, quibus rhi-
| zomarin contrarias partes longissime prorepit et foliorum fosci-
culis secundüm totam longitudinem reviviscit.
Fructum maturum sibi comparando, Normanni Botanophih,
et quæ fortè dubia supersunt facile sélvent:
10. CAREX MicROSTACHYA Ehrh.
Caricemin Helvetià prius non visam cl. Guthnick, pharma
| copola Bernensis, ann. 1830 ad lacum parvulum Amsoldingen
unius horæ itinere ab oppido Thun distantem, detexit, et veluti
|novam, sub nomine C. Gaudinianæ, in Florà, 1832, 1. p. 241,
descripsit, quem Gaudinus in Add ad.Fl. Helv. vir. (1835) p. 660
X. Bora. — Worembre. 20
306 3. Gax. — De Caricibus quibusdam.
ét in Synopsin (auctore defuncto ann. 1836 editam p. 778)
recepit: Ego stirpem, quamprimüm ab inventore communi-
catam, anno nempé 1833, statim pro C. microstachyé Ehrh.
agnovi, cujus speciei, Guthnickio et Gaudino prorsuüs ignotæ ,
specimen Upsaliense mihi erat in promptu , à Swartzio olim
cum Wahlenbergii schedulà autographà ad me missum. Nec
Hoppeum affinitas plantæ Helveticæ effugit, qui tamen Gaudi-
nianam. à microstachyd diversam, in Florà, 1832, r. p. 242, ano-
nymus, existimavit. Hoppeum Kochius in Synops. FI. Germ.
(1837) p. 755, secutus est, stirpes per novos characteres sepa-
rare studuit ét, quæ ad Germaniam pertinebant loca natalia
bipartito sic distribuit, ut quæ australia et alpina sunt aut Al-
pium jugis vicina ad C. Gaudinianam, quæ contrà septentrio-
nalia et mari Germanico aut Baltico contermina (stirps enim in
Germanià medià nondüm lecta est} ad C. microstachyam refe-
runtur. Ubi verd ne operam plane perdiderit viram cl. vereor.
Differentia etenim C. Gaudinianæ, quæ quidem ex Kochii dia-
gnosi prodit, duplici nititur charactere essential, foliis nempè
setaceis et canaliculato-triquetris (in C. microstachy dicuntur
linearia plana), et utriculi rostro longiore (ventrem æquante),
nargine serrulalo-scabro, non lævi, quibus différentiis si fidere
vellem foliaque primo considerare ( quæ nemo Suecorum rite
describit), Upsaliense meum specimen non pro C. microsta-
chy&, sed pro C. Gaudinianä agnoscere deberem, utpote quod
iolia, plane ut specimina helvetica, canaliculato-triquetra atque
angustissima gerit. Nec firmius rostri discrimen videtur; utricu-
lus enim in stirpe Helveticà longius, in Upsaliensi longius: vel:
brevius rostratus occurrit, in neutrà apice summo serrulatus_
apparet. Quæ exstant marginis serraturæ, in uträque stirpe
partem ventris superiorem occupant, unde eædem in rostrum
plus minüs procurrunt, pars verû rostri suprema nuda semper
relinquitur. Carinarum serraturas, cæterum , in unà eàdemque
Carice plures adesse posse vel pauciores , vel planè abesse,, af-
finis C. Davalliana aliaque multa exempla docent. Quod quum
ità mihi visum sit, €. Gaudinianam veluti speciem à C. ricros-
tachyä diversam ego admittere nequeo. Synonyma igitur €, mi-
crostachyæ hæc erunt :
3: Gay: — De Caricibus quibusdarr: 307
Carex Gaudiniana: Guthn:!in Florà, 18232,1: p.241. Gaud:!
Fl. Helv. vin (1833), Add. p. 660 ;:et Synops. (1836) p. 7782
Hoppe in Sturm:Deutschl. FI. fasc: RRRNE #e° AA ie
Synops. (1839), p. 795. :
Vignea gry pos. Reichenb, ! F1. Cerm. exc. (1830 1832), ne 384.
p. 56, et Add. p. 140° (excl. syn. cum diagnosi et locis plerisque
patalibus). — Ejusd. Herb. Fl. Germ. n° 1120! (ann. 1837). —
non Schk.
Habitat iv Lapponià Pitensi et Lulensi (Læstad., ex Sominerf: Suppl. FI. Lapp.
p. 89); in Smolandiä, Upsalià!. Vestmaniä et Dalekarlià, :Sueciæ provinens
(Wabhlenb. Fl. Suec.); Petropoli ( Weinm. in Florâ, 1822, p..228.e1 herb,
Maille! );1u littore Baltici germanico prope Sedinum (Rostk.. et Schmidt, F1, Se-
din. p: 363; in Holsatià inter Schlutup ct piscinam Schwartzteich dictam (Nolte
Psodr. F1. Holsat. p. 76); in confinjis maris Germanici circa Bremam ( Roth.
et Mert. }, Aurich et Monasterium ( Koch Synops.) ; tüm in Helvetiæ agro Ber-
nensi ad lacum Amsoldingen prope Thun ( Gathn.!);et'ad vicur: Oberege Ab-
batiscellanorum (Gustor! inter Gaudini reliquias!); itèñ prope: Brigantium ad
lacum Bodamicum ( Sauter! in Rchb. herb. Germ. ne 1120!) et.in Tyroli circa
Kitzbuh]l (Saut. ex Rchb. et Koch); denique in Groenlandià (Hornem. ex Kunth
Eoum. 1, p. 378 ).
Quorum locorum, Abbatiscellanorum ditionis statio, hic pri-
müm notata venit et botanicis imprimis Helveticis accepta erit.
Apud vicum Oberesg , nempe eà ditionis parte quæ dicitur
Inner-Rhoden et Rheni valli contermina est, stirpem b. Custor
in palude quâdam sphagnosà et umbrosà cum £pipacti cordat
vigentem ultimis vitæ annis leait, et ad Gaudinum jam mor-
tiferè ægrotantem pro C. PDavallianc var. insigni misit , inter
cujus postremi reliquias botanicas, supremä magistri olim
carissimi voluntate mihi legatas,, ego illam inveni, et pro € 7ni-
crostachy à, quamwvis spiculis omnibus lateralibus abortivis mono-
stachyam (spiculà tenui, flavescente, semipollicari et ultrà ; apice
basique vel apice li foœminei), indèque à Hps maine
abludentem , haud dubius agnovi.
Qui quidem lusus b. Custorem sic fefellit ut stirpem pro solà
C. Davallianæ variatione haberet. Hæc vero à C. microstachy&,
vel monostachyä, radice facile dignoscitur, quæ simplex, brevis
et cespitosa, non C. chordorhizæ et limosæ ad, instar, brevins
20,
305 3, Gay. — De Caricibus quibusdam.
tamen, ramosa ; differt quoque spiculà monoicà non andro-
gynà, quod sexuum divortium, in C. Davalliané solemne, non
nisi ràrissimé in androgyniam basi masculam mitescit ; differt
tandem utriculis demum recurvatis et patentissimis vel reflexis
non erectis axique adpressis. Fructum comparare non potui,
utpote in meis C. microstachyæ speciminibus omnibus immatu-
rum. Stirpem nihilominus C. Davallianæ magis quäm ulli
aliæ affiner existimo. Brigantii semper in C. dioicæ et stellulatæ
consortio vivere Sauterus observavit, quæstionemque pro-
tulit,an non formaesset Caricis dioicæ procera, per C. stellulatam
modificata ? (Conf. Reichenb. FI. Germ. excurs. Add. |. c.). Cui
ego affirmatè respondere nequeo , stirps enim ad C. Davallia-
nam propiüs quam ad C. dioicam accedit, nec affinitatem ullam
video rmicrostachyam inter et stellulatam intercedere, Observan-
dum est insuper neminem quem sciam ad hunc usque diem
Carices hybriditati obnoxias dictis aut scriptis affirmässe. Sur-
pem ad lacum Amsoldingen accolas habere C. pulicarem,
dioicam , stellulatam , limosam et Hornschuchianam in herb.
Gaudini e Guthnickii epistolis adnotatum invenio.
Notice sur quelques Cryptogames inédites, récemment décou-
verles en France, et qui vont étre publiées, en nature; dans
les Fascicules et F1 de la seconde édition des Plantes Cryp-
togames de France,
Par J.B. H. J. DESMAZIÈRES.
HYPHOMYCETES.
Boravus Ticuvrrrer. Nob. PL Crypt. Fasce. V. n° 296.
Floccis fertilibus ramosis, fulvis; ramulis brevisginis vérticillauis ; roue
subglobosis. — Hab. in muscis.
Nous! dédions cette espèce nouvelle à notre zélé correspon-
dant M. Tillette de Clermont, qui la observée à Cambron, près
Abbeville. Nous l'avons aussi rencontrée plusieurs fois dans les
taillis des environs de Lille, où elle n'est pas rare,'en autornne,
1. B. DESMAZIÈRES. — Cryplogames inédites: 309
sur la mousse et quelquefois sur d’autres plantes vivantes. Ses
ramifications, en verticilles ; la rapprochent du genre Stachy li-
dium.
SPOROTRICHUM FOLIORUM ( Brassicæ) Nob. PI. Crypt. Fasc. V.
n° 227.
Thallo tenui, rotundo ; floccis ramosis, albis, tenerrimis, adpressiusculis,
laxis ; sporulis ovoideis, albis.— Hab. in foliis Brassicæ oleraccæ.
Nous avons observé ce Sporotrichum, en biver, sur la feuille
du Chou cultivé, il attaque particulièrement sa face inférieure,
et forme de petites taches blinches, arrondies, de 2 à5 millime-
tres.
FosisPortum A1BU0M, Nob. PI. Grypt. Fasc. V. n° 220.
Acervulis parvis, sparsis, passim confluentibus; filamentis paucis, tenerrimis,
evanidis; sporidis ellipsoideis vel fusiformibus, minutis, albis, subcongluti-
pats. — Hab. in foliis vivis Quercuum.
Cette espèce se développe, en antomne , à la face inférieure
des feuilles encore vivantes du Chêne. Ses Sporidies, qui ne se
séparent pas facilement dans l’eau, sont hyalines et assez iné-
gaies en grandeur ; les plus longues ont à peine de millimè-
tre. Nous l'avons tronvée plusieurs fois dans le nord de, la.
France et notre correspondant, M. Roberge, nous en a adressé
des échantillons qu'il avait recueillis dans le Calvados. Nous
eñ possédéns aussi un échantillon , reçu d’un Mycologue de
Leipzig, sous le nom de Fusidium candidum ; mais il n’est pas
possible de rapporter-notre: espèce à ‘celle de Link et encore
moins au Fusidium candidum de Fries.
Fusisrorniuu Urricæ. Nob. PI. Crypt. Fasc. V. n° 230.
* Acervis tenuibus, maculæformibus, roturdis, sjarsis, passim confluentibus ;
flamentis paucis, tenerrimis, evanidis ; sporidüs copiosis, rectis, fusiformibus,,
magnis, griseo-albis. — Hab. in foliis vivis Urticæ dioicæ.
Ce Fusisporium se trouve, en été, à la face inférieure des
feuilles vivantes de l'Ortie dioique. LÉ macules qu'il forme sont
nombreuses, d'un gris blanchâtre , de à à 5 millimètres de dia-
mètre. Il arrive quelquefois que, par leur réunion, la feuille encest
prêsque entierement couverte. Les Sporidies sont hyalines, très
310 LB DESMAZIERES. — Cryplogames inédites.
inégales en grandeur ;-les plus longues ont de + à + de milli-
mètre. Elles sont deux fois plus grosses que celle des Fusispo-
rium griseum et flavo-virens, plus renflées vers le milieu et:plus
fusiformes, sans néanmoins être terminées en pointes aiguës.
Nous en avons aussi observés qui étaient ovoides.
CONTOMYCETES.
.Ureno Lecuminum. Nob. PI. Crypt. Fasc. V. n° 234.
Atervis rotundis , solitaris, maximis, epidermide rüpta einctis; sporulis ovoi-
deis, pedicellatis, fuscis. — Ad legumina Phaseolorum. Autumno.
Les sporules de cette espèce, que nous avons observée dans
le nord de la France, sont semblables à celles de l'Uredo Pha-
seolorum , DC.; mais on l'en distinguera parfaitement par ses
grosses ustlés presque toujours solitaires et qui n'ont De
moins de 4 à 6 millimètres de diametre.
SEPTORIA ANEMONES. Nob. PI. Crypt. Fasc. V. ne 240.
Epiphyila. Maculis oblongis, viridi-griseis, in ambitu brunneis. Pseudoperi-
diis innatis , numerosis, fusco-nigris, minutissimis, poro seu ore apertis. Spori-
dis linearibus, als rectis, ahis subcurvatis ; sporulis 6-8 , glabosis. —- In foliis
languescentibus Anemones nemorosæ. Maio.
Les Sporidies ont + de millimètre de longueur. Quant aux
sporules globuleuses, leur observation est une des plus difficiles
du microscope.
GASTEROMYCETES.
PERISPORIUM VAGANS, Nos. (Spirœææ hypericifoliæ), PI Crypt.
Fasc. VI.
Hyÿpophyllum, sparsum, adnatum, orbiculatum , planiusculum, fusco-nigrum;
sporidiis minutissimis globosis, hyalinis.— In foliüs plurimarum plantarum her-
bacearum. Autumno,
PErIsPoRIUM vAGANS, Nob. (1ridis), PI. Crypt: Fasc. VI.
Perisporium Iridis? Fries, Syst: myc.
Cette variété , qui se développe, en automne, sur de feuilles
vivantes et D nantes de plusieurs ris, parait différer du Pe-
3. B. DESMAZIÈRFS. — Crypiogames inédites. 311
risporium Iridis ; que Fries à décrit sur un échantillon sec,
provenant de l'Amérique septentrionale, en ce que ce dernier
a ses péridium slobuleux.
PYRENOMYCETES.
DiprotA 1ricicoLa, Nob. PI. Crypt. Fasc. VI.
Nous avons trouvé cette espèce dans le nord de la France,
sur les branches mortes de l’Z/ex aquifolium.
Le genre Diplodia est établi très judicieusement par Fries ,.
aux dépens de son genre Sph&æria , qui renferme encore beau-
coupd’espèces incohérentes, pour lesquelles il seraindispensable
d'établir de nouveaux genres, basés sur l'absence d’4sci , sur
larstructure de la sporidie, ete. Notre savant ami, le docteur
Montagne, dans sa correspondance avec le mycologue d'Upsal,
areçu les caractères du genre qui nous occupe, et il les a re-
produits par cette phrase : « 4sci elliptico-oblongi , didymi ;.
sporidiis binis referti. » (Aun. des Se. nat. Série 2,t. 1, p. 302).
Toutefois nous ne pouvons voir, avec Fres, de véritables Æsci
dans les organes reproducteurs des Diplodia. Hs sont pour nous,
ainsi que nous l'avons dit dans notre fascicule XV (édit. r),
des sporidies biloculaires, contenant deux sporules. Nous ajoute-
ronsicique ces sporidies sont originairement pédicellées, comme
l’a aussi très bien remarqué le consciencieux observateur Ber-
Keley, dans des échantillons que nous lui avions transmis. Le
Sphæria mutila Fries et notre Sphæria Corchori appartiennent.
à ce nouveau genre, Nous avons encore observé des Diplodia
sur le Rhus et sur le Populus, mais nous voulons posséder des
observations encore plus nombreuses avant de publier nos
phrases spécifiques.
«
Dipsopia viricoLA, Nob. PI Crypt. Fasc. VE
Sur les sarmens du J’itis vinifera. (Voyez la note précédente).
Dormipra Depazrones Nob. PI. Crypt. Fasc. VI. Depazea bu-
æicola (Specim. epiph. ), Moug. Stirp. n. 374.
Epiphylla, m culis eburneïs, nigro-cinctis ; pastulis atris, orbiculatis, con-
vexulis,-sparsis, dein confluens augulato-difformis. Nuacleis 3-20 confertis,
312 1. B. DESMAZIÈRES. — Cryplogames inédites.
minutissimis, albis. Ascis clavatis, brevibus. Sporidiis.oblongis, hyalimis. Spo-
rulis 4, globosis.—Ad folia Buxi.
Cette espèce nouvelle figure dans l’un des deux échantillons
que l’on trouve au n. 974 des Stirpes des Vosges, sous le nom
de Depazea buxicola ; Hypoxylée fort différente et qui ne se
trouve jamais qu’à la face inférieure des feuilles encore vivantes
du Buis. Notre Dothidea Depazeoides ; au contraire, se déve-
loppe à leur face supérieure et n'a de commun avec le Depazea
Buxicola que la tache blanche-sur laquelle il repose. Cetté tache
que nous avons fait entrer dans la description latine ci-dessus,
n'appartient peut-être réellement qu’au Depazea , cependant
on trouve presque toujcurs.le Dothidea sans remarquer en
dessous les périthécium du Depazea. Quoi qu'ilen soit, l'espèce
intéressante dont il est ici question se développe sous l’épiderme
de cette tache, le rompt en plusieurs fentes, et se montre au
dehors sous la forme de tubercules d'un noir intense, épars
ou confluens, d'abord arrondis, puis quelquefois difformes et
un peu anguleux. Leur coupe transversale fait découvrir de 3
à 20 nucleus ou cellules à substance blanche, contenant des
thèques claviformes , assez petites mais grosses. Les sporidies
sont oblongues, hyalines et renferment chacune quatre sporules
globuleuses.
SPHOERIA MACULÆFORMIS, Var, Filicis, Nob. PI. Crypt. Fase. VE.
Cette variété est très remarquable par ses périthécium épi-
phylles. Nous la donnons dans notre fascicule VI, sur l’Æ#sple-
nium ‘Adiantum-nisrum.
SPHÆRIA EPIDERMIS Fr. var. €. mnicroscopica. Nob. PI. crypt.
Fasc. VI. ?
Cette production , que l'on trouve assez fréquemment dans
le nord de la France sur la Samarre du Fraxinus excelsior:, a été
mentionnée (sans la nommer), par le docteur Johnson, dans sa
Flore de Berwick, sur la Tweed, rivière qui sépare l'Angleterre
de l'Écosse.
PHacrnium Lauro-ceRASt Nob. PI. crypt. édit. 1, n° 188.
Var. major Nob. PI. crypt. Fasc. VI.
Cette variété, distincte par la grandeur de ses périthécium
3. B. DESMAZIÈRES. — Cryplogames inédites. 313
qui sont moins enfoncés, se trouve sur. les feuilles sèches du
Prunus Lusitanica. Les Asci et les sporidies du type sont iden-
tiques. Ces dernières sont ovoides, oblongues et souvent unisé-
riées. Ce caractère modifie un peu celui que nous avons donné
antérieurement.
HysTernium commune, Fr. Syst. myc. — Duby Bot. gall.
Var. nitidum Nob. PI. Crypt. Fasc. VE.
Hypoderma virgultorum DC. Fi. franç. Sup».
Sur les tiges sèches de plusieurs grandes plantes herbacées.
Si l'Hysterium commune de Fries a, comme le dit ce mycolo-
gue, de grands rapports avec l’Aysterium Rubi, la variété que
nous publions ici s'en rapproche encore plus par ses périthé-
cium luisans. Tous les Æysterium commune que nous avons
trouvés nous-même, ou que nous avons recus de nos correspon-
dans, ont aussi les périthécium brillans et comme vernissés, et
nous aurions Cru à une erreur dans la description du Systema
mycologicum, si les échantillons que l’auteur a publiés dans ses
Scler. suec. exsicc. n'étaient pas réellement opaques ou d'un
noir terne. Duby, dans le Botanicum gallicum , dit aussi que
V'Hysterium commune est. d’un noir opaque, mais cette asser-
tion est en contradiction avec la description de l’Hypoderma
virgullorum de la Flore française, Hypoxylée qu'il rapporte à la
sienne. Quoi qu'il'en soit, notre variété zitidum.est bien positi-
vement la plañte de De Candolle, et on la distinguera toujours
assez facilement de l'Hysterium Rubi, non-seulement par son
habitat , mais par ses périthécium plus courts et plus obtus. Ils
sont souvent très allongés et presque aigus dans l'Hysterium
de la ronce. Il faut prendre garde aussi de confondre l'Hyste-
run commune avec le Leptostroma hysterioides, espèce fran-
caise, bien qu'elle ne soit encore dans aucune flore du royaume.
Non-seulement ce dernier n'offre pas la mème régularité dans
la forme de ses périthécium, mais leur déhiscence est bien dif
férente. Ils renferment, du reste, quoi qu’on ait dit et répété
sur les caractères du genre, des sporidies oblongues, prodigieu-
sement petites, contenant aux extrémités deux sporules opaques
et globuleuses.
314 1. ROŒPER. — Sur les cellules des Sphagnum.
AYLOGRAPHUM PINORUM, Nob. PI. Crypt. Fasc. VI.
Peritheciis amphigenis. nigris, nitidulis, sparsis vel confertis, simplicibus ra
mosisve, oblongis, rectis. Ascis clavæformibus; sporidiis 6-10 ovoideis, hyali-
pis, uniseptatis. — Jn fois siccis Pinornm.
Le genre Æylographum ; établi par mademoiselle Libert
( Ann. des sc. nat. février 1837 ), doit suivre immédiatement le
genre Hysterium avec lequel il a beaucoup de rapport. Ses es-
pèces, fort petites, seront probablement très nombreuses,
lorsqu'on se sera livré particulièrement à leur recherche. Nous
en avoñs observé plusieurs sur les tiges et les feuilles des plan-
tes herbacées et même sur les feuilles de quelques arbres. Celle
que nous publions aujourd’hui offre des périthécium inégaux,
presque pointus aux extrémités, épars ou ramassés ça et là en
petits groupes. Ses thèques sont as:ez petites, mais grosses, très
obtuses et égales dans toute leur longueur.
RecHerRcHEs sur les cellules des Sphagnum et leurs pores, par
JEAN Roœprr, professeur à Rostok (Flora 1838. p. 17.)
L'observation microscopique m'avait depuis long-temps fait
voir qu’une partie des cellules des Sphagnum sont munies d’ou-
vertures proportionnellement très grandes , et que l'intérieur
en est mis en contact immédiat avec l’atmosphère dans laquelle
ces plantes végètent. Pour constater par des observations di-
rectes l'existence de ces-ouvertures, j'ai fait les expériences sui-
vantes : J'écrasai dans de l’eau très pure Palbumen farineux du
Nymphæa lutea. Vue à l'œil nu, l'eau en était de couleur de lait
par la présence dés granules tres petits de fécule contenus
dans cet albumen. Je trempai dans ce liquide des feuilles isolées
de Sphagnum obtusifolium, qui, lavées auparavant à l’eau pure,
ne présentaient dans leurs cellules fibreuses et vues sous Île
imnicroscopé composé, aucune trace de globules amylacés. Après
quelque temps les feuilles furent retirées du liquide farineux ,
nettoyées avec soin des grains de fécule qui y étaient attachés,
et mises sur le porte-objet dans de leau pure.
l'examen microscopique de toutes les feuilles traitées de la
J. ROEPER. — Sur les cellules des Sphagrnum. 319
manière indiquée , me fit voir que des grains de fécule en plus
ou moins grande quantité, avaient pénétré dans les cellules mu-
nies d'ouvertures, et que, par suite de leur pesanteur, ils s'étaient
placés sur la paroi cellulaire inférieure, où ils étaient disposés
généralement par groupes dans les interstices canaliculés formés
par la:simple membrane cellulaire; jamais je ne ‘es ai vus placés
sur les fibres qui forment des angles saillans intérieurement.
Une gouttelette de teinture diode mise sur le porte-objet, me fit
voir que les granules avaient effectivement pénétré dans les
cellules. J'étais donc convaincu par cette expérience de la jus-
tesce de l’opinion soutenue par mon ami Mohl contre Meyen ,
et je ne croyais plus nécessaire de revenir sur le même sujet.
Une circonstance extraordinaire m’engagea cependant à y re-
porter toute mon attention.
Pour examiner les cellules vertes très allongés dans les jeunes
feuilles fraiches de Sphagnum , je cueiliis en automne quelques
exemplaires de Sphagnum obtusifolium venus à l'air dans une
tourbrère au milieu du Jaccinium oxy coccos , de quelques petits
Saules et d’autres plantes des mêmes localités. Des coupes trans-
versales très minces me fournirent bientôt le résultat que je
cherchais, et j'étais sur le point de cesser mes observations,
lorsque le desir de voir dans une autre direction la liaison par-
ticulièredes cellules, m’engagea à porter sur le microscope quel-
ques feuilles entières, étalées dans Peau sur une feuille très mince
de mica. À peine avais-Je commencé à examiner de plus près les
cellules fibreuses et celles remplies de chlorophylle, que mon
attention fut attirée subitement par l'aspect particulier de quel-
ques-ures de ces cellules placées an bord du champ microsco-
pique. Je vis de distance à autre des cellules moins transpa-
rentes et légèrement colorés, présentant dans leur intérieur un
mouvement particulier. Les cellules, portées sur le milieu du
champ et examinées de plus près, firent voir dans leur intérieur
un corps étranger vivant; jy reconnus de jeunes individus
jaunâtres de Rotifer vulgaris.
Quelques-uns de ces animalcules étaient réunis'en une masse,
et immobiles; ils remplissaient les cellules, soit à la moitié:,
soit au quart; d’autres: individus, au contraire, se mouvaient
316. J. ROEPER. — Sur les cellules des Sphasnum.
avec beaucoup de vivacité, distendant, tantôt leur extrémité
antérieure semblable à une sangsue, et tantôt la contractant,
ou bien se tordant de tout leur corps, autant que la cellule
étroite le permettait. D’autres animalcules s'agitaient dans leurs
cellules, comme siis cherchaient aux parois, et particulière-
ment aux deux extrémités pointues de la cellule, une issue par
laquelle ils pourraient s'échapper. L'un d'eux se montra beau-
coup plus impatient que les autres : j'espérais voir ses efforts
couronnés de succès , et pendant plus d’une heure jy portai
une attention continue, Pendant tout ce temps, l’infasoire se
tordait continuellement dans sa cellule, de manière qu'il se
trouvait, par son extrémité antérieure, tantôt à l’un, tantôt à
l'autre des deux sommets de la cellule ; souvent il allait en tà-
tonnant contre les parois de la cellule, souvent il avançait son
organe rotatoire et le faisait vibrer; très souvent, et à mon
grand dépit, il passait devant la grande: ouverture latérale de!
sa prison, sans y faire attention ; d’autres fois il s’arrètait tout
près de l'ouverture et.se retournait. Il se trouvait par ha-
sard , au-dehors: de Pouverture, un petit grain de poussière
noire, qui, toutes les fois que lanimalcule se contournait
dans la proximité de l’ouverture cellulaire, présentait un mou-
véement. trémblotant. Je pouvais m'expliquer ce mouvement
par suite des expériences faites avec les grains amylacés ;
cependant: un diaphragme bien:mince pouvait permettre que
l'eau reçut des mouvemens ondulés, correspondans à ceux de
lanimalcule placé de l'autre côté du diaphragme. ‘Enfin, et
après plusieurs heures d'observation , je vis l’animalcule sortir à
plusieurs reprises, par l'ouverture de la cellule, une partie de
son extrémité antérieure, mouvement qui détermina le dépla-
cement du: grain de poussière dont j'ai parlé. Peu après ces pre:
miers essais, le captif microscopique ernploya tous ses efforts
et sortit assez lestement de sa prison ; ilne:se rendit cependant
pas dans la goutielette d’eau, mais bien dans la cellule placée
immédiatement à côté de l'ouverture par laquelle il venait de
sortir. La partie postérieure de son corps se trouvait encore
engagée dans la première cellule quand la partie antérieure eut
déjà pris possession de sa nouvelle demeure. Dans cellesci , il
SCHLAUTER. — Sur la végétation des Orobanches. 317
continua son premier manège, se tordant dans tous les sens
comme je l'ai décrit plus haut.
Pendant que je faisais mes observations, eus la satisfaction
de voir venir chez moi un ami qui a pu reconnaitre avec moi la
réalité du phénomène que je venais de découvrir.
Le microscope dont je me suis servi est celui de Plæssel , et,
comme depuis dix-huit ans je fais usage des meilleurs micros-
copes anglais et allemands, et que je m’en sers très souvent, il
n’est guère probable que j'aie pris le change dans mes obser-
vations.
Je ferai encore observer que les pores des cellules habitées
par lesinfusoires s'accordent en tous points avec ceux qui sont
dépourvus d'habitans; que j'ai fait usage d’un grossissement
d'environ trois cents diamètres, et que je n'ai employé d’autre
lumière que celle du jour. La liaison parüculière des cellules
fibreuses avec celles qui renferment la chlorophylle, de même
que ia perforation des premières, me semblent destinées à ga-
rantir les organes de la respiration de la trop grande’ influence
de l'air, comme l'épiderme, avec sès stomates, le fait dans’les
plantes les plus parfaites:
NoTe sur la végétation des Orobanches, par ScarauTeRr. (Flora
1897, pag. 45.)
1*Orobanche amethyshina Yhuill, se trouve: en assez grand
nombre dans les environs d'Hildesheim; l'auteur la observé sur
les Crepis biennis, Picris hieracioides, Trifotium medium, Medi-
cago falcata , quelquefois même sur le Libanotis montana etle
Peucedanum cervaria, quoique plus rarement sur les"quatre
dernières plantes. Il croit avoir trouvé la cause de sa plus fré-
quenté existence sur les deux chicoracées , en ce que celles-ci
lèvent plus fréquemment de graines que les trèfles'etlés om-
belliféres. C'est toujours sur les rosettes de la première année
que l’Orobanche se trouve. Un taillis coupé tous les dix ans,
présente dans toutes ses parties, immédiatement, apres la coupe
du bois et à la fin de juin une très grande quantité d'O. ame-
318 scHLaUTER. — Swr la végélation des Orobanches.
thystina. Tant quele Picris peut végéter entre les arbustes grat-
dissant de nouveau et qu'il peut par là se reproduire par ses
graines, on rencontre encore quelques pieds d'Orobanche ;
plus tard cetté plante parasite ne se voit plus du tout. Le même
phénomène se présente dans les différentes parties du taillis , à
mesure que les broussailles furent coupés et après dix années,
quand le tour d’être coupé revenait-à la première partie du tail-
lis, l'Orobanche apparaissait de nouveau. Les essais de semis
des graines d'Orobanche réussirent très bien : à cet effet, il fut
choisi un endroit où jamais il n’était venu d'Orobanche; les
graines du Picris et de son parasite furent semées en automne.
Le Picris se développa très bien, et au mois de mai suivant,
les fibres des racines et les rosettes étaivnt couvertes de nom-
breux pieds de l'Orobanche amethystina, de six pouces à deux
pieds de haut. Quand les graines de cette plante étaient parve-
nues à maturité, la tige dépérissait jusqu'à l'extrémité infé-
rieure, et l’année suivante ne présenta aucune végétation.
partant de l’ancienne souche. Cette espèce n’est donc pas vivace,
comme on l’'admet généralement, et plusieurs autres espèces
sont probablement dans lemême cas. Un examen répété fit voir
que c'est sur l'extrémité des fibres radiculaires du Picris que
s'implante la graine ridée de l'Orobanche; la radicule de cette
dernière plante perce les fibres de la plante nourricière; au
point où ceci a lien, la fibre s’enfle et il se forme un petit épais-
sissement d’où lOrobanche, dont l'accroissement est mainte-
pant tres rapide, tire sa nourriture. Les semis d'Orobanche sur
les racines de Picris fleuri furent sans aucun succes. |
L'auteur a encore observé l'Orobanche rubens Wallr. (medi-
caginis Duby); il se borne à dire que cette espèce vient égale-
ment sur plusieurs plantes ; mais il n’entre dans aucun détail à
ce sujet; 1l ne dit pas non plus, si d'après son opinion, cette
espèce se propage de la manière qu'il a décrite pour l'Oroban-
che amethystina.
MEYEN. — Our les animaux spermatiques des végétaux. 315
Lervre de M. Meyen. professeur à l'Université de Berlin, sur les
animaux spermatiques des végélaux d'organisation inférieure.
(Lue à l’Académie des Sciences, dans la séance du 3 septembre 1838.)
« Jai l'honneur d'adresser à l’Académie des Sciences le précis
de mes: observations: sur l'existence des animaux spermatiques
dans les végétaux, et de lui soumettre un croquis qui représente
graphiquement ces petits animaux sous des grossissemens
de 350 et de 600 fois. Si l’existence d'animaux spermatiques à
longue queue dans quelques groupes de végétaux d’une orga:
nisation inférieure , tels que les Musci frondosi et hepatici, est
déjà, par l’analogie même avec les animaux spermatiques des
mammifères , un pliénoméne bien digne d’attention, ce phéno-
mène augmente encore d'intérêt, parce que dans les végétaux
on parvient à déterminer l’époque à laquelle les animaux com-
mencent à paraitre. On peut supposer, à cause de fa grande res-
semblance de leur forme et de la vivacité de leurs mouvemens,
que dans les deux règnes ces êtres présentent aussi des analogies
dans leurs fonctions. L'observation nva démontré que dans les
Mousses, comme dans le Chara, chaque animal spermatique est
développé isolément dans une cellule de la masse pollinique.
En 1836, J'avais pris les globules aa (fig. 1, PI. 10) renfermés
dans les cellules à à du tube pollinique du Chara vulgaris, pour
les animacules spermatiques mêmes. Aujourd'hui j'ai constaté
que ces globules ne sont que les petites cellules mucilagineuses
ans l’intérieur desquelles se forme l’animalcule. Lorsqu'il es
dans l’int desquell f V Icule. Lorsqu'il est
ormé, ces petites cellules disparaissent, et l’on voit les animal-
fi petit ilules d t, et l’on voit les animal
cules contournés en spires, rangés dans les cellules propres du
fil pollinique (fig. 2 ). L'action de l’eau fait crever lesmembranes
P
du fil et les animacules sortent, La partie plus grosse de leur
corps se porte en avant, en se courbant et se débattant; la partie
postérieure très longue et très mince reste encore adhérente au
fil pollinique (aa, fig. 2 ). Enfin les petits animaux se détachent,
se déroulent en s’agitant, et continuent leurs mouvemiens spon-
tanés dans l’eau ; les figures 3 à 9 représentent ces animaieules
; 8 9:TEP
du Chara vulgaris libres et dans diverses positions. Dans cet
320 MEYEN. — Sur le$ animaux spermatiques des végétaux:
état de liberté , l'extrémité la plus mince du corps , qui est deux
à trois fois plus longue que la partie épaisse, se porte en avant;
le tout forme un fil mucilagineux dont les mouvemens rapides
sont des plus curieux. J'ai figuré les animalcules spermatiques du
Marchantia polymorpha (fig. ro et11 ); ceux-ci offrent 2 à 2:
tours de spire. De chaque cellule de la masse pollinique du Har--
chantia polymorpha, que M. de Mirbel a très bien reconnue et
figurée dans son excellent Mémoire d'anatomie végétale (fig.
53 et 54), sort un seul animal spermatique. La partie mince du
corps, toute diaphane, est d'abord presque invisible; mais, en
tuant l'animal par Pemploi de liode , le corps devient jaune et
plus apparente (fig. 13). Dans le Marchantia , la partie mince
estégalement la plus longue. A l’état vivant, les animalcules s’y
montrent toujours roulés, ce que l’on doit sans doute attribuer
à leur première position dans la cellule. J'ai ajouté aux animal-
cules du Chara et du Marchantia ceux du Sphagnuim acutifo-
léum (fig. 14, 15) et ceux del Hypnum triquetrum (fig. 16).
Dans cette dernière Mousse, les cellules de la masse pollinique
(fig. 17) restent long-temps collées ensemble par une matière.
mucilagineuse. Gonflées dans l’eau , une partie-s’en est quelque-
fois détachée, et alors les cellules mêmes, par impulsion des
animacules qu’elles renferment, ont montré des mouvemens qui
n'ont cessé que lorsque les animaux spermatiques en sont sortis
et ont pu s’agiter isolément. (1)
«. Je continuerai.ces observations avec le zele et surtout avec
la circonspection si nécessaire dans ce genre de recherches. »
EXPLICATION DE LA PLANCHE 3.
Fig. 1-2. Tubes polliniques du Chara vulgaris avec les animalcules qu'ils renferment,
3-9. Animalcules libres de la même plante, igrossis 350ofois.
10-12. Animalcules du Marchantia polymorpha, grossis 350 fois.
13. Les mêmes , tués par l’iode et grossis 680 fois.
14-15. Animalcutes du Spkagnum acutifoliuüm, grossis 350 fois.
16. Animalcule de l’Æÿnnum triquetrum grossi 680 fois.
17. Cellules poliiniques qui les renferment, grossis 350 fois.
(x) Les masses polliniques du Funaria hygrometrica, que j'ai observées dans le mois d’oc—
tobre, m'ont présenté le même phénomène, mais les petites vésicules intérieures, aplaties, et
discoïdes, ont présenté des mouvemens extrêmement vifs et très long-temps prolongés sans
qu'aucun des animalcules s’échappät de leur intérieur ; seulèment leur bord renflé et la pre-
sence d’un point globuleux plus opaque à la circonférence, semblaient indiqner cet animalcule
contourné en spirale. Je les ai représentées dans cet état, figure 18 2, €, sortant de la masse
poilwique, et en 4 plus grossies.
ee ———
EDWARDS ET COLIN. — Sur la respiration des plantes. 321
Sur la respiration des plantes,
Par MM. Epwarps et Coris.
(Memoire lu à l'Académie des Sciences, dans la séance du 26 novembre 1838.)
Il y a sur la respiration des plantes quelques-uns des plus
beaux faits que possède la physiologie végétale: mais il n'en
est pas de même de la théorie qui les unit et qui les explique.
Elle nous à toujours paru tres difficile à admettre depuis la res-
piration de Îa graine jusqu’à celle de la feuille.
En effet, dans la respiration de la graine on n’a guère recon-
nu d'autre phénomène que le dégagement de Kièide carbo-
nique (1): on l'explique par la db nas de l’oxigène de
l'air avec le carbone de la graine. Ainsi la graine ne serait en
rapport qu'avec l'atmosphère, et le rôle de l’eau dans cet acte
de la vie des plantes serait absolument nul, ou se bornerait à
le préparer et à le faciliter; mais il ne contribuerait directe-
ment en rien à la production du gaz qui se dégage. Voilà done,
à l'égard de cette théorie, une première difficulté relative à la
germination ; mais celles qui se présentent contre l’explication
de la respiration des feuilles sont beaucoup plus graves. La nuit
il se dégage de l'acide carbonique, puis le jour il s’en absorbe,
et ilse dégage de l'oxigène aux rayons directs du soleil. Voilà les
faits, voici l'explication qu’on en donne : l'acide carbonique
absorbé serait décomposé par la plante, qui s’approprierait le
carbone et dégagerait l’oxigène.
Mais c’est supposer à la plante une force qu'il est très difficile
d'admettre que celle capable de décomposer l’acide carbonique;
car elle ne se trouve pas facilement dans le règne rninéral, où
la plus grande simplicité de composition des corps augmente
leur force décomposante, et où le nombre bien plus considé-
rable d’élémens répandus dans les divers composés de ce règne
(x) Nous parlerons dans la suite de ce que les physiologlistes ont fait à ce sujet.
X. Boran. — Décembre. 21
322 FDWARDS ET COLIN:
Sur la vespiration des plantes.
rend plus probable qu'il s'en trouvera quelqu'un doué de cette
propriété.
Enfin l’eau serait encore nulle ici dans son action, quoique
sa nécessité soit extrême pour les plantes; et l’on ne sait pas
du tout quel en est le rôle. Telles sont les considérations qui
nous ont déterminés à reprendre l’examen de cette fonction
dans les plantes. Nous y avons d’ailleurs été conduits par des
faits de physiologie agricole sur lesquels nous reviendrons dans
la suite.
: Jusqu'ici, les expériences sur la respiration des graines se
sont toujours faites dans l'air; ou lorsqu'on les à faites dans
l’eau, on s’est borné à expliquer les phénomenes qui s’y passent
par ce qui a lieu dans l'air; on n’a pas recherché ce qui se dé-
gageait de gaz dans le liquide, et par conséquent on n’en a pas
déterminé la proportion.
Voilà ce que nous avons fait et ce qui nous a conduits à des
résultats fort remarquables. Nous avons opéré sur une plus
grande échelle, afin de mieux faire ressortir les effets de l'expé-
rience.
C’est pourquoi nous avons choisi un ballon à col droit, ca-
pable de contenir de trois à quatre litres d'eau. Nous l’avons
rempli de ce liquide et nous y avons introduit quarante fèves
de inarais, grandes et choisies sans fissures à la peau et sans dé-
faut. Nous avons adapté au ballon un tube recourbé plein d’eau,
et qui plongeait dans une éprouvette également pleine de ce
liquide.
Ainsi les fèves étaient seulement en contact avec l’eau et avec
l'air qu'elle contenait, air qui ne pouvait pas se renouveler, à
cause de la manière dont l'expérience était disposée ; et c'est là
une circonstance fondamentale qui fait tout le succès de l’expé-
rience. Le premier phénomène qui se présenta fut le dégage-
ment de bulles d'air provenant des graines. Ces bulles étaient
d’abord très petites, puis elles grossirent insensiblement et de-
vinrent, dans l’espace de vingt-quatre heures, très manifestes.
Cette production de gaz était déjà une circonstance fort ex-
traordinaire, qui n'avait pas été signalée et qui ne semblait
guère s’accorder avec les idées qu'on s'était faites sur la germi-
EDWARDS ET COLIN. — Sur la respiration des plantes. 323
nation, à moins de supposer que ce dégagement provenait de
l'air que les fèves pouvaient contenir. Mais cette supposition
devait bientôt s’'évanouir par le dégagement du gaz qui conti-
puait toujours, et qui devint trop considérable pour qu’on l’at-
tribut à cette cause.
C'est d’abord une certitude que le gaz provenait des graines;
car , avant de les introduire dans l'appareil, nous avions eu le
soin de les mettre dans l’eau et de les frotter pour en détacher
tout l'air qui adhérait à leur surface. Long-temps après avoir été
plongées dans l'eau de l'appareil, l’on ne voyait pas de gaz à
leur superficie ; mais il s'en forma peu-à-peu. D'ailleurs, dans
d’autres occasions où la graine avait été coupée, nous l'avons
vu sortir du parenchyme. Beaucoup de fèves étaient enlevées
par des bulles d’air qui leur étaient adhérentes, et qui, venant
crever à la partie supérieure du baïlon, laissèrent tomber Îes
graines.
Après une durée qui n’a Jamais été moindre de quatre jours,
nous arrêtames l’expérience. Notre premier soin fut de peser les
graines pour constater la quantité d’eau qu’elles avaient absor-
bée, et nous trouvämes constamment qu’elle avait dépassé leur
propre poids. Effectivement, le poids moyen des fèves employées
était de 100 grammes, et l'humidité qui les gonflait l’élevait en-
viron à 120 grammes.
Le point le plus essentiel était de s’assurer si les graines
étaient vivantes et en état de germer; car il est évident que c’est
une condition indispensable pour établir que le dégagement
de gaz qui s’opérait dans l’eau était le résultat d’une fonction
naturelle et normale.
Au sortir du liquide, quelques-unes de ces graines avaient
une déchirure vis-à-vis de la pointe de la radicule ; mais il y en
avait au plus trois ou quatre dans cet état.
Si les graines étaient vivantes, la fonction était normale ;
nous les plantämes donc comparativement avec un même
nombre d’autres fèves qui n'avaient été soumises à aucune ex-
périence, et nous eumes le plaisir de les voir lever toutes égale-
ment bien ; mais la meilleure manière de faire l'expérience est de
les garder dans un papier humide entre deux assiettes. Le lende-
27,
324 EDWARDS £T COLN. — Sur la respiration des plantes.
main, elles étaient toutes parfaitement germées, en été, et les
radicules sortaient de quatre à cinq lignes.
Maintenant, quant à la production du gaz, nous observerons
que celui qui s’est dégagé en traversant l’eau pour se rendre
dans le tube et dans l'éprouvette n’était que le signe de la fonc-
tion ; il est évident qu'il ne pouvait être que l’excédant de celui
qui se dissolvait dans l’eau au fur et à mesure qu’il se formait ;
aussi devait-il être en bien moindre quantité.
La proportion d’air qui avait traversé l’eau sans s’y dissoudre
s'élevait de 20 à /4o millilitres; mais celle qui s'était dissoute
dans l’eau, et que nous en avons dégagée par l’ébullition, était
très considérable et avait bien lieu de nous surprendre.
Tout l'intérêt de l'expérience dépend ici de la quantité d’air
naturellement contenue dans l’eau, comparée à celle qui avaitété
produite par les graines. Nous avons donc fait plusieurs expé-
riences pour déterminer la proportion d'air contenue dans l’eau
de fontaine dont nous nous sommes servi. Nous avons trouvé
que l’eau de nos ballons, avant l’expérience, contenait en
moyenne 7,) centilitres d'air ; mais apres l'expérience, nous en
avons dégagé plus d’un demi-litre de gaz (55,5 dans une expé-
rience de 5 jours) : ainsi, en défalquant la quantité d’air natu-
rellement contenue dans l'eau , on trouve 47,7 centilitres, ce
qui fait tout près d’un demi-litre de gaz, produit uniquement
par l'action de l’eau et des fèves. En prenant une auire expé-
rience, dont la durée était de six jours, et faisant la même dé-
falcation, on trouve un reste qui équivaut à 50,5 centilitres de
gaz produit au-delà de l'air naturellement dissous dans l’eau du
ballon.
Il s’est donc dégagé par la seule action des graines et de l’eau,
en défalquant l'air qu’elle contenait, plus d'un demi-litre de gaz.
Voilà un effet tellement marqué, et qui se présente sur une
si grande échelle, qu'on ne peut concevoir le moindre doute
sur l’action de l’eau dans la respiration des fèves, abstraction
faite de l'air contenu dans ce liquide.
Il s’agit maintenant de savoir ce da ’aura fait connaitre l'ana-
lyse des gaz fournis par les graines : 1° Une proportion énorme
d'acide carbonique; sur les 55 centilitres produits par l'expé-
EDWARDS ET COLIN. — Sur la respiration des plantes. 325
rience de cinq jours faite en été , il y en a eu 48 d’acide carbo-
nique; 2° une quantité presque infiniment petite d’oxigène,
210,5; et 3 6 centilitres 5 dixièmes d’un gaz qui paraissait
être de l’azote. Ainsi donc en résumé : 1° une quantité énorme
d'acide carbonique; 2° presque pas d’oxigène; 3° une quantité
de gaz que nous regarderons pour le moment comme entiere-
ment composée d'azote, et qui s'élevait à un peu moins que la
quantité d’air contenu dans l’eau. Nous nous réservons d'indi-
quer dans une autre occasion s'il n’y a pas un autre gaz qui s’y
mêle.
D'où provient cette énorme quantité d’acide carbonique où
l'air contenu dans l’eau n’entre pour rien ? Il est évident que
puisque l’oxigène ne vient pas de l’air dissous dans Peau, il doit
venir d’un des élémens de l’eau même. L'eau est donc décom-
posée; l’oxigène, qui est un de ses élémens, s’unit au carbone
de la graine , et forme l'acide carbonique qui se dégage en tout
ou en partie : question que nous examinerons dans une autre
occasion.
Que devient l’autre élément de l’eau, l'hydrogène? Nous sup-
posons pour le moment qu’il n’en paraisse pas une trace , ainsi
que nous l'avons présenté provisoirement plus haut ; puisqu'il
n'est pas dégagé, il est évident qu'il est absorbé par la graine.
Ainsi, dans les conditions où nous avons placé les graines,
il suit des expériences que nous avons exposées les résultats
suivans :
1° L'eau est décomposée ;
2° L’oxigène de la partie décomposée se porte sur le carbone
de la graine et forme de l'acide carbonique ;
3° Get acide carbonique se dégage de la graine en tout ou en
partie ;
4° L'autre portion de l’eau décomposée, l'hydrogène, est ab-
sorbée par la graine en tout ou en partie.
Voilà les quatre propositions fondamentales relatives à la res-
piration de la graine, auxquelles nous nous bornons pour le
moment.
326 EDWARDS ET COLIN. — Sur la respiration des plantes.
Il importe peu actuellement de savoir si tout lacide carbo-
nique est complètement dégagé.
Il importe également peu que nous sachions dés à présent si
tout l'hydrogène, rendu libre par la décomposition de l’eau,
est complètement absorbé par la graine : c’est ce dont nous
traiterons dans la suite de ce travail.
Le fait fondamental de ces recherches est donc la décompo-
sition de l’eau; fait tout-à-fait étranger à la théorie admise jus-
qu'à ce jour.
11 résulte aussi des faits que nous avons exposés, que la res-
piration n’est plus, comme elle était considérée jusqu'ici, uni-
quement une fonction d’excrétion, mais qu’elle présente en
même temps, d’après ce que nous avons fait connaître, un fait
fondamental de la nutrition et du développement de l'embryon
par l'absorption de l’'hydrogene.
Outre la respiration de la graine, que nous avons étudiée
dans plusieurs espèces, nous avons examiné celle des bulbes,
des tiges, des pétioles, des feuilles et des fleurs.
Nous nous proposons d’avoir l'honneur de les communiquer
successivement à l’Académie.
Mais nous dirons que les faits exposés dans ce Mémoire, re-
latifs à la respiration de la graine, forment la base de la respi-
ration des autres parties de la plante : c’est ce que nous ver-
rons dans la suite, ainsi que la part que l'air prend à cette
fonction.
La multiplicité de nos recherches nous a déterminés à prier
M. Labbé, pharmacien à Versailles , de nous prêter son secours,
et nous devons beaucoup à son talent et à son habileté. (1)
(1) On voit, par les recherches exposées dans ce Mémoire, que nos résultats s'accordent
parfaitement avec quelques faits qui se trouvent dans le beau Mémoire que M. Boussingault
a lu dans la séance précédente, et qui se rapportent à la fixation de l'hydrogène dans les
plantes.
—— — PE Q'Q Q E———
SCHULTZ. — Sur la circulation dans les plantes. 327
Nouverres observalions sur la circulation dans les plantes ,
Par le Dr. C.-H. Schultz.
(Lues à l’Académie des Sciences, le 20 septembre 1838.)
Rien ne saurait être plus agréable pour moi, à l'occasion de
ma présence dans cette illustre assemblée, que d'exprimer per-
sonnellement ma reconnaissance à l'Académie pour lPhonneur
qu'elle a daigné faire à mon Mémoire sur la circulation dans
les plantes, en lui accordant le grand prix de physique, Qu'il
me soit permis de remercier spécialement MM. les membres
de la Commission qui s'est chargée du rapport sur des observa-
tions si détaillées, et qui a témoigné un si vif intérêt à mes
travaux.
L'Académie n'a pas reculé devant les dépenses nécessitées par
la gravure d’un très grand nombre de dessins, et j'ai le plaisir
de voir qu'on est sur le point de faire imprimer le texte sous
mes propres yeux.
Au moment de la publication du mémoire entier, j'ai cru
que l’Académie n’entendrait pas sans intérêt quelques observa-
Huons nouvelles accompagnées des dessins concernant le même
sujet, car ces observations serviront à compléter mon travail,
ainsi qu’à confirmer le jugement de l’Académie sur celui-ci, et
à rectifier quelques erreurs dans lesquelles sont tombés divers
auteurs, depuis la présentation de mon Traité. Quelques savans
ont confondu le mouvement de cyclose dans les vaisseaux ré-
pandus dans le tissu cellulaire hors du foyer de la circulation
avec le mouvement de rotation dans les plantes inférieures. Jai
fait connaître dans mon Mémoire deux sortes de circulations
tout-à-fait distinctes l'une de l’autre : l’une existante dans les
plantes Aomorsaniques, c’est-à-dire dans les plantes pourvues seu-
lement d’un tissuutrieulaire homogène dont chaque utricule re-
présente et renferme la totalité des fonctions vitales de la plante;
circulation qu'a cause du mouvement gyratoire séparé dans
chaque utricule nous avons nommée la rotation ;l'autre sorte de
328 scaurrz. — Sur la circulation dans les plantes.
circulation est propre aux plantes hélérorganiques, c'est-à-dire
aux plantes pourvues d’un double système de vaisseaux réunis
par un système cellulaire, lequel remplit seulement les fonc-
tions de la formation: cette circulation est celle à laquelle j'ai
assigné le nom de cyclose à cause des courans de sucs renfer-
més dans des vaisseaux ramifiés et anastomosés en forme réti-
culaire, de manière qu'il se forme des cercles cohérens et en-
chaïnés les uns aux autres par les anastomoses.
Depuis, MM. R. Brown et Amici, sans avoir égard à la cy-
close, firent connaitre leurs belles observations sur le mouve-
ment du suc dans les poils nurement cellulaires de plusieurs
végétaux hétérorganiques ou pourvus de vaisseaux laticifères.
Vers la mème époque, M. Slack, habile naturaliste anglais, en
répétant les observations de M. R. Brown sur les poils du Tra-
descantia virginica ; établit le premier , d’une manière positive,
la comparaison de cette circulation dans les poils avec la rota-
tion dans les plantes homorganiques(1).Toutefois, M. Slack avait
très bien remarqué que ces poils ne sont pas des cellules d’une
simple membrane, mais qu’ils se composent dun double tissu,
lun extérieur, lautre intérieur, et que c'est entre les deux
membranes que s'opère la circulation. M. Slack avait reconnu
en outre que ce mouvement dans îes poils n'offre pas seulement
deux courans retournant sur eux-mêmes, mais plutôt de nom-
breux canaux liés ensemble par des anastomoses réticulaires.
Donc M. Slack avait décrit d’après nature une véritable cyclose,
et seulement il ignorait tout-à-fait alors la vraie nature et les
divers degrés de l’évolution des vaisseaux laticifères et de la
cyclose, qu'il paraît n'avoir connus que par oui-dire. Voilà ce
qui porta M. Slack à comparer à tort ce mouvement de cyclose
à la rotation.
Plus récemment, ces observations furent répétées par
M.Meyen; mais quoiqu’on ait dü s'attendre à ce qu’un obser-
vateur connaissant les vrais rapports de la cyclose distinguñt au
premier coup-d’œil le mouvement de cyclose de celui de ia ro-
tation, M. Meyen partage l'opinion, au contraire, de M. Slack,
(1) Annales des Sciences naturelles, 2° serie, Botan, Tom. 1. p. 271.
SCHULTZ. — Sur la circulation dans les plantes. 329
et même il pousse encore plus loin cette fausse comparaison ,
en tâchant de réfuter les observations incontestables de celui-
ci, savoir : que les courans du suc dans les poils ne s’opéreraient
pas dans l'intérieur d’une cellule creuse et parfaitement vide,
mais dans les interstices d’un double tissu. Il est certain que
cette réfutation est purement hypothétique. M. Meyen re-
connaît bien qu'il était impossible qu’une vraie rotation se fit
dans des canaux enfermés entre deux tissus ; mais au lieu d’ad-
mettre que des courans en forme de réseau dans l'intérieur des
tissus ne sont autre chose qu'une véritable cyclose , il préférait
avancer que les observations de MM. R. Brown et Slack sont
erronées sur ce point, quoiqu'il n’y ait rien de plus juste que
ces observations, et que la comparaison seule soit fausse. C’est
aussi pourquoi les figures de cette circulation dans le tissu cel-
lulaire des poils, données par M. Slack selon les observations de
M. Brown, sont beaucoup plus conformes à la nature que les
figures de M. Meyen.
D'après l’opinion de M. Meyen, il était nécessaire d'admettre
dans les plantes hétérorganiques, pourvues d’un système vascu-
laire laticifère, deux sortes de circulation dans la même plante,
savoir: la cyclose et la rotation, sans qu'on comprenne quel
rapport ou quelle liaison existe soit entre ces deux circula-
üons elles-mêmes, soit entre les deux circulations et le système
des vaisseaux spiraux. Ces contradictions ne sont explicables
que par lignorance où est M. Meyen des diverses formes,
de la place, de l'étendue et principalement des degrés de lé-
volution des vaisseaux laticifères. Ce sont notamment les vasa
laticifera contracta, dont les parois sont très souvent non re-
connaissables au milieu du tissu cellulaire, à cause de leur té-
nuité extrême et de leur transparence vitreuse , et c’est ce qui
a si souvent empêché les observateurs d'admettre d’une ma-
nière générale des vaisseaux pour le latex. C'est pour éclaircir
ces phénomènes que j'ai l'honneur de présenter à l’Académie
quelques dessins exécutés exactement d’après nature. On voit,
dans June de ces planches, une coupe longitudinale d'une
tige vivante du Commelina cœlestis passant par le milieu d'un
faisceau vasculaire. On aperçoit, à côté des vaisseaux Spiraux,
330 scauz1z. — Sur la circulation dans les plantes.
le foyer de la cyclose. Ce foyer se compose d’un faisceau de
vaisseaux laticifères dont les vaisseaux très déliés et effilés sont
très serrés et liés entre eux en forme de réseaux à mailles très
allongées, dans lesquelles on voit les courans du latex ascen-
dans , descendans et retournans en soi-même. En outre , on re-
marque à côté du foyer, dans le tissu cellulaire, la cyclose en
courans bien distans, et la même chose est visible entre les
cellules du poil que j'ai représenté à un plus fort grossissement
dans une autre figure.
On observe de même que les courans épars soit dans le tissu
cellulaire de la tige, soit dans les poils, ne sont ni séparés dans
chaque cellule, ni isolés dans tout le tissu cellulaire, mais liés
au foyer de la circulation en quelques endroits que j'ai indiqués
dans le dessin; ainsi tout le suc circulant dans le tissu cellulaire
et dans les poils, dérive du foyer de la cyclose. Le latex dans le
Commelina aussi bien que dans toutes les Liliacées, n’est pas
tout-à-fait laiteux, quoiqu'il soit un peu plus opaque que dans
beaucoup d’autres plantes. Or, toutes ces plantes ayant des
vaisseaux laticifères d'autant plus fins que leurs sucs sont plus
transparens, ainsi que je l'ai exposé en détail dans mon Mé-
moire, il est souvent difficile de trouver et de poursuivre toutes
les ramifications qui font là connexion des courans. Mais il
existe ‘des plantes à latex parfaitement laiteux où l’on voit la
même chose d’une manière encore plus claire.
J'ai l'honneur de présenter à l’Académie une figure d'un poil
tenant à une-portion de la corolle du Campanula rapunculoi-
des. Ainsi que toutes les Campanulacées, cette espèce a un latex
parfaitement laiteux , et j'ai figuré dans mon Mémoire les vais-
seaux laticifères de plusieurs Campanulacées dans tous les de-
grés de leur évolution, afin qu'il ne soit pas douteux que le la-
tex circule vraiment dans ces vaisseaux. Or, on voit dans ce
poil vivant les courans du latex dans la même liaison réticulaire
que dans l'intérieur de la plante, soit dans le foyer de la cyclose
soit dans le tissu cellulaire. D'ailleurs, ces circulations d’un la-
tex parfaitement laiteux ressemblent en tout aux courans du
latex dans Le Commelina, le Tradescantia et les autres plantes
à latex non laiteux. Ainsi toutes ces sortes de circulations ont
sCHULTZ. — Sur la circulation dans les plantes. 331
lieu dans un système de vaisseaux entourant, sous forme d’un
réseau très fin, les cellules, et traversant même l’intérieur des
«cellules, dans les directions les plus diverses ; aussi c’est dès le
premier coup-d'œil qu'on distingue cette circulation de la vraie
rotation dans les plantes homorganiques. C’est aussi ce que j'ai
figuré dans quelques Aroïdées, dans mon Mémoire, où l’on
voit comment les vaisseaux laticifères contractés se répandent
hors du foyer dans le système cellulaire. Jamais cette circulation
n'est isolée dans les cellules: car il y a toujours une liaison des
réseaux des différentes cellules.
Je ne connais qu’un seul phénomène qui donne une cer-
taine indépendance à la cyclose de quelques grandes cellules.
Ce cas arrive lorsque , au milieu d’une cellule, on voit un con-
fluent de courans plus ou moins radiaires , d’où il résulte que le
point de réunion de ces courans est comparable au cœur, Jai
figuré cela dans le Commelina. Mais toujours les courans ra-
diaires communiquent avec les courans des cellules voisines.
Pourtant tous ces faits sont restés absolument inconnus à
M. Meyen, de sorte qu’il va jusqu'à nier les phénomènes les plus
incontestables, tels que l’existence des vaisseaux laticifères, en
état de contraction , et même les anastomoses de ces vaisseaux
dont j'ai peut-être déjà surchargé de figures mon Mémoire.
C'est ici que je suis obligé de relever encore une autre erreur
assez singulière. M. Meyen, en niant l'existence des anasto-
moses des vaisseaux laticifères, cite une figure des vaisseaux fa-
ticifères d’une Euphorbe charnue, donnée nouvellement par
M. Link, et à la vérité, dans cette figure, ces vaisseaux sont
représentés sans anastomoses. Mais c'est moi-même qui avais
préparé ces vaisseaux pour M. Link, avec toutes les anasto-
moses qu'on y trouve en réalité, et c’est seulement par la faute
du dessinateur qu'il ne les avait pas figurés. Or, comme
M. Link, je ne sais par quel hasard, avait publié ce dessin sans
faire mention de moi, il est arrivé que M. Meyen a voulu me
réfuter par mes propres préparations imparfaitement exécutées.
Certainement les nombreux dessins des anastomoses donnés
dans mon Mémoire feront disparaître les doutes sur l'existence
des anastomoses des vaisseaux laticifères et on sera persuadé
332 SCHULTZ. — Sur la cérculation dans les plantes.
que les courans du latex, dans la plante vivante, sont tou-
jours tracés par la forme des réseaux des vaisseaux. La con-
naissance de ces réseaux jette d’abord une grande lumière sur la
marche des courans de la cyclose dans l’intérieur du parenchyme
des plantes vivantes où l’on ne distingue pas mieux les parois
des vaisseaux mêmes que dans la circulation des animaux, où
l’on a souvent eu les mêmes doutes sur l’existence des vaisseaux
dans le système de la périphérie. Peut-être qu’il sera aussi im-
possible dans les plantes que dans les animaux de séparer les
vaisseaux dans toutes les parties d’une plante, et qu'on devra
se contenter de les avoir représentés dans quelques parties,
mais dans autant de familles que possible, et c'est ce que je
me suis efforcé de faire dans mon Mémoire et ce que l’Acadé-
mie a jugé convenable.
l’ensemble de la connaissance des vaisseaux et du mouve-
ment du suc nous met en état de distinguer exactement la cy-
close de la rotation, distinction dont il s’agit ici. Il ne parait pas
que la rotation euüt lieu dans aucune plante hétérorganique,
c'est-à-dire à vaisseaux laticifères, tandis que cette rotation se
retrouve dans toutesles plantes homorganiques phanérogames
examinées vivantes jusqu'ici. Même dans quelques-unes de ces
plantes, dont j'ai donné la classification dans mon système des
plantes d'apres l'observation de lorganisation sur des tiges
desséchées, que j'avais rangées parmi les plantes dans lesquelles
on devrait trouver encore la rotation, on la déjà trouvée,
comme dans le Zanichellia.
Un autre moyen de distinguer la rotation de la cyclose est
offert par l'absorption des liquides coloriés, qui dans les plantes
hétérorganiques ne sont jamais absorbés que par les vaisseaux
spiraux , tandis que, comme je l'ai démontré dans mon ouvrage
sur la plante vivante, dans les plantes homorganiques à rotation
c'est le suc tournant même dans chaque utricule qui se colore
de suite de la matière colorante absorbée , de manière que dans
plusieurs plantes homorganiques, j'ai produit une rotation
rouge par l’absorption de la garance et une rotation bleue par
l'absorption de lindigo; mais jamais je m’ai pu produire une
cyclose rouge ou bleue, parce que cesont toujours les vaisseaux
SCHULTZ. — Sur la circulation dans les plantes. 333
spiraux qui absorbent les liquides colorés, et jamais le latex
ne prend une couleur artificielle dans la plante saine. Cest
aussi ce que j'ai tenté de faire avec le Tradescantia virginica,
le Commelina cælestis, le Campanula rapunculoides, sans
avoir réussi à produire une cyclose artificielle rouge ou bleue,
ce qui se fait si facilement pour la rotation.
Ainsi, je suis porté à croire qu'une loi générale, tant dans
l’organisation des plantes que dans l’organisation des animaux,
sépare deux grandes divisions dans le règne végétal : les homor-
ganiques et les hétérorganiques; et que c’est principalement
l’organisation du système de la circulation dont les types divers
président aux changemens de toute l’organisation interne, de
laquelle résultent les degrés de développement des divisions na-
turelles du règne végétal, tandis que dans le règne animal c’est
privcipalement du système nerveux que dépendent les types
généraux des divisions naturelles. Cette diversité s’expiique en
ce que l’organisation des plantes n'offre que des fonctions or-
ganiques ou végétatives, tandis que, dans les animaux, les
fonctions animales gouvernent la totalité de l’organisation. Mais
aussi parmi les fonctions purement végétatives des plantes se
trouve un système supérieur dominant et remplacaut le sys-
tème nerveux des animaux, et ce système est le système de la
circulation. Voilà pourquoi les changemens des grands types de
la circulation déterminent les changemens de toute lorganisa-
tion interne qui produit les grandes divisions naturelles du
règne végétal, divisions que j'ai täché d'exposer dans mon sys-
teme des plantes. 5
Quoi qu'il en soit ,il reste hors de doute que tous les phéno-
mènes qu'on avait pris pour une rotation dans les plantes hé-
térorganiques appartiennent incontestablement à la cyclose; et
c'est done le fait principal auquel je me bornerai ici, parce
qu'il se lie immédiatement aux questions qui ont été proposées
par l’Académie et auxquelles j'ai répondu dans mon Mémoire.
334 C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes.
CRYPTOGAMES ALGÉRIENNES, ow plantes cellulaires recueillies
par M. Rousse aux environs d’Alger, ef publiées
Par le Docteur CAMILLE MONTAGNE.
Suite et fin. (Noy. p. 268.)
HEPATICÆ, Hedw.
130. Riccia glauca L.
131. Oxymitra pyramidata Bisch.
132. Anthoceros lœvis L.
133. Targionia hypophylla Mich.
134. Z'imbriaria intermedia Montag. Sp. nov.?
Oss. Quoique cette espèce me semble inédite, je ne me ha-
sarderai pourtant point à la décrire sur un simple échantillon.
Je me contenterai de dire qu’elle a la forme du Fimbriaria ve-
nosa Lekm. et Lindbe. , et les réceptacles femelles du Férbria-
ria chilensis Nees et Montag. Centur. PI. cellul. exot. nouv. n. 72.
J'attendrai, pour la mieux faire connaitre, qu'elle ait été re-
trouvée dans la localité indiquée par M. Roussel à plusieurs
botanistes, et que de nouveaux échantillons plus complets m'en
soient parvenus.
135. Lunularia vulgaris Mich. cum receptaculis femineis maturis.
136. Plagiochasma Rousselianum Montag.
P. pusillum , receptaculis femineis mono-pentacarpis subtüs barbatis, capsulà
pedicellatà, fronde obcordato-cuneatà
Har. in vallibus umbrosis occidentalibus, imprimis loco Boudjareah dicto et
non multüm ab urbe distanti, ad margines viarum hanc speciem detexit ci.
Roussel.
Drscr. Frondes in cæspitem viridi purpureoque variegatum congestæ , sim-
plices, obcordato-cunçatæ, duas lineas longæ et apicem versus ampliatum emar-
C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes. 335
givatumque eamdem amplitudinem metientes, ferè scilicet orbiculares, teneræ,
membranaceæ medio subtüs incrassatæ et ibi radiculas numerosas cum squamis
mixtas tenuissimis lanceolatis atro-purpureis sat brevibus nec ad margines sed
tantüm in emarginaturà frondis sub aspectum venientibus , ferentes, suprà lætè
et intense virides, epidermide lineolis fuscis reticalatà (retis areolæ hexagonæ pa-
pilis hemisphæricis oblongisve hyalinis interspersæ) margine undulato adscen-
dente subtüsque atro-purpureæ tiranslucem adspeciæ subviolaceæ. In facie
pronà vel inferiori adsunt et plicæ tenuissimæ quæ à centro ad margines radiant,
Receptaculum femineum mono-pentacarpum non autem ex emarginaturà pro-
diens , sed in medio oborum frondis non longè antè apicem surgens, pedun-
culo brevisssmo , dfas ad summum lineas longo, basi compresso, nudo, longitu-
dinaliter siriato, albo , cellulis minutissimis, ad axem centralem densiüs contex-
tum radiatim versis composito, apice subtüs paleis tenuissimis longè barbato,
suffultum. /rvolucra 1 ad 5, fere lineam longa, semilineam lata, viridia, ad
apicem pedunculi longitudinaliter affixa sibimetque dorso contigua bivalvia,
seu verticaliter rimà integerrimàä dehiscentia. Quandoque involucrum soliterium
cernitur subsessile, pedunculo abbreviato; tunc rima supera et transversalis est
ut jam de mei Plagiochasmatis Peruviani Varietate monocarpä dixi et de suo
genere Antrocephalo prædicavit celeb. Lehmann. Id si contigerit, vestigia invo-
lucrorum abortientium sub involucro fertili vel ad ipsius basin remanent et facilè
deprehenduniur. Ca/yptra tenerrima, albida, stylo parvulo coronata, è cellulis
quam maximè irregularibus constans, apice cito rumpitur et semper cum invo-
lucro tam arctè coalita ut ab invicem disjungere difhicile sit. Capsula (sporan-
gium) sphærica, brunnea , diametro semilineam metiens, pedicello suffulta quar-
tam lineæ partem adæquante, in fundo involueri affñixo, in lacinias plures irre-
gulares apice dehiscens. Sporæ globoso-polyedræ quingentesimam millimetri
partem diametro æquantes, fusco-rubræ, obscuræ, aculeis obtusis spiraliter ut
videtur seriatis echinatæ. Ælateres trispiri ! ! flexuosi apicibus obtusi, medio
filis laxissimè spiraliter tortis et utriculo contiguis ventucosis subcancellati.
Oss. Cette Marchantiée, sans ressembler à aucune autre es-
pèce du même genre, a de grands rapports, par son réceptacle
chargé de paillettes ou barbu en dessous, soit avec le Plagio-
chasma appendiculatum LL L., soit avec le P. peruvianum Nees
et Montag.; mais elle diffère du premier par la forme obcordée
presque orbiculaire de sa fronde, et du second par ce même:
caractère et par son pédicule nu à la base. Si nous la comparons
avec le Xeboullia madeirensis Raddi , devenu, depuis qu'il a été
mieux étudié, le P/agiochasma Ailonia N. ab E. ms., nous trou-
vons encore une plus grande ressemblance, mais aussi nous
observons des différences qui ne permettent pas de les con-
fondre. Ainsi, outre que dans le premier le pédicule est garni
336 C. MONTAGNE. — Crypt ogames algériennes.
de longues barbes à la base et nu au sommet, ce qui est abso-
lument le contraire dans le second , la forme de la fronde, di-
chotome et allongée dans la plante de Madère, courte et arron-
die dans celle d'Alger, nous semble suffire pour distinguer spé-
cifiquement ces deux Plasiochasma. Mais les différences ne se
bornent pas à celles que je viens d'exposer ; il en est encore de
plus importantes, puisqu'elles ont pour objet les organes de la
reproduction. Je veux parler des spores, qui dans l'espèce algé-
rienne sont échinés, et des élatères, composés de trois lames
roulées en spire, caractères qui ne se retrouvent dans la des-
cription d'aucune des quatre autres espèces de ce genre.
137. Codonia pusilla var. Wondrackzeky Dumort.
138. Aneura pinguis Dumort.
MUSCI , Juss.
130. Gymnostomum ovatum Hedw. Ad muros.
140. — curvisetum Schwægr.
141. Grimmia pulvinata Sm.
142. Heissia viridula Hedw.
143. — Starkeana Hedw.
144. — verlicillata Schwæsr.
145. Dicranum varium Hedw.
146. Trichostomum Barbula Schwægr.
147, Dydimodon rigidulus Hedw.
148. Tortula (Barbula) rigida Turn.
149. — — cuneifolia Roth.
150. — fps muralis Hedw.
151. — = unguiculata Hedw.
153. Bryum sanguineum Bnid.
153. — cæspiticium L.
154. — platyloma Schwægr.
155. Bartramia stricta Brid.
156. Funaria flavicans Mich.
157. — Fontanesii Schwægr.
158, — hygrometrica Hedw.
159. Leskea. sericea Hedw.
160. Hypnum illecebrum L.
161. — murale Hedw.
162. — sérioosum Hoffm.
163 — aloerianum Vesfont.
164, Fissidens bryoides Hcdw.
C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes. 337
SUPPLÉMENT.
Un envoi tout récent de plantes cryptogames algériennes
que je dois à l'obligeance de MM. Monard , médecins de l’armée
d'Afrique, me met dans la nécessité d'ajouter à la liste précé-
dente qnelques espèces intéressantes où nouvelles qui n’y figu-
rent point encore. Par mon empressement à faire connaître au
monde savant les fructueuses investigations de ces deux amis
éclairés de la Botanique, je desire à-la-fois leur donner une
preuve de ma gratitude toute particulière, et les engager à con-
tinuer avec le même zèle leurs importantes recherches. Comme
la plupart des espèces de ce dernier envoi sont déjà inscrites
dans la liste de celles que m'a communiquées M. Roussel, je ne
mentionnerai ici que les plantes qui n’en font point partie.
165. Chondria ( Laurencia ) obtusa v. paniculata Ag.
166. Halymenia nicæensis Lamour. — Duby, Bot. Gall.
167. Sphærococcus (Gigartina) Griffuihsiæ Ag. (typus)
168. + Padina omphalodes Montag. m.s.: fronde olivaceo-fuscà initio
membranaceà nudà orbiculari umbilicatà substipitatà, demüm coriaceä subtüs
tomentosà varie fissà , lobis cuneiformibus apice laceratis.
Has. Ad littora Algeriensia inter rejectamenta maris hanc speciem adhuc sub-
amphibolam legerunt clarr. Monard et Roussel.
Descr. Radix : scutulum leviter explanatum lineam latum mox in stipitem
brevissimum centralem abiens. Frons juvenis membranacea orbicularis diametro
bipollicaris centro olivaceo-fusca, ambitu integro viridescens, ferè nuda vel filis
raris confervoideis appressis sparsim prope radicem confertiusculè obsitus, adul-
tior enim manifeste umbilicata, umbilico excavato , hinc suprà umbonata, coriacea,
tenuissimèe radiatim striata, obscure olivaceo-fusca, subtùs tomento denso olivaceo
nitente tota obducta, vagè et ad umbilicum usque variè fissa, segmentis cuneatis
iterum apice rotundato laceratis. Substantia primà juventute membranacea,
ætate provectà coriacea crassa, tamen flexilis.
Os. Je n'ai pas dü négliger de faire connaitre cette Algue,
bien que les échantillons que j'ai recus, soit de M: Roussel, soit
de MM. Monard, ne me permettent pas d’en tracer encore une
histoire complète, ni même satisfaisante. La plante que je sou-
mets ici au Jugement des phycologues à donc besoin d’un plus
X. BoTAnN, —— Décembre, 22
333 C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes.
ample examen, et cet examen doit se faire sur les lieux mêmes
qu'elle habite; malheureusement, elle n’a jamais été cueillie
sur le rocher sous-marin où elle végète, mais toujours , au con-
traire, elle a été ramassée sur le rivage où les flots l'avaient ap-
portée. Or, cette espèce a des rapports avec plusieurs de ses
congénères dont il sera malaisé de la distinguer d’une ma-
nière certaine, tant qu'on ne se sera pas assuré que chacun des
états qu’on a recueillis et mis à ma disposition appartiennent
bien à une seule et même plante. Ainsi, par exemple, jai vu
quelques échantillons tres évidemment ombiliqués dans la col-
lection de M. Roussel , et en ce moment j'en ai un sous les yeux
qui me vient de lui; mais, je ne dois pas le taire, cet exem-
plaire est réduit presque au centre de la fronde, les segmens
en lesquels elle se divise étant tombés. Ainsi la couleur, seul
caractère qui puisse aider à distinguer cette espèce du Padina
squarmarta, chez lequel pourrait fort bien aussi se rencontrer
une forme ombiliquée, est trop difficile à bien apprécier par
transparence, pour que je me prononce avec quelque certi-
tude. D'un autre côté, les échantillons qui nous montrent les
frondes jeunes et papyracées appartiennent-ils bien aussi à cette
espèce ou à quelque autre espèce voisine, au P. adspersa Ag.,
par exemple, dont ils ont la couleur? Je le répète, tant qu'on
n'aura pas tous les intermédiaires qui lient les individus jeunes
aux vieux, 1l sera de toute impossibilité de décider si les uns et
les autres sont les âges divers d’une seule et même espèce.
En attendant que ces nouveaux élémens d’un jugement plus,
sûr me soient fournis, je crois devoir me renfermer dans le
coute et appeler de nouveau sur cet objet l’attention.des bota-
nistes français qui vivent sur les lieux.
Je dois pourtant dire que les segmens qui se détachent, à ce
qu'il paraît, à une certaine époque du centre ombiliqué de la
{ronde , ont une toute autre couleur et une toute autre forme
que ceux du Padina squamaria ; seule espèce avec laquelle on
pourrait la confondre. Le P. deusta FI. Dan. est bien différent
par ses frondes réniformes et glabres sur l'une et l'autre faces.
Le P. adspersa Ag. ne devient jamais coriace, et le P.collaris,
originaire de l'Inde, et dont la plupart des caracteres diagnos-
C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes. 339
tiques semblent identiques à ceux de notre espèce; s'en dis-
tingue certainement par une frondé très entière et marquée de
plis rayonnans du centre à la circonférence. Il reste encore
dans notre plante, comme dans le P. collaris, à découvrir la
fructification.
Quant au Zonaria deusta Lyngbye, dont je possède un échan-
tillon authentique, c’est une production analogue au Placoma
corticæformis Schousb. m.s. que j'ai fait connaitre dans la se-
conde des Pentades des plantes d'Espagne et de Portugal de
M. Webb, qui m'a fait l'amitié de me communiquer l’un et
l’autre.
169. Dictyota laciniata Lamour. non Duby: fronde in lacinias lineares ra-
mosas vel simplices divisà, apice irregulariter bi-multifidà dentatâve, fructifi-
catione sparsà.
Has. ad oras Africæ borcalis prope Juliam-Cæsaream à clar. Monard lecta.
Descr. Aadix crassa sex lineas circiter diametro metiens densè stuposa. Fron-
des aggregatæ dodranteles lineares, lineam unam alteramve latæ, sensim aite-
nuatæ, irregulari modo divisæ, nunc dichotomæ, nunc multifidæ, segmentis
conformibus, hic et illic è margine ramenta spinulosa filiformia emitteutibus, api-
cibus hi-plurifidis vel dentatis. Fructus puncta minutissima oculo armato tantùm
conspicua in frondis lacinias sparsa. Color olivaceo-lutescens, infernè fusces-
cens. Substantia membranacea tenuis.
Ors. Cette espèce que: n'avait pas vue M. Agardh, et dont il
ne donne que la phrase de Lamouronx parmi les espèces à étu-
dier de nouveau, me semble bien distincte de toutes:les congé-
nères qui l’avoisinent. Ainsi elle diffère du Dictyota multifida ,
avec lequel M. Duby la confond à:tort, et par ses segmens li:
néaires décroissant de largeur de la base au sommet et non pas
dilatés flabelliformes, et par ses capsules ponctiformes sessiles ;
du D. fasciola ; par la consistance et la couleur de sa fronde,
qui est deux ou trois fois plus grande et plane, tandis que dans
cette dernière espèce elle est souvent contournée sur elle-même
en spirale. Toujours est-il que ma plante ne ressemble ni à la
figure qu'a donnée Roth du D. fasciola dans ses Catalecta bo-
tanica (1. p.146. t. 7. fig. 1), ni à l'échantillon que je tiens dé
mon ami M. Desmazières, et qui fait partie, sous le n° 205, de
ses fascicnles des Cryptogames du nord de la France.
22,
Y CHE
340 C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes.
170. Cystoseira granulata 14 — Turn. — Fucus granulatus L. Sp. PL II, p.
1629.—Turner, Hist. Fuc, IV, p. 131 (exel. var. B pro parte) t. 251, fig. a.—
Eng]. Bot. t. 2169! — Fucus Abies marina Gmel. Fuc. p. 83. Descriptio nec
icon. — Fucus nodicaulis ! Stackh. Ner. Brit. t. 18. — Cystoseira granulata
Ag. Spec. I, p. 55 ??
Var. Turneri Montag, m. s.: stipite tuberoso, tuberibus rugosis ramos emit-
tentibus filiformes mox in folia abientes semipedalia plana linearia angustissima
pinvatifissa nervo percursa porisque mucifluis pertusa, denud tandem subcylin-
drica evadentia hinc indè spinis brevibus subulatis onusta; vesiculis nullis; re-
ceptaculis vel ad basim ramorum vel in parte foliorum terminali subcylindricà
collocatis, brevibus interruptis granulatis.
An huc referenda Cystoseira granulata var. Y rigida Ag. 1. c. p. 56: vesi-
culis nullis, receptaculis brevioribus lauioribus ? Major, firmior, foliis latioribus
fere explanatis.
Has. Ad littora Mediterranea Africæ borealis prope Juliam-Cæsaream à clarr.
Monard et Roussel lecta.
Ozs. Ceux qui connaissent les nombreuses difficultés dont
est hérissée l'étude de quelques espèces polymorphes, com-
prendront que celle de cette Algne a dû me coûter un temps
fort long. Si je m'étais contenté d’un examen superficiel,
nul doute qu'il ne me füt arrivé d'en faire une nouvelle es-
pêce, ainsi que j'en avais le dessein en y jetant les yeux pour
la première fois. Mais après avoir comparé ensemble ‘et avéc
ma plante, toutes les descriptions et toutes les figures du Fucus
granulatus de Linné ; après avoir surtout médité les expressions
dont se sert pour peindre les invombrables et bizarres varia-
tions de cette espèce , l'illustre auteur de PHistoria Fucorum ,
observateur aussi habile que consciencieux, je ne puis me re-
fuser à reconnaître dans la plante algérienne une forme nou-
velle, quoique bien anormale, de cette espèce linnéenne qui
paraît avoir été mal comprise par Agardh. En effet, ce savant,
ni dans sa diagnose, ni dans sa courte et trop incomplète des-
cription du Cystoscira granulata, ne dit pas nn mot du carac-
tère principal, c'est-à-dire de la souche tuberculeuse d’où par-
tent les rameaux, et qu'ont si bien représentée Turner, Stack-
nouse et l’'English Botany. Cette représentation est si exacte,
que plusieurs de mes exemplaires d'Afrique semblent avoir
fourni les modeles de ces figures, pour cette partie du moins de
C. MONTAGNE. — Cryplogames algériennes. 34r
la plante; cependant Linné n’omet point ce caractère, qu'il ex-
prime par les mots de fronde varicosa. Eh bien! non:seulement
M. Agardh n'en tient nul compte, mais il paraît que les indivi-
dus sur lesquels il a établi son Cystoseira granulata étaient dé-
pourvus de tige noueuse , puisque les figures a du Fucus gra-
nuülatus de Turner ét du F. nodicaulis de Stackhouse lui sem-
blent douteuses où appartenir à une autre espèce.
Notre Algue d'Alger, il faut en convenir, possède un facies
iout-à-fait étranger à l'espèce en question, et je ne mets point
en doute qu'elle ne soit prise pour une plante spécifiquement
distincte par un observateur inattentif ou par ces botanistes qui
se plaisent à appeler d’un nom nouveau toutes les formes un
peu hétéroclites d’une espèce quelconque. Je ne puis rien faire
de mieux que de les renvoyer à la description que Turner
donne de l'espèce, et de-citer les propres paroles qui la ter-
minent:«Descripto jàm Fuco granulato, quantim in me fuit ad
« plenum accuralèque , quod' scripsé relego , dolensque agnosco.
«& descriplionem neque perfectam, neque ullä me arte talem
« futuram,qualis ad omnes hujus Fuci varietates quadret. Hæc
« enim et insequens tabula duos Fucos (F. fœniculaceus L.)
cexhibent, rectè , si qui ali, Proteas vocandos et magis quam
« alit ferè omnes dubiis hactenis vexatos. »
Je ne dirai plus que peu de chose de la forme algériennedu
C. granulata , attendu que la longue phrase par laquelle je lai
caractérisée équivaut presque à une description, pour Fe com-.
plément de laquelle je renvoie à celle de Turner. Ne semble-t-1l
pas que cet auteur ait eu en vue ma plante, en signalant comme
il suit l'une des formes qu'il a rencontrées lui-même sur les
côtes d'Angleterre : « 27 exemplaribus quibusdam..... rami
« omnes subsimplices , plant fuerunt et lineares, nisi quôd api-
« ces per tubercula c'ebra imposita mutatis in receplacula serni-
« pollicaria , spin& un alteräve immixt&, fecerunt ué TOTA
& STIRPS NOVAM SPECIEM SIMULARET.
Notre variété est elle-même sujette à éprouver des variations
assez notables, ainsi que je le remarque dans trois échantillons
dont deux proviennent de la cellection de M. Roussel, et le troi-
sième appartient à l'envoi de MM. Mon:rd. Les deux premiers
342 C. MONTAGNE. — Cryptoganes algériennes.
n’en avaient d'abord imposé au point que je les prenais pour une
forme du Cystoseira abies marina , négligeant de faire attention
à la nature nouense du bas de la fronde ou de la souche princi-
pale, caractère passé sous silence, comme je l'ai dit, par Agardh.
Dans ces exemplaires, les rameaux, planes, foliacés, se termi-
nent en effetsupérieurement par une portion filiforme ou rendue
triquètre par les.épines nombreuses, quoique espacées, dont ils
sont chargés et qui les font ressembler un, peu à la sommité
des frondes de l'espèce précitée. Je n'avais pas non plus remar-
qué que la base cylindracée de quelques-uns de ces rameaux
étaient, vers leur origine , renflés par des granulations dues à la
présence de réceptacles. Il na fallu voir l'échantillon très soi-
gneusement préparé par MM. Monard, et dans lequel les récep-
tacles n’occupent que cette base des rameaux, pour me donner
l'éveil'et me porter à examiner de nouveau les de
M. Roussel, où je les rencontrai également.
Cette variété, enfin, est au type du C. granulata dans le même
rapport que le €. opuntioides Bory est au type du C. barbata.
Pour s'en convaincre, il suffit de jeter les yeux sur les récep-
tacles, qui, dans l’une et l’autre Algues, sont identiquement les
mêmes. Je n’établis, au reste, cette comparaison que pour mieux
faire connaitre mon excessivement anomale variété, me gardant
bien d'affirmer l'identité de ces deux dernières plantes.
171. Sargassum megalophyllum Montag. m.s.: caule tereti ramisque sub-
simplicibus asperrimis , folis longissimè et angustissimè lineari-lanceolatis, inæ-
qualiter spinoso-serratis simplicibus bifurcisque uninerviis, vesiculis sphæricis
muticis petiolo filiformi plano suffultis, receptaculis laxè ramosis bifurcatis pe-
tiolo insidentibus.
An hüc Sargassum linifolium var. asperifolium Turu.? An etiam Fucus
lavendulæfolius Delile, Egypte (non descriptus ) ?
Has. Ad litiora Africana maris Mediterranei propè Juliam-Cæsaream , hanc
speciem legerunt clarr. Monaïd.
Drscr. Basis: callus mediocris conicus nigricans subtùs excavatus caulem
emittens teretem pedalem et ultrà, pennæ corvinæ crassitudine, aculeolis con-
fertis patentibus, apice ramosis exasperatum et ramis obsitum bomogeneis rard
subdivisis. Ramuli folüferi spiraliter alterni longitudinem eamdem ferè à basi
caulis ad apicem usque servantes vel parïm saltem decrescentes. Folia linearia
duas ad tres pollices longa, vix lineam lata, breviter petiolata, acuta, nervo
C. MONTAGNE. — Cryptogarnes alzériennes. 343
conspicuo continuoque percursa , poris serialibus muciflnis instracta, margine
profundè et inæqualiter serrata, serraturis erecto-patentibus acutissimis vel
bi-trifidis, brevibus longis commixtis, remoüusculis aut approximatis, pleraque
in ramis. subalterratim sparsa vesiculis et receptaculis immixta, indivisa aut
alla passim iterato bifurcata, segmentis simihbus.Vesicu/æ sphæricæ, juniores
mucronatæ , adultæ muticæ, magnitudine pisi minoris , solitariæ, raræ et præ-
sertim ad caulem vel ad ramorum basim sitæ, pedicellis fliformibus planiusculis
ad summum biliuearibus lævibus aut aculeatis suffultæ. Receptacula racemosa
vel laxe ramosa brevia ovato-lanceolata bifureata torulosa quandoque et illa acan-
thophora, petiolo non autem axillis foliorum insidentia. Color foliorum rufo-
fuscus, caulis et receptaculorum nigricans. Substantia foliorum membranacea,
caulis coriaceo-rigida.
Os. Si, dans le genre Sargasse, l’on persiste à regarder comme
caractere de premiere valeur pour la distinction des espè-
ces, l'intégrité ou la bifurcation des feuilles, je maintiens que
l’espèce algérienne dont je viens d’esquisser la description est
bien différente du Sar::assum linifolium. V'une et l'autre offrent
en effet des caracières communs qui sont : une tige couverte
d'aspérités, des feuilles longues et étroites, des vésicules sphé-
riques longuement pédicellées et mutiques, enfin des récep-
tacles rameux et bifurqués. Mais tout en convenant de l’affinité
extrême des deux espèces, je ne m'en crois pourtant pas moins
autorisé à les séparer sur le seul et unique caractère pris de la
dichotomie ou de la bifurcation des feuilles. Toutefois, ce n’est
pas à ce seul signe qu'on peut les distinguer : outre un port re-
marquable et qui s'éloigne de celui de l'espèce figurée par Gin-
nani, Donati, Esper et Turner, notre $. megalophyllum dif-
fère encore de l'espèce anciennement connue, par la forme des
aspérités de la tige, par des feuilles bien plus démesurément
longues et bien autrement dentées, et enfin par des réceptacles
beaucoup plus courts.
:De deux choses Pune;, ou cette espèce devra être séparée de
sa congénère à laquelle je viens de la comparer, ou il faudra
réunir ensemble plusieurs Sargasses qui ne se distinguent de
leurs voisins que par des feuilles une ou deux fois bifurquées.
Le Sargassum megalophy llum diffère en ontre du $. diversifo-
lium Ag., originaire comme lui des mêmes parages, par des
feuilles trois fois plus longues et plus étroites. pétiolées, pro-
344 C. MONTAGNE, -— Cryplogarnes alsériennes.
fondément dentées en scie, presque incisées, et par des récep-
tacles dichotomes ou en grappe espacée. Le senl caractère spé-
cifique qui ressort de la phrase d’Agardh pour la distinction du
S. fissifolium, trouvé à Ténériffe où mon savant ami M. Webb la
retrouvé lui-même plus tard, est l’état lisse et non muriqué de la
tige principale; mais on peut y ajouter des feuilles à peine dentées.
Si l’on voulait bien me permettre d'exprimer ici une opinion
que je n’émets au reste que comme une simple conjecture, je
dirais que la bifurcation simple ou réitérée des feuilles ne me
paraît pas toujours par elle-même uu caractère aussi significa-
tif qu'on s’est plu à le reconnaitre, et qu’il n’a de valeur qu’au-
tant qu'il est fortifié par la considération d’autres caractères
plus importans, comme seraient, par exemple. la forme et la
disposition des réceptacles. En conséquence, je réunirais comme
variété le S. diversifolium d’'Agardh , Fucus diversifolius Turn.,
au S. vulgare dont il est facile de voir, en jetant les yeux sur
la planche 103 de l'Historia Fucorum, qu'il ne diffère que par
quelques-unes de ses feuilles fourchues. C’est au point que le
célèbre algologue anglais, dont on ne saurait jamais assez louer
la sagacité, dit en parlant des réceptacles de son Fucus diversi-
folius , organes que ses exemplaires ne lui montraient qu'ébau-
chés, « neque est dubitandum quin sint ibi eorum Fuci natantis
similia ». Turner parle bien des aspérités de la tige, mais la
figure qu'il donne ne les représente pas. Une fois le principe
admis que quelques feuilles de Sargasse peuvent, dans une es-
pèce où elles sont normalement simples, se bifurquer une ou
plusieurs fois, je n’ai plus la moindre opposition à faire à la réu-
nion de ma nouvelle espèce africaine avec le Sargassum linifo-
lium qui croît d’ailleurs aux mêmes lieux. Jusque-là, on n’accor-
dera, j'espère , de les conserver distincts.
Je viens de dire que le $. diversifolium était susceptible, dans
l’hypothèse en question, de rentrer comme variété dans le
S. vulgare ; mais qu'on sache bien que je n’entends parler que
de l’Algue décrite par Agardh et Turner et figurée par ce der-
nier, et point du tout des échantillons du Brésil, que je tiens
pour fort différens, et qui me paraissent se rapprocher davan-
tage du S. Jrssifolium.
C. MONTAGNE. — Cryptogames algériennes. 345
Je n'ose néanmoins rien conclure des observations qui pré-
cedent, parce que ma collection ne me fournit pas les bases
d’un jugement que je laisse à d’autres le soin de rendre définitif
et sans appel.
172. Parmelia Borreri Turn. apud Ach.
173. Weissia reflexa Brid.
Oss. Espèce charmante et bien caractérisée que M. Requien,
qui l'a communiquée à Bridel , avait découverte dans le midi de
la France, et que viennent de retrouver aux environs d’Alger
MM. Monard.
* EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE Vill.
a , Dasya ornithorhyncha une fois plus grand que nature; —& , moitié supérieure d’un ra-
meau chargé de cette sorte de fructification que M. Agardh nomme stichidies. Cette figure est
grossie quatorze fois. — c, une fructification composée de deux stichidies qui se regardent
par leur côté concave, la première légèrement pédicellée , la seconde terminant le rameau. Il
n’en est pas toujours ainsi. Ces stichidies, ainsi grossies , ressemblent assez à un épi femelle de
Maïs un peu recourbé. Elles sont dessinées à un grossissement de 80 diamètres, d, extrémité
d'un ramule divisé en filamens articulés , dichotomes à leur naissance, vue au même gros-
sissement que les stichidies. — e, coupe transversale d’une des dernières divisions de la
fronde pour montrer son organisation celluleuse intérieure, vue à un grossissement de 48 dia-
mètres. — f, forme des mailles du réseau de la fronde dans toute son étendue jusqu’à la
naissance des filamens articulés. Ge réseau est grossi 380 fois.
PLANCHE IX.
Fig. 1. — a, un individu du Plagiochasma Rousselianum, muni d'un réceptacle femelle tri=
carpe , de grandeur naturelle; — à, le même vu à un grossissement de six fois son dia-
mèlre; —c, un autre individu du même Plagiochasma vu en dessous et au même grossissement;
— d , capsule encore recouverte de sa calyptre et avant sa rupture au sommet en lanières iné-
geles ; cette figure est grossie dix fois; — e, tranche mince horizontale du pédicule propre à
montrer sa forme comprimée et son organisation celluleuse lâche en dehors, et comme fibreuse
ou serrée vers le centre ; la figure est faite à un grossissement de vingt fois le diamètre; —
f, élatère trispire grossie 300 fois, — g, séminule échinée vue au même grossissement.
Fig. 2.—«@, Halymenia algeriensis de grandeur naturelle, Cet individu est un des plus petits
que j'aie vus. Il y en avait de deux fois plus grands dans la collection de M. Roussel, et tou-
jours aussi régulièrement tripennés. — 2, coupe transversale d’une pinnule de la fronde, pour
montrer que celle-ci est tubuleuse,
346 DONXÉ. — Sur la circulation du Chara.
Note sur la circulation du Chara ;
Par M. A. Doxxé.
( Lue à l’Académie des Sciences dans la séance du 13 avril 1838.)
Les excellentes observations de M. Amici, confirmées depuis
par la plupart des micrographes qui se sont occupés de la cir-
culation du Chara, et, en particulier, par M. Slack, ne pouvaient
laisser de doute sur l'influence que les séries de granules verts
fixés régnlièrement à la paroi interne des tubes du Chara, parais-
sent exercer sur le mouvement du liquide en circulation dans
cette plante : la rapidité de cette circulation, sa régularité même
sont subordonnées au nombre, au rapprochement et à l'ordre
de ces espèces de chapelets de corpuscules immobiles; plus ils
sont serrés, plus la circulation est active, et l’on sait que le
mouvement cesse là où ils finissent. C’est la qu’existe Ja ligne de
démarcation entre le courant asrendant et le courant descen-
dant ; en otre, il suffit de déranger l’ordre des chapelets verts
pour troubler en même temps le cours du liquide; on voit se
former en ce point, si l’on peut dire ainsi, une espèce d’épan-
chement du fluide circulant. Tous ces faits sont très positifs et
connus de la plupart des observateurs; on peut dire que c'est
là que s’arrétent,en ce moment, les notions exactes de la science
à ce sujet. Beaucoup de théories plus ou moins ingénieuses, ont
été imaginées , telles que celle de M. Amici, qui considère les
granules verts comme les élémens d'une pile voltaique, ou celle
de M. Raspail, qui explique le mouvement circulatoire. par
lexhalation et l'aspiration des parois du tube de la plante; la
chaleur, l’évaporation , l'électricité, etc., ont été tour-à-tour in-
voquées, mais aucune de ces théories n’a jusqu'a présent satis-
fait au problème, et la circulation dans l'intérieur des cellules
des plantes est restée un des phénomènes les plus curieux et
en même temps des plus inexpliqués de la physiologie végétale.
On jugera si j'ai été plus heureux que les observateurs qui
m'ont précédé.
Au lieu de persister à chercher la cause de cette circulation
DONNÉ. — Sur, la circulation du Chara. 347
dans les agens physiques, comme tout le monde la fait jus-
qu'ici, jai pensé qu'il y avait plus de chances de la trouver dans
une disposition organique, et c'est dé ce point de vue qu’il m'a
été permis de pénétrer les faits suivans :
Après avoir soigneusement décortiqué un tube de Chara his-
pida et l'avoir dépouillé du carbonate calcaire qui trouble sa
transparence, je Le soumets sous le microscope à une compres-
sion méthodique et graduée, à l’aide du compresseur de Pur-
kinje ; cette pression ne tarde pas à détacher un grand nombre
des granules décrits plus haut. On voit alors de petits chapelets
formés de cinq, six granules, ou plus, se mettre en mouvement,
se pelotonner, puis s'arrêter, s'ils ne sont point entraïnés par
le courant du fluide. d
D'autres granules, sont complètement détachés les uns des
autres.et libres de toute adhérence; parmi ceux-ci, on ne tarda
pas à en voir quelques-uns qui sont mus d’un mouvement de
rotation plus ou moins rapide, tout:à-fait indépendant du mou-
vement de circulation générale : les uns tournent sur eux-mé-
mes sans changer de place, les autres sont entraïnés par le cou-
rant en conservant leur mouvement spontané de rotation.
Ces petits corps sont donc doués par eux-mêmes d’une force
propre à laquelle ils obéissent quandils sonthbres, mais qui réagit
sur le liquide dans lequel ils sont plongés quand ils sont fixés.
Le mouvement de rotation dont je parle, est comme je le dis,
indépendant de celui du liquide en circulation; il est, en effet,
souvent d’une extrême rapiditéen comparaison de celle dumou-
vement circulatoire, et il s'exécute dans les points où la cireula-
tion est la moins active, ou même nulle. I n’est pas rare, en
outre, de voir deux granules placés l’un près de l’autre et
doués d'un mouvement inverse; mais l'expérience suivante vient
démontrer ce fait d’une manière décisive:
En exprimant sur une lame de verre le suc d’un tube de
Chara, et soumettant cette goutte de liquide à l'inspection mi-
croscopique , on la trouve composée non-seulement du fluide
et des particules blanches qui étaient en circulation, mais d'une
certaine quantité de granules verts qué la pression a détachés
des parois du tube. La plupart de ces granules sont pelotonnés,
Cr
48 DONNÉ. — Sur la circulation du Chara.
et l’on n’y découvre aucun mouvement, non plus que dans les
granules isolés, librement répandus à la surface du verre; mais
il n’en est pas demême si l’on porte son attention sur les espè-
ces de grosses gouttes huileuses où albumineuses que forme
toujours le fluide intérieur du Chara en s’épanchant. Il est rare
que l’on ne trouve pas dans quelques-unes de ces gouttes, dont
la transparence est malheureusement troublée par une foule de
petites granulations , un cu plusieurs granules verts daués du
même mouvement spontané de rotation que j'ai signalé dans
l’intérieur du tube lui-même; ces granules étant là dans leur
fluide propre, ont conservé toutes leurs propriétés, tandis que
les autres sont morts, s’il n’est permis de m’exprimer ainsi.
Il est impossible de ne pas remarquer la frappante analogie
que ces faits établissent entre les corpuscules rangés en séries
régulières et fixés à la paroi interne de toutes les cellules végé-
tales où l’on a observé la double circulation d’un fluide, et les
organes vibratiles des animaux sur lesquels l'attention a été
particulièrement portée depuis le beau travail de MM. Purkinje
et Valentin. L’analogie est d'autant plus complète, que les or-
ganes vibratiles des membranes muqueuses se séparent eux-
mêmes, ainsi que je l’ai démontré, en particules où l’on voit
le mouvement persister souvent plus de 24 heures.
On sent que j'ai dû m'empresser de rechercher s'il existait
des cils vibratiles à la surface des granules doués du mouvement
spontané que je viens de décrire, mais jusqu’à présent tous
mes eflorts ont été vains, et j'ai inutilement employé un gros-
sissement de 5oo diamètres et le meilleur éclairage; en variant
l’expérience de toutes les manières, il m'a été impossible de
m'assurer positivement de l'existence d’un appareil ciliaire : j'a
bien cru voir une sorte d’auréole brillante autour des granules,
mais je ne puis rien affirmer de plus à cet égard.
Je ne dois pas oublier de dire, en terminant, que tous les
agens qui arrêtent la circulation dans le Chara, anéantissent
également le mouvement de rotation des granules.
AD. BRONGNIART ET DUTROCHET. — ARapport. 349
Rapport fait à l’Académie des Sciences dans sa séance du 30
avril, par M. Durrocuer, sur un, Mémoire de M. Down ,
relatif à certains phénomènes de mouvement observés chez le
Chara hispida.
L'Académie nous a chargés, M: Adolphe Brongniart et moi,
de lui faire un rapport sur un travail de M. Donné, relatif à la
cause à laquelle serait due la circulation du liquide contenu
dans la cavité centrale de chacun des mérithalles des Chara.
C’est sur le Chara hispida que M. Donné a fait ses observations,
en s’aidant du secours du compresseur de Purkinje. Nous avons
répété avec M. Donné les observations annoncées par lui, et
nous entrons immédiatement dans leur exposition.
Un mérithaile de Chara, dépouillé de sa partie opaque ex-
térieure, étant soumis à une pression graduée entre deux lames
de verre, on voit le mouvement circulatoire se suspendre pen-
dant-environ une minute et'se rétablir ensuite. Une pression
nouvelle et plus forte produit de nouveau les mêmes effets. Ces
premiers phénomènes, observés par vos commissaires, n’ont
point été annoncés par M. Donné. Bientôt, sous l'effet: de la
pression augmentée, on voit les séries ou chapelets de:globules
verts du Chara perdre leur rectitude, se séparer, se rompre
même ,etise diviser en fragmens plus ou moins longs. La circu-
lation du fluide est alors extrêmement troublée; beaucoup de
globules verts composant les séries ou chapelets se désagrègent,
et, devenant isolés, se mêlent aux globules que charrie le liquide
circulant. Ces globules verts, devenusisolés, sont faciles à dis-
tinguer des globules circulans à leur couleur verte; les globules
circulans n'ont point cette couleur.Or, nous :vons vu plusieurs
de ces globules verts, désagrégés et devenus libres dans le li-
quide que contient le tube central du Chara, se mouvoir spon-
tanément en tournant sur eux-mêmes, ainsi que l’a annoncé
M: Donné. Nous nous sommes assurés que :ce mouvement de
rotation ne leur était point imprimé par le liquide circulant,
350 AD BRONGNIART ET DUTROCHET. — Rapport.
car, nous l'avons observé, le globule vert étant placé dans un en-
droit où il n’y avait point de courant circulatoire, et cela parce
que les séries de globules vertes avaient été détruites dans cet
endroit par l'effet de la compression. Alors le globule vert tour-
nait sur lui-même, presque sans changér de place. Quelquefois
ces globules verts, animés d’un mouvement de rotation, sont
entraînés, dans cet état, par le courant circulatoire.
M. Donné nous a donné une Sreuve irréfragable de la spon-
tauéité du mouvement de rotation des globules verts du Chara,
par l'expérience suivante : Ayant ouvert un tube central de
Chara, il en a exprimé avec foree le liquide intérieur sur une
lame de verre. Cette action comprimante a nécessairement dé-
taché et isolé quelques-uns des globules verts appartenant aux
séries ou chapelets, et ils sont sortis du tube mélés au liquide
exprimé. Ce dernier étant soumis au microscope, nous avons vu
que ceux de ces globules verts qui étaient contenus dans la par-
tie la plus aqueuse du liquide étaient sans mouvement ; mais il
n’en était pas de même de ceux de ces globules qui se trouvaient
au milieu de grosses gouttes d’un liquide plus épais et granu-
leux. Ces globules présentaient un mouvement continuel de
rotation sur eux-mêmes, et ici la spontanéité de ce mouvement
n’était pas douteuse. Il est donc hors de doute que les globules:
verts sériés du Chara sont animés par une force qui leur est
propre où qui émane d'eux; force au moyen de laquelle ils
agissent sur le liquide qui les environne. Si ces globules sont
fixés ils impriment du mouvement au liquide environnant ;
s'ils sont libres et flottans, le mouvement qu'ils tendent à im-
primer au liquide environnant réagit sur eux-mêmes et les fait
tourner dans un sens déterminé et qui paraît ne point varier.
Il nous restait à voir des fragmens de séries ou de chapelets
ou de globules verts se mouvoir spontanément et se pelotonner
ainsi que l’adit M. Donné, et ainsi que l'avait vu avant lui l’un
de vos commissaires. Mais, dans ces observations , il faut être
servi par le hasard , car on ne peut être sûr de les reproduire à
volonté. Or, pendant deux heures que vos deux commissaires
sont restés associés pour ces observations, ils n’ont pu parvenir
à être témoins du fait dont il s’agit. Votre commissaire rappor-
AD. BRONGNIARNT ET DUTROCHET. — ARapport. 351
teur , resté seul pendant une troisième heure employée à suivre
ar lui-même ce genre de recherches, est enfin parvenu au ré-
sultat qu’il cherchait, et en même temps , il a vu ‘un aütre phé-
nomène qui ne s'était point présenté à M. Donné, et qui con-
firme pleinement les assertions de cet observateur relativement
à l'existence de la force au moyen de laquelle les globules verts
agissent sur le liquide qui les environne. Un fragment de cha-
pelet composé de cinq globules verts , s'était courbé assez pro-
fondément pour rapprocher ses deux extrémités l’une de l’autre,
en sorte qu'il formait un cercle complet. Ce cercle, placé, par
hasard, dans un endroit où la circulation n'existait pas, tournait
sur lui-même comme une roue en mouvement, mais presque
sans changer de place , et son mouvement de rotation était tou-
jours dans le même sens. Ce mouvement de rotation , bien évi-
demment spontané , prouve que la série ou chapelet de globules
verts, ployé en cercle, communiquait au liquide environnant
une impulsion dirigée suivant la circonférence de ce cercle et
dans un sens déterminé, impulsion qui, réagissant sur ce petit
cercle en raison de sa mobilité , le faisait tourner sur lui-même,
par un mécanisme analogue à celui qui fait tourner un soleil
d'artifice , ou qui fait tourner une turbine. 7
Ce fait a eu pour témoin un physicien distingué, bien connu
de l’Académie, M. Peltier. Des faits pareils, que le hasard seul
peut offrir, ont besoin d’être appuyés par des témoignages. Il
reste donc bien démontré que les globules verts sériés du Chara
exercent une action impulsive sur le liquide qui les environne.
Lorsque ces globules verts sont isolés, l'action impulsive qu'ils
exercent sur le liquide environnant les fait tourner sur eux-
mêmes , ainsi que l’a découvert M. Donné ; lorsque ces mêmes
globules verts sont réunis en série ou chapelet, et que ce cha:
pélet mobile est courbé en cercle, l'impulsion exercée sur le
liquide environnant est dirigée dans un sens déterminé suivant
la circonférence du cerele, c'est-à-dire suivant la longueur du
chapelet, et ce chapelet circulaire et mobile tourne sur lui-
même ; enfin, dans l’état naturel, les globules verts étant réu-
nis en séries ou chapelets fixés à l'intérieur du tube central du
Chara, leur action impulsive s'exerce sur le ‘liquide environ-
352 AD. BRONGNIART ET DUTROCHET. — liapport.
nant, suivant la longueur et selon la direction plus ou moins
spiralée de ces séries ou chapelets de globules verts. Comme ces
chapelets sont fixés, c’est le liquide seul qui se meut. Ainsi se
trouve démontré définitivement un phénomène de la plus haute
importance en physiologie végétale, celui de l'impulsion que
les globules verts, et fort probablement de même tous les autres
globules ou très petites cellules des végétaux, exercent sur les
liquides intérieurs avec lesquels ils se trouvent en contact. Il
reste actuellement à déterminer quelle est la cause et quel est
le mécanisme de cette impulsion.
On connaît le beau travail de MM. Purkinje et Valentin sur
le mouvement vibratoire qui existe à la surface de certaines
membranes muqueuses de la plupart des animaux, et quelque-
fois à la surface de leur peau. Ce mouvement vibratoire, qui a
son siège dans des cils microscopiques, imprime un mouvement
de progression aux liquides environnans. Les auteurs que nous
venons de citer ont été tentés de rapporter à la même cause le
mouvement du liquide circulant chez le Chara (1); mais l’obser-
vation n’a point confirmé leurs soupçons à cet égard : ils n'ont
pu parvenir à voir des cils vibrans chez le Chara, ni chez les
autres végétaux dans lesquels il existe une circulation cellulaire.
Ne pouvant ainsi reconnaître l'identité de la cause de ce mou-
vement chez les animaux et chez les plantes, les auteurs se sont
bornés à admettre, par présomption, l'analogie de cette cause.
C’est cette analogie qu'admet M. Donné : cette analogie , dit-il,
est d'autant plus complète, que les organes vibratiles des mem-
branes muqueuses se séparent eux-mêmes , ainsi que je l’a dé-
montré, en particules où l’on voit le mouvement persister sou-
vent plus de vingt-quatre heures. Nous ferons observer ici qu’a-
vant M. Donné, MM. Purkinje.et Valentin (2) avaient vu que
les particules détachées des parties vibrantes , soit par l’art, soit
par la nature elle-méme ( natura ipsa), se meuvent et nagent
au moyen de la vibration de leurs cils, affectent les divers mou-
(x) De Phenomeno general et fundamentali motës vibratorii continui in membranis tüm
externis tm internis animalium plurimorum, & 3 et 112.
(2; Ouvrage cité, 6 33.
AD. BRONGNIART ET DUTROCHET. — AÆRapport. 353
vemens que lon voit chez les animalcules infusoires. Or, de ce
que, dans les parties vibrantes des animaux et dans les chapelets
de globules verts du Chara, des particules détachées et isolées
se meuvent spontanément , peut-on en conclure, avec M. Don-
né, qu'il y a de l’analogie dans la cause dé leur mouvement?
L'absence complète de cils vibratiles chez les globules verts sé
riés du Chara, absence annoncée par MM. Purkinje et Valen-
tin et constatée par M. Donné, ne doit-elle pas porter à pénser
que la cause du mouvement spontané des globules verts isolés
n’est pas la même que celle du mouvement spontané des parti-
cules munies de cils’ vibratiles qui sont détachées des parties
vibrantes des animaux? MM. Purkinje et Valentin (1) ont vu
queles substances qui agissent puissamment sur le système ner-
veux des animaux, telles que l’opium et l'acide hydro-cyanique,
n’ont pas la moindre influence sur le mouvement vibratoire des
cils de leurs membranes; or, votre commissaire rapporteur a
expérimenté que ces mêmes substances agissent très énergique-
ment pour suspendre ou abolir le mouvement circulatoire du
Chara : on voit donc que l’analogie de la cause de ces mouve-
mens n’est pas encore bien établie. Il y a encore beaucoup à
faire sur ce point fort important de la physiologie animale et
végétale. M. Donné, par la découverte qu’il a faite de la rota-
tion spontanée des globules verts du Chara lorsqu'ils sont isolés
de leurs séries, a bien mérité de la science. Nous avons l’hon-
neur de proposer à l’Académie de donner son approbation aux
recherches de cet observateur zélé, et de l’engager à les con-
tinuer.
i
À la suite de ce rapport, M. An. BRoNGNIART communique les
passages suivans d’une lettre qu’il vient de recevoir de M.
DonxE :
« En collant à la surface du compresseur un petit: fil'de vèrre,
de manière à.étrangler en un point: le tube de Ghara souris à
l'observation, :non-seulement je parviens à détacher , parsune
compression graduée, un bien plusigrand nombre de granules,
pariétaux, qu'en me. bornant! à: comprimer la plante entre les
(1) Idém, $ 90.
X. Boran. — Décembre. 29
354 AD. RRONGNIART ET DUTROCHET. — Rapport.
deux surfaces planes , ainsi que je l'ai fait devant vous ; mais
jinterromps'la continuité de beaucoup de séries de granules
verts que l’on voit alors flotter librement dans le liquide ambiant
par l’une de leurs extrémités, Ces chapelets se mettent aussitôt
à s’agiter en tous sens, à se replier sur eux-mêmes, se recourber,
s’enrouler, puis se dérouler et se replier dans un sens inverse ,
enfin à se contourner de mille manières, à-peu-près comme le
font deux moitiés d’un ver coupé par le milieu du corps. Ces
contorsions durent souvent fort long-temps sur un Chara frais et
vigoureux. 9
«Il,se produit ensuite des changemens très remarquables dans
l’ordre et dans la forme des globules pariétaux au moment où
la circulation vient à être abolie par une cause quelconque. Dans
l’état normal, les granules verts sont rangés, comme on voit,
en séries, régulières contre la paroi interne des tubes'de Chara.
Ces granules sont à-peu-pres elliptiques et presque-en contact
les unsavec les autres par leurs extrémités allongées: ïssemblent
se tenir par une substance intermédiaire, que l’on n’apercoit pas
nettement. Deux. changemens notables dans l’ordreet dans
l'aspect, de ces particules coïncident,constamment.et d'üne-ma-
nière instantanée, non pas avec la suspension ,:mais avec l’arrêt
définitif de la: circulation; aussitôt que, par un:moyen ou agent
quelconque, on anéantt lemouvement circulatoire, les granules
verts éprouvent. dans-tonte l'étendue du tube un retrait sur éuxë
mêmes, une sorte de contraction , de manière qu'ils deviennent
à-peu-près sphériques d’elliptiques qu'ils étaient, et se séparent
ainsi les uns des autres par une distance appréciable. Ce mouve-
ment est si prompt qu'il semblerait un ressort que l’on détend.
«En même temps le bordde chaque granule, de vague et mal
défini qu’il était, se prononce et devient presque noir. Des inéga-
lités se dessinent dans ces petits corps, comme si leur substance
se plissait par l’espèce de contraction qu’elle subit.
« J'ai fait de nouveaux efforts pour découvrir une action directe
de la part des granules verts sur le liquide en circulation; en
d’autres termes, pour apercevoir des organes de mouvement sur
ces petits corps auxquels il est difficile maintenant de refuser
une influence immédiate sur la circulation du Chara.Toutes mes
5. GAY. — De Caricibus quibusdam. 355
expérierices'et mes tentatives n’ont réussi qu’à bien constater un
point: c’est que les particules suspendues dans le liquide en cir-
culation ne passent pas indifféremment auprès des granules
vérts, c’est-à-dire qu’elles éprouvent toujoursune petite déviation
dans leur cours, de manière à décrire de légères sinuosités en
rapport avec la circonférence des granules. En un mot, on ne
les voit jamais arriver au contact immédiat de ces granulés; mais
ellés suivent à une certaine distance le contour de AEole exis-
tante autour de chaque’ g Hu:
‘ DE GARICIBUS QUIBUSDAM
Minüs çcognitis , vel! novis, vel quoad synonymiarn aut distri-
…butionern géographicam illustrandis, imprimis de Michauxia-
nis Boreali-Americanis , et de genere nôvo ad: Cyperacearum
tribun eamdem pertinente. — Ad Caricearum historiam
hanc qualemcunque suam symBoram affert J. Gay.
Sue ( Voy. D. 279.)
DECAS SECUNDA.
11. CAREX MURICATA L.
Stirps variabilis admodüm et plures induens formas, quarum
quæ C. dipulsa Goodenowio olim nuncupata, spiculis pluribus
et réiotiuseulis dignoscitur, speciem vero propriam, me judice ,
neutiquäm constituit. Hoc solum notatu dignum videtur , quod
forma sic dicta divulsa in Europà occidentali ét australi, vera
autem 7z4ricata in Europà interioré frequentior occurrit.
Omnium longissimè C. muricala , in Europa occidental, à
séptentrione in meridiem, cum C. paniculaté et €. divisä,'pro-
cürrit, quippe quætres stirpes , à Scotià ultimä profectæ, simul
in Galliam et Ibericam peninsulam perveniunt, undé eædem in
2
23.
356 J. GAY. De Caricibus quibusdam.
Canarienses usque insulas unà pergunt, ultra nusquàm obser-
vatæ , quæ etiam, soke congenerum , et quidem: C. zzuricata sub
formà divulsæ , in Teneriffà aut Canarià magnâ occurrunt,
Webbio observante, à quo specimina earum Canariensia obti-
uui. Gradus igitur latitudinis 32 superavit atque iter lencarum
geographicarum G4o emensa est, specierum triga, ubi Canarien-
sem Archipelagum attigit.
Ad orientem multo longiüus C. muricala progreditur, quam
exceptà Lapponià Europa omnis longa lataque novit, quæque
Caucasum incolit et montes quoque Altaicos petit, ubi stirps gra-
dus postquam 80 longitudinis trajecit atqne iter leucarum geo-
graphicarum non minuüs 1600 perfecit, cursum tandem sistere
videtur. Quas enim gregis ejusdem formas in Emodo à Jacque-
muntio lectas video, ego distinctas à C. muricat& existimo.
Americæ quoque septentrionalis magis borealis, Bostoniensis
némpé agri et remotioris Carltonhouse (in Americà Britannicà
ad fluvium Saskatchawan , ultra lacum Winnipog) civis dicitur
(Torr. in Ann. ofthe Lyc. II, p. 389), ne tamen orta Apr
mina ego nondüum vidi.
2. GAREX VULPINOIDEA Mich.
Hanc Purshius ad €. Miühlenbergii. Schk. (FI. Am. sept. I,
p. 36), Deweyus ad €. stipatam Mühlenb:( in Sillim. Journ. vit,
p-272 etx, p.277 ) retulit. Deweyum Schweinitzius et Tor-
reyus, in Ann. of the Lyc. 1, p. 305 , secuti sunt. Nec, viso
herbario Michauxiano, Torreyus ab eà opinione deflexit , sed
€. vulpinoideam admirationis signo stipatam cum. C, stipatæ
synonimo , in novissimo de Cyp. Amer. tractatu ( Ann. of the
Lyc.in,1836, p. 390) protulit. In quà re virum clariss. memoria
fefellit maxime. Carex namque vulpinoidea.Mich. (ex ejus herb.!
et ex herb. Rich.! !)eademac C.mulüiflora. Wilid.!in herb. Rich.
et Améric. omn. (quam Schkuhrii tab: LIL. n. 144, benè expris.
init }planè est, nec differentiam ullam vel leyissimam offert. Ego
igitur, Poiretio præeunte (Diet. Suppl. IL: fe 208) stirpes;in ,
unam conjungo et C. multifloram. Mühlenb., utpoté necenlti0s.,
rem, C. vulpinoideæ synonymon facio.. Had 9
3, GaAx. — De Caricibus quibusdain. 397
Caricem vulpinoideam. Torr. in Ann. of the Lyc. 11, p. 390,
ad €. stipatam. Mühlenb. esse amandandam, exindè patet.
Non C. mulhflora nec C. Mühlenbergii Kunthio satis cognita
fuisse videtur, qui Caricem nomime vulpinoideæ à Jacquemon-
tio acceptam ad ©. Muüllenbergii, dubiè quidem, retulit et fusiüs
descripsit ( Enum. 11, p. 381). Quæ enim vuw/pinoidea inscripta
in herb. Jacquemont ! Americano exstat, cum herb. Michaux.
peregrinator celeberrimus sedulo contulerat,et reapsead €. vul-
pénoideurn veram pertinet, Caricem igitur Mühlenbergii. Kunth,
quoad specimina Jacquemontiana et descriptionem totam quan-
tam, ad C: vulpinoideam Mich.amandare necesse est. A Pürshio
deceptum fuisse virum amicissimum, qui primus C. vulpinoi-
deam cum C. Mühlenbergü in Florà suà Amer. permiscuit, per-
spicuum est.
Nec Caricem setaceam. Dewey (Torr.! in herb. Juss.! et De:
caisne!) à €. vulpinoide diversam existimo. Habitu namquë ;
inflorescentià, etc., planè convenit, differt solüm utriculis lon-
gius minüsque abruptè rostratis, quos vero in C. vu/pinoided
forma admodum variabiles: deprehendo. Brevirostres in Mi-
chauxiano specimine et in quibusdam Torreyanis atque in Jac-
quemontianis video, longirostres in Willdenowiano, Grayanis
(exsicc. n. 149!) Moserianis et Frankianis (Soc. Essl. ann. 1833!
et:1837! ). Platyearpa et brevirostris est, quam ad Rio Brassos
provinciæ Texas Drummondius collegit et Torreyus forte sub,
€. Miühlenbergi, in Ann. of the Lyc. in, p. 390, enumerat, ego,
vero à C. vulpinoided distinguere nescio. Icon certo Schkuhrii
(C. Mühlenbergié tab. Yyy, n° 178), præsertim quoad infloress
centiam oligostachyam spiculasque turgidè ovatas, omnino: aies
na; xidebur. 1x
13. CAREX LUDIBUNDA N..
€ radicé fibrosà, polycephalà, culmis divergentibus; spicä.
polystachyà , coarctatà, sæpè interruptà, supernè simplici totà-
que masculà, inferne glomerato-composità, breviter bractéatä,
glomerulorum spiculis plerumque:sexu distinctis, supérioribus’
plerumquemasculis ; squamis ellipticis, muticis , obtusissimis ;,
utrieulis eréctis, squamam superantibus , plano-convexis, ener-
358 3. Gay. — De Caricibus quibusdam.
viis, ovatis,in rostrum subintegrum attenuatis, margine subin-
crassatis ibique serrulato-scabris; stigmatibus 2, brevissimis,
scabriusculis.
Habitat in Neustrià prope vicum Pirow , in palude spongiosà quæ dicitur des
Rosières , ubi cespitem unicum ;' sed amplissimum, loco aperto’ inter Sphagna
lætè viventem, anno 1833, die 14° et‘r7* maji vidi. — Accolas habet in eâdem
palude CC. stellulatam, curtam , intermediam, paniculatam spicæformem,
teretiusculam, acutam, ripariam et ampullaceam. de ,
Radix fibrosa, multiceps, fasciculos nempè complures, cespitem circularem
ingentem formantes , emittens. Folia in fasciculo simgulo circiter 6, rigidula;
planiuscula, unam lin. longa, margine supcrnè serrulato scaberrima, facie dorso-
que Jævissima , apice longids attenuato, triquetro , exteriora breviora ; rigidiora,
subpungentia, interiora 8-10 unc. longa. In annum alterum sæpè persistunt,
exarida, novellum fasciculum quem cingunt culmumque superantia.. Culmi &
cespitis circularis peripherià extrorsum divergentes! (nec erecti), graciles, rigi -
duli, recti vel curvuli, foliis annotinis paulo longiores , pedales et ultrà, acutè
irigoni, ad angulos scäberrimi. Panicula spicæformis, coarctata, 30-58 stachya,
1-1, unc. longa', 3-4 lin. lata, infernè sæpé interrupta. Constat spiculis 7-12,
solitarüis, confertis., teretibus , acutiuscuhis, 2-3 lin. longis, plerumque ex toto
masculis, superiorem axis partem occupantibus, item glomerulis 1-2; spicularum
mox descriptarum gregi subjectis, sessilibus, oligostachyis, perindè ex tolo.mas-
culs et glomerulis 2-5, axis partem inferiorem. plùs minüs laxè vestientibus,
polystächyis, subsessilibus, spiculas i in ramulo brevi imbricatas, sexu plerumque
distinctas, fæmineas masculis intermixtas vel sæpits suppositas, gerentibus. Fœ-
mineæ, spiculæ! masculis obesiores, 9-16 floræ, 222 : lin. loigæ, ovoideæ vel
ellipsoideæ nec cylindraceæ. Antermixtæ occurrunt pique androgynæ; ‘apice
summo vel imà basi masculæ, aliæe maximà parte masculæ apice surimo fœmineæ.
Quin et paniculam vidi, totam gentan masculam. Paniculam quoque:observavi
iotam ferè masculam , in quâ nempè spiculæ tantum tres, ad glomerulos infe-
riores pertinentes, apice summo vel imà basi fœmineæ an Ita ut vix ulla
Carex in sexuum 'dispositione magis ludicra videatur, undè quoque deductum
nomen specificum volui. Bractéæ superiores brevissimæ, obscuræ; inferior seta-
ceo-acumineta , unciam unam maximüm longa, spicà ideo semper multo brevior,
ipsum suum glomerulum sæpè non æquaus. Squamæ elliptico-subrotundæ , dilutè
fuscæ, muticæ, margine lato, aÏbo-membranaceo, nervo carirali pallidiore, lævis-
simo, infra apicem evanescente ; fæmineæ laxiusculæ, obtusæ ; masculæ obtusis-
simæ , arctè imbricatæ. Stamina 3, filamentis brevibus , tee sæpiüs partim
inélbsis !, apiculatis, apiculo barbulato. Utriculi ( immaturi, non tamen propriè
juveniles ) erecti, squamam, quam distendunt, pauld superantes, un. lin. longi,
viriduli, plano-convexi, utrinque enervii, ex basi ovatà in rostruut sensim atte-
nuati, posticè plani, anticè gibbi, margine exalaio, subincrassato, supernè serru-
lato-scabro, parte inferiore tertià vel dimidià lævi, rostro acutiuseulo integro vel
3. Gay. — De Caricibus quibusdam. 359
obseurins fisso; autice Jongiüs fatiscente, Achænium (immaturum) compressun ,
elliptieum vel obovatum, stylo breviglabroque coronatum. Stigmiata 24 brevis-
sima ,.lineæ/parte vix quartà utriculam superantia , capillasia, scabriuscula nee
villosa!
Obs. Ad C. paniculatæ gregem pertinét suprà descripta $pe-
cies, à vulgari tamen paniculaté, ut etiam à feretiuscul& et para-
doxé:notis in diagnosi signatis facillime dignoscitur.
“Propiüs ad'nostram ‘accedere videtur € Boennirghausiana
Weihe, quantum quidem ex unico specimine herbari Meratiani
et descriptione Weiheanä (in Florà, 1826, p. 743 ), item ex
icone Sturmianà ( Deutschl: FL'fase. 55 \'conjicio , unde stirps
cum €. ludibundä non solùm staturà et infloréscentià, spicula-
rufi quoque form et colorée , verum etiam utriculis et ludicrà
sexaum dispositione (1) concordare videtur. Differentiam tamen
Haud'spernéndam præbent, ex viso speciminé, C. Boenninghau-
siänce folià et culmi flaccidi nec rigiduli, squamæ oblongæ,
acutiusculæ, nervo excurrente supernè scrabriusculo quando-
que apiculatæ, nec muticæ obtusissimæ, antheræ exsertæ et stig-.
mata elongata villosa. Squamas ir omnibus Caricibus plüs mi-
nus variabiles esse et stigmata in quibusdam speciebus ( præser-
tim in ©. cæspitosé) plis: mins longä invéniri, probè Scio: An
ideo nostra €. ludibundas herbâ et eulmis quamvis lüxurrans,
pro Boenninghausiantutroque sexu fortuitd lainguwidà habenda®?
Videant quibus occasio C::Boenninshausianæ in loco fatali ob:
servandæoblata fuerit, vel speciminum coniparandorum copia
in promtu erit. Jet
14. CARExX GLAREOS4A Wahlenb:
Hæc per specimen Groenlandicum Torreyo nuperrimè veluti
Americæ civis finnotuit ( Ann. of the Lyc. nr, p. 396), prius in
Americà septentrionali longà latäque nusquàm inventa. Minus
: C?- i :
(x) Spiculas C. Boenninghausianæ omnes androgynas, supernè masculas, describunt Weihe
et Hoppe, infernè mascnlas vidit Kochius { Fl. Germ, Synops. p. 752). Ego in specimine unico.
quod (à Lejeuneo missum et sine dubio à Weiheo profectum ) herbarium olin Meratiañum
possidet , spiculas numeravi 21, quarum 11 ex toto masculas , reliquas androgynas (maseulis
intermixtas ) pro maximà parte masculas, non n si apice summo vel imà basi vel apice basique
fœmineas , flosculis fœmineis in qualibet spiculà paucissimis, maximum 4.
360 1. GAY. — ÎJe Caricibus quibusdam.
tamen remotam Americæ hospitem, et à plurimis cum C. lago:
piné Wahlenb: confusam stirpem crediderim, cujus verioris
specimen, anno 1828 à Despreauxio in Terrä Novàä lectum,
possideo. De quà re nuncium botanicis Americanis afferre operæ
pretium fore existimavi.
Habitu ad C. Zagopinam Wahlenb. ! proximè accedit, diHers
vero maxime spiculà, ex tribus duabusve, solà terminali andro-
gynà , reliquis ex toto fœmineis ,quæ in €. lagopiné omnes an-
drogynæ, basi masculæ.
15. CAREx SCHREBERI W.
Ad C. Schreberi synonyma pertinere C. bromoidem. Dubois!
(Méth. éprouvée., Orléans, 1803, p. 256) ex ipsius auctoris spe-
cimine in herb, cl. Dubouché asservato nuper cognovi. Ejusdem
loci quoque est C. tenella. Thuill.! Flor. Par. (1799) p. 479,
ex herb. Rich. et Brongn.
16. CarEx Licerica N.
C. longissimè repens ; culmo acutè trigono , supernè scabro,
foliis planis, angustis (facie ad strias asperulis! ) longiore ; spi-
culis 4-12, sessilibus, cylindraceis , acutiusculis, in spicam
oblongam densiüs vel laxius aggregatis , omnibus:androgynis,
basi masculis, inferiore obscuriùs bracteatà ; squamis ovato-lan-
ceolatis, acuminatis ; utriculis stipitatis, eilipticis, plane-convexis,
utrinque nervatis, margine à basi ad apicem alatis et serrulato-
densè ciliolatis, cæterum Iævissimis, supernè in rostrum elonga-
tum acute et strictè bidentatum attenuatis ; stigmatibus 2.
C. arenaria. Dubois, Méthode éprouvée (1803), p. 254.—Bast.!
FI. Maine-et-Loire { 1809), p. 338.
C. Schreberi. Desv. F1. Anj. (1827), p. 73.—Guép.! FI. Maine-
et-Loire, ed. 1° (1830), p.11;ed. 2° (1838), p. 13.
Habitat ad ripas Ligeris arenosas, locis fortè purimis, sed hucusque in agro An-
degavensi solüm et Aurelianensi observata, undè specimina complura, ex Ande-
gavo nempè per Bastardum et Guepinum, atque ex Aurelià per cl. Dubouche
3. Gay. — De Caricibus quibusdan. 361
accepi. Aureliæ stirpem, in sylvulà de ?Jsle, quamLigeris flumen alluit et hye-
mali tempore tumens sæpè inundat, imprimis frequentem el. Dubouche adnotat.
Radix repens, rhizomate longissimo, ubique prolifero, certis intervallis fascicu-
los plures, ex uno codemque nodo , steriles alios alios fertiles agens. Folia omnia
radicalia, in quovis cespite 4-6, crectiuscula vel falcatim divergenta, spitha-
mϾa, plaba; unam lin. vix lata, margine serrulatg-scabra ; facie, saltem novella,
perilentem distinctè asperula ! Culmus è fasciculo ! siizülo unicus, foliis multo
longior eorumque vaginis inæqualibus-basi ciuctus ;‘erectus ; maximüm pedälis,
supernè aculè trigonus, ubique scaber, cæterùm lævis. Spiculæ 4-12, sessiles,
erectæ, obscuriùs bractæatæ, in spicam plüs minûs Jobatam, ferè uucialem, ellip-
soideo-oblongam, vel quasi lanceolatam, basi sæpè interruptam aggregatæ, 3 1-6
lin. longæ , omnes cylindraceæ, acutæ vel acutiusculæ, omnes androgynæ, ie
masculæ, superiores magis polyaudræ, infcriores magis polygynæ, quarum nna
alterave rarits tota fœminea ; bracteà imâsetaceà, spiculam suam vix æquante.
Souamæ ovato-lanceolatæ, acuminatæ, castaneæ, albo-marginatæ, nervo carinali
viridi,-Stamina 3, antheris demüm longè exsertis, apiculatis, mucrone barbulato.
Uiriculi maturi squamam æquantes vel pardm superantes , 2 lin. longi , plano-
convexi, glaberrimi, viridu]i, anticè et posticè membranaceï, ad angulum utrum-
que distinctè ‘suberoso-incrassati, basi vel in cuneum retracti, vel distinctè sti-
pitati, supérné atténuato-longè rostrati, margine à basi ad apicem crassiusculè
nec; Jatè alati et densèserrulato-ciliolati, ventre cum alis (quæ vero sæpè reoli=
catæ occurrunt, undèe angustior utriculus videtur) unam vix lin. lato, oblongo=
elliptico, posticè plano, 4-6 nervi, anticè g-11,nervi, nervis utrinque tenuibus
sed distincts, rostro longitudinem utriculi dimidiam excedente, ‘lineari-lanceo-
Jato, alis sursam continuatis et progrediendo angustatis marginato, quemadmo-
düm alæ serrulato-densè ciliolato, apice strictè et acutè bidentato, anticè pauld
longius fisso. Achænium sæpissimè abortivum, vel ustilagine ampliatum, fisso
anticè utriculo tünc à parte anteriore nudum; perfectum utriculo arctè vagina-
tum, ventremque ejus cùm in longitudinem tüm ip latitudinem æquans , sessile,
compressum, oblongo-ellipticum, basi attenuatum, apicemucronatum, castaneum,
lævissimum. Stylus teres, filiformis, strictus , rostrum, in plant florente sæpè
superans, et in parte exsertà, prout stigmalà , villosissimus, in parte iuclusà quo-
que, et quidem ferè ad basim usque , papillis brevibus minus densis hispidus.
Stigmata:2, in plantà florente longissima, filiformia , crassiuscula ; villosissima ,
utriculo longiora (descriptio fructus è speciminibus Aurelianensibus)..
Oss. Stirpem pro C. arenarié ali, ali; in quorum numero
quoque, Candollius, (FL. fr. suppl., 1815, p. 288), pro C. Schre:
beri, sampsère, ad quas utique, si radicem imprimis longe re-
pentem et crescendi modum consideraveris, proximè accedit:
Sexuum quoque distributione C. Schreberi cum nostrà congruit,
tenuitate vero omnium partium et foliis dimidio'angustioribus;
362 7. Gay: — De Curicibus quibusdani.
atque spiculis paucioribus ; 3-6 non 4-12 , flosculis foœmineis
porro in qualibet spiculà multo paucioribus, et utriculis mino-
ribus, eéxalatis!, non nisi in rostro serrulatis, facillime dignos-
citur, et sine dubio distinctissima est censenda.— Minüs, quoad
habitum et folia atque utriculum alatum; C. arenaria à nostrà
distat, recedit tamen spicà multo ampliore et spiculis supério-
ribus permultis constanter ex toto maseulis, inferioribus pau-
cioribus, turgidis, ovoidéis, ex toto fœmineis, vel apicé solùm
aut rariüs apice basique masculis quæ in €. Ligericä omnes an-
drogynæ, basi masculæ. C. arenaria. recedit prætereà utriculis
majoribus, sessilibus, crassius et ferè costato-nervatis, latiüs.et
superne tantüum alatis, infra medium nudis, et achænio:elliptico-
subrotundo non oblongo:— Nostræ quoqué €: repenñs Bell.
ob stationem ad ripas fluviorum arenosas et utriculos stipitatos
téenuinervios, à basi ad apicem alatos, proxima est, differt verû
sexuum distributione ut in €. arenari@ et uütriculis angustiüs
alatis longitsque rostratis, rostro nempè Jlongi-simo, ventris
longitudinem excedente, et insuper stylo! ferè toto :glaberrimo;
apice solum parciusque hirtulo: -— Folia tandem in C. repente,
arenari& et Schreberi ütrinque Kevissimia video, quæ in C. Lige-
ric& sæpè, juniora saltem, facie tuberculis minutissimis acutis
per lentém asperula apparent. Quibus perpensis C. Ligericam
nequeo non pro specie proprià agnoscere.
17. CaREx scopAniA et STRAMINEA SChK.
C. leporina. Mich.! Fi. Bor. Amer. (1803) 11. p. 170, in.ejus
herbario quod Mus, Paris. possidet, stirpes duas utriculi formä
ovato-lanceolatà et elliptico-subrotundà facilè distinguendas,
nempè C. scopariam Schk. (tab. Xxx. n° 195) et C: stramineam
ejusd. (tab. G. n° 34, et Xxx. n° 194), complectitur. Speciminum
in; herb: Michaux. repositorum duo juniora ad ‘€. scopariam,
quatuor maturissima ad C. stramineam spectant. Confusionem
eamdem: in herb. Richard: animadyverti in quo speciminum,
numero quoque 6, tria ad C: scopartam, tria ad straminicedñi per”
tinent. Definitionis Michauxianæ verba « spicis turgide obtuse-
que ovatis »:àC.stramined nec à scopari& esse petita, in-
1. Gax. — De Caricibus quibusdum. 365
spectio speciminum in. herbario utroque authenticorum clarè
docet. Undè Torreyus emendandus qui C./eporinam. Mich.,
nullo speciminum discrimine, totam quantam et quidem cum
admirationis signo.(.vidit enim stirpem:in herb. Michaux.) ad
C. scopariam refert, in Ann. ofthe Lyc. of N.H. of N..Y. ne
(1856) P- 394.
À. Covali Europæà, €. straminea utriculis breviter abrupté-
que rostratis, ventre latissimè alato:, élliptico-subrotundo, sæpe
latiore quàm longo nec oblongè-elliptico;, certe differt;-€ sco-
paria quoqnue, utriculis. multo angustioribus, ovato: lanceolatis,
SUperne sensimattenuatis non distinctè rostratis, at ‘que alis mar:
ginälibus in ventre ferè medio:'suhsistentibus nec ‘usque rad
utriculi basim decrescendo procurrentibus, recedit, et speciem
sine dubio propriäm éonstituit.
C. festucacea. Schk. (tab. Www. n°173), quoad specimina Tor-
reyana in hérb.Juss.l'et Decaisn.!, habitu et inflorescentià, squa-
mis quoque hyalino-albidis C.'stramineæ planè similis, differt
tantüm utriculis angustissimè alatis, longiüs nec abruptè r'os=
tratis (quà postrèmä notà iconi citatæ non respondet), ventre
cum alis obsoletis elliptico non atissimo et subrotundo. Cum
(2 OR comparata, eadem, “utriculorum formà gencrali © con-
que LEUR basi timer rotundatis nec Se : minus LES
nuatis, alis” quoque supérnè angustioribus, non _ità viridibus,
häüd ægrèé dignoscitur.
‘Inter °C. Strämineam et C. festucaceamt exacte intermedia est
alià Caricis forma, per Americam septentrionalem ut videtur
fréquens , Mihi tamen quoad nomen dubiä, in quà utriculi ros-
trique forma planè eadem ac in C. festucaced, alæ vero utricu=
Kim marginantes utin C. sframine latissimæ observantur.
An igitur C. straminea et C. festucacea pro formis unius,
ejusdemque speciei habendæ et sequenti modo, cum formà in-
termedià, prout varietates definiendæ ?
C. STRAMINEA « SCHKUHRI , ;utricnlis abruptè breviterque ros-
tratis, ventre latissimè alato, elliptico-subrotundo (C. straminea.
Schk:, Willd., etc.)
364 3. GAY. — De Curicibus quibusdam.
B iNTERMEDIA , utriculis longius sensimque rostratis, ventre
elliptico, latissimè alato ( C. fœnea ? Willd. Enum. ; C. strumi-
nea f minor et ; fæneu? Torr. in Ann. of the Lyc. 111. p. 395 ;
C. straminea. Un. intin.! 1837, ex agro Cincinnati; C. tenera
Dewey, Torr.! in herb. Juss.! et Détiénél : ; Carex in herb. Jac-
quem! innominata, quam in arenosis maritimis insulæ Coney
prope Novum Eboracum beat. Jacquemont legit ; Carex inno-
minata è Rio Brassos in ditione Texas, Drummond |)
y FESTUCACEA , utriculis longius sensimque rostratis, ventre
elliptico , angustissime alato (©. festucacéa Torr. ! in herb. Juss. !
et Decaisn. Djà quà C: festucacea Schk. tab. Www. utriculis
abruptè rostratis abludere videtur ). k
18. CAREX STELLULATA Good.
Hujus loci est, nequidem pro varietate habenda, C. stellulatali.
grypos. Gaud.! FI. Helv. VIL. (1833; Add. p. 662 (ex Alp: ‘bus Lu-
ganensibus ).
Synonyma quoque dot C. grypos. Schk. Car. Suppl (1806)
p.18. tab. Hhhh. fig. 193. — Hopp. Caricol. Germ. (1826) p.28.
— Ejusd. in Sturm D. FI. fasc. 57 (1831) ic. — Kunth. Enum. I.
(1837) p. 419.— Koch. Synops. II (1837), p.753. — non Rchb.
Suam Schkuhrius C. norvegicam inter et C. loliaceam loca:
vit, à quibus toto habitu recedit. Eamdem Sprengelius (Syst.
Veg. ur. p. 809)inter C. lagopinæ synonyma enumeravit, quæ
comparatis iconibus, totà utriculi fabricà et proportione, squa-
marum differt. Reichenbachius , tandem, C. grypum in. C. mi-
crostachy Ehrh. vidit,quæ postrema sexuum distributione lon-
gissime distat.
Icone Schkuhrii attentiüs bad at auctorisque descriptio-
nem perpendenti, duæ tantüm differentiæ apparent quibus C.gry-
POS à C. stellulatä distinguatur, culmus nernpè teres non trigo-
nus ; ét utriculi apice incurvi non recti. Hæc versè utriculi diffe-
rentia nullius momenti est ;illa paradoxa omninÔ est vixque sin-
cera, cüm nulla congenerum mihi unquàam culmo sic rotundato
ebstriis prorsüs carente occurrerit. — Duplicem eum characte-
rem Hoppius tamen loco utroque citato (in destriptione et in
3. GAY. —r De Caricibus quibusdam. 365
icone) perspicue exprimit, an ideo ne à Schkuhrio dissentire vi-
deatur ? Icon certd de cætero in C. stellulatam bene quadrat.
— Suam quoque grYpum ; stellulatæ proximam Kochius habet,
L's. c., ubi vero nec Hoppii i iconem adducit, nec de culmo tereti
mentionem ullam facit. Diagnosibus comparatis à szel/ulaté hæc
Kochiü grrpus differt culmo scabro non lævi, utriculis erectis
non squarroso-patentibus, et rostro incuürvo non recto , quibus
ego minimè sum contentus, tales enim differentiæ facillime in
stellulatæ exemplaribus diversæ ætatis atque locorum diverso-
rum inveniuntur. Suam stirpem Kochius è Vallesiæ alpibus supra
Zermatten habuit, in quibus bis à me et per mensem integrum
acerrimè exploratis neque C.'stellulata nequé €. lisopina oc!
currit. (C. lagopiram ibi tamen, nempé ad molem glacialem
valleculæ Finelen, à cl::Schuttleworth lectam fuisse scio. *
Hoppii Caricem grypum se vidisse et omnibus notis solidio-
ribus cum: C. stellulaté vulgatà congruentem, utriculis quoque
divergentibus instructam invenisse , Gaudinus adnotät, FL
Helv: vir. p. 662.
‘19: CAnex eunra Good:
Hujus loci esse C. -Richardi. Thuill! F1 Par: (15099) p. 482 ‘et°
Mich.LFl. Bor. Am.(1803) p.170; plures jàm dixêre et ego con-
firmo, addoque specimina Michauxiananon ad formam gracilem,
qua, sub 8 Torreyus distinxit ({Ann.sof the Lyc. IL p.303) ,’
sed ad vulgarem) pertinere.—— Ad eamdem‘speciem et formam'!
spectare C. leporinam Lapeyr.! Abr. Pyr. (1813) p. 564 (saltéln
quoad plantam:in monte de Roja inventam) synonÿmorum cu -
riosis renuncio, quam stirpem ego in herbario Xatartiano ipsius
Peyrusii manu inscriptam vidi, et pro communi C. curké agnovi.
20. CAREX REMOTA L.
1
Quam veluti Américanam Torreyus nn novit, ego ini
Terrà novà ann. 1829 à Despreauxio inventam orideu A:
C. Deweyand. Schyr. .:quam pro .C.remoté nonnulli sumpserunt;:
ns Despreauxiana diversissima est, nec, cum C. remot4 Eu-
ropæà comparata, differentiam ullam cn
pe D Ce |
366 F. MIQUEL. — Syr l'Encephalartus horridus.
NoTE sur l’'ENCEPHALARTUS HORRIDUS Lehm. et sur ses di ifférentes
formes.
Par M..le Prof::F. A. N: Miquer,
Directeur du Jardin de Botanique à Rotterdam,
Les nombreuses occasions.que nous avons eues d’étudier,;dans.
notre jardin, une très grande quantité d'individus de: cette es-
pèce rapportés de, l’intérieur du Cap; nous ont mis à même d’en:
donner une description plus complète et peut-être plus correcte.
que: celles que l’on trouve jusqu’à nos jours dans les livreside
botanique descriphiye: La grande variabilité de cet Zncephalar:
tus rend nécessaire la comparaison, des différentes formes qu’il
présente, avec d’autres espèces pour limiter d'une manière in2:
contestable les caractères quileur sont propres. Les modifica-
tions nombreuses de l'Æ. Aorridus font aisément comprendre
comment les auteurs, qui n’ont! vu que des échantillons isolés,
sont tombés si souvent dans l’erreur.;:en donnant, ou un carac-
tère spécifique qui nes’applique-pas àtoutesles différentes formes
de ce végétal, ou en décrivant ces formes comme autant d’es:
pèces, différentes, des formes transitoires leur‘étant restées in-
connues.
Nous allons en doriner d’abord le caractère spécifique et celui.
des principales formes qui doivent lui être rapportées:
E. Ports LEHM. (Pugill. sextus \
Cauprce glabra aut lanuginosa; rachz obtuse tetragona ; foliclis lanceolatis
pruinoso-glaucis aut viridibus, infimis integerrimis vel margine inferiore uni-
dentatis, superioribus uni-tridentatis vel uni-bidentatis apice bifido, rañus
margine superiore brevitér unidentato, dentibus omribus pungentibus note
que grandioribus lobiformibus divaricatis; sérobrlis glabris.
Observatio. Planta polymorpha, caudicibus cylindrico- -conicis aût ovaideis,
glabris aut lanugine fusco-grisea tectis, frondibus brevioribus aut longioribus
(1 — plures pedes) rectis vel plerumque-apice recurvis; fo/iolis infimis lanceo-
F. MIQUEL.— Sur l'Encephalartus horridus: 367
latis integerrimis, aut margine inferiore 1-3 dentatis aut bidentatis apice bifidis,
rarius margine superiore aut utrinque breviter unidentatis, glaucis viridibus,
pungentibus, duris, inferioribus et superioribus brevioribus, marginibus subinde
subrevolütis, nascentibus externe et margine inferiore rachique pilosis, pilis mox
déciduis. :
Diagnosis itaque ab is aliorum auctorum recedit, qui ad illem singularem va-
riabilitatem attendisse non videntur nec legitimæ coloris glauci absentia nec cau-
dicum sæpius lanuginosorum, mentionem fecerunt, et in primis rariorem illam ini
margine superivre dentem præteryiderunt. Dire si.autem, foliolorum forma ita
ludat, ex inde genuimas varietates constituere non licet, cum solummodo e mi-
nori majorive alicujus foliolorum generis copia quædam forma distingüi possunt ,
intermedns formisin se invicem perspicue transeuntes.
os E. horridus genuinus. Caudice non raro lanuginoso, frondibus apice re-
curvis glaucis aut plerumque viridibus, foliolis ut plurimum Done infe-
wiôre saut ,3 (dentatis ;apice elongato. é
Syn; Zamia horrida:, Jacq: Fragment, botanica, 1; p.57; ex parte. Tab.
27,28. E. horridus, Lehm. Pugill. NI,/p.a4
f.E. 'RoñHals Hallianus. Cd frondibusque utin forma a, foliolis sæpe
etiam! margine superiore breviter unidentatis.
Syn. E. van Hallii, de Vriese in Re voor nat. Gesch. en s Phys
TN; p:14#22. Tab, X, A20: 8.5
ÿ. E. horridus laufrons. Caudice plerumque glabra , frondibus glaucis viri-
‘‘dibusve}‘foliolis infnnis sæpiûs integerrimis, séquentibus aut margine mfe-
_ riore aut superioreunidentatis!, reliquis:margine inferiore uni’ aut bidenta=
| tis apicibus divaricato-bifidissaut,margme inferioretridentatis. 0 212.
Syn. E. latifrons Lehm. ex descriptione. de Vriese et icone. c. 1. 1V, p: 424.
Tab. IX A el B.
à. E. horridus lanupinosus. Caudice!linuginosa , foholis pleramque viridibus
ut plurimum margine inferiore bidentatis.
Sÿn. Zamia lanuginosa Jacq.]. e. p.28, 1. 30 et 31. E. lanuginosus Lehm:
(Pugill. VI, i c. .) %
Les auteursique nous venonsde citer ont considéré la éouleur
glauque ‘des feuilles comme un caractère’ constant, cependant
notre jardin possèdé plusieurs individus d’une couléur vérte
foncée, et la même plante porte ‘quelquefois des feuilles de deux
couleurs. Mais c’est surtout la manière différente dont s’opère la
fissure des folioles, qui sert à caractériser les différentes formes de
cet Encephalartus. Les folioles inférieures sont souvent entières;
les suivantes portent une dent ou bordinférieur ou plus rarement
368 r. MIQUEL. — Sur l’Encephalartus horridus.
au supérieur. Ensuite, cette dent inférieure devient plus grande,
et occupe à-peu-près la partie moyenne de la foliole, ou se
trouve pres du sommet , de manière que l’on pourrait décrire
cette foliole comme étant apice bifidum. Les autres folioles
portent en général deux dents , moins souvent trois au bord
inférieur (F. margine inf. bidentata seu unidentata, apice bifido;
tridentata seu bidentata apice bifido'; plus rarement on trouve
une petite dent au bord supérieur ; et quand cela arrive un peu
plus fréquemment, où aura l’£. var Hallii de Vriese. Nous
avons vu des individus dont toutes les folioles, une seule ex-
ceptée, offraient cette petite dent au bord supérieur, tandis. que
d’autres en portaient plusieurs. Les autres caractères de l'E. 7.
Hallii ne sont pas mieux établis et consistent uniquement dans
la couleur pâle et une consistance moins dure ; or, nous avons
vu des individus d’un vert glauque et d’une consistance bien
rigide. On remarque même dans la figure, que l’auteur de cette
espèce à publiée, plusieurs folioles dont la marge supérieure est
entière et n’offre aucune dentelure.
L’E latifrons Lehm. se distinguerait par sa couleur d'un vert
foncé , les folioles inférieures entières, les moyennes bifides au
sommet et uni ou.bidentées au bord inférieur; les supérieures
plus étroites et 2-3 dentées au bord inférieur.
Mais, outre que ces caractères ne suffisent pas pour une dis-
tinction incontestable, ils ne sont point constans, car nous pos-
sédons, par exemple, un exemplaire un peu plus grand que les
autres, à folioles tout-à-fait glauques et entre lesquelles nous en
avons trouvé une dont le bord supérieur était unidenté. Nous
possédons même une feuille qui reéwnit par ses caractères ceux
de V£. horridus, de VE. van Hallii et de l'E. latifrons. (1)
On ne s'étonnera pas, d'après ce que nous venons de
dire , que nous considérions aussi l’Æ. /anuginosus Lehm.
comme une forme de lÆ. horridus à tronc velu.: Depuis
que nous avons constaté que l’£. horridus offre assez souvent
(x) Toutefois , nous observerons que nous, ne jugeons l’E, latifrons Lehm. que d'après la
description «et la figure que M: de Vriésé én vient dé publier. Ii FOURS arriver que notre
savant am); M. Lehmann , fit encore connaitre d’autres caractères. :
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GC. BLUME. — Palmiers des Indes orientales. 369
un tronc couvert de poils, les caractères donnés par Jacquin
( Fragm. 1 p: 28. Tab. 80, 31) de son Z, lan uginosa, savoir,
le tronc velu et les folioles bidentées vertes , ne suffisaient point
pour la distinguer de V’Z. horridus. C'était peut-être pour cela
que Persoon a voulu caractériser l'E: horridus par des f. £ri-
dentées glauques , a VE. lanuginosus par les folioles hidentées
vertes (Synop. "x. 631 ). Mais on comprend aisément, d’après
notre description de l'Ænc. horridus ; que sa distinction en plu-
sieurs espèces est entièrement fautive, puisque l’on trouve l’une
et l'autre sorte de ces foliolés sur la même plante, et on sent
que les caractères tirés de ces mêmes folioles, et qui ont servi
à plusieurs botanistes pour faire de chacune de ces formes au-
tant d'espèces distinctes, ne peuvent être admis.
Revue des Palmiers de l'archipel des Indes orientales ,
Par le professeur C. FL. BLuME,
Directeur de l’Herbier royal à Leyde.
Premier Article. (1)
Quoique dans la préface du tome II de la Aumphia, nous
ayons déjà annoncé d’une manière générale tous lesPalmiers dont
il sera question dans cet ouvrage, il ne sera peut-être pas inutile
de:communiquer préalablement quelques vues sur cette famille.
La haute importance de ces végétaux nous a de plus engagé à
fixer les caractères des genres des Palmiers #2do-orientaux , que
nous avons examinés, en observant toutefois que la liste des
Palmiers , publiée par nous au commencement de l’année passée,
nous a servi de base dans la nomenclature des genres et des
espèces.
Peut-être nous fera-t-on l’objection d’avoir trop multiplié le
(x) Buülletin des Sciences physiques et naturelles en Neerlande , rédigé par MM. W.Miquel,.
3. Mulder et W. Wenckebach ; 1838 , p, 6r. i
/
X. Boran. — Décembre. 24
370 c. BLUME. — Pamiers des Indes orientales.
nombre des genres, surtoutaux dépens du genre /reca Linn., qui,
avec quelques autres genres voisins, nous occuÿera en premier
lieu dans le présent mémoire ; mais c’est parce que nous avons
emprunté les caractères de ces genres à leur végétation elle-même,
plus qu'on ne la fait peut-être jusqu'ici, ce qui nous semble
tout-à-fait indispensable dans une famille où les organes de Ja
génération offrent peu de caractères faciles à saisir.
Sous ce point de vue, le genre Æreca Linn., comme il a été
déterminé jusqu’à présent , offre un amas de Palmiers d’une or-
ganisation très différente, auquel on devrait aussi joindre les
genres Æuterpe et OŒEnocarpus de Martius et POreodoxa de
Willdenow, quand on ne veut pas admettre la division de
l{reca des auteurs en plusieurs genres. C’est non-seulement
pour exposer plus clairement les affinités naturelles, mais aussi
parce que la botanique systématique exige que les caractères
génériques soient tracés d’une manière précise, qu'il nous à
paru plus juste de diviser certains genres de Palmiers que de
réunir une foule d'espèces dans des genres vaguement limités.
Et qu'on ne s'imagine pas qu'en agissant ainsi, le nombre des
genres soit trop augmenté en proportion de la masse des es-
pèces. L’immortel Linné lui-même voyait déjà la nécessité d’in-
corporer dans presque autant de genres les dix espèces de
Palmiers qu’il connaissait, savoir :
1. Calamus.
2. Chamærops.
3. Borassus.
A. Corypha, avec deux espèces dont l'une a servi à Gæriner
pour établir le genre HyPnæxs.
5. Cocos.
6. Phœnix.
7. Areca.
8. Elate.
9. Caryola.
Pour bien fixer le caractère de l’Æreca, nous avons cru de-
voir considérer comme le vrai représentant de ce genre, l’es-
péce que Linné a décrite premièrement, l’A4reca catechu (Flor .
C. BLUME. — Palmiers des 1ndes orientales. 271
Zeyl. p. 392: Sp: Plant. p: 1189); ensuite nous en avons exa-
miné les points de rapport et de différence avec les autres es-
pèces, tant pour le port que pour la structure des organes de
la génération. De cette manière , la situation des fleurs femelles,
dans les aisselles des rameaux du spadice, pourvus senlement
de fleurs mâles, nous a présenté un caractère très distinctif.
Sans doute ce caractère ne serait d’aucune valeur, si les espèces
à spadices simples ne différaient, en outre, sous d’autres rap-
ports. C’est ce que prouve, par exemple, suffisamment l’/reca
spicata Lam., comme étant le type du Calyptrocalyx , genre
fort remarquable qui, tout autant que l/guanura et le Cyrtosta-
chys, se rapporterait peut-être mieux à la section des Borassi-
nées pinnatifrondes , qu'à celle des Arecinées, et démontre en
tout cas l’affinité intime de ces sections. C’est par la même rai-
son que d’autres espèces dont le spadice, quoique divisé en ra-
meaux, mais garni dans tonte la longueur de ses rhachides de
fleurs monoïques , doivent être aussi séparées des vraies Areca.
Elles se rapprochent, sous plusieurs points, de l'Oreodoxa Wild.
et des genres OEnocarpus et Euterpe de M. Martius, dont nous
avons rangé les espèces indo-crientales en trois genres : Pinan-
ga, Oncosperma êt Kentia. Le premier contient des Palmiers
humbles , à spadices simplément ramifiés, munis de petits fruits
allongés ou ovoides avec un périsperme ruminé. Les deux autres
sont des Palmiers élevés, dont le port se rapproche plutôt de
celui des vraies Æreca. Leurs spadices sont plus ramifiés que
dans le Pinanga ; les fruits de l’'Oncosperma sont globuleux
avec un périsperme ruminé, tandis que ceux du Kentia sont
allongés, avec un périsperme solide, sans aucune trace de
fissures.
3. ARECA Linn.
Frores monoici, in eodem spadice ramosissime aut simplici-
ter ramoso, spathà duplici, uträque completà cincto, sessiles
obsolete bracteati , feminei solitarii in alis dilatatis ramulorum
antice tantum floribus masculis obsessorum. Masc. Calyx tri-
partitus, laciniis carinatis ( non inter se imbricatis). Corolla tri-
petala, petalis æstivatione valvatis. Sfamina 3-6-9 ; filamenta
244
372 C. BLUME. — Palmiers des * Indes orientales.
subulata , imà cohærentia. /ntheræ lineares, basifixæ. Péstilli
rudimentum. Fem. Calyx triphyllus et Corolla tripetala æstiva-
tione convolutà. Sfarninum rudimenta. Ovarium triloculare
v. passim trilobum , loculamento unicofertili. Ovzlo in fundo
affixo. Stigmata 5 sessilia, discreta. Bacca fibrosa, mono-
sperma. Æ/bumen ruminatum. Émbryo exacte basilare.
Palmæ elegantes et sæpe proceræ; caudice ut plurimum elato, gracili, rarius
arundinaceo, stricto, annulato, lævigato, inermi ; frondibus terminalibus, pinna-
tisectis, petiolorum parte-basilari cylindrica longe vaginante , segmentis pectinato -
patentibus, lanceolatis, plicatis, acuminatis, sæpe findendis, superioribus passim
confluentibus et apice præmorsis ; spadicibus infra frondes inferiores enatis,
spathis coriaceis deciduis, ut plurimum ramosissimis rarius simpliciter ramosis ;
ramulis masculis-subflexuosis imä in alis excipiendis floribus femineis manifeste
dilatatis ; floribus pallidis , masculis longe minoribus quam femineis, bracteis mi-
nutis ; fructibus ovoideis v. ellipsoideis majusculis.
Species. 1. 4; catechu Linu.tab. 102 A et tab. 104(1).— 2. 4. calapparia ,
tab. 100, fig. 2. — 3. 4. pumila, tab. 99 et tab, 102 C. — 4, 4. triandra
Roxb.—5. 4. punicea, tab. 122.—6. 4. communis , tab. 128.—7. 4 glan-
diformis Giesek. tab. 100 ; fig. 1 , 2ttab.128.— 8. 4. macrocalyx, tab. 101.
Oss. Hoc palmarum genus , Indiæ Orientali proprium, præ-
cipue insigniunt florum femineorum præcocium in axillis spadi-
cum rhachidos masculis creberrimis obsessorum situs, nec'non
stigmata distincta subulata , et denique fructus majuseuli formè
ovoideà aut elongatà.
2.OxcosPerma Bl. in Rumphià L..c.
Frores monoici, in eodem spadice duplicato-ramoso , spathà
triplici, interiore incompletà, cincto, in scrobiculis sessiles, brac
teis obsoletis cum rhachide coaleseentibus, masculi bini femi-
neos singulos stipantes. Masc. Calyx tripartitus laciniis carinatis
(non inter se imbricatis\. Corolla tripetela, petalis æstivatione
valvatis. Séamina 6; filamenta crassiuscula, libera. _Zntheræ
sagittatæ , basifixæ. Pistéllé rudimentum. Fem. Calyx triphyllus
et Corolla tripetala conformis, æstivatione convolutà. Séarninum
rudimenta. Ovarium triloculare, loculamento unico fertili,
(1). Ces citations de planches se rapportent toutes au tome 171 du Aumphia , encore inédit,
C. BLUME. — Pamiers des Indes orientales. 375
ovulo lateraliter in fundo affixo. Stigmata tria sessilia arctè
conniventia. Bacca grumosa, monosperma. Æ/bumen rumina-
tum. ÆZmbryo in basi positum.
Palma elegans, in humidis maritimis gregaria ; caudice elato, gracili, anuulato ;
aculeato , frondibus terminalibus , pet:olis basi longe vaginantibus; pectinato-
piunatisectis, segmentis reduplicatis , acuminatis, spadicibus infra frondes soli-
tariis , spathis coriaceïs post anthesin deciduis, inferne duplicato, superne sim-
pliciter ramosis, ramulis fastigiatis, perdulis, in serobiculis bracteatis, flore uno
femineo minori ac binis masculis lateralibus colore luteo obsessis ; fructibus glo-
bosis, parvis.
Species. 1. O. filamentosa , tab. 82 et tab. 103.
Os. Jam florum femineorumsitus satis est, ut hoc et seéquentia
genera ab A/recd Linn. distinguantur. A duobus proxime sequen-
tibus insuper differt staminibus haud convatis, fructibus globo-
sis, SarCocarpio grumoso intus tantum obsolete fibroso, denique-
raphe umbilicali maxime dilatatä scutiformi.
3. Kenria BL. in Rumphiä L. c.
Fcores monoïici, in eodem spadice fasciculato-ramoso, spathä.:
triplici, interiore incompletà cincto, in scrobiculis sessiles, brac-
teis haud distinctis cum rhachide coalescentibus ;, masculi bini
femineos singulos stipantes. Masc. Calyx tripartitus, laciniis
subcarinatis (non inter se imbricatis). Corolla tripetala, petalis
æstivatione valvatis. Starnina 6 ; filamenta brevissima, basi con-
nata. Ænthcræ lineares, basifixæ. Prstilli rudimentum. FE.
Calyx triphyllus et Corolla. tripetala dissimilis æstivatione con-
volutà. Staminum rudimenta nulla. Ovarium uniloculare; ovulo
in fundo affixo. S/ylus brevissimus. Stigmata 3 distincta. Bacca.
parce fibrosa monosperma. Æ{bumen æquabile. Embryo exacte
basilaris.
Palma elata, saxatilis; caudice gracili, annulato, lævigato, infra petiolorum.
partem basilarem cylindricam longe vaginantem subincrassato; frondibus omnibus
terminalibus , pectivato-pinnatisectis, segmentis reduplicatis , apice subbifidis;
spadicibus infra frondes verticillatis aut solitariis, spathis coriaceis deciduis , du-
plicato-ramosis, ramis arrecto-fastigatis, ramulis nndique in. scrobiculis super
ficialibus flore uno feminco minori ac binis masculis majoribus lateralibus colore-
stramineo obsessis ; fructibus ellipsoideis parvis.
374 C. BLUME. — Pudmiers des Indes orientales.
Species 1. K. procera , tb. 106.
Oss. Et in P/rangé et in genere præcedenti stigmata sunt ma-
gis confluentia, quam in hoc, ab utrâque insuper diverso, quod
florum femineorum petala sunt longe majora foliolis calycis ac
formà plane alià, atque albumen non ut illis ruminatum, sed
solidum esse solet.
4. PINANGA Rumph. (ex parte) BI. in Rumphiàä L c.
FLoREs monoici,in eodem spadice simpliciter ramoso rarissime
simplici , spathà duplici, interiore sæpius incompletà cincto, in
scrobiculis sessiles, bracteis obsoletis cum rhachide coalescen-
tibus, masculi bini femineos singulos stipantes. Masc. Calyx
tripartitus , laciniis subcarinatis (non inter se imbricatis ). Co-
rolla tripetala, petalis æstivatione subvalvatis. Sfamina 6-15 :
filamenta brevia , superne distincta v.in torum carnosulum con-
fluentia, Zntheræ lineares, basifixæ. Pistilli rudimentum aut
nullum. Fem. Calyx triphyllus et Corolla tripetala conformis
æstivatione convoluta. Staminum rudimenta aut nulla. Ovarium
uniloculare ; ovulo in fundo sublateraliter affixo. Stylus nullus
aut brevis. Stigmata 3, vix distincta et sæpius confluentia. Bacca
fibrosa, monosperma. Æ/bumen ruminatum. ÆEmbryo prope
basin locatum.
Palmæ plerumque humiles, sylvicolæ, caudice arundinaceo, gracili , stricto vel
subflexuoso , annulato, lævigato , inérmi ; frondibus terminalibus , pinnatisectis
rarius fissis , segmentis plicatis, acuminatis, summis apice truncato-dentatis, spa-
dicibus infra frondes solitaris, spathis membranaceis vel coriaceis cito deciduis,
parce ramosis, ramis subfastigiatis, excipiendis femineis ad latus floribus binis
masculis consociatis, aut distiche, aut undique foveolatis; floribus albidis vel stra-
mineis; masculis longe mejoribus quam femineis ; fructibus ellipsoideis, parvis.
Species. Præter quasdam Palmas Borbonicas et Zeylarsenses, quæ huc refe-
rendæ videntur, sequentes ex Archipelago Indico: 1. P. Nenga , tab. 107. —
9, P. latisecta , tab. 108.—3. P. costata, tab. 109.—4. P. noxa , tab. 110,
ge 1.—5. P. globulifera( Areca globulifera Lam.).—6. P. Kuhli, tab. 111.
— 7. P, coronata ; tab. 119 ettab. 113, fig. 1. — 8. P.(sylvestris) Javana,
tab. 87 et tab. 110, fig. 2. — 9. P. (sylvestris) cochinchinensis (Arecu sylves=
tris Lour.). — 10. P. cæsia. — 11. P. minor, tab. 114. — 19. P. patula,
tab. 115.— 13. P. furfuracea , tab. 116.— 14. P. bifida , tab. 113, fig. 2.
GC. BLUMF. — Palmiers des Indes orientales. 375
Os. Genus specierum sane ditissimum, quarum tamen major
pars in caligine sylvarum Indicarum latent multæque specierum
laudatarum non accurate notæ sunt. Ab Oncospermé præcipue
distinguitur filamentis basi aut plane connatis, ovario unilocu-
lare, fructibusque magis elongatis , sarcocarpio magis fibroso ;
a Kentid stigmatibus minus distinctis , arctius conniventibus et
plerumque discoideo-unitis , nec non structurà albuminis. Hæ
species in duas sectiones divisi possunt ; primà continentur, qua-
rum flores masculi circum rudimentum pistilli minorem nume-
ram staminum , filamentis superne distinctis complanatis, exhi-
bent; alterà quarum flores masculi majori gaudent staminum
numero, quorum filamenta brevissima tantum non plane in
discum carnoüsum sunt unita , sine ullo rudimento pistilli.
5. Cyerosracays BL in Rumphià L. c.
Frores monoici, in eadem spadice corymboso-ramoso, spa-
this duabus (?) basilaribus completis (?) cincto e foveis rachidos
emersi, masculi bini femineos singulos stipantes. Masc, Calyx
triphyllus. Corolla tripetala. Stamina 6; filamenta complanata,
basi unita. Æntheræ oblongæ, basifixæ. Pistillt rudimentum.
FEm. Calyx triphyllus et Corolla tripetala æstivatione convoluta.
Staminum rudimenta. Ovarium unioculare; ovulo ex apice lo-
culamenti pendulo. Sigmata 3 sessilia divergentia. Fructus. .
Palma gregaria, paludosa ; caudice elato, gracili, annulato, inermi, frondibus
terminalibus , pinratisectis, segmentis reduplicatis, apice sæpe bifidis; spadicibus
infra frondes: nascentibus, magnis, solitariis, spathis nonnuilis completis (2) fuga-
cibus vestitis, duplicato-ramosissimis ; ramis divaricatis, ramulis fastigiato-pen-
dulis ; subtortuosis, tomento subtilissimo granuloso obductis, undique in alveolis
imter binos fleres masculos singulos femincos fovenubus.
‘Species 1. C. Renda, tab. 120.
Oss. Hoc genus ut a cateris dignoscatur, jam ovulum ex ap'ce
loculamenti pendulum cujus stoma prope umbilicum situm est,
sufficit. In Hyophorbe Gærin., ob situm embryonis verticalem,
ovulum identidem in apice ovarii affixum esse videtur, sed'äb
hoc tamen genere nostrum integumentis floralibus floris femi-
nei alià ratione dispositis abunde differt. Utrum hoc et duo se-
276 GC. BLUME. — Palmiers des [Indes orientales.
quentia genera melius Arecinis an Borassinis accenseantur. ut
jam supra dixi, compertum non habeo.
6. Cazyprrocazyx Bl.in Rumphià L. c.
Frorks polygamo-monoici, in le m spadice simplicissimo
spathà simplici incompletà cincto, sub bracteis squamæformi-
bus foveis rachidos immersi, masculi bini femineos v. herma-
phroditos singulos stipantes. Calyx triphyllus, foliolis cucullatis
arcte convolutis. Corolla tripetala, petalis æstivatione valvatis.
Masc. Slamina crebra ; filamentis subulatis, basi in discum car-
nosum confluentibus. /ntheris linearibus , dorso incumbenti-
bus. Feu. Staminum rudimenta nulla. Ovarium. incompleto-bi-
loculare. Sigma simplex, sessile. HermAPar. Samina complura.
Ovarium superne in stylum brevem attenuatum. Stigmata 3,
coalescentia. Bacca exsucca, grumosa, monosperma. 4/bumen.….
Palma procera, caudice crasso, annulato, lævigato; frondibus terminalibus,
pinuatisectis!, petiolorum basibus margine in fibras fissihbus, sementis linearibus,
acuminatis , reduplicatis ; spadicibus elongatis, inter frondium bases nutantibus,
spathà longitudinaliter apertà coriaceà in peduneulo persistente; floribus in rha-
chidos excavationibus squamâ obtectis reconditis, bibracteatis, glumaceis ; fruc-
tibus subglobosis. ‘
Species 1. C. spicatus( Areca spicata Lam.), tab. 102 D et tab. 118.
7. Icuanura BE in Rumphiüà L c,
FLores polygamo-monoici , in eodem spadice simplicissimo,
spathis duabus tubulosis incompletis cincto, e foveis rachidos
bilabiatis emersi, masculi bini femineos vel hermaphroditos,
singulos stipantes. Masc. Calyx triphyllus, æstivatione convo-
luta. Corolla tripetala petalis æstivatione valvatis. Stamina 6-9 ;
filamenta subulata, basi coherentia; antheræ lineares dorso
affixæ. Fem. Calyx triphyllus et Corolla tripetala æstivatione
convolutà. Saminum rudimenta. Ovarium uniloculare, ad basin
binis rudimentariis suffultum. Stigma simplex, sessile. HEr-
mapgr. Calyx et Corolla ut in Fem. Stamina 6-9; antheris
ovato-oblongis. Ovarium simplex , stigmatibus tribus conniven-
tibus obsessum. Bacca monosperma. 4lbumen. :.
F. MIQUEL. — Jsaria du Brésil. 377
Palma pusilla, coudice arundinaceo , tenui, annulato, inermi, frondibus
subterminalibus, pinnatisectis, petiolorum basibus cylindraceis tandem uno latere
longitudinaliter fissis atque defluentibus, segmentis subtrapezoideis, antice eroso-
dentatis: spadice inter frondium bases emerso, spathis duabus membranaceis
spadice mcrescente apice perforatis in ejus pedunculo magis minusve persisten-
übus , indiviso, sursum incrassato, undique foveis margine bracteæformi elevato
transversè bivalvi cinctis exculpto, quibus flores virescentes bracteolati sunt
immersi ; fructibus baccatis olivæformibus, albidis.
Species 1. Z. leucocarpa , tab. 117.
Sur une espèce nouvelle d'Isaria du Brésil.
Par M. F. À. W. MiqueL.
Suivant le rapport de quelques voyageurs certaines larves,
entre autres celle d’une-cigale, se tranformeraient en arbre ou
plutôt en un arbrisseau, ls assurent que la larve s’enfouit:dans
le sol et y donne naissance à un végétal. M. le colonel Q. M. R:.
Ver Huell rapporta de St.-Salvador près Bahia, une larve pré-
sentant les premiers rudimens de ce soi-disant développement
ligneux. M. le pofesseur Miquel en étudiant cette production,
y reconnut un champignon épizootique devant former june
nouvelle espèce d’Zsaria. Celle-ci diffère néanmoins des autres
espèces du même genre par un séroma plus charnu, assez dur,
composé d'un tissu central, résistant, blanc, et d’une écorce flo-
conneuse brune sporifère. M. Miquel pense que cette nouvelle
espèce pourra former le type d’un sous-genre ou même d’un
genre distinct. Cette plante est fixée à la partie antérieure du
front de la larve, par une base bi-rameuse, dont les branches des-
cendent sur la face devant les deux grands yeux, On remarquait
également quelques productions analogues, mais beaucoup plus
courtes, entre les anneaux abdominaux. En général ce champi-
gnon a le port d’une Clavaire. La larve est encore remplie d’in-
testins desséchés, elle est très voisine de celle représentée par
Roesel, t. xxvi, fig. 1, tom. 11 de ses insectes. Il parait incontes-
table à M. Miquel que ce végétal s’est développé après la mort
de l’insecte et qu'il ne peut être assimilé aux champignons qui
378 EBORY SAINT-VINCENT. — Sur l’Isoëtes et le Marsilea Fabri.
se développent sur les animaux vivans. Cette espècé est carac-
térisée de la manière suivante :
IsanrA CicaDz, elongata, cylindrico-angulosa, tenax, apice
ramulosa, intus albo-carnosa, extus brunea, subfloccosa, sporis
cylindraceis obtusis. — Hab. in larvis Cicadæ mortuis sub terra
sepultis, in sylvis Bahiæ.
Nore sur l'Isoëtes du midi de la France et sur le Marsilea Fabri,
Par M. Bory DE SAINT- VINCENT.
(Lue à l'Académie des Sciences, le 2 juillet 1838.)
Ayant, pour vérifier les travaux de M. Delile sur l’Zsoëtes, et
de M. Esprit Fabre sur l'espèce nouvelle de Marsilea qui porte
le nom de cet observateur, cultivé dans de petites marres ar-
tificielles ces deux plantes intéressantes, j'ai fait à leur sujet les
remarques suivantes, qui avaient échappé à tous les botanistes
qui se sont occupés d’elles.
La foliation de l’Isoëtes de Montpellier se développe sans dé-
roulement, comme celle des Joncées et des Graminées aqua-
tiques, et non à la manière des frondes en crosse des Fougères,
ce qui établit une affinité de plus entre les Isoëtes et les Lyco-
podiacées.
Le Marsilea du même pays, plus petit dans toutes ses parties
que l'espèce commune, et que le nom de quadrifolia ne carac-
térise plus, puisque toutes ces Marsilées portent quatre folioles,
a le point terminal du pétiole où s’implantent ces folioles d’un
rose vif; celles de ses feuilles qui s'élèvent au-dessus de Peau
sont sujettes à un sommeil aussi remarquable que celui des
Mimosa et de la plupart des Tégumineuses. Aucune Fougere
ou autre Cryptogame n'avait encore été signalée comme se fer-
mant à telle ou telle heure de la journée, pour persister dans
cet état toute la nuit. Après six heures du soir, dans cette sai-
son, les quatre folioles, dont chaque fronde se compose, se
redressent, et s'appliquent aussi étroitement paire contre paire
que le font les ailes de l’Æedysarum gyrans, les folioles de la
Sensitive, ou celle des Trèfles ; mais point dans une situation
MARTINS. — OEuvres d'histoire naturelle de Goethe. 370
pendante comme dans les Oxalides, qui dorment aussi, et qui
sont des genres où ce qu’on appelle le sommeil des plantes est
si manifeste. (1)
OEUVRES D'HISTOIRE NATURELLE DE GOFTHE , comprenant ses divers
mémoires d'anatomie comparée, de botanique et de géologie,
traduits etannotés par Cu. Fr. Martins, D. M. , avec un atlas
in-fol., contenant les planches originales de l’auteur et enrichi
de trois dessins ef d’un texte explicatif sur la métamorphose
des plantes, par P. 3. F. Turpin , membre de l’Institut. Chez
A. CHERBULIEZ , rue de Tournon , n° 17.
Goethe, le grand poëte, s’est occupé de toutes les branches
de l’histoire naturelle, mais surtout de botanique et de zoologie.
Les botanistes rendirent, les premiers, une tardive. mais éclatante
justice à son opuscule, intitulé la Métamorphose des plantes.
Lors de son apparition en 1782, les idées qui s’y trouvent déve-
loppées eurent peu de retentissement. Goethe partagea le sort
de tout homme qui devance son siècle , et proclame des vérités
auxquelles ses contemporains ne sont pas préparés; mais, à
mesure que la science avançait, évidence de la transformation
de tous les organes végétaux frappait tous les bons esprits , et
ce ne fut pas sans étonnement qu'on retrouva , dans les œuvres
:de Linné, de Wolf et de Goethe, les germes de la plupart des
systemes organographiques , que l'on croyait nouveaux. Dans
la métamorphose des plantes, elles sont clairement formulées et
condensées sous une forme aphoristique. Il y a plus: on y dé-
couvre l'indication précise de la théorie sur l’accroissement des
végétaux par les bourgeons, développée depuis par MM. Dupetit-
Thouars et Lindley. Le peude succès de cet ouvrage sur la méta-
morphose ne s'explique pas uniquement par la répugnance que
les hommes ont toujours pour les idées nouvelles; d’autres cir-
(r) Le même phénomène s’observe également dans le Marsilea quadrifolia ordinaire, enltivé
au Jardin des Plantes , et on peut s'assurer, par la manière dont les folioles s'appliquent par
‘paires l’une contre l’autre ; que ce sont réellement des feuilles pinnées à deux paires de folioles
rapprochées, et non quatre folioles opposées en croix: An. B.
380 MARTINS. — Œuvres d'histoire naturelle de Goethe.
constances peuvent en rendre compte. Goethe était poète, et
il semble qu'un instinct jaloux nous mette en défiance contre
l’homme qui sort desa spécialité pour aborder un sujet étranger
à ses études habituelles : aussi l'auteur a-t-il ‘cru devoir faire
l'historique de ses études botaniques. M. Auguste Saint-Hilaire,
dans le rapport qu'il a fait à l’Institut, le 20 août 1838, sur la
partie botanique de la traduction qui nous occupe, s'exprimait
ainsi sur cette portion de l'ouvrage: « Ce morceau, véritable-
« ment délicieux ,je netrouve pas d'autre expression pour peindre
« l'impression qu’il a faite sur moi, ce morceau, dis-je ,4à presque
« le charme des confessions de Rousseau , et il est toujours plus
« pur et plus instructif.»
Nous n'avons rien à ajouter à ces paroles d’un homme dou-
blement juge dans cette matière comme botaniste et comme
philologue. Goethe ne s’est pas contenté de nous mettre dans la
confidence des circonstances qui avaient détérminé sa propre
métamorphose de poète en naturaliste, il donne encore les
détails les plus piquans sur les destinées de sa métamorphose
des plantes, sur le mauvais accueil que lui firent la plupart des
savans, tandis que les gens du monde n’y voyaient qu’une
agréable fiction ou une ingénieuse allégorie.' Sous le titre
d’Additions , il réunit de nouveaux faits à l'appui de sa théo-
rie, et, dans un troisième mémoire , il analyse l'influence de
la doctrine des transformations sur la marche de la bota-
nique depuis 1782 jusqu'à 1831. C’est dans cet opuscule qu’il
énonce ses scrupules sur la réalité de la fécondation végétale.
C’est là qu'il formule l'idée d’un type végétal , d’un symbole,
d'une plante idéale dans son ensemble , mâis formée de parties
toutes prises dans la nature, et qui faciliterait l'intelligence de
la métamorphose , en remplaçant des idées abstraites par un
dessin qui parlerait aux yeux du corjs et à ceux de l'esprit.
Goethe désignait M. Turpin comme l’homme le plus capable
d'entreprendre un tel ouvrage, qui nécessitait à-la-fois des
connaissances profondes en botanique et un talent de dessina-
teur du premier ordre. Desireux d'accomplir le vœu de Goethe,
le traducteur se présenta chez M. Turpin, qui, à l'instant même,
tira de ses cartons un dessin portant la date de 1804 ; et qui
MARTINS. — VEuvres d'histoire naturelle de Goethe. 381
était précisément la réalisation de ce type idéal, que l’illustre
poète avait en vue: cette plante est la troisieme planche de l’atlas.
Elle représente un végétal coupé, suivant son axe, le collet est
la ligne de séparation de deux systèmes différens : le système
inférieur ou terrestre, le supérieur ou aérien. Le système ter-
restre , c’est la racine. Le dessin fait voir toutes les transforma-
tions. dont elle est susceptible, sa tendance à pousser des ra:
meaux ; lorsqu'elle arrive à la surface de la terre , et à se rap-
procher aussi du système aérien, de même que celui-ci émet des
racines adventives, des branches souterraines et des fruits
hypogées qui se modifient dans le sein de la terre et deviennent
méconnaissables pour l'observateur superficiel. Lesystème aérien
commence aux cotylédons , qui engendrent successivement et
par les transitions les plus graduées les feuilles simplesentières,
puis les feuilles incisées, et enfin les feuilles les plus compo-
sées. Une nouvelle série de métamophoses nous fait passer in-
sensiblement au calice, à la corolle, aux étamines, aux péricarpes,
aux enveloppes de la graine et à l'embryon, qui n’est que la
répétition des deux, cotylédons qui nous ont servi de point
de départ. Cette description très abrégée peut donner une idée
de, cette planche. IL était évident qu'elle n'eüt pas été com:
prise, si.elle n'avait été accompagnée que d'une simple expli-
cation : aussi M, Turpin a-til développé avec détail toutes ses
idées,sur l’économie végétale dans une savante introduction; où:
il:accumule tous les faits qui militent en faveur de la’ transfor:
mation des organismes végétaux.
Cette introduction est un traité complet. d' organographie phy-
siologique, fondée sur la métamorphose. Réunie aux-œuvres: de
Goethe, elle résume toute l’histoire de la science des végétaux,
envisagée sous ce point de vue, qui est celui de la plupart des
botanistes de notre époque , et, entre autres, de MM. De Can-
dolle, Lindley, Nees d'Esenbeck, Auguste Saint- RHASEC Ri-
chard}, Gaudichaud , etc.
Sans doute il existe encore bien des doutes à éclaircir, bien
des objections : à résoudre , surtout pour tout ce qui a rapport
à la graine ; mais la donnée générale dela métamorphoseest ad-
mise sans contestation par tous les esprits généralisateurs. Pour
385 marrins. — O£uvres d'histoire naturelle de Goethe.
porter la conviction dans celui des incrédules, M. Turpin a
consacré la cinquième planche du même atlas à la réunion de
tous les exemples de métamorphose les plus probans. Tous sont
pris dans la nature, et quelques-uns ont déjà été publiés ; mais
la plupart sont nouveaux et n'ont point encore été figurés. Les
figures sont au nombre de quarante-six et représentent tous ces
cas de monstruosité qui prouvent évidemment que les orgares
floraux depuisle calice jusqu’à l'embryon ne sont que des feuilles
transformées.
Une troisième planche de latlas représente une rose et des
poires prolifères. Ce dessin était d'autant plus nécessaire ; que
Goethe renvoie très souvent à la rose prolifère , qui lui a, pour
ainsi dire , donné l’éveil en révélant à son génie l'identité ori-
ginelle des organes appendiculaires des plantes. L’exécution:
matérielle de ces planches est admirable. Toutes ont été dessi-
nées par M. Turpin, et les deux premières ont été gravées par
MM. Plée et Mougeot, la dernière par M. Talbeaux.
Nous ne saurions, dans un journal consacré spécialement à la
botanique, parler des mémoires anatomiques et géologiques de
Goethe ; nous nous bornerons à faire remarquer que la partie
zoologique est plus remarquable encore que celle qu'il a con-
sacrée aux végétaux. L'idée d’un type animal y est clairement
exposée , et nous ne saurions mieux faire que de renvoyer au
rapport que M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a fait sur cette
partie à l’Académie des Sciences, dans la séance du 12 mars 1838.
La section géologique est la moins importante ; cependant il est
curieux de voir avec quel bonheur Goethe a poursuivi dans les
trois règnes la loi fécoude de la métamorphose que l'étude des
plantes lui avait dévoilée.
ERRATA.
CRYPTOGAMES ALGÉRIENNES. Page 276, rétablissez ainsi qu'il suit l’ordre des
[4
numéros :
N° 58. Lisez Sphærococcus corneus var. { pinnatus Ag.— Fucus hypnoides
Desfont.
59. Sphærococcus coronopifolius Ag.
A
TABLE DES ARTICLES
CONTENUS DANS CE VOLUME.
ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES.
Mémoire sur l'Amidon, considéré sous les points de vue chimique, physique
et physiologique , par M: Payen. . . . . . . . . . . . 5,65,
Recherches sur les Lenticelles, dissertation inaugurale soutenue sous la
préndencerde Mo %Monr. 0" he ERA MR TS ee.
Recherches sur les Lenticelles, par M. le professeur UNGEr. . . . . . .
Recherches sur la Végétation ,entreprises dansle but d’examiner si les plantes
prennent de l’azote à l'atmosphère, par M. BoussnGaurr. . . . . .
Recherches'sur les cellules des Sphagnum etsur leurs pores, par Jean Rorrrr.
Note sur la Végétation des Orobanches, par M. Scuzaurer. . . .
Lettre de M. Mrvex surles animaux spermatiques des végétaux d’organisa-
tion inférieure. . - . .
ele Tes el leltienter re er ltente ©, ©. 1: + °° 6e
Sur la respiration des plantes, par MM. W. Enwanps et Cozin. . . . .
Nouvelles observations sur la circulation dans les plantes , par le docteur
CH. SCHULTZ. . ... : ue
Note sur la circulation du Chara, par M. Donné. . . . . . . .., .
Rapport fait à l’Académie des Sciences sur le mémoire précédent, par M. Du-
TROCHER = ec © elle ce
ee te e,relte ef ei je ley -eftieltres lenie 2e
ere Te ete elitesheirertRe ee oe e ee © o e
Note sur lZsoetes du midi de la France et sur le Marsilea Fabri, par
M. Bory-SainT-ViNcENT. . .
e. ©, ‘roi: ere ele Le dei e& Elle, + _e
MONOGRAPHIES ET DESCRIPTIONS DE PLANTES.
Sur le genre Z'orreyta , par M. J. A. NV ARNOTR le Can oi,
Sur la famille des Rhizophorées , par M. W Gnirrira. . . . . . . . .
Descriptio diagnostica nonnullarum Cactearum quæ a D. GAxEoTT I in
provincis Potosi et Guanaxato regni Mexicani inveniuntur, a D’ J,
SCHEIDWEILER. +. .
. . + _e + se Te > + » © + » eee e e
Novæ species Cycadearum Africæ australis, quas descriptionibus illus-
travit U. M. DE VRisse. . : US
Note sur quatre Valérianées de l'Amérique du Nord, par R. SaurrLeworrn.
Miquelia, genus novum plantarum javanicarum scripsitOG. L. BLumE. .
Revue des Palmiers de l'Archipel des Indes Orientales, par M. le professeur
Brume (1° article). . .
161
314
321
346
117
38/4 TABLE DES ARTICLES.
De Caricibus guibusdam minus cognitis ; vel novis , vel quoad synony-
miam - aut distributionem geographicam illustrandis , imprimis de
Michauxianis Boreali- Americanis, et de genere novo ad Cyperacea-
rum tribum eamdem pertinente. — Ad Caricearum historiam hanc
qualemcumque suam symbolam affert J. Gay. . . . . . . 279,
Note sur l'Encephalartus horridus Lehm. et sur ses différentes formes,
par FA: Mrouez. 2e "ns US ;
Sur une nouvelle espèce d’Zsaria du Brésil, par F. A. W. Miquez. . . .
FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Essai sur la topographie botanique du mont Ventoux , en Provence, par
M. CG. F:-MaRrins,, 0. 0 6. rl. 1 mue Gi 00020
Cryptogammes algériennes ou plantes cellulaires recueillies par M. Roussez
aux environs d'Alger, et publiées par M. le Dr Camirze Monracxe. 268,
Note sur quelques Cryptogames inédites,récemment découvertes en France,
par M. J. DesmAziÈnes.: à. nn ions 20e
Syllabus muscorum in Italiä et in insulis circumstantibus hucusque
cognilorum, auctore J.ne Notaris. ide His estutelendons
EXTRAITS D'OUVRAGES GÉNÉRAUX ET MÉLANGES
OEuvres d'histoire naturelle de Goethe, comprenant ses divers mémoires
d'anatomie comparée , de botanique et de géologie, traduits et annotés par
M. Cu. Fr. Marins, D. M.;avec un atlas in-fol., contenantles planches
originales de l’auteur, et enrichi de trois dessins et d’un texte explicatif
sur la métamorphose des plantes, par M. P. J. F. Turrin, membre de
l'Institut. PART US on eine Mate rer NU er M et cr be Re
355
366
377
228
334
308
249
379
TABLE DES PLANCHES
RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS LANS CE VOLUME.
PLancnes 1, 2, 3, 4, 5, 6. Structureet formes de diverses espèces de fecule.
7 Topographie botanique du mont Ventoux.
, 8, 9. Cryptogames nouvelles de l'Algérie.
10, Animalcules spermatiques des Cryptogames.
FIN DE LA TABLE DU DIXIÈME VOLUME.
Bot. Tom.10.P1.1.
Ann der Science nat. 22 Série’.
Layen del .
J'ructuire. de la’ Fecule
Ann.des Secenc.nat.2° Serre. Bot Tom.10 .Pt.2. JR
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Payer del.
Jéructure de la Fecule
Bot.Tom.10.PL.3.
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Structure de la Fecule
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Bot. Tom .10.P1,6,
J'ucture de la Fecute
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Bot Tlom10. 11.6.
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Murlac des sciences naturelles 2escrce. Tome1o.
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THYMUS VULGARIS
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RÉGION
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QUERCUS ILEX.
£ 400
800
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SEPTENTRIONAT
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Par des noires.
Fin de Thyrnurs viélg arts.
Fin dec noyenre
Por de Pure rler*
Com dir-Vepetz grancolens
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Com? der lavande
Com der granar létres et dx Cénevrier
CE de nopele graveolers
C? des Zapandes.
LE ax Buir = Tina Quererr dec
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Fin da Finus alepensrér
Com? du-Silareir montana
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE DU MONT
par ChMartins
VMENTOUX EN
PROVENCE.
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1300 FAGUS SYLYATICA M}
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THYMUS VULGARIS
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PINUS ALEPENSIS
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Ann. des Seine. nat. 2° Serte.
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Ann: des Seienc. nat: 2° Serte Bot. Tom.10. F1
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2. J’lagiochasma Rousseliarnuun. 2. Halymenia algerensir.
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