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Full text of "Annales dramatiques, ou Dictionnaire général des théâtres ... par une société de gens de lettres"

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■K. 



ANN-ALES 

DRAMATIQUES, 



ou 



/ / 



DICTIONNAIRE GENERAL 



/ A 



DES THEATRES; 



TOME SIXIEME. 

M. 



1 



hes Exemplaires voulus par la loi ont ii 
poses å la Préfectiire de Police. 



Nota» ' Tous IfS Exemplaires de cet Ouvrage ser 
gnés par inoi^ BABADLT , V un des Auteurs; etje t 
que je poursuivrai tout Conttefacteur ^ conformémefK 
lou 



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'' ANNALES 

/ 

DRAMATIQUES, 

ou 

DICTIONNAIRE GENERAL 



DES THEATRES, 

CONTENANT: 

l^ UAnaltse de tous les Ouvrages dramatimies ; Tragédie, Comédie ^ 
Drame , Opera, Opéra-Comiquey Vaudeyiile , etc. , représeDtés sar 
kt théåtres de Paris , depuis Jbdelle jusqu^^ä ce jour; la date de leur 
representation 9 le nom de leurs auteurs, ayec des anecdotes théå- 
trales; 

9*. Les Régles et les Observations des grands inaltres sur PArt dra* 
matique, extraitesdes CEuTres d^Aristote , d'*Aubignac , de Boileau ^ 
de Comeille , de Destouohes , d^Horace , de Moliére, de Racine , de 
Regnard , de Voltaire , et des meilieurs Aristarqnes drsvatiques ; 

5^. Les Notices sur les Autenrs , les Gompositeurs , les Aoteur^ , les 
Actrices , les Danseurs , les Danseuses , ayec des Anecdotes intéres* 
santes sur tous les Persotinages dramatiques , anciens et mödernes^ 
mörts et yiyans, qui ont briBé dans la carriére du Théätre. 

PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES. 



TOME SIXIEME. 

M. 



€0B2 



A PARIS, 

6A1AUI.T, Tun des Auteurs , rue Bourtibourg, a». 9; 
Gapelle et Renand^ Libr. , rue J. - . Rousseau n<*. 6; 
Tbeuttel et WuRTz , Libr. , rue de Lille, n®. 17 ; 
Et Le Normako, Libr., rue des Prétres-S.-Germain*rAuz. 



i8io. 







84X 



.X i. 



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ANNALES 

DRAMATIQUES, 
' ou 

PICTIONNAIRE GENERAL 

DES THÉATRES. 



mt/\/\/%rk/%/%y%f\/%/\y^/\/\/%/% 



MAG 

IVlACBETH, tragédie en ciiiq actes, par M. DufcB,aii 
lliéAtre Frau^åis, 1784. ' - ^ ' 

Macbeth, k 1'iDstigation de »a femme Frédégoöde'^ ipoF- 
^arde, de sa propre main^ Duocan, roi d'Ecos8e^ et fart 
méme aä^apMtner ses enfaos ; mais un vieillard a élevé deux 
princes de cette famille royale til ne perrt les soustrairv 
aux recherftbes du tyratl} én les arréte et o.n lesplonge daqs 
uncachot. Ce vieillard, indignév^pén^re )usqu*å Mdtbeth, 
et Taccable d'abord de )iist)ds et de TiDlens reprochés^ mais 
bientöt il le trouve si malheuretix par ses remérds^ quil 
fbit par le ptaindr^* Macbeth se tue, et sa mertretid le 
tréae aux héritiers legitimes* ' • . . ' ' 

Cette tragédie, d\in genre öoirj terriHe , Vntoiistrueux 
méine, est imitée de Shakespear. Nous pensons que, ré- 
duite en trois actes, elle ofTriraiÉ un intérét plus grand et plus 
soQtenu; car les remords de Macbeth , av an t et apr^s son 
criiiie5 otcnpent les cinq actes, et fatiguent la vite et Våme 
éa. qieotkiteiir. Ce qui ä le plus mS au succés de la piéce ; 
Xme FL A 



j -. 



'':U. 



a MAC 

c^cst rapparitioo dcTombre deDuncan, apparition plus rf« 
dicule que tragique ; et Thorrcur quc con^oit Macbeth de 
§Dn crime avant de le commettre» Il obsen^e mérae que le 
roi, au moment du danger, Tappellera sans doute å son 
serours* Le roi Tappelie en eflet, et Macbeth, en dépit 
de ats reflexions, consomme le régicide. Oa voit qu* ces 
temords inutlles ne peuvent intéresser* 

Depuis , M. Ducis a voulu remédier å ces deux défauts. H 

a réussi pour le premier, le plus facile å corriger; mais il n'a 

fait que rendre le second plus evident, comme on en pourra 

]uger par les détails suivans* Le fils du roi, Péléve du vieillard, 

le jeune Malcolin, vient déclarer qu'il est seul héritier du trone 

d'Ecosse , et que Macbeth est coupable ; celui-ci nie son 

crime; alors, Malcolin évoque Tombre do son pére, pouc 

appisjferson assertion : Fombre apparait; Macfaejtfa la voit^ 

let autres personnages la voicnt, mais elle est inviaible pouc 

k (pectalfiur. Macbeth n'en contlnue pas moins de tazer lo 

prince d'ixnpo8ture, et il va jufiqu'å menacer de le (aire punir. 

14'apparition de Tombre est donc molns choquante; mais Tin* 

■tärétqu'inspiraient les remords de Macbeth repentaot» n'est 

plus aussi vif , quand ce Macbeth per siste dans soo deftSMBio^ 

et sa moDtre disposé å commettro un nouveau crime» 

, n existe de grandes beautés dans c et ouvrage : on y trouve 

de ces vers, que Ton admire et que l'on retient facilément» 

Voici FuB des plus saillans de la piéce : on représente k 

Macbeth , rongé de remords , qu'il ne peut rieo changet å 

ce .qui a^est fait, que Duncan est mört; il répond : 

f Mört |K>ur töat ruuiters , ^ est 'vivant pour moi. 

MACEY (le frére Claude), hermite, a composé une tra« 
gédi« intitttlée ; VEn/ant Jésu^ ou ia Naissancf de JéiUå tm 






77. 



/ 



MAC % 

Bethléem , qui fut imprlmée en 1729^ et représcnté^dans les 



couvens« 



v 



MACHABÉE (la), ouMabttre des sbpt Fréres et 
SE SAI.OMONE, LEUR MERE^ tragédie, tiiée de Pécriture saiate^ 
par Jeau Virey, 1596. 

L^auteuir tralla le méme sujet en 1600, sous le titre de la 
Diifineetheureuse Plctoiredes Machab^es^ sur le roi Aiir* 
Aiochus. Ces piéces étaient sans distinction d'acte8 ni de 
scénes. La premiére avait ^té formée d'iine tra4Mction en 
vers, que l'auteur avaitiaite du livré des Machohées^ et la 
aeconde n'étaU qu'iine correction de celle-ci* 

MACHABÉES ( les ), tiagédie de Lamotte , aux Ft^nfalff^. 

. Gette tragedien doot k sujet estégalenent tiré de Fécriturd 
sainte, «8t une des meilleures piéces de Lamotte; p'«st, sanef 
contredit^ la mieuz écrite de toutes* On y trouTe avec d^h^i^i 
T6UX Stalls i un0 versification bien sontenue^ X'aoteur ajant 
garde Vincognitx) j on crut, pendant quelque texns, que c'étaiC 
* un cmvri^ pe^tbume de Radlne; du moins, on hii atttibuait 
let trois preimers actes. Enfin , on voulut j^iger pf^r cooipa** 
raison, et Teiamen des vers détruisit cette fatisse 9pimon« 
Ronssean dit^ k ce sujet : « On donne e^tte ptéce a Lamotte) 
mais s'il n'y a ni pointes , ni pensées fleuries^ ni petites finessea 
d'et{Hit9 elle ne saurait åtre de lui »• 

' Oo yit une cfaose tr&s*«xtfiaordinaire aux representation* 
de cette tragédie : c'est Baron , jouant ^le r61e du jeune Ma- 
chabée^ å Kåge de plus de soixante«dix ans , et si fiaiible alors, 
qa'il faUut Faider å se relever quand il se jeta aux pieds åm 
Salomone i sur qiioi Pon fk ces vers : , 

Et le Tieilftird Baron , pour PhoniK^ir d^Iarael , 

. gaii le jp^c eafiiaia da jeune U^^M \ 

A % 



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r«lCt£u 



•Vi- 

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4 M A& 

Ct 9 pour rendre la scéne exatte , 
Il se falt raser k chaque acte. 

Dans cette tragédie, Misael raconte les cruautés inoniei 
exercées sur ses fréres. A celte aflreuse peinture, la mére do 
ce jeune héros s^arme d'une rcligieuse intrépidité; mais, 
nialgré ses efTorts, les sentimens de la nature Vemportent , et, 
pendant un moment , Iliér oine fait place k la mére. Misael 
a^ea aper^pit, etladouleur de décbirer ainai Töme de la per- 
sopne qii^ chérit le plus, I'engage k suspendre son récit; sa 
mére liii dit : Achhve. Mademoiselle Lecouvreur, qui fut 
chargée de ce role , pronon^ait ce mot avec le méme sang- 
fipQtd qiie '. si elle demandait la suite de la relation d'un léger 
^ccident 9 arrivé å des personnes qui lui seraient étrangéres^ 
Elle^redoMblaity par oet art, Tadmiratlon pour rhéroine, qui, 
peiSiéedes plu9 rudes coups, rassemble toutesses forces, afin åm 
ne p^ se laisser abatti^ aux yeux de son fils , ét de lut donnec 
l?eq^emple des.vej^tua donl elle lui dicte les lejons» 



M '' 



MACHINES. On appelle ains^ dans le poeme dramar* 
tique, Fapparition sur la scéne , de quelqué Oi^inité su 
Génie, pour faire rétissir un dessein important» ou surmon— 
ter une difficulté supérieure au pouvoir des hommes. Ges 
^acfainesy parmi les anciens, étaient les DiéHx, les Gentes 
bons ou malfaisans, les Ombresyetc. Shakespear^ ct nos au<- 
ti^rs» fran^ais avant Corn^ille, employaient encore la dér- 
nidite de cés ressources» EUes ont tiré ce nom des machineg 
que l'on a mises en usage pour les faire apparaitre sur ia 
scéne^ et les en retirer d^iine maniére qui approébe du nier- 
veilleux. Quoique cette méme raison ne subsiste plus poutle 
poeme épique, on est cependant convenu de éonner le nom 
da macbines aux £tres »uxnatureb qu^on y intro^uiti Ge mot 



MAC S 

inarqne, dans Vwn et l'autre poeme, rintervention ou le 
ministére de quelque Divioité 3 mais , comme les occasions 
qui peuvent ameoer les roacblnes ou les rendre nécessaivoa: g 
ne sont pas les mémes, les r^gles qii'on y doit suivre-so^t 
aussi difTéreDtes. Les anciens poetes dramatiqués n'admet- 
taient jamais aucune machine sur le tbéåtre , que la présence 
du Dieu ne fut absolument nccessaire ; et ils étaient si^és , 
lorsque, par leur faute, Ils étaient forcés d'y recourir. 
Suivant ce principe, pris dans la nature, que le dénouement 
d'une piéce doit naitre du fonds ménie de la fable, etnon 
d'une roachine étrangére, que le génie le plus sterile pent 
amener, pour se tirer tout'-å-coupd'embarrasy ainsiqu'onJe 
TOit dans Médée, qui se dérobe å la vengeance de Jason, en 
fendant les airs sur un cbar tratné par des dragons ailés* 
Horace parait un peu moins sévére , et se contente de dire que 
les Dieuz ne doivent jamais paraitre sur la scéne^å moins que 
le noeud ne soit digne de leur présence» 

Nec Deus inUrsit , nisi dignas t^ndice nodas^ 

Outre les Dieux , les anciens introdulsaient des Ombres ^ 
comme daus les Persts d^Eschylles, oå Tombre de Darius 
parait. A leur imitation^ Shakespear en a mis danai Hamlet 
et dans Macbeih : on en trouve souvent dans les piéces de 
Hardy : la Statue du Festin de Pierre, le Mercure et le Ju- 
piter dans YA,mphitrion de Moli&re, sont aussi des jnachines; 
mais on »*en åccommoderait difScilement aujourd'hui« Aussi 
Racine, dans son Jphig/énie, a-l-il imaginé 1'épisode d'Ery- 
pbile y pour ne pas söuiller la scéne par le méurtre d'une 
Princesse aussi aimable et aussi vertlieuse qu'Ipbigénie* 
{Foyez llPHIoiNlE d^Euripide), 

Qn ne voit plus aujourdliul de ces sprtes de niachines qu'j^ 
fQpéra^ qji eUqs sont reléguées^ Horace propose trw sortQS. 



6 MAC 

de ntacbides k iDtrodäire siir le théfitré ; la memlhré ést 

• • • 

Dieu vtsibleineöt present devänt les actenrs, et c'est je celld^ 
lå qn'il doone lå réglé dont nous avons dé)k parlé; la seconde 
éspéce comprend lei macbines plu9 ii^eroyables et plits extraor- 
dinaires» comroe la métamorpbose de Frogdé en birondelle, 
celle de Cadmus en serpent* II ne les exclnt di ne les con- 
damne absolmnenf ; mais il vent qn^on les mette en récits , et 
SOD pas en äction; la troisi^me espéce ést absolument ab* 
surde, et il la réjette totalement; Texemple qu^il en donné , 
c^est un enfant qu^on retirerait tout viyant du monstre qui 
Fauralt dévoré. Les deuz premier» genres sont regus indifie- 
remment dans Pépopée et dans la distinction d'Hörace , qui no 
regarde qne le théfitré ; la diflerence entré ce qui se passé sur 
la sc&ne et å la vue des spectateurs, d'avec ce quW suppose 
s^achever derriére le rideati , n^ajant lieu que dans le poemo 
dreunätique» On canvient qne les ancien» poetes ont pn faire 
interveoir les divinités dans Tépopée; mais les toiodernes 6ut- 
ils le méme privUige? Cest une qitestion que l'on trouvera 
ezaminée au mot merveilleux. 

Si Fon est forcé de se servir de madrineff, dit Aristote, 
dans sa Poédque, il faut que cé soit toujours hors de fac- 
tion dp la tragédie^ soit pour expliqirer les cboses qni sont 
arrivées anparavant, et qu'il ne serait pas possible que 
lliomme snt, soit pbur avertir de celles qui arriveront en- 
euite, et dont il est nécessaire qu^on soit instiruit* Il faut ab« 
solument que , dians tous les incidens qui composent la fable ^ 
il n'arrive jainais rien sans raison. Ce qui est sans raisoa 
iloit se treuver hors de ta tragédie. 

MACHINES DE THÉATRÉ. Les anciens en avaient de 
Juusieurs sortes dans leurs théåtres, tant cellés qui étaienl 
pTacées dans r^pftce ménagé derriire la scéoe^ ^ué ceQes 



MAC fj 

qui étcuent sous les portes fle letour , pour introdnire ^SxxL 
cöté les Dieiix des boiset de» campagnes , et de Tautré t^s Dt-*' 
vinités de la mer* Il j en avait aiissi d'autres au-<lessus de la 
scéne pour les Dieux célestes , et enfia d'aufres sons le tfaéå- 
tre pour les Ombres, les Furies et les autres Divioltés Infer- 
nales* Ges derniéres étaient å-peu-prés semblablcs å celles 
dont nous nous servons pour ce sujet. FoUux ( L. IV* ) 
nous apprend que c'étaient vdes espéces de trapes qui éle-^ 
Talent les actenrs au niveau de la scéiie , et qui redescen- 
daient ensuite sous le théåtre par le relåchement des forces 
qui les avcuent fait monter. Ges forces consistaient , commé 
celles de nos théåtres , en des cordes , des roues et des con-* 
tre-poids. Gelles qui étaient sur les portes de retour, étaient 
des macfaines tournant sur eHes^mémes , qui avaient trois 
faces difFérentes , et qui se dirigeaient d'un et d'autre coté ^ 
selon les Dieux å qui elles servaient* Mais de toutes ces ma« 
chines^il n'y en avait point dont Tusage fut plus ordinairey 
que celles qui descendaient du ciel dans les dénouemens , et 
dans lesquelles les Dieux venaient, pour ainsi dtre, au secours 
du poete* Ges machines avaient méme assez de rapport avec 
celles de nos ceintces; car , au mouvement prés , les usages en 
étaient les mémes* Les anciens en avaient, comme nous^ 
de trois sortes; les unes ne descendaient point jusqu'en bas^ 
et ne faisaient que traverser le théåtre ^ les autres servaient \ 
faire descendre les Dieux jusques sur la scéne ^ et les troi- 
riémes å elever ou å soutenir en Tc^ les personnes qui seni'- 
falaient vc^r.Gomrae ces derniåres étaient toutes semblables 
i celles de nos völs , efles étaient sojettes aux mémen acci- 
dens , car nous voyons dans Suétone , qu'un acteur qui jouait 
le röle A^Jcare^ et dont la machini» ettt malheureusement le 
méme sort, älta tomber pris de Tendroit ou était placé Néron, 
et couvrit de^angeeuz qui étaient autour de lui.Maisquoique 



8 MAC 

ces xnachines enssenft quelque rapport avcc cellos de nö^crio^ 
tresycomme le thé&tre dfis au^eqn avait toute son éteodue ea 
largeur , et que d'ailleinr9 » i\ ii'était polnt cou vert , les mouve^ 
mens en étaient fort dififéren»; car^ au lieud'étre eixiportées, 
comme les notres, par des chassis courant dans les charpentes 
en plafond, elles étaient guindées a une espdce de grue , dont 
le C9I passait par dessus la scéne , et qui, tournaot sur elle*- 
jnéme , pendant que les contre-poids faisaient monter ou des- 
cendre ces machines^ leur faisaient aussi décrire des courbes^ 
composées de son mouvennient circulaire et de leur directioa 
yerticale^ c'est-å-dire , une ligne en forme de vis, de bas en 
haut, ou de haut en bas, i. celles qui ne faisaient que mon- 
ter ou descendre d'un coté du tbéåtre å Tautre . et différentes 
demi - ellipses , å celles qui , apres étre descendues d'un 
coté jusqu'au milieu du tbéåtre , remontaient de Tautre 
jusqu^au-dessus de la scéne , d'oi!i elles étaient toutes rap- 
pelées dans im endroit du Postcenium , o^ leurs mou vemens 
étaient placés% 

MACHINISTE, ost celui qui , par le moyen de Tétude 
de la méchanique , invente des machines pour augmenter les 
forces mou vantes , pour les décorations de tbéåtre,. l'borlo* 
logerie^rhydraulique, etc. 

MAGON (le) opera en un acte, par M« Sewrin^ mu^ 
sique de M. Lebrun, å iFeydeau , 1797* ' .. 

, Bontems , maitre ma9on, veut donner sa fille å un imbé^ 
.cile , nommé Jean ^ maiscette jeune personne préföce Claude, 
garfon plus alerte , dont elle est tendrement aimée. Cepon- 
dant on est sur le point de la contraindre , quand un homme 
liche , pour lequel son pére båtit une maisoo , fait don d« 
cette propriétéå la jeune fille, å condition qu'elle épousei» 



/ 



M A D 9 

«D gar^on de son choix. Cf tte géoérosité ioattendue déter* 
mine lepére Booteois enfiMreurde Glaude, et tout le mondo 
se moque de JeaD , qui avaif dié]å tAis ses habits de Doces% 
. Gette bluette , dont le fonds est infioiment siniple , comme 
OQ le voit , obtint du succés» 

MADAME DE SÉVIGNÉ, comédle en trols actes, en 
prose , par M. Bouilly^ aux Eran^ais, i8o5. 

Gette piéce futsIfQée lors de la premiére representation : 
Fauteur y fit des cfaangemens, et elle fut applaudie. En 
voici l'analyse : 

La scéne est å Livry, dans la malson de madame de 
Coulaagcs^ oh madame de Sévigdé passé labelle saison^aveo 
deux belles dames, qui n'ont aucune.part å l'action, et avec 
le marquis de Fomenars , homme å bons möts , qui s'est falt 
décréter de prise-de-corps pour des saillies contre la cour. Ge 
demier, en sa qualité d'ancien ami de la famille, veille indi- 
rectement sur la conduite du jeune Sévigné, qui aime et pa- 
rait avolr rbonnéte intention de séduire une petite pay sanne ^ 
nommée Marie, fiUeule de la marquise, et la fiancée du 
domestique Pilois. Sévigné est sur le point d'eDlever cetta 
Agnes, qnand son mentor, instruit du projet, trouve le 
moyen d'y mettre obstacle. Bientot une afiaire importante 
vient fixer leur attention. Madame de Sévigné apprend que 
son fils a compromis l'honneur du jeune Saint-Amand, ^Is 
d'un receveur des tailles, en perdant au jeu une somme 
considérable, que cet imprudent jeune homme lui avait prétée 
des fonds de la recette. Alors la marquise, désolée, moralise 
son fils , et lui remet^ pour combler le deficit, un écrin que son 
maii lui avait donné å la naissance du coupable. G'^st fort 
bien; mais le prix de ce bijou ne suffit pas, et il manque en-* 
core une^flomm^ de uzjQpuUe livies. Xput-ö,-poi»p j le lecevcuj:^ 



lo n A D 

{énéral de lä province amveåLirry, et veut absolnment 
ie transporter å Meaux, dwas lefdur, pour y faire prononcer 
la destitution de Saint-^Alnand pére* Sévigoé, éperdu, court 
éhez tous ses amis : soins inutileår ! ton tes les bourses sont 
fermées. Ccpendant, od tåche d^amuser le recevetir-général, 
en liii racootant quelques anecdotes , mais le iinancier qiii 
ne se pale pas de cette monnaie , va partir. Enfin le domes- 
tique Filois, å qui madame de Sévigné avait donné le jour 
roéme une dot de six mille livrés, vient au secours de son 
)euDe maltre , et le tirc d'embarras* Touche de ce procédé 
généreux , Sévigné se reproche ses vues sur la fiancée du bon 
Filois 9 et fait le serment de se corriger. Ainsi , Thonneur de 
Saint-^AmaDd étant k couvert , on n'a plus k songer qu'& 
faire la noce, et l'on ee livré å Isr gaieté. 

Cette piéce, malgré les coupures qu'elle a subies, est en- 
core trop longue; mais oo y trouve, k travers des inconve* 
nances et des inutllités, des möts agréables et des traits bril- 
laos. Quant au fonds et au dénouement, le lecteur peut 
)uger de leor faiblesse , par Tanalyse qu'il viei^t de lire. 

MADEMOISELLE DE GUISE, opéra-coroique en trois 
actes, par M. Dupaty, musique de M* Salier, au théåtre 
Feydeau, 1808. 

Un roman de madame de Genlts a fourni les détails de cet 
opera; mais Fauteär en a trouVé le fonds, dans VHisteire-de 
Charlemagne. La position de ilMideittioiselle de Guise avec 
M. de Beaufort est eemblable a celle d'£ginard et d'Imma« 
Éginard était secrétaire de Ghorlemagoe; M. de Beaufort est 
celui du du€ de Guisis; Imma était la fille de ce monarque ; 
xnademoiselle de Gnise est la seeur du duc. Ju^ques-Iå , peu 
de diirérence.CliarlemagQe ne voulcfk marier sa fiUe qu'å uii 



M A fr xt 

rol; Te diic åe Giiise Veut marter sa scenr au ro! derPologne. 
Eginard', secrétaire die Charlemagne, fut chargé de négoci^ 
le mariage dl/nma;' M* de Beaufort, secrétaire du duc de 
Guise, est cbargé de négocier celui de tnademoiselle de 
Gnise; enfiii^ Charlemagne pardonne åÉginard; le duc dto 
Guilse , äu contraire, veut immoler M. de BeauFort å sa yen<^ 
geance et å"8on atubitioti ; mais le roi, å qui M. de BeaufoH 
a sanvé la vie , lui pardonne , et l'éléve au rang des ducs. 

II éxiste des longiieurs dans cette piéce ; mais on en est 
dédommagé par le mouvehient éontinuel des acccssoires , qtti 
oflrent de la grÅce et de la gaieté. 

MAGASIN DES CHOSES PERDUES Qe), opéra-co- 
roique en un acte, pär Proinaget et Fonteau, å la foire St«<^ 
Xaurent, lySS. 

Momus ezilé par Jupiter, å canse de ses railleries pi« 
fantes , se tro u ve dans la nécess^té d'accepter la place de 
dlrecteur dii magasin des choses perdues, que Mercure vient 
]ui ofltir* 

On conserve , dans ce magasin , 

Tout ce qui s^est perdu sur la terre ; 

La bonne foi d^un marchand de Tin , 

L*a candeur d^un conseiller notaire ; 

]ja probité d^an procureur , ' 

LVir simple et nOTice 

.D''uDe jeune actrice 9 
Pe tout finaneier le bon coeur, etc. 

Mdmus sé cbarge deTemploi ; maik, soit malignité, soit 
^norance , Il trouve le sécret de ne contenter personne , et 
qnitte enfin le magasin sans avoir fait aucune distribullony 
lorsque Mercflre vient lui annoncer son rappel dans le» 
cleoxt * 



U MAG 

MAGASIN DES MÖDERNES (le), opéra-^omiquo 
eo HD acte , par Fanard, å la foire St.-Germaia , 1736. 

Merciire , exilé de TOlympe par Jupiter , s'occiipe å 
Paris, d'ua nouvel emploi qu'il a imagine : il 8'est mis å la 
tele du magasin des mödernes , et directeur general des lieux 
commnns* Ce pöste lui appartenait de droit ; le Dieu qui 
^réside aux vQleurs» ^oitprésider aux plagiaires* , 

MAGICIENS. Sorciers , dont les encliantemens ser- 
Taient å donner du merveilleuz aux piéces des anciens , et 
aux farces de nos poetes dramatiques , avant que le grand 
Corueille eiit relevé la noblesse et la majesté du théåtre parmi 
iious«Les Grecs et les RoinaiDs, qui croyaient aux sortiléges^ 
ponvaient ne pas étre ofiensés des prodiges et des taurs 
merveilleux que les Magiciens opéraient sur leurs théåtres.; 
mais depttis qu'on a cessé d'avoir foi aux enchantemens des 
Sorciers » il n'est plus posslble d^employer leur pouvoin^ 
comme macbine , dans les piéces sérieuses, ou, pour mieux 
dire , dans la tragédie. On dira peut-étre qu'on permet d'y 
parlcr non-seulement d'Ombres et de Fantomes, mals encore 
que ces Ombres mémes paratsscnt et parlent stir le théåtre , 
et qii'ainsi Ton pourrait y tolérer des Magiciens et des Sor-* 
cicrs. A cela on peut répoudre qu'il est possible que la di-^ 
vioité fasse paraitre une Ombre pour elTrayer les bom mes et 
les corriger, mais qu'il est impossible que des Magicien» 
aient le pouvoir de violer les lois de la nature. Telles sont 
anjourd^hni les idées re^ues. Un prodige opéré par le ciel 
méme ne revoltera point, mais un prodige opéré par uq aor*< 
cier, n'en impose qu'å la populacc* 

Quodcamqite ostendis mihi sic incredulus odu 

Les enchäutemens de>Médée pouvaient plaire aux Gräca Qt 



M A & i3 

«A RoHtains, qni admettaient les sörtill^ges ; aiijönril'hmy 
Fart de cMe celebre 'inagicienne est rldicule ailleurs qu^å 
1'opéra* Noiis ne suppoirtons le pouyoir magiqiie qiie dans ce 
genre de drame , et dans les farcet et les parades» 

MAGIE DE L'AMfi)UR (la) , pastorale en un acte, ea 
vers läves, par AutreaA V an théatre Fran9ais9 1735. 

Ce su}ct est tiré des J^eiiUes de Thessalie, roman de ma-* 
demolselle de Lussan. Comme cet ouvrage est trés-coanu , 
nous nous bornerens k dite qne le poete n'a fait qite mettre 
en action et en vers, ce qui est en récit et en prosedansl^ 
roman : c'e9t un tableau graeicux éi toticbant de cette belto 
Bature, telle qu'on la suppose dans les vallons délicieux de la 
Thessalie* 

MAGIE SANS MAGIE (la), comédle en cinq åcCes, en 
vers, par Lambert, z66o« 

Léonory jeune deinoiselle de Valence, n'ayant pu refuser 
son c<euV mit - empressemens d'Alphonse, genttlhommeid» 
Castitle, s^abandonne au plus violent désespoir, aussltut 
qu^eiie ttpprend que son amant est épris des cfaarmes d^l* 
vire; et elle se frappe d'ua coup de poignard. Ea cct état, 
on la traasporte dahs la maison d'AstoIphe, son pÅre, ami 
de TinMUDte. A peine a-tnslle recouvré sa santé, que, pro- 
fitant du brnit qui s^est répandu de sa mört, eUe se déguise en 
cavalier , et, sous le nom de Léonce, tåche de gagnar le coeuir 
d^lvire : elle y parvient, et enfin la fait consentir å la suivre 
å Valence. Lé prétendu Léonce sVst retiré avec Elvire dans 
lamaispD d'Astolphe.,Dans cette occurence, Alphonse, suivi 
de son Valet Fernand, et accompagné do Fédéric, premici: 
amant d'Blvire^,arxiventå Valence. La réputation qu'As- 

tolphe a dans tout la payv^ d'étre savsgsit dons Tastrologie, 



t4 M A & 

attire bien vtie le curieuz Fernand, qui vienf espuA^ W,tQth» 
sulter. Astolphe, iostruit par Léonce et par £lnret répond 
d'tine fa90ii k coofirmer ce valet dans 9on opinion. Alphonse ei 
Fédéric sont fort surpris k la vue d^Elvire; l'étonneaieiit d* Al- 
phonse augmente å l'arrivée de Léonce , qui Iiii rappelie tous 
les trdits de Léonor : cette dernifereyeontinitant tou jours son 
role d'amant favori d'Elvire, prppoM fio consbat k sea riyaux. 
Fédéric Taccepte; mais le respect qu'Alphodsé a pour Tinuige 
de sa preiniére maitresse, l'éo9péche d*iniiter cet exemple* 
Astolphe conjectuce favorablementde ce pr océdéd' Alphonse^ 
ii apprend encore avec {Jaiair que ce cavalter, oubliant Elvire, 
n'est plus occdpé que da souvenir de sa chåre Léonor. Al* 
phonse, en suivant les mouvemens de son co&ur^ pénätre le 
secret du sexe du faux Léonce; mais, comme Astolphe erbit 
qu'il n'est pas encore tems de le lui découvrir , il conseille å 
Léonor d'en faire part seulement å Fédéric* Celui-ci, charlhé 
de n'avoir plus de rivaux å craindre auprés d'Elvire, consent m 
servir son projet.Elvire et le valet d'Alpbonse se laissept d'au- 
tant plus aisétnent trorafiier, qu'ila attribuent å un ef&tde ma* 
gie l'entéteraent d'Alpbonse, qui veut que Léonor soit cachée 
sous les habits de Léonce* Eofin cette deroiéire, ne pQuvänft 
plus douter de la sincériié du relour de son infidéle, est forcée 
de se faire contiaitre, et bientdt le sort de ces deux amani est 
fixé par un heureux hymen. Elvire, un peu ho^teuse de sa 
tnéprlse , donne sa main au fidéle Fédéric» ^ 

On adressa les vers suivans k mademoiselle Gaussio. au 
sujet du roie,qu'eUe remplissait dans cette piéce ; 

J^aipiais , sans le savoir , aimable Sopliillette \ 

Mals jc le sais depuis un jour. 
Je n'aurais jamais cru que mon åme inquietUr 
Kcsspaiitlc» iraiu de TAiaoer. 



MAG tS 

A fkciae je te ^h ; ma raison allarmée 

Me fit oraindre Teiichantemeiit ; 

Mais sa perte est trop confirmée. 
Pour moi, le plus beau jour, brilie sans agrément : 
Je d^ire la ntiit ; et rien ne me soulage* 
Le sorameil, sur mes jeuiL, répjind-il ses pavots? 
0ans un songe flatteur tu mVffires^ton image ; 

Elle vient troublc^r mon repos. 
Kon, je u^en doute plus; Part de la Thcssalie 

N^est pas ce qui £ut ma langueur. 
Qtie j^étafs bimple, faélas! d^accuser la magie , 

IHi troubl^ aeoret de nion cöeur I 

||<^j!Vii|opryJKRi sculy ma rendm tendre; 
£i ce nW q^^BQ tremUant qbe fofe te rapprendre: 

^emeplais-å pprler tes fersj , 

Powr tpi^' iMe G^ussin , je languls , je soupire ; 
Permeis 'qii'& tés genoux je puisse te le dire^ 

Je U ferat biem mieux qu^cn yers. * 



) • 



MAGNIFIQUE ^le) 9 comédie en deuz actes, en prose, 
par Lamotte, usa ihéåtxe FraD9ais.9 lySx* 

On fsotm^it h ^onte de LaFontaine^ qui &xt ie sujet de 
cetie CQjpaédi0 : jamais. aucmq ouvrage de ce geore n'a été 
aussi läen mU -en actioq j en un mot , c^est un nuodéle de dé* 
UcatesMi <9t j4* .g^Ut. Lea autres Gontes, métamcNrphosés en 
comédie,5,f9^iemim^ auleur, aon^ bieo inférieurs å celtii-ei : 
toutefoifiy OB'|('Teniaique de tiéahjolis détails. Celle-ci, d'aborcl 
en troia ai^tea ^ fäiaait partie de Vltalie Galante^ mais depuis 
elle fut jouée 8)épafément*0ny trcmvaitquelques scfénes vides 
et <^elqu!es loogueurs, que LancMtte fit disparattre , snivant 
raviis4e ees amia, quilui conseillérent de réduire aa piéceefi 
deux Mttos» Qiioiqu'il en^^aoit , il eut de la peine å a''y déter* 
miner. X«a2B0tte était timide 9 et craignait que cette nou-> 
Yeauté ne piiévintili^ public.contre aon ouvrage; ceux-ci le 
lasaui^ent, eiiiui disftQt : « f^^ ne i|i(8eiait aurement pas 



i6 MAG 

» le troislime acte, parce qu'il D'y en atirait pbint; et qu'ils 
n voudraient bien avoir la méme certitudé sur les deux autres 
» actes 39. 

MAGNIFIQUE (le), comédie en trois actes, en prose^' 
par Sedaine, musique d« M. Grétry, aux Italiens, 1773. 

Ce sujet , comme celiu de la comédle de Lamotte, est tiré 
du conte de La Fontaine ', la scéne est k Florence. Clémen- 
tine, piipille du seigneur Aldobrandin, est conduite par sa 
gouvernante å unc fenétre, pour yoir>une marche de captifs^ 
au nombre desquels Alise reconnait son mari^ qui avait été 
cnlevé par des corsaires , avec le pére de Glémentine , dont il 
était le domestique. Dans la joie que lui.inspire cei événe- 
ment, elle informe Glémentine du malheur quj l'a privée 
d'un pére , que l'on croit mört dans la captivité. Maislaissons 
ces captifs pour un instant. Pour prix des soins qu'il a dennes 
å 1'éducation de sapupille, Aldobrandin se proposef de Pé- 
pouser ; mais Glémentine hii préföre un )e!une honime,nommé 
Octave , que ses largesses et ses fStet ont fait sunidifinier le 
Mapiifique. Gependant, le valet d' Aldobratidin , encöre tout 
émerveillé d'une superbe baquenée , montéé pär le Magnifik 
que, en vient faire å sön maitre un eloge,- qui .hii döfine l'enn 
vie de l'acheter ; mais son prxx excessif l'en empéobe. Bientöt 
Octave vient Ini proposer une meilleure cottiposition; en 
efiet, il ne lui demande, pour prix dé sa baquenée, qu'un 
quart-d'heure d'entretien avec la charmante Glémentine, en« 
core! sera-ce en sa présence : enfin, le marcbé- est accapté. 
AJdobrandin s'en félicite et en instruit sa pu{HUe, en lui dé- 
fendant de répondre un seul mot; toutefois, le Milgilifique 
exige qu' Aldobrandin se tienne, avec son valet, assez éloigné 
pour voir, et non pour entendre. Mais Octave ne tärde pas ä 
s'apercevoir que la belle Cléipptiae n'a pas la permissioa 



M A & 17 

lie liii parter. Alors il hii demande, comme une preuve du re« 
tour qii'elle donne å sa passion y de laisser tomber k ses pieds 
une rose qu'elle tient entré ses doigts.Clémentine a beaucoiip 
de peine å liti accorder cette favetir; mais enfin la rose 
écbappe de sa mainé Le MagnifiqiHi ce félicite ettriomphe^ 
en ayant Tair d'étre en colere contre Aldobrandin du silcnce 
obstlné de sa. pupille. Cependant, la gouvernante fait venir 
Laurence» son tnarL Get esclave apprend åClémentine qiie son 
pére est avec lui a Florence^ et qiie le Magnifique a racheté 
les captifs, et leur a rendu la liberté. Bientåt 1'esclave recon-^ 
natt Fabio, valet d^AIdobrandin , et le siiit* Le pére de Clé-» 
inentine^ accoiiipagn« d'Octave^ son bienfaiteiir, fait avouer ä 
!Fabio que c'est lui qui, par ordre d* Aldobrandin, a livré le mal- 
tre et le domestique å des corsaires. Enfin, Aldobrandin est 
confondu et renvoy é de la maison , qui appartient au pére de 
Clémentine^ et la pupille, mmie å son pére, épouse son amant» 

MAGNON (Jean), auteur dramatique, naquit k Tour- 
nus, pres Måcon, et mourut å Paris, oh il fut assassiné^ 
en passant sur le Pont-Neuf , en 1662. 

« Si une vanité sans bornes et une e jttrérae fécondité sont des 

titres suffisans pour meriter celui de bon auteur, nul autre, 

dit Brossette , n'y peut mieux préteudre que Magnon» » II nous 

apprend lui-méme, dans Tavis au lecteur qu*il a mis en tete 

de sa tragédie de Jeanne de Naples , que peu de personnes 

ont eu de plus belles dispositions que lui pour la poésie. Il au- 

rait du ajouter que ses tragédies lui ont couté moins de peine 

k composer qu'on n'en prend å les lire. Xt^ Entrés du roi et de 

la reine dans Paris, ouvrage de sept cent cinquante deux vers^ 

fut composé en moins de dix heures. Il ditquelque partqu'il 

projéte un ouvrage de deuy cents mille vers,intitulé la Science 

Uni verselie. On lui demandait un jour quand ce pocfme 



j8 M a H 

feerait achevé? « Ce serabieotot, dit-il, je n^ai plits que teht 
mille vers^åjiaire ; » et il le disait sérieusement. Poiirentre-^ 
prendrecetouvrage, il avait renoncé aux pi^ces profanes dil 
théåtre, ne voiilant pkis rien écdre , disait-il , qiii le fit on ron- 
gir devant les hommes, ou ropentir devant Dieii. Il se justifié 
méme de rimpression de sa tragédie de Jeanne , reine de Nu" 
ples , sur ce qu'elle avaijt été faite et représentée avant qu'il 
eut pris la resolution de consacrer sa plume å des ouvrages 
plus relevés et plus utiles. Cependant, il donna encore Zé^ 
nobie, et nous n'avons pas sa Science Universel le .Ses autres 
piéces sont : jdrtaxerce^ Josaphat ^ SéjanuSy Tamerlan ^ le 
JUaria^e d' Oroondate et de Slatira^ et les Amans Discrets» 

iVIAGOTS (les), parodle en' ud acte, en vers 5 de la 
tragédie de VOrphelin de la Chine , au théåtre Italien, lySö. 

Gette parodie eut du succés, et fut attribuée å M. Boucher, 
officier, alors au service de la Compati^nie des Indes. On y 
trouve de la gaieté, mais le plan de la tragédie n'y est poiot 
suivi avec assez d'exactitude. 

. MAHOMET II , tragédie par de ChÄteaubrun, I'7i4. 

Le caractére de Mahometj peint avec destraitssi frappan^^ 
par tous les historiens qui ont eu occasion de parler de cet 
enipereur, est ici méconnaissable; et, quoique r9n ait écrit 
contre Bajazety il s'en faut bien qu'ilsoit aussi poli dans Ra- 
cine, que Mahomet Test dans Chåteaubrun. Les autres per- 
' sonnages de la tragédie de Mahomet II sont beaucoup plus 
intéressans , å proportion , que le héros de la piéce, et la re- 
connaissance de Comnéne avec sa scjeur, attire une bonne par- 
Ue de Tattention. 

MAHOMET II3 tragédie, par LanouCjauxFran^ais, 1739. 



Al A Ö 1^ 

Comme.le stylé dé cette piéce est fort inégal, que le dia- 

iogue en est boiirsöuflé et peu dramatiqiiö, qtie las scéncs 

ii'y soDt pas d'ailleurs assez liées, elle ne dut pas avoii:, k la 

lec tu re, antänt de succés quelle 6n avaifeli k la representation, 

Ainsi le dénouement , qui avait été uföivérsellement condartlil'6 

au théåtre, dut Tétre, å plus forte raison, dans ie silence du 

cabinet. Uu amant qui massacre brutalement sa maitresse , 

n^ofTre point un genre d^hörreur propre å la tragédie 5 mais 

'comment un iiomrae, qu'on nous donlie pöur un héros aussi 

vertueux qu'amoureux, peut-il commettre une action horri- 

ble , barbare , et presque insensée ? Cest en vain qu'on se fonde 

sur la vérité du trait historique; outre que ce fait n'est pas 

ccrlain, le poete ne doit jamais s'écarter de ce précept* 

d^JJorace : 

Ét quOS 

Desperat träclata nltescére posse, relinquit. 

En supposant méme que cette affreuse catastropbe piat eir^ 
admise 5 était-ce par un simple récit, que Tauteur devait ter- 
miner sa tragédie ? La. catastropbe devänt étre ce qu^il y a de 
plus vif, de phis frappant, de plus animé dans la piéce, un 
récit froid et languissant peut-il donc en tenir lieu? Racine Fa 
fait dans sa Phedre^ jnais le récit de la mört d'Hjppolitej 
dans la tragédie de Phbdre^ met^ pour ainsi dire, sous les 
yeux du spectateitr, le malheur arrivé k ce liéros; mais la 
force des expressions et lavivacité desimages,of!rent å nos re- 
gards Taction mcmc. Au reste, quoique le style dé Mahbmet II 
soit fort inégal, comme nous l'avons dif , on y trouve des 
morceaux de la plus grande beauté , une foule de vers pleins * 
d'énergie, et des scenes parfaitement bien filées; enfin, ort ' 
y voit répandu sur le style, uu vernis oriental trés-convenable • 
au sujet. L'Aga des Janissaires est un de ces caractéres donfe 



Äo M A H 

reffet est ioujours sur au théåtre. Celni de Mahomet estpré« 
senté et développé de maniére qu'il rend vraisemblable un dé* 
noucment, dont Thistoire parait choquer la vraisemblance. 
Quoiqu'il en soit, Voltaire gratifia Lanoue de ces vers^åk 
foIs (latteurs et plalsans : 

Mon cher Lanoue , illustre purc 

De PiziTincible Mahomet , 

$oyez le parrain d^un cadet , 

Qui , sans vous , n'est point fait pour plaire. 

Votre fils fut un conquérant : 

Le mien a Tbonneur d'etrc a po tre, 

Prétre , filou , dévot , brigand , 

Faites-en Paumonicr du Totre. 

MAHOMET II, opera en trois actes, par M. Sauloier^ 
musique de M. Jadin , k i^Opéra , i8o3. 

Mahomet II ressent un amour violent pour Eronime; mals 
le coeur de cette femme appartient å Soliman , qui lui a sauvé 
la vie lors de la prise de Constautinople. Cependant Racimai 
suUane ci-devant favorite j s^imagine trés-mal å propos qua 
Soliman est amoureux d'elle, et veut profiter de Tobscurité 
de la Duit pour faire périr sa rivale. Dans un moment oh Cjé 
dernier se trouve å un rendez-vous que lui a donné E^ro* 
nime , Racima lui remet le poignard qui doit servir sa ven- 
geance. Bientot Mahomet survient ; et, å la faveur de l'obsca- 
rilé, surprend le fatal secret de la sultane; Soliman fuit ixk, 
Sérail avec son amante ; mais on les raméue aux pieds du sul- 
tan , et les deux amans sont plongés dans un cachot , d'oä ils 
sout retirés par des rebelles. Mahomet, alors, songe å se dé- 
fendre contre Racima, qui vient Tattaquer. Tout-å-coup 
Soliman parait et le défend^ enfin, la sultane est vaincue et 
luiscå. mört par les ordres de Mahomet, qui renopcQ h son 
amour, et unit Soliman å Eronime. 



N 



M A H 21 

MAHOMET, ou XE Fanatisme , tragédle de Voltaire, 
aux Fran^ais , 1742. 

Ite JMahomet de Voltaire est si connu, qiie noiis noiis 

croyons dispens^s d'eQ doiiner Taoalyse : tout le ixionde a va 

ou lu cette piéce, qui est peut-etre^ de toutes les tragedi es 

de Voltaire, celle 01^ il régne le plus d'élévation de génie. Le 

caraptére de Mahomet est tracé de majii de maitre; il ne se 

dément point^ et forme un lieureux contraste avec celui de 

Zopire. Il est peu de scénes aussi savamraent traitées,' 

qi\e celle qui se passé entré ces deux ennemis, et Ton est 

forcé d'admirer Fart avec lequel Voltaire a su ménager k un 

imposteiir cette occasion, peut-étre iiniqne , de parler sans 

feinte, et sans risque de se compromettre. L'auteur, dans son 

quatriénie acte, épuise tous les ressorts de la tcrreur et de 

la pitié ; dans' le cinquiéme, Séide, empoisonné, meurt 

au moment qu'il veut frapper Mahomet. II y aurait de Thu- 

meur å disputer au poete le droit d'avancer ou de reculet 

Finstant de cette mört, sur -tout lorsqu'il a en soin de la 

préparer ; mais on pourrait lui reprocher de faire triompher 

le crime* Tout ce que l'on peut dire pour son excuse, c'est 

tfie le désespoir que la mört de Palmire cause å Mahomet^ 

rénd ce triomphe- plus supportable, 

Cette tragédie éprouva beaucoup de critiques , mais elte 
en triompha. Voltaire ayant été averti que le procureur- 
général voulait la dénoncer , la retira dés la troisiéme repre- 
sentation. Crébillon , alors censeur de la policc , lui refnsa 
SOD approbation; mais ce fut inutilement. L'auteur euc le 
crédit de faire une lecture de sa piéce au cardinal de Fleury, 
€t cc prelat donna Tordre de la laisser joner. Toutefois , crai- 
gnant que le procureur-général ne leur fit un mauvais parti, 
les comédiens ne voulurent pas continuer les representations. 
KllefutenfinreprésentéeleSjuin 1751; et, depuis cette époque^ 



^t M A H 

c\]e Va tou jours été avec un succés extcaordiDaire. Lors de Is. 
reprise , on demanda de nouveau rassentiment de Crébillon ^ 
il le reliisa constammönt. Pour se tirer de lå, M. d'Argen- 
^on nomma d'Alembert pour en étre le censeur* Ce derniep- 
s'en chargea , rexamina avec l'attention la plus sé vére , efr 
signa son approbation. Il offrit méme å Crébillon de réfatai^ 
1/Bs raisons de son refus, s'il voulait ks faire imprimer, et de. 
jolndre, dans la r^ponse qu^il y ferait, les motifs qui 1'avaieDtK 
décidé h pernciettre cqtte representation. Enfin, qui le cröi-^ 
ra It , cette pi&ce qui avait eirarouché le zéle de Crébillon et 
de tant d'autres, fut dédiée au pape? « A qui mieux qu'aa 
> vicaire et.å Timitateur d\in Dieu de paix et do vérité', dit 
» fort ingéniqusem^nt Voltaire, pourrais-je dédier cette 8»< 
» tire de la cn^auté et å^s errgurs d'un faux prophete, etc... % 

MAHONAISE (la), comédie en un acte, en prose, 8U8 
la prise de Mahon , par Baco , lySö. 

Cette piéce , comme beaucoup d'autres, fut faite äPoccan. 
sion de la prise du fort Saint-Philippe. Pour l-inteliigebce. 
^Q ce drame, il faut rappelcf au lecteur que les Anglais ne. 
s'étaient emparés de cette ile, le 29 septembre 1708 j qué peii 
la trabisou du gouverneur, qui favorisaitle parti dePEnöpe^. 
r,eur, avec qui la France et TEspagnc étaient en guerre. Ce 
)ic fut sans dou^te qu'å force cl^argeni que la place leur faf^ 
livrée. 

Picolette, c'est le.nom de la Mahonaise, est une beHe dooi 
$ir Taithlesse , Anglais, doA Eernand, EspagnoL, et le mäPr. 
quis de Franchevillc, Eran^ais, se disputent la possessioD» 
Cbaque personnage est peint satvant le génie de sa natioikt. 
par des circonstances relatives k la guerre présente. Le noni 
rneme de TAnglais le caractérise assez; car Eaitblesse, doo^' 
]iX langue britannique, vqut dlre : Qui manque dejbi^ 



•t 



M A H ^ 

Sir Faithlesse otivre la scéne avec Isafeelle , gonvernante de 
FIcolette*^La soiibrette, intéressée, tireencore de liii quelque 
argCDt, poiir achever de le rendre possesseur de sa maitresse, 
par un prompt hymea. Ce n'est pas qii'il en soit amoureux ; 
il ne yeut obtenir la main de la belle Mahonaise qiie pour 
årranger ses aflaires. « Venx-tu , dit-il k son complice, que 
» je te parle franchement? j'al plus d'ambil(on que d^ämourj 
39 je ne suis pas de ces insensés qui, comme 3'en connais, sQ 
» livrent avec passion å des chiméres , qu'ils appellent plaisir , 
» sentiment, amitié; je n'y crois pas. Qiiand men premier 
» mouvement me fait pencher vers ces belles choses-lå, le 
» bon sens me räppelle k Tutile. Tout ce qui n'y conduit pas 
» doit étre rejeté , fut-rce méme l'humanité et la vertu !... Ouf, 
9. je prise moins Picolette que les biens qui en sont la suite ; 
«, ib me mettront en état d'étendre mon commerce, et åb 
> ruiner celui de mes voisins. Voilå le vrai bonheur ». 

A celte maniére de parler, trés-anglaise, la gouvernante 
répond : « Vous vous y prenez bien ; vollå lä fin du com- 
» merce. Je commence k pénétrer toute laprofondeur de vos 
» vues» Ce ^and étang , dont Picolette a la jouissance sa vi© 
a durant, vous sera d'un grand secours; mais, quand vous 
9..irez k la péche^ &ites provision de meilleurs filets que ceux 
i dönt vous vous servites il y a quelque tems ». Cette plai-» 
saoterie tonlbait sur le malheureux succés de la flotte de Fä-f 
miral Byng. 

I<a Mahonaise vient ouvrir son coeur k Isabelte , qui la 
presse d'épouser FAnglais; mais elle témoigne une aversion 
invincible pour un amant sans bonneur et sans foi. Elle lui 
fréfére l^Espagnolj il a Tame grande et noble : enfin, Faithlessa 
Xe^oit son congé en forme. 
Le Fran^ais déploie k son tour toute la franchise de S09 
99^^ mab Pipolette s'en défie, sur la réputation de galanteriQ, 



jk4 M A H 

que les Franjjais ont partout. « Oo yous accuse, lui dit hk 
» Mahonaise, d'åtre jan peu trop compIimeDteurSy vous aii«- 
» tres Fran^ais; ce petit défaut ne va pas ton jours avec la 
9 sincérité. » u Je crois, répond de Francfaeville, ce reproche 
» mal fondé. Rendez-nous plus de justice; nous sentona 
» beauGoup, nous disons tout ce que nous sentons. Voilå 
9 notre défaut »• 

La conversation s'échaufre : le Fran^ais en profite pbur 
faire 1 aveu le plus ingénieux et le plus naif de sa passion^ 
Picolette y émue y attendrie y enchantée , paie la sincérité du 
Fran^ais, de toute la sienne. Elle ne peut lui cacber qti'elle a 
donné son cc&ur et promis sa main a un au tre ; mais elle ne le 
déclare qu'avec le plus sensible regret. Francheville se retiro 
pour aller plcurer loin des yeux de la belle Mahonaise^ lo 
malheur d'avoir été prévenu. B,icn n'eat mieux filé que cett# 
scéne. 

La gouvernante , par divers tours asses adroits et des 
Icttres supposées , se joue de Tamour de Fåithlesse et de 
celui du iier EspagneU La rencontre du Fran^aia avee 
1'Anglais, produit une scéne trfes -i- forte , qui peint vive^ 
ment les deux nations^ Le Fran^ais , comme on lo soup^^ 
^onne déjå, obtient la main de Picoletto, qui^ pourtaot^ 
aussi touchée du mérite de don Fernand que dé l'amabilité 
de Francheville 5 n'ose prononcer toiiNå-coup lä préfértance% 
Don Fernand, un peu confus du triompbe de son rival, est 
obligé de se rabattre sur la soeur de Picolette. Cette sceur es^ 
sans doute Gibraltar ou Mayorque, qu'il adore aussi; res-n 
source qui parait un peu forcee. 

La couduite de cettc petite piéce est assez réguliére^ mais/ 
la plupart des scénes n'y sont qu'ébauchées5 elles n'ont point 
^ette plénitude, qni fait la perfection du comique. Plus de 
(;b^eur> de vivacité et de saillie dans le dialogue, auraiei\t 



M A I ^ aS 

rendu cctte comédie plus intéressante; toutefois on ne peuk 
lui refiiser le mérite d^étre heureuscmeot rmagioée. 

MAI (le), comédie en trois actes, en prose, melée d'a- 
riettes , et terminée par un ballet^ par M, Nougaret , å TAm- 
bigu-«comiqiie, ^TT^» 

Dorimon est fou de musique et de poésie. TI revolt chez lui 
trois génies de société , un poete ei deux musiciens : il promet 
sa fille k celui qui lui ofTrira le Mai le plus briilant. Mais Lu-« 
cile aime Dorval , et Toncle du jcune homme tourne en ridi-< 
cule le poete et |es deux musiciens. Ce méme Dorval s*entend 
avec le macbiniste du théåtre de Dorimon. Bientot la toile sa 
leve. Dorval parait au sommet du Parnasse, sous la forma 
d^Apolloo y et montre , ans trois auteurs , une palme au faite 
de la montagne; ceux-ci veulent y monter; vains efforts ! 
ils roulent dans le bourbier. La palme , se détachant dVlle-^ 
méme, tombe entré les mains du nouvel ApoUou, qui s'em« 
presse de Foffrir å Lucilct Alors il se découvre , et Dorimon 
Vapcepte pour gendre. 

Ii'auteur s'exécute de bonne grace; il avoue Jui-méme qu# 
sapiéce n'est qu*un mélange de scénes mal coumes ^ et d^ 
reflexions c9mmuj\es% 

MAJ, (le), ou LA Fete du Prtntems, vaude ville en un 
acte , par MM* Chazet et Sewrin, aux Variétés , i8o8. 

Dans un hameau, vivent deux Rosettes, Tune å peine ägée 
de quinze ans, et l'autre vieille et laide, qui se plaint de voir 

Pitanter le mai chez toutes les fiUettes, 
Tandis ^u''od la plante la. 

Simplet, fils du pére 1'Ecbalas, est devenu éperduemcal 
ftmoureux de la jeune Rosette* 



X 



<i5 MA I 

Ii est si fort amonrenx, s. : • ^ 

QuHl sent que , pour étre beureaz,' 
n ne peut former de noeuds 
Sans Rosette. 

En coDséquence^ il envoie un billet ä sa belle par un petilr 
commissionnaire. L'étourdi, qui ne voit sur Padresse que le- 
pom de Rosette, le r^met h la vieille, au lieu de le donner k 
la }eune. La yieille> enchantée, dévore lepoulet', et donne 
au porteur un ruban, comnie une marque deybvcur.Bientot 
Simplet arrive avec son pére : la vieille les re^oit fort bien» 
Simplet, qui la prend pour la mére de la jeune Rosette, so 
préte volpntiers ^ toutes les honnétetés qui lui sont faites : it 
plante donc un Mai devant la porte de sa prétendue. Inutile 
dépense! Maurice fait choix d'unautre gendre,bien fait^et da 
gout de sa fiUe; le mariage se conclut, et Simplet reconnait 
qu'il a été dupe d'un quiproquo et dela coquetterie de la vieille 
Rosette. 

Tel est le fonds de cette bleutte , qui olfre un tabl^au cbam-L 
petre assez bien dessiné» 

MAILHOL (Gabriel), auteur dramatjquei néiCarcäs.^ 
sonne, a donné aux Italiens les piéces suivantes : lesFemmeSy 
les Lacédémoniennes , le Pnx de la Beauté^ Ramir^ et la 
Capricieu^e. Jl a fait U tragédie de Paros , qui fut imprimé& 
en 1754. 

MAILLARD (Caré, dit), acteur forain, débutä k la 
foire Saint-Germain , en 171 1, par le role de Scaramouche ; 
il ne filt point re9u,et partit pour laprovince, qu'il parcourul 
^epuis. Cet acteur étant un jour dans la boutique d'un limo-. 
fl^dier, å la foire Saint-Laureptj fut salué p^ir safemme, qui 



M A I S7 

^llait au théåtre. On lal demanda s'il connaissait cetté chaist 
mante actrice: « Eh! cadédis, répondit-il, en afiectaut l'ac-si 
39 cent gascoDjsi je laconnais! 

» Au gré de mes desirs, 
-» Xai go&té d^ns ses brås millc et ipilie plaisi^s. 1» 

« Touchez-lå, lui dit un particulier qui ne le connalssail^ 
X pas, je puis vous en dire autant »• Maillard quitta le tQi\ 
plaisant, pour apprendre au trop véridique indiscret, qu'il 
parlait devant le mari de cette actrice. « Ma foi , reprit Pautre ^ 
» je 3uis fåché d'avoir été aussi sincére ; mals je ne sais poinf;, 
» me rétracter d^un fait certain ». Maillard voulut en tir^^r 
ralson; son adversaire le blessa, et le conduisit lui-mém^ 
chez un chirurgien, oh il le quitta en lui disant : a Mon tres* 
a? cher, souvenez-vous que La Fontaine, en parlant diV 
ij. cocuage , a dj^t :; 

» Quand on le sait , c^est pcu de chode». 
» Quand on rignore, ce n"'est rien. » 

MAILLARD (mademoiselle), actrice de TOpéra, iSiOi 
Cette actrice débula en 1782, par le role de Colette, danaf 
le Uevin du Village : elle y déploya beaucoup d^intelligenco 
et de sensibilitet et se fit remarquer dés-lors, par Tétendue et 
pay la pUE^té de sa voix. Elle avait une poitrine rofcuste, que 
le tems a sans doute aUérée, une stature superbe, qu'etle pos- 
séde encore ; mais elle a perdu la plus grande partie de sa cha- 
leur et de son énergie. Enfin, on aurait une idée trés-impar- 
faite de ce qu'elle fat, si Ton en jugeait par ce qu'elle est 
aujourd'hui. Quoiqu'il én soit, et quoiqu'il en puisse arriver, 
^ademoiselle Maillard occiipera toujours un rang distkigné 
parmi l^s actric^s qui ont trillé sur le tliéåt^e de TOpéra^ 



t 



% 



-rfL* * 



iS M A I 

MAILLABD (mademoiselle), actrice du tbéitré Fran- 
^ahf i8io. 

II snflRt de dive que niademoiseile Maillard est I'éléve de 
M. Monvel, pour convaiacre nos lecteurs qu'elle dit bien j 
mais comme son maiire n'a pu lui donner la cfaaleur st la 
sensibilité , qui sont des qiialités qui ne se donnent pas , ello 
péche un peii sous ce double rapport, H est vrai de dire 
qu'eUe est fort jeune ; car, si l'on en croit les joiirnaux, elle 
ne doit avoir qiie dix-sept ans et demi : nous le voulons 
ainsi. On doit donc espérer que le tems^ en fortifiant ses or<« 
ganes , développera en elle de nouveaux moyens ; mals y 
qnoiqu'il advienne , nous doutqns qu'elle puisse jamais de-« 
vénir une gr ande tr£^édlenne« 

MAILLÉ DE LA MALLE a fait pour les danseurs do 
corde, le Médecin de Vapeurs, et, pour la province, Bar^^ 
heroussBy VAmour Miagister, la Poupée, la Lanterne Magi^ 
que ^ et Tout ä la pointe de VEpée* 

MAINTRAY (Pierre), ni a Rouen, vers la fin du sel- 
ziéme siécle , est auteur des tragédies suivantes qu'il a don-» 
nées, savoir : Hercule, en 1616; Cyrus Triomphant^ ou la 
JFureur d'Astiages , en 1618 , et la JRhodienne , ou la Cmauté 
de So Ii man y en 1621. Il a fait la comédie de la Chasse 
JRoyale*, contenant la subtilité dont usa une Chasseresse vers 
un Satyre qui la poursuivait d'amoury représentée en z625. 

MAIRET ( Jean )j né k Besan^on, vers Fan 1604, mou-^ 
TU t dans la méme ville , en i686« 

Mairet a donné au tbéåtre ChriséUde, Silvie^ Stlvanire , 
le Duc d'Ossone , J^irginiej Sophonisbe , JUarc-Antoinéy 
Soliman , Mustapha , Mhénais , V Illustre Corsaire , et 



4. 



U At 29 

Holand^te-FurieuXé On lui attribue ^ en otitre , la Sidonie 
et les P^isionnuires. Tels sopt les ouvrages qui composent 
son théåtre , absolument ignoré aiijourd'hui. Quoiqu'il en 
soit, 11 s^en faut bien que ce poete soit méprisable. Sans 
dou^e il eut les défauts attachés å son siécle , mais il na 
les eut pas ious. Quelques-iines de ses piéces méme sonl 
dans toute la rigiietir des régles; et, ce qu^il ne faut pas 
cublier, toiites ces piéces sont antérieures aux belles tragé^ 
dies de Corneille* Son style^ il est vrai, n'est point exact; mais 
il ofTre un grand nombre de beautés dignes d'étre citées* Un 
tour de vers heureux^et, quI plus est, des vers de génie* 
Plusieurs ont été copiés servilement , d'autres ont été mienx 
travestis par des poeten- mödernes. Mairet pouvait atteindro 
å une sqrte d^élevation; il eut mieux peint les fureurs de la 
vengeance et de Fambitiou, que la tendresse de Famour 
«t la vérité du sentiment. Enfin , il donne presque toujours 
å cet égard dans le lascif ou le pédantesque. Chez lui un 
amant n'en croit pas un je vous aime ^ il lui faut un bai- 
serpour le convaincre : il nommera sa maitresse son Soleii^ 
et elle , au contraire , soutiendra cyA^elle n'est que sa Lune, 
parce qu'elle tient de lui tout son éclat. Au surplus, on trouvo 
souvent, dans ses ouvrages, lé mélange du sérieux et du co- 
mique. La partie dans laquelle brille Mairet, et celle qnt 
lui a le mieux réussi , est Teffet théåtral. Presque toutes ses 
piéces offrent des situations neuves et intéressantes. On ne 
peut lui refuser de Tinvention , et, s'il fut venu plus tärd, on 
eut sans doute été forcé de lui accorder la meillcure partie 
de ce qu'on lui refuse. 

MAJSON A VENDRE , opera en un acte , par M. Du- 
Val , musique de M. d^Aleyrac , å Feydeau , 1800. 
Un jeune homme , neveu d'un riche financier, habite U 



> . . . 



3ö M A 1 

capitale depuis plusieurs annéies , et y perd son tcms å cort* 
poser des opera, dans iesquels il est de moitié åvec lin cönf- 
posileur de musiqiie, son ami , son Pylade , en un mot. Cek 
messleurs viennent d'en donnér un sur lequel ils comptaienl 
beaucoup pour le rétablissement de leurs åfTaires ; mais , 
comme dit le proverbe, qui compte sans sön höte^ compté 
deux fois : leur opera a fait une chute épouvantable. Ort 
croit peut-étre qu'il s'en sont désolés; pas du tout; ils en ont 
ri ; mais ce qui ne fait pas rire Tun de ces messieurs, c'est qué 
la tante d'une jeune personne qu^il aime, et dont il est aimé , 
a jugé å propos de pafrtir pour une campagne qu'il ne conriatt 
pas , et d^emmener sa niece av6c felle. Alörs il ä qliitté Pa-^ 
ris , et s'est mis pédestrement en route avec son conipagnoil 
de fortune. Puisque nous sommes en train de citer des pro-* 
verbes , nous allons ici en ranger un trés-importantj que ces 
messieurs ont dédaigné. Ils se sont enibarqués , non pas 
sans biscuity mais sans argent ^ ou du moins ils n'en ont pas 
pris assez pour faire leur voyageb Sans doute ils avåieht dd 
bonnes raisons pour cela; mais ils auraient du se ménager^ 
et ils ne Tönt pas fait.Eufin, épuisés de fatigue , et pressés 
par la faim , ils arrivent devant un chåteau d'assez belle ap-^ 
parence, ou ils trouvent une affiche d\ine Blaison ä P^endre, 
Le poete se présente effröntément pour Tacquériri La mai- 
tresse de la maisOn regöit nos voyageurs trés-poliment et 
»'empresse de leur offrir des rafraichissemens , sur-tout 
lorsqu*ils lui ont fait part du sujet de leur vislte ; on leur ap- 
^prte bientot quelques fruits et du laitage , ce qui n'est pas 
lrés-restaurant3 mais ils s^en centen lent, faule de mieux. Notre 
jeune étourdi parle de la maison , de ses inconvéniens, de 
ses avantages, etdiscute le prix; enfin, il conclutle marché. 
Son ami ne tärde pas k reconnaitre, dans sa vendresse , la 
tänte de son amunte ^ avec laquelle il a beaucoup de pcino 



M A I åt 

k se procurer unö entreviie ; toutefois il y parvient. Com-« 
meDt faire? Les amans sont toiijours erabarrassés , et pour- 
toDt ils réussissent toujoiirs , et sur-tout au théåtre ; raai» 
laissoDS de coté cet amour épisodique. Voilå donc notro 
poete , sans ud sol , propriétaire d'une maison charmante : 
k son touFj cotnment va-t-il faire pölir en payer le prlx? 
c'est-lå le difficile. Heiireusement poiir liii , le vöisin a lui- 
meine önvie de cette maison. Jusqii'ici il ävait eii Tair de ne 
pas s'en soucier , afin de Pavoir k meillenr compte ; mais Tar- 
rivée des deux étrangers Tinquiéte , et il vlent roder poiir sa- 
voir le but de leur visite. Le malin artiste ne tärde pas å de- 
\iner le voisin , et, sur-le-champ, con^oit le pro jet ^e lui 
faire payer le prix de la maison ; il trouve son homme tout 
disposé k prendre le marché , mais cela ne suffit pas , il lui 
faut en sus la dot de son ami. Le voisin, åprés a voir long- 
tems f mais iniitilement discuté avec lui, finit par en passer 
par tout ce qu'il désire, dans la crainte qii'en restant proprié- 
taire, il n'eff'ectue des changemens dont il le menace 5 enlin, 
il paye la liiaison , et marie son ami* 

Tel est le fonds de ce charmant opera, qui obtint nn succc» 
méiité. 

MAISON DE CAMPAGNE ( la ) , comédie en un acte, 
en prose, par Dancourt, 1688. 

Cette piéce, oå les accesoires Temportent sur le prin- 
cipal, est le tableau d'une de ces maisons trop souvent vi- 
sitées, et qui, a la fin , ruinent celui qui les poss^de. L'é- 
conomie -de M. Bernard contraste agréablement avec la 
dissipation de sa femme , et achéve de mettre la tableau dana; 
tout son jour. 

MAISON KE MOLIÉRE ( la ) , ou la Jourkéé du 



dd M A I 

Tartuffe , comédie en quatre actes et ert pros« , paf 
M. Mercier , aux Fran^ais , 1787. 

Moliére attend Tordre du roi pour la representation da 
Tartuffe, que la secte des dévots hypocrites a fait siispendre x 
il Tobtient enfin , et il lui est apporté par son ami la Thoril-» 
liére; qti'Il a député au camp de Lille* Avant et depuis qu^il 
B obtenu cet ordre jusqu'å la représeBtation , il est en proie 
k une foule de chagrins domestiques de toute espéce* Un 
valet prcnd son brouillon de la traductlon de Lucrkce^ ponr 
mettre uue perruque en papillotes 5 Chapelle le désole par 
des observations et des plaisanteries hors de saison ; un cer- 
tain Pirlon , coureur de la secte des dévots , s^introduit chcz 
lui furtivement pour y semerle trouble et lui débancher sa 
fidéle servante Larorest;laBéjart,mére , qui voulaiten fairtf 
son époux, et qui est jalouse de rintelligence qu^elle soup- 
^onne entré lui et sa fille Isabelle , ne veut pas joner dans 
Tartuffe^et se dit raalade pour en ennpécher la representation» 
A la fin, rintérét particrilier et la crainte finissent par déter- 
miner laBéjart k joner , et Tartufje se représente avec lé cha-^ 
peau et le manteau de Pirlon , que Laforest , éclairée sur le 
caractére du traitre, a eu Tadresse de li^^^ter. L'ouvrage a 
le plus grand succés ; mais Moliére n'est pas au bout de ses 
peines, car laBéjart a résolu d'emniener sa fille, et d'aban- 
donner la troupe de Moliére. Isabelle est teliement mal- 
traitée par sa niére , .qu'elle vient se refugier dans Fappar- 
tement de Moliére; la Béjart Vy suit et Taccable de repro-i^ 
ches et de menaces; mais la fermeté de la Thorifliére, la' 
protection du roi , et Timpossibilité d'exécuter ses projets 
sans obstacles , la déterminent k consentir au mariage de 
»a fille avec Fininiortel auteur du Tartuffe, 

MAISON ISOLÉE (la), ou le Vieillard des 



MAl ås 

VOSGES, opera en trois acteB, par M. Mars^Iier, musioiie 
d« M. cl'Aleyrac, å Feydeau, 1797. 

Un vieillard , 1'objet de la vénération et de Tamour de 
tous les habitans de son bameau , vit retiré , avec nn scul 
domestique j dans une Maison Isoide. Jusqu*alor9 hr bienfdi- 
sance , l'hospitalité et todtes les vertus qa'il exerce' n'ont' 
contribué qu'åfaire son boidieur; aujoQrd'hui dles lui san-? 
vent la vie. Des brigands qui désolent le pays , apprenneot 
qu'il a re^a une somme assez cönsidérable, et förment le 
projet de Pattaquer dans sa maison 5 ils y réussiraient , sans 
la bravoure d'un soldat que le Mon vieillard a lui-méme ^c- 
cueiUi et secouru. 

Tel est le fonds de cet opera , dans lequel on trouve des 
etkts et des contrastes trés-habUement amenés , et dös dé- 
tails fort agréablcs : le tabieaa qui termine le premier acte est 
d'nn grand efiet. Le vieillard respectable, fatigué de la route 
qu'il vient de f^ire , est porté par les jetines filles du village 
sur des brancjsages qu'elles ont entrelacés; ainsi que deux 
petits enfans qui sout placé^ å ses cötés. B passé ainsi sur 
un rocher ^ 90US la voute duquel on voit des brigands com- 
ploter sa* per te : ce contras te est fort beau. 



MAISONWEUVE (M.)» auteur dramatique , 18 lo. 

Cet auteur a donné aux ¥ran9ais , en 1786 , la tragédie 
de Roxelane et Mustapha ; en 1788, celle &Odmar et 
Zulma ; et en 1792 , une comédie en cinq a<Jtes , en vers, 
intitulée le Faux Insouciant. 

MAITRE ADAM, Mehuisibr de Nevers, comédie 
en un acte, en prose, mélée de vaudevilles, par MM. Le- 
prévot-d'Iray et Pbilippon-Lamad^leine , au Vaude ville, 
1795. 

Torne Vh C 



34 M AI 

Ce caJre renferme nne pciiitnre (ort agréable du caracteré 
moral du memiisier de Nevers. « 1} est épicnrien sans liber-' 
» tluage , disaitBertier, prieur de Saint-Qiiaize, éditeur du 
» J^iliebiequin ; i\ e$t stoique sans superslilionj et, de ces 
» dcux sedGs qni jadis ont partagé la terre , 11 fornna tin 
s> tenipéramment si doux, que, si 2kiuon et Epicure vivaient 
m encore, je crois qu'il les ferait boire ensemble. » C^est 
ainsi qu'ou noiis le représente dans cejoli tableau, oii les ac— 
cessoires sont placés de mauiere å laire ressortlr la figure 
principale. Sur le second plan, on voit le poete Maynard , 
ami de roaitre Adam, et le pålissior-poete Ragnenean , qiii 
lui adressa le sonnct siiivant, qiroi) llia sans doiUe avec plai- 
sir, ainsi qu'anrondeau du mennisier, que Voltaire met au- 
dessus de beaucoup de rondeaux de Eenserade , qiii excellait 
en ce genre de poésie. Voici le sonnct de Ragueneaii : 

« Je croyais etre sciil de tous les nrtlsans, 
» Qui fut favorisé des dons de Calliopc; 
» Mais je mc range, Ad.im , parmi tes parlisaniA 
» Et Teux qile nion roulcäu lécéde k ta vaHope. 
9 Je comtnence ä conaaitre , apres plus de dix ans, 
)» Que , dessous moi, Pégase est un clieval qui chope, 
» Je vais donc mctlre en påte el pcrdrix et falsans ^ 
» Et coutre le fourgon , mc noircir en cyclope. 
i> Puisque c''est ton mctier de fréqucntcr la cour, 
» Donne-moi tes oulils pour échauffer mon four , 
» Car tes musos ont mis les miennes en dcroute. 
» Tu souffriras pourtant que je me Hatte un peu : 
)) Averque plus de bruit tu tra\aillcs, sans doule , 
» Mais, pour moi , je trayaillc ayecque plus de feu. » 

Voici le fondeau de maitre Adam, adressé å Maynard. 

<c Pour te gucrir de cette sciatlque , 

» Qui te reticu» , conimc un paralytique, 



M A I 34 

^ Entrc deux dräps , sans aucnn mouTemknt^ 

» Prends-moi deux brocs d^un fin jus de sarmcnt; 

w Puis Ils commcnt od le met en pratique ; 

)) Prends-en dem doigts, et bien chaud les appliquc 

Ä Sur fépiderme, o^ la douleur te piqae^ 

-v Et tu^boiras le reste ptomptement 

» Pour te guérir. 
» Sur cet avis ne sois point hérétique ; 
» Car je te fais un serment authentique^ 
» Que si tu crains ce doux médicament , 
» Ton mcdecin , pour ton sonlagement , 
»• Fera Fessai de cc qu'il comdiunique > 
» Pour te guérir. » 

MAITRE DE MUSIQUE (le), parodie ou tradiictlöa 
ten deux actes , en vers libres , de Finterméde itallen du^ 
inéme titre , par Baurans , au théåtre ItaKen , iy55. 

Uu maltre de musiqiie apprendå chanterå une jolie fille, 
qu'il éleve pour le théåtre , et dont il est amoureuz. Un 
entrepreneur d'opéra vient par hasard å la traverse, ettrouve 
Técoliere fort å son gré : elle chante ; il est transporté ^ et 
se propose d'en faire l'acqiiisition pour sa troupe. Lambert 
devient jaloux , et témoigne ses inquiétudes par des fréqueiis 
å-parte ; il craint que Tricolin ne liii enleve Lauxette, Il 
regarde comme un point essentiel de ne pas les laisser seuls ; 
mais un maudit valet arrlve, et dit au mattre de musique^quo 
madame la duchesse le demande dans I'inst6ipt memq^jj pour 
une affaire trés-pressée. Lambert est sur les épines ^ jil déli- 
bére 5 il hésite , enrage^ enfin il esj; obligé de partir. Alpr» 
Tricolin faitsa déclaration å Laurette , lui offre sa fortnne et 
sa main; et bientot il se met k ses genoux. Lambert revieot-^ et 
le surprend dans cette attitude : apres quelques moment d^iyje 
scene muette , qui exprime d'un coté , la surprisj?., et d^ 
Tdutre Temlparras et la confusion; d'un troisiéme, Pindigna- 

" C2 ^ 



36 MA I 

tion et la fureur , Lambert sompt le silence , et commenco 
lin trio par oix finit le premier acte. Le second n'a que deux 
«cénes , dont la premiåre est consacrée å une querelle et k 
un raccommodement. Le niaitre demande pardon a son 
écoliére de sa vivacité , et tombe å ses pieds f Tentrepceneur 
survient dans la seconde scéne , et surprend , å son toitr, 
son rival aux pieds de Laurette; celle-cise déclare pour 
ILambert, et Ini donne sa main. Tricolin se console , et va 
chercher fortune ailleurs. 

MAITRE EN DROIT ( le ) , opéra-comique en deux 
ectes , en vers, par Le Monnier , musique de Monsigny, 
å. la foire Saint-Germain , 1760. 

Un Fran^ais , nommé Lindor , est venu å Rome pour y 

{aire son droit ; il y a vii la jeune Lise , que son maltre eH 

^oit veut épouser , et dont il est amoureux. Le docteur n'a 

"de canfiance qu'en sa vieille surveillante 5 mais Lindor es- 

pére qu'å force d'argent,il gagnera cetteTemme. D'ailleurs il 

est aimé de Lise. La jeune personne confie son amouc 

^ sa gouvernante et la me t dans ses intéréis. Bientot 

liindor arrive au signal que lui fåit Jacqueline. Les 

* >deux amans se livrent au transport de leur amour, et 

ne se quittent qu'avec promesse de se revoir au rendez-vous 

que la surveillante , gagnée par les presens de Lindor , leur 

assigne pendantlanuit; elle compte, en effet, trouver moyen 

cle 1'intooduire chez le docteur , å la faveur d'un déguise- 

meiit* Lindor consulte son maltre sur les moyens de possé- 

<der une ^une beauté qu'il adore^ et dont il est aimé ; 

rhotnme de droit Tinstruit des phrases du texte roraain , 

qui formellement empéchent la contrainte dans les noeuds 

4iu ix^riago. Le passionné Lindor , ravi de son bonheur , 

lui avoue que , dans quelques instans , une surveillante doif 

Tlfeajir le pa;:.en4)^9 $t Yemmen^r prés de celle qu'il aime. Reste 



MAJ 3y 

seul sur la scåae , le vieiix Romain sent naitre en lui certain 
désir , et forme le pro jet de se felire conduire cliez la belle y. 
k la faveur de la nuit* La vieille vient ^ reco^nätt son tnai- 
tre ä Paide d'une lanterne sourde ; et , sans se déconcerter , 
le travestit des habits de femme qu'elte appot^ait poar Lin- 
dor. Jacqueline conduit sön niaiitre , les yeiix bandés , dans 
§on école de droit; Il est beitié rpatr ses éoollers , itibqué pär 
sa maitresse , et Lindor lui enlévé sa sphféténdue : les écoliers 
fuient dés qu'ils reconnaissent le docteii^. Gelui-ci, furieux, 
voit bien qu'Il est pris ponrdape, efapprettd quesapu- 
pille et Lindor sent unis en Tertu dela loi» 

MAJOR PALMER (le), opera eh trois acfeär, par 
M. Pigault-Lebrun , musiqtie de BrUbi-^-å Féydéalå , 1797» 

Palmer , ma|or dans le Irégiitietit de Brown , est loge en 
Franconie, cbez madame de | Biunfenstlml , <k>nt il sédnit 
la fille. Amalie a un frére jeutie et ardent , qui la surprend 
avec le major , et se bat avec lui ; plus expérimenté et plus 
calme, Palmer tueson adversaire, et se voit labligé de fuir 
Peu de jours apres cet événement, Pennemi parait , mais 
il ne tärde pas å étre repoussé par le régiment de Browtt; 
enfin , Palmer est condamné å mört comme déserteur. 

Par une suite d^événemens qn'il est inutile d^expliquer ^ 
madame de Blumensthal s'est retirée avec sa filfe , deventte 
m^re y en Silésie , o^ elle a falt Tacquisition dW cBiåteau ; 
le propriétaire de ce chåteau etait Tami de Palmer. Ce der- 
nier arrive en Silésie pour lui demandet un asyle, el, pen— 
dant la nuit, p^nétre dans le parc ; il y est recoftmi-, et, par sa 
seule présence, jette le trouble dans celte malbeuréuse fi^ 
mille- Déchiré de remords, méconiiu par Amalie, qui aperdu 
la raison , repoussé par la mér€ ^ qui a conservé la sienne , il est 
•n proie au plus violent désespoir. Cependant FeBsemi pass» 



38 M A L 

roder , et approche du chåteau de madame de BIiimenstbaT^ 
oii le general est loge. Ce dernicr rassemble ses troupes, arme 
le^ habitaos , et propose k Palmer de saisir cette occasion db 
réparer ses torts, Palmer accepte , se met dans les rangs , mar- 
che t\ Tennemi, le combat et le reponsse, apres avoir sanvé la 
vic au general : de retonr au chåteau, on lit le signalement 
. de Palmer , et Tordre de 1'arréter pour Kii faire subir son ju- 
gcment; roais au moment oh lui-méme veut qu'on le con- 
dnise å la mört , le general re^oit une lettre du grand Fré*- 
.dcric, dans laquelJe ce monarque lul dit , que la nécessité 
de maintenir la discipline ne liii permet pas de révoquer te 
jni^ement contre Palmer , mais qu^ayant appris qu'un in- 
connu. s^Q^t diatingué dans le dernier combat, et a contri- 
bué å lavictoire , il lui donna un réglment sous le titre du 
, baron de Holta , et de fen d de fairo aucune recherche tilté- 
rieure isur la retraite de Palmer. Rentré en grace et toujours 
amoureux , Palmer regagne les faveurs de raadame de Blii- 
.mensthal, d'Amalie , sa lille , qui a recouvré la raison , et la 
piece se tprmine par leur union. 

Cet opera, m:algré ses invraisemblances efc äes irrégnla-» 
i:i^és, a obtenu beaucoup de succés. 

MALAPE IMAGK^AIRE (le), comédie en trois actes, 
fsn prose^ par Moliére, aux Fran^ais, 1678. 

Cqtte piéce est si connue, qu*il serait superflu d*en-döimer 
lanalyse s Tämour inquiet de la vie , les söms trop multipliés 
_pour selaconserver, sontles faiblesses les plus ordinäires k 
Vbomme, et celles que Tauteur joue dans le Maiade Imagi- 
uaire. Il joue aussi l'art des médecina et la faculté en corp», 
dans le troisiéme intcimede de cette comédie-ballet. Les ca- 
ractéres en sont variés et soutenus; enfin, c'est une desbonnés 
T^^pductio^s de JVEoliéro., ..et sa dernifere*. Malheuxeuaefpeat;» 



MAL 39 

dle lui couta la vie. Le jonr qn'il devait rcpréscnter le Maladé 
Jmagii^aire poiir la troisieme foIs , le 17 Février 1678 , se sen- 
taot plus incommodé quk l'ordinaIre du mal de poitrine, aiw 
ipiel il élait sujet, il exigea do ses camarades qu'on commcn- 
^åt la representation h quatrc honres precises. Sa femme et 
Baron le presséirent de prendre du repos et de ne pas joner. 
« Hé! tjue feraient'^ répondit-il, tant de påuvrcs ouvriers? je 
» me reprocherais d^avoirnégligé un seul jour de Icur donner 
» du pain. » Les eflbrts qu'il fil: pour achever son role , aug-» 
mentérent son mal; et Ton s'aper^ut qu'en pronon^ant le mot 
juro, dans le divertissement du troisiume acte, il lui prit une 
convulsion. On le porta chcz lui, dans sa maison , rue de RI- 
chelieu, -ou il fut sufi*oqiv3 par un vomissement de sang. Apres 
«a mört 5 les comédiensse dispos^rent k lui faire un convof ma- 
gnifique ; mais M. do Harlai , archcvéque de Paris, ne voulut 
pas pfermcttre qu'on finhuinåt en terre sainte. Sa femme alla 
fiiir-le-cb#rnp ä Versailles, se jeter aux pieds de Louis XIV, 
pour se. pjaiudre de Finjuré que Ton faisait k la mémoire de son 
inari,»€n lui refusant la^épultuiro. Le röi la renvoya, en lui 
disant que cette afikirfi;d«peiKlait du ministére de M. Farche- 
véque, et que c^ttuit ä lui qu'il fallait s'adresser. Cependant, 
&a majesté fit dire k ce prelat qu'il iit en sorte d'éviter Téclat 
et le soandale. L^archevéquie révoqua donc sa défense, å cor- 
dition que renterremenl; serait fait sans pompe et sans bruit. Il 
ae iBt ,. en efiet , ^ax deux pretE«,ft^ qtii accompagnérent le corp* 
sans chanter, et Moliéf«'fut onterré dans un cimeti^re qui était 
derriére la chapelle d^Saint-Joseph, dans la.rué Montmartre.. 
Tous.ses amis y assister.^jatj .aydnt chacuu.un flarabeaii å la 
ms^in ,, et rvpo^ise <fci défunt^ s'écriait partout : « Quoi! Tan 
» refu^o la .^épulturp a wulioname qui mérite des autels! » 

Deux mois avaiiL ce malheijugcux événementjDespréaux vint 
\q'k M^\i^iei\i^]f t;:auya fqrt incommodé de sa toux, et faw 



40 MAL 

^ant des efTorts de poitrine qui semblaient le menacer d'iin6 
fin projchalne. Moliére, naturellement froid, fit plus d'tfnilte 
igue jamais k Despréaux, ce qui engagea ce dernier å lui dire ? 
« Mon pauvre monsieur Moli^e , vous voilå daus un pito^iH 
a> ble état; la contention contlnuelle de votre esprit, Tagita- 
3» tioo de V.OS poumons , sur votre théåtre , teut devrait voas 
» déterminer å renoncer å 1^ représentatioD. N'y a*t-ii qiie 
7i VOUS dans la troupe, qui puissiez exécuter les premiers 
» roles? Contentez-vous de compoeer, et laissez ractioB 
x théåtrale å quelqu'un de vos camarades : cela vous fera 
)) plus d^honneur dans le public, qui regardera vos acieurs 
y> c om me vos gagistes ; et vos acteurs, d^ailleurs , qui ne sont 
3) pas des plus souples avec vous, sentiront mieur votré 
3) supériont;é» » v. Åh ! monsieur, répondit Moliére, que me 
» dites-vous^lå? il y va de mon konneur de ne les poini 
:p quiUer. » « Plaisant honueur , disait en soi-méroe le sa* 
>> tyriqye, que eelui qui consistje å se noircir tousles jours le 
» visage^ pour se faire une moustache de Sganarelle^ eih 
» rlévouer son dos å toutes les bastonades de la comédie ! » 

On raconte, au sujet du Målade Jmaginaire , I'anecdote 
siiivatite : 

IJans le tems que Moliére composait cette piéce, ilcher* 
cliai^ un nom pour un lévrier de la facuité, qu'il voulait 
i^ettre en scéne : le basard lui fit rencontrer un gar^on 
^potliicaire, armé d^une seriqgue, å qui ii demanda quel but 
iJ voulait coucher en joue : celui-ci lui apprit qu'il allalt se-- 
xinguer de- la beauté å une comédienne : « Comment vour 
» nommez-vous, repri t Moliére?» Le serviteur d'Hjpocrate 
lui répond/t qu'il s'appelait Fleurant. Moliére l'embrassa ^ ed 
lui disant: « Je cbcrcbais un nom pour unpersonnage tel qutf 
« vous. Que Vous me soulagos, en m'ap{irenant le votre t» 
En eflct, le. clistériseur qu'il a mis sux le théåtre, dans \» 



■« «r 



"- MAL 4t 

Målade Ima^ncure, s'appelle Fleurant» Gomme on sut 
Thistoire , tous les petits-maitces , å 1'envi , all&rcnt voir l'ori- 
ginal du Fleurant de la comédie. La célébrité qite Moliére lui 
donna, et la soieaee '^% pp6sédai4;. Itu firent faire nne for- 
tune rapide, (dés qu'il deyu^ Jipaitre npothicaine. Ainsi, ea 
le ridiculisjinl:, Moliése lul Guy;&k la voie des riohesses* 

Dans cettp menie fiece, 1'c^poithicaire iFleiirant, brusqne 
jusc^'iL lUiii&olenGe , viont , un^^eringue jl la main , pour don- 
ner un lav^,piept au maUide. U« bonné^ bomme, frére de ce 
préteixdu målade , qiu se tron ve la dans ce moment, le dé- 
tourne de le pr^ndre» L'apoibi£aIre slrritOi et lui dit toute» 
les impertiAGiices ique l'on préte å itous les gens de son espéce. 
A la premiére xepréseotfition « Tboo^éte bomme répondait å 
rapothicaire : v ^l^fs, jaaonsieur , -pn yoit .bien que vous n'a- 
3) vez c.ovtt^me de pa^J^ ^% des ^uls,» » Tious les auditeurs 

' qui étajeatji c^tp i^epcésettteitio^ 6'en in^Igoéreot; nams on fut 
enchantjé, ål^seconde, d'^ntendre di^e : « Allez, monsieur, 
« on voit. biien que vous i)'ave|E p^is iCputUB»e de parler k 
» des vjfii^gp^. p 

Le mari dje ma^er^fi/^U^ P^WVal éi^t iun faible acteur* 

Moljére étudia son peuyd^ taL^i^jt, et lui donaa des r61es qui le 

'^$re<it supporter ,du publfc^ Celuji qui Uu fit le p)«« de réputa-!- 

tion alor(^9 fu;t 1q rp^e de Thomas Diafoims , dans k Mcdade 

, Imaginaira^ qu'il j ouajt supériiuxem^nt. Op dit que MoUére , 
eo faisant repeter c^tte pL^ce , pariiit mécontent des acteurs 
qui y jou^iept, jStpripcip^rp^tdepäad^nÉiOiselle Beauval, 
(jiii representant le pfsr^pnoagp de Toinetfe. Gette actrice, pcu 
endurapte, apres lui avojr ^éfot^M ^^9»j^ brusqiMment , 
ajoutj^ : « Vpvs nöps (»u^mept^z ious , et vous ne dites mot 
» å mop p9^ri?j» « J'en serais bien fåcb^} r«prit Moliére 5 jo 
» gaterais son )eu : JA'nature lui .a donné de meilleures le-^ 
9 ^ons que le^ mienues, popr ce role* » Ou assure que le latia 



42 MAL 

inacaroniqne , qiii faJt tant rire k la fin Ae cette comédie, fiif 
foiirni å Moliére, par son amiDespréaux, en dinant avec 
lui, madame de la Sabli^re et Ninon. 

Avant les representations du Målade Imaginaire y le» 
Moiisqnetaires , les Gardes - du - Corps , les Gendarmes 
et les Chevau-Légers entraient åla comédie sans payer, 
et le parterre en était tou jours rem pH. Moliére obtint 
de sa majesté un ordre , pour qu'aucnne personne de la 
raaison du roi n'eut ses entrées gratis k son spectacle. Ces 
messieurs ne trouvérent pas bon que les comédiens leur 
fissent imposer une loi si dure , et prirent pour un affront 
qu'ils cussent eu la hardiesse de le demander. Les plus mu^ 
tinss'ameutérent, et résolurent de forcer Tentrée ; ils allérent 
en troupe å la comédie , et attaquerent brusquement les gcn$ 
qui gardaient fes portes. Le portier se défendit pendant 
quelque tems ; mais enfin , étant obligé de céder au nombre, 
il leur jeta son épée, se persuadant qu'étant désarmé, ils ne 
le tueraient pas. Le brave homme se trompa. Ces furieux ^ 
outrés de la résistance qu'il avait faite , le percérent det 
mille coups; et chacun d'eux, en entrant, liii donnait le sien^ 
Ils cherchaient toute la troupe, pour lui faire éprouver le 
méme traitement qu'aux gens qui aTaient voulu défendre la 
porte j mais Béjart , quiétait habiHé en vieillard pour la 
piéce qu'on allait jouer , se présenta sur le théåtre : « Ehl 
5> messieurs, leur dit -il , épargnez du moins un pauvre 
» vieillard de soixante -quinze ans, qui n'å plus que quel- 
» ques jours k vivré. » Lo complimént dé tet acteur qui 
avait profité de son hablllenpent pour parler å ces mutins , 
ralma leur fureur. Moliére leur pärla aussi trés-vivement 
de Tordre du roi; de sorte que, réflécbissaht sur la faute 
qu'ils venaient de faire, ils se retirerent. Le bruit et ka 
cris avaient causé uae alai;me terrible dans Ix troupe» J^^^ 



MAL 43 

femmes croyaient étre mortes ;-chaciiD cLerthait k se sau- 
ver, Qnand totit ce vacarme fiit passé, les comédiens tin- 
rent conseil pour prendre 11 ne resolution dans une circonstance 
aussi périlleuse. « Voiis ne m^avez pas donné de repos , dit 
» Moliére å I'assemblée , qiie ja n'aie importnné le roi pour 
a> avoir Tordre qui nous a mis tous å deux doigts de notre 
» perte 5 il- est question présentement de voir ce que nous 
» avoiM å faire. » Phisieurs étaient d'avis qu'on laissåt ton- 
jours entrer la maison du roi ; mais Moliére , qui était 
ferme dans ses resolutions , leur dit que , puisque le roi 
avait daigné leur accorder cet ordre , il fallait en presser 
Texécution jitsqu^au bout , si sa roajesté le jugeait å propos ; 
et je pars dans ce moment, leur dit-il, pour Ven informer. 
Quand le roi fut instruit de ce désordre , il ordonna aux 
commandaus de ces quatre corps , de les faire mettre sous 
les armes la lendemaio , pour corinaitre et faire punir les plus 
coupables , et leur réitérer ses défenses. Moliére , qui airaait 
fort la harangue , en alla faire une k la téle des Gendarmes, 
et leur dit , que ce n'était ni pour eux , ni pour les atitres 
persopnes qui composaient la maison du roi , qu'il avait 
demandéå sa majesté un ordre pour les empécher d'enlrer 
å la comédie ; que sa troupe serait toujours ravie de les 
xecevoir, quai:ld ils voudraient les honorer de leur pré- 
sence; mais qu'il y avait un nombre infini de malheureux 
qui tous les jours , abusant de leurs noms et de la bandou- 
liére de messieurs . les Gardes-du-Corps , venaient remplir 
le parterre , et éler injuslement å la troupe le gain qu'elle de- 
vait faire; qu'il ne croyait pas que des gentiishommes qui 
avaient Thonneur de servir le roi 5 dussent favoriser ces mi- 
serables contre les comédieas da sa majesté 5 que d'entrer au 
^pectacle sans payer, ii'était pas une prérogative que des 
pqrscnucs de leur caraclcre dussent ambitionner ,-'jusqu'i 



44 MAL 

répandre dn sang potir se Ijuconsen^er; qii'il fallait laisser €• 
pctit avantage aux auteurs qui en avaient aquis le droit , et 
aiix person nes qui , n^ayant pas le moyen de dépenser quinze 
sols, 4ie voyaient le spectacle que par charité. Ce discours 
fit4Qitt reffet que Torateur s'était promis^ et, depuis cette épo* 
que, la maison du roi n^est point entrée gratis k la comédie. 

MÅLADE PAR COMPLAISANCE (le), opera •€(>- 
mique en trois acles, par Fuzelier et Panard, k la foiro 
Saiat-Germain , jySo. 

Jjféandre , jeunc officier , est amoureux d'une peraoime 
qn'il a vue la veille au bal. Isabelle , c'est le nom de Fio- 
conoue , et Finette , sa jeune soeur , sont sous la garde 
d%ine concierge trés-vigilante , appelée raadame Simoiie. 
Feodant qne Léaadrc et son valet Pierrot cherchent ensem- 
ble des expédiens , maitre Jean , recevenr du village , vient^ 
sitns y penser, leur en fournir iin. Léandre, connaissaot Ilku-^ 
menr charitable de madame Simone , qui la porte a soigner 
les målades , Tengage å «e feindre tel ; et, pour le déterminer, 
il lui fait une peinture agréable de la fa^on dont il va étr^ 
iraité , et vaote surtout les mets succulens qu'on lui donnera 
pour le refaipe. Pen dant qu'ils v ont se prépai<er pour jouer 
leurs roles , madame Simone donne å Isabölle et k sa petite 
sotnr tm divertissement exéctité par des raoissonneuses ; eni- 
suite Léandre parait avec Pierrot. « Oh ai-je mal r » dit ce der- 
»iec k son mattre. « O^ lu voudras » , répond Léandre, sans 
faire atteotion awx conséquoiates. Pierrot feint une extreme 
donlear<aapied; la bonne Simone, émwe de corapassion, le 
fait entrer dans le chåteau avec son camarade; Pierrot, gout- 
tcux , est condaanné, parPaiistére gouvemante, a ne boire 
que de.i^eatijvetå une Äbstinence trés-sesrwpuleuse. Léandre, 
qui espére trauv^er Toccasion de parler å sa maitresse , ne 



MAL 4»; 

tait que rire des maux de son valet. Il a bién de la peine ^ 

continuer son role avec patience, et profited'«n moment 

qu'Il voit Isabelle , pour lui découvrir sa passion, et con-^ 

naitre qu'ellen'est pas mal re^ue. Pierrot paralt , poursiiivi 

par Bistouri , chirurgien , et Laudanum , apothicaine^.qtii, 

voiilant exécuter les ordres de madame Simone, latent lo 

pouls du prétendu målade , et se décident pour la saignée et 

les lavemens. Pierrot , impatienté , les chasse k coiipsi de 

båton ; leurs cris appellent Olivette , il lui falt confidence de 

ramour deLéandre, et du stratagéme qu'illui fait joner, et 

laconjure de remédier å la faim qui le- cojisnme. L'arrivéo 

de M. Orgon^ pére d!Xsabelle^ et d'un de ses' amis , forme 

le dénoaement, parce que cet ami est Géronte, pére dor 

Léandre, et qu'il vient avec Orgon conclure leur mariage. 

MÅLADE» SANS MALADIE ( la ) , comédie en cinq^ 
actes, en prose j par Dufresny , au théåtre Fran^ais, 1699, 

Le parterre ne permit pas^auxacteurs d^e passer le troisiéme 
acte. La piéce fut interrompue , et Ton remplit le spectacle 
en donnant V Apres^Souper des Auberges. Ce fut avec les 
meilleures seénes de la Målade sans Mtiladie^.que Du* 
fresny composa ensuite la comédie des Papeurs^ qui fut 
brulée å sa mört. 

MALAGRIDA, tragédle en trois actes, en vers, traduil* 
du portugals, par ***, lyöS. 

Gette piéce est un tableau des forfaita de la Compagnie de 
Jesus y de cette société justemen t proscrite , dont le nom seu^ 
réveille l'idée du crime. Malagrida j joue le role d'un faux 
prophéte ^ et conseille aux sujets du duc de Bragance d^assas- 
siner ce prince; mals ici^ 1'auteur a tronqué le fait historique. 
L'uD des conjurés dénonce son odieux attentat; et cet éner- 



46 MAL 

giiméne est arrété et livré aux supplices, ainsi qne le an« 
d^Aveiro , chef de la conjuration, et la marquise de Tavora ^ 
amante de ce dernier. 

MALARD , de Marseille , fit imprimer , en 1716 , une 
tragédie de Marius et Sy Ila; en 1704, il présenta une tra- 
gédie de Thémistocle aux Comédiens franrais , mais ils 
lie voulurcnt pas la recevoir, 

MALENCONTREUX (le), comédie en trois actes , 
en vers , par *** , au théåtre de Monsieur , 1790. 

Ce sont des espéces de chåteaux en Espagne. Duyal ar- 
rive å Paris , pour hériter , et pour épouser une jeune per- 
sonne qu'il adore ; millc obstacles traversent le bonheur qu'il 
se prcMDOse» Il est déshérité , mal payé de son amour, et 
contraint å épouser une vieille maitresse. Le plan de cet ou- 
vrage est mal con^u , les incidens trop entassés , la marche 
trop brusque , et le style trop négligé. 

MAL-ENTENDU (le), comédie fran^aise et italienne, 
en trois actes, en prose , par Pleinchéne, aux Italiens, 
1769. . 

Un joune homme a vu, dans un bal, une jeune personne 
dont il est devenu amoureux , et cette passion subite le porte 
å refuser un parti que son pére lui propose , et pour leqnel 
il avait déjå pris des engagemens ; mais heureusemeut 
Tobjet de son amour et celui du choix de son pére est le 
méme , et tout se passé å la satisfaction commune. 

MALIZ»EU (Nicolas de), né en i65i , mörten I727, 
chancelie de la principaulé de Dombes , et secrétaire d 
commandemens du duc du Maine , membre de rAcadémie 



M A M jq 

frangaise , regu en 1701 , et honoraire de rAcadémie des 
Sciences , noiis a laissé le Prince de Cathay , les Jm portuns ^ 
la Tarentule , V Héautontimorumenos , Phi Union et Bauds, 
avec des poésies , imprlmées dans un reciieil inlitulé Di- 
vertissemens de Sceaux. On lui attribue Pollchinelle de- 
mandant une place ä VAcadéniie^ comédie en un acte, 
représentée par les marionncltes de Brioché. Elle se trouve 
åsu[is les Piéces échappées au/euy vol. m-12. Un académi- 
cien fit contre cette comédie, Arlequin-Chancelier ; mais 
elle ne fut pasimprimée , non plus que Brioché^Chancelier, 
autre satire faite contre la murae piéce. 

MALHÉUREUX IMAGINAIRE (le) , comédie en 
cinq actes , par Dorat, aux Eran^ais , 1776. 

Cette comédie fut représentée une douzaine de fois , mal- 
gré toutes les critiques qu'on en avait faites. On y voit un 
homme du premier rang, comblé des faveurs de la fortune, 
joiiissant dans le monde de la plus haute considération , 
aimant une femme charmante donl il est aimé , et s'obsti- 
nant å empoisonner tous les plaisirs , toutes les jouissancc» 
qul Tenvironnent par le singnlier travers de se croire tou- 
jonrs malheureux 5 mals la jalousle de ce personnage, sur 
laquelle roule la principale intrigue de la piéce , nous sem- 
ble trop peu motivée. On voit aussi un raarquis d'Esper- 
mon , qui forme avec lui le plus parfait contraste : au mi- 
lieu des revers , celui-ci est content,et se moque de tout. 
Ce démi-caracfeére, qui est viuiment comique , a été favo- 
rablement accueilli. 

MAMELUCK (le), comédie-vaudeville en un acte, par 

MM. Després,DeschampsetSégurainé,auVaudeviIle, i8oo. 

Dorsan, ofiicier fraii^ais dans Tarmée d'Egypte , a envoyé 



i 



48 MAN 

å son éponse^ restée å. Paris, une jeune Circassienne, nommée 
Mirza. Gette j olle étrangére, quoiqiie fort attachée å madame 
Dorsan, ne passé pas un jour sans pleurer Tamant qu^elle a 
laissé en Asie. Get amant iest un Mameluck , nommé Sélim : 
celui-ci obtient de son maitre, la permission de partirpour 
l^Europe, et il arrive k Paris, cfaargé d'une lettre å Tadresse 
de madame Dorsan, et d^une pacotille pour sa bonne amie. 
L'uDe et Fautre femmes sont absentes quand il se présente 
cbez ellcs, et le jeune Mameluck re^oit, en les attendant, 
pUisieurs visites qui le surprenuent : celles d'un apothicaire^ 
d'un auteur, et d^un peintre.Bientot il s'impatiente, et va faire 
un tour dans la ville , laissant la lettre de Dorsan k une per- 
sonne de lamaison. Les deur amies ne tardentpas å rentrer, et 
la jeune Gircassienne reconnait quelques möts écrits par son 
amant 5 enfin ellé apprend son arrivée , et 8'abandonne ä l^^ 
, joie la plus vi ve. Aussitdt elle revet des habits qui lui ont été 
apportés par Sélim , et elle lui cause une agréable surprise» 
lorsque , revenant å Photel , il désespérait de la trouver. 

Tel est le fondsde cette piéce , qui obtlnt un succés com— 
plet; elle ofTre des couplets charmans, et des allusions trés- 
ingénieuses. 

MANGO-GAPAG , tragédie de Tabbe Leblanc, 1768. 

La formation des sociétés , la naissance de la législation^ 
les moRurs civilisées , les vertus et les vices de 1'homme social 
et de Fhomme naturel, tel est le tableau que Tabbe Leblanc, 
auteur de cette piece, a mis en action. Les personnaTgesprin- 
cipaiix, sont : Manco-Capac, roi du Pérou; Huascar, chef . 
des Anquis, peiiple sauvage et encore indompté; Zérophis^ 
fils de Manco j inconnu å son pére et å liii-méme, élevé sous 
le nom de Zamin, cbez les Anquis, par qui il avait été pris 
dans råge le plus tendrcj Izaé; niéce de Manco, jadis prison- 



Mféra des Anquis, amante aimée de Zéropbis| Tamzi^ 
^and-prétre des Féruviens, étaUi par Manco, et institué 
héritier présomptif de Iå;C(nironne , si Tabsence de Zérophis^ 
ou sa nn>rt, ne rendent pds4 Manco uo liéritier légitiihew 

X^ioquietude de Maoco sur lé sortde:8änfilstles.cr(^i»lea 
du graodnprétre sur l'existeiice de ce prince) dont la mörk 
seule penf }ui assurer le terone; le silence des Anquis, et sör^^ 
tönt dlluascar sur ZéropUis^ silence qni met le conible k la 
douleur de Manco; secret ^ifireux que Tamzi arracbe k 
Huascar ) par ces ruses que riionune civiiise sait employer^ 
et que 1^ sativäge ignore; l'aniour ^e Zéropjiis pour Izaé, 
qui le sonmetå Manco, et lui falt adopter ses lois$ les -artifices 
du grand-tpretre pour pcrdre Zérophis^ voilå sur qtioi est {on<<> 
dée la fable de cette tragédie» 

Le contraste admirable du caractére de Manco avec celui 
d'Huascar , qiii sont tracés Vvm etVs^tte par. la vérité méme ^ 
enoffrant å nos yeux tous les avantages de l^indépeildafnce ab- 
lolue , nous démonti-e les biens plus précieux qué prodiiit la 
soumission aux lois* Rien de plus frappant que les ralsonne- 
nens qu'oppose Huascar & leur établi^scment salutaire; rien 
de plus persuasif et de plus capable d'entrainer, que les invi-- 
tations do' Manco, les excés des passions, les besoins mutuels i 
les secours réciproques, réprimés, soulagés ou excités par lä 
puissance de la législatron et:la i^tiniondes bomfnes épars; la 
protection que cbaqi^b citoyen a droit d'attendre des lois^ la 
juste distinttion qui existe entré la liberté.et la licence 5 tout 
cela est développé de la^maniére la plus noble et la plus pbilo-^ 
sophique» D'aprés cela, il .n'est pas étonnant que cette tra* 
gjédie , qui n'edt point de succfes lors de lä premiére représeH'^ 
Htion , ait réussi å la secråde; et cependaiMt^ elle n^^ut re* 
présentée que cinq fois. Le caractére de rhominc sauvage, 
opposé å rhomme civilisé, est inventé, dessinéj et soutciiu 
Torne ri. D 



Sö MAN 

avec un nerf et nne force dlgnes de nos plus grands xnail;re9# 
La versificatlon en est belle et niAle , mais trop abondante» As, 
la seconde representation, les comédiens retranch^rent plus 
de trois cent^soixante vers^ sans faire de tort ålapiéce, el 
sans rien 6ter du fonds» L'abbé Leblanc a passé sa vie å des 
études plus sérieuses , et n'est presque point sorti de soii 
cabinet. Nourri ensuite des pottes grecs, il a plus connu 
leur théåtre que le notre, auquel il n'avait presque jamais 
assisté avant de donner sa tragédie. Ce défaut d'habitudo dtf 
nos spectacles, et la retraite dans laqnelle il a constammeol 
vécu, sont les causes des longueurs de ses détails^ et desdé-» 
fectuosités qui se trouyent nécessairement dans les scéneii 
d'amour, qu*Utt auteur, qui n'a point d^usage du monde, um 
peut guJ^re traiter* 

MANDRAGORE (la), conoédie en cinq actes^ en vers^ 
par J.-B. Rousseau imprirnée daus ses csuyres^ 

Ceux qni connaissent le conte de La Fontaine , n^auronf 
pas besoin de lire cette piéce , car c'est ce conte avec t^os sea 
arcessoires que J*-B. Rousseau a niis en action. Quant k ceux 
qui ne connaissent ni le conte ni la piéce ^ il leur sufiira de lire 
l'uu on Tautre pour les connaitre tous les deux« 

MANIE DE BRILLER (la), comédle en rois actes , eh 
prose , par M* Picafd , å Lou vois , i8o6« 

Tröis amis ont voulu suivre la route de la fortuae. Deuz 
ont essay é de l'abréger,et se sont piqués d'émulation ^ maisja 
manie de' se devaacer Tun l'autre leur fait quelquefois ou-' 
blier les vfal^^l^inicipes, et les metteåt å la veille de devenip 
raoinslfohnétésgens, sans étre plus heureux. Le troisiéme at 
pris le cbertiin stir du travail et de la probité; il ne brille pa» 
tOttt-å-fait autant que les au tres ^ il ne va pas si vite: 3 mais il 



MAN 5t 

tsissuresön bicn étré j>oV^rraTeDir ; efioil aequiért de ['estimey 
du bonbeur , dela considération; et^ quand sé% deiix rivaux, 
^allcroit aVöir été plus intelligens ou phisadroits , sont préU 
ktomberdansPabime qu'ib se sont ettx-^mémés ouvérU -, il les 
soufieot , les reléve les éclairé y et les eti tirei Voilå toute la 
piéce. I«'aQaly8^ des détails serait itnpiossible , pärce qUe leuf 
eOet 9 comme dabs Jtotites les pi^césde 1/auteur ^ tient-åuné 
loizärrérie d'exécutiön qu'il faut voir dans st)a cadri( et détifs 
son jour. Au total ^ cette comédie est faiblénléät coD^ti<^ 
^tsi quélqu'un 8'aVisait de diré.que les peinttites eH sont 
vråies , cd pourrait lui répondre que c6 n'est pas la^belte ijla-^ 
ture qui én a fourui le modéle. On trouve quélqiiés traitl 
d'esprit dans le diålogue , mals' c'esi; de cet esprit 3 que 1^ 
bon goui a de tous tems rejettéi - ' 

MANIE DES ARTS (la), öh tÅ MatxIiée a la liföbtj 
comédits en un acte , én prOse , pät iRochoä dé Cbäbähdes*^ 
åux Fran^ais, 1 768. 

M* de I^orlise, bomme de cohdition^ amateiir et artiste^ 
joue ici le role de protetteur. Il ddihie sbn audienife dd 
inatin.; Un bomme seiisé se présente thez llii, et voit autatji 
de folie dans le prtotecteur , que de bas^ésse et ä^irieptie dan» 
les protegés 5 ce qui forme autant de scéhes patticuli^reÄ 
qu'on y voit de gens qui vienuöntlui donner des preuvöi 
do leurs täle«is« Ceffe piéce, toute épisodique, parait étrö 

tirée de ce Viérs du Méchani * ^ = 

. ' ■ •> 

Des prptt^(;s si bas^ å<ts proUctciars si hiies, .- -, 

MANLIXJS-QÄPlTOilNUS , tragédie , pär ttifösse, ätt*:' 
ttaÉi^ai9yi6^^ - i- ' 

Il est glorieux poiir Tabbe de Ssrfnt-Réal que deitx traitÅ 
d'histoit« , sortis de sa plume , aient foUrni cbacun , en Franco 
«t en Anglelcrre Jlc sujet de dciix tragédies, qu'on rdvoit lou» 



52 MAN 

jours avec le théme plaisir. La premi&re est VAndrotue, åé 
Campistron ; la seconde est ManliuSy qtii n'est autre cbose^ 
pour le foods , que la con j uration coatreVenise. L'araour de la 
patrie^ ce germe ftlcond dö tontes les vertus de Rome) ce 
prétexte spécieux qiii colorait les attentats contre la républi- 
que 9 fait mou voir toute 1'actioo , et sert å adoucir ce que le 
titre, de conjurés p9urraitayoir de trop odieux afnr la scéne. 
lies cars^ctéres y sont tracés d*aprés la vérité de l'histoire, et 
embellis des traits qiie le poete a recueillis de Tite-^Live et 
des avitres auteurs qui ont écrit sur les plus fametises conju-* 
ratiqns. La confiaDce iodiscréto de Manlius, auteur de la 
conspiralion^ annonce la fierté de ce Roroain impérieux» Les 
•oup^oDS de Rutile prouvent le discernemeDt et la pénétra** 
tion de cet autre chef de conjurés* La faiblesse et les re* 
ipords de Servilius marquent un cceur tendre et formé ppur 
la vertii. Les défiances que lui inspire Valérie , son épouse » 
montrentFasccndant qu'une fem me almable et sensée peut 
avoir sur Tesprit d'un mari digne d'elle. En un mot^ tousles 
senlimens sont puisés dans la nature^ et les beautés de détaiis 
sont présentées sous le point de vue le plus favorable* Une 
baine invétérée , une vengeance long - tems méditée , des 
projets blen concertés^ disposedt les événemens; l'amour et 
l'amitié écartent les dz^pgers; un style måle et nervcux rend 
la grandcur et la force des idces ; tout annonce une onain 
habile, et un génic fait pour le tragique* Serait-ce exagérer, 
que de repeter , d'aprés quelques admirateurs de cette piéce , 
que Corneilie aurait pu Tavouer , sans préjudicepoiir sa ré- 
putation? Lafosse opposa å ses critiques, pour toute réponsc, 
les applaudisscmens du public. Cétait, eu effet, lameilléure 
qu'il put donner; niaisqu'eut-il eu årépondre , si on lui avait 
fait voir qu^Otway , poete anglais , qu'il ne daigne pfls seule- 
ment placer au nombre des auteurs dqnt il 8'est senri, lui a 



MAN 53 

fourni le plan, rordonnance , et une bonne partie du fonds 
roéme de sa tragédie? Il est vrai qu'Otway avait lui-méme 
beaucoup plus profité de Thistoire de l'abbé de Saint-Réal; 
maift Si Lafosse, en qualité de Fran^ais, s'est cm en droit 
d'user de représailles^ il devait au -moins en convenir.. 

MANIJUS-TORQUATUS, tragédie de mademoisello 
Desjardins, connue depuis sous le nom de madame de Ville« 
Dieu, 1662. 

Manlius, jeune Romain^ proflte du moment de la mört du 
general de Tarmée dans laquelie il sert , prend sur lui d» 
livrer une batallle , malgré les ordres du senat, et remporte uni» 
Tictoire complette. ARome, une pareille désobéjssance était 
digne de mört. Cependant le jeune Manlius, couvert d& 
gloire, revient au camp de son pére, Torquatus, qui, en 
qualité de consul, commandait un autre corps d'armée.Il y 
tenait dans les fers une princesse dont il était amoureux, et 
qu'il avait fait prisonniére; mais son fils hti avait phi , Tai- 
mait, et en était aimé. Torquatus découvreque Manlius est 
son rival 4 et, malgré le cri de la nature, le fait condamner k 
la mört, pour avoir livré le combat 'sans sa permission i 
Manlius est conduit au supplice, et délivré'par tés soldats*. 

Tel est, en peu de möts, le fonds de la tragedi^. de madame 
de Ville-Dieu. Vise, q ni croyäit que Tabbe d'Aubigqac 
lui en avait fourni le plan , lui dit dans sa crjtique : « A 
» quoi pensiez-vous , lorsque vous dites devant tant de 
» moflde, que jusqulci nous n'avions vu que des quarts de 
» pifeces,et que Manlius en était line entiére? » L^abbé d'Au- 
bignac nia qu'il eutpartåcet o\ivrage, et, pour rendre les 
critiques plus odieuses, il ajouta: « Vous avez une étrange 
9 aversioA contre madémoiselle Desjardinsl 11 vous fåcbe 



54 MAN 

9 qu'uDe fille vous dame le pion ; et vous lui voulez dérobeir^ 
if soQ ManUus^ par Tefibt d'une jalousie sans exemple. ^ 

MANLinS-TORQUATUS , tr^gédiei, p^r M. LepreTÅt-*. 
4T[ray , å TOdéon , 1798. 

Tout le monde connatt l'action vertueusement harbare 
de ce consiil romain , qui se crut obligé de condanuier son 
fils h. la mört , poiir avoir livré le combat aux Latins sans 
ses ordres , et de venger , par ce dévouement plus qu'hé- 
roique , les lois de la disciplioe romaioe. 

Ce.st ce trait d')iistoire qui a fourni le sujet de cette piece 
qiii n'est pas exempte de reproches,^ mais qu,i) malgré ses 
défauts, a dbtenu quelque siuccés^ 

MA»I.nJ8-TORQUATUS, bu xa Disciplih» R<Hi 
iiAivi,,tragédic en troia actes^ ^n vers, par JosephLavallé^^ 
auxFraofais, 1795* 

G est ici, comme dans la piéce précédente , le trait celebre 
de Manlius-Torquatus^ condampant son fils ^ la mört , poui;' 
fivoi^ vaiacu si^ns ses ordres* 

MANNEQUIN (le ), comédi^ en un acte et en veri^^ 
xnelée d'ariette$., paroles de Lieutaudj musique de Ql^ap^lle, 
an théåtre d^ Louvois , I793» 

Gette piéce. a pliisieurs traits de ressemblance avep le 
JSlannequin de Vlntrigue Spistolijiire , le Tqbleau, P atlant ^ 
YAinant Stahre , etc. 

Dorimont , peintre ^ opcle de Rose , a r^solu de la faire 

^pouser par Artbur , yieiix finan,cier, oncle de Lin val ; ce 

sera pas aisé , car la niéce et le neveu s^aiment å la folie. 

)0ur leur oier toute occasion de se rencontrer « que 

janiais y et que Dorimont ne re^oit persoona 

i Arthur a le privileg^ dW ^nUeu ti'ampv\i5^ 



MAN 55 

rend Linval inveottf. Ayant appris qite Doriijiiopt »'occvp^ 
dans le moment d'un grand lableau d^histoire^ .et que c'est 
dans Fintentlon de ne laisser pénétrer aucun homme cbez 
lui 9 qu^il a c ömmande un mannequin pQur lui servir de 
modéle , ]1 court cbez Tartiste Italien Stuffi^, et obtient de 
lui qu'il le fera porter cbez Dorimont , en place du man- 
nequin* Celui-cl^ enchanté de son acquisition ^le fait placer 
dans son sallon : Rose et Lisette y restent seules ; quella 
surprise ! le mannequin descendde son piedestal, et, sous le 
costume romain, elies retrouventramoureuxLixival. Quelle 
joie ! par malbeur , elle n'est pas de longuc durée , du molnar 
pour Vamant^ puisque lorsqiie Rose et Lisette sont sorties, 
son oncle, qui a tout découvert , vicnt le contraindre å lui cé-» 
der son costume et sa place 3 il veut , cacbé sous cet babit et 
le nuisque, avoir le plaisir de s^entendre dire en face, tout ce 
qn'on croira dire å son neveu , auquel il ordonne , sous peine 
d'étre désbérité , de se cacber dans un cabinet voisin. 

Dorimont , qui est d'intclligence avec le vieuz financier^ 
rentre avec sa niece et Lisette. « Il est tems, dit -il, que 
je commeuce mon ouvrage; et, en montrantle mannequin : 
Voilå Titus , approchez-vous, Bérénicc ; il va vous faire les 
plus tendres adieux. Ah ! que. ne puis-je, nouveau Pygma- 
lion, animcT ce mannequin ! je me débarrasserais du soin d» 
vous peurvpir , en vous le donnant pöur époux. » -^ « Quoi! 
s^il était animé, vous voudriez que je devinsse sa fename !••• » 
«— « Oui , je le jure 5 mais , k votre tour, jurez-moi que ^ 
vous le prendriez pour mari. » 

Rose , ne croyant pas qu'un autre homme que Linval 
|)uisse étre cacbé sous le masque de Titus , prononce 1© fa- 
tal serment. Artbur , transporté , se découvre , et tombe aux 
picds de Äose éplorée : « Vainement , lui dit-il , vous vbu- 
llrie? vous eu défendxe , Lisette , votfe oacl© et Linval ^qui 



56 MAR 

spttenjt de ee ^binet , me serviront de témoins. » Rose , iih» 
ierdito , déaeépérée , pousse de longs gémissemens ; son cha^ 
grin est extreme mais bientot Arthur, attendri , lui preod la 
maiD ,et a'écrie, en mon^apt Linval : 

« Je la prends pour la Ini 4onner ; 
Car de Titus , jouant le role y 
H iaut que j^aime k pardonner , 
£t volre bonheur me console. » 

.Ce dénouement imprévu fut fort applaudi ; i\ en fut die 
méme de presque toute la piéce. Quoiq«e le style de cet 
ouyrage ofire des négligences et des incorrections , il eut été 
si facilede les faire disparaitre , qu'on ne con^oit pas pour^ 
quoi l'auteur ne IV pas fait. 

MANSUET (le pére), capucin, est auteiir d^une tragédie 
chrétieone , intitulée VHeur^ux Déguisement y ou Philémvip 
f f Apollone , Martyrs^ Cetle piéce n'a pas été imprimée.. 

MANTO (la fée) , tragédie-^opéra , en cinq actes, avec nn 
prologue, paroles de Menesson, musique de Baptistin, 1711*, 

Le prologue qst la fin de Fenchanlement de Merlin, qni 
s'était enfermé poui: p.läire å sa maitresse. La piÅce est in* 
triguée , comme la plupart de? autres opera. Maato aime le 
prince Licaris , mais Licaris n'a point d'amour pour elle 5 
il aime la princesse Ziziane , laquclle , de son c6té , aime 
Iphis , et en est aimée, Cet Iphis est fits de Manto ^ mais 
inconnu , parce qne Merlin Fa enlevé å sa mére lé jour de 
na naissance, par le moyen de Tanneaii qui le rend invisible; 
p'est cet anneau qui fait le dénouement , cW-^-Klire, l£^ 
reconnaissance d'Iphis« 

MARAIS (Marin), célibre musiclqn, nå å Paris ,^ e^ 
|656 , mwt eo ^728^ 



MAR $7 

Maraié fil des progrés si rapides dans 1'art de *)ouer de I» 
viole, que Sainte^olombe , son mattre, ne votilut plus Ij^ 
montrer å jouer de cet instrument, au bout de six n^ois da 
I^^OD. Il porta la viole å son plus haut degré de perfection , 
et 5 afin de les rendre plus sonores, imaglna, le premier, do 
faire filer en laiton les trois derniéres cordes des basses. (Jn 
a de lui plusieurs piéces de viole et plusleurs opera. CcUu 
ffAlcyone , passé pour son cheWoeuvre ; on y admire sur* 
tout iine tempéte qui produit un effet prodigieux; nn brult 
sotvrdet lugubre ^'unissant avec les tons aigus des flutes el 
des autres instrumens , rend toute Thorreur d'une meragitée, 
et le sifflement des vents décbainés. Outre la miisique 
^Alcyone^ il a fftit celle d^Ariannee tSacchu^'^ deSemelé^ 
et å^Alcide, avec Louis LuUj, 

MAB.C3-ANT0INE , tragédie en cinq actes , en vers , 
par Robert Garnier, iSyö. 

Xie trait d'histöire qui fait le fonds de cette tragédie est si 
connu , les araours d'Antoine et de Cléopåtre sont si cé-< 
Jébres , qu'il sqrait superflu d'en parler ici , oii il ne doit étro 
question que de la tragédie de Robert Garnier* 

On sait qu'aprés la défaite de Brutus el de Cassius, Au- 
toine passa on Asie, et que les charmes de Cléopåtre, reine 
d^Egypte , triomphérent de ce fier triiimvir» Bercé par les 
amours , ivrq de volupté , ce beros, vainqueur de tant de na« 
tions , s'endor9iit au sein de la molesse, et négUgea ses inte* 
réts et sa gloire. Bientot Octave profita de sa faiblesse , et 
Tint le surprendre , å la tete des legions romaines. Apr^s la 
bataille dActium , å laquelle avait assisté Cléopåtre , et oi^ 
Antoine fut vaincu , ces amans se réfugiérent dans Alexan- 
drie. Octave, profitant de sa fortune, vint les y assiéger. 
Q\s\ donc dans les murs d'Alexandrie , e\ sous les murs de 



58 M A ti 

frette Tille qne la scéne se passé. Antoine entré aeul , et dous 
Ikit part , dans iine tirade d'environ cent-cinquante vers, qiii 
occnpe tönt le premier acte , de Thistoire de sa fortune , de 
ses amonrs, pnis des revers qiii en ont été la stiite* II s^écrie ) 

« O miserable Antoine ! hc qne te fut le jour , 
» Le jour malcncontreux que te gaigaa.ramour * 
» Paiivre Antoine ! des Pheure une palie Még&r^ ^ 
v Crineuse de serpens, encorda ta misére ! 

» Antoine , pauvre Antoine ! hélas ! dés ce jour4k , 
x Toa anciem bonbeur de toi se recula , 
y Ta Tertu deyint morte , et ta gloire enfinée 
3» De tant de faicts guerriers se perdit en fumée : 
9 Des rheure , les lauriers å ton front si connus, 
» Mesprisez , firent place aux myrtes de Vénns. 
• •«•••*••••••••••«•••••••••* 

> Te TOyla de retonr , sans gloire , mesprisé y ^ 

» 'LasciTement yiyant d^^une femme s^usé , 
» Croupissant en la fånge ) et cepeudant n^as ewo 
» De ta fcmme Octavie et de sa géuiture , etc. » 

l*e clioeur, le voyant hors d'baleine, vient fort k propos 
interrompre cé long et ennuyeux soliloque. A celui-ci suc-» 
céde le philosophe Philostrate, qiii ouvre le second acte. 
Moins verbenx qu'Antoine, il déplore, dans une tirade de 
qiiatre-vingt-quatre vers , les fiinestes égaremens de ramour; 
et passé en revue une partie des maux qa II a caiisés, et, 
comme on s^y attend bien , il n'oublie point les malheurs d» 
Troic ; il dit : 

« Un amour, un amoar, las! qui P^ust jamais cren, 
» A perdu ce royaume , eiubråsé de son feu ! 



t...- 



» Tel fut riiorrible amour , sanglant et homicide, 
> Qpi glissa dan< ton coeur , bel ho&te Priamide t 



Mar $9 

9 TcmhrUant d^un flainbeau ^ qui fil aHr^ dirpuin 

> Les Perg.iioes Troyea^ , par la Gr^ce deslruiu* 

» De.cet amour, .Prian» ^ Sarp«dou, et Troile , 

» Glauque, H^^ctor , Dciphobe , et mille autres , .et mlUe 

» Qneleroiix Sitn<]^s, bruyant sous tant ^e corps , 

1» A potissé dans la mer , 4eTant leurs jours sont mörts. » 

lie chceur , prét k toiU événcmcDt, vient se lameQ^er å sqa 
four, et chante i 

« Il nous faut plorer nos malheurs , 
v n nous faut les noy er de pleurs, 
» Les maUieurs que Ton pleure 
» Ae^oiyent quelque allégement, 
» £t donnent tant de tourment , 
» Comme ils ibnt tout k Phcure , etc. » 

• » * 

Cependant, Cléopåtre, accompagnéé de Charmion, d^ras » 
«es femmes d'hohneur, et de DIoniede , son secrétaire, arrive, 
et se )u$tifie du reprocbe d^ingratitude dont elle est accusée. 
Moi, dit-clie i 

« Qué jetfaye trahi , chcr Antoine \ ma vie , 
» Mon* i|me', mon soleil? Que j'aye oeste cnyie ? 
» Que-jé^Vjé träbi » mon cher seigneur, mon roi ? 

» Plnstot un foudre aigu me foudroye le cbef , * 

» Plust6tf'puis-jé cbeoir en extreme méchef , 

» Plustotla terre s^ouvre, et mon corps engloutisse, 

» Plustot un tigre glout de ma chair se nourrisse , 

» £t plustot et plustot sorte de nostre Nil , 

» Pour me dévprer yive , un larmeux crocodile ! » 

Ces cilations dolvent suffire pour donner une idée de cetto 
tragédie : ainsi nous allons nous håter d'arriver å la catas- 
trophe. 

Antoine, abandonné des slens, et certain de toml)er au 
ncu voir cUOttave, ne voit plus d'autre ressource <ju^ la mört. 



,6o MAR 

et prie Lucile , son ami , de la lui donner. Celui-<^i prend 
]*épée qiie lui présente Antoine ; mais au lieu de l'en frapper y 
il se perce liii-méme et lui apprend å mourir. Antoine alors la 
retire sanglante du corps de son ami , et suit son généreux 
exemple. Cléopåtre elle-méme ne peut lui survivie. Eile dit 
k ses enfans : 

(C Adieu , ma douce eure , adieu ! » 

Et ceux-ci lui répondent : 

« Adieu t maidaine* » 

Alors tout le mondc se retire, et Cléopåtre reste seule aveo 
le corps d' Antoine. Ayant tari la source de ses pleurs , et 
pourtant voulant lui donner les derniéres preuves de s^ len» 
drease , elle déclame ces vers qui finissent la tragédie : 

» Moi, ne Ic pouvant plus de mes pleurs arrouser^. 
1» Que feray-je elarmée> helas ! que le baiser? 
v Que je Yous baise donc , 6 beaux y^ux, ma lumiére t 
y O front , siége d^honneur ! belle face guerrit-re ! 
» O col , ö brås , 6 mains, 6 poitrine , oii la mört 
3» V i en t de faire , 6 méohef ! son parricide eflTort ! 
» Que de miile baisers, et mille et mille encore, 
» Pour office dernier , må bouche vqus honore ! 
9 £t qu^en un tel deyoir, mon corps affaiblissant^ 
» Dcfaille dessus vous , mon åme vomissant. » 

\ 

MARC-ÅNTOINE, tragédie en cinq actes, en vers, par 
Mairet, i63o. 

Antoine, vaincu å la bataille d'Actium, et assiégé dans 
Alexandrie, obtient quelques avantages et espére de rétablir 
sa fortune. Dans cette idée , il rejette Pentreprise de sa femme 
Octavie, qui, pour venir le joindre, a franchi toutes sortes 
d'obstacles et de périls; enfin, il veut de nouveau tenter les 
Jiasards d^iine bataille ^ mais tout son camp^ séduit et cof« 



/ 



MAR 6t 

« 

it>ropu , se Tend å Octave. Alors , Antoine se croiC trahi pat 
Cléopåtre eU^-mémek II l'accable de reproches; elle fuit, etf 
quelques momens apres, lui fait annoncer qu^elle s'est im- 
moiée. Ce faible amaot le croit > et prend la resolution de 
rimiter. Il exhorte Lueile , son confidcnt et san ami 5 å lut 
rendre ce tragique service, Lucile, apres avoir résisté, prie^ 
ÅntoiDe de détourner ta tete; mais, au lieu de le frapper, il 
se tue Uii-mémeé Alors le triumvir imite cet exemple coiira- 
genx. Toiitefois, il vit encore assez de tems pour apprendre 
que Cléopåtre respire, et pour se faire porter auprés d'elle« 
Cettereine elle-méme parvient å tromper Octave, qui voulait 
kli sauver la vie , et la faire servir d^orneqient å son triomphe , 
et se fait donner la mört par un serpent« Mairet aurait pii 
tirer meilletnr parti du role å^Octavie : en effet , elle öe parait 
que detix fois, et ses deux apparitions ne produisent aucud 
événement. Jjo, caractfere d* Antoine est peint avec les mémes 
traits que ceux que Thistoire nous olTre. Cest nä composé de 
grandeur et de faiblesse : c'est un esclave qui rougit de ses 
fers, et qui ne peut lös briser. L'action de Lucile, qui ap- 
prend k Marc-Antoine comipent il doit moiirir, est belle 
et vraiment tragique. 

MARCASSUS (Pierre de), est auteurd'une traduction 
å'Argénis , et de deux piéces de théåtre , intitulées les Pé- 

cheurs Illustres, et Eroméne, 

\ 

\ v. . 

MARCE (Roland de) « composé, en 1601, A<hab, tra- 
gédie, sans distinction de scénes. 

MARCEL a fait une comédie, intitulée Mariage sans Ma-- 
fiage. L'auteur et la piéce sont aussi peu conuus Tun que 
l*a*itre. 



(Ti MAR 

MARCEL fut Tun des plus grands danseurs qii^on ait Til 
ä rOpéra; il mourut en 1769 , dans un åge trés-avancé» 

MARCEL > ou L^HÉRiTiER Suppo8É , opera en un acte^ 
{>ar M. Guilbert-Fixérécourt) musique de M* Fersuis, k ffsj-» 
dcau, i8oo« 

Un intendant> nommé Remi^ doit recevoir Une forte 
iiomme s'il parvient å marier Marcel^ fils de feu Derneval^ 
son ancien maltre , avec Victorine Dercour, cousine du jeuod 
b ömme; mais ce jeune hömme meurt peu de tems aprdft soil 
pére. Alors Remi cache cet événementåla famille, et profita 
de la ressemblance qui a éxisté entré le défunt et Un j&uM 
))aysan , aussi tiommé Marcel , pour faire passer ce demier 
pour Marcel Demeval. Élevé avec Soin par Remi , le villa* 
gcois se défait bientot de sa rusticité; il aime Victorini), et| 
de plus, s'en fait aimer; mais, la seute idée de devoir å Uoé 
pérfidie la possession de soii amante, blesse sa délicatesse^ et ' 
il ne peut se résoudre å seconder les vues criminelles de aoil 
bienfalteur. Cependant, la crtiinto de volr passer cétie qu'il 
aime dans les brås d'im rival heiireUx, l'empcché dé trahir Id 
mystére , et le jette dans une crUelle indécisiou. Quoiqu'il «il 
soit, un notaire est mande par Remi 5 et déjå tout s'appretö 
pour la noce. Sans cet instant, la mhre de Marcet survienti 
Nicole, c'est le nom de cette bonne paysänne , veiit revoir et 
embrasser son cher enfant. Remi, contrarié par sa présenté 
inuttendué, Téloigne momentanément; mais, ihquiéte de c6 
qui se ttame, elle rcparait précisément å Tinstant oii Mår^ 
tel, aveuglé par l'amour, va signer lo contrat. La vue de Ni* 
cole 'rauime aussitot la force d'åme de ce bon fils qui déclaré 
toute la vériték L'intendant est ignominieusement cbassé par 
la lucrc de Victorine, et les deux jeunes amans, qui cessent 
d^étre unis par les liens de la parenté, le sont par ceux du m^ 



1W AfL 63 

tiägfty grace au äbble déslntércssemejcit de madamie Dercotiri 
Ce petit Duvrage, qui ne ressemble uuUeniei^ k un opera** 
i^omique j ofTrc Tébauche de quelques situations dramatiques^ 
111915 il n'a point assez de développemens. Le dénöiiement^ 
trop facile å prévoir , n'est poiat ménagé avet^ikdse2 dWti 
mais 11 y r^gne un bon ton de morale. 

MARCELIN^ opéra-comique en un acte, par ]^ Bernardt^ 
Talviiie , musique de M* Lebrujn ^ å Feydeaii , iSciö* 

Un laboitreur de 1'Auvergne a quitté sa charrue pour lé 

commerce^ dans leqiiel il a falt forliine. Au bout de six ans^ 

il quitté Paris , et revient dans son bameau , ou it trotivö 

fap table garnie pour féter Tanniversaire de son uiariage* 

Justine 9 sa fille^ qui nWait que dix ans lors de son départ ^ 

€u a seize maintenänt , et son jeune coeur est sensible å Ta^ 

inbur d'uil' étudtäntén médecine , noiximé Victor , neveu do 

AL Scalpel^ chirurgien du canton , et tout nouvellement ar-^ 

rivé de Montpellier^ La mére Magdeieioe , femme de Mar- 

celin , approuve leurs feux , car Victor est si brave , il est st 

généreut , qu'on ne saurait lui ref u ser ^on estime } de plus, il 

est le libératenr de Tun de ses enfans. Scalpel^ de soncoté^ 

n^empécbe pas que son neveu aime Justine ^ mais comme it 

se döit ävant tout A ses målades, Utrouve fort mauvais que 

son neveu veuille les lui faire négliger* IJes choses en spnt iå, 

quand Marcelin arrivé et rencontre le jeune Victor , qu'il re- 

connaSt aussitdt pour Tamoupeu:»* de sa filled Gelui-ci lo 

prend pour un rival , d'autant mieUx qu'il lui entend dlrcf 

i]u'il aithé Justine et qu^il en est airaé. lodrgué de ce qu^it 

ose lui disputer le coeur de Justine , il lui propose un cartel 

que Marcelin accepte , en lui demändant toutefois la per-<* 

mission de déjeöiier avant de se bättre. Au bout de quelque^ 

kcures , Victor vieut le.sommer de tenir sa parole* Le sangr* 



64 MAR 

iVoid de Marcelin, sa. familiarité avec Jiistine, qull em-^ 
brasscy mcttent le comble å la fureiir de Victor, qui le 
preMc de maniére k le faire expllquer. Alors, Marcelin \ai 
deniande s'il a des en fans , appelle les siens , et lui dit qii« 
jnsqii'å ce qu'il en ait autant que lui , la partie n^étant pas 
égale y il ne peut hasarder ses jours aVec un jeune homro^ 
qui n'expose que sa vie. Notre étourdi, comrae on doit le 
croire., est fort décontenancé ; mais enfin Marcelin lui par- 
donne , et lui accorde la main de sa Justine» Gette derniére 
Mréne , qui fait le dénouement de la piéce ^ est fort agréable* 

MARCET DE.MEZIERES (laaac Ami de) a composi 
nne comédie en trois actes^ ea prose,quifut imprimée W 
1753 y et jouée sur le tfaéåtre de Carouge* 

' MARCH ADIER ( Tabbe ) , mört en 1748 » a fait jpuer 
aux Eran^ais , en 1747 9 une comédie en un acte^ en yera 1 

intitulée le Plaisir* r , 

MARCHAND( Jean -Henri), a publié, en 177a, en 
société avec M. Nougaret', la tragédie de Mewkoff* 

MARCHAND DE SMYRlSgE ( le ),. comédie en un 
acte , .en prose , par Champfort ^au théåtre Francais , 1770. 

Le fonds du sujet de cette piéce est le méme que celui du 
Ture Généreux , acte du bullat des Jndes Galaates de 
J^^uzelier. 

Kassan avait été fait csclave et conduit å Marseille 5 il 
plcurait la perte de sa liberté, et sur-tont celle de Zaide, qu'il 
adorait , et dont il était aimé. Un Eran^ais , témoin de sa 
doulcur 5 rinterroge , s*attendrit , le délivre , et n'exige de 
.<lui. pour toute recoantussaucc , que de ne pas hair let 



MAR 65 

Ghrétlens. Hassan , de retour dans sa patrie, ^pouse Zaide. 
Tons les ans il achéte fin esclave chrétien , et lui rend la 
liberté , en ndémoire de ce que lé Frangais a fait pour lui. 
Parmi les esclaves qu'il délivre , se trouve c^lui aiiquel 
il a tant d'oblIgatit)n. II avait été pris par les Tures en 
revenant de Malthe , avec une maitrésse qu'ii devait épou*' 
ser. Zaide achéte la liberté de cette fémme, et les deuz 
amans finissent la pi^ce en seniariant. 

Cette comédie ofTre des plaisanteries assez heureuses; mais 
elles roulent presque toutes sur la difficulté de vendre det 
escWes qui ne sont bons k rien» 

MARCaAND D'ESCLAVES (le), parodle en deux 
tetes et en vaudevilles, aux Italiens , 1788. 

L'intrigue de cette parodle est calquée sur celle de la 
Caravnne-; on j retrouve les mémes situations ^ les mémea 
détalls, avec de petltes additions critlques, dont les unes 
sont heureuses etsaillantes, et les autres trés-communes* 
Si Pen en excefpte qbelques cbuplets , Touvrage ne mérlte 
pas le succés qu'il a obtenu. 

Au dénouement, l'on volt descendre des nues un char 
surmouté d'un ballon, qui améne le pére de la belle es* 
clave. Alors le Marchand chante ce couplet : 

« De telles yenues 
Ne nous sont pas inconimes : 
Car Pon yoit , de lems en tems> 
Des péres etdes dénouetnens , 

Qui tombent des nues» » 

MARCHANDE DEMODES (la) , parodle en un acte de 
Topéra de la Festale.y par M. de Jouy, au Vau de ville, 1807. 

Torne FL £ 



66 MAR 

Le principal mérite d'uDO parodie consiste orditiairement 
dans sa maUgnité : rauteur de celle-ci , qiii est aussi celui 
de Fouvrage parodié , pouvant craLndre qu'un autre ne Té-^ 
gratignåt trop , a pris le parti de $'égratlgner lui-méme ; 
mals il s'y est pris avec tant d'adresse ^ que les épigraifciines 
de sa Marchande de Modes peuvent sufEre k la malice åts 
amateurs du Vaudeville ^ sans altéref en rien notre vénéra* 
tion pour la prétresse de Vesta. 

Lascfene se passé dans un magasin ^ dont le directenr, 
artiste profond et important , juge k propos de se faire con« 
naitre tout d'abord : 

K Chacun dit^ en parlant de moi» / 

Que des modes , je suis le RoL » 

La maltresse de la maison se nomme madame l^EtofTée ; 
Julie y demoiselle de boutique y doit rester la nuit dans lo 
magasin , comme Julia , prétresse de Vesta , demeure dans 
Fintérieur du temple 5 et c'est un malheureuz quinquet qui 
fait Toflice du feu sacré. Licentius, maréchal-des-logis dans 
un régiment de chasseurs-å-cheval, joue le role du triom« 
pliateur Liciniusy et s'introc]uit , comme lui , aupréa de la 
gardienne qui lui ouvre les portes. Sur le point de se prou- 
ver leur tendresse^ nos amans renversent Icur quinquet : le 
feu s'cteint , on vient, on découvre la méche...*. 

Et ceetera , et ccetcra , 
Le reste comme ä TOpéra. 

Farmi les couplets qui se trouvent dans cette piéce , on 
en remarque un qui fut trés<»-applaudi« On condamne Julie 
å monter au grenier avec un rat-de-cave , du pain et de 
Teau , et ses compagncs Texhortent å prendre patience : elles 
cbantexit : 



« Trémpe ton pam ^ 

Ma chöre, 
Trcmpe ton pain , 
Trempc ton pain dans Peau claire , 
Dans Tean claire, å défaut de vin. 
Si Pon mct k Tean fraiche , 
Toutefille qui p^che , 
LVau olaive ä la fin , 
Sera plus ch^re qu« le vin» » 

MARECHAti ( Antoine ) a donn^ an ibéitre VIncons* 
Äwce tHilas , pastorala en cinq actes ; la Généreuse Al^ 
lemande , ou le Temp/e d'-^mattr, tragl-comédie en deux 
journées, de cinq actes chaciine; la Swiir P^aleureuse , ou 
YAveugh Amante; \q Sictateuv Romain ^ QuPapire; le 
Mausoléa y oii uirtémise; la Cour Berg^re ^ ow VArcadis 
de Sidney , et le Jugement Equitable de ChariBS ■* /«*- 
j^(zr(£ , tFaglMsomédie en cinq aetes« II est atiteur äu Cb- 
pitan Matamore , ou le Farfarön , et du Railleur , ou hk 
Satire du Tems , comédies en ciuq aotes , en y«r»* On luå 
tltiibue une tragédiie de Tcrquatus. 

MARÉCHALrlllRRANT < la } , comédia ea ub aclé, em 
prose, mélée d^arieties, par Quétaot , musiqu* de Pfailidor, k la 
foire Saint-Lauront , 1761* 

Harcel , iparéckal-fbrrant , dans la bou^ué duqnel 9« 
passé la scéoe , a wcm j«un8* fille , nomnnée Jeanneitte , ^ont 1» 
C(Bur, pour la premiir^ fbis y yicst de s'ouvrir å l'amour. 
Coiia, neveu de M* de la Bride f cocher dan» le ehåleau 
Toisio, est 1'objatrde sa tandresse» Claudine y sm\X9 de Marcel , 
aima aussi Colin , el veut Tépouser. Comma celle-ci a beau-* 
coop d'empiFesuir Fespril de son frére, elle lui fait prendre 
la resolution de maarter JaanAtte å M. de la Bride , ce qui 
iQet les jeunes aowuia dans le plus cfu?t eoabarras. Tandis 

£ 2, 



68 MAR 

qu'Ils cherchent les moyens de s'en tirer, Colin aper^oitstJf 
la table, une boiiteille qu'il croit rempHe de vin : comme il 
a chaiid, il eu veut boire; c'est une potion soporifique qui 
Tendort sur-le-champ. Jeannette le croit mört subitement , 
et le fait porter dans la cave. Lorsque la potion a cessé d'o- 
pérer , Colin se réveille , ce qui donne lieu k un jeu do 
théåtre , ob. plusieurs personnes croient voir un revenaut : 
on en vient aux explications , et la piéce finit par le 
mariage de Colin et de Jeannette. Claudine, charmée de 
rhumeur enjouée de M. de la Bride , ne fait pas de difficulté 
de lui sacrifier Colin, ce qui forme un double mariage. 

MARÉCHAL-FERRANT DE LA VILLE 
D'ANVERS (le), vaude ville en un acte, par M.Mauricc, 
au Vaudeville, 1799- 

Robert 9 fils de Quintin Messis, maréchal ferrant de la 
ville d'Anvers , a eu le bonheur, en se jetant k la n€ige, de 
sauver les jours d' Augusta, fille du pelntre Wanderwood. A ' 
la recounaissance d'Aiigusta , a succédé bient&t un sentiment 
plus tendre; elle aime Robert, et Robert, brulaut pour elle 
de Tamour le plus pur , s'est introduit dans la maison du pére 
pour y broyer des couleurs. Qu'il est beureux! il yoit chaque 
jour sa maitresse! Mais un obstacle vient s'opposer å runion 
de ces deux amans. Wanderwood , enthousiaste pour tout ce 
qui tient å son art, ne veut donner la main de sa fille qii'å un 
peintre, qu'å celui, en un mot, qui, dans un tema marqné, 
aurafait le meilleur tableau. Le jour fixé pour le concours est 
arrivé ; en vain le pere de Robert, qui a découvert la passion de 
son fils, cherche a obtenir le consentement de Wanderwood; 
huit mille écus de dot qu'il s'engage å donner, ne peuventy 
ilécliir le pére d' Augusta. Chacun des concurrens se présente . 
donc avec son ouvrage. L\in d'eux, Vunderbcrg, a peiut un 



MAR «g| 

chardon y ei Ta si parfaitement imité , qu'un Ane friand y séduit; 
par la vérlté du tableaii , en a dévoré une partie. Gette preuve 
e&t convaincante , et Wunderwood, enchanté, se dispose å 
c&iiroancr Vanderberg, lorsque Robert parait å son tour, 
avec le portralt d' Augusta. La ressemblance est si frappante, 
que Wandervrood, étonné^ regardeiin talent aus^i prompte-" 
ment acquis commé un prodlge, et accorde la maln de sa fille 
i Robert. 

Tel est le fonds de cette piéce , dans laquelle on trouve de 
1'iatérét 9 de Tesprit , du sentiment et de la gaieté; ce qui forn^ 
une réunion assez rare» 

MAREL , auteur peu connu , a fait la tragédie de 2i/ito* 
tlée^ ovL la Générosité d'Alexandre. 

MARGUERITTE (le baron de ) > a feit représenter äi 
Nismes,en 1 774» Clémentine , ou Vjiscendant de la p^ertu, 
drame en cinq actes, en prose, et a donné une tragédie en 
einq actes, intitulée la Revolution de Portugal'. 

MARGUERITTE DE VALOIS, soeur de Francols I*'; 
tt femme de Henri d'Albret, roi de Navarre, a fait ptusieurs 
piéces de théåtre, mysttres et farces , tels que les Innocens, 
la Nadvité de Jesus» Christa VAdoration des trois Rois , le 
Bésertj la comédie des Quatre Dames et des Quatre Geiitils-' 
hmmeSy la farce de Trop, ProUy Peuy Moins. Ctrtte reiiao 
mourut en 1649 , 4gée de cinquante-sept ans* ' 

MARI AMBITIEUX (le), ou l'Hommb qvi tevt 
fAiRB soir CHBMiif^ comédie en cInq actes^ en vers , pac 
M. PIcard , au théåtre Louvois , 1802» 

On a vu, dan» DuhautcourSy ou le Centralt d' Union i 
ooe hände de. iiloux étalfr aiir'lia scéne le hideujc tableau da 



^ MAR 

leurs •seroqneriés $ dans VEntrée dans Ib Monde, on a rm 
det volenrs mal-^droits se disputer tes dépoiniies d'uB fls de 
filmiife tönt neuf et trés«Klisposé å se laisser fkire : ov toiC y 
dans le Mari AmbiHeujc y un faomtne qm veiit fmm aom 
efaei&in au prix de rkoimefir de sa eliaste, iflitéresaante ei 
if op vertueiise épouse. Dans la premi&re ^ sans mi M« Fraoc*- 
val , qni sHotéresse å Derville . et qut le fbroe å devenir ho»- 
uéte homme, c'en était fait, nous allions étre témoins d'ui]e 
banqneroute fracidfileuse ; dans la seconde, la victime aerait 
immeUe y si ud ami vrai qui veille sur elle , ne parvenait å 
déconcerter les projets de madame de Scuni-Albe et da «on 
digne acolyte..... Dans celle-ci , que devlendraient la vertu de 
6ophie et le front de Cléon y si Dulis était plus eatrepreoaiit et 
plus adroit , et si le beau-pére nWrivait k tenas po«n: prol^er 
rhonneur de sa fille , et mettre å couvert le front de ce trop 
complaisaot mari ! Cequ^iUdevicndraieiit !•%.«• La 7«B|ain# 
adft : 

Quand on le aait ^ cVst pca de ehose \ 
Quand on Tignore y ce n^est rien. 

Ce précepte est fort bon; mals La ¥ontaioe snpposak fal 
chose faite. Quand on le sait, en effet, le meilleur est de s» 
persuader quc ce que Ton salt, on ne le sait-pas-; qufuid oa ne 
sait rien , le plus sage est de ne point chereher ä soulever ie 
voile offieieux qui couvre ce que lon doit ignorer. Clépn , 8'U 
pouvait avoir des soup^ons sur la conduite de Sophie ^ pour« 
rait bien n'y pas prendre garde de si prés 5 mais non : il eA 
irÅs-convaincu que la vertu de aon épouse est sans ittelie , et 
U ose la compromettre de sang-^frotd. Il fitut oomnBiur qu'it 
n'y tient pas beaucoup; oar il w gatderait bien de la bataider*. 
3pkitre nous , c'est un cheoiin bias fmnd que celai qii^it 
Wtt lui &tro parcQU£ur« Sn cas.piujeil, Sopbia SBrail: foift 



MAR «7i 

ezcusable <le iaire un Caux pas; osonsle dite , i^Séon ost trop 
heiireux d'en étre qgitte pour la peiir. En un mot, ^voici la 
morale de cette piéce. Vous qui voulez parveiiNr «ux cm- 
plois , étes-vous pourvu d'unq jolie femaie? vous «erez 
accueilli partout; pas de doute, vous «uc^s Temploi que 
vous désirez : votre femxne vous tievdca lieu 4'espiiit, de 
talent , de délicatesse e.t d'Jionneur. Car ., pour réussir dans 
le moDde^il ne faut point de ces vertus farouclies, qui regim- 
bent au moindre mot ; 11 faut au contraire écouter avec do- 
Cillté toutcs lesfadeurs i\\a galant suranoé, 'sourire å ses 
propos libidlneux, et lui persuader^ riea a^est plus aisé^ <px9 
les platltudes qu^il vient vons débiter , sout autaiit de 
traits d'esprit , etc. , etc* Sans oontredit cetouvirage est fort 
imm^oral , mais il est plus eoiiuyeux eocore^ et oe >n'est pas 
peu dire. Le plan n'en vaut rien , rintrigtie B>esfc pas meil- 
leure ; elle oQre un grossier tissu de ooknversations &oides 
et triviales , et un ramassis de plaisanteries communes et 
usées. Les caractéres sont faux et insigoifians. Sophic est 
triste. d'un bout å Tautre ; Cléon accabié de soncis , flbtte 
sans cesse entré Thonneur de sa femme et Temploi qu'il 
brigue ; Dulis a la gravité et Timportance d'un petit mi- 
nistre ; et la fadenr et la siffisance d'un galant de ta cour 
de Fran^ois premier. <^»ant au style , il est négligé , 
ineorrect, difius et entoftJHé. Nous somiries donc "forcés 
de le redire ; il serait difllcile de faire ^es vers .plus platå 
et plus prosaiques que ceux que Ton treuve dans. cette 
piéce « 

MARI CCmJIBESfT (le ) , comédie postlrame^ en cin) 
mdes , en :ver8 , per Néricault-Desrtouclies , ^58. 

Une fiUe de conditios aifnftit le marquis de l^rangej 
Biais soa pipe Favait obligéetfépomser fe €omte de Porville : 
cUc a nnc soeur nommée JuUe , qui est amourcuse du mar- 



j% MAR 

quis. La comtesse de Forville propose i. son pdre de le donner 
pour époux å sa seeun H n*ost question que d'attirer Florange 
ehez la comtesse; celle-ci ne yeut faire auciine déniarcheå 
Fins^u de son mari. Forville n'a pas ignoré la passion de sa 
fem me pour Florange. On a quelque peinc å lui déclarer te 
projet qu'on médke. On lui en parie enfin , et il est le premier 
å en presser Texécution : il dicte hii-méme la lettre que la com- 
tessed oit écrire au marquis ; Florange arrive, et^ lapremiére 
personne qu'il trouve, c'est le comte, qu'il ne connait pas» 
et auquel il fait confidence de ses seutimens pour la comtesse* 
Julie, en habit de cavalier, apprend aussi de lui qull aime 
toujours madame de Forville : elle en est furieuse; elle veut 
que sa soeur le bannisse de son coeur; qu'elle lui dise', du 
moins, qu^elle ne Taimera jamais, et qu'elle garde toute sa 
tendresse pour son mari. Florange en est désespéré; il jure, 
de son Goté, qu'il oubliera pour }amais la comtesse; mals 
^uand Julie s'est bien assurée de ses sentimens , elle le £eut 
connaitre et l'épouse. 

Il y a dc8 situations neuves et intéressantes dans cette co«- 
médie. 

MAHI 6AR(^0N (le)^ coraédie en trols actes , ea 
vers, par Boissy, au théåtre Italien, 1742. 

Le mari gar^on n'est pas une piéce sans mérite; mais il est 
étonnant qu^aprés six mois de mariage, un homme puissedSre : 

Je suis raari gar^on , et gar^on å la léltre. 

Il est vrai que la comtesse , son épouse , prend toutes sortea 
de mesures pour le frustrer des droita de Thymen. Elte se voit 
malheureusement obligée de tenir une conduite si extraordi» 
naire , pi|isqu(^ sa fortune en.dépend* 

Cléon, rapporteur d'un proc&s^ dont Tissue doit fixer la for^ 
tune de la comtesse ^ lui a demandé sa main pour soa 



MAR 73 

'fils 5 mais la veuve en a disposé en faveiir de Léandre ; 
et tient son mariage caché , dans la crainte de perdre Pap- 
piii de Cléon qii'elle a un trés-grand intérét de ménager, 
Aussitot apres son mariage , Léandre est parti ponr son régi- 
ment , et la comtesse a qiiitté Rennes , qu'elle habitait , 
pour aller s^établir å Forges avec iine nommée Cidalise, 
fille aimable mais légére , å qni elle a grand soin de cacher 
son secret. Dejå Léandre est venu voir son éponse dan^ 
sa nouvelle retraite sons le titre de frfere. 11 presse sa pré- 
tendue soeqr , de faire finir une position aUssi cruelle. Loin 
de Rennes et de Cléon , elle ne doit plus avoir les mémes 
sujets de crainte 5 la comtesse lui objecte Pindiscrétion de 
Cidalise et Tarrivée å Forges du fils de Cléon qui lui 
donne des fétesy sans savoir qiie son pére la lui destine. 

Léandre et le fils de Cléon sont amis dés Fenfance : ce 
demier , apprenant que son ancien camarade est fr^re de la 
comtesse 9 lui demande sa protection auprés d'elle , mais le 
mari gar9on n'est point disposé , comme on doit le croire , 
a la lui ac c order.. 

Le marquis , dont Fami refuse , avec tant de raison , de 
remettre une lettre å la comtesse , prend le parti de com- 
poser une déclaration en vers , qu'il se flatte de pouvoir luI 
faire lire. Dans la chaleur de la composition , il est surpris 
par Cidalise qui le presse dé les lui montrer, Pour s'en dé— 
barrasser il les lui donne et lui dit qu'il les a fait pour elle, 
å la sollicitation de Léandre , dont elle est éperduement 
aimée ; qu^lques möts qu'il adresse k son ami devant elle 
achévent de la persuader. Reste seul avec Cidalise , Léan- 
dre la désabuse , lui fait croire que le marquis a écrit pour 
lui-méme ; qu'il n'a pas osé lui avouer sa défaite , et qu^il 
ne tiendra qu'å elle de Pépouser. 



74 MAR 

Léandre fait part an marquls des succés qu'il Itu a mé- 
nagés sur le coeur de Cidalise ^ et tons deux convlomient do 
stifrecuser pour réloigner* Ils s'adjo]gneDt un M. Delajoie, 
médecin trés-digae de ce nom. Le marquis , voyant venir 
la comtesse , remet en s'enfujant une lettre pour elle å 
Léandre , qui n'a pas le lems de la refuser. La comtesse 
å qui le marquis a dit avoir fait des vers pour Cidalise 
an nom de Léandre , adresse å ce dernier des reproches 
dont il lui est aisé de se justifier. M. Delajoie contribue 
å rassurer la comtesse , en lui annongant le départ de 
Cidalise y départ qu'il båtera , en lui persuadant que Fair 
de Forges est contraire å sa santé. 

Le marquis se félicite du départ de Cidalise ^ dont r«s*> 
ftiduité aupr&s de la comtesse Fempéchait de lui dédarer 
son amour. Il saisit la premiére occasion pour lui en 
parler^mais, tandis que cclle-ci le badine , Cidalise revieul. 
Avant de quitter Forges , elle a voulu as^ster au bal que 
Ic marquis doit y donner ce méme soir. Bientot Léandre 
arrive lui-méme et lur demande la lettre qu'il lui a re- 
mise. Plus le premier Fengage å se taire , plus il iosiste « el 
jplus Cidalise presse Léandre de lui faire savoir ce que signifie 
cette lettre. Alors il lui dit qu'il est question d'un billet doux 
pour elle , qu'il ne lui a pas remis , parce qu'il la crojait 
partie. Cidalise sort avec la comtesse , tr&s-sure de Fa- 
mour du marquis. On annonce å ce dernier tm courrier; 
il va le recevoir, et bientot, plein de confiance, il re^ 
vient dire å son ami qu'il n'a plus besoin de son secours| 
qu^une lettre de son pére lui apprend que la comtesse 
est Tépouse qu'il lui a destinée , et que celle-ci vient de 
gagner son procésé Cette nouvelle encbante Léandre : la 
fiomtesse ^ sure du gaiu de son procés et ii'ajant plus de 



MAR .75 

ftisoa d« cfttDiier ^m mturiå^ , te détlat» nu fnatqws y x\\n 
consacre å céléiM«er i% bonk«vir de sfMi ai&i, k f^« qu'il 
nvait prépai:^ poar la ^K^mt^ss^ 

Cettle fihce est bM cmi^w^ ; I^»ti4gwe »m «st naUirelle. 
Ou y trouy^ de» scéct» 'agréabVeft et tréå-c>omiFq«ies $ le style 
•n Mt peii Boign^ , maife il <e«t gmoievi^it et fecile. 

MARI INTRIGUÉ ( le ), comédie en trois actes , en 
yers , par M. Desaugiers , au théåtre Loiivois , i8o6. 

Une femme , piqiiée d'avoir rencontré dans une lettr* 
de soii itiärl une pfarase inconsidérée , dans laquelle il liii 
déclate que ssifidélité rennuie , veut le piinir et Tintri- 
guer. Po ur y parvenir , elle feint d'abord avec lui do 
{'iddilférence ^ et ensuite excite sa jalousie , en lui donnan t 
li'eu &é croite qii'elle en aime un autre : de son coté , lo. 
Ääi*! Imagine qnelques épreuves, pour s'assurer de Vin- 
difierence de sa femme et de son infidélilé. Mais toutes 
'ses ruses son t déjouées par une soubrette adroite , et 
föurnissérit conséquemment des moyens de Tintriguer da- 
Yantage. Il en est cependant quitte poar la peur , et tout 
cela s^accomode pour le mieux. 

MAHI JAIiOUK '( le ),, c^nrtédieea ickii| abtes*, en yvn , 
|)ar Sesforges , auK Fras^uft , 179& 

Constance , femme de Tersange , éléve un enfairt dans 
ht plus gFWid myel^e : le^nati c» est fuiieux; nmis cBt enfant 
•st le fruit de sa propre infidélité. CeiDstanoe W i^cueiUi , 
^ a pi^am de hii servir de Tnåre : le mari MfSt iooi^Bdu. 

Voilå tout le fonds de 'cetts piåcc -, xpA «'« pas 0u un 
grand succés* 

MAÄi JOftretrROT t. a temme bigothe (le) , 

«cines italiennes, en iMtiirique, représentées sur le théåtre de 
rOpéra , en 172g. 



76 MAR 

Gette piåco n^est pas susceptible d'anal7se* Nou» nVof 
parlons ici que pour appreodre k nos lecteurs , qii'ayaiit 
les derniers opera Italiens boufifons y qui ont causé une 
ftl grande revolution dans notre musique^ on avait déjå 
donné de pareilles scénes sur le théåtre du Palais Royal. Le 
sieur Bistorini , Florentin, faisait le role du Joueur , sous le 
nom de Baioco , et la demoiselle Lingarelli, celui de 1& 
Bigotte. 

M ARI JUGE ET P ARTIE (le), comédie enimact», 
en vers, par MM* Chazet et Ourry , au théåtre Louvois^ 
1808. 

La comédie de la Femme Juge et Partie de Montfleurj^ 
est 11 ne des plus anciennes piéces du théåtre Frangais; ca 
la voit toujours avec plaisir. Le Man Juge et Partie aura^ 
t-il un succés aussi durable ? 

Il s'agit, dans cette piéce ^ d'un mari qui aband«nne sa 
femme, pour courir apres les bonncs fortunes; il rencontv» 
une certaine Julie , dont il devient amoureux* Cette daino 
découvre qu'ilest marié, et elle concerte avec la femme de 
Finconstant, un petit pro jet dont le resultat est de le mys» 
tifier. Il croit sa femme infidéle^ se féche contre elle; mais 
la vue de Julie le réduit au silence , et le fait rentrer dant 
le devoir. 

Comme on le voit, le fonds de cet ouvrage est pen de 
chose^ 1'intrigue n'ést pas neuve ; mais le style estcorrect, 
et des situations adroitement ménagées annoncent dans les 
auteurs une grande connaissance de la scéne* 

MARI PRÉFÉRÉ (le) , opéra-comique en un acle , pre- 
cédé d'un prologue , intitulé la Fée Bien/hisante , par Lesage^ 
å la foire Saint-Laurent , 1736. 



MAR 77 

Voici de quelle maniére Lesage a défini dans cette piéce 
le bal de TOpéra : ^ 

Des'fillett«s 
Fort bien faitesj 
Des abbés 
Bien musqués j 
' Des donzelles 

l^aides , belles ; 
Des galans 
Frétillans , 
Qui cajolent^ 
Caracolent, 
£t dansent en rond 
La danse å Biron. 

MARI RETROUVÉ (le), comédie en un acte , en prose , 
avec un dlvertissement , par Dancourt , au tbéåtre Frän- 
^ais, 1698. 

Le sujet de cette comédie est une aventure arrivée en 
1697. C^est le procés du sieur de la Pivardiére, qui faisait 
alors le sujet de toutes les conversations de Paris. La 
femme de la Pivardiere fut accusée dWoir fait assassiner 
son mari 5 ce dernier reparut un mois apres pour justi- 
fier son épouse du crime qu'on lul imputait. Les juges 
de Chåtlllon - sur - Indre , qui avaient fait des informations 
contre sa femme , ne voulurent point le reconnaitre et le 
traiterent d'imposteur. Ce procés fut porté au parlement de 
Paris, qui reconnut le sieur de la Pivardiere pour la méme 
personne qu'on disait avoir été assassinée. Dancourt a fait 
usage , dans sa comédie , des événemens de ce procés. Sous le 
110m du meunier Julien , il peint la Pivardifere ; le Bailly de 
ja piéce est le jug3 de Chåtillon-sur-Indre. 

Il est peu de petites piéccs plus connues que celle-ci. L'au- 
tcur a su tirer un heureux parti du divorce de Julien et de sa 



78 MAR 

femme ; de la jalousie du BaiUy et du Garde-mouKn , de cell* 
d^Agathe , et méme du personnage de Colette. H est assez 
plaisant de voir le Bailly soutenir la validité du procés** 
verbal qui atteste la mört de JmIUd , tandis que ce dernier 
dément le procfes-verbal eri personne. On trouve , dans cetla 
petite comédie , beaucoup de mouvement , des scénes agréa- 
bles, et au tant de vraisemblänce qu'ea exige une intrigue 
purement villageoise. 

MARI SANS FEMME (le) , comédie en cinq actes , en 
vers , avec des intermédes , par Montfleury , l663. 

Carlos , amant de Julie , dame espagnole , Tenléve k don 
Brusquin d' Al varade , qui venait de Fépouser ; les amans 
fugitifs s^embarquent , sont pris par un corsaire , et vendus 
a Fatiman , gouverneur d' Alger. Celui-ci les destine å di- 
vertir, par leurs cbants, Célime, dame turque, dont il est 
amoureux; mals Célime se prend de belle passion pour Carlos, 
le lui apprend, et ne peutle séduire. D'un autrecoté, doa 
Brusquin, instruit de la captivité de Julie, vient la récla- 
mer comme sa femme 5 il convient , avec Fatiman , du 
prix de sa ranson; mais le gouverneur, instruit du penchant 
cle Célime pour Carlos , et de la résistauce de ce dernier, 
songe å lui procurer Julie. Il oblige don Brusquin , sous 
peine de la bastonade et des galeres, de consentir å ce ma- 
riage, de signer sur le contrat , etc. Don Brusquin n'y sQua- 
crit qu'aprés quelqucs coupsre^us, il s'écrie enfin : 

Je ferai tout ce quHl vous plaira , 
£t signerai, plutot que yous mettre en colcre , 
Pour moi , pour mon ajeul, et pour défunt mon pére , 
Que nous avons etc des sots de pére en fils ; 
Et méme , si Ton ycut , pour tous mes boiis amis. 

Ce role de don Brusquin est un peu chargé; et cette ma- 
aiere de rompre un raariage déjå fait , tient beaucoup de la 



MAR 79 

Itcence qui rdgne dans toutes les pifcces de Montfteury. A ces 
défauts prés , celie-ci est divertissante et comique. 

MARIS CORRIGÉS iles) , coraédie en trois acles et 
Cd vers , par M, de la Chabeaussiére , aux Italiens , 1781. 

Cloris et Dorimåne ont poiir époux deux jeunes gens å la 

mode , c'est-å-dire , biea frivoles , bien inconstans , et bien 

infidéles. L'une d^elles, Cloris, poiir réchanflerle zele con- 

jugal , imagine divers expédiens : celui qui lui semble enfin 

le meilleur est de faire croire aux deux mans qu'elles ont 

cbacuDe un amant , qui commence k faire des progrés siur 

leurs coeurs; elle cboisit Selmour pour son compte, et c'est 

Eulalie, épouse de Selmour, qui , déguisée en homme, doit 

faire la cour å Doriméue. Nous ne suivrons pas Tauteur 

dans les aventures, les méprises et les quiproquo qu'ame- 

nent ces feintes amours. Qu'il sufHse de savoir que les. deux 

épouses parvicnnent å ramener leurs maris å leurs pieds , k 

Taide de differens stratagémes, fort amusans pour le specta- 

teur , pourvu qu'il se préte un peu å quelques illusions abso- 

lument nécessaires. 

L'intrigue de cette comédie est fort embrouillée, Texpo- 
sltion en est obscure > et les scéaes en sont mal iiées : mais, 
si Touvrage péche par Tensemble , il plait par les détails; 
on y remarqu^ un style å-la-fois elegant et simple , un ton 
«xcellent, un dialogue naturel, des réparties ingénieusas, et 
ies tirades cbarmantes, 

MARIS EN BONNES EORTUNES ( les ) comé- 
4e en trois actes , en prose , par M. Etienne , au théåtre 
loiivois, i8o3. 

Cette pifece ressemble aux femmes vengées de Sedame 5 
öiais le sujet est traité avec plus d'adresse et de décence. 
L'intrlgue en est plus naturelie et plus piquante peut-étre , 



8o MÅR 

qiioique souveat les ressorts employés par Tauteur, puis« 
sent paraitre étrangers au foods de Fouvrage* 

Valério et Ansdlme , tons deux véoitiens , et quoique 
Toisins , ennemis irréconciliables , sont cependant cba- 
ciin épris des c hannes de Fépouse de Tautre, 

Valerio envoie par son valet , un billet tendre k LucilCy 
épouse d*AnseIme ; celui-ci profite du méme commission- 
naire pour en faire parvenir un k Isaure épouse de Valerio. 
Les deux daroes qui sont ainies , roalgré la division de leurs 
maris , se communiquent ces billets , et se promettent de 
se venger de leurs infldéles. Elles écrivent k leurs soujri- 
rans pour leur donner un rendez-vous pour dix henres du 
soir, et l'une passé dans la maison de Tautre ; chacun 
des époux se croit en bonne fortune avec sa voisine , ot se 
trouve avec sa propre femme. Dans cette occurrence , le 
Senat de Venise , soupgonnant une trahison , décréte deft 
niesures contre les gens suspects. Ansclme et Valerio sont 
du nombre. On les cherche ; on trouve le premier dans 
la maison du second , et le second dans la maison du pre- 
mier. On les y consigne , ainsi que les femmes. lie 
Icndemain le procurateurleur permet de sortir. Ici se trouve 
unc grande scenede jalousie entré les deux maris qui s^accusent 
réclproquement : enfin , les femmes lévent les voiles dont 
clIcs étaient couvertes , et punissent ainsi leurs infidéles^ 
tout en rassurant leur honneur allarmé. 

MARIS GARCONS ( les ) , opera en un acte par MM. 
]N"anteuil et Berton k Fejdeau , 1806. 

Deux ofEciers d'hussard , nouvellement mariés , Edmond 
et Florville , quittent leurs épouses , vont å Strasbourg , 
so distraire , au sein des plaisirs de Famour , des ennuis de 
riiymeu , et s'y font passer pour gar^ons. Leur fcmme* 



MAR 9i 

iostroites de leur ^cojiiduite se rendent dans la méme vUte 
avec le dessein de se venger et de les mistifier. EUes ' 
essaient d'abord de leui: inspirer de la jalousie , mais ce 
premier moyen ne réussit paa ; elles en eroploient un 
second qui a plus -de succés. Comme Edmond ne con- 
nait point Tépouse de florville , et que celui-ci ne 
connait point celle d^Edmond» chacune d'elles inspixe 
de l'amour au mari de son amie «t lui donne un rendez- 
Tous : de-lå nait le projet < d'une partie pour le bal mas- 
qué. Cest un bonheur inattendu dont les deux amis se 
font part ; ils se rendent å- l'endroit indiqué , et j tron- 
vent leurs belles masquées ; bientét les masques tombent ; 
les mans demeurent confus en reconnaissant leurs femmes ; 
]'amour s^envole y et FhyméA rallume son flambeau. Gette 
piece 9 dont les détails font toitt le mérite , a eu dit 
succés* Un joumaliste a dit å propos que les dames 
traUaient toujours les maris en gargonsm 

MARIAGE CLANDESTIN ( le ) , comédie en trois 
nctes , en vers Ubres, par Lemonnier , aux Fran9ais ^ 1775* 

Gette pi&ce est imitée de Fanglais de Garrick. Elle fut 
assez mal re^ue , et Vauteur la retira. Cependant on y trouve 
des sc^nes agréables et traitées avec délicatesse , nciais il eu 
existe beaucoup qui sont absolument inutiles* 

MARIAGE D' ANTON 10 (le), divertissement en un 
acte , mélé d'ariettes , paroles de madame de Beaunoir 5 mu- 
lique de mademoiselle Grétry , aux Italiens , 1786. 

Antonio est un jeune gar^on que Blondel, le menestrel, a 
pris pour guide, quand il a feint d'étre aveugle pour chercher 
»on bon mattre sans éveiller les soup^ons. La mission d'An- 

Tom. VI. F 



y 



8t MAR 

tonio est rcmplie ; il retourne å son village pour assistef atlit 
Docos de son irere Aiiloinc , qni va épouser Thérfae, le jour 
roéme qiie son grand-p^re et sa gl-and'h!)éi^ doiveot, liprds cin-' 
qiiante ans , rcnonveler lenr tnaria^j Antonio vöudrait bicn 
qiie CO nitme joiir le vit ufiir å la petife Coktte qti'il aimef 
et dpnl il est aimé ; mais Textreme jenile^se de^ d^itx åoian^ 
est un obstacle k Icnr hj^moii 5 et la méfe de Colefte ifj veni 
point consentir. Antonio se désespétef. Gopendant un pagc, en- 
voyé par le cbcvalicr Biondel^ lui appoite , en soii fiona, et de 
la part du roi et de la princesJtb, trois bonrses d'or, potir lé 
rérompenser de ses peinesi et de sa lidélité ; le jonne untaotlel 
accepto tristenient et en-diäpojSo en faveur de Tamitic^, de 
Famour et de la naturc : il ed doniic iiue a son frdre, tfne ä 
Colette et Faulre u son gratid-p^re. Ce trait de dé^int^resse- 
ment émeut tons les cce^urs : on se rénnit anprés de* la mera 
de Golctte ^ qui s'attendrit , et conscnt enfin au tnariage de» 
deux enfans. 

On trouve dans cet ouvrage , de la grace et des traifsr 
d'esprit. 

Le jour de la premiere representation , on imprima , dant 
le Journal de JParis, une lettre de M. Grétry , dans laquelle^ 
apres avoir annoncé que la inusique de la piéco nouvcUe 
ctait de sa fillc , il ajoiite r « Je dois dire , qifayant ellc" 
» meme composé tous los chauts avec leur basso et un léger 
» accompagnemejjt de Larpe , j'ai tcrit la partiiion qu'elle 
>. était en ctat de Lire^ les morceaux d'ensemble ontété rec- 
» lifiés par moi; cette composilion exigeant une connais^ 
» sance du tbéätre que je scrais fåché qu'elle eut acqui8C« » 

MARIAGK DE EACCHUS ( le ) , comédie- béroiqu» 
•u Iröis actcs, ett vers libres , avec iiu prologue , par Vise, 



MAR 83 

itiélée d0 nULcbiiie^ et de niusique de la cömpbsition de 

A la Ttfpiiée qtri filt faité é% cétte piéce en i685 ^ poiir sé 
iresireiitfdre fftt hoitibre da voix present par Tarrét du conseil 
da 3o å^il t€rj3 -, oli fit faire de nouvéaux ak-s par 
)jaIouette. Avant cet arrét^ ks comédiens ponyaient avoi]> 
sixvoix etdotize viofons : mait alors lei roix {ureol réduitei 
ideux, et les violons k åil» 

MARIA6E DE GAMBYSE (le), trfegi-comédie en cinq 
ftcteS) ^n vers, par Quinault i65^. 

Darius , fils de Palmis , et general des armées de Cambysé^ 
tevieDt k la coiir de Perse, dont il s'était éloigné : il s'y in- 
iroduit sous le déguisement d^un bergers mais il y e^t fort 
mal re^u par Frescaspe , favosi de Cambyse , et il serait in- 
{adliblemept tnis å la porte, sans 1'arrivée du roi , quile rc- 
conaalt et Uii donue avec ses grades tous les biens de son fa- 
Tori. Quoiqu'il en soit, Darius se plaint de ce qu^on a falt 
folever et sa mére et sa soeur; mais il apprend de Gambysé 
c|u'on ne l'a fait que par son ordre. Pcu importe, au snr^ 
plus^ comnieut elles ärriviönt; les voilå en scene» Cambyse 
ayant voulu épouser Atosse^ sa sdélir, fit consulter les 
mages 5 ):iui lui en donnérent lä permission; mais il ne veut 
pas en profiter^ et jette son dévolu sur Aristonne ^ sflQUr da 
l)arius^ $t, par suite^ il propose sa soeur å ce dérniec. Cet ar-^ 
TEogement parait assez raibonnable au premiet coiip*^d'oen j 
taais linden sera päs ainsi. Darius aime sa soeur , et Aristonnd 
aime sön fréré. On croit peut-étre qu'ils brulent l'un poiu* 
Tautre d'un amour incestueux ; pas du tout. G'est qu'å la lin, 
lorsque les deux mariages sont sur le point de se faire , PaU 
DUS , princesse fftvorite de la mére de Cambyse , apportö un 



8% MAR 

iODio est rcmplie ; il retouroe k son villago pour ». 
Docos de son frere Antoinc , qni vä époiiser Théi 
niemcqiie son grand-pere et sa gtdnd^ttoéi^ doivei^ 
quante ans , renonveler lear mariag^^ Antonio v«« 
qiie CO méme jotir icvituAirå la petite Coktte ^ 
ci dpnl il est aimé ; mais TextréilDe jenileäse åes w 
est un obstacle å Icnr hymon 5 et la mére de Cole^ 
point consentir. Antonio se désespéter. Gcpendant 1^ 
voyé par le cbcvalier Blondel^ Ini apporte , en son 
]a part du roi et de la princesiib, tröis boiirses dV 
récompcnser de ses peiiieä et åc sa fidélifé ; le jetinf 
accepto tristement et eo-disfpo^o ert faveur de 1* 
Tamonr el de la natnrc : il en donne nue a son ^^ 
Colette et Fatilre u son graiid-pére. Ce ttait de AF 
tnent émeut tons les caenH : on se réunit anprchs t 
de Colette ^ qui s'attendrit^ et conscnt eufiu au tti 
deux en fans. 

On trouve dans cet ouvrage , de la grace et 
d'esprit. 

Le jour de la premiure representation , on impr 
le Journal de Paris, une lettre de M. Grétry , dam 
apres avoir annoncé que la mnsique de la piéci 
était de sa fllle , il ajoute r « Je dois dirc , o 11 'i 
» meme composé tous les chants avec leur basse \ 
-» accompagnemer:t de Iiarpe , j'ai écrit la partiti 
>. était ei: ctat de fuire; les morceaux d'ensemble o 
» tifiés par moi; cette composilion exigeant un< 
» sance du théätre que je serais fåclié qu'elle eut 



« 



MARIAGK DE BACCHUS ( le ) , comédie- 
ti Irois actcs , e|i vers libres , avec uu prologue , 







85 

- ta £y.e 
coumt 

eot, qxu 
: de son 

\u paxle 



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■«. et 



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84 MAR 

'iNllct qiii lui filt remis par cette rebe» On U III, et l'oil y 
voit qiie , pour éviter å son fils un amour incesttieiix , dont 
il était rncnacé par le ciel, ces deux méres avaient fait un 
échange. Ainsi, Aristonne, devenue soeur de Cambyte, de-^ 
Tient Tépouse de Darius; etAtosse^ par la^méme. raUon^ 
devient la femme du Monarque» 

Tel est le fonds de celte piéce , peu digne , tons tous le» 
rapports, de la répiitation de Quinault. 

MARIAGE DE "FIGÄRO (le) , comédie en cinq actes, 
par Beaiimarchais. {V^oyez Folle Journke (la). 

MARIAGE DE J.^T. ROUSSEAU ( le ) , interméde , 
jnélé de musique, par ***, au théåtre de l'Odéon, 179S. 

Volci 1'anecdote qiii a fourni le sujet de cette piÅce. 
Rousseau s'étant fixé å Bourgoin , invita deux de ses amls å 
goutcr dans un appartement retiré; lä, il les prit k témoin do 
ses engagenaens irrévocables avec Thérése le Vasseur : il 
termina cet acte important par un discours sur les devoirs 
du marlage, oh. son åme s^exalta tellement, qu'Il fit fondreea 
larmes et son épouse et ses amis. L'intermédc exposé cette 
scéne ayec sensibilité. 

MARIAGE DE LA VEILLE ( le ) , comédie en un acte, 
par M. d' Avrigoy , miisique de M. Jadin , å POpéra-comi* 
que, 1796. 

Le fonds de cette piéce est le méme que celui de la Femma 
qui a raison. 

Didier, riche négociant, a écrit, des iles oi\ il est depuis 
douzé ans, å sa femme Aramintfae, qii'il désirait, k son re- 
lour, voir sä fiUe, Céphise, unie au fils de Vincent, son pro- 



MAR 85 

ciiFeiir« Aramlnthe, sans aitendre cet ordre^y a marlé sa fiUo 
å Valcourt, jeune volontaire sans fortuiie,- iziais couvert 
d^ane honorable bl«ssure quil a re9ue en défendant sonpays. 
Ce raariage est conclu de la veille, lorsque Vincent , qui 
FisQore, vient faire valoir le choiit que-Didier arfaitde son 
fils. Didier lui-méme arrive. incognito ; Vindent lui: iparle 
d'un jeune bomme qui parait fortbien dans la maisiOii dlÄxa- 
mintbe. Didier en est d^abotd jaloiijf; mais, apr& plusieurs 
expGcaljions, il découvre le mariage iCait la véilks; il y sous- 
CTit, mal^é tous les reprocbes de Vincent y.quicit éconduit. 
Les paroles et la musiqiie de cet ouvrage ont -obtenu un 
succés mérité. 

MARIAGE DE M. BEAU^JLS (le},ciCom4sliCeö un 

acte , en prose , par M. de Jouy , au tbéåtre de rimpératrice, 
1807. / • 

La morale de cette piéce se trouve renfermée dans cette 
phrase : ,Rien nest plus aisé que de se faire une réputadon 
d*eniprunt; mais rien de plus difficile que de la soutenir» Am 
surplus , yoici le fonds de cette comédie. 

Florville, aprés' avoir publié un assezgraud noVnbre d'ou- 

vrages qui n'*örit obtenu aucuii siiccés , s'avise, pournepas 

encourir la disgpråce d'un de ses procbes parens, de publier un 

roman aon^Id-noiii de madatne Cecilia Regina-Destocbél^ ^ et 

une comédie sous celui de M. Bcaufils. Ces deusr oiirvråges 

* ^ ■ ' ■ >■» - ^ ■ . 

ont Jété'aux nues ; td* roihan^ ést å'éå ttofciéme edhion , 

et la cöttiédie a é*é géöéräl«nent appiäÄÖre. Gecilfa 

Regina-De^roches triompbe , ainsi que M. Beaufils; tous 

deux croyent avoir mérité lés eloges que 1 piiprodigue aux 

ouvrages de Floryill^ RfaijS^qcqpppns-nous du mariage de 

H. Bea\ii^9. floieYiU0:Hjépmisé^ la jiiéco: de-^i^PHl^me d» 



86 MAR 

Versel , qtie cette derniére destinait k. M. Beaufils , •! 
M* Beaufila s^est rejettié sur madame Cecilia ReginarQe»- 
rocfaes, qui a refusé Florville. Madame de Versel est ea tiera 
dans cette aCfaire; c^est elle qni préside k Tuoion de eeå dmis 
illustres personnages , et qui les met en préaence. MadawMt 
Cecilia R^na-Desroches rodoute cette entrevne , et Tidéa du 
se troaver un instant seule avec un jemie homine, boulevena 
tout SOS -étre. Fauvre petite ! Quant å M. Beaofib, il ne tm\ 
~pas tant de fasons, il se jette brusquement aux pieda 4a 
niadame Oécilii^ Regina -Desrocl^es, et lui faH pfk d/Hi^ 
cooiplimetit : 

M. BEAUFILS. 

« 6e m*est bien donx , madame 

REGINA, effrayéc. 
» O ciel \ 

M. BEAUFILS. ' 

» N'ayez pas peur, c'est moi ! Ce m'e«t Mv^Xk dqux, ^^\sl 
9 madame , d'abaisser devant vos appas un ixQvA, toiit xm^^ 
y>. nantde Uuriers , et d^oSrir a la plus aimable des Musqs 4*^ 
» fleurs cueillies sur cette- ntQulx^e ^HyfQ^r^M' i^Vk^n^i^ 
» le JP(imasse» » 

CoQtent, ]V((. Beaufils sq relevei, ^tis^écvi^ : « Vfnitåfmii^ 
V>aDQ a&ure de faite. 9 M^dappi^ R^ginjn li)i rifoai z 

« Quciquft soit respolr qui m''anime , 
» An ! je réprouve en cé moment p 
i' Ondoittonjoiirs sentir cc qtt''<fti ezprime , ' ' ' 

' ^ Mdft^iHK ftrA fas toUJouYs exp4^TA«r 4^ q^Vn^SCf^. ^ 



MAR 87 

«f Cest di via » , dit madame de Verscl: « Qu'9p{)elez*vous 
>» divin, lui répond M. Bea\ifils avec enthousiainie, c'est...« 
» délicat. » Eosuite il s^jadresse å madame RegiDa, et lui fait 
cettc qiiestion : « Eotre noiis, vons les avfez fait ffavance , pas 
9 VToiP » La déclaration comtneocée , madame, de Versel 
quitte les amans^ et leur laisse le soin de T^ichever* La sqéne 
suivante est fort comique. Elle renferme une critiqne trés-fine 
ettrés-^plaisantedulangage amphigöiirlqiie ^ nos rojjianciers 
d'ai])oardl)ui« Nous allons en citer quelques traits ; Madamo 
CéciHa Regina-Desroches , qiii soiipirait des i^omginces en 
essayatit'la vie , est priée par M. Beäufils de liu en soiipirer 
nne. EHe y consent, mais avaiit de cpmmeqcér,^ elle veut 
l'associer åla douloureuse position qiil la j5t naitre* ^ Cétait y 
9 Ini dit-felle , par une longué abjfée Jåutompe; j'étfti3 sQule 
> dans tin de ces vieux chåteaux..... Mon fimp était alssorlsée 
9 dans cettevague mélancoliqlic dont les hiiages fantasli- 
» ques pésent sur fexistence,.... Vous .conc.evez ? Belle 
» qnestion! Dieu ! si je concoisf lui répond M, Beautfls. » 
Xå dessns elle continiie : « L'6isé&u de Miner ve semblait 
» m'adresser ses plaintes funétres, & trä vers u ne croisée fré-^ 
» misftftiite^ qH^agitaient lés tLoi/s iantans ; Tastre aimé de la 
» douleur laissalt filtrer ses Téfovk^ farrosais de' itocs larmet 
» le piailo dont iria ixialn attéhliTe farsåit retentir te tonches 
• in41ftqceliquesM.« Totil-^å-wtip , "saisie partihe iiisplTation 
9 dofibleiheot 'créatrice , mtt- wjx et ma. pen^é"«iMérent 
» å-la-i feis löes ;Sf)iTp!re hirÉdöhlfeiix. '»'(yésf^å leca» de 
»'écriei» ftt^ec Si. Beanfils Oa^f/ Volci le prenriér^bnpir d© 
niadafne Cecilia Regina-Dewedhtes. Quant au <secotttJ,''noTis. 

r t 

•D faisons grace au lecteiir. 

« Fifrs Aqailoi^ , noirs Aulans ,. 

. "I. . - '. "^ 
TU Qui dcsol^z cöU^ tj;|^e ^ 






88 MAR 

» De U fiUe Aes torrens , 
» Ecoatez la Toix plaintive : 
» Cherchaut des seniicrs nouTeatiX 
» 0& je ne sois pas suivic ,. 
v (Test au milieu des tombeaux 
' » Qae je traverse la ^ie. » 

RevenoDS k Florville» L'on a vu qu'il n^avalt publié son 
roman et sa comédie sous les noms empruntés de madam» 
Cecilia Regina-Desroches et de M. Beaufils , que pom: ne pa3 
déplaire å un de ses parens; maintenant il veut rentrer ett 
pQsscssion de se&ouvrages pärla raison contraireit Un de ses 
ondes , riche de 20^000 ILvres de rente , ne veut donner sa 
succession qu'å celui de ses neveux qui aura fait le plus d*hoa- 
neur ä. la famille dans la carrlérc des lettrcs. A l'aide.de iiotp 
valet, il parvient å mettre les auteurs putatifs dans la nécesr- 
sité de lui rendre ses ouvrages; ce qui ne les empéche pas de 
se marier. 

Cette petite piéce est écrite et dialoguée avec beaucoup 
' dVsprit y elle ofTre des sc^es trés-comiques et trés-adroite*' 
ment filées; enfin olle a obtenu un succés mérité. 

MARIA6E DE RIEN (le), comédie en un acte, eo 
vers de huit syllabes, par MontCleury^ i66p* 

Isabelle, fiUe d'un certain docteur, est k marier y et té« 
moigne k chaque instant l'envie qu^elle a d'étre pourvucw 
Divers partis se présentent y mais tous soQt rebutéd par le 
docteur. : cfaaque état, chaque profession , fournit matiéfe k 
sa critique; il congédie successivement un poetc , un peintro-, 
un musicien, un capitan, un a&trologue, un medicin* Cequi 
fuit encore dirc k Timpatiente Isabelle : 

Il faut donc que |e meure fiUe ! 
Qui youdra plus se presenter ? 
Ah ! par ma foi; j^en yeax tåter...^» 



M AR 89 

Enfin Lisaudre parait; il suit une aiitre route, et qiiand le 
docteur lui demande ce qu'il est, il répond qu'il n'est rien, Ce 
rien embarrasse le docteur; en eflet, que dire contre rien? 11 
Q^en fautpa3. da vantage poor le déterotiner en sa iaveur^ et 
de Xh. le titre de, la pifece; le Mariage de Rien* Olez-<«f» toutos 
les indécences^ toutes Jes inutilités, toutes les fautes de-ttyle 
et de langage > que restera- t-il ? Fresque rien» 

MATITAGE p;OROOND ATE ET DE STATIBA (le>, 
oit LA Co^CLUSiON p£ Cas^sandre., .tragi-comédie, par 
Magpo^ „ 1648* . . 

Oroondate ^t Statira épr9Uvent^ pelidant cinq actes, les 

fureurs et les c^pripes^de Rpxape et dePerdicas. Loin de ré- 

pondre avix.désirs de leurs persécuteurs, ces deux amansre^ 

nouveUeot.leurs termens ijlp t^ndresse. Ferdicas vient pour 

poignarder $pn riv,al, et Rojume jentre de l-autre coté, dans le 

dessein d'oter la vie å Statira. Qroondate , abaudonnant sa vie 

alacolére dePerdicas, laifreprésente seulement le.péril de lä 

princesse, et St^tira,qui n'^t pccupée que de celiii qu& court 

son amaat, iipplore, en sa faveur, la pitié deRosane; cette 

derni^e^ quel'amour reiid>,^e9sible au sött d'Oro(ondate , 

arréte le .brås de Ferdicas, prét å le frapper; et Ferdicas, å 

aoQ tour, prenant le méme intérét aux jours de Statira, 

le jette au-de^vant da coup que Rozane lui destine. Ferdicas 

etRoxane sortent en se faisant les plus terribles menaces; le 

premier, dans la résplution d'arracber Statira des mains de 

Roxane ; ^t- pqUer^ci,. dans Fespoir ' d^enlever Oroondate. 

Malgré leurs efforts, Statira et son amant recouvrent la 

liberté ; on ne sait plus ce que devient Ferdicas; a Tégard de 

Aoxane, elle conserve jusqu'4 la fin son caractére furieux, 

tt r^jette les offrea obligeantes qu'on Ini fait« 



9» MAR 

MARIÄGE TAIT ET ROMPU (le), on le Tavx 
Damis, comédie en trois actes, en vers, par Dufresny, an 
ihéfitre Fran^ais , 1 72 1 • 

Cettepiece avait été proposée k Tasaemblée des comédlens, 
en I7I9* Elle était alors en cinq actcs, et fut constamment 
Tcfusée* Dnfresny la retoucfaa, la réduisit a trois actes^ et en 
lit nne assez bonne comédie , qu'on revoit avec jdaisir» 

Certain president, bicn épais et bien loiird, se laisse goa- 
rerner par sa femme, esp^e de prudc ,'dont la vertu n'a pos 
toiijours été sévére, et qni veut contraindre sa ni&ce, jenne 
et jolie ven ve, a serrer des noeuds mal assortis* Ua cäYtUer» 
nomtné Valére, est le seul qui plaise k la petlte dame; heu-» 
rensement la raéme hotelierie rassemble tons ces personna* 
ges, et rfaotesse entré dans les intéréts des deux amans. Com- 
ment rompre le mariagc projeté ? Il fant faire reviyre le 
Damis, premier éponx de ia veuvc, et voilå qtie le fr^ de 
I^botejtse, ancien ami dn défunt, se charge de le représenter* 
La présidente soup^enne le complot, et fait ton t ce quVIIe 
peut pour le déjouer ; mals le fanx Damis a en sa posseflMiDti 
plusieurs billets d'amour^ qne cette prude avait écriis dadii m 
jeanesse au véritable Damis , et la seule vne de oes papiers 
sufBt pour lui fermer la boncbe; elle consent méme & toiit ée 
qu'on exige d'elle, pour obtenir la restitution de sesl^tttoj 
or^le mariage/ait eH rompu, et la ven ve éponse Valéiré^ 

Tout est comique, spirituel, et de bon goiAt daim C^ xÅx-m. 
vrage. Qnelques lenteurs d'action se font sentir dätii^let 
^miers actes, mais le demier est un petit dbéfHd^ceuvre'» 

MARI AGE FORGÉ (le ), comédie en un acte, en prose» 
par Moli^, 1664. 

Cette piéce fut représentée 1^ premiére fois au Louvre, ao» 



MAR 91 

éompagnée d'iin ballet 4ti ^éaie titre^ oh LöuIsXIV dansa, 
JSile fut mise .en v^rs paf na anonyme t ^J^ 1674. 

Le f(uii9V^ fc^mie d^ Grpmoiont» dont le^omte Harmilton 
^ 4erit ks Ménvoir^ , a. fourni å Moliére Tidée de son 
fiimia00 Forcém Ge seigiiQur, |>endant son ^éjoiir älacour 
d'Aliglei^iTe , >vait . «ia)é lapftdeneiolselle Harailton; leura 
amours avaient méme fait du t>niit; il re(MLS6ait en Franctt 
laps l'avoir éponsée; mais ]^ deux frdr^ de la demoisclle 
le joignirent k Douvres, dans lo dessein dt faire avec lui Jo 
coop de pistolet. Du plus loin qu'ils Taper^urent , ils lui 
cri^9t : « Comte de G]:$a)nioiit ! comte de Grammont , 
9 *'inrea*^p^is wn pubiiié i^ Jiopdre»? » « Pardonne^-mpi ^ 
9 répondit le comte, qui devinait leur intejTt^^nj j'äi ou^ 
«>MKié«4'épQU9^ VQlro 9(»iY7»iei j'y tetouriii^fiViec vous, ppur 
^ fiob eette ^8aire. « 



. 1 



KAIUAGS IMP0SSI6UB (1^) , «om#die«Q loi^ ^^tcs, 
iB;»fe<>sq, ffkx M* Dlumfiiii^aiQt^ av tfiéiftrci å^ rimp^ratrico» 

Éiéofiore gémh 9iPU9 faiM^pité dOSj^m^miefl, iSpn tuteur , 
iBtenodtfceiquÅUi^ un piw bét^^ ISUö « pour »mA^t J^once, 
i{i^4fe'«tdie, el 400 tuteur vent lui ^^imof pQor éppu^ do^i 
{!ii]lipp«i,^u'^le n'ai)«ie pas» X>a ^uhiiette ^ décUure pour lo 
•fieäiiar, iaodiscpi^ d-uo %\iite c&bé, vw valet rusé leint de 
éumriås ddax partis» DonaClarai sgsnr de LéoiK^» se mele 
•i» Vitiiglgae yét , pour éSoigoer don Fhilippe^ ceoameDce par 
jqi edle^er ispn porie •>• Ceuiné et un ^Qriil'qu'il desti^^ait å 
lliéonore. Eneuite elle «• revet d4iabitB å^bpmm^p et se pre- 
'naU thBt don IB^maimel» aoiie le nom -^e 4oo Fbilippe. 
Qai le croirait? Léonce joe reconkiaU pas aa aoeul*» Il est vrai 
^li'il j afoitt ioä^-^teiiis qu'i]' ne Ta vue ; aus^ la prend-il pour 



ga MAR 

lin rival , et déjk II s'appréte k lui disputer la conqiiéte de sa 
belle y lorsqu'un mot éclaircit tout k ses yeux. Gependant b - 
vrai Fhilippe arrive, mais on ne veut pas le reconnaltre* 
Ayant appris que Léonce étalt chez Emmanuel , il iavoque 
son témoignage. Enfin , les deux amis , étonnés d'étre rivanxy 
s^embrassent, et, en faveur de Léonce, Fhilippe renonce k 
la main de la belle Espagnole. 

Tel est le fonds de cette piéce , représentée avcc succés sur 
le théåtre de TOdéoD. 

MARIAGE INATT^INDU DE CHÉRUBIN (le), co- 
médie en tröis actes, en prode, par madame de Gouges, itOH 
primé en 1786. 

Cette piéce n*a pu obtenir les honnonrs de la représeDta- 
tion. Le sujet est le mariage de Chénibin. Ge i]'est pina e$ 
joli page q.ui court apres toutes les femmes, et qui aime tant 
sa narraine : c'est aujourd'hui un grand seigneur, un. cåpi~ 
tuine des Gardes du roi d'Espagne, un roarquis, dofem 
propriétaire de la terrc du comte que , par généraailéiy 
il loge , ainsi que la comtesse. De si grands événemens 
ont un peu dérangé la gaieté de la maison ; mais pourtant, elb 
est tou jours composée des mémes personnages. Gfa^émbin a 
tout cönservé, jusqu*å Bridoison et Bazile^La petite Fm»- 
diette est grande maintenant, et, malgré cértain air cU.Ji^ 
gnité^ peu ordinaire dans la fille d^m jardinier, Mt Va'.kt 
marier tout unimqnt k un grossier Tillageois. Cepeodadt Ghé- 
rubin en est fort amoureux. D'un autre coté, le comte, qui 
n'est pås encore dégouté du droit du seigneur , écarte la com>» 
tesse et les autres personnes de la maison , sous prétezte de les 
envoyer å- la rencontre du du c et de la diichesse de Médoc » 
«es parens , mariés depuis fort long-tems , et dout b maria^ 



MAR 93 

avait éié sccret jusqii'alors. Voyant que riaclination do 
Faochette n'est pas pour lul, mais pour Chérubin, il fait 
publier que c 'est ce nouveau seigneur qui veut exercer ses 
droits 9 et n profite de Fobscurité pour se rendre dans un ca- 
blnet å la place de Chérublu. Fanchette , qui prend le comte 
pour son amant , lui fait de rits reproches ; mals bientot on 
enteiud un grand bruit , et l'on voit arriver y Véfée k la main , 
Ghérubin lui-méme^ suivi de Figaro , de Bridoison et de plu- 
ueurs domestiques portant des torches allumées. Alors, il se 
jéte auXfgenouxdeFancbette, etsVcrie : Nous serons unis 
pour la vie ! Ge qui cause cette revolution , c'est que le duc et 
la, ducbesse de Médoc reconnaissent Faacbette pour leur 
fille. Ainsi se couclut le mariage inattendu de ces deux amans. 
Alors, fiazile, å qui Figaro a fait distribuer quelques coups 
de baton dans la chaleur de 1'action, s'écrie, fort étonne : 
K Je vois que tout est posslble dans ce bas-monde : tout est 
biaD,a dit un certaln axiome, moi , )'y mets une certaine va- 
riation j tout est bi6n pour ceux å qui tout réusslt. j» 

On rencontre, dans cette piéce, quelques détails assez 
plaisans» 

MAKIAGE IN EXTREMIS Oe), vaudevllle en un 
acte , par MM. Pils et Barré ^ au théåtre du Vaudevllle, 1784. 

Le chevalier de Valcour forme le projet d'épouser la ba- 
roDHe delForlise, etFrontin, valet de monsieur, forme celuid'é- 
pouser Marton 9 suivante de madanne.Leur conduite jusqu'ici 
]|*apas fait concevoir d'eux une trés-bonne opinion. Afin d'at-* 
tendrir leurs prétendues^ et de se marier dhs le soir meme y ils 
Tenlent pcuser pour ne prendre aucune nourriture j et s'obstI- 
nent k rester dans l'appartement« A la fin , on les y laisse. Mals ils 
<»ot su gagner des domestiques, par qui ils ont falt remplir le se- 
crétaire d*un bon paté et de plusieurs bouteilles de vin, pour ap- 



t)4 M A A 

uppalser leur faim.La baronue, qiii Ics croit résolus k setiiisscf ' 
inoiirir de faim , a pitié d^eux^ elle revient avcc sa suivante ^ 
fet envoyé chercher iin notaife. Celui-ci arrive bientdt , et 
falt Ic contraty qu'il donne å signera Dans ce molnent^ le 
siécrétalre s'ouvre , et tons les débris dii repas de ces <leitt 
messieurs s^écroulent sur le tabelllon y ce qui n'cmpöche pi» 
le Qiarlage de s'e(rectuér et de terminer cette boiiffonnerie* 

MARIAGE INTERROMPU (le)^ tomédie ea troii 
actes^en versj parMb de Cailhava, aux Fran^ais, 1769. 

L'intrigue de cette piéce , tirée en partle de YÉpidiqu» do 
]?laute , roule sur les fourberies d^un valet. EUe réussit coin* 
plcttement ; mais elle ne resta pas au théåtre ^ qiiolqué lé 
stjle en soit simple , facile et naturel* 

Julie avait perdm son mari , et était dn procés avee son 
beau-pére. Damis la voit ^ en devient amoiireux , et en eal 
ulraé. EUe vient k Paris ^ et, pendantTabsence du VteiUttM^ 
va loger dans la niaison d*Argante ^ péife dé Damis. JvKé 
igiiore que le pére de son amant vit encore ; elle croit Dariiis 
libre dans ses actions : dans cette supposition ^ elle consenf 
å passer le contratf et Ton est prét å conclure le mariagQ« 
Argante arriva ; il avait une fiUe å Bordeaux ^ qu'il n*avai$ 
pas vue depuis l'åge de trois ans y et qtii devait veiiir wt 
son pére. On lui fait croire que Julie est cette fiUe ; il v!^ 
dunc pas étonné de la trouver dans son lOgis y mais Julie % 
beaucoup de tépugnance å le tromper : elle veilt quitter sn 
maisoD ; les larmes , les priéres , les inqUiétudcs de 804 
amant Tattendrissent : il faut en&u tout découvrir au \ieil- 
lard, et, comme il est fort avarc , et que la fortune de Jullé 
dépend du gain de son procés , il compte ses charmes pour 
Hen y et ne veut pas qu'elle soit 1'épousc de son fils. Mais il 
t*. npreod que le futuc bcau-perc conscut k fiuii le proctss j et å . 



j* 



MAR ^ 95 

ht donnér eetit milto ^ctis. Cette sotnme le détdrnnne , et 
il consent au mariage que cél divers obsiaclei «vaient inter» 
rompii pendant quelqiie tems* 

On pourrait désirer dans cetta piéce , toiite d'intr]gue , 
que le dénouement ftit , ftinsi que dans le T\itéur Dupé^ 
ane suite nécessaire des difTérens ressorts que rintrigant fai> 
moUToir. La répodse å.pette obtervatioD^ est peut-étre , que 
dans le Tuteur Dupé ^ le valet intrigue pour tromper un 
homme in juste , tyraonique et ridiculo 9 qui dans les princi-' 
pes de toutesaioe itioralo, doit étre puui de ses injiistices$ 
au lien que dans le MäriagB Jttterwmpu, le valet se joue 
de deux honnétes geiis que la bienséance ne permcttait pas 
de rendie ses diipes jusqu'å la fin 5 en sorte que le dénoue^ 
meiit Jiatiiral de cette piéce doit tiecessairemeut étre la dé^ 
tooverte 4^ tontes les fotirberies de Pintrigant* 

KABIAGE PAR ESC ÅLADE ( le ) , opera - comiqu© 
en tio a9t6 , par I^avart , å. la foire Saint-Laurent , ij^j* 

Bvire , Mabonaise , est aimée de Tompson , officier an- 
^ak; de Ceirlos, babitsuit de Mahon ^ et de Valére^ oHicier 
iraD^ais* Elvire est peu sensible å la passion du fier Anglais « 
elle ne péut qu^estimer le langoureux Espagnol , elle adore 
le galant iPran^ais* Carlos vient la nuit avec une échelle, qu^il 
pose cotitre te balcon de sa maitresse : il était convenu avec 
dle, qu'il la délivrerait cette nuit des poursuites de PAnglais, 
Ä qu*il Tenléverait aVec beauconp de respect. A peine a-t- 
illepied sur Péchelon , qu'il entend quelqiie bruit et se re- 
tire pnidetnment. Blentot Valére arrive , et, trouvant Tt-* 
chelle toute dressée, monte, sans fagon, avec Vadeboii-* 
corar , grenadier 5 Tompson survient , et appergoit Valére 
Wi le balcon ; cnfin , TAnglais est confondu , et TEspagnol 
« console a'étre siipplanté par un Fran^ais 5 »'^^ "» g^^ 



96 MAR 

nadler vieDt annoncer la priso de Mahon , VadebonGonirltt 
dcmande le détail de 1 aifaire , Taiitre lui répODd : 

A travers le fcu peut-on roir ? 

Morbieu ! parmi tant de Tacarmet , 

Jc n^ai rien vu que mon dcToir , ^ 

Et rhoDDcur au bout de rnes armes. ■ } 

Cet opéra-comique , fait å roccasion de la prise de Ml^ 1 
Mahon , n^avait été composé que pour une tete que miÉM 
ja marqiiise de Monconseil donnait k M. le maréctfV^^ 
Richellcu , k soa re ton r de Minorqiie. Il fut trouvé si ijAr* 
ble , qucFauteur le fit joner en public , imprimer , et b ff* 
dia k raadame deMonconseil* 

MARIAGE PAR IMPRUDENCE (le) , opéra^ 
en un acte, par M. de Jo ny, musique de M* Dalvlmni|1b' 
Topéra-comique , 1809* 

Un gentilhomme campagnard, pére d'une jeune et 

personne, nommée Adele, s'est retiré dans aes terret 

se soustraire aux importuuités des amans. Cest fort bies' 

mais Tamour se rit de toutes ces vaines précaulioos. Il 

marler Adele å un jeune homme qu^elle u'aime point; 

-veut épouser Valbrune qu'elle aime. Ce jeune homme AÉ 

introduit dans le cbåteau de M. de Clénord , sous le déM|^ 

sement d'un peintre, et, secondé par Nicette, kmuM^Hf^ 

cbambre d'Ad&le, il parvient å déjouer la malveillaooB ^' 

jardinier René, jaloux de INicette, qui en aime un BxKillf 

M. de Clénord dicle lui-méme une lettre k sa fiUe, qui doiQp 

k Valbrune les espérances les moins équivoques, et c'est catl^ 

lettre qui le détermine k lui accorder la main de sa fiUe; mai|l 

le jeune bomme no veut pas s'en prévaloir , et la lui remet 

Ce trait^ joint å ce que Valbrune est reconnu pour le fib 




MAR 97 

t Tancien coloiiel sons les ordres duquel M. de Clénord a 
rvi, obtient la grace des amans, celle de Nicette^ et fait 
lasser le valet* 

Gette pifece , comtne la plupart des ouvrages dramatiques 
I M* de Jouy , est écrite avec beaucoup de pureté et d'agré- 
ent. Le fonds en est léger , mais 1'intrigue en est fort agréable. 
■ y trouve quelqiies situations qui n'ont pas tout-å-fait lö 
énte de la nouveauté; mais i'auteur a su les rajeunir et se 
I approprier* La musique est le coup d'essai de M. Dal- 
imare. On y remarque de la facilité et de 1'élégance* 

« 

lfABI&.GE PAR LETTRE-DE-CHANGE (le) . comé- 
Be eo mt acte , en vers , avec un divertlssement , par Pois- 
wnfik 9 musique de Gran val , au théåtre Frangais , lySS* 

Ijpndroit le plus comique de cette pifece , est la formule 
iåm let tre-de-ch ange méme. Cléon , qui a falt for* 
Wfr au Canada , écrit å son correspondant å Paris , de 
ki envoyer une femme , douée des qualités qu'il lui 
iM^De; il ajoute qu'il s^oblige et s'engage å acquitter 
IdBté.lettre , en épousant , dans six mois , la personne qui 
Ml-Mpra chargée ; ce style , dont Cléon rit tout le premier , 
I^Crt que pour le correspondant , qui n'entend pas d'autre 
luiipge. Cest la seconde lettre-de-change de cette esp^e que 
CUoo lui adresse, et c'est la seconde fois que son correspondant 
lépénd k ses désirs. La premiére femme qu'il lui a envoyée 
•It supposée avoir fait natifrage* Hortense , qui est la 
iicoitde , vient d'arriver , et n^e^t connue de son futur , 
fi^ qualité de parente de Philinte , son ami ; elle vou- 
' ttit liie dans le céeur de Cléon avant de se faire connaitre ; 

tik lui rémet enfin sa lettre y lorsqu'elle ne peut plus doutct 
Ii ses sentimens. L^instant d'aprés , la dame qu'on croit 

Wgloutie dans les flöts ^et qui est la premiére en date, arrivé 
Torne p^It G 



V- ■ 



t.* - . 



98 M A tt 

iKt jette Cléon dans le plui grand embarras ; il th eH tiré pa 
Fbiliote , qui retrouve en elle une personlié qo^il aiiäé c 
dont il est aimé , et qui se charge d^acquitter la lettre-de-cbaagc 
Ce qui nuit å cette petite piéce , est sans doute la bizarreriei A 
cés incidens. A cela prés , elle ofTre des situations piqttante 
et des scénes bien dialognées. 



/■ 



MARIA6E SAKS MARIA6E(le), comédie encin 
actes, en vers, parMarcel, löyi, 

Anselme , qui est impuissant , vodlant éprouver si ii 
femme Isabelle est sage , prie un de ses amis de feindre d^ej 
étre amoureui. Clotaire , c'est le nom de cet ami , y cottfcn 
trop facilement pour son repos. Isabelle et lui , sans j pet» 
ser , se laissent insensiblement engager dans un comnåarci 
de tendresse , qui leur fait souhaiter plus d'une fois , ^vi 
beureux nAoment les délivre de ce jaloux* Gusman , Tala 
d'Aiiselme » leur en fournit le moyen , ert leur découVFMi 
rinfirmité naturelle de son maltre. Anselme , craignaotqp 
cette affaire n^éclate å sa honte , consent de rompre son OEia 
riage k 1'amis^ble ; Pernand , frére d'Isabelle , profit)i*d( 
cette terreur pour le forcer å lui accorder sa soeur Amicite 
dont il est amoureux. Lorette , suivante d^Isabeile , épbiitt 
Gusman, et Anselme quitte ces six personnes, en les don* 
nant k tous les diables. 

MABIAGE SECRET ( le ) , comédie en trois actes et ei 
vers , par Desfaucberets , au tbéåtre Fran^ais , 1786* 

Cette comédie eut beaucoup de succés au théåtre, le fond 
en est ingénieux et plaisant. Un M. de Bessoncouc a déii: 
j olies niéces : elles sont veuves toutes deux , et il ne vev 
pas absoIumentqu*elles se remarient, pour étre senl le mai 
tre dans sa maison 5 cepehdant Emilie a épousé secrétensefi 



3A AK 99 

)1Q oSScIer qui^rtveim de rarmée , est ä deux pas du chå- 
feau ; et ) pQur combl^ d'embarras , deux amis de BessoiA 
IPQur , ignorant ce mariage , aspirent tous deux en méme- 
Ipms k sa raain : Ttin appelé Merval est le plus iniporti\n e€ 
le pliis mal-adrqit des hommes ; Tautre appellé Permaville 
fst trés-jaloux. Madame de Volmare imagine de se servir 
4le ces deux rivaux pour introduire dans la roaison la 
)euDe chevalier , époux de sa soeur, et pour obtenir sa grace 
de M* de Bessoncour. Elle paye le jockey die ce jeune ofE- 
cier,ppur fengager a briser sa voiture au bout de Favenue^ 
^, pomme elle sait qu'il est connu de Merval , elle a soin 
de Ty envoyer , sous prétexte qu'il y trouvera Emilie. Meiv- 
yal j court biep vite : . il est témoin de Taccident du cheva- 
U^9 etao manque pas.de Tamen^r officieusement au cbå- 
teian, et d'y den^ander pour luji un asyle* 

Qn trouve dans ]e ^ocond acte unp situation eneore plus co- 
^dque. Le c|iQPji|iqr vjent attendre Ejnilie au salon ; les deuK 
fréteadus y vienneot ^ussixdaps le xtiéme dessein : aucun 
d'eux ne yeut diésenpipar^r , et Timpatience qu^ils se causent 
inutuellement ^t réellemeqt tréjs-diyertissante. Madame de 
.Volmare $urviept daoid ci9s entre&iies, «t se sert enoore de 
Merval pour tirer le chevalier d^embarras. Elle di^ qu^Emilie 
fst å sa voliére; Merval part aussitot, föt le jaloux Perma- 
yille est k l'in«tant ^ur ses pas , malgré les efibrts simuiés que 
la maligoe Volmare fait ponr le reteoir. 

Enfin, il 8'agit d'apprendre å M. de Bessoncour qu'Emilie 
est remariée, et d'obtenir qu^il lui pardonne. Madame de 
Volmare se jserj; encore des deux prétendus, qui agissent, sans 
•'en douter , pour les intenets deli^ riival. Elle leur persuade 
que c'«fit elle qui est Tépouse du cfaj^valier ; et , en le persua- 
dant k i'oncle, ils oe oégligent rjien popr adoucir son es^k, 
|£q 4» |Ärlor .eoBuite ppur ouxniDånurs : pais ils^soat x;om^ 

G a 



100 MAR 

plettement dupes ; roncle est en cfTet disposé , par leun voiimf, 
å la plus grande indiilgence, et les deuz soeurs avouoDt, å la 
fio , que c'cst Emilie qui est Tépouse du chevalier* La surpriso 
de roncle et des deux prétendus est on ne peut plus plaisantts 
on sent que ce dernier est forcé de pardonnor å sa ni^e. 

Cettc comédie annonce uneentente parfaite de lascéne^ellv 
est conduite avec beaucoup d'art; en un mot, les ressorts df 
rintrigiie sont bien imaginés* Le role de madame de Volraaro 
et celui de Merval sont tous de nx excellens^ chacun dans son 
genre ; le dialogue méme est souvent naturel. Il ne manqat 
giiéreå cet ouvrage que d'étre écrit avec plus de soioetéft 
correction. % ■ 

MARI AGE SINGULIER (le), comédie-vaudeville an 

lin acte, par FavarL, fils, au théåtre Italien, vf^^ 

Un homme vieux et riche, auqueHl prend Tenvie da aa 
marier , fait demander, par les papiers publics, une personna 
qui soit douée de jeunesse, de beauté, de talens et de vextii8| 
et promet de 1'épouser sans dot. Trois personnes se pré*. 
seutent : les deux premiéres, pour montrer leurs talens , cfaaiiF 
tent des couplets; et la demiére, un air de bravoure, qui Ini. 
obtient la préférence sur ses rivales. 

Quoique le fonds de cet ouvrage soit bien léger, et qu*il y 
.ait trop peu de liaison dans les scénes, il a cependant obtaml 
des applaudissemens. 

MARIAGE SDPPOSÉ ( le ) , comédie en trois actes et en | 
vers , par M. Lourdet de Santerre , au théåtre Fran^ais , i8oo* 

Madame de Clairville, jeune veuve , retirée cbez un de ses 
ondes, est tellement dégoutée du mariage, qu'elle rejette les 
voeux de Saint-Fhar, qnoiqu'elle ait con^u de Pamourpour, 
iui» Däsespéré^ le jeune liomme s^éloigne de la cruelle \ maii 



MAR loz 

bientdt, feignant de 1'avoir oubliée, il annonce qu'il a fait un< 
autre choix, et il revieot chez Toncle de madame de Glair- 
vilie^ accpmpagaé de mådemoiselle Saint-Fhar, sa soeur, 
qu'il fait passer pour sa future. Le mattre de la maison j 
Irompé par Tapparence, invite ces deuz fiancés k se marier 
thez lui; mais madame de Clairville ne peut voir cet hymeci 
saDS regret ni sans jalousie, et Ton pens^ bien qu^elle ne fait 
pas un bon accueil a sa prétendue rivale. Deux entretiens par^ 
tituliers qu'elle a avcc Saint-Phar» achévent de la désoler ; et 
elle^st sur le point d'éclater en réproches^ lorsqne cet amant 
fidile lui avoue la supercherie. J^on-seulemeat Saint-Phar et 
Hiadåme de Claitville sont uuis> mais encore on nntrie leuc 
éasurå Célieourt , jeune^étourdi qui lui était destiaé, et qui , 
ayant vu sa jolie future préte k épouser un autre bomme, 
avait au^si été dupe pour sön propre compte. 

Tel est le sujet de cétte comédie, qui fut représentée sur lä 
IbéAtre Fran^ais, avec toutes les apparences d^un succés* On 
j remarqua plusieurs défauts choquans; les eutrées, ies sor<-« 
fies, y sont trop multipliées et trop faiblement motivéés ; la 
conduite de Saint-Pbar en vers sa scsur, qa'il doit trailer 
comme sa femme, est trop mal-adroite pour tiomper long- 
tems madame de Clairville; d'ailleurs le dénouement^prévu 
des Texposition , fait trouver beaucpup trop long L'intervalle 
qui sépare lapremiére scépe de la derniéret*. 

MARIAGES ASSORTIS (les) > comédie en ttois actes, 
en ver», par Tabbe de Voisenon, aux Italiens, 1774. 
•• Deux fr©res> d'une humeur et d'une conduite e«tié?rement 
opposées, sont les principaux personnages de cette cömédie. 
DamdOö , rain4 de» deux , e^t un esprit sensé , réfléchi , aimaut 
les Mtres et ceux qui les cuUivent; il a pour ami, Beauviil, 
honung d!ua caract^q j^n töut apmblafele ap siep, ipai^ d'un«^^ 



lOJi MAR 

fortuae biea Inférieure. Dépouiilé de toiit, hors d'état é^ 
pourvoir aux besoins d'une fiUe unique, Dommée Hortensa^ 
il Tabandonne aux soins de Lisimon, sod oncle, qui passé 
pour son pére. Le chevalier, frére de Damon, amoiuetut 
fl'uDe certaine Angélique, parait, toute-fois, vouloir &u4 
épouser cette derniére å son frére , et s'attacher å une vieiBé 
6t sourde Araminte, tante de sa maitresse; tout cela, danl 
Tespoir qu'ADgélique et Damon ne pourront sis conyénr^ 
et qu'il réussira å tirer de la tante , une dot capable de 
lui assurer la ni^e ; en efTet , il n^est point trOMipé 
dans son attente* Le sérieuz Damon parait un pMlÉt 
aux yeux d'Angéliqne , qui ne parait qu'une extrav^uli 
aux regards de Damon. Il est subjugué par la douceur d*H<^ 
tense, et^ dés la seconde entrevue, il se détermine åFépou^ 
ser, quoiqu*instruit, par elle-méme, du mauvais étåt de så 
fortune. Son empressement et sa jpie redoublent, en appre- 
nant qii'Hortense est fille de son ami Beauval; et, ce qui est 
assez rare , c'est que le pére de Damon approuve ce maiiagö 
désintéressé. 

On trouve , dans cette comédie , un grand nombre de 
tirades brillantes; mais des tirades ne font point une piéee) 
elles ne suffisent pas méme pour faire une bonne scéne. L'au« 
teur aurait pu mieux lier son intrigue, et tirer meilleur parti 
de cc fonds qui , par lui-méme , ost assez heureux. Le råle de la 
sourde pensa d'abord faire tomber sa piéce , et en fit ensuite 
le succés. Il faut avouer qu'une infirmité nVst point uh ridir* 
cule ; mais ce n^est point la surdité d^Aramint^ qne l'auteur a 
voulu jouer ; ce sont tes soins inutiics et risibles quese donne 
cette vieille coquette pour se cacher. Du reste ^ ceråle tient 
de Tancienne comédie, oh il étäfit encöre permis d^ifail^lriraw 
Enfin, si le tissu de cet ouvrage ne catactéris^ jifoS uti j^äcfj 
tooitre , il annoocQ du moiios \xn hoibme qui 'pooi^ait ti 



— MAR io3 

d&venir. L^aiiteur veut toiijours paraitre, et, par conséquent, 
c'est toujours aux dépeos du per^onnage. L'eiivie de faire des 
vers rempéche de £aire des scéne$, ce qni prodult le défiuit 
d'action daos sa comédie; mais les caractéres y sont bieq 
marqu^Sy bien sput&ous et bieo contrastés : c'est la preuv9 
la plus forte du talent de Tauteur pour le genre comique* 
Au reste , la morale de cette piéce est oxcellente , et le role 
du jeune homme raisonnstble a des morceaux de la plus 
grande beauté. 

lOABIAGES DU CANADA (les), opéra-coinique en 
un.^^ple, par Lesage, å la foire Saiiit-Laureht, 1734. 

Dauf le prolpgue de cette piåce , Flinpression et la pre- 
miére representation des ouvrages de théåtre , se disputent ; 
et, avaul que de plaider leur causc, elles adressent å Apollon 
cette priére, dans laquelle on se moque des beaux-ésprits 
qui 8'assemblaient k Vit du Luxembonrg pour critiquer les 
ouvrages nouveaux. 

Grand juge consul du Permesse, 
Vous savez notre différend ; 
De grace , réglez notre rang 
Par un aprét plein de sage^sc , 
Par un arrét déEnitif, 
Tel que tous en rendez ä Tlf. 

MARI ÄMNE, tragédie en cinq actes, par Alexandre, 
Hardy, 1610. 

H n'est rien de plus connu dans 1'histoire que la mört de 
Mariamne. Les causes^ les circonstances et les suites de co 
fåcheux événement sont décrites fort au long par Joseph, 
dans le quinziéme livré de ses Andquité^ 5 c'est - 14 
qu'Alexandré Hardy a puisé sön sujet.^ 



104 MAR 

Ilérode , apres avolr fait égorger la famnie royale det 
AsmonéeDs , autant par politique que par amour , épousa 
Mariamne , seul rejeton de cette famille illustre ; mais cette 
princesse le tra i ta ton jo urs avec autant de fierté que de mé- 
pris. Jusqu'ici l'amour quUl avait con^u pour Mariamne loi 
avait fait pardonner tous ses dédains; mais Pberore, Erfcrt 
dllérode, et sur-tout Salome , soeur de ce tyran , ont jnré la 
perte de la reine. Hs assiégent Tame inquiéte et cmelle 
d'Hérode, et la trouvent disposée å recevoir les impressioDi 
qu'ils veulent lui donner : eiifin , c^est ici comme dans )*his- 
toire. Au second acte, un page, envoyé par Hérode, vient 
de sa part prier la reine de passer dans son cabinet ; « Saia%| 
» pourquoi , lui dit Mariamne ? » Voici sa réponae : 



LE PAGE. 



«t L^indicc ne mc donDe autre suasion, 
v Fors qiio de sa Junon de son åme démie 
» L^absence le traTaille. 



II 1 R I A M If E. 



O faveur ennemie ! 
» Scvt^re mandemcnt ! ]as ! que tu m''c8 amer ! 

u Mais ullons lui donuer une oeilladc forcée , etc. » 

Ellc sort 5 et, pendaut son absence , Salome fait ses effoHa 
aiipres de Téchanson pour le décidcr å servir sa vengeance, 
en accusant Mariamne d'avoir voulu le séduire pour em^ 
poisonner lo roi, Furicux contre son épouse 9 Hérodo 
onvre le troisiéme acte. Entendez-le lui-mémej il va voui 

• 

cxpliqucr la cause de sa juste colére : * 

n Scrpeut eiiflé d'orgueil^ f^re ingrate sortie , 
u Ne nuspi^rc jamais de regards caplieitx 



MAR loS 

» Amolir courroacé ; mm , désormais n^espéré 

» Qae ce rofos ne soit ta mioe demiére. 

» Dédaigner mes fiiyeurs, mes fiåmes mespriser! 

1» Le devoir dMne femme au mary refaser ? 

^» Voir que d'']Mimilité je te prie et reprie 

«; JD^appaiser de mes fea;^ ranioureuse furie ? ete. » 

Voilå lé crime de Mariamne , et ce qui détermiiie Hérodö 

i la faire mourir; mais aussitåt qu'il apprend que ses ordres 

ODt été exécutés, bourrelé de remords, il 8'abaiidoniie au 

plus af&eux désespoir* Cest ainsi que se^termine cettti 

• piéce. 

MABIAMNE , trag?dle en cinq actes , en vers , par 
!rnstan^I'Hermite*, aux Fraogais , i636. 

Tristan a suivi Alexandre Hardy pas å pas , et tous deux 

ont suivi Fhistoire dans laquelle ils ont trouvé leurs tragé-r 

dies. L'historien leur. a fourni non-seulement las personnages, 

knrs . intéréts et leurs caractéres, mais encore l'économie 

du poéme et la distribution de toutes ses parties. Soua 

^ -dernier rapport, la trägédie. de Tristan n'est donc pas 

moins ridicule que celle de Hardy ; mais le style en est plus 

jeune et conséquemment moins obscene. Ce sont les mémes 

idées, quelquefois les mémes expressions, mais infiniment 

mieux digérées.On peut ajouter ä la gloire deTristan^ce qui jus- 

tifie le prodigieux succés de sa trägédie, qu'elle est bien écrite 

pour le tems^la rime, sur-tout,est d'une richesse extraordinaire; 

tt, ceqiii vaut mieux encore, c'est qu'on n'y trouve, pour ainsi 

É iire y Bucune cheville. Voici comment il fait parler Hérode, 

f dans cette scéne scandaleuse qu'on a vu chez Hardy. Ce sont les 

mlimes motifs. Il dit å Mariamne , qu'il chasse de sa chambre : 

a Sors vite de ma chambre, et n''y rentre jamais ! 
9 Te rendre inexorable alors qae je te prie ! 
9 Jngrate , mon amour se translome en furie ; 



io6 MAR 

« S« rbaagfot en serpeas poor pour U rig^enry etc • 

Od D*eD saurait douter , la tragédie de Tristan ne doil ton 
SQccés qu*å rignorance de ses admiraleors. Oo ■*aTUt 
pas mieux : et , quaod la répotation de cette jUttt filt 
établie, il fallut plus d'une tiagedie de Corneille poBr la tam 
oublier. Elle D'cst cependant pas tout«4-{ait indigne des ap- 
plaudissemens qu*on lui prodigna ; car on j troare de cea 
beautés qui dciveat plaire dans tous les lems. Le cuactåre 
d*HcrcJe est vireiceDt peint et tres-bien soutemi. On le toH, 
des la premiére scéoe. a^ite de ces terreurs fuDebresupoi acjcg oH 
pagDent le trraii. Toiirmenté par tti songe efErojalile, 8aa 
rEr\*eIlle en sursaut. et s^inile contre ce fiuitome unportai 
qui trcnUe son xepos. Son &ére et sa scear accoumit åses 
riis : il leUr raconte le sa?et de sa frajeur. S«ia 
beau « s'il était moins amponle ; il a du étre gonte 
tems oh les songes nVtaient pas encore nne inackiB 
tririale. Li'antear a t^^9-bien exprimé le combititde Ti 
de la ialeusie et de la vengBance, qoi agitaient 
tauT d^Hérode. 

Le P. Rapin assure qae Tob ne sortait de la 
de cette fiéce qu*aTec on air r^reor, et qni ressemUait ana 
effets que produisaieot snr Tame des spectatenrs , ki aft* 
cieoDes tra^edies des Grecs. L*actenr seul , k famenx Mm m* 
dorr . faisait cette in^nression. 

Ce MoodcTT était un de« plns hahileB coÉbédiaiB da mm 
tncs : lareputation qu^ils*etaitacqmseiasqa'aloa9 sWcnt % 
si foM a roccasioD de la tra^edie de Mantiamme « dans laqaaib ' 
i! faisait le principal penoana^ « qoe le cardiaal de RicUifla 
Tonlat Tentendre , et le fit Tenir pour s'assurer fau-mifne ; 
s*il méritait tout le bien qn^on lui en arait dit. MondoiT |a«a ^ 
aonråkderazitkxiuBistreyelaeaarpaasadetcUeaoclayqiieaga . 




MAR XOT 

éminenGe ne put s'einpéchef de verser des larmes 4ans les inor« 
ceaux les plas tpuchans. Cependant Bois-Robert , qui y étail 
préseDt, dit au cardinäl qu'il ferait encore mieux, et méme ea 
présence deMondpry. Le jour fu t pris : Mondory 8'étarittrouvé 
chez le ininistre, 1'abbé de Bois-Robert déclama le méme 
role avec taut de force, et entra si bien dans la passion , qua 
Moddory, tout bon comédien qu'il était, ne put lui re- 
faser des larmes. Cest ce qui acquit å Bois-Robert le 
surnom d^abhé Mondory» 

Bois-Robert avait de trés-grands talens pour la déclama^* 
tion* Le son de sa voix était agréable; il sentait fortemeot et 
s'e^rimait de méme : aussi aimait-^il passionnément la 
tragédie ; particuliérement lorsque Mondory y avait ua 
role. 

Ce fat en }ouant Sérode, dans latragédie de Tristan, quo 
Mondory tomba en apoplexie ; une partie de son corps 
fat paralysée , et sa langue se trouva tout-å-coup embarrassée* 
Use retira dans une maison qu'il avait auprés d^Orléans, poury 
finir ses jours. Cependant le cardinäl de Richelieu le fit re- 
venir å Paris, et Tobligea de jouer le principal role dans 
Vjiveugle de Smyme; mais il n'en put représenter que deux 
åctes 9 et s'en ret ourna dans sa retraite avec une pension de 
deax xnille livrés^ que le cardinäl lui assura. Les seigneurs de 
ce teitis-lå se signalérent aussi en libéraiités ; ils lui donn^rent 
toresqiie tous des pensions : ce qui fit å Mondory environ 
btiit^ å dix äiille livrés de rentes , dont il jouit jusqu'å sa 
Indrt, et dans un åge fort avancé. Le prince de Guéménée 
tilsait de ce fameux comédien : Homo non periit, sed 
periit artifex. On a depuis eiiiployé la métne pensée, en 
porlant de Tancien Scaramouche de ITHétel de Bourgogne. 

Iä grand 'Rousseau , qui a^ait^hasardé^des cortPöctions sur 
te Cid^ -tie 4édaignapaS'd'eirttefreiidre k méme chose sur In 



io8 MAR 

Mariamne de Tristan , å-peu*prés dans le tema que pamt 
celle de Voltaire. 

MARIAMNE , tragédle de Voltaire , 1724. 

La tragédie de Voltaire , bien supérieure k celle ån 
Tristsm , n'ent cependant aucun succfas , lors de la premiéro 
representation • Beaucoup de personnes connaissent la mau« 
Taise plaisanterie qui occasionna sa chute* Au reste » 
ce n^est pas la premiére fois qu'uQ mauvais plaisant a 
fait tomber un bon ouvrage. Ce grand homme nous 
apprend qu'au moment oh Tactrice , qui faisait le råls dt 
JUariamne j portait la coupe empoisonoée å sa bouchcj 
une personne du parterre s^écria : La reine boit ! ce 
qui occasionna uu grand tumulte* L'année suivante, il 
rechangea le dénouement, et donna la piéce sous le nom 
d^Hérode et Mariamne. Sous ce dernier titre, elle obtint 
beaucoup de succés. Alors on rendit justice k la beauté 
poétique des caractéres, et surtout k 1'élégance de la versifi- 
cation. Cest Fouvrage oh Voltaire ressemble le plus k Ka- 
cine, sans pourtant cesser d'étre lui-méme. 

Le public se trouvant partagé sur le mérite de cet ouvrage » 
un plaisant jugea ie proc&s de cette maniére : On est dans 
Fusage aujourd^hui de donner une petite piéce apres la tra- 
gédie; le jour de la premiére representation de Mariamne, 
on donna le Deuil; cehu-ci s'écria : Cest le deuil de la piéc9' 
nouvelle. Ce mot décida du sort de Fouvrage* Lors de cette' 
premiére representation, on avait doublé le prix des entrées ; 
mais la piéce n^ayant pas réussi , on se gärda bien de faire de 
méme, lorsqu'on la redonna dans la suite. 

Dans une petite bluette qui fut représentée å FOpéra- 
f:omique, en 1725 , sous le titre de MomuSy censeur de$ 



HAR 109 

ThéatreSj volci ce que Momus dit de la tragédie de Mor- 
riamne : 

« Le public ne doit qu^au larcin 
» Ses beautés , ses délioatesses ; 
» Ainsi qu^un habit d^Arlequin , 
» Elle est faite de toutes piéces. » 

Yoici un tablean de la condulte que les RomaiDs teuaient 
åPégard des rois, tiré de Isl Mariamne de Yoltaire, tella 
qa'elle fut représentée en 1724; ce morceau ue se trouve 
point dans la plupart des editions. Cest Hérode qui parle 
des Romains : 

c Leurs d^aigncQses mains jamais ne nous couronnent^ 

» Qo^ ponr mieux ayilir les sceptres qu''ils nous donnent, 

» Pour avoir des sujets qa^ils nomment souverains , 

» Et sur des fronts sacrés signaler leurs dédains. 

j» Il m''a fallu d^ns Ro^e , avec ignominie , 

» Oublier cet éclat tant vante dans T Asie ; 

■» Tel qu''un tU courtisan dans la foule jelé^ 

» Aller des affranchis caresser la fierté, 

» Attendre. leurs momens^ demander leurs suffragcs ; 

» Tandis qu^accoutumés k de pareils hommages , 

3> Au milieu de vingt Kols, å leur cour assidus, 

9 Hs remarquaient ä peine un Monarque de plus. 

» Je Yois Gésar , enfin ; je sens que son courage 

-» IMéprisait tous ces Rois qui briguaient resclavage ^ 

T» Je changeai ma conduite : une noble fierté , 

•» De mon rang devant lui soutint la majesté; 

•» Je fiis grand sans audace , et soumis sans basscsse ; 

y César m^en estima ; j^en acquis sa tendresse ; 

» Et bient^t, å sa cour appelé par son choix, 

3» Je marcHai distiugué de la foule des Rois. 

v Ainsi , selon le tems , il faut qu^ayec souplesse 

■» IMLon courage docile, ou s^éléyc , ou s^abaisse. 

n Je sais dissimuler , me venger et souffrir, 

» Tantdt parler «n maltre, et tant<^t obéir. 



ixo MAS. 

» Ainsi j^ai sobjogaé Solime et la J«dée ^ 
» Ainsi j''ai fiéchi Rome k ma perte animée ; 
» Et toujours enchalnaDt la fortune å mon char , 
-» Je fus Pami d'*Antoine , et le sais de César. » 

Comtne Marlomne écoutait avec trop de tranquillité une 
déclaration d'amour , et ne s'offensait pas assez de {'insulto 
faite k sa vertu^ la parodie, intitulée : Le Mcaivais Mdnagef 
relevait ainsi ce défaut : 

(C La déclaration , cfuoi<pi*k Trai dire , obseure f 
-» Paralt k mon honueur une crueUe injure; 
y Uneautre, k yos disconrs, voudrait n''entendre rien ^ 
T» Mais , malgré ma Tertu, moi je vous entends bien. 
» Je Tois qae tous m^aimec ; et, comme je sols bonnef 
-» Je plains votre fiiiblesse, et je tous le pardonne; 
» Quoiqu^un juste courroux en d&t étre le priz , 
•» Pour si peU) doit-on rompre avec ses bons amis? 
» Je sais bien qu'*on ne peut jamaif m^aimer sans crioM*} 
» Et pourtant j''ai toujours pour vous la méme estime. 
» Pour la premiére fois , o^est vouS donner beau jeu : 
» Si vous m^entendec mal , c''est votre faute \ adieu. » 

J.-B. Rousseau écrivit la lettre suivante sur Mariamné» 
Voltaire en ayant eu connaissance, elle devint la soiuoce det 
querelles de ces deux grands horn mes. La voici : . 

« J'ai enfin eu le plaisir de considérer ä mon aise cette 
3» merveilleuse superfétation dramatique, ou, si votlt y<ouIec, 
3» le second accouehement d'un avorton reaiis dans le^entra 
•» de sa mére , pour y prendre une nouvelle nourriture* La 
» formation , pour tout cela , ne m'en a pas paru plas régu- 
3» liére; et je vous avoue que, depuis la tete jusqu^å Ifiqueue , 
39 je n'ai pas vu de monstre dont les parties fussent plus dis- 
31 j ointes et plus mal composées. Tout est précipité ilans ca 



MAR III 

oxtvrage, sant mille fotme de raison ni de Traisemblance; et 
il i]'y a aucune chosequi dut arriver, sri un seul des acteurs 
de la piéee avait le sens commuu. Mariamne est une idoI« 
froidp et insipide , qui ne salt ni ce qu'eile fait, ni ce qu'elle 
veut. Varus est un étourdi , qui prend aussi mal ses me^ 
sures sur le Jourdain que sur le Danube. Hérode , avec sa 
politique , est la plus grande dupe et le plus ioibécille de la 
tronpe } Salome> une malheureuse qui mériterait une pu- 
nitioa exemplaiié^; et Mazaelunfripon mal-*adroit, qui» 
loin de s'acccoinmoder au;c intentions de son maltre , le 
beurte d'une fa9on k se faire mettre entré quatre murailles, 
si Hérode n*était pas un aveugle , aussi fou que l'auteuc 
qiiilefaitagir. Varus promettou jours, et ne fait qao do 
Feau daires Marieunue veot se sauver, et perd le tems å 
faire son paquet; Hérode^ qui arrive entouré de peuple et 
de courtisaus , trouve moyen d'aller chez sa femme , en 
bonne fortune, sans que personne s'en apper^oive. Le 
méme Varus , obligc par ordre du senat , d'installer ce roi 
réhabilité, qui ne peiit étre reconnu sans cela, a Fadress* 
de se dérober å sa vue dans son paiais méme; et Hérode, 
avec ses sujets, qui ne le sont point encore, et qui le hai»^ 
seiit mortellement^ veille Varus et les Romains, tout 
maltres qu^ils sont dans ses états. Miuriamne se réconciii« 
avec son mari; et, dans le tems qu'ils sont ensemble, il sur* 
vient un accident qui la déshonore ; et elle le laisse par- 
tir , sans se justiiier. Mais la fin est co qu^il y a de 
plus ridicule« Il est arrivé un tumulte ; l'échafaud est 
xenversé 5 on ne sait ce qu'est devenue Salome , qui ap- 
paremment a pris soin de se bien cacher , sans quoi 
^Ue auralt mal passé son tems. Mariamne est sur 
le théåtrc. Vårus vient de la quitter , retournant au . 
combat ; elle sort Mns y 4tre contraintp , avant quc^ la 



Iia MAR 

ai querolle soit décidée. Hérode arrlve daos Pinstant fnéfnej 

31 et å peine a-t-il {)ronoDeé douze ven , qu'il se trouvo 

» que récfaafaud est redressé , que Salome y a falt con-* 

31 duire en cérémonie Mariamne , et que la pauvre reino 

« a été décapitée aussi tranquillement , que si de rieil 

9 n'était , quoique le récit de sa mört , tout abrégé qii'H 

3» est, occupe quatre fois plus de tems , que Taiiteur 

-» n'en a dooné å toutes ces operations. En vérité , si 

31 Fauteur a négligé le merveilleuz dans son poéme de 

3» la ligue , c'est belle malice ii lui ; car je défie qii^on 

3> trouve rien dans les enchantemens de 1'Arioste , qm 

3» le soit autant que cette surpronante catastrophe. Le 

3» pauvre Hérode n'avait garde de s'en douter. Aussi n^eni 

3» a-t-il rien su , que quand tout a -été fait : mait tönt 

3» enragé qu'il est, il ne pense pas seulement k chåtiec 

3> sa malheureuse soeur, par les conseils de laqaelle il 

3» s^est conduit dans toute la piéce , quoiqu'il la reconnaisse 

31 pour une furieuse qui l'a rendu odieux par toute le terre* 

3» Quant å ses fureurs , qui sont si animées et si touchantet 

3f> dans Tristan , malgré la vétusté du langage , elles ne sont 

30 mises ici que pour la forme ; car vous ne vites jamais 

39 un sommaire de fureur plus abrégé que celui-Iå; et, si 

9 on les mettait en musique , elles ne dureraient pas' 

» autant que celle SAtrjs. Voilå , monsieur , le precis 

« de ce chef-d*ceuvre , qui, comme vous voyez, ne 

» semble pas moins fait contre la raison que contre 

3» la rime , å laquelle le poete en veut furieusement* » 

MARIAMNE , tragédie en cinq actes , en vers , par 

Tabbe Nadal , aux Fran^ais , i^äS. 

Appelé å la cour d' Augusta , Hérode y rend compto* 
de sa conduite et se justifie; mais pendant son^abseucc^ 



MAR ii3 

Salome ^ sa sasnv , femrfie artiCcieuse et vindic^ve y fatt 
répandre Je. bniit de sa disgråce et de sa snört , et in^^ 
tercepter toutes les lett res d^Hérodp. h Mariamne ; de. 
maaiére que, maitresse de toutes les BOiivpilcs,, elle les 
faits bonnes ou manvaises seloD qu^e sa .pplitique semble 
l'exiger. Cepeudant Htrode arrive com|i|fé des faveiirs, 
d*Åuguste 9 et trpuve sa cotir dans iine agitati9D qul, 
donne^ oiati^re ä ses soup^oBs. Salome , comme. d^s les. 
pi^es précédentes ^ accuse Mariamno d^avoir ypulu le, 
faire; : empjoi^qDDer ; mais ceUe reine trouve ua 4^feDsciHr 
da^s son fils Alexandre, qui jpue ici un trés-beau role»* 
Åjosi ou'oii Ta déjå vu , elle est condan^Dée par le 
cooseil d'Hérode : Soesm^ , ministre d'Hérpde , est mis 
å mört sur un simple soupron. A la fin on parvient å lui- 
faire ouvrir les yeux, et il fait venir racciisateur de Ma- 
liamne* Celui-ci lui découvre la trame dont il a élé un 
des pHhöipaux fils^i^t se Kfe. Mais taudis qu*Héröde'cherchö 
å décoUvrir la vénié , ^ål^^^profite dés id^t&hir et fait 
périr Mariamne; ainsi, eUéfiié triömpbe åé stes enhemis 
qu'apréa sa mört. JSa.prqie^iau plus Äflreui désespolr » 
fiérode jure de yengev l'inidocénte Mariamno» i- 

JUiatMVGt de cétte tfagédie.est suspeudu *äikieé;.beaucoiip 
d'aTt^ le earactére d^Hé^de. ^t un.xnéUuge de fermeté 
et de faiblessQ) deivejrius et de viceis :;Hé]fQde é$t ici., comme- 
nous]'atransiiiis rj9d(9toir0> soup9onneuxettoujoursiol]uiet|' 
aussi se laisse^t-ilfiiqilemeat séduire et s'abahdonne-t-il aveu*' 
giément luix perfide^xonseils de ses ennemis; niais, dés qu'il 
dt^couvre la Véirité, il veut réparer seistCrts^Jil-nW plus tems* 
Mariamne e^t plUs ,åiffke de ^pitié^, en;ce'C|»e{,naalgré les 
crimes d*Hérodfe, elle conserve pour lui Tintéirét et Tattache- 
ment que lui inspireut les titres d'épouxet.de'pérek Quand 
elle est accusée , f Ue. b0 . chcrche point koG ^ix^i^tsx d'une 
Torne J^I. H 



114 MAR 

m 

inculpatioD odieuse qu'elle a lieu de croire Vouvrage 
d'Hérode , elle ne hii parle qu^avec une noble fierté ; 
qu'avec cet orgiieil qni sied å l'innocence. Si dans son en-* 
trevue avec Hérode , elle ne répond pas k ses transports , 
c'est moins par mépris poiir lui , que par 1'indignatioii 
qiie lui iospiro 'sa conduite avec Auguste. Salome est la 
méme partout. Ce sont ses pcrfides insinuations , ce sont 
ses fureurs qui förment 1'intrigiie , 1'action et le dénoae- 
ment de la tragédie. Mais les r essorts , qu'on lui fait |OQer 
dans celle-ci , sont infiniment plus déliés que dans celle de 
Tristan , qui , comme nous l'avons déjå dit, n'a fait. que 
recrépir celle de Hardy ; quant au style de Tabbe Naldal ', 
il a souvent de 1'étégance , de la correction et inSifaé def 
la force. 



't: 



MARIAMNE, opera comique^ en un acte, en prose, 
tiré du roman de Mariamne de Marivaux , par Favart el 
Panard , å la foire Saint-Gormain , 1737. 

Valville , déguisé en laquais , remet une lettre k $ä 
maitresse : Mariamne , apres Pavoir lue , reconnatt sött 
amant. Valville se jette k ses pieds : dans ce moment 
M* Diiclimat les surprend : Mariamne se retire. Lat 
scéne entré l'oncle et le neveu est assez plaisante ; 
Valville avoue son amour å M. Duclimat , et s'ao- 
cuse de ressentir la méme passion. L'hypocrisie de M. 
Duclimat se manifeste dans une autre scéne qui a lieu entré 
lui et Mariamne. Il a la honte d'étre raillé par Valville, qui 
entend uoe partie de sa conversalion. Mariamne y est 9 
comme dans le roman , reconnaissante et généreuse k 
Texcés. Sa vertu est aussi dignement récompensée. Elle 
te trouve fiUe ' de madame d'Orsin , et digne , par sa 



iå A K ti5 

BaissanGe , d'iépbiisét cbinl qti^elie tnéritait pär son åmoiili 

et så verta» 

- ■• " '■ j ■ • 

MARIANNE, öpéra en tin åcte, piär M. MarsoIIierJ 
tBUsiquo de Ml d^AIeyrac , å Popéra-coihique , 179$^ 

Cette piice , k iaqiielie öh jfigut repréeher des événe-^ 
inens trop peu natbrels^ trop brmfquos left trop multipliés , 
eiBt remplie de détails- iatéressatis. L'auteiir a su ménager^ 
anrec lieancoup d-art, des édpes pleines de gaité et des 
plbft beäaz sentioaeos de la- natiire. La musiqiie en est 
fortagréatile; élie est pälrfaitement adaptée au:i^ situations des 
personnages ; enfin , elle est siitiple et sans örtiétn^ns étrkn*^ 
gen an sujet; 

MABIE DÉ BRABANT, tragédie en cinq abtés*, ed 
Vers j par Imbert, aux IFran^ais , 1789; 

Le sujet de cette^ptéce est tiré de I'bistoilre dé' Fränce. 

Pierre de La Brosse , hommé de basse extrliction , d'abord 
barbier de Saint-Lon»^ et parvenu, par seS intrigues , sona 
it régne dö son fils, PhiUppe-le-Hardi , åu ttiög de cbam- 
bellan et de favori du roi , est le principal åfeteur de cétté' 
tragédie* Le favori peiit tönt sur Fesprit du roi , prince sage 
et religieux , et il fait accuser lä réine , Marie de Brabant , d'a- 
Toir faitpérir Louis, hérrtier de la couronne. Gé qui dt)nne 
de la vraisemblance k cette accusätiön , c'est li|ue le jeune 
Louis est un cfnfant^du premier lit ; c'ést par Ifrque Vbu snp^ 
pose k la r^ine le projet de faire passér lä cbiironue sur la 
tete de ses ptopres enfans.Le pöuvöir t[uelui doiine Tamour 
iurl'e]^>rit'dtiroi, genant la cruel le ambition dti cbambellan^ 
excite la kaine de ce demier ; mais il a un autre motif dé 
ireDgéanceé La Brosse avait eu un äls naturel qu'il n^avaif* 

H 1 



ii6 MAR 

poiot osé avouer, datis la crainte d^offenaer la piété duMio* 
Darque; ce fils , aussi scélérat quc son pére , ayantcommia ua 
crime , avait porté sa tete sur Téchafaud , lorsque la reine 
aurait pu lui sauvor la vie. Quoiqu'il en soit ^ Ld Brösse 
suborDc UD témoin ; mais å peinc A-t-on accueilli sa déposi«t 
tion, que ¥on vieot annooc^r sa mört : évéDemen'ii|ui'laiÄa 
cette reine . infortunée dans la triste situaticm d'i(ine accutMi 
qui ne peut répondre å sön accusateur*. Ge qui ajoute aurtout 
ä rintérét de cette situation , c'est que le Röi se voiifoiicéiinL; 
veuger la mört de son fils suy une épouse qu'il aime. Le dac 
de Brabant, frére de la reine ^ se trouvant alorså la.cdar 
de France, prend ouvertenoent le parti de sasceur contve-b 
chambellan , dont il soup^onne Ics pro jets. Bientot an or« 
donne Tépreuve du combat, et le chambellan, qui al'audace 
d'accQpter le défi , reste vainquebr du duo de BrabanCCtBlte 
victoirc , d^aprés ropinioo superstitieuse de ce tenos, déclare 
la reine coiipnble ) et le peuple alors demanda sa cod- 
damuation. Cest p^r le thambellan lui-méme que 1'axitfnir 
fait découvrir Je tissu de sa scélératesse. Ayant surpris-tur 
billet) par leqi|el la reine consant d*entendre d'Armery ^ 'soa 
noveu, qui promet de lui rév«ler un secret important, ii 
laisse parvenir ce billet, en se reservant de rinterpréterd'aiie 
maniåre injurieuse^' å l'honneur du roi. Pour elTectuer^cét 
horrible proj^t, il le surprend et Tassassine,' cbmme pour 
veiiger son maitre ; mais d'Armery, ayant survécu''ii set' 
coups 9 cpmparait devant le Roi. Alors le chambellan^ certaiii 
de le confondre , le somme de montrer un billet qu'il doit 
avoir, et qu'rl croit étre celui de la rdne. Poii6sé41iout, 
d'Armery ^oduit une lettre de rambassadeur.d-Anglpteti»', 
qui manifest&I^:tiabiåOD de La Brosse* Enfin la reinb elst jua- 
tiliée, et elie.reparait, anoenée par son firåre^le duc de firabaot* 



M A B. 117^ 

Tél est le fonds de ceUetragédie, qni ^t tr&i5->bien ac- 
cueillie. Le caractére du chambelian^ quoiqué trés-odien^, 
a de la hardiesse et dela profondeur; il est soutenu }tisqii'aii 
déaouement. Ceuz de PKiHppe' et de la reioe aecnsée sont 
ble» développés , et offrent beaiiceup d'iiitéret'? quant au 
style , il a de ia pureté , et de Féléganee ; mais it est sa&s^force» 

MARDS SANS IM SAVOIR (le), comédie en im 
acte , en prose , par Fagan , aii> théåtre Francis , lySS. 

Cest ici deux fréres xivaux. I>'un cröit aimer » et n'aimé 
pas; Vautre-aime sans le croire* Lucile , jeune veirve , inte- 
ressée å déméler leurs vrais sentimcns , pénétpe enfin ceux 
du Chevalier , et les trouve- d'accord avec les sieus; et 9 
quoique dejsll proraise au Marquis, elle denne la^préférenee 
a son frére. Sou» ce rapport, le Baron , pére- des deux fréres 
rivaux , est< d'inteUigeDce' avec Lucile ^ en conséqucnce , on 
dresse un contrat oh. Lucile est designeé répouse du Che- 
valier. Celni*ci ne croit signer que le contrat de mariage de 
son frére, et signe le sien propre. Le Marquis , ennemi de 
ces sortes de cérémonies, a déjå signé sans rien lire ; il 
consenL méme k diOerer aon mariage, et croit n'en user que 
par délicatesse. Mais , enfin , apres quelques nou velies 
épreuves., le clia valier eat instruit de soa sort. Telle est 
rintrigue du Marie sans le savoir , otb la vraisemblance est 
quelquefois en défant. 'L'art de l'auteur j supplée au tant 
qu'il lui est possible ; mais non autant ^u'il out. été né- 
cessaire« . 

MARIE STUART, Reine d^écos»., tragédie par 
Renaud , 16894' ' 

Tout le monde e<Hinait les malheurs de cette triste vic- 
time de la politiqiie d'ÉU£abetb:^ rien ne les égale ,. si. €«b 



|i8 M A I 

»'est peut-Atre U naaniére bizarre dont B-enaud Iqs 9t retråcés 
dans cette tragédie* 

Marie est dans le palais dTilizabetb , prison honorable ^ 
ou elle est gardée å vue ; ceta ne l^empéche pas d'avoir des 
intelligences avec le duc d^ Norfolc qu^elle doit épouser ^ e\ 
qui parait égalenaent ép^is de ses charjnea et de s^s vertus. EU- 
zahelh, dont il avait autrefois obtenu les faveurs les plu» se- 
crettes , ne voit pQint cette passion sans jalousie ^ et la ToiUi 
bien resolue å faire périr et son amant et sa rivale. Pour y 
parvenir,le comte Morray, enn^mi deNorfolc, quoiq^e frére. 
de Marie , fait contref^i^e Técriture des deux amans , et 
dans deux billets, dont l'un est laréponse deTautre , il 8'ap- 
pose que le Duc et Marie ont conspiré contre Élizabetli. 
Ce moyen peu yraisemblable , devient absurde , puisque le 
Duc , å qui Ton présente le billet qu'on lui attribue, nere^ 
connait psis que son écriture a été contrefaite. Quoiqu'il ei^ 
soit , il est traduit devant un tribunal , oi\ il est accusé par le 
romte deMorray, frere naturel de Marie, et condamnéå mört. 
Le jugement n'est pas plutot prpnoncé qu'on le met å ezécQ-, 
tion ; m^is comme le crioiq ne doit pas rester impuni , otn »p-^ 
prend au trpisiéme acte que Morray , le dénonoiateur de 
Norfolc, aété assasiné. Elizabeth regrette ce scélérat, et n'en 
devient que plus irrijtée contre la reine d'£cosse , dont elie 
ordonne la mört au quatri&me acfe; ici la tragédie serait finie; 
xnais au cinquiéme acte , Tambassadeur de ii^rance vieat soUi- 
citer la grace de cette intéressante victime. Elizabeth , déj& 
tourrnentée par ses remords , 1^ lui accorde ; inutilemept 
ses premiers ordres spnt exécutés, et \e messager, qu^elle 
a envoyé ppur. revoquer sa craelle sentence , vient lui 
l[aconter,dans le plus grand détail, les circonstances de la mört 
' ^eson infortunée rivale. Aiusi, dans cette tragédie, troia per- 
aonnes périssent , savoir : le duc de Norfolc , Ip cpmtQ ie^ 



MAR 119 

Morray et Marie Stuart ; quant å Elisabeth , elle reste déiw 
chirée de remords , et tourmentée pcur le seuvenir du double 
crime qu'eUe a commis* 

MARIE STUART, Reine d*Écosse, tragédie en cmq 
actes f ea vers , par Boursault, auz Erangais , i6S3« 

Le comte de Morray, frére naturel de Marie Stuart, 
Gomblé des bieufaits de cette reine , est ici , c ömme dans la 
piéce de Renaud , le moteur de tous les crimes et de toutes 
les vengeances ; mais il est bien plus scélérat , et Elizabeth 
bieo moins coupable. Marie Stuart, elle-méme, estbeaucoup 
plus intéressaote ^ et aussi beaucoup plus digne de pitié. 
.L'intérét qu'elle inspire s'accroit de scéne en scéne jus- 
qu'au dénouement. An surplus^, voici le fonds et Tintrigue de 
la tragédie de Boursault. Entrainé par Morray , le comte de 
Neucastel devient aussi criminel que lui. Morray lui per- 
saade qu'il ne conspire la parte de la reine Marie que poiir par- 
tager son trone avec lui« Mais Morray , dont le comte de Neu* 
castel est 1 aveugle instrument, a de plus vastes desseins; il 
aspire å la main d'Elizabeth. Cest pour parvenir }usques-lå 
qu'il fait accuser le duc de Norfolc , favori de cette reine et soi| 
amant, d'étre d'inlelligence avec Marie pQur la perdre« 
Croyant que ses bienfaits lui assurent b coeur du comte de 
Neucastel, le duc de Norfolc vient lui con0er ses sentimens 
pour la reine d'Écosse, et le projet qu'il a formé de \^ soqs- 
traire å la vengeance d'£lizabeth; il lui demande de favoriser 
sa fuite en lui ^ivrsmt un des cinq ports dont il Ta fait nommer 
gouyerneur ; mais ce miserable träbit son bienfaiteur, et, de 
concert avec Morray, fait aposter une des créatures de so q 
exécrable ami qui va dénoncer å. Elizabeth le projet du Duc. 
IFurieuse contre lui , Elizabeth jure de le punir ; mais c est 
lin amant adoré qui Voffense^ d^ailleurs elle ne sait si ell^ 



Mo ÄI A R 

doit s'en fier an rapport qiv on vicnt de lui faire ; cHe ne sait 
pas en un mot, å qiioi se déterminer. Elle envoie chcrcher ie 
comte de Morray , qui vient de dérouler anx yeux de 
Nencastel la trame de ses odienx pro jets. Morray se rend 
anprés de la reitie , et soune , dans son åme , le venin de 
la jalotisie , en hii apprenant la passion du duc de Norfolc 
ponr Marie ; passion qne , dans cette piéce , elle ne par- 
tage point , piiisqiie jusqii^ici le Duc n*a point osé lui en 
faire Faveii. Dans la tragédie de Renaud , au contraire, 
Marie counalt Tamoiir du Dnc , et le partage. Danscelle-ci , 
Elizabeth vent punir sa rivalc et épargner la tete de son 
amant , tel cöupable qu*il lui paroisse. Dans ceile-lå , eWc 
veut se vengcr de l'un et de Tautre. Cependant , k Theure 
indiquée pour leur dcpart , le duc de Norfolc et Marie se 
trouvent au rendcz-vous , et sont aVrétés. Cette scéne se 
passé sous les yenx d*Elizabeth , qui exhate le couroux 
que lui iospire leur dessein, et ordonne k Euric , qui vient 
de trahir le Duc pour elle, de faire asscmbler les Pairs, 
pour juger et Fingrat qui Poutrage et la rivale que lui 
préfére le duc de Norfölc. Mais , quNtne amante est faible 
lorsqu*il s*agit de frapper une tete si chére ! Elizabeth , 
veut revoir le Duc. Qu'il lui serait aisé de se justifier! 
mais il ne le fara point aux dépens de Thonneur ; et , 
lorsque la reine hii ordonne , sons peine de la vie , de 
signer Parrét de mört de Marie Stuart , il n'hésite pås 
un instant , et préfere fa mört. Elizabeth commande qu'oa 
la hii donné ^ mais un instant apres elle révoque sob 
ordr^y ou du molns elle veut en suspendre 1'exécutioB. 

Qu^nd un xoi veut le crlme , il est trop obéi« 

Il n*est plus tems. Morray, Podieux Morray a åé]k fait 
tyancher et la tete du duc de Norfolc et celfe de sa soeuTt 



MAR 'lii 

Le.baibeure ! il vient lui demanderle saiaire de ses crimes» 
et lui proposer de remplacer leDuc dans son cceur! Eiizabetb» 
aloF3) voit toule la profondeur de Tabime t)i!i l'on vient do 
la ploDger. A Pinstant, elle fait venir le comte de Neucastel 
qui confesse son crime et celui de Morray : celui-ci vient å soa 
tour déclar^r ä Elizabeth que c'est lui qui a fait einpoi-« 
sonner le roi d'Ecosse, époux de Marie Stuart^ sa soeur; 
et que , fier de ce premier crime et 8'en reposant sur elle , 
il avait congu le projet d^. faire périr sa soeur. Laissons-lo 
pailer lui-méme ; 

La mört qu^^elle a soufferte, est mon dernier onyrage ; 
£t son fils , a son tour , eut assouvi ma råge : 
J'cn avais donné Fordre , et j^allais étre Roi , 
Si le sort inoonstant ne m^eut maiiqné de foi. 
. Vos dröits k TAngieterre étant pen legitimes , . 
£t les miens, ä TEcos^ey étant qrimes snr crimet^ 
Pour les mieux affermir , je cherchais les moyens , 
D''unir mon sceptre au vdtre , et yos crimes anx micns. 



Enfin , il profite d*un, poignard qu'on lui a l^issé , et sé 
l'enfonce dans le coeur» Ainsi ce mönstra échappe å la mört 
ignominieuse qui Tattendait; mört trop belle , s'il est permi» 
de s'exprimer ainsi , et mille fois tröp douce pour ses 
forfaits* Gette tragédie offre des situation^ trés-dramatiques , 
et des caractéres trades avec beaucoup d'éaergie ^ elle 
n'eut aucun succés, et fut pourtant trévS-profitable å son 
auteur* En effet, Boursault la dédia å M. le duc de Saint- 
Aignan , qui lui fit present de cent louis ; il commen^a par lui 
en couapter vingt, et acheva la somme en qnatre nnoi^, 
en lui en faisant porter vingt par un gentilhomme , k chaquQ 
premier ^iir du mois» 



132 MAR 

MARIGNIER a fait joner k la foire Saint-Germain , 
en 1780^ la Pantoufle et Jjydippe , opéra-comiqiies ; et, en 
soci^té avec Fannard et PoDteau , au méme tfaéåtre , 
Argénie , opera en un acte. 

MARIN (Louis-Francois-Clatjde) , né å la Ciotåt 
eu Provence , ccnseur royal , a donné les piéces suivantei : 
Julie ^ oii le Triomphe de PAmitié ; la Fleur ^Agaäion; 
VHeureux Mensonge; Fédine et les Graces de l'Ingénuitén 
ToiUes ces piéces sont imprimées et réunies dans un volumet 

MARINS (les), comédie en cinq actes, en vers, par M. *** , 
an ihéåtre T'ran9ais , lySS» 

Liancoiirt et Gerseuil, revenus d'uii long voyage dans le 
méme vaisseau , recherchent en mariage Amelie. Liancourt, 
brave et honnéte , a poiir lui Amelie et sa mére. Oerseuil, 
låchc et intéressé , est protegé par le pfere. Liancourt, poar 
tcrnilner le diflerent , propose å son rival de s'en rapporter 
au sort. Celui-ci y consent d'abord ; mais bientöt il s^y 
refnse , en apprenant qu'il s'agit du sort des armes. 

Si Ton remarque , dans cette piéce , un grand nombr^ d'iii- 
cidens pen motivés et sans vraisemblance , on y trouye aussi 
des situations neuves et des détails heureux. 

MARION (Pierre-Xavter), jésuite, né k Marseille 
en 1704 , est auteur d'une tragédie d^Absalon et de la JUoft 
de Cromwe/» 

MARIONNETTES (les) , comédie en cinq actes , en 
prose , par M. Ficard y au théåtre de Louvois, i8o6* 

Pour ne point étre accusé de jnger M. Picard avec préven- 
^ion y et de presenter ses ouvrages sous leur aspect le plus 



MAR i»3 

^éfavorable , nous allons donner de f^ettc piéce Tanftlyse 

qti'eD a faite ud sévére critique , qui s'est plu ä en porter un 
jugeiBen^ trés-avantageux* Mais si nous empnmtons I'ana-> 

lyse de ce critique faabile , non» n^emprunterons pas son 
ppiDion f puisque nous en avons con^u une toute contraire 
k la sienne. Ge pcéambule qui doit ras^urer le public sur 
liotre impartialiié) döit aussi prouver å M. Ficard que s{ 
pous bUUnoDs souvent ses cornédies , nou^ avons du moirrs 
|e désir d'en dire åii bien. Voici Tanalyse de M* Geoflröj. 

Un Magister de village , nommé Marcellin , espdce de 
pbilosophe qui affecte de mépriser ce qu'il ne peut posséder , 
bérite tout-å-coup d'un certain Ducoudra^ , son cousin- 
germain , qui lui laisse cinquaute mjUe écus de rente. 
M* Dorrille, seigneur du méroe 9^iUago, éprouve une banqne- 
Toute qui tout-^ä^-coup détruit toiiie sa fortune. Le maitre 
4'^ole est prét å mourir de joie ; le seigneur est en proie au 
pin» affrei^x désespoir ; Tun et l'autre ne tardent pas k s'arran- 
gerd'aprés leursituation nouvelle* Marcellin acfaéte le ch&teau 
de M» Dorvillé. OeUii-»ci veut faire épouser $a soeur å Marr 
fellin y qui, dans ce moment, a bien d*antres aflaires. 

A coté de ces deux prinripales Marionnettes de l'homme 
finrichi , et de l'homme Tuiné , qiii toutes deux sont d'un 

. grand mouvement , on en voit une troisiéme de moindre 
grandeur , et trés-subalterne : c*est un plat-pied et un fourbe 
^n sous-ordre , pommé Valberg , créatnre de M. Dorvillé , 
qui lui a fait ayoir un petit emploi de receveur de l*enre- 
gistrement. Cest un pedant sentimental , une espfece de 
tartufTe , affichant les plus belles maximes d'honneur et de 
probité , au fond låche , égoiste , vil flatteur de Fopulence. 

. M. Picard s^e$t donné la peine de bien établir ce caractére, mais 
\l agit pen dans la piéce , et ne produit rien. A peine instniit 
d^ 1» disgr&ce de porville , il se tournp vers l'acquéreur du 



1^4 M A R 

chåteun ; et , sacbaot q ne M* Dorville a des vue» ponr 
iiiarier sa soeurau iiouvcaa riche , il va aussi chercberla sienne, 
qui est plus jeuoe et plus jolie , et se flatte de la préférence. 

Aiusi Marcellin se trouve entré deux femmes qni lui foot 
la cour , et dont il ne se soucie guéres ; et en outre , il est 
tournieuté par la lille du jardinier nommée Georgette , qii^il 
aimait avant &a fortuue , et qu'il n*aime plus guéres» Il ne 
saitå laquelle entendre; aiicune femme ne veut du pauvre , 
toutes veulent du riche. Ce&t donc le riche qui en mariage 
est le plus embarrasé» 

Marcellin ne songe point a se marier ; son premier désir 
est d'al!er se faire voir k Paris ; ce désir le presse pettiant 
toute la piéce , et il ne Texécute point ^ on y met bon ordxe* 
Ce parvenu a un ami , un camarade d'étude qui fait 
métier de montrer des Marionnettes ; et, ce qui est fort an- 
Jessus dfi son métier , qui raisonne sur les Marionnettes en 
philosophe , et qui ne voit dans tous les hömmes que des 
jparionnettes. Cet ami qui s'appelle Gaspard , rotigit de voir 
Marcellin comme une marionnette entré trois fem mes , qui 
le font tourner å droite et å gauche. Sa philosophie lui dit 
quc Marcellin doit épouser l'innocente et naive Georgette, 
son premier amuur* Mais comment faire consentir un nou-' 
Teau riche k épouser une paysaune? £n sa qualité do rjcfae« 
Marcellin n^est plus philosophe; il n^a plus besoin de l'étre, 
puisque la philosophie d'aujourd'hui n'est |)onne que pour 
s'eDrichir, etue vautrien d&s qu'on est riche. 

Qaspard imagine donc un tour de passé - passa , digna 
d'un directeur de Marionnettes. Il commence par faire tour* 
neT a son gré lanotaire du village , homiéte mais imbecill^, 
lequel lui remet une lettre trouvée dans les papiers du cousin 
I>ucoudrai« "Dsins cette lettre le cousin ne parait pas trop 
content d'avoir Marcellin pour béritier. Muni d'ui)e pareillok 



MA 11 itSi. 

fuece , le ^age Op^paxd fait accroire k M. Dorville et å. sa 
soeiir , k M. Valberg et å sa soeur , au jardioler el å sa fille , • 
que Marcellin est déshétité par unsecood testameot. 

Marcellin Tobjet de toutas les adoratious , ne reacoDtr»' 
plus que dqs visages glacés. On fuit å soq apprbche ^ ou !•• 
legarde en fpjtié» Eufia , Gäspard liii révele å lui-meAie sa 
prétendue ejLhérédatipii. Il lui lil ia l^ttre fatalc , et.cette' 
pauTre Marioimette de Marcelliti est si troubltSe , qu'elle ne' 
soDge paa méme å se fair&représcnter Tacte qui l'a déshérit^« 
Il ne songe pas méme qu'il a toute la succession en poohe 
dans uä gros portefibuille , et., qu^é tant si bien nanti , il est 
difficile k déshériter. Il se croit bonnen^eut redevenu paurre-^ 
preJld son parti en brave , ne pense qu a retourner .å son 
écboppf ^^^ci'^\ain , que pendant son réVé il voulaii iaire^ 
abattre , et quUl est Jhei^rejiix de retrouver. Dans ceUe dispo* 
sition, il est ties-touché devoir Georgette lui cooserver son 
ccenr, tandis que tout . le reste; Tabandonne. Quand on- jn^ 
que la le^on a produkt son eflbt y pn lui découvre le mystére. 
U apprexid qu'il n'y a point d au tre ^liangement dans sa fop- 
tune qu'un }^gi^ de.trente milie franqs , qu'il doit paj«r'å 
Georgette , et qui lui revient en l^epo.visant* 

La but de lat comédie est de corriger les défailts , .w les 
préseptafit. sous un aspect ridicule. Ce bpt atteint ■ par Mo- 
Uére 9. par Regnard » Dufresuy et Destouqbes , Fa rarement 
ét4,pj^ l^s.futenrs qui leur ont succédé :M. Picajd s^en est 
éloigné plus que tout autre, parce qu'il n'a point connu la 
ooute jqu^iLXaålait suivre ppur Tatteindre. Il a montré* sur 
la scéoe d^s vices hideux ,' que les lois pnuissent ^ ou des 
défauts inl^écep» iJL Tesp^ce bumaine, que ri^n ne peut chan^ 
ger* Daosle premier cas, Tauteur comlque adévoilélecrime 
sans pouvöTr le punir; dans le second, il a peint ledéfaut sans 
le cotvigiii* DiihautQours^ VEntrée duns U mande , sont une 



ift6 MAR 

preuve de la premie partie do cette proposition (1) , et 1^ 
MarioDnettes vienoeDt å Tappul de la secoode. 

Qu'iin riche, devena pauvrc, s^abaisse ; qu'iin pauvre, de^ 
venii riche 8'eaorgueilli8se ; rlen ii'est plus naturel : Tesprti 
biimain est ainsi fait. Il n*y a qu*un étre supérieur änotrtf 
espéce , qui puisse resister å ces deux penchansi Torgueil et 
la bassesse qui serobleot opposés, et qui sont cependaot l'ua et 
Tautre reflbt de ootre amour-propre. En peignant ces deux 
défauts , M. Picard a peint rhomme en general , et rhommé' 
en general ne pcut étre ni chaiigé ni réformé. M. Picard a 
douc manquéle bnt principal de la comédie, qui est de corri-' 
ger nos mflpurs en nods divertissant. 

Ce n'e8t point pour de tels défauts , ou si l'on veut , jrfhi/^ 
de tels vices , que Moliére réservait ses pin9eaux. La uisaii^ 
trhopie, rhypocrisie , Tavarice , la jalousie , sont des malais 
dics de i'e5{)éce buraaine , maladies rares , dont on peat U 
guérir; mais Tenvie de faire parade de ses ricbesses , d'en 
acquérir, quand on n*en a pas^ n^est point une maladie; c'eA 
une suite nécessairo de notre organisation ; et^ si Ton véoftit 
å nous en corrlger, le commerce ^ les arts et la sociétése* 
raicnt anéantis on sans activité; 

La piéce de M.Picard est donc essentlellement viciense, pnii- 
qu'elIo n*a pas de biit moral. Mais quelqäe panvre que toft cs 
sujet , il n'en est pas 1'inventeur. Dufresny , danfc Ét 
comédie du Lot supposé , Tavait traité moins longuemenf/ 
mais d'une mani^re bien supéricure. 

Quand Ic sujet d'une piécc est vicieux par lui-mémé ,' 2 
Faut au moins que le mérite du planet deFintrigue, rachétent 
ce défatit essentiel ; ici, au cootraire , le plan est mauvais^ 



J.M 



(i) Voyer DufuitUcours et V Enlrét dans le Mondei 



MAR 147^ 

ptiisqu'il offreun personnage entiéremeot inUtile. M. Val* 
l^rg, åönt la présence ne sert qu'å remplir qnelques scénes;- 
ii^intrigue plus mauvalseeocorc , piiisqu'elle ne rouleqne strr 
uneinvraisembiance manifcste. Eu eflfet , quelqiic troubIéqti9 
soit Marcellin de la perte de sa fortune subite , conhrmeiit- 
se &it-il qii'il ne démande pas å voir la piéce qui la Kii 
ravit , et commcntse fait-il eticore que toiite cctte fbtthne' 
étantdans son porte-feuiile , il craigne de la perdre ? Anssi le 
dénonémént dé c^tte intrigiie est-il invraisemblable , cnr 
nen ne peut motiver le changement siibit de Marcellin ehl 
fäveut de Géolrgette ; il dolt redevenir indiiférent dés qnM 
sait q^ soh ådti n'est péint changé ; et ce ne s6nt pas trente 
niAeirands, tégués å cette pauvre Georgette, qui dbivent ra- 
itiener wfabmme qui posséde cinquante-milleécns de rente.' 
Nous ajouterons encore å ces reflexions , que, poiir Tin-' 
térfet de lä thiorale , M. Ficard aurait pu choisir son person- 
mp ailleurs que parmi les Magister de villuge» 
' Comment ^e fait-il donc que cette piéce ait été portée ank 
imes par plusieurs jouirnadistes , et re^Ue du public avec xmW 
si grande fkveut ? Cést lé seciret de la comédie. 

MARIUS , tragédie de Décaux , lyiS. " 

Le caractére que Marin» don ne aux Numides , et Tadresse 
ftvee laquelle il déméle la politique de leurroi, sont paffai- 
tement développés dans cette tragédie. L*amour du jenne 
Harius pour Aristée, y est traité avec toute la bienséance 
convenable; et, si quelquefois cette passion est capablö de 
balanoer »on devoir , elle n^en eit jamals victoriéiise* Totit co' 
que Von j peut trouver de répréhensible , c*est la'versifi-' 
cation embrouillée en quelquesendroits^ äu reste, on y reniar- 
que despensées grandes etélevéesjmaisellesperdentinfininient 
deJeur prix k n'étre pas exprimées avec assez de force et da 



laS MAR 

netteté. Quoiqu'il en soit, cetle tacbe ne doil pa^t empécber 
le lecteur de rendre justice å cette tragédie. N'eut-el|9 
d'autro mérite que d'étre remplle de sentimens , elle doit 
Temporter sur la plupart de celles oä Ton ne trouve que. du 
brillant et des incidens merveilleiiz. 

. On assure que le president Hénault a beaucoup .aidé 
Décaux dans la composltion de cette piéce. . .^ 

MÅBHJS A MINTHURNES , tragédie en trola acte9 « 

par M. Arnault, aux Fran^ais, 1791. ., . « 

Marius proscrit å Rome par les intrigues de ^yUa^ .kui 
rival y est poursuivi jiisqu^å MInthu];Des, d'ou il est pi)&^49 
s^échapper; mais les matelols^ qui Taldaient dans sa fl]|Hf » 
profiteot de son sommeil puiir le remcttre sur le.jrivage* 
L'émissai/'e de Sylla , animé contre lui d'uoe haiqe . pjfUti^ 
culi^re, cfaarge du soin de sa vengeance un jeune S9ldal;:|. 
qui accepte avec joie cetle commission , et qui prompt 
mcme de lui rapporter la tete du fils de Marius , égale* 
racnt raisc å prix; mais ce soldat est le fils de Mariygy^ 
hii-meme , qui , a Paide de ce déguisement , vit inconnu 
parmi les Romains» Ainsi , 1'espoir de ce jeune proscrit est 
de retrouver sonpére, dcle défendre ou de le vepger. Cepei^ 
dant Marius a trouvé un asyle au milieu des marais , dant 
la cabane d'un de ses anciens soldats qui a eu å se pkuadro^ 
de lui , mais qui ne lui en est pas moins reste fidéle. Imi^b 
précaution ! il est découvert et ramené dans les fers. Son 
eqnemi craint de difiérer sa vengeaoce } et, soutenu- des 
babitans de Mintburnes , il ordonue sa mprt pour le JQur 
méme. Qui osera la lui donner ? Qui osera frapper Ma:rius?. 
On en cbarge un soldat Cimbre , qui s'introduit dana sa 
prison pendant son sommeil ; déjå son brås est leve ; il est 
prét å frapper, quand le beros se réveiUe. Ébranlé pas 



MAR 1^9 

la noblesse et le feu des regards du héros , ce soldat s*ccri« 
å plusieur^ reprises : 

J« Tte ponrrai junais égorger Marins. 

EdGd^ le fils de Marius 3e £ait connaitre å l'instaat oh 
Fennemi de son pére et le sien rassemble ses soldats contra 
lui. Honteux de leur låcheté , Ics habitans de MiDthumes et 
le soldat Cimbre liu-méme se rangent du parti de Marius , et 
rennemi de ce grand homme est tué dans le combat. 

Tel est le sujetde cette tragédie. Si la contexture du plan , 
si la marche de Taction sont réprébensibles , le style est 
correct, plein de noblesse et de vigueur. Op y trouve des 
pensées neuves et bardies, des traits nerveux et un grand 
uon^bre de beaux vers , qui firent concevoir la plus baute idc9 
du taletit de M« Arnault, alors fort jeune« 

MARIUS LE JETME, tragédie de Tabbe Boyer, i66g. 

Marius, fils du fameux Caius-Maius , apprend å Maxime, 
soo coufident, qu^ayant corrompu, par ses presens , Valére , 
gouyerneur de Preneste, il a trouvé le secret de se retirer 
dans cette ville avec le reste des forccs de son parti , et 
d'étre en état de tenir tete k celui de Sylla. Il ajoute que son 
bonheur lui a falt trouver, dans Preneste, Cécilie , fiUe de son 
ennemi , dont il est éperdument amourcux. Le peu de 
pTOgr&s qu'il fait sur le coeur de sa mattresse , lui donne 
lieu de croire qu'il a un rival. Sa conjecture n'est que trop 
vraie : Cécilie ayoue, å ses deux confidentes , qu'elle pröfere 
Pompée , quoiqu'il soit moins amoureux et moins galant 
qae Marius. Sylla , vaincu par ce dernier , lui propose la 
paix et la main de Cécilie. A pelne ces deux chefs se sont-ils 
juré une amitié inviolable , que Sylla apprend Tarrivéc de 
Pompée. Sur cette nou velie , il change de desseiu. Cornrae le 

Torne VI. 1 



l3o MAR 

péril scul Ta contraint k cette alliance , si éloignée Ae ses sen^ 
timens, des qu^il ne craint plus, il ne songequ'aiix xnoysns 
d'accablcr son cnncmi , et il ordonne a Gécilie de le servir «fc 
d'y engagcr Pompto , qu'il lui promet pour époux. Cest ici 
qiie la vertu et ramour combattcnt dans le coeur de Cécilie; 
inais la vcrlii demeurant la maitressc , Cécilie se résQut k 
cpouser Marius , pour lui sauvcr la vie ; elle fait plus , 
clle force Pompéc b. prcndre Tintérét de cet infortuné. EnjSn, 
Marius , abandonné des sicns , et craignaut de tomber au 
pouvoir de son cnncmi, se percc le sein. 

13o3'cr était siiigulitTcitient prévenu en faveur do cette 
tragédie , qu41 rcgardait comme un morceau travaillé avec 
beaucoup de soinj-ct inacccssible aux traits de la cHtique» 
Dans cette idée , il en fit la dédirace å M. de Colberc , pour I0 
remereier de la pension qu^il vcnait d'obtenir par son 
crédit. 

MARIVÄUX ( Pierre Carlkt DE Chamblain dk), 
autcur dramatiqiie , membrc de FAcadémie frau^aise ^ né å 
Paris en 1688, niort dans la meme ville en lyöS. 

Prcsque tous Ics ouvrages de Marivaux respirent Vestr i 

louemcnt et la fmcssc , et supposcnt , assez généralem^nt ». - 

iiue iniagination vive , et un caractére d'esprit singuUer. 

Panni los romans de sa composition, la P^ie de Mariaanåj . 

et le Paysaii Parvenu , occupent le premier rang 5 ikiai^ 

I 
par une inconstance peu commune , il quitta Tuii ppui 

conimencer Tautre, et u'ucheva aucun des deux* ITou^ : 

avons de lui un grand nombre de piéces de théåtré , qui • 

ne sont pas tontcs du meme mérite. Celles qu'on regarde '■ 

comme les meilleures sont: \\xSurprise de VAmour ^ le Legs f 

et le Préjugé vaincu , au théålre franrais 5 et , au théfitné ^ 

italien , la Surprise de VAmour^ la Vouble Jnconsiance el 



MAR i3i 

YEpreuve* Les aiitres sont latitulées : L^Amour et la Vérité; 
Arlequin poli par rAmour; le Prince Travesti; la Fausse 
Suivanté; V lie des Esclaves ; VHéritier de Village ; le 
Triomphe de Plutus ; la Nouvelle Cohnie ; le Jeu de 
VAttiour et du Hazard ; le Triomphe de rAmour; VE^ 
cole des Mérés ; VHeureux Sträta^éme ; la Méprise ; la 
ilkre confidehte ; les Fausses Confidences ; la Joie impré-^ 
^e ; les Sincéres; la Dispute; la tragédio å^Aiinibal ; le 
Dénouement imprévu; filé de la Raison; la Héunion 
des Amouts ; les Sermens indiscrets ; le Petit-Maitre cor^ 
rigé; lé Pkre prudent et équitahle; VAmantc frivole; 
é Chémin de la Fortune ; la Femme fidiU ; Félicie et 
ésActeursde bonne foi^ 

Voyant qu'il lui était , sinon impossiblc , dn molns tres-* 
£fficHe dö se fairo nn nom dans la comédic de caractére , 
Manvaux prit le paiti de composer des pieces d*intrigne, 
et ^ (fans ce genre, cjiii pent-etre varié k rnifini, ne voulant 
itihré d'autre mo^lélé que lul-méme , il se fraya nne 
rotité ilouvelle, I5Ieiit6t il introduisit la métaphysiqne sur 
la scdne , et il analysa Pesprit huiiialn dans des disscrtä- 
lioos töndrement épigraitimaliqnes. Aussi le canovas de ses 
comédiésu^est-ilordiuairemeulqa^untissiifortlégerjdont Tin- 
génieusé broderie , ornéc de traits plaisans, de pfensées fleu-' 
ries, de situations neuves , de rcparties agrcables, de sail- 
lies fines, exprime ce que les replis du coeur ont de plus caclié, 
et cc que les rafinemcns de Fcsj)rit ont de plus délicat. Mais 
cselté subtilité métaphysi(juement comiqne , n'cst pas le 
icul caractére de son theutre : ce qui le distingne prin- 
cipalenient , est un fonds de j>hilosophic,dont les idécs, dé- 
Teloppées avec finesse , filécs avcc" art et adroilemcnt acco- 
oodées h la scéne , ont pour but le bien de riiumanifé. 
9»ioiqa'on reproclic å Marlvaui de Irop disscrtcr sur le' 

l2 



i32 MAR 

sentiment ^ cc n^cst cepcndont pas le sentiment qui domine 
dans la plupart de ses comédies^ mais lorsqu'elles man* 
qiient d^un certain intérét de coeiir 9 il y esuste presque 
ton jours un intérét d'esprit qui le remplace. Peut-étre qu*un 
peu plus de precision y j etter ait plus de chaleur., et que. 
Si le style en était moins ingénieux, il serait plus naturel. 
Il faut en concl^ire q ne les défauts que Ton remarqu* 
dans les ouvrages dramatiques de Marivaux , ne viennent 
que d'une surabondance d'esprit qui fait tort k la délicfr» ■ 
tesse de son gout. Tels sont ccs dialogues si ennuyoux^ 
entré des interlocuteurs qui regorgent d^esprit et man^ 
qucnt de scns; qui épuisent une idée et jouént sur. le 
mot , ])our égayer ridiculement un tissu de scénes méffr- 
physiques ; ces tristes aualjscs du sentiment qui ne pei- 
gnent ni les moeurs, ni les ridicules des hommes ; cei. ' 
reflexions subtiles qui sufibquent les spectateurs; ces mé- 
taphorcs tou jours ncuvcs k la vérité , mais souvent hardiet 
et quelquefois hazardées; ces expressions détournées^ qui 
n'ont de piquant que Icur association. Ce que fai traAdi 
d'apr^s vos yeux; des amans sur le pavé ; des caurs hqrSi 
de condition ; des yeux qui violeraient rhospitalité ^ sont. ^ 
des facons de parler qu'on désaprouve avec peine, copune 
certaios criminels que Ton ne condamne qu'å regret* 

Pcrsuadé que la subtilité épigrammatique de son esprit ^ 
et la singularité de son style , plairaient assez , sans le te-, ' 
cours de la versiircation , Marivaux a écrit en prose toutea 
ses comédies. Ses succés lui iirent d*abord des partisana i;^ 
et bientot il eut des imitateurs. Une foule d'auteurs subal- ^ 
ternes s'embarasserent dans un labyrinte de phrases, qui^^ 
devint a la mode* Heureuscment qu^ils u'avaient ni Pes- 
prit^ ni 1^ méritc de leur chef, et que, ne copiant que 
ses défauts y ils n'offrircnt dans leurs écrits qu'un jargoa 



MAR i33 

précieiisement ridlcub. Dfes cris s^élévérent de toutes parts 
pour le proscrire , et Ton convint qii'il ne serait soufTert 
désormais qiie dans les ouvrages de Marivaux , oi^ il s^est, 
pour ain':i dire , identifié avec les graces de son esprit. 

MARLET (l'abbé) a fait la musique d'une pastorale 
iotitnlée : Jesus ncdssant, adoré par les Bergers ^ dont les 
paroles sont de 1'abbé Bonvalet - des - Brosses. Elle 
fat représentée å Paris, en 1744 , par les. demolselles de 
1'Eiifant-Jésus. 

MÅRMONTEL ( Jean Érao^ois) , auteur dramatique^ 
in6iBbredel'Académie fran^aise.^ né k Bort eu l.y^S, mört 
fr Abbe ville en 1799* 

Loshonimes de génie impriment å leiirs ouvrages un.car 
iietire particulier qu'il est facile de distinguer : iinitiateiirs 
.d9:lanatiire, ils la peignent comme ils Tönt vue , et, d'iine 
main hardle , ils burinent sans hésiter ses priaclpaiuc traiU* 
Leats tableaux , leurs dessins , leur coloris ,. tierincnt å leiir 
åme , et , quoiqu'ils n'aient qu'un modåle, ils ne le peignent 
pas de la méme naaniére , parce q ulls ue le voyent pas avec 
lesmémes yeux. Les uns, comme Corneille, ne montrentde 
DOS passions que ce qu'elles ont de grand , de sublime et de 
terrible 5 les autres^ comme Raclue, n'en retira^ent que ce 
qu^elles ont de tendre , de funeste et de déchiraut, Ceux-ci 
impriment la terreur , ceux-lå exciteut la, pitié; aussi leiu: 
«lyle se fait-il facilement reconnaitre^ Aucun homme , pour 
peu,qu'il ait de tact, n'attribuerait å Corneille des vers do 
Racine , ni k celui-ci des vers de Corneille. Il n'en est pas 
de méme des successeurs de ces grunds hommes ; ce n'est 
plus seulement la nature qu'ils imilent , c'cst encore la m^*- 
/piere de leurs. prédécesseurs : aussi leurs ouvragc3s ont-iU 



i34 MAR 

iinc uniformité , qiii fait qi/oii ne Ics distingue pas 
facilcmcDt Ics uns des aiitres. C*est alnsi que Voltaire 
tient toiit-å-Ia fois de Corneillc et de Racioc ^ qiioiqii^il ait 
lin caractere particuller , la profoudciir des pcnsées , et la 
precision dii stylc. Marmontel qui fut I^imitateur de ces trois 
grands Iiommes, empruntant tour-a-toi^- leur maniére , s'esl 
formé un slyle pnr et corrcct k la vérité , mais qui D*a rien 
de caractéristiqne, et qu'on peut facilement confondre avec 
cclui de Laharpc, son coutemporaiu. 

Envisagé sons ce rapport , Marmonlel n'occupe qne le 
troisiemc rang parnii Ics poctes tragiqnes , tandis que Cor- 
»cille et Rnrine sont scnls au premier y et qne p€rsonne nesc 
plncc a coté de Vollaire et de Crébillon. Dans le teros do 
CornclIIc , Marmonlel nVut point été poetc, parce qne, pour 
élre insplré, il avait besoin de l'excmple de ses prédécesseurs. 
Enfin , il n^avait ni assez de förre pour se frayer une roula 
iiouvcllc, ni asscz de gt'nie ponr peindre d^original; roais il 
avait tons Ics talens qni font un cxcellent imitateur. 

D\ine famille honnclc , mais peu riche , Marmontel 
épronva dans sa jcunesse beanconp de diflicnltés pour perfcc- 
tionnersou éducation; toutefois a^ec du zåle etde lapersévé^ 
ranco-, et une certaine souplesse, qni n'avait rien de bas, 
il vint a bout de les vaincre , et de se faire de Tétudc des 
lettres un état fixe , qui le mit k méme de s^avancer dans le 
nionde , cl de devenir le protecteur de sa famille. Ce fot ik 
Toiilonsc qu'il débnta dans la carriåre litléraire , par plu- 
«Ienrs piéces qni remportårcnt le prix årÄcadémie des jeux 
floraux. Ces surces Tenhardirent , et il osa offrir ses pre-- 
iniers essais k Voltaire. Ce grand homme Tencouragea, le fit 
veniråParis, et fut k la fois sonMéceneetson Aristarque.lt 
Iviiconscilla d'cntrcr dans la carrlt^re dramatique» Fidéle aux 



MAR i35 

conseils d^un aussi grand maitre , Marmontel y débiita par 
la tragédie de Venis le tyran; cettepiéce ent un succés si pro- 
noucé , que Tauteur fut appelé sur le théatre. Get honneur ,' 
tant prodigué depuis , n'avaifc encore été accordé qu'uno 
fpisa Voltairc å Foccasion de Mérope» A Denis h tyran, 
Marmontel fil; succéder Aristomkne , qui n'eul pas un moin- 
dre succés. Voltairequi u'étart point jaloux de ses inférieurs^ 
pressa l'auteur dans ses brås å la preraiére representation da' 
cette piéce , en s'écriant , macte animo generöse puer ! 
Cléopå$re suivit de prés Aristomhie ; mais la négligence du 
style , la foiblesse du sujet , et d'autres circonstances qne 
nous ne rapporterons pas , empéchérent cette piéce d'avoir 
%o\it le succés que 1'auteur en espérait. Cette dcrniére tra- 
gédie p£irut en lySo. Denis le tyran avait paru 1748 ; ainsi, 
dans Tespace de deux ans, Marmontel produisit trois tragé- 
dies^ fécondité rare alors , mais qui est devenue assez com- 
mnne depuis que Ton traraille sans gout et sans rédexion. 
Les Héraclides enreut encore moins de succés que Cléopåtre ; 
cependant cette piéce offre de belles situations. L*autcur 
attrlbue la disgrdce qu'elle éprouva , a Tétat d'ivrosse et 
d'étourdIssement dans lequel se trouvait , au second acto , 
Mlle.Dumesnil , qui jouait le rolede Déjanire. Cette actrice , 
dit -il, aimait le vin; elle avait coutume d'en bcire un 
gobelet dans les entre-actes , mais assez. trempé d^eau pour 
ne pas Venivrer; malheureusement ce jour-lä son laquais h 
lui versa pur å son insu : toute bouillante encore , elle avala 
ce vin , qui lui porta ä la tete* 

Dégouté de lasc&netragique par lacbute des Funerailles ds 
Sésostris qu'ii donna ensuite , Marmontel se montra sur la 
scéne lyriqué, et y débutaparla pastoralehéroiqiie å^Acanthe 
et Céphise^ dont Rameau fit la musique. G^était une piéce å. 
grandes machines , et qui fut coniposée k roccasion de la^ , 



i36 MAR 

iiaissancG du Dnc de Boiirgognc.il fit ens uite /a Guirlandeet 
les Sybantes » deiix actcs détachés qui eurent du sitcct^s, et 
doDt Rameau fut encore le niusicicn. 

Marmontel qui visait uu solide y et quI avec rabon yeulalfc 
se faire dans le monde un étal fixe , obtint la place de secré- 
tairc des båtimeus du roi ; mais cet emploi qui^ le retenait å 
.Versailles , ne Fcmpéthait pas de se livrer au travail de l'eii- 
cyclopédie don t il faisaitles artides sui* la Httérature. Cest Am • 
ces artides épars dans ce väste dictionnaire , qu'il composa 
daus la suite sa Poétique fraiifaise ; ouvrago estimable , ot 
qui le place au premier rang parmi nos rhétcurs, Poli, sonple y 
insinuant, quoique doué d\in caractére picin de franchise, 
Marmontel savait se coucilier les bonnes graces des grands , 
et surtout les conscrver ; il usait sobrement de leurs faveurs; 
mais il cmployait avcc z^le son crédit aupr^ d'eux , quaod 
il ä^agissult d\)bligcr ses amis. Il ena donné la preuve eu fai- 
satii accorder å Boissy le piivilåj^c du Mercure. Celui-ci, 
.sci sentant trop faiblo pour luie aussi grandc entreprise , eut 
iLTonrs anx talens de son bienfaiteuif , qui , a cetto occasiÖD, 
r(»mposa quelques-uns de ses Contes moraux^ son plus beau 
litre å la gloire littérairc. Noiis nous dispenserons de faire 
l\^iOgc de ces ouvrages , écrits avec autant dVsprit que de 
simplicité ot de naturel. 

Apres la mört de Bolssy , Marmontel obtint ponr lui- 
111 éme le privilege du Mercure ; dés-lors il renon^a ä la place 
de secrétaire des båtimens , pour s'occuper uniquement d'uD 
ouvrage d'autant plus uti!e , que les pensions de plusieur» 
gens de Icttres élaient fondées sur ses produits. Il accueillit 
les premiers essais de Tabbe Dclille et de Malfll4tre, ceuxde 
Lemierre, et il encouragca par de sages critiques les talens drt 
jeune Tbomas. Il oontribua par ses conseils å rectifier ce que 
Mllc, Clairon avait do vicieux dans son jcu brillant , ot Von 



MAR 13/ 

pent dire , å cet égard, qu'il opera iine réforme salutaire dans 
Tärt dramalique , en faisant succéder å Temphase , å la décla- 
mation , le ton de la natiiré et de la vérité. Malheuréusement 
Pauteur ne resta pas long-tems å la tete du Mercure* Lié 
avec Gury , il eiit le nialheur de reciter une parodie de 
Cinna que celui-ci ayait faite , et dans laquelle il attäquait 
le diic d*Aiimont, alors intendant des nienus*plaisirs* 
XeDuc, irrité , se plaigpit au Roi, et Marmontel fat non-« 

• - 

teulement privé du Mercure , mais encore renfermé k la bas- 
tifle ; punition bien rigoureuse , pour une légére inconsé- 
qUence. Il en sortit å la vérité aubout de quelquesjours; mais 
le Mercure ne lui fut pas rendu. 

Ijoin de se laisser abattre , Marmontel tira de nou velies 
forces de sa disgråce : libre de tons soins , son esprit devint 
pTns féoond et plus vigoureux. Il acheva sä Poétique , et la 
dédia au roi ; il con^ut et écrivit son Belisaire , qui lui causa 
qnelque désagrément, mais qui mit le comble å sa gloire. Il fit 
ies Incas , roman fort intéressant. A tant de titres , il fut re^u 
ål'Académie , dont il devint secrétaire perpétuel. Mais, loia 
de s'endormir sur ce trone littéraire, il composa et fit jouer 
sQccessivement plusieurs opéra-comiques-, dont Grétry fit 
la musique. Ce sont Ies Mariages Samnites j le Huron , 
Lucile et Silvain yl' Ami dela Moison et Zémire et Azor» 

Marmontel avait cinqiiante ans lorsqu'il épousa Mlle. de 
Mootigny , niéce de M.Morellet , å peine ågée do dix-hnit ans, 
Cetfe disproportion d^åge n'empécha pas ce mariage d'étre heu- 
reux; et Ton pent dire qu'il embellit Pantomne et Thy ver d'une 
vie, dont le printems et Pété s'étaient passés au milieu des tra- 
vaux littéraires. L'amour conjngal ne rendit point Marmontel 
infidéle aux mus^s; il composa Popéra dejD/c?o/2,quieut un suq- 
ces complet 5 celui d^Fénélope , qni ne fut pas aussi heureuXt 




i38 MAR 

et la comédie du Dormeur Eveillé , sujct tiré des JUille et 
vne Nuits , qiii D'eut pas le bonheur de plaire. 

Sans prendre unc part active å la revolution , Marmontel 
la vit avec les sentimens d\iD patriote, qui désire la ré- 
forme des abus : dans la suite, ponr éviter les persécutions , ii 
fut obligé de se cacher. Quand l'orage fut dissipé , il passa 
tranquiUcment uiie partie de ses derniéres années å. Gaillon; 
^Dfin, il fut nommé député, et défendit la religion avec énergie» 

Commc il avait vécu sobrcmeDt , il sentil peu les 
infirmités de la viellesse ; il mourut d'apoplexie le 3t 
décembre 1799* Co™™c auteur tragique, Marmontel na 
pcut étre placé qu'au troisiéme rang. Son style est naturel et 
vrai y mais il manque de couleur et de force. Ses opcra-co* 
miques, notammcnt Zémire et Azoiy Fél&vent au premier 
rang parmi les auteurs lyriques; ses ConteSj sa Poétitfue et soa 
Eélisaire le placent å coté de nos meilleurs écrivains en prose. 

MAROLLES (Tabbe de) nous a donné, en 1 658 9 uoa 
traduction des comédies de Flaute* 

MARQUIS RIDICULE (le) , ou La Comtesce fait« 
▲ LA IIATE y comédie en cinq actes , en vers , par Scarron 9 
i656. 

Don Blaise Pol, marquls de la victoire, dolt époiuer 
Rlanche , fille de don Cosmc de Vargas , gentilhomme de U 
ville de Madrid. Don Blaise , qui craint que sa future ne soit 
une coquettc, commande å son frére, don Sancbe, de faira 
croire qu'il cstpassionné pour Blancbe; celle-ci connait déjå 
don Sanche,et Taime; et le cavalier, de son coté, est fort épris 
de Blanche. Cependant une Portugaise , nommée Stephanie , 
y^Tenturiire des plus signalées, se met en tete de se fieura 



MAR x3o 

épotiser par don Blaise. Poiir y parvenir, elle vicnttrouverdoa ^ 
Cosme de Vargas , et lui dit qu'elle est femme de son 
geodre futur , dont cjlo a deux enfans. Don Blaise a beau. 
protester de la fausseté de ce fait; Stephanie soutient toujours 
ce qii'elle a avancé; de sorte que don Blaise , pour se débar^ 
rasi^er de cette créature , lui ofira une somme d'argent , 
qu^elle accepte. Ensuite , craignant les infidélités de Blanche 
ft'il Tépouse , il promet une dot å don Sancbe pour tenir sa 
place. 

ifARS(MlIe.) 9 actrice du théatre Fran^ais , i8io. 

£ette .actrice a joué et joue encore les ingénuités ave^ 
beaucoup de succés , elle est aimée du publlc , qui lui a 
loog-tems prodigiié ses faveiirs. Mais ses yeux ont perdit 
de leiir éclat; leTems, le Ten^s impitoyable a (létri ^a joliefi* 
gure. Ce n'est plus ce front virginal ou sepeignaient la candeuc 
et ringénuité : å trente-six ou quarante ans on n'est plus inno- 
ceote \ å cet åge, en un mot, on ne sait plus rougir. Fénétréo 
de cette vérité , Mlle. Mars s'est essayée dans Femploi des 
grandes coquettés , oh elle s'est fait applaudir ; ce qui 
prouve incontestablement qu'elle est trés-flexible , car ce» 
deux emplois sont diamétralement opposés. Toutefois nous 
lui conseillons de s'en teuir å. ce dernier role. Une fiUe in*; 
génue peut devenir une grands coquette , mais celle-ci ne 
peut plus devenir ingénue ; å plus forte raison , elle ne peul 
étre tout a la fois etgrande coquette et ingénue* 

MARSIDIE , reine des Cimbres , tragédie , par madams 
de Gomez , 17^4* 

Le consul Marius , apres avoir vaincu Marsidie , rein^ 
des Cimbres , et fait prisonnier Gotharsis , prince de Bas-» 
lernes , rend la liberté k ce dernier , et Tenvoie aupc^ dq^ 



140 MAR 

Marsidie , avec uns lettrc pour cette princesse , dans la-^ 
quelle il Iiii den-.aiide 11 d rendez-vous. Marsidie iui accordo 
ce qiril desirc . et veut lul doDocr ses enfans pour otage ; 
znaisle consul la refuse , et se reod seul dans latenta éela 
reine. Il parle d'abord de la paix ^ mals le véritable motif de 
sa dcrmarche • s^est de déclarer å Marsidie la passion qa*il 
ressont pour elle. Il s*ouvre d*abord k Gotharsis. qni est épris 
du meme amour, et le conjurc de parler en faveur de sa 
flamnie : mais cc prince nVst pas d*humcur a ser\ir un ri- 
val , et Marsidie refusc les offres brlllantcs du consul. 
rcfus de Marsidie no sont causés que par Tamour qu^ello 
sent en secret pour le prince des Bastcrncs. CledoakLson nu- 
nistre , et mortel ennemi du Consul romain , annonce a la 
Roiue que les Saxous Ini envoicnt des secours^ et Tobligentde 
renoDceråla paix. Il forme le desseii) d'assassiner Manus 
å rinsu de la Reine. Ce scélt-rat envoic mille Saxons pour 
fondre sur le Consul ; mais le prince Gotbarsis, soutenu da 
cent gardes . taillo en piéces ces ossassins , et dtlivrs Marins» 
Marsidie dtteslant c c forfait borrible , jette dans les prisons 
le mdheurcux Clodoald, et marcbe au CLimbat. Mais, mal- 
gn^ sescfTorts • el le brås du vaiilaal Golbarsis , le destin de 
Marins le fait t:iompber, et il rcmporlo la viclcirc. Marsidie, 
flpres avoir fait arracber la vie å son miiiistre , prend du 
pi isoii ponr se dilivror des fersdes Roraains, el do Tamour 
qu clle a ponr son Giitbarsis. Prés d*expirer , cllc avoue sea 
socrct : ÄJr.riHs \ enl Ini ronJre TEmpire et Tuuir å Golbarsis; 
mais cl!»? li:; n:»prciv.l qro la mört est dans son sein; et, dans 
Tinstarl^ cllc eii dcvioiil la v i cl I mc. La tragtdie finit par les 
rcgrets Ju Consnl , et le dtsespoir du prince des Bastcrnes. 

ILåRSOLLlKR DE Vivetilp.es , auicur dramali- 
, 1810. 



MAR i^i 

Avee 'beaueoup d'esprit et de facilité, M. MarsoIIier a ob- 
tenu dans plusIeuTS genres, des succés nombreux et mérités; etp 
quoiqii'on puisse lui reprocber d'avoir quelquefois abandonné 
le ton aimable et simple de la bonne comédie , pour se 
liyrer au genre du mélodrame, nous sommes obligés de 
convenir que cela hii est arrlvé rarenaent , et qu'il a donné 
un assez grand n«mbre de bons ouvrages , pour nous faire 
excuser quelques écarts que le gout du jour, auquel il n'est 
pas ton jours possible de résister, rend bien pardonnables» 
Nous compterons au nombre de ses bonnes pi^ces, le 
Vaporeux , comédie en deux actes ; Nina , oii La Folie 
pammoury joli opéra-comique , connu de tout le mondc; 
Camille\ ou le Souterrain^ opera un peu noir , mais 
fort intéressant; la Fausse Délicatesse, comédie bien 
écrite; enfin, les Deux Petits Savoyards ^ uns Matinée , 
. de Catina ; le Traité nul ; la Mäison isolée , ou /'JEr- 
reur tTun bon phre , Céphise et Gulnare , piéces qui sont 
restées au théåtre , et qu'on revoit tou jours avec plaisir* 
On peut en general reprocber å M. MarsoUier, d'avoit 
cbercbé å prendre le genre de Marivaux, qui ne convient 
point au caractere de son esprit. 

MARTEL a composé une comédie en un acte , en prose» 
intitulée : L* Illuntinaäon , qui fut représentée aux Italiens 
en 1744, avec7e5 Fetes sinckres^et la Noce de J^illage ; 
Cet auteur est peu connu aujonrd'hui , et sa piéce 
ne Test pas davautage , c£u: elle ne fut jouée qu'une seul« 
fois et ne fut pas imprimée* 

MARTELLY, auteur dramatique et acteur, 1810. 
Comme acteur, M. Martelly s'est fait une grande ré- 
jMitatioD en province dans 1'emploi de Molé ; il a paru avea 



74^ MAR 

succés sur plasieurs théåtrcs de la capitale. Il a de la coa-* 
leur , de Tame et une botiDC diclion ; mais il n'a ni Tes- 
prit , ni les grdces de son modåle. Comme auleur, il a 
composé deux piåces : Ulntrigant dupé par lui^mémé, 
comédic en cinq actcs; et les Deux Figafo ; comiédiö 
aussi en cinq actes. GcUe-ci est réstée au théåtre fran^ais, 
oCi elle reparait encore äe loin en loin. Il a tnontré dans 
CCS deux ouvrages une grande intelligence de la scéne , räaii 
peu de gout et point d^originalité. 

# 

MARTHÉSIE, tragédie-opéra en cinq actes, par 
Xa Mötte, Musique de Désfouches , 1699.^ 

Le sujet de cet opera est tiré de 1'histoire des Anaa^o- 
nes , que Martfaésie engagea å se soustraire k Tempire des 
Iiommes. Mais cettc princesse ayant vaincu et fai); pri-* 
sonnier Argapise, roi des Scytbes, en devint amoureuse , 
contre la principale loi de son nouvel institut. 

MARTIN (M.) , acteur du théåtre Peydeau, 1810. 

Il est diilicile de réunir deux talens dans un dégré sit- 
périeur, et conséquemnoent de procurer au public un dou* 
bleplaisir : ceci est vrai en general, etparticuliérementpour 
les acteurs de la scéne Ij^rique. Tres-peu, joigncnt aU nlérittf 
du cliant , la vérité et la cbaleur do l'action* L'ex«iliplé de' M» 
Martin en est une nouvölle preuve. Il est rare de redcontreriliKl 
aussi belle basse-taille et un plus grand talent d'exécutién': atW 
c une difficuUénerarrétej ilscplaitmémeå s'encréerlui-méme, 
pour mettre en évidence 1'étendue et la flexibilité de sa voix. 
Mais tous ses efforts pourjbire entendre sa belle' volx, 
iiuisent au talent de Tacteur. Entiérement oCöupé å fdlre 
brillcr son chant, il négligc Texpression, le sentiment, et 



\ 



MAR 143 

la yérité. H ne salt ni Btire vatoir , ni rendre la pensée de 
Pécrivain, et souvent, å^force d'accumuler des ronlades, 
il déguise , et méme étouGTe le motlf du corapositeur. 
Toutefois on peut dire, å la louange de cet acteur, qu'i[ 
« 8U profiter des conseils de ses amis , et qiie , dans le« 
réles de vriet, il a du naturel et de rintelligcnce. 

, BIARTINF (M.) , acteur de rAmbigu-Comiquc , 1810. 
L'acteur Martin est peu digne d'occuper une place dans cet 
«UTrage ; mais corame il est å la fois bon décoratcur et 
bon machiniste , nous nous plaisons ålui accorder celle qu'il 
Riérite sous ce rapport. Si nous en crojons la rcnommée , 
il iie serait pas déplacé å TOpéra. 

MAHTTOTSTILLE (M.) auteur dramatlque-, l8io, 
M. Martinville a fait en société , avec M. Étienne , un* 
iistoire du théfttre fran^ais qui a été favorablement ac- 
tneillie du public ; il a donné au théålrc des varictés plu- 
sieiirs vaudcviilcs qui font honneur å son esprit , et qui 
ent obtcnu du succés 5 mais , par un inotif que nous no ^ 
saurions deviner , il a quitlé le géöre aimablc qu'il avai£ 
d'abord adopté, pour le Mélodramc. Son Pied de 31oit^ 
ton esf un si dröle de pied; sa Queue du Viable est une queue 
si diabolique , qu'on ne saurait parler de Tun et de Tautre 
qu'avec un sentiment de respectet d'admiration 5 toutefois, 
malgré ses triomphes,!!!. Martinville acessé, dil-on, dW"^ 
▼oir commerce avec les puissanccs inferi^ales. 

MARTON ET TRONTIN, ou Asbaut de VAXBifs , 
comédie enun acte,cn proscjpar M. Dubois,åLouvois, röo^v 

Marton Qst chargée , par Mme- de I^elval , de rccevoiiset 
d^installer, en son abscnce, maitre Frontiu, valet eflVonté cl 



i44 MAR 

adroit qiie lui cnvoic son oiiclc , capitaloc do vaisseau J 

mais la fripoDuc,, qui n'cst pas d'hiiracur å partager ses 

profits et los bonncs grixcos de sa maltresse avec qui que ce 

soit, cherche un moycn de Técartcr. Elle n'en trouve pas de 

plus sur que de fabriquer une leitre , dans laquelle Mme. de 

19'elval est censée lui marquer qu'elle a changé d'avis sur 

le compie de Frontin, et qu'clle veut s'en tenir å sa 

chhre Marton m Pcndant qu'elle écrit cette lettre , Froatia 

entré , écoute , sort et rentre d'un air respectueux. Il feiDt 

de prendrc Marton pour sa nouvelle maitresse, et lul fiuft 

des complimens qui flatlent Tamour-propre de la soubrette ; 

mais, lorsqu'iI s^est un pcu amusé de sa crédulité, il lui rit 

au nez , et lui fait voir qu'il est digne de faire assaut aveo 

elle. C^est Marton qui commcncc 1'attaque^ mais Frontia 

pare les coups adroitement, riposle et la déconcerte. Enfin , 

pour trancber le mot , il lui enléve la fausse lettro , et lui 

dit qu'il va la rcmcttre au Capitaine , que Marton croit 

parti , qui Test en cflet, et que Frontin dit ne Fétre pas* Il 

sort et rcvient bicntöt sous le déguisement du Capitaine* A 

son tour , il la chassc et reste maitre du cbdmp de bataille* 

Déja il s'applaudlt de son triomphe ; mais il ne sera pås 

dit que Marton In i aura cédé la place a si bou marcbé. 

Comme Frontin s*est scrvi des babits du Capitaine, elle 

empruntc ceux de sa maitrcsse et jusqu'å son accent pro* 

venrul. Les dcux champions se trouvcut encore une fois en 

présencc ; tons dcux , sous Icurs costumcs empruntés se 

croient perdus, et son t prc^s de s'avouer leur fautc. Frontin 

tombe auxgenoux de Marion, lorsque cellc-ci allait tomber 

aux siens, et, pour cette fois se trouve en défaut. Elle profite 

do la circonstance , et le force å déguerpir* Lorsqu'il est 

tout-å-fait décidé k s'éloigner, il s'appcr9oit qu'il est joué. 

Enfin, ayant appris que Marton voulait introduire it sa placo 



> MAS 145 

I * 

un campagnard bien lourd , bien bete et biea commocle ; 3 
se préaente sons le déguisement de ce dernier , et prouve k 
Marton qii'il vant mieux, poiir elle, avoir un compagnon 
adroit qu'cin sot, dont l'indiscrétion peut la perdre. Il la force 
åloi donner des regrets; enfin, ils font la paix; et, pouj^ 
gage du traité , ils se marient. 

MASCARAD^* Troupe de personnes inasquées^ ou dé^ 
guisées , qui vont danser et se divertir , surtout en téms åé 
Camaval. Ce mot vient' de 1'italien mascarata , et celui^ei 
de rara:be mascara , qui signifie raillerie , boufTonnerie* 
Cest Granacci qui composa le premier , et qui fut le pre- 
mier inventeur des Mascarades , oii Ton repr^sente des 
actions héroiques et sérieases* Xe Triomphe de Paul^ 
Émile lui servit de sujet, et il y acquit beaucoup de répu- 
tation. Granacci avait ^té éléve de Michel-Ange , et mourut 
en 1543. 

MASCARADES AMOURECSES (les) , comé^ieen un 
acte , en vers libres , avec un divertissement , par Guyot ds 
Merville^ au théåtre Italien , 1736. 

Ciitandre , jeune homme de qualité , fils de Damop , est- 
amoureiix de Colette , jeane pay sanne , qu'il a vue å Nan- 
terre. Il s'est travesti eo paysan , et a pris l&nom de Lucas , 
pour mieux cacber sa condition. Sous ce déguisement, il no 
Bianqiie pas d'oocasions de voir et d'entrenir Colette , et il par-* 
vient k s'en faire aimer« Ciitandre n'avait d'abord regardé ce 
pro jet de galanterie , que comrae un simple amusement ; 
mais le mérite simple et naturel de la jei;ine paysanne, 
fait une si vive impression sur son eo&ur , que toutes ses re- 
flexions sur la disproportion qui se trouve entré Coletto 
et lui , ne servent qu'ä changer son humeur gaie et 

Torne ri. K 



146 MAS 

badine , en tine sorabre mélancolie , qni altére pen-å-pen sa 
éanté. Doninon , son pére , s^en apper^oit; allamié ponr 
les }OiiTS d'iin fils chéri , il Interroge ArlequiD, son valet, 
et apparemment son confident , qiii bii apprend le aujet de 
cette tristesse : ce pére , aussi bon , aussi tendre , que son 
fils est soumis et vcrtnenx , lui demande 1'expUcation de ce 
changemcDt. Clitandre Iiii avoue sa nouvelle passion , et lui 
vante , en ménac-tems , le mérite et les vertiis de Colette. 
Dorimon , qui préf&re å tout la vic de son fils , lui dit , qu'il ne 
8'opposera pas å ce mariage ; il lui permet méme d'en parler å 
Mathurin , pere de Colette ; mais comme ce paysan paralt 
prévcnn pour son état , qu'il préfére a celui des grands et 
des riches , Clitandre fait trouver bon å son pére , qa'il 
reste tou jours déguisé sous le nom de Lucas, puisque ce 
déguisement I'a si bien servi auprés de Colette. Dorimon jr 
consent y et fait la demande de Colette å Mathurin , pour un 
jeune homme de sa connaissance , ■ dont l'établissement l'in- 
téresse an dernier point ; lui promettant méme d'avoir soin 
de sa famille , s'il veut approuve ce mariage* Mathurin 
consent avec plaisir å cette union ^ pourvu, dit-il, qu'elle soit 
au gré de CoUette , qu'il ne veut contralndre en aucune 
fa^on. Dorimon , voulant aussi connaitre Colette et ses sen- 
timcns pour 1'époux qu'on lui a proposé , a un entretien avec 
elle : il est charmé de son caractére , et ne balance point å 
donner les mains å tout ce qui peut seconder un mariage , qui 
doitfaire le bonheur de son fils. Clitandre, toujours déguisé, 
arrive ; Colette lui apprend le péril qui le jnénace , en lui 
disant que Dorimon vient de la demander å Mathurin , pour 
un jeune homme de sa connaissance. Lucas se divertit un 
moment de Tembarras de sa maitresse , et lui apprend enfin, 
qa'il est lui-mémc cet amant que Dorimon lui destine. 



-? MAS VI7 

L'iimour de CUtandre pour Colette , a falt naitre le désirJb 
Äxlequin , son valet , de faire aussi quelques conquétes & Nan-* 
terre* Il a trouvé la niéce de Mathurin , nommée Finette , 
fort h soo gré , et en est deventi amoureux. Cette jeune pay- 
sanne est non-seulement trés-portée å la coquetterie ; mals 
elle prétend encore épouser un gentilhomme. NicoUe , ser- 
vante de Mathurin , et cousine d'Arlequin , Ta informé de 
c^s circonstaaces; lå-dessus Arlequio prend un fort bel habit 
de son mattre, et, sous ce travestissement , il vient faire la de- 
nande de Finette å Mathurin. !N^icolle , de son cöté 9 fait sa- 
voir å Finette Tarrivée d'un grand seigneur qui vient pouc 
Fépouser ; Finette change d^habit , et se pare de tout ce 
qu'eUe a de plus beau pour recevoir sön époux futur. Arle- 
qnin arrive ; il a une conversation avec Finette , qui est char- 
mée des graces et des maniéres de ce seigneur ; ils sortent 
pour aller faire un tour de jardin. Arlequin revient seal , et 
demande å Mathurin sa niéce en mariage ; il la lui accorde. 
Le Tabellion apporte le contrat de mariage de Colette et de 
Lucas. Apr^ la signature , il présente å Mathurin celui de 
{"inette et du prétendu grand seigneur. Clitandre l'arrache des 
mains du notaire , et fait connaitre Arlequin pour sön valet ^ 
et non pour le prétendu de Finette. Celle-ci, par dépit^ 
déchire elle-méme le contrat, et se retire. Dqriition snrvient; 
il apprend k Mathurin et å Colette, que le faux Lucas est 
son fils; enfin Mathurin est ravi d'un mariage aussi avantageux 
}K>ur sa iille. Cette piéce est trés-bieii écrite et obtint du 
succés. 

MASCRE 5 avocat en parlement , a composé en 1671 la 
Prosarite, ou CEnnemi de la p^ertu, comédie en cinq actes, 
ilontil ne reste que des fragmens. 



K a 



v* 



i4S MAS 

MASCRIER (Fabbé ) > né å Caen en 1S97 , mört k faiiÉ 
en 1760, å falt jouer en 1732 avant la Saur Midicule, comé- 
die de Mootfleury , un prologue en vers , intitulé le CapHce 
et la Ressource. Nous avoos de lui une description de 1'E^ 
g}'pte et une traduction des commentaires de César» H nous a 
donna en outre des editions de Martial et des mémoires de 
Feuquih'e, etc. 

MASQITE. Fartie de Téquipage des acteurs do la 
Gréce et de Rome, dansles jeux scéniques. Cétait une espéco 
de casque qui convrait toute la tete , et qui , outre les 
traits du visage , représentait encore la barbe , les che« 
vcux, les orcilles , et, jusqu'aux ornemensque les femmes 
eniplo3'cnt dans leur coefiure ; du moins c'est ce que nou» 
apprennent tous los auteurs qui en parlent comme Festus 9 
PoUux ^ Aulugelle , etc. ; c'est anssi 1'idée que nous en 
denne Phédre , dans la fable si connue du JUasque et du 
lienard : personam tragicam /ortk vulpes ifiderat, etc... 
Cest d'ailleurs un falt dont une infioité de bas-reliefs et de 
pierrcs gravées ne nous permettent point de douter. H ne 
faut pas croire cependant que les Masques de théätre aient 
eu tout d\in coup cette forme ; il est certain qu'ils n'y par- 
vinrent que par degres , et tous les auteurs s^accordent å leut 
donner de faibles commencemens. Cene fut d'abord, comme 
tout le monde sait , qu'en se barbouillant le visage , que les 
premiers acteurs se déguisérent ; et c'est ainsi qu'étaient re- 
présentées les piéces de Tbespis : qwt canerent agerentve ^ 
peruncti facibus ora» Ils s'aviserent dans la suite de se faire 
des.espéces de Masques avec des fcuilles d*arction , plante 
qui était quelquefois nommée personata chez les Latins, 
comnie on le peut voir par ce passage de Pline : Ouir 
-idoh^ Arction personatam vocant , cujus folio nulium est 






MAS 145 

iatius i c'est notre grande Bardane. Lorsqiie le poé^me dta* 
xnatique eut toutes ses parties , la nécessité 01^ se trouverent 
Wacteiir^derepréseiiter des personnages de diiTérenB genrea^ 
de difTérens åges^et de diSerens sexes , Ips obligea de cbercher 
qiielque mojen de changer tout-å-*coiip de forme et de^ 
figure 3 et ce fut alors qu'ils imaginérent les Masq^^ies dont nous 
parlons^ mais il n'est pas aisé de savoir qui en futl'iRveDteuiv 
Suidas et Åthénée en font honneur au poete Hcerile ,, con- 
temporain de Thespis ; Horace au^ contraire , efn rapporte 
VInvention åEscfaile : posthunc personas palleeque repertorho^ 
nesta, yEschihis. Cependant Aristote ^ qui en devait étre un 
peu mieuxinstruit , nous apprend au cinqniéme chapitre do 
sa Poétique , qu'on ignoraitde soaftems å qui la gloire en étail; 
due; mais, quoique Ton ignore par qui ce genre de Masque fut 
iDventé, onuQusa néanmoins conservé le nom de ceuxqui en 
ont mis au, théåtre quelque espéce particuliére. Suidas , par 
ezemple, nous apprend que ce fut. le poete Phrynicus , qui ex- 
posa le premier Masque de femme au théåtre^ et Néophron 
de Sicyone y celui de cette espece de domestiqne , que les^ 
anciens chargeaient de la conduite de leurs enfans, et d'oi!Lnoiia' 
est venu le mot dePédagogue.DVnautre coté , Dioméde assur©; 
que ce fut un B-oscius?&aUua,,. qui , le premier , porta un 
Masque sur I9 théåtre- de Rome , pour. cacher le défaut. de 
ses yeux., qui étaient bigles. . Athénée nous apprend! aussi 
qii!JE9chiIe fut le premier qui osa faire parattre sut/1a scéne des 
gens ivres dans sapiéce des Cabires^; et qiie ce fut un acteur 
de Mégare , nommté Moison , qui inventa les Masques cq«. 
miques de valets et de cuisiniers. Eufin , nous lisons dans^ 
Fausanias , que ce fut ^schile qui mit en usage les Mas* 
ques bideux et effrayans dans sa piéce des Euménid^s ; mais. 
qu^Euripide fut le premier qui sWisade représenter ces furien 
sirec des serpens sur leur tete. La matiere de ces Masqiies ^ 



i5o MAS 

au reste , ne Fut pas toujours la méme ; car II est certain qna 
les premiers n'étaient qiie d*écorce d'arbres : oraque cortici^ 
hus sumunt horrenda cavatis. Et nous voyons dans Polluz 
qu'oD en fit dans la suitc de cnir , doublés de toile 
ou dVtefie ; mais comme leur forme se corrompait aisé- 
ment , on vint , selon Hésychius , å les faire tous de 
1>ois ; c'étaient les sculpteurs qui les exécutalent , d^aprés 
I'idée des poelcs , comme on peut le voir par la fable de 
Phédre , que nous avons déjå citée* Pollux en distingue 
de trois sortes , des comiques , des tragiques et des 
satiriques : il leur donne å tous dans la description , la 
diflbrmité dont leur genre est susceptible ^ c'est-å-dire , des 
Iralts outrés et chargés å plaisir , un air hideux ou ridiculc , 
et une grande bouchc béante , toujours préte ^ pour ainsi 
tlire , å dévorer les spectatcurs* Onpeut ajouter ^ ces trois 
sortes de Masques, reux du genre orcbestrique , ou des Dan- 
^curs. Ces dcrniers , dont il nous reste des images sur 
11 ne infiuité de monumcns antiques , D'oDt aucun des 
défauts dont nous venons de parler. Ricn n'est plus agréable 
que les Masqucs des danseurs , dit Lucien : ils n'ont pas la 
bouclie ouverte comme les autres ; mais Icurs traits soot 
]j astes et rtgulicrs ; leur forme est naturelie et répond par^ 
iaitemcut au sujet. On leur dounait quelquefois le nom de 
Masqnes muets; oulre les Masques de théåtre, dont nous ve- 
jions de parler , il y en a encorc trois autres genres , que Folhiz 
irapointdistingués, et qui néanmoins avaicnt donnélieu aux 
dlfierentes dcnominations ; car, quoiquc ces term es aient été 
dans la suite employés iudiflercmment , pour iodiquer tontes 
sortes de Masques , Il y a bien de Tapparence que les Grecs 
a^en étalent d*abord senri , pour en designer des espéces dif- 
I tronve eo cBct dans leurs piéces de trois 

Bt lecaractÄre répondeol exactement 



MAS x5i 

an sens propre et pcurticulier de chaéuu de ces termes. Le« 
deux autres étaient moins ordinaires ; les uds ne servaient 
qu'å représenter les Ombres ; Tusage en était fréqueut dana 
les tragédies , et lenr apparition ne laissait pas d'avoir quel- 
que chose d^efTrayant. Enfin les derniers étaient faits expré^ 
pour iuspirer la terreur ^ et ne représentaient q ne des figures 
afireiises , telles que les Gorgonn^s et les Furies ; ces diQé«* 
rens Masques avt i^nt des noms differens» II ett vraisembldr- 
ble que ces noms ne perdirent leur prencdér séns y que lors* 
que les Masques eurent entiéremenl cbangé de fornae; c'est-^ 
dire , du tems de la nouvelle connédie; car , jusque3-lä, 
la difierence en a valt été fort sensible. Mais, dans laauite, 
tons Ics genres furent confondus ; les Masques comiques ^t 
les Masques traglques ne difTérérent plus que par la granden i: 
et par le plus ou le moins de difibrmité; et iln'y eutque ceux 
des danseurs qui conservérent leur premiéreforme. En general, 
la forme des Masques comiques portåit au ridlcule , et celle 
des Masques trägiques å inspirer la terreur. Les Masques du 
genre satirique; fondé sur 1'imagination des poetes , repre- 
sentalent les Satyres , les Faunes , les Cyclopes , et aulros 
monstres de laXable; en un mot , cbaque genre de poésie 
dramatique en avait de particuliers , å l'aide desquelj 
Tacteur paraissait aussi conforme qu'il le voulalt^ au carac- 
tére qu'il devait soutenir. De plus, chacun en avait, qu^il 
cbangeait selon que son role 1'exigeait. Mais comme c'est la 
partie de l'ajustement théåiral qui a le moins de rapport å la 
maniére de se mettre de nos acteurs mödernes , et & laquelk» 
conséquémment nous avons le plus de peine b. nous préter au-*^ 
}ourd*hui , il est bon d'examiner en détaii , quels avantages lc5 
anciens tiraient de Icurs Masques; et si les inconvéuiens, qui eu 
lésultaient^ étaient aussi grands qu'on se Timagine d^abord» Les 



^5a MAS 

gens deth^åtre, parmi Ics anciens , persuad^s qii'utie certaifM 
physionomie étaitessentielleau pcrsonnage d^uncertain carac- 
tére, pensaient, qiie , poiir donner nne connaissance complette 
du caractére de ce personnage, ils devaient donner le dessein dti 
Masque propre å le represen ter* Ils pla^aient donc apres 
(a definition de chaqiie personnage , tcUe qii'on a contume 
de la mettre k la tete des pifeces de théåtre , et sous le titre 
de Dramatis Personofy un dessin de ce Masque; cette in^tnio 
tionleur semblait nécessaire: En.efiet, ces Masques repre-' 
aentaleot non-seulemeDt le visagc y mais méme la tite en- 
tiere , ovt serrée , ot» large , ou chaure , ou courerte da 
chevetrx, ou ronde, ou pointue; ils couvraient toute la 
tete de Tacteur, et paraissaient faits^ comme en jugeait la 
Singe (TEsope , pour aveir de la cer velie. 

On peut justifier ce que' nous disons en ouvrant FancieB 
Tuanuscrit de Térenco ^ qui est å la bibliothéque , et 
méme le Térence de madame Dacier. L'usage des Mas^ 
q nes empéchait douc qu'oi) ne vit souvent un actcur, déjå 
flétri par låge, jouer le personnage d'un jeune homme 
amonreux. Hypolite , Hercule et Nestor ^ ne paraissaient 
snr le théåtre qu'avee une tete reconnaissable , å Taide 
äe sa convenancc , avee leur caractére connu- Le visage 
sons lequel Facteur se présentait > était tou jours assorti ; 
et l'on ne voyait jamais un conaédien jouer le röle d'un 
lionnétc homme , avee la physionomie d'un fripon parfaiii 
Les compositenrs de déclamations , c'est Quintilien qui 
parle , lorsqii'ils mettent une pifece au thtåtre , savenft . 
tirer des Musqnes, méme le patbétique..«^ Dans les tragédies> 
Niobé parait avee un visage triste , et Médée nous an-^ 
nonce son caractére, par Tair atroce de sa physionomie* 
La force et la fierté sont dépeintes sur le Masque d'Hercula> 



MAS i53 

Celui d'Ajax, oITre 1« visage d'un homme liors de liil- 
aiéoie. Dans les comédies , les MavSques des valets , des 
JUarcfaaDds d'esclaves et des Farasites , ceux des person-* 
nages dliommes grossiers , de Soldat , de vleille , de coiir- 
tisanne et de femme esclave , ont tous lenrs caractéres par* 
tiqtillers. On discerne par le Masqiie , le vleillärd austére 
d'avecl e vieillard indulgent ; les jeunes gens qui sont sa* 
ges , d'avec ceux quI sont débaucbés ; une jeune fille , d^avec 
une femme de digilité. Si le pére , des intéréts duquel il 
s'agit principaiement dans la comédie, doit étre quelque-* 
fois content, et quelquefois fåché, il a un des sourcils de 
son Masqiie froncé et l'autre rabattu , et il a une grande at* 
teotion å montrer aux spectateurs cehii des cotés de son 
Masque , qui . convient å sa situation présente. On peut 
coojecturer que le com^dien , ainsi masqué , se tournait 
tantpt d'un coté , et tantöt d'nn autre , pour montrer 
toujöurs le coté de son visage qui convenait å la pas- 
sion y surtout quand on jouait des scénes ofi il devaif chan« 
ger d'action , sans qu'il put cbanger de Masque derriére le 
tbéåtre. Par exemple , si ce pére entrait content sur la 
scénc 9, il présentait d'abord le coté de son Masque dont le 
sourcil était rabattu; et Iorsqu'il changeait de sentiment» 
il marcbait sur le tbéåtre , et il faisait si bien quil pré- 
sentait lé coté de son Masque » dont le sourcil était froncé , 
observant dans l'une et dans l'autre situation , de se tour- 
ner toujöurs de profiL Nous avons des' pierres gravées qui 
représentent de cesMasques k double visage, et quantité qui 
leprésentent de simples Masques tous diversifiés. Pojlux, 
en parlant des Masques de caractére, dit que celai du 
vieiUaxd qui )oue le premier role dans la comédie , doit 
étre cbagrin d'un coté ^ et serein de Tautre. Le mcme 
auteur dit aussi, en parlant des Masques des tragé* 



i54 MAS 

dies , qiii doivent étro caractérisés, que celiii de Tlianti- 
ris 9 ce fameiiz téméraire que les Muses rendirent ayea— 
glo , parce qu'il avait osé les défier y devait avoir un oeil Uev 
et Tautre noir. 

Les Masqnes des Anciens mcttaient éncore beaucoup de 
yraisemblance dans ccs piéces exceliuDtes^ oii le noeiidnalft 
do l*erreiir , qiii fait prendre un pcrsonnage ponr un autre ^ 
par iinc partie des actcurs. Le spectateur , qui se trompait 
lui-mcme en vonlant discerncr deux acteurs , don t le Mas- 
que était aussi resscmblant qu*on le voulait , concevut 
facilcment que les aclenrs s'y inéprissent eux-mémes» It se 
livraicnt donc sans peine k la suppovsltion , sur laquelle les 
inridens de la pi^ce sont foiidés; au lieu qite cette suppo* 
sition est si peu vraiscmblable parmi nous, que nonsavons 
l)eaucoup de peine å nons y préter. Dans la représentatioD 
des deux piéces que Moliére et Regiiard ont imitées de Plaute» 
nous rcconnaissons distinctomcnt les{)ersonnos qui donoeni 
lien å rerreur , ponr étre des personnages dilTérens. 

Corament concevoir que les autres acteurs , qui Ics roieoi 
encore de plus pres que nous, puissent s'y méprendre? Ce 
n'est donc que par Fhabitude ou nous soromes de noua 
prcter å toutes les suppositions établies sur le théåtre pat 
Fusage , que nons entrons dans cellos qui font le neead de 
V Amphylrion et des Ménechmes. Ces Masques donnaient 
encore anx Anciens la comnaodité de pouvoir faire jotter å 
des hommcs y ceux des personnages de femmos dont la 
déclamution demandait des poumons plus robustes , que 
ne le sont ordinairement ceux des femmes , surtout quand 
11 fallait se faire enteudre en des lieux aussi vastes que les 
théåtres Fétaient å Rome. Eii eflbt, plusieurs passages des 
écrivains, entr'autres le récit que fait Aulugelle deVaventnre 
arrivée a un comédien, nommé Folus^qui jouaitle personnage 



MAS i55 

dTElectre , nons apprenneot que les ancieos distrrbuaient 

Boiivent- k des hommes des roles ^de femine. Aulugello 

racoDte danc, que ce Polits jouant sur le théåtre d'Athénes, 

le råie d'Electre dans la tragédie de Sophocle , entra sur 

la scéne en tenant une iirne ofi élaient véritablement les 

cendres d'un de ses enfans qii*il venait de perdre. Ce fut dan« 

Fendroit de la piéce , oh Electre croit que cette nrne cou- 

fient les cendres de son frfere Oreste. Comme Polus parut 

extrémement touche , en apostrophant son urne , il toucha 

de mfime tonte Passemblécff Juvénal dit, en CrTitiquant Néron^ 

qu^il faliait mettre aux pieds des statues de cetEmpereur, 

des Masques , des tbyrses, la robe d^Antigonne enfin^ commQ 

une espéce de trophée , qui conservåt la mémoire de ses 

grandes actions. Ce disconrs suppose manifestemeni qno 

Néron avait jöué le role de la scéne, d'Etéocle et dePol^mice, 

dans quelque tragédie* On introduisit aussi, å Faide de ces 

Masques , toutes sortes de nations étrang^res sur le théåtre, 

avecla physionomie qni leur était particuliére» 

Julius Pollux, qui composa son ouvrage pour Fempe- 
reur Commode , nons assure que dans Tanclenne comédja 
grecque , qui se dpnnait la libérté de caraclériser et de jouer 
les citoyens vivans , les acteurs portaient un Masque sem- 
blable å la personne qu'iU représentaient dans la piéce* 
Ainsi Socrate a pu yoir sur le ibedtre d'AthéDes , ua 
acteur qui portait un Masque qui lui ressenablait , lorsqu'A«-^ 
ristophanq lui (it jouer un personnage sous le propre nom de 
Socrate dans la comédie 1(99 Nuées» 

Ce méme Follux nous donne \\n détail fort cnrienx sur les 
differens caractéres des Masques qniservaient dans les tcpré**' 
sentations des comédies , et dans celles des tragédies. Mais i 
dW autre coté, ces Masques faisaient perdre aux specUK 



I 



i36 MAS 

teurs le plaisir de voir naitrc les paBsions, et de rccoi»» 
saitre le urs diflerens symptomcs sur le visage des acteiirs» 
Toiites les cxpresslons d\in honime passiooDe noiis affco- 
tent bien; muis les signcs de la passion qui se rendent 
sensibles sur le visage, nous aflccteDt beaucoup plus qna 
les signcs de la passion .qui se rendent sensibles par le 
moyen de son gcste et par la voix. Cependant les ac- 
teurs anciens ne pouvaient pas rendre sensibles sur lenn 
visages les signes des passions. Il était rare qu'ils quit-*- 
tassent le Masque; et mémo il y avait une espéce de co^ 
médiens qui ne le quittait jamais. Nous soufTroBS bien^ 
il est vrai , quc nos comédiens nous cachent aujourdlmi 
la moitié des signes des passions qui peuvent étre marquées 
sur le risage. Ges signes consistent autant dans les alté- 
rations qui survienncnt å la coulenr du visage , que dans 
les altérations qui surviennent å ses traits* Or , le rouge ^ 
qui est å la mode depuis plus de quatre-vingts ans , et que 
les hommes méme mettent avant de monter sur le théåtrOs, 
nous empéchent d'appcrcevoir les changemens de couleury, 
qui , dans la nature , font unc si grande impression sur nousi. 
Blais le Masqiic des acteurs anciens cachait encore 1'aE-^ 
tération des traits que le rouge nous laisse voir. On pour— 
laitdire enfavcur de leur Masque, qu^il ne cachait poihtauz. 
spectateurs lesyeux du comédien, et que les yeux font lapartie 
du visage qui nous parlc le plus intcUigiblcment. Toutefoir 
il faut avouer quc la plupart des passions, principalement le» 
passions tendres,ne sauraicntétresi bienezpriméespar unaoteuc 
masqué, que par un actcur å visage décou vert. Ce dernier peut 
s^aider de tous les moyens d^exprimer la passion que Tac-" 
teur masqué peut employer , et encore en faire voir des 
signes dont Fautre ne s^aurait s'aider. Nous croirions dona 
volontiers avec Tabbe Subos, que les. Anciens qui avaieoir 



MAS 1S7 

tant de gout pour la representation des pi^ces de théåtre^' 
auraient fait quitter le Masqiie å tons les comédiens, sans 
un6 raison bien forte qui les en empéchait ; c'est que 
létir tliéåtre étant trés-vaste et sans voute ni couyerturo 
solide , les comédiens tiraient un grand service du Masque ^ 
qui leur donnait le moyen de se faire entendre de tous 
les spectateurs , quand , d'un åutre coté, ce Masqiie Icur 
faisait perdre peu de chose* En eflet, il était impossible 
que les altérations du visage , fussent apper^ues dis- 
tinctenaent des spectateurs , don t plusieurs étaient éloi- 
gnés de plus de douze å quinze toises du comédien qui 
récitait. Dans une aussi grande distance , les Anciens reti- 
raieot cet avantage de la concavité de leurs Masques , 
qu^ils servaient å augmenter le son de la voix ; c'est ce 
que nous apprend Aulugelle, qui en était témoip tous 
les jours. Or, suivant les apparences^ les anciens n'au- 
laient pas souffert ce désagrément dans les Masques da 
théåtre , s'ils n'en avaient point tiré ce grand avantage , 
qui consistait sans doute dans la comroodité d'y mieux 
ajustéjr les cornets, propres k renforcer la voix des ac« 
teurs. Ceuz qui récitent dans les tragédics , dit Prudentius 
se couvrent la tete d^un masque de bois ; et c'est par 
Toaverture . qu'on y a ménagée , qu'ils font entendre au 
loin leur déclamation. Tandis que le Masque servait k 
porter la voix dans Téloignen^ent , il faisait perdre , par 
rapport k Texpression du visage, peu de chose aux spec- 
tateurs , dont les trois quarts n'auraient pas été å por- 
tée d'appercevoir TefTet des passions sur le visage des co- 
médiens, du moins assez distinctement , pour. le voir avec 
plaisir. Oa ne saurait déméler ces expressions å une distance, 
de laquélle on peu t néanmoins discerner i'åge , et les au tres 
ttaits lés plus marqués du caracttre d^un Masque. Il fau* 



I 



i58 MAS 

drait qii-^une expressloii fiit faite avec des grunaces lunt- 
liblesy pour élrc sensible, å des spectatcnrs élolgnés de Ut 
scéuc, au-delå de cinqu six toiscs. Enfin les Masques des Ao« 
ciens répondaient au reste de l^habiliement des acteun 9 
q ti 'il fallait faire paraitre plus grands et plus gros que ne 
le sonl des homnics ordinaires. La nature et le caractira 
du genre satirique dcmandaient de teis Masques pour re- 
' presenter des Satyres ^ des Faunes, des Cyclopes et autres 
étres forgés dans le ccrveau des poetes. La tragédie sur- 
fout en avait un besoin indispensable , pour donner aux 
Iléros et aux demi-Dicux , cet air de grandeur et de digni- 
té y qu^on supposait qu'ils avaient eu pendant leur vio» S 
ne slagit pas d'examiner sur quoi était fondé ce prcjugé, 
et s^il est vrai que ces Héros et ces dcmi-Dieux avaient 
été rcellemcnt plus grands que nature : il suBit que ce 
fut une opinion établie , et que le peuple le cnit ainsi 9 
pour ne pouvoir les représenter autrement , sans choqaer 
la vraisemblance. Concluons que les Anciens avaient les 
Masques qui convenaient le mieux å leurs théåtres , ti 
qu'ils ne pouvaient pas se dispenser d'en fairé porter å léofs 
acteurs , quoique nous ayons raison ^ k notre tour , de 
faire jouer les notres k visage découvcrt. Cependant TusagQ 
des Masques a subsisté long-tems sur nos théåtres 9 mail 
sons une forme différente de celle adoptée par les Anciens. 
Flusicurs acteurs de la comédie italienne, ainsi que pin- 
sicnrs danseurs , sont encore masques ; il D'y a pas méme 
fort long-tems qu'on se servait du Masque sur le théåtie. 
franruis. Flusieurs mödernes ont tåcbé d'éclaircir celto 
partic de la littérature , qui regarde les Masques de thé&tie 
de l'antiquité. Savaron y a travaillé dans ses notes sot 
Sidonius Apollinaris. L'abbé Pacbichelli en a recherché 
Toriginc et les usagcs dans son traité de Mascheris ceu 



MåOTvis. Enfin, nu savant itallen, !Ficoroniirs Franciscus, a 

•ecueilli sur ce méme sujet , des piarticnlarités curleuses 

dåBs ia dissertation latioe* Mais malgré toutcs les recber- 

cbes des littératevirs et des antiquaires^ il reste cncore 

Uen des choses å entendre sur lesMasques; pciut-étre que 

cda ne sereut point^ si nous n^avions pas perdm les livrés 

que Denis d^Halicarnasse , Rufus ^ et plusieurs autres écri- 

▼ains de 1'aDtiquité , avsdoBt faits sur les théåtres et sur 

les representations : ils nous auraient du moins instruits • 

i» baaucoup de choses que nous ignorons, s^ils ne nous 

avaient pas 'tout appris. Le Plabbe dérive le mot de 

Maaque de Masca^ qui, dit-il , &ignifie proprement une sor-> 

eiére dUns les lois (ombardes. En Daupfainé , en Savoye 

et en Fiémont , continue-t-il , on appelle encore les sorciéres 

de ce nom ; parce qu'elies se déguisent. Ainsi nous avons 

appelé Masques les faiix visagés ; et de-lå les mascarades. 

MASQUE ( le ) 5 comédie en deuz actes , par M. ***• , 
m Uiéåtre de Monsieur ^ 1790. 

. Une jeune veuve , d'abord mal mariée 5 "veut un époux qni 
tans la voir , Taime uniquement po ur ses bonues qua« 
lités. Couverte dVn Masque , elle rc^oit les hommages d'ua 
homme qu^elie est disposée å aimer , et qui a con^u pour 
eHe uo tiis-«avdent amour« Un quiproq^io semble détruire 
l6iite leur premiére intelligence ; niais arrive un éolaircisse* 
ment dont il résulte un isiariaga , suivant la coutume. 
T^ est racliqn de cette comédie* Le premier acte est 
lent et triste , le second oQce des situatiuns agréables qui 
auraient pu étre plus piquautes* Eu general 1'action est 
aial offdonnée. 

MASSIP , est auteur de Fopéra-ballet des Fetes JSfou'* 
i'ellés j représenté en 1734. Cet opera est coniposd d*un pro- 



i6ö MAT 

logiie et de (rois cntrées ^ la permiere , Ics Amours de Cyrté 
ayec Ulysse, la secondc,Ie Bal Champétre; la troisi^mCy 
le Triomphe de VAinour sur liacchus épris d'Afianne* 

MA TANTE AURORE, opéra-comlque , en deux 
actes , par M. de Longchamps , musique de M. Boyeldieu , k 
Feydeau , i8o3. 

L'aiitcur de cet ouvrage s^cafc proposé de tourner en ri- 
dlcittti Ics noirs romans que nous fournlt 1'Angleterre» Il a 
atteint sou bnt et c'cst asscz dire qiic sa pléce méritait tout 
Ic succés qii'eIlo a obtenii. 

Madame Aiirore , aexagénaire , tiUrice de sa niece Julie i 
et eDtichée des romans a grandes aventnres , ne veut don- 
ner la main de sa pupille qu'å un Héros sembiable å ceux 
de ses livrés favoris* 

Elle a déjå refusé formellement Valsain , fils de Valcour , 

ancien marin , possesseur de ]a terre voisine» Le jeune 

liomme que Julie a connu ä Paris , arrive sous les murs 

du chåleau de madame ^urore: ii est suivi de son valef 

!Frontin , chéri de Marton , sulvante de Paimablo per- 

ftonne dont il recberche la main* Gette habile soubrette 

procurc aux amans Toccasion de se voir. On arréte que 

Valsain , qui n'est point connu de la tante , se presentera 

sons le nom d'Edmond ; qu'on supposera que Julie vient 

d'étre cnlevée par Valsain et Frontin , que le prétendii. 

Edmond courrera å la poursuite des ravisseurs et ramenera 

Julie k Mme. Aurorc , qui, pour prix de cette belle action, 

ne manqucra pas de lui accorder la main de sa pupille. Tout 

cela s'exécule ponctuellement \ mais le dénouement n'amTe 

pas aussi promptement que les amans le désirent» Quelque 

charmée que la tante paraisse de la valeur d'Edmond , ello 

. ne veut lui accorder sa niéce qu'apré9 cinq ans d'épreuve : il 



MAT x6t 

imitse ]>oignarder , et la tante se laisso flécliir* Malheureu-- 
^emenl; un f&cheux concierge s^apper^olt que le poignard da 
jeuae homme, n'est qu'uD- poignard de théåtre; il trouve 
tnéme uue lettre de Valsain y qui annonce å son pére lo 
premier refui de madame Anrore , et fait part du tout 
å ia yieille folie , qui chasse Valsain et Frontin. Mais , 
par une supposition assez peu natnrelle , et par ua 
événément merveilleux, ce concierge répare une faute 
iQvolontaire , qu'il se répent d^avoir commise. La tanto 
fioit par céder, et les deux amans sont unis« La derniére partie 
de rintrigue avait nui å Pou^vrage , mais des changemena 
heureax lui ralureot un succés durable et mérité* 

UATHEAU ou Matho , musiclen , né en Bretagne, et 
maitre de musique des Enfaos de france , aitant Royer , 
tst mört k Versailles en Z746 , dans la quatre-vingt-siziéme 
aonée de son åge; il a laissé l'opéra åHArion et le Ballet des 
Tidlenes* 

MATHIEU ( Pierre ) , né å Porentray en iSöS »'suivlt 
Louis XXCE au siége de la Rocltelle en qualité d'faistorio«« 
grsphe de france ; il y fut attaijné de la maladie qui régnait 
dans le camp , et se .fit trana^rter a Toulouse , oii il moutut 
en i6ai« Il nous a laissé Clytemnestre ■, Esther , jdJnan , 
Vasäd, et la Guisadcp ou le Triomphe de la Ligu^» 

MATHILDE ^ drame en cinq actes, en prose, par M^ 
Monvel^ pére, åux fran^ais /I799« 

lÄathilde , Tinfortnnée Mathildb est devenöe pour son 
pére un objet de douleur et de désespoir; il ne veut ni 
k voir ni entendre parler d^elle. Enfin, tant qu'il est dans 
le chåteau qu'eUe babite, Mathilde est prisonni^re 5 elle n'esl 

Torne VI^ ^ 



262 MAT 

librc qno lorsqu^il est absent. Le comte d'0rlheiai y est aN 
tcndu k roiivcrturc do la scéne* Tous les gens qiii 
rentourent , gt^missent sur le sort de Icur jeuae et vertiieuse 
mailressc^ mals aucun d^eiix ii'a le coiirago de parler d^elle 
k son p<^rc. Erucst , nevcu du Comte , est devenu Tobjet de 
ses plus tcndres aflcctious. Ce jeune homme, fruit d'une 
union mal-assortle , a été élevé par la mhre de sa malhcu" 
rcuse cousine , et lui doit et le bonheur et 1'éducatiou qui en 
est la basc. Eniest , aurait probablementpu , sans eDconrir de 
disgråce , prononcer le nom de Matliilde devant son oncle ; 
mais , jusqu'ici, il a renfermé dans son coeur la poignante 
douleur , qui lui a causé une maladie dont il est å peiné 
rétabli. D*apres ce silence d'Erncst , M. Hermane , chfr- 
.pelain du Comte , le croit insensible auz revers de sa belle 
€t intércssante cousine ; et ce qui le fortifie dans cette idée, 
c^estqnu cc jcune b ömme est destiné^parle comte d'Orllieiai} 
å devenir rhéritier de sa fortune. Eh ! que cet honnéte^ måis 
iujuste Clinpolain , juge mal des scntimens d'£rnest ! Il 
aimc, quc disons-nous ? il adore Matbiide; et voudrait, au 
prix do mille yies , lui rendre la tendresse de son pére et le 
bonbcur. Il s'armo enfin de coiirage, et^ aurisque de perdie 
Tamitié et la protection du Comte, il lui ouvre son coeur, et 
refuse , sans lui avouer sou amour pour sa fiUe ^ une alliance 
trés-avantageuse , qu'il lui proposc avec une autre. Quelqueft 
soieut ses préventions et ses desseins, le Comte ne peat 
s'empécher d'admirer le noble désintércssement d^Erneat ; 
mais il n'en persiste pas moins dans la cruelle resolution qu'il a 
formée de ne jamais revoir sa fiUe , sa iille qu'il aime et qull 
voudrait baiir. Une circonstance imprévue la lui fait voir* • 
D^Orlbeim avait annoncé qu'il serait absent le reste de la jour- 
née : il sort; mais å peine a-t-il fait quelqucs pas,qu'il se souviei]^ 
^d'avoir laissé sur son secrétuirc des papiers de la plus haute 



I 



MA T i6J 

iraportance. II revient et trouve Mathllde dans son cabiaet» 

n s^émeut , se ^troiible et craint de donner k sa fitle la plus 

légite marque de pitié ; pourtant il appelle du secours , et 

s^éloigne , en donnant Tordre de la fairc partir sur-le-chanip* 

Cependant le baron de Wodmar^ qui a des pretentions å la 

main de Mathilde , et qui vient d'essuyer un nouveau refus , 

Persuadé qu'il n^obtiendra jamais le consentement du Comto 

ni celui de Matbilde, se décide å l'enlever; mais on parvient 

bieDtotål'arrachcr des mains de son ravisseur, qui est arrété 

ainsi que ses gens. Alors Wodmar , qui depuis un an 

tchait entré ses mains le fatal secret de' d^Orlheim , s^acquitte 

du devoir que lui avait imposé son pére en mourant. Il 

remet au Comte une lettre^ dans laquelle on yoit que le 

pére de Wodmar et le Comte avaient recberché la main 

dela comtesse; que le comte d'Orlheim Tavait emporté sur 

son rival; que, pour se venger, il s'était emparé du portrait 

de son épouse et avait fait tomber entré ses mains et ce 

fatal portrait, et une lettre qui désbonorait la vertuense 

Caroline å ses yeux , et qui devait lui faire regarder Mathilde 

comme le fruit d'un commerce adultére : enfin d'Orlheim 

apprend que son épouse qu'il adörait^ que son épouse qu'il a 

bannie, était innocente. Il tombe sans coonaissauce apr&s avoii: 

lu ce fatal billet : bientot il recou vre l'usage dp ses sens , pro- 

metle secret å Wodmar, et accorde k Ernest la main de sa 

cliére Mathilde , qui a ensemble , le bonheur de retrouver la 

tendresse de son pére et d'épouser celui qu'elle aime. 

Cette piéce offre des situations trés-dramatiques et trås- 

bien amenées ; elle est écrite avec beaucoup de feu et 

d'élégance. 

MATHON ( Alexis ) , né å liille en Flandres , est 

auteur. d'une tragédie HHAndnscus , Roi de Macédoine > 

unprimée en vj^^* 

L 2 



x64 MAT. 

MATHON-DE-LA-COUR ( Chaalis-Joseph ) , né 1 

LyoDeu I738,a traduit V opera iialien iT Orphée et d'EurydiC€, 

MATINÉE DE VOLTAIRE , ( nne ) opera en un 
acte par M« Pitjoulx , musique de M« Solié , å rOpéra-comi* 
qiie , i8oo. 

Tönt le monde connait le jngement inique qui envoja 
J*. Ca las k Térhafand ; tout le moode sait aussi que 
Voltaire , secondé par M. Elie de Beanmont, célibre jn- 
lisconsultc , obtint la revision de la procédure , et fit ré- 
habiliter la xnémoire do cctte respectable victime* Ceit 
cctte réhabilitation qui a fourui le siijet de cet opera» 

La veuve , les enfaos , et jusques å la servante de Calai ^ 
se sont constitiiés prisonniers å la conciergerie» Le par- 
lement de Paris est assemblé pour proDODCC. . * vir sort* 
Un vieillard qui ne, se fait pas connaitre , s^introdui. S|t 
dans la prison , et sollicite la permission de les voir saHs 
en étre apper^u ; mais, comme il a pani soufTrir en faisant 
Téloge du philosopbe de Ferncj, on le sonpfonne d*étre 
un eunemi de Fhumanité , et l'on est tenté de Técon-" 
duire. Cependant le jcune Galas , k qui Ton parle de cet 
inconnu , est curieux de savoir ce qui Paméoe ^ et ordonne 
qu'on rintroduise mystérieusement dans un cabinet voisin» 
M. Elie de Beaumont survient presque aussitot pour 
annoncer que la réhabilitation vicnt d'étre prononcée; alor» 
toute la famille de Galas, ivre de joie^ se jette ågenoux pour 
remercier Dieu; elie oflre ensuite des lauriers å rhomme 
généreux qui vient de liii rendre plus que la vie ; mais 
celui-ci 9 trop modeste pour accepter un pareil homniage , 
place la couronne sur le buste de Voltaire , et tous les 
personnages , approuvant cette action , adressent des bé- 
oédictions au grand Hoounet Un léger biuit , semUabk 



MAT x65 

i un fréoiissement se fait alors entendre ; il part d'ua lieu 

voisin : le jeune Galas Tattrlbue au vieil incoDnu , qu'il 

suppose désespéré ; il s'élance vers le cablnet, ouvre 

la porte , et recoDoatt— qui ?••• Yoltaire /••• Celui-ei trop 

émuy 8'était trahl par un soupir : on s'einpresae autotir de 

lui; 1^ uosle serrent dans leurs hras, d'autres se jettent 

å ses pieds , et baisent le pan de son habit ; enfin , trop 

fortement oppressé par les sentimens. qui remplissent sott 

coeur j il est forcé de s'écrier cpmme le jour de son triomphe r 

« Youlez-vous donc me &ire mourit ! » Tel est le fonds 

de cette piéce :. elle n'offi'& ni intrigue ^ ni action ; mais 

le style en est simple et correct; on y trouve de beaux 

caractéres , des scénes bien dialoguées , et enfin une teinte 

mélaBcolique et un toa sentimental qui attachenlk Fåme da 

spectateur*. 

MATINÉE DTJNE JOLIE FEMME (la), coraédie^ 
en un acte , en. vers , pas M. Vigée , aux Fran^ais , 1792* 

Cette piéce- ressemble, q^ant au. fonds, å plusieurs comédies 
trés-connues ,. et plus partLculi^ement au Cércle : quoiqu'il 
en soit, le charme et Pélégance des vers de M». Vigée lui: 
oot fait obtenir un succés mérité.L 

MATINÉE w LAVEILLÉE VILLAGEOISES Cä), 
'fivertissement en deux actes , et en vaudevilles , par MM.. 
dePiis et Barré, åla comiédie italienne, £781. 

Bfibet» fovcée die tiaverser un ehemin couvert de neige^ 
a pris les vieux sabots de sa mére, pour aller k tin rendez-vous 
avec Golin son amant. Surprise dans son tete k i^Xe , elle fuilr 
•t laisse un de ses sabots* Un b^illi , jaloqx de Colin , le 
ramasse 9 et le fait essayer å toutes les fiUes du viUage*^ 
Coqime il ne va pes a»x fiUeii > un mm veut qu:oi:k 



j66 mat 

Teitsaic anx mdrcs, et Ton rcconnait qu^il apparticut h. la xnére 
do Babct. Ccttc bonne (illc olors aime mieux foat avouer , 
qiie de laisscr calomnicr sa m^rc. Cette action vertueuse eties 
pridres des åeux amans , obtienDent le consentemeDt de leur 
famille. 

L'artion de ccltc piéce est languissante , et rintrigne, 
décoiisuc ; mais de charmans coiiplets et surtout de jolii 
tableaux, lui valurent les applaudissémeqs du public. 

MATROCO , dramc burlesqiie, en quatre actes , en vers, 
mSIé d'ariettcs et de vaudevilles , paroles de M» Laujeon, 
muslqiie do M. Grétry , aux Italiens , 1778» 

Le but de cet ouvragc est do faire voir le ridicnte de nos 
anciens héros de chovalerie» Dans les tableaux variés que 
nous oflrcnt les ouvrages de ce genre , Tauteur a choisi les 
incidcns qiii pretent le plus k la plaisanteric. Cest donc iine 
espece de parade que le public accueillit trop rigoureuse- 
men t. La musiquo est pleine de gout et d'esprit» 

MATRONE D^EPHÉSE (la) comédie en un acte , en 
prosc , par Lamotte , au tbéåtre Fran^ais , 1702. 

Cc sujot que nous a laissé Fétrone , est véritablement co» 
xniquc ; mais il ne peut foumir que la tnatiére de deux on 
Iroisscånes. A la vérité Lamotte n'y a ajouté ni intérct, ni 
intrigue; il n'ainéme su Tégayer que par quelques plaisan- 
terics , toutefois on dait lui tenir compte de la maniferé 
décente , dont il Fa présenté au théfitre ; de ce qu'il a en^ 
nobli ses personnages , et surtout de ce que, sans rien faire 
perdre du ridicule de l'action principale , il a eomposé ua 
dénouement , dont il semble ctre entiérement auteiir. 

Cette piéce parutd^abord sous le nom de Boindin : on 
la trouve imprimée dans ses oeuvrcs , parce que Lamotte y 
qui n'avait encore travaillé que dans le genre sérleux > ne 



M A TT 167 

TOTilut point la hazarder sous son nom. Il la fit imprimcc 
depiiis avec ses autres ouvrages. 

MATRONE D'ÉPHESE (la) , comédie en un acte , en 
vaudevilies, par M. Rådet, au théåtre du VaudeviUe, 1793. 

Celte piéce eut beaucoup de succés au Vaudeville. 

Feut-élre quelques longueurs de molns donneraient-elle$ 

plus de rapidité' å ce joli acte : quoiqu'il en solt ^ il fit 

plaisir. L'auteur a suivi exactement le conte que La Fon- 

taine avait lui-méme imité de Pétrone; il' a glissé surtout 

avec beaucoup d'art sur le dénoueraent y dont Fodieux, peu 

xnénagé , avait fait tomber j\isqu'alors la plupart des Ma* - 

trones mises au tbéåtre. La Eonf aine Pavait senti lui-^méme ; 

cw le dénouement de son conte ^ trés-abrégé , est sauvé 

parnne apostrophe plaisante, qui distraiC de Phorreur qu'il 

inspirerait avec plus de reflexion. 

MAUCOMBLE (JEAN-rRAN90is-DiEU-DoNNÉ),naquit 
4 Metz en lySS , mourut en 1768. 

II fut b(!icier dans le régiment de Ségur, mais il quitta 
bicnlot la carriére mititarre pour se livrer tout cntier å Té- 
tude des belles-lettres. Il s'y enbardit au point d'entreprcn- 
dreune tragédie : c'était le sujet å^jittila, manqué par le grandt 
Coroeille, qu^il prétendait pouvoir reoiettre sur la scéne ; mais 
il eut la sagesse , pcu commune å cet £ge , de laisser cet 
C)Sai dans son porte^feuille. Peut-étre aurait-il du en user de 
méme å Pégard d'un autre ouvrage , qu'il fit imprinEier depuis^ 
sous le titre des Amans désespérés ou lä Comtesse d'Olinval, 
drame en cinq actes. Gette tragédie bourgeoise , plus horrible 
eiicore que Béverley^ était le fruitdérespéce d'enthousiasme , 
que kli avait inspiré le gout nouveau qui venait de s'intro- 
duire sur -la scéne fran^aise. 

MAUGER 5 né å. Paris , et ancicn Garde-du-<;orps , a 
donné Aniestris > Coriolari , Cosroés et VEpreuve imprudente».. 



268 M A tr 

MATTPAS (Chaelks), est auteur d*ane comédie des IM^ 

guisés. 

MAUFIN (Mlle.)^ »^e en 1678, fille du sieitf 
d'AiibigDj, secrétaire du comte d'AnnagDac , éponsa, étant 
eBcorc trés-jeune , nn nom 1x1 é Maiipio ^ de Sauit-Germain» 
en-Laye , et liii fit doooer un eraploi dans les Aides en pro- 
vince. Fendant son absence , Mllc. Maupin ^ qui avait un 
gout naturel pour rexercice des armes , fit connaissance ayeo 
un prcv6t de salle , appellé Séranne , et partit avtc Im 
pour Marseille. Ja nécessité les obligea de faire usage det 
talens que la nature leur avait donnés. Ils avaient l'un et 
Tautre une belle voix , et n'eurent pas de peine å trouyer 
placeåFopéra de cctte ville* Mlle. Maupin j resta quelqwi 
fems i mais un accident Pen fit sortir , et Tobligea de quitter 
lo pajs. Nou velie Sapbo , el le avait con^u un attachemeot 
trop tendre pour une jeune Marseillaise , que ses parens firenl 
xnettre dans nn couvent å Avignon. Dés que Mlle. Manpin 
Biit le lien de sa retraite , elle alla se presenter en qualité dn 
novice dans le meme monastére^ets^y fit recevoir. Au bont 
de quelque tems , une réligieuse vint k mourir. Mademoiselle 
Maupin la déterra j la porta dans le lit de son amie , mit 
le fcu au lit etå la chambre, et profita du tumulte , causé par 
rincendie , pour enlever son amie» Dés qu'on se fnt apper^a 
de cette évasion ^ on lui fit son procés > et 9 sous le aom 
de d^Aubignj , car elle se faisait tou jours passer pour fille » 
elle fut condamnée an feu par contumace ; mais , comme 
dans la suite, la jeune Marseillaise fut retrouvée , et comma 
Mademoiselle Maupin avait eu la précaution de s^é vader, la 
sentence ne fut pas mise k exécution. 

Elle eut cncore diverses aventures pendant le tems qu'ell» 
resta en province , oii elle fut toujours habillée en koium»;- 



i 



M A v 1S9 

Cet habillemoot, qu^elle avait commencé de prendre k Mar^ 
teille j lui allait au mieux ; elle le portait k Paris , lorsqu'eIh 
Toulait se divertir, ou qvi^elle avait envie de se veuger dequel- 
qu'uo qni l'avait insuité* Gette femme extraordinaire possé- 
dait le talent de bieo faire des armes ; elle le devait k son 
am^t Séranne, et il n'7 avait guéres de maitre de salle phis 
adrqit qu'etle« 

Mlle. Manpia viDt k Paris 5 oCT, teprcnantle nom de sön 

mari , elle débuta å Topéra , dans Cadmus , par le role de 

Pallas j et fut géoéralement applaudie* Four^marquer sa 

recoDoaissance , elle se leva dans sa machine et salua le pu<*> 

blic en otaqt sop casque ; ce qui fit encore redoubler les ap- 

plaudissemens. Elle était d'autant plus sure de plaire 9 qu'elle 

avait de beaux cheveux , le nez aquilin , une jolie boache , des 

dents et une gorge parfaitemeut belles. Quoiqu'eIle ne sul; 

pas une not^ de musique , elle j suppléait par une mémoire 

podigieuse. 

Dumesnil , acteur de Fopéra 9 Uayant insultée , elle Tat- 

tenditun soir dans la place de^ Victoires vétue en homme f 

Toulut Tobliger de mettre 1'épée å la main , et , sur son refus ^ 

lui donna das coups de canne , et lyl prit sa tabatiére 

ettamontre.Jje lendemaili , Dumesnil raconta a 1'op'éra son 

aventure, qui avait fait beaucoup de bruit, mais avec 

d^aatrea circonstances ^ et se vänta d'avoir été attaqué 

la veiUe par trois voleurs , dont il s'était défendu vigou- 

^eiuement , et qui lui avåient pris sa montre et sa taba/- 

Qre. Lorsqu'il eut iini de débitec ses bravades 9 ma- 

demoiselle Maupin , qui était du nombre de ses 'auditeurs , 

lui dit: « Tuenåamenti : tu n'es qu'un licboet un pol- 

» tron ; car c^est moi seule qui ai fait le coup : ét voilå ta 

» montre ék ta tabatiére que je te rends pour preuve de ce 

>> que je te dia. » Tbévenard, qui l'avait aussi ofiensée^ 



X70 M A U 

craignant iine pareillc avcDturc , fiit obligé de rester cacM 
pendont trois semaincs au Palals-Royal ; et enfin , poiir sortir 
d^embarras , il pr 1 1 le parti de dem änder pardon å made* 
xnoisellc Manpin. 

Le goiit singnlier de cette femme pour les persomies 
de sou scxc t-tail si vif, qu'clle s'cxposait k de fréqiieiu 
méprls de leur part , et n^én était pas plus réservée» On 
raconte qu'étaiit k un bal^ quc Monsieur, frére unique du 
Roi 9 donnait au Faluis Roy al , et »'étant déguisée en 
hommc , suivant sa coutume , elle osa faire å une damo 
des agaceries indécentes , qui , de la part d'un homme , 
passcraient pour la plus grande insulte. Trois des amiA 
de cctte dame, indignés de cette action, résolurent d'en 
tirer vengeance , et Tappclérent dans la place ; elle sortitfiere-^ 
menfc, mit Tépéc a la main et les jetta tous les trois sur I» 
carreau; ensuitc elle rentra dans le bal et se fit reconnaltre pv 
Monsieur y qui lui accorda sa grace. 

MUc. Maupin quitta Topéra pour aller å Bruxellea , o& 
ellc dcvint maitresse de l^Électcur de Baviére, qui, apres 
l'avoir entretenue quelque tcms , la quitta pour Madame la 
Comtesse d'Arcos et lui envoja ime bourse de quarvnto 
mille francs , avec ordre de sortir de Bruxellos trés^prompCe- 
ment. Ce fut le comte d'Arcos lui-méme qui fut chargé de 
lui porter cct ordre et la bourse. Ellc le re^ut comme un 
valet y prit la bourse et la lui jctfa k la tete , en lui disanl 
que c'était la récompense d*un M..., tel que lui. Malgré la 
violence de cc procédé^ellc partit de Bruxellesavec une pension 
de deux millclivrcs que lui fit r£lecteur,revintå Paris et rentra 

• 

å POpéra. Alors elle revit le comte d' Albert, qui avait été son 
amant , et le conserva depuis jusqu'å sa con version .Résohio 
de menerune vie réguliére,ellerenvoya tous les contratsqui lui 
avaient été faits par ses amans y et ne so reserva que les deiix 



\ 



M A TT z^ir 

mllle Kvres de 1'Electeur de Bavifere. Enfin elle rappella son 

■ 

mari , qui était alors en province , et vécitt avec lui dans une 
parfaite union jusqu'å sa mört ^ arrivée en lyoi* 

Od lira sans doute avec beaucoup de plaisir les vers sui-* 
Tans , quc Mile. Maupin adre<:sa å son amant le Comte 
ffÅlbert , au camp de M. de Villars , et qui furent attri- 
buéså Benserade. Comparée avec les plus belles lettresamou- 
renses d^Ovide , cette piéce pourrait cncore soutenir le pa- 
lalléle. 

Voiidras-tu , cher amant , parmi le bmit des armes ^ 
Entendre le récit de mes vives allarmes ; 
Et quand Mars , dans ton sein , allume ses furears , 
Tes yevLX daigneront-ils Toir une amante en plenrs ? 
Quel trouble ! quel effroi de tout mon cceur s''empare ! 
Il court un bruit confus , qu^un combat se préparej 
Qne Både 9 yainement, songe ä se retranchcr; 
Qu''au milieu de ses forts , Villars ya le chercher. 
Bruit cruel I cbaque mot m''épouyante et me glace ! 
Le cicl me ferait-il pressentir ma dJsgräce ? 
Ab 1 je sais quc pour toi la gloire a trop d''appas , 
Qne Tbonneur aux périls précipite tes pas. 
Pour un guforier , tes yeux ont regu trop de cbarmes ; 
Pour un amant y ton coeur aime trop les alarmes. 
Le Ciel devait du moins te rendre , en te förmast , 
Ou moins yaiUant guerrier , ou moins aimable amant. 
De mon sexe timide, ignorant la faiblesse , 
Je suis faite aux périls ainsi qxCk la tendresse. 
Que ne m^est-il permis de voler apr&s tof?' 
Si je suivais tes pas, je n^aurais nul effroi :■ 
J^irais braver la mört , et serais toujours préte 
De m^ez poser aux coups qui menacent ta tete : 
Ta jeunesse , tes traits, ce teint yif , ces appas ^ 
Ces cheveux qu^Apölion ne désavouerait pas , 
Dans 1'empire amoureux, inévitables cbarmes, 
Pour toi p dans les combat9 ^ sont d^inutiles armes; 



TJX M A TT *72 

Un fcomicide plomb, ayec impaDit^, 

Frappe sans respecter Tage ni la beant^. 

Adoiiis , comme toi , fut anlrcfoU aimable ; 

Pour toi , jc crains , hélas ! son destin déplorMt» 

Venus, cntrc ses brås, Ini yit perdrc le jonr; 

Jc n''ai point ses atiraits , mais f ai tönt son amonr» 

O M&re des plaisirs , favorable Déessc ! 

Toi que suivent toujours les ris et la jcnnesse^ 

Je t''iniplore aujonrdliui* Si , d^^une tendre Toix , 

Tai qneiqnrfois chanté la doueenr de tes lois ; 

Si j^ai Tanté ton fils , ses traits et son empire , 

Et portc dans les coeurs les flammes qu^il inspire , 

Vole , descends des Cieux ; sers-toi de ces jegtrds 

Qni saventy qnand ta Teas j désarmer le Dieu Man. 

Obtiens qn^k mon amonr» il ne soit pas funeste. 

Mais, qae dis-je? insensée , et qoel cspoir me reste? 

Eb Toyant cet objet de mes Toenx les plas doax. 

Tu srrais ma riTale , et Mars serait jaloax. 

Paimi tant de frayeurs , cVst toi senl qne j^implore , 

Cber amant , souyiens-toi qne mon kme t^adore ; 

Qae tu Hois , de mes plcnrs , faire cesser le eoors j 

Qu''eB cxposant ta yie , il y ya de mes joars. 

Vers le milieu de Tannée 170$ , Mlle. Maupin -forma b 
dessein de renoncer au théåtre ; mais elle ne voulut riea 
faireavant d'avoir cODsulte le comte d^Albert^pour qui elle eofc 
autant d'estime que de tendresse. Elle lui écrivit donc ponr 
lui annoDcer sa resolution, et pour le prier de hii en dir» 
soD Avis» Gette lettre donna lieu å une tres-belle réponse 
dans laquelle on trouve aulant d'esprit et de scDtiment , qno 
de pbilosophie et de religion : La voici. « Songez-vous å^^ui 
» Tous vous adressez , Ini écrivit son amant? Est-ce ma 
3» religion, est-ce mon coeur, est-cc ma conqplaisance que 
31 vous voulez niettre å l'épreuve?Et comptez-vous , en me 
» consultant , que je sois assez le maltre de mes sentimens 
» pour vous fortifier dans les votres ? Avez-vous perdu Tidéa 



H AV 173 

de te qua ]e suis ^ votre égard ? N'est-ce pas insulter Ivioii 
malheur que de me forcer å l'approuver ? Et ne mériteriez* 
vous pas que , pour vous pnnir de votre iojustice , je mé 
rangeasse du parti du moode contre voas-méme ? Je sais 
que vous ne doutez pas de la psurt que je prends i toot ce 
qui peut faire votre bonheur ; mais ignorez^vous que vous 
oe pourrez parvenir å celui oh vous aspirez , qu'aux dé- 
pens du mien .propre , et sans qu'il m'en coute mon re- 
pos ? Ne dcvez-vons pas craindre qu'å force de m'intéres-< 
ser å ce que vous faites j ]edb tåche de vous en dissuader ; 
et pouvez-vous sagement vous confier å un hpuGiine qui ne 
saorait agir de bonne foi, sans trabir ses Intéréts ? Vous 
le savez » depuis que vous renoncez au monde , mes inté- 
réts deviennent bien diflTérens des vdtres. A quVIle eictré- 
mllé me reduisez->vous donc , pour répondre k la bonne 
opioiön que vous avez de n^oi ! Etqu'il m'en coute chec 
de vous avoir persuadée de ma sincérité ! Il faut que je 
me détache de moi-mdme pour me conformer 4 Yos inten^ 
tions ; il faut que j'étouffe tout sentiaient de sonsibilité et 
de délicatesse ; il Caut enfin que je vous tienne un langi^ 
tout opposé au mouvement de mon cceur , et que je m^im^ 
mole pour vous plaire. Jamais la raison n'a tant priä sur la 
nature. Mettez donc k ce sacrifice töut le prix qu'il mérite. 
Cest le plus grand que j'aie fait et que je puisse £aire de 
ma vie* » 

On yoitque M* :le Comte d'All;^rt fatt envisagerå Mlle.' 
•Maupin lesraisons qui pourraient la retenir dans le monde; 
•mais il ne lui dissimule pas que des raisoqs^ plus fortes encora 
4'af^llent k la retraifce. Il n'est guéres ppssible 4e miwx 
jVxpriraer qu'il ne le fait;aur une matiére aussi délicate. 

MAUBICE (Ghaeuss ) > auteur.dramatique, x8iOt 



174 ^ M A U 

Des conceptions falbles , mais un dialogue agréaUa ; na 
st} le faclle muis léger et abondant , tels sont les caractdresdes 
productions de cct autcur , qiii n'a pas toujours été Iieuxeux 
au tbéålre. Ses principales piéces sont , la Pansienne å 
Madtid, vaudevillc, et Ics Trois Rivaux ou Chacun a 
sa Mojiihre , Comédie eo uq acte et en vers. 

M AUSOLÉE ( le ) , ou ARTÉMISE , tragi-comédie do 
Maréchal, 1639. 

Artémise prend une coupe pleine de vin que son échanson 
Inl préscnte, et y méleles ceudres de son époux* Toutefois 
clle est obligée de suspendre sa douleur , ponr prévenir des 
malbenrs plus pressans. Co fameux monument de ramonp- 
conjugal, ce temple de la mört est tout ce qui hii reste. EUeest 
obligée de serenfermer dans ce triste séjour ävec lä princease 
Dorulie sa fille , Alcandre , general de ses troupes , Céo^ 
bantc , princc de Lycie , et un petit nombre de soldats* 
Elle tient un conscil sur Tétat de ses affaires , et promet la 
princesse en mariagc å Alcandre, qui s'offre å^remettreCé" 
nomant roi de Candie , son ennemi , en sa puissance. Do- 
ralic fait dire å ce roi de la venir trouver. Son dessein est de 
poignarder cemalhcureux amant , d'en presenter ensuite la tete 
å la reinc, et, par cc moyen, de se dispenser d'épouscr Alcandre, 
pour qui elle a une aversion mortelle. La vue du roi de Can- 
die anéantit cette barbare resolution. La Princesse ne peut 
s'empécher d'etrc sensible å son amour : Cénomant lui jure 
une fidélité inviolable. Alcandre apprend cette entrevue ; il 
se sert du nom de Doralie pour attirer le Roi. Céobante em- 
pécbe Teffet de cette trahison , et soutient le parti de Céno^ 
mänt devant la reine , qui préfere en cette occasion sa surMé 9 
anx seutimens généreux qu'on veut lui inspirer. Eiifin Al- 
candre j Tauteur de sa lächeté , étoufie tout-å^coup son 



M A U 175 

amour pour-Ia Princesse , et joint ses priéres å celle de Céo- 
bante , en faveur de son rival. Artémise est forcée de vaincre 
sa répugnance , et cousent k l'hjmea de sa fille avec le rol 
de Candie. 

Il n'y aguéres de piéces au théåtre qiil commence d'iine 
fia^on aiissi singuliére que celle-ci. « On léve la toile , sur 
»laquclle est représentée lapyratnlde du Mausolée. On dé- 
^» couvre le dessus du monument , au milieu duquel estélevé 
) untombeau, et audessus une petite urne oh sont lescendres 
deMausoIe. » Artémise prend une coupe pleine de vin , quo 
soQ échanson lui présente ; elle y méle des cendres de son 
^poux , et dit : 

Prenons , mon ccenr « prenous ce breayage amoureux ; 
<rest ta cendre , Mausole , et c^est ma nourritare.; 
'Je te poss^de mört, et malgrc la nature. 
Mon sexe, apprend d^amoiir un mysti^re inoui; 
Vois baiser un époux ; yois comme i'en joui, 

MAUVAIS MEN AGE (le), parodie de Mariamne, en 
un acte , en vers , par Legrand et Dominique , au théåtre 
Italien, 1723. 

Äprés Agnhs de Chaillot , å laquello Legrand a eu bean- 
coup de part , nous avons peu de meilleures parodies ,que 
celle de la tragédie de Mariamne* Le sujet , le plan , Vexé- 
cntion , les vers , Tauteur , les acteurs , toi^t y est critiqué sur 
un ton de plaisanterie , capable de dérider le front de ceux 
méihes qui goutent le moins ces sortes d'ouvrages , ou qui 
oot versé le plus de larmes å la piéce parodiée. 

Gette parodie fut donnée sans étre annoncée^ parce qu'on 
disait que Voltaire faisait tous ses efforts pour empé- 
cher qu'on ne jon åt les peirodies de ses piéces. Elle fut 
trås-bien re^ue. Ses auteurs ont surtout le mérile d'avoir saiiii 
ct agréablement critiqué les défauts de la tragédie. 



176 M AU 

Les comédiens Fran^als avaient appris aasai iineparodif i 
de Mariamne ; maia ils ne jugerent pas ä propos de la joaer, 
quand ils virent le prodigieux succfes de la piica da 
Voltaire. 

MAUVAIS NÉGOCIANT (le), comédie en trtns 
actcs, par *** iTyS. 

La scéne est å St.-Malo.Le cbevallerdeKerlon aime Juliei 
niéce de Chrysologue , et revient d'Ainérique , oii ila.ob- 
tenu le consentement du p&re de sa maitresse, pour l'époiiaer« 
II la tronve sur le point d^étre mariée å Gléon , négociauti 
trés-mal-honnSte homme , qui ne désire que la fortune da 
Julie f et il a la sottise do coufier å ce Cléon , qu*il con- .' 
nait pour son rival , le consentement du pfere. Dans cet 
intervalle il apprend que Ics Anglalssout descendus&St.^Bflt: 
il y vole , et il écrit å sa jeune maitresse un l^illet 9 que son 
valet a soin de perdre un instant apr&s. Cléon profite de cetto 
absence^et assure que le chevalier est infidéle : il en donne poaz 
preuve ce consentement qu'il lui a si facilement abandoniMS 
enfin , il est une seconde fois prés de terminer son mariaget 
Jiiais Julie qui a un grand fonds de patriotisme , exige qa'il 
s'en aille auparavant repousser les Anglais* Heureusemoit 
que le chevalier revient triomphant , et qu'il découvretonfo 
la manoeuvre de Cléon , qui reste confondu. 

U est clalr, d'aprds ce court exposé, que M. le chevilier tet 
xin imbécile , et que, s'il fiit revenu un instant plus tärd oudé 
1'Amérique ou de 1'afiaire de St.-Cast , il eut trouyé aa 
maitresse pour jamais å son rival. 

MAUVAIS PLAISANT (le) , ou le Drole de Coap8, 
opera-<:omique en un acte , par Vadé , k la foire St«-Laurent » 

1757, 



.^ 



M A U 177 

Le Urcde de Corps , est ua honunaÅ jeti de möts etå 
calemboiirgs , qui en veiit a la nifecc d\in liche bourgeoia» 
coefé de sa personne. Il a pour rival un homme essentiel et 
Talsonnable. Le Bourgeois , qui veut faire épouser sa niéce 
au mauvais Plaisant , le met å Tépreuve , dans une afiaire 
qui décele å la fois , et son mauvais copur et salåchcté. Son 
rival saisit 1'occasion d^obliger 1'aDcle de sa maitresse , et il 
cbiient sa main. 

Piron aväit présenté aux ComédLens fran^als une co- 
médie en vers, intitulée le Mauvais Plaisant, EUe fut arrétée 
\ la police , parce qu'on y trouva trois portraits trop res- 
lenAIans å trois personnes d'un rang di^tin^ué^ 

MAUVAISE ÉTOILE (la) , comédie en clnq acles , en 
|)rose, par M...* , aux Fran^ais , 1792. 

Aprfes avoir vu rOptimiste, et surtout le PrésompUieux 
fltt VHeureux Imaginaire , de Fabre dTEglantine , il n'élait 
paa[ dilEcile d^imaginer le sujet de cette piéce ; mais ce sujet 
singnlier , et dont le beros n^est pas tians la nature , car 
rhomme est toujours plus porté å se croirc malbeureux , 
qulieareux, est.noyé dans des longueurs interminables : les 
enlrées, les sorties , les situations méme ne sont pas mo- 
tiyées: en un mot^ malgré tout le monvement de la piéce , 
malgré tout le comique d'un röle de valet parfaitement rendu , 
Tennui gagna tous les spectateurs y et Tennui est un tort 
qne le public ne pardonne pas å un auteur. (Test bien lå ce 
qu'il peut appeler sa mauvaise étoile« 

Cette piéce justifia donc lamaligne influence de sontitre; 
elle fut écoutée jusqu'ala{in ; mais au milieu des murmures 
lés plus bruyans. La faiblesse du pian , l'inconvénance de 
certains caracteres , et le peu d'intérét du sujet, nuisent sin- 
guliérement au comique de qiielques situations et u la gaieté 

Tomg VI. " M 



178 MAX 

du dialogiie , qni annonce un homme exercé dans Tärt fé- 
crire pour lo théåtrc* 

MAXIMES. Oii appelle ainsi iine sentonce qui ren- 
ferme qiiciqiic conscily quelqiic f^éceptc, qiielqne moralité, 
dont 011 falt une applicatlon géaéralc , comme dana lei 
vers suivaiis : 

Ij'<>pprobrc avilit Tame et flétrit le cOarage. 
CVst le sort d^un Ihtos d'eLrc pcrsécuté. 
La clcmence sicd bien & qui pcut se yengrr. 

Nons devons faire observer qii^il ne faut jamais étalec 
CCS dogmcs du crime ^ comme on Ic volt dans quelques 
tragédics de Comeille. Ces scntences trivlales ,, qui en- 
aeignent la scélératesse , ressemblent trop å des lieuz com- 
muns d\in rhéteur qni ne connatt pas le monde. Non-seo- 
lement de telies maximes ne doivent jamais étre débitées j 
mais jamais personne ne les a prononcées, méme en commet- 
tant un crime , ou en le conscillant. Cest manquer auz loia 
de rhonnéteté publique et aux régles de Fart 5 ce n*e8t pafl 
connaitre les hommes , que de proposer le crime comme 
crime. Voyez avec quelle adresse le scélérat Narcisse pressfi 
NérOn de faire empoisonner Britannicus : il se garde bieii 
de revolter Néron par l'élalagc odieux de ces lieiix com' 
muns, qu^un Empercur doitétre empoisonneur et parricide^ 
dés qii'il y va de son intérct 5 il échaufie la colére de Nérofl 
par degres, et le dispose insensiblement å se défairc de aoD 
frére , sans qne Néron s^apper^oive m6me de Fadresfl^ 
de Narcisse : et , si ce Narcisse avait im grand intérct k to 
xnort de Britannicus , sa schnc en serait incomparablement 
meillcure. Voyez encore , dans la tragédie de Bajazet, com-* 
ment s'exj>rirae Acomat , en ne conseillant qu'nn simple 
manque de parole å unc femmc umbitieuse et crimlnelle : 

£t d^im trone si saiut , la moitié nVst fondée 



MAX X79 

Que $ar la foi promise , et rarement gardée. 
Je m''emporte , Seigneur. 

n corrige la dureté de cette maxime , par ce mot si na-* 
tarel et si adroit, je ]i]'eixiport;e. 

Les Maximes' sont presque tou jours déplacées dans les sc&nes 
Vives et passionnées , parce qiie toute maxime supposc , dans 
celui qui la dit, une reflexion dont on est pas capable 
dans de grands mou vemens ou de grands dangers. Lors- 
^u^Åuguste dit h. Cinna : 

L''ainbition dcplait quand elle est assouyie. 

Cette Maxime est å sa place: Auguste , dans ce moment, 
&'éprouve ni passion , ni danger ; c^est un Prince qui réflé- 
chit sur le projet qii''il a formé de renoncer å TEmpire. 

Il faiit que les Maximes soient courtes et rapides : eiles 
seraient insurportables , si elles dégénéraient en dissertations. 
De petites Maximes d^amour, telles que J'idylle en peut com- 
porter , seraient insoutenables dans I.e dialogue de la tragédie« 
Enfia , il faut faire ensorte que toute Maxime qui sort de la 
I)oucheNd\iue personne , sembie plutot. \\f\ écha{)per comme 
Qo sentiment, que comme une pensée réfiéchie. 

MAXIMIAN, tragédie, par Thomas Corneille, i66l« 
Gonstantin vient d'épouser Fauste , ^fiUe de Maximian , 
iPrince qu'il comble d^bonneur; mais celui-ci, sacrifiant ^ 
son ambition ^ et les liens de la reconnaissance et cenx 
du sang , profite de la faveur qCi le met le rang de sa, 
fille, pour conspirer contre son maitre. Lorsque la conspira- 
tion est découverte, il en accuse Sévére, que Constantin 
Toulait unir å sa soeur et associer ä ITEmpire 5 il en accuse Li- 
cino, chef de la garde prétorienne; il en accuse sa fille 
jile-méme , dont il ö'a pu faire sa complice. Constantin se 

Ml 



iHo MAX 

laisse d*aiitant plus fcteilcmenl persnader, qu^il sait qtie 
Tauste a aiiné SéviVe , et qiie Licine aime Coiisttinceysasoeur, 
qiril ven t forcer k recevoir la main de Sévére : il cUe 
doiic anx insinuations du periide et ainbitienx Mozimiaiiy 
et fait ar re ter Licine et Sévere ; il est pret méme å fal re 
punir son épouse. Cependant Lirine brise ses Fers k la fa- 
veur d'une sédition populaire. Mazimiau a fait é vader Mar- 
tian son complice , et poignardcr Sévére ; mais ce fidilfl 
general n'est pas mört sous ses conps : profitant d*un resto 
de vie , il vient dévoiler å l^mpcreur tous les détails ds ' 
la conspiration. Fauste refenue jusqu^alors par l'amour p»- 
ternel , confirme les depositions de Sévére , dont ello 
regrette la mört. Mar tian , le complice de Maximian , qu0 
Constantin a fait saisir de nouveau , a lui-méme révéU 
tout le projet : eofin la perfidie de Maximian est découvertéi 
fauste solicite et obtient de TEmpereur la grace de son 
pérc ; mais cet ambitieux , qui ne peut vivre sans régneTi 
refuse cettc faveur, et se poignarde lui-méme. 

L'intriguc de cette pifece est fort embrouillée , et le fondslai- 
méme est cssentiellement vicieux. Maximian pret å sacrifier 
safille k son ambition, est un scélérat trop odieuxpour ne pas 
étre révoltant. Constantin , époux de Fauste, qu'il a épousée 
malgré clle ^ tjran de sa soeur , qu'il force å contracter des 
liens contraires å son coeur , perfidc envers Sévéro qa'il 
»'élfeve que pour l'immoIer , n'est pas fort attachaot. 

Sévere et Fauste sont donc les seuls personnages de la 
piéce, qui soient intéressans ; encore sont-ils d'une vertu trop 
baute pour qu'elle paraisse naturelle et vraisemblable. 

■Une conduito réguliére, quelqu^intérét, et iine yeraifica- 
tion faiblc, voilå cc qui caractérise cette tragédie. Le méme 
$ujet a été traité 9 avec un peu plus de succ^, par La Chausséo;. 



MAX i8* 

soais c^est , dans les deux pi&ces , la méme {aible$se , dQ * 
style et de versificatloD. 

MAXIMIEN , tragédie par la Chaussée ^ 1738. 

Gette tragédie fit illusion au public ; mais peut-étre n'e]| 

fit-eUe pas. a 1'auteur : il dut sentir qu^il lui manquait cetts 

fierté de pinceau, cette vigueur de coIoris,'ce charme secret, ea 

un mot, cette magie de style, qui dolt vivifier jusqu'aux scénes 

ks moins intéressantes , et sans ie^uels une tragédie ne sera 

jamais regardée que comme l'e£rquis8e , ou le croquis d'un tar 

bleau ; mais Fauteur a disposé son plan avec intelligence^; il 

a prévu Teffet de quelques. situations^ et a fioutenu des 

caraptéres : tel est cqlui de Maximien tel est celul d® 

Fauste , tel est. ,. enfin ^ celiii d'Aurelie , quUl parait 

QLVoir crée.. A l'égard de Cpnstantin^ c'est le principal per- 

sonnage , et Von regrelte qi|'il ne soit pas tou jours inte-* 

ressant. Pourquoi la jalousie lui falt-elle oublier les vertus 

de !Fauste y et les crijnes de Maximien ? Fourqxioi ce 

dernier , qui a. tant de fois conspiré contre lui , cesse-t-il ^ 

tout-4-coup , de lui étre. suspect ? c'est donc avec raijoa 

qiie Fauste s^écrie : 

Voufez-Tous dbnc pÄ-ir, ftv^ngté que t<>us .étes?^ 

Il semble , en effet , que.. Con^tantin aille au<rdevant des 
coups qu'on veut lui. p9.rter«..Xl donne toui; k sa, vengeanca 
et rien k sa sureté*. Au re^te ^. Tauteqr a su tirer parti de la 
situation viplen^edans la^quelle se trouye Fauste, depuis laderr 
niére scéne du premiej acte. X^Vi^oux' conjixgal etl!ama|u: par 
temel y sont balancé>9 1'uq, par Pautre , autant.qufiU doivent 
rétre,C^ n'est qu'en dem andant la grace de son pére, qu'elU 
le déclare coupable 5 mais ce. qu*il y a de plus sur-* 
frerrapt, c'est <jue TjEmpereur n'pn qroit ni Fauste j. ni 



i8i M A Z 

Maxim icn lui-méme* Le déDotiement ne nons semUe point 
avoir toiite la vrafscmblance nécessaire. Uo esclave est placé 
dans le lit impérial , et c'est lui que Maximlen poignarde, 
k la place de Constantin. Get esclave coupable sVtait donc 
endormi dans ua lieu si peii fait pour lui ; ou , ce qoi 
est encore plus extraordinaire , il s^élait donc laissé 
poignardcr sans jetter aucun cri , ni se fairo connaitre T 
11 faut avouer qii'il est difficile de préparer ces sortes da 
dénouemens ; ils surprennent ^ et c'cst-lä leur succés. H 
faut s'en tenir å TelTet, sans trop rcmonter k la cause; 
auirement point d'illusion|, roais en mémc-tems , point de 
beauté reelle : on en trotive peu de brillantes dans les détails 
de cette tragédie. La plupart des vers en sont prosaiques, 
boiteux 9 languissans et dignes y tout au plus , du style de la 
comédie. En lisant Mélanide, on ne s'apperf oit presque pai 
que l'auteur aik changé de ton* 

MAZET , comédie , en deux actcs , méléd d*ariettes, 
par Anscaume, musique de Duni , aux Italiens, 1761* 

Un conte de La Fontaine , imité de Bocace , a foumi 
ce sujet k Anseaume, qui Ta mi» au théåtre ayec let 
modifications nécessaires. Au lieu du couvent de reli« 
gieuses , oii Mazet , selon le conte , eotre sur le pied de 
jardinler , il s'introduit, sons le mSme titre, chez une venva 
qiii a dcux niéccs. Il j joue le role de muet, cooimedans 
le conte ; mais il sait bien se faire entcndrcpar Thérése, dont 
il est amoureux. Tbérése ne le rebute point ;« sa sonir 
Isabello , quoiquc plus finc , ne dédaigne pas de le prévenir» 
Il y répond mal, et Isabellc jure qn'il sortira de la mair» 
aon r c'est a quoi ne consentira ni Thérfese, ni méme la ta^te, 
dont le nom est madame Gertrlide. Celle-ci a bien d'autres 
vues sitr Mazet ; cllc voudrait en faire un mixrU Ses Instan-^ 



M E c i83 

ces deviennent méni& si press€Lntes9 que Mazet, impatienté^ 
oublie son role de mueUFuriense, madame Gertrade veut 
approfondir cemystére; il s^éclaircit, et Mazet obtient sa 
Thérése* 

MAZIERES , est autetir d'une aocienDe pibce ^ donné» 
«n 1 566 9 80US le titre de 39fgene spirituelle^ 

• 

MÄZOIER (M.), auteur dramatique, i8io* .1 ' 
M. Mazoier a donné au théåtre Fran^ais en 1800 , une 
tragédie en cinq actes , intitulée T/z^^é^e* Gette piéce »"qui 
coDtieot un assez grand nombre de beaux Vers y n'a pourtiint eu 
qo'«a petit nombre de représentatioDft*!! parait que le peu da 
succés de cette tragédie et des critiques trop aroéres , 
oöt éloigné cet åutcmr d'uae carriére difficile>.«mais dootit 
aaroit pu surmocter les oBstaclesa. 

MÉCÉNES. 

Le nom de ce (avori d'Augiis(B' est amvé jusqu^ä nous^ 
tomblé des louanges des plus celebres pottes de-aon tems» 
Gomment^ en efTet, cet aimable et ricbe^flpiourieD n'aHr&it-il; 
pas été loué par tovts les pottes. ^ liil qm se pllaisait dans;leur 
Bociété et qui les comblait de sesfayeups ; lui qui les produisait 
i la cour , qui les protégeait ftuprds de 1'Ehipereiir , et teur 
attiraifc ses bien&its? On prétend qu'it cutjiv« lui^måine les 
lettres; du moins est-il sur qu'öit lui- attribué une tragédie de 
Médée*. Comme cette piéce nVst pa^ porrenne jusqu'1^ nous^ 
nous ne pourrons en parlcr ici : d'aitleurs le'plus grand titre de 
Mécénes k la gloire , n^est pas d'avoif cultivé les lettres , mais 
de les aVoir protégées avee tant de zélo ^ que son Aom es0 
devenu le titre le plus biillant de conx qni , comme lui, 
chériss^nt les Musea et les nourris^^t^ Horace^ en parlant: 



' r 



1&4 M E C 

de Mecincs , dit quM éluit issii du sang dea Rois y Mecmnat 
"mtavis ^dite liep,ibus.,»y cependant les uoms de ses ancétres 
iinut onbliés, el le sicn pussera jiis(}n'å la postérité la plus 
réciiléc, parcc rjiic lu rcconnaissaiicc Ta placé dans les p1«s 
I>«jaiix écrits qnc iioiis oiit laissés Ics Lalins» Ainsi, cbe2 
tous Ics pcuph^s^y ceiix qni ont protegé les beanx arts se soDt 
Vi IS couvcL-ts de gloire de leitr vivant , et leurs noms sont 
passés å la postérité avec les écrits de ceux dont ils fureot 
ics bicnfttitcurs. 

'MECHANT (Te), comédie en cinq actes , en verS| 
pur Gresset, anx fran^ais , 1-4"'. 

On rcmarquc bcauconp de rapports cntrh le Jiléckani de 
Grcssct et le MédlsaiU de Destoncbes; mais si ces deuz 
pl^es se rcssemblent par le Fonds , qii'ellc difierence dam 
Ics détails ! qirils sont siipérieurs dans le Méchant! qiieles 
portrails y sont variés, et Ics caractéres contrastés avec 
fiiicssc! copcndant il y a pen dVction : Cléon, le principal 
porsnniiagc , est plus vicieiix qae ridicule. Celui d^Ariste est 
iVoid, malgré la belle morale qu^il débite; il parle bien , man 
t rop long-tems. La bonhommie provinciale de Géronfce 
est prtTérable å la crédule étonrdcrie de Valére. Le röle de 
]j'lorisc esl d*inie gran de vérité; il contribne å faire restoitir 
rcliii dii Mcchant , qiTe Valére et clle cntreprenneat de copier 
et copient mal. Quant au stylc , il ofTre partoiit une vers^ 
fication facile, et un coloris brillant^ des peintures fidéles de 
nos mcriirs , et beauconp do vers qui sont passés en proverbe. 
En un mot^ ccttc piécc est la satyre dn tems, et la satyre 
la mleux écritc qui ait paru depuis Boileaii. 

Ou y trouve Ic vers suivant^ qni fait anecdote par le. 
} arodie et Tapplicakioa anxquelles il donna lieu : 

La lV.atc ca est åiix Dicux qni h fireut si bélc» 



f < 



M É c 185 

Ud Jonr qii'on représentait cette comédie , Mme. de Tor- 
calquier arriva dans sa loge. Charmé de sa rare beauté , 
le parterre , comme traosporté d^admiration , battit des 
mains : Paix , messieurs , s'écrla quelqu^un ; convient^il d^in- 
terrompre ainsi la comédie ? Alors Tun des admirateurs lui 
répliqua : 

La faute en est aux Dicux qui la firent si belle. 

Voici une épigramme qui fut adressée å Gresset le len- 
uemaia de cette premiére representation : 

Un membre de café , philosophe pedant , 
Qui de Tesprit se croit et le jage et Tarbitre , 
£n sots propos s^égvy ail sur le ti tre 

De volre piéce du MécharU ; I 

Quelqu^un dit au mauvais Plaisant : 

Pour un auteur c^est bon augure , 

Lorsque , dans uH livré nouveau y 
L^enrie au désespoir de ne -voir que du bean , 

De råge , mord la couyerture. 

MÉCHANTE FÉMME (la) , Parodie de la Médée , 
de Looge-Pierre , en un acte, et en vers, par Domtnique et 
léliofils 5 au thé&tre Italien, 1728. - 

L^Epine , valet de Zonzon , lui reproche l'infidélité qu'il 
te propose de faire å sa femme Asmodée , en la répudiant 
poQr épouser Génise , fille de Gléon. Zonzon s'excusc sur la 
force de son amour , qu'il juslifieen faisant le portrait de 
Cénise. Celle-ci re^oit de bonne grAce les caresses de Zon- 
zpn , å qui elle demande cependant quel sera le sort de sa pre- 
miÅre femme ? Zonzon lui assurera une pension. Cléon , pére 
de Céruse , veut qu'Asmodée soit congédiée. Aschiödée ap- 
pelleå son secours , les Diables , le* Furies, lesProcureursv^es 
Malloti^jrs, etc. £&fiaelle ompoiaonne un pet-en-rair , qa'eUe 



186 M É C 

envoic å Céniso. Co vétement est un feu brfilaot , qni cor** 
sunie sa rivalc. Asmodée parah dans une chaise de pO8l0 
conduite par un Diable. Zonzon tire son épée pour la paatf ; 
niais Asmodée le touche de sa baguctte , et le rend immobilSi 
£lle avait eu la précaution , a vant qne de partir , d'eA^ 
poisooner Cléon , et de mettre ses cufans en pensicn k Fic* 
pucc* 

MECONTENS (Ics) , comédic en nn acte , en vers lifares^ 
avcc UD prologuc , par La Bniere , aux Fran^ais , IjS^» 

Jupitcr ve ut rcndrc tous Ics liommes heureux : il a déji 
tlépcché Mcrcurc ici-bas , pour juger de lenrs besoiiUaLi 
sujet du prologue est le comple quc le messager dm Diem 
rcud de sa mission. La longue énumération des travers dei 
Ilumains et de Icurs vceux insensés, n*empéche point Jupitff 
de poursuivre son dessein. Il descend sur la terre , et oidooos 
aux principaux Mécontens de paraitre devant lui ^ dans un 
de ses Temples. Lå , se rendeut successivemenl divers pei^ 
sounages. Léonor aspire å changer de sexe , ä devonir 
homme ; la petite Angélique y å grandir tont-a-coiip pönr 
uvoir des amans ; Richardin , å posséder beaucoup d'arg^( i 
TbémistroD , å quitter la Robe pour 1'Épée ; Emilie , å Toir ^' 
son mariage rompu; elie oflre en méme-tems & Jnpitsrls 
Jiste des défauts de son époux , et cette qualité d'époiix ^ 
le premier défuut qu'elle reproche å son mari. Tous ces Mé- 
contens sortent satisfaits; mais ils reviennent bientåtfonnerdé 
nouvclles demandcs. Thémistron a re^u un soufQet , et piit 
Jupiter de le venger; Richardin voudrait étre niinistie{ 
Xiéonor, voir son amant deguisé en femme ; Angélique i åtxt 
mariée et presqu'aussit6t veuve , etc. Jupiter indigné » ro^ 
jette ces voeux indiscrets. Il condamne tous ces persodnäg^ 
å servir d'ezemple a la terro. Oa trouve dans cette petit» 



M é D 187 

de r^piit et de la philosophie ; niais elle manque de 
^eté absolument nécessaire , pour suppléer au défaut 
"ét y dont ce genre de comédie est peu susceptible. Elle 
'abord en trois actes , mais Tauteur la réduisit efi un 
io&a y elle était suivie d'un divcrtissement dont Mouret 
alt la mqsique, et d'un vaudeville' qui fut long-tems 
dans le public. 

DECIN DE L'AMOUR (le) , opera comique en un 
ID vers y mélé d'ariettes , par Anseaume , musiquc de 
» å la foire St.-Laurent , 1758. 

ci du opéra-coinique , dont le ton s'éleve jusqu^å celui 
onne comédie. Le méme point d'anibition qui a fournt 
lault la tragédie de Stratonice ^ et å plusieurs autres 
ins des drames de difierens genres , a fourni å An^ 
s le fonds de cette jolie piéce. Rien ne prouve mienx, 
leaume l'a prouvé plus d'une fois , qu'une plume in- 
se maitrise t ou jours les sujets quelle traite , et n^est 
maitrisée par eux. Selou le fait historique » Fanaiotit 
Dchus pour Stratonice , qui va devenir sa belle-mére y 
t å le conduire au tombdttu. Autiochus dissimule ave6 
cause de sa maladie , mais un médecin la devine en 
ant pålir å 1'aspect de Stratonice : il en indtruit Sé- 
, pére de ce Frince , qui , pour sauver son fils d'une 
prématurée , ]ui céde généreusement sa maitresse. 
»staussilamarcbe qu'asnivieAnse&ume.llne fautque 
ir les noms , et ce récit nous donne le cartevas dé son 
•Le roi de Syrie deviendra Ät. Géronte, bailli d'ufi vil- 
^ntiochiis prendra le nom de Léandre , et Stratonice 
le Laure. Enfin le médecin de cour ne sera plus'qu\ii^ 
in de campagne. Cest ce persoimage qui détioue toatL? 
ue de la piéce* U dévine la cause du mal et du silenc^ 



2«« MED. 

de Léandre, et cu instniit Gérontc. La sd^na o& se trourt 
cet cclaircissement, est des plus i ngénieuses. Le Doctetur sup- 
pose que Tautre est son rival , et que^ poiir le guérir , il faiH 
dr alt q 11 'il épousåt cello qii'il est prét d^épouser lui-mémek 
Alors Gérontc, apres avoir un pen hésité, prie le Docteur - 
d^avoir pitié de son fils , et de lui céder sa maitresse; il se jetts 
meme k ses pieds , pour donnor plus de poids k ses instances; 
c'cst ou Tautrc Tattendait. Il lui répond sur une musiqui 
trés-vive : 

Prends poar toi Ics avis que ta pitic t^inspirc , 
Ou c est fait de ton fils. 

Il sort et laisse le bailli dans une grande perplezitj; mois 
enfin , Tamour paternel triomphe , et Géronte consoot i 
u'6tre que le beau-pere de celle dont il voulait devenir Té- . 
poux. Il regne beaucoiTp d'intérét dans cette piéce | eHe est 
conduite avec beaucoup de sagesse. 

MÉDECIN MALGRÉ LUI (le ) , comédie en trois adeSi 
en prose , par Moliére , i666. 

Moliårc ne composa cette farce que pour étajer son 
cbcf-d^ceuvre , et ce moyen lui réussit. Alceste passa donc ib 
faveur de SganarcUe. ' • 

Un ancien Gzar, tourmenté de la goutte , fit promettre dt . 
grandes réconapenses k quiconquejui indiquerait un remMi . 
capablo de le soulager. Une femme, outrée des.mauvaistra^ 
temens qu'elle recevait de son niari , déclara qu'il possédait . 
un spécifique propre k guérir le Monarque ; mais que b 
baine qu'il ^ortait k ce Frince , 1'empéchait de le coznDliiH , 
niquer. Le Czar envoya cbercber cet bomme , qui fut bieO 
élonné quand on lui dera anda son secret. 11 eut beau protesten 
qu'on le prenait pour un autre 5 qu'il ne savait ce qu'on vou-* 
iait dire, et qu'il n^^vait janiais eu dereméde> on eut recouss ik 



\ 



M,é D 189 

,'expédieDt de Moliire , et bientot le paiivre mari re^utplus de 

conps de båton qu'il n'en avait donnés k sa fem me* Chaquo 

fovx 011 le regalait de cet exercice , avec promesse de recom- 

meocer, s'il oe se mettaitå. laraison.Dans le dernier désespoir, 

3 dit qu'eD effet il avait un reméde ; mais qiiene le croyant pas 

assez sur, il n'avaif osé le proposer. Il demanda qiielqnes jours 

de délai , pendant lesquels il fit venir des herbes de toute 

espéce, don t il prépara un bain pour le Gzar. Soit qué la 

maladie fut å son déclin , soit que parmi une si grande 

quantité de plantes , il s'en trouvåt de propres pour sa ma- 

ladie , le Prince en fut soulagé : alors les premiers refus do 

cet.homnle furent considérés comme un effet de sa mé- 

chaaceté et de^ sa faaine ; et , pour Ven punir , on lui fit 

éprouver une nouvelle bastonade ; mais il re^ut en-méme-» 

temsune récompense ptoportionnée au service qu'il avait 

lendu. On lui défendit, sous des peines trés-rigoureuses , de 

uarquer aucun ressentiment å sa. femme. II profita de la 

correction et de Tavis , et vécut avec elle dans une parfaite 

union. 

' Ce fait se racontait en Russie plus de vingt ans avant la^ 
comédie de Moliére ; mais nous sommes éloigné8'depen- 
8erqa'illmait fourni le sujetde sapiéce; nous pensons aucon- 
trai£equ'il Ta tiré de nos anciens fabliaux. On lit dans un ma- 
Äoscrit du treiziéme siécle , ce coute dont Moliére a profité ; 
il est intitulé : J^ilain Mire , c*est-å-dire , dans notre vieux 
laogage, le Médecin de campagne* L^autéur raconte : « Qu'un 

> laboureur riche , mais avare , pressé par ses amis de se 
; ^ magier y se détermine enfin å prendre pour femme la fille 
I » d'un pauvre gentilhomme.^ Craignant ensuite que , tandis 

> qu^ilseraåla charrue, sa femme ^ qiii n'est point accou- 

> Uimée au travail , ne s'amuse avec des galans , il imagine 
^ uai^pédlent singulier, pour s'assurcr de sa fiJélité» Cest 



I ' 



jQO MED 

9 de la bien bättre le matin en se le vant , afin*que , plenrtot 
3» le reste du jour , clle ne trouve pcrsonne qai osa , dun 
a soo afHiction, lui parler de galanteric. Le soir, en revenint 
n des champs y il lui demandera pardon ; il la caresaen; 
-o elle oubliera tout , et chaque jour il recommencen b 
» mSme train. 

» Le premier jour^ lachose arrivecomme il Ta prévae; 
» mais ayant répété la méme scåne le lendemain , sa femmo 
» se dit k clle-méme , dans sa douleur : il faut que moii mui 
3» n'ait jamais été battu ; car , s'il savait le mal que celafaity 
9 il ne m'en aurait pas tant donné. Lorsqu'elIe se plaignit 
3» de la sorte , elle vit venir deux courriers montés snr åu 
9 chevaux blancs. Geux-ci la saluérent et lui demandérentå 
9 dtner ; ce qu'eUe leur accorda avec plaisir : elle apprit å^euif 
9 que lafille du Roi étant målade d'une aréte de poisson qoi lai ' 
» était restée au gosier , ils allaient lui chercher nn med»' 
3» cin , etc. « On sait le reste de l'histoire. Le labourenr pro* 
teste qu'il ne sait pas un mot de médecine ; on le Téfoi» ds 
coups de b&ton : il convlent enfin qu'il s'est trompé, et il 
imagine de faire riré la Frincesse, pour lui faire readn 
son aréte. Get expédient lui réussit, et notre homme acqniflrt j 
la réputation d'un grand médecin. 

MÉDECIN MALGRÉ LUI (le) , opera en trois actof» 
par***, muslque de Désaugiers , au théåtre Feydeau, 1791^ 

Cest la comédie de Moliére avec des ariettcs. On y remir* 
que plusieurs beaux morceaux d'ensemble et de chaimfti» 
couplets , tant pour les paroles que pour la musique 9 qui 
est sou vent fort gaie , entré autres dans le moment oti PoB 
oblige le faiseur de fagots , k force de coups de båton , i 
convenir qu^il est médecin ; en un mot, on y trouve un grand 
nombrc de morceaux de divers genres qui furent justemeit 



j 



applauclis. Mais soit que la piéce ne soit pas tou]ours heureu- 
eemeDtcoupéepourlamusique, soitqueceuxqui ToDtarrangée 
n'aieDt pas fait assez de retrancheinens , ce qui était difiicile en 
jroulaot respecter Moliére , il est certain qu'elle est un peu 
longue, et que ('ensemble ne doit pas produire antänt d^efiet 
qa^on pourrait le désirer. 

MÉDECESr PAR OCCASION (le), comédie «n cinq 
tetes, en vers, par Boissy , au théåtre Fran^ais , I745« 

Unofficier, nommé Monval, est le héros de cette comédie* 
Champagne, son valet, s'introduit dans un chfiteau, quiiabitcnt 
le Baron , pére de Lucile , maitresse de Monval , et une Mar- 
quise, aceur du Baron« Le pére , la tante et la niéce , sont 
attaqnés de maladies difTérentes. La Marquise a des va- 
peurs; le Baron, possédé de la manie des vers, brule de 
finaler son zhle pour le Roi , å Texemple de tant de rimeurs , 
qui ont coutume d'«nnuyer leurs Majestés du récit de leur» 
exploits et de leurs vertus* Pour la belle Lucile , elle est 
plongée dans la plus alTreuse tristesse , sur le rapport qu*<m 
bi figiit de la mört de son cher Monval. Z>an8 cette tiiste 
SDaison , la suivante Lisette , est la seule qui . se porto 
inen, etqui soit de bonne faumear. Elle reconnait Champagne^ 
et lui demande des nouvelles de son maitre; s'il ost vrai 
tp^A a fini ses jours å la guerre ? Le valet lui découvro 
que c'est un faux bruit , une ruse d'amant de la part de 
ttonval , qui , par les regrets de Lucile , veut s'assurer 
de son amoiir. Lisette est embarrassée; elle ne sait comment 
t^y prendre pour introduire dans le c^åleau notre officier, 
qui n'y est pas connu , et qui attend dans la forét vot- 
ittoe , le retour de Champagne. Elle imagine de le &ire 
passer pour médccin. Monval consent å jouer ce role. 
feut - il en choisir \m plus aisé ? La Marquise est 



192 M É D 

la premi&re målade qui se présente. Il lui conaeille le jen'y 
la musiqiie y lu dan se , la pro menade , la table , les spécti- 
des, et surtout 1'air de Paris. La marquise , enchantée da cetto 
ordonnance, recommandc au médecln son frére et sa mke* 

Lisette apprcnd k Monval qiie Lucile , pour entretenjr n 
doulcur y a cntrcpris de le pcindre ; que le portrait eit 
déjä commencé, et qirdle y travaille ordinairemeDt daos 
le saloii oii il est» La snivante place le chevalet et la copieiCt 
Toriginal se place lui-mäme derriåre la toiie. Lucile arriTeeB 
efiet^et se dispose å Touvrage. Elle répanddeslarmes ikme 
du portrait de son amant. Quclle délicleuse situation poor 
Monval , témoin lui-mcme des rcgrets de sa maitre88a,qn'il' 
regarde de tems-cn-tcms par dessus le portrait , quelqufli 
signes que lui fasse Lisette de se tenir caché ! L'amaiit n 
peutcontenir son ravissement ; Lisette ote le portrait qui II 
cachait : il tombe aux genoux de Lucile , qui demeuro qn 
moment suspendue entré la surprise , la frayeur et la joifc 
Mais bientot la présence de Monval dissipe sa mélancolJ0 1 
et la cause de sou mal devient celle de sa guérison. 

Il ne manque k Ja gloire de notre Médecin , qae dfl 
rendre la santé au Baron , attaqué de la maladie des Ten» 
quoique diflicile, ilenlreprend la cure. Le Baron quine pflot ' 
Tien tircrde son cerveau, pas mdme de mauvais vers, aephipt 
de sa stérilité. Monval Taborde , et lui propose un remMB 
trés-simple3 c'est d'adopter les ouvrages d'autrui, et dt 
feindre habilcment , pour des cnfans étrangers , des en^ ', 
traillesde pére. Sa délicatesse en est d^abord offensée; miii • 
Monval le rassure , et la comédie se dénoue par le mariageJo 
rOfficier-Médecin avec Lucile. Le Baron, possédé du Démoi 
dela rime , ressemble un pcu au Baliveau de la Métromaoiei 
c'est un original assez plaisant. Le valet Champagne n^est 
pas moins agréablc 5 la scéne de Monval , caché deruiré aoA 



H É B xg8 

fDttrait, qnoique peu naturellen falt au3si l)eaiicoup de 
{daiskr.Maisle dénouemefit s'opéTed'ut]eroaDiéretropbixisque. 
Il D^est pas dans la vraisemblance que la Marquise detrienne 
4out-å-coup amoureuse du Médecin €tranger , au point. de 
▼ouloir- Fépouser y et que Cléon, avec la métne vivacité^ 
reaonce k son amour, pour faire le bonheur de Monvid 
et de Lucile* 

MÉDECIN TURC (le), opéra-eomique en un acte par 
IffM. YiHiers et Ärmand &ouffé, musiquede M. Nicolo, 
å Fopéra-comique , iSoS. 

Foilis , jeune fran^ais , a été prisavec son épouse par des 
corsaires barbaresques , qui let ont- vendus séparément. 
Gelle-ci entré dans le sérail d'un Médecin. Le Grand-Visic 
entend parter de cette esclave , et $e'pf6pose de l'acheter; 
mais le Docteur qui ainoe aussi les j olies femmes , xnet 
n captive å si haut prix que le Visir ne peut la payer* 
On pense bien qu'un si grand Seigneur ^ ne revolt pas de 
pöeils affronts , sans vouloir en tSrer vengeance* L'oc- 
casioB 8'en présente bientöt , et c^st Eorlis qui la fait 
nattre* Fera^adé que ' l'esclave dont il a'agit nVst aiitre 
que sa tendre moitié » il imagiae de contrefaire le fou 
ponr qu^on l'envoie par-devadt TEsculape : ce premier projet 
léussit» Le Grand - Visir adresse notie: prétendu fou au 
Böcteur , en promettant å celui-ci , ou de le faiie Mé*- 
decin de sa Haiftesse, s^il^^rit le Fran9ai89 ou de le faire 
nidement b&tonner, 

« Si ses soins sont sans succés. » 

Cette alternative jette notre Médecin dans un grand em- 
banas; mais, comme la prétendue folie de Förlis est causéö 
pärla perte d'iuie femme^Vépouse du Docteur est d^avis qu'oa 

Torne VL ^ ' 



194 M É D 

cmploie lc8 cbårmes de la belle esclave pour guérir cé genrt 
de démence. Le bon homme ne s^y préte d'abord qu'avee 
répugnance , mais la menace d'une bastonDade doit levet 
kien des difiiciiltés , et voil^ nos époux en présencei 
On se doute bien qne la gnérisoa n'est pas leole. Forltf 
dit ton t bas au Méderiu qne , 8'il consent ä lui rendre sod 
Adéle , c^est le nom de la belle esclave y il prdnera par* 
tout sa haute scicuce ; qu'aiitrement il le perdra de répo* 
tation, en le peignant comme uo charlatan. L'idé6 da 
la bastonnade ajonte encore dn poids k cette proposition | 
et le pauvre Médecin consent å tout. 

Rieu de plus léger qtie le fonds de cet opera; maia od 
y trouve quelqiies scénes assez piqnaates» 

MÉDECIN YOLÄNT (le), comédie en un acta^ei 

vers, par Boursaiilt, i66i« 

Gette pl^c est tirée d'une comédie italienne fort aqciemia^ 
intituléc : Arleqidno Sledico volante» 

Lucréce , amante de Cléon et fille de Femand |.Mb 
d'envie d'étro roariée. EUe feint d'étre målade , on nf 
sait pourqiioi ; roais Crispin , valet de Cféon , tire parti ^ 
de cette feinte. Il apprend que Fernand est sorti pon; \ 
aller chercher un médecin. Alors il prend lui-méme llaU ^ 
de docteur, se présente au pére de la fausae niakdaj 
et entreprend de la guérir. Toute sa recette consiste 4'*? 
bord å lui faire changer d^appartement , parce que ceini '^ 
qu'elle öccupe est peu favorable aux desseins de Cléouj qni ^ 
projette de Fenlever. Il amuso cnsuite le vieux Fernand^ jr 
par des scénes d'un bas comique , pendant lesquelles s*o- ' - 
pére Tcnlévement; ce qui oblige le bon homme å consentk 
au mariage. Cest aussi ce que prétendait Crispin , quI, , 
sautant perpétuellement d^une feuétre k Tautie , pour t\n 



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valö i r. 
e n'c.st 
amoiir 
pulsqne 
end vic-« 
v^neqnc est 
.te , paiir om^-- 



X96 MED 

et plaint le sort des femmes qiii sont forc^ d'eii conträctMr 
les liens. Étrangérc, inconDue å Corinthe, privée de sonépoaXy - 
å qui coiifiera-t-elle ses chagrins ? Le ChGeur , témoin de son 
désespoir , partage bieutot ses doulcnrs , et alle ne tärde paså 
le rendre conf idcut des vengeances qu'ellc médite coDtre ao 
mari perfide. En ce momeDt, Créon paratt et vienk lui an* ' 
noDcer qu^il l'e3(ilc avec ses enfans , parce qu'il redoute son 
art dangereiix et sa jalousie. En vain , elle réclame unasjk 
dans ses Etats , il le lui réfuse : elle se jette alors ä ses gi»- 
noux; mais cet état d'ab)ection ne fait que redoubler^dans 
le coeur de Créon , la crainte que lui inspire une femme doot 
il connait toute la perfidie. Voyant donc qu^elle He peat 
toucher le tyran, Médée lui dcmande un jour pour se pé- 
pärer å un départ aussi précipité , et pourvoir å la siireté de aes 
enfans : quel cceur serait assez barbare pour refuser une faTwr ^ 
aussi légere ! Créon l'accorde donc asses facilement. Mais^déf 
qu'il est retiré , Médée fait éclater toute sa råge , et délibére 
en présence du Choeur , qui lui est dévoué , sur les mojens 
do faire périr Créon , Glauca et Jason. N'en connaissant pM 
de plus eflicace, elle s'arréte aux philtres magiquesy on» 
pour mieux dire^ au poison ; mais oh seréfugiera-t-elleapris " , 
avoir cummis uu crime aussi abominable ? Voilå le sujét de 
son inquiétude-.Rien ne l'arréte; sa rivale périra. Jasonlui vieot 
exposer que des motifs, f ondes sur la politique et mit ^ 
situation malheureuse , lui prescrivent une conduite qti'fln9 
suivrait pas dans toute autre circonstance. Loin d'étre toa^ 
cbée de ces raisons , Médée n'en devient que plus furieiisB 9 
toutefois , elle dissimule et se prépare k la vengeance. Su^ 
ces entrefaites , Égée , roi d'Athéoes , arrive et se tronv^ 
avec Médée qui sollicite un asyle dans ses Etats : il le In ^ 
promet sous la foi des sermeus les plus sacrés. Dés-4ors ^ 
cette épQuse furieuse est résolue å ne plus rien épargner poo^ 



M É D ig^ 

:r savengeance. Elle recourt å la feiote et^emble con^ 
u nouvel hymen qiii se prépare^ mais, en meme-tems , 
ange , de ses propres naains , une* robe quVlfle ^nvoio 
ouvelle épou6e , qui ne s'en est paa plutotrevétud 
se sent dévorer par un feu secret. Créon chterche 
er sa fille , mais il est bientot consumé dea mémes 
3S-. Jason arrive et veut au moins dérober ses en&ns å 
IT de leur mére. Soins inutiles ! elle les a massacrés ; 
lére, 1'époiise barbare s'éléve dans. les airs, et bravo la 
de Jason. Tel est le fond^ de cet^e tragédie* 

HEE , tragédie de Séndque. 

ragédie de Sénéque difl^re de celle d*EurypJde ,, en ce 
lans la premiére, Jason abandonne sa ,fenime sans 
legitime ; tandis que , dans la seconde » il y est 
par un motif puissant , puisque Äcaste, fils de 
, ménace de ravager les Etats de Créon , s'il i;ie lui 
lilédée et ses enfans. Jason est donc forcé , par 
LIC et par intérét, å contracter, avec la. fille de re 
['alliance qui est Ife pivot sur lequel roule toute la 
e. Ici , Médéo est la seule personne que l'on sacrifie : 
ut se venger, et cela parait assez naturel. Enfin clle 
rmiue k prendre la fuite; mais^ avant, elle laissera 
Lces éclatantes de sa fureur. Jason parait excusable , 
'il ne rompt son premier hymen que pour sauver ses 
5 motif qu''Eurypide a dédaigné de faire valoir* 
parait plus criminelle , paroe que sa vengeance n'est 
^ue Peffet d'une aveugle jalousie, et que son amour 
;es enfans , ne peut y avoir aucunc part , puisqne^ 
Bite piéce , comme dans la premiére , elle les rend vic«* 
de sa fureur. Tout le quatriéme acte de Sénfequc es^ 
yé kla description.des préparatifs de Médée, pour om^-- 



I- 



j98 M É D 

poisonncr la robe niiptiale de Créiise ; c'est le nom de k 
nouvelle épouse de Jason. Médée vient elle-méme acherer | 
ses charroes sur le théatre , et donne ensyiite la robs 
å ses fils, avcc ordre de la porter å sa rivale. BieotAt 
OD apprcnd que les dons ene han tes ont coDsumé le Roi 
et la Princesse , et que le palais lui-méme est embråsL 
Médée y loin de s'effrayer de ces malheurs dont-elle est 
la cause , et d'cD éprouver le moiudre remords , s'eii lé- 
jouit au contraire ; elle fait plus , elle se résout å mai- 
sacror ses propres enfans sous les ycux de Jasoa» Dqå 
elle en a inimolé un et le montrc a ce pére iDfortuné» qoi 
implore cu vaiu la grace du second. La pitlé ne peut entrar 
dans le cceur de cctte mére barbare ; elle achtve son 
doub!e crime , et , commc dans la piéce précédentc , elk 
8*enfuit 6ur un char-volant. 

MÉDEE, tragédie par Pierre GomelUe, i635. 

Comme nons l'avons dit plus haut , CorDeille a empnmti 
(la poctc grcc et du pocte latin, ce que leurs piéces tat 
de plus naturel et de plus yraisemblable : il y a ajttntf 
(1c soB propre fonds plusieurs détails qui rendent son oawwugi 
beaucoupplus intéressant.D'abord Jason raconte ses aventörei 
^ Pollux , personnage protatique , et lui fait sentir qM 
c^est pour l'intérct de ses enfans , que deux puissana Élata 
menacent d^accabler , qu'il se résout å répiidier Médée » 
et h. former de nouveaux liens. Sous ce rapport , i) pandi 
plus intéressant que dans la piéce d'Eurypide , et mémo 
que dans cclle de Séneque , parce que son changement 
parait fondé sur des raisons plus legitimes et mieuT ex- 
pliquées. 

Toute furieuse que soit Médée de Tiniidélité de son éponz, 
cUe est déterminée a TépRrgncr > et ne veut immolcr que sa 



/ 



MED 199^ 

tivale. OHi cherchera - 1 - eUe iin asyle api^is na tel 
forfait ? Egée , roi d^Athénes , arrive fort heureusement 
pour lui en proposer un dans ses Etats^ qu^elle accepts 
avec eoxpressement. Mais tout en lui ofirant un asyle ^ Egéd 
ne laisse pas d'étro le rival de Jason , et d'aimer Cvéiise» 
Jason, jaloux, le falt enfermer. Tout cela n'est qu*episo« 
dique et rem plit le second acte de la pidcc. Cest au troi- 
sifeme qne Médée fait éclater toute sa fureur* Gréirse luI 
procure elle-méme les moyens d'exercer sa vengeance , en 
hii faisant demander sa robe , qu'elle veut avoir å quelqué 
prix que ce soit. Médée^ saisit cette occasidn et s'empresse 
d'envoyer le funeste present. Le pére de Créiise, qui 
en soup^onne les efTets > fait essayer la Tobe k une femnie 
condamnée å mört; mais cette épreuve est inutlle : \e 
poison ne doit agir que sur Créon et sur sa fille. Celle-ci ne 
s'est pas plut6t rcvétue de la robe , qu'elle se sent dévorer 
par un feu invisible, mais insupportable : Créon, qui veut 
Téteindre , en est bientot Gonsumé lui-meme , et » pour se 
toastraire aux cruels tourmons qu'il éprouve , il se frapp» 
d^im poignard , et explre. Cest dans ce moment que Jason 
parait. A Taspect de sa nouveUe épouse expirante , il S9 
sent transporté de fureur, et veut imno olér seä propres enfans 
qui ont porté le don fatal ; mais Médée lui a épargné 
ce crime' en le conunettant elle - mérne* La Mégére 
parait siir le balcon , dans un char-volant , accable 
dWectives son infidéle, qui se donne la mort.^ s^enfuit, 
et va chercber un asyle dans les' Étab d*É^e , dont 
!elle a brisé les fers , et qui lui a promis sa maiiu 

Ce qui rend la piéce de Corneille supérieure å celle d^Eu- 
rypide et å celle de Sénéque , c'e$t que Finconstance de 
Jason y est mieux fondée que dans la secondé , et 
que Fépisode d^Egée y est mieux amcnée et plus habile-' 



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fioo M É D 

meni encadrée qite dans la premiére: c'ettqne le stjlaef 
les détails sont plus vrais et plus nahirels, que dans 1'uiie 
et dans l'autre ; c'est qac CornelUe a su faire disparaitre tona 
ces discours vagues et ces lieux communs qui snrchar* ^ 
geiit Touvrage d^£uryplde , ainsi que celui de Ssndque , c'est 
enfin ce faraeux Moiy qui å lui seul vaut une piéce entiérei 

MEDEE , tragédie de Longe-Fierre , 1694. 

Longe-Fierre a fait aussi une tragédie sur le méme sujet; 
et c'cst la seule qu'oD joue aujoiirdliui , quoiqu'elle solt bin 
inféricurc a celle de Fierre Corncille. Ed cflet , pour aug- 
menter Tin^éret en faveur de Médée, Tauteur 8'est efforcé 
de rendre Jason odieux et méme méprisable. Il a renda 
Créon déraisonnable en fuisant entendre å cette furie des 
cbants d%yinen , qui devaient la porter aux demiéres 
exlrémités. L'autcnr n'aarait-il pas du supposer Médée 
abscnte, et ne la faire arrivcr qu'au moment de cette 
fdtale fotc ? Ccci nous semblerait beaucoup plus natureL 
Alors Crécn ne pourrait £tre accusé de Fextravagante 
injustice de faire célébrer Tbymen de sa fiUe avec JaaoDy 
sons les yeux de Médée , qui doit sortir le lendemaln 
de 5CS Etats , dont il l'a bannie. Au reste , on voit que 
Tauteur a tout sacrifié au rolo de Médée , et c'eat peut* 
c tre ce qui fait que sa piéce se souticnt aujourd'hui au 
théåtre , parce que le rolc de cette Mégére , y étant non- 
pas plus brillant , mais plus intéressant que dans la piéce 
de Corneille , a séduit une actrice celebre y qui a sa 
vn faire le premier fondement de sa gloire. 

MEDEE , tragédie par M. Clément, de Dijon , J780» • 
M. Clément est venu apres Corneille et Longe-Fierre. 
Kc|;ardaiit commelégéres des didicultés que ces deuxautcora 



MED abi' 

A^avaient pu surmonter , il 8'est abandonné aux losplrations 
de sa Muse , et , såna plan arrété , il a fait une tragédia 
agréable å lalecture , parce qu'elle contient ud&. foule de 
.. belles penséeä et de beaux vers , mais froide au thé&tre , 
parce qu'elle est sans action. 

Nous avoos beauconp d'opéra sur le méme siijet : nous 
ne parleroDs qae de ceux qui ont eu quelque succés. 

MÉDEE f opera en tro& actesr, par M. Hoffmau^mu* 
sifse de M. Chérubini, å Feydeau, 1797» 

Le sujet de Médée n'est pas, comme on le volt, suscep- 
tilble de beaucoup d'intérét : les grands hommes qui l'pnt 
traité , n'ont pu sauver la bassesse du ro le de Jason 
et ratr^cité des crimes de Médée» Le musicien n^avait 
doDc d'autres ressources que les richesses de son art , et 
il les a.employées avec une grande habileté« Ouvertures» 
car chaqueacte a la sienne, récitatlfs, duo et trio dia* 
l(^és^ morceaux d'ensemble, marches y choeurs, accom* 
pagoemensy tout y est riche en mélodie et p^faitement 
adapté aux mouvemens de la scéne* 

MBDEE ET JASON, tragédie-opéra , avec un prologue, 
par l'abbé Féllegrin, musique de Salomon, 1713* 

Le sujet du prplogue est l^Europe rassurée par ApoUon 
et Melpoméne , qui lui aanoncent que ses maux vont 
finir par le retour. de la victpire, qui vient de se décia* 
Ter pour lesdrapeaux de la France» Le sujet de l'opéra 
est le méme que celui des piéces précédentes* 

MÉDÉE ET JASON, parodie en un acte, en vaude- 
ville, pai Dominique^Lélit), fils,etRomagnésy^ authéåtre 
ilalien, 1727. 



&02 M É D 

Areas y confident de Jason, reprocfae å ce Pruace st 
tristesse , lorsqiie la Gloire , rAmour et PHymen lui sont 
favorables. Jason lui répond qiie c'est ce méme hymeo 
qui le tourmcote; qii'il vient d^épouser Créiise, taådifi 
que Médée a så foi, et qii'il a des ' en fans d'elle» Créöst 
qui n'est pas plus contento que lui , lui avoue qu'éDo 
craint la fureur de Médée y et elle en revient tonjonxf 
prudemment au naoyen de s'aimer, en attendanty sam 
8'épou8er» Médée descend sur un manche å balai, enton- 
rée de Sorciers et de Demons qui couduisent un bouc aiNb 
cérémonie , autour de Gréiise , qui n'a pas penr. Jbsod 
parait, et dit qu'un mari est bien å plaindre, quaad il a 
une femme qui commande k la baguette* Gréiise Vengags 
k la sulvro : il j consent ; mais bient6t il est arrété par 
Médée, qui l'accable de reproches. Elle fait encore nna 
conjuration de Demons transformés en monslres. Gréiiss 
revient se plaindre de ce qne Jason l'a quittée pour retoiRiMB 
avcc sa fomme: celui-ci reparait aussi, et se justffie aasec maL 
Alors Gréiise s'en va, et Gréon arrive suivi de ses gardesiHiO 
plaiot de la mortalité qui lui enléve tous ses sujetau Jaioa 
avoue qu'il est la cause de ce malheuf, et le prio de, b 
dispenser d'épouser sa fille. Un exempt les avertit qUi 
vient d'arréter Médée» Jason, qui est bon prince, se jetta 
aux genoux du roi, et lui demande grace pour elle» Ga 
n^cst pas, dit-il , que je n'aie grande envie d'étre venf; maia 
)e voudrais que ce fut par les bonnes voies. Gréon, qti> 
n'est pas moins bon homme , commue la peine , et cov 
damne Médée au banisscment. Telle est k peu pris h 
marche de cette parodie qui fut jouée avec succés» ^ 

MÉDIOGRE £T RAMFANT, comédie en cioq aete9« 
et en vers, par M. Ficard , aux Frau^ais, 1797* 



M É D io3 

U ouvrage n'a mieux justifié son titte : TiDtrigue 
médiocre, le style rampané> Quoique l*on sacbf» 

8'en tenir sur le compte de M. Picard, on 

croire cette opinion hazardée , si nous n'ea cher- 
a preuve dans Texamen approfondi de cette pi^e , 
ses chef-d'oeuvres« 

^orival ^ premier commis d'un Ministre, est le prif»* 
3rsonnage ^ inais il n'est pourtant pas le plus élevé 
ité y car le Ministre lui-méme parait sur la scéne , 
e un role assez convenable å son rang : on peut dire 
B qu'jl se rend trop accessible aux employés do 
)auz. Fassons sur cette I^re inconvenance , d'un 

qui parut å une époque oi^ tout n'était qu'in<- 
nce* Autres tams , autres mosurs ! Lorsqu'il com« 
tte piéce, M, Ficard ne connaisscut encore, ni ce 
it étre im Ministre qui respecte son rang , ni c« 
it étre un commis, qui se joue de ses devoirs, 
paraissant les reniplir. Aujourd'hui ^ sans doute , il 
lus capable de dessiner ces deux caractifres. Quoi-^ 
soit , on pei^t dire que , dés ce tems , il coonaissait 
ment la médiocrité , et le parti qu'elIo peut tirer de 
e et de la bassesse. 
)orival , tel que Va. peint M. Ficard, et tel qu'il 

ni talent , ni probité : cependänt, vil flatteur d'un 
e qui vient d'étFe disgracié pour sa mauvaise con- 
il parvient å gagoer la confiance entiére du succé»* 
lomme plein de sagessé et de probité , qu'il améne 
3rés de Strasbourg å Faris, pour l'élever an Ministére. 
omraentThabile Dorival8'yprendpour s«insinner datis 
de cet Ariste* Il cherche å plaire å madame Dorlis » 
) , et il j parvient : au reste , il n'est pas bien diffi-^ 
our un parisiea délié» de gagoer les bonnes grices 



ao4 M é D 

dHme Alsacienne de bonne foi , qui ne connait point kf 
intrigiies de Paris. En mettant ainsi aux prises la Provinca 
avec la Ville , M. Picard se ménage des ressources et to 
moyens inconnus avant lui k la scéne ; mals qui , mal- 
heureusement, le sont trop' maintenant qiie la foule de ses 
ouvragcs a grossi les répertoires de pliisieurs théåtres. Bås 
qii'il a gagné l'estime de la mére, il obtient bientfilcelie 
d'un fils respectueux et sonmis. Dans cette position, il sent 
pourtant qii^aiix ye\ix d'un Ministre vertueux et sévére , il &at 
non-seulemont åtre ainiable, mais encorc étre ulilc par ses ta- 
lens, et cstimable par sa conduite.Etre aimable? cen'e8tpa8ce 
qui lembarrasse ; on est tou jours certaln de le paraltre avee 
de la complaisance , de la souplesse et de la nise» Aq- 
cune de ces qualités ne Ini manque. Etre ulile ? ce n^est 
pas aussi aisé : pour cela , il faut des lumiéres , des talens 
et du zéle; et , jusqu'aIors, M. Dorival a cm que lea pre- 
miéres qualités, dont nous avons parlé , pouvaient diapensef 
des secondes. Etre estimable ? c'est plus diOicile encore; car, 
sans moeurs, sans bonne foi, sans délicatesse, on ne peotiC* 
quérir que le mépris des honnétes gens» Dorival aurait pose 
contenter de la bienveillance du Ministre : avec de 1'hypro- 
crisie il Taurait obtenue facilement , et serait reste maitre da 
son emploi; mais ses pretentions s'étendent plus loin* Il veut 
étre ambassadeur ; il veut plus 5 il veut épouser MUa* 
Laure , fille d'Ariste. Oh ! pour arriver lå , il faut itrB 
non-seulement un bonnéte bomme , mais encore un bommo 
de mérite* Dorival qui n^est ni l'un ni Fautre^ trouv® 
pourtant le mojen de le paraitre. Gomment y parvient-il ? 
le voici. Arlste veut avoir un mémoire sur les abus qni- 
se sont glissés dans le Miuist&re, sous son prédécesscur.rc^ 
mémoire doit étre écrit avec autant de sens et de sagesse^ 
que d'éloquence et d^csprit. L'ignorant Dorival 8'en cbax^ 



MED 2oS 

röuve tout falt dans les cartons d\in honnéte cbef de 
Dommé St-Firmin , emplojé äous ses ordres* Cet 
au^si ipodeste quliabile , qui n'a en vue que I'ui- 
ic , n'hésite pas å le lui remettre : Dorival s'en em- 
présente au Ministre, conoche son propre ouvrage, 
ilå Ambassaden r. Mals Mlle. Laura , c om men t 
:a-t-il å Tépouser? car il f au t lui plaire* Rien 
I aisé : elie aime les romances. Frécisément M« 
in a un fils qui toume jolimentle couplet, et qui 

fait connaitre avantageusement de la )euue personne* 
ml s^adresse donc au jeune bomme , hii persuade 
t le servir dans ses amours avec Laure, en obtient 
a.nce pour elie , et fait passer ce petit chef-dVii- 
ir une production de sa fa^on. 
lOses son t en cet état , lorsque Dorival , St.-Firmin 
s sont retenus å souper chez le Ministre. Craignant 
> Tardeur de son amour, le jeune bomme ne se 
lautement l'auteur des couplets , Dorival a recours 
e pour éviter 1'explicatiön : moyen admiraUe et 
mvait partir que . d'une imaginalion aussi brillante 
jde. Un premier commis , dit-il å madame Dorlis 
re 9 ne peut s^occuper de poésie; un Ministre au- 
que raison de trouver mauvais qu'il négligeåt le 

affaires pour de semblables bagatelies. Cbarles, 
le St.-Firmin , est un jeune officier å qui ces 
iccupations sont pardonnables; il faut lui attribiier 
lets : il ne refusera pas de les prendre sur son. 
Tout s'arrange au gré de Dorival. Charles avoue le* 

dont il est récliement Tauteur , et Dorival , déjå am- 
r, pour un Mémoire ^ va devenir le gendre d'un 

pour une Romance* Mais au milieu de cette. in- 
lussi ingénieusement inventée, qu'adroitement fi-lée. 



9o6 M É D 

sé tron ve un certain Laroche , comttiis-expéditioiiiuure f 
kom mc sans luroicres , maia pourtant aussi maé , et plus 
hardi quc Dorival , parco qu'il est vertueux» Cet homme 
a plnsieurs motifs de haine contre le nouveau favori» 
et sa droiture le porte å souteuir St.-Firmin et son fili» 
Il tente d^abord une révélation directe k ArUte contre 
Dorival; mals ce premier moyen ne lui réussit pas: ilea 
emploie plnsieurs autres qui n'ont pas plus de succis» 
EnGn il en imaginc un dernier au moyen duquel il trionn 
phc. Ariste prolége et secourt la veuve d*un officier de 
marine , et fait chercher sons le voile du mystere un 
logement pour elle. Laroche persuade å Dorival que cette 
femme est une maitresse que le Ministre veut entretetiu 
en secret. Dorival , charmé de la faiblease d' Ariste, a li 
sottise de lui proposer de le favoriser de tous ses moyenii 
Le vertucux Ministre s'indigne d'une telle bassesse. Il m 
reste plus qu*å connaitre Tauteur du Mémoire qui vam 
une Ambassade : cela n'e8t pas difBcile» On suppoae qm 
cet ouvrage a révolté le. Gouvemement , et attiré la dis- 
grace du Ministre* Alors Dorival , qui Tavait présenti 
comme son ouvrage , le renie , et le vertueux St«*Finliil 
le prend hautement sur son compte* Enfin , Dorivi 
est dévoilé et honteusement déchu de ses pretentions; Stt» 
Firmin triompbe , obtient rAmbassade, et Ariste prome 
å Charles la maiu de sa fille. 

On voit que le Mariage et 1' Ambassade ofirant uo doaU 
noeud , ofTrent une double action , et un douUe d^ 
nouement; ce qui doit rendre la piéce dotiblement inte 
ressante. Ajoutons que les graces du style ajoutent encop 
au double mérite do cette piéce , dans laquelle on trouvi 
un grand nombre de vers aussi harmonieux, ausii elegans 
aussi agréablement tournés que ceus-cit 



• JSfM ; éi röva mérites ime place plu» belle ^ 
Vout devei faire tout afin (Ty parvenir. ^ > ^ 

Mais valat-il bien moins , vaudrais-je mieux d^ailleurs , 

Hon, j^aime k m^en flatter, eomme en notre åge , il es| 
• ••••••••••••••••••••••• •••*•• 

£t ce Ministre å peipe était disgracié , 
Par Fingrat Dorival, il était oublié. 

Il månque ici un que ; mais propablement 1'auteur ea 
wira )dacé un de trop ailleura. 

Doriyal, en £aisant sa partie , a parlé 
C hårades , Madri^aux ; enfin il sVst mélé. 
Tant mon homme est doué 6^une intelUgence rare , 
DVssaycr quel^es-^irs!, lea soirs, sur sa goiti^e; 
Pour la jenne personne y eUe a hi des romans , 
Prtis d^elle il a joiié Hamour , les sendmens, 

Nous aurions pu rapporter une fbule dé vers du mérite 
de ceux-ci, mais il aurcdt faliu citer toute la piéce, et nous 
y renyoyons le Lecteur. 

j^DISÅNT, (le)^ comédie en cinq actes, en vers, 
flr'Destouche$ , au théåtre Eran^ais , 171 5. 

Od troave^ dans cette piéce,.quelques rapports avec VEis^ 
pit de Contradiction ; mais le défaut d*action s'y fait trop 
lOBtir : et d^ailleurs le Médisant n'a poiat de nnances de 
comique ; bien di0érent en cela du Méchant de Gresset , 
qni toutefois est redevable de ces principaux traits å 
Destoiiches. Quoiqu'il en soit, cette comédie est marquée 
^cotndel'invention; mais Tlntrigue en est trop compliquée. 
On y trouve un joli r61e de suivante, dans lequel ma- 
^moiselle d'Ångeville débuta, en 1780; elle annon^a dés- 
lors ce qu'elle est devenué depuis, une actrice inimitable. 



MEDITS, roi des Medea, tragédfe^opéra en cinqactesi 
avec un prologiie par La Grange-Chancel , mosique de 
Souvard , å Popéra 1702. 

Cette piéce est un labyrinte d'événeineo8 9 de caractim 
et de sentimens. Minerve, Diane , le Soléil , dos tronpesdB 
Frétres et de Prétresscs , des Conjurés y des Sarmates , da 
peuples de presque toutes les parties du monde , des Evo* 
catlons, des Serpens^ des Torches , des Furies, toutl*Enfer| 
que n'en]pIoie-t-on pas pour faire épouser å Tfaom&isy 
fillc de Fersée , Médus , fils de Médée ? Quelle surpriie de 
voir cette Magicienne cachée , depuis diz ans, k la coor 
de Persée, sous le nom de Mérope , revétuo de la dignits 
de grande Frétresse de Diane , sacrifier tout å sa tendreiiv 
ponr un fils , don t cllc ignore la destinée , tandis qa'ell0 
est la premiére victime d'un fol amour? Sous des traits 
aussi pen naturcls , Médéc .peut étre cachée å la cour d'iui 
Roi qu'eHe abhore ; mais ne Fest-^lle pas aussi trop soi 
un théåtrc , oii il faut qu^on puisse la reconoaltre ? S* 
rivale offre le tableau d'une amante indiscr^^ dupeda 
su confiance ; ton jours tendre , allarmée , quelquefois IW" 
•nréc y jamais satisfaite. Thoas est un fiirieuz qui ieat 
mettre tout ä feu et å sang , parce qu'il n'est point m^t» 
Médus et Thoméris font une dépense prodigieuse d^esprit 
et de sentiment , pour se convaincre enfin que la gtbif0 
et le devoir autorisent Icurs feux. Minerve , la sage Mi" 
iierve prescrit un mensonge k unHéros, etc, etc* Ea voiU 
bien assez coiume ^a. 

MEFIANT, ( le ) , comédie en cinq actes et ea yefSf 
par Borel au théåtre Italien , 1785. 

Le stjle de cette piéce est aussi faible que le plan efl 
est mal conru» Le caraclére du principal personnage est h peine 



, et nul contraste ne te falt ressortir* Ainsi lo 
est encore un suj^t neuf , qiii peut étre traité avec 
mais qiielqtie dévelopemeat qu'on donne -k ce ca-* 
essentkllement froid ^ nous doutons qu'il puisse 
cmpllr cinq actest Nous ue devons donc pas nous 
gi la plopart des scéues de cette pléce sont sans 
et sans intérét , pulsque Fauteur s^est borué k 
quelques traits de méfiance , et n'a point saisi 
» nuances de ce défaut esseutiel. 
1^ c*est le Méfiant , babite un cbftteau k deux lieues 
« Gar^on d'un åge mur, il vit avec quelques 
Ides -et sa Nsoeur , q\u, toucbée de TabandGn oå Tönt 
38 amis, ennuyés de son caractére, a Tesolu de 
le , pour n'étre point forcée k quitter son frére « 
cbérit malgré ses défauts. Quelque méfiant qiie 
nis , il n'eu est pas moins amoureux d'une certaine 
e , d'autant plus disposée åle payer de retour^qu^elle 
pour son frére le Marquis , la main de la gcné-* 
ur du Méfiant. Damis , par une suite de son carac- 
ulier , non-seulement se méfie du cceur de la Com-, 
US encore la suppose gratuitement amoureuse d'ua 
iaron en faveur duquel il parle lui-^naéme* Ceci 
u k une scéne assez bonne , et la seule de 1'ouvrage 
rouve des intentions comiques. Par suiie de cetie 
amis reste convaincu que la Conätesse, doit épou- 
ron. Méfiant å l'égard de tout le monde , Damis se 
)endant conduire assez facilement par firniin son 
. Il veut faire Pacquisition d'une terre qui est 
1'utt procés entré lui et Damon , Tun de ses 
mis. Il soup^onne , d'aprés les insinuations de soa 
; 5 que sa soeur et la Comtesse le trabissent dans 
ire ; et il en est d'autant pjus convaincu , qu'il jur- 

FJ. O 



2JÖ M É 6 

prend iinc Ict^re adressée , par la Comlesse , a Daffloit^ 
Ueltc leftre , qii'il n'ouvre poiDt^ formc tout le nqcud de U 
pibce* Damis marque k sa soeur unc méiianccet des soupfons 
qiii la revolten t , et elle prend enfin le parti de quitter 
un frére aiissi injuste. Mai^ la Gomtessc la ram&ne, en^ 
gage Damon å céder å Damis la terre en litige , et to paif 
Ic prix de ses propres fonds. Alors Damis , revenu de ses 
in justes sonp^ons , déclare son amour ä la Comtesse» Lear 
contrat est enfin signé , ainsi que celui de sa soeur tvtC 
le Marquis. Ou sent que cette piéce , dont l'actioD marcbe 
sans entråves , oi!l il ne se passé ancune revolution j ne 
pcut étre d\in grand intéréf* £lle n'a donc pu devoir son 
succås qii'a la facilité d*un dialogue dont le stylo est^ toute-' 
fois , souvent incorrect. 

MÉGÅRE y tragédie par Morand , anz Frangals , 1748* 
Créon, roi de Th^bes, fut détrdné par Lycns. Gsloi^ 
ci étalt araoureux de Mégare^ fille de ce Monarque» ^ 
qui il venait d'cnlevcr la couronne. L'usurpatcur veut for* 
ccr la Princesse k Tépouser^ et menace, en cas deréfus^ 
de faire périr le malhenrcux Créon. Enfin , pour 8au?er 
la Vie de son pérc , elle devient la femme du iyrft^ 
qu^elle détestc. Apres ce fatal mariage , Hercule , qU^ 
aimait Mégare, et qui en était aimé, arrive å Thebes 9 
il apprend ce qui vient de se passcr , et veut se venger d*^ 
coupable tijcus. Mégare ^ alors, oubliaot son amoury c" 
ne consnltant que son devoir , intercMe pour son épou^ 9 
dont elle sait qu'on a juré la mört. fiien plus , cUe gagP^ 
los soldats qui gardent la prison, et procure la liberté ^ 
Lycus. Celui-ci enléve sa femme , et se dispose å combattT^ 
son bcau-pére , et son rival. Hercule part sur-le-charop f 
fond sur les rcbelles, et sq trouve dans la nécessité d\t^ 



M É H Ml 

icher la vie h. son adversalre; mais, en mSmé-tems, il tqe, 
D ne salt trop de quelle manlére , rinfortunée Mégare. Her- 
ule , au désespoir de ce meurtre inyolontaire , veut se 
asser son epée au travers du corps ; mais on Pen em* 
éche ; enfiu il torabe évanoui, et on 1'emporte. Gette piéco 
tit sifflée impitoyablement du public , qui se vengea du 
cianque de respect que lui avait témoigné Tauteur le 
our de la representation de V Esprit de Di^orcem ( VoyeA 
rc/te pihce. } 

MEHUL ( M. ) , compositeur de musique , i8iö. 

M. Méhul a fait la musique d^un si grand nombre 
d^opéra, il a obtenu tant de triompfaes , qu'il faut le regarder 
comme un de nos meilleurs et de nos plus féconds composi- 
teurs. Ses ouvrages sont d'un genre si var ié , qu'il fautanssi 
reconnaltre , dans son tal^nt , une flexibilité d^autant plus 
surprenantc , que partout il a montré un egal mérite. On 
peut donc dire de lui avec Boileau : qu'il sait , 

D^une voix légérey 
Passer du graye au doux , du plaisant an sévérc. 

En efTeit , tous ses ouvrages ont eu des succés mérités , et 
ieront long-tems les délicés de& amateurs de la bonne mu- 
sique. Les principaux , sont deux grands opera , Adrien et 
Com ; beaucoup d'opéra-comiques , parnii lesquels on 
Jistingue, Ariodantj la Caveme , VJmtOy Josephy Mé- 
Hdore et Phrosine y Helena^ et enfin JEuphrosine et Coradin. 

MELAINIDE , comédie en ciwq actes , en vers , par 
la Chaussée , au tbéåtre Fracö^ais, 1741. , 

Ce n'est point ici une comédie; cVst le tableaU tou- 
cbant d'une de ces situations , dont la vic hnmaine oflre 
q^iolquefois des exemples. Ce genre ne corrige pai les 
ndicules 5 mais il intéresse , nxaJs il instrult. On croit que ce 

O a 



2it MEL 

sujet est tiré d^un roman , qui a pour tilre : MadetnoiiéU 
Bontems. Quoi qu'il en soit , ce dramc a le défaut. genera 
des romans; c^est dcpécher, du molns un pen, contre li 
-vralscmblance. On a peine u concevoir commeut le comt 
d'Ornaucé , dcvcnu marquis d'Orvigny , a pu entiéremec 
perdrc de vuc Mélanidc et son fils; commentMélanideelle 
jueme, qni a falt elever ce (ils sous le nom de son neveu, 
pu découvrir aucune trace du comtc d^Ornancé. Cen'étaitpa 
un homme obscurctignoré; aucune aflaire ne Tavait obligé d 
quitter sa patrie : il servait méme avec distinction, et j.ouissaJ 
d'unc fortunc éclatante. Il est difllcile de se cacher ave 
tous CCS nvautages. Peut-ctre aussi Mélanide, aprös avo: 
apercu et recounu le Comte, dillcre-t-elle un pen trop d 
se presenter k lui ; mais rintérct touchant qui régne dar 
cette piöce, couvre ces légers dtTauts. Elle n*ofire , d'aillenr2 
qu\in seul genre , et n*en est au fonds que plus réguliér< 
Lcs détails en sont heureux, c^est presque par*tout Texprei 
slon de la naturc et du sentiment. On ne doit pointou 
bl i er le caractere que Tauteur denne k d'Arviaue st 
Rosalie.Il égaie riutrigue de ce drame , et sert å I'animer* 
Il y a bien quelque chose å dire sur le titrc de la piéce ,cc 
aucun spcctacle sérieux ne doit porter le nom de Comédl^ 
Selon nous, luie pi(^ce de ce genre ^ prise å la rigueur^ne res 
scmble pas plus å une Comédie , proprement dite , qu'ui 
Elégie a une Kpigramme. Hest vrai qu'aujourd'hui nous ert 
ployons pour ccs sortes de piéces , qui ne sont ni tragiques 
comiqucs, et qui sont néanmoins théåtrales^ un mot qui apas 
dans notre langne, et que nous avons emprunté des Ancieii 
c^est le mot Drame : « Ajoutons-y, disait Tabbe DesfoJ 
» taincs , une épith(^tc qui détermine ce tcrme générique å ui 
» espécc particuHére. Nous appelons Drame-héroique,C9 €(^ 
% CciLciikappela Comédie-héroique 3 et hMé/anideåeX 



MEL aia 

5J Chanssée sera intitulée Drame-romanesque^ jiisqu'ä ce qu'il 

y> plaise an piiblic d'adopter le mot noiiveau que }*ose lui pre- 

y> sénter; c'est celiii de Romanédie. Il est assez analogiie, et n'a 

» rietrqui doive blesser. Comme le public veut bien se préter 

» å la disette des sujets et des aiiteurs, et que le Romanesqiie, 

» traité avec art , ne laisse pas de plaire sur la scéiie , ces- 

» sons en fin de blamer ce genre, qui, quoique bienau-dessou» 

» du vrai comiqne , et bien pliisaisé k manier , ne laisse 

3) pas d'avoir ses beautés, etd^étre une sonrce dlnstructioa 

» et de plaisir. La piece de La Chaiissée est bien capable de 

» réconcilier , avec ce genre , ceux qui lui ont été jusqu'ici 

» le plus opposés. Elle a beaucoup plu sur le théåtre , et 

» ne låisse pas de plaire encore sur le papier y malgré quel- 

» qiies négligences de style. Le quatriéme et le cinquiéme 

> actes touchent et intéressent infiniment* Est-il étonnant 
» que les trois premiers n'aient pas la méme chaleur ? Il 
» est des gens qui voudraient étre saisis et échaufies dés la 
» premi^re scéne , et qui , ignoraot Part des protases et des 

> épitases , ne font pas attention que le feu- est d'autant plus 
» vif dans les derniers actes d'unepiéce , qu'il a été caché 
» dans les premiers. Je me défierai tou jours de la suite 
» d^une piéce , dont le commencement pique et charme le 
» spectateur. Une piéce, telle que celle-ci, vaut centdis- 
» cours moraux. Enfin la derniére scéne , oii- le Marquis 
» reconnait Mélanide pour son épouse , et qui fait le dé- 
» nouement de la piéce , est une scéne de vérité , de vertu 
» et de sentiment. Cest le triompbe dfc Mélanide et de Theu^ 
» reux génie qui a imaginé- et conduit un sujet aussi inte* 
» ressant. » 

Quoi qu'il en soit , son mérite et le patbétique qui y régnent 
n^ont pu la garantir des plaisanteries de Piron, qui blåmait, k 
jiifite titre , ces sortes deDrames, qu'ilcomparei des sern^oud». 



2T4 MEL 

Tu vas doDC , dit-il å \\\n de ses amis qui allait å (t n 
presentation de Mélanide , tu vas donc entendre prick 
le fhre de La Gfaaussée ? On connaU généralement I 
couplet mordont qu'il fit sur cette piéce , le voici : 

Connaissei-vous sur l^clicon 

L^uiie et Tautrc Thalie ; 
L^unc c>t chanssée , et l^autre , non ; 

Mais cVst la plus jolic. \ t 

L^nne a le rirc de Véous , 

L^autrc est froide et pincée : 
Salut k la belle aux picJs nuds; 
Nargue de la chaussce. 

MELÅNIE j dramc en trois actcs ^ en vers , par La Harp 
aux Fran^ais , 1791- 

Cette piéce k sa naissance eut dans le monde le pl 
grand succés* Le stjle manque souvcnt de cbaleui 
luais il est elegant , facile et correct. Malgré les défai' 
nonnbrcux qui le déparent , Touvragc n'cst donc pas sans n 
ritc. Fréron en fit dans le tems une critique fort juste , m 
trop amére pour ne pas ajoutcr å la réputation que Vmtk 
s^était acquise dans les cercles en y lisant sa piéce ^ av€C 
talent d'elacntion qu'il possédait au phis haut degré. A Vi 
prcssion ^ Mélanie conserva une parlie de Testime qa'c 
avait méritée å la Icctnre, quoiqu'ello JTiatifiåt sous trop 
rapports les critiques du malin el spirituel rédacteur del'^ 
née Littéraire. Fréron réfuse ^ Laharpc lo mérite de l'iiive 
tion 'y it lui reprochc d*avoir tiré lo fonds de sa piéce de p1 
sieurs romans, de s'étre trainé scrvilcroeut sur les pas 
FoutancUe , auteur de la J^estale ; enfin d'avoir puiaé \ 
caracteres dans Vlphigenie de Raciiie : Ces reproches se 
trop justes , et auraicnt pu faire tomber la piéce, s'ils n'oB 
sent pas ité présentés avec cctto maligiiité, si étrangére i 



ytisticé et i la raison. Fréron trouve qu^ n'y a dans c« 
drame , ni actlon , ni ressorts ^ dl suspensioQ ,\ii revolution ^ 
par coDséqueut point de mojens dramatiqués. £n efiet, 
toiit marche , depuis le ^exposition jusqu'd la catastrophe ^ 
lans que les principaux personnages trouvent le moindre 
obstacleå leiirs desseins.Cest blen lå la maniére des Anciens : 
ils n^admettaient dans leurs pifeces qufune seule revolution , 
qui en faisait le dénonement y et boulevertöit ce qu^on 
avait lien d'attendre de ce qui s'était passé précédemment, 
Mais ici le dénouement n^est pas méme une revolution» 
Mélanie mcurt 5 et , pour qu'il y eut une péripétic il aurait 
falliiy qu'au lieu de mourir, elleépousåt son amant sous 
les yeux de son crniel pfere et de satendre mére. Unecourta 
•nalyse de Touvrage prouvera que c'est avec raison que nous 
«omines de Tavis de Fréron, quoique iious désapprouvions 
le ton de sa critique ; ton plus propre ä dégoflter un homm^ 
deletlres, qu*å le diriger dans une carriére difltcile. 

Mélapie est au couvent depuis sa plus tendre jeunesse ; elle 
t'y est habituée aux moeurs et aux usages des religieuses : 
«De a toujours paru aimer la retraite , et cfondescendrcf 
*ux vues de M. de Faublas , son pére , qui veut lui fairo 
prendre le voile , pour laisser toute sa fortune å un fils 
C|«'il idolåtrc. Mais madame de Faublas, est alléfe ren- 
dre visite k sa fiUe avec Monval« A l'aspect de ce jeune 
tomme , le feu de Famour s'est allumé dans le coeur da 
Mélanie ; et å 1'aspect de Mélanie y le cc&ur du jeune 
homme s'est embråsé des mémes feux. Bientot les grilles , la 
gnimpe, sont insupportables å la jeune novice* Ce n'est 
plus Jesus qn'elle veut épouser , c'est son amant. Ces 
jeunes gens se conviennent sous le rapport du rang et de 
k fortune. Madame de Faublas desire clle-méme ceti« 
ut)ion ; mais son mari est inflexiblc j^ il veut absolument 



n6 MEL 

sacrifier sa fiile anx lutérets de Mclconr, son fik« De^ 
liaissent de grandcs disen ssions cntre Tépouse et répouzt 
On fait venir ua Curé poiir étre médiateur. Le p^ croit 
que Tautorité du Fastcur portera sa fille å lo satisikiie; 
point du tout. Lors que cct honncte homme connatt ia 
lépugnance de la novico , il se déclare contre le pére* > 
Tout ccla produit des dlscours et point d'action : Hme» 
de !Faublns pleure ; M. do Faublas se fåche ; Monval 
8'attendrit; Mélanie se déscsperc. Au railieu de tout Cfl 
trouble , on appreud que Melcour vient de périr de la 
main d*un rival. M. de Faublas , qui n^a plus de motib 
pour sacrifiersa fille, va conscntir å son hymen avec 
Monval , mais la malhcurcusc Mélanie s'est empoisonnée; 
et elle vient cxpirer sur la scéne en maudissant son pére. Mon- 
val veut se tuer aussi ; mais Ic Curé Fen cmpécbe ^ et la piico 
estfinie.Nousn^ajouterons rien ånos reflexions. Cjetteanalyae 
justific assez ce que nous avons dit du défaut d^action de Ii 
plécc; mais nons croyons pouvoir assurer que la beauté 
des détails racbéte ce défaut. Si Fréron s'est plu & citer 
»ne cinquantaiuc de mauvais vers , pour avoir le plaiiic 
de Ics critiqucr , nous pourrions lui répondre , en citani 
tout le reste de la piéce , et nous prouverions que y si 
La Harpe u^est pas un grand poctc , il fut au moios 
un de nos meilleurs vcrsificateurs« 

MELCOUR ET VERSEUIL, comédie en ua acte, €D 

vers , parM. de Murville , auxFran^ais , lySS. 

Melcour et Versen il aiment Angélique : le premier est ua 
homme cstimable ; le second n'est qu'un fat^ Angélique , sur 
Ics instanccs de Melcour , se détermine k donner å VerseuS 
son coiigé^ mais, par délicatesse, elle le lui donne dans ud9 
leltrc qui lui est i:emise sous cnveloppc. Le corps du biĀ^ 



M E ti 11^ 

est de la main d'Angélique ; Fadresse est écrite parr TTérine , 
sa femme de chambre* Verseuii re^oit le billct : d'abord soq 
orgueil hn est humilié , puis , å ce mouvement , succéde le 
désir de se venger de Melcour , qu'il soup^onne d'étre Tau- 
teur de sa disgråce. Comme iNérine est déjå dans les intéréts 
de Verseuii , le fat liii propose de lui faire épouser Frontio , 
qii^elle aime , ot de lui doDiier une dot de mille écus , sielle 
consent å mettre le congé sous une nouvelle enveloppe, et å 
Tadresser å Melcour. Nérine se laisse gagner. Melcour re^oit 
le coDgé , est auéanti , furieux , projette d'abandonner å 
jamais une perfide y sort , rencontre sa maitress^ ^ lui parie 
d*UD tOD et avec des expressions qui la confondent , se retire^ 
puis revient, et, dans une nouvelle expljcation découvre 
le mysfére , voit chasser la soubrette et éeonduire Verseuii; 
eofin il éppuse Angélique. 

Gette bagatelle est assez bien écrite; mais Pintrigue en est 
amsi mal con^ue que mal développée, Ce sujet avait été 
inis en scéne par M. Rådet; M. Mur ville Fa essay é avec 
aossi peu de succés* 

MELEA6RE , tragédie en cinq actes et en vers , par 
Benzerade, 1640. 

Méléagre,Toxée etPlexippe , ses oncles; Jason et Thésée, 
ses amis, se préparent a la chasse de ce terrible sanglier qui ra- 
vage depuis long-tems les champs de Calydon. Rien n'égal©> 
Urdeur des Cbasseurs, si ce n^est celle de la jeune Atbalante, 
qui est venue poiir partager leur gloire el leurs dangers. 

Déjanire , soeur de Méléägre , qui connait Tamour de 
son frére pour cette jeune Princesse , veut en vain la 
iétoiirner d'u ne chasse aussi périlleuse, et tåcher de lui 
inspirer un retour de tendresse pour ce frére qu'elle cbérit« 
Athalante reste ferme dans son desaein , et suit les guerriers 4 



/ 



Si8 MEL 

la poursuite du furiefux animol, raalgré les priires de soa 
amant qui lui dit : 

Madame , plftt an cicl qne d^aussi bonne gr&eey 
Voas fiissifiB obligeante aillenrs qu''en cette ohasa*. 
Vous pourries beanconp faire en une au tre aciion ^ 
Blesme pour vet re lioiineur , et par com passion. 
L''effroyablc sanglier qui détruit ma prorioce , 
Ne fait pas tout le mal don t soupire son Prince. 
Vous pouTez Tobliger saus frappcr un seul coup , 
£t , de Tolre pitié, ce Prince attcnd beauooup. 

Enfin , les Chasseurs sont partis. Althéc , mére de lléUft* 
«:^re, parait remplie de crainle pour les jours des priocei 
ses fréres, et sur-tout pour ccux de son fils; mais eltfis» 
rassure sur le sort de ce dernler, parce qu^elle aéteintb 
Tison y ä la durée duquel les Parques avaient attaché 
celle de ses jours. 

La chasse est commencée : Athalante , déjå fatiguée ^yinl 
reposer å l'ombre d'un bocage, au lieu de poursuivie le saS" 
glier, Méléagre lasuit, se cacbe et Fécoute, tandis qn'olb 
adrcsse k Diane une priére qui le désespére : enfio , il M^ 
montrc. A* son aspect, Athalante étonnée , lui dit s 
Hé ! qne faisiez-vons lä , qu''on ne vous Toioit pas ? 

Méléagre lui repond : 

Je vous soiyois, madame, et marchois sur ros pas. 

Il se jette tout-å-coup å ses genoux , et lui fait une loDgne 
déclaration amoureuse bien fade, et pleiise de qiiolibets>tieb 
que ceux-ci : 

Je sais que vos rcgards me derroient mettre en poadre , 
Si la ooinpassion ne retenoit oe foudre. 

Aquoi Athalante lui répliquefroidement, mais arveejustesies 

On m'a dit qu^en amour Ics tourmens vtTitables , 
Par un simple soupir , estoieut plus remarquablea ^ 



MEL ai9 

- -Que par cent béanx discours, pieins de fleurs et d''apas ; 
£t qa'*on disoit bien plus quand on ne parioit pas. 

'amant, désQspéré des froideurs de sa maitresse , veut se 
)DQer la mört, mals elle Ten empécbe, et tons deux retour- 
iDtå la chasse. Bientot on appreod qu'Athalante a, la ptc- 
iér&, blessée le saDglier. Acaste vient ranaoocer å Althée , 
iii lui dit : 

ContQrnous en deux möts une telle aventure. 

als ces deux möts sont une tirade d^eaviron cent vers , 
UQU lesqiiels on remarquc cetiz-ci : 

£Ue bände son are f et préte de tirer ^ 

Visan t d''une juste$se k nulle autre pareiile ^ 

Elle atteint cette bete an-dessous de Toreille. 

ibéte , devenue plus furieuse par cette blessure , se préci- 
te.sur la troupe ; mais le bra ve Méléagre .s'avaace au-de- 
iQt du terrible animal , Fatteint et Fabbat. Qa raméne le 
érosea triomphe sur le théåtre , et on le couronne de fleurs , 
ais il remet ces trophées å sa chére Athalabte , å laquelle 
attribue toute la gloire du succ^ , il dit : 

Belles fleurs, parea-Ia , contentea moa enviey 
£t pres d^un si beau teint , ne séehez que d''e]iview 

i modeste Athalante lui répond : 

Cest å vous qu'appartient cet éolatant bonheur^ 
Ke m''étoufez donc pas de TOtre propre honneur. 

prés un assez long cQmbat de modestie , on apporte la 
re du sanglier sur le théåtre, et Méléagre la donnc encore k 
lialante ; ce qui ne convient pas å ses CHicles , qui ont souf- 
tpatiemment qu'il lui donnåt les fleurs, mais qui veulent 
Dir part å la biire. Ils iinissent par l'arracher des mains 
Uhalaute, et par s'enfuir. Méléagre, indigné, lespoursuit 
es tue. Il revient apres ce bel ezploit , et obticnt alot» 



220 MEL 

de sa maitresse I'aveu le plus tendre > dont Tolci un één 
tillon : • 

Yons verrez qne pour yous ma flamme eSt asscz forte» 

Et qu^cUc va si loin , quc mcsme cUc se porte 

Jusqirå ces moavemcns récclés dans le fon» , 

Que nous n^exprimons pas y et quc nous ressentesK 

Voycz. apres cela de quoy je suis capable , 

Et si je vous doys plus quc je suis inaoWable. 

Isotis ne finiriöns pas , si nous voulions citer toutes 
pointes qui rendent ccftc tragédie si comique : marchonsi 
le dénouement. Dés qu'AUhée apprend que Méléagre atirf 
deux ondes, ellc alliimc leTison auquei est attaché le fil d< 
vic* Tout-å-coup, tandis qn^l brule d^amour å c&Cé d^Ai 
lante, il se sent embråsé d'un feu d\ui autre genre qui 
vore ses entrailles. Hest prés d'expirer, mals sa somrDéjiB 
arrache le Tison des mains d*Althée, et voilå Méléagre goi 
Il se porteraitbien encore, si sa cruelle måre n'ent ralluiD 
fatal Tison , etneTeut laissé seconsnmer entiérement; ee 
cansa la mört du Héros. Enfin , désespérée du crtme qQ^ 
a commis , Althée va plourer sur le corps de son fib^ 
tnc , et tout est consommé. Nous croyons poavoir n 
dispenser de faire des reflexions sur cette tragédie , qui se 
tres-plaisaute , s'il n'y mourrait que le sanglier» 

MELEA6RE , tragédie par La Grange-Chancel , l6g 
On sait rhistoire de Méléagre y fils d'Oénée , roi de C 
don. Althée , sa mere , en le mettant au monde , vit lea .1 
Farques auprés du feu , qui y mettaient im Tison , en din 
v Get enfaut vi vra tant que ce Tison durera : » apres quoi < 
so rctirérent* Althée alla promptement se saisir du Tison. 
toi^nit et le gärda avec soin. Méléagro -, å l'Äge de qti 
atis , oublia de sacrificr k Dlaue , qui , pour s'ea vengerj 



MEL 22i« 

Toya un sanglier ravager tout le pays de Calydon. tes Prince« , 
grccs s'assernblércnt pour piirger la terre dé ce Möns tre ; 
Méléagre eut Phonneur de le renv«rser , ei en offrit la huxe ii 
hbelle Atfaalante; mais les fréres d'Althée furent jalcRixde 
cette victoire ; enfin , comme dans la piéce précedente, Mé- 
léagre les Uia^ etépousa Athalante* Pour venger la morl da 
ses fréres , Althée jeta au feu le Tison fatal; mais dés <j[u'elle 
vit son fils mört , elle se tua de désespoir. Ce sujet est biea 
plus propre au théåtre lyrique , qu'å la scéne fran^aise, Ce 
Tison , jette au feu par AUhée , par une mére , est révoltant^ 
la Grange a eu Tadressc de le transporter dans les mains tlc 
B^aaire , fnaitresse outragéejmais le spectateur n'estguéres 
plus satisiait ; il n'admet pointla magie sur le théiitre des 
ComelUe et des Racine.Deplus, Athalante, qui n'ain]eque la 
dhasse , n'est point uo personnage å nous oflrir, Penthésilée, 
GRmille , Clorinde , etc. Toutes ces Princesses, guerriéres, in- 
(éiessent peu notre nation , plus amie de Venus et des Graces. 
On ne doit point substituer aux agrémens d'une toilette , Tap- 
ptreil d'uQ casque , d'une cuirasse et d'un javclot. 

MÉLÉAGRE , tragédie en cinq actes , et en vers, par 
M. Lemercier , aux Franrais , 1788. 

Alexandre Hardy , Pierre de Boussy , Benzérade , Bour- 
»aöit , La Grange Cbancel , et Jolly , ont traité ce sujet 
successivemeot , et tous d'une ncianiére trés-malheureuse. 

Athalante , princesse , aimée k la fois de Méléagre et du 
Grand-Prétre Zoroas , a -dérobé å la naort un enfant qu'on de- 
vait immoler å Diane. La Déesse , pour se venger, a envoyé 
kt{)este chez les Calydoniens , et son courroux ne doit s'ap- 
paiser que par le sacrifice du coupable. Bientot on découvre 
qw c'est Athalante ; et c'est å Méléagre ä Timmoler. Sur son 
lefus , on exige qtie ce soit Zoroas : alors Méléagre , sur de k 



v322 MBL 

pertc de son amantc , so retire désespéré , et, dans sa fuieiff 
liic les deux freres de sa mére , Althée. Le reste est coDforme 
k h\ fablo. 

Le style de cettc piéce ofire des inégalités , de la laiUesse 
rt des réminisccnces , mais ou y trouve aiissi de Fékui , ds 
hl clialeiir, et des vers qui annon^aicnt déjå V&uttxu d!jtgih 
ineinnon. 

]\I£LEZrN'D£ y comédic - héroiquc en troLi actes , ea j 
vers , par Lebeaii de Schosno , anx Italiens , 1758* 

Zarés , époux de Mélézinde , exilé do la cour du Mogpl , 
se rend sous un déguisement dans une ile, dont Sélime, péio 
de sa femme , est gouvcrneur. Il s*y falt élévcr å la digoitédB 
Grand-Frétre , et fait répandre un iaux bruit de sa mört, poor 
voir si, selon lacoutume des lndes,son épouse consentiraåN 
bruler pour hii. Mélézinde ne manque pas de se déTOUd ': 
nu bucher. Zarés, vonlant connaHre si c'cst 1'ainoar on b J 
préjngé qui la détermine , met tout en usage pourpénétier ■■ 
SOS scntimens , et lui ofire méme de fépouser, l'opioioo j 
gi^uérale étant de regarder avec la plus grande vénératioDy j 
une fcmme qu'un sacrificateur arrache au bucher ponf loi ^1 
donner la main. Cette artificieuse proposition jette Méléxiod* I 
dans un grand embarras. Pour surmonter les obstacles qife son *| 
ptTc et le Grand-Prétre , qui parait Taimer , peuvent mettA ^ 
å sa mört , elle prend le parti de dissimuler , et fait voir , i 
cc dernier, peu d'éloignement pour Thymen qu'il lui propoN* 
Il rccoit , quclques instans apres , un billet écrit par MéU* 
zitide sous le nom de Zémire, jeune veuve , son esclave.Go 
billet lui apprend que Mélézinde rénonce å mourir , et co0" 
sent i\ Fépouser ; que pour Tesclave Zémire , elle est rt- 
soluc ii se sacriCcr pour Zima, son époux , mais en secret et 
sDus le voile. Tout se dispose pour cette' cérémonie; b 



M É L 143 

TTaod-Prétre cooduit la victime au bucher : alors Sélime , 
on beau-pére , parait un poignard å la main , et arrache 
B Toile ^ qui , au liett de Zémire , laisse voir Mélezinde , 
letue.en esclave. Le Grrand-Prétre , convaiucu de la tcn- 
Iresse de ^a femfne > se fait reconnaitre par Zarés* On trouve 
am rette piéce quelques Arléquinades ; ma» elles son t 
ömme 'épisodiques. 

MÉLlCERTE , pastorale-^héroique » en deuz actes , ea 
ers, parMoliére, i666* 

Le génie de Moliére le servait å son gré; ce grand faotnme 
avait le plier å plus d'un genre. On est frappé de la délicatesse 
luHétale dans las deux actes de Mélicerte , pastorale qu'ii n'a 
>oint achevée. On a aussi inséré dans ses oeuvres le fragment 
iW autre pastorale comique ^ mélée d'entrées , de balleta 
t de scénes en niusiqtie» 

MÉLIDORE ET PHROSINE , drame lyrique en trois 
ttes, en vers ^ par M. Arnaud , musiquede M* Méhul^ å 
Opéra-Comique , 1794» 

Tout le monde connait Phrosine etM.éUdore , de Gentil* 
»emard : c'est ce poéme intéressant qui a föumi le sujet de 
QféiB,åe]\feädore et Phrosine* L'auteur s'est écarté du poeme 
K Bernard; et, ce qu'ily a ajouté de son inventlon, n'^st pasle 
lus i^ible de son ouvrage • Ici, au lieu de trois fréres, qiii tous 
« trois brulent d'une flarame incestueuse pour leur soeur, 
hrosinc n'en a que dcux : elle est sons la tutelle d'Eymar ; 
uiis elle adore en secret le jeune Mélidorc ^ simple citoyen 
lift ville de Messine» Eymar veutla détacber de cette pas- 
on , et Tunir å Roland ; mais Phrosine attend son frére 
ules, dontia tendresse lui assure plus de protection. Jule^ 
rtive e.n eflbt : »on amour crimlnel sVxalte åun tel point^ 



A24 MEL 

qiie Fhrosine croit devoir lui avouer franchemeDt qu'eOl 
aimc Méiidore et qu'elic en est aimée* Tout-Å-coup Julei 
cntre dans un accés de fureur si efTrayant , que lä timidt - 
Phrosine , dans un entretien sccrot avec Méiidore , conunfc 
a fulr ses tyrans , et å se rendre avec lui auprés d'un virtueax 
soHtaire , dout tout Messlne admire la sagcsse et Tait de d^ 
voiler Tavcnir. Au moment oh ces jcunes amans vont8'eoi- 
hurqucr 9 Eymar parait : il attaquc Méiidore; qui, de son 
rotc y met Fépéo å la main , et le jette sur le carrasoi 
Le vainqueurestentrainé parscsamis,pendantquejulelvi0nt 
arré ter Fhrosine^ déplorer la mört de son frere, et jurerqu'ellB 
sera vengéo sur Méiidore* Gependant ce dernier s'estréfugi6 
dans une caverne aupres du solitaire; mais ce 8oIitairen'ezialB 
plus. Méiidore peiit prendre ses habits , pour éviter In 
poursuites des Faventins. A peine est-il déguisé que Jnl^ 
lui-méme^ lo prenant pour le solitaire y vient lui ameoK * 
sa sGeiir , afin qu'il la reude plus docile aux volontés de H j 
famille. Quel bonfaeur inattendu pour Méiidore et Fhrosiiwl ! 
Ces deux amans s'entretiennent en secret , et conViemMDt ^ 
qiic , dés qnc la nuit sera vcnuc , Phrosine se sauvera deU i 
prison , k Taide d\m pilote ; qu'elle s'embarquera sur lecir '■ 
nal qui balgne les rocliers de Tile du Solitaire , et que Heli* , 
dore attachera un faual k l'un de ces rochers , pour dirigR * 
la marche de son amante. Tout étant couvenu ^ Julesvient • 
reprcndre sa soeur , pour la renfermer dans la prison qu'illai 
a destinéc. Méiidore attend avec impatience la nuit qiu 
doit combler les voeux de Famour, et punir les crimes.ds > 
Forgueil; elle est bien obscure ! Un orage afireuz est fxh 
d^éclater; et déja Méiidore a fixé le fanal. Gependant la tempéto 
.Vaccroit; Tarrivée des malheureux naufragésqui viennent ao 
Tcfugier sur les rochers, met le comble å Tinquiétude da 
toodre awant de Phrosine i cnfiu , un léger esquif vwut 



HEL ttS 

ucliet le bord i.nn liomme en sort; c^est J\iIeft!.k.kV 
iiles , pdle , égaré , comme na hbmiiie qui vient de com-* 
lettre 110 crime ! Mélidore rinterro^ avec efiroi : Jtiles , 
ni le prend toujours pour le solitaire, lui ratonte qu'il a 
écouyert les projets de sa sceur pour re^indre soa amant • 
iofSline Juies a suivi ses traces sur le canal i Pfarosine l*ayant 
per^u å la luenr des éclairs , rinfortunée sVst précipitéa 
ans le canal , en pronon^aot le nom de son cher Méli- 
ore ! et le inonstre a eu la barbarie de la frapper d'un flam- 
leau , qu'il tenait pour éclairer sa route* Les (lots ont poussé 
Fules dans l'ile ; mais il Ignore ce q<i'est devetiue sa malheu* 
'eusé soeiir. Qu^on juge du désespoir de Mélidore : l'ainour lui 
loaoe des forces ; il se jette dans I'eau du hänt d'un rocher ; 
^bientot il ramene sa Phrosine en nageant, au moment oh. 
afoudre vient de réduire le rocber en poudre. Fhrosine est 
tris-peu blessée.Enfin , Jules rougit de ses forfaits, et consent 
J^ruDioo de deux aoians qu'il a si cruellement persécutés. 

Tel est le cadre de cet ouvrage , dont les deux premiers 
ictes sur-tout sont remplis de tableaux et d'efiets ; le troi- 
täme oITre quelques loogueurs dans lé commencement ; le 
déoouement Ini-méme est amené par des évéqemens un pett 
Wusques; mais, en general ^ce poérae est écrit avec pureté et 
dialeur , et son eosenrible fait excuser ce qu^il a de romanes- 
fueet d'ibvraisemblable« 

MÉLITE , comédie en clnq actes, en vers , par Pierre 
Corneille, i6;St5. 

Eraste et Tircis étaient amis; ils dévienuent rivaux, et 
Uélite opere ce cbangemenl. Tircis, quoique nouveau venu , 
estl'amant préféré. Eraste, instruit qu'on lejoue, cherche å 
le venger 5 il contrefait des letlres de Melite , et les fait re- 
meltre å Philandre , autre pe^rsonnage , ami de Tircis , e| 

Torne FL P 



QiDant Ac sa sopur. Pbil&Ddre d^est pas moint prompt å se di* 
terminer quc l^élite; il croit en étre aimé sans lacoDDalbe, 
ot , pour 8'allarhei å elle , il renoace k Cloris , qu'il alUt 
épouser. II joiut riodiscrétioii å rinddélité , et commniiimfi 
å Tirris la letlrc qu'il croit avoir re9ue de sa nouvelle mit-»' 
tresse ; elle met le désespoir dant Tame* de son rival. Tirdi 
gai'de cetle lettre sans obstarlo , et la remet k sa soenr ^ quf 
la porto ii Mélite* On annonce å cette derni&re la mört dB 
Tircis , causée par son infidélité. Mélite sVvanouit ; en Fem-' 
porte , et bientot Eraste apprend qu'il n'a plus ni maifareBM | 
ni rival. Il perd Tesprit , et scmble agité par las Furies. Cot 
dans un de ces accés , que prenant Philandre pour Mélite | il 
rinstruit de la fansscté des lettres qui lui ont été remiaei. 
Pbilandre se rclire plein de confusion. Mélite n'est point 
morte ; et bientot elle apprend qne la mört de Tircis nU 
qu^une feinte pour Téprouver. Les deuz amans se rémnsaaoC 
et sVpousent ; Eraste y consent » s'attache k Cloris » et !e ttof 
crédule Pbilandre est sacrifié. 

Tel est Iccanevas de cette piéce , k laqueUeVamotir domé 
oaissaDcc. Un jeuno bomme conduitun de ses smis cUi 
une demoiselle dont il est amoureux ; ce demier s^n fidtlfrl 
mer ^ et parvx^nt k s'établir sur les ruines de son introdoctBUf.. • 
Le plaisir qne lui causc cette avonture le rend poete; il eihfiff ' 
une comédie , vollå le grand Corneille. La demoiselle tjji 
enavait faitnaitre le sujet, porta long-tems le nom de Mélite> 
Dom glorieuz pour elle , et qui l'associait, pour ainsi direyl^ 
toutes les louangcs que re^ut son amant. Le public ne reiidn 
pas k cette pi&ce toute la justice qu'elle méritait ; et ce ne bt. 
qu^aprés plusieurs representations qu'Il reconnut sa slIpéricH 
rité sur celles qui Tavaient précédée. Corneille lui-méme 
en rel&ve les défauts dans 1'examen qu'il en fit. L'unité d'ao^ 
UoA est la aeuje qui y soit obsexvée ; il avouo en avoic ^4 



tbdevableau seul denscötnmun qui leguidait s et, comme on 

k tolt 9 le sens commaa avait été extrémement rare ju8qu'a«* 

lon , et cé qui ne Fetalt pas moins , c^étalt un certain air do 

décence qui régne dans cette comédie. Hardy , qui était l'au-. 

tern banal du théåtre , et qui était associé avec les com^ 

diens ^ pour une part , méme dans les piéces dont il n'étai€ 

pas Tauteur , répondait k ceuz qui lui apportaient son con- 

tingent des representations de Mélite : Bonne Farce ; parce 

que le succés de cette piéce fut si grand qu'il s^établit une 

fiouvelle troupe de comédiens , le théåtre devant étre désor^ 

mau plus fréquenté qu'il n^avait ^té jusqu^alora» 

MÉLODRAME. Ce mot ne désigne pas méme le caractera 

de ee genre de spectacle, qui tient du Tragique, puisqu'on 

. puty faire paraitre des Rois et des Princes i da Comique y 

fnisqu^on y présente les vices ordinalres de la sociiSté ^ 

vt les petites passions de la claase du peuple $ du Lyrique > 

foisque tous les personnages, n'y parlent «t n'y agisse&t qu'au 

iQDclesinstrumens de muaique» Il aurait donc fallu employec 

fiatre möts pour définir cette espdce de Monstre , sorti dii 

^cerveau de M« Cuvellier , ^ comme Minenre sortlt toute 

1^ innée de celui de Jupiter. Quoiqu'il en soit, gardoni* 

[ Bousbien de regarder le Mélodrame comme un .chef-d'oeu<- 

; tre de l'esprit bumain $ c^est , dans la force du terme y ulie 

. .ilperfétation dramatique , d'autaut plus facile a enfanter^ 

MU*on peut emprunter toutes les partles qui le con^stituent* 

Y X«e Mélodrame , en un mot , est ce qu'Horäce définit avcc 

i.tlnt d'e8prit , dans les premiers vers de son épitre aiix 

[JKsons , que nous nommons Art Poétique* Humano tapili 

cervicem pictor eguinam pingers d velit , etc. , etc. Sans 

doute cette definition 4'uQa sorte de piéces qne les Aocleaf 

P a 



aa8 MEL 

v'aura!cDt Jamais imaginée en proiive Bssez tes vlces , ind^ 
peDdamment do toiites obscrvationft tiltérieures» 

On peut introduirc dans le Mélodrame des personnagei 
•de toutes les classes ; oii peut leur faire parler le langags 
le plus noblo commc le plus trivial ; de«lå nait h ; 
facilité des contrastes. Un Roi n'j est point déjdacé i \ 
•coté d'uii Falefrcnicr , qtiand il le rend compUcc de qnet- ' 
ques desseins hardis et criminels. L'auteur peut transpertn 
BOS personnages å cent lieucs de l'cndroit ou ils se tnw- <* 
veient ati commenccmcnt de Taction; fl peut å son gn 
composcr le noeud de 1'intrigne , soit du caractAre , adt 
des passions de ces personnages , soit du lieu qu'il8 hah* 
tent; il peut, pour rompre ce noeud, emplojer Ics Homifieii 
JaMagio ou les Dicux : twit est donc a sa disposition* Tint 
de moyens, sans doute, prouvent älafois et la faciKté du guBnj 
,etla fécondité de son inventenr, et le bon gouft du pnblicqni 
raccueille , puisqu'il est vrai de diro que souvent les Aét; ' 
tres du Boulevard régorgent de spectateurs , tandti tfl^ ■: 
les Frau^ais préchent dans le désert. Gette opinion, qni 
n^est que trop bien fondée, prouve assez que npns n'avoM 
:pas du analyser 9 dans cet ouvrage, les pl^es de cegBiSB#!J 
•et que nous pouvons légitimement nous dispenser dp^ 
^aire mention de celles qui ont obtenu le plus de faveor- 

MÅLOMANIE (la) , comédie en un acte , mélée duietMjl^ 
par MM* Grenior et Champein, k la comédie Italienné, ^'Må 

Un mélomanc , qui veut qu'on ne parle chez lui qinVj 
musique , et que tous ceuxqui i'approchent 8oientMiisicinA|| 
poussc Tcxtra vägan ce jusqu'årcfuser de donner sa fiUe &MiM' 
amant , dans 1'intention de la marier å un céidbre virtuose^ 
t^ommé Fugantini f qu'il n'a jamais vu; mais Tamant i4 



!i 



MEL ti9 

passer poar le virtuose , trompe le pére, et en obtient 
lain de sa fille. 

n Toit que le siijet de cette comédie est des pltis légcrs ;- 
\ la mnsique a regu de justes applaudissemens» 

tELOPEE(la) , était dans lä musique grecque^ Part ou lei 
3s de la compositiöD' dii chant , döDt réxécutiön slappe* 
mélodie. Les anciens avaient diverses légl^ pour la ma- 
e de condiiire lé cHant , par degres conjoints , disjolnts ou 
6^9 en montant öii en descendant. Onen trouve plusieurs 
8 Aristoxéne, qui dépendent de ce principe; que, dans 
tsjstéme harmonique^ au quatriéme son,, apres le son 
iämental , on dolt toufours frapper la quarte ou la qnrate 
B , selbn qiie lés tétracordés sont conjoints ou disjoints | 
frence qui rcnd un mode quelconque authentique ou 
;al , au gré d\i> compositeur. Aristide ^ Quintillén divisent 
« ia Mélopée en trois espéces , qui se rapportent å au- 
de modes , en prenant ce nom dans un nouvcau sen^t*. 
premiére était lllypatoifde , appelléé aihsi de la cordé 
»te, Ta priucipale ou la plus Basse, parce que le cBant ré- 
it seulemei^t sur les sons graves , ne s^éloignait pas de cette 
le , et ce chant était approprié au mode tri^gique. Ia se- 
äe espéce , la Mésoide , de Mese , la corde du milieU , par- 
|ue le chant roulait sur les sons moyens , et celle-ci rc- 
dait au mode Nomique, coniacré å Åpollon» Ea troi- 
le 8'appelait "l^étoide , de ISTete , fa dernidre corde ou la 
; haute ; sen cbant ne s'étendait que sur les sons aigus , et 
itituait le mode Dithyrambiquc ou Bachique. Ces rnode^ 
.vaient d'autres qui leur étaient en quolque maniére subor? 
nés, et variaient la Mélopée, tels que rÉrotique ou amou- 
I j le Comique etlTEncomiaque destiné aux louangescXou^ 



23ö MEL 

cesmodesétantprdpresJLezciterouåcalmercertamespasttoiii^ 
influaieDt beaucoup sur les moeurs; et, par rapport å cette In* 
Suence , la Mélopée se partageait encore en trois genres; tt» 
Toir , le Systaltlque , ou celui qui inspirait lea passiov 
teudres et affectueuses ^ Ics passions tristes et capaUei ds 
xesserrer le ccbut ; snivant le sens méme du mot grec : b 
Diastaltique , ou celui qui était propre k l'épanouir en eieit 
iant la joie , le courage , la magnanimité et les plus gramii* 
Hentimcns : rEucbastique , qui tenait le milieu entra lei 
deux autres , c'est»å-dire ^ qui ramenait Tame å un état ds 
tranquillité. La premi&rc espéce de JUélopée convenait US ] 
poésics amoureuses , aux plaintes , aux lamentations et antm ' 
czpres8ion& semblables^ La seconde était réservéa ponr ka ; 
tragédies et les autres sujets héroiquea ;. la troisiéme ^ ponc ; 
les hymnes ^ les. louanges , les instructionsiL 

Corneille observe , au sujet de la Mélopée^ que les tA* 
gédies , daAs lesquellea la musique interrompt la déclaai- ■^ 
tion , font rarement un grand efiet % parce que l'une étodb ' 
Tautrc. Si le morceau déclamé est intéressant ; on est flcU i 
d'cn voir 1'intérét détruit par des instrumens qui détcmxiMt | 
l'aUention ; si la musique est belle y Toreille du spectatevr x^ 
tombe avec peine et avec dégofit de cette barmonia an xedt 
simple, n n'en était pas. de méme chezles, Romains^ dontk 
déclamation , appcllée Mélopée , était une espéce de chanU 
Le passage de cette Mélopée k la sympbonie des. chcBOis» 
O^étcmnait pointroreiUc et ne la rebutait pas.. 

MELPOMENE VENGÉE , parodi» mélée de vauåwiOe»» 
en lin acté, en prosa, du ballet de& Amours: des. D4BUes% 

par Buissy , au tbéåtro Italien ^ 1729, 

Melpoméne est endormie sur le J^arnasse , lorsqae des, cti^ 
^u'cUe entend dans le sacré vallop ^ Téveillent ejx 9UM^ 



XHe est ioate étomtée de Toir qn'on ait raeontci sa robe peiH» 

dmt son sommeil , et eQe jnre de ttrer raison decet oiitrage«L 

Un Gascon Tient la plaisanter de la voir en peNå-1'air. Diantt 

leremplace , et annonceitMeipomioe le nouvelaflront qn^oil 

lui a fait å Topéra , od Uon représente sas amonis arecLitraSy 

uiventeuT de FEIégie. La Déesie des foréts ajotiteqii^dles ont 

ététouteslesdeux également insnltéesdansle ballét åe^Amours 

des Déesses , puisqne , malgré le respect d& a la chasle 

Diane , on la fait coutir aprds Endymioo , et qn'on la noontri 

aoTtant des enfers sur le char de Pluton , qin T.eut bien avoic 

la complaisapce de la conduire anprés de son rival. Aprte 

cette scéne » TOpéra , la Comédie-Frangaise , la Comédie- 

Iftalienne et 1'Opera-Goiiiiqne arrivent ensemble , et parlent 

tons ^quatre å la fois. Cette. scéne est une image du désor^- 

dre qui régnait sur tous les théåtres. On reproche å TOpéra 

d'admettre des bouffons; å ta Comédie-^Frangaise , de faire 

chanter des pastoroles ; k la Comédie-ltalienne , de représentet 

des tragcdies ; et å TOpéranComique , de donner dans le sé- 

tieny. Il vient ensuite un monstre å trois tetes , qui s'ap- 

pelle les trois spectacIe8*.Ce oouveau Cerbéroa^un casque sur 

ktéte, une höulette ålamain., un brodequin iaespiedts', etuoe 

afficbe de lacomédie, enforme decuirasse«MeIpoméne,qui le 

reconnait, le < fait dégrader, pour le punir de Tavoir mis en 

pet-en-1'air. On lui åte le casque 9 la boulette , le brodequin, 

etpn ne Ini laisse que Tafficbe de comédie; ce qui signifié 

que , dans la piece des Trois Spectacles , donnée au tfaé&tre 

fran^ais la méme année , rien n'avait réussi que la comédie 

Ae VAs^are Amoureupc : les deux autres actes étaient PoUxénc 

tipagédie , et Pa/i el Doris , pastoral6> Ijrique*. 

lAÉLUSlNE , comé4ie en trois actes ^ en prose , avec des 
dlyerti^aenxens ^ par Fuzcliet ^ aux Italiens | IJ^^^- 



sSa hem 

Mélastne apprend k son valet TriveliD , qnVlIé est tnÖB^ 
reuse d'itn aimable caralier qni parait sur sa terre de L«- 
aignati , et qii'clle y a retenu par ses encbantemens. Aa 
néme instan t , ud In lin vient Tavertir qirnne jeune d»- 
moiselle et sa nonrrice sont sur sa terre , et ne penveol eo 
aortir sans sa pemnission» Le marquis de St. Fleur , et Sch 
pin son valet , qiii sont la prvtendue demoiselie et sa prétoff* 
due nourrice , appreoncnt que le marqnis de St«-TIeitr al 
promLS en mariage k une jeune personne nommée Silvie} 
mais qne, ne la conoaissant pas , il a voulu voir par ini-mtnfrt 
si elle était aussi aimable qn^en le publiait; qup, profitaat d'ai 
hal qn'on donnaitchez cette belle Silvie y il s^était dégnisé tf 
femme, et que son valet s'était dégnisé en neorricey pear l^ 
irouver sans étre connns, mais que malheurensement s'éilBi 
^garé en cbemin, il est tombé dansl'enchantemen^ deMélusine^ 
Silvie 9 de son cöté , dégnisée en homme , maudit rimpni*" 
dente partio de rbcksse qiii Ta Cait ainsi travestir , et se perdrs 
dans I» forét enchantée du cbåtean de Lusignan* La eenrtf-^ 
eation se lie- entré le Marquis de St.-FleOr et Silvlok Bs it 
demandeot niittncHenAent Icur nom» Le marquis prend le nofli 
de Silvie 9 et celle-ci celni dn Marquis : ce qni les éloiBie 
égal(->nact>t ; mais le sexe de Silvie est reconnu par FindiserB' 
tion d'Ar]equi» ; rette déconverte cause une eitréme }oié lA i 
Marquis , qni eo dcvient amoiirenx. Les obstacles que IB* 
lustne vcnt apporter å ses amours , förment le fonds ét Ii : 
piéce^ nais eette Ma^Vienne, transforraée en serpeBt** '1 
disparait par la vertu de la ¥éc , qni rend nulie )a ptti^ } 
saoce de Mélusiue > et facilite par lå le mariage dea deiA 
amans. 

MEMNON 9 eomédie en trots actes , mttéo 
far MM-.***, «us Xtalieiis, 1784^ 




Dans Ta pi^ce, cpmme dans le conte de Voltaire , Memnon 
fait voen de renoacer aux femmes , å la table et an jeii ; et, co 
jnéme jour , il est trompé par iine femme , s'enivre et perd 
eon argent. Telle est la fable de cette piéce* Le Poeta 
comiqne u'a pas été aussi henreux qiie le Conteur , daiis le 
cboix et Fexpression des détails : il a pris pöur ses person- 
nages des gens de qualité , du molns il leur en a donni 
rhabit , mais il a oublié de leur en préter le langage* 

MENANDRE, poete comiqne grec. 

Ménandre naqnit å Athénes dans la CIX/ Olympiad© 

^ous Parchonte Sosigéne ; conséquemment environ 70 ans 

apres Aristöpbane , qui flbrissait dans la quatre-vingt-neii- 

Tiéme. Ce dernier passait pour le Prince de l'ancienne Co- 

médie, chez les Grecs , qui avaienthonoré Ménandre du titre 

de Prince de la Nouvelle, Sans doute, si Ton considåre dans 

les piéces d^Aristophane , le vis coinica åe Fexpression et 

decertaines situations^ il pourrait meriter ce titre , quoiquo 

'ses piéces manquent généralement de conduite, de plan , et 

d'intrigue. Il faiit convenir aussi quUl était facile de faire 

rire le peuple d*Atbénes, oh II était permis de presenter sur 

lascéne des personnages, dont re peuple enviait la grandeur et 

la puissanre. Ménandre, qui vivait dans un tems oi\ les 

manrs n'étaicnt plus les mémes , n'eut pas la mérae liberlé 

quArlstopbane ; il ne put pas peindre les vices vrais ou sup-» 

|K)8és de tel ou tel individu , mais il sut peindre les vices en 

general , ci surtout les ridicules : il dut donc paraitre moins 

mordant qu'Aristöphane, Mais, si Ton encroit larenommée, 

lUntétre aussi piquant et plus délicat dans ses bons möts : il 

««t snrtout le mérite de renfermer dans un plan régulier les 

^ttaik qui firent sa réputation , et d'aiiixner > par la chafeur 



134 ut Vt 

de Uaction, la fioesse de ses plaisanteries* Qnoi qn*3 «nsDit,l 
eut pour rival le poeLe Pkilemon , qui lui fut touvent préE&ié 
par Ics AthénicQs; mals les Étraogers ne partagéreatpointcetti 
iojustice ^ ctMénandre eut Tavantnge de voir des RoUpuiimit 
rechercher 1'avaDtage de le posséder å ieui courj honneur qaH 
refusa constamment. 

Ménandrc a composé plus de cent comédies , dcot 3 m 
nousreste que des fragmens.Toutefois^ nous devona le regaxdec 
comme le modéle de dos xneilleurs auteiirs comiquea-, paic»- 
qu'en rimitant , Flaute et Térence nous ont tranamb vis 
idée de Fart avec lequel il savait conduire ses piécw \ ut 
vraiment inconnu avant lui. Jules - César youlant Unur 
Térence, 1'appelle un demi-Ménandre 3 ce qui prouTo qnaci 
grand Capitaiue romain regardait Ménandre conune le ploi 
grand comique de la Gréce« On prétend que ce Poete sa noyt 
dans le Fyrée; mais ce fait n'est pas avéré, et la discussiouA 
est étrangére ä notre ouvrage. Apres sa mort^ les 61MI 
lui rendirent juslice , et lui élévérent un grand nomfandt 
«iatues. Aujourd^hui , quoique ses ouvrages soientperdniitt 
réputation s^éléve encore au-dessus des deux premiera uitsst 
comiques de Fancienne Rome* 

MÉNECHMES , (les) comédie imitée de Flaufe , « 
cinq actcs , en vers , par Rotrou , l632u 

Gette piece , copiée de Flaute , est théåtrale et fort aina*^ 
«aDte par les embarra:> oä se trouvent les deuz fréres» L'iiv 
estconnu dansune ile qu'il habite depuis longtema ; VaatKO} 
aborde pour la prcmiére fois , et por te la peine que mériteol 
les infidelités et les folies dépenses de son fr£re. TTne \w 
personne le re^oit comme son amant 3 une femme TaccablQ 
dereprochcs^ comme son épouz 3 un vieillard le iepreii4itA 



[aedité äebeaa^pére t enfin, Ménechme croit étre débarqué 
lans 141edeIa!Folie. Soo fr^re n'est pas moins embarrassé des 
»ropos qu'oD lui tient. ludi méprises , les débats , les persé*' 
lutions se succédent, et se terminent par Theureuse ren* 
lontre des deux fréres qni se recooDai^sent. Ce su)et aduplairo 
>aFleBsilKiations sioguliéres qu'il ofire de liii-mézne. 

ISENECHMES (les), comédic en cinqactes, en vers^ 
irec un profegue, par Regnard, lyoS. 

Les Ménecbmes de Regnard ne sont point une simple tra*- 

dnfilion, ni méme une imitation suivie de ceuic de Plaute; 

(p'^ Fidée seule , refondue totalement , accomodée aux 

osageS) aux moeurs et au gout de son siécle. Nous ne répéte- 

rms pBs ce que nous venons de dire sur le fonds méme de ce 

tnjet^ nous ajouterons seulement que Regnard Va, traité 

demaniére å désespérer quiconque voudrait tenter ime nou- 

f eiie imitation des Ménecbmes latins. 

• Ce fut moi , dit de Lorme de Montcbesnay ,' qui raccom- 

iBodai Regoiird avec Despréaux. Regnard était l'agressenr i 

Jehii fis entendre qu^il ne lui convenait pas de se jouer å son 

maltre* Il suivit mon avis , se reconcilia avcc lui, et lui 

dédia ses Menechmes, Boileau disaitde Regnard qu'il n^é^ 

tiutpas médiocrement plaisant. 

MÉNECHMES GREQ3 (les),comédie enquatreaclcs, 
9& prose , avec un prologne ^ par M. Cailbava , aux Frän- 
(tis, 1791. 

Le sujet des Ménecbmes , traité d'abord par Ménandre 
cliez les Grecs , ensuite par Plaute , ebez les Latins , imité 
par Rotrou, et que Regnard fit passer avec tant de 
inccés et de gaieté sur notre tbéätre > 7 fiit introduit de 
%^veau par }J1« Cailbava^ 



ä3i MEN 

C.-l niivraj;'* lui fait le plus grand bonnetir; iI ofire xnm 
i::i:i^n>' forUiuciil coD^iic> filée avcc art et deasinée d^mio 



MKXESSOX, autcnr dramatique, est mört k Pkris 
3-42. ilaiiä tin ugc fort avancé^ il est auteiir des paroks 
do jMiinto la Féc , trngédie-opéra en ciuq actes , des 
Plaisin de la Paix et d^Ajax. 

IMKIvrSONGE EXCUSABLE (!e) , comédie cd ud 
acto , €11 proso , par M. Giiillemin, aiix Variétés , lyW* 

Fru t å partir pour Paris y oik des afTaires FappeHent y 
]\I. de Vcrdprc recommaode k sa femme de fermer sa 
porto u lo US ses amis : ce n*cst pas qii'il soit jaloux; miis 
jl CLoit q lic Ton iic saurait trop prcndre de précautioBS 
qnaiul 011 est viciix , et quc l'on a udc épouse jeune et 
]o\ic. Commc on le voit y le bon-homme est prudenb 
Dorval est celiii qu^il semblc craindre le plus ^ et, ea rériléi 
il n\i pas tort^ cur il u'est pas plutot sorti, que le galant mil 
di re des douccurs å madame de Verdpré* Malgré les ftih 
iiu'ssv\<$ quVllo a fuiles ik M. de Verdpré, Lisette favonsfi 
ditaiulie , et fait lire un petit billct que lui a remis ce der* 
i-.ior: Mnio, Vord[>ré L* re^oit avec la plusparfaite indifTérencef 
l,v prolt'*;t' do l.isoHo arrive lui-memc pour en cherdber It 
K ponso , oL n'ost j:ao»cs micux arcueilH ; touteFois , ob n* 
jt.iii pas tron co qu*il cii advlendialt sans Tarrivéede Dorval» 
K',\\\ V lon t, do son 00 u- . pour nio 1 1 re ii profit Tabsence deM» 00 
Vo:v'.:»r<*.Vouruo }nis so comproniettreauxyeux decedenuery 
I <.*:.o o: 5.1 maicrosso onfonuent CUtandre dans un cabinetf 
• • ^ V.v':'::^*: so i^nSiUito un nouvcuu coutre-tems.M. de Veidr 
;■ ■- ,* o -.;>'..* so;i porU*-fouiUo« Hcureuscnient qu'on Ta TU d* 
* ;v.;...; >.i: <C5 |M5, et 4Uoa a cu le tems de 8^ 



M É N 23; 

nettre en meéure de le recevoir, ©'abord on falt sortif 
Dorval et on lui recominande d'avoir Tair d\in homme 
i>rt en eolére : Mme, de Verdpré, elle-méme, se relira 
3t laisse å Lisette le soln d'aTraDger cette affairc. Ccst 
toiU simple aux yeiix de M. de Verdpré. Dorval s'cst présenté 
zhez Madame , et en a éié fort mal re^u ^ peiit-étre méme lui 
å-t-on refusé la porte ; mais ce qui est un peu plus chatonilleu Xy 
c'c»t ClitaDdre enfermé dans le cabinet. Pour le faire sortir, 
lans porter ombrage å son maitre , Lisette fait le Men- 
fooge ^xcusable , qui denne le titre k cette plåce; Elle dit 
år M* de Verdpré que , poursuivi par Dorval , qui en voulait 
å sa vie , ce jeune hommc est venu lui deroander un abri 
contie Aa fureur, et qu'elle l'a fait cacher dans le cabinet. 
M. de Verdpré adopte ces raisons , et s'intéresse vivement 
an sort de Glitandre å qui il demande le sujet de sa dispute 
Avec Dorval. Un liévre tué sur la terre de Glitandre par 
Dorval^ et dont Clitamdre , s'estemparé , est la caitse In- 
Aocente de cette grande querelle. M. de Verdpré veut les 
laccoxnmoder ; et , pour y parvenir , envoic chercher Doi- 
, vaL Celul-ci arrive et parait fort surpris qu'on lui parie de 
.guerelle avec Glitandre, qu'il ne connait pas. Lisette a 
«oin de le prévenir du Mensonge , et , tant bien ,que ma! , 
rintrigue se dénoue. Nous excusons volontiers le Mensonge 
de Lisette , mais nous ne saurions pardonner å M. di» 
Verdpré , jaloux, sa gaucherie et sa créduUté. 

MENSONGE OFFIGIEIJX (le) , comédie en un acte et 
€D prose, par Forgeot, 1796. 

Cette piéceest imitée du /^c/efitf^nf^i/r, de David Garrik, 
ouvrage imité lui-méme du Souper mal apprété d^Haute- 
loche ; en voici Tintrigue, Florviilc est amoureux de Rosalie, 
fwpille de M. DuvaJ, son oncle^ mais ni le luleur , fi\ 



138 MEN 

Mtne. Duval ne vculcnt consentir u Tunion des åaax amm^ 
Dans cette occiirence , Florvillo ne volt d*autro czpédienl 
qned'enlever Rosalie, aux rlsquesdc pcrdreles bonnesgrtMI 
de son oncle. Mais La Fleur , son valet , plus calme et ^tai 
riisé y conaine c'cst Fusage au théåtre , trouve moyen ds 
servir avec succés les amours de son maitre. H peffsnads 
ä M. Duval , quc son épouse est amoureuse de Florrilk^ 
qu'clle est résolue k divorcer, et veut épouser ce jeiine hom- 
mc. A cette nouvelle , M. Duval demeure constemé* D*aii ! 
autre cdté. La ¥leur persuade k xnadame Duval , queaoa 
mari est amoureux de Rosalie : ensorte que lesdeuz époaXf 
désespérés voudraient bicn avoir coosenti au mariage ds ; 
Florville et do Rosalie. Enfin La Fleur, malgré la coUie 
de son maitrc , furleux de passer pour l'amant de madanM 
Duval, vient å bout de soutenir sa ruse, et finit fK i 
arracher le consentement des deux époux au marifff 
des deux araans. Cette intrigue amene des quiproqn»' | 
tres - plaisans : le rdlo du valet , qui est le oioUo | 
de toutc Fintrigue , est trés-comiquc et bien soutenu; miil } 
malheureusemcnt cette piécc est fondée sur l'!dée å\m \ 
divorce qui répugnc å la dclLcatesse, et blesse les moBun ; 
actuellcs. ' 

MENSONGE VÉRITABLE ( lo ), farce anoujme» 
a la foire St.-Laurent , 1736. 

Le docteur Balourd a procnis sa fille Isabelle au se^ 
gneur Folicblnellc , riche négociant de Marseille ; maia 3 
retlre sa parolc , parcc qu'il a su que son gendre futut 
avait perdu tout son bien dans un naufrage* Folicbinelley an 
désespoir, va trouver Mezzétin, et lui promet la tnoitlé 
de la dot d'Isabello , s'il peut réussir å la lui faire obtcnit 
eu mariage. Mezzétin fuit Vavo^tir Fi^iQt en courrier> tt 



M E If \ ^ 

ut ordoäne dräller dlre au docteur , que les Taisseaux d» 
felicbinelle soDt arrivés å bon port , et qiiMls sont cbar« 
;és jnsqu'ä fond de cale , de diamans et de poudre d'or« 
>tte fonrberle produit son eBet, et le Dotteur reuoue avec 
?olicbinelle. Heureusement ce Mensonge se trouve véri- 
able« Le capitaine du vaisseau arrive , et confirme le récit 
le Pierrot* Dans le tems qii^on ost occupé å célébrer lea 
loces de Folichinelle , un huissier vient signifieir adxacteurs 
brahis Farrél qui ne leur permet de jouer qu'en Monolo- 
raes« Les forains , pour »'y conformer , continuent par 
Pierrot , valet de Magicien* 

Tierrot , profitant de I'absence de son maitre , qui est allé an 

sabat,ouvre un grimoire et appelle les Diables« Ii leur ordonnc 

de hii amener son ami Arleqiiin, et ensuite de dresser une 

table bien garnle.Tandisque Pierrot et Årlequln sont occupés 

k faire bonne cbére , un huissier paraitde nouveau, et signifie 

tm acteurs forains un arrét , qui les réduit aux scénes 

p]lleUes«Pour l'exécuter, les forains ]o\\eni Arlequin-Orphée. 

Arlequin descendu anxEnfers^demande sa femme å Pluton, 

^i la lui accorde , sous la coiidition qne tout le monde salt. 

Arlequin y manqiie : la perte de sa feninae y par son im* 

pnideuce , le jette dans un tlésespoir affreux; les femmen 

de Tbrace s'assemblent autour de lui pour le consoler ; 

il les rebute ; sa bnitalité les oiTense ; elies se jettent sur 

ce malheureux et le mettont en piéccs. 

MENTELLE , (- M ) , a fait en société avec Désessarts, 
VAmour Libérateur» 

MENTEUR (le) , comédie en cinq actes , et en ver§, 
par Pierre Corneille , 1642. 

Cette pifece est en partie traduite , en partie imitée dd^ 
Lopez d^ J^éga , aute^r espagnol. Le caractÄre du prin- 



%^o MEN 

cipal perj(onnage , y est parfaitcmAnt développé et fiuf 
naitre une suitc de situations aussi naliirelles qiie comiqnes. 
Dorante est le nom do ce pcrsonnage ; il se plonge , par lei 
McDson^es , dans un cmbarras qui croit b. chaque acéney 
et dout il ne se tlre b. la fin quo par un mariage auquel il 
se résout de bonne grace , mais pour lequel il avait d^abord 
montré de réloiguemcnt. Arrivé no u veliemen t de Poitien, 
nprés avoir quitté larobe pour l*épée , il se trouve dans les 
Tuileries , o\\ il fait la rcncontre de deux belles.Le hazord 
lui procurc Toccasion de donncr la main å Tune d'eUe8, 
qiii vient de faire un fanx-pas; il 1'entretient avcc chaleuTy 
se fait passcr k ses yeux pour un ofTicier qui a £GUt les 
^icrres d^AIlemague , quoiquM sorle des Écoles de Droit 
de Foiticrs. Il a renoncé , lui dit-il , å la guerre , pour ser- 
Tirramour; et, dopnisun an , il épie l'o(. casion de lui avouer 
sa dumme, Celle å qui il adresse ces tendres aveiix , le 
nommc Clarisse , et Tautre se nomme Lucréce ^ mais il 
prend le nom de Tune pour cclui de Tautre , et c'est sofl 
cette erreur que roule toufe Tintrigue de la piéce. ClarisMi 
quUl prend pour Lucréce , est la maitresse d^Alcippe , Fun 
des amis de notre Mcnteiir. Cet Alcippe devient jaloox 
ä. causc d\uic fete nocturne qu'il suppose avoir été doniKe 
å sa maitresse. Dorante , qui saisit toutes les occasioDS 
de mcntir , se fait passcr pour Tautcur de cette féle* De-tt 
,iiait un ducl et eniin une explication entré les deux amis* 
T^Iontot arrive Géronte , pere de Dorante , qui vient de- 
niandcr pour son fils la main de Claiisse. Mais celui-ci) 
abusé par lo nom et croyant aimer Lucréce , imagine I 
riiistaut un mensonge pour détourner son pére de cette 
'icmaiulc. Il lui dit qu'il est marié secrétcment å PoitlerSf 
avcc une certaine Orpbise , fille d' Armédon. Géronte^bon 
l)^: o , pardonne å sou Cls et témoigne le plus grand desir 



tb Toir sa l^u ^ il v€ut méme que Dora^te' la fasse venir 

et lui écrive sur-le-champ å cet égard ; mais celui-ci , qui 

serait fort embarassé de presenter une épouse imaginaire ^ 

élude la proposition , en disant qii'elle est enceinte et qu'elle 

ne peut voyager^ Les mensonges de Dorante se découvrent 

successivement et le mettent dans une sitnatioa criti^ 

que auz yeux de Clarisse et de äon pére ; situation -^ 

don t il se ti re tou jours par un nouveau mensonge. Tout 

cela n^empéche pas la véritable lAicréce de prendre du 

gout pour lui, et de recevoir fort doucenaent les déclar» 

rations qu'il adresse å Clarisse sous son nonik Lorsqua 

Géronte a découvert la fausseté du mariage de son fils , il 

lui eo fait de sanglans reproches ; mais le hardi Menteut 

8'excu^ , sur la crainte qu'il avait d^épouser celle qu'il croit 

fitce Clai*isse , et sur son amoui pour celle qu'il prend pour 

Iiucréce ; il engage meme son pére å demander pour lui la 

t^iain de cette aimable (ille. Géronte , trop indulgent , condes- 

iIukI k ses voeux , et lui pardonne , k condition pourtant qu^il 

acceptera sans difficulté la main de Lucréce , dés qu'oa 

aura Faveu du pére et celui de la demoiselle. Dorante 

promet tout ce que veut son pére ; mais il «'a pas plutöt 

£ut cette promesse que son amour pour la fausse Lucréce 

s^^teint , et quM commence k aimer la véritable. Il se 

croit alors dans un nouvel embarras ; mais bientot la vé^ 

rité se découvre , et la piéce se termine par le mariage 

d'Alci^pe avec Clarisse , et par celui de Dorante aveo 

Lucréce. 

Dans Tauteur espagnol> le Menteur est forcé å ce ma^ 
riage par Tautorité de son pére^ et par celle du pére de 
Lucréce : dans Corneille ^ il le contracte de bon gré. San» 
doute ce dernier dénouement est plus conforme aux régles 
de la bonne comédie , mais je premier est plu9 moral et 
Torne rL Q 



242 MEN 

plus nalurcl ; il faut dire, toutcfois, que Corneilleft pre» 
paré lo sleii avec bcaucoup d*art , cd supposant , pendäbt 
tout le cinquiåme acte , qiie Dorante , apr&s avoir engagé 
son pére å demander poiir lui la main de la fausse Ln- 
créce , est devenu amoureux de la véiitable , ce qui est 
bicn dans le caractérc d'uQ Menteur de profession , qni, 
aprc^s avoir trompé Ics au tres , se trompe souvent lai* 
méme sur ses propres sentimeos. 

Corueille fit au^si la Suite du Menteuf, cette piåce 
n*cut prcsque point de succés. M. Andrieux y a fait des 
changemens et la enrichie d'un grand nombre de détails qui 
Tönt fait recevoir favorablement du public. f^oyez åla Idtn 
S , Suite du Menteur ( la )• 

MENTEURS QUI NE MENTENT POINT (les), 
GU Les Nigandres , comédie d'abord en cinq actes , en ven^ 
réduite å trois actes , par Boursault, 1664. 

Sous ce titre , on reconnait Ics Ménechmes åe FlaiAB$ 
sujet traité par Rotrou, et , apres ce deruier y par Regnaid» 
beaucoup mieux que par Boursault* Les deux Nicandies 
ont }uré de ne se marier , que d'un consentement léci* 
proque , ou apres la mört de l'un des deux. Ils se 1rou?ent 
engagcs dans une intrigue d'an]our, l'un å Paris, r-auttei ■ 
Lyon, se cherchent mutuellement, et ne se rencontrent qa'å 
Paris , dans une prison , 01^ les péres de le urs maitresses 
les ont fait renfermer, et d'o(i ils sortent enfin pout con* 
clure leur mariage. Quel embarras d'intrigues ! que d'eD- 
nuyeux détails , de basses plaisanteries et de froids incideitt 
présente cette comédie ! que ces amans , ces soubrettes f 
ces valets et ces maltres sont stupides , de ne pas voit 
que les deux Nicandres sont å Paris , apres tout ce qu*ilt 
pot dit pour 80 faire reconnaitre ! 



MEN ^43 

ItfENCISIER DE LIVONIE (le), comédie en trois 
-äctes , en prose , par M« Duval , au 4héätre Louvois ^ 
t8o5. 

Le Csar Pierre , revenant do France k Pétersbourg ^ 
rencontre son épouse , rimpératrice Catherine , daits une 
4iaberge de Livonie. Infbrnoé qu'iin gar^on meouisier^ 
nommé Charles , étaUi dans cette auberge -y pourrait 
4tre le frére de Catherine, née c^omme on le sait, do 
fårens obscurs , il veut s'assurer de la vérité par lui-> 
méme .f et en cherche les moyens« 

Charles , amoureux d'une orpheliäe , nommée Eu<« 
doxie , vient d^avoir une dispute vive avec des oflS- 
ciers rnsses qui avaient entrepris xl^enlever cetie *jeune fille* 
Le Czar , gardant Tincogrrito , selon sa contnme , profite de 
€€tte circonstance pour interroger le garden memiister* Char- 
les , croyant qu'on veut se moquer de lui, répbnd incon^ 
sidérément å son Squverain , qui prend le parti de le faire 
«a(ermer dans une chambre de l'auberge. Alors rbdtesso 
avertit le Jiige du lien pour qu'il punisse cet acte d'au«- 
tOrité arbitraire. Ce magistrat campagnard, qui se trouve 
4tre le plus grand sot de toutes lesi^ussies , ärrivé%t Veut d'ar 
bordj non pas défendre l'innocence, mais vet)ger Fittsiilté faito 
å sa petite magistrature , par un inconnii qu'il ne époit pas 
{wissant. Le Czar mon tre alors sa décoratlon , et le juge 
$e confond bassement en excuses , sans savoir pourtant 
^u'il les adresse au Czar; car celui-ci ne veut passer aux 
yeux da sot, que pour le grand Böyard MenzikofT. Cépendaitt 
iis'ag!t de jaiger Charles* dans les formes juridiques. Ca- 
therine se trouve présente å Tinterrogdtoire , et reconnait, 
par les réponses naives de Taccusé, que ce jeune menui- 
tier est son propre frére. L'idée de ne le retrouver qu'au 
moment oh toiU sembl^ annoacer qu'il va étre coadamn^ 



c: 



344 MEN 

u une peinc inramante , la fait tombcr évftnouie X tnaii k 
Czar, siiflisamment instruit de cc qn'il voulait savoir, n^a 
pn!nt la c^riiaulé de prolonger rerrcur de son épouse : il loi 
léclarc que Charles est innocent ; qu'il le recoDnaitpourson 
frö re , et qa*jl le place k cöté du troue. On pcut se figurer la 
)oie de- rimpératricc; mais tout n'est pas encore arrangé* Pierre 
itpprcnd quc la petite Eudoxie ,dontCliarlesiie veutpasse sépa- 
rer, est fille d'iin Boyard déloyul, Mazeba, qui, autrefois, a 
trahi sa patrie. Il entré d^abord daus une grande fureur ; mais 
on hii dit que Mazeba vient de mourir 5 alors il »'appaisa 
tont-ii-fait 9 et adopte Taimable Eudoxie , qui devient Té- 
pouse de Charles. Le jugc vient complimenter son Sou- 
verain , et son Souverain le destitue. 

Toute défectueuse qu'elle est , cette pléce inspire qoel- 
qu^intérét; mais le style en est négligé , et Taction languil 
excessivcment , surtout daus Ics deux premiers actes. On J 
trouve des traits forcés dans le role du Juge, qui n'est qu'uiit 
mauvaise carricature; enfin, le dialogue n'a pas tout le pi- 
quant qu'on est en droit d'exiger des auteurs comiquea* 

MENZIKOFF , tragedi* en un acte , par Morand , repré^ 
aehtée sd^ le titrc de Phanazar , aux Italiens , i^SS* 

Menzikoff , favori du Czar Pierre le Grand , aime la j 
fille d'Amilka , prince du sang. Amilka conspire conUt 
son Souverain : il promet h Menzikoff de le choisir pout 
aon gendre, s'il veut ^econder son projet* Le fovori 
rg^oit avec horreur cette confidence ; et pour détoumer lo 
pére de son amante d'un projet abominable , il rappelle la 
bien que le Czar a fait k son Empire. 

MENZIKOFF , ou Les Exilés , tragédie par La Baipe, 

.177S. 



MEN 145 

MenzikofT, tomLé du faite des granden rs , et dépouillé de 

tons ses biens , est exilé en Sibérie. Autrefois marié avec 

Arsénie , il Va, répudiée , parce que ce lien s'opposait k ses 

projets ambitieux. Des que cette femme vertueuse apprend 

son exil, elle ramasse tout ce qui lui reste de fortune, ét 

arrive , presqu'aussi-t6t que lui , dans cés affreux déserts* 

Menzikoff, qui Ta tou jours aimée, est sur, le point de contrac- 

ter avec elle un nouveau mariage ; raais il rencontre un grand 

obstacle. Un cerlain Vodemar, autrefois son rival , vient 

d'étre nommé gouverneur de Sibérie, oCt ilest exilé depuis 

quinze ou vingt ans, par les ordres de McnzikofT. Le premier 

usagcqu'il fait de son autorité , est de séparer lés deux époujT» 

Ce n'est pas , comme il Tobserve trés-bien lui-méme , qu'il 

lui reste encore la moindre inclination pour Arsénie; mais 

il veut mettre le corable å Pinfortune de sön rival , et se 

venger , en jouissant froidement de ce doux spectacle. 

Alexan , fils de MenzikoiF , qui attente ä la vie de ce 

barbare, est arrété: alors le Gouverneur propose å Arsénie 

de Tépouser sur-le-champ , si elle veut sauver la vie å 

son fils. Arsénie est contrainte de marcher vers Pautel ; 

mais Vodemar 5 malgré sa promessse, a dé]k égörgé le 

jeune Alexan , et présente å la mére une main teinte encore '' .^ 

du sang de son fils. Que fäit Arséni^? Elle se saisit du 

poignard dont ce mönstra est armé , le lui plonge dans le 

c<Bur, et vient ensuite racontér toutes ces horreurs å Men- 

zicolT. Enfin , dans cet intervalle , le conseil s'assemble et 

leur envoie dire de ne pas étre inquiets : 

yivéz , ne craigncz rien , et tous les deux unis.... 

Cette piéce offre quelques vers frappans , quelques bclles 
litades i mftis|en general ^ le styleest mjartelé^ 



146 M E P i 

MENZIKOTT rr FHCEDOR , 011 Le Fol bk BisLiibh^ 
opera en trois actes , par M* de La Martelliére , mnsi-» 
qiie de M* Champeio , a TOpéra-Comique , 1807. 

Le fonds de cet opera, de ce drame ou de ce inélo» 
drame , comme on voudra le nommer , est la di^åce ' 
du fameuz Alexandre MenzikofT , fils d'iin paysan et gar- 
ron påtissier, qni, apres avoir tté élevé å la dignhé dfr 
Prince Rnsse , deviiit le bean-pi>re de son maitre , Pierr» 
tecond, et fut exilé en Sibérie, oh il alla rejoindre 
iontes ses victimes* LVutenr suppose que, rencontraiil par- 
mi les exilés , Phoedor Dolgorouski , fils de son eonemi 
personnel , il en revolt , sans en élre connu , Ics témoigneges 
da plus toucbant intérét. Fhoedor , qni était depuis long** 
tems amonreux de Marie, fille de MenzikofT, et k qni 
Tamour a méroe fait perdre la raison , est létabli dans 
tonles ses dignités , et ne proGle de ce retoi^r de for- 
tune , qne pour accabler de bienfaits son persécntenr » 
devenu malbeureux : enfin , ces bienfaits amenent uno 
alliance entré les deux famillcs» 

Gette piéce abonde en situations, parmi lesqucllcs on 
en trouve quelques-unes qui ofTrcnt de rintérét, quoiqu'ellei 
entravont la roarcbc do raction , quI nous parait langiiis* 
sante* Entr'autres reprocbes qiie Ton pourrait faire k Taib- 
teur , c'cst que Pbopdor , qu'il nons donne pour un fol» 
est un fol fort raisonnable : c^est si vrai , qu'il le fail 
nomnner k la place de Gouverneur-général 5 et, certes,le 
Czar ne lui confierait pas cette place importanie , s^il ne 
Kli reconnaissait et de la raison et du talcnt : oo peut 
lui reprocber en€ore trop de iiégligence dans son stjle« 

MÉPRISE DE L'AMOUR (la), parodie en un act»^ 



M É P 247 

de Vopéra de Tancråde , par Fuzellier , a la foire St-.Ger* 
mairiy sous le titre de Pierrot Tancrédey 1729. 

Le théåtre représente la tente d'an vivandier de rarmée 

des Sarasins , ad milieu de laqnelle on voit une table , chargée 

d'uii gros baril de bran-de-vin , entouré de faisceaux de pipes 

et de roule^ux de tabac. Argant , prét å tenir conseil sur 

les mesures les plus efficaces pour accabler Tancréde ^ 

s'apper9oit de Tamour qu'Herminie ressent pour cet epnemt 

redoutable. Apres qiielques légers reproches sur une passloa 

aussi déplacée , Argant lui conseille de se retirer. Ismcnor 

vient oflrir le pouvoir de ses charmes magiques, et Ton 

voit entrer une troupe de grenadiiers , å qui le magicien 

feit préter le serment d'inimoler Tancréde. Isménor, voii- 

lantleur inspirer un peu (}e hardiesse , appelle ses farceurs , et 

fait avecr eiix plusieurs lazzis magiques, On entend gron- 

der le tonnerre , et soudain la frayeur s'empare des esprits» 

Isménor, les Magiciens et les Guerriers tombent et renversent 

l'équipage; ils se relévent lorsque Forage cesse, et pronaet- 

tent de faire mieux une autre fois* Argaot et Herminie 

$'apprennent réciproquement la passion mutuelle de Clorinde 

et de Tancréde. Celui-ci , Pesprit agité de craint€ , prend 

le parti d'aller avec son épée fendre Iqs arbres dans la 

forét; mais il est interrompu par luie troupe de sergens 

qui remméuent. Herminie dit å sa rivale que Tancréde 

est mört. Clorinde , croyant n'avoir plus rien å ménager , 

fait connaitre , par ses regrets, Tamour qu'elle a pour Tan* 

créde : c'est pour me moquer de vous , dit Herminie, k 

Clorinde désespérée. Tancréde veut alors commencer le 

monologue , Sombres Foréts ; mais il fait reflexion qu'il 

doit s'occuper d'affaires plus pressantes. Isménor évoque 

la Vengeance; å sa voix elle sort des enfers, et luiapporte un 

poignard,qu'il veut enf oneer dans le sein deTancrede.Hcrminie 



Tarréte , et avoue qu'elle aime co Héros. Isménor et h, 
Princo la regardent avec étoDnemcnt. « Ed eBet, voilå 
» des aveux bien placés. » Il veiit une stconde foii 
frapper Tancréde , qiii para )e coiip avec son chapean* 
Dans ce moment 9 Clorinde arrivc ; et , pour se yenger 
d^Herminie 9 Isménor , au lieu d'immoter TaDcréde , Iq 
livré å son amante. Apres une longue et tendre conver- 
satioD 9 ces deux amans se séparent ; mais c'est ponr np 
plus se revoir : en efTet , dans un combat entré les Chrétieiit 
et les Sarasins , Tancréde 9 luttant encore contre Clorindet 
habillée en homme , la tue , croyant tuer le génénji 
ennemi* 

MÉPRISE VOLONTAIRE (la), ou La Dou»l» 
Lecon 9 opera - comiqiie en un actc , par M* Duval, 
musique de mademoiselle le Sénéchal.de Kerkado, alpn 
ågée de dix-ncuf ans , å Feydeau, i8o5* 

Elisa, quc doit épouser Välment, a pris des habitudei 4 
s^cst formé des gouts qni ne plaisent point k son futur; flik 
n^aime quc la rhassc , réqui^ation , en un mot, tous les exerr 
ciccs qui semblqnt ne devoir conycnir qu'aux hommes. So^ 
jfune frere est d'un caractdre tout opposé. A sa douceur^lf 
sa mignardisc , å son air de faiblessc , on le prendrait pour 
unerilIe.Valmont.pourcQrrigerrunctrautre,feintdeIescroix9 
déguisés, c'est-å-dlre , de prendre Elisa pour iin capitaine de 
cavalerie traves(i en femnie , et vice verså , le frére pour 1% 
soeur : il leiir dit altcrnativen^ient des choses qui les piqueot; 
bientot Elisa se défait de ses habitudes trop cavaliöres, et sot^ 
)cnne frére prpmet de devenir un hpmme* La piéce se tjerr 
mtne par le mariage dos amans. 

Ce sujet , quoique faible , pouvait prétcr k des dévelopj 
i)emcDs j mais Ti^utcur n'a pas voulu en tirer plut d'une 0^ 



M É P Ä49 

leux sc&nes* On y troiive quelques träits assez comlques 
Bt xine excellente mpralité. 

La musique est fraiclie et légére ; il y en a seulement un 
peu trop y surtout dans les- premléres scénes ; ce qui nult k 
refxposition* 

MÉFRISES (les ) , comédie en un acte , en vers Iibres , 
par Pierre Rousseau de Toulouse, aux Frangais, 1754. 
JFinette , suivante d'Orphise , a été quelque tems au 
?ervice d\ine vieille folie , qui la faisait habiller en ca- 
valier, et la ménalt av^c elle au bal* Sous cet habit , 
)a Soubrette en conte å une personne , auprés de la- 
quelle est son amant. Celui-ci veut se bättre avec son rival 
prétendu } pe qui donne lieu å des Méprise^ assez co- 
mlques, 

On a prétendu que le sujet et le plan de cette pi^ce 
étalent tirés de la comédie des Qidproquo de Bruéys. L'au- 
teor, avant qu'elle fut représentée, avait fait la plaisanterie 
de la faire annoncer dans les petites afficbes de Paris ^ 
^^nsi qu'il suif : « Les MépriseSy comédie, etc. , etc* , 
» par Pierre Rousseau , citoyen de Toulouse » , pour sq 
disdnguer de celui de Geneve, Ce fiit å cette occaslon 
que Ton fit cette éplgrarnme , dans laquelle on parle des 
trois Rousseau. Nous en retrancherons ce qu'elle peut cou-» 
Jenir d'injurieux. 

Trols auteurs, q^e Rousseau Pon liomine, 
Sont differens : Voici par oA : 
Kousseau de Paris fut grand homme ^ 
Rousseau de Généve est un....... 

Rousseau de Toulouse un.. 

MÉPRISES, (les), ou Le Rival par Ressemblakce , 
j comédie en cinq actes , en vers de dix syllabes , par M, 
^ Jfalissot , au théåtre Fran^ais , 1762^ 



a5o M É P 

Gette comédie est fondée sur la ressemblance 
des deiix priucipaiix pcrsonuagcs* Four rendre TraiseiiH 
blable cette ressemblance, Tauteur a conduh la piécede 
niaDiérc que les deux persoDnagcs ne paraissent jamitf 
ensemble sur la scéne* Un seul acteiir , sous des babitt 
diflercns , remplit å-la-fois les dcux röles* Ua de cef 
dcux pcrsonnagcs a été promis en mariage å Lucib i ^u 
]/atlend qtio son rctonr de la province pour 1'éponser. Avut 
»011 arrivée , Taiitre persounage , qui ressemble au piv- 
inicr , voit cetie mémc Lucile , en est amoureuz , et , comme 
on le prcnd pour le premier amant y il se trouve oéce»- 
sniremcnt dans un cmbarras qui aiigmente , par PamvéB 
de son rival* Cdni-ci est si pcu raisonnable , en compft- 
raison de Taiitrc , quc ccttc difierence donnc Ileu å w ' 
fréquentes méprises* Eiifm, le personnage le plus sensé» 
est cclui qui, k la fin de la piece, lorsque tout est it^''i 
couvcrt , épouse Lucile. 

Les ennemis de M. Patissot se vengårent sur cette piéceld '1 
succés des Philosophes. Lorsque Bellecourt vint potur an-* ' 
iionccr, on lui laissa dire que les comédiens donneraiedt 

)c lendemaiu Alzire; h. mercredi il fut interrompa pff' 

des battemens de maius continuels , qui ne lui permilBni 
pas d'annoncer la seconde représentatafion de cette comédio» ' 
néanmoins , elle fut jouéc plusleurs fois. Un ennenu ; 
de M. Falissot, souj^gonné d^avoir entrepris de la falnft 
tombcr, croyant s'a])percevoir que des espions, appeW 
Mouches de la police , Tobservaient dans le parterrc f 
dit tout bas å Tim de ses voisins : La pibce est gåtée^ 
ies JSlouches y sont. 

MÉPRISES PAR RESSEMBLANCE, (les), comédi«r, 
en trois aclcs , en prosc , mclée d^ariettes , paroles 



MER ' . aSi 

Patrat , maslque de M. Gréiry , aux Italiens ^ I786. 

La ressemblauce de deux jeunes. grenadiers , dont run 
»t fils d'un bailli , et Pautre d\in marchand de vin dti 
néme vHlage, forme l'intrigiie de la piéce^ et donne lien 
Il udc suite de Méprises et de situation3 assez plaisantes , 
mais UD peu compliquées* 

Gette piéce est remplie d'uDe gaieté naturelle , mais le 
déoooemeDt est mal préparé* 

MERCIER, ( Louis-SÉBASTiEN ) , auteur dramatique j 
membre de rinstitut , i8lo. 

Get auteur a commencé å^ trayailler pour le tbéåtre en 
I769, et y a donné siiccessivement : Jenneval^ ou le 
Barnewelt froji^ais ; le Déserteur ; la Brouette du Vv^ 
naigrier ; VHabitant de la Guadeloupe ; la Maison de 
Moliére ; Jean Hennuyer ; Olynde et Sophronie ; 
Ifatalie , etc. La plupart des piåces de M. Mercier ont 
élé représentées avec beaiicoiip de succés en province et 
chcz Tétranger 5 quelques - unes Tönt été sur le tbéåtre 
Iran^ais, et y ont obtenu des applaudissemens mérités : 
€D general , elles offrent une exrellente morale , Télo- 
^oence de V^me , de la force , de la chaleur et de la 
philosopbie ; enfin elles sont écrites avec pureté , precision 
ctélégance. Il a fait imprimer chez Fétranger son ouvragc , 
iotitulé : Essah sur Vart dramatique ; comme il y parie 
^Tec peu de ménagemens de Messieurs les Comédicns 
IFran^ais, ils lui refusérent ses entrées^ å leur tbéåtre , et de-lå 
iiaquit un procfes , qui fut , ou qui diit étre jugé å l'a- 
l^mtage de M, Mercier. On assure que son drame du 
Péserteiur fit abolir la loi qui infligcait aux déserteurs U 



slS2 mer 

peine de mört. Co trait dut faire autont de pli 
M. Mercier qne son drame lui fit d'bonneiir. Get 
cstimablo a falt beaucoup d'autres ouvrages , étrangi 
tbéåtre : nous nous bornerons å en indiqiier les titre 
Tableau de JParis^ doitze voluraes ia-8.®, est Ii 
cstimé ; c'cst aussi celui qui est le plus répandu : 
£onnet de nuit , qiiatre volumes , inéme format 
deux millequatre cent quarante, idem; V Eloge de C 
V et de Descartes ; YHUtoire de France , six vi 
iu-8.*^ , et autres. 

MERCURE GALANT (le), ou La CoaiiDii 
TtTR.£ , comédie en cinq actes , en vers, par Boi^i 
1679. 

M. de Bols-Luisaiit ayant con^u une amitlé tri 
pour Tauteur dn Mercure , qu'il n'a jamais va , v 
faire son gendre , en lui faisant épouser sa fiUe * 
Cctte fille aime Oronte 5 et , pour tromper son pår 
engagc son amant k se faire passer lui-méme pour T 
du Mercure^Galant* Oronte se préte å cette petita 
cheric ; et se préscnte, en cette qualité , au pére de a 
tresse. L'entrevue , Ics ofTres , la conclusion du ma 
tout réussit au gré de leurs désirs. Les scénes de cetta 
sont coupées par d'autres scénes , o^ sont représent» 
naturel , les embarras , les tracasseries , les visites i 
tuncs, et tous les sots propos .qu'uu auteur d*oi: 
périodiques est obligé d'essuyer« 

Vise , autciir du Mercure^Galant ^ porta ses \ 
;\ la Cour contre Boursault , qui toumait son joiu 
ridicule y et demanda la suppression de sa comédie* I* 
|c renvoya devant M. de la Reynie , lieutenant-géiH 



MER a53 

e» Le Magistrat s'étant fait apporter la pi^cc y la tron va 
agréable pour la siipprimer , et ordonna , poiir ap- 

sr Visé , qu'on ne rintitulerait plus que la Comédie 
Titre. 

ÉRE CONFIDENTE (la), comédie en trois actes, 
rose , par Marivaux, aux ItalieDs , i^SS. 
ae jeune fiUe sans expérience ^ Angélique , re^oit de 
iral, qu'elle connatt k ^eine , une déclaration d^amour^ 
répond , å l'insu de sa rnére , du ton le plus eucou- 
ant« La mére , informée du fait , interroge habilement sa 
^«ty afin de mieux la diriger daus le sentier de la vertu^ 
reut plus étre que sa confidente; mals, touten ayantl'ai]* 
léposer avec Angélique son autorité maternelle , elle lui 
ire de vives craintes sur les intentions de Dorval , et il ea 
lite une rupture momcntanée, qui est blentot suivle d^une 
»ncilIatIon.L'intentIon de la Mére confidente est de marier 
rplique A un personnage riche , nommé Ergaste , homme 
iehumeurflegmatIqueetbIzarre;maIscet£rgastedécouvre 
itSt qu'il n\i pas Inspiré d'amour ä la jeuoe personne; et, 
j^t qu'il a un rival préféré dans la personne de Dorvcd , 
3 balance pas å lui céder ses drolts : observons que celui-ci 
rouve étre le nevcu d^Ergaste , et qu'il en deviendra Thé- 
er; alors , plus d'obstacles , le marlage se conclut. 
]e sujet ne pouvait fournlr qu'un petit acte; mals Marlvaux 
öulu le traitor en trois , et en a détruit tönt l'intérét* C*est 
vain que , pour remplir les vides , cet ingénieux autcur 
i prodigué tout le clinquant de son esprit 5 il fait sourire 
elquefols par des idées et des expressions singuliéres ; 
als rien de tout cela n'excite une franche gaieté , et Ton 
l^i presque tenté de lui dire avec J.-B. Rousseau : 

Monsieur Tauteur , que Dieu confonde y 
Yous étes un maudit bayard \ 



i 



s54 MER 

Jamai* oa oVnDriva son monde 
A^ec tant <f c*prtt et (Tärt. 

La ^A^^%%e de m ad a mc Argante , la charmaats iDgémiitf 
d*A n;^élir}iie, la probité flevmatiqiie d'Erga5te, Famouruii* 
rére et impétueiix de Dorval , la conduite artificieuse deLi* 
!M:ltc , un mélango d'cnjoiiement et de pathétiqiie formeDtun 
ton t a^réablc et intéressaot , qui aflecte également respritet 
le rorur* 

MkRE COQUETTE (la) , ou Les Amaks BROUiLiis; 
cnmcdie en cinq actes et en vers , par Quinault, auz Fran^tisy 

Qiioiqno cetto piéce soit esscntiellement vicietise , 3 est 
poiirtuut vraido diro qii'ello fonrmille de beautés de åétuL 
Le dialoguo en est vif , et Ton j trouve des scénes en- 
li(M'(fs qiie Molidro n^aiirait pas désavonées ; mais Pintéftt 
lanp;iul souvont , parce qu'il y a des personnages inutiles 
q\ii ne ibnt qn^alonger la pi&ce , et remplir la sc&ne Mm 
cuntrihnert^ la nmrclie de Faction* Voici le fonds de Ton* 
-%'rago* M adamo Ismene y est mére dXsabelle , jeune beanté 
ilont l(*H rharmes cxcitent sa jaloiisie. M. Crémante a unfilii 
itoinnié Acunto ,qiii est amoureiix de la jeune personDe;iiuus 
in :)I luMi rou.ioment Isménc uimc le fils de Crémante,et CrémaDto 
ninio la lillo dlsniéuc. Dc-ii\ devaieut naitre toute riotrigaei 
rt toutcs los revolutions de la pidcc, dans laquelle Quioauh a 
tndtuluit un cortain Alarquis , pcrsonnage inutile y {atquicon- 
Irilnio a brouiller Ics jeuncs araans , parce que LanrettSf 
91 ni van t o do Afadame Isni<^ne , vient å bout de conraincit 
Aoante « qu\ui rrndcz - vous qu'lsabellc Ku donne, est 
«vlro**e .\ CO Manquis. Cette ruse u*ainéne rien de co- 
nuquo ; oUo onga^v srulemeut Acante , furieux cootie 
ItatH^^l^t". ^ a;;r;'or L^ n;aiu d*I<m^ue « et Isabelle å agrécir cdle 



M É R ^55 

Zrémsniem A la fin, tönt s'éclaircit; les amans recoa- 
sent leuTS torts , et s'aiment plus qiie jamais. Tout cela 
lit pu étre amené par dos moyens plus uaturels , et 
re du fonds du sujet. Le dénouement est encore plus 
é que les détails ; c^est le mari d*Isméne ^ qu'elle a fait 
er pour mört , qui le produit , en reparaissant Inopint- 
it , et en mariant le^ deux amans réconciliés , malgré 
mante et la Coquette qui ne reparaissent plus* Gette piéce a 
Licoup d*analogie avec le Dépit Amoureux de Moliére ; 
a les mémes défauts , puisqu'elle esftrop chargée d'inci- 
1 9 et de personnages superflus ; elle a une partie de ses 
iités , et no US pourrions en citer un exemple dans la sep* 
le scéne du cinqui&me acte ; nous pourrions aussi citer un 
id nombre de passages qui étincellent d'esprit, et qui 
: pleins de force comique. 

''isé dont nous venons de parler h. Foccasion du Met'-' 
'•^Gclant , fit une comédie sous le titre de la Mére 
uette , et se plaignit fort mal å propos de ce que Qui- 
It Ini avait pris son sujet ;car le fonds de sa piéte n'a que 
-peu de rapports avec célle dont nous venons de parler* 
mond-Foisson joua d' original le role du Marquis ridiculo 
i Mére Coquette* Si Ton en juge par les vers qu'on va lire, 
3le lui valut un habit de la part de M. de Créquy , premier 
itilbomme de la Chambre; du moins ils prouvent qu'il 
30 fit la demande* 

Les finans Brouillés de Quinault 
Vont, dans peu de jours, faire råge; 
J'y joue un Marquis , et je gage 
D'y faire rire comme il faut. 
Oest un Marquis de con^cquence , 
Obligé de faire dépense ^ 

Pour soutcnir sa qualité ; 
Ma is , s"*]] manque un peii d^industrie , 



iS6 M é R 

n faudra, de ncccssité, 

Que j''aille , malgré 5a fierté y 

L^habilier k la fri per ic. > . 

Vous^ des Dugs, le plus magnifike | 

El le plus généreuz aussi ,• 

Je voudrais bien pouvcir ici 

^aire yolre pauégyrique ; 
Je n'*irais point cherrlicr yos illustres Ayenz 
Qu''0D place, dans Thistoire, au rang des demi-Dieu} 
Je trouTe assez en vous de quoi me satisfaire • 
Toutcs '\os actions passeot, sans contrédit.... 

Ma foi, je ne sais comment faire 

Pour Yous demandcr un habit. 

Collé a cbangé le caractere du Marquis de cette coméfitff 
et a substitué , å ce personnage låcbe et bouffon ^ un homiM 
de cour^ ou , du moiiis y un homme qui sait en prendn b» 

airs* 

. MÉRE COUPABLE ( la ) , comédie en cinq aciet , m 
prose , par Bcaumarchais , au théåtre du Marals , , 179st 

La Mére Coupable était connue et annoncée depnii 
loDg-tems ; plusieurs théåtres se l'étaient disputée , et cettB- 
luttc hooorable pour Touvrage » semblait en présagv i0 
succés» Les trois premiers actes furent entendus au mi* * 
lleu da bruit et des buées ; le quatrifeme acte excita nB • 
entbousiasme general , et le cinquiéme se soiitint k h ' 
faveur dn précédent* C 'est un mélange monstrueuz de beantJs ' 
dramatiques et de trivialités absurdes et ridicules; un 
fonds ricbe , mais une exécution plus que bizarre , etsortoiit 
un style qu'on ne peut pardonner qu'å un autenr qiM 
chercbe å se singulariser en tout* 

Get ouvrage , cependant , ofTre une superbe acAoe in 
quatriéme acte , et un dénouement trés-heureuz. Des 
longiieurs intenninables en obstruent la marche , et ' U 



MER a57 

iy[e 5 butre qu'il est presqiie toujours bas et trividl v 
>fire souvent du néologisme , des circonlocutions origi--r 
lales et des expressious de mauvais gout* 

MÉRE EMBARASSÉE (la), opera -comiqiie en uti 
acte, avec un prologue, par Panard, å laEoire Saint'« 
Laurent, 1734. ^ 

Trois amans ont imaginé, chacun de son cöté, de se 
déguiser en valets , pour s'introduire chez Lucilcé Ma-« 
dame Des Roches , sa mére j se doutant du travestisse- 
ment, les force k se découvrir , et laisse ensuite la 
choix k sa fil le , qui préföre précisément celui auqucl elle 
^tait destinée. ' "" 

*MERE JALOUSE (la), comédie en trois actes , en 
Yers, par Barthe , aux Fran^ais , I77i« 

Madame de Mclcour , femme dissipée et cherchant i 
jJaire , a une fillc de seize ans , qu'eile a jusqu'alors 're- 
teou au couvent. Gette jeune pérsonne aime en secret un 
Bomme Terville , qui Taime aussi avec passion ; pour 
réussir , celui-ci commence par se bien mettre dans Fesprit 
de la mere , et lui» fait sa cour. Comme cette mera 
est peu flattée d'avoir sa fiUe auprés d^elle , elle pense å 
Téloigner, en la mariant en province avec un nommé 
Gersac de Bayonne. La tante de la demoiselle désapprouve 
ce mariage, et toute la famille , excepté la mére, se ligao 
pour éconduire le Gascon. Le secrfurs de tout le monde , 
(|iii s'intéresse e^n faveur de Terville , joint å Tamour que 
la fille de madame de Mclcour a pour lui , la haine qu'elle 
porte å Gersac 5 Tavarice et les autres défants de ce Gas- 
con , tout cela conlribue au succés du mariage des deux 
amans. 

Torne P'L R 



i58 MER 

Le caraclire de madame de MeUour^ nous a pknt 
tronqiié ; il fallait un art iufini , pour rendre supportaUe 
au thtåtrc la jalousie d'iine mére contre sa fiUe, et flur^ 
tout pour combiner cette jalousie avcc un fonds de ten- 
dresse iBatcrncllc : cVst ce quo Fauteur n*a point falt 
Madame de Mclcour débeitc aVec une durclé trop repous-' 
sante , et se convcrtit cnsnito trop faciiement : il y a trop 
de personnages mis en jeu , et ce qu'ils font se réduit å 
trop pGu de chose ; le role de Gérsac n'est qti'une ébaiicli0 
de caricature. On con^oit que JuHe n'ait pas d^amour 
pour le Robin , parce qu'il est épais et insignifiant ; maisle 
desir bién naturel qu'il a de conserver une dot considérabb, 
en dcmcurant å Paris avec sa femmc , n'est pas un tnifi 
assez blåmable , pour justiiier le mépris dont on écrase b 
pauvre hére, et ce défaut de mesure, ressort d'autantplos, 
qu'il n'existe dans le i^le de ce Gascon ricn de coHuqiifl 
ni d'originaL 

Le personnage de la tante est le plus agrcable ; 3 e|t 
gai , vif et blen en situation ; mais on lui troayeitit 
plus d\in modéle. Quant au style , quoique fort infénaur . 
å celui des Fausses injidélités , du ni6mö auteur, quoi^ 
que scmé de faux brillans , il offra pourtant de job 
vers et des pensées trés-fines qui font excuser ces dé^ '■ 
fauts.Ccst au total uné mauvaise comédie que la MUf^ , 
Jalouse ; znais , comme dans celle de Dorat ^ å qui PoA i 
pourrait Fattribuer , les détaik rachétent les vicen ^ 
fojids. 

MEREY a fait jouer , soit aux Boulevards j soit en ' 
société , Thérhe et VEspérance', la Soirée des Porcherons; 
VHötelgami ; le Compliment du Jour de Van; VAvanl 
Souper, ou la Coquette corrigée^ et la Mode et le Gaåti 



MÉR a59 

IMERIDIENNE (1ä), comédie en un acte, en prosa , 
inélée d'ita1ien , avec un divertissement , par Fuzellier, aa 
lliéåtre Italien , 1719» 

Silvia , fille du seigneur Commodo, vénitien , mais établl 
iParis, estaimée du chevalier de laGirouette, dont i'anqiouc 
est p^agé par la jeune personne ; son pére l'avait approuvé ; 
mais il est mört d'une apoplexie avant d'avoir assuré 
lebonheUr des deux amans. Fantaion, frére du défunt , est 
wrivé å Paris pour étre luteur de Silvia, et il a fait venir avec 
kli un autre amant italieu , nommé Lélio^ auquel il destine 
»a nifece. En attendant le départ de Paris , Pantalon a fait 
fermer toutes les issues de la maison; il ne qnitte point* 
sa méce, et cmploie tons ses domestiques å veiller sans 
cesse å ce que personne n'en approche. Trivelin , valet du 
chevalier de la Girouette, cherche avec Claudine, femme 
de chambre de Silvia , des moyens pour introduire son 
maitre auprejs d'elie; et, maigré la vigilance de Fantalon^ 
ils font eritrer une armoire. Le dessein de Claudine est 
de profiter de la Méridiénne, que les Italiens font apré» 
leurs repas ; ce pro jet s*exécute« Pantalon et Lélio viennent 
pour dormir dans la salle oä est enfermé le cbevalier; 
öiais Pantalon, averti par Viplette sa servante , feint de 
Jormir, Lélio , par des soup^-ons naturels å ceux de sa na- 
lion, emploie la méme feinte 5 et les aitians, les croyant 
profondement endormis, s'entretieni:«nt de leur amour. 
Enfin Silvia inquiette , et craignant que son onde ne sV- 
veille , ordonne absolutnent au chevalier de sortir. Mais 
loncle avait tout entendu ; el, apres un éclaircissement , 
le chevalier se trouve étre un Italien : å ce titre, il Qbtient la 
main de Silvia. 

MERLIN, c'e5t un personnage de valet du théåtra 

R 2 



a6o mer 

FraiK^Ris, qiii, commc on va le voir , fut iDvénté påt 
Desmarrcs en 1686, et devint bientot å la mode. Qn nd 
Femploie plus depuis loog-tems. 

I 

MERLTN DRAGON, 011 La Dragonne, comédieoi 
un ucto', en pruse, par Desmarres , au theåtre !Pran«' 
^ais 5 1686. 

Monsieur de La Serre , riche et avare , sur le point cb 
marier son fils avec la iille de M. Oronte , chaoge de wth 
timcnt et la dcmande ponr lui-méme. M. Oronte a dela peinrt- . 
å consentir å cet échangc ; toutefois il s'y décide. Fiman* 
dr^, fils du M. de La Serre , en est au désespoir. Merlin^ 
valet d'un ami de Fimandre, aprcnd le cbagrin de cehu-cli 
et Ini ofTre ses services. Comme M. Oronte attend 
son fils , capitaine de Dragons , qui est ä Tannée , Merliil 
profile de cette nouvelle , se travestit en capitaine de Drft* 
gons ; et , suivi de qnelques intrigans , comme lui dé* 
guisds , vient chez M. de La Serre, le felicite stirfloii 
tnariage , et met la maison au pillage. Ce stratl^Sini ' 
réussit au gré de Fimandre et de sa maitresse. La Serrtn j 
ponr se débarasser du capitaine et de ses dragons , cooasiA i 
que son fils épouse la fille de M. Oronte.* 1 

MERMET , ( Claude ) , quitta la Savoye et viot «'*- . 
tablir å Lyon., oh il donna une traduction de la tragédif 
de SpphoniAbe , de Georges Trissin 5 il est plus conini 
par ses épigrammes que par cette traduction. Cest de liu 
gu^est ce quatrain, qui nous a été conservé par Duverdiert 

Les Amis de Theiire présente 
Ont le naturel du Mel«in ; 
Il on faut rS5aycT cinquante 
Ayant qu^en rencontrer un bon. 



MER i« 

MÉROPE , fragédie italienne par le marquis de Maffey , 
m théåtre Italien ,1717. - 

Poiir essayer le gout du public sur les ouvrages sérieux que 
Lélio voulait iotroduire å son theätre , on y représenta la 
tragédie du marquis de Maffey ^ fctatis. Oo lisait , sur les 
lillets , ces möts italieas : Per chi 1'entende : Pour ceux 
qui l*enteudent, Voltaire , qui a puisé dans cette piéce le 
sujet de sa Mérope , écrivait å FAuteur italien : a Votro 
» Mérope estTexemple d'une tragédie simple et intéressante; 
» j'en fus saisi , dés que je la lus ; et mon envie de la tra- 
> duire redoubla , des que j^eus Thonneur d'eQ connaitro 
» TAuleur, å Paris , en 1733. » 

Farlant ensuite , de cette méme piéce , å d^autres littéra- 
tcurs, il Tappelle « un Drame sans art, sans dignité, sans 
3) vraisemblance , dont la representation ne . serait point 
» achevée k Paris ,' et dont les gens sensés d^Italie font trés^ 
a peu de cas. » Comme le sujet de la Dlérope de Clément 
est le méme, quant au fonds, que*celui de la tragédie do 
Voltaire , il suffit de douner Tanalyse de Tune de ces 
deux tragédies ; voici donc Panalyse de la Mérope de^ 

MÉROPE , tragédie par Clément , imprimée en%i«749* 
Ce sujet fut traité par Gilbert en 1642^ sous le. tiire å& 
fhilocléeet Téléphonte; et en 1682, par La Chapelle , sous ce- 
löi de Téléphonte ; il le fut cucore par La Grange^^hancel en 
J731 , sous celui d^Amasis* 

Frappé des beautés »de la tragédie Italienne , Clément , 
abrs ågé de vingt-deux ans , resolut d'accomoder ce sujet 
pournotre théåtre; il touchaitå la fin du troisiéme acte , lors- 
que le marquis de Maffey vint k Paris en 1733. Clément se 
présenta chez lui , et prit la libqrtide lui demauder son^via^ 






ft6s M É R 

L'aiiteur de la Mérope Italienne parut déåirer qu'il se Bornit 
h. une simple traduction ; mais il ne suivit point son'coii8eil , ! 
et s'cmpressa de mettre la derniére main k son ouvrage : dé» 
qu'il l'eut achevé , il Toffrit aux comédiens, qui exigérent dn .J 
cliangemens. Dans rintervalle , Voltaire présenta sa Méropt^ 
qui fut jugée , ce qn^elle est en efTet , un cbef-d^o&uvre. Elb I 
fut doDc acceptée; et, lorsqne Clément rapporta lasieime, ] 
avcc les changemens qu'ou lui avait demandés, les comédieot 
la refusérent k cause de sa ressemblance avec celle deVoltaiie^ 
Mérope a vu tomber son époux et deux de ses fils sona b I 

I 

fer dePoliphonte; depuis quinzc ans el1evoitl'usurpatear trän- I 
quillement assis sur le trone de Créspbonte. Lasse enfin de sa 
tyrannie , Messéne est préte å sccouer le joug , et Foliphonts» j 
inquiété au-dedans , menacé au-dehors , conimence k craiadre | 
un peuple qu'il a trop long-tems outragé* Four contenir le» 
esprits il veut les épouvanter encore ; mais quand on a trop 
abusé de ces armes terribles ^ ellcs finisseot par s^émonsser» , 
et ce méme peuple , réduit k envisager la mört comme m 
bienfait, reprcnd son énergie et ses droits. Adraste, son coiH 
£dent 3 combat donc ceUe dangereuse et funeste résohidoD | ^ ; 
et lui conscille d'épouser Mérope. Cost en effet le plus sur ! 
et Ic seul moyen qui lui reste , pour se mettre å Tabri da \ 
Torage; mais il faut que la reinc y consente. Gommentia 
décider k recevoir une main , teinte encore du sang de son 
époux et de ses enfans ? Quoi qu^il en soit , il ose en faito 
la proposition. Tandis qu'il cberche å raffermir sa puaasancd 
ébranléé , le fils de Cresphonte arrive dans ses états. Enfin !• 
jour est venu que le petit-fils d'AIcide , conduit par te dfS" 
tin , va venger å la fois son péjre, ses fréres et sa mére , •* 
lui-méme. Ce jeune beros , Tespoir , Tunique espoir de Mé* 
rppe 5 a quitté Polidore , son Gouverneur , pour retronv^ 
itnp amante qu'n adore , et dont il est tendremoDt iu(d4* H 



MER a63 

suivait les bords delaPamise , Iorsqu'il fiif. attaqué par un 
jeune homme de son åge : il le combat , lui donne la mört ,. 
et le jete dans le fleuve. Inutile précaution ! il est arrété et 
conduit Jevant Poliphonte , qiii Tinterroge aveciine attentioq 
barbare. Egiste Iiii raconte son aventure avec franchise , et 
répond sans hésiter å toutcs ses questions ; enfin Poliphonta 
croit reconnaitre le fils de Cresphonte au portrait que lui fait 
ce dernier de celui que le hazard a fait tomber sous ses coups. 
Äinsi , loiu de lui éti^e suspect , il prend Egiste sous sa pro- 
tection. La position d'Egiste est telle qu'il ne peut trouver 
grace aiiprés du tyran, sans étre iin objet d'horrenr pour 
Mérope; s'il échappeå Tun, il doit étre immolé par Tautre. 
Cest dans Pintention de venger la mört de son fils , que la 
Reine dcmande å Poliphonte une entrevue avec Egiste. Le 
Tyran est doublement intéressé å Faccorder, puisqu'il satis- 
fait å la fois et la Reine et le peuple. Egiste parait donc devant 
sa måre , mals avantde la voif , il retrouve Ismfene, å laquelle 
il raconte ses malbeurs. Cependant Mérope arrive ; déiespé- 
rée 5 elle Taccuse d'avoir assassiné son fils ; fnrieuse , elle le 
menace , et fait briller le fer ä ses yeux, Egiste , loin d'en 
$tre allarmé , se prépare å recevoir la mört en bérDs. Son 
courage et sa magnanimité tiennent pour un instant le brås 
^e Mérope suspendu, mais enfin elle va frapper Egiste , quand 
soudain Isméne , qui ne Fa quitté qu'un instant , revient , 
accourt , se précipite entré lé fils et la mére , et sauve les. 
jours de son amant, Eperduq , Isméne s'écrie : clier Egiste! 
Pgiste ! lui dit la reine , le connaissez vous ? 

ISMEN^. 

Oui je Taime. Cest lui , je Farrachc å VQ3 coups : 
Punisscz-moi. 

» 

MEROPE. 
Qu^ntends-JQ ? o ciel ! quoi ? c^est Egiste ! . «,; 



»64 MER 

ISMENE. 

Le yoiU; Contre toii« , dans un moment si triste , 
J^ose encor le défaudrc. 

mÉROPE. 

O destins inouis ! 

ISMENE. 

Vous alliez Timmolcr. . . . 

MEROPE. 

Ah dieux ! c''ctait mon fils t 

C*est aiusi qiie le nom d'Egiste prononcé au hazard^ 
opårc la rcconnaissancc du fils ét de la mere. Mérope alois 
tombc évanouie , et ne rccouvre qu'avec peine l^usage de sa 
ralson et de ses sens. Enfin Mtrope et son iils épanchent dans 
le sein Tun de Fautre ton t ce que Famour d'une mére , la 
tcndrcsse et le respect d'uii fils ont de touchant et de pathé- 
tique. Cependant, que falt PoUdore — ? Allarmé aur le aort 
d^giste , il l'a suivi de prés , et arrive au moment oii il 
vient d^étre rendu å sa mére. Graignant qu'ils ne soient sur- 
pris par le tyran , ii les force k se scparer , et lui-méme se 
retire pour veiller au salut de son éléve 5 mais ce sage vieil- 
lard ne tärde pas å revenir auprés de liii , et le tire de la cmelle 
incertitude , dans laquelle il le trouve plongé. Gependant 
Foliphonte , fidéle au pr o jet qu'il a con9u de s'umr å Mé- 
rope , ne veut pltis ^n retarder l'instaut 5 il salt que Pqp 
conspire sa perte , mais il n'en est point intimidé , et s'a* 
ndonne aveuglément å la fortune. Quoiqu'il en soit, la 
•nduite de Mérope avec 1'étranger , qu^elle doit regarder 
I Passassin de son fils lui devient suspecte* La reine 
fc dissimuler encore ; mais il la voit bientöt changer do 
lorsqu'il vf^ frapper Egiste. Enfia il commaxide & 1^ 



snére de marcher aux autels , ou see gardes Tentrainent , el 
il doDne des ordres pour que le fils ne piiisse pas lui échap« 
per ; mais bientot Egiste est retiré de leurs mains ; il s'ariDe, 
et PoIiphoDte, frappé hu-niéme, tombe sous les coupsdu 
petit-fils d^Alcide. 

Le style de cette tragédie noiis fait regretter qu'elle n^ait 
pas été représentée 5 celle de VoUaire , sans doiite, lui est pré- 
férable, mais celle-ci n'en donne pas moins Pidée d'un talent 
d'un ordre supérieur. On y trouve partout des pensées 
nobles et élevées , et des vers propres å les faire res- 
sortir. 

MÉROPE , tragédie par Voltaire , 1748. 

L'amoiir est exclu de cette tragédie, la nature seule 
en fait la base , seule elle y triomphé. Ca sujet , cité 
"^ar Aristote , avait été traité par Euripide, dont Pou- 
vrage n'est poiut arrivé jusqu^i, nous. Voltaire a 
pTofité de la tragédie de Maffey , mais il n'a suivi le 
poete italien qu'avec précaution ; il évite les écueils 
dans lesquels a donné son guide : sa piéce est simpla 
et débarrassée d^épisodes superflues. Rien de plus terrible , 
lien de plus touchant qué la scéne oi\ Mérope est préte 
ä poignader son fils , qu^elle croit venger. L'intéréi; 
8'accroit sans cesse \ et le péril d'Egiste en est la seule 
cause. Tout est préparé sans étre prévu, et, ce qui n'est 
pas un mérite commun, la piéce ne finit qu'å la derniére 
»céne, Quelque honneur que cette tragédie alt fait 
i Voltaire , les critiques y ont trouvé beaucoup å ré- 
prendre. J^ous ne citerons que Pabbé Des Fontaines, 
dont nous emprunterons les paroles. « Qu'est-ce , dit-il, 
^ (]iie cette ^narchie d^ cjuinze ou sei^e ans , que le poetia 



s66 MER 

:» siippose ? LV'iat pourrait-il rester qiiinze on serze bb»,, 
y sans roi , sans gouvememont ? On répondra qiie la reioe 
^ Méropo gouvernait, et qiie Poliphonte était son lien* 
3» tenant-général ; mais , piiisqiie depuis qiiatre ans y eUe 
» avait des sujets si biens fondés de se défier de lui , sni- 
3B vant la Icttre de Narbas , que ne faisait-cUe périr cet 
« hommo dangeruux , commc clle le poiivait , étant revétue 
» du ponvoir souverain? Qnclqiie puissant qu'il fut , qu'cn 
9» serait-il arrivé å la reino ? Les ennemis de Polipbonte 
» aiiraient été ses partisans. Voilå une reine bien faiblo 
« et bion timide! ello savait par la méme lettre, qne 
» son fils Egiste vivait , ayant au moins seize ans ; que 
y> nu le faisait^ello donc venir immédiatenEient apres avoit 
» fait périr Poliphonte ? Egiste n'eut-il pas été aussitdt 
» rcconuu pour roi par les Messéniens ? Si la Reine 
» crojait Poliphonte soumis et fid6Ie, il est clair qne» 
9 puisqu'il était son défcnseur , et faisait tremblef 
a> tons les ennemis du tröne , elle ne devait pas balaocer 
» å chercber Egiste , mcme avant que d'avoir te^u la lettr© 
2> de Narbas, Mais, d*un autre coté, comment Poliphonte^ 
i> cet homme ambiticux, ce meurtrier du roi Cresphonte ^ 
3» cc vainqueur de tous Ics ennemis de Tétat , ne pentril 9 
3> dans Tespace de quinze ans , recueillir le fruit de sol^ 
» crime ? cela est iqoui dans Fhistoire , et absolumeDl^ 
v incroyable. Un scélérat , qui a osé tremper ' ses main^ 
a» dans le sang de son roi, devait dés-lors avoir sa partia- 
» liée; tout devait-étre applani pour son usnrpation. Voic* 
y cependant un homme qui , apres avoir assasslné soA 
» roi , et égorgé la famille royale , laisse vivre tranquil-* 
u lemcnt la reine , et la laisse en repos pendant quinze oU- 
» seize ans , apres son parricide i il est éloigné du tr6n0 
» durant cet intervalle de tcms« Mais qu*a-t-il fait durant 



MER ^67 

• ces qiunze 011 seize années ? II a chassé les brigands de 
» Pjlos et d'Amphrise : ce sont tous ses exploits. Cei 
» brigands doivent-ils rempéchér de mettre la couronne 
» sur sa tete ? Il n^y a äucuDe vraisemblance dans toute» 
|) les siippositions de l'anteiir. » 

« D'ou vient cette ciiriosité, cet empressementde la reine, 
3) pour voir un jeune homme arrélé comme coupable 
9 d'un meiirtre? Pour trouver cette curiosité dlgne d'uDe 
» reine , il faut supposer qu'elle avait résolu de s'infor- 
» X^er de tous ceux qui , désormais , tneraient quelqu^un 
9 dans la Gr^ce : ce qui est ridicule. Est*il sensé de siip- 
» poser qu'Egiste , apres s'étre défendu , et apres avoir 
» tué un injuste agresseur, s'avise de trainer son corps 
» et de le jeter dans la riviére? Pourquoi cette circonstanc« 
9 bizarre? Etait^l nécessaire de copier Tauteur Italien, 
9 qui ne Ta feinte ridiculement , que pour placer ici 
a la noble description du bmit que fait un corps pesant, 
» jette du haut d'un pont dans la riviere ? Cette action 
> de jeter ainsi un cadavre dans Teau , devait paraitro 
» dangereuse au meurtrier. Egysle avait-il eifi ce moment 
9 perdu la tete ? Une telle pensée ne viendra jamais å ua 
» homme , qui , s'étant bravemeipt défendu contre des 
» voleurs, pendant la nuit, sur Id Pont Neufy en auralt 
» tué un; cela n'est jamais arrivé et n'arrivera jamais, 
39 La siipposition heurte donc la vraisemblance , el ne peut 
j) étre justifiée. » 

*c Je ne comprends rien å cette armure que T^arbas 
» avait emportée lorsqu'il s'enfuit å Messéne , et quTEgiste, 
» apres avoir tué son ennenii, a jetée pour ij'étre point 
» connu. Quel est le vrai motif de cette action ? On na 
»le dit point. Cest que cette armure jetée , on ne sait 
9 poyrquoi , sera ram^^ssée , et servira dans la $ultei* 



a68 M É R 

X Mais Toici quelqiie cliosc de bicn plus extraordinaire; 
» La reine et Pollphontc méme, croient qiie ce jeun/ 
a* homme est le meiirlrier cUEgiste. Pourqiioi le croieot- 
D ils? Je D^en sais rieii : il iiV a pas la moiadre raison, k 
» moins qii'oD nedisc qiie c'était alors la mode de croirei 
» sans examen , toiit cc qii'ou disait au désavantage d'au« 
» trni. On était donc alors , follemcnt et méchamment 
» crédule. Mérope et Poliplioulc font ici le personnage 
31 de deux gens sans éqiiité et sans cervelle. Ila croient 
2> qiie le panvre accusé est conpable , précisémeot parce 
» qui\ est accusé sur le prétextc le plus vain et le plus 
» pueril. » 

« Il parait cxtraordinaire que Poliphonle , lo véritaUe 
a assassiu de Cresphontc , apres avoir fait son possiblOf 
» pendant quinze ans, pour étcindre dans Egiste, la race 
>» des Héraclides, devienne son protecteur, lorsqu'il II 
» connait et le tient en sa puissance , et qu'il éponaei 
D) ses veux Mérope sa mére, sans que l'amour , qui aven- 
» gle Ics plus profonds politiques, puisse lui servir d'ex- 
» ense : car il n^est point amoureux de Mérope. Cela noiu 
s) parait contraire aux premiércs lucurs du bon sens. O 
» faut que Polipbonte soit fon , pour prendre un parti si 
S) bizarre et si contraire å sa sureté, etc. 

Un perruquier gascon débutait au tbéåtre par le réb 
de Polyphonte ; il fut Inié et sifflé , comme il le méritait* 
Quand on vintponr annonccr la piece du lendemaio, lepar- 
terre demanda le debutant qui se lit prier pour parattre: nou- 
velles biiées , nouveaux sifflels , dhs qu'on Tapjjer^ut j mail 
notre homme ayant fait signe qu'il avait quelque chosei 
dirc, on se tut pour Técoiiter. Messieurs, dit-il , hier j« 
vous accommodais, aujourd^hui je vous incommode; eh 
biea! Messieurs, je vous racconimoderai demain. lie par* 



f 



MER i6g 

terre, enchanté decette saillie,y applaudit, et Facteur fu* 
soufTert tant qu'il resta dans la ville. 

En sortant de la premiére representation de cette tragédle , 
une personne entra dans le café Procope, et s'écria : « Ea 
» vérité, Voltaire est le roi des poetes. » L'abbé Pellegrin, 
qui était dans le café, se leva brusqiiement, et, d'un aic 
piqné , lui répondit : « Eh ! qui suis-je donc , moi ? » 
« Vous !. . . voiis en étes le Doyen » , lui répliqua le bel 
•sprit. 

Mlle. Dumesnil remplissait , dans cette piéce , le role 
principal ; elle y déploya un si beau talent, qiie Fontenelle 
dit, av-ec son air doucereux : « Les representations de 
» Mérope ont fait beancoup d'honne«r å Voltaire, et Tim- 
» pression , å Mlle. Dumesnil. :» On Fy vit traverser rapi- 
dement la scene, et voler au secours d'Egiste, en s'écriant : 
Arréte. * . c'est ipon fils \ Avant elle, on ne croyait pas qu'il 
filt permis de courir sur la sceAte dans une. tragédie- Oa 
Voulait que, dans tontes les situations, et dans toutes les 
circonsjances , les pas de Tacteur fussent mesurés et cadencés* 

Voici un fragment d*une plåce de vers qui lui fut adressée 
sur son rr]f de Mérope. • 

Par toi, la jalouse Roxané 

Noiis a falt Iremblcr niille foIS ; 
A la fureur de Phédre , aux plaintes d^Ariane , 

-Quelie autre eÄt mieux prélé sa voix ? 
Tes yeux savent verser les pleurs de Cornélie , 
Et lancer sur Joas les reg'irdstd'Aihalie. 

Oui , chSre Dumesnil , c'est toi 

Qui , sans färd et sans i m posture , ^ 

Sais si bien peindre la noture. 
Tu remplis tous nos sens de tendresse et dWfroi j 

Par ces pleurs , par un sort si triste , 
Mérope , pour son fils , a su nous alainier ; 



I 

* 



ST» "mer 

Eh ) qui poiirrail ut point diiuer 
La vcuvc de Cr sphonte et la inére d'Egiste ? 
Dnmcsnil , appriMuIs-inoi ce secrct fii vante , 
Jjc taicnt scducteur dVmouvoir et do plaire ; 
Sans tes divins taleus , Ajiollon cåt doutc 
QuVn put pre ter cncor des cbarines å Voltaire. 

Paulin filt chargc du rolc de Foliphonte daDS Mérope» A 
cette occasion , qnclqirun demanda å Voltaire , pourquoi il 
donnait 1c role d\isurpatciir å ce jeune homme , qui venait 
de jouer, avec peu do succés, le role de Rhadamiste* Cest^ 
lui répondit-il, un tyran que j^éléve k la brocheite. 

MERVEILLEUX , tcrmc consacré å la poésie épiquei 
par Icquel on enteud certaiiies fictions hardies , mais toute-" 
fois vraiscmblabics , qui , étant hors du cercle des idéei 
commniics étonnent Tcsprit. Tcllc est l'intervcDtion da 
Divinites du pnganisme dans les poemcs dlloroéi-e et de 
Virgile : tcls sont Ics étres métaphysiques pcrsonmfiés 
dans les écrits des mödernes , comme la Discorde , TA-* 
niour 5 le Fanatisnic , etc. Ccst ce qu'on appclie autrement 
Machines. ( P^oyez Machines. ) 

Le Merveilleux, qui consiste dans les personuages allé-* 
gorlqucs, est entiercmcnt interditå la tragédie sérieuse , et, i 
plus fortes raisons, a la comédie ; il u^a plus lieu qu'å TOpéraJ 
c c nV*sL qu'a ce théåtrc que les Divinites fabuleuses sont Sid- 
niiscs. ] 1 ne nous reste que les apparitions des révenans et des 
esprits : pourquoi , dit Voltaire, ne nous servirions-nous pas 
de CCS ressources surnaturelles , si elles peuvent faire no 
lirand ollbt ? la religion ellc-méme a consacré ces coup* 
i»\traordinaircs de la Providence. Il n'est donc point ri- 
iliculo de s'cn scrvir. Mais il ne faut cniployer ces har* 
»li.^sscs , (jiio qunr^d cllcs servent å jeter plus d'intérit 



MES tyt 

tet plus de tcrreiir dans raction. Si le Doeiid d'un pötmö 
tragique , continiie le roéme auteiir , est lellement ,enl- 
brouilié qu'on ne puisse se tirer d'embarras , qiie par 1ä 
lecours d'iin prodige , le spectateur sent la gene oå l'au- 
teur s'est mis , et la faiblesse de sa ressouroe. Mais 
je suppose que Tautéur d'une tragédie , se fut proposé 
pour but d'avertir les hommes , que Dieu punit quel- 
quefois de grands crimes par des voix extraordinaires ; 
\e suppose que sa piéce fut conduite avec un tel art , 
que le spéctateur attendit å tout mooient Fombre ,d'ua 
Prince asssiné , qul demande vengeance , sans que cette 
Bm)aritioh fut une ressource absolument nécessaire å 
tine iiilrigue embarrassée ; je dis qu'alors ce prodige, bieit 
tténagé , ferait un trés-grand effet en toute langue , en 
tout pays et en tout lieii. Tel est Tartifice qui régne 
dans Sémiramis; töl est celui qui régne dans le Festin d$^ 
Pierre» Qu'on. ne dise pas que les exemples si rares et 
si extraordinaires ne sont d^aucune instructioa pour le 
commun des hoitimes. La moralité qui en résulte est 
töujours trés-utile et trés-frappante ; c*est d'appreridre aux 
Humains , que les grands crimes sont quelqucfois punis 
extraordinairement. 

MESMES ( Jean-Piérre) , nous a donné la traductlon 
d'i^ne piéce de TArioste , intitulée : Les Supposésk 

MESSINE (COLLET de) , a donné aux Italiens en 1773 
ftnecomédie en deux actes, en vers, mélée d*ariettes, intitulée 
Sara , ou la Fermiére Ecossaise, 

MÉTAMORPHOSE AMOUREUSE (la) , comédie eft 
Uti acte 5 en prose , par Leg^and, au théåtre Franrais, I712. 



s 



.yt M É T 

Lcs bons mo(s de Crispm , et le comiqiie avec lequd 
Valöre soutient le rolc de fcmme de chambre de sa 
nalfresse , et Fasqiiin cclni de nourrice , font excusetf 
le défaiit de vraiscmhiance qiii doit so trouver nécessairemeDt 
dans ces dciix personnages de la Métamorphose ^moureusCf 
jtlhce boiiflbniie , comme le sont la plupart de celles å$ 
Legrand» 

MÉTAMORPHOSE SUPPOSÉE (la) , comédie en UB 
acte , en vers, par un anonyme , aux Italiens , lySS* 

Une jenne fiUe , intlmidée par sa gouvemante , aime et 
n^ose Tavoner. Un jardinier conseille a son amant de se £l* 
clier , vient annonrcr sa mört , et persuade å la jeune iiH 
Docente qn'il a été rhangé en fleur. Gette fleur est un oelllet; 
Ic jardinier le cneille , et le lui préscnte , en hii disant qu9 
on amant ne sera rendu u la vie , qiie lorsqti^elle aura pro* 
noncé : jaime Almanzor. EUe est charmée de Tceillet; elb 
en rcspire l'odenr ^ en admire la beauté, se laisse attendnr^ 
et prononce enfin les möts qui doivent fiuir la métamorplioseé 
Almanzor parait , et ils sont unis. 

MÉTAMORPHOSES (les) , comödie en quatre actcs, 
en prose, avec quatre intennedes, par Saint-Foix, aux 
Italiens , X74«3. 

Zermés , fils du génie Zulphin , et Elori^e , fille delafed 
Galantine , étaicnt délenus dans une esp^ce de prison , psi 
ordre de leurs parens. Zerraes s'échappe , apper^oit Horisa 
k une fenétre , et en devient amourenx. Un Génie, oncle OB 
Elorise , favorise cet amour , et protegé lcs jeunes amans* 
Ce sont les effets de cette protection , et ceux de la vengeance 
de Ziilpliin et de Galantine , qui fournissent le fonds decetta 
comédie ; mais lcs scénes plaisantcs , les lazzis entré les ac- 



K 



ears eomi^ues , les danaes , le chant « les ma^ines en cti^ 
actérisenf la fonne» L'auteur a beaucoup sacrifié h l'agré-« 
nent du spectacle; mais il avoue s'étre moins propos^4'oQ|i 
iiper l'«sprit , que de flatter les yeux. 

On fit exéc liter aiix Italiens , avec le plus grand succés , lut 
eu d'artifice nommé les Métamorphoses* Fendant l'exécutioa 
le ce feu , la premiére fois qu'il fut donné au public , 
)n vit tomber differens couplets , sur plusieurs airs da 
raudevrlles connus , qui partaient de l'ouverture ovale du 
:elntre , au-dessus du parterre. Ces couplets étaient impriosea 
sur de petits carrés de papier séparés ; ils faisaient allusion 
aux feux d'artifice en general , et avaient été compqsés pac 
Pannard et Galet , auxquels on eut Tobligation de cette idée^ 
iogénieuse. 
Cet usage de jeter des couplets au public ^ se conserva 

pendantquelque tems ; souvent méme , le couplet parais-* 
aait fait pour un ac^eur, dont il portait le nom* Pannard^' 
qui se chargeait volontiers de les faire , ayant un jour 

oublié d'en composar un pour Riccoboni fils , cet acteuc^ 

»en vengea par Fimpromptu suivant , qu'il fit dans Is 

%er. 

Antrefoisy de vos cliansonnetles 
Le Public s'*amusait un peu ; 
» Maintcnant , ccUes que voiis faites , 

Ne sont bonnes que pour le feii. 

METAPHORE , la Métaphore est une figure par laquelk 
<}n transporle , pour ainsi dire , la signification propre d'un 
^om, å une autre signification qui ne lui convient qu'en 
Vertu d*une comparaison qui est dans Tesprit. Un mot, pris 
Jans un sens métaphorique , perd sa signification propre , et 
5n prend une nouvellej qui ne se préseote a Fesprit^ que pac 

Torne Vl^ S 



174 M É T 

la comparaison que Ton fait entré le sens propre åe ce motf 
et la chnse conr.paiee. Far e\emple , qnand on dit qiie lo 
tnQit**'"^^ «;p pare son ven t desconleiir» de la ve ritt ; dansrelta 
ph^-a-r, le mot de couieurs . na plus sa ^i<;iiiii( ation propra 
et priiTji!i»'e; ii ne marqne pins coJte Iiimiére mculiliire ,qiu 
noii- fuit voir les ohjets oti blanrs , oii ronges , oti jaiines« 
etc... Il si^nitii; le» dchors , les appare ices , et relä par 
comparaison entré le sens propre de couieurs , et le dehors 
que prend un homme qui nous eaimpose sous le masque dt 
la siiirerité* 

La tragerlie admct les Métapborcs, mals elle re)elte les rom- 
paraisoDs : pourquui ? Parre que la Metap1io.*e , quaod elb 
est uaturellc, appa.ticnt åla passion. et qne les com}>arat sons 
xi'a|;pa' tiennent qnVi res| rit. Uneseule Metaphore se presentf 
tiatu^ellemeiit å un esp>'it rempli de son objet ; mais deux 
ou trois Métaphores accumulees sentent le rbéteiir. G*est 
une i^^\e de la saine éloqnenre, qu*une seulc MetapboreroiH 
vient k la passion ; et que toule Metaphore qui ne FormepoiDt 
une image vraie et sensible , est mauvaiso : cette rigb 
Bc souiT.e point d*e/.ception. 

MÉTASTÅSE ( Pierre Trapassi ) , né å Asais0 en 
1698. 

Doué dNia esprit profond , d'une imagination vive et &* 
conde , Metastase possédait tout cc qu\»D peut recevoir de h 
nature. Dés 1 å^e de douze ans, il entra dans la maison da 
céiåhre Gravina; ce savant, qui voyait le clinquant, laboiH 
daLice sterile, les brillantes folies des poeles itatiens, fit Toirk / 
Metastase que la véritable source d'uu goul pnr, se trouvait 
dans les au:eurs grecs. Le jeiine disciple saisit cetté idéei , 
' ttp|H'oroDdit les priDcipes de ces Foctes , et se forma sur rei 

, d«flt il ne 8'écarta jajnaid. A l'&ge de viii{t^ciBB| \ 



i 



tas , Métastase partit ponr Vienne , o& il composa son* 
Ri^lus el la Clemence de Titus\ Pénétré de c,e précepto- 
i'H<Mrace : 

Scribendiy recte sapere, est et principium et fons* 

Il étudla la philosöpbie, et ne traita jamais un sujet^ 
iu'aprés s'eD étre rendu maltre : 

Omne supelr vacuum pleno de pectore manat, 

t%i une observation dont il a senti la jiistbsse ; et il å écrit 
avec aiitarit de rapidité que de precision. 

Il n'a pas raoins suivi le précepte de Boileau qiie ceu» 

tfHorace; et jamais ii ne s*écarta de ces grands principes t 

• 

Tout doit tcndrc au bon sens , 

Rien n'^est beau que le Yi'ai ; le yrai seul. est aimable. 

Geux qul ontcomposé de la mu.iique sur ses vers^ et ceux- 
qui les chantent et les réciteut , sonl pliis en état que pfer- 
^Qune de jtiger de lliar^ionie de 3a poésie. Au reste , nouai. 
n^hésitons pas k dire que jamais aticun Italien n'a excellé^. 
comme lui , ä émou voir et a intéresser son lecteur. Métastaso 
8'éleva ji^squ^au sublime; il ii'aquit tendre, et Pon peut dire^ 
sans fajre tort å aucuue nation , que peu de poetea ont åussi 
vivement peintles passioMs tendr^ et mieuxréussi k attendiir 
h ccBur. 

MÉTEMiPSYCÖSE ( la ) ,. comédife en trois äctei ^ 
et en vers librcs , de scénes épisodiques , par IT^n » au , 
tiié&tre Fran^ais , lySa. 

Gette comédie étai.t préc|<Jé(B d'un prologue di* méme 
^uteur : elle fut mal rre^ue dvi public > et , d^s la. ^egond^ 
tepréspntation , elle fut réduitQ å Un acte, et se tralna, dan$i 
^i état , jusqu'å sjx i:epxéseöt^tions« Co.i^mje ce. »'<^. 

i % 



»^6 ittf 

taient qiie des srencA épifiodiqiics , Ton ne fut pas atu^ 
surpris de la promptitiide avcc laqiielle cette prétCDdao 
comédie ftit rcmi.se en 11 ii acte , que de l'étoonantc pré« 
tentioii de l'aiiteiir , qiii sVtait Hatte d'amuser le pnUic 
pendant trois actcs , avec des scénes détachées* Gs 
genre de pidccs ne comporte qii'un acte , encore faut-il 
qn'il soit tr^s-roiirt. Laiioiie avait donné å l'auteur un 
bon ronseil , dont ce dcrnier ne proiita pas. II voulait 
qiron ne junåt la piéce qn'en un acte, d'abord; et qu'a- 
prås les denx ou trois preniiéres representations , on fit filer 
surcessivement tontes les scénes des trois actes , en subs- 
tituiint k celles que l'on oterait, les nouveiles que Poa aiirait 
données. 

MÉTEMPSYCOSE ( la ) , comédie en un acte , par M. 
Vréderic Bourgnignon , au Vaudeville , i8o5. 

Aurore , veuve d'Adolphe , lui a juré de nWoir pai 
d^autre epoux ; et le ruisseau j qui arrose la prairie , amt 
chai)gé son cours , avant qu'elle devienne parjure. Ce n'eit 
pas touterois unc au tre Matrdne tTEphése , elle sait trop 
que les vives doulenrs sont les plus courtes ; c'est O 
éga\aiit son venvage , qu'eUe en garantit la durée»^ 

Son dcuil est d'ailleurs radouci par sa foi k la Métem- 
psvcose ; eile se Hatte que son Adolphe revit pour^De 
dans les fleurs qni ornent son parterre , dans tons kt 
obiets qu^ils ont aimé ensemble. Parmi les amans qni 
c^saient *de la rcndre sensible , il en est deux qui sembknC 
également voisins du succés ; Tun est Charles , qui filt 
Fanii d^Adolphe, qu'elle-niéme estime , mais qu'el)e évitv» 
Tan tre est Dorval , son cousin , aimable étourdi , qui Fac* 
compagne ^ans cosse aux bals , aux spectacles , dans toutesses 
paities de plaisirs. Elle dit k Charles qu'il lui rctrace Tépovt 



M E T Ä77 

au'elie a tant aimé ; mes espérances sont plus belles- y 
dit- Dorval ; car , moi , je lui fais oublier cet épuux qite 
tu lui rappelies*. 

Cependänt Charles trotive Toccasion d'un téte-å tete ^ 
que redoiitait Aurore. Craindrais - je tant si yous ttiez 
hai? lui dit la jeune veuve ; ce mot lui rend té^conrage. 
H ne s'agit plus que de tromper Aurore , avec son sys- 
téme de la Métempsycose , en lui persuadant que råme 
d'Adolphe a p-issé dans le corps dfe Charles. CVst d'A- 
dotphe-méme qu'elle croit recevoir Tordre d'épouser cet 
iDtime ami ; elle n'est volage que par excés de fidélité* 
Cependant , par un prodige qui achéve de 1'acqultter de 
ses sermens , le ruisseau vient de changer son cours , grace 
«ujardinier, espéce de Gregoire , grand enmjmi de cette 
fontaine, oi\ toujours o/i daptisait son vin. Pémme qui 
aime est volontiers complice de Tåmant qui crbit Ta 
tromper ; c'est Texcuse d' Aurore ;. c'est aussi celle du- 
dénouement , qu'on a pu trou.ver un peu brusque., Qu'estr- 
ce , au surplus , que Tintrigue d'ua vaudeville en un acte ? 
Presque rien. La faiblesse de Faction se rachéjte , par le 
charme des détails , pat la grace de couplets f^ciles et 
Bpirituels. 

Au reste, celui-ci fut fävorablement accueilU.du public» , 

MÉTEMPSYCOSE BtlARLEQUIN (la),, coroédie itar 
Genne en un acte , par Riccoboni, pére , ayec des scénes fran- 
^aises, par Dorainique , suivie d'uo divertissement , au 
tbéåtre Italien ^ 1718. 

Egau-rée par la lecture des Romans , Flaminia , réfuvse d'é*- 
(puaec Mario , parce qu'elle veut rester fidelU ä la mémoirär 



MjS M E T 

d^AdoDis , doni clle a lu la fuble. Comme clle est vnrff 
ment persuadéc du systemc de F} thagore , ellc ne donte 
])oii)t que råme d^Adonis oe soit passée daqs le corps de 
quelque chasvseur ; et elle ne veiit plus fuire son occupatioB 
que de la chasse , dans Tespérance de le renconlcer. Pån- 
lalon et Mario , désespérés de celtc raanie, ont rocounl ^ 
Scapln , qui 8'avisc de presenter , k ITlaminia , Arlequm 
déguisé en chasseur ; il persuade å cette extravaganta qoD 
Fcsprit d*Adonis a passé dans le corps d'Arlequin, parcd qitV 
espere que sa dinbrmité guérira Flaminia de sonidée ridicnle; 
mais clles'y attaché de plus eu plus. Scapin, voyant cetle dou- 
velle lubie^la tourne å son avantage, et persaade å Slamiiiift 
qiLie Mars , sensible aux priéres de Mario , vient de métuniXh. 
phoscr Arlequin , et que Fåme d^Adonis passera dans le corpi 
du premier enfant qui naitra de !f laminia et de Mario 5 ce qui 
ye manque pas de déterminer cette foUe k répouser» 



I 



MÉTEMPSYCOSE DES AMOURS (la), ou I|i 
DiEUz CoMÉDiENS 5 comédie en trpis actes , en ven libiMi 
avec un prologue et desjntcrniédes,par d'Ancourtj niaii^ 
de Mouret , aux Fran^ais , 1717. . 

Jupiter , irrité de ce que la bergére Cprine ose llii pr^GiiV ] 
le bcrger Philéne , se venge de cct affront sur la troupe'4* ■ 
Amours. Il les condamne tons , excepté Icur ainé , k snbit 
le joug des Parques. Voilå cc que Tauteur intitule la M^. 
fempsycose des Amours , piéce estimable k plusieurs égizdsi 
et qu'il fcint mémc de rcgarder comme sa meillesre, j 

Les Comédicns furent les premiers k la décrier å cijiii** 
deleur mésintelligence avec l'AuteuC, leur cam^räde; iDW* ' 
^Is n'eurent pas de peine k y réiissir. 

MÉTOITfMIE- liC mot de Métonymie, signifie tijuispa? 



M E T »79 

sition , ou cliangement de nom > ua nom pour un autre ; It 
iigne pour la chose sigiiifife : ' 

Dans ma viei!le»se langi^issante , 
Le sceptre que je liens 9'pv>se k ma main trémblante. 

le sceptre est le signe de Tempire , de la Royautét 
jLe vainqueur de l'£upbrate , pour Alexandre. 

MÉTROMANIE (la) , ou Le Poete Comédten , co- 
.médie eu ciiiq actes, en vers, par Firou, aux Fran^ais^ 
.1738. 

Cette pi^ce noiis a paru judicieusement caractérisée par 
ee vers de la Dunciad^ : 

Chef-d' oeovre oå Part s^approche du génie. 

En effet, on ne sanrait trop admir^r Uart avec lequel 
Vauteur a su combiner son snjet, de maniére å le ren- 
dre intéressant pendant cinq actes. Quelque familier que 
4'on soit avec cette comédie , on est , pour ainsi diré , 
%)u jours étonn(^ de la voir faite. Ce sujet semblalt donner 
fl pen de matiére , qu^on a pelne k concevoir , méme en 
lisant Touvrage , comment Tauteur a pu trouver dans 
åpn esprit assez de ressource pour le finir. Si Piron n'eut 
''fittaqué dans sa piéce que cette manie des vers, qui ^ 
Ii'étant appiiyée d^aucun taleut, n'est véritabiement qu'une 
manie , il eut sans doute trouvé dans ce délire , trop 
commnn , un objet réetlenaeut comiqne* Tel est, par-exem- 
j>Ie , dans cette méme piéce , le personnage ridicule de 
1'rancaleu. Mais un poete , tel que M. de L'Empirée , 
qui n'a d'un peu outré , si Ton vent , que l'entlioasiasme 
de son art, å qui Fen donne d'ailleur8 mille qnalités 
siiRables , de la grandeur d'élme et Ues^ v^xt^s y ne. uqu$ 



j 



28o M É T 

parait point un personnage de comédle* LWteur, imtnnt 
par sa propre ezpérieDce , a voulu prouver , sans donte, 
que le tolent des vers conduisait rarement å la fortiine* Getto 
vérité , dont le mécontentement des poetes a fait un dogme 
trés-décourageant , n'est pas cependant sans ejception : 3 
est t^l siécle de gloire , 0(1 Tärt des vers ne fut pas infruof 
tueux. On ne saurait , sans contredit , trop efirayer par b 
tableau du ridicule et de la misére , cenx qui , prenai^ 
un vain délire ponr un talent réel, n'ont en efliet qneta 
miserable manic de rimer pour rinner; mais on est fll^ 
ché de voir un vrai poete, tel que Piron, représeDter 
sur la scéne un bomme d'un vrai talent , trSs-estimable 
d'ailleurs9 en buttc å tous los traits de la maligoité, lt 
voisin des plus grands malheurs , tandis que, dana la piéce, 
iFrancaleu , qui est le vrai Métromane , c'est-å-dire , qai 
n'a que de la manie, sans talent^ jouit d'une fortune 
considérable, etn'est exposé å aucun des ridicules quidoi?eBt 
résulter de son délire. 

Toutes ces reflexions servent å nous persuader de phft 
en plus , que Tauteur dn Misantrope et da Tartl^ 9 
qui avait le noble entbousiasme de son art,* et la con- 
naissancc la plus approfondie des convenances tbéåtrales^ 
n'0itit point choisi le sujet de la Métromanie, ou du méM. 
qu'il ne l'eut pas traité comme Piron. Cependant, qtji 
de beautés , que de finesscs , que de traits saillans dans 

■ 

sa piéce ! combien d'attitudes , de surprises beureusement 
ménagécs pour le tbéåtre ! quelle profusion de talent et 
d^csprit ! que d'art , en un mot , dans toute hi condnib) 
de cette singuliére comédie ! elle a passé å la postérité 9 
qui cut pcrdu beaucoup h. ne la point connaitre : cepeo* 
dant , et c'est ce qui la place au - dessous des chcfc- 
xrocuvre de génie , des cheft - d'oeuvre de Moli&ro % 



pmit-éire un peu trop fondée sur des anecdotes , sur des 
allusions ,' sur des usages du tems , et dénuée de ces 
grands traits pulsés dans les caractéres invarlables de la 
nature , elle perdra de son sel en vieillissant. Dans la 
provlnce , elle fit toujours une impression moins seo-^ 
iible que dans la capita! é 5 parce qu^elle y aurait ^ 
pour ainsi dire , besoin d'un commentaire ^ tandis qua 
les beautés måles du Misantrope , du lartuffe et de 
Vjivare , seront senties tant qu'il y aura des hommes* 
Ajoutons qu'il existera toujours des hypocrltes, des mé- 
cbans , des faux pbilosophes et dVutres grands caractferes 
dignes de la comédie; au lieu qu'on ne voit que fort rarement 
une folie bizarre , telle que celle de' Francaleu , qui se falt 
une occupation sérieuse de joucr la comédie , dans sa 
maison , au point d'y forcer les premiers venus å se char^ 
ger des roles vacans, qui se passionne avec fureur, dans 
sa vieillesse, pour la poésie, et qui. s'avise de faire in- 
«érer dans les papiers publics de mauvais vers, sous le 
liom d'une fem me , pour se procurer plus surement des 
admirat^urs. Voici l'anecdote sur laquelie cette piéce est 
fondée. 

En 1780 5 Desforges-Maillard composa une pifece de vers 
pour le prix de poésie de TAcadépiie Fran^aise, ,dont le sujet 
était : Les Protes de V Art de la Navigation soiis /« 
T^gne de Louis XI p^. Sa piece ne fut point couronnée, 
et, dés-lors, ii crut devoir en appeler. Il envoya du Croisic, 
petite ville de Bretagne , oCi il fit presque toujours sa rési— 
dence, son poéme au chevalier de LaRoquc, qui rédigeait 
alors le Mercure de France. Un parent de Tauteur pré- 
senta trés-bumblement Touvrage å La Roque. Celui-ci le 
refusa , allégant pour toute raison qu'il ne voulait pas se 
brouiller avec Messietirs de PAcadéihie Fran^aise» I^ 



»8s M é T 

parent inrista; T^a Roqne so ftrlii et )ettft le pöAoMi 
an fen , cti protestant , Cii inraut mdme , qn*n H^nH 
pi-Miieriiit jamais ricn de l<i fH^on de Desforg0v-flIai- 
lofl. Ce dei-nier en Tut i iro.-isolablv;. Entiéemeat occnpé 
de ce dé astre å Bredcrac , sur les bords de la mer | 
pe'!f«^ in li.iun do campa^'ie , do h)']iiere dépend na0 
T^i^ 10 qtii se nomino Mulcrws , il liii visit daus Te»* a 
p. it le forcer riuflexible La Roqiie å riinpri^ner , malgré - 
s^Hi scrmciit* W se feminisa sons le nom de midemoiselb 
Mit^^rai^t de Li Vigne; et fit part do son idée å uoe femmo 
d'e4piit de ses amies,qui la tron va charmante, et qiii sechar- 
gea d'étre son secrétaire. Gette Damo transcrivit plnsienrs 
piér-es de vers qn*on fit parvenir å La Roqiie , qiii efa fitt 
enchanté; il se prit méme de belle passion pour la Minerve da 
Croisic , et s*emanripa dans nne de ses lettres , )usqii*å 
dire : Je vous aitne , ma chére Brétonne; pctrdonneh^mion 
ce' avfu ; maU I**, mot est låché! Au reste , il ne fut pas seul h 
dupe de cette comédie ; mademoivSelle Malcrais de vint Ii 
dixléine Muse , la Sapho, la Deshouliéres de notre Fi^ 
nasse franrnis. Il ny cut pas de poete qui ne lui rendit 
aes hommages, par le minlstére commode du Afercu/Vyflt 
Ton (erait un volnme de tons les vers composés k sa louang»^ 
On connait ceux de Voltaire ; DL>stour.hes fnt uu de^aei 
rivaux, et fitaussi sa déclaration d^amour å- mademoiielb 
Malcrais. 

L'étonnement de ces beanx-esprits est aisé å cönceyoir» 
quanii Desforges vint k Paris se montrer k tous ses 
soupirans ; ils dégniséi^ent leur dépit et tåchérent de xiiA 
de cette mascarade singniiére. 

En i'^5i , lin E'ilrepre leur aymt fait joner la Mé^ ^ 
pomanie sur le tbt åtre de Toulouse , le premier Capi- 
toul en fut excossivement choqué« Ge Mogtstri^t fit veiUC 



\ 



■■■■■"t 



M É T *83 

inonsianr 1'EQtrepreDeiir 9 le mena^a de toute sa colére^ 
et finit par lui demaDder quel était Tauteiir de cette 
comédie ? Ce^t Piron , lui répond FEntrepreneur. — Faites-r 
le moi venir demain. — Monseigneur , il est å Patis. — ? 
filen lui en prend , mais je vous défends de donner sa 
piéce. T&chez , monsieur le drole, de faire un meilleur 
choix. La derniére fois vous jouiez Vävare , comédie de 
mauvais exemple y dans laquelle un fils vole son p^re, 
Dequl est cet Avare? ^T* de Moliére, Monseigneur •— Éh ! 
est-il ici ce Moliére ? je lui apprendrais å avoir de» 
moeurs , etå les respecter. Est-il ici? Non , Monseigneur^ 
il y a soixante-quatorze ou quinze ans qiril est mört. — ? 
Tantfnieux. Mais, mon petit monsieur , choisissez mieux 
ks comédies que vous jouez ici. Ne sauriez-vous re- 
presen ter des piéces d'auteurs obscurs ? plus de Mo- 
liére , ni ÅG Piron , s'il vous plalt. Tåchez de nous 
donner des comédies que tout le monde connaisse ! L'en-9 
trepreneur, soutenu de toute la ville, et ne voulant pas obéir 
k M* le Capitoul , présenta requéte au Parlen^ent , qui 
prdonna, par arrét , que la Métromanie serait représentée 
Qonobstant et malgré Topposition de MM* les CapitouU? 
^lle fut donc reprise , donna beaucoup d'argent å Ven^ 
trepreneur, et de grands ridicules aux Capitouls. Cétaienf; 
des battemens de pieds et de ipains qui ne finissaiept point. 
^ ces passages-ci : 

» Monsieur Ic Capitoul , vous avcz des vertigés. 

* • t ,.,..,... y 

V Apprenez qu'une Pi(;ce d'éclat 

u Eanöblit biefi autant qué le Capitouiat ; 

et dans quelques autres endroits qui faisaient épigrammei 
^^ns cfitte cirpons^ance. Le fonds de cette anecdote es^ 



iS4 M E n 

tr|s-vrai , tels que la défense des Capitonls , et I'irr8( dt 
JPaHement qiii défend la défense. L'on a peut-étre, d*ail- 
leurs, UQ peu brodé cette hisloriette. 

MEUNIER , auteur dramatiqiie , né ä Paris, est mört 
vers Fannée lySS 5 on a de lui la comédie des JLun^ttt 
Mof^queSm 

MEUNIERE DE QUALITÉ (la), opéra-comique en iu 
acte , avec un divertissement et un vaudeville, par Drouioi 
åla foire St.-Laurent, 174*. 

Valére, amant de Colette, iille d'une Meunlére, setravestit 
en meunier avec son valet Fasquin ; et , sous le nom fc 
Colinet , se préscnte å la Meuniére qui le prend å son 
service. Dés le moment qu'il se trouvc seul avec Colette^ 
il lui fait sa déclaration amoureuse , et la termine en lui 
proposant de Teulever ; mais Colette n'y veut point COQ- 
sentir. Sur ces entrefaites , le Magister du village , amant ^. 
la Meuniére , vient , sans fa^on , s'offrir pour ('épouser $ M 
pour que tout le monde soit dans la joie , il lui conseiilb 
de marier Colelte avec Colioet , et Mathurine , niécedelft 
Meuniére , avec Charlot ; c'est ie nom que Fasquin a pris ea 
60 déguisant. La Meuniére consent å tout ce que Ton vent^ 
xnais , tandis qu'on se prépare å célébrer ces trois flDft* 
riages, le hazard de la chasse conduit dans ce lieu le Ifiir- 
quis , pére de Valére. On peu t juger de la surprise de ce de^^ 
xiier; mais le Marquis est encore plus étonné , en voyant son 
fils, prét a épouser une petite paysanne. Il menace beaucoap 
Valére et Colette qui låchent de Pappaiser par leura supplica- 
tious. Enfiu le Magister préscnte un papier , par lequel k 
Marquis reconuait que Colette est fille du vieux Damis, b 



M É Z 2»^ 

meilleur de ses amis. Le dénouement n'est pas difficile k 
imaginer. Le Marquis ne s'oppose plus å la passion de soa 
fils 5 et la piéce iinit par les trols maiiages. 

MÉZERAI (Mlle.) , acirice du théåtre Fran5ais, x8ro. 

£lle a débuté avec tous les avantages qui pouvaient lui 
cbncilier la faveur du public. Comment ne pas se prévenir 
pour une actrice qui joint , å une jolie figure , å une taille 
elegante , å un jnalntien noble , å un organe agréable , de 
1'esprit , de la fincsse , de 1'aisance , des graces et une dic- 
tion purc? Malgré ces brillantes qualités , on s^apergut pour- 
tant que Mlle. Mézerai manquait de scnsibilité et de cha-* 
IcuF daps les roles d'amoureuses y dont elle était d'abord 
cliargée. Aujourd'hui qu'elle joue les grandes coqueltes, on 
ne peut plus guöres luireprocher qu\in défautd'abandon trop 
sensible ; mals on sent que son air de dédain , la vivacité de 
ses reparties , peu convenables å son premier emploi , sont 
parfaitement en barmonie avec celui qu'elle rem plit au jour- 
dllui. Le tems a effacé quelques-uns de ses cbarmes séduc- 
tenrs ; il a doublé Féclat de sön talent , en le pla^ant dans 
un cadre plus favorable. Mais pourquoi cette actrice ne 
parait-elle que de loin en loin ? Est-ce paresse de sa part f 
Est-ce malveillance de la part de ses camaradqs? Ce sont de» 
questions délicates ^ qu'jl ne nous appartient pas de résoudre* 

ME Z ET IN , nom d'im personnage de Pancienne 
comédie italienne. Il fut in vente en 1680 , par Angelo 
Constantini , qui avait été appellé poiv doubler le fameux 
Dominique dans le role d^Arlequin. Comme il était 
soirvent oisif , et que le role de Scapin manqUait, U 
«n prit Temploi et le caractére ; mais il en cbangea Thabit, 
qu'il composa d'apres l«s dessins de Calot , d'un bonnpt , 



i86 tiii 

d'iine fraifle , d'iine petite veste , d'une culolte y et d-un maiÅ 
teau d'éto(!c rajée de difFéreotes coiileurs. 

MÉZETIN , GRAND SOPHI DE PERSE , comédie 
en trnis arlcs , mélée de vers et de prosc , par de Losmé 
de Montrhenay , å 1'ancicn tliéåtre Italien, léÖQ. 

11 ii'y avait point d'Ar1eqiiin dans cette piéce , å cause dé 
la mört de Dominiqne, dont la méitioire était trop récentey 
et le talent trop supérleiir , pour qu'on osat sitot le rem^ 
placcr. On y snppléa par le role de Mézetin. 

Mézetin , ancien acteur de la Comédie-Italienne , ^yanl 

fait une comédie, eu fit la dédicace au dnc de SaiDt-Aigoan i 

quirécompensait génércusementles auteiirsqhi hii adressaienl^ 

leurs ouvrages. L^acteur , dans le desscin de recevoir la lé^ 

compense qii'il atteadait , alla un matin chéz le Diic ; maii 

le Suisse se doutant de ce dont il était questiou , ue voulut fai 

le laisser entrer. Scaramoiirhe ^ pour le toucher , lui promit 

le tiers de la récompense qu'il recevrait; et, au moyen åB 

trcttc promesse , il entra dans la cour 5 il s'adressa énsuW 

au premier laqiiais du Duc ^ qui parut aussi intéressé qué 

le Suisse. Scaramouclie lui promit encore un tiers de sa fii* 

tnre récompense : enfin^ étant introduit dans räppartement» 

il eut encore en tete le valet de chambre , qui lui dit tpé 

Mon^eigneur ne parlait å personne. Pour le fléchir , ScarS' 

moucfie promit le dernier tiers du present , en sorte qu'il 

ne lui restait plus rien. Aussitot qu'il apper^ut M« de Saint- 

Aignan , il lui dit : Monscigneur ^ voici une piéce de théåtré 

que je prends la liberté de vous dédier , et pour laqtlelle ]é. 

vous siipplie de me^fairc donner cent coups de båton. Cetto 

dem ande parut singuliere 5 et le Duc voulut savoir cé qao 

cela voulait dire? Scaramoucbe lui expliqua ce qui venait de sd 

passer. Alors M. de Saint-Aignan envoy a cberch^l 3pn stiifsei 



Mfttaqtiais et son valet de rhambre , a qul il fit iTne sévferd 
réprimande : et , afio qirils n^eiissent rien , et qiie Scara- 
moiuhe ne matiqnåt pas å sa parole, ilenvoya cent iouis å 
la femme de ret arteiir , comme un present personnel qu'!! 
kli faisait. SraruD)Ouche n'a}ant rien re^ii, fut quitte de ce 
qu'il avait ptoQUs* ^ 

MICHFX (Jean) , a donné en 1490 des Mystkres sur la 
PaS6ii>n, la Hi ^untcticn el la P e^geance de la Mört de J, C*f 
€t uue Iblieåbiiif jeisonnages, Lts uns di.sentqii'il etaitméde- 
cin , les aulies pietenclent (|u'il ttaitévéqued^Angers, Cequi 
est de certain , c'est quuii Jtan Mirhel, évéque d'Angers, a 
Hdt des My^iéits^ Les vers Miivans en sont la preuve* 

Vois pär apres ce maitire Jean Michel 9 
Qui filt, d^Angcrs , é^cque et patron tél 
Qu'*on le d.t saiot. Il fit par person nage« 
La Passion et aulrcs boiis ouvrages. 

Selon La Croix du Maine et qnelqnes aUtres , un médecln dé 
ce nom el qui vivait vers le méme tems , a donné des piéces 
de ce ^enie* 

MICHFX ANGE , opera qa un acte , par M. Belricu, 

mnsique de M. Nicolo , å Fejdeau , i862. 

Le I oJ^me et la nmsiqu&de ce petit opera ont obtenu uö 
««crés njérité ; Tun et 1'alitre sont rempiis de detaiis agrea-* 
blesé 

Mirhel-Ange, attlré å la coiir de Charles-Quint, a laissé ä 
rioience, sons la tutelledu peintre Sropa , son amante FicH 
nna , fil le du Perrugin. Scopa , épris des cbarmes de sa pu*« 
pille 5 Ini fait croire que Micbel-Ange a perdu la vie. Cepen- 
^t le jeune artiste, rappellé par Tamour , revient en Italief^ 



a88 MIC 

ch II apprend tönt ce qiii se passé ; il se déguise y nfi* 
trodnit dans rattclier de Scopa comme broyeur , et tron va 
moyen d^instruirc Fiorina de son retoiir* 
Farmi ses tableaux,Scopa possédc un ^nge ExtermmdUuri 
oiivrage que la znort n'a poiut laissé le tems de finir ai 
Ferrngin , qni , par son testament a promis la main de M 
flllc å celui qui le termlnerait d'une mani&re digne de lui* 
Scopa, décidé å y mettre la derniére main , est allé convoquec 
ses amis , ponr les rendrc témoins de son triomphe. H a 
laissé la garde de son atteltier å son valet Fasquino ^ qui, ef* 
frayé de la figure du diable , la couvre d'une tapisserie et 
a'endort, ce qui n'est pas vraisemblable. Cependant Michel' 
Ange enléve le voile , saisit les pinceaux , et se met w 
Fouvrage. Le tableau est terminé , quand Fasquino so 
reveille : å Taspect du diable découvert ^ il s'enfuit da 
frayeur. Michel-Ange proiite de son absence pour entré- 
tenir Fioriaa. Scopa. revient avec ses amis , surpris de troth* 
TerTouvrage parfaitement terminé : tous s'accordent å direque 
Michel-Ange seul a pu produire ce chef-d'<£uvre. Le Feintre» 
qui s^ctait caché réparait et est rcconnu. Scopa lui-mémeerf 
dans Tadmiration , et céde voloiiticrs å Tamour et augéoiej ' 
ses pretentions sur sa pupille» 

MICHEL CERVANTES , opéra-comique en trois.actei 
et en prose^ par M. Gamat , musique de M. Foignet,ai| 
théåtre Louvois , 1794* 

L'esclavage de Timmortel auteur de Don- QuichotteåjUgjBfi 
a fourni le sujet de cette piéce. Cervantes , et un assez gFanl 
norabre d'Espagnols , captlfs chez Achmet , ont amassé une 
somme assez forte pour payer la rancon de Viane , Tun d*eux y 
qui est parti pour FEspagne , et qui doit amener dans np 
mois h. Alger , un båtiment dans lequel les Espagnols feront 



MIG 289 

roile pour- leur patrie ; mais , lor5qu'il s'agit d*exécutcr ce 
jraod desseia , ils rencoutrent des obstacles qu'ils ne par- 
liennent å vaincre qu^apr^s une foule d^évéoemens plus ou 
noins vraisemblables , ce qui donoe å cotte piéce toute la 
^ysiouomle du mélodrame* 

MICHELOT (M.) , actcur du théåtfe Franrais, 181C. 

Il est reste pensiomiaire de ia comédie Francaise , et 
Jrobablemeut il ]e sera encore long-tems , s'il u'appreQd pas 
å jouer la comédie , aillcurs qu'au tbcåtre , ou il la joue fort 
bien. Sou d«bit est juste, sa prOQODciation corrertc, son 
xuuatieo décent et son geste Baturek La miiltitude lui pré- 
fére M. Armand dans la comédie , et M* Lafond dans la 
tragédie , parce que ces deux acteurs ont en eilet qiiclque 
chose de plus brillant ^ mais peut-étre les gens de gout,' 
leplacerout-ils k leur niveauj en un mot, c'est un acteur osti- 
inablequ'on n^pprécie pas assec. M. Michelot n'est point|«:o- 
fesseur au Conservatoire, et cependanl il sait qu'on ne pro- 
»oncc point mony^rére , mais mon friÖBe; Pars^aUé ^invLié 
lers elle ; meilieur^ mais meilleur, etc. etc. 

MICHOT (M.)» acteur du ihéåtre Fran^ais, iSlOt. 

L^emploi de M. Michot est a nos valets mödernes ce 
cjue sont les servantes de Moliérq :aMX Soubrettes di^au- 
jourd'bui : on exi^eait, a«lrefois , de la francliise , de la ron- 
dear, de la vérité et du natiTel, il sufCt, maintenant, poUr 
réusslr , d'avoir un pen d^int^Uigeuce , ^u front, quelqite 
vivacité et surtout un grand fonds d'impudence. Dans. le 
fiionde , comme au théatre , oa trotivp aiUant de valets 
qu'on peut en déslrör , souveat m^me pjifss q,u'on n'en dé- 
sire; mais on cheixhe lono;-tems un bon et fidelo servi- 
tcur avunt d'eu leocoutret .uu. Le. ,t,Ut|åtre Frcuirais ,.'iW(i 
Torne Fl. 1 ' 



190 MIC 

nous on (ournir la preiive* Tous ies jours oa y TOit $t^ 
river des valets , et des soubrcttes , et tous y aont plus oa 
inoiiis iavorahlcment acciieillis selon qu'ils sont plns oil 
nioiDS favorisés. Mais paimi ces nouveaux venus, cite-tna 
\m snjet qui piiisse , non pas faire oiiblier le bon-honuM 
Michot , mais occuper sa p1ace?'Non. £h bien! fer- 
xnet donc votre théåtre k la valctaiUe ; vous en ames 
ton jours assez qui trouveront le moyen de fl'y in- 
iroduire; ces sortes de gens se fourrent partout : chercbei 
la vérité, et l'on vous pardonnera de vous mettre en 
frais pour la trouver. Certes, pour pen que cela conti- 
nue , il n'y aura personne au théåtre Fran^ais qui n*tit 
son valet et sa soubrctto, sans en excepter le soufflsnr 
lui-mémc» Mals chacun a sa gouverne ; laisson^ sa goo" 
Verner MM* Ies Comédiens fran^ais, puisqu^aussi hiea 
toutes Ies redézions que nous pourrions fairé sur kur 
réginie actuel n'y sauraient rien changer. Il ne nous xttts 
plus mainteoont qu*å dire notre opinion sur ractenr fji 
fait Tobjet de cet artide; ce ne sera pas long. M» MuJiot 
•ut été \m bon acteur dans tous Ies tema , parce qa^il 
est plein de naturel y et de vérité et que la nature et Ii 
vérité sont de tous Ies tems. 

§ 

MICHIT , acfeur de^la^omédie Italienne* 

Apres avoir fait la fortune et Ies délices de la comédie Iti" 
lienne , Mlchu , qui commen^ait k vieillir , craignant d'éCri 
bient6t dédaigné j prit le parti de se rctirer* Alors fl 8'opjnit 
unc revolution dans le gout de ce spectacle* A la simplicii' 
et au naturel qui en faisaient le charme , succédaient la fr 
luLté et raOectation ; an chant pur et joy^ux des beq^en» 
Ies roulades et Ies tours de force des aniphyons d^Aosonis : 
enfia la vérité fut sacrifiée k un enthousiasme paaaager qoi 



ffttitra avcc ccax qui Ton fait nwtre. Voyant ses beauz 
I éclipsés dans la capitale , Michu se reodlt å Rouen 
deviDt directeur d\\ spectacle ; maisbientdt.de nouveaux 
rs vinrent Vy assiéger , "Ct cet acteur , qui avait joui 
"-lems des phts douces illusions da la vie , se précipitQ 
i la Seine et y trotiva la mört. 

[ILLE ET UlSr THÉATRES (les) , op^ra comiqueen 
icte , par M.*** , au théåtre du VaodeviUe 1792. 
e sujet de cette piéce épis^odique est assez bizarre ; maia 
oCTre des coiiplets spiritiiels et gais. Thalie 8'est brouillée 
z Momus son époux ^ qui , depius le décrét de la liberté 
théfttre , ^lui a fait tiue föule d'infidélités , ce que Lucas 
rime trés-plaisamtnent å Monrns dans ce ccmplet; 

J^ Aoinm instruits cpe dcpois quen^que texnps 
Vntre mokié n'' fait pas d''enfaii8 ; 
£t c^^est ponr ^a qix^k d''aut^ mamans 
Vous partagez vos amourettes : • 
Vous n"* Icux faites pas bcauconp d''ciifaDS, 
Mais bien des Marionettes. 

, Bombrcux eafans se présentent ea ^ITet sons dlfTérens cos- 
les : on remarque parmi etix un de ces applaiådissenrsqni ^ 
iblable au connaisseur de la nouveaulé , re^oit de cha<- 
) spectacle un billet paiir applaudir , et ua autre pouc 
ler : c'est ce q«'il nons apprcnd dans k coiiplet suivaiit : 

L'aplaudisseur dfiTicni-il rare? 
Par un gestcge T-accapare ^ 
Toujonrs de \k , prét k marquer , 
Le sujet que Ton doit c]aqui.r. 
Voilå mon iraTail ordinaire 5 
El Ton sciit quo , . poii^ blcn le faire , 
]1 ne faut pas avoir la ma in 
©ans la poche de son irolsin. 

T z 



Thalie considSre ce mélango coufus d'aclGurs ri Jictile» , tf 
dit y cu parlaiit de Mclpoiiieiie sä soeur : 



Henilei-lui aon Racinc t'*gorgc , ' 

Ki'n«l«'z-lui son V«»ltTirr : 
Kouilcz-inoi iiion Hif^oaid ocorché p 
Reiulci-iiioi luoii M<.li^ro , elo. clc. 

clle prédit ainsi k ces divcrscs troupcs le sort qui les alteod? 

Oiii , ton t cl\'iborJ , 
Sur volrc sort , 

Jc trnnclic : 
Ouverts ^ cmlrodr , 

Tonibé:s sanicdi , . ' 

Yous srrcz l'cruic>» dimancbe. ' , 

lin bailkiir de fond^ vicnt , dans iine scdoc plaisanic , gémir 
sur sa crédiilUé. Tous Ics enfans de Momiis venlent atteiodro 
k la han ten r de la ceuroune dn talcnt , qu^nn génie leor 
présentc ; ancnn ne pen t Tenlevcr, et TA-propos;, person- 
nagc (ignré par des souvenirs , des tablettes , des iustrumeos 
de mnslqne, etc, vicnt nicltre lout le monde d'accord» 

MILET (Jacques ) , a donné en 1485 une piéce intkulétf 
la Destruction de Troye la yrande , tragédie en qnatn 
journécs. 

MITXET '( Jean) , a fait en vers proven^aiix méléscb 
qticlqucs vers franrais, Janix ou la Hauda , tragi-comédié 
])astorale en cinq actes , rcprésentée å Grenoble , son pay>> 
en 1 636; la Constance delhilin et Margpton , pastonlo 
en cinq actcs , reprtscnlée en i635 , et la Sour^eoise A 
Grenoble , comédiereprésentée en i665.- 

MILLIFRE (Mllo.), danscnse de J 'Opera , 1810. 
Xout Ic tulent d'un dauscur réside dans la Torcc et la sompless* 



» M V L agg 

le son jarretjil a donc plus ou moiiis de légéreté el^d^aplonob , 
lelon qiril a le j ärret plus oiV moiiis fort. Mniv^ ja grÄce , le 
moellcux et le fini , si Ton peut s'exprjmer ainsi^l^il les deit k 
l'exercice et aiix lejons dHin bon maltre. Elév.e de M^ Gardet, 
Qous pouvous assurer que Mild. Milliére a ré^ii de la öäture 
Bt de Fart touies les. qu^Utés qui constituéat •ufie ^xcelleotc 
danscuse. 

MILLOTET (HuGyEs), Chanoine de Flavigny, est 
anleur de la tragédie de Sainte Reine ou le Chanot de 
Triomphe y tiré par deux algles el de laglorieuse, noble et 
illustre Sainte Reine d'Alise , vierge et martyre.. ' . ' ^ 

MILON ( M. ) , dansetir et compositenr dé balfet , i&io. 

Le plus bol eloge que Ton puisse faire de ce DanseurjC^est 
dé dirc c^u'il a été jiigé digne de secondör M. Gardel, qii'il 
remplace dans Pexécution des ballets ; il en a composé lui- 
méme phisieurs qui ont obtenu des succés brillans et mé- 
rités. En voici les titres : Héro et Léandre , représenté en 
17995 Pygtnoiiony en 1800; les Noces de Gamaché , en 
18c I ; Lucas et Laurette , en i8o3 , et Utisse , en 1807. 

■ 

MILTIADE A MAB-ATHON ,. opera en deux actes , 
parM.. Guillard , musiquc de Lemoino , Lropéra ,. 1793. 

Les citoyens. d'Athénes sont accablés sous le poids de 
la plus aflVeuse inf orlune. Hy pias » protegé par Darius å la 
tete d'une arraée irinombrable , menace la llberté de la 
Gréce. Déjä Egine le.ur a ouvert ses portes; toute PEubép est 
soimiise , et TErétrie s'est liyrée par la plus odicuse des träbi-» 
sons 5 enfin Atbénes est sur le point d^étro attaquée. Lp pf^Ur 
ple entier de cette grande ville vqut voler au secours de la 
patrie en danger , et demande k Callimaque de noramer ui> 
cbef. Callima^ue désigne Miltiade et Ariatide ; loaia c« 



S94 MIL 

deroier accorde !a pr^Férence å son rival. Ah ! 8*ecrie-t-3 
avec faéroismc : « c'est au plus digne å commaDder» * Miltiadt 
coDseot å guider Tarinée , qui le presse d'accepter le com- 
mandement; mais avant de partir,il fait voir anz Grecstovt» 
la grandeur de Teiitreprise. Les Atbéuiens consentéDt de le 
auivre au combat ; ib y volei>t , remporteut une rictoire 
complctte sur Icnrs eDnemis et rentreut dans Ath&nes aa 
brnit des acclamations et des cris de joie du peuplc. 

Tel est le fonds de cet opera qni dut son succén auz cii^ 
constances» 

MILTON* 9 opéra-comiquc en um acte par MM* de Joni 
et Dieulafoi , mnsique de M« Spoutini , å {'Opéra-comiqae , 
2804 

Cctte piéce est tirée d'ttn fait historiquc 9 et , quoIqn'ea 
alent pii dirc quelques jouroalistes, on ne saurait en dou- 
fcr sans ctre accusé de manvaise foi on d'ignorance» . 

Milton y aveugle, déjå avancé .en åge , perser nté , paret 
qiril avait été sccrétaire de Cromwel , en est le beros* Ct 
poote immortel , obligé de fuir , pour se soustratre å h 
vengeance de Charles II, se rcfiigie cbez un Quaker 
de ses amis , ou il est -suivi par le lord Williams Dave- 
nant , dont lo pdro a été sanvé par Milton. Ce généreiix 
ct sensible jeune bomme s^introdnit cbez le Quaker, sous 
lo simple et modeste nom d' Artbur , ponr vetUer lui-mémt 
Kur les jours du libérateur de son p&re» It voit Emma; 
les cbarmes et la vertu de cette jeune personne font una 
vive impression sur son coeur , et il en devient amourenx ; 
enGn il obtient la conliance de Milton et un tendre retour 
de sa fille. Le Quaker, au contraire , le sonp^nnc d*étré 
un ennemi socrct du pocte, et bientSt en vient jusqu'» 
Taccuser d*avoir träbi son ami 5 mais lui , qui A 



HIM 29S 

jtoITicité et qiii vient d'obtenir ie pardon de MiTton , présente- 
uoe lettre du Secrétaire d^état, qui contient cette Douvelle- 
favorable* Le Quaker alovs coovieat de ses torts ; le j^eunc 
lord fait couuaitre sa qualité et ses vues sur Ijinma, et 
obtient avec 1'estime ei ramitié du poete , ta main de sa 
fiUe. 

Le fonds de ce petit opera est bien léger ; mals rintrigu# 
en est agréable. Miltony est représenté comme iin vieil- 
lard aunable et spirltuel ; mals- rien de ce ^'il dit ne 
dédéle son génic knpétueux et bizarre.. 

MIME , acteur qui joue datis les pieces de ce nom 
Cétaient origiaairemeot des boufibns vepus de- laToscane^ 
qui remplissaient cetemploi : on les pla^ait entré les actes de 
tragédies ou des comédies pour apnuser la miUtitude , qu^^ 
ne prenalt qii'un plaisir médiocre' aux representations ré~^ 
guliéres. Les actions dii caractére le plus bas ou du genrs 
le plus llbre étaient Tobjei de leurs danses» 

MIMES, en latin M^MI^ Ccst uir nom commun å 
QDe certaine espéce de poésie draraatique, aux auteurs qui lä. 
coraposaient, et aux acteursqui la joiMiient* Ce mot vient 
dii grec pifx:»oft«c ? imker 5 ce n^est pas å dire que les 
Mimes soient les seules piéces qni représentent les ac* 
tioos des boinmes, mais parce qu'elles les imitent diuie 
maniére plus détaillée et plus expresse. Flutarqué disfin- 
gue deux sortes de pieces Mimiq^es : les tmes décentcs y 
le sujet en était honnéte , aussi bien que la maniére , et 
elles approchaient assez de la comédie ; les autres ob- 
scenes et indécentes ; les boufTonnerics et lei obscétiités 
lés plus grossiéres en faisaicnt le carattire* Sophrou de 
Sjracuse, qui vivait du tems de Xerxés, passé p&ur Fiiw 



2(y; MIM 

vciileiir des Mimes déccnlcs et seméc» de lejons de moralen 
Pluton prenait bcaiiroup de plaisir k lire los Mimes dt 
cet aiitciir. Mals å pcinc le tlitålrc Grcc fut-il ronné| 
qiie Ton ne soiigea pins k divcrtir le peupleqne par des fiircUy 
et par des actcurs qui , en les jouant, représeutaient, pour 
ainsi dlrc, le vice a dcconvert. C*cst par ce moyen qu'oa 
rendit les interniedcs dos pitces de ihöåtre agréables an 
peuplc j^rec. Les Mimes plureiit également aux Romain»|. 
et iormcrent la qualriciiic espc^cc de leiirs comédies : les 
arlLMirs sV distingnaicjit par iinc imitation liccncieiist 
des ma r.is du tema , commc on le voit par cc vers d'0- 
vide : 

Scii!'erc .si fus est iinitantcs turine Mimos* 

Ils 3' jcMialcnt sans cbr.iissiire j ce qui faiaait quelqnefuls 
noniiDcr cvltc comcdie ducliausscc^ au licu quo dans les 
IltiIs aulros , les acteurs portaient pour chaussure ie bro- 
d( .}ni!r,r(»nimo le lru^i(juese servait du cotliurnc» Ils avaiest 
Jii (etc riis^c , ninsi cjuc nos bounbns Pont dans les piéces 
cniiiicn»c:s; leiir babit était de morceaux de dillereRtes 
c oniours c oinme relui de nos Årlequins : on appellait cet 
luil)]! pcniiiiulus cintumculus. Ils paraissaient aussi quel- 
qucluis sons des bubits m:i!^ni(l'}iies et des robes dtt pouT^ 
pre^ nials cV-Lait poiir mieux fuirc rire le penplci par le 
cciiitnistc d'une robe de sénateur, avec la tete irasée et ks ' 
sonliors plats. C*est aiiisi (jU^A.rIcqiiin, sur notrc thé&trc , s'esb ; 
(jnei(]Ui-rois revcUi de ri.abit de gentilboaime« Ils joignaleat 
å cot ajnstemcTit la licence di;s paroles et touLes -sortes 
d»? pcsUircs ridicules 5 cnfin , on ne pcut leur reprochcc 
iuicunc nc^ligenre sur-tout ce qiii pouvait tendre å.amuser 
bl noi.nlacc. Les applaudisseineiis qu'on donnait auxpit^e* ■ 
de riautö et de Tcicncc , ucmpCcbaient poiot les hv'*'^' 



.>*v 



M I K ^^ 

néles gens de voir avcc plaisir les farces Mimiques*, quaiMi 

elles étaient semées de traits d'esprit , et représentées avec 

décence. Ciceron , écrivant k Trébatius , qui était ea 

Angleterre avcc César , liii dit : «c Si vous étes plus long- 

» tenns absent sans rien fair^ , je crains pour vous les 

» Mimes de Labérius, »^CependantPublius-Syrus enlevale* 

applaudisscmens de la scene, å cet anteur, qui, par dépit , 

allavivreå Pouzol , oii il se cousola de sa disgräce par rinsta- 

bilité des choses humaines , dont il fait une le^on å sou 

compétitenr dans ce beau vers: 

Ceciili e^o : cadct qui sequilur ; laus est puhlica. 

Il nous reste de Pnblius-Syrus des sentences si gravcs 
et si jiiditleuses , qii'on aurait peine å croire qu'elles ont 
. tté extraitcs des Miaies qu'il donna sur la scéne. 

MINET5 comédicn de province , fils d'un ancien sou- 
fleiiT de la Coniédic-Fran^aise , naquit å Paris et donna aus 
Italiens en 1744 le Génie de la France ow V Amour de la 
Patrie , comédio eu un acte ; et la Noce de J^illage , cooqc- 
die cii un acte , avcc un divertissement, 

i 

MINUIT ou TIJeure Propice , comédie en un acte , cii 

prose 5 par Désaudrais , aux-Fran^ais, I79l« 

Gette joiio bai^atclle pleine de situations gaies et |i- 
quantcs ; fiit fuvorablement accucillie du public : le suji t 
tres-galant , est traité avec une extreme délicatesse. 

MINUTIEUX (le) comédie en un acte, eu jirosc , 
par M/** aux Italiens , 1787, 

Le MiinUicnx Dorlmon doit épouser la niéce de Dorvul i. 
muissa coaduite puerile et faligante lusse tell«ineut la jeuad 



298 M I R 

pcrsoiiDC et sa tnere et soo onde , qn^ib finissent par lai 
préfércr 11 n rival uimé de la nidce* Ce ii'est pas tout| il pad 
iinprores^ faiiie d'allcr visilcr son jnge ; et une charge, 
parrc qiriiii conrnnent rocbete , pendant qu*il s^occupa mi- 
luUKMi^cmrnl Je mille pctits délails» 

Le^ anaiires dii lole principal sont trés-fugitives , et let 
scc^ncs |>cus;ullaiifes; défunts qui semblent inhérens ait sujet; 
mais rouvragc oilre pin.siciirs Iraits qiii font rire : il en est 
tl^autres encore , aiixtjnels , poiir prodnire un effet plus co^ 
miqnc , 11 uc mnriqiiait quc d'ctrc préscntés sons an jour 
avantageux. ( Aojei Musard. ) 

!MION , niaitro de chant , ncveii de Lalande, a fait h ' 
miisique des ojirra de Nitétis , des Quatre Partits du I 
Monde , et de YAnnée Galante* 

MIRAME I tragi-comédie par Desmarets y 1639» 
Il en couta cent mille écus au cardinal de Richelieu ^ poor 
falre paraitre sur le théåtre cct ouvragc , auquel on crQit 
c|n'il a travaillé. Il vint å la premiera rcpréseDtation , et 
fut an désespoir de son pen de snccfs. Plein de dépit^ < 
il partit po nr Rncllc , et iit dire å Desniarets de venir Ini pa^ i 
ler. Cet auleur , craignant avec raison , Thnmeur du Miaistrei ■ 
•e fit accompagncr par un de ses amis nommé Petit» Dfesqnt 
le Cardinal les vit, il s'écria : < hé-bien ! les Fran^ais n^eurcnt 
» jamais de gout^ ils n*ont point été charraés de Mirame! ■ 
Di-smarets ne savait qnc rcpondrc : Petit prit la parole, et loi 
dit : « Monseignenr , ce n^est |)oint du tout la faute de ron" 
» vrage , qui , sansdontc , est admirable 5 mais bieo celle des 
a comédiens. Volre Émincnce ne s'est-ello pas aper^ue, 
» quo j non-seuleincnt ils ne aavaient pas leurs roles % maiff 
» meme qu^ils étaieut tons ivres ? EOectlYomciit > xefnit \p 



M I R 299 

• Cardinal^ je me rappelie qu^ils ont foiis joué d^nne ma- 

• niére pitoyable» 1 Celte idée le calma ; il reprit bientot 
la b«lle hnmeur , et les retint å soiiper j pour parler avec 
iiix de Mirame. Des que Desmarets et Fetit furent de retonr 
k Paris , ils allérent avertir les comédiens de ce qili venait de 
le passer å Ruelie : ils eurent soin de s'assiirer des sufTrages 
de plusieurs spectateurs ; et ils j parvinrent si bien , qu'å 
la seconde representation ,> on n'entendit, pendant toiite la 
piéce ^ que^ des applaudissemens réitérés ; ce qui fit le plus 
grand plaisir h. son Eminence* 

Qui ne croirait que cette piéce , qui occasionna une dé- 
|>eD8e si extraordinaire , et pour laquellc ce Ministre n'épar- 
gna ni son argent , ni ses soitis , ne fut un chef-d^ceuvre , et 
ne dut surpasser le Cid^ et les HoraceSy au tant par la supé- 
riorité de ses détails , que par la richesse de la scéne et la magni- 
ficencedesdécorationsPCependant rien de plusfaible que cet 
ouvrage , tant pour le plan , que polij la conduite etles caracte- 
ves* Le style est chargé de pointes et de penséesi fausses. 
Cette Mirame , l'héroine du poeme , qu'on a vouT« peindre 
comme une personne fine, dissimulée , qui ne cédequ'avec 
Jeine k laviolencc de son amour, n'esl en effet, pourhous 
aervir de Texpression de Fontenelle, qu'une princesse assez. 
mal morigénée.Il fautétreaussi stupide que le roi de Bythynie 
«on pere , pour ne pas s^appercevoir de Tamour qu'el!c i\ 
ponr Arimant. Ce demier , qui commande la flotte du roi de 
Colehos , formc Faudacieux dessein d*obtcnir la Princesse par 
la voie des armes : il succombe % et devient prisonnier. Ré-* 
duit an désespoir , il ordonne å un ei^clavc de lui passer son 
vpéa au travers du corps* Mirame , apprcuuant cet accident^ 
se résout å suivre son amant au tombeau : elle féint cepen* 
dant de consentir å son hymen avec le roi dePhrygic , å qui 
son pdre la destine ; et eogage sécrétemcait Almire > sa cbd^ 



f. 



;ioo »lin 

fidontc 5 a liil trouvrr dii poison , et le preiid. LeRoi, qm 
ignorc cc m;iliiciir , ftlicilc le roi de Phrygie , »iir llieureui 
changcmcntde MIrame.Oii vientuiiiioncerqnecetlePriocesii 
ifcst plns. ^Imire ne luisse pasle tcni.s å ces denx Frinces d'^ 
luler lenrs rogrcts ; cl le lenr apprcnd qiie Miramc D'e«t qn'eiH 
dorniie. Pour surcroit do hoidienr, Arimant , qiiin*a re^jds 
l'esclaveqn'iine légårebicssure , est reconnu f rere du roi di 
Phrv^Ie ; et devcnii rhériticrde Colclios, il épouse MiramCb 
Peiisson dit qne le cardinal de Richelieu témoigna des ten* 
drcssos do porc pour cette piece, et qiril se senlait transport! 
Iiorsdc liu-mome, lorsqii^uii appIaiidissait.Taii(6t,ajoute44ly 
ilsclevaitdcboiit;tanL6t il somontraitarassefnblée^ODavaih 
raut toiUc la nioitlé de son corps hors de la loge , oii il impo- 
saitsilence,pour faireentciidrc des ciidroits ene ore plus faeaUi 
Ce fut Le Mercier qui fit la distribution des parties da 
lluaLro y et des orneniens do la salle , qui fut depnis ceile ds 
rAcadumio-Royalc de niusiquo. Suuval assure qna Fot' 
cmploya dans la cbarpeutc bult cbéues de vingt toiaea dilr 
cun^que Tun availclicrrhés dans toutes Icsforetsdu royaiiiD%-: 
et qne l'on trouva enfin dans celles du Bourbonnaisi Iltf 
coiUa luiit miile livrés pour Ics amcner. 

Le cardinal de Richelieu avart faitUefibnse de laiaser eni- 
Il er 3 a la premicre representation de JUiranie , d'uutres !«■ 
sonnos que cellos qu^il nomnierait. L^abbé de Bois-Roberit 
Y li^ant introduit deux iemmes d'une répufationéquivoqiWy. 
j ! dnchcssc d'Aiguillon le iit exiler par ordre du Ministrei 
Ji^Acadéniic-Francaisc , qui lui avait quelques obligalionii . 
dtnuta pour demander son rappcl ; maisBois-RoberlneroWirt 
que lorsque le médecin ClLois , pour toute ordonnaafce ^ eQ( 
(lonné au Cardinal målade , recipe Bois-^Robert* 

m I 

MIROIR ( le ) , ou L' Amant Supposi , opésirC«f 



M I R 3ox 

ticjney c» utt acte , par Pannard , å la foire St.-Laiirent , lySg. 
Ii€ söjet.du Miroir est pris d'une historielte, qni se troiive 
Bpri<n«e dans le qnatrléme volume des oenvres de Dnfrény, 
I; représente le stralagéme dont se sert une demoiselle , 
our faire connaitre k un homme qu'elle croit indifférent; 
t qui la presse do lui dire si elle aime quelqu^iin , qiie 
'e«t lui qu'elle chérit. Elle Ini offre nne. bolte dana 
iquelle est^ dit-elle, le portratt de son amant ; il Ton- 
Te , et n'y trouve qu'iine glace , dans laquelle il se 

IfiROIR MA6IQUE (le) , opera comlqne en un arfe , 
^ vaudevilles , par Fleury , å la foire St.-Laurent, lySS. 

Cetonvrageavaitd'abordétédonnéentrois actes, enprose, 
BH lyao , sons le titre de la Statue Merveilleuse par Lesage 
et d'Orneval. Il fiit remis en un acte en 1734, pär Pic- 
lenec , fils de Lesage ; Fleury , avocat , est le dernier 
^ y ait fait des changemens , et qui Tait mis dans la 
fbrme suivante. Féridon , roi des Génies , protectcur du roi 
ACacheoiiie 5 pour que ce Prince ne solt pas trompé dans 
le ctoix qu'il fera d^une épouse , lui donnc un miroir , 
doDt la glace se ternit, lorsqu'une lille , qui n'a pas con- 
»ervé sa vertil , s'y regarde. Pierrot , poi teur du Miroir , 
l^ablie la volonté du Roi. Amine, mailresse de Pierrot, 
vient avec empressement l'embrasser ; mais , pour savoir si 
tille lui a été iidele pendant son absence , il lui fait essayer 
la glace ; qu'elle ternit : Amine s^excuse sur la force de son 
<amour. Scapin revient avec une échelle et des affiches , et 
^j>rend k Pierrot que le Roi n'a pu trouver ce qu^il cberchail 
dans sa Cour , et qu*il n^espårc pas étre plus heureux å la. Ville. 
Zachi se présente la premiére pour subir l'éprcuvc ; et , 
^^omrne on luimootre Ic Miroir, elle cröit qu'on lui reproch« 



\ 



3o£ M I S 

de ii^avoir pas assez d^appas. Apres qu^olle A teni b 
iiiiroir , Scapin proposc k Pierrot une fille » dont 3 ki 
répoud ; c'cst une fille d'Opéra , qui est rejetée saoi qn'oB 
lui fasse sublr répreiive. Mérou améoe sa fille Åffhf 
qirdle garanti t rinnocenco méme ; mais elle n'a pas phidt 
jeté les yeux sur le Miroir, qu'outrée do son indiscrétiooi 
elle veut le fracasser. Scapin introduit une bergbre , crojist 
avoir troiivé cc qu'il faut å Sa Majesté ; mais anssi-tdt qii^OB 
a enseigné å cette beauté naive la vertu du Miroir , elle ii 
rclire sans vouloir s'y regarder; et il n'y a pas jusqa'å tn 
pctlte fille de treizc ans, qui, en se mirant, ne laisse qnelqiiai 
brouillards sur cette glace indiscrette. Le Roi se conaobi 
dans respérance d^étre dédommagé par la fiUe du dnDd" '] 
Visir y qui, en eflet, élévée dans la solitnde, est le pUnä 
qu'il a cherché jusqu'aIors inutilement* La pidce fiaitpailfltr 
hy men. 

MIRTIL ET MELIGERTE , pastorale faérdtqoa 
Gnérin, 1699. ", 

C*est la pastorale de Moliére , dont Guéria^ fils du 00- 
médien , mit los dcnx actes en rers lyriques , et y flt 
ajouta un troisi^me avec des iotermédes* Les comédEflDl' 
reinsércnt cotte pastorale. La demoiselle Raifin prit Itf 
intérets de Tautcur, vt obtint do Monseigneur un cAl^i 
de faire joucr sa pléce. 

MISANTROPE ( le ) , comédie en cinq actes, en nRt] 

par Moliero , 1 666. 

On aper^oit, aujourd'liui, toutes les beautés du 
trope ; il est bicn surprcnant qu'on ait jamais pu les 
connailre* Délails lieureux , rapports délicats , contrate 
ä^iillans , traits ingénieux, vérité dans les caracttoes^ é1 

i 



'.< 



M i S 3ö3 

de style , tout sV trouve réuni ; et rieil Ae fut aper^u dans le 
ipms. II était diflicile qu^on put se facnilarlser aussi 
promptement avec Tintrigue simple dii Misantrope. Rlen 
de plus lent que les progrés du bon gout ; et depuis plu- 
sieurs siécles , le mauvais était en possession de plaire. 

A lalecture de cette piéce , les comediens en avaient con^u 

une idée pcu favorable ^ et ne Tavaient rec^ii quc par con- 

aidération. Ce cheWoeuvre étanttombé, Molié^re le retira* 

Il le remit au théåtre un mois apres , et le fit précéder 

du Fagotier, ou Médecin malgré luL Le Fapotier^ comme 

il l'avoit prévu , eut un si grand succés . qu'on le donna 

trois mois de suite, mais ton jours sulvi du Misantrope. 

La !Farce (it écouter la comédie. 

On rapporte un fait singulier , qui peut avoir contribué 

.' i la dLsgråce de la moilleur comédie qui ait jamais été 

faite. A la premiére representation, apres la lecture dn sorniet 

d'Oronte , le parterre applaudit : Alceste démonti^e dan» 

la suite de lu scéne , que les pensées et les vers de ce 

soonet étaienl. 

De CCS colifichcts, dont le bon-sens nanrmure. 

Le public , confus d^avöir pris le change , s'indisposa 
oontre la Piéce. Despréaux , apres en avoir vu la troi- 
sléme representation , soutint que cette comédie aurait 
blentot un succés des plus éclatans. 

hes ennemis de Moliåre voulurent persuader au duc de 
Mootansier , fameux par sa vertu aiistere et sauvage , 
qne cVtait lui que Moliére jouait dans son Misantrope» 

^Le duc de Monlansier alla voir la picce , et dit en sor- 

taat, qu'il aurait bien voulu ressembler au Misantrop© 

de Moliére. 

tt X<es faux dévots 5 irrilps do la comédie du TarltifK^, 



3o4 M I S 

dvmt n avoit jjrini trois actcs clOs 1664^ Crciit courir dai 
Pam plnsionis liIuT.es Irl-s-sallriijiics contre MoIIårc^ C'e 
ik rocru i> 1 (In j Ir.s oiitic do res lihclles , qu^il fait di) 
k son j.t^i.'nnt,v:^c : 

Fl, PO' - n^^UiTi; rrcor du l^^rl qiie Pon mp fait , 
V i-oiiit. 1 rm* !e inorde, un Li\ru aboininable, 
F,L %' «<iii iH ltclMr«' (*st niénic Cf ndaiiinnble ; 
fil Li.' i'c h iiMTitiT la dcriii^re riguenr, elc. 

Lorsqiic ]^j(:!;i^rc doiuia son M isan I ro pc il était brouil 
avcc Kaciiie. Un flatt^ur cnit fairc plaisir k ce derniei 
iprés la picmiére representation, en Iiii disant : « La piii 
» est tonibec ; rien n\\st si froid^ voiis poiivcz m'eD croiP 
» ]'y ttais. Vous v éticz, rt'pril Racioe ; et moi jcD 
» étais pas ; ccpcndai^t jo n'en croirai ricn ^ parce qa 
» est imposs'blc quc Molic^re ait fait nnu mauvaise pito 
» retounioz-y , et cxaniiuez la mieux. » 

Boiteau rucontait qi^e Muliorc , apres Iiii avoir lu 
Misantropo , Ini avait dit : « Vous verrez bien aut 
X» chose. » ce .s(?id rnijt nons fait regretter qno Moliir 
n'äit pas fonrni nne plus Icngue canitirc. 

lly a lats rollc ineine ronitdie un trai! que ce grand Peintr 
Sia])ile a saisir le ridicule partout oii il se trouvait , cop 
traprés naUire ; et ce Ait BoiU?aii qui le hii foiimi 
Moliåre vonI«it le dotomncr do racharnemcnt qu*il fc 
«cilt parailre dans ses salires contre Chapcfaiu 5 il ■*' 
tii:s:iit quc CJiapclain élait en ;^raude considératioii dw 
I t nionde ; quil ilait pailiculiérenient aimé de Cp\h^ 
r t «|ne sos lailhuios oiUrtcs pourraienL lui attirer la disgrw 
00 ce rrlifislre el du lloi nionu;. Ces relléxioustrop sérioö* 

vant luis le poele*sa(irique de mauvaise. hnmciir : « Q^ 
.^ le Roi et M. de Cc Iberl feron^ ce qu'il leur plaira, di^ 
» bti^uexaeat 3 mals , k moius ^ quc le 'Roi ue m^oruop^ 



M I S 3o5 

i» esjpressément de troiiver bons Ie| vers de Chapelain , je 
» souticndrai toujours qii'un homme, apres avoir fait la 
» Pucelle 5 mérite d'étre peiidu. » Moliére se mit arire de 
cette saillie , et IVmploya ensnile fort å propos dans la 
deniiére scene du second acte de son Misantrope. 

Angelo , docteiir de rancienne troupe itallenne dit k 

Moliére , qu*il avait vii représenter å Naples vine piéc©; 

intkulée : le Misantrope* 11 lui en rapporla méme le 

sujet, et quelqnes endroits partlciiliers , qui liii avaient paru 

remarquables ; eritr'»iitres , le caractére d'un homme de 

cour fainéant, qwi s'amiise h. cracher dans tin puits pouc 

faire des ronds. Moliare Técouta avec beaiicoiip d'at- 

tention ; et, qnioKe jours apres, Angelo fut surpris de voir , 

^«ir raffiche de la troupe dé Moliére , la comédie du 

' Misantrope anaoncée et promise ^ piéc^ qui , trois semaines 

ou tput aU plus tärd un mois apr^s , fut représentée. 

Le Pére Geoffcoy, jésuitc, fit jouer ep lySS, au col- 
lege de Louis - lo - Grand , une cotiiédie intitulée : le 
Misantrope ; mäis différente , k tous égards , de celle de 
Moliére. 

Le roi de Prusse dil quolqne part , dans ses ouvrages , 
il^occasion des piéces de ce genre, qu'il aimerait mieux 
»e Yoir Jouer dans une comédie bien faite et dans le bon 
genre, que d'assister seulement å Tuhe de nos piéces 
mödernes. 

Le méme Prince voyait joiter le Cercle par ses co- 

wédiens : les beaux-esprits fran^ais qui Pentoiiråient, sou- 

j. xiaient å tous les traits fins , å toutcs le» épigrammes g 

W dont cette piéce est remplie. Le Roi , surpris de ne pas éprou- 

verlaméme sensation , leur endcmanda la causc. « Sire, 

L » lui répondircnt-ils , il faudrait, pour Lien sentlr tou^e» 

^* Tomt FL V " * 



3o6 M I S 

» las finesses de cette pi^ce . que Votre Majesté commt 
» Paris commc nous. Oui , dit le Prioce : Afa ! )e cooh 
X prenJs ; mais je D*ai pas besoio de me transporter k 
y> Paris • pour gcnter toutes los beautés du JUjsaMr 
y trope» » 

MISA>'TROPIE ET REPEVHR , drame en cuq 

a: tes • en prose . traduit de rallemaDd par madame Holé; 
au iLträlre Fran^ais , l""99- 

Le Barou de Mello avait épousé une trés-jeiine femme, 
dont il ét&it tfperdiiement amoureux , et avec laquelle il 
avail Ttrcn beuieux pcndant quelques années. Ud jemw 
hominc, å qiii il avait donué rhosj>italité, et qu*il BCCir 
blait chaqiie iour de noiiveanx bieiifails, pan^int å flédnin 
cettc t'pousc chérie, et å la lui enlever. Rffduit an dései^ 
poir par cet t vt ne men t et par le roDcoiirs de plusievn ss- 
tres, le malheiireux mari abaDdoune las lieux témoins^B 
5on df sbonneur . conroit une baiue profonde pour töat 
le genre liiimain « et se re ti re avec un fid^le domestiqiie» 
dans iine chaaibre isolt^ . prés d*uii chåtcau appartenant la 
c cm te 'Walker. La • tout en se livrant incognito anx 
excés de sa MisanLropie , il soulage les infortUDés , et 
leiir fdit btnir sa prt-seuce. Une madame Miller, fonniB 
de coLiiiaoce de Ja comtessc de Malker, et depuis troii 
ans retirée dans le chåteaii oii sa vie antérieure eit HB 
mAstére, se fait aimcr . cumme lui, par des actes ^ 
bicnfaisance : il en enlend parler uxfic surprise ; mais cetiB 
geiit rciise éraulation^ de la pai^ft^i^uDe iDcoDDue,rétoniieii» 
]e Tarcommoder ^\ec les bommes ^ sans MDCiDe quH si^ 
le drsir de connaitre celte bienfaisaDte persoone. DansBO^ 
lie ses promenades solitaircs, il a le bonbeur de «anvff 
la vie uu comtc de WalLer, tombt- dans un canal : å fö^ 



M I S 307 

l'eii a-t-il retiré, qu'3 fult et se dérobe å Isa reconnals-- 
eoDce. tiC vieux Seigneor -, affligé de cette siDgularlté ^ 
et Toulant absolument remercier son libérateur > lui fait 
demander å plusieurs reprises Un rendez-vous , qii'il n'obtieDt 
enfin , qu'avec baucoup de peiuc ; touto la familte de 
Walker veiit s'y trouver , et Ton pense bien que madame 
Miller est de la partie. C'est-lå que s'opére une de ceS recon-* 
^lalssances théåtrales, qui toucbent^ mais qui beurtent la vrai- 
semblance ; néanmoins sa traduction obtint un succés fol ea 
FraDce. Cette femme de confiance, jeune, bclle et vertueuse , 
est la baronne de Mello^ qui , depuis trois ans , expie volon- 
tairement sa faute dans la solitude , par les remords les 
))Ius décblrans , et par les actions les plus géuéreusesé Elle 
s^évanouit ^ å la vue de son époux $ celui-ci fult avec 
norreur. Revenue k elle , la jeune Baronne fait de- 
mander une seconde entrevue au malheureux Mello ^ 
iiOD pour solliciter son pardon , inais pour confesser 
tes torts , et avoir des nou velies de seS enfans. Mello 
coDsent k Tentrctien , ne veut entrér dans aucune expli* 
catlon humiliante pour sa femme ; s'attendrit sur sod 
sort; 'mais se refuse fermemeut å renouer un bymen 
qu6 Thonneur désavoue ^ ils sont préts å se séparer 5< 
^t prononcent douloUreusemenl réternel adieu ^ quand , 
iont-k-coUp, on leur présente leurs deux enfans. Le 
caur de Mello , déjå vivement emu , ne peut résister k 
cette nouvelle épreuve ; il se jette dans les brås de leur 
inére , et s'écrie avec Faccent de Tamour : a Eulalie , ^m- 
Wasse ton époux. » 

Cette piece obtint un succés prodigieux en Allemagne. Oö 
trouve des longueurs dans Fexposition, du fatras dans Je 
dialogue des premiers actes , quelques traits outrés datis la 
toisantropie de MeUo, et un role de soubrette absolumesjt nuL 

Va 



3o3 MIT 

MTTTTRIBATE, trpgédic de Racioe, 1673. 

TiU C;ilpren\lo iit jnijcr en i635 unc tragédie de M» 
llni.!:tu' fjiii tonibu (!cs la premlere rcpréseutation. 

I.cs iMqniLtude.s, Jes juloiislesy Ics transports des dem 
fils, rivans ti-? Iciir yxnc; lo<i craintes , les allarmes, lei 
chnujiins, U\s d» lianres (ruiic amantc telle qne Monime; 
la violenre Cic la haii.e d(; ATilliriilalc rontrc les RomaiDs; 
la grana'.'iir de son cunrjjj;e , la fincsse de sa politiquOf 
les Tosscnirccs de sa dissimnhuion, les cxcés de sa yalousiei 
qui taipl de fois avaient caiisé la mört de ses mattresses; 
toiiics les passions, cnfhi , recoiveut, sons le pinceau de 
Raciiie, CCS traits ficrs , nobles, niajestneux , vrais, Dft- 
tiirels , qiii les pcigncnt dans toute Icur force. 

Pulcliérie , que le grand nom de son autcnr ne putpre- 
scrver d\ine chute éclatanle , fiit Tépoque de la disgråcede 
Corneille , et celle de la faveiir de Raciuc , qui , pen de tems 
apres ^ donna sa tnigedie de Mithridatc ; cette piéce fot 
rcciie , c om me elle le mérite , avcc les plus grands applaudif 
semcns. Le parti de Corneille , qui nVtaitpas déjå trés4brtf 
s^aflaiblit de plus en plus. Cest alors qne ce grand Homme) - 
dont le génic avait crcé en Fiance tous les genres de spec^ 
taclos , piit s'adresser , re quc Pompée osa dire å Sj^lla ; Jw ■ 
sais-tu pas que tous les yeux s^ tournent vets le spleil levant? 

On a£sure que de toutes les tragédies que Charles iXH 
lut dans son loisir de BiMider , aucune ne lui plut autant . 
quc celle de Mithndale ; et qu'il montrait, avec w ■ 
dolgt , k Vuu de ses Ministres, tous les endroits qui le fiap' | 
paieiit. ' 

Parmi les anecdotes que nous avons receullliessur cetis'' ! 
pl^re, voici ceiies qui nous ont semblé meriter la préférencC. 
Btiaiibourg, dit-on , it«!t fort !aid;il n'csl gu^rrspossibledcn 
jlouter, d\ipres le trait qu'on va lire. Ce Comédieu reo*"* 



MIT 3o9 

plissait le role de Mjlbridate , et mademoiseljc Lecoijvrciir, 
celiii de Monime.. Lorsque celle Prfnce^se fait å Milhiidate 
Vaveii de ses sentimens ponr Xipharés, le Roi se trouble ; 
Monime qui Tobserve lui dit: Ahl Seigneur ^vcus chan^ 
eez de visade. Alors un plaisant , conime il s'en trouvi? 
toujours au parterre , s'écria : Läissez le faire» 

Dans son entrevue avec ses fils, Mitbridatc leur fait de 
vifs reproches et. ne veut poiut admettrc leurs excuses^ ij 
Ipur répond : 

Princes , rpieltpies raiison.^ quc vohs me puissiez dire , 
Volre dcToir , ici , n^a poinl tlii tous coDduire , 
Ni vous faire quitter , en de si grands besoin-, 
Vous, le PoBt, Vöus , Colchos , conilés å vos soins. 

Baron marquait avec beaucoup d'intelligence et de finoss* 
latendresse de ce Prince pour Xipharés, et sa haine contre 
Iharnace. Il disaitå ce dernier : P^ous ^ le Pont ^ avec la 
haiiteur d'un maltre, et la froide sévérité d'un juge ; et 
äXipharés: J^ous , Colchos y avec Texpression dun påre 
tendre , qui fait des reproches k QQ fils y dont la vertu u'a 
pas r^mpli son atlent^. 

Ge Grand tragedien 3 dans le méme role de Mllbridate^ 
entra un jour sur la scéne , accompagné de Xipharés,et 
ne prit la parole qu'aprés un jeu mudt, oi\ il semblait 
avoir réflécbi sur ce qu^avaient pu lui dire ses deux fils. En 
rentrant dans la coulisse , ilrencontra un de ses camarades 
et lui demanda s'il était content : « Vötre enfrée est dans 
» le faux , lui répondit le comédien : il n'y a pi>iut å re- 
» fléchir sur les excuses de deux jcuacs princes; il faut 
» leur répondre en paraissant avec eux; parce qu'un grand 
» homme comme Mithridate doit concevoir , du premief 
» coiip-d'oeil y les plus grandes affaires. » Baron, seotit U. 



3io MOD 

focce de ce ralsonnemcnt , et s'y conforma dana la iui^l 
Quinault Tainé , frére aiiié de Quinaiilt du Fresne,étut 
uu homme de beaiiconp d'esprit et trés-aimable en sociéléitll 
diuait un jour avec Crébillou,Iepére Tournemine, le pén 
Bnimoy , et le pere fioujeant ; la conversation tombai 
par hazard , sur le geni c du mot Amour en fran^ais. Qui- 
nault soutenait qa'il était du genre feminin ; les Révéren^ 
Peres prouvaient , par nombre d'exemplesj| tirés de nos 
mclllcurs poctes , qu'il était masculin; Crébillon, qull 
était des dcux genres. Quinault s'appuyait sur-tout sur ceai 
\ers de MitbridatQ :. ' 

Jc DC sofiffrira.i point quc cc fils odienx, 

Qiic jc \iciis , pour jamais , de banoir de mes yéns 9 

Profitant d^u/ie amour , qui me fut déniée , 

Vous fasse , des Romains , devenir PAlIiée. 

Les Fdrcs rapportaient de leur cöté des. passages de Ra^ 
cine meme , oi\ Amour était du genre masculin. Quinault, 
quc toutes ces citations. cxcédaient, fit cesser cette disser- 
tation en disant : <( Eh ! Messieurs , un peu de compbdr^ 
» sance ; passons Vamour masculin , enjaveur de la »^ 
» cit!té* » Les Jésuitcs rirent , et cessérent de dlacuter^ 

MODE (la) 9, comédic en un acte,. en prosey pH 
!FuzeIlier , aux Italiens , 1719* 

La scéue représente une des salles du palais. Marchan^ 
La Déesse de la Mode, revctue d'un. habit do papier^ct 
coiilée d*un mouliu ä vent , arrive dans cette salleådei- 
scin de douuer audience å tout le monde : ello appel» 
Parisicii , son valet , k qui elle donne de$ ordres; et t^r 
risien Ini dit qu'il y a déjå un grand nombre de per- 
sonnes qui Tattendeut. On voit arriver un homme en man- 
tcuu noir , en xabat , en perruque oarrée et en chape«Ui 



MOD 3ii 

T^ait g qu'elle prend poiir un marchand d^étoffes : quelle 
^st son erreiir ! c'est un marchand d'esprit nommé 
Brochure , libraire , place de la Sorbonne. Monsieur 
Brochure vient donc suppller la Mode de dohner de la 
Yogue å quelques livrés qu'il veut imprinnier , et don t 
\es auteurs lui ont donné les manuscrits en gage. 
P'autres personnages de difierenies professions présentent 
ciivers placets, pour prier la Mode de les incttre en 
yaleur , etc. 

MODE (la), comédie en trois. actes ^ par madame de 
§taal , imprimée dans ses ceuvres , et donnée apres sa 
morf , au théatre Italien , sous le titre des ridlcules du 
jour, 1761.. 

Une Comtesse qui donne avidement dans toutes les nou- 
yeautés et qui suit toutes les modes, avait promis de marier 
sa fille Julie avec d'Ornac,Le contratétait dressé, le Jour etaifc 
pris pour Ja noce; mais elle apprend qued*Ornac n'est ni comtc 
ni marquis, Comme c'est l'usage , il se fait appeler M. 
le Baron, titre suranné , qui ne sied tout au plus qu'å 
des étrangers ; d^ailleurs, ses terres sont situées dans leLimou- 
sin; fi! c'est du mauvais ton. Il a un pére , et se promfene avec 
lui; fl! (1! il youdrait aussi aller au bal avec sa femmc; fi 
donc ! On se met k table 5 ce qui devait étre aux entrées , 
se trouve parmi les hors-d'oeuvres5 le méme déplacement 
^u roti et å Tentremets ; nulles primeurs ; du gibier mal 
assorti, et sans choix , qui pisest, sans nom. On se recrie 
sur la bonté d\in quartier de chevreuil ; on demande s'il 
est de Montbart; on ne peut pas le dire, et Ton pour- 
rait en mänger ! Le fruit le plus antique qu'on ait vu de 
mé^fioire d'hommes5 rien å sa placejune confusion , unbou~ 
leversement å faire mal aucoeur, et, pour comble de dis^ 



3i2 MOD 

grace y pas un ragout qul ne soit de rancienna cvisme! 
On est rcduit å ne pas desserrcr Ics dcnls y ni pour man* 
ger ni pour parler. Au surtir de table , on dit froidement 
å la comtessc qu'on - s^estlme heureiix d'étre bient6t sod 
gendre. A ce mot, ne croirait-oh pas étre dans la rat 
St.-Dénis ? D'aillcurs y le baron est sans goiit , sans con- 
naissance des usagcs; ses tabatiéres soot plattes , point 
guillochées ; ses habits ne sont pas faits par Passau. It 
parlc de nouvelics , ruisoiine sur les affaires politiques et 
ii'cst au falt de ricu sur les intrigues du moude^ enfin , il est 
aussi triste que plåt. Ah! un parcil mariagc ne saurait se faire| 
ce serait se couvrir de ridicule. II eiU^vrai que Julie 68^ 
aussi bicn singuTit^rc ; el le fait des réverences å faire hor- 
reur; on voudrait que Marcel eut vu cela. Gette garni- 
turc de ru])e n^est pas de la Duchap; on n'a rien vu de , 
plus maussadc» Tous ces chiflous ont été pris au patäis f 
et ce pauicr , dira-t-on qu'il est de la Germain ? Ce ronge 
ocmble vouloir ctre naturel ; c'est un vrai ridicule. Bo 
plus, Julie; s'ainuse u lire. Qu'est-ce qui liif Lea seulei 
liistoircs qu^il fauf savoir sont celles du jour ; et , si l'oa 
veut Jire , il faut qiie ce soit des brochures encore mouitlées; 
car , dés qu^eilcs sont sechcs y on n^en veut plus parler. Si 
Julie épouse le Baron, il Tcntretiendra dans ce xnauvaii ""! 
gout de province ; il Taimera peut-étre , et c*est le com- 
ble du déshonneur dans uiic famille; il ne Tépousera pas* 
XiCs choses en sont Ik , lorsqu'on vient annoncer å la 
Comtesse que d'Ornac a aimé une comédienne , qu'il 
]'aime peut-étre encore , et que, sur cet artide, il s est 
conformé aux usages et aux nicpiirs du tems. Gette noii- 
velle la fait rcveuir de sa prévenlion : le Baron n'est plus 
un homme si ridicule; il n'aimcr:i pas sa femme ; il épon-* 
jera Julie. Co mariagc est la i^ni de la piéce* Les måmea 



, M CE U 3i3 

dées reviennent sölivent dans le cours de cetfe comédie , 
tt surtout dans une scfene entré la comtesse et nne marqiilse , 
; quiTon trouve les mémes travers, et qiii tient les mémes 
»rppos^ on y revient encore dans une scéne entte Acaste 
t la Comtesse , et enfin dans une autre scéne ^tre la Com- 
esse et la Marquise. Ges repetitions sont d'autant plus 
iésagréables , qu'!! n'est question que de minuties* 

MCEURS , ce mot , å Tégard de Tépopée , de la tragédia 
)u de la comédie , désigne le caractére, le génie et Phumeur 
les personnages que Ton fait parler; ainsi , le terme de Moeurs 
ae sKempIoie point ici selon Tusage commun. Pat les 
Mioeurs d'un personnage qu'on ' introduit sur la scéné , 
on enteud le fonds de son génie , c'est - å - dire , les 
inclinations bonnes ou mauvaises ^ qui doivent le cons- 
dluer de telle sorte , que son caractére soit fixe , per-^ 
manent , et qu'on entrevoie tout ce que la personne repré- 
seotée est capable de faire , sans qu'elle puisse se détacher des 
premieras inclinations par oi\ elle s'est d'abord montrée ; cat 
l'égalité doit régner d'un bout å Tautre de la piéce. Il faut 
tout craindre d^Oresle, dés lapren^iére scéne å^^adromaque; 
jusqu'å n'étre point étonné qu'il assassine Pyrhus méme aax 
pieds des autels. C*est, pour ainsl-dire, ce dernier trait qui 
xnet le comble å la force de son caractére , et ä la perfection 
de sesMoeurs. Voyez la' pirenii^re scéne d^-^^/i Jro/na^ue entro 
Oreste et Pylade. 

Tels sont les traits que Racine emploie pour peindre le ca- 
ractére 5 le génie , les Moeurs d'Oreste* Quellq conformité 
de ses sentimens , de ses iäées intérieures , avec les actions 
^u'il commettra! Quelle adresse ingénieuse a prévenir le spec- 
tatcur sur ce qui doit arriver ! Aristote ^ raison de diro 
q^i'il faut que les Moeurs^ soient bicn marquées et bicn exprt* 



Si4 M (E tr 

inées. Ajoutons qn*il faiit qa'elles soient toujoiirs Mfi 
vcnublcs , oii conformcs au rang , an tems y au liou , k 
1 ugo , et au génie de cclui qn'on reprcscnte sur la scine; 
mais il faut beaucoup d*art pour bion faire ces sortei dt 
pcintures ; et tout pocte qui n'a pas éUidié cette partié ^ n'y 
réusslra jamais. Il cxislc une autre espécc de Moeurs^quidoit 
régner dans tous les poémes dramatiques , et qu'il faut 8'attft" 
cbcr å bien caractériser : cc sont Ics Moeurs uationales , car 
chaqnc pcuple a son génie particulier. EcoUtez les conaeib 
de Dcspréaux dans son jlrt Poétique^ 

Corncille a conservé religicusement les Mopurs , ou le cft- 
ractt^rc propref des Romains; il a méme osé lui donnerplos 
d^élévation et, de diguité. Quelle magnificeuce de sentiment 
ue mct-il point dans la boucbc de Comélie , lorsqu'il k 
place vis-å-vis de César ? 

Cé-sar ^ cai* le destin , quc dans tes fors je braTe, etc. 

la sulte do son discours rencbérit mcme sur ce qu^elle. yieai 
de dire ; sa plainte est superbc ^ 

■ 

Ct^sar , de ta yictoire , cconte moins le bruit , etc., 

k cct égard Corncille n'a pas essnyé les reproches qoft 
Fon fait h. Racine , d^avoir francisé ses beros , si 1'oapeutB'ex^ 
primer ainsi. Enfin , on n^introduit point des Moeurs comnM. 
des modes ^ et il n'est point permis de rapprocher les ca- 
ractåres , comme on peut faire le cérémonial et certalnes 
bienséances. Acbille, dans Ipbigénie^ ne doit point rougirife 
se trouvcr seul avec Clytcmnestre. Le terme de Moeaff 
vcut donc ctre entendu fort diiféremment , et méme il d'> 
trait en fa^on quclconqne u ce que nous appellons morab» 
quoiqa'clle soit, en quelque sorte, le véritable obfet delatrft- 
gcdie , qui ne devrait , selon nous , avoir d'autre but quft 



: .j..irji? 



MCEU 3iS 

d^attaqner les passions criminelles , et d*établir le gout de la, 
vcrtu , d^ph dépend le bopheur de la société. 
, . D'aprés Aristote , il y a qiiatre choses å observer dans les, 
Mceurs ; qu*elles soient bonnes , convenables , ressemblantes 
et egalas. 

La premiere et la plus importante ,' c^est qii'elles soient 
bonnqs. On entend par-lå , qu'il est nécessaire qiic le per- 
sonnage qu'on veut rendre propre å. exciter la pitié ou la 
terreur , soitdigne, en effet , de notre pitié , c'est-å-dire , qu'il 
ait un fonds de bonté naturelle , quiperce å travers ses erreurs , 
ses faiblesses ou ses passions* Lepersonnage qui doit attirersur 
lui 1'intérét , peut donc étre coupable , mais non pas viciéux ; 
et s'il Ta été ,_ on ne doit le savoir qu'aii moment qu'il a 
cessé de Te tre : encore le vice qu'on attribue au personnago 
intéressant , ne doit-il supposer ni méchanceté ni bassesse , 
xnais une faiblesse compatible avec un heureux naturel. 

La 'seconde chose qu'on exige pour les Mceurs théä- 
trales , c'est qu'elles soient convenables ; c'est-å-dire , que 
le personnage paraisse sur la scéne avec les passions , les in- 
clinations , les sentimens qui conviennent k son åge , k son 
rang , å sa naissance et å son caractére ; qu'on ne donne pas 
au jeune homme la prudence et la maturité du vieillard 5 ni , 
ä celui-ci , Tétourderie et Temportement du jeune homme. 
Suivez en cela leprécepte d^HoTBLce: j^tatis cujusque notandi 
Aint tibi mores. 

La troisiéme, qu'elles soient ressemblantes ; c'est-5-dire , 
que le caractére du personnage soit conforme å l'idée qn'on 
en a déjå , ou qu'on en veut donner : par exemple , qu'A- 
chille soit fougueuxet vindicatif ; Médée cruelle , etc. Si le 
personnage est inconnu,qu'on le fasse parler et agir conformé- 
ment au caractére de fureur, de perfidie , d'ambition, ou 
autre s©us lequel on veiit le faire connaitre^ 



3i6 M (E U 

La qnatrieme , cnCn , c'cst qiie Ics M(siirs soIeDtégalies tt 
conslantcs* Le hcros doit se montrer jiisqii'å la fin , telqu'oi 
Ta vu d'abord. S^il a parii avcc le caractére de rirrésolu , ä 
faut qu'il coiiserve ce caracl^ie d'irrésoliition jusqu'aii bout , 
ctqu^il dise encore, apres s'ctre cnGn décidé å épouseiTiUlt 
des dcux pcrsonncs qui balau^aient sou thoix. 

Xaarais mlcax fait , jc crois , 4]''épouscr Cclimcne. 

MCEURS DU JOUR (les), oii TEcole des Jtvtu 
Femmes, comédie en ciiiq actcs et en vers, par Coiliib 
d*Harlcvillc, au tbtåtre Fran^ais , 1800. 

C est le dernier ouvrage que Collin-d^Harlevilla ait dooDé 
anx Fraurais; 11 eiit du succés, mais ce ne fut que ce qu'oa 
appclle un succés d'esllme. L'analyse ne peut en dooDN 
qu'une falhlo idée , car son plus grand mérite consiste dans 
Ics dclails et dans quelquos scéues quUl faudrait copier, pout 
en faire sentir tout le prix. 

Sopbic Dirval , jeuue femme de province , dont le mari 
est prisonnier do guerre , vient passer Thyver k Paris chex 
iHi do ses oncles, rlclic commer^ant; elle y prend bieoh 
töt le goiit de laparure et de la dissipation, et elle fimt par 
pcrdre sa preuiierc simplicllé* Dcux fats lui foot U 
cour , Florvaile et Déricour 5 d'abord elle les reijoit avec dé- 
dain , mais , peu å peu et sans le savoir , cUe prend du gofit 
poiir le dernier. 

Formont , frere de Soplaie , nouvellement arrivé de Mor- 
tagne, appcrcoit le dungcr que court cette étourdie, et, do 
coucert avec une femme vcrtueuse , Mme» Hewler , cherdhi 
ä Péloigner des piéges qu'on tcnd a son inexpérience : 3 
Tempécbe de donaer son portralt a Déricour ; et prend. uil 
Uiojen aussi adroit que délicat po ur Tempecher d'ein-' 
pruqtcr ill cethguime taré, deuxcgats loiiis qu'eUc a pexdusfttt 



MCEU .317 

j^; enfin, Il Ja préserve de loiite atteinte jiisqn'ait moment 
oii , entrainée au bal de Topéra par ce Déricoiir qu'elle aime ^ 
elle reronnait positivement en lui des intentions perfides et 
outrageanJes. Sopliie se répent alors de ses inconséqiiences 5 
elle forme méme déjä le voeu de retoiirner en province ♦ 
lörsqne Dirval , son mari , arrive inopinément , et parvient, 
sans s'en donter , å la ramencr h ses devoirs. 

Il est aisé de voir par cette analyse qiie le fonds de la piéce 
est insiiffisant pour cinq actes , et qii'il a quelques ressem- 
Wancesav^c d'autres comédies connnes.A ce défaliton doit en 
ajouter d^aiitres qne de charmans détails n'ont pu Cacheren*- 
tiferement. La jeune Sophie , qiie Taiiteur semble vonloit 
nous presenter comme une femme plus inconséquente que 
criminelle , ne parait pas télle au public ; les moyens qu'on 
met, ouqu'on suppose mis en usage pour laséduire , n'ont 
rien d'assez aitrayant, d'assez insidieux pour servir d'excuse 
å ses fautes , et pour inspirer un vif inlérét 5 c'est de bon 
gré qu'elle se dispose å etre victime , ét son frére a plus de 
peine å combatfre^ses dispositions naturelles qu'å la défendte 
des entreprises du galant. Quant å Déricour, ('observation 
précédente iudique assezqu'il n'est qu'un trés-faible Lovelace* 
Le personnage de Mme. Hewler est estimable sons le rapport 
de la morale \ mais il est mal dévelo|>pé, Quant au dénoue- 
ment , on voitqu'il n'est pas neuf: d'ailleurs il ést prévjii dés 
le premier acte, et doit faire rire tönt le mondc aux dépens 
du pauvre mari , arrivé fort å propos pour n'étrc pas 
coiffe 5 ce qui ne Tempéche pas de revoir avec transpoft une 
femme, que le hazard scul empcrhe dctre coupable : la 
gaieté qu'inspire une pareille situation , prouve assez que 
Tauteur a manqné son biit, et qtTil a fait une piéce imjmo- 
tale , avec les intentions les plus pures. 



3i8 M O I 

MCEURSDUTEMS(lcs), comédieenunacte, ei)|Mrolt) 
par Saurin , aiix Fran^ais , 1760. 

Géronte a promis la maiu de Julie, sa fille, äDorante;maii 
la Comtcsse , soeur de Géronte , traverse ce mariage , et yeat 
qiie sa niéce épouse un Marqiiis , qu^elle doit enlevei^ å Gi- 
dalisc. Gette deruiére se croyait aimée du Marquis. Séduil6 
par rélégancc mcmc de ses ridicules , ses défauts ne lui pat^ 
raisseut que des gi åces ; elle est presque sure que ^ si elle 
dcvient son épouse , elle sera la femme la plus malheareose: 
toutefois elle Taime , et se propose de profiter d'un bal 
qu'ou doit douner le soir méme , pour deméler les seiH 
tiincus du Marquis* L'heure du bal arrive^ Cidalise, qni 
a vu Ic domino de la Comtesse ^ en fait faire un parejlt 
Elle appergoit le Marquis^ qui la suit , et qui, en effet^ 
la prend pour la soeur de Géronte. Crojant parler k la 
Comtesse , il n'épargne pas Cidalise ; enfin il est démas' 
qué et coDgédié , et Julie épouse DorantCé 

Gette comédie obtint le plus brillant succÄs ; elle ofio 
iine sagc économle, des scénes bieu liées et des caracl^ 
bicu soutenus* 

MOISSON (la) , opera comique en deux actes ,- eo proå* 
et cii vaudevilles, par M. Sevvrin , å rOpéra-Gomique, 1798» 

Bertrand et sa femme veuleut marier leur fiUe Thérésci 
Benjamin , le plus sot , mais le plus riche garden du villa^ 
Tbéröse aime Blaise, et en est aimée. Celui-ci , apres avoit 
joué plusieurs tours a son rival 9 imagine un mojeB 
pour entrér chez Berlraud , assister au repas de noce< 
de son amante , et supplanter Benjamin. Un vieux C** 
pucin, aveugle , se présente devant ce dernier , qui lui* 
troduit chez son beau-pére : ce vieux Capucia ^ «^ 



■A 



Blaise. H cbttote des rondes; il dit labotine aventure ; enfin , 
1 se fait si bieii aimer , qne Bertrand lui fait present d\ine 
jerbe de bled , ét lui donne son fils pour guide jiisqu'å son 
jouvent. l^endant que tönt le monde est allé cbcrcber le No- 
aire , et que Benjamin est reste setil pour gärder Théröse, 
.« fauxCapucin vient lui faire ses adieux : il a sur son dos 
iine ger be , dans laquelle il a caché Thérése* On connait la 
gravure qui retrace un Capucin , introduisant ainsi une 
jeune fille dans son couvent. Qiiand Bertrand et sa femme 
rentrent , ils ne trouvent plus leur fille : Benjamin leur parait 
si mal-adroit de Tavoir laissée échapper, qu^ils promettent • 
sa main å celui qui la leur ramenera* Blaise reparait sous son 
véritable costumejet épouseThéreseauxyeux de son rivaL 
Tel est le fonds léger de la Moisson , piéce dans laquelJe 
ca trouve de jolis tableaux,, de la gaieté et des couplets 
agréables : elle eut du succés, 

MOISSONEURS (les) 5 comédie en trois actes , en versy 
mélée d'ariettes , par Favart , musique de Duui , au théåtre 
Italien, 1768. 

Le sujct de cette piéce est tiré du Livré de Ruth , un 
des plus beaux de TEcriture-Sainte. Comme cette comédie 
brille surtout par sa inorale,et qu'elle fut jouée pendant le 
caréme, on disait que le petit pére Favart précbait le caréme 
me Mauconseil. 

Un homme riche , retiré dans sa terre , fait ses délices des 
travaux de la campagne , et met son bonheur å rendxe ses 
vassaux beureux. 11 préside aux travaux de la moisson , et 
répand la joie parmi ses ouvriers. Son neveu se dérobe aux 
plaisirs de la ville , pour le venir voirj mais c'est son incK- 
»atlen pour une jeune Moissonneuse , qui est le principal 
Baotif de son séjour. Ge jeune homme aime la chasse , et ea 






3ao MOS 

falt I'é1ogc ; II est étonné qiie son oncle i)'ait pBS vnat&ill 
de cbassc , des garlos et une meiitc. Il appcrcoit Fobjet b 
sa passion , et vont 1'cngager å le siiivre å la ville, o&il 
lui promct nii état brlDant ; mais cette jcime Moiuooeuso 
aimc micnx gluåier et truvaillcr toiit Ic jour dans les champi) 
poin iairo snhsislcr .<*a belle-måre , qui a en soin de Félew 
et cie la fovmcr å la vcrtu. L'amant con^oit alors le projot 
d'enl(ivor sa maitresse. CcpcndaDt riieure du diner arrivei 
et le Soignenr , et le Nevcu ^ et les Moissonneuses font 
tons ensemble lenr repas. Les cbansons et la joie péiiUeot 
dans cette fete cbampctre. Charmé des graces et des Tertai 
do la jeuiie Moissonneuse , le Seigneur s'intéresse vivemeat 
å elld. De son rolé, cette beaulé villageoise aime en secretco i 
bienfuiteur dn canton : le trouvant quelque part eDdormii 
elle eiilace des feuillages au - dessus de sa t6te , et lui &it 
lin abri de son voile , pour le défendre de Fardeur du soleiL 
Il se réveille , et, surpris autant que pénétré des soins de cettB 
jrune iiile , il s'informe de sa naissance å la lionne-femoM 
qni Ta élevée , découvrc qu'elle est de sa famille , el qoA 

■ 

c'cst un de ses parens qni lui a eiilevé safortune* Cependait, 
le jeiine hommc , poursuivant toujonrs son projet d'enlBT8r 
la Moissonneuse , le fait cxéicutcr au moment méme <p^ 
son oncle lui propose de le marier avec cette b^ti» 
xnais , indigné de cette violence , il le renie pour son pazenty 
Téloigne de sa présence, et ne lui promet ses bontéset lOii 
amitie ^ que lorsqu^il aura réparé , par sa conduite , la höota | 
de son action. La jeune Moissonneuse, au comble de ad i 
vcx^iixfépouse le Seigneur. 

Ce drame oflre le tableau agréable, des plaisirs de la campf 
gne.!Favarty a pcint labelle nature avec resp»t,legout ellW "^ 
qu'on trou\ e dans ses ouvrages : il a su intéresser par le carac- ^ 
It^re aimable du Seigneur bienfaisant, et par les moeursnaiv*»^ j 



J 



MDJ Sa». 

hantés ^ la jeune Moissonneuse ; il leUr a öp^osé ha- . 
nent le contraste d'un jeune homme aveuglé dans sa 
lon , et dépravé dans ses plaisirs. Une morale pleine d'a-* 
lite natt de la situation de ses personnage^ , et le tout est 
aé par le spectacle et l'activité de la campagne* 
le ceoseur Marin y mit Tapprobation suivante : « Si 
on n'avait représenté sur nos théåtres quo des piéces 
3 ce genre , ii ne se serait jamais élevé de question 
ar le danger des spectacles ; et les moralistes les plus 
évéres aairaient mis autant de zéle å recommander d« 
es fréquenter, qu'ils ont déclamé avec chaieur, ponr 
létourner le public d'y assister »• Ces paroles semblent 
nifier naturellement que , si toutes les piéces de théåtre 
ient des sermons , les moralistes ^ loin d'en détoumer les 
rctiens, lenr conseilleraieut d'y aller. Comme nous Pavons 
, le sujet de ce drame est puisé dans TÉcriture-Saintc ; 
est donc impossible que le moraliste le plus rigide y 
uve un seiil mot å reprendre» Gette approbation, toute 
iple , toute innocente qu'elle est, fit cependant beaucoup 
bruit. Quelques personnes crtérent au scandale ^ et préten- 
eot que le Censeur avait voulu contredire leur rnorale ^ 
Hner en ridicule leur sévérité | et engager les dévots 
ailer aux spectacles profanes. Les gens sensés , les 
imiers Prelats eux-mémes lurent TapprobaHou , et lui 
»tituérent son véritable sens» Cependant on disait que. 
CenseUr avait perdu sa place, qu^il était å la bastille^ et 
Censeur , qu i croyait n'avoir rien å se reprocher, riait 
i-méme de ces uouvelles» A la fin , pour appaiser 
US ces brults , on mit un carton sur tous les exem-^ 
aires de ce Drame. Le méme Censeur y substitua 
)e approbation simple ^ sans aucune reflexion ^ et la 
^erelle tomba» 
2bme F^L X 



»la MO! ^ 

Bossnet^ qtii , commc tout le mondc saitj a écfitcooM 
le théatre , tronvait la tragédie de Pénélope , par Tabbe 
6e:iost si remprie de scntimcns et de vertus,qu'il duait: 
« Je ne balaiircrais pos a nppronver le spectacle^ si l'oa' 
31 re])ré8enlHit tonjours de^ pieces aiiasi épurées» » 

Ce flit å l'orrasion de cctte mcmc tragédie , qu'oo agitiit 
un jour devant Louis XIV, s'il était pennis d*aller å la 
Comédie ? « Voici le Docteiir , dil le Monarque ; il dooi 
3» décidera ce point. » Apres avoir exposé le fait » qu*en 
» dilcs-vous, contiiiua le Prince ? Sire , répondit BoMoet, 
« il y a de grands exemples poiir, et de fortea raisooi 
» cohtrc. » 

MOISSY ( MouLtER DB ) , atiteur dramatique , né 1 
Paris , y ruourut en 1777. 

Un^t Y le agrcable , noble et facilc , une intrigue filée 
avcc adresse , beaiicoup de sentinicns et pen d'actJ0D ; teb 
sont los traits qui caractérisent le tliéfttre de Moissy» Sans 
toiites ses piéces , on remarqne ce ton et cette connaissance 
du monde qui ne s^acquiércnt que dans la bonne coitt* 
pugnie ; mais son dialogue manqne souvent de préciuoOi 
de force , de comique , de mouvement, et méme d*idtérél» ' 
Au surplus , voici les titres des pidces qu'il a données aa 
théåtre : le Provincial ä Paris , les Fausses InconsianCit t 
le Valet-Maltre , la Nouvelle École des Femmes , VEi^ 
nuyé , VIrfpromptu de VAmour , la Nouvelle Écohdti 
JMarisy et les Deux Fréres, II a publié , en outre ^ pluaieori 
volumes de Proverbes ISramatiques et la Plxue JU^i 
dranic didacti-comique. 

MOITIÉ DU CHEMIN (la) , comédie en troia act«f 
en vers, par M. Picard , aux Fran^ais, 1793. 



< Després d' Ångers a trne fille ; son frére Després de Paris a un 
fils : ces deux jeunes gens s'aiment ; mais leurs péres , fréres 
jum^aux , sans cesse en dispute sur le droit d^atneste qu'ils 
ambitionnent réciproquement , ont juré de ne marier leurs 
enfans qne lorsque Tun des deux vieillards serait mört. 
Figeac , gascon adroit , ami des deux péres , prend le parti 
de les réunir \ il écrit å Després de Paris , que son frére est 
Inort , et å Després d'Angers , que son frere de Paris 
vient de fermer les yeux. Blentot les deux fréres se mettent 
en route , et arrivent au Mans, å la moitié du chemin , pré- 
eiséroent dans la méme auberge. Figeac, embarrassé, ixiet 
dans sa confidence Thötesse , qiii se trouve étre sa soeur de lait. 
lie Gascon etTaubergiste inventent tant de ruses , que les deux 
amans tronvent moyen de sfe voir, et que les deux péres , en 
grand deuil Tun de Tautre, ne peuvent se rencontrer quo 
lorsque , se regretant mntuellement , ils sont prés d'oublier 
leur ancienne querelle. 

Tel est le fonds de cette pi^e» 

MOLARD , autQur dramatiqne , né å Marseille , a 
douné au théatre la tragédie de Marius et Scylla ; il avait 
composé la tragédie de Thémistocle , qu'il présenta aux 
comédiens , mais ils la rejett^rent , et elie ne fut pas re-* 
présentée. « 

MOLÉ , ( Francöis-^René), né ä Paris en 1784 , mört 
dans la méme ville , en i8o2. 

Si Ton en croit certains rédacteurs de cbroniqiies , cet 
acteur , qui se nommait d'abord Molet , snpprimant 
un t de ce nom trivial , et y ajoutant un* accent , le 
rendlt noble et sonore. Ponr nous , qni ne devocis con«« 
^idércr dans Molé qne racleiir ^nons passerons sur res petite» 

X a 



Uk.1 



324 M O L 

anccdotes , qiii no scrvent qu'å jetcr dii ridiculo sur kf 
grands talens ; et nous dirons que Molé débuta en 
1754 y par le role de Britaunicus ; qu'il )Oua eoBHite 
<^eux de Séide et de Nérestan ; mais qu'il eut peä dt 
succés , el qu'il fiit obligé de quitter la capitale y pou 
aller joner en province. Quelqnes années apres ^ en 1760, 
il reparut snr le thé&trc Fran^ais , toujours dan^ la 
tragédie , poiir iaquelle il avait pen de dispositions i 
toutefuis , il fut re^u pour los troisiémes roles triq^quef 
et coiniques , et moiitra dans ccs derniers un taleBt préoieuZi 
qui le mit tout-å-coup au niveau de Grandval et de Belleconrt 
En 1761, il joua dans iiiie bluelte intitulée: Heureusement^ 
dont il fit seul tout le succés. Depuis ce tems son talent et 
sa réputatiou s*accrurent de jour en jour , et il devint b 
inodéle des petit-maitres qii^il avaitKl'abord copiés ^ bjentöt 
il fut ridole de ta Cour et de la Ville 9 au poiat qu'étaBt 
tombé målade , on voulnt avoir les bulletins de sa santé» 
et que, de toutes parts , on luienvoyait le» vins les plus ezqnis 
pour rétablir sa poitrine délabrée. Le roi lui-méme loi 
fl t remettre deux fois cinquante lonis dans le cours dv 
son indisposition. I/orsqn'il reparut , il fat accueillr avcc 
uu enlhousiasmc vraimcnt extraordinaire# 

Oo lui reprochait beairconp de fatuité : nous ne Wrti* 
lons point le laver de cetle tarbo trop évidente , qui» d'ailleursy 
ne flétrit point le méritc duComédien. L'on pourrait se bornw 
å dire qu'il savait saisir tous les caractéres et en fkire ressortir 
tontcs les nuances; en effet, il était cbarmant dans le role dil 
Marquis du Cercle ; décbirant dans Berverley^ dont il jouait b 
principal role. Cétait un villageois plein de gaieté dans Bylos 
et Siivie , de Rochon de Chabannes ; un papillon séduistnt 
dans le role de Damis ,un philosophe leudre dana le comtew 



Mot 3i5 

Nanin^y et un Iwöiimi- vrai , mals sensible, dans 1'-^^- 
mint^Bourru de Monvel. Il fit la fortune du Séducteur ^ 
du marquis de Biévre ; il soutint le Jaloux sans Amour ^ 
dlmbert , et fit gouter le role de d^Orlange , des Chåteaux^ 
sn Espagne ^ de Coilih-d'Harife ville; enfin ^ il était escet* 
lent dans tous les roles qui convenaientå la natiire ef å la fai* 
blesse de son organe. Nous ne craignons pas de le di re ^ 
iamais p«r«ODne Be montra pl«« de digmté dan, le» röle, 
sérieux ^ plus de vivacité^ de gaieté eé de légéreté dans le» 
personnage» eonaiques^ 

Molé pareourut salongue€«Triére^ sans essuyer hi moibdre 
dtfaveur de la part du public ; il aimait son art , et se-prötait de 
bonne grace k tout ce qui pouvait obliger ses camarades : c^fest 
81 vrai qu'å Tage de soisante ans passés;, itesa reparaitre daiia 
les roles de Petit-Matti«s qii*il avait abandonnés. Un jour« 
naliste tourna en ridicule ce zhle louable-, et l'on. prétend 
que Molé en con^ut un chagria qm abrégea ses jéursb 

Il a donné , sous son nom , une piéce intitulée le 
QiiiprcKfuo y qui ne 'plut pas au public. On doute.qa'il 
en soit TauteiiiF , puisqu^å Teccasion d'un compliment de 
cloture ^ La Harpe lui leproche une ignorance taiale*''dé 
la langue fran^aise* .. , , 

Il fut mcmbre de 1'Institut et jcnourut i^egeetté de ses 
collégues et de ses camar-adest^ 

MOLIEftE 9 €onaédiea ^ siurnommé le TraffXfue , est 
Auieur d'une tragédie de Polixéne , représentée eå u620« 

MOLIERE ( Jeak-Baptisti: Poquelin), auteur dra-* 
matique , né k Paris en 1620 , mört dans la mlnae ville en 
^678. 

^Us et petit-iUs de valets de chanibr^ tapissler du B.Qi f 



326 M O t 

Moliére , jiisqu^å V&ge de quatorze ans , resta dans la 
maison paternellc , oh il re^tit nne éducation cooforme 4 
Tétat qu'on liii dcstinait; mais bieutot, guide par son hen* 
reuse étoile, il sollicita , et obtint avec bcaucoup de peinei 
la permission d*aller au college de Clermont , poui y fiiireses 
études. C^est lå qu'il fit^connaissance avec Chapeile , Beniicr 
et Cyrano. Bientot il fut admis, ainsi que ses amis , anz le^ona 
du celebre Gassendi. Les bclles-lettres avaient omé Fesprit 
du jeuae Foqticlin^ les préceptcs du Philosophe Ini apprireö^ 
å pcnser. C^est dans ces préceptcs qu'il puisa les priocipei 
de justessc qui lui oot servi de guide dans la plupartde ses 
ouvrages. Le voyage que fit Louis XUI å Narboone en 164'» 
intcrrompit le cours de ses études ; son pdre , dovenu infirme, 
ne pouvantysuivro la Cour^ il fut obligé d'y aller å sa place 
et d'y rcruplir les fonctions de sa charge , qn'il exer^a jns* 
qu'å sa mort^ mais, h. son retour k Paris , tou jours guide par 
son étoile , il rcutra dans la carriére , et a'y fraya urf cfac^ 
niiu dans Icqucl ses sucresseurs ont vainement essaié de lo 
snivre; lui senl est réellement urrivé au but. Alors le govt 
du tbeåtre régnait en France; le cardinal de Richelieil 
Taimait et protegén i t les auteurs dramatiques ; on peut 
dire mcine que c'est k ce Mlnistrc que nous devons et 
MoliÅre , et tons les grands écrivains qui ont illustre b 
le régno de Louis XIV. Cc goiit ttait si générafemeot r^ i 
pandu ä cette époquc, qne ron vit se former plusieurs sociélés 
particuliéres, dans leaqnelles on jouait la comédie. PoqueKn 
cntra dans Tune deces sociétés , qui futconnue souslo titrede. 
Y Illustre Théatre, So i t par égard po nr ses parens , qni désa- 
prouvaicnt sa profession, soit pour suivre 1'exemple de ses 
caraarades, Poquelln cbangea de nom et prit cclui de MolieM* 
JiaBéjard, alors comédiennc de campagne,se Tassociajei bien* 
♦6^ lies par le double noeud de l'amour et del'intérét|ils forni4< 



M o L 3*7- 

rent ensemble nnc tronpe, et avec elle partirent pdur Lyon , oii 

Ton représeata VEtourdi: cette piéce obtint un succés si déi idé, 

que tons les spectateurs désertérent le tbéåtre d\ine au ti a 

troupe de comédiens , qu'ils avaient' trouvé établie dans celte 

ville ; entin la plupart de ces derniers s'eugagércnt avoc Mo- 

liére, 'Ot le snivirent en Languedoc, oh il all^ ofTrir ses service9 

au prince de Cbnti , qui tenait å Béziers ies £tats de la Fro-« 

Tince. Ce Frince avait connu IVIoliére au college , et 8'étaii; 

amusé å Paris des representations de V Illustre Théåtre , qu'iL 

avait fetit venir chez lui plusieurs foié. A Béziers , Ytkourdi 

(ut représenté avec ie méme succés qu'å. Lyon ; le Dépit 

jåmjoureux , les PrécUuses Kidicules y entrainérent tous Ies 

suiSrages. Moliére, comme on le voit, avait lieu de s'applaudir 

deTétat qu'il avait embrassé; mais ses succés, qil^lque grands, 

quelque mérités qu'ils fussent , ne purent pas vaincre la ré-- 

pugnancc que son pére avait con^u pour son état. Plusieur» 

foisy mais ton jours inutilement y il le fitsolliciter par ses amis 

de Tabandoniier : eniin , dans Tidée que son mattre de pension 

pourrait le ramener b. son dévoir , il le lui envoya ; mais au 

lieu de le décider ^ quitter saprofesslon , cc fut Moliére qul 

lui persuada de Tembrassor lui-mcme.Four Ty déterminer, il 

lui ofliit Tcmploi de Docteur de la comédie , atiquel il \^ 

croyait propre. Toutes ces pctitescirconstances de la vie d\iii 

grand honime sont fort intéressantcs., mais le dé>raut d'es^ 

pace nous force å eu supprimer la plus grande partie. Notis 

avbns laissé Moliére en Frovince ; nous allons maintcnant le* 

voir re venir å Faris , ou il s'établit sous la prolection de. 

Monsieur. Dans plusieurs voyages quUl avait été obligé de» 

faire , il avait eu accés auprés <le ce Frince , qui eut la: 

bonté de le presenter au Roi et a la Reine mére» Apres 

avoir joué devant Leurs Majestés, ii en obtint la permission d^ 

s^iostaller dans la salle des gardes du vieuJE Louvre^ et eu&uil«b^ 



3z8 M O L 

dans celte du Falais-Royal ; enfin , en 1 665' , sa tronpe tiilt 
arrétée au service du Roi.C^est alors qu'oa vit régner enTrance 
le vrai gout de la comédie. Voici b liste des ouvrages qw 
cet auteur immortct a composé pour le théåtre , KJEtourdii» 
le Dépit jtmoureux , les Précieuses Ridicules , le Cbcg 
Jmaginaire , Dom Garcie de Navarre y VEcoh des Maniy 
les Fåcheux ^ VEcole des Femmes , ta Clitique de VÉcoh 
des Femmes , Vln^promptu de f^ersailles ^ la Prineesu 
d'Elide f lo Mariage Förcé , lo Tartuffe , le Festih it 
Pierre , VAm^ur Médecin , le Misantrope , le Médecin 
Malgré lui , Mélicerte , le Sicilien , Amphybion » Geofp 
Vandin , VAvare , Pourceaugnac y lea Amans JBUagn^ftqueif 
Psyché y le Bourgeois Gentilhomme , les Fourberies åt 
Scapin y les Femmes Savantes , la Comtesse d*Escurbagnat 
et \e Målade Tmapnaire. Par respect pour Moliére, noiis oe 
devrioas pas pärlor de plusieurs petUes fSurce» qu'il compoM 
pour la Frovince, mais, comme ces petites taches ne peo- 
vcnt altérersagloire^nousnous borDeronsåendonnerlestiferei» 
los Docteurs Amowreux , la Docieur Pedant^ les TroiB Doc^ 
teurs Rivaux , le Maitre d*École , le Médecin Folanty b 
Jalousie de Barbouillé y la Jalousie du Gros Mené, CffT* 
gibus dans le Sac > lo Fagoteur , le Grand Benet de FUs^ 
Gros René petit enfanty etc. Au surplus , aucunf de ces 
farces D'a été impriméo. 

Pour juger du raérite des ouvrages do ee grand Hommei 
il suflBt de les comparer avec tout ce que l'antiquité nou» 
ofire de plus admirable et de plus parfait en co geore. Pia* 
rexamen sera approfondi ^ plus la supériorité de Moliko- 
sera reconnue« Comme on sail^ il puisa, ckez les Ancfto* 
les premiéres notions d\\n art qu'il In i était réservé de per- 
fectionnerj i\ lenr dut ce tact sur , ce gout exquis , quiliu 
iirent surpasser tous les modéles; ou plutot son génie, sujjé- 



M o L 3ä9 

tieur aiix régles ii'en suivit pas d'aiitres que celles qu'Il se créa 

lui-méme.La nature et les ridicules de son siécl^ furent pour 

lui une source intarissable ; c'est-lk qii'il puisa cettd fonle da 

taibleaux si difierens éntr'eux , et si ressemblans ' avec les 

objets qu^il a voulu peindre. Il observa Tesprit des Grands ^ 

les corrigea de leurs défauts en les faisant rire y et osa substi- 

tuer ^es Marquis et les Faquins du grand monde , aux 

'esclaves des Anciens : ces derniers ne jouaient, sur leu^-s 

théåtres, que les ridicules du Peuple et. des Boiirgeois; 

Moliére joua ^ sur le notre, et la Ville et la Cour. Spec— 

tateur pbilosopbe , rien n'écbappait å ses r^egards : il est peu 

deconditions ott il n'aii fouillé 3 peu de vices dans la société 

qu'il n'ait repris : personne , enfin , n'a conou , au ménte 

degré qu9 lui , l'art de troaver le ridicule des choses , méma 

les plus sérieuses; il allait le saisir oti d^autres ne l'eussent 

pasniémesoup^onné;aus8ij ar-Ui\ joui d'unavantage bien rare, 

celui d^avoir réformé une partie des abus qu'il attaquaii. Le 

jargon des Pr^cieuses Ridicules disparut; celui desi^emme^ 

Savantes de vint intelligible; enfin on cessa de turlupiner å la 

Cour et de se guinder k la Ville. Si l'on vit encore des avares 

«t des hypocrites , c^est que le vice a des racines profondes , 

qu'il est presqu'iropossible de détruire , tandis qu'il suffit do 

faire apercevoir le ridicule pour le corriger. Il faut eon-' 

Tenir , néanmoins, qnc , méme dans les chefs-d'oBUvre do 

Moliére , on ne trouve pas tou jours un langage as&ez épuré : 

on pourrait désirer aussi des dénouemens plus heureux. On 

lui reproche encore de s'étre trop occupé du Peuple, et ce 

reproche est fondé; m£^is il faut considérer que Moliére, 

chef d'une troupe de Comédiens , avait besoin de plaire å la 

niuUitude, sans laquelle une pareille troupe ne peut exister; 

*oiivent méme il était obligé d'amuser la Cour ,qui, avec uu 

gout délicat , aime encore plus å rire qu'å adrairer t D'ail<o 



33o M O L 

Icurs , on doit dlstingner Ics genres : le MSdecin malgrélidf 
Fourceaiipiac , los Fourberies de Scapin , ne peuventpS8| 
sans contredit 9 cnlrer en parall^le avec le Jlisantrope^ lo 
Tar tuffe , et Ics Femmes Sa vantes ; niais , méme dans ca 
prcniiércs prodiictions, on trouve plus d*UDtrait qui décileol 
le génie qui cnfuuta les secondes. £n introdulsant k bon 
gout sur notre scene comique y Moliére n'avait pa en baooir 
entiåiemeut le mauvais; poiir 1c ren verser, il oncensait Ti* 
dole ', en un mot, il imitait la sagesse des grands législatanni 
qui , pour accréditer de bonnes lois , se soumettent å d'tt- 
ciens abus. 

Nous a vens rapporté les partlcnlarites de la mört do 
MoIiferOy k Farticle du Målade Imaginaire, derniére plo* 
duction do son génie ( vojez cette piece). A peine cetévin^ 
meut fut-il su , que Faris fut inondé d^épitapheo ; toutessont 
indignea du sujet : il faut pourtant en excepter celh qne lui 
composa Lafontaine et celle du ?• Bouhours. Voici coU» 
do Lafontaine. 

Soiis ce tombeau gissent Plaute et Tcrence; 
Et cependant le seul Voliérc y g!t. 
Lcnrs trois talens ne formaient qu^un esprit , 
Dont le bel art réjonissait (a France. 
Ils sont partis ; et j^ai peu dVspérance 
De Ics revoir, malgré tons nos efforts. 
Pour un long tems , selon toute apparenee , 
Térencc et Plaute et MoJi^re sont mörts. 

Cclle qui suit est du Påre Boubours : 

Orncment du théätrc , iocomparablc acteur , 

Charmant Poelc , illustre Auteur , 

G^est toi , dont les plaisanteries 
Ont guéri du Marquis, Tesprit extraragant; ) 

Cest toi , qui j par tes inomeries , 



M o L 3*t 

' As réprimé rorgnril du Marquis arrogant. 

Ta muse , en jouant Fhypocrite , 

A redressé les faux dévots ; 

Lä précieuse , å tes bons möts , 

A reoonna son faux mérite; 

L^homme , ennemi du genre-humain } , 

Le campagnard , qui tout admire , 

^''ont pas lu tes écrits en vain : 
Tou& deux se sont instruits en ne pensant (pi^h. rire. 
£niia , tn réformas et la Ville et la Cour : 

Mais quelle fut ta récompenie ? 

Les Franeais rougiront un jour ' 

De leur peu de rcconnaiäaanoe } 

Il leur fallait uh comcdieu 
Qui mit, ä les polir, son art et son ötude ; 
Mais , Moliére , Ä ta gloire , il ne inanquerait rien , 
Si , pärm i leurs défauts , que tu peignis si bien , 
Tu les avais repris de leur ingratitude* 

Voici maintenant le portrait qne noiis a laissé de Moliére 
Péponse du celebre Poisson, fille do Ducroisy, coonediea 
de la troiipe de ce grand bomme. « Il n'étalt ni trop gräs ni 
» trop maigre; il avait la taille plus grande que petite , le 
s» port noble , la jambe belle ; il marchait gravement , avalt 
» Tair trés-sérieux , le nez gros , la bouche grande , les 
» lévrcs épaisses , le leint brun , les sourcils noirs et fprts , 
» et les divers mouvemens qu'il leur donnait , rendaient 
;p sa phisionoraie extiémenient coailqno. A Tégard de son 
j» caractére. Il étalt doux , complaisant et généreux. Il aiaiait 
Ä fort k barangner; et, quand il lisait ses piåces aux comé-» 
» diens , il voulait qu'ils y amenassent leurs enfans , pour 
» tirer des conjectures de leurs mouvemens naturels. » 

Nous avons parlé de Moliére comme auteur et commeac^ 
tenr , il nous reste å dire deux möts sur soa caractfere r 
Moliére récitait en comédien sur le thtåtie et hora du tb«a-« 
tre j mais il parlait en honuéte hcmme > riait en bonäéit 



332 M O L 

liommo , avait tous les sentimen» d*iin honnéte bomimj 

sa convcrsation était tres - agréable lorsque les gens lui 

plaisaient ; mais le plus soiiveut il paraissait rAveur et mé- 

lancolique , et se coDtentait d'obscrver les mauiftres et let 

moeurs des personnes avec lesquclles il se trouvait en so- 

ciété, po nr en faire des applicatioos dans ses comédies, oh Ton 

peut dirc qu'il a joué tout le monde , sans méihe en excepter 

sa familie et lui-méme. Mxne. Poisson vient de noos dirt 

qii'il était généreux; eavoici la preuve. Baron lui annoDfait 

UD jour un hommeu Que son extreme misére empéchait ds 

paraitre. « Il se nopnme Mondorge , ajouta-t-ih Je le coih 

9» nais , dit Moliére ; il a été mon camarade en Languedoc ; 

> c'est un honndte-homme. Qixe jugez-vous qu'il faille lai 

» doiiuer ? Quatre pistoles lui répoudit Baron , apres avoir 

» hésité quelque tumps. Eh bicn ! repliqu a Moliére, je vais lei 

» lui donner pour moi 5 donnez-lui pour vous ces vingt autres 

» que voiIå« » Mondorge parut : Moliére Tembrassa , Is 

consola , et joignit au present qull lui faisait un magnia 

fiqnc liabit pour joaer la tragédie. 

Louis XIV voyant un jour Moliére å son diner, avec le nrf- 
dccin Mau villain, I1U dit : Vous avez un roédecin ^ que Toas 
fait-il?Sire , répondit Moliére, nous raisonnons ensemble }'u 
m^ordonne des remédes ; je ne les fais poiut , et je guérib 
Mau villain était son ami ; c'est lui qui lui fournissait 1^ 
termes d'art dont il avait bcsoin. 

Le grand C onde disait que Corneille était le brévlaire chi 
tois ; on peut dire que Moliére est le bréviaire ie tons kf 
bommes. 

MOLI£RE (Mllc.) , actrice de TOdéon , maintenant en 
Westpbalie , i8io. 

Gette actrice est digne dela scéne Fran^aise , oA elle fout* 
raltsesoutenirå coté de Mlle. Dévienne* Esprit, fineasei^io^ 



M o II 33J 

gence, apiomb , en un mot , toutes les qualhés qui cons* 
ent une excellente soubrette y se trouvent réunies en 



äOLIÉRE a la NOUVELLE SÄXLE , ou Les 

DiENCES DE Thalie , comédie en un acte ^ en vers '^ 
La Harpe , aux Fran^ais , 1782. 

Jnoiqu'on en dise , ce n'est point Thalie qui donne au-» 
nce , mals Moliére hii-méme ^ cetie Muse y ainsi que sa 
^ique Soeur, n'y jouent que dies reles fort accessoires. 
alie et Melpoméue se réumssént pour instaUer leurs 
ets dans la Douvelle.Salle , et , par un bonheur inesperé y 
;s rencontrent Moliére, qui vientf, de son coté^ pour jouir 
in aussi doux spectacle : en sa qualité de fondateur , il est 
ez naturel qu^il s'y trouve. Tous trois font Téloge du Roi, 
a munificence duquel cetie Salleestdue; mais , comma 
lalie Tobserve fort judiciensement , il ne suRit päs d'avoir 
e belle Salle , il faut encore Torner do spectateurs. Par une 
ite nécessaire , on en vient å parler du mauvais gout qui 
traine la bonne société aux Boulevai\ds; et, de-lå, on lance 
lelques traits de satyre sur ce spectacle et ses spectateurs : 
Dutefois , on espére qu'å la fayeur de la nouvelle Salle les 
öses vont changer de face. Melpoméne , qui préside å la 
rémonie , en accepte le favorable augiire ; elle se retire 
mr aller assembler ses sufets , et laisse Tbalie seule avec 
-oliérc .... 
Eh blen ! Muse , lui dit-il : 

Vos bcaux jours sont suivis de quelque décadcnce. 

' .' 

Ditcs-moi , le faux goj^t a donc tout corroinpu ? 
Contre lui , dans mon tems , j^ai falt ce que j^ai pu. 

^^JoiUe qu*il serait fort étonné qu'oa n'en fit plus justlce. 



334 MOL 

tiiiisqnc , s^il en croit Ics , oii*dit , il lexiste cent }uges anlieti 
d^m ; siirvcIUans actifs , Vtrll toujoiirs tendu y toujoan 
nrcis il n-^ciiler le; premier q ni sVcarte 4.U droit chemio; 
Ccci anic^iie iinc rritiqiie trex-amåre des jouroauz,etparticu- 
lifVeiiiciit dii Journal de Paris. Voici ce qiii concerne cetti 
fuiiillc ; cV*st Tlialic qiii paric : 

Mais un cbcf-d^ueuTre unique , 

En fait trabrég»' , r"cst ma fui , 

Ijn Fniille de Paris : pour mot , 

JVn coDTietidrai , jc Ta i me k la folie. 
Voiis 9.iv(;r. ({irune thi^te , illustre en Italie , 
DdDft Son litre annon^ait lout ce gu^on peul sauoirf 
Cetle tlie^e est la fouilie , et rous v pouies Toir, 
Et voir , tnus I<'8 inaiins , Irt niorts , ]es mariages , 
I/liiituirc du nmnicnt , Ics speclacles du soir, 
Lc.4 li-rons d«! pliysique , et le pris des fourrageSy 

Et des livrés et des fromages , 
Le tenis qu^il Bt la vcilie , un poéme nouvean, 

liCs quereUes sur la musique , 

Et la n*|>onsc et la réplique , 

Et la bcance acadéiniipie , 

Et puis le contLat du taureau ; 

La satyre et Fépithalame , 
TTn trait de bicnfaisance auprés d^une ^pigramme^ 
Et le cours des effets , et la chutc d^un drame. 
Le rliaugc , le marcbé , la coulisse , les arts , 
Sccllés , mutations , domicilcs , rem parts , 
Lps scifncrs , Ics prix , les >eiits et les orages , 
Le bfurre et les ceufs frais, le tout en quatre pa^s, etc* 

Enfin , Tlialie se rclire , et va , comme sa sceiir, saroirce 
q ni se passé dans son Empire. Årrive alors M. Bapdste» 
vicnx giir^on de café, qni vienl lui presenter une conwoi» 
rapcta««sée avec dea morceanx clioi.sis de vinet comédiö 
tombées. Acelni-ci succéde M. Misogramme, bon et boBiA* 
iirgociant , qui ne peut plus snpporler le scientiiiqne trava* 



MOL 335 

fta femme et de ses eufans; il se plaint, avec quelque 

it , de Toir sa maison assiégée par une foule d'auteiirat 

asites qui toiirncnt toutes les tetes de sa famille. Apres le 

»art de cet homme , un peu brusque mais sensé , on voit 

rer un ccrtain M. Claqiie, cabaleur en chef, qui vient se 

indre å son tour de ce que le parterre est maintenant 

iis. Cet habile tacticien nous en démontre les inconvéniens, 

aous fait connaitre ses honnétes manoeuvres. Entré autres 

oses , il dit : 

Rien n^est pltis important 
Que d''aYoir ä Paris un succés éclatant ; 
On CD est beaucoup mieux payé dans la Prpyilice. 
Dans ces oas Ik , monsieur , il faut s''exccuter : 

On sait ce quUl en doit coiiter. 
J^avais mes lieutenans , mes premiers camaradcs , 

Qui distribuaicnt les brigades ; 
Cbacun avait son pöste et répondait d^un icoin : 
Moi , j^occupais le centre, et tous araient le soin. 
©""avoir toujours vers moi le regard et Porcille ; 
Et des que j'avais dit bien , fort bien , å merveille , 
Ils faisaient un choriU .' et puis , adroitemont, 

Je savais ranimer un applaudissement 

yiUez-donc.,., beau,*,, bravo , c^ctait un lintamare 
£t dcä pieds et des niains, dés caunes !... un succés 
Fou. 

I fin , lui dit-il : 

Je gagnais en bräyo , mes yingt écus par mois. 

! n'est pas trop ; les cabaleurs d^aujourd^hui se font mieux 
yer. Ecifin , arrive le jojeux V^audeville ^ et, bientot apres 
i , la Muse du Drame , burlesquement vétue avec des 
piers découpés, sur lesquels on voit écrit les möts : CielL* 
ieu I Grand Dieu ! Vertu ! Cnme ! Nature ! etc. , etc. 
le lui débite tant d'impertipences , et tout cela d'un ton si 
tncntable qu'elle lasse la paticnce du pauvre Moliére , qui 



336 M O Ii 

se perznot contr^clle unc sortie violentd dans laqtiélle j(^ 
retraco ton te la diflbrmité du drame. Ausnitöt le fonds da 
tbv.å^''e s'oiivre et laisse appercevoir les statues des grandi 
i^uteiirs dramatiqiies. ApoUon est entré Melpoméne et Thaliq 
c!:acunc d^elles conduit les acteurs de son genre.- Les 
aiitres Miiscs onl aussi leiir suite qui porte des goir» ' 
ländes de flonrs et des couronnes de laurier* Moliére n 
range å coté de Thalie, et les autres personnages de la 
piecc sont aiitoiir d'elle. On danse , et les Muses vont 
placer des giiirlandes et des couronnes de laurier autour 
des statucs. Enfin , la piéce se termine par des coupleti 
qiu sout chantés par Moliére , Thalie • ApoUon , IL 
Misograme , Melpoméne , la Muse du drame et le Van-* 
deville. Voicl celiii qiie chaute la Muse du drame : 

Aux sombrcs beautés du Drame ^ 
Quel coenr iie se rendrait pas ? , 
De sa ténébrcnse flamme 
Admirez les noirs éclau« 

Helas ! 

Helas 1 
Kien n'*est si beaa qne le Dfaree ^ 
All ! que le Drame a d^appas ! 

Gette piéce fourmille de tralts kenreux : ellc renferme nntf 
critiquo trés-m ordan te et)iiste en qiielques poiots; maisc'eit 
pliitot iine satyre qii'une comédie. Au reste, il paraitque>dsos 
cette piéce, La Harpe a voulu faire sa propre critiqusi 
Si ce fut-lå son intention , le motif est doublement lonabls* 

MOLIÉRE A LYON , comédie-vaude ville, enunactc, 
par MM. Ségur ainé , Dcschamps et Després , au Vaudc^ 
ville. 

Boutct, onde de Moliére, pre venu défavorablement contra 



H o L 337 

s comédieos de proression , forme le projet de con- 
e son nevcu å quitter la carri^re du théätre , pour iin 
degreflier plumitif , 011, tcut an moins, pour le métier 
ssicr , qni était , comme on le salt, reliii de la famillo 
lin : il part de Paris pcur Lyon , et arrive au spectacl* 
e ville , précisément k Ihcure ou la troiipe de Mo* 
berclM; ic moven de remplacerdans le role d'Augiisle, 
na , lin ac te ur tragique , qui a cu le malheur de s'eni' 
)outct y saus é^anl pour lii circoastance , catéchise 
veu , et eta!e to ut cc qu'il a de vteille logiqne pour 
)uter du thcaLrc ; mais le jeune Poquelin , aidé du 
Chapelle , repond å chaque assertion par un argument 
pliqtie , et le pauvre Onde reste confondu. Cependani 
I slavan c c ; ie public s'iinpatiente ; ne pouvantJui don- 
nna , il faut bien lui oSrir une autre piece : on pro— 
Etourdi et les JPrécieuses jRidicules ; mais le oiéme 
ie se preserite : Tivrogne qui n'a pu jouer Auguste , 
as plus en etat de jouer Gorgibus , et lui seul est en 
don dn rolc. On remarque alors que le gros Eoutet a 
ment le physique convenable au personnage; on sa 
e Tncmc qu*il s^en est qnelquefois chargé å Paris , 
ertaiu theatre bonrgeois j il n*en faut pas d'a vantage 
iU^on ait recours å sa tronaplaisance , et a force de sol*- 
ons on parvientårenröler. De jolies actrices arrangent 
tammeiU sa toilette sans qn'il ose lenr résister,et la pirce 
rsque celle de V Etourdi est censée devoir commeucerh 
est le trait anecdotique qui fait le fo«!ds de cc joli 
ville 5 qui oflre des rouplcts trés-agréables et tres- 
s. Le fonds paraltra peut-étre un pen trop simple ; 
ii au te urs y ont adapté plusieurs sccnes épisodiques 
répandent de Tintérét et de la varieté : le lien de la 
it les d'.Toraticins «ont J'uilleurs une nouvoauU ; iU 

le Pi. y 



MO L 

ii<pM'<ii<iiliMil nn llii/llrr vu <ln fond, oflrant les Coti1i5sel'i0^ 
liiiiriitm vi li« lidtMiii ni pornjiurtive* 



MtM.llVl\K AVKC SKS AMIS , comédie en mi acte, 

011 \iM« lilti-r« , |vii' M. Aiuliionx, uns Fran^ais, 1804. 

A 1:1 ii};iirui . lotlo piiVo tiVM |Hiiiit UDecomédie, nua 
iii»i« Mulo tio :«i'c^t)ot rpi«oJi(Uic5 , liées entrVKes par m 
M l<xoi- . «"! «lMn« tr:^f nollos Taiitonr a esqni$*c . arer bnn- 
t'«Mi|« <to i^iAx^c» ^uc\)t)o« Inits drs p-andit écnvains da 
»i^-lo ov I oui» XIV. On n'v troin-c d'artrp iDtmt 
•vJii» ,ju*i«5jMiv \a r;;jV'0*.«e do Mollire . qni ne pat 



if»sN v.sr* j; v.: ^ *?ws.-^ V« sor^'*'^?* c^*f! &*?-££ mn 

* -* • ■'»'Il . .' '. -if'- ,S fs 4f 'r*-'»»f*: . TTéHd^ i» Ti'"XMv>« a. 
»p. x"^ *■ -..* . s.^ - -^^■»ii-r r.narnT ■»? 



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MO L %39 

)oyeiix eotivives arrivent successivement en ch antänt , et 
plus résolus ä vivre qu^ils ne Tavalent été la veille å se 
noyer. Towr terminer' la piéce , Moliére épouse M11e« 
Béjard , et invite ttnis ces Messieurs å sa nocc* 

Comme nous IWons dit , cette piéce n'est qu'un en- 
thainement de scéues épisodiques ; elle obtint un succés 
^u'elle dut particuliérement å la richesse de ses détails. 

MOLIÉRE CHEZ NINON , ou La Lkcture dä Tar- 
truFFE , connédie en itn acte, en vers, par MM. Dubois et 
Cbazet , au thtiåtre Louvois , i8o2. 

La sccte des dévots et des hypocrites se leve en masse pour 

«nQpécber la representation du Tartuffe ; et, selon sa louable 

«t conslante babitude ^ eUe intéresse le ciel et la Ccrre dans sa 

(qiierelle. Comme on sait , le premier President iit défense 

anx comédiens de représenter cette piéce , .mais Moliére dé^ 

aUne sa jurisdiclion et s'adresse au Roi lui-méme , qui est au 

camp devant Lille« II attend la décision duMonarque, sans 

se laisser intimider par les saintes clameurs des bigots. Fört 

du suflfrage de CorneiHe , de Racine , de Boileau et de La- 

Fontaine , sur de la protection dn grand Condé et de Tassenti- 

tneiit de to US les honoétes gens , il se rend k Vinvitation de 

la celebre Kinon de Lenclos , et vient faire la lecture du 

lar^uj^eåsesimmortels amis. EnvainSaint-Ålban, secrétaire 

4u President et cbef de la secte mistique , le menace de la 

vengeance de ces pieux confréres , il va lire son ouvrage , 

lorsqu'un page lui apporte une lettre du Roi, qui en pérmet 

la representation. Tel est en peu de möts le fonds de cette pe- 

tite comédicjdans laqueUe on remarque des tirkdes agréables 5 

Hiais Ton y trouve aussi des négligences qu'on ne saurait 

• icuscr dans un ouvrage, o il roii voit figurer les plus grands 

Y 2 



34^ MOM 

poetes du siuclc de Louis XIV. Ninon n'cut ccvtainemftt 
pas falt la faulc gravc qui se Irouve dans les ven suivaot: 

Cct hoinme quI sait feindre un zé\e si fcTrent^ 
Eät un salnt iiiip> steur , dont la TiMte cadie 
Un but inqiiictani. Vous savez qu^il s'*attaclie 
A perdrc , dans IV^prit du premier President, 
lUoliérc , et j du Tar luff c , est tennemi puissanl,»-.* 

Äu reste , nous le répétons ^ cette piecc a^est pas mal écritet 

MOLrNE ( M. ) j auteur dramatique , l8iO. 

Cet auteur a donné å TOpéra : Ariane dans tik <& 
Naxos 9 Laure et Fétrarque , Orphée et Euridice , et le 
Moi Tliéodore ä T^enise. Il a fait imprimer, ou joner cp 
socicté les piéces suivantcs : les Legislatrice? y le Savéåét' 
Jdédecin , le Concert Interrompu , la Ftte de Saint^Chudf 
Richard Minutolo , la Couronne de Flewrs , la Sasuf Sup* 
pos^Cy la Meåni^TG enrichiey ou le Gascon puni, et le Bod 
Seigneur y ou le Colin^Maillard* 

MOMENT. Ou appelle ainsi an thé&tre. ^ toute shaafiotf 
frappante et inattcndue. ^ojes SITUATION. 

. , r 

MOMUS A PARIS , opera comiquc , en un aete , pH 

Panard et Fagant , å la foire Saint-Laurent , ij^%* 

Cest la critique des travers les plus accrédités dam 1> 
Capitale. On trouve dans cct opera plus de sel que de gcälpij 
tönt s'y passé, pour ainsi dirc^ en dialogues entré Moiii0%^ 
son coniident la Girouelte. 

MOMUS EXILÉ, ou les Tebreurs Paniquks,!»- 
rodie, en un acle , en prose , suivie du ballet des SM' 
mcus , par f u2ellier , aux Italiens , ijaS. , 



MOM »41 

X'awteiir fait paraitre les Elémens en habits Je caracléf^s. 
prend poiir la terre , des Carriers et des J^rdinlers^; et des 
uflf^eurs d'orguepour Tairj ceiix-cisont habiUés aussi J)e- 
riiment qiie la terre , parce cjiie Pauteur du ballet ne 
ir donne pas assez de légéreté, L'Eau est caractérisée 
T des Porteurs d'eau 5 et le feu , raalicieusement habillé 
'■ glace 5 est représieplé pas des BoulEuigers. « Car , dit le 
Parodiste , le récha;id de Vest?. ne vaut pas asiurément 
le four d\in boulatigeF« » DaDs le ballet, on voit vii 
nant de cinquantc ans , marquer la pliis grande impatieoce 
ur entretenir en secret iino Vestale , qui en a bien qua- 
Dte y et qu'il doit époiiser le lendemaln. Si on lea eut 
rpris , la Vestale e\i% été enterrée vive , et .l'anaant con. 
!nin^ au fouet, selon la loi. On dit , dans la parodie , qua 
tte vivacité mérltaitle £ouet, indépendamnaeut de la loi. 

MOMUS FABULISTE , ou les NocÉs de Vuj^cain, 
»médie eu un acte , en prose , avec un divcrtissemeut , 
tr Fuzellier, au tbeåtre Fran^ais ^ ^7^9* ' • • * 
Les fablcs légéres , Ics traits saillans et vifs de ceite 
i^ce , qui contient d^ailleurs une fine critiqtie 4^s .fablest 
5 Lapnotte , cxcitéfent I9. curiosité du pi^blic k en déf 
3uvrir l^auteiir, qui ne Toulut se faire conn^itfe -qu^å 
i vingtieme representation^. Ce mérae public-, fåcbé d-|kVoir 
f» le ch;xnge , en Tattribuant å tout autre, evt;rinj.u$tico 
e méconnaitre le véritable a\iteur , lorsq«'il jugea å propos 
e se nommer. FuzcUier retrancha dcipuis , tout ce' qui 
était pas vaudeville , et y ajouta deux fablcs nouvelles»,! 
Gette comédie eut un succés prodigieux : clle fut re- 
^ise plusieurs foIs au théåtre; mais elle a perda le mérite 
^'IVpropos. D'aiHeurs ces sortes de piéces öxigent un acteup 
^We , et en mcme tems comique , qui ai^ Tärt de de»- 



342 M O N 

biter les fables , ce qut ne se rencontre pas souveot. Qnkiailt 
1'atné la Gt rénssir compléteraeDl å sa prexniére repréaeotatioD; 
Moutmcsnil et Lanoue, Tout presque Fait tomber , loriiqa^ili 
ont joué le rolc de Momiis. Ces deiix derniers comédieiw , avee 
beaucoupdo talens d^aiUcnrs, manquaient de cfaaleuretd^une 
sorte de fincsso animée , nécussaire au débit des fables do 
cctte pi^e. 

MOMUS OCULISTE , opera -coraique en iin arte, 
avcc vin divertissement et un vaiidevtlle ^ par Carolet > 
å la foire Saint-Laurent , 1737. 

Mom US 9 pour le soulagement des Dieux et des Humains 
s^est fait Médecin et Oculiste. Il a entrepris de guérir ks 
trois phi^ celebres avcugles de l'univers, VliituSylaTortuoeet 
PAmoitr. Unc mére lui améne sa fille qne la Tanité a 
tcUement aveuglée , qn'elle méconnait son p^ , parce qu'il 
n'est quc simple bourgeois. Momus la renyoie aux incu- 
rables , avec un poeto qui a fait l'épitapbe d'un chiea 
mört de la råge. Arrive ensuite nne daaie ftgée , qvi } 
par avcuglément a épousé un jeune faomme dont elle n'(B9si]ie 
que des froideurs. Momna ne peut hii conseiller antro 
chose , que de prendre patieuce. Dans le moment , on 
voit entrer Plutus , qui , depuis qu'it a recouvré la vnt 
ne cesse de se repentir de la plupart de sea bienfiuts. I* 
!FoTtune qui est pareillement gnérie , pense å-peu-pr^s de 
rnéme. Eofin TAmour , qui n'est plus aveugle , et qiiVaw 
réconcilié avec 1'Hymeu , vient donner , par reconnaissancet 
une fete a son médecin Momus : c'est par ce diyertissement 
que la piéce se termine. 

MONCRIF (Fran^ois Augustin FARAcxsde), antear 

dramatique y ne » Furis en 1687 , luort dans la méme Tlb 
€11 1755. 



M o W 34J 

Ij'amoiir do la poéaie si pen susceptible de se partager avec 
les soins et l'étude d*iine autre profession , détonrna Moncrif 
de la route qiie iui avait indiqué la fortune. Possédant.le doa> 
de plaire et de se^faire almer partoiit, certain de se Faire des 
;. amis utiles et des protecteurs , il embrassa la profession dos 
lettres* La gaieté naturelle å la Nation fran^ai^O' avait imal* 
giné vers le commencement du dix^hnitifeme siécle le geore 
aimable et agréable du Vaudevilic. Ce fnt dans le temple 
méme oii Chaulieu, Lafare et tous les illustres gon rmands , 
sVtaicnt rassemblés, que l'on conslrnisit un tbéåtre , qiii fiSit 
bientot fréqucnté par la meilleure compagnie de la Capitale» 
Moncrif, qui s'y trouvait fort répandu , fut» un des hommes^ 
de lettresqui concourureotå rendre ce spectacle piquant » peiur 
les gens d'espriteux-inéines. Attaché au comte de Clennont, 
en qualité de secrétaire de ses commandemens , Moncrif 
voulut contribuer aux arausemena de Mme. la Duéliisse 
douairiére ; et ce fqt pour cette Frincesse qu^il rom pösa la 
comédie des Abdérites , qu'il Ini dédia. Cette piéce fuL }oué^ 
å Fontainebleau ; mais elle ne le fut point å Paris ^ oh nous 
peusons qu'elle eut eu peu de succés. Get auteur, dont les pre-- 
mler essais lyriques avaieiH été favorablemeni . accueillis j 
se voua y pour ainsi dire , å ce seul genre ; car 9 ce n^est pa^ 
en sortir, que de fairc, par intervalle, quelques cotiplets dé* 
'licats et naifs dans le gout de nos anciennes chansons. 11 pu«* 
blia pourtant quelqiies légéres dissertations sur des matiérqs 
utiles ; mais son gout le ramenait bientot å sod Vérilabie 
genre de talent. Son acte de Zélindor fit le plus grabd plai*^ 
sir å 1'Opéra , oii il fut représenté en 1745. Ses au tres piéces 
sont la Fausse Mogie , VJEmpire de 1'jtmour , Linus , .jil-r 
rnasis , Isniéne , les Genius Tutélaires y La Sybille y et > W 
^nieji Réunies* 



344 MO N 

MONDE BEWVERSÉ (le) , opéra-comiquc, en miaéte, 
par Lesa^c et d^Oriieval , 511 r iin plan donné par Lafont ,ålk 
foire St. Laiiient , 171!) , remis avcc des changeraens rélfr* 
ti£s aiix usugcs el aux uiGeiirs de son tems, par Anseaume, 



en I -»53. 



Cetle piiTe est épisodiqne, et son titre annonce asseiqnd 
doite» élrc le Fonds. Ccst parlicHliércment le contraire de ca 
qneuous voyons prallqnor en Francc.TjCsPchts-Mafttrervsont 
Fhilosophes j Ics Fhilosophes Pclits-Maitres; TcsProcnrenrs, 
lesNotaircs, los Conimissaircs , scrnpiilciix ; tes FiHes blea 
cicvées v disent cc qn'clles pen.scut5 tousles hommes pensent 
et agissent bien. Srapin et Fierrot, qiii arrivent de Faris^ 
0ccu})eDt la scéne, depivis le commencemeot )usqu'i,lafifld« 
la piire. 

MONDONVILLE (Jeaw Joseph Cas^aw^a de), atn 
teur dramaliqiiect coinpositcur de rousique , DaquitllTiK^ 
bonne en 171 5. 

Les premiers essais de Mondonyille comme compositenr 
fiirent conronnés du phis hrillant sikcäs. CVtaient tron mö* 
tets; le Mo finns Vominus , le JuHlate y et le Domwut 
Regnai^it qn'i( avait fait exécntcr k Lille , et qii'il ylot fiiirB 
entcndrc u Paris , oii ils obtinrent nn succés prodigicuz. Cd i 
.r/avait point cncoro vii au conccrt spiritite) une afHiMBCV 
égale h celle qu'ils y atlirérent. Ces trois morceauz de géoK 
annonc^rcnt une Ijre enchanteresse et savantequi ledisputut 
tt celle de Lalandc , et qui triomphait de celle de Moaret« 
^prés s^etre distingué dans ce genre , Mondonyille yonkit w 
montrer au théåtre do TOpéra ; 1x1 u is la pastorala å^IsU 
qui lui fut ronfiéo , pen digue de sa musique , y fut pea 
goutéc et n^u point reparu dcpuis sur ce théåtre* En IJ^f 
ii donna le Cariiaval du Paruasse qui cut trente represen* 



MÖN 345 

iations ; cette piéce fut rcprise plusieurs fois et toujours avec 
ieinéaie succés» 

li^abbé de Lamare ayant laissé imparfait I'opéra de Titoa 
mt Vjäurore , on« le remit entre les mains de Mondonville 
qxii, jusque-lå, n'avaitpoint soup^onoé qii'il eiit le taleut d'c- 
cpre ; il fit å cet opera les corrections et les additions dont il 
avait besoin , et s'en tiia si bien qii^oo ne put distinguer ce 
qui était de Tabbe de Lamarre ou de liii. Il joignit å cette piéce 
le prologiie de Promethée de Låmotte , et cette pastoralc 
xéunit tons les sufTrages. L'année suivante , Mondonville se 
fit connaitre sous le double rapport d'auteiir dramatique et 
«le compositeur de musiqiie par la pastorale languedocienne 
de Daphnis et Alcimadure. Le Fatois languedocien , qii^il 
aTnit parlé dans son enfance , et qui est presque aussi 
Ikvjorable au cbant et aux idées tendres et galantes que la 
langue Italienne , fut une nouveauté piqiiante a l'Opéra.Toute- 
fois , qnelques dames du plus haut rang , ayant paru désirer 
c|u'il remit cet acte en fran^ais, il Tentreprit avec succés. Ce 
que cette espéce de traduction a de singulier , c'est qu'elle est 
si conforme å Toriginal , qu'il ne fallut que placer dans la par- 
tition déjå gravée , au-dessous des vers Languedociens , les 
^ers Iran^ais qui les représehtaient. 

lios derniers ouvrages de Mondonville , considéré commc 
znnsicien , sont les Fetes de Paphos, Tacte de Psyché et Vo^ 
péra de Thésée de Quinault , remis avec de la nouvelle mu- 
9iqueé ^ 

MONDOR6E ( Antoine Gauthier de ) , naquit å 
LyoD en 1707, et mourutå Parisen 17681 

Mondorge doit étre compté parmi le petit nombre dihorn- 
mes fayorisés de la fortnne , qui ont cultivés les lettrös avec 
fju^lque succés 3 seé Fetes d'Hébée ,'plus connues sous le titr« 



346 M o N 

des Talens Lyriques , futent assez bien occneillies , et Pm 
ne peiit nicr, qu'å certains égards , elles ne méritassentb 
siicc<^s qifelles obtinrciit ; mais leur plus grand méritey c^est 
d^avoir eu poiir inusicicn le celebre Rameau. En efiét^ avec 
un bommc tel qiie lui, iln^étaitguÄre possible qu'un ouTrage, 
mcme médiocre , n'eiit qu\in médiocre succ&s. D'aillenn b 
sujet était heureusemcnt choisi , et Ton y trouve (a et lå 
quelques détails dignes du sujet. Ce qu'on doit observersur- 
tout y c^est que cet opera est Tun des premiers oii Ton ait e«- 
sayé de venger cotte espéce de podmc du reprocbe de fadeur 
et de faiblesse^ que les bons juges lui ont souvcnt adressé. 
T/actede Tyrtée ne roule point sur ces lienx commnnsde AJo* 
rale lubrique , rechauffée par les sons de Lully 3 la ba- 
rangue de ce libérateur des Spartiatcs est du ton le plus 
Doblc ; c'est vraiment une harangiie militaire* On dolt doDC 
savoir gré iJL Moudorge de s'étre aRranchi, Tun des premiers, 
de cet usage ridlcule , qui a vait tellemeut retréci les idées Ses 
faiseurs d'opéra , que leur dictionnaire se bomait å uno 
vingtainc de möts postiches , combinés et ressassés jnsqn'an 
dégout en cent maniéres diiTérentes. Il s'écarta de la route 
commune avec succés ; mais y pour accréditer cette inno' 
vation il n'avait point assez de verve et de cbaleur poétique* 

L' opera de Société ^ au tre ouvrage de Montdorge, nefut , 
pas aussibienaccueilli que Tavaient été Les Talens IJyriquesi 
on doit attribuer cette disgråce au sujet. Mondorge aimait le* 
arts , et encouragcait les artistes ; c'était un homme de booD* 
compagnie , qui aurait pu se faire un nom dans la litiératarei 
s'il avait dérobé en faveur des Muses, quelques momens aiU 
aQaires et aux plaisirs. 

MONDORY , acteur du théåtro du Marais , reoipHssBlt 
avec succés les råles de roi. Ajant cu unc attaque d'apQ" 



M o N 347 

plexie 9 eo jouant le röle d^Hérode dans la Mariamne de Tris* 
taa > il filt obligé de se retirer , et niourut peu de tems apres» 

MONGIN , auteur dramatique , donna aux Italiens en 
169S 9 une comédie en trois actes , en vers , intitulée Ics 
Promenades de Paris. 

MONICAUT , anden consul de IFrancq å St.-Petersbourg 
k Dantzik, a falt jouer aux Italiens le Jiédain qffecté , co- 
médie en trois actes en prose. 

MONOLOGUES , ou discoiirs d'iin seul personnage. 

On ne doit pas confondre la Monodie des Ancieos , avec 
ce qii'on appelle maintenant Monologues ; car 9 quoique la 
Monodie fut une piece de poésie chantée ou récitée par un 
seul homme ^ elle était particiiliérement consacrée aux veis 
lugubres qui se chantai^ent en Thonneur d\in ni ort , par Fuu 
de ceux qui composaient le choeur. Si Ton en croit Arls- 
toxåne , Olimpe , musicien, fut le premier qui Tintroduisit 
en faveiir de Python. Il y a des savans qui ne veulcnt pa& 
recevoir le mot grec pour Tentretien d^un hommc seul , mai» 
pour un discours partout semblable å soi-méme , et san& 
aucune varieté. Quoiqu'il en soit , notis croyons qu*on a 
uommé eu notre langue , Monologues , ce que les Anciens. 
appellaient en grec , récit d^un seul pcrspnnage : sans doute- 
il est fort agréable , sur le tbéåtre', de voir un bomme seul 
ouvrir le fond de &ou amej découvrir bardiment ses plus se- 
crettes pensées , expliquer tous ses seutimens , et dire tout 
CQ que la violence de sa passion lui suggére ; m^is il u^est 
pas toujours bien facile de le faire avec vraisemblance. Les 
anciens trugiques ne pouvaient faire ces Monologuös k causd 
des cbceurs ^ qui ue soriaient point du théåUe^ et^ 4^'^^ <^^ 



348 M O N 

cxcpptcreliii d'Äjax, surlepointdc niourirau coin d'ua boit, 
le c horn r i- tant sorl i pourleclierchor, noiisnecrojonspasquTil 
s'cn tron ve uiiciin dans los trcntccinq tragédiesqui reatenUOn 
pourrait crolrc le confrairc en ce qu^on ne trouve qu'oD ao- 
leiir dans ics sccncs ; mais si l'on veni y faire aUentiön , on 
vcrra qn'il n'ost pas seul sur lo tliéatrc , et qiie son disconn 
^^ldrc">se a dos gens qni le snivent en personne, qiioiqu'Ib 
no soiei.t point marqnés dans los exprcssions. 

Qnant aiix prologncs, ils sont faits ordinairoment par des 
personncs sculcs , mais non pas en forine de nionologues ; 
c 'ost nnc piåce hors d^oRiivre , qui , å la vérité fait bien partie 
du poömc des Ancicns , mais non pas de raction théåtrale ; 
« Vst un discours qui se fait aux sporlatcurs et en Iciir faveur, 
])our los instvuire du fonds de rhistoire jusqu*å Tentrée du 
cliaMir , ou commencc préciscmcnt Taction , sclon Aristot6t 
Mais c*est trop nous arrétor a des dissertations inutités; 
voyonsce qu'il convicnt d'observer pour faire un Monologue 
avcc vraisemhianre. D'abord il ne faut jamais quHin acteur 
fasse un Monologue, seul em en t pour instruire les spectateurs 
de quelques circonstances qu'its doiventsavoir; mais il faut 
chorcher dans la vérité de l'action , quelquc couleur qni Tait 
obligé å faire ce discours; autremcut , c/estun vice dans la 
piéce. Mais si celui qui croit parler seul est entendti par ha- 
zard de quclqu'autre , il doit étre censt' parler tout bas , parce- 
qu'il n^est point vraiscmblable qu^un homme seul crie k,. 
haute voix , conune Tacteur est obligé de le faire : il faut 
<:c'nv(Mur avec Scaliger , que c'cst un défaut du théåtre; ; 
mais c*est un défaut qu'il faut cxcuser, parce qu'il est im- 
j)Ossible de rcndre les pensées d'un homme, autremcut que 
j)ar ses parolcs. Ce qui fait paraitre re défaut plus choquant 
snr le ihOalrc , c'cst lorsqu'un antrc acteur entend tout ce que 
dii celui qui parlc seul i car alors nous voyons bien qu'il dit 



M o N 349 

at haut , ce qii'il dolt senlement penser i et encor© qu'il sqiC 
elquefols arrivé qu\in liomme ait exprimé haut, ce qu'il 
vait renfermer en liii-inéme , dous ne le soiiffrons pas au 
éåtre , par ce que Pon ne doit pas y représenter aiissi gros- 
rement rimprudence hunjaine ; c'est en qiioi Plaute a 
jvent péché. Dans ce cas, il faut donc jiistiGer cctte invrai- 
nblance , ce qiii est assez difficile 5 car Texcés de la dou- 
ir , ou d^1ne antrc passion , n^est pas, selon nons , una 
:use surtisante. La douleur peut obliger un homme k te- 
' quelqiies propos vagues et interrompiis , mais non pas 

discours de suite et raisonné ; ou bien il faudrait que lo 
éte co.mposåt son Monölogue de mani ére que Tactear dut 
(ver sa voix en récitant certaines paroles seulensent , et la 
:>dérer en d'antres , pour qu'il soit vraisemblable que 
iitré acteur , qui l'écoute de loin , puisse entendre les unei 
mme prononcées touthaut , et comme Texplosion d^uu sen- 
ncnt qui éclaterait par intervalle , mais non pas les autres , 
imme étant prononcées tout bas. Mais poitr que cela fut 
aticable , il faudrait que Tautre acteur , aprås le mot pro- 
)ncé d\ine voix fort haute , par celui qui ferait ce Mono- 
Dlogue j laissåt écbapper quelques paroles d^étoonement ou 
s^oie, selon le sujet, et qu'il se fåchåt de ne pouvoir en« 
indre le reste : quelquefois méme , quand Facteur qui ferait 
i Monölogue retiendrait sa voix , il faudrait que Tautre 
3inarquåt toutes ses actions, comme d'un homme qui re- 
erait profondément , et qui serait agité d'une violente in- 
uiétude : peut-étre , pourrait-on ainsi conserver la vrai- 
emblance , et produire un beau jeu de tbéåtre. 

Une observation importante å faire sur les Monologues , 
' est de les composer de telle sorte , qu'ils ayent pu vraiscm- 
^lablement étre faits , sans quelaconsidération dela personne , 
*^ lieu , du tems , et de» autres circonstances , ail du Tern- 



35o M O N 

|cclicr. Par cxcni|)le , il ne acrait pas vraiaemUable qil'tUI 
•rénéral d^année , vcnaiit de prendre par force une ville im* 
])ortaiite , se troiivåt seul dans la grande place ; et consé 
qiicmmcnt, il serait ridiciile de mettre un MoDologne daos 
la bouche de ce personnagc : il ne serait pas molns ridicale 
qii'iiD amant , apprenuant qiie sa maitresse coiirt nn grand 
dangcr , s^amusåt toiit seul å quereller Ics dostins , an liea 
de coiirir å son secours. Dans ces différentcs conjonctiires,il 
faut donc trouver des motifs ponr obliger un hommeå faire 
éclater tönt haut sa passion; ou bien hii donner nn confideDti 
avec Icquel il puisse parler comme å Torpille ; mais dans 1*00 
ou Pautro cas , il faut se nicttre en lieu rommode i poQr 
sVntretenir seul et réver u son aisc ; ou enfin , lui donner no 
tcms propre pour se plaindre å loisir de sa mauvaise fortane. 
En un mot ^ pectout il faut observer la vraisemblance et 
rcspecter la raison. 

Si qucique chose peut prouver que nous nous accontur 
möns å tout , ce sont sans contredit les longs Monloognei 
qiii se rencontrent dans quelqucs tragédies. Ou trouverait-on 
dans la nature des liommes raisonuables , qui parlassent aiosi 
tout baut; qui prononrassent distinctement, et avec ordrBi 
tout ce qui se passé dans leur cosur ? Si quclqu*un était snipns 
u tenir tout seul des discours aussi passionnés et sicontinns» 
ne serait-il pas légitimement regardé comme un fol ? Et co* 
pcndant tous nos beros de théåtrc sont atteints de cette eapico 
d Vgarement : ils raisonnent , ils racontent méuic , ils atgangB"^ 
des projcts , se förment des difficultés, qu^ils Ifevent wu 1> 
moment; discutent differens pro)ets ycn donnentlea raiflOO> 
contraires , et se détcrminent enfin au gré de leurs passions 
ou de leurs intéréts ; tout cela comme 8'ils ne pouvaient •• 
seutir et se conuaitrc eux-mémes , sans articuler tout ce qn "• 
peusciit. Oh preudre, encor&une fois, les originauz de sefl»* 



J 



M o N SSt 

äblei discoureiirs ? Oo notis dira, sans doute, qu^ils soiit 
pposés ne pas parler ; mais il faudrait alors qne , par 
le supposition plus forte , nous nous imaginassions lire 
Qs leur coenr , et suivre exactement lenrs pensées. De qiiel- 
e raaniére qtie nous 1'entendions , voilå des idées bien bi- 
rres. Ne sommes nous pas réduits k convenir que la force 
1'babiLude nous fait approuver les absurdités les plus 
•anges? Nous allons faazarder , å cet égard, une reflexion, 
i uest pas sans justesse. Ce qui fait qu'on n'est pas blessé 
lu Monologue au théåtre , c'est que y encoreque le per- 
noage qui parle soit supposé seul , il y a cependant une 
lecnblée qui nous frappe : nous voyons des auditeurs ; et 
i9-lors le parleur ne nous parait pUs ridicule : ce n'est pas å 
IX qii^il s^adresse , mais c'est pour eiix qu'il s'explique. Gette 
msidéralion fait disparaitre Tautre; et, par ce que nous 
»mmes bien aises d'étre instruits, nous oublionsque Tacteur 
svrait se taire. Au}ourd'hui les Monologues conservent la 
léme mesure de vers que le restö dé la tragédie 5 et ce style 
fors est supposé le langage commun ; mais Corneilic en a 
iris quelquefois occasionde faire des odes régnlidres, coAime 
ians Polieucte et dans le Cid, oit le personnage devient tout 
L coup un poete de profession , non-seu|ement par la con- 
raintc particuliére quUl s'impose, mais eucore en s*aband6n- 
^ant anx idées les plus poétiques , et méme en alTectant des 
fefrains de balade , ou il fallait tou jours retomber iugénieuse- 
■neot : tout cela a eu ses admirateurs. Bien des gens sont en- 
i^ore charmés des stances de Polieucte : tant il est vrai que 
^oiis ne sommes pas si di^licats sur les convenances , et que 
^ coutume donne souvent autant de force aux fausses 
Deantés , que la nature en peiit donner aux véiitables. QuV 
^^t-il å conclure de tout ceci ? C*est que les poeles ne doivent 
•® permettre de Monologues, que le moins qu*^il est possible; 



35a MON 

c*cst 9 qiiaiid ils ne p€uvent s'en dispenser » d'y évitef all 
moiiis la longiieiir ; rar ils pourraient qnelquefois étre si 
conrts , qu^ils ne blcsseraient pas la vérité, parce qu'il nous 
arrivc , dans la passion , def laisser échapper quelques pa* 
Toics qiio nou^ n*adrcssous qu'ii nous-mémes : c'est eDcoro 
dv? nVp oiiit admettrc Ics raisonucmens, ni , åplus fortes rai- 
suns, les récits« Quelques mouvemeiis entrecoupés, quelques 
rcsolntioDs bnisques en sout uue uialiere plus naturclle et 
plus raisonnable : biencntendu, malgré tout cela 9 qiiodes 
bciiiUés exquises de pcnsécs et de sentimeus , prévaudraieots 
poiir rcnbt , å ces précautions. 

Oii pardonne un Monologuc , qui est un combat du ccnujl^ 
mais non pas nne récapitulation historique. Ges avertisse* 
mens au parterre , oii l'acteur annonce ce qu'il doit faire , no 
Jtont plus permis; on s^estaper^n qu'il y avait tfds-peu d'ait 
a dire : je vais agir avec art. Gette faute de faire dire ce qui 
arrivera , par un acteur qui parle seul , et qu'on iatrodiilt 
sans raison,étaittres-con3mune sur les théåtresGrecs et Latins; 
mais å mesuro que le gout du Public s^est éclairé , il s'est 
lin pcu dégoiité de ces longs et ennuyeux Monologues. 
•Tamais un Mouologue ne produitun bel eHet, que lorsqu*OD 
s^Intércsse å celui qui parle ; que quand ses passions, 9^* 
verlus , ses malheurs y ses faiblesscs livrent å son fime un 
combat si noble si attachant et si animé qu'onpuisse lui pai^ 
donner de parlcr trop long-tcms a soi-méme« 

C^est particiiliéremcnt dans Topéra que les Monolognel 
5ont plus supportables. Ou n'est point choqué de voir na 
homme ou une fcmme chanter seul , et exprimer par la 
rbant, les mouvemens de joie et de tendresse , de plaisiret 
de tristesse , dont son åme est atteinte. G'est méme souvent 
dans ces Monologues , que le musicien déploye tout le hnr' 
iunt Ar. son art, parce qu'il peut s'y livrer k son gécie : ilncrt 



M o N 353 

point géné par la présence d'un interloculeur , qui demande k 
chaDter å son tour. 

MONvSIEUR BEAUFILS , ou La Coitversatioii 
fAlTE D^AVANCE , comédie en un acte , ea prose , par 
M. de Jony , au théåtre Louvois , 1806. 

Madame de Versec , vieille coquette, mais au fond assex 

bonne femme , vcut n^aricr Henriette, sa niéce, å M. Beau- 

fils, quoique cette jeune persd^^e ait été promise ä Folville , 

«on cousin. M. Dorval, pére d'Henriette, souscrit å-peu-prå« 

å tout ce qiie fait sa soeur ; pourtant il aime Folville, parce 

qu'il est réellement äimable , mais ce jeune éventé fait des 

dettes 5 et des comédies. Ce sont les comédies snr-tout qiii 

indisposent Dorval contre son neveu , et , bicn décidé- 

ment , ce dernier n'obtiendra la main d^Hemiette, qu'antanfc 

qu'il ne fera plus de^ comédies , et qu'ilpayefa ses dettes. 

Mais le tems presse , car M. Beaufils est arrivé de 

Beaugency pour épouscr. Comment s*y prendre ? Tant bon 

que mauvais, voici le moyen qn'emploie Folville pour écarter 

aon rival 3 il In I réussit, donc il est bon. M. Beaufils est un sot, 

la chose est incontestable; mais ce sot voudrait bien avoir 

de Fesprit : ce n'est déjå pas si bete que de savoir qu'on n'en 

^ pas. Il s^adresse donc a Folville pour qu^il lui en procure; 

et , a son tour , Folville s'adresse a , lui pour obtenir deux 

niille écus, qui lui sont nécessaires pour payer ses dettes; 

la piemi^re, ou du moins, Tune des conditions que lui ont 

imposées madame de Versec et M. Dorval. M. Beaufils 

consent ä faire le pret, nioyennant que Folville lui don- 

nera des suretés : il lui en promet , mais il ne lui dit pas de 

quell.e nature elles sont. Comme il tärde ä M. Beaufils d'a-* 

voir de Tesprit , il court chercher Targent et revient bientofc 

avec son sac plein d'e8peces. Ii s'agit maintenant do 

Torne VL ^ Z 



354 M O N 

s'expliqiier sur lessuretcs. Folvllle Ini oflre une delegation 
sur Icproduit (l'une comédie de aa coniposition que Toa 
dolt jouer sons peu de jours ; mais M. Beaufils préföre 
luie bounc hypotliéque sur une maison , ou méme sur des 
biens ruranx; selon nons , il n'a p&s tort : eufin il est prétå 
remporler son argent , quand Folville s'avise de Ini pifo- 
poser en propriélé, et la comédie, et* la part d'auteur» 
et en6n tout ce qu'elle p??.! rapporter de gloire et d*a^ 
gcnt ; il lui donnera de pldl une conversation toiUefaitp y 
au moycQ de laquclle , il passera dans le monde pouf 
un honime a esprit* Il y en a tant comme M. Beaufils» 
qui oot des esprits d'eiuprunt , quc nous ne trouvons point 
extraordlnairc qu'il se décide å l&cher le sac. En un mot , le 
marché se conclut. M» Beaufils , don t la mémoire est pro- 
digieuse , apprend la conversation en un instant^ et vieot 
se presenter chez M. Dorval åqiii il débite toutes ces belies 
clioses* Gette 8céne est fort gaic. Cependant , Folville 
rassemblc ses créanciers , paie ses dettes , et va trouTer 
le directcur du théåtre , qui , eYi réponse å une lettre que 
lui a écritc M. Dorval , pour s'in former du fait , Iiu 
marque que la comédie nou velie est de M. Beaufils* Hudi 
de la lettre du directcur et des quittances de ses créao* 
cicrs 5 Folville vient trouver son onde et le somme de tentt 
fia parole. M. Dorval , fid^e k sa promesse , luijaccorde 
la main de sa fille ; madame de Versec elle - mémo c* 
obligée d'en passer par-lå. Quant ä M. Beaufils , il se tawi 
d^^us la crainte que Folville ne dise å quelles coaditioos 
il hii a prété son argent. 

Lé fonds de cette bleuette est tres - léger , mais les dr" 
tails en sent trés-agréables et trés-comiques* 

MONSIEUR DE CRAC daks son petit castbi^^ 



MON 855 

Da les &ASC0i!r8> comédie en un adte« en vers, avec 
un divertissement, par CoIUn-d^HarleTilIe , auz Fran^ais , 

M. de Cra€ vit retiré dans son petit Gaste! , avec madP«, 

de Crac , sa fille , amante de M» Franbheval , gascon , 

qui n^a du pays que Taccent* M. dTrlac , son fils , a 

quitté fort jeupe la maison paternelle ; et ^ depuis long- 

tems y on n'a pas re^u de ses nouvelles. Arrivé incognlto , 

depuis quelques )ours, sous le nom de Saint-«>Brice ^ il fait 

assaut de gasconnades avec M. de Grac, espérant par*lå se 

fidre reconnaitre* Sous ce déguisemeot , il^pocte ombrage å 

Patnant de sa sceur , qui liii propose tönt de bon de sé 

bättre avec lui, mais il élude la partie etla' remet au lende^ 

Biain. M. de Crac , prompt å saisir le beau c6té des cfaoses , 

missi crédnle que menteur , s'imägine avoir cbez lui un 

Prince : dans cctte idée, il veut retirer sa parole k Tamant 

idmé de mademoiselle de Crac , pour donner la juain de 

cette pétulante personne k Saiot-Brice» D'aiUeurs, Ij^rancbeval 

n'a nulle complaisance pour lui , et prend ses raensooges pour 

te qu'ils sont : bien cootraire en ce ppint å certain iå. do 

Verdac , parasit^ adroit qui le fiatte sans cesSe , et qui 

l^écoute avec döciiité jusqu'au diner , mais qui , dds qu'*il a 

le ventre plein , a grand soin de .se retirer* Enfin , apres 

avoir bien menti , Saint-Brice se fait coimaitre de Fran«» 

cheval ; et , comme M« de Crac s'est obstiné k lui refuser 

la main de mademoiselle de Crac , on convient de s-en 

^rapporter k Tévénement d'un combal. M. de Crac' söus^ 

crit å cet arrangement ; et le vainqueur va devenir Pépoux 

de mademoiselle de Crac* Les cfaoses ainjsi arrangées , 

^* de Crac envoie chercher l'épée de César , que /!• 

vainqueur de Fharsale remit å son ayeul , et qu'il garde 

penduc au plafond de son chåteaii , comme un mono- 

Z a 



1 



356 M O N 

mcnt de la valcur de Paul Crac , surDommé Barbe Noirc j-^ 

Enfin , Tcf-ée avcc lacjucllc il a tiic Poiii)iée* 

celtc épéc , disous-noiis , avec laquclle du moms 

S^il ne tiia Poinpcc , il en tua Lien d''autre5^ 

est un peu rouillcc , comme on se rimagine bien ; maif 
Tépée de César peut-elle recevoir un afTront ! M. de 
Crac a donc lieu de croire qu'il va devenir le beaii- 
j)åie d*un Priiice ; et c'est avec le plus grand étoonemeDt 
qu'il voit Saiut-Brice désarmé. Alors d'Irlac se fait con- 
nuitre et passé succcssiveraeut des brås de mademoiselle de 
Crac, qui étalt accourue pour séparer les deux charopioDS, 
dans ccux de M. de Crac , son pére , qui le re^oit avec 
\uie joie vralmcnt paterncllc. Enfni ^ le JUagister , k h 
tete des villageois , vient célébrer le retour de d'Irlac au 
caslcl de son perc ; parmi les couplets du diveriissemeni) 
on distingue celul quo chante Saint-Brice ; le vpici : 

Qii''k nievS picds la Gascogne tombc ! 

Älon pcrc mc cctle ; il rongit. 

Qiie je mcure , et qiic sur ma tombe 
f . Il gravc lui-meme ; « Ci-git 

,. » Men fils, mon maltre en rart sapréme» 

v ()u dVxcellrr, nous nous piquons, 

}> Qui me battit enfin moi-mcnic , 

» Moi qui batlais tous les Gascons. » 

Cctle piåce , que Pauteur regardait comme indigne » 
rimpression , est', selon nous , la plus origiiiak qQ' 
solt sortie de sa plume. Le caractére de M. de Crac, ^ 
cclui de Salnt-Brice , sont habilemen t saisis. En un znoty 
clle ofFre un tissu ingénieux , semé de traits d\m covoitf^ 
franc et vrai» 



] 



t 






M o N 357 

MONSIEUR GDILL AUME , ön le Voy ag eur Inconbt u , 
vaude ville en im acte, par MM. Barré, Radat, Desfontaine» 
et Boiirgueil , au Vande ville , 1800. 

Le vertueux Lamoignon de Malesherbes , mimstre philo- 
sophe , voyageait soiivent incognito ponr consiilter Fopi- 
nion publique , étudier les hommes et échapper k Tennui d© 
Fétiquette. It se faisait alors appeler M. Guillaiime. ^ 
et n'avait pour toiite parure qu'uiie modeste redingotle. 
Un jour, dans une anberge dii Langiiedoc , oii il vetitwt 
de s'installer sans se faire connaitrc , il fut forcé de céder 
son logement å un Conseiller d\i parloment de Toulouso, 
qui voyageait avec tonte la morgue parlemcntaire , et 
qui était redouté dans touto la généralité. Cet orgueilleux 
Robin , ayant pris des information» sur Tespéce d'hommd 
qu'il dépla^ait ,. daigna le mander pour le remercier de sa 
complaisance ; il poussa méme la bonté jusqu'å, Tinviter h 
souper: M. Gnillaume accepta roffre, et une longue conver- 
sation s'étabHt entré les deux convives. Le Conseiller, toih- 
jours protecteur , toujours poliment insolent , accabla de 
questions le bon-homme, que, par cela méme il croyait 
honorer ; mais quelle fut sa surprise , lorsque celni-ci lui 
pärla du Marécbal de Ricbelieti , c ömme d'un egal 5 du 
GhancelJer de France', comme d'un procheparent'; et enfia 
du Roi , cprnme d'un Monarque qui lui accordait toute sa con- 
fiance! Le petit Magistrat , chängeant tout*å-coup decouieus 
et de mainticn ., demanda humblement å Fincennu silo 
nom qu'il prenait n'était pas supposé : je suis véritablement 
M. Guillau me y lui répondit le philosophe; mals, å Paris, et å 
Versailles, on a coutume d'aJouterå canom , celui d« Lamoi-^ 
gnon de Malesherbes,*.. Bientot , honteux etconfus, le Con* 
5eillers'épnisaenpolitesseset éncxcuses. « N^enparlons plus^ 
« repril Malesherbes 5 vous ne me coniiaissiez pas , vous um 



35B M Oir 

91 m'avez paint oSensé ; mais jc vois qiie vous n^éte» 
» trés-aimé dans la province , et ccla me fftche pour vous » 
3» Adieu , Monsieur, j^cxaminerai raflaire qui vous attiro 
» a Paris , et , si votre caiise est juste , je vous appuierat 
» auprés duRoi : no comptcz pas sur moi , si elle ne Festpas.» 
CVst cettc anecdote qui afourni le sujet de ce vaudeville^ 
}oaé sous le titre de Idonsieur Guillaume y avec 1» plusbrik 
jnnt succås. Un épisode ingénieux , supplée k lafaiblesse dn 
fonds , et fait une vérilable comédie de ce qui D'eiit foumi 
qu^une src^ne å des auteurs ordinaires* C'est , nous^ osons Ic^ 
dirc , un d<?s aicilleurs onvrages de C6 théåtre» 

MONSIEUR TETU , comédie en un acle , en prose ,, 
par M. Dnval, au théåtre de S. M. rimpératrice , l8o8» 

Le dortcur Gäll , apres avoir rempli TEurope de sa ré^ 
putation , et de son systeme , s'avisa de venir å Paris tftter 
les bosses des savans et des petites maitresses. II y fut d*abori 
accuoilli avec tant d*empressement , que tout le monde von- 
lait le possédcr; mais bientot on analysa son systéme, et l^on 
s'apcrrut qu'il était ou faux ou dangereux. Alors, ne voulani 
pas donner å cette découverte plus d*importance qu'elle o'ea 
méritait réellcment , quelques auteurs saisirent rarmc de la 
plaisantcrie et mirent le Doctcur sui* la scéne«. Ses parii* 
sans le défendirönt avec acharuement, et sifflérent Sf» Tétut^ 
sans contredit , il le méritait, mnis eut*-!! été digo» 
d^ln plus favorable accueil , on ne l'eut pas épargoé 
davantage. Née de la circonstance , cette pifece est disparua 
avec clle , et il n^en est pas plus quostion afijourd'hui qua 
du Docleur lui-méme. 

MONSIGNY , compositeur de musique, a fait celle de* 
Aveux Jiidiscrets , du Maitre en Droit ^ du Cadi Ihp4% 



M o N 359 

de VOn ne s'avise jamais de tout, du JRoi et le Fermier , 
de Rose et Colas , A'Aline , Reine, de Golconde , de I' lie 
Sonnante, du Déserteur, du Faucon, de La BelleArsenne , 
€t enfin du Rendez^vous bien employé. 

MONTAGNAC ( Louis-Laukent-Josefh de ), né en 
Languedoc en lySi , capitaine au régimént de Riom, a fait 
imprimer une comédie en trois actes, en vers, qui a pour 
titre : la Fille de seize ans ou la Capricieuse. 

' MONTAGNARDS (les), comédie^ en trois actes , en 
prose , par M. Monnet , aux Fran^ais, 1798. 

Dix ådouzeMontagnardsdel'Auvergneso disposentåpasser 
enEspagne. Ondistingueparmieux la nnere Laurence et Felix, 
son fils ainé. Ce dernier a un intérét particulier å faire ce 
voyage ; il aime Rosine , qii'autre fois i^ a eu le bonbeur dö 
sauver des flammes. Rosine babiteUrgel,avec un de ses oncles 
etLéona.rd, frére de Felix, qu'elle a emmené avec elle. Ce- 
pendant FélixetsescamaradesarrivenicbezleCorrégidor, qui 
Iquf Ht la formule d'un serment, auquel ils ne s'attendaient 
pas* Il s'agit de renoncer absolument å leur patrie. Felix et 
»es amis s'indignent , et se proposent de quitter TEspagne , 
plutot que de commettre une pareille bassesse 5 mais ce Cor- 
régidor, Fran^ais d'origine, est Toncle de Rosine 5 il rougit dft 
la place qu'il occupe; il brulelui-méme de rentrer dans sa pa-^ 
trie, et d'y respirerrairpurde la liberté. Felix est sans fortune, 
mais le Corrégidor , assez riche , préftre la vertu å la nais^ 
sance et å la fortune; d^ailleurs sa niece aime Felix. Le Coft 
jégidor , pouréprouver ce dernier /lui promet de Tadopter 
pour fils , et de lui donner la main de sa niéce , 8'il veut 
préter le serment. Felix, au désespoir, refuse tout: il fait 
b sacrifice de son bonbeur å sa patrie. Son patriotismar 



36o M O W 

est recompensé. Le bon Oiirie , cnchanté , IVmbrassc , rwnil 
å Rosine, et se dlsposc ik rclonrner, avec toute cefte nou- 
velle famillc , dans les montygnes de l'Auvergne oA il adei 

ppsscssioiis, 

IMONTAGNARDS(los), on l'école de la Biewfai- 

SANCE 5 comédic en nii arte, melée de vaudevilics , par 
M. Pnjoulx, au Tluåtrc Fcydean , i-^gS. 

Caiidor a montru graliiitement ä lire h plnsienrs Mon- 
lotrnaids d'Aiivcr«xne ; devemi indijicnt liii-méme . res ver- 
tnciix Anvor<;nals liii prelont des serours ;enfin,Tin de ses 
fiucicns écoliers vieiit u monrir , el lui Icgiie treute millc 
livrés. Tel est le fonds de ccltc piece. 

MOIVT-ALPHÉA (le), on le Pere Jalabite, opera en 
trois actes, en prose, parM. Lebrnn Tossa, musique de M» 
Foifjnet, an 1 luälre Feydean , 1792. 

YalcoiUL , ofllcier frai gais, est arrivé avec son éqmpag? 
dans Tine ^ i!!e de Perse. La iille d'nn Persan , nomméDbéll) 
épronve ponr cct étraiiger nn sentiment d'amoiir qnccelui-o 
partajie j mai» le rararrere franrais fait commettre u ne i ro* 
pvudenrc a ce jenne Offioier qni se moque dela religion åt 
pays. Le persan Dhéli ne voit plns en lui qn^m blasphéma- 
tcnr.Älors Valconrtjqni vent r» pärer nne fante qnineluiper- 
mct plns de prélcndre it la main de la jennePersanne 5la voyanf 
arrivcr avecsonpöre5sepro5terne devantletemple desMolac- 
qnes, et adresse an grand propliele nnepriere de repentif.I* 
bon liommc Dhéli, tönt élonné , en verse des plenrs de joicj 
car il s'intéresseå Valconrt. Celui-ri , qni ne doiite plus do 
succés de sa ruse , a Tair d^étre surpris d'avoir eu Dhéli e* 
sa fillc pour témoins. Dhéli rembrasse, lo féllcite,et ValconrJ 
lui lUit part du projet qu'il aformé d^adopter la loi de Jaläl^ 



* 



M o N \ 36r 

et de se faire Molacquc. Cctte Idée lui vient de Fintetitioti 
oi\ est la jeune Fersanne de faire le voyage au Mont-Alphéa. 
Ce voyage est iine coutiime mystérieuse, qiie les prétres du 
pays ont grand soin d'accréditer , parce qu'elle leur est avaii- 
tageuse ; il dure ordinairement six jours , niais , lorsque 
les jeunes Fersannes son t j olies ^ les prétres le prolongeot. 
En sa qualité de novice , Valcourt aura le droit d*accona- 
pagner la fille de Dhéli au Mont-Alphéa, mais un Molacque, 
alors fonctionnaire , veut se reserver les douceurs de ce pélé- 
rinage , et fait substituer å la jeune Fersanue la vieille Sido- 
iiia. Valcourt , dej a re^u parmi les Molacqués , s'iDdigae d» 
la supercherie , mals Sidonia , qui comptait sur ce beaa 
compagnon de voyage , le reconnait pour Valcourt , et me- 
nace de le dénoncer* Un autre novice , sous le nom duquel 
Vcjlcourt a été re^u , se présente aux Molacqués* Valcourt le 
falt passer hardiment pour un imposteur , mais il est lui- 
méme découvert , et les Molacqués Fenfarment dans ua 
cacbot. Aidé des soldats qu'il commande , son valet , qtii 
crAitit pour son sort , veut le sauver , et au moment oh le» 
Molacqués cherchent son maltre sur la tour , il jette les 
cris d'nu homme qui s'est précipité. Les Molacqués le 
prennent pöur Valcourt , descendent et le cherchent pour 
Fempalcr; mais bientot les soldats fran^ais^ avertis, se pres^ 
sent 5 investissent les prétres^ et délivrent leur chef.Dhcli et 
sa fille arrivent; euiin Valcourt obtient la main de son 
amante* Les Molacqués sont confondus , et .Valcourt leur 
fait grace.. ^ 

Cet ouvrage, comme on le voit par Fanalyse ^ est jdem 
d'invraisemblances 5 toutefoijiril eut du succés. " 

Voltaire s'cst ^ouvent égayé sur la Loi de Jalåbsces dit» 
féfentes productions n^out pas été inutilesåPauteur duiiion^* 
•älphtc, " \ . - 






362 MON 

MONTANCLOS (Mme.de),auteur dramatique, i5ia. 

Mme. de |iIoDtaiiclos a composé iiu as^z grand nolnbre 
de morceaux de littérature, qu'elle a réunis en deux volumei 
in-i2 , sous le titre å^OEuvres diverses. Farmi ces morceaaz, 
on en tron ve plusieiirs qui sont a la fois, dignes de plaifo. 
aux gens de goiit , et de meriter l'estime du vrai phllo- 
sophe. Elle a fait aussi plusieurs piéces de théåtre , doot. 
los plus connues sont: un Vaudeville en un acte , intitulé: 
Robert le Bossu , et un Opora aussi en un acte , intitulé: les 
Habitans de P^aucluse. On tron ve dans ces deux ouvrages 
de la grace et de la facilité , mais peut-etre n'y trouvc-t-oa 
pas asscz d^ensemble ni dUntelligence de la scéne. 

MONTANO ET STEPHANIE , opera en trois acte», 
par Dcjaure, musique de M.Berton, k rOpéra-Comiquei 
1799. 

La belle Stephanie , fille d'un vieux guerrier deSyractise, 
et Montano , jeune chevalier , sont k la veille d*étre udu^ 
et fontdéjå les prépatatifs de leurhymen, lorsqu'AltamoDty 
faux ami de Montano , et secretement épris de Stephanie 1 
forme le projet de s'opposer k leur union. Feiguant de dé- 
plorer le sort du Chevalier, il lui annonce coufidentielle* 
xnent quo son amante le trahit , et qu'un rival heureux doöt 
étre introduit chez elle å une certaine heure de la nuit. Mod** 
tano, surpris, autant qu'indigné, veut s'assurer de ce fait, qu*il 
ne peutcroire : il se rend, enconséquence, avec des témoiossi^ 
lieu du rendez-vous nocturne ; et, k peine y est-il arrivé^ qu 10 
cavalier inconnu se présente sous le balcon de Stephanie, fl^ 
que celle-ci , ou , du rooins, une femme qui lui ressemble, 
facilite å Tinconnu les moyens de parvenir jusqu'å elle* 
Montano veut éclater, mais on Ten empeche.Länuitae paase^ 
Jia cérémonie nuptiale doit avoir Ueu au lever du spl^* 



M o N 363 

téphaoie et son pfere se rendeut å l'aiitel j le Chevalier , con- 
ibant safureur, s'y présente aussi, mais, au moment oi\ le 
ontife va les unir , il s'y réfuse , et accuse hauiement 
)D amante. Répoiissée par son pére , accusée par I'homme 
u*elle adore , Tinfortunée ne peut supporter tant de conpti 
la fois , et elle tombe évanonie. Le Fontife la faitconduire 
ans rintérieiir du temple ; pcu de temps apres, il an- 
once sa mört , et réduit Montano au désespoir. Alors j 
Lltamont , tourmenté par ses remords , et également déses- 
éré d'avoir perdu Stephanie , déclare publiquement qu^elle 
st innocente. Un domestique , d'accord avec une servante , 
ouverte des habits de sa.Maitresse , avaient trompé les yeux 
ie Montano au milieu de l'obscurité; le traitre Altamont 
eul avait conduit cette horrible trame. Ce scélérat se frappe 
l\in poignard et se précipite dans la mer. Au grand étonne- 
Dent de to ut le mondc^ Stephanie réparait, et les flambeaux d» 
'hymen se rallument. Tel est , å-peu-prés , Topéra de 
Montano et Stephanie ; il offre plusieurs situations intércs- 
antcs : celle oi^ Montano accuse son Amante aux pieds. 
les autels , produit surtout le plus grand eHet; mais ilnous 
emble que Tarrivée d'AUamönt , au premier acte , est trop. 
^rusque et pas assez motivée; que s'il n'eut pas annoncé d'a- 
ance et avec détails son horrible stratagéme, lascénede nuit, 
>araissaot plus mystérieuse , eut été plus dramatique* 

MOIMTANSIER (M.Ue) , directrice de plusieurs thtå- 
Ires, i8lo. 

Nous ne chercherons point å découvrir la souirce de hi^ 
ortnne de cette fem me celebre å plus d'un titre; toul le. 
^onde sait que le role brillant que MUe. Montansicr a 
oué dans le monde, n'est pas susceptible d'analyse. Aiusi ,^ 
l^oique sa carriére théåtrale ait été et löngue et fortunéeji 



364 M O W 

noiis ne IV sniverons ponrfcant pas; ceci est du ressort de . 
riii.^toirc, ctDous nesommcs pas Ics historiens de Mlle.Hon- 
tansicr. Noiis nous bornerons donc k dire que cette il- 
lustre dcmoisellc a été dircctricc de plusicurs tbéfttres, et 
a fait prciive de beaucoiip d'esprit et d^intelligence dans 
lapartie administrative; noiu ajonterons qu'elle a faltcons- 
lrnirep]iisieurssallcsdespectacles,entr*autres,celledcrOpérat 
Nous devonsdireencorequ'ellcadonnéson nom å cello du Fa^ 
lais-Royal,etque c'estå clle qne rimmortel Brunetdoit^etsa 
fortunc et la réputation dont il jouit. A ce dernier titrescul) 
MUe, Montansier méritait une place distinguée dansceton- 
vrage , et nous nous plaisons å la lui accorder. 

MONTAUBAN (Jacqites Pousset de), avocat an 
parlement de Paris , et échevin de cette ville , y mouruteo 
i685. 

Nous avons de cctauleurlcs piéres sui vantes: ZénobiBy 
les Charmes de Félicie , Séleucus , Indégonde , le Comto 
de Holiande , Pantagruel et les A ventures de Parmrge» Ofl . 
lui atlrihue aussi une tragédie de Thyeste. Montauban était 
fort lie avec Boileau , Racine et Chapelle; et l'on cröitqw'il 
eut 2)art å la comédie des Plaideurs. "i 

-I 

MONTCriRÉTIEN(ANTOiNE de) , auteur dramatlquc, 
né å iFalaisc , » composé pour le thtåtre : Ä)pAozizV5e > °" 
la Carthaginoise -y la Constance^ ou les Lacenes^ Davida 
ou VAdultere, Hector , Ainany ou la Vxinité^ et VEcossais^i 
ou la Bergére. 

Cet auteur parait avoir pris Robert Garnier ponrmodfew' 
c'est å peu prés la meme marcbe et le méme gout. Comio® 
Garnier , il mot peu d'intrimie dans ses piéces , oh. Ton dö 
irouvepresqu'au cune situation. Sondialogue estvifetcowp^J 



M ON 365 

' ' ) 

nais il est noyé dans de longs et ennuyeux monologues. 

Jon style est cependant moius ampoiijé et plus pur que te- 
rn de Garnier ; toutefois oa y remarque uii måuvais gout 
ranthithéses et de jeux de mot^. Ce qui distingue surtoilt 
tfontchrétien , c^est l'éloqiience vlve et aoimée qui régne ' 
lans les déclamations , d'ailleurs trop longues , dont s^% 
pi%ces sont renoplies. Les figures les plus frappantes et les 
plus hardies y sont semécs avec profusion ; en un mot , il ne 
manque å cet auteur , que Fart d'amener des situations et de 
tnettre en oeuvre ces beaux morceaux , épars 9a et lå, sans 
choix et sans gout , et dont la continuité méme est fatigante. 
S€fS chceurs sont pleins de la plus excellente morale* Les ma- 
tiéres les plus importantes y sont trfdtées avec féu , et qu^l- 
quefois d\ine maniére sublime. Outre les piéces dont nous 
avons parlé , on a de lui un po&me de Suzanne 9 qui vaut 
mieux en son getire y que ses pi^es dramatiques. La Ser^ 
géricy qui termiue le tbéåtre de Montchrétien , prouve que cet 
auteur avait plus d'un talent , et qu^il savait descendre , 
quand il voulait , de la majesté tragique. La prose de cet 
ouvrage est agréable , légére et remplie d'idées ingénieuses 
et riantes. Voici quelqueVunes de ses aventures , qui feront 
voirque labravoure n'est point incompatlble avec les lettres. 
Ayant pris querelia avec le baron de Genonville, qui était ac- 
compagné dedeux personnes , Montchrétien , sans consulfer 
le nombre de ses adversaires^, se battit courageusement 
contre tous les trois , et fut laisse pour mört sur la place*, 
cependant il en re vint , et obtint X2ooo fr. de dpmmages et 
iatéréts. Il suivit les Huguenots k la guerre , et se trouva au 
slége de LaRochelle :enfin on voulut Tarréter, comme pré- 
venu d'avoir fabriqué dé la fausse m^nnaie , mals, iotrépide , 
11 se défendit en désespéré , tua.troit liömises^ et fut tué 



>. 



366 M O W 

lui-méme d'un coup de fusiL G*est ainal que monntiMoBt* 

chrétieD. ' 

MONTECLAIE. (Michel) , composlteur de mnsiqnti 
iié å ChaumoDt en Bassigny , ndounit dans une campagw 
prés de Paris , en 1787 , å Tage de soixante-onze aii8*IlftT*it 
éié enfaDt de choeur å la cathédrale de Långres , et fat b 
premier qui joua de la contre-basse dans rorchestra de 
l'0[)éra. Ontre pliisieurs morceaux de miisiqiie ^ il a falt 
encore celle des opera des Fetes de l'Eté et de J&phté* 

MONTFLEURY (Zacharie Jacob, acteur de rhdtel 
dn Boiirgogne , né dans VAnjou en 1600 , mourut å Paris ea 
1667. 

Montfleury étalt page dn duc de Giiise , mais bientot, en* 
trainé par son gout pour le théålre , il qnitta le palais dit 
Duc pour la petite , mais agréable maison de Thalie. Apréi 
avoir coiirii la province quelque tems , il revint k Paris at 
entraå Thotelde Boiirgogne, oh il resta jusqu'å samort, cau- 
séc , si Fon en croit la tradition , par les efforts qu'il fit eo 
jon an t le role å^Oreste dans VAndroinaque de Racine. Il 
étail åTarticlede la mört, lorsqii'un inconnu, qui, å 9e qii^as' 
siirait MJle Desmares, son arriére pelite fille, lui avait«D* 
noncé chez un marchaud do galons , qu'il était tr^in>l> 
eiitra dans la chambre du målade et demanda du vin pour 
boire avec lui. On le lui refusa. Le confesseur le prit poiff . . 
un sorcier ; le médecin le regarda comme un charlatan. Get 
inconnu sortit bientot , et dit sur le seuil de la porte : » J*^ 
» suis fåché , j'aurais tiré ce pauvre Montfleury d'afiaire; 
» mais il ne passera pas minuit « ; ce qui arriva en efTet* 






U o If 367 

lontfieuTj ett autenr d'une tragédie iniittilée ? la Mori 
\sétnibaU 

lONTIXEURY ( Akt oiNE- Jacob de) , fiU du précé- 
ty né ét Paris en 164a, mortåAIxen i685. 

ies pléces , quoicfn^un peu libres , peut-étre méme å cause 
;eIa,ontpresque toutes été favorablement accueillies. En 
cd la liste : Le Mariage de Rien , le Mari sans Femme y 
isibulcy VIn-promptu de Vhötel de Condé^ VÉcole des 
oux , ou la Fausse Turque , VEcole des Filles y Ja 
nme Juge et Parde , le Procés de la Femme Juge et 
räe, le GenUlhomme de Beauce , la Fitle - Capitainey 
mbigu Comique , le Comédien Poéte , avec k SwurRi-^ 
Je y Trigaudin » Cnspin GenUlhomme , la Damé Mé^ 
\n , et la Dupe de Soi^méme* On lui atfribue , en outre ^ 
Betes raisonnabUs* 

)n ne peut refuser k Montfleur j de Tesprit , du naturelr 
le la vivacité dans le dialogue ; de la facilité dans l'ez<- 
ssion y et une trés-grande connaissance de la scéne ; mals 
W permis trop de licence dans le choix de ses sujets et 
)s la manl^re de Ies traiter» Il y repéte , jusqu'å satiété, 
3 expression que la décence a proscrite de' toutes nos 
nédies mödernes ; il y^ fait, du lien le plus respectable im 
société , Téternel sujet de ses plaisanteries. Ce sont pres- 
e tou jours des maris jotiés , trompés et bafibués. C!est å 
ontfleury que Boileau fait allusion dans ces vers de V Art 
^éUque : 

• 

Mais pour un faux plaisant y å grossiére' éqaiYCyqoC , 
Qui, pour mc diyertir, n^a que la salelé^ ^ 

Qu'il 8'en aille , s^il Teut , sur des tréteaux mpaté • y 



368 M O N 

Amnsftnt le Pont-Neuf de ses sornettes fades, 

Aiix larjuais asscmblés , joucr ses niascarades. 

d\iiliciirs, il choqiie souvent la vraisemblance* 

Montneiiry a pnisé chez les Espagnols iine grande |MUtii 
lic SOS snjets , et il n^cn a point banni le merveilletizi A cci 
drfuiits pr^s , le Mari sans Femme ^ la Femme Juge éi 
Parlie , la Fii I e~ Capitai ne^ sont d'agréables comédles d*in- 
Irigno. Sa tragédie de Didon semblait annoncer dlieureasoi 
dispositions pour le tragiqiic ; mats re ii'cst pas sur un seul 
onvragc de celte natiirc que ron pciit juger du génie d'uii 
pocte; snr-tout, s'Il a niis trciite ans a retouchcr ce méoie 
onvragc. Chapelain fil , par lia/ard , nne asscz belle odet 
La Penélope de Tabbe Genest ellc-inéme , fnt représentée 
avec sncces 5 tonlefois , il serait ridicnle de placer cet abW 
ä coté des Corncille , des Racine , des Crébillon , del 
Voltaire , et méme des Campistron. 

MONTGAUDIER n'est connn que par la tragédie de 
JK^atha/ie y on la Generosité Chrétienne ^ 1654. 

j 

j 
MONTIGT^AC (de) a falt représenter en proviuce, ] 

Clarlcey on les Kuses de VAmour; Horiphesme , ou lei J 

Mergers; le Bouquet du maréchal de Richelieu , et pluaieiui "| 

complimens mélés de scénes et de vaudevilles. 

MONTIGNI (Jkan- Charles Bidault de), n^ *' 
Paris , est auteur de la petite Sémiramis , piéce critique de _. 
cello de Voltaire ^ et de VEcole des OJpciers , comédie en 
cinq actes , en prose. 

MONTLEON a composé trois tragédies , savoir : HectOff 

u^mphitrile et Thyeste. 



. \:Å 



M o N 869 

Monttéon n^était pas poSte par, nature, mals par Frénéaie : 
n imaginalion déréglée n'a produit que des onvrages 
onstruenx, qu'on ne saurait lire sans indignation : c'est Pin- 
!ceu€e la plus efiiénée^ jointe aitx idées les plus sombres et 
3 phis higubres» 

MONTMENY [Louis -André dö), cömédiön , fils 
i Lesagc 5 est morl , regretté de tons ses camarades , ä la 
!ur de son åge. Il ren^plissait les rolcs sérieiix et ceux de 
Ljsan. 

Irrité de ce qne soö fils avait enrtbrassé la profession de 
»inédien , Lesage cessa de le voir 5 mais bientot , flatté de la 
oire qii'il acqiierrait de jour en jour par ses talens , il fut 
itrainé au spectaclr* Vit son fils , ]oignit son suffrage å ce«- 
i du public , versa des larmes , Fcoibrassa et lui r^ndit 
ID arnitié» 

MOiSTTMOHENCY , tragédie en cinq äctes , eft veK> 
ir M* Carion de Nizas^ aux Francais , i8oo. 
Quoiqiie cette pieqie n'ait pu se soutenir aU tbéatre, nou» 
lons en donner iine courte anaiyse. 
Henry , diic de MontmorencV , aprfes a^öir mérih^ par sel» 
sploits le båton de Marécbal dö Fjcaiicö , itidigné contrö 
• cardinal de Richelieu , dont la doroination révoUe 
)ute la France , se sort de Pautorité qiVe lui donlie soa 
tre de Oouverneur de Laöguedoc , pour faire ^otilevet 
oute cette proviace conlre ce Ministre , tyran de sön Maltre» 
I succombie dans une bataiile réglée , est fait pfison> 
'ietjet cnfin , coiJdan:iné au dorniör supplicö. Vöilå toutld 
^^)et de cette piéce , Sans action , satts intrigue , est consé«- 
l^cmment saos intérélk Les ^euls ressorts dramatiques qu9 
Weur sait en5ployé«, est Taniour qu41 supposeå!aRein«, 
2me VL .Ak 



■S: 



370 M O N 

vpoiisc de Louis XIII poiir son Héros , et la génjrosifc 
de ScLoniberg qui .se fait le défciiseur du Duc, son prisonnieri 
Louis XIII est iin hoQime sans caraclere, qui 8*iutéreasa 
a i'amaiit de sa fcmmc, et qni ^ par conséquent, est ridi- 
culo. Qiiaiit au rardinal de Richelieu, il est peint sons \a 
rouleurs les plus odieuscs , puisqu'il ose proposer 88 m&ia 
il hl Reine , et lui declarer les voeux qu'il fait pour montet 
un le trune apres la mört du Roi. Pour Montmorency, il .] 
se rcgardc comme criminel , et detnaode coatiDuellemeot 
luie mortc|u'il croit avoir méritée. D'aprés cet aper<^u fidäe^ ] 
oti doit sciitir (|u'il n'y a dans cet ouvrage aucuo per- 
sonnnge intéressant , et qu'il ne pouvait exciter ni la terreai 
ni la pilié , qui sont les seuls ressorts de la tragédie ; néan- 
moins , on y trouve quelques discours assez bien faits, mui 
qui sont déplacés , et mauquent de chaleur* 

MONTREUX (N1COLA8 de), connu aous le nom 
ä^Olenix du MontSacré, qui est l'anagramme de son nom y 
naquit au Mans vers i56o. On connait de ilfbnireiixjfli 
pieces suivantes : CyruS le Jeune , la Joyeuse » ^tudUt 
Atlette y Dmne, Cléopåtre y Isabella^ Ariméne , Sopkf 
nisbe y et Joseph, On lui altribue en outre , Camm^^i^i 
Vccevante , Paris et CEnone* 

Le sujct de sa tragédie å^Isabelle est tiré de TAiioita» 
Rodumont 9 plus rodomont encore dans cette pibcejfNf, 
duns le Foeme italien , coniie k Sicambras , son ofiBcier« b 
> iolente passion que lui a iuspirée Isabelle , sa captiveiCoO^ 
princesse , iidéle å la mémoire de Zerbiu , qui a péri 00 
fciulant, contre Madricard , les armes de Roland , nt^ 
uj:inIåLren)ent d^écouter son barbare vainqueur | qui loi 'i^' 

Je veux avoir de voiis cc quc la loi de Mars 
He permet de ravir , sevle loi des Soudars» 



ISABELLE. 

Un plaisir si léger vous scra peu durable. 

RODOMONT. 

Nol plaisir n^cst loger qui nous est secouraLle» 

ISABELLE. 

Est-ce bien , que forcer une simple femclle ? 
il O D O M O N T. 

Du i bicn , quatid on ne pent vivfc sans jouir (Tijle. 

« 

Montrenx travaillait avec une facilité malheureiTse ; il 
composa be^auconp , et ne fit rien de passable. 

MONVEL (M. BouTET de), auteiir dramatlque , et 
acteur retiré du theätre IFran^ais, né å Stokolm , 18 10. 

Considéré comm*e acteur . monsieur Monvel est un 

bomme supéiieur ; considéré comme auteur , il est au -,des* 

sus de la phipart de ses contemporains. Jamais on n'a port^ 

plus loin que lui le talent de la déclamation au théätre. Il avait 

.i vaincre une foule de difficultés qui, pour tout autre qu'uo 

bomme de beaucoup d'esprit , cussent été insurmontablcs. 

oa voix élait faible et peu sonore , mais il la faisait re- 

tentir dans toutes les parties de la salle, etpénétrer danstous 

les coeurs. ; sa taille n'avait rien d'imposant ni de séducteur , 

et cependant personne n'a jamais paru.plus majestueux dans 

ses roles. Brutus, il avait toute la grandeur et toute la ma- 

jesté d'un consul et du fondateur dela République Romaine ; 

Penélon^ il avait toute la dignité d'un prelat qui sent toute 

lanoblesse de son ministére, sans s'en déguiserles inconvé»- 

iiiens ; Séide , il . portalt au dprnier point Finnocence , le 

<^oiirage et Tardeur du fanatisme. Nous ne, nous arréterons 

t>oIiit k le suivrc dans tous ses roles , il nous s.uffira de d^re 

A a 2 



370 

t-poiisc lic Xoiiis XE 
(It: Sclioniiwrg qui se (ail 
Louis XIII est im liui 
k l'amaiit de no femmc 
ciilc. Qiiai)! an cardinii 
roiitenrt ks ptns odieit- 
IL la Betue, et liii declo 
kur le tiöue apres la ni 
se rcgardc comme cni 
iiiie iu(irtqii'il croit avoj 
OD di.it sfiitir qu'il n'\ 
sonniige intércssant , et c| 
ni la pitié, qni sonclcs t 
moin^ , on y troiiv« qneli- 
qiti sont déplacés , et ma. 

MONTREUX C^i 
d' Oleiiix du Mont^acréj 
naqiiit au Mans vi 
])it;ce« suivantes : Cyrut 
Atlette , Diane, ClAip, 
niibe , et Joseph. Od In 
VJcevatUe y Paris et (Er- 
Le Gu)et de sa traged 
Kodumont , pliia rodot 
dmislfi Fotjme italien, c 
% iuli^Qte passioa qiie lui u 
|iriiicusse , fidéle å la iiit:i 
IcLiilaiit, cootre Madrica 
L,'j:I)i.u!.rea)ent d'éc(iuter i 

Je veui iTOir de ytin^ 
Me fiermet de rsrir, 




I 




MOR 37S 

FertiiierSy jBlaise et Babet, Qdant k 
lére Dous parait étre d'uD ton frop sévére 
|uel elle était destinée. 
roir rendu jutice aiix talens de M* Monvel: 
^ns qii'å témoigner le regret de le voir en- 
me carriére qir il avait parcouru avec au- 
: de gloire , et å le féliciter de 1'avantage 
de se reposer apres de longs travaux , sur 
ie« 

) , fils du précédent auteur dramatlque , 



son pére, qii^il a peut-étre surpassé dans 

• , Monsieur Monvel fils n^a jamais paru 

3 acteur ; mais il a enrichi notre litté- 

ombre d'ouvrages , qui ont obtenu des 

i» citerons entré au tres , Lisimor ou la 

', traduction de Goldsmitb , des Odes 

e nos armées, et sur-tout, parce que celä 

ment de notre ressort , sa tragédie de 

ti sa comédie du Deuil prématuré »qui 

tre-Frail^ais 5 ,et enfip son opera connu 






L 



^ hroisB ^ ou Voilä ma Journée ^ qu'on 
plaisir au théåtre Fejdeau. 

auteur du Mariage fatt par brazntef 
en prose , jouée aux Italiens en 1730. 
été impriméé* 



b. 
t 



gne sous cenom, dans lepoeme drama- 
:iles et sages que Thomme fait sur lui- 

lalbeurs et des crimes , oii les passions 

jlea; ou des ridicules qu'eUe 



;*w 




MOR 37S 

l\vis Fermiers^ !Blaise et Babet. Qd ant k 

tte piére nous parait étre d'un ton frop sévére 

re auquel elle était destinée. 
DS avoir rendu jutice aux talens de M« Monvel: 

ste plus qii'å témoigner le regret de le voir en- 
^'irti d\ine carriére qiril avait parcouru avec au- 
i "8 que de gloire , et å le féliciter de 1'avantage 

irité , de se reposer apres de longs travaux , sur 

émique. 

I (M.) y fils du précédent auteur dramatique , 

''e de son pére, q ull a peut-étre surpassé dans 
éraire , Monsieur Monvel fils n^a jamais paru 
ömme acteur ; mais il a enrichi notre litté- 
Z and nombre d'ouvrages , qui ont obtenu des 
^ • Nous citerons entré aulres , Lisimor ou I» 
ft ionn^, traduction de Goldsmith , des Odes 
^ ;nes de nos armées, et sur-tout, parce que celä 
^ aliérement de notre ressort , sa tragédie de 
W *roscrit; sa comédie du Deuil prématuré , qui 
Théåtre-Fradgais 5 ,et enfin son opera connu 
VAmbroise , ou Voilä ma Joumée , qu'ou 
■ avec plaisir au théåtre Fejdeau. 

est auteur du Mcaiage fatt par brainte 9 
1 acte, en prose , jouée aux Italiens en i73o« 
I point été impriméé* 

Ondésigne sous cenom, dans lepoeme drama- 
Tions utiles et sages que Thomme falt sur Ini- 
e des malheurs et des crimes , oii les pi »os 
temblablea; ou des ridicules qu'eUe 






å 



370 M O N 

vpousc de Louis XIII poiir son Héros , et la générosi{i 
de Schoniberg qiii se fait le défciiseur du Duc, son prisonmer; 
Louis XIII est lin hoQimc sans caraclere, qui s*iiitéEefl8e 
å rumant de sa fcmmc, et qiii ^ par conséquent, est ridi- 
culo. (^)iiaiit au cnrdinal de Richelieu, il est peint sons ks 
roultMirs les ]>lus odieuscs , puisqu'il ose proposer sa main 
a la Reine , et lui declarer les voeux qu'il fait pour monter 
sur le truue apres la mört du Roi. Pour Mootmorency, il . 
se regarde c om me criminel , et demaode contiouellemeBt 
luie mortqu'il croit avoir méritée. D^aprés cet aper(^u fidäe» 
on doit seiitir (|u'il n'y a dans cet ouvrage aucun per- 
8onn:^ge interessant , et qu'il ue pouvait exciter ni la terrenr 
ni la pitié , qui sont les sculs ressorts de la tragédie ; oéan- 
moins, on y trouve quelqucs discours assez bien faits, msii 
qui sont déplacés , et mauqucnt de chaleur. 

MONTREUX (N1COLA8 de), connu aous ]e nom 
å' Olenix du MontrSacré ^ qui est Tanagramme de sonnomi 
naquit uu Mans vers i56o. On connait de JåontmiåxiKl^ 
pieccs suivantes : Cyrus le Jeune , la Joyeuse » ^nniUf 
Atlette , Diane , Cléopåtre , Isabelle , Aritnkne , Sopk^ 
nhbe , et Joseph. On lui altribue en outre , Camnw^ b 
D dm vante , Paris et CEnone. 

Le sujet de sa tragédie d^ Isabelle est tiré de rArioito^ 
Rodumont 9 plus rodomont encore dans cette piéce , qw 
dans le Fo^me italien , coniie k Sicambras , son ofiBcier 1 b ' 
> iulente passion que lui a iuspirée Isabelle , sa captivei CM 
priiicesse , iidéle å la mémoire de Zerbiu, qui a péri euii' 
fciulunt, rontre Madricard , les armes de Rolan^y ii^bf^ 
u|;iniåLren)ent d^écouter son barbare vainqueuri qui lui <b^* 

Je veux avoir de yoiis ce quc la loi de Mars 
Me periuet de raviri seule loi des Soudars. 



ISABELLE. 

Un plaisir si léger voiis scra peu durable. 

RODOlilONT. 

Nol plaisir n^cst Irger qui nous est secouraLle» 

ISABELLE. 

Est-ce bicn , quc forcer une simple femelle ? 

11 O D O M O N T. 

Du i bicn , quatid on ne pent vivfc sans jouir (TcjUe. 

\ 

Montreux travaillait avec une facilité malheureiTse 5 il 
composa beaucoup , et ne fit rien de passable. 

MONVEL (M. BouTET de), auteiir dramatlqne , et 
acteiir retiré dii theätre IFran^ais, né å Stokolm , 181 0. 

Considéré comm*e acteur ^ monsieur Monvet est un 
homme supéiieur ; considéré comme auteur , il est au -,des* 
sus de la plupart de ses contcmporains. Jamais on n'a port^ 
plus loiu qiie lui le talent de la déclamation au théätre. Il avait 
a vaincre une foiile de difficultés qui, pour tout autre qu'ua 
bommc de beaucoup d'esprit , eussent été insurmontablcs. 
Sa voix élait faible et peu sonore , mais il la faisait re- 
tentir dans toutes les parties de la salle, etpénétrer danstous 
les coeiirs. ; sa taille n^avait rien d'imposant ni dje séducteur , 
et cependant personne n'a jamais paru.plus majestueux dans 
ses roles. Bratus ^ il avait toute la grandeur et toute la ma- 
jesté d*un consul et du fondateur dela République Romaine ; 
Fenelon ^ il avait toute la dignité d'un prelat qui sent toute 
la noblesse de son ministére, sans s'en déguiserles^inconvé»- 
iiiens ; Sfide , il . portait au dprnier pqint Finnocence , le 
conrage et Tardenr du fanatisme. Nous ne nous arréterons 
|>oiiil a le suivrc dans tous ses roles , il nous s^iiffira de c^re 

A a 2 



• * 



/ 

37Ä M O N 

q 11 'il ne Ttt laniRis an dc^^r^iMis ni au dessus d'aucitn de cetu 
do:it ii s'i'st chnrge , iL i* unn-; scinbicque c'est leplusgrand 
élogc qu^on pnis.su fairc d\ui actcur. 

Sansdonto. il nVi'{ ion als léclat de Larive , qnelaiUH 
tUiC n\-sI |jiu å tuuibie^ (if tons ses dons; mals il disait aveo 
taut de sagcsse , de véi ité et dVsprit , qu^il paraissait tirerdei 
forccs de sa propre faiblessc. , 

Pon de tcius api*^*^ son rntrée an théåfre Praofaisy IL 
Monvcl y éproiiva des desagicmciis qiii Poblig^rent å faix» 
jonirlcs habitans deSt.Pétersbonr^; des précieux et rares talens 
que semblérent dédaigner d^abord d'ingrats compatriotes. 
De retonr h Paris , ses ennemis ne piirent cinpécber les justM 
appréciatenrs dn méritede reconnaitre en lui racteur le pins 
consommé peut-étre qu^ait jamais en ia scéne fran^aise* . 

Le talent de l'arh'nr est sans donte beancoiip an-dessobi 
dn talent de l'antcnr , pnisque celui-lå ne pent que faire nr 
loir Touvrage de celni-ci. Que peoser doac de M» MoDvel ^m 
f ut (i ia fois et grand comédien et bon poete ! Tous lesgemei 
de gloire qn'on pent acquérir snr la scéne , semblaieiit hl. 
étre departis. L'Amant Bourruy sans étre pour le styled» 
la force de VEcole des Maris j ne'serait pourtantpas kg 
dignc de Moliére ; d'ailleurs , pour la conduite , cette pifta 
est snpérieiire å boaucoup de celles qu'a produites le péied» 
la comédie frauraisc. Pent-étre Monvel a^t-il en tort de ^ 
livrer å la composition du drame , que rien ne peut fiu^ 
excuser si ce n'estla facilité qu'on trouve å le compöaer: 
qnoiqu'il en soit ^ il a fait des drames qoi leraieDtOtf 
chefs - d'oeuvre , 8'il pouvait y en avoir dans ce ffKaf* 
Tels son t Mathilde , Clémentine et Désorme. 

L^Opéra-Comique doit aussi k M* MoDvel plnueini 
pi^ces charmantes, dont les couplets font encore aujouidlnu 
Isa délicea d,e la meilleure société. Pajmi c^ pitces , n8>* 



MOR 37S 

•ilerons left Trois Femiiers^ !Blaise et Babet. Qiiant å 
Sargines , cette piéce nous parait étre d'un ton frop sévére 
ponr le théåtre auqiiel elle était destinée. 

Nous croyons avoir rendu jutice aiix talens de M. Monvel: 
il ne nous reste plus qii'å témoigner le regret de lo voir en- 
tiérement sorti d\ine carriére qiril avait parcouru avec au- 
tant de succés que de gloire , et å le féliciter de 1'avantage 
juste men t mérité , de se reposer apres de longs travaux , sur 
le trone académique. 

MONVEL (M.) , fils du précédent auteur dramatlque , 
l8io. 

Digne emu le de son pére, qu^il a peut-étre surpassé dans 
)a carriére llttéraire , Monsieur Monvel fils n^a jamais paru 
sur la scéne comme acteur ; mals il a enrichi notre litté- 
rature d'un grand nombre d'ouvrages , qui ont obtenu des 
succés mérités. Nous citerons entré aulres , Lisimor ou la 
f^illage abandonné , traduction . de Goldsmith , des Odes 
sur les campagnes de nos armées, et sur-tout, parce que celä 
t$st plus particuliérement de notre ressort , sa tragédie de 
Junius ou le Proscrit; sa comédie du Deidl prématuré , qai 
sont restécs au Théåtre-Frail^ais ; ,et enfin son opera connu 
Äous le titre d^Amhroisa , ou Voilä ma Journée , qu'oH 
revoit toujours avec plaisir au théåtre Fejdeau. 

MORAINE est auteur du Mariage fatt par irainte^ 
eomédie en un acte, en prose , jouée aux Italiens en 1730. 
Gette piéce n'a point été impriméé* 

MORALE. Ondésigne sous cenom, dans lepoeme drama- 
tique, les reflexions utiles et sages que Thomme fait sur lui- 
pnéme, å la vue des malhears et des crimes , oii les passions 
précipitent ses semblablea; ou des ridicules qu'eUe kur donne 



374. M O R 

dans hl sociétu : rt-flcxions qiu tcndent ä lul faire Iiair h 
virc , et aimcrla vcrtii et l^ordre , qiii Tengagent å se défier 
do hii7nic-mc, u crnindrc do lomber dans les mémes abimes^ 
on ia col<^rc , lu vcnu(?anco ^ ranibltion y la jaloiisie , et sur- 
foiit ramoiir, out iiKripité des bommcs ftouvent moins 
fuiblc» , ])Uis sages et p!ns vcrtneiix qne Ini. Cest ponrcelt 
fpic par-tout on lui raotitrc le crime piini , et la vertu triom- 
pluinte. Si quelquefois on la lui repré.scnte dans le malheurét 
dans rinfortnnc , ce nVst quo ponr la Ini rendre plus airoahle 
iMicorc, et Ten faire ressortir plus briilante. Si au contraire on 
ini fuit voirle crime en honneur et dans la prospérité ", c'esl 
pour le rendre plus odieux, et pour le faire tomberde plai 
haut dans Tabtme. Lcs anciens n^étaient pas sijaluux qiie 
nous le som mes de la morale. Ils attribuaient tout an destin; 
å une fatalité aveugie et inévitable. Quelle instruction ré- 
cueillir d\in crime , d\in assassinat , d'un inceste comDUS 
uécessairement ? au lieu que quand on voit , cpmme sur noi 
tbeåtrcs ^ tousces désordres occasioDnéspar des passions trop 
écoutécs , il est naturel d'eQ conclure qu'il ne fautpas s^j Ih 
vrcr , mais qu'il faut les combattre de toutes ses forceSi^' 
roinnio los sourccs trop certaines de tous nos malheura* . 

On reproche aux auteurs dramatiques de rendre M 
passions trop aimables. II y en a, en elTet, qu'on ncreod 
jent-iUrc pas assez haissables sur le tbéålre ; ce qui est tout- 
iVfait conlrairc å la bonne politique. Far exemple, Moliére 
ua gi^ercs représenté que comme une galanterie pardoa* 
nnl)lc , riniidélilé dalis le mariage; co qui est du plus dan-* 
i;proii\ cxcmple. 

Didcrot prctend que les points de morale, les plits im- 
rorlans, pourraieut etre discutés au théåtre, et ceIa,-'fW 
iinlru Ti la marche violente et rapide de Taction dramatique* 
11 fuudiiiit, pour ccla, disposer la fable ou le po^e^ dt 



MOR 375 

lani^re qne les cboses y iussent amenées , comme Tabdi- 
ation de Tempirp dans Cmna» Cest ainsi qiie le Poete 
giteralt ia qiiestion du suicide , de Thonnenr , du dnel , de 
i fortnue , des dignités , etc. Nos poémes en prendraieot ' 
ne gravité qu'ils n^ont pas. Si nne telle sréne esl nécessaire , 
L elle tient au fonds , si ellc est annoncée , et que le spec-* 
iteur le désire , il y donnera toute son attention , et il en 
era bien autrement aficcté , que de ces petitcs sentences 
}ambiquées , dont nos ouvrages sont cousus. 

MORALITE. La vérité qui résulte du récit allégoriquo 
!e rapologne , se nomme Moralité. Elle renferme uno 
naxime utile pour les moeurs, un conseil sage pour se con- 
luire, etc. Elle doit étre claire, couTte et intéressante ; il 
i'y fautpoint de métapbysique , point de périodes , point do 
érités trop triviales , comme serait celle-ci : QuHlJaut 
nénager sa santé, 

On entend par Moralités , au théåtre , les lejons et les 
nstnictions morales qui se trouvent répandues dans ini 
Irame. On pent en semer pnr-tout ; mais il faut , selou 
!]orneille , en 11 ser sobrement ; les mettre raremen t en dis- 
;ours généraux , ou ne pas les pousser loin , surtput qliand 
)n les mct dans la bouche de personnages passionnés , et 
lönt la conversation est vive et animée ; car l'un des inter- 
iocuteurs ne doit pas alors avoir plus de paticnce pour les 
icouler, qnc les autres de trAnqnillité d^esprit pour les con- 
sevoir et Iqs dire. Dans les délibérations d'état ^ oii un 
homme d^imporlance s^explique de sens rassis , ces sortes de 
discoiirs moraux ou politiques peuvent étre plus étendu?. 
IViais il est toujours plus sur de les réduire souvent de la 
thése å Ihypothése, c'est-å-dire du general au particulier. 
Il vant micux faire dire å un actcur : Pamour yous cause 



376 MOR 

> 

hien des tounnens ; que , Vamour cause de grandes inquié' 
tudes ä ceux qui en sant possédés* Ce n'est pas que cetto 
dcrnidrc fa^oii de moruliser uc puisse aiisai avoir lieu; mais 
il ne fuiit pas poiisser trop loin Ics maximes générales, sam 
los appliqiicr au partictilier; autrement clles deviennent un 
lieu commiin qui fait languir Taction, et cnnuierauditeui; 
ot, quelqne succés que puisse avoir cet étalagede Moralitéii 
il csl å cruiiidre que ce ne soit un de ces ornemens ambititfdx 
qu'Horacc nous ordouue de rctranchor. 



MORALITÉS. C*ost ainsi qu'on appela d'ftt>ord ks 
premiéres comédies qui furent jouées en Franre dans b 
quinziéme et le seizi^me siéclcs. Au nom deMoralités, 8uo< 
cuda cclui de Mystéres de la Passion. Ges piéces facetieases 
etuicnt un mélange monslrueux d'impiétés et de simplicités^ 
mais que ni les autcurs ni Ics spectaieurs u'aTaieDt Tesprit 
d'oporcevoir. Dans la Conception ä PersonnageSf c'est le titm 
d'iuie des premiéres Moralités, jouée sur lo Thcåtre Fraib 
rais , et imprimée in^4«° gothique, å Paris ,t chez AllaiAi 
J.otrian , on Fait ainsi parler Joscph 

Mon sotilcy ne se peut dVrfatre , 
De Marie j nion opoase sainte, 
Que j''ai ainsi trouvée enceinte, 
We scay s'il y a fante on non , 
• • ■•••••••••«•••••• 

De moi n^est la ehose venue ^ 
Sa proinesse n^a pas tenue. 

Elle a rompu son mariage , 
Jc 5Qis bicn infcible , incrcdnle , 
Quand je rcgarde hien son faire^ 
De rroire qu"*!! n'y alt mcffaire. 

YMe est cUccintc j et d^oi^ 'vicndrait 



MOR 377 

Le fruit? Il faut dirc par droit 
Qu'il y ait vice d'adaltére , 
Puisque je n^en suis pas le péré. 



Elle a été troys mois entiers 
Hors d^icy , et au bout du tiers 
Je Tai toute grosse re^ue : 
L'*aurait quelque paillard décue, 
Ou de faict ^oulu efforcer ? 
Ha! brief, je ne sais que penser. 



Voilä de vrais blasphémes en bon frati^ais ! et Joseph 
allait quitter son épouse , si TAnge Gardien ne Vent averti 
de n^en rien faire. Mals qui croirait qi:i'un Jésuite espagnol 
du dix-scptléme siécle , Jean Carthkgéna , mört å Naples en 
1617 , ait débité dans son livré intitulé : Josephi My stena , 
que St. Joseph peut tenir rang parmi lés martyrs , å cause 
de la jalonsie qui lui déchirait le cOBur , quand il s^aper^ut 
de jour en jour de la grossesse de son épouse PQuelle porte 
ii'ouvre-t-on pas aux railleries des profanes , lorsqu'on ose 
faire des martyrs de cette nature , et qu'oa exposie nos mys- 
teres å des idées d'imaginatioä si dépravées ! 

On donnait encore autrefois le nom de M oralités ä des es- 
péces de ballets , ou opera. Ou en représenta un de cette es- 
péce au mariage du prince Palatin du Rhin , avec la prin- 
cesse d'Angleterre* Eu voici la description , telle que Ta 
faite un auteur contemporain. 

a Un Orphée, jouant de sa lyre, entra sur le théåtre , 

uivid' un chien , d'un chat , d'un cbameau , d'un ours y 

d'un mouton et de plusieurs animaux sauvages , lesquels 

avaient delaissé leur nature farouche et cruelle , en Foyant 

chanter de sa lyre. 

» Apres vintMercure , qwi pria Orphée de continuer let 
floux airs de samusique, Tassurant que , non-seulemeot le* 



3tS mor 

l)(>les faronclics , mals les étoilcs du cicl danseraicot an son 
de sii voix. 

» Orplu o. poiirronteiit'»r Memiro, rcrommeDce ses chan- 
sons. J\iis.sit6t un voii i]no lo5 étoilcs du ciei comineiiceiit 
a se loniner , smiter, dansör; a*, qnc Mcrrnre regardant, 
(t v ovant Jnpiter dans iiiie ni.i> . i! le supplia de vouloir 
Iransformcr aiicune de ccs t-u. ^'''.•", f-u rhevaliers » qui 
ensscit été renommés en aiuou: -:ir Iciir constaote fidélité en* 
vers Ics du mes. 

» A rinstuDt on vit plusienrs rhevaliers dansleciel, toui 
vetus d^me coulcnr de flammc , tt^nant des lances noires | 
lesqncis , ravis aiissi de la musique d'Orphée , ]iii cd ren* 
dircnt nne iniinité de lonanges. 

» McjTiue alors supplia Jnpiter de traDsfoin^erles aiitres 
étoilcs en aiilant de daraes , qui avaieut aimé ces 
chcvaliers. lucontineut ces étoiles, changées mt autant de 
da mes , fiireut vues vctues de la méme coulcur que les che- 
v al i ers. 

» Mercure^ voyaut que Jupiter avaitoui ses priåres, la 
fnip]>lia de pcrmcttre que toutes ces åmes célestes de cheva- 
licrs et de damcs , desccndisseut en terre pour danser k cet 
noces royales* i 

» Jnpiter lui accorda encore cette reqnéte ; et les chevt- 
liers et Icurs dames , descendant dos nues sur le théåtre, aa 
son de plusieurs instrumens , dansent divers ballets^ cequi 
furcnt la fin de cette belle moralité. » 

Le sujet d'une Moralité intihilée , le Mirouer et PExemplt 
cles En/ans Ingrats , est singulier. Vn pere et une raére 9 en 
ninriant leur fils uniquc , lui abaudoDoent généralement tous 
Iciirs bicns, sans se rien reserver. Ils tombent bieutot apres 
dans une grande mii^ere, et ont recours å ce fils , å qui il» 
ont tout donoéj mais celui-ci , pour n'ctre paa obligé dt 



e=lA'ii! 



MOR 379 

les secourir, feint de ne les pas connaitre , et les falt chas- 
ser de sa maison. Fen de tems apres , il se sent une grande 
snvie de mänger du paté de venaison; il en fait faire nu; on Itf 
Ull apporte ; et il Touvre avec empressement : aussitöt il 
en sort un gros crapeau qui lui saule au visagc, et qui s'y 
Bitachc. Sa femme , ses domestiques font de vains efforts 
pour l'en arracher : rien nepeut faire démordre cct animal. 
!L'on soup^onnc alors que ce pourrait bien étre une per- 
piission divine, On le méne chez lecuré, qui, itistruit de 
sa c ond u i te en vers ses pére et mére , tro u ve le cas trop 
grave pour en connaitre , et le renvoie å Tévéque. Celui-ci, 
informé de lexcés de son ingratitude, juge qu'il n'y aquele 
Pape qui puisse Tabsoudre, et lui conseille de Taller trouver : 
il obéit. Dés qu'il est arrivé , il se confesse au St. Pére , qui 
lui adresse un beau sermon pour lui faire sentir toute Fénor- 
mité de son crime ; voyant la sincérité de son répentir, 
il lui donne Tabsolution. A Hnstant le crapeåu tombe dii 
visage de ce jeune homme, qui, suivant Tordre du Pape, 
vieut se jetter aux pieds de son pére et de sa Aiére, pour. 
leur dem änder pardon. 

Dans une Moralité de Jean Bouchet^ procureur äPoitierj?, 
intitulée le Nouveau Monde , il y a un trait de satyre trés~ 
vif contre Tavarice de Louis XII 5 mais ce qu'i4 y a pcut- 
étre de plus singulier encore , c'est qiio Louis XII né le 
trotiva pas dui tout mauvais. Ce Monkrque , un des 
nieilleurs que nous ayons eus , dans le dessein de savoir 
la vérité , qu'on dérobe ton jours anx Rois , avait permi» 
aux poetes de reprendre dans leurs piéces, les vices et 
les défauts de ton tes les personncs de son royaume sans 
(sxception. 

« Je ne vous avais oncques puis vu , dit Pamirge dans 
» Rabelais , que jouåtes å Moutpcllier , avec nös ^ntiquea 



38o MOR 

» amis , la Morale , comédio de ccini qui avait éponsé nne 

» fcinme mtiettc* Le bon mari vouhit qii'elle parlftt. EUe 

» pärla par l'art du médecin et du chimrgieu qtii lui cou- 

» péreiit un cncyliglotte qu'eHc avait sous la langue* La ftr 

> rulc iccouvrée » ello purla tant et tant, que son mari le- 

» tourna au medecin pour reméde de la faire taire. Lemé- 

» decin ré pond it , en son art : hien avoir remédes propni 

» pour faire parler les feiiiincs; u*cn avoir pour les faiif 

-3» toirc. Remåde unique utrc surdité du mari contre celni 

3» iiiterminable parlcmeut de femme. Le Paillard devint 

3) sourd, par ne ftai» quels cbarmes qu'ils firent; puls, b 

9» Médecin demaiidant son aalaire , le mari répondit qn^ 

3* était vraimeut sourd , et qu'il n'eutendait sa demandsi 

» Je ne ris oncquea tant, que je fiså ce patelinage. » 

MORAMBERT (Aktoihe Jacquis x.'Abbet de) , nék 
Paris en 172,1, a donné le Camavdi d^Eté ^ jimadis,9t 
Jiarbacole , ou le Manuscrit voU. 

MORÄN (Le FiaE ) , Jésuite , a (ait représcnter k Ljim 
6 il 1706 unc tragedio chrétienne , qui a pour titre Neon» 

MORAND ( Pierre de ) , naquit k Arles en 1701 , et 
mourut å Paris en lySy^ . , 

Croyant qu'il lui scrait possible de se partager entré lei 
Muses et l'Hyraen , Morand se bazarda de preodre femme$ 
mals il eut bientot lieu de s'en rcpentir, et il se bAta d^aban- 
donner et sa femme et ses biens ; trop beureux que sa belle- 
mére voulut bien le laisser tranquille å ce prix* Il vint i 
Paris , ou il composa la tragédie de Teglis , qui obtint qnel- 
que succés. Gette piece oflrc des situations nobles et pathé- 
tiques , et une grandc connaissancc de Tärt; il ne lui manqoei 



MOR. 3ii 

alnai qu'aux ouvrages du méme auteur 9 qu'un c oloris plirs 

brillant. Il donna ensiiite Childericy pi'jce extrémement com- 

pliquée , mai^ pleine de Iraits de föreset de génie. UEsprit 

de JJivorce vint aprés 5 c'est une de*ses meilleures piéces. 

Morand ne fnt heurenx ni en littératnre , ni en mariage , 

ni au jeu , ni en bonnes forlunes^ et, quoiqu^il eut éprouvé 

souvent les dangers d^aimer sans délicatesse et sans choix , 

illes bravait toujours avec la mémeintrépidité.Lorsqu'i] fut 

attaqué de la maladie dont il mourut , il ne fut pas néces- 

saire d\iser de détours et de ménageniens ponr hii apprendre 

que le terme fatal approchait ; il le dit iui-méme de sang . 

froid , et disposa en faveur d'\in neveu el d'une niéce d'un 

bien dont il n'avait pu jouir. Un tratt bien marqué du 

malheiir qui le poiirsuivait, c^est que toutes ses dettes so 

trouvaient acquittées å la fin de cette méme année, el qu'aa 

premier janvier de la suivante^ il allait toucher le premiec 

quartier des cinq mille livrés de rente qui lui restaient. Cetto 

circonstance ne Taffligea point ; il fit son testament avec une 

présence, ou plulot avec une gaieté d'esprit singiTliérc. Ilse 

rappela celui de Crispin dans le Légataire Universel, et le 

parodia, en donnant aux Itenij des inflexions de vofx difiFé- 

rentcs et comiqucs qui faisaient rire tous les assistans. Lors- 

qu'il eut mis ordré a ses affaires , il s'entretint familiérement 

avec deux ou trois de ses amis , et leur pärla de vers , de 

prose et de nou velies. Lorsqu'on lui apprit la victoire 

lemportée , le 26 juillet , sur le duc de Cumberland par le 

maréchal d'Estrées y il se ressouvint du vers de Mithridate , 

et dit : 

Et mes derniers regards ont yu fuir les Anglais. 

Il mourut avec cet enjouement philosophique. Outre les 
piéces dont nous avons parlé , il ccfi&posa les JMuses , 



3Si MOR 

I 
.j 

Méf^are j VEnlhvement imprévu , la Pengeancé irompkf 
les AmouTS des Grands liommes , et Léandre et Héro* 

MORANDET, secrétairc des Commandemens de Mme. 
la Cointcsse de Toiilouse , est auteur du Quiproquo j co- 
inédic en trois actes , en vers , joiiée auz FraD^ais eu 1743. 

MOREAU ( Jean-Baptiste ) , né ä Ångers en i656, 

mört å Paris en 1734. 

D^enfant de choeur do la cathédrale d' Ångers , il devlnt 
maltre do musique å Långres , ensuite å Dijon, et Tintå , 
Paris , fort mal duns ses affaircs « et trés-mal vétu. Ayaot 
tronvé le moycn d'entrcr å la toilette de la DanphiiM) 
Victoirc de Buviérc , il eut la hardiesse de la tirer par la 
manclie ,cl de lui dcmandcr la permission de chanter devaot 
elle un air de sa composition. LaPrincesse rit, et la luiac- 
corda : Morcau lui fit tant de plaisir , qu'elle en pärla an 
Roi , qui voulut le voir et l'entendre* Dans la suite , 
Sa Majcsté Temploya å pluaieurs divertlssemens» il fit la. 
niusiquc d^Esther et å^Athalie , et celle des chceurs de la. 
tragédie de Jonathas de Duché. 

MOREAU (M.), auteur dramatique , 1810. 

M. Moreau s'est exercé avec' succés dans' un genre qui 
exigt; plus de facilité que de gout, plus de subtilité queda 
raisounement, et , enfin , plus d'esprit que de génie :'il J * 
réussi ; mais ce n'est pas å lui seul que le public accorda 
ses snflrages 5 car il n'est pas seul Tauteur de ses ouvragW- 
TouLefois , nous devons dire qu'on n^est pas sans méritef 
quand on produit, méme en société, des våudevillea, tels 
'cjue Boileau ä Auteuil , les Chevilles de Maitre Adam 9 1» 
Kuit d'Auberge , uue Journde chez Bancelin , etc. Quoiqu« 



■(j 



MOR 383 

nous ne piilssions pai assigner la part de gloire qul re- 
vient ä M. Moreau dans ces t)uvrages , noiis sommes forcés 
de convenir qu'on ne peut pas y avoir eu part sans étre re- 
connu pour un homme d'esprit« 

MOREAU (M. ), acteur du Théåtre Feydeau , 1810. 

Il a débuté 5 et s'est soutenu avec succés dans Temploi 
des Trial , espece de niais qui n'appartiennent qu'å l'Opéra- 
Comique, et qui sont destiués å y faire ressortir les person- 
nages mieux élevés et plus spirituels avec lesquels on les 
met en opposition. Pour remplir ces roles , qui ne sont assea 
généralement que des caricatures , il fallait paraltre plus sot 
«t plus ridicule qu'il n'est possible de Pétre dans la société ; 
e^était du moins la maniére de ,TriaI et de ceux qui l'ont 
remplacé. M. Moreau, qui est venu apres eux, a cru 
pouvolr paraitre assez niais , sans chercher å l'étre, et 
comme tout ce qui est nouveau a le droit de plaire , sa 
maniére naturelle , quoiqu'un peu monotone , lui a valu les 
suffrages du public, et méme une certaiqe supériorité sur 
ceux qui font des eObrts pour courir, dans la carriére de la 
niaiscrie , qii'il suit glorieuseraent sans se fatiguer* Dii 
reste , quelque bon niais qu'il soit , il a assez d^esprit p<)ur 
blen jouer quelques roles de valets , qui sont loin d'étce 
Niais» 

MOREAU ( Mme. ) , épouse de TActeur précédent , 
actrice du Théåtre Feydeau , 1810. 

Cette Actrice était connue å POpéra-Comique sous le nora 
de Mlle. Pingenet , avant d'avoir épousé M. Moreau. EUe 
est jolie , et son chant a de 1'éclat. On lui a reproché 
d'abord un peu de timidité , et peu d'éteiidue dans la voix; 
mais le tems et l'usage du théåtre , sans altércr ses charuies, 



384 MOR 

lui ont donné Tassurance qui nuisait au developpeiKient åå 
ses talens : et , sans öser dous permettre de dire qu'elle eit 
sans dt^faut , nons croyons ponvoir assuret quVHeest unt 
des plus agréables actrlces de l'Opéra-CoinIqueA 

MOREL e^t connu par la tragédie de Thimoclée oa la 
Générosité éCAlexandre. 

MOREL DB CHEDEVILLE (M0> atileur drama^ 
tifjno , i8to. 

M. Morel a composé , pour rAcadémie Impériale ds 
Musiquc , phisieurs opera qui sont restes au théfttre , autant 
pour le mérite du po^me que pour celui de la muslqne* 
Ccst lui qui a introduit sur ce théåtre , ou du moios qui 
y a soutcnu ie genre gai et gracieux. Panurge dam Pik 
des Lantemes , la Caravane du Caire, et Aspasie de Miletvå 
sont une preuve incontestable. Cet Auteur, vraimeot Ijrique^ 
a anssi coraposé des opera d'un genre trés-élevé , tels qu'^* 
lexandre aux IndeSyCt ThémUtocle. Dans les Mysthtes JCUm^ 
il s'est permis un tour de force, quifait infiniment d'honiieiir å 
ses connaissances musicales. Gen'était pas une petite difliciiM 
qne d'adapter des parolcs fran^aiscså la musique de la FlåU 
enchantée , opera de Mozard. On lui doit, en outre, deax 
Oratorio , Saiil , et la Prise de Jéricho» Il se distingney 
surtout , par une grande ententc de la scéne , et par QM 
coupe do vers heureuse et propre au c hänt. 

MORETTO ( AuGusTiK ) , auteur dramatique espäguoL 

Augustin Moreto est Tun des auteurs comiques espagnob 

Ics plus estimés : ses ouvrages annouceot uo homini 

du génic ; mais en general ils sont forcés dans les idées 9 

diHiis dans le style , bizarres et faux diuis los caracliif* 



MO a 385 

»utfés dans les sentimens et erabrotiillés dans les iuttl-* 
^ues9 on y remarque uue graode fecondité d'iovention$ 
9Sa|ft il nait ordinairement de-lå une telle multiplicité d'in- 
:ideDS^ qu^il est presqii'impossible de salsir tous les fils d& 
[^^ci^oo^, en un mot, ils oSrent une peinture comiquc, et 
chargée des moeurs de son tems, et particuliérement de celles 
åes grands. Les comiques fran^ais ont mis souvent les 
sspagnols k contributiou ; mais , quelques précautions qu^ils 
aient prises d'en écarter tout ce qui leur paraissait superflu , 
les ouvrages qu'iis ont puisés å cette source ^ se ressentenC 
tous , plus ou moins , du mauvais gout et du merveilleux d^ 
ce théåtre» Sans chercfaer £ulleurs , on en trouvera la preuvo 
dans cet ouvrage y si Ton veut se donner la peine de lire 
quelques analyses des piéces de Thomas Comeilie* Mais , si 
Dous nous sommes permis de relever les taches qui dépare^it 
le théåtire des Espagnols , nous devons aussi lui payer lo 
tribut de reconnaissance que lui doit le notre.^ Moréto , 
Calderon , Michel Cervantes , Lopés de Vega , Lopés de 
Sé ville vivront dans nos fastes dramatiques, aussi lodg-tems 
i|iie les deux Corneille et Mollére lui-méme , seront admirés ; 
aussi long-tems que les chefs-d'oeuvre de ces grands Hojiimes 
seront lus. Les comédies de Moréto , au nombre de trente* 
•ix , ont été recueillies en trois volumes in-8«^ , iniprimés k 
"Valence en 1776. Lesage nous en a donné une tnduction 
fort-.estimée. 

MORISSOT a fait imprimer å Marseille en 1758 une 
comédie en deux actes , en vers , mélée d'ariétes , intitulée : 
JPierre et Pérette ou le Galant Jardinier* 

MÖRT D'ABEL , ( la ) , drame en trois actes , en vers ; 
par M. Tabbe Aubert , 1765. 
/ Si des vers bién tournés, si des pensées simples ethabile- 

Torne FL ' B b 



•' 



386 MOR 

nicnt cxprimées , sufljsaient seuls pour constitiier nne fioiiii^ 
plecc de tliéåtre, cellc-ci méritcralt restime générale. Mais il 
fuut plus qiie des vers ; il fant du mouvement ; une actios 
lanlot rapidc, tantot leiite ; un intéret tonjour» pressant, 
toujonra soutcnu; des situations fortes et qui naissent du 
All jet; et, mulhcureuscment , la piece de M. Tabbe Änbcit 
manque absolument de toutcs ccs qualités si essentie}le3« Il 
a mis en récit cc qu'il aurait du mettre en action , et , par une 
délicatesse blamable , trop docile au précepte d'Horace, 
il iait passer derriere la to i le des scénes qu'il aurait ps 
nicttre sous Ics yeux du speclateur. 

On peut reprocber cncorc å M. Tabbe Aubert d'avozT smT* 
irop å la lettre le poémc de Gcsner,et d'avoir fait remonterrac* 
tion trop haut y et presque )usqu'au moment de Torigine dela 
haiuc de Gam contre son fr&re. Le premier meurtrier en pantt 
plus odieux , et conséquemment Fintérét general de roDvfag» 
s eii trouvc diminué. Cest ici le cas de rappeiler un antre pré- 
cepte du poéte latin que nous avons cité plus haut; précepts 
qui défcnd d'exposer sur la scene des cboses monstrueusestor^ 
quoi de plus monstrucuxqu'un fr^e qui,détestesoDfrére,pan:t 
qu'il a sauvé la vie k leur pére commun? Cest pouvtant tålt 
premier motif que Mr. Tabbe Aubert donoe å la faaioe ås 
Cain contre son frére Lo second vient de la préférence tplf 
Dicu accorde aux sacrifices que Ini ollre Abel ; prål»- ^ 
renco odieusc aux yeux de Cain, et qui occasiomie Ib pr»* 
nii6rc mört, et le premier deuil. Le sacrifice et le memli* 
d'Abel , se passent dans les coulisses , et ne sont conséqnein* 
nieiit qu'en récit; de lu uait une langueur,un froid, qui doiveit 
rendreki pickeinsupportable au tbéåtre,quojqu*elle fasseqiid" 
que plaisir a la lecture. Un reproche non moins gravequeflrf- 
ritc l\uUcur, c'cst d'avoir doniiéå Cain de la dissimulatioDyCft* 
iirteic incompatiblc avec une åme aussi farouche et auBftiU>* 



MOR '387 

flejtible que la sienne ; d'avoir multipllé les persoonages sans 
nécessité, et clavoir fait paraitre sur la scéoe toirte la famille 
du premier homme ; ce qui raleutit et eihbarasse la marche 
de son drame. 

MÖRT D'ABEL (la), tragédie en trois actes ^ en vers, 
par M. Legoiivé , • avec cette épigraphe : Primi parenteSy 
prima mors , primus luctus* 

Ce sujet, imité de Gesner , comme on vient de le voir, 

fut traité par Tabbe Aiibert en 176S , mais Touvrage de M. 

Legoiivé est bien au - dessus du sien. Son sujet se déve- 

loppe de la maniére la plus vraie^ la mieux sentie, la plus 

toucbante , et présente un intérettoujours croissant de scéao 

en scéue* 

Onne trouye point dans cette tragédie , 1'appareilde gran- 

deur qu'on est accoutumé h rencontrer dans ces sortes d'ou- 
vrages. Point de luxe , point de soldats 5 tout y est simple 
corameles premiers hommes , et toutefois ce sujet est traité 
d^unemanii re émineramenttragique.La véritédestableaux et 
iTiarmonie de la versification , répandent sur toute cette piéce 
tin charme inconnu jusqu^alors å la scéne fran^aise. Nous 
ne dirons pas que la Mört d^Abel est le meiileur ouvrage 
de M. Legouvé 5 maisc'est assurément le plus original qui soit 
sorti de sa plume , et te plus parfait qu'il ait produit sous le 
rapport du style. Nous ponrrions citer une foule de vers 
dignes des plus grands maitres ; mais les bornas de c€t ou- 
vrage nous permettent rarement ces sortes de citations; 
tious devons nous attacber k Pensemble plus qu'aux détails , 
et nous y sommes forcés par le peu d'étendue qu'ont ordi- 
bairement nos artides. 

Ce n'est point la terreur qui fait l'åme de celte piéce , 
mais c'est la pitié la plus douce et la plus toucbante å la fois; 
Viotérét ne sort pas de la multiplicité des situations ^ et de 

B b2 



.' 



388 MOR 

la yariété desréyolntions, elle natt de lavérhé des caractSrenv 
et de celle des couletirs , sons lesquelles l'aiifeur a su présen» 
ter ses personmages. II est inutile sans doiite d'aDalyseT un 
ouvrage , dont lo sujet est connu dans toutes les écoles , eC 
qiii tient antänt k rhistoire qii'å la réligloo. Gette publicité 
<}uiadii diniinuer les difficultés qu^olFre ordioairement TiiH 
veution y a du angmeoter celle de Texécution , et le grand 
talent de l'aiiteur est de les avoir vaincires* 

Le caractére d'AbeI est d'an intérét tondbant , qni rend 
sa niort plas cmelte anx yenx des spectateurs , et Gala plus 
odieiix, sans que, toutefois, son caractére inspire UDeho^ 
Tcnr profonde , parce qu'on suitqu^il est entrainé å. rasqassinit 
de son irdre par uiie fatalilé irrésistible , et par iine liaioo 
fondée sur la préférence que lui accordent ses parens , et 
surtont Tétemel qui rejéte ses offrandes , poar agrécr celks 
de son frére. En adoucissant ainsi 1'horretiT que devoient ins- 
pirer a t le crime et le caractére de Celn , M« Legonvé sW 
conduit en grand maitre ; ear^ de toute autre maoiiie, 
le dénouement de la piéce eut été révoltant et pénible» Cos 
constdérations, dont personne ne contestera la justesse, pren- 
vent évidemment queM. Xegouvé a tirédeson sujet toalb 
parti possible , et que , dés son debut d£ms la carriiro dramt" 
tique , il a fait preuve d^un talent supérleur» 

MÖRT D'ACHILLE (la) , tragédie en cipq BeteBf ftf 
AIcxandre Hardy* 

Achille, apr^s avoir yengé par la mört d'Hector celk deioB 
ami Fatrocie , pendant une tréve accordée auz Ti ojss i » 
entré voit , dans uo temple d'Apollon, Polix&nc,, fifle & 
Friam. Frappé de ses charmes , il en devieot amoureiui^ flt 
hii fait propjscr en secret de Tépouser* Les autres en&nsdi 
PruAEu engageutleur sosurå acceptcr cette alliaoce, dansk 



MOR 3fi9 

<3essein de profiter de ToccasioD po^it ffiure périr Achilic , 
venger la mört d'Hector,et déUvrerTroyed'un enDemi re- 
cloutable. Le Héros grec , aveuglé par son Amour , malgré la 
prédiction de son ami Patrocle , dont Tombre lui est appa- 
pje , malgré les conseils de Nestor et ceiix des plus sages de 
rarmée^ se rend secréteroent et sans suite dans le temple d'A- 
pollon, pour épouser Polixéne 5 mais, au moment de con- 
tracter cette alliance , il est poignardé par Paris et Déiphobe 
fréres de cette princesse , qui , voulant empjorter son corps 
dans la ville , sont repoussés par Ajax , et par plusieurs-Capi- 
taines grecs accourus aii bniit?Ces guerriers s'einparent dit 
corps de leur ami , et Thonorent d'nne sépulture digne delui« 
On voit qae, tians cette piéce, Hardy n'a point suivi la 
tradition d'Homére , qu'il a , dit-il , trouvée moins vraisem- 
blable que ceHe ^éDaris le Pbrygien , et de Dictés de Créte , 
ecrivains inconnus. Notra ne dirons point que cet ouvrage 
pécbe contre les trois unités , on le sent assez par le plan 
que »ous venons d'en donner. Nous nous contenterons d'ob- 
«erver qu'il est , comme tous les ouvrages de Hardy , aussi 
platement écrit dans le style du tems que malädroitement 
conduit» 

MÖRT D'ACHILLE ( la) . tragédie en cinq actes , en 
vers , par Benserade , i636» 

Zie premier acjte se passé dans la tente d'Achill»é Le 
Héros grec y parait d'abord avec BriséKde, k laquelle il 
dit les choses les plus tendres , et qui lui répond sur le 
méme ton^ Il fait part k cette amante cfaérie, d'un soöge 
fttnestequi lui inspire les plus tristes pressenttmens* Briséifd» 
}'engage k renoncer aujr combats , et å quitter le siege de 
Troye. Le Guerrier lui répond : 

« Notre vie est an bien difficileä gärder; 

i* Afin de la défendce^ oa U doil htztfder» a j/ j 



390 MOR 

3c m^n croiraix indignc, au dcstin qui nous presse^ 

Si jc ne Texposais pour le hien de la Gr>ce. 

La niort daiis le péril ne nrépouvantc pas ; 

Jc la crains dans la paix , et la cherche aux combstir 

Cc ver» , et stirtout Ics dciix dcrniers, sont beauz; c'est 
grand dommage qii^ils soienL sulvis de ceiix-ci : 

Mais In fine quVlle est, falt son coap dans le calme ; 
Sou'\ent elle ac cachc å Tonibre d''une palme. 

Apres cctte scéoc , ou plutot apres cette conversatloD 
amuiireiise, on annonce Priam et sa famille, qui ticih 
jicnt réclamer le corps d'Hector. Ni le vieillard , ni Hé- 
cnbc y ne peuvcnt toucher Achille:maisPolixéaeDe 9'e8tpe8 
plutot jctL^c å ses genoitx qu*il accorde plus méme qu^onnfti 
liii dcmaude. Ce changement inspira des craintes å Briséide» 

On sent qirAchille n'a pas manqué de deveoir amon- 
fcux de Folixénc en la voyaut 4 ses genoiix; ayasi la 
håte-t-il d'aner la demander en mariage å ses parens » quiM 
garden t bion de la lui refuser y puisqu^å cette condilion il 
promet do se déclarcr contre les Grecs en faveur dflt 
Troycns. Mais Polixenc n'est pas aussi facile que sespaxCDiS 
elle répond u Tamour d'Acliille par ccs vers : 

Vous , don t le brås nourrit Pennui qui me dérore , 

Wallligez-YGus déjh ? La tr^ve dure cncore. 

Quand vous vous reposcz , laissez«moi respirer^ 

Attendez le combat pour me faire pleurer. 

« Cc u'*est pas dosirer un plaislr agréable , 

» Que de chcrcher å rire avec un miserable. » 

Puiir lui prouver qit'il n'a point envie de rire, AcfbSIt 
ven t se pcrcer le sein anx picds de son amante; mais ette b 
ramene facilement k des sentimens plus doiix envera liu* 
iiicrnc. Euiiu , apres quelqucs diSicultes^ elle finit parcéder 
å ses prcssantes solticitations ^ et le Héros extasié, a'écrie s 



M OR 391 

Eh 1 je me vois si haut en mon amour ardent , 
Que je ne puls aller aa ciel qu^on descendant. 

XJLysse , Ajax , et d'aiitre» Grecs veiileht détourner 
Achille dti projel qii'il a fomé de renoncer auk combats ; 
inutiles efTorts , il reste ferme dans son dessein ^ et tanse 
méme vertement son esclave Briséide , qui , de son c6té , liii 
reproche son nouvel amour : la pauvre esclave prend en 
douceur les duretés de son maitre , et dit généreusemcnt ; 

S^il faut souffrir sa mort^ son change oa mon trépas; 
Qu'il Tive , que je meure , et qu'il ne m^aime pas. 

pensée sublime qu'on , admirerait si elle ne terminait une 
tirade remplie de fadaises* 

Quoique rien n'annoncc que la trfeve entré les Grecs 
et les Troyens , soit rompue , il se livré cependant un 
combat. Hécube etPolixéne,qui en sont spe/^tatrices , ad- 
mirent combiea Fabsence d' Achille affaiblit Tarmée de 
leurs ennerais ; et la jeune Princesse promet d^accepter 
la main du vaillant Fils de Tfaétis« Malheureusement le jenné 
Troile, frére de Polixene, a défié ce Hérös au combat,. et 
Test allé provoquer jusques dans sa tente. Achilte , impa- 
lient de laver une telle injure , n'écoute plus son amour , 
vole au combat , et tueTroile. Il n'en vient pa» moins au tero- 
ple pour épouser Polixéne : c'est lå que Paris , pour vénger 
bravement la mört d'Hector et celle de Troile , assast^ne lo 
Héros grec. Apres sa mört, Ajax et Ulysse se disputeut 
ses armes ; chacun d'eux prononce un discours qui rem- 
plissent la plus grande partie du quatriéme acte» Enfin , la 
piéce se termine par \\n arrét du Conseil des Grecs , qui ac- 
corde ces armes k Ulysse. Ajax se tue de råge , Ulyssa 
en est désespéré , et dit. :. 



39* MOR 

Je goute pea rhonnear de ce'priz obtenn; 

Pldit «uz Dieox qu^il f&t Tif , et que je fuste nnf 

A tons CCS malheurs , Agamemoon trouve un ezcdlflnt rt* 
méde. Ah ! dit-il : 

Il est yrai qirilliony ti^il sait cet accident, 
S^animera bien mieux , deviendra plus ardent ; 
KVncoaragoons pas tant celte orgaeillense Tille , 
Soupirons pour Ajax, écLaions pour AcliiUe : 
Br&lons Ttin en public ; brMons Pautre en aecret ; 
Et de tant de rogrets ne montrons qu^un regjret. 
AHn que les Tcoyens xi^y poissent rien comprendre^ 
IHous en pleurerons deux, sons une méine cendre. 

MÖRT D'A6IS (la) , tragédle par Guerln de Bbiucal, 
1642. 

11 s'agit de décider s'il est plus avantagenx de rétablir Fé- 
galité des biens entfe les citoyens de Sparte j conformé- 
xneot å la loi de Licnrgiie , ou si I'od doit laisser tes cbos» 
dans la conFiision oh elles soDt. Agis , roi de Sparte , entn- 
prend le rétablissement de ranclenne loi , dont il fait Toii 
rntilité. Son sentiment passé å lapluralité des Toix» eiU(H 
nidas , son beaii-pére et son collégue au troiie , qui fOtt" 
tient le parti contraire , est géoéralement coDdamné* Lm 
pleurs de Cléonide sa fille , fencime d'Agis, font commiMr 
sa peine en celle de Texil^ inais la situation des afiaires cliaiip 
de facc ä la fin du troisiéme acte ; le parti de Leonid 
devient le plus fort^ et le lualheureux Agis se trouve oppriBK» 
Cléonide soUicite vaiuement la méme grace que ceUeaecor- 
dée å son pére ; elle ne rpbtieot que lorsqu'i) n'e8t plas tUBBf 
et que l'arrét est exécuté. 

Dans cette tragédie, Agis débite une harangne, o& fl fait 
la peinlure des moeurs de la Gréce , au tems que les loiX 
de Lycurguo y étaient observées : en voici quelques traitSi 



\ 



MOR ' 393 

La morale régnait dedans tous les esprits. 
Le bienfait , de lui-méme , était Tanique pris. 
Chacun de la Tertu recherchait les caresses. 

Le soldat négligeait le bntin pour Phonneur, 

Au bonheur du pays oonsistait son bonheur. 

11 ne savait point Fart dräller faire la guerre , > 

Plutot pour ravager que pour sauver la terre« ♦ 

Les orateurs parlaient aveo sincérité ; \ 

La justice régnait avec égalité ; 

£t jamais les presens n''avaient eu la puissance 

De faire låcfaement trébåcher la balance. 

Les Trones de leurs Rois n^étaient point revétus 

Des ornemens de Tor , mais de cenx des Tertus , etc. 

t 

Crébillon commen^a une JBIort éCAgis , qu'il n'acbeva 
Dint. On prétend que c'était la mört de Charles I , dé« 
iiisé sous ce nom. 

MÖRT D'ASDRUBAL (la) , tragédie de Montfleury 
ire, 1649. 

Cette piéce pouvait étre égaicment iDtitiilée , la Reine de 
arthage, Asdrubal , chef ou prince de cette République , 
a rieD épargné pour la défendre ; mais tous ses eflbrts ont 
Idé k la fortuue des Romarns. Déjå la ville a été rédnité en 
»ndres ^ et le re^te des hdbitans est contralnt de se jeter dans 
a fort , son dernier asyle. Asdrubal , qui sait que Scipion 
Fordre d'anéantir la nation Carthaginoise , prend le honteux 
irti d'aller trouver ce General , pour Tengager å épargner sa 
mme et ses deux filles. De son coté, il s'engage åliii livrerle 
»rt qu'il tient assiégé. Cette proposition est acceptée , mais 
3phronie , femme d* Asdrubal , vient aux yeux méme de 
:ipion , reprocher k son mari sa faiblesse et sa perfidie ; elle 
3Ut périr avec ses concitoyens > et obtient la liberté de ré* 






394 MOR 

toiTrncr an fort qii'c1Ic a qnitté. Ses deux filles viennent laire 
de iioiivollcs tcntativcs al1pr^.s de Icnr påre, et ne réussiss^t 
])as niiciix. Cominc lenr mdre, olles rcfnscpt l'asyle qtii lenr 
est oflert rlicz U^s Romains , et venlent s'cnséveljr sons les de- 
lans de lenr patrie« Sophronic rcparait iine secodde fois; mais 
c'est dans Tétrangc dcsscin de poignarder son éponz. Elle eo 
est cmpechée par Amilcar^ qni, la croyant coiipablo de tralu- 
son, acconrt pourrimmoler elle-meme. Il est arrété, et bien- 
töt remis en liberté, å lapriérc d'Asdruba1. La tréve expire ; 
tons les Carthaginois rentrciit dans Iciir fort , excepté As- 
drubal ,qiii y conduitlesRomainsparnn soulerrainnon-gardé. 
Alors Sophronie s'enferme dans une toiir , d'ou elle pcut 
etrc vue en dcbors , poignarde ses deux fillos , les jite 
dans nn biicher ardent , et s'y fait jetter elle-méme , apré» 
s'étre poignardéc. Asdrubal , désespéré de toiit ce qu*il voit, 
se doiine la mört k son tour, et vient ejpirer sur la scéne» 
en mandissant ses trahisons. Tel est le fonds de cette tragédie, 
dont les caractéres, le style et la conduite sont également 
dLfectiieiix. D'ailleiirs , Pauteiir n'a fait que mettre en ven 
le Sac de Carthage , tragédie en prose de Laserre , doDl il 
a siiivi le plan , et conservé tous les défauts* 

MÖRT DE BRUTE ET DE PORCIE ( la ) , ou Ia 
Vengeance de la Mört de Cesar, tragédie par Guérin 
de Bouscal , 1637. 

Ce siijet fut traité par 1'abbé Boyer , dans sa tragédie ii|- 
tiliilée : la Tragédie Romaine. Tout le monde conoait k 
trait liistorique de Brutus et do Gassius , vaincus par Octave 
et AiiffMne , dans les champs de Phylippe, Cest ce trait de 
Thistoire romaine qui fait le fonds de la tragédie de. 
Gncrin de Bouscal; cette piöce est faible. L'Auteur, en vou- 
luiU peiudre les Romains ^ et sur tout le caractére do Briitiu 



• i 



MOR 395 

et celiii de Cassius, asouvent mis Penflure et le galimathias 
å la place dii sentiment et de la noble fierté. 

Voici un passage de la description d'une bataille , qui en 
fournit la preuve : 

Ce ful lors que FEnfer fit voir en abrégé , 

Ce qu'Il a de plus noir et de plus enragé. 

Ce fut lors , qu'*oa craignit que le Ciel en col^re 

Voulut noyer de sang Pun et Fautre hémisph^re ; | 

£t que Bellone ménie , hérissant ses cheTeuz , 

Arrétåt sa fureur , poUr recourir aux yoeux. 

L^assurance et la peur , k travers la fumée , , 

Repassérent cent fois de Fune II Tautre armée : 

Et la vicloire crrante , en ce danger mortel , 

Douta qui resterait pour lui faire un Autel. \ 

MÖRT DE CATON ( la ) , tragédie en cinq actes , 
en vers , par M. Tabbe Geoffroj , imprimée en i8o6. 

Gette tragédie, imprimée sous le nom de M. Geoffroy, 
n'est poiirtant pas de M. Geoffroy ; elle descend en ligne 
directe de M. Cubiéres-Palmézeaux ; mais elle est Tenfant de 
son enfance. Comme il est assez naturel d'aimer ses premiers 
nés 5 il voulut la publier , apres avoir produit beaucoup 
d'autres pieces, et lui donner sur ses cadettes une espéce de 
supériorilé; mais, comme il craignait d'avoir communiqué a 
son ouvrage la faiblesse de Fåge oh il Tenfanta , il crut 
de voir s'étayer d'un nom celebre. Cest probablenienl? ce 
motif qui a engagé Tauteur k le mettre sous celui de M» 
Geoffroy. Ce qui nous autorise å penser ainsi , c'est que 
M. Cubiéres - Palmézeaux , qui n'a voulu paraitre que 
Tedi te ur de cet ouvrage , Ta enrlchi d'une préface dan» 
laquelle il donne , å celui qu'il en suppose Tautcur, les 
eloges Ics plus justes, quoiqu'ils puissent paraitre quelque- 
fois exagcrés, M. Tabbe Geoffroy , prenant ces eloges pour 



.♦ ■&.-. 



396 MOR 

iine critiquCy cita M. Ciibiéres-Falmézeanx k comparoir 
par-dcvant le Jiige-dc-Paiz. Cc dernier^ comparaissaot en 
personne , déclina la jurisdiction du Jiige-de-Paiz /le quel, 
adoptant Ics motifs du déclinatoire y renvoya les partiet 
devant lo tribimal d'Apollon , juge supréme en cetto 
znatiére. 

MÖRT DE CÉSAR ( la ) , tragédio en cinq actes , en 
vers, par Sciidery, i636. 

Bnitus et Cassius con^oivcntle desseiu d'assassiner César, 
au premier acte | et rexécuteiit an quatriéme. Le cinquiéme 
contient Téld^e funébrc de César , et finit par son apo- 
tbéosc. 

La condiiite de cettc piéce est assez réguli&re ; les pensées 
et le stylc sunt analogues au sujet et plus encore au temsoå 
écrivait Scndery. 

MÖRT DE CÉSAR (la), tragédie en trois actes, par 
Mlle* Barbier , attribuée å l'abbé Fellegrin , 1709. 

Brutus , animé par les discours de Porcie , völe aa 
Senat , et donne la Ilberté å Rome. Les trois demlera actoa » 
dont Brutus fait les honneurs , re^urent des appIaudissS" 
mens; ce républicain seul intéresse et parait grand. Pouxqnoi 
avoir mélé de petites intrigues d'amour , å une actlon qui 
pouvait se soutenir par les grands ressorts de la polltique, 
de Tambition et de la Ilberté romaine ? Ges passions doivent 
figurer seules dans ce sujet, qui fournissait assez par lui- 
méme ; mais il fallait la main d'un grand maitre pour les 
mettre en mouvement. Ccst cc qu'a Cait depuis Voltairs 
daos la piéce suivante* 

MÖRT DE CÉSAR ( la ) , tragédie en trois actee , 
par Voltairc , I743» 



■^ 



MOR 397 

TiCS femmes ne jouent aucun role dans cMe trag<^die ; 
élles eussent mal figuré , sans doute , å coté de Brutus ot (fe 
Cassius. Cest vraisemblablement ce qui a engagé Fauteur k 
donner sa piéce en trois actes ; car il eut éié dangereux de 
ne parler que politique et liberté , durant cinq actes , k 
ime nation accoutumée k voir soupirer Mithridate sur le 
point de marcher vers le capitole* Il serait å soiihaiter qu'oa 
mesuråt ainsi rétendue de cbaque piéce å celle da sujet ; oa 
ne \errait plus ni actes languissans , ni épisodes mendiés; 
défauts dont peu de noi^ meilleurs drames' sont eyempts.Gelui- 
Iri renfermc des carac teres sublimes, et le stylc répoad 4 la 
grandeur des caractéres ; c'est le génie de Corneille^ ezempt 
de barbarismes et d'irrégularités. 

L'abbé Desfontaines pärla d'abord assez mal de cette 
tragédie ; mais Voltaire , par 1'entremise de quelques amis , 
et par des lettres de politesse , parvint k ramener le pério— 
diste au nombre de ses partisans. Gelui - ci rejeta sur 
Téditenr, ce qii'il avatt d'abord criliqué dans cette piéoe* 
Voici comme Tabbe Desfontaines parait revenir de soo 
premier jugement. « Comme M. de Voltaire m'avait mande 
» que Féditeur avait extrémement altéré sa piéce, )'ai eu la 
» curiosité d'aller voir Toriginal chez M. l'abbé Åsseliiiy 
y> proviseur du Collége-d'Harcourt, qui a bien voulu me 
s permettre de lexaminer. J'y aitrouvé , eneffet^ plusieurs 
3) difiérences importantes. Au surplus , je sais de source , et 
» å n'en point douter , que M- de Voltaire n'a eu aucune 
» part , ni directe , ni indirecie k Tédition qui a paru. Les 
» fantes grossiéres de Téditeur m'avaient prévenu contre la 
3» piéce , et me Tavaient fait regarder comme une ébauche 
» informe 5 Uoriginal , lu avec attention , a changé mes 
» idées. » Observations sur les Ecrits mödernes i Toin,JJJ'* 



398 MOR 

MÖRT DE CRISFE(Ia), ou les moeuks dv »bakd 

CoNSTANTiN 9 tragédie par Tristan , 1645* 

L'aiitciir ne se »ciitant pas assez de talent pour presenter 

avcc décence ramour d'uoe belle-mére pour le fils de son 

niari , le cachc de fa^on qiic , quoiqiie Crispe soit assez ini- 

truitdc la passion qui falt agirFausta, on puisse s*y tromper^ 

et prendrc la jalousie de Timpératrice pour un efiet de sa po- 

litiqno , qui la portc å empecher Tunion de ce prince avec 

Constance , fiUe de LIcinius. Trislan lui sauve encore IV 

dieusc accusatioa d'inceste , et k Constantin rinhumanité de 

condamner å la mört un fils ionocent. Ce dernier succombi 

sons refTort du polson préparc pour Constance. L'impératrice, 

apprcnant que sa vengeauce esl plus complclte qu'elle ne b 

souhalle , et qu^elle a envcloppé son amant avec sa rivalcy 

cede å ses rem ords » et avoue ses crimes* Constantin , pett 

maltre de ses premiers transports , lui ordonne de les ezpier* 

Avant qu^il ait eu le tems de faire ses reflexions , on vient 

lui annoncer que cette princesse a perdu la vie dansunbaiik 

Ii*empereur ne peut s'qmpécher de la plaindre; et, regBidant 

cclte suite de malheurs commc un efiet de la colére divinm 

il prend la resolution de ne plus difierer sa con version 1 etdif 

faire adorer le Dieu des Chrétiens dans toute l'etendue in^ 

son empire. 

MÖRT DE C YRUS ( la ) , tragédie, par Quinault , i€S6. 
Ccst avec raison que Boileau s'est moqué de ces deuz 
vers par oh débute Thomiriar* 

Que Ton cherche par-tout mes tablettes perdues. 
Et que , $ans les onvrir , ellcs me soient rendues. 

Ces tablettes mystérieuses ont été trouvées dés rouvertnre 
de la premiere .scéue. Elles rcnfermént des vers tendreSi 
jj;ravés pur une rcine des Scythes , en favQur des menctriers 



■ ...»v 



Ii o R 399 

ie son (ils. On dirait enfin qne , sans ces tablettes , 1'auteur 
ii'aurait pu lier Pintrigue d'une Iragédie , qui se dérioue par 
la mört de Thomiris et celle de Cyrus. 

MÖRT DE DÉMÉTRIUS (la), ou Le Rbtablisse^ 

MENT d'Alexandre , roi d^Epire , tragédie par Tabbe 
Boyer, 1660. 

Artaban, apres avoir faitpérir Pyrrhiis, roi d'Epire, s'est 
emparé de son trone , et a marié sa fille Arsinoé å Démétrius, 
qu'il a nommé pour son successeur. Démétrius n'a accepté 
cette alliance, que pour conserver la vie au jeune Alexändre, 
fils de Pyrrhus, legitime hériticr de TEmpire , et sauver la 
princesselsménie. Cestramour que Démétrius ressent pour 
la Priucesse ; et rétroite amitié qui Tattache å Al^^^Lndre , 
quoique son rival , qui causent son embarras , et qui font 
le nceud de la piéce. Sans se laissep attendrir par les plaintes 
dArsinoé , Démétrius est dans la resolution de restituer la 
couronne au Prince , et de satisfaire ainsi aux droits de 
Tamitié, Il espére qu'un prpcédé aussi noble pourrå tou- 
cber son amaute. Alexandre , ne voulant pas étre vaincu 
par son rival , en générosité , s'enfuit secrétcment , pour 
éviter l'abdication de Démétrius. La Princesse, de soncotéy 
sort du Palais , et court sur les pas de son amant. Ils sont 
pris l'un et Tautre. Milon, qui est amoureux d'Isménie , fait 
cntendre au Roi , dont il est le favori , que cette fuite est 
concertée. Démétrius , ajoutant foi aux discours de ce per- 
fide y fait quelques menaces ; mais son amour et son amitié 
en empéchent les eifets. Cependant Fambitieux Milon et la 
jalouse Arsinoé s'unissent pour se venger du Roi , qui est 
a ssassiné par son Favori.La Reine , livrée å ses remords , 
ne songe plus qu'å traverser les desseins du traitre; et, sacri- 
fiant sa propre vie , elle sauve celle d' Alexandre. Milon , qui 



^00 M o K ^ 

I^norc cctte resolution , croit toiic i inoilMiiltllÉ| 

sur le Uojic , et d*obligcr la Prioccsse k c nsentir k Fcpri 
inais Ull lut appreud que la garde da ^lalais aitlBnll 
surt pour arréter celte émeule , re^oit une bknknJf 
icUc y et vient expirer aux picds d'Alezandre et Slté 
apr<^s uvoir fait Taveu general de ses crimes* 

MÖRT DE DUGUESCLm ( la ) , drome hénkpå 
trois acteii , en vers , par M. Dorvo , tombé au diéttnl 
^aii en 1807. P^oyez l'art.M» Dorvo» 

MÖRT DE 60RET (la) , tragédie burlesque en m 
par MM« Fleury et de Lorme, å la foire Saint-lM 
1753. 

Un médeciQ avait un cocbon qu'il afiectionnait.befli 
c 'é tal t aa cousolation dans toutes ses afflictions ; sa l 
tion aprés une longue étude. La femme de ce médecin; 
qu'on le tuåt , roais le mari cut plutSt consenti å voir 
son épouse , que son cochon. Gette femme était aii 
juge du lieu ; et elle avail résisté longtems å ses poa 
Ello lui promit qu'elle ne lui refuserait rien , 8*11 1 
boul de tuer Goret. L'amant ne fut pas longtemps si 
cuter ce qu^on demandait de lui ; mais il n'eut pai 
compense qu'il attendait : car cette femme , furieus 
que Goret était mört , accabla d'iojures le meurtri 
ne sait trop pourquoi , å moins que ce ne soit poi 
lieu de parodier la scéne , oh Hermione reproche å 
la mört de Pyrrhus. En efiet , elle se sert des propi 
du Racioe, poux injurier son amant. 



ORT D'HECTOR ( la ) , tragédlc , en cirtq actes , 
'ers , par Luce de Laocival , aux Fran^ais. 1809* 
auteur de cette piéce a plus d*mi tilre å l'estiine dö 
astérité/. Oa liii dolt plusieurs tragédics qui , saDs ayoii: 
au le méme succés quc celle-ci , n'eD prouveut pas 
IS UD talent distingué et digne d'une plus graude 
Igence de la part d'un public , souvent trop sévfere 
gärd de ceux qui consacrent leurs soins et leurs veil- 
i lul proclircr des jouissauces. Ce n*est pas toutefols 
la tragédie de la Mört d^Hcctor soit exempte de tous 
oches. DVbord , od peut, et Ton doit dire qu'elle est saua 
»D, et conséqucmmeiit sans iotérét; et que, si le mérite dii 
i ne rachclait pas ce défaut essentiel , elle serait trés- 
lyeuse. Il faut rejeter sur Tingratitude du sujet la froi- 
r qui regne dans le plan general de Touvrage , et attribuet 
succés au talent que Fauteur a su développer dans les dé- 
Ib Ce n'est pas encore que , sous ce rapport méme , la piéce 
totit-å-fait exempte de reproches; maisles taches sont 
géres , qu'clles ne fout que mieux ressortir les beautéa 
tableaui 

i'Illiade est une mine 01^ plusieurs auteiirs ont puisé aveö 
. ou moins de succés, mais il ne s'y trouve peut-étre pas do 
t plus ingrat que celfii dont Luce de Lancival afait choix. 
rfoutaiue avant lui Tavait essayé 5 et , comme lui , il 
it su pluire par la richesse des détails , sans pourt4u£ 
/enir å inspirer cet intérét puissant qu'on exige dans une 
édie. Nous osons croire que Racine lui-méme Taurait 
ilement tcnté ; mais Racine se serait bien gar4é de choi-^ 
m sujet , dont le héros périt les armes å la main , aii champ 
jnneur, et dont la mört, conséquemment, loin d'inspireif 
jrreur ou la pitié , ne peut étre que digne d gnvie. (Vpyez, 
r Tanalysc, la tragédie å^Hector , par Clairfontairie.) 
Vonie P'li C c 



k 



IVrORT D'HECTOR ( la ) , tragédle , en cirtq actes, 
en vers , par Luce de Lancival , aux Fran^ais. 1809* 

L^aiiteur de cette piéce a plus d*uii tilre å l'estime dö 
la postérité^ On liii dolt plusieurs tragédics qui , sans ayoii; 
obtenii le méme succés que celle-ci , n'en prouvent pa« 
moiiis UD talent distingué et digne d'une plus grände 
indulgence de la part d'un public j sOuvent trop sévfero 
å Tégard de ceux qui consacrent leurs soins et leurs veil- 
les å lul proclirer des jouissances. Ce n*est pas toutefois 
qUe la tragédie de la Mört d'Hector soit exempte de tous 
reproches. D'abord, on peut, et Ton doit dire qu^elle est sauä 
action, et conséquemment sans intérét; et que, si le mérite du 
style ne rachetait pa^s ce déFaut essentiel , elle seraiik trés- 
ennujeuse. Il faut rejeter sur Tingratitude du sujet la froi- 
deur qui rfegne dans le plan general de Touvrage , et attribuet 
son succés au talent que Tauteur a su développer dans les dé- 
tails. Ce n'est pas encore que, sous ce rapport mSme , la piéce 
soit toUt-å-fait exempte de reproches; maisles taches sont 
si lég^res , qu'elles ne font que mieux ressortir les beautéa 
clu tableaUi 

L'Illiade est une mine 01^ plusieurs atiteiirs ont puisé aveö 
plus ou moiiis de siiccés, mais il ne s'y trouve peut-étre pas dia 
sujet plus ingrat que celfii dont Luce de Lancival afåit choixé 
Clairfoutaine avant liti 1'avait essayé 5 et , comme lui , il 
avait su plaire par la richesse des détails , sans pourtaut 
parvenir å inspirier cet intéret puissant qu'on exige dans une 
tragédie. Nous oSons croire que B.acin6 lui-méme Taurait 
inutilement tenté ; mais Racine se serait bien gar4é de choi-^ 
sirunsiljet,dont le héros péritles armes åla main , aiichamp 
d'honneur, et dont la mört, conséquemment, loin d^inspireif 
la terreur ou la pitié , ne peut étre que digne d gnvie. (Voyez, 
pour Tanalyse, la tragédie å^Hector , par Clairfontäine.) 
To me F^Ié C c 



40S M O B. 

Sconin a traité ce méme 8u jet; mals avec beaucotip moini la 
iiiérite que Clalrfontaine et Luce de Lancival» Ce dernur 
u point Hector et Andromaque sout les plus belies cou- 
leurs 9 mais il a peut-etre rendu Fåris trop intéiessant. 

MÖRT DUENRI IV , (la ) tragédie en cinq actes , m ' 
Ycrs 9 par M. Legouvé , aux Frao^ais , i8o6* 

Oa retrouve dans cette pifece tous les caractires du styb 
de M* Legouvé , c'est'-å-dire Télégance et l^ormonie. On y 
rcmarque anssi une foule de pensées noUes et liberales , ez« 
primécs avec force et sans a&ectation ^ ce qui est asses raia 
daus les tragédies que nous avons vu rcprésenter depois dis 
finsh 

Lecaractére d'HenTjIV est tracé d*une maniére largect 
Vigoureuse ; ce bon , ce grand Roi y est peint sous ces traiti 
nobles et aimables qui le faisaient å la fois chérir et leapeo- 
ter. Un reproche que Ton pourrait faire k M. Legoufi'» 
c'est cclui de s^étre laissé forcer , par la nature de son snjet^ 
de rappelcr quelquefois les taiblesses d'un Monarqae ^ dm' 
la postérité ne ven t connaitre qut les vertos* D^autres Inl éd ^- 
reproché de ne pas avoir su peindre toute la bonhomie di ! 
son héros; nous croyons, nous, devoir Ten louer. Le vainqueiitf . ;| 
de la ligue ne de vait pas parattre sur la scéne tel qu'il étut kn$ \ 
ses amis, rar il en avait, etc'est peut-étre le seal roi qni enilt' i 
eu de véritabics , st qui ait su les conserver ; cette bonbomii 
•ut été trop contraire å la dignité de la tragédie. Néaninodil 
M. Legouvé a tappelé quelques-uns de ces möts si simj^j 
et si grands tout å la fois , qui peignaient 1'fime da pAra da 
pcuple ; mais il n'a pu leur donner toute la naiveté toucliaiiti 
d\in style qui n'est plus d\isage y et qui aurait falt sonrut 
dans Tempira de Melpomiua , oii Vou ne doit que Mwk 



MOR 40S 

t>\i Verser åen pleurs. ISToiis pensons donc qiie la faragédie dé 
M. Legouvé ^ solis le rapport du style , est le méilleur ou* 
Vrage que les Gomédiens Fran^ais aient joué depnis dix ans. 
II noiis reste mainteaaDt å examiner lä marche de la piéce; 
notis l^examiDerons avec soin ^ et sans nöus perDciettre de la 
toitiparer avec celle d'aiiciin autre ^ parcequ'ici nous devous'' 
iions interdire toiite espéce de c om paraiso n. 

Henri ouvre la scéne ^ et développe å son ininistre , ou 
))1ut6t å son cber Sully , le plus vasie , et le plus beou projefc 
qu\in monarqii^ ait jamais conigu ; celui de forcer par la 
guerre -, toutes les puissances de l'£urope å réconnattre un 
tribunal qili devait les maintenir dans une paix éternelle. Cd 
grand Roi doit partir le lendeoiain pour commencer rexécu-^ 
tion de cc généreux desxein ; mais il ti^ed a pas plut6t exposé 
le plan , qa'on apprend qu^une conspiration se forme contre 
sa vie. C 'est Tambassadeur d'Espagne qui en est rinstiga-^ 
teur^ c'est le duc d^Épernon qui A'en fait rinstrument. Lé 
premier est excité par le fanatisme ^ le second par une fu-^ 
tteste ambition ; celui^lå Veut perdre la Fr aiice, celui-ci veut 
perdre son Roi ^ poiir régner k sa place* 

L'ambas$adeur d'£spagne n^est qu'un persoonage sécon-» 
d%ire qui faitbeaucoupdetriére latoile^ mais qui parait pen 
sur la scéne» Le duc d'Epernon) au contraire^ chargé de Vexé4 
tution d^un horrible projet , forcé d'en foumir les mojréns ^ 
parait souvent sous les couleurs du phis profond des scélé-> 
icats. l^our s'assurer de Tinipunité du crime qu'il ttiédite ^ 
jl faut qu'il s'assure de la protection de la Reine ; il faut 
{>lus 9 il faut qu'il la rende sa complice* Il connait le ca-^ 
ractére de cette Princesse , il sait qu'olle est ambitieuse et 
)alouse; c'est piu: ces deux passions qu'il Texcite au plus 
odieux des forfaitSé Henri va porter ses armes en Flandre» 
La jeune Gondé est å Bxitxelles ; on. sait que les charmes de 

^ Cc 2 



4C4 M O fi. 

cctte Princcssc ont aiitrcfois (ouché le cceur du Roi ; on pep« 
»iiadc å Médicis qii'il uc va combattrc queipoiir enlever 
et epouscr cct objct de son amour. A cette nouvelle, la Reine 
s^indignc et fait Ics plus vifs reproches k Henri d'une tpUa 
pcriidic. TouLefois le sagc Sully parvient åla reconcllier avac 
son éponx, par desmotifs, dont il lui fait sentir toiite laforca 
cttDiite lu jiistirc.LcRoi vapartir; t ranquillo sur les sentiment 
do Médicis , il lui iaisse les renes de son empire , tt rnnion 
rc^no cntre cux ; mais d rlpernon, pour avoir été nne foia dé- 
juué dans son pro jet , ne Tabandonnc pas. Il est possesseut 
d'unc lettre écrite aulrefois par Henri k M.Ue d'EntTaigne8 , 
daiislaqucllcce Monarquepromettait k cette femnrede Tépoii- 
ser. Cetlc leLtrc étant sans date et sans adresse , d^Epemon k 
suppose écrite de la vcille , et adresséc å M.^^e de Condé. En 
voilå trop pour réveitler toute la fureur jalouse de la Reine. 
Le traitre y joint encore des motifs d'ambition ; enfin il or- 
raciio k Médicis la perniission d'assassiner Henri* Helas ! cet 
ordrc aboniinable u'est pas plutot donaé, que le repentir 
entré dans le coeur de la Reine : elle le révoque ; elle appelb 
dT/peinon pour lui défendre de l'ezécuter ; mais il est trop 
tärd. Sully vicnt, et lui apprend, le désespoir dans TånM) 
que le plus grand des Rois de la France , vient d'expirer souf 
les coups d^ln obscur assassin. 

Le rcproche le plus grave que Ton puisse faire ä cette jXoMf 
dontia marche est d'ailleurs cntierementdans les réglesde Tärt, 
c'cst que le consentement de Médicis , å Fassassiaat de son 
époux , n'est point nécessaire au duo d'£pemoD ; que cet 
assassinat peutétrc commis k son ins^u, et méme malgn 
elle ; qu^il est médité depuis long-tems , et qu'eniln ce coD' 
seiitement , accordé dans un moment de fureur aveuglojoe 
produit aucun resultat. Du reste, rai*^'*'^^ a su se ménag^t 
iliius igs wouvcimcus de Tintriguo , " ....-^»••aw «adi^ 



MOR 40D 

Telopppment des caractéres des deux personnageslntéressaos , 
Henri et Sully 5 et ce n'est pas un laible mérite qiie de savofr 
ainsi ménager le terrain, pour y développer de grandes 
baautés. 

Enfin, nous devons ajouter qiie cctte piéce fait beaii- 
coup plus d'effet å la lecture, qu'å la representation , parceqnö 
Faction en est peut étretrop simple pour nos gouts actueis, 

MÖRT D'HYPOLITÉ (la) , tragédie en trois aptes , en 
vers, par M. Cubiéres-Palmézeaux , i8o3. 

Il en est des tragédies de Racine , comme de ces vieilles 
idoles auxquelles il n'est plus permis de toucher , å moihs de 
8'exposer å voir lancer sur soi le terrible anathémer; c'est cé 
qui est arrivé å Tauteur de la ilf ort d'flypö//te. Lorsqu'!! 
publia sa tragédie y toute lasecte des dévots Raciniens se leva 
en masse. Les uns voulaient que Pimpie Cubiéres fot brulé ; 
les au tres , plus tolerans , se contentérent de le tourner en 
ridicule , et s'efforcerent de nous le peindre comme un ex- 
travagant et un fol* Il y avait autant de témérité que d'ini- 
>justicedans ces jugemens précipités ., et Ton voit que la plu- 
part ne s'étaient pas donné la peine de lire* Il est yrai que 
M. Cubiéres a tort dWoir osé se comparer å Racine, 
dans le dialogue qui se trouve en tete de sa tragédie, et qu 'il 
pouvait refaire la figure d'Hyppolite ål^grecque, puisqu^il 
la Irouvait trop fran^aise , sans pour cela se permeltre d'at- 
taquer le tableaii de Racine , et celui de M. Guerin , fait d^a-* 
prés Racine. Il est dangereux de vouloir changer des Jigurcs 
dont le beau sexe rajfolle , et ne fut-ce que dans la crainte 
' de déplaire å ce sexe enchanteiir, dont M. Cubiéres raffole a 
lon tour y il aurait bien du refaire son héros Grcc , sans 
déprécier le héros Eran^ais. 

Sans doute, la tragédie de M. Cubiéres est bien lufériGure i 



r 



4o6 MOR 

cellc de Racine ; et , poiir cctte fois, nous en seroascma anrpK 
role; mais il ne faudrait pas exi conclure qu'clle est sanamé^ 
rite. Son héros on efiet est plus Grec ; la figure de son Thésé» 
elic-ménie , a qiiciqiie chose de plus antique que dana 
Racine; mais sa FliÄdre est une pleureiise éterneUe, une 
fole q ni a le cerveau felé , et qui n'a ni le courage de &ire 
des sottises, ni la forcodo réparer cellen de saaerrante* Qnant 
au coloris , il s'cn faut beaiicoup qiril ait le gracieux et la 
fi[ii que Ton ne rcsse d'adniirer dans la tragédie de Racine* 
La touche de M. Cubiéres a quelquefoia de la noUesse et de 
la vérité, mais ellc est fort inégalc, et y pour cette foia, rémtile 
et rann du peintre des Graces a cessé d'étre gracieux ponr 
étro Grec* 

MÖRT DE MOLIERE (la), comédie en trois actes» 
en vers , par M* Cubiércs-Palraézeaux , 1788* 

Gette piåcc fut rc^uo aux Fran^ais en X788; mais.elh 
ii'y fut polnt représentée. L'Auteur prit alors le parti de k 
iairc iniprimer , et nous a prouvé qn'un bon ouvrage n'apu 
besoin du secours des comédicDs pour se faire lire » surtonl; 
iorsqu'il présente un but moral et philosophiqae auasi pKK 
noncé que celui que noiis ofire le sien^ 

Cc serait étre in juste que de juger cet ouTrage dans tonfé 
la rigneur des régles de Tärt dramatique* Ge n*eat point noa 
comédie; ce n^est point un drame; ce u'est point une piice 
d^intrigue , ni une piéce épisodique , ni un ouvrage de cft^ 
raclére; mais c^est un composé de tous les genres , oåPoB 
trouve du talent et de Fiutérét^ 

La scéne se passé dans la maison de Moliére^ C 6 grand 
Jiomme ^ seul , attend avec impatience son ami Chapelle> 
qui lui a laissé une comédie de sa composition , iotitulée* 
V Tnsouciant. Impatienté de cc que son ami ne lui rappo^e 
pds le mauuscrit dn Målade Imaginaijé^qo^il lui a confij) 



MOR 407 

s^assied aupr^ d^une table , lit tout bas Ie5 premiéres 
^aes de VInsouciant y et en porte ce jugement : 

Encore de IVsprit, des traits Tifs et brillans; 
Des dé talls fins, légers, et des portraits saillans': 
Un jargon de ruelle , un tou de pérsiflage , 
Qui , sans doute , des sots , obtiendra le suffrage : 
Mais pas le sens communy pas Tombre de raison^ 
£t de grands sentimens , toujours börs de saison. 
Croit-il I mon pauyre ami , que , pour la comédie , 
L^esprit soit sufHsaat? Du bon sens, du génie 9 
Voilk, voilå surtout les dons qu'il faut avoir. 
Tel qu^il est , en un mot , Phomme cherdie ä se ymr* 
£t non tel qu''on Ta peint dans cet oeuvre infidéle c 
Qui manque la copie , est sifflé du modéle. 

Chapelle arrive en frédonnant un air \ bolre , rend å 
oliére le maDuscrit du Målade Imaginairey et lui fait 
cette piéce un eloge franc et naif. Moliére ^ non moins 
inc que son ami , lui dit que VInsouciant est uue idauvaise 
^ce* Chapelle doute , et prend pour juge Laforest , servante 
Moliére. On commence la lecture de )a piéce qu'elle croit 
e de son maltre; mais & peine Moliére a*t-il lu une 
igtaihe de vers de VInsouciant , qu'elle båille et s'ebdort y 
oiqu'e11e soit debout. Moliére , et Cbapelle lui - méme 
nt beaucoup de ce trait. On réveille la bonne servante^ 
on la renvoie. 

Cbapelle avoue bonnement son impuissance k faire des 
médies ; Moliére lui répond : 

Vous pourriez, comme un autre, ayec du teras, des peiaesj 
Arranger une intriguje et filer quelques soénes; 
Nais il faudrait , d^abord 9 mieux choisir tos sojets : 
C^est de-lä , seulement , que diSpend le succéé. 
Jj Insouciant / quel titre ! Un pareil caraetéra 
PcHt foumlr tou.t au plus une csquisse l^m;. 



4o8 MOR 

U iiVsi quVpi^iliquc; c( , pnur le bten traitrr^ 
C^'st au fond du tahlcau (jiri! iAut le presenter*. 
VouI^•z•^olIS n'iis>ir ? IVipncz dans vos ou\rages , 
L^K>iiiini' de tous los teins , reliii de tous les ftgei % 
Drsdiijcz larpMurnt. Que de tous vos pnrtraits, 
A Pji is , rtuiiuir a Londres ^ oii admin* les traits. 
Au\ pcliMrrs des b« luloirs, laissez la iriLoiature^ 
l!t so^ <-7 , .>>'il >c pcut , grund coiiimc la naturc. 

Voila dos ])ruceptcs qu'!! est bon de rappeler, aiijomw 
dliiii suituut 9 fl 110 Ton croil avoir obtenu -du succés bq 
tliiÅUc , rjuniid oii 3' a ftiit appluudir quclqucs vers jap^ 
gniigtisy til q 11*0 11 y a filé qiielques scéocs de boudoirs. 

On vieiil cliorrhor Moliere ponr niic répétilion^ il sort, et 
liiisse (Jl.apcile rboz Ini. La fcninic de MoliércTy rencontre,, 
et liii Icut dos rr proc lies sur la vie trop dissipéc qu'il fait 
nici^er å sou icari. Mais c^est dans la scdDC su i vante que 
Von diicQiivre, toiite eiiliårc, Tame baiitajne et arrogante d.» 
ccLLc icuiujc. Baron aiaic Isabelle , et Moliårq veut en {aire 
son gcndrc^ mais Le marquis de MilLlore denxande li^xnain 
de lu jeuno persoune, et c'est Ini que préfére la Moliere^ ce 
qni fait naitre unc contcstation cntre le mari et la femnu^ 
d<'ins Itiquelle Mollire dtiveloppe le sage systéaie de v» 
poiul SOI ii r de son état. Forcéo de rooipre la conversi^tiiQfi 
sur re point , la ]yioliere la reporte sur la santé de son oaaru 
l-l!!c v en t le dctonrDer de joner dans le Målade Imoginair^*. 
( /'^oye'z cette pihce , vous. y trouverez la réponse ds 
3Ioiii*n'.. ) L'arrivée de Burou fait fnir la MoUdre. Ici 9* 
tr')?'.ve lo trait de gémTositti de Moliére envers Mondoi^ 
{ A"";)! (»z Vart. 3{ollére») Envain ^ Isal>elle, Baron, Cha- 
yvWi^ vi Man villain , son arai , s'opposent k ce qu'il jj^oue<daDft 
11- Målade Imapnaire ; Molidre est inflexiblCit 

'i\)ule lii iiu de cet acte a uu cbarme attachant. Ifo^i^ 
nuiiade ^ entourré de ses arnis , de sa famiUe 3 atnsibb i 



MOR 4yj 

leiir ioquiétudé ; s'obsliriant å joner la comédie par un 
motif d'hamanlté , etmarchant vers la mört, pliitut qiie'de 
cesserd^étrc bienfaisant, jéte dans Tåaie un mélange d'intérct, 
de sensibilité et d^admiration auquel il nous semble qn'ii 
est impossible de résister. 

Mollåre va donc joner le Målade Ima^inaire; mais bientot, 
ce qn'avaient prévu et sa ferame et sa fille et ses amis arrive. 
Chappclle acconrt , appelle Laforest et lui raconte FaccidenU 
Pre.sr|u'aussltot Moliére entré sontenu par safiUe et par Baron; 
et , apres avoir fait un léger acte d^apparition sur la sreno, on 
rcinporte dans son appartement. Tout le monde I y suit, cx- 
cepté Baron. Apcine est-il seuljqu^on annonceM. de Montau- 
»ier. Sa visite est un hommage quelaprobité renda la vertu et 
aiix talens. Il est suivi de Phypocrite Pirlon , qui vient , 
ponr aiusi dire , insulter aux derniérs momens du grand 
homme ; mais M. de Montausier le méne vigoureusement: 
cette scéne montre en raccourci le Misantrope aux priscs 
«ivec Tartuffe. En parlant des vioes qu*a tcrrassés Moliére , 
Montausier dit ; 

Ccs monstres parmi rous , leraient leiir lete altirre :. 

Au glaive de Thémis , tout fiers d''elrc écliappés \ 

D'*un joycux an.ithéinc , il les a tous frappcs 9 

Ils »)nt senli les Irails dcsa verre féconde ; 

£1 , couinie un autre Alcide , il a purgé le monde. . 

Ces vei*s sont aussi beaux que vrais. Moliére £neurt:on sait 
qn'il doit monrir. Il n'y a plus ici m curiosité, niincertitude, 
et les ressorts qui pourraient soutenir Tattention et Tiutérét 
qu^exige uu dénouemcnt, ne nous semblent pas compensés 
par la sceue de Pirlon et de Montausier > ni par les doléance.s 
d'Isabelle , ni par son apostrophe au portrait de son pere^ 
le ^rau J n ico de. cette picce est le défaut d'action ; maia 



410 MOR 

cc vice est rachcté par de tres-be aux détails ; en irn mttf 
c'est 1111 ouvrKge qiii (ait aiitant d'honneur å resprit mi'n 
cociir de M. de Ciibiärcs* 

MÖRT DE IVIUSTAPHA (la) ou Solimak , tngéd» 
par Mairct, i63o. 

Soliman , sédnit par les artlficcs de Roxelane^ et condam- 
nant son fils k la mört, a fourni la matiére de- plus d'nne 
tragédie. Mairet a radouci le caractéro de Roxelane* Elb 
pcrsécute MusLapha , moins pour conserver le tréne å no 
propre fils , q no pour le soustraire å la mört , q u 'il ne peat 
é vi ter si Musla^ha regne. Cest Rustan , visir , qui fabriqnc 
Tacte d'accusatioD , et qui en conduit toute la trame. 
Despine, fille du roi de Persd , mais travestie en homnMi 
a osé pénétrer dans le camp des Tures ; elle veut jngerptf 
elle-méme de la fidélité do Mustapha, qui , autrefois pi* 
sonfiler des Fersans, lui a donné sa foi , et a re9u la sienne^ 
Un seul confident la suit , et la trompe en croyant la servir» \ 
Loin de remettreå Mustapha une lettre qu^elle lui confie j d 
un blanc - seing oCi se trouve attaché lo sceau du roi di 
Fersc , il décbire l'un et l'autre« Ges fragmens sont remis as 
visir y qui en fait usage pour faåter la perte dn jenst 
prince* On est rcvolté de voir Despine condamDéa å pjric 
avcc lui , et subir cot arrét. Le cinquiéme acte aat un tis» 
de tableaux cHrayans* Apr^ sa mört , Mustapha est leconn 
pour fils de Roxclane 9 qui ^ désespérée que cet éclairciss^ 
ment soit yemi trop tärd , se tue elle-méme. 

Gette pi&ceest dans toiitesles régles de la tragédie; éllerBH 
scmblc Ics trois unités ; ce qui , du tems de Mairet ^'tfiétiu 
pas un mérilc ordinaire. Elle offro de l'intérät , du mottV^ 
ment et qiielqucs caractdres.Geux de Mustapha et de RnftiB» 
quoique fort opposés entr'eux, sont egalement biQO sonfeBDOBIv 






MOR 4?! 

Célni de De^pine ne Test pas nioins,et il a, de plus, le inérite 
.d'étre neiiF. Dans letroisieme acte , Rustan est tné sur la 
scéno par Bajazet , auii et confident de Mustapha^ Ce coup 
de théåtre , ayant été répété dep\Tis dans le troisiénqe acte de 

r — 

\Edouard de Gresset, a toutefois paru neuf au public ^ et^ 
qui plus est , k Tauteur , si i'on en croit sa préface* 

MÖRT DE NÉRON (la) , tragédie dePéchantré, 1703. 
. Ij'auteur fut neuf ans å composer cefte piéce* 

11 couruf alors une histoire ou un conte au sujet de celfo 
tragédie. Péchantré avalllaissé sur la table d'une aubergc un 
papier, sur lequel il y avail quelques chifTres , au-de.ssus des- 
quels étaient ces paroles : Ici le roi sera tué. L'h6te qui 
ayait déjå été frappé dela physiononiie et de la distraction de 
notrePoete , crut devoir porter cet écrit au commissaire du 
quartier « qui lui dit que , si Pinconnu revenait mänger chez 
lui , il ne manquåt pas de le faireavertir. Péchantré revint en 
efiet quelques jours apres ; et , å peine avait-il commencé 
aon diner , qu'il se vit envirouné d'une troupe d'archers. Le 
commissaire lui montra son papier pour le convaincre de sön 
crime. Ah ! Monsieur, dit le poé*te , « que j'ai de joie de re- 
trouver cet écrit ! je lé cherche depuis plusieurs jours : c^est 
la scéne ou j'ai dessein de placer la mört de Néron , dans 
une tragédie å laquelle je travaille. » Le commissaire ren-^ 
Foja ses archers ; et , quelque tems apres , Péchantré fit jouec 
sa piéce* 

MÖRT DE POMPÉE (la), tragédie par Pierre Corneille, 
1641-, 

Pompée, vaincu i Pharsale, vient implorer le secours d# 
Ptolomée roi d'Egyptf ; il a d'autant plus lieu de Vcspérer, quo 
<i'est par son crédit que le senat romain a raffermi la cotironne 
ix\X la tete du p^e 4^ caprioce^ Mais les rois saveiit-ils étreie* 



412 MOR 

romiaissans! Ftolomcc, malgré Ics consciis de sa iceiir Clév- 
påtrc, falt assassincr le héros romaiti; il porte mcme ^i^^- 
pnidcncc jiisqii'å presenter sa tétc au vainqueur de Phanalet 
César recoit avec indignation un parcil present,; cependanti 
u la priérc de Cléo[xitre, doiit il adore les charmes, ilvent ' 
l)icii pardonner å Ploloaiéc. Mais celui-ciy furienz de 8*étre 
attiré la hainu de César, par nnc actioo qui dcvait^ selontes . 
rulcnls , Iiii meriter sa bienvcillancc , vcnt le faire égo^er» 
CcL horrible dcssein est der ou vert par Cornelie , veuve ds 
Fompéc, qiii, en femme vraiment romaine, le révéle au vain* 
quonr de son mar! , sans Ini pardonner sa victoire. César si i 
ticnt donc sur ses gardes ; attaque Ftolomée au momeDtoå 
cc trailrc compte le siiq)rcndrc , met ses tronpes en déroufe, , 
le forrc poiir ainsi dire & so donuer la mört , permet I 
Cornélic d'aller cfaercher des vengciirs k son époux, et znet 
la ronroniic d^Égypte sur la tete de Cléopatrc. Corneille n^a 
pas Fait de pii^ce dont la marcho soit plus simple , les id- 
r idens plus naturels et le style plus noble. Le röle de Conielis 
rt celui de César sont sublimes; il fallait tönt le génie ds 
Corncille pour les concevoir et pour les cxécuter. T/amom 
de César ponr Clé opåtre est tclicment justifié par les Tertos 
de ccttc princesse ^ qu'il ne peut meme ctrc considéré comne 
iine foiblesse. Quant å l'épouse de Fompée y rieti ne dépanh 
beauté et la flcrté de son caractére. Sans s'abaisser deraat 
César , elle sait Tengager å tirer une vengeance éclatantt ds 
la niort de Pompée, et, lorsqu'elle en a obtenu tout ce qn*clle 
peut désircr , elle dcmande ses vaisseaux et part en jaraot å 
César de se venger de lui-méme. Cléop&tre se cooduit ta ^ 
Reine; elle a de rélévatiou, de lanoblesse^ de la dignfti^ -nais 
non pas antänt que Coruélie ; son åme n'est pas une åns 
romaine. Du reste Ptolomée est perfide sans étre bas'j Mt 
Viutéiét de su couronne scmble justiGer assez , laperted^Uk < 



MOR 4i3 

^mme qui ne peut que Fengager dans une gnerre longuo 
ot funeste : la mört qii'il se donne lui-méme prouve d'ail- 
leiiTS que son courage est grand et que son cridie ne tenait 
qii^å sa politiqiie* 

La plus ingéniense critique qui alt été faite de la tragédie 
de Pompée , est celle d'une Dame trés-spiritnelle, qui disait 
que cette piéce lui paraissait belle, et qu'elle n'y trouvait 
qu'une chose k reprendre 5 c'est qu'il y avait trop de 
Héros. Eile entendait, par ce mot de Héros , des person- 
nages qui attiraient son admiration et sa pitié; et, ne sa- 
chant poiir qui prendre parti , 1'émotion qu'elle recevait pouc 
chacun d'eux , n'était ni assez distincte , ni assez vive, poui; 
1'attacher autant qn'elle 1'aarait voulu, 

Xa fameuse NInon de Lenclos fil un )our vtne plaisante 
application d'un vers de cette tragédie. Le comte deChbiseuil, 
qui fut depuis Maréchal de France, se mit au rang des amans' 
de cette femme celebre; mais il ne tärda pas k s'apcrcevoirque 
Ninon cberchait moins a satisfaire sa vanité que son gout. Ce . 
grand seigneur était rempli de bonnes qualités; mais il n'enten- 
dait point å faire Tamourj il ne mettait rien de vif, rien d'animé 
dans ses sentimens 3 il ne savait que soupirer. Ninon , fatigué» 
de ses poursuites, et cédant å sa vanite, ne put 8'empéchec 
de lui dire un jour, ce que Cornélie dit å César , en Itt 
quittant : 

Ah ! Ciel , que de vertus tous me faites haVr ! 

t 

ca qui mit le comble å la honte du Gömte ^ c'est qu'il se vit 
préférer un rival dont il ne se serait jamais défie'. Cétait 
Pécourt, celebre danseur de ce tems-lå : ce demier rendait 
de fréquentes visites k Ninon. Le comte de Choiseuil le ren- 
contra un jour chez elle, couvert d'un habit assez ressemblant , 



4t4 MOR 

a lin iinTormc. Apiäs qiiclqnes propos irODiqnea, la 
Iiii (Icmanda d'un ton railleiir, dans quel eorpa il wenAt 
Monsieur, lut répondit Péconrt stir le méme ton, ja caan . 
mande un corps , oii vous servez depuis long^tBms» 

MÖRT DE ROGER ( la ) , tragédie en cinq actei i 
imilée de I'ÅrioAte, par Bauter, sousle nom de Iféligiossei 
j6o3« 

Le premier acte de cette singuliéra tragédie n passé å k 
cour de Charlemagne, oh Roger se trouve avec aa diin 
Bradamaute qu'il vient d'épouser. ( Voyez Bmdamanié)» 
On a vu , dans cette piéce , que des Ambassadeors di 
Biilgarie ^ vinrent oflrir la com'onne de lenr pays å Roger^ 
et que ce n'est qu^aprés l'avoir obtentie que le vieiiz åat 
Aymon consentit k lui donner sa fille. Icl , c^est encere lui 
qui conseille k Roger, devenu son gendre^.de partir poor 
entrer en posscssioD de ses Etats* Alors Roger pread congéda 
Charlemagne , et se met en route ^ accompagné d'Aymon f 
son beau-pére ; de Regnaut , de Bradamante ^ sa femna; 
de Leon , de Marphise ; de DoralicfB , et de Guidon : Ett* 
land les voit partir k regret| mais il leur promet d'aUBrlBi 
rejoindre y ce qu'il exécute au troisiéme acte. Taodia qaa 
Roger , fort de la protection de Charlemagne et de ramitit 
de tous ces braves chevaliars , s^acbemipe vers la Balgaria^ 
le tra}tre Gannelon s^efforce de susciter des enneroia å CliH» 
lemagne , et conspire la perte de Roger. Sfir que ses eflEovia 
serent iafructueux s'il agit ouvertenoeotj il a recoma k la 
princesse Alcine.Il lui envoie Temprise , son confideBt, panf. 
lamettrc de moitié dans la vengoancequ'!! imiilifi rthiÉlifal 
aimée de Roger; mais Roger est infidUe : ma^pé saA 
manque de foi , elle Taime tonjotirs , et ce n'eafc tfA 
regret qu'eUa se décide å se yenger da sen inconstancfK 



M o U 4tS 

Safin elle fait dire ä Gannelon de la venir trouver. Celui^ci 
le^oit le message d'Alcine avec la joie la plus vi ve , et dit 
å Temprise, de lui raconter en deiix möts le resultat de sea 
démarches. Mais ii'est pas court qiii veut : Temprise emploie 
quatre-vingt vers , et plus, å lui faire le rccit de sés courses. 
Au second acte, Alcine, seule, nous apprend que, depuis le 
départ de Temprise , Astolpbe est venu s'eraparer de se» 
Etats^ Ainsi , elle vient maintenant déplorer ses malheurs ; 
mais ce n^est pas laperte de son trone qui Tinquiéts !• 
plus y c'est la crainte de ne pouvoir se venger : 

Des infidellcs tours d^un pcrfidc Rog«r^ 
Que i^ai länt adoré , que j^ai tant aimé, mesme > 
Que je me suis cent fois mesprisée moi-mesme : 
Ce traistre , ce meschant , saoullé de mes plaisirs , 
Chaugeant de jour en jour d^object et de désir, 
Adore les beautés des Dames les plns beiles; 
Puis en ayant jouy ? k>rs il se mocquc d^ellcs 
Comme il a faict de moy. 

Enfin Alcine et Gannelon parviennent , on ne sait trop 
commept, k se rejoindre, et avisent ensemble aux mojens da 
faire périr Roger. Ils partent en Bulgarie et le trouvent seul ; 
car tous les cbevaliers et jusqu'å Bradamahte s'en sent allés; 
Regnaitt en Espagne , les autres ailleurs, etc* : voic imaln'* 
tenant Texpédient qu'ils emploient poiir arriver au but 
qn^ils se sont proposés« Alcine , par le moyen de la magie , 
art qu'«lle posséde å fond , fait passer quelqties Demons 
dans le corps de ses coursiers , pUis prend la forme de R«- 
gnaut, et se présente ainsi å' Roger. Gannelon, sous la 
£gure de Ricbardet , frére de Regnaut , parvient aFnsi qu» 
sa digne compagne å s'introduire auprds de Itii'. Alors ils 
Supposent une lettre de Gbarlemagne , dans laqiielle ce md* 
wrqae lui mande que Bradamantt esl i tout» extremitet 



^ir> MOR 

AltTs Roger 5.C (iéciclc k purtir pour la FrAnce , et Ta Is 
r.unipa^^nie avcc le fuiix Ket; na tit el le ianx Richaxdnt 
Ils arrlvontaiix eiiviroi» de Poitiers. Cest lå que GanneloD 
a Fiiil cRcIier , duns répaisscur d'iiii bois , une centaine d6 
<-aviilifrs cjiii toinbcnt a Tim pro viste sur Roger , et le tueut* 
Ndus avons oiibliu de di re qii^AIcine a eu soio de détrempcr 
ISalisarde , t-péc de Roger , ainsi que son harnois ; d6 
niuiiiere qiiVn se battant, riin et Tautre se trouvent rom-* 
piis. Knfin Roger est tnort, et lu se termiDe la tragédia 
sur laqucllc uous nous dispcnseroos de faire aiicuue re- 
flexion. 

MÖRT DE SKNEQUE, (la)trögédle en cinq actes» 
par Tristan , t6i5. 

Malheur århomme vertucux qtii sert uu tyran eflemiDet 
il est sur de trouver ud iiigrat. Jouet des caprices d*nn 
niaitre insolent et barbare, il doit étre, non-seuIeineDtf 
r instrument des vices les plus honteux , mais 1'escIaTe . 
do ses gouts eflrénés ; sinon , il disparait avec la fantii^ 
sie qui l'a fait naitre. Alors , abreuvé d*ainertnme et 
dliumiliation , il est trop heureux ^ lorsqu'on le méprisB 
ussez pour lui laisser la vie. La mört de Sénéque nous tn 
fournit la preuvc. Ce Fbilosopbe a perdu Tascendant qiielai 
donuaient sa vcrtu et son aniilié sur 1'esprit de son éleve«Si 
prtsence , autrcfois si chérc å Néron , lui est devenue ii* 
^npportable. Las cnfio de tant d^horrcurs, des faommes gi- 
nureiix conspirent la pertc d\iu monstre, pour qui ricD o'est 
aacrc. Fison , Epicbaris et Lucain , neveu de Sénéque, sont 
a la toto de la conjuration, et veulenty faire entrer Séniqoi' 
bii-memc ; mais ce sage vieillard ne peut consentir å voii 
missacrer son éldve. Quelqtie pure , quelque noble quesoit 
liutcutiou des conjuiés , leurs projets sont découverts ptt 



«. » 



M Ö fe 417 

IHöiprudence i^Epicharis , qui a la faiblesse åe Se ton Ger å 
uncertainProcul. Sabine 5 k qui la vertu de Séneqiie porte 
ombrage , profite de cette circonstance pour le perdre : elle 
{e met au nombre des conjurés ; et , sans se donner la peino 
d^examiner l'accusation , Néron condamne son bienfaiteuc 
å la moft. 

Tel est, en pea de möts, le Irait historique qui fait 
le sujet de cette tragédie ; sujet qui a été reproduit pat 
M. Legouvé , avec le plus grand succés 4 

^ 

MÖRT DE SOCRATE ( la) , tragédie en trols actes, en 
vers 5 par M. de Sauvigny , 1763. 

L'Auleur n'a chargé d'alicun épisode cet événement 
historique ; il les a , au contraire , soigneusement écartés , 
et n'a présenté que le tableau simple et vrai des circonstances 
qui précédérent , accompagnerent et suivireut la mört du 
plus vertueux des hommes. Les tralts sous lesquels il a 
peint Socrate et ses éléves, sont digneé de Platon, de qui 
il les a empruntés. Ceux qui réprésentent Anytus et ses 
complices , ont toute la vérité possible , et, conséquemment) 
sont de la plus grande noirceur. Én un mot , cette tragédie , 
pleine de détails heureux , et de tableaux frappans , a été vue 
avec plaisir, quoiqu'ily ait peu d^action, point d'intrigae , et 
quelques longueurs. 

MÖRT DE VALENTINIEN ET DISIDORE (la), 
tragédie par Gillet de la Tessonniére , 1648. 

L^empereur Valentinien est passibnément amoureux d'I- 
sidore , jeune et belle personne , toais d'une faihille in- 
connuG , qui aime Maxime y chevalier romain , et qui eii 
est aimée» Ge dernier e^t arrété par les ordres de rempe- 
reqr ; et Isidore, pour obtenir la liberté de Maxime, 

Torne VI. Pd 



\ 



4i8 MOR 

promct k l'emperciir de Vépoiiser. Celui-ci ^ Don-coDteBt 
de fairc å son rival cette prcmierc gv&ce , abdiqne Tempirt 
en sa favenr* Maxi me , au désespoir de perdre Isidore, 
assassine Valentinien. Isidore resscnt une douleur si sen* 
slble de raction de son amant , et en méme tems une 
jolc si inespérée de la mört do Valentinien , qu'elle an 
mcnrt subilement. 

MÖRT DES ENFANS DE BRDTE ( la ) , tragédie 
par la Culprenéde , 1647. 

On snppose dans cette piece , qiie Tullie , fille de Tar- 

qnin , qiii est aimee de Ti te et de Tibére , et qiie l'on 

croit périe le jour que son pt^re a perdu lacouronne, aété 

sauvée par l'adrcssc de Vitcllc, son bean - frére. Suiyaot 

ce plan , cette princesse se trouve naturellemeut dans 

Rome ä portée d'appuyer la conjuration de Tarqnin. Cette 

conjuration est découvcrte au troisiåme acte. Bnilus ap 

prend avec étonnement , que ses deux fils , séduits par 

les discours de Vitclle , et plus encore par la passion 

qu'ils ont pour Tullie , ont tenté vainemcnt de rétabliK 

le tyran sur le tronc. Il ne s'agit , dans les deux derbieit 

aclcs , que de décidcr du sort des coupables. L'amour de 

la patrie , étouflant tout autre sentiment dans le coeur de 

Brutus , il refusc la grace que le Senat veut accorderi 

ses deux fils ; et Tullie , par un coup de poigoardi 

pruvicnt ses reproches , et va rcjoindre ses amans. 

On trouve dans cette pifece quelques vers assexbeais 
puur le tcms. Apres avoir condamné ses fils, Brutus dit: 

Laissc-moi aoiipirer , tyrannique vcrtu ; 

Jc fa i (lonné mes fils, Romc , que me yeax.-ta? 

J'ai (louné tout mön sang k tes moindres allarmes ; 

, f 

fiouffrc qu^å tout mon sangje doane ^elques larineii 






lil o R 479 

J U N I £> 

Qa^a»i>tu fait de to& sang , Brutas ? 

B R U T U S* 

Je Tai Tersév 
^emmé , yieas achever ce que j^ai comraencé» 

J U N I £• 
fi.ends-moi mes fib , cruel ! 

B&U t U^. 

JU ont pelrda la tié^ 

Fuis de moi , femme 9 fiiis ; et , cachant tes doulews ^ 
Souviens-toi qu^un Romain panit jusqaes aux pleurs ? 

Souffre que tnes neVeiix adorent ina mémoire ; 
£t quUls disen t de moi , yoyant ce que je fis^ 
Il fut pére de Rome , et plus qae de ses fils. 

MÖRT DES ENFANS D'HÉR0DE (la), ou lasuite 

Mariamne , tragédie de la Calprenéde , 1639* 

Alexandre et Aristobule , fils de Mariamne et d^Hérode 9 

rdent la tete sur un'échaJDraud : Ils sont condamués å ce 

pplice , sur de fausses lettres qu'Antipater , fils uaturel 

Eérode , fait fabriquer au nom des Princes, par Diophante , 

crétaire de ce roi. Les Princes accusés ne se défendent 

»int sur la fausseté des témoiguages , sur lesquels on les 

cuse. Alexandre croit qué sa femme Glaphira est aiméé 

! son p&re ; ce sentiment n^est fondié sur aucune appa- 

nce. 

Dds 



Azo MOR 

« 

MÖRT D'ULYSSE ( la) , tragédie , par Tabbe Pcllegrin , 
I -06. 

Clyssc , dé]h cirra3'é par Ics mcnacés de Circé , sent 
rodouhlcr ses crulntes et perd CDtiércment la raisoD , lon- 
niroii lui uppurte Toracle de Calchas, qu*il a fait con- 
siilter. Cc roi , si vante poiir sa haute prudeuce y agit 
ici d\iiic facon ton te contrairc , et ne håle sa mört que 
pur sa propre fante. Il est vrai que le scns de POraclCy 
seniblant n^accuser que Télémaque , peut autoriser Ulysse 
å prendrc des précautioiis , mais non pas k traiter cömme 
purricide , ud fils tendre , soumis , et dont la conduite , tou- 
jours rcspectueuse, doitprouver riiiuocence, et repousser des 
sonp^ons de cette nature. L'auteur agit ssigement y lors- 
qu'i1 les fait tomber sur co jeune princc; cela jÅto de Tin- 
téiot dans la piece : mais il aurait du, en mdme-tems, 
le rendrc plus susceptible de ces soup^ons : le pére aurait 
pani moins odieiix. L^attacbement de Télémåqne pout 
Axianc ne suffit point pour justifier la dureté dHJlysse å 
son egard. Que pcut-il craiodre d^un prince aussi timide 1 
<{iii sacrific aussi aveuglément sa passion , et avec une teUe 
falblcsse qu'elle tient beaucoup de lalåcheté? On pounait 
également reprocher ä Ulysse son procédé eovers Pénélopei 
tundis qu'il comble de ses faveurs et de son amitié^ Télégpney 
jeune étranger , dont on ignore la naissance. Ulysse est enfin 
forcé de reconuaitre 1'innoceuce de sonfib, et <le lui rendiB 
.son aficction ; il ne peut en méme-tems se dispenser d'ap- 
piouver son naariage avec Axiane ; mais , comme il t 
promis impnidemment lamainde cette princesse åTél^one; 
il cbt dans Tobligation de rctractcr sa parole. Télégonei irrttéi 
fait tomber tonte sa fureur sur son beureux rival, prét å lui 
urracher la vie. Ulysse s'y oppose et recoit un conp mor- 
tel. Télcgoae^ agitc des plus crucls remords, vient demandfit 



MOR / ^t ^ 

la punition de son crime fiux genoux de^ -son biiaruÉiitQur» 
' Ä ces discours , Ulysse le reconnait pour le ^Is. qu^il a 
en avec Circé. Gette reconDai8saDce,.trop brtisque, et'dé- 
placée , fait raccomplissement de FOracIe,. et axigmente 
rénormité du forfait* Télégone sort désespéré ; étUlyssé, 
avaot que d'expirer jt. a la dpuleur d'apprendre la mört de 
son fils , pour lequel cependant il conserve. encfore de la 
tendresse. 

MÖRT VIVAWT (le )', comédie en trols äctes^ en 
vers, par Boursault', 1662. 

L'auteur avait ä peine quinze ans^ lorsqu'il donna cette - 
comédie, ob. l'on remarque å-la-fois et son eztiréme j^uV» 
nesse , et le gout étrange qui régnaitalors au théåtre* Stépha* 
nie, jeune , belle et riche , a été élevée par le Tieux Fer- 
dinand , dont elle croit étre la fille. EUe est également 
jétonnée d^apprendre qu^il.n'est point sonpére^ ot de s^enr- 
tendre faire une déclaration d'amQur par le vieillard. Pareits 
aveux dans la bouche d'un amant suranné , sont toujours 
plaisans et ridi^cules^ et Boursault a su tirér parti de cetté 
situation. A peine Ferdinand a-tril acbevé ^a déclaration , 
que le jeune et beau Lazarille lui demande Stephanie en*^ 
xnariage. Fabrice vient aussi se mettre sur les ran&i; el.^ 
crojant n'avoir de rival que Lazarillo, it éntrvprend de 
Téloigner. Il lui donne une fausse nouvella de la mört 
de son pére ; ce premier moyen ne réiissit pas ; il sop- -* 
pose un rival pulssant; ce rival est son valet déguisé en 
ambassadeur. Cette zuseéchoue encore^et^n luliubstiiiie ' 
Tombre de ce pére ,. prétendu mört, qui Sriffm é&ajet '. 
sQu fils pendänt la nuit.^ Ce pére enfin arri¥e.ram^irivant i 
mais sans qu'on saclie ni comment ni p9ii|iqaoi^ oVplutot^ , 
an le salt : il vient pour apprendre iLl^azarille et k Sjtéghar*- ^ 



r 



422 M O U 

nic , qii*ils sont fr&rc et soeur^ et qu'Il est lenr p&re. VoS 
doiic Fabrice qiii n'a plus de rival qiie Ferdinand; c^est D*ea 
pas avoir, qiic d*en avoir un de cet åge; il épouse Stephanie» 
Cette comudie , tirée d\ine farce italienne , qui porte le 
inéme titre , est le jeu d^une imagination folie, mais qui 
laisse entrovolr du talen t pour un genre de comiaue aui n'est 
plus de mode. 

MÖTS A LA MODE (Ics) y comédie enun acte , en vers» 

par Boursault, 1694. 

Ccst une intrigue fondue sur quelques möts nouyeanx, 
qu'introduisaicnt dans la langue , de petites Précieusesb 
Plusieurs do ccs n:iots sont passés en usage 9 et la piece d« 
Boursault ne serait plus de saison. 

MOUHY ( le chcvalier de) , romancier, Uttérateur , né 
k Mctz , cu 1702 , mört en lySS. 

IKous ne parlons du chevalier de Mouhy qu'å cause d» 
son cdtalogue dramatlque , car on ne saurait autrement 
Il om O] er ce qu'il a iutilulé son Dictionnaire. Déjå non^ 
entendoiis murmurer les amateurs de ces sortes de réceiH 
semcns : pcut-étre voat-ils nous taxer d^ingratltude ; en 
cela ils auront tort, car nous n'avons jamais eu rbonnenr 
de consulter le chevalier de Mouhy. Tant pis, diront-ils; 
taiit micuz, dirons-nous:tant-mieux, parce que son ouvragBi, 
c]\ii ne conticnt que des dates, qui fourmille d'inexactitudes j, 
est reropU de bévues de la plus grosse espéce* CepQodaxit.t 
Louis XV en agr éa la dédicace : c'est une action trés-charita^ 
hle, qui fait honneuråce monarque* Les comédiensFrangais 
(Mix-mémcs donn&rent a Mouhy Tentrée de leur spectacle% 
Cctle galanterie de leur part, étonne d'autant plus , qu'ils söot 
tres-avares de ces sortes de faveurs. Quoi qu'il en soit^uouil 



M o IT 42I , 

nous pcrmeltrons de dire qiie le chevalier de Moiihy était 
un paiivre écrivain : c'est si vrai, qu*il en conviat liii-méme , 
et qu'il sen ti t de vifs remords d'avoir tant et si platcmcat 
écjit. « Cen est falt, » dit-il iin jour au café Procope ; « ja 
« D'écrirai plus ». En avait-il pris la sage resolution ? nous 
ii'oserions TassOrer ; mais , ce qui est de certain , c'est que 
de mauvais plaisans qiii se trouvaient å ce café, loin de le 
blåmer , Tapplandirent indécemment , et poussérent rim- 
pertinence jusqu'å bättre des mains pendant ua demi-quart 
d'heure, 

MOUFFLE ( Pierre ) , conselller du roi , est auteur d'une 
tragi-comédie , intitulée le Fils Exilé y ou le Martyre de 

Saint-Clair. 

MOULIN DE JAVELXE (le ) , comédie en un acte , ea 
prose , avec un divertissenient, par d'Ancourt , musique de 
Gilliers, 1696. 

Quelques compagnTes ayant fait , par Kasard , plusieurs 
parlies de promenadé et de soupér au Moulin de Javelle , 
en firent.un récit qui excita lä curiosité de beaucoup de per- 
sonnes de la cour et de la ville , et qui occasionna quantité 
d^aventures plaisantes. Une d'entr'eUes fait le fond de cette 
comédie qui n'6st pas de d'Ancourt, qaoiqu'on la lui alt 
attribuée; il n'en fut que le réviseur, si ron eir croit le 
registre de Tannée 1696. 

Voiei ce qu'on y lit; aOn a accordéä M. Michault, de qui 
Ton a lu å Tasserablée une petite piécé, irititulée le Jdöulin de 
Javelle , d'entrer å la comédie gratis pendant 1'année ,. 
quoique la piéce n'ait pas été acceptée , afin de Pengager 2t 
travailler, et qu'il puisse connaitre le tUéåtre, en voyant \é 
comédie.» 



4^4 MOT 

MOULINET PREMIER , parodle de Mabomet SeconJ » 

de de la Noue y en un acte y par Favart , å la Foire Saiot^ 
Germain , lySg. 

L'aiiteiir ii'a fail qiie travestir les personnages, s^s lien 
changor au fond de ractioo ; mais la critiquc j est emplojéa 
d*une nianlérc si adroite , qiie Favart n'a pa3 craint de la 
dédier å ranlcur méine de la tragédie , qui la trouva si juste |. 
qu'il ne piit s'en ofTenscr. 

MOURET ( Jean-Joseph ) , né a Avignon en 1682, mört 
a Charenton en lySS. 

A Tage de vingt ans, Mouret jouissait dé]ii d'uDe réputation 
méritée , qu^il s^était acquise par plnsieurs mQrceanz de mu-« 
siqiie de sa composition. Il fut directeur du conccrt spiri^ 
tuel , intendant de la musique de laduchesse du Maine; mwm 
sicien de la chambre du roi, et compositeus de la mnsiqna 
de la comédic italienne. Outre un grand nombre de divers. 
tissemens y d'airs , de souates ^ de cantates , etc. etc«. , il a &it 
la musique des opera suivans i Les Fetes de JChdlie ^ 
Ariane et Thésée y Pyrithous , les Amowrs des DimiXy Je. 
Bcillet des Sens y les Graces y le Temple de Gntde, et les; 
Amours de Ragonde» 

MOUSTON est auteur de la Bohémienne Qt du. PoIagBn, 

MOYENS. On appelle ainsi certaines resspurces d^imagir 
nation ^ auxquellcs le poc^te a recoiirs^ pour donner plus de 
jcn y plus d!action å sa piece. Il faut remarquer ,. en.génézahi 
que lontes ccs petites tromperies, des cbangemens dliajii^'» 
des billels qu'on enlend en un sens et qui en signifieot tii^ , 
aiUrc, des oraclcs måmc å double entente, des mépiuef 
lic subahernes qui ont mal vu , ou qui n'ont vu que ll^ -' 






MOZ ^ 40S ' 

moitié d'un évdneoient , sont des inventloqAäe la tragédie ' 
möderne ; inventions petites , mesquipes , imitées de nc|ar 
romans, puérilités inconniies å l'antiquité^ et dont il faiit 
couVrir la faiblesse par quelque chose deland et de tragt- 
que \ comme on voit dai^s les Horaces la méprise d'uDe sui« ■ 
vante produire les plus grands moiivemens* Le vieil Horåct^ 
n'est admirable que parce qu'uoe domestiqäe de lamaisoa 
a été trop iropatiente; c'est-lå créer beaucoup, de rieii^ 

MOZ ART ( Wolsang - Amédée) , celebre compositeur 
Allemand, né å Salzbourg en 1 766. 

- On assure que , des l'dge de trois anji y il re^ut å» son pfere 
les premiéres nothms niusicales ; et qu'å siz aos il était com-^ ' 
positeur. L'empereiir Fran9ois P'. avait coutume de Pappe- 
ler son Petit Sorcier^ et il Fassociait auz jeux de Tuite de» 
archi^^ducbesses d'Autrichet Ge qui est de certaiD, cVst qu^it 
n'avait pas encore httit ans , lorsqn'iI parat å la colir de Ver- 
sailies : il y toucha Torgue å la cfaapelle , et y paru t ce qii^il était 

_ # 

réellement , un prodige. 0'est å^cet. Age ^u^il fit ses déux pre- 
miéres oeuvres de sonates. Apres avoir parcouru TAngte^ ^ 
terre , les Fays-6as , la Hollånde , il revint ä Salsboui^ se 
nourrir de Tétude des grands maitres , d^Eimmamiel Back ^ , 
de Hasse , de Handel , surtout des anciens mattres Ita- 
liens , qu'il regardait comzne' fort supérieura aux mö- 
dernes» 

A. douze ans , il repariit å Vienne , et composa un opera 
bufl^. A quatorze ans,* le grand lliéåtré de Milan te cböisk 
pour composer un opéta sérieux', et Mosard domia son 
JUithridate, Ccst å cette méme époque que la société des- 
^hilmrmoniques de Bologne lui iSt subir sa* diSfctle'épfredve, 
|>our radmission de ses niipibres. Mozart triompha eii mok 



n. 



^ . 






. ^ 



4i6 MO Z 

■ 

moment, et ^mme eu sc.joiiant, de la difCcutté ei dqs 
thcmes proposés. 

Dtipiiis la simple romancc ]iisqi]'å la tragédie lyrlqne» 
dcpiils fa walsc jnsqii'å la symphonie, Mozart excella danr 
tons les genres. De tons Ics compositenra anciens et modeneii 
il est pcnt-ctrc le senl å qni Ton pnisse donner cette louangBi 

Une tete anssi.fortcmcnt crganisée, et un fonds auvi pnH 
digienx de ric];icsses harinoniques, devaient assurer k M(K 
zarl nne prééminence absolue dans tons Ics morceauz d'eB- 
scmble: ses finales d'opéra sont le nec plus ultra de Partet du 



gout. 



Jamais Mozart n'approrha du clavecm , dans ses moment. 
d'inspiration ; dås qn'il avalt salsl sa plnme, il écrlvait avec 
une rapidité qni , an premier aspect , out pu ressembler 1 
la précipitation. Le morceau eutier, tel qu'il l'avaitcoD^y 
luOdité et muri , Is^exécutait dans sa tete, comaie il le disait 
Ini-méme , pcndant qu'il jetait ses notes sur le papier ; rien 
de plus rare qué de trouver une ratnre dans ses partitioUi. 
L'onverture de Dom - Juan fut iraprovisée en qudqiiM. 
heures. 

II a laissé neuf opera sur paroles italienoes» 

Ses prodnctions y' dans dix autres genres, se colkipoflent . 
de piéces de clavecin ; son quintetto est la plus belle prodoc* 
tion instrumentale qui existe; 

De symphonies , dont plusieurs marchent de pair tvsc 
crlles d'Haydn ; 

De diverses cantates, de scénes détachées, de romances étå^ 
chansons alleraandes qni-, tontes, sont des chefs-d^oeuvre d» 
gråre et de mélodie ; 

De canons, oh Fart le plus profond est caché soiu l'lipp>^ 
rcnre dn badinage ; 

Do conccrte , de q^iiiitetto , de quatuor , tria et duo^ 



- j- 



•..H..vv-^J 




* t- 



MtJB ^ ^ 

■De musique d^iiarmonie, de sérénades; j^ 

D'airs de ballets dans tous les genres; 

Enfin , de sa musique sacirée. , < « 

Mozart mourut en X791 , n^ayant pas eneore treute-six ans. 
révolus. 

Un étranger se présehtb un jour chpz lui et le priä de 
composer , le plus promptement possiUe^ypour un prince 
catholique ^ un Requiem k sa fa^on, qiii pöt charmér Pesprit * 
du mourant^ pendant la dissoluiion de son corps» Mozart y ^ 
consent , exige deux cens ducats pour pris de son ouvrage ^ et 
en regoit quatre cens que lui donne l'étranger ^ poqr I^eng^er 
a (iair plus vite. A peine ra<-t-il commencé , que le fen de la 
coir '^bsition 1q transporte et le met dtms une .agitation extra- 
ordinaire. Il reste dans cet état , non - seutement pendant 
le jour 9 maisiine partie de la nuitj et son sujet.8'est teUe<- 
ment emparé de kii , qu'il ne peut plus s^en arrächer. — p C^t 
pour moi-méme que je compose, disait-il å sa femme» 
Quelquefois il paraissait plus caRne; mais bientot il retom* 
bait daos la roéme agitation. Le dernier jour de son travail » 
il rappella k sa femme que le Reqtdem aVait eté conäpoaé 
pour lui-méme; il mcAirut eh' ^fi#t le jour o& il'fui 
aebevét 

MUET (le),^ comédie en cinq actes , en ptQse^ par 
Brueys et Falaprat. 1691. 

Gette comédie n^est qu^une imitation servile de VEwkur^ 
gue de Térence; comme toutes lélN^opies , eUe est bien infe- 
rieure k TorigiDal : elle s*en rapprocberait cepeufidatit k beau- 
coiip d^égardsy si ses auteurs, dans Fintentiös de siCirpassec 
Tauteur latin, oe se fussent pa<f permis des fearts d^maginii-» ' 
tion* qui les mettent, au ^ntraire, beaucbop auKles50|it 
de lui. ]j'iutrigue du Muet est bien la mfime que ce)k<4ft 



r MALGRE LUI (le), vaudeville en un acte, par 
bampsy au Vaudeville, lygS. 

^uet malgré lui est un amant qui s'introdiu*t dans une 
sous le nom de son coiisin, qu'un acnident a rendu 
; qui doit éppuser son amante. A la fin pourtant, le 
let est reconnu ; mais il obtient la meiin de sa maV 
!ette piéce obtint du succés. 

t 
I 

T PAR AMOUR ( le ) , comédie en un acle ,. en 
ir Alliot, au théåtre Fran^ais , lySr. 
s et Lisldor ^emandent Julie en mariage. Lisidor est 
;on, qui ne cherche qu'å jouir des biens de sa mat- 
st qui ne voudraitpas Tépouser, s'il la crojait molns 
lamis, au contraire, en est véritablement amoureux; 
nd meme elle n'auralt pas de bien , il consentirait 
\ å la prendre pour sa femme. Julie est indécise sur 

qu'elle doit faire, parce qu'elle ne ^onnait pas en- 
Fond le caractöre de ses deux amans. lies parens do 
le penchent beaucoup plus pour Darais que pour LI- 
lont ils ont remarqué l'åme intéressée. Pour le faire 
onnaitre å Julie^ ils feignent que celle-ci vient def>er' 
)rocés considérable, et que,par-lå, elle va se trbuvec 
å une extreme indigence. Julie , qu'on n'a point pré- 
ur cette fcinte , croit tout ce qu'on lui dit sur la perta 
^ieiif de faire , et elle en est saisie de douleur, Damis y 
i jmis dans le secret , voyant sa cbére maitresse ainsi » 
j lui fait entendre qu'on la^fompe. Cette indiscrétion 
se Toncle de Julie , qui le menace de lui faire pertire 

'nte, si, pendant tout le jour, il dit un seulrnot. 

•t de 1'obligation qu'on lui impose de ne point 

nde qu'il lui soit au moins permis dp dise 

. deux möts sont : Julie , Vamowri On y 




42S M TT E 

YFMfiuque ; rrais ellc roule sur une siipposition si pea vrat- 
sciTihlnhle , qirdle ne pen I fuire aucune illusion. Comme 
dnns VEunuque^ raction est double, raais le dénouement ost 
anieiié (rniie inaniére plus brusque et moins naturelle; néan- 
inc>ins on tronvc duns cclte piéce des détails dignes de plairBy 
etbeauconp de situations comiqnesqiii en ont probablement 
assiiré le snrcöst Nous rcnvoyons le Iccteur, poitr FanalysCjå 
VKunuque de Térencc; toutefois uons donnerons quelqaes- 
dt-tails propres å faire connultre la difTérence qui existe entie 
les deux onvrages. La principale consiste en ce que , dam 
Térencc ^ c^est un Eunuque qui fait 1 out rimbroglio de It 
piece , et qu'ici c'est nn prétcndu muct. 11 est aasez Datuid 
qu'nn araunt fassc cadcau d'un esclave å sa maitresse ; c'étsit 
dans les moeuit anciennes ; mais il ne Test pas qu'une femme 
vcuille avoir un valet muet: c^est un caprice ridiciile y absurde,. 
et cependant , sans ce caprice , tout Tédifice de la piéce da 
JHuet tombcrait. 

Si, dans V Eunuque ^ il »st invraisemblable et ind^oent 
qu*un prétendu Eunuque viole une jeune denoioiselle , dant 
]h piéce nou velie, il est absurde qu^in pére croie son fib 
dtivcnu muet par amour; et plus absurde encore que oe 
pi>rc crédule , craigne de devenir paralytique , s'il n^accidi 
anx désirs de son iils. Dans le Muet, Fexpositioa se tréioB 
prcsqu'au milieu du second acte; dans VEunu^ue ,. elle ort 
faitc dés le premier, et d^s-lors 1'action. commence. Ta C(K 
niédie de VEunuque est chargée d'incidens, et c'est un dem 
défauts ; celle du Muet l'est encore plus. Frontin , le qaobflft^ 
de ftoute la piéce , en fait naitre de toutes espéces et de si 
extravagans , qu'il faut tout Tesprit et töute la gaité qui lé*- 
gucnt dans cet öuvrage, pour le faire passer*. 



MUET MALGRÉ LUI ( le ) , vaudevllle en nn acte, par 
M. Descbamps, au Vandeville, lygS, 

Le Muet malgré lui est un amant qui s'introdiu't dans une 
niaison, sous le nom de son coiisin, qu'un accident a rendu 
muet, et qui doit éppuser son amante, A la fin pourtant, le 
faux muet est reconnu ; mais il obtient la mnin de sa ma- 
tresse. Gette piéce obtint du succés* 

t 
I 

MUET PAR AMOUR ( le ) , comédie en un acle , en 
vers , par Alliot, au théåtre Fran^ais , lySr. 

Dam is et Lisidor (lemandent Julie en mariage. Lisidor est 
un Gascon, qui ne cherche qu'å jouir des biens de sa mai- 
tresse , et qui ne voudrait pas Tépouser,' s'il la croyail moins 
ricbe. Damis, au contraire, en est véritablement amoureux; 
et, quand méme elle n'aurait pas de bien , il consentirait 
tou jours k la prendre pour sa femme. Julie est indécise sur 
'ie cboix qu'elle doit faire, parce qu'elle ne ^onnait pas en- 
core å fond le caractére de ses deux amans. -lies parens do 
cette fille pencbent beaucoup plus pour Darais que pour Li- 
sidor , dont ils ont re,marqué l'åme intéressée. Pour le faire 
mieux connaitre å Julie, ils feignent que celle-ci vient de|)er- 
dre un procés considérable, et que, par-lå, elle va se trouvec 
réduite å une extreme indigence. Julie, qu'on n'a point pré- 
venue sur cette feinte , croit tout ce qu'on lui dit sur la perta 
qu'elle vIent de faire , et elle en est saisie de douleur. Damis , 
qu^on a mis dans le secret , v oy an t sa cbére maitresse ainsi 
affligée , lui fait entendre qu'on la^Arompe. Cette indiscrétion 
indispose Poncle de Julie , qui le menace de lui faire pertire 
son amante, si, pendant tout le jour, il dit un seul mot. 
Damls firémit de l'obligation qu'on lui impose de ne point 
parler ; il dem ande qu'il lui soit au moins permis dq dise 
deux möts 5 et ces deux möts sont : Julie , Vamoixr, Oa y 




Le marquis de Moliirc, qiii s*a u DttDMj 

d^heiircii h cruchcr dans iiii piiits pc r f aire |des iaill|diT< 
1111 joiiiie fut, riche , qiii ua aiitre chose k ulmq qpi'å 
tiMiis, ot enroro Moli^^e a->t-il prét^ ce mot aatidqnfli^i^;' 
fciiiiiie coqiiettc 9 qiii fic platt å ezagérer^ aax jcu 
autro.s , Ics dvfauls qnVJlc (lattc en secreC. 

Kniln, le curaclérc du Bourgeois GentUhamme ^ mm 1 
riiuic pour imiter los grands seigneurs, et qai donMdM' 
touslcurs Iravers , est dans la nature : chaque jourltMotf 
^.n fournit des exemples^ mais cciiii de Af» JUusard nVÉtf 
dans la nature ^ ni dans la société. 

Toutcfois, la piéco de M. Picard ofTre^.par-ci par-Uyfl^i 
ques traits comiques,qui probablement en ontfiutkMK 
maltre Ics viccs du fonds. 

IVroSE-PANTOÄnME(la), opéra-comique, enuiMm 
avcc un divcrtissemcnt et un vaudeville, par Panacdjll^ 
FoireSaint-Laurent, 1737. 

La Muse^Pantomiine don ne audience au chevalier W 
Minaudicrc, pctit-maitre ; å un paysan qui veutaepoMii^ 
dans le bcau mondc; k un acteur fran9ai8 , qui MtiiiF 
d'djouter des graces pantomimes å sa déclamatlon ; flt ifSj 
iai a UD musiclen qui chante une cantate ridicule» ''*' 

'■ y 

MUSES (les), pléce dramatique en quatre partiesi {ii'^ 
Morand , au théåtre Italien , I738' 

Arlequin et Silvia se plaignent de ne plus voir leur mb#"j 
aussi fréquenté qu'autrefois. Ils sont surpris de voiir panib# 
iinc dame qui s avance vers eux, et qu*ils ne connaisseiitpoiift^ 
Arlequin la trouve trop lugubre , et sort pour aller cli8f^'.i; 
qnelques-uns de ses camaradcs, pour la recevoir pIiis|digiH j 
Tncnt* Cctte dame est Melpoméne. Silvia lui demande*^;! 






' M US'. 433 

Äijet p«ttt Pamefter 101? Melpoméne r^pond qu^elle Yicnt 
y chercher un asjle» On lui dit que les Italiens ne se croient 
pos en état de la seconder , et qu'elle doit retourner sur le 
fameuz théåtre , dont elle est en posdession , et le seui oix ello 
puisse briller« A quoi elle xéplique : 

Ces beaux jours sont passés ! eli ! quoi 1 vous mémes 4 
^''étes-TOus pas instruits de mes malheurs extremes ? 
On néglige aujourd'*bui Fart qui fit tutrefeis 
La gloire de la Frauee et le plaisir des Rois , .etc» 

Les comédiens , apr^s quelques difficultés , consentent^ 

«nfiD å se rendrc aux voeux de Melpoméne. Eralo «urvient et 

veut aussi faire jouer une pastorale sur le méme thtätre; ce 

qui occasionne une dispute entr'elle et Melpoméoe pour la 

préférence ; mais Arlequin voyant paraitre Tfaalie , s^écrie : 

te Voicl celle qui les mettra d'accord ! » II prie instanimenfc 

cette Muse de le débarrasser de deux extravagantes , don t 

Tune veut lui faire prendre la houlette, et l'autre chausser 

le cothurne. Thalie , surprise des pretentions de ses soeurs ^ 

demande si elle se fera annoncer sous le nom de la comédie ^ 

ce qui occasionne une nouvelle dispute sur le comique lår« 

moyant , dont Thalie veut que Melpoméne soit Vauteur, et 

dont Melpoméne veut donner l'invention k Th&iie. Enfia 

Arlequin , voulant chasser la tragédie et la pastorale ; la pre- 

xniére dit qu'elle défendra ses droits ; Mario se déclJB pour 

cUe^ et Silvia prend le parti d'£rato. Arlequin ^mbrasse 

Thalie , dont il ne veut pas se séparer. Un acteuc, pris 

pour arbitre , les garde toutea trois , et , en conséqnence , les 

Italiens jouérent une piéce dans chaque genre y c'«9t-a*dire , 

une tragédie intitulée Phana&ar , la méme que Menzikof , 

la Pastorale d'Agatine, et un JSallet (TOrphée: 

Torne FL Be 



-134 MUS • ^* 

r >&nJSBS RIVALES , ( les ) comédie , pw k Bmtf^ ^^ ' 
tTiéåtre f ran^ais , 1778- 

LesMuses se diipntent & q ni presentera Voltairo åApoUoBf 
chacuDe exposo ses ti tres. Vranie et Thalie n'iD8i8teiit pu 
beanconp sur les leiirs ; Melpomkne Temporte : enfin läomu 
et les Grftces assistent å la fete comroe ajant iospiré Voltaire; 
et Mercurcy qu'on a député au poéte pour Tamener de I*Ely« 
flée , vient annoDcer qu'il a voulu restex auprés^du héios dew 
HenriadB. 

Ayant trop pen ycca sons le jeure Louis 
Je demeure ä jamais auprés de son modéle. 

■i ■ 

A pollon , apres avoir accordé tout le monde , ordonne nnt 
fi^te en Vhonneur de Voltaire. A sa voix,iin buisspn de lav* 
riers laisse voir le buste de cet bomme celebre* Tous kl 
acteurs, qui n'étaieut pas en scéne , paraisscnt, chacun Våta 
du costume du personnage qu'il remplit dans les pi^es do 
Voltaire. Ils marcbent deux å deux an bruit des fanfares » et 
Melpoméne couronne de lauriers, le podte qu'elle a ai sonvent 
inspiré. 

'i Ce petlt ouvrage, dont l'objet .et Tintention firent le méritQ 
et le succés , fut exécuté avec un soin qui fait honneur au cili 
des comédiens po ur la mémoire de Voltaire. 

MUSIQUE , harmonie qui résulte de Taccord des Inatp'' 
mens et du chant des voix. C*est une des partias esseofiellei 
du drame lyrique ^ ou opera. L'ob)et de la Musique est de 
pelndre et d'exprinier , avec des sons modulés , -cö que b 
poéte ne peut rendre qu^avec des paroles. Il est peu d'objets 
dans la nature que le génie du musicien ne puisse pein^in ^' 



MUS 435. 

VMaginatiön ; mais il en est dont rimitåtion ]iu est pitis 
difTicile. Cest au poete k les eviter dans son drame. Les 
obJ€ts qiii tombent schis les sens , qwi ont un moiive- 
meot^ ou qiii sont accompagnés de qnelqne bniit, ne son|; 
pas aii-dessHs de rimitation musicale. Tels sont un naufrage,- 
le tonnerre, la fuite d'un ruisseaii, un combat, le chant des 
oiseaiix, la raarcbe d^une armée, etc. LaMusiqne n'ajant 
' qiie le son el le mouvement pour exprimer , ne peut giiéres 
peindre par^Ile-méme que les objets qui förment unbruit^' 
qni leiir est propra ; oh, Iorsqu'ils ont un mouvement, un ac- 
cjoissement ou une diminution sensible; mais les peintures 
qu^elle trace , avec ces moyens si simples , n'en sont pas 
raoins vives , ni moins iidéies. L^^mmortel Rameau ne nous 
a-t-il pas fait entendre le bruitd^m attelier de sculpteur dans 
Fouverture de Pygnialion ? LVffet bruyant de Tartillerie » do 
rartifice , les cris de Vive le Moi , et les éclats d'un peiipl^ 
transporté de joie , dans une autre de ses ouvertures? Il a 
composé na choenr trés-harmonique qui peint le croassemcnt 
des grenouilles ; et , daas son opera de Platde , n'a-t-il. 
pas une trés-belle imitation des differens cris des oiscaux , å 
l'aspect de Foiseau de proie? Mondonville a peint admira- 
blement, dans son opera de Titon^ Parrivée de FAaröre; Il a- 
figuré la mélée d'un combat, et d^autres efiets de la guerre 
dans son intermMe å' Alcimadure. Qu'y a-t-il de plus 
pittoresque , que la plupart de ses mötets , oh. Ton entend si 
bien le soulévement des (lots, la cbute d'un torrent qui se 
retire de devant les Israélites , etc«? Nous avons les plifs^ 
belles imitations de tempétes, de vents^ de ton ner re , etc. 
Tous les mouvemens de Tame sont aussi du ressort de la. 
Musique; la gaieté, la tristesse, la colére, le désespoir ,. 
elc. Quand elle ne peut rendre les objets eux-mémes , 
il ^st rare qu'elle ne trouve pas quelques accessoires ^ aux- 

£e 2 



436 MUS 

qucis elle piiisse s'attaclicr , pour les rendre senublos et fai* 
faire reconnaitre. Ainsi elle peiivlra le printems par le cbant 
divérsifié desoiseaux; le miimiiire des ondes et le •ifHement 
léger des zéphirs. Elle peut méme, jusqu*å un oeitaiivpoiiit, 
Tifndre sensibles certains caractéres, le Grondeur, rtmptk* 
tient , etc. 

Le poéte qui compose un drame Ijrique, dolt donc i*att - 
tacber å ne donner que des images et des sentimens å peindrt 
au miisicien qui doit le seconder, ou des objets^ tels qne noni 
avons dit* Il doit éviter les dissertations , les raisonnemeiis; 
en un mot, tout ce que la Musique ne pourrait rendre qu^in- 
parfaitement. Quant å la coupe de ses vers, s^il n'68t pas flHH 
sicienlui-méme^il aura peiiie å rénssir , sans en consnllic 
d'habiles et d'intelligenK. Une autre attention qii'il doit EToiri 
c^est de s'attacher å ce que ses vers soient sonoras et snaoep» 
tibles de cbant. Tous les möts de notre langue n'ont pas cat 
avantage. Il y a un cboix å faire ; c'est ce qui a fait dire, auf 
doute , qu'il ne fallait que vingt möts franfais pour comp»- 
ser un opera* 

MUSIQUE DU CARNAVAL , (la) ou les BouTteis» 

prologue 9 par Fanard , å la Foire-Saint«-6ermain ^ 1743» 

Julie et Cépbise , actrices de Topéra comique , sent dffi 
un grand embarras : un acteur de leur troupe yient de it 
trouver mal ; et celui qui doit le reroplacer a beséin ^Tot 
hon quart d'beure , pour se mettre au fait du råle i cependlit 
il faut amuser les spectateurs* EUes veuleut engager IBtaH 
uctte, jeune actrice, nouvellement re^ue , å se charger<dB Aif> 
un compliment au parterre ; elle s'en défend, et propoae no 
niusicien un peu exlravagant et Irés- original ;maiscjai|ptrs0l 
boutados, pourra remplir Tintervalle du spectacle* Bjfctft 
( c'^st le nom du musicien extraordiuaire ) » parfKt a;? ec m^ i 






* M U S .437 

ieoime , et ces deux petsonnages exéciitent un dkilogue co-< 
rnique en nrasique , intltulé : La Hupture* 

MUSTAPHA et ZÉANGIR, tragédie tirée du roman 
intltulé : V Illustre Bassa j par Belin , lyoS. 

lia piéce commence par iine conversation entré Roxelaue 
et le grand wWiv Rustan , qui conspirent ensemble la mört 
de Mustapha. Zéangir, allarmé du péril qui semble menacer 
ce prince , court implorer en sa faveur l'appui de la sultane; 
et Sophie , princesse de Perse , amante de Mustapha, vient 
å son tour implorer celui de Zéangir. Rustan emploie 
toUtes ses ruses pour animer Soliman contre Mustapha : , 
Zéangir obtient cependant que Fempereur entende la justifica- 
tion de ce prince; et le sultan , qui né veut écouter que sa 
clémence , fait grace k son fils , å conditiou qu'il rénoncera 
pour jamaiså Sophie. Ccttc punition parait trop rigoureuse 
å Tamourenx Mustapha. Il ne peut se résoudre k partir sans 
volr sa maitresse, et ne se rend enfin qu'avec beaucoup de 
peine aux conseils de son frére , en le conjurant de voir , et 
de consoler la princesse. Gette commission embarrasse fort 
Zéangir^ qui aime secrétement Sophie sans espérance dé 
re tour. Il promet cependant d'obéir ; quelques soupirs in- 
terrompus , et quelques paroles qui lui échappent indiscré-r • 
tement , font naitre de cruels soup^ons dans Tesprit de Mus- 
tapha : qui s^abandonne ensuite aux transports de sa jaIousi«^ 
la conversation qu'il a avec SophicjSert k dissiper ces soup- 
^ons; mais , par malheur , ces deux amans , surpris par Fem- 
peréur, achéveut de l'irriter. Rustan profite de la conjonc- 
ture pour faire jurer å Soliman la perte du malbeureux Mus- 
tapha. Pendant ce tems-lå , Z^éaugiT , tranquille sur lo sort 
de son frårc, dont il croit les jours ep sunrté, ne songe qu'å 
»'éloigner de la cour, pour éviter" les charmesde Sophie. "On 



433 MYR' 

Ticiity sur ces entrefailes , liii apprendre la mört d^ce princtf* 

IMUSTAPHA et ZÉANGIR, tragédie , par Champfoit, 

an (héftlie Iianruis i?77« 

Ii*uiitciir , rkja ctlåhrc par anlänt de succés qtt'il a puhlit 
crouvrnges, d/sent le^ Ecrivaiiis dn lems, å ajoitté de nou- 
vcunx lunriers u sa cuuroiiuc,par cette tragédie, qn i a été ao 
Miclllic å Faiis avec le nieme eiithQUsiasaie,qn'cUe avait été 
tipplau Jie cclLc aunée et la précédentc sur te iht (Ltre de la cour. 

Koxclanc , épuuse de Soliinaa second , funne le projet 
dcfuLrc périr Mu.stupha, (Ils aiiié de ce prince et d*uue autra 
leiume, ulin d*assurer le lione ä son iil.i Zéangtr. Miistapha 
ayanl rcnipurté une grundc victolre sur les Ferses, et ajant 
fult prisouniérc la illlc de Icnr roi , qui lui a inspiré une vive 
passion ^ de mande la inuin ilo cette prixicesse a son pére. 
lloxelaiiG , qui a intercepté la lettre y Taccuse en face d^avoit 
des intelligences avec les eunemis de Tétat. Zéangir prcnd la 
dtTensc de son irere , et ^ sur. le reproche que Solimaa fait åco 
dernicr , d'aiDaer la iille do son eunemi, il se décfare coupable 
du menae crixne, et demande å eo partugcr la puuition* Cha- 
< iv!i des.deux iVc^res vcut mourir pour Tautre. Solimau atr 
tcndri^ est pres de leur pardonnor u. tous dcux, lorsque le 
Isrand visir annouce la révoltc des Janissaires, Cette 
nonvclle ranimc los souprons et la coJ(^rc du sn?'aD. Il foit 
conduire Mustapha dans Penceinte sacrée. Au dcrnier acte, 
le visir apporte un ordre qui lui prcscrit de le faire poignac- 
dcr y si quclqu\ui vcut le sccourir. Zéangir parait;, et soo 
arrivée délerraiue la nnort de Mustapha. Lo jéuue prince se 
|M)i(rnardc sur le corps de son frcre , en préscnce de SoIimaDd 
de Roxclanc. 

JMYRRA , Irc^rdie on trois actes, par M. SouriguiceSii 
au tlnåtre Feydcau, 1756*. 



t 

s 






, v Ar*. 



Myrra est prfes d'épouser Périandre , Jeune héros qui a 
Pestime de la Gréce. Cinyise , pére de Myrra , Antiope , sa 
miéie, foodent ieurbonbeiir sur cette union 5 Myrra elle-ménie 
y a consenti,n)ais elle est dévorée d^lne sorabro^ douleur , et 
brule d'iin feu secret pour Cinyre, son pére. Le jour de 
son union avec Périandre est arrivé. Cinyre , Antiope, Pé- 
riandre , veulent pénétrer le secret de son cceur, avant de cé- 
l^brer Tbymen auquel ils attribnent le mal qni laconsume. 
Eile le cacbe å tout cc qui Tentavrc; elle voudratt se le ca* 
cber k elle-^méme ; résoliie dVviter son pére , et de fuif le» 
les lieu-x qii^ii babite, elle presse Fbeure de son uifion, et 
scllicite un prooQpt départ. Déjä Tautel est préparé , les époux 
sont dans le temple ; ie prétre prononce les paroles saofées : 
toiit*å-coup lesprésages nnnoncent an pontlfeque le temple 
est propbané par des affections eriminelles; alors lesprétres 
efiVayés sortent du temple.. La cérémenie est ititerrompue 
Périandre , au désespoir , sur de ne pas étre aimé-, va cher- 
cber la mört ; Cinyre veut arracber de sa fille le» fatal secret 
qu'il nia pu pénétrer ; il est prét å Faccabler de sar malédic* 
tion.; Myrra iaisse alors écbapper Taveu q«'eUe a si long-- 
tems retenu , et s.'en punit en se donnant la morl. 

Il était difTicile , sans doute , de cboisir un sujet plus 10- 
grat; mais la mauiére dont il est traité prouve qu'il n'était ni 
sterile en beaiUés , nL tout-*å-fait rcbéle au talent dramati* 
q lie. Il n'est que trop ordinaire de voir des sujets beureux 
gåtés par des incidens bizarres; ici, Ton voittoutle con-« 
traire : c'est un sujet mal cboisi , dont toutes les iuconve-^ *- 
nances sont sauvées , autant. qu'il est possibU-, par d'heureuk 
accessoires. 

MYSTERE, terme consacré aux farccs pieuses^ jouées 
iiutr^fois suc nos tbj^åtres^.et douJt qgus ayon3.dojå paflé itfus 



MO fli Y S 

los möts de Comiiies Saintes et d» MofuSt^t; mwM bOakm 
(iLvelopperCoriglne. IIcstcertain<|ne let péierinageftiiitrodiiK 
sireiit ces spcctacles de dévotion. Ceuz qni ravenaient de k 
Terrc-SAiDio > de SaiuterReine , du MontF-Saintp-Micbriy de 
Notrc-Dame du Piiy , et d'autrea lieux semblaMe>y compa i 
saient des cantiques sur leurs voyages, auzqueUib mMaienl 
Jc récit de la vie et de la mört de Jésus-Christ, d'une auuninr 
Tcritablemeot ^s-grossi6re;maisqiia lasimplicité de cestam»» 
lä semblait rendre pathétiqee. Us chantaieot les miracles dn 
Saluts , Icur mar ty re , et certaines fables, å qni laciéaiiee dei 
pciiplcs' donnait le uom de visions. Ces pélerina allant ptr 
troupes et 8'arrétant dans Ics piaces piibliques ^ oft ib chaii" 
taiooty le bourdoD å la main, le chapeao et le mantahfr 
cliargé de coquilles et d'ima^cs pciotes de diKrentes con-* 
curs, faisaient unc cspece de spectacle qui |dut et qui ezcita' 
qnelques bourgeois de Paris, å former des fonds pour elever, 
dans UD licu. propre, no théfitre , oJk l'on repréaenterait cet 
luorulités les jours de fetes , aetant pour l'iostructioo da 
peuplo qiie pour son divertissement. L'Italie ayait éSjk 
inontré 1'ezcmplc ; on s*empressa de Timiter. Ces soites da 
spcctacles parurcnt si bcaux dans ces siécles igaonaSy que 
lon en fit les principaux ornemens des receptions des princas» 
qnand ils entraient dans les villes; et, comme on ohantai^ 
J\'oely Noély au licu des cris de ViveleRoi\ onreprésentait 
dans les rues la Samaritaine, le mauvais Riche , la ConceptioB 
de lu Vicrgc , la Passion de Jésus-Ghrist , et plusieun aittnSf 
mys teres, pour les entrées des Rois. On allait au-devant 
d*eux en procession avec les banniérea de Tégliae ! en 
rhantnit pciir faire allusion aux actions les plus marqnantB» 
c?c leurs rr^iies, des rantiqncs c omposés de passages de 
rEcriturc-Saiute cousus ensemble. Telle est forigiBe de 
notca tbcåtrc ou les acteurs qu^on nommait Cenfiheå 



MYS 44t 

ée la pasAioii , commencAreot k joner leitrs 'piéces dévotes 
en 1402 : ccpendant, comme elles.deviorent ennuyeuses å la 
loogue y les confréres , iotéressés k réveiller la curioaité da 
peuple , entreprirent , pour y parvenir , d'égayer les mys- 
t^es sacrés. Il aurait fallu un siécle plus éclairé pour leur 
conserver leur digiiité ; et 9 dans un siicle éclairé , on ne 
les aurait pas cfaoisis* On mélait auz sujets les plus res- 
pectables, les plaisonteries les plus basses, et qäe Pintention 
seule eropéchait d'étre impies ; car , ni les autecirs , ni les 
spectateurs ne faisaient une attention bien distincte å ce mé- 
]ange extravagant , p^suadés que la sainteté du sujet cou-* 
vrait la grossiereté des détails. Eofin , le magistrat ouvrit 
les yenx , et se crnt obligé , en iSj\S , de proscrire sévére- 
ment cet alliage faonteux de religion et de boulfonnerie. 
Ålors naquit la comédie profane, qui, livrée k elle^méme, 
et au gout peu délicat de ce tems, tomba, ftcras Henri Hl > 
dans 11 ne licence effrénée , et ne prit le raasque honnéte 
qu^au c om mencement du siécle de Louis XIV* 

Le nombre des anciens mystferes est si grand , qu'il se- 
rait difficile de rapporter les titres de tous ceux qui furent 
pnbliés ou représentés. 

« Cest aux Italiens , dit Voltaire dans ses Questions snr 
» VEncyclopédie , qu'on doit ce malheureux genre de Dra- 
3» mes appellés Mysitres* Ils commencérent dés le treizidme 
3» siecle , et peut^étre auparavant , par des Farces tirées de 
» Tancien et du nouveau Testament ; indigne abus qui pésso 
» bicntöt en Espagne et en France ! Cétait une imitation 
» vicieuse des essais que Saiut-6régoire de Naziance avait 
» fait en ce genre, pour opposer un tbéåtre chrétiénau théåtre 
» payen do Sophocle et d'Eurypide. Saint-Grégoire de Na- 
^ ziance mit quolc|^u'éloquence et quelque dignité danscil 



^ 



44^ M T S ff 

91 piices : les Italiens et lenrs imilotears n'y mirent qu« å» 

3» plutitudcs et des boiifloDneries. 

» Les Autos Sacr a mentalas ont déshonoré l^Espagnef 

» beauronp plus long-tcms qire les Mysterés de laJPassumf 

> les Actes des Saints , nos Moralités , la JUére Sött» tfouk 
» flétri la France. Ces Autos Satramentaleå se. représentaiMit 
» encore k Madrid , il y a trés-peu' d'aunée8 ; Calderoo M 
» avait fait pbiir sa part plus de deaz cents* Uiie de m 

> plus fanaeuses piéces est la Dévotion de la Missa. Lei 
» Acteurs sont un roi de Cordoue , Mahométati , un Anp 
» chrétien , uue Fil le de joie , deux Soldate Bouffonij 
» et lo Diable. L'un de ces deux boulTona est vn oomisé 
3» Faschal Vivas, amonreuz d^Aminta. Il a pour rival LéliOb 
-» soldat mahométan. Le Diable et Lélio venlent tner^ViTtiif 
» et croieat en avoir bon marché , parce qu'il est en .péché 
3» mortel ; mais Fascal prend le parti de faire dire une mesM 
■ sur le theåtre et de laservir. Le Diable perd alon tönt» 
» sa piiissanre sur lui.Pendant la messe , la bataille jse doniNS 

X et le Diable est tout élonné de voir. Pascal au miliea.da 

■ 

T» cumbut, dana le méme tems qu^l sert la ines8e«. Oh.Sohl 

» dit-il ; je sais bien qu'un corps ne peut se trouver dan ' 

31 deux endroits å la fois , excepté dans le Sacrenaeot auqml 

» le drole a tant de dévotion. Mais le Diable ne savait pM 

» que TAnge Cbrétien avait pris la figur& du bon F^ucil 

X Vivas ^ et qu'il avait combattu pour lui, peadant l'ojEoB 

» divin. Le roi de Cordoue est battu, comme on peut liifln 

x> le croire; Fascal épouse sa vivandiére ; et la piAce finit' 

30 par Féloge de la messe. » 

3) Dans un au tre aqte aacramental , Jésus-Chriat en-ps^' 

3» juque quarréc , et le Diublc en bonnet å -deux cornM» 

X disputcnt sur la controverse , se batteut å coups de poiiigB»» 

» el Cnissent par danser ensemble une sarabanåe. Plusisuii 



• t 



• 4.4 



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MYS 44» 

* pi^es Je ce genre se terminent par ces möts : Ite coine-* 
» dia est» » D'antres pi^ces eo Irés- grand nombre, ne 
«ont point sacrainenlales ; ce sont des tragi-comédies , et 
Kiéme des tragédies. L'une est la Création du Monde ; 
Taiitre les Cheveux d' Absalon. On a joiié le SofeU sou-^ 
mis ä r Homme-Dieu , \g Bx)n Payeur^ le Maitre-d' Hötei 
de Dieuy la Dévotion aux Trépassés et toutes ces piéces 
sont intitiilées:la Famösa Comedia» 

Dans la tragédie d'Eschyles , la religion des Grecs étart 
joiiée comnoe la religion Chrétienne le fut en ¥ranre, en 
Italie et en Espagne. « Qii'est-ce en eflet » , demande Vol- 
laire , « qne ce Vnlcain enchainant Prométhée sur im ro- 
» cber par ordre de Jnp»ler?Qirest-ce qiie la förre et la 
» vaillance, qni servent de gar^ons boiirreanx å Viilcain, si- 
st non un Auto-Sacrameulal grec? Si Calderon a introdnit 
» tant de Diables sur le tbéätre de Madrid, Escbyle n'a-t-il 
j» pas rais aussi les Furies sur le théåtre d'Albfenes ? Si Pas- 
» cal Vivas sert la messe, ne voit-on pas une vieille Py- 
» thonisse qui fait toutes ies ceremonien sacrées daus Id 
» tragédie des Euniéuides. » 

» Les sujets tragiques n^ont pas été traités autrement chez 

» les Espagnols , que leurs Actes Sacramenttmx* Cest la 

9 méme irrégularité , la méme indécence , la.méme ex- 

» travagance, Il y a toujours eu un ou deux bouflons 

» dans les piéces, dont le sujet est le plus tragique. Oo 

» en voit jusques dans le Cid:\\ n'est pas étounant que 

» Corneilie les ait retranchés, On connait YHéraclius de 

» Calderon intitulé : Tuute la Vit e!>t un Mensonge , et 

» Tout est une Vtrité ^ qu'on crolt antérieur å VHéraclius 

» de Corneilie. L'énorme démence de < ette piéce n^empecLe 

9 pas qu'elle ne soit semée de plusicurs morceaux éloquons^ 

» tit de (^uclques txalts de la plus grand e beauté. « ^ 



444 MYS 

a Non-SGulement , Lopftz de V^ga sVut jstcUi I 
» (lans toiites les extravB)rances d'un tbéitre groauar if 

> obiurde; crais il les uvait trouvéet éUbliea. Lopii h 
» Vega éUilt indigné de cette barbaiie ; et cependaat il ('j 

* soumctlait. Son biit était de plaire k un peiiple ^omt, 

* amalcur dti taux merveilleuz , qni voulait qu'on pnlll 
» & se^ yeux plus qii'ä son åoie. Voici commo 'Vigt ■'■ 
» cxpliqiie liii-tnéme dans son ii«iivcl art de {alre det »• 

> médics de son tems. > 

Let Vinilalci , In Goths , dUn* Irori ferili Ihiutm 
DJdaigncnt in p>flt des Urtei et det Romaioi. 
Ko* ajreax ont mirehj dm» rm nonTeins cIiBmiu t 

No* tjeux cUicnt des bsrbares. - ' 

L'abai rtgae , Tvt tombe , et la raiioti •'enfuiL 

Qni Tcut Jcrire ktco d^occ , 
Atcc art , stcc goftt , n^en rnitieille aucim fniit ; 
Il vit dan* Ic mépris , el niAni-t dan* 1'uidigeBce ! 
J« me Tois obligi d« sovir rignorance , 

D^enfermer aous ^atre Teiroos 

Sopboelc , Eurjpide et Térence , 
féeri* en iateosé : mai* f iwis pour de* fonX. 

» Labouffbnneriefut joiiiteåriioiTeursurle théfttre Aic, 
a glais , toute la vie d'un homme fiit le sujet d'itae traged»i 
» Les acteurspassaieat deB.ome,åVcnise , enChypTe,dc> 
» La plus vile canaille paraissait sur le tbéåtre avecdai 
X Frinces, et les Pnnces parlaient sauvent commelaca' 
M naille. ( Lisez la tragédie du Maure de Fenise 
a y tronverez k la premiére scdne quo la fille di 
n fait la bSto k dsux dos avec le Manre, et qti' 
» de cet accoiiplement des chevaux de Barl 
» ains! qii'on parlait alors sut ic thd&tre tragiqiie d« 

L'auteur d'un de ces Mystéres, décrlvant 
te passoit tout-å.-U-fois , au Ci«I , 




MYS '445 

es Enfers , imagina de faire constniire ud théåtre k trola 
kageå. Le peintre qui fut chargé de représenter la demcure 
fcs Bienheureux pour Fétage supérieur , disalt å ceux qui 
reoaient admirer cette décoration , « Voilå bicn le plus 
ft beau Faradis que vous ayez jamais yu de votre vie ^ 
» ni que vous verrez. » . 

On représentait encore autrefois k plus ou moins de per- 
tonnages y des piéces de dévotion , dans lesquelles on faisait 
paraitre d'ordinaire les Diables qui devaiént tourmenter 
éternellemeof. les pécheurs endurcis. Ces représcAtations 
8*appeliérent Petite J^ie , Grande Diablerie. Petite, quand 
il y avait moins de quatre Diables ; Grande , quand il y 
en avait quatre : d'oä ealt venu le proverbe ^ faire le Diable 
ä quatre • 

MYSTÉRES DISIS (les), opera en quatre actes , par 
M.Morel, musique deMozart et deLacnith, k TOpéra. i8oj» 
L'intérét de cette piécc est faible , comme dans la plupart 
de ces sortes d'ouvrages, oik Faction et Fintrigue sontsacri- 
fices å la pompe du spectacle et å la musique. Il faut voir 
représenter un opera; pour le jnger, Tanalyse qu'on peut 
en faire ^ quelque parfaité qu'elle soit , n'en donnera jamais 
qu'uue faible idée , parceque les détails y sont tout ^ et ' 
que 1'intrigue n'est qu'un fil léger, qui ne sert qu^å leur 
donner un air d'ensemble. Les Mysteres d'Isis en sont 
une preuve : un acte tres-court aurait suffi au développement 
•t au dénouement de l'action* Qu'est-ce en eflet qne cette ac- 
tion? Deux möts sufliront pour en donner une idée. Zorastro, 
Grand Pontife du temple dlsis , tient Pamina , fille de 
prédécesseur Zoroastre , enfermée dans les .murs dii 

[ue par Fordre du pére qu'il a osé fairo 
iis Isménor qui doit épouMr 







«^> MYS 

Pamma et surrédcr :\ Zorattro , vicnt se faira inilier , ét 
clélivrer sa inaitresse. 11 nicuuce Zorastro de toute sa colåie p . 
luuis cehu-ci In i en io)))ose par les prestiges doot les prétras 
ont sii s'cnvironiicr du tönt tezns. Il appaise avec d*autaut 
plnA de fucilité ret amant irrité, qu'ii lui promet la mainde 
sa maitresse, s^il se tire avec courage des épreuves qaW 
va lui fairc subir. Isménor se montre iotrépide, commeFoa 
doit s^y altendre et Famina devieot sonépouse. Bochorisy 
Mona, Myréue ne sont dans cette piéce que des persoo- 
nages accessoires qni j jettent de la varieté , pziais qui no 
font qu'en diminuer rinlérét. Le principal mérite ds l'ou- 
vrage , consisle donc dans la nouveauté du spectacle j et 
dans la beauté et 1'harmonie des vers , qni sont coupés de 
maniére qiron a pu les adapter å la musique de la flute eo- 
i^hantée de Mozart. 



riM DU 8IXZEICE YOLUMa.. 



De llmprimerie de Rousseau , me Poupée ^ n^, 7. 



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