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^
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■K.
ANN-ALES
DRAMATIQUES,
ou
/ /
DICTIONNAIRE GENERAL
/ A
DES THEATRES;
TOME SIXIEME.
M.
1
hes Exemplaires voulus par la loi ont ii
poses å la Préfectiire de Police.
Nota» ' Tous IfS Exemplaires de cet Ouvrage ser
gnés par inoi^ BABADLT , V un des Auteurs; etje t
que je poursuivrai tout Conttefacteur ^ conformémefK
lou
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'' ANNALES
/
DRAMATIQUES,
ou
DICTIONNAIRE GENERAL
DES THEATRES,
CONTENANT:
l^ UAnaltse de tous les Ouvrages dramatimies ; Tragédie, Comédie ^
Drame , Opera, Opéra-Comiquey Vaudeyiile , etc. , représeDtés sar
kt théåtres de Paris , depuis Jbdelle jusqu^^ä ce jour; la date de leur
representation 9 le nom de leurs auteurs, ayec des anecdotes théå-
trales;
9*. Les Régles et les Observations des grands inaltres sur PArt dra*
matique, extraitesdes CEuTres d^Aristote , d'*Aubignac , de Boileau ^
de Comeille , de Destouohes , d^Horace , de Moliére, de Racine , de
Regnard , de Voltaire , et des meilieurs Aristarqnes drsvatiques ;
5^. Les Notices sur les Autenrs , les Gompositeurs , les Aoteur^ , les
Actrices , les Danseurs , les Danseuses , ayec des Anecdotes intéres*
santes sur tous les Persotinages dramatiques , anciens et mödernes^
mörts et yiyans, qui ont briBé dans la carriére du Théätre.
PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES.
TOME SIXIEME.
M.
€0B2
A PARIS,
6A1AUI.T, Tun des Auteurs , rue Bourtibourg, a». 9;
Gapelle et Renand^ Libr. , rue J. - . Rousseau n<*. 6;
Tbeuttel et WuRTz , Libr. , rue de Lille, n®. 17 ;
Et Le Normako, Libr., rue des Prétres-S.-Germain*rAuz.
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ANNALES
DRAMATIQUES,
' ou
PICTIONNAIRE GENERAL
DES THÉATRES.
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MAG
IVlACBETH, tragédie en ciiiq actes, par M. DufcB,aii
lliéAtre Frau^åis, 1784. ' - ^ '
Macbeth, k 1'iDstigation de »a femme Frédégoöde'^ ipoF-
^arde, de sa propre main^ Duocan, roi d'Ecos8e^ et fart
méme aä^apMtner ses enfaos ; mais un vieillard a élevé deux
princes de cette famille royale til ne perrt les soustrairv
aux recherftbes du tyratl} én les arréte et o.n lesplonge daqs
uncachot. Ce vieillard, indignév^pén^re )usqu*å Mdtbeth,
et Taccable d'abord de )iist)ds et de TiDlens reprochés^ mais
bientöt il le trouve si malheuretix par ses remérds^ quil
fbit par le ptaindr^* Macbeth se tue, et sa mertretid le
tréae aux héritiers legitimes* ' • . . ' '
Cette tragédie, d\in genre öoirj terriHe , Vntoiistrueux
méine, est imitée de Shakespear. Nous pensons que, ré-
duite en trois actes, elle ofTriraiÉ un intérét plus grand et plus
soQtenu; car les remords de Macbeth , av an t et apr^s son
criiiie5 otcnpent les cinq actes, et fatiguent la vite et Våme
éa. qieotkiteiir. Ce qui ä le plus mS au succés de la piéce ;
Xme FL A
j -.
'':U.
a MAC
c^cst rapparitioo dcTombre deDuncan, apparition plus rf«
dicule que tragique ; et Thorrcur quc con^oit Macbeth de
§Dn crime avant de le commettre» Il obsen^e mérae que le
roi, au moment du danger, Tappellera sans doute å son
serours* Le roi Tappelie en eflet, et Macbeth, en dépit
de ats reflexions, consomme le régicide. Oa voit qu* ces
temords inutlles ne peuvent intéresser*
Depuis , M. Ducis a voulu remédier å ces deux défauts. H
a réussi pour le premier, le plus facile å corriger; mais il n'a
fait que rendre le second plus evident, comme on en pourra
]uger par les détails suivans* Le fils du roi, Péléve du vieillard,
le jeune Malcolin, vient déclarer qu'il est seul héritier du trone
d'Ecosse , et que Macbeth est coupable ; celui-ci nie son
crime; alors, Malcolin évoque Tombre do son pére, pouc
appisjferson assertion : Fombre apparait; Macfaejtfa la voit^
let autres personnages la voicnt, mais elle est inviaible pouc
k (pectalfiur. Macbeth n'en contlnue pas moins de tazer lo
prince d'ixnpo8ture, et il va jufiqu'å menacer de le (aire punir.
14'apparition de Tombre est donc molns choquante; mais Tin*
■tärétqu'inspiraient les remords de Macbeth repentaot» n'est
plus aussi vif , quand ce Macbeth per siste dans soo deftSMBio^
et sa moDtre disposé å commettro un nouveau crime»
, n existe de grandes beautés dans c et ouvrage : on y trouve
de ces vers, que Ton admire et que l'on retient facilément»
Voici FuB des plus saillans de la piéce : on représente k
Macbeth , rongé de remords , qu'il ne peut rieo changet å
ce .qui a^est fait, que Duncan est mört; il répond :
f Mört |K>ur töat ruuiters , ^ est 'vivant pour moi.
MACEY (le frére Claude), hermite, a composé une tra«
gédi« intitttlée ; VEn/ant Jésu^ ou ia Naissancf de JéiUå tm
77.
/
MAC %
Bethléem , qui fut imprlmée en 1729^ et représcnté^dans les
couvens«
v
MACHABÉE (la), ouMabttre des sbpt Fréres et
SE SAI.OMONE, LEUR MERE^ tragédie, tiiée de Pécriture saiate^
par Jeau Virey, 1596.
L^auteuir tralla le méme sujet en 1600, sous le titre de la
Diifineetheureuse Plctoiredes Machab^es^ sur le roi Aiir*
Aiochus. Ces piéces étaient sans distinction d'acte8 ni de
scénes. La premiére avait ^té formée d'iine tra4Mction en
vers, que l'auteur avaitiaite du livré des Machohées^ et la
aeconde n'étaU qu'iine correction de celle-ci*
MACHABÉES ( les ), tiagédie de Lamotte , aux Ft^nfalff^.
. Gette tragedien doot k sujet estégalenent tiré de Fécriturd
sainte, «8t une des meilleures piéces de Lamotte; p'«st, sanef
contredit^ la mieuz écrite de toutes* On y trouTe avec d^h^i^i
T6UX Stalls i un0 versification bien sontenue^ X'aoteur ajant
garde Vincognitx) j on crut, pendant quelque texns, que c'étaiC
* un cmvri^ pe^tbume de Radlne; du moins, on hii atttibuait
let trois preimers actes. Enfin , on voulut j^iger pf^r cooipa**
raison, et Teiamen des vers détruisit cette fatisse 9pimon«
Ronssean dit^ k ce sujet : « On donne e^tte ptéce a Lamotte)
mais s'il n'y a ni pointes , ni pensées fleuries^ ni petites finessea
d'et{Hit9 elle ne saurait åtre de lui »•
' Oo yit une cfaose tr&s*«xtfiaordinaire aux representation*
de cette tragédie : c'est Baron , jouant ^le r61e du jeune Ma-
chabée^ å Kåge de plus de soixante«dix ans , et si fiaiible alors,
qa'il faUut Faider å se relever quand il se jeta aux pieds åm
Salomone i sur qiioi Pon fk ces vers : ,
Et le Tieilftird Baron , pour PhoniK^ir d^Iarael ,
. gaii le jp^c eafiiaia da jeune U^^M \
A %
\
r«lCt£u
•Vi-
•K
4 M A&
Ct 9 pour rendre la scéne exatte ,
Il se falt raser k chaque acte.
Dans cette tragédie, Misael raconte les cruautés inoniei
exercées sur ses fréres. A celte aflreuse peinture, la mére do
ce jeune héros s^arme d'une rcligieuse intrépidité; mais,
nialgré ses efTorts, les sentimens de la nature Vemportent , et,
pendant un moment , Iliér oine fait place k la mére. Misael
a^ea aper^pit, etladouleur de décbirer ainai Töme de la per-
sopne qii^ chérit le plus, I'engage k suspendre son récit; sa
mére liii dit : Achhve. Mademoiselle Lecouvreur, qui fut
chargée de ce role , pronon^ait ce mot avec le méme sang-
fipQtd qiie '. si elle demandait la suite de la relation d'un léger
^ccident 9 arrivé å des personnes qui lui seraient étrangéres^
Elle^redoMblaity par oet art, Tadmiratlon pour rhéroine, qui,
peiSiéedes plu9 rudes coups, rassemble toutesses forces, afin åm
ne p^ se laisser abatti^ aux yeux de son fils , ét de lut donnec
l?eq^emple des.vej^tua donl elle lui dicte les lejons»
M ''
MACHINES. On appelle ains^ dans le poeme dramar*
tique, Fapparition sur la scéne , de quelqué Oi^inité su
Génie, pour faire rétissir un dessein important» ou surmon—
ter une difficulté supérieure au pouvoir des hommes. Ges
^acfainesy parmi les anciens, étaient les DiéHx, les Gentes
bons ou malfaisans, les Ombresyetc. Shakespear^ ct nos au<-
ti^rs» fran^ais avant Corn^ille, employaient encore la dér-
nidite de cés ressources» EUes ont tiré ce nom des machineg
que l'on a mises en usage pour les faire apparaitre sur ia
scéne^ et les en retirer d^iine maniére qui approébe du nier-
veilleux. Quoique cette méme raison ne subsiste plus poutle
poeme épique, on est cependant convenu de éonner le nom
da macbines aux £tres »uxnatureb qu^on y intro^uiti Ge mot
MAC S
inarqne, dans Vwn et l'autre poeme, rintervention ou le
ministére de quelque Divioité 3 mais , comme les occasions
qui peuvent ameoer les roacblnes ou les rendre nécessaivoa: g
ne sont pas les mémes, les r^gles qii'on y doit suivre-so^t
aussi difTéreDtes. Les anciens poetes dramatiqués n'admet-
taient jamais aucune machine sur le tbéåtre , que la présence
du Dieu ne fut absolument nccessaire ; et ils étaient si^és ,
lorsque, par leur faute, Ils étaient forcés d'y recourir.
Suivant ce principe, pris dans la nature, que le dénouement
d'une piéce doit naitre du fonds ménie de la fable, etnon
d'une roachine étrangére, que le génie le plus sterile pent
amener, pour se tirer tout'-å-coupd'embarrasy ainsiqu'onJe
TOit dans Médée, qui se dérobe å la vengeance de Jason, en
fendant les airs sur un cbar tratné par des dragons ailés*
Horace parait un peu moins sévére , et se contente de dire que
les Dieuz ne doivent jamais paraitre sur la scéne^å moins que
le noeud ne soit digne de leur présence»
Nec Deus inUrsit , nisi dignas t^ndice nodas^
Outre les Dieux , les anciens introdulsaient des Ombres ^
comme daus les Persts d^Eschylles, oå Tombre de Darius
parait. A leur imitation^ Shakespear en a mis danai Hamlet
et dans Macbeih : on en trouve souvent dans les piéces de
Hardy : la Statue du Festin de Pierre, le Mercure et le Ju-
piter dans YA,mphitrion de Moli&re, sont aussi des jnachines;
mais on »*en åccommoderait difScilement aujourd'hui« Aussi
Racine, dans son Jphig/énie, a-l-il imaginé 1'épisode d'Ery-
pbile y pour ne pas söuiller la scéne par le méurtre d'une
Princesse aussi aimable et aussi vertlieuse qu'Ipbigénie*
{Foyez llPHIoiNlE d^Euripide),
Qn ne voit plus aujourdliul de ces sprtes de niachines qu'j^
fQpéra^ qji eUqs sont reléguées^ Horace propose trw sortQS.
6 MAC
de ntacbides k iDtrodäire siir le théfitré ; la memlhré ést
• • •
Dieu vtsibleineöt present devänt les actenrs, et c'est je celld^
lå qn'il doone lå réglé dont nous avons dé)k parlé; la seconde
éspéce comprend lei macbines plu9 ii^eroyables et plits extraor-
dinaires» comroe la métamorpbose de Frogdé en birondelle,
celle de Cadmus en serpent* II ne les exclnt di ne les con-
damne absolmnenf ; mais il vent qn^on les mette en récits , et
SOD pas en äction; la troisi^me espéce ést absolument ab*
surde, et il la réjette totalement; Texemple qu^il en donné ,
c^est un enfant qu^on retirerait tout viyant du monstre qui
Fauralt dévoré. Les deuz premier» genres sont regus indifie-
remment dans Pépopée et dans la distinction d'Hörace , qui no
regarde qne le théfitré ; la diflerence entré ce qui se passé sur
la sc&ne et å la vue des spectateurs, d'avec ce quW suppose
s^achever derriére le rideati , n^ajant lieu que dans le poemo
dreunätique» On canvient qne les ancien» poetes ont pn faire
interveoir les divinités dans Tépopée; mais les toiodernes 6ut-
ils le méme privUige? Cest une qitestion que l'on trouvera
ezaminée au mot merveilleux.
Si Fon est forcé de se servir de madrineff, dit Aristote,
dans sa Poédque, il faut que cé soit toujours hors de fac-
tion dp la tragédie^ soit pour expliqirer les cboses qni sont
arrivées anparavant, et qu'il ne serait pas possible que
lliomme snt, soit pbur avertir de celles qui arriveront en-
euite, et dont il est nécessaire qu^on soit instiruit* Il faut ab«
solument que , dians tous les incidens qui composent la fable ^
il n'arrive jainais rien sans raison. Ce qui est sans raisoa
iloit se treuver hors de ta tragédie.
MACHINES DE THÉATRÉ. Les anciens en avaient de
Juusieurs sortes dans leurs théåtres, tant cellés qui étaienl
pTacées dans r^pftce ménagé derriire la scéoe^ ^ué ceQes
MAC fj
qui étcuent sous les portes fle letour , pour introdnire ^SxxL
cöté les Dieiix des boiset de» campagnes , et de Tautré t^s Dt-*'
vinités de la mer* Il j en avait aiissi d'autres au-<lessus de la
scéne pour les Dieux célestes , et enfia d'aufres sons le tfaéå-
tre pour les Ombres, les Furies et les autres Divioltés Infer-
nales* Ges derniéres étaient å-peu-prés semblablcs å celles
dont nous nous servons pour ce sujet. FoUux ( L. IV* )
nous apprend que c'étaient vdes espéces de trapes qui éle-^
Talent les actenrs au niveau de la scéiie , et qui redescen-
daient ensuite sous le théåtre par le relåchement des forces
qui les avcuent fait monter. Ges forces consistaient , commé
celles de nos théåtres , en des cordes , des roues et des con-*
tre-poids. Gelles qui étaient sur les portes de retour, étaient
des macfaines tournant sur eHes^mémes , qui avaient trois
faces difFérentes , et qui se dirigeaient d'un et d'autre coté ^
selon les Dieux å qui elles servaient* Mais de toutes ces ma«
chines^il n'y en avait point dont Tusage fut plus ordinairey
que celles qui descendaient du ciel dans les dénouemens , et
dans lesquelles les Dieux venaient, pour ainsi dtre, au secours
du poete* Ges machines avaient méme assez de rapport avec
celles de nos ceintces; car , au mouvement prés , les usages en
étaient les mémes* Les anciens en avaient, comme nous^
de trois sortes; les unes ne descendaient point jusqu'en bas^
et ne faisaient que traverser le théåtre ^ les autres servaient \
faire descendre les Dieux jusques sur la scéne ^ et les troi-
riémes å elever ou å soutenir en Tc^ les personnes qui seni'-
falaient vc^r.Gomrae ces derniåres étaient toutes semblables
i celles de nos völs , efles étaient sojettes aux mémen acci-
dens , car nous voyons dans Suétone , qu'un acteur qui jouait
le röle A^Jcare^ et dont la machini» ettt malheureusement le
méme sort, älta tomber pris de Tendroit ou était placé Néron,
et couvrit de^angeeuz qui étaient autour de lui.Maisquoique
8 MAC
ces xnachines enssenft quelque rapport avcc cellos de nö^crio^
tresycomme le thé&tre dfis au^eqn avait toute son éteodue ea
largeur , et que d'ailleinr9 » i\ ii'était polnt cou vert , les mouve^
mens en étaient fort dififéren»; car^ au lieud'étre eixiportées,
comme les notres, par des chassis courant dans les charpentes
en plafond, elles étaient guindées a une espdce de grue , dont
le C9I passait par dessus la scéne , et qui, tournaot sur elle*-
jnéme , pendant que les contre-poids faisaient monter ou des-
cendre ces machines^ leur faisaient aussi décrire des courbes^
composées de son mouvennient circulaire et de leur directioa
yerticale^ c'est-å-dire , une ligne en forme de vis, de bas en
haut, ou de haut en bas, i. celles qui ne faisaient que mon-
ter ou descendre d'un coté du tbéåtre å Tautre . et différentes
demi - ellipses , å celles qui , apres étre descendues d'un
coté jusqu'au milieu du tbéåtre , remontaient de Tautre
jusqu^au-dessus de la scéne , d'oi!i elles étaient toutes rap-
pelées dans im endroit du Postcenium , o^ leurs mou vemens
étaient placés%
MACHINISTE, ost celui qui , par le moyen de Tétude
de la méchanique , invente des machines pour augmenter les
forces mou vantes , pour les décorations de tbéåtre,. l'borlo*
logerie^rhydraulique, etc.
MAGON (le) opera en un acte, par M« Sewrin^ mu^
sique de M. Lebrun, å iFeydeau , 1797* ' ..
, Bontems , maitre ma9on, veut donner sa fille å un imbé^
.cile , nommé Jean ^ maiscette jeune personne préföce Claude,
garfon plus alerte , dont elle est tendrement aimée. Cepon-
dant on est sur le point de la contraindre , quand un homme
liche , pour lequel son pére båtit une maisoo , fait don d«
cette propriétéå la jeune fille, å condition qu'elle épousei»
/
M A D 9
«D gar^on de son choix. Cf tte géoérosité ioattendue déter*
mine lepére Booteois enfiMreurde Glaude, et tout le mondo
se moque de JeaD , qui avaif dié]å tAis ses habits de Doces%
. Gette bluette , dont le fonds est infioiment siniple , comme
OQ le voit , obtint du succés»
MADAME DE SÉVIGNÉ, comédle en trols actes, en
prose , par M. Bouilly^ aux Eran^ais, i8o5.
Gette piéce futsIfQée lors de la premiére representation :
Fauteur y fit des cfaangemens, et elle fut applaudie. En
voici l'analyse :
La scéne est å Livry, dans la malson de madame de
Coulaagcs^ oh madame de Sévigdé passé labelle saison^aveo
deux belles dames, qui n'ont aucune.part å l'action, et avec
le marquis de Fomenars , homme å bons möts , qui s'est falt
décréter de prise-de-corps pour des saillies contre la cour. Ge
demier, en sa qualité d'ancien ami de la famille, veille indi-
rectement sur la conduite du jeune Sévigné, qui aime et pa-
rait avolr rbonnéte intention de séduire une petite pay sanne ^
nommée Marie, fiUeule de la marquise, et la fiancée du
domestique Pilois. Sévigné est sur le point d'eDlever cetta
Agnes, qnand son mentor, instruit du projet, trouve le
moyen d'y mettre obstacle. Bientot une afiaire importante
vient fixer leur attention. Madame de Sévigné apprend que
son fils a compromis l'honneur du jeune Saint-Amand, ^Is
d'un receveur des tailles, en perdant au jeu une somme
considérable, que cet imprudent jeune homme lui avait prétée
des fonds de la recette. Alors la marquise, désolée, moralise
son fils , et lui remet^ pour combler le deficit, un écrin que son
maii lui avait donné å la naissance du coupable. G'^st fort
bien; mais le prix de ce bijou ne suffit pas, et il manque en-*
core une^flomm^ de uzjQpuUe livies. Xput-ö,-poi»p j le lecevcuj:^
lo n A D
{énéral de lä province amveåLirry, et veut absolnment
ie transporter å Meaux, dwas lefdur, pour y faire prononcer
la destitution de Saint-^Alnand pére* Sévigoé, éperdu, court
éhez tous ses amis : soins inutileår ! ton tes les bourses sont
fermées. Ccpendant, od tåche d^amuser le recevetir-général,
en liii racootant quelques anecdotes , mais le iinancier qiii
ne se pale pas de cette monnaie , va partir. Enfin le domes-
tique Filois, å qui madame de Sévigné avait donné le jour
roéme une dot de six mille livrés, vient au secours de son
)euDe maltre , et le tirc d'embarras* Touche de ce procédé
généreux , Sévigné se reproche ses vues sur la fiancée du bon
Filois 9 et fait le serment de se corriger. Ainsi , Thonneur de
Saint-^AmaDd étant k couvert , on n'a plus k songer qu'&
faire la noce, et l'on ee livré å Isr gaieté.
Cette piéce, malgré les coupures qu'elle a subies, est en-
core trop longue; mais oo y trouve, k travers des inconve*
nances et des inutllités, des möts agréables et des traits bril-
laos. Quant au fonds et au dénouement, le lecteur peut
)uger de leor faiblesse , par Tanalyse qu'il viei^t de lire.
MADEMOISELLE DE GUISE, opéra-coroique en trois
actes, par M. Dupaty, musique de M* Salier, au théåtre
Feydeau, 1808.
Un roman de madame de Genlts a fourni les détails de cet
opera; mais Fauteär en a trouVé le fonds, dans VHisteire-de
Charlemagne. La position de ilMideittioiselle de Guise avec
M. de Beaufort est eemblable a celle d'£ginard et d'Imma«
Éginard était secrétaire de Ghorlemagoe; M. de Beaufort est
celui du du€ de Guisis; Imma était la fille de ce monarque ;
xnademoiselle de Gnise est la seeur du duc. Ju^ques-Iå , peu
de diirérence.CliarlemagQe ne voulcfk marier sa fiUe qu'å uii
M A fr xt
rol; Te diic åe Giiise Veut marter sa scenr au ro! derPologne.
Eginard', secrétaire die Charlemagne, fut chargé de négoci^
le mariage dl/nma;' M* de Beaufort, secrétaire du duc de
Guise, est cbargé de négocier celui de tnademoiselle de
Gnise; enfiii^ Charlemagne pardonne åÉginard; le duc dto
Guilse , äu contraire, veut immoler M. de BeauFort å sa yen<^
geance et å"8on atubitioti ; mais le roi, å qui M. de BeaufoH
a sanvé la vie , lui pardonne , et l'éléve au rang des ducs.
II éxiste des longiieurs dans cette piéce ; mais on en est
dédommagé par le mouvehient éontinuel des acccssoires , qtti
oflrent de la grÅce et de la gaieté.
MAGASIN DES CHOSES PERDUES Qe), opéra-co-
roique en un acte, pär Proinaget et Fonteau, å la foire St«<^
Xaurent, lySS.
Momus ezilé par Jupiter, å canse de ses railleries pi«
fantes , se tro u ve dans la nécess^té d'accepter la place de
dlrecteur dii magasin des choses perdues, que Mercure vient
]ui ofltir*
On conserve , dans ce magasin ,
Tout ce qui s^est perdu sur la terre ;
La bonne foi d^un marchand de Tin ,
L*a candeur d^un conseiller notaire ;
]ja probité d^an procureur , '
LVir simple et nOTice
.D''uDe jeune actrice 9
Pe tout finaneier le bon coeur, etc.
Mdmus sé cbarge deTemploi ; maik, soit malignité, soit
^norance , Il trouve le sécret de ne contenter personne , et
qnitte enfin le magasin sans avoir fait aucune distribullony
lorsque Mercflre vient lui annoncer son rappel dans le»
cleoxt *
U MAG
MAGASIN DES MÖDERNES (le), opéra-^omiquo
eo HD acte , par Fanard, å la foire St.-Germaia , 1736.
Merciire , exilé de TOlympe par Jupiter , s'occiipe å
Paris, d'ua nouvel emploi qu'il a imagine : il 8'est mis å la
tele du magasin des mödernes , et directeur general des lieux
commnns* Ce pöste lui appartenait de droit ; le Dieu qui
^réside aux vQleurs» ^oitprésider aux plagiaires* ,
MAGICIENS. Sorciers , dont les encliantemens ser-
Taient å donner du merveilleuz aux piéces des anciens , et
aux farces de nos poetes dramatiques , avant que le grand
Corueille eiit relevé la noblesse et la majesté du théåtre parmi
iious«Les Grecs et les RoinaiDs, qui croyaient aux sortiléges^
ponvaient ne pas étre ofiensés des prodiges et des taurs
merveilleux que les Magiciens opéraient sur leurs théåtres.;
mais depttis qu'on a cessé d'avoir foi aux enchantemens des
Sorciers » il n'est plus posslble d^employer leur pouvoin^
comme macbine , dans les piéces sérieuses, ou, pour mieux
dire , dans la tragédie. On dira peut-étre qu'on permet d'y
parlcr non-seulement d'Ombres et de Fantomes, mals encore
que ces Ombres mémes paratsscnt et parlent stir le théåtre ,
et qii'ainsi Ton pourrait y tolérer des Magiciens et des Sor-*
cicrs. A cela on peut répoudre qu'il est possible que la di-^
vioité fasse paraitre une Ombre pour elTrayer les bom mes et
les corriger, mais qu'il est impossible que des Magicien»
aient le pouvoir de violer les lois de la nature. Telles sont
anjourd^hni les idées re^ues. Un prodige opéré par le ciel
méme ne revoltera point, mais un prodige opéré par uq aor*<
cier, n'en impose qu'å la populacc*
Quodcamqite ostendis mihi sic incredulus odu
Les enchäutemens de>Médée pouvaient plaire aux Gräca Qt
M A & i3
«A RoHtains, qni admettaient les sörtill^ges ; aiijönril'hmy
Fart de cMe celebre 'inagicienne est rldicule ailleurs qu^å
1'opéra* Noiis ne suppoirtons le pouyoir magiqiie qiie dans ce
genre de drame , et dans les farcet et les parades»
MAGIE DE L'AMfi)UR (la) , pastorale en un acte, ea
vers läves, par AutreaA V an théatre Fran9ais9 1735.
Ce su}ct est tiré des J^eiiUes de Thessalie, roman de ma-*
demolselle de Lussan. Comme cet ouvrage est trés-coanu ,
nous nous bornerens k dite qne le poete n'a fait qite mettre
en action et en vers, ce qui est en récit et en prosedansl^
roman : c'e9t un tableau graeicux éi toticbant de cette belto
Bature, telle qu'on la suppose dans les vallons délicieux de la
Thessalie*
MAGIE SANS MAGIE (la), comédle en cinq åcCes, en
vers, par Lambert, z66o«
Léonory jeune deinoiselle de Valence, n'ayant pu refuser
son c<euV mit - empressemens d'Alphonse, genttlhommeid»
Castitle, s^abandonne au plus violent désespoir, aussltut
qu^eiie ttpprend que son amant est épris des cfaarmes d^l*
vire; et elle se frappe d'ua coup de poignard. Ea cct état,
on la traasporte dahs la maison d'AstoIphe, son pÅre, ami
de TinMUDte. A peine a-tnslle recouvré sa santé, que, pro-
fitant du brnit qui s^est répandu de sa mört, eUe se déguise en
cavalier , et, sous le nom de Léonce, tåche de gagnar le coeuir
d^lvire : elle y parvient, et enfin la fait consentir å la suivre
å Valence. Lé prétendu Léonce sVst retiré avec Elvire dans
lamaispD d'Astolphe.,Dans cette occurence, Alphonse, suivi
de son Valet Fernand, et accompagné do Fédéric, premici:
amant d'Blvire^,arxiventå Valence. La réputation qu'As-
tolphe a dans tout la payv^ d'étre savsgsit dons Tastrologie,
t4 M A &
attire bien vtie le curieuz Fernand, qui vienf espuA^ W,tQth»
sulter. Astolphe, iostruit par Léonce et par £lnret répond
d'tine fa90ii k coofirmer ce valet dans 9on opinion. Alphonse ei
Fédéric sont fort surpris k la vue d^Elvire; l'étonneaieiit d* Al-
phonse augmente å l'arrivée de Léonce , qui Iiii rappelie tous
les trdits de Léonor : cette dernifereyeontinitant tou jours son
role d'amant favori d'Elvire, prppoM fio consbat k sea riyaux.
Fédéric Taccepte; mais le respect qu'Alphodsé a pour Tinuige
de sa preiniére maitresse, l'éo9péche d*iniiter cet exemple*
Astolphe conjectuce favorablementde ce pr océdéd' Alphonse^
ii apprend encore avec {Jaiair que ce cavalter, oubliant Elvire,
n'est plus occdpé que da souvenir de sa chåre Léonor. Al*
phonse, en suivant les mouvemens de son co&ur^ pénätre le
secret du sexe du faux Léonce; mais, comme Astolphe erbit
qu'il n'est pas encore tems de le lui découvrir , il conseille å
Léonor d'en faire part seulement å Fédéric* Celui-ci, charlhé
de n'avoir plus de rivaux å craindre auprés d'Elvire, consent m
servir son projet.Elvire et le valet d'Alpbonse se laissept d'au-
tant plus aisétnent trorafiier, qu'ila attribuent å un ef&tde ma*
gie l'entéteraent d'Alpbonse, qui veut que Léonor soit cachée
sous les habits de Léonce* Eofin cette deroiéire, ne pQuvänft
plus douter de la sincériié du relour de son infidéle, est forcée
de se faire contiaitre, et bientdt le sort de ces deux amani est
fixé par un heureux hymen. Elvire, un peu ho^teuse de sa
tnéprlse , donne sa main au fidéle Fédéric» ^
On adressa les vers suivans k mademoiselle Gaussio. au
sujet du roie,qu'eUe remplissait dans cette piéce ;
J^aipiais , sans le savoir , aimable Sopliillette \
Mals jc le sais depuis un jour.
Je n'aurais jamais cru que mon åme inquietUr
Kcsspaiitlc» iraiu de TAiaoer.
MAG tS
A fkciae je te ^h ; ma raison allarmée
Me fit oraindre Teiichantemeiit ;
Mais sa perte est trop confirmée.
Pour moi, le plus beau jour, brilie sans agrément :
Je d^ire la ntiit ; et rien ne me soulage*
Le sorameil, sur mes jeuiL, répjind-il ses pavots?
0ans un songe flatteur tu mVffires^ton image ;
Elle vient troublc^r mon repos.
Kon, je u^en doute plus; Part de la Thcssalie
N^est pas ce qui £ut ma langueur.
Qtie j^étafs bimple, faélas! d^accuser la magie ,
IHi troubl^ aeoret de nion cöeur I
||<^j!Vii|opryJKRi sculy ma rendm tendre;
£i ce nW q^^BQ tremUant qbe fofe te rapprendre:
^emeplais-å pprler tes fersj ,
Powr tpi^' iMe G^ussin , je languls , je soupire ;
Permeis 'qii'& tés genoux je puisse te le dire^
Je U ferat biem mieux qu^cn yers. *
) •
MAGNIFIQUE ^le) 9 comédie en deuz actes, en prose,
par Lamotte, usa ihéåtxe FraD9ais.9 lySx*
On fsotm^it h ^onte de LaFontaine^ qui &xt ie sujet de
cetie CQjpaédi0 : jamais. aucmq ouvrage de ce geore n'a été
aussi läen mU -en actioq j en un mot , c^est un nuodéle de dé*
UcatesMi <9t j4* .g^Ut. Lea autres Gontes, métamcNrphosés en
comédie,5,f9^iemim^ auleur, aon^ bieo inférieurs å celtii-ei :
toutefoifiy OB'|('Teniaique de tiéahjolis détails. Celle-ci, d'aborcl
en troia ai^tea ^ fäiaait partie de Vltalie Galante^ mais depuis
elle fut jouée 8)épafément*0ny trcmvaitquelques scfénes vides
et <^elqu!es loogueurs, que LancMtte fit disparattre , snivant
raviis4e ees amia, quilui conseillérent de réduire aa piéceefi
deux Mttos» Qiioiqu'il en^^aoit , il eut de la peine å a''y déter*
miner. X«a2B0tte était timide 9 et craignait que cette nou->
Yeauté ne piiévintili^ public.contre aon ouvrage; ceux-ci le
lasaui^ent, eiiiui disftQt : « f^^ ne i|i(8eiait aurement pas
i6 MAG
» le troislime acte, parce qu'il D'y en atirait pbint; et qu'ils
n voudraient bien avoir la méme certitudé sur les deux autres
» actes 39.
MAGNIFIQUE (le), comédie en trois actes, en prose^'
par Sedaine, musique d« M. Grétry, aux Italiens, 1773.
Ce sujet , comme celiu de la comédle de Lamotte, est tiré
du conte de La Fontaine ', la scéne est k Florence. Clémen-
tine, piipille du seigneur Aldobrandin, est conduite par sa
gouvernante å unc fenétre, pour yoir>une marche de captifs^
au nombre desquels Alise reconnait son mari^ qui avait été
cnlevé par des corsaires , avec le pére de Glémentine , dont il
était le domestique. Dans la joie que lui.inspire cei événe-
ment, elle informe Glémentine du malheur quj l'a privée
d'un pére , que l'on croit mört dans la captivité. Maislaissons
ces captifs pour un instant. Pour prix des soins qu'il a dennes
å 1'éducation de sapupille, Aldobrandin se proposef de Pé-
pouser ; mais Glémentine hii préföre un )e!une honime,nommé
Octave , que ses largesses et ses fStet ont fait sunidifinier le
Mapiifique. Gependant, le valet d' Aldobratidin , encöre tout
émerveillé d'une superbe baquenée , montéé pär le Magnifik
que, en vient faire å sön maitre un eloge,- qui .hii döfine l'enn
vie de l'acheter ; mais son prxx excessif l'en empéobe. Bientöt
Octave vient Ini proposer une meilleure cottiposition; en
efiet, il ne lui demande, pour prix dé sa baquenée, qu'un
quart-d'heure d'entretien avec la charmante Glémentine, en«
core! sera-ce en sa présence : enfin, le marcbé- est accapté.
AJdobrandin s'en félicite et en instruit sa pu{HUe, en lui dé-
fendant de répondre un seul mot; toutefois, le Milgilifique
exige qu' Aldobrandin se tienne, avec son valet, assez éloigné
pour voir, et non pour entendre. Mais Octave ne tärde pas ä
s'apercevoir que la belle Cléipptiae n'a pas la permissioa
M A & 17
lie liii parter. Alors il hii demande, comme une preuve du re«
tour qii'elle donne å sa passion y de laisser tomber k ses pieds
une rose qu'elle tient entré ses doigts.Clémentine a beaucoiip
de peine å liti accorder cette favetir; mais enfin la rose
écbappe de sa mainé Le MagnifiqiHi ce félicite ettriomphe^
en ayant Tair d'étre en colere contre Aldobrandin du silcnce
obstlné de sa. pupille. Cependant, la gouvernante fait venir
Laurence» son tnarL Get esclave apprend åClémentine qiie son
pére est avec lui a Florence^ et qiie le Magnifique a racheté
les captifs, et leur a rendu la liberté. Bientåt 1'esclave recon-^
natt Fabio, valet d^AIdobrandin , et le siiit* Le pére de Clé-»
inentine^ accoiiipagn« d'Octave^ son bienfaiteiir, fait avouer ä
!Fabio que c'est lui qui, par ordre d* Aldobrandin, a livré le mal-
tre et le domestique å des corsaires. Enfin, Aldobrandin est
confondu et renvoy é de la maison , qui appartient au pére de
Clémentine^ et la pupille, mmie å son pére, épouse son amant»
MAGNON (Jean), auteur dramatique, naquit k Tour-
nus, pres Måcon, et mourut å Paris, oh il fut assassiné^
en passant sur le Pont-Neuf , en 1662.
« Si une vanité sans bornes et une e jttrérae fécondité sont des
titres suffisans pour meriter celui de bon auteur, nul autre,
dit Brossette , n'y peut mieux préteudre que Magnon» » II nous
apprend lui-méme, dans Tavis au lecteur qu*il a mis en tete
de sa tragédie de Jeanne de Naples , que peu de personnes
ont eu de plus belles dispositions que lui pour la poésie. Il au-
rait du ajouter que ses tragédies lui ont couté moins de peine
k composer qu'on n'en prend å les lire. Xt^ Entrés du roi et de
la reine dans Paris, ouvrage de sept cent cinquante deux vers^
fut composé en moins de dix heures. Il ditquelque partqu'il
projéte un ouvrage de deuy cents mille vers,intitulé la Science
Uni verselie. On lui demandait un jour quand ce pocfme
j8 M a H
feerait achevé? « Ce serabieotot, dit-il, je n^ai plits que teht
mille vers^åjiaire ; » et il le disait sérieusement. Poiirentre-^
prendrecetouvrage, il avait renoncé aux pi^ces profanes dil
théåtre, ne voiilant pkis rien écdre , disait-il , qiii le fit on ron-
gir devant les hommes, ou ropentir devant Dieii. Il se justifié
méme de rimpression de sa tragédie de Jeanne , reine de Nu"
ples , sur ce qu'elle avaijt été faite et représentée avant qu'il
eut pris la resolution de consacrer sa plume å des ouvrages
plus relevés et plus utiles. Cependant, il donna encore Zé^
nobie, et nous n'avons pas sa Science Universel le .Ses autres
piéces sont : jdrtaxerce^ Josaphat ^ SéjanuSy Tamerlan ^ le
JUaria^e d' Oroondate et de Slatira^ et les Amans Discrets»
iVIAGOTS (les), parodle en' ud acte, en vers 5 de la
tragédie de VOrphelin de la Chine , au théåtre Italien, lySö.
Gette parodie eut du succés, et fut attribuée å M. Boucher,
officier, alors au service de la Compati^nie des Indes. On y
trouve de la gaieté, mais le plan de la tragédie n'y est poiot
suivi avec assez d'exactitude.
. MAHOMET II , tragédie par de ChÄteaubrun, I'7i4.
Le caractére de Mahometj peint avec destraitssi frappan^^
par tous les historiens qui ont eu occasion de parler de cet
enipereur, est ici méconnaissable; et, quoique r9n ait écrit
contre Bajazety il s'en faut bien qu'ilsoit aussi poli dans Ra-
cine, que Mahomet Test dans Chåteaubrun. Les autres per-
' sonnages de la tragédie de Mahomet II sont beaucoup plus
intéressans , å proportion , que le héros de la piéce, et la re-
connaissance de Comnéne avec sa scjeur, attire une bonne par-
Ue de Tattention.
MAHOMET II3 tragédie, par LanouCjauxFran^ais, 1739.
Al A Ö 1^
Comme.le stylé dé cette piéce est fort inégal, que le dia-
iogue en est boiirsöuflé et peu dramatiqiiö, qtie las scéncs
ii'y soDt pas d'ailleurs assez liées, elle ne dut pas avoii:, k la
lec tu re, antänt de succés quelle 6n avaifeli k la representation,
Ainsi le dénouement , qui avait été uföivérsellement condartlil'6
au théåtre, dut Tétre, å plus forte raison, dans ie silence du
cabinet. Uu amant qui massacre brutalement sa maitresse ,
n^ofTre point un genre d^hörreur propre å la tragédie 5 mais
'comment un iiomrae, qu'on nous donlie pöur un héros aussi
vertueux qu'amoureux, peut-il commettre une action horri-
ble , barbare , et presque insensée ? Cest en vain qu'on se fonde
sur la vérité du trait historique; outre que ce fait n'est pas
ccrlain, le poete ne doit jamais s'écarter de ce précept*
d^JJorace :
Ét quOS
Desperat träclata nltescére posse, relinquit.
En supposant méme que cette affreuse catastropbe piat eir^
admise 5 était-ce par un simple récit, que Tauteur devait ter-
miner sa tragédie ? La. catastropbe devänt étre ce qu^il y a de
plus vif, de phis frappant, de plus animé dans la piéce, un
récit froid et languissant peut-il donc en tenir lieu? Racine Fa
fait dans sa Phedre^ jnais le récit de la mört d'Hjppolitej
dans la tragédie de Phbdre^ met^ pour ainsi dire, sous les
yeux du spectateitr, le malheur arrivé k ce liéros; mais la
force des expressions et lavivacité desimages,of!rent å nos re-
gards Taction mcmc. Au reste, quoique le style dé Mahbmet II
soit fort inégal, comme nous l'avons dif , on y trouve des
morceaux de la plus grande beauté , une foule de vers pleins *
d'énergie, et des scenes parfaitement bien filées; enfin, ort '
y voit répandu sur le style, uu vernis oriental trés-convenable •
au sujet. L'Aga des Janissaires est un de ces caractéres donfe
Äo M A H
reffet est ioujours sur au théåtre. Celni de Mahomet estpré«
senté et développé de maniére qu'il rend vraisemblable un dé*
noucment, dont Thistoire parait choquer la vraisemblance.
Quoiqu'il en soit, Voltaire gratifia Lanoue de ces vers^åk
foIs (latteurs et plalsans :
Mon cher Lanoue , illustre purc
De PiziTincible Mahomet ,
$oyez le parrain d^un cadet ,
Qui , sans vous , n'est point fait pour plaire.
Votre fils fut un conquérant :
Le mien a Tbonneur d'etrc a po tre,
Prétre , filou , dévot , brigand ,
Faites-en Paumonicr du Totre.
MAHOMET II, opera en trois actes, par M. Sauloier^
musique de M. Jadin , k i^Opéra , i8o3.
Mahomet II ressent un amour violent pour Eronime; mals
le coeur de cette femme appartient å Soliman , qui lui a sauvé
la vie lors de la prise de Constautinople. Cependant Racimai
suUane ci-devant favorite j s^imagine trés-mal å propos qua
Soliman est amoureux d'elle, et veut profiter de Tobscurité
de la Duit pour faire périr sa rivale. Dans un moment oh Cjé
dernier se trouve å un rendez-vous que lui a donné E^ro*
nime , Racima lui remet le poignard qui doit servir sa ven-
geance. Bientot Mahomet survient ; et, å la faveur de l'obsca-
rilé, surprend le fatal secret de la sultane; Soliman fuit ixk,
Sérail avec son amante ; mais on les raméue aux pieds du sul-
tan , et les deux amans sont plongés dans un cachot , d'oä ils
sout retirés par des rebelles. Mahomet, alors, songe å se dé-
fendre contre Racima, qui vient Tattaquer. Tout-å-coup
Soliman parait et le défend^ enfin, la sultane est vaincue et
luiscå. mört par les ordres de Mahomet, qui renopcQ h son
amour, et unit Soliman å Eronime.
N
M A H 21
MAHOMET, ou XE Fanatisme , tragédle de Voltaire,
aux Fran^ais , 1742.
Ite JMahomet de Voltaire est si connu, qiie noiis noiis
croyons dispens^s d'eQ doiiner Taoalyse : tout le ixionde a va
ou lu cette piéce, qui est peut-etre^ de toutes les tragedi es
de Voltaire, celle 01^ il régne le plus d'élévation de génie. Le
caraptére de Mahomet est tracé de majii de maitre; il ne se
dément point^ et forme un lieureux contraste avec celui de
Zopire. Il est peu de scénes aussi savamraent traitées,'
qi\e celle qui se passé entré ces deux ennemis, et Ton est
forcé d'admirer Fart avec lequel Voltaire a su ménager k un
imposteiir cette occasion, peut-étre iiniqne , de parler sans
feinte, et sans risque de se compromettre. L'auteur, dans son
quatriénie acte, épuise tous les ressorts de la tcrreur et de
la pitié ; dans' le cinquiéme, Séide, empoisonné, meurt
au moment qu'il veut frapper Mahomet. II y aurait de Thu-
meur å disputer au poete le droit d'avancer ou de reculet
Finstant de cette mört, sur -tout lorsqu'il a en soin de la
préparer ; mais on pourrait lui reprocher de faire triompher
le crime* Tout ce que l'on peut dire pour son excuse, c'est
tfie le désespoir que la mört de Palmire cause å Mahomet^
rénd ce triomphe- plus supportable,
Cette tragédie éprouva beaucoup de critiques , mais elte
en triompha. Voltaire ayant été averti que le procureur-
général voulait la dénoncer , la retira dés la troisiéme repre-
sentation. Crébillon , alors censeur de la policc , lui refnsa
SOD approbation; mais ce fut inutilement. L'auteur euc le
crédit de faire une lecture de sa piéce au cardinal de Fleury,
€t cc prelat donna Tordre de la laisser joner. Toutefois , crai-
gnant que le procureur-général ne leur fit un mauvais parti,
les comédiens ne voulurent pas continuer les representations.
KllefutenfinreprésentéeleSjuin 1751; et, depuis cette époque^
^t M A H
c\]e Va tou jours été avec un succés extcaordiDaire. Lors de Is.
reprise , on demanda de nouveau rassentiment de Crébillon ^
il le reliisa constammönt. Pour se tirer de lå, M. d'Argen-
^on nomma d'Alembert pour en étre le censeur* Ce derniep-
s'en chargea , rexamina avec l'attention la plus sé vére , efr
signa son approbation. Il offrit méme å Crébillon de réfatai^
1/Bs raisons de son refus, s'il voulait ks faire imprimer, et de.
jolndre, dans la r^ponse qu^il y ferait, les motifs qui 1'avaieDtK
décidé h pernciettre cqtte representation. Enfin, qui le cröi-^
ra It , cette pi&ce qui avait eirarouché le zéle de Crébillon et
de tant d'autres, fut dédiée au pape? « A qui mieux qu'aa
> vicaire et.å Timitateur d\in Dieu de paix et do vérité', dit
» fort ingéniqusem^nt Voltaire, pourrais-je dédier cette 8»<
» tire de la cn^auté et å^s errgurs d'un faux prophete, etc... %
MAHONAISE (la), comédie en un acte, en prose, 8U8
la prise de Mahon , par Baco , lySö.
Cette piéce , comme beaucoup d'autres, fut faite äPoccan.
sion de la prise du fort Saint-Philippe. Pour l-inteliigebce.
^Q ce drame, il faut rappelcf au lecteur que les Anglais ne.
s'étaient emparés de cette ile, le 29 septembre 1708 j qué peii
la trabisou du gouverneur, qui favorisaitle parti dePEnöpe^.
r,eur, avec qui la France et TEspagnc étaient en guerre. Ce
)ic fut sans dou^te qu'å force cl^argeni que la place leur faf^
livrée.
Picolette, c'est le.nom de la Mahonaise, est une beHe dooi
$ir Taithlesse , Anglais, doA Eernand, EspagnoL, et le mäPr.
quis de Franchevillc, Eran^ais, se disputent la possessioD»
Cbaque personnage est peint satvant le génie de sa natioikt.
par des circonstances relatives k la guerre présente. Le noni
rneme de TAnglais le caractérise assez; car Eaitblesse, doo^'
]iX langue britannique, vqut dlre : Qui manque dejbi^
•t
M A H ^
Sir Faithlesse otivre la scéne avec Isafeelle , gonvernante de
FIcolette*^La soiibrette, intéressée, tireencore de liii quelque
argCDt, poiir achever de le rendre possesseur de sa maitresse,
par un prompt hymea. Ce n'est pas qii'il en soit amoureux ;
il ne yeut obtenir la main de la belle Mahonaise qiie pour
årranger ses aflaires. « Venx-tu , dit-il k son complice, que
» je te parle franchement? j'al plus d'ambil(on que d^ämourj
39 je ne suis pas de ces insensés qui, comme 3'en connais, sQ
» livrent avec passion å des chiméres , qu'ils appellent plaisir ,
» sentiment, amitié; je n'y crois pas. Qiiand men premier
» mouvement me fait pencher vers ces belles choses-lå, le
» bon sens me räppelle k Tutile. Tout ce qui n'y conduit pas
» doit étre rejeté , fut-rce méme l'humanité et la vertu !... Ouf,
9. je prise moins Picolette que les biens qui en sont la suite ;
«, ib me mettront en état d'étendre mon commerce, et åb
> ruiner celui de mes voisins. Voilå le vrai bonheur ».
A celte maniére de parler, trés-anglaise, la gouvernante
répond : « Vous vous y prenez bien ; vollå lä fin du com-
» merce. Je commence k pénétrer toute laprofondeur de vos
» vues» Ce ^and étang , dont Picolette a la jouissance sa vi©
a durant, vous sera d'un grand secours; mais, quand vous
9..irez k la péche^ &ites provision de meilleurs filets que ceux
i dönt vous vous servites il y a quelque tems ». Cette plai-»
saoterie tonlbait sur le malheureux succés de la flotte de Fä-f
miral Byng.
I<a Mahonaise vient ouvrir son coeur k Isabelte , qui la
presse d'épouser FAnglais; mais elle témoigne une aversion
invincible pour un amant sans bonneur et sans foi. Elle lui
fréfére l^Espagnolj il a Tame grande et noble : enfin, Faithlessa
Xe^oit son congé en forme.
Le Fran^ais déploie k son tour toute la franchise de S09
99^^ mab Pipolette s'en défie, sur la réputation de galanteriQ,
jk4 M A H
que les Franjjais ont partout. « Oo yous accuse, lui dit hk
» Mahonaise, d'åtre jan peu trop compIimeDteurSy vous aii«-
» tres Fran^ais; ce petit défaut ne va pas ton jours avec la
9 sincérité. » u Je crois, répond de Francfaeville, ce reproche
» mal fondé. Rendez-nous plus de justice; nous sentona
» beauGoup, nous disons tout ce que nous sentons. Voilå
9 notre défaut »•
La conversation s'échaufre : le Fran^ais en profite pbur
faire 1 aveu le plus ingénieux et le plus naif de sa passion^
Picolette y émue y attendrie y enchantée , paie la sincérité du
Fran^ais, de toute la sienne. Elle ne peut lui cacber qti'elle a
donné son cc&ur et promis sa main a un au tre ; mais elle ne le
déclare qu'avec le plus sensible regret. Francheville se retiro
pour aller plcurer loin des yeux de la belle Mahonaise^ lo
malheur d'avoir été prévenu. B,icn n'eat mieux filé que cett#
scéne.
La gouvernante , par divers tours asses adroits et des
Icttres supposées , se joue de Tamour de Fåithlesse et de
celui du iier EspagneU La rencontre du Fran^aia avee
1'Anglais, produit une scéne trfes -i- forte , qui peint vive^
ment les deux nations^ Le Fran^ais , comme on lo soup^^
^onne déjå, obtient la main de Picoletto, qui^ pourtaot^
aussi touchée du mérite de don Fernand que dé l'amabilité
de Francheville 5 n'ose prononcer toiiNå-coup lä préfértance%
Don Fernand, un peu confus du triompbe de son rival, est
obligé de se rabattre sur la soeur de Picolette. Cette sceur es^
sans doute Gibraltar ou Mayorque, qu'il adore aussi; res-n
source qui parait un peu forcee.
La couduite de cettc petite piéce est assez réguliére^ mais/
la plupart des scénes n'y sont qu'ébauchées5 elles n'ont point
^ette plénitude, qni fait la perfection du comique. Plus de
(;b^eur> de vivacité et de saillie dans le dialogue, auraiei\t
M A I ^ aS
rendu cctte comédie plus intéressante; toutefois on ne peuk
lui refiiser le mérite d^étre heureuscmeot rmagioée.
MAI (le), comédie en trois actes, en prose, melée d'a-
riettes , et terminée par un ballet^ par M, Nougaret , å TAm-
bigu-«comiqiie, ^TT^»
Dorimon est fou de musique et de poésie. TI revolt chez lui
trois génies de société , un poete ei deux musiciens : il promet
sa fille k celui qui lui ofTrira le Mai le plus briilant. Mais Lu-«
cile aime Dorval , et Toncle du jcune homme tourne en ridi-<
cule le poete et |es deux musiciens. Ce méme Dorval s*entend
avec le macbiniste du théåtre de Dorimon. Bientot la toile sa
leve. Dorval parait au sommet du Parnasse, sous la forma
d^Apolloo y et montre , ans trois auteurs , une palme au faite
de la montagne; ceux-ci veulent y monter; vains efforts !
ils roulent dans le bourbier. La palme , se détachant dVlle-^
méme, tombe entré les mains du nouvel ApoUou, qui s'em«
presse de Foffrir å Lucilct Alors il se découvre , et Dorimon
Vapcepte pour gendre.
Ii'auteur s'exécute de bonne grace; il avoue Jui-méme qu#
sapiéce n'est qu*un mélange de scénes mal coumes ^ et d^
reflexions c9mmuj\es%
MAJ, (le), ou LA Fete du Prtntems, vaude ville en un
acte , par MM* Chazet et Sewrin, aux Variétés , i8o8.
Dans un hameau, vivent deux Rosettes, Tune å peine ägée
de quinze ans, et l'autre vieille et laide, qui se plaint de voir
Pitanter le mai chez toutes les fiUettes,
Tandis ^u''od la plante la.
Simplet, fils du pére 1'Ecbalas, est devenu éperduemcal
ftmoureux de la jeune Rosette*
X
<i5 MA I
Ii est si fort amonrenx, s. : • ^
QuHl sent que , pour étre beureaz,'
n ne peut former de noeuds
Sans Rosette.
En coDséquence^ il envoie un billet ä sa belle par un petilr
commissionnaire. L'étourdi, qui ne voit sur Padresse que le-
pom de Rosette, le r^met h la vieille, au lieu de le donner k
la }eune. La yieille> enchantée, dévore lepoulet', et donne
au porteur un ruban, comnie une marque deybvcur.Bientot
Simplet arrive avec son pére : la vieille les re^oit fort bien»
Simplet, qui la prend pour la mére de la jeune Rosette, so
préte volpntiers ^ toutes les honnétetés qui lui sont faites : it
plante donc un Mai devant la porte de sa prétendue. Inutile
dépense! Maurice fait choix d'unautre gendre,bien fait^et da
gout de sa fiUe; le mariage se conclut, et Simplet reconnait
qu'il a été dupe d'un quiproquo et dela coquetterie de la vieille
Rosette.
Tel est le fonds de cette bleutte , qui olfre un tabl^au cbam-L
petre assez bien dessiné»
MAILHOL (Gabriel), auteur dramatjquei néiCarcäs.^
sonne, a donné aux Italiens les piéces suivantes : lesFemmeSy
les Lacédémoniennes , le Pnx de la Beauté^ Ramir^ et la
Capricieu^e. Jl a fait U tragédie de Paros , qui fut imprimé&
en 1754.
MAILLARD (Caré, dit), acteur forain, débutä k la
foire Saint-Germain , en 171 1, par le role de Scaramouche ;
il ne filt point re9u,et partit pour laprovince, qu'il parcourul
^epuis. Cet acteur étant un jour dans la boutique d'un limo-.
fl^dier, å la foire Saint-Laureptj fut salué p^ir safemme, qui
M A I S7
^llait au théåtre. On lal demanda s'il connaissait cetté chaist
mante actrice: « Eh! cadédis, répondit-il, en afiectaut l'ac-si
39 cent gascoDjsi je laconnais!
» Au gré de mes desirs,
-» Xai go&té d^ns ses brås millc et ipilie plaisi^s. 1»
« Touchez-lå, lui dit un particulier qui ne le connalssail^
X pas, je puis vous en dire autant »• Maillard quitta le tQi\
plaisant, pour apprendre au trop véridique indiscret, qu'il
parlait devant le mari de cette actrice. « Ma foi , reprit Pautre ^
» je 3uis fåché d'avoir été aussi sincére ; mals je ne sais poinf;,
» me rétracter d^un fait certain ». Maillard voulut en tir^^r
ralson; son adversaire le blessa, et le conduisit lui-mém^
chez un chirurgien, oh il le quitta en lui disant : a Mon tres*
a? cher, souvenez-vous que La Fontaine, en parlant diV
ij. cocuage , a dj^t :;
» Quand on le sait , c^est pcu de chode».
» Quand on rignore, ce n"'est rien. »
MAILLARD (mademoiselle), actrice de TOpéra, iSiOi
Cette actrice débula en 1782, par le role de Colette, danaf
le Uevin du Village : elle y déploya beaucoup d^intelligenco
et de sensibilitet et se fit remarquer dés-lors, par Tétendue et
pay la pUE^té de sa voix. Elle avait une poitrine rofcuste, que
le tems a sans doute aUérée, une stature superbe, qu'etle pos-
séde encore ; mais elle a perdu la plus grande partie de sa cha-
leur et de son énergie. Enfin, on aurait une idée trés-impar-
faite de ce qu'elle fat, si Ton en jugeait par ce qu'elle est
aujourd'hui. Quoiqu'il én soit, et quoiqu'il en puisse arriver,
^ademoiselle Maillard occiipera toujours un rang distkigné
parmi l^s actric^s qui ont trillé sur le tliéåt^e de TOpéra^
t
%
-rfL* *
iS M A I
MAILLABD (mademoiselle), actrice du tbéitré Fran-
^ahf i8io.
II snflRt de dive que niademoiseile Maillard est I'éléve de
M. Monvel, pour convaiacre nos lecteurs qu'elle dit bien j
mais comme son maiire n'a pu lui donner la cfaaleur st la
sensibilité , qui sont des qiialités qui ne se donnent pas , ello
péche un peii sous ce double rapport, H est vrai de dire
qu'eUe est fort jeune ; car, si l'on en croit les joiirnaux, elle
ne doit avoir qiie dix-sept ans et demi : nous le voulons
ainsi. On doit donc espérer que le tems^ en fortifiant ses or<«
ganes , développera en elle de nouveaux moyens ; mals y
qnoiqu'il advienne , nous doutqns qu'elle puisse jamais de-«
vénir une gr ande tr£^édlenne«
MAILLÉ DE LA MALLE a fait pour les danseurs do
corde, le Médecin de Vapeurs, et, pour la province, Bar^^
heroussBy VAmour Miagister, la Poupée, la Lanterne Magi^
que ^ et Tout ä la pointe de VEpée*
MAINTRAY (Pierre), ni a Rouen, vers la fin du sel-
ziéme siécle , est auteur des tragédies suivantes qu'il a don-»
nées, savoir : Hercule, en 1616; Cyrus Triomphant^ ou la
JFureur d'Astiages , en 1618 , et la JRhodienne , ou la Cmauté
de So Ii man y en 1621. Il a fait la comédie de la Chasse
JRoyale*, contenant la subtilité dont usa une Chasseresse vers
un Satyre qui la poursuivait d'amoury représentée en z625.
MAIRET ( Jean )j né k Besan^on, vers Fan 1604, mou-^
TU t dans la méme ville , en i686«
Mairet a donné au tbéåtre ChriséUde, Silvie^ Stlvanire ,
le Duc d'Ossone , J^irginiej Sophonisbe , JUarc-Antoinéy
Soliman , Mustapha , Mhénais , V Illustre Corsaire , et
4.
U At 29
Holand^te-FurieuXé On lui attribue ^ en otitre , la Sidonie
et les P^isionnuires. Tels sopt les ouvrages qui composent
son théåtre , absolument ignoré aiijourd'hui. Quoiqu'il en
soit, 11 s^en faut bien que ce poete soit méprisable. Sans
dou^e il eut les défauts attachés å son siécle , mais il na
les eut pas ious. Quelques-iines de ses piéces méme sonl
dans toute la rigiietir des régles; et, ce qu^il ne faut pas
cublier, toiites ces piéces sont antérieures aux belles tragé^
dies de Corneille* Son style^ il est vrai, n'est point exact; mais
il ofTre un grand nombre de beautés dignes d'étre citées* Un
tour de vers heureux^et, quI plus est, des vers de génie*
Plusieurs ont été copiés servilement , d'autres ont été mienx
travestis par des poeten- mödernes. Mairet pouvait atteindro
å une sqrte d^élevation; il eut mieux peint les fureurs de la
vengeance et de Fambitiou, que la tendresse de Famour
«t la vérité du sentiment. Enfin , il donne presque toujours
å cet égard dans le lascif ou le pédantesque. Chez lui un
amant n'en croit pas un je vous aime ^ il lui faut un bai-
serpour le convaincre : il nommera sa maitresse son Soleii^
et elle , au contraire , soutiendra cyA^elle n'est que sa Lune,
parce qu'elle tient de lui tout son éclat. Au surplus, on trouvo
souvent, dans ses ouvrages, lé mélange du sérieux et du co-
mique. La partie dans laquelle brille Mairet, et celle qnt
lui a le mieux réussi , est Teffet théåtral. Presque toutes ses
piéces offrent des situations neuves et intéressantes. On ne
peut lui refuser de Tinvention , et, s'il fut venu plus tärd, on
eut sans doute été forcé de lui accorder la meillcure partie
de ce qu'on lui refuse.
MAJSON A VENDRE , opera en un acte , par M. Du-
Val , musique de M. d^Aleyrac , å Feydeau , 1800.
Un jeune homme , neveu d'un riche financier, habite U
> . . .
3ö M A 1
capitale depuis plusieurs annéies , et y perd son tcms å cort*
poser des opera, dans iesquels il est de moitié åvec lin cönf-
posileur de musiqiie, son ami , son Pylade , en un mot. Cek
messleurs viennent d'en donnér un sur lequel ils comptaienl
beaucoup pour le rétablissement de leurs åfTaires ; mais ,
comme dit le proverbe, qui compte sans sön höte^ compté
deux fois : leur opera a fait une chute épouvantable. Ort
croit peut-étre qu'il s'en sont désolés; pas du tout; ils en ont
ri ; mais ce qui ne fait pas rire Tun de ces messieurs, c'est qué
la tante d'une jeune personne qu^il aime, et dont il est aimé ,
a jugé å propos de pafrtir pour une campagne qu'il ne conriatt
pas , et d^emmener sa niece av6c felle. Alörs il ä qliitté Pa-^
ris , et s'est mis pédestrement en route avec son conipagnoil
de fortune. Puisque nous sommes en train de citer des pro-*
verbes , nous allons ici en ranger un trés-importantj que ces
messieurs ont dédaigné. Ils se sont enibarqués , non pas
sans biscuity mais sans argent ^ ou du moins ils n'en ont pas
pris assez pour faire leur voyageb Sans doute ils avåieht dd
bonnes raisons pour cela; mais ils auraient du se ménager^
et ils ne Tönt pas fait.Eufin, épuisés de fatigue , et pressés
par la faim , ils arrivent devant un chåteau d'assez belle ap-^
parence, ou ils trouvent une affiche d\ine Blaison ä P^endre,
Le poete se présente effröntément pour Tacquériri La mai-
tresse de la maisOn regöit nos voyageurs trés-poliment et
»'empresse de leur offrir des rafraichissemens , sur-tout
lorsqu*ils lui ont fait part du sujet de leur vislte ; on leur ap-
^prte bientot quelques fruits et du laitage , ce qui n'est pas
lrés-restaurant3 mais ils s^en centen lent, faule de mieux. Notre
jeune étourdi parle de la maison , de ses inconvéniens, de
ses avantages, etdiscute le prix; enfin, il conclutle marché.
Son ami ne tärde pas k reconnaitre, dans sa vendresse , la
tänte de son amunte ^ avec laquelle il a beaucoup de pcino
M A I åt
k se procurer unö entreviie ; toutefois il y parvient. Com-«
meDt faire? Les amans sont toiijours erabarrassés , et pour-
toDt ils réussissent toujoiirs , et sur-tout au théåtre ; raai»
laissoDS de coté cet amour épisodique. Voilå donc notro
poete , sans ud sol , propriétaire d'une maison charmante :
k son touFj cotnment va-t-il faire pölir en payer le prlx?
c'est-lå le difficile. Heiireusement poiir liii , le vöisin a lui-
meine önvie de cette maison. Jusqii'ici il ävait eii Tair de ne
pas s'en soucier , afin de Pavoir k meillenr compte ; mais Tar-
rivée des deux étrangers Tinquiéte , et il vlent roder poiir sa-
voir le but de leur visite. Le malin artiste ne tärde pas å de-
\iner le voisin , et, sur-le-champ, con^oit le pro jet ^e lui
faire payer le prix de la maison ; il trouve son homme tout
disposé k prendre le marché , mais cela ne suffit pas , il lui
faut en sus la dot de son ami. Le voisin, åprés a voir long-
tems f mais iniitilement discuté avec lui, finit par en passer
par tout ce qu'il désire, dans la crainte qii'en restant proprié-
taire, il n'eff'ectue des changemens dont il le menace 5 enlin,
il paye la liiaison , et marie son ami*
Tel est le fonds de ce charmant opera, qui obtint nn succc»
méiité.
MAISON DE CAMPAGNE ( la ) , comédie en un acte,
en prose, par Dancourt, 1688.
Cette piéce, oå les accesoires Temportent sur le prin-
cipal, est le tableau d'une de ces maisons trop souvent vi-
sitées, et qui, a la fin , ruinent celui qui les poss^de. L'é-
conomie -de M. Bernard contraste agréablement avec la
dissipation de sa femme , et achéve de mettre la tableau dana;
tout son jour.
MAISON KE MOLIÉRE ( la ) , ou la Jourkéé du
dd M A I
Tartuffe , comédie en quatre actes et ert pros« , paf
M. Mercier , aux Fran^ais , 1787.
Moliére attend Tordre du roi pour la representation da
Tartuffe, que la secte des dévots hypocrites a fait siispendre x
il Tobtient enfin , et il lui est apporté par son ami la Thoril-»
liére; qti'Il a député au camp de Lille* Avant et depuis qu^il
B obtenu cet ordre jusqu'å la représeBtation , il est en proie
k une foule de chagrins domestiques de toute espéce* Un
valet prcnd son brouillon de la traductlon de Lucrkce^ ponr
mettre uue perruque en papillotes 5 Chapelle le désole par
des observations et des plaisanteries hors de saison ; un cer-
tain Pirlon , coureur de la secte des dévots , s^introduit chcz
lui furtivement pour y semerle trouble et lui débancher sa
fidéle servante Larorest;laBéjart,mére , qui voulaiten fairtf
son époux, et qui est jalouse de rintelligence qu^elle soup-
^onne entré lui et sa fille Isabelle , ne veut pas joner dans
Tartuffe^et se dit raalade pour en ennpécher la representation»
A la fin, rintérét particrilier et la crainte finissent par déter-
miner laBéjart k joner , et Tartufje se représente avec lé cha-^
peau et le manteau de Pirlon , que Laforest , éclairée sur le
caractére du traitre, a eu Tadresse de li^^^ter. L'ouvrage a
le plus grand succés ; mais Moliére n'est pas au bout de ses
peines, car laBéjart a résolu d'emniener sa fille, et d'aban-
donner la troupe de Moliére. Isabelle est teliement mal-
traitée par sa niére , .qu'elle vient se refugier dans Fappar-
tement de Moliére; la Béjart Vy suit et Taccable de repro-i^
ches et de menaces; mais la fermeté de la Thorifliére, la'
protection du roi , et Timpossibilité d'exécuter ses projets
sans obstacles , la déterminent k consentir au mariage de
»a fille avec Fininiortel auteur du Tartuffe,
MAISON ISOLÉE (la), ou le Vieillard des
MAl ås
VOSGES, opera en trois acteB, par M. Mars^Iier, musioiie
d« M. cl'Aleyrac, å Feydeau, 1797.
Un vieillard , 1'objet de la vénération et de Tamour de
tous les habitans de son bameau , vit retiré , avec nn scul
domestique j dans une Maison Isoide. Jusqu*alor9 hr bienfdi-
sance , l'hospitalité et todtes les vertus qa'il exerce' n'ont'
contribué qu'åfaire son boidieur; aujoQrd'hui dles lui san-?
vent la vie. Des brigands qui désolent le pays , apprenneot
qu'il a re^a une somme assez cönsidérable, et förment le
projet de Pattaquer dans sa maison 5 ils y réussiraient , sans
la bravoure d'un soldat que le Mon vieillard a lui-méme ^c-
cueiUi et secouru.
Tel est le fonds de cet opera , dans lequel on trouve des
etkts et des contrastes trés-habUement amenés , et dös dé-
tails fort agréablcs : le tabieaa qui termine le premier acte est
d'nn grand efiet. Le vieillard respectable, fatigué de la route
qu'il vient de f^ire , est porté par les jetines filles du village
sur des brancjsages qu'elles ont entrelacés; ainsi que deux
petits enfans qui sout placé^ å ses cötés. B passé ainsi sur
un rocher ^ 90US la voute duquel on voit des brigands com-
ploter sa* per te : ce contras te est fort beau.
MAISONWEUVE (M.)» auteur dramatique , 18 lo.
Cet auteur a donné aux ¥ran9ais , en 1786 , la tragédie
de Roxelane et Mustapha ; en 1788, celle &Odmar et
Zulma ; et en 1792 , une comédie en cinq a<Jtes , en vers,
intitulée le Faux Insouciant.
MAITRE ADAM, Mehuisibr de Nevers, comédie
en un acte, en prose, mélée de vaudevilles, par MM. Le-
prévot-d'Iray et Pbilippon-Lamad^leine , au Vaude ville,
1795.
Torne Vh C
34 M AI
Ce caJre renferme nne pciiitnre (ort agréable du caracteré
moral du memiisier de Nevers. « 1} est épicnrien sans liber-'
» tluage , disaitBertier, prieur de Saint-Qiiaize, éditeur du
» J^iliebiequin ; i\ e$t stoique sans superslilionj et, de ces
» dcux sedGs qni jadis ont partagé la terre , 11 fornna tin
s> tenipéramment si doux, que, si 2kiuon et Epicure vivaient
m encore, je crois qu'il les ferait boire ensemble. » C^est
ainsi qu'ou noiis le représente dans cejoli tableau, oii les ac—
cessoires sont placés de mauiere å laire ressortlr la figure
principale. Sur le second plan, on voit le poete Maynard ,
ami de roaitre Adam, et le pålissior-poete Ragnenean , qiii
lui adressa le sonnct siiivant, qiroi) llia sans doiUe avec plai-
sir, ainsi qu'anrondeau du mennisier, que Voltaire met au-
dessus de beaucoup de rondeaux de Eenserade , qiii excellait
en ce genre de poésie. Voici le sonnct de Ragueneaii :
« Je croyais etre sciil de tous les nrtlsans,
» Qui fut favorisé des dons de Calliopc;
» Mais je mc range, Ad.im , parmi tes parlisaniA
» Et Teux qile nion roulcäu lécéde k ta vaHope.
9 Je comtnence ä conaaitre , apres plus de dix ans,
)» Que , dessous moi, Pégase est un clieval qui chope,
» Je vais donc mctlre en påte el pcrdrix et falsans ^
» Et coutre le fourgon , mc noircir en cyclope.
i> Puisque c''est ton mctier de fréqucntcr la cour,
» Donne-moi tes oulils pour échauffer mon four ,
» Car tes musos ont mis les miennes en dcroute.
» Tu souffriras pourtant que je me Hatte un peu :
)) Averque plus de bruit tu tra\aillcs, sans doule ,
» Mais, pour moi , je trayaillc ayecque plus de feu. »
Voici le fondeau de maitre Adam, adressé å Maynard.
<c Pour te gucrir de cette sciatlque ,
» Qui te reticu» , conimc un paralytique,
M A I 34
^ Entrc deux dräps , sans aucnn mouTemknt^
» Prends-moi deux brocs d^un fin jus de sarmcnt;
w Puis Ils commcnt od le met en pratique ;
)) Prends-en dem doigts, et bien chaud les appliquc
Ä Sur fépiderme, o^ la douleur te piqae^
-v Et tu^boiras le reste ptomptement
» Pour te guérir.
» Sur cet avis ne sois point hérétique ;
» Car je te fais un serment authentique^
» Que si tu crains ce doux médicament ,
» Ton mcdecin , pour ton sonlagement ,
»• Fera Fessai de cc qu'il comdiunique >
» Pour te guérir. »
MAITRE DE MUSIQUE (le), parodie ou tradiictlöa
ten deux actes , en vers libres , de Finterméde itallen du^
inéme titre , par Baurans , au théåtre ItaKen , iy55.
Uu maltre de musiqiie apprendå chanterå une jolie fille,
qu'il éleve pour le théåtre , et dont il est amoureuz. Un
entrepreneur d'opéra vient par hasard å la traverse, ettrouve
Técoliere fort å son gré : elle chante ; il est transporté ^ et
se propose d'en faire l'acqiiisition pour sa troupe. Lambert
devient jaloux , et témoigne ses inquiétudes par des fréqueiis
å-parte ; il craint que Tricolin ne liii enleve Lauxette, Il
regarde comme un point essentiel de ne pas les laisser seuls ;
mais un maudit valet arrlve, et dit au mattre de musique^quo
madame la duchesse le demande dans I'inst6ipt memq^jj pour
une affaire trés-pressée. Lambert est sur les épines ^ jil déli-
bére 5 il hésite , enrage^ enfin il esj; obligé de partir. Alpr»
Tricolin faitsa déclaration å Laurette , lui offre sa fortnne et
sa main; et bientot il se met k ses genoux. Lambert revieot-^ et
le surprend dans cette attitude : apres quelques moment d^iyje
scene muette , qui exprime d'un coté , la surprisj?., et d^
Tdutre Temlparras et la confusion; d'un troisiéme, Pindigna-
" C2 ^
36 MA I
tion et la fureur , Lambert sompt le silence , et commenco
lin trio par oix finit le premier acte. Le second n'a que deux
«cénes , dont la premiåre est consacrée å une querelle et k
un raccommodement. Le niaitre demande pardon a son
écoliére de sa vivacité , et tombe å ses pieds f Tentrepceneur
survient dans la seconde scéne , et surprend , å son toitr,
son rival aux pieds de Laurette; celle-cise déclare pour
ILambert, et Ini donne sa main. Tricolin se console , et va
chercher fortune ailleurs.
MAITRE EN DROIT ( le ) , opéra-comique en deux
ectes , en vers, par Le Monnier , musique de Monsigny,
å. la foire Saint-Germain , 1760.
Un Fran^ais , nommé Lindor , est venu å Rome pour y
{aire son droit ; il y a vii la jeune Lise , que son maltre eH
^oit veut épouser , et dont il est amoureux. Le docteur n'a
"de canfiance qu'en sa vieille surveillante 5 mais Lindor es-
pére qu'å force d'argent,il gagnera cetteTemme. D'ailleurs il
est aimé de Lise. La jeune personne confie son amouc
^ sa gouvernante et la me t dans ses intéréis. Bientot
liindor arrive au signal que lui fåit Jacqueline. Les
* >deux amans se livrent au transport de leur amour, et
ne se quittent qu'avec promesse de se revoir au rendez-vous
que la surveillante , gagnée par les presens de Lindor , leur
assigne pendantlanuit; elle compte, en effet, trouver moyen
cle 1'intooduire chez le docteur , å la faveur d'un déguise-
meiit* Lindor consulte son maltre sur les moyens de possé-
<der une ^une beauté qu'il adore^ et dont il est aimé ;
rhotnme de droit Tinstruit des phrases du texte roraain ,
qui formellement empéchent la contrainte dans les noeuds
4iu ix^riago. Le passionné Lindor , ravi de son bonheur ,
lui avoue que , dans quelques instans , une surveillante doif
Tlfeajir le pa;:.en4)^9 $t Yemmen^r prés de celle qu'il aime. Reste
MAJ 3y
seul sur la scåae , le vieiix Romain sent naitre en lui certain
désir , et forme le pro jet de se felire conduire cliez la belle y.
k la faveur de la nuit* La vieille vient ^ reco^nätt son tnai-
tre ä Paide d'une lanterne sourde ; et , sans se déconcerter ,
le travestit des habits de femme qu'elte appot^ait poar Lin-
dor. Jacqueline conduit sön niaiitre , les yeiix bandés , dans
§on école de droit; Il est beitié rpatr ses éoollers , itibqué pär
sa maitresse , et Lindor lui enlévé sa sphféténdue : les écoliers
fuient dés qu'ils reconnaissent le docteii^. Gelui-ci, furieux,
voit bien qu'Il est pris ponrdape, efapprettd quesapu-
pille et Lindor sent unis en Tertu dela loi»
MAJOR PALMER (le), opera eh trois acfeär, par
M. Pigault-Lebrun , musiqtie de BrUbi-^-å Féydéalå , 1797»
Palmer , ma|or dans le Irégiitietit de Brown , est loge en
Franconie, cbez madame de | Biunfenstlml , <k>nt il sédnit
la fille. Amalie a un frére jeutie et ardent , qui la surprend
avec le major , et se bat avec lui ; plus expérimenté et plus
calme, Palmer tueson adversaire, et se voit labligé de fuir
Peu de jours apres cet événement, Pennemi parait , mais
il ne tärde pas å étre repoussé par le régiment de Browtt;
enfin , Palmer est condamné å mört comme déserteur.
Par une suite d^événemens qn'il est inutile d^expliquer ^
madame de Blumensthal s'est retirée avec sa filfe , deventte
m^re y en Silésie , o^ elle a falt Tacquisition dW cBiåteau ;
le propriétaire de ce chåteau etait Tami de Palmer. Ce der-
nier arrive en Silésie pour lui demandet un asyle, el, pen—
dant la nuit, p^nétre dans le parc ; il y est recoftmi-, et, par sa
seule présence, jette le trouble dans celte malbeuréuse fi^
mille- Déchiré de remords, méconiiu par Amalie, qui aperdu
la raison , repoussé par la mér€ ^ qui a conservé la sienne , il est
•n proie au plus violent désespoir. Cependant FeBsemi pass»
38 M A L
roder , et approche du chåteau de madame de BIiimenstbaT^
oii le general est loge. Ce dernicr rassemble ses troupes, arme
le^ habitaos , et propose k Palmer de saisir cette occasion db
réparer ses torts, Palmer accepte , se met dans les rangs , mar-
che t\ Tennemi, le combat et le reponsse, apres avoir sanvé la
vic au general : de retonr au chåteau, on lit le signalement
. de Palmer , et Tordre de 1'arréter pour Kii faire subir son ju-
gcment; roais au moment oh lui-méme veut qu'on le con-
dnise å la mört , le general re^oit une lettre du grand Fré*-
.dcric, dans laquelJe ce monarque lul dit , que la nécessité
de maintenir la discipline ne liii permet pas de révoquer te
jni^ement contre Palmer , mais qu^ayant appris qu'un in-
connu. s^Q^t diatingué dans le dernier combat, et a contri-
bué å lavictoire , il lui donna un réglment sous le titre du
, baron de Holta , et de fen d de fairo aucune recherche tilté-
rieure isur la retraite de Palmer. Rentré en grace et toujours
amoureux , Palmer regagne les faveurs de raadame de Blii-
.mensthal, d'Amalie , sa lille , qui a recouvré la raison , et la
piece se tprmine par leur union.
Cet opera, m:algré ses invraisemblances efc äes irrégnla-»
i:i^és, a obtenu beaucoup de succés.
MALAPE IMAGK^AIRE (le), comédie en trois actes,
fsn prose^ par Moliére, aux Fran^ais, 1678.
Cqtte piéce est si connue, qu*il serait superflu d*en-döimer
lanalyse s Tämour inquiet de la vie , les söms trop multipliés
_pour selaconserver, sontles faiblesses les plus ordinäires k
Vbomme, et celles que Tauteur joue dans le Maiade Imagi-
uaire. Il joue aussi l'art des médecina et la faculté en corp»,
dans le troisiéme intcimede de cette comédie-ballet. Les ca-
ractéres en sont variés et soutenus; enfin, c'est une desbonnés
T^^pductio^s de JVEoliéro., ..et sa dernifere*. Malheuxeuaefpeat;»
MAL 39
dle lui couta la vie. Le jonr qn'il devait rcpréscnter le Maladé
Jmagii^aire poiir la troisieme foIs , le 17 Février 1678 , se sen-
taot plus incommodé quk l'ordinaIre du mal de poitrine, aiw
ipiel il élait sujet, il exigea do ses camarades qu'on commcn-
^åt la representation h quatrc honres precises. Sa femme et
Baron le presséirent de prendre du repos et de ne pas joner.
« Hé! tjue feraient'^ répondit-il, tant de påuvrcs ouvriers? je
» me reprocherais d^avoirnégligé un seul jour de Icur donner
» du pain. » Les eflbrts qu'il fil: pour achever son role , aug-»
mentérent son mal; et Ton s'aper^ut qu'en pronon^ant le mot
juro, dans le divertissement du troisiume acte, il lui prit une
convulsion. On le porta chcz lui, dans sa maison , rue de RI-
chelieu, -ou il fut sufi*oqiv3 par un vomissement de sang. Apres
«a mört 5 les comédiensse dispos^rent k lui faire un convof ma-
gnifique ; mais M. do Harlai , archcvéque de Paris, ne voulut
pas pfermcttre qu'on finhuinåt en terre sainte. Sa femme alla
fiiir-le-cb#rnp ä Versailles, se jeter aux pieds de Louis XIV,
pour se. pjaiudre de Finjuré que Ton faisait k la mémoire de son
inari,»€n lui refusant la^épultuiro. Le röi la renvoya, en lui
disant que cette afikirfi;d«peiKlait du ministére de M. Farche-
véque, et que c^ttuit ä lui qu'il fallait s'adresser. Cependant,
&a majesté fit dire k ce prelat qu'il iit en sorte d'éviter Téclat
et le soandale. L^archevéquie révoqua donc sa défense, å cor-
dition que renterremenl; serait fait sans pompe et sans bruit. Il
ae iBt ,. en efiet , ^ax deux pretE«,ft^ qtii accompagnérent le corp*
sans chanter, et Moliéf«'fut onterré dans un cimeti^re qui était
derriére la chapelle d^Saint-Joseph, dans la.rué Montmartre..
Tous.ses amis y assister.^jatj .aydnt chacuu.un flarabeaii å la
ms^in ,, et rvpo^ise <fci défunt^ s'écriait partout : « Quoi! Tan
» refu^o la .^épulturp a wulioname qui mérite des autels! »
Deux mois avaiiL ce malheijugcux événementjDespréaux vint
\q'k M^\i^iei\i^]f t;:auya fqrt incommodé de sa toux, et faw
40 MAL
^ant des efTorts de poitrine qui semblaient le menacer d'iin6
fin projchalne. Moliére, naturellement froid, fit plus d'tfnilte
igue jamais k Despréaux, ce qui engagea ce dernier å lui dire ?
« Mon pauvre monsieur Moli^e , vous voilå daus un pito^iH
a> ble état; la contention contlnuelle de votre esprit, Tagita-
3» tioo de V.OS poumons , sur votre théåtre , teut devrait voas
» déterminer å renoncer å 1^ représentatioD. N'y a*t-ii qiie
7i VOUS dans la troupe, qui puissiez exécuter les premiers
» roles? Contentez-vous de compoeer, et laissez ractioB
x théåtrale å quelqu'un de vos camarades : cela vous fera
)) plus d^honneur dans le public, qui regardera vos acieurs
y> c om me vos gagistes ; et vos acteurs, d^ailleurs , qui ne sont
3) pas des plus souples avec vous, sentiront mieur votré
3) supériont;é» » v. Åh ! monsieur, répondit Moliére, que me
» dites-vous^lå? il y va de mon konneur de ne les poini
:p quiUer. » « Plaisant honueur , disait en soi-méroe le sa*
>> tyriqye, que eelui qui consistje å se noircir tousles jours le
» visage^ pour se faire une moustache de Sganarelle^ eih
» rlévouer son dos å toutes les bastonades de la comédie ! »
On raconte, au sujet du Målade Jmaginaire , I'anecdote
siiivatite :
IJans le tems que Moliére composait cette piéce, ilcher*
cliai^ un nom pour un lévrier de la facuité, qu'il voulait
i^ettre en scéne : le basard lui fit rencontrer un gar^on
^potliicaire, armé d^une seriqgue, å qui ii demanda quel but
iJ voulait coucher en joue : celui-ci lui apprit qu'il allalt se--
xinguer de- la beauté å une comédienne : « Comment vour
» nommez-vous, repri t Moliére?» Le serviteur d'Hjpocrate
lui répond/t qu'il s'appelait Fleurant. Moliére l'embrassa ^ ed
lui disant: « Je cbcrcbais un nom pour unpersonnage tel qutf
« vous. Que Vous me soulagos, en m'ap{irenant le votre t»
En eflct, le. clistériseur qu'il a mis sux le théåtre, dans \»
■« «r
"- MAL 4t
Målade Ima^ncure, s'appelle Fleurant» Gomme on sut
Thistoire , tous les petits-maitces , å 1'envi , all&rcnt voir l'ori-
ginal du Fleurant de la comédie. La célébrité qite Moliére lui
donna, et la soieaee '^% pp6sédai4;. Itu firent faire nne for-
tune rapide, (dés qu'il deyu^ Jipaitre npothicaine. Ainsi, ea
le ridiculisjinl:, Moliése lul Guy;&k la voie des riohesses*
Dans cettp menie fiece, 1'c^poithicaire iFleiirant, brusqne
jusc^'iL lUiii&olenGe , viont , un^^eringue jl la main , pour don-
ner un lav^,piept au maUide. U« bonné^ bomme, frére de ce
préteixdu målade , qiu se tron ve la dans ce moment, le dé-
tourne de le pr^ndre» L'apoibi£aIre slrritOi et lui dit toute»
les impertiAGiices ique l'on préte å itous les gens de son espéce.
A la premiére xepréseotfition « Tboo^éte bomme répondait å
rapothicaire : v ^l^fs, jaaonsieur , -pn yoit .bien que vous n'a-
3) vez c.ovtt^me de pa^J^ ^% des ^uls,» » Tious les auditeurs
' qui étajeatji c^tp i^epcésettteitio^ 6'en in^Igoéreot; nams on fut
enchantjé, ål^seconde, d'^ntendre di^e : « Allez, monsieur,
« on voit. biien que vous i)'ave|E p^is iCputUB»e de parler k
» des vjfii^gp^. p
Le mari dje ma^er^fi/^U^ P^WVal éi^t iun faible acteur*
Moljére étudia son peuyd^ taL^i^jt, et lui donaa des r61es qui le
'^$re<it supporter ,du publfc^ Celuji qui Uu fit le p)«« de réputa-!-
tion alor(^9 fu;t 1q rp^e de Thomas Diafoims , dans k Mcdade
, Imaginaira^ qu'il j ouajt supériiuxem^nt. Op dit que MoUére ,
eo faisant repeter c^tte pL^ce , pariiit mécontent des acteurs
qui y jou^iept, jStpripcip^rp^tdepäad^nÉiOiselle Beauval,
(jiii representant le pfsr^pnoagp de Toinetfe. Gette actrice, pcu
endurapte, apres lui avojr ^éfot^M ^^9»j^ brusqiMment ,
ajoutj^ : « Vpvs nöps (»u^mept^z ious , et vous ne dites mot
» å mop p9^ri?j» « J'en serais bien fåcb^} r«prit Moliére 5 jo
» gaterais son )eu : JA'nature lui .a donné de meilleures le-^
9 ^ons que le^ mienues, popr ce role* » Ou assure que le latia
42 MAL
inacaroniqne , qiii faJt tant rire k la fin Ae cette comédie, fiif
foiirni å Moliére, par son amiDespréaux, en dinant avec
lui, madame de la Sabli^re et Ninon.
Avant les representations du Målade Imaginaire y le»
Moiisqnetaires , les Gardes - du - Corps , les Gendarmes
et les Chevau-Légers entraient åla comédie sans payer,
et le parterre en était tou jours rem pH. Moliére obtint
de sa majesté un ordre , pour qu'aucnne personne de la
raaison du roi n'eut ses entrées gratis k son spectacle. Ces
messieurs ne trouvérent pas bon que les comédiens leur
fissent imposer une loi si dure , et prirent pour un affront
qu'ils cussent eu la hardiesse de le demander. Les plus mu^
tinss'ameutérent, et résolurent de forcer Tentrée ; ils allérent
en troupe å la comédie , et attaquerent brusquement les gcn$
qui gardaient fes portes. Le portier se défendit pendant
quelque tems ; mais enfin , étant obligé de céder au nombre,
il leur jeta son épée, se persuadant qu'étant désarmé, ils ne
le tueraient pas. Le brave homme se trompa. Ces furieux ^
outrés de la résistance qu'il avait faite , le percérent det
mille coups; et chacun d'eux, en entrant, liii donnait le sien^
Ils cherchaient toute la troupe, pour lui faire éprouver le
méme traitement qu'aux gens qui aTaient voulu défendre la
porte j mais Béjart , quiétait habiHé en vieillard pour la
piéce qu'on allait jouer , se présenta sur le théåtre : « Ehl
5> messieurs, leur dit -il , épargnez du moins un pauvre
» vieillard de soixante -quinze ans, qui n'å plus que quel-
» ques jours k vivré. » Lo complimént dé tet acteur qui
avait profité de son hablllenpent pour parler å ces mutins ,
ralma leur fureur. Moliére leur pärla aussi trés-vivement
de Tordre du roi; de sorte que, réflécbissaht sur la faute
qu'ils venaient de faire, ils se retirerent. Le bruit et ka
cris avaient causé uae alai;me terrible dans Ix troupe» J^^^
MAL 43
femmes croyaient étre mortes ;-chaciiD cLerthait k se sau-
ver, Qnand totit ce vacarme fiit passé, les comédiens tin-
rent conseil pour prendre 11 ne resolution dans une circonstance
aussi périlleuse. « Voiis ne m^avez pas donné de repos , dit
» Moliére å I'assemblée , qiie ja n'aie importnné le roi pour
a> avoir Tordre qui nous a mis tous å deux doigts de notre
» perte 5 il- est question présentement de voir ce que nous
» avoiM å faire. » Phisieurs étaient d'avis qu'on laissåt ton-
jours entrer la maison du roi ; mais Moliére , qui était
ferme dans ses resolutions , leur dit que , puisque le roi
avait daigné leur accorder cet ordre , il fallait en presser
Texécution jitsqu^au bout , si sa roajesté le jugeait å propos ;
et je pars dans ce moment, leur dit-il, pour Ven informer.
Quand le roi fut instruit de ce désordre , il ordonna aux
commandaus de ces quatre corps , de les faire mettre sous
les armes la lendemaio , pour corinaitre et faire punir les plus
coupables , et leur réitérer ses défenses. Moliére , qui airaait
fort la harangue , en alla faire une k la téle des Gendarmes,
et leur dit , que ce n'était ni pour eux , ni pour les atitres
persopnes qui composaient la maison du roi , qu'il avait
demandéå sa majesté un ordre pour les empécher d'enlrer
å la comédie ; que sa troupe serait toujours ravie de les
xecevoir, quai:ld ils voudraient les honorer de leur pré-
sence; mais qu'il y avait un nombre infini de malheureux
qui tous les jours , abusant de leurs noms et de la bandou-
liére de messieurs . les Gardes-du-Corps , venaient remplir
le parterre , et éler injuslement å la troupe le gain qu'elle de-
vait faire; qu'il ne croyait pas que des gentiishommes qui
avaient Thonneur de servir le roi 5 dussent favoriser ces mi-
serables contre les comédieas da sa majesté 5 que d'entrer au
^pectacle sans payer, ii'était pas une prérogative que des
pqrscnucs de leur caraclcre dussent ambitionner ,-'jusqu'i
44 MAL
répandre dn sang potir se Ijuconsen^er; qii'il fallait laisser €•
pctit avantage aux auteurs qui en avaient aquis le droit , et
aiix person nes qui , n^ayant pas le moyen de dépenser quinze
sols, 4ie voyaient le spectacle que par charité. Ce discours
fit4Qitt reffet que Torateur s'était promis^ et, depuis cette épo*
que, la maison du roi n^est point entrée gratis k la comédie.
MÅLADE PAR COMPLAISANCE (le), opera •€(>-
mique en trois acles, par Fuzelier et Panard, k la foiro
Saiat-Germain , jySo.
Jjféandre , jeunc officier , est amoureux d'une peraoime
qn'il a vue la veille au bal. Isabelle , c'est le nom de Fio-
conoue , et Finette , sa jeune soeur , sont sous la garde
d%ine concierge trés-vigilante , appelée raadame Simoiie.
Feodant qne Léaadrc et son valet Pierrot cherchent ensem-
ble des expédiens , maitre Jean , recevenr du village , vient^
sitns y penser, leur en fournir iin. Léandre, connaissaot Ilku-^
menr charitable de madame Simone , qui la porte a soigner
les målades , Tengage å «e feindre tel ; et, pour le déterminer,
il lui fait une peinture agréable de la fa^on dont il va étr^
iraité , et vaote surtout les mets succulens qu'on lui donnera
pour le refaipe. Pen dant qu'ils v ont se prépai<er pour jouer
leurs roles , madame Simone donne å Isabölle et k sa petite
sotnr tm divertissement exéctité par des raoissonneuses ; eni-
suite Léandre parait avec Pierrot. « Oh ai-je mal r » dit ce der-
»iec k son mattre. « O^ lu voudras » , répond Léandre, sans
faire atteotion awx conséquoiates. Pierrot feint une extreme
donlear<aapied; la bonne Simone, émwe de corapassion, le
fait entrer dans le chåteau avec son camarade; Pierrot, gout-
tcux , est condaanné, parPaiistére gouvemante, a ne boire
que de.i^eatijvetå une Äbstinence trés-sesrwpuleuse. Léandre,
qui espére trauv^er Toccasion de parler å sa maitresse , ne
MAL 4»;
tait que rire des maux de son valet. Il a bién de la peine ^
continuer son role avec patience, et profited'«n moment
qu'Il voit Isabelle , pour lui découvrir sa passion, et con-^
naitre qu'ellen'est pas mal re^ue. Pierrot paralt , poursiiivi
par Bistouri , chirurgien , et Laudanum , apothicaine^.qtii,
voiilant exécuter les ordres de madame Simone, latent lo
pouls du prétendu målade , et se décident pour la saignée et
les lavemens. Pierrot , impatienté , les chasse k coiipsi de
båton ; leurs cris appellent Olivette , il lui falt confidence de
ramour deLéandre, et du stratagéme qu'illui fait joner, et
laconjure de remédier å la faim qui le- cojisnme. L'arrivéo
de M. Orgon^ pére d!Xsabelle^ et d'un de ses' amis , forme
le dénoaement, parce que cet ami est Géronte, pére dor
Léandre, et qu'il vient avec Orgon conclure leur mariage.
MÅLADE» SANS MALADIE ( la ) , comédie en cinq^
actes, en prose j par Dufresny , au théåtre Fran^ais, 1699,
Le parterre ne permit pas^auxacteurs d^e passer le troisiéme
acte. La piéce fut interrompue , et Ton remplit le spectacle
en donnant V Apres^Souper des Auberges. Ce fut avec les
meilleures seénes de la Målade sans Mtiladie^.que Du*
fresny composa ensuite la comédie des Papeurs^ qui fut
brulée å sa mört.
MALAGRIDA, tragédle en trois actes, en vers, traduil*
du portugals, par ***, lyöS.
Gette piéce est un tableau des forfaita de la Compagnie de
Jesus y de cette société justemen t proscrite , dont le nom seu^
réveille l'idée du crime. Malagrida j joue le role d'un faux
prophéte ^ et conseille aux sujets du duc de Bragance d^assas-
siner ce prince; mals ici^ 1'auteur a tronqué le fait historique.
L'uD des conjurés dénonce son odieux attentat; et cet éner-
46 MAL
giiméne est arrété et livré aux supplices, ainsi qne le an«
d^Aveiro , chef de la conjuration, et la marquise de Tavora ^
amante de ce dernier.
MALARD , de Marseille , fit imprimer , en 1716 , une
tragédie de Marius et Sy Ila; en 1704, il présenta une tra-
gédie de Thémistocle aux Comédiens franrais , mais ils
lie voulurcnt pas la recevoir,
MALENCONTREUX (le), comédie en trois actes ,
en vers , par *** , au théåtre de Monsieur , 1790.
Ce sont des espéces de chåteaux en Espagne. Duyal ar-
rive å Paris , pour hériter , et pour épouser une jeune per-
sonne qu'il adore ; millc obstacles traversent le bonheur qu'il
se prcMDOse» Il est déshérité , mal payé de son amour, et
contraint å épouser une vieille maitresse. Le plan de cet ou-
vrage est mal con^u , les incidens trop entassés , la marche
trop brusque , et le style trop négligé.
MAL-ENTENDU (le), comédie fran^aise et italienne,
en trois actes, en prose , par Pleinchéne, aux Italiens,
1769. .
Un joune homme a vu, dans un bal, une jeune personne
dont il est devenu amoureux , et cette passion subite le porte
å refuser un parti que son pére lui propose , et pour leqnel
il avait déjå pris des engagemens ; mais heureusemeut
Tobjet de son amour et celui du choix de son pére est le
méme , et tout se passé å la satisfaction commune.
MALIZ»EU (Nicolas de), né en i65i , mörten I727,
chancelie de la principaulé de Dombes , et secrétaire d
commandemens du duc du Maine , membre de rAcadémie
M A M jq
frangaise , regu en 1701 , et honoraire de rAcadémie des
Sciences , noiis a laissé le Prince de Cathay , les Jm portuns ^
la Tarentule , V Héautontimorumenos , Phi Union et Bauds,
avec des poésies , imprlmées dans un reciieil inlitulé Di-
vertissemens de Sceaux. On lui attribue Pollchinelle de-
mandant une place ä VAcadéniie^ comédie en un acte,
représentée par les marionncltes de Brioché. Elle se trouve
åsu[is les Piéces échappées au/euy vol. m-12. Un académi-
cien fit contre cette comédie, Arlequin-Chancelier ; mais
elle ne fut pasimprimée , non plus que Brioché^Chancelier,
autre satire faite contre la murae piéce.
MALHÉUREUX IMAGINAIRE (le) , comédie en
cinq actes , par Dorat, aux Eran^ais , 1776.
Cette comédie fut représentée une douzaine de fois , mal-
gré toutes les critiques qu'on en avait faites. On y voit un
homme du premier rang, comblé des faveurs de la fortune,
joiiissant dans le monde de la plus haute considération ,
aimant une femme charmante donl il est aimé , et s'obsti-
nant å empoisonner tous les plaisirs , toutes les jouissancc»
qul Tenvironnent par le singnlier travers de se croire tou-
jonrs malheureux 5 mals la jalousle de ce personnage, sur
laquelle roule la principale intrigue de la piéce , nous sem-
ble trop peu motivée. On voit aussi un raarquis d'Esper-
mon , qui forme avec lui le plus parfait contraste : au mi-
lieu des revers , celui-ci est content,et se moque de tout.
Ce démi-caracfeére, qui est viuiment comique , a été favo-
rablement accueilli.
MAMELUCK (le), comédie-vaudeville en un acte, par
MM. Després,DeschampsetSégurainé,auVaudeviIle, i8oo.
Dorsan, ofiicier fraii^ais dans Tarmée d'Egypte , a envoyé
i
48 MAN
å son éponse^ restée å. Paris, une jeune Circassienne, nommée
Mirza. Gette j olle étrangére, quoiqiie fort attachée å madame
Dorsan, ne passé pas un jour sans pleurer Tamant qu^elle a
laissé en Asie. Get amant iest un Mameluck , nommé Sélim :
celui-ci obtient de son maitre, la permission de partirpour
l^Europe, et il arrive k Paris, cfaargé d'une lettre å Tadresse
de madame Dorsan, et d^une pacotille pour sa bonne amie.
L'uDe et Fautre femmes sont absentes quand il se présente
cbez ellcs, et le jeune Mameluck re^oit, en les attendant,
pUisieurs visites qui le surprenuent : celles d'un apothicaire^
d'un auteur, et d^un peintre.Bientot il s'impatiente, et va faire
un tour dans la ville , laissant la lettre de Dorsan k une per-
sonne de lamaison. Les deur amies ne tardentpas å rentrer, et
la jeune Gircassienne reconnait quelques möts écrits par son
amant 5 enfin ellé apprend son arrivée , et 8'abandonne ä l^^
, joie la plus vi ve. Aussitdt elle revet des habits qui lui ont été
apportés par Sélim , et elle lui cause une agréable surprise»
lorsque , revenant å Photel , il désespérait de la trouver.
Tel est le fondsde cette piéce , qui obtlnt un succés com—
plet; elle ofTre des couplets charmans, et des allusions trés-
ingénieuses.
MANGO-GAPAG , tragédie de Tabbe Leblanc, 1768.
La formation des sociétés , la naissance de la législation^
les moRurs civilisées , les vertus et les vices de 1'homme social
et de Fhomme naturel, tel est le tableau que Tabbe Leblanc,
auteur de cette piece, a mis en action. Les personnaTgesprin-
cipaiix, sont : Manco-Capac, roi du Pérou; Huascar, chef .
des Anquis, peiiple sauvage et encore indompté; Zérophis^
fils de Manco j inconnu å son pére et å liii-méme, élevé sous
le nom de Zamin, cbez les Anquis, par qui il avait été pris
dans råge le plus tendrcj Izaé; niéce de Manco, jadis prison-
Mféra des Anquis, amante aimée de Zéropbis| Tamzi^
^and-prétre des Féruviens, étaUi par Manco, et institué
héritier présomptif de Iå;C(nironne , si Tabsence de Zérophis^
ou sa nn>rt, ne rendent pds4 Manco uo liéritier légitiihew
X^ioquietude de Maoco sur lé sortde:8änfilstles.cr(^i»lea
du graodnprétre sur l'existeiice de ce prince) dont la mörk
seule penf }ui assurer le terone; le silence des Anquis, et sör^^
tönt dlluascar sur ZéropUis^ silence qni met le conible k la
douleur de Manco; secret ^ifireux que Tamzi arracbe k
Huascar ) par ces ruses que riionune civiiise sait employer^
et que 1^ sativäge ignore; l'aniour ^e Zéropjiis pour Izaé,
qui le sonmetå Manco, et lui falt adopter ses lois$ les -artifices
du grand-tpretre pour pcrdre Zérophis^ voilå sur qtioi est {on<<>
dée la fable de cette tragédie»
Le contraste admirable du caractére de Manco avec celui
d'Huascar , qiii sont tracés Vvm etVs^tte par. la vérité méme ^
enoffrant å nos yeux tous les avantages de l^indépeildafnce ab-
lolue , nous démonti-e les biens plus précieux qué prodiiit la
soumission aux lois* Rien de plus frappant que les ralsonne-
nens qu'oppose Huascar & leur établi^scment salutaire; rien
de plus persuasif et de plus capable d'entrainer, que les invi--
tations do' Manco, les excés des passions, les besoins mutuels i
les secours réciproques, réprimés, soulagés ou excités par lä
puissance de la législatron et:la i^tiniondes bomfnes épars; la
protection que cbaqi^b citoyen a droit d'attendre des lois^ la
juste distinttion qui existe entré la liberté.et la licence 5 tout
cela est développé de la^maniére la plus noble et la plus pbilo-^
sophique» D'aprés cela, il .n'est pas étonnant que cette tra*
gjédie , qui n'edt point de succfes lors de lä premiére représeH'^
Htion , ait réussi å la secråde; et cependaiMt^ elle n^^ut re*
présentée que cinq fois. Le caractére de rhominc sauvage,
opposé å rhomme civilisé, est inventé, dessinéj et soutciiu
Torne ri. D
Sö MAN
avec un nerf et nne force dlgnes de nos plus grands xnail;re9#
La versificatlon en est belle et niAle , mais trop abondante» As,
la seconde representation, les comédiens retranch^rent plus
de trois cent^soixante vers^ sans faire de tort ålapiéce, el
sans rien 6ter du fonds» L'abbé Leblanc a passé sa vie å des
études plus sérieuses , et n'est presque point sorti de soii
cabinet. Nourri ensuite des pottes grecs, il a plus connu
leur théåtre que le notre, auquel il n'avait presque jamais
assisté avant de donner sa tragédie. Ce défaut d'habitudo dtf
nos spectacles, et la retraite dans laqnelle il a constammeol
vécu, sont les causes des longueurs de ses détails^ et desdé-»
fectuosités qui se trouyent nécessairement dans les scéneii
d'amour, qu*Utt auteur, qui n'a point d^usage du monde, um
peut guJ^re traiter*
MANDRAGORE (la), conoédie en cinq actes^ en vers^
par J.-B. Rousseau imprirnée daus ses csuyres^
Ceux qni connaissent le conte de La Fontaine , n^auronf
pas besoin de lire cette piéce , car c'est ce conte avec t^os sea
arcessoires que J*-B. Rousseau a niis en action. Quant k ceux
qui ne connaissent ni le conte ni la piéce ^ il leur sufiira de lire
l'uu on Tautre pour les connaitre tous les deux«
MANIE DE BRILLER (la), comédle en rois actes , eh
prose , par M* Picafd , å Lou vois , i8o6«
Tröis amis ont voulu suivre la route de la fortuae. Deuz
ont essay é de l'abréger,et se sont piqués d'émulation ^ maisja
manie de' se devaacer Tun l'autre leur fait quelquefois ou-'
blier les vfal^^l^inicipes, et les metteåt å la veille de devenip
raoinslfohnétésgens, sans étre plus heureux. Le troisiéme at
pris le cbertiin stir du travail et de la probité; il ne brille pa»
tOttt-å-fait autant que les au tres ^ il ne va pas si vite: 3 mais il
MAN 5t
tsissuresön bicn étré j>oV^rraTeDir ; efioil aequiért de ['estimey
du bonbeur , dela considération; et^ quand sé% deiix rivaux,
^allcroit aVöir été plus intelligens ou phisadroits , sont préU
ktomberdansPabime qu'ib se sont ettx-^mémés ouvérU -, il les
soufieot , les reléve les éclairé y et les eti tirei Voilå toute la
piéce. I«'aQaly8^ des détails serait itnpiossible , pärce qUe leuf
eOet 9 comme dabs Jtotites les pi^césde 1/auteur ^ tient-åuné
loizärrérie d'exécutiön qu'il faut voir dans st)a cadri( et détifs
son jour. Au total ^ cette comédie est faiblénléät coD^ti<^
^tsi quélqu'un 8'aVisait de diré.que les peinttites eH sont
vråies , cd pourrait lui répondre que c6 n'est pas la^belte ijla-^
ture qui én a fourui le modéle. On trouve quélqiiés traitl
d'esprit dans le diålogue , mals' c'esi; de cet esprit 3 que 1^
bon goui a de tous tems rejettéi - '
MANIE DES ARTS (la), öh tÅ MatxIiée a la liföbtj
comédits en un acte , én prOse , pät iRochoä dé Cbäbähdes*^
åux Fran^ais, 1 768.
M* de I^orlise, bomme de cohdition^ amateiir et artiste^
joue ici le role de protetteur. Il ddihie sbn audienife dd
inatin.; Un bomme seiisé se présente thez llii, et voit autatji
de folie dans le prtotecteur , que de bas^ésse et ä^irieptie dan»
les protegés 5 ce qui forme autant de scéhes patticuli^reÄ
qu'on y voit de gens qui vienuöntlui donner des preuvöi
do leurs täle«is« Ceffe piéce, toute épisodique, parait étrö
tirée de ce Viérs du Méchani * ^ =
. ' ■ •>
Des prptt^(;s si bas^ å<ts proUctciars si hiies, .- -,
MANLIXJS-QÄPlTOilNUS , tragédie , pär ttifösse, ätt*:'
ttaÉi^ai9yi6^^ - i- '
Il est glorieux poiir Tabbe de Ssrfnt-Réal que deitx traitÅ
d'histoit« , sortis de sa plume , aient foUrni cbacun , en Franco
«t en Anglelcrre Jlc sujet de dciix tragédies, qu'on rdvoit lou»
52 MAN
jours avec le théme plaisir. La premi&re est VAndrotue, åé
Campistron ; la seconde est ManliuSy qtii n'est autre cbose^
pour le foods , que la con j uration coatreVenise. L'araour de la
patrie^ ce germe ftlcond dö tontes les vertus de Rome) ce
prétexte spécieux qiii colorait les attentats contre la républi-
que 9 fait mou voir toute 1'actioo , et sert å adoucir ce que le
titre, de conjurés p9urraitayoir de trop odieux afnr la scéne.
lies cars^ctéres y sont tracés d*aprés la vérité de l'histoire, et
embellis des traits qiie le poete a recueillis de Tite-^Live et
des avitres auteurs qui ont écrit sur les plus fametises conju-*
ratiqns. La confiaDce iodiscréto de Manlius, auteur de la
conspiralion^ annonce la fierté de ce Roroain impérieux» Les
•oup^oDS de Rutile prouvent le discernemeDt et la pénétra**
tion de cet autre chef de conjurés* La faiblesse et les re*
ipords de Servilius marquent un cceur tendre et formé ppur
la vertii. Les défiances que lui inspire Valérie , son épouse »
montrentFasccndant qu'une fem me almable et sensée peut
avoir sur Tesprit d'un mari digne d'elle. En un mot^ tousles
senlimens sont puisés dans la nature^ et les beautés de détaiis
sont présentées sous le point de vue le plus favorable* Une
baine invétérée , une vengeance long - tems méditée , des
projets blen concertés^ disposedt les événemens; l'amour et
l'amitié écartent les dz^pgers; un style måle et nervcux rend
la grandcur et la force des idces ; tout annonce une onain
habile, et un génic fait pour le tragique* Serait-ce exagérer,
que de repeter , d'aprés quelques admirateurs de cette piéce ,
que Corneilie aurait pu Tavouer , sans préjudicepoiir sa ré-
putation? Lafosse opposa å ses critiques, pour toute réponsc,
les applaudisscmens du public. Cétait, eu effet, lameilléure
qu'il put donner; niaisqu'eut-il eu årépondre , si on lui avait
fait voir qu^Otway , poete anglais , qu'il ne daigne pfls seule-
ment placer au nombre des auteurs dqnt il 8'est senri, lui a
MAN 53
fourni le plan, rordonnance , et une bonne partie du fonds
roéme de sa tragédie? Il est vrai qu'Otway avait lui-méme
beaucoup plus profité de Thistoire de l'abbé de Saint-Réal;
maift Si Lafosse, en qualité de Fran^ais, s'est cm en droit
d'user de représailles^ il devait au -moins en convenir..
MANIJUS-TORQUATUS, tragédie de mademoisello
Desjardins, connue depuis sous le nom de madame de Ville«
Dieu, 1662.
Manlius, jeune Romain^ proflte du moment de la mört du
general de Tarmée dans laquelie il sert , prend sur lui d»
livrer une batallle , malgré les ordres du senat, et remporte uni»
Tictoire complette. ARome, une pareille désobéjssance était
digne de mört. Cependant le jeune Manlius, couvert d&
gloire, revient au camp de son pére, Torquatus, qui, en
qualité de consul, commandait un autre corps d'armée.Il y
tenait dans les fers une princesse dont il était amoureux, et
qu'il avait fait prisonniére; mais son fils hti avait phi , Tai-
mait, et en était aimé. Torquatus découvreque Manlius est
son rival 4 et, malgré le cri de la nature, le fait condamner k
la mört, pour avoir livré le combat 'sans sa permission i
Manlius est conduit au supplice, et délivré'par tés soldats*.
Tel est, en peu de möts, le fonds de la tragedi^. de madame
de Ville-Dieu. Vise, q ni croyäit que Tabbe d'Aubigqac
lui en avait fourni le plan , lui dit dans sa crjtique : « A
» quoi pensiez-vous , lorsque vous dites devant tant de
» moflde, que jusqulci nous n'avions vu que des quarts de
» pifeces,et que Manlius en était line entiére? » L^abbé d'Au-
bignac nia qu'il eutpartåcet o\ivrage, et, pour rendre les
critiques plus odieuses, il ajouta: « Vous avez une étrange
9 aversioA contre madémoiselle Desjardinsl 11 vous fåcbe
54 MAN
9 qu'uDe fille vous dame le pion ; et vous lui voulez dérobeir^
if soQ ManUus^ par Tefibt d'une jalousie sans exemple. ^
MANLinS-TORQUATUS , tr^gédiei, p^r M. LepreTÅt-*.
4T[ray , å TOdéon , 1798.
Tout le monde connatt l'action vertueusement harbare
de ce consiil romain , qui se crut obligé de condanuier son
fils h. la mört , poiir avoir livré le combat aux Latins sans
ses ordres , et de venger , par ce dévouement plus qu'hé-
roique , les lois de la disciplioe romaioe.
Ce.st ce trait d')iistoire qui a fourni le sujet de cette piece
qiii n'est pas exempte de reproches,^ mais qu,i) malgré ses
défauts, a dbtenu quelque siuccés^
MA»I.nJ8-TORQUATUS, bu xa Disciplih» R<Hi
iiAivi,,tragédic en troia actes^ ^n vers, par JosephLavallé^^
auxFraofais, 1795*
G est ici, comme dans la piéce précédente , le trait celebre
de Manlius-Torquatus^ condampant son fils ^ la mört , poui;'
fivoi^ vaiacu si^ns ses ordres*
MANNEQUIN (le ), comédi^ en un acte et en veri^^
xnelée d'ariette$., paroles de Lieutaudj musique de Ql^ap^lle,
an théåtre d^ Louvois , I793»
Gette piéce. a pliisieurs traits de ressemblance avep le
JSlannequin de Vlntrigue Spistolijiire , le Tqbleau, P atlant ^
YAinant Stahre , etc.
Dorimont , peintre ^ opcle de Rose , a r^solu de la faire
^pouser par Artbur , yieiix finan,cier, oncle de Lin val ; ce
sera pas aisé , car la niéce et le neveu s^aiment å la folie.
)0ur leur oier toute occasion de se rencontrer « que
janiais y et que Dorimont ne re^oit persoona
i Arthur a le privileg^ dW ^nUeu ti'ampv\i5^
MAN 55
rend Linval inveottf. Ayant appris qite Doriijiiopt »'occvp^
dans le moment d'un grand lableau d^histoire^ .et que c'est
dans Fintentlon de ne laisser pénétrer aucun homme cbez
lui 9 qu^il a c ömmande un mannequin pQur lui servir de
modéle , ]1 court cbez Tartiste Italien Stuffi^, et obtient de
lui qu'il le fera porter cbez Dorimont , en place du man-
nequin* Celui-cl^ enchanté de son acquisition ^le fait placer
dans son sallon : Rose et Lisette y restent seules ; quella
surprise ! le mannequin descendde son piedestal, et, sous le
costume romain, elies retrouventramoureuxLixival. Quelle
joie ! par malbeur , elle n'est pas de longuc durée , du molnar
pour Vamant^ puisque lorsqiie Rose et Lisette sont sorties,
son oncle, qui a tout découvert , vicnt le contraindre å lui cé-»
der son costume et sa place 3 il veut , cacbé sous cet babit et
le nuisque, avoir le plaisir de s^entendre dire en face, tout ce
qn'on croira dire å son neveu , auquel il ordonne , sous peine
d'étre désbérité , de se cacber dans un cabinet voisin.
Dorimont , qui est d'intclligence avec le vieuz financier^
rentre avec sa niece et Lisette. « Il est tems, dit -il, que
je commeuce mon ouvrage; et, en montrantle mannequin :
Voilå Titus , approchez-vous, Bérénicc ; il va vous faire les
plus tendres adieux. Ah ! que. ne puis-je, nouveau Pygma-
lion, animcT ce mannequin ! je me débarrasserais du soin d»
vous peurvpir , en vous le donnant pöur époux. » -^ « Quoi!
s^il était animé, vous voudriez que je devinsse sa fename !••• »
«— « Oui , je le jure 5 mais , k votre tour, jurez-moi que ^
vous le prendriez pour mari. »
Rose , ne croyant pas qu'un autre homme que Linval
|)uisse étre cacbé sous le masque de Titus , prononce 1© fa-
tal serment. Artbur , transporté , se découvre , et tombe aux
picds de Äose éplorée : « Vainement , lui dit-il , vous vbu-
llrie? vous eu défendxe , Lisette , votfe oacl© et Linval ^qui
56 MAR
spttenjt de ee ^binet , me serviront de témoins. » Rose , iih»
ierdito , déaeépérée , pousse de longs gémissemens ; son cha^
grin est extreme mais bientot Arthur, attendri , lui preod la
maiD ,et a'écrie, en mon^apt Linval :
« Je la prends pour la Ini 4onner ;
Car de Titus , jouant le role y
H iaut que j^aime k pardonner ,
£t volre bonheur me console. »
.Ce dénouement imprévu fut fort applaudi ; i\ en fut die
méme de presque toute la piéce. Quoiq«e le style de cet
ouyrage ofire des négligences et des incorrections , il eut été
si facilede les faire disparaitre , qu'on ne con^oit pas pour^
quoi l'auteur ne IV pas fait.
MANSUET (le pére), capucin, est auteiir d^une tragédie
chrétieone , intitulée VHeur^ux Déguisement y ou Philémvip
f f Apollone , Martyrs^ Cetle piéce n'a pas été imprimée..
MANTO (la fée) , tragédie-^opéra , en cinq actes, avec nn
prologue, paroles de Menesson, musique de Baptistin, 1711*,
Le prologue qst la fin de Fenchanlement de Merlin, qni
s'était enfermé poui: p.läire å sa maitresse. La piÅce est in*
triguée , comme la plupart de? autres opera. Maato aime le
prince Licaris , mais Licaris n'a point d'amour pour elle 5
il aime la princesse Ziziane , laquclle , de son c6té , aime
Iphis , et en est aimée, Cet Iphis est fits de Manto ^ mais
inconnu , parce qne Merlin Fa enlevé å sa mére lé jour de
na naissance, par le moyen de Tanneaii qui le rend invisible;
p'est cet anneau qui fait le dénouement , cW-^-Klire, l£^
reconnaissance d'Iphis«
MARAIS (Marin), célibre musiclqn, nå å Paris ,^ e^
|656 , mwt eo ^728^
MAR $7
Maraié fil des progrés si rapides dans 1'art de *)ouer de I»
viole, que Sainte^olombe , son mattre, ne votilut plus Ij^
montrer å jouer de cet instrument, au bout de six n^ois da
I^^OD. Il porta la viole å son plus haut degré de perfection ,
et 5 afin de les rendre plus sonores, imaglna, le premier, do
faire filer en laiton les trois derniéres cordes des basses. (Jn
a de lui plusieurs piéces de viole et plusleurs opera. CcUu
ffAlcyone , passé pour son cheWoeuvre ; on y admire sur*
tout iine tempéte qui produit un effet prodigieux; nn brult
sotvrdet lugubre ^'unissant avec les tons aigus des flutes el
des autres instrumens , rend toute Thorreur d'une meragitée,
et le sifflement des vents décbainés. Outre la miisique
^Alcyone^ il a fftit celle d^Ariannee tSacchu^'^ deSemelé^
et å^Alcide, avec Louis LuUj,
MAB.C3-ANT0INE , tragédie en cinq actes , en vers ,
par Robert Garnier, iSyö.
Xie trait d'histöire qui fait le fonds de cette tragédie est si
connu , les araours d'Antoine et de Cléopåtre sont si cé-<
Jébres , qu'il sqrait superflu d'en parler ici , oii il ne doit étro
question que de la tragédie de Robert Garnier*
On sait qu'aprés la défaite de Brutus el de Cassius, Au-
toine passa on Asie, et que les charmes de Cléopåtre, reine
d^Egypte , triomphérent de ce fier triiimvir» Bercé par les
amours , ivrq de volupté , ce beros, vainqueur de tant de na«
tions , s'endor9iit au sein de la molesse, et négUgea ses inte*
réts et sa gloire. Bientot Octave profita de sa faiblesse , et
Tint le surprendre , å la tete des legions romaines. Apr^s la
bataille dActium , å laquelle avait assisté Cléopåtre , et oi^
Antoine fut vaincu , ces amans se réfugiérent dans Alexan-
drie. Octave, profitant de sa fortune, vint les y assiéger.
Q\s\ donc dans les murs d'Alexandrie , e\ sous les murs de
58 M A ti
frette Tille qne la scéne se passé. Antoine entré aeul , et dous
Ikit part , dans iine tirade d'environ cent-cinquante vers, qiii
occnpe tönt le premier acte , de Thistoire de sa fortune , de
ses amonrs, pnis des revers qiii en ont été la stiite* II s^écrie )
« O miserable Antoine ! hc qne te fut le jour ,
» Le jour malcncontreux que te gaigaa.ramour *
» Paiivre Antoine ! des Pheure une palie Még&r^ ^
v Crineuse de serpens, encorda ta misére !
» Antoine , pauvre Antoine ! hélas ! dés ce jour4k ,
x Toa anciem bonbeur de toi se recula ,
y Ta Tertu deyint morte , et ta gloire enfinée
3» De tant de faicts guerriers se perdit en fumée :
9 Des rheure , les lauriers å ton front si connus,
» Mesprisez , firent place aux myrtes de Vénns.
• •«•••*••••••••••«•••••••••*
> Te TOyla de retonr , sans gloire , mesprisé y ^
» 'LasciTement yiyant d^^une femme s^usé ,
» Croupissant en la fånge ) et cepeudant n^as ewo
» De ta fcmme Octavie et de sa géuiture , etc. »
l*e clioeur, le voyant hors d'baleine, vient fort k propos
interrompre cé long et ennuyeux soliloque. A celui-ci suc-»
céde le philosophe Philostrate, qiii ouvre le second acte.
Moins verbenx qu'Antoine, il déplore, dans une tirade de
qiiatre-vingt-quatre vers , les fiinestes égaremens de ramour;
et passé en revue une partie des maux qa II a caiisés, et,
comme on s^y attend bien , il n'oublie point les malheurs d»
Troic ; il dit :
« Un amour, un amoar, las! qui P^ust jamais cren,
» A perdu ce royaume , eiubråsé de son feu !
t...-
» Tel fut riiorrible amour , sanglant et homicide,
> Qpi glissa dan< ton coeur , bel ho&te Priamide t
Mar $9
9 TcmhrUant d^un flainbeau ^ qui fil aHr^ dirpuin
> Les Perg.iioes Troyea^ , par la Gr^ce deslruiu*
» De.cet amour, .Prian» ^ Sarp«dou, et Troile ,
» Glauque, H^^ctor , Dciphobe , et mille autres , .et mlUe
» Qneleroiix Sitn<]^s, bruyant sous tant ^e corps ,
1» A potissé dans la mer , 4eTant leurs jours sont mörts. »
lie chceur , prét k toiU événcmcDt, vient se lameQ^er å sqa
four, et chante i
« Il nous faut plorer nos malheurs ,
v n nous faut les noy er de pleurs,
» Les maUieurs que Ton pleure
» Ae^oiyent quelque allégement,
» £t donnent tant de tourment ,
» Comme ils ibnt tout k Phcure , etc. »
• » *
Cependant, Cléopåtre, accompagnéé de Charmion, d^ras »
«es femmes d'hohneur, et de DIoniede , son secrétaire, arrive,
et se )u$tifie du reprocbe d^ingratitude dont elle est accusée.
Moi, dit-clie i
« Qué jetfaye trahi , chcr Antoine \ ma vie ,
» Mon* i|me', mon soleil? Que j'aye oeste cnyie ?
» Que-jé^Vjé träbi » mon cher seigneur, mon roi ?
» Plnstot un foudre aigu me foudroye le cbef , *
» Plust6tf'puis-jé cbeoir en extreme méchef ,
» Plustotla terre s^ouvre, et mon corps engloutisse,
» Plustot un tigre glout de ma chair se nourrisse ,
» £t plustot et plustot sorte de nostre Nil ,
» Pour me dévprer yive , un larmeux crocodile ! »
Ces cilations dolvent suffire pour donner une idée de cetto
tragédie : ainsi nous allons nous håter d'arriver å la catas-
trophe.
Antoine, abandonné des slens, et certain de toml)er au
ncu voir cUOttave, ne voit plus d'autre ressource <ju^ la mört.
,6o MAR
et prie Lucile , son ami , de la lui donner. Celui-<^i prend
]*épée qiie lui présente Antoine ; mais au lieu de l'en frapper y
il se perce liii-méme et lui apprend å mourir. Antoine alors la
retire sanglante du corps de son ami , et suit son généreux
exemple. Cléopåtre elle-méme ne peut lui survivie. Eile dit
k ses enfans :
(C Adieu , ma douce eure , adieu ! »
Et ceux-ci lui répondent :
« Adieu t maidaine* »
Alors tout le mondc se retire, et Cléopåtre reste seule aveo
le corps d' Antoine. Ayant tari la source de ses pleurs , et
pourtant voulant lui donner les derniéres preuves de s^ len»
drease , elle déclame ces vers qui finissent la tragédie :
» Moi, ne Ic pouvant plus de mes pleurs arrouser^.
1» Que feray-je elarmée> helas ! que le baiser?
v Que je Yous baise donc , 6 beaux y^ux, ma lumiére t
y O front , siége d^honneur ! belle face guerrit-re !
» O col , ö brås , 6 mains, 6 poitrine , oii la mört
3» V i en t de faire , 6 méohef ! son parricide eflTort !
» Que de miile baisers, et mille et mille encore,
» Pour office dernier , må bouche vqus honore !
9 £t qu^en un tel deyoir, mon corps affaiblissant^
» Dcfaille dessus vous , mon åme vomissant. »
\
MARC-ÅNTOINE, tragédie en cinq actes, en vers, par
Mairet, i63o.
Antoine, vaincu å la bataille d'Actium, et assiégé dans
Alexandrie, obtient quelques avantages et espére de rétablir
sa fortune. Dans cette idée , il rejette Pentreprise de sa femme
Octavie, qui, pour venir le joindre, a franchi toutes sortes
d'obstacles et de périls; enfin, il veut de nouveau tenter les
Jiasards d^iine bataille ^ mais tout son camp^ séduit et cof«
/
MAR 6t
«
it>ropu , se Tend å Octave. Alors , Antoine se croiC trahi pat
Cléopåtre eU^-mémek II l'accable de reproches; elle fuit, etf
quelques momens apres, lui fait annoncer qu^elle s'est im-
moiée. Ce faible amaot le croit > et prend la resolution de
rimiter. Il exhorte Lueile , son confidcnt et san ami 5 å lut
rendre ce tragique service, Lucile, apres avoir résisté, prie^
ÅntoiDe de détourner ta tete; mais, au lieu de le frapper, il
se tue Uii-mémeé Alors le triumvir imite cet exemple coiira-
genx. Toiitefois, il vit encore assez de tems pour apprendre
que Cléopåtre respire, et pour se faire porter auprés d'elle«
Cettereine elle-méme parvient å tromper Octave, qui voulait
kli sauver la vie , et la faire servir d^orneqient å son triomphe ,
et se fait donner la mört par un serpent« Mairet aurait pii
tirer meilletnr parti du role å^Octavie : en effet , elle öe parait
que detix fois, et ses deux apparitions ne produisent aucud
événement. Jjo, caractfere d* Antoine est peint avec les mémes
traits que ceux que Thistoire nous olTre. Cest nä composé de
grandeur et de faiblesse : c'est un esclave qui rougit de ses
fers, et qui ne peut lös briser. L'action de Lucile, qui ap-
prend k Marc-Antoine comipent il doit moiirir, est belle
et vraiment tragique.
MARCASSUS (Pierre de), est auteurd'une traduction
å'Argénis , et de deux piéces de théåtre , intitulées les Pé-
cheurs Illustres, et Eroméne,
\
\ v. .
MARCE (Roland de) « composé, en 1601, A<hab, tra-
gédie, sans distinction de scénes.
MARCEL a fait une comédie, intitulée Mariage sans Ma--
fiage. L'auteur et la piéce sont aussi peu conuus Tun que
l*a*itre.
(Ti MAR
MARCEL fut Tun des plus grands danseurs qii^on ait Til
ä rOpéra; il mourut en 1769 , dans un åge trés-avancé»
MARCEL > ou L^HÉRiTiER Suppo8É , opera en un acte^
{>ar M. Guilbert-Fixérécourt) musique de M* Fersuis, k ffsj-»
dcau, i8oo«
Un intendant> nommé Remi^ doit recevoir Une forte
iiomme s'il parvient å marier Marcel^ fils de feu Derneval^
son ancien maltre , avec Victorine Dercour, cousine du jeuod
b ömme; mais ce jeune hömme meurt peu de tems aprdft soil
pére. Alors Remi cache cet événementåla famille, et profita
de la ressemblance qui a éxisté entré le défunt et Un j&uM
))aysan , aussi tiommé Marcel , pour faire passer ce demier
pour Marcel Demeval. Élevé avec Soin par Remi , le villa*
gcois se défait bientot de sa rusticité; il aime Victorini), et|
de plus, s'en fait aimer; mais, la seute idée de devoir å Uoé
pérfidie la possession de soii amante, blesse sa délicatesse^ et '
il ne peut se résoudre å seconder les vues criminelles de aoil
bienfalteur. Cependant, la crtiinto de volr passer cétie qu'il
aime dans les brås d'im rival heiireUx, l'empcché dé trahir Id
mystére , et le jette dans une crUelle indécisiou. Quoiqu'il «il
soit, un notaire est mande par Remi 5 et déjå tout s'appretö
pour la noce. Sans cet instant, la mhre de Marcet survienti
Nicole, c'est le nom de cette bonne paysänne , veiit revoir et
embrasser son cher enfant. Remi, contrarié par sa présenté
inuttendué, Téloigne momentanément; mais, ihquiéte de c6
qui se ttame, elle rcparait précisément å Tinstant oii Mår^
tel, aveuglé par l'amour, va signer lo contrat. La vue de Ni*
cole 'rauime aussitot la force d'åme de ce bon fils qui déclaré
toute la vériték L'intendant est ignominieusement cbassé par
la lucrc de Victorine, et les deux jeunes amans, qui cessent
d^étre unis par les liens de la parenté, le sont par ceux du m^
1W AfL 63
tiägfty grace au äbble déslntércssemejcit de madamie Dercotiri
Ce petit Duvrage, qui ne ressemble uuUeniei^ k un opera**
i^omique j ofTrc Tébauche de quelques situations dramatiques^
111915 il n'a point assez de développemens. Le dénöiiement^
trop facile å prévoir , n'est poiat ménagé avet^ikdse2 dWti
mais 11 y r^gne un bon ton de morale.
MARCELIN^ opéra-comique en un acte, par ]^ Bernardt^
Talviiie , musique de M* Lebrujn ^ å Feydeaii , iSciö*
Un laboitreur de 1'Auvergne a quitté sa charrue pour lé
commerce^ dans leqiiel il a falt forliine. Au bout de six ans^
il quitté Paris , et revient dans son bameau , ou it trotivö
fap table garnie pour féter Tanniversaire de son uiariage*
Justine 9 sa fille^ qui nWait que dix ans lors de son départ ^
€u a seize maintenänt , et son jeune coeur est sensible å Ta^
inbur d'uil' étudtäntén médecine , noiximé Victor , neveu do
AL Scalpel^ chirurgien du canton , et tout nouvellement ar-^
rivé de Montpellier^ La mére Magdeieioe , femme de Mar-
celin , approuve leurs feux , car Victor est si brave , il est st
généreut , qu'on ne saurait lui ref u ser ^on estime } de plus, il
est le libératenr de Tun de ses enfans. Scalpel^ de soncoté^
n^empécbe pas que son neveu aime Justine ^ mais comme it
se döit ävant tout A ses målades, Utrouve fort mauvais que
son neveu veuille les lui faire négliger* IJes choses en spnt iå,
quand Marcelin arrivé et rencontre le jeune Victor , qu'il re-
connaSt aussitdt pour Tamoupeu:»* de sa filled Gelui-ci lo
prend pour un rival , d'autant mieUx qu'il lui entend dlrcf
i]u'il aithé Justine et qu^il en est airaé. lodrgué de ce qu^it
ose lui disputer le coeur de Justine , il lui propose un cartel
que Marcelin accepte , en lui demändant toutefois la per-<*
mission de déjeöiier avant de se bättre. Au bout de quelque^
kcures , Victor vieut le.sommer de tenir sa parole* Le sangr*
64 MAR
iVoid de Marcelin, sa. familiarité avec Jiistine, qull em-^
brasscy mcttent le comble å la fureiir de Victor, qui le
preMc de maniére k le faire expllquer. Alors, Marcelin \ai
deniande s'il a des en fans , appelle les siens , et lui dit qii«
jnsqii'å ce qu'il en ait autant que lui , la partie n^étant pas
égale y il ne peut hasarder ses jours aVec un jeune homro^
qui n'expose que sa vie. Notre étourdi, comrae on doit le
croire., est fort décontenancé ; mais enfin Marcelin lui par-
donne , et lui accorde la main de sa Justine» Gette derniére
Mréne , qui fait le dénouement de la piéce ^ est fort agréable*
MARCET DE.MEZIERES (laaac Ami de) a composi
nne comédie en trois actes^ ea prose,quifut imprimée W
1753 y et jouée sur le tfaéåtre de Carouge*
' MARCH ADIER ( Tabbe ) , mört en 1748 » a fait jpuer
aux Eran^ais , en 1747 9 une comédie en un acte^ en yera 1
intitulée le Plaisir* r ,
MARCHAND( Jean -Henri), a publié, en 177a, en
société avec M. Nougaret', la tragédie de Mewkoff*
MARCHAND DE SMYRlSgE ( le ),. comédie en un
acte , .en prose , par Champfort ^au théåtre Francais , 1770.
Le fonds du sujet de cette piéce est le méme que celui du
Ture Généreux , acte du bullat des Jndes Galaates de
J^^uzelier.
Kassan avait été fait csclave et conduit å Marseille 5 il
plcurait la perte de sa liberté, et sur-tont celle de Zaide, qu'il
adorait , et dont il était aimé. Un Eran^ais , témoin de sa
doulcur 5 rinterroge , s*attendrit , le délivre , et n'exige de
.<lui. pour toute recoantussaucc , que de ne pas hair let
MAR 65
Ghrétlens. Hassan , de retour dans sa patrie, ^pouse Zaide.
Tons les ans il achéte fin esclave chrétien , et lui rend la
liberté , en ndémoire de ce que lé Frangais a fait pour lui.
Parmi les esclaves qu'il délivre , se trouve c^lui aiiquel
il a tant d'oblIgatit)n. II avait été pris par les Tures en
revenant de Malthe , avec une maitrésse qu'ii devait épou*'
ser. Zaide achéte la liberté de cette fémme, et les deuz
amans finissent la pi^ce en seniariant.
Cette comédie ofTre des plaisanteries assez heureuses; mais
elles roulent presque toutes sur la difficulté de vendre det
escWes qui ne sont bons k rien»
MARCaAND D'ESCLAVES (le), parodle en deux
tetes et en vaudevilles, aux Italiens , 1788.
L'intrigue de cette parodle est calquée sur celle de la
Caravnne-; on j retrouve les mémes situations ^ les mémea
détalls, avec de petltes additions critlques, dont les unes
sont heureuses etsaillantes, et les autres trés-communes*
Si Pen en excefpte qbelques cbuplets , Touvrage ne mérlte
pas le succés qu'il a obtenu.
Au dénouement, l'on volt descendre des nues un char
surmouté d'un ballon, qui améne le pére de la belle es*
clave. Alors le Marchand chante ce couplet :
« De telles yenues
Ne nous sont pas inconimes :
Car Pon yoit , de lems en tems>
Des péres etdes dénouetnens ,
Qui tombent des nues» »
MARCHANDE DEMODES (la) , parodle en un acte de
Topéra de la Festale.y par M. de Jouy, au Vau de ville, 1807.
Torne FL £
66 MAR
Le principal mérite d'uDO parodie consiste orditiairement
dans sa maUgnité : rauteur de celle-ci , qiii est aussi celui
de Fouvrage parodié , pouvant craLndre qu'un autre ne Té-^
gratignåt trop , a pris le parti de $'égratlgner lui-méme ;
mals il s'y est pris avec tant d'adresse ^ que les épigraifciines
de sa Marchande de Modes peuvent sufEre k la malice åts
amateurs du Vaudeville ^ sans altéref en rien notre vénéra*
tion pour la prétresse de Vesta.
Lascfene se passé dans un magasin ^ dont le directenr,
artiste profond et important , juge k propos de se faire con«
naitre tout d'abord :
K Chacun dit^ en parlant de moi» /
Que des modes , je suis le RoL »
La maltresse de la maison se nomme madame l^EtofTée ;
Julie y demoiselle de boutique y doit rester la nuit dans lo
magasin , comme Julia , prétresse de Vesta , demeure dans
Fintérieur du temple 5 et c'est un malheureuz quinquet qui
fait Toflice du feu sacré. Licentius, maréchal-des-logis dans
un régiment de chasseurs-å-cheval, joue le role du triom«
pliateur Liciniusy et s'introc]uit , comme lui , aupréa de la
gardienne qui lui ouvre les portes. Sur le point de se prou-
ver leur tendresse^ nos amans renversent Icur quinquet : le
feu s'cteint , on vient, on découvre la méche...*.
Et ceetera , et ccetcra ,
Le reste comme ä TOpéra.
Farmi les couplets qui se trouvent dans cette piéce , on
en remarque un qui fut trés<»-applaudi« On condamne Julie
å monter au grenier avec un rat-de-cave , du pain et de
Teau , et ses compagncs Texhortent å prendre patience : elles
cbantexit :
« Trémpe ton pam ^
Ma chöre,
Trcmpe ton pain ,
Trempc ton pain dans Peau claire ,
Dans Tean claire, å défaut de vin.
Si Pon mct k Tean fraiche ,
Toutefille qui p^che ,
LVau olaive ä la fin ,
Sera plus ch^re qu« le vin» »
MARECHAti ( Antoine ) a donn^ an ibéitre VIncons*
Äwce tHilas , pastorala en cinq actes ; la Généreuse Al^
lemande , ou le Temp/e d'-^mattr, tragl-comédie en deux
journées, de cinq actes chaciine; la Swiir P^aleureuse , ou
YAveugh Amante; \q Sictateuv Romain ^ QuPapire; le
Mausoléa y oii uirtémise; la Cour Berg^re ^ ow VArcadis
de Sidney , et le Jugement Equitable de ChariBS ■* /«*-
j^(zr(£ , tFaglMsomédie en cinq aetes« II est atiteur äu Cb-
pitan Matamore , ou le Farfarön , et du Railleur , ou hk
Satire du Tems , comédies en ciuq aotes , en y«r»* On luå
tltiibue une tragédiie de Tcrquatus.
MARÉCHALrlllRRANT < la } , comédia ea ub aclé, em
prose, mélée d^arieties, par Quétaot , musiqu* de Pfailidor, k la
foire Saint-Lauront , 1761*
Harcel , iparéckal-fbrrant , dans la bou^ué duqnel 9«
passé la scéoe , a wcm j«un8* fille , nomnnée Jeanneitte , ^ont 1»
C(Bur, pour la premiir^ fbis y yicst de s'ouvrir å l'amour.
Coiia, neveu de M* de la Bride f cocher dan» le ehåleau
Toisio, est 1'objatrde sa tandresse» Claudine y sm\X9 de Marcel ,
aima aussi Colin , el veut Tépouser. Comma celle-ci a beau-*
coop d'empiFesuir Fespril de son frére, elle lui fait prendre
la resolution de maarter JaanAtte å M. de la Bride , ce qui
iQet les jeunes aowuia dans le plus cfu?t eoabarras. Tandis
£ 2,
68 MAR
qu'Ils cherchent les moyens de s'en tirer, Colin aper^oitstJf
la table, une boiiteille qu'il croit rempHe de vin : comme il
a chaiid, il eu veut boire; c'est une potion soporifique qui
Tendort sur-le-champ. Jeannette le croit mört subitement ,
et le fait porter dans la cave. Lorsque la potion a cessé d'o-
pérer , Colin se réveille , ce qui donne lieu k un jeu do
théåtre , ob. plusieurs personnes croient voir un revenaut :
on en vient aux explications , et la piéce finit par le
mariage de Colin et de Jeannette. Claudine, charmée de
rhumeur enjouée de M. de la Bride , ne fait pas de difficulté
de lui sacrifier Colin, ce qui forme un double mariage.
MARÉCHAL-FERRANT DE LA VILLE
D'ANVERS (le), vaude ville en un acte, par M.Mauricc,
au Vaudeville, 1799-
Robert 9 fils de Quintin Messis, maréchal ferrant de la
ville d'Anvers , a eu le bonheur, en se jetant k la n€ige, de
sauver les jours d' Augusta, fille du pelntre Wanderwood. A '
la recounaissance d'Aiigusta , a succédé bient&t un sentiment
plus tendre; elle aime Robert, et Robert, brulaut pour elle
de Tamour le plus pur , s'est introduit dans la maison du pére
pour y broyer des couleurs. Qu'il est beureux! il yoit chaque
jour sa maitresse! Mais un obstacle vient s'opposer å runion
de ces deux amans. Wanderwood , enthousiaste pour tout ce
qui tient å son art, ne veut donner la main de sa fille qii'å un
peintre, qu'å celui, en un mot, qui, dans un tema marqné,
aurafait le meilleur tableau. Le jour fixé pour le concours est
arrivé ; en vain le pere de Robert, qui a découvert la passion de
son fils, cherche a obtenir le consentement de Wanderwood;
huit mille écus de dot qu'il s'engage å donner, ne peuventy
ilécliir le pére d' Augusta. Chacun des concurrens se présente .
donc avec son ouvrage. L\in d'eux, Vunderbcrg, a peiut un
MAR «g|
chardon y ei Ta si parfaitement imité , qu'un Ane friand y séduit;
par la vérlté du tableaii , en a dévoré une partie. Gette preuve
e&t convaincante , et Wunderwood, enchanté, se dispose å
c&iiroancr Vanderberg, lorsque Robert parait å son tour,
avec le portralt d' Augusta. La ressemblance est si frappante,
que Wandervrood, étonné^ regardeiin talent aus^i prompte-"
ment acquis commé un prodlge, et accorde la maln de sa fille
i Robert.
Tel est le fonds de cette piéce , dans laquelle on trouve de
1'iatérét 9 de Tesprit , du sentiment et de la gaieté; ce qui forn^
une réunion assez rare»
MAREL , auteur peu connu , a fait la tragédie de 2i/ito*
tlée^ ovL la Générosité d'Alexandre.
MARGUERITTE (le baron de ) > a feit représenter äi
Nismes,en 1 774» Clémentine , ou Vjiscendant de la p^ertu,
drame en cinq actes, en prose, et a donné une tragédie en
einq actes, intitulée la Revolution de Portugal'.
MARGUERITTE DE VALOIS, soeur de Francols I*';
tt femme de Henri d'Albret, roi de Navarre, a fait ptusieurs
piéces de théåtre, mysttres et farces , tels que les Innocens,
la Nadvité de Jesus» Christa VAdoration des trois Rois , le
Bésertj la comédie des Quatre Dames et des Quatre Geiitils-'
hmmeSy la farce de Trop, ProUy Peuy Moins. Ctrtte reiiao
mourut en 1649 , 4gée de cinquante-sept ans* '
MARI AMBITIEUX (le), ou l'Hommb qvi tevt
fAiRB soir CHBMiif^ comédie en cInq actes^ en vers , pac
M. PIcard , au théåtre Louvois , 1802»
On a vu, dan» DuhautcourSy ou le Centralt d' Union i
ooe hände de. iiloux étalfr aiir'lia scéne le hideujc tableau da
^ MAR
leurs •seroqneriés $ dans VEntrée dans Ib Monde, on a rm
det volenrs mal-^droits se disputer tes dépoiniies d'uB fls de
filmiife tönt neuf et trés«Klisposé å se laisser fkire : ov toiC y
dans le Mari AmbiHeujc y un faomtne qm veiit fmm aom
efaei&in au prix de rkoimefir de sa eliaste, iflitéresaante ei
if op vertueiise épouse. Dans la premi&re ^ sans mi M« Fraoc*-
val , qni sHotéresse å Derville . et qut le fbroe å devenir ho»-
uéte homme, c'en était fait, nous allions étre témoins d'ui]e
banqneroute fracidfileuse ; dans la seconde, la victime aerait
immeUe y si ud ami vrai qui veille sur elle , ne parvenait å
déconcerter les projets de madame de Scuni-Albe et da «on
digne acolyte..... Dans celle-ci , que devlendraient la vertu de
6ophie et le front de Cléon y si Dulis était plus eatrepreoaiit et
plus adroit , et si le beau-pére nWrivait k tenas po«n: prol^er
rhonneur de sa fille , et mettre å couvert le front de ce trop
complaisaot mari ! Cequ^iUdevicndraieiit !•%.«• La 7«B|ain#
adft :
Quand on le aait ^ cVst pca de ehose \
Quand on Tignore y ce n^est rien.
Ce précepte est fort bon; mals La ¥ontaioe snpposak fal
chose faite. Quand on le sait, en effet, le meilleur est de s»
persuader quc ce que Ton salt, on ne le sait-pas-; qufuid oa ne
sait rien , le plus sage est de ne point chereher ä soulever ie
voile offieieux qui couvre ce que lon doit ignorer. Clépn , 8'U
pouvait avoir des soup^ons sur la conduite de Sophie ^ pour«
rait bien n'y pas prendre garde de si prés 5 mais non : il eA
irÅs-convaincu que la vertu de aon épouse est sans ittelie , et
U ose la compromettre de sang-^frotd. Il fitut oomnBiur qu'it
n'y tient pas beaucoup; oar il w gatderait bien de la bataider*.
3pkitre nous , c'est un cheoiin bias fmnd que celai qii^it
Wtt lui &tro parcQU£ur« Sn cas.piujeil, Sopbia SBrail: foift
MAR «7i
ezcusable <le iaire un Caux pas; osonsle dite , i^Séon ost trop
heiireux d'en étre qgitte pour la peiir. En un mot, ^voici la
morale de cette piéce. Vous qui voulez parveiiNr «ux cm-
plois , étes-vous pourvu d'unq jolie femaie? vous «erez
accueilli partout; pas de doute, vous «uc^s Temploi que
vous désirez : votre femxne vous tievdca lieu 4'espiiit, de
talent , de délicatesse e.t d'Jionneur. Car ., pour réussir dans
le moDde^il ne faut point de ces vertus farouclies, qui regim-
bent au moindre mot ; 11 faut au contraire écouter avec do-
Cillté toutcs lesfadeurs i\\a galant suranoé, 'sourire å ses
propos libidlneux, et lui persuader^ riea a^est plus aisé^ <px9
les platltudes qu^il vient vons débiter , sout autaiit de
traits d'esprit , etc. , etc* Sans oontredit cetouvirage est fort
imm^oral , mais il est plus eoiiuyeux eocore^ et oe >n'est pas
peu dire. Le plan n'en vaut rien , rintrigtie B>esfc pas meil-
leure ; elle oQre un grossier tissu de ooknversations &oides
et triviales , et un ramassis de plaisanteries communes et
usées. Les caractéres sont faux et insigoifians. Sophic est
triste. d'un bout å Tautre ; Cléon accabié de soncis , flbtte
sans cesse entré Thonneur de sa femme et Temploi qu'il
brigue ; Dulis a la gravité et Timportance d'un petit mi-
nistre ; et la fadenr et la siffisance d'un galant de ta cour
de Fran^ois premier. <^»ant au style , il est négligé ,
ineorrect, difius et entoftJHé. Nous somiries donc "forcés
de le redire ; il serait difllcile de faire ^es vers .plus platå
et plus prosaiques que ceux que Ton treuve dans. cette
piéce «
MARI CCmJIBESfT (le ) , comédie postlrame^ en cin)
mdes , en :ver8 , per Néricault-Desrtouclies , ^58.
Une fiUe de conditios aifnftit le marquis de l^rangej
Biais soa pipe Favait obligéetfépomser fe €omte de Porville :
cUc a nnc soeur nommée JuUe , qui est amourcuse du mar-
j% MAR
quis. La comtesse de Forville propose i. son pdre de le donner
pour époux å sa seeun H n*ost question que d'attirer Florange
ehez la comtesse; celle-ci ne yeut faire auciine déniarcheå
Fins^u de son mari. Forville n'a pas ignoré la passion de sa
fem me pour Florange. On a quelque peinc å lui déclarer te
projet qu'on médke. On lui en parie enfin , et il est le premier
å en presser Texécution : il dicte hii-méme la lettre que la com-
tessed oit écrire au marquis ; Florange arrive, et^ lapremiére
personne qu'il trouve, c'est le comte, qu'il ne connait pas»
et auquel il fait confidence de ses seutimens pour la comtesse*
Julie, en habit de cavalier, apprend aussi de lui qull aime
toujours madame de Forville : elle en est furieuse; elle veut
que sa soeur le bannisse de son coeur; qu'elle lui dise', du
moins, qu^elle ne Taimera jamais, et qu'elle garde toute sa
tendresse pour son mari. Florange en est désespéré; il jure,
de son Goté, qu'il oubliera pour }amais la comtesse; mals
^uand Julie s'est bien assurée de ses sentimens , elle le £eut
connaitre et l'épouse.
Il y a dc8 situations neuves et intéressantes dans cette co«-
médie.
MAHI 6AR(^0N (le)^ coraédie en trols actes , ea
vers, par Boissy, au théåtre Italien, 1742.
Le mari gar^on n'est pas une piéce sans mérite; mais il est
étonnant qu^aprés six mois de mariage, un homme puissedSre :
Je suis raari gar^on , et gar^on å la léltre.
Il est vrai que la comtesse , son épouse , prend toutes sortea
de mesures pour le frustrer des droita de Thymen. Elte se voit
malheureusement obligée de tenir une conduite si extraordi»
naire , pi|isqu(^ sa fortune en.dépend*
Cléon, rapporteur d'un proc&s^ dont Tissue doit fixer la for^
tune de la comtesse ^ lui a demandé sa main pour soa
MAR 73
'fils 5 mais la veuve en a disposé en faveiir de Léandre ;
et tient son mariage caché , dans la crainte de perdre Pap-
piii de Cléon qii'elle a un trés-grand intérét de ménager,
Aussitot apres son mariage , Léandre est parti ponr son régi-
ment , et la comtesse a qiiitté Rennes , qu'elle habitait ,
pour aller s^établir å Forges avec iine nommée Cidalise,
fille aimable mais légére , å qni elle a grand soin de cacher
son secret. Dejå Léandre est venu voir son éponse dan^
sa nouvelle retraite sons le titre de frfere. 11 presse sa pré-
tendue soeqr , de faire finir une position aUssi cruelle. Loin
de Rennes et de Cléon , elle ne doit plus avoir les mémes
sujets de crainte 5 la comtesse lui objecte Pindiscrétion de
Cidalise et Tarrivée å Forges du fils de Cléon qui lui
donne des fétesy sans savoir qiie son pére la lui destine.
Léandre et le fils de Cléon sont amis dés Fenfance : ce
demier , apprenant que son ancien camarade est fr^re de la
comtesse 9 lui demande sa protection auprés d'elle , mais le
mari gar9on n'est point disposé , comme on doit le croire ,
a la lui ac c order..
Le marquis , dont Fami refuse , avec tant de raison , de
remettre une lettre å la comtesse , prend le parti de com-
poser une déclaration en vers , qu'il se flatte de pouvoir luI
faire lire. Dans la chaleur de la composition , il est surpris
par Cidalise qui le presse dé les lui montrer, Pour s'en dé—
barrasser il les lui donne et lui dit qu'il les a fait pour elle,
å la sollicitation de Léandre , dont elle est éperduement
aimée ; qu^lques möts qu'il adresse k son ami devant elle
achévent de la persuader. Reste seul avec Cidalise , Léan-
dre la désabuse , lui fait croire que le marquis a écrit pour
lui-méme ; qu'il n'a pas osé lui avouer sa défaite , et qu^il
ne tiendra qu'å elle de Pépouser.
74 MAR
Léandre fait part an marquls des succés qu'il Itu a mé-
nagés sur le coeur de Cidalise ^ et tons deux convlomient do
stifrecuser pour réloigner* Ils s'adjo]gneDt un M. Delajoie,
médecin trés-digae de ce nom. Le marquis , voyant venir
la comtesse , remet en s'enfujant une lettre pour elle å
Léandre , qui n'a pas le lems de la refuser. La comtesse
å qui le marquis a dit avoir fait des vers pour Cidalise
an nom de Léandre , adresse å ce dernier des reproches
dont il lui est aisé de se justifier. M. Delajoie contribue
å rassurer la comtesse , en lui annongant le départ de
Cidalise y départ qu'il båtera , en lui persuadant que Fair
de Forges est contraire å sa santé.
Le marquis se félicite du départ de Cidalise ^ dont r«s*>
ftiduité aupr&s de la comtesse Fempéchait de lui dédarer
son amour. Il saisit la premiére occasion pour lui en
parler^mais, tandis que cclle-ci le badine , Cidalise revieul.
Avant de quitter Forges , elle a voulu as^ster au bal que
Ic marquis doit y donner ce méme soir. Bientot Léandre
arrive lui-méme et lur demande la lettre qu'il lui a re-
mise. Plus le premier Fengage å se taire , plus il iosiste « el
jplus Cidalise presse Léandre de lui faire savoir ce que signifie
cette lettre. Alors il lui dit qu'il est question d'un billet doux
pour elle , qu'il ne lui a pas remis , parce qu'il la crojait
partie. Cidalise sort avec la comtesse , tr&s-sure de Fa-
mour du marquis. On annonce å ce dernier tm courrier;
il va le recevoir, et bientot, plein de confiance, il re^
vient dire å son ami qu'il n'a plus besoin de son secours|
qu^une lettre de son pére lui apprend que la comtesse
est Tépouse qu'il lui a destinée , et que celle-ci vient de
gagner son procésé Cette nouvelle encbante Léandre : la
fiomtesse ^ sure du gaiu de son procés et ii'ajant plus de
MAR .75
ftisoa d« cfttDiier ^m mturiå^ , te détlat» nu fnatqws y x\\n
consacre å céléiM«er i% bonk«vir de sfMi ai&i, k f^« qu'il
nvait prépai:^ poar la ^K^mt^ss^
Cettle fihce est bM cmi^w^ ; I^»ti4gwe »m «st naUirelle.
Ou y trouy^ de» scéct» 'agréabVeft et tréå-c>omiFq«ies $ le style
•n Mt peii Boign^ , maife il <e«t gmoievi^it et fecile.
MARI INTRIGUÉ ( le ), comédie en trois actes , en
yers , par M. Desaugiers , au théåtre Loiivois , i8o6.
Une femme , piqiiée d'avoir rencontré dans une lettr*
de soii itiärl une pfarase inconsidérée , dans laquelle il liii
déclate que ssifidélité rennuie , veut le piinir et Tintri-
guer. Po ur y parvenir , elle feint d'abord avec lui do
{'iddilférence ^ et ensuite excite sa jalousie , en lui donnan t
li'eu &é croite qii'elle en aime un autre : de son coté , lo.
Ääi*! Imagine qnelques épreuves, pour s'assurer de Vin-
difierence de sa femme et de son infidélilé. Mais toutes
'ses ruses son t déjouées par une soubrette adroite , et
föurnissérit conséquemment des moyens de Tintriguer da-
Yantage. Il en est cependant quitte poar la peur , et tout
cela s^accomode pour le mieux.
MAHI JAIiOUK '( le ),, c^nrtédieea ickii| abtes*, en yvn ,
|)ar Sesforges , auK Fras^uft , 179&
Constance , femme de Tersange , éléve un enfairt dans
ht plus gFWid myel^e : le^nati c» est fuiieux; nmis cBt enfant
•st le fruit de sa propre infidélité. CeiDstanoe W i^cueiUi ,
^ a pi^am de hii servir de Tnåre : le mari MfSt iooi^Bdu.
Voilå tout le fonds de 'cetts piåcc -, xpA «'« pas 0u un
grand succés*
MAÄi JOftretrROT t. a temme bigothe (le) ,
«cines italiennes, en iMtiirique, représentées sur le théåtre de
rOpéra , en 172g.
76 MAR
Gette piåco n^est pas susceptible d'anal7se* Nou» nVof
parlons ici que pour appreodre k nos lecteurs , qii'ayaiit
les derniers opera Italiens boufifons y qui ont causé une
ftl grande revolution dans notre musique^ on avait déjå
donné de pareilles scénes sur le théåtre du Palais Royal. Le
sieur Bistorini , Florentin, faisait le role du Joueur , sous le
nom de Baioco , et la demoiselle Lingarelli, celui de 1&
Bigotte.
M ARI JUGE ET P ARTIE (le), comédie enimact»,
en vers, par MM* Chazet et Ourry , au théåtre Louvois^
1808.
La comédie de la Femme Juge et Partie de Montfleurj^
est 11 ne des plus anciennes piéces du théåtre Frangais; ca
la voit toujours avec plaisir. Le Man Juge et Partie aura^
t-il un succés aussi durable ?
Il s'agit, dans cette piéce ^ d'un mari qui aband«nne sa
femme, pour courir apres les bonncs fortunes; il rencontv»
une certaine Julie , dont il devient amoureux* Cette daino
découvre qu'ilest marié, et elle concerte avec la femme de
Finconstant, un petit pro jet dont le resultat est de le mys»
tifier. Il croit sa femme infidéle^ se féche contre elle; mais
la vue de Julie le réduit au silence , et le fait rentrer dant
le devoir.
Comme on le voit, le fonds de cet ouvrage est pen de
chose^ 1'intrigue n'ést pas neuve ; mais le style estcorrect,
et des situations adroitement ménagées annoncent dans les
auteurs une grande connaissance de la scéne*
MARI PRÉFÉRÉ (le) , opéra-comique en un acle , pre-
cédé d'un prologue , intitulé la Fée Bien/hisante , par Lesage^
å la foire Saint-Laurent , 1736.
MAR 77
Voici de quelle maniére Lesage a défini dans cette piéce
le bal de TOpéra : ^
Des'fillett«s
Fort bien faitesj
Des abbés
Bien musqués j
' Des donzelles
l^aides , belles ;
Des galans
Frétillans ,
Qui cajolent^
Caracolent,
£t dansent en rond
La danse å Biron.
MARI RETROUVÉ (le), comédie en un acte , en prose ,
avec un dlvertissement , par Dancourt , au tbéåtre Frän-
^ais, 1698.
Le sujet de cette comédie est une aventure arrivée en
1697. C^est le procés du sieur de la Pivardiére, qui faisait
alors le sujet de toutes les conversations de Paris. La
femme de la Pivardiere fut accusée dWoir fait assassiner
son mari 5 ce dernier reparut un mois apres pour justi-
fier son épouse du crime qu'on lul imputait. Les juges
de Chåtlllon - sur - Indre , qui avaient fait des informations
contre sa femme , ne voulurent point le reconnaitre et le
traiterent d'imposteur. Ce procés fut porté au parlement de
Paris, qui reconnut le sieur de la Pivardiere pour la méme
personne qu'on disait avoir été assassinée. Dancourt a fait
usage , dans sa comédie , des événemens de ce procés. Sous le
110m du meunier Julien , il peint la Pivardifere ; le Bailly de
ja piéce est le jug3 de Chåtillon-sur-Indre.
Il est peu de petites piéccs plus connues que celle-ci. L'au-
tcur a su tirer un heureux parti du divorce de Julien et de sa
78 MAR
femme ; de la jalousie du BaiUy et du Garde-mouKn , de cell*
d^Agathe , et méme du personnage de Colette. H est assez
plaisant de voir le Bailly soutenir la validité du procés**
verbal qui atteste la mört de JmIUd , tandis que ce dernier
dément le procfes-verbal eri personne. On trouve , dans cetla
petite comédie , beaucoup de mouvement , des scénes agréa-
bles, et au tant de vraisemblänce qu'ea exige une intrigue
purement villageoise.
MARI SANS FEMME (le) , comédie en cinq actes , en
vers , avec des intermédes , par Montfleury , l663.
Carlos , amant de Julie , dame espagnole , Tenléve k don
Brusquin d' Al varade , qui venait de Fépouser ; les amans
fugitifs s^embarquent , sont pris par un corsaire , et vendus
a Fatiman , gouverneur d' Alger. Celui-ci les destine å di-
vertir, par leurs cbants, Célime, dame turque, dont il est
amoureux; mals Célime se prend de belle passion pour Carlos,
le lui apprend, et ne peutle séduire. D'un autrecoté, doa
Brusquin, instruit de la captivité de Julie, vient la récla-
mer comme sa femme 5 il convient , avec Fatiman , du
prix de sa ranson; mais le gouverneur, instruit du penchant
cle Célime pour Carlos , et de la résistauce de ce dernier,
songe å lui procurer Julie. Il oblige don Brusquin , sous
peine de la bastonade et des galeres, de consentir å ce ma-
riage, de signer sur le contrat , etc. Don Brusquin n'y sQua-
crit qu'aprés quelqucs coupsre^us, il s'écrie enfin :
Je ferai tout ce quHl vous plaira ,
£t signerai, plutot que yous mettre en colcre ,
Pour moi , pour mon ajeul, et pour défunt mon pére ,
Que nous avons etc des sots de pére en fils ;
Et méme , si Ton ycut , pour tous mes boiis amis.
Ce role de don Brusquin est un peu chargé; et cette ma-
aiere de rompre un raariage déjå fait , tient beaucoup de la
MAR 79
Itcence qui rdgne dans toutes les pifcces de Montfteury. A ces
défauts prés , celie-ci est divertissante et comique.
MARIS CORRIGÉS iles) , coraédie en trois acles et
Cd vers , par M, de la Chabeaussiére , aux Italiens , 1781.
Cloris et Dorimåne ont poiir époux deux jeunes gens å la
mode , c'est-å-dire , biea frivoles , bien inconstans , et bien
infidéles. L'une d^elles, Cloris, poiir réchanflerle zele con-
jugal , imagine divers expédiens : celui qui lui semble enfin
le meilleur est de faire croire aux deux mans qu'elles ont
cbacuDe un amant , qui commence k faire des progrés siur
leurs coeurs; elle cboisit Selmour pour son compte, et c'est
Eulalie, épouse de Selmour, qui , déguisée en homme, doit
faire la cour å Doriméue. Nous ne suivrons pas Tauteur
dans les aventures, les méprises et les quiproquo qu'ame-
nent ces feintes amours. Qu'il sufHse de savoir que les. deux
épouses parvicnnent å ramener leurs maris å leurs pieds , k
Taide de differens stratagémes, fort amusans pour le specta-
teur , pourvu qu'il se préte un peu å quelques illusions abso-
lument nécessaires.
L'intrigue de cette comédie est fort embrouillée, Texpo-
sltion en est obscure > et les scéaes en sont mal iiées : mais,
si Touvrage péche par Tensemble , il plait par les détails;
on y remarqu^ un style å-la-fois elegant et simple , un ton
«xcellent, un dialogue naturel, des réparties ingénieusas, et
ies tirades cbarmantes,
MARIS EN BONNES EORTUNES ( les ) comé-
4e en trois actes , en prose , par M. Etienne , au théåtre
loiivois, i8o3.
Cette pifece ressemble aux femmes vengées de Sedame 5
öiais le sujet est traité avec plus d'adresse et de décence.
L'intrlgue en est plus naturelie et plus piquante peut-étre ,
8o MÅR
qiioique souveat les ressorts employés par Tauteur, puis«
sent paraitre étrangers au foods de Fouvrage*
Valério et Ansdlme , tons deux véoitiens , et quoique
Toisins , ennemis irréconciliables , sont cependant cba-
ciin épris des c hannes de Fépouse de Tautre,
Valerio envoie par son valet , un billet tendre k LucilCy
épouse d*AnseIme ; celui-ci profite du méme commission-
naire pour en faire parvenir un k Isaure épouse de Valerio.
Les deux daroes qui sont ainies , roalgré la division de leurs
maris , se communiquent ces billets , et se promettent de
se venger de leurs infldéles. Elles écrivent k leurs soujri-
rans pour leur donner un rendez-vous pour dix henres du
soir, et l'une passé dans la maison de Tautre ; chacun
des époux se croit en bonne fortune avec sa voisine , ot se
trouve avec sa propre femme. Dans cette occurrence , le
Senat de Venise , soupgonnant une trahison , décréte deft
niesures contre les gens suspects. Ansclme et Valerio sont
du nombre. On les cherche ; on trouve le premier dans
la maison du second , et le second dans la maison du pre-
mier. On les y consigne , ainsi que les femmes. lie
Icndemain le procurateurleur permet de sortir. Ici se trouve
unc grande scenede jalousie entré les deux maris qui s^accusent
réclproquement : enfin , les femmes lévent les voiles dont
clIcs étaient couvertes , et punissent ainsi leurs infidéles^
tout en rassurant leur honneur allarmé.
MARIS GARCONS ( les ) , opera en un acte par MM.
]N"anteuil et Berton k Fejdeau , 1806.
Deux ofEciers d'hussard , nouvellement mariés , Edmond
et Florville , quittent leurs épouses , vont å Strasbourg ,
so distraire , au sein des plaisirs de Famour , des ennuis de
riiymeu , et s'y font passer pour gar^ons. Leur fcmme*
MAR 9i
iostroites de leur ^cojiiduite se rendent dans la méme vUte
avec le dessein de se venger et de les mistifier. EUes '
essaient d'abord de leui: inspirer de la jalousie , mais ce
premier moyen ne réussit paa ; elles en eroploient un
second qui a plus -de succés. Comme Edmond ne con-
nait point Tépouse de florville , et que celui-ci ne
connait point celle d^Edmond» chacune d'elles inspixe
de l'amour au mari de son amie «t lui donne un rendez-
Tous : de-lå nait le projet < d'une partie pour le bal mas-
qué. Cest un bonheur inattendu dont les deux amis se
font part ; ils se rendent å- l'endroit indiqué , et j tron-
vent leurs belles masquées ; bientét les masques tombent ;
les mans demeurent confus en reconnaissant leurs femmes ;
]'amour s^envole y et FhyméA rallume son flambeau. Gette
piece 9 dont les détails font toitt le mérite , a eu dit
succés* Un joumaliste a dit å propos que les dames
traUaient toujours les maris en gargonsm
MARIAGE CLANDESTIN ( le ) , comédie en trois
nctes , en vers Ubres, par Lemonnier , aux Fran9ais ^ 1775*
Gette pi&ce est imitée de Fanglais de Garrick. Elle fut
assez mal re^ue , et Vauteur la retira. Cependant on y trouve
des sc^nes agréables et traitées avec délicatesse , nciais il eu
existe beaucoup qui sont absolument inutiles*
MARIAGE D' ANTON 10 (le), divertissement en un
acte , mélé d'ariettes , paroles de madame de Beaunoir 5 mu-
lique de mademoiselle Grétry , aux Italiens , 1786.
Antonio est un jeune gar^on que Blondel, le menestrel, a
pris pour guide, quand il a feint d'étre aveugle pour chercher
»on bon mattre sans éveiller les soup^ons. La mission d'An-
Tom. VI. F
y
8t MAR
tonio est rcmplie ; il retourne å son village pour assistef atlit
Docos de son irere Aiiloinc , qni va épouser Thérfae, le jour
roéme qiie son grand-p^re et sa gl-and'h!)éi^ doiveot, liprds cin-'
qiiante ans , rcnonveler lenr tnaria^j Antonio vöudrait bicn
qiie CO nitme joiir le vit ufiir å la petife Coktte qti'il aimef
et dpnl il est aimé ; mais Textreme jenile^se de^ d^itx åoian^
est un obstacle k Icnr hj^moii 5 et la méfe de Colefte ifj veni
point consentir. Antonio se désespétef. Gopendant un pagc, en-
voyé par le cbcvalicr Biondel^ lui appoite , en soii fiona, et de
la part du roi et de la princesJtb, trois bonrses d'or, potir lé
rérompenser de ses peinesi et de sa lidélité ; le jonne untaotlel
accepto tristenient et en-diäpojSo en faveur de Tamitic^, de
Famour et de la naturc : il ed doniic iiue a son frdre, tfne ä
Colette et Faulre u son gratid-p^re. Ce trait de dé^int^resse-
ment émeut tons les cce^urs : on se rénnit anprés de* la mera
de Golctte ^ qui s'attendrit , et conscnt enfin au tnariage de»
deux enfans.
On trouve dans cet ouvrage , de la grace et des traifsr
d'esprit.
Le jour de la premiere representation , on imprima , dant
le Journal de JParis, une lettre de M. Grétry , dans laquelle^
apres avoir annoncé que la inusique de la piéco nouvcUe
ctait de sa fillc , il ajoiite r « Je dois dire , qifayant ellc"
» meme composé tous los chauts avec leur basso et un léger
» accompagnemejjt de Larpe , j'ai tcrit la partiiion qu'elle
>. était en ctat de Lire^ les morceaux d'ensemble ontété rec-
» lifiés par moi; cette composilion exigeant une connais^
» sance du tbéätre que je scrais fåché qu'elle eut acqui8C« »
MARIAGK DE EACCHUS ( le ) , comédie- béroiqu»
•u Iröis actcs, ett vers libres , avec iiu prologue , par Vise,
MAR 83
itiélée d0 nULcbiiie^ et de niusique de la cömpbsition de
A la Ttfpiiée qtri filt faité é% cétte piéce en i685 ^ poiir sé
iresireiitfdre fftt hoitibre da voix present par Tarrét du conseil
da 3o å^il t€rj3 -, oli fit faire de nouvéaux ak-s par
)jaIouette. Avant cet arrét^ ks comédiens ponyaient avoi]>
sixvoix etdotize viofons : mait alors lei roix {ureol réduitei
ideux, et les violons k åil»
MARIA6E DE GAMBYSE (le), trfegi-comédie en cinq
ftcteS) ^n vers, par Quinault i65^.
Darius , fils de Palmis , et general des armées de Cambysé^
tevieDt k la coiir de Perse, dont il s'était éloigné : il s'y in-
iroduit sous le déguisement d^un bergers mais il y e^t fort
mal re^u par Frescaspe , favosi de Cambyse , et il serait in-
{adliblemept tnis å la porte, sans 1'arrivée du roi , quile rc-
conaalt et Uii donue avec ses grades tous les biens de son fa-
Tori. Quoiqu'il en soit, Darius se plaint de ce qu^on a falt
folever et sa mére et sa soeur; mais il apprend de Gambysé
c|u'on ne l'a fait que par son ordre. Pcu importe, au snr^
plus^ comnieut elles ärriviönt; les voilå en scene» Cambyse
ayant voulu épouser Atosse^ sa sdélir, fit consulter les
mages 5 ):iui lui en donnérent lä permission; mais il ne veut
pas en profiter^ et jette son dévolu sur Aristonne ^ sflQUr da
l)arius^ $t, par suite^ il propose sa soeur å ce dérniec. Cet ar-^
TEogement parait assez raibonnable au premiet coiip*^d'oen j
taais linden sera päs ainsi. Darius aime sa soeur , et Aristonnd
aime sön fréré. On croit peut-étre qu'ils brulent l'un poiu*
Tautre d'un amour incestueux ; pas du tout. G'est qu'å la lin,
lorsque les deux mariages sont sur le point de se faire , PaU
DUS , princesse fftvorite de la mére de Cambyse , apportö un
8% MAR
iODio est rcmplie ; il retouroe k son villago pour ».
Docos de son frere Antoinc , qni vä époiiser Théi
niemcqiie son grand-pere et sa gtdnd^ttoéi^ doivei^
quante ans , renonveler lear mariag^^ Antonio v««
qiie CO méme jotir icvituAirå la petite Coktte ^
ci dpnl il est aimé ; mais TextréilDe jenileäse åes w
est un obstacle å Icnr hymon 5 et la mére de Cole^
point consentir. Antonio se désespéter. Gcpendant 1^
voyé par le cbcvalier Blondel^ Ini apporte , en son
]a part du roi et de la princesiib, tröis boiirses dV
récompcnser de ses peiiieä et åc sa fidélifé ; le jetinf
accepto tristement et eo-disfpo^o ert faveur de 1*
Tamonr el de la natnrc : il en donne nue a son ^^
Colette et Fatilre u son graiid-pére. Ce ttait de AF
tnent émeut tons les caenH : on se réunit anprchs t
de Colette ^ qui s'attendrit^ et conscnt eufiu au tti
deux en fans.
On trouve dans cet ouvrage , de la grace et
d'esprit.
Le jour de la premiure representation , on impr
le Journal de Paris, une lettre de M. Grétry , dam
apres avoir annoncé que la mnsique de la piéci
était de sa fllle , il ajoute r « Je dois dirc , o 11 'i
» meme composé tous les chants avec leur basse \
-» accompagnemer:t de Iiarpe , j'ai écrit la partiti
>. était ei: ctat de fuire; les morceaux d'ensemble o
» tifiés par moi; cette composilion exigeant un<
» sance du théätre que je serais fåclié qu'elle eut
«
MARIAGK DE BACCHUS ( le ) , comédie-
ti Irois actcs , e|i vers libres , avec uu prologue ,
85
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84 MAR
'iNllct qiii lui filt remis par cette rebe» On U III, et l'oil y
voit qiie , pour éviter å son fils un amour incesttieiix , dont
il était rncnacé par le ciel, ces deux méres avaient fait un
échange. Ainsi, Aristonne, devenue soeur de Cambyte, de-^
Tient Tépouse de Darius; etAtosse^ par la^méme. raUon^
devient la femme du Monarque»
Tel est le fonds de celte piéce , peu digne , tons tous le»
rapports, de la répiitation de Quinault.
MARIAGE DE "FIGÄRO (le) , comédie en cinq actes,
par Beaiimarchais. {V^oyez Folle Journke (la).
MARIAGE DE J.^T. ROUSSEAU ( le ) , interméde ,
jnélé de musique, par ***, au théåtre de l'Odéon, 179S.
Volci 1'anecdote qiii a fourni le sujet de cette piÅce.
Rousseau s'étant fixé å Bourgoin , invita deux de ses amls å
goutcr dans un appartement retiré; lä, il les prit k témoin do
ses engagenaens irrévocables avec Thérése le Vasseur : il
termina cet acte important par un discours sur les devoirs
du marlage, oh. son åme s^exalta tellement, qu'Il fit fondreea
larmes et son épouse et ses amis. L'intermédc exposé cette
scéne ayec sensibilité.
MARIAGE DE LA VEILLE ( le ) , comédie en un acte,
par M. d' Avrigoy , miisique de M. Jadin , å POpéra-comi*
que, 1796.
Le fonds de cette piéce est le méme que celui de la Femma
qui a raison.
Didier, riche négociant, a écrit, des iles oi\ il est depuis
douzé ans, å sa femme Aramintfae, qii'il désirait, k son re-
lour, voir sä fiUe, Céphise, unie au fils de Vincent, son pro-
MAR 85
ciiFeiir« Aramlnthe, sans aitendre cet ordre^y a marlé sa fiUo
å Valcourt, jeune volontaire sans fortuiie,- iziais couvert
d^ane honorable bl«ssure quil a re9ue en défendant sonpays.
Ce raariage est conclu de la veille, lorsque Vincent , qui
FisQore, vient faire valoir le choiit que-Didier arfaitde son
fils. Didier lui-méme arrive. incognito ; Vindent lui: iparle
d'un jeune bomme qui parait fortbien dans la maisiOii dlÄxa-
mintbe. Didier en est d^abotd jaloiijf; mais, apr& plusieurs
expGcaljions, il découvre le mariage iCait la véilks; il y sous-
CTit, mal^é tous les reprocbes de Vincent y.quicit éconduit.
Les paroles et la musiqiie de cet ouvrage ont -obtenu un
succés mérité.
MARIAGE DE M. BEAU^JLS (le},ciCom4sliCeö un
acte , en prose , par M. de Jouy , au tbéåtre de rimpératrice,
1807. / •
La morale de cette piéce se trouve renfermée dans cette
phrase : ,Rien nest plus aisé que de se faire une réputadon
d*eniprunt; mais rien de plus difficile que de la soutenir» Am
surplus , yoici le fonds de cette comédie.
Florville, aprés' avoir publié un assezgraud noVnbre d'ou-
vrages qui n'*örit obtenu aucuii siiccés , s'avise, pournepas
encourir la disgpråce d'un de ses procbes parens, de publier un
roman aon^Id-noiii de madatne Cecilia Regina-Destocbél^ ^ et
une comédie sous celui de M. Bcaufils. Ces deusr oiirvråges
* ^ ■ ' ■ >■» - ^ ■ .
ont Jété'aux nues ; td* roihan^ ést å'éå ttofciéme edhion ,
et la cöttiédie a é*é géöéräl«nent appiäÄÖre. Gecilfa
Regina-De^roches triompbe , ainsi que M. Beaufils; tous
deux croyent avoir mérité lés eloges que 1 piiprodigue aux
ouvrages de Floryill^ RfaijS^qcqpppns-nous du mariage de
H. Bea\ii^9. floieYiU0:Hjépmisé^ la jiiéco: de-^i^PHl^me d»
86 MAR
Versel , qtie cette derniére destinait k. M. Beaufils , •!
M* Beaufila s^est rejettié sur madame Cecilia ReginarQe»-
rocfaes, qui a refusé Florville. Madame de Versel est ea tiera
dans cette aCfaire; c^est elle qni préside k Tuoion de eeå dmis
illustres personnages , et qui les met en préaence. MadawMt
Cecilia R^na-Desroches rodoute cette entrevne , et Tidéa du
se troaver un instant seule avec un jemie homine, boulevena
tout SOS -étre. Fauvre petite ! Quant å M. Beaofib, il ne tm\
~pas tant de fasons, il se jette brusquement aux pieda 4a
niadame Oécilii^ Regina -Desrocl^es, et lui faH pfk d/Hi^
cooiplimetit :
M. BEAUFILS.
« 6e m*est bien donx , madame
REGINA, effrayéc.
» O ciel \
M. BEAUFILS. '
» N'ayez pas peur, c'est moi ! Ce m'e«t Mv^Xk dqux, ^^\sl
9 madame , d'abaisser devant vos appas un ixQvA, toiit xm^^
y>. nantde Uuriers , et d^oSrir a la plus aimable des Musqs 4*^
» fleurs cueillies sur cette- ntQulx^e ^HyfQ^r^M' i^Vk^n^i^
» le JP(imasse» »
CoQtent, ]V((. Beaufils sq relevei, ^tis^écvi^ : « Vfnitåfmii^
V>aDQ a&ure de faite. 9 M^dappi^ R^ginjn li)i rifoai z
« Quciquft soit respolr qui m''anime ,
» An ! je réprouve en cé moment p
i' Ondoittonjoiirs sentir cc qtt''<fti ezprime , ' ' '
' ^ Mdft^iHK ftrA fas toUJouYs exp4^TA«r 4^ q^Vn^SCf^. ^
MAR 87
«f Cest di via » , dit madame de Verscl: « Qu'9p{)elez*vous
>» divin, lui répond M. Bea\ifils avec enthousiainie, c'est...«
» délicat. » Eosuite il s^jadresse å madame RegiDa, et lui fait
cettc qiiestion : « Eotre noiis, vons les avfez fait ffavance , pas
9 VToiP » La déclaration comtneocée , madame, de Versel
quitte les amans^ et leur laisse le soin de T^ichever* La sqéne
suivante est fort comique. Elle renferme une critiqne trés-fine
ettrés-^plaisantedulangage amphigöiirlqiie ^ nos rojjianciers
d'ai])oardl)ui« Nous allons en citer quelques traits ; Madamo
CéciHa Regina-Desroches , qiii soiipirait des i^omginces en
essayatit'la vie , est priée par M. Beäufils de liu en soiipirer
nne. EHe y consent, mais avaiit de cpmmeqcér,^ elle veut
l'associer åla douloureuse position qiil la j5t naitre* ^ Cétait y
9 Ini dit-felle , par une longué abjfée Jåutompe; j'étfti3 sQule
> dans tin de ces vieux chåteaux..... Mon fimp était alssorlsée
9 dans cettevague mélancoliqlic dont les hiiages fantasli-
» ques pésent sur fexistence,.... Vous .conc.evez ? Belle
» qnestion! Dieu ! si je concoisf lui répond M, Beautfls. »
Xå dessns elle continiie : « L'6isé&u de Miner ve semblait
» m'adresser ses plaintes funétres, & trä vers u ne croisée fré-^
» misftftiite^ qH^agitaient lés tLoi/s iantans ; Tastre aimé de la
» douleur laissalt filtrer ses Téfovk^ farrosais de' itocs larmet
» le piailo dont iria ixialn attéhliTe farsåit retentir te tonches
• in41ftqceliquesM.« Totil-^å-wtip , "saisie partihe iiisplTation
9 dofibleiheot 'créatrice , mtt- wjx et ma. pen^é"«iMérent
» å-la-i feis löes ;Sf)iTp!re hirÉdöhlfeiix. '»'(yésf^å leca» de
»'écriei» ftt^ec Si. Beanfils Oa^f/ Volci le prenriér^bnpir d©
niadafne Cecilia Regina-Dewedhtes. Quant au <secotttJ,''noTis.
r t
•D faisons grace au lecteiir.
« Fifrs Aqailoi^ , noirs Aulans ,.
. "I. . - '. "^
TU Qui dcsol^z cöU^ tj;|^e ^
88 MAR
» De U fiUe Aes torrens ,
» Ecoatez la Toix plaintive :
» Cherchaut des seniicrs nouTeatiX
» 0& je ne sois pas suivic ,.
v (Test au milieu des tombeaux
' » Qae je traverse la ^ie. »
RevenoDS k Florville» L'on a vu qu'il n^avalt publié son
roman et sa comédie sous les noms empruntés de madam»
Cecilia Regina-Desroches et de M. Beaufils , que pom: ne pa3
déplaire å un de ses parens; maintenant il veut rentrer ett
pQsscssion de se&ouvrages pärla raison contraireit Un de ses
ondes , riche de 20^000 ILvres de rente , ne veut donner sa
succession qu'å celui de ses neveux qui aura fait le plus d*hoa-
neur ä. la famille dans la carrlérc des lettrcs. A l'aide.de iiotp
valet, il parvient å mettre les auteurs putatifs dans la nécesr-
sité de lui rendre ses ouvrages; ce qui ne les empéche pas de
se marier.
Cette petite piéce est écrite et dialoguée avec beaucoup
' dVsprit y elle ofTre des sc^es trés-comiques et trés-adroite*'
ment filées; enfin olle a obtenu un succés mérité.
MARIA6E DE RIEN (le), comédie en un acte, eo
vers de huit syllabes, par MontCleury^ i66p*
Isabelle, fiUe d'un certain docteur, est k marier y et té«
moigne k chaque instant l'envie qu^elle a d'étre pourvucw
Divers partis se présentent y mais tous soQt rebutéd par le
docteur. : cfaaque état, chaque profession , fournit matiéfe k
sa critique; il congédie successivement un poetc , un peintro-,
un musicien, un capitan, un a&trologue, un medicin* Cequi
fuit encore dirc k Timpatiente Isabelle :
Il faut donc que |e meure fiUe !
Qui youdra plus se presenter ?
Ah ! par ma foi; j^en yeax tåter...^»
M AR 89
Enfin Lisaudre parait; il suit une aiitre route, et qiiand le
docteur lui demande ce qu'il est, il répond qu'il n'est rien, Ce
rien embarrasse le docteur; en eflet, que dire contre rien? 11
Q^en fautpa3. da vantage poor le déterotiner en sa iaveur^ et
de Xh. le titre de, la pifece; le Mariage de Rien* Olez-<«f» toutos
les indécences^ toutes Jes inutilités, toutes les fautes de-ttyle
et de langage > que restera- t-il ? Fresque rien»
MATITAGE p;OROOND ATE ET DE STATIBA (le>,
oit LA Co^CLUSiON p£ Cas^sandre., .tragi-comédie, par
Magpo^ „ 1648* . .
Oroondate ^t Statira épr9Uvent^ pelidant cinq actes, les
fureurs et les c^pripes^de Rpxape et dePerdicas. Loin de ré-
pondre avix.désirs de leurs persécuteurs, ces deux amansre^
nouveUeot.leurs termens ijlp t^ndresse. Ferdicas vient pour
poignarder $pn riv,al, et Rojume jentre de l-autre coté, dans le
dessein d'oter la vie å Statira. Qroondate , abaudonnant sa vie
alacolére dePerdicas, laifreprésente seulement le.péril de lä
princesse, et St^tira,qui n'^t pccupée que de celiii qu& court
son amaat, iipplore, en sa faveur, la pitié deRosane; cette
derni^e^ quel'amour reiid>,^e9sible au sött d'Oro(ondate ,
arréte le .brås de Ferdicas, prét å le frapper; et Ferdicas, å
aoQ tour, prenant le méme intérét aux jours de Statira,
le jette au-de^vant da coup que Rozane lui destine. Ferdicas
etRoxane sortent en se faisant les plus terribles menaces; le
premier, dans la résplution d'arracber Statira des mains de
Roxane ; ^t- pqUer^ci,. dans Fespoir ' d^enlever Oroondate.
Malgré leurs efforts, Statira et son amant recouvrent la
liberté ; on ne sait plus ce que devient Ferdicas; a Tégard de
Aoxane, elle conserve jusqu'4 la fin son caractére furieux,
tt r^jette les offrea obligeantes qu'on Ini fait«
9» MAR
MARIÄGE TAIT ET ROMPU (le), on le Tavx
Damis, comédie en trois actes, en vers, par Dufresny, an
ihéfitre Fran^ais , 1 72 1 •
Cettepiece avait été proposée k Tasaemblée des comédlens,
en I7I9* Elle était alors en cinq actcs, et fut constamment
Tcfusée* Dnfresny la retoucfaa, la réduisit a trois actes^ et en
lit nne assez bonne comédie , qu'on revoit avec jdaisir»
Certain president, bicn épais et bien loiird, se laisse goa-
rerner par sa femme, esp^e de prudc ,'dont la vertu n'a pos
toiijours été sévére, et qni veut contraindre sa ni&ce, jenne
et jolie ven ve, a serrer des noeuds mal assortis* Ua cäYtUer»
nomtné Valére, est le seul qui plaise k la petlte dame; heu-»
rensement la raéme hotelierie rassemble tons ces personna*
ges, et rfaotesse entré dans les intéréts des deux amans. Com-
ment rompre le mariagc projeté ? Il fant faire reviyre le
Damis, premier éponx de ia veuvc, et voilå qtie le fr^ de
I^botejtse, ancien ami dn défunt, se charge de le représenter*
La présidente soup^enne le complot, et fait ton t ce quVIIe
peut pour le déjouer ; mals le fanx Damis a en sa posseflMiDti
plusieurs billets d'amour^ qne cette prude avait écriis dadii m
jeanesse au véritable Damis , et la seule vne de oes papiers
sufBt pour lui fermer la boncbe; elle consent méme & toiit ée
qu'on exige d'elle, pour obtenir la restitution de sesl^tttoj
or^le mariage/ait eH rompu, et la ven ve éponse Valéiré^
Tout est comique, spirituel, et de bon goiAt daim C^ xÅx-m.
vrage. Qnelques lenteurs d'action se font sentir dätii^let
^miers actes, mais le demier est un petit dbéfHd^ceuvre'»
MARI AGE FORGÉ (le ), comédie en un acte, en prose»
par Moli^, 1664.
Cette piéce fut représentée 1^ premiére fois au Louvre, ao»
MAR 91
éompagnée d'iin ballet 4ti ^éaie titre^ oh LöuIsXIV dansa,
JSile fut mise .en v^rs paf na anonyme t ^J^ 1674.
Le f(uii9V^ fc^mie d^ Grpmoiont» dont le^omte Harmilton
^ 4erit ks Ménvoir^ , a. fourni å Moliére Tidée de son
fiimia00 Forcém Ge seigiiQur, |>endant son ^éjoiir älacour
d'Aliglei^iTe , >vait . «ia)é lapftdeneiolselle Harailton; leura
amours avaient méme fait du t>niit; il re(MLS6ait en Franctt
laps l'avoir éponsée; mais ]^ deux frdr^ de la demoisclle
le joignirent k Douvres, dans lo dessein dt faire avec lui Jo
coop de pistolet. Du plus loin qu'ils Taper^urent , ils lui
cri^9t : « Comte de G]:$a)nioiit ! comte de Grammont ,
9 *'inrea*^p^is wn pubiiié i^ Jiopdre»? » « Pardonne^-mpi ^
9 répondit le comte, qui devinait leur intejTt^^nj j'äi ou^
«>MKié«4'épQU9^ VQlro 9(»iY7»iei j'y tetouriii^fiViec vous, ppur
^ fiob eette ^8aire. «
. 1
KAIUAGS IMP0SSI6UB (1^) , «om#die«Q loi^ ^^tcs,
iB;»fe<>sq, ffkx M* Dlumfiiii^aiQt^ av tfiéiftrci å^ rimp^ratrico»
Éiéofiore gémh 9iPU9 faiM^pité dOSj^m^miefl, iSpn tuteur ,
iBtenodtfceiquÅUi^ un piw bét^^ ISUö « pour »mA^t J^once,
i{i^4fe'«tdie, el 400 tuteur vent lui ^^imof pQor éppu^ do^i
{!ii]lipp«i,^u'^le n'ai)«ie pas» X>a ^uhiiette ^ décUure pour lo
•fieäiiar, iaodiscpi^ d-uo %\iite c&bé, vw valet rusé leint de
éumriås ddax partis» DonaClarai sgsnr de LéoiK^» se mele
•i» Vitiiglgae yét , pour éSoigoer don Fhilippe^ ceoameDce par
jqi edle^er ispn porie •>• Ceuiné et un ^Qriil'qu'il desti^^ait å
lliéonore. Eneuite elle «• revet d4iabitB å^bpmm^p et se pre-
'naU thBt don IB^maimel» aoiie le nom -^e 4oo Fbilippe.
Qai le croirait? Léonce joe reconkiaU pas aa aoeul*» Il est vrai
^li'il j afoitt ioä^-^teiiis qu'i]' ne Ta vue ; aus^ la prend-il pour
ga MAR
lin rival , et déjk II s'appréte k lui disputer la conqiiéte de sa
belle y lorsqu'un mot éclaircit tout k ses yeux. Gependant b -
vrai Fhilippe arrive, mais on ne veut pas le reconnaltre*
Ayant appris que Léonce étalt chez Emmanuel , il iavoque
son témoignage. Enfin , les deux amis , étonnés d'étre rivanxy
s^embrassent, et, en faveur de Léonce, Fhilippe renonce k
la main de la belle Espagnole.
Tel est le fonds de cette piéce , représentée avcc succés sur
le théåtre de TOdéoD.
MARIAGE INATT^INDU DE CHÉRUBIN (le), co-
médie en tröis actes, en prode, par madame de Gouges, itOH
primé en 1786.
Cette piéce n*a pu obtenir les honnonrs de la représeDta-
tion. Le sujet est le mariage de Chénibin. Ge i]'est pina e$
joli page q.ui court apres toutes les femmes, et qui aime tant
sa narraine : c'est aujourd'hui un grand seigneur, un. cåpi~
tuine des Gardes du roi d'Espagne, un roarquis, dofem
propriétaire de la terrc du comte que , par généraailéiy
il loge , ainsi que la comtesse. De si grands événemens
ont un peu dérangé la gaieté de la maison ; mais pourtant, elb
est tou jours composée des mémes personnages. Gfa^émbin a
tout cönservé, jusqu*å Bridoison et Bazile^La petite Fm»-
diette est grande maintenant, et, malgré cértain air cU.Ji^
gnité^ peu ordinaire dans la fille d^m jardinier, Mt Va'.kt
marier tout unimqnt k un grossier Tillageois. Cepeodadt Ghé-
rubin en est fort amoureux. D'un autre coté, le comte, qui
n'est pås encore dégouté du droit du seigneur , écarte la com>»
tesse et les autres personnes de la maison , sous prétezte de les
envoyer å- la rencontre du du c et de la diichesse de Médoc »
«es parens , mariés depuis fort long-tems , et dout b maria^
MAR 93
avait éié sccret jusqii'alors. Voyant que riaclination do
Faochette n'est pas pour lul, mais pour Chérubin, il fait
publier que c 'est ce nouveau seigneur qui veut exercer ses
droits 9 et n profite de Fobscurité pour se rendre dans un ca-
blnet å la place de Chérublu. Fanchette , qui prend le comte
pour son amant , lui fait de rits reproches ; mals bientot on
enteiud un grand bruit , et l'on voit arriver y Véfée k la main ,
Ghérubin lui-méme^ suivi de Figaro , de Bridoison et de plu-
ueurs domestiques portant des torches allumées. Alors, il se
jéte auXfgenouxdeFancbette, etsVcrie : Nous serons unis
pour la vie ! Ge qui cause cette revolution , c'est que le duc et
la, ducbesse de Médoc reconnaissent Faacbette pour leur
fille. Ainsi se couclut le mariage inattendu de ces deux amans.
Alors, fiazile, å qui Figaro a fait distribuer quelques coups
de baton dans la chaleur de 1'action, s'écrie, fort étonne :
K Je vois que tout est posslble dans ce bas-monde : tout est
biaD,a dit un certaln axiome, moi , )'y mets une certaine va-
riation j tout est bi6n pour ceux å qui tout réusslt. j»
On rencontre, dans cette piéce, quelques détails assez
plaisans»
MAKIAGE IN EXTREMIS Oe), vaudevllle en un
acte , par MM. Pils et Barré ^ au théåtre du Vaudevllle, 1784.
Le chevalier de Valcour forme le projet d'épouser la ba-
roDHe delForlise, etFrontin, valet de monsieur, forme celuid'é-
pouser Marton 9 suivante de madanne.Leur conduite jusqu'ici
]|*apas fait concevoir d'eux une trés-bonne opinion. Afin d'at-*
tendrir leurs prétendues^ et de se marier dhs le soir meme y ils
Tenlent pcuser pour ne prendre aucune nourriture j et s'obstI-
nent k rester dans l'appartement« A la fin , on les y laisse. Mals ils
<»ot su gagner des domestiques, par qui ils ont falt remplir le se-
crétaire d*un bon paté et de plusieurs bouteilles de vin, pour ap-
t)4 M A A
uppalser leur faim.La baronue, qiii Ics croit résolus k setiiisscf '
inoiirir de faim , a pitié d^eux^ elle revient avcc sa suivante ^
fet envoyé chercher iin notaife. Celui-ci arrive bientdt , et
falt Ic contraty qu'il donne å signera Dans ce molnent^ le
siécrétalre s'ouvre , et tons les débris dii repas de ces <leitt
messieurs s^écroulent sur le tabelllon y ce qui n'cmpöche pi»
le Qiarlage de s'e(rectuér et de terminer cette boiiffonnerie*
MARIAGE INTERROMPU (le)^ tomédie ea troii
actes^en versj parMb de Cailhava, aux Fran^ais, 1769.
L'intrigue de cette piéce , tirée en partle de YÉpidiqu» do
]?laute , roule sur les fourberies d^un valet. EUe réussit coin*
plcttement ; mais elle ne resta pas au théåtre ^ qiiolqué lé
stjle en soit simple , facile et naturel*
Julie avait perdm son mari , et était dn procés avee son
beau-pére. Damis la voit ^ en devient amoiireux , et en eal
ulraé. EUe vient k Paris ^ et, pendantTabsence du VteiUttM^
va loger dans la niaison d*Argante ^ péife dé Damis. JvKé
igiiore que le pére de son amant vit encore ; elle croit Dariiis
libre dans ses actions : dans cette supposition ^ elle consenf
å passer le contratf et Ton est prét å conclure le mariagQ«
Argante arriva ; il avait une fiUe å Bordeaux ^ qu'il n*avai$
pas vue depuis l'åge de trois ans y et qtii devait veiiir wt
son pére. On lui fait croire que Julie est cette fiUe ; il v!^
dunc pas étonné de la trouver dans son lOgis y mais Julie %
beaucoup de tépugnance å le tromper : elle veilt quitter sn
maisoD ; les larmes , les priéres , les inqUiétudcs de 804
amant Tattendrissent : il faut en&u tout découvrir au \ieil-
lard, et, comme il est fort avarc , et que la fortune de Jullé
dépend du gain de son procés , il compte ses charmes pour
Hen y et ne veut pas qu'elle soit 1'épousc de son fils. Mais il
t*. npreod que le futuc bcau-perc conscut k fiuii le proctss j et å .
j*
MAR ^ 95
ht donnér eetit milto ^ctis. Cette sotnme le détdrnnne , et
il consent au mariage que cél divers obsiaclei «vaient inter»
rompii pendant quelqiie tems*
On pourrait désirer dans cetta piéce , toiite d'intr]gue ,
que le dénouement ftit , ftinsi que dans le T\itéur Dupé^
ane suite nécessaire des difTérens ressorts que rintrigant fai>
moUToir. La répodse å.pette obtervatioD^ est peut-étre , que
dans le Tuteur Dupé ^ le valet intrigue pour tromper un
homme in juste , tyraonique et ridiculo 9 qui dans les princi-'
pes de toutesaioe itioralo, doit étre puui de ses injiistices$
au lien que dans le MäriagB Jttterwmpu, le valet se joue
de deux honnétes geiis que la bienséance ne permcttait pas
de rendie ses diipes jusqu'å la fin 5 en sorte que le dénoue^
meiit Jiatiiral de cette piéce doit tiecessairemeut étre la dé^
tooverte 4^ tontes les fotirberies de Pintrigant*
KABIAGE PAR ESC ÅLADE ( le ) , opera - comiqu©
en tio a9t6 , par I^avart , å. la foire Saint-Laurent , ij^j*
Bvire , Mabonaise , est aimée de Tompson , officier an-
^ak; de Ceirlos, babitsuit de Mahon ^ et de Valére^ oHicier
iraD^ais* Elvire est peu sensible å la passion du fier Anglais «
elle ne péut qu^estimer le langoureux Espagnol , elle adore
le galant iPran^ais* Carlos vient la nuit avec une échelle, qu^il
pose cotitre te balcon de sa maitresse : il était convenu avec
dle, qu'il la délivrerait cette nuit des poursuites de PAnglais,
Ä qu*il Tenléverait aVec beauconp de respect. A peine a-t-
illepied sur Péchelon , qu'il entend quelqiie bruit et se re-
tire pnidetnment. Blentot Valére arrive , et, trouvant Tt-*
chelle toute dressée, monte, sans fagon, avec Vadeboii-*
corar , grenadier 5 Tompson survient , et appergoit Valére
Wi le balcon ; cnfin , TAnglais est confondu , et TEspagnol
« console a'étre siipplanté par un Fran^ais 5 »'^^ "» g^^
96 MAR
nadler vieDt annoncer la priso de Mahon , VadebonGonirltt
dcmande le détail de 1 aifaire , Taiitre lui répODd :
A travers le fcu peut-on roir ?
Morbieu ! parmi tant de Tacarmet ,
Jc n^ai rien vu que mon dcToir , ^
Et rhoDDcur au bout de rnes armes. ■ }
Cet opéra-comique , fait å roccasion de la prise de Ml^ 1
Mahon , n^avait été composé que pour une tete que miÉM
ja marqiiise de Monconseil donnait k M. le maréctfV^^
Richellcu , k soa re ton r de Minorqiie. Il fut trouvé si ijAr*
ble , qucFauteur le fit joner en public , imprimer , et b ff*
dia k raadame deMonconseil*
MARIAGE PAR IMPRUDENCE (le) , opéra^
en un acte, par M. de Jo ny, musique de M* Dalvlmni|1b'
Topéra-comique , 1809*
Un gentilhomme campagnard, pére d'une jeune et
personne, nommée Adele, s'est retiré dans aes terret
se soustraire aux importuuités des amans. Cest fort bies'
mais Tamour se rit de toutes ces vaines précaulioos. Il
marler Adele å un jeune homme qu^elle u'aime point;
-veut épouser Valbrune qu'elle aime. Ce jeune homme AÉ
introduit dans le cbåteau de M. de Clénord , sous le déM|^
sement d'un peintre, et, secondé par Nicette, kmuM^Hf^
cbambre d'Ad&le, il parvient å déjouer la malveillaooB ^'
jardinier René, jaloux de INicette, qui en aime un BxKillf
M. de Clénord dicle lui-méme une lettre k sa fiUe, qui doiQp
k Valbrune les espérances les moins équivoques, et c'est catl^
lettre qui le détermine k lui accorder la main de sa fiUe; mai|l
le jeune bomme no veut pas s'en prévaloir , et la lui remet
Ce trait^ joint å ce que Valbrune est reconnu pour le fib
MAR 97
t Tancien coloiiel sons les ordres duquel M. de Clénord a
rvi, obtient la grace des amans, celle de Nicette^ et fait
lasser le valet*
Gette pifece , comtne la plupart des ouvrages dramatiques
I M* de Jouy , est écrite avec beaucoup de pureté et d'agré-
ent. Le fonds en est léger , mais 1'intrigue en est fort agréable.
■ y trouve quelqiies situations qui n'ont pas tout-å-fait lö
énte de la nouveauté; mais i'auteur a su les rajeunir et se
I approprier* La musique est le coup d'essai de M. Dal-
imare. On y remarque de la facilité et de 1'élégance*
«
lfABI&.GE PAR LETTRE-DE-CHANGE (le) . comé-
Be eo mt acte , en vers , avec un divertlssement , par Pois-
wnfik 9 musique de Gran val , au théåtre Frangais , lySS*
Ijpndroit le plus comique de cette pifece , est la formule
iåm let tre-de-ch ange méme. Cléon , qui a falt for*
Wfr au Canada , écrit å son correspondant å Paris , de
ki envoyer une femme , douée des qualités qu'il lui
iM^De; il ajoute qu'il s^oblige et s'engage å acquitter
IdBté.lettre , en épousant , dans six mois , la personne qui
Ml-Mpra chargée ; ce style , dont Cléon rit tout le premier ,
I^Crt que pour le correspondant , qui n'entend pas d'autre
luiipge. Cest la seconde lettre-de-change de cette esp^e que
CUoo lui adresse, et c'est la seconde fois que son correspondant
lépénd k ses désirs. La premiére femme qu'il lui a envoyée
•It supposée avoir fait natifrage* Hortense , qui est la
iicoitde , vient d'arriver , et n^e^t connue de son futur ,
fi^ qualité de parente de Philinte , son ami ; elle vou-
' ttit liie dans le céeur de Cléon avant de se faire connaitre ;
tik lui rémet enfin sa lettre y lorsqu'elle ne peut plus doutct
Ii ses sentimens. L^instant d'aprés , la dame qu'on croit
Wgloutie dans les flöts ^et qui est la premiére en date, arrivé
Torne p^It G
V- ■
t.* - .
98 M A tt
iKt jette Cléon dans le plui grand embarras ; il th eH tiré pa
Fbiliote , qui retrouve en elle une personlié qo^il aiiäé c
dont il est aimé , et qui se charge d^acquitter la lettre-de-cbaagc
Ce qui nuit å cette petite piéce , est sans doute la bizarreriei A
cés incidens. A cela prés , elle ofTre des situations piqttante
et des scénes bien dialognées.
/■
MARIA6E SAKS MARIA6E(le), comédie encin
actes, en vers, parMarcel, löyi,
Anselme , qui est impuissant , vodlant éprouver si ii
femme Isabelle est sage , prie un de ses amis de feindre d^ej
étre amoureui. Clotaire , c'est le nom de cet ami , y cottfcn
trop facilement pour son repos. Isabelle et lui , sans j pet»
ser , se laissent insensiblement engager dans un comnåarci
de tendresse , qui leur fait souhaiter plus d'une fois , ^vi
beureux nAoment les délivre de ce jaloux* Gusman , Tala
d'Aiiselme » leur en fournit le moyen , ert leur découVFMi
rinfirmité naturelle de son maltre. Anselme , craignaotqp
cette affaire n^éclate å sa honte , consent de rompre son OEia
riage k 1'amis^ble ; Pernand , frére d'Isabelle , profit)i*d(
cette terreur pour le forcer å lui accorder sa soeur Amicite
dont il est amoureux. Lorette , suivante d^Isabeile , épbiitt
Gusman, et Anselme quitte ces six personnes, en les don*
nant k tous les diables.
MABIAGE SECRET ( le ) , comédie en trois actes et ei
vers , par Desfaucberets , au tbéåtre Fran^ais , 1786*
Cette comédie eut beaucoup de succés au théåtre, le fond
en est ingénieux et plaisant. Un M. de Bessoncouc a déii:
j olies niéces : elles sont veuves toutes deux , et il ne vev
pas absoIumentqu*elles se remarient, pour étre senl le mai
tre dans sa maison 5 cepehdant Emilie a épousé secrétensefi
3A AK 99
)1Q oSScIer qui^rtveim de rarmée , est ä deux pas du chå-
feau ; et ) pQur combl^ d'embarras , deux amis de BessoiA
IPQur , ignorant ce mariage , aspirent tous deux en méme-
Ipms k sa raain : Ttin appelé Merval est le plus iniporti\n e€
le pliis mal-adrqit des hommes ; Tautre appellé Permaville
fst trés-jaloux. Madame de Volmare imagine de se servir
4le ces deux rivaux pour introduire dans la roaison la
)euDe chevalier , époux de sa soeur, et pour obtenir sa grace
de M* de Bessoncour. Elle paye le jockey die ce jeune ofE-
cier,ppur fengager a briser sa voiture au bout de Favenue^
^, pomme elle sait qu'il est connu de Merval , elle a soin
de Ty envoyer , sous prétexte qu'il y trouvera Emilie. Meiv-
yal j court biep vite : . il est témoin de Taccident du cheva-
U^9 etao manque pas.de Tamen^r officieusement au cbå-
teian, et d'y den^ander pour luji un asyle*
Qn trouve dans ]e ^ocond acte unp situation eneore plus co-
^dque. Le c|iQPji|iqr vjent attendre Ejnilie au salon ; les deuK
fréteadus y vienneot ^ussixdaps le xtiéme dessein : aucun
d'eux ne yeut diésenpipar^r , et Timpatience qu^ils se causent
inutuellement ^t réellemeqt tréjs-diyertissante. Madame de
.Volmare $urviept daoid ci9s entre&iies, «t se sert enoore de
Merval pour tirer le chevalier d^embarras. Elle di^ qu^Emilie
fst å sa voliére; Merval part aussitot, föt le jaloux Perma-
yille est k l'in«tant ^ur ses pas , malgré les efibrts simuiés que
la maligoe Volmare fait ponr le reteoir.
Enfin, il 8'agit d'apprendre å M. de Bessoncour qu'Emilie
est remariée, et d'obtenir qu^il lui pardonne. Madame de
Volmare se jserj; encore des deux prétendus, qui agissent, sans
•'en douter , pour les intenets deli^ riival. Elle leur persuade
que c'«fit elle qui est Tépouse du cfaj^valier ; et , en le persua-
dant k i'oncle, ils oe oégligent rjien popr adoucir son es^k,
|£q 4» |Ärlor .eoBuite ppur ouxniDånurs : pais ils^soat x;om^
G a
100 MAR
plettement dupes ; roncle est en cfTet disposé , par leun voiimf,
å la plus grande indiilgence, et les deuz soeurs avouoDt, å la
fio , que c'cst Emilie qui est Tépouse du chevalier* La surpriso
de roncle et des deux prétendus est on ne peut plus plaisantts
on sent que ce dernier est forcé de pardonnor å sa ni^e.
Cettc comédie annonce uneentente parfaite de lascéne^ellv
est conduite avec beaucoup d'art; en un mot, les ressorts df
rintrigiie sont bien imaginés* Le role de madame de Volraaro
et celui de Merval sont tous de nx excellens^ chacun dans son
genre ; le dialogue méme est souvent naturel. Il ne manqat
giiéreå cet ouvrage que d'étre écrit avec plus de soioetéft
correction. % ■
MARI AGE SINGULIER (le), comédie-vaudeville an
lin acte, par FavarL, fils, au théåtre Italien, vf^^
Un homme vieux et riche, auqueHl prend Tenvie da aa
marier , fait demander, par les papiers publics, une personna
qui soit douée de jeunesse, de beauté, de talens et de vextii8|
et promet de 1'épouser sans dot. Trois personnes se pré*.
seutent : les deux premiéres, pour montrer leurs talens , cfaaiiF
tent des couplets; et la demiére, un air de bravoure, qui Ini.
obtient la préférence sur ses rivales.
Quoique le fonds de cet ouvrage soit bien léger, et qu*il y
.ait trop peu de liaison dans les scénes, il a cependant obtaml
des applaudissemens.
MARIAGE SDPPOSÉ ( le ) , comédie en trois actes et en |
vers , par M. Lourdet de Santerre , au théåtre Fran^ais , i8oo*
Madame de Clairville, jeune veuve , retirée cbez un de ses
ondes, est tellement dégoutée du mariage, qu'elle rejette les
voeux de Saint-Fhar, qnoiqu'elle ait con^u de Pamourpour,
iui» Däsespéré^ le jeune liomme s^éloigne de la cruelle \ maii
MAR loz
bientdt, feignant de 1'avoir oubliée, il annonce qu'il a fait un<
autre choix, et il revieot chez Toncle de madame de Glair-
vilie^ accpmpagaé de mådemoiselle Saint-Fhar, sa soeur,
qu'il fait passer pour sa future. Le mattre de la maison j
Irompé par Tapparence, invite ces deuz fiancés k se marier
thez lui; mais madame de Clairville ne peut voir cet hymeci
saDS regret ni sans jalousie, et Ton pens^ bien qu^elle ne fait
pas un bon accueil a sa prétendue rivale. Deux entretiens par^
tituliers qu'elle a avcc Saint-Phar» achévent de la désoler ; et
elle^st sur le point d'éclater en réproches^ lorsqne cet amant
fidile lui avoue la supercherie. J^on-seulemeat Saint-Phar et
Hiadåme de Claitville sont uuis> mais encore on nntrie leuc
éasurå Célieourt , jeune^étourdi qui lui était destiaé, et qui ,
ayant vu sa jolie future préte k épouser un autre bomme,
avait au^si été dupe pour sön propre compte.
Tel est le sujet de cétte comédie, qui fut représentée sur lä
IbéAtre Fran^ais, avec toutes les apparences d^un succés* On
j remarqua plusieurs défauts choquans; les eutrées, ies sor<-«
fies, y sont trop multipliées et trop faiblement motivéés ; la
conduite de Saint-Pbar en vers sa scsur, qa'il doit trailer
comme sa femme, est trop mal-adroite pour tiomper long-
tems madame de Clairville; d'ailleurs le dénouement^prévu
des Texposition , fait trouver beaucpup trop long L'intervalle
qui sépare lapremiére scépe de la derniéret*.
MARIAGES ASSORTIS (les) > comédie en ttois actes,
en ver», par Tabbe de Voisenon, aux Italiens, 1774.
•• Deux fr©res> d'une humeur et d'une conduite e«tié?rement
opposées, sont les principaux personnages de cette cömédie.
DamdOö , rain4 de» deux , e^t un esprit sensé , réfléchi , aimaut
les Mtres et ceux qui les cuUivent; il a pour ami, Beauviil,
honung d!ua caract^q j^n töut apmblafele ap siep, ipai^ d'un«^^
lOJi MAR
fortuae biea Inférieure. Dépouiilé de toiit, hors d'état é^
pourvoir aux besoins d'une fiUe unique, Dommée Hortensa^
il Tabandonne aux soins de Lisimon, sod oncle, qui passé
pour son pére. Le chevalier, frére de Damon, amoiuetut
fl'uDe certaine Angélique, parait, toute-fois, vouloir &u4
épouser cette derniére å son frére , et s'attacher å une vieiBé
6t sourde Araminte, tante de sa maitresse; tout cela, danl
Tespoir qu'ADgélique et Damon ne pourront sis conyénr^
et qu'il réussira å tirer de la tante , une dot capable de
lui assurer la ni^e ; en efTet , il n^est point trOMipé
dans son attente* Le sérieuz Damon parait un pMlÉt
aux yeux d'Angéliqne , qui ne parait qu'une extrav^uli
aux regards de Damon. Il est subjugué par la douceur d*H<^
tense, et^ dés la seconde entrevue, il se détermine åFépou^
ser, quoiqu*instruit, par elle-méme, du mauvais étåt de så
fortune. Son empressement et sa jpie redoublent, en appre-
nant qii'Hortense est fille de son ami Beauval; et, ce qui est
assez rare , c'est que le pére de Damon approuve ce maiiagö
désintéressé.
On trouve , dans cette comédie , un grand nombre de
tirades brillantes; mais des tirades ne font point une piéee)
elles ne suffisent pas méme pour faire une bonne scéne. L'au«
teur aurait pu mieux lier son intrigue, et tirer meilleur parti
de cc fonds qui , par lui-méme , ost assez heureux. Le råle de la
sourde pensa d'abord faire tomber sa piéce , et en fit ensuite
le succés. Il faut avouer qu'une infirmité nVst point uh ridir*
cule ; mais ce n^est point la surdité d^Aramint^ qne l'auteur a
voulu jouer ; ce sont tes soins inutiics et risibles quese donne
cette vieille coquette pour se cacher. Du reste ^ ceråle tient
de Tancienne comédie, oh il étäfit encöre permis d^ifail^lriraw
Enfin, si le tissu de cet ouvrage ne catactéris^ jifoS uti j^äcfj
tooitre , il annoocQ du moiios \xn hoibme qui 'pooi^ait ti
— MAR io3
d&venir. L^aiiteur veut toiijours paraitre, et, par conséquent,
c'est toujours aux dépeos du per^onnage. L'eiivie de faire des
vers rempéche de £aire des scéne$, ce qni prodult le défiuit
d'action daos sa comédie; mais les caractéres y sont bieq
marqu^Sy bien sput&ous et bieo contrastés : c'est la preuv9
la plus forte du talent de Tauteur pour le genre comique*
Au reste , la morale de cette piéce est oxcellente , et le role
du jeune homme raisonnstble a des morceaux de la plus
grande beauté.
lOABIAGES DU CANADA (les), opéra-coinique en
un.^^ple, par Lesage, å la foire Saiiit-Laureht, 1734.
Dauf le prolpgue de cette piåce , Flinpression et la pre-
miére representation des ouvrages de théåtre , se disputent ;
et, avaul que de plaider leur causc, elles adressent å Apollon
cette priére, dans laquelle on se moque des beaux-ésprits
qui 8'assemblaient k Vit du Luxembonrg pour critiquer les
ouvrages nouveaux.
Grand juge consul du Permesse,
Vous savez notre différend ;
De grace , réglez notre rang
Par un aprét plein de sage^sc ,
Par un arrét déEnitif,
Tel que tous en rendez ä Tlf.
MARI ÄMNE, tragédie en cinq actes, par Alexandre,
Hardy, 1610.
H n'est rien de plus connu dans 1'histoire que la mört de
Mariamne. Les causes^ les circonstances et les suites de co
fåcheux événement sont décrites fort au long par Joseph,
dans le quinziéme livré de ses Andquité^ 5 c'est - 14
qu'Alexandré Hardy a puisé sön sujet.^
104 MAR
Ilérode , apres avolr fait égorger la famnie royale det
AsmonéeDs , autant par politique que par amour , épousa
Mariamne , seul rejeton de cette famille illustre ; mais cette
princesse le tra i ta ton jo urs avec autant de fierté que de mé-
pris. Jusqu'ici l'amour quUl avait con^u pour Mariamne loi
avait fait pardonner tous ses dédains; mais Pberore, Erfcrt
dllérode, et sur-tout Salome , soeur de ce tyran , ont jnré la
perte de la reine. Hs assiégent Tame inquiéte et cmelle
d'Hérode, et la trouvent disposée å recevoir les impressioDi
qu'ils veulent lui donner : eiifin , c^est ici comme dans )*his-
toire. Au second acte, un page, envoyé par Hérode, vient
de sa part prier la reine de passer dans son cabinet ; « Saia%|
» pourquoi , lui dit Mariamne ? » Voici sa réponae :
LE PAGE.
«t L^indicc ne mc donDe autre suasion,
v Fors qiio de sa Junon de son åme démie
» L^absence le traTaille.
II 1 R I A M If E.
O faveur ennemie !
» Scvt^re mandemcnt ! ]as ! que tu m''c8 amer !
u Mais ullons lui donuer une oeilladc forcée , etc. »
Ellc sort 5 et, pendaut son absence , Salome fait ses effoHa
aiipres de Téchanson pour le décidcr å servir sa vengeance,
en accusant Mariamne d'avoir voulu le séduire pour em^
poisonner lo roi, Furicux contre son épouse 9 Hérodo
onvre le troisiéme acte. Entendez-le lui-mémej il va voui
•
cxpliqucr la cause de sa juste colére : *
n Scrpeut eiiflé d'orgueil^ f^re ingrate sortie ,
u Ne nuspi^rc jamais de regards caplieitx
MAR loS
» Amolir courroacé ; mm , désormais n^espéré
» Qae ce rofos ne soit ta mioe demiére.
» Dédaigner mes fiiyeurs, mes fiåmes mespriser!
1» Le devoir dMne femme au mary refaser ?
^» Voir que d'']Mimilité je te prie et reprie
«; JD^appaiser de mes fea;^ ranioureuse furie ? ete. »
Voilå lé crime de Mariamne , et ce qui détermiiie Hérodö
i la faire mourir; mais aussitåt qu'il apprend que ses ordres
ODt été exécutés, bourrelé de remords, il 8'abaiidoniie au
plus af&eux désespoir* Cest ainsi que se^termine cettti
• piéce.
MABIAMNE , trag?dle en cinq actes , en vers , par
!rnstan^I'Hermite*, aux Fraogais , i636.
Tristan a suivi Alexandre Hardy pas å pas , et tous deux
ont suivi Fhistoire dans laquelle ils ont trouvé leurs tragé-r
dies. L'historien leur. a fourni non-seulement las personnages,
knrs . intéréts et leurs caractéres, mais encore l'économie
du poéme et la distribution de toutes ses parties. Soua
^ -dernier rapport, la trägédie. de Tristan n'est donc pas
moins ridicule que celle de Hardy ; mais le style en est plus
jeune et conséquemment moins obscene. Ce sont les mémes
idées, quelquefois les mémes expressions, mais infiniment
mieux digérées.On peut ajouter ä la gloire deTristan^ce qui jus-
tifie le prodigieux succés de sa trägédie, qu'elle est bien écrite
pour le tems^la rime, sur-tout,est d'une richesse extraordinaire;
tt, ceqiii vaut mieux encore, c'est qu'on n'y trouve, pour ainsi
É iire y Bucune cheville. Voici comment il fait parler Hérode,
f dans cette scéne scandaleuse qu'on a vu chez Hardy. Ce sont les
mlimes motifs. Il dit å Mariamne , qu'il chasse de sa chambre :
a Sors vite de ma chambre, et n''y rentre jamais !
9 Te rendre inexorable alors qae je te prie !
9 Jngrate , mon amour se translome en furie ;
io6 MAR
« S« rbaagfot en serpeas poor pour U rig^enry etc •
Od D*eD saurait douter , la tragédie de Tristan ne doil ton
SQccés qu*å rignorance de ses admiraleors. Oo ■*aTUt
pas mieux : et , quaod la répotation de cette jUttt filt
établie, il fallut plus d'une tiagedie de Corneille poBr la tam
oublier. Elle D'cst cependant pas tout«4-{ait indigne des ap-
plaudissemens qu*on lui prodigna ; car on j troare de cea
beautés qui dciveat plaire dans tous les lems. Le cuactåre
d*HcrcJe est vireiceDt peint et tres-bien soutemi. On le toH,
des la premiére scéoe. a^ite de ces terreurs fuDebresupoi acjcg oH
pagDent le trraii. Toiirmenté par tti songe efErojalile, 8aa
rEr\*eIlle en sursaut. et s^inile contre ce fiuitome unportai
qui trcnUe son xepos. Son &ére et sa scear accoumit åses
riis : il leUr raconte le sa?et de sa frajeur. S«ia
beau « s'il était moins amponle ; il a du étre gonte
tems oh les songes nVtaient pas encore nne inackiB
tririale. Li'antear a t^^9-bien exprimé le combititde Ti
de la ialeusie et de la vengBance, qoi agitaient
tauT d^Hérode.
Le P. Rapin assure qae Tob ne sortait de la
de cette fiéce qu*aTec on air r^reor, et qni ressemUait ana
effets que produisaieot snr Tame des spectatenrs , ki aft*
cieoDes tra^edies des Grecs. L*actenr seul , k famenx Mm m*
dorr . faisait cette in^nression.
Ce MoodcTT était un de« plns hahileB coÉbédiaiB da mm
tncs : lareputation qu^ils*etaitacqmseiasqa'aloa9 sWcnt %
si foM a roccasioD de la tra^edie de Mantiamme « dans laqaaib '
i! faisait le principal penoana^ « qoe le cardiaal de RicUifla
Tonlat Tentendre , et le fit Tenir pour s'assurer fau-mifne ;
s*il méritait tout le bien qn^on lui en arait dit. MondoiT |a«a ^
aonråkderazitkxiuBistreyelaeaarpaasadetcUeaoclayqiieaga .
MAR XOT
éminenGe ne put s'einpéchef de verser des larmes 4ans les inor«
ceaux les plas tpuchans. Cependant Bois-Robert , qui y étail
préseDt, dit au cardinäl qu'il ferait encore mieux, et méme ea
présence deMondpry. Le jour fu t pris : Mondory 8'étarittrouvé
chez le ininistre, 1'abbé de Bois-Robert déclama le méme
role avec taut de force, et entra si bien dans la passion , qua
Moddory, tout bon comédien qu'il était, ne put lui re-
faser des larmes. Cest ce qui acquit å Bois-Robert le
surnom d^abhé Mondory»
Bois-Robert avait de trés-grands talens pour la déclama^*
tion* Le son de sa voix était agréable; il sentait fortemeot et
s'e^rimait de méme : aussi aimait-^il passionnément la
tragédie ; particuliérement lorsque Mondory y avait ua
role.
Ce fat en }ouant Sérode, dans latragédie de Tristan, quo
Mondory tomba en apoplexie ; une partie de son corps
fat paralysée , et sa langue se trouva tout-å-coup embarrassée*
Use retira dans une maison qu'il avait auprés d^Orléans, poury
finir ses jours. Cependant le cardinäl de Richelieu le fit re-
venir å Paris, et Tobligea de jouer le principal role dans
Vjiveugle de Smyme; mais il n'en put représenter que deux
åctes 9 et s'en ret ourna dans sa retraite avec une pension de
deax xnille livrés^ que le cardinäl lui assura. Les seigneurs de
ce teitis-lå se signalérent aussi en libéraiités ; ils lui donn^rent
toresqiie tous des pensions : ce qui fit å Mondory environ
btiit^ å dix äiille livrés de rentes , dont il jouit jusqu'å sa
Indrt, et dans un åge fort avancé. Le prince de Guéménée
tilsait de ce fameux comédien : Homo non periit, sed
periit artifex. On a depuis eiiiployé la métne pensée, en
porlant de Tancien Scaramouche de ITHétel de Bourgogne.
Iä grand 'Rousseau , qui a^ait^hasardé^des cortPöctions sur
te Cid^ -tie 4édaignapaS'd'eirttefreiidre k méme chose sur In
io8 MAR
Mariamne de Tristan , å-peu*prés dans le tema que pamt
celle de Voltaire.
MARIAMNE , tragédle de Voltaire , 1724.
La tragédie de Voltaire , bien supérieure k celle ån
Tristsm , n'ent cependant aucun succfas , lors de la premiéro
representation • Beaucoup de personnes connaissent la mau«
Taise plaisanterie qui occasionna sa chute* Au reste »
ce n^est pas la premiére fois qu'uQ mauvais plaisant a
fait tomber un bon ouvrage. Ce grand homme nous
apprend qu'au moment oh Tactrice , qui faisait le råls dt
JUariamne j portait la coupe empoisonoée å sa bouchcj
une personne du parterre s^écria : La reine boit ! ce
qui occasionna uu grand tumulte* L'année suivante, il
rechangea le dénouement, et donna la piéce sous le nom
d^Hérode et Mariamne. Sous ce dernier titre, elle obtint
beaucoup de succés. Alors on rendit justice k la beauté
poétique des caractéres, et surtout k 1'élégance de la versifi-
cation. Cest Fouvrage oh Voltaire ressemble le plus k Ka-
cine, sans pourtant cesser d'étre lui-méme.
Le public se trouvant partagé sur le mérite de cet ouvrage »
un plaisant jugea ie proc&s de cette maniére : On est dans
Fusage aujourd^hui de donner une petite piéce apres la tra-
gédie; le jour de la premiére representation de Mariamne,
on donna le Deuil; cehu-ci s'écria : Cest le deuil de la piéc9'
nouvelle. Ce mot décida du sort de Fouvrage* Lors de cette'
premiére representation, on avait doublé le prix des entrées ;
mais la piéce n^ayant pas réussi , on se gärda bien de faire de
méme, lorsqu'on la redonna dans la suite.
Dans une petite bluette qui fut représentée å FOpéra-
f:omique, en 1725 , sous le titre de MomuSy censeur de$
HAR 109
ThéatreSj volci ce que Momus dit de la tragédie de Mor-
riamne :
« Le public ne doit qu^au larcin
» Ses beautés , ses délioatesses ;
» Ainsi qu^un habit d^Arlequin ,
» Elle est faite de toutes piéces. »
Yoici un tablean de la condulte que les RomaiDs teuaient
åPégard des rois, tiré de Isl Mariamne de Yoltaire, tella
qa'elle fut représentée en 1724; ce morceau ue se trouve
point dans la plupart des editions. Cest Hérode qui parle
des Romains :
c Leurs d^aigncQses mains jamais ne nous couronnent^
» Qo^ ponr mieux ayilir les sceptres qu''ils nous donnent,
» Pour avoir des sujets qa^ils nomment souverains ,
» Et sur des fronts sacrés signaler leurs dédains.
j» Il m''a fallu d^ns Ro^e , avec ignominie ,
» Oublier cet éclat tant vante dans T Asie ;
■» Tel qu''un tU courtisan dans la foule jelé^
» Aller des affranchis caresser la fierté,
» Attendre. leurs momens^ demander leurs suffragcs ;
» Tandis qu^accoutumés k de pareils hommages ,
3> Au milieu de vingt Kols, å leur cour assidus,
9 Hs remarquaient ä peine un Monarque de plus.
» Je Yois Gésar , enfin ; je sens que son courage
-» IMéprisait tous ces Rois qui briguaient resclavage ^
T» Je changeai ma conduite : une noble fierté ,
•» De mon rang devant lui soutint la majesté;
•» Je fiis grand sans audace , et soumis sans basscsse ;
y César m^en estima ; j^en acquis sa tendresse ;
» Et bient^t, å sa cour appelé par son choix,
3» Je marcHai distiugué de la foule des Rois.
v Ainsi , selon le tems , il faut qu^ayec souplesse
■» IMLon courage docile, ou s^éléyc , ou s^abaisse.
n Je sais dissimuler , me venger et souffrir,
» Tantdt parler «n maltre, et tant<^t obéir.
ixo MAS.
» Ainsi j^ai sobjogaé Solime et la J«dée ^
» Ainsi j''ai fiéchi Rome k ma perte animée ;
» Et toujours enchalnaDt la fortune å mon char ,
-» Je fus Pami d'*Antoine , et le sais de César. »
Comtne Marlomne écoutait avec trop de tranquillité une
déclaration d'amour , et ne s'offensait pas assez de {'insulto
faite k sa vertu^ la parodie, intitulée : Le Mcaivais Mdnagef
relevait ainsi ce défaut :
(C La déclaration , cfuoi<pi*k Trai dire , obseure f
-» Paralt k mon honueur une crueUe injure;
y Uneautre, k yos disconrs, voudrait n''entendre rien ^
T» Mais , malgré ma Tertu, moi je vous entends bien.
» Je Tois qae tous m^aimec ; et, comme je sols bonnef
-» Je plains votre fiiiblesse, et je tous le pardonne;
» Quoiqu^un juste courroux en d&t étre le priz ,
•» Pour si peU) doit-on rompre avec ses bons amis?
» Je sais bien qu'*on ne peut jamaif m^aimer sans crioM*}
» Et pourtant j''ai toujours pour vous la méme estime.
» Pour la premiére fois , o^est vouS donner beau jeu :
» Si vous m^entendec mal , c''est votre faute \ adieu. »
J.-B. Rousseau écrivit la lettre suivante sur Mariamné»
Voltaire en ayant eu connaissance, elle devint la soiuoce det
querelles de ces deux grands horn mes. La voici : .
« J'ai enfin eu le plaisir de considérer ä mon aise cette
3» merveilleuse superfétation dramatique, ou, si votlt y<ouIec,
3» le second accouehement d'un avorton reaiis dans le^entra
•» de sa mére , pour y prendre une nouvelle nourriture* La
» formation , pour tout cela , ne m'en a pas paru plas régu-
3» liére; et je vous avoue que, depuis la tete jusqu^å Ifiqueue ,
39 je n'ai pas vu de monstre dont les parties fussent plus dis-
31 j ointes et plus mal composées. Tout est précipité ilans ca
MAR III
oxtvrage, sant mille fotme de raison ni de Traisemblance; et
il i]'y a aucune chosequi dut arriver, sri un seul des acteurs
de la piéee avait le sens commuu. Mariamne est une idoI«
froidp et insipide , qui ne salt ni ce qu'eile fait, ni ce qu'elle
veut. Varus est un étourdi , qui prend aussi mal ses me^
sures sur le Jourdain que sur le Danube. Hérode , avec sa
politique , est la plus grande dupe et le plus ioibécille de la
tronpe } Salome> une malheureuse qui mériterait une pu-
nitioa exemplaiié^; et Mazaelunfripon mal-*adroit, qui»
loin de s'acccoinmoder au;c intentions de son maltre , le
beurte d'une fa9on k se faire mettre entré quatre murailles,
si Hérode n*était pas un aveugle , aussi fou que l'auteuc
qiiilefaitagir. Varus promettou jours, et ne fait qao do
Feau daires Marieunue veot se sauver, et perd le tems å
faire son paquet; Hérode^ qui arrive entouré de peuple et
de courtisaus , trouve moyen d'aller chez sa femme , en
bonne fortune, sans que personne s'en apper^oive. Le
méme Varus , obligc par ordre du senat , d'installer ce roi
réhabilité, qui ne peiit étre reconnu sans cela, a Fadress*
de se dérober å sa vue dans son paiais méme; et Hérode,
avec ses sujets, qui ne le sont point encore, et qui le hai»^
seiit mortellement^ veille Varus et les Romains, tout
maltres qu^ils sont dans ses états. Miuriamne se réconciii«
avec son mari; et, dans le tems qu'ils sont ensemble, il sur*
vient un accident qui la déshonore ; et elle le laisse par-
tir , sans se justiiier. Mais la fin est co qu^il y a de
plus ridicule« Il est arrivé un tumulte ; l'échafaud est
xenversé 5 on ne sait ce qu'est devenue Salome , qui ap-
paremment a pris soin de se bien cacher , sans quoi
^Ue auralt mal passé son tems. Mariamne est sur
le théåtrc. Vårus vient de la quitter , retournant au .
combat ; elle sort Mns y 4tre contraintp , avant quc^ la
Iia MAR
ai querolle soit décidée. Hérode arrlve daos Pinstant fnéfnej
31 et å peine a-t-il {)ronoDeé douze ven , qu'il se trouvo
» que récfaafaud est redressé , que Salome y a falt con-*
31 duire en cérémonie Mariamne , et que la pauvre reino
« a été décapitée aussi tranquillement , que si de rieil
9 n'était , quoique le récit de sa mört , tout abrégé qii'H
3» est, occupe quatre fois plus de tems , que Taiiteur
-» n'en a dooné å toutes ces operations. En vérité , si
31 Fauteur a négligé le merveilleuz dans son poéme de
3» la ligue , c'est belle malice ii lui ; car je défie qii^on
3> trouve rien dans les enchantemens de 1'Arioste , qm
3» le soit autant que cette surpronante catastrophe. Le
3» pauvre Hérode n'avait garde de s'en douter. Aussi n^eni
3» a-t-il rien su , que quand tout a -été fait : mait tönt
3» enragé qu'il est, il ne pense pas seulement k chåtiec
3> sa malheureuse soeur, par les conseils de laqaelle il
3» s^est conduit dans toute la piéce , quoiqu'il la reconnaisse
31 pour une furieuse qui l'a rendu odieux par toute le terre*
3» Quant å ses fureurs , qui sont si animées et si touchantet
3f> dans Tristan , malgré la vétusté du langage , elles ne sont
30 mises ici que pour la forme ; car vous ne vites jamais
39 un sommaire de fureur plus abrégé que celui-Iå; et, si
9 on les mettait en musique , elles ne dureraient pas'
» autant que celle SAtrjs. Voilå , monsieur , le precis
« de ce chef-d*ceuvre , qui, comme vous voyez, ne
» semble pas moins fait contre la raison que contre
3» la rime , å laquelle le poete en veut furieusement* »
MARIAMNE , tragédie en cinq actes , en vers , par
Tabbe Nadal , aux Fran^ais , i^äS.
Appelé å la cour d' Augusta , Hérode y rend compto*
de sa conduite et se justifie; mais pendant son^abseucc^
MAR ii3
Salome ^ sa sasnv , femrfie artiCcieuse et vindic^ve y fatt
répandre Je. bniit de sa disgråce et de sa snört , et in^^
tercepter toutes les lett res d^Hérodp. h Mariamne ; de.
maaiére que, maitresse de toutes les BOiivpilcs,, elle les
faits bonnes ou manvaises seloD qu^e sa .pplitique semble
l'exiger. Cepeudant Htrode arrive com|i|fé des faveiirs,
d*Åuguste 9 et trpuve sa cotir dans iine agitati9D qul,
donne^ oiati^re ä ses soup^oBs. Salome , comme. d^s les.
pi^es précédentes ^ accuse Mariamno d^avoir ypulu le,
faire; : empjoi^qDDer ; mais ceUe reine trouve ua 4^feDsciHr
da^s son fils Alexandre, qui jpue ici un trés-beau role»*
Åjosi ou'oii Ta déjå vu , elle est condan^Dée par le
cooseil d'Hérode : Soesm^ , ministre d'Hérpde , est mis
å mört sur un simple soupron. A la fin on parvient å lui-
faire ouvrir les yeux, et il fait venir racciisateur de Ma-
liamne* Celui-ci lui découvre la trame dont il a élé un
des pHhöipaux fils^i^t se Kfe. Mais taudis qu*Héröde'cherchö
å décoUvrir la vénié , ^ål^^^profite dés id^t&hir et fait
périr Mariamne; ainsi, eUéfiié triömpbe åé stes enhemis
qu'apréa sa mört. JSa.prqie^iau plus Äflreui désespolr »
fiérode jure de yengev l'inidocénte Mariamno» i-
JUiatMVGt de cétte tfagédie.est suspeudu *äikieé;.beaucoiip
d'aTt^ le earactére d^Hé^de. ^t un.xnéUuge de fermeté
et de faiblessQ) deivejrius et de viceis :;Hé]fQde é$t ici., comme-
nous]'atransiiiis rj9d(9toir0> soup9onneuxettoujoursiol]uiet|'
aussi se laisse^t-ilfiiqilemeat séduire et s'abahdonne-t-il aveu*'
giément luix perfide^xonseils de ses ennemis; niais, dés qu'il
dt^couvre la Véirité, il veut réparer seistCrts^Jil-nW plus tems*
Mariamne e^t plUs ,åiffke de ^pitié^, en;ce'C|»e{,naalgré les
crimes d*Hérodfe, elle conserve pour lui Tintéirét et Tattache-
ment que lui inspireut les titres d'épouxet.de'pérek Quand
elle est accusée , f Ue. b0 . chcrche point koG ^ix^i^tsx d'une
Torne J^I. H
114 MAR
m
inculpatioD odieuse qu'elle a lieu de croire Vouvrage
d'Hérode , elle ne hii parle qu^avec une noble fierté ;
qu'avec cet orgiieil qni sied å l'innocence. Si dans son en-*
trevue avec Hérode , elle ne répond pas k ses transports ,
c'est moins par mépris poiir lui , que par 1'indignatioii
qiie lui iospiro 'sa conduite avec Auguste. Salome est la
méme partout. Ce sont ses pcrfides insinuations , ce sont
ses fureurs qui förment 1'intrigiie , 1'action et le dénoae-
ment de la tragédie. Mais les r essorts , qu'on lui fait |OQer
dans celle-ci , sont infiniment plus déliés que dans celle de
Tristan , qui , comme nous l'avons déjå dit, n'a fait. que
recrépir celle de Hardy ; quant au style de Tabbe Naldal ',
il a souvent de 1'étégance , de la correction et inSifaé def
la force.
't:
MARIAMNE, opera comique^ en un acte, en prose,
tiré du roman de Mariamne de Marivaux , par Favart el
Panard , å la foire Saint-Gormain , 1737.
Valville , déguisé en laquais , remet une lettre k $ä
maitresse : Mariamne , apres Pavoir lue , reconnatt sött
amant. Valville se jette k ses pieds : dans ce moment
M* Diiclimat les surprend : Mariamne se retire. Lat
scéne entré l'oncle et le neveu est assez plaisante ;
Valville avoue son amour å M. Duclimat , et s'ao-
cuse de ressentir la méme passion. L'hypocrisie de M.
Duclimat se manifeste dans une autre scéne qui a lieu entré
lui et Mariamne. Il a la honte d'étre raillé par Valville, qui
entend uoe partie de sa conversalion. Mariamne y est 9
comme dans le roman , reconnaissante et généreuse k
Texcés. Sa vertu est aussi dignement récompensée. Elle
te trouve fiUe ' de madame d'Orsin , et digne , par sa
iå A K ti5
BaissanGe , d'iépbiisét cbinl qti^elie tnéritait pär son åmoiili
et så verta»
- ■• " '■ j ■ •
MARIANNE, öpéra en tin åcte, piär M. MarsoIIierJ
tBUsiquo de Ml d^AIeyrac , å Popéra-coihique , 179$^
Cette piice , k iaqiielie öh jfigut repréeher des événe-^
inens trop peu natbrels^ trop brmfquos left trop multipliés ,
eiBt remplie de détails- iatéressatis. L'auteiir a su ménager^
anrec lieancoup d-art, des édpes pleines de gaité et des
plbft beäaz sentioaeos de la- natiire. La musiqiie en est
fortagréatile; élie est pälrfaitement adaptée au:i^ situations des
personnages ; enfin , elle est siitiple et sans örtiétn^ns étrkn*^
gen an sujet;
MABIE DÉ BRABANT, tragédie en cinq abtés*, ed
Vers j par Imbert, aux IFran^ais , 1789;
Le sujet de cette^ptéce est tiré de I'bistoilre dé' Fränce.
Pierre de La Brosse , hommé de basse extrliction , d'abord
barbier de Saint-Lon»^ et parvenu, par seS intrigues , sona
it régne dö son fils, PhiUppe-le-Hardi , åu ttiög de cbam-
bellan et de favori du roi , est le principal åfeteur de cétté'
tragédie* Le favori peiit tönt sur Fesprit du roi , prince sage
et religieux , et il fait accuser lä réine , Marie de Brabant , d'a-
Toir faitpérir Louis, hérrtier de la couronne. Gé qui dt)nne
de la vraisemblance k cette accusätiön , c'est li|ue le jeune
Louis est un cfnfant^du premier lit ; c'ést par Ifrque Vbu snp^
pose k la r^ine le projet de faire passér lä cbiironue sur la
tete de ses ptopres enfans.Le pöuvöir t[uelui doiine Tamour
iurl'e]^>rit'dtiroi, genant la cruel le ambition dti cbambellan^
excite la kaine de ce demier ; mais il a un autre motif dé
ireDgéanceé La Brosse avait eu un äls naturel qu'il n^avaif*
H 1
ii6 MAR
poiot osé avouer, datis la crainte d^offenaer la piété duMio*
Darque; ce fils , aussi scélérat quc son pére , ayantcommia ua
crime , avait porté sa tete sur Téchafaud , lorsque la reine
aurait pu lui sauvor la vie. Quoiqu'il en soit ^ Ld Brösse
suborDc UD témoin ; mais å peinc A-t-on accueilli sa déposi«t
tion, que ¥on vieot annooc^r sa mört : évéDemen'ii|ui'laiÄa
cette reine . infortunée dans la triste situaticm d'i(ine accutMi
qui ne peut répondre å sön accusateur*. Ge qui ajoute aurtout
ä rintérét de cette situation , c'est que le Röi se voiifoiicéiinL;
veuger la mört de son fils suy une épouse qu'il aime. Le dac
de Brabant, frére de la reine ^ se trouvant alorså la.cdar
de France, prend ouvertenoent le parti de sasceur contve-b
chambellan , dont il soup^onne Ics pro jets. Bientot an or«
donne Tépreuve du combat, et le chambellan, qui al'audace
d'accQpter le défi , reste vainquebr du duo de BrabanCCtBlte
victoirc , d^aprés ropinioo superstitieuse de ce tenos, déclare
la reine coiipnble ) et le peuple alors demanda sa cod-
damuation. Cest p^r le thambellan lui-méme que 1'axitfnir
fait découvrir Je tissu de sa scélératesse. Ayant surpris-tur
billet) par leqi|el la reine consant d*entendre d'Armery ^ 'soa
noveu, qui promet de lui rév«ler un secret important, ii
laisse parvenir ce billet, en se reservant de rinterpréterd'aiie
maniåre injurieuse^' å l'honneur du roi. Pour elTectuer^cét
horrible proj^t, il le surprend et Tassassine,' cbmme pour
veiiger son maitre ; mais d'Armery, ayant survécu''ii set'
coups 9 cpmparait devant le Roi. Alors le chambellan^ certaiii
de le confondre , le somme de montrer un billet qu'il doit
avoir, et qu'rl croit étre celui de la rdne. Poii6sé41iout,
d'Armery ^oduit une lettre de rambassadeur.d-Anglpteti»',
qui manifest&I^:tiabiåOD de La Brosse* Enfin la reinb elst jua-
tiliée, et elie.reparait, anoenée par son firåre^le duc de firabaot*
M A B. 117^
Tél est le fonds de ceUetragédie, qni ^t tr&i5->bien ac-
cueillie. Le caractére du chambelian^ quoiqué trés-odien^,
a de la hardiesse et dela profondeur; il est soutenu }tisqii'aii
déaouement. Ceuz de PKiHppe' et de la reioe aecnsée sont
ble» développés , et offrent beaiiceup d'iiitéret'? quant au
style , il a de ia pureté , et de Féléganee ; mais it est sa&s^force»
MARDS SANS IM SAVOIR (le), comédie en im
acte , en prose , par Fagan , aii> théåtre Francis , lySS.
Cest ici deux fréres xivaux. I>'un cröit aimer » et n'aimé
pas; Vautre-aime sans le croire* Lucile , jeune veirve , inte-
ressée å déméler leurs vrais sentimcns , pénétpe enfin ceux
du Chevalier , et les trouve- d'accord avec les sieus; et 9
quoique dejsll proraise au Marquis, elle denne la^préférenee
a son frére. Sou» ce rapport, le Baron , pére- des deux fréres
rivaux , est< d'inteUigeDce' avec Lucile ^ en conséqucnce , on
dresse un contrat oh. Lucile est designeé répouse du Che-
valier. Celni*ci ne croit signer que le contrat de mariage de
son frére, et signe le sien propre. Le Marquis , ennemi de
ces sortes de cérémonies, a déjå signé sans rien lire ; il
consenL méme k diOerer aon mariage, et croit n'en user que
par délicatesse. Mais , enfin , apres quelques nou velies
épreuves., le clia valier eat instruit de soa sort. Telle est
rintrigue du Marie sans le savoir , otb la vraisemblance est
quelquefois en défant. 'L'art de l'auteur j supplée au tant
qu'il lui est possible ; mais non autant ^u'il out. été né-
cessaire« .
MARIE STUART, Reine d^écos»., tragédie par
Renaud , 16894' '
Tout le monde e<Hinait les malheurs de cette triste vic-
time de la politiqiie d'ÉU£abetb:^ rien ne les égale ,. si. €«b
|i8 M A I
»'est peut-Atre U naaniére bizarre dont B-enaud Iqs 9t retråcés
dans cette tragédie*
Marie est dans le palais dTilizabetb , prison honorable ^
ou elle est gardée å vue ; ceta ne l^empéche pas d'avoir des
intelligences avec le duc d^ Norfolc qu^elle doit épouser ^ e\
qui parait égalenaent ép^is de ses charjnea et de s^s vertus. EU-
zahelh, dont il avait autrefois obtenu les faveurs les plu» se-
crettes , ne voit pQint cette passion sans jalousie ^ et la ToiUi
bien resolue å faire périr et son amant et sa rivale. Pour y
parvenir,le comte Morray, enn^mi deNorfolc, quoiq^e frére.
de Marie , fait contref^i^e Técriture des deux amans , et
dans deux billets, dont l'un est laréponse deTautre , il 8'ap-
pose que le Duc et Marie ont conspiré contre Élizabetli.
Ce moyen peu yraisemblable , devient absurde , puisque le
Duc , å qui Ton présente le billet qu'on lui attribue, nere^
connait psis que son écriture a été contrefaite. Quoiqu'il ei^
soit , il est traduit devant un tribunal , oi\ il est accusé par le
romte deMorray, frere naturel de Marie, et condamnéå mört.
Le jugement n'est pas plutot prpnoncé qu'on le met å ezécQ-,
tion ; m^is comme le crioiq ne doit pas rester impuni , otn »p-^
prend au trpisiéme acte que Morray , le dénonoiateur de
Norfolc, aété assasiné. Elizabeth regrette ce scélérat, et n'en
devient que plus irrijtée contre la reine d'£cosse , dont elie
ordonne la mört au quatri&me acfe; ici la tragédie serait finie;
xnais au cinquiéme acte , Tambassadeur de ii^rance vieat soUi-
citer la grace de cette intéressante victime. Elizabeth , déj&
tourrnentée par ses remords , 1^ lui accorde ; inutilemept
ses premiers ordres spnt exécutés, et \e messager, qu^elle
a envoyé ppur. revoquer sa craelle sentence , vient lui
l[aconter,dans le plus grand détail, les circonstances de la mört
' ^eson infortunée rivale. Aiusi, dans cette tragédie, troia per-
aonnes périssent , savoir : le duc de Norfolc , Ip cpmtQ ie^
MAR 119
Morray et Marie Stuart ; quant å Elisabeth , elle reste déiw
chirée de remords , et tourmentée pcur le seuvenir du double
crime qu'eUe a commis*
MARIE STUART, Reine d*Écosse, tragédie en cmq
actes f ea vers , par Boursault, auz Erangais , i6S3«
Le comte de Morray, frére naturel de Marie Stuart,
Gomblé des bieufaits de cette reine , est ici , c ömme dans la
piéce de Renaud , le moteur de tous les crimes et de toutes
les vengeances ; mais il est bien plus scélérat , et Elizabeth
bieo moins coupable. Marie Stuart, elle-méme, estbeaucoup
plus intéressaote ^ et aussi beaucoup plus digne de pitié.
.L'intérét qu'elle inspire s'accroit de scéne en scéne jus-
qu'au dénouement. An surplus^, voici le fonds et Tintrigue de
la tragédie de Boursault. Entrainé par Morray , le comte de
Neucastel devient aussi criminel que lui. Morray lui per-
saade qu'il ne conspire la parte de la reine Marie que poiir par-
tager son trone avec lui« Mais Morray , dont le comte de Neu*
castel est 1 aveugle instrument, a de plus vastes desseins; il
aspire å la main d'Elizabeth. Cest pour parvenir }usques-lå
qu'il fait accuser le duc de Norfolc , favori de cette reine et soi|
amant, d'étre d'inlelligence avec Marie pQur la perdre«
Croyant que ses bienfaits lui assurent b coeur du comte de
Neucastel, le duc de Norfolc vient lui con0er ses sentimens
pour la reine d'Écosse, et le projet qu'il a formé de \^ soqs-
traire å la vengeance d'£lizabeth; il lui demande de favoriser
sa fuite en lui ^ivrsmt un des cinq ports dont il Ta fait nommer
gouyerneur ; mais ce miserable träbit son bienfaiteur, et, de
concert avec Morray, fait aposter une des créatures de so q
exécrable ami qui va dénoncer å. Elizabeth le projet du Duc.
IFurieuse contre lui , Elizabeth jure de le punir ; mais c est
lin amant adoré qui Voffense^ d^ailleurs elle ne sait si ell^
Mo ÄI A R
doit s'en fier an rapport qiv on vicnt de lui faire ; cHe ne sait
pas en un mot, å qiioi se déterminer. Elle envoie chcrcher ie
comte de Morray , qui vient de dérouler anx yeux de
Nencastel la trame de ses odienx pro jets. Morray se rend
anprés de la reitie , et soune , dans son åme , le venin de
la jalotisie , en hii apprenant la passion du duc de Norfolc
ponr Marie ; passion qne , dans cette piéce , elle ne par-
tage point , piiisqiie jusqii^ici le Duc n*a point osé lui en
faire Faveii. Dans la tragédie de Renaud , au contraire,
Marie counalt Tamoiir du Dnc , et le partage. Danscelle-ci ,
Elizabeth vent punir sa rivalc et épargner la tete de son
amant , tel cöupable qu*il lui paroisse. Dans ceile-lå , eWc
veut se vengcr de l'un et de Tautre. Cependant , k Theure
indiquée pour leur dcpart , le duc de Norfolc et Marie se
trouvent au rendcz-vous , et sont aVrétés. Cette scéne se
passé sous les yenx d*Elizabeth , qui exhate le couroux
que lui iospire leur dessein, et ordonne k Euric , qui vient
de trahir le Duc pour elle, de faire asscmbler les Pairs,
pour juger et Fingrat qui Poutrage et la rivale que lui
préfére le duc de Norfölc. Mais , quNtne amante est faible
lorsqu*il s*agit de frapper une tete si chére ! Elizabeth ,
veut revoir le Duc. Qu'il lui serait aisé de se justifier!
mais il ne le fara point aux dépens de Thonneur ; et ,
lorsque la reine hii ordonne , sons peine de la vie , de
signer Parrét de mört de Marie Stuart , il n'hésite pås
un instant , et préfere fa mört. Elizabeth commande qu'oa
la hii donné ^ mais un instant apres elle révoque sob
ordr^y ou du molns elle veut en suspendre 1'exécutioB.
Qu^nd un xoi veut le crlme , il est trop obéi«
Il n*est plus tems. Morray, Podieux Morray a åé]k fait
tyancher et la tete du duc de Norfolc et celfe de sa soeuTt
MAR 'lii
Le.baibeure ! il vient lui demanderle saiaire de ses crimes»
et lui proposer de remplacer leDuc dans son cceur! Eiizabetb»
aloF3) voit toule la profondeur de Tabime t)i!i l'on vient do
la ploDger. A Pinstant, elle fait venir le comte de Neucastel
qui confesse son crime et celui de Morray : celui-ci vient å soa
tour déclar^r ä Elizabeth que c'est lui qui a fait einpoi-«
sonner le roi d'Ecosse, époux de Marie Stuart^ sa soeur;
et que , fier de ce premier crime et 8'en reposant sur elle ,
il avait congu le projet d^. faire périr sa soeur. Laissons-lo
pailer lui-méme ;
La mört qu^^elle a soufferte, est mon dernier onyrage ;
£t son fils , a son tour , eut assouvi ma råge :
J'cn avais donné Fordre , et j^allais étre Roi ,
Si le sort inoonstant ne m^eut maiiqné de foi.
. Vos dröits k TAngieterre étant pen legitimes , .
£t les miens, ä TEcos^ey étant qrimes snr crimet^
Pour les mieux affermir , je cherchais les moyens ,
D''unir mon sceptre au vdtre , et yos crimes anx micns.
Enfin , il profite d*un, poignard qu'on lui a l^issé , et sé
l'enfonce dans le coeur» Ainsi ce mönstra échappe å la mört
ignominieuse qui Tattendait; mört trop belle , s'il est permi»
de s'exprimer ainsi , et mille fois tröp douce pour ses
forfaits* Gette tragédie offre des situation^ trés-dramatiques ,
et des caractéres trades avec beaucoup d'éaergie ^ elle
n'eut aucun succés, et fut pourtant trévS-profitable å son
auteur* En effet, Boursault la dédia å M. le duc de Saint-
Aignan , qui lui fit present de cent louis ; il commen^a par lui
en couapter vingt, et acheva la somme en qnatre nnoi^,
en lui en faisant porter vingt par un gentilhomme , k chaquQ
premier ^iir du mois»
132 MAR
MARIGNIER a fait joner k la foire Saint-Germain ,
en 1780^ la Pantoufle et Jjydippe , opéra-comiqiies ; et, en
soci^té avec Fannard et PoDteau , au méme tfaéåtre ,
Argénie , opera en un acte.
MARIN (Louis-Francois-Clatjde) , né å la Ciotåt
eu Provence , ccnseur royal , a donné les piéces suivantei :
Julie ^ oii le Triomphe de PAmitié ; la Fleur ^Agaäion;
VHeureux Mensonge; Fédine et les Graces de l'Ingénuitén
ToiUes ces piéces sont imprimées et réunies dans un volumet
MARINS (les), comédie en cinq actes, en vers, par M. *** ,
an ihéåtre T'ran9ais , lySS»
Liancoiirt et Gerseuil, revenus d'uii long voyage dans le
méme vaisseau , recherchent en mariage Amelie. Liancourt,
brave et honnéte , a poiir lui Amelie et sa mére. Oerseuil,
låchc et intéressé , est protegé par le pfere. Liancourt, poar
tcrnilner le diflerent , propose å son rival de s'en rapporter
au sort. Celui-ci y consent d'abord ; mais bientöt il s^y
refnse , en apprenant qu'il s'agit du sort des armes.
Si Ton remarque , dans cette piéce , un grand nombr^ d'iii-
cidens pen motivés et sans vraisemblance , on y trouye aussi
des situations neuves et des détails heureux.
MARION (Pierre-Xavter), jésuite, né k Marseille
en 1704 , est auteur d'une tragédie d^Absalon et de la JUoft
de Cromwe/»
MARIONNETTES (les) , comédie en cinq actes , en
prose , par M. Ficard y au théåtre de Louvois, i8o6*
Pour ne point étre accusé de jnger M. Picard avec préven-
^ion y et de presenter ses ouvrages sous leur aspect le plus
MAR i»3
^éfavorable , nous allons donner de f^ettc piéce Tanftlyse
qti'eD a faite ud sévére critique , qui s'est plu ä en porter un
jugeiBen^ trés-avantageux* Mais si nous empnmtons I'ana->
lyse de ce critique faabile , non» n^emprunterons pas son
ppiDion f puisque nous en avons con^u une toute contraire
k la sienne. Ge pcéambule qui doit ras^urer le public sur
liotre impartialiié) döit aussi prouver å M. Ficard que s{
pous bUUnoDs souvent ses cornédies , nou^ avons du moirrs
|e désir d'en dire åii bien. Voici Tanalyse de M* Geoflröj.
Un Magister de village , nommé Marcellin , espdce de
pbilosophe qui affecte de mépriser ce qu'il ne peut posséder ,
bérite tout-å-coup d'un certain Ducoudra^ , son cousin-
germain , qui lui laisse cinquaute mjUe écus de rente.
M* Dorrille, seigneur du méroe 9^iUago, éprouve une banqne-
Toute qui tout-^ä^-coup détruit toiiie sa fortune. Le maitre
4'^ole est prét å mourir de joie ; le seigneur est en proie au
pin» affrei^x désespoir ; Tun et l'autre ne tardent pas k s'arran-
gerd'aprés leursituation nouvelle* Marcellin acfaéte le ch&teau
de M» Dorvillé. OeUii-»ci veut faire épouser $a soeur å Marr
fellin y qui, dans ce moment, a bien d*antres aflaires.
A coté de ces deux prinripales Marionnettes de l'homme
finrichi , et de l'homme Tuiné , qiii toutes deux sont d'un
. grand mouvement , on en voit une troisiéme de moindre
grandeur , et trés-subalterne : c*est un plat-pied et un fourbe
^n sous-ordre , pommé Valberg , créatnre de M. Dorvillé ,
qui lui a fait ayoir un petit emploi de receveur de l*enre-
gistrement. Cest un pedant sentimental , une espfece de
tartufTe , affichant les plus belles maximes d'honneur et de
probité , au fond låche , égoiste , vil flatteur de Fopulence.
. M. Picard s^e$t donné la peine de bien établir ce caractére, mais
\l agit pen dans la piéce , et ne produit rien. A peine instniit
d^ 1» disgr&ce de porville , il se tournp vers l'acquéreur du
1^4 M A R
chåteun ; et , sacbaot q ne M* Dorville a des vue» ponr
iiiarier sa soeurau iiouvcaa riche , il va aussi chercberla sienne,
qui est plus jeuoe et plus jolie , et se flatte de la préférence.
Aiusi Marcellin se trouve entré deux femmes qni lui foot
la cour , et dont il ne se soucie guéres ; et en outre , il est
tournieuté par la lille du jardinier nommée Georgette , qii^il
aimait avant &a fortuue , et qu'il n*aime plus guéres» Il ne
saitå laquelle entendre; aiicune femme ne veut du pauvre ,
toutes veulent du riche. Ce&t donc le riche qui en mariage
est le plus embarrasé»
Marcellin ne songe point a se marier ; son premier désir
est d'al!er se faire voir k Paris ; ce désir le presse pettiant
toute la piéce , et il ne Texécute point ^ on y met bon ordxe*
Ce parvenu a un ami , un camarade d'étude qui fait
métier de montrer des Marionnettes ; et, ce qui est fort an-
Jessus dfi son métier , qui raisonne sur les Marionnettes en
philosophe , et qui ne voit dans tous les hömmes que des
jparionnettes. Cet ami qui s'appelle Gaspard , rotigit de voir
Marcellin comme une marionnette entré trois fem mes , qui
le font tourner å droite et å gauche. Sa philosophie lui dit
quc Marcellin doit épouser l'innocente et naive Georgette,
son premier amuur* Mais comment faire consentir un nou-'
Teau riche k épouser une paysaune? £n sa qualité do rjcfae«
Marcellin n^est plus philosophe; il n^a plus besoin de l'étre,
puisque la philosophie d'aujourd'hui n'est |)onne que pour
s'eDrichir, etue vautrien d&s qu'on est riche.
Qaspard imagine donc un tour de passé - passa , digna
d'un directeur de Marionnettes. Il commence par faire tour*
neT a son gré lanotaire du village , homiéte mais imbecill^,
lequel lui remet une lettre trouvée dans les papiers du cousin
I>ucoudrai« "Dsins cette lettre le cousin ne parait pas trop
content d'avoir Marcellin pour béritier. Muni d'ui)e pareillok
MA 11 itSi.
fuece , le ^age Op^paxd fait accroire k M. Dorville et å. sa
soeiir , k M. Valberg et å sa soeur , au jardioler el å sa fille , •
que Marcellin est déshétité par unsecood testameot.
Marcellin Tobjet de toutas les adoratious , ne reacoDtr»'
plus que dqs visages glacés. On fuit å soq apprbche ^ ou !••
legarde en fpjtié» Eufia , Gäspard liii révele å lui-meAie sa
prétendue ejLhérédatipii. Il lui lil ia l^ttre fatalc , et.cette'
pauTre Marioimette de Marcelliti est si troubltSe , qu'elle ne'
soDge paa méme å se fair&représcnter Tacte qui l'a déshérit^«
Il ne songe pas méme qu'il a toute la succession en poohe
dans uä gros portefibuille , et., qu^é tant si bien nanti , il est
difficile k déshériter. Il se croit bonnen^eut redevenu paurre-^
preJld son parti en brave , ne pense qu a retourner .å son
écboppf ^^^ci'^\ain , que pendant son réVé il voulaii iaire^
abattre , et quUl est Jhei^rejiix de retrouver. Dans ceUe dispo*
sition, il est ties-touché devoir Georgette lui cooserver son
ccenr, tandis que tout . le reste; Tabandonne. Quand on- jn^
que la le^on a produkt son eflbt y pn lui découvre le mystére.
U apprexid qu'il n'y a point d au tre ^liangement dans sa fop-
tune qu'un }^gi^ de.trente milie franqs , qu'il doit paj«r'å
Georgette , et qui lui revient en l^epo.visant*
La but de lat comédie est de corriger les défailts , .w les
préseptafit. sous un aspect ridicule. Ce bpt atteint ■ par Mo-
Uére 9. par Regnard » Dufresuy et Destouqbes , Fa rarement
ét4,pj^ l^s.futenrs qui leur ont succédé :M. Picajd s^en est
éloigné plus que tout autre, parce qu'il n'a point connu la
ooute jqu^iLXaålait suivre ppur Tatteindre. Il a montré* sur
la scéoe d^s vices hideux ,' que les lois pnuissent ^ ou des
défauts inl^écep» iJL Tesp^ce bumaine, que ri^n ne peut chan^
ger* Daosle premier cas, Tauteur comlque adévoilélecrime
sans pouvöTr le punir; dans le second, il a peint ledéfaut sans
le cotvigiii* DiihautQours^ VEntrée duns U mande , sont une
ift6 MAR
preuve de la premie partie do cette proposition (1) , et 1^
MarioDnettes vienoeDt å Tappul de la secoode.
Qu'iin riche, devena pauvrc, s^abaisse ; qu'iin pauvre, de^
venii riche 8'eaorgueilli8se ; rlen ii'est plus naturel : Tesprti
biimain est ainsi fait. Il n*y a qu*un étre supérieur änotrtf
espéce , qui puisse resister å ces deux penchansi Torgueil et
la bassesse qui serobleot opposés, et qui sont cependaot l'ua et
Tautre reflbt de ootre amour-propre. En peignant ces deux
défauts , M. Picard a peint rhomme en general , et rhommé'
en general ne pcut étre ni chaiigé ni réformé. M. Picard a
douc manquéle bnt principal de la comédie, qui est de corri-'
ger nos mflpurs en nods divertissant.
Ce n'e8t point pour de tels défauts , ou si l'on veut , jrfhi/^
de tels vices , que Moliére réservait ses pin9eaux. La uisaii^
trhopie, rhypocrisie , Tavarice , la jalousie , sont des malais
dics de i'e5{)éce buraaine , maladies rares , dont on peat U
guérir; mais Tenvie de faire parade de ses ricbesses , d'en
acquérir, quand on n*en a pas^ n^est point une maladie; c'eA
une suite nécessairo de notre organisation ; et^ si Ton véoftit
å nous en corrlger, le commerce ^ les arts et la sociétése*
raicnt anéantis on sans activité;
La piéce de M.Picard est donc essentlellement viciense, pnii-
qu'elIo n*a pas de biit moral. Mais quelqäe panvre que toft cs
sujet , il n'en est pas 1'inventeur. Dufresny , danfc Ét
comédie du Lot supposé , Tavait traité moins longuemenf/
mais d'une mani^re bien supéricure.
Quand Ic sujet d'une piécc est vicieux par lui-mémé ,' 2
Faut au moins que le mérite du planet deFintrigue, rachétent
ce défatit essentiel ; ici, au cootraire , le plan est mauvais^
J.M
(i) Voyer DufuitUcours et V Enlrét dans le Mondei
MAR 147^
ptiisqu'il offreun personnage entiéremeot inUtile. M. Val*
l^rg, åönt la présence ne sert qu'å remplir qnelques scénes;-
ii^intrigue plus mauvalseeocorc , piiisqu'elle ne rouleqne strr
uneinvraisembiance manifcste. Eu eflfet , quelqiic troubIéqti9
soit Marcellin de la perte de sa fortune subite , conhrmeiit-
se &it-il qii'il ne démande pas å voir la piéce qui la Kii
ravit , et commcntse fait-il eticore que toiite cctte fbtthne'
étantdans son porte-feuiile , il craigne de la perdre ? Anssi le
dénonémént dé c^tte intrigiie est-il invraisemblable , cnr
nen ne peut motiver le changement siibit de Marcellin ehl
fäveut de Géolrgette ; il dolt redevenir indiiférent dés qnM
sait q^ soh ådti n'est péint changé ; et ce ne s6nt pas trente
niAeirands, tégués å cette pauvre Georgette, qui dbivent ra-
itiener wfabmme qui posséde cinquante-milleécns de rente.'
Nous ajouterons encore å ces reflexions , que, poiir Tin-'
térfet de lä thiorale , M. Ficard aurait pu choisir son person-
mp ailleurs que parmi les Magister de villuge»
' Comment ^e fait-il donc que cette piéce ait été portée ank
imes par plusieurs jouirnadistes , et re^Ue du public avec xmW
si grande fkveut ? Cést lé seciret de la comédie.
MARIUS , tragédie de Décaux , lyiS. "
Le caractére que Marin» don ne aux Numides , et Tadresse
ftvee laquelle il déméle la politique de leurroi, sont paffai-
tement développés dans cette tragédie. L*amour du jenne
Harius pour Aristée, y est traité avec toute la bienséance
convenable; et, si quelquefois cette passion est capablö de
balanoer »on devoir , elle n^en eit jamals victoriéiise* Totit co'
que Von j peut trouver de répréhensible , c*est la'versifi-'
cation embrouillée en quelquesendroits^ äu reste, on y reniar-
que despensées grandes etélevéesjmaisellesperdentinfininient
deJeur prix k n'étre pas exprimées avec assez de force et da
laS MAR
netteté. Quoiqu'il en soit, cetle tacbe ne doil pa^t empécber
le lecteur de rendre justice å cette tragédie. N'eut-el|9
d'autro mérite que d'étre remplle de sentimens , elle doit
Temporter sur la plupart de celles oä Ton ne trouve que. du
brillant et des incidens merveilleiiz.
. On assure que le president Hénault a beaucoup .aidé
Décaux dans la composltion de cette piéce. . .^
MÅBHJS A MINTHURNES , tragédie en trola acte9 «
par M. Arnault, aux Fran^ais, 1791. ., . «
Marius proscrit å Rome par les intrigues de ^yUa^ .kui
rival y est poursuivi jiisqu^å MInthu];Des, d'ou il est pi)&^49
s^échapper; mais les matelols^ qui Taldaient dans sa fl]|Hf »
profiteot de son sommeil puiir le remcttre sur le.jrivage*
L'émissai/'e de Sylla , animé contre lui d'uoe haiqe . pjfUti^
culi^re, cfaarge du soin de sa vengeance un jeune S9ldal;:|.
qui accepte avec joie cetle commission , et qui prompt
mcme de lui rapporter la tete du fils de Marius , égale*
racnt raisc å prix; mais ce soldat est le fils de Mariygy^
hii-meme , qui , a Paide de ce déguisement , vit inconnu
parmi les Romains» Ainsi , 1'espoir de ce jeune proscrit est
de retrouver sonpére, dcle défendre ou de le vepger. Cepei^
dant Marius a trouvé un asyle au milieu des marais , dant
la cabane d'un de ses anciens soldats qui a eu å se pkuadro^
de lui , mais qui ne lui en est pas moins reste fidéle. Imi^b
précaution ! il est découvert et ramené dans les fers. Son
eqnemi craint de difiérer sa vengeaoce } et, soutenu- des
babitans de Mintburnes , il ordonue sa mprt pour le JQur
méme. Qui osera la lui donner ? Qui osera frapper Ma:rius?.
On en cbarge un soldat Cimbre , qui s'introduit dana sa
prison pendant son sommeil ; déjå son brås est leve ; il est
prét å frapper, quand le beros se réveiUe. Ébranlé pas
MAR 1^9
la noblesse et le feu des regards du héros , ce soldat s*ccri«
å plusieur^ reprises :
J« Tte ponrrai junais égorger Marins.
EdGd^ le fils de Marius 3e £ait connaitre å l'instaat oh
Fennemi de son pére et le sien rassemble ses soldats contra
lui. Honteux de leur låcheté , Ics habitans de MiDthumes et
le soldat Cimbre liu-méme se rangent du parti de Marius , et
rennemi de ce grand homme est tué dans le combat.
Tel est le sujetde cette tragédie. Si la contexture du plan ,
si la marche de Taction sont réprébensibles , le style est
correct, plein de noblesse et de vigueur. Op y trouve des
pensées neuves et bardies, des traits nerveux et un grand
uon^bre de beaux vers , qui firent concevoir la plus baute idc9
du taletit de M« Arnault, alors fort jeune«
MARIUS LE JETME, tragédie de Tabbe Boyer, i66g.
Marius, fils du fameux Caius-Maius , apprend å Maxime,
soo coufident, qu^ayant corrompu, par ses presens , Valére ,
gouyerneur de Preneste, il a trouvé le secret de se retirer
dans cette ville avec le reste des forccs de son parti , et
d'étre en état de tenir tete k celui de Sylla. Il ajoute que son
bonheur lui a falt trouver, dans Preneste, Cécilie , fiUe de son
ennemi , dont il est éperdument amourcux. Le peu de
pTOgr&s qu'il fait sur le coeur de sa mattresse , lui donne
lieu de croire qu'il a un rival. Sa conjecture n'est que trop
vraie : Cécilie ayoue, å ses deux confidentes , qu'elle pröfere
Pompée , quoiqu'il soit moins amoureux et moins galant
qae Marius. Sylla , vaincu par ce dernier , lui propose la
paix et la main de Cécilie. A pelne ces deux chefs se sont-ils
juré une amitié inviolable , que Sylla apprend Tarrivéc de
Pompée. Sur cette nou velie , il change de desseiu. Cornrae le
Torne VI. 1
l3o MAR
péril scul Ta contraint k cette alliance , si éloignée Ae ses sen^
timens, des qu^il ne craint plus, il ne songequ'aiix xnoysns
d'accablcr son cnncmi , et il ordonne a Gécilie de le servir «fc
d'y engagcr Pompto , qu'il lui promet pour époux. Cest ici
qiie la vertu et ramour combattcnt dans le coeur de Cécilie;
inais la vcrlii demeurant la maitressc , Cécilie se résQut k
cpouser Marius , pour lui sauvcr la vie ; elle fait plus ,
clle force Pompéc b. prcndre Tintérét de cet infortuné. EnjSn,
Marius , abandonné des sicns , et craignaut de tomber au
pouvoir de son cnncmi, se percc le sein.
13o3'cr était siiigulitTcitient prévenu en faveur do cette
tragédie , qu41 rcgardait comme un morceau travaillé avec
beaucoup de soinj-ct inacccssible aux traits de la cHtique»
Dans cette idée , il en fit la dédirace å M. de Colberc , pour I0
remereier de la pension qu^il vcnait d'obtenir par son
crédit.
MARIVÄUX ( Pierre Carlkt DE Chamblain dk),
autcur dramatiqiie , membrc de FAcadémie frau^aise ^ né å
Paris en 1688, niort dans la meme ville en lyöS.
Prcsque tous Ics ouvrages de Marivaux respirent Vestr i
louemcnt et la fmcssc , et supposcnt , assez généralem^nt ». -
iiue iniagination vive , et un caractére d'esprit singuUer.
Panni los romans de sa composition, la P^ie de Mariaanåj .
et le Paysaii Parvenu , occupent le premier rang 5 ikiai^
I
par une inconstance peu commune , il quitta Tuii ppui
conimencer Tautre, et u'ucheva aucun des deux* ITou^ :
avons de lui un grand nombre de piéces de théåtré , qui •
ne sont pas tontcs du meme mérite. Celles qu'on regarde '■
comme les meilleures sont: \\xSurprise de VAmour ^ le Legs f
et le Préjugé vaincu , au théålre franrais 5 et , au théfitné ^
italien , la Surprise de VAmour^ la Vouble Jnconsiance el
MAR i3i
YEpreuve* Les aiitres sont latitulées : L^Amour et la Vérité;
Arlequin poli par rAmour; le Prince Travesti; la Fausse
Suivanté; V lie des Esclaves ; VHéritier de Village ; le
Triomphe de Plutus ; la Nouvelle Cohnie ; le Jeu de
VAttiour et du Hazard ; le Triomphe de rAmour; VE^
cole des Mérés ; VHeureux Sträta^éme ; la Méprise ; la
ilkre confidehte ; les Fausses Confidences ; la Joie impré-^
^e ; les Sincéres; la Dispute; la tragédio å^Aiinibal ; le
Dénouement imprévu; filé de la Raison; la Héunion
des Amouts ; les Sermens indiscrets ; le Petit-Maitre cor^
rigé; lé Pkre prudent et équitahle; VAmantc frivole;
é Chémin de la Fortune ; la Femme fidiU ; Félicie et
ésActeursde bonne foi^
Voyant qu'il lui était , sinon impossiblc , dn molns tres-*
£fficHe dö se fairo nn nom dans la comédic de caractére ,
Manvaux prit le paiti de composer des pieces d*intrigne,
et ^ (fans ce genre, cjiii pent-etre varié k rnifini, ne voulant
itihré d'autre mo^lélé que lul-méme , il se fraya nne
rotité ilouvelle, I5Ieiit6t il introduisit la métaphysiqne sur
la scdne , et il analysa Pesprit huiiialn dans des disscrtä-
lioos töndrement épigraitimaliqnes. Aussi le canovas de ses
comédiésu^est-ilordiuairemeulqa^untissiifortlégerjdont Tin-
génieusé broderie , ornéc de traits plaisans, de pfensées fleu-'
ries, de situations neuves , de rcparties agrcables, de sail-
lies fines, exprime ce que les replis du coeur ont de plus caclié,
et cc que les rafinemcns de Fcsj)rit ont de plus délicat. Mais
cselté subtilité métaphysi(juement comiqne , n'cst pas le
icul caractére de son theutre : ce qui le distingne prin-
cipalenient , est un fonds de j>hilosophic,dont les idécs, dé-
Teloppées avec finesse , filécs avcc" art et adroilemcnt acco-
oodées h la scéne , ont pour but le bien de riiumanifé.
9»ioiqa'on reproclic å Marlvaui de Irop disscrtcr sur le'
l2
i32 MAR
sentiment ^ cc n^cst cepcndont pas le sentiment qui domine
dans la plupart de ses comédies^ mais lorsqu'elles man*
qiient d^un certain intérét de coeiir 9 il y esuste presque
ton jours un intérét d'esprit qui le remplace. Peut-étre qu*un
peu plus de precision y j etter ait plus de chaleur., et que.
Si le style en était moins ingénieux, il serait plus naturel.
Il faut en concl^ire q ne les défauts que Ton remarqu*
dans les ouvrages dramatiques de Marivaux , ne viennent
que d'une surabondance d'esprit qui fait tort k la délicfr» ■
tesse de son gout. Tels sont ccs dialogues si ennuyoux^
entré des interlocuteurs qui regorgent d^esprit et man^
qucnt de scns; qui épuisent une idée et jouént sur. le
mot , ])our égayer ridiculement un tissu de scénes méffr-
physiques ; ces tristes aualjscs du sentiment qui ne pei-
gnent ni les moeurs, ni les ridicules des hommes ; cei. '
reflexions subtiles qui sufibquent les spectateurs; ces mé-
taphorcs tou jours ncuvcs k la vérité , mais souvent hardiet
et quelquefois hazardées; ces expressions détournées^ qui
n'ont de piquant que Icur association. Ce que fai traAdi
d'apr^s vos yeux; des amans sur le pavé ; des caurs hqrSi
de condition ; des yeux qui violeraient rhospitalité ^ sont. ^
des facons de parler qu'on désaprouve avec peine, copune
certaios criminels que Ton ne condamne qu'å regret*
Pcrsuadé que la subtilité épigrammatique de son esprit ^
et la singularité de son style , plairaient assez , sans le te-, '
cours de la versiircation , Marivaux a écrit en prose toutea
ses comédies. Ses succés lui iirent d*abord des partisana i;^
et bientot il eut des imitateurs. Une foule d'auteurs subal- ^
ternes s'embarasserent dans un labyrinte de phrases, qui^^
devint a la mode* Heureuscment qu^ils u'avaient ni Pes-
prit^ ni 1^ méritc de leur chef, et que, ne copiant que
ses défauts y ils n'offrircnt dans leurs écrits qu'un jargoa
MAR i33
précieiisement ridlcub. Dfes cris s^élévérent de toutes parts
pour le proscrire , et Ton convint qii'il ne serait soufTert
désormais qiie dans les ouvrages de Marivaux , oi^ il s^est,
pour ain':i dire , identifié avec les graces de son esprit.
MARLET (l'abbé) a fait la musique d'une pastorale
iotitnlée : Jesus ncdssant, adoré par les Bergers ^ dont les
paroles sont de 1'abbé Bonvalet - des - Brosses. Elle
fat représentée å Paris, en 1744 , par les. demolselles de
1'Eiifant-Jésus.
MÅRMONTEL ( Jean Érao^ois) , auteur dramatique^
in6iBbredel'Académie fran^aise.^ né k Bort eu l.y^S, mört
fr Abbe ville en 1799*
Loshonimes de génie impriment å leiirs ouvrages un.car
iietire particulier qu'il est facile de distinguer : iinitiateiirs
.d9:lanatiire, ils la peignent comme ils Tönt vue , et, d'iine
main hardle , ils burinent sans hésiter ses priaclpaiuc traiU*
Leats tableaux , leurs dessins , leur coloris ,. tierincnt å leiir
åme , et , quoiqu'ils n'aient qu'un modåle, ils ne le peignent
pas de la méme naaniére , parce q ulls ue le voyent pas avec
lesmémes yeux. Les uns, comme Corneille, ne montrentde
DOS passions que ce qu'elles ont de grand , de sublime et de
terrible 5 les autres^ comme Raclue, n'en retira^ent que ce
qu^elles ont de tendre , de funeste et de déchiraut, Ceux-ci
impriment la terreur , ceux-lå exciteut la, pitié; aussi leiu:
«lyle se fait-il facilement reconnaitre^ Aucun homme , pour
peu,qu'il ait de tact, n'attribuerait å Corneille des vers do
Racine , ni k celui-ci des vers de Corneille. Il n'en est pas
de méme des successeurs de ces grunds hommes ; ce n'est
plus seulement la nature qu'ils imilent , c'cst encore la m^*-
/piere de leurs. prédécesseurs : aussi leurs ouvragc3s ont-iU
i34 MAR
iinc uniformité , qiii fait qi/oii ne Ics distingue pas
facilcmcDt Ics uns des aiitres. C*est alnsi que Voltaire
tient toiit-å-Ia fois de Corneillc et de Racioc ^ qiioiqii^il ait
lin caractere particuller , la profoudciir des pcnsées , et la
precision dii stylc. Marmontel qui fut I^imitateur de ces trois
grands Iiommes, empruntant tour-a-toi^- leur maniére , s'esl
formé un slyle pnr et corrcct k la vérité , mais qui D*a rien
de caractéristiqne, et qu'on peut facilement confondre avec
cclui de Laharpc, son coutemporaiu.
Envisagé sons ce rapport , Marmonlel n'occupe qne le
troisiemc rang parnii Ics poctes tragiqnes , tandis que Cor-
»cille et Rnrine sont scnls au premier y et qne p€rsonne nesc
plncc a coté de Vollaire et de Crébillon. Dans le teros do
CornclIIc , Marmonlel nVut point été poetc, parce qne, pour
élre insplré, il avait besoin de l'excmple de ses prédécesseurs.
Enfin , il n^avait ni assez de förre pour se frayer une roula
iiouvcllc, ni asscz de gt'nie ponr peindre d^original; roais il
avait tons Ics talens qni font un cxcellent imitateur.
D\ine famille honnclc , mais peu riche , Marmontel
épronva dans sa jcunesse beanconp de diflicnltés pour perfcc-
tionnersou éducation; toutefois a^ec du zåle etde lapersévé^
ranco-, et une certaine souplesse, qni n'avait rien de bas,
il vint a bout de les vaincre , et de se faire de Tétudc des
lettres un état fixe , qui le mit k méme de s^avancer dans le
nionde , cl de devenir le protecteur de sa famille. Ce fot ik
Toiilonsc qu'il débnta dans la carriåre litléraire , par plu-
«Ienrs piéces qni remportårcnt le prix årÄcadémie des jeux
floraux. Ces surces Tenhardirent , et il osa offrir ses pre--
iniers essais k Voltaire. Ce grand homme Tencouragea, le fit
veniråParis, et fut k la fois sonMéceneetson Aristarque.lt
Iviiconscilla d'cntrcr dans la carrlt^re dramatique» Fidéle aux
MAR i35
conseils d^un aussi grand maitre , Marmontel y débiita par
la tragédie de Venis le tyran; cettepiéce ent un succés si pro-
noucé , que Tauteur fut appelé sur le théatre. Get honneur ,'
tant prodigué depuis , n'avaifc encore été accordé qu'uno
fpisa Voltairc å Foccasion de Mérope» A Denis h tyran,
Marmontel fil; succéder Aristomkne , qui n'eul pas un moin-
dre succés. Voltairequi u'étart point jaloux de ses inférieurs^
pressa l'auteur dans ses brås å la preraiére representation da'
cette piéce , en s'écriant , macte animo generöse puer !
Cléopå$re suivit de prés Aristomhie ; mais la négligence du
style , la foiblesse du sujet , et d'autres circonstances qne
nous ne rapporterons pas , empéchérent cette piéce d'avoir
%o\it le succés que 1'auteur en espérait. Cette dcrniére tra-
gédie p£irut en lySo. Denis le tyran avait paru 1748 ; ainsi,
dans Tespace de deux ans, Marmontel produisit trois tragé-
dies^ fécondité rare alors , mais qui est devenue assez com-
mnne depuis que Ton traraille sans gout et sans rédexion.
Les Héraclides enreut encore moins de succés que Cléopåtre ;
cependant cette piéce offre de belles situations. L*autcur
attrlbue la disgrdce qu'elle éprouva , a Tétat d'ivrosse et
d'étourdIssement dans lequel se trouvait , au second acto ,
Mlle.Dumesnil , qui jouait le rolede Déjanire. Cette actrice ,
dit -il, aimait le vin; elle avait coutume d'en bcire un
gobelet dans les entre-actes , mais assez. trempé d^eau pour
ne pas Venivrer; malheureusement ce jour-lä son laquais h
lui versa pur å son insu : toute bouillante encore , elle avala
ce vin , qui lui porta ä la tete*
Dégouté de lasc&netragique par lacbute des Funerailles ds
Sésostris qu'ii donna ensuite , Marmontel se montra sur la
scéne lyriqué, et y débutaparla pastoralehéroiqiie å^Acanthe
et Céphise^ dont Rameau fit la musique. G^était une piéce å.
grandes machines , et qui fut coniposée k roccasion de la^ ,
i36 MAR
iiaissancG du Dnc de Boiirgognc.il fit ens uite /a Guirlandeet
les Sybantes » deiix actcs détachés qui eurent du sitcct^s, et
doDt Rameau fut encore le niusicicn.
Marmontel qui visait uu solide y et quI avec rabon yeulalfc
se faire dans le monde un étal fixe , obtint la place de secré-
tairc des båtimeus du roi ; mais cet emploi qui^ le retenait å
.Versailles , ne Fcmpéthait pas de se livrer au travail de l'eii-
cyclopédie don t il faisaitles artides sui* la Httérature. Cest Am •
ces artides épars dans ce väste dictionnaire , qu'il composa
daus la suite sa Poétique fraiifaise ; ouvrago estimable , ot
qui le place au premier rang parmi nos rhétcurs, Poli, sonple y
insinuant, quoique doué d\in caractére picin de franchise,
Marmontel savait se coucilier les bonnes graces des grands ,
et surtout les conscrver ; il usait sobrement de leurs faveurs;
mais il cmployait avcc z^le son crédit aupr^ d'eux , quaod
il ä^agissult d\)bligcr ses amis. Il ena donné la preuve eu fai-
satii accorder å Boissy le piivilåj^c du Mercure. Celui-ci,
.sci sentant trop faiblo pour luie aussi grandc entreprise , eut
iLTonrs anx talens de son bienfaiteuif , qui , a cetto occasiÖD,
r(»mposa quelques-uns de ses Contes moraux^ son plus beau
litre å la gloire littérairc. Noiis nous dispenserons de faire
l\^iOgc de ces ouvrages , écrits avec autant dVsprit que de
simplicité ot de naturel.
Apres la mört de Bolssy , Marmontel obtint ponr lui-
111 éme le privilege du Mercure ; dés-lors il renon^a ä la place
de secrétaire des båtimens , pour s'occuper uniquement d'uD
ouvrage d'autant plus uti!e , que les pensions de plusieur»
gens de Icttres élaient fondées sur ses produits. Il accueillit
les premiers essais de Tabbe Dclille et de Malfll4tre, ceuxde
Lemierre, et il encouragca par de sages critiques les talens drt
jeune Tbomas. Il oontribua par ses conseils å rectifier ce que
Mllc, Clairon avait do vicieux dans son jcu brillant , ot Von
MAR 13/
pent dire , å cet égard, qu'il opera iine réforme salutaire dans
Tärt dramalique , en faisant succéder å Temphase , å la décla-
mation , le ton de la natiiré et de la vérité. Malheuréusement
Pauteur ne resta pas long-tems å la tete du Mercure* Lié
avec Gury , il eiit le nialheur de reciter une parodie de
Cinna que celui-ci ayait faite , et dans laquelle il attäquait
le diic d*Aiimont, alors intendant des nienus*plaisirs*
XeDuc, irrité , se plaigpit au Roi, et Marmontel fat non-«
• -
teulement privé du Mercure , mais encore renfermé k la bas-
tifle ; punition bien rigoureuse , pour une légére inconsé-
qUence. Il en sortit å la vérité aubout de quelquesjours; mais
le Mercure ne lui fut pas rendu.
Ijoin de se laisser abattre , Marmontel tira de nou velies
forces de sa disgråce : libre de tons soins , son esprit devint
pTns féoond et plus vigoureux. Il acheva sä Poétique , et la
dédia au roi ; il con^ut et écrivit son Belisaire , qui lui causa
qnelque désagrément, mais qui mit le comble å sa gloire. Il fit
ies Incas , roman fort intéressant. A tant de titres , il fut re^u
ål'Académie , dont il devint secrétaire perpétuel. Mais, loia
de s'endormir sur ce trone littéraire, il composa et fit jouer
sQccessivement plusieurs opéra-comiques-, dont Grétry fit
la musique. Ce sont Ies Mariages Samnites j le Huron ,
Lucile et Silvain yl' Ami dela Moison et Zémire et Azor»
Marmontel avait cinqiiante ans lorsqu'il épousa Mlle. de
Mootigny , niéce de M.Morellet , å peine ågée do dix-hnit ans,
Cetfe disproportion d^åge n'empécha pas ce mariage d'étre heu-
reux; et Ton pent dire qu'il embellit Pantomne et Thy ver d'une
vie, dont le printems et Pété s'étaient passés au milieu des tra-
vaux littéraires. L'amour conjngal ne rendit point Marmontel
infidéle aux mus^s; il composa Popéra dejD/c?o/2,quieut un suq-
ces complet 5 celui d^Fénélope , qni ne fut pas aussi heureuXt
i38 MAR
et la comédie du Dormeur Eveillé , sujct tiré des JUille et
vne Nuits , qiii D'eut pas le bonheur de plaire.
Sans prendre unc part active å la revolution , Marmontel
la vit avec les sentimens d\iD patriote, qui désire la ré-
forme des abus : dans la suite, ponr éviter les persécutions , ii
fut obligé de se cacher. Quand l'orage fut dissipé , il passa
tranquiUcment uiie partie de ses derniéres années å. Gaillon;
^Dfin, il fut nommé député, et défendit la religion avec énergie»
Commc il avait vécu sobrcmeDt , il sentil peu les
infirmités de la viellesse ; il mourut d'apoplexie le 3t
décembre 1799* Co™™c auteur tragique, Marmontel na
pcut étre placé qu'au troisiéme rang. Son style est naturel et
vrai y mais il manque de couleur et de force. Ses opcra-co*
miques, notammcnt Zémire et Azoiy Fél&vent au premier
rang parmi les auteurs lyriques; ses ConteSj sa Poétitfue et soa
Eélisaire le placent å coté de nos meilleurs écrivains en prose.
MAROLLES (Tabbe de) nous a donné, en 1 658 9 uoa
traduction des comédies de Flaute*
MARQUIS RIDICULE (le) , ou La Comtesce fait«
▲ LA IIATE y comédie en cinq actes , en vers , par Scarron 9
i656.
Don Blaise Pol, marquls de la victoire, dolt époiuer
Rlanche , fille de don Cosmc de Vargas , gentilhomme de U
ville de Madrid. Don Blaise , qui craint que sa future ne soit
une coquettc, commande å son frére, don Sancbe, de faira
croire qu'il cstpassionné pour Blancbe; celle-ci connait déjå
don Sanche,et Taime; et le cavalier, de son coté, est fort épris
de Blanche. Cependant une Portugaise , nommée Stephanie ,
y^Tenturiire des plus signalées, se met en tete de se fieura
MAR x3o
épotiser par don Blaise. Poiir y parvenir, elle vicnttrouverdoa ^
Cosme de Vargas , et lui dit qu'elle est femme de son
geodre futur , dont cjlo a deux enfans. Don Blaise a beau.
protester de la fausseté de ce fait; Stephanie soutient toujours
ce qii'elle a avancé; de sorte que don Blaise , pour se débar^
rasi^er de cette créature , lui ofira une somme d'argent ,
qu^elle accepte. Ensuite , craignant les infidélités de Blanche
ft'il Tépouse , il promet une dot å don Sancbe pour tenir sa
place.
ifARS(MlIe.) 9 actrice du théatre Fran^ais , i8io.
£ette .actrice a joué et joue encore les ingénuités ave^
beaucoup de succés , elle est aimée du publlc , qui lui a
loog-tems prodigiié ses faveiirs. Mais ses yeux ont perdit
de leiir éclat; leTems, le Ten^s impitoyable a (létri ^a joliefi*
gure. Ce n'est plus ce front virginal ou sepeignaient la candeuc
et ringénuité : å trente-six ou quarante ans on n'est plus inno-
ceote \ å cet åge, en un mot, on ne sait plus rougir. Fénétréo
de cette vérité , Mlle. Mars s'est essayée dans Femploi des
grandes coquettés , oh elle s'est fait applaudir ; ce qui
prouve incontestablement qu'elle est trés-flexible , car ce»
deux emplois sont diamétralement opposés. Toutefois nous
lui conseillons de s'en teuir å. ce dernier role. Une fiUe in*;
génue peut devenir une grands coquette , mais celle-ci ne
peut plus devenir ingénue ; å plus forte raison , elle ne peul
étre tout a la fois etgrande coquette et ingénue*
MARSIDIE , reine des Cimbres , tragédie , par madams
de Gomez , 17^4*
Le consul Marius , apres avoir vaincu Marsidie , rein^
des Cimbres , et fait prisonnier Gotharsis , prince de Bas-»
lernes , rend la liberté k ce dernier , et Tenvoie aupc^ dq^
140 MAR
Marsidie , avec uns lettrc pour cette princesse , dans la-^
quelle il Iiii den-.aiide 11 d rendez-vous. Marsidie iui accordo
ce qiril desirc . et veut lul doDocr ses enfans pour otage ;
znaisle consul la refuse , et se reod seul dans latenta éela
reine. Il parle d'abord de la paix ^ mals le véritable motif de
sa dcrmarche • s^est de déclarer å Marsidie la passion qa*il
ressont pour elle. Il s*ouvre d*abord k Gotharsis. qni est épris
du meme amour, et le conjurc de parler en faveur de sa
flamnie : mais cc prince nVst pas d*humcur a ser\ir un ri-
val , et Marsidie refusc les offres brlllantcs du consul.
rcfus de Marsidie no sont causés que par Tamour qu^ello
sent en secret pour le prince des Bastcrncs. CledoakLson nu-
nistre , et mortel ennemi du Consul romain , annonce a la
Roiue que les Saxous Ini envoicnt des secours^ et Tobligentde
renoDceråla paix. Il forme le desseii) d'assassiner Manus
å rinsu de la Reine. Ce scélt-rat envoic mille Saxons pour
fondre sur le Consul ; mais le prince Gotbarsis, soutenu da
cent gardes . taillo en piéces ces ossassins , et dtlivrs Marins»
Marsidie dtteslant c c forfait borrible , jette dans les prisons
le mdheurcux Clodoald, et marcbe au CLimbat. Mais, mal-
gn^ sescfTorts • el le brås du vaiilaal Golbarsis , le destin de
Marins le fait t:iompber, et il rcmporlo la viclcirc. Marsidie,
flpres avoir fait arracber la vie å son miiiistre , prend du
pi isoii ponr se dilivror des fersdes Roraains, el do Tamour
qu clle a ponr son Giitbarsis. Prés d*expirer , cllc avoue sea
socrct : ÄJr.riHs \ enl Ini ronJre TEmpire et Tuuir å Golbarsis;
mais cl!»? li:; n:»prciv.l qro la mört est dans son sein; et, dans
Tinstarl^ cllc eii dcvioiil la v i cl I mc. La tragtdie finit par les
rcgrets Ju Consnl , et le dtsespoir du prince des Bastcrnes.
ILåRSOLLlKR DE Vivetilp.es , auicur dramali-
, 1810.
MAR i^i
Avee 'beaueoup d'esprit et de facilité, M. MarsoIIier a ob-
tenu dans plusIeuTS genres, des succés nombreux et mérités; etp
quoiqii'on puisse lui reprocber d'avoir quelquefois abandonné
le ton aimable et simple de la bonne comédie , pour se
liyrer au genre du mélodrame, nous sommes obligés de
convenir que cela hii est arrlvé rarenaent , et qu'il a donné
un assez grand n«mbre de bons ouvrages , pour nous faire
excuser quelques écarts que le gout du jour, auquel il n'est
pas ton jours possible de résister, rend bien pardonnables»
Nous compterons au nombre de ses bonnes pi^ces, le
Vaporeux , comédie en deux actes ; Nina , oii La Folie
pammoury joli opéra-comique , connu de tout le mondc;
Camille\ ou le Souterrain^ opera un peu noir , mais
fort intéressant; la Fausse Délicatesse, comédie bien
écrite; enfin, les Deux Petits Savoyards ^ uns Matinée ,
. de Catina ; le Traité nul ; la Mäison isolée , ou /'JEr-
reur tTun bon phre , Céphise et Gulnare , piéces qui sont
restées au théåtre , et qu'on revoit tou jours avec plaisir*
On peut en general reprocber å M. MarsoUier, d'avoit
cbercbé å prendre le genre de Marivaux, qui ne convient
point au caractere de son esprit.
MARTEL a composé une comédie en un acte , en prose»
intitulée : L* Illuntinaäon , qui fut représentée aux Italiens
en 1744, avec7e5 Fetes sinckres^et la Noce de J^illage ;
Cet auteur est peu connu aujonrd'hui , et sa piéce
ne Test pas davautage , c£u: elle ne fut jouée qu'une seul«
fois et ne fut pas imprimée*
MARTELLY, auteur dramatique et acteur, 1810.
Comme acteur, M. Martelly s'est fait une grande ré-
jMitatioD en province dans 1'emploi de Molé ; il a paru avea
74^ MAR
succés sur plasieurs théåtrcs de la capitale. Il a de la coa-*
leur , de Tame et une botiDC diclion ; mais il n'a ni Tes-
prit , ni les grdces de son modåle. Comme auleur, il a
composé deux piåces : Ulntrigant dupé par lui^mémé,
comédic en cinq actcs; et les Deux Figafo ; comiédiö
aussi en cinq actes. GcUe-ci est réstée au théåtre fran^ais,
oCi elle reparait encore äe loin en loin. Il a tnontré dans
CCS deux ouvrages une grande intelligence de la scéne , räaii
peu de gout et point d^originalité.
#
MARTHÉSIE, tragédie-opéra en cinq actes, par
Xa Mötte, Musique de Désfouches , 1699.^
Le sujet de cet opera est tiré de 1'histoire des Anaa^o-
nes , que Martfaésie engagea å se soustraire k Tempire des
Iiommes. Mais cettc princesse ayant vaincu et fai); pri-*
sonnier Argapise, roi des Scytbes, en devint amoureuse ,
contre la principale loi de son nouvel institut.
MARTIN (M.) , acteur du théåtre Peydeau, 1810.
Il est diilicile de réunir deux talens dans un dégré sit-
périeur, et conséquemnoent de procurer au public un dou*
bleplaisir : ceci est vrai en general, etparticuliérementpour
les acteurs de la scéne Ij^rique. Tres-peu, joigncnt aU nlérittf
du cliant , la vérité et la cbaleur do l'action* L'ex«iliplé de' M»
Martin en est une nouvölle preuve. Il est rare de redcontreriliKl
aussi belle basse-taille et un plus grand talent d'exécutién': atW
c une difficuUénerarrétej ilscplaitmémeå s'encréerlui-méme,
pour mettre en évidence 1'étendue et la flexibilité de sa voix.
Mais tous ses efforts pourjbire entendre sa belle' volx,
iiuisent au talent de Tacteur. Entiérement oCöupé å fdlre
brillcr son chant, il négligc Texpression, le sentiment, et
\
MAR 143
la yérité. H ne salt ni Btire vatoir , ni rendre la pensée de
Pécrivain, et souvent, å^force d'accumuler des ronlades,
il déguise , et méme étouGTe le motlf du corapositeur.
Toutefois on peut dire, å la louange de cet acteur, qu'i[
« 8U profiter des conseils de ses amis , et qiie , dans le«
réles de vriet, il a du naturel et de rintelligcnce.
, BIARTINF (M.) , acteur de rAmbigu-Comiquc , 1810.
L'acteur Martin est peu digne d'occuper une place dans cet
«UTrage ; mais corame il est å la fois bon décoratcur et
bon machiniste , nous nous plaisons ålui accorder celle qu'il
Riérite sous ce rapport. Si nous en crojons la rcnommée ,
il iie serait pas déplacé å TOpéra.
MAHTTOTSTILLE (M.) auteur dramatlque-, l8io,
M. Martinville a fait en société , avec M. Étienne , un*
iistoire du théfttre fran^ais qui a été favorablement ac-
tneillie du public ; il a donné au théålrc des varictés plu-
sieiirs vaudcviilcs qui font honneur å son esprit , et qui
ent obtcnu du succés 5 mais , par un inotif que nous no ^
saurions deviner , il a quitlé le géöre aimablc qu'il avai£
d'abord adopté, pour le Mélodramc. Son Pied de 31oit^
ton esf un si dröle de pied; sa Queue du Viable est une queue
si diabolique , qu'on ne saurait parler de Tun et de Tautre
qu'avec un sentiment de respectet d'admiration 5 toutefois,
malgré ses triomphes,!!!. Martinville acessé, dil-on, dW"^
▼oir commerce avec les puissanccs inferi^ales.
MARTON ET TRONTIN, ou Asbaut de VAXBifs ,
comédie enun acte,cn proscjpar M. Dubois,åLouvois, röo^v
Marton Qst chargée , par Mme- de I^elval , de rccevoiiset
d^installer, en son abscnce, maitre Frontiu, valet eflVonté cl
i44 MAR
adroit qiie lui cnvoic son oiiclc , capitaloc do vaisseau J
mais la fripoDuc,, qui n'cst pas d'hiiracur å partager ses
profits et los bonncs grixcos de sa maltresse avec qui que ce
soit, cherche un moycn de Técartcr. Elle n'en trouve pas de
plus sur que de fabriquer une leitre , dans laquelle Mme. de
19'elval est censée lui marquer qu'elle a changé d'avis sur
le compie de Frontin, et qu'clle veut s'en tenir å sa
chhre Marton m Pcndant qu'elle écrit cette lettre , Froatia
entré , écoute , sort et rentre d'un air respectueux. Il feiDt
de prendrc Marton pour sa nouvelle maitresse, et lul fiuft
des complimens qui flatlent Tamour-propre de la soubrette ;
mais, lorsqu'iI s^est un pcu amusé de sa crédulité, il lui rit
au nez , et lui fait voir qu'il est digne de faire assaut aveo
elle. C^est Marton qui commcncc 1'attaque^ mais Frontia
pare les coups adroitement, riposle et la déconcerte. Enfin ,
pour trancber le mot , il lui enléve la fausse lettro , et lui
dit qu'il va la rcmcttre au Capitaine , que Marton croit
parti , qui Test en cflet, et que Frontin dit ne Fétre pas* Il
sort et rcvient bicntöt sous le déguisement du Capitaine* A
son tour , il la chassc et reste maitre du cbdmp de bataille*
Déja il s'applaudlt de son triomphe ; mais il ne sera pås
dit que Marton In i aura cédé la place a si bou marcbé.
Comme Frontin s*est scrvi des babits du Capitaine, elle
empruntc ceux de sa maitrcsse et jusqu'å son accent pro*
venrul. Les dcux champions se trouvcut encore une fois en
présencc ; tons dcux , sous Icurs costumcs empruntés se
croient perdus, et son t prc^s de s'avouer leur fautc. Frontin
tombe auxgenoux de Marion, lorsque cellc-ci allait tomber
aux siens, et, pour cette fois se trouve en défaut. Elle profite
do la circonstance , et le force å déguerpir* Lorsqu'il est
tout-å-fait décidé k s'éloigner, il s'appcr9oit qu'il est joué.
Enfin, ayant appris que Marton voulait introduire it sa placo
> MAS 145
I *
un campagnard bien lourd , bien bete et biea commocle ; 3
se préaente sons le déguisement de ce dernier , et prouve k
Marton qii'il vant mieux, poiir elle, avoir un compagnon
adroit qu'cin sot, dont l'indiscrétion peut la perdre. Il la force
åloi donner des regrets; enfin, ils font la paix; et, pouj^
gage du traité , ils se marient.
MASCARAD^* Troupe de personnes inasquées^ ou dé^
guisées , qui vont danser et se divertir , surtout en téms åé
Camaval. Ce mot vient' de 1'italien mascarata , et celui^ei
de rara:be mascara , qui signifie raillerie , boufTonnerie*
Cest Granacci qui composa le premier , et qui fut le pre-
mier inventeur des Mascarades , oii Ton repr^sente des
actions héroiques et sérieases* Xe Triomphe de Paul^
Émile lui servit de sujet, et il y acquit beaucoup de répu-
tation. Granacci avait ^té éléve de Michel-Ange , et mourut
en 1543.
MASCARADES AMOURECSES (les) , comé^ieen un
acte , en vers libres , avec un divertissement , par Guyot ds
Merville^ au théåtre Italien , 1736.
Ciitandre , jeune homme de qualité , fils de Damop , est-
amoureiix de Colette , jeane pay sanne , qu'il a vue å Nan-
terre. Il s'est travesti eo paysan , et a pris l&nom de Lucas ,
pour mieux cacber sa condition. Sous ce déguisement, il no
Bianqiie pas d'oocasions de voir et d'entrenir Colette , et il par-*
vient k s'en faire aimer« Ciitandre n'avait d'abord regardé ce
pro jet de galanterie , que comrae un simple amusement ;
mais le mérite simple et naturel de la jei;ine paysanne,
fait une si vive impression sur son eo&ur , que toutes ses re-
flexions sur la disproportion qui se trouve entré Coletto
et lui , ne servent qu'ä changer son humeur gaie et
Torne ri. K
146 MAS
badine , en tine sorabre mélancolie , qni altére pen-å-pen sa
éanté. Doninon , son pére , s^en apper^oit; allamié ponr
les }OiiTS d'iin fils chéri , il Interroge ArlequiD, son valet,
et apparemment son confident , qiii bii apprend le aujet de
cette tristesse : ce pére , aussi bon , aussi tendre , que son
fils est soumis et vcrtnenx , lui demande 1'expUcation de ce
changemcDt. Clitandre Iiii avoue sa nouvelle passion , et lui
vante , en ménac-tems , le mérite et les vertiis de Colette.
Dorimon , qui préf&re å tout la vic de son fils , lui dit , qu'il ne
8'opposera pas å ce mariage ; il lui permet méme d'en parler å
Mathurin , pere de Colette ; mais comme ce paysan paralt
prévcnn pour son état , qu'il préfére a celui des grands et
des riches , Clitandre fait trouver bon å son pére , qa'il
reste tou jours déguisé sous le nom de Lucas, puisque ce
déguisement I'a si bien servi auprés de Colette. Dorimon jr
consent y et fait la demande de Colette å Mathurin , pour un
jeune homme de sa connaissance , ■ dont l'établissement l'in-
téresse an dernier point ; lui promettant méme d'avoir soin
de sa famille , s'il veut approuve ce mariage* Mathurin
consent avec plaisir å cette union ^ pourvu, dit-il, qu'elle soit
au gré de CoUette , qu'il ne veut contralndre en aucune
fa^on. Dorimon , voulant aussi connaitre Colette et ses sen-
timcns pour 1'époux qu'on lui a proposé , a un entretien avec
elle : il est charmé de son caractére , et ne balance point å
donner les mains å tout ce qui peut seconder un mariage , qui
doitfaire le bonheur de son fils. Clitandre, toujours déguisé,
arrive ; Colette lui apprend le péril qui le jnénace , en lui
disant que Dorimon vient de la demander å Mathurin , pour
un jeune homme de sa connaissance. Lucas se divertit un
moment de Tembarras de sa maitresse , et lui apprend enfin,
qa'il est lui-mémc cet amant que Dorimon lui destine.
-? MAS VI7
L'iimour de CUtandre pour Colette , a falt naitre le désirJb
Äxlequin , son valet , de faire aussi quelques conquétes & Nan-*
terre* Il a trouvé la niéce de Mathurin , nommée Finette ,
fort h soo gré , et en est deventi amoureux. Cette jeune pay-
sanne est non-seulement trés-portée å la coquetterie ; mals
elle prétend encore épouser un gentilhomme. NicoUe , ser-
vante de Mathurin , et cousine d'Arlequin , Ta informé de
c^s circonstaaces; lå-dessus Arlequio prend un fort bel habit
de son mattre, et, sous ce travestissement , il vient faire la de-
nande de Finette å Mathurin. !N^icolle , de son cöté 9 fait sa-
voir å Finette Tarrivée d'un grand seigneur qui vient pouc
Fépouser ; Finette change d^habit , et se pare de tout ce
qu'eUe a de plus beau pour recevoir sön époux futur. Arle-
qnin arrive ; il a une conversation avec Finette , qui est char-
mée des graces et des maniéres de ce seigneur ; ils sortent
pour aller faire un tour de jardin. Arlequin revient seal , et
demande å Mathurin sa niéce en mariage ; il la lui accorde.
Le Tabellion apporte le contrat de mariage de Colette et de
Lucas. Apr^ la signature , il présente å Mathurin celui de
{"inette et du prétendu grand seigneur. Clitandre l'arrache des
mains du notaire , et fait connaitre Arlequin pour sön valet ^
et non pour le prétendu de Finette. Celle-ci, par dépit^
déchire elle-méme le contrat, et se retire. Dqriition snrvient;
il apprend k Mathurin et å Colette, que le faux Lucas est
son fils; enfin Mathurin est ravi d'un mariage aussi avantageux
}K>ur sa iille. Cette piéce est trés-bieii écrite et obtint du
succés.
MASCRE 5 avocat en parlement , a composé en 1671 la
Prosarite, ou CEnnemi de la p^ertu, comédie en cinq actes,
ilontil ne reste que des fragmens.
K a
v*
i4S MAS
MASCRIER (Fabbé ) > né å Caen en 1S97 , mört k faiiÉ
en 1760, å falt jouer en 1732 avant la Saur Midicule, comé-
die de Mootfleury , un prologue en vers , intitulé le CapHce
et la Ressource. Nous avoos de lui une description de 1'E^
g}'pte et une traduction des commentaires de César» H nous a
donna en outre des editions de Martial et des mémoires de
Feuquih'e, etc.
MASQITE. Fartie de Téquipage des acteurs do la
Gréce et de Rome, dansles jeux scéniques. Cétait une espéco
de casque qui convrait toute la tete , et qui , outre les
traits du visage , représentait encore la barbe , les che«
vcux, les orcilles , et, jusqu'aux ornemensque les femmes
eniplo3'cnt dans leur coefiure ; du moins c'est ce que nou»
apprennent tous los auteurs qui en parlent comme Festus 9
PoUux ^ Aulugelle , etc. ; c'est anssi 1'idée que nous en
denne Phédre , dans la fable si connue du JUasque et du
lienard : personam tragicam /ortk vulpes ifiderat, etc...
Cest d'ailleurs un falt dont une infioité de bas-reliefs et de
pierrcs gravées ne nous permettent point de douter. H ne
faut pas croire cependant que les Masques de théätre aient
eu tout d\in coup cette forme ; il est certain qu'ils n'y par-
vinrent que par degres , et tous les auteurs s^accordent å leut
donner de faibles commencemens. Cene fut d'abord, comme
tout le monde sait , qu'en se barbouillant le visage , que les
premiers acteurs se déguisérent ; et c'est ainsi qu'étaient re-
présentées les piéces de Tbespis : qwt canerent agerentve ^
peruncti facibus ora» Ils s'aviserent dans la suite de se faire
des.espéces de Masques avec des fcuilles d*arction , plante
qui était quelquefois nommée personata chez les Latins,
comnie on le peut voir par ce passage de Pline : Ouir
-idoh^ Arction personatam vocant , cujus folio nulium est
MAS 145
iatius i c'est notre grande Bardane. Lorsqiie le poé^me dta*
xnatique eut toutes ses parties , la nécessité 01^ se trouverent
Wacteiir^derepréseiiter des personnages de diiTérenB genrea^
de difTérens åges^et de diSerens sexes , Ips obligea de cbercher
qiielque mojen de changer tout-å-*coiip de forme et de^
figure 3 et ce fut alors qu'ils imaginérent les Masq^^ies dont nous
parlons^ mais il n'est pas aisé de savoir qui en futl'iRveDteuiv
Suidas et Åthénée en font honneur au poete Hcerile ,, con-
temporain de Thespis ; Horace au^ contraire , efn rapporte
VInvention åEscfaile : posthunc personas palleeque repertorho^
nesta, yEschihis. Cependant Aristote ^ qui en devait étre un
peu mieuxinstruit , nous apprend au cinqniéme chapitre do
sa Poétique , qu'on ignoraitde soaftems å qui la gloire en étail;
due; mais, quoique Ton ignore par qui ce genre de Masque fut
iDventé, onuQusa néanmoins conservé le nom de ceuxqui en
ont mis au, théåtre quelque espéce particuliére. Suidas , par
ezemple, nous apprend que ce fut. le poete Phrynicus , qui ex-
posa le premier Masque de femme au théåtre^ et Néophron
de Sicyone y celui de cette espece de domestiqne , que les^
anciens chargeaient de la conduite de leurs enfans, et d'oi!Lnoiia'
est venu le mot dePédagogue.DVnautre coté , Dioméde assur©;
que ce fut un B-oscius?&aUua,,. qui , le premier , porta un
Masque sur I9 théåtre- de Rome , pour. cacher le défaut. de
ses yeux., qui étaient bigles. . Athénée nous apprend! aussi
qii!JE9chiIe fut le premier qui osa faire parattre sut/1a scéne des
gens ivres dans sapiéce des Cabires^; et qiie ce fut un acteur
de Mégare , nommté Moison , qui inventa les Masques cq«.
miques de valets et de cuisiniers. Eufin , nous lisons dans^
Fausanias , que ce fut ^schile qui mit en usage les Mas*
ques bideux et effrayans dans sa piéce des Euménid^s ; mais.
qu^Euripide fut le premier qui sWisade représenter ces furien
sirec des serpens sur leur tete. La matiere de ces Masqiies ^
i5o MAS
au reste , ne Fut pas toujours la méme ; car II est certain qna
les premiers n'étaient qiie d*écorce d'arbres : oraque cortici^
hus sumunt horrenda cavatis. Et nous voyons dans Polluz
qu'oD en fit dans la suitc de cnir , doublés de toile
ou dVtefie ; mais comme leur forme se corrompait aisé-
ment , on vint , selon Hésychius , å les faire tous de
1>ois ; c'étaient les sculpteurs qui les exécutalent , d^aprés
I'idée des poelcs , comme on peut le voir par la fable de
Phédre , que nous avons déjå citée* Pollux en distingue
de trois sortes , des comiques , des tragiques et des
satiriques : il leur donne å tous dans la description , la
diflbrmité dont leur genre est susceptible ^ c'est-å-dire , des
Iralts outrés et chargés å plaisir , un air hideux ou ridiculc ,
et une grande bouchc béante , toujours préte ^ pour ainsi
tlire , å dévorer les spectatcurs* Onpeut ajouter ^ ces trois
sortes de Masques, reux du genre orcbestrique , ou des Dan-
^curs. Ces dcrniers , dont il nous reste des images sur
11 ne infiuité de monumcns antiques , D'oDt aucun des
défauts dont nous venons de parler. Ricn n'est plus agréable
que les Masqucs des danseurs , dit Lucien : ils n'ont pas la
bouclie ouverte comme les autres ; mais Icurs traits soot
]j astes et rtgulicrs ; leur forme est naturelie et répond par^
iaitemcut au sujet. On leur dounait quelquefois le nom de
Masqnes muets; oulre les Masques de théåtre, dont nous ve-
jions de parler , il y en a encorc trois autres genres , que Folhiz
irapointdistingués, et qui néanmoins avaicnt donnélieu aux
dlfierentes dcnominations ; car, quoiquc ces term es aient été
dans la suite employés iudiflercmment , pour iodiquer tontes
sortes de Masques , Il y a bien de Tapparence que les Grecs
a^en étalent d*abord senri , pour en designer des espéces dif-
I tronve eo cBct dans leurs piéces de trois
Bt lecaractÄre répondeol exactement
MAS x5i
an sens propre et pcurticulier de chaéuu de ces termes. Le«
deux autres étaient moins ordinaires ; les uds ne servaient
qu'å représenter les Ombres ; Tusage en était fréqueut dana
les tragédies , et lenr apparition ne laissait pas d'avoir quel-
que chose d^efTrayant. Enfin les derniers étaient faits expré^
pour iuspirer la terreur ^ et ne représentaient q ne des figures
afireiises , telles que les Gorgonn^s et les Furies ; ces diQé«*
rens Masques avt i^nt des noms differens» II ett vraisembldr-
ble que ces noms ne perdirent leur prencdér séns y que lors*
que les Masques eurent entiéremenl cbangé de fornae; c'est-^
dire , du tems de la nouvelle connédie; car , jusque3-lä,
la difierence en a valt été fort sensible. Mais, dans laauite,
tons Ics genres furent confondus ; les Masques comiques ^t
les Masques traglques ne difTérérent plus que par la granden i:
et par le plus ou le moins de difibrmité; et iln'y eutque ceux
des danseurs qui conservérent leur premiéreforme. En general,
la forme des Masques comiques portåit au ridlcule , et celle
des Masques trägiques å inspirer la terreur. Les Masques du
genre satirique; fondé sur 1'imagination des poetes , repre-
sentalent les Satyres , les Faunes , les Cyclopes , et aulros
monstres de laXable; en un mot , cbaque genre de poésie
dramatique en avait de particuliers , å l'aide desquelj
Tacteur paraissait aussi conforme qu'il le voulalt^ au carac-
tére qu'il devait soutenir. De plus, chacun en avait, qu^il
cbangeait selon que son role 1'exigeait. Mais comme c'est la
partie de l'ajustement théåiral qui a le moins de rapport å la
maniére de se mettre de nos acteurs mödernes , et & laquelk»
conséquémment nous avons le plus de peine b. nous préter au-*^
}ourd*hui , il est bon d'examiner en détaii , quels avantages lc5
anciens tiraient de Icurs Masques; et si les inconvéuiens, qui eu
lésultaient^ étaient aussi grands qu'on se Timagine d^abord» Les
^5a MAS
gens deth^åtre, parmi Ics anciens , persuad^s qii'utie certaifM
physionomie étaitessentielleau pcrsonnage d^uncertain carac-
tére, pensaient, qiie , poiir donner nne connaissance complette
du caractére de ce personnage, ils devaient donner le dessein dti
Masque propre å le represen ter* Ils pla^aient donc apres
(a definition de chaqiie personnage , tcUe qii'on a contume
de la mettre k la tete des pifeces de théåtre , et sous le titre
de Dramatis Personofy un dessin de ce Masque; cette in^tnio
tionleur semblait nécessaire: En.efiet, ces Masques repre-'
aentaleot non-seulemeDt le visagc y mais méme la tite en-
tiere , ovt serrée , ot» large , ou chaure , ou courerte da
chevetrx, ou ronde, ou pointue; ils couvraient toute la
tete de Tacteur, et paraissaient faits^ comme en jugeait la
Singe (TEsope , pour aveir de la cer velie.
On peut justifier ce que' nous disons en ouvrant FancieB
Tuanuscrit de Térenco ^ qui est å la bibliothéque , et
méme le Térence de madame Dacier. L'usage des Mas^
q nes empéchait douc qu'oi) ne vit souvent un actcur, déjå
flétri par låge, jouer le personnage d'un jeune homme
amonreux. Hypolite , Hercule et Nestor ^ ne paraissaient
snr le théåtre qu'avee une tete reconnaissable , å Taide
äe sa convenancc , avee leur caractére connu- Le visage
sons lequel Facteur se présentait > était tou jours assorti ;
et l'on ne voyait jamais un conaédien jouer le röle d'un
lionnétc homme , avee la physionomie d'un fripon parfaiii
Les compositenrs de déclamations , c'est Quintilien qui
parle , lorsqii'ils mettent une pifece au thtåtre , savenft .
tirer des Musqnes, méme le patbétique..«^ Dans les tragédies>
Niobé parait avee un visage triste , et Médée nous an-^
nonce son caractére, par Tair atroce de sa physionomie*
La force et la fierté sont dépeintes sur le Masque d'Hercula>
MAS i53
Celui d'Ajax, oITre 1« visage d'un homme liors de liil-
aiéoie. Dans les comédies , les MavSques des valets , des
JUarcfaaDds d'esclaves et des Farasites , ceux des person-*
nages dliommes grossiers , de Soldat , de vleille , de coiir-
tisanne et de femme esclave , ont tous lenrs caractéres par*
tiqtillers. On discerne par le Masqiie , le vleillärd austére
d'avecl e vieillard indulgent ; les jeunes gens qui sont sa*
ges , d'avec ceux quI sont débaucbés ; une jeune fille , d^avec
une femme de digilité. Si le pére , des intéréts duquel il
s'agit principaiement dans la comédie, doit étre quelque-*
fois content, et quelquefois fåché, il a un des sourcils de
son Masqiie froncé et l'autre rabattu , et il a une grande at*
teotion å montrer aux spectateurs cehii des cotés de son
Masque , qui . convient å sa situation présente. On peut
coojecturer que le com^dien , ainsi masqué , se tournait
tantpt d'un coté , et tantöt d'nn autre , pour montrer
toujöurs le coté de son visage qui convenait å la pas-
sion y surtout quand on jouait des scénes ofi il devaif chan«
ger d'action , sans qu'il put cbanger de Masque derriére le
tbéåtre. Par exemple , si ce pére entrait content sur la
scénc 9, il présentait d'abord le coté de son Masque dont le
sourcil était rabattu; et Iorsqu'il changeait de sentiment»
il marcbait sur le tbéåtre , et il faisait si bien quil pré-
sentait lé coté de son Masque » dont le sourcil était froncé ,
observant dans l'une et dans l'autre situation , de se tour-
ner toujöurs de profiL Nous avons des' pierres gravées qui
représentent de cesMasques k double visage, et quantité qui
leprésentent de simples Masques tous diversifiés. Pojlux,
en parlant des Masques de caractére, dit que celai du
vieiUaxd qui )oue le premier role dans la comédie , doit
étre cbagrin d'un coté ^ et serein de Tautre. Le mcme
auteur dit aussi, en parlant des Masques des tragé*
i54 MAS
dies , qiii doivent étro caractérisés, que celiii de Tlianti-
ris 9 ce fameiiz téméraire que les Muses rendirent ayea—
glo , parce qu'il avait osé les défier y devait avoir un oeil Uev
et Tautre noir.
Les Masqnes des Anciens mcttaient éncore beaucoup de
yraisemblance dans ccs piéces exceliuDtes^ oii le noeiidnalft
do l*erreiir , qiii fait prendre un pcrsonnage ponr un autre ^
par iinc partie des actcurs. Le spectateur , qui se trompait
lui-mcme en vonlant discerncr deux acteurs , don t le Mas-
que était aussi resscmblant qu*on le voulait , concevut
facilcment que les aclenrs s'y inéprissent eux-mémes» It se
livraicnt donc sans peine k la suppovsltion , sur laquelle les
inridens de la pi^ce sont foiidés; au lieu qite cette suppo*
sition est si peu vraiscmblable parmi nous, que nonsavons
l)eaucoup de peine å nons y préter. Dans la représentatioD
des deux piéces que Moliére et Regiiard ont imitées de Plaute»
nous rcconnaissons distinctomcnt les{)ersonnos qui donoeni
lien å rerreur , ponr étre des personnages dilTérens.
Corament concevoir que les autres acteurs , qui Ics roieoi
encore de plus pres que nous, puissent s'y méprendre? Ce
n'est donc que par Fhabitude ou nous soromes de noua
prcter å toutes les suppositions établies sur le théåtre pat
Fusage , que nons entrons dans cellos qui font le neead de
V Amphylrion et des Ménechmes. Ces Masques donnaient
encore anx Anciens la comnaodité de pouvoir faire jotter å
des hommcs y ceux des personnages de femmos dont la
déclamution demandait des poumons plus robustes , que
ne le sont ordinairement ceux des femmes , surtout quand
11 fallait se faire enteudre en des lieux aussi vastes que les
théåtres Fétaient å Rome. Eii eflbt, plusieurs passages des
écrivains, entr'autres le récit que fait Aulugelle deVaventnre
arrivée a un comédien, nommé Folus^qui jouaitle personnage
MAS i55
dTElectre , nons apprenneot que les ancieos distrrbuaient
Boiivent- k des hommes des roles ^de femine. Aulugello
racoDte danc, que ce Polits jouant sur le théåtre d'Athénes,
le råie d'Electre dans la tragédie de Sophocle , entra sur
la scéne en tenant une iirne ofi élaient véritablement les
cendres d'un de ses enfans qii*il venait de perdre. Ce fut dan«
Fendroit de la piéce , oh Electre croit que cette nrne cou-
fient les cendres de son frfere Oreste. Comme Polus parut
extrémement touche , en apostrophant son urne , il toucha
de mfime tonte Passemblécff Juvénal dit, en CrTitiquant Néron^
qu^il faliait mettre aux pieds des statues de cetEmpereur,
des Masques , des tbyrses, la robe d^Antigonne enfin^ commQ
une espéce de trophée , qui conservåt la mémoire de ses
grandes actions. Ce disconrs suppose manifestemeni qno
Néron avait jöué le role de la scéne, d'Etéocle et dePol^mice,
dans quelque tragédie* On introduisit aussi, å Faide de ces
Masques , toutes sortes de nations étrang^res sur le théåtre,
avecla physionomie qni leur était particuliére»
Julius Pollux, qui composa son ouvrage pour Fempe-
reur Commode , nons assure que dans Tanclenne comédja
grecque , qui se dpnnait la libérté de caraclériser et de jouer
les citoyens vivans , les acteurs portaient un Masque sem-
blable å la personne qu'iU représentaient dans la piéce*
Ainsi Socrate a pu yoir sur le ibedtre d'AthéDes , ua
acteur qui portait un Masque qui lui ressenablait , lorsqu'A«-^
ristophanq lui (it jouer un personnage sous le propre nom de
Socrate dans la comédie 1(99 Nuées»
Ce méme Follux nous donne \\n détail fort cnrienx sur les
differens caractéres des Masques qniservaient dans les tcpré**'
sentations des comédies , et dans celles des tragédies. Mais i
dW autre coté, ces Masques faisaient perdre aux specUK
I
i36 MAS
teurs le plaisir de voir naitrc les paBsions, et de rccoi»»
saitre le urs diflerens symptomcs sur le visage des acteiirs»
Toiites les cxpresslons d\in honime passiooDe noiis affco-
tent bien; muis les signcs de la passion qui se rendent
sensibles sur le visage, nous aflccteDt beaucoup plus qna
les signcs de la passion .qui se rendent sensibles par le
moyen de son gcste et par la voix. Cependant les ac-
teurs anciens ne pouvaient pas rendre sensibles sur lenn
visages les signes des passions. Il était rare qu'ils quit-*-
tassent le Masque; et mémo il y avait une espéce de co^
médiens qui ne le quittait jamais. Nous soufTroBS bien^
il est vrai , quc nos comédiens nous cachent aujourdlmi
la moitié des signes des passions qui peuvent étre marquées
sur le risage. Ges signes consistent autant dans les alté-
rations qui survienncnt å la coulenr du visage , que dans
les altérations qui surviennent å ses traits* Or , le rouge ^
qui est å la mode depuis plus de quatre-vingts ans , et que
les hommes méme mettent avant de monter sur le théåtrOs,
nous empéchent d'appcrcevoir les changemens de couleury,
qui , dans la nature , font unc si grande impression sur nousi.
Blais le Masqiic des acteurs anciens cachait encore 1'aE-^
tération des traits que le rouge nous laisse voir. On pour—
laitdire enfavcur de leur Masque, qu^il ne cachait poihtauz.
spectateurs lesyeux du comédien, et que les yeux font lapartie
du visage qui nous parlc le plus intcUigiblcment. Toutefoir
il faut avouer quc la plupart des passions, principalement le»
passions tendres,ne sauraicntétresi bienezpriméespar unaoteuc
masqué, que par un actcur å visage décou vert. Ce dernier peut
s^aider de tous les moyens d^exprimer la passion que Tac-"
teur masqué peut employer , et encore en faire voir des
signes dont Fautre ne s^aurait s'aider. Nous croirions dona
volontiers avec Tabbe Subos, que les. Anciens qui avaieoir
MAS 1S7
tant de gout pour la representation des pi^ces de théåtre^'
auraient fait quitter le Masqiie å tons les comédiens, sans
un6 raison bien forte qui les en empéchait ; c'est que
létir tliéåtre étant trés-vaste et sans voute ni couyerturo
solide , les comédiens tiraient un grand service du Masque ^
qui leur donnait le moyen de se faire entendre de tous
les spectateurs , quand , d'un åutre coté, ce Masqiie Icur
faisait perdre peu de chose* En eflet, il était impossible
que les altérations du visage , fussent apper^ues dis-
tinctenaent des spectateurs , don t plusieurs étaient éloi-
gnés de plus de douze å quinze toises du comédien qui
récitait. Dans une aussi grande distance , les Anciens reti-
raieot cet avantage de la concavité de leurs Masques ,
qu^ils servaient å augmenter le son de la voix ; c'est ce
que nous apprend Aulugelle, qui en était témoip tous
les jours. Or, suivant les apparences^ les anciens n'au-
laient pas souffert ce désagrément dans les Masques da
théåtre , s'ils n'en avaient point tiré ce grand avantage ,
qui consistait sans doute dans la comroodité d'y mieux
ajustéjr les cornets, propres k renforcer la voix des ac«
teurs. Ceuz qui récitent dans les tragédics , dit Prudentius
se couvrent la tete d^un masque de bois ; et c'est par
Toaverture . qu'on y a ménagée , qu'ils font entendre au
loin leur déclamation. Tandis que le Masque servait k
porter la voix dans Téloignen^ent , il faisait perdre , par
rapport k Texpression du visage, peu de chose aux spec-
tateurs , dont les trois quarts n'auraient pas été å por-
tée d'appercevoir TefTet des passions sur le visage des co-
médiens, du moins assez distinctement , pour. le voir avec
plaisir. Oa ne saurait déméler ces expressions å une distance,
de laquélle on peu t néanmoins discerner i'åge , et les au tres
ttaits lés plus marqués du caracttre d^un Masque. Il fau*
I
i58 MAS
drait qii-^une expressloii fiit faite avec des grunaces lunt-
liblesy pour élrc sensible, å des spectatcnrs élolgnés de Ut
scéuc, au-delå de cinqu six toiscs. Enfin les Masques des Ao«
ciens répondaient au reste de l^habiliement des acteun 9
q ti 'il fallait faire paraitre plus grands et plus gros que ne
le sonl des homnics ordinaires. La nature et le caractira
du genre satirique dcmandaient de teis Masques pour re-
' presenter des Satyres ^ des Faunes, des Cyclopes et autres
étres forgés dans le ccrveau des poetes. La tragédie sur-
fout en avait un besoin indispensable , pour donner aux
Iléros et aux demi-Dicux , cet air de grandeur et de digni-
té y qu^on supposait qu'ils avaient eu pendant leur vio» S
ne slagit pas d'examiner sur quoi était fondé ce prcjugé,
et s^il est vrai que ces Héros et ces dcmi-Dieux avaient
été rcellemcnt plus grands que nature : il suBit que ce
fut une opinion établie , et que le peuple le cnit ainsi 9
pour ne pouvoir les représenter autrement , sans choqaer
la vraisemblance. Concluons que les Anciens avaient les
Masques qui convenaient le mieux å leurs théåtres , ti
qu'ils ne pouvaient pas se dispenser d'en fairé porter å léofs
acteurs , quoique nous ayons raison ^ k notre tour , de
faire jouer les notres k visage découvcrt. Cependant TusagQ
des Masques a subsisté long-tems sur nos théåtres 9 mail
sons une forme différente de celle adoptée par les Anciens.
Flusicurs acteurs de la comédie italienne, ainsi que pin-
sicnrs danseurs , sont encore masques ; il D'y a pas méme
fort long-tems qu'on se servait du Masque sur le théåtie.
franruis. Flusieurs mödernes ont tåcbé d'éclaircir celto
partic de la littérature , qui regarde les Masques de thé&tie
de l'antiquité. Savaron y a travaillé dans ses notes sot
Sidonius Apollinaris. L'abbé Pacbichelli en a recherché
Toriginc et les usagcs dans son traité de Mascheris ceu
MåOTvis. Enfin, nu savant itallen, !Ficoroniirs Franciscus, a
•ecueilli sur ce méme sujet , des piarticnlarités curleuses
dåBs ia dissertation latioe* Mais malgré toutcs les recber-
cbes des littératevirs et des antiquaires^ il reste cncore
Uen des choses å entendre sur lesMasques; pciut-étre que
cda ne sereut point^ si nous n^avions pas perdm les livrés
que Denis d^Halicarnasse , Rufus ^ et plusieurs autres écri-
▼ains de 1'aDtiquité , avsdoBt faits sur les théåtres et sur
les representations : ils nous auraient du moins instruits •
i» baaucoup de choses que nous ignorons, s^ils ne nous
avaient pas 'tout appris. Le Plabbe dérive le mot de
Maaque de Masca^ qui, dit-il , &ignifie proprement une sor->
eiére dUns les lois (ombardes. En Daupfainé , en Savoye
et en Fiémont , continue-t-il , on appelle encore les sorciéres
de ce nom ; parce qu'elies se déguisent. Ainsi nous avons
appelé Masques les faiix visagés ; et de-lå les mascarades.
MASQUE ( le ) 5 comédie en deuz actes , par M. ***• ,
m Uiéåtre de Monsieur ^ 1790.
. Une jeune veuve , d'abord mal mariée 5 "veut un époux qni
tans la voir , Taime uniquement po ur ses bonues qua«
lités. Couverte dVn Masque , elle rc^oit les hommages d'ua
homme qu^elie est disposée å aimer , et qui a con^u pour
eHe uo tiis-«avdent amour« Un quiproq^io semble détruire
l6iite leur premiére intelligence ; niais arrive un éolaircisse*
ment dont il résulte un isiariaga , suivant la coutume.
T^ est racliqn de cette comédie* Le premier acte est
lent et triste , le second oQce des situatiuns agréables qui
auraient pu étre plus piquautes* Eu general 1'action est
aial offdonnée.
MASSIP , est auteur de Fopéra-ballet des Fetes JSfou'*
i'ellés j représenté en 1734. Cet opera est coniposd d*un pro-
i6ö MAT
logiie et de (rois cntrées ^ la permiere , Ics Amours de Cyrté
ayec Ulysse, la secondc,Ie Bal Champétre; la troisi^mCy
le Triomphe de VAinour sur liacchus épris d'Afianne*
MA TANTE AURORE, opéra-comlque , en deux
actes , par M. de Longchamps , musique de M. Boyeldieu , k
Feydeau , i8o3.
L'aiitcur de cet ouvrage s^cafc proposé de tourner en ri-
dlcittti Ics noirs romans que nous fournlt 1'Angleterre» Il a
atteint sou bnt et c'cst asscz dire qiic sa pléce méritait tout
Ic succés qii'eIlo a obtenii.
Madame Aiirore , aexagénaire , tiUrice de sa niece Julie i
et eDtichée des romans a grandes aventnres , ne veut don-
ner la main de sa pupille qu'å un Héros sembiable å ceux
de ses livrés favoris*
Elle a déjå refusé formellement Valsain , fils de Valcour ,
ancien marin , possesseur de ]a terre voisine» Le jeune
liomme que Julie a connu ä Paris , arrive sous les murs
du chåleau de madame ^urore: ii est suivi de son valef
!Frontin , chéri de Marton , sulvante de Paimablo per-
ftonne dont il recberche la main* Gette habile soubrette
procurc aux amans Toccasion de se voir. On arréte que
Valsain , qui n'est point connu de la tante , se presentera
sons le nom d'Edmond ; qu'on supposera que Julie vient
d'étre cnlevée par Valsain et Frontin , que le prétendii.
Edmond courrera å la poursuite des ravisseurs et ramenera
Julie k Mme. Aurorc , qui, pour prix de cette belle action,
ne manqucra pas de lui accorder la main de sa pupille. Tout
cela s'exécule ponctuellement \ mais le dénouement n'amTe
pas aussi promptement que les amans le désirent» Quelque
charmée que la tante paraisse de la valeur d'Edmond , ello
. ne veut lui accorder sa niéce qu'apré9 cinq ans d'épreuve : il
MAT x6t
imitse ]>oignarder , et la tante se laisso flécliir* Malheureu--
^emenl; un f&cheux concierge s^apper^olt que le poignard da
jeuae homme, n'est qu'uD- poignard de théåtre; il trouve
tnéme uue lettre de Valsain y qui annonce å son pére lo
premier refui de madame Anrore , et fait part du tout
å ia yieille folie , qui chasse Valsain et Frontin. Mais ,
par une supposition assez peu natnrelle , et par ua
événément merveilleux, ce concierge répare une faute
iQvolontaire , qu'il se répent d^avoir commise. La tanto
fioit par céder, et les deux amans sont unis« La derniére partie
de rintrigue avait nui å Pou^vrage , mais des changemena
heureax lui ralureot un succés durable et mérité*
UATHEAU ou Matho , musiclen , né en Bretagne, et
maitre de musique des Enfaos de france , aitant Royer ,
tst mört k Versailles en Z746 , dans la quatre-vingt-siziéme
aonée de son åge; il a laissé l'opéra åHArion et le Ballet des
Tidlenes*
MATHIEU ( Pierre ) , né å Porentray en iSöS »'suivlt
Louis XXCE au siége de la Rocltelle en qualité d'faistorio««
grsphe de france ; il y fut attaijné de la maladie qui régnait
dans le camp , et se .fit trana^rter a Toulouse , oii il moutut
en i6ai« Il nous a laissé Clytemnestre ■, Esther , jdJnan ,
Vasäd, et la Guisadcp ou le Triomphe de la Ligu^»
MATHILDE ^ drame en cinq actes, en prose, par M^
Monvel^ pére, åux fran^ais /I799«
lÄathilde , Tinfortnnée Mathildb est devenöe pour son
pére un objet de douleur et de désespoir; il ne veut ni
k voir ni entendre parler d^elle. Enfin, tant qu'il est dans
le chåteau qu'eUe babite, Mathilde est prisonni^re 5 elle n'esl
Torne VI^ ^
262 MAT
librc qno lorsqu^il est absent. Le comte d'0rlheiai y est aN
tcndu k roiivcrturc do la scéne* Tous les gens qiii
rentourent , gt^missent sur le sort de Icur jeuae et vertiieuse
mailressc^ mals aucun d^eiix ii'a le coiirago de parler d^elle
k son p<^rc. Erucst , nevcu du Comte , est devenu Tobjet de
ses plus tcndres aflcctious. Ce jeune homme, fruit d'une
union mal-assortle , a été élevé par la mhre de sa malhcu"
rcuse cousine , et lui doit et le bonheur et 1'éducatiou qui en
est la basc. Eniest , aurait probablementpu , sans eDconrir de
disgråce , prononcer le nom de Matliilde devant son oncle ;
mais , jusqu'ici, il a renfermé dans son coeur la poignante
douleur , qui lui a causé une maladie dont il est å peiné
rétabli. D*apres ce silence d'Erncst , M. Hermane , chfr-
.pelain du Comte , le croit insensible auz revers de sa belle
€t intércssante cousine ; et ce qui le fortifie dans cette idée,
c^estqnu cc jcune b ömme est destiné^parle comte d'Orllieiai}
å devenir rhéritier de sa fortune. Eh ! que cet honnéte^ måis
iujuste Clinpolain , juge mal des scntimens d'£rnest ! Il
aimc, quc disons-nous ? il adore Matbiide; et voudrait, au
prix do mille yies , lui rendre la tendresse de son pére et le
bonbcur. Il s'armo enfin de coiirage, et^ aurisque de perdie
Tamitié et la protection du Comte, il lui ouvre son coeur, et
refuse , sans lui avouer sou amour pour sa fiUe ^ une alliance
trés-avantageuse , qu'il lui proposc avec une autre. Quelqueft
soieut ses préventions et ses desseins, le Comte ne peat
s'empécher d'admirer le noble désintércssement d^Erneat ;
mais il n'en persiste pas moins dans la cruelle resolution qu'il a
formée de ne jamais revoir sa fiUe , sa iille qu'il aime et qull
voudrait baiir. Une circonstance imprévue la lui fait voir* •
D^Orlbeim avait annoncé qu'il serait absent le reste de la jour-
née : il sort; mais å peine a-t-il fait quelqucs pas,qu'il se souviei]^
^d'avoir laissé sur son secrétuirc des papiers de la plus haute
I
MA T i6J
iraportance. II revient et trouve Mathllde dans son cabiaet»
n s^émeut , se ^troiible et craint de donner k sa fitle la plus
légite marque de pitié ; pourtant il appelle du secours , et
s^éloigne , en donnant Tordre de la fairc partir sur-le-chanip*
Cependant le baron de Wodmar^ qui a des pretentions å la
main de Mathilde , et qui vient d'essuyer un nouveau refus ,
Persuadé qu'il n^obtiendra jamais le consentement du Comto
ni celui de Matbilde, se décide å l'enlever; mais on parvient
bieDtotål'arrachcr des mains de son ravisseur, qui est arrété
ainsi que ses gens. Alors Wodmar , qui depuis un an
tchait entré ses mains le fatal secret de' d^Orlheim , s^acquitte
du devoir que lui avait imposé son pére en mourant. Il
remet au Comte une lettre^ dans laquelle on yoit que le
pére de Wodmar et le Comte avaient recberché la main
dela comtesse; que le comte d'Orlheim Tavait emporté sur
son rival; que, pour se venger, il s'était emparé du portrait
de son épouse et avait fait tomber entré ses mains et ce
fatal portrait, et une lettre qui désbonorait la vertuense
Caroline å ses yeux , et qui devait lui faire regarder Mathilde
comme le fruit d'un commerce adultére : enfin d'Orlheim
apprend que son épouse qu'il adörait^ que son épouse qu'il a
bannie, était innocente. Il tombe sans coonaissauce apr&s avoii:
lu ce fatal billet : bientot il recou vre l'usage dp ses sens , pro-
metle secret å Wodmar, et accorde k Ernest la main de sa
cliére Mathilde , qui a ensemble , le bonheur de retrouver la
tendresse de son pére et d'épouser celui qu'elle aime.
Cette piéce offre des situations trés-dramatiques et trås-
bien amenées ; elle est écrite avec beaucoup de feu et
d'élégance.
MATHON ( Alexis ) , né å liille en Flandres , est
auteur. d'une tragédie HHAndnscus , Roi de Macédoine >
unprimée en vj^^*
L 2
x64 MAT.
MATHON-DE-LA-COUR ( Chaalis-Joseph ) , né 1
LyoDeu I738,a traduit V opera iialien iT Orphée et d'EurydiC€,
MATINÉE DE VOLTAIRE , ( nne ) opera en un
acte par M« Pitjoulx , musique de M« Solié , å rOpéra-comi*
qiie , i8oo.
Tönt le monde connait le jngement inique qui envoja
J*. Ca las k Térhafand ; tout le moode sait aussi que
Voltaire , secondé par M. Elie de Beanmont, célibre jn-
lisconsultc , obtint la revision de la procédure , et fit ré-
habiliter la xnémoire do cctte respectable victime* Ceit
cctte réhabilitation qui a fourui le siijet de cet opera»
La veuve , les enfaos , et jusques å la servante de Calai ^
se sont constitiiés prisonniers å la conciergerie» Le par-
lement de Paris est assemblé pour proDODCC. . * vir sort*
Un vieillard qui ne, se fait pas connaitre , s^introdui. S|t
dans la prison , et sollicite la permission de les voir saHs
en étre apper^u ; mais, comme il a pani soufTrir en faisant
Téloge du philosopbe de Ferncj, on le sonpfonne d*étre
un eunemi de Fhumanité , et l'on est tenté de Técon-"
duire. Cependant le jcune Galas , k qui Ton parle de cet
inconnu , est curieux de savoir ce qui Paméoe ^ et ordonne
qu'on rintroduise mystérieusement dans un cabinet voisin»
M. Elie de Beaumont survient presque aussitot pour
annoncer que la réhabilitation vicnt d'étre prononcée; alor»
toute la famille de Galas, ivre de joie^ se jette ågenoux pour
remercier Dieu; elie oflre ensuite des lauriers å rhomme
généreux qui vient de liii rendre plus que la vie ; mais
celui-ci 9 trop modeste pour accepter un pareil homniage ,
place la couronne sur le buste de Voltaire , et tous les
personnages , approuvant cette action , adressent des bé-
oédictions au grand Hoounet Un léger biuit , semUabk
MAT x65
i un fréoiissement se fait alors entendre ; il part d'ua lieu
voisin : le jeune Galas Tattrlbue au vieil incoDnu , qu'il
suppose désespéré ; il s'élance vers le cablnet, ouvre
la porte , et recoDoatt— qui ?••• Yoltaire /••• Celui-ei trop
émuy 8'était trahl par un soupir : on s'einpresae autotir de
lui; 1^ uosle serrent dans leurs hras, d'autres se jettent
å ses pieds , et baisent le pan de son habit ; enfin , trop
fortement oppressé par les sentimens. qui remplissent sott
coeur j il est forcé de s'écrier cpmme le jour de son triomphe r
« Youlez-vous donc me &ire mourit ! » Tel est le fonds
de cette piéce :. elle n'offi'& ni intrigue ^ ni action ; mais
le style en est simple et correct; on y trouve de beaux
caractéres , des scénes bien dialoguées , et enfin une teinte
mélaBcolique et un toa sentimental qui attachenlk Fåme da
spectateur*.
MATINÉE DTJNE JOLIE FEMME (la), coraédie^
en un acte , en. vers , pas M. Vigée , aux Fran^ais , 1792*
Cette piéce- ressemble, q^ant au. fonds, å plusieurs comédies
trés-connues ,. et plus partLculi^ement au Cércle : quoiqu'il
en soit, le charme et Pélégance des vers de M». Vigée lui:
oot fait obtenir un succés mérité.L
MATINÉE w LAVEILLÉE VILLAGEOISES Cä),
'fivertissement en deux actes , et en vaudevilles , par MM..
dePiis et Barré, åla comiédie italienne, £781.
Bfibet» fovcée die tiaverser un ehemin couvert de neige^
a pris les vieux sabots de sa mére, pour aller k tin rendez-vous
avec Golin son amant. Surprise dans son tete k i^Xe , elle fuilr
•t laisse un de ses sabots* Un b^illi , jaloqx de Colin , le
ramasse 9 et le fait essayer å toutes les fiUes du viUage*^
Coqime il ne va pes a»x fiUeii > un mm veut qu:oi:k
j66 mat
Teitsaic anx mdrcs, et Ton rcconnait qu^il apparticut h. la xnére
do Babct. Ccttc bonne (illc olors aime mieux foat avouer ,
qiie de laisscr calomnicr sa m^rc. Cette action vertueuse eties
pridres des åeux amans , obtienDent le consentemeDt de leur
famille.
L'artion de ccltc piéce est languissante , et rintrigne,
décoiisuc ; mais de charmans coiiplets et surtout de jolii
tableaux, lui valurent les applaudissémeqs du public.
MATROCO , dramc burlesqiie, en quatre actes , en vers,
mSIé d'ariettcs et de vaudevilles , paroles de M» Laujeon,
muslqiie do M. Grétry , aux Italiens , 1778»
Le but de cet ouvragc est do faire voir le ridicnte de nos
anciens héros de chovalerie» Dans les tableaux variés que
nous oflrcnt les ouvrages de ce genre , Tauteur a choisi les
incidcns qiii pretent le plus k la plaisanteric. Cest donc iine
espece de parade que le public accueillit trop rigoureuse-
men t. La musiquo est pleine de gout et d'esprit»
MATRONE D^EPHÉSE (la) comédie en un acte , en
prosc , par Lamotte , au tbéåtre Fran^ais , 1702.
Cc sujot que nous a laissé Fétrone , est véritablement co»
xniquc ; mais il ne peut foumir que la tnatiére de deux on
Iroisscånes. A la vérité Lamotte n'y a ajouté ni intérct, ni
intrigue; il n'ainéme su Tégayer que par quelques plaisan-
terics , toutefois on dait lui tenir compte de la maniferé
décente , dont il Fa présenté au théfitre ; de ce qu'il a en^
nobli ses personnages , et surtout de ce que, sans rien faire
perdre du ridicule de l'action principale , il a eomposé ua
dénouement , dont il semble ctre entiérement auteiir.
Cette piéce parutd^abord sous le nom de Boindin : on
la trouve imprimée dans ses oeuvrcs , parce que Lamotte y
qui n'avait encore travaillé que dans le genre sérleux > ne
M A TT 167
TOTilut point la hazarder sous son nom. Il la fit imprimcc
depiiis avec ses autres ouvrages.
MATRONE D'ÉPHESE (la) , comédie en un acte , en
vaudevilies, par M. Rådet, au théåtre du VaudeviUe, 1793.
Celte piéce eut beaucoup de succés au Vaudeville.
Feut-élre quelques longueurs de molns donneraient-elle$
plus de rapidité' å ce joli acte : quoiqu'il en solt ^ il fit
plaisir. L'auteur a suivi exactement le conte que La Fon-
taine avait lui-méme imité de Pétrone; il' a glissé surtout
avec beaucoup d'art sur le dénoueraent y dont Fodieux, peu
xnénagé , avait fait tomber j\isqu'alors la plupart des Ma* -
trones mises au tbéåtre. La Eonf aine Pavait senti lui-^méme ;
cw le dénouement de son conte ^ trés-abrégé , est sauvé
parnne apostrophe plaisante, qui distraiC de Phorreur qu'il
inspirerait avec plus de reflexion.
MAUCOMBLE (JEAN-rRAN90is-DiEU-DoNNÉ),naquit
4 Metz en lySS , mourut en 1768.
II fut b(!icier dans le régiment de Ségur, mais il quitta
bicnlot la carriére mititarre pour se livrer tout cntier å Té-
tude des belles-lettres. Il s'y enbardit au point d'entreprcn-
dreune tragédie : c'était le sujet å^jittila, manqué par le grandt
Coroeille, qu^il prétendait pouvoir reoiettre sur la scéne ; mais
il eut la sagesse , pcu commune å cet £ge , de laisser cet
C)Sai dans son porte^feuille. Peut-étre aurait-il du en user de
méme å Pégard d'un autre ouvrage , qu'il fit imprinEier depuis^
sous le titre des Amans désespérés ou lä Comtesse d'Olinval,
drame en cinq actes. Gette tragédie bourgeoise , plus horrible
eiicore que Béverley^ était le fruitdérespéce d'enthousiasme ,
que kli avait inspiré le gout nouveau qui venait de s'intro-
duire sur -la scéne fran^aise.
MAUGER 5 né å. Paris , et ancicn Garde-du-<;orps , a
donné Aniestris > Coriolari , Cosroés et VEpreuve imprudente»..
268 M A tr
MATTPAS (Chaelks), est auteur d*ane comédie des IM^
guisés.
MAUFIN (Mlle.)^ »^e en 1678, fille du sieitf
d'AiibigDj, secrétaire du comte d'AnnagDac , éponsa, étant
eBcorc trés-jeune , nn nom 1x1 é Maiipio ^ de Sauit-Germain»
en-Laye , et liii fit doooer un eraploi dans les Aides en pro-
vince. Fendant son absence , Mllc. Maupin ^ qui avait un
gout naturel pour rexercice des armes , fit connaissance ayeo
un prcv6t de salle , appellé Séranne , et partit avtc Im
pour Marseille. Ja nécessité les obligea de faire usage det
talens que la nature leur avait donnés. Ils avaient l'un et
Tautre une belle voix , et n'eurent pas de peine å trouyer
placeåFopéra de cctte ville* Mlle. Maupin j resta quelqwi
fems i mais un accident Pen fit sortir , et Tobligea de quitter
lo pajs. Nou velie Sapbo , el le avait con^u un attachemeot
trop tendre pour une jeune Marseillaise , que ses parens firenl
xnettre dans nn couvent å Avignon. Dés que Mlle. Manpin
Biit le lien de sa retraite , elle alla se presenter en qualité dn
novice dans le meme monastére^ets^y fit recevoir. Au bont
de quelque tems , une réligieuse vint k mourir. Mademoiselle
Maupin la déterra j la porta dans le lit de son amie , mit
le fcu au lit etå la chambre, et profita du tumulte , causé par
rincendie , pour enlever son amie» Dés qu'on se fnt apper^a
de cette évasion ^ on lui fit son procés > et 9 sous le aom
de d^Aubignj , car elle se faisait tou jours passer pour fille »
elle fut condamnée an feu par contumace ; mais , comme
dans la suite, la jeune Marseillaise fut retrouvée , et comma
Mademoiselle Maupin avait eu la précaution de s^é vader, la
sentence ne fut pas mise k exécution.
Elle eut cncore diverses aventures pendant le tems qu'ell»
resta en province , oii elle fut toujours habillée en koium»;-
i
M A v 1S9
Cet habillemoot, qu^elle avait commencé de prendre k Mar^
teille j lui allait au mieux ; elle le portait k Paris , lorsqu'eIh
Toulait se divertir, ou qvi^elle avait envie de se veuger dequel-
qu'uo qni l'avait insuité* Gette femme extraordinaire possé-
dait le talent de bieo faire des armes ; elle le devait k son
am^t Séranne, et il n'7 avait guéres de maitre de salle phis
adrqit qu'etle«
Mlle. Manpia viDt k Paris 5 oCT, teprcnantle nom de sön
mari , elle débuta å Topéra , dans Cadmus , par le role de
Pallas j et fut géoéralement applaudie* Four^marquer sa
recoDoaissance , elle se leva dans sa machine et salua le pu<*>
blic en otaqt sop casque ; ce qui fit encore redoubler les ap-
plaudissemens. Elle était d'autant plus sure de plaire 9 qu'elle
avait de beaux cheveux , le nez aquilin , une jolie boache , des
dents et une gorge parfaitemeut belles. Quoiqu'eIle ne sul;
pas une not^ de musique , elle j suppléait par une mémoire
podigieuse.
Dumesnil , acteur de Fopéra 9 Uayant insultée , elle Tat-
tenditun soir dans la place de^ Victoires vétue en homme f
Toulut Tobliger de mettre 1'épée å la main , et , sur son refus ^
lui donna das coups de canne , et lyl prit sa tabatiére
ettamontre.Jje lendemaili , Dumesnil raconta a 1'op'éra son
aventure, qui avait fait beaucoup de bruit, mais avec
d^aatrea circonstances ^ et se vänta d'avoir été attaqué
la veiUe par trois voleurs , dont il s'était défendu vigou-
^eiuement , et qui lui avåient pris sa montre et sa taba/-
Qre. Lorsqu'il eut iini de débitec ses bravades 9 ma-
demoiselle Maupin , qui était du nombre de ses 'auditeurs ,
lui dit: « Tuenåamenti : tu n'es qu'un licboet un pol-
» tron ; car c^est moi seule qui ai fait le coup : ét voilå ta
» montre ék ta tabatiére que je te rends pour preuve de ce
>> que je te dia. » Tbévenard, qui l'avait aussi ofiensée^
X70 M A U
craignant iine pareillc avcDturc , fiit obligé de rester cacM
pendont trois semaincs au Palals-Royal ; et enfin , poiir sortir
d^embarras , il pr 1 1 le parti de dem änder pardon å made*
xnoisellc Manpin.
Le goiit singnlier de cette femme pour les persomies
de sou scxc t-tail si vif, qu'clle s'cxposait k de fréqiieiu
méprls de leur part , et n^én était pas plus réservée» On
raconte qu'étaiit k un bal^ quc Monsieur, frére unique du
Roi 9 donnait au Faluis Roy al , et »'étant déguisée en
hommc , suivant sa coutume , elle osa faire å une damo
des agaceries indécentes , qui , de la part d'un homme ,
passcraient pour la plus grande insulte. Trois des amiA
de cctte dame, indignés de cette action, résolurent d'en
tirer vengeance , et Tappclérent dans la place ; elle sortitfiere-^
menfc, mit Tépéc a la main et les jetta tous les trois sur I»
carreau; ensuitc elle rentra dans le bal et se fit reconnaltre pv
Monsieur y qui lui accorda sa grace.
MUc. Maupin quitta Topéra pour aller å Bruxellea , o&
ellc dcvint maitresse de l^Électcur de Baviére, qui, apres
l'avoir entretenue quelque tcms , la quitta pour Madame la
Comtesse d'Arcos et lui envoja ime bourse de quarvnto
mille francs , avec ordre de sortir de Bruxellos trés^prompCe-
ment. Ce fut le comte d'Arcos lui-méme qui fut chargé de
lui porter cct ordre et la bourse. Ellc le re^ut comme un
valet y prit la bourse et la lui jctfa k la tete , en lui disanl
que c'était la récompense d*un M..., tel que lui. Malgré la
violence de cc procédé^ellc partit de Bruxellesavec une pension
de deux millclivrcs que lui fit r£lecteur,revintå Paris et rentra
•
å POpéra. Alors elle revit le comte d' Albert, qui avait été son
amant , et le conserva depuis jusqu'å sa con version .Résohio
de menerune vie réguliére,ellerenvoya tous les contratsqui lui
avaient été faits par ses amans y et ne so reserva que les deiix
\
M A TT z^ir
mllle Kvres de 1'Electeur de Bavifere. Enfin elle rappella son
■
mari , qui était alors en province , et vécitt avec lui dans une
parfaite union jusqu'å sa mört ^ arrivée en lyoi*
Od lira sans doute avec beaucoup de plaisir les vers sui-*
Tans , quc Mile. Maupin adre<:sa å son amant le Comte
ffÅlbert , au camp de M. de Villars , et qui furent attri-
buéså Benserade. Comparée avec les plus belles lettresamou-
renses d^Ovide , cette piéce pourrait cncore soutenir le pa-
lalléle.
Voiidras-tu , cher amant , parmi le bmit des armes ^
Entendre le récit de mes vives allarmes ;
Et quand Mars , dans ton sein , allume ses furears ,
Tes yevLX daigneront-ils Toir une amante en plenrs ?
Quel trouble ! quel effroi de tout mon cceur s''empare !
Il court un bruit confus , qu^un combat se préparej
Qne Både 9 yainement, songe ä se retranchcr;
Qu''au milieu de ses forts , Villars ya le chercher.
Bruit cruel I cbaque mot m''épouyante et me glace !
Le cicl me ferait-il pressentir ma dJsgräce ?
Ab 1 je sais quc pour toi la gloire a trop d''appas ,
Qne Tbonneur aux périls précipite tes pas.
Pour un guforier , tes yeux ont regu trop de cbarmes ;
Pour un amant y ton coeur aime trop les alarmes.
Le Ciel devait du moins te rendre , en te förmast ,
Ou moins yaiUant guerrier , ou moins aimable amant.
De mon sexe timide, ignorant la faiblesse ,
Je suis faite aux périls ainsi qxCk la tendresse.
Que ne m^est-il permis de voler apr&s tof?'
Si je suivais tes pas, je n^aurais nul effroi :■
J^irais braver la mört , et serais toujours préte
De m^ez poser aux coups qui menacent ta tete :
Ta jeunesse , tes traits, ce teint yif , ces appas ^
Ces cheveux qu^Apölion ne désavouerait pas ,
Dans 1'empire amoureux, inévitables cbarmes,
Pour toi p dans les combat9 ^ sont d^inutiles armes;
TJX M A TT *72
Un fcomicide plomb, ayec impaDit^,
Frappe sans respecter Tage ni la beant^.
Adoiiis , comme toi , fut anlrcfoU aimable ;
Pour toi , jc crains , hélas ! son destin déplorMt»
Venus, cntrc ses brås, Ini yit perdrc le jonr;
Jc n''ai point ses atiraits , mais f ai tönt son amonr»
O M&re des plaisirs , favorable Déessc !
Toi que suivent toujours les ris et la jcnnesse^
Je t''iniplore aujonrdliui* Si , d^^une tendre Toix ,
Tai qneiqnrfois chanté la doueenr de tes lois ;
Si j^ai Tanté ton fils , ses traits et son empire ,
Et portc dans les coeurs les flammes qu^il inspire ,
Vole , descends des Cieux ; sers-toi de ces jegtrds
Qni saventy qnand ta Teas j désarmer le Dieu Man.
Obtiens qn^k mon amonr» il ne soit pas funeste.
Mais, qae dis-je? insensée , et qoel cspoir me reste?
Eb Toyant cet objet de mes Toenx les plas doax.
Tu srrais ma riTale , et Mars serait jaloax.
Paimi tant de frayeurs , cVst toi senl qne j^implore ,
Cber amant , souyiens-toi qne mon kme t^adore ;
Qae tu Hois , de mes plcnrs , faire cesser le eoors j
Qu''eB cxposant ta yie , il y ya de mes joars.
Vers le milieu de Tannée 170$ , Mlle. Maupin -forma b
dessein de renoncer au théåtre ; mais elle ne voulut riea
faireavant d'avoir cODsulte le comte d^Albert^pour qui elle eofc
autant d'estime que de tendresse. Elle lui écrivit donc ponr
lui annoDcer sa resolution, et pour le prier de hii en dir»
soD Avis» Gette lettre donna lieu å une tres-belle réponse
dans laquelle on trouve aulant d'esprit et de scDtiment , qno
de pbilosophie et de religion : La voici. « Songez-vous å^^ui
» Tous vous adressez , Ini écrivit son amant? Est-ce ma
3» religion, est-ce mon coeur, est-cc ma conqplaisance que
31 vous voulez niettre å l'épreuve?Et comptez-vous , en me
» consultant , que je sois assez le maltre de mes sentimens
» pour vous fortifier dans les votres ? Avez-vous perdu Tidéa
H AV 173
de te qua ]e suis ^ votre égard ? N'est-ce pas insulter Ivioii
malheur que de me forcer å l'approuver ? Et ne mériteriez*
vous pas que , pour vous pnnir de votre iojustice , je mé
rangeasse du parti du moode contre voas-méme ? Je sais
que vous ne doutez pas de la psurt que je prends i toot ce
qui peut faire votre bonheur ; mais ignorez^vous que vous
oe pourrez parvenir å celui oh vous aspirez , qu'aux dé-
pens du mien .propre , et sans qu'il m'en coute mon re-
pos ? Ne dcvez-vons pas craindre qu'å force de m'intéres-<
ser å ce que vous faites j ]edb tåche de vous en dissuader ;
et pouvez-vous sagement vous confier å un hpuGiine qui ne
saorait agir de bonne foi, sans trabir ses Intéréts ? Vous
le savez » depuis que vous renoncez au monde , mes inté-
réts deviennent bien diflTérens des vdtres. A quVIle eictré-
mllé me reduisez->vous donc , pour répondre k la bonne
opioiön que vous avez de n^oi ! Etqu'il m'en coute chec
de vous avoir persuadée de ma sincérité ! Il faut que je
me détache de moi-mdme pour me conformer 4 Yos inten^
tions ; il faut que j'étouffe tout sentiaient de sonsibilité et
de délicatesse ; il Caut enfin que je vous tienne un langi^
tout opposé au mouvement de mon cceur , et que je m^im^
mole pour vous plaire. Jamais la raison n'a tant priä sur la
nature. Mettez donc k ce sacrifice töut le prix qu'il mérite.
Cest le plus grand que j'aie fait et que je puisse £aire de
ma vie* »
On yoitque M* :le Comte d'All;^rt fatt envisagerå Mlle.'
•Maupin lesraisons qui pourraient la retenir dans le monde;
•mais il ne lui dissimule pas que des raisoqs^ plus fortes encora
4'af^llent k la retraifce. Il n'est guéres ppssible 4e miwx
jVxpriraer qu'il ne le fait;aur une matiére aussi délicate.
MAUBICE (Ghaeuss ) > auteur.dramatique, x8iOt
174 ^ M A U
Des conceptions falbles , mais un dialogue agréaUa ; na
st} le faclle muis léger et abondant , tels sont les caractdresdes
productions de cct autcur , qiii n'a pas toujours été Iieuxeux
au tbéålre. Ses principales piéces sont , la Pansienne å
Madtid, vaudevillc, et Ics Trois Rivaux ou Chacun a
sa Mojiihre , Comédie eo uq acte et en vers.
M AUSOLÉE ( le ) , ou ARTÉMISE , tragi-comédie do
Maréchal, 1639.
Artémise prend une coupe pleine de vin que son échanson
Inl préscnte, et y méleles ceudres de son époux* Toutefois
clle est obligée de suspendre sa douleur , ponr prévenir des
malbenrs plus pressans. Co fameux monument de ramonp-
conjugal, ce temple de la mört est tout ce qui hii reste. EUeest
obligée de serenfermer dans ce triste séjour ävec lä princease
Dorulie sa fille , Alcandre , general de ses troupes , Céo^
bantc , princc de Lycie , et un petit nombre de soldats*
Elle tient un conscil sur Tétat de ses affaires , et promet la
princesse en mariagc å Alcandre, qui s'offre å^remettreCé"
nomant roi de Candie , son ennemi , en sa puissance. Do-
ralic fait dire å ce roi de la venir trouver. Son dessein est de
poignarder cemalhcureux amant , d'en presenter ensuite la tete
å la reinc, et, par cc moyen, de se dispenser d'épouscr Alcandre,
pour qui elle a une aversion mortelle. La vue du roi de Can-
die anéantit cette barbare resolution. La Princesse ne peut
s'empécher d'etrc sensible å son amour : Cénomant lui jure
une fidélité inviolable. Alcandre apprend cette entrevue ; il
se sert du nom de Doralie pour attirer le Roi. Céobante em-
pécbe Teffet de cette trahison , et soutient le parti de Céno^
mänt devant la reine , qui préfere en cette occasion sa surMé 9
anx seutimens généreux qu'on veut lui inspirer. Eiifin Al-
candre j Tauteur de sa lächeté , étoufie tout-å^coup son
M A U 175
amour pour-Ia Princesse , et joint ses priéres å celle de Céo-
bante , en faveur de son rival. Artémise est forcée de vaincre
sa répugnance , et cousent k l'hjmea de sa fille avec le rol
de Candie.
Il n'y aguéres de piéces au théåtre qiil commence d'iine
fia^on aiissi singuliére que celle-ci. « On léve la toile , sur
»laquclle est représentée lapyratnlde du Mausolée. On dé-
^» couvre le dessus du monument , au milieu duquel estélevé
) untombeau, et audessus une petite urne oh sont lescendres
deMausoIe. » Artémise prend une coupe pleine de vin , quo
soQ échanson lui présente ; elle y méle des cendres de son
^poux , et dit :
Prenons , mon ccenr « prenous ce breayage amoureux ;
<rest ta cendre , Mausole , et c^est ma nourritare.;
'Je te poss^de mört, et malgrc la nature.
Mon sexe, apprend d^amoiir un mysti^re inoui;
Vois baiser un époux ; yois comme i'en joui,
MAUVAIS MEN AGE (le), parodie de Mariamne, en
un acte , en vers , par Legrand et Dominique , au théåtre
Italien, 1723.
Äprés Agnhs de Chaillot , å laquello Legrand a eu bean-
coup de part , nous avons peu de meilleures parodies ,que
celle de la tragédie de Mariamne* Le sujet , le plan , Vexé-
cntion , les vers , Tauteur , les acteurs , toi^t y est critiqué sur
un ton de plaisanterie , capable de dérider le front de ceux
méihes qui goutent le moins ces sortes d'ouvrages , ou qui
oot versé le plus de larmes å la piéce parodiée.
Gette parodie fut donnée sans étre annoncée^ parce qu'on
disait que Voltaire faisait tous ses efforts pour empé-
cher qu'on ne jon åt les peirodies de ses piéces. Elle fut
trås-bien re^ue. Ses auteurs ont surtout le mérile d'avoir saiiii
ct agréablement critiqué les défauts de la tragédie.
176 M AU
Les comédiens Fran^als avaient appris aasai iineparodif i
de Mariamne ; maia ils ne jugerent pas ä propos de la joaer,
quand ils virent le prodigieux succfes de la piica da
Voltaire.
MAUVAIS NÉGOCIANT (le), comédie en trtns
actcs, par *** iTyS.
La scéne est å St.-Malo.Le cbevallerdeKerlon aime Juliei
niéce de Chrysologue , et revient d'Ainérique , oii ila.ob-
tenu le consentement du p&re de sa maitresse, pour l'époiiaer«
II la tronve sur le point d^étre mariée å Gléon , négociauti
trés-mal-honnSte homme , qui ne désire que la fortune da
Julie f et il a la sottise do coufier å ce Cléon , qu*il con- .'
nait pour son rival , le consentement du pfere. Dans cet
intervalle il apprend que Ics Anglalssout descendus&St.^Bflt:
il y vole , et il écrit å sa jeune maitresse un l^illet 9 que son
valet a soin de perdre un instant apr&s. Cléon profite de cetto
absence^et assure que le chevalier est infidéle : il en donne poaz
preuve ce consentement qu'il lui a si facilement abandoniMS
enfin , il est une seconde fois prés de terminer son mariaget
Jiiais Julie qui a un grand fonds de patriotisme , exige qa'il
s'en aille auparavant repousser les Anglais* Heureusemoit
que le chevalier revient triomphant , et qu'il découvretonfo
la manoeuvre de Cléon , qui reste confondu.
U est clalr, d'aprds ce court exposé, que M. le chevilier tet
xin imbécile , et que, s'il fiit revenu un instant plus tärd oudé
1'Amérique ou de 1'afiaire de St.-Cast , il eut trouyé aa
maitresse pour jamais å son rival.
MAUVAIS PLAISANT (le) , ou le Drole de Coap8,
opera-<:omique en un acte , par Vadé , k la foire St«-Laurent »
1757,
.^
M A U 177
Le Urcde de Corps , est ua honunaÅ jeti de möts etå
calemboiirgs , qui en veiit a la nifecc d\in liche bourgeoia»
coefé de sa personne. Il a pour rival un homme essentiel et
Talsonnable. Le Bourgeois , qui veut faire épouser sa niéce
au mauvais Plaisant , le met å Tépreuve , dans une afiaire
qui décele å la fois , et son mauvais copur et salåchcté. Son
rival saisit 1'occasion d^obliger 1'aDcle de sa maitresse , et il
cbiient sa main.
Piron aväit présenté aux ComédLens fran^als une co-
médie en vers, intitulée le Mauvais Plaisant, EUe fut arrétée
\ la police , parce qu'on y trouva trois portraits trop res-
lenAIans å trois personnes d'un rang di^tin^ué^
MAUVAISE ÉTOILE (la) , comédie en clnq acles , en
|)rose, par M...* , aux Fran^ais , 1792.
Aprfes avoir vu rOptimiste, et surtout le PrésompUieux
fltt VHeureux Imaginaire , de Fabre dTEglantine , il n'élait
paa[ dilEcile d^imaginer le sujet de cette piéce ; mais ce sujet
singnlier , et dont le beros n^est pas tians la nature , car
rhomme est toujours plus porté å se croirc malbeureux ,
qulieareux, est.noyé dans des longueurs interminables : les
enlrées, les sorties , les situations méme ne sont pas mo-
tiyées: en un mot^ malgré tout le monvement de la piéce ,
malgré tout le comique d'un röle de valet parfaitement rendu ,
Tennui gagna tous les spectateurs y et Tennui est un tort
qne le public ne pardonne pas å un auteur. (Test bien lå ce
qu'il peut appeler sa mauvaise étoile«
Cette piéce justifia donc lamaligne influence de sontitre;
elle fut écoutée jusqu'ala{in ; mais au milieu des murmures
lés plus bruyans. La faiblesse du pian , l'inconvénance de
certains caracteres , et le peu d'intérét du sujet, nuisent sin-
guliérement au comique de qiielques situations et u la gaieté
Tomg VI. " M
178 MAX
du dialogiie , qni annonce un homme exercé dans Tärt fé-
crire pour lo théåtrc*
MAXIMES. Oii appelle ainsi iine sentonce qui ren-
ferme qiiciqiic conscily quelqiic f^éceptc, qiielqne moralité,
dont 011 falt une applicatlon géaéralc , comme dana lei
vers suivaiis :
Ij'<>pprobrc avilit Tame et flétrit le cOarage.
CVst le sort d^un Ihtos d'eLrc pcrsécuté.
La clcmence sicd bien & qui pcut se yengrr.
Nons devons faire observer qii^il ne faut jamais étalec
CCS dogmcs du crime ^ comme on Ic volt dans quelques
tragédics de Comeille. Ces scntences trivlales ,, qui en-
aeignent la scélératesse , ressemblent trop å des lieuz com-
muns d\in rhéteur qni ne connatt pas le monde. Non-seo-
lement de telies maximes ne doivent jamais étre débitées j
mais jamais personne ne les a prononcées, méme en commet-
tant un crime , ou en le conscillant. Cest manquer auz loia
de rhonnéteté publique et aux régles de Fart 5 ce n*e8t pafl
connaitre les hommes , que de proposer le crime comme
crime. Voyez avec quelle adresse le scélérat Narcisse pressfi
NérOn de faire empoisonner Britannicus : il se garde bieii
de revolter Néron par l'élalagc odieux de ces lieiix com'
muns, qu^un Empercur doitétre empoisonneur et parricide^
dés qii'il y va de son intérct 5 il échaufie la colére de Nérofl
par degres, et le dispose insensiblement å se défairc de aoD
frére , sans qne Néron s^apper^oive m6me de Fadresfl^
de Narcisse : et , si ce Narcisse avait im grand intérct k to
xnort de Britannicus , sa schnc en serait incomparablement
meillcure. Voyez encore , dans la tragédie de Bajazet, com-*
ment s'exj>rirae Acomat , en ne conseillant qu'nn simple
manque de parole å unc femmc umbitieuse et crimlnelle :
£t d^im trone si saiut , la moitié nVst fondée
MAX X79
Que $ar la foi promise , et rarement gardée.
Je m''emporte , Seigneur.
n corrige la dureté de cette maxime , par ce mot si na-*
tarel et si adroit, je ]i]'eixiport;e.
Les Maximes' sont presque tou jours déplacées dans les sc&nes
Vives et passionnées , parce qiie toute maxime supposc , dans
celui qui la dit, une reflexion dont on est pas capable
dans de grands mou vemens ou de grands dangers. Lors-
^u^Åuguste dit h. Cinna :
L''ainbition dcplait quand elle est assouyie.
Cette Maxime est å sa place: Auguste , dans ce moment,
&'éprouve ni passion , ni danger ; c^est un Prince qui réflé-
chit sur le projet qii''il a formé de renoncer å TEmpire.
Il faiit que les Maximes soient courtes et rapides : eiles
seraient insurportables , si elles dégénéraient en dissertations.
De petites Maximes d^amour, telles que J'idylle en peut com-
porter , seraient insoutenables dans I.e dialogue de la tragédie«
Enfia , il faut faire ensorte que toute Maxime qui sort de la
I)oucheNd\iue personne , sembie plutot. \\f\ écha{)per comme
Qo sentiment, que comme une pensée réfiéchie.
MAXIMIAN, tragédie, par Thomas Corneille, i66l«
Gonstantin vient d'épouser Fauste , ^fiUe de Maximian ,
iPrince qu'il comble d^bonneur; mais celui-ci, sacrifiant ^
son ambition ^ et les liens de la reconnaissance et cenx
du sang , profite de la faveur qCi le met le rang de sa,
fille, pour conspirer contre son maitre. Lorsque la conspira-
tion est découverte, il en accuse Sévére, que Constantin
Toulait unir å sa soeur et associer ä ITEmpire 5 il en accuse Li-
cino, chef de la garde prétorienne; il en accuse sa fille
jile-méme , dont il ö'a pu faire sa complice. Constantin se
Ml
iHo MAX
laisse d*aiitant plus fcteilcmenl persnader, qu^il sait qtie
Tauste a aiiné SéviVe , et qiie Licine aime Coiisttinceysasoeur,
qiril ven t forcer k recevoir la main de Sévére : il cUe
doiic anx insinuations du periide et ainbitienx Mozimiaiiy
et fait ar re ter Licine et Sévere ; il est pret méme å fal re
punir son épouse. Cependant Lirine brise ses Fers k la fa-
veur d'une sédition populaire. Mazimiau a fait é vader Mar-
tian son complice , et poignardcr Sévére ; mais ce fidilfl
general n'est pas mört sous ses conps : profitant d*un resto
de vie , il vient dévoiler å l^mpcreur tous les détails ds '
la conspiration. Fauste refenue jusqu^alors par l'amour p»-
ternel , confirme les depositions de Sévére , dont ello
regrette la mört. Mar tian , le complice de Maximian , qu0
Constantin a fait saisir de nouveau , a lui-méme révéU
tout le projet : eofin la perfidie de Maximian est découvertéi
fauste solicite et obtient de TEmpereur la grace de son
pérc ; mais cet ambitieux , qui ne peut vivre sans régneTi
refuse cettc faveur, et se poignarde lui-méme.
L'intriguc de cette pifece est fort embrouillée , et le fondslai-
méme est cssentiellement vicieux. Maximian pret å sacrifier
safille k son ambition, est un scélérat trop odieuxpour ne pas
étre révoltant. Constantin , époux de Fauste, qu'il a épousée
malgré clle ^ tjran de sa soeur , qu'il force å contracter des
liens contraires å son coeur , perfidc envers Sévéro qa'il
»'élfeve que pour l'immoIer , n'est pas fort attachaot.
Sévere et Fauste sont donc les seuls personnages de la
piéce, qui soient intéressans ; encore sont-ils d'une vertu trop
baute pour qu'elle paraisse naturelle et vraisemblable.
■Une conduito réguliére, quelqu^intérét, et iine yeraifica-
tion faiblc, voilå cc qui caractérise cette tragédie. Le méme
$ujet a été traité 9 avec un peu plus de succ^, par La Chausséo;.
MAX i8*
soais c^est , dans les deux pi&ces , la méme {aible$se , dQ *
style et de versificatloD.
MAXIMIEN , tragédie par la Chaussée ^ 1738.
Gette tragédie fit illusion au public ; mais peut-étre n'e]|
fit-eUe pas. a 1'auteur : il dut sentir qu^il lui manquait cetts
fierté de pinceau, cette vigueur de coIoris,'ce charme secret, ea
un mot, cette magie de style, qui dolt vivifier jusqu'aux scénes
ks moins intéressantes , et sans ie^uels une tragédie ne sera
jamais regardée que comme l'e£rquis8e , ou le croquis d'un tar
bleau ; mais Fauteur a disposé son plan avec intelligence^; il
a prévu Teffet de quelques. situations^ et a fioutenu des
caraptéres : tel est cqlui de Maximien tel est celul d®
Fauste , tel est. ,. enfin ^ celiii d'Aurelie , quUl parait
QLVoir crée.. A l'égard de Cpnstantin^ c'est le principal per-
sonnage , et Von regrelte qi|'il ne soit pas tou jours inte-*
ressant. Pourquoi la jalousie lui falt-elle oublier les vertus
de !Fauste y et les crijnes de Maximien ? Fourqxioi ce
dernier , qui a. tant de fois conspiré contre lui , cesse-t-il ^
tout-4-coup , de lui étre. suspect ? c'est donc avec raijoa
qiie Fauste s^écrie :
Voufez-Tous dbnc pÄ-ir, ftv^ngté que t<>us .étes?^
Il semble , en effet , que.. Con^tantin aille au<rdevant des
coups qu'on veut lui. p9.rter«..Xl donne toui; k sa, vengeanca
et rien k sa sureté*. Au re^te ^. Tauteqr a su tirer parti de la
situation viplen^edans la^quelle se trouye Fauste, depuis laderr
niére scéne du premiej acte. X^Vi^oux' conjixgal etl!ama|u: par
temel y sont balancé>9 1'uq, par Pautre , autant.qufiU doivent
rétre,C^ n'est qu'en dem andant la grace de son pére, qu'elU
le déclare coupable 5 mais ce. qu*il y a de plus sur-*
frerrapt, c'est <jue TjEmpereur n'pn qroit ni Fauste j. ni
i8i M A Z
Maxim icn lui-méme* Le déDotiement ne nons semUe point
avoir toiite la vrafscmblance nécessaire. Uo esclave est placé
dans le lit impérial , et c'est lui que Maximlen poignarde,
k la place de Constantin. Get esclave coupable sVtait donc
endormi dans ua lieu si peii fait pour lui ; ou , ce qoi
est encore plus extraordinaire , il s^élait donc laissé
poignardcr sans jetter aucun cri , ni se fairo connaitre T
11 faut avouer qii'il est difficile de préparer ces sortes da
dénouemens ; ils surprennent ^ et c'cst-lä leur succés. H
faut s'en tenir å TelTet, sans trop rcmonter k la cause;
auirement point d'illusion|, roais en mémc-tems , point de
beauté reelle : on en trotive peu de brillantes dans les détails
de cette tragédie. La plupart des vers en sont prosaiques,
boiteux 9 languissans et dignes y tout au plus , du style de la
comédie. En lisant Mélanide, on ne s'apperf oit presque pai
que l'auteur aik changé de ton*
MAZET , comédie , en deux actcs , méléd d*ariettes,
par Anscaume, musique de Duni , aux Italiens, 1761*
Un conte de La Fontaine , imité de Bocace , a foumi
ce sujet k Anseaume, qui Ta mi» au théåtre ayec let
modifications nécessaires. Au lieu du couvent de reli«
gieuses , oii Mazet , selon le conte , eotre sur le pied de
jardinler , il s'introduit, sons le mSme titre, chez une venva
qiii a dcux niéccs. Il j joue le role de muet, cooimedans
le conte ; mais il sait bien se faire entcndrcpar Thérése, dont
il est amoureux. Tbérése ne le rebute point ;« sa sonir
Isabello , quoiquc plus finc , ne dédaigne pas de le prévenir»
Il y répond mal, et Isabellc jure qn'il sortira de la mair»
aon r c'est a quoi ne consentira ni Thérfese, ni méme la ta^te,
dont le nom est madame Gertrlide. Celle-ci a bien d'autres
vues sitr Mazet ; cllc voudrait en faire un mixrU Ses Instan-^
M E c i83
ces deviennent méni& si press€Lntes9 que Mazet, impatienté^
oublie son role de mueUFuriense, madame Gertrade veut
approfondir cemystére; il s^éclaircit, et Mazet obtient sa
Thérése*
MAZIERES , est autetir d'une aocienDe pibce ^ donné»
«n 1 566 9 80US le titre de 39fgene spirituelle^
•
MÄZOIER (M.), auteur dramatique, i8io* .1 '
M. Mazoier a donné au théåtre Fran^ais en 1800 , une
tragédie en cinq actes , intitulée T/z^^é^e* Gette piéce »"qui
coDtieot un assez grand nombre de beaux Vers y n'a pourtiint eu
qo'«a petit nombre de représentatioDft*!! parait que le peu da
succés de cette tragédie et des critiques trop aroéres ,
oöt éloigné cet åutcmr d'uae carriére difficile>.«mais dootit
aaroit pu surmocter les oBstaclesa.
MÉCÉNES.
Le nom de ce (avori d'Augiis(B' est amvé jusqu^ä nous^
tomblé des louanges des plus celebres pottes de-aon tems»
Gomment^ en efTet, cet aimable et ricbe^flpiourieD n'aHr&it-il;
pas été loué par tovts les pottes. ^ liil qm se pllaisait dans;leur
Bociété et qui les comblait de sesfayeups ; lui qui les produisait
i la cour , qui les protégeait ftuprds de 1'Ehipereiir , et teur
attiraifc ses bien&its? On prétend qu'it cutjiv« lui^måine les
lettres; du moins est-il sur qu'öit lui- attribué une tragédie de
Médée*. Comme cette piéce nVst pa^ porrenne jusqu'1^ nous^
nous ne pourrons en parlcr ici : d'aitleurs le'plus grand titre de
Mécénes k la gloire , n^est pas d'avoif cultivé les lettres , mais
de les aVoir protégées avee tant de zélo ^ que son Aom es0
devenu le titre le plus biillant de conx qni , comme lui,
chériss^nt les Musea et les nourris^^t^ Horace^ en parlant:
' r
1&4 M E C
de Mecincs , dit quM éluit issii du sang dea Rois y Mecmnat
"mtavis ^dite liep,ibus.,»y cependant les uoms de ses ancétres
iinut onbliés, el le sicn pussera jiis(}n'å la postérité la plus
réciiléc, parcc rjiic lu rcconnaissaiicc Ta placé dans les p1«s
I>«jaiix écrits qnc iioiis oiit laissés Ics Lalins» Ainsi, cbe2
tous Ics pcuph^s^y ceiix qni ont protegé les beanx arts se soDt
Vi IS couvcL-ts de gloire de leitr vivant , et leurs noms sont
passés å la postérité avec les écrits de ceux dont ils fureot
ics bicnfttitcurs.
'MECHANT (Te), comédie en cinq actes , en verS|
pur Gresset, anx fran^ais , 1-4"'.
On rcmarquc bcauconp de rapports cntrh le Jiléckani de
Grcssct et le MédlsaiU de Destoncbes; mais si ces deuz
pl^es se rcssemblent par le Fonds , qii'ellc difierence dam
Ics détails ! qirils sont siipérieurs dans le Méchant! qiieles
portrails y sont variés, et Ics caractéres contrastés avec
fiiicssc! copcndant il y a pen dVction : Cléon, le principal
porsnniiagc , est plus vicieiix qae ridicule. Celui d^Ariste est
iVoid, malgré la belle morale qu^il débite; il parle bien , man
t rop long-tems. La bonhommie provinciale de Géronfce
est prtTérable å la crédule étonrdcrie de Valére. Le röle de
]j'lorisc esl d*inie gran de vérité; il contribne å faire restoitir
rcliii dii Mcchant , qiTe Valére et clle cntreprenneat de copier
et copient mal. Quant au stylc , il ofTre partoiit une vers^
fication facile, et un coloris brillant^ des peintures fidéles de
nos mcriirs , et beauconp do vers qui sont passés en proverbe.
En un mot^ ccttc piécc est la satyre dn tems, et la satyre
la mleux écritc qui ait paru depuis Boileaii.
Ou y trouve Ic vers suivant^ qni fait anecdote par le.
} arodie et Tapplicakioa anxquelles il donna lieu :
La lV.atc ca est åiix Dicux qni h fireut si bélc»
f <
M É c 185
Ud Jonr qii'on représentait cette comédie , Mme. de Tor-
calquier arriva dans sa loge. Charmé de sa rare beauté ,
le parterre , comme traosporté d^admiration , battit des
mains : Paix , messieurs , s'écrla quelqu^un ; convient^il d^in-
terrompre ainsi la comédie ? Alors Tun des admirateurs lui
répliqua :
La faute en est aux Dicux qui la firent si belle.
Voici une épigramme qui fut adressée å Gresset le len-
uemaia de cette premiére representation :
Un membre de café , philosophe pedant ,
Qui de Tesprit se croit et le jage et Tarbitre ,
£n sots propos s^égvy ail sur le ti tre
De volre piéce du MécharU ; I
Quelqu^un dit au mauvais Plaisant :
Pour un auteur c^est bon augure ,
Lorsque , dans uH livré nouveau y
L^enrie au désespoir de ne -voir que du bean ,
De råge , mord la couyerture.
MÉCHANTE FÉMME (la) , Parodie de la Médée ,
de Looge-Pierre , en un acte, et en vers, par Domtnique et
léliofils 5 au thé&tre Italien, 1728. -
L^Epine , valet de Zonzon , lui reproche l'infidélité qu'il
te propose de faire å sa femme Asmodée , en la répudiant
poQr épouser Génise , fille de Gléon. Zonzon s'excusc sur la
force de son amour , qu'il juslifieen faisant le portrait de
Cénise. Celle-ci re^oit de bonne grAce les caresses de Zon-
zpn , å qui elle demande cependant quel sera le sort de sa pre-
miÅre femme ? Zonzon lui assurera une pension. Cléon , pére
de Céruse , veut qu'Asmodée soit congédiée. Aschiödée ap-
pelleå son secours , les Diables , le* Furies, lesProcureursv^es
Malloti^jrs, etc. £&fiaelle ompoiaonne un pet-en-rair , qa'eUe
186 M É C
envoic å Céniso. Co vétement est un feu brfilaot , qni cor**
sunie sa rivalc. Asmodée parah dans une chaise de pO8l0
conduite par un Diable. Zonzon tire son épée pour la paatf ;
niais Asmodée le touche de sa baguctte , et le rend immobilSi
£lle avait eu la précaution , a vant qne de partir , d'eA^
poisooner Cléon , et de mettre ses cufans en pensicn k Fic*
pucc*
MECONTENS (Ics) , comédic en nn acte , en vers lifares^
avcc UD prologuc , par La Bniere , aux Fran^ais , IjS^»
Jupitcr ve ut rcndrc tous Ics liommes heureux : il a déji
tlépcché Mcrcurc ici-bas , pour juger de lenrs besoiiUaLi
sujet du prologue est le comple quc le messager dm Diem
rcud de sa mission. La longue énumération des travers dei
Ilumains et de Icurs vceux insensés, n*empéche point Jupitff
de poursuivre son dessein. Il descend sur la terre , et oidooos
aux principaux Mécontens de paraitre devant lui ^ dans un
de ses Temples. Lå , se rendeut successivemenl divers pei^
sounages. Léonor aspire å changer de sexe , ä devonir
homme ; la petite Angélique y å grandir tont-a-coiip pönr
uvoir des amans ; Richardin , å posséder beaucoup d'arg^( i
TbémistroD , å quitter la Robe pour 1'Épée ; Emilie , å Toir ^'
son mariage rompu; elie oflre en méme-tems & Jnpitsrls
Jiste des défauts de son époux , et cette qualité d'époiix ^
le premier défuut qu'elle reproche å son mari. Tous ces Mé-
contens sortent satisfaits; mais ils reviennent bientåtfonnerdé
nouvclles demandcs. Thémistron a re^u un soufQet , et piit
Jupiter de le venger; Richardin voudrait étre niinistie{
Xiéonor, voir son amant deguisé en femme ; Angélique i åtxt
mariée et presqu'aussit6t veuve , etc. Jupiter indigné » ro^
jette ces voeux indiscrets. Il condamne tous ces persodnäg^
å servir d'ezemple a la terro. Oa trouve dans cette petit»
M é D 187
de r^piit et de la philosophie ; niais elle manque de
^eté absolument nécessaire , pour suppléer au défaut
"ét y dont ce genre de comédie est peu susceptible. Elle
'abord en trois actes , mais Tauteur la réduisit efi un
io&a y elle était suivie d'un divcrtissement dont Mouret
alt la mqsique, et d'un vaudeville' qui fut long-tems
dans le public.
DECIN DE L'AMOUR (le) , opera comique en un
ID vers y mélé d'ariettes , par Anseaume , musiquc de
» å la foire St.-Laurent , 1758.
ci du opéra-coinique , dont le ton s'éleve jusqu^å celui
onne comédie. Le méme point d'anibition qui a fournt
lault la tragédie de Stratonice ^ et å plusieurs autres
ins des drames de difierens genres , a fourni å An^
s le fonds de cette jolie piéce. Rien ne prouve mienx,
leaume l'a prouvé plus d'une fois , qu'une plume in-
se maitrise t ou jours les sujets quelle traite , et n^est
maitrisée par eux. Selou le fait historique » Fanaiotit
Dchus pour Stratonice , qui va devenir sa belle-mére y
t å le conduire au tombdttu. Autiochus dissimule ave6
cause de sa maladie , mais un médecin la devine en
ant pålir å 1'aspect de Stratonice : il en indtruit Sé-
, pére de ce Frince , qui , pour sauver son fils d'une
prématurée , ]ui céde généreusement sa maitresse.
»staussilamarcbe qu'asnivieAnse&ume.llne fautque
ir les noms , et ce récit nous donne le cartevas dé son
•Le roi de Syrie deviendra Ät. Géronte, bailli d'ufi vil-
^ntiochiis prendra le nom de Léandre , et Stratonice
le Laure. Enfin le médecin de cour ne sera plus'qu\ii^
in de campagne. Cest ce persoimage qui détioue toatL?
ue de la piéce* U dévine la cause du mal et du silenc^
2«« MED.
de Léandre, et cu instniit Gérontc. La sd^na o& se trourt
cet cclaircissement, est des plus i ngénieuses. Le Doctetur sup-
pose que Tautre est son rival , et que^ poiir le guérir , il faiH
dr alt q 11 'il épousåt cello qii'il est prét d^épouser lui-mémek
Alors Gérontc, apres avoir un pen hésité, prie le Docteur -
d^avoir pitié de son fils , et de lui céder sa maitresse; il se jetts
meme k ses pieds , pour donnor plus de poids k ses instances;
c'cst ou Tautrc Tattendait. Il lui répond sur une musiqui
trés-vive :
Prends poar toi Ics avis que ta pitic t^inspirc ,
Ou c est fait de ton fils.
Il sort et laisse le bailli dans une grande perplezitj; mois
enfin , Tamour paternel triomphe , et Géronte consoot i
u'6tre que le beau-pere de celle dont il voulait devenir Té- .
poux. Il regne beaucoiTp d'intérét dans cette piéce | eHe est
conduite avec beaucoup de sagesse.
MÉDECIN MALGRÉ LUI (le ) , comédie en trois adeSi
en prose , par Moliére , i666.
Moliårc ne composa cette farce que pour étajer son
cbcf-d^ceuvre , et ce moyen lui réussit. Alceste passa donc ib
faveur de SganarcUe. ' •
Un ancien Gzar, tourmenté de la goutte , fit promettre dt .
grandes réconapenses k quiconquejui indiquerait un remMi .
capablo de le soulager. Une femme, outrée des.mauvaistra^
temens qu'elle recevait de son niari , déclara qu'il possédait .
un spécifique propre k guérir le Monarque ; mais que b
baine qu'il ^ortait k ce Frince , 1'empéchait de le coznDliiH ,
niquer. Le Czar envoya cbercber cet bomme , qui fut bieO
élonné quand on lui dera anda son secret. 11 eut beau protesten
qu'on le prenait pour un autre 5 qu'il ne savait ce qu'on vou-*
iait dire, et qu'il n^^vait janiais eu dereméde> on eut recouss ik
\
M,é D 189
,'expédieDt de Moliire , et bientot le paiivre mari re^utplus de
conps de båton qu'il n'en avait donnés k sa fem me* Chaquo
fovx 011 le regalait de cet exercice , avec promesse de recom-
meocer, s'il oe se mettaitå. laraison.Dans le dernier désespoir,
3 dit qu'eD effet il avait un reméde ; mais qiiene le croyant pas
assez sur, il n'avaif osé le proposer. Il demanda qiielqnes jours
de délai , pendant lesquels il fit venir des herbes de toute
espéce, don t il prépara un bain pour le Gzar. Soit qué la
maladie fut å son déclin , soit que parmi une si grande
quantité de plantes , il s'en trouvåt de propres pour sa ma-
ladie , le Prince en fut soulagé : alors les premiers refus do
cet.homnle furent considérés comme un effet de sa mé-
chaaceté et de^ sa faaine ; et , pour Ven punir , on lui fit
éprouver une nouvelle bastonade ; mais il re^ut en-méme-»
temsune récompense ptoportionnée au service qu'il avait
lendu. On lui défendit, sous des peines trés-rigoureuses , de
uarquer aucun ressentiment å sa. femme. II profita de la
correction et de Tavis , et vécut avec elle dans une parfaite
union.
' Ce fait se racontait en Russie plus de vingt ans avant la^
comédie de Moliére ; mais nous sommes éloigné8'depen-
8erqa'illmait fourni le sujetde sapiéce; nous pensons aucon-
trai£equ'il Ta tiré de nos anciens fabliaux. On lit dans un ma-
Äoscrit du treiziéme siécle , ce coute dont Moliére a profité ;
il est intitulé : J^ilain Mire , c*est-å-dire , dans notre vieux
laogage, le Médecin de campagne* L^autéur raconte : « Qu'un
> laboureur riche , mais avare , pressé par ses amis de se
; ^ magier y se détermine enfin å prendre pour femme la fille
I » d'un pauvre gentilhomme.^ Craignant ensuite que , tandis
> qu^ilseraåla charrue, sa femme ^ qiii n'est point accou-
> Uimée au travail , ne s'amuse avec des galans , il imagine
^ uai^pédlent singulier, pour s'assurcr de sa fiJélité» Cest
I '
jQO MED
9 de la bien bättre le matin en se le vant , afin*que , plenrtot
3» le reste du jour , clle ne trouve pcrsonne qai osa , dun
a soo afHiction, lui parler de galanteric. Le soir, en revenint
n des champs y il lui demandera pardon ; il la caresaen;
-o elle oubliera tout , et chaque jour il recommencen b
» mSme train.
» Le premier jour^ lachose arrivecomme il Ta prévae;
» mais ayant répété la méme scåne le lendemain , sa femmo
» se dit k clle-méme , dans sa douleur : il faut que moii mui
3» n'ait jamais été battu ; car , s'il savait le mal que celafaity
9 il ne m'en aurait pas tant donné. Lorsqu'elIe se plaignit
3» de la sorte , elle vit venir deux courriers montés snr åu
9 chevaux blancs. Geux-ci la saluérent et lui demandérentå
9 dtner ; ce qu'eUe leur accorda avec plaisir : elle apprit å^euif
9 que lafille du Roi étant målade d'une aréte de poisson qoi lai '
» était restée au gosier , ils allaient lui chercher nn med»'
3» cin , etc. « On sait le reste de l'histoire. Le labourenr pro*
teste qu'il ne sait pas un mot de médecine ; on le Téfoi» ds
coups de b&ton : il convlent enfin qu'il s'est trompé, et il
imagine de faire riré la Frincesse, pour lui faire readn
son aréte. Get expédient lui réussit, et notre homme acqniflrt j
la réputation d'un grand médecin.
MÉDECIN MALGRÉ LUI (le) , opera en trois actof»
par***, muslque de Désaugiers , au théåtre Feydeau, 1791^
Cest la comédie de Moliére avec des ariettcs. On y remir*
que plusieurs beaux morceaux d'ensemble et de chaimfti»
couplets , tant pour les paroles que pour la musique 9 qui
est sou vent fort gaie , entré autres dans le moment oti PoB
oblige le faiseur de fagots , k force de coups de båton , i
convenir qu^il est médecin ; en un mot, on y trouve un grand
nombrc de morceaux de divers genres qui furent justemeit
j
applauclis. Mais soit que la piéce ne soit pas tou]ours heureu-
eemeDtcoupéepourlamusique, soitqueceuxqui ToDtarrangée
n'aieDt pas fait assez de retrancheinens , ce qui était difiicile en
jroulaot respecter Moliére , il est certain qu'elle est un peu
longue, et que ('ensemble ne doit pas produire antänt d^efiet
qa^on pourrait le désirer.
MÉDECESr PAR OCCASION (le), comédie «n cinq
tetes, en vers, par Boissy , au théåtre Fran^ais , I745«
Unofficier, nommé Monval, est le héros de cette comédie*
Champagne, son valet, s'introduit dans un chfiteau, quiiabitcnt
le Baron , pére de Lucile , maitresse de Monval , et une Mar-
quise, aceur du Baron« Le pére , la tante et la niéce , sont
attaqnés de maladies difTérentes. La Marquise a des va-
peurs; le Baron, possédé de la manie des vers, brule de
finaler son zhle pour le Roi , å Texemple de tant de rimeurs ,
qui ont coutume d'«nnuyer leurs Majestés du récit de leur»
exploits et de leurs vertus* Pour la belle Lucile , elle est
plongée dans la plus alTreuse tristesse , sur le rapport qu*<m
bi figiit de la mört de son cher Monval. Z>an8 cette tiiste
SDaison , la suivante Lisette , est la seule qui . se porto
inen, etqui soit de bonne faumear. Elle reconnait Champagne^
et lui demande des nouvelles de son maitre; s'il ost vrai
tp^A a fini ses jours å la guerre ? Le valet lui découvro
que c'est un faux bruit , une ruse d'amant de la part de
ttonval , qui , par les regrets de Lucile , veut s'assurer
de son amoiir. Lisette est embarrassée; elle ne sait comment
t^y prendre pour introduire dans le c^åleau notre officier,
qui n'y est pas connu , et qui attend dans la forét vot-
ittoe , le retour de Champagne. Elle imagine de le &ire
passer pour médccin. Monval consent å jouer ce role.
feut - il en choisir \m plus aisé ? La Marquise est
192 M É D
la premi&re målade qui se présente. Il lui conaeille le jen'y
la musiqiie y lu dan se , la pro menade , la table , les spécti-
des, et surtout 1'air de Paris. La marquise , enchantée da cetto
ordonnance, recommandc au médecln son frére et sa mke*
Lisette apprcnd k Monval qiie Lucile , pour entretenjr n
doulcur y a cntrcpris de le pcindre ; que le portrait eit
déjä commencé, et qirdle y travaille ordinairemeDt daos
le saloii oii il est» La snivante place le chevalet et la copieiCt
Toriginal se place lui-mäme derriåre la toiie. Lucile arriTeeB
efiet^et se dispose å Touvrage. Elle répanddeslarmes ikme
du portrait de son amant. Quclle délicleuse situation poor
Monval , témoin lui-mcme des rcgrets de sa maitre88a,qn'il'
regarde de tems-cn-tcms par dessus le portrait , quelqufli
signes que lui fasse Lisette de se tenir caché ! L'amaiit n
peutcontenir son ravissement ; Lisette ote le portrait qui II
cachait : il tombe aux genoux de Lucile , qui demeuro qn
moment suspendue entré la surprise , la frayeur et la joifc
Mais bientot la présence de Monval dissipe sa mélancolJ0 1
et la cause de sou mal devient celle de sa guérison.
Il ne manque k Ja gloire de notre Médecin , qae dfl
rendre la santé au Baron , attaqué de la maladie des Ten»
quoique diflicile, ilenlreprend la cure. Le Baron quine pflot '
Tien tircrde son cerveau, pas mdme de mauvais vers, aephipt
de sa stérilité. Monval Taborde , et lui propose un remMB
trés-simple3 c'est d'adopter les ouvrages d'autrui, et dt
feindre habilcment , pour des cnfans étrangers , des en^ ',
traillesde pére. Sa délicatesse en est d^abord offensée; miii •
Monval le rassure , et la comédie se dénoue par le mariageJo
rOfficier-Médecin avec Lucile. Le Baron, possédé du Démoi
dela rime , ressemble un pcu au Baliveau de la Métromaoiei
c'est un original assez plaisant. Le valet Champagne n^est
pas moins agréablc 5 la scéne de Monval , caché deruiré aoA
H É B xg8
fDttrait, qnoique peu naturellen falt au3si l)eaiicoup de
{daiskr.Maisle dénouemefit s'opéTed'ut]eroaDiéretropbixisque.
Il D^est pas dans la vraisemblance que la Marquise detrienne
4out-å-coup amoureuse du Médecin €tranger , au point. de
▼ouloir- Fépouser y et que Cléon, avec la métne vivacité^
reaonce k son amour, pour faire le bonheur de Monvid
et de Lucile*
MÉDECIN TURC (le), opéra-eomique en un acte par
IffM. YiHiers et Ärmand &ouffé, musiquede M. Nicolo,
å Fopéra-comique , iSoS.
Foilis , jeune fran^ais , a été prisavec son épouse par des
corsaires barbaresques , qui let ont- vendus séparément.
Gelle-ci entré dans le sérail d'un Médecin. Le Grand-Visic
entend parter de cette esclave , et $e'pf6pose de l'acheter;
mais le Docteur qui ainoe aussi les j olies femmes , xnet
n captive å si haut prix que le Visir ne peut la payer*
On pense bien qu'un si grand Seigneur ^ ne revolt pas de
pöeils affronts , sans vouloir en tSrer vengeance* L'oc-
casioB 8'en présente bientöt , et c^st Eorlis qui la fait
nattre* Fera^adé que ' l'esclave dont il a'agit nVst aiitre
que sa tendre moitié » il imagiae de contrefaire le fou
ponr qu^on l'envoie par-devadt TEsculape : ce premier projet
léussit» Le Grand - Visir adresse notie: prétendu fou au
Böcteur , en promettant å celui-ci , ou de le faiie Mé*-
decin de sa Haiftesse, s^il^^rit le Fran9ai89 ou de le faire
nidement b&tonner,
« Si ses soins sont sans succés. »
Cette alternative jette notre Médecin dans un grand em-
banas; mais, comme la prétendue folie de Förlis est causéö
pärla perte d'iuie femme^Vépouse du Docteur est d^avis qu'oa
Torne VL ^ '
194 M É D
cmploie lc8 cbårmes de la belle esclave pour guérir cé genrt
de démence. Le bon homme ne s^y préte d'abord qu'avee
répugnance , mais la menace d'une bastonDade doit levet
kien des difiiciiltés , et voil^ nos époux en présencei
On se doute bien qne la gnérisoa n'est pas leole. Forltf
dit ton t bas au Méderiu qne , 8'il consent ä lui rendre sod
Adéle , c^est le nom de la belle esclave y il prdnera par*
tout sa haute scicuce ; qu'aiitrement il le perdra de répo*
tation, en le peignant comme uo charlatan. L'idé6 da
la bastonnade ajonte encore dn poids k cette proposition |
et le pauvre Médecin consent å tout.
Rieu de plus léger qtie le fonds de cet opera; maia od
y trouve quelqiies scénes assez piqnaates»
MÉDECIN YOLÄNT (le), comédie en un acta^ei
vers, par Boursaiilt, i66i«
Gette pl^c est tirée d'une comédie italienne fort aqciemia^
intituléc : Arleqidno Sledico volante»
Lucréce , amante de Cléon et fille de Femand |.Mb
d'envie d'étro roariée. EUe feint d'étre målade , on nf
sait pourqiioi ; roais Crispin , valet de Cféon , tire parti ^
de cette feinte. Il apprend que Fernand est sorti pon; \
aller chercher un médecin. Alors il prend lui-méme llaU ^
de docteur, se présente au pére de la fausae niakdaj
et entreprend de la guérir. Toute sa recette consiste 4'*?
bord å lui faire changer d^appartement , parce que ceini '^
qu'elle öccupe est peu favorable aux desseins de Cléouj qni ^
projette de Fenlever. Il amuso cnsuite le vieux Fernand^ jr
par des scénes d'un bas comique , pendant lesquelles s*o- ' -
pére Tcnlévement; ce qui oblige le bon homme å consentk
au mariage. Cest aussi ce que prétendait Crispin , quI, ,
sautant perpétuellement d^une feuétre k Tautie , pour t\n
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»crifio :
[in cl le
iaisscra
isablc ,
ver ses
valö i r.
e n'c.st
amoiir
pulsqne
end vic-«
v^neqnc est
.te , paiir om^--
X96 MED
et plaint le sort des femmes qiii sont forc^ d'eii conträctMr
les liens. Étrangérc, inconDue å Corinthe, privée de sonépoaXy -
å qui coiifiera-t-elle ses chagrins ? Le ChGeur , témoin de son
désespoir , partage bieutot ses doulcnrs , et alle ne tärde paså
le rendre conf idcut des vengeances qu'ellc médite coDtre ao
mari perfide. En ce momeDt, Créon paratt et vienk lui an* '
noDcer qu^il l'e3(ilc avec ses enfans , parce qu'il redoute son
art dangereiix et sa jalousie. En vain , elle réclame unasjk
dans ses Etats , il le lui réfuse : elle se jette alors ä ses gi»-
noux; mais cet état d'ab)ection ne fait que redoubler^dans
le coeur de Créon , la crainte que lui inspire une femme doot
il connait toute la perfidie. Voyant donc qu^elle He peat
toucher le tyran, Médée lui dcmande un jour pour se pé-
pärer å un départ aussi précipité , et pourvoir å la siireté de aes
enfans : quel cceur serait assez barbare pour refuser une faTwr ^
aussi légere ! Créon l'accorde donc asses facilement. Mais^déf
qu'il est retiré , Médée fait éclater toute sa råge , et délibére
en présence du Choeur , qui lui est dévoué , sur les mojens
do faire périr Créon , Glauca et Jason. N'en connaissant pM
de plus eflicace, elle s'arréte aux philtres magiquesy on»
pour mieux dire^ au poison ; mais oh seréfugiera-t-elleapris " ,
avoir cummis uu crime aussi abominable ? Voilå le sujét de
son inquiétude-.Rien ne l'arréte; sa rivale périra. Jasonlui vieot
exposer que des motifs, f ondes sur la politique et mit ^
situation malheureuse , lui prescrivent une conduite qti'fln9
suivrait pas dans toute autre circonstance. Loin d'étre toa^
cbée de ces raisons , Médée n'en devient que plus furieiisB 9
toutefois , elle dissimule et se prépare k la vengeance. Su^
ces entrefaites , Égée , roi d'Athéoes , arrive et se tronv^
avec Médée qui sollicite un asyle dans ses Etats : il le In ^
promet sous la foi des sermeus les plus sacrés. Dés-4ors ^
cette épQuse furieuse est résolue å ne plus rien épargner poo^
M É D ig^
:r savengeance. Elle recourt å la feiote et^emble con^
u nouvel hymen qiii se prépare^ mais, en meme-tems ,
ange , de ses propres naains , une* robe quVlfle ^nvoio
ouvelle épou6e , qui ne s'en est paa plutotrevétud
se sent dévorer par un feu secret. Créon chterche
er sa fille , mais il est bientot consumé dea mémes
3S-. Jason arrive et veut au moins dérober ses en&ns å
IT de leur mére. Soins inutiles ! elle les a massacrés ;
lére, 1'époiise barbare s'éléve dans. les airs, et bravo la
de Jason. Tel est le fond^ de cet^e tragédie*
HEE , tragédie de Séndque.
ragédie de Sénéque difl^re de celle d*EurypJde ,, en ce
lans la premiére, Jason abandonne sa ,fenime sans
legitime ; tandis que , dans la seconde » il y est
par un motif puissant , puisque Äcaste, fils de
, ménace de ravager les Etats de Créon , s'il i;ie lui
lilédée et ses enfans. Jason est donc forcé , par
LIC et par intérét, å contracter, avec la. fille de re
['alliance qui est Ife pivot sur lequel roule toute la
e. Ici , Médéo est la seule personne que l'on sacrifie :
ut se venger, et cela parait assez naturel. Enfin clle
rmiue k prendre la fuite; mais^ avant, elle laissera
Lces éclatantes de sa fureur. Jason parait excusable ,
'il ne rompt son premier hymen que pour sauver ses
5 motif qu''Eurypide a dédaigné de faire valoir*
parait plus criminelle , paroe que sa vengeance n'est
^ue Peffet d'une aveugle jalousie, et que son amour
;es enfans , ne peut y avoir aucunc part , puisqne^
Bite piéce , comme dans la premiére , elle les rend vic«*
de sa fureur. Tout le quatriéme acte de Sénfequc es^
yé kla description.des préparatifs de Médée, pour om^--
I-
j98 M É D
poisonncr la robe niiptiale de Créiise ; c'est le nom de k
nouvelle épouse de Jason. Médée vient elle-méme acherer |
ses charroes sur le théatre , et donne ensyiite la robs
å ses fils, avcc ordre de la porter å sa rivale. BieotAt
OD apprcnd que les dons ene han tes ont coDsumé le Roi
et la Princesse , et que le palais lui-méme est embråsL
Médée y loin de s'effrayer de ces malheurs dont-elle est
la cause , et d'cD éprouver le moiudre remords , s'eii lé-
jouit au contraire ; elle fait plus , elle se résout å mai-
sacror ses propres enfans sous les ycux de Jasoa» Dqå
elle en a inimolé un et le montrc a ce pére iDfortuné» qoi
implore cu vaiu la grace du second. La pitlé ne peut entrar
dans le cceur de cctte mére barbare ; elle achtve son
doub!e crime , et , commc dans la piéce précédentc , elk
8*enfuit 6ur un char-volant.
MÉDEE, tragédie par Pierre GomelUe, i635.
Comme nons l'avons dit plus haut , CorDeille a empnmti
(la poctc grcc et du pocte latin, ce que leurs piéces tat
de plus naturel et de plus yraisemblable : il y a ajttntf
(1c soB propre fonds plusieurs détails qui rendent son oawwugi
beaucoupplus intéressant.D'abord Jason raconte ses aventörei
^ Pollux , personnage protatique , et lui fait sentir qM
c^est pour l'intérct de ses enfans , que deux puissana Élata
menacent d^accabler , qu'il se résout å répiidier Médée »
et h. former de nouveaux liens. Sous ce rapport , i) pandi
plus intéressant que dans la piéce d'Eurypide , et mémo
que dans cclle de Séneque , parce que son changement
parait fondé sur des raisons plus legitimes et mieuT ex-
pliquées.
Toute furieuse que soit Médée de Tiniidélité de son éponz,
cUe est déterminée a TépRrgncr > et ne veut immolcr que sa
/
MED 199^
tivale. OHi cherchera - 1 - eUe iin asyle api^is na tel
forfait ? Egée , roi d^Athénes , arrive fort heureusement
pour lui en proposer un dans ses Etats^ qu^elle accepts
avec eoxpressement. Mais tout en lui ofirant un asyle ^ Egéd
ne laisse pas d'étro le rival de Jason , et d'aimer Cvéiise»
Jason, jaloux, le falt enfermer. Tout cela n'est qu*episo«
dique et rem plit le second acte de la pidcc. Cest au troi-
sifeme qne Médée fait éclater toute sa fureur* Gréirse luI
procure elle-méme les moyens d'exercer sa vengeance , en
hii faisant demander sa robe , qu'elle veut avoir å quelqué
prix que ce soit. Médée^ saisit cette occasidn et s'empresse
d'envoyer le funeste present. Le pére de Créiise, qui
en soup^onne les efTets > fait essayer la Tobe k une femnie
condamnée å mört; mais cette épreuve est inutlle : \e
poison ne doit agir que sur Créon et sur sa fille. Celle-ci ne
s'est pas plut6t rcvétue de la robe , qu'elle se sent dévorer
par un feu invisible, mais insupportable : Créon, qui veut
Téteindre , en est bientot Gonsumé lui-meme , et » pour se
toastraire aux cruels tourmons qu'il éprouve , il se frapp»
d^im poignard , et explre. Cest dans ce moment que Jason
parait. A Taspect de sa nouveUe épouse expirante , il S9
sent transporté de fureur, et veut imno olér seä propres enfans
qui ont porté le don fatal ; mais Médée lui a épargné
ce crime' en le conunettant elle - mérne* La Mégére
parait siir le balcon , dans un char-volant , accable
dWectives son infidéle, qui se donne la mort.^ s^enfuit,
et va chercber un asyle dans les' Étab d*É^e , dont
!elle a brisé les fers , et qui lui a promis sa maiiu
Ce qui rend la piéce de Corneille supérieure å celle d^Eu-
rypide et å celle de Sénéque , c'e$t que Finconstance de
Jason y est mieux fondée que dans la secondé , et
que Fépisode d^Egée y est mieux amcnée et plus habile-'
\
\
fioo M É D
meni encadrée qite dans la premiére: c'ettqne le stjlaef
les détails sont plus vrais et plus nahirels, que dans 1'uiie
et dans l'autre ; c'est qac CornelUe a su faire disparaitre tona
ces discours vagues et ces lieux communs qui snrchar* ^
geiit Touvrage d^£uryplde , ainsi que celui de Ssndque , c'est
enfin ce faraeux Moiy qui å lui seul vaut une piéce entiérei
MEDEE , tragédie de Longe-Fierre , 1694.
Longe-Fierre a fait aussi une tragédie sur le méme sujet;
et c'cst la seule qu'oD joue aujoiirdliui , quoiqu'elle solt bin
inféricurc a celle de Fierre Corncille. Ed cflet , pour aug-
menter Tin^éret en faveur de Médée, Tauteur 8'est efforcé
de rendre Jason odieux et méme méprisable. Il a renda
Créon déraisonnable en fuisant entendre å cette furie des
cbants d%yinen , qui devaient la porter aux demiéres
exlrémités. L'autcnr n'aarait-il pas du supposer Médée
abscnte, et ne la faire arrivcr qu'au moment de cette
fdtale fotc ? Ccci nous semblerait beaucoup plus natureL
Alors Crécn ne pourrait £tre accusé de Fextravagante
injustice de faire célébrer Tbymen de sa fiUe avec JaaoDy
sons les yeux de Médée , qui doit sortir le lendemaln
de 5CS Etats , dont il l'a bannie. Au reste , on voit que
Tauteur a tout sacrifié au rolo de Médée , et c'eat peut*
c tre ce qui fait que sa piéce se souticnt aujourd'hui au
théåtre , parce que le rolc de cette Mégére , y étant non-
pas plus brillant , mais plus intéressant que dans la piéce
de Corneille , a séduit une actrice celebre y qui a sa
vn faire le premier fondement de sa gloire.
MEDEE , tragédie par M. Clément, de Dijon , J780» •
M. Clément est venu apres Corneille et Longe-Fierre.
Kc|;ardaiit commelégéres des didicultés que ces deuxautcora
MED abi'
A^avaient pu surmonter , il 8'est abandonné aux losplrations
de sa Muse , et , såna plan arrété , il a fait une tragédia
agréable å lalecture , parce qu'elle contient ud&. foule de
.. belles penséeä et de beaux vers , mais froide au thé&tre ,
parce qu'elle est sans action.
Nous avoos beauconp d'opéra sur le méme siijet : nous
ne parleroDs qae de ceux qui ont eu quelque succés.
MÉDEE f opera en tro& actesr, par M. Hoffmau^mu*
sifse de M. Chérubini, å Feydeau, 1797»
Le sujet de Médée n'est pas, comme on le volt, suscep-
tilble de beaucoup d'intérét : les grands hommes qui l'pnt
traité , n'ont pu sauver la bassesse du ro le de Jason
et ratr^cité des crimes de Médée» Le musicien n^avait
doDc d'autres ressources que les richesses de son art , et
il les a.employées avec une grande habileté« Ouvertures»
car chaqueacte a la sienne, récitatlfs, duo et trio dia*
l(^és^ morceaux d'ensemble, marches y choeurs, accom*
pagoemensy tout y est riche en mélodie et p^faitement
adapté aux mouvemens de la scéne*
MBDEE ET JASON, tragédie-opéra , avec un prologue,
par l'abbé Féllegrin, musique de Salomon, 1713*
Le sujet du prplogue est l^Europe rassurée par ApoUon
et Melpoméne , qui lui aanoncent que ses maux vont
finir par le retour. de la victpire, qui vient de se décia*
Ter pour lesdrapeaux de la France» Le sujet de l'opéra
est le méme que celui des piéces précédentes*
MÉDÉE ET JASON, parodie en un acte, en vaude-
ville, pai Dominique^Lélit), fils,etRomagnésy^ authéåtre
ilalien, 1727.
&02 M É D
Areas y confident de Jason, reprocfae å ce Pruace st
tristesse , lorsqiie la Gloire , rAmour et PHymen lui sont
favorables. Jason lui répond qiie c'est ce méme hymeo
qui le tourmcote; qii'il vient d^épouser Créiise, taådifi
que Médée a så foi, et qii'il a des ' en fans d'elle» Créöst
qui n'est pas plus contento que lui , lui avoue qu'éDo
craint la fureur de Médée y et elle en revient tonjonxf
prudemment au naoyen de s'aimer, en attendanty sam
8'épou8er» Médée descend sur un manche å balai, enton-
rée de Sorciers et de Demons qui couduisent un bouc aiNb
cérémonie , autour de Gréiise , qui n'a pas penr. Jbsod
parait, et dit qu'un mari est bien å plaindre, quaad il a
une femme qui commande k la baguette* Gréiise Vengags
k la sulvro : il j consent ; mais bient6t il est arrété par
Médée, qui l'accable de reproches. Elle fait encore nna
conjuration de Demons transformés en monslres. Gréiiss
revient se plaindre de ce qne Jason l'a quittée pour retoiRiMB
avcc sa fomme: celui-ci reparait aussi, et se justffie aasec maL
Alors Gréiise s'en va, et Gréon arrive suivi de ses gardesiHiO
plaiot de la mortalité qui lui enléve tous ses sujetau Jaioa
avoue qu'il est la cause de ce malheuf, et le prio de, b
dispenser d'épouser sa fille. Un exempt les avertit qUi
vient d'arréter Médée» Jason, qui est bon prince, se jetta
aux genoux du roi, et lui demande grace pour elle» Ga
n^cst pas, dit-il , que je n'aie grande envie d'étre venf; maia
)e voudrais que ce fut par les bonnes voies. Gréon, qti>
n'est pas moins bon homme , commue la peine , et cov
damne Médée au banisscment. Telle est k peu pris h
marche de cette parodie qui fut jouée avec succés» ^
MÉDIOGRE £T RAMFANT, comédie en cioq aete9«
et en vers, par M. Ficard , aux Frau^ais, 1797*
M É D io3
U ouvrage n'a mieux justifié son titte : TiDtrigue
médiocre, le style rampané> Quoique l*on sacbf»
8'en tenir sur le compte de M. Picard, on
croire cette opinion hazardée , si nous n'ea cher-
a preuve dans Texamen approfondi de cette pi^e ,
ses chef-d'oeuvres«
^orival ^ premier commis d'un Ministre, est le prif»*
3rsonnage ^ inais il n'est pourtant pas le plus élevé
ité y car le Ministre lui-méme parait sur la scéne ,
e un role assez convenable å son rang : on peut dire
B qu'jl se rend trop accessible aux employés do
)auz. Fassons sur cette I^re inconvenance , d'un
qui parut å une époque oi^ tout n'était qu'in<-
nce* Autres tams , autres mosurs ! Lorsqu'il com«
tte piéce, M, Ficard ne connaisscut encore, ni ce
it étre im Ministre qui respecte son rang , ni c«
it étre un commis, qui se joue de ses devoirs,
paraissant les reniplir. Aujourd'hui ^ sans doute , il
lus capable de dessiner ces deux caractifres. Quoi-^
soit , on pei^t dire que , dés ce tems , il coonaissait
ment la médiocrité , et le parti qu'elIo peut tirer de
e et de la bassesse.
)orival , tel que Va. peint M. Ficard, et tel qu'il
ni talent , ni probité : cependänt, vil flatteur d'un
e qui vient d'étFe disgracié pour sa mauvaise con-
il parvient å gagoer la confiance entiére du succé»*
lomme plein de sagessé et de probité , qu'il améne
3rés de Strasbourg å Faris, pour l'élever an Ministére.
omraentThabile Dorival8'yprendpour s«insinner datis
de cet Ariste* Il cherche å plaire å madame Dorlis »
) , et il j parvient : au reste , il n'est pas bien diffi-^
our un parisiea délié» de gagoer les bonnes grices
ao4 M é D
dHme Alsacienne de bonne foi , qui ne connait point kf
intrigiies de Paris. En mettant ainsi aux prises la Provinca
avec la Ville , M. Picard se ménage des ressources et to
moyens inconnus avant lui k la scéne ; mals qui , mal-
heureusement, le sont trop' maintenant qiie la foule de ses
ouvragcs a grossi les répertoires de pliisieurs théåtres. Bås
qii'il a gagné l'estime de la mére, il obtient bientfilcelie
d'un fils respectueux et sonmis. Dans cette position, il sent
pourtant qii^aiix ye\ix d'un Ministre vertueux et sévére , il &at
non-seulemont åtre ainiable, mais encorc étre ulilc par ses ta-
lens, et cstimable par sa conduite.Etre aimable? cen'e8tpa8ce
qui lembarrasse ; on est tou jours certaln de le paraltre avee
de la complaisance , de la souplesse et de la nise» Aq-
cune de ces qualités ne Ini manque. Etre ulile ? ce n^est
pas aussi aisé : pour cela , il faut des lumiéres , des talens
et du zéle; et , jusqu'aIors, M. Dorival a cm que lea pre-
miéres qualités, dont nous avons parlé , pouvaient diapensef
des secondes. Etre estimable ? c'est plus diOicile encore; car,
sans moeurs, sans bonne foi, sans délicatesse, on ne peotiC*
quérir que le mépris des honnétes gens» Dorival aurait pose
contenter de la bienveillance du Ministre : avec de 1'hypro-
crisie il Taurait obtenue facilement , et serait reste maitre da
son emploi; mais ses pretentions s'étendent plus loin* Il veut
étre ambassadeur ; il veut plus 5 il veut épouser MUa*
Laure , fille d'Ariste. Oh ! pour arriver lå , il faut itrB
non-seulement un bonnéte bomme , mais encore un bommo
de mérite* Dorival qui n^est ni l'un ni Fautre^ trouv®
pourtant le mojen de le paraitre. Gomment y parvient-il ?
le voici. Arlste veut avoir un mémoire sur les abus qni-
se sont glissés dans le Miuist&re, sous son prédécesscur.rc^
mémoire doit étre écrit avec autant de sens et de sagesse^
que d'éloquence et d^csprit. L'ignorant Dorival 8'en cbax^
MED 2oS
röuve tout falt dans les cartons d\in honnéte cbef de
Dommé St-Firmin , emplojé äous ses ordres* Cet
au^si ipodeste quliabile , qui n'a en vue que I'ui-
ic , n'hésite pas å le lui remettre : Dorival s'en em-
présente au Ministre, conoche son propre ouvrage,
ilå Ambassaden r. Mals Mlle. Laura , c om men t
:a-t-il å Tépouser? car il f au t lui plaire* Rien
I aisé : elie aime les romances. Frécisément M«
in a un fils qui toume jolimentle couplet, et qui
fait connaitre avantageusement de la )euue personne*
ml s^adresse donc au jeune bomme , hii persuade
t le servir dans ses amours avec Laure, en obtient
a.nce pour elie , et fait passer ce petit chef-dVii-
ir une production de sa fa^on.
lOses son t en cet état , lorsque Dorival , St.-Firmin
s sont retenus å souper chez le Ministre. Craignant
> Tardeur de son amour, le jeune bomme ne se
lautement l'auteur des couplets , Dorival a recours
e pour éviter 1'explicatiön : moyen admiraUe et
mvait partir que . d'une imaginalion aussi brillante
jde. Un premier commis , dit-il å madame Dorlis
re 9 ne peut s^occuper de poésie; un Ministre au-
que raison de trouver mauvais qu'il négligeåt le
affaires pour de semblables bagatelies. Cbarles,
le St.-Firmin , est un jeune officier å qui ces
iccupations sont pardonnables; il faut lui attribiier
lets : il ne refusera pas de les prendre sur son.
Tout s'arrange au gré de Dorival. Charles avoue le*
dont il est récliement Tauteur , et Dorival , déjå am-
r, pour un Mémoire ^ va devenir le gendre d'un
pour une Romance* Mais au milieu de cette. in-
lussi ingénieusement inventée, qu'adroitement fi-lée.
9o6 M É D
sé tron ve un certain Laroche , comttiis-expéditioiiiuure f
kom mc sans luroicres , maia pourtant aussi maé , et plus
hardi quc Dorival , parco qu'il est vertueux» Cet homme
a plnsieurs motifs de haine contre le nouveau favori»
et sa droiture le porte å souteuir St.-Firmin et son fili»
Il tente d^abord une révélation directe k ArUte contre
Dorival; mals ce premier moyen ne lui réussit pas: ilea
emploie plnsieurs autres qui n'ont pas plus de succis»
EnGn il en imaginc un dernier au moyen duquel il trionn
phc. Ariste prolége et secourt la veuve d*un officier de
marine , et fait chercher sons le voile du mystere un
logement pour elle. Laroche persuade å Dorival que cette
femme est une maitresse que le Ministre veut entretetiu
en secret. Dorival , charmé de la faiblease d' Ariste, a li
sottise de lui proposer de le favoriser de tous ses moyenii
Le vertucux Ministre s'indigne d'une telle bassesse. Il m
reste plus qu*å connaitre Tauteur du Mémoire qui vam
une Ambassade : cela n'e8t pas difBcile» On suppoae qm
cet ouvrage a révolté le. Gouvemement , et attiré la dis-
grace du Ministre* Alors Dorival , qui Tavait présenti
comme son ouvrage , le renie , et le vertueux St«*Finliil
le prend hautement sur son compte* Enfin , Dorivi
est dévoilé et honteusement déchu de ses pretentions; Stt»
Firmin triompbe , obtient rAmbassade, et Ariste prome
å Charles la maiu de sa fille.
On voit que le Mariage et 1' Ambassade ofirant uo doaU
noeud , ofTrent une double action , et un douUe d^
nouement; ce qui doit rendre la piéce dotiblement inte
ressante. Ajoutons que les graces du style ajoutent encop
au double mérite do cette piéce , dans laquelle on trouvi
un grand nombre de vers aussi harmonieux, ausii elegans
aussi agréablement tournés que ceus-cit
• JSfM ; éi röva mérites ime place plu» belle ^
Vout devei faire tout afin (Ty parvenir. ^ > ^
Mais valat-il bien moins , vaudrais-je mieux d^ailleurs ,
Hon, j^aime k m^en flatter, eomme en notre åge , il es|
• ••••••••••••••••••••••• •••*••
£t ce Ministre å peipe était disgracié ,
Par Fingrat Dorival, il était oublié.
Il månque ici un que ; mais propablement 1'auteur ea
wira )dacé un de trop ailleura.
Doriyal, en £aisant sa partie , a parlé
C hårades , Madri^aux ; enfin il sVst mélé.
Tant mon homme est doué 6^une intelUgence rare ,
DVssaycr quel^es-^irs!, lea soirs, sur sa goiti^e;
Pour la jenne personne y eUe a hi des romans ,
Prtis d^elle il a joiié Hamour , les sendmens,
Nous aurions pu rapporter une fbule dé vers du mérite
de ceux-ci, mais il aurcdt faliu citer toute la piéce, et nous
y renyoyons le Lecteur.
j^DISÅNT, (le)^ comédie en cinq actes, en vers,
flr'Destouche$ , au théåtre Eran^ais , 171 5.
Od troave^ dans cette piéce,.quelques rapports avec VEis^
pit de Contradiction ; mais le défaut d*action s'y fait trop
lOBtir : et d^ailleurs le Médisant n'a poiat de nnances de
comique ; bien di0érent en cela du Méchant de Gresset ,
qni toutefois est redevable de ces principaux traits å
Destoiiches. Quoiqu'il en soit, cette comédie est marquée
^cotndel'invention; mais Tlntrigue en est trop compliquée.
On y trouve un joli r61e de suivante, dans lequel ma-
^moiselle d'Ångeville débuta, en 1780; elle annon^a dés-
lors ce qu'elle est devenué depuis, une actrice inimitable.
MEDITS, roi des Medea, tragédfe^opéra en cinqactesi
avec un prologiie par La Grange-Chancel , mosique de
Souvard , å Popéra 1702.
Cette piéce est un labyrinte d'événeineo8 9 de caractim
et de sentimens. Minerve, Diane , le Soléil , dos tronpesdB
Frétres et de Prétresscs , des Conjurés y des Sarmates , da
peuples de presque toutes les parties du monde , des Evo*
catlons, des Serpens^ des Torches , des Furies, toutl*Enfer|
que n'en]pIoie-t-on pas pour faire épouser å Tfaom&isy
fillc de Fersée , Médus , fils de Médée ? Quelle surpriie de
voir cette Magicienne cachée , depuis diz ans, k la coor
de Persée, sous le nom de Mérope , revétuo de la dignits
de grande Frétresse de Diane , sacrifier tout å sa tendreiiv
ponr un fils , don t cllc ignore la destinée , tandis qa'ell0
est la premiére victime d'un fol amour? Sous des traits
aussi pen naturcls , Médéc .peut étre cachée å la cour d'iui
Roi qu'eHe abhore ; mais ne Fest-^lle pas aussi trop soi
un théåtrc , oii il faut qu^on puisse la reconoaltre ? S*
rivale offre le tableau d'une amante indiscr^^ dupeda
su confiance ; ton jours tendre , allarmée , quelquefois IW"
•nréc y jamais satisfaite. Thoas est un fiirieuz qui ieat
mettre tout ä feu et å sang , parce qu'il n'est point m^t»
Médus et Thoméris font une dépense prodigieuse d^esprit
et de sentiment , pour se convaincre enfin que la gtbif0
et le devoir autorisent Icurs feux. Minerve , la sage Mi"
iierve prescrit un mensonge k unHéros, etc, etc* Ea voiU
bien assez coiume ^a.
MEFIANT, ( le ) , comédie en cinq actes et ea yefSf
par Borel au théåtre Italien , 1785.
Le stjle de cette piéce est aussi faible que le plan efl
est mal conru» Le caraclére du principal personnage est h peine
, et nul contraste ne te falt ressortir* Ainsi lo
est encore un suj^t neuf , qiii peut étre traité avec
mais qiielqtie dévelopemeat qu'on donne -k ce ca-*
essentkllement froid ^ nous doutons qu'il puisse
cmpllr cinq actest Nous ue devons donc pas nous
gi la plopart des scéues de cette pléce sont sans
et sans intérét , pulsque Fauteur s^est borué k
quelques traits de méfiance , et n'a point saisi
» nuances de ce défaut esseutiel.
1^ c*est le Méfiant , babite un cbftteau k deux lieues
« Gar^on d'un åge mur, il vit avec quelques
Ides -et sa Nsoeur , q\u, toucbée de TabandGn oå Tönt
38 amis, ennuyés de son caractére, a Tesolu de
le , pour n'étre point forcée k quitter son frére «
cbérit malgré ses défauts. Quelque méfiant qiie
nis , il n'eu est pas moins amoureux d'une certaine
e , d'autant plus disposée åle payer de retour^qu^elle
pour son frére le Marquis , la main de la gcné-*
ur du Méfiant. Damis , par une suite de son carac-
ulier , non-seulement se méfie du cceur de la Com-,
US encore la suppose gratuitement amoureuse d'ua
iaron en faveur duquel il parle lui-^naéme* Ceci
u k une scéne assez bonne , et la seule de 1'ouvrage
rouve des intentions comiques. Par suiie de cetie
amis reste convaincu que la Conätesse, doit épou-
ron. Méfiant å l'égard de tout le monde , Damis se
)endant conduire assez facilement par firniin son
. Il veut faire Pacquisition d'une terre qui est
1'utt procés entré lui et Damon , Tun de ses
mis. Il soup^onne , d'aprés les insinuations de soa
; 5 que sa soeur et la Comtesse le trabissent dans
ire ; et il en est d'autant pjus convaincu , qu'il jur-
FJ. O
2JÖ M É 6
prend iinc Ict^re adressée , par la Comlesse , a Daffloit^
Ueltc leftre , qii'il n'ouvre poiDt^ formc tout le nqcud de U
pibce* Damis marque k sa soeur unc méiianccet des soupfons
qiii la revolten t , et elle prend enfin le parti de quitter
un frére aiissi injuste. Mai^ la Gomtessc la ram&ne, en^
gage Damon å céder å Damis la terre en litige , et to paif
Ic prix de ses propres fonds. Alors Damis , revenu de ses
in justes sonp^ons , déclare son amour ä la Comtesse» Lear
contrat est enfin signé , ainsi que celui de sa soeur tvtC
le Marquis. Ou sent que cette piéce , dont l'actioD marcbe
sans entråves , oi!l il ne se passé ancune revolution j ne
pcut étre d\in grand intéréf* £lle n'a donc pu devoir son
succås qii'a la facilité d*un dialogue dont le stylo est^ toute-'
fois , souvent incorrect.
MÉGÅRE y tragédie par Morand , anz Frangals , 1748*
Créon, roi de Th^bes, fut détrdné par Lycns. Gsloi^
ci étalt araoureux de Mégare^ fille de ce Monarque» ^
qui il venait d'cnlevcr la couronne. L'usurpatcur veut for*
ccr la Princesse k Tépouser^ et menace, en cas deréfus^
de faire périr le malhenrcux Créon. Enfin , pour 8au?er
la Vie de son pérc , elle devient la femme du iyrft^
qu^elle détestc. Apres ce fatal mariage , Hercule , qU^
aimait Mégare, et qui en était aimé, arrive å Thebes 9
il apprend ce qui vient de se passcr , et veut se venger d*^
coupable tijcus. Mégare ^ alors, oubliaot son amoury c"
ne consnltant que son devoir , intercMe pour son épou^ 9
dont elle sait qu'on a juré la mört. fiien plus , cUe gagP^
los soldats qui gardent la prison, et procure la liberté ^
Lycus. Celui-ci enléve sa femme , et se dispose å combattT^
son bcau-pére , et son rival. Hercule part sur-le-charop f
fond sur les rcbelles, et sq trouve dans la nécessité d\t^
M É H Ml
icher la vie h. son adversalre; mais, en mSmé-tems, il tqe,
D ne salt trop de quelle manlére , rinfortunée Mégare. Her-
ule , au désespoir de ce meurtre inyolontaire , veut se
asser son epée au travers du corps ; mais on Pen em*
éche ; enfiu il torabe évanoui, et on 1'emporte. Gette piéco
tit sifflée impitoyablement du public , qui se vengea du
cianque de respect que lui avait témoigné Tauteur le
our de la representation de V Esprit de Di^orcem ( VoyeA
rc/te pihce. }
MEHUL ( M. ) , compositeur de musique , i8iö.
M. Méhul a fait la musique d^un si grand nombre
d^opéra, il a obtenu tant de triompfaes , qu'il faut le regarder
comme un de nos meilleurs et de nos plus féconds composi-
teurs. Ses ouvrages sont d'un genre si var ié , qu'il fautanssi
reconnaltre , dans son tal^nt , une flexibilité d^autant plus
surprenantc , que partout il a montré un egal mérite. On
peut donc dire de lui avec Boileau : qu'il sait ,
D^une voix légérey
Passer du graye au doux , du plaisant an sévérc.
En efTeit , tous ses ouvrages ont eu des succés mérités , et
ieront long-tems les délicés de& amateurs de la bonne mu-
sique. Les principaux , sont deux grands opera , Adrien et
Com ; beaucoup d'opéra-comiques , parnii lesquels on
Jistingue, Ariodantj la Caveme , VJmtOy Josephy Mé-
Hdore et Phrosine y Helena^ et enfin JEuphrosine et Coradin.
MELAINIDE , comédie en ciwq actes , en vers , par
la Chaussée , au tbéåtre Fracö^ais, 1741. ,
Ce n'est point ici une comédie; cVst le tableaU tou-
cbant d'une de ces situations , dont la vic hnmaine oflre
q^iolquefois des exemples. Ce genre ne corrige pai les
ndicules 5 mais il intéresse , nxaJs il instrult. On croit que ce
O a
2it MEL
sujet est tiré d^un roman , qui a pour tilre : MadetnoiiéU
Bontems. Quoi qu'il en soit , ce dramc a le défaut. genera
des romans; c^est dcpécher, du molns un pen, contre li
-vralscmblance. On a peine u concevoir commeut le comt
d'Ornaucé , dcvcnu marquis d'Orvigny , a pu entiéremec
perdrc de vuc Mélanidc et son fils; commentMélanideelle
jueme, qni a falt elever ce (ils sous le nom de son neveu,
pu découvrir aucune trace du comtc d^Ornancé. Cen'étaitpa
un homme obscurctignoré; aucune aflaire ne Tavait obligé d
quitter sa patrie : il servait méme avec distinction, et j.ouissaJ
d'unc fortunc éclatante. Il est difllcile de se cacher ave
tous CCS nvautages. Peut-ctre aussi Mélanide, aprös avo:
apercu et recounu le Comte, dillcre-t-elle un pen trop d
se presenter k lui ; mais rintérct touchant qui régne dar
cette piöce, couvre ces légers dtTauts. Elle n*ofire , d'aillenr2
qu\in seul genre , et n*en est au fonds que plus réguliér<
Lcs détails en sont heureux, c^est presque par*tout Texprei
slon de la naturc et du sentiment. On ne doit pointou
bl i er le caractere que Tauteur denne k d'Arviaue st
Rosalie.Il égaie riutrigue de ce drame , et sert å I'animer*
Il y a bien quelque chose å dire sur le titrc de la piéce ,cc
aucun spcctacle sérieux ne doit porter le nom de Comédl^
Selon nous, luie pi(^ce de ce genre ^ prise å la rigueur^ne res
scmble pas plus å une Comédie , proprement dite , qu'ui
Elégie a une Kpigramme. Hest vrai qu'aujourd'hui nous ert
ployons pour ccs sortes de piéces , qui ne sont ni tragiques
comiqucs, et qui sont néanmoins théåtrales^ un mot qui apas
dans notre langne, et que nous avons emprunté des Ancieii
c^est le mot Drame : « Ajoutons-y, disait Tabbe DesfoJ
» taincs , une épith(^tc qui détermine ce tcrme générique å ui
» espécc particuHére. Nous appelons Drame-héroique,C9 €(^
% CciLciikappela Comédie-héroique 3 et hMé/anideåeX
MEL aia
5J Chanssée sera intitulée Drame-romanesque^ jiisqu'ä ce qu'il
y> plaise an piiblic d'adopter le mot noiiveau que }*ose lui pre-
y> sénter; c'est celiii de Romanédie. Il est assez analogiie, et n'a
» rietrqui doive blesser. Comme le public veut bien se préter
» å la disette des sujets et des aiiteurs, et que le Romanesqiie,
» traité avec art , ne laisse pas de plaire sur la scéiie , ces-
» sons en fin de blamer ce genre, qui, quoique bienau-dessou»
» du vrai comiqne , et bien pliisaisé k manier , ne laisse
3) pas d'avoir ses beautés, etd^étre une sonrce dlnstructioa
» et de plaisir. La piece de La Chaiissée est bien capable de
» réconcilier , avec ce genre , ceux qui lui ont été jusqu'ici
» le plus opposés. Elle a beaucoup plu sur le théåtre , et
» ne låisse pas de plaire encore sur le papier y malgré quel-
» qiies négligences de style. Le quatriéme et le cinquiéme
> actes touchent et intéressent infiniment* Est-il étonnant
» que les trois premiers n'aient pas la méme chaleur ? Il
» est des gens qui voudraient étre saisis et échaufies dés la
» premi^re scéne , et qui , ignoraot Part des protases et des
> épitases , ne font pas attention que le feu- est d'autant plus
» vif dans les derniers actes d'unepiéce , qu'il a été caché
» dans les premiers. Je me défierai tou jours de la suite
» d^une piéce , dont le commencement pique et charme le
» spectateur. Une piéce, telle que celle-ci, vaut centdis-
» cours moraux. Enfin la derniére scéne , oii- le Marquis
» reconnait Mélanide pour son épouse , et qui fait le dé-
» nouement de la piéce , est une scéne de vérité , de vertu
» et de sentiment. Cest le triompbe dfc Mélanide et de Theu^
» reux génie qui a imaginé- et conduit un sujet aussi inte*
» ressant. »
Quoi qu'il en soit , son mérite et le patbétique qui y régnent
n^ont pu la garantir des plaisanteries de Piron, qui blåmait, k
jiifite titre , ces sortes deDrames, qu'ilcomparei des sern^oud».
2T4 MEL
Tu vas doDC , dit-il å \\\n de ses amis qui allait å (t n
presentation de Mélanide , tu vas donc entendre prick
le fhre de La Gfaaussée ? On connaU généralement I
couplet mordont qu'il fit sur cette piéce , le voici :
Connaissei-vous sur l^clicon
L^uiie et Tautrc Thalie ;
L^unc c>t chanssée , et l^autre , non ;
Mais cVst la plus jolic. \ t
L^nne a le rirc de Véous ,
L^autrc est froide et pincée :
Salut k la belle aux picJs nuds;
Nargue de la chaussce.
MELÅNIE j dramc en trois actcs ^ en vers , par La Harp
aux Fran^ais , 1791-
Cette piéce k sa naissance eut dans le monde le pl
grand succés* Le stjle manque souvcnt de cbaleui
luais il est elegant , facile et correct. Malgré les défai'
nonnbrcux qui le déparent , Touvragc n'cst donc pas sans n
ritc. Fréron en fit dans le tems une critique fort juste , m
trop amére pour ne pas ajoutcr å la réputation que Vmtk
s^était acquise dans les cercles en y lisant sa piéce ^ av€C
talent d'elacntion qu'il possédait au phis haut degré. A Vi
prcssion ^ Mélanie conserva une parlie de Testime qa'c
avait méritée å la Icctnre, quoiqu'ello JTiatifiåt sous trop
rapports les critiques du malin el spirituel rédacteur del'^
née Littéraire. Fréron réfuse ^ Laharpc lo mérite de l'iiive
tion 'y it lui reprochc d*avoir tiré lo fonds de sa piéce de p1
sieurs romans, de s'étre trainé scrvilcroeut sur les pas
FoutancUe , auteur de la J^estale ; enfin d'avoir puiaé \
caracteres dans Vlphigenie de Raciiie : Ces reproches se
trop justes , et auraicnt pu faire tomber la piéce, s'ils n'oB
sent pas ité présentés avec cctto maligiiité, si étrangére i
ytisticé et i la raison. Fréron trouve qu^ n'y a dans c«
drame , ni actlon , ni ressorts ^ dl suspensioQ ,\ii revolution ^
par coDséqueut point de mojens dramatiqués. £n efiet,
toiit marche , depuis le ^exposition jusqu'd la catastrophe ^
lans que les principaux personnages trouvent le moindre
obstacleå leiirs desseins.Cest blen lå la maniére des Anciens :
ils n^admettaient dans leurs pifeces qufune seule revolution ,
qui en faisait le dénonement y et boulevertöit ce qu^on
avait lien d'attendre de ce qui s'était passé précédemment,
Mais ici le dénouement n^est pas méme une revolution»
Mélanie mcurt 5 et , pour qu'il y eut une péripétic il aurait
falliiy qu'au lieu de mourir, elleépousåt son amant sous
les yeux de son crniel pfere et de satendre mére. Unecourta
•nalyse de Touvrage prouvera que c'est avec raison que nous
«omines de Tavis de Fréron, quoique iious désapprouvions
le ton de sa critique ; ton plus propre ä dégoflter un homm^
deletlres, qu*å le diriger dans une carriére difltcile.
Mélapie est au couvent depuis sa plus tendre jeunesse ; elle
t'y est habituée aux moeurs et aux usages des religieuses :
«De a toujours paru aimer la retraite , et cfondescendrcf
*ux vues de M. de Faublas , son pére , qui veut lui fairo
prendre le voile , pour laisser toute sa fortune å un fils
C|«'il idolåtrc. Mais madame de Faublas, est alléfe ren-
dre visite k sa fiUe avec Monval« A l'aspect de ce jeune
tomme , le feu de Famour s'est allumé dans le coeur da
Mélanie ; et å 1'aspect de Mélanie y le cc&ur du jeune
homme s'est embråsé des mémes feux. Bientot les grilles , la
gnimpe, sont insupportables å la jeune novice* Ce n'est
plus Jesus qn'elle veut épouser , c'est son amant. Ces
jeunes gens se conviennent sous le rapport du rang et de
k fortune. Madame de Faublas desire clle-méme ceti«
ut)ion ; mais son mari est inflexiblc j^ il veut absolument
n6 MEL
sacrifier sa fiile anx lutérets de Mclconr, son fik« De^
liaissent de grandcs disen ssions cntre Tépouse et répouzt
On fait venir ua Curé poiir étre médiateur. Le p^ croit
que Tautorité du Fastcur portera sa fille å lo satisikiie;
point du tout. Lors que cct honncte homme connatt ia
lépugnance de la novico , il se déclare contre le pére* >
Tout ccla produit des dlscours et point d'action : Hme»
de !Faublns pleure ; M. do Faublas se fåche ; Monval
8'attendrit; Mélanie se déscsperc. Au railieu de tout Cfl
trouble , on appreud que Melcour vient de périr de la
main d*un rival. M. de Faublas , qui n^a plus de motib
pour sacrifiersa fille, va conscntir å son hymen avec
Monval , mais la malhcurcusc Mélanie s'est empoisonnée;
et elle vient cxpirer sur la scéne en maudissant son pére. Mon-
val veut se tuer aussi ; mais Ic Curé Fen cmpécbe ^ et la piico
estfinie.Nousn^ajouterons rien ånos reflexions. Cjetteanalyae
justific assez ce que nous avons dit du défaut d^action de Ii
plécc; mais nons croyons pouvoir assurer que la beauté
des détails racbéte ce défaut. Si Fréron s'est plu & citer
»ne cinquantaiuc de mauvais vers , pour avoir le plaiiic
de Ics critiqucr , nous pourrions lui répondre , en citani
tout le reste de la piéce , et nous prouverions que y si
La Harpe u^est pas un grand poctc , il fut au moios
un de nos meilleurs vcrsificateurs«
MELCOUR ET VERSEUIL, comédie en ua acte, €D
vers , parM. de Murville , auxFran^ais , lySS.
Melcour et Versen il aiment Angélique : le premier est ua
homme cstimable ; le second n'est qu'un fat^ Angélique , sur
Ics instanccs de Melcour , se détermine k donner å VerseuS
son coiigé^ mais, par délicatesse, elle le lui donne dans ud9
leltrc qui lui est i:emise sous cnveloppc. Le corps du biĀ^
M E ti 11^
est de la main d'Angélique ; Fadresse est écrite parr TTérine ,
sa femme de chambre* Verseuii re^oit le billct : d'abord soq
orgueil hn est humilié , puis , å ce mouvement , succéde le
désir de se venger de Melcour , qu'il soup^onne d'étre Tau-
teur de sa disgråce. Comme iNérine est déjå dans les intéréts
de Verseuii , le fat liii propose de lui faire épouser Frontio ,
qii^elle aime , ot de lui doDiier une dot de mille écus , sielle
consent å mettre le congé sous une nouvelle enveloppe, et å
Tadresser å Melcour. Nérine se laisse gagner. Melcour re^oit
le coDgé , est auéanti , furieux , projette d'abandonner å
jamais une perfide y sort , rencontre sa maitress^ ^ lui parie
d*UD tOD et avec des expressions qui la confondent , se retire^
puis revient, et, dans une nouvelle expljcation découvre
le mysfére , voit chasser la soubrette et éeonduire Verseuii;
eofin il éppuse Angélique.
Gette bagatelle est assez bien écrite; mais Pintrigue en est
amsi mal con^ue que mal développée, Ce sujet avait été
inis en scéne par M. Rådet; M. Mur ville Fa essay é avec
aossi peu de succés*
MELEA6RE , tragédie en cinq actes et en vers , par
Benzerade, 1640.
Méléagre,Toxée etPlexippe , ses oncles; Jason et Thésée,
ses amis, se préparent a la chasse de ce terrible sanglier qui ra-
vage depuis long-tems les champs de Calydon. Rien n'égal©>
Urdeur des Cbasseurs, si ce n^est celle de la jeune Atbalante,
qui est venue poiir partager leur gloire el leurs dangers.
Déjanire , soeur de Méléägre , qui connait Tamour de
son frére pour cette jeune Princesse , veut en vain la
iétoiirner d'u ne chasse aussi périlleuse, et tåcher de lui
inspirer un retour de tendresse pour ce frére qu'elle cbérit«
Athalante reste ferme dans son desaein , et suit les guerriers 4
/
Si8 MEL
la poursuite du furiefux animol, raalgré les priires de soa
amant qui lui dit :
Madame , plftt an cicl qne d^aussi bonne gr&eey
Voas fiissifiB obligeante aillenrs qu''en cette ohasa*.
Vous pourries beanconp faire en une au tre aciion ^
Blesme pour vet re lioiineur , et par com passion.
L''effroyablc sanglier qui détruit ma prorioce ,
Ne fait pas tout le mal don t soupire son Prince.
Vous pouTez Tobliger saus frappcr un seul coup ,
£t , de Tolre pitié, ce Prince attcnd beauooup.
Enfin , les Chasseurs sont partis. Althéc , mére de lléUft*
«:^re, parait remplie de crainle pour les jours des priocei
ses fréres, et sur-tout pour ccux de son fils; mais eltfis»
rassure sur le sort de ce dernler, parce qu^elle aéteintb
Tison y ä la durée duquel les Parques avaient attaché
celle de ses jours.
La chasse est commencée : Athalante , déjå fatiguée ^yinl
reposer å l'ombre d'un bocage, au lieu de poursuivie le saS"
glier, Méléagre lasuit, se cacbe et Fécoute, tandis qn'olb
adrcsse k Diane une priére qui le désespére : enfio , il M^
montrc. A* son aspect, Athalante étonnée , lui dit s
Hé ! qne faisiez-vons lä , qu''on ne vous Toioit pas ?
Méléagre lui repond :
Je vous soiyois, madame, et marchois sur ros pas.
Il se jette tout-å-coup å ses genoux , et lui fait une loDgne
déclaration amoureuse bien fade, et pleiise de qiiolibets>tieb
que ceux-ci :
Je sais que vos rcgards me derroient mettre en poadre ,
Si la ooinpassion ne retenoit oe foudre.
Aquoi Athalante lui répliquefroidement, mais arveejustesies
On m'a dit qu^en amour Ics tourmens vtTitables ,
Par un simple soupir , estoieut plus remarquablea ^
MEL ai9
- -Que par cent béanx discours, pieins de fleurs et d''apas ;
£t qa'*on disoit bien plus quand on ne parioit pas.
'amant, désQspéré des froideurs de sa maitresse , veut se
)DQer la mört, mals elle Ten empécbe, et tons deux retour-
iDtå la chasse. Bientot on appreod qu'Athalante a, la ptc-
iér&, blessée le saDglier. Acaste vient ranaoocer å Althée ,
iii lui dit :
ContQrnous en deux möts une telle aventure.
als ces deux möts sont une tirade d^eaviron cent vers ,
UQU lesqiiels on remarquc cetiz-ci :
£Ue bände son are f et préte de tirer ^
Visan t d''une juste$se k nulle autre pareiile ^
Elle atteint cette bete an-dessous de Toreille.
ibéte , devenue plus furieuse par cette blessure , se préci-
te.sur la troupe ; mais le bra ve Méléagre .s'avaace au-de-
iQt du terrible animal , Fatteint et Fabbat. Qa raméne le
érosea triomphe sur le théåtre , et on le couronne de fleurs ,
ais il remet ces trophées å sa chére Athalabte , å laquelle
attribue toute la gloire du succ^ , il dit :
Belles fleurs, parea-Ia , contentea moa enviey
£t pres d^un si beau teint , ne séehez que d''e]iview
i modeste Athalante lui répond :
Cest å vous qu'appartient cet éolatant bonheur^
Ke m''étoufez donc pas de TOtre propre honneur.
prés un assez long cQmbat de modestie , on apporte la
re du sanglier sur le théåtre, et Méléagre la donnc encore k
lialante ; ce qui ne convient pas å ses CHicles , qui ont souf-
tpatiemment qu'il lui donnåt les fleurs, mais qui veulent
Dir part å la biire. Ils iinissent par l'arracher des mains
Uhalaute, et par s'enfuir. Méléagre, indigné, lespoursuit
es tue. Il revient apres ce bel ezploit , et obticnt alot»
220 MEL
de sa maitresse I'aveu le plus tendre > dont Tolci un één
tillon : •
Yons verrez qne pour yous ma flamme eSt asscz forte»
Et qu^cUc va si loin , quc mcsme cUc se porte
Jusqirå ces moavemcns récclés dans le fon» ,
Que nous n^exprimons pas y et quc nous ressentesK
Voycz. apres cela de quoy je suis capable ,
Et si je vous doys plus quc je suis inaoWable.
Isotis ne finiriöns pas , si nous voulions citer toutes
pointes qui rendent ccftc tragédie si comique : marchonsi
le dénouement. Dés qu'AUhée apprend que Méléagre atirf
deux ondes, ellc alliimc leTison auquei est attaché le fil d<
vic* Tout-å-coup, tandis qn^l brule d^amour å c&Cé d^Ai
lante, il se sent embråsé d'un feu d\ui autre genre qui
vore ses entrailles. Hest prés d'expirer, mals sa somrDéjiB
arrache le Tison des mains d*Althée, et voilå Méléagre goi
Il se porteraitbien encore, si sa cruelle måre n'ent ralluiD
fatal Tison , etneTeut laissé seconsnmer entiérement; ee
cansa la mört du Héros. Enfin , désespérée du crtme qQ^
a commis , Althée va plourer sur le corps de son fib^
tnc , et tout est consommé. Nous croyons poavoir n
dispenser de faire des reflexions sur cette tragédie , qui se
tres-plaisaute , s'il n'y mourrait que le sanglier»
MELEA6RE , tragédie par La Grange-Chancel , l6g
On sait rhistoire de Méléagre y fils d'Oénée , roi de C
don. Althée , sa mere , en le mettant au monde , vit lea .1
Farques auprés du feu , qui y mettaient im Tison , en din
v Get enfaut vi vra tant que ce Tison durera : » apres quoi <
so rctirérent* Althée alla promptement se saisir du Tison.
toi^nit et le gärda avec soin. Méléagro -, å l'Äge de qti
atis , oublia de sacrificr k Dlaue , qui , pour s'ea vengerj
MEL 22i«
Toya un sanglier ravager tout le pays de Calydon. tes Prince« ,
grccs s'assernblércnt pour piirger la terre dé ce Möns tre ;
Méléagre eut Phonneur de le renv«rser , ei en offrit la huxe ii
hbelle Atfaalante; mais les fréres d'Althée furent jalcRixde
cette victoire ; enfin , comme dans la piéce précedente, Mé-
léagre les Uia^ etépousa Athalante* Pour venger la morl da
ses fréres , Althée jeta au feu le Tison fatal; mais dés <j[u'elle
vit son fils mört , elle se tua de désespoir. Ce sujet est biea
plus propre au théåtre lyrique , qu'å la scéne fran^aise, Ce
Tison , jette au feu par AUhée , par une mére , est révoltant^
la Grange a eu Tadressc de le transporter dans les mains tlc
B^aaire , fnaitresse outragéejmais le spectateur n'estguéres
plus satisiait ; il n'admet pointla magie sur le théiitre des
ComelUe et des Racine.Deplus, Athalante, qui n'ain]eque la
dhasse , n'est point uo personnage å nous oflrir, Penthésilée,
GRmille , Clorinde , etc. Toutes ces Princesses, guerriéres, in-
(éiessent peu notre nation , plus amie de Venus et des Graces.
On ne doit point substituer aux agrémens d'une toilette , Tap-
ptreil d'uQ casque , d'une cuirasse et d'un javclot.
MÉLÉAGRE , tragédie en cinq actes , et en vers, par
M. Lemercier , aux Franrais , 1788.
Alexandre Hardy , Pierre de Boussy , Benzérade , Bour-
»aöit , La Grange Cbancel , et Jolly , ont traité ce sujet
successivemeot , et tous d'une ncianiére trés-malheureuse.
Athalante , princesse , aimée k la fois de Méléagre et du
Grand-Prétre Zoroas , a -dérobé å la naort un enfant qu'on de-
vait immoler å Diane. La Déesse , pour se venger, a envoyé
kt{)este chez les Calydoniens , et son courroux ne doit s'ap-
paiser que par le sacrifice du coupable. Bientot on découvre
qw c'est Athalante ; et c'est å Méléagre ä Timmoler. Sur son
lefus , on exige qtie ce soit Zoroas : alors Méléagre , sur de k
v322 MBL
pertc de son amantc , so retire désespéré , et, dans sa fuieiff
liic les deux freres de sa mére , Althée. Le reste est coDforme
k h\ fablo.
Le style de cettc piéce ofire des inégalités , de la laiUesse
rt des réminisccnces , mais ou y trouve aiissi de Fékui , ds
hl clialeiir, et des vers qui annon^aicnt déjå V&uttxu d!jtgih
ineinnon.
]\I£LEZrN'D£ y comédic - héroiquc en troLi actes , ea j
vers , par Lebeaii de Schosno , anx Italiens , 1758*
Zarés , époux de Mélézinde , exilé do la cour du Mogpl ,
se rend sous un déguisement dans une ile, dont Sélime, péio
de sa femme , est gouvcrneur. Il s*y falt élévcr å la digoitédB
Grand-Frétre , et fait répandre un iaux bruit de sa mört, poor
voir si, selon lacoutume des lndes,son épouse consentiraåN
bruler pour hii. Mélézinde ne manque pas de se déTOUd ':
nu bucher. Zarés, vonlant connaHre si c'cst 1'ainoar on b J
préjngé qui la détermine , met tout en usage pourpénétier ■■
SOS scntimens , et lui ofire méme de fépouser, l'opioioo j
gi^uérale étant de regarder avec la plus grande vénératioDy j
une fcmme qu'un sacrificateur arrache au bucher ponf loi ^1
donner la main. Cette artificieuse proposition jette Méléxiod* I
dans un grand embarras. Pour surmonter les obstacles qife son *|
ptTc et le Grand-Prétre , qui parait Taimer , peuvent mettA ^
å sa mört , elle prend le parti de dissimuler , et fait voir , i
cc dernier, peu d'éloignement pour Thymen qu'il lui propoN*
Il rccoit , quclques instans apres , un billet écrit par MéU*
zitide sous le nom de Zémire, jeune veuve , son esclave.Go
billet lui apprend que Mélézinde rénonce å mourir , et co0"
sent i\ Fépouser ; que pour Tesclave Zémire , elle est rt-
soluc ii se sacriCcr pour Zima, son époux , mais en secret et
sDus le voile. Tout se dispose pour cette' cérémonie; b
M É L 143
TTaod-Prétre cooduit la victime au bucher : alors Sélime ,
on beau-pére , parait un poignard å la main , et arrache
B Toile ^ qui , au liett de Zémire , laisse voir Mélezinde ,
letue.en esclave. Le Grrand-Prétre , convaiucu de la tcn-
Iresse de ^a femfne > se fait reconnaitre par Zarés* On trouve
am rette piéce quelques Arléquinades ; ma» elles son t
ömme 'épisodiques.
MÉLlCERTE , pastorale-^héroique » en deuz actes , ea
ers, parMoliére, i666*
Le génie de Moliére le servait å son gré; ce grand faotnme
avait le plier å plus d'un genre. On est frappé de la délicatesse
luHétale dans las deux actes de Mélicerte , pastorale qu'ii n'a
>oint achevée. On a aussi inséré dans ses oeuvres le fragment
iW autre pastorale comique ^ mélée d'entrées , de balleta
t de scénes en niusiqtie»
MÉLIDORE ET PHROSINE , drame lyrique en trois
ttes, en vers ^ par M. Arnaud , musiquede M* Méhul^ å
Opéra-Comique , 1794»
Tout le monde connait Phrosine etM.éUdore , de Gentil*
»emard : c'est ce poéme intéressant qui a föumi le sujet de
QféiB,åe]\feädore et Phrosine* L'auteur s'est écarté du poeme
K Bernard; et, ce qu'ily a ajouté de son inventlon, n'^st pasle
lus i^ible de son ouvrage • Ici, au lieu de trois fréres, qiii tous
« trois brulent d'une flarame incestueuse pour leur soeur,
hrosinc n'en a que dcux : elle est sons la tutelle d'Eymar ;
uiis elle adore en secret le jeune Mélidorc ^ simple citoyen
lift ville de Messine» Eymar veutla détacber de cette pas-
on , et Tunir å Roland ; mais Phrosine attend son frére
ules, dontia tendresse lui assure plus de protection. Jule^
rtive e.n eflbt : »on amour crimlnel sVxalte åun tel point^
A24 MEL
qiie Fhrosine croit devoir lui avouer franchemeDt qu'eOl
aimc Méiidore et qu'elic en est aimée* Tout-Å-coup Julei
cntre dans un accés de fureur si efTrayant , que lä timidt -
Phrosine , dans un entretien sccrot avec Méiidore , conunfc
a fulr ses tyrans , et å se rendre avec lui auprés d'un virtueax
soHtaire , dout tout Messlne admire la sagcsse et Tait de d^
voiler Tavcnir. Au moment oh ces jcunes amans vont8'eoi-
hurqucr 9 Eymar parait : il attaquc Méiidore; qui, de son
rotc y met Fépéo å la main , et le jette sur le carrasoi
Le vainqueurestentrainé parscsamis,pendantquejulelvi0nt
arré ter Fhrosine^ déplorer la mört de son frere, et jurerqu'ellB
sera vengéo sur Méiidore* Gependant ce dernier s'estréfugi6
dans une caverne aupres du solitaire; mais ce 8oIitairen'ezialB
plus. Méiidore peiit prendre ses habits , pour éviter In
poursuites des Faventins. A peine est-il déguisé que Jnl^
lui-méme^ lo prenant pour le solitaire y vient lui ameoK *
sa sGeiir , afin qu'il la reude plus docile aux volontés de H j
famille. Quel bonfaeur inattendu pour Méiidore et Fhrosiiwl !
Ces deux amans s'entretiennent en secret , et conViemMDt ^
qiic , dés qnc la nuit sera vcnuc , Phrosine se sauvera deU i
prison , k Taide d\m pilote ; qu'elle s'embarquera sur lecir '■
nal qui balgne les rocliers de Tile du Solitaire , et que Heli* ,
dore attachera un faual k l'un de ces rochers , pour dirigR *
la marche de son amante. Tout étant couvenu ^ Julesvient •
reprcndre sa soeur , pour la renfermer dans la prison qu'illai
a destinéc. Méiidore attend avec impatience la nuit qiu
doit combler les voeux de Famour, et punir les crimes.ds >
Forgueil; elle est bien obscure ! Un orage afireuz est fxh
d^éclater; et déja Méiidore a fixé le fanal. Gependant la tempéto
.Vaccroit; Tarrivée des malheureux naufragésqui viennent ao
Tcfugier sur les rochers, met le comble å Tinquiétude da
toodre awant de Phrosine i cnfiu , un léger esquif vwut
HEL ttS
ucliet le bord i.nn liomme en sort; c^est J\iIeft!.k.kV
iiles , pdle , égaré , comme na hbmiiie qui vient de com-*
lettre 110 crime ! Mélidore rinterro^ avec efiroi : Jtiles ,
ni le prend toujours pour le solitaire, lui ratonte qu'il a
écouyert les projets de sa sceur pour re^indre soa amant •
iofSline Juies a suivi ses traces sur le canal i Pfarosine l*ayant
per^u å la luenr des éclairs , rinfortunée sVst précipitéa
ans le canal , en pronon^aot le nom de son cher Méli-
ore ! et le inonstre a eu la barbarie de la frapper d'un flam-
leau , qu'il tenait pour éclairer sa route* Les (lots ont poussé
Fules dans l'ile ; mais il Ignore ce q<i'est devetiue sa malheu*
'eusé soeiir. Qu^on juge du désespoir de Mélidore : l'ainour lui
loaoe des forces ; il se jette dans I'eau du hänt d'un rocher ;
^bientot il ramene sa Phrosine en nageant, au moment oh.
afoudre vient de réduire le rocber en poudre. Fhrosine est
tris-peu blessée.Enfin , Jules rougit de ses forfaits, et consent
J^ruDioo de deux aoians qu'il a si cruellement persécutés.
Tel est le cadre de cet ouvrage , dont les deux premiers
ictes sur-tout sont remplis de tableaux et d'efiets ; le troi-
täme oITre quelques loogueurs dans lé commencement ; le
déoouement Ini-méme est amené par des évéqemens un pett
Wusques; mais, en general ^ce poérae est écrit avec pureté et
dialeur , et son eosenrible fait excuser ce qu^il a de romanes-
fueet d'ibvraisemblable«
MÉLITE , comédie en clnq actes, en vers , par Pierre
Corneille, i6;St5.
Eraste et Tircis étaient amis; ils dévienuent rivaux, et
Uélite opere ce cbangemenl. Tircis, quoique nouveau venu ,
estl'amant préféré. Eraste, instruit qu'on lejoue, cherche å
le venger 5 il contrefait des letlres de Melite , et les fait re-
meltre å Philandre , autre pe^rsonnage , ami de Tircis , e|
Torne FL P
QiDant Ac sa sopur. Pbil&Ddre d^est pas moint prompt å se di*
terminer quc l^élite; il croit en étre aimé sans lacoDDalbe,
ot , pour 8'allarhei å elle , il renoace k Cloris , qu'il alUt
épouser. II joiut riodiscrétioii å rinddélité , et commniiimfi
å Tirris la letlrc qu'il croit avoir re9ue de sa nouvelle mit-»'
tresse ; elle met le désespoir dant Tame* de son rival. Tirdi
gai'de cetle lettre sans obstarlo , et la remet k sa soenr ^ quf
la porto ii Mélite* On annonce å cette derni&re la mört dB
Tircis , causée par son infidélité. Mélite sVvanouit ; en Fem-'
porte , et bientot Eraste apprend qu'il n'a plus ni maifareBM |
ni rival. Il perd Tesprit , et scmble agité par las Furies. Cot
dans un de ces accés , que prenant Philandre pour Mélite | il
rinstruit de la fansscté des lettres qui lui ont été remiaei.
Pbilandre se rclire plein de confusion. Mélite n'est point
morte ; et bientot elle apprend qne la mört de Tircis nU
qu^une feinte pour Téprouver. Les deuz amans se rémnsaaoC
et sVpousent ; Eraste y consent » s'attache k Cloris » et !e ttof
crédule Pbilandre est sacrifié.
Tel est Iccanevas de cette piéce , k laqueUeVamotir domé
oaissaDcc. Un jeuno bomme conduitun de ses smis cUi
une demoiselle dont il est amoureux ; ce demier s^n fidtlfrl
mer ^ et parvx^nt k s'établir sur les ruines de son introdoctBUf.. •
Le plaisir qne lui causc cette avonture le rend poete; il eihfiff '
une comédie , vollå le grand Corneille. La demoiselle tjji
enavait faitnaitre le sujet, porta long-tems le nom de Mélite>
Dom glorieuz pour elle , et qui l'associait, pour ainsi direyl^
toutes les louangcs que re^ut son amant. Le public ne reiidn
pas k cette pi&ce toute la justice qu'elle méritait ; et ce ne bt.
qu^aprés plusieurs representations qu'Il reconnut sa slIpéricH
rité sur celles qui Tavaient précédée. Corneille lui-méme
en rel&ve les défauts dans 1'examen qu'il en fit. L'unité d'ao^
UoA est la aeuje qui y soit obsexvée ; il avouo en avoic ^4
tbdevableau seul denscötnmun qui leguidait s et, comme on
k tolt 9 le sens commaa avait été extrémement rare ju8qu'a«*
lon , et cé qui ne Fetalt pas moins , c^étalt un certain air do
décence qui régne dans cette comédie. Hardy , qui était l'au-.
tern banal du théåtre , et qui était associé avec les com^
diens ^ pour une part , méme dans les piéces dont il n'étai€
pas Tauteur , répondait k ceuz qui lui apportaient son con-
tingent des representations de Mélite : Bonne Farce ; parce
que le succés de cette piéce fut si grand qu'il s^établit une
fiouvelle troupe de comédiens , le théåtre devant étre désor^
mau plus fréquenté qu'il n^avait ^té jusqu^alora»
MÉLODRAME. Ce mot ne désigne pas méme le caractera
de ee genre de spectacle, qui tient du Tragique, puisqu'on
. puty faire paraitre des Rois et des Princes i da Comique y
fnisqu^on y présente les vices ordinalres de la sociiSté ^
vt les petites passions de la claase du peuple $ du Lyrique >
foisque tous les personnages, n'y parlent «t n'y agisse&t qu'au
iQDclesinstrumens de muaique» Il aurait donc fallu employec
fiatre möts pour définir cette espdce de Monstre , sorti dii
^cerveau de M« Cuvellier , ^ comme Minenre sortlt toute
1^ innée de celui de Jupiter. Quoiqu'il en soit, gardoni*
[ Bousbien de regarder le Mélodrame comme un .chef-d'oeu<-
; tre de l'esprit bumain $ c^est , dans la force du terme y ulie
. .ilperfétation dramatique , d'autaut plus facile a enfanter^
MU*on peut emprunter toutes les partles qui le con^stituent*
Y X«e Mélodrame , en un mot , est ce qu'Horäce définit avcc
i.tlnt d'e8prit , dans les premiers vers de son épitre aiix
[JKsons , que nous nommons Art Poétique* Humano tapili
cervicem pictor eguinam pingers d velit , etc. , etc. Sans
doute cette definition 4'uQa sorte de piéces qne les Aocleaf
P a
aa8 MEL
v'aura!cDt Jamais imaginée en proiive Bssez tes vlces , ind^
peDdamment do toiites obscrvationft tiltérieures»
On peut introduirc dans le Mélodrame des personnagei
•de toutes les classes ; oii peut leur faire parler le langags
le plus noblo commc le plus trivial ; de«lå nait h ;
facilité des contrastes. Un Roi n'j est point déjdacé i \
•coté d'uii Falefrcnicr , qtiand il le rend compUcc de qnet- '
ques desseins hardis et criminels. L'auteur peut transpertn
BOS personnages å cent lieucs de l'cndroit ou ils se tnw- <*
veient ati commenccmcnt de Taction; fl peut å son gn
composcr le noeud de 1'intrigne , soit du caractAre , adt
des passions de ces personnages , soit du lieu qu'il8 hah*
tent; il peut, pour rompre ce noeud, emplojer Ics Homifieii
JaMagio ou les Dicux : twit est donc a sa disposition* Tint
de moyens, sans doute, prouvent älafois et la faciKté du guBnj
,etla fécondité de son inventenr, et le bon gouft du pnblicqni
raccueille , puisqu'il est vrai de diro que souvent les Aét; '
tres du Boulevard régorgent de spectateurs , tandti tfl^ ■:
les Frau^ais préchent dans le désert. Gette opinion, qni
n^est que trop bien fondée, prouve assez que npns n'avoM
:pas du analyser 9 dans cet ouvrage, les pl^es de cegBiSB#!J
•et que nous pouvons légitimement nous dispenser dp^
^aire mention de celles qui ont obtenu le plus de faveor-
MÅLOMANIE (la) , comédie en un acte , mélée duietMjl^
par MM* Grenior et Champein, k la comédie Italienné, ^'Må
Un mélomanc , qui veut qu'on ne parle chez lui qinVj
musique , et que tous ceuxqui i'approchent 8oientMiisicinA||
poussc Tcxtra vägan ce jusqu'årcfuser de donner sa fiUe &MiM'
amant , dans 1'intention de la marier å un céidbre virtuose^
t^ommé Fugantini f qu'il n'a jamais vu; mais Tamant i4
!i
MEL ti9
passer poar le virtuose , trompe le pére, et en obtient
lain de sa fille.
n Toit que le siijet de cette comédie est des pltis légcrs ;-
\ la mnsique a regu de justes applaudissemens»
tELOPEE(la) , était dans lä musique grecque^ Part ou lei
3s de la compositiöD' dii chant , döDt réxécutiön slappe*
mélodie. Les anciens avaient diverses légl^ pour la ma-
e de condiiire lé cHant , par degres conjoints , disjolnts ou
6^9 en montant öii en descendant. Onen trouve plusieurs
8 Aristoxéne, qui dépendent de ce principe; que, dans
tsjstéme harmonique^ au quatriéme son,, apres le son
iämental , on dolt toufours frapper la quarte ou la qnrate
B , selbn qiie lés tétracordés sont conjoints ou disjoints |
frence qui rcnd un mode quelconque authentique ou
;al , au gré d\i> compositeur. Aristide ^ Quintillén divisent
« ia Mélopée en trois espéces , qui se rapportent å au-
de modes , en prenant ce nom dans un nouvcau sen^t*.
premiére était lllypatoifde , appelléé aihsi de la cordé
»te, Ta priucipale ou la plus Basse, parce que le cBant ré-
it seulemei^t sur les sons graves , ne s^éloignait pas de cette
le , et ce chant était approprié au mode tri^gique. Ia se-
äe espéce , la Mésoide , de Mese , la corde du milieU , par-
|ue le chant roulait sur les sons moyens , et celle-ci rc-
dait au mode Nomique, coniacré å Åpollon» Ea troi-
le 8'appelait "l^étoide , de ISTete , fa dernidre corde ou la
; haute ; sen cbant ne s'étendait que sur les sons aigus , et
itituait le mode Dithyrambiquc ou Bachique. Ces rnode^
.vaient d'autres qui leur étaient en quolque maniére subor?
nés, et variaient la Mélopée, tels que rÉrotique ou amou-
I j le Comique etlTEncomiaque destiné aux louangescXou^
23ö MEL
cesmodesétantprdpresJLezciterouåcalmercertamespasttoiii^
influaieDt beaucoup sur les moeurs; et, par rapport å cette In*
Suence , la Mélopée se partageait encore en trois genres; tt»
Toir , le Systaltlque , ou celui qui inspirait lea passiov
teudres et affectueuses ^ Ics passions tristes et capaUei ds
xesserrer le ccbut ; snivant le sens méme du mot grec : b
Diastaltique , ou celui qui était propre k l'épanouir en eieit
iant la joie , le courage , la magnanimité et les plus gramii*
Hentimcns : rEucbastique , qui tenait le milieu entra lei
deux autres , c'est»å-dire ^ qui ramenait Tame å un état ds
tranquillité. La premi&rc espéce de JUélopée convenait US ]
poésics amoureuses , aux plaintes , aux lamentations et antm '
czpres8ion& semblables^ La seconde était réservéa ponr ka ;
tragédies et les autres sujets héroiquea ;. la troisiéme ^ ponc ;
les hymnes ^ les. louanges , les instructionsiL
Corneille observe , au sujet de la Mélopée^ que les tA*
gédies , daAs lesquellea la musique interrompt la déclaai- ■^
tion , font rarement un grand efiet % parce que l'une étodb '
Tautrc. Si le morceau déclamé est intéressant ; on est flcU i
d'cn voir 1'intérét détruit par des instrumens qui détcmxiMt |
l'aUention ; si la musique est belle y Toreille du spectatevr x^
tombe avec peine et avec dégofit de cette barmonia an xedt
simple, n n'en était pas. de méme chezles, Romains^ dontk
déclamation , appcllée Mélopée , était une espéce de chanU
Le passage de cette Mélopée k la sympbonie des. chcBOis»
O^étcmnait pointroreiUc et ne la rebutait pas..
MELPOMENE VENGÉE , parodi» mélée de vauåwiOe»»
en lin acté, en prosa, du ballet de& Amours: des. D4BUes%
par Buissy , au tbéåtro Italien ^ 1729,
Melpoméne est endormie sur le J^arnasse , lorsqae des, cti^
^u'cUe entend dans le sacré vallop ^ Téveillent ejx 9UM^
XHe est ioate étomtée de Toir qn'on ait raeontci sa robe peiH»
dmt son sommeil , et eQe jnre de ttrer raison decet oiitrage«L
Un Gascon Tient la plaisanter de la voir en peNå-1'air. Diantt
leremplace , et annonceitMeipomioe le nouvelaflront qn^oil
lui a fait å Topéra , od Uon représente sas amonis arecLitraSy
uiventeuT de FEIégie. La Déesie des foréts ajotiteqii^dles ont
ététouteslesdeux également insnltéesdansle ballét åe^Amours
des Déesses , puisqne , malgré le respect d& a la chasle
Diane , on la fait coutir aprds Endymioo , et qn'on la noontri
aoTtant des enfers sur le char de Pluton , qin T.eut bien avoic
la complaisapce de la conduire anprés de son rival. Aprte
cette scéne » TOpéra , la Comédie-Frangaise , la Comédie-
Iftalienne et 1'Opera-Goiiiiqne arrivent ensemble , et parlent
tons ^quatre å la fois. Cette. scéne est une image du désor^-
dre qui régnait sur tous les théåtres. On reproche å TOpéra
d'admettre des bouffons; å ta Comédie-^Frangaise , de faire
chanter des pastoroles ; k la Comédie-ltalienne , de représentet
des tragcdies ; et å TOpéranComique , de donner dans le sé-
tieny. Il vient ensuite un monstre å trois tetes , qui s'ap-
pelle les trois spectacIe8*.Ce oouveau Cerbéroa^un casque sur
ktéte, une höulette ålamain., un brodequin iaespiedts', etuoe
afficbe de lacomédie, enforme decuirasse«MeIpoméne,qui le
reconnait, le < fait dégrader, pour le punir de Tavoir mis en
pet-en-1'air. On lui åte le casque 9 la boulette , le brodequin,
etpn ne Ini laisse que Tafficbe de comédie; ce qui signifié
que , dans la piece des Trois Spectacles , donnée au tfaé&tre
fran^ais la méme année , rien n'avait réussi que la comédie
Ae VAs^are Amoureupc : les deux autres actes étaient PoUxénc
tipagédie , et Pa/i el Doris , pastoral6> Ijrique*.
lAÉLUSlNE , comé4ie en trois actes ^ en prose , avec des
dlyerti^aenxens ^ par Fuzcliet ^ aux Italiens | IJ^^^-
sSa hem
Mélastne apprend k son valet TriveliD , qnVlIé est tnÖB^
reuse d'itn aimable caralier qni parait sur sa terre de L«-
aignati , et qii'clle y a retenu par ses encbantemens. Aa
néme instan t , ud In lin vient Tavertir qirnne jeune d»-
moiselle et sa nonrrice sont sur sa terre , et ne penveol eo
aortir sans sa pemnission» Le marquis de St. Fleur , et Sch
pin son valet , qiii sont la prvtendue demoiselie et sa prétoff*
due nourrice , appreoncnt que le marqnis de St«-TIeitr al
promLS en mariage k une jeune personne nommée Silvie}
mais qne, ne la conoaissant pas , il a voulu voir par ini-mtnfrt
si elle était aussi aimable qn^en le publiait; qup, profitaat d'ai
hal qn'on donnaitchez cette belle Silvie y il s^était dégnisé tf
femme, et que son valet s'était dégnisé en neorricey pear l^
irouver sans étre connns, mais que malheurensement s'éilBi
^garé en cbemin, il est tombé dansl'enchantemen^ deMélusine^
Silvie 9 de son cöté , dégnisée en homme , maudit rimpni*"
dente partio de rbcksse qiii Ta Cait ainsi travestir , et se perdrs
dans I» forét enchantée du cbåtean de Lusignan* La eenrtf-^
eation se lie- entré le Marquis de St.-FleOr et Silvlok Bs it
demandeot niittncHenAent Icur nom» Le marquis prend le nofli
de Silvie 9 et celle-ci celni dn Marquis : ce qni les éloiBie
égal(->nact>t ; mais le sexe de Silvie est reconnu par FindiserB'
tion d'Ar]equi» ; rette déconverte cause une eitréme }oié lA i
Marquis , qni eo dcvient amoiirenx. Les obstacles que IB*
lustne vcnt apporter å ses amours , förment le fonds ét Ii :
piéce^ nais eette Ma^Vienne, transforraée en serpeBt** '1
disparait par la vertu de la ¥éc , qni rend nulie )a ptti^ }
saoce de Mélusiue > et facilite par lå le mariage dea deiA
amans.
MEMNON 9 eomédie en trots actes , mttéo
far MM-.***, «us Xtalieiis, 1784^
Dans Ta pi^ce, cpmme dans le conte de Voltaire , Memnon
fait voen de renoacer aux femmes , å la table et an jeii ; et, co
jnéme jour , il est trompé par iine femme , s'enivre et perd
eon argent. Telle est la fable de cette piéce* Le Poeta
comiqne u'a pas été aussi henreux qiie le Conteur , daiis le
cboix et Fexpression des détails : il a pris pöur ses person-
nages des gens de qualité , du molns il leur en a donni
rhabit , mais il a oublié de leur en préter le langage*
MENANDRE, poete comiqne grec.
Ménandre naqnit å Athénes dans la CIX/ Olympiad©
^ous Parchonte Sosigéne ; conséquemment environ 70 ans
apres Aristöpbane , qui flbrissait dans la quatre-vingt-neii-
Tiéme. Ce dernier passait pour le Prince de l'ancienne Co-
médie, chez les Grecs , qui avaienthonoré Ménandre du titre
de Prince de la Nouvelle, Sans doute, si Ton considåre dans
les piéces d^Aristophane , le vis coinica åe Fexpression et
decertaines situations^ il pourrait meriter ce titre , quoiquo
'ses piéces manquent généralement de conduite, de plan , et
d'intrigue. Il faiit convenir aussi quUl était facile de faire
rire le peuple d*Atbénes, oh II était permis de presenter sur
lascéne des personnages, dont re peuple enviait la grandeur et
la puissanre. Ménandre, qui vivait dans un tems oi\ les
manrs n'étaicnt plus les mémes , n'eut pas la mérae liberlé
quArlstopbane ; il ne put pas peindre les vices vrais ou sup-»
|K)8és de tel ou tel individu , mais il sut peindre les vices en
general , ci surtout les ridicules : il dut donc paraitre moins
mordant qu'Aristöphane, Mais, si Ton encroit larenommée,
lUntétre aussi piquant et plus délicat dans ses bons möts : il
««t snrtout le mérite de renfermer dans un plan régulier les
^ttaik qui firent sa réputation , et d'aiiixner > par la chafeur
134 ut Vt
de Uaction, la fioesse de ses plaisanteries* Qnoi qn*3 «nsDit,l
eut pour rival le poeLe Pkilemon , qui lui fut touvent préE&ié
par Ics AthénicQs; mals les Étraogers ne partagéreatpointcetti
iojustice ^ ctMénandre eut Tavantnge de voir des RoUpuiimit
rechercher 1'avaDtage de le posséder å ieui courj honneur qaH
refusa constamment.
Ménandrc a composé plus de cent comédies , dcot 3 m
nousreste que des fragmens.Toutefois^ nous devona le regaxdec
comme le modéle de dos xneilleurs auteiirs comiquea-, paic»-
qu'en rimitant , Flaute et Térence nous ont tranamb vis
idée de Fart avec lequel il savait conduire ses piécw \ ut
vraiment inconnu avant lui. Jules - César youlant Unur
Térence, 1'appelle un demi-Ménandre 3 ce qui prouTo qnaci
grand Capitaiue romain regardait Ménandre conune le ploi
grand comique de la Gréce« On prétend que ce Poete sa noyt
dans le Fyrée; mais ce fait n'est pas avéré, et la discussiouA
est étrangére ä notre ouvrage. Apres sa mort^ les 61MI
lui rendirent juslice , et lui élévérent un grand nomfandt
«iatues. Aujourd^hui , quoique ses ouvrages soientperdniitt
réputation s^éléve encore au-dessus des deux premiera uitsst
comiques de Fancienne Rome*
MÉNECHMES , (les) comédie imitée de Flaufe , «
cinq actcs , en vers , par Rotrou , l632u
Gette piece , copiée de Flaute , est théåtrale et fort aina*^
«aDte par les embarra:> oä se trouvent les deuz fréres» L'iiv
estconnu dansune ile qu'il habite depuis longtema ; VaatKO}
aborde pour la prcmiére fois , et por te la peine que mériteol
les infidelités et les folies dépenses de son fr£re. TTne \w
personne le re^oit comme son amant 3 une femme TaccablQ
dereprochcs^ comme son épouz 3 un vieillard le iepreii4itA
[aedité äebeaa^pére t enfin, Ménechme croit étre débarqué
lans 141edeIa!Folie. Soo fr^re n'est pas moins embarrassé des
»ropos qu'oD lui tient. ludi méprises , les débats , les persé*'
lutions se succédent, et se terminent par Theureuse ren*
lontre des deux fréres qni se recooDai^sent. Ce su)et aduplairo
>aFleBsilKiations sioguliéres qu'il ofire de liii-mézne.
ISENECHMES (les), comédic en cinqactes, en vers^
irec un profegue, par Regnard, lyoS.
Les Ménecbmes de Regnard ne sont point une simple tra*-
dnfilion, ni méme une imitation suivie de ceuic de Plaute;
(p'^ Fidée seule , refondue totalement , accomodée aux
osageS) aux moeurs et au gout de son siécle. Nous ne répéte-
rms pBs ce que nous venons de dire sur le fonds méme de ce
tnjet^ nous ajouterons seulement que Regnard Va, traité
demaniére å désespérer quiconque voudrait tenter ime nou-
f eiie imitation des Ménecbmes latins.
• Ce fut moi , dit de Lorme de Montcbesnay ,' qui raccom-
iBodai Regoiird avec Despréaux. Regnard était l'agressenr i
Jehii fis entendre qu^il ne lui convenait pas de se jouer å son
maltre* Il suivit mon avis , se reconcilia avcc lui, et lui
dédia ses Menechmes, Boileau disaitde Regnard qu'il n^é^
tiutpas médiocrement plaisant.
MÉNECHMES GREQ3 (les),comédie enquatreaclcs,
9& prose , avec un prologne ^ par M. Cailbava , aux Frän-
(tis, 1791.
Le sujet des Ménecbmes , traité d'abord par Ménandre
cliez les Grecs , ensuite par Plaute , ebez les Latins , imité
par Rotrou, et que Regnard fit passer avec tant de
inccés et de gaieté sur notre tbéätre > 7 fiit introduit de
%^veau par }J1« Cailbava^
ä3i MEN
C.-l niivraj;'* lui fait le plus grand bonnetir; iI ofire xnm
i::i:i^n>' forUiuciil coD^iic> filée avcc art et deasinée d^mio
MKXESSOX, autcnr dramatique, est mört k Pkris
3-42. ilaiiä tin ugc fort avancé^ il est auteiir des paroks
do jMiinto la Féc , trngédie-opéra en ciuq actes , des
Plaisin de la Paix et d^Ajax.
IMKIvrSONGE EXCUSABLE (!e) , comédie cd ud
acto , €11 proso , par M. Giiillemin, aiix Variétés , lyW*
Fru t å partir pour Paris y oik des afTaires FappeHent y
]\I. de Vcrdprc recommaode k sa femme de fermer sa
porto u lo US ses amis : ce n*cst pas qii'il soit jaloux; miis
jl CLoit q lic Ton iic saurait trop prcndre de précautioBS
qnaiul 011 est viciix , et quc l'on a udc épouse jeune et
]o\ic. Commc on le voit y le bon-homme est prudenb
Dorval est celiii qu^il semblc craindre le plus ^ et, ea rériléi
il n\i pas tort^ cur il u'est pas plutot sorti, que le galant mil
di re des douccurs å madame de Verdpré* Malgré les ftih
iiu'ssv\<$ quVllo a fuiles ik M. de Verdpré, Lisette favonsfi
ditaiulie , et fait lire un petit billct que lui a remis ce der*
i-.ior: Mnio, Vord[>ré L* re^oit avec la plusparfaite indifTérencef
l,v prolt'*;t' do l.isoHo arrive lui-memc pour en cherdber It
K ponso , oL n'ost j:ao»cs micux arcueilH ; touteFois , ob n*
jt.iii pas tron co qu*il cii advlendialt sans Tarrivéede Dorval»
K',\\\ V lon t, do son 00 u- . pour nio 1 1 re ii profit Tabsence deM» 00
Vo:v'.:»r<*.Vouruo }nis so comproniettreauxyeux decedenuery
I <.*:.o o: 5.1 maicrosso onfonuent CUtandre dans un cabinetf
• • ^ V.v':'::^*: so i^nSiUito un nouvcuu coutre-tems.M. de Veidr
;■ ■- ,* o -.;>'..* so;i porU*-fouiUo« Hcureuscnient qu'on Ta TU d*
* ;v.;...; >.i: <C5 |M5, et 4Uoa a cu le tems de 8^
M É N 23;
nettre en meéure de le recevoir, ©'abord on falt sortif
Dorval et on lui recominande d'avoir Tair d\in homme
i>rt en eolére : Mme, de Verdpré, elle-méme, se relira
3t laisse å Lisette le soln d'aTraDger cette affairc. Ccst
toiU simple aux yeiix de M. de Verdpré. Dorval s'cst présenté
zhez Madame , et en a éié fort mal re^u ^ peiit-étre méme lui
å-t-on refusé la porte ; mais ce qui est un peu plus chatonilleu Xy
c'c»t ClitaDdre enfermé dans le cabinet. Pour le faire sortir,
lans porter ombrage å son maitre , Lisette fait le Men-
fooge ^xcusable , qui denne le titre k cette plåce; Elle dit
år M* de Verdpré que , poursuivi par Dorval , qui en voulait
å sa vie , ce jeune hommc est venu lui deroander un abri
contie Aa fureur, et qu'elle l'a fait cacher dans le cabinet.
M. de Verdpré adopte ces raisons , et s'intéresse vivement
an sort de Glitandre å qui il demande le sujet de sa dispute
Avec Dorval. Un liévre tué sur la terre de Glitandre par
Dorval^ et dont Clitamdre , s'estemparé , est la caitse In-
Aocente de cette grande querelle. M. de Verdpré veut les
laccoxnmoder ; et , pour y parvenir , envoic chercher Doi-
, vaL Celul-ci arrive et parait fort surpris qu'on lui parie de
.guerelle avec Glitandre, qu'il ne connait pas. Lisette a
«oin de le prévenir du Mensonge , et , tant bien ,que ma! ,
rintrigue se dénoue. Nous excusons volontiers le Mensonge
de Lisette , mais nous ne saurions pardonner å M. di»
Verdpré , jaloux, sa gaucherie et sa créduUté.
MENSONGE OFFIGIEIJX (le) , comédie en un acte et
€D prose, par Forgeot, 1796.
Cette piéceest imitée du /^c/efitf^nf^i/r, de David Garrik,
ouvrage imité lui-méme du Souper mal apprété d^Haute-
loche ; en voici Tintrigue, Florviilc est amoureux de Rosalie,
fwpille de M. DuvaJ, son oncle^ mais ni le luleur , fi\
138 MEN
Mtne. Duval ne vculcnt consentir u Tunion des åaax amm^
Dans cette occiirence , Florvillo ne volt d*autro czpédienl
qned'enlever Rosalie, aux rlsquesdc pcrdreles bonnesgrtMI
de son oncle. Mais La Fleur , son valet , plus calme et ^tai
riisé y conaine c'cst Fusage au théåtre , trouve moyen ds
servir avec succés les amours de son maitre. H peffsnads
ä M. Duval , quc son épouse est amoureuse de Florrilk^
qu'clle est résolue k divorcer, et veut épouser ce jeiine hom-
mc. A cette nouvelle , M. Duval demeure constemé* D*aii !
autre cdté. La ¥leur persuade k xnadame Duval , queaoa
mari est amoureux de Rosalie : ensorte que lesdeuz époaXf
désespérés voudraient bicn avoir coosenti au mariage ds ;
Florville et do Rosalie. Enfin La Fleur, malgré la coUie
de son maitrc , furleux de passer pour l'amant de madanM
Duval, vient å bout de soutenir sa ruse, et finit fK i
arracher le consentement des deux époux au marifff
des deux araans. Cette intrigue amene des quiproqn»' |
tres - plaisans : le rdlo du valet , qui est le oioUo |
de toutc Fintrigue , est trés-comiquc et bien soutenu; miil }
malheureusemcnt cette piécc est fondée sur l'!dée å\m \
divorce qui répugnc å la dclLcatesse, et blesse les moBun ;
actuellcs. '
MENSONGE VÉRITABLE ( lo ), farce anoujme»
a la foire St.-Laurent , 1736.
Le docteur Balourd a procnis sa fille Isabelle au se^
gneur Folicblnellc , riche négociant de Marseille ; maia 3
retlre sa parolc , parcc qu'il a su que son gendre futut
avait perdu tout son bien dans un naufrage* Folicbinelley an
désespoir, va trouver Mezzétin, et lui promet la tnoitlé
de la dot d'Isabello , s'il peut réussir å la lui faire obtcnit
eu mariage. Mezzétin fuit Vavo^tir Fi^iQt en courrier> tt
M E If \ ^
ut ordoäne dräller dlre au docteur , que les Taisseaux d»
felicbinelle soDt arrivés å bon port , et qiiMls sont cbar«
;és jnsqu'ä fond de cale , de diamans et de poudre d'or«
>tte fonrberle produit son eBet, et le Dotteur reuoue avec
?olicbinelle. Heureusement ce Mensonge se trouve véri-
able« Le capitaine du vaisseau arrive , et confirme le récit
le Pierrot* Dans le tems qii^on ost occupé å célébrer lea
loces de Folichinelle , un huissier vient signifieir adxacteurs
brahis Farrél qui ne leur permet de jouer qu'en Monolo-
raes« Les forains , pour »'y conformer , continuent par
Pierrot , valet de Magicien*
Tierrot , profitant de I'absence de son maitre , qui est allé an
sabat,ouvre un grimoire et appelle les Diables« Ii leur ordonnc
de hii amener son ami Arleqiiin, et ensuite de dresser une
table bien garnle.Tandisque Pierrot et Årlequln sont occupés
k faire bonne cbére , un huissier paraitde nouveau, et signifie
tm acteurs forains un arrét , qui les réduit aux scénes
p]lleUes«Pour l'exécuter, les forains ]o\\eni Arlequin-Orphée.
Arlequin descendu anxEnfers^demande sa femme å Pluton,
^i la lui accorde , sous la coiidition qne tout le monde salt.
Arlequin y manqiie : la perte de sa feninae y par son im*
pnideuce , le jette dans un tlésespoir affreux; les femmen
de Tbrace s'assemblent autour de lui pour le consoler ;
il les rebute ; sa bnitalité les oiTense ; elies se jettent sur
ce malheureux et le mettont en piéccs.
MENTELLE , (- M ) , a fait en société avec Désessarts,
VAmour Libérateur»
MENTEUR (le) , comédie en cinq actes , et en ver§,
par Pierre Corneille , 1642.
Cette pifece est en partie traduite , en partie imitée dd^
Lopez d^ J^éga , aute^r espagnol. Le caractÄre du prin-
%^o MEN
cipal perj(onnage , y est parfaitcmAnt développé et fiuf
naitre une suitc de situations aussi naliirelles qiie comiqnes.
Dorante est le nom do ce pcrsonnage ; il se plonge , par lei
McDson^es , dans un cmbarras qui croit b. chaque acéney
et dout il ne se tlre b. la fin quo par un mariage auquel il
se résout de bonne grace , mais pour lequel il avait d^abord
montré de réloiguemcnt. Arrivé no u veliemen t de Poitien,
nprés avoir quitté larobe pour l*épée , il se trouve dans les
Tuileries , o\\ il fait la rcncontre de deux belles.Le hazord
lui procurc Toccasion de donncr la main å Tune d'eUe8,
qiii vient de faire un fanx-pas; il 1'entretient avcc chaleuTy
se fait passcr k ses yeux pour un ofTicier qui a £GUt les
^icrres d^AIlemague , quoiquM sorle des Écoles de Droit
de Foiticrs. Il a renoncé , lui dit-il , å la guerre , pour ser-
Tirramour; et, dopnisun an , il épie l'o(. casion de lui avouer
sa dumme, Celle å qui il adresse ces tendres aveiix , le
nommc Clarisse , et Tautre se nomme Lucréce ^ mais il
prend le nom de Tune pour cclui de Tautre , et c'est sofl
cette erreur que roule toufe Tintrigue de la piéce. ClarisMi
quUl prend pour Lucréce , est la maitresse d^Alcippe , Fun
des amis de notre Mcnteiir. Cet Alcippe devient jaloox
ä. causc d\uic fete nocturne qu'il suppose avoir été doniKe
å sa maitresse. Dorante , qui saisit toutes les occasioDS
de mcntir , se fait passcr pour Tautcur de cette féle* De-tt
,iiait un ducl et eniin une explication entré les deux amis*
T^Iontot arrive Géronte , pere de Dorante , qui vient de-
niandcr pour son fils la main de Claiisse. Mais celui-ci)
abusé par lo nom et croyant aimer Lucréce , imagine I
riiistaut un mensonge pour détourner son pére de cette
'icmaiulc. Il lui dit qu'il est marié secrétcment å PoitlerSf
avcc une certaine Orpbise , fille d' Armédon. Géronte^bon
l)^: o , pardonne å sou Cls et témoigne le plus grand desir
tb Toir sa l^u ^ il v€ut méme que Dora^te' la fasse venir
et lui écrive sur-le-champ å cet égard ; mais celui-ci , qui
serait fort embarassé de presenter une épouse imaginaire ^
élude la proposition , en disant qii'elle est enceinte et qu'elle
ne peut voyager^ Les mensonges de Dorante se découvrent
successivement et le mettent dans une sitnatioa criti^
que auz yeux de Clarisse et de äon pére ; situation -^
don t il se ti re tou jours par un nouveau mensonge. Tout
cela n^empéche pas la véritable lAicréce de prendre du
gout pour lui, et de recevoir fort doucenaent les déclar»
rations qu'il adresse å Clarisse sous son nonik Lorsqua
Géronte a découvert la fausseté du mariage de son fils , il
lui eo fait de sanglans reproches ; mais le hardi Menteut
8'excu^ , sur la crainte qu'il avait d^épouser celle qu'il croit
fitce Clai*isse , et sur son amoui pour celle qu'il prend pour
Iiucréce ; il engage meme son pére å demander pour lui la
t^iain de cette aimable (ille. Géronte , trop indulgent , condes-
iIukI k ses voeux , et lui pardonne , k condition pourtant qu^il
acceptera sans difficulté la main de Lucréce , dés qu'oa
aura Faveu du pére et celui de la demoiselle. Dorante
promet tout ce que veut son pére ; mais il «'a pas plutöt
£ut cette promesse que son amour pour la fausse Lucréce
s^^teint , et quM commence k aimer la véritable. Il se
croit alors dans un nouvel embarras ; mais bientot la vé^
rité se découvre , et la piéce se termine par le mariage
d'Alci^pe avec Clarisse , et par celui de Dorante aveo
Lucréce.
Dans Tauteur espagnol> le Menteur est forcé å ce ma^
riage par Tautorité de son pére^ et par celle du pére de
Lucréce : dans Corneille ^ il le contracte de bon gré. San»
doute ce dernier dénouement est plus conforme aux régles
de la bonne comédie , mais je premier est plu9 moral et
Torne rL Q
242 MEN
plus nalurcl ; il faut dire, toutcfois, que Corneilleft pre»
paré lo sleii avec bcaucoup d*art , cd supposant , pendäbt
tout le cinquiåme acte , qiie Dorante , apr&s avoir engagé
son pére å demander poiir lui la main de la fausse Ln-
créce , est devenu amoureux de la véiitable , ce qui est
bicn dans le caractérc d'uQ Menteur de profession , qni,
aprc^s avoir trompé Ics au tres , se trompe souvent lai*
méme sur ses propres sentimeos.
Corueille fit au^si la Suite du Menteuf, cette piåce
n*cut prcsque point de succés. M. Andrieux y a fait des
changemens et la enrichie d'un grand nombre de détails qui
Tönt fait recevoir favorablement du public. f^oyez åla Idtn
S , Suite du Menteur ( la )•
MENTEURS QUI NE MENTENT POINT (les),
GU Les Nigandres , comédie d'abord en cinq actes , en ven^
réduite å trois actes , par Boursault, 1664.
Sous ce titre , on reconnait Ics Ménechmes åe FlaiAB$
sujet traité par Rotrou, et , apres ce deruier y par Regnaid»
beaucoup mieux que par Boursault* Les deux Nicandies
ont }uré de ne se marier , que d'un consentement léci*
proque , ou apres la mört de l'un des deux. Ils se 1rou?ent
engagcs dans une intrigue d'an]our, l'un å Paris, r-auttei ■
Lyon, se cherchent mutuellement, et ne se rencontrent qa'å
Paris , dans une prison , 01^ les péres de le urs maitresses
les ont fait renfermer, et d'o(i ils sortent enfin pout con*
clure leur mariage. Quel embarras d'intrigues ! que d'eD-
nuyeux détails , de basses plaisanteries et de froids incideitt
présente cette comédie ! que ces amans , ces soubrettes f
ces valets et ces maltres sont stupides , de ne pas voit
que les deux Nicandres sont å Paris , apres tout ce qu*ilt
pot dit pour 80 faire reconnaitre !
MEN ^43
ItfENCISIER DE LIVONIE (le), comédie en trois
-äctes , en prose , par M« Duval , au 4héätre Louvois ^
t8o5.
Le Csar Pierre , revenant do France k Pétersbourg ^
rencontre son épouse , rimpératrice Catherine , daits une
4iaberge de Livonie. Infbrnoé qu'iin gar^on meouisier^
nommé Charles , étaUi dans cette auberge -y pourrait
4tre le frére de Catherine, née c^omme on le sait, do
fårens obscurs , il veut s'assurer de la vérité par lui->
méme .f et en cherche les moyens«
Charles , amoureux d'une orpheliäe , nommée Eu<«
doxie , vient d^avoir une dispute vive avec des oflS-
ciers rnsses qui avaient entrepris xl^enlever cetie *jeune fille*
Le Czar , gardant Tincogrrito , selon sa contnme , profite de
€€tte circonstance pour interroger le garden memiister* Char-
les , croyant qu'on veut se moquer de lui, répbnd incon^
sidérément å son Squverain , qui prend le parti de le faire
«a(ermer dans une chambre de l'auberge. Alors rbdtesso
avertit le Jiige du lien pour qu'il punisse cet acte d'au«-
tOrité arbitraire. Ce magistrat campagnard, qui se trouve
4tre le plus grand sot de toutes lesi^ussies , ärrivé%t Veut d'ar
bordj non pas défendre l'innocence, mais vet)ger Fittsiilté faito
å sa petite magistrature , par un inconnii qu'il ne époit pas
{wissant. Le Czar mon tre alors sa décoratlon , et le juge
$e confond bassement en excuses , sans savoir pourtant
^u'il les adresse au Czar; car celui-ci ne veut passer aux
yeux da sot, que pour le grand Böyard MenzikofT. Cépendaitt
iis'ag!t de jaiger Charles* dans les formes juridiques. Ca-
therine se trouve présente å Tinterrogdtoire , et reconnait,
par les réponses naives de Taccusé, que ce jeune menui-
tier est son propre frére. L'idée de ne le retrouver qu'au
moment oh toiU sembl^ annoacer qu'il va étre coadamn^
c:
344 MEN
u une peinc inramante , la fait tombcr évftnouie X tnaii k
Czar, siiflisamment instruit de cc qn'il voulait savoir, n^a
pn!nt la c^riiaulé de prolonger rerrcur de son épouse : il loi
léclarc que Charles est innocent ; qu'il le recoDnaitpourson
frö re , et qa*jl le place k cöté du troue. On pcut se figurer la
)oie de- rimpératricc; mais tout n'est pas encore arrangé* Pierre
itpprcnd quc la petite Eudoxie ,dontCliarlesiie veutpasse sépa-
rer, est fille d'iin Boyard déloyul, Mazeba, qui, autrefois, a
trahi sa patrie. Il entré d^abord daus une grande fureur ; mais
on hii dit que Mazeba vient de mourir 5 alors il »'appaisa
tont-ii-fait 9 et adopte Taimable Eudoxie , qui devient Té-
pouse de Charles. Le jugc vient complimenter son Sou-
verain , et son Souverain le destitue.
Toute défectueuse qu'elle est , cette pléce inspire qoel-
qu^intérét; mais le style en est négligé , et Taction languil
excessivcment , surtout daus Ics deux premiers actes. On J
trouve des traits forcés dans le role du Juge, qui n'est qu'uiit
mauvaise carricature; enfin, le dialogue n'a pas tout le pi-
quant qu'on est en droit d'exiger des auteurs comiquea*
MENZIKOFF , tragedi* en un acte , par Morand , repré^
aehtée sd^ le titrc de Phanazar , aux Italiens , i^SS*
Menzikoff , favori du Czar Pierre le Grand , aime la j
fille d'Amilka , prince du sang. Amilka conspire conUt
son Souverain : il promet h Menzikoff de le choisir pout
aon gendre, s'il veut ^econder son projet* Le fovori
rg^oit avec horreur cette confidence ; et pour détoumer lo
pére de son amante d'un projet abominable , il rappelle la
bien que le Czar a fait k son Empire.
MENZIKOFF , ou Les Exilés , tragédie par La Baipe,
.177S.
MEN 145
MenzikofT, tomLé du faite des granden rs , et dépouillé de
tons ses biens , est exilé en Sibérie. Autrefois marié avec
Arsénie , il Va, répudiée , parce que ce lien s'opposait k ses
projets ambitieux. Des que cette femme vertueuse apprend
son exil, elle ramasse tout ce qui lui reste de fortune, ét
arrive , presqu'aussi-t6t que lui , dans cés affreux déserts*
Menzikoff, qui Ta tou jours aimée, est sur, le point de contrac-
ter avec elle un nouveau mariage ; raais il rencontre un grand
obstacle. Un cerlain Vodemar, autrefois son rival , vient
d'étre nommé gouverneur de Sibérie, oCt ilest exilé depuis
quinze ou vingt ans, par les ordres de McnzikofT. Le premier
usagcqu'il fait de son autorité , est de séparer lés deux époujT»
Ce n'est pas , comme il Tobserve trés-bien lui-méme , qu'il
lui reste encore la moindre inclination pour Arsénie; mais
il veut mettre le corable å Pinfortune de sön rival , et se
venger , en jouissant froidement de ce doux spectacle.
Alexan , fils de MenzikoiF , qui attente ä la vie de ce
barbare, est arrété: alors le Gouverneur propose å Arsénie
de Tépouser sur-le-champ , si elle veut sauver la vie å
son fils. Arsénie est contrainte de marcher vers Pautel ;
mais Vodemar 5 malgré sa promessse, a dé]k égörgé le
jeune Alexan , et présente å la mére une main teinte encore '' .^
du sang de son fils. Que fäit Arséni^? Elle se saisit du
poignard dont ce mönstra est armé , le lui plonge dans le
c<Bur, et vient ensuite racontér toutes ces horreurs å Men-
zicolT. Enfin , dans cet intervalle , le conseil s'assemble et
leur envoie dire de ne pas étre inquiets :
yivéz , ne craigncz rien , et tous les deux unis....
Cette piéce offre quelques vers frappans , quelques bclles
litades i mftis|en general ^ le styleest mjartelé^
146 M E P i
MENZIKOTT rr FHCEDOR , 011 Le Fol bk BisLiibh^
opera en trois actes , par M* de La Martelliére , mnsi-»
qiie de M* Champeio , a TOpéra-Comique , 1807.
Le fonds de cet opera, de ce drame ou de ce inélo»
drame , comme on voudra le nommer , est la di^åce '
du fameuz Alexandre MenzikofT , fils d'iin paysan et gar-
ron påtissier, qni, apres avoir tté élevé å la dignhé dfr
Prince Rnsse , deviiit le bean-pi>re de son maitre , Pierr»
tecond, et fut exilé en Sibérie, oh il alla rejoindre
iontes ses victimes* LVutenr suppose que, rencontraiil par-
mi les exilés , Phoedor Dolgorouski , fils de son eonemi
personnel , il en revolt , sans en élre connu , Ics témoigneges
da plus toucbant intérét. Fhoedor , qni était depuis long**
tems amonreux de Marie, fille de MenzikofT, et k qni
Tamour a méroe fait perdre la raison , est létabli dans
tonles ses dignités , et ne proGle de ce retoi^r de for-
tune , qne pour accabler de bienfaits son persécntenr »
devenu malbeureux : enfin , ces bienfaits amenent uno
alliance entré les deux famillcs»
Gette piéce abonde en situations, parmi lesqucllcs on
en trouve quelques-unes qui ofTrcnt de rintérét, quoiqu'ellei
entravont la roarcbc do raction , quI nous parait langiiis*
sante* Entr'autres reprocbes qiie Ton pourrait faire k Taib-
teur , c'cst que Pbopdor , qu'il nons donne pour un fol»
est un fol fort raisonnable : c^est si vrai , qu'il le fail
nomnner k la place de Gouverneur-général 5 et, certes,le
Czar ne lui confierait pas cette place importanie , s^il ne
Kli reconnaissait et de la raison et du talcnt : oo peut
lui reprocber en€ore trop de iiégligence dans son stjle«
MÉPRISE DE L'AMOUR (la), parodie en un act»^
M É P 247
de Vopéra de Tancråde , par Fuzellier , a la foire St-.Ger*
mairiy sous le titre de Pierrot Tancrédey 1729.
Le théåtre représente la tente d'an vivandier de rarmée
des Sarasins , ad milieu de laqnelle on voit une table , chargée
d'uii gros baril de bran-de-vin , entouré de faisceaux de pipes
et de roule^ux de tabac. Argant , prét å tenir conseil sur
les mesures les plus efficaces pour accabler Tancréde ^
s'apper9oit de Tamour qu'Herminie ressent pour cet epnemt
redoutable. Apres qiielques légers reproches sur une passloa
aussi déplacée , Argant lui conseille de se retirer. Ismcnor
vient oflrir le pouvoir de ses charmes magiques, et Ton
voit entrer une troupe de grenadiiers , å qui le magicien
feit préter le serment d'inimoler Tancréde. Isménor, voii-
lantleur inspirer un peu (}e hardiesse , appelle ses farceurs , et
fait avecr eiix plusieurs lazzis magiques, On entend gron-
der le tonnerre , et soudain la frayeur s'empare des esprits»
Isménor, les Magiciens et les Guerriers tombent et renversent
l'équipage; ils se relévent lorsque Forage cesse, et pronaet-
tent de faire mieux une autre fois* Argaot et Herminie
$'apprennent réciproquement la passion mutuelle de Clorinde
et de Tancréde. Celui-ci , Pesprit agité de craint€ , prend
le parti d'aller avec son épée fendre Iqs arbres dans la
forét; mais il est interrompu par luie troupe de sergens
qui remméuent. Herminie dit å sa rivale que Tancréde
est mört. Clorinde , croyant n'avoir plus rien å ménager ,
fait connaitre , par ses regrets, Tamour qu'elle a pour Tan*
créde : c'est pour me moquer de vous , dit Herminie, k
Clorinde désespérée. Tancréde veut alors commencer le
monologue , Sombres Foréts ; mais il fait reflexion qu'il
doit s'occuper d'affaires plus pressantes. Isménor évoque
la Vengeance; å sa voix elle sort des enfers, et luiapporte un
poignard,qu'il veut enf oneer dans le sein deTancrede.Hcrminie
Tarréte , et avoue qu'elle aime co Héros. Isménor et h,
Princo la regardent avec étoDnemcnt. « Ed eBet, voilå
» des aveux bien placés. » Il veiit une stconde foii
frapper Tancréde , qiii para )e coiip avec son chapean*
Dans ce moment 9 Clorinde arrivc ; et , pour se yenger
d^Herminie 9 Isménor , au lieu d'immoter TaDcréde , Iq
livré å son amante. Apres une longue et tendre conver-
satioD 9 ces deux amans se séparent ; mais c'est ponr np
plus se revoir : en efTet , dans un combat entré les Chrétieiit
et les Sarasins , Tancréde 9 luttant encore contre Clorindet
habillée en homme , la tue , croyant tuer le génénji
ennemi*
MÉPRISE VOLONTAIRE (la), ou La Dou»l»
Lecon 9 opera - comiqiie en un actc , par M* Duval,
musique de mademoiselle le Sénéchal.de Kerkado, alpn
ågée de dix-ncuf ans , å Feydeau, i8o5*
Elisa, quc doit épouser Välment, a pris des habitudei 4
s^cst formé des gouts qni ne plaisent point k son futur; flik
n^aime quc la rhassc , réqui^ation , en un mot, tous les exerr
ciccs qui semblqnt ne devoir conycnir qu'aux hommes. So^
jfune frere est d'un caractdre tout opposé. A sa douceur^lf
sa mignardisc , å son air de faiblessc , on le prendrait pour
unerilIe.Valmont.pourcQrrigerrunctrautre,feintdeIescroix9
déguisés, c'est-å-dlre , de prendre Elisa pour iin capitaine de
cavalerie traves(i en femnie , et vice verså , le frére pour 1%
soeur : il leiir dit altcrnativen^ient des choses qui les piqueot;
bientot Elisa se défait de ses habitudes trop cavaliöres, et sot^
)cnne frére prpmet de devenir un hpmme* La piéce se tjerr
mtne par le mariage dos amans.
Ce sujet , quoique faible , pouvait prétcr k des dévelopj
i)emcDs j mais Ti^utcur n'a pas voulu en tirer plut d'une 0^
M É P Ä49
leux sc&nes* On y troiive quelques träits assez comlques
Bt xine excellente mpralité.
La musique est fraiclie et légére ; il y en a seulement un
peu trop y surtout dans les- premléres scénes ; ce qui nult k
refxposition*
MÉFRISES (les ) , comédie en un acte , en vers Iibres ,
par Pierre Rousseau de Toulouse, aux Frangais, 1754.
JFinette , suivante d'Orphise , a été quelque tems au
?ervice d\ine vieille folie , qui la faisait habiller en ca-
valier, et la ménalt av^c elle au bal* Sous cet habit ,
)a Soubrette en conte å une personne , auprés de la-
quelle est son amant. Celui-ci veut se bättre avec son rival
prétendu } pe qui donne lieu å des Méprise^ assez co-
mlques,
On a prétendu que le sujet et le plan de cette pi^ce
étalent tirés de la comédie des Qidproquo de Bruéys. L'au-
teor, avant qu'elle fut représentée, avait fait la plaisanterie
de la faire annoncer dans les petites afficbes de Paris ^
^^nsi qu'il suif : « Les MépriseSy comédie, etc. , etc* ,
» par Pierre Rousseau , citoyen de Toulouse » , pour sq
disdnguer de celui de Geneve, Ce fiit å cette occaslon
que Ton fit cette éplgrarnme , dans laquelle on parle des
trois Rousseau. Nous en retrancherons ce qu'elle peut cou-»
Jenir d'injurieux.
Trols auteurs, q^e Rousseau Pon liomine,
Sont differens : Voici par oA :
Kousseau de Paris fut grand homme ^
Rousseau de Généve est un.......
Rousseau de Toulouse un..
MÉPRISES, (les), ou Le Rival par Ressemblakce ,
j comédie en cinq actes , en vers de dix syllabes , par M,
^ Jfalissot , au théåtre Fran^ais , 1762^
a5o M É P
Gette comédie est fondée sur la ressemblance
des deiix priucipaiix pcrsonuagcs* Four rendre TraiseiiH
blable cette ressemblance, Tauteur a conduh la piécede
niaDiérc que les deux persoDnagcs ne paraissent jamitf
ensemble sur la scéne* Un seul acteiir , sous des babitt
diflercns , remplit å-la-fois les dcux röles* Ua de cef
dcux pcrsonnagcs a été promis en mariage å Lucib i ^u
]/atlend qtio son rctonr de la province pour 1'éponser. Avut
»011 arrivée , Taiitre persounage , qui ressemble au piv-
inicr , voit cetie mémc Lucile , en est amoureuz , et , comme
on le prcnd pour le premier amant y il se trouve oéce»-
sniremcnt dans un cmbarras qui aiigmente , par PamvéB
de son rival* Cdni-ci est si pcu raisonnable , en compft-
raison de Taiitrc , quc ccttc difierence donnc Ileu å w '
fréquentes méprises* Eiifm, le personnage le plus sensé»
est cclui qui, k la fin de la piece, lorsque tout est it^''i
couvcrt , épouse Lucile.
Les ennemis de M. Patissot se vengårent sur cette piéceld '1
succés des Philosophes. Lorsque Bellecourt vint potur an-* '
iionccr, on lui laissa dire que les comédiens donneraiedt
)c lendemaiu Alzire; h. mercredi il fut interrompa pff'
des battemens de maius continuels , qui ne lui permilBni
pas d'annoncer la seconde représentatafion de cette comédio» '
néanmoins , elle fut jouéc plusleurs fois. Un ennenu ;
de M. Falissot, souj^gonné d^avoir entrepris de la falnft
tombcr, croyant s'a])percevoir que des espions, appeW
Mouches de la police , Tobservaient dans le parterrc f
dit tout bas å Tim de ses voisins : La pibce est gåtée^
ies JSlouches y sont.
MÉPRISES PAR RESSEMBLANCE, (les), comédi«r,
en trois aclcs , en prosc , mclée d^ariettes , paroles
MER ' . aSi
Patrat , maslque de M. Gréiry , aux Italiens ^ I786.
La ressemblauce de deux jeunes. grenadiers , dont run
»t fils d'un bailli , et Pautre d\in marchand de vin dti
néme vHlage, forme l'intrigiie de la piéce^ et donne lien
Il udc suite de Méprises et de situation3 assez plaisantes ,
mais UD peu compliquées*
Gette piéce est remplie d'uDe gaieté naturelle , mais le
déoooemeDt est mal préparé*
MERCIER, ( Louis-SÉBASTiEN ) , auteur dramatique j
membre de rinstitut , i8lo.
Get auteur a commencé å^ trayailler pour le tbéåtre en
I769, et y a donné siiccessivement : Jenneval^ ou le
Barnewelt froji^ais ; le Déserteur ; la Brouette du Vv^
naigrier ; VHabitant de la Guadeloupe ; la Maison de
Moliére ; Jean Hennuyer ; Olynde et Sophronie ;
Ifatalie , etc. La plupart des piåces de M. Mercier ont
élé représentées avec beaiicoiip de succés en province et
chcz Tétranger 5 quelques - unes Tönt été sur le tbéåtre
Iran^ais, et y ont obtenu des applaudissemens mérités :
€D general , elles offrent une exrellente morale , Télo-
^oence de V^me , de la force , de la chaleur et de la
philosopbie ; enfin elles sont écrites avec pureté , precision
ctélégance. Il a fait imprimer chez Fétranger son ouvragc ,
iotitulé : Essah sur Vart dramatique ; comme il y parie
^Tec peu de ménagemens de Messieurs les Comédicns
IFran^ais, ils lui refusérent ses entrées^ å leur tbéåtre , et de-lå
iiaquit un procfes , qui fut , ou qui diit étre jugé å l'a-
l^mtage de M, Mercier. On assure que son drame du
Péserteiur fit abolir la loi qui infligcait aux déserteurs U
slS2 mer
peine de mört. Co trait dut faire autont de pli
M. Mercier qne son drame lui fit d'bonneiir. Get
cstimablo a falt beaucoup d'autres ouvrages , étrangi
tbéåtre : nous nous bornerons å en indiqiier les titre
Tableau de JParis^ doitze voluraes ia-8.®, est Ii
cstimé ; c'cst aussi celui qui est le plus répandu :
£onnet de nuit , qiiatre volumes , inéme format
deux millequatre cent quarante, idem; V Eloge de C
V et de Descartes ; YHUtoire de France , six vi
iu-8.*^ , et autres.
MERCURE GALANT (le), ou La CoaiiDii
TtTR.£ , comédie en cinq actes , en vers, par Boi^i
1679.
M. de Bols-Luisaiit ayant con^u une amitlé tri
pour Tauteur dn Mercure , qu'il n'a jamais va , v
faire son gendre , en lui faisant épouser sa fiUe *
Cctte fille aime Oronte 5 et , pour tromper son pår
engagc son amant k se faire passer lui-méme pour T
du Mercure^Galant* Oronte se préte å cette petita
cheric ; et se préscnte, en cette qualité , au pére de a
tresse. L'entrevue , Ics ofTres , la conclusion du ma
tout réussit au gré de leurs désirs. Les scénes de cetta
sont coupées par d'autres scénes , o^ sont représent»
naturel , les embarras , les tracasseries , les visites i
tuncs, et tous les sots propos .qu'uu auteur d*oi:
périodiques est obligé d'essuyer«
Vise , autciir du Mercure^Galant ^ porta ses \
;\ la Cour contre Boursault , qui toumait son joiu
ridicule y et demanda la suppression de sa comédie* I*
|c renvoya devant M. de la Reynie , lieutenant-géiH
MER a53
e» Le Magistrat s'étant fait apporter la pi^cc y la tron va
agréable pour la siipprimer , et ordonna , poiir ap-
sr Visé , qu'on ne rintitulerait plus que la Comédie
Titre.
ÉRE CONFIDENTE (la), comédie en trois actes,
rose , par Marivaux, aux ItalieDs , i^SS.
ae jeune fiUe sans expérience ^ Angélique , re^oit de
iral, qu'elle connatt k ^eine , une déclaration d^amour^
répond , å l'insu de sa rnére , du ton le plus eucou-
ant« La mére , informée du fait , interroge habilement sa
^«ty afin de mieux la diriger daus le sentier de la vertu^
reut plus étre que sa confidente; mals, touten ayantl'ai]*
léposer avec Angélique son autorité maternelle , elle lui
ire de vives craintes sur les intentions de Dorval , et il ea
lite une rupture momcntanée, qui est blentot suivle d^une
»ncilIatIon.L'intentIon de la Mére confidente est de marier
rplique A un personnage riche , nommé Ergaste , homme
iehumeurflegmatIqueetbIzarre;maIscet£rgastedécouvre
itSt qu'il n\i pas Inspiré d'amour ä la jeuoe personne; et,
j^t qu'il a un rival préféré dans la personne de Dorvcd ,
3 balance pas å lui céder ses drolts : observons que celui-ci
rouve étre le nevcu d^Ergaste , et qu'il en deviendra Thé-
er; alors , plus d'obstacles , le marlage se conclut.
]e sujet ne pouvait fournlr qu'un petit acte; mals Marlvaux
öulu le traitor en trois , et en a détruit tönt l'intérét* C*est
vain que , pour remplir les vides , cet ingénieux autcur
i prodigué tout le clinquant de son esprit 5 il fait sourire
elquefols par des idées et des expressions singuliéres ;
als rien de tout cela n'excite une franche gaieté , et Ton
l^i presque tenté de lui dire avec J.-B. Rousseau :
Monsieur Tauteur , que Dieu confonde y
Yous étes un maudit bayard \
i
s54 MER
Jamai* oa oVnDriva son monde
A^ec tant <f c*prtt et (Tärt.
La ^A^^%%e de m ad a mc Argante , la charmaats iDgémiitf
d*A n;^élir}iie, la probité flevmatiqiie d'Erga5te, Famouruii*
rére et impétueiix de Dorval , la conduite artificieuse deLi*
!M:ltc , un mélango d'cnjoiiement et de pathétiqiie formeDtun
ton t a^réablc et intéressaot , qui aflecte également respritet
le rorur*
MkRE COQUETTE (la) , ou Les Amaks BROUiLiis;
cnmcdie en cinq actes et en vers , par Quinault, auz Fran^tisy
Qiioiqno cetto piéce soit esscntiellement vicietise , 3 est
poiirtuut vraido diro qii'ello fonrmille de beautés de åétuL
Le dialoguo en est vif , et Ton j trouve des scénes en-
li(M'(fs qiie Molidro n^aiirait pas désavonées ; mais Pintéftt
lanp;iul souvont , parce qu'il y a des personnages inutiles
q\ii ne ibnt qn^alonger la pi&ce , et remplir la sc&ne Mm
cuntrihnert^ la nmrclie de Faction* Voici le fonds de Ton*
-%'rago* M adamo Ismene y est mére dXsabelle , jeune beanté
ilont l(*H rharmes cxcitent sa jaloiisie. M. Crémante a unfilii
itoinnié Acunto ,qiii est amoureiix de la jeune personDe;iiuus
in :)I luMi rou.ioment Isménc uimc le fils de Crémante,et CrémaDto
ninio la lillo dlsniéuc. Dc-ii\ devaieut naitre toute riotrigaei
rt toutcs los revolutions de la pidcc, dans laquelle Quioauh a
tndtuluit un cortain Alarquis , pcrsonnage inutile y {atquicon-
Irilnio a brouiller Ics jeuncs araans , parce que LanrettSf
91 ni van t o do Afadame Isni<^ne , vient å bout de conraincit
Aoante « qu\ui rrndcz - vous qu'lsabellc Ku donne, est
«vlro**e .\ CO Manquis. Cette ruse u*ainéne rien de co-
nuquo ; oUo onga^v srulemeut Acante , furieux cootie
ItatH^^l^t". ^ a;;r;'or L^ n;aiu d*I<m^ue « et Isabelle å agrécir cdle
M É R ^55
Zrémsniem A la fin, tönt s'éclaircit; les amans recoa-
sent leuTS torts , et s'aiment plus qiie jamais. Tout cela
lit pu étre amené par dos moyens plus uaturels , et
re du fonds du sujet. Le dénouement est encore plus
é que les détails ; c^est le mari d*Isméne ^ qu'elle a fait
er pour mört , qui le produit , en reparaissant Inopint-
it , et en mariant le^ deux amans réconciliés , malgré
mante et la Coquette qui ne reparaissent plus* Gette piéce a
Licoup d*analogie avec le Dépit Amoureux de Moliére ;
a les mémes défauts , puisqu'elle esftrop chargée d'inci-
1 9 et de personnages superflus ; elle a une partie de ses
iités , et no US pourrions en citer un exemple dans la sep*
le scéne du cinqui&me acte ; nous pourrions aussi citer un
id nombre de passages qui étincellent d'esprit, et qui
: pleins de force comique.
''isé dont nous venons de parler h. Foccasion du Met'-'
'•^Gclant , fit une comédie sous le titre de la Mére
uette , et se plaignit fort mal å propos de ce que Qui-
It Ini avait pris son sujet ;car le fonds de sa piéte n'a que
-peu de rapports avec célle dont nous venons de parler*
mond-Foisson joua d' original le role du Marquis ridiculo
i Mére Coquette* Si Ton en juge par les vers qu'on va lire,
3le lui valut un habit de la part de M. de Créquy , premier
itilbomme de la Chambre; du moins ils prouvent qu'il
30 fit la demande*
Les finans Brouillés de Quinault
Vont, dans peu de jours, faire råge;
J'y joue un Marquis , et je gage
D'y faire rire comme il faut.
Oest un Marquis de con^cquence ,
Obligé de faire dépense ^
Pour soutcnir sa qualité ;
Ma is , s"*]] manque un peii d^industrie ,
iS6 M é R
n faudra, de ncccssité,
Que j''aille , malgré 5a fierté y
L^habilier k la fri per ic. > .
Vous^ des Dugs, le plus magnifike |
El le plus généreuz aussi ,•
Je voudrais bien pouvcir ici
^aire yolre pauégyrique ;
Je n'*irais point cherrlicr yos illustres Ayenz
Qu''0D place, dans Thistoire, au rang des demi-Dieu}
Je trouTe assez en vous de quoi me satisfaire •
Toutcs '\os actions passeot, sans contrédit....
Ma foi, je ne sais comment faire
Pour Yous demandcr un habit.
Collé a cbangé le caractere du Marquis de cette coméfitff
et a substitué , å ce personnage låcbe et bouffon ^ un homiM
de cour^ ou , du moiiis y un homme qui sait en prendn b»
airs*
. MÉRE COUPABLE ( la ) , comédie en cinq aciet , m
prose , par Bcaumarchais , au théåtre du Marals , , 179st
La Mére Coupable était connue et annoncée depnii
loDg-tems ; plusieurs théåtres se l'étaient disputée , et cettB-
luttc hooorable pour Touvrage » semblait en présagv i0
succés» Les trois premiers actes furent entendus au mi* *
lleu da bruit et des buées ; le quatrifeme acte excita nB •
entbousiasme general , et le cinquiéme se soiitint k h '
faveur dn précédent* C 'est un mélange monstrueuz de beantJs '
dramatiques et de trivialités absurdes et ridicules; un
fonds ricbe , mais une exécution plus que bizarre , etsortoiit
un style qu'on ne peut pardonner qu'å un autenr qiM
chercbe å se singulariser en tout*
Get ouvrage , cependant , ofTre une superbe acAoe in
quatriéme acte , et un dénouement trés-heureuz. Des
longiieurs intenninables en obstruent la marche , et ' U
MER a57
iy[e 5 butre qu'il est presqiie toujours bas et trividl v
>fire souvent du néologisme , des circonlocutions origi--r
lales et des expressious de mauvais gout*
MÉRE EMBARASSÉE (la), opera -comiqiie en uti
acte, avec un prologue, par Panard, å laEoire Saint'«
Laurent, 1734. ^
Trois amans ont imaginé, chacun de son cöté, de se
déguiser en valets , pour s'introduire chez Lucilcé Ma-«
dame Des Roches , sa mére j se doutant du travestisse-
ment, les force k se découvrir , et laisse ensuite la
choix k sa fil le , qui préföre précisément celui auqucl elle
^tait destinée. ' ""
*MERE JALOUSE (la), comédie en trois actes , en
Yers, par Barthe , aux Fran^ais , I77i«
Madame de Mclcour , femme dissipée et cherchant i
jJaire , a une fillc de seize ans , qu'eile a jusqu'alors 're-
teou au couvent. Gette jeune pérsonne aime en secret un
Bomme Terville , qui Taime aussi avec passion ; pour
réussir , celui-ci commence par se bien mettre dans Fesprit
de la mere , et lui» fait sa cour. Comme cette mera
est peu flattée d'avoir sa fiUe auprés d^elle , elle pense å
Téloigner, en la mariant en province avec un nommé
Gersac de Bayonne. La tante de la demoiselle désapprouve
ce mariage, et toute la famille , excepté la mére, se ligao
pour éconduire le Gascon. Le secrfurs de tout le monde ,
(|iii s'intéresse e^n faveur de Terville , joint å Tamour que
la fille de madame de Mclcour a pour lui , la haine qu'elle
porte å Gersac 5 Tavarice et les autres défants de ce Gas-
con , tout cela conlribue au succés du mariage des deux
amans.
Torne P'L R
i58 MER
Le caraclire de madame de MeUour^ nous a pknt
tronqiié ; il fallait un art iufini , pour rendre supportaUe
au thtåtrc la jalousie d'iine mére contre sa fiUe, et flur^
tout pour combiner cette jalousie avcc un fonds de ten-
dresse iBatcrncllc : cVst ce quo Fauteur n*a point falt
Madame de Mclcour débeitc aVec une durclé trop repous-'
sante , et se convcrtit cnsnito trop faciiement : il y a trop
de personnages mis en jeu , et ce qu'ils font se réduit å
trop pGu de chose ; le role de Gérsac n'est qti'une ébaiicli0
de caricature. On con^oit que JuHe n'ait pas d^amour
pour le Robin , parce qu'il est épais et insignifiant ; maisle
desir bién naturel qu'il a de conserver une dot considérabb,
en dcmcurant å Paris avec sa femmc , n'est pas un tnifi
assez blåmable , pour justiiier le mépris dont on écrase b
pauvre hére, et ce défaut de mesure, ressort d'autantplos,
qu'il n'existe dans le i^le de ce Gascon ricn de coHuqiifl
ni d'originaL
Le personnage de la tante est le plus agrcable ; 3 e|t
gai , vif et blen en situation ; mais on lui troayeitit
plus d\in modéle. Quant au style , quoique fort infénaur .
å celui des Fausses injidélités , du ni6mö auteur, quoi^
que scmé de faux brillans , il offra pourtant de job
vers et des pensées trés-fines qui font excuser ces dé^ '■
fauts.Ccst au total uné mauvaise comédie que la MUf^ ,
Jalouse ; znais , comme dans celle de Dorat ^ å qui PoA i
pourrait Fattribuer , les détaik rachétent les vicen ^
fojids.
MEREY a fait jouer , soit aux Boulevards j soit en '
société , Thérhe et VEspérance', la Soirée des Porcherons;
VHötelgami ; le Compliment du Jour de Van; VAvanl
Souper, ou la Coquette corrigée^ et la Mode et le Gaåti
MÉR a59
IMERIDIENNE (1ä), comédie en un acte, en prosa ,
inélée d'ita1ien , avec un divertissement , par Fuzellier, aa
lliéåtre Italien , 1719»
Silvia , fille du seigneur Commodo, vénitien , mais établl
iParis, estaimée du chevalier de laGirouette, dont i'anqiouc
est p^agé par la jeune personne ; son pére l'avait approuvé ;
mais il est mört d'une apoplexie avant d'avoir assuré
lebonheUr des deux amans. Fantaion, frére du défunt , est
wrivé å Paris pour étre luteur de Silvia, et il a fait venir avec
kli un autre amant italieu , nommé Lélio^ auquel il destine
»a nifece. En attendant le départ de Paris , Pantalon a fait
fermer toutes les issues de la maison; il ne qnitte point*
sa méce, et cmploie tons ses domestiques å veiller sans
cesse å ce que personne n'en approche. Trivelin , valet du
chevalier de la Girouette, cherche avec Claudine, femme
de chambre de Silvia , des moyens pour introduire son
maitre auprejs d'elie; et, maigré la vigilance de Fantalon^
ils font eritrer une armoire. Le dessein de Claudine est
de profiter de la Méridiénne, que les Italiens font apré»
leurs repas ; ce pro jet s*exécute« Pantalon et Lélio viennent
pour dormir dans la salle oä est enfermé le cbevalier;
öiais Pantalon, averti par Viplette sa servante , feint de
Jormir, Lélio , par des soup^-ons naturels å ceux de sa na-
lion, emploie la méme feinte 5 et les aitians, les croyant
profondement endormis, s'entretieni:«nt de leur amour.
Enfin Silvia inquiette , et craignant que son onde ne sV-
veille , ordonne absolutnent au chevalier de sortir. Mais
loncle avait tout entendu ; el, apres un éclaircissement ,
le chevalier se trouve étre un Italien : å ce titre, il Qbtient la
main de Silvia.
MERLIN, c'e5t un personnage de valet du théåtra
R 2
a6o mer
FraiK^Ris, qiii, commc on va le voir , fut iDvénté påt
Desmarrcs en 1686, et devint bientot å la mode. Qn nd
Femploie plus depuis loog-tems.
I
MERLTN DRAGON, 011 La Dragonne, comédieoi
un ucto', en pruse, par Desmarres , au theåtre !Pran«'
^ais 5 1686.
Monsieur de La Serre , riche et avare , sur le point cb
marier son fils avec la iille de M. Oronte , chaoge de wth
timcnt et la dcmande ponr lui-méme. M. Oronte a dela peinrt- .
å consentir å cet échangc ; toutefois il s'y décide. Fiman*
dr^, fils du M. de La Serre , en est au désespoir. Merlin^
valet d'un ami de Fimandre, aprcnd le cbagrin de cehu-cli
et Ini ofTre ses services. Comme M. Oronte attend
son fils , capitaine de Dragons , qui est ä Tannée , Merliil
profile de cette nouvelle , se travestit en capitaine de Drft*
gons ; et , suivi de qnelques intrigans , comme lui dé*
guisds , vient chez M. de La Serre, le felicite stirfloii
tnariage , et met la maison au pillage. Ce stratl^Sini '
réussit au gré de Fimandre et de sa maitresse. La Serrtn j
ponr se débarasser du capitaine et de ses dragons , cooasiA i
que son fils épouse la fille de M. Oronte.* 1
MERMET , ( Claude ) , quitta la Savoye et viot «'*- .
tablir å Lyon., oh il donna une traduction de la tragédif
de SpphoniAbe , de Georges Trissin 5 il est plus conini
par ses épigrammes que par cette traduction. Cest de liu
gu^est ce quatrain, qui nous a été conservé par Duverdiert
Les Amis de Theiire présente
Ont le naturel du Mel«in ;
Il on faut rS5aycT cinquante
Ayant qu^en rencontrer un bon.
MER i«
MÉROPE , fragédie italienne par le marquis de Maffey ,
m théåtre Italien ,1717. -
Poiir essayer le gout du public sur les ouvrages sérieux que
Lélio voulait iotroduire å son theätre , on y représenta la
tragédie du marquis de Maffey ^ fctatis. Oo lisait , sur les
lillets , ces möts italieas : Per chi 1'entende : Pour ceux
qui l*enteudent, Voltaire , qui a puisé dans cette piéce le
sujet de sa Mérope , écrivait å FAuteur italien : a Votro
» Mérope estTexemple d'une tragédie simple et intéressante;
» j'en fus saisi , dés que je la lus ; et mon envie de la tra-
> duire redoubla , des que j^eus Thonneur d'eQ connaitro
» TAuleur, å Paris , en 1733. »
Farlant ensuite , de cette méme piéce , å d^autres littéra-
tcurs, il Tappelle « un Drame sans art, sans dignité, sans
3) vraisemblance , dont la representation ne . serait point
» achevée k Paris ,' et dont les gens sensés d^Italie font trés^
a peu de cas. » Comme le sujet de la Dlérope de Clément
est le méme, quant au fonds, que*celui de la tragédie do
Voltaire , il suffit de douner Tanalyse de Tune de ces
deux tragédies ; voici donc Panalyse de la Mérope de^
MÉROPE , tragédie par Clément , imprimée en%i«749*
Ce sujet fut traité par Gilbert en 1642^ sous le. tiire å&
fhilocléeet Téléphonte; et en 1682, par La Chapelle , sous ce-
löi de Téléphonte ; il le fut cucore par La Grange^^hancel en
J731 , sous celui d^Amasis*
Frappé des beautés »de la tragédie Italienne , Clément ,
abrs ågé de vingt-deux ans , resolut d'accomoder ce sujet
pournotre théåtre; il touchaitå la fin du troisiéme acte , lors-
que le marquis de Maffey vint k Paris en 1733. Clément se
présenta chez lui , et prit la libqrtide lui demauder son^via^
ft6s M É R
L'aiiteur de la Mérope Italienne parut déåirer qu'il se Bornit
h. une simple traduction ; mais il ne suivit point son'coii8eil , !
et s'cmpressa de mettre la derniére main k son ouvrage : dé»
qu'il l'eut achevé , il Toffrit aux comédiens, qui exigérent dn .J
cliangemens. Dans rintervalle , Voltaire présenta sa Méropt^
qui fut jugée , ce qn^elle est en efTet , un cbef-d^o&uvre. Elb I
fut doDc acceptée; et, lorsqne Clément rapporta lasieime, ]
avcc les changemens qu'ou lui avait demandés, les comédieot
la refusérent k cause de sa ressemblance avec celle deVoltaiie^
Mérope a vu tomber son époux et deux de ses fils sona b I
I
fer dePoliphonte; depuis quinzc ans el1evoitl'usurpatear trän- I
quillement assis sur le trone de Créspbonte. Lasse enfin de sa
tyrannie , Messéne est préte å sccouer le joug , et Foliphonts» j
inquiété au-dedans , menacé au-dehors , conimence k craiadre |
un peuple qu'il a trop long-tems outragé* Four contenir le»
esprits il veut les épouvanter encore ; mais quand on a trop
abusé de ces armes terribles ^ ellcs finisseot par s^émonsser» ,
et ce méme peuple , réduit k envisager la mört comme m
bienfait, reprcnd son énergie et ses droits. Adraste, son coiH
£dent 3 combat donc ceUe dangereuse et funeste résohidoD | ^ ;
et lui conscille d'épouser Mérope. Cost en effet le plus sur !
et Ic seul moyen qui lui reste , pour se mettre å Tabri da \
Torage; mais il faut que la reinc y consente. Gommentia
décider k recevoir une main , teinte encore du sang de son
époux et de ses enfans ? Quoi qu^il en soit , il ose en faito
la proposition. Tandis qu'il cberche å raffermir sa puaasancd
ébranléé , le fils de Cresphonte arrive dans ses états. Enfin !•
jour est venu que le petit-fils d'AIcide , conduit par te dfS"
tin , va venger å la fois son péjre, ses fréres et sa mére , •*
lui-méme. Ce jeune beros , Tespoir , Tunique espoir de Mé*
rppe 5 a quitté Polidore , son Gouverneur , pour retronv^
itnp amante qu'n adore , et dont il est tendremoDt iu(d4* H
MER a63
suivait les bords delaPamise , Iorsqu'il fiif. attaqué par un
jeune homme de son åge : il le combat , lui donne la mört ,.
et le jete dans le fleuve. Inutile précaution ! il est arrété et
conduit Jevant Poliphonte , qiii Tinterroge aveciine attentioq
barbare. Egiste Iiii raconte son aventure avec franchise , et
répond sans hésiter å toutcs ses questions ; enfin Poliphonta
croit reconnaitre le fils de Cresphonte au portrait que lui fait
ce dernier de celui que le hazard a fait tomber sous ses coups.
Äinsi , loiu de lui éti^e suspect , il prend Egiste sous sa pro-
tection. La position d'Egiste est telle qu'il ne peut trouver
grace aiiprés du tyran, sans étre iin objet d'horrenr pour
Mérope; s'il échappeå Tun, il doit étre immolé par Tautre.
Cest dans Pintention de venger la mört de son fils , que la
Reine dcmande å Poliphonte une entrevue avec Egiste. Le
Tyran est doublement intéressé å Faccorder, puisqu'il satis-
fait å la fois et la Reine et le peuple. Egiste parait donc devant
sa måre , mals avantde la voif , il retrouve Ismfene, å laquelle
il raconte ses malbeurs. Cependant Mérope arrive ; déiespé-
rée 5 elle Taccuse d'avoir assassiné son fils ; fnrieuse , elle le
menace , et fait briller le fer ä ses yeux, Egiste , loin d'en
$tre allarmé , se prépare å recevoir la mört en bérDs. Son
courage et sa magnanimité tiennent pour un instant le brås
^e Mérope suspendu, mais enfin elle va frapper Egiste , quand
soudain Isméne , qui ne Fa quitté qu'un instant , revient ,
accourt , se précipite entré lé fils et la mére , et sauve les.
jours de son amant, Eperduq , Isméne s'écrie : clier Egiste!
Pgiste ! lui dit la reine , le connaissez vous ?
ISMEN^.
Oui je Taime. Cest lui , je Farrachc å VQ3 coups :
Punisscz-moi.
»
MEROPE.
Qu^ntends-JQ ? o ciel ! quoi ? c^est Egiste ! . «,;
»64 MER
ISMENE.
Le yoiU; Contre toii« , dans un moment si triste ,
J^ose encor le défaudrc.
mÉROPE.
O destins inouis !
ISMENE.
Vous alliez Timmolcr. . . .
MEROPE.
Ah dieux ! c''ctait mon fils t
C*est aiusi qiie le nom d'Egiste prononcé au hazard^
opårc la rcconnaissancc du fils ét de la mere. Mérope alois
tombc évanouie , et ne rccouvre qu'avec peine l^usage de sa
ralson et de ses sens. Enfin Mtrope et son iils épanchent dans
le sein Tun de Fautre ton t ce que Famour d'une mére , la
tcndrcsse et le respect d'uii fils ont de touchant et de pathé-
tique. Cependant, que falt PoUdore — ? Allarmé aur le aort
d^giste , il l'a suivi de prés , et arrive au moment oii il
vient d^étre rendu å sa mére. Graignant qu'ils ne soient sur-
pris par le tyran , ii les force k se scparer , et lui-méme se
retire pour veiller au salut de son éléve 5 mais ce sage vieil-
lard ne tärde pas å revenir auprés de liii , et le tire de la cmelle
incertitude , dans laquelle il le trouve plongé. Gependant
Foliphonte , fidéle au pr o jet qu'il a con9u de s'umr å Mé-
rope , ne veut pltis ^n retarder l'instaut 5 il salt que Pqp
conspire sa perte , mais il n'en est point intimidé , et s'a*
ndonne aveuglément å la fortune. Quoiqu'il en soit, la
•nduite de Mérope avec 1'étranger , qu^elle doit regarder
I Passassin de son fils lui devient suspecte* La reine
fc dissimuler encore ; mais il la voit bientöt changer do
lorsqu'il vf^ frapper Egiste. Enfia il commaxide & 1^
snére de marcher aux autels , ou see gardes Tentrainent , el
il doDne des ordres pour que le fils ne piiisse pas lui échap«
per ; mais bientot Egiste est retiré de leurs mains ; il s'ariDe,
et PoIiphoDte, frappé hu-niéme, tombe sous les coupsdu
petit-fils d^Alcide.
Le style de cette tragédie noiis fait regretter qu'elle n^ait
pas été représentée 5 celle de VoUaire , sans doiite, lui est pré-
férable, mais celle-ci n'en donne pas moins Pidée d'un talent
d'un ordre supérieur. On y trouve partout des pensées
nobles et élevées , et des vers propres å les faire res-
sortir.
MÉROPE , tragédie par Voltaire , 1748.
L'amoiir est exclu de cette tragédie, la nature seule
en fait la base , seule elle y triomphé. Ca sujet , cité
"^ar Aristote , avait été traité par Euripide, dont Pou-
vrage n'est poiut arrivé jusqu^i, nous. Voltaire a
pTofité de la tragédie de Maffey , mais il n'a suivi le
poete italien qu'avec précaution ; il évite les écueils
dans lesquels a donné son guide : sa piéce est simpla
et débarrassée d^épisodes superflues. Rien de plus terrible ,
lien de plus touchant qué la scéne oi\ Mérope est préte
ä poignader son fils , qu^elle croit venger. L'intéréi;
8'accroit sans cesse \ et le péril d'Egiste en est la seule
cause. Tout est préparé sans étre prévu, et, ce qui n'est
pas un mérite commun, la piéce ne finit qu'å la derniére
»céne, Quelque honneur que cette tragédie alt fait
i Voltaire , les critiques y ont trouvé beaucoup å ré-
prendre. J^ous ne citerons que Pabbé Des Fontaines,
dont nous emprunterons les paroles. « Qu'est-ce , dit-il,
^ (]iie cette ^narchie d^ cjuinze ou sei^e ans , que le poetia
s66 MER
:» siippose ? LV'iat pourrait-il rester qiiinze on serze bb»,,
y sans roi , sans gouvememont ? On répondra qiie la reioe
^ Méropo gouvernait, et qiie Poliphonte était son lien*
3» tenant-général ; mais , piiisqiie depuis qiiatre ans y eUe
» avait des sujets si biens fondés de se défier de lui , sni-
3B vant la Icttre de Narbas , que ne faisait-cUe périr cet
« hommo dangeruux , commc clle le poiivait , étant revétue
» du ponvoir souverain? Qnclqiie puissant qu'il fut , qu'cn
9» serait-il arrivé å la reino ? Les ennemis de Polipbonte
» aiiraient été ses partisans. Voilå une reine bien faiblo
« et bion timide! ello savait par la méme lettre, qne
» son fils Egiste vivait , ayant au moins seize ans ; que
y> nu le faisait^ello donc venir immédiatenEient apres avoit
» fait périr Poliphonte ? Egiste n'eut-il pas été aussitdt
» rcconuu pour roi par les Messéniens ? Si la Reine
» crojait Poliphonte soumis et fid6Ie, il est clair qne»
9 puisqu'il était son défcnseur , et faisait tremblef
a> tons les ennemis du tröne , elle ne devait pas balaocer
» å chercber Egiste , mcme avant que d'avoir te^u la lettr©
2> de Narbas, Mais, d*un autre coté, comment Poliphonte^
i> cet homme ambiticux, ce meurtrier du roi Cresphonte ^
3» cc vainqueur de tous Ics ennemis de Tétat , ne pentril 9
3> dans Tespace de quinze ans , recueillir le fruit de sol^
» crime ? cela est iqoui dans Fhistoire , et absolumeDl^
v incroyable. Un scélérat , qui a osé tremper ' ses main^
a» dans le sang de son roi, devait dés-lors avoir sa partia-
» liée; tout devait-étre applani pour son usnrpation. Voic*
y cependant un homme qui , apres avoir assasslné soA
» roi , et égorgé la famille royale , laisse vivre tranquil-*
u lemcnt la reine , et la laisse en repos pendant quinze oU-
» seize ans , apres son parricide i il est éloigné du tr6n0
» durant cet intervalle de tcms« Mais qu*a-t-il fait durant
MER ^67
• ces qiunze 011 seize années ? II a chassé les brigands de
» Pjlos et d'Amphrise : ce sont tous ses exploits. Cei
» brigands doivent-ils rempéchér de mettre la couronne
» sur sa tete ? Il n^y a äucuDe vraisemblance dans toute»
|) les siippositions de l'anteiir. »
« D'ou vient cette ciiriosité, cet empressementde la reine,
3) pour voir un jeune homme arrélé comme coupable
9 d'un meiirtre? Pour trouver cette curiosité dlgne d'uDe
» reine , il faut supposer qu'elle avait résolu de s'infor-
» X^er de tous ceux qui , désormais , tneraient quelqu^un
9 dans la Gr^ce : ce qui est ridicule. Est*il sensé de siip-
» poser qu'Egiste , apres s'étre défendu , et apres avoir
» tué un injuste agresseur, s'avise de trainer son corps
» et de le jeter dans la riviére? Pourquoi cette circonstanc«
9 bizarre? Etait^l nécessaire de copier Tauteur Italien,
9 qui ne Ta feinte ridiculement , que pour placer ici
a la noble description du bmit que fait un corps pesant,
» jette du haut d'un pont dans la riviere ? Cette action
> de jeter ainsi un cadavre dans Teau , devait paraitro
» dangereuse au meurtrier. Egysle avait-il eifi ce moment
9 perdu la tete ? Une telle pensée ne viendra jamais å ua
» homme , qui , s'étant bravemeipt défendu contre des
» voleurs, pendant la nuit, sur Id Pont Neufy en auralt
» tué un; cela n'est jamais arrivé et n'arrivera jamais,
39 La siipposition heurte donc la vraisemblance , el ne peut
j) étre justifiée. »
*c Je ne comprends rien å cette armure que T^arbas
» avait emportée lorsqu'il s'enfuit å Messéne , et quTEgiste,
» apres avoir tué son ennenii, a jetée pour ij'étre point
» connu. Quel est le vrai motif de cette action ? On na
»le dit point. Cest que cette armure jetée , on ne sait
9 poyrquoi , sera ram^^ssée , et servira dans la $ultei*
a68 M É R
X Mais Toici quelqiie cliosc de bicn plus extraordinaire;
» La reine et Pollphontc méme, croient qiie ce jeun/
a* homme est le meiirlrier cUEgiste. Pourqiioi le croieot-
D ils? Je D^en sais rieii : il iiV a pas la moiadre raison, k
» moins qii'oD nedisc qiie c'était alors la mode de croirei
» sans examen , toiit cc qii'ou disait au désavantage d'au«
» trni. On était donc alors , follemcnt et méchamment
» crédule. Mérope et Poliplioulc font ici le personnage
31 de deux gens sans éqiiité et sans cervelle. Ila croient
2> qiie le panvre accusé est conpable , précisémeot parce
» qui\ est accusé sur le prétextc le plus vain et le plus
» pueril. »
« Il parait cxtraordinaire que Poliphonle , lo véritaUe
a assassiu de Cresphontc , apres avoir fait son possiblOf
» pendant quinze ans, pour étcindre dans Egiste, la race
>» des Héraclides, devienne son protecteur, lorsqu'il II
» connait et le tient en sa puissance , et qu'il éponaei
D) ses veux Mérope sa mére, sans que l'amour , qui aven-
» gle Ics plus profonds politiques, puisse lui servir d'ex-
» ense : car il n^est point amoureux de Mérope. Cela noiu
s) parait contraire aux premiércs lucurs du bon sens. O
» faut que Polipbonte soit fon , pour prendre un parti si
S) bizarre et si contraire å sa sureté, etc.
Un perruquier gascon débutait au tbéåtre par le réb
de Polyphonte ; il fut Inié et sifflé , comme il le méritait*
Quand on vintponr annonccr la piece du lendemaio, lepar-
terre demanda le debutant qui se lit prier pour parattre: nou-
velles biiées , nouveaux sifflels , dhs qu'on Tapjjer^ut j mail
notre homme ayant fait signe qu'il avait quelque chosei
dirc, on se tut pour Técoiiter. Messieurs, dit-il , hier j«
vous accommodais, aujourd^hui je vous incommode; eh
biea! Messieurs, je vous racconimoderai demain. lie par*
f
MER i6g
terre, enchanté decette saillie,y applaudit, et Facteur fu*
soufTert tant qu'il resta dans la ville.
En sortant de la premiére representation de cette tragédle ,
une personne entra dans le café Procope, et s'écria : « Ea
» vérité, Voltaire est le roi des poetes. » L'abbé Pellegrin,
qui était dans le café, se leva brusqiiement, et, d'un aic
piqné , lui répondit : « Eh ! qui suis-je donc , moi ? »
« Vous !. . . voiis en étes le Doyen » , lui répliqua le bel
•sprit.
Mlle. Dumesnil remplissait , dans cette piéce , le role
principal ; elle y déploya un si beau talent, qiie Fontenelle
dit, av-ec son air doucereux : « Les representations de
» Mérope ont fait beancoup d'honne«r å Voltaire, et Tim-
» pression , å Mlle. Dumesnil. :» On Fy vit traverser rapi-
dement la scene, et voler au secours d'Egiste, en s'écriant :
Arréte. * . c'est ipon fils \ Avant elle, on ne croyait pas qu'il
filt permis de courir sur la sceAte dans une. tragédie- Oa
Voulait que, dans tontes les situations, et dans toutes les
circonsjances , les pas de Tacteur fussent mesurés et cadencés*
Voici un fragment d*une plåce de vers qui lui fut adressée
sur son rr]f de Mérope. •
Par toi, la jalouse Roxané
Noiis a falt Iremblcr niille foIS ;
A la fureur de Phédre , aux plaintes d^Ariane ,
-Quelie autre eÄt mieux prélé sa voix ?
Tes yeux savent verser les pleurs de Cornélie ,
Et lancer sur Joas les reg'irdstd'Aihalie.
Oui , chSre Dumesnil , c'est toi
Qui , sans färd et sans i m posture , ^
Sais si bien peindre la noture.
Tu remplis tous nos sens de tendresse et dWfroi j
Par ces pleurs , par un sort si triste ,
Mérope , pour son fils , a su nous alainier ;
I
*
ST» "mer
Eh ) qui poiirrail ut point diiuer
La vcuvc de Cr sphonte et la inére d'Egiste ?
Dnmcsnil , appriMuIs-inoi ce secrct fii vante ,
Jjc taicnt scducteur dVmouvoir et do plaire ;
Sans tes divins taleus , Ajiollon cåt doutc
QuVn put pre ter cncor des cbarines å Voltaire.
Paulin filt chargc du rolc de Foliphonte daDS Mérope» A
cette occasion , qnclqirun demanda å Voltaire , pourquoi il
donnait 1c role d\isurpatciir å ce jeune homme , qui venait
de jouer, avec peu do succés, le role de Rhadamiste* Cest^
lui répondit-il, un tyran que j^éléve k la brocheite.
MERVEILLEUX , tcrmc consacré å la poésie épiquei
par Icquel on enteud certaiiies fictions hardies , mais toute-"
fois vraiscmblabics , qui , étant hors du cercle des idéei
commniics étonnent Tcsprit. Tcllc est l'intervcDtion da
Divinites du pnganisme dans les poemcs dlloroéi-e et de
Virgile : tcls sont Ics étres métaphysiques pcrsonmfiés
dans les écrits des mödernes , comme la Discorde , TA-*
niour 5 le Fanatisnic , etc. Ccst ce qu'on appclie autrement
Machines. ( P^oyez Machines. )
Le Merveilleux, qui consiste dans les personuages allé-*
gorlqucs, est entiercmcnt interditå la tragédie sérieuse , et, i
plus fortes raisons, a la comédie ; il u^a plus lieu qu'å TOpéraJ
c c nV*sL qu'a ce théåtrc que les Divinites fabuleuses sont Sid-
niiscs. ] 1 ne nous reste que les apparitions des révenans et des
esprits : pourquoi , dit Voltaire, ne nous servirions-nous pas
de CCS ressources surnaturelles , si elles peuvent faire no
lirand ollbt ? la religion ellc-méme a consacré ces coup*
i»\traordinaircs de la Providence. Il n'est donc point ri-
iliculo de s'cn scrvir. Mais il ne faut cniployer ces har*
»li.^sscs , (jiio qunr^d cllcs servent å jeter plus d'intérit
MES tyt
tet plus de tcrreiir dans raction. Si le Doeiid d'un pötmö
tragique , continiie le roéme auteiir , est lellement ,enl-
brouilié qu'on ne puisse se tirer d'embarras , qiie par 1ä
lecours d'iin prodige , le spectateur sent la gene oå l'au-
teur s'est mis , et la faiblesse de sa ressouroe. Mais
je suppose que Tautéur d'une tragédie , se fut proposé
pour but d'avertir les hommes , que Dieu punit quel-
quefois de grands crimes par des voix extraordinaires ;
\e suppose que sa piéce fut conduite avec un tel art ,
que le spéctateur attendit å tout mooient Fombre ,d'ua
Prince asssiné , qul demande vengeance , sans que cette
Bm)aritioh fut une ressource absolument nécessaire å
tine iiilrigue embarrassée ; je dis qu'alors ce prodige, bieit
tténagé , ferait un trés-grand effet en toute langue , en
tout pays et en tout lieii. Tel est Tartifice qui régne
dans Sémiramis; töl est celui qui régne dans le Festin d$^
Pierre» Qu'on. ne dise pas que les exemples si rares et
si extraordinaires ne sont d^aucune instructioa pour le
commun des hoitimes. La moralité qui en résulte est
töujours trés-utile et trés-frappante ; c*est d'appreridre aux
Humains , que les grands crimes sont quelqucfois punis
extraordinairement.
MESMES ( Jean-Piérre) , nous a donné la traductlon
d'i^ne piéce de TArioste , intitulée : Les Supposésk
MESSINE (COLLET de) , a donné aux Italiens en 1773
ftnecomédie en deux actes, en vers, mélée d*ariettes, intitulée
Sara , ou la Fermiére Ecossaise,
MÉTAMORPHOSE AMOUREUSE (la) , comédie eft
Uti acte 5 en prose , par Leg^and, au théåtre Franrais, I712.
s
.yt M É T
Lcs bons mo(s de Crispm , et le comiqiie avec lequd
Valöre soutient le rolc de fcmme de chambre de sa
nalfresse , et Fasqiiin cclni de nourrice , font excusetf
le défaiit de vraiscmhiance qiii doit so trouver nécessairemeDt
dans ces dciix personnages de la Métamorphose ^moureusCf
jtlhce boiiflbniie , comme le sont la plupart de celles å$
Legrand»
MÉTAMORPHOSE SUPPOSÉE (la) , comédie en UB
acte , en vers, par un anonyme , aux Italiens , lySS*
Une jenne fiUe , intlmidée par sa gouvemante , aime et
n^ose Tavoner. Un jardinier conseille a son amant de se £l*
clier , vient annonrcr sa mört , et persuade å la jeune iiH
Docente qn'il a été rhangé en fleur. Gette fleur est un oelllet;
Ic jardinier le cneille , et le lui préscnte , en hii disant qu9
on amant ne sera rendu u la vie , qiie lorsqti^elle aura pro*
noncé : jaime Almanzor. EUe est charmée de Tceillet; elb
en rcspire l'odenr ^ en admire la beauté, se laisse attendnr^
et prononce enfin les möts qui doivent fiuir la métamorplioseé
Almanzor parait , et ils sont unis.
MÉTAMORPHOSES (les) , comödie en quatre actcs,
en prose, avec quatre intennedes, par Saint-Foix, aux
Italiens , X74«3.
Zermés , fils du génie Zulphin , et Elori^e , fille delafed
Galantine , étaicnt délenus dans une esp^ce de prison , psi
ordre de leurs parens. Zerraes s'échappe , apper^oit Horisa
k une fenétre , et en devient amourenx. Un Génie, oncle OB
Elorise , favorise cet amour , et protegé lcs jeunes amans*
Ce sont les effets de cette protection , et ceux de la vengeance
de Ziilpliin et de Galantine , qui fournissent le fonds decetta
comédie ; mais lcs scénes plaisantcs , les lazzis entré les ac-
K
ears eomi^ues , les danaes , le chant « les ma^ines en cti^
actérisenf la fonne» L'auteur a beaucoup sacrifié h l'agré-«
nent du spectacle; mais il avoue s'étre moins propos^4'oQ|i
iiper l'«sprit , que de flatter les yeux.
On fit exéc liter aiix Italiens , avec le plus grand succés , lut
eu d'artifice nommé les Métamorphoses* Fendant l'exécutioa
le ce feu , la premiére fois qu'il fut donné au public ,
)n vit tomber differens couplets , sur plusieurs airs da
raudevrlles connus , qui partaient de l'ouverture ovale du
:elntre , au-dessus du parterre. Ces couplets étaient impriosea
sur de petits carrés de papier séparés ; ils faisaient allusion
aux feux d'artifice en general , et avaient été compqsés pac
Pannard et Galet , auxquels on eut Tobligation de cette idée^
iogénieuse.
Cet usage de jeter des couplets au public ^ se conserva
pendantquelque tems ; souvent méme , le couplet parais-*
aait fait pour un ac^eur, dont il portait le nom* Pannard^'
qui se chargeait volontiers de les faire , ayant un jour
oublié d'en composar un pour Riccoboni fils , cet acteuc^
»en vengea par Fimpromptu suivant , qu'il fit dans Is
%er.
Antrefoisy de vos cliansonnetles
Le Public s'*amusait un peu ;
» Maintcnant , ccUes que voiis faites ,
Ne sont bonnes que pour le feii.
METAPHORE , la Métaphore est une figure par laquelk
<}n transporle , pour ainsi dire , la signification propre d'un
^om, å une autre signification qui ne lui convient qu'en
Vertu d*une comparaison qui est dans Tesprit. Un mot, pris
Jans un sens métaphorique , perd sa signification propre , et
5n prend une nouvellej qui ne se préseote a Fesprit^ que pac
Torne Vl^ S
174 M É T
la comparaison que Ton fait entré le sens propre åe ce motf
et la chnse conr.paiee. Far e\emple , qnand on dit qiie lo
tnQit**'"^^ «;p pare son ven t desconleiir» de la ve ritt ; dansrelta
ph^-a-r, le mot de couieurs . na plus sa ^i<;iiiii( ation propra
et priiTji!i»'e; ii ne marqne pins coJte Iiimiére mculiliire ,qiu
noii- fuit voir les ohjets oti blanrs , oii ronges , oti jaiines«
etc... Il si^nitii; le» dchors , les appare ices , et relä par
comparaison entré le sens propre de couieurs , et le dehors
que prend un homme qui nous eaimpose sous le masque dt
la siiirerité*
La tragerlie admct les Métapborcs, mals elle re)elte les rom-
paraisoDs : pourquui ? Parre que la Metap1io.*e , quaod elb
est uaturellc, appa.ticnt åla passion. et qne les com}>arat sons
xi'a|;pa' tiennent qnVi res| rit. Uneseule Metaphore se presentf
tiatu^ellemeiit å un esp>'it rempli de son objet ; mais deux
ou trois Métaphores accumulees sentent le rbéteiir. G*est
une i^^\e de la saine éloqnenre, qu*une seulc MetapboreroiH
vient k la passion ; et que toule Metaphore qui ne FormepoiDt
une image vraie et sensible , est mauvaiso : cette rigb
Bc souiT.e point d*e/.ception.
MÉTASTÅSE ( Pierre Trapassi ) , né å Asais0 en
1698.
Doué dNia esprit profond , d'une imagination vive et &*
conde , Metastase possédait tout cc qu\»D peut recevoir de h
nature. Dés 1 å^e de douze ans, il entra dans la maison da
céiåhre Gravina; ce savant, qui voyait le clinquant, laboiH
daLice sterile, les brillantes folies des poeles itatiens, fit Toirk /
Metastase que la véritable source d'uu goul pnr, se trouvait
dans les au:eurs grecs. Le jeiine disciple saisit cetté idéei ,
' ttp|H'oroDdit les priDcipes de ces Foctes , et se forma sur rei
, d«flt il ne 8'écarta jajnaid. A l'&ge de viii{t^ciBB| \
i
tas , Métastase partit ponr Vienne , o& il composa son*
Ri^lus el la Clemence de Titus\ Pénétré de c,e précepto-
i'H<Mrace :
Scribendiy recte sapere, est et principium et fons*
Il étudla la philosöpbie, et ne traita jamais un sujet^
iu'aprés s'eD étre rendu maltre :
Omne supelr vacuum pleno de pectore manat,
t%i une observation dont il a senti la jiistbsse ; et il å écrit
avec aiitarit de rapidité que de precision.
Il n'a pas raoins suivi le précepte de Boileau qiie ceu»
tfHorace; et jamais ii ne s*écarta de ces grands principes t
•
Tout doit tcndrc au bon sens ,
Rien n'^est beau que le Yi'ai ; le yrai seul. est aimable.
Geux qul ontcomposé de la mu.iique sur ses vers^ et ceux-
qui les chantent et les réciteut , sonl pliis en état que pfer-
^Qune de jtiger de lliar^ionie de 3a poésie. Au reste , nouai.
n^hésitons pas k dire que jamais aticun Italien n'a excellé^.
comme lui , ä émou voir et a intéresser son lecteur. Métastaso
8'éleva ji^squ^au sublime; il ii'aquit tendre, et Pon peut dire^
sans fajre tort å aucuue nation , que peu de poetea ont åussi
vivement peintles passioMs tendr^ et mieuxréussi k attendiir
h ccBur.
MÉTEMiPSYCÖSE ( la ) ,. comédife en trois äctei ^
et en vers librcs , de scénes épisodiques , par IT^n » au ,
tiié&tre Fran^ais , lySa.
Gette comédie étai.t préc|<Jé(B d'un prologue di* méme
^uteur : elle fut mal rre^ue dvi public > et , d^s la. ^egond^
tepréspntation , elle fut réduitQ å Un acte, et se tralna, dan$i
^i état , jusqu'å sjx i:epxéseöt^tions« Co.i^mje ce. »'<^.
i %
»^6 ittf
taient qiie des srencA épifiodiqiics , Ton ne fut pas atu^
surpris de la promptitiide avcc laqiielle cette prétCDdao
comédie ftit rcmi.se en 11 ii acte , que de l'étoonantc pré«
tentioii de l'aiiteiir , qiii sVtait Hatte d'amuser le pnUic
pendant trois actcs , avec des scénes détachées* Gs
genre de pidccs ne comporte qii'un acte , encore faut-il
qn'il soit tr^s-roiirt. Laiioiie avait donné å l'auteur un
bon ronseil , dont ce dcrnier ne proiita pas. II voulait
qiron ne junåt la piéce qn'en un acte, d'abord; et qu'a-
prås les denx ou trois preniiéres representations , on fit filer
surcessivement tontes les scénes des trois actes , en subs-
tituiint k celles que l'on oterait, les nouveiles que Poa aiirait
données.
MÉTEMPSYCOSE ( la ) , comédie en un acte , par M.
Vréderic Bourgnignon , au Vaudeville , i8o5.
Aurore , veuve d'Adolphe , lui a juré de nWoir pai
d^autre epoux ; et le ruisseau j qui arrose la prairie , amt
chai)gé son cours , avant qu'elle devienne parjure. Ce n'eit
pas touterois unc au tre Matrdne tTEphése , elle sait trop
que les vives doulenrs sont les plus courtes ; c'est O
éga\aiit son venvage , qu'eUe en garantit la durée»^
Son dcuil est d'ailleurs radouci par sa foi k la Métem-
psvcose ; eile se Hatte que son Adolphe revit pour^De
dans les fleurs qni ornent son parterre , dans tons kt
obiets qu^ils ont aimé ensemble. Parmi les amans qni
c^saient *de la rcndre sensible , il en est deux qui sembknC
également voisins du succés ; Tun est Charles , qui filt
Fanii d^Adolphe, qu'elle-niéme estime , mais qu'el)e évitv»
Tan tre est Dorval , son cousin , aimable étourdi , qui Fac*
compagne ^ans cosse aux bals , aux spectacles , dans toutesses
paities de plaisirs. Elle dit k Charles qu'il lui rctrace Tépovt
M E T Ä77
au'elie a tant aimé ; mes espérances sont plus belles- y
dit- Dorval ; car , moi , je lui fais oublier cet épuux qite
tu lui rappelies*.
Cependänt Charles trotive Toccasion d'un téte-å tete ^
que redoiitait Aurore. Craindrais - je tant si yous ttiez
hai? lui dit la jeune veuve ; ce mot lui rend té^conrage.
H ne s'agit plus que de tromper Aurore , avec son sys-
téme de la Métempsycose , en lui persuadant que råme
d'Adolphe a p-issé dans le corps dfe Charles. CVst d'A-
dotphe-méme qu'elle croit recevoir Tordre d'épouser cet
iDtime ami ; elle n'est volage que par excés de fidélité*
Cependant , par un prodige qui achéve de 1'acqultter de
ses sermens , le ruisseau vient de changer son cours , grace
«ujardinier, espéce de Gregoire , grand enmjmi de cette
fontaine, oi\ toujours o/i daptisait son vin. Pémme qui
aime est volontiers complice de Tåmant qui crbit Ta
tromper ; c'est Texcuse d' Aurore ;. c'est aussi celle du-
dénouement , qu'on a pu trou.ver un peu brusque., Qu'estr-
ce , au surplus , que Tintrigue d'ua vaudeville en un acte ?
Presque rien. La faiblesse de Faction se rachéjte , par le
charme des détails , pat la grace de couplets f^ciles et
Bpirituels.
Au reste, celui-ci fut fävorablement accueilU.du public» ,
MÉTEMPSYCOSE BtlARLEQUIN (la),, coroédie itar
Genne en un acte , par Riccoboni, pére , ayec des scénes fran-
^aises, par Dorainique , suivie d'uo divertissement , au
tbéåtre Italien ^ 1718.
Egau-rée par la lecture des Romans , Flaminia , réfuvse d'é*-
(puaec Mario , parce qu'elle veut rester fidelU ä la mémoirär
MjS M E T
d^AdoDis , doni clle a lu la fuble. Comme clle est vnrff
ment persuadéc du systemc de F} thagore , ellc ne donte
])oii)t que råme d^Adonis oe soit passée daqs le corps de
quelque chasvseur ; et elle ne veiit plus fuire son occupatioB
que de la chasse , dans Tespérance de le renconlcer. Pån-
lalon et Mario , désespérés de celtc raanie, ont rocounl ^
Scapln , qui 8'avisc de presenter , k ITlaminia , Arlequm
déguisé en chasseur ; il persuade å cette extravaganta qoD
Fcsprit d*Adonis a passé dans le corps d'Arlequin, parcd qitV
espere que sa dinbrmité guérira Flaminia de sonidée ridicnle;
mais clles'y attaché de plus eu plus. Scapin, voyant cetle dou-
velle lubie^la tourne å son avantage, et persaade å Slamiiiift
qiLie Mars , sensible aux priéres de Mario , vient de métuniXh.
phoscr Arlequin , et que Fåme d^Adonis passera dans le corpi
du premier enfant qui naitra de !f laminia et de Mario 5 ce qui
ye manque pas de déterminer cette foUe k répouser»
I
MÉTEMPSYCOSE DES AMOURS (la), ou I|i
DiEUz CoMÉDiENS 5 comédie en trpis actes , en ven libiMi
avec un prologue et desjntcrniédes,par d'Ancourtj niaii^
de Mouret , aux Fran^ais , 1717. .
Jupiter , irrité de ce que la bergére Cprine ose llii pr^GiiV ]
le bcrger Philéne , se venge de cct affront sur la troupe'4* ■
Amours. Il les condamne tons , excepté Icur ainé , k snbit
le joug des Parques. Voilå cc que Tauteur intitule la M^.
fempsycose des Amours , piéce estimable k plusieurs égizdsi
et qu'il fcint mémc de rcgarder comme sa meillesre, j
Les Comédicns furent les premiers k la décrier å cijiii**
deleur mésintelligence avec l'AuteuC, leur cam^räde; iDW* '
^Is n'eurent pas de peine k y réiissir.
MÉTOITfMIE- liC mot de Métonymie, signifie tijuispa?
M E T »79
sition , ou cliangement de nom > ua nom pour un autre ; It
iigne pour la chose sigiiifife : '
Dans ma viei!le»se langi^issante ,
Le sceptre que je liens 9'pv>se k ma main trémblante.
le sceptre est le signe de Tempire , de la Royautét
jLe vainqueur de l'£upbrate , pour Alexandre.
MÉTROMANIE (la) , ou Le Poete Comédten , co-
.médie eu ciiiq actes, en vers, par Firou, aux Fran^ais^
.1738.
Cette pi^ce noiis a paru judicieusement caractérisée par
ee vers de la Dunciad^ :
Chef-d' oeovre oå Part s^approche du génie.
En effet, on ne sanrait trop admir^r Uart avec lequel
Vauteur a su combiner son snjet, de maniére å le ren-
dre intéressant pendant cinq actes. Quelque familier que
4'on soit avec cette comédie , on est , pour ainsi diré ,
%)u jours étonn(^ de la voir faite. Ce sujet semblalt donner
fl pen de matiére , qu^on a pelne k concevoir , méme en
lisant Touvrage , comment Tauteur a pu trouver dans
åpn esprit assez de ressource pour le finir. Si Piron n'eut
''fittaqué dans sa piéce que cette manie des vers, qui ^
Ii'étant appiiyée d^aucun taleut, n'est véritabiement qu'une
manie , il eut sans doute trouvé dans ce délire , trop
commnn , un objet réetlenaeut comiqne* Tel est, par-exem-
j>Ie , dans cette méme piéce , le personnage ridicule de
1'rancaleu. Mais un poete , tel que M. de L'Empirée ,
qui n'a d'un peu outré , si Ton vent , que l'entlioasiasme
de son art, å qui Fen donne d'ailleur8 mille qnalités
siiRables , de la grandeur d'élme et Ues^ v^xt^s y ne. uqu$
j
28o M É T
parait point un personnage de comédle* LWteur, imtnnt
par sa propre ezpérieDce , a voulu prouver , sans donte,
que le tolent des vers conduisait rarement å la fortiine* Getto
vérité , dont le mécontentement des poetes a fait un dogme
trés-décourageant , n'est pas cependant sans ejception : 3
est t^l siécle de gloire , 0(1 Tärt des vers ne fut pas infruof
tueux. On ne saurait , sans contredit , trop efirayer par b
tableau du ridicule et de la misére , cenx qui , prenai^
un vain délire ponr un talent réel, n'ont en efliet qneta
miserable manic de rimer pour rinner; mais on est fll^
ché de voir un vrai poete, tel que Piron, représeDter
sur la scéne un bomme d'un vrai talent , trSs-estimable
d'ailleurs9 en buttc å tous los traits de la maligoité, lt
voisin des plus grands malheurs , tandis que, dana la piéce,
iFrancaleu , qui est le vrai Métromane , c'est-å-dire , qai
n'a que de la manie, sans talent^ jouit d'une fortune
considérable, etn'est exposé å aucun des ridicules quidoi?eBt
résulter de son délire.
Toutes ces reflexions servent å nous persuader de phft
en plus , que Tauteur dn Misantrope et da Tartl^ 9
qui avait le noble entbousiasme de son art,* et la con-
naissancc la plus approfondie des convenances tbéåtrales^
n'0itit point choisi le sujet de la Métromanie, ou du méM.
qu'il ne l'eut pas traité comme Piron. Cependant, qtji
de beautés , que de finesscs , que de traits saillans dans
■
sa piéce ! combien d'attitudes , de surprises beureusement
ménagécs pour le tbéåtre ! quelle profusion de talent et
d^csprit ! que d'art , en un mot , dans toute hi condnib)
de cette singuliére comédie ! elle a passé å la postérité 9
qui cut pcrdu beaucoup h. ne la point connaitre : cepeo*
dant , et c'est ce qui la place au - dessous des chcfc-
xrocuvre de génie , des cheft - d'oeuvre de Moli&ro %
pmit-éire un peu trop fondée sur des anecdotes , sur des
allusions ,' sur des usages du tems , et dénuée de ces
grands traits pulsés dans les caractéres invarlables de la
nature , elle perdra de son sel en vieillissant. Dans la
provlnce , elle fit toujours une impression moins seo-^
iible que dans la capita! é 5 parce qu^elle y aurait ^
pour ainsi dire , besoin d'un commentaire ^ tandis qua
les beautés måles du Misantrope , du lartuffe et de
Vjivare , seront senties tant qu'il y aura des hommes*
Ajoutons qu'il existera toujours des hypocrltes, des mé-
cbans , des faux pbilosophes et dVutres grands caractferes
dignes de la comédie; au lieu qu'on ne voit que fort rarement
une folie bizarre , telle que celle de' Francaleu , qui se falt
une occupation sérieuse de joucr la comédie , dans sa
maison , au point d'y forcer les premiers venus å se char^
ger des roles vacans, qui se passionne avec fureur, dans
sa vieillesse, pour la poésie, et qui. s'avise de faire in-
«érer dans les papiers publics de mauvais vers, sous le
liom d'une fem me , pour se procurer plus surement des
admirat^urs. Voici l'anecdote sur laquelie cette piéce est
fondée.
En 1780 5 Desforges-Maillard composa une pifece de vers
pour le prix de poésie de TAcadépiie Fran^aise, ,dont le sujet
était : Les Protes de V Art de la Navigation soiis /«
T^gne de Louis XI p^. Sa piece ne fut point couronnée,
et, dés-lors, ii crut devoir en appeler. Il envoya du Croisic,
petite ville de Bretagne , oCi il fit presque toujours sa rési—
dence, son poéme au chevalier de LaRoquc, qui rédigeait
alors le Mercure de France. Un parent de Tauteur pré-
senta trés-bumblement Touvrage å La Roque. Celui-ci le
refusa , allégant pour toute raison qu'il ne voulait pas se
brouiller avec Messietirs de PAcadéihie Fran^aise» I^
»8s M é T
parent inrista; T^a Roqne so ftrlii et )ettft le pöAoMi
an fen , cti protestant , Cii inraut mdme , qn*n H^nH
pi-Miieriiit jamais ricn de l<i fH^on de Desforg0v-flIai-
lofl. Ce dei-nier en Tut i iro.-isolablv;. Entiéemeat occnpé
de ce dé astre å Bredcrac , sur les bords de la mer |
pe'!f«^ in li.iun do campa^'ie , do h)']iiere dépend na0
T^i^ 10 qtii se nomino Mulcrws , il liii visit daus Te»* a
p. it le forcer riuflexible La Roqiie å riinpri^ner , malgré -
s^Hi scrmciit* W se feminisa sons le nom de midemoiselb
Mit^^rai^t de Li Vigne; et fit part do son idée å uoe femmo
d'e4piit de ses amies,qui la tron va charmante, et qiii sechar-
gea d'étre son secrétaire. Gette Damo transcrivit plnsienrs
piér-es de vers qn*on fit parvenir å La Roqiie , qiii efa fitt
enchanté; il se prit méme de belle passion pour la Minerve da
Croisic , et s*emanripa dans nne de ses lettres , )usqii*å
dire : Je vous aitne , ma chére Brétonne; pctrdonneh^mion
ce' avfu ; maU I**, mot est låché! Au reste , il ne fut pas seul h
dupe de cette comédie ; mademoivSelle Malcrais de vint Ii
dixléine Muse , la Sapho, la Deshouliéres de notre Fi^
nasse franrnis. Il ny cut pas de poete qui ne lui rendit
aes hommages, par le minlstére commode du Afercu/Vyflt
Ton (erait un volnme de tons les vers composés k sa louang»^
On connait ceux de Voltaire ; DL>stour.hes fnt uu de^aei
rivaux, et fitaussi sa déclaration d^amour å- mademoiielb
Malcrais.
L'étonnement de ces beanx-esprits est aisé å cönceyoir»
quanii Desforges vint k Paris se montrer k tous ses
soupirans ; ils dégniséi^ent leur dépit et tåchérent de xiiA
de cette mascarade singniiére.
En i'^5i , lin E'ilrepre leur aymt fait joner la Mé^ ^
pomanie sur le tbt åtre de Toulouse , le premier Capi-
toul en fut excossivement choqué« Ge Mogtstri^t fit veiUC
\
■■■■■"t
M É T *83
inonsianr 1'EQtrepreDeiir 9 le mena^a de toute sa colére^
et finit par lui demaDder quel était Tauteiir de cette
comédie ? Ce^t Piron , lui répond FEntrepreneur. — Faites-r
le moi venir demain. — Monseigneur , il est å Patis. — ?
filen lui en prend , mais je vous défends de donner sa
piéce. T&chez , monsieur le drole, de faire un meilleur
choix. La derniére fois vous jouiez Vävare , comédie de
mauvais exemple y dans laquelle un fils vole son p^re,
Dequl est cet Avare? ^T* de Moliére, Monseigneur •— Éh !
est-il ici ce Moliére ? je lui apprendrais å avoir de»
moeurs , etå les respecter. Est-il ici? Non , Monseigneur^
il y a soixante-quatorze ou quinze ans qiril est mört. — ?
Tantfnieux. Mais, mon petit monsieur , choisissez mieux
ks comédies que vous jouez ici. Ne sauriez-vous re-
presen ter des piéces d'auteurs obscurs ? plus de Mo-
liére , ni ÅG Piron , s'il vous plalt. Tåchez de nous
donner des comédies que tout le monde connaisse ! L'en-9
trepreneur, soutenu de toute la ville, et ne voulant pas obéir
k M* le Capitoul , présenta requéte au Parlen^ent , qui
prdonna, par arrét , que la Métromanie serait représentée
Qonobstant et malgré Topposition de MM* les CapitouU?
^lle fut donc reprise , donna beaucoup d'argent å Ven^
trepreneur, et de grands ridicules aux Capitouls. Cétaienf;
des battemens de pieds et de ipains qui ne finissaiept point.
^ ces passages-ci :
» Monsieur Ic Capitoul , vous avcz des vertigés.
* • t ,.,..,... y
V Apprenez qu'une Pi(;ce d'éclat
u Eanöblit biefi autant qué le Capitouiat ;
et dans quelques autres endroits qui faisaient épigrammei
^^ns cfitte cirpons^ance. Le fonds de cette anecdote es^
iS4 M E n
tr|s-vrai , tels que la défense des Capitonls , et I'irr8( dt
JPaHement qiii défend la défense. L'on a peut-étre, d*ail-
leurs, UQ peu brodé cette hisloriette.
MEUNIER , auteur dramatiqiie , né ä Paris, est mört
vers Fannée lySS 5 on a de lui la comédie des JLun^ttt
Mof^queSm
MEUNIERE DE QUALITÉ (la), opéra-comique en iu
acte , avec un divertissement et un vaudeville, par Drouioi
åla foire St.-Laurent, 174*.
Valére, amant de Colette, iille d'une Meunlére, setravestit
en meunier avec son valet Fasquin ; et , sous le nom fc
Colinet , se préscnte å la Meuniére qui le prend å son
service. Dés le moment qu'il se trouvc seul avec Colette^
il lui fait sa déclaration amoureuse , et la termine en lui
proposant de Teulever ; mais Colette n'y veut point COQ-
sentir. Sur ces entrefaites , le Magister du village , amant ^.
la Meuniére , vient , sans fa^on , s'offrir pour ('épouser $ M
pour que tout le monde soit dans la joie , il lui conseiilb
de marier Colelte avec Colioet , et Mathurine , niécedelft
Meuniére , avec Charlot ; c'est ie nom que Fasquin a pris ea
60 déguisant. La Meuniére consent å tout ce que Ton vent^
xnais , tandis qu'on se prépare å célébrer ces trois flDft*
riages, le hazard de la chasse conduit dans ce lieu le Ifiir-
quis , pére de Valére. On peu t juger de la surprise de ce de^^
xiier; mais le Marquis est encore plus étonné , en voyant son
fils, prét a épouser une petite paysanne. Il menace beaucoap
Valére et Colette qui låchent de Pappaiser par leura supplica-
tious. Enfiu le Magister préscnte un papier , par lequel k
Marquis reconuait que Colette est fille du vieux Damis, b
M É Z 2»^
meilleur de ses amis. Le dénouement n'est pas difficile k
imaginer. Le Marquis ne s'oppose plus å la passion de soa
fils 5 et la piéce iinit par les trols maiiages.
MÉZERAI (Mlle.) , acirice du théåtre Fran5ais, x8ro.
£lle a débuté avec tous les avantages qui pouvaient lui
cbncilier la faveur du public. Comment ne pas se prévenir
pour une actrice qui joint , å une jolie figure , å une taille
elegante , å un jnalntien noble , å un organe agréable , de
1'esprit , de la fincsse , de 1'aisance , des graces et une dic-
tion purc? Malgré ces brillantes qualités , on s^apergut pour-
tant que Mlle. Mézerai manquait de scnsibilité et de cha-*
IcuF daps les roles d'amoureuses y dont elle était d'abord
cliargée. Aujourd'hui qu'elle joue les grandes coqueltes, on
ne peut plus guöres luireprocher qu\in défautd'abandon trop
sensible ; mals on sent que son air de dédain , la vivacité de
ses reparties , peu convenables å son premier emploi , sont
parfaitement en barmonie avec celui qu'elle rem plit au jour-
dllui. Le tems a effacé quelques-uns de ses cbarmes séduc-
tenrs ; il a doublé Féclat de sön talent , en le pla^ant dans
un cadre plus favorable. Mais pourquoi cette actrice ne
parait-elle que de loin en loin ? Est-ce paresse de sa part f
Est-ce malveillance de la part de ses camaradqs? Ce sont de»
questions délicates ^ qu'jl ne nous appartient pas de résoudre*
ME Z ET IN , nom d'im personnage de Pancienne
comédie italienne. Il fut in vente en 1680 , par Angelo
Constantini , qui avait été appellé poiv doubler le fameux
Dominique dans le role d^Arlequin. Comme il était
soirvent oisif , et que le role de Scapin manqUait, U
«n prit Temploi et le caractére ; mais il en cbangea Thabit,
qu'il composa d'apres l«s dessins de Calot , d'un bonnpt ,
i86 tiii
d'iine fraifle , d'iine petite veste , d'une culolte y et d-un maiÅ
teau d'éto(!c rajée de difFéreotes coiileurs.
MÉZETIN , GRAND SOPHI DE PERSE , comédie
en trnis arlcs , mélée de vers et de prosc , par de Losmé
de Montrhenay , å 1'ancicn tliéåtre Italien, léÖQ.
11 ii'y avait point d'Ar1eqiiin dans cette piéce , å cause dé
la mört de Dominiqne, dont la méitioire était trop récentey
et le talent trop supérleiir , pour qu'on osat sitot le rem^
placcr. On y snppléa par le role de Mézetin.
Mézetin , ancien acteur de la Comédie-Italienne , ^yanl
fait une comédie, eu fit la dédicace au dnc de SaiDt-Aigoan i
quirécompensait génércusementles auteiirsqhi hii adressaienl^
leurs ouvrages. L^acteur , dans le desscin de recevoir la lé^
compense qii'il atteadait , alla un matin chéz le Diic ; maii
le Suisse se doutant de ce dont il était questiou , ue voulut fai
le laisser entrer. Scaramoiirhe ^ pour le toucher , lui promit
le tiers de la récompense qu'il recevrait; et, au moyen åB
trcttc promesse , il entra dans la cour 5 il s'adressa énsuW
au premier laqiiais du Duc ^ qui parut aussi intéressé qué
le Suisse. Scaramouclie lui promit encore un tiers de sa fii*
tnre récompense : enfin^ étant introduit dans räppartement»
il eut encore en tete le valet de chambre , qui lui dit tpé
Mon^eigneur ne parlait å personne. Pour le fléchir , ScarS'
moucfie promit le dernier tiers du present , en sorte qu'il
ne lui restait plus rien. Aussitot qu'il apper^ut M« de Saint-
Aignan , il lui dit : Monscigneur ^ voici une piéce de théåtré
que je prends la liberté de vous dédier , et pour laqtlelle ]é.
vous siipplie de me^fairc donner cent coups de båton. Cetto
dem ande parut singuliere 5 et le Duc voulut savoir cé qao
cela voulait dire? Scaramoucbe lui expliqua ce qui venait de sd
passer. Alors M. de Saint-Aignan envoy a cberch^l 3pn stiifsei
Mfttaqtiais et son valet de rhambre , a qul il fit iTne sévferd
réprimande : et , afio qirils n^eiissent rien , et qiie Scara-
moiuhe ne matiqnåt pas å sa parole, ilenvoya cent iouis å
la femme de ret arteiir , comme un present personnel qu'!!
kli faisait. SraruD)Ouche n'a}ant rien re^ii, fut quitte de ce
qu'il avait ptoQUs* ^
MICHFX (Jean) , a donné en 1490 des Mystkres sur la
PaS6ii>n, la Hi ^untcticn el la P e^geance de la Mört de J, C*f
€t uue Iblieåbiiif jeisonnages, Lts uns di.sentqii'il etaitméde-
cin , les aulies pietenclent (|u'il ttaitévéqued^Angers, Cequi
est de certain , c'est quuii Jtan Mirhel, évéque d'Angers, a
Hdt des My^iéits^ Les vers Miivans en sont la preuve*
Vois pär apres ce maitire Jean Michel 9
Qui filt, d^Angcrs , é^cque et patron tél
Qu'*on le d.t saiot. Il fit par person nage«
La Passion et aulrcs boiis ouvrages.
Selon La Croix du Maine et qnelqnes aUtres , un médecln dé
ce nom el qui vivait vers le méme tems , a donné des piéces
de ce ^enie*
MICHFX ANGE , opera qa un acte , par M. Belricu,
mnsique de M. Nicolo , å Fejdeau , i862.
Le I oJ^me et la nmsiqu&de ce petit opera ont obtenu uö
««crés njérité ; Tun et 1'alitre sont rempiis de detaiis agrea-*
blesé
Mirhel-Ange, attlré å la coiir de Charles-Quint, a laissé ä
rioience, sons la tutelledu peintre Sropa , son amante FicH
nna , fil le du Perrugin. Scopa , épris des cbarmes de sa pu*«
pille 5 Ini fait croire que Micbel-Ange a perdu la vie. Cepen-
^t le jeune artiste, rappellé par Tamour , revient en Italief^
a88 MIC
ch II apprend tönt ce qiii se passé ; il se déguise y nfi*
trodnit dans rattclier de Scopa comme broyeur , et tron va
moyen d^instruirc Fiorina de son retoiir*
Farmi ses tableaux,Scopa possédc un ^nge ExtermmdUuri
oiivrage que la znort n'a poiut laissé le tems de finir ai
Ferrngin , qni , par son testament a promis la main de M
flllc å celui qui le termlnerait d'une mani&re digne de lui*
Scopa, décidé å y mettre la derniére main , est allé convoquec
ses amis , ponr les rendrc témoins de son triomphe. H a
laissé la garde de son atteltier å son valet Fasquino ^ qui, ef*
frayé de la figure du diable , la couvre d'une tapisserie et
a'endort, ce qui n'est pas vraisemblable. Cependant Michel'
Ange enléve le voile , saisit les pinceaux , et se met w
Fouvrage. Le tableau est terminé , quand Fasquino so
reveille : å Taspect du diable découvert ^ il s'enfuit da
frayeur. Michel-Ange proiite de son absence pour entré-
tenir Fioriaa. Scopa. revient avec ses amis , surpris de troth*
TerTouvrage parfaitement terminé : tous s'accordent å direque
Michel-Ange seul a pu produire ce chef-d'<£uvre. Le Feintre»
qui s^ctait caché réparait et est rcconnu. Scopa lui-mémeerf
dans Tadmiration , et céde voloiiticrs å Tamour et augéoiej '
ses pretentions sur sa pupille»
MICHEL CERVANTES , opéra-comique en trois.actei
et en prose^ par M. Gamat , musique de M. Foignet,ai|
théåtre Louvois , 1794*
L'esclavage de Timmortel auteur de Don- QuichotteåjUgjBfi
a fourni le sujet de cette piéce. Cervantes , et un assez gFanl
norabre d'Espagnols , captlfs chez Achmet , ont amassé une
somme assez forte pour payer la rancon de Viane , Tun d*eux y
qui est parti pour FEspagne , et qui doit amener dans np
mois h. Alger , un båtiment dans lequel les Espagnols feront
MIG 289
roile pour- leur patrie ; mais , lor5qu'il s'agit d*exécutcr ce
jraod desseia , ils rencoutrent des obstacles qu'ils ne par-
liennent å vaincre qu^apr^s une foule d^évéoemens plus ou
noins vraisemblables , ce qui donoe å cotte piéce toute la
^ysiouomle du mélodrame*
MICHELOT (M.) , actcur du théåtfe Franrais, 181C.
Il est reste pensiomiaire de ia comédie Francaise , et
Jrobablemeut il ]e sera encore long-tems , s'il u'appreQd pas
å jouer la comédie , aillcurs qu'au tbcåtre , ou il la joue fort
bien. Sou d«bit est juste, sa prOQODciation corrertc, son
xuuatieo décent et son geste Baturek La miiltitude lui pré-
fére M. Armand dans la comédie , et M* Lafond dans la
tragédie , parce que ces deux acteurs ont en eilet qiiclque
chose de plus brillant ^ mais peut-étre les gens de gout,'
leplacerout-ils k leur niveauj en un mot, c'est un acteur osti-
inablequ'on n^pprécie pas assec. M. Michelot n'est point|«:o-
fesseur au Conservatoire, et cependanl il sait qu'on ne pro-
»oncc point mony^rére , mais mon friÖBe; Pars^aUé ^invLié
lers elle ; meilieur^ mais meilleur, etc. etc.
MICHOT (M.)» acteur du ihéåtre Fran^ais, iSlOt.
L^emploi de M. Michot est a nos valets mödernes ce
cjue sont les servantes de Moliérq :aMX Soubrettes di^au-
jourd'bui : on exi^eait, a«lrefois , de la francliise , de la ron-
dear, de la vérité et du natiTel, il sufCt, maintenant, poUr
réusslr , d'avoir un pen d^int^Uigeuce , ^u front, quelqite
vivacité et surtout un grand fonds d'impudence. Dans. le
fiionde , comme au théatre , oa trotivp aiUant de valets
qu'on peut en déslrör , souveat m^me pjifss q,u'on n'en dé-
sire; mais on cheixhe lono;-tems un bon et fidelo servi-
tcur avunt d'eu leocoutret .uu. Le. ,t,Ut|åtre Frcuirais ,.'iW(i
Torne Fl. 1 '
190 MIC
nous on (ournir la preiive* Tous ies jours oa y TOit $t^
river des valets , et des soubrcttes , et tous y aont plus oa
inoiiis iavorahlcment acciieillis selon qu'ils sont plns oil
nioiDS favorisés. Mais paimi ces nouveaux venus, cite-tna
\m snjet qui piiisse , non pas faire oiiblier le bon-honuM
Michot , mais occuper sa p1ace?'Non. £h bien! fer-
xnet donc votre théåtre k la valctaiUe ; vous en ames
ton jours assez qui trouveront le moyen de fl'y in-
iroduire; ces sortes de gens se fourrent partout : chercbei
la vérité, et l'on vous pardonnera de vous mettre en
frais pour la trouver. Certes, pour pen que cela conti-
nue , il n'y aura personne au théåtre Fran^ais qui n*tit
son valet et sa soubrctto, sans en excepter le soufflsnr
lui-mémc» Mals chacun a sa gouverne ; laisson^ sa goo"
Verner MM* Ies Comédiens fran^ais, puisqu^aussi hiea
toutes Ies redézions que nous pourrions fairé sur kur
réginie actuel n'y sauraient rien changer. Il ne nous xttts
plus mainteoont qu*å dire notre opinion sur ractenr fji
fait Tobjet de cet artide; ce ne sera pas long. M» MuJiot
•ut été \m bon acteur dans tous Ies tema , parce qa^il
est plein de naturel y et de vérité et que la nature et Ii
vérité sont de tous Ies tems.
§
MICHIT , acfeur de^la^omédie Italienne*
Apres avoir fait la fortune et Ies délices de la comédie Iti"
lienne , Mlchu , qui commen^ait k vieillir , craignant d'éCri
bient6t dédaigné j prit le parti de se rctirer* Alors fl 8'opjnit
unc revolution dans le gout de ce spectacle* A la simplicii'
et au naturel qui en faisaient le charme , succédaient la fr
luLté et raOectation ; an chant pur et joy^ux des beq^en»
Ies roulades et Ies tours de force des aniphyons d^Aosonis :
enfia la vérité fut sacrifiée k un enthousiasme paaaager qoi
ffttitra avcc ccax qui Ton fait nwtre. Voyant ses beauz
I éclipsés dans la capitale , Michu se reodlt å Rouen
deviDt directeur d\\ spectacle ; maisbientdt.de nouveaux
rs vinrent Vy assiéger , "Ct cet acteur , qui avait joui
"-lems des phts douces illusions da la vie , se précipitQ
i la Seine et y trotiva la mört.
[ILLE ET UlSr THÉATRES (les) , op^ra comiqueen
icte , par M.*** , au théåtre du VaodeviUe 1792.
e sujet de cette piéce épis^odique est assez bizarre ; maia
oCTre des coiiplets spiritiiels et gais. Thalie 8'est brouillée
z Momus son époux ^ qui , depius le décrét de la liberté
théfttre , ^lui a fait tiue föule d'infidélités , ce que Lucas
rime trés-plaisamtnent å Monrns dans ce ccmplet;
J^ Aoinm instruits cpe dcpois quen^que texnps
Vntre mokié n'' fait pas d''enfaii8 ;
£t c^^est ponr ^a qix^k d''aut^ mamans
Vous partagez vos amourettes : •
Vous n"* Icux faites pas bcauconp d''ciifaDS,
Mais bien des Marionettes.
, Bombrcux eafans se présentent ea ^ITet sons dlfTérens cos-
les : on remarque parmi etix un de ces applaiådissenrsqni ^
iblable au connaisseur de la nouveaulé , re^oit de cha<-
) spectacle un billet paiir applaudir , et ua autre pouc
ler : c'est ce q«'il nons apprcnd dans k coiiplet suivaiit :
L'aplaudisseur dfiTicni-il rare?
Par un gestcge T-accapare ^
Toujonrs de \k , prét k marquer ,
Le sujet que Ton doit c]aqui.r.
Voilå mon iraTail ordinaire 5
El Ton sciit quo , . poii^ blcn le faire ,
]1 ne faut pas avoir la ma in
©ans la poche de son irolsin.
T z
Thalie considSre ce mélango coufus d'aclGurs ri Jictile» , tf
dit y cu parlaiit de Mclpoiiieiie sä soeur :
Henilei-lui aon Racinc t'*gorgc , '
Ki'n«l«'z-lui son V«»ltTirr :
Kouilcz-inoi iiion Hif^oaid ocorché p
Reiulci-iiioi luoii M<.li^ro , elo. clc.
clle prédit ainsi k ces divcrscs troupcs le sort qui les alteod?
Oiii , ton t cl\'iborJ ,
Sur volrc sort ,
Jc trnnclic :
Ouverts ^ cmlrodr ,
Tonibé:s sanicdi , . '
Yous srrcz l'cruic>» dimancbe. ' ,
lin bailkiir de fond^ vicnt , dans iine scdoc plaisanic , gémir
sur sa crédiilUé. Tous Ics enfans de Momiis venlent atteiodro
k la han ten r de la ceuroune dn talcnt , qu^nn génie leor
présentc ; ancnn ne pen t Tenlevcr, et TA-propos;, person-
nagc (ignré par des souvenirs , des tablettes , des iustrumeos
de mnslqne, etc, vicnt nicltre lout le monde d'accord»
MILET (Jacques ) , a donné en 1485 une piéce intkulétf
la Destruction de Troye la yrande , tragédie en qnatn
journécs.
MITXET '( Jean) , a fait en vers proven^aiix méléscb
qticlqucs vers franrais, Janix ou la Hauda , tragi-comédié
])astorale en cinq actes , rcprésentée å Grenoble , son pay>>
en 1 636; la Constance delhilin et Margpton , pastonlo
en cinq actcs , reprtscnlée en i635 , et la Sour^eoise A
Grenoble , comédiereprésentée en i665.-
MILLIFRE (Mllo.), danscnse de J 'Opera , 1810.
Xout Ic tulent d'un dauscur réside dans la Torcc et la sompless*
» M V L agg
le son jarretjil a donc plus ou moiiis de légéreté el^d^aplonob ,
lelon qiril a le j ärret plus oiV moiiis fort. Mniv^ ja grÄce , le
moellcux et le fini , si Ton peut s'exprjmer ainsi^l^il les deit k
l'exercice et aiix lejons dHin bon maltre. Elév.e de M^ Gardet,
Qous pouvous assurer que Mild. Milliére a ré^ii de la öäture
Bt de Fart touies les. qu^Utés qui constituéat •ufie ^xcelleotc
danscuse.
MILLOTET (HuGyEs), Chanoine de Flavigny, est
anleur de la tragédie de Sainte Reine ou le Chanot de
Triomphe y tiré par deux algles el de laglorieuse, noble et
illustre Sainte Reine d'Alise , vierge et martyre.. ' . ' ^
MILON ( M. ) , dansetir et compositenr dé balfet , i&io.
Le plus bol eloge que Ton puisse faire de ce DanseurjC^est
dé dirc c^u'il a été jiigé digne de secondör M. Gardel, qii'il
remplace dans Pexécution des ballets ; il en a composé lui-
méme phisieurs qui ont obtenu des succés brillans et mé-
rités. En voici les titres : Héro et Léandre , représenté en
17995 Pygtnoiiony en 1800; les Noces de Gamaché , en
18c I ; Lucas et Laurette , en i8o3 , et Utisse , en 1807.
■
MILTIADE A MAB-ATHON ,. opera en deux actes ,
parM.. Guillard , musiquc de Lemoino , Lropéra ,. 1793.
Les citoyens. d'Athénes sont accablés sous le poids de
la plus aflVeuse inf orlune. Hy pias » protegé par Darius å la
tete d'une arraée irinombrable , menace la llberté de la
Gréce. Déjä Egine le.ur a ouvert ses portes; toute PEubép est
soimiise , et TErétrie s'est liyrée par la plus odicuse des träbi-»
sons 5 enfin Atbénes est sur le point d^étro attaquée. Lp pf^Ur
ple entier de cette grande ville vqut voler au secours de la
patrie en danger , et demande k Callimaque de noramer ui>
cbef. Callima^ue désigne Miltiade et Ariatide ; loaia c«
S94 MIL
deroier accorde !a pr^Férence å son rival. Ah ! 8*ecrie-t-3
avec faéroismc : « c'est au plus digne å commaDder» * Miltiadt
coDseot å guider Tarinée , qui le presse d'accepter le com-
mandement; mais avant de partir,il fait voir anz Grecstovt»
la grandeur de Teiitreprise. Les Atbéuiens consentéDt de le
auivre au combat ; ib y volei>t , remporteut une rictoire
complctte sur Icnrs eDnemis et rentreut dans Ath&nes aa
brnit des acclamations et des cris de joie du peuplc.
Tel est le fonds de cet opera qni dut son succén auz cii^
constances»
MILTON* 9 opéra-comiquc en um acte par MM* de Joni
et Dieulafoi , mnsique de M« Spoutini , å {'Opéra-comiqae ,
2804
Cctte piéce est tirée d'ttn fait historiquc 9 et , quoIqn'ea
alent pii dirc quelques jouroalistes, on ne saurait en dou-
fcr sans ctre accusé de manvaise foi on d'ignorance» .
Milton y aveugle, déjå avancé .en åge , perser nté , paret
qiril avait été sccrétaire de Cromwel , en est le beros* Ct
poote immortel , obligé de fuir , pour se soustratre å h
vengeance de Charles II, se rcfiigie cbez un Quaker
de ses amis , ou il est -suivi par le lord Williams Dave-
nant , dont lo pdro a été sanvé par Milton. Ce généreiix
ct sensible jeune bomme s^introdnit cbez le Quaker, sous
lo simple et modeste nom d' Artbur , ponr vetUer lui-mémt
Kur les jours du libérateur de son p&re» It voit Emma;
les cbarmes et la vertu de cette jeune personne font una
vive impression sur son coeur , et il en devient amourenx ;
enGn il obtient la conliance de Milton et un tendre retour
de sa fille. Le Quaker, au contraire , le sonp^nnc d*étré
un ennemi socrct du pocte, et bientSt en vient jusqu'»
Taccuser d*avoir träbi son ami 5 mais lui , qui A
HIM 29S
jtoITicité et qiii vient d'obtenir ie pardon de MiTton , présente-
uoe lettre du Secrétaire d^état, qui contient cette Douvelle-
favorable* Le Quaker alovs coovieat de ses torts ; le j^eunc
lord fait couuaitre sa qualité et ses vues sur Ijinma, et
obtient avec 1'estime ei ramitié du poete , ta main de sa
fiUe.
Le fonds de ce petit opera est bien léger ; mals rintrigu#
en est agréable. Miltony est représenté comme iin vieil-
lard aunable et spirltuel ; mals- rien de ce ^'il dit ne
dédéle son génic knpétueux et bizarre..
MIME , acteur qui joue datis les pieces de ce nom
Cétaient origiaairemeot des boufibns vepus de- laToscane^
qui remplissaient cetemploi : on les pla^ait entré les actes de
tragédies ou des comédies pour apnuser la miUtitude , qu^^
ne prenalt qii'un plaisir médiocre' aux representations ré~^
guliéres. Les actions dii caractére le plus bas ou du genrs
le plus llbre étaient Tobjei de leurs danses»
MIMES, en latin M^MI^ Ccst uir nom commun å
QDe certaine espéce de poésie draraatique, aux auteurs qui lä.
coraposaient, et aux acteursqui la joiMiient* Ce mot vient
dii grec pifx:»oft«c ? imker 5 ce n^est pas å dire que les
Mimes soient les seules piéces qni représentent les ac*
tioos des boinmes, mais parce qu'elles les imitent diuie
maniére plus détaillée et plus expresse. Flutarqué disfin-
gue deux sortes de pieces Mimiq^es : les tmes décentcs y
le sujet en était honnéte , aussi bien que la maniére , et
elles approchaient assez de la comédie ; les autres ob-
scenes et indécentes ; les boufTonnerics et lei obscétiités
lés plus grossiéres en faisaicnt le carattire* Sophrou de
Sjracuse, qui vivait du tems de Xerxés, passé p&ur Fiiw
2(y; MIM
vciileiir des Mimes déccnlcs et seméc» de lejons de moralen
Pluton prenait bcaiiroup de plaisir k lire los Mimes dt
cet aiitciir. Mals å pcinc le tlitålrc Grcc fut-il ronné|
qiie Ton ne soiigea pins k divcrtir le peupleqne par des fiircUy
et par des actcurs qui , en les jouant, représeutaient, pour
ainsi dlrc, le vice a dcconvert. C*cst par ce moyen qu'oa
rendit les interniedcs dos pitces de ihöåtre agréables an
peuplc j^rec. Les Mimes plureiit également aux Romain»|.
et iormcrent la qualriciiic espc^cc de leiirs comédies : les
arlLMirs sV distingnaicjit par iinc imitation liccncieiist
des ma r.is du tema , commc on le voit par cc vers d'0-
vide :
Scii!'erc .si fus est iinitantcs turine Mimos*
Ils 3' jcMialcnt sans cbr.iissiire j ce qui faiaait quelqnefuls
noniiDcr cvltc comcdie ducliausscc^ au licu quo dans les
IltiIs aulros , les acteurs portaient pour chaussure ie bro-
d( .}ni!r,r(»nimo le lru^i(juese servait du cotliurnc» Ils avaiest
Jii (etc riis^c , ninsi cjuc nos bounbns Pont dans les piéces
cniiiicn»c:s; leiir babit était de morceaux de dillereRtes
c oniours c oinme relui de nos Årlequins : on appellait cet
luil)]! pcniiiiulus cintumculus. Ils paraissaient aussi quel-
qucluis sons des bubits m:i!^ni(l'}iies et des robes dtt pouT^
pre^ nials cV-Lait poiir mieux fuirc rire le penplci par le
cciiitnistc d'une robe de sénateur, avec la tete irasée et ks '
sonliors plats. C*est aiiisi (jU^A.rIcqiiin, sur notrc thé&trc , s'esb ;
(jnei(]Ui-rois revcUi de ri.abit de gentilboaime« Ils joignaleat
å cot ajnstemcTit la licence di;s paroles et touLes -sortes
d»? pcsUircs ridicules 5 cnfin , on ne pcut leur reprochcc
iuicunc nc^ligenre sur-tout ce qiii pouvait tendre å.amuser
bl noi.nlacc. Les applaudisseineiis qu'on donnait auxpit^e* ■
de riautö et de Tcicncc , ucmpCcbaient poiot les hv'*'^'
.>*v
M I K ^^
néles gens de voir avcc plaisir les farces Mimiques*, quaiMi
elles étaient semées de traits d'esprit , et représentées avec
décence. Ciceron , écrivant k Trébatius , qui était ea
Angleterre avcc César , liii dit : «c Si vous étes plus long-
» tenns absent sans rien fair^ , je crains pour vous les
» Mimes de Labérius, »^CependantPublius-Syrus enlevale*
applaudisscmens de la scene, å cet anteur, qui, par dépit ,
allavivreå Pouzol , oii il se cousola de sa disgräce par rinsta-
bilité des choses humaines , dont il fait une le^on å sou
compétitenr dans ce beau vers:
Ceciili e^o : cadct qui sequilur ; laus est puhlica.
Il nous reste de Pnblius-Syrus des sentences si gravcs
et si jiiditleuses , qii'on aurait peine å croire qu'elles ont
. tté extraitcs des Miaies qu'il donna sur la scéne.
MINET5 comédicn de province , fils d'un ancien sou-
fleiiT de la Coniédic-Fran^aise , naquit å Paris et donna aus
Italiens en 1744 le Génie de la France ow V Amour de la
Patrie , comédio eu un acte ; et la Noce de J^illage , cooqc-
die cii un acte , avcc un divertissement,
i
MINUIT ou TIJeure Propice , comédie en un acte , cii
prose 5 par Désaudrais , aux-Fran^ais, I79l«
Gette joiio bai^atclle pleine de situations gaies et |i-
quantcs ; fiit fuvorablement accucillie du public : le suji t
tres-galant , est traité avec une extreme délicatesse.
MINUTIEUX (le) comédie en un acte, eu jirosc ,
par M/** aux Italiens , 1787,
Le MiinUicnx Dorlmon doit épouser la niéce de Dorvul i.
muissa coaduite puerile et faligante lusse tell«ineut la jeuad
298 M I R
pcrsoiiDC et sa tnere et soo onde , qn^ib finissent par lai
préfércr 11 n rival uimé de la nidce* Ce ii'est pas tout| il pad
iinprores^ faiiie d'allcr visilcr son jnge ; et une charge,
parrc qiriiii conrnnent rocbete , pendant qu*il s^occupa mi-
luUKMi^cmrnl Je mille pctits délails»
Le^ anaiires dii lole principal sont trés-fugitives , et let
scc^ncs |>cus;ullaiifes; défunts qui semblent inhérens ait sujet;
mais rouvragc oilre pin.siciirs Iraits qiii font rire : il en est
tl^autres encore , aiixtjnels , poiir prodnire un effet plus co^
miqnc , 11 uc mnriqiiait quc d'ctrc préscntés sons an jour
avantageux. ( Aojei Musard. )
!MION , niaitro de chant , ncveii de Lalande, a fait h '
miisique des ojirra de Nitétis , des Quatre Partits du I
Monde , et de YAnnée Galante*
MIRAME I tragi-comédie par Desmarets y 1639»
Il en couta cent mille écus au cardinal de Richelieu ^ poor
falre paraitre sur le théåtre cct ouvragc , auquel on crQit
c|n'il a travaillé. Il vint å la premiera rcpréseDtation , et
fut an désespoir de son pen de snccfs. Plein de dépit^ <
il partit po nr Rncllc , et iit dire å Desniarets de venir Ini pa^ i
ler. Cet auleur , craignant avec raison , Thnmeur du Miaistrei ■
•e fit accompagncr par un de ses amis nommé Petit» Dfesqnt
le Cardinal les vit, il s'écria : < hé-bien ! les Fran^ais n^eurcnt
» jamais de gout^ ils n*ont point été charraés de Mirame! ■
Di-smarets ne savait qnc rcpondrc : Petit prit la parole, et loi
dit : « Monseignenr , ce n^est |)oint du tout la faute de ron"
» vrage , qui , sansdontc , est admirable 5 mais bieo celle des
a comédiens. Volre Émincnce ne s'est-ello pas aper^ue,
» quo j non-seuleincnt ils ne aavaient pas leurs roles % maiff
» meme qu^ils étaieut tons ivres ? EOectlYomciit > xefnit \p
M I R 299
• Cardinal^ je me rappelie qu^ils ont foiis joué d^nne ma-
• niére pitoyable» 1 Celte idée le calma ; il reprit bientot
la b«lle hnmeur , et les retint å soiiper j pour parler avec
iiix de Mirame. Des que Desmarets et Fetit furent de retonr
k Paris , ils allérent avertir les comédiens de ce qili venait de
le passer å Ruelie : ils eurent soin de s'assiirer des sufTrages
de plusieurs spectateurs ; et ils j parvinrent si bien , qu'å
la seconde representation ,> on n'entendit, pendant toiite la
piéce ^ que^ des applaudissemens réitérés ; ce qui fit le plus
grand plaisir h. son Eminence*
Qui ne croirait que cette piéce , qui occasionna une dé-
|>eD8e si extraordinaire , et pour laquellc ce Ministre n'épar-
gna ni son argent , ni ses soitis , ne fut un chef-d^ceuvre , et
ne dut surpasser le Cid^ et les HoraceSy au tant par la supé-
riorité de ses détails , que par la richesse de la scéne et la magni-
ficencedesdécorationsPCependant rien de plusfaible que cet
ouvrage , tant pour le plan , que polij la conduite etles caracte-
ves* Le style est chargé de pointes et de penséesi fausses.
Cette Mirame , l'héroine du poeme , qu'on a vouT« peindre
comme une personne fine, dissimulée , qui ne cédequ'avec
Jeine k laviolencc de son amour, n'esl en effet, pourhous
aervir de Texpression de Fontenelle, qu'une princesse assez.
mal morigénée.Il fautétreaussi stupide que le roi de Bythynie
«on pere , pour ne pas s^appercevoir de Tamour qu'el!c i\
ponr Arimant. Ce demier , qui commande la flotte du roi de
Colehos , formc Faudacieux dessein d*obtcnir la Princesse par
la voie des armes : il succombe % et devient prisonnier. Ré-*
duit an désespoir , il ordonne å un ei^clavc de lui passer son
vpéa au travers du corps* Mirame , apprcuuant cet accident^
se résout å suivre son amant au tombeau : elle féint cepen*
dant de consentir å son hymen avec le roi dePhrygic , å qui
son pdre la destine ; et eogage sécrétemcait Almire > sa cbd^
f.
;ioo »lin
fidontc 5 a liil trouvrr dii poison , et le preiid. LeRoi, qm
ignorc cc m;iliiciir , ftlicilc le roi de Phrygie , »iir llieureui
changcmcntde MIrame.Oii vientuiiiioncerqnecetlePriocesii
ifcst plns. ^Imire ne luisse pasle tcni.s å ces denx Frinces d'^
luler lenrs rogrcts ; cl le lenr apprcnd qiie Miramc D'e«t qn'eiH
dorniie. Pour surcroit do hoidienr, Arimant , qiiin*a re^jds
l'esclaveqn'iine légårebicssure , est reconnu f rere du roi di
Phrv^Ie ; et devcnii rhériticrde Colclios, il épouse MiramCb
Peiisson dit qne le cardinal de Richelieu témoigna des ten*
drcssos do porc pour cette piece, et qiril se senlait transport!
Iiorsdc liu-mome, lorsqii^uii appIaiidissait.Taii(6t,ajoute44ly
ilsclevaitdcboiit;tanL6t il somontraitarassefnblée^ODavaih
raut toiUc la nioitlé de son corps hors de la loge , oii il impo-
saitsilence,pour faireentciidrc des ciidroits ene ore plus faeaUi
Ce fut Le Mercier qui fit la distribution des parties da
lluaLro y et des orneniens do la salle , qui fut depnis ceile ds
rAcadumio-Royalc de niusiquo. Suuval assure qna Fot'
cmploya dans la cbarpeutc bult cbéues de vingt toiaea dilr
cun^que Tun availclicrrhés dans toutes Icsforetsdu royaiiiD%-:
et qne l'on trouva enfin dans celles du Bourbonnaisi Iltf
coiUa luiit miile livrés pour Ics amcner.
Le cardinal de Richelieu avart faitUefibnse de laiaser eni-
Il er 3 a la premicre representation de JUiranie , d'uutres !«■
sonnos que cellos qu^il nomnierait. L^abbé de Bois-Roberit
Y li^ant introduit deux iemmes d'une répufationéquivoqiWy.
j ! dnchcssc d'Aiguillon le iit exiler par ordre du Ministrei
Ji^Acadéniic-Francaisc , qui lui avait quelques obligalionii .
dtnuta pour demander son rappcl ; maisBois-RoberlneroWirt
que lorsque le médecin ClLois , pour toute ordonnaafce ^ eQ(
(lonné au Cardinal målade , recipe Bois-^Robert*
m I
MIROIR ( le ) , ou L' Amant Supposi , opésirC«f
M I R 3ox
ticjney c» utt acte , par Pannard , å la foire St.-Laiirent , lySg.
Ii€ söjet.du Miroir est pris d'une historielte, qni se troiive
Bpri<n«e dans le qnatrléme volume des oenvres de Dnfrény,
I; représente le stralagéme dont se sert une demoiselle ,
our faire connaitre k un homme qu'elle croit indifférent;
t qui la presse do lui dire si elle aime quelqu^iin , qiie
'e«t lui qu'elle chérit. Elle Ini offre nne. bolte dana
iquelle est^ dit-elle, le portratt de son amant ; il Ton-
Te , et n'y trouve qu'iine glace , dans laquelle il se
IfiROIR MA6IQUE (le) , opera comlqne en un arfe ,
^ vaudevilles , par Fleury , å la foire St.-Laurent, lySS.
Cetonvrageavaitd'abordétédonnéentrois actes, enprose,
BH lyao , sons le titre de la Statue Merveilleuse par Lesage
et d'Orneval. Il fiit remis en un acte en 1734, pär Pic-
lenec , fils de Lesage ; Fleury , avocat , est le dernier
^ y ait fait des changemens , et qui Tait mis dans la
fbrme suivante. Féridon , roi des Génies , protectcur du roi
ACacheoiiie 5 pour que ce Prince ne solt pas trompé dans
le ctoix qu'il fera d^une épouse , lui donnc un miroir ,
doDt la glace se ternit, lorsqu'une lille , qui n'a pas con-
»ervé sa vertil , s'y regarde. Pierrot , poi teur du Miroir ,
l^ablie la volonté du Roi. Amine, mailresse de Pierrot,
vient avec empressement l'embrasser ; mais , pour savoir si
tille lui a été iidele pendant son absence , il lui fait essayer
la glace ; qu'elle ternit : Amine s^excuse sur la force de son
<amour. Scapin revient avec une échelle et des affiches , et
^j>rend k Pierrot que le Roi n'a pu trouver ce qu^il cberchail
dans sa Cour , et qu*il n^espårc pas étre plus heureux å la. Ville.
Zachi se présente la premiére pour subir l'éprcuvc ; et ,
^^omrne on luimootre Ic Miroir, elle cröit qu'on lui reproch«
\
3o£ M I S
de ii^avoir pas assez d^appas. Apres qu^olle A teni b
iiiiroir , Scapin proposc k Pierrot une fille » dont 3 ki
répoud ; c'cst une fille d'Opéra , qui est rejetée saoi qn'oB
lui fasse sublr répreiive. Mérou améoe sa fille Åffhf
qirdle garanti t rinnocenco méme ; mais elle n'a pas phidt
jeté les yeux sur le Miroir, qu'outrée do son indiscrétiooi
elle veut le fracasser. Scapin introduit une bergbre , crojist
avoir troiivé cc qu'il faut å Sa Majesté ; mais anssi-tdt qii^OB
a enseigné å cette beauté naive la vertu du Miroir , elle ii
rclire sans vouloir s'y regarder; et il n'y a pas jusqa'å tn
pctlte fille de treizc ans, qui, en se mirant, ne laisse qnelqiiai
brouillards sur cette glace indiscrette. Le Roi se conaobi
dans respérance d^étre dédommagé par la fiUe du dnDd" ']
Visir y qui, en eflet, élévée dans la solitnde, est le pUnä
qu'il a cherché jusqu'aIors inutilement* La pidce fiaitpailfltr
hy men.
MIRTIL ET MELIGERTE , pastorale faérdtqoa
Gnérin, 1699. ",
C*est la pastorale de Moliére , dont Guéria^ fils du 00-
médien , mit los dcnx actes en rers lyriques , et y flt
ajouta un troisi^me avec des iotermédes* Les comédEflDl'
reinsércnt cotte pastorale. La demoiselle Raifin prit Itf
intérets de Tautcur, vt obtint do Monseigneur un cAl^i
de faire joucr sa pléce.
MISANTROPE ( le ) , comédie en cinq actes, en nRt]
par Moliero , 1 666.
On aper^oit, aujourd'liui, toutes les beautés du
trope ; il est bicn surprcnant qu'on ait jamais pu les
connailre* Délails lieureux , rapports délicats , contrate
ä^iillans , traits ingénieux, vérité dans les caracttoes^ é1
i
'.<
M i S 3ö3
de style , tout sV trouve réuni ; et rieil Ae fut aper^u dans le
ipms. II était diflicile qu^on put se facnilarlser aussi
promptement avec Tintrigue simple dii Misantrope. Rlen
de plus lent que les progrés du bon gout ; et depuis plu-
sieurs siécles , le mauvais était en possession de plaire.
A lalecture de cette piéce , les comediens en avaient con^u
une idée pcu favorable ^ et ne Tavaient rec^ii quc par con-
aidération. Ce cheWoeuvre étanttombé, Molié^re le retira*
Il le remit au théåtre un mois apres , et le fit précéder
du Fagotier, ou Médecin malgré luL Le Fapotier^ comme
il l'avoit prévu , eut un si grand succés . qu'on le donna
trois mois de suite, mais ton jours sulvi du Misantrope.
La !Farce (it écouter la comédie.
On rapporte un fait singulier , qui peut avoir contribué
.' i la dLsgråce de la moilleur comédie qui ait jamais été
faite. A la premiére representation, apres la lecture dn sorniet
d'Oronte , le parterre applaudit : Alceste démonti^e dan»
la suite de lu scéne , que les pensées et les vers de ce
soonet étaienl.
De CCS colifichcts, dont le bon-sens nanrmure.
Le public , confus d^avöir pris le change , s'indisposa
oontre la Piéce. Despréaux , apres en avoir vu la troi-
sléme representation , soutint que cette comédie aurait
blentot un succés des plus éclatans.
hes ennemis de Moliåre voulurent persuader au duc de
Mootansier , fameux par sa vertu aiistere et sauvage ,
qne cVtait lui que Moliére jouait dans son Misantrope»
^Le duc de Monlansier alla voir la picce , et dit en sor-
taat, qu'il aurait bien voulu ressembler au Misantrop©
de Moliére.
tt X<es faux dévots 5 irrilps do la comédie du TarltifK^,
3o4 M I S
dvmt n avoit jjrini trois actcs clOs 1664^ Crciit courir dai
Pam plnsionis liIuT.es Irl-s-sallriijiics contre MoIIårc^ C'e
ik rocru i> 1 (In j Ir.s oiitic do res lihclles , qu^il fait di)
k son j.t^i.'nnt,v:^c :
Fl, PO' - n^^UiTi; rrcor du l^^rl qiie Pon mp fait ,
V i-oiiit. 1 rm* !e inorde, un Li\ru aboininable,
F,L %' «<iii iH ltclMr«' (*st niénic Cf ndaiiinnble ;
fil Li.' i'c h iiMTitiT la dcriii^re riguenr, elc.
Lorsqiic ]^j(:!;i^rc doiuia son M isan I ro pc il était brouil
avcc Kaciiie. Un flatt^ur cnit fairc plaisir k ce derniei
iprés la picmiére representation, en Iiii disant : « La piii
» est tonibec ; rien n\\st si froid^ voiis poiivcz m'eD croiP
» ]'y ttais. Vous v éticz, rt'pril Racioe ; et moi jcD
» étais pas ; ccpcndai^t jo n'en croirai ricn ^ parce qa
» est imposs'blc quc Molic^re ait fait nnu mauvaise pito
» retounioz-y , et cxaniiuez la mieux. »
Boiteau rucontait qi^e Muliorc , apres Iiii avoir lu
Misantropo , Ini avait dit : « Vous verrez bien aut
X» chose. » ce .s(?id rnijt nons fait regretter qno Moliir
n'äit pas fonrni nne plus Icngue canitirc.
lly a lats rollc ineine ronitdie un trai! que ce grand Peintr
Sia])ile a saisir le ridicule partout oii il se trouvait , cop
traprés naUire ; et ce Ait BoiU?aii qui le hii foiimi
Moliåre vonI«it le dotomncr do racharnemcnt qu*il fc
«cilt parailre dans ses salires contre Chapcfaiu 5 il ■*'
tii:s:iit quc CJiapclain élait en ;^raude considératioii dw
I t nionde ; quil ilait pailiculiérenient aimé de Cp\h^
r t «|ne sos lailhuios oiUrtcs pourraienL lui attirer la disgrw
00 ce rrlifislre el du lloi nionu;. Ces relléxioustrop sérioö*
vant luis le poele*sa(irique de mauvaise. hnmciir : « Q^
.^ le Roi et M. de Cc Iberl feron^ ce qu'il leur plaira, di^
» bti^uexaeat 3 mals , k moius ^ quc le 'Roi ue m^oruop^
M I S 3o5
i» esjpressément de troiiver bons Ie| vers de Chapelain , je
» souticndrai toujours qii'un homme, apres avoir fait la
» Pucelle 5 mérite d'étre peiidu. » Moliére se mit arire de
cette saillie , et IVmploya ensnile fort å propos dans la
deniiére scene du second acte de son Misantrope.
Angelo , docteiir de rancienne troupe itallenne dit k
Moliére , qu*il avait vii représenter å Naples vine piéc©;
intkulée : le Misantrope* 11 lui en rapporla méme le
sujet, et quelqnes endroits partlciiliers , qui liii avaient paru
remarquables ; eritr'»iitres , le caractére d'un homme de
cour fainéant, qwi s'amiise h. cracher dans tin puits pouc
faire des ronds. Moliare Técouta avec beaiicoiip d'at-
tention ; et, qnioKe jours apres, Angelo fut surpris de voir ,
^«ir raffiche de la troupe dé Moliére , la comédie du
' Misantrope anaoncée et promise ^ piéc^ qui , trois semaines
ou tput aU plus tärd un mois apr^s , fut représentée.
Le Pére Geoffcoy, jésuitc, fit jouer ep lySS, au col-
lege de Louis - lo - Grand , une cotiiédie intitulée : le
Misantrope ; mäis différente , k tous égards , de celle de
Moliére.
Le roi de Prusse dil quolqne part , dans ses ouvrages ,
il^occasion des piéces de ce genre, qu'il aimerait mieux
»e Yoir Jouer dans une comédie bien faite et dans le bon
genre, que d'assister seulement å Tuhe de nos piéces
mödernes.
Le méme Prince voyait joiter le Cercle par ses co-
wédiens : les beaux-esprits fran^ais qui Pentoiiråient, sou-
j. xiaient å tous les traits fins , å toutcs le» épigrammes g
W dont cette piéce est remplie. Le Roi , surpris de ne pas éprou-
verlaméme sensation , leur endcmanda la causc. « Sire,
L » lui répondircnt-ils , il faudrait, pour Lien sentlr tou^e»
^* Tomt FL V " *
3o6 M I S
» las finesses de cette pi^ce . que Votre Majesté commt
» Paris commc nous. Oui , dit le Prioce : Afa ! )e cooh
X prenJs ; mais je D*ai pas besoio de me transporter k
y> Paris • pour gcnter toutes los beautés du JUjsaMr
y trope» »
MISA>'TROPIE ET REPEVHR , drame en cuq
a: tes • en prose . traduit de rallemaDd par madame Holé;
au iLträlre Fran^ais , l""99-
Le Barou de Mello avait épousé une trés-jeiine femme,
dont il ét&it tfperdiiement amoureux , et avec laquelle il
avail Ttrcn beuieux pcndant quelques années. Ud jemw
hominc, å qiii il avait donué rhosj>italité, et qu*il BCCir
blait chaqiie iour de noiiveanx bieiifails, pan^int å flédnin
cettc t'pousc chérie, et å la lui enlever. Rffduit an dései^
poir par cet t vt ne men t et par le roDcoiirs de plusievn ss-
tres, le malheiireux mari abaDdoune las lieux témoins^B
5on df sbonneur . conroit une baiue profonde pour töat
le genre liiimain « et se re ti re avec un fid^le domestiqiie»
dans iine chaaibre isolt^ . prés d*uii chåtcau appartenant la
c cm te 'Walker. La • tout en se livrant incognito anx
excés de sa MisanLropie , il soulage les infortUDés , et
leiir fdit btnir sa prt-seuce. Une madame Miller, fonniB
de coLiiiaoce de Ja comtessc de Malker, et depuis troii
ans retirée dans le chåteaii oii sa vie antérieure eit HB
mAstére, se fait aimcr . cumme lui, par des actes ^
bicnfaisance : il en enlend parler uxfic surprise ; mais cetiB
geiit rciise éraulation^ de la pai^ft^i^uDe iDcoDDue,rétoniieii»
]e Tarcommoder ^\ec les bommes ^ sans MDCiDe quH si^
le drsir de connaitre celte bienfaisaDte persoone. DansBO^
lie ses promenades solitaircs, il a le bonbeur de «anvff
la vie uu comtc de WalLer, tombt- dans un canal : å fö^
M I S 307
l'eii a-t-il retiré, qu'3 fult et se dérobe å Isa reconnals--
eoDce. tiC vieux Seigneor -, affligé de cette siDgularlté ^
et Toulant absolument remercier son libérateur > lui fait
demander å plusieurs reprises Un rendez-vous , qii'il n'obtieDt
enfin , qu'avec baucoup de peiuc ; touto la familte de
Walker veiit s'y trouver , et Ton pense bien que madame
Miller est de la partie. C'est-lå que s'opére une de ceS recon-*
^lalssances théåtrales, qui toucbent^ mais qui beurtent la vrai-
semblance ; néanmoins sa traduction obtint un succés fol ea
FraDce. Cette femme de confiance, jeune, bclle et vertueuse ,
est la baronne de Mello^ qui , depuis trois ans , expie volon-
tairement sa faute dans la solitude , par les remords les
))Ius décblrans , et par les actions les plus géuéreusesé Elle
s^évanouit ^ å la vue de son époux $ celui-ci fult avec
norreur. Revenue k elle , la jeune Baronne fait de-
mander une seconde entrevue au malheureux Mello ^
iiOD pour solliciter son pardon , inais pour confesser
tes torts , et avoir des nou velies de seS enfans. Mello
coDsent k Tentrctien , ne veut entrér dans aucune expli*
catlon humiliante pour sa femme ; s'attendrit sur sod
sort; 'mais se refuse fermemeut å renouer un bymen
qu6 Thonneur désavoue ^ ils sont préts å se séparer 5<
^t prononcent douloUreusemenl réternel adieu ^ quand ,
iont-k-coUp, on leur présente leurs deux enfans. Le
caur de Mello , déjå vivement emu , ne peut résister k
cette nouvelle épreuve ; il se jette dans les brås de leur
inére , et s'écrie avec Faccent de Tamour : a Eulalie , ^m-
Wasse ton époux. »
Cette piece obtint un succés prodigieux en Allemagne. Oö
trouve des longueurs dans Fexposition, du fatras dans Je
dialogue des premiers actes , quelques traits outrés datis la
toisantropie de MeUo, et un role de soubrette absolumesjt nuL
Va
3o3 MIT
MTTTTRIBATE, trpgédic de Racioe, 1673.
TiU C;ilpren\lo iit jnijcr en i635 unc tragédie de M»
llni.!:tu' fjiii tonibu (!cs la premlere rcpréseutation.
I.cs iMqniLtude.s, Jes juloiislesy Ics transports des dem
fils, rivans ti-? Iciir yxnc; lo<i craintes , les allarmes, lei
chnujiins, U\s d» lianres (ruiic amantc telle qne Monime;
la violenre Cic la haii.e d(; ATilliriilalc rontrc les RomaiDs;
la grana'.'iir de son cunrjjj;e , la fincsse de sa politiquOf
les Tosscnirccs de sa dissimnhuion, les cxcés de sa yalousiei
qui taipl de fois avaient caiisé la mört de ses mattresses;
toiiics les passions, cnfhi , recoiveut, sons le pinceau de
Raciiie, CCS traits ficrs , nobles, niajestneux , vrais, Dft-
tiirels , qiii les pcigncnt dans toute Icur force.
Pulcliérie , que le grand nom de son autcnr ne putpre-
scrver d\ine chute éclatanle , fiit Tépoque de la disgråcede
Corneille , et celle de la faveiir de Raciuc , qui , pen de tems
apres ^ donna sa tnigedie de Mithridatc ; cette piéce fot
rcciie , c om me elle le mérite , avcc les plus grands applaudif
semcns. Le parti de Corneille , qui nVtaitpas déjå trés4brtf
s^aflaiblit de plus en plus. Cest alors qne ce grand Homme) -
dont le génic avait crcé en Fiance tous les genres de spec^
taclos , piit s'adresser , re quc Pompée osa dire å Sj^lla ; Jw ■
sais-tu pas que tous les yeux s^ tournent vets le spleil levant?
On a£sure que de toutes les tragédies que Charles iXH
lut dans son loisir de BiMider , aucune ne lui plut autant .
quc celle de Mithndale ; et qu'il montrait, avec w ■
dolgt , k Vuu de ses Ministres, tous les endroits qui le fiap' |
paieiit. '
Parmi les anecdotes que nous avons receullliessur cetis'' !
pl^re, voici ceiies qui nous ont semblé meriter la préférencC.
Btiaiibourg, dit-on , it«!t fort !aid;il n'csl gu^rrspossibledcn
jlouter, d\ipres le trait qu'on va lire. Ce Comédieu reo*"*
MIT 3o9
plissait le role de Mjlbridate , et mademoiseljc Lecoijvrciir,
celiii de Monime.. Lorsque celle Prfnce^se fait å Milhiidate
Vaveii de ses sentimens ponr Xipharés, le Roi se trouble ;
Monime qui Tobserve lui dit: Ahl Seigneur ^vcus chan^
eez de visade. Alors un plaisant , conime il s'en trouvi?
toujours au parterre , s'écria : Läissez le faire»
Dans son entrevue avec ses fils, Mitbridatc leur fait de
vifs reproches et. ne veut poiut admettrc leurs excuses^ ij
Ipur répond :
Princes , rpieltpies raiison.^ quc vohs me puissiez dire ,
Volre dcToir , ici , n^a poinl tlii tous coDduire ,
Ni vous faire quitter , en de si grands besoin-,
Vous, le PoBt, Vöus , Colchos , conilés å vos soins.
Baron marquait avec beaucoup d'intelligence et de finoss*
latendresse de ce Prince pour Xipharés, et sa haine contre
Iharnace. Il disaitå ce dernier : P^ous ^ le Pont ^ avec la
haiiteur d'un maltre, et la froide sévérité d'un juge ; et
äXipharés: J^ous , Colchos y avec Texpression dun påre
tendre , qui fait des reproches k QQ fils y dont la vertu u'a
pas r^mpli son atlent^.
Ge Grand tragedien 3 dans le méme role de Mllbridate^
entra un jour sur la scéne , accompagné de Xipharés,et
ne prit la parole qu'aprés un jeu mudt, oi\ il semblait
avoir réflécbi sur ce qu^avaient pu lui dire ses deux fils. En
rentrant dans la coulisse , ilrencontra un de ses camarades
et lui demanda s'il était content : « Vötre enfrée est dans
» le faux , lui répondit le comédien : il n'y a pi>iut å re-
» fléchir sur les excuses de deux jcuacs princes; il faut
» leur répondre en paraissant avec eux; parce qu'un grand
» homme comme Mithridate doit concevoir , du premief
» coiip-d'oeil y les plus grandes affaires. » Baron, seotit U.
3io MOD
focce de ce ralsonnemcnt , et s'y conforma dana la iui^l
Quinault Tainé , frére aiiié de Quinaiilt du Fresne,étut
uu homme de beaiiconp d'esprit et trés-aimable en sociéléitll
diuait un jour avec Crébillou,Iepére Tournemine, le pén
Bnimoy , et le pere fioujeant ; la conversation tombai
par hazard , sur le geni c du mot Amour en fran^ais. Qui-
nault soutenait qa'il était du genre feminin ; les Révéren^
Peres prouvaient , par nombre d'exemplesj| tirés de nos
mclllcurs poctes , qu'il était masculin; Crébillon, qull
était des dcux genres. Quinault s'appuyait sur-tout sur ceai
\ers de MitbridatQ :. '
Jc DC sofiffrira.i point quc cc fils odienx,
Qiic jc \iciis , pour jamais , de banoir de mes yéns 9
Profitant d^u/ie amour , qui me fut déniée ,
Vous fasse , des Romains , devenir PAlIiée.
Les Fdrcs rapportaient de leur cöté des. passages de Ra^
cine meme , oi\ Amour était du genre masculin. Quinault,
quc toutes ces citations. cxcédaient, fit cesser cette disser-
tation en disant : <( Eh ! Messieurs , un peu de compbdr^
» sance ; passons Vamour masculin , enjaveur de la »^
» cit!té* » Les Jésuitcs rirent , et cessérent de dlacuter^
MODE (la) 9, comédic en un acte,. en prosey pH
!FuzeIlier , aux Italiens , 1719*
La scéue représente une des salles du palais. Marchan^
La Déesse de la Mode, revctue d'un. habit do papier^ct
coiilée d*un mouliu ä vent , arrive dans cette salleådei-
scin de douuer audience å tout le monde : ello appel»
Parisicii , son valet , k qui elle donne de$ ordres; et t^r
risien Ini dit qu'il y a déjå un grand nombre de per-
sonnes qui Tattendeut. On voit arriver un homme en man-
tcuu noir , en xabat , en perruque oarrée et en chape«Ui
MOD 3ii
T^ait g qu'elle prend poiir un marchand d^étoffes : quelle
^st son erreiir ! c'est un marchand d'esprit nommé
Brochure , libraire , place de la Sorbonne. Monsieur
Brochure vient donc suppller la Mode de dohner de la
Yogue å quelques livrés qu'il veut imprinnier , et don t
\es auteurs lui ont donné les manuscrits en gage.
P'autres personnages de difierenies professions présentent
ciivers placets, pour prier la Mode de les incttre en
yaleur , etc.
MODE (la), comédie en trois. actes ^ par madame de
§taal , imprimée dans ses ceuvres , et donnée apres sa
morf , au théatre Italien , sous le titre des ridlcules du
jour, 1761..
Une Comtesse qui donne avidement dans toutes les nou-
yeautés et qui suit toutes les modes, avait promis de marier
sa fille Julie avec d'Ornac,Le contratétait dressé, le Jour etaifc
pris pour Ja noce; mais elle apprend qued*Ornac n'est ni comtc
ni marquis, Comme c'est l'usage , il se fait appeler M.
le Baron, titre suranné , qui ne sied tout au plus qu'å
des étrangers ; d^ailleurs, ses terres sont situées dans leLimou-
sin; fi! c'est du mauvais ton. Il a un pére , et se promfene avec
lui; fl! (1! il youdrait aussi aller au bal avec sa femmc; fi
donc ! On se met k table 5 ce qui devait étre aux entrées ,
se trouve parmi les hors-d'oeuvres5 le méme déplacement
^u roti et å Tentremets ; nulles primeurs ; du gibier mal
assorti, et sans choix , qui pisest, sans nom. On se recrie
sur la bonté d\in quartier de chevreuil ; on demande s'il
est de Montbart; on ne peut pas le dire, et Ton pour-
rait en mänger ! Le fruit le plus antique qu'on ait vu de
mé^fioire d'hommes5 rien å sa placejune confusion , unbou~
leversement å faire mal aucoeur, et, pour comble de dis^
3i2 MOD
grace y pas un ragout qul ne soit de rancienna cvisme!
On est rcduit å ne pas desserrcr Ics dcnls y ni pour man*
ger ni pour parler. Au surtir de table , on dit froidement
å la comtessc qu'on - s^estlme heureiix d'étre bient6t sod
gendre. A ce mot, ne croirait-oh pas étre dans la rat
St.-Dénis ? D'aillcurs y le baron est sans goiit , sans con-
naissance des usagcs; ses tabatiéres soot plattes , point
guillochées ; ses habits ne sont pas faits par Passau. It
parlc de nouvelics , ruisoiine sur les affaires politiques et
ii'cst au falt de ricu sur les intrigues du moude^ enfin , il est
aussi triste que plåt. Ah! un parcil mariagc ne saurait se faire|
ce serait se couvrir de ridicule. II eiU^vrai que Julie 68^
aussi bicn singuTit^rc ; el le fait des réverences å faire hor-
reur; on voudrait que Marcel eut vu cela. Gette garni-
turc de ru])e n^est pas de la Duchap; on n'a rien vu de ,
plus maussadc» Tous ces chiflous ont été pris au patäis f
et ce pauicr , dira-t-on qu'il est de la Germain ? Ce ronge
ocmble vouloir ctre naturel ; c'est un vrai ridicule. Bo
plus, Julie; s'ainuse u lire. Qu'est-ce qui liif Lea seulei
liistoircs qu^il fauf savoir sont celles du jour ; et , si l'oa
veut Jire , il faut qiie ce soit des brochures encore mouitlées;
car , dés qu^eilcs sont sechcs y on n^en veut plus parler. Si
Julie épouse le Baron, il Tcntretiendra dans ce xnauvaii ""!
gout de province ; il Taimera peut-étre , et c*est le com-
ble du déshonneur dans uiic famille; il ne Tépousera pas*
XiCs choses en sont Ik , lorsqu'on vient annoncer å la
Comtesse que d'Ornac a aimé une comédienne , qu'il
]'aime peut-étre encore , et que, sur cet artide, il s est
conformé aux usages et aux nicpiirs du tems. Gette noii-
velle la fait rcveuir de sa prévenlion : le Baron n'est plus
un homme si ridicule; il n'aimcr:i pas sa femme ; il épon-*
jera Julie. Co mariagc est la i^ni de la piéce* Les måmea
, M CE U 3i3
dées reviennent sölivent dans le cours de cetfe comédie ,
tt surtout dans une scfene entré la comtesse et nne marqiilse ,
; quiTon trouve les mémes travers, et qiii tient les mémes
»rppos^ on y revient encore dans une scéne entte Acaste
t la Comtesse , et enfin dans une autre scéne ^tre la Com-
esse et la Marquise. Ges repetitions sont d'autant plus
iésagréables , qu'!! n'est question que de minuties*
MCEURS , ce mot , å Tégard de Tépopée , de la tragédia
)u de la comédie , désigne le caractére, le génie et Phumeur
les personnages que Ton fait parler; ainsi , le terme de Moeurs
ae sKempIoie point ici selon Tusage commun. Pat les
Mioeurs d'un personnage qu'on ' introduit sur la scéné ,
on enteud le fonds de son génie , c'est - å - dire , les
inclinations bonnes ou mauvaises ^ qui doivent le cons-
dluer de telle sorte , que son caractére soit fixe , per-^
manent , et qu'on entrevoie tout ce que la personne repré-
seotée est capable de faire , sans qu'elle puisse se détacher des
premieras inclinations par oi\ elle s'est d'abord montrée ; cat
l'égalité doit régner d'un bout å Tautre de la piéce. Il faut
tout craindre d^Oresle, dés lapren^iére scéne å^^adromaque;
jusqu'å n'étre point étonné qu'il assassine Pyrhus méme aax
pieds des autels. C*est, pour ainsl-dire, ce dernier trait qui
xnet le comble å la force de son caractére , et ä la perfection
de sesMoeurs. Voyez la' pirenii^re scéne d^-^^/i Jro/na^ue entro
Oreste et Pylade.
Tels sont les traits que Racine emploie pour peindre le ca-
ractére 5 le génie , les Moeurs d'Oreste* Quellq conformité
de ses sentimens , de ses iäées intérieures , avec les actions
^u'il commettra! Quelle adresse ingénieuse a prévenir le spec-
tatcur sur ce qui doit arriver ! Aristote ^ raison de diro
q^i'il faut que les Moeurs^ soient bicn marquées et bicn exprt*
Si4 M (E tr
inées. Ajoutons qn*il faiit qa'elles soient toujoiirs Mfi
vcnublcs , oii conformcs au rang , an tems y au liou , k
1 ugo , et au génie de cclui qn'on reprcscnte sur la scine;
mais il faut beaucoup d*art pour bion faire ces sortei dt
pcintures ; et tout pocte qui n'a pas éUidié cette partié ^ n'y
réusslra jamais. Il cxislc une autre espécc de Moeurs^quidoit
régner dans tous les poémes dramatiques , et qu'il faut 8'attft"
cbcr å bien caractériser : cc sont Ics Moeurs uationales , car
chaqnc pcuple a son génie particulier. EcoUtez les conaeib
de Dcspréaux dans son jlrt Poétique^
Corncille a conservé religicusement les Mopurs , ou le cft-
ractt^rc propref des Romains; il a méme osé lui donnerplos
d^élévation et, de diguité. Quelle magnificeuce de sentiment
ue mct-il point dans la boucbc de Comélie , lorsqu'il k
place vis-å-vis de César ?
Cé-sar ^ cai* le destin , quc dans tes fors je braTe, etc.
la sulte do son discours rencbérit mcme sur ce qu^elle. yieai
de dire ; sa plainte est superbc ^
■
Ct^sar , de ta yictoire , cconte moins le bruit , etc.,
k cct égard Corncille n'a pas essnyé les reproches qoft
Fon fait h. Racine , d^avoir francisé ses beros , si 1'oapeutB'ex^
primer ainsi. Enfin , on n^introduit point des Moeurs comnM.
des modes ^ et il n'est point permis de rapprocher les ca-
ractåres , comme on peut faire le cérémonial et certalnes
bienséances. Acbille, dans Ipbigénie^ ne doit point rougirife
se trouvcr seul avec Clytcmnestre. Le terme de Moeaff
vcut donc ctre entendu fort diiféremment , et méme il d'>
trait en fa^on quclconqne u ce que nous appellons morab»
quoiqa'clle soit, en quelque sorte, le véritable obfet delatrft-
gcdie , qui ne devrait , selon nous , avoir d'autre but quft
: .j..irji?
MCEU 3iS
d^attaqner les passions criminelles , et d*établir le gout de la,
vcrtu , d^ph dépend le bopheur de la société.
, . D'aprés Aristote , il y a qiiatre choses å observer dans les,
Mceurs ; qu*elles soient bonnes , convenables , ressemblantes
et egalas.
La premiere et la plus importante ,' c^est qii'elles soient
bonnqs. On entend par-lå , qu'il est nécessaire qiic le per-
sonnage qu'on veut rendre propre å. exciter la pitié ou la
terreur , soitdigne, en effet , de notre pitié , c'est-å-dire , qu'il
ait un fonds de bonté naturelle , quiperce å travers ses erreurs ,
ses faiblesses ou ses passions* Lepersonnage qui doit attirersur
lui 1'intérét , peut donc étre coupable , mais non pas viciéux ;
et s'il Ta été ,_ on ne doit le savoir qu'aii moment qu'il a
cessé de Te tre : encore le vice qu'on attribue au personnago
intéressant , ne doit-il supposer ni méchanceté ni bassesse ,
xnais une faiblesse compatible avec un heureux naturel.
La 'seconde chose qu'on exige pour les Mceurs théä-
trales , c'est qu'elles soient convenables ; c'est-å-dire , que
le personnage paraisse sur la scéne avec les passions , les in-
clinations , les sentimens qui conviennent k son åge , k son
rang , å sa naissance et å son caractére ; qu'on ne donne pas
au jeune homme la prudence et la maturité du vieillard 5 ni ,
ä celui-ci , Tétourderie et Temportement du jeune homme.
Suivez en cela leprécepte d^HoTBLce: j^tatis cujusque notandi
Aint tibi mores.
La troisiéme, qu'elles soient ressemblantes ; c'est-5-dire ,
que le caractére du personnage soit conforme å l'idée qn'on
en a déjå , ou qu'on en veut donner : par exemple , qu'A-
chille soit fougueuxet vindicatif ; Médée cruelle , etc. Si le
personnage est inconnu,qu'on le fasse parler et agir conformé-
ment au caractére de fureur, de perfidie , d'ambition, ou
autre s©us lequel on veiit le faire connaitre^
3i6 M (E U
La qnatrieme , cnCn , c'cst qiie Ics M(siirs soIeDtégalies tt
conslantcs* Le hcros doit se montrer jiisqii'å la fin , telqu'oi
Ta vu d'abord. S^il a parii avcc le caractére de rirrésolu , ä
faut qu'il coiiserve ce caracl^ie d'irrésoliition jusqu'aii bout ,
ctqu^il dise encore, apres s'ctre cnGn décidé å épouseiTiUlt
des dcux pcrsonncs qui balau^aient sou thoix.
Xaarais mlcax fait , jc crois , 4]''épouscr Cclimcne.
MCEURS DU JOUR (les), oii TEcole des Jtvtu
Femmes, comédie en ciiiq actcs et en vers, par Coiliib
d*Harlcvillc, au tbtåtre Fran^ais , 1800.
C est le dernier ouvrage que Collin-d^Harlevilla ait dooDé
anx Fraurais; 11 eiit du succés, mais ce ne fut que ce qu'oa
appclle un succés d'esllme. L'analyse ne peut en dooDN
qu'une falhlo idée , car son plus grand mérite consiste dans
Ics dclails et dans quelquos scéues quUl faudrait copier, pout
en faire sentir tout le prix.
Sopbic Dirval , jeuue femme de province , dont le mari
est prisonnier do guerre , vient passer Thyver k Paris chex
iHi do ses oncles, rlclic commer^ant; elle y prend bieoh
töt le goiit de laparure et de la dissipation, et elle fimt par
pcrdre sa preuiierc simplicllé* Dcux fats lui foot U
cour , Florvaile et Déricour 5 d'abord elle les reijoit avec dé-
dain , mais , peu å peu et sans le savoir , cUe prend du gofit
poiir le dernier.
Formont , frere de Soplaie , nouvellement arrivé de Mor-
tagne, appcrcoit le dungcr que court cette étourdie, et, do
coucert avec une femme vcrtueuse , Mme» Hewler , cherdhi
ä Péloigner des piéges qu'on tcnd a son inexpérience : 3
Tempécbe de donaer son portralt a Déricour ; et prend. uil
Uiojen aussi adroit que délicat po ur Tempecher d'ein-'
pruqtcr ill cethguime taré, deuxcgats loiiis qu'eUc a pexdusfttt
MCEU .317
j^; enfin, Il Ja préserve de loiite atteinte jiisqn'ait moment
oii , entrainée au bal de Topéra par ce Déricoiir qu'elle aime ^
elle reronnait positivement en lui des intentions perfides et
outrageanJes. Sopliie se répent alors de ses inconséqiiences 5
elle forme méme déjä le voeu de retoiirner en province ♦
lörsqne Dirval , son mari , arrive inopinément , et parvient,
sans s'en donter , å la ramencr h ses devoirs.
Il est aisé de voir par cette analyse qiie le fonds de la piéce
est insiiffisant pour cinq actes , et qii'il a quelques ressem-
Wancesav^c d'autres comédies connnes.A ce défaliton doit en
ajouter d^aiitres qne de charmans détails n'ont pu Cacheren*-
tiferement. La jeune Sophie , qiie Taiiteur semble vonloit
nous presenter comme une femme plus inconséquente que
criminelle , ne parait pas télle au public ; les moyens qu'on
met, ouqu'on suppose mis en usage pour laséduire , n'ont
rien d'assez aitrayant, d'assez insidieux pour servir d'excuse
å ses fautes , et pour inspirer un vif inlérét 5 c'est de bon
gré qu'elle se dispose å etre victime , ét son frére a plus de
peine å combatfre^ses dispositions naturelles qu'å la défendte
des entreprises du galant. Quant å Déricour, ('observation
précédente iudique assezqu'il n'est qu'un trés-faible Lovelace*
Le personnage de Mme. Hewler est estimable sons le rapport
de la morale \ mais il est mal dévelo|>pé, Quant au dénoue-
ment , on voitqu'il n'est pas neuf: d'ailleurs il ést prévjii dés
le premier acte, et doit faire rire tönt le mondc aux dépens
du pauvre mari , arrivé fort å propos pour n'étrc pas
coiffe 5 ce qui ne Tempéche pas de revoir avec transpoft une
femme, que le hazard scul empcrhe dctre coupable : la
gaieté qu'inspire une pareille situation , prouve assez que
Tauteur a manqné son biit, et qtTil a fait une piéce imjmo-
tale , avec les intentions les plus pures.
3i8 M O I
MCEURSDUTEMS(lcs), comédieenunacte, ei)|Mrolt)
par Saurin , aiix Fran^ais , 1760.
Géronte a promis la maiu de Julie, sa fille, äDorante;maii
la Comtcsse , soeur de Géronte , traverse ce mariage , et yeat
qiie sa niéce épouse un Marqiiis , qu^elle doit enlevei^ å Gi-
dalisc. Gette deruiére se croyait aimée du Marquis. Séduil6
par rélégancc mcmc de ses ridicules , ses défauts ne lui pat^
raisseut que des gi åces ; elle est presque sure que ^ si elle
dcvient son épouse , elle sera la femme la plus malheareose:
toutefois elle Taime , et se propose de profiter d'un bal
qu'ou doit douner le soir méme , pour deméler les seiH
tiincus du Marquis* L'heure du bal arrive^ Cidalise, qni
a vu Ic domino de la Comtesse ^ en fait faire un parejlt
Elle appergoit le Marquis^ qui la suit , et qui, en effet^
la prend pour la soeur de Géronte. Crojant parler k la
Comtesse , il n'épargne pas Cidalise ; enfin il est démas'
qué et coDgédié , et Julie épouse DorantCé
Gette comédie obtint le plus brillant succÄs ; elle ofio
iine sagc économle, des scénes bieu liées et des caracl^
bicu soutenus*
MOISSON (la) , opera comique en deux actes ,- eo proå*
et cii vaudevilles, par M. Sevvrin , å rOpéra-Gomique, 1798»
Bertrand et sa femme veuleut marier leur fiUe Thérésci
Benjamin , le plus sot , mais le plus riche garden du villa^
Tbéröse aime Blaise, et en est aimée. Celui-ci , apres avoit
joué plusieurs tours a son rival 9 imagine un mojeB
pour entrér chez Berlraud , assister au repas de noce<
de son amante , et supplanter Benjamin. Un vieux C**
pucin, aveugle , se présente devant ce dernier , qui lui*
troduit chez son beau-pére : ce vieux Capucia ^ «^
■A
Blaise. H cbttote des rondes; il dit labotine aventure ; enfin ,
1 se fait si bieii aimer , qne Bertrand lui fait present d\ine
jerbe de bled , ét lui donne son fils pour guide jiisqu'å son
jouvent. l^endant que tönt le monde est allé cbcrcber le No-
aire , et que Benjamin est reste setil pour gärder Théröse,
.« fauxCapucin vient lui faire ses adieux : il a sur son dos
iine ger be , dans laquelle il a caché Thérése* On connait la
gravure qui retrace un Capucin , introduisant ainsi une
jeune fille dans son couvent. Qiiand Bertrand et sa femme
rentrent , ils ne trouvent plus leur fille : Benjamin leur parait
si mal-adroit de Tavoir laissée échapper, qu^ils promettent •
sa main å celui qui la leur ramenera* Blaise reparait sous son
véritable costumejet épouseThéreseauxyeux de son rivaL
Tel est le fonds léger de la Moisson , piéce dans laquelJe
ca trouve de jolis tableaux,, de la gaieté et des couplets
agréables : elle eut du succés,
MOISSONEURS (les) 5 comédie en trois actes , en versy
mélée d'ariettes , par Favart , musique de Duui , au théåtre
Italien, 1768.
Le sujct de cette piéce est tiré du Livré de Ruth , un
des plus beaux de TEcriture-Sainte. Comme cette comédie
brille surtout par sa inorale,et qu'elle fut jouée pendant le
caréme, on disait que le petit pére Favart précbait le caréme
me Mauconseil.
Un homme riche , retiré dans sa terre , fait ses délices des
travaux de la campagne , et met son bonheur å rendxe ses
vassaux beureux. 11 préside aux travaux de la moisson , et
répand la joie parmi ses ouvriers. Son neveu se dérobe aux
plaisirs de la ville , pour le venir voirj mais c'est son incK-
»atlen pour une jeune Moissonneuse , qui est le principal
Baotif de son séjour. Ge jeune homme aime la chasse , et ea
3ao MOS
falt I'é1ogc ; II est étonné qiie son oncle i)'ait pBS vnat&ill
de cbassc , des garlos et une meiitc. Il appcrcoit Fobjet b
sa passion , et vont 1'cngager å le siiivre å la ville, o&il
lui promct nii état brlDant ; mais cette jcime Moiuooeuso
aimc micnx gluåier et truvaillcr toiit Ic jour dans les champi)
poin iairo snhsislcr .<*a belle-måre , qui a en soin de Félew
et cie la fovmcr å la vcrtu. L'amant con^oit alors le projot
d'enl(ivor sa maitresse. CcpcndaDt riieure du diner arrivei
et le Soignenr , et le Nevcu ^ et les Moissonneuses font
tons ensemble lenr repas. Les cbansons et la joie péiiUeot
dans cette fete cbampctre. Charmé des graces et des Tertai
do la jeuiie Moissonneuse , le Seigneur s'intéresse vivemeat
å elld. De son rolé, cette beaulé villageoise aime en secretco i
bienfuiteur dn canton : le trouvant quelque part eDdormii
elle eiilace des feuillages au - dessus de sa t6te , et lui &it
lin abri de son voile , pour le défendre de Fardeur du soleiL
Il se réveille , et, surpris autant que pénétré des soins de cettB
jrune iiile , il s'informe de sa naissance å la lionne-femoM
qni Ta élevée , découvrc qu'elle est de sa famille , el qoA
■
c'cst un de ses parens qni lui a eiilevé safortune* Cependait,
le jeiine hommc , poursuivant toujonrs son projet d'enlBT8r
la Moissonneuse , le fait cxéicutcr au moment méme <p^
son oncle lui propose de le marier avec cette b^ti»
xnais , indigné de cette violence , il le renie pour son pazenty
Téloigne de sa présence, et ne lui promet ses bontéset lOii
amitie ^ que lorsqu^il aura réparé , par sa conduite , la höota |
de son action. La jeune Moissonneuse, au comble de ad i
vcx^iixfépouse le Seigneur.
Ce drame oflre le tableau agréable, des plaisirs de la campf
gne.!Favarty a pcint labelle nature avec resp»t,legout ellW "^
qu'on trou\ e dans ses ouvrages : il a su intéresser par le carac- ^
It^re aimable du Seigneur bienfaisant, et par les moeursnaiv*»^ j
J
MDJ Sa».
hantés ^ la jeune Moissonneuse ; il leUr a öp^osé ha- .
nent le contraste d'un jeune homme aveuglé dans sa
lon , et dépravé dans ses plaisirs. Une morale pleine d'a-*
lite natt de la situation de ses personnage^ , et le tout est
aé par le spectacle et l'activité de la campagne*
le ceoseur Marin y mit Tapprobation suivante : « Si
on n'avait représenté sur nos théåtres quo des piéces
3 ce genre , ii ne se serait jamais élevé de question
ar le danger des spectacles ; et les moralistes les plus
évéres aairaient mis autant de zéle å recommander d«
es fréquenter, qu'ils ont déclamé avec chaieur, ponr
létourner le public d'y assister »• Ces paroles semblent
nifier naturellement que , si toutes les piéces de théåtre
ient des sermons , les moralistes ^ loin d'en détoumer les
rctiens, lenr conseilleraieut d'y aller. Comme nous Pavons
, le sujet de ce drame est puisé dans TÉcriture-Saintc ;
est donc impossible que le moraliste le plus rigide y
uve un seiil mot å reprendre» Gette approbation, toute
iple , toute innocente qu'elle est, fit cependant beaucoup
bruit. Quelques personnes crtérent au scandale ^ et préten-
eot que le Censeur avait voulu contredire leur rnorale ^
Hner en ridicule leur sévérité | et engager les dévots
ailer aux spectacles profanes. Les gens sensés , les
imiers Prelats eux-mémes lurent TapprobaHou , et lui
»tituérent son véritable sens» Cependant on disait que.
CenseUr avait perdu sa place, qu^il était å la bastille^ et
Censeur , qu i croyait n'avoir rien å se reprocher, riait
i-méme de ces uouvelles» A la fin , pour appaiser
US ces brults , on mit un carton sur tous les exem-^
aires de ce Drame. Le méme Censeur y substitua
)e approbation simple ^ sans aucune reflexion ^ et la
^erelle tomba»
2bme F^L X
»la MO! ^
Bossnet^ qtii , commc tout le mondc saitj a écfitcooM
le théatre , tronvait la tragédie de Pénélope , par Tabbe
6e:iost si remprie de scntimcns et de vertus,qu'il duait:
« Je ne balaiircrais pos a nppronver le spectacle^ si l'oa'
31 re])ré8enlHit tonjours de^ pieces aiiasi épurées» »
Ce flit å l'orrasion de cctte mcmc tragédie , qu'oo agitiit
un jour devant Louis XIV, s'il était pennis d*aller å la
Comédie ? « Voici le Docteiir , dil le Monarque ; il dooi
3» décidera ce point. » Apres avoir exposé le fait » qu*en
» dilcs-vous, contiiiua le Prince ? Sire , répondit BoMoet,
« il y a de grands exemples poiir, et de fortea raisooi
» cohtrc. »
MOISSY ( MouLtER DB ) , atiteur dramatique , né 1
Paris , y ruourut en 1777.
Un^t Y le agrcable , noble et facilc , une intrigue filée
avcc adresse , beaiicoup de sentinicns et pen d'actJ0D ; teb
sont los traits qui caractérisent le tliéfttre de Moissy» Sans
toiites ses piéces , on remarqne ce ton et cette connaissance
du monde qui ne s^acquiércnt que dans la bonne coitt*
pugnie ; mais son dialogue manqne souvent de préciuoOi
de force , de comique , de mouvement, et méme d*idtérél» '
Au surplus , voici les titres des pidces qu'il a données aa
théåtre : le Provincial ä Paris , les Fausses InconsianCit t
le Valet-Maltre , la Nouvelle École des Femmes , VEi^
nuyé , VIrfpromptu de VAmour , la Nouvelle Écohdti
JMarisy et les Deux Fréres, II a publié , en outre ^ pluaieori
volumes de Proverbes ISramatiques et la Plxue JU^i
dranic didacti-comique.
MOITIÉ DU CHEMIN (la) , comédie en troia act«f
en vers, par M. Picard , aux Fran^ais, 1793.
< Després d' Ångers a trne fille ; son frére Després de Paris a un
fils : ces deux jeunes gens s'aiment ; mais leurs péres , fréres
jum^aux , sans cesse en dispute sur le droit d^atneste qu'ils
ambitionnent réciproquement , ont juré de ne marier leurs
enfans qne lorsque Tun des deux vieillards serait mört.
Figeac , gascon adroit , ami des deux péres , prend le parti
de les réunir \ il écrit å Després de Paris , que son frére est
Inort , et å Després d'Angers , que son frere de Paris
vient de fermer les yeux. Blentot les deux fréres se mettent
en route , et arrivent au Mans, å la moitié du chemin , pré-
eiséroent dans la méme auberge. Figeac, embarrassé, ixiet
dans sa confidence Thötesse , qiii se trouve étre sa soeur de lait.
lie Gascon etTaubergiste inventent tant de ruses , que les deux
amans tronvent moyen de sfe voir, et que les deux péres , en
grand deuil Tun de Tautre, ne peuvent se rencontrer quo
lorsque , se regretant mntuellement , ils sont prés d'oublier
leur ancienne querelle.
Tel est le fonds de cette pi^e»
MOLARD , autQur dramatiqne , né å Marseille , a
douné au théatre la tragédie de Marius et Scylla ; il avait
composé la tragédie de Thémistocle , qu'il présenta aux
comédiens , mais ils la rejett^rent , et elie ne fut pas re-*
présentée. «
MOLÉ , ( Francöis-^René), né ä Paris en 1784 , mört
dans la méme ville , en i8o2.
Si Ton en croit certains rédacteurs de cbroniqiies , cet
acteur , qui se nommait d'abord Molet , snpprimant
un t de ce nom trivial , et y ajoutant un* accent , le
rendlt noble et sonore. Ponr nous , qni ne devocis con««
^idércr dans Molé qne racleiir ^nons passerons sur res petite»
X a
Uk.1
324 M O L
anccdotes , qiii no scrvent qu'å jetcr dii ridiculo sur kf
grands talens ; et nous dirons que Molé débuta en
1754 y par le role de Britaunicus ; qu'il )Oua eoBHite
<^eux de Séide et de Nérestan ; mais qu'il eut peä dt
succés , el qu'il fiit obligé de quitter la capitale y pou
aller joner en province. Quelqnes années apres ^ en 1760,
il reparut snr le thé&trc Fran^ais , toujours dan^ la
tragédie , poiir iaquelle il avait pen de dispositions i
toutefuis , il fut re^u pour los troisiémes roles triq^quef
et coiniques , et moiitra dans ccs derniers un taleBt préoieuZi
qui le mit tout-å-coup au niveau de Grandval et de Belleconrt
En 1761, il joua dans iiiie bluelte intitulée: Heureusement^
dont il fit seul tout le succés. Depuis ce tems son talent et
sa réputatiou s*accrurent de jour en jour , et il devint b
inodéle des petit-maitres qii^il avaitKl'abord copiés ^ bjentöt
il fut ridole de ta Cour et de la Ville 9 au poiat qu'étaBt
tombé målade , on voulnt avoir les bulletins de sa santé»
et que, de toutes parts , on luienvoyait le» vins les plus ezqnis
pour rétablir sa poitrine délabrée. Le roi lui-méme loi
fl t remettre deux fois cinquante lonis dans le cours dv
son indisposition. I/orsqn'il reparut , il fat accueillr avcc
uu enlhousiasmc vraimcnt extraordinaire#
Oo lui reprochait beairconp de fatuité : nous ne Wrti*
lons point le laver de cetle tarbo trop évidente , qui» d'ailleursy
ne flétrit point le méritc duComédien. L'on pourrait se bornw
å dire qu'il savait saisir tous les caractéres et en fkire ressortir
tontcs les nuances; en effet, il était cbarmant dans le role dil
Marquis du Cercle ; décbirant dans Berverley^ dont il jouait b
principal role. Cétait un villageois plein de gaieté dans Bylos
et Siivie , de Rochon de Chabannes ; un papillon séduistnt
dans le role de Damis ,un philosophe leudre dana le comtew
Mot 3i5
Nanin^y et un Iwöiimi- vrai , mals sensible, dans 1'-^^-
mint^Bourru de Monvel. Il fit la fortune du Séducteur ^
du marquis de Biévre ; il soutint le Jaloux sans Amour ^
dlmbert , et fit gouter le role de d^Orlange , des Chåteaux^
sn Espagne ^ de Coilih-d'Harife ville; enfin ^ il était escet*
lent dans tous les roles qui convenaientå la natiire ef å la fai*
blesse de son organe. Nous ne craignons pas de le di re ^
iamais p«r«ODne Be montra pl«« de digmté dan, le» röle,
sérieux ^ plus de vivacité^ de gaieté eé de légéreté dans le»
personnage» eonaiques^
Molé pareourut salongue€«Triére^ sans essuyer hi moibdre
dtfaveur de la part du public ; il aimait son art , et se-prötait de
bonne grace k tout ce qui pouvait obliger ses camarades : c^fest
81 vrai qu'å Tage de soisante ans passés;, itesa reparaitre daiia
les roles de Petit-Matti«s qii*il avait abandonnés. Un jour«
naliste tourna en ridicule ce zhle louable-, et l'on. prétend
que Molé en con^ut un chagria qm abrégea ses jéursb
Il a donné , sous son nom , une piéce intitulée le
QiiiprcKfuo y qui ne 'plut pas au public. On doute.qa'il
en soit TauteiiiF , puisqu^å Teccasion d'un compliment de
cloture ^ La Harpe lui leproche une ignorance taiale*''dé
la langue fran^aise* .. , ,
Il fut mcmbre de 1'Institut et jcnourut i^egeetté de ses
collégues et de ses camar-adest^
MOLIEftE 9 €onaédiea ^ siurnommé le TraffXfue , est
Auieur d'une tragédie de Polixéne , représentée eå u620«
MOLIERE ( Jeak-Baptisti: Poquelin), auteur dra-*
matique , né k Paris en 1620 , mört dans la mlnae ville en
^678.
^Us et petit-iUs de valets de chanibr^ tapissler du B.Qi f
326 M O t
Moliére , jiisqu^å V&ge de quatorze ans , resta dans la
maison paternellc , oh il re^tit nne éducation cooforme 4
Tétat qu'on liii dcstinait; mais bieutot, guide par son hen*
reuse étoile, il sollicita , et obtint avec bcaucoup de peinei
la permission d*aller au college de Clermont , poui y fiiireses
études. C^est lå qu'il fit^connaissance avec Chapeile , Beniicr
et Cyrano. Bientot il fut admis, ainsi que ses amis , anz le^ona
du celebre Gassendi. Les bclles-lettres avaient omé Fesprit
du jeuae Foqticlin^ les préceptcs du Philosophe Ini apprireö^
å pcnser. C^est dans ces préceptcs qu'il puisa les priocipei
de justessc qui lui oot servi de guide dans la plupartde ses
ouvrages. Le voyage que fit Louis XUI å Narboone en 164'»
intcrrompit le cours de ses études ; son pdre , dovenu infirme,
ne pouvantysuivro la Cour^ il fut obligé d'y aller å sa place
et d'y rcruplir les fonctions de sa charge , qn'il exer^a jns*
qu'å sa mort^ mais, h. son retour k Paris , tou jours guide par
son étoile , il rcutra dans la carriére , et a'y fraya urf cfac^
niiu dans Icqucl ses sucresseurs ont vainement essaié de lo
snivre; lui senl est réellement urrivé au but. Alors le govt
du tbeåtre régnait en France; le cardinal de Richelieil
Taimait et protegén i t les auteurs dramatiques ; on peut
dire mcine que c'est k ce Mlnistrc que nous devons et
MoliÅre , et tons les grands écrivains qui ont illustre b
le régno de Louis XIV. Cc goiit ttait si générafemeot r^ i
pandu ä cette époquc, qne ron vit se former plusieurs sociélés
particuliéres, dans leaqnelles on jouait la comédie. PoqueKn
cntra dans Tune deces sociétés , qui futconnue souslo titrede.
Y Illustre Théatre, So i t par égard po nr ses parens , qni désa-
prouvaicnt sa profession, soit pour suivre 1'exemple de ses
caraarades, Poquelln cbangea de nom et prit cclui de MolieM*
JiaBéjard, alors comédiennc de campagne,se Tassociajei bien*
♦6^ lies par le double noeud de l'amour et del'intérét|ils forni4<
M o L 3*7-
rent ensemble nnc tronpe, et avec elle partirent pdur Lyon , oii
Ton représeata VEtourdi: cette piéce obtint un succés si déi idé,
que tons les spectateurs désertérent le tbéåtre d\ine au ti a
troupe de comédiens , qu'ils avaient' trouvé établie dans celte
ville ; entin la plupart de ces derniers s'eugagércnt avoc Mo-
liére, 'Ot le snivirent en Languedoc, oh il all^ ofTrir ses service9
au prince de Cbnti , qui tenait å Béziers ies £tats de la Fro-«
Tince. Ce Frince avait connu IVIoliére au college , et 8'étaii;
amusé å Paris des representations de V Illustre Théåtre , qu'iL
avait fetit venir chez lui plusieurs foié. A Béziers , Ytkourdi
(ut représenté avec ie méme succés qu'å. Lyon ; le Dépit
jåmjoureux , les PrécUuses Kidicules y entrainérent tous Ies
suiSrages. Moliére, comme on le voit, avait lieu de s'applaudir
deTétat qu'il avait embrassé; mais ses succés, qil^lque grands,
quelque mérités qu'ils fussent , ne purent pas vaincre la ré--
pugnancc que son pére avait con^u pour son état. Plusieur»
foisy mais ton jours inutilement y il le fitsolliciter par ses amis
de Tabandoniier : eniin , dans Tidée que son mattre de pension
pourrait le ramener b. son dévoir , il le lui envoya ; mais au
lieu de le décider ^ quitter saprofesslon , cc fut Moliére qul
lui persuada de Tembrassor lui-mcme.Four Ty déterminer, il
lui ofliit Tcmploi de Docteur de la comédie , atiquel il \^
croyait propre. Toutes ces pctitescirconstances de la vie d\iii
grand honime sont fort intéressantcs., mais le dé>raut d'es^
pace nous force å eu supprimer la plus grande partie. Notis
avbns laissé Moliére en Frovince ; nous allons maintcnant le*
voir re venir å Faris , ou il s'établit sous la prolection de.
Monsieur. Dans plusieurs voyages quUl avait été obligé de»
faire , il avait eu accés auprés <le ce Frince , qui eut la:
bonté de le presenter au Roi et a la Reine mére» Apres
avoir joué devant Leurs Majestés, ii en obtint la permission d^
s^iostaller dans la salle des gardes du vieuJE Louvre^ et eu&uil«b^
3z8 M O L
dans celte du Falais-Royal ; enfin , en 1 665' , sa tronpe tiilt
arrétée au service du Roi.C^est alors qu'oa vit régner enTrance
le vrai gout de la comédie. Voici b liste des ouvrages qw
cet auteur immortct a composé pour le théåtre , KJEtourdii»
le Dépit jtmoureux , les Précieuses Ridicules , le Cbcg
Jmaginaire , Dom Garcie de Navarre y VEcoh des Maniy
les Fåcheux ^ VEcole des Femmes , ta Clitique de VÉcoh
des Femmes , Vln^promptu de f^ersailles ^ la Prineesu
d'Elide f lo Mariage Förcé , lo Tartuffe , le Festih it
Pierre , VAm^ur Médecin , le Misantrope , le Médecin
Malgré lui , Mélicerte , le Sicilien , Amphybion » Geofp
Vandin , VAvare , Pourceaugnac y lea Amans JBUagn^ftqueif
Psyché y le Bourgeois Gentilhomme , les Fourberies åt
Scapin y les Femmes Savantes , la Comtesse d*Escurbagnat
et \e Målade Tmapnaire. Par respect pour Moliére, noiis oe
devrioas pas pärlor de plusieurs petUes fSurce» qu'il compoM
pour la Frovince, mais, comme ces petites taches ne peo-
vcnt altérersagloire^nousnous borDeronsåendonnerlestiferei»
los Docteurs Amowreux , la Docieur Pedant^ les TroiB Doc^
teurs Rivaux , le Maitre d*École , le Médecin Folanty b
Jalousie de Barbouillé y la Jalousie du Gros Mené, CffT*
gibus dans le Sac > lo Fagoteur , le Grand Benet de FUs^
Gros René petit enfanty etc. Au surplus , aucunf de ces
farces D'a été impriméo.
Pour juger du raérite des ouvrages do ee grand Hommei
il suflBt de les comparer avec tout ce que l'antiquité nou»
ofire de plus admirable et de plus parfait en co geore. Pia*
rexamen sera approfondi ^ plus la supériorité de Moliko-
sera reconnue« Comme on sail^ il puisa, ckez les Ancfto*
les premiéres notions d\\n art qu'il In i était réservé de per-
fectionnerj i\ lenr dut ce tact sur , ce gout exquis , quiliu
iirent surpasser tous les modéles; ou plutot son génie, sujjé-
M o L 3ä9
tieur aiix régles ii'en suivit pas d'aiitres que celles qu'Il se créa
lui-méme.La nature et les ridicules de son siécl^ furent pour
lui une source intarissable ; c'est-lk qii'il puisa cettd fonle da
taibleaux si difierens éntr'eux , et si ressemblans ' avec les
objets qu^il a voulu peindre. Il observa Tesprit des Grands ^
les corrigea de leurs défauts en les faisant rire y et osa substi-
tuer ^es Marquis et les Faquins du grand monde , aux
'esclaves des Anciens : ces derniers ne jouaient, sur leu^-s
théåtres, que les ridicules du Peuple et. des Boiirgeois;
Moliére joua ^ sur le notre, et la Ville et la Cour. Spec—
tateur pbilosopbe , rien n'écbappait å ses r^egards : il est peu
deconditions ott il n'aii fouillé 3 peu de vices dans la société
qu'il n'ait repris : personne , enfin , n'a conou , au ménte
degré qu9 lui , l'art de troaver le ridicule des choses , méma
les plus sérieuses; il allait le saisir oti d^autres ne l'eussent
pasniémesoup^onné;aus8ij ar-Ui\ joui d'unavantage bien rare,
celui d^avoir réformé une partie des abus qu'il attaquaii. Le
jargon des Pr^cieuses Ridicules disparut; celui desi^emme^
Savantes de vint intelligible; enfin on cessa de turlupiner å la
Cour et de se guinder k la Ville. Si l'on vit encore des avares
«t des hypocrites , c^est que le vice a des racines profondes ,
qu'il est presqu'iropossible de détruire , tandis qu'il suffit do
faire apercevoir le ridicule pour le corriger. Il faut eon-'
Tenir , néanmoins, qnc , méme dans les chefs-d'oBUvre do
Moliére , on ne trouve pas tou jours un langage as&ez épuré :
on pourrait désirer aussi des dénouemens plus heureux. On
lui reproche encore de s'étre trop occupé du Peuple, et ce
reproche est fondé; m£^is il faut considérer que Moliére,
chef d'une troupe de Comédiens , avait besoin de plaire å la
niuUitude, sans laquelle une pareille troupe ne peut exister;
*oiivent méme il était obligé d'amuser la Cour ,qui, avec uu
gout délicat , aime encore plus å rire qu'å adrairer t D'ail<o
33o M O L
Icurs , on doit dlstingner Ics genres : le MSdecin malgrélidf
Fourceaiipiac , los Fourberies de Scapin , ne peuventpS8|
sans contredit 9 cnlrer en parall^le avec le Jlisantrope^ lo
Tar tuffe , et Ics Femmes Sa vantes ; niais , méme dans ca
prcniiércs prodiictions, on trouve plus d*UDtrait qui décileol
le génie qui cnfuuta les secondes. £n introdulsant k bon
gout sur notre scene comique y Moliére n'avait pa en baooir
entiåiemeut le mauvais; poiir 1c ren verser, il oncensait Ti*
dole ', en un mot, il imitait la sagesse des grands législatanni
qui , pour accréditer de bonnes lois , se soumettent å d'tt-
ciens abus.
Nous a vens rapporté les partlcnlarites de la mört do
MoIiferOy k Farticle du Målade Imaginaire, derniére plo*
duction do son génie ( vojez cette piece). A peine cetévin^
meut fut-il su , que Faris fut inondé d^épitapheo ; toutessont
indignea du sujet : il faut pourtant en excepter celh qne lui
composa Lafontaine et celle du ?• Bouhours. Voici coU»
do Lafontaine.
Soiis ce tombeau gissent Plaute et Tcrence;
Et cependant le seul Voliérc y g!t.
Lcnrs trois talens ne formaient qu^un esprit ,
Dont le bel art réjonissait (a France.
Ils sont partis ; et j^ai peu dVspérance
De Ics revoir, malgré tons nos efforts.
Pour un long tems , selon toute apparenee ,
Térencc et Plaute et MoJi^re sont mörts.
Cclle qui suit est du Påre Boubours :
Orncment du théätrc , iocomparablc acteur ,
Charmant Poelc , illustre Auteur ,
G^est toi , dont les plaisanteries
Ont guéri du Marquis, Tesprit extraragant; )
Cest toi , qui j par tes inomeries ,
M o L 3*t
' As réprimé rorgnril du Marquis arrogant.
Ta muse , en jouant Fhypocrite ,
A redressé les faux dévots ;
Lä précieuse , å tes bons möts ,
A reoonna son faux mérite;
L^homme , ennemi du genre-humain } ,
Le campagnard , qui tout admire ,
^''ont pas lu tes écrits en vain :
Tou& deux se sont instruits en ne pensant (pi^h. rire.
£niia , tn réformas et la Ville et la Cour :
Mais quelle fut ta récompenie ?
Les Franeais rougiront un jour '
De leur peu de rcconnaiäaanoe }
Il leur fallait uh comcdieu
Qui mit, ä les polir, son art et son ötude ;
Mais , Moliére , Ä ta gloire , il ne inanquerait rien ,
Si , pärm i leurs défauts , que tu peignis si bien ,
Tu les avais repris de leur ingratitude*
Voici maintenant le portrait qne noiis a laissé de Moliére
Péponse du celebre Poisson, fille do Ducroisy, coonediea
de la troiipe de ce grand bomme. « Il n'étalt ni trop gräs ni
» trop maigre; il avait la taille plus grande que petite , le
s» port noble , la jambe belle ; il marchait gravement , avalt
» Tair trés-sérieux , le nez gros , la bouche grande , les
» lévrcs épaisses , le leint brun , les sourcils noirs et fprts ,
» et les divers mouvemens qu'il leur donnait , rendaient
;p sa phisionoraie extiémenient coailqno. A Tégard de son
j» caractére. Il étalt doux , complaisant et généreux. Il aiaiait
Ä fort k barangner; et, quand il lisait ses piåces aux comé-»
» diens , il voulait qu'ils y amenassent leurs enfans , pour
» tirer des conjectures de leurs mouvemens naturels. »
Nous avons parlé de Moliére comme auteur et commeac^
tenr , il nous reste å dire deux möts sur soa caractfere r
Moliére récitait en comédien sur le thtåtie et hora du tb«a-«
tre j mais il parlait en honuéte hcmme > riait en bonäéit
332 M O L
liommo , avait tous les sentimen» d*iin honnéte bomimj
sa convcrsation était tres - agréable lorsque les gens lui
plaisaient ; mais le plus soiiveut il paraissait rAveur et mé-
lancolique , et se coDtentait d'obscrver les mauiftres et let
moeurs des personnes avec lesquclles il se trouvait en so-
ciété, po nr en faire des applicatioos dans ses comédies, oh Ton
peut dirc qu'il a joué tout le monde , sans méihe en excepter
sa familie et lui-méme. Mxne. Poisson vient de noos dirt
qii'il était généreux; eavoici la preuve. Baron lui annoDfait
UD jour un hommeu Que son extreme misére empéchait ds
paraitre. « Il se nopnme Mondorge , ajouta-t-ih Je le coih
9» nais , dit Moliére ; il a été mon camarade en Languedoc ;
> c'est un honndte-homme. Qixe jugez-vous qu'il faille lai
» doiiuer ? Quatre pistoles lui répoudit Baron , apres avoir
» hésité quelque tumps. Eh bicn ! repliqu a Moliére, je vais lei
» lui donner pour moi 5 donnez-lui pour vous ces vingt autres
» que voiIå« » Mondorge parut : Moliére Tembrassa , Is
consola , et joignit au present qull lui faisait un magnia
fiqnc liabit pour joaer la tragédie.
Louis XIV voyant un jour Moliére å son diner, avec le nrf-
dccin Mau villain, I1U dit : Vous avez un roédecin ^ que Toas
fait-il?Sire , répondit Moliére, nous raisonnons ensemble }'u
m^ordonne des remédes ; je ne les fais poiut , et je guérib
Mau villain était son ami ; c'est lui qui lui fournissait 1^
termes d'art dont il avait bcsoin.
Le grand C onde disait que Corneille était le brévlaire chi
tois ; on peut dire que Moliére est le bréviaire ie tons kf
bommes.
MOLI£RE (Mllc.) , actrice de TOdéon , maintenant en
Westpbalie , i8io.
Gette actrice est digne dela scéne Fran^aise , oA elle fout*
raltsesoutenirå coté de Mlle. Dévienne* Esprit, fineasei^io^
M o II 33J
gence, apiomb , en un mot , toutes les qualhés qui cons*
ent une excellente soubrette y se trouvent réunies en
äOLIÉRE a la NOUVELLE SÄXLE , ou Les
DiENCES DE Thalie , comédie en un acte ^ en vers '^
La Harpe , aux Fran^ais , 1782.
Jnoiqu'on en dise , ce n'est point Thalie qui donne au-»
nce , mals Moliére hii-méme ^ cetie Muse y ainsi que sa
^ique Soeur, n'y jouent que dies reles fort accessoires.
alie et Melpoméue se réumssént pour instaUer leurs
ets dans la Douvelle.Salle , et , par un bonheur inesperé y
;s rencontrent Moliére, qui vientf, de son coté^ pour jouir
in aussi doux spectacle : en sa qualité de fondateur , il est
ez naturel qu^il s'y trouve. Tous trois font Téloge du Roi,
a munificence duquel cetie Salleestdue; mais , comma
lalie Tobserve fort judiciensement , il ne suRit päs d'avoir
e belle Salle , il faut encore Torner do spectateurs. Par une
ite nécessaire , on en vient å parler du mauvais gout qui
traine la bonne société aux Boulevai\ds; et, de-lå, on lance
lelques traits de satyre sur ce spectacle et ses spectateurs :
Dutefois , on espére qu'å la fayeur de la nouvelle Salle les
öses vont changer de face. Melpoméne , qui préside å la
rémonie , en accepte le favorable augiire ; elle se retire
mr aller assembler ses sufets , et laisse Tbalie seule avec
-oliérc ....
Eh blen ! Muse , lui dit-il :
Vos bcaux jours sont suivis de quelque décadcnce.
' .'
Ditcs-moi , le faux goj^t a donc tout corroinpu ?
Contre lui , dans mon tems , j^ai falt ce que j^ai pu.
^^JoiUe qu*il serait fort étonné qu'oa n'en fit plus justlce.
334 MOL
tiiiisqnc , s^il en croit Ics , oii*dit , il lexiste cent }uges anlieti
d^m ; siirvcIUans actifs , Vtrll toujoiirs tendu y toujoan
nrcis il n-^ciiler le; premier q ni sVcarte 4.U droit chemio;
Ccci anic^iie iinc rritiqiie trex-amåre des jouroauz,etparticu-
lifVeiiiciit dii Journal de Paris. Voici ce qiii concerne cetti
fuiiillc ; cV*st Tlialic qiii paric :
Mais un cbcf-d^ueuTre unique ,
En fait trabrég»' , r"cst ma fui ,
Ijn Fniille de Paris : pour mot ,
JVn coDTietidrai , jc Ta i me k la folie.
Voiis 9.iv(;r. ({irune thi^te , illustre en Italie ,
DdDft Son litre annon^ait lout ce gu^on peul sauoirf
Cetle tlie^e est la fouilie , et rous v pouies Toir,
Et voir , tnus I<'8 inaiins , Irt niorts , ]es mariages ,
I/liiituirc du nmnicnt , Ics speclacles du soir,
Lc.4 li-rons d«! pliysique , et le pris des fourrageSy
Et des livrés et des fromages ,
Le tenis qu^il Bt la vcilie , un poéme nouvean,
liCs quereUes sur la musique ,
Et la n*|>onsc et la réplique ,
Et la bcance acadéiniipie ,
Et puis le contLat du taureau ;
La satyre et Fépithalame ,
TTn trait de bicnfaisance auprés d^une ^pigramme^
Et le cours des effets , et la chutc d^un drame.
Le rliaugc , le marcbé , la coulisse , les arts ,
Sccllés , mutations , domicilcs , rem parts ,
Lps scifncrs , Ics prix , les >eiits et les orages ,
Le bfurre et les ceufs frais, le tout en quatre pa^s, etc*
Enfin , Tlialie se rclire , et va , comme sa sceiir, saroirce
q ni se passé dans son Empire. Årrive alors M. Bapdste»
vicnx giir^on de café, qni vienl lui presenter une conwoi»
rapcta««sée avec dea morceanx clioi.sis de vinet comédiö
tombées. Acelni-ci succéde M. Misogramme, bon et boBiA*
iirgociant , qui ne peut plus snpporler le scientiiiqne trava*
MOL 335
fta femme et de ses eufans; il se plaint, avec quelque
it , de Toir sa maison assiégée par une foule d'auteiirat
asites qui toiirncnt toutes les tetes de sa famille. Apres le
»art de cet homme , un peu brusque mais sensé , on voit
rer un ccrtain M. Claqiie, cabaleur en chef, qui vient se
indre å son tour de ce que le parterre est maintenant
iis. Cet habile tacticien nous en démontre les inconvéniens,
aous fait connaitre ses honnétes manoeuvres. Entré autres
oses , il dit :
Rien n^est pltis important
Que d''aYoir ä Paris un succés éclatant ;
On CD est beaucoup mieux payé dans la Prpyilice.
Dans ces oas Ik , monsieur , il faut s''exccuter :
On sait ce quUl en doit coiiter.
J^avais mes lieutenans , mes premiers camaradcs ,
Qui distribuaicnt les brigades ;
Cbacun avait son pöste et répondait d^un icoin :
Moi , j^occupais le centre, et tous araient le soin.
©""avoir toujours vers moi le regard et Porcille ;
Et des que j'avais dit bien , fort bien , å merveille ,
Ils faisaient un choriU .' et puis , adroitemont,
Je savais ranimer un applaudissement
yiUez-donc.,., beau,*,, bravo , c^ctait un lintamare
£t dcä pieds et des niains, dés caunes !... un succés
Fou.
I fin , lui dit-il :
Je gagnais en bräyo , mes yingt écus par mois.
! n'est pas trop ; les cabaleurs d^aujourd^hui se font mieux
yer. Ecifin , arrive le jojeux V^audeville ^ et, bientot apres
i , la Muse du Drame , burlesquement vétue avec des
piers découpés, sur lesquels on voit écrit les möts : CielL*
ieu I Grand Dieu ! Vertu ! Cnme ! Nature ! etc. , etc.
le lui débite tant d'impertipences , et tout cela d'un ton si
tncntable qu'elle lasse la paticnce du pauvre Moliére , qui
336 M O Ii
se perznot contr^clle unc sortie violentd dans laqtiélle j(^
retraco ton te la diflbrmité du drame. Ausnitöt le fonds da
tbv.å^''e s'oiivre et laisse appercevoir les statues des grandi
i^uteiirs dramatiqiies. ApoUon est entré Melpoméne et Thaliq
c!:acunc d^elles conduit les acteurs de son genre.- Les
aiitres Miiscs onl aussi leiir suite qui porte des goir» '
ländes de flonrs et des couronnes de laurier* Moliére n
range å coté de Thalie, et les autres personnages de la
piecc sont aiitoiir d'elle. On danse , et les Muses vont
placer des giiirlandes et des couronnes de laurier autour
des statucs. Enfin , la piéce se termine par des coupleti
qiu sout chantés par Moliére , Thalie • ApoUon , IL
Misograme , Melpoméne , la Muse du drame et le Van-*
deville. Voicl celiii qiie chaute la Muse du drame :
Aux sombrcs beautés du Drame ^
Quel coenr iie se rendrait pas ? ,
De sa ténébrcnse flamme
Admirez les noirs éclau«
Helas !
Helas 1
Kien n'*est si beaa qne le Dfaree ^
All ! que le Drame a d^appas !
Gette piéce fourmille de tralts kenreux : ellc renferme nntf
critiquo trés-m ordan te et)iiste en qiielques poiots; maisc'eit
pliitot iine satyre qii'une comédie. Au reste, il paraitque>dsos
cette piéce, La Harpe a voulu faire sa propre critiqusi
Si ce fut-lå son intention , le motif est doublement lonabls*
MOLIÉRE A LYON , comédie-vaude ville, enunactc,
par MM. Ségur ainé , Dcschamps et Després , au Vaudc^
ville.
Boutct, onde de Moliére, pre venu défavorablement contra
H o L 337
s comédieos de proression , forme le projet de con-
e son nevcu å quitter la carri^re du théätre , pour iin
degreflier plumitif , 011, tcut an moins, pour le métier
ssicr , qni était , comme on le salt, reliii de la famillo
lin : il part de Paris pcur Lyon , et arrive au spectacl*
e ville , précisément k Ihcure ou la troiipe de Mo*
berclM; ic moven de remplacerdans le role d'Augiisle,
na , lin ac te ur tragique , qui a cu le malheur de s'eni'
)outct y saus é^anl pour lii circoastance , catéchise
veu , et eta!e to ut cc qu'il a de vteille logiqne pour
)uter du thcaLrc ; mais le jeune Poquelin , aidé du
Chapelle , repond å chaque assertion par un argument
pliqtie , et le pauvre Onde reste confondu. Cependani
I slavan c c ; ie public s'iinpatiente ; ne pouvantJui don-
nna , il faut bien lui oSrir une autre piece : on pro—
Etourdi et les JPrécieuses jRidicules ; mais le oiéme
ie se preserite : Tivrogne qui n'a pu jouer Auguste ,
as plus en etat de jouer Gorgibus , et lui seul est en
don dn rolc. On remarque alors que le gros Eoutet a
ment le physique convenable au personnage; on sa
e Tncmc qu*il s^en est qnelquefois chargé å Paris ,
ertaiu theatre bonrgeois j il n*en faut pas d'a vantage
iU^on ait recours å sa tronaplaisance , et a force de sol*-
ons on parvientårenröler. De jolies actrices arrangent
tammeiU sa toilette sans qn'il ose lenr résister,et la pirce
rsque celle de V Etourdi est censée devoir commeucerh
est le trait anecdotique qui fait le fo«!ds de cc joli
ville 5 qui oflre des rouplcts trés-agréables et tres-
s. Le fonds paraltra peut-étre un pen trop simple ;
ii au te urs y ont adapté plusieurs sccnes épisodiques
répandent de Tintérét et de la varieté : le lien de la
it les d'.Toraticins «ont J'uilleurs une nouvoauU ; iU
le Pi. y
MO L
ii<pM'<ii<iiliMil nn llii/llrr vu <ln fond, oflrant les Coti1i5sel'i0^
liiiiriitm vi li« lidtMiii ni pornjiurtive*
MtM.llVl\K AVKC SKS AMIS , comédie en mi acte,
011 \iM« lilti-r« , |vii' M. Aiuliionx, uns Fran^ais, 1804.
A 1:1 ii};iirui . lotlo piiVo tiVM |Hiiiit UDecomédie, nua
iii»i« Mulo tio :«i'c^t)ot rpi«oJi(Uic5 , liées entrVKes par m
M l<xoi- . «"! «lMn« tr:^f nollos Taiitonr a esqni$*c . arer bnn-
t'«Mi|« <to i^iAx^c» ^uc\)t)o« Inits drs p-andit écnvains da
»i^-lo ov I oui» XIV. On n'v troin-c d'artrp iDtmt
•vJii» ,ju*i«5jMiv \a r;;jV'0*.«e do Mollire . qni ne pat
if»sN v.sr* j; v.: ^ *?ws.-^ V« sor^'*'^?* c^*f! &*?-££ mn
* -* • ■'»'Il . .' '. -if'- ,S fs 4f 'r*-'»»f*: . TTéHd^ i» Ti'"XMv>« a.
»p. x"^ *■ -..* . s.^ - -^^■»ii-r r.narnT ■»?
•-» >b
» 'V. j-^i
:i -
- -Ils...
r
MO L %39
)oyeiix eotivives arrivent successivement en ch antänt , et
plus résolus ä vivre qu^ils ne Tavalent été la veille å se
noyer. Towr terminer' la piéce , Moliére épouse M11e«
Béjard , et invite ttnis ces Messieurs å sa nocc*
Comme nous IWons dit , cette piéce n'est qu'un en-
thainement de scéues épisodiques ; elle obtint un succés
^u'elle dut particuliérement å la richesse de ses détails.
MOLIÉRE CHEZ NINON , ou La Lkcture dä Tar-
truFFE , connédie en itn acte, en vers, par MM. Dubois et
Cbazet , au thtiåtre Louvois , i8o2.
La sccte des dévots et des hypocrites se leve en masse pour
«nQpécber la representation du Tartuffe ; et, selon sa louable
«t conslante babitude ^ eUe intéresse le ciel et la Ccrre dans sa
(qiierelle. Comme on sait , le premier President iit défense
anx comédiens de représenter cette piéce , .mais Moliére dé^
aUne sa jurisdiclion et s'adresse au Roi lui-méme , qui est au
camp devant Lille« II attend la décision duMonarque, sans
se laisser intimider par les saintes clameurs des bigots. Fört
du suflfrage de CorneiHe , de Racine , de Boileau et de La-
Fontaine , sur de la protection dn grand Condé et de Tassenti-
tneiit de to US les honoétes gens , il se rend k Vinvitation de
la celebre Kinon de Lenclos , et vient faire la lecture du
lar^uj^eåsesimmortels amis. EnvainSaint-Ålban, secrétaire
4u President et cbef de la secte mistique , le menace de la
vengeance de ces pieux confréres , il va lire son ouvrage ,
lorsqu'un page lui apporte une lettre du Roi, qui en pérmet
la representation. Tel est en peu de möts le fonds de cette pe-
tite comédicjdans laqueUe on remarque des tirkdes agréables 5
Hiais Ton y trouve aussi des négligences qu'on ne saurait
• icuscr dans un ouvrage, o il roii voit figurer les plus grands
Y 2
34^ MOM
poetes du siuclc de Louis XIV. Ninon n'cut ccvtainemftt
pas falt la faulc gravc qui se Irouve dans les ven suivaot:
Cct hoinme quI sait feindre un zé\e si fcTrent^
Eät un salnt iiiip> steur , dont la TiMte cadie
Un but inqiiictani. Vous savez qu^il s'*attaclie
A perdrc , dans IV^prit du premier President,
lUoliérc , et j du Tar luff c , est tennemi puissanl,»-.*
Äu reste , nous le répétons ^ cette piecc a^est pas mal écritet
MOLrNE ( M. ) j auteur dramatique , l8iO.
Cet auteur a donné å TOpéra : Ariane dans tik <&
Naxos 9 Laure et Fétrarque , Orphée et Euridice , et le
Moi Tliéodore ä T^enise. Il a fait imprimer, ou joner cp
socicté les piéces suivantcs : les Legislatrice? y le Savéåét'
Jdédecin , le Concert Interrompu , la Ftte de Saint^Chudf
Richard Minutolo , la Couronne de Flewrs , la Sasuf Sup*
pos^Cy la Meåni^TG enrichiey ou le Gascon puni, et le Bod
Seigneur y ou le Colin^Maillard*
MOMENT. Ou appelle ainsi an thé&tre. ^ toute shaafiotf
frappante et inattcndue. ^ojes SITUATION.
. , r
MOMUS A PARIS , opera comiquc , en un aete , pH
Panard et Fagant , å la foire Saint-Laurent , ij^%*
Cest la critique des travers les plus accrédités dam 1>
Capitale. On trouve dans cct opera plus de sel que de gcälpij
tönt s'y passé, pour ainsi dirc^ en dialogues entré Moiii0%^
son coniident la Girouelte.
MOMUS EXILÉ, ou les Tebreurs Paniquks,!»-
rodie, en un acle , en prose , suivie du ballet des SM'
mcus , par f u2ellier , aux Italiens , ijaS. ,
MOM »41
X'awteiir fait paraitre les Elémens en habits Je caracléf^s.
prend poiir la terre , des Carriers et des J^rdinlers^; et des
uflf^eurs d'orguepour Tairj ceiix-cisont habiUés aussi J)e-
riiment qiie la terre , parce cjiie Pauteur du ballet ne
ir donne pas assez de légéreté, L'Eau est caractérisée
T des Porteurs d'eau 5 et le feu , raalicieusement habillé
'■ glace 5 est représieplé pas des BoulEuigers. « Car , dit le
Parodiste , le récha;id de Vest?. ne vaut pas asiurément
le four d\in boulatigeF« » DaDs le ballet, on voit vii
nant de cinquantc ans , marquer la pliis grande impatieoce
ur entretenir en secret iino Vestale , qui en a bien qua-
Dte y et qu'il doit époiiser le lendemaln. Si on lea eut
rpris , la Vestale e\i% été enterrée vive , et .l'anaant con.
!nin^ au fouet, selon la loi. On dit , dans la parodie , qua
tte vivacité mérltaitle £ouet, indépendamnaeut de la loi.
MOMUS FABULISTE , ou les NocÉs de Vuj^cain,
»médie eu un acte , en prose , avec un divcrtissemeut ,
tr Fuzellier, au tbeåtre Fran^ais ^ ^7^9* ' • • *
Les fablcs légéres , Ics traits saillans et vifs de ceite
i^ce , qui contient d^ailleurs une fine critiqtie 4^s .fablest
5 Lapnotte , cxcitéfent I9. curiosité du pi^blic k en déf
3uvrir l^auteiir, qui ne Toulut se faire conn^itfe -qu^å
i vingtieme representation^. Ce mérae public-, fåcbé d-|kVoir
f» le ch;xnge , en Tattribuant å tout autre, evt;rinj.u$tico
e méconnaitre le véritable a\iteur , lorsq«'il jugea å propos
e se nommer. FuzcUier retrancha dcipuis , tout ce' qui
était pas vaudeville , et y ajouta deux fablcs nouvelles»,!
Gette comédie eut un succés prodigieux : clle fut re-
^ise plusieurs foIs au théåtre; mais elle a perda le mérite
^'IVpropos. D'aiHeurs ces sortes de piéces öxigent un acteup
^We , et en mcme tems comique , qui ai^ Tärt de de»-
342 M O N
biter les fables , ce qut ne se rencontre pas souveot. Qnkiailt
1'atné la Gt rénssir compléteraeDl å sa prexniére repréaeotatioD;
Moutmcsnil et Lanoue, Tout presque Fait tomber , loriiqa^ili
ont joué le rolc de Momiis. Ces deiix derniers comédieiw , avee
beaucoupdo talens d^aiUcnrs, manquaient de cfaaleuretd^une
sorte de fincsso animée , nécussaire au débit des fables do
cctte pi^e.
MOMUS OCULISTE , opera -coraique en iin arte,
avcc vin divertissement et un vaiidevtlle ^ par Carolet >
å la foire Saint-Laurent , 1737.
Mom US 9 pour le soulagement des Dieux et des Humains
s^est fait Médecin et Oculiste. Il a entrepris de guérir ks
trois phi^ celebres avcugles de l'univers, VliituSylaTortuoeet
PAmoitr. Unc mére lui améne sa fille qne la Tanité a
tcUement aveuglée , qn'elle méconnait son p^ , parce qu'il
n'est quc simple bourgeois. Momus la renyoie aux incu-
rables , avec un poeto qui a fait l'épitapbe d'un chiea
mört de la råge. Arrive ensuite nne daaie ftgée , qvi }
par avcuglément a épousé un jeune faomme dont elle n'(B9si]ie
que des froideurs. Momna ne peut hii conseiller antro
chose , que de prendre patieuce. Dans le moment , on
voit entrer Plutus , qui , depuis qu'it a recouvré la vnt
ne cesse de se repentir de la plupart de sea bienfiuts. I*
!FoTtune qui est pareillement gnérie , pense å-peu-pr^s de
rnéme. Eofin TAmour , qui n'est plus aveugle , et qiiVaw
réconcilié avec 1'Hymeu , vient donner , par reconnaissancet
une fete a son médecin Momus : c'est par ce diyertissement
que la piéce se termine.
MONCRIF (Fran^ois Augustin FARAcxsde), antear
dramatique y ne » Furis en 1687 , luort dans la méme Tlb
€11 1755.
M o W 34J
Ij'amoiir do la poéaie si pen susceptible de se partager avec
les soins et l'étude d*iine autre profession , détonrna Moncrif
de la route qiie iui avait indiqué la fortune. Possédant.le doa>
de plaire et de se^faire almer partoiit, certain de se Faire des
;. amis utiles et des protecteurs , il embrassa la profession dos
lettres* La gaieté naturelle å la Nation fran^ai^O' avait imal*
giné vers le commencement du dix^hnitifeme siécle le geore
aimable et agréable du Vaudevilic. Ce fnt dans le temple
méme oii Chaulieu, Lafare et tous les illustres gon rmands ,
sVtaicnt rassemblés, que l'on conslrnisit un tbéåtre , qiii fiSit
bientot fréqucnté par la meilleure compagnie de la Capitale»
Moncrif, qui s'y trouvait fort répandu , fut» un des hommes^
de lettresqui concourureotå rendre ce spectacle piquant » peiur
les gens d'espriteux-inéines. Attaché au comte de Clennont,
en qualité de secrétaire de ses commandemens , Moncrif
voulut contribuer aux arausemena de Mme. la Duéliisse
douairiére ; et ce fqt pour cette Frincesse qu^il rom pösa la
comédie des Abdérites , qu'il Ini dédia. Cette piéce fuL }oué^
å Fontainebleau ; mais elle ne le fut point å Paris ^ oh nous
peusons qu'elle eut eu peu de succés. Get auteur, dont les pre--
mler essais lyriques avaieiH été favorablemeni . accueillis j
se voua y pour ainsi dire , å ce seul genre ; car 9 ce n^est pa^
en sortir, que de fairc, par intervalle, quelques cotiplets dé*
'licats et naifs dans le gout de nos anciennes chansons. 11 pu«*
blia pourtant quelqiies légéres dissertations sur des matiérqs
utiles ; mais son gout le ramenait bientot å sod Vérilabie
genre de talent. Son acte de Zélindor fit le plus grabd plai*^
sir å 1'Opéra , oii il fut représenté en 1745. Ses au tres piéces
sont la Fausse Mogie , VJEmpire de 1'jtmour , Linus , .jil-r
rnasis , Isniéne , les Genius Tutélaires y La Sybille y et > W
^nieji Réunies*
344 MO N
MONDE BEWVERSÉ (le) , opéra-comiquc, en miaéte,
par Lesa^c et d^Oriieval , 511 r iin plan donné par Lafont ,ålk
foire St. Laiiient , 171!) , remis avcc des changeraens rélfr*
ti£s aiix usugcs el aux uiGeiirs de son tems, par Anseaume,
en I -»53.
Cetle piiTe est épisodiqne, et son titre annonce asseiqnd
doite» élrc le Fonds. Ccst parlicHliércment le contraire de ca
qneuous voyons prallqnor en Francc.TjCsPchts-Mafttrervsont
Fhilosophes j Ics Fhilosophes Pclits-Maitres; TcsProcnrenrs,
lesNotaircs, los Conimissaircs , scrnpiilciix ; tes FiHes blea
cicvées v disent cc qn'clles pen.scut5 tousles hommes pensent
et agissent bien. Srapin et Fierrot, qiii arrivent de Faris^
0ccu})eDt la scéne, depivis le commencemeot )usqu'i,lafifld«
la piire.
MONDONVILLE (Jeaw Joseph Cas^aw^a de), atn
teur dramaliqiiect coinpositcur de rousique , DaquitllTiK^
bonne en 171 5.
Les premiers essais de Mondonyille comme compositenr
fiirent conronnés du phis hrillant sikcäs. CVtaient tron mö*
tets; le Mo finns Vominus , le JuHlate y et le Domwut
Regnai^it qn'i( avait fait exécntcr k Lille , et qii'il ylot fiiirB
entcndrc u Paris , oii ils obtinrent nn succés prodigicuz. Cd i
.r/avait point cncoro vii au conccrt spiritite) une afHiMBCV
égale h celle qu'ils y atlirérent. Ces trois morceauz de géoK
annonc^rcnt une Ijre enchanteresse et savantequi ledisputut
tt celle de Lalandc , et qui triomphait de celle de Moaret«
^prés s^etre distingué dans ce genre , Mondonyille yonkit w
montrer au théåtre do TOpéra ; 1x1 u is la pastorala å^IsU
qui lui fut ronfiéo , pen digue de sa musique , y fut pea
goutéc et n^u point reparu dcpuis sur ce théåtre* En IJ^f
ii donna le Cariiaval du Paruasse qui cut trente represen*
MÖN 345
iations ; cette piéce fut rcprise plusieurs fois et toujours avec
ieinéaie succés»
li^abbé de Lamare ayant laissé imparfait I'opéra de Titoa
mt Vjäurore , on« le remit entre les mains de Mondonville
qxii, jusque-lå, n'avaitpoint soup^onoé qii'il eiit le taleut d'c-
cpre ; il fit å cet opera les corrections et les additions dont il
avait besoin , et s'en tiia si bien qii^oo ne put distinguer ce
qui était de Tabbe de Lamarre ou de liii. Il joignit å cette piéce
le prologiie de Promethée de Låmotte , et cette pastoralc
xéunit tons les sufTrages. L'année suivante , Mondonville se
fit connaitre sous le double rapport d'auteiir dramatique et
«le compositeur de musiqiie par la pastorale languedocienne
de Daphnis et Alcimadure. Le Fatois languedocien , qii^il
aTnit parlé dans son enfance , et qui est presque aussi
Ikvjorable au cbant et aux idées tendres et galantes que la
langue Italienne , fut une nouveauté piqiiante a l'Opéra.Toute-
fois , qnelques dames du plus haut rang , ayant paru désirer
c|u'il remit cet acte en fran^ais, il Tentreprit avec succés. Ce
que cette espéce de traduction a de singulier , c'est qu'elle est
si conforme å Toriginal , qu'il ne fallut que placer dans la par-
tition déjå gravée , au-dessous des vers Languedociens , les
^ers Iran^ais qui les représehtaient.
lios derniers ouvrages de Mondonville , considéré commc
znnsicien , sont les Fetes de Paphos, Tacte de Psyché et Vo^
péra de Thésée de Quinault , remis avec de la nouvelle mu-
9iqueé ^
MONDOR6E ( Antoine Gauthier de ) , naquit å
LyoD en 1707, et mourutå Parisen 17681
Mondorge doit étre compté parmi le petit nombre dihorn-
mes fayorisés de la fortnne , qui ont cultivés les lettrös avec
fju^lque succés 3 seé Fetes d'Hébée ,'plus connues sous le titr«
346 M o N
des Talens Lyriques , futent assez bien occneillies , et Pm
ne peiit nicr, qu'å certains égards , elles ne méritassentb
siicc<^s qifelles obtinrciit ; mais leur plus grand méritey c^est
d^avoir eu poiir inusicicn le celebre Rameau. En efiét^ avec
un bommc tel qiie lui, iln^étaitguÄre possible qu'un ouTrage,
mcme médiocre , n'eiit qu\in médiocre succ&s. D'aillenn b
sujet était heureusemcnt choisi , et Ton y trouve (a et lå
quelques détails dignes du sujet. Ce qu'on doit observersur-
tout y c^est que cet opera est Tun des premiers oii Ton ait e«-
sayé de venger cotte espéce de podmc du reprocbe de fadeur
et de faiblesse^ que les bons juges lui ont souvcnt adressé.
T/actede Tyrtée ne roule point sur ces lienx commnnsde AJo*
rale lubrique , rechauffée par les sons de Lully 3 la ba-
rangue de ce libérateur des Spartiatcs est du ton le plus
Doblc ; c'est vraiment une harangiie militaire* On dolt doDC
savoir gré iJL Moudorge de s'étre aRranchi, Tun des premiers,
de cet usage ridlcule , qui a vait tellemeut retréci les idées Ses
faiseurs d'opéra , que leur dictionnaire se bomait å uno
vingtainc de möts postiches , combinés et ressassés jnsqn'an
dégout en cent maniéres diiTérentes. Il s'écarta de la route
commune avec succés ; mais y pour accréditer cette inno'
vation il n'avait point assez de verve et de cbaleur poétique*
L' opera de Société ^ au tre ouvrage de Montdorge, nefut ,
pas aussibienaccueilli que Tavaient été Les Talens IJyriquesi
on doit attribuer cette disgråce au sujet. Mondorge aimait le*
arts , et encouragcait les artistes ; c'était un homme de booD*
compagnie , qui aurait pu se faire un nom dans la litiératarei
s'il avait dérobé en faveur des Muses, quelques momens aiU
aQaires et aux plaisirs.
MONDORY , acteur du théåtro du Marais , reoipHssBlt
avec succés les råles de roi. Ajant cu unc attaque d'apQ"
M o N 347
plexie 9 eo jouant le röle d^Hérode dans la Mariamne de Tris*
taa > il filt obligé de se retirer , et niourut peu de tems apres»
MONGIN , auteur dramatique , donna aux Italiens en
169S 9 une comédie en trois actes , en vers , intitulée Ics
Promenades de Paris.
MONICAUT , anden consul de IFrancq å St.-Petersbourg
k Dantzik, a falt jouer aux Italiens le Jiédain qffecté , co-
médie en trois actes en prose.
MONOLOGUES , ou discoiirs d'iin seul personnage.
On ne doit pas confondre la Monodie des Ancieos , avec
ce qii'on appelle maintenant Monologues ; car 9 quoique la
Monodie fut une piece de poésie chantée ou récitée par un
seul homme ^ elle était particiiliérement consacrée aux veis
lugubres qui se chantai^ent en Thonneur d\in ni ort , par Fuu
de ceux qui composaient le choeur. Si Ton en croit Arls-
toxåne , Olimpe , musicien, fut le premier qui Tintroduisit
en faveiir de Python. Il y a des savans qui ne veulcnt pa&
recevoir le mot grec pour Tentretien d^un hommc seul , mai»
pour un discours partout semblable å soi-méme , et san&
aucune varieté. Quoiqu'il en soit , notis croyons qu*on a
uommé eu notre langue , Monologues , ce que les Anciens.
appellaient en grec , récit d^un seul pcrspnnage : sans doute-
il est fort agréable , sur le tbéåtre', de voir un bomme seul
ouvrir le fond de &ou amej découvrir bardiment ses plus se-
crettes pensées , expliquer tous ses seutimens , et dire tout
CQ que la violence de sa passion lui suggére ; m^is il u^est
pas toujours bien facile de le faire avec vraisemblance. Les
anciens trugiques ne pouvaient faire ces Monologuös k causd
des cbceurs ^ qui ue soriaient point du théåUe^ et^ 4^'^^ <^^
348 M O N
cxcpptcreliii d'Äjax, surlepointdc niourirau coin d'ua boit,
le c horn r i- tant sorl i pourleclierchor, noiisnecrojonspasquTil
s'cn tron ve uiiciin dans los trcntccinq tragédiesqui reatenUOn
pourrait crolrc le confrairc en ce qu^on ne trouve qu'oD ao-
leiir dans ics sccncs ; mais si l'on veni y faire aUentiön , on
vcrra qn'il n'ost pas seul sur lo tliéatrc , et qiie son disconn
^^ldrc">se a dos gens qni le snivent en personne, qiioiqu'Ib
no soiei.t point marqnés dans los exprcssions.
Qnant aiix prologncs, ils sont faits ordinairoment par des
personncs sculcs , mais non pas en forine de nionologues ;
c 'ost nnc piåce hors d^oRiivre , qui , å la vérité fait bien partie
du poömc des Ancicns , mais non pas de raction théåtrale ;
« Vst un discours qui se fait aux sporlatcurs et en Iciir faveur,
])our los instvuire du fonds de rhistoire jusqu*å Tentrée du
cliaMir , ou commencc préciscmcnt Taction , sclon Aristot6t
Mais c*est trop nous arrétor a des dissertations inutités;
voyonsce qu'il convicnt d'observer pour faire un Monologue
avcc vraisemhianre. D'abord il ne faut jamais quHin acteur
fasse un Monologue, seul em en t pour instruire les spectateurs
de quelques circonstances qu'its doiventsavoir; mais il faut
chorcher dans la vérité de l'action , quelquc couleur qni Tait
obligé å faire ce discours; autremcut , c/estun vice dans la
piéce. Mais si celui qui croit parler seul est entendti par ha-
zard de quclqu'autre , il doit étre censt' parler tout bas , parce-
qu'il n^est point vraiscmblable qu^un homme seul crie k,.
haute voix , conune Tacteur est obligé de le faire : il faut
<:c'nv(Mur avec Scaliger , que c'cst un défaut du théåtre; ;
mais c*est un défaut qu'il faut cxcuser, parce qu'il est im-
j)Ossible de rcndre les pensées d'un homme, autremcut que
j)ar ses parolcs. Ce qui fait paraitre re défaut plus choquant
snr le ihOalrc , c'cst lorsqu'un antrc acteur entend tout ce que
dii celui qui parlc seul i car alors nous voyons bien qu'il dit
M o N 349
at haut , ce qii'il dolt senlement penser i et encor© qu'il sqiC
elquefols arrivé qu\in liomme ait exprimé haut, ce qu'il
vait renfermer en liii-inéme , dous ne le soiiffrons pas au
éåtre , par ce que Pon ne doit pas y représenter aiissi gros-
rement rimprudence hunjaine ; c'est en qiioi Plaute a
jvent péché. Dans ce cas, il faut donc jiistiGer cctte invrai-
nblance , ce qiii est assez difficile 5 car Texcés de la dou-
ir , ou d^1ne antrc passion , n^est pas, selon nons , una
:use surtisante. La douleur peut obliger un homme k te-
' quelqiies propos vagues et interrompiis , mais non pas
discours de suite et raisonné ; ou bien il faudrait que lo
éte co.mposåt son Monölogue de mani ére que Tactear dut
(ver sa voix en récitant certaines paroles seulensent , et la
:>dérer en d'antres , pour qu'il soit vraisemblable que
iitré acteur , qui l'écoute de loin , puisse entendre les unei
mme prononcées touthaut , et comme Texplosion d^uu sen-
ncnt qui éclaterait par intervalle , mais non pas les autres ,
imme étant prononcées tout bas. Mais poitr que cela fut
aticable , il faudrait que Tautre acteur , aprås le mot pro-
)ncé d\ine voix fort haute , par celui qui ferait ce Mono-
Dlogue j laissåt écbapper quelques paroles d^étoonement ou
s^oie, selon le sujet, et qu'il se fåchåt de ne pouvoir en«
indre le reste : quelquefois méme , quand Facteur qui ferait
i Monölogue retiendrait sa voix , il faudrait que Tautre
3inarquåt toutes ses actions, comme d'un homme qui re-
erait profondément , et qui serait agité d'une violente in-
uiétude : peut-étre , pourrait-on ainsi conserver la vrai-
emblance , et produire un beau jeu de tbéåtre.
Une observation importante å faire sur les Monologues ,
' est de les composer de telle sorte , qu'ils ayent pu vraiscm-
^lablement étre faits , sans quelaconsidération dela personne ,
*^ lieu , du tems , et de» autres circonstances , ail du Tern-
35o M O N
|cclicr. Par cxcni|)le , il ne acrait pas vraiaemUable qil'tUI
•rénéral d^année , vcnaiit de prendre par force une ville im*
])ortaiite , se troiivåt seul dans la grande place ; et consé
qiicmmcnt, il serait ridiciile de mettre un MoDologne daos
la bouche de ce personnagc : il ne serait pas molns ridicale
qii'iiD amant , apprenuant qiie sa maitresse coiirt nn grand
dangcr , s^amusåt toiit seul å quereller Ics dostins , an liea
de coiirir å son secours. Dans ces différentcs conjonctiires,il
faut donc trouver des motifs ponr obliger un hommeå faire
éclater tönt haut sa passion; ou bien hii donner nn confideDti
avec Icquel il puisse parler comme å Torpille ; mais dans 1*00
ou Pautro cas , il faut se nicttre en lieu rommode i poQr
sVntretenir seul et réver u son aisc ; ou enfin , lui donner no
tcms propre pour se plaindre å loisir de sa mauvaise fortane.
En un mot ^ pectout il faut observer la vraisemblance et
rcspecter la raison.
Si qucique chose peut prouver que nous nous accontur
möns å tout , ce sont sans contredit les longs Monloognei
qiii se rencontrent dans quelqucs tragédies. Ou trouverait-on
dans la nature des liommes raisonuables , qui parlassent aiosi
tout baut; qui prononrassent distinctement, et avec ordrBi
tout ce qui se passé dans leur cosur ? Si quclqu*un était snipns
u tenir tout seul des discours aussi passionnés et sicontinns»
ne serait-il pas légitimement regardé comme un fol ? Et co*
pcndant tous nos beros de théåtrc sont atteints de cette eapico
d Vgarement : ils raisonnent , ils racontent méuic , ils atgangB"^
des projcts , se förment des difficultés, qu^ils Ifevent wu 1>
moment; discutent differens pro)ets ycn donnentlea raiflOO>
contraires , et se détcrminent enfin au gré de leurs passions
ou de leurs intéréts ; tout cela comme 8'ils ne pouvaient ••
seutir et se conuaitrc eux-mémes , sans articuler tout ce qn "•
peusciit. Oh preudre, encor&une fois, les originauz de sefl»*
J
M o N SSt
äblei discoureiirs ? Oo notis dira, sans doute, qu^ils soiit
pposés ne pas parler ; mais il faudrait alors qne , par
le supposition plus forte , nous nous imaginassions lire
Qs leur coenr , et suivre exactement lenrs pensées. De qiiel-
e raaniére qtie nous 1'entendions , voilå des idées bien bi-
rres. Ne sommes nous pas réduits k convenir que la force
1'babiLude nous fait approuver les absurdités les plus
•anges? Nous allons faazarder , å cet égard, une reflexion,
i uest pas sans justesse. Ce qui fait qu'on n'est pas blessé
lu Monologue au théåtre , c'est que y encoreque le per-
noage qui parle soit supposé seul , il y a cependant une
lecnblée qui nous frappe : nous voyons des auditeurs ; et
i9-lors le parleur ne nous parait pUs ridicule : ce n'est pas å
IX qii^il s^adresse , mais c'est pour eiix qu'il s'explique. Gette
msidéralion fait disparaitre Tautre; et, par ce que nous
»mmes bien aises d'étre instruits, nous oublionsque Tacteur
svrait se taire. Au}ourd'hui les Monologues conservent la
léme mesure de vers que le restö dé la tragédie 5 et ce style
fors est supposé le langage commun ; mais Corneilic en a
iris quelquefois occasionde faire des odes régnlidres, coAime
ians Polieucte et dans le Cid, oit le personnage devient tout
L coup un poete de profession , non-seu|ement par la con-
raintc particuliére quUl s'impose, mais eucore en s*aband6n-
^ant anx idées les plus poétiques , et méme en alTectant des
fefrains de balade , ou il fallait tou jours retomber iugénieuse-
■neot : tout cela a eu ses admirateurs. Bien des gens sont en-
i^ore charmés des stances de Polieucte : tant il est vrai que
^oiis ne sommes pas si di^licats sur les convenances , et que
^ coutume donne souvent autant de force aux fausses
Deantés , que la nature en peiit donner aux véiitables. QuV
^^t-il å conclure de tout ceci ? C*est que les poeles ne doivent
•® permettre de Monologues, que le moins qu*^il est possible;
35a MON
c*cst 9 qiiaiid ils ne p€uvent s'en dispenser » d'y évitef all
moiiis la longiieiir ; rar ils pourraient qnelquefois étre si
conrts , qu^ils ne blcsseraient pas la vérité, parce qu'il nous
arrivc , dans la passion , def laisser échapper quelques pa*
Toics qiio nou^ n*adrcssous qu'ii nous-mémes : c'est eDcoro
dv? nVp oiiit admettrc Ics raisonucmens, ni , åplus fortes rai-
suns, les récits« Quelques mouvemeiis entrecoupés, quelques
rcsolntioDs bnisques en sout uue uialiere plus naturclle et
plus raisonnable : biencntendu, malgré tout cela 9 qiiodes
bciiiUés exquises de pcnsécs et de sentimeus , prévaudraieots
poiir rcnbt , å ces précautions.
Oii pardonne un Monologuc , qui est un combat du ccnujl^
mais non pas nne récapitulation historique. Ges avertisse*
mens au parterre , oii l'acteur annonce ce qu'il doit faire , no
Jtont plus permis; on s^estaper^n qu'il y avait tfds-peu d'ait
a dire : je vais agir avec art. Gette faute de faire dire ce qui
arrivera , par un acteur qui parle seul , et qu'on iatrodiilt
sans raison,étaittres-con3mune sur les théåtresGrecs et Latins;
mais å mesuro que le gout du Public s^est éclairé , il s'est
lin pcu dégoiité de ces longs et ennuyeux Monologues.
•Tamais un Mouologue ne produitun bel eHet, que lorsqu*OD
s^Intércsse å celui qui parle ; que quand ses passions, 9^*
verlus , ses malheurs y ses faiblesscs livrent å son fime un
combat si noble si attachant et si animé qu'onpuisse lui pai^
donner de parlcr trop long-tcms a soi-méme«
C^est particiiliéremcnt dans Topéra que les Monolognel
5ont plus supportables. Ou n'est point choqué de voir na
homme ou une fcmme chanter seul , et exprimer par la
rbant, les mouvemens de joie et de tendresse , de plaisiret
de tristesse , dont son åme est atteinte. G'est méme souvent
dans ces Monologues , que le musicien déploye tout le hnr'
iunt Ar. son art, parce qu'il peut s'y livrer k son gécie : ilncrt
M o N 353
point géné par la présence d'un interloculeur , qui demande k
chaDter å son tour.
MONvSIEUR BEAUFILS , ou La Coitversatioii
fAlTE D^AVANCE , comédie en un acte , ea prose , par
M. de Jony , au théåtre Louvois , 1806.
Madame de Versec , vieille coquette, mais au fond assex
bonne femme , vcut n^aricr Henriette, sa niéce, å M. Beau-
fils, quoique cette jeune persd^^e ait été promise ä Folville ,
«on cousin. M. Dorval, pére d'Henriette, souscrit å-peu-prå«
å tout ce qiie fait sa soeur ; pourtant il aime Folville, parce
qu'il est réellement äimable , mais ce jeune éventé fait des
dettes 5 et des comédies. Ce sont les comédies snr-tout qiii
indisposent Dorval contre son neveu , et , bicn décidé-
ment , ce dernier n'obtiendra la main d^Hemiette, qu'antanfc
qu'il ne fera plus de^ comédies , et qu'ilpayefa ses dettes.
Mais le tems presse , car M. Beaufils est arrivé de
Beaugency pour épouscr. Comment s*y prendre ? Tant bon
que mauvais, voici le moyen qn'emploie Folville pour écarter
aon rival 3 il In I réussit, donc il est bon. M. Beaufils est un sot,
la chose est incontestable; mais ce sot voudrait bien avoir
de Fesprit : ce n'est déjå pas si bete que de savoir qu'on n'en
^ pas. Il s^adresse donc a Folville pour qu^il lui en procure;
et , a son tour , Folville s'adresse a , lui pour obtenir deux
niille écus, qui lui sont nécessaires pour payer ses dettes;
la piemi^re, ou du moins, Tune des conditions que lui ont
imposées madame de Versec et M. Dorval. M. Beaufils
consent ä faire le pret, nioyennant que Folville lui don-
nera des suretés : il lui en promet , mais il ne lui dit pas de
quell.e nature elles sont. Comme il tärde ä M. Beaufils d'a-*
voir de Tesprit , il court chercher Targent et revient bientofc
avec son sac plein d'e8peces. Ii s'agit maintenant do
Torne VL ^ Z
354 M O N
s'expliqiier sur lessuretcs. Folvllle Ini oflre une delegation
sur Icproduit (l'une comédie de aa coniposition que Toa
dolt jouer sons peu de jours ; mais M. Beaufils préföre
luie bounc hypotliéque sur une maison , ou méme sur des
biens ruranx; selon nons , il n'a p&s tort : eufin il est prétå
remporler son argent , quand Folville s'avise de Ini pifo-
poser en propriélé, et la comédie, et* la part d'auteur»
et en6n tout ce qu'elle p??.! rapporter de gloire et d*a^
gcnt ; il lui donnera de pldl une conversation toiUefaitp y
au moycQ de laquclle , il passera dans le monde pouf
un honime a esprit* Il y en a tant comme M. Beaufils»
qui oot des esprits d'eiuprunt , quc nous ne trouvons point
extraordlnairc qu'il se décide å l&cher le sac. En un mot , le
marché se conclut. M» Beaufils , don t la mémoire est pro-
digieuse , apprend la conversation en un instant^ et vieot
se presenter chez M. Dorval åqiii il débite toutes ces belies
clioses* Gette 8céne est fort gaic. Cependant , Folville
rassemblc ses créanciers , paie ses dettes , et va trouTer
le directcur du théåtre , qui , eYi réponse å une lettre que
lui a écritc M. Dorval , pour s'in former du fait , Iiu
marque que la comédie nou velie est de M. Beaufils* Hudi
de la lettre du directcur et des quittances de ses créao*
cicrs 5 Folville vient trouver son onde et le somme de tentt
fia parole. M. Dorval , fid^e k sa promesse , luijaccorde
la main de sa fille ; madame de Versec elle - mémo c*
obligée d'en passer par-lå. Quant ä M. Beaufils , il se tawi
d^^us la crainte que Folville ne dise å quelles coaditioos
il hii a prété son argent.
Lé fonds de cette bleuette est tres - léger , mais les dr"
tails en sent trés-agréables et trés-comiques*
MONSIEUR DE CRAC daks son petit castbi^^
MON 855
Da les &ASC0i!r8> comédie en un adte« en vers, avec
un divertissement, par CoIUn-d^HarleTilIe , auz Fran^ais ,
M. de Cra€ vit retiré dans son petit Gaste! , avec madP«,
de Crac , sa fille , amante de M» Franbheval , gascon ,
qui n^a du pays que Taccent* M. dTrlac , son fils , a
quitté fort jeupe la maison paternelle ; et ^ depuis long-
tems y on n'a pas re^u de ses nouvelles. Arrivé incognlto ,
depuis quelques )ours, sous le nom de Saint-«>Brice ^ il fait
assaut de gasconnades avec M. de Grac, espérant par*lå se
fidre reconnaitre* Sous ce déguisemeot , il^pocte ombrage å
Patnant de sa sceur , qui liii propose tönt de bon de sé
bättre avec lui, mais il élude la partie etla' remet au lende^
Biain. M. de Crac , prompt å saisir le beau c6té des cfaoses ,
missi crédnle que menteur , s'imägine avoir cbez lui un
Prince : dans cctte idée, il veut retirer sa parole k Tamant
idmé de mademoiselle de Crac , pour donner la juain de
cette pétulante personne k Saiot-Brice» D'aiUeurs, Ij^rancbeval
n'a nulle complaisance pour lui , et prend ses raensooges pour
te qu'ils sont : bien cootraire en ce ppint å certain iå. do
Verdac , parasit^ adroit qui le fiatte sans cesSe , et qui
l^écoute avec döciiité jusqu'au diner , mais qui , dds qu'*il a
le ventre plein , a grand soin de .se retirer* Enfin , apres
avoir bien menti , Saint-Brice se fait coimaitre de Fran«»
cheval ; et , comme M« de Crac s'est obstiné k lui refuser
la main de mademoiselle de Crac , on convient de s-en
^rapporter k Tévénement d'un combal. M. de Crac' söus^
crit å cet arrangement ; et le vainqueur va devenir Pépoux
de mademoiselle de Crac* Les cfaoses ainjsi arrangées ,
^* de Crac envoie chercher l'épée de César , que /!•
vainqueur de Fharsale remit å son ayeul , et qu'il garde
penduc au plafond de son chåteaii , comme un mono-
Z a
1
356 M O N
mcnt de la valcur de Paul Crac , surDommé Barbe Noirc j-^
Enfin , Tcf-ée avcc lacjucllc il a tiic Poiii)iée*
celtc épéc , disous-noiis , avec laquclle du moms
S^il ne tiia Poinpcc , il en tua Lien d''autre5^
est un peu rouillcc , comme on se rimagine bien ; maif
Tépée de César peut-elle recevoir un afTront ! M. de
Crac a donc lieu de croire qu'il va devenir le beaii-
j)åie d*un Priiice ; et c'est avec le plus grand étoonemeDt
qu'il voit Saiut-Brice désarmé. Alors d'Irlac se fait con-
nuitre et passé succcssiveraeut des brås de mademoiselle de
Crac, qui étalt accourue pour séparer les deux charopioDS,
dans ccux de M. de Crac , son pére , qui le re^oit avec
\uie joie vralmcnt paterncllc. Enfni ^ le JUagister , k h
tete des villageois , vient célébrer le retour de d'Irlac au
caslcl de son perc ; parmi les couplets du diveriissemeni)
on distingue celul quo chante Saint-Brice ; le vpici :
Qii''k nievS picds la Gascogne tombc !
Älon pcrc mc cctle ; il rongit.
Qiie je mcure , et qiic sur ma tombe
f . Il gravc lui-meme ; « Ci-git
,. » Men fils, mon maltre en rart sapréme»
v ()u dVxcellrr, nous nous piquons,
}> Qui me battit enfin moi-mcnic ,
» Moi qui batlais tous les Gascons. »
Cctle piåce , que Pauteur regardait comme indigne »
rimpression , est', selon nous , la plus origiiiak qQ'
solt sortie de sa plume. Le caractére de M. de Crac, ^
cclui de Salnt-Brice , sont habilemen t saisis. En un znoty
clle ofFre un tissu ingénieux , semé de traits d\m covoitf^
franc et vrai»
]
t
M o N 357
MONSIEUR GDILL AUME , ön le Voy ag eur Inconbt u ,
vaude ville en im acte, par MM. Barré, Radat, Desfontaine»
et Boiirgueil , au Vande ville , 1800.
Le vertueux Lamoignon de Malesherbes , mimstre philo-
sophe , voyageait soiivent incognito ponr consiilter Fopi-
nion publique , étudier les hommes et échapper k Tennui d©
Fétiquette. It se faisait alors appeler M. Guillaiime. ^
et n'avait pour toiite parure qu'uiie modeste redingotle.
Un jour, dans une anberge dii Langiiedoc , oii il vetitwt
de s'installer sans se faire connaitrc , il fut forcé de céder
son logement å un Conseiller d\i parloment de Toulouso,
qui voyageait avec tonte la morgue parlemcntaire , et
qui était redouté dans touto la généralité. Cet orgueilleux
Robin , ayant pris des information» sur Tespéce d'hommd
qu'il dépla^ait ,. daigna le mander pour le remercier de sa
complaisance ; il poussa méme la bonté jusqu'å, Tinviter h
souper: M. Gnillaume accepta roffre, et une longue conver-
sation s'étabHt entré les deux convives. Le Conseiller, toih-
jours protecteur , toujours poliment insolent , accabla de
questions le bon-homme, que, par cela méme il croyait
honorer ; mais quelle fut sa surprise , lorsque celni-ci lui
pärla du Marécbal de Ricbelieti , c ömme d'un egal 5 du
GhancelJer de France', comme d'un procheparent'; et enfia
du Roi , cprnme d'un Monarque qui lui accordait toute sa con-
fiance! Le petit Magistrat , chängeant tout*å-coup decouieus
et de mainticn ., demanda humblement å Fincennu silo
nom qu'il prenait n'était pas supposé : je suis véritablement
M. Guillau me y lui répondit le philosophe; mals, å Paris, et å
Versailles, on a coutume d'aJouterå canom , celui d« Lamoi-^
gnon de Malesherbes,*.. Bientot , honteux etconfus, le Con*
5eillers'épnisaenpolitesseset éncxcuses. « N^enparlons plus^
« repril Malesherbes 5 vous ne me coniiaissiez pas , vous um
35B M Oir
91 m'avez paint oSensé ; mais jc vois qiie vous n^éte»
» trés-aimé dans la province , et ccla me fftche pour vous »
3» Adieu , Monsieur, j^cxaminerai raflaire qui vous attiro
» a Paris , et , si votre caiise est juste , je vous appuierat
» auprés duRoi : no comptcz pas sur moi , si elle ne Festpas.»
CVst cettc anecdote qui afourni le sujet de ce vaudeville^
}oaé sous le titre de Idonsieur Guillaume y avec 1» plusbrik
jnnt succås. Un épisode ingénieux , supplée k lafaiblesse dn
fonds , et fait une vérilable comédie de ce qui D'eiit foumi
qu^une src^ne å des auteurs ordinaires* C'est , nous^ osons Ic^
dirc , un d<?s aicilleurs onvrages de C6 théåtre»
MONSIEUR TETU , comédie en un acle , en prose ,,
par M. Dnval, au théåtre de S. M. rimpératrice , l8o8»
Le dortcur Gäll , apres avoir rempli TEurope de sa ré^
putation , et de son systeme , s'avisa de venir å Paris tftter
les bosses des savans et des petites maitresses. II y fut d*abori
accuoilli avec tant d*empressement , que tout le monde von-
lait le possédcr; mais bientot on analysa son systéme, et l^on
s'apcrrut qu'il était ou faux ou dangereux. Alors, ne voulani
pas donner å cette découverte plus d*importance qu'elle o'ea
méritait réellcment , quelques auteurs saisirent rarmc de la
plaisantcrie et mirent le Doctcur sui* la scéne«. Ses parii*
sans le défendirönt avec acharuement, et sifflérent Sf» Tétut^
sans contredit , il le méritait, mnis eut*-!! été digo»
d^ln plus favorable accueil , on ne l'eut pas épargoé
davantage. Née de la circonstance , cette pifece est disparua
avec clle , et il n^en est pas plus quostion afijourd'hui qua
du Docleur lui-méme.
MONSIGNY , compositeur de musique, a fait celle de*
Aveux Jiidiscrets , du Maitre en Droit ^ du Cadi Ihp4%
M o N 359
de VOn ne s'avise jamais de tout, du JRoi et le Fermier ,
de Rose et Colas , A'Aline , Reine, de Golconde , de I' lie
Sonnante, du Déserteur, du Faucon, de La BelleArsenne ,
€t enfin du Rendez^vous bien employé.
MONTAGNAC ( Louis-Laukent-Josefh de ), né en
Languedoc en lySi , capitaine au régimént de Riom, a fait
imprimer une comédie en trois actes, en vers, qui a pour
titre : la Fille de seize ans ou la Capricieuse.
' MONTAGNARDS (les), comédie^ en trois actes , en
prose , par M. Monnet , aux Fran^ais, 1798.
Dix ådouzeMontagnardsdel'Auvergneso disposentåpasser
enEspagne. Ondistingueparmieux la nnere Laurence et Felix,
son fils ainé. Ce dernier a un intérét particulier å faire ce
voyage ; il aime Rosine , qii'autre fois i^ a eu le bonbeur dö
sauver des flammes. Rosine babiteUrgel,avec un de ses oncles
etLéona.rd, frére de Felix, qu'elle a emmené avec elle. Ce-
pendant FélixetsescamaradesarrivenicbezleCorrégidor, qui
Iquf Ht la formule d'un serment, auquel ils ne s'attendaient
pas* Il s'agit de renoncer absolument å leur patrie. Felix et
»es amis s'indignent , et se proposent de quitter TEspagne ,
plutot que de commettre une pareille bassesse 5 mais ce Cor-
régidor, Fran^ais d'origine, est Toncle de Rosine 5 il rougit dft
la place qu'il occupe; il brulelui-méme de rentrer dans sa pa-^
trie, et d'y respirerrairpurde la liberté. Felix est sans fortune,
mais le Corrégidor , assez riche , préftre la vertu å la nais^
sance et å la fortune; d^ailleurs sa niece aime Felix. Le Coft
jégidor , pouréprouver ce dernier /lui promet de Tadopter
pour fils , et de lui donner la main de sa niéce , 8'il veut
préter le serment. Felix, au désespoir, refuse tout: il fait
b sacrifice de son bonbeur å sa patrie. Son patriotismar
36o M O W
est recompensé. Le bon Oiirie , cnchanté , IVmbrassc , rwnil
å Rosine, et se dlsposc ik rclonrner, avec toute cefte nou-
velle famillc , dans les montygnes de l'Auvergne oA il adei
ppsscssioiis,
IMONTAGNARDS(los), on l'école de la Biewfai-
SANCE 5 comédic en nii arte, melée de vaudevilics , par
M. Pnjoulx, au Tluåtrc Fcydean , i-^gS.
Caiidor a montru graliiitement ä lire h plnsienrs Mon-
lotrnaids d'Aiivcr«xne ; devemi indijicnt liii-méme . res ver-
tnciix Anvor<;nals liii prelont des serours ;enfin,Tin de ses
fiucicns écoliers vieiit u monrir , el lui Icgiie treute millc
livrés. Tel est le fonds de ccltc piece.
MOIVT-ALPHÉA (le), on le Pere Jalabite, opera en
trois actes, en prose, parM. Lebrnn Tossa, musique de M»
Foifjnet, an 1 luälre Feydean , 1792.
YalcoiUL , ofllcier frai gais, est arrivé avec son éqmpag?
dans Tine ^ i!!e de Perse. La iille d'nn Persan , nomméDbéll)
épronve ponr cct étraiiger nn sentiment d'amoiir qnccelui-o
partajie j mai» le rararrere franrais fait commettre u ne i ro*
pvudenrc a ce jenne Offioier qni se moque dela religion åt
pays. Le persan Dhéli ne voit plns en lui qn^m blasphéma-
tcnr.Älors Valconrtjqni vent r» pärer nne fante qnineluiper-
mct plns de prélcndre it la main de la jennePersanne 5la voyanf
arrivcr avecsonpöre5sepro5terne devantletemple desMolac-
qnes, et adresse an grand propliele nnepriere de repentif.I*
bon liommc Dhéli, tönt élonné , en verse des plenrs de joicj
car il s'intéresseå Valconrt. Celui-ri , qni ne doiite plus do
succés de sa ruse , a Tair d^étre surpris d'avoir eu Dhéli e*
sa fillc pour témoins. Dhéli rembrasse, lo féllcite,et ValconrJ
lui lUit part du projet qu'il aformé d^adopter la loi de Jaläl^
*
M o N \ 36r
et de se faire Molacquc. Cctte Idée lui vient de Fintetitioti
oi\ est la jeune Fersanne de faire le voyage au Mont-Alphéa.
Ce voyage est iine coutiime mystérieuse, qiie les prétres du
pays ont grand soin d'accréditer , parce qu'elle leur est avaii-
tageuse ; il dure ordinairement six jours , niais , lorsque
les jeunes Fersannes son t j olies ^ les prétres le prolongeot.
En sa qualité de novice , Valcourt aura le droit d*accona-
pagner la fille de Dhéli au Mont-Alphéa, mais un Molacque,
alors fonctionnaire , veut se reserver les douceurs de ce pélé-
rinage , et fait substituer å la jeune Fersanue la vieille Sido-
iiia. Valcourt , dej a re^u parmi les Molacqués , s'iDdigae d»
la supercherie , mals Sidonia , qui comptait sur ce beaa
compagnon de voyage , le reconnait pour Valcourt , et me-
nace de le dénoncer* Un autre novice , sous le nom duquel
Vcjlcourt a été re^u , se présente aux Molacqués* Valcourt le
falt passer hardiment pour un imposteur , mais il est lui-
méme découvert , et les Molacqués Fenfarment dans ua
cacbot. Aidé des soldats qu'il commande , son valet , qtii
crAitit pour son sort , veut le sauver , et au moment oh le»
Molacqués cherchent son maltre sur la tour , il jette les
cris d'nu homme qui s'est précipité. Les Molacqués le
prennent pöur Valcourt , descendent et le cherchent pour
Fempalcr; mais bientot les soldats fran^ais^ avertis, se pres^
sent 5 investissent les prétres^ et délivrent leur chef.Dhcli et
sa fille arrivent; euiin Valcourt obtient la main de son
amante* Les Molacqués sont confondus , et .Valcourt leur
fait grace.. ^
Cet ouvrage, comme on le voit par Fanalyse ^ est jdem
d'invraisemblances 5 toutefoijiril eut du succés. "
Voltaire s'cst ^ouvent égayé sur la Loi de Jalåbsces dit»
féfentes productions n^out pas été inutilesåPauteur duiiion^*
•älphtc, " \ . -
362 MON
MONTANCLOS (Mme.de),auteur dramatique, i5ia.
Mme. de |iIoDtaiiclos a composé iiu as^z grand nolnbre
de morceaux de littérature, qu'elle a réunis en deux volumei
in-i2 , sous le titre å^OEuvres diverses. Farmi ces morceaaz,
on en tron ve plusieiirs qui sont a la fois, dignes de plaifo.
aux gens de goiit , et de meriter l'estime du vrai phllo-
sophe. Elle a fait aussi plusieurs piéces de théåtre , doot.
los plus connues sont: un Vaudeville en un acte , intitulé:
Robert le Bossu , et un Opora aussi en un acte , intitulé: les
Habitans de P^aucluse. On tron ve dans ces deux ouvrages
de la grace et de la facilité , mais peut-etre n'y trouvc-t-oa
pas asscz d^ensemble ni dUntelligence de la scéne.
MONTANO ET STEPHANIE , opera en trois acte»,
par Dcjaure, musique de M.Berton, k rOpéra-Comiquei
1799.
La belle Stephanie , fille d'un vieux guerrier deSyractise,
et Montano , jeune chevalier , sont k la veille d*étre udu^
et fontdéjå les prépatatifs de leurhymen, lorsqu'AltamoDty
faux ami de Montano , et secretement épris de Stephanie 1
forme le projet de s'opposer k leur union. Feiguant de dé-
plorer le sort du Chevalier, il lui annonce coufidentielle*
xnent quo son amante le trahit , et qu'un rival heureux doöt
étre introduit chez elle å une certaine heure de la nuit. Mod**
tano, surpris, autant qu'indigné, veut s'assurer de ce fait, qu*il
ne peutcroire : il se rend, enconséquence, avec des témoiossi^
lieu du rendez-vous nocturne ; et, k peine y est-il arrivé^ qu 10
cavalier inconnu se présente sous le balcon de Stephanie, fl^
que celle-ci , ou , du rooins, une femme qui lui ressemble,
facilite å Tinconnu les moyens de parvenir jusqu'å elle*
Montano veut éclater, mais on Ten empeche.Länuitae paase^
Jia cérémonie nuptiale doit avoir Ueu au lever du spl^*
M o N 363
téphaoie et son pfere se rendeut å l'aiitel j le Chevalier , con-
ibant safureur, s'y présente aussi, mais, au moment oi\ le
ontife va les unir , il s'y réfuse , et accuse hauiement
)D amante. Répoiissée par son pére , accusée par I'homme
u*elle adore , Tinfortunée ne peut supporter tant de conpti
la fois , et elle tombe évanonie. Le Fontife la faitconduire
ans rintérieiir du temple ; pcu de temps apres, il an-
once sa mört , et réduit Montano au désespoir. Alors j
Lltamont , tourmenté par ses remords , et également déses-
éré d'avoir perdu Stephanie , déclare publiquement qu^elle
st innocente. Un domestique , d'accord avec une servante ,
ouverte des habits de sa.Maitresse , avaient trompé les yeux
ie Montano au milieu de l'obscurité; le traitre Altamont
eul avait conduit cette horrible trame. Ce scélérat se frappe
l\in poignard et se précipite dans la mer. Au grand étonne-
Dent de to ut le mondc^ Stephanie réparait, et les flambeaux d»
'hymen se rallument. Tel est , å-peu-prés , Topéra de
Montano et Stephanie ; il offre plusieurs situations intércs-
antcs : celle oi^ Montano accuse son Amante aux pieds.
les autels , produit surtout le plus grand eHet; mais ilnous
emble que Tarrivée d'AUamönt , au premier acte , est trop.
^rusque et pas assez motivée; que s'il n'eut pas annoncé d'a-
ance et avec détails son horrible stratagéme, lascénede nuit,
>araissaot plus mystérieuse , eut été plus dramatique*
MOIMTANSIER (M.Ue) , directrice de plusieurs thtå-
Ires, i8lo.
Nous ne chercherons point å découvrir la souirce de hi^
ortnne de cette fem me celebre å plus d'un titre; toul le.
^onde sait que le role brillant que MUe. Montansicr a
oué dans le monde, n'est pas susceptible d'analyse. Aiusi ,^
l^oique sa carriére théåtrale ait été et löngue et fortunéeji
364 M O W
noiis ne IV sniverons ponrfcant pas; ceci est du ressort de .
riii.^toirc, ctDous nesommcs pas Ics historiens de Mlle.Hon-
tansicr. Noiis nous bornerons donc k dire que cette il-
lustre dcmoisellc a été dircctricc de plusicurs tbéfttres, et
a fait prciive de beaucoiip d'esprit et d^intelligence dans
lapartie administrative; noiu ajonterons qu'elle a faltcons-
lrnirep]iisieurssallcsdespectacles,entr*autres,celledcrOpérat
Nous devonsdireencorequ'ellcadonnéson nom å cello du Fa^
lais-Royal,etque c'estå clle qne rimmortel Brunetdoit^etsa
fortunc et la réputation dont il jouit. A ce dernier titrescul)
MUe, Montansier méritait une place distinguée dansceton-
vrage , et nous nous plaisons å la lui accorder.
MONTAUBAN (Jacqites Pousset de), avocat an
parlement de Paris , et échevin de cette ville , y mouruteo
i685.
Nous avons de cctauleurlcs piéres sui vantes: ZénobiBy
les Charmes de Félicie , Séleucus , Indégonde , le Comto
de Holiande , Pantagruel et les A ventures de Parmrge» Ofl .
lui atlrihue aussi une tragédie de Thyeste. Montauban était
fort lie avec Boileau , Racine et Chapelle; et l'on cröitqw'il
eut 2)art å la comédie des Plaideurs. "i
-I
MONTCriRÉTIEN(ANTOiNE de) , auteur dramatlquc,
né å iFalaisc , » composé pour le thtåtre : Ä)pAozizV5e > °"
la Carthaginoise -y la Constance^ ou les Lacenes^ Davida
ou VAdultere, Hector , Ainany ou la Vxinité^ et VEcossais^i
ou la Bergére.
Cet auteur parait avoir pris Robert Garnier ponrmodfew'
c'est å peu prés la meme marcbe et le méme gout. Comio®
Garnier , il mot peu d'intrimie dans ses piéces , oh. Ton dö
irouvepresqu'au cune situation. Sondialogue estvifetcowp^J
M ON 365
' ' )
nais il est noyé dans de longs et ennuyeux monologues.
Jon style est cependant moius ampoiijé et plus pur que te-
rn de Garnier ; toutefois oa y remarque uii måuvais gout
ranthithéses et de jeux de mot^. Ce qui distingue surtoilt
tfontchrétien , c^est l'éloqiience vlve et aoimée qui régne '
lans les déclamations , d'ailleurs trop longues , dont s^%
pi%ces sont renoplies. Les figures les plus frappantes et les
plus hardies y sont semécs avec profusion ; en un mot , il ne
manque å cet auteur , que Fart d'amener des situations et de
tnettre en oeuvre ces beaux morceaux , épars 9a et lå, sans
choix et sans gout , et dont la continuité méme est fatigante.
S€fS chceurs sont pleins de la plus excellente morale* Les ma-
tiéres les plus importantes y sont trfdtées avec féu , et qu^l-
quefois d\ine maniére sublime. Outre les piéces dont nous
avons parlé , on a de lui un po&me de Suzanne 9 qui vaut
mieux en son getire y que ses pi^es dramatiques. La Ser^
géricy qui termiue le tbéåtre de Montchrétien , prouve que cet
auteur avait plus d'un talent , et qu^il savait descendre ,
quand il voulait , de la majesté tragique. La prose de cet
ouvrage est agréable , légére et remplie d'idées ingénieuses
et riantes. Voici quelqueVunes de ses aventures , qui feront
voirque labravoure n'est point incompatlble avec les lettres.
Ayant pris querelia avec le baron de Genonville, qui était ac-
compagné dedeux personnes , Montchrétien , sans consulfer
le nombre de ses adversaires^, se battit courageusement
contre tous les trois , et fut laisse pour mört sur la place*,
cependant il en re vint , et obtint X2ooo fr. de dpmmages et
iatéréts. Il suivit les Huguenots k la guerre , et se trouva au
slége de LaRochelle :enfin on voulut Tarréter, comme pré-
venu d'avoir fabriqué dé la fausse m^nnaie , mals, iotrépide ,
11 se défendit en désespéré , tua.troit liömises^ et fut tué
>.
366 M O W
lui-méme d'un coup de fusiL G*est ainal que monntiMoBt*
chrétieD. '
MONTECLAIE. (Michel) , composlteur de mnsiqnti
iié å ChaumoDt en Bassigny , ndounit dans une campagw
prés de Paris , en 1787 , å Tage de soixante-onze aii8*IlftT*it
éié enfaDt de choeur å la cathédrale de Långres , et fat b
premier qui joua de la contre-basse dans rorchestra de
l'0[)éra. Ontre pliisieurs morceaux de miisiqiie ^ il a falt
encore celle des opera des Fetes de l'Eté et de J&phté*
MONTFLEURY (Zacharie Jacob, acteur de rhdtel
dn Boiirgogne , né dans VAnjou en 1600 , mourut å Paris ea
1667.
Montfleury étalt page dn duc de Giiise , mais bientot, en*
trainé par son gout pour le théålre , il qnitta le palais dit
Duc pour la petite , mais agréable maison de Thalie. Apréi
avoir coiirii la province quelque tems , il revint k Paris at
entraå Thotelde Boiirgogne, oh il resta jusqu'å samort, cau-
séc , si Fon en croit la tradition , par les efforts qu'il fit eo
jon an t le role å^Oreste dans VAndroinaque de Racine. Il
étail åTarticlede la mört, lorsqii'un inconnu, qui, å 9e qii^as'
siirait MJle Desmares, son arriére pelite fille, lui avait«D*
noncé chez un marchaud do galons , qu'il était tr^in>l>
eiitra dans la chambre du målade et demanda du vin pour
boire avec lui. On le lui refusa. Le confesseur le prit poiff . .
un sorcier ; le médecin le regarda comme un charlatan. Get
inconnu sortit bientot , et dit sur le seuil de la porte : » J*^
» suis fåché , j'aurais tiré ce pauvre Montfleury d'afiaire;
» mais il ne passera pas minuit « ; ce qui arriva en efTet*
U o If 367
lontfieuTj ett autenr d'une tragédie iniittilée ? la Mori
\sétnibaU
lONTIXEURY ( Akt oiNE- Jacob de) , fiU du précé-
ty né ét Paris en 164a, mortåAIxen i685.
ies pléces , quoicfn^un peu libres , peut-étre méme å cause
;eIa,ontpresque toutes été favorablement accueillies. En
cd la liste : Le Mariage de Rien , le Mari sans Femme y
isibulcy VIn-promptu de Vhötel de Condé^ VÉcole des
oux , ou la Fausse Turque , VEcole des Filles y Ja
nme Juge et Parde , le Procés de la Femme Juge et
räe, le GenUlhomme de Beauce , la Fitle - Capitainey
mbigu Comique , le Comédien Poéte , avec k SwurRi-^
Je y Trigaudin » Cnspin GenUlhomme , la Damé Mé^
\n , et la Dupe de Soi^méme* On lui atfribue , en outre ^
Betes raisonnabUs*
)n ne peut refuser k Montfleur j de Tesprit , du naturelr
le la vivacité dans le dialogue ; de la facilité dans l'ez<-
ssion y et une trés-grande connaissance de la scéne ; mals
W permis trop de licence dans le choix de ses sujets et
)s la manl^re de Ies traiter» Il y repéte , jusqu'å satiété,
3 expression que la décence a proscrite de' toutes nos
nédies mödernes ; il y^ fait, du lien le plus respectable im
société , Téternel sujet de ses plaisanteries. Ce sont pres-
e tou jours des maris jotiés , trompés et bafibués. C!est å
ontfleury que Boileau fait allusion dans ces vers de V Art
^éUque :
•
Mais pour un faux plaisant y å grossiére' éqaiYCyqoC ,
Qui, pour mc diyertir, n^a que la salelé^ ^
Qu'il 8'en aille , s^il Teut , sur des tréteaux mpaté • y
368 M O N
Amnsftnt le Pont-Neuf de ses sornettes fades,
Aiix larjuais asscmblés , joucr ses niascarades.
d\iiliciirs, il choqiie souvent la vraisemblance*
Montneiiry a pnisé chez les Espagnols iine grande |MUtii
lic SOS snjets , et il n^cn a point banni le merveilletizi A cci
drfuiits pr^s , le Mari sans Femme ^ la Femme Juge éi
Parlie , la Fii I e~ Capitai ne^ sont d'agréables comédles d*in-
Irigno. Sa tragédie de Didon semblait annoncer dlieureasoi
dispositions pour le tragiqiic ; mats re ii'cst pas sur un seul
onvragc de celte natiirc que ron pciit juger du génie d'uii
pocte; snr-tout, s'Il a niis trciite ans a retouchcr ce méoie
onvragc. Chapelain fil , par lia/ard , nne asscz belle odet
La Penélope de Tabbe Genest ellc-inéme , fnt représentée
avec sncces 5 tonlefois , il serait ridicnle de placer cet abW
ä coté des Corncille , des Racine , des Crébillon , del
Voltaire , et méme des Campistron.
MONTGAUDIER n'est connn que par la tragédie de
JK^atha/ie y on la Generosité Chrétienne ^ 1654.
j
j
MONTIGT^AC (de) a falt représenter en proviuce, ]
Clarlcey on les Kuses de VAmour; Horiphesme , ou lei J
Mergers; le Bouquet du maréchal de Richelieu , et pluaieiui "|
complimens mélés de scénes et de vaudevilles.
MONTIGNI (Jkan- Charles Bidault de), n^ *'
Paris , est auteur de la petite Sémiramis , piéce critique de _.
cello de Voltaire ^ et de VEcole des OJpciers , comédie en
cinq actes , en prose.
MONTLEON a composé trois tragédies , savoir : HectOff
u^mphitrile et Thyeste.
. \:Å
M o N 869
Monttéon n^était pas poSte par, nature, mals par Frénéaie :
n imaginalion déréglée n'a produit que des onvrages
onstruenx, qu'on ne saurait lire sans indignation : c'est Pin-
!ceu€e la plus efiiénée^ jointe aitx idées les plus sombres et
3 phis higubres»
MONTMENY [Louis -André dö), cömédiön , fils
i Lesagc 5 est morl , regretté de tons ses camarades , ä la
!ur de son åge. Il ren^plissait les rolcs sérieiix et ceux de
Ljsan.
Irrité de ce qne soö fils avait enrtbrassé la profession de
»inédien , Lesage cessa de le voir 5 mais bientot , flatté de la
oire qii'il acqiierrait de jour en jour par ses talens , il fut
itrainé au spectaclr* Vit son fils , ]oignit son suffrage å ce«-
i du public , versa des larmes , Fcoibrassa et lui r^ndit
ID arnitié»
MOiSTTMOHENCY , tragédie en cinq äctes , eft veK>
ir M* Carion de Nizas^ aux Francais , i8oo.
Quoiqiie cette pieqie n'ait pu se soutenir aU tbéatre, nou»
lons en donner iine courte anaiyse.
Henry , diic de MontmorencV , aprfes a^öir mérih^ par sel»
sploits le båton de Marécbal dö Fjcaiicö , itidigné contrö
• cardinal de Richelieu , dont la doroination révoUe
)ute la France , se sort de Pautorité qiVe lui donlie soa
tre de Oouverneur de Laöguedoc , pour faire ^otilevet
oute cette proviace conlre ce Ministre , tyran de sön Maltre»
I succombie dans une bataiile réglée , est fait pfison>
'ietjet cnfin , coiJdan:iné au dorniör supplicö. Vöilå toutld
^^)et de cette piéce , Sans action , satts intrigue , est consé«-
l^cmment saos intérélk Les ^euls ressorts dramatiques qu9
Weur sait en5ployé«, est Taniour qu41 supposeå!aRein«,
2me VL .Ak
■S:
370 M O N
vpoiisc de Louis XIII poiir son Héros , et la génjrosifc
de ScLoniberg qui .se fait le défciiseur du Duc, son prisonnieri
Louis XIII est iin hoQime sans caraclere, qui 8*iutéreasa
a i'amaiit de sa fcmmc, et qni ^ par conséquent, est ridi-
culo. Qiiaiit au rardinal de Richelieu, il est peint sons \a
rouleurs les plus odieuscs , puisqu'il ose proposer 88 m&ia
il hl Reine , et lui declarer les voeux qu'il fait pour montet
un le trune apres la mört du Roi. Pour Montmorency, il .]
se rcgardc comme criminel , et detnaode coatiDuellemeot
luie mortc|u'il croit avoir méritée. D'aprés cet aper<^u fidäe^ ]
oti doit sciitir (|u'il n'y a dans cet ouvrage aucuo per-
sonnnge intéressant , et qu'il ne pouvait exciter ni la terreai
ni la pilié , qui sont les seuls ressorts de la tragédie ; néan-
moins , on y trouve quelques discours assez bien faits, mui
qui sont déplacés , et mauquent de chaleur*
MONTREUX (N1COLA8 de), connu aous le nom
ä^Olenix du MontSacré, qui est l'anagramme de son nom y
naquit au Mans vers i56o. On connait de ilfbnireiixjfli
pieces suivantes : CyruS le Jeune , la Joyeuse » ^tudUt
Atlette y Dmne, Cléopåtre y Isabella^ Ariméne , Sopkf
nisbe y et Joseph, On lui altribue en outre , Camm^^i^i
Vccevante , Paris et CEnone*
Le sujct de sa tragédie å^Isabelle est tiré de TAiioita»
Rodumont 9 plus rodomont encore dans cette pibcejfNf,
duns le Foeme italien , coniie k Sicambras , son ofiBcier« b
> iolente passion que lui a iuspirée Isabelle , sa captiveiCoO^
princesse , iidéle å la mémoire de Zerbiu , qui a péri 00
fciulant, contre Madricard , les armes de Roland , nt^
uj:inIåLren)ent d^écouter son barbare vainqueur | qui loi 'i^'
Je veux avoir de voiis cc quc la loi de Mars
He permet de ravir , sevle loi des Soudars»
ISABELLE.
Un plaisir si léger vous scra peu durable.
RODOMONT.
Nol plaisir n^cst loger qui nous est secouraLle»
ISABELLE.
Est-ce bien , que forcer une simple femclle ?
il O D O M O N T.
Du i bicn , quatid on ne pent vivfc sans jouir (Tijle.
«
Montrenx travaillait avec une facilité malheureiTse ; il
composa be^auconp , et ne fit rien de passable.
MONVEL (M. BouTET de), auteiir dramatlque , et
acteur retiré du theätre IFran^ais, né å Stokolm , 18 10.
Considéré comm*e acteur . monsieur Monvel est un
bomme supéiieur ; considéré comme auteur , il est au -,des*
sus de la phipart de ses contemporains. Jamais on n'a port^
plus loin que lui le talent de la déclamation au théätre. Il avait
.i vaincre une foule de difficultés qui, pour tout autre qu'uo
bomme de beaucoup d'esprit , cussent été insurmontablcs.
oa voix élait faible et peu sonore , mais il la faisait re-
tentir dans toutes les parties de la salle, etpénétrer danstous
les coeurs. ; sa taille n'avait rien d'imposant ni de séducteur ,
et cependant personne n'a jamais paru.plus majestueux dans
ses roles. Brutus, il avait toute la grandeur et toute la ma-
jesté d'un consul et du fondateur dela République Romaine ;
Penélon^ il avait toute la dignité d'un prelat qui sent toute
lanoblesse de son ministére, sans s'en déguiserles inconvé»-
iiiens ; Séide , il . portalt au dprnier point Finnocence , le
<^oiirage et Tardeur du fanatisme. Nous ne, nous arréterons
t>oIiit k le suivrc dans tous ses roles , il nous s.uffira de d^re
A a 2
370
t-poiisc lic Xoiiis XE
(It: Sclioniiwrg qui se (ail
Louis XIII est im liui
k l'amaiit de no femmc
ciilc. Qiiai)! an cardinii
roiitenrt ks ptns odieit-
IL la Betue, et liii declo
kur le tiöue apres la ni
se rcgardc comme cni
iiiie iu(irtqii'il croit avoj
OD di.it sfiitir qu'il n'\
sonniige intércssant , et c|
ni la pitié, qni sonclcs t
moin^ , on y troiiv« qneli-
qiti sont déplacés , et ma.
MONTREUX C^i
d' Oleiiix du Mont^acréj
naqiiit au Mans vi
])it;ce« suivantes : Cyrut
Atlette , Diane, ClAip,
niibe , et Joseph. Od In
VJcevatUe y Paris et (Er-
Le Gu)et de sa traged
Kodumont , pliia rodot
dmislfi Fotjme italien, c
% iuli^Qte passioa qiie lui u
|iriiicusse , fidéle å la iiit:i
IcLiilaiit, cootre Madrica
L,'j:I)i.u!.rea)ent d'éc(iuter i
Je veui iTOir de ytin^
Me fiermet de rsrir,
I
MOR 37S
FertiiierSy jBlaise et Babet, Qdant k
lére Dous parait étre d'uD ton frop sévére
|uel elle était destinée.
roir rendu jutice aiix talens de M* Monvel:
^ns qii'å témoigner le regret de le voir en-
me carriére qir il avait parcouru avec au-
: de gloire , et å le féliciter de 1'avantage
de se reposer apres de longs travaux , sur
ie«
) , fils du précédent auteur dramatlque ,
son pére, qii^il a peut-étre surpassé dans
• , Monsieur Monvel fils n^a jamais paru
3 acteur ; mais il a enrichi notre litté-
ombre d'ouvrages , qui ont obtenu des
i» citerons entré au tres , Lisimor ou la
', traduction de Goldsmitb , des Odes
e nos armées, et sur-tout, parce que celä
ment de notre ressort , sa tragédie de
ti sa comédie du Deuil prématuré »qui
tre-Frail^ais 5 ,et enfip son opera connu
L
^ hroisB ^ ou Voilä ma Journée ^ qu'on
plaisir au théåtre Fejdeau.
auteur du Mariage fatt par brazntef
en prose , jouée aux Italiens en 1730.
été impriméé*
b.
t
gne sous cenom, dans lepoeme drama-
:iles et sages que Thomme fait sur lui-
lalbeurs et des crimes , oii les passions
jlea; ou des ridicules qu'eUe
;*w
MOR 37S
l\vis Fermiers^ !Blaise et Babet. Qd ant k
tte piére nous parait étre d'un ton frop sévére
re auquel elle était destinée.
DS avoir rendu jutice aux talens de M« Monvel:
ste plus qii'å témoigner le regret de le voir en-
^'irti d\ine carriére qiril avait parcouru avec au-
i "8 que de gloire , et å le féliciter de 1'avantage
irité , de se reposer apres de longs travaux , sur
émique.
I (M.) y fils du précédent auteur dramatique ,
''e de son pére, q ull a peut-étre surpassé dans
éraire , Monsieur Monvel fils n^a jamais paru
ömme acteur ; mais il a enrichi notre litté-
Z and nombre d'ouvrages , qui ont obtenu des
^ • Nous citerons entré aulres , Lisimor ou I»
ft ionn^, traduction de Goldsmith , des Odes
^ ;nes de nos armées, et sur-tout, parce que celä
^ aliérement de notre ressort , sa tragédie de
W *roscrit; sa comédie du Deuil prématuré , qui
Théåtre-Fradgais 5 ,et enfin son opera connu
VAmbroise , ou Voilä ma Joumée , qu'ou
■ avec plaisir au théåtre Fejdeau.
est auteur du Mcaiage fatt par brainte 9
1 acte, en prose , jouée aux Italiens en i73o«
I point été impriméé*
Ondésigne sous cenom, dans lepoeme drama-
Tions utiles et sages que Thomme falt sur Ini-
e des malheurs et des crimes , oii les pi »os
temblablea; ou des ridicules qu'eUe
å
370 M O N
vpousc de Louis XIII poiir son Héros , et la générosi{i
de Schoniberg qiii se fait le défciiseur du Duc, son prisonmer;
Louis XIII est lin hoQimc sans caraclere, qui s*iiitéEefl8e
å rumant de sa fcmmc, et qiii ^ par conséquent, est ridi-
culo. (^)iiaiit au cnrdinal de Richelieu, il est peint sons ks
roultMirs les ]>lus odieuscs , puisqu'il ose proposer sa main
a la Reine , et lui declarer les voeux qu'il fait pour monter
sur le truue apres la mört du Roi. Pour Mootmorency, il .
se regarde c om me criminel , et demaode contiouellemeBt
luie mortqu'il croit avoir méritée. D^aprés cet aper(^u fidäe»
on doit seiitir (|u'il n'y a dans cet ouvrage aucun per-
8onn:^ge interessant , et qu'il ue pouvait exciter ni la terrenr
ni la pitié , qui sont les sculs ressorts de la tragédie ; oéan-
moins, on y trouve quelqucs discours assez bien faits, msii
qui sont déplacés , et mauqucnt de chaleur.
MONTREUX (N1COLA8 de), connu aous ]e nom
å' Olenix du MontrSacré ^ qui est Tanagramme de sonnomi
naquit uu Mans vers i56o. On connait de JåontmiåxiKl^
pieccs suivantes : Cyrus le Jeune , la Joyeuse » ^nniUf
Atlette , Diane , Cléopåtre , Isabelle , Aritnkne , Sopk^
nhbe , et Joseph. On lui altribue en outre , Camnw^ b
D dm vante , Paris et CEnone.
Le sujet de sa tragédie d^ Isabelle est tiré de rArioito^
Rodumont 9 plus rodomont encore dans cette piéce , qw
dans le Fo^me italien , coniie k Sicambras , son ofiBcier 1 b '
> iulente passion que lui a iuspirée Isabelle , sa captivei CM
priiicesse , iidéle å la mémoire de Zerbiu, qui a péri euii'
fciulunt, rontre Madricard , les armes de Rolan^y ii^bf^
u|;iniåLren)ent d^écouter son barbare vainqueuri qui lui <b^*
Je veux avoir de yoiis ce quc la loi de Mars
Me periuet de raviri seule loi des Soudars.
ISABELLE.
Un plaisir si léger voiis scra peu durable.
RODOlilONT.
Nol plaisir n^cst Irger qui nous est secouraLle»
ISABELLE.
Est-ce bicn , quc forcer une simple femelle ?
11 O D O M O N T.
Du i bicn , quatid on ne pent vivfc sans jouir (TcjUe.
\
Montreux travaillait avec une facilité malheureiTse 5 il
composa beaucoup , et ne fit rien de passable.
MONVEL (M. BouTET de), auteiir dramatlqne , et
acteiir retiré dii theätre IFran^ais, né å Stokolm , 181 0.
Considéré comm*e acteur ^ monsieur Monvet est un
homme supéiieur ; considéré comme auteur , il est au -,des*
sus de la plupart de ses contcmporains. Jamais on n'a port^
plus loiu qiie lui le talent de la déclamation au théätre. Il avait
a vaincre une foiile de difficultés qui, pour tout autre qu'ua
bommc de beaucoup d'esprit , eussent été insurmontablcs.
Sa voix élait faible et peu sonore , mais il la faisait re-
tentir dans toutes les parties de la salle, etpénétrer danstous
les coeiirs. ; sa taille n^avait rien d'imposant ni dje séducteur ,
et cependant personne n'a jamais paru.plus majestueux dans
ses roles. Bratus ^ il avait toute la grandeur et toute la ma-
jesté d*un consul et du fondateur dela République Romaine ;
Fenelon ^ il avait toute la dignité d'un prelat qui sent toute
la noblesse de son ministére, sans s'en déguiserles^inconvé»-
iiiens ; Sfide , il . portait au dprnier pqint Finnocence , le
conrage et Tardenr du fanatisme. Nous ne nous arréterons
|>oiiil a le suivrc dans tous ses roles , il nous s^iiffira de c^re
A a 2
• *
/
37Ä M O N
q 11 'il ne Ttt laniRis an dc^^r^iMis ni au dessus d'aucitn de cetu
do:it ii s'i'st chnrge , iL i* unn-; scinbicque c'est leplusgrand
élogc qu^on pnis.su fairc d\ui actcur.
Sansdonto. il nVi'{ ion als léclat de Larive , qnelaiUH
tUiC n\-sI |jiu å tuuibie^ (if tons ses dons; mals il disait aveo
taut de sagcsse , de véi ité et dVsprit , qu^il paraissait tirerdei
forccs de sa propre faiblessc. ,
Pon de tcius api*^*^ son rntrée an théåfre Praofaisy IL
Monvcl y éproiiva des desagicmciis qiii Poblig^rent å faix»
jonirlcs habitans deSt.Pétersbonr^; des précieux et rares talens
que semblérent dédaigner d^abord d'ingrats compatriotes.
De retonr h Paris , ses ennemis ne piirent cinpécber les justM
appréciatenrs dn méritede reconnaitre en lui racteur le pins
consommé peut-étre qu^ait jamais en ia scéne fran^aise* .
Le talent de l'arh'nr est sans donte beancoiip an-dessobi
dn talent de l'antcnr , pnisque celui-lå ne pent que faire nr
loir Touvrage de celni-ci. Que peoser doac de M» MoDvel ^m
f ut (i ia fois et grand comédien et bon poete ! Tous lesgemei
de gloire qn'on pent acquérir snr la scéne , semblaieiit hl.
étre departis. L'Amant Bourruy sans étre pour le styled»
la force de VEcole des Maris j ne'serait pourtantpas kg
dignc de Moliére ; d'ailleurs , pour la conduite , cette pifta
est snpérieiire å boaucoup de celles qu'a produites le péied»
la comédie frauraisc. Pent-étre Monvel a^t-il en tort de ^
livrer å la composition du drame , que rien ne peut fiu^
excuser si ce n'estla facilité qu'on trouve å le compöaer:
qnoiqu'il en soit ^ il a fait des drames qoi leraieDtOtf
chefs - d'oeuvre , 8'il pouvait y en avoir dans ce ffKaf*
Tels son t Mathilde , Clémentine et Désorme.
L^Opéra-Comique doit aussi k M* MoDvel plnueini
pi^ces charmantes, dont les couplets font encore aujouidlnu
Isa délicea d,e la meilleure société. Pajmi c^ pitces , n8>*
MOR 37S
•ilerons left Trois Femiiers^ !Blaise et Babet. Qiiant å
Sargines , cette piéce nous parait étre d'un ton frop sévére
ponr le théåtre auqiiel elle était destinée.
Nous croyons avoir rendu jutice aiix talens de M. Monvel:
il ne nous reste plus qii'å témoigner le regret de lo voir en-
tiérement sorti d\ine carriére qiril avait parcouru avec au-
tant de succés que de gloire , et å le féliciter de 1'avantage
juste men t mérité , de se reposer apres de longs travaux , sur
le trone académique.
MONVEL (M.) , fils du précédent auteur dramatlque ,
l8io.
Digne emu le de son pére, qu^il a peut-étre surpassé dans
)a carriére llttéraire , Monsieur Monvel fils n^a jamais paru
sur la scéne comme acteur ; mals il a enrichi notre litté-
rature d'un grand nombre d'ouvrages , qui ont obtenu des
succés mérités. Nous citerons entré aulres , Lisimor ou la
f^illage abandonné , traduction . de Goldsmith , des Odes
sur les campagnes de nos armées, et sur-tout, parce que celä
t$st plus particuliérement de notre ressort , sa tragédie de
Junius ou le Proscrit; sa comédie du Deidl prématuré , qai
sont restécs au Théåtre-Frail^ais ; ,et enfin son opera connu
Äous le titre d^Amhroisa , ou Voilä ma Journée , qu'oH
revoit toujours avec plaisir au théåtre Fejdeau.
MORAINE est auteur du Mariage fatt par irainte^
eomédie en un acte, en prose , jouée aux Italiens en 1730.
Gette piéce n'a point été impriméé*
MORALE. Ondésigne sous cenom, dans lepoeme drama-
tique, les reflexions utiles et sages que Thomme fait sur lui-
pnéme, å la vue des malhears et des crimes , oii les passions
précipitent ses semblablea; ou des ridicules qu'eUe kur donne
374. M O R
dans hl sociétu : rt-flcxions qiu tcndent ä lul faire Iiair h
virc , et aimcrla vcrtii et l^ordre , qiii Tengagent å se défier
do hii7nic-mc, u crnindrc do lomber dans les mémes abimes^
on ia col<^rc , lu vcnu(?anco ^ ranibltion y la jaloiisie , et sur-
foiit ramoiir, out iiKripité des bommcs ftouvent moins
fuiblc» , ])Uis sages et p!ns vcrtneiix qne Ini. Cest ponrcelt
fpic par-tout on lui raotitrc le crime piini , et la vertu triom-
pluinte. Si quelquefois on la lui repré.scnte dans le malheurét
dans rinfortnnc , ce nVst quo ponr la Ini rendre plus airoahle
iMicorc, et Ten faire ressortir plus briilante. Si au contraire on
ini fuit voirle crime en honneur et dans la prospérité ", c'esl
pour le rendre plus odieux, et pour le faire tomberde plai
haut dans Tabtme. Lcs anciens n^étaient pas sijaluux qiie
nous le som mes de la morale. Ils attribuaient tout an destin;
å une fatalité aveugie et inévitable. Quelle instruction ré-
cueillir d\in crime , d\in assassinat , d'un inceste comDUS
uécessairement ? au lieu que quand on voit , cpmme sur noi
tbeåtrcs ^ tousces désordres occasioDnéspar des passions trop
écoutécs , il est naturel d'eQ conclure qu'il ne fautpas s^j Ih
vrcr , mais qu'il faut les combattre de toutes ses forceSi^'
roinnio los sourccs trop certaines de tous nos malheura* .
On reproche aux auteurs dramatiques de rendre M
passions trop aimables. II y en a, en elTet, qu'on ncreod
jent-iUrc pas assez haissables sur le tbéålre ; ce qui est tout-
iVfait conlrairc å la bonne politique. Far exemple, Moliére
ua gi^ercs représenté que comme une galanterie pardoa*
nnl)lc , riniidélilé dalis le mariage; co qui est du plus dan-*
i;proii\ cxcmple.
Didcrot prctend que les points de morale, les plits im-
rorlans, pourraieut etre discutés au théåtre, et ceIa,-'fW
iinlru Ti la marche violente et rapide de Taction dramatique*
11 fuudiiiit, pour ccla, disposer la fable ou le po^e^ dt
MOR 375
lani^re qne les cboses y iussent amenées , comme Tabdi-
ation de Tempirp dans Cmna» Cest ainsi qiie le Poete
giteralt ia qiiestion du suicide , de Thonnenr , du dnel , de
i fortnue , des dignités , etc. Nos poémes en prendraieot '
ne gravité qu'ils n^ont pas. Si nne telle sréne esl nécessaire ,
L elle tient au fonds , si ellc est annoncée , et que le spec-*
iteur le désire , il y donnera toute son attention , et il en
era bien autrement aficcté , que de ces petitcs sentences
}ambiquées , dont nos ouvrages sont cousus.
MORALITE. La vérité qui résulte du récit allégoriquo
!e rapologne , se nomme Moralité. Elle renferme uno
naxime utile pour les moeurs, un conseil sage pour se con-
luire, etc. Elle doit étre claire, couTte et intéressante ; il
i'y fautpoint de métapbysique , point de périodes , point do
érités trop triviales , comme serait celle-ci : QuHlJaut
nénager sa santé,
On entend par Moralités , au théåtre , les lejons et les
nstnictions morales qui se trouvent répandues dans ini
Irame. On pent en semer pnr-tout ; mais il faut , selou
!]orneille , en 11 ser sobrement ; les mettre raremen t en dis-
;ours généraux , ou ne pas les pousser loin , surtput qliand
)n les mct dans la bouche de personnages passionnés , et
lönt la conversation est vive et animée ; car l'un des inter-
iocuteurs ne doit pas alors avoir plus de paticnce pour les
icouler, qnc les autres de trAnqnillité d^esprit pour les con-
sevoir et Iqs dire. Dans les délibérations d'état ^ oii un
homme d^imporlance s^explique de sens rassis , ces sortes de
discoiirs moraux ou politiques peuvent étre plus étendu?.
IViais il est toujours plus sur de les réduire souvent de la
thése å Ihypothése, c'est-å-dire du general au particulier.
Il vant micux faire dire å un actcur : Pamour yous cause
376 MOR
>
hien des tounnens ; que , Vamour cause de grandes inquié'
tudes ä ceux qui en sant possédés* Ce n'est pas que cetto
dcrnidrc fa^oii de moruliser uc puisse aiisai avoir lieu; mais
il ne fuiit pas poiisser trop loin Ics maximes générales, sam
los appliqiicr au partictilier; autrement clles deviennent un
lieu commiin qui fait languir Taction, et cnnuierauditeui;
ot, quelqne succés que puisse avoir cet étalagede Moralitéii
il csl å cruiiidre que ce ne soit un de ces ornemens ambititfdx
qu'Horacc nous ordouue de rctranchor.
MORALITÉS. C*ost ainsi qu'on appela d'ftt>ord ks
premiéres comédies qui furent jouées en Franre dans b
quinziéme et le seizi^me siéclcs. Au nom deMoralités, 8uo<
cuda cclui de Mystéres de la Passion. Ges piéces facetieases
etuicnt un mélange monslrueux d'impiétés et de simplicités^
mais que ni les autcurs ni Ics spectaieurs u'aTaieDt Tesprit
d'oporcevoir. Dans la Conception ä PersonnageSf c'est le titm
d'iuie des premiéres Moralités, jouée sur lo Thcåtre Fraib
rais , et imprimée in^4«° gothique, å Paris ,t chez AllaiAi
J.otrian , on Fait ainsi parler Joscph
Mon sotilcy ne se peut dVrfatre ,
De Marie j nion opoase sainte,
Que j''ai ainsi trouvée enceinte,
We scay s'il y a fante on non ,
• • ■•••••••••«••••••
De moi n^est la ehose venue ^
Sa proinesse n^a pas tenue.
Elle a rompu son mariage ,
Jc 5Qis bicn infcible , incrcdnle ,
Quand je rcgarde hien son faire^
De rroire qu"*!! n'y alt mcffaire.
YMe est cUccintc j et d^oi^ 'vicndrait
MOR 377
Le fruit? Il faut dirc par droit
Qu'il y ait vice d'adaltére ,
Puisque je n^en suis pas le péré.
Elle a été troys mois entiers
Hors d^icy , et au bout du tiers
Je Tai toute grosse re^ue :
L'*aurait quelque paillard décue,
Ou de faict ^oulu efforcer ?
Ha! brief, je ne sais que penser.
Voilä de vrais blasphémes en bon frati^ais ! et Joseph
allait quitter son épouse , si TAnge Gardien ne Vent averti
de n^en rien faire. Mals qui croirait qi:i'un Jésuite espagnol
du dix-scptléme siécle , Jean Carthkgéna , mört å Naples en
1617 , ait débité dans son livré intitulé : Josephi My stena ,
que St. Joseph peut tenir rang parmi lés martyrs , å cause
de la jalonsie qui lui déchirait le cOBur , quand il s^aper^ut
de jour en jour de la grossesse de son épouse PQuelle porte
ii'ouvre-t-on pas aux railleries des profanes , lorsqu'on ose
faire des martyrs de cette nature , et qu'oa exposie nos mys-
teres å des idées d'imaginatioä si dépravées !
On donnait encore autrefois le nom de M oralités ä des es-
péces de ballets , ou opera. Ou en représenta un de cette es-
péce au mariage du prince Palatin du Rhin , avec la prin-
cesse d'Angleterre* Eu voici la description , telle que Ta
faite un auteur contemporain.
a Un Orphée, jouant de sa lyre, entra sur le théåtre ,
uivid' un chien , d'un chat , d'un cbameau , d'un ours y
d'un mouton et de plusieurs animaux sauvages , lesquels
avaient delaissé leur nature farouche et cruelle , en Foyant
chanter de sa lyre.
» Apres vintMercure , qwi pria Orphée de continuer let
floux airs de samusique, Tassurant que , non-seulemeot le*
3tS mor
l)(>les faronclics , mals les étoilcs du cicl danseraicot an son
de sii voix.
» Orplu o. poiirronteiit'»r Memiro, rcrommeDce ses chan-
sons. J\iis.sit6t un voii i]no lo5 étoilcs du ciei comineiiceiit
a se loniner , smiter, dansör; a*, qnc Mcrrnre regardant,
(t v ovant Jnpiter dans iiiie ni.i> . i! le supplia de vouloir
Iransformcr aiicune de ccs t-u. ^'''.•", f-u rhevaliers » qui
ensscit été renommés en aiuou: -:ir Iciir constaote fidélité en*
vers Ics du mes.
» A rinstuDt on vit plusienrs rhevaliers dansleciel, toui
vetus d^me coulcnr de flammc , tt^nant des lances noires |
lesqncis , ravis aiissi de la musique d'Orphée , ]iii cd ren*
dircnt nne iniinité de lonanges.
» McjTiue alors supplia Jnpiter de traDsfoin^erles aiitres
étoilcs en aiilant de daraes , qui avaieut aimé ces
chcvaliers. lucontineut ces étoiles, changées mt autant de
da mes , fiireut vues vctues de la méme coulcur que les che-
v al i ers.
» Mercure^ voyaut que Jupiter avaitoui ses priåres, la
fnip]>lia de pcrmcttre que toutes ces åmes célestes de cheva-
licrs et de damcs , desccndisseut en terre pour danser k cet
noces royales* i
» Jnpiter lui accorda encore cette reqnéte ; et les chevt-
liers et Icurs dames , descendant dos nues sur le théåtre, aa
son de plusieurs instrumens , dansent divers ballets^ cequi
furcnt la fin de cette belle moralité. »
Le sujet d'une Moralité intihilée , le Mirouer et PExemplt
cles En/ans Ingrats , est singulier. Vn pere et une raére 9 en
ninriant leur fils uniquc , lui abaudoDoent généralement tous
Iciirs bicns, sans se rien reserver. Ils tombent bieutot apres
dans une grande mii^ere, et ont recours å ce fils , å qui il»
ont tout donoéj mais celui-ci , pour n'ctre paa obligé dt
e=lA'ii!
MOR 379
les secourir, feint de ne les pas connaitre , et les falt chas-
ser de sa maison. Fen de tems apres , il se sent une grande
snvie de mänger du paté de venaison; il en fait faire nu; on Itf
Ull apporte ; et il Touvre avec empressement : aussitöt il
en sort un gros crapeau qui lui saule au visagc, et qui s'y
Bitachc. Sa femme , ses domestiques font de vains efforts
pour l'en arracher : rien nepeut faire démordre cct animal.
!L'on soup^onnc alors que ce pourrait bien étre une per-
piission divine, On le méne chez lecuré, qui, itistruit de
sa c ond u i te en vers ses pére et mére , tro u ve le cas trop
grave pour en connaitre , et le renvoie å Tévéque. Celui-ci,
informé de lexcés de son ingratitude, juge qu'il n'y aquele
Pape qui puisse Tabsoudre, et lui conseille de Taller trouver :
il obéit. Dés qu'il est arrivé , il se confesse au St. Pére , qui
lui adresse un beau sermon pour lui faire sentir toute Fénor-
mité de son crime ; voyant la sincérité de son répentir,
il lui donne Tabsolution. A Hnstant le crapeåu tombe dii
visage de ce jeune homme, qui, suivant Tordre du Pape,
vieut se jetter aux pieds de son pére et de sa Aiére, pour.
leur dem änder pardon.
Dans une Moralité de Jean Bouchet^ procureur äPoitierj?,
intitulée le Nouveau Monde , il y a un trait de satyre trés~
vif contre Tavarice de Louis XII 5 mais ce qu'i4 y a pcut-
étre de plus singulier encore , c'est qiio Louis XII né le
trotiva pas dui tout mauvais. Ce Monkrque , un des
nieilleurs que nous ayons eus , dans le dessein de savoir
la vérité , qu'on dérobe ton jours anx Rois , avait permi»
aux poetes de reprendre dans leurs piéces, les vices et
les défauts de ton tes les personncs de son royaume sans
(sxception.
« Je ne vous avais oncques puis vu , dit Pamirge dans
» Rabelais , que jouåtes å Moutpcllier , avec nös ^ntiquea
38o MOR
» amis , la Morale , comédio de ccini qui avait éponsé nne
» fcinme mtiettc* Le bon mari vouhit qii'elle parlftt. EUe
» pärla par l'art du médecin et du chimrgieu qtii lui cou-
» péreiit un cncyliglotte qu'eHc avait sous la langue* La ftr
> rulc iccouvrée » ello purla tant et tant, que son mari le-
» tourna au medecin pour reméde de la faire taire. Lemé-
» decin ré pond it , en son art : hien avoir remédes propni
» pour faire parler les feiiiincs; u*cn avoir pour les faiif
-3» toirc. Remåde unique utrc surdité du mari contre celni
3» iiiterminable parlcmeut de femme. Le Paillard devint
3) sourd, par ne ftai» quels cbarmes qu'ils firent; puls, b
9» Médecin demaiidant son aalaire , le mari répondit qn^
3* était vraimeut sourd , et qu'il n'eutendait sa demandsi
» Je ne ris oncquea tant, que je fiså ce patelinage. »
MORAMBERT (Aktoihe Jacquis x.'Abbet de) , nék
Paris en 172,1, a donné le Camavdi d^Eté ^ jimadis,9t
Jiarbacole , ou le Manuscrit voU.
MORÄN (Le FiaE ) , Jésuite , a (ait représcnter k Ljim
6 il 1706 unc tragedio chrétienne , qui a pour titre Neon»
MORAND ( Pierre de ) , naquit k Arles en 1701 , et
mourut å Paris en lySy^ . ,
Croyant qu'il lui scrait possible de se partager entré lei
Muses et l'Hyraen , Morand se bazarda de preodre femme$
mals il eut bientot lieu de s'en rcpentir, et il se bAta d^aban-
donner et sa femme et ses biens ; trop beureux que sa belle-
mére voulut bien le laisser tranquille å ce prix* Il vint i
Paris , ou il composa la tragédie de Teglis , qui obtint qnel-
que succés. Gette piece oflrc des situations nobles et pathé-
tiques , et une grandc connaissancc de Tärt; il ne lui manqoei
MOR. 3ii
alnai qu'aux ouvrages du méme auteur 9 qu'un c oloris plirs
brillant. Il donna ensiiite Childericy pi'jce extrémement com-
pliquée , mai^ pleine de Iraits de föreset de génie. UEsprit
de JJivorce vint aprés 5 c'est une de*ses meilleures piéces.
Morand ne fnt heurenx ni en littératnre , ni en mariage ,
ni au jeu , ni en bonnes forlunes^ et, quoiqu^il eut éprouvé
souvent les dangers d^aimer sans délicatesse et sans choix ,
illes bravait toujours avec la mémeintrépidité.Lorsqu'i] fut
attaqué de la maladie dont il mourut , il ne fut pas néces-
saire d\iser de détours et de ménageniens ponr hii apprendre
que le terme fatal approchait ; il le dit iui-méme de sang .
froid , et disposa en faveur d'\in neveu el d'une niéce d'un
bien dont il n'avait pu jouir. Un tratt bien marqué du
malheiir qui le poiirsuivait, c^est que toutes ses dettes so
trouvaient acquittées å la fin de cette méme année, el qu'aa
premier janvier de la suivante^ il allait toucher le premiec
quartier des cinq mille livrés de rente qui lui restaient. Cetto
circonstance ne Taffligea point ; il fit son testament avec une
présence, ou plulot avec une gaieté d'esprit singiTliérc. Ilse
rappela celui de Crispin dans le Légataire Universel, et le
parodia, en donnant aux Itenij des inflexions de vofx difiFé-
rentcs et comiqucs qui faisaient rire tous les assistans. Lors-
qu'il eut mis ordré a ses affaires , il s'entretint familiérement
avec deux ou trois de ses amis , et leur pärla de vers , de
prose et de nou velies. Lorsqu'on lui apprit la victoire
lemportée , le 26 juillet , sur le duc de Cumberland par le
maréchal d'Estrées y il se ressouvint du vers de Mithridate ,
et dit :
Et mes derniers regards ont yu fuir les Anglais.
Il mourut avec cet enjouement philosophique. Outre les
piéces dont nous avons parlé , il ccfi&posa les JMuses ,
3Si MOR
I
.j
Méf^are j VEnlhvement imprévu , la Pengeancé irompkf
les AmouTS des Grands liommes , et Léandre et Héro*
MORANDET, secrétairc des Commandemens de Mme.
la Cointcsse de Toiilouse , est auteur du Quiproquo j co-
inédic en trois actes , en vers , joiiée auz FraD^ais eu 1743.
MOREAU ( Jean-Baptiste ) , né ä Ångers en i656,
mört å Paris en 1734.
D^enfant de choeur do la cathédrale d' Ångers , il devlnt
maltre do musique å Långres , ensuite å Dijon, et Tintå ,
Paris , fort mal duns ses affaircs « et trés-mal vétu. Ayaot
tronvé le moycn d'entrcr å la toilette de la DanphiiM)
Victoirc de Buviérc , il eut la hardiesse de la tirer par la
manclie ,cl de lui dcmandcr la permission de chanter devaot
elle un air de sa composition. LaPrincesse rit, et la luiac-
corda : Morcau lui fit tant de plaisir , qu'elle en pärla an
Roi , qui voulut le voir et l'entendre* Dans la suite ,
Sa Majcsté Temploya å pluaieurs divertlssemens» il fit la.
niusiquc d^Esther et å^Athalie , et celle des chceurs de la.
tragédie de Jonathas de Duché.
MOREAU (M.), auteur dramatique , 1810.
M. Moreau s'est exercé avec' succés dans' un genre qui
exigt; plus de facilité que de gout, plus de subtilité queda
raisounement, et , enfin , plus d'esprit que de génie :'il J *
réussi ; mais ce n'est pas å lui seul que le public accorda
ses snflrages 5 car il n'est pas seul Tauteur de ses ouvragW-
TouLefois , nous devons dire qu'on n^est pas sans méritef
quand on produit, méme en société, des våudevillea, tels
'cjue Boileau ä Auteuil , les Chevilles de Maitre Adam 9 1»
Kuit d'Auberge , uue Journde chez Bancelin , etc. Quoiqu«
■(j
MOR 383
nous ne piilssions pai assigner la part de gloire qul re-
vient ä M. Moreau dans ces t)uvrages , noiis sommes forcés
de convenir qu'on ne peut pas y avoir eu part sans étre re-
connu pour un homme d'esprit«
MOREAU (M. ), acteur du Théåtre Feydeau , 1810.
Il a débuté 5 et s'est soutenu avec succés dans Temploi
des Trial , espece de niais qui n'appartiennent qu'å l'Opéra-
Comique, et qui sont destiués å y faire ressortir les person-
nages mieux élevés et plus spirituels avec lesquels on les
met en opposition. Pour remplir ces roles , qui ne sont assea
généralement que des caricatures , il fallait paraltre plus sot
«t plus ridicule qu'il n'est possible de Pétre dans la société ;
e^était du moins la maniére de ,TriaI et de ceux qui l'ont
remplacé. M. Moreau, qui est venu apres eux, a cru
pouvolr paraitre assez niais , sans chercher å l'étre, et
comme tout ce qui est nouveau a le droit de plaire , sa
maniére naturelle , quoiqu'un peu monotone , lui a valu les
suffrages du public, et méme une certaiqe supériorité sur
ceux qui font des eObrts pour courir, dans la carriére de la
niaiscrie , qii'il suit glorieuseraent sans se fatiguer* Dii
reste , quelque bon niais qu'il soit , il a assez d^esprit p<)ur
blen jouer quelques roles de valets , qui sont loin d'étce
Niais»
MOREAU ( Mme. ) , épouse de TActeur précédent ,
actrice du Théåtre Feydeau , 1810.
Cette Actrice était connue å POpéra-Comique sous le nora
de Mlle. Pingenet , avant d'avoir épousé M. Moreau. EUe
est jolie , et son chant a de 1'éclat. On lui a reproché
d'abord un peu de timidité , et peu d'éteiidue dans la voix;
mais le tems et l'usage du théåtre , sans altércr ses charuies,
384 MOR
lui ont donné Tassurance qui nuisait au developpeiKient åå
ses talens : et , sans öser dous permettre de dire qu'elle eit
sans dt^faut , nons croyons ponvoir assuret quVHeest unt
des plus agréables actrlces de l'Opéra-CoinIqueA
MOREL e^t connu par la tragédie de Thimoclée oa la
Générosité éCAlexandre.
MOREL DB CHEDEVILLE (M0> atileur drama^
tifjno , i8to.
M. Morel a composé , pour rAcadémie Impériale ds
Musiquc , phisieurs opera qui sont restes au théfttre , autant
pour le mérite du po^me que pour celui de la muslqne*
Ccst lui qui a introduit sur ce théåtre , ou du moios qui
y a soutcnu ie genre gai et gracieux. Panurge dam Pik
des Lantemes , la Caravane du Caire, et Aspasie de Miletvå
sont une preuve incontestable. Cet Auteur, vraimeot Ijrique^
a anssi coraposé des opera d'un genre trés-élevé , tels qu'^*
lexandre aux IndeSyCt ThémUtocle. Dans les Mysthtes JCUm^
il s'est permis un tour de force, quifait infiniment d'honiieiir å
ses connaissances musicales. Gen'était pas une petite difliciiM
qne d'adapter des parolcs fran^aiscså la musique de la FlåU
enchantée , opera de Mozard. On lui doit, en outre, deax
Oratorio , Saiil , et la Prise de Jéricho» Il se distingney
surtout , par une grande ententc de la scéne , et par QM
coupe do vers heureuse et propre au c hänt.
MORETTO ( AuGusTiK ) , auteur dramatique espäguoL
Augustin Moreto est Tun des auteurs comiques espagnob
Ics plus estimés : ses ouvrages annouceot uo homini
du génic ; mais en general ils sont forcés dans les idées 9
diHiis dans le style , bizarres et faux diuis los caracliif*
MO a 385
»utfés dans les sentimens et erabrotiillés dans les iuttl-*
^ues9 on y remarque uue graode fecondité d'iovention$
9Sa|ft il nait ordinairement de-lå une telle multiplicité d'in-
:ideDS^ qu^il est presqii'impossible de salsir tous les fils d&
[^^ci^oo^, en un mot, ils oSrent une peinture comiquc, et
chargée des moeurs de son tems, et particuliérement de celles
åes grands. Les comiques fran^ais ont mis souvent les
sspagnols k contributiou ; mais , quelques précautions qu^ils
aient prises d'en écarter tout ce qui leur paraissait superflu ,
les ouvrages qu'iis ont puisés å cette source ^ se ressentenC
tous , plus ou moins , du mauvais gout et du merveilleux d^
ce théåtre» Sans chercfaer £ulleurs , on en trouvera la preuvo
dans cet ouvrage y si Ton veut se donner la peine de lire
quelques analyses des piéces de Thomas Comeilie* Mais , si
Dous nous sommes permis de relever les taches qui dépare^it
le théåtire des Espagnols , nous devons aussi lui payer lo
tribut de reconnaissance que lui doit le notre.^ Moréto ,
Calderon , Michel Cervantes , Lopés de Vega , Lopés de
Sé ville vivront dans nos fastes dramatiques, aussi lodg-tems
i|iie les deux Corneille et Mollére lui-méme , seront admirés ;
aussi long-tems que les chefs-d'oeuvre de ces grands Hojiimes
seront lus. Les comédies de Moréto , au nombre de trente*
•ix , ont été recueillies en trois volumes in-8«^ , iniprimés k
"Valence en 1776. Lesage nous en a donné une tnduction
fort-.estimée.
MORISSOT a fait imprimer å Marseille en 1758 une
comédie en deux actes , en vers , mélée d'ariétes , intitulée :
JPierre et Pérette ou le Galant Jardinier*
MÖRT D'ABEL , ( la ) , drame en trois actes , en vers ;
par M. Tabbe Aubert , 1765.
/ Si des vers bién tournés, si des pensées simples ethabile-
Torne FL ' B b
•'
386 MOR
nicnt cxprimées , sufljsaient seuls pour constitiier nne fioiiii^
plecc de tliéåtre, cellc-ci méritcralt restime générale. Mais il
fuut plus qiie des vers ; il fant du mouvement ; une actios
lanlot rapidc, tantot leiite ; un intéret tonjour» pressant,
toujonra soutcnu; des situations fortes et qui naissent du
All jet; et, mulhcureuscment , la piece de M. Tabbe Änbcit
manque absolument de toutcs ccs qualités si essentie}le3« Il
a mis en récit cc qu'il aurait du mettre en action , et , par une
délicatesse blamable , trop docile au précepte d'Horace,
il iait passer derriere la to i le des scénes qu'il aurait ps
nicttre sous Ics yeux du speclateur.
On peut reprocber cncorc å M. Tabbe Aubert d'avozT smT*
irop å la lettre le poémc de Gcsner,et d'avoir fait remonterrac*
tion trop haut y et presque )usqu'au moment de Torigine dela
haiuc de Gam contre son fr&re. Le premier meurtrier en pantt
plus odieux , et conséquemment Fintérét general de roDvfag»
s eii trouvc diminué. Cest ici le cas de rappeiler un antre pré-
cepte du poéte latin que nous avons cité plus haut; précepts
qui défcnd d'exposer sur la scene des cboses monstrueusestor^
quoi de plus monstrucuxqu'un fr^e qui,détestesoDfrére,pan:t
qu'il a sauvé la vie k leur pére commun? Cest pouvtant tålt
premier motif que Mr. Tabbe Aubert donoe å la faaioe ås
Cain contre son frére Lo second vient de la préférence tplf
Dicu accorde aux sacrifices que Ini ollre Abel ; prål»- ^
renco odieusc aux yeux de Cain, et qui occasiomie Ib pr»*
nii6rc mört, et le premier deuil. Le sacrifice et le memli*
d'Abel , se passent dans les coulisses , et ne sont conséqnein*
nieiit qu'en récit; de lu uait une langueur,un froid, qui doiveit
rendreki pickeinsupportable au tbéåtre,quojqu*elle fasseqiid"
que plaisir a la lecture. Un reproche non moins gravequeflrf-
ritc l\uUcur, c'cst d'avoir doniiéå Cain de la dissimulatioDyCft*
iirteic incompatiblc avec une åme aussi farouche et auBftiU>*
MOR '387
flejtible que la sienne ; d'avoir multipllé les persoonages sans
nécessité, et clavoir fait paraitre sur la scéoe toirte la famille
du premier homme ; ce qui raleutit et eihbarasse la marche
de son drame.
MÖRT D'ABEL (la), tragédie en trois actes ^ en vers,
par M. Legoiivé , • avec cette épigraphe : Primi parenteSy
prima mors , primus luctus*
Ce sujet, imité de Gesner , comme on vient de le voir,
fut traité par Tabbe Aiibert en 176S , mais Touvrage de M.
Legoiivé est bien au - dessus du sien. Son sujet se déve-
loppe de la maniére la plus vraie^ la mieux sentie, la plus
toucbante , et présente un intérettoujours croissant de scéao
en scéue*
Onne trouye point dans cette tragédie , 1'appareilde gran-
deur qu'on est accoutumé h rencontrer dans ces sortes d'ou-
vrages. Point de luxe , point de soldats 5 tout y est simple
corameles premiers hommes , et toutefois ce sujet est traité
d^unemanii re émineramenttragique.La véritédestableaux et
iTiarmonie de la versification , répandent sur toute cette piéce
tin charme inconnu jusqu^alors å la scéne fran^aise. Nous
ne dirons pas que la Mört d^Abel est le meiileur ouvrage
de M. Legouvé 5 maisc'est assurément le plus original qui soit
sorti de sa plume , et te plus parfait qu'il ait produit sous le
rapport du style. Nous ponrrions citer une foule de vers
dignes des plus grands maitres ; mais les bornas de c€t ou-
vrage nous permettent rarement ces sortes de citations;
tious devons nous attacber k Pensemble plus qu'aux détails ,
et nous y sommes forcés par le peu d'étendue qu'ont ordi-
bairement nos artides.
Ce n'est point la terreur qui fait l'åme de celte piéce ,
mais c'est la pitié la plus douce et la plus toucbante å la fois;
Viotérét ne sort pas de la multiplicité des situations ^ et de
B b2
.'
388 MOR
la yariété desréyolntions, elle natt de lavérhé des caractSrenv
et de celle des couletirs , sons lesquelles l'aiifeur a su présen»
ter ses personmages. II est inutile sans doiite d'aDalyseT un
ouvrage , dont lo sujet est connu dans toutes les écoles , eC
qiii tient antänt k rhistoire qii'å la réligloo. Gette publicité
<}uiadii diniinuer les difficultés qu^olFre ordioairement TiiH
veution y a du angmeoter celle de Texécution , et le grand
talent de l'aiiteur est de les avoir vaincires*
Le caractére d'AbeI est d'an intérét tondbant , qni rend
sa niort plas cmelte anx yenx des spectateurs , et Gala plus
odieiix, sans que, toutefois, son caractére inspire UDeho^
Tcnr profonde , parce qu'on suitqu^il est entrainé å. rasqassinit
de son irdre par uiie fatalilé irrésistible , et par iine liaioo
fondée sur la préférence que lui accordent ses parens , et
surtont Tétemel qui rejéte ses offrandes , poar agrécr celks
de son frére. En adoucissant ainsi 1'horretiT que devoient ins-
pirer a t le crime et le caractére de Celn , M« Legonvé sW
conduit en grand maitre ; ear^ de toute autre maoiiie,
le dénouement de la piéce eut été révoltant et pénible» Cos
constdérations, dont personne ne contestera la justesse, pren-
vent évidemment queM. Xegouvé a tirédeson sujet toalb
parti possible , et que , dés son debut d£ms la carriiro dramt"
tique , il a fait preuve d^un talent supérleur»
MÖRT D'ACHILLE (la) , tragédie en cipq BeteBf ftf
AIcxandre Hardy*
Achille, apr^s avoir yengé par la mört d'Hector celk deioB
ami Fatrocie , pendant une tréve accordée auz Ti ojss i »
entré voit , dans uo temple d'Apollon, Polix&nc,, fifle &
Friam. Frappé de ses charmes , il en devieot amoureiui^ flt
hii fait propjscr en secret de Tépouser* Les autres en&nsdi
PruAEu engageutleur sosurå acceptcr cette alliaoce, dansk
MOR 3fi9
<3essein de profiter de ToccasioD po^it ffiure périr Achilic ,
venger la mört d'Hector,et déUvrerTroyed'un enDemi re-
cloutable. Le Héros grec , aveuglé par son Amour , malgré la
prédiction de son ami Patrocle , dont Tombre lui est appa-
pje , malgré les conseils de Nestor et ceiix des plus sages de
rarmée^ se rend secréteroent et sans suite dans le temple d'A-
pollon, pour épouser Polixéne 5 mais, au moment de con-
tracter cette alliance , il est poignardé par Paris et Déiphobe
fréres de cette princesse , qui , voulant empjorter son corps
dans la ville , sont repoussés par Ajax , et par plusieurs-Capi-
taines grecs accourus aii bniit?Ces guerriers s'einparent dit
corps de leur ami , et Thonorent d'nne sépulture digne delui«
On voit qae, tians cette piéce, Hardy n'a point suivi la
tradition d'Homére , qu'il a , dit-il , trouvée moins vraisem-
blable que ceHe ^éDaris le Pbrygien , et de Dictés de Créte ,
ecrivains inconnus. Notra ne dirons point que cet ouvrage
pécbe contre les trois unités , on le sent assez par le plan
que »ous venons d'en donner. Nous nous contenterons d'ob-
«erver qu'il est , comme tous les ouvrages de Hardy , aussi
platement écrit dans le style du tems que malädroitement
conduit»
MÖRT D'ACHILLE ( la) . tragédie en cinq actes , en
vers , par Benserade , i636»
Zie premier acjte se passé dans la tente d'Achill»é Le
Héros grec y parait d'abord avec BriséKde, k laquelle il
dit les choses les plus tendres , et qui lui répond sur le
méme ton^ Il fait part k cette amante cfaérie, d'un soöge
fttnestequi lui inspire les plus tristes pressenttmens* Briséifd»
}'engage k renoncer aujr combats , et å quitter le siege de
Troye. Le Guerrier lui répond :
« Notre vie est an bien difficileä gärder;
i* Afin de la défendce^ oa U doil htztfder» a j/ j
390 MOR
3c m^n croiraix indignc, au dcstin qui nous presse^
Si jc ne Texposais pour le hien de la Gr>ce.
La niort daiis le péril ne nrépouvantc pas ;
Jc la crains dans la paix , et la cherche aux combstir
Cc ver» , et stirtout Ics dciix dcrniers, sont beauz; c'est
grand dommage qii^ils soienL sulvis de ceiix-ci :
Mais In fine quVlle est, falt son coap dans le calme ;
Sou'\ent elle ac cachc å Tonibre d''une palme.
Apres cctte scéoc , ou plutot apres cette conversatloD
amuiireiise, on annonce Priam et sa famille, qui ticih
jicnt réclamer le corps d'Hector. Ni le vieillard , ni Hé-
cnbc y ne peuvcnt toucher Achille:maisPolixéaeDe 9'e8tpe8
plutot jctL^c å ses genoitx qu*il accorde plus méme qu^onnfti
liii dcmaude. Ce changement inspira des craintes å Briséide»
On sent qirAchille n'a pas manqué de deveoir amon-
fcux de Folixénc en la voyaut 4 ses genoiix; ayasi la
håte-t-il d'aner la demander en mariage å ses parens » quiM
garden t bion de la lui refuser y puisqu^å cette condilion il
promet do se déclarcr contre les Grecs en faveur dflt
Troycns. Mais Polixenc n'est pas aussi facile que sespaxCDiS
elle répond u Tamour d'Acliille par ccs vers :
Vous , don t le brås nourrit Pennui qui me dérore ,
Wallligez-YGus déjh ? La tr^ve dure cncore.
Quand vous vous reposcz , laissez«moi respirer^
Attendez le combat pour me faire pleurer.
« Cc u'*est pas dosirer un plaislr agréable ,
» Que de chcrcher å rire avec un miserable. »
Puiir lui prouver qit'il n'a point envie de rire, AcfbSIt
ven t se pcrcer le sein anx picds de son amante; mais ette b
ramene facilement k des sentimens plus doiix envera liu*
iiicrnc. Euiiu , apres quelqucs diSicultes^ elle finit parcéder
å ses prcssantes solticitations ^ et le Héros extasié, a'écrie s
M OR 391
Eh 1 je me vois si haut en mon amour ardent ,
Que je ne puls aller aa ciel qu^on descendant.
XJLysse , Ajax , et d'aiitre» Grecs veiileht détourner
Achille dti projel qii'il a fomé de renoncer auk combats ;
inutiles efTorts , il reste ferme dans son dessein ^ et tanse
méme vertement son esclave Briséide , qui , de son c6té , liii
reproche son nouvel amour : la pauvre esclave prend en
douceur les duretés de son maitre , et dit généreusemcnt ;
S^il faut souffrir sa mort^ son change oa mon trépas;
Qu'il Tive , que je meure , et qu'il ne m^aime pas.
pensée sublime qu'on , admirerait si elle ne terminait une
tirade remplie de fadaises*
Quoique rien n'annoncc que la trfeve entré les Grecs
et les Troyens , soit rompue , il se livré cependant un
combat. Hécube etPolixéne,qui en sont spe/^tatrices , ad-
mirent combiea Fabsence d' Achille affaiblit Tarmée de
leurs ennerais ; et la jeune Princesse promet d^accepter
la main du vaillant Fils de Tfaétis« Malheureusement le jenné
Troile, frére de Polixene, a défié ce Hérös au combat,. et
Test allé provoquer jusques dans sa tente. Achilte , impa-
lient de laver une telle injure , n'écoute plus son amour ,
vole au combat , et tueTroile. Il n'en vient pa» moins au tero-
ple pour épouser Polixéne : c'est lå que Paris , pour vénger
bravement la mört d'Hector et celle de Troile , assast^ne lo
Héros grec. Apres sa mört, Ajax et Ulysse se disputeut
ses armes ; chacun d'eux prononce un discours qui rem-
plissent la plus grande partie du quatriéme acte» Enfin , la
piéce se termine par \\n arrét du Conseil des Grecs , qui ac-
corde ces armes k Ulysse. Ajax se tue de råge , Ulyssa
en est désespéré , et dit. :.
39* MOR
Je goute pea rhonnear de ce'priz obtenn;
Pldit «uz Dieox qu^il f&t Tif , et que je fuste nnf
A tons CCS malheurs , Agamemoon trouve un ezcdlflnt rt*
méde. Ah ! dit-il :
Il est yrai qirilliony ti^il sait cet accident,
S^animera bien mieux , deviendra plus ardent ;
KVncoaragoons pas tant celte orgaeillense Tille ,
Soupirons pour Ajax, écLaions pour AcliiUe :
Br&lons Ttin en public ; brMons Pautre en aecret ;
Et de tant de rogrets ne montrons qu^un regjret.
AHn que les Tcoyens xi^y poissent rien comprendre^
IHous en pleurerons deux, sons une méine cendre.
MÖRT D'A6IS (la) , tragédle par Guerln de Bbiucal,
1642.
11 s'agit de décider s'il est plus avantagenx de rétablir Fé-
galité des biens entfe les citoyens de Sparte j conformé-
xneot å la loi de Licnrgiie , ou si I'od doit laisser tes cbos»
dans la conFiision oh elles soDt. Agis , roi de Sparte , entn-
prend le rétablissement de ranclenne loi , dont il fait Toii
rntilité. Son sentiment passé å lapluralité des Toix» eiU(H
nidas , son beaii-pére et son collégue au troiie , qui fOtt"
tient le parti contraire , est géoéralement coDdamné* Lm
pleurs de Cléonide sa fille , fencime d'Agis, font commiMr
sa peine en celle de Texil^ inais la situation des afiaires cliaiip
de facc ä la fin du troisiéme acte ; le parti de Leonid
devient le plus fort^ et le lualheureux Agis se trouve oppriBK»
Cléonide soUicite vaiuement la méme grace que ceUeaecor-
dée å son pére ; elle ne rpbtieot que lorsqu'i) n'e8t plas tUBBf
et que l'arrét est exécuté.
Dans cette tragédie, Agis débite une harangne, o& fl fait
la peinlure des moeurs de la Gréce , au tems que les loiX
de Lycurguo y étaient observées : en voici quelques traitSi
\
MOR ' 393
La morale régnait dedans tous les esprits.
Le bienfait , de lui-méme , était Tanique pris.
Chacun de la Tertu recherchait les caresses.
Le soldat négligeait le bntin pour Phonneur,
Au bonheur du pays oonsistait son bonheur.
11 ne savait point Fart dräller faire la guerre , >
Plutot pour ravager que pour sauver la terre« ♦
Les orateurs parlaient aveo sincérité ; \
La justice régnait avec égalité ;
£t jamais les presens n''avaient eu la puissance
De faire låcfaement trébåcher la balance.
Les Trones de leurs Rois n^étaient point revétus
Des ornemens de Tor , mais de cenx des Tertus , etc.
t
Crébillon commen^a une JBIort éCAgis , qu'il n'acbeva
Dint. On prétend que c'était la mört de Charles I , dé«
iiisé sous ce nom.
MÖRT D'ASDRUBAL (la) , tragédie de Montfleury
ire, 1649.
Cette piéce pouvait étre égaicment iDtitiilée , la Reine de
arthage, Asdrubal , chef ou prince de cette République ,
a rieD épargné pour la défendre ; mais tous ses eflbrts ont
Idé k la fortuue des Romarns. Déjå la ville a été rédnité en
»ndres ^ et le re^te des hdbitans est contralnt de se jeter dans
a fort , son dernier asyle. Asdrubal , qui sait que Scipion
Fordre d'anéantir la nation Carthaginoise , prend le honteux
irti d'aller trouver ce General , pour Tengager å épargner sa
mme et ses deux filles. De son coté, il s'engage åliii livrerle
»rt qu'il tient assiégé. Cette proposition est acceptée , mais
3phronie , femme d* Asdrubal , vient aux yeux méme de
:ipion , reprocher k son mari sa faiblesse et sa perfidie ; elle
3Ut périr avec ses concitoyens > et obtient la liberté de ré*
394 MOR
toiTrncr an fort qii'c1Ic a qnitté. Ses deux filles viennent laire
de iioiivollcs tcntativcs al1pr^.s de Icnr påre, et ne réussiss^t
])as niiciix. Cominc lenr mdre, olles rcfnscpt l'asyle qtii lenr
est oflert rlicz U^s Romains , et venlent s'cnséveljr sons les de-
lans de lenr patrie« Sophronic rcparait iine secodde fois; mais
c'est dans Tétrangc dcsscin de poignarder son éponz. Elle eo
est cmpechée par Amilcar^ qni, la croyant coiipablo de tralu-
son, acconrt pourrimmoler elle-meme. Il est arrété, et bien-
töt remis en liberté, å lapriérc d'Asdruba1. La tréve expire ;
tons les Carthaginois rentrciit dans Iciir fort , excepté As-
drubal ,qiii y conduitlesRomainsparnn soulerrainnon-gardé.
Alors Sophronie s'enferme dans une toiir , d'ou elle pcut
etrc vue en dcbors , poignarde ses deux fillos , les jite
dans nn biicher ardent , et s'y fait jetter elle-méme , apré»
s'étre poignardéc. Asdrubal , désespéré de toiit ce qu*il voit,
se doiine la mört k son tour, et vient ejpirer sur la scéne»
en mandissant ses trahisons. Tel est le fonds de cette tragédie,
dont les caractéres, le style et la conduite sont également
dLfectiieiix. D'ailleiirs , Pauteiir n'a fait que mettre en ven
le Sac de Carthage , tragédie en prose de Laserre , doDl il
a siiivi le plan , et conservé tous les défauts*
MÖRT DE BRUTE ET DE PORCIE ( la ) , ou Ia
Vengeance de la Mört de Cesar, tragédie par Guérin
de Bouscal , 1637.
Ce siijet fut traité par 1'abbé Boyer , dans sa tragédie ii|-
tiliilée : la Tragédie Romaine. Tout le monde conoait k
trait liistorique de Brutus et do Gassius , vaincus par Octave
et AiiffMne , dans les champs de Phylippe, Cest ce trait de
Thistoire romaine qui fait le fonds de la tragédie de.
Gncrin de Bouscal; cette piöce est faible. L'Auteur, en vou-
luiU peiudre les Romains ^ et sur tout le caractére do Briitiu
• i
MOR 395
et celiii de Cassius, asouvent mis Penflure et le galimathias
å la place dii sentiment et de la noble fierté.
Voici un passage de la description d'une bataille , qui en
fournit la preuve :
Ce ful lors que FEnfer fit voir en abrégé ,
Ce qu'Il a de plus noir et de plus enragé.
Ce fut lors , qu'*oa craignit que le Ciel en col^re
Voulut noyer de sang Pun et Fautre hémisph^re ; |
£t que Bellone ménie , hérissant ses cheTeuz ,
Arrétåt sa fureur , poUr recourir aux yoeux.
L^assurance et la peur , k travers la fumée , ,
Repassérent cent fois de Fune II Tautre armée :
Et la vicloire crrante , en ce danger mortel ,
Douta qui resterait pour lui faire un Autel. \
MÖRT DE CATON ( la ) , tragédie en cinq actes ,
en vers , par M. Tabbe Geoffroj , imprimée en i8o6.
Gette tragédie, imprimée sous le nom de M. Geoffroy,
n'est poiirtant pas de M. Geoffroy ; elle descend en ligne
directe de M. Cubiéres-Palmézeaux ; mais elle est Tenfant de
son enfance. Comme il est assez naturel d'aimer ses premiers
nés 5 il voulut la publier , apres avoir produit beaucoup
d'autres pieces, et lui donner sur ses cadettes une espéce de
supériorilé; mais, comme il craignait d'avoir communiqué a
son ouvrage la faiblesse de Fåge oh il Tenfanta , il crut
de voir s'étayer d'un nom celebre. Cest probablenienl? ce
motif qui a engagé Tauteur k le mettre sous celui de M»
Geoffroy. Ce qui nous autorise å penser ainsi , c'est que
M. Cubiéres - Palmézeaux , qui n'a voulu paraitre que
Tedi te ur de cet ouvrage , Ta enrlchi d'une préface dan»
laquelle il donne , å celui qu'il en suppose Tautcur, les
eloges Ics plus justes, quoiqu'ils puissent paraitre quelque-
fois exagcrés, M. Tabbe Geoffroy , prenant ces eloges pour
.♦ ■&.-.
396 MOR
iine critiquCy cita M. Ciibiéres-Falmézeanx k comparoir
par-dcvant le Jiige-dc-Paiz. Cc dernier^ comparaissaot en
personne , déclina la jurisdiction du Jiige-de-Paiz /le quel,
adoptant Ics motifs du déclinatoire y renvoya les partiet
devant lo tribimal d'Apollon , juge supréme en cetto
znatiére.
MÖRT DE CÉSAR ( la ) , tragédio en cinq actes , en
vers, par Sciidery, i636.
Bnitus et Cassius con^oivcntle desseiu d'assassiner César,
au premier acte | et rexécuteiit an quatriéme. Le cinquiéme
contient Téld^e funébrc de César , et finit par son apo-
tbéosc.
La condiiite de cettc piéce est assez réguli&re ; les pensées
et le stylc sunt analogues au sujet et plus encore au temsoå
écrivait Scndery.
MÖRT DE CÉSAR (la), tragédie en trois actes, par
Mlle* Barbier , attribuée å l'abbé Fellegrin , 1709.
Brutus , animé par les discours de Porcie , völe aa
Senat , et donne la Ilberté å Rome. Les trois demlera actoa »
dont Brutus fait les honneurs , re^urent des appIaudissS"
mens; ce républicain seul intéresse et parait grand. Pouxqnoi
avoir mélé de petites intrigues d'amour , å une actlon qui
pouvait se soutenir par les grands ressorts de la polltique,
de Tambition et de la Ilberté romaine ? Ges passions doivent
figurer seules dans ce sujet, qui fournissait assez par lui-
méme ; mais il fallait la main d'un grand maitre pour les
mettre en mouvement. Ccst cc qu'a Cait depuis Voltairs
daos la piéce suivante*
MÖRT DE CÉSAR ( la ) , tragédie en trois actee ,
par Voltairc , I743»
■^
MOR 397
TiCS femmes ne jouent aucun role dans cMe trag<^die ;
élles eussent mal figuré , sans doute , å coté de Brutus ot (fe
Cassius. Cest vraisemblablement ce qui a engagé Fauteur k
donner sa piéce en trois actes ; car il eut éié dangereux de
ne parler que politique et liberté , durant cinq actes , k
ime nation accoutumée k voir soupirer Mithridate sur le
point de marcher vers le capitole* Il serait å soiihaiter qu'oa
mesuråt ainsi rétendue de cbaque piéce å celle da sujet ; oa
ne \errait plus ni actes languissans , ni épisodes mendiés;
défauts dont peu de noi^ meilleurs drames' sont eyempts.Gelui-
Iri renfermc des carac teres sublimes, et le stylc répoad 4 la
grandeur des caractéres ; c'est le génie de Corneille^ ezempt
de barbarismes et d'irrégularités.
L'abbé Desfontaines pärla d'abord assez mal de cette
tragédie ; mais Voltaire , par 1'entremise de quelques amis ,
et par des lettres de politesse , parvint k ramener le pério—
diste au nombre de ses partisans. Gelui - ci rejeta sur
Téditenr, ce qii'il avatt d'abord criliqué dans cette piéoe*
Voici comme Tabbe Desfontaines parait revenir de soo
premier jugement. « Comme M. de Voltaire m'avait mande
» que Féditeur avait extrémement altéré sa piéce, )'ai eu la
» curiosité d'aller voir Toriginal chez M. l'abbé Åsseliiiy
y> proviseur du Collége-d'Harcourt, qui a bien voulu me
s permettre de lexaminer. J'y aitrouvé , eneffet^ plusieurs
3) difiérences importantes. Au surplus , je sais de source , et
» å n'en point douter , que M- de Voltaire n'a eu aucune
» part , ni directe , ni indirecie k Tédition qui a paru. Les
» fantes grossiéres de Téditeur m'avaient prévenu contre la
3» piéce , et me Tavaient fait regarder comme une ébauche
» informe 5 Uoriginal , lu avec attention , a changé mes
» idées. » Observations sur les Ecrits mödernes i Toin,JJJ'*
398 MOR
MÖRT DE CRISFE(Ia), ou les moeuks dv »bakd
CoNSTANTiN 9 tragédie par Tristan , 1645*
L'aiitciir ne se »ciitant pas assez de talent pour presenter
avcc décence ramour d'uoe belle-mére pour le fils de son
niari , le cachc de fa^on qiic , quoiqiie Crispe soit assez ini-
truitdc la passion qui falt agirFausta, on puisse s*y tromper^
et prendrc la jalousie de Timpératrice pour un efiet de sa po-
litiqno , qui la portc å empecher Tunion de ce prince avec
Constance , fiUe de LIcinius. Trislan lui sauve encore IV
dieusc accusatioa d'inceste , et k Constantin rinhumanité de
condamner å la mört un fils ionocent. Ce dernier succombi
sons refTort du polson préparc pour Constance. L'impératrice,
apprcnant que sa vengeauce esl plus complclte qu'elle ne b
souhalle , et qu^elle a envcloppé son amant avec sa rivalcy
cede å ses rem ords » et avoue ses crimes* Constantin , pett
maltre de ses premiers transports , lui ordonne de les ezpier*
Avant qu^il ait eu le tems de faire ses reflexions , on vient
lui annoncer que cette princesse a perdu la vie dansunbaiik
Ii*empereur ne peut s'qmpécher de la plaindre; et, regBidant
cclte suite de malheurs commc un efiet de la colére divinm
il prend la resolution de ne plus difierer sa con version 1 etdif
faire adorer le Dieu des Chrétiens dans toute l'etendue in^
son empire.
MÖRT DE C YRUS ( la ) , tragédie, par Quinault , i€S6.
Ccst avec raison que Boileau s'est moqué de ces deuz
vers par oh débute Thomiriar*
Que Ton cherche par-tout mes tablettes perdues.
Et que , $ans les onvrir , ellcs me soient rendues.
Ces tablettes mystérieuses ont été trouvées dés rouvertnre
de la premiere .scéue. Elles rcnfermént des vers tendreSi
jj;ravés pur une rcine des Scythes , en favQur des menctriers
■ ...»v
Ii o R 399
ie son (ils. On dirait enfin qne , sans ces tablettes , 1'auteur
ii'aurait pu lier Pintrigue d'une Iragédie , qui se dérioue par
la mört de Thomiris et celle de Cyrus.
MÖRT DE DÉMÉTRIUS (la), ou Le Rbtablisse^
MENT d'Alexandre , roi d^Epire , tragédie par Tabbe
Boyer, 1660.
Artaban, apres avoir faitpérir Pyrrhiis, roi d'Epire, s'est
emparé de son trone , et a marié sa fille Arsinoé å Démétrius,
qu'il a nommé pour son successeur. Démétrius n'a accepté
cette alliance, que pour conserver la vie au jeune Alexändre,
fils de Pyrrhus, legitime hériticr de TEmpire , et sauver la
princesselsménie. Cestramour que Démétrius ressent pour
la Priucesse ; et rétroite amitié qui Tattache å Al^^^Lndre ,
quoique son rival , qui causent son embarras , et qui font
le nceud de la piéce. Sans se laissep attendrir par les plaintes
dArsinoé , Démétrius est dans la resolution de restituer la
couronne au Prince , et de satisfaire ainsi aux droits de
Tamitié, Il espére qu'un prpcédé aussi noble pourrå tou-
cber son amaute. Alexandre , ne voulant pas étre vaincu
par son rival , en générosité , s'enfuit secrétcment , pour
éviter l'abdication de Démétrius. La Princesse, de soncotéy
sort du Palais , et court sur les pas de son amant. Ils sont
pris l'un et Tautre. Milon, qui est amoureux d'Isménie , fait
cntendre au Roi , dont il est le favori , que cette fuite est
concertée. Démétrius , ajoutant foi aux discours de ce per-
fide y fait quelques menaces ; mais son amour et son amitié
en empéchent les eifets. Cependant Fambitieux Milon et la
jalouse Arsinoé s'unissent pour se venger du Roi , qui est
a ssassiné par son Favori.La Reine , livrée å ses remords ,
ne songe plus qu'å traverser les desseins du traitre; et, sacri-
fiant sa propre vie , elle sauve celle d' Alexandre. Milon , qui
^00 M o K ^
I^norc cctte resolution , croit toiic i inoilMiiltllÉ|
sur le Uojic , et d*obligcr la Prioccsse k c nsentir k Fcpri
inais Ull lut appreud que la garde da ^lalais aitlBnll
surt pour arréter celte émeule , re^oit une bknknJf
icUc y et vient expirer aux picds d'Alezandre et Slté
apr<^s uvoir fait Taveu general de ses crimes*
MÖRT DE DUGUESCLm ( la ) , drome hénkpå
trois acteii , en vers , par M. Dorvo , tombé au diéttnl
^aii en 1807. P^oyez l'art.M» Dorvo»
MÖRT DE 60RET (la) , tragédie burlesque en m
par MM« Fleury et de Lorme, å la foire Saint-lM
1753.
Un médeciQ avait un cocbon qu'il afiectionnait.befli
c 'é tal t aa cousolation dans toutes ses afflictions ; sa l
tion aprés une longue étude. La femme de ce médecin;
qu'on le tuåt , roais le mari cut plutSt consenti å voir
son épouse , que son cochon. Gette femme était aii
juge du lieu ; et elle avail résisté longtems å ses poa
Ello lui promit qu'elle ne lui refuserait rien , 8*11 1
boul de tuer Goret. L'amant ne fut pas longtemps si
cuter ce qu^on demandait de lui ; mais il n'eut pai
compense qu'il attendait : car cette femme , furieus
que Goret était mört , accabla d'iojures le meurtri
ne sait trop pourquoi , å moins que ce ne soit poi
lieu de parodier la scéne , oh Hermione reproche å
la mört de Pyrrhus. En efiet , elle se sert des propi
du Racioe, poux injurier son amant.
ORT D'HECTOR ( la ) , tragédlc , en cirtq actes ,
'ers , par Luce de Laocival , aux Fran^ais. 1809*
auteur de cette piéce a plus d*mi tilre å l'estiine dö
astérité/. Oa liii dolt plusieurs tragédics qui , saDs ayoii:
au le méme succés quc celle-ci , n'eD prouveut pas
IS UD talent distingué et digne d'une plus graude
Igence de la part d'un public , souvent trop sévfere
gärd de ceux qui consacrent leurs soins et leurs veil-
i lul proclircr des jouissauces. Ce n*est pas toutefols
la tragédie de la Mört d^Hcctor soit exempte de tous
oches. DVbord , od peut, et Ton doit dire qu'elle est saua
»D, et conséqucmmeiit sans iotérét; et que, si le mérite dii
i ne rachclait pas ce défaut essentiel , elle serait trés-
lyeuse. Il faut rejeter sur Tingratitude du sujet la froi-
r qui regne dans le plan general de Touvrage , et attribuet
succés au talent que Fauteur a su développer dans les dé-
Ib Ce n'est pas encore que , sous ce rapport méme , la piéce
totit-å-fait exempte de reproches; maisles taches sont
géres , qu'clles ne fout que mieux ressortir les beautéa
tableaui
i'Illiade est une mine 01^ plusieurs auteiirs ont puisé aveö
. ou moins de succés, mais il ne s'y trouve peut-étre pas do
t plus ingrat que celfii dont Luce de Lancival afait choix.
rfoutaiue avant lui Tavait essayé 5 et , comme lui , il
it su pluire par la richesse des détails , sans pourt4u£
/enir å inspirer cet intérét puissant qu'on exige dans une
édie. Nous osons croire que Racine lui-méme Taurait
ilement tcnté ; mais Racine se serait bien gar4é de choi-^
m sujet , dont le héros périt les armes å la main , aii champ
jnneur, et dont la mört, conséquemment, loin d'inspireif
jrreur ou la pitié , ne peut étre que digne d gnvie. (Vpyez,
r Tanalysc, la tragédie å^Hector , par Clairfontairie.)
Vonie P'li C c
k
IVrORT D'HECTOR ( la ) , tragédle , en cirtq actes,
en vers , par Luce de Lancival , aux Fran^ais. 1809*
L^aiiteur de cette piéce a plus d*uii tilre å l'estime dö
la postérité^ On liii dolt plusieurs tragédics qui , sans ayoii;
obtenii le méme succés que celle-ci , n'en prouvent pa«
moiiis UD talent distingué et digne d'une plus grände
indulgence de la part d'un public j sOuvent trop sévfero
å Tégard de ceux qui consacrent leurs soins et leurs veil-
les å lul proclirer des jouissances. Ce n*est pas toutefois
qUe la tragédie de la Mört d'Hector soit exempte de tous
reproches. D'abord, on peut, et Ton doit dire qu^elle est sauä
action, et conséquemment sans intérét; et que, si le mérite du
style ne rachetait pa^s ce déFaut essentiel , elle seraiik trés-
ennujeuse. Il faut rejeter sur Tingratitude du sujet la froi-
deur qui rfegne dans le plan general de Touvrage , et attribuet
son succés au talent que Tauteur a su développer dans les dé-
tails. Ce n'est pas encore que, sous ce rapport mSme , la piéce
soit toUt-å-fait exempte de reproches; maisles taches sont
si lég^res , qu'elles ne font que mieux ressortir les beautéa
clu tableaUi
L'Illiade est une mine 01^ plusieurs atiteiirs ont puisé aveö
plus ou moiiis de siiccés, mais il ne s'y trouve peut-étre pas dia
sujet plus ingrat que celfii dont Luce de Lancival afåit choixé
Clairfoutaine avant liti 1'avait essayé 5 et , comme lui , il
avait su plaire par la richesse des détails , sans pourtaut
parvenir å inspirier cet intéret puissant qu'on exige dans une
tragédie. Nous oSons croire que B.acin6 lui-méme Taurait
inutilement tenté ; mais Racine se serait bien gar4é de choi-^
sirunsiljet,dont le héros péritles armes åla main , aiichamp
d'honneur, et dont la mört, conséquemment, loin d^inspireif
la terreur ou la pitié , ne peut étre que digne d gnvie. (Voyez,
pour Tanalyse, la tragédie å^Hector , par Clairfontäine.)
To me F^Ié C c
40S M O B.
Sconin a traité ce méme 8u jet; mals avec beaucotip moini la
iiiérite que Clalrfontaine et Luce de Lancival» Ce dernur
u point Hector et Andromaque sout les plus belies cou-
leurs 9 mais il a peut-etre rendu Fåris trop intéiessant.
MÖRT DUENRI IV , (la ) tragédie en cinq actes , m '
Ycrs 9 par M. Legouvé , aux Frao^ais , i8o6*
Oa retrouve dans cette pifece tous les caractires du styb
de M* Legouvé , c'est'-å-dire Télégance et l^ormonie. On y
rcmarque anssi une foule de pensées noUes et liberales , ez«
primécs avec force et sans a&ectation ^ ce qui est asses raia
daus les tragédies que nous avons vu rcprésenter depois dis
finsh
Lecaractére d'HenTjIV est tracé d*une maniére largect
Vigoureuse ; ce bon , ce grand Roi y est peint sous ces traiti
nobles et aimables qui le faisaient å la fois chérir et leapeo-
ter. Un reproche que Ton pourrait faire k M. Legoufi'»
c'est cclui de s^étre laissé forcer , par la nature de son snjet^
de rappelcr quelquefois les taiblesses d'un Monarqae ^ dm'
la postérité ne ven t connaitre qut les vertos* D^autres Inl éd ^-
reproché de ne pas avoir su peindre toute la bonhomie di !
son héros; nous croyons, nous, devoir Ten louer. Le vainqueiitf . ;|
de la ligue ne de vait pas parattre sur la scéne tel qu'il étut kn$ \
ses amis, rar il en avait, etc'est peut-étre le seal roi qni enilt' i
eu de véritabics , st qui ait su les conserver ; cette bonbomii
•ut été trop contraire å la dignité de la tragédie. Néaninodil
M. Legouvé a tappelé quelques-uns de ces möts si simj^j
et si grands tout å la fois , qui peignaient 1'fime da pAra da
pcuple ; mais il n'a pu leur donner toute la naiveté toucliaiiti
d\in style qui n'est plus d\isage y et qui aurait falt sonrut
dans Tempira de Melpomiua , oii Vou ne doit que Mwk
MOR 40S
t>\i Verser åen pleurs. ISToiis pensons donc qiie la faragédie dé
M. Legouvé ^ solis le rapport du style , est le méilleur ou*
Vrage que les Gomédiens Fran^ais aient joué depnis dix ans.
II noiis reste mainteaaDt å examiner lä marche de la piéce;
notis l^examiDerons avec soin ^ et sans nöus perDciettre de la
toitiparer avec celle d'aiiciin autre ^ parcequ'ici nous devous''
iions interdire toiite espéce de c om paraiso n.
Henri ouvre la scéne ^ et développe å son ininistre , ou
))1ut6t å son cber Sully , le plus vasie , et le plus beou projefc
qu\in monarqii^ ait jamais conigu ; celui de forcer par la
guerre -, toutes les puissances de l'£urope å réconnattre un
tribunal qili devait les maintenir dans une paix éternelle. Cd
grand Roi doit partir le lendeoiain pour commencer rexécu-^
tion de cc généreux desxein ; mais il ti^ed a pas plut6t exposé
le plan , qa'on apprend qu^une conspiration se forme contre
sa vie. C 'est Tambassadeur d'Espagne qui en est rinstiga-^
teur^ c'est le duc d^Épernon qui A'en fait rinstrument. Lé
premier est excité par le fanatisme ^ le second par une fu-^
tteste ambition ; celui^lå Veut perdre la Fr aiice, celui-ci veut
perdre son Roi ^ poiir régner k sa place*
L'ambas$adeur d'£spagne n^est qu'un persoonage sécon-»
d%ire qui faitbeaucoupdetriére latoile^ mais qui parait pen
sur la scéne» Le duc d'Epernon) au contraire^ chargé de Vexé4
tution d^un horrible projet , forcé d'en foumir les mojréns ^
parait souvent sous les couleurs du phis profond des scélé->
icats. l^our s'assurer de Tinipunité du crime qu'il ttiédite ^
jl faut qu'il s'assure de la protection de la Reine ; il faut
{>lus 9 il faut qu'il la rende sa complice* Il connait le ca-^
ractére de cette Princesse , il sait qu'olle est ambitieuse et
)alouse; c'est piu: ces deux passions qu'il Texcite au plus
odieux des forfaitSé Henri va porter ses armes en Flandre»
La jeune Gondé est å Bxitxelles ; on. sait que les charmes de
^ Cc 2
4C4 M O fi.
cctte Princcssc ont aiitrcfois (ouché le cceur du Roi ; on pep«
»iiadc å Médicis qii'il uc va combattrc queipoiir enlever
et epouscr cct objct de son amour. A cette nouvelle, la Reine
s^indignc et fait Ics plus vifs reproches k Henri d'une tpUa
pcriidic. TouLefois le sagc Sully parvient åla reconcllier avac
son éponx, par desmotifs, dont il lui fait sentir toiite laforca
cttDiite lu jiistirc.LcRoi vapartir; t ranquillo sur les sentiment
do Médicis , il lui iaisse les renes de son empire , tt rnnion
rc^no cntre cux ; mais d rlpernon, pour avoir été nne foia dé-
juué dans son pro jet , ne Tabandonnc pas. Il est possesseut
d'unc lettre écrite aulrefois par Henri k M.Ue d'EntTaigne8 ,
daiislaqucllcce Monarquepromettait k cette femnrede Tépoii-
ser. Cetlc leLtrc étant sans date et sans adresse , d^Epemon k
suppose écrite de la vcille , et adresséc å M.^^e de Condé. En
voilå trop pour réveitler toute la fureur jalouse de la Reine.
Le traitre y joint encore des motifs d'ambition ; enfin il or-
raciio k Médicis la perniission d'assassiner Henri* Helas ! cet
ordrc aboniinable u'est pas plutot donaé, que le repentir
entré dans le coeur de la Reine : elle le révoque ; elle appelb
dT/peinon pour lui défendre de l'ezécuter ; mais il est trop
tärd. Sully vicnt, et lui apprend, le désespoir dans TånM)
que le plus grand des Rois de la France , vient d'expirer souf
les coups d^ln obscur assassin.
Le rcproche le plus grave que Ton puisse faire ä cette jXoMf
dontia marche est d'ailleurs cntierementdans les réglesde Tärt,
c'cst que le consentement de Médicis , å Fassassiaat de son
époux , n'est point nécessaire au duo d'£pemoD ; que cet
assassinat peutétrc commis k son ins^u, et méme malgn
elle ; qu^il est médité depuis long-tems , et qu'eniln ce coD'
seiitement , accordé dans un moment de fureur aveuglojoe
produit aucun resultat. Du reste, rai*^'*'^^ a su se ménag^t
iliius igs wouvcimcus de Tintriguo , " ....-^»••aw «adi^
MOR 40D
Telopppment des caractéres des deux personnageslntéressaos ,
Henri et Sully 5 et ce n'est pas un laible mérite qiie de savofr
ainsi ménager le terrain, pour y développer de grandes
baautés.
Enfin, nous devons ajouter qiie cctte piéce fait beaii-
coup plus d'effet å la lecture, qu'å la representation , parceqnö
Faction en est peut étretrop simple pour nos gouts actueis,
MÖRT D'HYPOLITÉ (la) , tragédie en trois aptes , en
vers, par M. Cubiéres-Palmézeaux , i8o3.
Il en est des tragédies de Racine , comme de ces vieilles
idoles auxquelles il n'est plus permis de toucher , å moihs de
8'exposer å voir lancer sur soi le terrible anathémer; c'est cé
qui est arrivé å Tauteur de la ilf ort d'flypö//te. Lorsqu'!!
publia sa tragédie y toute lasecte des dévots Raciniens se leva
en masse. Les uns voulaient que Pimpie Cubiéres fot brulé ;
les au tres , plus tolerans , se contentérent de le tourner en
ridicule , et s'efforcerent de nous le peindre comme un ex-
travagant et un fol* Il y avait autant de témérité que d'ini-
>justicedans ces jugemens précipités ., et Ton voit que la plu-
part ne s'étaient pas donné la peine de lire* Il est yrai que
M. Cubiéres a tort dWoir osé se comparer å Racine,
dans le dialogue qui se trouve en tete de sa tragédie, et qu 'il
pouvait refaire la figure d'Hyppolite ål^grecque, puisqu^il
la Irouvait trop fran^aise , sans pour cela se permeltre d'at-
taquer le tableaii de Racine , et celui de M. Guerin , fait d^a-*
prés Racine. Il est dangereux de vouloir changer des Jigurcs
dont le beau sexe rajfolle , et ne fut-ce que dans la crainte
' de déplaire å ce sexe enchanteiir, dont M. Cubiéres raffole a
lon tour y il aurait bien du refaire son héros Grcc , sans
déprécier le héros Eran^ais.
Sans doute, la tragédie de M. Cubiéres est bien lufériGure i
r
4o6 MOR
cellc de Racine ; et , poiir cctte fois, nous en seroascma anrpK
role; mais il ne faudrait pas exi conclure qu'clle est sanamé^
rite. Son héros on efiet est plus Grec ; la figure de son Thésé»
elic-ménie , a qiiciqiie chose de plus antique que dana
Racine; mais sa FliÄdre est une pleureiise éterneUe, une
fole q ni a le cerveau felé , et qui n'a ni le courage de &ire
des sottises, ni la forcodo réparer cellen de saaerrante* Qnant
au coloris , il s'cn faut beaiicoup qiril ait le gracieux et la
fi[ii que Ton ne rcsse d'adniirer dans la tragédie de Racine*
La touche de M. Cubiéres a quelquefoia de la noUesse et de
la vérité, mais ellc est fort inégalc, et y pour cette foia, rémtile
et rann du peintre des Graces a cessé d'étre gracieux ponr
étro Grec*
MÖRT DE MOLIERE (la), comédie en trois actes»
en vers , par M* Cubiércs-Palraézeaux , 1788*
Gette piåcc fut rc^uo aux Fran^ais en X788; mais.elh
ii'y fut polnt représentée. L'Auteur prit alors le parti de k
iairc iniprimer , et nous a prouvé qn'un bon ouvrage n'apu
besoin du secours des comédicDs pour se faire lire » surtonl;
iorsqu'il présente un but moral et philosophiqae auasi pKK
noncé que celui que noiis ofire le sien^
Cc serait étre in juste que de juger cet ouTrage dans tonfé
la rigneur des régles de Tärt dramatique* Ge n*eat point noa
comédie; ce n^est point un drame; ce u'est point une piice
d^intrigue , ni une piéce épisodique , ni un ouvrage de cft^
raclére; mais c^est un composé de tous les genres , oåPoB
trouve du talent et de Fiutérét^
La scéne se passé dans la maison de Moliére^ C 6 grand
Jiomme ^ seul , attend avec impatience son ami Chapelle>
qui lui a laissé une comédie de sa composition , iotitulée*
V Tnsouciant. Impatienté de cc que son ami ne lui rappo^e
pds le mauuscrit dn Målade Imaginaijé^qo^il lui a confij)
MOR 407
s^assied aupr^ d^une table , lit tout bas Ie5 premiéres
^aes de VInsouciant y et en porte ce jugement :
Encore de IVsprit, des traits Tifs et brillans;
Des dé talls fins, légers, et des portraits saillans':
Un jargon de ruelle , un tou de pérsiflage ,
Qui , sans doute , des sots , obtiendra le suffrage :
Mais pas le sens communy pas Tombre de raison^
£t de grands sentimens , toujours börs de saison.
Croit-il I mon pauyre ami , que , pour la comédie ,
L^esprit soit sufHsaat? Du bon sens, du génie 9
Voilk, voilå surtout les dons qu'il faut avoir.
Tel qu^il est , en un mot , Phomme cherdie ä se ymr*
£t non tel qu''on Ta peint dans cet oeuvre infidéle c
Qui manque la copie , est sifflé du modéle.
Chapelle arrive en frédonnant un air \ bolre , rend å
oliére le maDuscrit du Målade Imaginairey et lui fait
cette piéce un eloge franc et naif. Moliére ^ non moins
inc que son ami , lui dit que VInsouciant est uue idauvaise
^ce* Chapelle doute , et prend pour juge Laforest , servante
Moliére. On commence la lecture de )a piéce qu'elle croit
e de son maltre; mais & peine Moliére a*t-il lu une
igtaihe de vers de VInsouciant , qu'elle båille et s'ebdort y
oiqu'e11e soit debout. Moliére , et Cbapelle lui - méme
nt beaucoup de ce trait. On réveille la bonne servante^
on la renvoie.
Cbapelle avoue bonnement son impuissance k faire des
médies ; Moliére lui répond :
Vous pourriez, comme un autre, ayec du teras, des peiaesj
Arranger une intriguje et filer quelques soénes;
Nais il faudrait , d^abord 9 mieux choisir tos sojets :
C^est de-lä , seulement , que diSpend le succéé.
Jj Insouciant / quel titre ! Un pareil caraetéra
PcHt foumlr tou.t au plus une csquisse l^m;.
4o8 MOR
U iiVsi quVpi^iliquc; c( , pnur le bten traitrr^
C^'st au fond du tahlcau (jiri! iAut le presenter*.
VouI^•z•^olIS n'iis>ir ? IVipncz dans vos ou\rages ,
L^K>iiiini' de tous los teins , reliii de tous les ftgei %
Drsdiijcz larpMurnt. Que de tous vos pnrtraits,
A Pji is , rtuiiuir a Londres ^ oii admin* les traits.
Au\ pcliMrrs des b« luloirs, laissez la iriLoiature^
l!t so^ <-7 , .>>'il >c pcut , grund coiiimc la naturc.
Voila dos ])ruceptcs qu'!! est bon de rappeler, aiijomw
dliiii suituut 9 fl 110 Ton croil avoir obtenu -du succés bq
tliiÅUc , rjuniid oii 3' a ftiit appluudir quclqucs vers jap^
gniigtisy til q 11*0 11 y a filé qiielques scéocs de boudoirs.
On vieiil cliorrhor Moliere ponr niic répétilion^ il sort, et
liiisse (Jl.apcile rboz Ini. La fcninic de MoliércTy rencontre,,
et liii Icut dos rr proc lies sur la vie trop dissipéc qu'il fait
nici^er å sou icari. Mais c^est dans la scdDC su i vante que
Von diicQiivre, toiite eiiliårc, Tame baiitajne et arrogante d.»
ccLLc icuiujc. Baron aiaic Isabelle , et Moliårq veut en {aire
son gcndrc^ mais Le marquis de MilLlore denxande li^xnain
de lu jeuno persoune, et c'est Ini que préfére la Moliere^ ce
qni fait naitre unc contcstation cntre le mari et la femnu^
d<'ins Itiquelle Mollire dtiveloppe le sage systéaie de v»
poiul SOI ii r de son état. Forcéo de rooipre la conversi^tiiQfi
sur re point , la ]yioliere la reporte sur la santé de son oaaru
l-l!!c v en t le dctonrDer de joner dans le Målade Imoginair^*.
( /'^oye'z cette pihce , vous. y trouverez la réponse ds
3Ioiii*n'.. ) L'arrivée de Burou fait fnir la MoUdre. Ici 9*
tr')?'.ve lo trait de gémTositti de Moliére envers Mondoi^
{ A"";)! (»z Vart. 3{ollére») Envain ^ Isal>elle, Baron, Cha-
yvWi^ vi Man villain , son arai , s'opposent k ce qu'il jj^oue<daDft
11- Målade Imapnaire ; Molidre est inflexiblCit
'i\)ule lii iiu de cet acte a uu cbarme attachant. Ifo^i^
nuiiade ^ entourré de ses arnis , de sa famiUe 3 atnsibb i
MOR 4yj
leiir ioquiétudé ; s'obsliriant å joner la comédie par un
motif d'hamanlté , etmarchant vers la mört, pliitut qiie'de
cesserd^étrc bienfaisant, jéte dans Tåaie un mélange d'intérct,
de sensibilité et d^admiration auquel il nous semble qn'ii
est impossible de résister.
Mollåre va donc joner le Målade Ima^inaire; mais bientot,
ce qn'avaient prévu et sa ferame et sa fille et ses amis arrive.
Chappclle acconrt , appelle Laforest et lui raconte FaccidenU
Pre.sr|u'aussltot Moliére entré sontenu par safiUe et par Baron;
et , apres avoir fait un léger acte d^apparition sur la sreno, on
rcinporte dans son appartement. Tout le monde I y suit, cx-
cepté Baron. Apcine est-il seuljqu^on annonceM. de Montau-
»ier. Sa visite est un hommage quelaprobité renda la vertu et
aiix talens. Il est suivi de Phypocrite Pirlon , qui vient ,
ponr aiusi dire , insulter aux derniérs momens du grand
homme ; mais M. de Montausier le méne vigoureusement:
cette scéne montre en raccourci le Misantrope aux priscs
«ivec Tartuffe. En parlant des vioes qu*a tcrrassés Moliére ,
Montausier dit ;
Ccs monstres parmi rous , leraient leiir lete altirre :.
Au glaive de Thémis , tout fiers d''elrc écliappés \
D'*un joycux an.ithéinc , il les a tous frappcs 9
Ils »)nt senli les Irails dcsa verre féconde ;
£1 , couinie un autre Alcide , il a purgé le monde. .
Ces vei*s sont aussi beaux que vrais. Moliére £neurt:on sait
qn'il doit monrir. Il n'y a plus ici m curiosité, niincertitude,
et les ressorts qui pourraient soutenir Tattention et Tiutérét
qu^exige uu dénouemcnt, ne nous semblent pas compensés
par la sceue de Pirlon et de Montausier > ni par les doléance.s
d'Isabelle , ni par son apostrophe au portrait de son pere^
le ^rau J n ico de. cette picce est le défaut d'action ; maia
410 MOR
cc vice est rachcté par de tres-be aux détails ; en irn mttf
c'est 1111 ouvrKge qiii (ait aiitant d'honneur å resprit mi'n
cociir de M. de Ciibiärcs*
MÖRT DE IVIUSTAPHA (la) ou Solimak , tngéd»
par Mairct, i63o.
Soliman , sédnit par les artlficcs de Roxelane^ et condam-
nant son fils k la mört, a fourni la matiére de- plus d'nne
tragédie. Mairet a radouci le caractéro de Roxelane* Elb
pcrsécute MusLapha , moins pour conserver le tréne å no
propre fils , q no pour le soustraire å la mört , q u 'il ne peat
é vi ter si Musla^ha regne. Cest Rustan , visir , qui fabriqnc
Tacte d'accusatioD , et qui en conduit toute la trame.
Despine, fille du roi de Persd , mais travestie en homnMi
a osé pénétrer dans le camp des Tures ; elle veut jngerptf
elle-méme de la fidélité do Mustapha, qui , autrefois pi*
sonfiler des Fersans, lui a donné sa foi , et a re9u la sienne^
Un seul confident la suit , et la trompe en croyant la servir» \
Loin de remettreå Mustapha une lettre qu^elle lui confie j d
un blanc - seing oCi se trouve attaché lo sceau du roi di
Fersc , il décbire l'un et l'autre« Ges fragmens sont remis as
visir y qui en fait usage pour faåter la perte dn jenst
prince* On est rcvolté de voir Despine condamDéa å pjric
avcc lui , et subir cot arrét. Le cinquiéme acte aat un tis»
de tableaux cHrayans* Apr^ sa mört , Mustapha est leconn
pour fils de Roxclane 9 qui ^ désespérée que cet éclairciss^
ment soit yemi trop tärd , se tue elle-méme.
Gette pi&ceest dans toiitesles régles de la tragédie; éllerBH
scmblc Ics trois unités ; ce qui , du tems de Mairet ^'tfiétiu
pas un mérilc ordinaire. Elle offro de l'intérät , du mottV^
ment et qiielqucs caractdres.Geux de Mustapha et de RnftiB»
quoique fort opposés entr'eux, sont egalement biQO sonfeBDOBIv
MOR 4?!
Célni de De^pine ne Test pas nioins,et il a, de plus, le inérite
.d'étre neiiF. Dans letroisieme acte , Rustan est tné sur la
scéno par Bajazet , auii et confident de Mustapha^ Ce coup
de théåtre , ayant été répété dep\Tis dans le troisiénqe acte de
r —
\Edouard de Gresset, a toutefois paru neuf au public ^ et^
qui plus est , k Tauteur , si i'on en croit sa préface*
MÖRT DE NÉRON (la) , tragédie dePéchantré, 1703.
. Ij'auteur fut neuf ans å composer cefte piéce*
11 couruf alors une histoire ou un conte au sujet de celfo
tragédie. Péchantré avalllaissé sur la table d'une aubergc un
papier, sur lequel il y avail quelques chifTres , au-de.ssus des-
quels étaient ces paroles : Ici le roi sera tué. L'h6te qui
ayait déjå été frappé dela physiononiie et de la distraction de
notrePoete , crut devoir porter cet écrit au commissaire du
quartier « qui lui dit que , si Pinconnu revenait mänger chez
lui , il ne manquåt pas de le faireavertir. Péchantré revint en
efiet quelques jours apres ; et , å peine avait-il commencé
aon diner , qu'il se vit envirouné d'une troupe d'archers. Le
commissaire lui montra son papier pour le convaincre de sön
crime. Ah ! Monsieur, dit le poé*te , « que j'ai de joie de re-
trouver cet écrit ! je lé cherche depuis plusieurs jours : c^est
la scéne ou j'ai dessein de placer la mört de Néron , dans
une tragédie å laquelle je travaille. » Le commissaire ren-^
Foja ses archers ; et , quelque tems apres , Péchantré fit jouec
sa piéce*
MÖRT DE POMPÉE (la), tragédie par Pierre Corneille,
1641-,
Pompée, vaincu i Pharsale, vient implorer le secours d#
Ptolomée roi d'Egyptf ; il a d'autant plus lieu de Vcspérer, quo
<i'est par son crédit que le senat romain a raffermi la cotironne
ix\X la tete du p^e 4^ caprioce^ Mais les rois saveiit-ils étreie*
412 MOR
romiaissans! Ftolomcc, malgré Ics consciis de sa iceiir Clév-
påtrc, falt assassincr le héros romaiti; il porte mcme ^i^^-
pnidcncc jiisqii'å presenter sa tétc au vainqueur de Phanalet
César recoit avec indignation un parcil present,; cependanti
u la priérc de Cléo[xitre, doiit il adore les charmes, ilvent '
l)icii pardonner å Ploloaiéc. Mais celui-ciy furienz de 8*étre
attiré la hainu de César, par nnc actioo qui dcvait^ selontes .
rulcnls , Iiii meriter sa bienvcillancc , vcnt le faire égo^er»
CcL horrible dcssein est der ou vert par Cornelie , veuve ds
Fompéc, qiii, en femme vraiment romaine, le révéle au vain*
quonr de son mar! , sans Ini pardonner sa victoire. César si i
ticnt donc sur ses gardes ; attaque Ftolomée au momeDtoå
cc trailrc compte le siiq)rcndrc , met ses tronpes en déroufe, ,
le forrc poiir ainsi dire & so donuer la mört , permet I
Cornélic d'aller cfaercher des vengciirs k son époux, et znet
la ronroniic d^Égypte sur la tete de Cléopatrc. Corneille n^a
pas Fait de pii^ce dont la marcho soit plus simple , les id-
r idens plus naturels et le style plus noble. Le röle de Conielis
rt celui de César sont sublimes; il fallait tönt le génie ds
Corncille pour les concevoir et pour les cxécuter. T/amom
de César ponr Clé opåtre est tclicment justifié par les Tertos
de ccttc princesse ^ qu'il ne peut meme ctrc considéré comne
iine foiblesse. Quant å l'épouse de Fompée y rieti ne dépanh
beauté et la flcrté de son caractére. Sans s'abaisser deraat
César , elle sait Tengager å tirer une vengeance éclatantt ds
la niort de Pompée, et, lorsqu'elle en a obtenu tout ce qn*clle
peut désircr , elle dcmande ses vaisseaux et part en jaraot å
César de se venger de lui-méme. Cléop&tre se cooduit ta ^
Reine; elle a de rélévatiou, de lanoblesse^ de la dignfti^ -nais
non pas antänt que Coruélie ; son åme n'est pas une åns
romaine. Du reste Ptolomée est perfide sans étre bas'j Mt
Viutéiét de su couronne scmble justiGer assez , laperted^Uk <
MOR 4i3
^mme qui ne peut que Fengager dans une gnerre longuo
ot funeste : la mört qii'il se donne lui-méme prouve d'ail-
leiiTS que son courage est grand et que son cridie ne tenait
qii^å sa politiqiie*
La plus ingéniense critique qui alt été faite de la tragédie
de Pompée , est celle d'une Dame trés-spiritnelle, qui disait
que cette piéce lui paraissait belle, et qu'elle n'y trouvait
qu'une chose k reprendre 5 c'est qu'il y avait trop de
Héros. Eile entendait, par ce mot de Héros , des person-
nages qui attiraient son admiration et sa pitié; et, ne sa-
chant poiir qui prendre parti , 1'émotion qu'elle recevait pouc
chacun d'eux , n'était ni assez distincte , ni assez vive, poui;
1'attacher autant qn'elle 1'aarait voulu,
Xa fameuse NInon de Lenclos fil un )our vtne plaisante
application d'un vers de cette tragédie. Le comte deChbiseuil,
qui fut depuis Maréchal de France, se mit au rang des amans'
de cette femme celebre; mais il ne tärda pas k s'apcrcevoirque
Ninon cberchait moins a satisfaire sa vanité que son gout. Ce .
grand seigneur était rempli de bonnes qualités; mais il n'enten-
dait point å faire Tamourj il ne mettait rien de vif, rien d'animé
dans ses sentimens 3 il ne savait que soupirer. Ninon , fatigué»
de ses poursuites, et cédant å sa vanite, ne put 8'empéchec
de lui dire un jour, ce que Cornélie dit å César , en Itt
quittant :
Ah ! Ciel , que de vertus tous me faites haVr !
t
ca qui mit le comble å la honte du Gömte ^ c'est qu'il se vit
préférer un rival dont il ne se serait jamais défie'. Cétait
Pécourt, celebre danseur de ce tems-lå : ce demier rendait
de fréquentes visites k Ninon. Le comte de Choiseuil le ren-
contra un jour chez elle, couvert d'un habit assez ressemblant ,
4t4 MOR
a lin iinTormc. Apiäs qiiclqnes propos irODiqnea, la
Iiii (Icmanda d'un ton railleiir, dans quel eorpa il wenAt
Monsieur, lut répondit Péconrt stir le méme ton, ja caan .
mande un corps , oii vous servez depuis long^tBms»
MÖRT DE ROGER ( la ) , tragédie en cinq actei i
imilée de I'ÅrioAte, par Bauter, sousle nom de Iféligiossei
j6o3«
Le premier acte de cette singuliéra tragédie n passé å k
cour de Charlemagne, oh Roger se trouve avec aa diin
Bradamaute qu'il vient d'épouser. ( Voyez Bmdamanié)»
On a vu , dans cette piéce , que des Ambassadeors di
Biilgarie ^ vinrent oflrir la com'onne de lenr pays å Roger^
et que ce n'est qu^aprés l'avoir obtentie que le vieiiz åat
Aymon consentit k lui donner sa fille. Icl , c^est encere lui
qui conseille k Roger, devenu son gendre^.de partir poor
entrer en posscssioD de ses Etats* Alors Roger pread congéda
Charlemagne , et se met en route ^ accompagné d'Aymon f
son beau-pére ; de Regnaut , de Bradamante ^ sa femna;
de Leon , de Marphise ; de DoralicfB , et de Guidon : Ett*
land les voit partir k regret| mais il leur promet d'aUBrlBi
rejoindre y ce qu'il exécute au troisiéme acte. Taodia qaa
Roger , fort de la protection de Charlemagne et de ramitit
de tous ces braves chevaliars , s^acbemipe vers la Balgaria^
le tra}tre Gannelon s^efforce de susciter des enneroia å CliH»
lemagne , et conspire la perte de Roger. Sfir que ses eflEovia
serent iafructueux s'il agit ouvertenoeotj il a recoma k la
princesse Alcine.Il lui envoie Temprise , son confideBt, panf.
lamettrc de moitié dans la vengoancequ'!! imiilifi rthiÉlifal
aimée de Roger; mais Roger est infidUe : ma^pé saA
manque de foi , elle Taime tonjotirs , et ce n'eafc tfA
regret qu'eUa se décide å se yenger da sen inconstancfK
M o U 4tS
Safin elle fait dire ä Gannelon de la venir trouver. Celui^ci
le^oit le message d'Alcine avec la joie la plus vi ve , et dit
å Temprise, de lui raconter en deiix möts le resultat de sea
démarches. Mais ii'est pas court qiii veut : Temprise emploie
quatre-vingt vers , et plus, å lui faire le rccit de sés courses.
Au second acte, Alcine, seule, nous apprend que, depuis le
départ de Temprise , Astolpbe est venu s'eraparer de se»
Etats^ Ainsi , elle vient maintenant déplorer ses malheurs ;
mais ce n^est pas laperte de son trone qui Tinquiéts !•
plus y c'est la crainte de ne pouvoir se venger :
Des infidellcs tours d^un pcrfidc Rog«r^
Que i^ai länt adoré , que j^ai tant aimé, mesme >
Que je me suis cent fois mesprisée moi-mesme :
Ce traistre , ce meschant , saoullé de mes plaisirs ,
Chaugeant de jour en jour d^object et de désir,
Adore les beautés des Dames les plns beiles;
Puis en ayant jouy ? k>rs il se mocquc d^ellcs
Comme il a faict de moy.
Enfin Alcine et Gannelon parviennent , on ne sait trop
commept, k se rejoindre, et avisent ensemble aux mojens da
faire périr Roger. Ils partent en Bulgarie et le trouvent seul ;
car tous les cbevaliers et jusqu'å Bradamahte s'en sent allés;
Regnaitt en Espagne , les autres ailleurs, etc* : voic imaln'*
tenant Texpédient qu'ils emploient poiir arriver au but
qn^ils se sont proposés« Alcine , par le moyen de la magie ,
art qu'«lle posséde å fond , fait passer quelqties Demons
dans le corps de ses coursiers , pUis prend la forme de R«-
gnaut, et se présente ainsi å' Roger. Gannelon, sous la
£gure de Ricbardet , frére de Regnaut , parvient aFnsi qu»
sa digne compagne å s'introduire auprds de Itii'. Alors ils
Supposent une lettre de Gbarlemagne , dans laqiielle ce md*
wrqae lui mande que Bradamantt esl i tout» extremitet
^ir> MOR
AltTs Roger 5.C (iéciclc k purtir pour la FrAnce , et Ta Is
r.unipa^^nie avcc le fuiix Ket; na tit el le ianx Richaxdnt
Ils arrlvontaiix eiiviroi» de Poitiers. Cest lå que GanneloD
a Fiiil cRcIier , duns répaisscur d'iiii bois , une centaine d6
<-aviilifrs cjiii toinbcnt a Tim pro viste sur Roger , et le tueut*
Ndus avons oiibliu de di re qii^AIcine a eu soio de détrempcr
ISalisarde , t-péc de Roger , ainsi que son harnois ; d6
niuiiiere qiiVn se battant, riin et Tautre se trouvent rom-*
piis. Knfin Roger est tnort, et lu se termiDe la tragédia
sur laqucllc uous nous dispcnseroos de faire aiicuue re-
flexion.
MÖRT DE SKNEQUE, (la)trögédle en cinq actes»
par Tristan , t6i5.
Malheur århomme vertucux qtii sert uu tyran eflemiDet
il est sur de trouver ud iiigrat. Jouet des caprices d*nn
niaitre insolent et barbare, il doit étre, non-seuIeineDtf
r instrument des vices les plus honteux , mais 1'escIaTe .
do ses gouts eflrénés ; sinon , il disparait avec la fantii^
sie qui l'a fait naitre. Alors , abreuvé d*ainertnme et
dliumiliation , il est trop heureux ^ lorsqu'on le méprisB
ussez pour lui laisser la vie. La mört de Sénéque nous tn
fournit la preuvc. Ce Fbilosopbe a perdu Tascendant qiielai
donuaient sa vcrtu et son aniilié sur 1'esprit de son éleve«Si
prtsence , autrcfois si chérc å Néron , lui est devenue ii*
^npportable. Las cnfio de tant d^horrcurs, des faommes gi-
nureiix conspirent la pertc d\iu monstre, pour qui ricD o'est
aacrc. Fison , Epicbaris et Lucain , neveu de Sénéque, sont
a la toto de la conjuration, et veulenty faire entrer Séniqoi'
bii-memc ; mais ce sage vieillard ne peut consentir å voii
missacrer son éldve. Quelqtie pure , quelque noble quesoit
liutcutiou des conjuiés , leurs projets sont découverts ptt
«. »
M Ö fe 417
IHöiprudence i^Epicharis , qui a la faiblesse åe Se ton Ger å
uncertainProcul. Sabine 5 k qui la vertu de Séneqiie porte
ombrage , profite de cette circonstance pour le perdre : elle
{e met au nombre des conjurés ; et , sans se donner la peino
d^examiner l'accusation , Néron condamne son bienfaiteuc
å la moft.
Tel est, en pea de möts, le Irait historique qui fait
le sujet de cette tragédie ; sujet qui a été reproduit pat
M. Legouvé , avec le plus grand succés 4
^
MÖRT DE SOCRATE ( la) , tragédie en trols actes, en
vers 5 par M. de Sauvigny , 1763.
L'Auleur n'a chargé d'alicun épisode cet événement
historique ; il les a , au contraire , soigneusement écartés ,
et n'a présenté que le tableau simple et vrai des circonstances
qui précédérent , accompagnerent et suivireut la mört du
plus vertueux des hommes. Les tralts sous lesquels il a
peint Socrate et ses éléves, sont digneé de Platon, de qui
il les a empruntés. Ceux qui réprésentent Anytus et ses
complices , ont toute la vérité possible , et, conséquemment)
sont de la plus grande noirceur. Én un mot , cette tragédie ,
pleine de détails heureux , et de tableaux frappans , a été vue
avec plaisir, quoiqu'ily ait peu d^action, point d'intrigae , et
quelques longueurs.
MÖRT DE VALENTINIEN ET DISIDORE (la),
tragédie par Gillet de la Tessonniére , 1648.
L^empereur Valentinien est passibnément amoureux d'I-
sidore , jeune et belle personne , toais d'une faihille in-
connuG , qui aime Maxime y chevalier romain , et qui eii
est aimée» Ge dernier e^t arrété par les ordres de rempe-
reqr ; et Isidore, pour obtenir la liberté de Maxime,
Torne VI. Pd
\
4i8 MOR
promct k l'emperciir de Vépoiiser. Celui-ci ^ Don-coDteBt
de fairc å son rival cette prcmierc gv&ce , abdiqne Tempirt
en sa favenr* Maxi me , au désespoir de perdre Isidore,
assassine Valentinien. Isidore resscnt une douleur si sen*
slble de raction de son amant , et en méme tems une
jolc si inespérée de la mört do Valentinien , qu'elle an
mcnrt subilement.
MÖRT DES ENFANS DE BRDTE ( la ) , tragédie
par la Culprenéde , 1647.
On snppose dans cette piece , qiie Tullie , fille de Tar-
qnin , qiii est aimee de Ti te et de Tibére , et qiie l'on
croit périe le jour que son pt^re a perdu lacouronne, aété
sauvée par l'adrcssc de Vitcllc, son bean - frére. Suiyaot
ce plan , cette princesse se trouve naturellemeut dans
Rome ä portée d'appuyer la conjuration de Tarqnin. Cette
conjuration est découvcrte au troisiåme acte. Bnilus ap
prend avec étonnement , que ses deux fils , séduits par
les discours de Vitclle , et plus encore par la passion
qu'ils ont pour Tullie , ont tenté vainemcnt de rétabliK
le tyran sur le tronc. Il ne s'agit , dans les deux derbieit
aclcs , que de décidcr du sort des coupables. L'amour de
la patrie , étouflant tout autre sentiment dans le coeur de
Brutus , il refusc la grace que le Senat veut accorderi
ses deux fils ; et Tullie , par un coup de poigoardi
pruvicnt ses reproches , et va rcjoindre ses amans.
On trouve dans cette pifece quelques vers assexbeais
puur le tcms. Apres avoir condamné ses fils, Brutus dit:
Laissc-moi aoiipirer , tyrannique vcrtu ;
Jc fa i (lonné mes fils, Romc , que me yeax.-ta?
J'ai (louné tout mön sang k tes moindres allarmes ;
, f
fiouffrc qu^å tout mon sangje doane ^elques larineii
lil o R 479
J U N I £>
Qa^a»i>tu fait de to& sang , Brutas ?
B R U T U S*
Je Tai Tersév
^emmé , yieas achever ce que j^ai comraencé»
J U N I £•
fi.ends-moi mes fib , cruel !
B&U t U^.
JU ont pelrda la tié^
Fuis de moi , femme 9 fiiis ; et , cachant tes doulews ^
Souviens-toi qu^un Romain panit jusqaes aux pleurs ?
Souffre que tnes neVeiix adorent ina mémoire ;
£t quUls disen t de moi , yoyant ce que je fis^
Il fut pére de Rome , et plus qae de ses fils.
MÖRT DES ENFANS D'HÉR0DE (la), ou lasuite
Mariamne , tragédie de la Calprenéde , 1639*
Alexandre et Aristobule , fils de Mariamne et d^Hérode 9
rdent la tete sur un'échaJDraud : Ils sont condamués å ce
pplice , sur de fausses lettres qu'Antipater , fils uaturel
Eérode , fait fabriquer au nom des Princes, par Diophante ,
crétaire de ce roi. Les Princes accusés ne se défendent
»int sur la fausseté des témoiguages , sur lesquels on les
cuse. Alexandre croit qué sa femme Glaphira est aiméé
! son p&re ; ce sentiment n^est fondié sur aucune appa-
nce.
Dds
Azo MOR
«
MÖRT D'ULYSSE ( la) , tragédie , par Tabbe Pcllegrin ,
I -06.
Clyssc , dé]h cirra3'é par Ics mcnacés de Circé , sent
rodouhlcr ses crulntes et perd CDtiércment la raisoD , lon-
niroii lui uppurte Toracle de Calchas, qu*il a fait con-
siilter. Cc roi , si vante poiir sa haute prudeuce y agit
ici d\iiic facon ton te contrairc , et ne håle sa mört que
pur sa propre fante. Il est vrai que le scns de POraclCy
seniblant n^accuser que Télémaque , peut autoriser Ulysse
å prendrc des précautioiis , mais non pas k traiter cömme
purricide , ud fils tendre , soumis , et dont la conduite , tou-
jours rcspectueuse, doitprouver riiiuocence, et repousser des
sonp^ons de cette nature. L'auteur agit ssigement y lors-
qu'i1 les fait tomber sur co jeune princc; cela jÅto de Tin-
téiot dans la piece : mais il aurait du, en mdme-tems,
le rendrc plus susceptible de ces soup^ons : le pére aurait
pani moins odieiix. L^attacbement de Télémåqne pout
Axianc ne suffit point pour justifier la dureté dHJlysse å
son egard. Que pcut-il craiodre d^un prince aussi timide 1
<{iii sacrific aussi aveuglément sa passion , et avec une teUe
falblcsse qu'elle tient beaucoup de lalåcheté? On pounait
également reprocher ä Ulysse son procédé eovers Pénélopei
tundis qu'il comble de ses faveurs et de son amitié^ Télégpney
jeune étranger , dont on ignore la naissance. Ulysse est enfin
forcé de reconuaitre 1'innoceuce de sonfib, et <le lui rendiB
.son aficction ; il ne peut en méme-tems se dispenser d'ap-
piouver son naariage avec Axiane ; mais , comme il t
promis impnidemment lamainde cette princesse åTél^one;
il cbt dans Tobligation de rctractcr sa parole. Télégonei irrttéi
fait tomber tonte sa fureur sur son beureux rival, prét å lui
urracher la vie. Ulysse s'y oppose et recoit un conp mor-
tel. Télcgoae^ agitc des plus crucls remords, vient demandfit
MOR / ^t ^
la punition de son crime fiux genoux de^ -son biiaruÉiitQur»
' Ä ces discours , Ulysse le reconnait pour le ^Is. qu^il a
en avec Circé. Gette reconDai8saDce,.trop brtisque, et'dé-
placée , fait raccomplissement de FOracIe,. et axigmente
rénormité du forfait* Télégone sort désespéré ; étUlyssé,
avaot que d'expirer jt. a la dpuleur d'apprendre la mört de
son fils , pour lequel cependant il conserve. encfore de la
tendresse.
MÖRT VIVAWT (le )', comédie en trols äctes^ en
vers, par Boursault', 1662.
L'auteur avait ä peine quinze ans^ lorsqu'il donna cette -
comédie, ob. l'on remarque å-la-fois et son eztiréme j^uV»
nesse , et le gout étrange qui régnaitalors au théåtre* Stépha*
nie, jeune , belle et riche , a été élevée par le Tieux Fer-
dinand , dont elle croit étre la fille. EUe est également
jétonnée d^apprendre qu^il.n'est point sonpére^ ot de s^enr-
tendre faire une déclaration d'amQur par le vieillard. Pareits
aveux dans la bouche d'un amant suranné , sont toujours
plaisans et ridi^cules^ et Boursault a su tirér parti de cetté
situation. A peine Ferdinand a-tril acbevé ^a déclaration ,
que le jeune et beau Lazarille lui demande Stephanie en*^
xnariage. Fabrice vient aussi se mettre sur les ran&i; el.^
crojant n'avoir de rival que Lazarillo, it éntrvprend de
Téloigner. Il lui donne une fausse nouvella de la mört
de son pére ; ce premier moyen ne réiissit pas ; il sop- -*
pose un rival pulssant; ce rival est son valet déguisé en
ambassadeur. Cette zuseéchoue encore^et^n luliubstiiiie '
Tombre de ce pére ,. prétendu mört, qui Sriffm é&ajet '.
sQu fils pendänt la nuit.^ Ce pére enfin arri¥e.ram^irivant i
mais sans qu'on saclie ni comment ni p9ii|iqaoi^ oVplutot^ ,
an le salt : il vient pour apprendre iLl^azarille et k Sjtéghar*- ^
r
422 M O U
nic , qii*ils sont fr&rc et soeur^ et qu'Il est lenr p&re. VoS
doiic Fabrice qiii n'a plus de rival qiie Ferdinand; c^est D*ea
pas avoir, qiic d*en avoir un de cet åge; il épouse Stephanie»
Cette comudie , tirée d\ine farce italienne , qui porte le
inéme titre , est le jeu d^une imagination folie, mais qui
laisse entrovolr du talen t pour un genre de comiaue aui n'est
plus de mode.
MÖTS A LA MODE (Ics) y comédie enun acte , en vers»
par Boursault, 1694.
Ccst une intrigue fondue sur quelques möts nouyeanx,
qu'introduisaicnt dans la langue , de petites Précieusesb
Plusieurs do ccs n:iots sont passés en usage 9 et la piece d«
Boursault ne serait plus de saison.
MOUHY ( le chcvalier de) , romancier, Uttérateur , né
k Mctz , cu 1702 , mört en lySS.
IKous ne parlons du chevalier de Mouhy qu'å cause d»
son cdtalogue dramatlque , car on ne saurait autrement
Il om O] er ce qu'il a iutilulé son Dictionnaire. Déjå non^
entendoiis murmurer les amateurs de ces sortes de réceiH
semcns : pcut-étre voat-ils nous taxer d^ingratltude ; en
cela ils auront tort, car nous n'avons jamais eu rbonnenr
de consulter le chevalier de Mouhy. Tant pis, diront-ils;
taiit micuz, dirons-nous:tant-mieux, parce que son ouvragBi,
c]\ii ne conticnt que des dates, qui fourmille d'inexactitudes j,
est reropU de bévues de la plus grosse espéce* CepQodaxit.t
Louis XV en agr éa la dédicace : c'est une action trés-charita^
hle, qui fait honneuråce monarque* Les comédiensFrangais
(Mix-mémcs donn&rent a Mouhy Tentrée de leur spectacle%
Cctle galanterie de leur part, étonne d'autant plus , qu'ils söot
tres-avares de ces sortes de faveurs. Quoi qu'il en soit^uouil
M o IT 42I ,
nous pcrmeltrons de dire qiie le chevalier de Moiihy était
un paiivre écrivain : c'est si vrai, qu*il en conviat liii-méme ,
et qu'il sen ti t de vifs remords d'avoir tant et si platcmcat
écjit. « Cen est falt, » dit-il iin jour au café Procope ; « ja
« D'écrirai plus ». En avait-il pris la sage resolution ? nous
ii'oserions TassOrer ; mais , ce qui est de certain , c'est que
de mauvais plaisans qiii se trouvaient å ce café, loin de le
blåmer , Tapplandirent indécemment , et poussérent rim-
pertinence jusqu'å bättre des mains pendant ua demi-quart
d'heure,
MOUFFLE ( Pierre ) , conselller du roi , est auteur d'une
tragi-comédie , intitulée le Fils Exilé y ou le Martyre de
Saint-Clair.
MOULIN DE JAVELXE (le ) , comédie en un acte , ea
prose , avec un divertissenient, par d'Ancourt , musique de
Gilliers, 1696.
Quelques compagnTes ayant fait , par Kasard , plusieurs
parlies de promenadé et de soupér au Moulin de Javelle ,
en firent.un récit qui excita lä curiosité de beaucoup de per-
sonnes de la cour et de la ville , et qui occasionna quantité
d^aventures plaisantes. Une d'entr'eUes fait le fond de cette
comédie qui n'6st pas de d'Ancourt, qaoiqu'on la lui alt
attribuée; il n'en fut que le réviseur, si ron eir croit le
registre de Tannée 1696.
Voiei ce qu'on y lit; aOn a accordéä M. Michault, de qui
Ton a lu å Tasserablée une petite piécé, irititulée le Jdöulin de
Javelle , d'entrer å la comédie gratis pendant 1'année ,.
quoique la piéce n'ait pas été acceptée , afin de Pengager 2t
travailler, et qu'il puisse connaitre le tUéåtre, en voyant \é
comédie.»
4^4 MOT
MOULINET PREMIER , parodle de Mabomet SeconJ »
de de la Noue y en un acte y par Favart , å la Foire Saiot^
Germain , lySg.
L'aiiteiir ii'a fail qiie travestir les personnages, s^s lien
changor au fond de ractioo ; mais la critiquc j est emplojéa
d*une nianlérc si adroite , qiie Favart n'a pa3 craint de la
dédier å ranlcur méine de la tragédie , qui la trouva si juste |.
qu'il ne piit s'en ofTenscr.
MOURET ( Jean-Joseph ) , né a Avignon en 1682, mört
a Charenton en lySS.
A Tage de vingt ans, Mouret jouissait dé]ii d'uDe réputation
méritée , qu^il s^était acquise par plnsieurs mQrceanz de mu-«
siqiie de sa composition. Il fut directeur du conccrt spiri^
tuel , intendant de la musique de laduchesse du Maine; mwm
sicien de la chambre du roi, et compositeus de la mnsiqna
de la comédic italienne. Outre un grand nombre de divers.
tissemens y d'airs , de souates ^ de cantates , etc. etc«. , il a &it
la musique des opera suivans i Les Fetes de JChdlie ^
Ariane et Thésée y Pyrithous , les Amowrs des DimiXy Je.
Bcillet des Sens y les Graces y le Temple de Gntde, et les;
Amours de Ragonde»
MOUSTON est auteur de la Bohémienne Qt du. PoIagBn,
MOYENS. On appelle ainsi certaines resspurces d^imagir
nation ^ auxquellcs le poc^te a recoiirs^ pour donner plus de
jcn y plus d!action å sa piece. Il faut remarquer ,. en.génézahi
que lontes ccs petites tromperies, des cbangemens dliajii^'»
des billels qu'on enlend en un sens et qui en signifieot tii^ ,
aiUrc, des oraclcs måmc å double entente, des mépiuef
lic subahernes qui ont mal vu , ou qui n'ont vu que ll^ -'
MOZ ^ 40S '
moitié d'un évdneoient , sont des inventloqAäe la tragédie '
möderne ; inventions petites , mesquipes , imitées de nc|ar
romans, puérilités inconniies å l'antiquité^ et dont il faiit
couVrir la faiblesse par quelque chose deland et de tragt-
que \ comme on voit dai^s les Horaces la méprise d'uDe sui« ■
vante produire les plus grands moiivemens* Le vieil Horåct^
n'est admirable que parce qu'uoe domestiqäe de lamaisoa
a été trop iropatiente; c'est-lå créer beaucoup, de rieii^
MOZ ART ( Wolsang - Amédée) , celebre compositeur
Allemand, né å Salzbourg en 1 766.
- On assure que , des l'dge de trois anji y il re^ut å» son pfere
les premiéres nothms niusicales ; et qu'å siz aos il était com-^ '
positeur. L'empereiir Fran9ois P'. avait coutume de Pappe-
ler son Petit Sorcier^ et il Fassociait auz jeux de Tuite de»
archi^^ducbesses d'Autrichet Ge qui est de certaiD, cVst qu^it
n'avait pas encore httit ans , lorsqn'iI parat å la colir de Ver-
sailies : il y toucha Torgue å la cfaapelle , et y paru t ce qii^il était
_ #
réellement , un prodige. 0'est å^cet. Age ^u^il fit ses déux pre-
miéres oeuvres de sonates. Apres avoir parcouru TAngte^ ^
terre , les Fays-6as , la Hollånde , il revint ä Salsboui^ se
nourrir de Tétude des grands maitres , d^Eimmamiel Back ^ ,
de Hasse , de Handel , surtout des anciens mattres Ita-
liens , qu'il regardait comzne' fort supérieura aux mö-
dernes»
A. douze ans , il repariit å Vienne , et composa un opera
bufl^. A quatorze ans,* le grand lliéåtré de Milan te cböisk
pour composer un opéta sérieux', et Mosard domia son
JUithridate, Ccst å cette méme époque que la société des-
^hilmrmoniques de Bologne lui iSt subir sa* diSfctle'épfredve,
|>our radmission de ses niipibres. Mozart triompha eii mok
n.
^ .
. ^
4i6 MO Z
■
moment, et ^mme eu sc.joiiant, de la difCcutté ei dqs
thcmes proposés.
Dtipiiis la simple romancc ]iisqi]'å la tragédie lyrlqne»
dcpiils fa walsc jnsqii'å la symphonie, Mozart excella danr
tons les genres. De tons Ics compositenra anciens et modeneii
il est pcnt-ctrc le senl å qni Ton pnisse donner cette louangBi
Une tete anssi.fortcmcnt crganisée, et un fonds auvi pnH
digienx de ric];icsses harinoniques, devaient assurer k M(K
zarl nne prééminence absolue dans tons Ics morceauz d'eB-
scmble: ses finales d'opéra sont le nec plus ultra de Partet du
gout.
Jamais Mozart n'approrha du clavecm , dans ses moment.
d'inspiration ; dås qn'il avalt salsl sa plnme, il écrlvait avec
une rapidité qni , an premier aspect , out pu ressembler 1
la précipitation. Le morceau eutier, tel qu'il l'avaitcoD^y
luOdité et muri , Is^exécutait dans sa tete, comaie il le disait
Ini-méme , pcndant qu'il jetait ses notes sur le papier ; rien
de plus rare qué de trouver une ratnre dans ses partitioUi.
L'onverture de Dom - Juan fut iraprovisée en qudqiiM.
heures.
II a laissé neuf opera sur paroles italienoes»
Ses prodnctions y' dans dix autres genres, se colkipoflent .
de piéces de clavecin ; son quintetto est la plus belle prodoc*
tion instrumentale qui existe;
De symphonies , dont plusieurs marchent de pair tvsc
crlles d'Haydn ;
De diverses cantates, de scénes détachées, de romances étå^
chansons alleraandes qni-, tontes, sont des chefs-d^oeuvre d»
gråre et de mélodie ;
De canons, oh Fart le plus profond est caché soiu l'lipp>^
rcnre dn badinage ;
Do conccrte , de q^iiiitetto , de quatuor , tria et duo^
- j-
•..H..vv-^J
* t-
MtJB ^ ^
■De musique d^iiarmonie, de sérénades; j^
D'airs de ballets dans tous les genres;
Enfin , de sa musique sacirée. , < «
Mozart mourut en X791 , n^ayant pas eneore treute-six ans.
révolus.
Un étranger se présehtb un jour chpz lui et le priä de
composer , le plus promptement possiUe^ypour un prince
catholique ^ un Requiem k sa fa^on, qiii pöt charmér Pesprit *
du mourant^ pendant la dissoluiion de son corps» Mozart y ^
consent , exige deux cens ducats pour pris de son ouvrage ^ et
en regoit quatre cens que lui donne l'étranger ^ poqr I^eng^er
a (iair plus vite. A peine ra<-t-il commencé , que le fen de la
coir '^bsition 1q transporte et le met dtms une .agitation extra-
ordinaire. Il reste dans cet état , non - seutement pendant
le jour 9 maisiine partie de la nuitj et son sujet.8'est teUe<-
ment emparé de kii , qu'il ne peut plus s^en arrächer. — p C^t
pour moi-méme que je compose, disait-il å sa femme»
Quelquefois il paraissait plus caRne; mais bientot il retom*
bait daos la roéme agitation. Le dernier jour de son travail »
il rappella k sa femme que le Reqtdem aVait eté conäpoaé
pour lui-méme; il mcAirut eh' ^fi#t le jour o& il'fui
aebevét
MUET (le),^ comédie en cinq actes , en ptQse^ par
Brueys et Falaprat. 1691.
Gette comédie n^est qu^une imitation servile de VEwkur^
gue de Térence; comme toutes lélN^opies , eUe est bien infe-
rieure k TorigiDal : elle s*en rapprocberait cepeufidatit k beau-
coiip d^égardsy si ses auteurs, dans Fintentiös de siCirpassec
Tauteur latin, oe se fussent pa<f permis des fearts d^maginii-» '
tion* qui les mettent, au ^ntraire, beaucbop auKles50|it
de lui. ]j'iutrigue du Muet est bien la mfime que ce)k<4ft
r MALGRE LUI (le), vaudeville en un acte, par
bampsy au Vaudeville, lygS.
^uet malgré lui est un amant qui s'introdiu*t dans une
sous le nom de son coiisin, qu'un acnident a rendu
; qui doit éppuser son amante. A la fin pourtant, le
let est reconnu ; mais il obtient la meiin de sa maV
!ette piéce obtint du succés.
t
I
T PAR AMOUR ( le ) , comédie en un acle ,. en
ir Alliot, au théåtre Fran^ais , lySr.
s et Lisldor ^emandent Julie en mariage. Lisidor est
;on, qui ne cherche qu'å jouir des biens de sa mat-
st qui ne voudraitpas Tépouser, s'il la crojait molns
lamis, au contraire, en est véritablement amoureux;
nd meme elle n'auralt pas de bien , il consentirait
\ å la prendre pour sa femme. Julie est indécise sur
qu'elle doit faire, parce qu'elle ne ^onnait pas en-
Fond le caractöre de ses deux amans. lies parens do
le penchent beaucoup plus pour Darais que pour LI-
lont ils ont remarqué l'åme intéressée. Pour le faire
onnaitre å Julie^ ils feignent que celle-ci vient def>er'
)rocés considérable, et que,par-lå, elle va se trbuvec
å une extreme indigence. Julie , qu'on n'a point pré-
ur cette fcinte , croit tout ce qu'on lui dit sur la perta
^ieiif de faire , et elle en est saisie de douleur, Damis y
i jmis dans le secret , voyant sa cbére maitresse ainsi »
j lui fait entendre qu'on la^fompe. Cette indiscrétion
se Toncle de Julie , qui le menace de lui faire pertire
'nte, si, pendant tout le jour, il dit un seulrnot.
•t de 1'obligation qu'on lui impose de ne point
nde qu'il lui soit au moins permis dp dise
. deux möts sont : Julie , Vamowri On y
42S M TT E
YFMfiuque ; rrais ellc roule sur une siipposition si pea vrat-
sciTihlnhle , qirdle ne pen I fuire aucune illusion. Comme
dnns VEunuque^ raction est double, raais le dénouement ost
anieiié (rniie inaniére plus brusque et moins naturelle; néan-
inc>ins on tronvc duns cclte piéce des détails dignes de plairBy
etbeauconp de situations comiqnesqiii en ont probablement
assiiré le snrcöst Nous rcnvoyons le Iccteur, poitr FanalysCjå
VKunuque de Térencc; toutefois uons donnerons quelqaes-
dt-tails propres å faire connultre la difTérence qui existe entie
les deux onvrages. La principale consiste en ce que , dam
Térencc ^ c^est un Eunuque qui fait 1 out rimbroglio de It
piece , et qu'ici c'est nn prétcndu muct. 11 est aasez Datuid
qu'nn araunt fassc cadcau d'un esclave å sa maitresse ; c'étsit
dans les moeuit anciennes ; mais il ne Test pas qu'une femme
vcuille avoir un valet muet: c^est un caprice ridiciile y absurde,.
et cependant , sans ce caprice , tout Tédifice de la piéce da
JHuet tombcrait.
Si, dans V Eunuque ^ il »st invraisemblable et ind^oent
qu*un prétendu Eunuque viole une jeune denoioiselle , dant
]h piéce nou velie, il est absurde qu^in pére croie son fib
dtivcnu muet par amour; et plus absurde encore que oe
pi>rc crédule , craigne de devenir paralytique , s'il n^accidi
anx désirs de son iils. Dans le Muet, Fexpositioa se tréioB
prcsqu'au milieu du second acte; dans VEunu^ue ,. elle ort
faitc dés le premier, et d^s-lors 1'action. commence. Ta C(K
niédie de VEunuque est chargée d'incidens, et c'est un dem
défauts ; celle du Muet l'est encore plus. Frontin , le qaobflft^
de ftoute la piéce , en fait naitre de toutes espéces et de si
extravagans , qu'il faut tout Tesprit et töute la gaité qui lé*-
gucnt dans cet öuvrage, pour le faire passer*.
MUET MALGRÉ LUI ( le ) , vaudevllle en nn acte, par
M. Descbamps, au Vandeville, lygS,
Le Muet malgré lui est un amant qui s'introdiu't dans une
niaison, sous le nom de son coiisin, qu'un accident a rendu
muet, et qui doit éppuser son amante, A la fin pourtant, le
faux muet est reconnu ; mais il obtient la mnin de sa ma-
tresse. Gette piéce obtint du succés*
t
I
MUET PAR AMOUR ( le ) , comédie en un acle , en
vers , par Alliot, au théåtre Fran^ais , lySr.
Dam is et Lisidor (lemandent Julie en mariage. Lisidor est
un Gascon, qui ne cherche qu'å jouir des biens de sa mai-
tresse , et qui ne voudrait pas Tépouser,' s'il la croyail moins
ricbe. Damis, au contraire, en est véritablement amoureux;
et, quand méme elle n'aurait pas de bien , il consentirait
tou jours k la prendre pour sa femme. Julie est indécise sur
'ie cboix qu'elle doit faire, parce qu'elle ne ^onnait pas en-
core å fond le caractére de ses deux amans. -lies parens do
cette fille pencbent beaucoup plus pour Darais que pour Li-
sidor , dont ils ont re,marqué l'åme intéressée. Pour le faire
mieux connaitre å Julie, ils feignent que celle-ci vient de|)er-
dre un procés considérable, et que, par-lå, elle va se trouvec
réduite å une extreme indigence. Julie, qu'on n'a point pré-
venue sur cette feinte , croit tout ce qu'on lui dit sur la perta
qu'elle vIent de faire , et elle en est saisie de douleur. Damis ,
qu^on a mis dans le secret , v oy an t sa cbére maitresse ainsi
affligée , lui fait entendre qu'on la^Arompe. Cette indiscrétion
indispose Poncle de Julie , qui le menace de lui faire pertire
son amante, si, pendant tout le jour, il dit un seul mot.
Damls firémit de l'obligation qu'on lui impose de ne point
parler ; il dem ande qu'il lui soit au moins permis dq dise
deux möts 5 et ces deux möts sont : Julie , Vamoixr, Oa y
Le marquis de Moliirc, qiii s*a u DttDMj
d^heiircii h cruchcr dans iiii piiits pc r f aire |des iaill|diT<
1111 joiiiie fut, riche , qiii ua aiitre chose k ulmq qpi'å
tiMiis, ot enroro Moli^^e a->t-il prét^ ce mot aatidqnfli^i^;'
fciiiiiie coqiiettc 9 qiii fic platt å ezagérer^ aax jcu
autro.s , Ics dvfauls qnVJlc (lattc en secreC.
Kniln, le curaclérc du Bourgeois GentUhamme ^ mm 1
riiuic pour imiter los grands seigneurs, et qai donMdM'
touslcurs Iravers , est dans la nature : chaque jourltMotf
^.n fournit des exemples^ mais cciiii de Af» JUusard nVÉtf
dans la nature ^ ni dans la société.
Toutcfois, la piéco de M. Picard ofTre^.par-ci par-Uyfl^i
ques traits comiques,qui probablement en ontfiutkMK
maltre Ics viccs du fonds.
IVroSE-PANTOÄnME(la), opéra-comique, enuiMm
avcc un divcrtissemcnt et un vaudeville, par Panacdjll^
FoireSaint-Laurent, 1737.
La Muse^Pantomiine don ne audience au chevalier W
Minaudicrc, pctit-maitre ; å un paysan qui veutaepoMii^
dans le bcau mondc; k un acteur fran9ai8 , qui MtiiiF
d'djouter des graces pantomimes å sa déclamatlon ; flt ifSj
iai a UD musiclen qui chante une cantate ridicule» ''*'
'■ y
MUSES (les), pléce dramatique en quatre partiesi {ii'^
Morand , au théåtre Italien , I738'
Arlequin et Silvia se plaignent de ne plus voir leur mb#"j
aussi fréquenté qu'autrefois. Ils sont surpris de voiir panib#
iinc dame qui s avance vers eux, et qu*ils ne connaisseiitpoiift^
Arlequin la trouve trop lugubre , et sort pour aller cli8f^'.i;
qnelques-uns de ses camaradcs, pour la recevoir pIiis|digiH j
Tncnt* Cctte dame est Melpoméne. Silvia lui demande*^;!
' M US'. 433
Äijet p«ttt Pamefter 101? Melpoméne r^pond qu^elle Yicnt
y chercher un asjle» On lui dit que les Italiens ne se croient
pos en état de la seconder , et qu'elle doit retourner sur le
fameuz théåtre , dont elle est en posdession , et le seui oix ello
puisse briller« A quoi elle xéplique :
Ces beaux jours sont passés ! eli ! quoi 1 vous mémes 4
^''étes-TOus pas instruits de mes malheurs extremes ?
On néglige aujourd'*bui Fart qui fit tutrefeis
La gloire de la Frauee et le plaisir des Rois , .etc»
Les comédiens , apr^s quelques difficultés , consentent^
«nfiD å se rendrc aux voeux de Melpoméne. Eralo «urvient et
veut aussi faire jouer une pastorale sur le méme thtätre; ce
qui occasionne une dispute entr'elle et Melpoméoe pour la
préférence ; mais Arlequin voyant paraitre Tfaalie , s^écrie :
te Voicl celle qui les mettra d'accord ! » II prie instanimenfc
cette Muse de le débarrasser de deux extravagantes , don t
Tune veut lui faire prendre la houlette, et l'autre chausser
le cothurne. Thalie , surprise des pretentions de ses soeurs ^
demande si elle se fera annoncer sous le nom de la comédie ^
ce qui occasionne une nouvelle dispute sur le comique lår«
moyant , dont Thalie veut que Melpoméne soit Vauteur, et
dont Melpoméne veut donner l'invention k Th&iie. Enfia
Arlequin , voulant chasser la tragédie et la pastorale ; la pre-
xniére dit qu'elle défendra ses droits ; Mario se déclJB pour
cUe^ et Silvia prend le parti d'£rato. Arlequin ^mbrasse
Thalie , dont il ne veut pas se séparer. Un acteuc, pris
pour arbitre , les garde toutea trois , et , en conséqnence , les
Italiens jouérent une piéce dans chaque genre y c'«9t-a*dire ,
une tragédie intitulée Phana&ar , la méme que Menzikof ,
la Pastorale d'Agatine, et un JSallet (TOrphée:
Torne FL Be
-134 MUS • ^*
r >&nJSBS RIVALES , ( les ) comédie , pw k Bmtf^ ^^ '
tTiéåtre f ran^ais , 1778-
LesMuses se diipntent & q ni presentera Voltairo åApoUoBf
chacuDe exposo ses ti tres. Vranie et Thalie n'iD8i8teiit pu
beanconp sur les leiirs ; Melpomkne Temporte : enfin läomu
et les Grftces assistent å la fete comroe ajant iospiré Voltaire;
et Mercurcy qu'on a député au poéte pour Tamener de I*Ely«
flée , vient annoDcer qu'il a voulu restex auprés^du héios dew
HenriadB.
Ayant trop pen ycca sons le jeure Louis
Je demeure ä jamais auprés de son modéle.
■i ■
A pollon , apres avoir accordé tout le monde , ordonne nnt
fi^te en Vhonneur de Voltaire. A sa voix,iin buisspn de lav*
riers laisse voir le buste de cet bomme celebre* Tous kl
acteurs, qui n'étaieut pas en scéne , paraisscnt, chacun Våta
du costume du personnage qu'il remplit dans les pi^es do
Voltaire. Ils marcbent deux å deux an bruit des fanfares » et
Melpoméne couronne de lauriers, le podte qu'elle a ai sonvent
inspiré.
'i Ce petlt ouvrage, dont l'objet .et Tintention firent le méritQ
et le succés , fut exécuté avec un soin qui fait honneur au cili
des comédiens po ur la mémoire de Voltaire.
MUSIQUE , harmonie qui résulte de Taccord des Inatp''
mens et du chant des voix. C*est une des partias esseofiellei
du drame lyrique ^ ou opera. L'ob)et de la Musique est de
pelndre et d'exprinier , avec des sons modulés , -cö que b
poéte ne peut rendre qu^avec des paroles. Il est peu d'objets
dans la nature que le génie du musicien ne puisse pein^in ^'
MUS 435.
VMaginatiön ; mais il en est dont rimitåtion ]iu est pitis
difTicile. Cest au poete k les eviter dans son drame. Les
obJ€ts qiii tombent schis les sens , qwi ont un moiive-
meot^ ou qiii sont accompagnés de qnelqne bniit, ne son|;
pas aii-dessHs de rimitation musicale. Tels sont un naufrage,-
le tonnerre, la fuite d'un ruisseaii, un combat, le chant des
oiseaiix, la raarcbe d^une armée, etc. LaMusiqne n'ajant
' qiie le son el le mouvement pour exprimer , ne peut giiéres
peindre par^Ile-méme que les objets qui förment unbruit^'
qni leiir est propra ; oh, Iorsqu'ils ont un mouvement, un ac-
cjoissement ou une diminution sensible; mais les peintures
qu^elle trace , avec ces moyens si simples , n'en sont pas
raoins vives , ni moins iidéies. L^^mmortel Rameau ne nous
a-t-il pas fait entendre le bruitd^m attelier de sculpteur dans
Fouverture de Pygnialion ? LVffet bruyant de Tartillerie » do
rartifice , les cris de Vive le Moi , et les éclats d'un peiipl^
transporté de joie , dans une autre de ses ouvertures? Il a
composé na choenr trés-harmonique qui peint le croassemcnt
des grenouilles ; et , daas son opera de Platde , n'a-t-il.
pas une trés-belle imitation des differens cris des oiscaux , å
l'aspect de Foiseau de proie? Mondonville a peint admira-
blement, dans son opera de Titon^ Parrivée de FAaröre; Il a-
figuré la mélée d'un combat, et d^autres efiets de la guerre
dans son intermMe å' Alcimadure. Qu'y a-t-il de plus
pittoresque , que la plupart de ses mötets , oh. Ton entend si
bien le soulévement des (lots, la cbute d'un torrent qui se
retire de devant les Israélites , etc«? Nous avons les plifs^
belles imitations de tempétes, de vents^ de ton ner re , etc.
Tous les mouvemens de Tame sont aussi du ressort de la.
Musique; la gaieté, la tristesse, la colére, le désespoir ,.
elc. Quand elle ne peut rendre les objets eux-mémes ,
il ^st rare qu'elle ne trouve pas quelques accessoires ^ aux-
£e 2
436 MUS
qucis elle piiisse s'attaclicr , pour les rendre senublos et fai*
faire reconnaitre. Ainsi elle peiivlra le printems par le cbant
divérsifié desoiseaux; le miimiiire des ondes et le •ifHement
léger des zéphirs. Elle peut méme, jusqu*å un oeitaiivpoiiit,
Tifndre sensibles certains caractéres, le Grondeur, rtmptk*
tient , etc.
Le poéte qui compose un drame Ijrique, dolt donc i*att -
tacber å ne donner que des images et des sentimens å peindrt
au miisicien qui doit le seconder, ou des objets^ tels qne noni
avons dit* Il doit éviter les dissertations , les raisonnemeiis;
en un mot, tout ce que la Musique ne pourrait rendre qu^in-
parfaitement. Quant å la coupe de ses vers, s^il n'68t pas flHH
sicienlui-méme^il aura peiiie å rénssir , sans en consnllic
d'habiles et d'intelligenK. Une autre attention qii'il doit EToiri
c^est de s'attacher å ce que ses vers soient sonoras et snaoep»
tibles de cbant. Tous les möts de notre langue n'ont pas cat
avantage. Il y a un cboix å faire ; c'est ce qui a fait dire, auf
doute , qu'il ne fallait que vingt möts franfais pour comp»-
ser un opera*
MUSIQUE DU CARNAVAL , (la) ou les BouTteis»
prologue 9 par Fanard , å la Foire-Saint«-6ermain ^ 1743»
Julie et Cépbise , actrices de Topéra comique , sent dffi
un grand embarras : un acteur de leur troupe yient de it
trouver mal ; et celui qui doit le reroplacer a beséin ^Tot
hon quart d'beure , pour se mettre au fait du råle i cependlit
il faut amuser les spectateurs* EUes veuleut engager IBtaH
uctte, jeune actrice, nouvellement re^ue , å se charger<dB Aif>
un compliment au parterre ; elle s'en défend, et propoae no
niusicien un peu exlravagant et Irés- original ;maiscjai|ptrs0l
boutados, pourra remplir Tintervalle du spectacle* Bjfctft
( c'^st le nom du musicien extraordiuaire ) » parfKt a;? ec m^ i
* M U S .437
ieoime , et ces deux petsonnages exéciitent un dkilogue co-<
rnique en nrasique , intltulé : La Hupture*
MUSTAPHA et ZÉANGIR, tragédie tirée du roman
intltulé : V Illustre Bassa j par Belin , lyoS.
lia piéce commence par iine conversation entré Roxelaue
et le grand wWiv Rustan , qui conspirent ensemble la mört
de Mustapha. Zéangir, allarmé du péril qui semble menacer
ce prince , court implorer en sa faveur l'appui de la sultane;
et Sophie , princesse de Perse , amante de Mustapha, vient
å son tour implorer celui de Zéangir. Rustan emploie
toUtes ses ruses pour animer Soliman contre Mustapha : ,
Zéangir obtient cependant que Fempereur entende la justifica-
tion de ce prince; et le sultan , qui né veut écouter que sa
clémence , fait grace k son fils , å conditiou qu'il rénoncera
pour jamaiså Sophie. Ccttc punition parait trop rigoureuse
å Tamourenx Mustapha. Il ne peut se résoudre k partir sans
volr sa maitresse, et ne se rend enfin qu'avec beaucoup de
peine aux conseils de son frére , en le conjurant de voir , et
de consoler la princesse. Gette commission embarrasse fort
Zéangir^ qui aime secrétement Sophie sans espérance dé
re tour. Il promet cependant d'obéir ; quelques soupirs in-
terrompus , et quelques paroles qui lui échappent indiscré-r •
tement , font naitre de cruels soup^ons dans Tesprit de Mus-
tapha : qui s^abandonne ensuite aux transports de sa jaIousi«^
la conversation qu'il a avec SophicjSert k dissiper ces soup-
^ons; mais , par malheur , ces deux amans , surpris par Fem-
peréur, achéveut de l'irriter. Rustan profite de la conjonc-
ture pour faire jurer å Soliman la perte du malbeureux Mus-
tapha. Pendant ce tems-lå , Z^éaugiT , tranquille sur lo sort
de son frårc, dont il croit les jours ep sunrté, ne songe qu'å
»'éloigner de la cour, pour éviter" les charmesde Sophie. "On
433 MYR'
Ticiity sur ces entrefailes , liii apprendre la mört d^ce princtf*
IMUSTAPHA et ZÉANGIR, tragédie , par Champfoit,
an (héftlie Iianruis i?77«
Ii*uiitciir , rkja ctlåhrc par anlänt de succés qtt'il a puhlit
crouvrnges, d/sent le^ Ecrivaiiis dn lems, å ajoitté de nou-
vcunx lunriers u sa cuuroiiuc,par cette tragédie, qn i a été ao
Miclllic å Faiis avec le nieme eiithQUsiasaie,qn'cUe avait été
tipplau Jie cclLc aunée et la précédentc sur te iht (Ltre de la cour.
Koxclanc , épuuse de Soliinaa second , funne le projet
dcfuLrc périr Mu.stupha, (Ils aiiié de ce prince et d*uue autra
leiume, ulin d*assurer le lione ä son iil.i Zéangtr. Miistapha
ayanl rcnipurté une grundc victolre sur les Ferses, et ajant
fult prisouniérc la illlc de Icnr roi , qui lui a inspiré une vive
passion ^ de mande la inuin ilo cette prixicesse a son pére.
lloxelaiiG , qui a intercepté la lettre y Taccuse en face d^avoit
des intelligences avec les eunemis de Tétat. Zéangir prcnd la
dtTensc de son irere , et ^ sur. le reproche que Solimaa fait åco
dernicr , d'aiDaer la iille do son eunemi, il se décfare coupable
du menae crixne, et demande å eo partugcr la puuition* Cha-
< iv!i des.deux iVc^res vcut mourir pour Tautre. Solimau atr
tcndri^ est pres de leur pardonnor u. tous dcux, lorsque le
Isrand visir annouce la révoltc des Janissaires, Cette
nonvclle ranimc los souprons et la coJ(^rc du sn?'aD. Il foit
conduire Mustapha dans Penceinte sacrée. Au dcrnier acte,
le visir apporte un ordre qui lui prcscrit de le faire poignac-
dcr y si quclqu\ui vcut le sccourir. Zéangir parait;, et soo
arrivée délerraiue la nnort de Mustapha. Lo jéuue prince se
|M)i(rnardc sur le corps de son frcre , en préscnce de SoIimaDd
de Roxclanc.
JMYRRA , Irc^rdie on trois actes, par M. SouriguiceSii
au tlnåtre Feydcau, 1756*.
t
s
, v Ar*.
Myrra est prfes d'épouser Périandre , Jeune héros qui a
Pestime de la Gréce. Cinyise , pére de Myrra , Antiope , sa
miéie, foodent ieurbonbeiir sur cette union 5 Myrra elle-ménie
y a consenti,n)ais elle est dévorée d^lne sorabro^ douleur , et
brule d'iin feu secret pour Cinyre, son pére. Le jour de
son union avec Périandre est arrivé. Cinyre , Antiope, Pé-
riandre , veulent pénétrer le secret de son cceur, avant de cé-
l^brer Tbymen auquel ils attribnent le mal qni laconsume.
Eile le cacbe å tout cc qui Tentavrc; elle voudratt se le ca*
cber k elle-^méme ; résoliie dVviter son pére , et de fuif le»
les lieu-x qii^ii babite, elle presse Fbeure de son uifion, et
scllicite un prooQpt départ. Déjä Tautel est préparé , les époux
sont dans le temple ; ie prétre prononce les paroles saofées :
toiit*å-coup lesprésages nnnoncent an pontlfeque le temple
est propbané par des affections eriminelles; alors lesprétres
efiVayés sortent du temple.. La cérémenie est ititerrompue
Périandre , au désespoir , sur de ne pas étre aimé-, va cher-
cber la mört ; Cinyre veut arracber de sa fille le» fatal secret
qu'il nia pu pénétrer ; il est prét å Faccabler de sar malédic*
tion.; Myrra iaisse alors écbapper Taveu q«'eUe a si long--
tems retenu , et s.'en punit en se donnant la morl.
Il était difTicile , sans doute , de cboisir un sujet plus 10-
grat; mais la mauiére dont il est traité prouve qu'il n'était ni
sterile en beaiUés , nL tout-*å-fait rcbéle au talent dramati*
q lie. Il n'est que trop ordinaire de voir des sujets beureux
gåtés par des incidens bizarres; ici, Ton voittoutle con-«
traire : c'est un sujet mal cboisi , dont toutes les iuconve-^ *-
nances sont sauvées , autant. qu'il est possibU-, par d'heureuk
accessoires.
MYSTERE, terme consacré aux farccs pieuses^ jouées
iiutr^fois suc nos tbj^åtres^.et douJt qgus ayon3.dojå paflé itfus
MO fli Y S
los möts de Comiiies Saintes et d» MofuSt^t; mwM bOakm
(iLvelopperCoriglne. IIcstcertain<|ne let péierinageftiiitrodiiK
sireiit ces spcctacles de dévotion. Ceuz qni ravenaient de k
Terrc-SAiDio > de SaiuterReine , du MontF-Saintp-Micbriy de
Notrc-Dame du Piiy , et d'autrea lieux semblaMe>y compa i
saient des cantiques sur leurs voyages, auzqueUib mMaienl
Jc récit de la vie et de la mört de Jésus-Christ, d'une auuninr
Tcritablemeot ^s-grossi6re;maisqiia lasimplicité de cestam»»
lä semblait rendre pathétiqee. Us chantaieot les miracles dn
Saluts , Icur mar ty re , et certaines fables, å qni laciéaiiee dei
pciiplcs' donnait le uom de visions. Ces pélerina allant ptr
troupes et 8'arrétant dans Ics piaces piibliques ^ oft ib chaii"
taiooty le bourdoD å la main, le chapeao et le mantahfr
cliargé de coquilles et d'ima^cs pciotes de diKrentes con-*
curs, faisaient unc cspece de spectacle qui |dut et qui ezcita'
qnelques bourgeois de Paris, å former des fonds pour elever,
dans UD licu. propre, no théfitre , oJk l'on repréaenterait cet
luorulités les jours de fetes , aetant pour l'iostructioo da
peuplo qiie pour son divertissement. L'Italie ayait éSjk
inontré 1'ezcmplc ; on s*empressa de Timiter. Ces soites da
spcctacles parurcnt si bcaux dans ces siécles igaonaSy que
lon en fit les principaux ornemens des receptions des princas»
qnand ils entraient dans les villes; et, comme on ohantai^
J\'oely Noély au licu des cris de ViveleRoi\ onreprésentait
dans les rues la Samaritaine, le mauvais Riche , la ConceptioB
de lu Vicrgc , la Passion de Jésus-Ghrist , et plusieun aittnSf
mys teres, pour les entrées des Rois. On allait au-devant
d*eux en procession avec les banniérea de Tégliae ! en
rhantnit pciir faire allusion aux actions les plus marqnantB»
c?c leurs rr^iies, des rantiqncs c omposés de passages de
rEcriturc-Saiute cousus ensemble. Telle est forigiBe de
notca tbcåtrc ou les acteurs qu^on nommait Cenfiheå
MYS 44t
ée la pasAioii , commencAreot k joner leitrs 'piéces dévotes
en 1402 : ccpendant, comme elles.deviorent ennuyeuses å la
loogue y les confréres , iotéressés k réveiller la curioaité da
peuple , entreprirent , pour y parvenir , d'égayer les mys-
t^es sacrés. Il aurait fallu un siécle plus éclairé pour leur
conserver leur digiiité ; et 9 dans un siicle éclairé , on ne
les aurait pas cfaoisis* On mélait auz sujets les plus res-
pectables, les plaisonteries les plus basses, et qäe Pintention
seule eropéchait d'étre impies ; car , ni les autecirs , ni les
spectateurs ne faisaient une attention bien distincte å ce mé-
]ange extravagant , p^suadés que la sainteté du sujet cou-*
vrait la grossiereté des détails. Eofin , le magistrat ouvrit
les yenx , et se crnt obligé , en iSj\S , de proscrire sévére-
ment cet alliage faonteux de religion et de boulfonnerie.
Ålors naquit la comédie profane, qui, livrée k elle^méme,
et au gout peu délicat de ce tems, tomba, ftcras Henri Hl >
dans 11 ne licence effrénée , et ne prit le raasque honnéte
qu^au c om mencement du siécle de Louis XIV*
Le nombre des anciens mystferes est si grand , qu'il se-
rait difficile de rapporter les titres de tous ceux qui furent
pnbliés ou représentés.
« Cest aux Italiens , dit Voltaire dans ses Questions snr
» VEncyclopédie , qu'on doit ce malheureux genre de Dra-
3» mes appellés Mysitres* Ils commencérent dés le treizidme
3» siecle , et peut^étre auparavant , par des Farces tirées de
» Tancien et du nouveau Testament ; indigne abus qui pésso
» bicntöt en Espagne et en France ! Cétait une imitation
» vicieuse des essais que Saiut-6régoire de Naziance avait
» fait en ce genre, pour opposer un tbéåtre chrétiénau théåtre
» payen do Sophocle et d'Eurypide. Saint-Grégoire de Na-
^ ziance mit quolc|^u'éloquence et quelque dignité danscil
^
44^ M T S ff
91 piices : les Italiens et lenrs imilotears n'y mirent qu« å»
3» plutitudcs et des boiifloDneries.
» Les Autos Sacr a mentalas ont déshonoré l^Espagnef
» beauronp plus long-tcms qire les Mysterés de laJPassumf
> les Actes des Saints , nos Moralités , la JUére Sött» tfouk
» flétri la France. Ces Autos Satramentaleå se. représentaiMit
» encore k Madrid , il y a trés-peu' d'aunée8 ; Calderoo M
» avait fait pbiir sa part plus de deaz cents* Uiie de m
> plus fanaeuses piéces est la Dévotion de la Missa. Lei
» Acteurs sont un roi de Cordoue , Mahométati , un Anp
» chrétien , uue Fil le de joie , deux Soldate Bouffonij
» et lo Diable. L'un de ces deux boulTona est vn oomisé
3» Faschal Vivas, amonreuz d^Aminta. Il a pour rival LéliOb
-» soldat mahométan. Le Diable et Lélio venlent tner^ViTtiif
» et croieat en avoir bon marché , parce qu'il est en .péché
3» mortel ; mais Fascal prend le parti de faire dire une mesM
■ sur le theåtre et de laservir. Le Diable perd alon tönt»
» sa piiissanre sur lui.Pendant la messe , la bataille jse doniNS
X et le Diable est tout élonné de voir. Pascal au miliea.da
■
T» cumbut, dana le méme tems qu^l sert la ines8e«. Oh.Sohl
» dit-il ; je sais bien qu'un corps ne peut se trouver dan '
31 deux endroits å la fois , excepté dans le Sacrenaeot auqml
» le drole a tant de dévotion. Mais le Diable ne savait pM
» que TAnge Cbrétien avait pris la figur& du bon F^ucil
X Vivas ^ et qu'il avait combattu pour lui, peadant l'ojEoB
» divin. Le roi de Cordoue est battu, comme on peut liifln
x> le croire; Fascal épouse sa vivandiére ; et la piAce finit'
30 par Féloge de la messe. »
3) Dans un au tre aqte aacramental , Jésus-Chriat en-ps^'
3» juque quarréc , et le Diublc en bonnet å -deux cornM»
X disputcnt sur la controverse , se batteut å coups de poiiigB»»
» el Cnissent par danser ensemble une sarabanåe. Plusisuii
• t
• 4.4
i
MYS 44»
* pi^es Je ce genre se terminent par ces möts : Ite coine-*
» dia est» » D'antres pi^ces eo Irés- grand nombre, ne
«ont point sacrainenlales ; ce sont des tragi-comédies , et
Kiéme des tragédies. L'une est la Création du Monde ;
Taiitre les Cheveux d' Absalon. On a joiié le SofeU sou-^
mis ä r Homme-Dieu , \g Bx)n Payeur^ le Maitre-d' Hötei
de Dieuy la Dévotion aux Trépassés et toutes ces piéces
sont intitiilées:la Famösa Comedia»
Dans la tragédie d'Eschyles , la religion des Grecs étart
joiiée comnoe la religion Chrétienne le fut en ¥ranre, en
Italie et en Espagne. « Qii'est-ce en eflet » , demande Vol-
laire , « qne ce Vnlcain enchainant Prométhée sur im ro-
» cber par ordre de Jnp»ler?Qirest-ce qiie la förre et la
» vaillance, qni servent de gar^ons boiirreanx å Viilcain, si-
st non un Auto-Sacrameulal grec? Si Calderon a introdnit
» tant de Diables sur le tbéätre de Madrid, Escbyle n'a-t-il
j» pas rais aussi les Furies sur le théåtre d'Albfenes ? Si Pas-
» cal Vivas sert la messe, ne voit-on pas une vieille Py-
» thonisse qui fait toutes ies ceremonien sacrées daus Id
» tragédie des Euniéuides. »
» Les sujets tragiques n^ont pas été traités autrement chez
» les Espagnols , que leurs Actes Sacramenttmx* Cest la
9 méme irrégularité , la méme indécence , la.méme ex-
» travagance, Il y a toujours eu un ou deux bouflons
» dans les piéces, dont le sujet est le plus tragique. Oo
» en voit jusques dans le Cid:\\ n'est pas étounant que
» Corneilie les ait retranchés, On connait YHéraclius de
» Calderon intitulé : Tuute la Vit e!>t un Mensonge , et
» Tout est une Vtrité ^ qu'on crolt antérieur å VHéraclius
» de Corneilie. L'énorme démence de < ette piéce n^empecLe
9 pas qu'elle ne soit semée de plusicurs morceaux éloquons^
» tit de (^uclques txalts de la plus grand e beauté. « ^
444 MYS
a Non-SGulement , Lopftz de V^ga sVut jstcUi I
» (lans toiites les extravB)rances d'un tbéitre groauar if
> obiurde; crais il les uvait trouvéet éUbliea. Lopii h
» Vega éUilt indigné de cette barbaiie ; et cependaat il ('j
* soumctlait. Son biit était de plaire k un peiiple ^omt,
* amalcur dti taux merveilleuz , qni voulait qu'on pnlll
» & se^ yeux plus qii'ä son åoie. Voici commo 'Vigt ■'■
» cxpliqiie liii-tnéme dans son ii«iivcl art de {alre det »•
> médics de son tems. >
Let Vinilalci , In Goths , dUn* Irori ferili Ihiutm
DJdaigncnt in p>flt des Urtei et det Romaioi.
Ko* ajreax ont mirehj dm» rm nonTeins cIiBmiu t
No* tjeux cUicnt des bsrbares. - '
L'abai rtgae , Tvt tombe , et la raiioti •'enfuiL
Qni Tcut Jcrire ktco d^occ ,
Atcc art , stcc goftt , n^en rnitieille aucim fniit ;
Il vit dan* Ic mépris , el niAni-t dan* 1'uidigeBce !
J« me Tois obligi d« sovir rignorance ,
D^enfermer aous ^atre Teiroos
Sopboelc , Eurjpide et Térence ,
féeri* en iateosé : mai* f iwis pour de* fonX.
» Labouffbnneriefut joiiiteåriioiTeursurle théfttre Aic,
a glais , toute la vie d'un homme fiit le sujet d'itae traged»i
» Les acteurspassaieat deB.ome,åVcnise , enChypTe,dc>
» La plus vile canaille paraissait sur le tbéåtre avecdai
X Frinces, et les Pnnces parlaient sauvent commelaca'
M naille. ( Lisez la tragédie du Maure de Fenise
a y tronverez k la premiére scdne quo la fille di
n fait la bSto k dsux dos avec le Manre, et qti'
» de cet accoiiplement des chevaux de Barl
» ains! qii'on parlait alors sut ic thd&tre tragiqiie d«
L'auteur d'un de ces Mystéres, décrlvant
te passoit tout-å.-U-fois , au Ci«I ,
MYS '445
es Enfers , imagina de faire constniire ud théåtre k trola
kageå. Le peintre qui fut chargé de représenter la demcure
fcs Bienheureux pour Fétage supérieur , disalt å ceux qui
reoaient admirer cette décoration , « Voilå bicn le plus
ft beau Faradis que vous ayez jamais yu de votre vie ^
» ni que vous verrez. » .
On représentait encore autrefois k plus ou moins de per-
tonnages y des piéces de dévotion , dans lesquelles on faisait
paraitre d'ordinaire les Diables qui devaiént tourmenter
éternellemeof. les pécheurs endurcis. Ces représcAtations
8*appeliérent Petite J^ie , Grande Diablerie. Petite, quand
il y avait moins de quatre Diables ; Grande , quand il y
en avait quatre : d'oä ealt venu le proverbe ^ faire le Diable
ä quatre •
MYSTÉRES DISIS (les), opera en quatre actes , par
M.Morel, musique deMozart et deLacnith, k TOpéra. i8oj»
L'intérét de cette piécc est faible , comme dans la plupart
de ces sortes d'ouvrages, oik Faction et Fintrigue sontsacri-
fices å la pompe du spectacle et å la musique. Il faut voir
représenter un opera; pour le jnger, Tanalyse qu'on peut
en faire ^ quelque parfaité qu'elle soit , n'en donnera jamais
qu'uue faible idée , parceque les détails y sont tout ^ et '
que 1'intrigue n'est qu'un fil léger, qui ne sert qu^å leur
donner un air d'ensemble. Les Mysteres d'Isis en sont
une preuve : un acte tres-court aurait suffi au développement
•t au dénouement de l'action* Qu'est-ce en eflet qne cette ac-
tion? Deux möts sufliront pour en donner une idée. Zorastro,
Grand Pontife du temple dlsis , tient Pamina , fille de
prédécesseur Zoroastre , enfermée dans les .murs dii
[ue par Fordre du pére qu'il a osé fairo
iis Isménor qui doit épouMr
«^> MYS
Pamma et surrédcr :\ Zorattro , vicnt se faira inilier , ét
clélivrer sa inaitresse. 11 nicuuce Zorastro de toute sa colåie p .
luuis cehu-ci In i en io)))ose par les prestiges doot les prétras
ont sii s'cnvironiicr du tönt tezns. Il appaise avec d*autaut
plnA de fucilité ret amant irrité, qu'ii lui promet la mainde
sa maitresse, s^il se tire avec courage des épreuves qaW
va lui fairc subir. Isménor se montre iotrépide, commeFoa
doit s^y altendre et Famina devieot sonépouse. Bochorisy
Mona, Myréue ne sont dans cette piéce que des persoo-
nages accessoires qni j jettent de la varieté , pziais qui no
font qu'en diminuer rinlérét. Le principal mérite ds l'ou-
vrage , consisle donc dans la nouveauté du spectacle j et
dans la beauté et 1'harmonie des vers , qni sont coupés de
maniére qiron a pu les adapter å la musique de la flute eo-
i^hantée de Mozart.
riM DU 8IXZEICE YOLUMa..
De llmprimerie de Rousseau , me Poupée ^ n^, 7.
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k 725.99'»
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