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Full text of "Annales du Collège Royal Bourbon, d'Aix depuis les premières ..., Volume 1"

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ACADEMU COMICTOFI'M COUEGII REGII-BORBOXU 
AQl'EX^IS SOCIETATIS JESU. anno mdccn. 

Jean l'ûv-Lûo ivtt'* et delin. Jac. Coelemans Siuif^it 



J. EvM^ot à O; phot. Communiqué p»r M. Ftiaiit 



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L'ENSEIGNEMENT EN PROVENCE 

AVANT LA RÉVOLUTION 



ANNALES 



DU 



Collège Royal Bourbon 

D*AIX 

DEPUIS LES PREMIÈRES DÉMARCHES FAITES POUR SA FONDATION 
jusqu'au 7 VENTOSE AN III, 

époque de sa suppression. 



MANUSCRITS & DOCUMENTS ORIGINAUX 

publiés et annotés par 

TAbbé Edouard Méchin 



MARSEILLE 

IMPRIMERIE DE LA RUCHE, J. EVESaUE ET C" 

68, rue Paradis, 68 
1890 



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jOUTHE'SOULARi 

Arles et Embrum. 



ersité, les Archevêqu 
et contribué beauo 
du Collège Royal 
revivre aujourd'hui 
>acré-Cœur; Elle est 
nés; n'est-il pas natur 
dédier à Votre Gra 
i constante préoccup 
n pour renseignement 
en m'accordant vol 
)ser mon travail à v( 
i ma filiale et sincère 

DOUARD MÉCHIN, 

Prêtre, 



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XI 



modification asse:^ importante nous a semblé nécessaire : au lieu de 
mettre un chapitre par année, comme dans le manuscrit original, 
nous avons mis un chapitre par Recteur. Chaque chapitre forme 
alors un tout complet, et l'histoire moins coupée devient ainsi plus 
intéressante. 

Nous nous proposions de mettre dans le texte de nombreuses 
photogravures de personnages et de monuments, mais certaines 
considérations nous y ont fait renoncer, et chaque volume n'en 
contiendra que deux. Ces nombreuses photogravures du reste, 
n'étaient pas nécessaires pour l'intérêt de l'ouvrage, et elles 
en eussent considérablement augmenté le prix. Il nous a semblé 
préférable de faire un album à part, que nous publierons dans 
la suite, comme un complément agréable, mais non pas nécessaire, 
de l'ouvrage. 

Enfin une table alphabétique des noms de lieux, de personnes, 
de faits remarquables, était nécessaire pour faciliter les recher- 
ches. On la trouvera à la fin du dernier volume, les autres 
volumes n auront que les tables sommaires des chapitres, des notes 
et des pièces justificatives du volume. 

Nous ne saurions terminer cette préface, sans faire acte de 
justice, et sans reconnaître la part importante qui revient dans 
la publication de ces Annales, à M. le Conseiller de Duranti 
la Calade, à M. le M" de Lagoy, et à M. de Berluc- 
Perussis. Nous avouons en toute sincérité, que, sans leur précieux 
concours, il nous eut été à peu près impossible de mener notre 
travail à bonne fin. Ces Messieurs nous ont obligeamment 
signalé ou procuré de nombreux documents ; ils nous ont aidé 
dans les passages les plus difficiles; ils nous ont communiqué 
des notes précieuses ; et leur parfaite connaissance de tout ce qui 
touche à la Provence, nous a permis d'identifier la plupart des 
personnages mentionnés dans ces Annales. Qu'ils acceptent donc 



famiUc de Montvalon n'abandonnèrent pas leurs amis. Ils coniinucrent à soutenir par 
leurs écrits, ceux quils ne pouvaient plus défendre par leur parole puissante. Aussi en l'/à}, 
le T. R. P. Général Laurent Ricci ne croyait-il pas devoir moins faire, pour reconnaître de si 
grands et de si généreux services, que d'envoyer au chef de la maison de Montvalon, un 
droit à tous les mérites et à toutes les prières de la C° de Jésus. Ce titre écrit sur parche- 
min richement enluminé, était accompagné d'une admirable lettre du P. Général Laurent 
Ricci ; et cette lettre, que l'on trouvera aux Pièces justificatives, fait autant d'honneur à 
celui qui fa écrite qu'à celui qui l'a reçue. 

Est-il téméraire, étant donnés des rapports si intimes entre la famille de Montvai.ox et 
Its Jésuites, de penser que les Jésuites, sur le point de périr, /•ms^ac Clément xiv détruisait 
la O* de Jésus dans le monde entier, aient donné à la famille de Montvalon, en tout ou 
en partie, ce qu'ils avaient de plus cher, leurs archives ) Ne voit-on pas chaque jour celui 
qui meurt léguer à son meilleur ami ce qu'il a de plus précieux < 



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DU 

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PARTIE 

COLLÈGE D'AI}^ 



PREMIER. 

: COLLÈGE ET SES PREMl 
ÏT DIX ANS. 



irent leur source de loi 
issent porter bateau po 
î, elles courent un long ej 
mtrent mille tertres et 
it nécessairement surmc 
à leur course. Ce ce 
expectation pour les u 
;me; car auparavant qu 
)nsistence, il a trainé er 
s plus grandes difficulté; 
n establissement le fera ^ 
;e fut prins, es Estats gén 

i$82^ jusqu'au ji octobre i^8j. 
Sainte-Croix ; Jean Chartras, ass 

es Consuls et Assesseurs donn 
)ar M. le M'« de Lagoy, du m; 
ics particuliers^ appelés ensuite syi 
ssesseurs de la pille d*Aix (Voir 1 
•âge). 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 



Seigneur Messire Alexandre de Canigiani (^) , Archevesque 1 583 

de cette ville d'Aix, qui seroit humblement supplié d'y vouloif 
assister. En exécution de quoy, lesdits S" Consuls et 
notables personnes en grand nombre, auroint en la présence 
dudit S' Archevesque, visité par diverses fois tous les endroicts 
de la ville, mais n'ayant peu treuver aucun lieu commode 
qui ne feut à insuportable faiz et despens, auroit enfin jugé, 
astre plus expédiant de bastir ledit collège, en la maison de 
pierre joincte, dicte le Jardin du Roy (^), hors la ville, 
appartenant à noble Baptiste de la Ceppède, escuyer de 
ceste ville, Mon' mestre Jean de la Ceppède (^), Conseiller en 

(1) Alexandre Canicmàni, fils d'Antoine et d'Argentine Soderine, sœur de la mère 
de Julien dr Médicis, son prédécesseur, fut destiné à l'Eglise dès l'enfance. Il fut un 
des premiers prêtres qui vinrent se placer sous la conduite de saint Charles 
Borrom£:e, et il était à cette sainte école lorsqu'il fut nommé archevêque d'Aix, 
en 1Ç76. 

Il commença le séminaire ; et pour reformer son diocèse, il appela quelques saints 
prêtres qui vivaient avec lui. Mais les malheurs des temps et les désordres de la 
Provence, ne lui permirent pas de faire tout le bien qu'il désirait. 11 se vit même 
obligé de se réfugier à Rome. 

Il visitait assidûment son diocèse; de bons et savants prêtres le précédaient et 
préparaient le peuple à le recevoir. Pendant ses visites, il conférait non seulement 
le sacrement de confirmation, mais il se plaisait à entendre les confessions, à visiter 
les malades, à leur porter le saint viatique et à leur administrer l'extrême onction. 

11 convoqua un concile provincial, dans lequel, tous les canons du concile de 
Trente furent reçus. L'ouverture de ce concile se fit le 24 février 1584, la treizième 
année de Grégoire XIII, et la onzième de Henry III. 

Lorsque Hfnri III convoqua les Etats généraux à Blois, Monseigneur Canigiani fut 
député du clergé de Provence. Il se retira ensuite à Rome où il finit ses jours 
pleins d'années et de mérites, en 1591 (Cf. J. S. Pitton, Annales de la Sainte-Eglise d' A ix). 

(2^ Le Jardin du Roi avait été le jardin du Roi Robert. (J.-B. Roux. Tableau 
chronologique, Mss. cit. an. z^8j). 

i3) Jean de La CÉpàoB que l'on croit être de la même famille que sainte Thérèse, 
naquit à Marseille, au milieu du seizième siècle, de Jean-Baptiste de La Cépède et de 
Claude Bompar. Il fut reçu Conseiller au Parlement d'Aix le 28 octobre 1578 et Pré- 
sident aux Comptes, en 1586, à la mort de Hugues de BoMPARde Magnan son parent; 
ensuite Premier Président de cette Chambre, le 14 juillet 1608, à la place de Jean de 
RoLLANDS de RÉAUYiLLE. Il épousa Magdelaine de Brancas, fille du baron de C^restb, 
dont il n'eut qu'une fille nommée Angélique, qui épousa Henri de Simianb, Conseiller 
en la Chambre des Comptes. 

Jean de La CépàoB étoit un magistrat aussi recommandable par sa piété que par 
son savoir. Ses jugements furent toujours intègres et accompagnés d'une douceur qui 
engageoient ceux même qui perdoient leurs causes, à lui en faire des remerciements. 
11 fut l'ami des gens de lettres de son tems, tels que Duperier, Louis Galaup de 
Chasteuil, Malherbe, etc. 

Il mourut à Avignon en 1622. Son corps fut porté à Aigalades, près de Marseille, 
dont il étoit seigneur, et inhumé dans l'église des Grands-Carmes. 

Ses ouvrages sont : i" Une Imitation des Psaumes de la Pénitence de David, avec un 
discours en prose à la tète de chaque pseaume . Les versions du pseaume' 102, du Vexilla 
Régis : des Sonnets et des Méditations sur le Mystère de la Rédemption, Lyon 1S04, in-8«. 

2« Les Théorèmes spirituels sur la vie et la mort de J.-C. et sur tes autres Mystères de la 
Religion, Toulouse, 2 vol. in-4'*, 161? et 1621. (Achard. Dictionnaire des hommes illustres 
de la Provence et du Comté- Vcnaissin), 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



collège, pour le bien public qui ne souffroit dilation , en 1 583 

attandant le consentement de Sa Majesté. A ces fins. 
Messieurs les Consuls, au nom de la Ville portèrent requeste 
à mondit Seigneur le Grand Prieur (^), lequel la leur accorda 
à Arles où il estoit lors, le 22 juin de la mesme année, ainsy 
qu'il appert par son consentement que nous avons dans nos 
archives, scelé et signé de sa main. 

Le premier febvrier de Tannée suivante 1 584, le prixfaict 1 584 

du bastiment du collège feut donné par Messieurs les Consuls, 
à M. Honoré OftCEL, masson d'Aix, à raison de quinze florins 
la canne quarrée, à mesure tant plain que vuide. L'acte du 
prixfaict est chés M* Borrilly, notaire. 

Environ le mesme temps, comme le bi^iict de l'establissement 
du collège des Pères Jésuistes dans Aix courut par tout le 
pais, un honnest homme d'Esparron de Palières, mourant, 
laissa, (ses héritiers manquants) la commune du lieu héritière, 
à pache de faire tenir les escholes à quelqu'un, et en cas 
quelle y manquast, il donnoit et substituoit ses biens aux 
Pères Jésuites du collège d'Aix. Ladite hoirie valoit bien à 
ce qu'on dict, trois mille escus, desquels ladite commune jouit 
maintenant. 

A quelques années de là, scavoir est, Tan 1588, on 1588 

unit au collège le prieuré de Saint-Barthèlemy de Roque- 
fuelle, proche Saint-Maximin. Nous avons dans nos archives, 
toutes les provisions et autres actes de possession dudit 
Prieuré. 

Le peu d'ouvriers que nostre Compagnie avoit en ce temps, 
fut cause que l'establissement du collège fut dilayè dix ans 
entiers, jusques à ce que l'an 1593 {^), comme on traictoit, iççj 

pour avoir nos Pères en quelque autre ville de la province 
voisine d'Aix, ce bruict fut cause, que Messieurs les Consuls (^) 



(1) Hbicri db Valois, comte d'Angoulême, Grand Prieur de France, était fils naturel 
du roi Henri II et d'une dame écossaise de la maison de LévisTON, nommée Flamin. 
Gouverneur de Provence en i$79iil fut tué à Aix par Altovitis dans Tauberge de la 
Tète Noire, rue des Grands Carmes, en i$86. 

(2) Consuls et Assesseur depuis le i**" novembre 1^92^ jusqu'au 3i août j^qjs 

Messire Guillaume de Rascas, seigneur de Chftteau-Rcdon ; Joseph Gibert, 
assesseur; François du Perier, écuyer; Raymond Chavignot. 

(3) « Ledit jour 10 septembre 159^ conselh tenu pour plus, que les Jésuites 

« seront mis au collège de Villeneuve. » 

(Journal de Foulques Sobolis, Mss, original /!• 52^ de la bibliothèque de Carpentras, 
/cl. lai, perso). 

N.-B. — Tous les passages du Journal de Foulques Sobolis mentionnés dans cet 
ouvrage, ont été pris surune copie faite par M. le M'* de Lagoy sur le Mss. autographe. 



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HJ^TOIRE DU COLLÈGE D*AIX 



fut solennellement passé le jour de Saint Michel, 29 septembre 1593 

de la mesme année 159J, il fut ordonné par ledit contract, 
que l'église et le collège porteroit le tiltre et le nom de 
Saint Michel, Tun des patrons et protecteur de la France 
et de Téglise gallicane. L'original de ce contract est rière 
DuLAUs, notaire royal. 

La bonne affection que ceste ville portoit à nostre compagnie, 
et sur tout, la protection spéciale du glorieux archange Saint 
Michel estoit plus que suffisante pour bailler des progrès à 
ce collège esgal à l'heureux commencement d'iceluy, n'eust 
esté, que par les secrets ressorts de la Providence divine, les 
calomnies des hérétiques et des mauvais catholiques ayant 
gaîgné le dessus, nostre compagnie fut presque en ce mesme 
temps proscripte de toute la France, ce qui dissipa entière- 
ment l'heureux succès de ceste bonne entreprinse, et empêcha 
la possession dudit collège qu'on avoit un peu différée à 
cause de la Ligue qui estoit lors comme en sa crise, chacun 
voulant attendre ce que s'en seroit (^). 

(1) Il nous a semblé intéressant de réunir, sous le n* 5 des Pièces justificatives 
plusieurs passages (de 159^ à 1603) du manuscrit de Foulques Sobolis, concernant le 
Collège de Bourbon et le zèle des Archevêques d'Aix pour Téducation et l'en- 
seignement. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



supplièrent Sa Majesté qu'il luy pleut ériger en ceste ville, i6oj 
une Université pour l'instruction de la jeunesse tant aux Lettres 
humaines qu'es facultés de Théologie, Jurisprudence et 
Médecine, avec les mesmes honneurs, privilèges, prérogatives, 
préérainenses, libertés et franchises, que les autres Universités 
du Royaume, ce que Sa Majesté leur octroya par lettres 
patentes en forme d'édict au mois d'octobre, ordonnant que pour 
marque qu'icelluy collège avoît esté institué de son règne et soubs 
son authorité et faveur, il fut nommé et intitulé le Collège 
Royal de Bourbon, et que ce tiltre fut gravé en lettres 
d'or sur le grand portail d*icelluy. Il ordonna, que ce collège 
feut composé pour la profession des Lettres humaines, d'un 
Principal et de quatre Régens ; pour la Philosophie, d'un 
Logicien et d'un Physicien ; pour la Théologie, de deux Docteurs 
Régens, un pour la Positive et l'autre pour l'Escholastique ; 
pour la Jurisprudence, de quatre Docteurs Régents dont le 
troisième sera Lecteur en Droict canon et le quatrième 
rinstitutère ; pour la Médecine et Chirurgie, trois Régens, le 
dernier desquels sera l'Ânatomiste ; et finalement, de deux 
Bedeaux et d'un Portier. Pour fornir aux gages desdits Régents, 
il ordonna qu'il seroit faict et estably une crue de deux solz, 
sur chasque émine de sel, qui se débitera dors en avant par 
chacun an aux greniers à sel de cette province, et outre et 
pardessus le prix ordinère dudit sel, les deniers de laquelle 
somme sont estimés monter six mille livres par an. Il commit 
et députa pour Intendants dudit collège et Université, Messieurs 
les Premiers Présidents des Courts de Parlement et des 
Comptes et le Premier Conseiller en chacune d'icelles, ou en 
deffaut et absence desdits Premiers Présidents ou plus anciens 
Conseillers, les premiers en rang d'après eux ; Item, les 
Procureurs et les Advocats Généraux èsdites cours, et les deux 
plus anciens du corps des Thrésoriers Généraux de France 
en ce païs ; ensemble, les quatre Procureurs du pais, tous 
lesquels Intendants auroint pouvoir d'ordonner des gaiges 
requis à l'entretien dudit collège et Université ; et il leur en- 
joignit de s'assembler chacun an, le dernier jour des festes 
d'après Noël, dans icelluy collège, avec deux principaux 
habitants députés de ladite ville, affin d'adviser ensemble, à 
ce qui sera requis pour le bien entretènement et advancement 
d'icelluy, et y régler et ordonner ce qu'il appartiendra. La 
coppie de cest édict d'érection, avec la vérification du 
Parlement et de la Cour des Comptes et des Thrésoriers 



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ÉGE d'aIX 



ignée et collationnée en sa 

Dy dans les lettres patentes 

portant que sur le grand 

en lettres d'or ce tiltre, 

Messieurs les Intendants 

urent de faire dresser un 

oUége, et en donnèrent 1© 

)4, moyennant douze cents 

public qui est (^). 

sssus, furent tenus par des 

années, (*) soubs la conduite 

ludiance a esté publié edict du Roy 
audit Aix avec assignation dez deniers 

[Comptes a dict que sera enregistré et 
entrée du collège. Collège Royal 

par la Court de Parlement. (Sobolis, 

Pari, de Prop, Livre V, an i6oj, donne 
e que M. le M'« de Lagoy a faite sur 

ité. Pièces justificatives. n<» 8. 

ndics, etc.) rapporte deux faits qui 

38, que Taprès diné de la Fête-Dieu, 
îlquefois la comédie, à la place des 
our, amuser le public, et remplir le 
à cet effet aux Régens du Collège, 
ée (J.-B. Roux Mss. cit. an. 1608). 

s XIII, pour l'instruction et l'exercice 
u fait des armes, soit à cheval soit à 
stration attribuée au collège royal de 
-B. Roux Mss. cit. an, 1611). 

passages de Pitton et de Haitzb 

mt couru, nos Consuls écrivirent de 
)ompagnie, mais cet établissement ayant 
entre les mains des séculiers qui Tont 
sur tous Philibert Fézaye, religieux 
qui enseigna le premier la philosophie 
al en Sainte Théologie, homme d'un 
un des ornements de notre ville, et 
lui succéda dans sa Régence (J. S. 

ravailloit à agrandir la ville, le Bureau 
)sant ce qui estoit nécessère pour mettre 
n des plus beaux ornemens . Pour ce 
x savans tant dedans que dehors le 
;s choses estant prêtes, on procéda, de- 
On choisit des personnages de réputas 



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HISTOIRE, DU COLLÈGE d'aIX 11 

de trois divers Principaux successifs, le premier desquels feut, 1604 

Mon' CoussoN suisse, le second, Mon' Jean Ansenius flaman, 
le troisième et dernier, Mon' Roseau , et quoy qu'il sembloit 
que cest ordre si bien estably, devoit continuer à perpétuité 
et oster tout-à-fait Tespérance à nos amis, de nous voir 
jamais estre remis en leurs places, deux choses néantmoins 
fomentèrent tousjours dans le cœur des habitants le désir de 
nous avoir, quoy que les moyens semblassent estre impossi- 
bles pour les difficultés qui se rencontroint. La première 
feut, le peu de progrès que fesoint les enfants tant es bonnes 
mœurs qu'es Lettres humaines soubs la discipline séculière 
des susdits Régents, ce qui obligeoit plusieurs des parents, 
d'envoyer leurs enfans, hors de la Provence, es collèges de 
nostre compagnie, quoy que non sans grandes et notables 
despenses. Et certes, ce n'estoit pas merveille que la jeunesse 
profîtast si peu soubs la conduicte des Messieurs susdicts, 
puisque entre eux et leur Principal, il n'y avoit point de 
bonne intelligence, en preuve de quoy, il se treuve parmy nos 
papiers une plaisante requeste, qui fut présentée à Messieurs 
les Intendants du Bureau de l'Université, par un Jacques 
Amiot, professeur de Philosophie en ce collège, à l'encontre 
d'un Principal qui estoit lors. Elle contenoit douze articles et 
à la fin, il conclud que Messieurs feroint bien d'appeler les 
Pères Jésuites , pour leur bailler la direction du collège et 
remédier à tous les désordres qui s'y voyoit pour lors. L'autre 
chose qui nous meintint toujours en une grande estime en 
ceste ville, nonobstant les calomnies de nos hayneux, feurent 
les prédicateurs de nostre compagnie, qui y preschêrent 
fréquemment les advents et les caresmes, au grand contentement 
et profit spirituel de tous les citoyens. 

Le premier des nostres, qui prescha en ceste ville, environ 
l'an 1580, feut le P. Ignace Balsamo. Les vieillards 
de ce temps là asseurent, qu'il feit un très grand profit en 
l'extirpation des vices, sur tout, à faire cesser les contracts 
usurères qu'on fesoit des debtes à jour ; ce qui feut cause 
quon mist les pensions à constitution de rentes perpétuelles. 
Quelques années après, le P. Cristofle Clemansson. (Le 

u tion, parmi lesquels se firent principalement remarquer, Philibert Fezaie, religieux 
« carme, natif de Château-Renard: Jacques Fontaine et Antoine Mérindol. Le 
« premier après avoir honorablement prouvé sa sufisance, fut installé dans une des 
« Régences de Philosophie et qui eut d'abord parmi ses écoliers le fameux Pierre 
« Gassendi... (P. J. de Haitze, Histoire de la Ville d*Aix, liv. XIV, § XXIII). 



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• ' v^r^.r^ipf" 



HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



t il est parlé, prescha deux diverses fois 
s dans Aix), lequel outre le profit qu'il 
et pieuses prédications, il jetta comme les 
; du collège, laissant à son départ un désir 
3 la ville d'avoir nos Pères estably chés 
, vindrent par années interrompues, le P. 
'année i6oj, lequel ne prescha que Tadvant, 
igneur T Archevesque , (Paul Hurault de 
^and) (^), ayant dessein qu'un autre pres- 
"^hapitre de recevoir celui qu'il envoyeroit, 
lite qu'ils avoint choysi se retirast, ce qui 
t P. CoTTON fut envoyé ce caresme là 
). Il semble que Dieu le vouloit disposer par 
à l'honneur du confesseur du Roy , car 
fut envoyé en Cour pour ouyr les confessions 
lutres qui lui succédèrent sont le P. Rey- 
le P. Gaspar Séguiran, le P. Jacques 
Claude Marius, le P. Pierre Grangier, 
y preschèrent par deux fois . La der- 
ÎRANGIER fut l'année 1617, auquel temps, 

THôpiTAL fut pourvu de l'archevêché après la mort de 
de Robert Hurault, seigneur de Beleslat et de Madelène 
du grand Michel de I'Hôpital chancelier de France, dont 
à celui de sa famille. Il fit son entrée solennelle dans 

installation et qui fut la première du XVII* siècle, il la 
A faveur qu'il accorda, pourTérection de la première maison 
ice, qui est celle d'Aix, Le 2 décembre de l'année 1601, il 

le livre des Evangiles, dans l'Eglise des Célestins de Paris, 
Grand jura le traKé de Lyon, fait avec le duc de Savoie. 11 
jxde la province tenus à Aix, en i6oj, et assista à l'Assemblée 
^rance tenue à Paris en 1606 

et le premier mobile de tout se qui se faisoit dans sa 

fut député en 161$, pour assister à l'Assemblée générale 
ssemblée mémorable par la réception qu'on y fit du Concile 
nodifications. 

aul fut cassé d'années, ou qu'il eut seulement dessein de 
eveu Gui Hurault, il se le fit accorder pour coadjuteur en 
'il avoit eus, jusques alors, avec le Parlement, pour la juri- 
>uts de sa dignité, Tavoient fait connaître pour homme de 
eur très passioné des droits ecclésiastiques.... La commission 
, de faire l'éloge funèbre de l'empereur Mathias, dans l'église 
ifirma dans la réputation où il estoit d'exceller en éloquence. 

fort bruTant dont le cours avoit esté de vingt-cinq années, 
le mois de septembre de l'année 1624. C'estoit un Prélat qui 
;, par sa riche taille, par son aspect grave et majestueux, 
lèssances, qui certainement pouvoient le faire passer pour 
(P.J. de Haitze, Episcopat Métropolitain d' Aix. Aix, Makaire, 
iv.) 

is n- 9. 



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ÎTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 13 



calomnie très attroce par la si 
comme venant d'Espaigne. L'au 
istrat du Parlement qui en feut fi 
edit P. Grangier ayant luy m 
en présence de Messieurs et justif 
m innocence, qu'il estoit bon ser 
voit aucune intelligence avec TEspa 
leura audit magistrat qui estoit un 
la merveille est, que du despuis 
s bon amy de nostre compagni 
llége, luy ayant procuré de très bc 
t des grosses amandes qu'il feit de 
)ssédant une plus honorable charg 
^oir en qualité de Président, entre ai 
3 douze cents livres. Tan mille six 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 15 



par la ville et treuvèrent moyen d'avoir un arrest de quelques 1620 

uns de Messieurs du Parlement, qui feut donné dans la grand 
Chambre le 26 novembre 1620, par lequel, inhibitions et 
deflFensesestointfaictes aux Consuls, de faire aucunes propositions 
ny délibération dans la maison commune, concernant Testablis- 
sement des Pères Jésuites, sans expresse permission du Roy 
et de la Cour, lequel arrest fut aussy tost inthimé aux Consuls, 
et la coppie d'icelluy coUationnée est dans nos archives (^). 

Monsieur le Comte de Bourbon et les autres Consuls ses 
collègues, jugèrent qu'il falloit obéir audit arrest, et après avoir 
prîns bon conseill la dessus, dressèrent une belle requeste au 
Roy, par laquelle ils supplioient humblement Sa Majesté, 
d'ordonner que les Pères Jésuites feussent installés en son 
Collège Royal de Bourbon de ceste ville pour Iqs causes 
contenues en ladite requeste, et adjoustèrent une lettre 
addressante au R. P. Arnoux, confesseur du Roy, pour le 
prier de s'employer à Tentérinement de leur requeste. La 
coppie de laquelle aussy bien que ladite lettre sont dans nos 
archives. 

La requeste feut présentée au Roy et à tout son conseill, 
en suitte de laquelle, il pleust à Sa Majesté d'ordonner par 
lettres patentes en forme d'édict données à Paris le sixième 
febvrier 1621 (^), que les Pères Jésuites seroint mis et 162 1 

instalés dans son Collège Royal de Bourbon de la ville 
d'Aix, pour y enseigner les Lettres Humaines et la Philoso- 
phie, et ce, soubs les mesmes conditions qu'ils sont establies, 
dans les autres villes du Royaume, et en outre. Sa Majesté 
recommanda de vive voix l'exécution de ceste affaire à 
Monsieur d'OppÈoE, (^) Premier Président de ce Parlement, qui 
estoit pour lors à Paris. 

Monsieur d'OppÈoE estant arrivé en Provence, assembla 
toutes les Chambres du Parlement, et leur déclara, que la 
volonté du Roy estoit qu'il y eust un collège des Pères 
Jésuites dans Aix, et que Sa Majesté ne lui avoit rien 
commandé que cela. En suitte de quoy, lesdites lettres patentes 

(x) Voir le chapitre de Haitze, aux pièces justificativeSf n* lo. 

(2) Voir les pièces justificatives n* ii. 

(;) Vincent Anne de Forbin-Mainibr, baron d'OppÈDE, fut pourvu de la charge de 
Premier Président par lettres données à Paris, le 14 février 1621, et il fut reçu le 
50 mars suivant. S. M. le nomma aussi pour présider à la Chambre des Communautés 
impuissantes par lettres du 24 février, vérifiées le 9 avril même année. Il avoit été 
Primicier de TUniversité en i6oj ; l'année diaprés Conseiller à la Cour et Président 



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-^^ L. . .1 Jjpjpj 



^^ 



TOIRE DU COLLÈGE D*AIX 



tntées en Parlement, les Chambres 
les grandes oppositions de tous Messieurs 
: de pleusieurs autres, furent par la 
registrées et vérifiées, soubs quelques 
irrest qui feut donné le 14 de may de 

est de vérification, Messieurs les Consuls 
1 de ville, auquel assistèrent deux com- 

qui feurent Monsieur le Conseiller de 
jr de CuGEs (^), et nonobstant les grandes 
ïs qui avoint esté faictes pour empêcher 

Tassistence et faveur de Monseigneur 



neur de haranguer le Roi à la tête de la Compagnie, 
ille, en 1622. Durant la contagion de 1629, il ne sortit 
it que la Cour y fut en séance, et il exposa généreu- 
> ses concitoyens. Lorsque la Compagnie se réfugia à 
la tète la Cour, et il ne quitta point sa place jusques 
avons parlé dans cette histoire, des différents qu'il 
oriolis, qui présidoit à Pcrtuis, et des troubles qui 
i Elus dont la commission lui avoit été adressée; i] 
faire un voyage à Paris dans le mois de novembre i6;o, 
it de cette province. A son retour, s'étant arrêté à 

prince de Cond6 qui venoit pour commander en 

:ident d'apoplexie, le 17 février 165 1, après avoir été 

descendoit du côté paternel, d'un frère du grand 

été le premier Gouverneur de Provence, après la 
incipale cause de la donation que le dernier de nos 
ICC. Du côté maternel » il étoit petit-fîls des Mainiers. 
>ns vus Premiers Présidents en ce Parlement (1507 et 
es descendants ont été obligés de porter le nom et les 
lusé Aimare de Castellanb, fille du seigneur de la 
i fut aussi Premier Président, et un autre mort évêque 
ac, Hist. du Pari, de Prov, Mss. cité). 

lu Roi, sur l'établissement des P. P. Jésuites dans la ville 
n* 15. 

(ur de Thoard, fut pourvu de l'ofTlce vacant par la 
- lettres données à Paris le 22 décembre 1587, et reçu 
lie de Digne où il avoit été Conseiller au Siège depuis 
lorsqu'il n'étoit encore qu'avocat, il fut député aux 
', il fut Primicier de l'Université d'Aix ; en 1605, après 
\ la permission de continuer l'exercice de sa charge 
Is il lui fut accordé de nouvelles lettres pour continuer 
autres années, après quoi il alla finir ses jours chez les 
n. Il avait épousé Marguerite d'ARBAUD, fille de Pierre 
es plus savants hommes de son siècle dans le Droit 
es arrêts manuscrits qui sont fort estimés. (d'Esmivi de 
K Mss. cite). 

eur de Cugbs, fut pourvu de l'office qui vaquoit par la 
neur de Tourtour, par lettres données à Paris, le 
le 19 mars 1599. Il avoit un frère évêque de Sisteron. 
, dame de Rousset. (d'Esmivide Moissac, Hist. du Part, 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 17 

de Guise ('), qui daigna bien entrer en rassemblée pour recom- 1621 

mander Taffere de la part du Roy, et qui fut après fort bien secondé 
par Messieurs les Commissaires de la Cour, il fut conclu par 
la pluralité des voix de tout le Conseill, qu'on appelleroit les Pères 
Jésuites, pour les establir, dans le Collège Royal de 
Bourbon, et qu'on leur donneroit pour leur entretien trois 
mille livres de rentes annuelles, et tout le bastiment dudit 
collège avec la chappelle Saint- Louis. Et faut remarquer, que 
de huictante-un qu'ils estoint audit Conseill, il y en eust 
soixante pour nous, et que lors mesme, furent nommés et 
depputés une douzeine du Conseill, pour faire les paches et 
conditions du contract, ce qui causa une joye extraordinaire 
par toute la ville d'Alx, de sorte que, pleusieurs des plus 
apparants s'en allèrent conjouir avec le R. P. Claude 
SuFFREN (^), qui avoit presché à Saint-Sauveur ceste mesme 
année, les advant et Caresme, et qui s'estoit arresté pour ce 
mesme subject. 

Comme il arriva qu'entre ces depputés se trouvèrent quelques 
uns de ceux qui avoint tousjours traversé l'establissement du 
collège, ils ne manquèrent aussy de le contrecarrer en leur 
assemblée particulière, et à ces fins, minutèrent certaines 
conditions et articles fort dommageables, voire ignominieuses à 
nostre compagnie, et ce, à dessein de nous faire refuser le 
gouvernement dudit collège. Et comme ledit Père Suffren 
eust remonstré l'indignité de ses conditions, et en eust faict 
rayer une bonne partie par l'entremise de nos amys, un des 
depputés fort mal affectionné à nostre compagnie se porta 
pour appellant, et présenta requeste à la Cour contre les 
autres depputés et leur assemblée. 

La Cour ayant veu ladite requeste, se réserva la cognoissance 
de tout cest affaire, et quelque temps après, les Chambres 

(1) Charles de Lorraine, fils du Balafré, fut Gouverneur de Provence depuis 1594, 
jusqu'en i6n. il résidait presque habituellement à Marseille. 

(2) Le P. Claude Suffren était fils d'Antoine Suffren (frère du P. Jean 
SuFFRSN, prédicateur), reçu Conseiller au Parlement en 1568, et de Louise de 

CflATEAUNEUF-MOLLéGES. 

« Le P. Claude de Suffren naquit à Aix, en 1574. Il fut professeur de théologie 
« pendant onze ans, et passa le reste de sa vie, à prêcher et à combattre les hérétiques 
« Il fut recteur du collège d'Aix, et mourut le 4 novembre 1629. Il a laissé un ouvrage 
« intitulé : Le Petit Renardeau de Genlpe, découvert^ prins et battu, en une docte réponse du 
« R. P. C. S., etc., Avignon, 1614, in-8*. Cet ouvrage est contre le calviniste Petit 
« qui s'était faussement attribué la victoire contre le P. Suffren. Les matières que ce 
« Jésuite y traite sont sur l'Eucharistie, sur le saint sacrifice de la Messe, etc. « 
(Achard, Dictionnaire des hommes illustres de la Provence). 

2 



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DIRE DU COLLÈGE D AIX 



it elles mêmes, certaines conditions et 

préjudiciables que celles des depputés, 

le i6 de juin (^). Ce feust lors, que 

L ville fust tournée en désolation et 

part de nos amis ne pouvoint contenir 

tout estoit rompu. Le conseill de nos 

5 nouveau recourir au Roy, et à ces 

uls présentèrent une nouvelle requeste 

upplier de casser toutes ses modifica- 

omme exprès comme ils avoint faict 

:compagnèrent de quelques lettres au 

^s lettres de change à Paris, pour 

i seroit nécessaire pour les fraiz. 

P. Arnoux fut si grande, qu'auparavant 

de ladite requeste, il obtint du Roy 

au Parlement, données à Tonnains le 

juelles, Sa Majesté commandoit de 

lettres du sixième febvrier dernier, 

sans modification ni restriction quei- 

de Tédict de nostre restablissement 

plus moyen de tergiverser, Sa Majesté 
de jussion de pleusieurs lettres de 
dressente à Monsieur d'OppÈDE, par 
que les difficultés que la Cour apportoit 
Ment désagréables, et partant, qu'il luy 
lin, à ce que ladite Cour se conformast 
i dont il se reposoit sur luy. L'autre, 
i Roy de ce Parlement, par laquelle, 
i ce que, au lieu d'apporter la facilité 
)int, sur une affaire qui leur estoit si 
ée, ils y avoint les premiers proposé de 
; du tout contraires, dont Sa Majesté 
isfaicte, et pource, leur enjoignoit que 
3n qu'il envoyoit présentement à sa 
eussent à réparer les difficultés et 
esté apportées à l'enregistrement des 
[uassent de poursuivre et requérir à 
pure et simple d'icelles, y apportant 

, n* 14. 
n* 15. 



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^!^ 



HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 19 

le soin et diligence requise, comme chose qu'il avoit à 162 1 

singulière affection, et ce, sans y faire faute, car tel est son 
bon plaisir. Le bon est, que toutes ses lettres feurent mises 
entre les mains de Mon' de Nans (^), gentilhomme de 
Marseille, qui fut envoyé exprès du Roy pour solliciter la 
vérification desdites lettres de jussion, ce qu'il feit fort 
exactement, et à ces fins, feut ouy dans la Chambre par 
Mess" du Parlement. Quelques jours après, scavoir est le 
2 d'aoust suivant, Sa Majesté escrivit pour le mesme subject 
à Monsieur de Guise, le priant de contribuer ce qui dépandoit 
de son authorité, à ce que son intention touchant Testablisse- 
ment des Pères Jésuites, feut entièrement suivie et observée. 
Voyes les coppies de toutes ces lettres parmy nos papiers. 

Il arriva à mesme temps fort à propos, qu'on tint en ceste 
ville les Estats Généraux du pais, dans lequel on traicta l'affaire 
du collège, et par l'assistence de Monseigneur de Guise, de 
Monsieur le Comte de Carces (^j, Sénéchal, et autres 
seigneurs, spécialement par la faveur des Prélats, à la réquisition 
de Monseigneur TEvesque de Fréjus qui présidoit auxdits 
Estats, lequel représenta, qu'ayant pieu au Roy par lettres 
patentes d'establir les Pères Jésuites en ceste province, et les 
loger dans le collège de Bourbon en ceste ville d'Aix, comme 
chose profitable au pais, tant pour l'instruction de la jeunesse, 
que pour tant de bons exemples que ces Pères donnent, il 
estimoit estre à propos de faire scavoir aux Estats, que lesdits 
sieurs dépputés de ce païs s'en devoint aller vers le Roy 
dans peu de jours, qu'on leur devoit donner charge d'en faire 
un remerciement à Sa Majesté, au nom du païs. Sur quoy les 
Estats délibérèrent unanimement, que le Roy seroit très hum- 
blement remercié au nom dudit païs, de la faveur qu'il avoit 
pieu à Sa Majesté luy faire, d'establir les Pères Jésuites en 
ceste province et notamment en ceste ville d'Aix, et que Sa 

(1) César de la Setta S*^ de Nans. D'abord Conseiller, puis Assesseur de Marseille 
en 160J et en 1610, enfin i"" Consul de Marseille en i6j8. 

(2) Les PoNTEvès Carcbs donnèrent trois Sénéchaux de Provence et s'éteignirent 
avec Jean de Pontevès, de qui héritèrent les Marquis de Cordes. 

Du temps de la Ligue, Caspard de Pontevès, comte de Carcbs. Tun de ses chefs 
en Provence ou il fut depuis Grand-Sénéchal et Lieutenant-Général, habitait le couvent 
des Augustins, lorsqu'il était à Aix. Jean de Pontevès, son père, premier comte de 
Carces, avait occupé les mêmes charges, et l'un et l'autre s'étaient distingués par leur 
bravoure et leur zèle pour les intérêts du pays, comme on peut le voir dans tous les 
historiens de la Provence. Le fils avait épousé une fille du premier lit de la duchesse 
de Mayenne, ce qui justifié en grande partie son attachement à la ligue; il était 
d'ailleurs cousin germain du célèbre baron de Vins. {Rues d'Aix^ T. I. pag. $47). 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



seroit suppliée de vouloir continuer et 
me œuvre, comme estant grandement pr 

mesmes qualités et conditions qu'ils ont e 
s villes de son royaume. 

ce remerciement faict au nom de tous les 
Messieurs les Prélats au nom de tout le 
plièrent humblement Sa Majesté, qu'il luy p 
nations que la Cour avoit opposées à Testablis 
uites, nommément de ce qu'il les avoit oblig( 
îrement, qui fut proposé par quelques un 
des Estats Généraux de Tannée i6i 5, la ce 
Tement Sa Majesté s'estoit retenue, sur 1 
ui furent faictes par les députés du clergé 
ayant mesmes Sa Majesté faict inhibitions e 
Parlement de Paris d'en cognoistre, et 
loncernant ledit serement du cayer du Ti 

mesme temps, s'esleva une petite traverse 
Régents, et sur tout du Principal du collé 
liste Roseau, lequel feit imprimer e 
lent, le cathalogue des livres, qu'il prometi 
liqués dans les classes à la Saint Michel 
t continuer sa principalité audit collège. Co 
; les Consuls présentèrent requeste à la 
au temps de vacations, laquelle, pararrest d 
ledit Roseau de toutes ses prétensions, e1 
athalogues qu'il avoit affichés, seroint osté 
tinent faict. Ledit Roseau feit encores 
la dessus, lesquelles n'eurent point d'effe 
rs. 

que toutes ces choses se passoint de la 

jussion et les lettres de cachet sus nu 

C'est icy où Ton remarqua une prompte ( 

:és du Roy, car Messieurs les Gens du R 

> pleustost receues, qu'ils les présentèrent 

' estre vérifiées, avec une belle reque 

très tous, demandans acte de leur obé 

Messieurs du Parlement ne furent pas moi 

lion, car dans une matinée qui feut le de 

)utes les Chambres assemblées, les lettres 

ifiées, et à l'issue du palais, le Père Claude 

X nom de toute la Compagnie, feut mis en ] 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 21 

du collège et de l'église de Saint- Louis, par Monsieur 1621 

d'OppÈDE, Premier Président et Messieurs Antoine de 
Thouron et Gaspard de Glandevès, Conseillers du Roy, 1 
sans l'admiration et la joye publique de toute la ville, 
notamment de nos amys. Et comme la porte de l'église 
seroit trouvée fermée à clef, les mesmes commissaires 
feirent arracher les serrures, pour ne vouloir dilayer la pri 
de possession ; celuy qui en gardoit la clef qui estoit 
Père de l'Oratoire nommé Mérindol, ne se treuvant po 

Le 8* septembre suivant, Messieurs du Bureau de TU 
versité assemblés en la meson de Monsieur d'Oppèi 
ordonnèrent que les lettres patentes du Roy portant nos 
establissement seroint enregistrées aux registres dudit Bure 
ensemble les arrests de la Cour donnés sur la vérificat 
d'icelles, et que le contract seroit passé aux Pères Jésui 
par les Consuls d'Aix, suivant le dernier arrest, et qu'il sei 
faict auxdits Pères, un mandat de six cents livres pour i 
fois seulement, sur les deniers du Roy qui s;pnt entre 
mains du Thrésorier de l'Université, pour estre employés à l 
ameublement, et auxdits Consuls ce qu'il sera nécessaire pi 
le restant dudit ameublement ; et que sur le reste desc 
deniers du Roy, qui sont es mains dudit thrésorier, en sen 
délivrés douze cents livres pour la réparation de l'égl 
Saint-Louis dudit collège. Le 24 du mesme moys, la C( 
ordonna que la Ville payeroit au collège, mille cinquante liv 
pour avances des gages des six moys suivants. 

La possession estant prinse et le P. Suffren estant le 
dans le collège avec son compagnon, Messieurs les Cons 
donnèrent congé aux vieux Régents, et sollicitèrent ardemmi 
ledit P. Suffren, de faire venir le R. P. Provincial 
quelques Régents, pour commancer l'examen des escholie 
Deux des nostres feurent envoyés d'Avignon pour ayder 
faire l'examen, et bien tost après, le R. P. Provincial arr 
pour traicter avec Messieurs les Consuls et passer le contra 



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SECONDE PARTIE 

E L'HISTOIRE DU COLLÈGE 
DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS 



ouR garder un ordre plus assuré, i 

propos de suivre Tordre des anné( 

qu'autant d'années qui suivront, ce i 

de chapitres de cette seconde par 

a esté raisonnable de distinguer tou 

iusques à maintenant, d'avec ce qui arriver 

5 tout ce qui est à dire concerne le c( 

ignie de Jésus tout à faict estably en la v 

que d'entamer le narré de ce que suit 

bmettre la remarque d'une grande Pn 

qui ayant dessein que nous feussions es 

Aix, s'est servi même de l'adversion et 

îs uns avoint contre les Jésuites pour 

ce que je m'en vais dire en faict foy. Ci 

5S mois avant qu'on parlast d'avoir des Je 

)ur le collège, que les Gens du Roy, tou 

Drs n'estoient nullement affectionnés à la 

est : Monsieur TAdvocat Général Th 

ir donner plus d'intérêt à l'ouvrage nous avons cru devoir r 
eur au lieu d'un chapitre par année. 

i Etienne Thomassin, Avocat Général aux Comptes et second ( 
û de l'office d'Avocat Général au Parlement, comme résij 
:ns, par lettres du 17 décembre lôoo, avec dispense, à eau 
g^ustin, Conseiller en la Cour, neveu de Balthazard Ra 
Il fut reçu le 4 juin lôoi. Il a été un des plus savants par 
mme l'atteste Nostradamus, p. 806. Doué d'un esprit net ( 
éhensible, que le désordre des matières non plus que de! 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 23 

Monsieur l'Advccat Général Decormis (^), Messieurs de 
Vergon (^) et GuÉRiN (^), Procureurs du Roy, proposèrent 
à Monsieur de Bras (^) qui n'avoit point d'affection pour les 
Jésuites, voire mesme qui tesmoignoit par tout le contraire, 
comme il le feist paroistre en la response qu'il feit à ces 
Messieurs Gens du Roy, respondit, qu'il ne s'accorderoit 
jamais à leur proposition, et qu'il ne falloit point accorder le 



loppoit jamais quand il prononçoit quelque discours. En 1618, le Roi lui donna des 
lettres de Conseiller d'Etat qui furent vérifiées le 19 août dudit an. Il mourut en 16^2, 
et avoit épousé Claire de Cabrb, fille de Jean de Cabre, seigneur de Saint-Paul et 
de Marquise d'ALBiRTAS. (Ësmivi de Moissac. Hist. du Pari, de Prou. Mss, cit.) 

(1) Pierre de Cormis, seigneur de Beaurecueil et de Roques-hautes, fut pourvu de 
Toffice d'Avocat Général de Jean Louis de Monibr devenu Président, par lettres 
données à Paris le 28 août 1618, et reçu le 16 oct. suivant. Il avoit été Assesseur 
d'Aix en 161 1. En 1619 le Roi lui accorda des lettres de Conseiller d'Etat qui ne 
furent vérifiées que le ;o juin 1627. En 16^ $ il résigna à son fils sous la réserve de 
5 ans de survivance après lesquels il obtint des lettres de vétéran. Lors de leur 
vérification il eut un différent avec l'Avocat Général de Porcelet. Il avoit épousé 
Antoine de Fabri, fille du seigneur de Fabriques dont il est si souvent parlé au sujet 
des affaires de la Comtesse de Sault, du temps de la Ligue. (Esmivi de Moissac. 
Hist. du Part, de Proif. Mss. cit.) 

(2) Louis François Rabassb, seigneur de Vergons, fut Procureur Général par la rési- 
gnation de Balthazard, son père, par lettres données à Paris, le ;o décembre 1604 
et reçu le 7 mars 160$. 11 assista à l'assemblée des Notables qui fut tenue à Rouen 
en 1617 où S. M. l'honora d'un brevet de Conseiller d'Etat, donné le 8 décembre, 
pour raison duquel il prêta serment entre les mains du Chancelier, il fut vérifié au 
Parlement le jo juin 1618. Après avoir résigné à son fils, le Roi lui permit de con- 
tinuer Texercice de sa charge pendant $ ans, par lettres du 17 octobre i6j8, vérifiées 
le 8 février 16^9, lesquelles furent prorogés encore pour ç ans par de secondes lettres 
du 7 juin 164^, vérifiées le 19 octobre suivant, et renouvelées successivement en 
1647, 165^ 1658. Il épousa : i*" Anne de Villeicbuve-Vauclause : 2« N. de Vbla. 
(Esmivi de Moissac. Hist. du Pari, de Prov. Mss. cit.) 

(3) Pierre de Guérin, seigneur du Castellet de Sausses, fut pourvu d'un office de 
Procureur Général ensuite de la résignation de Louis de Paule, par lettres données 
à Paris le 17 février 161$ et reçu le 19 mars suivant. Le Roi lui accorda des lettres 
de Conseillers d'Etat vérifiées le ^o juin 1620. Il fut Président aux Comptes. Il étoit 
fils d'ALEXAicDRB, Conseiller, et avoit épousé Sibile de Forbin-la-Roqub. (Esmivi de 
Moissac. Hist. du Part, de Prov. Mss. cit.) 

(4) Marc-Antoine d'EscALis, baron de Bras et d'Ansouis, fut nommé Président et 
Conseiller d'Etat, par lettres données à Paris le 15 juin 1616, et reçu le 14 oct. sui- 
vant. Il étoit alors second Président de la Cour, en laquelle il avoit été aussi Cou- 
seiller durant 17 ans. Dans le mois de septembre de la même année, le Roi le commit 
pour présider à la Chambre des Communautés impuissantes, composée d'officiers du 
Parlement et de la Chambre des Comptes. Il mourut dans son château d'Ansouis, 
le 14 oct. 1620, le même jour auquel 4 ans auparavant, il avoit été reçu Premier 
Président. Avant que de mourir, il résigna sa charge au S»" Dufaur de Pibrac, Maitre 
des Requêtes, suivant le pouvoir que le Roi lui en avoit donné. Mais S. M. n'y eut 
point d'égard, parce que le Garde des Sceaux voulut favoriser le Président d'OppàoB. 
Elle accorda seulement À ses héritiers un brevet de retenue de xoo,ooo L. qui leur 
furent payés par le Président d'OppfcDB. Marc-Antoine d'EscALis, étoit fils d'ARTus, 
liaitre Rational en la Chambre des Comptes originaire de Marseille, et de Magdeleine 
DoRiA, et il avoit épousé Hortense de Bourdon, Dame de S*-Pons, de laquelle il 
eut, trois enfants chevaliers de Malthe. Voyez Robert. (Esmivi de Moissac. Hist. du 
Part, de Prov. Mss. cit.) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



tge aux Pères de TOratoire, parceque, dit-il, ils sont trop 
niables aux Jésuites. Et en effect, on ne Ten pressa pas 
ntage. Et comme tous ces Messieurs Gens du Roy cy 
us nommés en ceste année présente, 1634, en laquelle a 
commencée ceste histoire, sont tous vivans, excepté Mon' 
MASSiN, et outre ce très affectionnés à nostre Compagnie, 
ist rencontré que Tun dMceux, scavoir est Mons' de Vergon, 
et la remarque susdite, et recognu un grand traict de la 
/idence de Dieu, de s'estre servy de l'aversion dudit 
^résident, pour empêcher Testablissement du collège en 
ir des Pères de l'Oratoire, et en laisser parconséquent 
^erture libre pour les Pères Jésuites. Mais comme la 
/idence de Dieu a tousjours eu un soin particulier de ce 
ïge, et devant, et lors de Testablissement d'icelluy, de 
ne Taura-il encore désormais toute particulière, par sa 
le bonté, comme il apparoistra par la suitte de Thistoire 
mte. 



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CHAPITRE PREMIER. 

Le P. Louis Vialenc. 
Premier Supérieur. 



A feste de S' Luc estant venue, quoy que h 
contract du collège ne feut encore passé ave( 
la ville, on ne manqua pas pourtant d'ouvrir le 
classes, et bailler quelque commencement au: 
estudes, du mieux qu'on peut. Les escholiers ; 
estoint aucunement disposés, parceque le R. P. Claude 
SuFFREN, assisté du P. Balthazar Dumaine et du P. Jeai 
Broquin, qui estoint venus exprès d'Avignon pour examine 
les escholiers, avoint desjà faict Texamen et jugé en quelh 
classe ils devoint aller. Du costé des Régents, il y avoi 
desjà quelque disposition, parceque comme on attendoit tou: 
les Régents, qui n'estoint encore venus à cause de la difficult( 
des chemins, quelques uns feurent destinés à entretenir ce 
pendant les escholiers, et les faire profiter. Le P. Claude 
SuFFREN s'occupoit après les Philosophes, le P. Joly ensei 
gnoit les Rhétoriciens, le P. Leal entretenoit les Humanistes e 
les Troisièmes, Mestre Trompel les Quatrièmes et Cinquièmes 
Mais cela dura fort peu de jours, parceque les Régents euren 
moyen de venir et arriver heureusement, nonobstant la diffi 
culte des chemins qui estoint tellement occupés par lei 
huguenots, que les nostres ne pouvoint voyager que déguisés 
sans courir risques d'estre pris prisonniers. Et en effect, h 
P. Jean Gayet qui venoit enseigner l'Humanité vint déguise 
jusques en Avignon, comme aussy Journoux qui estoit ui 
fraire coadjuteur, et mesme le R. P. Provincial qui estoit h 
P. Jean Forrier, accompagné du P. Louys Vialenc et di 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



MuNiER, feut volé descendant de Lion pour venir en 
vence, à deux lieux de Carpentras, et fort mal traicté, 
on luy print et chevaux et argent et tout ce qu'il avoit. 
it P. ViALENC receut quelques coups de plat d'espée, et 
^. MuNiER qui estoit avec eux, un soufflet. Estants donc 
vés les Régents destinés, excepté l'Humaniste, pour lequel 
pléa durant quelque temps le P. Jean Loyre, qu'on feit 
ir exprès de Carpentras, et le Cinquième pour lequel 
pléa le P. Jean Monier, qu'on envoya exprès quérir du 
iciat, on commença d'enseigner, chasque classe ayant son 
jent à part. Et comme le collège estoit pauvre et point 
ore meublé, les Régents alloint en classe avec le chapeau 
le manteau. Il est vray que le collège estant bien tost 
iblé, nommément par la bonté de la Cour de Parlement, 
appliqua au collège une amande de mille livres qui seroit 
r habiller les nostres, le collège se trouva bien tost en 
it, et par la venue aussy des Régents qui manquoint et 
autres personnes qui devoint servir en ce collège, de 
:e que le collège se treuva dans moins de rien, complet et 
ly de tous ses officiers. 

-e R. P. Louis Vialenc feut nommé Supérieur par le 
P. Provincial et agréé comme tel, du R. P. Général, 
.e P. Guiir* BoHET, Ministre. 

.e P. Louys Broset feut destiné à faire l'office de 
>cureur. 

.e P. Reymond Sauvian, Préfect des Estudes. 
.e P. Alexandre Fichet, Régent de Logique, 
-e P JoLY, Régent de Rhétorique, 
.e P. Jean Gayet, de Humanité, 
-e P. Leal, de Troisième. 
4estre Trompel, de la Quatrième. 
4estre Faber, de la Cinquième. 

.e P. François Munier et le P. Thornely feurent encores 
commencement de ce collège, pour les autres offices de 
Tiaison et employs ordinaires de nos collèges, 
l y eut encore quatre frères coadjuteurs, qui feurent en 
commencement, pour faire ce qui est des offices temporels, 
voir est, Christofle Crûs, Pol Simon, Boniface Michel et 
mçois JouRNOus. 

Tandis que les Régents s'occupoint à enseigner la jeunesse 
ce commancement, on travailloit à minuter le contract 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 27 

qui se devoit passer entre la ville et le collège. Et se passa 162 1 

ledit contract, le dernier d'octobre qu*estoit le dernier jour et 
la fin du consulat de ceux qui avoint pourchassé le collège, 
estant expédiant de n'attandre pas davantage, tant pour faire 
en sorte que l'honneur en feut donné auxdits Consuls, comme 
aussy, parceque il y avoit à creindre que leurs successeurs ne 
faussent point affectionnés à Testablissement du collège. 
Ledit contract feut passé dans la maison de Mon' d'OppÈDE, 
Premier Président (^). La coppie d'iceluy est en nos archives, 
nombre 24. 

Comme le collège avoit commancé sans aucune solennité 
et harangue publique, que le Rhétorioien a coustume de faire 
au commancement de Tannée scholastique parmy nos collèges, 
il estoit raisonnable que le collège d'Aix gardast encor ceste 
formalité, et partant, le Rhétoricien, qu'estoit le P. Joly, 
harangua dans Tèglise de S-Louys, le second de novembre, 
jour des morts, qui se rencontra un dimanche. La compagnie 
y feut fort belle et l'oraison publique grandement bien receue 
de tous. 

Le sixième novembre, les lettres patentes du Roy portant 
nostre establissement feurent vérifiées par la Cour des Comptes 
Aydes et Finances, et enregistrées es registres de ladite 
Cour. Voyes sur ce subject nos archives. 

Le contract estant faict et passé entre la ville et R. P. 
Provincial, en la présence de quelques Présidents et Conseillers 
de la Cour et des Consuls vieux et nouveaux, le R. P. Pro- 
vincial le feit coucher en latin, pour l'envoyer à N. R. P. 
Général; et cependant, pleusieurs grandes difficultés survindrent 
à l'occasion du nouvel estât des nouveaux Consuls, qui ne 
vouloient advouer ce que leurs prédécesseurs avoient faict, et 
vouloint adjouster pleusieurs conditions au contract, et entre 
autres, qu'il n'y pourroit jamais avoir autre collège en la 
province, et que nous serions subjects à toutes les charges de 
ville, et vouloint renouveller toutes les conditions que nous 
avions rejettées, et qu'il feirent passer par un conseil général, 
et voire mesmes, obtindrent des lettres patentes par surprinse, 
du Roy, qui nous obligeoint à tout cela (^). Parmy toutes 
ces difficultés et traverses, les Messieurs du Parlement se 

(1) Voir le procès verbal de la prise de possession. Pièces justificatives n° i6. 

(2) On peut lire avec intérêt P. J. de Haitze, Histoire de la taille d'Aix. Liv. XIV. 
§. LXIX, an 1021. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 




^s pères de la Compagnie, car ils nous assistèrent 
' tout, et imposèrent silence à ceux qui nous 
»er, et ne voulurent jamais vérifier les lettres 
ïs Consuls avoint tiré de Monseig' le Garde 
l'insue et en Tabsence du Roy. Quelque temps 
î réquisition et par l'entremise du prédicateur et 
Roy, nous eusmes des lettres patentes qui 
les des Consuls et les déclaroient orreptices et 
[ desrogeoint à tout ce qui estoit au contract 
lict de restablissement de nostre Compagnie en 
3s lettres estant présentées à la Cour par 
Gens du Roy, auxquels le Roy avoit escript, 
vérifiées par tous les Messieurs de la Cour, 
ssoint, de jour à autre, de nous obliger et nous 
utes occasions. 

Lielque chose de nostre jeunesse en ce com- 
collége, ne faut pas obmettre ce qui donna 
Imiration aux séculiers, et qui leur feist voir à 
et Tefficace de Tesprit de la Compagnie, que 
son institut et en l'éducation de la jeunesse. 
es les Régents séculiers avoint voulu stroduire 
faire ouyr la messe tous les jours aux escholiers, 
citation de ceux qui nous estoint plus contraires, 
oint que respondre à nos amys qui leur opposoint 
ostume si bien observée à nos collèges ; mais 
it jamais venir à bout, quelle diligence qu'ils y 
ît quoy qu'ils eussent un prebstre gagé qui se 
)illé et revestu des habits sacerdotaux pour la 
. Or arriva, dès le beau premier jour que nostre 
li ouvert les classes, que les escholiers com- 
; d'aller à la messe, et s'y tenoint avec une si 
ie et dévotion, leurs livres et leurs chapelets 
pleusieurs de la ville venoint tout exprès pour 
changement. 

le Fréjus qui avoit commancé Tannée auparavant, 
iresché avant le caresme le P. Corlet avec 
îut continuée ceste année, et y feut envoyé pour 
ivant, le P. Paul de Barry, qui y prescha aussy 
Tan d'après, durant lequel temps encor, le 
UGUES prescha advant et Caresme à Draguignan. 

Haitze, Hist. de la pille d'Aix; Liv. XIV. §. LXXI. an 1622. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 29 



Au mois de décembre de ceste année, prescha Tadvant à 
l'église de S'^-Madelene, le P. Jacques Isnard de nostre 
Compagnie, avec grand concours et très grand fruict. 

Comme la possession feut prise et le contract passé du 
collège, pleusieurs de nos amis firent pleusieurs présents au 
collège, pour tesmoigner leur bonne volonté et nous ayder è 
nous meubler, tant en linges qu'en autres choses. Monseigneur 
de Guise promit dès lors, deux cent escu, lesquels on receul 
quelques années d'après. Il y eut pleusieurs aumosnes qui 
furent faictes en ce commencement, dès que nos Pères fureni 
en la ville, jusques à la somme trois mille cent vingt une livre, 
sans comprendre tout plein de petites charités que divers de 
nos amis nous firent, comme il appert par le livre des aumosnes 
et bienfacteurs. Les principales qui font la somme susdicte, 
feurent faictes par le Bureau de l'Université, qui donna, comme 
jà a esté dict en la première partie, douze cents livres poui 
l'église ; du mesme Bureau, qui donna six cents livres poui 
les meubles de la maison; d'un légat de cent livre; d'une 
amande par la Cour de Parlement, comme jà a esté dict ai 
commencement de ce chapitre ; de mille livres pour habillei 
les nostres, provenant d'un poudrier de Marseille ; et d'une 
autre amande de septante livres. 

Une partie de ce qu'arriva au commencement de ceste 
année a esté dict par occasion (en l'année 1621); car il se 
rencontra, le nouveau estât de la Maison de ville (^) ne nouî 
feut point si favorable que le précédent ; mais comme nou; 
avons dit, on y apporta du remède, et comme tout allast d( 
mieux en mieux, le 2 j de febvrier de ceste année, les lettre: 
patentes du Roy portant nostre establissement, feurent vérifiéeî 
par Messieurs Présidents et Thrésoriers Généraux de France 
au bureau des finances, et enregistrées dans les registres dudi 
bureau, comme il appert aux archives, papier 26. 

Comme le contract estoit passé entre la ville d'Aix et no: 
Pères, Sa Majesté donna nouvelles lettres patentes au mois d( 
mars, sur la confirmation dudit contract, lesquelles feuren 
vérifiées par la Cour, le 29 d'avril suivant. La coppie de ce 
lettres et de ladite vérification sont, ou dans nos archives, 01 
ches Mon' l'advocat du Perier(2). 

(l) Consuls et assesseur depuis le i" nop. 1622 jusqu'au jr oct. 162 j. 
Messire Claude de Gautier, seigneur de Grambois; M. Paul André, assesseur 
M. Michel Courtin, écuyer; M. Esprit de la Palud. 

^2) François du Perikr, gentilhomme de la Chambre du Roi Henri IV, était l'un de 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



î ceste année, scavoir est, au mois de novembre, 
par ceste ville (^) lors qu'il alla à la S** Baume, 
;e, et y feut receu par une action publique, que 
' qui y faisoit la Rhétorique depuis la S' Luc 
;, avoit préparé. Sa Majesté voyant le collège 
estoit, dict luy mesme que nous estions pauvres 
:e qui fust cause qui ne partit point sans donner 
aumosne. 

5S qui furent faictes ceste année, *soit pour 

)ur le collège, montèrent environ à mille livres ; 

it un ciboire et custode d'argent, toutes les 

ïs cette année montèrent environ à treize cents 

dont les principales furent : de la susdite somme 

e et custode d'argent, donnée par diverses 

six cents livres, données par Monseig"^ le duc 

la bibliothèque ; de cent livres pour les frais 

de la canonisation de S* Ignace, donné par 

e soixante trois livres, que donna le R. P. Pro- 

osne au collège; de trente deux livres, que 

Conseiller de Cuges ; de 27 livres provenues 

andes; d'une aumosne du Chapitre de S'-Saaveur^ 

Sa Majesté donna. 

lis avant la venue de Sa Majesté, on avoit 
ssion solennelle à l'honneur de la canonisation 
et de S' François Xavier, et feut grandement 
ue avec applaudissement, particulièrement de 
Dnnoint nostre Compagnie. Proche du collège, 
eurent de feux artificiels et quantité de fusées 

plus beau, feut le nom de Jésus qui parust au 
eu artificiel, tout en feu, avec le nom de 
costé et de S' François Xavier de l'autre. Par 

heure, ces grands saints furent honnorés en 
peut auparavant ils estoint fort peu recognus et 
llement affectionnés. L'estendart de S' Ignace 
>is Xavier sur le tafetas, qui avoit esté porté à 

fut logé et appendu en la grande nef de 

vis de la chère où l'on prêche les jours ouvriers, 
ne demeura en ladite place qu'environ cinq 

son temps. Il fut l'ami intime de Malherbe et composa des 
épousa Catherine d'Estienne et mourut environ Tan 162^. 

ssage du Roi, Pièces justificative n* 17. 



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arrivé Tan 

62J. 



HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 31 

ans, car l'année que prescha le P. Jacques George à St-Sauveur 

pour la seconde fois, qui feustTadvent de 1626 et le caresme 

d'après, scavoir est 1627, quelques chanoines de ladite église, ^^ qui est 

qui n'estoint point tant contant de lui, feirent oster ledit 

estendart, en tesmoignage de leur ressentiment de la place où 

il estoit, et feut logé à un hostel assés incommode derier les 

orgues, allant à Nostre Dame d'Espérance. 

Cette année, au 2* de mars, mourut en ce collège le 
P. Honoré Tornelly, et feut enterré en l'église de S* Louys. 
C'estoit un Père très bon religieux et très bonne édification, 
fort cognu en ceste ville où il avoit, avant qu'entrer ches 
nous, exercé l'office de médecin. 

En ceste mesme année, le P. Louys Boryllet feit sa 
profession de quatre vœux, le R. P. Jean Forrier, Provincial, 
disant la messe en Téglise du collège. En mesme temps 
encor avec ledit Père, Christofle Gros et Boniface Michel 
feirent leurs derniers vœux de coadjuteurs temporels. Tout 
cela se feit le 8 d'octobre. 

Gomme Tadvent de l'année précédente, le P. Glaude Le 
Mère avoit presché à la S'^-Madelène, il prescha son caresme 
en la présente année, mais avec tant de concours, applaudis- 
sement et profit, que la mémoire en est encore toute récente, 
quoy qu'il y aya plus de dix ans, au temps que cecy s'escrit. 

Selon la costume de nos collèges, la dévotion de Nostre 
Dame, mère de la Gompagnie, parust aussy tost, sur le 
commancement de ce collège; car la congrégation de la 
Vierge, soubs le titre de V Annonciation y fust érigée cette année 
162J, par les lettres qu'en envoya le R. P. Général dattées 
du huictième juillet (^). En ce commancement, quelques-uns 
des Messieurs de la ville feurent des premiers à tesmoigner 
le service qu'ils désiroint de rendre à la Vierge, comme aussy 
quelques-uns de la jeunesse du collège ; de sorte que ceste 
congrégation fut composée d'abort des quelques-uns de 
Messieurs de la ville, et de quelques escholiers du collège. 
Aussi arriva-il que des officiers de la première création 
feurent de personnes bien qualifiées de la ville, tel que feut 
Mons' Depierefeu(*), Gonseiller en la Gour des Aydes, qui feut 

(1) Voir aux pièces justificative, n* i8, un extrait de registres de la Congrégation 
d'Aix dite des Messieurs. 

(2) Metchior de Thomas, seig*" de Pierrefeu, reçu Cons*** à la Cour des Comptes, 
le ) juin 1606, en Tune des charges de la Crue de 159^, fils d'Honoré de Thomas, 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



préfest d'icelle. Et celuy de nostre Compagnie qui 
premier la charge, ce feutle père Anthoine Blanc (*). 

inée parust Taffection des escholiers de Philosophie 
sur tout des Mathématiques, par le rencontre du 

ys BoRYLLET, qui avoit commancé le cours de la 
l'année passée. Aussy, arriva-il, que comme il y 
Régents de Philosophie, l'exercice y parust avec 

plus de profit que devant. 

i et Valdardenne, et de Lucrèce de Vintimillb du Revest. Il fut remplacé 
, par Jean de Tressemanes, s*" de Brunet. 

Melchior, Honoré de Thomas avait été forcé par son père de faire 
s le chapitre des chanoines réguliers de Pignans. Après la mort de son 
er ses vœux, et pour se marier renonça à la dignité de camérier dont 
. (Le P. BiCAïs. Notice des officiers de la Cour des Comptes, etc. Mss. de la 

Thomas, seig' de Pierrefeu, épousa le 21 fév. 1609, Marguerite Doria, 
DoRiA et de Marguerite de Rizzo (Robert Artefeuil). 

\LkVC né le 27 fév. 1579, fils de Jean Blanc (d'abord Procureur au 
(cureur au Parlement) et de Anne Deidibr, frère de François Blanc, 



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CHAPITRE DEUXIEME. 



Le P. Claude Suffren. 
/*' Recteur. 



e feust sur le dernier mois de ceste année, que 

le R. P. ViALEN gouvernant ce collège en 

qualité de Supérieur quitta sa charge; et feust 

mis en la place, en qualité de Recteur de ce 

collège, le R. P. Claude Suffren que le 

R. P. Général avoit nommé pour cest effect. On agréa 

grandement ceste élection, ledit Père méritant bien d'estre le 

premier Recteur du collège à Testablissement duquel il avoil 

tant travaillé, y ayant pris de peines incroyables comme toute 

la ville recognoit assés, de sorte qu'il faut advouer que Tor 

doibt Testablissement de ce collège, après la b.onté de Diei 

et du Roy, aux soins qu'en print le R. P. Claude Suffren, 

joincte à Taffection de Mon' Palamèdes Suffren (*) son frère 

pour lors Conseiller à la Cour de Parlement, qui par sor 

auctorité, crédit et conseill, feit de merveille qui obligen 

éternellement nostre Compagnie pour Térection de ce collège 

Une bonne dévote, nommée Madelène Philippe, aveugle 

singulièrement affectionnée à no6tre Compagnie de tout temps 

(i) Palamède de Suffren, Conseiller, futpourvû ensuite de la résignation d'Antoine soi 
père, par lettres données à Paris le 20 octobre 1597, à la charge que le résignant vivroi 
40 jours après sa résignation ce qui n'étant pas arrivé, Palamède qui se trouvoit à 1 
suite du Roi, demanda de nouvelles lettres pour faire confirmer ses provisions o 
qu'il obtint enfin à Nantes, le 28 avril 1598. La Cour néanmoins fit quelque difficult 
de le recevoir, parceque son office éioit par dessus le nombre de î6. mais comm 
dans cet intervalle François de S* Marc mourut et que son office demeura supprimt^ 
elle consentit à la réception de Palamède de Suffren qui fut installé le 12 janvier i6oc 
Il épousa Marguerite de George d'ÛLLiÈRES fille de Lazarin, de Greasque. (Esmi> 
de Moissac. Hist. du Pari, de Prov. Mss. cit.) 

8 



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34 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



ui demeure avec Madame de la Breillane, seur du dernier 
Résident Blancard, donna environ six vingts escus pour la 
)ndation de Thuile de la lampe qui veille devant le S' Sacre- 
lent, en Téglise de S'-Louys de ce collège. Ladite somme 
îut mise e»n constitution de rante par le P. Suffren, et ce. 

Mon' le Conseiller Suffren son frère, au denier vingt, le 
ingt huictième d'aoust de la présente année, comme il appert 
ar Pacte public qui est dans nos archives, nombre second 
léanmoins, il est à noter qu'en ceste année 1634, en laquelle 
n escrit ce chapitre, ladite Madelène a consenty et accordé 
u P. de Barry, Recteur du collège, que ladite pension 
rovenant de la susdite somme, feust employée pour la 
espense des hosties, qu'il faut faire toute Tannée pour le 
* Sacrement. Ledit P. de Barry Ta invité à cela, ayant 
'eu^ d'ailleurs, comme il se verra par cy après, que l'huile 
e la lampe est suffisamment fondée par quelque autre, à 
uoy elle a grandement et de bon cœur consenty, pour 
affection qu'elle porte au S' Sacrement, sachant d'ailleurs que 
huile de la lampe est fondée suffisemment par queJque autre. 

Le trente unième de may 1623, M. Louys Cavalier de 
)raguignan, pour lors de nostre Compagnie, feit son testamant, 
ar lequel il légua à nostre Compagnie une pension annuelle 
t perpétuelle de trois cents livres, en moitié à ce collège 
'Aix, et l'autre moitié au noviciat d'Avignon. Le testament 
e void aux archives, nombre premier. Le collège d'Aix a jouy 
e ceste pension jusques à l'an 1629, scavoir est, deux ans 
vant qu'il sortist de nostre Compagnie, car l'an de la peste 
t l'an d'après, on ne tira rien. 

Les aumosnes faictes au collège ou à l'église, montent 
isques à la somme d'environ six cents livres, dont les princi- 
ales feurent : de huictante une livres, pour un calice d'argent 
onné par le Bureau de l'Université: de cent huit livres de 
iverses aumosnes pour l'église ; les trente livres de Mons' 
'rouillas (*), receveur; de vingt une livres d'une aumosne de 
Ions' l'Evesque de Fréjus ; et de deux cent quarante huict 
vres données par Mons' le Conseiller Suffren, pour une 
impe et calice d'argent doré, dont la lampe cousta cent 
inquante sept livres. 



(l) C'est probablement Jean Antoine Trouillas, Receveur Général des Finances du 
oi en Provence. Il fut un des Commissaires désignés par le Roi, pour assister aux 
tats qui s'ouvrirent à Aix, le 8 février 1659. (de Haitze, Hist. d'Aix, Liv. XVI, ch.4, 
ouche, Hist. de Prov, II, 918.) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



A la fin de ceste année, entra au noviciat François Carboi 
de Draguignan, et partant le 4*"* paragraphe de Tannée suiva 
est fautif et doibt estre mis icy. 

Il y eust encor un prédicateur Jésuite à Tégiise 
S'^'Madelène, sçavoir est, le P. Alexandre Fichet, qui doi 
une satisfaction admirable à tout son auditoire. Cecy lui ar 
de particulier, ce qu'ayant dict en chère quelque chose 
concernoit la dissolution des mariages, comme cela n'agr 
point à quelques uns de Messieurs du Parlement, il 
appelle à la maison de Mons' le Premier Président d*Opp 
pour y entendre les sentiments de la Cour. 

Au 25 d'octobre de ceste année, les Messieurs du CAa/ 
de S'-Sauveur firent una sommation au collège, à ce c 
passast la mesme transaction avec leur Chapitre, que toutes 
autres Maisons Religieuses de la ville avoient passé, p 
raison des sépultures, du droict des dismes, quartes funéraires 
et tous autres droicts ; sommation que Ton treuva fort estrar 
puisqu'on estoit prest,en cas qu'on eust du bien temporel, 
payer le disme, et en cas qu'on enterrast quelqu'un ches ne 
à se soubsmettre aux droits ordineres qui leur estoit c 
Mais de passer transaction de le faire, c'est ce à quoy on 
se voulut point résoudre qui fut la cause qu'il a fallu v( 
à un procès, comme il en appert par les papiers qui sont 
nos archives , et apparoistra encores en quelques anr 
suivantes, auxquelles de temps en temps, les économes d 

(1) C'est en ceste année 1624 que Gui II, surnommé Hurault de I'Hôpitai 
nommé à l'archevêché d'Aix, Il était fils de Michel Hurault de l'Hôpital, sei^ 
de Fay, et d'Olympie du Faur de Pibrac. Sacré archevesque d'Augustopolis en 
il avait exercé pendant 7 années du vivant de son oncle, toutes les fonctions ar 
piscopales dans le diocèse d'Aix. Il mourut à Paris, pendant la tenue de l'Assen 
générale du clergé, 15 mois après sa nomination. Sa mort arriva le j décembre 
l'auguste Assemblée du clergé honora ses funérailles de sa présence. Les cérém< 
furent faites dans l'église des Augustins et son corps fut ensuite porté à Bêle 
dans le sépulcre de sa famille. Il fut regretté dans Aix, disent les mémoir»j 
temps. Il était le meilleur, le plus doux et le plus alfable des hommes (Cf. P. , 
Haitze, VEpiscopat Métropolitain d'Aix. Aix, Makaire 186^, in-12, page 152). 

Cette même année 1634, les Consuls de Toulon demandèrent des PP. de l 
pour diriger un collège dans leur ville. En 162;, ils s'étaient adressés aux 
Minimes, qui avaient d'abord agréé leurs offres. Pour des raisons que nous igno 
te collège n'ayant pas été fondé, « les Consuls s'adressèrent alors aux Jésuites 
« maison d'Aix et envoyèrent le 32 juillet 1624, un sieur de Beaulieu pour traiter 
« eux. Cette tentative échoua de nouveau et c'e^t alors qu'ils écrivirent, par le ce 
H de l'évèque et sous le patronage du duc de Guise au cardinal de Bkrule qui 
« 1611, avait institué à Paris l'Oratoire de Jésus.»» (D. E. Lambert, Bulletin de TAca 
du Var, Nouvelle série, tome XV, i"" fascicule 1889, page 97). 

(2) On appelait ainsi un droit que les Religieux devaient payer aux curés à l'occ 
des funérailles. (Voyez Barrique de Montvalon, Précis des Ordonnances, page ^( 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



Is sur le tapis ledit affaire. Une des princi- 
ils croyoient nous devoir faire condescendre 
)n, estoît que les autres Religieux, mesmes 
li n'ont point de rente et n'en peuvent avoir, 
îusdite transaction, mais ceste raison est fort 
ant assés à redire, si ces Religieux n'eussent 
de ne s'engager point à ladicte transaction, 
e ceste année quelques-uns de ce collège 
lerniers vœux, après avoir demandé Taumosne 
:te, aussy bien que ceux de Tannée passée, 
selon la costume ordinere de nostre Compagnie 
feut le P. Guillaume Bohet qui print le 
Leur spirituel; le P. Forrier, Provincial, 
le i8 d'octobre. Pol Simon fist encore ses 
coadjuteur temporel, le P. Claude Suffren, 
ge, les acceptant en l'église du collège, le 
lillet. 

>te année, que le collège d'Aix donna ses 
iat de nostre Compagnie à Avignon, par la 
ançois Carbonel, que le R. P. Provincial 
alla fort heureusement, et quelque temps 
e dira en son lieu, il obligea ce collège par 

ce collège suivoient le train ordinaire, les 
nt en bon nombre soubs la conduite du 
ius (^) qui estoit leur Régent. Les Rhétoriciens 

bon nombre soubs la conduite du P. Jean 
i fin de l'année scholastique, feit une grande 
1 laquelle furent donnés les pris, par Monseig' 

Gouverneur de la Province. Le subject et 

^rinse de Constantinople, par Baudoin. 

qui furent faictes au collège ou à l'église, 

à seize cents livres, dont les principales 

icatons, donnés pour un crucifix d'argent par 

Advocat Général des Comptes; de deux cents 

que donna le Chapitre de S'-Sauveur , et 
une amande que feirent donner au collège 



neveu de César, Bernardin et Pierre de Bus fut un Jésuite 
hé, et par son savoir. Il contribua beaucoup à la propagation 
s en France. Il prêcha plusieurs années avec succès et en- 
la Philosophie avec tant de réputation qu'il attira à son école 
d'écoliers. (Achard. Hist des hommes illustres de la Prou,) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 37 



Mon' le Président de Séguiran (^) et Mon' le Conseiller 1624 

MicHAELis (^) ; et cent francs d'une amande que feit donner * 

le Président Cariolis (^) ; de trois cents francs d'une aumosne 

(1) Antoine de Séguiran, seigneur de Bouc, fut pourvu d'un office de ô"* 
Président créé en sa faveur, en considération de ses services et de ceux que ses 
tyeuls avoient rendus tant aux Comtes de Provence qu'aux Rois de France, et notam- 
ment Melchior de Séguiran, Conseiller, lors de l'institution du Parlement, son bisayeul, 
qui par Tordre de Louis xi et Charles vin, dressa cette fameuse consultation pour la 
défense des droits du Roi sur la Provence, contre la prétention de la Maison de 
Lorraine; et aussi à cause qu'il avoit été un des premiers officiers assemblés à Pertuis, 
qui déclarèrent, par leur arrêt du ij octobre 1589, la couronne appartenir à Henri iv, 
vers lequel il fut ensuite député pour le bien peigner et congratuler sur sa réunion à 
•'Eglise Catholique. Ce sont les termes de ses provisions qui furent données au canp 
de s* Antonin le 22 juin 1622, et il fut reçu le $ juillet suivant, attendu la prorogation 
du Parlement durant les vacations. Deux ans après, le roi lui donna la charge de 
Premier Président en la Chambre des Comptes, qu'il rendit héréditaire en sa faveur; 
car jusques alors elle n'avoit été qu*à vie. Les instances du Jésuite Séguiran, confesseur 
de Sa Majesté, ne lui furent point inutiles pour obtenir tant de grâces, car les services 
de ses ayeux étoient déjà si anciens, qu'il falloit que quelque moderne en rafraichit 
la mémoire. Antoine étoit Conseiller en la Cour depuis 1^87, et il avoit épousé 
Marguerite de Gaufridi. (Esmivi de Moissac. Hist. du Pari. Je Prov. Mss. cit.) 

(2) Joseph Michaelis, fils d'Esprit et de Madeleine d'ARBAUD, époux de Lucrèce 
de Cabanes, né le 4 mai 1558, reçu Conseiller à la Cour des Comptes le 15 nov. 1601 
en l'office d'André de Guiran, enseveli aux Grands Carmes le 28 fév. 1640. [Chronologie 
de Clapiers). C'est sans doute celui dont il est question ici. Son fils Jean Augustin de 
Michaelis ne fut reçu en l'office de son père que le 10 décembre i6j8. Il fut ensuite 
reçu Conseiller du Parlement le j avril 16^0. Il épousa Catherine de Boyer d'EGUiLLES 
et fut enseveli aux Grands Carmes. [Même chronologie) . 

(3) Laurent Coriolis. Baron de Corbières, fut pourvu d'un office de Président ensuite 
de la résignation de Louis son père, par lettres données à Paris le 6 juin 1600, ce qui 
arriva précisément trois jours avant la mort de son père. Comme Laurent n'avoit pas 
l'âge ni le service requis par les ordonnances, S. M. l'en dispensa par d'autres lettre 
données à Chanceaux le 10 sept, même année, en vertu desquelles il fut reçu le 
<) juin 1601, à condition qu'il ne pourroit faire aucune fonction de Président, jusques 
qu'il eut atteint l'âge requis par l'ordonnance ; mais S. M. l'en dispensa par ses lettres 
du 16 fév. 1602 qui furent enregistrées le 3o octobre suivant, avec cette modification 
qu'il ne pourroit siéger au banc des Présidents, qu'après quatre ans, durant lesquels 
il auroit séance et voix deliberative dans la Grand Chambre, comme dernierConseiller, 
et hors du palais, après 12 plus anciens; il fut 2* Président en 1616 par la promotion 
de Marc Antoine d'EsCALis à la charge de premier Président. Nous avons parlé du 
différend qu'il eut avec le premier Président d'OppÈDE au sujet de la Chambre de 
Pertuis, à laquelle il présidoit durant la contagion de 16^0, et de ce qui arriva ensuite 
à Aix à l'occasion des Elus. Il fut, pour raison de ce, ajourné pour comparoitre au 
conseil du Roi, mais au lieu de se rendre à Paris pour se justifier, ainsi que firent 
ions les autres qui se trouvèrent compris dans la même affaire, il suivit le parti de 
Gaston de France frère unique du Roi, qui remuoit dans le Languedoc, et ayant eu 
le malheur d'être pris, il fut condamné à finir ses jours dans la tour de Bouc, où il 
mourut quelques années après. Il avoit épousé Anne de Piolenc fille de Raimond 
Président en la Cour, et depuis long-temps il étoit devenu aveugle; mais nonobstant 
celle infirmité il ne laissoit pas de remplir dignement sa charge. En 162$ le Roi 
avoit érigé en sa faveur la terre de Corbière en Marquisat. (Esmivi de Moissac. 
Hist. du Pari de Proir. Mss. cit.) 

Note sur la copie. 

« L'auteur se trompe lorsqu'il dit que le Président Coriolis fut arrêté et condamné 
« à une prison perpétuelle. On trouve un arrêt du Parlement de Toulouse par lequel 
« il fut condamné par contumace à être décapité, sa maison rasée et sa charge 
« confisquée. >» 

Il y a eu sept Présidents de ce nom. 



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38 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

le feit Mon' le duc de Guise. Les autres aumosnes furent 
ictes, par diverses personnes, qui n'ont voulu estre nommés. 
Au changement des années, aussy y avoit-il changement de 
égents, ainsy le P. Jarrige se rencontra Régent de Logique 
iste année, et le P. Reydet, Régent de Rhétorique. Il y 
ist encor sur la fin de Tannée changement du Préfect; car 
P. Henry Alby (^) feut faict Préfect des Estudes en la place 
i P. Anthoine Blanc (^). Il print encor la charge delà Congré- 
tion, succédant encor à la place dudit Père pour ce chef. 
Sur la fin de ceste mesme année, nostre frère François 
\RBONNEL, le ji* d'octobre, par son dernier testamant, légua 
ce collège d'Aix, neuf cents livres payables pour une fois 
ulement, et autant au noviciat d'Avignon. 
Le 28 d'aoust de ceste année. Mon' le Comte de Bourbon 
ssa au collège, en considération du P. Elzéar d'ORAisoN 
ligieux de nostre Compagnie son filz aysné, un légat d'une 
msion annuelle et perpétuelle de trois cents livres, extin- 
libles moyenant un fonds de sept mille cinq cents livres, 
quel légat de trois cents livres a esté du despuis confirmé 
ir accord faict entre messire Alphonse d'ORAisoN, comte de 



1) A la date de cette année 1625, nous trouvons : 

t 10 Etablissement d'un bureau particulier de Poste aux lettres, d'Aix à Paris, 

)ar les soins de l'Archevêque et des Procureurs du Pays. Bouche. T. II, p. 872. 

-B. Roux. Tableau chronol. Mss. cit.) 

t» Quelques détails sur un écolier de cette époque. 

r Du 19 oct. 162$, j'y mis mon fils Pompée (12 ans) à Aix chez M. Laurens Roche, 

idvocat, pour estudier au colége des Pères Jésuistes, et lui donne 9 liv. 15 sols pour 

la norrilurc et répétition de chascung moys, luy ayant payé pour 3 mois et retiré 

icquit, 29 livres $ sols. 

Rolle de ses ardes 
I Sept chemises, 7 mouchoirs, 2 barretins, j freses, 2 per de bas, 2 chapeaulx, 
: camisolle, porpoint et haultz canelatz, i robe longue (à cause de son titre de 
:terc), i manteau rouge, i coffre à bahut, i besasses, i sac bleu, i de toile, i pigne. 
^lus mandé porpoint haut et bas de rouge [Livre de raison d'Augustin de Bbrluc.) 
Zonsuls et assesseur depuis le /*•" novembre i6a^, jusqu'au jr oct. i6a6. 
[o Messire Jean Louis de Coriolis, seigneur de la Bastide et de Limaye; M. Pierre 

Fauris, Seigneur de S» Vincens, assesseur ; M. Philip de Rapelin, Seigneur d'Upio; 

Cip ien de Bosco. 

2) Henri Albi, né à Boulène dans le Comté Venaissin en I590, entra chez les 
iuites en 1606. La maison du Noviciat fut pour lui une espèce de tombeau, dans 
[uel les étincelles de sa vivacité s'éteignirent pour toujours. Après avoir professé 
grammaire, les humanités et la rhétorique pendant sept ans, il s'appliqua à. l'étude 

la théologie pendant 12 ans et fut successivement Recteur des collèges d'Avignon» 
Lrles, de Grenoble et de Lyon. Il montra dans ces emplois une sagesse et une 
)acité digne des plus grands éloges. Il mourut à Arles dans l'exercice des devoirs 
son état, le 6 oct. 1659, âgé de 69 ans. (Achard, Dictionnaire des hommes illuslres 
Prou.) 

3) Le P. Antoine Blanc dont il a déjà été question à la page ^2, fut reçu dans la 
mpagnie, à Avignon, le jo juillet 1595. Il avoit deux frères Religieux: Tun Minime, 
irt à Naples en 1612, l'autre Dominicain, mort à Bordeaux en 161 ^ 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



Bourbon (^), et le P. Paul deBARRY (^), Recteur de ce 
le 9 octobre 1632. comme il se dira en son lieu. Ne 
une transaction qui avoit esté faicte, le 19 décemb 
entre le P. Elzéar d'ORAisoN et Mon' le comte de 1 
son fraire, à la charge que ledit comte payeroit une 
annuelle à perpétuitté à ce collège, de quatre cent: 
moyennant laquelle, ledit P. d'ÛRAisoN se despartoit 
ses droicts qu'il pouvoit avoir es biens tant paternels 
ternels qu'autres, de quelle part que ce feut. 

Le 2 du moys de Juin, le P. Claude Suffren 
ayant reçeu en aumosne trois cents soixante livre; 
personne bienfactrice qui ne veut estre nommée, les m 
les mains de Mon' le Conseiller Suffren (^) son nej 
constitution de rente au denier vingt, comme il apj 
l'acte numéro 3*. 

Les aumosnes qui furent données en ceste année 



(l) Alphonse d'ORAisoN, comte de Bourbon, frère du P. Elzéar d'ORAis 
était nis d'André d'ORAisoN S' de Boulbon et de Soieilhas, nis puin^ 
d'ORAisoN vicomte de Cadenet, chevalier de l'ordre du Roi et de Marth 
Son bisaieul, Philibert de Aqua, Conseiller et chambellan du Roi René, a 
Louise d'ORAisoN héritière d'une des plus riches et des plus anciennes 
Provence, et ses descendants quittèrent le nom de Aqua pour prendre celui 
André d'ORAisoN avait épousé Jeanne d'ARCis, (îlle de Jean S*" de la B 
Livarot dont il eut Alphonse et Elzéar, Jésuite. 

Marthe de Foix était fille de Jean de Foix, vicomte de Meilles, comte 
etc. et de Anne de Villbnbuve-Trans. Son bisaieul Gaston de Foix, 
oenaugie, avait épousé Marguerite d*ALBRET, petite-fille par sa mère de 
Bourbon, frère de Jacques, comte de la Marche et d'Isabeau de Valois. 
f^oix avait épousé successivement Claude de Grasse du Bar et Antoine 
^dbnet. Elle a apporté ainsi quelques gouttes du sang de S« Louis dan: 
i''ànd nombre de famille provençales, qui descendent de ces deux mariage 
jO Paul de Barry mort à Avignon le 28 juillet 1661 avoit reçu le jour 
'ocese de Narbonne) en 1587. On a de lui plusieurs ouvrages de piél 
*^ Sont singuliers et qui ont été traduits en diverses langues. Il étai 
Constance de Cezelly (fille de Jean de Cbzelly) Premier Prés 



'nbre des Comptes de Montpellier), cette héroïne qui se distingua a 



^*ie. Il se fit Jésuite en 1605, enseigna 5 ans la philosophie, fut recteur 
I '^'^on et des collèges d'Aix et de Nimes, et devint provincial de la p 
L • t^endant qu'il habitait la maison des Jésuites d'Avignon, il reçut de 
^j. "^^^nuscrit que Cambis-Velleron a décrit dans son Catal. raisonné (p. 
Ijj. ^i^toria scholaslica maxima^ in fol. sur velin du ij« siècle, de ^92 feuill 
1^ ' Contenant la plus grande partie du texte de l'Ancien Testament ave 
jy ^^'"^s de Pierre Comestor. Ce manuscrit passa après la mort de Paul 
fj^^^^^ge des Jésuites d'Avignon, à qui il avoit été donné par cette dame 
Sqj^. /" de son fils. Cambis-Vblleron l'acheta en 1768, lors de la suppres: 
*>^ de Jésus. (Barjavel. Dictionnaire historique^ etc.). 

dç l^*^^zarindeSuFFREN, Conseiller, futpourvûàParisle9déc.i62j,ensuitedela 
E„ ^^amèdes son père et reçu le 7 mai 102c, sestettrcs en furent vérifiées 
(j'^ ^o le Roi lui permit de faire un voyage en Italie. Il avoit épousé 
Hi^ -^XJD des seigneurs de Rognac, dont il n'eut pas d'enfants (Esmivi d( 
• ciu Part de Prov, Mss. cit.) 



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arrivé l'an 1626 



40 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aiX 

1625 environ à six cents livres, dont les principales furent 

deux cents livres d'une amande donnée par Messieurs 
Comptes ; de soixantes livres d'une aumosne secrète ; 
nonante livres données par le Chapitre de S' -Sauveur ; \ 
encensoir d'argent coustant quarante huict escus, donné 
Madame de Ventabren ; d'une petite lampe d'argent cous 
vingt huict escus, donnée par Mon' de Gourmes (*), pour Ne 
Dame de Montaigut (^). 
Ce qui est Ce fcut en ceste année, qu'un des Messieurs de la Coui 
Parlement tesmoigna combien il affectionnoit nostre Compagi 
ce fust Mon' le Conseiller Arnaud (^), lequel estant al 
d'une maladie qui le meit à l'extrémité, ayant faict son der 
testament, avoit légué seize cents escus pour le collège d'j 
mais grâces à Dieu, la santé luy feut rendue. En la prés 
année 1634, en laquelle cecy s'escrit, il est en très bonne s 
et très affectionné à nostre Compagnie à son ordinaire (^) 

Les classes, ceste année, sont allées à leur train ordin 
le P. Charles Reydet y enseignant la Logique et le P. S* Ai 
la Rhétorique, à la fin de laquelle, François Rigordy, 
escholier, natif de Ragusse en Provence, entra au novicia 
nostre Compagnie à Avignon. 

Le 19 de Juillet, le P. Biaise Jarrige feit sa profes 
de quatre vœux, en l'église du collège, le R. P. Claude Suff 
lors Recteur disant la messe et acceptant ses vœux. 

Le second de may, le P. Claude Suffren, Recteui 
collège, achepta de Mon' Jean Bricy, une bastide au a 

(t) Ce surnom de Gourmes était porté au XVIP siècle par plusieurs familles 
Lombard de Gourdon, les Hostager et les Raffelis de Vincent d'AGOui 
Lombard habitaient Grasse : cède Gourmes dont il est ici question, pourroit dor 
ou Pierre d'HosTAGER, pourvu en i6m de la charge de Maître d'hôtel ordina 
Roi, qui mourut à Aix en 1648, ou bien Henri de Raffelis qui épousa en 1597 
de Vincent d'AGOUT Dame de Rognes. 

(2) Le nom de N. D, de Montaigu se présentant plusieurs fois dans ces a 
il est à propos de donner l'origine de cette dévotion en Provence, telle ( 
est rapportée dans le livre intitulé : Le Trésor incogneu descouvert dans le pané^ 
d'une image miraculeuse de la Mère de Dieu réservée à Bargemon en Provenc 
e R. P. Raphaël Augustin Déchaussé, (à Aix, par Estienne David, etc. M. DC 
Voir les pièces justificatives n* 19. 

(3) Louis Arnaud (seig** de Rousset et de Vallongue, fils de Glaude et ( 
d'AGOULT d'Ollières) fat pourvu par lettres du la novembre 1610, sur la résig 
d'Antoine Embnjaud seig'' de Barras oncle de sa mère, et il fut reçu le 21 jui 
avec dispense, parceque Glaude d'ARNAUD son père étoit aussi Gonseiller. Il < 
Aimare d'ARÈNS de la ville de Marseille, qui lui apporta la terre de Rousset, au ci 
de Riez (Esraivi de Moissac. Hist. du Pari, de Prov. Mss. cit.) 

(4) (En note dans le manuscrit). L'an 1641, iceluy Gonseiller d'ARNAUD, estant 1 
reusement malade, a révoqué le légat, et ne donne tout à faict rien à la Gom 
par le nouveau testament qu'il a faict. 



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HISTOIRE DU COLLéGE d'aIX 41 

dict de Molières, moyenant le pris de trois mille livres, 1626 

laquelle bastide s'estant trouvée du despuis servile, laquelle 
néantmoins on avoit acheptée pour franche, le collège la 
la remist audit Jean Bricy Tannée de la peste, et le procès 
de quelque particularité qui s'en ensuivist, feut terminé 1634, 
le 26 de may, par un arrest définitif. 

Le vingt huictième d'aoust, Mon' TEvesque de Fréjus fonda 
une mission des nostres en ladite ville, et assigna de revenus 
annuels pour ladite fondation, jusques à la somme de quatre 
cents cinquante livres, à prendre sur la communauté de Lorgues. 
Néantmoins, le 2 novembre de l'an 1628, ledit seigneur Evesque 
transporta ladite pension de 459 livres pour l'entretien de la 
mission de Fréjus, sur la communauté dudit Fréjus, la réduisant 
néantmoins à quatre cents livres, comme il appert par les 
papiers sur ce subject. 

Le j* Juin, Mon' Joseph Michaelis, Conseiller du Roy en 
la Cour des Comptes, a déclaré au R. P. Claude Suffren, 
Recteur de ce collège, que de la somme de trois mille six 
cents livres, qu'il a mis à constitution de rante sur la com- 
munauté de Brignoles, au denier vingt, il y en a trois cents 
livres qui appartiennent au collège d'Aix de nostre Compagnie, 
lesquelles avoient esté baillées par aumosne audit P. Suffren, 
pour en employer la pension provenant d'icelle, qui est de 
quinze livres par an, au bien et avantage dudit collège , au choix 
dudit P. Suffren et de ses successeurs. Recteurs dudit collège, 
laquelle somme de trois cents livres qui luy appartenoient en 
son propre sur une communauté, comme il a faict da despuis 
sur celle dudit Brignole, ainsy qu'il a esté dict, promettant 
ledit s' Conseiller, au moyen de ce, conformément à la précé- 
dente déclaration privée, payer audit collège le susdit capital 
de trois cents livres, lors et quand ladite communauté de 
Brignole se sera redimée dudit capital, de trois mille six cents 
livres, promettant aussy jusques à lors, de luy payer lesdits 
quinze livres de pension annuellement, à chasque premier jour 
de juin. 

Ce feut en ceste année, que le R. P. Louys Michaelis, 
pour lors supérieur à la résidence de Marseille, feut appelle 
par la Cour de Parlement, pour estre interrogé sur quelques 
affaires de Madame d'AtLEMAiGNE. Ses responses feirent 
paroistre qu'il estoit innocent et qu'il ne s'estoit meslè que du 
spirituel et non du temporel de ladite Dame, et partant, que 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



toient que calomnies, pour ce que nos ennemis avoient 
)urir par divers discours. 

la fin de Tannée qui feut au mois de décembre, le 
ques George prescha Tadvant à S'-Sauveur^ qui feut la 
3 fois qu'il prescha en ceste ville, 
seig' le duc de Guise tesmoigna en ceste année les 
de sa libéralité et affection envers ce collège, ayant 
deux cents escus pour la bibliothèque de ce collège, 
înt employés aux livres qu'on estima les plus nécessaires, 
aumosnes qui furent données ceste année ou à Téglise 
:ollége, reviennent bien environ, à deux mille cinq cents 
dont les principales feurent : de six cents livres de 
e Guise pour la bibliothèque; de six cents soixante cinq 
lonnées par Madame de Bedouyn, despuis religieuse 
N4arie, pour la custode d'argent de N astre Dame de 
^u et pour la coupe d'un calice d'argent ; de quinze 
livres données par Mon' le Président Aymar (^) et 
e sa femme, pour le rétable du grand authel et pour 
rnacle où repose le S' Sacrement, luy, donnant ce 
X nécessaire pour le retable, et elle, ce qu'il falloit 

tabernacle ; de quarante deux francs d'amande données 
ïssieurs des Comptes ; d'un devant d'authel et authelés 
lerie de soye sur un fonds de satin verd, donnés par 
rite Feraude. 

3ust en ce temps, que la congrégation de Nostra 
composée des Messieurs et des escholiers, dans le 

qu'on avoit de les diviser à cause de la multitude, 
rtagée en deux ; car on obtint que les escholiers feroint 
agrégation à part, et feut érigée par le consentement 
P. Général, soubs le titre de la Purification, à laquelle 
oola les seuls escholiers qui fréquentoint le collège, le 
Dine Leal qui enseignoit la Rhétorique cëste année, en 
premier la charge. La Congrégation des Messieurs se 
[ à part, continua à estre conduicte par le Henry 
usques au moys de may, auquel temps, le P. Paul de 

qui estoit venu pour estre Préfect des estudes, print 
:harge de ladite congrégation. 

çois d'AYMAR Baron de Château-Renard, Sainte-Catherine et Montsalier, 
ionoré d'Aymar Président au Parlement, époux d'Anne d'ALBi dame de 
i'abord reçu Conseiller à la Cour des Comptes le u may 1614; il fut ensuite 

Toffice (de Président en la même Cour) d'Amand de Monier, et par la 
I de Jean de Monier sieur de Melan qui ne voulut pas Texerccr. Il fut reçu 

1024. (J. s. Piton. Hist. de la ville d'Aix). 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d\iX 43 

Le 2* juillet, le P. Claude Suffren Recteur de ce collège, 1627 

meît entre les mains de Mon' Mathieu Eissautier marchand 
de ceste ville, la somme de douze cents livres pour six mois 
ou un an, à raison du denier seize, et ce, à tant moins du 
pris d'une bastide, que ledit P. Suffren avoit achepté de 
Jean Bricy. 

Le neufvième d'octobre, contract feut passé entre la ville 
et le collège, de dix mille livres, qu'elle donneroitpour le reste 
des bastiments qu'estoit à faire audit collège. L'occasion en 
feut, que comme de temps en temps on demandoit à la ville 
argent, pour quelque bastiments nécessaires selon les occur- 
rences, la ville déjsira d'en sortir pour une bonne fois, et se 
résoleut à donner les dix mille francs susdits, et qu'on n'eut 
plus aucune prétention à demander pour lesdits bastiments, à 
pache que le tout feut agréé par le R. P. Général, comme 
en eflfect il agréa, ainsy qu'il appert par une lettre qu'il en 
escrivit particulière à Mon' le Baron de Tourves(^), pour lors 
premier Consul. La coppie de laquelle est parmy les livres du 
Recteur, outre que ledit consentement paroit ailleurs, pour les 
particularités dudit contract, que les payes s'en font dans cinq 
ans, à deux mille francs par an, et que il est en la liberté du 
Recteur, de mettre deux ou trois mille livres des susdites 
dix mille livres, en constitution de rente sur la Maison de 
ville d'Aix, pour estre un fonds qui serve au réparations 
annuelles des bastiments du collège, et s'il y a autres parti- 
cularités, on en peut voir le contract qu'est aux archives. 

Le P. Jacques George ayant presché l'advant à S'-Sauveur, 
l'année passée, il prescha le caresme fort heureusement. 

Sur la fin de ceste année, feut receu au noviciat d'Avignon 
Daniel, natif de ceste ville, qui avoit achevé son cours de 
Philosophie soubs le P. Reydet, tandis que le P. Jean Baron 
enseignoit la Logique et Physique ceste année, y ayant 
commencé le cours avec quantité d'escholiers. 

La veille de S* Ignace, Messieurs de la Cour de Parlement 
feirent un arrest, par lequel estoit ordonné que le tableau de 
S* Ignace ne seroit point mis devant le tableaux de S' Lou/s 
au mestre autel, arrest qui se feit à la sollicitation de Mon' 
Decormis, Advocat Général, qui en avoit donné une attaque 



(1) Consuls et assesseur depuis le /••' nop. 1626, jusqu'au ji oct, 162J. 
Messire Magdalon de Vintimille des Comtes de Marseille, Baron de Tourves; M. 
Jean Charles Bonnet» seigneur de Malignon, assesseur; M. Jean de MtvoiLLON, Ecuyer; 
M. GaspardAuDiBBRTi, Ecuyer. 



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44 HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 



1627 despuis un an au P. Recteur. A la veille de S* Ignace, au 

matin, avant qu'estre au palais, il veint veoir à Téglise comme 
quoy on apprestoit à disposer les tableaux, et quoy que rien 
ne pareust encor, parceque le trellis estoit tendu, se doubtat 
que Ton metroit S' Ignace couvrant S* Louys. Il feit appeller 
le P. SuFFREN, Recteur, qui sur l'affaire proposé par ledit 
s' advocat, promist que le S' Louys seroit en veue, et que 
si Ton mettoit le tableau de S' Ignace devant celuy de S* Louys, 
on mettroit un tableau de S' Louys plus petit que de Tordinaire 
au dessus du tableau de S* Ignace^ voire mesme, luyle désirant, 
on luy promit tout à faict, que le tableau de S' Ignace ne 
seroit point devant celuy de S* Louys. Nonobstant tout cela, 
ledit s' advocat ne laissa pas d'aUer proposera la Cour l'affaire, 
et fut la chose mise aux opinions, et pleusieurs choses dittes 
là dessus, entre autres, quelqu'un de ces Messieurs dict qu'il 
ne fesoit point beau voir qu'un Espagnol tournast le dos à 
S* Louys et à un roy de France. La conclusion et Tarrest 
feut tel que dessus a esté indiqué, qu'on ne couvriroit point 
le tableau de S' Louys par un autre tableau. Sur les dix heures 
de la mesme matinée, vint un huissier pour intimer Tarrest au 
P. de Barry qu'il rencontra proche de la porte du collège. Le 
P. Recteur revenu, scachant l'affaire, feit appeller l'huissier pour 
faire ses responses, qui feurent qu'il estoit prest pour obéir à 
la Cour, mais qu'elle eust esgard aux autres églises et à Aix 
et ailleurs, qu'on ne faisoit aucune difficulté, les jours des 
festes des S" particuliers, de mettre sur l'image du mestre 
authel, le tableau du S* dont on faisoit la feste, et que dans 
Paris mesme, en la présence du Roy qui ne manque point 
d'aller à nostre église, tous les ans, le jour de S' Ignace, lors 
qu'il est dans Paris, on couvroit le tableau de S' Louys pour 
y mettre dessus celuy de S' Ignace. Et que de plus, la Cour 
n'avoit point eu occasion de faire arrest, puisqu'au seul signe 
de la volonté de l'Advocat Général susdit, il s'estoit porté à 
condescendre à sa volonté, ayant commandé au sacristain, de 
lesser l'image de S' Louys qui est au mestre authel en sa veue 
ordinaire, et loger ailleurs le tableau de S* Ignace. Nonobstant 
ces responses, on obéit à l'arrest qui estant sceu par toute la 
yille, feut cause que le lendemain y eust meilleure compagnie 
tout le long du jour, parcequ'on venoit voir comme quoy les 
deux images estoint disposées. 

Sur la fin de cpte année, on commencea d'habiter le corps 
du logis qu'estoit desjà faict. Les quatre classes d'en bas 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 45 



toutes neuves, commencèrent de servir aux Philosophes et 1627 

Rhétoriciens, Tune dicelles estant employée pour servir de 
cabinet de Préfect; c'est ce corps de logis qui va aboutir à 
la porte de l'église. Pour le commencement, les nostres 
n'habitèrent que le second estage, parceque le troisième 
n'estoît encor achevé pour n'estre point miparty en chambres. 
Le P. SuFFREN, Recteur, qui avoit esté cause de ce bastiment, 
y avoit pris de grandes peines et grands soins ; néantmoins, 
secondé de nos bons amys, sur tout de ceux qui se treuvèrent 
en charge en la Maison de ville, nommément de Mon' 
AuGERY, ancien assesseur (1623) et de Mon' Rapelin, second 
Consul (1626), les choses réussirent fort heureusement; en 
quoy, ce collège a une grande obligation à Messieurs les 
consulaires, pour y avoir contribué des libéralités de la Maison 
de ville et assés bonnes sommes, comme il appert par les 
quittences et papiers sur ce subject qui sont a\ix archives. Si, 
ne feit-on point ce bastiment sans donner du desplaisir à 
quelques voisins, car comme il y avoit quelques arbres au lieu 
où il fallust bastir, qui donnoint de la verdure aux fenestres des 
voisins, comme il les fallust arracher et que tout à coup on 
les eust mis à bas, aucuns en tesmoignèrent du desplaisir sur 
tout Mon' de Bellefin, advocat, quoy que d'ailleurs nostre 
bon amy, comme aussy Mon' Borrely, qui semble en avoir 
retenu le desplaisir longues années après. 

Diverses aumosnes ont esté faictes ceste année, qui néant- 
moins ne sont pas de considération ; entre autres, une Dame 
donna dix pistoles qu'on employa pour une navette d'argent 
et pour le pied de l'enchasseure de Nostre Dame de Montaigu. 

C'est en ceste année, que le Parlement feut grandement cequiestar- 
irrité contre nostre Compagnie, à l'occasion d'une évocation 
que le P. Michaelis, Supérieur de la résidence de Marseile, 
avoit obtenu touchant l'affaire de S* Jaume, d'où il sembloit, 
que les Messieurs de la Cour vouleussent faire déloger nos 
Pères. Sur ce subject du P. Michaelis, feut appelle et vint 
respondre à la Cour. L'intimation de l'évocation ire laissa pas 
de -se faire, et Mon' le Conseiller Arnaud 'agréa qu'on 
l'exploitast sur ce subject ; et feut en ceste mesme année que 
par arrest de la Cour nos Pères sortirent d'Arles, tout cela 
en suitte de ceste évocation qui avoit aigry le Parlement. Ce 
collège mesme en ressentit les effects, car ayant sceu ledit 
Parlement, que la Maison de ville avoit cdktracté avec nous 



rivé Tan 1628. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE dViX 



dix mille francs touchant les bastiments, à la manière 
esté dict, Tannée précédente, arrest feut faict défendant 
>onsuls (^) de nous bailler les dix mille francs, 
ûva ceste mesme année, que le P. Suffren, Recteur, 
ippellé par la Cour, pour estre interrogé par un com- 
ire qui feut le Conseiller Albert (^), pourquoy on avoit 
. la sacristie, dans un papier, que tous les Pères diroient 
messes et les Frères trois chapelets, pour le Roy 
aigne. Pour bien entendre cest affaire, il faut scavoir 
certein jeune homme s'estoit arrêté à la sacristie, et 
parcouru les trépassés de nostre Compagnie en divers 
icts, qu'on nous avoit envoyé de Rome, pour prier Dieu 
eux selon nostre costume, en suitte de quoy, estoint les 
jes et les chapelets que les nostres dévoient dire pour 
ienfacteurs ou fondateurs de nos maisons, vivants et 
;sés, seion ce qui est de nostre institut, parmy lesquels 
nt ordonnées trois messes pour le Roy d'Espaigne, 
e fondateur, Tannée précédente, d'une nouvelle maison, 
este lecture du nom du Roy d'Espaigne, et des prières 
fesoit pour luy, il alla dire à quelqu'un de Messieurs, 
fesoit céans des prières extraordinaires pour le Roy 
aigne, affinque ses armes fussent victorieuses sur celles 
Dy de France. Cela estant receu pour une belle vérité, 
)pella le P. Suffren, qui respondit pertinemment là 
5, que c'estoit nostre costume de prier Dieu pour nos 
cteurs, feussent-ils Espagnols ou François , et que, 
e en France on prioit pour le Roy d'Espaigne, lors qu'il 
it quelque maison, que de mesme en Espaigne, on prioit 
oit de messes pour le Roy de France, quand il fondoit 
laisons et nous obligeoit de ses bienfaicts, et qu'en eflfect, 
e moys auparavant, on avoit commandé trois messes à 
ie prestre Jésuite par tout le monde, en qualité de fon- 
de la belle église de S*-Louys, qu'il faict bastir dans 
e de Paris, à la maison professe de nostre Compagnie, 
les mieux esclaircir, on leur porta le livre où sont escripts 



nsttls et Assesseur depuis Le j"^ novembre lâay, jusqu'au ji octobre 1628. 

re Hubert deCASTELLANE, seigneur de Salernes; M.Jacques Gauffridi, assesseur; 

içois Rambkrt, écuyer; M. Honoré Eyguisier, seigneur de la Javie. 

:qucs d'ALBERT, Conseiller fut pourvu de l'office qui vaquoit depuis la mort de 

ie SiMiANE, qui étoitundes S réservés par S. M. Ses lettres sont du 2$ déc. 1596 

reçu le 14 avril 1600. Il étoit fils de Joseph d'ALBERT d'Aubagne, Gentilhomme 
tiambre du Roi, et de Marguerite de Bausset. Il épousa Marguerite de Bovr- 

des seigneur de la Mure(Esmivi de Moissac. Hisi, du Parlt de Prou, Mss. cil,) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 47 

les suffrages et commandements faicts par toute la Compagnie, 1628 

de prier et dire messe et chapelets, pour les bienfacteurs et 
fondateurs des maisons de nostre Compagnie esparses par 
tout le monde. Cela n'empêcha pas, que ledit S' Conseiller 
Albert, qui par rencontre n'estoit nullement affectionné à nostre 
Compagnie, ne feit des interrogats de toute sorte, pour voir 
si le P. SuFFREN disoit vray, jusques là que de demander 
pourquoy aucun de ses papiers où estoit ces suffrages, estoint 
attachés à la sacristie, les uns avec des épingles, les autres avec 
deshosties; à quoyresponditleP. Suffren, que le sacristein se 
servoit de ce qu'il rencontroit le premier, et quand il n'avoit 
point des espingles, il se servoit des hosties, dont il y a des 
roigneures dans la sacristie. 

Le P. Paul Antoine Arnaud feit sa profession de quatre 
vœux le 22 juin, le P. Suffren Recteur acceptant ses vœux. 
Et en ceste mesme année, Joseph Besson, ses deux ans de 
noviciat estant parachevées, feit ses vœux, le jo* d'aoust, en la 
chapelle de la congrégation de rANNONciATiON Nostre Dame, 
le P. Paul Antoine Arnaud disant la messe. Bertrand Bras 
feit encor les mesmes vœux, le mesme Père disant la messe 
en la mesme chapelle, le lo* d'octobre. 

La jeunesse de nos escholiers feut excitée à estudier plus 
particulièrement par les prix que donna Mon' Alphonse de 
Richelieu (^), Archevesque d'Aix. Ce feut le P. Antoine Leal, 
qui encor ceste année faisoit la Rhétorique, lequel feit l'action 
dont le subject estoit la S^-Madelène. 

Sur la fin de ceste année, feurent envoyés deux escholiers 
au noviciat d'Avignon, dont l'un estoit Simeon Bec, natif de 
Cisteron, qui avoit achevé son cours soubs le P. Reydet, en 
ceste ville, et l'autre estoit Corneille Rossignol, natif de ceste 
ville ; réception qui donna bonne édification à la jeunesse, et 
de bonnes pensées à quelques-uns, nommément à quelques 
escholiers du P. Hugues Guilleaume, qui avoit enseigné la 



(1) Louis Alphonse du Plbssis de Richelieu étoit frère aine du Grand Cardinal de 
Richelieu. Henri iy voulant récompenser les grands services reçus de son Père, 
voulait nommer Louis à l'évèché de Luçon, mais Louis obtint de se retirer au désert 
de la Chartreuse. 

Louis étoit Prieur dans Tordre de S' Bruno à Bompas, quand il fut appelé sur le 
siège de Téglise d'Aix. Il fut solennellement reçu dans la ville le 6 dec. 1626, et trois 
ans après, il fut fait archevêque de Lyon et cardinal, par Urbain viii, auquel il était 
envoyé comme ambassadeur extraordinaire. Il mourut d*hydropisie à Lyon le 2^ mars 
16ÇJ. 11 écrivit son épitaphe avant de mourir : Paupcr natus sum, Paupertatem nopi, 
Pauper morior, inter Paupercs sepeliri volo. Il voulut être enterré dans l'église des 
pauvres de la Chanté. (Cf. J. S. Pitton. AnnaUs de la 5<« Eglise d*Aix). 



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48 HISTOIRE DU COLLÈGE d\iX 



^ogique ceste année, qui néantmoins ne continuèrent point 
DUS en leur volonté, excepté Louys Lombard, qui continuant 
n sa volonté, entra du despuis 1632 en la Compagnie au 
ioviciat de Paris. 

Le 27 de juin, les Messieurs de la grande congrégation, 
omme il paroist par leur délibération dattée dudit jour, se 
oyants dans un lieu trop estroict, prindrent résolution d'avoir 
in autre lieu commode, et accepter une place que le 
?.. P. Provincial, à la sollicitation du P. Suffren, Recteur du 
lu collège, et du P. Paul de Barry, directeur de ladite 
ongrégation, leur avoit offert; et à ces fins, ils députèrent 
Aon' le Lieutenant Félix et Mon' Pierre Derians et 
)ebosco advocats, pour voir par une ques*e volontere, le 
Qnds qu'on pourroit retirer pour le bastiment d'une nouvelle 
:ongrégation en la place offerte. 



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CHAPITRE TROISIEME. 



Le P. Jacques Isnard. 
J2* Recteur. 



ur les derniers mois de ceste année , le 

P. Claude Suffren quitta la charge de Recteur, 

et feut mis en sa place le R. P. Jacques 

Isnard, qui d'ailleurs estoit destiné à prescher 

Tadvant et Caresme prochain à S'-Sauveur, et 

en effect, il prescha ledit advant au mois de décembre de 

ceste année ; et comme à Toccasion des bruicts de la peste 

qu'estoit en Dauphiné, le prédicateur Jésuite destiné à Cisteron 

ne peut y aller, on envoya en diligence au P. Isnard, Recteur, 

pour le prier d y faire suppléer par quelqu'un de son collège, 

ce qu'il feit, y envoyant le P. Paul de Barry, qui ayant quitté 

la préfecture au P. Reynier n'ayant que charge de la grande 

congrégation, se treuva libre pour y aller, où il demeura jusques 

après Pasques de Tan suivant, y ayant continué les entredeux 

de Tadvant et du Caresme. 

Le 1 5 du mois de novembre, le P. Isnard, Recteur, passa 
un contract avec Mon' Jean d'ANXELMv, advocat en la Cour, 
portant eschange d'une place vuide qui touchoit ses moulins, 
et joignoit le collège du costé de la classe qui servoit pour la 
Cinquième, avec permission de bastir des lieux communs le 
long du ruisseau, à pasche que cella n'incommodast point la 
vuidange des eaux dudit moulin. L'acte en feut pris par Mon' 
Beusin nostre notaire (^). 

(1) La famille Beausin a exercé le notariat à Aix pendant un siècle entier. Etienne 
BeÂusin do 1629 à 1665, Pierre Beausin de i66ç à 1702, et autre Pierre Beausin. de 
1702 à 1728. Leurs minutes sont actuellement dans Tétude de M. Roman. 

4 



Ce qui est ar- 
rivé l'an 1628, 
(Suite). 



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50 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



Ce feut en ceste année, comme nous avons dict Tan 1626, 
que Mon' de Fréjus meit sur la commune de Fréjus, la pension 
qu'il vouloit donner pour la mission. 

Diverses aumosnes furent données soit au collège soit à 

Téglise; la principale feut un parement d'autel et pavillon de 

satin blanc fureté, donnés avec les assortissements par Madame 

d'ARNAUD, la Conseillère au Parlement. 

Ce qui s'est Le 1 5 de febvrier, Mon' Lazarin Suffren, Conseiller, vouleut 

passé Tan 1629. estaindre la pension qu'il faisoit à ce collège de 36 livres, 

pour le capital de sept cents vingt livres qu'il devoit, scavoir, 

trois cent soixante livres que feu son père avoit receu, et 

trois cents soixante livres que luy mesme avoit pareillement 

receu quelque temps après. Item, pour Taffection qu'il portoit 

à ce collège il luy a faict un don gratuit de trois cents livres, 

pour estre employées sur une communauté où ailleurs, et la 

pension d'icelles, destinée pour Tentretien encor de la lampe 

du S' Sacrement. A ces fins, ayant faict appeler le P. Isnard(\!, 

Recteur du collège, il luy donna comptant, la somme de mille 

vingt livres, lesquelles mille vingt livres furent receues lors 

mesme par le P. Claude Suffren, en qualité de procureur 

de ladite résidence de Marseille, chargeant ladite résidence 

d'en payer à ce collège, la pension annuelle qui montoit 

cinquante une livre, ainsy que se void es papiers des archives. 

Le 20 du mesme mois, l'acte de réception des mille vingt 

livres que dessus, feut ratifié par le P. Michaelis, Supérieur 

de la résidence de Marseille, et le lendemain, lesdits actes 



(l) A cette année 1020, P. J. de Haitze, dans son Histoire de la pille d'Aix, Liv XIV, 
§ XCIV, mentionne V Établissement de la maison hospitalière du Bon Pasteur^ par l'inspi- 
ration du pieux et charitable P. Isnard Jésuite. 

<r L'établissement de la maison hospitalière des Filles du Bon Pasteur^ fit l'ouver- 
<( turc de l'année mil six cent vingt neuf. Maison destinée pour y recevoir les personnes 
« du sexe féminin, qui après avoir esté engagées dans la débauche qui les flétrit 
« entièrement, veulent s'en retirer par un saint et salutèrc repentir qui les porte à 
« embrasser la vie religieuse qu'on y professe, d'où est venue l'appellation vulgaire de 
«« Maison de Repenties qu'on donne à ces sortes d'établissements. Cette sainte œuvre 
« estoit autrefois pratiquée, mais d'une autre manière, par les Religieux qu'on appeloit 
« Frères Sachets dont nous avions une maison dans Aix et des quels j'ai fait quelque 
M mention dans ma narration du XIV" siècle. Le Père Isnard Jésuite, Recteur du 
« collège RoTal de Bourbon, fut le premier qui suggéra ce saint établissement aux 
« habitants. Les premiers d'entre ceux qui voulurent s'cmploïer pour le mettre à 
« exécution, furent Nicolas de Mimata, Chanoine capischol en l'Eglise Métropolitaine, 
« François de Beaumont. Ecuïer, et Michel Estienne. Receveur du Domaine. Cette 
« maison fut donc fondée par leur ministère, et ce fut sous le titre de Sainte Madelène 
« et de Sainte Pélagie. La bénédiction que le ciel y a versée a esté si grande, que 
M cette maison est toujours allée en augmentant, tant à l'égard des progrès temporels 
« que des spirituels, en manière que comme d'une source féconde, il en est sorti de 
« bons sujets pour faire de semblables établissements en d'autres lieux de la province. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 51 

que dessus furent notifiés à Mon' noble Thomas de Riquety (^), 1629 

sieur de Mirabeau, lequel respondit qu'il acceptoit les transports 
mentionnés auxdits actes, et s'obliger payer annuellement ladite 
pension de cinquante une livre, au collège d'Aix de la Compagnie 
de Jésus (Voyez les papiere nombre 5, 6.) 

Le 9 may, le P. Jacques Isnard, Recteur, retira des mains 
de Mon' Issautier, marchant, neuf cents livres du capital de 
mille huict cents livres, et les remit entre les mains du 
P. SuFFREN, en qualité de Procureur de la résidence de 
Marseille, pour estre employés au payement de la maison, 
que ladite résidence avoit achepté de Mon' Beissan, sieur de 
Savornin, de manière que ledit Essautier, ne doibt plus à ce 
collège que neuf cents livres, desquelles il paye Tintèrest au 
denier vingt, et le payement tombe le 9 de may. La résidence 
de Marseille devoit pareill capital restant à la pension à 
proportion, dont elle s'acquitta Tan suivant, ainsy que se dira. 

Le 21 febrier, le P. Louys Michaelis, Supérieur de la 
résidence de Marseille, vendit à Mon' Jean-Baptiste Suffren (^), 
juge à Salon, une pension annuelle et perpétuelle de 37 livres 
10 solz, payables annuellement, le 22 juillet, pour le fonds et 
capital de sept cents nonante livres, à prendre, exiger et 
recouvrer des sieurs de Negreus (^) et Mirabeau, à bon compte 
de la pension par eux deue à la résidence de Marseille, pour 
raison de trente mille livres qui se treuvent obligés à la 
Compagnie de Jésus, en considération du P. Thomas Riquety, 
de la même Compagnie. En après le 5 de may, ledit s' Jean 
Baptiste Suffren déclara, que ladite pension de trente sept 
livres dix solz et le capital d'icelle ne luy appartenoit point, 
ayant ladite somme esté expédiée au P. Claude Suffren par 
une personne dévote, laquelle n'a voulu estre nommée, pour 
l'employer à pieux usages, scavoir : trente livres de ladite 
pension, pour ayder annuellement et perpétuellement aux fraiz 
des cierges nécessaires, pour l'usage de l'église des Pères 
Jésuites du collège d'Aix, et les sept livres dix solz restantes, 
à telles autres œuvres pies que bon sembleroit audit P. Suffren. 

Ceste année, quoy qu'effrayée des bruicts de la peste de 
tous cotés, feut néantmoins heureuse pour l'employé du collège, 
les exercices de la Compagnie s'exerceant à l'ordinere. Ainsy 

(1) Thomas Riqubti, fils d'Honoré (i**^ Consul de Marseille en 1621), épousa en 1620 
Anne de Pontkvès et fut le bisaïeul de l'Ami des hommes. 

(2) J.-Bapt. Suffren, fils cadet du Conseiller Antoine. Son fils aine Paul fut Jésuite. 
Le cadetLouis fut reçu Conseiller au Parlement en 1650. 

(3) Négreaux. Une branche des Riqubti portait le nom de ce fief^ voisin de Mirabeau. 



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52 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

e p. IsNARD, Recteur, prescha le Caresme à S'-Sauveur, le 
^. de Barry, à Cisteron, le P. Jean Gayet enseigna la 
.ogique et le P. de Vilars, la Rhétorique. 

Ce feut sur Testé de ceste année, qu'on désempara la bastide 
|u'on avoit achepté de Bricy, après pleusieurs contestations 
lu procès qu'il y en eut, par lequel, appareut qu'elle n'estoit 
)oint franche, laquelle désemparation tesmoigna que le faux 
lom que les paisans luy avoient donné, n'estoit point véritable; 
:ar il est à scavoir, que comme nous eusmes achepté ceste 
>astide, le vulgaire et les paisans qui sont fort dans la liberté 
tn ce pais de donner de faux noms aux bastides, donnèrent 
. celle-cy le nom de Taque dôly {}) dans le rencontre de la 
réance qu'ils avoient, que là où nous mettions le pieds 
olontiers, nous estendions au voysinage comme une tache 
Ihuile, mais comme cela n'arriva point, voire mesme qu'on 
[uitta la bastide acheptée, le nom se treuva mal à propos 
voir esté imposé. 

Le 3* de juin, la délibération d'un nouveau bastiment pour 
a congrégation de Messieurs, de Tannée précédente, n'ayant 
loint été exécutée à cause des bruicts de la contagion, feut 
émise sur le tapis, en suitte de laquelle contract feut passé 
vec le P. IsNARD, Recteur, et avec les massons pour le prix 
lict, comme il se void par les actes receux par Mon' Beusin 
t Mon' Beaufort notaires, en suitte de quoy, les massons 
ommencèrent.à creuser et commencer les fondements, mais 
e ne feut qu'un jour, car la peste s'estant mise à la ville le 
o* de juillet, il falleut cesser, et on n'entra plus en congré- 
ation, jusques au dimanche d'avant la Toussaints de Tan mille 
ix cents trente un, auquel temps, on feut d'advis de surseoir 
u dessein du bastiment, attandant le retour de tous les 
onfrères. Les conditions principales du contract faict sur ce 
abject entre le P. Isnard, Recteur, et les Mess" de la 
ongrégation, estoit, que ledit Recteur leur donneroit une 
lace dérier Téglise, vis-à-vis du maistre hostel, et qu'en quas 
ue les Pères eussent besoin dudit bastiment un jour, sous 
rétexte d'en donner un aussy bon et commode, ils ne le 
liroient point sans l'exprès consentement des officiers de la 
Dngrégation, et que ladite chappelle ne seroit employée par 
!S confrères, qu'aux exercices spirituels et accostumés des 
>nfrères, et ce, soubs la direction et conduictes des Pères 
^suites. 



(1) Taco d'àlij en provençal : Tache d'huile. 



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HISTOIRE DU COLLÉGK d'aIX 53 

Ce feut en ceste année, que le P. Balthazar Flotte, Jésuite, 1629 

fut appelle par la Cour et mandé quérir, pour venir tesmoigner 
sur un affaire de Madame la Maréchalle de Criquy, touchant 
la supposition d'un part(^). Mon' le comte de Sault qui en 
estoit le poursuivant, Tenvoya quérir à ses fraiz. Ledit Père 
estant icy feut entendu et examiné et un peu moins doucement 
qu'il n'attendoit. Aussy avoit-il mal rencontré en commissaires, 
car ce feut Mon' Jacques Albert et Mon' de Peyrès (^) qui 
feurent les commissaires. Mon' Albert comme le plus ancien 
feit les interrogats et de toutes sortes, pour mettre en peyne 
le Père, aussy ne nous affectionnoit il point, et le mena si 
bien en ses interrogats, qui le tint quatre heures d'horloge 
teste nue et droict, d'où arriva que le traicta moins douce- 
ment comme cela, jusques à cercher des occasions pour le 
surprendre en contradiction ; surquoy comme le Père se 
deffendoit fort bien, ledit s' Albert ne voulant recevoir et 



1) Voir sur ce sujet Roux-Alpheran. Rues J'Aix. T. L p. $99 et suiv. 

2; Nicolas Claude de Fabri S»" de Peiresc, Conseiller, fut pourvu ensuite de la résigna- 
tion de Claude Fabri, S' de Callas son oncle, par lettres données à Paris le 11 sept. 1601. 
Elles furent renouvelées le 29 janvier lOo?, mais il ne fut reçu que le 26 juin 1607. 
Il éioit fils de Raimond Fabri, Baron de Rians, Conseiller aux Comptes et petit fils 
de Nicolas Fabri, Conseiller en la Cour. Quelque temps après sa réception, il s'engagea 
dans l'état ecclésiastique et obtint le Prieuré de Beaugencier et l'abbaye de Guitres. 
Alors il rapporta des lettres du Roi données à Paris le juin 1620, portant permission 
de continuer rexercice de sa charge, nonobstant sa profession ecclésiastique. Pbirksc 
car c'est sous ce nom qu'il est connu dans la république des Lettres), fut un des 
plus savants hommes de son siècle, il voyagea dans tout le monde chrétien, et par ce 
moyen, il fil connaissance avec tous les beaux esprits de l'Europe, avec lesquels il 
entretint jusques à sa mort un commerce de lettres. Il fut aussi en relation avec 
tous les savants de l'Asie. Il avoit un cabinet rempli de toutes les raretés du monde, 
qu'on lui envoyoit de toutes parts. Au commencement de sa réception, il négligeoit 
un peu le palais pour s'attacher à l'élude des belles lettres, sur quoi le Président du 
Vair lui dit un jour en plaisantant, qu'il vaudroit mieux apprendre ce que Cujas a 
dit, que de savoir comment il étoit habillé ; mais dans la suite il s'appliqua fort aux 
fonctions de sa charge, car on trouve qu'après avoir résigné au Baron de Rians son 
neveu, sous la réserve de 3 ans de survivance, après que ce terme fut expiré, il 
rapporta de nouvelles lettres pour continuer l'exercice de sa charge encore pendant 
cinq ans, à quoi son neveu s'étant opposé, Peiresc le fit débouter par un arrêt du 
Conseil; et, par nouvelles lettres données le 2odécembre 16^5, vérifiées le 27 juin t6j6, 
le Roi ordonna aux Présidents qui feroient la distribution, de lui distribuer des procès, 
et aux Procureurs du Pays de le faire jouir de l'exemption des tailles qui lui compe- 
toient, comme à un des 12 anciens du Parlement ; mais il ne jouit pas longtemps de 
celte grâce, car il mourut à Aix le 24 janvier 16^7, âgé seulement de 57 ans. Il futfort 
regretté dans toute la république des Lettres, dont il étoit un des principaux ornements. 
L'Académie des beaux esprits de Rome fit prononcer son oraison funèbre en présence 
de 10 cardinaux, honneur qu'elle ne rend qu'aux personnes les plus distinguées, et d'un 
mérite au dessus du commun. Ensuite les savants composèrent à l'envi les uns des 
autres, un si grand nombre de vers à sa louange, qu'il y en eut assez pour en faire un 
volume intitulé : Pan^lossia ou le Deuil des Muses. Le fameux Gassendi a composé sa 
vie(Esmivi de Moissac. Hist. du Pari, de Proif. Mss. cit.) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 



•éer ses deffenses, Mon' le Conseiller de Peyrès (*), qui nous 
;oit Thonneur de nous aymer comme toujours il a faict, se 
olut enfin de remontrer à son ancien, avec des paroles 
onneur et de douceur, qu'il n y avoit rien à redire aux 
ponses justificatives du Père, ce qui feut cause que lesdits 
ix Conseillers se prindrent de paroles ; tant y a, que ledit 
ur Albert traicta le Père non comme tesmoins, mais 
minel, ce qui n'empêcha point que la Cour ne laissast aller 
re le P. Flotte, ayant esté contente de ses responses 
nme il appert par les papiers sur ce subject. 
Diverses aumosnes feurent faictes ceste année, soit pour 
y\\se soit pour le collège, dont la principale feut une 
îsuble à fonds de satin verd en broderie de soye comme 
parement, marqué 1626, et la chasuble feut donnée encore 
r la mesme Marguerite Feraude, avec une belle aube de 
le fine et une ceinture de soye à houppes. Il y eut tout 
îin d'aumosnes en argent qu'on avoit faict au Père Isnard, 
ïcteur, pour les accidents et pauvretés au temps de la peste, 
lis elles ne feurent marquées par ledit Père. 
Les environs de la ville d'Aix ayant esté attaqués ou menasses 
peste, qui avoit donné tout plein de frayeurs à la ville, 
fin la ville mesme feut attaquée de ce mal, qui ne pareut 
esclata que le 31* de juillet, jour de la feste de S' Ignace, 
puis lequel jour, on quitta tout à faict les sermons et les 
semblées publiques et l'ablution après la communion. On 
fendit mesme de tenir de l'eau béniste aux bénitiers de 
glise. La frayeur en feut si grande, que dans moins de 
heures, unze mille parsonnes sortirent de la ville, comme 
feut advéré par les certificats qui (eurent donnés, et en 
itte de jour à autre, tout le monde se retira, c'est-à-dire les 
is apparants et les plus aisés. La Cour néantmoins de 



l) 11 sera malaisé, dorénavant, d'écrire le nom de Peiresc, sans y ajouter celui de 
. Tamizey de Larroqve. Ce chercheur hors pair, que l'ont peut regarder à bon 
lit comme le plus infatigable érudit de notre temps, s'est voué avec un zèle tout 
lédictin, à l'exhumation de l'immense correspondance Pcyrcscienne. Il a publié 
à, dans la collection des Documents inédits sur l'histoire de France, deux volumes 
cette correspondance, qui ne comprendra pas moins d'une douzaine d'in-quarto. 
yresc et la savante génération groupée autour de lui revivront tout entiers, dans 
monumental recueil, ou M. de Larroque a semé à profusion les notes, les éclair- 
jements, les rectifications, si bien que la part de l'éditeur y est aussi considérable 
peut l'affirmer, que celle de l'auteur. Le savant académicien publie, en outre, sous 
intitulé : Les Correspondants de Peiresc, une série d'études biographiques au nombre 
qu'ici d'une vingtaine, sur les plus saillants personnages provençaux, français ou 
angers, qui furent les auxiliaires de Peiresc dans son œuvre d'érudition universelle. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 55 

Parlement tint bon jusques environ la Toussaints (^) ce qui 1629 

feut cause que ceux qui avoient resté dans la ville durant le Peste, 

séjour de la Cour, avoient entrée ailleurs plus facilement, 
quoy que de jour à autre on y feit des difficultés, parce qu'on 
scavoii fort bien, que le feu de la peste s'allumoit dedans la 
ville de jour à autre. 

Peu de jours après que la peste feut recognu estre vérita- 
blement dans Aix, comme les classes avoient desjà cessé 
despuis la veille de S' Ignace, le P. Isnard, Recteur, délibéra 
de faire retirer de la ville les Régents, et adviser à ceux qui 
pourroient estre nécessaires pour s'employer aux services de 
la ville, en suitte de quoy, il est à noter que ledit P. Recteur 
avoit offert aux Messieurs de la ville (^) et à Mon' le Grand 
Vicaire, toute sorte d'assistence pour secourir les pauvres et 
les malades de peste, ce qui donna une grande édification à 
la ville. Aussy, le P. le Recteur avoit treuvé quelques uns des 
nostres grandement fervents et disposés à cella, comme il 
paroistra par Tévènement. Il est à noter encor, que le 
R. P. Estienne Binet, sur les bruicts de la peste, par tout 
avoit escrit des lettres aux Recteurs des collèges, pour scavoir 
de leur inférieurs, qui seroient ceux qui voudroient s'exposer 
pour assister les pestiférés, et arriva que, comme par tous les 
collèges il y en eut de volontiers, en celuicy encor il y en 
eut bon nombre. Toutes ces bonnes volontés que pleusieurs 
avoient de s'arrester à la ville, soit pour s'exposer, soit pour 
assister au collège, n'empêchèrent point que le P. Recteur ne 
feut bien en peine de ceux qu'il garderoit, et, parmy les 
demeurants, de ceux qu'il exposeroit. Et arriva un jour, que 
tenant consulte là dessus, quelqu'un feut d'advis d'escrire le 
nom de tous ceux qui vouloient demeurer, et après avoir dict 
la messe du S' Esprit, de jetter dans le calice et tirer au sort, 
pour voir qui seroit exposé ou non, expédiant qui n^agréa 
point au P. Recteur, qui jugea avec les autres consulteurs, 
estre plus expédiant de mettre dans l'employé ceux qu'il 
jugeroit, après avoir recommandé l'affaire à Dieu. 

Cependant le P. Recteur fit sortir la plus part des Régents, 
les envoyant en quelque maison de nos amis. Ainsy le 



1) C'est à cette époque que le Parlement et le Chapitre firent un vœu à 
N. D. d'Espérance. (V. les Pièces justificatives n» 20.) 

2) Consuls et Assesseur depuis te i^' noi>. 162H, jusqu'au ^2 oct. lôsg. 

Messire Henri de Brancas, seigneur et baron de Ceireste ; M. Louis de Boniparis, 
assesseur; M. Balthazar de Mévoillon, écuyer ; M. Gaspard Audibbrt, 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



:ynier, Préfect, avec Mestre de Gilly qui enseignoit la 
en allèrent ches Mon' de Cornillon (^), à Châteauneuf 
ï du Martigue. Le P. de Vilars. Régent de Rhétorique, 
stre Jacques Rochefort, Régent de THumanité, allèrent 
laison basse du Vernègue, Mon' Louys de Verquières, 
î et tuteur de Mon' de Vernègue (^), les retirant chanta- 
nt, à la considération et invitation qu'en avoit faict le 
Verquières son frère, comme il avoit faict à Mon' de 
NiLLON son autre fraire, luy mesme fesant la charité aux 

et ne la voulant point pour soy, pour le désir qu'il 
de servir la ville affligée, ainsy qu'il feit comme nous 

bien tost, avec une édification admirable. Mestre Joseph 
N, Régent de la 4*, et Mestre Bertrand Bras, Régent de 
iquième, feurent envoyés à la grange du Touronet, proche 
lâteauneuf près de Martigue, qu'est une grange appartenant 
viciât d'Avignon. Le P. Hugues Guillaume, avec Louys 
-1ER, allèrent à Fréjus. 

le commencement que la peste feut par la ville, on y 
tousjours avec plus grande réserve, prenant garde avec 
)n fréquentoit, se servant de préservatifs. Pour nos 
jsionaux, à l'église, on meit des portes, afin que ceux 
Dprochoient ne touchassent point les confesseurs avec 
vêtements, et on feit attacher de parchemins déliés aux 
; desdits confessionaux, affin que peut entendre les 
mts et non pas prendre leur souffle. Tandis que le mal 
Jt doucement croissant, le P. Recteur ne laissoit point 
iloyer les nostres aux occasions. Ainsy le P. d'ORAisoN 
aux huttes qu'on avoit dressé du costé de S' Eutrope 
P. Jean Gayet, aux pauvres, qui estoient aux huttes 
>sté de S* La:^are, Les dimanches mesmes et festes, nos 
; alloient dire la messe aux carrefours de la ville, le 
e entendant la messe des fenestres et des portes, de 
de s'approcher les uns des autres, et le P. Isnard luy 
e estoit de la partie, et lors que le mal feut un peu plus 
imé, après la messe, il faisoit un mot d'exhortation. 



. Pierre de Cornillon était fils d'Antoine de Seytres, et de Sibille de François, 
2 des terres de Chateauneuf-les-Martigues et de Carry. Il (^toit frère du 
;s de Vkrquières, du Prieur de Verquières, de Louys de Verquières el de 
rite de Seytres qui avait épousé en 1607 François de Damian, S*^ du Vernkgles. 
sabeau de Galien des Essarts. (V. Artefeuil, IL J94 et suiv. — L îo?. — 
IIL 71) 

ançois ou Henri de Damian. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 57 

Un mois et demy environ après que la ville feut frappée, 1629 

le P. Jean Gayet ayant esté nommé du R. P. Général pour Pesie. 

estre Recteur du noviciat d'Avignon, sortit de ceste ville et 
alla faire quarantaine, proche de Noves. Un mois après, 
sortirent encore de ceste ville, le P. Paul de Barry et 
le P. Paul Arnaud, celuy la, comme ayant esté destiné pour 
prêcher à Apt, et cesluy cy, pour prêcher à Lorgues. Et 
sortants, ils allèrent à Thermitage de S' Simphorien qui est 
proche de la maison basse du Vernègue, où ils feirent leur 
quaranteine fort heureusement, disants la messe tous les jours, 
se servant la messe Tun l'autre, voire mesme les jours de 
feste la disant à la porte de Thermitage, en veue de pleusieurs 
qui la venoient entendre. Leur quaranteine achepvée, ayant 
pris leur certificat et tout ce qu'il falloit, le P. Arnaud s'en 
alla avec Mestre de Gilly à Barjoux, Lorgues ayant faict 
quelques difficulté d'y laisser prêcher à cause de la peste. Et 
prescha ledit Père audit Barjoux et y demeura pleusieurs 
mois. Le P. de Barry alla à Apt avec Mestre Besson, qu'on 
avoit faict venir de Châteauneuf avec Mestre de Gilly, Mestre 
Bras estant allé avec le P. Reynier, ches Mon' de Cournillon. 
Et arriva que comme le P. de Barry feut à Apt, de peur 
des assemblées ou pour autres prétextes, on ne vouloit point 
qu'on preschast advant, et par effect Mon' l'Evesque qui estoit 
pour lors aux Arts (^), avoit mandé qu'on ne prêcha point l'advant 
alléguant que l'argent du prédicateur seroit mieux employé 
pour donner aux pauvres, sur quoy, il y eut un grand bruict 
à la ville, les Consuls ne le voulants souffrir puisque la ville 
estoit saine. Ils allèrent donc prier le P. de Barry de vouloir 
prêcher. Il feit response qu'il n'avoit garde d'enfeindre les 
commandements de Mon' l'Evesque, qu'ils feroient mieux de 
luy en escrire et l'en prier. Cependant, sur ces contestations, 
le P. de Barry s'en alla à Pertuis, disant aux Messieurs 
d'Apt qu'il seroit là, à Pertuis, pour obéir à Mon' l'Evesque 
quand ils le rapelleroient de sa part. Les Consuls de ce pas 
montent à cheval, et vont à Pertuis présenter requeste à la 
Cour, auxfins qu'elle agréast que le prédicateur preschat 
l'advant, nonobstant la deffense de l'Evesque. La Cour respondit 
qu'elle en estoit contente, pourveu qu'on ne preschast point les 
festes, pour empêcher le grand concours du peuple : aussy 
estoit-ce la fasson qu'ils avoient permis qu'on preschast à 

(1} Les Arcs(Var). L'Evêque d'Apt était alors Modeste de Villeneuve des Arcs. 



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58 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

Pertuis en leur présence. Les Consuls croyoient avoir tout 
gaigné, rencontrants le P. de Barry comme il arrivoit à 
Pertuis, qui leur feit response, que ce n'estoit pas assés, qu'il 
falloit d'abondant, que Mon' l'Evesque parlast conformément 
à leur dessein. Ils députèrent donc à TEvesque, le P. de 
Barry mesme escrivit audit prélat. La response arriva telle 
qu'on prétendoit. Le P. de Barry ayant demeuré 1 5 jours 
environ audit Pertuis, tandis qu'on négocioit l'affaire, et ce, 
en la maison Mon' le médecin Martin, le père, où il le 
receust et traicta avec une charité tout à faict cordiale, en 
considération de Mon' Martin son fils, qui avoit esté disciple 
en Philosophie en Avignon dudit P. de Barry, s'en retourna 
à Apt et prescha dès le lendemain, ce qui feut cause que son 
advant feut assés court ; néantmoins, il le récompensa par 
diverses prédications qu'il feit à l'entredeux de l'advant et du 
Caresme. Quoy qu'en soit, de 5 mois environ qu'il demeura 
dans Apt, il ne prescha jamais feste, pour obéir à la Cour, 
et survenant une feste ou dimanche, il prêchoit la veille ; et, 
durant l'entredeux de l'avant et du caresme, il prescha deux fois la 
semaine, scavoir est le mardy et le vendredy, à quatre heures 
du matin, en la grande église, aux paysans et gens de travaill. 
Son compagnon ne manquoit point aussy, à certein jours, de 
faire la doctrine. 

Le mal empirant tousjours en la ville d'Aix, et les Messieurs 
de Parlement estants sortis de la ville, le P. Recteur tâcha 
pleus que devant, d'assister les malades et frapés de peste, et 
voyant, pour l'employé qui se présentoit, qui n'avoit pas assés 
d'ouvriers, il envoya au P. Reynier et à M* Bras qu'estoit 
à Chàteauneuf, s'ils auroient le courage de revenir, et comme 
ledit Père estoit assés appréhensif, luy promist que ne l'em- 
ployeroit que dans la maison. Les voilà donc tous deux de 
retour. L'employ donc que donna le P. Recteur, feut des 
huttes de S^-Eutrope au P. d'ORAisoN, qui, pour mieux ayder 
ses pauvres, alla loger dans la maison qui touche l'église 
S^'Eutrope, et Mestre Bras feut son compagnon. Aux infirmeries 
qu'estoient au couvent des PP. Minimes, il envoya le P.Jean 
LoYRE, procureur de la maison, luy baillant pour compagnon 
un coadjuteur; et le P. Gilles de Verquières estoit exposé 
pour assister les malades qu'estoient dans la ville, et avoit pris 
maison hors du collège, de peur que s'il prenoit mal, il n'infecta 
la maison, et son séjour estoit à la Croix-Blanche, à un cartier 
à part où il disoit la messe ; et du collège on lui envoyoit 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 59 



des vivres, aussy bien qu'aux autres Pères susdits. Trois de 1629 

nos coadjuteurs se montrèrent fort charitables à Temploy d'une Peste. 

si bonne œuvre, comme aussy Jean Daniel, encore novice 
escholier. Aussy, tous quatre ayant esté atteints du mal, 
moururent l'un après l'autre : le premier, ce feut Grégoire 
Baudaces, qui estoit du Puy-en-Velay, coadjuteur temporel 
servant aux pestiférés au couvent des Pères Minimes, où 
estoient une partie des infirmeries; il mourut le 25 novembre, 
il feut enterré par là ; le second, feut André Giraud, de 
Toulon en Savoye, coadjuteur temporel, desjà vieillard passant 
soixante ans, il mourut le 2 de décembre, et feut enterré au 
cemetierre de S*'Laurent, hors la ville, où l'on enterroit les 
autres pestiférés ; le troisième, feut Jean Daniel, natif de la 
ville d'Aix, encore novice, servant aux infirmeries des Pères 
Minimes, il mourut le j décembre, estant allé audit lieu ; le 
4"*, feut Simon Bonot, x:oadjuteur temporel, natif de Tournon, 
qui mourut servant aux pestiférés, et feut enterré hors de la 
ville, au cerne tiere de S^- Laurent. 

Tandis que, ceux-cy travaillent et meurent charitablement, le 
P. Elzéar d'ORAisoN travaille de son costé, et, comme la peste 
s'estoit mise aux huttes qu'il servoit, il print luy mesme le 
mal et en moureut, l'onzième décembre, et feut enterré au 
devant de la porte de la chapelle, à l'église S'-Eutrope (') proche 
de la croix. Il estoit fils aisné de feu Mon' le comte de 
Bourbon, durant le consulat duquel nous avions esté establis 
en ceste ville. C'estoit un religieux de grande et héroïque 
vertu, d'une austérité toute extraordinaire envers son corps, 
se mattant de jeunes, cilices et chaînes de fer. II couchoit 
tout vestu, il faisoit tous les jours la discipline avant que 
prendre son repos, ne s'estima mourir plus glorieusement et 
au vray lict d'honneur, mourant de la sorte, que s'il feut mort 
le plus glorieux prince de la terre. Son compagnon qui estoit 
Mestre Bras, feut frapé de peste, durant pleusieurs semaines, 
feut tousjours dans le denger ; par la grâce de Dieu néantmoins, 
il en releva. 

La mort du P. Elzéar d'ORAisoN affligea tellement le 
P. Isnard, Recteur, que ceste affliction, avec le zèle qui le 
porta aux occasions de prendre le mal, le jetta dans le malheur 
comme les autres, de la maladie dont il mourut le 29 décembre. 



(1) La chapelle de S» Eutrope existe encore au-dessus des Pères de la retraite. 
Monseig'' Rey, évêque de Dijon, y est inhumé. 



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60 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1629 dans le collège, au bastiment neuf où sont les 4 classes qui 

Peste. joignent Téglise, et ce, en la dernière chambre plus proche 

de Téglise, du premier estage, où il y a une cheminée, chambre 
qui servoit pour lors de sale de récréation pour nos Pères et 
Frères, Pour la commodité de la cheminée, on l'avoit logé en 
ladite chambre et mis son lict derrier la porte proche de la 
cheminée. Il estoit de S -Flour en Auvergne. Il estoit en effect 
et en réputation très grand prédicateur, et quoy qu'il feut 
petit de corps, il avoit une grande âme et un grand esprit. 
Toute sa vie, en conversation il avoit esté d'une édification 
admirable ; aussy estoit-il aymé singulièrement en ceste ville, 
soit pour ses rares et fructueuses prédications, soit pour sa 
vertueuse conversation, soit pour ses charitables œuvres et 
ardentes exhortations. Aux dernières actions de sa vie, lors 
qu'il s'employoit à secourir la ville affligée, il n'y avoit charité 
qu'il n'exerceast durant ce temps -là, soit corporelle, soit 
spirituelle, jusques à donner des meubles du collège, couvertes 
et linge et choses semblables, et à prester, ou à mieux dire, 
donner d'argent, pour secourir les pauvres affligés et malades f). 
Aussy feut-il regretté, non seulement de toute la ville, mais 
aussy de toute la province qui avoit esté abreuvée de la 
réputation de ses vertus. Un peu avant que mourir, comme il 
avoit fait appeller le P. de Verquières pour l'assister, il luy 
donna la charge du collège en cas que Dieu l'appellast, ce 
qu'il feut cause que le P. de Verquières quitta l'exercice 
qu'il practiquoit par la ville, se retira au collège et, après y 
avoir faict quarantène dans un quartier à part, se meit avec le 
commun des autres, exerceant la charge de Vice Recteur, laquelle 
approuva le R. P. Provincial, adverty qu'il feut de la mort du 
Recteur. Si, ne faut-il pas oublier qu'on peut pieusement 
croire que Dieu vouloit rendre la récompense pour tant de 
travaux et charités au feu P. Isnard, parcequ'il semble que 
Dieu l'appella lors que les hommes le vouloient retirer du 
danger ; car comme il estoit destiné pour aller prescher à 
Thoulouse le caresme suivant, il y avoit ordre de le faire 
sortir, sur le commencement de janvier de l'année suivante. 
Mais la divine Providence ayma mieux luy donner la couronne 
de la gloire qu'il possède maintenant, pour avoir exposé sa 

(1) Un nott sur le manuscrit. Comme il nc voulut jamais recebvoir les dix escus par 
moys que la ville donnoit à chacun de ceux qui estoient exposés, et qu'il nourissoit 
nos Frères en 4 quartiers, et force valets pour les servir, il engagea notablement le 
collège. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 61 

vie pour ses frères et pour toute une ville. Par privilège 1629 

extraordinere, on permist qu'il feut enterré dans la ville, et ce, Peste, 

dans le collège mesme, et partant, revestu des habits sacer- 
dotaux, voire mesme de la chasuble. Il feut enterré tout proche 
de la grande congrégation derrière la sacristie de Téglise. 



Vice Rectorat du P. de Verquières. 



Cependant que tous ces bons Pères et Frères meurent au 
lict d'honneur, le P. Jean Loyre, ayant travaillé comme un 
ouvrier infatigable et tout à faict charitable, feut frappé de 
peste, et durant pleusieurs semaines dans le danger de mourir. 
Dieu le préserva néantmoins, et luy donna les forces et le 
courage d'aller encor, de là à quelque temps, secourir la ville 
de Marseille, où il s'exposa pour assister les pestiférés. Et 
comme Dieu Tavoit préservé dans la ville d'Aix, servant les 
pestiférés, il le préserva aussy dans la ville de Marseille, et 
revint victorieux du mal et plus glorieux de ses bonnes œuvres, 
dans le collège d'Aix. 

Voilà desjà six Jésuites morts. Sur le commencement de 
janvier de Tannée procheine, il y en aura encor un 7"*; voilà 
par conséquent sept Jésuites que la mort emporta, de ceux 
qu'estoient du collège d'Aix, et y adjoustant un escholier qui 
faisoit l'office de correcteur, et un jeune cousturier, qui tous 
deux prindrent le mal, servants nos Pères malades, voilà neuf 
personnes de ce collège qui moururent de peste. 

Nostre Révérend P. Général, sur le commencement de ceste 
année, avoit donné congé d'enterrer en nostre église de céans 
Marguerite Féraude, à l'instance du R. P. Claude Suffren, 
Recteur, ayant proposé à Rome qu'elle le désiroit. Elle estoit 
dévote de nostre collège et avoit faict quelques bienfaicts à la 
sacristie. 



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62 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

Ce qu'arriva Ccstc année feut encore funeste en la continuation de la 
Peste. peste; car durant quelques mois encor, le mal feut assés ardent; 
néantmoins, au courant de Tannée, il commencea peu à peu à 
cesser, si, que la santé y estant telle qu'il faut, au premier 
jour de septembre, on entra librement dans la ville, et elle eust 
entrée par toute la province et ailleurs ; ce qui feut la cause 
que la ville se résoleut à faire que le premier ^our de septembre 
feut désormais un jour de feste en la ville, en mémoire du 
bénéfice du retour de la santé ; et en effect, les années d'après 
à tel jour, on faict fermer les boutiques et on donne vacance 
à nostre Jeunesse. 

Comme le mal estoit encor ardent au commencement de 
janvier, le P. Jean Rrynier, quoy qu'il ne bougeast du collège, 
se conservant le mieux qu'il pouvoit, ne laissa pas d'estre 
frappé de peste. Ce que voyant, pour n'infecter les autres de 
la maison, il demanda qu'on l'emportast aux infirmeries des 
Pèresi Minimes, où il mourut le 29* janvier, feut enterré au 
cemetière S' Laurent hors de la ville. Ce bon religieux estoit 
natif de Langres, bien capable surtout au grec, profès des 
quatre vœux, qui ayant esté envoyé en la mission de Cons- 
tantinoble, y avoit souffert de grands travaux, voire mesme la 
prison plus de 40 jours, avec des extrêmes rigueurs. 

Cependant que le mal alloit s^addoucissant dans la ville 
d'Aix, et que nos Pères se remettoient en santé, rfiesmes qu'on 
renvoya Marc Chapon, frère coadjuteur qu'estoit venu pour 
les secourir de Lion, nos Pères de ce collège, qu'estoient 
dispensés, travaillant à ce à quoy ils estoient employés, le 
P. Paul Arnaud preschoit à Barjoux, le P. Paul de Barry, 
à Apt, le P. de Vilars, à Rousset, ayants quitté la maison. Et 
après le caresme, le P. de Barry, quittant la ville d'Apt, alla 
demeurer environ cinq mois au collège de Carpentras; Joseph 
Besson, son compagnon, allant à la mission de Fréjus ; tous 
deux attendants le retour de santé à Aix pour y retourner, 
comme ils feirent au mois d'octobre; car le P. de Barry y 
vint pour reprendre la charge de la grande congrégation, et 
Mestre Besson pour enseigner l'Humanité. En mesme temps 
aussy, revint le P. Arnaud, de Barjoux ; et de Gilly, son 
compagnon, s'en alla à Dole. Le P. de Vilars revint aussy à 



(1) Consuls et Assesseur, depuis le i" nov, 1629, jusqu'au ^î oct. i6jo, 
Messire Gaspard de Forbin, seigneur de laBarben; M. Joseph Martbly, assesseur: 
M. Balthazar de Vbtbris, écuyer; M. François Borrilly. écuyer. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 63 

mesme temps pour enseigner la Logique, et M'* Rochefort, 1630 

son compagnon alla estudier à Lion en Théologie. 

Le collège, environ la feste de la Toussaint, feut ouvert, et 
les escholiers commencèrent à revenir de tous cotés. Le 
Préfect des estudes feut le P. Guilleaume Maset, et le Régent 
de Rhétorique, le P. Antoine Michaelis ; et comme on ne 
pensoit point à donner quelqu'un pour achever le cours qu'avoit 
commencé le P. Gayet avant la peste, quelques uns de ses 
escholiers qu'estoient revenus, prièrent le P. Gilles de Ver- 
QuiÈRES, qui continuoit en sa charge de Vice Recteur, de leur 
donner quelqu'un, ce qui feut faict, car ledit Père leur bailla, 
par ordre du P. Binet Provincial, le P. Guilleaume Maset, 
qui nonobstant sa préfecture acheva ledit cours. 

Tandis que le P. Verquiêres est Vice Recteur, on pense 
à Rome de nommer un Recteur pour le collège, et nostre 
R. P. Général avoit nommé pour cest effect le P. Biaise 
Jarrige ; ses patentes mesmes estoient desjà envoyées, mais 
arriva qu'estant attaqué d'une maladie incurable et dangereuse 
de mort, on rescrivit à Rome pour nommer quelque autre. 
Cependant, Tan d'après, mourut au collège d'Avignon ledit 
Père Jarrige. 

Simon Jebar, coadjuteur temporel, après ses deux ans de 
noviciat, feit les vœux simples en la chapelle intérieure du 
collège, le R. P. Gilles Verquières, Vice Recteur, disant la 
messe. 

Sur la fin de ceste année, feut receu en la Compagnie et 
envoyé au noviciat, Louis Alègre de Barjoux, qui avoit fort 
poursuivy son entrée et réception avant la peste; sa persévèrence 
feit qu'on luy ouvrit la porte. 

Le 10 octobre, nostre frère Corneille Rossignol, par son 
testament, légua à nostre Compagnie neuf mille livres ; ce 
que n'agréant ses parents, on quitta le tout pour trois mille 
six cents livres, payables moitié à ce collège d'Aix et l'autre 
moitié pour le collège et noviciat d'Avignon, à la manière que 
se dira en son temps. 

Le 20* décembre, la résidence de Marseille rendit à ce 
collège mille neuf cents vingt livres qu'elle luy devoit, lesquelles 
feurent baillées à Mon' Louis de Ceitres dict de Verquière, 
au denier seize, desquelles il paye la pension annuellement 
au collège d'Aix, qur monte cent et vingt livres. Les particularités 
paroissent par l'acte, la paye en eschoit le 20 décembre. 



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04 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

i6jo II y eut encorceste année quelques aumosnes: les principales 

teurent quelques légats, sur tout de Mademoyselle Fabort, 
donnant par son testament un cottillon de tafetas bleu fleurette 
et cent escus de légat, et de Mon' Paschalis, prebstre audit 
lieu, quinze ou seize beaux gros volumes in folio, qu'il légua 
en mourant à nostre bibliothèque. 

Il ne feut pas obmettre de remarquer le malheur qu'arriva 
à la ville sur la fin de ceste année, qui donna mesme de la 
frayeur au collège, scavoir est, le commencement qu'il y eust 
à l'occasion de ceux qu'on nommoit les Cascaveaus (*). Le 
tout provenant de la creinte des Esleus, qu'on croyoit devoir 
estre mis en la province, et malheur en feut grand en la ville, 
soit par les maisons abbatues en enfoncées, soit par querelles 
et heynes des familles les unes avec les autres, soit par prises 
d'armes ou faulses allarmes ; tant y a, qu'il n'y avoit quasi 
point de maison bien asseurée, et on cachoit ce qu'on avoit 
de plus précieux, qui deçà, qui delà, de peur que quelque 
ôsmotion populaire s'eslevant, on ne se jettast dans les maisons 
des plus riches, pour y butiner, ou dans celles de ceux qui 
estoient soubçonnés d'estre du party des Esleus, En Quitte de 
toutes ces creintes et esmotions, arriva que Mon' Decormis, 
Advocat Général du Roy, dans la creinte qu'il eut qu'on ne 
s'attaquast à sa maison et à sa personne, s'enfuit soudeinement 
en plein midy, n'ayant que sa robbe de chambre, et se retira 
en ce collège, nous priant de cacher sa personne, et luy faire 
ceste charité que de le retirer et délivrer de danger, ce que 
nous feismes très charitablement durant six ou sept jours qu'il 
y demeura, sans que personne le sceut que ses domestiques 
et plus proches et bons amis. Ceste charité cordiale et franchise 
qu'il recognut en nous, luy changea tout-à-faict l'aigreur et 
aversion qu'il avoit eu tousjours par le passé contre nostre 
Compagnie, et du despuis, il a esté nostre bon amy et 
tesmoigné toute sorte de bien veillance, mesmes, toutes les 
années à la Conception de Nostre Dame, il vient faire sa 
dévotion céans, en mémoire du jour auquel il s'y estoit retiré 

(1) Les opposant aux oUices d'élus délibérèrent de prendre les armes et de porter 
pour marque un grelot. C'est ce qu'on appelle en provençal la guerre des Cascapeos. 

Cette petite guerre fut occasionnée par les brouilleries survenues entre le !*•" Pré- 
sident d'OpÈDE et le Président de la Chambre de Pertuis, Coriolis. Les édits d'offices 
d'Elus n'en étoient que le prétexte et ces brouilleries venoient de ce que le Président 
de la Chambre de Pertuis alloit de son hôtel au palais en robe rouge les jours de 
grandes audiences, droit que le Président prétendoit lui appartenir exclusivement. 

(J.-B. Roux. Tableau Chronologique, etc. Mss. cit.) 



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^■|MP^ 



HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 65 



à Toccasion de raccident susdit. Mon' Perrin, marchand (^), se lôjo 

retira encor céans, et cacha un couple dé jours en suitte de 

la susdite creinte. Ilfeut receu aussy charitablement, et c'a 

esté bien raisonnable, ayant esté toujours très particulier et 

intime amy à nostre Compagnie. En suitte de ses esmotions, 

arriva que le jour de la Conception de N. Dame, une fausse 

allarme ayant esté donnée, au son de la cloche de la Maison 

de ville, tout le monde entra en telle frayeur, les cartiers 

d'ailleurs se mettant en armes, qu^estant l'heure des vespres 

et du sermon, le monde quitta les églises pour courir chacun 

à sa maison ; et céans en l'église du collège, le P. Baltazar 

Dole estant monté en chaire, n'avoit pas encor dict TAve 

Maria bonnement, que tout auditoire le quitta; et en mesme 

temps, le P. de Barry faisant exhortation aux Religieuses de 

S"-Marie, la chappelle estant toute pleine de Dames, une 

bonne partie n'eurent point la patience d'attendre la fin, et 

ledit Père voulant se retirer au collège, comme ladite rue de 

S"-Marie et la place des Prescheurs estoit toute en armes, 

il ne peut passer le droict chemin, et feut constrainct de 

rebroucer et s'en aller le long des murailles par dedans la ville. 

A l'occasion des susdites esmotions, qui estoint aussy quasi ce qu'est 
communes à toute la province, le Roy en ayant esté adverty, «rr^^*' ï^^^- 
envoya le prince de Condé (^) pour pacifier les affaires, ce 
qui donna occasion, comme il teut en ceste ville, de iuy faire 
exhiber une action par nostre Jeunesse, action qui réussit 
grandement bien, et Iuy feut beaucoup agréable. Il nous feit 
l'honneur de nous venir voir céans deux fois, et la première 
visite qu'il feit dans la ville, ce feut au collège ; trois de nos 
Pères accompagnèrent le P. Vice Recteur pour l'aller saluer 
en sa maison, aussy tost qu'il feut arrivé en la ville. 

(1) C'était probablement un marchand considérable de la ville. Quelques années 
plus tard, il y avait à Aix une maison de commerce importante, faisant même des 
opérations de banque, sous la raison sociale Perrin^ Vàîsse et O*. 

(2) Henri II de Bourbon, père du Grand Condé, mort en 1646. 



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CHAPITRE QUATRIÈME. 



Le P. Paul de Barry. 

3* Recteur, 



E 24* de juillet, le P. de Verquières quitta sa 

charge de Vice Recteur, le P. Paul de Barry 

ayant esté nommé du R. P. Général pour estre 

Recteur, laquelle charge il commencea dès 

lors d'exercer. 

r* Barthélémy Serrurier qui enseignoit la Cinquième, ses 

c ans de noviciat estant achevés, feit ses vœux simples, le 

de novembre, le P. Paul de Barry, Recteur, recevant ses 

IX en la chapelle intérieure du collège, à la fin de sa messe 

n la costume. Léon Dupuy, coadjuteur temporel, feit encor 

vœux simples, le 2 de décembre, P. Paul de Barry, 

teur, disant la messe en la chapelle intérieure de la maison. 

ur la fin de ceste année, feut receu au noviciat d'Avignon 

chior Renouard, qui avoit estudié et faict la Rhétorique 

:e collège, ayant conservé sa vocation tout le temps que 

peste afligeoit la ville. Il est de Seillans, proche de 

guignan. 

la S' Luc de ceste année, le collège se remit à ses estudes, 
articulièrement pareut le nombre des escholiers plus grand 
Tannée scholastique précédente. Le P. Annibal Geillot 
mencea en ce temps d'exercer Toffice de Préfect et d'avoir 
ge de la grande congrégation, laquelle le P. de Barry, 
it esté faict Recteur, luy remeit. Le P. Paul Arnaud 
ligna la Logique commenceant le cours, et le P. Claude 
JCLER enseigna la Rhétorique. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 67 

Sur le commencement de septembre, Mess" les Consuls (^) lôji 

ayant sceu, que le Roy envoyoit Mon' le Maréchal de Vitry (^) 
comme Gouvernant en la province, vindrent prier le P. Recteur 
de donner charge à quelqu'un de ses Religieux de dresser une 
entrée, et donner l'invention de ce qu'il falloit faire pour 
recevoir ledit Seigneur. Le P. Recteur promeit à ces Messieurs 
d'y mettre ordre, et aussy tost il advertit le Régent de 
l'Humanité, qui estoit M. Joseph Besson, de mettre la main à 
la plume, ce qu'il feit fort heureusement, comme il pareust par 
la réception qui feut faicte dudit S' Maréchal de Vitry, et 
par l'imprimé sur ce subject qui en feut faict, où tout est 
rapporté naifvement II arriva néantmoins, que ledit M. Besson 
estant destiné ailleurs, il fallut qu'un de nos Pères print la 
charge du dessein dudit M. Besson, et meit le tout au net 
pour le faire imprimer. Ce feut le P. Guilleaume Maset qui 



(1) Consuls et Assesseur depuis le i*' nov. i6jo, jusqu'au ji oct, lôji. 

Messire Sextius d'EscALis. Baron d'Ansouis, de Bras, etc.; M. Henry des Rollands 
ei de Rrauvillb, seigneur de Cabanes, assesseur; M. Ardoin de Boniparis, écuyer ; 
M. Jean Angles. 

(2) Nicolas de THÔpital, Marquis de Vitry, Maréchal de France, vint d'abord en 
Provence commander en l'absence du duc de Guisb, dès l'année i6^i. Il fut ensuite 
Gouverneur en titre, et ses provisions furent vérifiées le 17 mai lôp. Il était d'un 
caractère hautain et violent, et fut bientôt en querelle avec le Parlement et les 
Procureurs du pays, auxquels il contestait certaines attributions de police. On l'ac- 
cuse dans un voyage qu'il fît à Apt, d'avoir forcé les Consuls de Lourmarin à porter 
sa chaise concuremment avec ses domestiques. 

A cause du mécontentement qu'il avait excité dans le pays, le M" de Vitry fut 
rappelé à la Cour et le M'^ de S' Chauond, commanda en son absence, en qualité 
de Lieutenant du Roi. Il revint cependant en Provence, en avril 16^5. 

En septembre de la même année, les lies de S'* Marguerite furent prises par les 
Espagnols. Le Roi envoya sur la côte de Provence une flotte commandée par le 
comte d'HARCOURT et Monseig** de Sourdis, Archevêque de Bordeaux. Le Maréchal 
de Vitry avait à seconder cette force maritime par les troupes de terre. Il agit 
cependant avec mollesse, irrité qu'il était de ce qu'on ne lui avait pas donné le 
commandement suprême de l'expédition, et si les Iles furent reprises, le 14 mai i6;6, 
c'est grâce au zèle des Provençaux et à l'énergie que le Parlement déploya dans cette 
circonstance. Dans les discussions qui s'élevèrent au sujet du commandement des 
troupes et de la flotte, le Maréchal se laissa emporter, au point de frapper l'Arche- 
vêque de Bordeaux d'un coup de canne. La Cour mécontente de la conduite du 
Gouverneur, le rappella et le fit enfermer à la Bastille, d'où il ne sortit que le 
19 janvier 1Ô44, après la mort du Cardinal de Richelieu. Il mourut le 8 oct. de la 
même année, laissant deux fils de son mariage avec Lucrèce Marie Bouhibr, veuve 
de Louis de la Trémoillb, M'* de Noirmoutier. 

Le Maréchal de Vitry avait laissé en Provence des marques de sa munificence. 
Une grande partie de l'église des R. P. Recollets fut bâtie à ses frais. (Ces Religieux 
éuient éublis sur le lieu occupé aujourd'hui par les Dames de S* Thomas de Ville- 
neuve). Il donna une lampe d'argent à l'église du collège des Jésuites et d'autres à la 
S'« Baume et à la chapelle de N. D. d'Espérance. Il était fort charitable, et disait 
qu'étant Hôpital, il devait faire du bien aux hôpitaux. (V. le P. Bicals. Tableau des 
Comtes de Provence. Mss. de la bibliot. Méjanes, n" $^5, page 252 et suiv.) 

Voir les Rues d'Aix^ t. II, p. 484. 



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68 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



i6ji print ce soin et composa le petit livret de la si 

suivant autant qu'il peut le dessein de M. Bessc 

Il y eut ceste année diverses aumosnes, soit ] 
soit pour le collège, revenant environ à cent se 
dont les principales feurent : deux cents francs, c 
Président qui ne voulut estre nommé ; et d'une 
cuir dauré, que donna Mon' Lazarin de Suffren, 
Parlement. 

Le Père Recteur, au commencement de son 
plaignit au R. P. Général, de ce que une quai 
s"' reliques, que le feu P. d'ORESON avoit appc 
et les avoit destinées à ce collège, avoit esté dei 
R. P. Général par le R. P. Recteur du Novicii 
Par l'occasion de sa dite quaisse qui seroit treuv 
viciât en dépost, et comme les dites reliques avo 
cordées pour le Noviciat, le R. P. Recteur de 
ayant faict sa pleinte sur ce que dessus, le R. 
escrivit au Provincial d'accorder ce différent et 
reliques, ce qui (eut faict dans le caresme de Ta: 
et la moitié des dites reliques renvoyées, comi 
par le papier enclos dans le coffret des reliques, 
cequestar- Comme la santé estoit tousjours meilleure dans 
et que tout le monde estoit revenu et les aff; 
sions calmées, le collège reprint son lustre par 1( 
esçholiers, autant que devant. Le P. Annibal Gii 
la charge de Préfect, le P. Paul Arnaud enseign 
et le P. Claude Maucler, la Rhétorique. 

Ce feut environ ce temps, que les Messieurs 
s'estant assemblées céans, selon leur costume de 
fois Tan, donnèrent sept cents livres des deniers 
pour accomoder et hausser l'endroit qui estoit de 
authel, et à mesmes, pour un eschalier jougnant 
et pour un clocher sur la muraille de l'église, 
grand authel; le clocher qu'estoit auparavant sui 
du fonds de l'église estant trop incommode pour 
Les dites sept cent livres, au courant de Tannée 
ployées pour les dits bastiments, comme aussy qi 
vres que donna encor le dit Bureau pour le me 

Sur le subject de Tantrée dressée à l'honneui 
Maréchal de Vitry, feut composée par un Jésui 
esté dict Tan passé, arriva qu^un distique et 



rivé Tan 10)2. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aîX 69 



feurent mai interprétés par les hayneux de nostre Compagnie, 1652 

comme si nous eussions voulu offenser Monseigneur le Duc 
de Guise, et dire que le coq qu'estoit aux armes de Mons' de 
ViTRY, avoit faict (uir Mons' de Guise qu'estoit représenté 
par le lion, qu'est une des principales pièces de ses armoiries, 
à quoy jamais néantmoins on n 'avoit pensé, d'autant que nous 
en aimions par trop Mdns' le duc de Guise, comme nostre 
père, bienfacteur, et protecteur, et qui nous avoit si puis- 
samment aydé pour nous establir en ceste ville. La calomnie 
néantmoins en courut par toute la ville, mesme par la pro- 
vince, voire jusques à Florence; car aucuns en escrivirent à 
Mons' le duc de Guise, nous voulant noircir de ce costé et 
priver de l'honneur de ses bonnes grâces. Ce qui feut cause 
que le dit duc de Guise s'en plaignit à nostre R. P. Général, 
qu'il avoit esté fort offensé par les Pères du collège d'Aix, 
sur le subject cy dessus mentionné ; et en suitte, le R. P. 
Général s'informa du Père Recteur du collège de la vérité de 
l'affaire, de laquelle ayant esté esclercy, et en ayant rendu 
capable Mons' de Guise, le tout feut pacifié et la calomnie 
dissipée, comme il appert par une lettre là-dessus qu'escrivit 
le R. P. Général au P. Recteur, laquelle lettre se conserve 
parmy les papiers des archives. 

En ce temps, feut envoyé au noviciat sur la fin defebvrier. 
Esprit GiRAUD de Valensole, qui ayant eu la vocation despuis 
quelques années, s'estoit refroidy en icelle. Quoy qu'il feut 
engagé dedans le monde et advocat, se remit en ses ferveurs, 
ayant surtout esté touché à un sermon du P. Grillot, lors- 
qu'il prêchoit l'advant à S'-Sauveur, en décembre dernier. Il 
eut quelque peine à gaigner son père qui estoit couru après, 
mais avec l'ayde de Dieu il demeura victorieux. 

Le P. Grillot prêcha fort heureusement ceste année, le 
caresme et l'octave à S'Sauveur, et le P. Recteur feit la doc- 
trine chrétienne dans l'église nouvelle des Ursulines, despuis 
Toctave de Pasques jusqu'à S-Michel. Au quel temps, il y a 
eut en la dite maison, de grandes peines et difficultés, sur ce 
que la moitié des dites filles vouloient estre religieuses Ursu- 
lines, et les autres vouloient continuer comme devant ; mais 
l'affaire pour ceste fois ne feut qu'esbauchée, quoy qu'on me- 
nast prou de vacarme, la réduction à la religion ne s'estant 
faite que deux ans après. Ce feut au caresme de ceste année 



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70 HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 

i6?2 qu^ Mens' Layné (*), Premier Président du Parlement, ne 

vant aller aux sermons du caresme, demanda au P. de 
LRY, Recteur, un prédicateur jésuite qui preschât deux 
la semaine aux Mess" du Parlement, scavoir est, le mardy 
5 vendredy à deux heures. Il avoit dessein que ce faut, ou 
L S**-Madeleine ou aux Pères Dominicains. Les prebstres 
a Madeleine en estoient bien contents, mais il y eut des 
)ns qu'empêchèrent qu'on ne choisit ce lieu. Les Pères 
ninicains respondirent que ce n'estoit pas bien scéant 
eur costume, qu'un autre preschast dans leur église (^), que 
leur ordre. Nostre église donc feut choisie, et feurent 
sis ces deux jours pour nostre Jeunesse, encor à laquelle 
c fois la semaine en caresme, on faict exhortation. Celuy 
feut choisy pour faire les dits sermons, ce feut le 
Annibal Gillot. 

<e feut en ceste année que la costume feut interrompue 
•aire, l'esté, lors des grandes chaleurs, la doctrine chres- 
ne en Téglise de céans, au lieu et place des vespres et 
lications aux jours de dimanche, comme on fait aux autres 
^ges; et feut ordonné par le R. P. Provincial, que si 
qu'un avoit à faire la doctrine chrestienne, on procurast 
Ique église à la ville, et que pour l'église de céans, on y 
chat tous les dimanches de l'année avec les vespres ; ainsy 
)ratique-il du despuis. 

^omme le collège se treuvoit assés incommodé, et que d'ail- 
s, il y avoit deffenses du R. P. Général de demander 
m don au Roy, le P. Recteur obtint dudit P. Général, 
yé de ce faire, comme il appert par une lettre sur ce 
ect qu'il y en feut escript de Rome. 



Hélie Laine, s"" de la Marguerie. des Voyons, Plassac, issu d'une famille noble 
^oulême, fut pourvu de la charge de Premier Président, par lettres données à 
, le 9 mars i6ji ; mais il ne fut reçu que le 17 fév. suivant. II étoit gendre du 
MUS de PoNTCARRé. Lainé avoit été Conseiller au Parlement de Paris, Maître 
Requêtes, Intendant de Justice en Poitou, Touraine et Dauphiné, et enfin Con- 
r ordinaire au Conseil d'Etat et direction des Finances. Les fréquents démêlés 
fut obligé d'avoir pour le soutien de sa dignité, avec le Maréchal de Vitri, 
erneur de cette province, homme d'une humeur aussi violente et emportée que 

étoit doux et pacifique, le dégoûtèrent de sa charge. Il supplia le Roi de lui 
îr son congé. S. M. ne le lui accorda qu'avec bien de la peine, et après plu-v 

refus. Alors il rentra dans le Conseil du Roi, où il servit jusqu'à sa mort, 
te le j oct. 1656. Bouche dit qu'après la mort de sa femme, il se fit prêtre et 
une vie solitaire au milieu de Paris. (Esmivi de Moissac. Hist. du Pari, de Prov. 
cit.) 

Aujourd'hui (1890) l'église paroissiale de la Madeleine. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 71 



La Tornelle (*), y président Mon' le Président Mosnier (^), i6}2 

donna une amande de mille francs au collège, pour achever 
le plus haut estage du bastiment neuf et y bastir la galerie 
et les chambres, ce qui feut faict dudit argent, dont le collège 
en (eut grandement accommodé, pour y avoir ses chambres 
fort commodes et une belle gallerie, le tout à l'usage des 
Régents qui y feurent logés; ce qui perfectionna ce bastiment, 
qui despuis quatre ans environ, estait inutile pour Testage d'en 
haut. La Tournelle encor donna au bout de quelques mois : 
d'une amande, cent cinquante livres, qui feurent encor em- 
ployées audict bastiment, et Tune et l'autre amande nous feut 
donnée à l'instance et crédict dudit S' Président Mosnier, qui 
tesmoigna nous aymer et obliger, d'autant qu'autrefois il nous 
avoit esté contraire et peu affectionné. 

Le Chapitre de S'-Sauveur nous attaqua encor ceste année 
sur le mesme subject d'autrefois, du disme et quartes funé- 
raires. Mon' FouQUE, nostre advocat, là dessus respondit ce 
qu'il falloit, comme il appert par le sac. Nostre R. P. Général 
en estant adverty, respondit au P. Recteur ce qui luy en 
sembloit, comme il appert par la lettre sur se subject. 

On commencea ceste année céans, à se résoudre de ne 
point exposer le S'-Sacrement durant l'octave du S' Sacrement, 
parce que l'expérience avoit apris, que comme toutes les 
églises se meslent de l'exposer durant toute l'octave, il y a de 
la grande irrévérence en pleusieurs endroicts, où le S' Sacre- 
ment demeurera les après disnées entières sans estre visité ; 
et comme cela pouvoit arriver en l'église du collège, aussy 

(1) Le Roy François premier créa la Chambre Tournelle par les lettre patentes du 
22 juillet 1544, et la composa d'un Président et de 12 Conseillers, mais au moyent 
des différentes criies qui sont survenues dans la suite, elle se trouve aujourd'huy 
composée de 4 Présidents à mortier et de 19 Conseillers, dix sept desquels montent 
à leur tour en Grand Chambre et les deux derniers sont toujours de service en 
Tournelle, jusqu'à ce qu'ils soient du nombre des 17. 

Cette chambre est apellée Tournelle, à cause que les Présidents et Conseillers 
servent tour à tour. Par les lettres d'érection, le Roy ordonne, qu'attendu que ceux 
qui y servent n'ont aucun profit pour leurs vacations, ils eussent chacun 80 L. comme 
ceux du Parlement de Toulouze, ce qui revient à 26 L. i; s. 4 d. pour trois mois, à 
raison de 9 mois pour la teniie du Parlement, et dont ils sont payés sur un certificat 
de leur service. (Cérémonial du Parlement, Mss. communiqué par M. le M'» de Lagoy, 
p. 246). 

(2) Jean Louis de Maunier (Monier), Seigneur de Chateaudeuil, fut pourvu de l'office 
de Président de Marc Antoine d'EsCALis, lorsque ce dernier fut nommé Premier 
Président. Il étoit Avocat Général depuis 1595, ensuite de la résignation que Manaud, 
son père lui en avoit faite, et il mourut en 16^7. Il avoit épousé Anne de Garron, 
fille de Jean, auditeur en la Chambre des Comptes. Il a laissé un recueil imprimé des 
harangues qu'il avoit faites, tant aux ouvertures du Parlement qu'en d'autres occasions. 
(Esmivi de Moissac. Hist. du ParL de Prov. Mss. cit.) 



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72 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

^^P bien qu'aux autres, feut résolu d'y surseoir et ne le point 

exposer, ne plus ne moins que les églises qui sont hors de la 
ville ne Texposent point. 

Le j* de septembre, sur Tincommodité qu'on avoit de faire 
récréer les Régents, faute d'une maison des champs qui feust 
du collège, puisqu'on avoit désemparé celle de Bricy, et que 
celle où l'on alloit despuis quelque temps, qu'estoit celle de 
Mon' Lazarin Suffren, Conseiller, n'estoit qu'empruntée, le 
P. de Barry, Recteur, se *résoleut d'en achepter une ; et 
comme on luy en avoit parlé de plusieurs, conclud enfin de 
prendre avec l'advis universel de ses consulteurs, la bastide 
de Mon' le Cons" Duranty (*), de là le pont de l'Arc, au 
Cartier de la Blaque, à laquelle il donna le nom de S'-Alexis, 
Aussi l'appelle-t-on asture (à cette heure) communément, la 
Bastide de S'-Alexis (^). Elle feut acheptée moyennant le pris 
de unze mille quatre-vingts et sept livres, en la manière qu'il 
appert par le contract qui est aux archives, et tout", tel que 
Mon' le Cons*' Michaelis (Joseph) avoit dicté aux deux no- 
têres qui le prindreut; sçavoir est. Mon' Frégier et Mon' 
Beusin. Nos meilleurs amis de la ville qui avoient visité ladite 
bastide, principalement Mon' le Conseiller Michaelis, Mon' 
Régis le référandère (^), Mon' le Procureur Blanc, feu 

(1) Hiérôme Duranti, seig** dé S* Antonin et de S* Louis de la Calade, naquit le 
II fév. 1601. Il était fils de Jean Baptiste Duranti, seig'^ de Bonrecueil, Conseiller à 
la Cour des Comptes, et de Claire Masargues. Il fut reçu Conseiller à la Cour des 
Comptes, le 4 mars 1627 et il exerça cette charge jusqu'au 12 avril 1Ô65, époque à 
laquelle il résigna en faveur de son fils aine, Henri Elzéar de Duranti d'EscALis, 
lequel la vendit à M. de Margalet, vers 1682. 

Hiérôme Durante se maria j fois. 1° avec Madeleine de Remusat de S* Antonin ; 
2« avec Sibille d'EscALis; 5* avec Gabrielle de Glandbvès-Beaudimenc. C'est du 
second mariage qu'il a laissé la postérité qui subsiste encore. Il mourut le 29 avril 1681. 

(2) Aujourd'hui 1890, cette bastide s'appelle la Beaume et appartient à M"* de 
Joursanveaux, par acte reçu le 8 sept. 1861, par M« Pison, prédécesseur de M« Roman. 

(3) La Chancellerie du Parlement fut établie par le Roi François l, par son édit 
de Joinville, du mois de sept. 15^$. Outre le Garde-scel qui est Conseiller au Par- 
lement, il y a les officiers suivants : savoir, trois Audienciers, trois Contrôleurs, trois 
Secrétaires, huit Référendaires, un Chauffe-cire, deux Huissiers et deux Commis 
d'audience. 

Les huit Référendaires dont ce corps est composé, sont pour rapporter toutes les 
lettres, à la réserve des Commitimus et des Rémissions qui appartiennent aux secré- 
taires du Roi. Il n'y avait que 6 Référendaires dans cette chancellerie lors de son 
établissement, mais le Roi ayant crée une chancellerie à la Cour des Comptes, {par 
édit de du mois de mars i6j^,) et l'ayant établie avec deux Référendaires, ces deux 
officiers furent unis aux six du Parlement et firent le nombre de huit qu'il y a présen- 
tement, les quels exercent au Parlement et aux Comptes. (V. Abbé Robert de Brianson. 
VElat de Provence, 169^. T. I, p. 88). 

Dans un Almanack de Provence de l'année 17701» au chapitre Chancellerie, on trouve 
I Garde-scel, 21 Secrétaires du Roi pour le Parlement, un seul Référendaire, deux 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 73 



rent d'advis de ne laisser point eschaper ceste occasion de la i6j2 

charge de ceste bastide, parce que de longtemps, nous n'en 
treuverions point de si commode et propre à nos usages; car 
elle est franche, eslongnée seulement d'une heure de chemin, 
qu'est une honneste promenade, escartée, nullement subjecte à 
voisins trop proches, où il y a moyen de recuellir bled, vin 
et huile, quantité de nois et amand'is; de plus, où il y a 
un bois et moyen de le peupler, que si bien elle estoit chère- 
ment vendue, c'estoit néantmoins ce qu'elle avoit costée au 
vendeur, sans compter ce qu'il y avoit despendu, outre qu'un 
tel pris estoit pour desgouster quiconque nous voudroit 
rechercher par voye de lignages. Le R. P. Général ayant esté 
adverty de ceste acquisition, tesmoigna en estre content, 
comme il appert par une lettre escripte au P. de Barry, 
Recteur, sur ce subject, qui se garde encor. 

Le 9 octobre, s'accommoda Taffaire de Mon' le comte de 
Bourbon avec le collège, et par contract, feut résolu que 
désormais il payeroit tous les ans, cent escus de pension au 
collège, et comme il y avoit cinq cents escus d'arrérages, 
ledit comte en donna dès lors deux cents au P. Recteur, et 
promit de payer les trois cents restants, dans les six années 
suivantes, à cinquante escus par an, comme il appert par le 
contract faict entre ledit s' comte et le P. de Barry, 
Recteur. 

Mon' TEvesque de Fréjus tousjours plus affectionné à sa 
mission, il establit à la meilleure forme qu'il peut, comme il 
appert par les actes sur ce subject. 

Sur la fin de ceste année, Monseig' le Maréchal de Vitry 
n'estant plus comme Gouvernant, mais Gouverneur tout à faict 
de la province, derechef la ville s'estant résolue de luy faire 
une entrée en qualité de Gouverneur, Messieurs les Consuls (^) 
veindrent prier le P. Recteur, de leur faire dresser le dessein 
de fantrée. Le P. Jean Ferran feut adverty pour ce faire, et 
réussit le tout fort heureusement, comme il appert par le livret 
qui en feut imprimé. 



Gardes- mi nu tes et deux Payeurs de gages. François de Régis a été peut être Réfé- 
rendaire, avant d'être contrôleur. Artefeuil, dit qu'il a été nommé Secrétaire contrô- 
leur en la Chancellerie, le u mars i6î2. 

(1) Consuls et Assesseur, depuis le /" nop. i6ji, jusqu'au ?i od. rô^a. 
Messire Alphonse d'ÛRAisoN, comte de Boulbon ; M. Jean d'ARLATAN de Montaud, 
assesseur; M. François de Beaumont, écuyer ; M. Esprit de la Palud. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



a S' Luc de ceste année, comme les changements des 
rs arrivent d'ordinaire en ce temps, le P. Balthazar de 
s commencée d'exercer la Rhétorique, et à mesme d'avoir 
3 de la grande congrégation, et le P. Claude Maucler 
encea d'enseigner la Philosophie, 
aumosnes qui feurent données ceste année, montent en- 
à quinze cents cinquante escus, soit pour le collège, soit 
l'église, dont les principales feurent : unze cents cinquante 
des amendes données par la Tournelle; de unze cents 
donnés par le Bureau; d'un pavillon que donna M"* la 
îillère d'ARNAUD, du pris de cent escus: et d'un calice 
nt doré du pris de cinquante escus ; de cent escus que 
, partie le Chapitre S'-Sauveur, partie Monseig' l'Arche- 
3; de deux cents et vingt escus que donna Mon' Lazarin 
LEN, Conseiller; de divers légats, cent escus; et ainsy des 
, qu'il est aysé de voir dans les livres des bienfaicteurs. 
la fin de ceste année, feut embellie la chapelle de Nostre 
de Mont aigu. Le plancher et les murailles estants peintes 
r de lis d'or et d'azur, avec un rétable dont le bois cousta 
inte escus, sans le pris de la doreure qui y fut posée, et 
^e le caresme de l'an suivant. Le Conseiller Lazarin Suffren 
donné deux cents et vingt escus pour ladite chapelle, qui 
ent employés, ou à ce que dessus, ou en ornements. 
\ somme estoit un vœu qu'avoit faict à Nostre Dame le- 
^nseiller. 

commencement de ceste année, le collège se treuva in- 
odé, par le défaut du payement des gages, à la somme 
)is cents escus qu'il reçoit annuellement du thrésorier de 
ersité ; car lesdits gages furent arrestés pour toute l'année 
î, pour les affaires du Roy, par les Intendants des Finan- 
m suitte de la suspension et arrestement des gages des 
rs du Roy de Tune et l'autre Cour et des Thrésoriers 
ance. Nous feimes en la présente année, ce qui se pou- 
our en estre payés, mais le tout pour néant, excepté pour 
rtier. 

ir avoir les occasions de faire servir la Vierge, le P. 
ur entreprist de faire dresser une congrégation de la 
?, où seraient receus les seuls artisans de la ville. Estant 
i à Rome sur ce subject, on obtint ce qu'on désiroit, et 
ésignée ladite congrégation, soubs le tiltre de ï Immaculée 
0tion de la Vierge^ comme il appert par les bulles en- 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 75 

voyées, et le P. Jean Loyre fut le premier qui donna com- \h]] 

mencement à la direction de ladite congrégation, et après luy, 
lors de la réception des lettres, le P. Cheseau, et après luy 
le P. Jean Mosnier; et à la première élection des officiers 
dont il fallust tirer les principaux de la grande congrégation, 
feut choisy pour Préfect, Mon' Jean-Pierre Fouques et Mon' 
Jacques Gédes (^), tous deux advocats au Parlement, et feut 
gaignée la première indulgence, à la feste de la Conception en 
la présente année. 

Au mesme temps que les lettres de la congrégation arrivèrent 
de Rome, feurent encore envoyées de Rome, des lettres et 
participation des mérites de la C'"**, pour Mon' Marc Anthoine 
de Foresta (*), médecin en la ville d'Aix, qui jà dès long 
temps, poursuivoit ceste faveur du R. P. Général. 

Sur ce temps encore, feut envoyé le congé de nostre père 
Général, pour enterrer dans l'église de ce collège, Madeleine 
Philippe, aveugle, qui avoit demandé et poursuivy avec grande 
instance; ce que nostre Père accorda, par l'entremise du P. 
Provincial et du P. Recteur, en considération de la grande 
vertu et saincteté de ladite fille, comme d'ailleurs ayant tousjours 
esté très alTectionnée à nostre G*"'*, mesmes avant Testablissement 
du collège, lorsque par occasion nos Pères preschoient à la 
ville de temps en temps. 

Comme nous avions une directe de la bastide de Bricy, 
acquise lors que possédion ladicte bastide, nostre P. Général 
ayant esté requis de la pouvoir vendre, la permutant, demanda 
congé à la Congrégation de Ritibus de ce faire, ce qui luy 
en ayant esté remis, en donna tout congé au P. Recteur, 
comme il appert par la lettre qui se garde sur ce subject, 
addressée au P. de Barry, Recteur. 



1) Jacques Cèdes (de Draguignan) était neveu de M. Scavart, fameux orfèvre d'Aix. 
C'est lui qui a écrit le commencement de cette histoire jusqu'à la fin de l'année 16^7, 
son éloge se trouve plus loin, au commencement de l'année 1044. 

;2) Marc Antoine de Foresta, médecin ordinaire du Roi et professeur à l'Univer- 
sité d'Aix, fils de Jérôme de Foresta, écuycr, et de Gasparde de Vallkmbert, époux 
d'Elizabeth de Robolly. Son grand père, se nommait Thélame de Foresta et était 
lui-même fils de Jérôme et de Mariole d'ALBERTi. Ce Jérôme était frère de Christophe 
de Foresta, qui forme le i" degré de la généalogie de cette famille dans la nobi- 
liaire d'Artefeuil (Laine. Archives de la noblesse de France. T. I, verbo Foresta, p. 7). 
Cet auteur dit qu'il existait un acte de reconnaissance de parenté accordé par la 
branche des Foresta issue de Christophe, en faveur de cette branche cadette issue 
de Jérôme, qui était tombée dans la pauvreté. L'abbé Robert (T. II, p. 9s) fait aussi 
mention de cette branche, sans en détailler la filiation, et il ajoute qu'elle existait 
encore de son temps dans la ville de Draguignan. 



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76 



HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



16} 3 Le vingt-deux de mars, mourut en ce collège, le P. Jean 

LoYRE, forésien, coadjuteur spirituel. Il estoit procureur de ce 
collège despuis quelques années. C'estoit un personnage de 
rare obeyssence religieuse , et humble tout ce que se peut, 
nonobstant qui feut bien savant, charitable jusques là pour le 
salut des âmes, que de s'estre exposé durant la peste à Aix 
et à Marseille, pour ayder les pestiférés. Il feut regreté de 
tous ceux qui avoient le bien de le cognoistre, feut enterré en 
Téglise de ce collège, en la tombe la plus proche des balustres 
du grand authel, et ce, du costé de Tèvangile, c'est-à-dire, 
en la mesme en laquelle le P. Honoré Tornely avait esté 
enterré dix ans auparavant. Encor qu'il ne faille pas croire 
aux révélations des filles dévotes, si ne laisseray-je pas de 
dire icy à tout hazard, ce que le P. Vinant, prebtsre de 
l'Oratoire, racompta à Mon' Marc Antoine de Foresta, méde- 
cin et au P. Ferran, jésuite, qui après en feirent le reçit 
au P. de Barry, Recteur, qui sur certein bruict qui couroil, 
d'une révélation touchant ledit Père , avoit donné charge aux 
susdits de s'informer de ce qu'en disoit ledit P. Vinant, com- 
me le scachant le mieux de tous, en qualité de confesseur de 
ladite dévote. La révélation donc fut telle, « Une certeine 
« dévote pénitente du P. Vinant nommé Madelène, fille à 
« laquelle Dieu avoit faict beaucoup de grâces, depuis qu'elle 
« s'estoit addonnée à la dévotion, priant, lors de l'attente de 
« l'enterrement du P. trépassé, sans qu'elle jamais eust cognu 
« le P. Loyre, ni qu'elle eust sceu qu'il y eust eu aucun 
« jésuite malade ou mort, veid tout à coup un jésuite tout en 
« flammes, comme dans le purgatoire et à la bouche de l'enfer, 
« et comme tout tremblant ; et sur ceste creinte, elle apper- 
« ceust Notre-Dame, comme le recommandant à son Fils, et à 
« mesme temps, Nostre Seigneur qui dict à l'âme dudit Père, 
« que bien luy avoit vallu d'avoir coopéré à sa vocation, cela 
« seul l'avoit garanty de ces flammes d'enfer. A mesmes 
(( temps, il fut advis à ladite fille, que le P. avoit bien besoin 
« et désiroit ses prières. Sur quoy tout disparut, et à mesme, 
« ladite fille se met en dévotion et pria ardemment pour l'âme 
« dudit P., jusques à s'ofl^rir d'endurer pour luy les peines 
« qu'il soufl^roit, et choses pareilles qui luy suggéra sa dévotion 
« et charité. Cela faict, dans moins de rien, le P. luy tourne 
(( à paroistre, beau, lumineux et rayonnant, la remercia de 
<i ses prières et luy dict qu'il alloit prendre part à la gloire 
« du ciel. » Je m'en remets si tout cella est vray ; si est-ce 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



une grande probabilité que ledit P. ne demeura guerre en 1653 

purgatoire, pour avoir esté un parfaict religieux, et obéissant 
comme un ange, et par deux fois à la porte du martyre, 
lorsqu'il s'exposa pour les pestiférés, dont il en cuida mourir, 
comme nous avons jà dict ailleurs. 

Comme l'advent de décembre dernier avoit esté presché 
par le P. Balthazar Bus (*), dans la S"-Madelène, le caresme aussy 
de la présente année feut presché par le mesme, avec grand 
concours. Lors de ces prédications, il n'y eust que ce mauvais 
rencontre ; scavoir est, le déplaisir que receut le Parlement, 
lorsque ledit P. preschant en présence de Mon' le Gouver- 
neur et de quelques-uns de Mess'* du Parlement, nommément 
du Premier Président, apostrophant Mon' le Gouverneur, il 
l'appella Monseig', et l'apostropha encor durant une période, 
ayant obmis de saluer les Messieurs du Parlement , qui estoient 
là présents, en quoy il estoit excusable, comme ayant la veue 
fort courte, et n'ayant rien sceu si Mon' Laisné, Premier 
Président, y estoit ou autre de Messieurs. Cela n'empêcha pas, 
que les Messieurs du Parlement n'en feussent offensés, et en 
effect. Mon' le Premier Président manda quérir le P. de 
Barry, Recteur, luy donna à entendre le desplaisir de la 
Cour, non seulement sur le titre de Monseig', donné à Mon' 
le Maréchal de Vitry, Gouverneur, mais encor sur la période 
d'apostrophe en leur pï'ésence. Le P. Recteur excusa le mieux 
qu'il peut le P. de Bus, mais cela n'empêcha pas que les 
Messieurs ne feussent refroidis de venir aux sermons de S"- 
Madelène, auxquels se treuvoit Mon' le Maréchal. Et en effet, 
à ceste occasion,- pleusieurs s'engardèrent d'y aller; néant- 
moins, Mon' le Premier Président luy-mesme ne laissa pas 
d'y aller quelques fois, les dimanches et festes de Tadvant, 
ayant permis au P. Recteur, sur les premières contestations 
de cest affaire, puisque parfois on avoit usé du tiltre de 
Monseig' pour Mon' le Gouverneur, et du tiltre de Messieurs 
pour Messieurs du Parlement, on continuoit . encore de la 
sorte, quoyque les autres Messieurs ne feurent point tous de 
cet advis. La chose s'estant ainsy passée, durant l'advant et 
l'entredeux, comme le P. Recteur visitoit quelquefois de ses 

(1) Balthazar de Bus, neveu de César, Bernardin et Pierre de Bus, fut un Jésuite 
distingué par sa rare piété, et son savoir. Il contribua beaucoup à la propagation de 
l'institut des Ursulines en France. Il prêcha plusieurs années avec succès, et enseigna 
la Rhétorique et la Philosophie avec tant de réputation, qu'il attira à son école un 
nombre considérable d'écoliers. Il mourut à Carpentras, le 2X déc. 1657. (Achard, 
Dict. des Hommes illustres de Prov. Voyez cet auteur pour les ouvrages du P. de Bus) 



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78 HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 



Messieurs, ils ne perdoient pas roccasion de luy donner des 
ttaques là dessus, et de luy dire qu'on debvoit ne saluer 
lersonne ; cette différence de tiltre ravaloit trop la cour, 
^oire mesme, quelqu'un des Messieurs luy dict, qu'en cas que 
4on' le Maréchal Vitry ne voulust point quitter le tiltre de 
4onseig' à tel rencontre, qu'il seroit meilleur de dire le seul 
lot de, « Mes Seigneurs, » soubs lequel tiltre seroit compris et le 
jouverneur et le Parlement. Comme le caresme approchoit, 
3 P. Recteur n'estoit pas sans peine et appréhension sur ce 
ui pourroit arriver, et comme il jugeoit qu'il eust esté plus 
propos de ne saluer personne que de la teste, tout l'audi- 
Dire, commenceant du costé du grand authel, et que d'ailleurs, 
ur la réquisition qui luy en avoit faicte le Président de la 
Coquette (*), il avoit promis d'ainsy faire, et en suitte en 
dvertir le prédicateur. Il advertit le P. de Bus de le practi- 
uer de la sorte au premier jour de caresme, et ledit P. 
{.ecteur luy-mesme, ayant donné l'ouverture aux prédications 
es quarante heures à l'église de céans, le dimanche de la 
uinquagésime, quoyque Mon' le Gouverneur y feust présent 
t Mon' le Président Laysné, il ne salua personne que delà 
îste, au commencemeni de son sermon, et personne ne s'en 
stant pleint, il croyoit que le caresme, le P. de Buz en fai- 
ant de mesme, il n'y auroib aussy non plus de pleinte. Mais 
stant arrivé que le P. de Bus, le jour des cendres, n'ayant 
alué personne, quoyque Mon' le Gouverneur y feust et quan- 
té de Messieurs, Mon' le Maréchal envoya quérir le mesme 
oir le P. Recteur, et luy tesmoigna qu'il désiroit que le P. 
e Bus l'apostrophast en ses sermons désormais, comme il 
voit faict l'advant. Le P. Recteur respondit qu'on feroit 
elon ce qui estoit de ses volontés et qu'on luy avoit dict 
u'il estoit venu tard au sermon, que le lendemain et désor- 
lais tout seroit à l'ordinaire. Et en effet, le lendemain et 
ésormais le prédicateur disoit, lorsque Mons' le Gouverneur y 
stoit et quelques-uns de l'une ou l'autre Cour, « Monseig' et 
Messieurs»; cela feut cause, que plusieurs de Messieurs n'assis- 
brent au sermon les jours des festes auxquels ils eussent peu 

(1) Jean Augustin de Foresta, M" de la Roqubttk, baron de Tretz, fut pourvu de 
3flice de Gabriel d'EsTiENNE, qui s'en étoit demi en sa faveur. Il étoit petit-fils de 
îan Augustin de Foresta, Premier Président, dont nous avons parlé, et il avoit 
jousé Isabeau de Foresta, sa nièce à la mode de Bretagne, petite-fille de Christophe 
onseiller en la Cour, dont il n'eut point d'enfants. Le Roi érigea en sa faveur, la 
Tre de la Roquette en Marquisat, par lettre du mois de décembre 165 1. H mourut 
i 1664. (Esmivi de Moissac. Hist. du Pari, de Prou, Mss, cit.) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 79 



faire en ladite paroisse, et de plus, qu'il y eut quantité de 1633 

discours sur ce subject, et des attaques au P. Recteur, lors 
qu'il voyoit ses Messieurs ; et que nous aymions mieux plaire 
à Mon' le Gouverneur qu'à la Cour, et choses semblables. 
La défaicte du P. Recteur estoit : que Mon' le Maréchal l'avoit 
ainsi commandé, et se prévaloit qu'on en avoit autant faict à • 
Mon' le duc de Guise, Gouverneur, en présence de la Cour; 
et le P. Lafare(^), Minime, Evesque de Ries, estant jà Eves- 
que, avoit usé de ces termes dans S'-Saupeur, en présence 
de ces deux puissants ; que ce n'estoit point les jésuites qui 
eussent commencé de parler ainsy; qu'ils honoroient la Cour, et 
qu'ils souhaitoient avec passion que reiglement ou accord en 
feut faict là dessus. Ainsy se passa cette contention pour ce 
caresme ; mais ce ne feut que du levain pour le différent 
qui en survint, l'advant et le caresme d'après, ainsy qui se 
dira en son lieu. C'est bien la vérité, qu'en suitte de tout ce 
différent et desplaisir que pouvoit avoir receu la Cour, de 
nous, aucun des Messieurs nous menaceoit que désormais 
nous n'attendissions point de faveur d'eux, mais ces menasses 
n'eurent point leur effect; car ces Messieurs nous obligèrent 
à l'ordinaire. Quelque temps après, la Grand Chambre nous 
donna cent livres d'amande, et la Tournelle deux cent livres ; 
et la Grand Chambre de rechef feit un arrest en nostre fa- 
veur, ostant les deffenses que la Cour avoit faict, l'année 
devant la peste, à la ville, de nous payer les dix mille francs 
dont estoit convenu entre nous et la ville, pour parachever 
nos bastiments. 

Le i" de mars. Mon' le Conseiller Duranty céda à 
M. Vincent, huissier, la somme de mille huict cents livres, à 
prendre sur le collège, en déduction d'une plus grande somme 
qui y est deue par icelluy collège, pour Tachapt de la bastide 
S* Alexis. Et le 24 oct. ledit S' Conseiller cedda au mesme 
S' Vincent la somme de deux mille quatre cents livres, à 
prendre sur le collège à mesme tiltre que dessus. 

Le vingt quatrième may, le mesme S' Duranty cedde à 
Mon' de Boyers, gentilhomme d'Avignon, la somme de cinq 
mille quatre cents vingt cinq livres un sol, à prendre sur le 
mesme collège, pour le mesme tiltre. 

(l) François de Lopis des s'* de la Pare, né à Carpentras en l^S?, fils de Jérôme 
de Lopis et de Isabelle de Guiramand d'ENTRECHAUX, entra dans l'ordre des Minimes. 
Il fut prédicateur distingué et Provincial de son ordre. En 1625, il fut nommé évèque 
de Riez, en remplacement du Cardinal Bentivoglio qui lavait lui même désigné pour 
être son successeur. Il mourut en 1628 (V. Barjavel. Dictionnaire. Verbo. Lopis.) 



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80 HISTOIRE DU COLLÈGE D AlX 



i6jj Le 25 Juin, Mon' de Brunet ('), Conseiller à la Cour de 

Aydes, à qui Mon' de Vergon (^), pour le regard de nostre 
frère Rossignol, avoit cédé, céda à ce collège et au noviciat 
d^Avignon, la somme de trois mille trois cents vingt quatre 
livres deux solz neuf deniers, provenus du légat faict par nostre 
frère Corneille Rossignol, à prendre sur M. de Moncal, 
gentilhomme d'Arles : et pour ce qui est de nostre part de 
mille huict cents livres, nous en avons tiré argent comptant 
quatre cents septante une livre huict solz ; les autres mille trois 
cents vingt huict livres douze solz sont esté données en pen- 
sion perpétuelle à Mon' de Moncal d'Arles, au denier seize, 
de manière que les intérests montent huictante trois livres, 
payables à la S* Jehan-Baptiste. 

Après pasques de ceste année, le P. Recteur allant à la 
congrégation provinciale qui se tenoit à Lyon, comme il passa 
en Avignon, Mon' Jean Louis de Revillas, Prieur du prieuré 
de S-Pierre de Tourves, feit résignation de son prieuré entre 
les mains de Nostre S* Père, en faveur du collège d'Aix, et le 
tout envoyé à Rome et agréé, nommément que Mon' le Pré- 
vost de Pignans en avoit donné le consentement, comme col- 
lateur dudit bénéfice, à pasche de trois charges de bled par 
an, au gré du Pape. Il ne restoit plus que l'expédition des 
bulles, ce qui ne feut faict que l'an suivant (^) 

(1) Jean de Tressemanes, sieur de Chasteuil et de Brunet, pourveu de l'office de 
Conseiller de Pierrefeu, fut receu le moys de May 1Û29. (J. S. Pitton. Hist. de la 
ville d'Aix, p. $70). 

(2) Louis François de Rasasse, s' de Vergons, fils de Balthazar et de Madeleine 
d'EsTiRNNB de S' Jean de la Sale, fut Procureur Général par la résignation de Balthazard 
son père. Il épousa i<* Anne de Villeneuve-Vauclause ; 2° Diane (alias Marguerite) 
de Vbla. 

(3) Le 10 oct. i6j^,le prieuré de Tourves fut désigné pour être uni et annexée à la 
manse collégiale du collège d'Aix ; les revenus devaient contribuer à l'entretien des 
enfants et à la fondation d'une nouvelle chaire de Mathématiques. Le 17 Sept, le Roi 
approuva cette résignation et l'acceptation des Jésuites. Le 18 Mai lô^t le pape 
Urbain VI II donna la bulle d'union dudit prieuré de Tourves au collège d'Aix, du 
consentement du prévôt de Pignans qui en était le collateur, à charge pour le 
collège de donner annuellement à ce dernier trois charges de blé, in signum recogni- 
tionis. La bulle d'Urbain VIII fut enregistrée au Parlement, le 7 Juillet 16J4 ; et le 2? 
du même mois, l'Archevêque d'Aix, sur requête de l'économe du collège, ordonna de 
procéder à l'exécution de la bulle. Enfin, le 14 Août 16^4, le collège fut mis en 
possession; mais alors, le chapitre de Pignans prétendit qu'on aurait dû requrir son 
consentement, et donna procuration au sieur Dbsparia, camèrier de l'Eglise de Pignans, 
pour consentir au nom du chapitre à l'union déjà faite. Enfin, le 9 Mars 1641, il y eut 
une transaction entre le- chapitre de Pignans et le Recteur du collège d'Aix: outre les 
huit panaux de blé dont le prieuré était déjà chargé annuellement envers le chapitre, 
le collège dut s'engager encore à payer deux nouvelles charges de blé. (Revue sex- 
tienne j*"* année page 17?). 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 81 

Le 21 de Juin, en suitte de la délibération qu'avoit faict 165 j 

Messieurs de la congrégation, le 10 d'avril dernier, de bastir 
enfin leur congrégation après le retour du P. Recteur de Lion, 
les Messieurs de la grande congrégation sur les huict à neuf 
heures du matin , feirent poser la première pierre fondamentale 
de leur nouvelle chapelle, sans cérémonie néantmoins, en pré- 
sence du P. Paul de Barry, Recteur du collège, du P. Jacques 
Lambert, directeur de ladite congrégation, de Mon' Melchior 
de Thomas de Pierrefeu, Conseiller à la Cour des Aydes, 
préfect de ladite congrégation, de Mon' Jean de Bosco, 
advocat en la Cour, premier assistant, et de Mon' Jacques 
Cèdes, advocat dépositaire, en laquelle pierre, après y avoir 
gravé et formé le signe de la s** croix, et ont esté aussy gravés 
les vénérables noms de Jésus et Marie^ et au bas, le jour et 
année courante. Sur quoy est à remarquer, qu'il y avoit desjà 
du costé des deux rues, trente deux canes de muraille espaisse 
de trois pans, qui ont servy et servent à ladite congrégation, 
que le P. Recteur leur bailla avec le sol oii ils ont basty, les- 
dites trente deux canes revenants environ au pris de quatre 
vingt escus. Pour les autres particularités, scavoir est; que les 
Mess" de la grande congrégation ayants faict bastir jusques à 
la hauteur du premier plancher de ladite chapelle, le P. Rec- 
teur feit bastir après aux despens du collège^ jusques au toict, 
affin d y prendre la commodité de quelques chambres ou loge- 
ment; comme aussy, que le toict a esté faict à leur despens, 
cela se dira Tannée procheine. 

A la fin du cours de Philosophie, il y eust quantité d'es- 
choliers qui soubstindrent thèses publiquement, dont il y en eut 
un qui dédia ses thèses à S' Alexis, pour faire plaisir au 
P. Recteur qui avoit quelque dévotion audit Saint ; et en effect, 
avoit donné ledit nom à la bastide qu'il avoit achepté. Il y en 
eut une autre qui dédia à nostre R. P. Général, ce feut le 
fils (*) de Mon' de Pourcieux de ceste ville. Comme il y eut 
un Cordelier qui soubstint thèses, les thèses feurent soubste- 
nues en leur église, de mesme que l'an suivant un P. Augustin 
soubstenant thèses, ce feut en leur église, nos Pères y allant 
et tenant place, comme si ce feut esté en nostre église. 

Sur la fin de Tannée scholastique, fut exhibée une action 
théâtrale composée par le P. Lambert, Rhétoricien. Les pris 

{Vi W s*agit peut-être de Charles de Vitalis, s' de Pourcieux, fils de Marc Antoine et de 
Catherine de Borrilli, qui épousa en 16^7, Catherine d*EYOUBZiBR, fille d'Honoré Eygub« 
ziER, s' de la Javie et de Catherine de Chibussb. (V. Robert, III. ^14 — Artefeuil. i,H5)- 



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82 HISTOIRE DU COLLéGE d'aIX 

1633 y feurent donnés par Mons' le Maréchal de Vitry, qui y feul 

présent durant les deux jours que dura faction. Les pris 
estoient très beaux, aussy avoient-ils cousté cent dix-sept 
escus. Le théâtre estoit magnifiqne au devant du collège; 
aussy avoit baillé ledit Seigneur Maréchal, cinquante escus 
pour le théâtre. Le subject de l'action estoit : Les Martyrs de 
Nicomédie. Ce qui feut le plus beau à la distribution de ces 
prix, ce feut qu'il y eut un rhétoricien nommé François Lombard, 
fils de feu Mons' le Conseiller Lombard (^), et frère de Louys 
Lombard, jésuite, qui emporta cinq prix, et les premiers de 
chasque faculté, de sorte que lui seul emporta environ à 
trente escus de livres ; car les plus beaux livres et les plus 
gros feurent pour luy. 11 ne manqua qu'un poinct à la gloire 
de ce jeune homme, ce que, comme il avoit esté glorieux à 
remporter les prix parmy ses esgaux au faict des lettres, il 
n'eut pas le bonheur d'emporter le prix et la victoire au faict 
de la vocation ou Dieu l'appeloit. Car ayant eu parole pour 
entrer au noviciat d'Avignon, en suitte de l'instance qu'il en 
avoit faict despuis un an, il eust bien courage de résister 
durant quelques mois à sa mère en ceste ville, mais s'estant 
enfuy en Avignon et entré au noviciat, sa mère Kayant suivy 
et retiré dudit noviciat, par finesse, par surprise et violence 
et ramené en ceste ville, il a désisté de poursuivre sa pointe, 
et en apparence tesmoigné qu'il n'avoit plus de volonté ; la 
suitte des années et des aff'aires fera voir que s'en sera. 

Ce feut en ceste année, que nostre R. P. Général donna 
congé à Mons' le Prieur de Tourves, de demeurer au collège 
quen bon lui s'embleroit, comme il appert par la lettre sur 
ce subject, escripte au livre du Recteur. 

Le 8 de septembre, jour de la naissance de Nostre Dame, 
Monseig' le Maréchal de Vitry, Gouverneur de la province, 
donna une lampe d'argent (^), du prix environ de cinq cents 
escus, à la chapelle de Nostre Dame de M ont aigu, qu'est en 

(1) Charles de Lombard, M'* de Montauroux, s*^ de Gourdon, S' Césaire, etc., avoit 
été reçu Conseiller, le 2 oct. i6?2, dans l'office de Raimond de Mainibr. Il fut doyen 
de la Cour en 167^ en suite de la démission de François de Trichaud. En 1675, ^^ 
Roi érigea en sa faveur la terre de Montauroux en Marquisat. En i6B$, il résigna à 
son fils, sous la réserve de la survivance dont il jouit jusques à sa mort, en 1691. Il 
étoit second fils de Louis de Lombard, seigneur de Gourdon, Lieutenant Général au 
Siège de Grasse, et il avoit épousé Diane de Foresta, fille de François, seigneur de 
Rougier, Conseiller en la Cour, et en 2** noces, Marquise de Paule de Jeronimo de la 
ville de Nice. (Esmivi de Moissac. Hist. du Pari, de Prou. Mss. cit.) 

(2) Voyez le passage de de Haitze, sur la libéralité du Maréchal de Vitry. Pièce 
justificative n« 21. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 83 

Téglise de ce collège, et dès ce jour là, elle feut posée en 1633 

la dite chapelle. Le dit S' Gouverneur ne Tavoit commandée 
à l'orphèvre que de deux cents escus, mais Torphèvre se 
treuvant en besongne, la grossit de la sorte, ce que ledit 
S' Maréchal ne laissa point d'agréer ; ce que je dis en passant, 
parce que quelques-uns estimoient que ledit S' Maréchal avoit 
fait faire ceste lampe, pour contrecarrer ceste grosse et belle 
lampe que Mons' le duc de Guise avait donné à Notre Dame 
d'Espérance, à quoy ledit Seigneur Maréchal n'avoit point pensé. 
C'est bien la vérité que qnelques jours après, un magistrat de 
la ville, parlant à Mons' le Maréchal de Vitry, luy dict : qu'il 
falloit appeler la chapelle de Nostre Dame de Montaigu, la 
chapelle de Nostre Dame dAsseurance, « parce que disoit-il, 
Mons'le duc de Guise n'ayant que Tespérence de rentrer à 
son gouvernement, a bien faict d'offrir sa lampe à Nostre Dame 
d'Espérence, mais vous, qui estes dans Tasseurance d'avoir le 
gouvernement, faictes encor mieux de donner une lampe à 
Nostre Dame, qu'on doit appeler pour cella, Nostre Dame 
d Asseurance ». Et de là est venu que parfois, on appelle nostre 
chapelle de Nostre Dame, Nostre Dame d' Asseurance. 

Sur le mois de septembre, Mathieu Ruffy, natif de ceste 
ville, escholier de rhétorique, estant receu pour nostre C'*, 
s'en alla au noviciat, à Tinsceu de son grand-père qui ne luy 
avoit voulu donner congé, nonobstant que son petit-fils Ten 
eut importuné despuis deux mois, et ne s'y pouvant résoudre, 
feit tout son possible pour l'en retirer. Il présenta mesme 
requeste sur requeste à la Cour, disant qu'on l'avoit suborné, 
que nous luy avions baillé argent et cheval. Il demandoit estre 
enjoinct au P. de Barry, Recteur, de le faire revenir; mais 
le P. Recteur ayant faict les responses qu'il faut, et les Mess" 
de la Cour voyant manifestement les calomnies et injustes 
demandes dudit advocat Ruffy, requérant, il ne peut rien 
obtenir et feut contrainct de désister et laisser le P. Recteur 
de ce collège et le dit novice en paix. 

Le 14 d'octobre, Pierre Briségion, qui avait esté autrefois 
de la Comp", et renvoyé d'icelle, y estant réentré, et ayant 
derechef faict deux ans de noviciat, feit ses vœux en la chapelle 
intérieure du collège, le P. de Barry, Recteur, disant la 
messe, recepvant ses vœux. 

Le 21 nov. le P. Recteur ayant obtenu une indulgence 
plénière pour le jour de la Présentation de la Vierge, en la 
chapelle de N. D. de M ont ai ^u, la feste se rencontrant à ce 



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84 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



16 j 3 jour, il y eut très grande dévotion, soit pour les confessions 

et communions, soit pour Taffluence du peuple. Les escholiers 
eurent vacances tout le jour ; il y eut vespres et sermon à 
Téglise; le P. de Barry, Recteur, y prescha sur ce subject : 
Congratulamini mihi, quia cum essem parvula plaçai altissimo. 
Pour la première fois de ceste feste et indulgence céans, la 
feste en feut très solennelle, agréée de tout le monde. Au 
sermon, il y eut très noble compagnie, M. le Gouverneur et 
Madame la Gouvernante y feurent. 

Sur la fin de ceste année, comme on nous eut adverty qu'un 
brevet et patentes du Roy nous seroient grandement profitables, 
pour l'affaire du prieuré de Tourves, aux fins de l'union, 
nous escrivismes à la Cour, et à l'ayde du P. Maillan, con- 
fesseur du Roy, et bonne assistance de Mon' le Maréchal de 
ViTRY, qui en escrivit à Mon' Servian, Secrétaire d'Estat. 
nous eusmes ce que nous prétendions, fort facilement : et du 
despuis a fort servi et advancé Taffaire. 

Au i8 d'octobre, qu'estoit le renouveau de Tannée scholas- 
tique, le P. Jean Alby commencea la Philosophie, le P. 
Jacques Lambert feit la Rhétorique pour la seconde année, 
et le P. Ferran feut estably Préfect des estudes; et le collège 
eut en mesme temps pour escholier en Rhétorique, Mon' le 
M'" de ViTRY, fils de Mon' le Gouverneur, qui donna Tan 
d'après comme nous dirons, des preuves de son bel esprit et 
de ses belles qualités. 

Sur la fin de décembre, la lampe de Mon' le Maréchal 
n'estant point asseurée, parce qu'il n'y avoit point de barreaux 
de fer aux fenestres du costé de la rue, Mon' le Maréchal 
donna à cest effect cent escus, desquels on paya lesdits 
barreaux qui fe.urent faicts, et de plus quelques autres paye- 
ments des enjoliveures de la lampe. 

L'advant qui feut presché en décembre, à S' -Sauveur, par 
le P. André Voysin, renouvela les différents qu'estoint entre 
Mon' le Maréchal et Mess'* de la Cour. Disant, Monseigneur, et 
puis, Messieurs, la Cour prévoyant bien qu'on en diroit autant, 
quand Mon' le Gouverneur y seroit, s'assambla et se résoleut, 
que Mon' le Président du Chaîne (^), qui présidoit à la Cour. 

(1) Jean Baptiste du Chaîne (ou du Chêne), fut pourvu de l'office de Président, qu 
vaquoit par la mort de Louis son père, par lettres données à Paris, le \} mai 16/?, 
et il fut reçu le 15 juin suivant, en sorte que cet office ne demeura vacant qu'un 
mois et demi; car Louis Chaîne étoit mort le 21 précédent. Jean-Baptiste avoit été 
reçu Conseiller en 1602. il résigna cet office à Nicolas son frère. Il fut 2* Président 
en 16^1 et mourut en 1642. Il avoit épousé une sœur du Président de la Roquette, 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



appelleroit le P. Recteur en sa maison, et luy diroit de la i6jj 

part de la Cour, en tels rencontre, de ne saluer personne, ou 

de dire le mot de, Messeigneurs^ qui seroit pour eux et pour 

Mon' le Gouverneur, et il en advertit le P. Voisin d'ainsy 

faire. En suitte de cella, ledit Président du Chaîne appella 

le P. Recteur, et luy dict ce que dessus. Le P. Recteur 

respondit qu'il estoit prest d'obéir à la Cour. Qui feut bien 

en peine? ce feut ledit P. Recteur, qui ayant esté adverty 

par Mon' le Gouverneur, la veille de Tadvant, qu'on luy don- 

nast le tiltre de Monseigneur, selon la costume, et d'ailleurs, 

la Cour commenda là-dessus, il se treuvoit en tel estât, que 

nécessairement il falloit desplaire et désobéir à Tun des deux. 

Comme il estoit en ces peines, Mon' Tarchevesque {}) ayant 

receu un advis de tout ce qui se passoit, envoya quérir le P. 

Recteur et luy déclara sa volonté, que sur le différend qui se 

présentoit, il ne vouloit point qu'on innovast rien dans son 

église, et partant, qu'on dict. Monseigneur ; et Messieurs^ quand 

il y seroit présent ou Mon' le Maréchal ; et que quand eux 

deux y seroient ensemble, on diroit, Messeigneurs, Messieurs. 

Ce commandement délivra grandement de peine le P. Recteur, 

qui signifia à Mon' le Président du Cheine, que Mon' l'Ar- 

chevesque qui estoit son prélat et auquel, en faict de son 

église il debvoit obéir, il luy avoit commandé de ne se tenir 

qu'à ses volontés et commandements. La Cour ayant sceu 

cecy, résolurent entre eux, de n'aller plus au sermon de S*- 

Sauveur, lorsque Mon' le Maréchal iroit. Pour Mon' TArche- 

vesque, ils ne fesoient pas difficulté parce qu'ils disoient, de luy 

laisser donner le tiltre de Monseigneur, en leur présence. 

Néantmoins, de tout l'advant et de tout le caresme suivant, ils 

ne feurent au sermon de S'-Sauveur, quoy que souvant Mon' 

le Maréchal n'y assistast point en caresme, n'estant point à la 

ville. Ce fascheux rencontre donna beaucoup de peine au P. 

pelile fille de J. Augustin de Foresta, Premier Président en la Cour. (Esmivi de 
Moissac, Hist. du Pari, de Prov. Mss. cil.) 

J.-B. du Chaîne, étoit fils de Louis du Chaîne et de Anne de Baussbt et fut marié 
à Claire de Foresta, sœur de Jean Augustin, M'* de la Roquette. Nicolas son frère 
fut reçu Conseiller au Parlement, le i8 oct. lôij, et Louis son autre frère fut Evêque 
de Senès. 

'l) Louis de Bretel, était originaire de Normandie. Après avoir été doyen de 
l'église de Rouen, abbé de S*« Marie, de S' Victor de Calais, il fut Archevêque d'Aix 
et y fut solennellement reçu le 29 avril i6j2. 11 était savant et avait été Conseiller 
clerc au Parlement de Normandie. Il était alTable, son naturel était doux, mais il se 
montra jaloux de conserver les droits de son église. Il fit réparer le château de 
Jouques qu'il choisit pour son lieu de retraite. Il mourut le jour de Pâques 1644. 
Cf. J. S. Pitton, Annales de La S*« Eglise d*Aix.) 



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86 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

i6j} Recteur et au P. Voisin, tachants de treuver quelque expé- 

diant pour accommoder le tout. On désiroit que Mon' le 
Maréchal se contentast qu'on dict, Messeigneurs, à luy et à 
TArchevesque, mais qu'on n'ajoustat point le mot de, Messieurs, 
et que le tiltre, Messieurs^ les Chanoines de S'-Sauveur préten- 
doient avoir, et estre entendus soubs icelluy, lors que les Mes- 
sieurs de la Cour n'y estoint point. Et en effect le P. Voisin 
durant son advant et caresme, quoy que les Messieurs de la 
Cour n'y feussent point, disoit, Monseigneur, et puis, Messieurs, 
et ce, par ordre de Mon' TArchevesque qui l'avoit ainsi com- 
mandé; mais on avoit beau à désirer à treuver des expédiants, 
Mon' le Maréchal ne vouloit point en façon du monde, que 
les Messieurs estants présents feussent sans quelque tiltre, et 
ayant quelque tiltre, il vouloit qu'ils eussent celluy de. Mes- 
sieurs, Mon' TArchevesque parloit encore de mesme her (air) 
Néantmoins, l'advant et le caresme se passa comme j'ay dict, 
ce qui ne feut point sans quelque aliénation de la part de la 
Cour contre le collège. Et en effect, les amandes ne feurent 
point données si bonnes comme par cy-devant. Je dis si 
bonnes, parce que la Grand Chambre ne laissa past de nous 
donner l'an suivant, après Pasques, cent francs d'amande, et 
la Tournelle cinquante. Si est-il véritable que pleusieurs de la 
Cour et des principaux voyoient bien qui n'estoit point à nostre 
pouvoir de remédier à tout ce différent, et que nous n'avions 
point esté la cause, ni commancé cette façon de saluer, puis- 
que le P. Sauvage, Minime, avoit, deux ans advant la peste, 
preschant advant et caresme à S'-Sauveur, apostrophé Mon' 
TArchevesque de Richelieu, lors prélat de ceste ville, par le 
tiltre de Monseigneur, en présence de la Cour, et à eux, re- 
donnant le tiltre de Messieurs. Or est-il que ledit P. Minime 
avoit presché et parlé de ceste sorte avant les Jésuites, pour 
ce qui touche le tiltre de Mon' TArchevesque; car pour celuy 
de Mon' le Gouverneur, le P. Lafare, Minime, comme nous 
avons desjà dict, avoit commencé le premier de parler de la 
sorte. Le différent estant tel de tous costés, on en escrivit à 
la Cour, et S. M. déclara sa volonté à Mon' le Gouverneur, 
à ce que le bruict en estoit. L'événement fera voir ce que 
S. M. désire là-dessus. 

Ceste année, les aumosnes données, soit pour l'église, soit 
pour le collège reviennent environ à onze cent cinquante huict 
escus, dont les principales feurent six cent escus environ, 
donnés par Mon' le Maréchal, soit pour la lampe d'argent. 



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passé l'an 16^4. 



HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 87 

soit pour les barreaux de l'église, soit de cent soixante sept 1(153 

escus que le mesme donna pour les pris et théâtre ; de la 
vefve d'ANDRioT, un parement pour N. D., et vingt cinq . 
escus; de Madame la Viguière (') S-Jean ('), une chasuble et 
devant d'autel de quatre-vingt escus environ ; du Chapitre de 
S'Saupeur, de soixante escus en aumosne; de la Grand Chambre, 
de cent francs d'une amande ; et autres qui sont escriptes au 
livre des bienfacteur. 

Le 1 ç* sept, qu'estoit l'octave de la Nativité de N. D., 
feut mise la pierre fondamentale de la chapelle dédiée à 
S* Alexis, et du bastiment qui sera par dessus en la grange 
de S'-Alexis. 

Quelques derniers moys de Tannée passée, un de nos Pères ce qui sest 
faisoît la doctrine chrestienne en l'église du S'-Esprit tous les 
dimanches, avec grand profit et affluence. Geste bonne 
œuvre s'est continuée encores ceste année, comme aussy 
diverses exhortations qui se sont faictes plus souvant que 
jamais, en tous les monastères des Religieuses, comme aussy 
les Filles repenties; de sorte que il se rencontra le caresme, 
qu'un de nos Pères tous les jours du caresme, preschoit en 
quelque lieu, ores à l'un, ores à l'autre monastère. 

Sur le commencement de ceste année, feut imprimé le pané- 
girique de Louis Treizième, touchant la Prime de Nancy y que 
Mon' le M" de Vitry, escholier de rhétorique, avoit récité en 
l'église de céans, sur le mitan du mois de décembre de 
l'année passée. Mon' le Gouverneur, son père, avoit aussy 
voulu qu'il feut imprimé, quoyque céans on y eust quelque 
difficulté pour diverses raisons, et entre autres ce, pour que 
ceste impression n'oflfenceast point la Maison de Lorraine. 
Ledit panégirique récité et imprimé en latin ('), feut traduict 

(1) Il est assez difficile de définir les attributions du Viguier (Vicarius). Voici ce 
qu'en dit Tabbé Robert (Etats de Provence l. 119). « Le Viguier qui est établi 
« aux bonnes villes et chefs de Viguerie, est un officier royal de robe courte, portant 
<r l'épée et un bâton morné d'ivoire qui est la marque de son office. Il marche avec 
« les Consuls ou Echevins et assiste aux assemblées de la ville et il y a toujours la 
« préséance. Ces officiers se disent Viguiers et Capitaines pour le Roy. Ils ont quelque 
« iuridication touchant les crimes légers et qui regardent la police plutôt que la 
« justice. Ils prennent connaissance des petits larcins qui se font dans la ville, et 
- surtout, lorqu'ils sont trouvez sur le fait » En 1749, les charges de Viguier furent 
supprimées dans toutes les villes où il existoit un siège des énéchaussée, (V. Stat. des 
Bouches du Rhône, 11, page 064.) 

(2) André d'EsTiENNE, s*" de S' Jean de la Sale, fils du célèbre Président François 
d'EsTiENNE de S* Jean, et d'Honorade de Pontevès Buoux, fut Viguier d'Aix et 
épousa en 16M Marguerite d'ARcussiA. (Voir sur le Président d'EsTiENNE, Achard, 
Did. des Hom. ilL de Prov.) 

(3) Vn exemplaire de ce panégyrique très rare se trouve dans le recueil n*» 28^72 de 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



i6j4 et imprimé encor en françois, et du despuis, envoyé de 
tous costés par Mon' le Gouverneur. Le P. Recteur mesme 
en envoya à Rome où Ton avoit faict de pleintes à noslre 
P. Général touchant ladite impression, comme ayant esté faicte 
sans le congé du R. P. Provincial ; mais response feust test 
donnée, que la volonté de Mon' le Gouverneur ayant esté telle, 
on ne pouvoit faire autrement que le laisser faire, autrement 
on Teust offensé à outrence, d'ailleurs il n'y avoit rien dans 
ledit panégirique qui peut offenser la Maison de Lorreine, 
ainsy que le tesmoigna mesme le R. P. Estienne Charlet, 
lors Assistant à Rome pour la France, par une lettre sur ce 
subject qu'il en escrivit au P. Recteur. 

La Maison des Repenties, que le P. Isnard au premier an 
de son Rectorat avoit faict establir en ceste ville (*), feut fort 
assistée ceste année par nos Pères, soit par advis et conseil! 
avec ceux qui les gouvernent, soit par confessions et exhortations, 
en quoy ledit feu P. Isnard a faict une œuvre digne de 
mémoire, et plus digne de mérite devant Dieu, pour les grands 
biens qui en arrivent, et grands maux et péchés qui en sont 
destournés. Le mesme Père avoit encor, durant son Rectorat, 
donné quelque dessein et courage au P. Vinant, prebstre de 
rOratoire, pour dresser une Maison de filles de N. D. de Pitié, 
dont, en la présente année, le dit P. Vinant a faict paroistre 
les commancements. 11 y a de l'apparence que Dieu bénira 
l'une et l'autre Maison, en récompense du grand zèle dudit feu 
P. Isnard, son bon serviteur et admirable ouvrier en la vigne 
du Seigneur. 

Sur le commencement de ceste année, sur le bruict qu'estoit 
à la maison, parmy quelques séculiers, que le R. P. Claude 
SuFFREN, jadis Recteur, avoit obtenu congé de N . R. F. 
Général, qu'on enterast en l'église de céans Mon' Boniface 
Pelicot, advocat, et sa famme ; n'y en ayant aucun escript 
là dessus céans, et le dit S' Pelicot disant le congé en estre 
donné, le P. de Barry, Recteur, en escrivit à Rome au 
R. P. Assistant, qui respondit, présuposé tout ce que dessus, 



la bibliothèque Méjanes. Il a pour titre : Ludouici Justi, Régis christianissimi, Nancai 
expugnatoris, Panegyricus habiius a Francisco de l'Hospital, marchione de VHrr 
suadœ alumno, anno cetaiis duodecimoj in œde coUegii Regii Borbonii Aquensis 
societatis Jesu^ die i6 decembrisj anno i6jj, — Aquis Sexliis apud S. David i6m- ^ 
20 pp. in-4«. 

(1) Nous avons donné précédemment, dans le chapitre consacré au Rectorat du 
P. IsMARDf le passage de de Haitze sur rétablissement de cette maison. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



qu'il fallait croire que le congé en avait esté donné, et partant, 1634 

ne faire aucune difficulté de les enterrer. 

Le I*' de mars, Renaud Besochet, natif de Motte, au 
comté de Bourgogne, a faict ses vœux simples de coadjuteur 
temporel, en la chapelle intérieure de ce collège, le P. Paul 
de Barry, Recteur du collège, recevant ses vœux. 

Entre Tadvant et le caresme, 4>ar la bonne assistence du 
P. Voisin, les Ursulines se résolurent à estre Religieuses, 
et il y en eut environ 35 qui prindrent le voile de novices, 
pour estre désormais Ursulines Religieuses, soubs la règle 
de S* Augustin. 

A mesme temps, le P. Recteur ayant faict faire une lampe 
d'argent semblable à une autre petite qu'estoit destiné à 
N. D., on les meit toutes deux, deçà et delà, proche la grande 
lampe de Mon' le Maréchal, et du despuis, la costume est aux 
sept grandes festes de N. D., de les faire esclèrer. 

Le caresme, le P. Voisin prescha à S'-Sauveur, avec grand 
concours et réputation, nonobstant qu'il ne feust point ouy de 
Tune et Tautre Cour, qui n'alloient point à S'Sauveur, pour 
divers différents qu'il y avoit, de Messieurs de la Cour de 
Parlement avec M' le Gouverneur, et des Messieurs des 
Comptes avec Messieurs les Chanoines de S'-Sauveur. 11 prescha 
ledit caresme en bonne santé, excepté quelques jours de la 
semaine sainte, ce qui feut cause qu'il ne prescha point la 
passion ; et en sa place la prescha le P. Jacques Lambert, 
qui enseignoit la Rhétorique. Ledit P. Voisin, demeurant 
le reste de . l'année en ce collège, prescha l'octave à la 
S'^-Madelène. 

Nostre Jeunesse ne manqua point d'avoir ses prédicatious 
deux fois par semaine le caresme, ce feut le P. de Barry, 
Recteur, qui leur feit lesdites exhortations, ayant pris pour son 
subject : Les actions héroïques de la jeunesse des Saints, leur 
donnant à la fin de chaque exhortation, une dévotion à N. D., 
l'ayant desjà ainsy practiqué le caresme de l'année passée, où 
il avoit pris pour subject : Les Regrets de la jeunesse de S' Augustin. 
L'une et l'autre année il y eut assez bon auditoire, y venant 
d'autres que les escholiers, selon l'ordinaire costume du peuple 
et du voisinage, qui tesmoigna agréer ceste bonne costume que 
nous avons de prescher à la jeunesse. 

Le 6 d'avril Mon' Louys de Rovillaz (^), Prieur de Tourves, 



(1} Le Prieur de S' Pierre de Tourves était de la famille des Rouvillasc (Révé- 



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90 HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 

16^4 feit son testament, ches Mon' Roseau, en faveur de ce 
collège, Mon' Beusin, notaire, le recevant le lendemain . Il 
feit quelques déclarations à Mon' Fouques, advocat, touchant 
quelque légat. Les papiers en sont aux archives. 

Le 16 d'avril, le P. Claude Maucler feit sa profession 
de quatre vœux en Téglise de ce collège, le P. de Barry, 
Recteur, disant la messe et acceptant ses vœux; ce jour se 
rencontra le jour de Pasques. 

En ce temps, feut receu en la compagnie, Jean Aubert 
fils de Madame de Vergon, et envoyé au noviciat d'Avignon. 

Le 25 de mars, jour de TAnonciation de N. D., se ren- 
contrant que la congrégation de Messieurs estoit bastie, 
jusques à leur plancher et mesme le plancher mis , lesdits 
Messieurs ayant tout préparé pour y célébrer la feste , et y 
faire gaigner l'indulgence, et s'en servir pour la première fois, 
la solennité s'y feit avec grand appareill et concours de toute 
la ville. Mon' Jean Baptiste Michaelis, ecclésiastique, filsaisné 
de Mon' le Conseiller Michaelis, nostre grand amy, y feit 
l'exhortation, MonM'Evesque de Riez y assistant, qui y avoit 
dict la messe aupa-ravant. La veille dudit jour Monseig' TArche- 
vesque d'Aix y estoit venu, revestu à la pontificale, pour 
bénir ladite chapelle, ce qu'il feit avec le grand contentement 
de ces Messieurs qui l'en avoint prié. 

Mon^ Raphaelis, Théologal, nostre intime amy, comme 
ayant esté autrefois de nostre Comp'*, et en ayant conservé 
l'affection, déclara au P. de Barry, Recteur, que par son 
testament il donnoit sa bibliothèque au collège , et que le 
testament ou codicille en estoit ches le notaire Alègre. Il luy 
tesmoigna encor sa bonne volonté touchant la classe de 
Théologie scholastique, dont il est professeur en l'Université, 
qu'il souhaitoit qu'elle veint à nous, et pria le P. Recteur d'en 
chercher les expédients, et d'en escrire à N. P. Général et à 
la Cour, alléguant que cela accommoderoit grandement bien le 
collège, soit pour enseigner la théologie qui seroit l'honneur 
du collège, soit pour percevoir deux cents escus de rente 
qu'apporte ladite chaire. Comme que soit, ledit S' Théologal 



glias ou Rouillas) s** du Barroux et comtes de Celles. Cette famille originaire du 
Piémont, s'était fixée à Avignon dans la première moitié du XVI« siècle. Elle a 
fourni un Conseiller au Parlement de Provence, Perrinet de Rouvigliasc, reçu en 
IS77, et Jean Pierre de Rouvillasc qui traduisit les psaumes en vers français et 
écrivit VExaxgesse de tous Us évangiles du caresmc auec La passion compose^ en diiains. 
Avignon, 1648, in-ia. (V. Barjavel, Dictionnaire de Vaucluse, T. II, p. ^17). 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 91 



est fort de nos amys, et particulier bienfacteur, ne manquant 1634 

point tous. les ans, de nous donner deux soummées de bléd, 
et quatre ou cinq meilleroles de vin. 

Sur le mitan de ceste année, Mon' Codolenquy ('), marchant, 
donna cent escus pour la fondation de Thuile, pour une 
lampe qu'il désire faire esclairer jour et nuict devant N, D, de 
Montaigu. Le contract feut pris par Mon' Beusin notaire; Textraict 
en est aux archives. Le contract porte entre autres, que c'est 
la lampe la plus proche du grand authel qui esclairera pour 
luy, des trois qui sont devant Tauthel de N. D.. Néantmoins, 
ledit S' CoDOLENQui dict verbalement au P. Recteur, qu'il est 
content que la lampe de Mon' le Maréchal esclaire, jusques à 
temps que ledit Seigneur donne de quoy pour la fondation de 
sienne. 

Au moys de may , feurent terminés tous les différents 
qu'estoient entre les héritiers de feu Bricy et le collège, 
touchant la bastide que nous avions désemparée; car arrest 
feut donné, par lequel il nous feut adjugé que la bastide 
vendue comne porte Tarrest , nous aurions en nostre rang 
quatre cents et vingt escus. Du despuis, on s'est mis à la 
recerche d'un achepteur de ladite bastide. Le Président 
MosNiER, qui présidoit en la chambre où feut porté Tarrest, 
feit de merveilles pour nous, comme aussi Mon' le Conseiller 

de SiGOYER f). 

En ce temps, sur l'apparence qu'il y avoit, qu'on pourroit 



(1) CoDOLENQUY. n*est-il pas le nom de Cotolendi défij^uré .- Dans ce cas, on pour- 
rait supposer que celui dont il est parlé ici, était Jacques Cotolendi, époux de 
Marguerite de Loyon qui avait obtenu la naissance d'un enfant par l'intercession 
de S' Ignace. Ce fils Ignace Cotolendi, naquit le 24 mars i6;o. It fut élevé au collège 
des Jésuites et reçut plus tard les ordres sacrés. Après avoir oié à Aix curé de 
S'*-Magdeleine. il voulut aller évangéliser la Chine. Il fut sacré évèque de Metel- 
lopolis et mourut aux Indes. le 10 août 1002. (Voir Achard. Dictionnaire des hommes 
illustres et Pitton. Annales de la S** Ef^lisc d'Aix.) 

l2) Jean de Lkidet, seigneur de Sigoyer. fut Conseiller par la résignation de son 
père, par lettres données à Paris, le 27 mars 1019. Il feut receu le 21 may. La Cour 
avoit résolu que le s' de La Roquette seroit receu avant luy, parce qu'il avoit 
présenté ses lettres longtemps auparavant. Le s"" de La Roquette ayant été mandé à 
cet effet dans la Chambre, remercia la Cour de l'honneur qu'elle luy faisoit, mais 
comme le s*" de Sigoyer étoit plus ancien avocat que luy, il consentit qu'il feut receu 
le premier. 

Après qu'il eut résigné son office à son fils, il eut permission de l'exercer encore 
dix ans, par lettres données à Paris le 12 juillet i()4<), enregistrées le 10 déc. suivant. 
Il eut de Marguerite de Cormis. fille de Pierre, Avocat Général, et sœur de Louis de 
CoRMis, Président à mortier: Pierre de Laiuet qui fut Conseiller: Joseph, chevalier 
de Malthe et Louise, femme d'Honoré de Rascas, seigneur du Canet (V. P. Louvet. 
Hisi. M s. du Pari, de Pr.^ 

N.-B. — Nous citerons toujours Louvet. d'après le Mss. de M , le M" de Lagoy. 



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92 HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 



1634 achepter quelques maisons ou place voysine du collège, de 
celles qui sont nécessaires, le P. Recteur escrivit à N. P. 
Général, et luy demanda congé de pouvoir employer les dix 
mille francs, que la ville debvoit pour nouveau bastiments, à 
telles acquisitions, si besoin estoit. Le R. P. Général respondit, 
par lettre qui se garde, qu'il estoit content pourveu que la 
ville Tagréast. 

Sur le commencement du mois de juin, le plan et dessein 
qu'on doibt suivre pour la bastisse du collège fut envoyé de 
Rome, ayant esté agréé et approuvé de N. R. P. Général, 
comme il appert par la lettre du R. P. Estienne Charlet, 
Assistant, où il tesmoigne telle est la volonté de nostre. 
R. P. Général. Le tout ayant esté agréé à Rome, veu 
Tagréement et signature dudit dessein ; par le R. P. Jean 
FiLLEAU, Provincial ; par le P. Paul de Barry, Recteur; par 
les PP. Gilles Verquieres; Pierre Mirallet; Jean de Larbre; 
Jean Perron, consulteurs du collège ; les advertissements sur 
ledit dessein, pour deux chefs qu'il faut corriger, et les infor- 
mations envoyées à Rome avec la susdite approbation, sont 
parmy les papiers du Recteur qui se doibvent garder. 

Quelques-uns de nos escholiers, ayants esté insolents à se 
battre et quereler, jusques à assigner le dueill, on se résoleust 
d'y mettre ordre, nommément qu'à la sortie des classes par 
fois on se battoit devant le collège, avec scandale des voisins, 
des passants et des autres escholiers ; donc en suitte estant 
arrivé qu'il y eut une grosse batterie comme cela, partie 
Philosophes, partie Humanistes, le P. Recteur en feit advertir 
Mon' le Président du Chaîne, qui sur le champ demanda le 
roole de ceux là, et commanda à un huissier de mettre en 
prison ceux qu'il trouveroit. Ce mesme jour, on en attrapa 
deux qui feurent emprisonnés, les autres se cachèrent, ayant 
sceu qu'on les cerchoit . Lesdits prisonniers demeurèrent 
cependant deux jours en prison, après quoy. Mon' le Président 
du Chaîne, les feit mener par un huissier au collège pour 
estre chastiès. L'un estoit Philosophe et l'autre Humaniste, 
et eurent tous deux le fouet. Au bout de quelques jours, on 
en attrapa un autre qu'on meit en prison. En tout cecy, arriva 
que les querelles cessèrent, et que nous eusmes une particu- 
lière obligation à Mon' le Président du Chaîne, qui se porta 
avec affection dans cest affaire pour le bien du collège. 

Quelques années passées, on avoit donné diverses attaques 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



à nos Régents de Philosophie qui achevoient le cours, pour 1634 

faire en sorte, que leurs escholiers soubstenants thèses, 
prinssent envie de prendre le degré de Mestre aux Arts en 
l'Université. Mon' le médecin de Foresta avoit tousjours 
proposé cela, ceste année il en parla plus puissamment avec 
Mon' Jean de Bosco, advocat, trésorier de l'Université; Mon' 
de MiMATA (*), Primissier, aussy le désiroit; mais les escholiers 
n'y voulurent entendre, pour creinte de la despense; et de 
plus, comme le P. Recteur en avoit escrit au P. Provincial 
pour scavoir sa volonté, ledit P. Provincial respondit qu'il 
n'estoit point d'advis que cella se feit; puisque les années 
passées cela ne s'estoit point practiqué, il désiroit qu'on 
n'innovast rien sur ce subject. 

Conme l'année passé, un P. Cordelier estudiant céans en 
Philosophie avoit soubstenu ses thèses en son église, pareil- 
lement ceste année, un P. Augustin soubstint les siennes en 
Téglise des P. Augustins; et conme il y eust un escholier qui 
dédia à N, D., d'Espérance et au Chapitre S'-Saupeur, Messieurs 
les Chanoines de S'-Sauveur prièrent le P. Recteur d'agréer 
que les thèses se soubstinssent en leur église, ce qui feut 
accordé; et les thèses se soubstindrent dans la grande nef 
de S^Saupeur, la chaire du cathédran et les autres chères 
estants disposées, comme nous les disposons céans en nostre 
église. 

Les deux beaux chandeliers d'argent que le P. Suffren 
avoit commandé en suitte de cent escus d'aumosne. pour ce 
subject, feurent achevés et rendus ; néantmoins, conme le sire 
EscAVART, orfebvre, qu'il les faisoit, les avoit faict de plus grand 
prix, il se treuva qui coustèrent cent et quatre-vingts escus, et 
y feurent payés par les susdits cent escus d'aumosne que 
l'orfebvre avoit déjà receu, et par cinquante escus que donna 
Mon' le Conseiller Marquesy (^), et par trente escus que le 
collège fournit, attandant quelque aumosnes. 

Sur la fin de juin, on receut les Bulles du Prieuré de 

(1) Jean Nicolas de Mimâta, fils de Charles et de Béatrix d'ETiSNNB, né à Aix. le 
10 déc. iS9>, mort le 15 avril 1667. Il fut chanoine de S* Sauveur et Tun des premiers 
recteurs de Thospice de la Charité. (V. de Haitze, Hisi. d*Aix. Livre XVI. ch. 2j). Il 
avait quatre frères : Joseph, Paul, Charles et François; l'un d'eux dut être avocat et 
l'un de ceux à qui le Parlement confia le soin de la justice dans la ville d'Aix, lors 
de la peste de i62<). 

(2) Honoré Marqubsi, fils de Jean, s*^ de Ramatublle, et d'Honorade d'HsiRiàs 
époux de Marguerite de Barrattb, reçu Conseiller au siège de la Sénéchaussée 
d'Aix, le 26 juin i6ji. 



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94 HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 



1634 Tourves qui coustèrent, rendues icy, six cents escus. Aussy 

tost on se meit en devoir d'en avoir l'annexe, et comme le 
Parlement finissoit au commencement de juillet, on la demanda 
à la Chambre des Vacations. Mon' le Président du Chesne 
y président, Mon' TAdvocat Général Decormis (Pierre), estant 
de service. Mon' le Conseiller de S' Marc (') présentant la 
requeste, incontinent Tannexe feut accordée. Et après tout le 
reste du mois, le commencement du mois d'aoust, Mon' le 
chanoine de Mimata ayant esté nommé Officiai par Mon' 
TArchevesque, et partant commis par le S' Père à cest affaire 
de l'union , on procéda à avoir les consentements, soit de 
Mon' le Prévost de Pignans, soit de Mon' le Prieur de Tourves, 
soit de Mon' TArchevesque. On feit de plus les enquestes 
nécessaires, et le tout ayant esté achevé peu de jours devant 
N. D. daoust, sentence ayant esté donnée et signée, le 
P. Recteur envoya prendre possession dudit prieuré, le P. Jean 
MoNiER, procureur dudit collège; et feut prise la possession, la 
veille de N. D. d'aoust, Mon' Amphoux , preb^tre natif de 
S-Zacharie nous mettant en possession, et Mon' Barthélémy, 
notaire de Tourves, recevant l'acte de possession. Le P. Voisin, 
qu'estoit allé avec le P. Monier, prescha le lendemain à 
l'église de la ville dudit Tourves, et les Consuls de ladite ville 
estant venus voir lesdits Pères au prieuré , tesmoignèrent 
laggréer ladite possession, et s'engagèrent en quelque façon, à 
a première assemblée qu'ils feroient, de tesmoigner par déli- 
bération ledit agréement. Mon' le Président Guérin (') se 
treuvant lors de ladite prise de possession dans Tourves, se 
porta avec une singulière affection pour nostre affaire, remons- 
trant aux Consuls et autres, le bien qui reviendroit à Tourves, 
de nous avoir pour Prieur. 

Le P. Recteur s'éstant prins garde despuis qu'il estoit en 
charge, que ses prédécesseurs n'avoient point remarqué tout 

(1) François de s' Marc fut Conseiller par la résignation d'Honoré de S* Marc, son 
père, par lettres données à Paris, le 16 avril 1614. Il épousa Magdeleine Dedons, fille 
de Pierre. Conseiller en la Cour. Il avoit été Primicier de l'Université en 1614. ^^ 
mourut en 1041. (V. P. Louvet, Hist. du Pari, de Prov, Mss. cit.) 

(2) Pierre Ouérin, s"" du Castellei de Sausses, fut pourvu d'un office de Procureur 
Général, ensuite de la résignation de Louis de Paule, par lettres données à Paris le 
17 fév. lOi^. et reçu le 19 mars suivant. Il fut plus tard, le 19 juin i6p, reçu Président 
Je la Cour des Comptes. 

Il épousa Sibille de Fourbin de la Roquf, de laquelle il eut deux fils, Jean-Baptiste, 
qui fut Président à la même Cour des Comptes, et Jean, chevalier de Malthe. Il 
mourut en 1649. (V. Esmivi de Moissac et Louvet. Hist. du Pari. deProif. Mss. cit.) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 95 



plein de particularités nécessaires à scavoir, pour le temporel 1634 

et autres affaires de ce collège, soit que les mémoires en 
leussent perdues, soit qu'on n'en eust point faict de remarqué 
par le passé, se résollut au mois d'aoust de ceste présente 
année, comme il avoit grande cognoissence de pleusieurs choses 
sur ce subject, comme estant en ce collège despuis sept ans , 
et ayant moyen de s'informer de ce qu'il falloit, de dresser 
une histoire despuis Testablissement du collège, et mettre les 
mémoires en train, pour estre poursuivies les années suivantes 
plus aisément ; de sorte que dans moins de rien, à la lecture 
de ce que dessus, on scaura Testât de tout ce collège ; ce qui 
sera une chose grandement profitable pour donner lumière de 
toutes les affaires à ses successeurs. Et conme jusques à main- 
tenant, en ce qui a esté dict, il n'a pas esté remarqué 
particulièrement quelles estoient les costumes particulières de 
ce collège dans la rencontre de ceste ville, comme aussy 
quelles estoint, despuis le commencement de ce collège 
jusques à maintenant, les meilleurs amis de la Compagnie en 
ceste ville, soit par bons offices, soit par tesmoignages d'amitié, 
soit par bons conseils et advis , soit par communication de 
bourse en nous prestant d'argent, il est bon et bien à propos 
de remarquer icy ces deux chefs, afin qu'on scache à Tadvenir 
les dites coustumes, et quels sont esté nos bons amys jusques à 
meiotenant. Et quoy qu'il soit mal aisé de n'en oublier quelqu'un, 
pour le moins aurons-nous cest advantage de faire cognoistre 
les principaux. 



Coustumes particulières a ce collège 



Au carnaval, on gaigne le pardon de 40 heures. Tous les 
jours deux sermons, excepté les dimanche, se disent. 

L'octave du S* Sacrement, sur les cinq heures du soir, le 
procession de la confrérie du S* Sacrement passant devant le 
collège, on a coustume auparavant de netoyer et balier la rue 



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9fj HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



1634 en ce qui est de nostre part, le long du collège qui tourne à 
la grand porte de la maison, où passe ladite procession. 

Le second de juillet, qu'est la feste de la Visitation de N. D., 
on a coustume despuis quelques années, de donner vacances 
aux escholiers matin et soir; quoy que ce ne soit pas une ieste 
commandée, le monde ne laissant pas de travailler, quoy que 
les boutiques soient fermées ; et il s'est rencontré, que comme 
quelque Recteur n'a pas voulu donner vacance ce jour-là, 
le monde en a fort murmuré, n^en ayant point esté édifié. 

Le 2 5 d'Aoust, qui est le jour de S' Louys, c'est la feste de 
Téglise de céans, et on a coustume d y exposer le S* Sacrement 
sur les quatres heures de la veille, en laquelle, quoy que ce 
soit le jour de S* Barthélémy, il n y a point de vespres (*) ; on 
donne néantmoins la bénédiction sur les 7 heures, conme aussy 
le lendemain à la mesme heure. 

Le I* de sept., qui est le jour de la feste S* Gilles, on a 
coustume de donner vacances tout le jour aux escholiers, 
estant un vœu de la ville, que tel jour on feroit feste , en 
mémoire et action de grâces du retour de la santé, lorsque 
la ville feut affligée de peste. Et ce jour, encor qu'on travaille 
dans les maisons, les boutiques néantmoins sont fermées. 

La veille de S* Luc, on a coustume d'inviter pour l'oraison 
du Rhétoricien, tous les Messieurs du Parlement et de la Cour 
des Aydes, les Consuls, principaux amys et apparents de la 
ville, conme aussy, pour ce qui est de l'ordre ecclésiastique, 
Mon' TArchevesque, quand il s'y rencontre, et les Messieurs de 
S* Sauveur ; néantmoins, l'invitation de Mon' l'Archevesque doibt 
estre telle, que se rencontrant avec le Parlement s'il venoit, 
qu'on scache auparavant quelles places doibvent avoir ; de 
mesme en est-il en cas que Mon' le Gouverneur y deubt venir. 
Et arriva à la S* Luc de l'an i6j j, que les deux Courts ayants 
assisté à Toraison, le chef du Parlement feit scavoir au P. 
Recteur, que la Cour n'y viendroit point, si Mon' l'Archevesque 
ou Mon' le Gouverneur y debvoit assister, et comme Mon' 
l'Archevesque et Mon' le Gouverneur n'avoient point esté 
invités pour ne scavoir où les placer, dans le concours des 
deux Cours qui ont coustume d'y assister toutes les années, 
il arriva que Mon' l'Archevesque se picqua de quoy on ne 
l'avoit point invité, et quoy qu'on allégast la raison que dessus, 
il n'en estoit pas content, disant que l'invitation se debvoit 

(1) Note en marge dans le manuscrit « Depuis qu'on a bâtit la nouvelle église, on 
(( les dit. » 



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HISTOIRE DU COLLEGE D*AIX 97 



faire, et que ce feust esté à luy de n y aller point, l'ayant 1634 

prié à mesme temps, de n*y venir point, en cas qu'il y eust 
danger de différents pour les places. 

Le 21 novembre, jour de la Présentation de la Vierge, 
comme c'est la feste de N, D, de Montaiga, et que le Pape y 
a donné indulgence pour sept ans (laquelle on fera renouveller 
de sept en sept ans, si ainsy il semble bon aux Recteurs qui 
suivront), les escholiers ont vacance tout le jour, et il y a 
vespres et sermon, et on expose le S* Sacrement à ladite 
chapelle de N. D. 

Le jour des Innocents, c'est la coustume tous les ans, que 
les Messieurs du Bureau ("), composé des Premiers Présidents, 
Doyens et Gens du Roy des deux Cours, des Consuls et de 
deux anciens Thrésoriers, se tient à ce collège, environ une 
heure après midy. Ledit bureau aux premières années se tenoit 
dans le réfectoire ; du despuis. Mon' Laisné, Premier Président 
de la Cour de Parlement, treuva bon qu'on le tint dans la 
salette. proche de l'entrée intérieure du collège, le lieu estant 
plus commode, pour n'estre point escouté ce que ces Messieurs 
disoint et faisoint. Pour l'appareill qu'on faict audit lieu, • 
consiste à une grande et longue table, couverte d'un pareill ou 
plusieurs tapis, et tout à l'entour des deux costés, autant de 
chaires que de personnes y doibvent assister; au bout de la 
table plus honorable, y ayant une chaire pour le Premier 
Président, qui préside à cousté de la grand table, un peu 
esloignè . 11 y faut aussy une table avec deux ou trois 
chaires, pour le greffier du Bureau et autre qui y pourroit 
estre. 

En cedit Bureau, on a coustume d'y traicter des affaires de 
l'Université et des estudes principalement. Aussy présente-on 
requeste sur ce subject , et pour nostre particulier , nous 
sommes grandement obligés aux Messieurs qui se sont ren- 
contrés audit Bureau jusques à meintenant, parceque quasi 
toutes les années, ils nous ont faict de bonnes aumosnes, en 
suitte des requestes que nous leur portions, et ce, de l'argent 
revenant bon, qui se treuvoit es mains du thrésorier et receveur 
dudit Bureau. Sur la fin du dit Bureau, il est à marquer que 
les Messieurs y assistant font appeler le P. Recteur, et celuy 



(1) Dans un cérémonial du Parlement que nous a communiqué M. le M'* de Lâgoy, 
nous trouvons, aux pages U) et m6, un chapitre concernant le Bureau de Bourbon. 
Nous le donnons aux pièces justificatives, sous le n*> 22. 

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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



i6j4 qui préside lui demande si le collège va bien, s'il y a bon 
nombre d'escholiers, si sont fascheux et obeyssants et choses 
pareilles; et toutes les demandes se font avec toute sorte de 
bienséance et d'honneur ; et il s'est rencontré pour l'ordinaire, 
que quelqu'un de ces Messieurs a demandé audit Recteur 
appelé, si tous les Régents estoint François, et conme ils ont 
esté jusqu'à meintenant tels, ou François ou de nation amye à 
la France, il a esté respondu conformément à leur désir. Sur 
quoy est à remarquer qu'au Bureau de i6ji, le greffier ayant 
entreprins de dire au P. de Barry, Recteur, comme il feut 
entré dans le lieu du Bureau, tout bas à l'oreille, de faire venir 
les Régents, que telle estoit la coustume, le P. Recteur luy 
respondit que ce n'estoit point la coustume. Et en effet, comme 
la seroit-elle ? puisque d'ordinaire en ce temps, on envoyé 
pourmener les Régents, ne restant que le Préfect et celluy qui 
à soin de faire réciter les escholiers qui récitent aux Messieurs 
du Bureau. Si est-ce que le greffier, nonobstant ceste répartie 
du P. Recteur, ne laissa pas de dire à l'oreille de Mon' le 
Président du Chaîne, qui présidoit audit Bureau, qu'il falloit 
faire venir les Régents ; mais avec tout cella, ledit Premier 
Président ne feit que les demandes cy-dessus couchées, et ne 
parla nullement de voir les Régents. Aussi seroit-ce une grande 
subjection et chose fâcheuse de faire comparoistre les Régents 
pour lors; et partant, pour éviter toute occasion, ils se treuvent 
bien à propos à la pourmenade. Comme tout le Bureau est 
faict et conclu, le P. Recteur fai et entrer quelques escholiers 
de la Rhéthorique, Humanité et Troisième, qui récitent aux 
Messieurs du Bureau quelques pièces, partie en latin, parties 
en vers françois et en grec, épigrammes, odes, dialogues et 
choses, pareilles, sans présenter aucun papier. Cella faict, 
les Messieurs donnent quelques vacances, quelquefois de trois 
jours, qui restent jusques au jour de Tan; ça esté pour l'ordinaire 
toujours conme cella. Néantmoins, au Bureau de l'année passée 
(i6jj), affin que ces trois jours de vacances ne passassent 
point en coustume, et affin que les Philosophes, qui d'ailleurs 
ont vacance en ce temps, peussent jouyr de la vacance que 
ces Messieurs donnent , le P. Recteur feit donner ces trois 
jours, aux trois mardys de l'année suivante, propres pour y 
avoir vacances. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 99 



BlENFACTEURS ET AMIS DE CE COLLÈGE, DESPUIS l'eSTABLIS- 
SEMENT, JUSQUES EN LA PRÉSENTE ANNÉE 16J4. 



Au commencement d'establissement de ce collège, pareurent 1634 
singulièrement estre nos amys : M. le Con*' Palamèdes Suf- 
FREN, frère du P. Claude Suffren; Mon' le Con*" Joseph 
MicHAELis; M. Melchior de Pierrefeu, Con"; M. du Per- 
RiER, le père, qui avoit une passion nompareille de nous voir 
establis en ceste ville, et disoit mourir content, puisque nous 
y avoit veu establis, et ne se pouvoit soûler de donner tes- 
moignage de ce contentement, soit en discours, soit en vers 
françois mesme, qu'il composoit sur ce subject; M. du Per- 
RiER, son fils, advocat très fameux, a hérité encore à ceste 
affection, continuant despuis ce temps-là jusques à maintenant, 
à toujours nous obliger et en qualité d*amy particulier et en 
qualité d'advocat du collège; M. le Comte de Bourbon, qui se 
treuva i*' Consul lors de nostre establissement; M. Antelme (^), 
estant Assesseur, tesmoigna avec passion le désir qu'il avoit 
de nous voir dans Aix, M. le Comte son fils (^), a tesmoigné 
et tesmoigné une pareille affection. En ces premiers commen- 
cements, pareut aussy une grande affection de M. Arnaud, 
doyen et le plus ancien chanoine de S*-Sauveur; de M. le 
Procureur Blanc (^), frère du P. Blanc, jésuite; de M. Tadvocat 



(1) Jean cI'Aiitelmy* avocat, fut Assesseur d*Aix, Procureur du pays, en 1620. Il 
était probablement fils de Jean d'ANTELMY. Conseiller au Parlement et de Jeanne de 
la CÉpèDB, sœur de Jean la CépkoE, cité plus haut. Il avait épousé une D'" de 
Masargubs et en eut un fils nommé Alexandre, qui épousa en 1646, Gabrielle d'ORQON 
de Puymichel. 

^2) Le mot comte, très lisible dans le manuscrit, doit être une faute. En i6j2, il y avait 
fort peu de comtés en Provence. On n'y connaissait que les comtés de Grignan, de 
Sault, de Carcbs, de Pourrières, du Bar et de Boulbon. Lisez plutôt Conseiller. 

'3) Le Procureur Blanc, appartenait probablement à la famille de ce nom qui a 
formé deux branches à Aix. La branche aînée, connue sous le nom de Blanc 
THuvEAUNE, s'est éteinte en 1848, après avoir fourni ? Conseillers au Parlement ; la 
branche cadette a donné deux Conseillers au siège d'Aix, et s'est éteinte en 1755, en 
la personne de Hyacinthe Blanc, religieux Augustin, puis chanoine et grand vicaire de 
Reims, Evèque de Joppé in partibus infidctium, 

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100 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



Ï634 Régis; de M. Janson, bénéficié à S'-Sauveur; de M. Bruis 

prebstr^; de M. le Con" Thouron; de M. le Con" de 
CuGES. En tout temps à esté signalé Tamitié de M. Louys 
Arnaud, Conseiller au Parlement et de Madame sa femme, 
qu'est de la maison d'ARÈNES de Marseille, envers ce collège; 
luy, par tesmoignage d'affection et confiance, et elle, par de 
pareilles preuves, et par sa continuelle dévotion à Téglise de 
céans, estant seule entre toutes les Dames, qui n'a jamais 
désisté, despuis le commencement, de fréquenter et se confesser 
en nostre église. Au nombre des bons amys, se peuvent encor 
loger : M. le Président de Galifet, M. le Président de 
Paule; m. l'advocat Augery, qui d'ailleurs est l'un des advo- 
cats du collège; le général André; M. le Con" de Peyrès; 
M. l'advocat Viany, qui durant une dizaine d'années ne nous 
ayant nullement aymés, assure-il, nous ayme avec passion; le 
Président Guérin, quoy qu'autrefois il ne nous vouloit guère 
du bien, maintenant il nous en veut autant que se peut; M. le 
Président de Réauville; M. le Président de la Breillane (^); 
le Conseiller de la Breillane(^); le Président de Séguiran; le 
: Président d'AvMAR, quand il a vescu, et maintenant Madame 
la Présidente sa femme (Anne d'ALBi) ; M. du Muy (^) et 
Madame du Muy sa femme; Madame la Présidente d'OppÈoE ; 
feu de M. le Conseiller de La Fare(^) et M. son filz meinte- 
nant Con"; Mon' le Con" de S*-Marc, quoy qu'autrefois il 

(1) Jean de Guiran, s** de la Brillanu, Président aux Enquêtes, fut pourvu à 
S* Germain, le 24 oct. 1O2O. ensuite de la résignation d'Henri Blancard, son cousin 
et reçu le 8 janv. 1627. Jean de Guiran, étoit second fils d'Honoré, s*^ de la Brillane 
et du Castellet, fameux jurisconsulte qui trois fut fois. Assesseur d'Aix, et de 
Polixène de Blancard, fille de Cristophe, Président aux Enquêtes. Il épousa Louise 
d*ARàNB, d'une famille noble de Marseille. Voyez Robert. (Esmivi de Moissac, Hist. 
du Pari, de Prov. Mss. cit.) y 

(2) Pierre de Guiran. s"^ de la Brillanne, fils d'Honoré et de Polyxène (Alias Hono- 
rade) de Blancard. fut reçu Conseiller à la Cour des Comptes, le 11 janvier lôjj. ^1 
avait épousé Claudine de Gaillard. 

(3) Probablement Jean de Rascas, Seigneur du Muy, ou bien François de Rascas, 
son fils, qui fut i" Consul, en 16^4, et 1646, et qui était marié à Marguerite de 
Pontevès-Monfroc. 

(4) François de Forbin, s»^ de la Fare, fils puiné de Jean de Forbin et de Claire 
de Perussis, frère de Vincent Anne de Forbin d'OppÈDS, Premier Président au Par- 
lement, fut reçu Conseiller à la Cour des Comptes, le 28 mai i6oç. Il épousa Lucrèce 
de Barthélémy S'« Croix et mourut le 27 août 1682. Il est tige des Forbin connus 
sous le nom de Forbin S'" Croix et plus tard Forbin des Issarts. 

André de Forbin, son fils aine, lui succéda dans son oflice de Conseiller à la Cour 
des Comptes, où il fut reçu le 20 sept. 16? 2 ; il épousa Catherine de SÉGUiRâH et 
mourut le 6 déc. 1669. 

André était frère de Vincent, Grand Prieur de Toulouse. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 101 

ne nous aymast pas tant; les MM. de Salignac (^) M. Ra- 1634 

pelin(^), père et fils; M. Thomassin (^), Advocat Général des 
Comptes, qui c'est tousjours opposé, au Bureau et ailleurs, où 
se présentoit l'occasion de parler de nos affaires: et M. Tho- 
MAssiN, Advocat Général, son frère; M. le Théologal Rafaelïs; 
M. le Général Capeau (*) ; M. le Con" de Perier (^) ; . 
M. radvocat Buisson, père et fils; M. le Con" de Rougnac (^); 
M. le Con*' Aymar (^); M. le Greffier Orcin; M. deNiBLEs(^); 



«1; Le nom de Salignac était porté en io?2, par une des branches des descendants 
de Jean de Matheron que le Roi René appelait son bon compère et qui joua un rôle 
important en Provence, sous le règne de ce prince et sous le roi Charles VIII. 
[V. Rues d'Aix, I, p. 470 et suiv.) 

Ceux dont parle le manuscrit pourraient être Melchior de Matheron-Salignac, fils 
de Joachim, qui épousa Eléonor de Borhl et eut de ce mariage, Antoine de Matherok 
qui n'eut pas de postérité de Claire de Forbin-Gardanne, son épouse. 

(2) Philippe de Rapelin, s*" d'Upio ou du Pio, fut second Consul d'Aix en 1625. Il 
devait être fort âgé, car sa fille Yolande de Rapelin était la grand mère de Jean 
Scholastique Pittow, l'historien d'Aix et de son Eglise. Philippe de Rapelin était 
fils de Jean-Baptiste, gentilhomme de Grenoble, secrétaire du comte de Tende 
,V. Pitton. Hist. d*Aix, p. 149.) 

(3) Joseph de Thomassin, s' de Taillas, fils de Jean André ist de Catherine d'EsTiENNE, 
marié à Jeanne de Latil. Il fut reçu Avocat Général à la Cour des Comptes, le 
26 octobre 1607, et mourut en 1640. Ses deux frères, Jean Etienne et Alexandre 
avaient occupé avant lui la même charge. 

(4) Lazare Capel, (en provençal Capèu), fils de Balthazar et de Madeleine de 
S' Jacques, époux de Chrétienne du Chaîne, fut reçu Trésorier Général de France, 
le 19 décembre 1012. 

(5) Julien de Périer, seigneur de Clumans d'Auronville et de la Traille, fut reçu 
Conseiller, le 10 mars 1599, dans l'ofiîce de Balthazard, son père, qui mourut le Jour 
que Julien passa docteur, en sorte que son ofiice était impétrable ; mais le Roi, en 
récompense des services de son père, qui avoit été un de ceux qui se retirèrent à 
Pertuis, où ils reconnurent Henri IV, pour légitime successeur à la couronne, admit 
la résignation et lui fil expédier ses provisions, par lettres données à Paris, le 
II août 1^98. En considération des mêmes services, Louis xiii décora les armes de 
PéRiBR d*une fleur de lys d'or sur le devant d'une aigle déployée qu'il ajouta au 
poirier qu'ils portoient auparavant. Pendant la contagion de lO^o, Julien eut la garde 
du petit sceau pour sceller les expéditions de la Chambre de Pertuis. Etant Doyen, 
il résigna sa charge à son fils, sous la réserve de la survivance, par lettres données 
à Paris, le io;6, vérifiées le 9 déc. suivant. Il en continua l'exercice jusques à sa 
mort arrivée deux ans après. Il avait épousé Françoise de Dcmandolx, fille du 
s' de la Palud. Cette famille est originaire de Moustiers. Voyez Robert. (Esmivi de 
Moissac, Hisi. du Pari, de Prou. Mss. cit.) 

(6) Jean d'ARBAUD, s' de Rognac, fut pourvu à Paris le 8 juin lojj, de l'office de Lazarin 
de SuFFREN, qui l'avoit résigné à Pierre d'ARBAUD, son beau-père, Conseiller aux Comptes. 
Mais ce dernier s*en démit en faveur de Jean son fils, lequel fut reçu le 25 nov. même 
année. Il épousa Anne du Chaîne, fille de Nicolas, Conseiller en la Cour, dont il 
n'eut que deux filles mariées aux S" Thomassin et de Beaumette, aussi Conseillers. 
Il mourut vers 164J; sa veuve épousa en secondes noces L. de S' Marc, mort Doyen 
de la Cour. ^Esmivi de Moissac, Hist. du Pari, de Prov. Mss cit.) 

(7) Jean Bernard d'AvMAR, fils d'Antoine Aymar, marié à Honorade de Coriolis, 
reçu Conseiller à la Cour des Comptes, le 24 mai 1614. 

(8) François d'ANDRÉA, fils de Jacques et de Delphine d'EsTiENNE de Mimet, acquit 
la terre de Nibles en 1615, et épousa en 1O08 Honorade de Bermond-Penafort. 



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102 HISTOIRE DU COLLÈGE d\|X 

i6}4 M. le Cens" Duranty; M. le Greffier Estienne; M. le Cens" 

de BoYER (^); M. le Con*'' Balon. U y a quantité d'autres 
bons amys ; selon que la mémoire m'a servy j'en ay nommé 
quelques uns : si ne faut-il pas oublier M. Joseph Covet, 
advocat; M. Jean Pierre Fouques, advocat; M. Carbonel, 
advocat; M. Jean Debosco; M. de Mimata, advocats, et M. de 
MiMATA, chanoine de S -Sauveur, grand vicaire, qui mérite 
bien des premiers rangs parmy nos amys, comme nous ayant 
singulièrement obligés, nommément en Taffaire des Bulles du 
Prieuré de Tourves. II ne faut pas oublier M. le Président 
Mosnier; m. Margaillet, Doyen des Comptes; M. de Vergon, 
Procureur du Roy; M. Gantés, advocat du Roy, l'un et 
l'autre au Parlement; M. Jacques Gèdes, advocat; M. de 
Beaumont, le consulaire {^); M. Boniface Pelicot, advocat et 
M. Boniface Pelicot, son nepveu, Prévost de S -Sauveur; M. 
le Receveur Troullas; M. Heraud; M. Abeslon, Procureur: 
M. Billon; m. de Foresta, médecin; M. Martin, médecin; 
M. Martin, baile deS-Sauveur; M. Reynard, M. Codolenqui, 
marchants; M. Everard, huissier; M. Alfant, solliciteur, lors- 
qu'il vivoit, et M, Bremond aussy solliciteur; M. Andriot, 
advocat; M. Vincents, l'huissier; M. Biendisant, M. Mour- 
GUES, advocats; M. Gazel, M. le Lieutenant Bonfilz, et autres 
qu'il est mal aisé de desduire, principalement par ordre, 
comme je n'en ai point gardé aux seuls mentionnés, ni en ce 
qui est de l'affection, ni en ce qui est de la qualité, mais, 
comme ils se sont présentés à la pensée. Si ne faut-il pas 
oublier les officiers de la maison, qui au soin qu'ils ont de 
nos affaires, de ce qui nous touche, tesmoignent assés l'affec- 
tion qu'ils ont pour nous, tels que sont M. Broilla, médecin, 
et Mon' son fils aussy médecin ; M. BiGAR,apoticaire; M. Brun. 
cirurgien ; M. Beusin, notaire. 

S'il est vray que les bons amys se cognoissent à la bourse, 
il faut advouer que le P. de Barry, Recteur, a recogneu de 
bons amys, dans l'occasion des affaires qu'il a eu, et nécessité 



(1) Jean-Bapliste de Boyer d'Eguilles avoit été reçu Conseiller, le ii juin Ux)4, 
dans l'office de Joseph Griffon, s*^ de S' Césaire. Il étoii fils de Vincent de Boyer. 
reçu Conseiller en 1571, et de Louise de Coriolis, et étoit de la même famille que le 
Président de Boyer-Bandol. M avoit épousé Claire de Garron, fille de Jean Garrox. 
auditeur de la Chambre des Comptes, qui avoit apporté des provisions de l'orticc de 
Joseph Griffon, mais n'ayant pu être reçu, il la résigna à son gendre. (Esmivi de 
Moissac, Hist. du Pari, de Prov. Mss. cil.) 

(2) Nicolas de Beaumont, Consul en 1021, ou François de Beaumont. second 
Consul d'Aix, Procureur du pays, en 165 1. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 103 



d'avoir de l'argent et emprunter; soit pour le manquement des 16J4 

gages à payer au collège, qui feurent arrestés en certein temps ; 
soit pour six cents et tant d'escus dont falloit payer la Bulle; 
soit pour autres affaires. Les cy dessoubs mentionnés ont tes- 
moigné estre bons amys, qui plus, qui moins, luy ayant preste 
argent, non pas tous à mesme fois, mais à divers temps, et 
selon les occasions qu'il falloit remplacer les debtes, attendant 
l'entier payement et extinction de tout debte. M. Chanut dict 
de Revers presta cent escus; M. le Thresorier Gaillard (^), 
quatre cents et tant de francs; M. le Procureur Heraud, en- 
viron cent escus; M. Antoine Maurel, deux cent escus; 
M. Baissely de Marseille, deux cents escus; M. Chateauneuf 
de Négreus, deux cents escus; M. le Conseiller de Rognac, 
cent escus; Madame la Conseillère de La Fare, la mère, en- 
viron cent cinquante escus; M. le Conseiller Michaelis, cent 
escus; M. Tadvocat Saurin (^), environ deux cents francs: 
M. le Greffier Estienne (^), deux cents francs; M. Perrin, 
marchant, deux cents et tant d'escus; M. le Greffier Orcin (^), 
cent escus; Madame la Présidente d'OppÈOE, environ cent 
escus pour de petits emprunts de dix escus environ plus ou 
moins; Madame d'ARNAUo, Conseillère au Parlement, nous y 
y a obligé, comme aussy M. l'advocat Fouque, M. Everard, 
huissier, sans oublier M. le Receveur Troullas, qui nous a 
preste pour des amys, une fois cent francs, une autre fois 
cinquante escus. 

Environ le sixième d'aoust, le P. Recteur entreprit de mettre 
la cour du collège en estât qu'elle feut délivrée des vieux 
bastiments, qui y servoient pour le réfectoire et autres offices; 
ce qui feut continué jusqu'à la fin de ceste année, ayant dis- 
posé de telle façon le dessein, que le réfectoire et autres 
offices se treuvèrent ailleurs, avec quelque peu de despense, 

H) Pierre de Gaillard, s*" de Ventabren, fils de Gilles de Gaillard-Lonjumeau et 
de Marie de Charron, fut Trésorier Général des Etats de Provence. Il avait épousé, 
en 1619 Marquise de Villages, fille de César et de Madeleine de Covet dont il eut 
6 fils et 6 filles. L'un d'eux, Jean de Gaillard fut Evèque d'Apt ; une des filles, 
M"* de Venel, fut sous-gouvernante des enfants de France. (V. Artefeuil I, 4?i ; Robert 
II, iio; Roux Alpheran, Rues d'Aix^ i, l'X».; 

1,2) Il ne peut être question ici du célèbre jurisconsulte, Joseph Ignace Saurin, né à 
Aix le 29 décembre 1641. Il s'agit probablement d'Antoine Saurin, doyen des profes- 
seurs en droit de l'Université d'Aix, père de l'illustre Joseph Ignace Saurin. 

f3) Paul d'ETiENNE, s' du Bourguet, fils de Jean, a succédé à son père comme 
greffier criminel au Parlement, en 1604. Il avait épousé Lucrèce de Vintimille du Luc. 

(4> Melchior Orcin fut reçu greffier criminel du Parlement, le 10 mai i62<;. Il avait 
épousé N... de Chazelles. 



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104 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

i6?4 de sorte que, la cour du collège en parust très belle, longue 

de vingt canes et large de dix, et le réfectoire nouveau et les 
offices beaucoup plus commodes que devant, et nullement exposés 
au passage des séculiers, comme estoit auparavant les autres. 
Le P. Recteur print ce dessein pour mettre le collège en 
quelque bien séance, car c'estoit une chose honteuse à veoir, 
dans une ville d'Aix, de rencontrer la cour de leur collège, 
sans cour, et embarrassée de ses vieilles masures, qui en quel- 
ques endroicts menassoient de ruine. De plus, son dessein estoit 
de mettre le collège en tel estât, qu'estant en quelque bien- 
séance et commodité pour les nostres, il se peust passer des 
maisons voisines, dont on aura un jour besoin pour le grand 
dessein du collège, mesmes les quarante et cinquante années; 
et cependant, se treuveront de fortune, Dieu aydant, et des 
bienfaicts, avec lesquelles tout à loysir on pourra achepter les- 
dites maisons nécessaires, là ou autrement. Si on nous voyoit 
dans la nécessité de les avoir bientost, on les survendroit à 
bon escient. Et quoy qu'il y aye heu quelque despense en ce 
changement, soit pour abattre les vieux bastiments, soit pour en 
faire quelque peu de nouveau, Targent que le P. Recteur y a 
employé est un argent de diverses aumosnes qu'on lui avoit 
donné; dont arrive que le collège n'en feut nullement grevé, 
pour n'y avoir esté employé ni l'argent du revenu du collège, 
ni rien de deux mille francs que le collège tira ceste année de 
la ville, pour les bastiments nouveaux à faire ; et l'argent em- 
ployé à ceste despense, est le provenu; de cent escus que 
M. le Maréchal de Vitry donna d'aumosne; de cent francs que 
donna un amy; de cent francs que donna le Président du 
Chaîne d'une amende ; et ainsy d'autres amendes applicables à 
cela, comme celle du Président Monier de deux cent livres, 
et un autre du mesme, de cinquante. 

Environ ce temps, M. le comte de Bourbon, ayant eu 
quelque dessein de rendre le capital du légat de feu son père, 
le P. Général en ayant esté adverty par le P. Recteur, agréa 
fort que ledit S' Comte le feist ainsy, ce qu'il reviendroit à bon 
escient au profit du collège en cas qu'il le rendit; parceque 
si bien il n'y a que cent escus de rente annuelle, pour les- 
quels suffiroit deux mille escus de fonds; rendant le capital, le 
testament l'oblige de rendre deux mille cinq cents escus, ce 
qui estant mis en pension, porteroit de revenu le mettant à 
six et quart, comme il se faict en ce temps, environ cent 
quarante escus. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 105 



Le troisième de septembre, le Consul de Tourves M. Boni- 
face, avec un autre habitant dudit Tourves, vindrent saluer le 
P. Recteur en qualité de Prieur de S'-Pierre de Tourves. 
nouvellement acquis au collège, tesmoignants en estre bien aise; 
et de la part de leur commune, luy offrirent quelque présent , 
scavoir est; une boitte de saffran et quatre boittes de brignole. 

Sur la fin de septembre, M. Tadvocat Antelmy, à qui appar- 
tiennent les moulins voisins du collège, ayant dessein de vendre 
une place vuide qu'est entre son moulin et le réfectoire qui est 
à présent, jadis une classe, à M. Beaumont, le P. Recteur 
achat d'entrer dans le mesme marché qu'avoit faict ledit 
S' Beaumont pour ladite place, comme nécessaire avec le 
temps au collège, le marché estant à sept cents francs. Tout 
estoit dans l'accord et ne falloit plus que contracter, M. Beau- 
mont n'y faisant plus dessein de l'avoir; mais arriva que 
M. Meynier, qui a des prétentions à cause de sa femme, sur 
ledit moulin et place, s'y opposa et remonstra au P. Recteur 
ne passer pas plus outre, qui luy en feroit fère des défenses 
par la Cour; ce qu'estant ainsy, la chose demeura là, pour les 
raisons dudit sieur Meynier. Il est aisé à le voir, dans un 
papier qui traicte de cest affaire; ledit papier est aux archives 
du collège. 

Sur la fin du mois de septembre, Charles Faber de S' Tropès, 
qu'estoit rhétoricien ceste année en ce collège, dans le dessin 
d'estre jésuite, après avoir obtenu congé et bénédiction de 
son père, qu'il estoit allé voir sur cesubjet, s'en alla au novi- 
ciat d'Avignon où il feut receu. 

Sur le commencement d'octobre, Mon' de Rouillas, Prieur 
de Tourves, qui avoit logé céans tout le caresme, et à d'autres 
rencontres de quinzeines de jours, se résoleut de demeurer 
au collège, autant qu'il seroit agréable aux Supérieurs, en 
suitte d'une lettre qu'il avoit receu du P. Général, qu'il luy 
en donnoit en quelque façon la permission, quoy qui luy 
conseillast de ne le faire pas, alléguant qu'il seroit mieux servy 
en quelque maison voisine, proche du collège. Il y vint néant- 
moins, et y feut tout le reste de l'année, prenant sa réfection 
au réfectoire avec le commun, ne venant néantmoins par 
discrétion à la première table, que les samedis et dimanches, 
affin de donner occasion aux Religieux de faire plus librement 
leurs pénitences au réfectoire. Il choisit néantmoins le samedy 
pour venir en première table, afin de faire luy mesme quelque 



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i06 HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 



f6}4 pénitence par dévotion, comme souvent il a faict ; et par lettres 
il a communiqué ce qu'il en faisoit au R. P. Général. 

Sur la S* Luc, le collège reprint les estudes. Le nouveau 
Philosophe feut le P. Jacques Lambert, et le Rhétoricien le 
P. Pastourane et le Préfect te P. Jean Malavallete, y 
ayant eu du changement pour la grande congrégation, le 
P. Jean Alby en prenant la charge, comme le P. Pastourane 
de la petite. La harangue du Rhétoricien réussit fort bien, 
dont le subject estoit Un Vœu à S" Magdeleine, tout à ses 
louanges ; et l'occasion en feut, que ledit P. Rhétoricien, 
s'estant trouvé malade à Lion dangereusement, quelques semai- 
nes avant la feste de S'* Magdeleine, se scachant destiné 
à la Rhétorique d'Aix, fit vœu aux approches de la S** Mag- 
deleine, que s'il se pourtoit mieux, il feroit sa harangue 
pour l'ouverture du collège, des louanges de S" Magdeleine. 

Il eust fort bonne compaignie en ladite ouverture ; les deux 
Cours souveraines y assistèrent, scachant que M' l'Archevesque 
ni debvoit pas venir ; car comme il s*estoit offensé Tannée 
auparavant, de ce que qu'on ne l'avoit pas invité pour y venir, 
le P. Recteur ne manqua pas à ceste fois de Tinviter, et à 
mesme le prier de n'y venir point ; car l'année précédente, 
faisant ses plaintes audit P. Recteur, il luy avoit dict: «Au 
moins me debviez-vous inviter et à mesme me prier de n'y 
aller pas, pour les inconvénients qui pourroient arriver ». Et 
comme il se fachoit fort, de n'y venir point, le P. Recteur 
luy dict, entre autres raisons, que les deux Courts y estant, 
on ne scauroit où le loger ; car se mettre . vis-à-vis de celuy 
qui harangue, hord du rang des Messieurs, ils ne le veulent 
pas souffrir ; de se mettre au mesme rang, au bout de chasque 
Cour, cella ne se peut aussy, parceque survenant quelques 
uns de nouveau des anciens, comme quelques-uns reculent, 
il faudroit que TArchevesque reculast et changeast de chère, ce 
qui seroit indécent ; outreque, il ne se trouvoit pas au mitan 
pour estre vis-à-vis de l'orateur. Une autre raison très bonne, 
c'est que les Cours y estant et l'Archevesque ensemble, il seroit 
malaisé, de donner un tiltre commun à tous, en les apostrophant 
et saluant, de mettre un devant l'autre, c'est ce qui en offenseroit 
quelques-uns. Il acquiesça à ces raisons et ne veint point. 

Aussy tost après l'antrée des estudes, les Consuls (^) prièrent 

(1) Consuls et Assesseur, depuis le i" nov. i6j^, jusqu'au ji oct, r6j4 : 
Messire Scipion de Villeneuve, baron de Vence ; M. Claude Augeri. Assesseur : 
M. Gaspard Avdibbrt, écuyer; M. Jean-Baptiste Arnaud, écuyer. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 107 

le P. Recteur de donner charge à quelqu'un du collège du 1634 

dessin de l'entrée qu'ils vouloient faire, à M. le Marquis de 
S* Chamont (^), qui venoit en Provence en qualité de Lieu- 
tenant du Roy. Le P. Recteur donna cesoinau P.Pasturane, 
Rhétoricien. Ce dessein feut trouvé beau; du despuis il a esté 
imprimé dans un petit livret intitulé : Téapanthe ou le rencontre 
des dieux à Pantrée de M' de S' Chamond dans la ville d'Aix. 
Ce dessin feut trouvé autant aggréable que les deux qu'on 
feit il y a deux ans, aux deux entrées qu'on feit à M' le 
Maréchal de Vitry, la première en qualité de Gouvernant, la 
2* en qualité de Gouverneur. L'imprimé de la première portoit 
pour titre : La Garde du lis et celui de la seconde: Le bonheur 
de la mile dAix. 

Au douzième d'octobre, Mess, les Consuls commancèrent à 
donner la première paye des dix mille francs qu'ils doibvent 
au collège pour la bastisse. Ils donnèrent donques deux miile 
francs, dont d'abord on paya quatre cents francs pour les 
seuraussements faict aux despans du collège, sur la congréga- 
tion de Messieurs ; du reste de l'argent on en continuera les 
bastiments. 

Environ ce temps, les Mess'* de la congrégation ayant 
proposé au P. Recteur de s'obliger à entretenir le toict 
qu'ils avoient faict à leurs despans, sur le suraussement de 
la dite congrégation, respondit qu'il ne faisoit aucune difficulté 
à cella, et que le collège en son temps fairoit raccommoder 
ledit toict comme de raison, puisque nos chambres estoient 
immédiatement dessoubs. De mesme, ayant demandé que le 
porche devant leur congrégation leur feut agrandi, donnant 
un espace plus grand, le P, Recteur respondit que cella se 
fairoit, et que le dessein mesme du bastiment du collège le 
portoit ainsy; que pour s'y obliger, ne sembloit point tant à 
propos, ny à l'un ny à l'autre, puisque la chose parloit de 
soy-mesme. Ces Mess" néantmoins faisant instance là -dessus, 
le P. Recteur en escrivit au P. Provincial, qui respondit 
qu'il ne falloit point s'obliger à cella, ni à l'un ni à l'autre 
chef, que les Recteurs du collège n'auroient garde de rien 
altérer en tout cella, qu'il estoit raisonnable que leur porche 
leur feut gardé, et que le collège réparast le toict. 

'1) Melchior Mille de Chevrières, M'« de S* Chamond, premier baron du Lyonnais, 
Chevalier des ordres du Roi, nommé Lieulenanl du Roi, en Provence, en 16^2, après 
la mon du Chevalier de Guise. Il fui remplacé, en 1655, par Jean de PoNTivks 
comle de Garces. (V. Abbé Robert, I, p. i^; de Hailze, Hist. d'Aix. XV, ch. 20. 
Statistique des Bouches-du- Rhône, II, p. 106.) 



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108 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



1634 ^" commancement de décembre, les Mess" du Chapitre 

de Pignans donnèrent quelque témoignage de leur ressenti- 
ment, $ur ce qu'ils n^avoient point esté appelles à Tunion de 
prioré de Tourves, comme estant de leur despendance. Le 
Chapitre députa un de leurs corps au P. Recteur et à Aix, 
pour consulter l'affaire ; et comme ledit député demanda au 
P. Recteur, qu'on se résollust de donner quelque charge de 
blé en recognoissence, comme Ton en avoit donné au Prévost 
de Pignans, et qu'il eust fallu les avoir appelles à l'union, le 
P. Recteur respondit que son conseill n'avoit point porté de 
les appeller, M. le Prévost de Pignans ayant tout pouvoir de 
le conférer indépendemment d'eux ; néantmoins, pour éviter 
procès, qu'il estoit tout prest de s'en tenir à ce que diroient 
deux amis communs de part et d'autre, bien entendus à tels 
affaires, à quoy ils ne voulurent pas entendre, ouy bien 
pour traicter de ce que nous voudrions donner, et non pas 
scavoir si nous voudrions donner. Le P. Recteur persista à 
sa response, son conseil le portant ainsy, et la chose en 
demeura là. 

Les aumosnes qui ont esté données ceste année, ou à la 
sacristie, ou à l'église, reviennent environ à 900 escus, comme 
il appert par le livre des bienfaicteurs. Les principales prove- 
nant de 100 escus de M. le Maréchal de Vitry; de 100 
francs d'un amy intime ; et j diverses amandes. Tune de 200 
livres, l'autre de 100 livres, l'autre de 50 livres, et quelques 
autres. 



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CHAPITRE CINQUIÈME. 



Le P. Hugues Guillaume 
4^ Recteur, 



E 12 janvier, le P. Paul de Barry, Recteur du ce qui sesi 
collège depuis trois ans et demy, quitta la passérani6?5. 
charge d'iceluy pour s'en aller à Chambéry, 
au P. Hugues Guilleaume, envoyé de Lion 
pour cest effect. 
A son entrée, le collège se treuvant endebté de 1 5.296 livres, 
de laquelle somme 10.775 payoient interest à M. Duranty 
Conseiller, M. Bolier et M. Vincent, le reste consistoit en 
debtes à jour, contractées par Tachapt de la bastide de 
S'-Alexis, qui estoit de 11.000 livres; par les réparations qu'on 
y avoit faict de mille livres; par les emprunts faicts pour 
obtenir les provisions du prieuré de Tourves, qui estoit de 
700 escus, et autres nécessitez de la maison, à laquelle on 
debvoit de debtes à jour, environ 4.327, dont une partie estoit 
asseurée, l'autre non. 

Au commencement de febvrier, jour de la Purification, le 
P. Recteur receut les derniers vœux du P. Jehan Monier, 
de coadjuteur formé spirituel, demandant Taumosne selon la 
coustume. Mad. d'OppÈoE (*) luy fit présent, de cent escus 
qu'elle avoit preste quelque temps auparavant au collège, en 
sa nécessité. 

(l) Aimare de Castellane la Verdièrb qui survécut à son mari Vincent Anne de 
Forbin d'QppÈDE, Premier Président au Parlement, mort en i6ji. On rapporte que 
le 18 janvier 1649, à l'époque des troubles du Semestre, elle sonna elle-même le 
tocsin au clocher de S'-Sauveur. 



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110 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

1635; Quelques escholiers de droict et de médecine, s'estant 

témérèrement ingérez d'employer, environ le carnaval, nos 
escholiers à des jeux et farces indécentes, et ayant obtenu que 
quelques uns des Mess, du Parlement en feroient la demande 
au P. Recteur, il a arresté ce coup, leur lisants les vers 
insolents qui estoient dans ceste pièce. 

L'on a taict trois réceptions en ce collège ceste année ; la 
r* a esté de M. de S* Chamon, venant en ceste ville en 
qualité de Lieutenant du Roy, à qui fut faicte l'acte de la 
Théopante ou Rencontre des dieux, à laquelle avoit travaillé le 
Rhétoricien ; la 2'"* à esté à M. le cardinal de Lion, qui passant 
par icy pour Rome, feut receu en nostre église par des 
escholiers, qui luy présentèrent diverses pièces imprimées sur 
le satin, avec les armes en or ; la î*"* a esté celle de M. le 
Maréchal de Vitry, retournant de Paris. 

Le collège, sentent les incommodités pour le payement qu'il 
falloit faire par an, de 654 des intérest de la somme prise 
pour Tachapt de la bastide de S*-Alexis, à la visite du R. P. 
FiLLEAu, Provincial, délibéra de la vendre, après plusieurs 
consultations faictes sur ce soubject ; pour ce. Ton fit informa- 
tion signée du R. P. Provincial, son compagnon, le P. Recteur 
et ses consulteurs, qui portoit qu^il falloit la vendre, s'il se 
treuvoit achepteur: i"* parceque elle estoit trop eslongnée, et nos 
PP. en esté n'y alloient point ou avec regret; 2** parcequ'elle 
ne portoit que 20 escus ou environ de rente annuelle, tous 
frais faicts; j* parceque autrement, ce collège s'engageroit avec 
excès, payant de si gros intérests et tirant si peu d'icelle. Ces 
considérations leues à Rome et représentées à la Congrégation 
de RitibuSy elle donna liberté de l'aliéner, ce qui fut faict l'an 
suivant. 

Le P. Séguiran(^) tint ceste année la chère de S'-Sauveur, 



(1) Gaspard de Séguiran naquit à Aix, en i5(>8. Les succès qui accompagnèrent ses 
premières études, furent la suite de la solidité et de la pénétration de son génie. 
Après qu'il eut fini sa Philosophie Jl entra dans la société des Jésuites, le i"*^ janv. i;84. 
Il enseigna successivemeni la Grammaire, l'Eloquence, la Philosophie et la Théologie, 
avec beaucoup de réputation. Séguiran avoit tous les talents qui font les grands 
hommes; il ne fallait que converser avec lui pendant quelque temps, pour les recon- 
naître; lui seul les ignorait. Sa modestie ne fit pas illusion à ses supérieurs; pendant 
qu'il professait, ayant été chargé de quelqnes sermons, il s'en acquitta avec des 
applaudissements qui leur firent comprendre combien il réussirait en ce genre. Ils le 
retirèrent de l'eEseignement, pour lui faire commencer une carrière qu'il a remplie 
pendant 40 années de la manière la plus utile. Henri iv l'avait eu en haute estime, et 
en 1621, Louis XIII qui ne l'aimait pas moins que Henri IV, l'appella auprès de 5a 
personne royale, en qualité de son confesseur et de son prédicateur. Quand il 
retrouva sa liberté, il s'adonna entièrement aux œuvres de piété que son zèle ardent 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D*A1X 111 

avec un concours et applaudissement extrordinaire ; le P. Ni- 1635 

colas S' RiGAUD, celle de la maison ; et toutes les Maisons 
religieuses de filles se servirent des nostres pour les exhorta- 
tions de leurs chapelles. 

Mess, du Parlement d'Aix, ayants eu cognoissance au mois 
de juin, qu'un livre pernicieux, composé par M. Gaillard, 
advocat hérétique, avoit esté mis en lumière et apporté en ceste 
ville, le mirent es mains du P. Recteur et de ceux des nostres 
qu'il voudroit prendre avec soy, pour l'examiner et en porter 
leur jugement, qui fut qu'il estoit un recueil des hérésies de 
Luther et Calvin, contenant de blasphèmes contre la Vierge et 
les Saints ; partant, par arrest de la Cour, il fust bruslé par main 
de bourreau à la place des ^Prescheurs. 

L'affaire des francs fiefs ayant esté mise ceste année sur le 
tapis, nous avons obtenu à la première demande, exemption 
comme il sembloit raisonnable, laquelle a esté vérifiée de Mon' 
TArchevesque. Aussy semble-il que de droict nous en estions 
exempts; T parceque nous n'avons nostre bastide de S* Alexis 
que despuis deux ans ; 2** ce collège est royal, et subséquement 
exempt : j* elle n'est pas payée, mais deue, et l'argent d'icelle, 
pris à intérest. 

Le R. P. Général a envoyé ceste année de lettre de partici- 
pation des suffrages de la Compagnie à M' TEvesque de 
Grasse, pour avoir assisté de son affection le P . Jehan 
CoRDERius, portugais, arresté par Mon' le Maréchal de Vitry 
et par ordre du Roy, sur les costes de Provence, avec 
plusieurs espagnols, au temps auquel les Isle^ estoient récem- 
ment prinses. De plus, il a envoyé des mesmes lettres à 
Mon' le Président Monier et à Mad* la Présidente d'OppÈDE, 
comme insignes bienfacteur de cette maison. 

On a receu la profession de foy de plusieurs hérétiques. 

Notre frère Ruffy, disposant de ses biens à la fin du 
noviciat, en faveur de son grand -père qu'il establit héritier, 
légua 1000 livres à ce collège, à prendre sur une constitution 
de rente, pro rata de 1 500 livres qu'il a sur la commune de 
Tourve. Le P. Filleau, pour lors Provincial, assigna de ceste 
partie, la somme de 400 livres au noviciat d'Avignon. 

Nostre frère Louis Lombard, entrant à Paris au noviciat, par 
la disposition de ses biens, légua au collège de Roan, 1000 livres, 

lui suggérait. Il ne termina ses pieuses occupations qu'avec sa vie. Il mourut à la 
maison professe de Paris, dont il avait été Recteur, le 21 nov. 1644, âgé de 74 an$. 
(V. Achard, Dict, des Homm, Ht. de Prou,) 



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112 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



16 3 5 autant à celuy-cy ; mais Timportunité de sa mère a obligé à se 

contenter, pour nostre part, de 860 livres pour toute la susdite 
somme. 

Mon' Raphaelis (*), Théologal de Téglise S'-Sauveur, 
estant à Rome, où il avait accompagné d'icy M. le Cardinal 
de Lion (du Plessis de Richelieu) et y mourant, nous a 
laissé en légat sa bibliothèque, comppsée de 700 livres ou 
environ, avec les estagières et table d'icelle, le tout estimé 
2000 livres. Avant que sortir d'Aix, il avoit laissé trois inven- 
taires d'iceux, Tun à Mon' le Conseiller Michaelis, l'autre à 
son héritier, le j"* au Recteur de ce collège. 

L'on a envoyé ceste année d'icy au noviciat d'Avignon, 
Mon' RiGORDY de Réguse; Lombard, estudiant en rhétorique; 
deux autres receux n'ont pas eu assés de force pour résister à 
leurs parents. 

Les aumosnes de ceste année ont esté: en argent, environ 
de ^000; en valeur, de 2000; en tout 5800 livres, conme il 
conste par le livre des aumosnes, dont les principales ont esté 
de Mon' Raphaelis, donnant par codicile sa bibliothèque 
estimée 2000 livres ; de nostre frère Ruffy, légant une rante 
de 30 livres sur Tourves; le légat de nostre frère Lombard 
de 860 livres; les amandes données par Messieurs du Parle- 
ment et des Comptes, de 500 livres; une aumosne de Mad" 
d'OppÈDE, de joo livres; une de Mon' de Reauville, de 100 
livres; laquelle somme d'environ 2000 livres en argent a servy 
pour acquiter diverses debtes des années passées, envers Mon' 
Saurin, Mon' Orcin et autres. 
Decequisest Au Commencement de ceste année, on a travaillé avec 
M. Duranty pour reprendre la bastide de S*-Alexis, sur les 
difficultés èsquelles tous les ans se treuvoit le collège, de 
payer les intérest des 1 1 .000 livres deubs par l'achapt d'icelle, 
quiestoient par an de 218 escus. Aucun autre ne se présentant, 
M. le Cons" Duranty s'offrit à reprendre les terres qui sont 



passé l'an 16 j6. 



(1) Melchior Raphaelis n'est guère connu, quoique d'une famille distinguée et 
occupant des places qu'il devoit à son mérite bien plus qu'à sa naissance. Il fut 
chanoine Théologal de la Métropole et premier professeur royal de Théologie en 
l'Université d'Aix, au commencement du dix-septième siècle. Nous ne savons rien de 
particulier sur sa vie qui puisse être transmis à la postérité, si ce n'est, que le car- 
dinal de Lyon, Duplessis de Richelieu le choisit parmi les théologiens qu'il mena à 
Rome pour demander la cassation du mariage du Duc d'Orléans avec la princesse 
de Lorraine. Cela prouve au moins, que Raphaelis s'estoit distingué dans sa chaire et 
qu'il avoit acquit l'estime du Cardinal, dans le temps qu'il possédoit le siège d'Aix. 
Raphaelis mourut à Rome, peu de temps après son' arrivée, dans un âge assez avancé. 
(V. Achard, Dict. des Homm. ill. de Prov.j 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 113 

au bas du chemin, nous laissant la bastide et ces terres joi- 16^6 

gnantes, raoyenant quoy, il s'obligea par acte public de nous 
descharger envers M. de Bolyers d'Avignon, du capital de 
5000 livres en capital, à la charge toutesfois, que nous nous 
acquitterions aussy envers luy du principal qui luy estoit deu, 
d'environ 1400 livres et des intérêts. Pour quoy faire, ensemble 
pour payer les intérests deubs, à M. de Boliers de deux ans, 
montant à 218 escus, 200 escus à M. de Négreaus, qui luy 
estoient deubs despuis plusieurs années, et avoient esté 
empruntés, par P. de Barry, avec permission Ton print à 
intérest de M. Régis, à cinq pour cent, mille escus qui 
servirent pour acquiter ces susdites debtes. 

Ayant faict voir à Mess, les Consuls de ceste année i6j6 (*), 
le contract de la ville, qui s'oblige à donner tous les ans 
2000 livres pour achever de bastir le collège, ils accordèrent 
mille livres, nonobstant la pauvreté de la ville, qui feurent em- 
ployées à rehausser d'un estage une partie du vieil bastiment^ et 
le faire aller à l'esgal et proportion du nouveau corps de logis. 

Sur la fin du mois d'avril. Mess, les Consuls et Consulaires 
de ceste ville scachans qu'on traictoit à Arles d'avoir un collège 
des nostres, que le Conseil de ville s'estoit assemblé pour ce 
subject, et avoit résolu, du consentement de 80 qui assistoient 
au conseil, de nous en donner la direction, plustost qu'aux 
Pères de l'Oratoire ou aux séculiers qui l'avoient tenu jusques 
alors, vindrent en corps treuver le P. Recteur, luy leurent les 
articles passés en la fondation du collège de ceste ville, un 
desquels pourtoit, qu'on ne pourroit avoir aucun autre collège 
que celuy d'Aix en Provence ny es terres adjacentes, qu'en 
cas que celluy d'Arles fust receu, ils ne payeroient pas les . 
revenus ordinaires, et M. de Cormis, advocat du Roy (^), fit 

(1) Consuls et Assesseur^ depuis le i*^ nop. i6)^, jusqu'au ji oct. 1696, 

Messire Claude d'AuTRic de Vintimillb, seigneur de Beaumette ; M. Gaspard de 
JuLUNis, avocat, Assesseur; M. Antoine de^ Mathbron, seigneur de Salignac ; 
M. Balthazar Bouche. 

(2) Decorhis dont il est ici question, peut être Pierre Decormis dont nous avons 
parlé à la page 2^ ou son fils Louis de Cormis, M" de Brégançon, s^ de Beaure- 
cueit, Fabrègues, Roqueshautes, etc., qui après avoir servi aux guerres de Languedoc 
contre les huguenots, au siège et prise de Chambèri par assaut, et en Hollande, fut 
Avocat Général en la Cour (16^5), ensuite Président à Mortier, et enfin Conseiller 
d'EitiU Les lettres que luy écrivit la feue Reyne Mère, Anne d'Autriche, Régente, 
font voir les services importans q^Ml avoit rendus à l'Etat, dans des conjonctures très 
Uchevkses. 

l\ fut marié avec Marie de Cadenet, dont il eut : Pierre de Cormis; Laurence, 
religieuse Ursuline ; Anne, femme du s' de Chateauneuf, Conseiller, aux Comptes ; 
Jean, qui a servi en Candie, en Allemagne et dans les mousquetaires du Roy; Jean 

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114 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1636 des plaintes sur le mesme subject, mais la response ayant 
esté donnée aux uns et aux autres, qu'on ne contribueroit rien 
de son crédit et demande à la fondation du collège d'Arles, 
et que l'affaire dépendoit du Roy, auquel eux aussy bien que 
nous estoient obligés d'obéir, ils furent satisfaicts, et ledit 
collège estant receu, il n'y eut aucun bruict pour cela. 

Peu de temps après, Mon' l'Evesque de Fréjus érigea en 
résidence la mission de Fréjus, lui assignant joo escus 4e 
revenu annuel, à la charge qu'on y tiendroit cinq des nostres, 
n'en y ayant eu auparavant d'ordinaire que trois, et la fondation 
de la mission n'estant que de 400 livres. 

Geste année se tint la Congrégation provinciale qui com- 
mencea le 26 du mois d'aoust. Ce collège s'y treuva engagé 
en son particulier ; pour les frais communs de la Province, de 
390 livres; pour les particulières de ce collège, de J04; en 
tout de 694. 

La résidence de Marseille se treuvant despuis dix ou douze 
ans débitrice à ce collège, de 50 pistoles vallant lors 7 L. 
10 sols la pièce, portées d'Aix à Marseille, avec 50 autres 
pistoles, par P, Claude Suffren, à qui l'on avoit donné cent 
pistoles d'aumosnes applicables à ce collège, mais despuis, par 
ordre du R. P. Binet, Provincial, divisées, en sorte que Àix 
en auroit 50, et Marseille autant. A la dernière Congrégation 
provinciale, le P. de Buz, Supérieur de la résidence de Mar- 
seille, s'obligea par escrit au nom de la résidence, à payer 
ceste dicte somme, et prit sur soy, en déduction de plus qu'il 
debvoit, 110 livres payables au P. F. Roux, procureur de ceste 
province. Aussy fut-il pour lors accordé, que le légat de Mon' 
GuESNAY de 200 escus, seroit pour la résidence de Marseille, si 
l'on la pouvoit tirer, veu que il n'avoit esté affecté à ce collège, 
par le P. Quesnay, Supérieur à Marseille, et fils de la défuncte, 
qu'en compensation de la susdite debte de 100 pistoles. 

Sur la fin du mois de mars, M. Molet de Fréjus, fut en- 
voyé au noviciat d'Avignon. Aux vacances, deux escholiers de 
rhétorique y furent de plus envoyez, nommés Possel et Fosse ; 
le dernier desquels monstra autant de constance pour entrer, que 
de facilité à la veiie de ses parents, qui le tirèrent du noviciat. 

Pierre, seigneur de Mont S* George, mousquetaire dans la première campagne a 
servi à Gigeri, aux deux expéditions de Candie, il a fait un voyage sur les galères et 
a servi aux deux dernières campagne contre la Hollande ; Marc Antoine^ Prieur de 
Sault; Claude, lieutenant au régiment d'Anjou, a servi deux ans sur les vaisseaux du 
Roy. Il a fait aussi deux campagnes en Hollande, et a été tué au siège de Mastric 
d'un coup 4e mousquet. (V. P. Louvet, Hist. du Pari, de Prop. Afss. cit.) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 115 

Les aumosnes de ceste année sont environ de mille livres; »^J^> 

300 en argent, 700 en valeur. Les principales consistent : en 
100 livres données par un insigne bienfaicteur de ceste maison; 
en ce qui fut donné au P. Seguiran par M. le Président son 
nepveu, et Messieurs du Chapitre, et en deux amendes; en 
une chasuble et devant d'autel à fonds d'argent ; en un crucifix 
d'argent et un petit pavillon de satin incarnat bordé de 
100 maillettes d'or, appliqué à N. Dame de Montégu. 

Les pupils à qui appartenoit la bastide de S* Alexis, de qui oequisest passé 

\M r\ 7» •* u *x 4 • *• J l'an ^^^7 W- 

M. DuRANTY 1 avoit acheptée, ne pouvants rien tirer des 
communautés impuissantes, sur lesquelles leur payement avoit 
esté assigné, nous appellèrent en procez pour désemparer 
ladite bastide. Ayant appelle en garant M. Duranty, il en a 
constaté la légitime possession qu'il nous en a affermi, par un 
arrest rendu en sa faveur, contre les pupils. 

M"* Trouillas, la fille, et Mad. de Louson (*). Intendante, 
abbatues de la violence du mal, ayant eu recours aux interces- 
sions de S* Franc. Xavier et faisans veu pour obtenir la guérison, 
l'ont obtenue; et la première a appenduà l'hautel de S* Ignace, 
un tableau votif dudit sainct. 

M. de RoviLLASC, noble d'extraction, qui avoit tousjours eu 
des affections tendres pour nostre Compagnie, en laquelle il 
avoit autresfois esté novice, et ne l'avoit quitté que par indis- 
position du corps, le 22 du mois de juillet, estant à Tourves 



(1) A l'année 16^7, nous trouvons un Arrest du Conseil d'Etat et des lettres patentes 
qui ordonnent, que lorsque les Régences des Docteurs et Professeurs royaux et 
Facultés de Théologie, Jurisprudence et Médecine de l'Université de cette ville, 
viendront à vacquer, il sera assigné par le Bureau Bourbon, certain jour pour ouvrir 
les disputes, et après en être pourvu les personnes les plus capables à la pluralité 
des voix — du 16 juillet 1637, Lii/re Catena, /. ^22, perso. (J.-B. Roux. Tableau, 
chronologique, etc.) 

V. Pièces justificatives n" 2^ P. J. de HaiUe, Hist. delà taille d'Aix, Liv. XV. Ch. XLIX, 
sur la confirmation du Bureau de Bourbon dans l'usage de conférer les chaires. 

(2) Jean de Lauzon, s*^ de Liroc, fils de François et d'Isabelle Lotin, Conseiller 
au Parlement de Paris, en lôi^, Maitre des Requêtes de l'hôtel du Roi, en 1622, 
devint successivement Président du Grand Conseil, Intendant de Provence, puis de 
Guienne, Gouverneur du Canada et enfin. Conseiller d'Etat ordinaire. (V. La Chesnaye 
Desbois. Dlc^ de la Noblesse, XI. 802). 

M. de LouzoN fut pourvu de la charge d'Intendant, par lettres royales du 27 juillet 1636, 
enregistrés le 7 janv. 1637; il ^^t mentionné en cette qualité dans les registres du 
pays aux années 16 j6, 1637 et 1659. Il parait avoir exercé ses fonctions concurremment ' 
avec François Bochard, seigneur de Champigny, ce qui peut expliquer pourquoi son 
nom ne figure pas, dans la liste des Intendants de Provence donnée par la statistique 
des Bouches-du-Rhône. (Voyez ; Notice sur Vlntendance de Proifence, par Marin de 
Corranrais; Revue de Marseille, année 1889, page 8> ; P. Bicaïs, Tableau des Comtes de 
Provence. Mss. 5^5, bibl. Méjanes). 



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116 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

i6j7 dans son prioré, sur 9 heures du soir, se trouva attaqué d'une 
toux violente qui le tourmenta une bonne partie de la nuict, 
à la fin de laquelle, il rendit son âme à Dieu, avec Teston- 
nement des médecins et domestiques qui avoient jugé ceste 
maladie légère. Incontinent que la mort feut sceue, M. le 
Président Pierre Guérin, intime et fidel amy de la Compaignie, 
envoya au collège un homme exprès, pour donner la nouvelle 
de sa mort, et le conseil au P. Recteur, de se rendre au 
plustost à Tourves, pour ordonner de son enterrement. Sa 
lettre receue, il sortit incontinent à 9 heutes du soir, s y rendit 
à 7 heures du lendemain, treuva la maison gardée par 6 
gardes, les portes scelées par ordre des Consuls, qui avec 
beaucoup de peines et tergiversations, remirent juridiquement 
les clefs du prieuré es mains du P. Recteur, qui fit faire 
l'inventaire des meubles, le matin, et Taprès-diner, inhumer 
solennellement le corps du défunct, habiller 12 pauvres de 
noir, faire Tausmosne à plusieurs, dire le lendemain les messes, 
y fit venir la confrérie du S' Sacrement ; bref on n'oublia rien 
de ce que la charité et la gratitude exigeoient. Despuis, le 
R. P. Général a ordonné par toute la province, une messe 
et un chapellet, et le collège d'Aix en dit j. 

Après sa mort, l'on sceut qu'il avoit estably héritier le 
collège d'Aix, des meubles qui seroient treuvés au prieuré et 
ailleurs à luy appartenants, et des prétentions qu'il pouvoit 
avoir sur la maison paternelle pour sa légitime. Le principal 
de ce que Ton a tiré consiste : en cinquante charges de bled ; 
une chappelle entière de damas noir ; quelques meubles ; un 
calice d'argent d'auré; aussy a-on treuvé environ 500 escus 
de debtes, dont il a fallu acquitter une portion de l'argent 
tiré du bled, l'autre restant encor à payer, et si M. Guérin 
n'eusse esté à Tourves, le bled couroit danger d'estre enlevé 
par une populace peu affectionnée au défunct.. 

Comme les bénéfices sont avidement recherchez, un nommé 
Messire Toussain Sabatier, prebstre bénéficié dans Tourves, 
d'où il est, qui avoit guesté ce bénéfice et avoit desjà envoyé 
à Rome pour en obtenir les provisions, si tost qu'il sceut la 
mort de Mon' de Rovillasc, il prit la poste, alla en Avignon 
pour impétrer ce bénéfice comme vacquant, nous l'ayants obtenu 
comme simple, iceluy estant (à ce qu'il dict) curé. Ayant obtenu 
ses provisions, il demanda l'annexe au Parlement d'Aix, qui à 
nostre instance la luy refusa. Despuis, il a taché à diverses fois 
de quitter ses droicts aux PP. Chartreux, à des ecclésiasti- 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 117 

ques particuliers; mais chacun se déifiant de la faiblesse de son 1^37 

droict, n'y a point voulu entendre. Il auroit aussy volontiers 
traicté avec nous, mais nostre conseil ne le porte pas, et son 
inconstance après avoir donné parole, luy faict tous les jours 
changer de résolution. Il y a plus de danger du costé du 
Chapitre de Pignans. Il est toutesfois probable qu'il ne remuera 
pas. On a accordé par transaction. Tan 1641, en mars; le 
notaire est Beausin. 

Quelques jours après la mort de M. de Rovillasc, entre 
plusieurs qui se présentèrent pour arrenter le prioré, on jugea 
à propos de précipuer M. Daniel, qui Tavoit servy fidèlement 
plusieurs années, à M. Lambert, homme paisible et de moyens, 
qui est de Tourves, moyennant 400 escus liquides, et tous 
frais faicts de pension annuelle, rendue à Aix en deux payes, 
chacune de 200 escus, la première à Noël et la deuxième à 
Pasques. 

Les classes ont renouvelle ces années avec un applaudisse- 
ment extraordinere, soit à Toreson du P. Chabran, Rhétoricien, 
à laquelle quasi toute la Cour assista, soit pour l'ouverture 
nouvellement faicte par P. Rochette et P. S' Rigaud, des 
deux classes, de Matématiques et Cas de conscience^ fondées 
sur le revenu du susdit prioré et qui debvoient commencer 
après la mort du défunct. 

Ayant cognu, qu'il falloit garder de nécessité la bastide de 
S' Alexis, personne n'en voulant donner plus haut de mille 
escus, pour la faire valoir, on y a planté des vignes, au terroir 
joignant la maison, qui jusques icy n'avoit rien porté, et l'on 
juge que dans } ans, les 112 escus qu'on a employés ceste 
année pour les mettre en estât, si l'on continue, dans quatre 
ans, rendront annuellement la valeur de trente escus. 

La pauvreté a faict, que les aumosnes de ceste année ont 
esté moins fréquentes que les précédentes. On a faict dresser 
un balustre devant l'authel de S' Ignace, et un rétable fort 
beau, l'un et l'autre coustanl plus de cent escus. On a faict 
deux ou trois parements d'authel accomplis. L'on a donné en 
argent, environ 400 livres. 

On a receu deux (novices) en ce collège; l'un, nommé de 
Gordon, qui laissa par son testament à ce collège, deux mille 
livres, à la fin de son noviciat; l'autre, le fils de M. Régis. 
Le I*' a manqué, et le fils de M. Régis feut receu à Lyon, 
où il estudioit despuis quelques années dans nos pensionnaires. 



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lis HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



i6j7 Icy le P. Guillaume a fini le récit de ce qui s'( 

durant son rectorat, quoy qu'il sortit de charge seu 
suivant au moy de may (^). 
Lan i6î8. Cest année et quelques autres encore qui la : 

seront pas remplies à Tégal des précédentes, à ca 
successeur du P. Guillaume ne continuât pas c( 
de façon qu'un autre en ayant pry le soin, seulem 
récits d'autruy, et les lumières qu'il put prendre d 
là de nos livres, il ne s*est pu faire que plusieurs 
fussent obmises. 



Vice Rectorat du P. Geliot 



Le P. Guillaume ayant esté nommé par N. ! 
estre Supérieur de la maison professe de Grenoble, 
sur la fin de may, et laissa pour Vice Recteur, le 
Géliot, qui du despuis, mourut Supérieur à Pig 
R. P. Provincial en attendant de Rome des ordn 
Recteur, Tavoit nommé et il exerça ceste charge 
moys. 

Le P. Guillaume devant que partir, eut la con 
gangner le procès, que le sieur Sabbatier nous a 
pour le regard du prieuré de Tourves. Mons' du I 



(1) Note du manuscrit. 

« Tout ce que dessus a esté écrit par M. Scavart, comme il est dit plus bas 

C'est par erreur que la note du manuscrit indique M. Scavart comr 

le commencement de cette histoire ; le passage auquel cette note re 

" M. Gédes de Draguignan, neveu de M. Scavart. fameux orfèvre d 

Voir l'année 1644. 

(2) Joseph de Bernet, baron de Serin, fut nommé Premier Prés 
mort de Guillaume de Fieubbt. Il en donna aussitôt connoissance à 
par une lettre écrite de Paris, le 25 avril i6?6. Il fut ensuite reçu 1 
suivant^ avec beaucoup de pompe, ainsi que nous Tavons rapporté < 
Il étoii originaire de Bordeaux, et avoit exercé le charge d'Avocat Gé 
Conseil et ensuite celle de Président au Parlement de Guienne. Il 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX , 119 

Premier Président, nous y servit en parfait amy. Son principal i6j8 

grief estoit que Tourves estoit un bénéfice curé, lequel par 
conséquent il soustenoit que nous ne pouvions pas tenir. 

démêlés avec le Comte d'Alais, Gouverneur de Provence, qui le fit reléguer à Bourges, 
en 1642. Mais après le changement du ministère, il se justifia pleinement de tout ce 
dont on l'accusoit. Alors, le ministre ne voulut point le renvoyer en Provence à cause 
de ses fréquentes brouilleries avec le comte d'ÀLAis, il lui fit donner la charge de 
Premier Président au Parlement de Bordeaux, qui vaqua dans le mesme temps, dans 
l'exercice de laquelle il a fini paisiblement ses jours. (Esmivi de Moissac, Hist. du 
Pari, de Prop. hfss. cit) 



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CHAPITRE SIXIÈME 



1638 

(Suite.) 



Le P. Marc de Billy 
5* Recteur. 



E R. P. Marc de Billy, lyonois, arriva le 29 de 
juin pour estre Recteur, il en prit en effet la 
charge dès le lendemain. Il fit ses visites à la 
ville, et Mons' de Bretel, Archevesque, luy 
rendant la sienne, Tinvita de prescher Je jour 
de l'Assomption, où Ton devoit commencer la célébrité du 
vœu du Roy Louys 13"*. 

M* le Chanoine Michaelis prescha en nostre église, le jour 
de S' Ignace, à la prière de feu M' son père. 

Le P. de Billy prescha le jour de TAssomption à S'-Sauveur, 
pour le vœu du Roy. Tout le Parlement y assista en robbe 
rouge, et pour témoignage de la satisfaction que chacun en 
receut, le lendemain, M' TArchevesque lui donna la mesme 
chaire, pour Tadvent de Tan 40 et le carême de 41. Néant- 
moins, il n y prescha pas, mais un autre de nos Pères selon qu'il 
sera dit cy-après. 

Un de nos Pères, homme fervent et plein de zèle, se trou- 
vant estre directeur de quantité de nos escholiers, en choisit 
une troupe qu'il anima à faire la doctrine par les rues ; quel- 
ques uns des nostres leur firent compagnie, et le fruit fust si 
grand, que dans moins de trois moys, plus de 200 paysans ou 
travailleurs, entrèrent en congrégation. Néantmoins, cet exercice 
fust cessé, tant pour ce que les nostres n'y pouvoient suffire, à 
cause du travail des confessions du matin et des congrégations, 
que pour ce que M' TArchevesque témoigna qu'il se deffioit 
de la suffisance de nos escholiers, pour expliquer les points de 
la foy ou les mystères du Christianisme. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX lÔi 

M' TArchevesque d'Arles, faisant un voyage en cette ville, 
logeât chez nous, et à son départ donna 50 L. 

Les ausmônes se peuvent voir en particulier dans le livre 
des bienfacteurs ; il suffit de dire icy, que M' le Président de 
Réauville (^) donna dix pistoles, et plus encore selon sa 
coustume des années passées; que Mad"* la Conseillère 
d'ARNAUD (^) donna deux petits chandeliers d'argent, pour mettre 
aux costés du S* Sacrement quand on Texpose, estimés 30 L.; 
que Mess, du Bureau de l'Université, en leur assemblée du 
jour des Innocens, donèrent 56 L. 

Il faut adjouter à cela, là chasuble de satin blanc en broderie. 
Elle avait esté commencée soubs le P. Isnard, parun brodeur 
qui travailloit dans le collège, mais la peste ayant interrompu 
l'ouvrage, on y mit de nouveau la main en ces dernières 
années, et enfin, fut achevé en celle cy. Les Carmélites et les 
Religieuses de S" Marie y travaillèrent beaucoup ; diverses 
Dames en donnèrent les perles, entre les autres. Madame 
d'OppÈDE en donna jusques à onze escus. 

Nous empruntâmes à six et quart, de M' Moutte (^), 
Conseiller au Siège, la somme de mille livres, qui quelques 
temps après furent cédées sur nous à M. Aymart, et puis 
éteintes l'an 43, comme il sera dit en son lieu. 

Nos, bienfaiteurs insignes durant le Rectorat du P. Guillaume, 
furent : Mons' le Président de Réauville; M. le Président de 
Séguiran; m. le Président Gairin ; Mess. d'AGUT(*), Mimata, 
Raphaelis, Fouques ; Messieurs du Chaisne, Monnier, de 
Paule, qui nous assignèrent des amendes; Mad. d'OppÈDE ; 



(1) Claude de Rolland, s' de Réauville, surnommé le Saint, fut reçu Président à la 
Cour des Comptas, le 26 juin 1610, et mourut célibataire en Iô$^ II avoit été militaire 
dans sa jeunesse et étoit resté boiteux à la suite d'une blessure. Il était d'une grande 
piété et d*une intégrité poussée jusqu'au scrupule (V. Achard. Dict. des Hommes 
illustres de la Prov. T. II, p. 162). 

(3) Antoine d'ARÈNES s** de Rousset, commissaire de la marine, eut plusieurs filles 
de Madeleine de Muans, sa première femme. L'une, Aymare, épousa Louis Arnaud 
reçu Conseiller au Parlement, en 161 1; la seconde, Louise, se maria avec Jean de 
Guiran de la Brillanne, reçu Président aux Enquêtes, par la résifçnation d'Henri de 
Blancard, son oncle; Jeanne la troisième, fut femme de Philippe de Félix, s** de la 
Reynarde. 

(3) André Moutte, natif de Pcrtuis, fils de François et de Louise de Bonnaud, 
épou^ de Magdeleine Trouilla, fut reçu Conseiller au siège de la Sénéchaussée d*Aix, 
le 16 mars 1640. 

(4) Honoré d'AGUT, fils de Barthélémy et époux de Marguerite de Blégiers, fut 
reçu Conseiller au Parlement, en 1Ô04, mourut en IÔ4^ Il a laissé des mémoires sur 
l'histoire de la Compagnie, dont le manuscrit existe à la bibliothèque Méjanes. 

Jean Barthélémy, son fils, marié à Isabeau de Thoron a succédé à son office en 
i6ji. 



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122 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

i6?8 Madame de la Brillane (^) ; Mad. d'ARNAun ; Magdeleine, 
l'aveugle etc.; Mad. la Présidente d' Aymar (*); M. de Goqueun. 
L'an 16^9 Le P. de Billy, Recteur, à qui M. TArchevesque avoil 

donné la chaire de S'-Sauveur, pour Tan suivant, ayma mieux 
celle de la Magdeleine ; c'est pourquoy, il y prescha Tadvent 
avec beaucoup de satisfaction. La cause de cela fust, que 
Mess, du Chapitre qui donnent cette chaire, ne pouvant 
avoir le P. Lamber, selon qu'ils l'avoient désiré, Madame la 
Comtesse d'AtAis (^), qui d'ordinaire entent les sermons à la 
Magdeleine^ témoigna qu'elle seroit bien ayse d'y avoir le 
P. Recteur, de sorte que Messieurs y consentirent, et luy y 
prescha. Il fust pourtant contraint d'interrompre durant une 
sepmaine, à cause d'un grand rusme, sans que lors, personne 
suppléât pour luy. 

M. l'Archevesque d'Arles, autrefoys M. de Bazas (*), fit deux 
voyages en cette ville, et logeât tousjours ches nous, dans les 
deux chambres qui sont au pied du petit degré en la grande 
galerie. En partant, il donna une fois 90 L. et l'autre foys 
40 L., y ayant en tout séjourné 18 ou 19 jours. 

M' GoDEAu (^) Evesque de Grâce, se trouvant à Aix au 

(1) C'était peut-être Claudine de Gaillard, fille de Jean de Gaillard, Receveur 
général des décimes en Provence, et de Louise d'ARBAUD. Elle avait épousé en 1637, 
Pierre de Guiran, s*" de la Brillanne, reçu Conseiller à la Cour des Comptes, en i6h- 

Ce pourrait être aussi Marguerite de Garnibr, fille de Charles, s' de la GALiifiiRE et 
de Madeleine de Rascas de Rousset, épouse de Gaspard de JoAififis, s' de la Brillanne. 

(2) Anne d'ALBi, épouse de François d'AvMAR, Président aux Comptes, ou, N. de 
FoRBiN, fille du M'» de Solibrs, épouse d'Honoré d'AvMAR, Président au Parlement. 

(3) Henriette de la Guicre, Dame de Chaumont, fille de Philibert de la Gmcni, 
Grand Maitre de Tartillerie de France, Gouverneur du Lyonnais, avait épousé le comte 
d'ALAis, le 8 fév. 1629. Elle en eut trois fils morts jeunes, et une fille, Françoise, 
mariée à Toulon, en 1649, avec Louis de Lorraine, duc de Joyeuse. (V. P. Bicals. 
Tableau des Comtes de Provence. Mss. de la Bibl. Méjanes, n. ^^ç). 

(4) Jean Jaubert de Barrault, 'fils d'Emery, baron de Blignac et de Guyonne de 
la Motte, naquit à Bordeaux. Il fit son éducation dans sa ville natale et à la Flèche 
sous la direction des Jésuites. Il fut d'abord Evèque de Bazas et sacré en cette 
qualité en lôii. Il fut ensuite transféré en 16 jo, sur le siège métropolitain d*Arles. Il 
mourut à Paris, le 50 juillet 164 ^ et fut remplacé par François de Castellanb Adh^mar 
de GRioifAif. 

(5) Antoine Godbau, fils d'Antoine Godeau, Lieutenant particulier des eaux et forêts 
et de MaHe Treuzé (ou Jeanne Larqier), naquit à Dreux, le 27 nov. 160$. Il manifesta 
dans sa jeunesse du goût pour la poésie et entretint une correspondance littéraire 
avec M"* de Scud^ri. Il fut admis dans l'Académie française à l'époque de sa fondation. 
En i6j6, il fut pourvu de l'évèché de Grasse, et s'y distingua par sa piété, ses 
lumières, les soins qu'il mit à éteindre les foyers du Calvinisme qui existaient encore 
dans son diocèse et son zèle pour développer la dévotion à la S'« Vierge. Il compost 
de nombreux ouvrages de piété et des hymnes sacrés, mais sa prose valait mieux que 
ses vers. Après la mort de Pierre du Vair, évèque de Vence, le Roi Lotns xm. 
voulut unir ce diocèse à celui de Grasse. La Cour de Rome s'y opposa quelque 
temps, enfin le Pape Innocbnt x, accorda à Monseig^ Godeau, le 7 déc. 1644, les 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 123 

commencement de décembre, s'invita de prescher ches nous, ^^39 

le jour de S* Xavier. Il le fit sur ce texte, aSigna Apostolatusyy, 
en comparant exactement S* Xavier avec S* Paul. On remarqua, 
que parlant de son bref de légat qu'il remit entre les mains 
de TEvesque de Goa, il dit, que cet illustre exemple nous 
enseignoit de rendre aux prélats une parfaite soubmission. Il 
eut M. TArchevesque d'Aix, Mess, de Fréjus (^) et de Senès (^). 
Mess, les Comtes d'ALAis, de Carses, de Tourves etc, pour 
auditeurs. 

Le P. Verquières procura pour l'église, une tapisserie de 
de taffetas rayé. Elle fust faite en Avignon, et revient du 
moins à 800 livres. 

L'on emprunta de M. le Conseiller Michaelis, le père, 
100 escus, et- de Mons' Gilles, marchant de Marseille, 
j mille livres à six et cart. 

M. de Réauville donna son ausmone ordinaire, 100 livres; 
Mess, du Bureau de l'Université autant; M. de Pierrefeu, 
jo L.; et Mad"* la Présidente de S*-Jean, le pavillon de raseul 
de soye, et un devant d'autel pour la chapelle de Nostre-Dame, 
le tout estimé 100 L. Les autres ausmones moindres sont 
escrites au livre des bienfaicteurs. 

Le P. de Billy, Recteur, prescha la caresme en la chaire Lan 1540. 
de la Magdelainey et continua d'y estre bien ouy. Une illustre 
fruit de ses peynes, fust le dessein, que Mad"* de S*-Jean {^) 
qui se confessoif à luy, acheva de prendre, de se faire reli- 
gieuse. En effet, elle entra aux Bernardines, et fust novice; 
de laquelle action toute la ville receut une édification singulière, 
et le R. P. Recteur beaucoup de louanges. Elle fit ensuite sa 
profession après Tannée de son noviciat. 

bulles qui Tinstituaient Evèque de Grasse et de Vence. L'opposition du clergé de cette 
dernière ville ne lui permit pas de se faire installer. Il se décida plus tard à donner 
sa démission de l'Evèché de Grasse, où il fut remplacé par Louis de Bernage, et à 
opter pour le siège de Vence, où il fut reçu en déc. 16$ j, en promettant de ne jamais 
consentir à l'annexion de son diocèse à un autre. Antoine Godbau, mourut à Vence, 
le 28 mars 1672 (Abbé Tisserand, Histoire de Vence, ch. VIII, p. 95) 

(1) Barthélémy de Camelin ou Pierre de Camelin qui lui succéda immédiatement 
en i6j8 (V. Artefeuil, I. p. 214.) 

(2) Louis du Chêne, fils de Louis, Président au Parlement et d'Anne de Bausset^ 
nommé Evesque de Senès en 1622. (V. Bouche) 

(3) Philippine de Roussbt de Prunières, épouse de Gabriel d'EsTiENifE de S» Jeaw, 
reçu Président au Parlement, le 2 oct. 1621, mort de la peste en i6jo. 

M"« d'EsTiENifE de S* Jean, après son veuvage, se livra aux exercices de piété. 
Elle donna sa maison située près du couvent des Cordeliers, pour fonder un monastère 
de Bernardines, dans lequel elle fit profession en 1640, ainsi qu'une de ses filles. 



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i24 HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 

1640 L'année passée, le R. P. Provincial avoit laissé Tordre de 

faire une Congrégation des Anges, où seroient receus les escho- 
liers au dessous de la rhétorique; celle des philosophes res- 
tant pour les autres et pour les escholiers de théologie, des 
loys et de médecine. C'est pourquoy, cet ordre fust exécuté, 
et la congrégation dressée et unie à celle de Rome, soubs le 
titre de la Présentation de la S'^-Vierge. 

M. le Comte d'ALAis (*), Gouverneur de la province n'estant 
pas bien depuis huict moys, avec M. du Bernet, Premier 
Président du Parlement, fit choix, la veille de S* Ignace, du 
P. Recteur, pour porter les paroles de leur réconsiliation et 
parler de leur entrevue. Les principaux du royaume avoient 
essayé de les réunir et les plus grands de la province s'estoient 
offerts pour en estré les entremetteurs. Mais ayant choisy pour 
cela le P. Recteur, en suite ils se visitèrent réciproquement 
après nos premières vespres de S* Ignace, et le lendemain, 
Tun et l'autre se confessèrent au P. Recteur et communièrent 
en nostre église, où le mesme P. Recteur prescha le matin 
devant eux, selon que M. le Gouverneur Tavoit désiré. M. du 
Bernet, très satisfait de cette réconsiliation, disait, que S* Ignace 
en estoit l'auteur, et que ce n'estoit pas la première faveur 
qu'il tenoit de luy, estant autrefois sorty dune maladie, pour 
laquelle les médecins le condamnoient, par l'application de ses 
reliques. 

A la sollicitation de nos Pères et sur tous du P. Monnier, 
procureur en ce temps du collège, et mort du depuis à Lyon, 
Messieurs d'Aix prirent la volonté de bastir la Maison de la Cha- 



(1) Louis Emmanuel de Valois, comte d'ALAis, (ils de Charles de Valois, Dvc 
d'AirocuLÊME, comte d'Auvergne et de Charlotte de Montmorbicci, naquit à Clermoni 
(Auvergne) en 1^96. Son père était fils naturel du Roi Charles ix et de Marie 
ToucRET. Le comte d'ALAis était d'abord destiné à l'Eglise, après avoir eu les abbayes 
de s* André, de Clermont et de la Chaise-Dieu, il fut en 15 12, Evèque d'Agde, 
mais Henri de Valois, son frère aîné, ayant été enfermé en 1618, pour cause de 
démence, il renonça aux dignités ecclésiastiques et se distingua dans la carrière des 
armes. LouU XÏII le nomma chevalier de ses ordres, Colonel général de la cavalerie 
légère et enfin Gouverneur de Provence, en 1657, en remplacement du Maréchal de 
ViTRY. Il eut à traverser des temps difficiles. Sa lutte avec le Parlement, à Toccasion 
de l'établissement du Semestre^ la guerre civile qui en fut la suite, lui suscitèrent de 
telles difficultés dans son gouvernement, qu'il fut obligé en 1650 de se retirer à la 
Cour, et le M'* d'AiouEBOicifB fut envoyé pour commander à sa place. Devenu duc 
d'AifOouLèME, vers la même époque, par suite du décès de son père, il mourut lui- 
même à Paris, le ij nov. 16$ j. C'est alors qu'il fut définitivement remplacé par Louis 
de VEriDÔMB, duc de Mercœur, en qualité de Gouverneur de Provence. Il ne laissa 
qu'une fille qui mourut sans postérité, en 1Ô96. (V. Biographie UnivtrstUe^ verbo 
Angoulème. *- Historiens de Provence). 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 125 

rite. L'on dira cy-après ce que nos Pères firent, lors que les 1640 

pauvres y furent conduits. 

Les Pères Observantins prièrent le P. Recteur, de leur vouloir 
donner la chapelle que nous avons dans Tourves, appellée 
Nostre Dame de Consolation, dépendante du prioré, et où les 
pénitents du dit lieu faisoient leurs dévotions, selon ,que M. du 
Barroulx la leur avoit accordée pour s'y assembler. Ce qui 
meut les dits Pères à nous demander cela, c'est qu'il vouloient 
s'y establir, ailfin d'avoir en ces cartiers là quelque retraite, 
du moins pour leurs Pères passans. Le P. Recteur, après la 
consultation de nos Pères, leur accorda ladite chapelle, dont le 
collège ne retiroit aucun revenu, et en passa contract dont 
l'original est ches le notaire Brueys et la copie dans nos 
archives ; il est vrays que ce fust soubs certaines condition, qui 
y sont exprimées ; et mesme, les Observantins n'en prirent pos- 
session, qu'après quelques années. Or, les raisons qu'eurent les 
nostres de leur faire ce don, oultre la charité religieuse, fust; 
pour n'avoir rien à desmeller avec les pénitents, qui avoient 
souvent donné de la peyne à M. le Prieur; et pour se déli- 
vrer du soin de leur trouver un prestre, ou de l'agréer lors 
qu'ils le présentoit, ou de parler pour luy à Mons' l'Arche- 
vesque; et sur tout, parcequ'ils espéroient de prendre les PP. 
Observantins pour servir nostre prioré, et ainsy, se mettre 
hors de soucy d'y pourvoir de temps en temps, et de les ouir 
tous les jours, nous demander quelque chose de nouveau. Il 
est certain, que le P. Recteur ne fit pas ce contrat sans le 
congé de Rome; néantmoins, la letre par laquelle il luy fust 
accordé, n'a jamais pu estre trouvée par son successeur. 

Des trois mille livres qui l'an passé avoient esté empruntés 
de M. Gilles de Marseille, il luy en fust payé deux mille 
quatre cents, attendant qu'on put payer le reste à quelqu'autre 
rencontre ; et il est évident qu'on eut moyen d'aquiter si tost 
cette somme par les paymens que nous firent M' de Verquières, 
de 1920 L., lesquelles nous luy avions autrefoys prestes, et le 
sieur Eissautier, marchant en cette ville, de 300 escus qui 
aussi nous les de voit. 

Encore furent payés 183 francs, à un homme de Bonioux, 
créancier de feu M. le Prieur, comme l'an i6j8, l'on avoit 
payé soubs le mesme titre, la somme de 186 L., à M. de 
GiGONDAS de Carpentras ; d'où il apert, que quand du despuis, 
quelques autres créanciers ont demandé d'estre payés, on a pu 



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120 HISTOIRE DU COLLÈGE DMX 

1640 respondre légitimement, que la succession de M. le Prieur en 
Testât où nous l'avons receûe, n'y pouvoit suffire ; car, oultre 
les deux sommes susdites, il faut comter les frais funéraux, et 
les parties des apoticaires de plusieurs années. Il est vray que 
si jamais nous jouissions des autres droits de M. le Prieur, 
desquels il, sera parlé cy-après^ il faudra satisfaire à ses debtes. 
Voyez Tan 1642. 

M. Ferault nous presta joo L., simplement et sans intérest. 
Voyés pour payement, Tan 1646. 

Oultre les menues aumosnes et les 100 L. de M. de 
Reauville, m. l'Archevesque en donna 50, et Messieurs du 
Chapitre de S' Sauveur^ 180, en aumosne et pour la nourriture 
des prédicateurs. Madame de Gourmes en léguât encore 60 
par son testament, et en particulier, donna Tusage de 100 
escus, qu'elle laissa entre les mains du P. Recteur, pour, dans 
quelques années, les donner ailleurs. 

Comme le collège d'Aix prend part aux affaires de la rési- 
dence de Fréjus, il n'est pas hors de propos de remarquer 
icy, que le P. Guillaume Gostabaud, lyonois qui y estoit 
Supérieury mourut d'une recheutte dans une apoplexie. G'estoit 
un homme plein de zèle, de grande dévotion et mortification, 
et de qui la compagnie attendoit de bons services. 

Il ne faut pas oublier, que Léon du Puyt fit cest'année, 
entre les mains du P. de Billy, les derniers vœux de coad- 
juteur temporel formé, le 25 d'avril. 

Lan 1041 Le P. Recteur ayant presché à S'*-Ma^deleine, il laissa sa 

chaire de S'-Sauveur au P. Alex. Fichet, qui dans Tadvent de 
l'année précédente et le câreme de celle-cy, y prescha digne- 
ment à son ordinaire. Il mangeoit tous les jours au disner chez 
M' l'Archevesque, qui pour l'estime qu'il faisoit de luy, l'obli- 
geât de luy donner cette satisfaction. 

Oultre les sermons ordinaires de S'-Sauveur^ il preschoit en 
nostre église, le samedy, le S' Sacrement y estant exposé pour 
donner ensuite la bénédiction au peuple. M' TArchevesque y 
fust assidu et quantité de gens, d'où encore la coustume com- 
mença, d'exposer durant le caresme le crucifix, et d'en donner 
la bénédiction, qui se sonne, et où il se chante quelque chose 
propre du temps. 

Gomme le grand Gardinal de Richelieu employa nos PP. 
par toute la France aux missions, cette province les commença 
cette année par le diocèse d'Aix, et les continua durant 4 ans 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d\iX 127 

jusques à la mort de M' le Cardinal. Les PP. qui y furent 1641 

employés, furent les deux PP. Bessons, Joseph et Estienne, le 
P. Florent, le P. Gérard, le P. Honoré Arnaud, le P. 
Pierre Gairin, le P. Garnier, le P. André Jaquinot, les 
Messieurs Tranerse et Marquis. Il est vray, que quelques- 
uns ne firent qu'une seule campagne et quelques autres 
plusieurs. Cependant, quoy que leur département furent toujours 
dans le diocèse d'Aix, lequel il coururent tout, et encore une 
partie de celuy de Riez, ils furent tousjours cependant, de la 
résidence de Marseille; dont la cause fut^ parce qu'estant pauvre, 
elle tiroit quelqu'advantages^ de ce que M' le Cardinal avoit 
assigné pour leur entretien. 

Le P. Jean Roux estant mort à Lyon, le P. Monnier, 
Procureur de céans, fust appelle à Lyon, pour Testre de la 
Province. Tout le collège connaissant combien ledit P. luy 
estoit utile et combien toute la ville ressentiroit son despart^ 
fit tout ce qu'il put pour obtenir du P. Provincial, qu'il le 
conservât; mais ce fust sans effet. Il s^en alla donc, laissant 
icy un regret extrême ; plusieurs de ses pénitentes se retirèrent 
de nostre église, entre autre. Madame la Présidente d'AYMART, 
et mesme quelques-uns de Messieurs qu'il confessoit, entre 
les autres, M' le Président Gairin. Il avoit durant sa charge 
de Procureur, prescbé en divers lieux de la province, et par 
tout estably, une singulière dévotion envers S' Joseph. Icy 
dans k ville, il fust le premier auteur de faire la Maison de la 
Charité. Celle des Religieuses de la Miséricorde luy doit une 
bonne partie de la fondation de son ordre ; car M' l'Arche- 
vesque d'Aix ne voulant point y consentir, le P. Monnier 
parla fortement pour elle, à M' d'Arles et à M' de Grasse, à 
qui M' l'Archevesque avoit dit de vouloir en communiquer, 
C'est pourquoy, ces Messieurs l'ayant ouy discourir des raisons 
de cette institution, et des biens qui en pouvoient provenir, 
l'agréèrent beaucoup et y contribuèrent leurs suffrages. A, 
son partement. Madame d'OppÈDE, de laquelle il estoit confes-; 
seur, donna en sa considération au collège, 1 50 L. que nous 
luy devions. 

M. le Prieur de la Fare, fils de Madame d'OppÈpE, 
escholier du P. Beau, sousteint des thèses, à la fin de son 
cours, dédiées au Roy Louys ij, de qui il estoit filleu. Eljes 
furent imprimées en livret in-folio; et rien n'y fust oublié 
pour les rendres célèbres. Les violons y furent placés au jubé, 
et les musiciens au cœur de l'église^ sur un théâtre^ à costé 



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128 HISTOIRE DU COLLÈGE d\iX 



1641 du grand autfael; mesme il sousteint sans cathédrant,la chaire 

de l'église ayant esté portée à un coin, et luy, séant seul, au 
milieu d'un théâtre contre la muraille. 11 est vray que la feste 
fust troublée par un accident qui n'avoit point esté préveu. 
C'est que Mess, du Parlement estant sur le point de venir, 
et Mess, des Comtes estant desjà assis, Mons' TArchevesque 
qui avoit esté invité, manda qu'en effet il viendroit, mais en 
résolution d'avoir une place séparée en quelque sorte de 
Messieurs, et relevée d'un degré ; ce qui ne luy ayant pas 
été accordé, il falut remetre les thèses à un autre jour, atten- 
dant qu'on fust demeuré d'accord de la séance. Mais Mess, 
du Parlemeut ne voulant pas le faire à ces conditions là, les 
thèses furent faites, M. l'Archevesque et son Chapitre y 
estant seulement en rang. Il prit sa place où M. le Premier 
Président a coustume d'avoir la sienne; et le pilier du milieu 
de l'aisle, à l'opposite de la chaire et alors du théâtre du res- 
pondant, fut laissé pour le portrait du Roy mis sous un riche 
dais. M. d'OppÈDE (Henri, frère du Prieur de Fare), lors 
seulement Conseiller estoit à Paris. M. de la Verdière (^) de 
qui la charge de Procureur du pays expiroit, prétendoit bien 
d'estre à la première journée, mais rien ne s'y estant fait, il ne 
voulut pas assister à la seconde. Mad"* d'OppÊDE et ses filles se 
trouvèrent à l'église, pleines de regrets de tout ce procédé, mais 
très satisfaites, de voir M. de la Fare sortir de cest'action 
avec la louange et Taplaudissement de tous. Mad"* d'OppÈoE 
envoya le souper à tout le collège. 

Nous ne fusmes point payés des joo escus que le Roy 
nous donne des deniers de l'Université. M. Ferrond qui lors 
laissoit à d'autres la ferme du sel, dit qu'il n'avoit pas de quoy 
payer, ou bien prit quelque semblable excuse, mesme pour le 
regard de Mess, du Parlement et des Comtes. Quelques moys 
après, nous fismes bien nos remontrances à la Maison de ville, 
qui par le contract de nostre establissement nous doit faire 
tenir la susdite somme ; mais tantost on respondoit que nous 
estions assés riches, tantost assés puissans à la Cour, 
pour en obtenir nostre dédomagement. Cependant, Mess. 
MouRGUES (^) et du Perier (^) ont tousjours soustenu, que la 

(1) Jean Baptiste de Castbllanb, s^^ de la Verdière, i**" Consul d*Aix, en 1640 et en 
1654, marié sans postérité à Marthe de Cabre-Roqubvaire. 

(2) Jacques Mourqubs, avocat, Assesseur d'Aix, en 1641, connu par son commen- 
taire sur les statuts de Provence. 

(3) Scipion du Péribr, fils de François du Parier, né en i;88, fut célèbre comme 



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HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 129 



ville effectivement nous devoit payer. Il s'en verra cy après 1641 

l^issue. Ce manque de payement arriva Tannée précédente. 

Le P. Pierre de Valcroissant, coadjuteur spirituel, mourut 
le 7 de décembre d'une pleurésie. 11 estoit entré en la C* 
desjà homme fait, et y vesquit 25 ou 26 ans, presque tousjours 
dans les missions, avec une humilité, obéissance et mortification 
singulière. Il estoit venu de Fréjus icy, il y avoit seulement 
un moys, pour y estre confesseur de Mad"* la Comtesse 
d'ALAis, qui s'estant confessée à luy dans le rencontre de 
quelque voyage, fit témoigner à nos Supérieurs, qu'elle seroit 
bien ayse de Tavoir à Aix, pour continuer de s y confesser. 
En effet, aussi tost qu'il fust arrivé elle le prit pour confesseur. 
D'où vient, qu'elle le fit très soigneusement assister durant son 
mal, et le regretta fort après sa mort. 

Encore, il mourut céans un jeune homme, qui estant 
autrefoys sorty de la C**, estoit allé à Rome pour obtenir d'y 
rentrer, de sorte que s'en retournant en la province de Toulouse, 
affin d'y reprendre Thabit, il logeât au collège, où le lendemain 
estant devenu malade, il y mourut dans 4 ou 5 jours et fust 
enterré la nuit, à un coin de nostre église, sans en faire bruit 
à la ville. 

Il ne faut pas obmettre, qu'en ceste année il se sousteint 
encore d'autres thèses célèbres, par le fils de M. l'advocat 
Désidéri, estudiant en Logique sous le P. Richeome (^). Ce 
fust à l'occasion du passage de l'Evesque de Camego, Dom 
Michel de Portugal, allant à Rome, en dessein d'y estre 

jurisconsulte, et fut surnommé le Papinien moderne. Il épousa Sibille de Garnier- 
Moutfuron, et fut Assesseur Procureur du pays, en i^jy. Sa religion répondait à ses 
lumières. Il entendait tous les jours la messe, fréquentait régulièrement les sacre- 
ments, et remplissait avec la plus édifiante exactitude tous les devoirs du christianisme. 
11 disait à la fin de ses jours, qu'il avait été si occupé pendant 40 ans, qu*il n'avait 
jamais eu le temps d'offenser Dieu. Deux jours avant sa mort, ses vives exhortations 
jointes à son triste état, firent terminer un grand procès entre deux Conseillers de la 
Grand Chambre. 11 mourut avec de grands sentiments de religion et de piété, au 
mois de juillet 1667, à 79 ans. 11 fut enterré dans Téglise des Dominicains. (Voir 
pour plus de détails, Achard, Dict. des hommes illustres de Prov.) 

:l) Louis Richeome, né à Digne, avant le milieu du seizième siècle, développa de 
bonne heure les talents les plus décidés. L'ardeur qu'il avait pour l'étude le con- 
duisit chez les Jésuites, dont il embrassa l'institut, en 1565. Il fut ensuite nommé 
professeur des Humanités, et bientôt après. Recteur du collège de Dijon. On lui 
confia encore la direction de quelques autres maisons et on l'élut Provincial de Lyon. 
La manière dont il remplit cet emploi, engagea le Général à l'en pourvoir une 
seconde fois. La province de Guyenne l'eut aussi à sa tète et il fut ensuite Assistant 
de France. Il rendit dans cette place, des services signalés à son ordre, et mourut à 
Bordeaux, le 1$ sept. 1625, âgé de 87 ans, avec la réputation d'un homme pieux et 
savant. (V. Achard. Dict. des hommes illustres de la Prov.) 



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130 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1O41 receu pour Ambassadeur. M. TArchevesque l'accompagna aux 

thèses, et quantité de personnes de conditions. 

Mad"' d'OppÈDE jamais lassée de nous faire du bien, donna 
136 L. pour dorer le rétable de la chapelle de S' Ignace; il 
avoit esté lait et le balustre, de diverses ausmones dans 
Tan 57. 

Les Bernardines donnèrent une aube avec Tamict estimée 
55 L.; M. de Réauville 100 L., en janvier et autant en 
octobre; et d'autres, quelques sommes assés considérables ; 
Mesd"" d'OppÈDE, de Coguelin, d'ARNAUD, selon qu'il est 
raporté au livre des ausmones; Mad"* de S' Jean, desjà reli- 
gieuse, donna jo L., pour quelque dévotion à S' Ignace, qu'elle 
avoit faite estant encore au monde. 
L'année 1042. Commc M. du Bernet, Premier Président, estoit parfait amy 
de la C"** et de nostre collège, on prit soin de le gratifier de 
tout ce qui nous fust possible; c'est pourquoy, Ton procura 
que le P. Jean de Sevin, frère de M"* la Première Prési- 
dente (*), veint de la province de Guyenne en ce collège, où 
ayant demeuré plus d'un an, il s'en alla au moys de may de 
ceste année, à Lyon en la maison de S'-Joseph. A son départ 
il laissa 8 pistoles au P. Procureur. 

Cest'année, feurent fait divers payements des debtes res- 
tantes de M. le Prieur du Barroux; à Daniel, nostre rentier 
150 L., lesquelles, M. le Prieur son maistre luy avoit autrefois 
données par acte public; au sieur Trullet de Toulon 200 L., 
au mesme 600 L., pour entier payement de ce qui luy estoit 
deu par ledit sieur Prieur. Les quittances sont indiquées dans 
le livre du coffre. Voyés Tan 40. 

Le sieur de S* Veran héritier du sieur de Montcal, nous 
rendit un capital de 1328 L. Il estoit provenu du légat du 
P. Rossignol, selon qu'il se voit l'an jj. 

11 fust ratifié à Rome la transaction passée avec Mess, de 
Pignans. M. de Cohornes d'Avignon, en fut l'expéditionnaire, 
et eut pour cela 129 L. Il est fait mention de cette transaction 
l'an 37, et fust faite l'an 41. M. Beusin en fust le notaire. 



(1) La femme du Président du Bernet était Marguerite de Sbvin, f\\\e de noble 
Guillaume de Sevin, écuyer, seigneur de la Garde et d'Isabelle de Range; c'était une 
agenaisc. Elle avait épousé en i''* noces, un agenais, Jacob de Seconda, seigneur et 
baron de Montesquieu, aïeul du grand écrivain. Elle se remaria âgée de 46 ans, avec 
Joseph du Bernet. On trouve beaucoup de renseignements sur les deux époux dans 
le tome III des Lettres de Peiresc, à propos d'une lettre, où Peiresc recommande à 
du PuY, la cause du Premier Président d'Aix, un peu négligée à la Cour de Louis XIII. 
(Communication de M. Tamizey de Larroque). 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 131 



Le p. Sevin de qui il est parlé cy dessus, preschat le 1642 

caresme à la Majour de Marseille, en la place de quelqu'un 
qui manquât. Il avoit presché Toctàve de Tannée précédente 
à S* Sauveur d'Aix, et par tout avec approbation. 

A la fin du cours, les fils de M' de Chasteuil (*), Procureur 
du Roy en la chambre des comtes, sousteindrent des thèses 
et comme ils estoient frères, ils les sousteindrent ensemble. 
Elles furent dédiées à M' le Président de Seguirand. Il s'en 
dédia encor à quelqu'un de Messieurs les Thrésoriers Géné- 
raux. C'est pourquoy, toute leur compagnie y assista en habit, 
témoignant de s'obliger de cet honneur. M' Marcel (^) fust 
celuy à qui elles furent dédiées. 

M. Pellicot, advocat, un de nos bons amis, fust enterré 
dans nostre église au moys de septembre. Il avoit fait un 
testament il y avoit longtemps, où il nous donnoit tout son 
bien, lequel testament pourtant ne feut jamais veu ; aussi à sa 
mort, il en fist un autre, par lequel il nous légat seulement 
500 escus. L'enterrement fust foit par M' Joly prestre. Régent 
de la 6* à la ville, et par quelques autres avec luy qui don- 
nèrent la quarte à S' Sauveur. Sept ou huict jours après, sa 
femme mourut et fust enterré encore céans, auprès de son 
mary, dans la fosse plus proche de Taisle tirant au balustre. 
Messieurs de S' Sauveur voulurent faire Toffice, et en effet ils le 
firent, et emportèrent ce qu'il leur pleut de flambeaux. 

Le légat de cy-dessus n'a point esté payé, parceque M. 

(1) Jean de Gallaup-Chasteuil, tîls de Louis et de Françoise de Cadbnet de 
Lamanon, naquit à Aix, en 1587, et fut comme son père, antiquaire, historien et 
lettré. En 1622, lors du passage du Roi Louis XIII, à Aix, il fut chargé du pro- 
gramme des arcs de triomphe qui furent dressés dans la ville à cette occasion. Il en 
publia une description intitulée : Discours sur les Arcs triomphaux dressés en ta pille 
J'AiJc, à l'heureuse arrivée de très chrétien, très grand et très juste monarque Louis XIII, 
Roy de France et de Navarre (Aix, Jean Tolosan, in-folio). Il obtint, la même année, 
des provisions pour la charge de Procureur Général du Roi en la Cour des Comptes 
et mourut le 2} août 1646, laissant trois fils d'Elisabeth de Puget-S^Marc, sa femme. Son 
frère cadet, ami de Peyresc, et très versé dans la connaissance de la langue hébraïque, 
mourut saintement au Mont Liban, après y avoir passé plusieurs années en véritable 
anachorète. 

Ses trois fils Hubert, Jean et Pierre de Gallaup-Chasteuil, furent compromis en 
1659, dans la sédition connue sous le nom de Journée de S* Valentin. Ils furent l'objet 
de condamnations rigoureuses, auxquelles ils eurent le bonheur d'échapper par la 
fuite. (Voir sur cette famille de Gallaup-Chasteuil, Roux Alpheran, Rues d'Aix 
T. I, p. i6j) 

(2) Jean Marcel, fils de François Marcel, Trésorier de France, et de Françoise 
de Canton, a été reçu en la charge de son père, en 1624. Il épousa le 7 oct. 1626, 
Magdeleine de Bompar, veuve de Joseph Duranti et fille de Pierre Jean Bompar, 
Lieutenant principal au siège de Grasse, et de Marthe de Bompar, son fils. Mathieu 
Marcel, lui succéda en 1661. 



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132 HISTOIRE DU COLLÈGE D*A1X 

1642 Pellicot, frère du mort et son héritier, a soustenu que tout 

qui restoit de son frère, c'estoit la maison de la place d 
Prêcheurs, qui luy estoit substituée, ce que Mess, du Perri 
et de MoNTAUD, nos advocats, ont advoué après avoir veu 1 
papiers dudit S' Pellicot. M"' Pellicot advant que mour 
donna quelque chose, perles bagues etc. 

Le P. DoLLE, Supérieur de la résidence de Fréjus, don 
céans en aumosne 50 L.; le P. de Verquières 200 L., de 
une partie fust employée à dorer les 6 chandeliers du grai 
authel et à faire le devant d'autel de fleurs de lys ; le ] 
Recteur en donna encore plus de 50 ; M. le Président ( 
Réauville, sur la fin de Tan, donna 300 L. pour continu 
la chapelle de S' Alexis. 



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CHAPITRE SEPTIEME. 



Le P. Andoche Morel. 



6* Recteur, 



E P. Marc de Billy ayant esté Recteur durant 
4 ans, et près de quatre moys , eust pour 
successeur le P. Andoche Morel, dijonais, 
lequel entra en charge le 14 d'octobre. Son 
prédécesseur, le P. de Billy, demeura plus 

d'un moys au collège, se préparant pour Tadvent qu'il alla 

prescher à S'-Agricol d'Avignon. 

Nos amis et bienfaiteurs insignes, durant le rectorat du 
P. de Billy, furent : M. le i"' Président du Bernet qui cest' 
mesme année quitta Aix ; Mess, les Présidents de Séguirand, 
de Paulle, de Réauville, de Gallifet; M. du Baye (*), 
Advocat Général; M. d'EsTiENNE, viguier; Mesdames d'OppÈDE, 
de S'-Jean, d'ARNAUD, de Goquelin, etc. Il ne faut pas 
oublier Mess. d'ARNAUD, André (^) , Mimata et beaucoup 
moins, Mons' le Gouverneur ny Madame. 

Le P. Antoine Michaelis preschat Tadvent de Tannée 
précédente à S^^-Magdelaine et le caresme de celle-cy, pendant 



1642 

(Suite). 



L'an 164?. 



(1) Pierre de Porcellet s*" cI'Ubaye, fils de Pierre de Porcellet, gouverneur des 
villes de Beaucaire, Pont-St-Esprit. etc., et de Jeanne de Boche, marié à Esther de 
Meyran d'UBAYE, fut d'abord Lieutenant des soumissions à Arles, il fut ensuite reçu 
Avocat Général au Parlement d'Aix, le lo oct. i6j2, et mourut en 1644. 

(2j Jacques André fils de Pierre. Procureur au Parlement et de Delphine Marroc 
fut d'abord Proeureur comme son père. En 1619, il était Receveur-général de taillon 
et plus tard, ji mai 1627, il fut reçu Trésorier général de France, en la charge 
d'Antoine de Serre. Il épousa Jeanne de Vitalis, fille de Pierre Avocat Général de 
la Cour des comptes et mourut à Aix, en 1652, ne laissant que des filles. 



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134 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



1643 lesquels il fust toujours très bien ouy, notamment de M' le 

Dmte et de Madame. Le P. Soyan , Minime, prescha en 
îsme temps à S^-Sauveur, c'est pourquoy nous primes Tocca- 
)n de l'inviter de prescher ches nous , le jour de la 
rconcision. Il eut en son sermon une très belle assemblée, 
uppa et couchât ches nous, et y disna encore le lendemain. 
Le Roy Louis xiii estant mort, M. Ailhaud, g*^ vicaire, 
ia le P. Recteur de se préparer à faire Toraison funèbre, 
î P. Soyan, Minime, qui avait presché à S^ Sauveur, la demande 
Mess, du Chapitre qui la lui accordent; M. Ailhaud en 
crit à M. TArchevesque qui lors playdoit à Toulouse, lequel 
spond qu'elle demeureroit au P. Recteur, qui pourtant la 
épara sans effect; car il ne se fit point d'obsèques pour le 
3y, à cause des différens de Mess, du Chapitre et de la 
lambre des Comtes, pour les séances dans l'église. 
Néanmoins, dans l'espérance qu'on n'obmetroit pas de rendre 
Roy dans Aix ces derniers devoirs, le collège feit dessein 
s'en acquitter le mieux qu'il pourroit. La chapelle ardente 
22 pieds de hauteur, et le reste de l'apparat, fust ordonné, 
mesme, on commença aussi tost d'y travailler. Les trois 
utes classes des Humanités, furent adverties de préparer des 
iges ; et comme le dessein estoit pry de continuer cette 
mpe funèbre durant trois jours, aussi le Rhétoricien, P. 
vRBONEL, et les PP. le Gras et Besson, Régents de la 
)gique et de la Physique, préparèrent chacun une harangue 
ine, affin d'en prononcer chaque jour une. 
Mais S'Saupeur ne faisant rien, les autres églises n'osèrent 
ssi rien entreprendre, de sorte que nostre chapelle ardente 
;t inutile et nos orateurs ne parlèrent pas. Il est vray, que 
mme les affiges n'appartenoient pas à l'église, qu'on ne dé- 
ta pas de les faire. Elles furent donc exposées durant trois 
jrs à la S*-Louys, avec de très belles emblesmes et autres 
y adjustement de la cour. L'argument en estoit : Ludovicus i), 
iSy justuSj fortis. 

Mons' le Comte et Madame la Comtesse estoient revenus 
puis quelque temps d'un voyage assés long de Paris ; c'est 
urquoy nous prismes occasion de leur faire réciter quelques 
rs, lesquels ils ouirent avec agrément. Cette civilité regardoit 
adame un peu plus particulièrement; car desjà nos classes 
oient salué Mons' le Comte aussi tost après son retour. Le 
u fust la chapelle de la congrégation, qu'on avoit fait tapisser, 
il entendit la messe avec une petite musique. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 13 

Le P. André Jaquinot fust à Avignon, pour essayer si n 
pourrions avoir quelques choses de M' du Barroux, des dn 
de M*" le Prieur son frère, de qui le collège d'Aix est hérit 

11 prit soin de le porter à un accomodement , auquel jamai 
ne voulut joindre, d'où provient qu'il commença de luy faire 
procès, et de faire une enqueste des biens qui n'estoient 
substitués, affin de le débouter de la deffaite dont il nous pa; 
que tout le bien ayant esté substitué, son frère le Prieur 
pouvoit y rien prétendre. Cependant, ce voyage n'eut pas 
succès qu'on prétendoit, acause que M' du Barroux es 
appuyé de M' le Vice-Légat. Après tout néantmoins, il n< 
fust advantageux, en ce que nous descouvrismes, que si jusl 
nous est faite, nous aurons de cette succession pour le me 
deux mille escus, et qu'il y a dans la maison du S' du Barrc 
de quoy les payer. Tous les papiers de ce commencement 
procès sont dans le buffet du P. Procureur 

M. le Président de Paulle (^) mourut, et fut assisté dur 

12 jours du P. Recteur; sa mort fust très chrétiennne. Il a> 
tousjours fay profession d'aymer les Chartreux et les Jésuit 
entre lesquels, il auroit disoit-il, partagé tous ses biens, 
n'eut point eu d'enfans. Il venoit tous les dimanches se confes 
et communier ches nous, et tousjours à Tautel de Nostre Dai 
Quelques heures devant que mourir, il donnât en présence 
quantité de gens, au P. Recteur, la bague de ses nopces, 
disant de l'off'-ir à Nostre Dame de nostre chapelle, et 
rassurer qu'il épousôit son culte et son amour pour une et 
nité. En effet, la bague fust mise au pied de la Vierge. Il ne 
laissa 400 L. de légat que nous avons touchés, et n( 
recommanda instamment son fils Bruno de Paule, lors escol 
de la Quatrièsme. 

M' d'ARNAUD, Conseiller au Parlement, mourut encore c' 
année. Il nous avoit tousjours aymés et estimés, et mes 



(Il Louis de Paule, fut premièrement Procureur Général, puis Conseiller en la C( 
Il fut pourveu de l'office de Président à mortier, qu'avoit avant lui Laurens 
CoRRiOLis, à Toulouse, le jo oct. lOji, et fut reçu le 27 nov, suivant. 

Il étoit fils de François, écuyer de la ville de Marseille (cette famille avait do 
un Grand Prieur de l'odre de Malte) et de Dame. Jeanne de Puget. Il se maria t 
la D«"« de Bédarrides de la même ville, de laquelle il eut seulement des filles 
se firent Religieuses. Après la mort de sa femme, il se remaria, le 6 may 161 < a 
D»« Victoire de Porcelet de Fos, fille de noble Robert de Porcelet, seigneur de 
Cl de D«"« Catherine de Forbin de Soliers, duquel mariage il laissa deux fils et 
fille, Jérôme et Bruno Conseiller aux Comptes, et Thérèse mariée avec le s"" de T 
MASSiN, seigneur de la Garde, Président aux enquêtes. Bruno épousa D*"* Margue 
Duranti fille de Jérôme Duranti, seigneur de S' Louis, Conseiller en la Cour 
Comptes et de D*"« Sibile d'EscALis de Bras ( V. P . Lou vel Hist. du Pari, de Prov. Mss. 1 



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136 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



1643 autrefoys, nous avoit voulu faire du bien, selon qu'il est 
rapporté Tan 1626. Il mourut sans faire lors testament; c'est 
pourquoy, Mad"* d'ARNAUD sa vefve, nous donnast bien dans 
Tannée 100 L. en ausmones. Elle avoit desjà donné, il y avoit 
près d'un an, les deux grands tableaux de S* Joachim et Joseph 
qui sont sur les portes de la Sacristie; ils avoient coûté 12 
escus chacun. 

Le sieur Ponce, bénéficier de S'-Sauveur, qui fort souvent 
nous avoit fait à ses frais la musique de nos jours solennels, 
eut quelque volonté de se faire Chartreux. C'est pourquoy, il 
nous offrit un prioré de 4 ou 5 cents livres de rentes qu'il 
avoit au diocèse de Senès. M' l'Evesque qui devoit consentir 
à l'union non seulement comme Evesque, mais comme chef 
dans son diocèse de Tordre de S' Augustin, de qui le dit Prioré 
dépendoit, témoigna au dit sieur bénéficier, qu'il n'agréroit 
jamais cette résignation, et à force autres personnes. Aussi, 
jamais nous ne luy demandâmes dy consentir, encore pour 
d'autres raisons. Au bout, le sieur Ponce n'est pas Chartreux, 
et est à Paris, (chez) Mess, de S' Sulpice, et jouit de son Prioré. 

La ville nous donnât mille 500 L., tousjours sur la somme 
qu'elle nous avoit promis, Tan 1627 pour bastir, selon qu'on 
le peut voir (Tan 1627); ceste somme fut employée à payer, 
mille livres à M' d'AvMART, dont il est parlé Tan i6j6, et à 
éteindre en y joingnant encore 100 L., deux cents escus deus 
à M. Gilles de Marseille. Ces debtes estoient à six et càn, 
voyés la fin de Tannée 1639. 

Nous devions 100 escus à M. Michaelis, Conseiller des 
Comtes, et luy, réciproquement nous devoit 200 L., du légat 
de feu M . son père , d'où nous prismes occasion d'aquiter 
cette debte-là, par une compensation et adjoint du surplus. 

M. le Prieur de Verquiêres, en considération du P. de 
Verquières, son frère, donna les deux grands chandeliers de 
cuivre pour l'élévation, sans que pourtant il y ait voulu mettre 
ses armes. Ils avoient esté fais en Avignon et coustent 450 L. 

Le mesme P. de Verquières procura encore d'autres 
ausmosnes ; 28 escus pour des aubes et autres linges ; et 
231 L., pour commencer les armoires et le lambry de la 
sacristie. 

Nous eusmes 100 L., d'une amende assignés par M. de 
Paulle ; 100 L., du Bureau de l'Université, qui furent presque 
toutes employées à Tachep du grand tappis de Turquie qui 
sert aux degrés du grand autel ; 1 50 L., de deux amendes, par 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 137 

M' le Président de la Roquette, qui marqua en particulier, 1645 

que 100 seroient employées à une mission volante, que firent 
en effet les PP. André Jaquinot et Antoine Richeome. 

La congrégation des Anges se faisoit dans la quatrième 
classe, où comme il ne se disoit point de messes, les confrères 
la venoient ouir dans l'église, ce qui estant reconneu estre 
extrêmement fascheux, on leur donna la Logique, où du depuis, 
ils ont pris soin de dresser un bel autel, où la messe leur est 
ditte aux jours de leur assemblée. 

Oultre les ausmosnes marquées cy dessus, Mad"^* de Bormes 
donna 24 L.; M. Tadvocat Mourgues, le jeune, un tonneau 
de vin estimé 12 escus : 50 L., M' TArchevesque de Bretel; 
un pourceau en estrene, M' de Ré au ville, et 100 L. que 
nous luy devions; 7 réaies Mad"*^ d'OppÈoE ; 21 L., en 
brignolles envoyées dans une grande caisse, par M' de la 
Verdières; 50 L. encore par M. de Bormes (^), pour quel- 
ques jours de mission à Très ; une charge de bled par M' 
de JouQUEs (^), estimée 21 L.; un devant d'autel de nuance 
en œillets, pour Nostre-Dame, par M'" de Sanes. 

Une personne dévote à S' Ignace, donna 21 L. pour entre- 
tenir durant Tannée, une lampe allumée dans sa chapelle. Cet 
exemple eut puis après d'autres personnes qui firent le mesme. 

L'année passée, Meffredy d'Aix, fils de M. Meffredy 
l'advocat et référendaire, fut receu en la Comp'*. Il sortqit de 
la Rhétorique, laquelle comme il répétoit à Chambéry, après 
son noviciat, il y mourut phtysique. Geste année, fust receu un 
métaphysicien de Brignolles, en très grande estime pour Tesprit 
et pour les moeurs ; mais il manquât de cœur à Tadieu de ses 



■ Il II s'agit probablement ici de Gaspard de Covbt, Baron de Bormes et de Mari- 
gnane, reçu Conseiller et Garde des Sceaux au Parlement, en l'office de son père, 
Jean-Baptiste de Covet, en i8?9- Sa mère était Lucrèce, de Grasse Baronne de 
Bornes et Tabbé Robert nous apprend (T. II page ^^i) qu'elle apporta cette baronie 
dans la famille de Covbt Marignane. 

M"« de BORMKS dont il est parlé quelques lignes plus haut, serait alors Claire 
Françoise, fille de Vincent-Anne de Forbin d'Oppède, Premier Président au Parlement 
et d'Aimare de Castellane la Verdière, sa seconde femme. 

'2) En 164^ la terre de Jouques n'appartenait pas encore à la famille d'ARBAUD, 
Celui dont il est question dans le texte, doit être probablement Surléon d'AiBERTAS, 
s' de JouQUBs et de Roquefort, fils puîné d'Antoine Nicolas d'ALBERTAS et de 
Marguerite de Riqubti. Il épousa le 7 juin lOjO, Françoise du Mas-Castellane, fille 
de Jean-Louis Baron d'ALLEMAGXE et de Françoise Viou, et mourut en 16^ ç. 

Françoise du Mas-Castfllane était la nièce d'Alexandre, Baron d'Allemagne, qui tua 
en duel Annibal de Forbin la Roque, et périt lui-même dans cette rencontre en 1612. 
Le récit de ce singulier duel se trouve rapporté dans les Rues d'Aix, t. i, p. 498 
et suiv. 



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138 HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 

i()4j parents. Brun de Clermont en Auvergne, estant icy libraire, 

fust de mesme receu, alla dire adieu à son père et veint prendre 
rhabit en Avignon. Un rhétoricien, gentilhomme et très estimé, 
n'eut pas tant de courage, manquant enfin, après un combat 
assés long avec ses parens. 
Lan 1644. Il y a eu cy dessus, de Toubly à dire que le P. Michaelis 

avoit presché à la Magdelaine Tan 164J. Ce fust cette année 
qu'il y prescha le caresme. Mess, de S'Sauveur luy donnèrent 

10 escus par dessus, ce qu'ils ont coustume de donner, pour 
témoigner qu'ils n'estoient pas moins satisfais de luy que du 
P. SoYAN, prédicateur de leur église, à qui de mesme, ils 
avoient donné de surplus quelque chose. 

M' le Marquis de S*-Chamont allant à Rome, Ambassadeur, 
passa par Aix. Nos classes se préparèrent à le recevoir; ce 
fust dans la grande congrégation, après qu'il y eut ouy la messe. 

11 estima beaucoup les pièces qui luy furent récitées, en sorte 
qu'il voulut avoir une copie de toutes celles des rhétoriciens, 
dont le P. Carbonel estoit autheur, et encore, de ceux de 
Mestre Mercier, qui régentoit l'Humanité. 

M. le duc de Brezé ayant pry le dessein de venir de mesme 
à Aix, pour y faire vérifier ses lettres de Surintendance des 
mers, les Régens aussi préparèrent leur escholiers pour luy 
réciter. Mais pour ceste foys, luy n'estant pas venu à Aix, 
ces apprêts-là furent inutiles. L'année suivante il y veint et nos 
Régens travaillèrent de nouveau ; mais luy ne voulut pas rece- 
voir cette salutation, s'en excusant avec beaucoup de civilité. 

M. de Mégrigny (^) veint de Paris prendre la charge de 
Premier Président, et quelques jours après son arrivée, venant 
au collège après le disner, il passa dans l'église et là, au fraiz; 
car c'estoit au gros de la chaleur, nos escholiers luy récitèrent; 



(1) Jean de Mesgrigni, M*» de Vandeuvres, vicomte de Troyes et de Couchi 
seigneur de Monpelenc, Montmartin, etc., fut pourvu de la charge de Premier 
Président par la résignation de Joseph de Bernet, auquel il paya un brevet de 
retenue de 100,000 L. Ses lettres furent données à Paris, le 17 sept. 1644, et il fut reçu 
le 20 juin suivant. Il étott d*une famille noble de la vill,e de Troyes en Champagne, et 
jl avoit exercé la charge de Conseiller au Grand Conseil et Grand Rapporteur de 
France, et ensuite celle de Maître des Requêtes. Il avoit été Intendant, dans 
plusieurs provinces et armées. Les troubles dont cette province fut agitée pendant 
tout le temps quMI y demeura, lui firent souhaiter de se retirer. Il traita de sa 
charge avec le Président d'QppfeDE, auquel il donna sa démission, moyennant la 
même somme qu'il avoit payée à son prédécesseur. Le Roi lui donna une place dans 
son Conseil, où il est mort doyen des Conseillers d'Etat. Un de ses fils qu*il avoit 
eu pendant qu'il éloit en Provence, fut nommé en 1711, à l'évêché de Grasse; il 
avoit été auparavant Capucin. Le Parlement en considération de la mémoire de son 
père, lui fit grÂce du droit de bonnet qu'il devoit comme Conseiller d'honneur. 
(Esmivi de Moissac. Hist. du Pari, de Prov, Mss. cit.) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 139 



lui de sa part, témoignast d'agréer cet honneur et d'approuver 
ce qui fut prononcé. 

M. du Baye, Advocat Général, qui autrefoys avoit esté novice 
de la Comp", mourut cest'année avec une singulière résignation 
et tesmoignages d'une grande piété. Il nous laissa loo escus, 
disant qu'il estoit marry de ne pouvoir pas nous en donner 
davantage. Le P. de Billy Tavoit fort acquis au collège. 

M. Gédes de Draguignan et neveu de M' Scavart fameux 
orfèvre de cette ville, avoit depuis 1 3 ou 14 ans de grandes 
habitudes céans. Les PP. Recteurs estoient toujours ses direc- 
teurs, et luy, vivoit dans l'exercice de toutes les bonnes œuvres. 
Son dessein estoit de se faire de la Comp", aussi tost après 
la mort de son oncle, ou bien, si nous ne le recevions pas, 
de changer sa condition d'advocat en celle de prestre. et lors, 
quelque profession qu'il eut fait, nous donner pour le moins 
1 2 mille livres ; de quoy, pour nous donner desjà des assu- 
rances, il avoit souvent my entre les mains des Recteurs, en 
despot. quantité d'argent. Cependant Dieu ne voulut pas que 
ses bonnes volontés eussent leur effet; car il mourut trois moys 
au plus devant son oncle; et d'ailleurs mesme, il fut tousjours 
dans la resverie durant les cinq ou six jours de son mal. Après 
sa mort, nous rendismes à ce mesme oncle une cassette pleine 
de diverses besongnes d'argenterie, et joo escus que nous 
avions en deppost. 11 est vray que cette somme nous estant 
nécessaire, elle nous fut laissée par le frère du deffunct, en 
prest sans intérest, pour deux années. Il ne se peut dire com- 
bien ce bon deffunct désiroit de nous faire du bien : certes en 
l'an 4j et celle-cy 44, il nous donna à diverses foys plus de 
100 escus. Aussi nos PP. qui scavoient son affection et con- 
noissoient sa haute vertu, avoient en luy de parfaites confiances, 
jusques-là, que toute cette histoire a esté escrite de sa main, 
jusques en l'année i6j8. C'est pourquoy, il fust beaucoup 
regrété des nostres, et encore des congrégations où il estoit 
regardé comme un exemplaire de toutes sortes de vertus. Il 
avoit J5 ou j6 ans et son oncle 8ç. 

Céans, mourut Antoine Fannée, coadjuteur temporel, le 
19 de mars, et fust enterré dans la grotte devant la chaire de 
l'église. Il estoit de Vivarez, âgé dans le monde de 50 et tant 
d'ans, et dans la Comp'' de 27 ou environ. Il fust extrêmement 
regretté de tous les séculiers, auxquels il faisoit mille services 
dans son office de sacristain, et encore des nostres, qui le 
reconnoissoit pour un homme laborieux et plein de charité. 



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140 HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 

1644 M. le Comte (I'Auvergne, âgé de quatre ou cinq ans, fils 

de M. le Gouverneur mourut à Salon. Monsieur et Madame 
estant lors à Aubagne. Aussi tost que la nouvelle fust à ALx, le 
F^. Recteur trouva place dans le carrosse d'un de nos amis, et 
fust à Aubagne avec le P. Jaquinot, témoigner nostre douleur 
sur cette perte. A sa naissance, nous avions fay jouer dans 
la sale de Monsieur, une petite pastorelle qui fust beaucoup 
agrée. M'" Ferrand qui faisoit lors la quatrième classe Tavoit 
composée. 

M' le Comte et M"* nous sceurent gré du soin que nous 
prismes d'aller à Aubagne, leur témoigner nos regrets; de sorte 
que continuans tous les jours de nous donner des marques de 
leur bienveillance, M"* demanda au P. Jaquinot si un mouton, 
chaque sepmaine, ne seroit pas une ausmône trop petite pour 
nous. Sur sa response elle donna ordre au mestre d'hôtel de 
nous renvoyer effectivement, et de le remplacer par 4 L. qu'il 
nous donneroit, quand ils ne seroient pas à la ville. Tout cela, 
du depuis a esté exécuté fidellement. 

M' Janson, jadis curé de S* Sauveur, et ancien amy de la 
comp'", nous laissa en mourant 100 escus de légat, desquels 
nous fusme aussi tost payés par son neveu M. Arnaud. 

M"* la Présidente de la Brîllane, soeur de Mad"' d'ARNAto 
nous en laissa autant, quoy qu'elle ne se confessoit pas céans. 
M. le Président les paya volontiers et tost, bien qu'il 
témoigna qu'il vouloit faire casser le testament de Madame. 

Les Pères Observatins prirent cest'année possession de 
nostre chapelle de Tourves , selon qu'il est récité cy dessus 
(année 1640). Le P. Recteur essaya bien de rompre douce- 
ment cela, mais eux, luy respondirent qu'ils en avotent le 
contract bien signé. Il est vray que le prians de les vouloir 
prendre pour dire les messes de nostre Prioré, et y employant 
force solliciteurs, il ne voulut jamais le leur accorder, prévoyant 
que dans la suite des années, cela nous feroit de la peyne; de 
quoy tous les consulteurs furent pareillement d'advis. 

La ville de Draguignan, qui les années précédentes, avoit eu 
mesme plus d'une foys le P. de Bus pour prédicateur, et encore le 
P. Balthazar de Flotte, nous pressèrent en celle-cy de prendre 
leur collège. Le R. P. Millière, Provincial, y fust, vit le lieu 
qu'on nous destinoit, traita du revenu qui nous seroit donné ; 
mais comme il ne passoit pas 600 escus, ny luy, ny la Pro- 
vince, ny Rome ne furent pas d'advis de l'accepter. Cependant, 
nos amis persistans en leur dessein, firent de nouvelles assem- 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX l4l 



blées et de nouvelles propositions, dont ils escri virent au i()44 

P. Provincial, qui lors ne se trouvant pas sur les chemins des 
courriers, ne put si promptement faire ses réponses. C'est 
pourquoy l'autre party prenant son temps, dit qu'il falloit y 
establir les PP. de la Doctrine, et que nostre retardement à 
rescrire témoignoit assés que leur ville ne nous estoit guères 
considérable. 

Sur ces plaintes, les consulteurs d'Aix trouvèrent bon que 
deux de nos PP. allassent à Draguignan pour la satisfaction 
de nos amis et pour escuser le retardement de la response à 
leurs lettres. Les PP. de Flote et Richeome y furent et le 
P. Pierre Gairin, lors Supérieur de la résidence de Fréjus 
s'y trouvât avec eux. Mess, de Draguignan furent très satisfaits 
de cette visite et de nos civilités, ils continuèrent de parler de 
nostre établissement, mais nos PP. respondirent tousjours; 
quils n'avoient point d'ordre pour cela; que les revenus qui 
nous estoient offerts ne pou voient suffire; que les PP. de la 
Doctrine les serviroient bien ; que nous ne voulions pas causer 
dans leur ville de la désunion; de sorte que les PP. Doctri- 
naires y furent receus. 

Cependant, M' de Chateauvieux, l'un des plus zélés de nos 
amis, voulant tousjours trouver le moyen de nous avoir en sa 
ville, demande que Tarrèt de l'establissement des dits PP. fust 
exécuté selon les conditions que le Parlement avoit prescry. 
Cela en effet fust faict, et il se donna encore un autre arrêt, 
par lequel les revenus et ce qui estoit donné pour bastir fust 
réglé, et le nombre des Régens et quelques autres choses 
furent ordonnée, dont les dits Pères essayèrent de nous faire 
passer pour autheurs, en faisant mesme à Avignon des plaintes 
au P. Recteur. Mais il fust reconneu que nous n'entrions nul- 
lement en cest'intrigue et que nous n'avions garde de nous 
engager en une chose que nous scavions très bien ne devoir 
pas avoir effet. M. Pasquety, Conseiller au siège de Dra- 
guignan, M. MuLETY, et quantité d'autres de condition, y 
témoignèrent pour nous beaucoup de zèle : et en cette ville 
M. le Conseiller de Laurens (*), M. l'Évesque de Grasse et 

,1) Probablement Jacques de Laurent, plus connu sous le nom de Vaugrenibr. 
Pierre de Laurent, père de Jacques, avait épousé en lôoi, Magdeleine d'ALBERTAS 
ViLLECRosE, dont il eut 2 fils : i" Pierre, auteur des branches des M'* de S' Martin 
de Brus et de Peyrollbs, s'établit à Aix où il fut reçu comme Conseiller au 
Parlement, en 162 ^ 2» Jacques, s^ de Vaugrenier, qui resta 'dans la ville de Dra- 
guignan, dont il fut plusieurs fois Consul. Il joua un rôle très actif, dans les troubles 
du Semestre et du Sabre. Le 19 juin 16^9^ un notable de Draguignan, Antoine Ganears 



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J42 HISTOIRE DU COLLÈGE D\i 



1644 M. le Marquis des Arts (Arcs), portèren 

les Pères et la Doctrine. 

Comme à Toccasion de quelques prédi 
dans Paris, on y eut renouvelé les cen 
PP. Banny , Celot et de quelques autr 
esté envoyé à Aix à M. de Bretel, Archeve 
Père de l'Oratoire, qui ne nous vouloi 
prévalant de la maladie qui tenoit M. T Arche 
fit publier au prosne de S^Sauveur et de 
mesmes censures. Ce fust sans en rien 
AiLHAUD, Tautre g^ vicaire, et mesme, il i 
nance aux curés, au point qu'ils montoie 
action pourtant ne fist pas guères de bi 
furent aussi tost arrachées de devant les ai 
mesme par les Chanoines. Cependant r 
plaintes au Parlement, qui ordonna au g^ ^ 
pas oultre, en la publication de ces censures 
selon qu'il estoit porté dans Tordonance d 
Tout cela est dans le buffet du P. Procui 

Il se rencontra, que les Ursulines eurent 
pour rélection de leur Supérieure. M. le 
fut prier le P. Recteur de vouloir travaille 
faisant dire, qu'il n'avoit personne que lu; 
il pût donner cette mission. Il y travailla 
division fust esteinte dans le monastère ; u 
y fust faicte. Les Ursules qui ne toyoien 
nos PP. les employèrent dors en advai 
firent les Exercices, soubs la conduite du 

Le P. André Gérard, Régent de la 
profès des 4 vœux. Le P. Recteur se t 
d'une fiesvre continue, il fut escry au au 
s'il falloit un profès pour recevoir lesdits 
fut, que le P. Jean Renaud Ministre le 
Gérard eut 42 L. en argent d'aumosne. 

fut assassiné, Vauqrbnier, alors Consul, fut compromis da 
Joseph Pasquéty, Consul de Tannée précédente, et une 
Le 14 août suivant, le Parlement rendit contre eux un arr 
fut toutefois suivi, que d'une seule exécution à mort, celle 
fut pendu à un arbre de la place du marché. Pasquéty. c 
plusieurs autres, béné(icièrent plus tard d'une amnistie. Qi 
il fut mis hors de cause, mais vers le 15 ou le 20 sept., 
émeute (Voir sur ces troubles, l'intéressante brochure de 
Var, V Hôtel de Raimondis- Canaux à Draguignan. Drag. imf 
Hisi, de Prov, II. p. 1025.) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 143 

Nostre réfectoire qui jusques icy avoit esté pavé de pierre, 1644 

comme ayant autrefoys esté une classe, fust carronné, cest' 
année. On y adjouta la crédence qui est au fonds, et tout 
l'ouvrage cousta 1 ço L., Madame la comtesse d'AtAis en 
donna 60 ; le P. Recteur 48, et le P, Jaquinot trouva 
d'aumosne le reste. 

Le bastiment de S' Alexis estant achevé, il a cousté du moins 
mille livres, comme il se voit dans les comtes du P. Procureur. 
Le P. Recteur le fust bénir et y dire la première messe. La 
première pierre de la chapelle avoit esté mise Tan 16}}, et 
la muraille conduite jusques à trois ou quatre pieds sur terre ; 
mais Tan 1642, M. de Réauville ayant donné ;oo L. pour 
continuer, on l'acheva, en sorte mesme que les Régens y 
firent leurs 8 jours des vaquances , le R. P. Provincial ne 
voulant plus qu'on allât à Tourves, veu l'éloignement du lieu 
et l'incommodité de la demeure. 

Le P. Paul de Barry, qui durant son Rectorat avoit fait 
l achept de ceste bastide, et luy avoit donné le nom de S' 
Alexis, scachant que la chapelle estoit en estât, envoyât au 
P. Recteur une relique du dit sainct, avec un mot d'escrit qui 
témoigne qu'elle est vraye et assurée. Quelque jour, il seroit 
à propos de faire quelque chei ou aultre chose pour la con- 
server avec plus de vénération. A cest' heure, elle est sur 
l'oratoire du P. Recteur. 

Le P. Jean Guesnay ayant composé son histoire de la 
Magdelaine, nous en envoya quantité d'exemplaires, lesquels 
nous fismes relier aux frais du collège et donner à nos amis. 
Ceux qui furent présentés à M. l'Archevesque et au corps du 
Chapitre de S' Saui^eur, estoient couverts de marroquin du Levant 
avec une dentelle d'or. Aussi la dédicasse leur en estoit faitte; 
et d'ailleurs encore, ils avoient fourny quelque somme pour 
l'impression. 

Launoy (^) fit response à ce livre-là, mais aussi tost, M. de 
Gantés, pour les Gens du Roy, fust aux boutiques des libraires 
affin d'en retirer les exemplaires ; puis sur la plainte qu'il en 
fit au Parlement, il y fust fait arrest de mesme, Mess, les 
Théologiens de l'Université s'assemblèrent et censurèrent la 
response de Launoy. Mess. Ailhaud, Poncy, Bouche furent 
les principaux solliciteurs, et leur censure avec l'arrêt du Par- 

1) p. J. de Haitzb. Histoire de la Ville d'Aix, Liv. XVIII § VII, donne d'intéressants 
détails sur la condamnation du Liifre de Launoy. 



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144 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

1644 lement, est rapporté dans la réplique du P. 

nom de Pierre Henry. 

Nous eusmes à la S* Luc quatre des no; 
la Philosophie à cause du bruslement du C( 
deux métaphysiciens s'appeloient Grale c 
après trois mois, furent retirés de céans; G 
à Roane, et l'autre pour achever sa Philosi 
deux qui restèrent pour suivre leur cours 
Bertal. 

On dédia des thèses à M. de la Reçu 
Ragusse ; comme Tannée précédente il s'en 
à M. de la Roque, à M. TEvesque de 
eurent de belles assemblées et de grandes 

M. le Comte d'Alais, Tannée passée, avo 
du Rhétoricien (c'estoit le P. Carbomel, 
année); il voulut encore celle-cy, ouir le P 
donc placé, à Topposite de la chaire de Toi 
pied soubs la chaire, qui le jettoit hors de 
avoit du vuide aux deux costés. M' le Pn 
Mégrigny, ny aucun autre des Présidens au m 
mais seulement M. de Boyer, Doyen des 
Gallifet (^), Président aux Enquestes, et 



(1) Jean Baptiste de Forbin, s' de la Roque, de Goi 
d'Annibal de Forbin et de Camille de Grimaldi d*Antibes, i 
Parlement en 1Ô21, et devint Président à mortier, le 28 fé* 
important dans les troubles du Semestre et du Sabre. En 164^ 
faveur de son fils, sous la réserve de 10 ans de survivance, 
après, à la suite de la Cour, auprès de laquelle sa Com 
l'occasion de ses démêlés avec le comte d'ALAis. 

Il avait épousé Diane de Simiane Chateauneuf, dont il ( 
Melchior de Forbin qui lui succéda dans sa charge de I 
obtint l'érection en marquisat de sa terre de la Roque. Mel 
d'ÛRAisoN. Le père et le fîls ont laissé sur les événements de 
curieux qui malheureusement ont disparu. Jean-Baptiste de 
plusieurs fîls, mais sauf Melchior et peut-être Allemand ( 
Malte, ils étaient tous décédés en 104$. C'est donc probabli 
Présidents qu'il est question dans le manuscrit, quoique ce 
texte. 

On peut voir dans les Rues d'Aix, T. I, p. 408, le réc 
d'Annibal de Forbin, père de Jean-Baptiste, qui fut tué en 
fossés de la ville, près de la porte Bellegarde. 

(2) Alexandre de GalifTet, S^ du Tholonet (fîls d'Artus-AU 
Fbrrbt, marié en 1614 à Lucrèce de Trichaud), Cut pourv 
ensuite de la résignation de Pierre Trichaud son beau-père 
aux enquêtes. 11 fut nommé souvent pour présider aux Eta 
eut en 1627 un différend avec l'archevêque d'Aix, au sujet d< 
Moissac. Hist. du Pari, de Prop. Mss cit.) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 145 

sieurs qui ne trouvèrent jamais mauvais, que M. le Comte eut 1644 

la place que nous avons descrite. Le P. Recteur leur en parla, 
lors qu'ils arrivèrent pour Toraison, et eux respondirent, qu'ils 
n'y faisoient nulle difficultés, estant seulement en nombre et non 
pas en corps. — C'est la mesme response que M. du Bernet 
avoit fait autrefoys, témoignant qu'en de semblables rencontres f 
il ne fuyroit pas de se rencontrer avec mon dit Seigneur — , qui 
pareillement, quand on luy parla ches luy de la place qu'il 
tiendroit, s'il donoit sa présence à l'oraison de nostre Rhéto- 
ricien, dit tousjours, que ce seroit celle que le P. Recteur luy 
donneroit. En effet, il fust satisfait de celle que nous avons 
rapportée, et du depuis, l'an d'après, venant de mesme à 
l'oraison de la S* Luc, et d'autrefoys aux thèses qui luy estoient 
dédiées, il l'a toujours occupée. 

La confrairie pour les morts avoit commencé de s'establir, 
comme par voye d'essay l'année passée, et de fait, un des 
nostres — c'est le P. Gras, — prescha trois fois dans la Magde- 
laine pour en échauff^er la dévotion. Cest'année que Rome eut 
donné les indulgences et l'agrégation, l'octave entier fust 
presché par le P. Recteur, et mesme une neufvaine de ser- 
mons, ayant commencé aux vespres de la Toussains ses discours 
du purgatoire. Le concours du monde y fust très grand, et 
Mess, de la confrairie, après de grands rçmerciments, en- 
voyèrent au collège quelques boettes de confitures. 

Un Cartier de joo escus que nous receumes du Roy, nous 
fust retranché, et encore Tannée suivante, c'est à dire 450 L., 
selon qu'il en fust fait de mesme à tous les Mess, de l'Uni- 
versité. Il se verra après, ce que nous avons foit à cest'occa- 
sion. 

Nous fismes le barquier qui est auprès des fenestres de la 
congrégation, le paumier(^) nous donnant la cheutte de sa fontaine, 
à la prière de M le Viguier. Cependant, un an après nous en 
avons abandonné l'usage, à cause qu'il couloit dans le puys 
nouveau que nous avons fait, et estoit pour y gaster l'eau. 

Tousjours à comte de ce que la ville nous devoit pour bastir, 
il nous fust donné mille livres, elle nous demeurant encore 
débitrice de 500 L., et des mille escus qu'elle garde pour le 
rabillement des classes. 
. — < ■ ' ■ ■ -■- _ ' 

(1) U exisuit autrefois à Aix un jeu de Paume. Il était très voisin du local du collège 
et formait l'extrémité septentrionale de Tlle comprise entre les rues de la Fonderie, 
des Jardins et du Collège. U fut transformé après la révolution en salpètrière, 



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146 HISTOIRE DU COLLÉGK d'aIX 

1644 Sur cette perception de l'argent de la ville, donné affin de 

nous bastir, on peut dire que nous ne l'avons pas fait, ny à 
cestYoys, ny Tan 1643, où nous receumes 500 escus pour la 
mesme fin. Mais il est aisé de respondre : i"* que la nécessité 
nous a contraint d'employer une partie de ces sommes-là pour 
nostre subsistence ; 2"* que nous en avons esteint des debtes à 
pension, d'où vient que ça esté faire le profit du collège; 
j* que nous les renplacerons en son temps, aux occasions, 
par exemple, quand nous achepterons les moulins, selon que 
tous les jours on en fait le dessein et on en traite ; car il nous 
est permis, par letre expresse de feu N.R.P., si la ville n'y 
fait obstacle, d'employer à Tachept des maisons qui nous sont 
nécessaires, les deniers qui sont destinés à bastir. La letre est 
soubs le pupitre du P. Recteur. 

Bref, nous pouvons respondre, que nous avions advancé pour 
la ville, et que ce que nous recevons d'elle à cest'année, est 
le payement de ce que nous luy avions preste, ou pour l'argent 
des maisons, ou pour les bastimens, ou pour les accommode- 
mens principaux du collège. En effet, cette présente année 
M. LoMBART commissaire des bastimens de la ville, visita par 
ordre de la Maison de ville, les bastimens de céans, depuis 
l'an 1627, où le contract des dix mille livres nous fust passé; 
et les ayant veu et mesurés, et fay l'estimation d'iceux, trouva 
qu'en Testât où ils sont aujourd'huy, nous avons desjà consumé 
tout ce qui nous avoit esté promis, et de ce que nous avons 
touché. Les actes de cette veûe de lieu, bien signé par le dit 
sieur Lombart, sont dans le buffet du P. Procureur et chez 
le secrétaire. 

Nous venons de parler des moulins qui sont auprès de nous, c'est 
pourquoy, affin d'en faire le discours entier, il fault observer, que 
comme ils proviennent d'un dot de femme, qu'aussi nous avons eu 
bien de la peyne à nous résoudre de les achepter, ou du moins d'en 
traiter. Néanmoins, plusieurs advocats ayant esté consultés là 
dessus, nous ont dy souvent, que nous ne devions rien craindre, 
et qu'au pis aller, il ne faudroit pas les payer argent content, 
mais nous rendre débiteur de M. Antelmy l'aisné, à qui ils 
appartiennent, et ainsi nous tenir tousjours saisis du principal, 
et luy payer seulement les arrérages. Cet advis nous fit donc traiter 
avec le dit sieur Antelmy avec cette franchise, que deux ex- 
perts visiteroient le moulin le plus proche de nous, du quel 
seul il s'agissoit, et qu'en suite, ils dresseroient le contract de 
vente, laissant en blanc le prix de l'achept, et que lors, luy et 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 147 

nous ayant leu la substance du dit .contract, nous le signerions 1644 

à l'aveugle. En effet, il fut dressé, mais comme l'expert choisy 
par M. Antelmy eut un peu trop parlé, en luy signifiant qu'ils 
ne mettoient son moulin qu'à cinq mille 500 L., luy alors se 
desdit, et ne voulut point passer oultre. 

Ce traité rompu de la sorte, il fut renoué l'an d'après; nos 
amis et surtout M, de Mégreny, Premier Président, nous 
sollicitant de faire cest'acquisition. Nous offrismes donc de nou- 
veau les 5 mille 500 L., et par dessus encore, 500 L., que 
M. le Premier Président disoit vouloir donner de sa bourse. 
Cependant, voilà qu'on apprent que Ip dessus de la petite 
chambre appartenoit à M. le Conseiller Antelmy (^), ce que 
jusques icy nous avions ignoré. C'est pourquoy, nous fismes dire 
à son frère de qui nous acheptions le moulin, qu'il eut à se 
charger de l'achep de ce petit coin, et à nous en rendre pai- 
sibles possesseurs, aussi bien que du reste. Sur quoy, advouant, 
qu'en effet il appartenoit à son frère, il respont qu'il ne vouloit 
nullement se mesler d'en traiter. 

Cela obligeât nos amis d'en parler à M. le Conseiller, mais 
il ne voulut jamais leur donner ce contentement que de le vou- 
loir vendre; mesme il le refusa à M. le Premier Président; et 
sa raison fust, que s'il nous vendoit ce dessus de maisonette, 
nous esleverions là un corps de logis à l'égal du reste du col- 
lège, d'où viendroit, que les fenestres de la sale de sa maison 
s'en trouveroient bornées en leur veûe. 

Cette difficulté sembla à quelques uns peu considérable , ayant 
remarqué que ce coin de M. Antelmy, le Conseiller, ne nous 



(I) Louis d'ANTELMi, Conseiller fut pourvu à Lyon, le 17 décembre 1622, ensuite de 
la résignation de Jean son père. Il obtint des lettres de surannalité, données à Saint- 
Germain en Laye, le 4 oct. 1626, en vertu des quelles, il se fil recevoir le 57 nov. 
suivant. £n i6jo, la Compagnie l'ayant député à Paris pour les affaires du corps, à 
l'occasion des troubles de Cascaveaux, comme il soutenoit avec beaucoup de vigueur 
les intérêts du Parlement, et Tinnocence des principaux de ses collègues qu'on voulut 
incriminer auprès de S. M., ses ennemis trouvèrent moyen de le rendre suspect auprès 
des Ministres, qui le firent enfermer à la Bastille, où il fut détenu 2 ans et demie. Il fut 
encore interdit en 1641, parce que lors de rétablissement de la Chambre des Requêtes, 
il n*avoit pas agi au gré du comte d'ÀLAis et de Tlntendant Vautorte ; mais le Roi 
le rétablit bientôt dans ses fonctions. En 164J, il fut député pour aller présenter au 
Roi les très humbles remonstrances de la C'«, lors de son joyeux avènement à la 
couronne. Il fut encore relégué dans le Comtat, à l'occasion de rétablissement du 
Semestre. L'année d'après, la O* le députa de nouveau vers le Roi, au sujet de ses 
différents avec le comte d'ALAis. Quelques années après, il résigna sa charge à son 
fils et obtint des lettres de continuation de service pendant neuf ans ; mais la Cour 
ne les vérifia, qu'après qu'il eut consenti qu'elles fussent réduites à cinq. Il avoit 
épousé Louise de Corbières, (dont il eut Charles qui fut Conseiller en la Cour), 
(Esmivi de Moissac. Hist, du Pari, de Prop, Mss. cit.) 



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148 HISTOIRE DU COLLÈGE d\iX 



1644 estoit point nécessaire pour achever le carré du collège; c'est 
pourquoy, ils voulurent encore poursuivre le traité, mais il fallut 
au bout, ou le rompre ou le suspendre, parceque M. Maignier, 
Tadvocat, beau frère de Mess. Antelmy, veint de Toulouse 
avec un arrêt, par lequel il luy estoit permis de se coUoquer 
pour le mariage de sa femme, sur le dit moulin. D'où provient, 
que ces Mess, ayant pour cela ensemble des différents, et nous, 
prenant garde qu'on meslat encore de nouveau en cecy les 
intérêts des femmes, nous n'y avons plus pensé, attendant que 
le temps nous y donne plus de lumière et de facilité. 

Trois jeunes hommes, dont deux estoient d'une des meilleures 
maisons d'Aix, furent receus pour la Compagnie, du moins le 
P. Provincial, Tavoit ainsi déterminé en la consulte; mais les 
deux d'Aix perdirent cœur, devant que leur réception leur eut 
esté signifiée. L'autre estant allé dire adieu à ses parens quita 
de mesme la pensée d'estre Religieux. 

Le P. Balt. Poirot qui, de la Province de Champagne, 
estoit venu en celle de Lyon depuis un an, veint demeurer à 
Aix, à cette occasion. M. le Comte d'ALAis l'ayant ouy quel- 
quefoys prescher à Marseille, et l'ayant agrée d'ailleurs, encore 
scachant qu'il ne continuoit pas dans sa volonté d'y prescher à 
la Majour, selon qu'il s'y estoit engagé, demanda par letres au 
P. Provincial qu'il veint demeurer à Aix. Il y veint en effet, et 
eut pour employ la congrégation des Messieurs. Il prescha à 
divers rencontres aux Religieuses et surtout à la Miséricorde où 
M. le Comte et tout ce qu'il y avoit d'illustre à Aix, l'ouit 
tousjours très volontiers. 

Madame la Comtesse, voyant que le P. Poirot estoit à Aix, 
pour la considération de M. le Comte, dit au P. Recteur que 
ny luy, ny elle, ne vouloient pas que le collège en fust chargé, 
de sorte qu'ils vouloient y payer sa pension. De là vient, que 
l'an suivant, la dite Dame donna 100 L. au P. Recteur pour 
cela, et autant l'an d'après. Elle avoit bien d'abort dit qu'elle 
donneroit davantage, mais il faut croire que l'aumosne du mou- 
ton de chaque sepmaine, et la despense des prix de l'an pro- 
chain, teindrent lieu du surplus. 

Nous avons parlé cy dessus des légats de M. du Baye, 
M. Janson, Mad. de la Brillane, et des aumosnes de 
M. Gédes; en voici quelques autres qu'il ne faut pas oublier: 
100 L., M. de Réauville; 12 réaies M. d'ARCUssiA prestre 
des Carmélites; P. de Verquières, 118 L.; Mad"* de Bormes, 
64 L.; Mess, de l'Université, 50 L.; une personne qui n'a pas 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d\ix 149 

voulu estre nommée même au P. Recteur, mais conneue seu- 1644 

lement par le P. Renaud, procureur, 200 L.; oultre les autres 
plus petites qui sont dans le livre des bienfacteurs, notamment 
au moys de mars, où le P. Recteur se rencontra estre malade. 

Mon' le Comte d'AtAis assista à Toraison du Rhétoricien, à la 
façon de Tannée précédente. Il nous confirma sa volonté de L'Année 104^. 
donner les prix aux escholiers ; c'est pourquoy, ils en furent 
solennellement advertis, et mesme que les Philosophes y seroient 
compris. 

Certes cette libéralité de M. le Comte fust illustre et passa 
jusques à la magnificence. Les prix et ce qu'il donna pour 
Tapparat du théâtre, alla au-delà de s^oo escus. Il voulut mesme 
que nostre bibliothèque y eut part, de sorte qu'il nous fit donner 
les œuvres de Lipse en 7 tomes in 4°, justement de mesme 
parure que le reste des prix; Pleignard, libraire de Monsieur, 
fust celuy qui les fournit tous. Cardanus, De subtilitate, nous 
demeura encore par rencontre. 

Les prix des classes des Humanités furent donnés selon nos 
loix ordinaires, il est vray que le nombre en fust de beaucoup 
plus grand, car il en fust donné à ceux qui proxime accesserant. 
Mais il est à propos de scavoir quelle conduite fust observée 
pour juger de la suffisance des Philosophes. 

Le lieu de leur examen fust la congrégation de Messieurs, 
où depuis trois heures après midi jusques à cinq, il y avoit 
assemblée publique de mesme qu'à des thèses, de quantité de 
Religieux et presque tousjours des Supérieurs, de quelques 
advocats et médecins, et mesme une foys ou deux, de quel- 
ques Conseillers de Parlement. 

L'heure estant sonnée, et sept ou huict des nostres entrés, 
dont 4 avoient esté nommés du P. Recteur, pour estre juges, 
on faisoit, par un enfant de Cinquième, tirer au sort d'un cha- 
peau ou d'une boette, le Philosophe qui devoit estre examiné, 
lequel, de ce pas, se rendoit sur un petit théâtre dressé au 
balustre de la congrégation. Le mesme Cinquième tiroit encore 
au sort les noms de ceux qui examineroient, du moins l'ordre 
qu'ils y garderoient; car tous ceux-là qui prétendoient aux prix, 
estoient préparés pour examiner; et en mesme temps, leur 
donnoit encore, selon le sort, la question sur laquelle ils inter- 
rogeroient. 

Cela fait, le i*' examinateur estant assis, proposoit sa ques- 
tion, laquelle le respondant expliquoit à la façon qu'un maistre 
explique sa leçon en sa classe, puis, le mesme examinateur 



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150 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1645 argumentoit à rencontre, et ainsi en suite tous les autres, sans 

que ny les Régens, ni le P. Préfect dissent un seul mot. 
L'examen de chacun duroit une heure. Les Métaphysiciens, es- 
choliers du P. Gérard furent 10; les Logiciens, escholiers du 
P. de Lange, 14. Il n'y eut pourtant que 4 de chaque classe 
qui eurent des prix, selon qu'il avoit esté arresté entre nos 
Pères. 

Les examens eurent un succès merveilleux, et il ne se peut 
dire combien la ville y donna de louanges. 

L'action, composée par le P. Rossignol, Régent de la 
Rhétorique, eut pour argument : Abdhérame veincu par Charles 
Martel, affin de satisfaire au désir de M' le Comte, qui voulut 
qu'on y représenta les triomphes de la France. Elle dura trois 
jours, et fust receue avec un applaudissement extraordinaire de 
tout le monde. Les machines pourtant ne réussirent pas si bien 
qu'on s'estoit promis. 

A costé du grand théâtre qui tenoit le large de la cour, il y 
en avoit un pour Monsieur et Madame et toute leur maison, 
et tapissé de tous costés, mesme dessus, d'une pièce de tapis- 
serie pendante en forme de dez. Monsieur l'avoit fait dresser 
du costé de la treille, affin de voir le monde aux fenestres de 
nos chambres. Encore un autre fust dressé du costé des classes, 
plus bas pourtant que celuy de Monsieur, de sorte qu'il ne se 
trouvoit pas luy estre opposé, et lequel avoit seulement à dos 
les tapisseries; quantité de Mess, du Parlement y avoient leurs 
places. 

L'argument fust composé en latin et en françois, et imprimé 
en livre. Il en fust présenté à Monsieur, à Madame et à Ma- 
demoiselle d'ANGOULÊMES, rcliés en marroquin bleu comme les 
prix, et chacun avec son épitre particulière. On y adjouta un 
catalogue imprimé de tous les prix et de tous ceux qui les 
avoient gangnés. 

Il faut advouer, que le traccas de tout ce jeu fust extrément 
fascheux à la maison, mesme que nos toicts, murailles, jardin, 
treille, chambres en portèrent long temps les marques. Il y eut 
encore une chose qui fâcha Monsieur et Madame, c'est que le 
P. de la Rhétorique leur ayant demandé d'y faire mettre cinq 
ou six livres pour les acteurs qui auroient fait le mieux, on se 
teint précisément à ce nombre, de sorte qu'il ne fust pas 
moyen d'en donner à tous ceux qui en estoient dignes, ou que 
Monsieur en eut voulut gratifier. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 151 

Les tableaux du fonds de la scène, qui représentoient This- 1645 

toire diAbdérame et lesquels avoient esté peints à Lyon, furent 
donnés céans, par Monsieur le Comte. C'est pourquoy, ils 
furent mis au réfectoire pour y servir de quelque ornement. 
Au reste Monsieur fust si satisfait, que plus d un an après, il 
l'a témoigné en divers rencontres ; disant qu'à chaque lustre, il 
veut faire le mesme, et faire représenter à la première foys, 
Les nouveaux triomphes de la France. 

Le P. Recteur, par ordre du P. Provincial, fit un voyage à 
Grenoble. M' le Premier Président de Mégreny et M. le 
Comte de Bourbon, donnèrent chacun un cheval, pour luy et 
pour son compagnon. Les personnes qui Tavoient apellé payèrent 
leur viatique, du reste duquel, il donna 100 L., pour l'achève- 
ment du lambris de la sacristie, et 25 pour la bibliothecque, 
qui fusl transportée de dessus la sacristie, auprès de la chambre 
du P. de Verquières. 

La mort de nostre R. P. Général estant arrivée cest'année, 
il y eut à Lyon Congrégation Provinciale. Le P. Recteur y 
allast avec le P. André Jaquinot. M. de Bourbon leur donna 
des chevaux jusques en Avignon. Leur viatique fust d'aumosnes 
et des restes de celuy de Grenoble. Ils passèrent par Arles 
affin d'y voir M. le Comte d'AtAis et Madame qui lors y 
estoient. 

Pendant la Congrégation, il arriva une chose tout à fait ex- 
traordinaire, au collège d'Aix c'est la sortie du P. Claude de 
Crose* qui y enseignoit les Cas de conscience, et estoit profès 
depuis six ou sept ans. En voici toute l'histoire. 

Dans une récréation, il eut quelque prise de parole avec un 
Père, c'estoit le P. Guill. Gairin. Le P. Beau qui gouvernoit 
la maison s'estant informé du fait, et ayant trouvé que tout le 
tort estoit au P. de Crose, luy donne de dire un de profundis 
pour pénitence. Il ne la fit pas et s'absenta le soir de la pre- 
mière (table). 

Cependant ne pouvant digérer cette mortification, il demande 
au Père d'aller trouver le R. P. Provincial. On lui remontre 
nos ordres là dessus. 11 respont, que si on le luy refuse, il va 
s'adresser au Parlement, qu'il s'enfuyra par l'église, etc. Le 
P. Vice Recteur eut bien lors la pensée de l'emprisoner, mais 
voyant que dans le collège il n'y avoit aucune chambre propre 
à cela, il le laissa faire, disant au P. Procureur, de luy donner 
quelque chose jusques en Avignon, oii il se promettoit de le 



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152 HISTOIRE DU COLLÈGE D'AIX 



.645 faire arrester s^il continuoit dans son humeur de s*en aller, et 

pour laquelle chose il escrivit aussi tost. 

Le P. de Crose donc dans cette résolution, quoy que le 
P. Beau luy eut refusé, et des patentes et de l'argent, part 
avec deux de nos Frères qui ce jour là alloient à S* Alexis, le 
P. Procureur soubs main et comme par pitié, luy donna une 
réale, et croit-on que quelques personnes de la ville luy en 
avoient donné d'autres, du moins pour leur achepter quelques 
livres de dévotion, selon que du depuis elles l'ont déclaré, et 
lesquelles pourtant il employa pour soy. 

Le P. Bening, Supérieur de Marseille, revenant de la Con- 
grégation, le trouva de là Lambès. Il le salue et luy dit qu'il 
alloit en Avignon. Il est vray, que le P. Bening le trouva fort 
effaré. Cependant l'un et l'autre font leur chemin. Quelques uns 
disent que le P. de Crose passa en Avignon et logeât à la 
croix d'or, oii en effet, sur je ne say quel advis, le collège 
envoyât deux jeunes Frères. Les autres pourtant disent qu il 
ny passât point, et que l'envoy de ces Frères fust fondé sur 
un mal entendu. 

Poursuivant son chemin, il va à Orenges et là, il quitte la 
sottane, dont il s'en fist faire un habit. Les ministres l'escou- 
tent, sans se fier beaucoup à luy néanmoins ; ils le logent ches 
un apoticaire pour y estre précepteur de deux ou trois de ses 
ènfans; ils le voyent, ils confèrent, ils le trouvent disoient-ils 
altier et plein d'opinion de soy, au bout, ils lui font abjurer sa 
foy dans le consistoire et se professer huguenot. Le bruit de 
cette folie remplit aussi tost le Comtat d'Avignon ; c'est pour- 
quoy, nos Pères y députèrent le P. Jean Alby et le 
P. Platières, qui lors estoit à S' Louys. Ils virent à Oranges 
nos amis, et firent parler à M. de Crose, qui les remerciant 
de leur peyne, témoigna d'estre bien et de ne vouloir pas 
changer. Pourtant, ils laissèrent commission à nos amis catho- 
liques et au P. Gardien des Capucins, de veiller à cest'affaire. 

En mesme temps, le P. Recteur d'Aix revenant de la Con- 
grégation de Lyon, apprend cest'histoire. Il consulte en Avignon, 
ce qu^il falloit que de sa part il fit. Il fust résolu que son 
compagnon, le P. André Jaquinot iroit à Oranges. Il y va et 
n'advance pas plus que nos deux Pères, qui desjà y avoient 
esté, d'où vient, qu'après avoir remercié nos Pères d'Avignon, 
des soins que leur charité et leur zèle avoient apporté en 
cest'affaire, et prié les mesmes de ne pas les cesser, il reveind- 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 153 



rent à Aix, où nul de la ville savoit encore la nouvelle du triste 1645 

voyage de M. de Croze. 

On ne désista point en effet d y travailler, nos amis d'Orenge, 
les Pères Capucins et nos Pères d'Avignon ; niais le sieur de 
Crose demeuroit tousjours dans sa fermeté. Il se voit dans 
une lettre du P. Platières, soubs le pupitre du P. Recteur, 
les responses qu'il faisoit, lesquelles certes ne ressentent pas le 
repentir ny la piété. Au bout pourtant, M. le Comte de 
Grignan (^) fust plus heureux à le réduire. La copie de la 
letre qu'il escrivit à de Crose, et sa response à ceste mesme 
letre de M. de Grignan, sont avec les papiers du P. Recteur. 

Le voilà donc à Grignan, où le R. P. Boniel, Recteur 
d'Avignon, le fust aussi tost voir. Leur abort se fit avec d'abon- 
dantes larmes de part et d'autres. On luy fit faire une sottane, 
et envoyèrent un laquais au R. P. Provincial, pour avoir congé 
de Tabsoudre; c'est pourquoy le P. Boniel ayant esté commis 
pour cela, y fit un second voyage, et persuada de Crose, pour 
satisfaire le public, d'escrire; au Grand Vicaire de M' d'Orenges, 
pour l'édifiôation des catholiques du lieu; au P. Provincial, pour 
la satisfaction de la Comp"; et au P. Recteur d'Aix, pour celle 
du collège. Nous fismes lire sa letre au réfectoire, affin qu'elle 
y teint lieu de culpe. Elle est avec les papiers cy-dessus men- 
tionnés. 

Avant cette réduction, la nouvelle enfin de la folie du Père 
fust espandue par Aix et y produisit de l'estonement, mais lequel 
pourtant n'eut plus grand esclat, et qui ne dura guères. Il s'y 
dit mesme, qu'une femme de basse condition, que le Père avoit 
confessé quelquefoys, l'estoit allé trouver à Orenges, pour se 
marier avec luy ; c'est pourquoy, nous en donnâmes aussi tost 
fadvis à Avignon, mais ce bruit se trouva faux, du moins il fust 
sans effet. 

Après quelque temps de séjour à Grignan, il passa à Vaur- 
rias (Valréas), ches un gentilhomme, pour y estre précepteur 
de son fils, à cent livres de gage par an, il y est encore à 
cest'heure, pendant que cecy s'escrit, et là, il vit avec édifica- 



l) François de Castellane Adhémar de Grignan, qui fut Lieutenant de Roi en 
Provence, à la fin du XVII» siècle, et qui avait épousé la fille de M*"" de Sévigné. 
n'avait que i6 ans en 1645. 'l ào\i donc être ici question de son père Louis Gaucher 
de Castellane Adhémar, comte de Grignan, fils de Louis François de Castellane et 
de Jeanne d'ANCBZUNE-CAOENET, marié en 1628 à Marguerite d'ÛRNANO. 

Louis Gaucher avait plusieurs frères, l'un d'eux portait le titre de Baron de Grignan, 
deux autres ont été successivement Evêques de S' Paul-Trois-Châteaux et d'Uzès. 



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154 HISTOIRE DU COLLÈGE DMX 

1645 tien selon le récit de ceux qui Vy voyent. On verra ce qu'enfin 

Rome ordonnera de l'affaire. 

Pour ses escris, comme devant que partir, il les avoit rangé 
dans une caisse, aussi il les demanda si tost qu'il fust à Grignan. 
Le P. Recteur en escrivit au R. P. Boniel, qui lors estoit 
Vice- Provincial, et sur sa response, il les luy envoyé. Les 
Pères qui en prirent le soin furent très exacts à laisser dans 
la caisse, tout ce qu'ils y avoient trouvés, sinon qu'ils en 
tirèrent un manuscript relié, qui contenoit des remarques sur 
toute l'Écriture Sainte, lequel fust reconnu par les Pères, 
Beau, Jaquinot et de Verquières, estre de nostre bibliothè- 
que, depuis la mort du P. Loire qui l'avoit escry de sa main. 

Au reste, l'advis de tout ce que dessus, avec quantité d'autres 
particularités fust donné à Rome, et du despuis, il fust encore 
couché aux annales de cest'année, affin que du moins, la faute 
d'autruy soit utile à ceux qui en entendant l'histoire, scauront 
priser le bénéfice de leur vocation. Cy dessus l'an i6j6 ou 
1657, on a obmis d'escrire la sortie de Claude Lode, natif de 
Carpentras, Frère coadjuteur desjà ancien. 

Le sieur de Crose estant sorty de la Comp", un de nos 
Pères entra au ciel, mourant à Fréjus, ce fust le P. Ferdinand 
GuYON, neveu du P. Estienne Guyon célèbre en la province. 
Il estoit profès, et en estime de grande vertu, notamment 
d'humilité, mortification, dévotion, zèle des âmes. Il ne se peut 
dire les regrets qu'il laissa à Fréjus, et les honneurs qui luy 
furent faits en son enterrement. Nous en envoyâmes le récit à 
DoUe (Dôle), pour la consolation de nos Pères et de ses 
parens. 

La Congrégation générale obligeant nos Pères d'aller à 
Rome, quelques uns d'eux passèrent par Aix. Nostre R. P. 
Provincial avec le P. Gayet et Blandet; le R. P. Provincial 
de Toulouse avec les Pères La Case et Annat (*), et leur 

(1) On lit, à la date du 14 juin, dans un ménologe manuscrit de l'ancienne G** de 
Jésus, réloge suivant du P. Annat. (Commurïiqué par M. le M'* de Lagoy). 

<r On sera averti, qu'à tel jour que demain, en l'année 1670, mourut le P. François 
<c Annat de Rodez, Il joignit à sa grande érudition une profonde humilité, une grande 
« simplicité de cœur, une exacte régularité, une pauvreté et une mortification extra- 
ie ordinaire. Après avoir rempli avec une approbation universelle les charges de 
1» Recteur, de Provincial et d'Assistant, il fut rappelé à la Cour pour y être confesseur 
« du Roy très chrétien. Il vécut dans cet employ d'une manière si édifiante, que l'envie 
«r la plus maligne ne pût trouver à redire à sa conduite. Dans la nomination des 
tt bénéfices vacants, dont Sa Majesté l'avait chargé, il n'eut jamais égard qu'au mérite. 
« excepté lorsqu'il se rencontrait dans quelqu'un de ses parents, il s'opposa vigou- 
« reusement aux entreprises des ennemis de l'Eglise et de la C'^, et principalement 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 155 

frère coadjuteur; le P. Barthélémy Jaquinot qui ayant laissé 1645 

à Lyon ses compagnons, lesquels vouloient aller par le Pied- 
mont, veint ici attendre nos autres Pères. 

Or, comme de long temps, il estoit conneu de Madame la 
Comtesse d'AtAis, elle luy envoya sa litière en Avignon, et 
depuis, en cette ville , lui donna presque tous les jours à disner 
au palais. Le P. Mercier, Provincial de Toulouse, estant de 
mesme très conneu chez Monsieur, y mangeât d'ordinaire avec 
le P. Jaquinot, et tous deux, sortans pour s'aller embarquer à 
Canes, receurent la continuation des mesmes témoignages de 
bienveillance; car il fust donné au P. Jaquinot encore une 
litière, et des chevaux au P. Mercier; et pour tous, des letres 
de recommandation à Mourgues ('), en faveur desquelles ils 
furent conduits jusques à Gênes, dans le brigantin du prince ; 
et à Gênes, furent pourveus de tout ce qui estoit nécessaire 
pour le reste de leur voyage, à la recommandation de la Mar- 
quise des Baus, belle fille du prince de Mourgues, à qui 
Madame la Comtesse d'AuAis avoit demandé cette recomman- 
dation par letres. 

Le P. Jaquinot attendant les autres Pères, demeura céans 
une douzaine de jours, il est vray qu'il en alla passer deux à 
Marseille. Le P. Mercier de mesme attendant, y demeura 
7 ou 8 jours. Les Pères Sirmond, Merat, de Lingendes y 
passèrent encore, mais sans y demeurer que deux jours, à quoy 
le P. de Lingendes se trouvât contraint, à cause de quelque 
petite indisposition. 



'« des Jansénistes, dont il déconcerta les desseins à Rome et en France, tant par ses 
« ouvrages, que par l'authorilé du Roy qu'il employa contre eux. Enfin, après seize 
M ans de fatigues, ayant obtenu du Roy la permission de se retirer de la Cour, ce 
•« qui ne luy fut accordé qu'après d'instantes sollicitations. Il ne s'appliqua plus qu'aux 
'< exercices de l'Oraison, qu'il commença à goûter en ce monde les délices du ciel 
• dans les communications avec Dieu. II mourut à la maison professe de Paris, âgé 
« de 80 ans, dont il en avoit passé 6) dans la Compagnie. 

(1) On sait que la principauté de Mourgves n'est autre chose que Monaco. Elle 
n'est pas appelée autrement dans la Chotographie de Bouche imprimée en 1061. 

En 1645, le Prince Souverain de Mourgues était Honoré II de Grimaldi, qui succéda 
en 1634 à son père Hercule de Grimaldi, époux de Marie de Lando. Outre son 
titre de Prince de Mourgues, Honoré portait encore ceux de M»» de Campanie, 
comte de Canouse, duc de Valentinois, M»* des Baux, comte de Carladès, Baron de 
Buis, de CÎalvinet. Il était chevalier du S»-Esprit et de la Toison d'Or, et pair de 
France. Il mourut en 1662. Il n'avait eu de Hippolyie de Trivulce, son épouse, qu'un 
fils, Hercule de Grimaldi. M*» des Baux, qui mourut avant son père, le 2 Août 16^1, 
par suite d'un accident d*arme à feu. Il laissa de sa femme Aurélie Spinola, un fils, 
Louis de Grimaldi, qui succéda directement à son aïeul. C'est sans doute Aurélie 
Spliola que le manuscrit désigne sous le nom de Marquise des Baux (Vid. Bouche, 
Miit. de Prov. 1. 892 cl II, 969.; 



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156 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1645 M. le Comte d'ALAis avoit demandé la chaire de S' Sauveur 

à Messieurs du Chapitre, qui èf cause de la mort de feu 
M. TArchevesque en disposoient pour le P. Recteur, et lui 
en effet, s'estoit préparé pour y prescher. Cependant, quelque 
indisposition luy estant survenue, il envoyé au R. P. Provincial 
le sentiment des médecins, qui estoit de ne pas s'y engager. 
C'est pourquoy, sur les responses du Père, il fust remettre la 
chaire entre les mains de M. le Prévost, lors Grand Vicaire, 
qui ayant receu l'excuse du P. Recteur et sa prière de nous 
conserver cet employ, luy dit, qu'en effet cela estoit juste, mais 
que pour de bonnes considérations, il seroit bien ayse que 
M. le Comte luy fit dire qu'il désiroit cela. Ce qui de fait, 
fust exécuté, Monsieur envoyant son ausmonier témoigner son 
inclination à M. le Prévost. 

Mais au bout, cela fust sans effet, car M. TArchevesque (^) 
venant de Paris où il estoit allé sans passer par Aix, ou du 
moins sans y entrer, témoigna à M. le Prévost, qu'il ne devoit 
point engager sa chaire sans son agrément, puis qu'il s'estoit 
rencontré en France et estoit à la veille de venir à Aix. D'où 
veint, que M. le Prévost signifia au P. Recteur, qu'il faudroit 



(i) Michel Mazarin naquit à Rome, en MDCVII, fit profession dans l'Ordre de 
S' Dominique, fust fait professeur en Théologie et Philosophie, nommé Général par 
le party des François, dans l'assemblée tenue à Gènes; toutefois les Espagnols 
s'estant opposés à cette élection, il fust fait Maître du Sacré Palais, pour le bien de 
la paix. 

Mais dès que l'Archevêché d'Aix fust vacquant, son frère le fit nommer au Roy, 
pour remplir cette charge, dans laquelle il n'a fait que passer, n'y ayant pas duré 
trois années entières; car il fust sacré à Rome, le mois d'octobre de 104^. Il arriva à 
Aix le jo déc. mesme mois, le lendemain fit l'office, et fit distribuer plusieurs médailles 
au peuple qui se présenta pour la communion. Il fust en Cour, et à son retour, ayani 
projeté le nouvel aggrandissemcnt de la ville, il y mil la première pierre, le 10 d'aôust 

1647. Ensuite il receut la barrette et fust prendre le chapeau avec le titre de cardinal 
de S'* Cécile, le mois d'oct. mesme année. A son retour ayant esté créé Vjce-Roy de 
Catalogne, il y alla commender. et fit son entrée à Barcelonne, le mois de février de 

1648. Enfin retournant à Rome, celle qui Tavoit veu naître luy vit perdre la vie, d'une 
maladie de cinq jours, le 2 sept, de 1648 et la 41* année de son âge. (Vid. J. S. Pitton. 
Annales de la S** Eglise d'Aix.) 

N. B. — Sur l'exemplaire de cet ouvrage, qui a appartenu à de Haitze et que 
possède M. le M'* de Lagoy, on trouve la note marginale suivante, de la main de 
de Haitze. » 

« Michel Mazarin alloit un jour à Tolon pour les affaires pressantes du Roy. Comme 
« il estoit prest de sortir d'Aix, proche de la porte St-Jean , il rencontra le très S* 
<f Sacrement qu'on portait à un malade. Il descendit à l'instant de carrosse, prit le 
« surplis et l'étole, fut communier le malade qu'il exhorta ensuite à la patience, ei 
« le fit aumoner de 50 pistoles, et aprèsj il poursuivit son voyage. 

P. J. de Haitze, Histoire d'Aix, Liv. XVII. ch. XIV, an. 1645 dit : « Dès l'arrivée 
« de Michel Mazariw à Aix, l'Université le déclare son Chancelier et le prie par la 
« bouche de son Primicier, de lui faire l'honneur d'en acccepter l'emploi ; emploi qui 
« honore quiconque à qui il est déféré. » 



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HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 157 



trouver quelque voye d'accort, telle que seroit de retenir Tad- 164^ 

vent pour nous , et de laisser le caresme à un autre. A quoy 
le P. Recteur repartit, qu'il falloit pleinement satisfaire M. TAr- 
chevesque, le laissant tout à fait disposer de sa chaire. 

De fait, à la seconde visite que le P. Recteur fit chez luy, 
il luy raconta comme Mess, de S' Sauveur luy avoient donné 
la chaire, mais que sa santé ne luy permettant pas de la tenir, 
ils luy avoient demandé quelqu'un qui prit sa place; toutefois 
qu'il estoit juste de la luy remettre entre les mains, et de 
prendre là dessus ses volontés. 

M. TArchevesque respont, qu'à parler franchement, il n'estoit 
pas satisfait de son Grand-Vicaire, de ce que scachant qu'il 
estoit à Paris, il ne luy avoit point escrit le changement qu'il 
falloit faire de prédicateur en son église; qu'au reste, il n'avoit 
pas encore pris la dernière résolution pour cet affaire, mais que 
venant ches nous à quelqu'occasion, il nous en parleroit. Cela 
fust dit, mais jamais il ne nous en parla du depuis, donnant sa 
chaire aux Pères Jacobins. 

M. le Comte scachant ce procédé, demanda au P. Poirot, 
si nous avions intérêt à nous conserver cette chaire, signifiant 
par là, qu'ilytravailleroit. Le P. respont que pour son particulier 
il n'y avoit nul intérêt, car il devoit prescher à Arles; que pour 
le P. Recteur il n'y prétendoit plus rien. C'est pourquoy, M. le 
Comte ne passa pas plus advant, ny nous non plus, et mesme 
nous eussions eu de la peyne à trouver qui y mettre, car desjà 
nos Pères avoient leurs chaires assignées, et il eut esté fascheux 
aux villes de s'en priver, comme Mess, de Marseille le 
témoignèrent avec tant de bruit, sur la seule première pensée 
qu'on avoit eu d'en tirer de S' Martin le P. Berthod pour le 
mettre à S* Sauveur. 

Quelques uns remarquèrent, qu'il y eut de la Providence en 
rindisposition du P. Recteur, et en la démission de la chaire 
quil fit entre les mains de M. le Prévost; car il y a de l'appa- 
rence, que M. l'Archevesque l'en eut privé pour la donner aux 
Jacobins, par qui dit-on, elle avoit esté desjà demandée, lors 
qu'allant de Rome à Paris, il fust visité d'eux sur le chemin. 
Néanmoins, d'un austre costé, M. l'Archevesque eut peutestre 
fait considération, que M. le Comte avoit en particulier de- 
mandé un tel pour prédicateur, selon qu'il arriva pour le regard 
du P. Jaquinot, à qui les Jacobins ayant osté Pertuis, pour 
y mettre le Prieur de cette ville, il luy fust remis, aussi tost que 



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158 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1645 M. TArchevesque eut sceu que M"* la Comtesse Tavoit de- 

mandé et obtenu du Prévost pour luy. 

Ce discours nous engage à y adjouter les autres procédés 
du dit Seigneur Archevesque envers nous. A son arrivée qui fust 
à 9 heures du soir, dès le lendemain matin, le P. Recteur avec 
j de nos Pères luy fust faire la révérence. Il les receut avec 
beaucoup de civilité et d'affection; du depuis, nous le visitâmes 
à d'autres rencontres, et luy, pour nous rendre tout cela, veint 
dire la messe ches nous, le jour de S* Xavier. Il est vray que 
nous l'avions invité la veille. 

A la Toussains, il fit annoncer au prosne, qu'il suspendoil 
l'approbation de tous les prestres et mesme des Réguliers, 
jusques à ce qu'ils les eut veu et examiné. Nous allâmes les 
premiers à l'examen, le P. Recteur et 9 de nos Pères, trois 
estant demeurés au logis pour je ne scay quels empeschemens. 
A Tabort, M. l'Archevesque prit le P. Recteur par la main, et 
luy dit, qu'il l'approuvoit et vouloit qu'il examinât les autres. 
Pour nos Pères, luy mesme proposa une question au P. Beau, 
lequel il scavoit bien estre professeur des Cas (de conscience). 
Le P. Serronie, Jacobin, son domestique, par son ordre, en 
proposa de mesme une au P. Poirqt. 

Cette submission de nos Pères, fust de grand exemple, 
notamment aux autres Religieux; et quoy que quelques uns la 
trouvoient un peu nouvelle et fascheuse, toutefoys, oultre les 
autres raisons, il nous souvenoit que nos Pères d'Avignon, 
deux moys auparavant, s'estoient présentés pour le mesme sub- 
jet à M. l'Archevesque, mesme le R. P. Boniel desjà nommé 
Vice- Provincial et le R. P. Alby, Recteur. II est vray que le 
dit Seigneur, Archevesque d'Avignon, leur fît un autre traitement. 

Les Pères qui s'estoient trouvés occupés, allèrent aussi tost 
après les classes se présenter, mais M' l'Archevesque se trou- 
vant empesché, le P. Serronie les vit et leur dit que c'estoit 
assés, et que le P. Recteur avoit tout pouvoir pour les approuver. 

En suite de cet examen, on donne à nos Pères de qui le 
nom avoit esté mis sur les registres, un imprimé, qui portoit 
qu'on leur donnoit approbation pour confesser, et mesme le 
pouvoir (mot effacé). Celuy du P. Recteur avoit de particulier 
par dessus les autres, le congé de prescher. Au reste tout cela 
estoit pour un an. Cet imprimé est soubs le pupitre du 
P. Recteur. 

Il sembloit par la distinction de ces imprimés, l'un desquels 
parloit de prescher, dont tous les autres ne disoient mot, qu'on 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d\1X 159 

prétendoit de nos Pères, une approbation nouvelle pour cet 1645 
employ ; mais pourtant, comme il ne leur fust pas intimé, aussi 
demeurent-ils sans s'en mettre davantage en peyne. 

Quelque temps après cette action, on apporte ches nous un 
autre imprimé, c'estoit le rosie des cas réservés, avec des 
menasses de suspension et d'autres peynes, pour ceux là qui 
en absoudroient , avec une ordonnance de les aifiger aux con- 
fessionaux; et enfin, que si quelqu'un se prétendoit privilégié 
pour en absoudre, que dans la quinzaine il feroit paroistre ses 
privilèges. 

Sur cela, nos Pères résolurent qu'ils ne montreroient point 
nos bulles et nos privilèges; T parce que ce sont livres de 
rinstitut; 2** parce qu'il y a quantité de choses qu'il n'est pas 
à propos de faire conoistre à chacun; }"" d'autant qu'ils ne sont 
pas signés par un notaire apostolique, selon qu'ils doivent estre 
pour passer pour originaux. 

Le P. Recteur donc va voir M. l'Archevesque, et luy dit; 
que le monde entier estoit nostre bulle, et que partout, il n'y 
avoit autheur qui ne fit mention des privilèges des Religieux et 
en particulier des nostres; que mesme, les déclarations du 
concile de Trente apportoit les paroles de Grégoire XIII, pro- 
noncées en nostre faveur, etc. M. l'Archevesque réplique 
diverses choses, et nommément qu'il avoit demandé cela au Pape 
à son départ de Rome, selon les brefs d'Urbain S"% et que si 
cela ne nous satisfaisoit pas, qu'il nous estoit permis d'en 
escrire à Rome, comme luy de son costé en escriroit ; qu'au 
reste, si les Religieux s'advançoient jusques là que d'absoudre 
ce qu'il se réservoit, qu'il leur deffendroit tout à fait de con- 
fesser, d'où estoit venu que dans leur approbation, il l'avoit 
limitée à un an ; mais pourtant, qu'il en donnoit le congé au 
P. Recteur, mais à luy seul de sa maison, et à sa personne 
privée et particulière ; sur quoy le P. repartit qu'il ne pensoit 
pas avoir besoin de cette faveur. 

Au retour de ches M. l'Archevesque, le P. Recteur assembla 
tous nos Pères, leur fit le récit que nous venons de faire et 
adjouta j choses: T* qu'ils estoient Théologiens, qui par con- 
séquent scavoient assés ce qu'ils avoient à faire en ce rencontre ; 
qu'après tout, ayant receu le pouvoir de quantité de cas d'au- 
tres Supérieurs que luy, et mesme des Provinciaux, que ce 
n'estoit pas à luy à le leur oster ; 2*"* que se servant donc du 
pouvoir que la Comp" leur avoit donné en suite de ses bulles, 
ils y apporteroient une grande prudence, et dans le confessional 



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1(50 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



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\b^c ^n absolvant, et dehors en parlant de ce qu'ils pouvaient ; 

3*"' qu'il n'estoit nullement d'advis qu'on afficha rien aux con- 
fessionaux, quoy que quelques autres Religieux l'eussent fait ; 
mais que ce seroit assés que le sacristain eut en quelque coin 
de la sacristie, les cas réservés, selon qu'ils nous avoient esté 
envoyés. 

Un troisième imprimé nous fust apporté dans quelques jours; 
il regardoit l'exposition du S' Sacrement. En suite de quoy, il 
fut mis en question, si on demanderoit congé de l'exposer à la 
Purification dans la congrégation qui en fait la feste. Nous 
conclûmes, qu'il ne falloit pas ; veu que l'ordonnance permet de 
l'exposer au jour du patron. Il est vray, que ppur la procession 
que les escholiers font le soir par la rué, en rapportant le 
S' Sacrement dans nostre église, le congé fust demandé à 
M. le Prévost qui l'accorda volontiers. 

11 ne faut pas toutefoys taire, que Mess, de la grande con- 
grégation, furent voir M. l'Archevesque, la veille de leur feste; 
mais ce fus^ à nostre inceu, et contre nostre sentiment, lequel 
nous ne leur avions point dissimulé; car il est clair, que leur 
congrégation, estant une chapelle formée, pouvoit croire mieux 
que tous les autres, qu'il luy estoit permis d'avoir le S' Sacre- 
ment en évidence le jour de sa feste. 

Mais comme les 40 heures approchoient, la plus grande 
difficulté fust, quelle conduite nous prendrions, veu nommément, 
que le bruit estoit dans la ville, que l'église seule de S* Sauveur 
Ty auroit. Le P. Recteur là dessus va voir M. l'Archevesque, 
la veille du dimanche gras, comme pour l'inviter à nos 
40 heures, et faisant l'ignorant de ce qui se disoit de son 
dessein de les mettre seulement à S' Sauveur, 

Après beaucoup d'humbles remontrances, et de raisons que luy 
et le P. Jaquinot, son compagnon, apportèrent. Monseigneur 
demeura ferme à retenir dans son église les 40 heures et à 
nous donner seulement le mardy. On le pria de permettre que 
du moins elles commençassent dès le lundy à vespres, il ne le 
voulut jamais accorder. 11 est vray que ce fust avec de grandes 
civilités et des termes qui tenoient de la prière; c'est pourquoy 
nous nous contentâmes en eiîet du mardy ; de sorte que nos 
prédicateurs avertis pour le lundy se reposèrent, et il fust 
seulement presché le mardy, matin et soir. 

Il nous fust à l'abort fascheux de faire cest'altération en nos 
40 heures, cependant, pour en déférer à M. l'Archevesque ei 
acquiescer aux sentimens de M. le Comte, et au Conseil de 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



M. le Président de Réauville, et affin qu'on ne prit o< 
à Paris, de se refroidir au dessein de donner au Roy 
nos Pères pour confesseur, nous fismes simplement < 
Monseigneur voulut. Il est vray qu'on signifia à ceux 
confessèrent ches nous, que Tindulgence h'estoit pas oî 
le prédicateur Tannoncea en chaire. 

Quelques jours après cest'action, le R.P. Boniel vei 
sa visite en qualité de Provincial. Il vit trois foys M. 1 
vesque, mais jamais pourtant il ne peut obtenir qu'il ne 
seroit nos 40 heures libres, ouy bien que nous les a\ 
jeudy gras, et que mesme, il contribueroit ses soins 
faire avoir un bref pour ce jour-là. Il est certain, que 
lus obmis à luy estre remontré sur ce sujet, mais ce fi 
tilement. 

D'où vient, que pour esclaircir Rome de tout, le P. I 
escrivit à N.R.P. et au R.P. Assistant, et leur envoyât 1 
de toutes les procédures de M. TArchevesque envers 
lége. Il fit le mesme au F. Supérieur de S* Louys de 
par le conseil du R* P. Vice-Provincial, mais il nou 
sans response. Pour les responses du R. P. Général, d 
Charlet et des autres, à qui il fust fait part de cest 
elles sont soubs le pupitre du P. Recteur, et là, il s 
voir, que tousjours on Tadvertit de demeurer dans le r 
et de céder doucement pour un temps aux tempestes, p 
que de les choquer en vain. 

Parmy tout cela, il faut advouer que M. TArchevesqi 
à tousjours veu ches luy volontiers, receu avec honneur, 
pagnes au delà de ce qu'il devoit; dès qu'il vouloit qu 
fussions examinateurs aux ordres, et que nous allassions 
ches luy. Mais au bout, ces deux dernières choses o 
sans exécution, et pour les autres, elles sont inutiles. Pa 
sion, quelqu'un des nostres dit un mot à M' le Cardin 
Barberin, de nos 40 heures, comme pour l'engager à ei 
en nostre faveur. Il constata que dans Rome elles ne lai 
pas de se faire ches nous, quoy qu'elles fussent à S* 
mais il adjouta, que logeant ches M. TArchevesque, il 
pas séant de luy parler d'une chose, qui choqueroit se 
nations et ses desseins. 

[Nota). « Tout ce récit n'appartient pas à cette anné< 
« mais il a fallu le faire tout entier, puisqu'il regardoit les i 
« personnes et une suite de traitement semblable. Ce qui 



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162 HISTOIRB DU COLLÈGE D AIX 

1645 « les 40 heures et Texposition du S* Sacrement est de l'an sui- 

« vant, le reste arriva sur la fin de cesf année 1645. 

L'octave du S* Sacrement fust presché à S* Sauveur par le 
P. PoiROT, qui eut la consolation de s'y voir ouy par une 
nombreuse assemblée, contre la coustume de ce pays, pour le 
regard de cet octave. Nous avons obmis cy dessus, que le 
P. Grillot Tavoit presché à la Magdelaine, Tan 1643, et qu'il 
y avoit esté bien ouy. 

Le mesme P. Poirot fust à Aubagnes durant l'esté, 10 ou 
12 jours avec M. le Comte. Le P. Recteur et le P. Jaquinot 
y furent de mesme au retour de la Congrégation de Lyon, et y 
demeurèrent cinq jours, pendant lequel temps, les uns et les 
autres y receurent des témoignages d'une singulière et tendre 
bienveillance de Monsieur et de Madame, laquelle en particu- 
lier, prit le soin de les faire très bien loger. 

Nous achevasmes la sacristie, nous fismes la chambre de 
dessus et en transportâmes la bibliothèque. Nous fismes le puis 
qui est au jardin, lequel a esté payé des 500 L., que la ville 
nous devoit de reste pour bastir. A l'abort, il fust creusé à 
deux pas au plus au delà, tirant vers l'équirie; et en effet, 
l'ouverture de deux ou trois canes y est encor couverte d'une 
petite voûte. La cause donc pour laquelle on désista de ce 
premier ouvrage, c'est que par fortune, s'estant fait un trou 
dans le saffre d'alentour, on reconneut que c'estoit un puys 
comblé de long temps. C'est pourquoy, on commença de tra- 
vailler en haut à l'ouvrir et à le vuider, et à le creuser } ou 
4 canes plus ad vant dans le saffre, et de là vient que le dia- 
mètre en est si grand, estant tel qu'il fust trouvé commencé. 
Pour l'autre puys, Teau s'en faisoit blanche Testé, et estoit 
amère, et croit-on, que passant par ce puys comblé elle s'y 
gastoit. C'est pourquoy, bien qu'il subsite pour divers autres 
usages, nous n'en buvons plus. 

Nous fismes les obsèques de N.R.P. Général (Mutins Vit- 
telleschi), le R.P. Millière, Provincial, se trouvant lors céans 
pour sa visite, fit l'office. L'église estoit entourée d'une bande 
de frise noire, semée de noms de Jésus. Les autels estoient 
tous tendus de noir; le chevalet fust tout simple et sans nulle 
inscription. Il ne se fit point d'oraison funèbre, ny dans Téglise, 
ny dans le réfectoire. Tout cela fust réglé par le P. Provincial. 
Mess, de S' Sauveur avoient accepté de grande affection d'y 
venir dire la messe, mais au soir de la veille, il fust reconneu, 
que le lendemain c'estoit l'anniversaire de la mort de M. de 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 



Bretel, Archevesque; c'est pourquoy, ils s'en excusèrent 
témoignage de déplaisir. 

Les thèses furent célèbres, et notamment deux, celles 
M. de Carses, où tous les corps s'intéressèrent à se troi 
II voulut y avoir la mesme place et de la mesme sorte 
M. le Comte d'AtAis, qui pour lors estoit aux champs. \ 
Premier Président n'y assista pas, mais bien les autres 
estoient à la ville. On en dédia encore à M. le Premier 
sident de Mégrigny, qui eurent encore une très belle asemi 
Ceux qui soustenoient, furent de ceux qui un mois a 
eurent des prix, au jeu dont nous avons parlé cy dessus. 

On receut, mesme avec grande instance de la part des nos 
un métaphysicien gentilhomme de naissance, et qui tousj 
avoit esté singulièrement estimé pour son esprit et sa v 
Mais au bout, avec Testonnement de tous ceux qui le coni 
soient, il manqua de cœur estant allé dire adieu ches luy. 

Nous avions eu autrefoys mille livres d'amende, par 
signation de M. le Président Monnier ('), lesquelles i 
furent payées, sur un je ne scay quel moulin qui estoit su 
tué, de sorte que les intéressés nous faisant et à quel 
autres un procès là dessus, il y eut arrêt de condemnat 
d'où vient, que le veinqueur remit une debte à un Mon' c 
Mure de Marseille, qui par conséquent deveint nostre créai 
à 5 pour cents. Mess, ad vouèrent qu'il y avoit en ceh 
malheur pour nous, et qu'ils prendroient le temps de nous 
placer la ditte somme, du moins peu un peu. Voyés l'an i 

M. le Conseiller Monnier, fils de M. le Président, 
devoit 2 mille livres, que son père en mourant nous avoit léj 
A l'abort, il y eut assés de difficulté à le luy faire advou< 
s'en charger, de sorte qu'il fallut en venir jusques à un prc 
où les Pères Chartreux, les Jacobins et la Miséricorde entn 
avec nous comme légataires. Au bout, il y eut transactio 
dèz lors, nous touchâmes 200 L. d'arrérages. Mais M 
Conseiller voulant enfin satisfaire à cette debte, demand 
traiter. C'est pourquoy, avec le congé du R. P. Provincial 



(1) Amant de Maunibr s' de Chateaudeuil, fut pourvu de Toffice de Conseil 
Parlement, le 9 déc. 164$, ensuite de la résignation d'Henri de Forbin d*0 
devenu Président, et reçu le lô janvier 1646. Il avait été Lieutenant principal au 
de Draguignan, et le Roi Tavait pourvu de l'office de Président à mortier de 
Louis de Maunibr son père, mort en i6|8, mais il s*en démit en faveur d'Hei 
FoRBiN D'Opp^DEf qui lui résigna son office de Conseiller. Maunibr épousa i 
Castillon, fille du Marquis de Bkinbs. (Esmivi de Moissac. Hist. du Pari, de 
Mss. cit.) 



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164 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1645 ^^y quittâmes 100 L. du principal et 200 L. de la pension 

courante, depuis l'autre paye. Voici à quoy furent employés ces 
19 cents livres là : à payer diverses debtes conceuês de nos 
petites nécessités de tous les jours , et nommément de ce qu'il 
fallut porter à la Congrégation pour les viatiques et frais de la 
province. 

Oultre les menues ausmosnes assés considérables, et celles 
de M. le Comte, d'un mouton par sepraaine, ou de 4 L. pour 
le remplacer, nous eusmes : 70 L. d'amende, assignées par 
M. de LA Roque, par la condemnation de M. Rampales, pour 
lequel nous nous estions mesme fort employés, et qui dans sa 
prison nous voyoit volontiers, et advouoit que c'estoit le châti- 
ment de sa sortie de ches nous ; 5 j L. par le P. de Verquières; 
une charge de bléd par M. de Jouques; autant par M"* de 
Bellefin, la charge vallant bien 29 L.; 100, de M. de Réau- 
viLLE selon sa coustume, et encore un pourceau; bref, le 
rideau de taffetas vert devant S* Ignace, par Mad"* la Baronne 
d^OppÈDE. 11 faut adjouter 50 escus du légat de M. du Baye 
dont il est parlé l'an 1644, son beau fils M. le Conseiller de 
Clumens (*) promettant le reste pour l'an suivant. 
L*ani646. M. le Cardinal, François Barberin f), arriva de Rome en 

cette ville, et avec luy, le Prince Préfect son frère (^). Le 

(1) François de Pbribr, Baron de Flayosc, plus tard M'* de Flayosc, s*" de Venta- 
bren, Clumens, etc., fils de Julien de Perier et de Françoise de Demandolx la Palu, 
marié en 1644 à Victoire (alias Henriette) de Porcbllet, fille de Pierre Avocat- 
général au Parlement, et d*Esther de Mbyran d'UsAYE, fut reçu Consdiller au Parlement 
d'Aix le 16 déc. 16^6. 

(2) La célèbre famille romaine Barbbrini est originaire du petit village de Bar- 
berino dans la vallée d'Eisa en Toscane, d'après lequel elle s'est fait appeler; 
mais son nom primitif était Tafani. Antonio Barbbrino (mort à Florence en i$7i), 
eut trois fils: Carlo ^ Maffeo (né en i$88) qui devint ensuite pape sous le nom 
d'URBAiN VI 11 et Antonio (né en 1569), mort en 1646, moine capucin et cardinal 
bibliothécaire de l'Eglise. Cftte maison doit sa grandeur et son illustration au pape 
Urbain VIII, qui pendant un pontificat de 21 ans, ne négligea aucune occasion de 
favoriser ses proches. Des trois fils de son frère Carlo^ l'aîné, Francesco (né en IS97)< 
fut nommé cardinal en 1625, (c'est ce même cardinal dont il est ici question). Il exerça 
une grande influence pendant tout le règne de son oncle, et mourut en 1679, doyen 
du Sacré Collège. Avec l'aide du savant Léo Allazi de Chio, il fonda la précieuse 
bibliothèque, qui encore aujourd'hui, malgré les nombreuses pertes et déprédations 
qu'elle a subies, est la collection privée la plus riche en manuscrits qu'il y ait à Rome 
{Encyclopédie du XIX' siècle^ verbo Colonna). 

(3) Taddeo, second fils de Carlo Barbbrini, Général de l'Eglise, et, après l'extinciion 
des délia Rovbra, ducs d'Urbino, Préfect de Rome, il épousa Anna Colonna de 
Paliano, arrière petite-fille du vainqueur de Lépante et acheta, de la ligue romaine 
atnée des Colonna, la principauté de Palestrina (Preneste), ainsi que d'autres possessions 
des Colonna. Taddeo^ forcé avec ses frères de se réfugier en France, dont toute sa 
famille soutenait les intérêts, mourut dans l'exil à Paris, en 1647. (Encyclopédie duXIX^ 
siècle, verbo Colonna). 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 165 

P. Recteur, avec trois de nos Pères les furent saluer, et eux 1646 

nous témoignèrent beaucoup de bienveillance. Le Cardinal nous 

visita quelque temps après, avec ses trois neveux (*), et vit 

partie du collège. Le Prince Préfect le fit après en vei 

ouir la messe, sans entrer pourtant céans, se contentant 

voir le P. Recteur dans Téglise. 

Nous rendimes les mesmes devoirs au Cardinal Antoi 
venant de Paris icy. Et luy de sa part, nous témoigna b( 
coup d'affection, nous entretenant dans sa chambre près c 
quart d'heure, et nous disant au sortir, qu'il nous ver 
souvent au collège. 11 ne le fit pourtant jamais, soit 
comme il logeoit à Tarchevesché il en fust destourné, 
que luy mesme ne le voulut pas faire, voyant les froid( 
qn'on y avoit pour nous. 

Les traitemens que M. TArchevesque nous faisoit, comm 
çant de tenir quelque chose de ceux de M. de Bourdea 
nous escrivismes à nos Pères de nous informer un peu 
leurs affaires et de la conduite qu'ils y avoient tenue ; 1 
response et les papiers qui nous envoyèrent, sont soubs 
pupitre du P. Recteur. Les principaux regardent les con 
sions et les communions de Pasques ; car M. TArcheves 
ne manqua pas cest' année, de mettre en délibération 
deffendre aux Réguliers de les administrer : mais ses chano 
luy remontrèrent, qu'ils ne pourroient pas sans ce seco 
satisfaire au peuple, et que ç'avoit esté tousjours l'usage d'. 
Cependant, quoy qu'au jour de Pasques on commur 
indifféremment par tout, toutefoys nous ne le fismes pas, i 
qu'on vit, que comme nous voulons conserver nos droits 
nous sommes bien fondés, qu'aussi nous ne voulons r 
rien arroger sans des titres bien légitimes. Parmi ces pap 
de Bourdeaux, il y en a quelques uns du P. Doniol, envc 
d'Avignon. Le plus nécessaire, c'est celuy qui traite de I 
position du S* Sacrement par les Réguliers, et il con( 
qu'ils ne le peuvent sans l'adveu de l'Ordinaire, sinon 
certains rencontres. 

Nos Pères restant assemblés à Rome, on ne manquoit 
de nous faire part de leurs nouvelles ; c'est pourquoy, nou: 
conservâmes quelques papiers qui se trouvent sous le pu] 

(1) p. J. de Haitze Histoire (Mss.) de Provence, sous le gouvernement du / 
comte d' A lais ^ iiv. II, ch. XVI, rapporte un .insigne miracle opéré sur mer, en 1 
veurdes membres de la famille Barbbrin, par la vertu des reliques de S**-Made 
Voyez, Pièces Justificatives, n* 24. 



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166 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



1646 du P. Recteur. Les plus importants sont : les brefs du Pape, 
pour le temps préfix de la Congrégation et de la Supériorité; 
les point qu'il y fist exposer ; les responses de nos Pères ; 
l'information nouvelle des qualités que doit avoir un Général. 

Le P. André Jaquinot allant faire à Dijon un voyage, nous 
demandâmes qu'il passa jusques à Paris, affin d'y traiter deux 
affaires : la i'", empêcher qu'il ne nous fust plus rien retranché 
des deniers de l'Université ; la 2***, obtenir un brevet pour la 
chaire de Théologie de M. Ailhaud, luy nous l'offrant de 
son gré, et nous ayant donné par escry comme il falloit s'y 
prendre. 

Pour la première affaire, le R. P. Brisacier nommé pour 
estre Recteur d'Aix, la fît avec souhait, car lors il se trouva à 
Paris. Pour la seconde, Rome y trouva de la difficulté, d'autant 
que nous proposions de prendre les gages du professeur, ce 
qui sembloit choquer nos constitutions; d'ailleurs que nous ne 
pouvions éviter les oppositions des Ecclésiastiques et des 
Religieux qui prétendent à ces chaires, du moins par le con- 
cours, ce qui semble estre contre nos décrès. Pour Paris, il 
fust exigé, du moins par nos conseils, que l'Université y donna 
dès cest'heure son consentement, affin d'appuyer par iceluy 
nostre requeste; c'est pourquoy, on trouva bon de ne passer 
pas plus advant pour cette foys. Les raisons qui peuvent estre 
apportées pour et contre en cet affaire, furent envoyées à 
Rome à N.R.P. il en est demeuré une copie entre les papiers 
du P. Recteur. 

Mon' le Comte d'ALAis ayant demandé par letres à N.R.P., 
que le R.P. Poirot fust à luy, et qu'il demeurât pour ce sujet 
tousjours à Aix, il le luy accorda par sa response, adjoutant, 
que s'il luy plaisoit, ce seroit sans l'exclure des prédications de 
l'advent et du carême. Les Pères Assistans , de Montmorency 
et Jaquinot, eurent des letres de M. le Comte pour ce mesme 
sujet. Ils luy respondirent, qu'en effet ils s'estoient employés 
auprès de N.R.P. , et y ad joutèrent force autres civilités. 

Les thèses des métaphysiciens furent célèbres ; les premières 
furent soustenues par un Père Servite, dans leur église, et dé- 
diées à M. TArchevesque. Ainsi autrefoys, selon qu'il se voit 
dans cest'histoire, il s'en estoit soustenu à S* Sauveur, aux 
Augustins et aux Cordeliers. Les secondes furent dédiées à 
M. le Comte, qui y eut sa place à son ordinaire. Les troi- 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 167 

sièmes, à M. le Président cI'Oppède {^), où tout le Parlement 1646 

assistant, Mess, les Consuls (^) eurent peyne d'avoir place. 
Les quatrièmes, à M. de Fourbin, Grand Prieur ('), par 
Vincent d'OppÈDE (*), chevalier de Malte. L^assemblée fust si 
grande, que quelques-uns de Mess, les Consuls ne pouvans 
avoir place, s'en retournèrent. M. le Président de S* André (*) 
ouvrit les thèses. Madame d'OppÈoE estoit au balustre 
avec ses filles. Son fils respondit très bien, et elle envoyât le 
soir à soupper à tous les nostres. 



(1) Henri de Forbin de Mainibr, Baron d'OppàoE, seigneur de la Fare, Peiroles, 
ta Verdières, fut Président ensuite de la résignation d'Amant de Maunibr, qui en 
avait été pourvu après la mort de son père, et ne s'estoit pas fait recevoir. Les lettres 
du Baron d'Oppios sont du 29 nov. 1645, et il fut reçu le 10 février suivant. Il étoit 
Conseiller depuis le i**^ juin 18^8. 

Il fut pourvu de la charge de Premier Président, en suite de la démission de Jean 
de Mesgrigni, par lettres données à Paris le 9 sept. 16$ $ ; et il fut reçu le 29 nov. 
suivant. Il étoit fils de Vincent Anne de Forbin aussi Premier Président, et comme 
son père avait eu l'honneur de haranguer le roi Louis xiii, à la tète de la Compagnie, 
il eut le même honneur, lorsque Louis xiv vint en ceite ville en 1660. Il fut ensuite 
Intendant par commission, et en 1667, le Roi lui donna pouvoir de commander dans 
la province, pendant l'absence du Gouverneur et du Lieutenant de Roi. Il mourut à 
Lambesc, pendant la tenue des Etats, le i) nov. 1671, fort regretté de toute la province 
dont il étoit un des principaux ornements. Il avoit été Conseiller et ensuite Président 
en ce Parlement. Il avoit épousé Marie-Thérèse de PoNTsvfts, laquelle lui donna 
une nombreuse postérité Œsmivi de Moissac, Hist. du Pari, de Prov.^ Mss cit.). 

(2) Consuls et assesseurs, depuis le i**^ nou. 1646^ jusqu'au ji od, 1647 : 

Messire François de Rascas, seigneur du Muy; M. Jean d'AicTBLMi, avocat, assesseur; 
M. Gaspard de Séguiran, seigneur d'Auribeau; M. Jean Perrin, écuyer. 

(3) Vincent de Forbih, fils de Jean-François de Forbin s' de la Fare et de Lucrèce 
de Barthélémy, Dame de S<*-Croix, né à Aix le 2 nov. 1611, fut chevalier de Malte 
et Grand Prieur de Toulouse, et mourut en 1668. Il était cousin-germain d'Henri de 
FoRBiif D'QppàDB, Premier Président au Parlement. 

(4) Sans doute Vincent de Forbim d'OppàoB, fils de Vincent Anne de Forbin, 
Premier Président au Parlement et d'Aimare de Castellane. Il étoit frère cadet du 
Président Henri de Forbin, fut reçu chevalier de Malte de minorité, en 16^» et devint 
plus tard capitaine des galères du Roi. Cet élève ne pouvait être fils d'Henri de 
Forbin d'OppioE, car celui-ci n'a épousé Marie-Thérèse de Pontevès, qu'au mois de 
juin 1637. 

(5) Melchior de Forbin, M'« de la Roque, Baron de Gontard, S' de S*-André, etc., 
fut pourvu de l'office de Jean-Baptiste son père, sous la réserve de 10 ans de survi- 
vance. Ses lettres sont du 2; janv. 164^. Il avoit été reçu Conseiller en la Chambre des 
Requêtes en 1641. Dans le mois de fév. 16^^, le Roi érigea sa terr^ de la Roque en 
marquisat. En 1660, S. M. le commit pour présider à une chambre de justice qu'il 
établit à Marseille. Lorsque LL. MM. y arrivèrent, La Roque eut l'honneur de les 
haranguer à la tète de celte Chambre, et ils furent reçus avec les mêmes cérémonies 
et les mêmes honneurs que l'avait été la Cour de Parlement. En 1674 il résigna sa 
charge à Claude de Milan son gendre, sous la réserve de 10 ans de survivance, après 
lesquels S. M. lui donna des lettres de Conseiller d'Etat. Il continua toujours d'entrer 
au Parlement comme Président honoraire, jusques à sa mort arrivée le 7 mars 1696. 
Il avait épousé N. d'ÛRAisoN, fille du M" d'ORAisoN. Cette branche est tombée en 
quenouille (V. Esmivi de Moissac, f/û/. ^u Pari, de Prov. Mss cit.) 



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168 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1646 M. le duc de Lesdiguières (^) et Madame la duchesse, sa 

femme, estant à Aix pour un procès, prirent soin de nous 
visiter souvent, et M. le duc nommément, pour voir le P. Balt. 
de Flotte. Nous mismes en délibération, si nous luy ferions 
réciter nos escholiers, mais nos Pères trouvèrent bon de ne le 
pas faire. 

Les affaires de la maison nous ayant contrains de demander 
au feu P. MiLUÈRE, en son passage pour Rome, congé d'em- 
prunter mille escus, nous en empruntâmes le tiers à ce coup, 
c'est-à-dire mille livres de M. Albert, à six et cart. Ce qui 
nous soulageât d'emprunter le reste, ce fust le légat de 
M. M0NNIER. Cependant, comme nous devions 200 escus à 
M. MouRGUES, le vieux, sans intérêt, et qu'il les demandât 
pour quelque achept, nous les luy payâmes en effet. Nous en 
avions jouy près de trois ans. Nous payâmes de mesme 
100 escus à M. le Procureur Héraud, prestes sans intérêt, 
depuis pour le moins 6 ans. 

Nous devions au sieur Vincens, huissier, depuis Tachept de 
S* Alexis, la somme de 4,200 L., à six et cart; c'est pourquoy, 
comme les intérêts de cette partie estoient gros, il fust résolu 
d'emprunter à Avignon, à cinq pour cent, de quoy les payer. 
Le P. Pierre Gras, procureur y fust et emprunta 5,400 L. 
monoye d'Avignon, revenant 5,465 de la nostre. Le P. Granon, 
Recteur du novitiat, fust nostre caution, et Ton prit plus que 
de la somme du sieur Vincens, affin de luy pouvoir payer les 
intérests escheus. Cela se fit Tan précédent 1645, "^**^ ®" 
celle-cy46, nous arrestâmes un comte général avec le dit sieur, 
et prismes quittance universelle de tout. 

Nous avions un procès avec le sieur Carbonel, advocat, 
pour je ne scay quelle prétention sur une siene bastide, le 
P. MoNNiER traitant cet affaire avec luy, la luy quitoit toute 
pour 100 escus, mais il ne voulut pas s y accorder; son suc- 
cesseur le P. Renaud la poursuivit, et le fit condamner deux 
foys pour le moins par arbitrage. Enfin le dit sieur estant mort, 



{!) François de Blanchbfort-Créquy, comte de Sault, duc de Lesdiguières, par 
substitution, éuit fils de Charles de Créquy et de Magdeleine de Bonne de Lesdi- 
ouiÈRBS, petit-fils, par son père, de Chrétienne d Aguerre 0^« de Sault et, par sa mère, 
du connétable de Lesdiguières. 

Il avait épousé en premières noces, sa tante Catherine de Bonne, fille légitimée du 
Connétable et de Marie Vignon. Elle mourut sans postérité en 1621, et il se remaria 
le 5 déc. 1672, avec Anne de la Madeleine, fille de Léonor de la Madeleine, Marquis 
de RoGNY et d*Hippolyte de Gondi de Retz. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 169 

sa vefve voulant sortir d'affaires, Mess. Blégier, Viany (*) et 1646 

Simon, arbitres communs, nous adjugèrent 1,900 L. 

Néantmoins, pour de bonnes considérations, et affin d'estre 
promptement payés, nos Pères trouvèrent bon qu'il fust re- 
lâché 100 escus de la somme. Après tout, ce payement a 
traisné jusques à cest'heure que cecy s'escrit; c'est pourquoy, 
nos Pères se sont aussi refroidis de faire la gratification qu'ils 
s'estoient proposée. On verra Tissue à la suite. 

Le sieur Chauvet de Ries, nous devant 4 vint livres 
d'intérêt chaque année, s'estant fait assés presser depuis deux 
ans pour les payer, enfin cest'année, nous a fait signifier qu'il 
estoit seulement héritier pour bénéfice d'inventaire, ce qui 
arreste et diffère nostre payement. Le procès est au point 
d'en estre instruit, ou icy aux Requestes, ou à Ries, et dit-on 
que nous ne pouvons y rien perdre, notamment que du moins 
nous avons nostre garantie, sur les biens de feu M. Carbonel 
dont nous parlions tantost. 

Le feu P. MiLLiÈRE allant à Rome, laissa céans en dépôt 
50 escus, et dit en particulier au P. Recteur, ce qu'il en 
feroit s'il mourroit en son voyage, que pourtant, il tacheroit 
de le déclarer lors par escrit; du depuis, escrivant de Rome 
au mesme P. Recteur, trois jours advant que tomber malade, 
il luy donna d'autres ordres pour' cet argent. Cependant, après 
le retour du P. Gayet, qui avoit dans les mémoires du feu 
P. MiLLiÈRE, l'indication de ce dépôt, sans nulle mention 
d'autre chose, le P. Vice-Provincial le répéta ; sur quoy, le 



(1.1 Jacques Vuny, avocat, a été assesseur d'Aix procureur du pays, en i6j2 et 
1648. Il avait épousé i*' Anne Vanel, 2° Louise de A^BIS. Il eut du premier lit, Pierre 
ViANY, Grand Prieur de Malte en 1667 et du 2* lit, Jean-Claude Viany, Prieur de 
S'-Jcan à Aix, et restaurateur de l'église S'-Jean de Malte (Rues d'Aix^ t. Il, p, J2i- 
?48. 

Jacques Viany mourut le 18 du mois d'août 1074, âgé d'environ 78 ans. C'estoit un 
personnage en qui Tétude des lois et celle des belles lettres avoient formé un génie de 
distinction qui répondait à l'honneur qu'il avoit d'estre membre dans l'important et 
honorable collège des advocats. Il avoit aussi brillé dans le barreau, pendant tout le 
tems que la vigueur de l'âge avoit secondé en lui la noble hardiesse que^la science 
inspire. Cette hardiesse Tavoit fait juger digne d'exercer par deux fois l'assessorat, 
et toujours en des temps difficiles. C'estoit dans les contrastes d'afaires, dans les 
fâcheuses saisons que son esprit brilloit davantage. Semblable à ces hommes forts 
qui ne sont propres que pour les grands desseins, pour les hautes entreprises, ses 
plaisirs privés estoient pour les livres, il les aimoit passionément, et on peut juger 
de cet amour par l'attention qu'il avoit de se pourvoir des plus excellents, et de les 
orner en les faisant couvrir des plus riches nipes de son épouse. Ceux qui en rencon- 
treront avec ces sortes de reliures, pourront estre certains qu'ils possèdent des débris 
de sa curieuse et nombreuse bibliothèque. Il fut porté à la sépulture en l'église S'- 
Jean, qui commençoit déjà à se ressentir en mieux de l'administration de son fils. 
(P.J. de Haitle, Hist. d'Aix, Liv. XXII, ch. LVII.) 



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170 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aiX 



1646 P. Recteur rescrivant les diverses intentions du P. Millières, 
on luy manda qu'il falioit suivre les dernières exprimées dans 
sa letre de Rome ; d'où vient que la dite somme fust remise 
au procureur de la province, et payée par nos Pères de 
Marseille, qui depuis long temps nous dévoient 50 escus, 
lesquelles nous eusmes moyen de tirer de cette sorte. 

Le P. Annat, de la province de Toulouse, ayant imprimé 
un livre, De Scientia média, TUniversité de Toulouse à 
l'instigation des Jacobins nous voulut brouiller ; c'est pour- 
quoy, comme elle eut escry aux autres Universités, elle n'oublia 
pas de le faire à celle d'Aix, luy envoyant la response de la 
ville de Paris. M. Gantelmi, lors primicier, prit la peyne de 
voir le P. Recteur et de luy communiquer toutes ses letres, 
et les résolutions de l'Université d'Aix : scavoir, de signifier 
à tous, qu'elle et nous vivions dans une parfaite intelligence ; 
que s'il s'agissoit des droits communs de toutes les Univer- 
sités, qu'ils entreroient en cause avec elle ; que pourtant, ils 
ne pourroient pas envoyer à Paris un exprès, etc. 

Quelque temps après l'assemblée où cette résolution fust 
prise, il se fît un célèbre doctorat, à la fin du quel il fust de 
nouveau proposé l'affaire de Toulouse, et notamment, que les 
Jésuites se vouloient exempter d'avoir l'approbation des Uni- 
versités pour leurs livres. M. Ailhaut prit lors nostre deffense, 
et après plusieurs raisons, dit que bien loin de cela, le 
P. Annat l'avoit fait prier de voir son livre et luy en donner 
sa censure, et mesme des autres docteurs d'Aix ; et qu'en effet, 
luy et deux autres Tavoient leu et approuvé, et envoyé à Tou- 
louse leur aprobation en bonne forme. Les Pères Dominicains, 
docteurs de l'Université, présens à cest' assemblée, furent eston- 
nés de ce discours; au reste, leur Général n'approuva nullement 
le procédé de ceux de Toulouse, et le livre du P. Annat fust 
hautement loué à Rome, et luy eut plein pouvoir de le faire 
imprimer. 

Le nom du Général des Pères Jacobins nous fait souvenir 
qu'il passa par cette ville, et que le P. Recteur luy fust faire 
la révérence. Il le receut avec beaucoup de bienveillance, luy 
dit qu'il ne faisoit que passer, et que pour cette foys, il de- 
meuroit seulement un jour à Aix; et en particulier, le remercia 
de ce qu'il n'avoit pas voulu entrer dans les intrigues des 
Religieuses de S' Barthélémy de cette ville, contre leurs Pères. 
En effet, il est véritable que le P. Recteur ne voulut pas les 
aller confesser, quoy qu'elles l'en fissent prier et mesme encore 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 



M. le Grand- Vicaire, à qui elles Tavoient demandé par reqi 
expresse, sinon que les Pères Jacobins témoignassent d'ag 
qu'il y allât. Voire, le P. Prieur venant le prier dy aller 
fesser la Supérieure malade, il s'en excusa sur les deffc 
que nous avons d'entrer pour cela aux monastères des Religiei 

Nostre église de Tourves ayant esté jusques icy sans 
nullement pavée, nous la fismes paver de carrons, et en 
changer la sacristie; car la pluye y ruinoit tout, sans qu'i 
moyen de Tempescher. Aussi, il fut donné ordre qu'on k 
au pied de la muraille du costé de la cour, un canal ou ( 
que ch0se semblable , affin d'empescher que Teau y croupis 
ne passât la muraille de' l'église, selon que de dedans il < 
mençoit desjâ de paroistre. 

Nous avions devant le S* Sacrement une lampe d'arger 
prix de 50 escus, donnée il y a long temps par M. le ( 
seiller Suffren, elle nous fust cest'année dérobée, au joi 
il se soustenoit des thèses dédiées à M. le Comte, d'où v 
que quelques-uns ont creu que ce larcin se fist pendant 
thèses ; du moins il est constant, qu'on y prit seulement g 
lors qu^on en sortoit. Les Jacobins et d'autres églises ven( 
de faire la mesme perte. 

Il ne faut pas oublier, qu'un de nos escholiers, gentilho 
d'auprès de Cisteron et métaphysicien, fust tué en duel, 
avoir moyen de donner des marques d'aucun repentir. Ils fi 
4 qui se bastirent, desquels deux n'estoient pas escholiers. 
fust à 9 heures du matin, après avoir couché ensemble e 
grange des Chartreux, affin de se trouver plus disposés, e 
batre là auprès. Il y avoit quelques moys qu'un autre esch 
de la Troisièsme avoit esté tué de la mesme sorte par un 
rurgien, et estoit mort aussi peu chrétiénement. Le Parlei 
fit contenance, ou mesme, commença de faire le procès à 
deux morts, et à ceux qui s'estoient battus; mais au bout 
fust sans effet, pour ce que les premiers estoient de la ' 

De nous, le P. Recteur assisté du P. Préfect et de 1 
autres Pères, alla aux classes de Philosophie, de Rhétori 
d'Humanité et de Troisième, dans laquelle, il avoit fait ap 
quantité de petits quatrièmes et cinquièmes, et là, il 
remontra le mal des duels, les deffendit soubs de très sév 
peynes, et mesme toutes sortes de querelles, priant les Ré| 
d'y veiller. Voyés ce qui fust fait en un rencontre pre: 
pareil, l'an 1634. 



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i72 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1646 La ville nous donna 500 L. du reste de l'argent qu'elle nous 

de voit pour bastir, lesquels livres furent employées au payement 
de nostre puys nouveau. 

Il fust envoyé de Rome, des letres de participation à 
M. AiLHAUD (*), professeur de Théologie en TUniversité. 
Nos Pères partans pour Rome, furent priés par le P. Recteur 
d'en procurer encore pour Monsieur et pour Madame. Le 
P. Mercier, Provincial de Toulouse, comme fort acquis à 
leur maison en prit le soin, et escrivit que luy mesme les 
apporteroit, si tost qu'il seroit hors de sa charge. 

Oultre d'autres considérations, qu'eut N. R. Père pour 
donner à M. Ailhaud la susdite participation, trois choses 
l'y convièrent : T que durant trois ans, il avoit toujours offert 
au P. MiLLiÈREs, Provincial, d'unir à nostre résidence de 
Fréjus, sa Théologale dans le Chapitre du mesme Fréjus, ce 
que nous ne voulûmes jamais accepter, à cause que M. 
TEvesque n'y prenoit pas plaisir, désirant de la faire tomber 
à un chanoine pour qui il s'intéressoit ; 2' parcequ'au deffaut 
de cela, il offroit de fonds 12 cents escus à la mesme rési- 
dence, ce qu'encore on n'accepta pas, tant parce qu'il désiroit 
de nous obliger à prescher, du moins en certain temps, que 
pource qu'on avoit dessein de traiter si on garderoit la dite 
résidence, à cause que presque tous nos Pères y sont toujours 
malades; 3"* d'autant qu'il nous offrit du despuis la régence 
de l'Université, selon que cy dessus il est marqué. Enfin, 
d'autant qu'il persiste dans la volonté de nous faire du bien, 
et témoigne d'en chercher l'occasion. 

Nous avons dit cy dessus, que la ville nous avoit donné 
500 L. du reste de ce qu'elle nous devoit pour bastir; c'est 



(i; Parmi les premiers recteurs de l'hospice de la Charité, de Haitze Hist, d'Aix, 
Liv. XVI, ch. 15, indique Paul Ailhaud, professeur en Théologie. Roux Alpheran 
dans les Rues d'Aix, t. I, page ^ii, parle de ce même chanoine Ailhaud, comme 
ayant fait élever en 1649, dans l'église de la Visitation S'«-Marie (aujourd'hui Tëglise 
des Ursulines), un autel à côté de la sacristie, en mémoire de la cessation des troubles 
du semestre. Il avoit fait placer au-dessus de cet autel un tableau peint par Daret, 
représentant la ville d'Aix, et autour des murs, l'armée du comte d'Alais dont les 
personnages et les costumes étaient fort curieux à voir. Roux Alpheran ajoute que 
ce tableau a disparu pendant la Révolution. 11 ne serait peut-être pas téméraire 
d'affirmer que toute trace de ce tableau n'a pas disparu; car en comparant la description 
détaillée donnée par de Haitze, Hist. d'Aix, Liv. XVIII, ch. ^2, avec une toile actuel- 
lement la propriété de M. le baron Hipp. Guillibert, on est amené à conclure, qu'on 
se trouve en présence d'un morceau de ce tableau. La Vierge qui dominait la ville • 
disparu. Il est à croire qu'elle n'aura pas trouvé grâce devant les vandales de U 
révolution, qu'on aura déchiré cette toile et que plus tard on aura encadré la partie 
qui reste actuellement. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 173 



pourquoy, nous luy fismes quittance générale de 7,000 L.; car 1646 

pour les autres j milles, qui achèvent la somme de 10,000 L., 
qui nous estoient promis, elle se les réserve, affin de réparer 
tous les ans les classes, de leur pension. Au reste, la première 
paye fust de 2,000 L., Tan 1634 (Voyés Tannée 1634); la 
seconde de 1,000 L., Tan i6j6. (Voyés Tannée 16)6); la 
troisième fust de 1,000 autres livres, Tan 1637, lesquels furent 
oubliés d'estre marqués cy dessus, m^is ils se trouvent dans 
les livres du procureur, de la main du P. Moj^nier. Pour les 
1,000 escus qui restent de la somme de 7,000 L., ils sont 
exprimés en particulier en ces dernières années. 

Le P. de Verquières procura une tapisserie d'hiver pour 
Téglise, elle cousta 400 L. Il donna encore 8 réaies pour des 
aubes et 5 ou 6 escus pour des chemises. Mad"' d'OppÈoE 
donna 5 escus d'or. Mad. d'ARNAUD une charge de bled 
estimée 5 escus; quelques autres personnes 20 L., pour le voyage 
du Frère Didier aux bains de Digne. Nous eusmes une amende 
de 50 L., assignée par M. le Président de Ragusse ('); une 
domestique de Mad"* d'OppÈDE mourant, luy laissa sa ceinture 
d'argent et quelques anneaux d'or, pour faire prier pour son 
âme. Madame aussi tost les appliqua céans, pour remplacer la 
lampe desrobée. Le tout montoit à 21 escus. 

Les autres aumosnes sont dans le livre des bienfacteurs, 
nommément, les 100 L. de M. de Reauville, que mesme il 



(1) Charles de Grimaldi, Marquis de Ragusse, baron de RoumouUes, seigneur de 
S'-Martin, Villeneuve, Campagne, etc., fut pourvu de l'office de Conseiller, ensuite 
de la résignation de Louis de Pauls devenu Président, par lettres données à Paris, 
le 7 février i6j;, et reçu le 26 juin suivant. Il fut ensuite pourvu d'un office de 
7°>* Président, créé en lùjq, duquel Joseph de Gaillard son oncle avoit été pourvu, 
mais il mourut dans le temps qu'il poursuivoit sa réception. Les lettres de Grimaldi 
furent données le 20 avril 164 ^ et il y fut reçu le 9 juin suivant. Le Roi cassa sa 
réception par arrêt de son conseil, à cause que les officiers de la Chambre des 
Requêtes n'y avoient pas été appelés, et il ordonna qu'il seroit reçu de nouveau, des 
officiers de cette Chambre appelés, ce qui fut exécuté dans le mois d'octobre 
suivant. En 1O49, S. M. érigea la terre de Ragusse en marquisat, en faveur de Gaspard 
de Grimaldi son ayeul. Charles traita de la charge de Premier Président avec 
Mesgrigmi, mais comme il croyoit la mériter par ses services et son attachemeni pour 
les intérêts du Roi, il ne se pressa pas de conclure son marché. Le Président 
d'OppÈDE le supplanta par la faveur de la duchesse dé Mercœur, nièce du cardinal 
Mazarin, ce qui excita beaucoup de jalousie parmi ces deux concurrents. Ils eurent 
de grands démêlés ensemble, et Ragusse fut toujours rappelé avec honneur. En 1664, 
après la mort du Président de la Roquette, il devint second Président. Il fut ensuite 
à la tête du Parlement durant près de } ans, pendant la vacance de la charge de 
Premier Président. En 1674, il résigna sa charge à son fils sous la réserve de 10 ans 
de survivance. Après ce terme expiré, il en obtint de nouvelles pour 5 ans, mais sur 
l'opposition de quelques Présidents, il s'en départit. L& Roi le fît Conseiller d'Etat et 
lui donna une pension de 2,000 L. Il mourut en 1687. Il avoit été 10 ans Conseiller et 
avoit épousé N. de Napolon (Esmivi de Moissac. Hist, du ParL de Prop.f Mss cU,), 



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174 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

1646 donna par advance. Mais il ne faut pas taire une autre sorte 
de ses libéralités, laquelle il commença l'année passée, et con- 
tinua celle-cy ; c'est de nous envoyer tous les jours des melons 
pour tout nostre réfectoire, durant la saison, ce qui n'est pas 
si peu considérable qu'il ne luy en coustat tous les jours, 
16 sols pour le moins, Tun portant l'autre. 

11 a esté obmis aux années précédentes, deux ou trois choses 
qui regardent la Maison de la Charité. La i'* qu'estant establie, 
Mess, nous veindrent prier d'y vouloir donner le potage, qui se 
donnoit aux pauvres, à la porte de nostre jardin, le lundy et le 
jeudy; car comme enfermant les pauvres, il n'en resteroit plus 
pour prendre ce potage, il sembloit que nostre aumosne pou- 
voit de la sorte estre facilement continuée. A cela, le P. Rec- 
teur respondit, qu'il ne pouvoit nullement s'engager, pour quantité 
de raisons que ces mesmes Messieurs n'ignoroient pas; mais 
que le collège ne feroit jamais difficulté de les servir pour le 
temporel, selon ses petits moyens, et tousjours pour le spirituel 
en tout ce qu'ils voudroient ; comme en effet le P. Recteur y 
fist ses catéchismes, et prescha les pauvres à S* Sauveur, le 
jour qu'ils y furent conduits, et du depuis, nos Pères y ont esté 
confesser presque à toutes les bonnes festes. 

L'autre chose qu'ils demandèrent, c'est d'avoir dans nostre 
église un homme qui teint un bassin pour eux et le battit. Le 
P. Recteur, de mesme les pria de l'en excuser, toutefoys, de 
l'advis de nos Pères, lesquels receurent de grandes sollicitations 
pour ce subjet, il leur permit d'estre hors de l'église , ou dans 
le brisevent quand il feroit mauvais temps, mais à condition 
qu'ils ne battroient pas leur bassin, à cause de l'importunité 
qui s'en feroit à l'église ; ce qu'en effet ils luy promirent. 

Encore a-t-il esté oublié, que le P. Guilleaume, Recteur, 
fit faire la voûte et les vitres du prioré de Tourves, et l'an- 
cienne sacristie, dont il paroit que nous n'avons jamais négligé 
d'y faire des réparations. On a remarqué cy dessus, quand 
l'église y fust pavée. 

Non plus, il n'a pas esté remarqué deux ou trois choses 
touchant S* Alexis : r que pour y continuer le boys de chesnes, 
on essaya d'en y planter des petis, et du depuis, des glands, 
mais sans effet, soit que le lieu fust trop sec, soit que les 
brebis des bouchers qu'on y mène paistre y faisoient du dégast ; 
2"" que sur quelque différent des limites avec nos voisins, on y 
planta de nouvelles bornes reconneues par des experts, selon 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 175 

qu'il se voit par l'acte qui en fust passé, quoy que du depuis, 1646 

un de nos voisins y a un peu touché, et fay dresser une croix, 
un pied ou tant sur nostre fonds, dont nous fismes aussi tost 
nos plaintes; }** que depuis trois ans, on y a planté quantité 
de vignes et esté contraints d'y tenir deux valets, affin que 
pendant que le petit vient à la ville, Tautre travaille et veille à 
ce qu'on ne prenne pas le bois; 4** enfin, qu'on essaya de 
trouver de l'eau, au milieu du champs, qui est entre la maison 
et le boys, et que pour cet effet, on y creusa notablejnent la 
terre, mais sans rien trouver. C'est pourquoy, on fit reconoistre 
la source et les conduits de l'ancienne fontaine, d'où l'on com- 
prit, que s'ils estoient nettoyés, et qu'on ramassa les autres eaux 
qui sont alentour, il pourroit y avoir assés d'eau pour Tarrou- 
sage d'un jardin. 

Ce mot d'arrousage nous fait souvenir, que comme il y a 
quelque différent pour les eaux des moulins, entre ceux qui en 
ont le long du ruisseau, qu'aussi nous avons droit d'y avoir part 
pour le jardin de céans, d'où vient, qu'aux visites qui s'en sont 
laites par des députés, nous l'avons tousjours protesté. Les 
papiers sont en la chambre du P. Procureur et M. le Lieute- 
nant BoNFiLs (*) est instruit de l'affaire. Les raisons pour Ics^ 
quelles ceux qui ont des moulins au dessous de nous disputent 
ce droit d'arrousage, sont évidentes; scavoir, que nous leur 
estons autant d'eau; celles de M. Antelmy qui est au dessus 
de nous, c'est affin de nous contraindre d'achepter son moulin : 
du quel M. Antelmy il faut encore remarquer, qu'il ne veut 
point souffrir que nous élevions la muraille qui nous sépare 
d'avec luy, à l'entrée du ruisseau devers le four, affin dit-il, 
que son meunier voye facilement le cours de son eau, et puisse 
promptement entrer ches nous pour y remédier, quand il s'y 
trouveroit quelque obstacle à sa descharge. 

Le P. Recteur estant dans la quatrième année de sa charge, 
depuis près de neufmoys, et d'ailleurs le bref du Pape touchant 

(1) Adam Bonfils, fils de Joseph, Lieutenant général au siège d'Aix, et Juge Royal, 
(qui fut le créateur de Tagrandissement de la ville d*Aix, connu sous le nom de quartier 
de Villeverte), et d'Honora de d'ULME, fut reçu le 17 déc. 1611, en la charge de Lieu- 
tenant criminel. Il épousa en lôi; Douce de Libbrtat. 

Il parait, que les deux charges de Lieutenant civil et de Lieutenant criminel, furent 
ensuite séparées, et que Joseph Bonfils, neveu d*Adam et fils de Denis et de Mar- 
guerite de Thibaud, fut dabord Lieutenant criminel, le 12 janv. 1615, et ensuite 
Lieutenant civil, beaucoup plus tard, le 10 juin 1645. Il mourut le i^ fév. 167^ Il 
avait épousé Lucrèce de Chbvalibr. 

La qualification de Lieutenant Bonfils peut donc s'appliquer, à Adam ou à Joseph 
Bonfils son neveu. 



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176 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

le triennel des Supériorités devant estre exécuté, il receut letres 
du R.P. Vice-Provinciat le dernier du juin, de se déposer et 
déclarer Recteur du collège, le R.P. de Brisacier, pendant 
Tabsence duquel, car il se trouvoit lors à Paris, le P. Beau 
seroit vice-Recteur, de façon qu*en ce mesme jour là, le 
P. MoREL sortit de charge. 



Vice Rectorat du P. Beau. 



Durant les 4 années précédentes, les insignes amis ou bien 
facteurs que nous avons eu, sont : Mons' le Comte d'AtAis et 
Madame; M. de Réauville; M. de Gallifet; M. André ('), 
le Conseiller; M. le Viguier; M. le Prieur de Boigensier; 
M. Ailhault; M. de Mimata; M. le Premier Président de 
Mégreny; m. de Séguiran (^), Premier Président des Aydes; 
M. de la Roque; M. Bonfils, le Lieutenant; M. de Laurens; 
M. de RiANs; M. le Prieur de Verquières; Mess. Mourgues, 
les deux frères; M. du Bernet; M. de Montault; Mess. 
FouQUES, Trouillas, Régis, Hérault, Bosco; M. le Thré- 



(1) Jacques cI'André né à Brignoles vers 1604, fils de Balthazar et de Marguerite de 
Chateaumeuf, fut d'abord Procureur du Roi au siège de Brignole8, il fui ensuite pourvu 
d'un office de Conseiller au Parlement de la crue de 1657, et reçu le 10 iuin 1640. 
Ayant fait opposition à la création de la Chambre des Requêtes, il fut député à Paris 
avec le Conseiller de Barrême, pour tâcher d'obtenir du ministre un accomodemeni 
et la suppression du Parlement semestre. Il avait épousé le j juin 16 j 5, Magdcleine 
d'ANDRÉ, sa parente, fille de Jacques d'André, Trésorier de France et de Jeanne de 
ViTALis. Il mourut à Aix, le 11 fév. 1677. En outre des libéralités en faveur du 
Collège Bourbon, au sujet desquelles l'auteur du manuscrit exprime sa reconnais- 
sance, Jacques d'ANDRÉ fut le fondateur (1666), en cette ville, du second monastère 
des Ursulines connues sous le nom d'ANDRETTES. Les battiments de ce couvent ont 
servi après la révolution, à l'installation du collège communal, qui prit après la restau- 
ration le titre du collège Bourbon. Ils sont actuellement compris dans le local du 
Lycée. Jacques d'ANORÉ laissa plusieurs filles; l'une Gabriette, devint supérieure du 
couvent fondé par son père : Claire épousa Auguste de Thomas, baron de la Garde ; 
Thérèse fut mariée à Joseph de Ballon, Conseiller au Parlement. 

Voyez au sujet la fondation des Andrettes, Pièces justificatives, n" 2$. 

(2) Henri de Sécuiran, fils d'Antoine, Premier Président à la Cour des Comptes, 
succéda à son Père, et fut reçu Premier Président à la Cour desComptes, le 4 Juillet 
1625. II épousa Suzanne de Fabri, et mourut le 17 septembre 1669. 



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■PPI^ 



HISTOIRE DU COLLéGE d\iX l77 

sorier Marcel; M. le Conseiller Michaelis ('); M. Lombart, le 1646 

Conseiller; Mess, de Vergon père et fils; Mess. Martin et 
Franc, médecins; Mess. Brolia, père et fils; Mess. Brun, 
père et fils; M. Lombar, controlleur des bastimens de la ville; 
M. le Lieutenant Félix ; M. Biendisant; Mesdames d'OppÈDE 
et ses deux filles; Mesdames de Bormes et de Boyer ; Mad. 
d'ARNAUD; Madame de Coulongue; Mad. de Goguelin. Il 
ne faut pas oublier M. le Marquis d'ÛRAisoN, M. le Comte 
de Bourbon, Mess, les Intendans de Vautorte (^) et de 
Champigny (^), M. le Thrésorier Gaillart; les Ordres des 
Pères Augustins de la ville, des Servites, des Minimes, des 
Cannes mitigés et déchaussés, des Pères Chartreux, Trinitai- 
res, et Récolects. On a obmis Mon' de la Verdière, M. de 
Jouques, m. le Conseiller Gairin (^), M. de Gantes (^), 
M. Duranty, m. BiCAYs, le médecin, M. le Général André, 
Mess. MoNTAGNiET et Renaud, marchans; et durant leurs 
vies, Mess, de Paule, d'ARNAUD, de Boyer et de Chasteuil, 
Procureur Général aux Aydes. 

Les mesmes qui nous ont honoré de leur amytié ^oubs le 



(1) Jean Augustin de Michaelis, Conseiller aux Comptes depuis i6;8, fut pourvu à 
Paris, le 21 mars 1850, de l'office vacant par la mort de Louis de Lbidkt-Fombeton^ 
duquel Gaspard de Bonifaci, son neveu, avait été pourvu ; mais ne s'y étant pas fait 
recevoir, il résigna à MiCHAf.Lis, qui fut reçu le ? avril suivant. 11 étoit fils de N. 
MiCHAÈLis, Conseiller aux Comptes, celui-ci, petit neveu de Claude de MiCHAètis, 
Conseiller en la Cour. 11 épousa N. de Boyer, fille de Jean-Baptiste, doyen de la Cour. 
lEsmivi de Moissac, Hist. du Pari, de Prou. \fss. cit.) 

(2) François Casset, s*^ de Vautorte, fut nommé Intendant en Province, au mois 
d'août 1640, en remplacement de M. de Champigny, mais celui-ci reprit ses fonctions en 
i(>4i; c'est peut-être ce qui explique pourquoi le nom de M. de Vautorte a été omis 
par la statistique des Bouches-du-Rhône sur ha liste des Intendants. 

(3) François Bochart s' de Champigny et de Saron, fils de Jean Bochart, Premier 
Président au Parlement de Paris et de Lia de Vigny, Maître des Requêtes et Conseiller 
d'Etat, parut comme intendant en Provence, dès Tannée 1OJ7. 11 exerça ces fonctions 
tantôt seul, tantôt concurremment avec M. de Lauzon. 11 figure comme coiTimissaire du 
Roi aux Etats de Provence tenus à Aix en février 16^9, En 1640, il fut remplacé par 
M. de Vautorte, son parent; car il avoii épousé Marie Casset de Vautorte. M. de 
Champigny reprit ses fonctions en 164 j. et les conserva jusqu'en 1647. Il administra 
ensuite les Généralités de Grenoble et de Lyon, où il mourut en 166;, s'étant noyé 
par accident. 

A) Charles Guérin fut Conseiller par la résignation d'Alexandre son père, par lettres 
données à Paris le 22 février 162^. Il fut reçu le 11 avril suivant. Il eut permisstou 
d'exercer sa charge pendant cinq ans, après l'avoir résignée. Il épousa Marquise de 
Foresta fille de Jean Paul, iuge du Palais de Marseille et il eut entre autres enfants, 
Alexandre, qui fut Conseiller en la Cour, deux cadets, chevaliers de Malthe. (Louvet, 
Hist. du Pari, de Prov. Mss. cit.) 

(5i François de Gantés S»" de Valbonneite, fils de Jacques et de Françoise de 
Roberty, époux de Jeanne de Croze-Lincel, fut reçu Procureur Général au Parle- 
ment, le i? juin i6j4, et mourut en 1670, après avoir résigné sa charge en faveur de 
son fils Jean François. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



intinué dans leur affection soubs son succes- 
outer toutesfois, deux ou trois qui ont rendu 
Ignalés en toutes nos affaires : à scavoir; 
Conseiller aux Comtes ; M. Barel, advocat; 
:ureur; M"* Marguerite Féraude et M' l'in- 
), M"* Piton. 



t d'Antoine de Crosb s^ de Lincsl, marié en 1616 à Mir- 
LANE. Il fut élu assesseur à la fin de Tannée 1649, à la suite 
lu 8 août, qui ordonnait le remplacement du corps consulaire, 
le S'-Sébastien. 

nmé Intendant par lettres du 29 oct. 1647. Peu ^^ ^^^P^ 
les troubles du Semestre. La victoire que le Parlement 
cette année, sur le comte d'ALAis, augmenta naturellement 
:orps de magistrature. A la suite des arrangements convenus 
linal BiCHi et du comte de Carcbs, le Roi consentit à sup- 
[ntendant. Depuis lors, des Commissaires furent quelquefois 
occasion d'affaires particulières, mais il n'y eut plus d'inten- 
! Rouillé qui fut nommé en 167^ 



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^^ U iu 




CHAPITRE HUICTIÈME 



Le P. Jean de Brisacier 



7* Recteur. 



E dernier de Juin de la mesme année 1646, le 
P. Jean de Brisacier feu déclaré Recteur du 
collège d'Aix, néantmoins, il n'arryva que le 
dernier d'aoust; mais parceque son temps cour- 
roit du jour de la déclaration, selon le canon 
20 de la Congrégation dernière, il entra en exercice de sa 
charge en arrivant, sans autre cérémonye. 

La Roine luy ayant faict la faveur de luy donner cent 
escus pour son viatique, ils ont esté employés tant à venir 
qu'à retourner, pour prescher Tadvant de la mesme année à 
S' Jean de Grève, où il estoit destiné, que pour revenir. Il ne 
laissa pas de raporter quantité d'aumosnes considérables, dont 
une partie a esté employée à fermer le jardin de la ville, 
bastir la muraille de la cour de la congrégation, faire une 
porte pour le passage de la sacristie dans le jardin, faire un 
cellier, changer la cave, planter des arbres tant en la cour 
qu'au jardin, pour avoir un peu d'ombre et nous couvrir des 
veues qui domynent par tout cheu nous. Item, pour faire la 
fonteine du puis à la cuisine de la bastide, et pour y faire 
une garenne qui serve de récréation aux nostres, et à quantité 
d'autres menues despenses qui ne se trouvent point sur les 
contes du procureur, comme les chambres de S* Alexis, etc. 

En entrant en charge, il a trouvé le collège chargé pour le 
moins de seize mille livres de debtes, à scavoir : 



1646 

(Suite). 



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180 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



1646 A divers créanciers d'Avyngnon, dont le P. Recteur du 

novytiat est nostre caution 5,400 L., selon leur monoye, et 

selon la nostre 5,465 L., à 5 pour cent, en febvrier L. 5,46; 

A M. Crédb, dont M. Régis est caution, ou plustost, 
qui nous sont prestes soubs le nom de M. Régis; et pour 
ce, il en receu les deniers 3,000, à cinq pour cent en 

décembre L . 3,000 

Pa/é Au mesme M. Créde, mais soubs nostre nom propre, 900 L. 

à six et quair en mars L . 900 

Payé A M. Albin, le filz, 1,000 L., à six et quair en janvier. L. i.ooo 
A M. de la Mure de Marseille, aultrement dict le Bour- 
guignon, 934 L. à six et quart, en mars L. 934 

ISI,B' Il X a 1000 L. en place, deues à Af"* Laly L. 1,000 

Commué A M. Bellon prestre, 300 L. à six et quart en avril, tout 

cela portant intérest L. 1,600 

11,065 
Item sans inlérest. A M. !e Trésorier Gaillard, depuis 

longtemps, 415 L L. 415 

A M . JoLY prestre et Régent de la 6*'"* L. 520 

A divers créanciers de feu M. le Prieur du Barroux, mon 
prédécesseur a marqué 813 L., mais je croy qu'il y en a 

beaucoup moins L. 813 

A Magdeîène Philippe, Taveugle, 1 37 L L. 1 37 

A la Maison de la Charité, provenant d*un légat de feu 
Mad. de Gourmes, consigné entre lies mains du P. de 
Billy, pour en user, tant que la Gharité fust renfermée et 

en bon ordre 300 L L. 300 

A M. Montanïer, marchant, 1,000 L L. 1,000 

Au ciergier, près de 500 L L. 500 

A la provynce, sans les aultres menues debtes L. 508. 

L. 15,258 

Il a payé et acquité les 900 L. deues à M. Créde en nostre 
nom qui estoient à six et quart. 

Item à M. Albin, le fils, les 1,000 L. à six et quart. Ces 
deux debtes sont estintes. 

Il a commué les 934 L. deues à M. de la Mure payant 
six et quart d'intérest en 1,000 L. empruntées de Mad. Laty, 
qui ne payent que 5 pour cent. 

Il a commué les 300 L. deues à M. Belon, à six et quart, 
et une semblable somme deues par M. le Conseiller Michaèlis 
au collège, et partant, de celle cy il n'est plus rien deub. 

Il a payé les fçais de la Provynce, le ciergier, le boucher 
et M. Montanïer, à qui il feit donner 800 L., en entrant en 
charge. 

Reste de vieilles debtes; celles d'Avyngnon ; celles de M. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



181 



Régis; celle de Mad. Laty qui payent intérest et font en 1646 

tout 9,46 s L. 

Item de celles qui ne payent point d'intérest; celles de M. 
Gaillard, de M. Joly, des derniers créanciers de M. du 
Barroux, à Magdelène Philippe, à la Maison de la Charité, 
tout cela faict environ 2,150 L. 

Les debtes conceues pendant le Rectorat du P. Brisacier 
sont toutes sans intérest, excepté celles de M"" Marguerite 
Féraude, qui nous a donné, à deux fois 381 L., à scavoyr : le 
II nov. 1647, ^"® "^^^ ^ donné 324 L., et Tan 1648, le 8 
oct., elle nous a donné 57 L. Ces deux sommes sont données 
quand au principal à ceste maison, et mesme, elle n'en a voulu 
ni acte par devant notaire, ni saing privé. Elle s'est seulement 
réservé la rente à six et quart, pendant sa vie, voire, elle 
promet encore quelque somme qui luy est deue par Mad. la 
Présidente d'OppÈDE, et tous ses meubles. 11 est bien raison- 
nable de la bien payer, à raison de son affection immuable 
envers la Compagnie. 

(Note marginale du manuscrit.) 

Debtes du P. Brisacier. /• Portant intérest ^,465 

3,000 
1,000 



Adjoustant celle de M. Gras, de. 



de M''^ Feraude. 



2* Sans intérest 

M. Gaillard 

w. Joly 

M. du Barroux . . 

Magdeleine Philippe, l'aveugle 

La Charité 



font L. 
font L. 



Les aultres debtes sont à jour. 



9.46$ 
1,600 

ii,o6ç 

381 

11,446 



4i> 

813 

300 



à M. Peissonel 

à M. Babillot 

à M. Meironnet 

à M. AUGER 

à M. Thouron 

à M, LOMBART 

à Jean nostre valet 

à M. Trouillas 

au P. Stkada à Rome. 



L. 



300 
300 
300 

515 
103 
102 
106 
129 



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\2 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

M*'« André 65 

M . Renaud 24 

M. de Vêrquieres 130 

1 Procureur de la Province 49^ 

1 Marchand d'estoffe î ?o 

le marginale du manuscrit.) 

n Vautre page, dettes sans intérest L. 218) 

)mme totale tant portant intérest que sans intérest L. 168 31 

'X de tout cela, la ville n*est en arérage que de 1,200, à 
/oir : un quartier du fonds de TUniversité pour Tan 1648 
oute Tannée 1649. 

;t la maison a fort peu de choses deues pour s'acquiter: 
iron 100 escus de Tourves ; 400, de M. Chauvety; neuf 
oies et demye en promesse du Cap"' Arnaud Estienne, et 
plus, la Providence. 

te d'une autre écriture dans le manuscrit.) 

î P. de Brisacier a obmis un emprunt fait de son temps; scavoir en 
et 1648, à M. Gras, de la somme de 1,600 L. à 6 et quart, qu'il appert 
le livre du coffre. 

.e séjour que le P. Brisacier feit à Paris, avant que de 
ir dans sa charge, ne fut pas inutile; car comme il se fai- 

tous les ans de grands retranchement sur les 900 L. qui 
t assignés sur les gabelles, et font une partie de la fondation 
collège, il a" obtenu arrest du conseil, pour jouir doresnavant 
nement et sans aucun retranchement des 900 L. 
^estoit un servyce faict à la ville plustost qu'au collège; 

elle est directement obligée de nous fournir, par advance 
Dar quartiers, et par les mains de son trésorier, sans que 
is soyons obligés d'en regarder le fonds, la somme de j,ooo 
par an. C'est pourquoy, dès que le P. Recteur fut arryvé, 
ravailla incessamment pour se faire rembourser des arèrages. 
l'est passé dans ceste affaire, quantité de circonstances re- 
•quables, dont je diray une partie des plus considérables, 
ir servir à la postérité. 

1 nous estoit deub d'arérages, pour Tan 1634, les 900 L. 
ièrement perdues; pour Tan 1640, presque autant, par la 
queroute du s' Dize, sur les biens duquel nous avyons seu- 
ent touché quelque partie; pour Tan 164} et 44, chacun 
quartier; et pour Tan 1646, une demye année, 
^a ville étoit obligée par son contract, de les nous avancer 

quartier, beaucoup plus, de nous en rembourser, et la con- 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'AIX 183 

sultation de cinq des plus fameux advocats de la ville, porta 
qu^ils ne pourroient s'en deffendre, et qu'en toute justice réglée, 
ils y seroient condamnés. 

En suyte M. Blégiers, Assesseur, proposa Taffaire dans la 
i'* assemblée, à laquelle se trouva tout l'ancien et nouveau Estât 
consulaire (*). Tous furent d'advys, que les arrérages entiers, 
nous debvoient estre rendus, jusques à M. Duperrier qui 
parlant en son rang, bien que d'ailleurs il fust de nos meilleurs 
amis et qu'il eust jugé dans la consulte particulière, la deman- 
de juste, et qu'il le confirmast encore actuellement dans l'as- 
semblée publique, néantmoins disoit, — parce que la chose por- 
toit deux pernycieuses conséquences; la i'\ que si nous nous 
tenions asseurés que la ville y est obligée, nous négligerions de 
travailler au conseil ; la 2""% que le conseil ayant ceste cognois- 
sance, laisseroit toute ceste charge sur la ville, — il trouvoit à 
propos, qu'on ne nous remboursast pas de la somme totale, 
mais que pour toutes nos prétentions, on nous donnast 1,500 L., 
et ce, non pas en forme de remboursement deu, mais en for- 
me de donation absolue. 

Cest advys fust suivy quasi de tout le reste, fors 7 ou 8, 
et l'emporta, de sorte que, par une délibération commune, il 
fut résolu qu'on nous donneroit en forme de présent, 1,500 L., 
sans conséquence, en quittant toutes nos prétentions sur le 
passé, et conservans nos drois pour l'advenyr. L'acte se peut 
voir chez le s' Gazel, greffier de la ville, et dans la transaction 
passée par devant luy, entre nous et la ville, du j Nov. 1646. 

Je feis tout ce que je peus, pour avoir le tout et mésme 
davantage, pour les frais et les intérêts, et pour ne donner 
quitance de 1,500 L., que sont en tant moins de la somme qui 
m'estoit deue, mais ce fut en vayn. Toutesfois, parceque si nous 
recognoissions ceste somme comme gratuyte et non deue, ou 
si je recebvoys moins qu'il ne nous estoit deub, je pourrois 
faire une planche préjudiciable à mon successeur. Je feis insérer 
dans la transaction, deux choses : la première, que je tenois la 
ville quitte de toute la somme deue, jusques à l'an 1640, 
moyenant qu'on me laissast mes droits contre le s' Dize, où 

(1) Consuls et Assesseur^ depuis le /*"■ nou. 1644^ jusqu*au ji oct. 164$ : 
Mcssire Jean cTEscalis, seigneur de S' Martin; M. Jean Louis de Matheron, 
seigneur de Salignac, avocat, assesseur; M. Melchior de Bompar, écuyer ; M. Jean- 
Baptiste dUsifARD, écuyer. 
Consuls et Assesseur, depuis le i nov. 164^, jusqu'au ji oct, i646 : 
Messire Alphonse d'ORAisoN, seigneur et comte de Boulbon ; M. Jean Blêqibr, 
avocat, assesseur ; M. Gaspard de Garnier de Russan ; M. Barthélémy Laqbt. 



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184 HISTOIRE DU COLLÈGE d'mX 

1646 j'espérois trouver le reste; la deuxième, que je feis toutes les 

protestations nécessaires pour nous myntenir en estât de demander 
tousjours en cas pareil. 

En eftect, sur la fin de l'an 1648, parceque Ton nous avoit 
encore retrenché une demy année, j'ay intenté procès par 
devant M. Félix (^), Lieutenant des Soubmissions, et à qui 
doresnavant la ville, suyvant son contract, me feist avoir et tenir 
les j,oooL. qu'elle promet par advance et par cartier, et par 
les mains de son thrésorier, sauf à elle de prendre le fonds 
où bon luy semblera. Tout nostre conseil tient la chose indubi- 
table et nous n'avons manqué que d'un jour pour avoir sentence, 
mais les brouilleries survenues en Provence et dans la ville, à 
raison du Semestre, ont suspendu ceste affaire, dont nous aurons 
raison infailliblement, dès que les temps seront plus calmes. 

Dans toute cette histoire, il y a 3 ou 4 choses à remarquer 
en cas pareil : T que le résultat de la consulte faite par Mess, de 
la ville, entre cinq advocats, a porté que si on la plaidoit, on 
la perdroit partout, bien que deux se fondant sur la loy Lucius, 
qui dit qu'on est pas tenu du faict du premier dessin, qu'il y 
avoit quelque chose à disputer ; la 2"", que toute l'assemblée 
reconnut que la chose estoit juste et raisonnable, et que si 
elle ne donna pas tout, et ne reconnut pas la chose deue, ce 
fust seulement pour évyter les conséquences; la 3™*, est que 
nostre collège ni pert pas seulement une bonne somme de 
principal, mais tous les intérêts de l'argent qu'il a falu emprunter 
d'ailleurs pour vivre, qui monte à près de 200 L.; le voyage 
du Père André Jaquinot à Paris, entrepris à cest effect, qui 
revyent à près de 300 L.; ma demeure à Fontainebleau de 
plus de vingt jours, à poursuivre Tarrest de restablissement que 
j'ay obtenu, avec le voyage et la despense de mon compagnon, 
qui ne monte à guère moins que 300 L.; l'employ de nostre 
crédit et de nos amis pour servir en cela la vile : pour ces 
raisons que j'ay faict pezer tant que j'ay peu, la ville estoit 
obligée de nous donner, plustost plus que moins, mais on 
pourra remettre ces considérations une aultre fois, pour obtenir 
quelque aultre chose; la 4'"^ que si nous nous sommes con- 
tentés à moins, ce n'est pas faute d'asseurence de notre droit, 
mais par modestie, pour ne pas plaider contre ceux à qui nous 
sommes obligés. Dans cette affaire, M. le Comte d'ALAis et 

(1) Martin de Félix, reçu Lieutenant G-*' des soumissions au siège d*Aix, en ibj". Son 
fils Michel lui succéda en 1004. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d\iX 185 



Madame la Comtesse nous ont assisté efficacement et de bonne 1646 

grâce, M. le comte de Bourbon, M. Blégiers (^), M. de 

ROUSSET (^), M. LaGET (^), M. de MuY, M. d'ANTHELMY, 

M. d'ARBEAU, M. Perrin, M' Augery (^) et M. Martelle, 
nous ont servy avec affection. 

De plus, il y a deux Dames dont la maison doit faire estât. 
La !'• est Madame du Puget, non pas tant pour le bien 
présent qu'elle faict, que pour celuy qu'elle peut faire si elle 
demeure dans le dessing dont elle m'a souvent parlé, de choisir 
sa sépulture dans notre église ; car, n'ayant point d'enfans , et 
ayant beaucoup de bien, elle pourra quelque jour faire du 
bien, myntenant, elle sert extrêmement, par son esprit et sa 
générosité, à deffendre nostre Compagnie, et comme elle se 
trouve partout, elle ferme la bouche à tous ceux qui en veulent 
parler. L'autre est M"* Piton (^), qui est entièrement dans la 
dévotyon, et celle-là, quand elle accommodera ses affaires avec 
ses parens, pourra fort accommoder la maison. 

Au commencement de Tannée, Mgr le Comte d'ALAis Pouriani647. 
envoya pour estrenes, deux cents livres pour la pension du 

P. POYROT. 

Vers le carnaval, M^"'"' l'Archevêque d'Aix, se trouvant à 
Salon, le P. Recteur ayant apris l'ordonnance qu'il avoit faite, 
de ne point exposer le S* Sacrement sans son congé esprès, 
et le refus qu'il avoit faict l'année précédente, de l'exposer si 
ce n'est le mardy, et non pas les deux jours précédents, luy 
escrivit , par l'advis des consulteurs , pour luy demander le 

{{) Jean Blégier, né à Aix, le 24 nov. 1596, fils de Jean Balthasar, écuyer, et de 
Catherine Duranti, fut assesseur d'Aix, en 1645- 1046. C'est lui probablement qui 
épousa Anne Bernard et fut père de Jean-Baptiste Blégier, curé de S< Sauveur. 

(2) On a probablement voulu désigner sous ce nom. Louis d'ARNAUD, s"" de Rousset 
et de Vallongue, fils de Claude d'ARNAUD et d'Anne d'AcouLT d'OLLièRES, marié à 
Aymare d'ARÈNE ; reçu Conseiller au Parlement, le 21 juin 1611. 

(3) 'Joseph LagEt, originaire d'Auriol, épousa à Aix, le 8 mai 1574, Jeanne Bardelin 
qui descendait de Naudox Bardelin, valet de chambre du roi René, anobli par ce 
prince. Il s'agit ici probablement d'un de ses enfants. Cette famille s'est perpétuée 
sous le nom de Lagbt- Bardelin et s'est éteinte de nos jours, en la personne du 
général de Bardelin, ancien garde du corps de Louis XVI. 

(4) Probablement Claude Augeri, avocat, qui fut assesseur d'Aix, en lOjj- 

(5) Jeanne Pitton de Tournefort, tille de Louis Pitton et de Madeleine Dugual, 
sa première femme, née à Aix, le 24 avr. 1612, morte le 11 juin 1082. Elle était cou- 
sine germaine du médecin Jean Scholastique Pitton. auteur de l'histoire de la ville 
d'Aix et tante de Joseph de Tournefort, célèbre botaniste. Elle vécut dans le 
célibat auprès de sa sœur. M"" Antoine Duranti, et plus tard auprès de son neveu 
Marc-Antoine de Duranti de S' Antonin. Elle a eu plusieurs sœurs et peut être des 
cousines de son nom, mais eu égard à son âge, c'est plus probablement Jeanne 
Pitton qui est désignée dans le manuscrit. 



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186 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

^647 congé dabort. Il respondit verbalement, par M. de Bargemon, 
son Grand-Vicaire, qui revenoit d'auprès de luy, qu ayant 
dessing de faire dans son église cathédrale comme Tannée 
passée, c'est-à-dire de donner les 40 heures, le dimanche et 
le lundi, il désiroit que nous feissions dans la nostre aussi 
comme Tannée passée, c'est-à-dire, que nous n'exposassions 
pas le S -Sacrement que le mardy. 

La consulte tenue là-dessus, porta trois choses : la i", que 
nostre bulle portant indulgence les j jours, et ne faisant point 
de mention de Texposition du S'-Sacrement , nous debvyons 
acquiescer quand à ceste partie ; la 2"% que le S -Sacrement 
seroit mys où est le tableau de Nostre-Dame , vers la partie 
supérieure du tabernacle, un crespe devant, et force lampes 
derrière, avec tout Tappareil ordinaire; la j™', qu'on veroit 
les sermons, les vespres et la bénédiction à la manière accous- 
tumée. 

Néantmoins, 5 ou 6 jours avant le carnaval, il feit response 
par escrit au P. Recteur, en ces termes, qui méritent d'estre 
insérés icy pour plusieurs raisons. 

Mon Rév. Père. Je consens volontiers à ce que désirés de 
moy, touchant Texposition du S -Sacrement en vostre église, 
à présent que je ne me trouve à Aix, et que je n'ay pas donné 
ordre de l'exposer dans l'église cathédrale. Vous pourrez donc 
en ceste occasion, en user comme vous avés accoutumé, vous 
asseurant que je seray toujours, Mon R. P., Votre très affectionné 
pour (vous) servir, 
à Tolon 25 febv. 1647. 

En suytte de cette lettre, nous avons tout fait à l'ordinaire, 
quoy qu'on aye exposé le S. Sacrement à St-Sauveur. 

Messieurs du clergé, ayant taxé notre prieuré de Tourves 
à payer deux cens livres en 4 années, pour la taxe de l'as- 
semblée du clergé de Tannée 1645, suyvant le pied de la taxe 
de Mante dont nous avons été délivrés par la faveur du Roy, 
Louis le Juste. Nous avons obtenu de Mess, les syndics, dé- 
putés pour le diocèse d'Aix, que la somme de 200 L. seroit 
réduite à 80 L., dont il y a sentence du de janvier, 

à quoy M. le Prévost de Bargemon et M. de Mimata, nous 
ont fprt obligés, et comme c'est la i"* fois que nous sommes 
taxés et que ceste taxe doit régler les aultres, il estoit im- 
portant que la chose fut modérée. 

Le de mars, l'affaire qu'avoit le collège avec la 



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HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX l87 

veuve Carbonelle, a esté termynée, par la vente qui s'est ^^47 

faicte, de la bastide nommée Taquedôly, à M«"*" TEvesque de 
Sénés. Il en a donné deux mille cent soixante livres, dont il 
y en a 1,560 pour nous, le reste pour Mad. Carbonel, com- 
me il paroist par le contract de vente du même jour, chez 
notaire nommé. 

Nous avons reçeu content, cent pistoles valant 1,010 L., d 
nous avons remboursé M. Albin, le jeune, à qui nous d 
viens la mesme somme avec intérest à six et quart, et h 
rayer le contract de constitution ; de Tautre partie resta 
qui debvoit estre payée à la fin de may, nous en avons este 
avec un peu d'aide, la debte de 900 L. que nous debvion* 
M. Géde, nepveu de M. Scavar, dont il avoit faict un tra 
port fort incivil à un aultre, et qui estoit à six et quart. 

Il nous estoit deub bien davantage, mais nous avons e 
contrains de relascher une partie, pour ne pas perdre le te 
et bien que la somme passast au delà de dix sept cents livr 
avec ses intérests, nous avons perdu le surplus; T parcec 
mon prédécesseur en avoit donnée la parole ; 2° parceque 
a esté le conseil de nos avys; j*" parce que Rome Ta troi 
bon, avec raison; car la sentence donnée sur ce subject, 
nous adjugoit une partie de ces deniers, que par provisi( 
et nos créanciers estoient assés insolvables. 

Les soixante livres sont pour la dyrecte, que nous avyc 
achetée six vinct livres, mais pour sortir de ceste affaire, i 
falu en retrancher la moitié, quoyque dans le contract, ne 
faisons valoir la dyrecte les six vinct livres, et rabations 
soixante aultres sur Tachapt de la bastide, sur lequel nous 
prenons que 1,440 L. Encor pour évyter procès, nostre cons 
a porté, qu'il faloit donner deux pystoles à un nommé Gédi 
tant pour la peine qu'il avoit prize à faire vendre la bastic 
que pour ses prétentions, pour lesquelles il a transigé a\ 
nous. 

M*""' TArchevesque prit envye, vers Pasques, de fa 
appeler le P. Recteur, et luy demander en vertu de qi 
nos Pères confessoient, depuis que Tannée pour laquele 
avoit donné son approbation estoit espirée; car en arrivant 
avoit faist venir tous nos Pères, et les aultres Religieux, 
après les avoir interrogés, les avoit aussi aprouvés, mais ] 
escrit et pour un an, et parce que après Tannée expirée, 
avoit jugé plus à propos d'attendre son commandement c 



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188 HISTOIRE DU COLLÈGE D'aIX 



1647 • de se présenter, il s'en offensa, menaça de suspendre, et en 
effect suspendit le P. Beau; parce que, disoit-il, il avoit voulu 
disputer avec luy, et mesme, voulut suspendre tout le collège; 
en un mot, bien qu'il tesmoignast tous jours respect et affection 
pour le P. Recteur, il en avoit fort peu, et beaucoup moins 
pour toute nostre Compagnie. Mais enfin, par souplesse et 
par adresse, on réduit avec beaucoup de peine son esprit 
altier. Entre autres choses remarquables, il nous demanda si 
nous prétendions absoudre des cas qui luy estoient réservés 
etc, 5 ou 6 fois, et n'eut jamais aultre response, sinon qu'il 
n'auroit jamais mescontentement de nous sur ce subject. 
Cette secousse a esté aussi violente qu'elle pouvoit estre, mais 
Dieu nous en retira honorablement, la louange luy en soit 
rendue. 

Le 24 Juin, M. Morel dédia des thèses à M' le Comte 
d'ALAis, oij se trouvèrent Mess, du Parlement et des Comptes: 
Les premiers sortirent avec beaucoup d'aigreur et grand 
mescontentement; T parce que M. le Comte avoit sa chaire 
fort avancée, qu'ilz prétendent debvoir estre égale et au mesme 
rang; 2** parce que M. le Comte de Carces estoit auprès de 
luy, et sur le mesme tapis; 3"* parce que M. Goffredy (^) et 
M. Calissane (^), qui estoient des Requestes, y avoient place, 
ce qu'ils ne vouloient pas souffrir ; 4° parceque sur la fin, 
l'enfant ayant demandé au P. Rossingnol, son maître, quel 

(1) Jacques Gauffridi, fui reçu Premier Président en la Chambre des Requêtes, 
par les Commissaires députés, par S. M. le 32 août 1041. Il étoit petit neveu d'Antoine 
Gauffridi, s*^ de la Galinière, fils d'Armand Gauffridi, deux fois, second Consul 
d'Aix, et de Françoise Pena, fille du savant André Pena, aussi Conseiller en la Cour. 
Il avoit été assesseur de cette ville en 1627 et i6?8, et député en Cour, pour l'affaire 
des Auditeurs des Comptes. C'est à cette occasion que pour obtenir plus facilement 
la suppression de ces nouvelles charges, il proposa rétablissement de la Chambre 
des Requêtes, et il traita de l'office de Premier Président en cette Chambre. Il avoii 
épousé Françoise de Rabassb Vergons, fille de Louis François, Procureur Général 
en la Cour. Après la suppression du Semestre, le Roi lui donna des lettres de F*ré- 
sident honoraire et une pension de 1,000 L. Il se retira à un jardin qu'il avoit, vis à vis 
les Chartreux, oii il s'occupa à dresser des mémoires pour l'histoire de Provence, que 
ses successeurs ont donnée du depuis au public. (Esmivi de Moissac. Hist. du Pari 
de Prov. Mss. cit.) 

(2) Pierre de Leidet, s' de Calissane. fut reçu le 17 déc. 1641, dans l'office de 
second Président aux Requestes. Il étoit fils de Jean Louis, reçu Conseiller en is8o. 
Il fut ensuite Conseiller dans la crue de 1050, pour l'indemnité du semestre. Cette 
crue fut composée d'un Président ' et de Conseillers. Leidet fut le premier qui 
traita avec la Compagnie. Il donna 18,000 L. avec son office de Président, moyennant 
quoi, il fut reçu Conseiller, le 26 mars 16^0, avec cette condition qu'il auroit rang du 
jour de sa réception aux Requestes. Il étoit fils de Jean Louis, s*" de Sigoyer et de 
Camssanne et frère de Jean de Leidet qui avoit résigné peu de mois auparavant à 
Pierre son fils. Il épousa Marie de Chateauneuf-Molégez (Esmivi de Moissac. His^- 
du Pari, de Prov. Mss. cit.) 



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HISTOIRE DU COLLÉGK d'aIX 180 



ordre il tyendroit pour saluer ces Messieurs de TAssemblér 
le bon Père détermyna trop viste, qu'il faloit faire comnr 
Tannée précédente, en laquele, comme il présumoit, aux thèse 
de M. le chevalier d^OppÈOE, on salua premièrement U 
Présidents du Parlement, puys ceux des Comptes, et puis, c 
estoit revenu aux Conseillers du Parlement, et de là ai 
Contes, mais l'enfant l'ayant exécuté, ces Messieurs s\ 
plaingnyrent tout haut, et feirent grand bruyct au milieu c 
l'assemblée. Le P. Recteur s'excuza sur ce qu'il estoit estrange 
et qu'il ne savoit pas les coustumes, qu'il leur donnerc 
contentement. 

Il ne furent pas plustost sortis, que le P. Recteur ala vis 
ter les Présidents et la plus par des Conseillers, pour leur faii 
satisfaction et les prier de pardonner ceste mesprize. Ce 
servit estrêmement, car le lendemain, les Chambres assemblé( 
pour quelque autre affaire, demandèrent réparation, et qu'c 
délibérast là dessus. Les uns furent d'advys d'appeler le I 
RossiNGNOL, les autres, d'obliger le P. Recteur à l'esloign» 
pour quelque temps, les aultres, qu'il faloit faire une délibér 
tion, de ne se plus trouver à nos thèses et les transporter ai 
Jacobins: enfin, le gros l'emporta avec la faveur de Mess. 1( 
Présidents de Raguze et d'OppÈoE, qu'il ny avoit rien 
délibérer là dessus, et qu'ils se debvoient tenir satisfais du 
escuses du P. Recteur. Ils ont assés tesmoigné depuis, qu'i 
Testoient, puis qu'ils sont venus en bon nombre à tous n< 
actes publics. 

Le 4 juillet de l'an 1647, les os de feu P. Isnard fure 
tirés de la cour située devant la congrégation des Messieur 
où ce bon Père avoit esté enterré, et transportés dens la gro 
de l'églize, plus proche de l'églize dans un coing. 

Au moys d'octobre, le P. Recteur intenta procès, cont 
Mess, du Corps de ville, pour obtenir, ou l'exemption d< 
resves et impos, ou l'équivalent pour les payer. Ce proci 
' est fondé sur deux raisons qui sont plus amplement esprimée 
et dans le factum fait pour estre présenté à Mess, de la vill 
et dans la procédure faicte par M. Barel, l'advocat, qui e 
dans le sac du procès; la i" est, parce que nostre contra 
est fondé sur la cassation de toutes les modifications, et por 
que la ville s'oblige de nous faire avoir et tenir jusques à 
somme de 3,000 L.; or ce n'est pas avoir et tenir, quand 
ville reprend sur nous ce qu'elle nous donne, par les impôt 
et retyre d'une main ce qu'elle donne de l'autre; la i"' e 



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190 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



i()47 que, lorsqu'il fut question de nous rebcevoir à Aix, Mess, de 
la ville députèrent quelques personnes, pour délibérer des 
clauses soubs lesquelles le contract debvoit estre passé, et 
Mess, du Parlement adjoutèrent des conditions et modifications, 
ou plutost réglèrent les conditions que les députés de la ville 
avoyent tracés. Entre celles là, Tune estoit que nous serions 
subjects aux resves et impositions, comme les autres habytans 
de la ville, ce que Mess, du Parlement modifyèrent en di- 
zant, que nous serions subjects etc. comme les autres eclésias- 
tiques et particulièrement ceux de S-Sauveur. Le P. Général 
ayant veu ces modifications et condytions, refuza d'accepter le 
collège. Mess, de la ville persistans dans leur dessing, écrivi- 
rent en Cour, pour obtenir lettres patentes en forme de jussion 
au Parlement, pour recebvoir nos Pères, sans aultres conditions 
que celles de l'édict de nostre restablisement i6o}. Les lettres 
furent données, puis vérifiées au Parlement, et partant, l'arti- 
cle dont il est question, fut cassé par Tauthorité du Roy et du 
Parlement. 

Les Consuls (^) suyvant, qui n'estoient pas si affectionnés à 
nostre Compagnie, pour rompre ce coup, portèrent nostre 
contract d'establissement avec les conditions sus-dictes à la 
Cour, et le firent ratifier subrepticement, par M. le Chancelier, 
et à leur retour, présentèrent la dicte ratification au Parlement 
pour la vérifier, laquelle fut refuzée, d'où vindrent les délibé- 
rations diverses de la ville, qu'on insisteroit à obtenir la véri- 
fication qui ne fut jamais obtenue. Nos Pères cependant, voyant 
le préjudice que pouroit apporter ceste ratification, représen- 
tèrent la surprise à la Cour, et obtindrent nouvelles patentes 
en forme de jussion, pour déclarer la sus-dicte ratification faicte 
par surprize, de nostre establissement, sans autres conditions ni 
modifications que celles de Tédict de i6oj. Les dictes lettres 
furent vérifiées au Parlement, mais les parties n'y furent pas 
entendues. 

De là s'en suit, que nous ne sommes point subjects aux 
resves et impositions; i° par l'opposition du R. P. Général; 
2* par la volonté du Roy deux fois signifiée ; f par la vérifi- 
cations de la Cour deCix fois faictes ; 4° par la lettre mesme, et 
la requeste des Consuls, qui demande qu'on casse toutes mo- 
difications ; Ç par la ratification de M. le Chancelier déclarée 

{Tj Consuls et Assesseur^ depuis le i" not^, 1646, jusqu'au )i oct, 164J: 
Messire François de Rascas, seigneur du Muy ; M. Jean d'ANTHELMi, avocat, 
assesseur; M. Gaspard de Sêguiran, seigneur d'Auribeau; M. Jean Pbrrin, écuyer. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 191 



subreptice ; 6** parceque le Parlement n'a jamais voulu la vi 
fier et Ta refusé positivement ; 7** par la vérification absolue 
nostre establissement, faicte par la Chambre des Comptes, 
6 nov. 1621. 

Au commencement, ce procès fut porté au Parlement ; 
pour ne pas faire brèche à la ville, pour tous les autres R 
gieux qui pouroient demander le mesme ; 2"* parce que 
Parlement ayant la police, pouroit nous ordonner les rêve 
suffisants pour subsister, et plus que ne nous en ostent 
resves ; j** parce que nostre droit sembloit plus asseuré, 
Tarrest plus fort et moins subject aux troubles. Néantmc 
depuis, par Testablissement du Semestre^ il a fallu revenir 
Comtes et par le restablissement du Parlement et les troul 
de la ville et de la Provynce, il a fallu suspendre le pro 
et attendre un meilleur temps. 

^gneuriç Cardinal de S** Cécile, revenant de Rome, 
aporté bulle pour faire les 40 heures à S^-Sauveur^ au Carna 
et pour rendre la dévotion plus célèbre, M. son grand-vica 
la veille du dimanche de la Quinquagésisme, nous manda • 
nous eussions à ne point exposer le S'-Sacrement. Le 
Recteur ayant fait ce qu'il peut pour demeurer dans noi 
coustume, et ne pouvant l'emporter, feit mettre le S^-Sacrem 
dans Testage supérieur du tabernacle, avec force lumières 
un voile découpé devant, et feit pratiquer tout le rest 
Taccoustumée, de sorte que, fort peu de gens s'aperceurent 
ceste deffense. Le commun crut que c'estoit un mystère, 
sages n'y ont rien trouvé de mauvais, et tout le monde sa 
faict et nous avons espargné un procès qui auroit été téi 
raire dans les circonstances du temps. 

En la même année, le Roy ayant délibéré de faire 
ParlementS^/we5/re(*), il est arrivé de grandes partyalytés dam 

(l) Le Semestre était un Parlement nouveau créé en Provence par le Car 
Mazarin et qui devait partager la juridiction de l'ancien. L'un rendait la justice 
dant six mois, l'autre pendant la seconde moitié de Tannée. Le Gouvernement tro 
à cet établissement un double avantage : il diminuait l'importance de l'ancien P 
ment dont la résistance le gênait, et il se procurait de l'argent par la vent( 
nouveaux offices. L'édit qui créait le Semestre excita en Provence les plus vives n 
mations. On le considérait comme portant une grave atteinte aux privilégies du p 
il en résulta des émeutes et une véritable guerre civile. C'est à ces troubles qu 
rattachent la Journée de S* Sébastien (20 janv. 1649), après laquelle le Gouvernei 
quelque temps prisonnier du Parlement, et la Bataitle du Vat (14 juin 1649), o 
parlementaires furent battus par la troupe du Comte d'ALAis. Pendant la minorit 
Louis xiv, le pouvoir n'était pas assez fort pour vaincre l'énergique résistance qi 
était opposée. L'édit du Semestre fut rapporté en mars 1658, l'ancien Parle 
recouvra toute son autorité, et le comte d'ALAis ne put être maintenu comme goi 
ncur de Provence. 



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192 HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 



1648 ville et des soubçons fort mal fondés, mais grâces à Dieu, 
il ne s'est jamais trouvé que nous ayons, ni fayct, ni dict chose 
quelconque contre nos règles et nostre profession, qui nous 
oblige d'embrasser tous les partis en Nostre Seigneur. 

Avant que ce changement se feist, le Parlement assemblé 
députa le P. Recteur vers M«' le Conte, qui tenoit T Assemblée 
à la Sioutat, pour voir s'il n'y avoit point moyen d'accommo- 
dement. Dieu bénit son embassade, et après avoyr beaucoup 
travaillé, enfin l'accommodement entre les Requestes et le 
Parlement se feit par son entremise ; mais un arrest du Conseil 
renversa tout ce bel ouvrage, et nonobstant tous ses soings, 
pour empescher le mal qu'il prévoyoit en debvoir arriver à la 
provynce ; le Semestre fust estably. 

Mais, pour ce qu'il peut estre utile à la postérité, de scavoir 
les services rendus par nostre Compagnie au Parlement, en 
ceste occasion, je diray, que d'abord que le P. Recteur fut 
arrivé de Paris, il réconcilia M. le Premier Président de 
Mesgrigny avec M. le Conte; depuis, par 3 diverses fois, 
estant arrivé occasion de rupture entre M. le Gouveneur et 
le Parlement, le P. Recteur y ayant été emplové, les a myn- 
tenus en bonne intelligence, et empesché les ruptures prochaines. 
Les députés du Parlement ont toujours pris de ses lettres de 
faveur en alant en Cour, qui leur ont esté ustiles ; bref, outre 
l'accommodement des Parlements avec les Requestes, auquel 
il travailla 6 ou 7 moys, il n'a laissé pas une occasion, qu'il 
n'ay fait ce qu'il a pu, pour prévenir le désordre qui s'est veu 
dans la provynce. 

M«' le I*' Président de Mesgriny voulant se retirer pour 
évyter la brouillerie du Semestre, nous voulut laisser son fils 
unique. Pour cet effect, il donna cinquante escus pour accom- 
moder la chambre haute, au dessus de la sacristie. Nous l'avons 
reçu, tant pour la qualité du père et l'amytié qu'il porte à nostre 
Compagnie, qu'en vertu de la circonstance des temps, qui nous 
réduisoit en estât de ne pouvoir faire aultrement ; de sorte que 
le R. P. Général y a consenty, mais après nous avoir con- 
damnés d'avoir donné parole de le recevoir sans son congé, 
pour évyter les suittes et les conséquences. 

Au moys de Juin, vers la St-Jean, M. Chauveti ne pouvant 
payer les arérages de la rante qu'il nous doit, nous présenta 
un contract de constitution de mille livres, rachetable dans 
j ans, pour y prendre une partie de nostre principal et tous 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 103 

nos arérages, en déduction de la somme totale qu'il nous doit, 1648 

dont il est demeuré caution sans préjudice de la première, qui 
est Monsieur Carbonel, de sorte que nous avons en consti- 
tution, soit sur son beau-frère, soit sur lui, de 18 à 19 cents 
livres. Mais le beau-frère ne Tayant pas voulu accepter, nous 
sommes à la poursuitte, tant du principal que des arérages, 
contre le dit S' Chauvet. 

Le 5 de juillet 1648, le P. Claude de S* Félix a fait sa 
profession des 4 vœux, entre les mains du Père Brisacier, 
Recteur, et en présence de M«' le Conte d'ALEz. M"* la Con- 
tesse a traicté splendidement toute la maison. Ce bon Père 
poussé de ferveur à la fin de son cours, a demandé de faire 
la Cinquiesme, ce qui lui a été accordé, d'où s'en est ensuyvi 
une chose assez extraordinaire, que de tous les Régens, pas 
un n'a changé; il s'est fait un cercle, le i" est revenu le der- 
nier, et tous les aultres ont monté. 

Sur la fin de septembre, François Vitte, fils de M. Vitte 
Tapoticaire, a esté envoyé au novytiat, et donne de grandes 
espérances. Il a pris la place de Henry de Meslan, fils de 
M. de Meslan (^), Président, qui y estoit entré Tannée passée, 
et n'a pas persévéré. 

Le 8 octobre, nous avons emprunté mille francs de M"* Laty, 
à cinq pour cent, dont nous avons payé M. de la Mure, autre- 
ment dict le BouRGuiNGNON, à qui nous debvions 934 L. à 
six et quart. 

Le 6 octobre 1648, nous avons obtenu une sauvegarde du 
Roy, pour l'exemption de gens de guerre au prieuré de Tour- 
ves, à laquelle M^' le conte d'AtEZ a donné son attache, le 
dernier du mesme moys et mesme année. 

Le 16 déc, nous avons obtenu sentence de M. Félix, 
Lieutenant des Soubmissions, pour estre payés entièrement des 
250 L. ordonnées par le contract avec Mess, de la ville, du 
jo octobre 1629, pour la réparation des classes. Le différent 
estoit que Mess, de la ville prétendoient nous faire payer le 
pavé réparé, le long du grand corps de logis devant l'église, 
qui montoit à 41 L., sur ce fonds qu'elle nous doit; et par 
ce que ceste somme n'estoit payée qu'en suytte du conte que 
rendoit le P. procureur, de l'employ, au contrôleur des basti- 

(1) Probablement Amant de Monier pourvu de roffice de Président à mortier de 
^•~^- de Monier son père, mort en iô?8, mais qui s'en démit efi faveur d'Henri de 
foRBiN d*OppàDBf qui lui résigna son office de Conseiller de Parlement. 

13 



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194 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



1648 ments, comme de clerc à maistre, d'où arrivoit, que quand on 

avoit moins despensé, ils donnoient moins, et quand la despense 
excédoit, ils ne vouloient rien adjouter, oultre que le fonds de 
ceste somme nous appartenant, il n'estoit pas raisonnable que 
nous en rendissions conte. C'est pourquoy, nous avons 
demandé et obtenu, que la dicte somme nous fust donnée, 
avant que de faire travailler anx classes, pour remployer 
conformément au contract, sauf à eux de faire visiter les classes, 
pour voir si elles sont en bon estât, mais sans rendre compte 
d'aultre chose, et en cas qu'elles ne le fussent pas, nous y 
obliger à la 2™' paye de Tannée qui suyvra. C'est pourquoy, 
il se fault bien garder doresnavant, de faire travailler aux 
classas, qu'on ne treuve la dicte somme, et de faire voir le 
détail de Temploye, mais seulement les classes, si elles sont 
garnyes de tout ce qu'il fault. Si on veult faire despense, et 
mettre les classes une bonne fois en estât du bon estât, et 
qu'on y puisse pas rompre les bancs, on tirera davantage de 
ceste somme. 
Pour l'année ]^q p poYROT ayant prcsché l'advant de l'année précédente, 
^^•♦^- continua le caresme de celle-cy, ce qu'il a faict fort bien, et 

avec beaucoup de succès. Il est vray que ce n'a pas été sans 
peine ; car comme ceste année n'est que troubles et brouille- 
ries, l'affaire du Semestre ne s'estant pas pu accommoder, 
Mess, du Parlement assistés de la Ville, le jour de la 
S' -Sébastien, rentrèrent par force. M . le comte d'AtEZ fut 
détenu dans sa maison, tant que par l'accommodement faict 
par M^' le Cardinal Bichi (^), et M. d'Arles, il eut liberté. 
Mais parce que pendant tout le caresme, M. le Conte fut 
détenu, le P. Poyrot eut besoing de grande prudence pour 
laisser à quartier toutes les affaires du temps, et ne prescher 
que son Evangile. Ce bon Père avec son caresme preschoit 
3 fois la sepmaine chez M. le Conte. 

Si le P. Poyrot eut besoin de prudence en chaire, tout 
le collège en eut besoing en conversation, et bien que nous 
fussions fort suspects, pour estre affîdés à M^' le Conte, 
néantmoins,nous avons tousjours gardé nostre règle, n'embrassant 
aucun parti et les aimant tous deux en N. S., et quelques 
accusations ou soubçons qu'on aye pris contre nous, il ne s'est 

(1) Alexandre Bichi, cardinal Evêque de Carpentras, fut envoyé à Aix par le roi, 
en février 1649, pour apaiser les démêlés qni s'étaient élevés entre le comte d'ALAis 
et le Parlement. Il réussit à faire accepter un traité qui n'amena qu'une paix momen- 
tanée. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 195 

jamais trouvé que nous ayons prévaryqué, ou en efiect, ou en 1649 

parole. 

Le P. Beau ayant charge de la congrégation des paysans, 
aprit un dimanche, en y entrant, qu'ils estoient fort irrités 
contre luy et contre nous tous. En ayant voulu sçavoir la cause, 
il apprit, que ces bonnes gens,* fondés sur quelque discours 
mal conceu, de quelque domestique de M. le Conte disoient- 
ils, croyoient que nous avions donné le catalogue de leur 
congrégation à M. le Comte, pour les faire punir, et sauver 
M. du Parlement. Il tascha de destruire ceste créance dans 
ceux qui lui parlèrent, et ne s'avisa pas, que les provenceaux 
babillards avoient desjà semé ce bruyct dans toute la congré- 
gation, et la congrégation dans toute la ville. Ce bruyct va 
jusques à Mess, du Bureau de police ; on propose sur ce qu'il 
y auroit à faire , on délibère d'en parler au P. Recteur, et 
comme semblables bruycts croissent à mesure qu'ils s'épandent, 
on nous accusa ; que nous avions pris le nombre des gens 
capables de porter les armes; que nous les avyons voulu 
débauscher du service du Parlement, pour les donner à M. 
le Comte ; que nous leur avions refusé l'absolution, s'ils ne 
promettoient de servir M. le Comte etc. Mais le P. Recteur 
employa tant de soing et de diligence à dissiper ce faux 
bruyct, qu'il s'en alla en fumée, nonobstant force murmures et 
des délibérations mesmes entre les peuples et les cadets, de 
nous piller et nous assommer, à quoy le P. Recteur avoit 
donné bon ordre, en gagnant tous les chefs à nostre deffence. 

Toutes ces brouilleries nous ont empesché de faire juger les 
procès que nous avons avec la ville, l'un est pendant devant 
M. Félix, et peut estre jugé quand on voudra, et que le temps 
sera plus favorable, qui est, pour obliger Mess, de la ville à 
observer notre contract et nous donner par advance et par 
quartier, par les mains du thrésorier de la ville, le quart des. 
3 milles livres qu'elle nous doit, sans obliger d'aller chercher 
ailleurs les 900 L. des gabelles ; celuy-là est indubitable. 

L'autre procès qui regarde l'exemption des resves et des 
impositions, ou l'équyvalent, a desjà esté plaidé, en audience 
devant Mess, des Contes , la chose apointée au conseil. 
M. Barel (^), nostre avocat fit merveille dans ceste occasion. 

(1) U s'agit probablement de Guillaume de Barrel, fils de Jean Pierre de Barril 
et de Jeanne de Martel. Il eut une certaine célébrité comme jurisconsulte et épousa, 
en 16^8, Magdeleine de Ruffi. Son fils épousa Anne de PoNTEvàs et cette famille a 
pris depuis lors, le nom de BARREL-PoNTEvàs. 



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196 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



1049 Nostre droict est bien certain, mais il a besoing de grand soing, 

grande conduyte et grand crédit pour l'emporter. C'est pourquoy, 
quand on le voudra poursuivre, il faut tascher d'avoir tous des 
amys. M. de Linceil entent parfaitement ceste affaire et nous 
a fort servi, et si on la peut transférer au Parlement, on en 
aura meilleur succès, pourveu toutesfois qu'il conserve son 
affection. 



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CHAPITRE NEUFIÈME. 



Le Père Ignace de Beausse 
«• Recteur. 



E 30 juin, le P. Brisacier remit la charge du 

collège au P. de Beausse, qui estoit venu le 

même jour de Marseille. Il trouva que presque 

tous les escholiers avoient changé leurs plumes 

en espèes, estant tous occupés aux factions de 

la guerre, et les plus petits qui estoient restez en fort petit 

nombre, se dissipèrent encore au bruit que Ton eut, que 

M. le Comte sortoit de Marseille avec ses troupes, pour venir 

contre la ville, tellement que les classes ont demeuré fermées 

jusques à la S* Luc. 

Quelque diligence que mit le P. Recteur pour conserver 
la bastide de S' Alexis, contre les gens de guerre, si ne 
peut-on empescher qu'elle ne fut tout à fait pillée et désolée, 
les serrures enlevées et mesme, mit-on le feu au bois de paille 
qui estoit à la cour derrière la maison, mais le feu après 
avoir bruslé Teschelle qui estoit contre le grenier à foin, 
s'arresta comme miraculeusement sans passer outre. 

La paix estant faicte, on tascha de ramasser le plus que 
Ton peut d'escoliers, pour renouveller les estudes au temps 
ordinaire de la S* Luc. Et M. le Comte s'estant retiré à 
Tholon, le P. Recteur y alla pour luy rendre ses respects, et 
essuier les appréhensions qu'on luy avait donné, de peu 
d'affection de nos Pères en son endroit. Il le receut avec des 
tesmoignages de grande bonté, et agréa fort les éloges et 
diverses pièces de poésie que les Régents avoient composées 



1649 

(Suite.) 



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198 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

pour luy féliciter le mariage de M*"* (I'Angoulême, avec M' le 
duc de Joyeuse (^). 

L'année 1649 ^^^^^ ^^^^ funeste à la ville et au collège par 
la guerre, Tannée suivante Ta esté encore davantage par la 
peste. Elle fut apportée comme Ton croit de Marseille, qui en 
avoit esté estrèmement désolée, et elle fut descouverte sur le 
commencement de la présente année, et jetta d'abord tant 
d'effroy dans les esprits, qu'environ j,ooo personnes sortirent 
de la ville dans 1 5 jours, pou»- se retirer aux villes et bour- 
gardes circonvoisines. Le P. Recteur usa de la mesme 
précaution, pour la conservation des Régents et Pères qui 
n'estoient nécessaires au collège, envoyant les Régents avec 
le P. Préfect au prieuré de Tourves, et deux Pères à Marseille. 

Le P. Recteur et deux autres Pères demeurèrent dans le 
collège, pour le service de la ville, et le P. Recteur avoit 
offert un Père pour estre exposé, mais les Magistrats ne 
jugèrent pas nécessaire, d'exposer persortne pour les malades 
de la ville, d'autant que le mal ne s'enflamma pas si fort, qu'on 
n'eut le moyen de sortir ceux qui estoient atteints, pour les 
porter à l'infirmerie, où les RR. Pères Capucins estoient exposés, 
où les malades pouvoient descendre à la porte de la maison, 
ou au moins aller à la fejiestre, où nous les aillions confesser. 

Toutes les églises de la ville ayant esté fermées, à la réserve 
de S'-Sauvear, la nostre servit d'asyle à tout ce qui estoit 
resté d'habitants dans la ville, tant pour les confessions que 
pour les communions que l'on fît à l'ordinaire; et quoique 
Ton entendit les confessions à S'-Sauveur, si n'y communioit-on 
pas, mais ils venoient de là, prendre la communion en nostre 
église. Nous avions colé une feuille de papier à la grille des 
confessionnaux par précaution. 

Nous avons confessé quantité de malades, par les rues, ou 
aux fenêtres, lesquelles sont mortes incontinent, ou peu après 
la confession. 



(]) Louis de Lorraine, duc de Joyeuse, était fils de Chartes de Lorraine, duc de 
Guise, Gouverneur de Provence, et de Henriette Catherine de Joyeuse. Il avait épousé 
la fille du comte d'ALAis, vers la fin de l'année 1649. Son beau-père l'envoya à Mar- 
seille pour grouper autour de lui les partisans qu'il avait dans cette ville. Marseille 
était alors envahie par la peste; les Marseillais craignant que ce l'eune prince ne tint 
le conseil municipal sous sa dépendance, firent passer devant son hôtel, tous les 
malades que l'on conduisait à l'hôpital, et tous les morts que l'on portait au cimetière, 
qu'ils fussent ou non, victimes de la contagion. Le duc de Joyeuse effrayé par la vue 
de tant d'objets sinistres, se hâta de retourner à Aix. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



Nous avons esté aussi priés par Mess, de S'-Sc 
de porter le S'. Sacrement et donner rextréme-onction 
les maisons de la ville, aux malades de maladie non 
gieuse, ce que nous avons faict, quend nous avons esté i 

Nous avons expérimenté une particulière Providen 
Dieu, en la conservation de nos personnes, dans la c 
sation avec des pestiférés qui cachoient leur mal, o 
ignorance ou autrement; et le jour de l'Assomption 
S. V., nous communiasmes environ 1,200 personnes de te 
quartiers de la ville, où le mal estoit espanché, et notai 
en nostre voisinage, sans que personne ait pris mal qu' 
sceu, quoy qu'il mourut en ce temps, 50 ou 60 pen 
chaque jour. 

Les dimanches et festes, un des Père faisoit exho 
aux carrefours, où le peuple pouvoit commodément s'ass< 
sans se toucher. 

M. le Baron de Bras(*), Gouveneur de la ville, I 
assemblée à S'-Sauveur, où il appela le P. Recteur, 
délibérer sur les causes du progrès de la peste et les n 
d'y remédier. Le P. Recteur ayant remontré la nécéss 
secours spirituel, il fut prié de continuer de le donner 
avec le moins de communications qu'on pourroit. Et poi 
l'on dressa un autel à la rue et un autre dans le bris 
de l'église, pour la commodité de ceux qui craignoier 
la communication. On continua de confesser et commu 
l'ordinaire. 

M. le Baron de Bras, fut frappé à quelque temps 
et le P. Recteur alla à sa maison, offrir et remèdes, et ur 
pour l'assister. On le remercia, d'autant qu'on eut la comr 



il) Sextius d'EscALis, baron de Bras et d'ANSouis et autres lieux, fils d 
Antoine d'EscALis, Premier Président au Parlement et d'Hortense de BouRDor 
à Aix (S'-Sauveur) le 8 juin 1604. Il fut i*'" Consul, Procureur du pays en 16 
1647, toujours dans des temps difficiles. Après la journée de S*-Sébastien 
1649), le Parlement cassa les Consuls en exercice, parce que contraires 
privilèges du pays, ils avoient été nommés par lettres patentes du Roi, et 
que le chaperon consulaire serait rendu au baron de Bras, qui en avait ét< 
l'année précédente. C'est peut-être pour cette raison, que l'auteur du mani 
donne le titre de Gouverneur^ au lieu de celui de Consul. Pendant la guerre du S 
en 1649, le baron de Bras commanda un des régiments levés par le Parlemeni 
la ville de Berre. L'année suivante, la peste ayant pénétré dans la Ville c 
soin de la police lui fut confié, mais il périt lui-même victime de la contt 
s'était marié deux fois : i» avec Marguerite de Brancas Ceireste, dont il r 
d'enfants ; 2*» avec Madeleine de Gérlnte, qui lui apporta la seigneurie de Bi 
Barjols; et comme il avait déjà celle de Bras d'Asse, on disait qu'il était Tho 
plus puissant de Provence, puisqu'il en avait les deux Bras. 



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200 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

1650 d'un Capucin exposé. Il mourut le 10, de son mal, grandem- 
( Peste.) ment regretté. 

M"*, la Conseillère d'ARNAUD estant à Rosset avec M. son 
fils, demanda par lettres, au P. Recteur, le Régent de THuma- 
nité avec un Père, tant pour sa consolation spirituelle que 
pour enseigner son fils. Le P. Vulhod y alla de Tourves, 
avec M'* Bidet, Régent ; ils y ont demeuré 4 mois. 

En ce temps, les Pères de Launay, de Rochas ont fait 
leur profession, celui-là à Fréjus, où il se rencontra, et celuy- 
cy à Tourves. 

Sur le milieu d'octobre, le mal estant presque esteint, les 
MM. des deux Cours pressèrent leur entrée dans la ville, quoy 
que le jour qu'ils entrèrent il y eut 2 décès à S'-Pierre, mais 
avec le bon ordre, il n'y eut pas de suitte. Le P. Recteur 
rappela les Régents, qui commencèrent à rallier les escholiers 
qu'on remit dans la même classe. On en examina plusieurs qui 
avoient assez profité pendant cette longue absence, qu'on fit 
monter. La plus grande partie fut jugée si faible, qu'on les 
obligea de faire une seconde ou troisième année dans la mesme 
classe. 

Le jour de S* Nicolas, 6 décembre, on fit l'ouverture des 
classes ; les Régents firent leur harangue. Le P. Fausier 
commença dans l'église à l'ordinaire, il eut une assemblée 
extraordinaire des Messieurs des deux Cours. 

Le P. Lambert a presché l'advent, ceste année, avec un 
grand concours et applaudissements à S'-Sauveur, 
L'an 16S1. A la sollicitation des nostres, les filles débauchées ont esté 

renfermées dans un quartier de la maison de La Charité, et on 
a continué de les aider pour leur conversion jet entretien, 
quelques-unes se sont si bien converties, qu'après des instantes 
poursuites, elles ont été reçues au monastère du Bon Pasteur. 

On a commencé en nostre église, la dévotion de la commu- 
nion générale pour les morts ; on a choisi le second dimanche 
du mois, comme le plus propre 

M. d'AiGUEBONNE (^), venant pour commander dans la Pro- 

(1) Rostain d'URRE, M'" d'AiGUBBONNE, Lieutenant général des armées du Roi et 
Conseiller d*Etat, fut nommé par lettres du 2$ sept. 1650, pour commander en Pro- 
vence, en Fabsence du comte d'ALAis et du comte de Garces, Lieutenant de Roi. 
qui tous deux avaient été mandés à la Cour. Ce dernier revint bientôt reprendre ses 
fonctions, et ce retour faillit amener un conflit, dont les suites ne furent pas aussi 
fâcheuses qu'on aurait pu le craindre. Le M'* d'AïQUiBONNB fut rappelé à Paris où i' 
mourut le 9 mai 1656. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aJX 20 



vence, MM. les Consuls (^) vindrent prier le P. Recteur, 
leur donner un Père, pour faire le dessein de Tentrée. Le 
Favier, Rhétoricien, l'entreprit et y réussit heureusement, 
fut quelques jours après son entrée en la ville, reçeu dans 
collège avec une petite action et des épigrammes, et s'opir 
tra grandement à vouloir que le P. Recteur accorda iç jo 
de vacances; mais il s'excusa et refusa fortement et ne doi 
que deux jours. 

On a commencé ceste année la congrégation des prebstr 
mais d'une façon si pompeuse, qu'à la fin de l'année, on a 
contraint de la quitter, faute de Père qui l'ait voulu entrepr 
dre. Le P. Plattule l'a faite 4 semaynes, et estant allé 
Arles, prendre la place du P. Labbé qui quittoit le Rectoi 
le P. Labbé vint prendre la sienne, et conséquemment 
charge de cette congrégation, en laquelle on traitoit : T 
point de l'Histoire éclésiastique ; 2** un point du Droit Cane 
j* quelques cas de conscience plus difficiles ; 4*" quelc 
moralité. Enfin les prestres assemblés proposoient ce c 
bon leur sembloit. Le P. Labbé estant allé à Paris, ce 
qui lui succéda ne voulut continuer ce train, qui sembi 
aussi moins conforme aux desseins des congrégations, et ai 
on l'a discontinué. 

Le P. Lambert a presché le caresme, avec un conco 
extraordinairement grand et une satisfaction parfaite d'un chac 

Nous avons fait juger le procès que nous avions avec 
ville. M. le Lieutenant Félix ayant donné sentence en nos 
faveur, et ordonné que l'on nous donneroit à présent i ,000 
des arrérages passés. Mais la ville ayant appelé de cette S( 
tence au Parlement, il ne nous a adjugé que 500 L. par p 
vision, attendant qu'il ait donné arrest quant au fonds. ^ 
amis nous ont conseillé, de différer la poursuite de cet arr 
à un temps plus calme, les grandes divisions estant surveni 
en ce temps là. 

Le 21 de may, nostre Frère, Boniface Michel, est déi 
dé fort sainctement, n'estant malade que deux jours, d'i 
cheute qui luy a causé une oppression de poitrine extraordir 
rement grande. Il a reçeu tous les sacrements avec un ju 
ment parfait, et usage de tous ses sens jusqu'à la fin, n'ay 



(1) Consul et Assesseur, depuis le i nop. 161^0, jusquau ?/ ocl. rô^i : 

Messire Jean Henri du Puobt, baron de S» Marc; M. André Mathieu, seigneui 

Fuveau, avocat, assesseur; M. Marc Antoine de Durant, écuyer ; M. Melc 

Delphin Hupâts. 



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202 HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 

1651 point discontinué que quelques moments, de faire tous les actes 

de dévotion qu'on pourroit désirer d'un bon Religieux. 

Nous ^vons ceste année, dressé une nouvelle bibliothèque, 
en un lieu plus grand et plus commode, l'ancienne estant et 
trop petite et trop obscure, on a employé environ 400 L., à faire 
toutes les réparations nécessaires pour cela. 

Le 15 juillet. Ton fit l'office pour le R. P. Général Picco- 
LOMiNi, selon les ordres donnés par le R. P. Provincial, et 
le 16, se dirent les messes. 

Le jour de S* Ignace, le R. P. Thibaut, Minime, prescha 
en nostre église, avec grand applaudissement, ayant tesmoigné 
la grande estime que leur ordre fait de nos saints et de nostre 
Compagnie. M. TEvesque de Senez dit la messe, et le soir, 
donna la bénédiction. 

Au moys de septembre, le P. Gilles de Verquières estant 
allé à Tourves, pour les affaires du collège, il y est mort après 
7 jours de fièvre, qu'il avoit mesprisée au commencement, et 
pour ce, n'en donna advis que le 6, auquel le P. Recteur 
aiant envoyé un Père pour lui tenir compagnie et l'assister, 
avec une litière qu'il demandoit pour revenir, le Père le trouva 
si mal, qu'à peyne luy put-on donner l'extrême ontion. 

Nous avons passé un nouveau arrentement avec Jean Pierre 
du Crest, frère du défunt rentier, et avons augmenté la ferme 
de 22 charges de blé froment, rendues icy. 

1652 Le P. le Gras ayant presché Tadvent, l'année précédente, 

il a continué ceste année, à la Magdeleine et quoy qu'il y ait 
eu un concurrent à S'-Saupeur, d'une très haute réputation, le 
R. P. RiCAUD, si estoit qu'il a eu son auditoire assez nom- 
breux, aussi preschoit-il avec beaucoup de zèle et d'éloquence. 

Ceste année, on a commencé d'enseigner les Mathématiques 
avec plus de pompe et d'exactitude, et plus grand concours 
d'escoliers, comme aussi les Cas de conscience. Le P. Furet 
aiant faict l'un et l'autre, avec grande satisfaction d'un chacun. 

Après Pasques, M. Aillaut, Théologal, a demandé un de 
nos Pères pour prescher les dominicales à S'-Sauveur, ce que 
le P. Chabran a fort bien fait, jusqu'à le Fête-Dieu. H » 
aussi demandé 2 catéchistes, pour les deux endroits les plus 
peuplés de la ville, et le P. Orset a fait le catéchisme a S" 
Marie, et M. Piccard aux UrsuUnes, 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 20 



M. le duc de Mercœur (*) venant pour Gouverneur 
ceste ville, MM. les Consuls (^) nous vindrent prier de faire 
dessein de l'entrée, qu'ils vouloient luy faire extraordinairem 
magnifique, ce que le P. Cornu, Rhétoricien, fit avec appl 
dissement. 

Quinze jours après son arrivée, nos escholiers jouer 
devant lui, une action faicte par le Rhétoricien, à son honn 
et bon augure de la paix, et bonheur qu'il apportoit à 
Provence. Elle fut jouée en la sale de Tarchevesché, où nono 
tant les grandes chaleurs, il tesmoygna par son attention \ 
grande satisfaction, et après, par la louange qu'il donna ; 
acteurs, et vacances de 8 jours aux escholiers, nonobstant 
grande difficulté qu'y apporta le P. Recteur. 

Ceste année , par le moien de puissantes sollicitations 
prières, nous avons esté mis sur Testât pour les 4 quarti€ 
quoyque les autres membres de l'Université n'y soient < 
pour deux ou pour trois quartiers. 

Les insignes bienfaiteurs et qui doivent estre mis hors 
pair et toute comparaison, ces j années du rectorat du P. 
Beausse, sont M. le Président de Réauville, qui ceste se 
année, a donné plus de 500 livres, et sans en estre requis 
prié, mais avec une si bonne volonté de plus faire, qu'elle 
plus prisable que les efforts. Le second est M. le Consei 
d'ANDRÉ, lequel fut tellement intéressé aux affaires te 
porelles du collège, le voyant sans procureur, comme il 
esté depuis la mort du P. de Verquières, en septeml 
1651, jusqu'en juin 1652, qu'il a pris le soin des procès ( 



îl) Louis de Vendôme, duc de Mercœur, d'Etampes, prince des Martigues, 
fils de César de Vendôme et de Françoise de Lorraiwe-Mercœur. César était lui-m 
fils naturel de Henri IV et de Gabrielle d'EsTRÉES. Le duc de Mercœur fut d'al 
envoyé en Provence, en mai 1OÇ2, pour y gouverner en l'absence du G** d'Ai 
Environ un an plus tard, et par lettres du 24 fév. 16^ j, il fut définitivement poi 
du titre de Gouverneur, par la protection de Mazarin dont il avait épousé la ni 
Laure Mancini. Il eut à lutter contre les restes de l'esprit de sédition qui fermenta 
encore en Provence, et qui se manifestaient par les rivalités entre les Sabrcurs el 
Canivets. Ces troubles ne cessèrent complètement qu'après le voyage de Louis 
à Aix, en 1660. Le duc de Mercœhr perdit sa femme eu i6>7. Ses enfants el 
princes du sang le détournèrent du projet qu'il avait de se remarier, et il consen 
recevoir les ordres sacrés, avec la promesse d'être nommé Cardinal. Il reçut en 
la bareite à S*-Sauveur de la main du Cardinal de Retz, le lundi de Pâques de l'ai 
1667. Il mourut à l'âge de SI ans, le 6 août 1669, dans le pavillon connu mainte 
sous le nom de pavillon la Molle, qu'il avait fait construire pour s'y retirer a 
son veuvage. 
(2) Consuls et Assesseur, depuis le /••■ Non. lôifi, jusqu'au ^r Oet. 16^2 : 
Messire Laurens de Forbin, M^' de Janson; M. Guillaume Blanc, assess 
M. François d'HoNORAT, seigneur de Pourcieux; M. Esprit Angles. 



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204 HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 

1652 nous avions contre le sieur Bonnety, et des affaires du prieuré 

de Tourves, contre M. le Baron, et des affaires de la mission 
de Digne, et ce, avec tant d'affection, qu'il a fait luy mesme 
toutes les poursuittes, avancé tout Targent nécessaire, jusques 
à ce qu'il nous a mis au dessus; a preste jusques à 1,000 
livres, pour sortir hors des affaires les plus pressantes, et 
tout cela, nous prévenant devant qu'en estre prié, outre plu- 
sieurs aumosnes bien considérables qu'il a faictes. M"' la Pré- 
sidente d'OppÈDE en mourant, nous a légué 100 écus, des- 
quels nous n'avons pas encore été payés. M. BiCAY(Bicaïs) (*), 
pendant Tannée de la peste, nous a puisamment assisté en nos 
malades, et M. Broglia ('), en autre temps, M. Clément, Tapo- 
ticaire, et M. Brun, chirurgien. Nous ont aussi fort charitable- 
ment servis, M. le comte de M ayrargues (^), bon amy et bien- 
faiteur, M. le Conseiller Michaelis fort afïectionné. 

M"* Marguerite Féraude, qui a obtenu permission d'estre 
enterrée dans nostre église, s'est montrée fort indigne de cette 
grâce au temps de peste, quoy qu'elle ait esté logée à Tourves, 
par nostre moien, aidée et assistée en tout. Le P. Rochas. 
qui estoit Supérieur des Régents, pourra dire comme elle s'est 
comportée, et les reproches que souvent elle nous a faits. 



(1) Honoré Bicaïs, médecin, né à Oraison en 1^90, fut professeur Régent de méde- 
cine en l'Université d'Aix. Il se dévoua pour soigner ses concitoyens, lors des épidé- 
mies de 1629 et de 1649. Il a laissé plusieurs ouvrages estimés de son temps, et 
notamment un traité des causes et de la cure de la peste. Michel Bicaîs, son fils, lui 
succéda dignement dans ses fonctions de professeur Régent à Aix. 

(2) Jean François Broglia, né à Nice en 1601, reçu docteur en médecine à l'Uni- 
versité d'Avignon, obtint le j déc. 1616, des lettres de naturalisation, et fut professeur 
à l'Université d'Aix. Il mourut à Aix le 16 Mars 1647. Il était fils de Pierre Broglia 
et de Françoise Bestente, et épousa le 19 mai 1601, {Insinuations d'Aix^ année i6oy, 
fol. 134, uerso.) Madeleine Barthélémy, fille de Vincent, maitre apothicaire, et de 
Pierrette Julhoux. Son fils, Jean Joseph, fut médecin comme lui, et son petit fils, 
Jean François, fut conseiller à la Cour des Comptes. 

Ces Broglia établis en Provence au XVI 1 siècle, étaient de Tlllustre famille de 
Broglia originaire de Quiers en Piémont, d'où sont sortis plusieurs Maréchaux de 
France. Cette identité d'origine a été reconnue par un jugement contradictoire de 
M. Le Brbt, Intendant, en date du 18 nov. 1698. 

(3) C'est sans doute un Valbelle, de la branche des seigneurs de Meyrarguks, peut- 
être Léon de Valbelle, s"^ de Cadarache et de Meyrargues, fils de Barthélémy et 
d'Aimare de Cabre S'-Paul, qui épousa en 1628, Anne Silvie de Galien des Issarts, 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 2C 



Vice Rectorat du P. Chabran. 



Le 30 juin de la présente année, le P. de Beausse re 
la charge du collège qu'il avoit gouverné pendant 3 ans, 
P. Guill. Chabran, qui estant ministre, fut nommé Vi 
Recteur par le P. de Barry, Provincial. Un ou deux jo 
avant sa déposition, M. de Mesgriny, Premier Président 
Parlement, grandement affectionné à la Compagnie et au 
R. P. de Beausse, duquel il avoit grande estime, lui re 
une somme de 800 L. en capital, dont la pension qui mo 
à 50 L., doit estre annuellement employée à Tachapt de li\ 
pour la bibliothèque, des quels livres, le dit sieur Pren 
Président se réserve la nomination, tant qu'il sera dans / 
Le contract est dans les archives et fut passé dans la mai 
de Mon', le Premier Président, et signé le 29 juin; on y p 
voir toutes les circonstances et conditons qu'il demande. 

M. le Vicomte, fils de M. le Premier Président de Mesgri 
soustint des thèses de Philosophie extraordinairement célèbr 
car Messieurs du Parlement et Messieurs des Compte 
assistèrent avec grand concours, en sorte que pour les pla 
commodément, il fallut mettre les chaises aux deux bouts 
l'église, et au delà des arcades. Les deux Cours estoien 
nostre place , ordinaire et nous estions derrière. M. AiLHi^ 
Théologal au. Chapitre, et Premier Professeur de la Théolc 
en l'Université, ouvrit la dispute, la R. P. de Beausse la fer 
Ce jeune seigneur triompha, et fit paraistre un si bel esprit 
ses responses, que tout le monde en sortit avec estonnem< 

Le dit sieur Président donna 200 livres, pour dorer le 1 
table de la congrégation des Philosophes, dont le P. 
Launay, Régent de M. le Vicomte, avoit charge, et M. 
fils y estoit officier. 



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CHAPITRE DIXIÈME 



Le P. Guillaume de Lange. 



p* Recteur. 



E 21 d octobre le R. P. Chabran, Vice-Recteur, 
remit la charge du collège au P. de Lange, 
qui le soir auparavant, estoit arrivé de Vienne. 
Trois ou 4 jours après, deux Consuls (*) députés 
de la Maison de ville, vindrent au collège, 
pour faire des plaintes au P. Recteur, et pour faire confisquer 
une partie de la provision de vin, que le Père procureur avoit 
tout nouvellement faite. La cause en estoit, que nous avions 
loué une de nos grandes cuves à des gens de Gardane, et 
que nous avions achepté des raisins du mesme lieu ; or, il y 
y a défense faite par la police, d'achepter d'autres raisins que 
de ceux qu'on recueille au terroir d'Aix. Mais ces Messieurs 
furent incontinent appaisés, que le P. Recteur leur eut advoué 
la debte, mais qu'ils dévoient considérer, que ces paysans de 
Gardane avoient fait entendre au P. procureur, qu'ils avoient 
congé delà ville, de reposer leurs raisins dans Aix, et montrant 
un papier qui faisait foy de la permission , ce qui estoit véri- 
table ; mais ces Messieurs, comme un particulier Tadvoua, 
voulurent voir si nous recelions la vendange et si nous estions 
personnes à le faire. Ayant connu nostre fidélité et sincérité, 
ils nous louèrent et demandèrent pardon du petit déplaisir qu'il 
nous pouvoient avoir donné par ces poursuites. 



(1) Consuls et Assesseurs, depuis le i' nov. 16^2^ jusqu'au )i oct. i6^j : 
Messire Henri de Rascas, seigneur du Canet ; M. Noël Gaillard, avocat asses- 
seur ; M. Pierre Thomassin, seigneur de Loubei ; M. Jacques Cabassol, écuyer. 



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HISTOIRt: DU COLLÈGE d'aIX 201 



Nota, — Il faut que nos procureurs sachent, qu'ils : 
doivent achepter aucuns raisins que du terroir d'Aix, quoyq 
ceux du lieu de Gardane disent hautement qu'ils ont perm 
sion du Roy, mais comme tous les ans il y a querelle, 
vaut mieux jouer à Tasseuré. 

Le jour de la S* Luc, l'ouverture des classes fut fort célèbi 
par la bonne compagnie qu'il y avoit. Messieurs du Parlem( 
et Messieurs des Comptes nous honorèrent de leur présenc 
ils sortirent fort satisfaits de la harangue que M. Jean-Bapti 
PicART, Rhétoricien, prononça; aussi méritoit-elle cette appi 
bation commune, le sujet estoit fort plausible, puisque c'estc 
Le panégyrique de la Provence, avec de très belles pensées 
bien débitées. Il fit sur la fin, trois compliments, le prem 
au Parlement , l'autre à Messieurs des Comptes, la troisiè 
aux Procureurs du pays, qui furent très bien pris. Les aut 
Régents, le lendemain, chacun en son genre fit des merveill 
en sorte que M. le i" Président, qui avoit trouvé un | 
étrange qu'on mit en ce collège des Régents si jeunes, 
ayant oui parler, dit au P. Recteur quelque temps apr 
qu'il ne falloit pas mesurer les hommes par la barbe, que 
succès des affaires ne dépendoit pas de Tâge, mais de l'es) 
et de l'adnisse. 

Sur la fin de décembre, M. de Mercœur, Gouverneur 
cette province, envoya M. de Venel (^) au P. Recteur, p< 
le prier de la part de Son Altesse, de donner un de i 
Pères à M. de Mancini (^) , nepveu de Mons. le Cardi 
Mazarin, pour l'enseigner en particulier. Le P. Roy 
enseignoit icy les Mathématiques, fut nommé par le R. P. 
Barry, Provincial, pour estre son instructeur, et durant f 
de 6 mois, le Père luy alloit faire leçon de grammaire i 
fois le jour, dans l'appartement que Mons: le Gouverneur 
avoit donné dans le palais. Ce jeune gentilhomme mont 



(1) C'est probablement Gaspard de Venel, fils de Jean de Venel et de N 
Garrone. Il succéda à son père comme Conseiller au Parlement, en i6n, et en 
il résigna sa charge en faveur de César de Gaillard son beau-frère. Il fut en 
nommé Conseiller d'Etat, et Maîtres des Requêtes de la Reine. Il avait ép 
Madeleine de Gaillard fille de Pierre de Gaillard, S*^ de Venlabren, et de Marc 
de Villages. Il n*eut pas d'enfants de ce mariage, et M*"^ de Venel mourut en 
sous gouvernante des Enfants de France. 

(2) Philippe Julien Mancini Mazarini, duc de Nevers, fils de Michel Lai 
Mancini et de Jéronyme Mazarini, sœur du Cardinal, naquit à Rome en 1641. I 
nommé par Louis XIV, Lieutenant général du Nivernais et de l'Aunis, cultiva 
lettres et mourut à Paris le 8 mai 1707. 



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208 HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 



i()52 avoir un grand esprit. Sur la fin de Testé il s'en alla à Paris 

au collège de Navarre. 

* ^ 5 î La feste de la Circoncision se célébra avec un concours 

extraordinaire de personnes de tous les ordres, un très grand 
nombre de communions, jusques à près d'une heure après 
midi. M. le Premier Président vint le matin et le sioir au 
sermon, accompagné d'un bon nombre de Présidents et de 
Conseillers. Le soir, à vespres et au sermon, on ne peut loger 
tant de gens de condition. Monseigneur TEvesque de Senez 
donna la bénédiction après les vespres, habillé à Tépiscopale. 
M. AiLHAUD, Chanoine et Théologal à S -Sauveur, et 
professeur premier de la Théologie, dans l'Université de ceste 
ville, vint trouver un jour le P. Recteur et le pressa fort, 
comme il est bien affectionné à la 0\ de prendre la i" chaire 
de Théologie, dont il nous foisoit la démission quand nous 
vondrions. On escrivit au P. de Barry, Provincial, les raisons 
de part et d'autre qui pouvoient nous obliger, ou d'accepter 
ou de refuser ces offres. Le R- P. Provincial les ayant pro- 
posées en sa consultation, on escrivit à Rome à nostre 
R. P. Général, qui respondit en ces termes : « Si tanti 
est nostros in academia aquensi docere Theologiam, doceanl^ 
modo nihil fiât ab Instituto alienum, » Or, dans les conditions 
il n'y avoit rien qui put choquer l'Institut, que les gages de 
200 escus qu'on donne au i*' professeur par année, nous les 
prenions pour supplément de fondation et non par récompense 
et payement, ce qui ne choque pas nos constitutions, qui nous 
défendent de contracter pour la Théologie ; et de fait, s'il n'y 
eut eu autre empeschement, nous serions desjà dans TUniversité, 
comme nous dirons plus bas. 

Nous avons obmis cy-dessus, que Messieurs du Bureau de 
l'Université ayant fait avertir le P. Recteur, que le jour des 
Innocents, suivant la coustume, ils tiendroient le Bureau dans 
nostre collège, M. de Mesgriny, Premier Président au Parle- 
ment, après avoir oui la messe, monta 'à la sale, et fit luy- 
mesme ranger les chaires, et mit la sienne au haut de la table. 
Messieurs des Comptes ayant su que le Premier Président au 
Parlement vouloit prendre cette place, envoyèrent le Procureur 
Général, pour protester qu'ils ne consentiroient jamais à cela, 
et qu'ils ne s'y trouve roient pas. En effet, il n'y vint personne 
de la Chambre des Comptes, parce qu'ils prétendent, que les 
Présidents des deux Cours soient assis vis-à-vis l'un de l'autre. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 209 

On accorda au collège, cent cinquante livres du revenant bon ^^^} 

de r Université, mais le receveur ayant fait faillite, nous n'eusmes 
rien. Les escholiers de la Rhétorique, Humanité et Troisième 
récitèrent à Messieurs, des épigrammes, odes latines et fran- 
çaises, si agréablement, que tous se retirèrent avec une satis- 
faction très particulière. 

M"' de Bellefin, grandement affectionnée à la Compagnie, 
et intime amie de feu M ad. la Présidente d'OppÈDE, nous 
légua par son testament en mourant, lo escus, qui nous furent 
délivrés par M. d'ALBERT(^), auditeur, son nepveu. Elle mourut 
chez M. de Monthaud(^), nostre voisin et bon ami. On fit 
des prières particulières pour son âme. 

M. le Premier Président de Mesgriny a voulu qu'on acheptat, 
du revenu des 800 L., dont il est parlé à Tannée 16^2, vingt 
et un tomes d'Albert le Grande nouvellement imprimé. Nous 
les avons mis dans nostre bibliothèque, avec un escriteau qui 
porte le nom du bienfacteur. 

M. de MiMATA, Grand-Vicaire en cet archevesché, fit prier 
le P. Recteur de ne pas permettre que nos congréganistes 
fissent le jour de leur ieste, procession autour du collège, disant 
qu'il n'estoit pas séant, de porter le S'-Sacrement en évidence, 
sans que les rues fussent parées. Les artisans eurent bien de 
la peine à se soumettre, ils firent un peu de bruit qui s'appaisa 
bientost; ils firent leur prossession dans nostre cour, ce qu'eux 
et les escoliers ont depuis observé. Il vouloit encore, qu'on 
n'exposast pas le S-Sacrement aux congrégations, mais nous le 
priâmes de nous laisser dans nostre ancienne possession, ce 



(1) Au milieu du XVI I<"' siècle, il y avait à Aix plusieurs auditeurs à la Cour des 
Comptes du nom d'ALBBRT. 

Michel Albbrt de S* Martin, fils de Jean-Baptiste et de Marthe de Marqalbt, fut 
reçu auditeur le 26 juin 1647 en l'office de Jujardy. Il devint Conseiller à la même 
Cour en 1650 et mourut en 1664. Sa femme était Elisabeth de Thoroii, fille de Jean- 
Baptiste et de Catherine d'AouT. Ses descendants ont formé la branche des Albbrt 
M» de Fos. 

Michel Albbrt, cousin du précédent fut reçu Auditeur de la Cour des Comptes en 16^5, 
en Toffice de Jean Magnan, et épousa, i® Françoise de Bonardbl et 2** Françoise de 
Rapblin. ~ Antoine Albbrt son fils du 2"* lit, né en 1612, succéda en 1652 à son 
père dans la charge d'auditeur. 11 épousa Eléonore d'EsTiBMNS et mourut en 1670. 
Ses descendants ont exercé les fonctions de Conseiller, et de Président à la Cour 
des Comptes. 

(2) Jean d'ARLBS, s' de Montaud, fils de Jacques et de Jeanne de Lozbran, marié 
en i6h à Anne de Salvb, fut avocat au Parlement et Assesseur d'Aix en la même 
année 16; 1. Son arrière petit-fils ayant épousé l'héritière de l'ancienne maison 
d'ARLATAM, sa famille a substitué ce nom d'ARLATAN à celui d*ARLBS. Elle s'est éteinte 
en 18^7, en la personne de M. d'ARLATAN-LAURis, Président à la Cour royale d'Aix. 

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210 HISTOIRE DU COLLÈGE d\iX 

i6ç} qu'il a fait. Outre Tancienne coustume, nous avons allégué qu on 
pouvoit bien mettre le S-Sacrement en évidence, avec autant 
de bienséance que dire la messe dans la chambre d'un malade 
et d'une accouchée, ce qu'il permet sans difficulté quand on 
le luy demande. 

M. de Mercœur ayant reçeu lettres patentes du Roy, pour 
le gouvernement de la province, Messieurs les Consuls (^) le 
voulant recevoir magnifiquement, vinrent prier le Père Recteur, 
de permettre qu'un de nos Pères fit le dessein de l'entrée, 
ce que M. Jean Baptiste Picart, Rhétoricien, exécuta avec de 
très belles inventions et toutes d'esprit, qui donnèrent une 
admirable satisfaction à tous, et M. de Mercœur en tesmoigna 
une grande estime, Le dit Seigneur receut le P. Recteur avec 
des démonstrations extraordinaires de joie, quand il Talla com- 
plimenter, il l'embrassa, lui tint la main longtemps, et dit tout 
haut, en présence de tout le Parlement et un grand nombre 
de Dames qui estoient dans sa chambre, qu'il avoit tousjours, 
honoré la Compagnie, et qu'il le feroit voir dans les occasions, 
En effect, quelques temps après, il accorda une sauvegarde pour 
le prieuré du Pin, appartenant au collège d'Ambrun. M. de 
Venel l'apporta de sa part au collège, et dit : « Voila mon 
Père, la première expédition et faveur, que M. le Gouverneur 
a faites en entrant en charge. » 

Nos escholiers ne firent point d'action, mais ils firent une 
bravade par la ville, qui fut admirée. On appeloit bravade, 
une représentation symbolique de quelque chose. Tout le 
caresme se passa plus en bravades qu'en dévotion de tous 
les Messieurs. On vit des jeux par la ville, et des représen- 
tations les uns enchérissant sur les autres ; mais au sentiment 
commun, nos escholiers l'emportèrent. Le dessein estoit : Le 
par nasse qui allait rendre ses devoirs à M. le Gouverneur. En 
voici le détail i** 

(N. B. — Il manque dans le manuscrit). 

Par le commandement du R. P. Provincial, le P. Recteur 
alla à Fréjus faire la visite, et chargea la résidence de la direc- 
tion du collège. Par contract, la ville donne 50 escus tous les 
ans, et un de nos Pères y fait l'office de Préfect, tout de 



(l) Consuls et Assesseurj depuis le j*" nop, i6$j^ jusqu'au ji od. 16^4 : 
Messire André cI'Graison, M'* d*Oraison et de Cadenet ; M. Jean-Antoine de Mich^blis, 
seigneur de Sueil, assesseur; M. Biaise de Thomas, seigneur de Pierrefeu; M. Je^^ 



I Bardon. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 211 



mesme, que dans les collèges. Messieurs les Consuls vouloient 16 5 j 

que nous augmentassions la résidence d'un Père, mais cette 
condition ne fut pas reçeue; nous dismes qu'il leur estoit 
indifférent qu'on y tint un Père, ou que ceux qui y sont de 
résidence fissent l'office de Préfect ; pourvu qu'ils fussent 
servis, ils ne se debvoient pas mettre en peine du nombre. 
Tellement que sans charger la résidence de personnes, on a 
augmenté le revenu, et donné de l'occupation à un Père, qui 
souvent là manque d'employ. Les Pères Carbonel et Meniot 
se sont acquités de cette charge avec grande satisfaction de 
cette ville-là. 

Messieurs du Parlement nous ont tesmoigné grande bonté, 
en la bonne et courte justice qu'ils nous ont rendue, en 
l'affaire de nos Pères de Marseille, à qui M. de Carquei- 
RANE (^) disputoit la bastide, que M°* la Padoanne leur avoit 
léguée par son dernier testament. Le dit sieur de Carquei- 
rane estoit Frère de la Doctrine, et prétendoit faire casser le 
testament et nous débouter de toutes prétentions, et nous 
faire désemparer. La cause estoit en la Chambre de la Tour- 
nelie, où M. le Président de la Roquette préjsidoit, à qui 
nous avons grande obligation, pour avoir expédié à nostre 
sollicitation, et prononcé en nostre faveur. Le commissaire 
estoit M. le Conseiller Guerin (^), qui rencontrant sur le tard, 
un de nos Frères, lui dit d'avertir le P. Recteur, que le procès 
se devoit raporter demain au matin. Il n'y avoit alors aucun 
Père de Marseille, ni le procureur du collège qui estoit allé 
à Grenoble. Le P. Recteur pria M. le Rapporteur de retarder 
son rapport, jusqu'à ce qu'il eut adverti nos Pères de Mar- 
seille, qui ne savoient rien de tout ceci. Cependant, le 
P. Recteur par l'advis du Commissaire alla solliciter les juges, 
qui tous nous furent favorables, et quand l'arrest fut prononcé, 
il y en eut 4 qui envoyèrent leurs clercs ^u collège, pour 
nous dire que nous avions emporté nostre cause. Ce fut un 
coup de la Providence, de laisser juger ceste affaire ; le con- 
seil de nos Pères de Marseille portoit qu'il falloit par évocation 



(1) On peut supposer que ce M . de Carqubiranb, frère de la Doctrine, dont il est 
question, était un frère de Louise Bedarride de Carqubirannb, qui avait épousé le 
12 sept. 1047, Antoine d'ARÉNES, fils de François d*ARbNES et de Claire de Laurent. 
Dans cette hypothèse, il serait fils de François Bedarride et de Claire de Macon. 

(2) Charles de Guérin, fils d'Alexandre de Guérin, s*^ du Castkllbt de Sausses et 
de Marguerite de Castbllane-Mazaugues, fut reçu Conseiller au Parlement le 
II avril 162^. Il épousa Louise de Forbsta, fille de Jean Paul, s** du Castblar, et de 
Marguerite de Lbinchb. Son fils Alexandre lui succéda en 1659. 



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212 HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 

ï65J faire terminer le tout au Parlement de Dijon. Icy nous eûmes 

gain de cause, et ne payâmes pas un liard, soit pour les 
entrées, soit pour la levée de Tarrest. Ces Messieurs nous 
tesmoignèrent grande satisfaction, quand nous les allâmes 
remercier, et nous disoient, qu'ils scavoient très bien que 
nous estions pauvres à Marseille. 

Le 4 d'août, jour de S* Dominique, décéda en ce collège, 
le P. Balthasar Dole, qui pendant près de trois mois qu'il 
languissoit, nous donna grande édification, il mourut sur les 
4 heures du soir, après avoir reçu tous les sacrements, et fut 
inhumé dans la tombe près du maistre-autel du costé de Tépistre. 

Dans la tombe qui est dessous celle là, tirant vers la porte 
du costé de Tépistre, nous enterrâmes une bonne dévote, qui 
pour l'affection qu'elle avoit pour nostre Compagnie, et pour 
les bons services et aumosnes faites à ce collège, avoit obtenu 
la permission d'estre enterrée en nostre église ; elle s'appeloit 
Magdeleine Philippe, dont il est parlé aux années 162 1, 1622, 
162}, 1624, et soubs le Rectorat du R. P. de Barri. Elle ne 
s'estoit rien laissé, si bien qu'il fallut que nous fissions les 
frais de ses funérailles, dix ou douze prestres séculiers allèrent 
prendre le corps, et les petites filles de la Miséricorde, chacune 
avec un cierge blanc. M. Joly chanta la Messe à diacre et 
sous-diacre ; on luy donna une pistolle d'Espagne pour faire 
disner les prestres. Le lendemain, on fit le chanter qu'on appelle. 
Nos Pères en manteau et un cierge, allèrent recevoir le corps 
au bas de l'église, et assistèrent aux cérémonies comme nous 
faisons à l'enterrement des nostres. On en doit autant faire un 
jour à M*"' Marguerite Féraude, qui nous a bien plus obligés 
et le fait encore, elle a la mesme permission. 

Les thèses dédiées à M. de Mercœur furent célèbres, 
où il faut remarquer que Messieurs du Parlement ne veulent 
permettre aucune chose, si ce n'est qu'on luy mette sa chaire 
vis-à-vis du soutenant, avec un tapis dessous ; ils ne veulent 
pas souffrir, ni qu'on l'advance, ni qu'on l'eslève de quelque 
marchepied. Les deux Cours furent invitées, mais il fut accordé, 
pour empêcher le bruit, qu'il y auroit deux chaires plus pour 
Messieurs du P.arlement que pour Mess, de la Chambre des 
Comptes, si bien, qu'on vint mesurer la place, et on ne peut 
en nostre église, que donner 28 places au Parlement et 16 
à Messieurs des Comptes ; en suite de quoy, il fut conclu que 
ceux qui viendroient après les places occupées, s'en retoumeroient, 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 213 



OU bien monteroient au jubé, ce qui fut parfaitement bien 105} 

observé et sans bruit; autrement M. le duc de Mercxeur n'eut 
eu personne de ces Messieurs. 

Nous avons heureusement terminé le procès que nous avions 
contre M. du Barroux et ses héritiers. Il estoit frère de feu 
M. de RoviLLAC, Prieur de Tourves, nostre grand bienfacteur. 
Le dit sieur Prieur, outre le prioré de Tourves qu'il nous a 
résigné, il nous avoit fait héritier des biens qu'il avoit au Comtat, 
de quoy nous n'avions jamais rien pu tirer, quoy qu'on ait pressé 
par procès, jusques là que le feu P. de Verquières les faisoit 
quitte de tout, moyennant 600 livres. Cette année par les soins 
du R. P. François du Four, procureur au collège d'Avignon 
et de nostre Frère Benoit Greffe, nous avons terminé tous 
nos différents, par bonne transaction. Il nous accorde 1,200 
escus, dont il fait pension tous les ans, à raison de cinq pour 
cent; ce sont 60 escus, c'est un accroissement du revenu. 
Les conditions sont couchées dans l'acte. 

Nostre frère Greffe nous a rendu encore, outre cela, un 
autre signalé service, en ce qu'il a diminué la pension que ce 
collège fait pour dix et huit cents escus à Avignon, emprun- 
tés de divers créanciers; nous l'avons jusques à présent payée 
à raison de cinq pour cent, tellement que tous les ans, il nous 
falloit envoyer à Avignon pour payement de pension, nouante 
escus. et à présent, nous n'en envoyons que douze; car lais- 
sant la pension de soixante escus que M. du Barroux nous 
fait, et que nostre Frère Benoit Greffe prend la peine de re- 
tirer, en envoyant douze escus, nous payons tout ; ce qui nous 
est fort commode. 

Outre ce procès, nous en avons encore terminé trois pour 
Digne. Dans le troisième, ce collège a grand intérest, et la 
transaction est faite à son advantage. Il faut savoir que feu M. 
de Barras (*), seigneur de Mirabeau-les-Digne, nous avoit subs- 
titué les biens et fonds de terre qui sont à Mirabeau, estimés 
neuf à dix mille livres. On nous disputoit cette substitution, 
nostre conseil treuva bon d'accorder, queique nous eussions 
une sentence favorable au Siège de Digne. La partie avoit 
appelé de la sentence, les arbitres jugèrent qu'il falloit que les 
fonds nous demeurassent, moyennant une pension de 55 escus 
à la petite fille, pour laquelle le tuteur plaidoit contre nous; 

(1) La branche de la maison de Barras qui portait le surnom de Mirabbau-lbs- 
DiGNES, s'est éteinte avant la fin du XVIII* siècle. Les nobiliaires de Robert et 
d'Artefeuil n'en donnent pas la généalogie. 



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214 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



1053 laquelle pension seroit donnée après la mort de la dite fille à 

ses deux tantes, dont Tune a bien 60 ans et l'autre davantage. 
Après le décès de toutes trois, tout nous demeure. La tran- 
saction porte, que tous ces bien et revenus sont à la mission 
de Digne ; mais en cas que la mission vint à estre cassée, le 
tout appartiendra au collège de Bourbon de cette ville d'Aix, 
car ce bien est donné aux Jésuites. 

Nous avions depuis longtemps, emprunté 1,200 livres d'une 
bonne femme de Pertuis, dont nous faisions au bout de 
Tannée, septante cinq livres de pension. Nous avons rendu 
Tangent à cette bonne vefve, et extingué la dite pension de 
75 livres. Ce payement c'est fait, des 1,200 livres que M. le 
Prieur de Verquières nous devoit. 

Nostre R. P. Général a envoyé des lettres d'affiliation à 
M. d' André, Conseiller au Parlement, nostre bon et ancien 
ami, auquel nous avons des obligations infinies, pour sa cons- 
tante, cordiale et effective amitié, qui prend en tout et partout 
nos intérests, soit pour le spirituel, soit pour le temporel, on 
le peut voir dans les chapitres précédents. Ceste année, outre 
plusieurs autres témoignages de sa bonté, il nous a donné 40 
escus, qu'il a voulu estre employés à la bibliothèque. Nous avons 
fait venir de Lyon quantité de beaux et bon livres, Tescriteau 
qui porte son nom est colé sur la couverture en dedans, on 
le peut voir. 

Cette année a esté funeste pour nous, par la mort du plus 
cordial ami que notre Compagnie eut daïis Aix, c'est M. Claude 
de Roland seigneur de Réauville, second Président en la 
Chambre des Comptes, et Cour des Aides et Finances 
de Provence, ce grand homme qu'on appeloit communément 
Thomme de Dieu et l'homme du monde, à cause de sa piété 
exemplaire, et de sa générosité à défendre les intérests du Roy, 
et soutenir les droits de sa Compagnie, nous a toute sa vie si 
tendrement aimés, et si fort estimé nos fonctions, qu'il nous 
appeloit le soutien de l'Eglise. Je ne veux pas ici faire un 
panégyrique de sa vie, on en a fait un petit receuil. Je diray 
seulement qu'il nous a obligés à sa mort, à un souvenir éternel. 
S'estant fait abattre la cataracte, qui depuis quelques années le 
privoit de l'usage de la vue, il fut saisi d'une forte fiebvre qui 
le porta au tombeau. Il fit au commencement, appeler son 
confesseur, qui estoit le P. Recteur, il se confessa et puis, 
quelque temps après, on lui apporta le viatique. Le trait de la 



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HISTOIRE DU COLLéGB D AIX 215 

Providence de Dieu fut, que parlant au P. Recteur des choses 1653 

spirituelles, il lui dit : qu'il avoit fait son testament et que nous 
avions bonne part dans les légats qu'il avoit faits pour le sou- 
lagement de sort âme. Le P. Recteur lui repart, qu'il n'avoit 
fait que la minute de son testament, mais qu'il n'y avoit point 
de testament encore fait, et qu'il feroit bien à tout hasard, de 
mettre ordre à tout. Sur cela, il appela un de ses domestiques, 
et le pria de faire coucher par main de notaire ses dernières 
volontés, en la façon et aux termes qu'il les lui avoit expliquées ; 
mais comme il avoit encore la parole et le sens bon, sur la 
nuit on fit venir le notaire et les tesmoins, le testament se fit. 
Il faut remarquer qu'on lui fit redire trois fois le légat qu'il 
faisoit aux Jésuites, et répéta trois fois : je lègue aux pères 
Jésuites, dix mille livres. 

Quelques jours après, un peu devant minuit, on vint appeler 
le P. Recteur, son confesseur, pour l'assister en son agonie. 
Il estoit lors dans sa retraite annuelle. Sur les deux heures 
du matin, voyant qu'il s'affaiblissoit, on fit venir M. le curé de 
S"-Magcleleine, pour lui donner Textrème-onction , qu'il reçeut 
avec un grand sentiment de dévotion, réitérant souvent ces 
paroles, « In te Domine speravi. » Trois quarts d'heure après, il 
expira doucement. Deux jours durant, nous dismes des messes 
et l'autel demeura toujours paré de noir. C'est une chose 
bien remarquable, que tout le monde dans la ville scachant le 
légat qu'il nous avoit fait, tesmoigna grande satisfaction, et 
nous faisoit des con jouissances. Du depuis pourtant, nous 
n'avons pas vu de grandes aumosnes ; car on croit que cette 
somme léguée, nous doit avoir affranchis de la nécessité, ce 
qui n'est pas. Pour scavoir les conditions , il ne faut que lire 
le testament, nous en avons copie céans, signée en la manière 
qu'il faut pour faire foy en jugement. Il rendit l'esprit un peu 
devant trois heures, le douzième d'octobre 1653. 

A la S-Luc, l'ouverture des classes se fit avec la splendeur 
ordinaire, Messieurs du Parlement estant* assemblés dans 
nostre petite sale, près de la porte. M. de la Roquette fit 
appeler le P. Recteur, et lui dit d'exécuter ce que M. 
d'ANTELMY, Conseiller en la Cour de Parlement, lui diroit de 
sa part ; ce fut que dores en avant, nostre Rhétoricien ne devoit 
plus (dire) en saluant Messieurs, Praesides utriusque curiae^ mais 
seulement, Praesides illustrissimi, ce qu'il fallut faire, et du 
depuis, on l'a observé, sans que Messieurs de la Chambre des 
Comptes s'en soient formalisés. 



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216 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1653 Le P. Pierre Daverdi harangua en très belle compagnie, 

et réussit si bien , que les plus intelligents disoient qu'ils 
n'avoient rien oui de pareil. Plusieurs demandèrent la pièce, 
elle estoit pleine de pointes. Le P. Galien triompha le lende- 
main en Logique. M. Laurens CoNi et M. Jaismini surpassèrent 
l'attente. Les autres Régents ne haranguèrent pas. 

Le P. Balthasar Poirot vint de Marseille, pour prescher 
l'octave des morts dans l'église S**-Magdeleine. Il commença 
avec tant d'éclat, que durant tout l'octave on y couroit à foule, 
de façon qu'il falloit retenir place, deux heures devant le 
sermon. 

Le P. Adam Desmolins prescha la mesme année l'advent, 
avec un zèle qui ravissoit tout le monde, et quoiqu'il eut un 
Augustin déchaussé venu de Paris, fort estimé, en la chaire de 
S'Sauveur, il fut néanmoins, bien suivi des doctes, et tous les 
Religieux y couroient ravis de la force de ses discours. 

M. le Président de la Roquette, à l'absence de M. de 
Mesgrini, Présidant au Palais, fit tenir le Bureau de l'Uni- 
versité, le jour des Innocents, 28 décembre, en sa sale, ce 
qui n'estoit jamais arrivé, depuis la fondation du collège. Le 
P. Recteur accompagné du P procureur y alla, et compa- 
rurent tous deux au nom du collège. Nous consultâmes et 
conclûmes, qu'il ne falloit pas faire réciter à nos escholiers, 
des épigrammes et des odes selon la coustume, aux Messieurs 
du Bureau. La raison est, qu'on a jusqu'à présent récité que 
pour recevoir et honorer ces Messieurs, quand ils nous font 
l'honneur de venir chez nous ; n'y venant pas, il n'est pas 
nécessaire de les complimenter, mais que le P. Recteur se présen- 
teroit au norti de tout le collège, comme les autres professeurs 
de l'Université. En effet, on ne récita point d'épigrammes. 
M. le Président pourtant, tesmoigna au P. Recteur la grande 
satisfaction que le Bureau avoit de ce collège, oii les escholiers 
disoient-ils, estoient si bien élevés, et nous assigna la 6* partie 
du revenant bon de l'Université, qui alloit à 1 50 livres ; mais 
le Thrésorier ayant fait faillite, nous ne peumes rien avoir. 
M. de Mesgriny nous avoit recommandés à M. de la Roquette 
par lettre expresse. Il faut scavoir, que le dit Président de la 
Roquette ne vient pas chez nous, parce qu'il prétend avoir 
esté offensé par un de nos Pères, ce qui pourtant n'est pas; 
car ledit Père a fait tout ce qui se peut, pour le servir en 
l'affaire de question, tesmoins M. le conseiller Michaelis, 
qui scait tout. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 217 

Par ordre du R. P. Provincial, nous nous sommes mis à 165J 

couvert, faisant la muraille qui ferme notre jardin, le long de 
la treille. Il ny avoit auparavant que des cannes croisées, à 
travers desquelles les séculiers nous voyoient au jardin, et nous 
gesnoient fort. On a fait un nouveau clocher pour la commo^* ' 
du portier, où Ton a transporté la cloche des classes. 

A la bastide de S -Alexis, nous avons fait défricher beauc< 
de terre, où Ton a semé et recueilli de lavoine. On pour 
avoir de ces fonds, la provision du vin et de Thuile; si 01 
veut planter des vignes et des oliviers, le terroir est fort I 
pour l'un et l'autre. 

Nostre feste du nom de Jésus, s*est célébrée aussi pomp 
sèment que jamais, avec un concours admirable matin et so 
Le P. Adam des Molins qui avoit presché Tadvent, prescha 
jour-là, avec grande approbation. 

On a obmis en Tannée précédente, que M. Louis 
Beaulieu, Régent de la Cinquiesme, fit ses premiers vœux 
14 de septembre, en la chapelle de Messieurs de la cong 
gation, comme il est marqué au 6"' livre du Recteur. D 
le mesme livre, on verra que nostre frère Ronjon, coadjut 
temporel, fit ses vœux simples, le 17 janvier de Tannée p 
sente, au mesme lieu, le P. Recteur célébrant. 

M. AiLHAUD, bon ami de la Compagnie, a fait la démiss 
pour sa première chaire de la Théologie en TUniversité, 
faveur de ce collège, avec les solennités requises, au R. 
Provincial, le P. de Barri, par main de notaire, tesmc 
appelés et signés. La dite démission fut quelque temps ap 
envoyée à Paris, au P. Jean Albi, qui pour lors estoit er 
Maison professe, en qualité de procureur, pour les affaires 
la Province, pour obtenir du Roy la patente et la permiss 
d'entrer en TUniversité. Nous avions trouvé bon, de Tadres 
premièrement à la Cour et d'avoir une jussion. M. de Mesgri 
Premier Président au Parlement, et chef du Bureau de 'TU 
versité, nous promettoit toutes les voix du Bureau pour es 
mis en possession, et par bonheur, tous ceux qui composoi 
le corps de Bureau estoient de nos bons amis, si bien que 
ce costé là, nous concevions de grandes espérances. Il 
qu'à combattre contre les Religieux et austres Prestres agrég 
qui peuvent prétendre à là chaire, mais ayant jussion du R 
et d'ailleurs le Bureau nous estant favorable, nous en seri( 
venus à bout sans doute. Le P. Albi, nous envoya souv 



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218 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1654 qu*il y auroit moyen d'obtenir la demande, que M. le Chancelier 
lui avoit promis toute faveur. Comme nous estions dans l'attente, 
que nous pressions et que le P. Provincial avoit desjà adverti le 
professeur. Le P. Albi escrivit au P. Recteur, qu'il y avoit 
opposition de Rome, du costé de N. R. Père; que les Pères 
Annat, de LiNGENDES et autres, ne trouvoient pas à propos de 
poursuivre cette affaire, que nous fussions incorporés à cette 
Université, de peur de la conséquence. Ces raisons ne sem- 
blèrent pas assez fortes ; car si nous appréhendions les difficultés, 
il ne faudroit quasi jamais rien entreprendre. 

Et partant, le P. Recteur escrivit à N. R. P. et au R. P. 
Assistant, mais la response qu'ils firent, fait voir qu'ils avoient 
esté prévenus d'ailleurs. Le P. Assistant respondit que de 
Paris on faisoit de grandes difficultés, et qu'il seroit mal aisé 
de les surmonter. Le R. P Général escrivit en ces termes. 
De cathedra theologiae in ista Universitate impetranda, video 
quam intempestiva sit hujusmodi cogUatiOy quapropter, eam 
omnimo R. V. desponat velim. Depuis, le P. Recteur n'a plus 
rien fait, il n'a pas pourtant encor rendu la démission à M. le 
Théologal Aillaud. 

M. le Premier Président, avant que s'en aller à Paris, 
pria le P. Recteur, de souffrir qu'on mit ses hardes, ou une 
partie, dans nostre maison. M. Bec, Procureur au Parlement, 
les fit porter, elles sont partie en grosse baies, partie en 
meubles de chambre, on les a posées et rangées auprès du 
bûcher, les baies estant trop grandes pour estre portées plus 
haut. 

C'est une chose bien remarquable, que n'ayant pas dans la 
maison un liard, après une ou deux messes dites, pour obtenir 
de Dieu quelque aumosne, M. de Mesgriny nous fit donner 
une amende de 20 escus et quelque temps après, nous en 
eûmes une autre de 1 5 escus. Le P. Recteur disant ce trait 
de Providence au dit sieur Premier Président, il lui repartit, 
qu'il avoit bien combattu pour nous l'assigner, mais qu'à la fin, 
il fut secrètement gaigné, et adjouta, que dans ces nécessités, 
il se falloit addresser à luy; de vray, il aime la Compagnie, et 
nos obligations croissent tous les jours. 

Le P. Adam Desmolins, à l'entre-deux du caresme et de 
l'advent, partit d'icy avec le P. Chapelle, pour aller joindre 
les Pères Poirot et Chaurand, à Marseille, où ils firent la 
mission avec un progrès et fruits admirables. Le P. Chapelle 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 219 

avoit presché Tadvent à Forcalquier, du diocèse de Sisteron. 1654 

Après Pasques, il se retira au collège d'Ambrun, d'où il estoit 
venu. 

Messieurs de la grande congrégation firent une députation 
au P. Recteur. M. de Vauclause (*), pour lors Préfect, porta 
la parole. Le sujet estoit, qu'ils prètendoient de faire dorer 
leur restable, et embellir leur chapelle de tableaux et belles 
peintures, et que pour cest effect, ils ne pouvoient plus permettre 
aux paysans de s y assembler Taprès disner, comme ils avoient 
fait depuis plusieurs années, et qu'ils le prioint de leur trouver 
place en quelque autre endroit. Après plusieurs consultations, 
on conclut qu'il seroit bon de leur permettre de se loger au 
dessus, à condition qu'il fairoient tous les frais. Toute la con- 
grégation des paysans y consentit, et s'ils eussent refusé, les 
artisans qui s'assemblent en une classe, et qui depuis longtemps 
pressoient pour avoir ceste place (l'auroient prise). On trouva pour- 
tant plus expédient de la céder aux paysans, par ce qu'ils sont 
en plus grand nombre, et une classe n'est pas capable de les 
tous contenir. 

Cela estant arresté, on commença à bastir. Le P. Jacques 
Faure, qui avoit soin de ceste congrégation, fist promptement 
expédier, à condition pourtant que ceste place ne leur est 
que prestée, si pour achever le dessein du collège nous en 
avions besoin, ils nous la rendroint, en leur restituant l'argent 
employé à l'embelissement et tout le reste qu'ils ont faict et 
mis à leurs despens. En ce cas, on leur assigneroit, ou une 
classe, ou quelque autre lieu pour l'exercice de leur dévotion. 

Le R. P. de Barri, Provincial, a fait une libéralité à ce 
collège qui mérite qu'on ne l'oublie jamais. Il fit faire à Lyon, 
à M. Palange, le tableau de S' Alexis, et nous l'envoya pour 
le mettre sur l'autel de la chapelle de notre bastide, appellèe 
S' Alexis : c'est lui qui l'a ainsi nommée, Tayant acheptée 
pendant son Rectorat. Nousfismes adjuster le quadreau tableau. 

Le P. George Galien, fit la profession des 4 vœux, en 
nostre église, en fort belle compagnie, le 24 février de la pré- 



(1) François de Villf.neuve, s"" de Vauclausb, Bargemon et autres places, fils de 
Jean de Villeneuve et de Françoise de la Baume Suze, naquit le 24 sept. 1602. Il 
épousa, le 8 août 1024, Marie d'AvMAR, fille de Joseph d'AYMAR, Président au 
Parlement de Provence et de Marguerite de Mistral-Montdragon. François de 
Villeneuve fut un des députés que les Etats de Provence envoyèrent au devant du 
prince de CoNoé, lorsqu'il vint dans le pays. pour réprimer ou apaiser les troubles 
provenant de VEdit des Elus. Il vivait encore le 25 déc. 1673, date de son testament- 



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220 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1654 sente année, et ensuite, enseigna la doctrine chrétienne à 
Téglise de la Charité, durant 40 jours et davantage. 

Le P. Adam des Molins eut beaucoup plus de succès en 
son caresme que pendant Tadvent; le concours fut incompa- 
rablement plus grand. Messieurs sortant du Palais, alloient 
l'entendre et le préconisoient comme docte et fort pieux. 
Aussi, plusieurs confessions générales se firent. Quelque temps 
après Pasques, il s'en alla à Digne et le P. Nicolas de S* Ri- 
GAUD s'en vint à Aix. Le dit P. Desmolins fit la haut la 
mission aux soldats, avec un fruit admirable, et empêcha 
beaucoup de mal, que ces oisifs qui estoient en quartier dans 
la ville eussent fait. 

Nostre R. P. envoya lettres d'affiliation à M. le général 
Régis (^), frère de nostre P. Henri Ignace Régis. L'affection 
et les grands services que M. son père nous a rendus, dans 
nostre commencement, l'amitié ferme et cordiale que M. son 
fils. Trésorier général, nous tesmoigne par des bons offices, 
méritent bien ce retour de nous. 11 nous oblige en toutes les 
occasions qui se présentent. 

M. Régis, père du P. Henri Ignace Régis a légué par 
testament à son dit fils, jo escus pour estre donnés au collège 
où il se treuvera. Ces }o escus ne se doivent donner que 
pendant la vie du P. Ignace Régis; après sa mort, il ne 
donne que 10 escus applicables à Tachept de livres pour notre 
bibliothèque (^). Le R. P. Provincial a esté d'advis que cette 
somme fut appliquée et donnée deshormais au collège de 
Bourbon, de cette ville d'Aix, à quoy le P. Ignace Régis a 
cordialement consenti depuis une année. Nous ne tirerons 
rien pourtant, de cette présente ni de la suivante ; cet argent 
ayant été donné pour des ornements sacrés au collège d'Avi- 
gnon, où le dit P. a dit sa première messe, étudié en Théo- 
logie et régenté toutes les classes des Humanités. 

M. de Guise estant arrivé en cette ville, pour aller à la 
conqueste de Naples, nous allâmes lui faire le compliment. Il 
nous tesmoigna beaucoup d'aff*ection, et nous dit qu'il avoit 

É 

(1) Jean- Baptiste de Régis, coseigneur de Fuveau, reçu Trésorier général de France 
en 1642, était fîls de François reçu secrétaire en chancellerie Tan i6j2. 

(2) L'an i6$i, et le 2$ oct., M. François Régis, conseiller référendaire, contrôleur 
et secrétaire du Roy, par son testament reçu par M. Jean Pierre de Régika, notaire 
d'Aix, légua en considération de son fils Jésuite, une pension annuelle de 90 L., 
pendant la vie de son fils, et après lui, une perpétuelle de trente livres, pour la 
bibliothèque de ce collège. (Lipre du bibliothécaire du Collège Royal Bourbon, p. i. 
Communiqué par M. le M'* de Lagoy.) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 221 

tousjours fort honoré nostre Compagnie, et qu'il nous serviroit. 
Il logea chez M. le comte de Carces. Quelques jours après il 
alla à Marseille ; à son retour en cette ville, nos escholiers lui 
allèrent réciter des épigrammes qu'il agréa fort. 

Quelque temps après, les troupes filants à Tolon, et désolant 
tout le pais par où elles passoient, les Consuls de Tourves 
députèrent deux hommes au P. Recteur, pour prier M. le 
comte de Carces, qui pour lors gouvernoit à Tabsence de 
M. de Mercœur qui estoit à Paris, d'exempter le village de 
Tourves du passage des soldats, le P. Recteur escrivit i 
M. le comte à Carces, et receut une très obligeante res- 
ponse, par laquelle, Mons. luy promettoit de les en exempter 
si le nombre des soldats n'estoit pas excessif; que pour nostre 
maison, elle ne recevroit aucun mal, et qu'il envoyeroit plustô 
un garde, pour empêcher qu'aucun mal nous feut fait. En effet, 
le village feut exempt du passage, du moins les troupes ne s'] 
arrestèrent pas, de quoy les Consuls escrivirent une lettre de 
remerciment du P. Recteur, et tout le peuple nous donnoi 
mille bénédictions. Ces bons villageois avoient d'autant plus de 
sentiment de cette courtoisie, que tous les lieux où ils avoien 
arresté estoient ruinés. 

Nostre Frère Horace Offray, lyonnais, encore novice 
mourut en ce collège, la veille de N. S*. P. Ignace, aprèi 
14 ou 15 jours de maladie fiebvre continue. Il enseignoit h 
Cinquiesme à la place de M. Louis de Beaulieu, qui fut envoy( 
à Lyon, pour y régenter la Quatriesme, et tenir la place d'ui 
qui ne pouvoit plus poursuivre, à raison de ses infirmités. I 
fut enterré dans la tombbe plus proche du balustre du maistre 
autel, du costé de l'évangile. 

Les thèses, que les escholiers du P. Méniot soustinrent 
furent fort célèbres, les assemblées furent très belles, et le: 
soustenant estoient bien instruits et se défendirent très-bien 
Il y eut grande dispute à qui ouvriroit les thèses, nos Père: 
sont en possession depuis longtemps. Le P. Provincial i 
ordonné que les nostres céderoient à Messieurs du Parlemen 
et de la Chambre des Comptes, outre ceux-là, à M. h 
Primicier et aux deux professeurs de la Théologie, quand il 
voudroient disputer; en suite de quoy, M. Guérin, substitu 
de l'Advocat Général au Parlement (*), ouvrit la dispute, ei 

(1) Alexandre de Guérin, fils de Charles de Guérin et de Louise de Forssta, h 
d'abord substitut au Parlement. Il fut ensuite reçu le lô juin 1659 en la charge d 



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222 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

1654 un acte dédié à M. le Président de la Roquette, et M. 
PoNci, professeur en Théologie, commença en un autre acte 
Le P. Recteur en un, et le P. Ravier, Préfect en Tautre, 
disputèrent les derniers et fermèrent les actes. 

A la S'-Luc, l'ouverture des classes se fit à l'ordinaire, 
rassemblée pourtant ne fut pas si nombreuse, surtout des 
Messieurs de la Chambre des Comptes ; la raison fut, que 
M. GuÉRiN (*), 2^ Président en cette Chambre, estoit un peu 
fasché sur quelques offenses prétendues, mais ayant esté 
esclairci, il s'est entièrement remis et il est plus ami que 
jamais. C'est un seigneur à qui nous avons des obligations 
signalées ; c'est par ses soins que nous avons conservé la 
prieuré de Tourves, comme il est marqué au Rectorat du 
P. Hugues Guillaume. Le P. Claude Fine, Rhétoricien, 
réussit à merveille, et tous ces Messieurs au sortir, en parloient 
très avantageusement. Le Logicien le P. Christophle Touvenel 
ne harangua pas, car il ne vint que pour suppléer, et le R. P. Pro- 
vincial l'en dispensa. Les autres Régents, M. Jacomini, M. 
Générât, M. Buivin, eurent parfaitement bon succès. Le 
nombre des escholiers a esté cette année, plus grand de beau- 
coup qu'à l'ordinaire. 

Les Messieurs de la Magdelène vinrent prier le R. P. 
Platière d y prescher l'octave des morts, ce qu'il fist avec un 
concours extraordinaire de toute sorte de personne, les plus 
scavants en parloient en termes pompeux, et tout le monde en 
fut fort édifié, et le tesmoigna par son assiduité. 

Le R. P. François de S* Rigaud prescha là mesme l'advent, 
et donna des marques d'un esprit que tout le monde connoit 
estre extraordinaire. Les esprits les plus curieux de la ville y 
couroient en foule pour aller entendre ces belles pensées et rele- 
vées. Quelques Présidents et Conseillers disoient, qu'il leur 
leur rendoit la Théologie aimable, la rendant si palpable et si 
intelligible. 

Le Bureau de l'Université se tint cette année, le jour des 
Innocents, chez M. le Président de la Roquette, les escho- 



Conseiller au Parlement, qu'avait occupé son père. Il se maria deux fois: i« avec 
Sibille de Damian de Vsrmègues, sans enfants; 2* avec Gabrielle de Séquiran, fille de 
Reynaud de Sâguiran, Premier Président à la Cour des Comptes et de Silvie de 

GIANIS-LA-ROCHK. 

(1) Jean-Baptiste de Guérin, sieur de Castelet, Président par la résignation de son 
père, Pierre de Guérin, reçu le 12 janv. 1650. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 223 

liers ne récitèrent non plus des épigrammes. Les Consuls 
tesmoignèrent au P. Recteur qu'ils estoient faschés de ce 
procédé, et que, quand nous aurions un premier Président, on 
remettroit les affaires au premier estât. Pas un de la Chambre 
des Comptes ne s'y trouva. Le P. Recteur et le P. procureur 
y allèrent, au nom du collège, comme les autres professeurs 
de rUniversité. 

Messieurs les Pénitents blancs de Tourves, firent prier le 
P. Recteur, par un député, de permettre qu'ils fissent un jubé 
au bas de nostre église de S* Pierre de Tourves, qui lui servi- 
roit de chapelle ; l'église, disoient-ils, en sera mieux servie et 
plus fréquentée. Mais on ne jugea pas que cela leur deut estre 
permis, à cause des conséquences, et le P. Recteur les pria 
de n'en plus parler. 

Le P. Honoré Chaurand a fait profession des 4 vœux 
en nostre église, le 2* jour de febvrier de la présente année, 
a fait la doctrine chrestienne à .Tourves , où il a presché k 
caresme, deux fois le jour, le matin à l'église parochiale, et k 
soir, en forme de catéchisme en nostre église du prieuré, où i 
avoit plus de lïionde que dans l'église de la ville. Nostre 
Frère Nicolas Garnier fit aussi avec lui, le mesme jour, les 
derniers vœux de coadjuteur temporel. 

La ville ayant fait quelques nouveaux imposts sur la farine, 
nous demandâmes à nos amis, ce que nous pouvions faire 
pour en estre déchargés. M. de S** Croix, Conseiller en h 
Cour des Aides et Chambre des Comptes, Préfect de h 
grande congrégation, vint un jour treuver le P. Recteur, e 
luy dit : qu'il falloit présenter requeste à la Cour de* 
Aides, après la S' Rémi de la présente année, qu'i 
seroit au premier Bureau avec plusieurs autres de nos amiî 
fort portés à nous faire favorablement justice. Il faudra donc 
présenter la requeste, et j'espère que nous aurons ce que nouî 
prétendons, à scavoir : la décharge de la rente. On a autrefois 
soubs le Rectorat du R. P. Brisacier, entrepris cette affaire 
et on en a fait un factum très-beau, mais le succès n'en fu 
pas bon. Il sera plus favorable comme je crois cette année 
les juges nous le font espérer, et les Consuls f/) sont amis 
la conjoncture est bonne, Messieurs des Comptes en on 
souvent parlé au P. Recteur. Il ne faut que d'agir ceste 
année, c'est l'advis qu'ils nous ont donné eux-mesmes. 

(1) Consuls et assesseur ^ depuis le /•' noi^, 16^4^ jusqu'au ji oct. 16$$ : 

Messire Jean-Baptiste de Castbllanb, seigneur de la Verdière; M. Melchior Simon 



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224 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1654 M. le Conseiller cI'André nous a donné encore cette année 

50 escus qu'il a voulu estre employés à la bibliothèque, nous 
en avons achepté de fort beaux livres et bien curieux. Cet 
homme non plus que feu M. le Président de Réauvillb, ne 
se peut lasser de nous faire du bien. Il donna 80 éscus au 
Père Alexandre de Rhodes, s'en retournant au Levant, au 
Père François Rigordi (*), guère moins ou plus, partant pour la 
Perse. 

Cette année nous a esté funeste par la sortie du P. Guido 
Chapelle. Il estoit Préfect en ce collège, il prescha Tadvent 
à Sisteron où il avoit donné tant de satisfaction qu'on le 
voulut retenir pour Tentre-deux, mais le R. P. de Barri» 
Provincial, l'appela en suitte de quelque mauvaise accusation. 
Il l'alla trouver à Avignon, où il a demeuré soubs la clef, près 

avocat, assesseur ; M. Aman de Villbnbuvb, seigneur de Vauclause ; M. Gaspard 

DiLLB. 

(1) François Riqordi, d'une bonne et ancienne famille de Provence, naquit au Luc, 
le 1$ juillet 1609. On l'envoya à Aix ou il eut l'avantage d'avoir de bons maitres, qui 
découvrant en lui du talent, n'oublièrent rien pour cultiver ses heureuses dispositions. 
Il iît les plus rapides progrès dans les Belles-Lettres. Pour s'y perfectionner, il entra 
dans la Société des Jésuites, le lo sept. 1626, dans la I7*'"« année de son Age. Après 
son noviciat, il enseigna les Humanités pendant six ans. Il profita du temps que sa 
classe lui laissait libre, pour apprendre le grec et connaître à fond, l'histoire et la 
géographie. 

Pendant ses études de Théologie, il fit sa principale occupation de la lecture de 
l'Ecriture Sainte et des Pères. Il se disposait ' ainsi à remplir avec honneur et avec 
fruit, le projet qu'il avait d'aller porter dans les terres étrangères, les lumières de la 
foi. Il en demanda l'agrément à ses supérieurs; mais soit pour éprouver cette nou- 
velle vocation, soit parcequ'ils avaient besoin de lui, ils lui donnèrent une chaire de 
Philosophie, qu'il occupa pendant l'espace de deux ans, avec approbation. Les bornes 
de son zèle étaient trop resserrées dans une classe, le P. Rigordi n*avait pas aban- 
donné son premier dessein, il revint à la charge auprès de ses supérieurs, dont il 
n'obtint qu'une partie de ce qu'il désirait avec tant d'ardeur. Il eut permission d'an- 
noncer dans sa province la parole de Dieu ; il s'acquitta de ce sacré ministère avec 
un zèle digne des Apôtres, pendant sept ans. 

Le talent singulier qu'il avait de gagner les Ames, détermina enfin ses supérieurs à 
lui accorder la permission d'aller dans les missions étrangères. Il s'embarqua à Mar- 
seille, parcourut la Syrie, l'Arménie, la Perse et plusieurs autres pays barbares, où 
il annonça avec des succès prodigieux la foi de J.-C. Il traversa les déserts de 
TArabie, il prêcha dans la Chaldée, et, semblable à l'apôtre des Indes, il convertit à 
Dieu des peuples innombrables qu'il instruisit. 

II établit une maison de son ordre à Zulphed, et se trouvant à Marseille, où ses 
incommodités l'avaient forcé de revenir en 1640, il mit au jour la relation de son 
i«r voyage en Perse, etc. Dès que sa santé se fut rétablie, il s'embarqua de nouveau, 
et parcourut pour la seconde fois les Etats du Grand Mogol, les Indes, etc. Sa vie 
dure et laborieuse, l'ayant encore mis hors d'état de s'appliquer plus longtemps aux 
exercices d'un missionnaire, il revint une seconde fois à Marseille, fut supérieur de 
la Maison de S** Croix, et mourut dans celle de S* Jacques, le 24 fév. 1679, universel* 
lement ref^retté. Ses vertus chrétiennes et religieuses, son esprit supérieur, son rare 
talent pour annoncer la parole de Dieu, son humeur douce et gaie, sa tendre et en 
même temps aimable dévotion, le rendaient digne des regrets qu'on lui donna. (Voy. 
Achard, Dict. des Hommes ilL de Protf.) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 225 

de 4 mois. Ce collège a payé sa pension à 5 escus par mois. 
Il doit encore, ce que le collège d'Avignon a fourni pour les 
habits séculiers et son viatique. Il fit profession au monastère 
de Cruas, où le P. Henri Albi l'alla conduire, allant à Gre- 
noble pour y estre Recteur. Il prononça dit-on, la formule 
de sa profession selon la règle de S* Benoit, avec des sanglots 
et des larmes, qui attendrirent le cœur de ceux qui estoieni 
prèsens. 

Si nous avons eu cet accident qui nous a esté honteux, 
Dieu a relevé la Compagnie d'ailleurs, par deux actions bien 
éclatantes. La i'* est le caresme du P. François de S* Rigaud, 
qui nous a acquis une très grande réputation. Il a presché 
avec tant de doctrine et de piété, que tout ce qu'il y avoit de 
doctes et curieux dans la ville, Talloient ouir à foule, et er 
sortoient tousjours ravis. Ce qui a rendu encore plus consi- 
dérable ce bon Père, c'est sa modestie et son humilité dans 
la conversation, qui le faisoient autant aimer qu'il se faisoil 
estimer par sa doctrine. Parmi nous dans la maison, on u'é 
jamais remarqué en luy, rien qui choquast la communauté : 
tousjours régulier, sans aucune particularité en son vivre, ce qu 
est bien rare en une personne qui est en cest employ. 

Le dit P. de S' Rigaud a fait cet horloge universel sur U 
muraille de l'église, au fond de la cour des classes, avec les 
autres qu'on y voit. Tout est à huile pour mieux résister à h 
pluye. Il n'y a personne qui ne l'ait admiré. L'autre qui esl 
sur la muraille des classes, c'est le P. Nicolas Champeau, qui 
enseigne les Mathématiques, qui en est Tauteur. Ce bénil 
horloge a failli à nous mettre en peine pour les mauvaises 
interprétation que Messieurs, mesmesde la Cour de Parlement 
en faisoient, voyant la foudre et la couronne de France ai 
dessoubs. Le Procureur Général, M. de Gantés, entre autres, 
vint un jour trouver le P. Recteur et luy dit, qu'on luy er 
avoit fait des plaintes ; mais ayant appris du P. Recteur h 
véritable explication de tous ces emblèmes, il s'en retourna 
fort satisfait. Du depuis, on n'en a pas parlé, ou si on Ta faii 
c'est en le louant. 

La deuxième action qui nous a acquis, et une grande estime 
et l'amitié de tous dans cette ville, est la mission que nos 
trois Pères, Balthasar Poirot, Adam des Molins et Honora 
Chaurand , y ont faite pendant un mois , à laquelle 
Dieu a donné une bénédiction extraordinaire ; aussi, ont-ili 

15 



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226 HISIOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



1055 travaillé en vrais apostres. Le P. Chaurand s'est tousjours 

régulièrement levé à deux heures, et ayant dit la Messe, il 
alloit à S*'Saupeur entre *j et 4 heures du matin, faire la pré- 
dication au peuple, qui y couroit avec une telle affluence, 
qu'on ne voit pas plus de monde le jour de Pasques ; on y 
voyoit encore quantité d'honnestes gens, et ecclésiastiques et 
religieux. 

Sur les 10 heures, le P. Desmolins preschoit, et deux fois 
la sepmaine, faisoit la méditation en chaire, prononçant tout 
haut et les pensées et les affections. Il y avoit un grand 
et beau monde, et on voyoit les plus délicats qui se tenoient 
à genoux pendant la méditation, quoique le Père qui la faisoit 
teste nue et à genoux, leur dit qu'il n'estoit pas nécessaire de 
de se tenir en cette posture. 

Le P. Chaurand, sur le midy, retournoit à S*'Sauveur, 
pour y enseigner la doctrine chrestienne, avec des inventions 
et des jeux qui contribuoient merveilleusement à l'instruction, 
et qui obligeoient le monde de toute condition à y aller. 

Le P. PoiROT preschoit le soir, sur les 4 heures. Après la 
prédication, on donnoit la bénédiction. La force de ses raison- 
nemens, et les autres agrémens d'un insigne prédicateur 
attiroient tout le monde ; qui n'a veu le concours que tous ces 
braves missionnaires ont eu, ne le pourra croire. 

Au reste, Dieu a récompensé leur zèle et leurs travaux, d'un 
succès tout à fait admirable ; les restitutions grandes, les 
confessions générales, les réconciliations, les mauvais com- 
merces rompus, les comédiens bannis, les débauchés convertis, 
le changement qu'on a veu depuis, sont des belles marques 
de la bénédiction que Dieu donne aux prédicateurs, qui ne 
cherchent que sa gloire et le salut des âmes, et ça esté une 
voix commune, que tout Aix a esté réformé. 

Cette mission commença le 3"" dimanche après Pasques, et 
dura 4 sepmaines. Le P. Poirot quitta pour aller à Montpellier, 
prescher l'octave du S' Esprit/ les deux autres Pères firent le 
sermon du soir, le P. Desmolins avant la Pentecoste, et le 
P. Chaurand prescha aux festes le soir, et fit la clôture. 
M. de MiMATA donna 50 escus pour la nourriture et viatique, 
le collège fournit le reste. 

Sur le mois d'aoust, M. l'Archevesque d'Arles, ayant oui 
parler du grand esclat et fruit de la susdite mission, escrivit 
au P. Recteur, et le pria instamment de luy envoyer les 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 227 

PP. Desmolins et Chaurand, pour y faire la mission et 1655 

préparer le peuple à gaigner le jubilé. Le P. Poirot y des- 
cendit encore de mesme. Ils y ont observé le mesme ordre et 
ont fait des fruits incomparables, dont on parle hautement 
dans tout le pays. Monseigneur TArchevesque d'Arles estant à 
Aix, en a fait de grands remerciements au P. Recteur, et Ta 
asseuré, que jamais il n'avoit oui prescher plus fortement ni plus 
utilement ; il a demandé le P. Desmolins, pour évangéliser à 
Salon. 

J'oubliois, que le P. Adam Desmolins alla au mois de 
juillet à Velaux, pour faire une contrebaterie au synode des 
ministres religionnaires. Mons. TArchevesque d'Arles, au diocèse 
duquel se trouve Velaux, nous en pria par lettre envoyée par 
homme exprès. Le P. Recteur d'Arles, le R. P. Gérard, s'y 
treuva quelques jours, puis s'en retourna et laissa le P. Des- 
molins avec Mons. l'Official d'Arles, qui firent la mission, à 
Marignane et autres lieux à Tentour. Les ministres fuPent si 
mal traités, qu'ils n'achevèrent pas leurs temps et s'esquivèrent 
devant le terme. 

Les thèses que le P. Galien, achevant le cours, a fait sous- 
tenir, ont toutes parfaitement bien réussi. Les assemblées ont 
été très célèbres. Messieurs du Parlement y ont assisté deux 
fois en grand nombre. Il y a eu grande contestation entre les 
argumentants, tant des nostres que des séculiers. Quelques 
uns de nos Pères faisoient difficulté d'argumenter après Mons. 
le Primitié de l'Université, ce qui n'est pas raisonnable/ car 
si nous sommes membres de l'Université et tirons les gages 
en cette qualité, nous ne devons pas disputer le pas au Pri- 
mitié, à qui tous ceux de l'Université cèdent. Les Religieux 
ne veulent pas non plus céder aux prestres séculiers, ni les 
séculiers aux Religieux, tellement qu'en l'acte qui fut dédié au 
Chapitre y le P. Gardien des Cordeliers ne voulut pas céder 
au curé de S' Sauveur, et parlèrent long temps chacun en son 
costé ensemble, ce qui faisoit rire; mais enfin, le P. Cordelier 
céda, et sa modestie fut fort louée. Pour les nostres, cela est 
desjà décidé par le R. P. de Barri, et Hugues Guillaume, 
Provinciaux, que nous devons céder à Messieurs des deux 
Cours et aux trois de l'Université, Primitié et deux Professeurs 
de la Théologie. Les escholiers respondirent à ravir, aussi 
avoient-ils esté bien instruits par le P. Galien, qui a eu pen- 
dant tout le cours, ses disciples aussi souples que des petits 
sixièmes. 



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228 HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 

1655 Durant ces^trois dernières années, voyant que les offices 

estoient si mal pourveus de tout ce qu'il faut, pour les main- 
tenir en estât, il a fallu faire de grandes despenses, comme il 
conste, par les comptes faits par le P. procureur, T La cous- 
turerie estoit ruinée, et pour la relever il a esté nécessaire 
d'y mettre près de 2,000 livres, dans ces j ans ; si toutes les 
années on n'y fait quelque réparation, tout reviendra en son 
estât. 2** Nous n'avions point de cordonnerie, on se servoit à 
la ville d'un maistre cordonnier, qui outre le marché bien cher, 
faisoit de la besoigne si mince, qu'elle ne duroit rien. Le 
R, P. Provincial nous a envoyé Nicolas Garnier, qui travaille 
à ravir, et a relevé cet office, faisant faire les formes et autres 
meubles nécessaires. Nous y avons employé plus de joo livres 
pour la meubler de tout, j** A la cuisine, nous avons fait 
refondre tout l'estain et avons achepté cent et vingt livres de 
nouveau, pour augmenter la vaisselle, outre les autres petites 
réparations. 4° A la sacristie, nous avons fait faire, un des 
dessus le grand autel, qui a un Jésus au milieu ; avec cela, 
six aubes de toile de lin, et deux de toile de Roan fin, et 
deuxsurpelis; une chasuble rouge de satin avec de la broderie, — 
c'est Madame la Conseillère de S' Julien (^) — ; une chasuble de 
satin vert au passement d'or, — Mad. de Meironet (*) en mou- 
rant — ; quatre lès de satin bleu, un devant d'autel de satin couleur 
d'orange; le devant d'autel de satin couleur de vin, avec les 
autelets ont esté donnés par Madame de la Palun (^), 
femmp du Receveur des décimes ; nous avons achepté un 
tapis de Turquie, qui couvre quasi tous les degrés du maistre 
autel; l'ornement et la chasuble de satin de Gènes, avec un 
passement d'argent, a esté donné par Madame la Conseillère 
d'ARNAUD; M"* la Présidente de Galifet (*) a donné 14 pans 

II) André de Balon s*" de S' Julien, fils d'André, visiteur des gabeUes, fut reçu 
Conseiller au Parlement de Provence, le i$ avril lôi;. Il épousa en ibiy, Jeanne de 
Rascas. fille de Gaspard de Rascas, s*" du Canet, et de Lucrèce de Puget Fuveau. Il 
mourut en 1662, et fut remplacé en sa charge, par son fîls Gaspard de Balon, lequel 
s'étoit marié avec Anne de Vintimille, fille de Magdelon de Vintimille et de Louise 
de CoRiOLis. 

(2) Il est à supposer, que cette Dame de Mbyronnet est Catherine de Moricaud, 
née à Aix (S'« Magd.), le 2 avril 1616, fîlie de Philippe de Moricaud et de Catherine 
de Garron sa première femme. Catherine de Moricaud avait épousé Paul de Mey- 
RONNBT, greffier des Etats de Provence. 

(3) C'est probablement le nom de la Palud avec une terminaison provençale. On 
trouve dans la liste des Consuls d'Aix, Esprit de la Palud, Receveur, j«"« Consul en 
i6ji. Sa femme était Claire de Foresta. 

(4) Lucrèce Trichaud de S' Martin, fille de Pierre et d'Hélione de Carbo!«el. 
mariée en 1614, à Alexandre de Galliffet,s'' du Tholonet, reçu Président aux Enquêtes 
en 1615. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 229 



de drap d'or, pour faire une chasuble ; nous avons eu encon 
pour une chasuble de velour ramage. Ç La bibliothèque a est< 
augmentée de quantité de bons livres, Albert le Grand a est( 
achepté, tant de l'argent de la pension de Monsieur de Mes 
GRiNY, que de ses autres libéralités ; à d'autres livres nou! 
avons employé 40 escus une année, et l'autre, 50 escus donné: 
par M. le Conseiller d'ANDRÉ. 



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^■■+-.J ,'l.^,». 



1655 

(Suite). 




CHAPITRE UNZIÈME. 



Le P. François Bening. 
/o' Recteur. 



E 12 d'oct. le R. P. Guill. de Lange remit la 
charge du collège, au P. Fr. Bening (*), 5 
jours après son arrivée de Lyon. 

Ce brave Père partit le lendemain ; et il laissa 
au collège et dans toute la ville, des grands 
regrets de son èloignement, et avec sujet; car on disoit de 
luy deux choses notables, qu'il avoit fait à Aix beaucoup de 
bien sans offenser personne, et assez d'amis sans point 
d'ennemis, du moins, que tous estoient ou amis ou non amis de 
nostre Compagnie. 

Le jour de la S* Luc, le Rhètoricien, M. Jacomini, fit son 

(1) François Bening que Sotwel {Bibliotli. senpt. soc. Jcs p. 216), fait naître à 
Avignon, et dit être entré en la Société de Jésus en i6oj, à l'âçe de 19 ans, enseigna 
6 ans les humanités, ; ans la philosophie, fut recteur des collèges de Chambéry, de 
Vienne et d'Aix, et dirigea l'école du noviciat de Lyon. Ces divers emplois dénotent 
un homme de mérite, estimé dans le corps enseignant dont il faisait partie; mais je ne 
sais quelle impression il dut produire sur ses confrères éclairés, lorsqu'on décembre 
161 5, il prononça, dans la cathédrale d'Avignon, Toraison funèbre du brave Grillon, 
pièce d'une éloquence aussi burlesque dans son genre que l'est comme poème le 
Magdalêidc du Carme Barthélemi. Ce discours vit le jour sous ce titre : Le bouclier 
d'honneur, ou sont représentés les beaux faicts de très généreux et puissant seigneur^ feu 
Messire Louis de Berton^ seigneur de Crilton, chevalier des ordres du roiy mesire de camp 
du régiment de ses gardes, conseil 1er en ses conseils d'état et privée lieutenant-colonel de 
l' infanterie française, appendu à son tombeau pour r immortelle mémoire de sa magnanimité, 
par un Père de la C* de Jésus, dans réglise cathédrale de Notre-Dame des Doms d'Avignon. 

On trouve tour à tour dans ce panégyrique, du sérieux, du grotesque, un ton 
original et récréatif, des tours, des pensées et des expressions bizarres. V. pièces 
justificatives n^ 26. 

Selon Sotwel, (op. cit.) F. Bening, mourut à Avignon, le 9 fèv. 1662. (Barjavel. 
DicL hist.). 



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w^^^^m^ 



HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 231 

harangue liminaire, avec un grand succès, et égalle suitte. du lOçç 

beau monde, de 2 Cours etc., qui en sortirent ravis, avec dei 
éloges qui vrayment estoient dus à son humilité et à soi 
éloquence. 

M. d'OppÈDE, I*' Président, quelques joues après son arrivé< 
de Paris, qui fut au moys de déc, nous fit Thonneur de noui 
venir voir, avec un grand cortège et nous le reçeumes dan; 
Téglise, en toutes sortes de langues qui sont en usage, en ven 
et en prose, éloges et anagrammes, dialogues et échos, vraye- 
ment, nos Régents firent des merveilles, suivis des applau- 
dissements et acclamations des assistans, sans parler de< 
remerciments amples, et autant d'offres de service de mor 
dit Seigneur et de tous ses parents et amis. A dessein, je ne 
dis rien des grandes vacances données avec prodigalité à nos 
escholiers, qui perdent en ces fériés, maie feriali, leurs âmes, 
leur temps, leur argent ; ce qui me blesse le cœur. 

Le jour des Innocens, le Bureau de l'Université se tint dans 
la salle du collège, ce qui avoit esté discontinué durant 2 ans, 
en l'absence de M. d'OppÈDE; car Monsieur de la Roquette, 
qui présidoit alors, le voulut tenir dans son logis. Ce jour-1^ 
donc, on renouvella les coutumes, à savoir : qu'après la tenue 
du Bureau, on récita des vers à Mess, les assistans, et par 
conséquent, voilà la playe de mon povre cœur qui se rouvrit, 
en la profusion des nouvelles vacances. 

Sur la fin de janvier, ou sur le commencement de février, 
M. le cardinal de Grimaldi (^), Archev. d'Aix, fut reçeu ai 
collège royal, non pas royallement, comme il méritoit et comme 
nous devions, ce que S. Eminence n'eut pas voulu et nostre 
petitesse n'eut peu, tant y a que l'action qui luy fut exhibée 
lui pleut extrêmement, et me dit en sortant, qu'il n'appartenoil 
qu'aux Jésuites dé faire paroitre la jeunesse dignement sur les 

(1) Hierome Grimaldi, abbé de S' Florens-les-Sauveur, Archevêque d'Aix, Cardinal 
de la S'* Eglise romaine, naquit à Gênes le 20 août icio; (1597 selon de Haitze). Sor 
père était Jean-Jacques baron de S' Féli, un des premiers sénateurs de Gènes el 
sa mère Hieronima de Mari, Dame aussi illustre par sa piété que par sa noblesse, 
Grégoire xv, fit Hierôme de Grimaldi, Référendaire de l'une et l'autre, signature en 
1621. Puis Hierome Grimaldi fut Vice-Légat, en Romagne, en 162$, Gouverneur de 
Rome en 1638, Nonce extraordinaire à Ferdinand II en i(>j2, Vice-Légat du duché 
d'Urbin en i6j6. Légat à Louis xiii, enfin Urbain vin l'honora du chapeau de Car- 
dinal, après avoir reçu la barette à Paris des mains de Louis xiv, qui le nomma à 
l'Archevêché d'Aix, en 1648. Plein de mérites devant Dieu et devant les hommes, le 
cardinal Grimaldi mourut à Aix le 4 nov. io8<;, jour de la fcte de S* Charles Borromée, 
qu'il s'était donné pour modèle. Il était âgé de 88 ans et quelques mois. Il fut 
enseveli le 18 nov., dans son église métropole, accompagné des larmes et des regrets 
de tout le peuple d'Aix. (V. J. S. Pitlon. La S'« Eglise d'Aix et P. J. de Haitze. 
L'épiscopat métropolitain d*Aix). 



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232 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

1656 théâtres et dans les chaires. Je vous laisse à penser si les 
eschoiiers épargnèrent leurs cris, vivat ; mais Son Eminence 
m'obligea bien fort, d'épargner les vacances. Il leur laschea duo 
minutay c'est-à-dire deux parties d'un jour. Dieu en soit loué! 
M. le Duc de Leydiguières passa le caresme en cette 
ville, pour quelques affaires qu'il y avoit, où il fit des grandes 
largesses ; de ses libéralités aux povres publics et cachés ; de 
ses exemples de piété et dévotion dans les églises; de ses 
faveurs à nostre collège, où il entendoit la messe très souvent. 
La sepmaine sainte, le jeudi, le vendredi et le samedi saint, y 
entendit l'office ou à genoux ou debout, suivi de M. le comte 
de Carces et d'un grand nombre des gentilhommes. 

Sur la fin de l'esté, et sur la fin du cours de Philosophie du 
P. TouvENEL, on dédia des thèses à 2 Présidens de la Cour, 
où toute la Cour assista, du moins fort peu manquèrent. Le 
cathédran et les respondans firent des mieux, les argumentans 
eussent triomphé, s'ils eussent un peu abbrégé leurs préfaces, 
aymans mieux paroitre Rhétoriciens que Philosophes. Depuis 
les thèses, la coutume de donner des vacances aux eschoiiers 
a été introduite, sans que le P. R. et autres Pères ayent peu 
ou sceu fléchir M. le i*' Président; au contraire, dès qu'on 
touche cette chorde, ils se fâchent et témoignent de l'aigreur. 
On ne voit point d'autre remède que de dédier des thèses à 
un seul du Parlement, ou certes, retrancher les actes et les 
réduire à 2 ou j. Peut-être que mon successeur aura plus de 
grâce ou plus de crédit que moy. 

Au commencement de l'automne, la Reyne de Suède (^) fit son 
entrée royalle, de nuit avec les flambeaux, et logea au palais 
archiépiscopal. Le lendemain le P. R\ accompagné de trois 
autres Pères, lui alla faire la révérence et lui rendre les 
respects pour tout le collège, et il eut bien de la peine de 
l'abborder, et sans la faveur et entremise de M. le comte de 
Carces qui les présenta, ils n'eussent jamais pu rompre la 
presse. Elle l'écouta avec attention, nonobstant qu'elle pour 
lors estoit' dans des grandes inquiétudes, et le remercia, et 



(\) Il nous a semblé utile d'ajouter, aux pièces justificatives sous le n^ 27, deux 
pièces concernant la Reinb de Suède. La r«, est une lettre du P. Casati dont Toriginal 
est dans le recueil 28,2$$ de la bibliothèque Mejanes. Le P. Casati raconte dans cette 
lettre la conversion de la Reine et nous fait ainsi connaître les motifs du voyage qui 
ramène en France. 

La seconde, est un passage de P. J. de Haitze. Liv. XXL C. XI, Hist. d'AiXy où cet 
auteur raconte l'entrée de la Reine de Suède à Aix. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



adjouta qu^elie n'estoil pas d'humeur de venir au collège 
ouir nos escholiers, mais qu'on les fit venir dans la si 
Tarchevesché. Et comme le P. Recteur demanda Theure coi 
à sa Majesté, elle respondit qu'on s^en informa de soi 
taine de gardes, qui ne pensoit pas alors à son infc 
mort. Nos escholiers accompagnés du Préfect et des R 
vindrent sur les j heures, récitèrent, pleurent à la 1 
qui donna une sepmaine de vacances qu'on joignit aux g 
vacances d'octobre. Vanitas vanitatum! Tout passe et tout 

J'avois oublié une chose qui est fort considérabl 
Mess, du Siège, au i""* acte des thèses, vindrent troi 
P. R., et le prièrent de leur faire cette faveur, de i 
tant soit peu sa chaire, qui estoit à costé de celle de 
les Présidents, pour y loger M. le Lieutenant. Le Pèr 
y penser plus avant, consentit à sa demande pour lui 
mais il y vint accompagné de j ou 4 de son corps. 
Recteur se leva avec quelques Pères qui estoient avec 
tout doucement, ces Mess, se glissèrent en leur place, 
un grand bruit parmy les Messieurs du Parlement, qui 
nèrent là mesme, que nous reprissions nos premières 
et que Messieurs du Siège reprinssent la leur. Que la pa 
évangélique est bien moralle! Recumbe in novissimo locOj 

Quelques jours après la fête de l'Epiphanie, nous ti 
nos officiers, Advocats, Médecins, Procureurs, Notaires 
ticaires. Chirurgiens, et à n'en point mentir, on les 
magnifiquement. Il y en a des nostres, qui ont censu 
excès, comme des fautes contre la pauvreté religieuse 
considérer que ces MM. nous servent gratis, et qu'ils 
bien chèrement leur écost. A l'occasion de ce festin, l'an 
quelques uns de ces convives, après le disner nous dor 
un bon conseil, qui estoit de présenter requeste à Me 
l'Assemblée du Pais, concertée par M. de Mont 
M. Barrel, nos avocats, pour obtenir d'icelle, quelques s 
pour la réparation du collège, et principalement, poi 
bastir une salle de déclamation pour les actions public 
pour les thèses ; mais quelques uns de nos amis et d( 
sages de la ville, nous conseillèrent de ne toucher pas 
cette saison, et que nous receuvrions un rebut, après 
nous n'oserions plus faire la mesme démarche, et r 
creusmes. 

Parlons de nos prédicateurs de cette année-là, et 
celuy de S'Sauveur, qui fut le P. Franc. Bourton, c 



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234 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

1656 sa douceur et par sa dévotion charma tellement l'oreille de 
son Eminence, qu'il Touit quasi tous les jours de Tadvent et 
du caresme; et le plus souvent après le sermon, descendant 
de sa chaire, il se répandoit en louanges et éloges du P., qui 
estoient toujours divers et les mesmes, divers en paroles, et les 
mesmes au sens. Je joins à celui-là, 2 braves missionnaires 
qui sont le P. de Moulins et le P. Chaurand, qui ont fait 
des merveilles hors d'Aix, à Draguignan, à Fréjus et autres 
villes et villages, pendant le jubilé de la fin de l'automne, et 
commencement de Thyver de cette année-là. Le succès de la 
mission de Draguignan est extraordinaire. Cette ville qui estoit 
partagée en deux factions, qui ne respiroient que sang et 
flammes, et qui les 2 premiers jours, fut à la veille de mille 
meurtres, après les 137 hommes et encore plus, qui ont été 
tués en divers troubles, sembloit alors une vraye image du 
christianisme de la primitive Eglise. Les Magistrats, les Gentils- 
hommes, les soldats s'embrassoient à genoux, dans Téglise, 
dans les maisons et dans les rues, en sorte qu'il n'y a plus 
de partis. Tout le Siège qui a vaqué durant toute la mission 
a assisté, chaque jour, en corps et en robbe longue, à j ou 
4 exercices, les Consuls et tous les principaux y ont esté 
aussi assidus, jamais l'église n^a esté assez grande. Le i*' 
Lieutenant a esté dans la maison d'une pauvre vefve et lui a 
demandé pardon et ainsi des autres. Les pères, les femmes, 
les parents des personnes tuées, alloient mesme demander 
pardon aux meurtriers. Deux Gentilshommes avoient tué le fils 
d'une Dame, et un jour comme elle estoit dans l'église, qui 
estoit toute pleine, après avoir quitté leurs espées, ils fendi- 
rent la presse qui céda avec plaisir, et ayant abbordé cette 
Dame, ils se jettèrent à ses pieds, pour lui demander pardon 
de la mort de son fils, et elle leur répondit : « Messieurs, je vous 
pardonne d'aussi bon cœur que je désire que Dieu pardonne 
à l'âme du deff'unt ». Voire le fils de cette Dame qui cherchoit 
ceux-cy pour vanger la mort de son frère, les alla chercher 
pour leur demander pardon. Un homme, après avoir receu 
7 coups de fuzil qui Tavoient percé à jour, alla demander 
pardon à ses ennemis. Après la mission, ils se découvroient 
les uns aux autres, les desseins qu'ils avoient formés les uns 
les autres de se tuer. Ils ont tous protesté, que si quelqu'un 
d'eux se départoit de son devoir, ils se ligueroient tous contre 
luy. Notez que dans les 8 premiers jours, ces hommes aposto- 
liques firent plus de 500 réconciliations. Ce n'est pas tout, 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 235 



parlons un peu de Fréjus. L'usure s'estoit glissée dans cette 1656 

ville, depuis longtemps, et le dix pour cent y estoit ordinaire. 

On a non seulement désabusé ceux qui l'ont pratiqué, mais 

persuadé mesme de rendre, ce qui est très difficile. On c 

que les restitutions passent 15,000 L. La foule aux exerc 

de la mission estoit si grande, 3 fois le jour, à 4 h. du m^ 

à midy et le soir, et aux confessions générales, que les P 

ne trouvoient pas le temps pour leur repas du jour et poi 

repos de la nuit. Le mesme encor estoit à Draguignan. 

jour, pendant le sermon, Téglise estoit si remplie, que 

de 5 personnes tombèrent évanouyies, et le prédicateur 

contraint de finir avant le temps. Une autre fois, celluy 

conduisoit le P., fut contraint de passer sur les épaules 

auditeurs pour aller à la chaire. Mais voicy des effets r 

veilleux de la souveraine Providence, on admiroit que 

continue du travail de 2 personnes, quasi jour et nuit : 

respi, ne diminuoit point leurs forces, et 2 confesseurs s 

soient à tant de pénitents et pénitentes. 

Le commencement de cette année fut illustre et heui 
pour nous, en ce que, quelques-uns de nos Pères entreprin( 
de faire condamner les lettres infâmes et diffamatoires 
Jansénistes, contre nostre compagnie, et avec tant de coui 
et de constance, qu'ils en vinrent à bout. Celluy qui m( 
pardessus tous, la gloire de cette victoire, est le P. Chaur/ 
qui se mit à bon escient à estudier cette affaire, et à instr 
tous ces Mess, de la Cour en particulier, avec tant d'adr 
et de force d'esprit, poussé et animé de Dieu, qu'enfin, a 
plusieurs remises et difficultés et oppositions, ils se résolu 
de faire un arrest décisif, et de condamner ces maliciei 
lettres à estre brûlées et 2*"* lacérées par main de bourr 
au son de la cloche du Palay, en la place publique de 
Dominique. 

Mais il faut remarquer quelques belles circonstances, ( 
seroit péché de taire. T Que lorsque nous pensions que 
estoit désespéré, ce fut lors, que la puissance de Dieu fit 
coup de sa main, 2** Dieu se servi de ceux qui autrefois ave 
esté nos grands ennemys, j'' M. le i" Président à qui r 
avons des obligations infinies, et M. le Président de Cor 
nous servirent puissamment et certes fidèlement; M. le i* 
une harangue si persuasive, avec tant de louanges de no 
Compagnie, qu'il fut suivy de tous, qui à Tenvy, à qui m; 
mieux, firent des éloges pour nous, tellement que ce fut 



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236 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



1657 triomphe de la vérité contre le mensonge, de Thumilité contre 
la superbe, de la syncérité contre Timposture. Après ce gaing 
de cause, ce ne furent que visites et conjouissances de nos 
amys et bons catholiques, à quoy nous respondions : peni, vidi, 
sed Christ us vicit. 

Quasi en mesme temps, M. le conseiller de Lincel (*), 
beau-frère du P. Suffren, prié par lui, accommoda une affaire 
fâcheux, que nous avions avec M. le marquis de Cadenet (-), 
nefveu du feu P. Elzéar d'ÛRAisoN, qui nous avoit fait un bon 
légat, entrant dans nostre Compagnie, duquel nous ne pouvions 
rien tirer, à cause des grandes debtes qui estoient en cette 
maison. Mais M. de Lincel, qui a un grand ascendant sur 
Tesprit du dit seigneur, trouva un expédient qui a si bien 
réussy, que tous les ans, nous en tiront 200 escus bien asseurés. 

Un peu après, nous accommodâmes avec M. le Président 
de Réauville (^), héritier de feu son oncle, M. de Réauville, 
insigne bienfaiteur nostre, qui couronna ses bienfaits pendant 
sa vie, par une insigne légat de 10,000 L. en sa mort. Tou- 
tefois, nous ne pouvions tirer ny la pension, ny le capital. 
Enfin des amys communs conseillèrent aux deux parties de 
venir en un accord. Nous y consentîmes, quoyqu'avec perte 
assez notable, d'autant que nous avons cédé à M. le Président 
800 L. d'intérests passés, c'est-à-dire les intérests qui estoient 
coulés jusques au temps de Taccord, c'est-à-dire en may 1656. 
A S' Michel prochain, de cette année 1657, il doit payer 
1,400 L.; à sçavoir, 1,000 L. du principal et 400 L. d'intérests 
des dittes 10,000 L., de quoy nous en payerons un fonds. 
Nous avons servi nos Pères étrangers qui alloient aux missions 
du Levant, autant qu'il nous a esté possible, au malheur qui 
leur arriva d'avoir esté expoliés près de Thoulon. Nous 
obtînmes des lettres de la Reyne, que je portay à M. le Duc 
de Vendôme (^), avec le P. procureur, qui nous promit 
merveille, mais rien ne se fit. Le R. P. Annat employa son 



(1) Marc -Antoine de Crose sieur de Lincel, reçu Conseiller à la Cour des Comptes, 
le 18 janvier 1640. 

(2) Cadenet n'est pas un marquisat, mais un vicomte. Il s'agit sans doute d'André 
d'ÛRAisoif, marquis d'ÛRAisoN, vicomte de Cadenet, fils de François d'Oraison et 
de Melchione de la Croix. 

(3) Claude de Rolland, sieur de Réauville et de Cabanes, fut reçu à la Cour 
des Comptes, à la charge de son oncle, Claude de Rollands, le i"" mars i6)^ 

(4) Louis de Vendôme dont il est question à la page 20?. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 237 

crédit et obtint des lettres de leurs Majestés, adressés à Mon- 1657 

sieur le Commandeur Paul (^), qui effectivement, par l'adresse 
du P. Faure, leur fit rendre les meubles pour dire la messe, 
mais non point Targent ny Tor. Ce fut en cette conjoncture, 
que le dit Seigneur dil en la Maison de ville, à Mess, les 
Consuls et du Conseil, en la présence du dit Père, ces belles 
paroles: « Voicy les i*" hommes du monde, ce sont eux que 
vous devriez avoir en votre ville pour instruire vos enfants, w 
Les PP. de l'Oratoire en firent leur profit, car M. le Com- 
mandeur estant allé à la Cour, en son absence, ils firent venir 
leur Provincial muni des lettres de Mess, leurs amys de Paris, 
et entre autres du R. P. de Rez, jadis Général des Galères è 
Thoulon, qui changèrent la ville, qui fit un contrat perpétue! 
pour la possession du collège aux dits Pères, qui s'obligèrent è 
fournir des Régents de leur congrégation pour enseigner, s 
bien que nous voilà sortis d'une bonne ville. 

La congrégation des Mess, ne fut jamais plus florissante, 
par la conduitte et belles exhortations du Père Ramar, qu 
ont attiré un grand nombre des Conseillers et des personnes 
de condition, qui ne manquent point tous les dimanches, d'3 
assister en quantité et qualité considérable. Le principal est, 
qu'ils se confessent et communient souvent. Les bons jours 
nous leur donnons 3 confesseurs, durant 2 heures du matin, 
qui en expédient beaucoup. De vray, il est plus utile pour le 
public, de confesser un homme que 10 femmes. Melior esi 
iniquitas viri quatn mulier benefaciens. 

Pendant la peste d'Italie, de Rome et de Gênes, par U 
faveur de M. le Président, nous avons tiré beaucoup de nos 
Pères du purgat de leur quarantaine, qu'on leur faisoit faire 
en des Iles brûlantes (les Thoulons), venant de Rome, de 
Turin, de Florence, moy asseurant à mon dit Seigneur, qu'ils 
Ta voient déjà faite sur la mer dans leurs vaisseaux. 

Le P. Mercier, à la fin de son i" cours de Philosophie 
il a rendu des belles preuves de sa suffisance par 5 ou 6 acteî 
publics, auxquels on a dédié des thèses à toutes les Puissances 
à son Eminence, à 3 Présidents de la Cour et à M. le Lieu- 
tenant du Roy, et ce qui est le principal, c'est que ses 
escholiers ont respondu en maistres. Il est vray que les enfants 
d'Aix sont aussi propres à la chicane de l'Eschole qu'à celle 

(1) On peut supposer qu'il s'agit ici du Chevalier Paul, dont Achard donne h 
biographie. 



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238 HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 

1O57 du Palay. En ce lieu icy, je ne puis que je ne lamente 

la perte que fait nostre Comp'*, en la difficulté qu'on fait de 
recevoir les néophytes, ou au refus qu'on leur donne, encore 
qu'ils passent les 4 ou 5 générations, et qu ils soyent sans 
infamie, leurs pères estant assis sur les fleurs de lys et leurs 
frères mitres et crosses. Si cet empeschement estoit levé, nous 
aurions les plus beaux esprits de la province et posséderions 
les cœurs de ces Mess., qui ne soupirent qu'après ces récep- 
tions. 

J'avois quasi oublié l'honneur et la consolation que cette 
maison a reçeu, de la présence et logement de 2 illustres 
Pères de deux diverses provinces de nostre Compagnie. L'un 
estoit le R. P. de Lagua, Assistant nommé d'Espagne, et allant 
à Rome pour y exercer sa charge, mais empesché de passer 
plus avant à cause de la peste, et contraint de s'arrester icy 
j ou 4 moys, avec 2 compagnons, un coadjuteur et un séculier 
son proche parent. L'autre fut le P. Grimaldi (*) nepveu de 
Mons. le Cardinal nostre Archevesque, avec un de nos Frères 
coadjuteur, dont le séjour en ce collège fut de 6 moys. Tous 
deux se louèrent fort et se louent encore, des caresses, des 
charités, des honorables traitements que nos PP. leur firent. 
Le R. P. Assistant témoigne par ses lettres, des grandes ten- 
dresses et reconnaissances pour ce collège, qui ne se peuvent 
pas assez estimer. Le R. P. Grimaldi a fait de mesme et 
de bonne grâce, et encore, il y a adjouté une aumosne qu'il 
nous a procuré de son Eminence, environ 100 escus, qui sont 
venus aussi à propos que la pluie de ce mpis de septembre, 
pour l'irrigation du coffre du Père Procureur. 

i6ç8 '^^^ ^ prédicateurs, le P. Besson et le P. Galièn ont 

rempli dignement leurs chaires, le i*"' de S** Madeleine, et le 
2™* celle du collège. Le P. Besson a esté bien suivi, l'advent 
et le caresme ; et de vray, il a du feu et de l'onction. Mais 
ce qui l'a mis dans une haute estime, sont les méditations de 
la Passion, qu'il donnoit tous les vendredis du caresme, sur 
les 4 heures du soir, accompagnées de ses larmes et de celles 



(1) François Marie Grimaldi, né à Bologne en i6ij, s'est fait un nom comme 
mathématicien, physicien et astronome. De concert avec Riccioli, il augmenta de ]os 
étoiles le catalogue de Kepler. Son livre, Physicomathcsis de lumine^ colonbus et iride 
alusque annexis^ Lib. II. Bologne. i66j, a beaucoup servi à ceux qui ont après lui 
traité le même sujet, et en particulier à Newton. Grimaldi avait remarqué la diffraction 
de la lumière, et avait cru reconnaître une réfrangibilité différente dans les divers 
rayons. (Encyclopédie du 19* siècle. Verbo Grimaldi) 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 239 



de son auditoire, suivies après de conversions illustres, des 1^)58 

changements de vie presque miraculeux de quelques nobles 
cadets, qui ont fait des confessions générales, qui se sont 
enfermés durant 2 moys dans des groftes pour y faire péni- 
tence, et qui continuent maintenant, dans leur réformation, 
dans la fréquentation des sacrements, dans les entretiens spiri- 
tuels. Les autres ont fait des notables restitutions et des grandes 
aumosnes. Les Dames ont voulu avoir cette satisfaction, que 
d'ouvrir leur conscience au dit P., avec grand fruit et peu de 
bruit. 

Comme le zèle charitable de la gloire de Dieu et du salut 
des âmes est inventif, ces 2 ouvriers évangéliques, avec congé 
du Supérieur du collège, demandèrent permission à son Emi- 
nence, de faire les missions dans la ville à 4 heures du matin, 
et 4 heures du soir dans nostre église, et y assembler le matin 
les artisans et les laboureurs, et le soir, les povres gens, les 
valets et servantes pour accomplir T Evangile, pauperes evange- 
U:{antur, Mon dit Seigneur donna son approbation bien volon- 
tiers. Le P. Besson, outre le sermon qu'il faisoit à 10 heures 
en la paroisse de S'^-Magâeleine^ le matin, sur les 5 heures, 
après avoir dit la S'* Messe, que ce petit peuple entendoit, il 
montoit en chaire tout plein de Dieu, et puis il fondoit comme 
un aigle sur la proie que le S* Esprit lui avoit envoyée, les 
instruisant familièrement^ les exhortant puissamment, les mena- 
çant terriblement, leur compatissant tendrement. Il y a long- 
temps qu'on avoit pas vu plus de povres dans les confes- 
sionnaux, et que les confesseurs n'avoient ouy plus de truans 
gémir pour leurs péchés. Le mesme Père estant arrivé émeu 
du S* Esprit, quelques heures après, il faisoit un sermon à la 
paroisse; mais il ne fit jamais mieux que pour lors. Ses paroles 
n'estoient que de foudres, ses regards des éclairs, ses gestes 
des coups du ciel , ses mouvements- des tonnerres. Les 
auditeurs il y prindrent garde et en louoient Dieu., qui dédit 
polestatem talem hominibus. 

Venons au P. Galien, qui les i"' jours, sur les 4 heures 
du soir, avoit un auditoire bigarré de soye et de bure. Mais 
après, les Dames et D"" prindrent les places de leurs suivantes 
et servantes, tellement que le P. vit son auditoire tout changé, 
et l'église regorgeante des personnes de haute condition, 
néantmoins, il ne changea point de matière, ny de style, ny de 
ton, et leur parla comme aux servantes de Dieu, des choses 



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240 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1658 communes, mais nécessaires pour se sauver, avec tant de zèle 
et d onction qu'on pouvoit dire de lui : loquebatur cum fiducià 
verbum Dei. On a cognu par là, que quand nous reprenons 
le premier esprit de nostre Compagnie, Dieu nous donne mille 
bénédictions, comme à nos i*" PP., qui dans les chaires des 
prédicateurs et dans les tribunaux des confessions, faisoient 
des abstractions moralles a materia singulari, sensibili et quanta. 
Pendant les maladies populaires, fièvres chaudes, coque- 
luches, nos Pères estoient dans Temploi jour et nuit, infati- 
guables, toujours plus vaillants et plus frais à voir les malades, 
les ouir en confession, les consoler dans leurs douleurs, les 
assister en ce point décisif de Téternité, mais nihil ad illos 
très, desquels parle T Ecriture, des j soldats de David qui 
exposèrent leur vie pour donner à David de Teau de la citerne 
Ces trois sont le P. Ramar, le P. Galien et le P. Faure. 
Un peu après, arriva qu'une Dame de Grenoble soy-disant 
M"* de la Tour, qui faisoit la fausse monnaye à Marseille, 
fut accusée et convaincue du fait, et condamnée au Parlement 
d'avoir la teste coupée. En cette exécution 2 de nos P P. 
desjà nommés, le P. Galien et le P. Faure, furent appelés à 
la prison par des personnes d'authorité, à l'exclusion des Pères 
Augustins déchaussés, qui témoignèrent plus de passion que 
de dévotion. Néantmoins il fallut essuyer cette mortification 
qui n'estoit que passive de leur costé, quoy qu'elle fut active 
du costé de MM. de la justice, qui en suitte de la difficulté 
qu'ils faisoient de céder leur place à nos Pères, les congé- 
dièrent pour toujours. Donques nos Pères se mirent en devoir 
de faire résoudre à la mort cette pauvre créature, ce qu'ils 
firent avec tant d'adresse, de charité, de tendresse, de zèle, 
de compassion, de magnanimité , qu'elle beut ce calice de 
honte, de confusion, d'opprobre et de douleur avec tant de 
patience, de courage, de contrition, de présence d'esprit, 
que vous eussiez dit qu'on la conduisoit, non point sur un 
échauffaut pour y laisser la teste, mais sur un théâtre d'honneur 
et de gloire, pour lui mettre sur la teste une couronne royalle. 
Par les rues, le peuple de l'un et de Tautre sexe lui donnè- 
rent mille bénédictions, et faisoient des acclamations en faveur 
de nostre Compagnie. « Ce sont ces Pères à qui il appartient 
d'exhorter les patients, disoient-ils tout haut, qui ne recherchent 
point ces employs et qui ne s'y portent point, mais s'y laissent 
porter par les Supérieurs ». Et il est à noter, il ne tint pas à 
nous que ces bons Pères ne continuassent leur fonction ordi- 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 24i 



naire, mais ne voulant pas céder aux ordres du Magistrat, les 1658 

PP. Capucins furent rappelés en leurs i*" offices, auxquels ces 
bons PP. avoient depuis quelques années succédé. 

Je suis obligé de recognoistre les bienfaits de M. le i" 
Président et d'avouer qu'il estime nostre Compagnie comme 
il a fait paroistre en tout plein d'occasions. 1° Il ne nous a 
jamais éconduit en aucune de nos demandes raisonnables, 
2" Il nous a accordé un prédicateur pour prescher devant la 
Cour, dans les Augustins, celluy que nous luy avons nommé, et 
a tenu bon contre les poursuittes d*un prélat qui briguoit leur 
chaire, j"* En un procès important de la Résidence de Mar- 
seille, il fit valoir puissamment nos droits dans sa Chambre, 
et conclud par 2 louanges que nous ne méritons pas, T que 
les Jésuites estoient Tappuy de T Eglise, la source des sciences 
et la seureté des consciences, et qu'au rapport d'un seul Jésuite 
on pouvoit juger un procès, sans voir les pièces, 2" que nous 
n'estions à leur porte, que pour les honorer, non point pour 
les importuner, comme les autres Religieux. Je m'en rapporte ! 

En suitte de la bienveillance d'un des chefs de la ville, je 
parleray de celle de plusieurs autres gens de marque, envers 
nostre Compagnie. T Un des principaux Régens de l'Uni- 
versité, en l'ouverture de la S* Remy ou de la S* Luc, depuis 
quelques années, en son oraison liminaire, n'oublie point son 
panégyrique raccourcy en faveur de nos écrivains ; tantôt il 
loue Suare:^, tantôt le cardinal Bellarmin etc. 2" Depuis 5 ans 
en çà, MM. les Consuls {}) ont commandé aux bouchers, 
qu'après avoir servi les puissances, c'est-à-dire M. le Gouver- 
neur et M. le I*' Président, nous aurions le choix des moutons 
tués, f II n'est point de collège dans la province, oij les 
confesseurs et les Régents reçoivent tant de présens qu'en 
ce collège, sans compter les bougies, prunes de Brignolles, 
chapelets d'orange, eau naphe, montant dans mon triennel plus 
de joo L. 

Des présens, passons aux aumosnes en argent et or. Le 
collège a reçeu (Dieu soit loué éternellement), depuis j ans, 
2,150 L., sans parler de l'aumosne que M. de Sane (^), par 

(l) Consuls et Assesseur^ depuis le /"^ noi'. i6t,y^ jusqu'au }i oct. lôfiS : 
Messire Jacques de Forbin, seigneur de la Barben ; M. Jaques Bonnaud, avocat, 
assesseur; M. Jean de SécuiRAN. écuyer; M. Antoine Estiene, écuyer. 

'2) Jean Thibaud-Tisaty acheta en 1O05, la terre de Sannes et fut 2'"* Consul d'Aix 
en 1606. Il fit son testament en 16;^, et laissa trois tils. de Jeanne de Cormis de Beau- 
recueil, son épouse. Melchior et Jean suivirent avec distinction la carrière des armes 

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242 HISTOIRE DU COLLÈGE d\iX 

i6ç8 son industrie bienheureuse et innocente, nous a procuré chez 

ses amys, parlant avec tant de compassion de la povreté des 
PP. Jésuites, sans avoir esté embouché ny sollicité par eux, 
qui passe 5 50 L. 

Voicy Tendroit le plus propre, pour marquer les dons qu'on 
a fait à l'église, à Thonneur de Tadorable Sacrement de l'autel, 
par l'entremise du P. Faure, et encore de nostre F. Cons- 
tant tant soit peu. r Une chasuble de moire de soye 
blanche, doublée de taffetas gris de perle, ornée d'une dentelle 
d'or et d'argent, dDnnée par Mademoiselle Simiane. 2** M" de 
LoMBAR a donné un cotillon de velours à fond d'or, pour 
une chasuble et un devant d'autel ; la petitoye a esté donnée 
par aumosne de diverses personnes, j* Mad. d'ALBERT a 
donné pour honorer les S", 100 L.; Madame d'ARNAUD un 
cotillon de damas de Gènes à fleurs, pour une chasuble 
et devant d'autel, la petitoye a esté donnée par aumosne, de 
diverses personnes ; Mad. d'ALBERT y a contribué 200 L. 
4° Une chasuble de drap d'argent, doublée d*un taffetas de 
couleur de feu, avec une dentelle d'or et d'argent de la grande 
hauteur, avec son voile de la mesme couleur et estoffe; mais 
la personne qui l'a donnée ne veut pas estre nommée ; tant 
mieux, in memoria œterna erit justus. f Madame de Mer- 
RONNET mourant, donna un coutillon de satin verd pour une 
chasuble et un voile; Mad. la comtesse de Carces (^), une 
chasuble de satin couleur de feu, doublée de taffetas blanc, 
avec une petite dentelle d'argent. 6° Mad. de S* Julien, un 
cotillon de satin couleur de feu, pour une chasuble et son 
voile. 7** Mad. d'ALBERT, une chasuble de damas noir, avec le 
passement blanc et noir de soye. 8** Mad. de Meiran(^), une 

et ne se marièrent pas. Pierre épousa Françoise des Martins de Puyloubier, dont il 
eut plusieurs enfants; l'ainé Joseph, fut reçu Conseiller au Parlement en 1672. 

(1) Eléonor de Prez Montpezat, fîde du i*** lit de la duchesse de Mayenne, épousa 
en 1588, Gaspard de Pontevès, comte de Carces, Grand Sénéchal et Lieutenant de 
Roi en Provence, qui la laissa veuve en 1610. Elle lui survécut longtemps, et Roux 
Alpheran {Rues d'Aix, Tome II, p. 41), nous apprend qu'elle mourut à Aix,en io$8,dans 
son hôtel de la rue Grand Boulevard, qui appartient aujourd'hui (1800) à M. Ff.raUD- 
GiRAUD, Conseiller à la Cour de Cassation. 

Jean Comte de Carces, fils de Gaspard, mourut deux ans avant sa mère, laissant 
pour héritier son neveu, François de Simiane-Gordes, comte de Carces. par suite de 
cet héritage. A partir de Tannée 16^8, le titre de comtesse de Carces a du être porté 
par Anne d'EscouBLEAU de Sourdis, femme de François de Simiane. Ce fut elle qui 
lors du séjour de Louis xiv à Aix, en 1660, logea en son hôtel les Demoiselles 
d'honneur de la Reine. 

(2) La famille de Meyran, était divisée au milieu du XVII^ siècle, en plusieurs 
branches, mais elles résidaient plutôt à Arles ou à Marseille qu'à Aix. On peut sup- 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



chasuble de mesme estoffe. c/ Mad. d'AtBERT a donr 
pour achepter un manteau noir de velours ramage, 
chasuble. io° La mesme, un cotillon de satin violet cr 
fleurs d'or, pour chasuble et un parement d'autel, et h 
qu'elle a promise, i r La mesme, un voile de dra 
fleurs, doublé de taffetas couleur de feu, avec une h 
telle d'or et d argent. 12° M'" Revès, 41 pans de sa 
pour un pavillon ; j voiles de calice, de satin de 
couleurs, avec une bourse ; de plus, un devant d' 
taffetas blanc, avec une dentelle d'argent ; 2 carreaux 
couleur de feu ; un voile de damas verd avec se 
ly Mad'* de Blains, sans parler de la farine qu'elh 
pour les nostres ; 2 corporaux avec leurs palettes ; ur 
toile d'argent, doublé d'un taffetas couleur de. vin, t 
dentelle d'argent autour. Mad. d'AcuESSEAU (M, une chi 
• moelle d'argent grise, doublée de taffetas gris d'étin, 
dentelle d'or. 

En recueillant ce que j'ay omis, ou aux 2 années pré 
ou que je n'ay pas marqué en son lieu. 

Ce qui touche les classes. Le P. Galien s'est c 
acquité de l'office de Préfect; il a visité les classes très 
a eu un soin exquis, de Tordre et de la discipline sch 
du silence et de la modestie dans l'église, de l'as 
fréquenter les classes , d'empescher ces voyages ai 
solennelles en leur pays, et le long séjour qu'on y 
tenu la main aux confessions de chaque moys. Enfin 
observer les règles des escholiers avec vigueur sans 
Ce qui touche les debtes qu'on a acquitté au beau 
cément de Tan 1657, jusques à la somme de 2,68: 
intérests ou au principal ; de plus, une partie qu'u 
nous devoit, qui a fait banqueroute, partie délié de 2 
que M. d' André, à ses périls et dangers, nous a 
avancé, et après. Dieu a voulu qu'il est esté paj 
débiteur. 

poser que M'"* de Meyran dont il est ici question était Angélique de Di 
Aix le i*"^ ocl. 1628, fille de Joseph Duranti s"^ de Bonrecueil et de Chresi 
Elle avait épousé à Aix, le 7 janvier 1640. Jean de Meyran d'UBAYE, s»" 
de Jacques et de Marie de Gévaudan. Elle mourut à Arles, âgée c 
II avril 1716. 

(1) Antoine d'AouESSEAU, ^rand père du célèbre Chancelier, avait épousé < 
le i) mai i6j4, Anne de Givès, fille de Nicolas, s"^ de Poully. Ce n'es 
mariage qu'est descendu le Chancelier Si c'est de cette Dame que le 
voulu parler, il est à regretter qu'il n'explique pas pourquoi, étant étr 
pays, elle se trouvait en Provence. 



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244 HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 



1658 Ce qui regarde les réparations dans le collège intérieur. 

On a fait des lieux, au bout et au-dessus des grands degrés; 
item, on a fait les degrés depuis la sacristie jusques à la galerie 
qui va à la tribune; item, le four et une chambre dessus, pour 
sécher le linge en hyver ; item , à S* Alexis, on a planté 
4,400 souches qui coustent 327 L.; item en la couturerie, pour 
draps, linges, chapeaux et autres denrées, on a employé pendant 
ces 3 ans des grandes sommes ; pour des toiles mille L. ; pour 
des étoffes 1,500 L.; pour des couvertes 130 L.; pour refaire les 
matelas 100 L. 

Je conclus par Tadveu du manquement de ma mémoire. 

I** C'est que je n'ay pas mis en son lieu et temps, les prédi- 
cations du Père Bourton, dans S' Sauveur, pendant Tadvent 
et le caresme. 

2** C'est que j'ay oublié, l'octave que le P. Lambert prescha, 
dans la Magdeleine pour les morts, au commencement de mon 
Rectorat. Je dis prescha à sa mode (très bien), avec l'appro- 
bation et satisfaction de tous à son ordinaire. 

Ad majorem Dei gloriam, 

hîc cicstus artemque repono. 



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CHAPITRE DOUZIEME 



Le P. Jean Gautherot. 

//• Recteur. 



E R. P. François Bening, après avoir asî 

Toraison du Rhétoricien, le jour de S' I 

le lendemain aux harangues de nos F 

matin et soir, en qualité de Recteur, re 

charge du collège au P. Jean Gauthef 

19 d'octobre 1658, sur le soir après les litanies.- Il av< 

peu auparavant, et obtenu, du P. Laurent Grannon Pro 

de demeurer dans le collège pour y tenir un confessi( 

Tèglise, sans se mesler d'autre chose, comme il fait autî 

sa vieillesse et ses infirmités luy permettent. 

On dict que le Rhétoricien, qui fut M* Louis Bon 
une bonne pièce, qui fut universellement agréée de toi 
qui y assistèrent, et mesme de M. d'OppÈDE, i*' Pr^ 
qui trouva néantmoins, que l'orateur estoit encore bier 
pour un Régent de Rhétorique. Les autres Régens, le 
main, firent aussi de bonnes pièces. Quelques jours api 
me donna avis, que quelques Conseillers de la Ce 
Comptes, se plaignoient de ce que nos Rhétoriciens, 
deux ans en çà, avoient commencé de saluer et de < 
menter Mess, des Comptes, séparément de Mess, du 
ment, et que dans l'Université, on les salue tous ensen 
ces termes : Praesides ampUssimi, Senatores aequissimi. 

Le vingt et uniesme, le P. Gratiani qui enseignoit la L( 
se trouva mal, mais il ne laissa pas d'aller en classe c 



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246 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1658 là, et encore le lendemain qui fut le mardy, tachant de dissiper 
son mal, par son courage et par les précautions particulières 
qu'il y aportoit. Il fut néantmoins contraint de se rendre le 
mercredy, et de demeurer à Tinfirmerie. Le P. Berthet, 
Mathématicien en ce collège , suppléa pour luy, jusqu'au 4"* 
jour de novembre qu'il retourna en sa classe. 

Quelques temps après la Saint Martin , le jeune Prince de 
MouRGUES (^), Duc de Valentinois, allant veoir le Roy à Lyon, 
passa par ceste ville, et fut salué par nos escholiers par tant 
de vivats, qu'il me pria très justement de leur donner quelques 
vacquances. Un jour en fit la raison. 

1659 Le jour de la Circoncision^ il y eut un très grand concours 
de personnes de qualité, et d'autres de moindre condition, 
qui se communièrent en nostre église. Monsieur de Godeau, 
Evesque de Vance, qui avoit prêché deux ou trois jours de 
l'advent, et le jour avec les festes de Noël à S* Sauveur, 
tesmoigna beaucoup d'empressement, pour se faire inviter à 
prêcher ce jour-là en nostre église, comme il fit, ayant esté 
invité, ou plutost, s'estant luy-mesme présenté au P. Recteur 
pour le faire. Monsieur le Cardinal Grimaldi, nostre Arche- 
vesque, et Monsieur l'Evesque de Sénés, et grande quantité 
d'autres personnes de haute qualité, assistèrent à ce sermon, 
où le prédicateur prouva, qu'il falloit bien employer le temps, 
sans dire un mot de la feste ny de la Compagnie. La plupart 
des séculiers en sortirent mescontens. 

Environ ce temps-là. Madame la Présidente de la RoQUErTE(^) 
prit dessein de faire une custode, pour exposer le S' Sacre- 
ment, de très grand pris. Elle donna dès lors, grande quantité 
de diamens, qui seront appliqués à ceste ouvrage, dont une 
partie doit estre d'or et le reste d'argent. Elle fournit tout 
cela libéralement avec le reste qui sera nécessaire. Nous y 
y avons néantmoins contribué, Tancienne custode d'argent que 
nous avions, 2 ou 3 petites lampes d'argent et une croix. La 
nouvelle custode que l'on faict, pèsera environ 30 marcs en or 



(1; Louis de Grimaldi duc de Valentinois, fils d'Hercule de Grimaldi et dAurélia 
Spinola, né le 25 juillet 1642. Il succéda à son aïeul Honoré ii de Grimaldi. comme 
prince de Mourgues (Monaco), en 1662; car Honoré avait vu mourir son fils Hercule 
avant lui en 1651. Louis épousa Charlotte Catherine, fille du Maréchal de GrammO'T. 

(2) Isabeau de Foresta, fille de Gaspard de Foresta, baron de Trets, et de Claire de 
Gaspari, épousa Jean Augustin de Foresta, M*^ de la Roquette, reçu Président au 
Parlement de Provence le 19 février 16^2. Le Président de la Roquette était cousin- 
germain du père de sa femme. Il mourut sans postérité en 1064 et son épouse Julie 
de Foresta lui survécut jusqu'en 1098. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 247 



et en argent. On a fourni déjà 15 marcs d'argent, Madame 1659 

de la Roquette fournira le reste avec la façon, qui reviendra 
à un fort grand pris. 

Au commencement de ceste mesme année , nous fisn 
planter une nouvelle vigne à la grange de- S* Alexis, ( 
est celle qui est à costé du bois, avec dessein de plan 
quelques arbres fruitiers tout le long de ceste vigne, et fa 
une longue allée entre le bois et la dicte vigne. On fit ai 
abbattre quelques temps après, la vieille muraille de la cous 
rerie, qui faisoit ventre au dehors et menaçoit de tomber 1 
le toit de Taisle de Téglise, et on la rebastit de nouveau, pc 
nous mettre hors de ce danger. Ce fut aussi environ ce tem] 
là, que nous commençâmes à nourrir quelques pigeoi 
premièrement au collège, où on leur fit un petit pigeonn 
dans un petit coin de la cuisine, et puis, on en mit à la grar 
où ils ont assez bien réussi. 

Le février il y eut un grand bruit dans la ville, dont 
collège se ressentit les jours suivants ; car un nommé Barat 
Lieutenant du Prévost, ayant esté attaqué à la campagne 
blessé, le bruit courut à la ville, qu'il avoit été assassiné. S 
quoi, quelques cadets commencèrent à faire bruit, et la trou 
grossissant petit à petit, ils sonnèrent le toxin, firent gra 
bruit dans la ville et s'en alèrent au Palais, où ils enfoncère 
quelques portes, et demandèrent Monsieur le Premier Pré 
dent, à qui ils tesmoignèrent d'en vouloir. La chose alla 
avant, que quelque canaille s'estant jointe avec eux, il fal 
que Mons. le Cardinal Grimaldi vint au Palais, et condui 
avec luy en Tarchevèché, M. le Premier Président, c 
nonobstant cela, fut diverses fois menacé et en danger de 
vie, durant ce chemin du Palais à TArchevêché, où il fut te 
comme prisonnier durant 14 ou 15 jours avec des gardes. 

Le lendemain de l'emprisonnement de M. le Premier Pr 
sident, on mit un corps de garde à la place des Prêcheui 
et un nommé Taxy vint demander au P. Recteur, de la p^ 
des Consuls (^), à ce qu'il disoit, qu'on donnast congé a 

(1) Ce Barat dont il est ici question, serait-il le jeune Barate, dont le meur 
commis par le cadet d'ETiBNNE de S' Jean, donna lieu à la Journée de S* Valen 
(Mfév. 1659)? Bouche n'indique pas son nom, Pitton le qualifie écuyer d'Aix, 
Haiue L. XXI. ch. XLIII, le nomme Barate et lui donne la qualification de Li( 
tenant de Prévôt. 

{%) Consuls et assesseur^ depuis le i" noi>. 16^8, jusqu'au ji oct. i6^p: 
Messire André d'AuBE, seigneur de Roquemartine ; M. Jean Peissonel, avocat, ass 
scur; M. Alexandre de Michaelis, écuyer; M. Joseph Redortier. 



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248 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



1659 escholiers, et qu'on fermast le collège, parce que la ville esioit 
en sédition. Le P. Recteur luy ayant respondu qu'il iroit voir 
Messieurs les Consuls, pour apprendre d'eux ce qu'il devoit 
faire, et qu'au reste, les escholiers seroient toujours mieux el 
avec plus d'asseurance en classe que par la ville, soit qu'il y 
eut sédition, soit qu'il n'y en eust point; il s'en alla quérir 
2 ou 3 mousquetaires qui retournèrent avec luy au collège, 
entrèrent dans les classes, et forcèrent les Régens et les 
escholiers de sortir, et on dict qu'estant dans la rue, il leur 
fit crier vive le Roy et Monsieur Taxi. L'aprèsdinée, le P. 
Recteur en fit plainte à quelques Messieurs, et particulière- 
ment à M. le Président de Cormis, qui mit ordre, que les 
escholiers retourneroient en classe, dès le lendemain, et qu'on 
ne molesta plus le collège. 

Aux Quarante heures du carnaval, nous eûmes 3 différens 
prédicateurs, pour les trois jours ; le dimanche, ce fut le Père 
RiGORDi, prédicateur de l'église; le lundi, le P. Ramart; et 
le mardy, le P. Recteur; et ce jour-là mesme, M. le Premier 
Président fut mis en liberté par accommodement, et s'en ala 
à Lambets trouver M. de Mercœur, qui y estoit avec la 
noblesse du pais et quelques troupes qui s'y assembloient. Une 
bonne partie du Parlement s'y rendit aussi, et tous par après, 
retournèrent à la ville avec M. de Mercœur, qui y tint le 
reste de l'année quelques régimens en garnison. Messieurs 
du Parlement n'eurent point de prédicateur ce caresme-là. Le 
lendemain de Pasques, M. de Mercœur vint entendre la 
Messe en nostre église. 

Le 20 avril, le P. Bénin fut surpris d'un accident fort 
dangereux. C'est que pendant la nuict, une veine du pied 
s'ouvrit sur la cheville, d'où il jetta si grande quantité de sang, 
que les drapts et le matelas en furent percés, et un quartier 
de la chambre en fut rempli, sans que ce bon Père y prisl 
garde, jusques à ce que nostre Frère Nicolas Garnier, venant 
en sa chambre pour l'aider à s'habiller selon la coustume, il 
vit ce sang qui couloit par sa chambre, et courut à moy et 
au P. procureur, qui l'estanchat avec du pain mâché, et lui 
banda bien la jambe, et cest accident n'eut point d'autre suite. 

Le mesme jour, 20 avril, sur le soir, arrivèrent en cette 
ville. Messieurs de Vertamont et de Be20Ns(^), commissaires, 



fi) Bazin de Bezons, Intendant du Lanp:ucdoc,ei de Vertamont, Maître des Requêtes, 
furent nommés commissaires par Louis xiv, pour juger les personnes compromises 
dans les troubles survenus en Provence, en 1059. Ils siégèrent à Villencuve-lès- 



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Qoo^z 



HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 



pour informer des excès qui s'estoient commis pend 
troubles et la détention de M. le Premier Président. 
Recteur les alla veoir au Palais , où ils furent logés 
lendemain, M. de Bezons vint entendre la messe au ( 
vit la congrégation des Messieurs, et s'entretint envin 
heure avec le P. Recteur. M. de Vertamont y vînt i 
jour d'après. 

Le P. Mercier, Métaphysicien, fut malade envi 
temps-là, et parce que l'air et les chaleurs de ce pais 
estoient pas favorables. 11 obtint permission du Prc 
d'aller faire un voyage en son pays, et de finir son c( 
mois environ devant l'ordinaire. Il n'eut point d'escholi 
soustinssent thèses à la fin du cours. Les Logicien! 
toute Tannée de très-grandes insolences au collège e1 
culièrement à leur Régent qui estoit le P. Gratiani, 
excès alla si avant, qu'on fut contraint de s'adresser au 
ment qui lâcha prise de corps contre 4 ou «;, et les 
petit à petit commencèrent à devenir un peu plus s 
plus traitables, mais ils ne laissèrent pas de temps en 
de faire quelques insolences jusques à la fin de leur ce 

Le 7"" jour de juillet, nous paiâmes à M. Mérind 
capital de 1,200 L., qui luy estoit deu. Nous nous servi 
800 L. que M. le Président de Réoville nous fit 
en déduction du légat que feu son oncle nous a faict, 
intértests qui nous sont deus depuis qu'on a transigé av( 
C'est l'unique somme qu'on a peu tirer de luy, depuis 
légat nous a esté faict. Nous fismes faire, cette mesme 
une grande cuve pour mettre la vendange, parce que l'ai 
ne suffisoît pas. 

Geste mesme année, sur la fin du mois d'aoust, le P. 1 
tomba malade d'une fièvre continue, qui dans peu d( 
le réduisit à l'extrémité, et tous les médecins durant 9 
jours désespérèrent de sa santé; mais enfin, il pleut à I 
la lui rendre, et le premier jour d'octobre, il se tro 
estât de pouvoir dire la messe et recevoir les vœux 
Jean Bertet, qui fit ce jour-là sa profession des quatre 
Le collège a receu ceste année plus de 1,100 L. , d'à 
en argent, sans compter celles qu'on a fait en ornemen 



Avignon, où entourés de quelques gradués languedociens, ils rendirent c 
très rigoureux, qui heureusement ne furent rendus que par défaut, car la pi 
accusés avaient pris la fuite. 



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250 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 

1659 la sacristie, et en autres présens propres à manger qui ont 
esté en assez grand nombre. 

1660 Nous eusmes ceste année deux prédicateurs Jésuites dans la 
ville, avec celuy de nostre église qui faisoit le troisième. 
Le P. AuBERT, qui avoit déjà prêché Tadvent à S'-Made- 
lainCy continua d y prêcher encore le quaresme, avec appro- 
bation de ceux qui Touirent. Le P. Lambert prêcha le 
quaresme en Téglise des Pères Carmes, devant Messieurs du 
Parlement, où il eut beaucoup d'auditeurs et moins d'auditrices, 
parce que les femmes Testimoient trop savant pour elles. Le 
P. GuEVARRE prêcha en nostre église la mesme année. 

Le 16 janvier, veille de S* Anthoine, le Roy avec M. 
d'ANJOu (^), la Reine Mère (^), le Cardinal MAZARiwet plusieurs 
Grands Seigneurs, arrivèrent en cette ville. Le Roy fut logé 
en la maison de M. de Chateaurenard (^)et de M. le Prési- 
dent de Raguse. m. le Cardinal en celle de M. le 1" Prési- 
dent, et la Reine et M. d'ANjou en Tarchevêché. Le P. 
Annat, confesseur du Roy, logea au collège avec son compa- 
gnon, et y demeura tout le temps que le Roy séjourna en 
Provence, c'est-à-dire jusque sur la fin du mois de mars. 
Deux jours après l'arrivée du Roy (^), le P. Annat me fit 



(1) Philippe de France duc d'ANjou, frère de Louis xiv. Il ne prit le litre de duc 
d'ORLÉANS qu'après la mort de son oncle Gaston, frère de Louis xiii. Gaston d"OR- 
LÉANS, mourut à Blois, le 2 fév. 1600, pendant que le Roi était à Aix. 

(2) Anne d'AuxRicHB, Reine de France, Mère de Louis xiv. 

(3) Jean François d'AiMAR, baron de Chateaurlnard, fils de François d'AiMAR et 
d'Anne d'ALBi, fut reçu Conseiller au Parlement de Provence, le 19 juin lôj;. Il 
avait fait reconstruire le bel hôtel, situé rue de la grande horloge, dans lequel le 
Bureau de bienfaisance est installé depuis quelques années, et il eut l'honneur d'y 
loger le Roi Louis xiv, quand il vint à Aix en lôôo. Les belles peintures à la fresque 
de Daret qui décorent l'escalier de cet hôtel, subsistent encore dans un assez bon 
état de conservation. Jean François d'AiMAR avait épousé Anne de Grolés de Vir- 

VILLE. 

(4) Nous apprenons par le registre du Conseil j^énéral de la Communauté de S* 
Maximin, que les raisins de S' Maximin eurent à l'occasion du passage du Roi à Aix. 
les honneurs de la table royale. 

Les Consuls de S* Maximin avaient en effet été informés à l'avance, de la prochaine 
visite du Roi. Aussi au Conseil général du li janvier, assemblé par le premier Consul 
Pierre de Richbri, en absence du viguier, il en est fait mention. 

Dans cette séance, les Consuls communiquèrent aussi une lettre du secrétaire de 
Mrr le Gouverneur, par laquelle il leur est annoncé, que le roi doit arriver en la ville 
d'Aix. « Comme on sait, ajoutèrent-ils, qu'à S» Maximin il y a de très beaux raisins, 
« par ainsi prie lesdils sieurs Consuls de leur en faire, tenir pour régaller la Cour, 
« de sorte que, pour obliger Monseigneur le Gouverneur, les dits sieurs Consuls 
« auroient fait présent, de deux charges de raisins les plus beaux que leur a esté 
A possible de treuver, s'eslant le sieur Consul Rey pourté en la ville d'Aix pour 
« offrir ledit présent à Monseigneur le Gouverneur, qui les a reçu fort agréablement. » 

Le conseil approuva ce qui avoit esté fait et conclut que le trésorier Honoré 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 251 

l'honneur de me conduire à sa Majesté, à la Reine-Mère et 1660 

à M. d'Awjou, à qui je présenté mes très humbles respecs 
et les prières de nostre collège, qu'ils receurent avec de grands 
tesmoignages de bonté et d'agréement. 

Le dimanche de la Septuagésime , le Roy vint entendre la 
messe en nostre église. Tous nos Pères y parurent avec le 
manteau, rangés des deux costés de Téglise, depuis la porte 
jusqu'au prierdieu qu'on luy avoit préparé. J'estois en teste, 
en surplis, avec le P. Préfect de l'église, et comme le Roy 
arriva, je lui présenté, premièrement Teau bénite, puis le 
crucifix pour le baiser, comme il fit, se mettant à genoux sur 
un quarreau, après quoy je luy fis un petit compliment, et 
puis il s'avança vers son prierdieu, où le capitaine de ses 
gardes me fit suivre. La messe achevée, j'accompagne le Roy 
jusques à la porte de Téglise et le remercié de l'honneur que 
sa Majesté nous avoit fait. Je ne dois pas icy omettre la piété 
du Roy, qui demeura à genoux pendant toute la messe, avec 
un respect, une modestie, une dévotion exemplaire. 

Le jour de la Purification de la S*' Vierge, il vint encore 
se communier en nostre église. 11 entendit ce jour-là, deux 
messes de suite, selon sa coustume, la première avant que se 
communier, et la seconde après s'estre communié. Sa dévotion 
fut telle, pendant Tune et l'autre, que plusieurs personnes de 
qualité qui le virent, n'en pouvoient parler par après, qu'avec 
admiration de sa piété et avec quelques larmes de joie, A 
la fin de la seconde messe, sa Majesté entra dans nostre 
sacristie, où M. le Conseiller de S'* Croix (*) lui présenta 
une sienne petite fille, âgée d'environ 4 ans, malade des 
écrouelles. Le Roy la toucha et je la vis 9 ou 10 jours après 
pleinement guérie (^j. Messieurs ses parents Tayant fait venir 

Laugier se rembourserait de la somme de 25 livres 12 s., par luy fournie, pour le prix 
de ces raisins, et leur envoi à M. le Gouverneur. 

Voir les détails aux comptes trésoraircs, art. III, savoir : 14 livres 8 sols, pour les 
raisins ; 7 livres 4 sols, pour les caisses destinées à les renfermer, et 4 livres pour le 
port. 

Par la même occasion, il fut fait un présent au secrétaire de M. le Gouverneur 
pour ménager ses bonnes grâces, et le Conseil délibère que le trésorier moderne se 
remboursera de 22 livres à ce sujet (Rostan. Visite du roi Louis XIV à S*-Maximin, 
p. 7). 

(1) André de Forbin s*^ de la Farc et de S'« Croix, fils de Jean François de Forbin 
et de Lucrèce de Barthélémy, fut reçu Conseiller à la Cour des Comptes le 19 oct. 
I0J2. Il était marié à Catherine de Skguiran, fille d Henri de Séguiran i**^ Président 
à la Cour des Comptes et de Suzanne de Fabri-Calas. Il fut remplacé en son office, 
au mois de décembre 10^9, par Claude de Mathieu, s*" de Fuveau. 

'2) Le deuxième jour de février, fête de la Purification de la S'* Vierge, le Roi 
entendit deux messes en l'église des Pères Jésuites; à la première il se communia, et 



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252 HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 



1660 en leur chambre, pour me la faire voir. 11 faut aussi remarquer 

que ce jour-là, après la communion du Roy, comme le prestre 
commençoit la seconde messe que sa Majesté entendit, M. le 
Comte de Brienne (^) vint en nostre église, avec un courrier 
frechement arrivé d'Espagne, qui portoit la ratification de la 
paix signée du Roy d'Espagne, dans un cayer de velain avec 
le sceau, les rubans, etc. Ce Comte qui portoit cela en sa 
main, le montra au Roy avec joye et luy dict : « Sire, voicy la 
ratification du traité de paix signée par le Roy d'Espagne. » 
Mais le Roy ne lui répondit que par une inclination de teste, 
et continua ses dévotions à son oratoire, jusques à la fin de 
la messe, sans tesmoigner aucun signe de joie ou esgarement 
d'esprit. 

Le lendemain, troisième février, on publie solennellement la 
paix, devant la maison du Roy, et sur les j ou 4 heures, après 
le disné, on chanta le- Te-Deum en l'Église de S'-Sauveur. 
Tous les corps de justice et les Magistrats y assistèrent et 
furent logés chacun en leur place par M. de Saintot, maistre 
des cérémonies. Le Roy y vint précédé de ses trompettes qui 
fanfarent majestueusement, jusques à son prierdieu, la Reine, M. 
d' Anjou, Mademoiselle ('), M. de Conti et plusieurs autres 

à l'autre il fii ses actions de grÂce, et sortant de Téglise pour entrer en la sacristie, 
il toucha une jeune Damoisellc HWe de très grande condition de la ville d'Aix, qui 
fut présentée par son père à Sa Majesté pour la toucher, laquelle fut à l'instani 
miraculeusement guérie, d'autant qu'elle estoit atteinte de ce mal depuis environ deux 
ans. et avoit esté percée deux fois par les chirurgiens, ayant des empUtrcs et un 
cautère avec une glande sous le menton : et néantmoins le lendemain cette glande 
fut dissipée, et toutes les playes, après avoir osté les emplâtres, furent aussi-tôi 
fermées et consolidées, sans que jamais cette maladie soit revenue. J'ay puis veu 
trois ans après cette même /îlle, qui est parfaitement bien guérie, et ay voulu parler 
à son père, qui pour la gloire de Dieu, et pour celle de sa Majesté, croit asseuré- 
ment, comme font aussi tous les gens d'esprit et de science qu'il ne s'est jamais fait 
en cette sorte de guérison, un miracle plus évident. (Bouche. Hist. de Prov. L. X. 
t. Il, p. 10^0) 

On ne lira pas sans intérêt le passage d'un petit ouvrage rare, que nous a com- 
muniqué M. le M'» de Lagoy. Cet ouvrage a pour litre : La Guérison des EcrcudUs. 
Le passage que nous donnons aux pièces justificatives sous n<» 28, est le chapitre V de 
ce petit ouvrage. Le sommaire de ce chapitre est ainsi conçu. Par quelle vertu Us 
Roxs de France guérissent les écrouelles / Et depuis quand ? 

(1) Henri Auguste de Loménie, comte de Bribnne, Ministre d'Etat sous Louis xiv. 

(2) Anne-Marie-Louise, Duchesse d'Orléans connue sous le nom de Mademoiselle. 
Cette princesse, qui occupe une grande place dans l'histoire de la cour de Louis xiv. 
naquit le 29 mai 1627, de Gaston d'ORLEANS et de Marie de Bourbon, héritière de la 
Maison de Montpensier. Elle hérita de quelques-uns des défauts de son père : les 
caprices, le goût de l'intrigue ; mais elle montra dans certaines circonstances une 
fermeté, une résolution, dont il ne lui avait pas donné l'exemple. M"* de Mont- 
pensier passa la première moitié de sa vie à faire des projets de mariage et l'autre 
moitié à se repentir du mariage qu'elle avait contracté. On lui proposa tour à tour 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 253 



Prince et Grands Seigneurs de la Cour. Monseign. le Cardinal i()6o 

Mazarin y assista aussi, avec plusieurs autres Prélats, Arche- 
vesques, Evesques, Abbés et autres personnes ecclésiastiques 
de grande condition, qui estoient à la Cour. Monsieur le Nonce 
du Pape (^) y vint aussi, mais comme il y voulu paroistre en 
rochet, il y eut quelque contestation là-dessus, et Ton dit, que 
ce n'estoit pas la coustume des Nonces en France, de paroistre 
de la sorte ; sur quoi, il s'en retourna en son carosse, sans 
assister à la cérémonie. Les feux de joie se firent le soir par 
toute la ville, et pendant le jour, on fit couler en quelques 
endroits de la ville, des fontaines de vin. 

M. le Prince de Condé (^) arriva quelques jours après en 
ceste ville, M. le Prince de Cgnti son frère lui alla au devant 
jusqu'à Orgon. On lui avoit préparé pour logis en cette ville 
la maison de M. Séguiran, i" Président au Comte, mais M. le 
Cardinal Mazarin qu'il alla saluer avant que se rendre en son 
logis, le retint dans le sien, qui estoit celui de M. d'OppÈoE, 
où il lui quitta un appartement, et après quelques conférences 
qu'ils eurent ensemble, il le conduisit auprès du Roy. Le len- 
demain de l'arrivée de ce Prince, j*eus l'honneur de luy faire 
la révérence en sa sale avec le P. Annat. Pendant le temps 
que M. le Prince de Conti demeura en ceste ville, il eut la 
bonté de venir fort souvent au collège, et d'y passer les après 
dinées entières, avec moy et avec d'autres de nos Pères. Il 
assista au sermon du P. Billet qui prêcha le lundy du carna- 
val, comme aussi M. le Nonce et quelques autres personnes 
de qualité. M. le Nonce venoit quasi tous les jours dire la 

Louis xiv, enfant^Louis de Bourbon, comte de Soissons, le cardinal infant d'Espagne, 
frère d'ANNE d'AuTRiCHB et Gouverneur des Pays-Bas, le roi d'Espagne Philippe iv, 
le Prince de Gallbs. depuis Charles u, I'Empkreur lui-même, puis Tarchiduc Léopold 
frère de TEmpereur, le duc de Savoie, le Prince de Condé, le fils de ce prince 
Alphonse Henri vi, roi de Portugal, etc. Toutes ces alliances manquèrent, soit par 
la faute de M"* de Montpbnsier et sa coopération dans la Fronde, soit par la faute 
de Mazarin qui la haïssait. 

M"* de Montpensier passa ses dernières années dans la dévotion. C'est à cette 
époque qu'elle composa un petit volume de Réflexions sur le /*•■ Uure de l'Imitation, 
Ses Mémoires, au milieu de beaucoup de minuties, contiennent quelques renseigne- 
ments précieux. Ils forment les tomes 40, 41 et 42 des Mémoires pour servir à l'histoire 
de France, publiés par Petitot. L'édition de 1646, a 8 vol. in- 12, le tome V renferme 
quelques détails sur le voyage de Louis XIV en Provence. M"« de Montpbnsier 
mourut en i6o|, faisant pour 200,000 livres de legs pieux. Son corps fut porté à S* 
Denis et son cœur au Val-de-GrAce. On a placé en 1849 sa statue dans le jardin du 
Luxembourg qui fut sa propriété {Encyclopédie du XIX* siècle. Verbo, Montpensier) 

(1) PicoLOMiNi, Archevêque de Césarée. 

(2) C'est le Grand Condé qui arriva à Aix le 27 janv. 1660, pour se réconcilier 
avec Louis xiv. Le Prince de Conti, son frère, y était déjà avec la Cour. 



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254 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



lOôo Messe en notre église. M. le Duc Danville (^) y venoit aussi, 

tous les jours, pour entendre celle de son aumônier qu'il ame- 
noit avec luy. Ce Seigneur pendant son séjour en ceste ville 
nous a tesmoigné une affection tout à fait cordiale. Il prit luy- 
mesme la peine de nne porter la nouvelle de la mort de M. le 
Duc d'ORLÉANs (*) et de me dire, qu'il falloit aler veoir des pre- 
miers Mademoiselle, et luy en tesmoigner nostre desplaisir. 

Pendant que le Roy séjourna en Provence, nous eusmes 
plusieurs des nostres qui vindrent en ce collège, pour diverses 
affaires qu'ils avôient à traitter à la Cour, ou pour d'autres 
raisons. Le P. Annat et son compagnon ; le P. Petigot et 
son compagnon, qui vint d'Alsace, par Tordre de Mons. le 
Cardinal Mazarin, pour accompagner et demeurer en Cour 
avec Mons. Mancini, son nepveu; le P. Le Jeune pour les 
affaires du Canada; le P. de Blot, Recteur d'Arles; le P. 
de Beausse, Recteur d'Avignon, avec le P. Labbé, mais ces 
. derniers icy eurent bien tost achevé leurs affaires, et ne demeu- 
rèrent au collège que deux ou trois jours. Le P. Baile, 
Visiteur, vint en ce mesme temps pour faire sa visite, et y 
demeura trois sepmaines. On le logea proche du P. Annat, 
dans l'ancienne chambre des Recteurs, sur l'antisacristie où le 
P. Ramart estoit logé pour lors, et la chapelle domestique 
qui est à la porte de ceste chambre luy pouvoit servir de 
salette, pour recevoir ceux qui le vénoient veoir. Le Roy partit 
d'Aix, sur le milieu de la sepmaine, de Passione, ala coucher à 
Salon, puis à Arles et de là en Avignon, oii il passa la semaine 
saincte et les festes de Pasques, et puis reprit le chemin de 
Tolose. 

Ceste mesme année, on fit planter un quartier de vigne, au 
pied du bois qui est à la grange de S* Alexis, pour continuer 
celle qu'on avoit déjà commencée depuis le chemin montant 
vers le bois, mais la terre se trouva si dure et le sol si 
empierré, qu'on y avançoit guères plus que si on eust travaillé 
dans la roche. Les pics dont on se servoit s'émoussoient de 
quart d'heure en quart d'heure, et les ouvriers furent contraints 
de laisser quelques quartiers où ils ne pouvoient quasi rien 



(1) Le titre de Duc de Danvillk avait appartenu aux Montmorency. Il avait été 
porté par Henri de Montmorency connétable de France, frère de fautre Henri qui 
fut décapité à Toulouse en ioj2. Après cet événement, les biens de cette branche des 
Montmorency passèrent dans la maison de Condé, qui hérita peut-être aussi du titre 
de Duc de Danville, 

(2) Gaston d'ORLÉANS, oncle de Louis xiv, et Père de M"*' de Montpensier. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 255 

avancer, pour travailler en quelques autres endroits, où la 1^60 

terre estoit un peu plus facile et moins empierrée, mais elle 
ne laissoit pas d'estre bien dure. Cela fut cause, que Tannée 
après on ne continua pas d'y planter des vignes, mais on y 
fit planter cent ou six vingts pieds d'oliviers, avec un grand 
soin, et la saison ayant esté assez favorable pour les pluies, 
tous ces oliviers ont bien réussi, aussi bien que les autres 
arbres fruitiers qu'on planta le long de la grande alée, qui est 
proche du bosquet. 

On tint à Lyon, au mois de septembre, la Congrégation 
Provinciale, à raison de la Générale, qui estoit indite à Rome 
pour le 8 mai de Tannée 1661. Le P. Recteur incommodé 
depuis environ 15 jours, se mit néantmoins en chemin, après 
la Nativité de Notre-Dame, pour y aller, mais dès le i*' jour 
de son voyage, il eut de si rudes accès d'une fièvre double 
tierce, que tout ce qu'il peut faire, ce fut de se rendre le 
lendemain à Avignon, où il demeura malade environ 1 5 jours, 
et après s'en retourna par eau jusques à Arles, et par le 
carosse à Aix, où il languit encore durant 3 ou 4 mois. Les 
vendanges ont esté fort petites, cette année ycy, et non obstant 
les raisins qu'on achepta, comme on avoit coustume de faire, 
pour les mesler avec les nostres, le vin nous a manqué depuis 
le commencement du mois de juin. 

La custode, qui estoit depuis plus d'un an et demy, entre 
les mains de M. Agard, orfèvre d'Arles, fut enfin achevée au 
mois d'octobre, et apportée à Aix sur la fin de ce mois là. 
Une partie des pierreries, qui avoient esté données pour 
l'embellissement n'y furent pas employées, parce que la personne 
qui les avoit données les retira, soubs prétexte d'en avoir 
besoin alieurs. Elle ne laissa pas de payer à Torfèvre la façon 
de l'ouvrage et le surplus de l'argent qu'il fournit, pour la 
matière de la custode. Elle revient environ à dix mille livres, 
elle fut néantmoins estimée par plusieurs qui la virent, jusques 
à douze et quinze mille livres (*). On l'exposa en nostre église 
pour la première fois, le jour de S* François Xavier, à l'honneur 
duquel, Mons. Gaudeau, Evesque de Vance, se présenta luy- 
mesme pour prêcher en nostre église, et le fit avec grande 
démonstration d'amour et de respec pour ce saint, et d'estime 

(1) On trouve aux archives des Bouches-du-Rhône (Liasse C. $70), une note de 
M. MoURBT, I* secrétaire de M. de Monclar, Procureur au Parlement à Aix, en 
1765, concernant un ostensoir, sans doute la custode dont il s'agit ici. Nous donnons 
cette note aux pièces justificatives sous le n^ 29. 



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250 HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



i()6o pour la CorApagnie. 11 ne faut pas omettre, que durant le 

séjour de six ou sept mois qu'il fit en ceste ville, en qualité 
d'administrateur de Tarchevesché, en Tabsence de Mons. le 
Cardinal Grimaldi, il a cherché avec quelque empressement 
les occasions de nous faire connoistre, qu'il avoit de Tamour, 
de la confiance et de Testime pour nostre Compagnie. 11 
composa en ce temps là, une ode française à Thonneur de 
S* Xavier, qu'il me leut luy-mesme en son cabinet, et me dict 
qu'il la vouloit faire imprimer, après qu'il l'auroit reveue et 
considérée à loisir. Il se présenta aussi pour prescher le lundy 
de nos 40 heures du carnaval, parce qu'il estoit occupé ailleurs 
le dimanche et le mardy, mais je le remercié, parce que je 
n'estimé pas, que ce jour-là fut assez honorable pour luy. 

1661 Les aumosnes, qu'on fit en argent, l'année passée au collège, 

reviennent à 800 livres ou environ, outre celles qui se firent 
à la sacristie, de quelques chasubles et d'une aube de toile 
fort fine, avec des dentelles fort chères, qui cousta 40 escus 
à celle qui la fit faire. Une autre personne donna 16 linceuls 
tout neufs, par aumosne, au collège, mais elle ne veut pas 
estre nommée. On peut adjouter à cela d'autres présens, de 
sel, de viande, de volailles et autres choses semblables qui 
servent à la cuisine et au réfectoire. 

La terre ayant esté trouvée si dure et si empierrée, au 
dessous du bois de la grange de S' Alexis, au lieu de conti- 
nuer à planter une vigne, au petit quartier qui restoit jusques 
au bois, on fit planter des oliviers, et le printemps ayant esté 
favorable et fort pluvieux, ils reprirent tous aussi bien que les 
petits arbres fruitiers qu'on planta tout le long de la vigne, qui 
est à costé du bois. Ceste année, un débiteur du prieuré de 
Tourves, ayant fait banqueroute, nous fusmes colloques à notre 
rang, sur quelques terres qu'il possédoit, et qui sont spécifiées 
en la collocation. On signifia aussi aux Consuls de Tourves 
et à la communauté, que nous estions forains, et que nous 
prétendions d'estre traités comme tels, et n'estre compris en 
leurs taille que comme les autres forains. 

L. P. Procureur ayant receu depuis 5 ou 6 ans, en diverses 
petites sommes, d'une, de deux et de trois pistoUes, d'un 
garçon cordonnier nommé Petitjean, une somme assez notable 
qui montoit jusques à 7 ou 8 cent livres, dont il s'estoit obligé, 
depuis l'année passée, de paier les intérests, il fut obligé de 
rendre la somme totale de ce dépost, le 16 may de cette 



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HISTOIRE DU COLLEGE d'aIX 257 



présente année, et parce quMl avoit employé cet argent à 1661 

mesure qu'il le recevoit, il lut contraint de l'emprunter pour 
le rendre. On achepta environ ce temps là, deux jeunes mulets 
qu'on fit venir de Briançon, pour servir en la grang< 
S' Alexis et ailleurs, ils coustèrent ]o escus la pièce, mai 
en vaudront bien davantage dans fort peu de temps. 

Le P. Degourdan prescha Toctave du S' Sacrement 
l'église de S' Sauveur, et fut oui avec Tagrément et Tappr 
tien de plusieurs personnes. On remarqua que son audi 
fut plus nombreux qu'à l'ordinaire, soit que son mérite p 
culier en fust cause, soit que le jubilé, qui se gagna ei 
temps là, y contribuast aussi quelque chose. Car le jour c 
S" Trinité, on ouvrit en ceste ville le jubilé que le ] 
avait concédé, pour implorer le secours du Ciel contre 
armes des Turcs, qui menaçoient la chrétienté. Ce jubilé 
I ^ jours, et nos escholiers à ceste occasion firent deux 
cessions ; Tune de pénitens, la première semaine, où ils pan 
si modestes et si mortifiés, alans par la ville, qu'ils tirèrei 
larmes des yeux de plusieurs personnes, et quelques séci 
me prièrent de permettre qu'on la refit encore une 
quoique les autres, entre lesquels on compte les Pèrei 
rOratoire, ne l'approuvassent pas ; la seconde se fit la sec 
semaine de jubilé, où nos escholiers représentèrent les com 
les victoires et le triomphe de l'Eglise, qui fut agréé uni ve 
lement de toute la ville, et le bruit en courut par tou 
province. 11 y eut un si grand empressement pour la v 
que quelques personnes de condition se saisirent de la c 
pour la faire passer par des rues où on l'attendoit, mais d'à 
d'égale condition s'y opposèrent. 

Le dessein et l'ordre de ceste procession (^) estoil 
L'Eglise militante marchoit en teste, accompagnée d'une tr 
d'anges et précédée par un guidon qui portoit pour de 
a Splendet adorandis superunique hoininumque trophœis ». Suiv 
immédiatement après, les pénitents avec leur croix et 
devise, « Foelices errore suo ». David en estoit le capitain 
c'est en leurs personnes que l'Eglise paroissoit encore milit 
Mais elle parut après, victorieuse des démons, dans une 
compagnie d'anges, dont S' Michel estoit le chef, et le gi 
qui les précédoit portoit pour devise, « Quis ut Deus^ » 

(1) Voyez aux pièces justificatives n'^ ^'o l'ordre et le nom des personna 
cette procession. 



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258 HISTOIRE DU COLLÈGE DAIX 

1661 parut après, victorieuse du monde, dans une longue troupe des 

plus illustres anachorètes, dont S' Paul hermite estoit le chef, 
et le guidon qui les précédoit portoit pour devise. « Fuga 
quoque vincitur hostis ». Les vierges de Tun et l'autre sexe la 
faisoient voir victorieuse de son troisième ennemy, qui est la 
chair ; le capitaine estoit Saint Joseph, et le guidon qui le 
précédoit portoit pour devise, « Sunt et sine sanguine palmae ». 
Les martyrs, divisés en deux escadrons, la faisoient considérer 
comme victorieuse de Tidolatrie; S'-Estienne estoit en teste du 
i" escadron et le guidon qui aloit devant luy, avoit pour 
devise, « Mereamur funere vitam ». Le second escadron estoit 
des femmes et des filles martyrs, et la devise de leur guidon 
estoit, « Et nobis est mascula virtus ». La cinquième troupe 
estoit de ceux qui l'ont rendue victorieuse de Thérésie, S' Denis 
en teste, et on lisoit en leur guidon, « Calamo non ense triumphani ». 
La sixième troupe la représentoit victorieuse du mahométisme, 
le Pape Urbain II en teste, avec les autres Seigneurs croi<;és: 
leur guidon avoit une croix avec ces mots, EN TOVTU MXA 
La septième troupe qui avoit S* Paul en teste, la faisoit paruistre 
victorieuse de toutes les nations de la terre qui suivoient en 
belle ordre. Leur capitaine, et leur guidon portoit pour devise, 
« Nostra est Victoria vinci ». A la fin, elle paraissoit victorieuse 
de toutes les grandenrs de la terre, dans une grande troupe 
d'Empereurs et d'Impératrices, de Rois et de Reines, et autres 
Princes et Seigneurs qui ont abandonné leurs grandeurs, avec 
cette devise en leur guidon, « Fruimur meliore corona ». Après 
quoi, suivoit un nouvel ordre, qui la représentoit triomphante, 
soubs un dais soutenu par 4 héros françois, qui ont plus 
contribué à sa gloire ; Charles-MACNE, Louis-le-DÉBONNAiRE, 
S* Louis et Charles d'ANJOu. Suivoient ses ennemis vaincus et 
enchainés, selon l'ordre de ses victoires. Et le guidon qui 
précédoit ce triomphe avoit pour devise, « Sequitur post bella 
triumphus ». Les prestres en surplis fermoient toute ceste pro- 
cession. Quatre trompettes marchoient en teste de la procession 
et deux bandes de violons en deux divers endrois. 

Le 30 juin, les archers allèrent dans une maison proche du 
collège, pour y prendre et mener en prison quelques frippons, 
qui le jours auparavant et beaucoup d'autres fois, avoient jette 
des pierres dans le collège. Les coupables se cachèrent ou 
firent les malades, et je crois qu'on fit semblant de ne pas les 
connoistre, et nous nous contentasmes de leur avoir fait peur, 
espérant qu'ils seroient plus sages à l'advenir. Le 6 juillet, le 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 259 



P. AuBERT s'en alla avec M. et M™* de Vergons, à la cam- 1661 

pagne, en une grange, et le F. Nicolas Constant, fut 
compagnon. 11 estoit venu un mois auparavant de Carp 
iras, pour respirer un air plus bénin et plus agréable en 
pays natal. En ce mesme temps, M. le Grand Vicaire re^ 
ordre du Roy, de faire signer à toutes les Religieuses, 
condamnation des cinq propositions de Jansénius. Tous 
prestres et Régens de collège la signèrent. 11 y eut aussi 
thèses publiques de Philosohie, oij par un abus introduit de] 
longtemps, on donna des vaquances aux escholiers, qui 
sont fort préjudiciables. On a reçu d'aumosne, jo linceuls 
chasubles et un surplis que Ton estime 40 escus. 



Vice Rcelorat du P. Goût allier 



Le P. Recteur fut obligé de faire un voyage jusques à L 
gres, dont le R. P. Provincial luy escrivit de Rome, et 
donna permission de nommer Vice- Recteur en sa place, c( 
qu'il jugeroit propre pour cela. 11 nomma le P. Goutalli 
qui estoit pour lors ministre au collège. Deux mois ent 
s'escoulèrent en ce voyage, et son triennat se trouva ache 
lorsqu'à son retour il arriva à Toulon. Mais le P. Vica 
Général n'ayant pas encore pourvu à son successeur, non j 
qu'aux autres qui avoient achevé leur rectorat, il fut ob 
de retourner à Aix, et environ 1 5 jours après qu'il y fut ( 
vé, il receut ordre de se disposer à enseigner à Lyoi 
Théologie, en la place du P. Billod décédé, et de nommei 
Vice-Recteur en sa place, jusques à ce que le R. P. Gén 
eut nommé son successeur, ce qu'il fit, et partit d'Aix le 
novembre à ce dessein 



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(g.î^-p', c (gi -h (c iJ ■ ^^ , c .9j -t- .6^ a^^ (?'?. ^ .§ ^j -K S' 



CHAPITRE TREIZIEME 



Le Père Laurent Grannon 



12* Recteur 



1662 E 20 Janvier 1662, le P. Laurent Grannon, 

après s'estre déposé le jour précédent, dans 
le collège à Avignon, de la charge de Pro- 
vincial, est arrivé en ceste ville et est entré 
en exercice de la charge de Recteur du 
collège, en vertu des patentes à luy adressées, par le R. Père 
Vicaire-Général, en datte du 28 oct. 1661. 

Le 22 de janv., les Messieurs les Consuls (M de la ville et 
Procureurs du pais, scavoir M. le Marquis de Buous, M. de 
Vergon, le fils. Assesseur, M. de S' Julien, Consul, M.Arnoux, 
Consul, ont donné mille livres au collège, en suite de la demande 
faite par M. le Baron d'OppÈoE, Premier Président au Bureau 
de Bourbon, le 1 5 janvier 1662. 

Le 2 j de janvier, nous avons traicté nos officiers au réfec- 
toire, après le disné de la i" et 2" table de la communauté. 
2 Février, Le 2 février, M. Aillaud, le Théologal, est décédé. 
Il nous a laissé sa bibliothèque, nous Tavons reçeue le ô''""', elle 
est prisée 500 L. J'ay fait dire céans pour son âme, 3 messes 
à chasque prestre, et 2 messes (lisez chapelets , car les frères 
récitent le chapelet) à chasque frère. Item, j'ay demandé 



(1) Consuls et Assesseur, depuis le i**" noi^. iô6i, jusqu'au 5/ oct. 1662: 

Messire Louis de Pontevès, M'* de Buous; M. Honoré de Rabasse, seigneur de 

Vergons, assesseur; M. André de BalOiN, seigneur de S' Julien; M. Pierre Arnol'X, 

avocat. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 261 



diverses messes pour luy à S' Jeome ('), à S" Croix, à S' Joseph, 1662 

au noviciat et au collège d'Avignon. 

5 février. Nous avons fait notre rénovation! e 5 

5 février, /" dimanche de Caresnie, On a commenc 
la doctrine chestienne et instruire le peuple aux 
ques, scavoir : deux au bourg neuf, et un à The 
à l'hôpital des malades , outre la doctrine 
commencé d'enseigner à féglise de la Charité, 
continué ; item, il y a un Père qui fait toutes leî 
ou une fois la semène, une doctrine ou instruction 
aux filles débauchées ; item on fait la doctrine chn 
l'église du S' Esprit, 

}o ma/. On a commencé une congrégation de jei 
soubs le titre de La Glorieuse Assomption de N. 
a reçu la patente de nostre Père, et promulgué 
suivant. 

4 Juin. Le P. Jacques Faure est allé à la Te 
pour recevoir à la religion catholique et ouyr en 
un vieillard de 80 ans, avec 4 de ses enfants, s 
fille et 5 garçons, ce qu'il fit le lendemain publiqi 
grande édification. Ce sont des personnes d'hones 

// Juin. On a commencé une espèce de conj 
jeunes enfants de la ville, depuis l'aage de 10 ans, 
qu'ils puissent entrer dans la congrégation form( 
jeunes artisans, ou des escholiers. Le but est de les I 
en la doctrine chrestienne. 

12 juillet. On a exhibé une tragédie de S' Pro 
dédiée à MM. les Consuls de la ville d'Aix, M* Elzéa 
Tavoit composée. Elle réussit bien, elle fut exhibée 
de paulme voisin, ce, faute d'un lieu capable. 

ji juillet, jour de S' Ignace. M. Bonfils, T 
Digne, a presché dans nostre église, et fait l'éloge 
et de la Compagnie. M. le Duc de Mercœur 
messe et la prédication. 



(1) N'ous avons trouvé dans les archives de l'archevêché, une 
donnent à Messeigneurs de l'assemblée du clerj?é de France, ten 
Messieurs du bureau du diocèse de Marseille, le Recteur et les Reli 
des Pères Jésuites de Marseille, pour satisfaire à la déclaration de V 
raie du clergé de France du 12 déc. 1726. Cette déclaration donne < 
intéressants sur la maison de S'-Jaume, nous la reproduisons aux piè 
n» ji. 



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262 HISTOIRE DU COLLÈGE D\iX 



1662 Le 29 7*^'. Le P. Jean Mirallet, aagé de 79 ans, est décédé, 

après avoir tenu le lit un mois entier, par une pure faiblesse, 
sans fièvre qui parut beaucoup, et sans douleur. Il est mort 
après avoir fait sa confession générale, et receu les sacrements 
ordinaires, dans une grande tranquillité d'esprit, et ayant con- 
servé le jugement jusques au dernier période de sa vie. On 
Ta enseveli en la i"* grotte qui est du costé de l'épistre. 

Le 2 8^\ N. de Fourbin d'Aix, fils de M. de S" Croix, 
Conseiller aux Comptes, et N. de Lincel de Manosque, fils 
de M. de S' Martin de Lincel, sont partis avec deux des 
nostres, pour aller au novitiat d'Avignon. Le 1" n'y demeura 
que 4 jours. 

Le 18 et 19. Nos Régents haranguèrent fort heureusement 
par la grâce de Dieu. Toutes les pièces furent belles et dignes 
d'un noble auditoire. Le Rhétoricien fit un GénétUaque du 
Daufin ; l'Humaniste, De ^histoire; le 3"*, De la capacité des 
esprits du pais pour les sciences ; le 4™*, Si les richesses aident 
plus ou moins que la pauvreté à l'acquisition des sciences; le 
P. Philosophe, Que la Philosophie paroissoit grande en la cognais- 
sance des petites choses, 

Oct. Messieurs du Chapitre ont donné le mandat pour le 
P. de S* Félix, pour la chère de la Magdelène de Tadvent 
1662 à caresme 6j. 

Le 21 oct, M. le Cardinal Grimaldi approuva le P. Gelot 
pour les confessions, eftc. 

Le 2) oct. Le mesme Seigneur Cardinal me dit de faire 
venir le P. de S' Félix, qu'il- luy donneroit l'approbation, non 
obstant les instances au contraire qu'avoit fait et faisoit 
M. Maria qui estoit sorti de la Compagnie, et prétendoit de 
confesser à la Magdelène^ en vertu d'un mandat qu'il avoit 
obtenu avant que sortir de la Compagnie. 

Le prédicateur de l'advent, le P. Claude de S* Félix, a 
commencé de prescher à l'église de la Magdelène. On a repris 
les catéchismes à Thospital, à la Charité et à Téglise du 
S' Esprit; item, les instructions à la bourgade et à la place 
de l'herberie, deux de chasque costé, ce qui se fait par l'agré- 
ment de son Eminence. 

J25 9^'. Le P. Recteur a commencé une congrégation secrète 
de N. D., suivant la pratique de dévotion commencée à Paris 
et qui s'est étendue presque par toutes les congrégations de 
France. La dite congrégation a pour fin, de remettre l'esprit 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 



de la congrégation, ou de le maintenir, par le nnc 
exemple, de certains confrères choisis pour la vertu, pr 
zèle de Thonneur de N. D. à secret. La dite cong 
a été composée au commencement, de 1 3 confrères 
congrégation des Philosophes. Pour le bien de lad. 
gation, il y a un livre où ils sont nommés, et oij doive 
inscrites toutes les choses qui regardent ladite congr 

8 déc. Jour de la feste de la Conception de N. C 
congrégation des élèves a esté establie par la récept 
patentes du R. P, V" Général, lesquelles furent préseï 
mesme jour à la Messe, avant la communion, avant 
50 élèves firent promesse à leur S'* Dame patrone et a 

Madame la Conseillère de S' Laurent, pénitente < 
de nos Pères du collège, mourut sainctement entre le 
du R. P. Ramart, son confesseur. Quelques jours aup 
elle se .fit porter un crucifix, et le tenant en main, 
appeler son mari, et le pria de consacrer au cruci 
l'amour qu'il avoit pour elle ; et le dit sieur lui ayant 
qu'il n'avoit pas assez de cœur pour faire ce sacrifi 
lui répartit qu'elle le feroit pour luy et pour elle ; c( 
fit avec beaucoup de dévotion et d'édifications des a 

Le 31 mars. Le P. Guillaume de Lange, Provincial, 
P. Chabran son compaignon, arriva icy pour visiter le 
le 31 mars, et en partit le 23 avril, prenant la rc 
Fréjus. Un P. de ce collège, par ses soins a con 
prisonnier de la religion prétendue, et en suitte sa fc 
6 de ses enfans, et un frère du prisonnier. 

Monsieur TArchevesque d'Arles, ayant demandé de 
sionnaires pour faire la mission à Velaux, et y trave 
hérétiques, qui s'y dévoient assembler de Marseille, dV 
voisinage, les deux Pères qui y furent envoyés, y 
mission durant 10 jours, soubs les yeux de M. T Arche 
preschant deux fois le jour, à 3 heures du matin et à ï 
du soir, et tout l'entredeux, confessant et catéchisant les 
et les enfants. Ils eurent ceste bénédiction de Dieu, qu 
grand nombre de catholiques qui firent des confessior 
raies, et que tous, sans qu'il manqua un seul, se comm 
pendant le temps de leur mission. Si tost qu'ils furent 
ils allèrent ouir le Ministre, matin et soir du dimanci 
Pentecoste, et ayant fait par escrit un deffi au Miniî 
quelques articles de leur fausse religion, ils en firent p 



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264 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 



1663 une copie au Ministre en bonne compagnie ; ils en firent 

attacher une autre à la porte du temple, et la j"'' à la porte 
de Téglise. Mais le Ministre au lieu d'y respondre, s'en alla 
hors de Velaux, et ne paru que la veille de la Pentecoste, 
qu'il retourna avec des huguenots de . Marseille et d^Aix. Les 
Pères l'ayant fait presser de respondre, ou par escrit, ou de 
bouche à leur deffi, il respondit qu'il le feroit, mais comme 
il n'avoit autre dessein que de laisser passer le temps de la 
mission, les Pères, le jour de la Pentecoste, Taprèsdiné, 
l'allèrent ouir au presche, et son presche achevé, les Pères 
se levèrent et invitèrent tout de nouveau le Ministre a une 
conférence, auquel lieu qu'il voudroit choisir. Le Ministre promit 
de respondre, mais la response fut faitte après par 4 députés 
du consistoire, qui vinrent voir Mons. l'Archevesque et luy 
dire, que le consistoire avoir défendu expressément au Ministre, 
de respondre en aucune façon aux Pères. Tous les catholiques 
eurent une merveilleuse satisfaction de tout ceci, parce que le 
Ministre qui est en réputation, souffrit une grande confusion. 
Tout ne se passa pas pourtant sans proffit, parce que 
deux filles, dont la plus jeune à 20 ans, malgré leurs pères qui 
les ont maltraittée de coups de bastons, ayant oui nos Pères, 
se sont converties, et faits leur abjuration entre les mains de 
Mons. l'Evesque de Betléem, que Mons. l'Archevesque mena 
avec soy, pour donner la confirmation. De plus, un jeune 
homme s'est encore converti, et un 4'"'* a donné encorparolle; 
mais pour de bonnes considérations, on a jugé qu'il devoit 
faire son abjuration à Aix. 

Le 6 Juin. M. le Comte de Bourbon nous a donné les 
œuvres de S' Bernard, en 6 grands volumes de l'impression 
royale. 

Le 4 juillet. Nous avons renoncé aux droits que nous pou- 
vions prétendre, sur les fonds de Digne, à nous substitués par 
feu M. Joseph de Barras, sieur de la Robine, aux conditions 
et pour les raisons énoncées en la transaction du dit sieur, 
et ce, après 4 consultes, où 2 desquelles le R. P. de Lange, 
Provincial a présidé, son compagnon, le P. G. Chabran 
présent, avec le P. L. Grannon, Recteur, et les Pères 
Grég. Ramart, Jacques Faure, Henri Ignace Régis et Cl. 
de S* Félix, consulteurs. Les 2 autres ont esté faites prési-. 
dant le P. Recteur, avec les 4 consulteurs sus nommés en 
la première consulte, et en la seconde, avec les 3 premiers 
consulteurs sus nommés, et en place du P. de S' Félix, '^ 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 265 

P. Paul SuFFREN. Le R. P. G. de Lange, Provincial, avoit i66j 

remis pour le différent, au jugement de M. le Conse'* 
d' André, nostre bon et ancien ami, et tant luy que M. 
Lieutenant Blanc (^), qui est aussi nostre bon amy 
MM. DuPERiER, de Gaillard, Barrel, nos amis et advo 
fameux du Parlement d'Aix, et Monsieur Payen, dict 
romain, advocat très intelligent, ont esté d'advis, que r 
renonçassions à ce droict (Voyez la dite transaction 
4 juillet 166^1. 

A lucalibus 1662, ad 166), composuere colle^ium. 

P. Laurentius Grannon, Rector. 

P. Laurentius Cony, Minist., Praef. sod. artif. Conf. in templo. 

P. Antonius Billet, Concionator in templo nostro. 

P. Claudius de S* Félix, Conc. in D. Magdalena. 

P. Gregorius Ramart, Praef. sod. maj. Cons. Conf. nostr. e 

templo. 
P. Henricus Ignatius Régis, Prof. Theol. mor. Mathem. C 
P. Jacobus le Gras, Conc. Manuascens. 
P. Jacobus Faure , Procur. Cons. Praef. sod. oper. Eccl. San. C 

in templo. 
P. Joann. Bapt. Picart, Praef. stud. Conf. in templo. 
P. Joann. Challot, Prof. Log. Praef. sod. junior. Procurât. 
P. Joann. Franc. Beau, Admonit. Praef. spir. Bibli. Conf. nosti 

in templo. 
P. Joann. Marrot, Conc. Pertusiens. 
P. Martinus Charbonnier , Prof. Metaph. Praef. sod. Phil. 
M*. Honoratus Verdier, Prof. Rhet. Praef. sod. Human. 
M*. Joann. Philib. Berthet, Prof. Hum. Praef. sod. Angel. 
M*. Ludov. Guichenon, Prof. i« gramm. Praef. sod. jun. artif. 
M*. Joseph JouBERT, Prof. 2» gramm. 
M*. Bartol. le Maistre, Prof, ?• gramm. 
Charles Gaillard. Pistor. Panarius. 
George Berardier. ^Edituus. 
George Crollet, Promus, Emplor, Coquus. 
Nicolas Constant. 

(L Louis Blanc ou Le Blanc, fils dAndré et d'une Demoiselle de Moricaud 
reçu en i6s5. Lieutenant .général de la sénéchaussée d'Aix. Il épousa Margu 
d'ANTELMY, et fut la tige de la famille Le Blanc de Montespin. Son frère Jacqu( 
la branche des S"^ de Castillon, et Esprit Lk Blanc son cousin, celle des S 
Ventabren. Il ne faut pas confondre cette famille, avec les Le Blanc IHuve 
dont il a déjà été parlé. 



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266 HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 

Ib6j Nicolas Garnier, Janilor. Sutor. 

Nicolas Meynier, Sartor. Infirm. 
Pierre Didier. 



Résident ia Forojul. 

P. Joann. Chappuys, Superior. 
P. Joann. Possel. 
P. Joann. de Lassus. 
Joann. Peruys. 



A Lucalibus an. i66}^ ad 1664, 

1664 P. Laurent. Grannon, Rect. 

P. Jacobus Faure, Minist. Praef. sod. op. Conf. in temp. Consult. 

P. Mathieu Duhamel, Concion. in D* Salvatoris. 

P. Gregor Ramart, Praef. sod. maj. Conf. nostr. et in templ. 

Consult. 
P. Henric. Ignat. Régis, Procur. Prof. Math. Consult. 
P. Jacob, le Gras, Conc. 

P. Jacobus Faure, Minist. Praef. sod. oper. Eccl. Conf. in Templ. 
P. Joann. Bapt. Picart Prof. Theol. mer. Praef, stud. 
P. Joann. Challot, Prof. Metaph. Praef. sod. jun. Proc. 
P. Joann. Franc. Beau Admon. Consult. Pràef. spir. Bibli. Conf. 

nostr. et in templo. 
P. Nicolaus DucHAMP, Prof. Log. Praef. sod. Phil. 
P. Nicol. Patouillet, Conc. in nostro templo. 
M". Joann. Philib Berthet, Prof. Rheth. Praef. sod. Hum. 
M*. Ludovic. Guichenon. Prof. Hum. 

M*. Joseph JouBEliT, Prof, i* gramm. Praef. sod. jun. artif. 
M*. Bartol. le Maistre, Prof. 2" gramm. Praef. sod. Angel. 
M\ Ludov. Chalamel, Prof 3* gramm. 
Charles Gaillard, Coquus Olitor. 
George Berardier, iCdit. 
George Crollet, Pistor, Promus, Emptor. 
Nicolas Constant, Panarius. 
Nicolas Garnier, Janitor, Sutor. 
Nicolas Meynier, Sartor. 
Pierre Didier. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE d'aIX 267 

Résident ia Forojul. 

P. Marc. Anton. Calemar, Superior. 
P. Petrus de Lassus. 
P. Petrus Fauque. 
Jean Péruis. 

Le P. Mathieu Duhamel, de la Province de France, ay 
presché à S* Sauveur Tavent, a presché aussi le caresme a^ 
une approbation extraordinaire, et ce, avec mérite. Il est pi 
le 20 may, et a eu son viatique de M. le Cardinal de Grimai 
de 330 L., par aumosne et pure caresse. 

Nota. — Aux thèses dédiées à M. du Chesne, Préside 
Mess, du Siège voulurent occuper nos places, qui sont à 
droite du Premier Président du Parlement. Nos Pères 
opposèrent, et Mess, du Parlement ordonnèrent sur le chan 
que nous serions maintenus dans nos dites places. 

Nous avons reçu divers bienfaits de feu M. Vitalis, advoc 
un légat de 24 L., de feu M. Joseph Blanc, advocat ( 
100 L., des Procureurs du Parlement; par l'entremise de 
SiLVY, un pourceau, etc. 

Nous avons achevé de réduire toutes nos pensions de 
et quar à 5 p' cent et à pensions perpétuelles. 

Le R. P. Vicaire Général a donné une chapelle à M. 
Conseiller Dagut, pour joo L., aux conditions comprises di 
le contract qui est dans l'archive du P. procureur. 

On a fait procureur, le Père H. Ignace Régis, en place 
P. Faure. 

Nous avons rabbattu de 300 L. la rente du Prieuré 
Tourves, à raison des mauvais temps et du peu de débit c 
denrées, et l'avons réduite à 80 charges de bled et quelqi 
réserves. 

On a renvoyé Pierre, sa femme et sa fille, non pas pc 
avoir mal versé, mais pour un meilleur mesnage ; et en pla( 
nous avons pris un homme nommé Michel Guichard de Blic 
diocèse de Senès aagé de 38 ans, aux conditions mentionna 
au contract. 

Nota. — Que nous avons envoyé nos deux mulets en voitu 
jusques à Roanne, il y a à gaigner, mais grand danger. En eff 
nous y avons perdu un mulet de 60 escus au moins, et je cr 
que Dieu n'approuve pas ce négoce. 



(1) Joseph Blanc, avocat, marié à Jeanne cI'Arquier. dont: i' le Conseiller Je 
Baptiste de Blanc tige des Blanc THuyeaune,- 2» Joseph officier. 



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268 HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 



1664 Nota. Le 17 mai, Marguerite Feraud nous a fait une dona- 

tion de tous ses meubles qu'elle a et qui se trouveront après 
son décès, acte reçu par M. Beausin. Nota, que le R. P. 
Général a permis de Tensevelir dans notre église. 

Durant Toctave du S' Sacrement, le P. Jean Pitau a fait 
une espèce de mission dans la prison avec un P. Dominicain 
de la nouvelle réforme, nommé P. Antoine Estienne commu- 
nément Saint. Durant ceste mission, ils ont presché chacun 
une fois le jour, le principal a esté une confession générale, 
que tous les prisonniers et le geôlier mesme ont fait ; ils estoient 
environ 70 prisonniers. 

L'année précédente, le mesme Père J. B. Pitau, avecleP. 
Jean Challot de nostre Compagnie, firent une semblable 
mission avec un pareil fruict. 

Le sammedi avant le dimanche des Rameaux, M. le Car- 
dinal de Grimaldi, nostre Archevesque, fit intimer un ordre 
à tous les Réguliers, et ensuite à nous, de ne point donner 
la communion durant toute la quinzaine. Sur cest ordre, le 
R. P. Grannon, Recteur, luy alla représenter les ordres et les 
règles que nous pratiquons en ceste rencontre, qui est d'advertir 
nos pénitents, de se communier une fois en leur paroisse 
durant la dite quinzaine, et de donner pourtant la communion 
hors du propre, ou i" jour de Pasques, de quoy il fut content, 
et ensuite relascha la rigueur de Tordre qu'il m'avoit envoyé. 

M. Philibert Berthet, Régent de Rhétorique, est tombé 
malade d'une delluxion sur la poitrine, depuis la Pentecosle. 
le médecin en appréhende quelque phtisie, ce qui a obligé le 
P. Provincial de le tirer de Tair de ceste ville, et Tenvoyer 
à Bourg, oij il estoit destiné pour la Rhétorique de l'année 
suivante. Il partit donc le 19 juillet. Le P. André, théologien 
d'Avignon de la 3'"* année, est venu continuer sa classe. 

M. TAbbé de Valavoire frère de M. TEvesque de Riez, 
et frère de Madame la présidente de Viens (^), en la chambre 
des Comptes, a désiré de prescher le jour de S' Ignace, ce 
qu'il a fait avec satisfaction, comme avoit fait Tannée lôo;, 
M. l'Abbé de Thomassin {;), fils de M. François Thomassin. 

(1) Madeleine de Valavoire, épouse de Balihazar de Cabanes, baron de Vifns. 
seigneur d'Oppedetic et de s"^ Quentin, roçu l'en l'office du 4"'*) Président {de crue 
en la Chambre des Comptes, Aydes et Finances de Provence, en 1040, sœur du M* 
de Voux. Ses fils furent : 1" Françoib Au^'ustc de Cabanes; 2^ Jean Balthazar. nomme 
à l'évôché de Vence, après l'avoir été à celui de Grasse (Arlefeuil.) 

(2) Un François de Thomassin, fils du conseiller François de Thomassin S' PauiJui 
chanoine de S* Sauveur, et bienfaiteur de cette é^^lise- 

François de Thomassin S' Paul était fils de l'avocat général Jean Etienne. 



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-v^ 



HISTOIRE DU COLLÈGE D AIX 269 



Conseiller au Parlement, et Tannée 1662, M. TAbbé de 1664 

BoNFiLs, fils du mesme Lieutenant Bonfils, et le jour de l'an 
1663, M. Thomas aumosnier de M. le Duc de Mercc 
Gouverneur de Provence, et le R. P. Blanc Récollet (^ 
jour de S' Louys de l'an 1662. 

Geste année mesme, le R. P. Juliani, Prieur de S' Dotnin 
de ceste ville, a presché le jour de S' Louis dans n( 
église. 

Le 31 juillet, jour de S' Ignace, M. le chanoine de Vi 
VOIRE, qu'on nomme par honneur, TAbbé de Vallavoif 
qui est effectivement chanoine de Riez, frère de M' TEve 
de Riez, a presché à l'honneur de S' Ignace dans n< 
église, avec beaucoup de satisfaction. M' le Cardinal Grim 
et un brillant auditoire présent. Il a fort loué la Compai 
Ainsi le mesme jour de l'an 1663, prescha M. de Thom^ 
dit l'Abbé de Thomassin, fils de M. Fr. Thomassin, Cons 
au Parlement et l'an 1662, M. Bonfils, Théologal de D] 

Le i" aoust, une personne qui ne s'estoit confessée qi 
seule fois depuis 3 3 ans, touchée de la mémoire de S' Pi 
dont il porte le nom, à l'occasion delà festedeS* Pierre auxl 
se vint confesser avec beaucoup de ressentiment. 

Le 14 aoust 1664, en suite du congé donné par escril 
le R. P. de Lange, Provincial, au R. P. Grannon, Rec 
en datte du 23 Avril 1665, le dict P. Grannon, Rectei 
contracté avec les officiers de la congrégation des gr 
artisans, pour la construction d'une chapelle de congréga 
scavoir ; qu'ils bastiront depuis le ruisseau, tirant jusques 
sacristie de la congrégation en longueur de 17 cannes 
pans. Ils bastiront, dis-je, à leurs frais, pour l'usage du col 
cinq bas offices voûtés en pierres, avec deux cheminées et 
fenestres et porte de taille et fermées de bois blanc à do 
et moyennant ce, leur est permis de bastir au-dessus 
chapelle, sans que le collège soit obligé à rien fournir 
plus que pour les dits offices d'en bas, destinés à Tusag 
dit collège. Voyez le contrat receu par M. Lentelme. 

Les raisons sont i" que nos vieux offices alloient par t 
il en falloit d'autres, et autrepart qu'au lieu oij ils est 
posés, et on ne pouvoit bastir austre part, ni plus beai 
plu6 commodes que ceux que les dits artisans sont oblige 
bastir, i"" c'est une commodité grande et belle, qui ne 

11 Probablement frère du trésorier Blanc. 



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270 HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 

1664 couste rien que la place, laquelle estoit déjà presque toute 

comprise, par un cellier et un bûcher qui estoient très estroit 
3** si bien, on occupe une allée du jardin en bastissant des 
nouveaux offices, on remplacera ceste place par la démolition 
de l'ancienne cuisine, despense, boulangerie, buanderie qui 
sont au bout du dit jardin, etc. 

Le 25 aoust, le R. P. Juliani, Prieur des Dominicains de 
ceste ville, a fait dans nostre église, un très bel éloge de S' 
Louis, et y a entremeslé un beau compliment et éloge de nostre 
Compagnie. 

Le 28 aoust. Messieurs Oursin (Orcin), assesseur (*), 
Messieurs de Chénerille (') et Cheilan, firent assembler le 
Conseil de ville, auquel il fut convenu d'un commun consen- 
tement, de donner 500 L au collège, pour élever le bastiment 
dessus le 4"* étage, à niveau de celui qui est sur la }' classe 
oir est à présent la bibliothèque. 

Le 30, on passa contract avec les ouvriers pour le dit basti- 
ment, etc. 

Le I*' 7**'*, on commença de bastir. 



A Lucalib. anni 1664 

P. Laurentius Grannon, Rect. 

P. Jacobus Faure, Min. 

P. Adamus Desmolins. 

P. Gregorius Ramart. 

P. Henricus Ignatius Régis. 

P. Joann. Bapt. Picard. 

P. Joannes Challot. 

P. Joann. Franc. Beau. 

P. Nicolaus du Champ. 

P. Petrus Gesse. 

P. Ludovic. Lombard. 

M. Ludovic. Guichenon. 

M. Claud. GuiBOUR. 



(1) Consuls et assesseur, depuis le i**" nov. i66j, jusqu'au ji oct. 1664: 

Messire Laurent de Varadibr, M'* de S' Andiol; M. Jean-Joseph Orcin, assesseur; 
M. Jean Baptiste d'IsoARD, seigneur de Chénerille; M. Jean Chbylan, écuyer. 

(2) Jean Baptiste d'IsoARD de Chénbrilles, élu second consul d'Aix, Procureur du 
pays, Tan 166^, et marié le 18 avril 1658, à Demoiselle Claire de Grasse, fille du sieur 
de Grasse, seigneur de Montauroux, et de Dame Marguerite de Rodulf de Chateauiteuf. 
De cette alliance naquirent Paul et 4 autres fils reçus chevaliers de Malte (^tefeuiP. 



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HISTOIRE DU COLLÈGE D*AIX 271 



M. Bartholom. le Maistre. 1064 

M. Lud. Chalamel. 

M. Claud. LioussoN. 

Charles Gaillard. 

George Berardier. 

George' Crollet. 

Nicolas Constant. 

Nicolas Garnier. 

Nicolas Meï'nier. 

Pierre Didier. 



Réside ntia F or juliens. 

P. Marc, Anton. Calemar. 
P. Petr. de Lassus. 
P. Petr. Fauque. 
Augustin Layas. 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 

PREMIÈRE PARTIE 



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stîlî^J 






PIÈCES JUSTIFICATIVES 

PREMIÈRE PARTIE 



«^ I. (p. 4.) 

Lettre des Consuls d'Aix 

A Monseigneur, Monseigneur de Foiz, Arche vesque d< 

conseiller du Roy en son conseil d'Estat, 

et Ambassadeur pour Sa Majesté 

vers notre S^-Père 

à Rome. 

MONSEIGNEUR, par délibération des Estatz de ce pais de 1 
a esté donné charge d'adviser aux moiens qui seront, 
nous puissions avoir tel nombre de doctes personnages de 
Jésuistes, cappables pour régir ung collège qu'a esté résoll< 
ceste ville d'Aix ; qui nous faict bien humblement vous si 
prandre tant de peyne pour nous, que d'en requérir le sie 
dict ordre, auquel particuHièrement nous escripvons, avec toui 
qu'ils ne pourroient le planter en part avec plus de lustr 
ville ; car oultre les moiens très soufisans dont nous les 
leur honnorable entretènement, ilz y auront moien de faire gn 
estre ceste ville la cappitalle du pays, toute pleine de letti 
siège de toutes les justices suprêmes dudict pais, tant du 
aultres. Nous nous asseurons, Monseigneur, que par vo 
soit à l'endroict de nostre sainct Père ou aultrement, noi 
du fruict duquel vous participerés, oultre la perpétuelle 
ceste province vous en aura, qui priera Dieu, Monseignei 
en santé, en prospères et longues années. 

A Aix, ce huit may i 
Vos meilleurs et affectionnez serviteurs, les Consuls d'Aix, 
Pays. [Archives des Bouchcs-du-Rhônc, G, iy8.) 



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•— ^-i 



276 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



"• 2. fp. 40 

Transaction entre les familles de La Cépède et les Consuls et diven 
notables habitants délégués par le Conseil de Ville. 

Du 15 juin 1583, Joseph Borrilli, notaire royal et greffier delà 
Maison commune d'Aix, convention et accords passés, en présence 
de Révérendissime et Illustrissime Seigneur, messire Alexandre de Cani- 
GiANi, Archevesque de ceste ville, entre Messieurs Rollin Barthélémy, 
sieur de Sainte-Croix, noble Jehan de Bourg, escuyer, et Jehan Pierre 
BoMPAR, bourgeois, Consuls de ceste ville^ avec Tadvis et présence de 
noble Melchior Burdon, viguier et capitaine, Balthazar Rodulph, sieur 
de Fuveau, Anthoine de Rolland, sieur de Réauville, noble Jehan 
EsTiENNE, sieur de saint Jehan, Jehan Ysoard, sieur de Thoramènes, 
Bertrand Bernardi, sieur de Monlaux. M. Estienne Bernardi, advocat, 
en la Cour, noble Jehan Isnard, Jehan Bon, bourgeois, Mons' Pierre 
Grassi, docteur en médecine, Jérosme Chartras, advocat en la cour de 
Parlement, et Alexandre de Malespink, escuyer dudit Aix, dépputtés par 
le Conseil d'une part ; et noble Baptiste de La Cépède, escuyer, Mons' 
M« Jehan de La Cépède, conseiller en la Cour, et Dam"* Claude; He 
BoMPAR, père, mère et fils, daultre; portant les conditions auxquelles 
ces derniers vendent à la ville la propriété dite, Le Jardin du Roi, pour la 
faire enclore de murailles, qui seront jointes aux anciennes murailles de la 
ville, suivant le tracé et dessin fait par M. Jehan de Paris, sur Tentre- 
prise faicte par ledit sieur Consul de Bourg, exhibé et veu aud'. Conseil 
et recogneu sur les lieux par lesd" sieurs Consuls et dépputtés, présent 
ledit seigneur Archevesque, laquelle courtine devra estre continuée, sur les 
fondements faicts, du temps du feu sieur Président d'OppÈDE, y compris 
le ballouard, à la charge que lesd'" murailles seront de la mesrae haulteur, 
espaisseur et quallité que les aultres vieilles murailles de lad*« ville, et par 
mesme moyen seront tenus lesd*" sieurs de La Cepède et Dam"" de 
BoMPAR, donner à nouveau bail, aux particuliers de ceste ville, et aultres 
qui se présenteront, le fonds de leur propriété^ à raison de quatre escus 
sols pour chascune place de maison de quatre cannes de largeur et huict 
de fond, y compris les fondements, suyvant le tracé qu'en a faict ied' 
M. Jehan de Paris, avec réserve de la directe et droits de lods, à raison 
d'un sol par florin, etc. (Roux-Alpheran, Rues d'Aix^Tom, II, p. 4 et 0- 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES ' 277 



»' 3. fp. 4.) 

On agrandit la ville du côté du levant et on donne à ce quartier ] 

nom de Villeneuve. Le 3"i« consul Jean *de Bourg en est 

le promoteur. Les Etats du pals délibèrent d'y 

établir un collège général pour la 

province, et on recherche les 

Jésuites pour les 

diriger. 

DEPUIS la cessation du mal contagieux, la Ville avoit non-seuU 
recouvré de nouvelles familles qui avoient remplacé celles qui a^ 
esté éteintes par la contagion^ mais elle en avoit encore reçu d'autre 
delà, qui augmentoient considérablement le nombre des anciennes, 
nouvelles familles y estoient venues de divers petits lieux de la pro^ 
pour n'être plus exposées aux ravages et aux fureurs des guerres ci 
qu'elles ressentoient trop souvent dans ces endroits pour la plus 
ouverts, cause évidente de l'abandonnement de plusieurs villages aujoui 
totalement vuides. Comme donc l'arrivée de ces nouvelles famille 
grossi le nombre des habitans, cela fit connètre qu'on estoit logé t 
l'estroit, et qu'il importoit pour la commodité et pour la conservatic 
la santé, d'étendre l'enceinte de la ville. On fut encore d'autant r 
porté à cet agrandissement, qu'il estoit alors question de bâtir un c( 
convenable dans la ville, non seulement pour l'instruction de sa jeur 
mais encore pour toute celle de la province qui manquoit de cet et 
sèment. On avoit jusque là différé cette construction, à cause que l'c 
trouvoit point dans la ville un endroit propre pour y dresser un é 
d'une étendue aussi grande que le but auquel il estoit destiné le de 
doit. Comme donc l'occasion se présentoit pour pouvoir éfectuer un c 
aussi utile au public que celui-là, les Etats Généraux de la pro 
assemblés dans Aix, considérant qu'il n'y avoit point dans le paï 
collège parfètement établi pour l'instruction de la jeunesse, qu'on ( 
obligé d'envoïer pour ce sujet dans d'autres provinces, résolurent qu 
seroit bâti un dans cette nouvelle enceinte, pour servir à toute la pro> 
En conséquence de cette résolution, le conseil de la Maison com 
aïant fait une semblable délibération, donna aussi pouvoir aux Consi 
à douze des plus notables citoïens, de se joindre avec l'Archevêque 
faire l'acquisition du sol qui seroit nécessère pour cette bâtisse. Pour 
répondre aux deux fins, et du logement des habitans et de la constru 
d'un collège, on examina quel dehors seroit le plus propre pour 
enfermé ; et l'on trouva que celui qui estoit au levant de la ville, c 
noit le mieux. On fit le plan de cet agrandissement, auquel on don 
nom de Ville neuve, qui lui competoit naturellement. Ce plan dont 
cution subsiste encore en partie, sans aucune addition au-delà, pr 
depuis la tour de la courtine qui descend de Bellegarde et qui est dr 
derrière le convent des Frères Prêcheurs, et alloit aboutir, dans toi 
qui regardoit le levant, au bastion qu'on appeloit de la Plateforme 
est maintenant la porte appelée de ce nom. De là l'enceinte se recoi 
vers le midi, faisant une ligne parallèle avec la face méridionale des 



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278 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



sons bâties sur la rue de la Mule, qui aujourd'hui va du cours à cette 
nouvelle porte et venoit rejoindre lancienne porte de S* Jean, qui se 
trouvoit entre la grande et la petite rue appelée du nom de ce saint. Le 
principal terrein qu'il falloit renfermer dans cet espace estoit ce qu'on 
appeloit le Jardin du Roi,*qui avoit apartenu à nos anciens comtes, et qui 
alors estoit possédé par ceux de la maison de la Cépède. Le Consul Jean 
de Bourg, qui estoit Tauteur et le promoteur de ce dessein, le conduisit 
si bien, qu'enfin le quinzième juin, on convint par un acte solennel de 
tout ce qui estoit requis à son exécution. L'agrément du Roi, absolument 
necessère l'avoit pourtant retardé, mais le consul trouva l'expédient d'y 
supléer, en faisant demander au Grand Prieur, Gouverneur de la province, 
qu'en attendant cette autorisation roïale, il voulut bien permettre qu'on 
commençât de mettre la main à l'œuvre, attendu le pressant besoin du 
public en cette rencontre, qui ne soufre aucun retardement. La chose 
fut ainsi exécutée au grand honneur du Consul, pour la glorieuse mémoire 
duquel on vouloit que le premier terrein de ce nouvel agrandissement 
portât son nom et fut appelé la rue du Bourg. C'est celle qui, de l'em- 
bouchure de la rue du Boulevard, va aboutir derrière le convent des 
Prêcheurs. Nom du Bourg que les actes publics lui conservent avec jus- 
tice, encore aujourd'hui En même tems que cela se faisoit, les Etats de 
la ville, d'un commun accord, délibérèrent d'appeler les Jésuites pour la 
direction de ce collège. A cet efet, nos Consuls en écrivirent au Général 
de cette Compagnie, qui pour lors estoit le Père Claude Aquaviva, 
pour avoir de ses religieux. Celui-ci ne peut satisfaire à la demande, à 
cause du petit nombre des sujets dont son ordre estoit alors composé, et 
s'excusant là-dessus, il pria les Procureurs du païs de vouloir continuer 
leurs bonnes intentions pour sa Compagnie, en attendant qu'elle fut 
augmentée au point qu'elle peut fournir les ouvriers qu'ils souhaitoient. 
(P.-J. de Haitze, Histoire (manuscrite) de la Ville d^Aix,Liv. /x, Ch. L, iy8}.) 



«• 4. (p. 6.) 

On convient avec les Jésuites pour leur donner la régie du collège de 

la ville. L'Archevêque favorise cet établissement qui est porté 

]usques à l'acte public et à la qualification du nom de 

Saint-Michel qu'on lui donne. Mais on en reste là et 

sans aucune autre exécution, à cause de la 

préoccupation dominante du public pour 

reconnètre le roi de Navarre. 

PARMI les soins que Génébrard se donnoit pour obtenir la Ligue dans 
ses premières ardeurs, il ne négligeoit point la culture des sciences à 
laquelle il estoit naturellement porté. Dès son entrée dans Aix, il avoit 
remarqué que cette culture estoit fort négligée, soit que les guerres 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



civiles en fussent la cause, soit que les académies destiné 
cices y fussent mal établies. Pour procéder à cet importam 
par son principe, il fit d abord dessein d'établir parfètem< 
pour les lettres humaines. Il trouva les Consuls entièremi 
seconder dans cette louable entreprise, d autant que depuis 
ils avoient repris leurs premiers errements qui s*estoient pî 
dix ans, pour donner la direction de ce collège aux Religie 
pagnie de Jésus, et en avoient fait une délibération le dixi^ 
L'Archevêque fut d'autant plus aise de poursuivre cette | 
Religieux estoient aussi grands Ligueurs que lui. On avoi 
que le Général de cette Compagnie, qui estoit encore Aqu; 
au Père Fabrice Palavicin, Recteur du collège d'Avignon 
porter à Aix, pour convenir de la régie de ce collège proj 
nations de la faction ligueure, qui se rencontroient dans 
aultres, firent que l'on convint bientôt sur cette directior 
s'obligèrent de fournir à perpétuité des Régens pour les c 
Humanités, sous la rétribution de trois mille livres pour l'ei 
professeurs et des autres personnes nécessaires à ce collège, 
réciproques furent solennellement rédigées en acte public, le 
septembre, fête de S' Michel ; et pour consacrer à la p 
s estoit fait en ce jour-là, il fut ordonné que l'église et le c 
le nom de ce saint Archange. Quoiqu'on se fût porté ( 
avec assez de chaleur, on en resta pourtant à ces stipulatic 
le public estoit encore plus préoccupé de la grande affaire 
chant la déclaration de la Roïauté, qni ne permit pas de vi 
cution de cet établissement convenu. (P.-J. de Haitze, HislOi 
de la ville d'Aix. Liv. xii, Ch. xxxir. 1593-) 



«• 5. fp. 7') 

Extraits du Journal de Foulques Sobolis, concernant le 
de Bourbon et le zèle des Archevêques d'Aix, 
Téducation et l'enseignement. De 1594 à 1603 

LE vendredy, xix may 1594; a esté joué à TEvesch^ 
romayne en latin, par les escolliers et enfans de la vill 
Sina et Cayus MariuSy monstrant une semblable guerre qu'( 
voulant les grands régner par ambition {Mss. orig. fol. 1^8, 
Ledict jour xxiv juing (1595^ jour de S' Jehan, a esté 
à l'Eveschè par les escolliers de la ville et enffans du s' < 
aultres, qu'estoient U enfant vertueux et V enfant vicieux^ leque 
avoir dissipé tout, c'est désespéré et le diable Ta emporté, ( 



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280 PIECES JUSTIFICATIVES 



le père le marye, avec une farsse à quatre personnages, Tun Savoyart, le 
segond Provenssal, le tiers Spagnol et le quart Françoys, estant ung moyen 
de faire parvenir les enffans en éloquence, a esté joué à rarchevesché(i). 
(FoL i6i.) 

Le jeudy xxj septembre 1595, jour de S' Mathieu, à TArchevesché a 
esté joué ristoire de toute la présente guerre^ y ayant 35 personnages, 
les ungs faisant les capp"', les aultres le laboreur et tiers estât, lequel estoit 
pilhé et saccagé. En fin le Roy a mis tout en paix. (Fol. 16^, verso). 

Le jeudy ix du dit moy (novembre 1595), a esté plaidé une cause des 
Consuls d'Aix, contre les héritiers à feu Jehan Bon, pour avoir le légat 
de 1,500 L., faict par ledit Bon. Les dits héritiers disoient que ledit légat 
avoit esté faict aux Jésuistes, lorsque seroient au collège d'Aix, et non 
aultrement, les quels estoient tenus norrir et ensegner deux de ses proches, 
parentz et amys. Les dits Consulz disoient que les Jésuistes avoient esté 
chassés de France pour avoir esté perfides, et avoir vouleu faire morir le 
Roy, et que ledit légat debvoit estre mué et changé pour faire aprandre 
la jeunesse. M*" Laurens, advocat général, a soubstenu ledit légat de pou- 
voir changer par provision, en attendant que les Jésuistes soient restablis. 
La cause a tenu deux audiences. M" Thomassin estoit advocat dez héri- 
tiers et M. Fabregue, accesseur. La Court a ordonné que les parties 
escripront, et par provision, condempne les héritiers se dessaisir et mectre 
ez mains de marchand les dits 1,500 L., pour des fondz estre employés à 
l'instruction de la jeunesse^ sy mieulx les dits héritiers n'ayment payer les 
intérestz au denier quinze dans deux moys (Fol. 765). 

Le jeudy, à cause du bicest, a esté le dernier febvrier 1 596, arrest de 
la Court donné led. jour contre Mons'' de Genébras, Archevesque d'Aix, par 
lequel il est bany du pays du Roy, et ses biens confisqués à sa Majesté, 
pour avoir composé et faict imprimer libvres contre le Roy^ lesquels libvres 
sont esté brullés sur le chaffau^ à la place des Prêcheurs (Fol. //>) 

Le dimanche xxpj may 1 596, a esté dict par cinq enfans, à S* Sauveur, 
présent M. de Guize, les malheurs du passé, en grec^ latin, françoys et 
ytalien (Mss. orig. fol. 178, verso). 

Le dimanche ix juing 1596, a esté jouée à Tesglise des Prêcheurs 
ristoire des Macabées, art. 8, d'une femme et sept sciens enffans, que le 
Roy Antiochus fist mourir pour n'avoir vouleu manger cher de porceau. 
Fol. 179.) 

Le lundi xiï] avril 1597, Tesglise de S' Saulveur a faict les funérailles 
du feu M. de Cenebras, Evesque d'Aix, décédé à Roan, le x* mars, aud. 
an et M. de Vallegran est en son lieu et place. (Fol. iSç^ verso). 

Le mecredi xxvj novembre 1603, en audiance a esté publié édict du 
Roy, par lequel érige ung collège royal de touz ars aud. Aix, avec assi- 
gnation dez deniers pour Tentretènement d'icelluy. La Court dez Comptes 
a dict que sera enregistré^ et mis et instituUé au dessus de la porte et 



(1) Il existe une très intéressante plaquette sur cette pièce. Elle a pour titre: Nc^t' 
sur Benoet du Lac, ou Le Théâtre et la Basoche à Aix, à la fin du XVI sihle, par A. 
Joly, Professeur à la Faculté des Lettres d'Aix. Lyon, Scheurin. — Paris, Aubry, ruç 
Dauphine, 16. 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 281 



entrée du collège, Collège Royal de Borbon, et auparavant a esté vériffié 
par la Court de Parlement (Fol. 22^, verso el 226,) 



W 6. (p. 8.) 

Les Etats de la Province assemblés dans Aix, délibère] 
un établissement de régences roTales en l'unie 

LES soins qu'on s'estoit donnez pour rétablir l'état publi 
lustre, duquel les troubles du Roïaume Tavoient fait 
de l'augmenter, n'estoient pas encore allez à faire reflei 
II y avoit déjà long tems qu'on souhaitoit en Proveno 
collège dans Aix, duement composé pour y instruire la jei 
lettres. Par ce défaut, on estoit contraint d'envoïer la 
province pour étudier. Cela estoit môme cause, que les 
plus part prenoient leurs degrez de doctorat dans d'autre: 
celle d'Aix ; ce qui estoit non seulement incommode, mai; 
pour ceux du païs. A un tel inconvénient, il n'y avoit 
d'établir dans la capitale de la province les sciences sur 
Tissantes. Ce fut donc seulement en cette année mil si: 
y pensa ; et pour y parvenir, les Etats de la province ass 
au mois de février 160^, délibérèrent suivant l'inspira 
Président du Vair (\), personnage qui ne respiroit que la 



(1) Guillaume du Vair, parisien, chevalier, conseiller du Roi en 
et privé, maitre des Requestes, fut choisi pour succéder à un gra 
Artus de Prunier, en la charge de premier Président au Parleme 
par son propre mérite, il se trouva plus grand que celui à qui i 
né avec un génie heureux, dont l'esprit éloit brillant et solide, k 
fin cl le jugement très bon, qui, dès sa jeunesse le fit admirer, e 
pouvoit n'en pas former des augures favorables pour le reste de : 
recommandables qualités lui firent bien-tôt donner entrée au F 
comme conseiller, ensuite, Taiant fait attirer dans le corps de la 
générale du roïaume auprès du Prince, il y fut dans peu, jugé < 
de l'importante commission de venir accorder en Provence les disse 
formées dans le païs par les troubles des guerres civiles de la r 
plus délicats et des plus difliciles, qui ne fut pas hors de la porté 
l'avoii confié. Il en mérita aussi la première Présidence du Pari 
venue prochaine avec cette dignité cl l'espoir de son séjour fixé | 
vincc, comblèrent de joie tous les F^rovençaux. On espéra de jouir 
tous les fruits de la paix, et sa présence fut regardée comme le rc 
On ne pouvoit avoir d'autres sentiments d'un homme du poids d 
sembloit avoir ramassé toutes les vertus en sa personne. Ces favor 
se trouvèrent incessamment véritables; car il ne fut pas plutôt inst 
Présidence, qui étoil le poste qui lui conveiioit. pour inspirer ai 
de rectitude, que les semences de vertu que cet auguste corps 
regarder comme un des plus célèbres Parlemens du roïaume. 



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282 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



arts et des sciences, de poursuivre auprez du Roi un établissement de 
régences roïales dans les trois facultés de TUniversité. Pour faire réussir 
la chose, on crut qu'il falloit que tout l'honneur en revint au roi, et que 
la charge en restât à la province, puisque le bénéfice devoit aussi lui en 
rester. A cet efet, on délibéra de consentir à une imposition de deux 
sols pourémine de sel qui se vendroit en tous les greniers de la province. 
On afecta de prendre sur le sel l'entretien de ces régences, afin que tous 
les trois états y contribuassent, de même qu'ils participoient au bénéfice 
de cet établissement. Imposition qui dans la suite est devenue très avan- 
tageuse pour le Roi, attendu le grand débit de cette marchandise, qui, 
maintenant produit de gros revenans bons dans ses cofres, après le paie- 
ment des professeurs et des oficiers de l'Université. (P.-J. de Haitze. 
Hist. (manuscrite) de la ville d'Aix. Liv. Xiv.ch.ix, 1601.) 



N- 7. (p. 8.) 

Fondation d'un collège roïal et de régences roïales en l'Université. 
Bureau de leur direction. 

LA suite des faits de remarque nous mène jusques à l'élection des Consuls 
de l'année mil six cent trois, qui se fit un samedi vingt-huitième 
septembre. Cette élection fit insérer aux fastes consuléres les noms 
d'Antoine des Rolands, seigneur de Réauville, de Joseph M artelli, advo- 
cat, de Charles de Mimata et d'Arnaud Reynaud, notère. Leur premier 
exercice (en novembre), fut de travailler à l'établissement du collège roïal, 



Présidence, ce grand Magistrat eut par intervalles et pendant Tabsence du Gouverneur, 
le commandement dans la Province, qui lui donna moTen d'insinuer ce mesme esprit 
de rectitude aux autres corps politiques de la Province, à Tadministration de ses 
finances, à la culture des sciences et des arts libéraux. En un mot, tout refleurit sous 
ses ordres, tant il est vrai que c'est du chef que les esprits et les influences se dépar- 
tent dans les membres. Jamais homme ne porta plus à propos l'autorité roïale si haut 
qu'il fit, et avec cela, jamais homme n'usa mieux que lui de la créance que son éloquence 
son savoir et sa probité lui donnèrent sur le peuple. Il ne s'en servit que pour le bien 
public;. Un historien de Provence enthousiasme avec raison d'une conduite si admirable, 
dit qu'il exerça les deux charges de Premier Président et de Gouverneur, aussi 
dignement qu'un ange humanisé auroit pu faire. La Provence perdit cet ange tutélère 
qui la défandoit de la corruption et du désordre en 1616, lorsque le roi Louis XIII 
le lit passer à l'exercice du Garde-Sceau de France, et de suite à l'évêché de Lisieux. 
où il est mort. Mais sa mémoire a toujours vécu et vivra en Provence, parmi ceux 
qui aimeront la justice et le bon ordre. Ses portraits semblent encore aujourd'hui 
inspirer ces deux vertus, c'est pour cela qu'on y en voit beaucoup et qu'ils y sont 
curieusement conservez. Le principal se voit de la main du fameux FiNSOSius dans 
une saie du Palais, avec la représentation de sa personne en entier, siégeante à la 
tête de tous ceux qui composoient ce Parlement, qu'il avoit formé, pour être l'admiration 
du roïaume. (P. J. de Haitze. Portraits ou Hoges historiques des Premiers Présidents'*^ 
Pari, de Prov,) 



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PIECES JUSTIFICATIVES 283 



pour l'instruction de la jeunesse en Tétude des belles-1 
des régences roïales, dans les trois Facultez de l'Univer 
sèment venoit d estre fait par le Roi, en vertu de s 
d'octobre dernier, donné à Paris, sur la réquisition et le 
de la province tenus en mil six cent un. Par cet édit ; 
vocable, le Roi créa pour composer le collège, un 
direction intérieure, quatre Régens pour la profession de: 
et deux pour la Philosophie, dont l'un seroit le Logi 
Physicien. Il ordonna pour les études des trois Faculté 
deux docteurs régens pour la Théologie, savoir : un p( 
l'autre pour la Scholastique ; quatre pour la Jurisprudence; 
seroit lecteur en Droit canonique, et le quatrième Institut 
pour la Médecine, le dernier desquels seroit TAnatomiî 
établit pour les fonctions inférieures, deux bedeaux et 
que ces études fussent toujours en vigueur et qu'il 
pourvu à tout ce qui seroit requis pour les maintenir e 
donna l'intendance à un Bureau composé des Premiei 
Parlement et des Comptes, des Doïens de Tune et de V 
des Advocats et des Procureurs généraux de ces deux 
plus anciens du corps des Trésoriers Généraux de Frai 
Procureurs du Païs et de deux principaux habitans dé 
Outre cela, pour témoigner publiquement à la postérité 
ment avoit esté fait de son règne par son autorité et 
voulut qu'il fut nommé, le COLLÈGE ROYAL DE B( 
ce titre fut gravé en lettres d'or sur le portail du lieu 
par les Consuls pour la construction des écoles. En sui 
sition, le Bureau directorial trouva à propos, pour donn( 
pour amplifier davantage la fondation roïale, de diviser ci 
corps de collège, dont le premier pour les études d'hun 
Sophie, porteroit le titre de la fondation ; et l'autre pou 
donnent grade, auroit le nom d'Université, qui est c 
ordinairement à ces sortes de collèges. Suivant ce de 
régences du premier collège à celui que la ville avoit 
depuis Tannée mil cinq cent huitante trois, pour ces s 
la jeunesse apprend la latinité et l'art de raisonner, e 
régences du second, à celui qu'on avoit pour acquérir 
les hautes sciences. De cette sorte le Roi se trouv 
collège et confondateur d'une Université ; et par ce moïei 
devint doublement de fondation roïale ; aïant esté commei 
Ildëfons I, et Louis ii, et perfectionnée par Henri iv. 
dation, sans rien coûter à nos Rois, ne leur a fait plus 
leur a porté en même tems, un profit plus clair et plus 
puisqu'à son sujet, il leur en revient une augmentation 
sur le sel. Etablissement qui est une des principales ( 
histoire, qui rend cette année mémorable Année que le 
tems-la ont remarqué avoir esté très abondante en huile 
d'un arbre consacré à Minerve, qui est la déesse des si 
Haitze, Histoire (manuscrilc) de la ville d'Ai\% Liv. x/v, 



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284 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



H- 8. (p. 10.) 

Extrait des registres du Bureau du Collège Royal de Bourbon, 
Université et Académie de cette ville d'Aix. 

HENRY, par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, Comte de 
Provence, Forcalquier et Terres adjacentes : A tous présens et 
advenir, salut. 

Ayant fait bonne considération sur ce qui nous a esté cy-devant 
représenté de la part de nos chers et bien amez les Gens des Trois Estats 
ne nostre Pays de Provence, que si nostre bon plaisir estoit d'agréer et 
permettre Térection d'un collège, Académie, ou Université en nostre ville 
d'Aix, capitale du dit Pays, pour l'instruction de la jeunesse, tant aux 
Lettres humaines qu'en facultez de Théologie, Jurisprudence et Médecine 
et y attribuer les mesmes honneurs, privilèges, prérogatives, prééminences 
libertés et franchises que aux autres Universités de ce Royaume : Outre 
que ce seroit un moyen d'éterniser nostre nom en ladite Province, il en 
reviendroit un très grand fruit et commodité au général d'icelle, et serviroit 
entr'autres choses à la peupler de personnes de scavoir, capacité, et de 
suffisance pour le service de Nous et du public, au lieu qu'elle en est 
maintenant plus desgarnie qu'il ne seroit de besoin, à cause de l'incommodité 
que nos sujets de ladite Province, ont d'aller rechercher l'instruction des 
bonnes lettres et sciences au loing, à grand frais et despens, ausquels bien 
souventefois ils ne peuvent subsister. Sçavoir faisons, que Nous désirant 
gratifier, et favorablement traiter autant qu'il nous sera possible nostredit 
Pays de Provence, et non seulement relever nos sujets d'iceluy de ce qui 
leur peut apporter incommodité et despense en l'acquisition des choses 
bonnes et louables, comme sont les Lettres et Sciences, mais aussi leur en 
faciliter en tant qu'à Nous est le pouvoir. 

Pour ces causes et autres à ce Nous mouvans, inclinant favorablement 
à la supplication desdits Estats, de notre grâce spéciale, pleine puissance 
et authorité royale et provençale : avons créé^ érigé et institué : créons 
instituons et érigeons par cestuy nostre présent édict perpétuel et irrévo- 
vocable, en nostre ville d'Aix, un collège. Académie ou Université pour 
l'instruction de la jeunesse, tant en Lettres humaines et Philosophie, que 
Faculté de Théologie, Jurisprudence, Médecine, aux mesmes honneurs, 
privilèges, prérogatives, prééminences, immunités et franchises que nos 
autres collèges et Universités de ce Royaume: Voulons et nous plaist 
que pour marquer qu'iceluy collège a esté institué de notre règne, sous 
nostre authorité et faveur, il soit nommé et institué Le collège Royal de 
Bourboriy et que ce titre soit gravé en lettres d'or sur le portail du lieu 
qui sera baillé pour l'establissement dudit collège, par les Consuls de la 
ville d'Aix, Procureurs de nostre Pays de Provence, pour composer et 
constituer, lequel collège nous avons créé et ordonné, créons et ordonnons 
par ces présentes : Premièrement pour la profession des Lettres humaines, 
un Principal, et quatre Régens. Pour la Philosophie, un Logicien et un 
Physicien. Pour ladite Théologie deux Docteurs Régens, un pour la 
Positive, et un pour la Scholastique. Pour la Jurisprudence, quatre docteurs 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 285 



Régens, dont le troisième sera Lecteur en Droict Canon, et le quatrième 

rinstitutaire. Pour la Médecine et Chirurgie, trois Régens, le dernier 

desquels sera TAnatomiste. Et finalement deux Bedeaux et un Portier 

dudit collège, tous lesquels seront gagés et stipendiés pour chacune, ou 

selon leur qualité, mérite et labeur, ainsi qu'il sera advisé 

pour ceux qui seront cy-après par Nous commis et députés 

l'intendance et l'administration desdites affaires dudit collège, 

leur bailler fonds pour cet effet, nous avons en faveur des bon 

libéralement accordé et accordons à présent et pour toujour 

fait et estably une creùe de deux sols sur chacune eymine d( 

débitera d'ores en avant pour chacun an aux greniers à si 

Provence, outre et pardessus le prix ordinaire dudit sel, les 

laquelle creûe avons fait estât monter à la somme de six mil 

chacun an, suivant ladvis qui nous en a esté donné par nos ai 

les Trésoriers généraux de France audit Pays, que nous avons î 

affecté et affectons à l'entretien dudit collège, et payement de 

Docteurs Règens, Lecteurs et autres officiers, et supposts d'iceh 

déclaré : et voulons iceux deniers estre reçeus par les Offi( 

dits greniers à sel, avec l'ancien prix dudit sel, et en aprèî 

mis en nostre recepte générale, pour à Tadvenir en estre fait a 

en Testât général de nos Finances, au chapitre des Fiefs et / 

la charge que, où la dite somme de six mil livres ne serc 

pour les dits gages ou autres nécessités dudit collège, les dit 

nostredit Pays, ou Procureurs d'iceluy, seront tenus supplée 

manquera de fonds pour ce regard, suivant l'offre qu'ils Nous 

Et afin que lesdits derniers de la dite creûe soient employés 

et suivant nostre intentions, ordonnons qu'ils seront par nosti 

général mis en mains du Trésorier desdits Estats, pour en faire le 

par les mandats et ordonnances des S" Intendants et Procureurs 

pour en compter annuellement, en la Chambre des Comptes, 

autres deniers de sa charge, à laquelle charge d'Intendant dt 

nous avons commis et député, commettons et députons ores et po 

nos amez et féaux conseillers, les Premiers Présidents de 

du Parlement et des comptes, Aydes et Finances dudit Pays, 

ancien Conseiller en chacune d'icelles, ou au deffaut desdi 

Présidents, au plus anciens Conseillers les premiers en rang 

avec nos Procureurs et Advocats Généraux èsdites cours, et le 

anciens du corps des Trésoriers généraux de France dudit Pay 

les Procureurs desdits Estats, lesquels Intendans auront pouvoii 

des gages des Docteurs Régens, Lecteurs, Officiers et Sup 

collège, selon qu'ils iugeront estre convenable, et faire faire leî 

des deniers de ladite creûe, voir si les deniers auront esté bien el 

employez et administrez, et à cette fin, faire représenter Testa 

recepte que de la despense par chacun an, et généralement avo 

d'Intendance des affaires concernant Tordre, règlement, et cons 

ce collège et Universités, pour lesquels voulons, et leur en 

s'assembler chacun an le dernier jour des Festes après Noël, 

collège, avec deux principaux habitants de ladite ville, afi 

ensemblement, à ce qui sera requis pour le bien entretè 



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286 PIECES JUSTIFICATIVES 



avancement d'iceluy, et y régler et ordonner ce qu'il appartiendra. Si 
donnons en mandement à nos amés et féaux conseiller les gens tenans 
nosdites Cours de Parlement, et des Comptes Aydes et Finances, et 
Trésoriers généraux de France, et tous autres nos justiciers et officiers 
qu'il appartiendra, que nostre présente création, establissement, et érection 
de collège et Université en nostre ville d'Aix, ils fassent respectivement 
publier et registrer, et le contenu cy dessus garder, entretenir, observer 
de poinct en poinct selon sa forme et teneur, cessant et faisant cesser 
tous troubles et empeschement au contraire. Mandons en outre, ausdits 
Gens de nos Comptes, Cour des Aydes, Trésoriers généraux de France 
audit Pays, que la dite creile de deux sols sur chacune eymine de seJ 
qui se vendra d'ors en avant en nos greniers et gabelles de Provence, 
ils souffrent et laissent lever et recueillir pour l'effet que dessus en Ja 
forme susdite, à commencer du jour de la vérification de ces présentes, 
contraignant à ce faire, souffrir et obéir tous ceux qu'il appartiendra par 
toutes voyes deiles et raisonnables, nonobstant oppositions quelconques, 
pour lesquelles ne voulons ladite levée estre différée : Car tel est nostre 
plaisir, nonobstant quelconques ordonnances et lettres à ce contraire, 
ausquelles, nous avons dérogé et dérogeons par cesdites présentes. Et afin 
que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre nostre 
scel à ces présentes, sauf en autre chose nostre droit, et l'autruy en toutes. 
Donné à Paris au mois d'octobre l'an de grâce mil six cens trois et de 
nostre règne le quinzième. Et sur le reply est escrit. Par le Roy Comte 
de Provence , nostre Sire présent. Signé de Neuville. A costé visa, 
CoNTENTOR. Signé PoussEPiN. Et seellées en lacs de soye rouge et verte du 
grand sceel de cire verte. Et contresellé. (Almœ Aquarum Sexiiarum Uni- 
versilalis votera et nova statuta, consttiutiones et consuetudines, etc. Aquis- 
Sextiis, Roi:{e^ i66jy pet, in-f.) 



H° 9. (p. I2.J 

Institutas Aquis-Sextiis conciones dimittere coacttts (Cotonus). 
in ezilem pagum alacer transit. 

Fluxerunt hactenus Cotono satis placide suscepta negotia. Sed ad annum 
aetatis tricesimun quintum, cum in majoren exercendus esset palaestram, 
nonnullis subinde difficultatibus divinae consilio providentiae fuit permissus. 
Impulerat enim Avenionensium eius laborum fama Paulum Huraltum, qui 
tune Aquis Sextiis Archiepiscopus erat, ut maximo civitatis suae temple con- 
cionatorem illum volentibus Societatis praesidibus adoptaret. Que cura 
advenisset Cotonus, suarumque concionum cursum valde iam fecundum 
teneret; is qui tune Aquensi Senatui princeps praesidebat, sive quodArchie- 
piscopo, cum quo illi intercedebant inimicitiae, œgre factum vèllet, sive 
quôd erga Societatem animo esset parum aequo, literas ex Régis Curia ira- 



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IWIIiV 



PIECES JUSTIFICATIVES 287 



petrat, quibùs Societati quandiu Parisiis exularet, concionibus 
nensi etiam illa provincia interdicebatur. Earum literarun 
CoTONUS in eo quem dixi concionum cursu suggesto iussus e 
eiusque in locum suffectus alius dicendi laude non maximus. Ut 
iniuriam sive operae suae despicientiam tulerit duae res postea 
Nam cum in aula esset, eum qui rem totam erat machinatus qi 
in iudiciis integer haberetur, laude commendalione sua iuv 
ampliorem dignitalis gradum promoveretur. Et hoc tempore stat 
iniussu praesidum ratus non deserendam, confessiones quibus 
prohibitus, totos dies audiebat dùm aliô vocaretur; cùmque 
tempus advenerat humili ni sede successorem illum suum coi 
auscultabat modestissimè, et quantum patiebatur veritas non frij 
parce commendabat. Literis deinde suorum praesidum acceptis ul: 
angustissimum sibi oppidulum Avisanum, cuius ecclesia in A' 
collegii est potestate in quadragesimam destinatum, advola> 
curriculô, laetus provinciam sibi obvenisse tanto utiliorem quanto 
minus illustrem. Ergo pro unico Aquensi binas in die ad Avisar 
conciones, unam ante ortum, alteram post occasum solis haber 
ac ne viris nobilibus in confinio sitis nihil conferret opis, tertiai 
ad meridiem nunc unius, nunc alterius oppido tribuit maî^'na se 
Hum multitudine eum, quocumque condictus esset concioni k 
quente. Nunquam illi antea vel sensus de se abjectior, vel cœ 
uberior quàm inter hos labores prope rusticanos... (P. Roverius. 
Cotoni^ Lugduni, Libéral. 1660. Lib. /, cap. X.) 



>• 10. (p. 15.) 

Le Parlement s'opose à l'introduction des Jésuites dans la 
directeur du collège des Humanités. Il impose silence 
Consuls qui poursuivoient cet établissement. 

L'ÉTAT consulère aïant esté renouvelé en son tems ordinère, il 
par le choix qu'on fit d'André d'ORAisoN, comte de Boulbc 
d'ANTELMi, advocat, de Gérard Arbaud, écuïer, et de Raimonc 
Les Consuls voulurent appeler les Jésuites pour leur donner 
du collège roïal de Bourbon. Ces magistrats firent ce me 
l'impulsion de celui qui estoit à la tète, dont le frère estoit de 
Les mémoires qu'on a de ce tems là nous attestent, que ce c( 
conduit avec honneur et profit. En efet il y avoit des profe 
mérite distingué. Il sufit de nommer Philibert Fezaïe et l'illu 
Gassendi, parmi ceux qui professoient la philosophie; et Je 
RouzEAU pour réloquence duquel il reste encore dans Aix enti 
de curieux, plusieurs pièces de sa façon qui témoignent de son i 
Comme les régences se donnoient à la dispute, on ne manque 



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PIECES JUSTIFICATIVES 



les remplir; et c'estoit un honneur pour le Bureau directorial 
mérite. Aussi le Parlement n'aprouvant pas la démarche des 
I vouloir changer cet ordre, il fit arrêt, par lequel il imposa 
5 magistrats sur ce sujet, et leur défendit d'appeler les Jésuites, 
plaudit à cette défense, voïant par sa propre expérience que 
cesser l'émulation dans la postulation des régences, il estoii 
t que les études languiroient ; ce que le tems n'a que trop 
'est là l'aiguillon qui fait éclater la vertu. (P. J. de Haitze 
inuscrite) de la ville d^Aix. Liv. xiv. Ch. LXK, 1620.) 



HMI. (p. 75.) 
Lettres-patentes du Roy (du 6 février i6ai.) 

ir la grâce de Dieu, Roy de France, de Navarre, Comte de 
:e, Forcalquier et terres adjacentes, à tous ceux qui ces pré- 
s verront, salut. Nos très chers et bien-aimez les consuls de 
d'Aix, procureurs de nostre dict pays de Provence, nous ont 
strerque le feu Roy, nostre très-honoré Seigneur et Père (que 
e), par ses lettres patentes du mois d'octobre 1603, c" ^^^^^ 
nt créé et érigé en nostre ville d'Aix une Académie ou Uni- 
1 icelle un Collège pour l'instruction de la jeunesse aux Lettres 
l Philosophie, aux charges et conditions portées par lesdites 
antre autres, que ledit Collège seroit pour Tadvenir nommé et 
Collège Royal de Bourbon, il auroit ordonné pour Tentretene- 
le ladite Académie ou Université que dudit Collège, estre 
îCie de deux sols sur chacune esminée de sel qui se débiteroit 
an aux greniers à sel de ladite province, et icelle affectée 
somme de six mil livres, à Tacquit et payement des gages 
régents et charges nécessaires de ladite Université et Collège, 
nt esté estably, les devanciers desdits suppliants auroient 
ucoup de soing pour faire recherche tant dedans que dehors 
ime, de personnes capables et expérimentées pour rinstruction 
se esdites Lettres Humaines et Philosophie; en quoy ils n'au- 
^moins peu si bien rencontrer que les meilleures familles de 
et mesme de la province, n'ayent festés depuis contraincts de 
envoyer leurs enfants es villes de Lyon, Tournon, Avignon et 
pour le peu d*ordre et discipline qu'il y a audit Collège et le 
cément que la jeunesse y faict, dont le pays reçoit un notable 
lur les grandes sommes de deniers qui se transportent par ce 
: pays. Ce qu'ayant recognu lesdits suppliants, comme aussi 
uicts et progrez que font les Pères Jésuites à Tendroict de I0 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 28Ô 



jeunesse aux villes et lieux où ils sont establis, pour estre persoi 
suffisance et capacité requise pour enseigner les bonnes lettres : 
ont très-humblement supplié pour ceste occasion, leur permettre d 
et installer dans ledit Collège Royal de Bourbon de nostre vilK 
des Docteurs et Régens dudit ordre pour en avoir la directic 
enseigner ladite jeunesse èsdites sciences d'Humanités et Philoso 
leur octroyer à cet effect nos lettres pour ce nécessaires. Pour ces 
et autres bonnes considérations à ce nous mouvant, désirant auts 
nous est possible procurer le bien de nostre pays de Provence, 
que la jeunesse d'iceluy soit instruite et eslevée, tant en la piété q 
les sciences des bonnes lettres, par personnes capables de les ei 
après avoir faict voir en nostre Conseil lesdites lettres-patentes e 
d'édict, dont la copie est cy-attachée sous le contre-séel de nostn 
cellerie : De Tavis d'iceluy, nous avons permis et permettons par 
sentes, auxdits Consuls de nostre dite ville d'Aix, pour y ensei 
instruire d'oresnavant la jeunesse esdites Lettres humaines et Phil< 
ainsi qu'ils sont es autres collèges et universités de cestuy no! 
Royaume, où ils ont establi au lieu et place des autres Doct 
Régents qui y sont à présent pour cet efifect. Lesquels Jésuites 
payés des gages et entretenements qui leur seront ordonnés par c 
ont esté establis par ledict édit, pour l'intendance et direction d 
Université et Collège, et des deniers à ce destinez ; le tout néa 
soubs les expresses charges et conditions portées par l'édict de n 
sèment desdits Pères Jésuites en nostre royaume du mois de se| 
1603. Si donnons en mandement à nos amès et féaux les gens 
nostre Cour de Parlement d'Aix, Séneschal dudit Pays, ou son Lie 
audit Aix, et autres nos justiciers et officiers qu'il appartiendra, ^ 
présentes nos lettres de permission ils fassent enregistrer, et du 
en icelles, jouyr et user lesdits Consuls et Pères Jésuites pleinei 
paisiblement sans souffrir ni permettre leur estre faict, mis, ou de 
l'efFect et exécution d'icelles, aucun trouble, destourbier ou empèse 
au contraire : car tel est notre plaisir. En tesmoin de quoy noui 
faict mettre nostre séel à cesdites présentes. Donné à Paris, le 6' 
février l'an de grâce 1621 et de nostre règne Tunziesme, Louys; 
le reply, par le roy Comte de Provence, Phelipeaux. Et scellées d 
seau de cire jaulne sur double queue. Et a costé est escrit : Les 
lettres patentes du Roi ont esté enregistrées es registres des 
royaux de la Cour de Parlement de Provence, suivant l'arrest pa 
donné du 14 jour de may 1621. — Jouxte, l'impression faite à > 
Jean Tholo^an, imprimeur du Roy et ordinaire de ladite ville — 
du Grand Conseil, donné le ip sept. 162^. Pour r Université de Pari 
les Jésuites. Paris, P. Durand, petit in-S"*, M. DC. xxv.) 



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290 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



H° 12. (p. i6J 

Arrest de vérification et d'enregistrememt des lettres Patentes 
du 6 fév. i6ai. Extrait des registres du Parlement 

SUR la requeste présentée par les Consuls de ceste ville d'Aix, tendant 
aux fins pour les causes y contenues, avoir la vérification et enregis- 
tration des lettres patentes du Roy par eux obtenues. Par lesquelles Sa 
Majesté permet ausdits Consuls establir et installer les Pères Jésuites 
dans le Collège royal de Bourbon de ceste ville d'Aix, pour y enseigner 
et instruire la jeunesse èz lettres humaines et Philosophie, ainsi qu'ils font 
aux autres collèges et universitez du royaume, où ils sont establis au 
lieu et place des autres Docteurs et Régens qui y sont à présent. Les- 
quels Jésuites seront payez des gages et entretenements que leur seront 
ordonnez par les Consuls qui ont esté establis par l'édict pour Imten- 
dance et direction de ladite Université et Collège, et des deniers à ce 
destinez. Le tout, soubs les expresses charges et conditions portées par 
Tédictde restablissement desdits Pères Jésuites en ce royaume, du mois 
de septembre i6oj, pour estre gardées et observées selon leur form? et 
teneur. 

Veu par la Cour, les Chambres assemblées, ladite requeste du 28 
avril 1621, lesdites lettres patentes données à Paris, le 6 février dernier, 
signées LouYS, et sur le reply : Par le roy, comte de Provence, Pheli- 
PEAUX ; scellées du grand seau à double queue de cire jaulne : Coppie de 
lettres patentes du Roy en forme d'édict sur l'érection et establissement 
dudit Collège de Bourbon données à Paris au mois d'octobre 1603. Autre 
requeste à mesme fins : Conclusions du Procureur général du Roy, et 
iceluy ouy dans la Chambre. Tout considéré, dict a esté que la Cour, 
les Chambres assemblées, a vérifié lesdites patentes. Ordonne qu'elles 
seront enregistrées èz registres d'icelle, pour estre gardées et observées 
selon leur forme et teneur : aux charges et conditions portées par l'édict 
de restablissement desdits Pères Jésuites, du mois de septembre 1605, 
et autres modifications contenues au registres. Et pour procéder à l'exé- 
cution d'icelles, sera assemblé un conseil ordinaire de la Maison commune 
de ceste ville d'Aix, appelé les Consulaires en présence de MM. Anthoine 
Thoron, et Gaspard de Glandevès, Conseillers du roy à ce commis et 
députez pour traicter des moyens de leur establissement ; sauf audit Pro- 
cureur Général du Roy, si bon luy semble, se pourvoir pardevers sa Majesté, 
et faire telles remontrances qu'il advisera bon estre. Publié à la barre du 
Parlement de Provence séant à Aix, le 14 may 1621. 
Collation est faicle. 

Signé: Estienne. 

(Arrest du Grand Conseil, etc.) 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 291 



H- 13. (p. i8.) 
Arrêts du i6 Juin 1621. 

Du seiziesme juin 1621. Dans la grande chambre, les Chambres 
Messieurs Thomassin et de Cormier, Rabasse et Guérin 
et Procureurs Généraux, parla bouche du dit M. de Cormier, o 
tré que Messieurs les Commissaires députez par la Cour, pou 
articles résolus par les députés du Conseil de cette ville d'Aix, 
bassement des Pères Jésuites au Collège royal de Bourbon de li 
et pour dresser aussi les modifications réservées à faire par 1 
vérification des lettres patentes du Roi concernant ledit establis 
sont assemblés à la maison de Monsieur le Premier Président, k 
mois où ils ont examiné lesdits articles résolus par lesdits dépi 
ville, et fait un projet des autres conditions qu'ils ont jugé de 
mises tant au contract que sur le registre, et entr'autres qu au sei 
lesdits Pères Jésuites sont tenus de faire, par l'article 14 de 
leur restablissement, on doit comprendre un chef particulier, sur 
noissance de l'Indépendance de la Couronne et de la Souveraine 
dans son Royaume, comme ne la tenant deuëment et immédiate 
de Dieu seul et de son espée : Et fut délibéré par lesdits coi 
qu'on dresseroit le formulaire dudit serment pour l'enregistrer au 
la Cour : Ce qu'estant venu à la notice du Provincial desdits Père 
il auroit insisté par ses sollicitations à la descharge dudit ser 
l'anéantissement d'une si saincte et salutaire résolution, délibérée 
commissaires qui estoyent au nombre de douze ; et d'autant qu' 
grandement à l'autorité du Roi, que la dite résolution qui a ( 
divulguée par toute la ville, soit effectuée, que la maxime c 
Indépendance et Souveraineté du Roy au temporel de son Ro; 
soit point esbranlée dans l'esprit et créances de ses subjets con 
putable et appuyée sur toute sorte de droict, tant divin qu'hi 
façon qu'on ne peut tenir, ni proposer le contraire, sans tom 
manifeste crime de lèze-Maiesté, requérant que le dit ariic 
et délibéré par lesdits sieurs commissaires, sur le serment part 
ladite Indépendance, soit authorisé par la Cour, et la formalité 
enregistrée, avec les clauses requises pour la manutention de la ] 
et Souveraineté et néantmoins parceque lesdits Jésuites en leurs 
et sollicitations allèguent, que plusieurs articles qu'on prête 
au contract sont contraires à leur institut, requièrent communicatio 
pour voir s'il y a chose qui soit répugnante aux libertées de l'E 
licane ; et d'autant que le premier article dudit édict de resta 
des dits Pères Jésuites, du mois de septembre 160), ils ne peuve 
aucune résidence en aucunes villes ni endroits de ce Royaume san 
permission du Roy. et qu'ils ont formé une nouvelle résider 
prétexte d'un hospice en la ville de Marseille, puis quelque tem 
sans qu'ils ayent faict apparoir d'aucune permission du Roy, 
aussi qui leur soit enjoint d'exiber et faire apparoir de ladite 
permission qu'ils disent avoir de résider audit Marseille, dans 



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202 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



délay, sur la peine contenue audit édict, n'entendants toutesfois par la 
présente réquisition desroger aux remontrances qu'ils prétendent de faire 
à sa Maiesté, sur Testablissement desdits Pères Jésuites audit collège de 
ceste ville, et qui leur en ont esté réservées par ledit arrest du 14 may 
dernier, a esté résolu les articles et modifications suivantes. 



Article* et modifications sur l'establissement des 
Pères Jésuites en ceste ville d'Aiz. 

Premièrement lesdicts Pères Jésuites tiendront cinq classes pour les 
Humanitez et deux pour la Philosophie, qu'ils parferont dans deux 
ans, ou autrement à l'arbitrage des Recteurs et Régents du collège. 

Item, pour l'entretenement dudit collège sera accordé par ladicte ville, 
ausdicts Pères Jésuites, la somme de dix-huit cens livres outre et par-dessus 
les ^00 de pension deuê par les hoirs de Jean Bon, et les 900 qui sont 
aussi données par le Roy au collège de Bourbon sur les deniers du sel. 

Iterrij que ledit collège sera establi en la maison de Ville- Neufve appelé 
le Collège Royal de Bourbon : sur le frontispice du portail d'iceluy, sera 
mis une pierre de marbre noir, avec l'inscription en lettre d'or, contenant 
ces paroles. Collège Royal de Bourbon, pour en iceluy exercer lesdites 
charges de Règens de l'humanité et philosophie, et servir aussi d'habitation 
audits Pères Jésuites, et faire le service de Dieu dans l'église de St-Louys, 
bastie dans l'enclos dudit collège, sans que ladicte ville lui soit tenue 
d'un plus grand bastiment et réparation, en cas d'aucun trouble et empes- 
chements, sur la jouyssance de ladicte église, ladicte ville sera teuë de faire 
adhérance ausdicts Pères Jésuites, sans toutesfois lui estre tenue d'aucune 
garantie. 

Item, que lesdicts Pères Jésuites ne pourront à l'advenir demander, ny 
accepter aucun collège, grand et petit, pour y enseigner et instruire aucune 
personne de quelque condition et aage que ce soit, en général ny en par- 
ticulier, en autre part, ville et lieux de ceste province, terres adjacentes, 
notamment en la ville de Marseille, et généralement dans Testendue du 
Parlement, que dans la ville d'Aix : et renonceront à toutes provisions, 
obtenues ou à obtenir, au préjudice du présent article. 

Comme aussi ne pourront avoir aucun noviciat, séminaire, maison professe 
ny hospice en ceste ville, ny en aucune autre part de la Province, sauf à 
réserver en l'hospice qu'ils ont de présent en la ville de Marseille, lequel 
demeurera, à la charge qu'ils n'y pourront tenir que quatre religieux ori- 
ginaires françois, et les estrangers n'y pourront séjourner que trois jours 
et seront tenus de certifier les Consuls de leur arrivée et départ : pourront 
néantmoins estans requis par les sieurs Evesques diocésains et autres 
Supérieurs ecclésiastiques, envoyer de leurs Pères sur les lieux, par forme 
de mission sans qu'ils puissent prétendre aucune résidence perpétuelle 
auxdicts lieux, sous prétexte desdictes missions. 

Item, qu'ils ne pourront tenir aucuns pensionnaires, en quelque façon et 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



manière que ce soit, ny former aucune congrégation d 
conque, de quelque lieu et condition qu'il soit, sauf dei 
dians audict collège : et ce, avec le consentement de lei 
et administrateurs et pour le catéchisme tant seulement. 

liem, qu'ils contribueront aux charges levées et impos 
comme les chanoines, bènéficiers, et prestres de TEgliî 
Sainct Sauveur, nonosbtant toutes franchises qu'ils on 
avoir à Tadvenir. 

Item^ ne pourront augmenter leurs rentes et revenu: 
légitime de bénéfice, dons de sa Maiestè, ou autres vo}/ 
jusques à la valeur de dix mil livres de rente, y compris 
dessus accordées : et le cas d'augment advenu, sera la ' 
acquittée de 600 livres de plus qu'elle vouloit donner poi 
collège aux Régents ci-devant establis, en sorte néantmo 
de toute la dicte rente de 10.000 livres par dessus ledic 
sans qu'ils puissent excéder en aucune façon et manière 

Item, qu'advenant que lesdits Pères Jésuites augmeni 
revenus, en quelque façon et manière que ce soit par deî 
de 3,000 livres accordée, ils seront tenus d'augmenter 
collège, soit de Philosophie, Théologie, et Malhèmatic 
de l'accroissement de leurs revenus. 

Item, en cas de procès et différends d'entre ladite \ 
d'icelle, et lesdits Pères Jésuites, ny pourront évoque 
jurisdiction des Juges, tant souverains que sulbalteri 
Province, pardevant lesquels seront tenus subir jugement 
habitans d'icelle, fors au cas permis par les édicts et o 
Maiesté. 

Itemj ne pourront entreprendre aucune chose au pr 
facultez de la ville, Régens et Professeurs Royaux d'icel 
destinés pour l'entretenement desdites trois facultez, et d( 
l'exercice de la jeunesse. 

Item, que par leur establissement ne sera desrogé au p 
attribuée à Messieurs les Intendants de Bureau dudit coi 
lettres patentes du 6 novembre 1603, et autres lettres | 
par ladicte communauté, portant establissement desdits Pè 
février dernier 1621. Ains demeurera ledict bureau en es 
voir, jurisdiction, et auctorité. 

Item, que les dits Pères Jésuites seront tenus garde 
autres charges et conditions portées par l'édict de leur n 
l'année 1603, et modifications couchées sur le registre de 

Item, que les dits Pères Jésuites bailleront extraict d 
copie de l'establissement de l'hospice de la dicte ville 
Procureur Général du Roy. 

Item, que le dit édict de l'establissement du mois de 
sera enregistré au greffe de la Cour. 

Item, lesdits Pères Jésuites ne pourront acquérir aucuns 
ou autrement, soit en particulier, ou en corps commur 
indirectement, qu'aux qualitez de l'édict. 

Item, ne pourront les Pères Jésuites contrevenir ausdits 



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294 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



d'iceux, à peine de nullité du contract qui sera passé de leur establissement. 

Iterriy que suivant les susdits articles de modifications, leur sera passé 
contract avec le Révérend Père Provincial dudict Ordre, en présence de 
Monsieur le Premier Président et Commissaires, qui sur ce, seront députez 
auquel contract toutes les susdictes modifications seront insérées, et sera 
tenu ledict Père Provincial de faire ratifier au Révérend Père Général 
dudit Ordre, et icelle ratifications rapporter dans le mois, après la passas- 
sion dudit contract, encore iceluy faire authoriser dans ledict temps à sa 
Maiesté : et moyennant ce, après qu'ils auront preste le serment en la 
forme contenue au registre de la Cour, ils seront mis en possession dudict 
collège dès à présent, pour commencer d'y faire les fonctions à la S*-Remy 
prochain, demeurants les Régens qui y sont de présent jusques audit temps. 

Aussi a esté délibéré qu'on fera entendre aux Consuls de Marseille, et 
audit sieur de Mirabeau, s'ils veulent consentir qne les dix mil escus, légués, 
ou accordés aux Pères Jésuites pour le droit de succession de feu M. 
Pierre de Riquety, sieur de Négreaux, et Père Thomas Riquety Religieux 
dudit Ordre, soyent remis en cette ville, et unis audit collège pour le mieux 
doter, soubs le bon plaisir de Sa Majesté, laquelle sera très humblement 
suppliée auctoriser ledict consentement, pour en ce cas n'avoir point 
d'hospice en ladite ville de Marseille.. 



(Arrêt du Grand Conseil, etcl) 



H*» 14. (p. i8.) 

Lettres patentes de Sa Maiesté en forme de jussion» par lesquelles 

est mandé à la Cour de Parlement et Chambre des vacations 

de vérifier les premières purement et simplement, 

sans modification ny restriction aucune, 

hors de celles de l'Edict de leur 

establissement 

I ouYs, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, Comte 
•■^ de Provence, Forcalquier, et terres ajacentes. A nos amez et féaux 
les gens tenans nostre Cour de Parlement et Chambre des Vacations 
establie à Aix : Salut. Par nos lettres patentes du sixiesme jour de février 
cy attachées soubs le contreseel de nostre chancellerie, nous avons à 
rinstante prière et requeste de nos très-chers et bien aimez, les Consuls 
de nostre dite ville d'Aix, Procureur de nostre dit Pays de Provence. 



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PIECES JUSTIFICATIVES 



et pour les causes et considérations portées par nosdit 
veuës en nostre Conseil, permis ausdits Consuls, I 
dit Pays, d'establir et installer les Pères Jésuites di 
de Bourbon de nostre dite ville d'Aix, pour y c 
d'oresnavant la jeunesse en Lettres humaines et Ph 
font es autres Collèges et Universitez de nostre 
establis au lieu et place des autres Docteurs et Rége 
audit Collège Royal : lesquels Jésuites seront payez 
tenemenl qui leur seront ordonnez par ceux qui ( 
édict du feu roy Henri-le-Grand, nostre très-hon< 
(que Dieu absolve), du mois d'octobre 1603, portant éi 
de ladite ville, et en icelle dudit . Collège Royal < 
deniers à ce destinez, sans autres charges et condi 
sont portées par Tédict du restablissement desdits P 
de septembre audit an 1603. Et vous ayans mand 
registrer nosdites lettres, et du contenu en icelles so 
et user lesdits consuls et Pères Jésuites plainement 
permettre qu'en l'exécution d'icelles il leur fust fa 
empeschement. Au lieu de ce faire et de procurer a 
lation et establissement grandement désirez, non-seï 
et advancement de la jeunesse, et des meilleures fai 
et de la Province, mesmes que les parents estoyent 
èz villes de Lyon, Tournon, Avignon, et autres où li 
leurs collèges establis, pour le peu d'ordre et de di 
audit Collège de Bourbon, et le peu de progrès 
jeunesse y faisoit ; mais encore pour le profit 
dans lequel demeureront tous les deniers qui en 
transportoyent èz susdites villes pour le payement d 
escoliers : Vous avez en contrevenant directement à i 
et volontez, ordonné par vostre arrest du 14 may < 
lettres seroient enregistrées èz registres de nostredite 
aux charges et condition portées par l'édict de re 
Pères, comme nous l'avons résolu : mais aux chai 
contenues au Registre : et sauf à nostre Procureur 
pardevers nous et faire telles remonstrances qu'il adv 
qui a contrainct lesdits Pères Jésuites de recourir à 
Pour ces causes. Nous vous mandons, ordonnons, 
enjoignons par ces présentes, pour ce signées de m 
serviront de première et de finale jussion, sans att( 
plus exprès commandement, que vous ayez à faii 
lettres du sixiesme février, portant permission d'est 
Pères Jésuites dans le Collège royal de Bourbon 
d'Aix, et de tout le contenu en icelles, souffrir et 
Pères Jésuites plainement et paisiblement sans U 
conditions et charges que celles portées par l'édict de 
du mois de septembre 1603. Ainsi que nous l'avons o 
lettres, nonobstant vostre dits arrest du 14 ma; 
contenues au registre de nostredite Cour, les causes 
les faire, et toutes autres charges et conditions cor 



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296 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



intention et volonté, que nous ne voulons suspendre et retarder l'effect 
de nosdites lettres et lexécution dudit establissement et installation en 
quelque sorte et manière que ce soit, non plus que les remontrances qui 
nous pourroient estre faictes sur ce subject, que nous tenons pour entendues. 
Enjoignant à notre Procureur général en nostre dite Cour requérir et 
consentir l'enregistrement et vérification pure et simple de nosdites lettres, 
Taccomplissement et exécution d'icelles : tenir la main à ce que lesdits 
Pères soient establis et installez audit Collège, comme nous 1 avons désiré 
et mandé, et faire en sorte que lesdits Pères Jésuites en demeurent 
contents et satisfaicts, qu'ils n'ayent subject de recourir à nouvelles 
plaintes, car tel est nostre plaisir. 

Donné à Tonneins, le vingt-septiesme jour de juillet, Tan de grâce 
mil six cens vingt-vn, et de nostre règne le douxiesme, Louys. 

Et plus bas, Par le roy, Comte de Provence. 



Phelipeaux. 



Extraict des Registres de Parlement. 

Sur la requeste présentée à la Chambre ordonnée en temps de Vacation, 
par le Procureur Général du Roy, tendant afin pour les causes y 
contenues avoir la vérification et enregistration des lettres patentes du 
Roy, en forme de jussion pour faire enregistrer les lettres patentes de sa 
Majesté, du sixiesme février dernier, portant permission d establir et 
instaler les Pères Jésuites dans le Collège Royal de Bourbon de ceste 
ville d'Aix, sans les obliger à autres conditions et charges, que celles 
portées par Tédict de leur establissement du mois de septembre 1605. 
Nonobstant Tarrest de la Cour du 14 may, et modifications contenues 
au Registre, pour estre gardées et observées selon leur forme et teneur : 
Veu ladite requeste, présentée par ledit Procureur Général du Roy, 
lesdites lettres patentes en forme de jussion données à Tonneins, le 
27 de juillet 1621, signées Louys, et plus bas par le Roy, Comte de 
Provence, Phelipeaux ; scellées du grand sceau à simple queue de cire 
jaulne : Copie de lettres patentes du Roy, portant permission aux 
Consuls de ceste ville d'Aix, d'establir les Pères Jésuites au Collège 
Royal de Bourbon de ceste ville d'Aix, du sixiesme février : Arrest de 
vérification d'icelles du quatorziesme may suivant : Requeste présentée à 
ladite Chambre par Messire Jacques Mérindol, Prestre, Recteur de la 
Chapelle Royale S' Louys, joignant le Collège Royal de Bourbon dudit 
Aix, afin d'estre receu à opposition à la vérification et enregistration 
desdites lettres patentes du Roy obtenues par ledit Messire Mérindol, 
portant don en sa faveur de ladite chapellenie S' Louys, données à Paris 
le septiesme juillet 1620. Autres lettres Patentes du Roy, obtenues par 
ledit Messire Mérindol par lesquelles sa Majesté mande à le faire jouyr 
de ladite chapellenie : Conclusions du Procureur Général du Roy. Tout 
considéré, dit a esté que la Chambre, les Présidents et Conseillers estant 



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PIÈCES JUSTIFICATIVE 



en la ville assemblés, a ordonné et ordonne q 
seront enregistrées es registres d'icelles, pour 
selon leur forme et teneur : Et à ces fins le: 
mis en possession du Collège Royal de B< 
S' Louys, par M. Vincent Anne de Maynier, : 
Thoron et Gaspard de Glandevez, Conseillers 
défenses audit Mérindol et à tous autres, de 
à peine de mil livres, et autres arbitraires : Et 
pourvoir, ainsi qu'il verra bon estre. Fait 
ordonnée durant les vacations, et publié à 1 
mois d'aoust 1621. 

Collation est faicte . 

(Arresl du Grand Conseil, etc.) 



11^ 15. (p. 18.) 

Edit de rétablissement des Jésui 
du mois de Septembre 

Henri par la grâce de de Dieu Roy de Fr 
ceux qui ces présentes lettres verront, 
désirant satisfaire à la prière qui nous a été fa 
Pape, pour le rétablissement des Jésuites en ces 
bonnes et grandes considérations à ce no 
accordé et accordons par ces présentes, pour 
et de notre grâce spéciale, pleine puissance 
la Société et Compagnie des Jésuites, qu'ils p 
de demeurer et de résider es lieuz où ils se ti 
notredit Royaume^ à sçavoir es Villes de Tou 
Bordeaux, Périgueux, Limoges, Tournon, le 
et outre lesdits lieux, Nous leur avons en fav( 
la glorieuse affection que nous lui portons, en 
se mettre à rétablir en nos Villes de Lyon et 
se loger en nôtre maison de la Flèche en . 
établir leurs collèges et résidences, aux charj 
qui s'ensuivent. 

I 

Qu'ils ne pourront dresser aucun Colége n 
et endroits de cestui nostredit royaume, pay 



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298 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



nôtre obéissance, sans nôtre expresse permission, sur peine d'être déchus 
du contenu en ceste nôtre présente grAce. 



I! 

Que tous ceux de ladite Société des Jésuites étant en nôtre Royaume 
ensemble leurs Recteurs et Proviseurs seront naturels François, sans 
qu aucun étranger puisse être admis et avoir lieu en leurs coiéges et 
résidences sans notre permission, et si aucun y en a de présent, seront 
tenus dans trois mois après la publication de ces présentes, se retirer en 
leur pays, déclarant toutefois que nous n'entendons comprendre en ce 
mot d'étranger les habitans de la ville et Comtat d'Avignon. 

III 

Que ceux de ladite Société auront ordinairement près de Nous un 
d'entre eux, qui sera suffisamment autorisé parmi eux pour nous servir 
de prédicateur et nous répondre des actions de leur Compagnie aux 
occasions qui se présenteront. 

IV 

Que tous ceux qui sont à présent en nôtre Royaume, et qui seront 
cy-après reçus en ladite Société, feront serment par devant nos officiers 
des iieux^ de ne rien faire ni entreprendre contre notre service, paix 
publique et repos de nôtredit Royaume, sans aucune exception ni 
réservation, dont nosdits officiers envoyeront les actes et procès verbaux 
es mains de nôtre très cher et féal Chancelier, et où aucun d'eux, tant 
de ceux qui y sont à présent, que de ceux qui y surviendront seroient 
refusans de faire ledit serment, seront contraints de sortir hors de nôtre 
dit Royaume. 



Que cy-après tous ceux de ladite Société, tant ceux qui ont fait les 
simples vœux seulement, que les autres ne pourront acquérir dans notre 
Royaume aucuns biens immeubles pour achat, donation ou autrement 
sans notre permission, ne pourront aussi ceux de ladite Société prendre 
ni recevoir aucune succession, soit directe ou collatérale, non plus que 
les autres Religieux. Et néantmoins au cas que par cy-après ils fussent 
licenciez par ladite Compagnie, pourront rentrer en leurs droits comme 
auparavant. 

VI 

Ne pourront ceux de ladite Société prendre ni recevoir aucuns biens 
immeubles de ceux qui entreront d'orénavant en leur Société, ains seront 
réservez à leurs héritiers, ou à ceux en faveur desquels ils en auront 
disposé avant d'y entrer. 



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PIÈCES JUSTinCATlVES 



VII 

Seront aussi ceux de ladite Société sujets en tout et par 
de nôtre Royaume et justiciables de nos officiers^ au ça 
les autres Ecclésiastiques et Religieux y sont sujets. 

VIII 

Ne pourront aussi ceux de ladite Compagnie et Société 
ni faire aucune chose, tant spirituel qu'au temporel au | 
Evêques, Chapitres, Curez et Universités de notre Royaume, 
Religieux, ains se conformeront au droit commun. 

IX 

Ne pourront pareillement prêcher, administrer les Saints $ 
même celui de la Confession à autres personnes qu'à ceux i 
ce n*est par la permission des Evêques diocésains des Parlen 
ils sont établis par le présent édict; sçavoir est de Touloi 
et Dijon, sans toutefois que ladite permission se puisse ent 
Parlement de Paris, fors et excepté les villes de Lyon et 
ausquels il leur est permis de résider et exercer leurs foa 
es autres lieux qui leur sont accordez : Et afin que ceux de 
qui sont à présent rétablis, ayent moyen de se pouvoir entre 
en leurs Coléges et Résidances. Nous leur avons permis et | 
joQir de leurs rentes et fondations présentes et passées : El 
sur icelles eussent été faites aucunes saisies, pleine et entiè 
leur en sera faite. 

Si donnons en mandement à nos amez et féaux Conseill 
tenans nôtre Cour de Parlement de Paris que ces présente: 
fassent lire, publier et enregistrer et du contenu en icell 
jouir et user pleinement et paisiblement ladite Compagnie e 
Jésuites, cessant et faisant cesser tous troubles et emf 
contraire; car tel est notre plaisir. Et afin que ce soit ch 
stable à toujours. Nous avons fait mètre notre Scel à cesdi 
sauf en autres choses notre droit et Tautruy en toutes. De 
au mois de septembre. Tan de grâce mil six cens trois, et d< 
le quinzième. Signé Henry: Et plus bas, par le roy. Rusé 
et scellé sur lacs de soye rouge et verte, en cire verte â 
Registrées, oui le Procureur Général du Roy, après très hu 
trances faites audit Seigneur. A Paris en Parlement le deux 
Janvier, Tan mil six cent quatre. 

Signé : Voisin, pour se 



Lettres de Jussion pour la vérification de l'Edit préc 

Henry par la grâce de Dieu, Roi de France et de Nj 
amez et féaux Conseillers les gens tenans notre Cour de 



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900 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



Paris: Salut. Nous avons dès le mois de septembre dernier, fait expédier 
nos lettres patentes en forme d'édit, pour le restablissement des Jésuites 
en aucuns lieux et endroits de notre Royaume, à certaines charges et 
conditions, y mentionnées, au lieu de procéder à la vérification desquelles 
selon Nôtre volonté, vous vous seriez contentez de nous faire des remon- 
trances que Nous avons mûrement considérées : Sur icelles assis le 
jugement que Ton peut prendre de personnes, du tout poussées d'une 
bonne et sincère intention, mais Nous avons de notre côté des raisons 
si preignantes, qu'elles ne se doivent en aucune façon débattre. Nous 
voyons mieux que nul autre quelle route nous devons tenir depuis 
qu'il a plû à Dieu nous donner la grâce que nous ayons préservé ce 
vaisseau des orages et tempêtes passées. Nous en voulons encore manier 
le timon pour le conduire heureusement moyenant sa divine assistance. 
Nous ne nous sommes embarquez à cet rétablissement que sur de très- 
bonnes et fortes considérations, desquelles nous ne pouvons nous départir 
sans un trop notable intérêt, et préjudice au bien de cet Etat. A ces 
causes, nous voulons, nous mandons, et très-expressément enjoignons par 
ces présentes, signées de notre main propre, que incontinent et toutes 
affaires cessantes, vous ayez à entrer à la vérification pure et simple de 
nos dites lettres d'édit, selon leur forme et teneur, sans plus y user 
d'aucun refus, longueur, modification, ni difficulté ; et sans attendre de 
nous autres plus exprès, commandement ni de bouche ni par écrit que 
cesdites présentes^ lesquelles vous serviront de première et seconde, et 
finale jussion que pourriez attendre de nous, sans vous arrêter aussi aux 
raisons qui vous ont mû à nous faire lesdites remontrances et qui vous 
pourroient mouvoir à nous en faire encore, lesquelles nous tenons pour 
toutes entendues, et nonobstant icelles, et sans y avoir égard. Voulons 
que vous ayez à passer outre à ladite vérification ; car tel est nôtre 
plaisir. Donné à Paris le vingt-septième jour de décembre, Tan de grâce 
mil six cens trois, et de nôtre règne le quinzième. Signé, Henry et plus 
bas, Par le Roy, Rusé; scellées sur simple queue en cire jaune du grand 
sceau ; Et Registrées, oûy le Procureur Général du Roy après très-humbles 
remontrances faites audit Seigneur, à Paris en Parlement, le deuxième 
jour de janvier mil six cens quatre. Signé: Voisin. 
(Collationé,) 

Signé : Berthelot, pour seconde. 



Arrêt d'enregistrement de TEdit de rétablissement des Jésuites. 

Extrait des Registres de Parlement. 

Le dit jour, M' André Hurault de Messe, Conseiller d'Etat, ayant 
entrée, scéance et voix délibérative en la Cour, venu de la part du Roy, 
les Grand Chambre, Tournelle, et de TEdit assemblées, a dit que le Roy 
lui avoit commandé retourner en la Cour^ pour lui dire que sa volonté 
qu'il avoit plusieurs fois déclarée étoit que toutes affaires cessantes, elle 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



eût à vérifier son édit pour les Jésuites selon sa forme et tenei 
plus user de longueur, retardation, modification, ne restriction, 
besoin représenter les raisons qui se pouvoieht dire sur Fédit, 
avoient assez été traitées par les remontrances que la Cour avoit di 
faites, et par les réponses à Elle faites par la bouche du Roy ; 
restoit plus que d'y apporter la dernière main par la vérificatio 
ayant reçu commandement du Roy, n'avoient qu'à lui obéir ; et 
qu'il eût été assez parlé de l'affaire, néanmoins y avoit une pari 
qui pouvoit servir à la résolution, qui étoit qu'il y avoit quatre 
ans que le Pape, avoit fait solliciter le Roy de rétablir les 
comme ils l'étoient avant l'arrêt de la Cour, que sa Majesté avoit ; 
tems le plus qu'elle avoit pu ; mais enfin ne se pouvant excuse 
rendre réponse, il y a environ deux ans que sa Majesté avoit fait 
des articles à peu près de ceux contenus en l'édit que ledit Sei^ 
bailler au Pape par son Ambassadeur, pensant avoir beaucou; 
d'éviter un rétablissement général que, le Pape demandoit, en a< 
lesdits articles par lequels ceux de ce Parlement étoient restraints 
et pour les autres Parlemens où l'arrêt n'avoit été exécuté, réd 
qui est porté par Tédit, que le Pape avoit retenu ces articles 
deux ans sans y Faire aucune réponse, dont le Roy avoit été auc 
en peine, jusqu'à ce que le Pape eût écrit à Sa Majesté qu il les 
bons^ que les Jésuites se dévoient contenter de la grâce qu'il leui 
et que la longueur procédoit, de ce que le Général des Jésuites 
contentoit pas, et ne les vouloit approuver, disant qu'ils étoien 
leurs Status, dont ledit Général écrivit au Roy lettres qui pourroi 
représentées, et ne sont point les articles encore approuvez par h 
le Pape les ayant trouvés bons, enfin avons fait prier le Roy, 
Nonces, et par les Ambassadeurs de Sa Majesté, les accorder en u 
l'article qu'ils feroient le serment de fidélité au Roy, et fut avisé 
de mettre l'article qui est en ledit qu'ils feroient le serment parde 
juges ordinaires, tellement que les choses n'étoient plus en leur 
et avoient passé comme par un traité entre le Pape et le F 
vouloit l'observer du tout ; la Cour ne devoit trouver étrange si 
se plaignoit des longueurs qu*Elle y apportoit, après avoir < 
remontrances qu'il avoit reçues de bonne part, fait ses répon 
icelles, et déclaré sa volonté de vouloir être obéï, et qu'en ce fa 
fût point dit que le Parlement y apporte contradiction, autrement 
contraint venir à des remèdes extraordinaires, et dont la Cou 
beaucoup de regret et déplaisir et par sa présence devoit consic 
l'état où étoient les affaires du Royaume, cette difficulté et r^ 
qu'elle faisoit donnoit non seulement occasions aux mauvais espi 
faire mal leur profit, comme l'on n'en parloit que trop , mai< 
pour accroître et augmenter les divisions qui étoient dans ce R 
et par ce moyen la Cour faisoit tomber l'envie sur le Roy qui 
provenir de cette affaire, lequel ses officiers et sujets devoien 
porter que rejetter sur leur Maître, et partant dévoient obéïr à sa 
à quoi Monsieur le Premier Président a fait réponse qu'il pouvoit 
le Roi que la Compagnie recevoit son commandement avec l 
respect et révérence qui étoit due, que de longueur de sa part i 



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302 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



avoit point, d autant que les Gens du Roi hier fort tard, avoient envoyé 
leurs conclusions à Monsieur le Raporteur sur lesquelles présentement 
elle feroit droit et lui retiré ; Vu Fédit de rétablissement desdits Jésuites, 
les Requêtes des 20 décembre et dernier dudit mois, oui le raport des 
remontrances faites au Roi sur ledit édit, lettre de jusî^ion, conclusion 
du Procureur Général du Roi , la matière mise en délibération, a été 
arrêté que lesdites lettres seront régistrées en icelle ; oui le Procureur 
Général du Roi, après très humbles remontrances à lui faites : Et outre 
a été arrêté que le Roi sera suplié pourvoir par une déclaration à ce 
que ceux qui auront été quelque temps en la Société ne puissent être 
reçus aux partages pour le trouble qu'ils apporteroient aux familles. Fait 
au Parlement, le deux janvier mil six cent quatre. Collationné. 

Signé Berthelot pour Seconde. 
(Communiqué par Af. le Af* de Lagoy,) 



r 16. {p. 27.) 

Procès-verbal de la prise de possession dn Collège 
Royal de Bourbon, en 1621. 

SÇAVOiR faisons. Nous Vincent Anne de Maynier, sieur et Baron 
d'OpÈDE conseiller du Roy en ses Conseils et premier Président en 
la Cour de Parlement de Provence ; Anthoine de Thoron sieur de 
Toûard, et Gaspard de Glandevez sieur de Cujes, conseillers du Roy en 
ladite cour: que ce jour d'huy dernier aoust mil six cens vingt-un, yssué 
du Palais : En vertu de la Commission à nous donnée par arrest de ladite 
Cour, donné sur les vérification des lettres Patentes de Sa Majesté, obte- 
nues par les consuls (i) de cette ville d'Aix, sur restablissement des 
Pères Jésuites au Collège royal de Bourbon, et Chappelle de Sainct 
Louys de ceste dite ville : Nous estre acheminez audit collège, assistez 
de Messieurs Maistre Pierre Decormis, Jean Louys François de Rabassb, 
sieur de Vergons, et Pierre de Guerin advocats et Procureurs Généraux 
du Roy en ladite Cour, et de Raymond Gantelmy, escuyer, un des 

(1) Consuls et assesseur, depuis le /*' noif. t6ai, jusqu'au jr oct. 1622 : 
Messire Gaspard de Forbin, seigneur de la Barben ; M. Raymond d'BsPAGsn, 
assesseur; M. Nicolas de Beaumont, escuyer; M. Gaspard Siméonis. 



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P.!Ff'^ 



PIECES JUSTIFICATIVES 



Consuls dudit Aix : et y estant arrivez, aurions man 
Jean-Baptiste Rouzeau, Principal dudit collège, au( 
entendre la teneur dudit arrest par lequel est ordonné 
seroient mis en possession réelle et actuelle dudit c 
bitions à luy et à tous autres de les troubler et moles 
mil livres et autre arbitraire : luy faisant commandem 
remettre entre nos mains toutes les clefs dudit collège 
offert, en mesme temps seroit allé quérir toutes les ; 
nous avons remis et laissé au pouvoir du Père Claude 
gieux dudit ordre, et ayant charge de son Supérieur : E 
Tavons mis et installé en la possession réelle et actui 
le faisant asseoir en la principalle classe, entrer et se 
lieux plus apparents d'iceluy ; Et ce fait en mesmei 
sommes acheminés en la Chapelle Sainct Louys, dépend 
laquelle aurions trouvée fermée avec un cadenal par deh< 
esté dict par les voisins, que Messire Jacques Mérindc 
de ceste ville la tenoit ainsi fermée, et laissoit parfoi 
chez un desdits voisins ; aurions à mesme temps r 
MÉRiNDOL par Vincens et Cappion, huissiers, lequel ne 
ver, quelque perquisition qu'en ayent sçeu faire : et 
desdits voisins que ce dict jour, ledit Mérindgl avoit e 
aurions faict venir un serrurier auquel aurions faict os 
et ce faict, estans entrez en ladite chapelle, aurioi 
Suffren audit nom en possession et saisine d'icelle. 
et deffenses à toutes personnes de quelque condition 
soient, de le troubler et molester sur les peines de 1 
gnant néanmoins de faire refermer icelle, jusques à ce q 
eust enlevé quelques petits meubles d'église qu'il y avoit 
en eust esté faict, et plus n'a esté procédé. Faict à 
susdit. 

Maynier. 

Thoron. g. 
(Communiqué par M, le Af*" de Lagoy,) 



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304 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



r 17. (p. 30.) 

Sur le séjour de Louis Xm à Aix en 1699. 



Note écrite par Boni/ace Borrilly notaire, sur le premier feuillet de son 

registre de 1622 aux minutes de Monsieur Béraud, qui a bien 

voulu la communiquer à M. le Af' • de Lagoy et lui 

en laisser prendre copie le 26 mars 1862. 

L*AN que dessus (1622) et jeudy troisième de novembre, à quatre heures 
après midy Louis treiz"* le Juste, roy de France et de Navarre a 
faict son entrée en ceste ville d'Aix en grande magnificence (i) et est 
party le cinquiesme dud' moys, jour de samedy, pour la S" Baulme et Mar- 
seille. Et est revenu en ceste ville le dixiesme à mesme heure. Et le len- 
demain à huict heures de matin Sa Majesté a faict baptizer Tenfant de 
M' le Premier Président d'OppÈDE et de Dame Aymare de Casteliane 
sa femme, (La merrine a esté Madame la Marquise d'ORAisoN appelée 
Louise de la Val), qui est né le huictième du dict moys entre neuf et 
dix heures du soir. Et luy a mis Louis. Et luy a faict présent d'un dia- 
mant extimé douze cens escus, et tout aussy tost laprès disner Sa Maiesté 
est party pour aller coucher à Sallon, et de là à Paris. Dieu par sa saincte 
grâce le veuille conduire et lui doin longue et heureuse vie. 

Je ne veux pas oublier que sa dicte Maiesté manda appeller moy Boni- 
face Borrilly notaire et secrétaire ordinaire de sa chambre par Mons' 
Bernard son historiographe et son Con" d'Estat, et par Mons' Dagully 
Tun des gentilhommes (sic) ordinaires de sa chambre, entre huict et neuf 
heures de soir, dans le pallaix archiépiscopal où sa dicte Maiesté logeoit, 
pour sçavoir en quoy consistoit mon cabinet duquel il avoit tant ouy 
parler, et luy ayant faict le récit en la présence de tous les Princes et 
Seigneurs qui estoient auprès d'Elle, Sa dicte Maiesté me feist présent et 
me donna de sa propre main, son baudrier qu'il porta le jour de son sacre, 
qui n*est que or et argent, pour Tornement de mon cabinet, estant estimé 
cent cinquante pistoles (2). Et me commanda de le garder ce que je feray 
et prieray Dieu toute ma vie pour sa prospérité. 

Le dixiesme dudict mois, le Roy vint à mon cabinet entre huict et neuf 
heures de soir accompagné du comte d'ALCOURT, du Mareschal de Mémo- 



(1) Louis xiu arriva à Aix le j nov. ; à son entrée, les Consuls et Assesseurs lui 
présentent les clefs de la Ville et le livre de nos privilèges. Sa Majesté, mettant la 
main sur le livre, promet de les maintenir et les faire observer. Livre Rouge y /. 146^ 
verso. (J.-B. Roux. Tableau chronol.^ etc.^ an 1622- 162 ^) 

(2) Nous ajoutons à la fin de cette note, 2 pièces de vers des élèves du Collège 
Bourbon au sujet de ce baudrier. Ces 2 pièces se trouvent dans le livre intitulé Le 
Baudrier du Sacre de Louis le Juste, etc., imprimé à Aix par Jean Tolosan, u. dc xxul 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 305 



RANCY et Messieurs de Manican d'AcuiLHi et de Challi 
heure et davantage. 



Note de M. le M'' de Lagoy. 

J'ai recherché dans les registres de TEtat-civil de la vil 
au greffe du Tribunal, Tacte de baptême de cet enfant 
fut parrain ; le voici tel que je l'ai trouvé au registre c 
Saint Sauveur de 1622 à 1637. 



Baptesme du Roy. 

Loys fils à M, Mess. Vincens Anne de Mainier, baron d 
président de Parlement de ceste province et à D. Aymare 
a esté bapt, le un^iesme novembre 1622. Le parrin Louis 
Roy de France et de Navarre nostre très puissant^ très ji 
Seig' et souvairain Monarque sa marene dame Louise de Casi 
d'Oraison. Monseig' Paul Hurault de THospital Archi 
fit les cérémonies, servi par Mess. Jean Sylvi et Jean 
curés de ceste métropole d'Aix. 

(Il n'y a aucune signature au bas de cet acte.) 

N. B. — BoRRiLLY appelle la marraine Louise de la 
dans Tacte de baptême elle est nommée Louise de Casi 
là, ni erreur, ni contradiction : c'était Louise de Castklu 
d'André d'Oraison, vicomte de Cadenet et Marquis d'Oraiî 
Président d'Oppède était beau-frère de celui-ci ayant épo 
noces sa sœur Marguerite d'ÛRAisoN* Le filleul du Roi 
de Toulon en 1675. 



Pièces de vers des élèves du Collège Bourbon 1 
dn Baudrier de Louis XIII. 



PHALENCIUM. 

Victor maxime, maxiroi Monarch« 
Pellœe Imperio potens tonantis, 
Thesauros spolians perenniores, 
Gazas depopulans superbiores, 
Profer scriniolum nitens Darii : 
Mandat Maximus omnium Monarcha 
Hic est grandior Ilias Lodoi. 

Colteiii Borbonii alumi 



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306 PlèCBS JUSTIFICATIVES 



IN IDEM REGIUM DONUM. 

Balteus in mediis diffuiget Orionis astris, 
Damnosas terrœ sed minitatur aquas. 

Ut coelo exigua Lodoici Balteus arca 

Diffuiget, nostris sed bona portât Aquis. 

Collegii Borbonii*alumnt. D. N. M. Q.E. 

{Le Baudrier du Sacre de Louya le Juste XIII de ce nom Roy irh 
chrestien de France et de Navarre, 1662. Aix in-^* par Jean Tholosan, 
imprimeur du Roi, M. DC. xxiil.) 



Bo 18. (p. 31.) 

Historia Congregationis Beatae Virginis MARLC ANNUNTIATiE 
Collegii Aqnenais Societatis Jesu. 

ANNO Domini millesimo sexcentesimo vigesimo tertio et secundo ab adventu 
Patrum Societatis Jesu in hanc urbem, cum multi tum scholastici, tum 
cives, illustresque viri in varias sodatitates Beatse Virginis in aliis collegiis 
ejusdem Societatis alias adscripti reperirentur, optarentque ac peterent a 
Patribus erigi in hoc novo collegio sodalitatem quam frequentare, et in 
qua obire possent consuetas pietatis exercitationes : visum est Patribus 
eorum piis votis justœque petitioni acquiescere, coaluit igitur primum 
cœtus ex iis solum qui alibi fuerant in ejusmodi sodalitates cooptati; 
partim ex civibus, partim ex scholasticis, idque auspicato die scilicet 
vigesimo quinto martis Annuntiatœ Virginis sacro; sequenti vero die 
vigesimo sexto facta est sanctorum mensis distributio, monitique sodales 
de electione ofïicialium proximo die Dominico facienda, quse posteà 
facta est prout in libro electionum refertur. Post aliquod tempus, cum 
congregatio féliciter procederet, et augeretur sodalium numerus, et alii in 
eam admitti postularent, ad eam stabiliendam et futuris temporibus propa- 
gandam, visum est toti congregationi ejusque Moderatoribus petendum a 
R. P. Generali Societatis Mutio Vittelesco, ut hanc novam congrega- 
tionem sua auctoritate muniret, ac Roma primariae aggregaret. In eam 
rem nomine totius congregationis perscriptse sunt ad ipsum R. Patrem 
litterae et aliae ad Romanam primariam Congregationem quibus litteris 
respondit bénévole Reverendus Pater Generalis, tum privatis ad Congre- 
gationem litteris, tum publicis ac patentibus datis Romae octavo julii 1623, 
quibus congregationem ipsam recepit, erexit, ac Romanœ primariae aggre- 
gavit sub titulo Annuntiationis Beatœ Mariœ ut ex ipsis quse alibi extant 
litteris patet. Exindè cœperunt novi sodales, tum civis, tum scholastici, 
in eam admitti pro more aliorum sodalitatum. [Journal des Arrêts et arrêtés 
dii Parlement de Provence, Pièce indiquée dans les notes.) 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



B** 19. (p. 40.) 
N.-D. de Montaigtt« 

ENTRE ces lieux qu'a divers temps elle (Marie Mère de Dieu) a 
rhonneur que ie dois à cette Emperière des cieux, le service ( 
voué au public, et les diverses merveilles dont mes yeux ont i 
tesmoins et dont vos esprits seront bien-tost les admirateurs^ m' 
de dire à ceux qui ne lô scavent pas, qu'il y a en Provence une 
et vénérable chapelle dans le lieu de Bargemon^ où depuis cinq 
cette magnifique Princesse semble donner et recevoir de meiUei 
qu'en lieu du monde, et où parmy tant de mille chrestiens qui onl 
ce temps abordé ce sainct lieu^ soit par des dévotions privées, 
des processions générales des villes ou des villages, qui iusques 
tendue de quinze ou seize lieues, ont eu congnoissance de ce 1 
thrésor, il n'en est pas un qui n'ait icy cueilly les grâces de la 
Vierge à pleines mains; qui n'ait esté spectateur de quelques n 
tant-ils y sont familiers ; et qui n'ait enfin obtenu l'effet de ses dei 
ait il mesme demandé la vie des morts, qui est le miracle des n 
et la vraye pierre de touche pour faire iuger avec asseurance, 
événements extraordinaires sont effects de la nature, ou de la pr 
la médecine ou de la grâce, et dont vous iugerés sans doute 
moy, à l'honneur de la Mère, et à la gloire du Fils, si première 
vous ay descouvert la source de ces célestes bénédictions, et < 
après son amour, qui est le premier mobile de toutes ses œuvn 
de motif extérieur et visible à la production de tous ces miracles. 
Considérés donc que ce qui a donné commencement à tou 
merveilles, est une petite statue de la Saincte Vierge, haute d'u 
pied, et faite du bois, et chesne miraculeux de Nostre Dame de A 
dont vous avez sans doute souvent ouy parler et à l'occasion di 
vous diray en passant pour l'esclaircissement de ceux qui po 
l'ignorer, qu'il y a un petit bourg dans le Pays de Brabant 
Sichem, de l'héritage de la Maison de Nassau qui possède Aï 
terroir une petite coline appelée Mont-aigu, sur laquelle estoit s 
un chesne qui dans le cœur de son tronc avoit une niche, o 
enfermée une petite statue de la Mère de Dieu, d'une si parfaite 
qu'on iugeoit aisément à la voir que c'estoit l'œuvre des anges 
que des hommes; les ravissants attraits de cette innocente beau 
rèrent avec les yeux, le cœur et la main tout ensemble d'un 
petit pasteur qui gardant ses brebis en cette contrée, la print ei 
dans son sein avec désir de la porter quant et soy, et s'animer 
par la veuë d'une si belle copie au service de l'original, et à la c 
de* la Saincte Vierge. Mais Dieu qui pour le salut des âmes, et I 
des peuples pour lors comme à présent affligés de toutes parts, av 
l'éternité de ses idées préparé ce chesne pour estre le sacré dé[ 
d'une si précieuse relique, permit que ce pasteur devint immobil 
peut jamais s'eslogner de Tombre de cet arbre, iusques à ce < 
maistre ne voyant revenir son troupeau à l'heure ordinaire, fut le c 



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306 PlàCES JUSTIFICATIVES 



de tout costé et ayant trouvé son pasteur dans cette impuissante posture 
et apprins naïfvement de luy qu'il avoit ravy cette image, la remit en sa 
niche, iugeant et avec raison que c'estoit là le sujet de ses peines, et 
tout à rheure comme ce chesne eut recouvré le trésor qu on luy avoit 
ravy ; le pasteur aussi recouvra la liberté qu'il avoit perdue, et s'en alla 
avec son maistre raconter ces merveilles dont le bruit attira les chrétiens 
de toutes parts aux pieds de ce chesne, avec des miracles si fréquens, et 
si visibles, que les plus libertins en leur créance estoient contraints de 
les advoOer et d*en adorer la cause, après en avoir recogneu ou ressenty 
Teffet. 

Cette image fut desrobée par les hérétiques en Tannée 1580^ mais les 
chrétiens ne laissèrent pas de continuer leurs vœux auprès de ce chesne, 
ny la Saincte Vierge ses miracles; et pour contenter la dévotion du 
peuple on en mit une autre, que ie crois avoir esté de ce mesme bois, 
dans cette miraculeuse niche, dont la main sacrilège des Hérétiques avoit 
arraché la première, et où cette seconde fut conservée iusque à Tannée 
1602, auquel temps le chesne panchant à sa ruine et menaçant de cheute, 
pour avoir esté coupé et pillé en tous ses endroits par divers pèlerins, 
qui tous par dévotion vouloient en emporter quelque pièce. Larche- 
vesque de Malines nommé Mathias Houen fit bastir une église pour y 
continuer cette dévotion, et conserver cette nouvelle image, dont le pre- 
mier miracle fut de suer le sang, comme si elle eust regretté la mort et 
la ruine de ce chesne, qui estant abbatu fut honorablement transporté à 
Sichem, et dont on fit diverses petites images, qui ont depuis esté par- 
tagées à diverses églises, et à la présence desquelles Dieu a opéré tant 
de merveilles, que si ie voulois donner la liberté à ma plume de les 
publier toutes, il faudroit escrire sans fin. 

Et cela supposé comme véritable ayant esté confirmé par miracles, 
authorisé par Tadveu des Princes et la voix des peuples, et raporté en 
latin par Juste Lipse dont la patrie, que tous les curieux sçavent avoir 
esté Louvain n'estoit qu'à cinq lieues de Sichem; il faut redire que tout 
ce qui a donné commancement à la production de tant de miracles qui 
paroissent tous les jours en cette vénérable chapelle de Bargemon, est 
une de ces petites statues faites du bois de ce miraculeux chesne dont 
ie viens de dire les merveilles, et laquelle fut envoyée en ce lieu en 
Tannée 1655 par le R. P. Sébastien Gâche, Religieux du tiers ordre de 
Sainct François et natif de Bargemon qui Tayant eue d'un des principaux 
officiers de la Sérénissime Infante Isabeau Claire Eugénie d'AusTRiCHE, 
Princesse, et Archiduchesse de Flandres, en voulut honorer et enrichir 
sa patrie, laquelle après la bénédiction et Tadveu de T Illustrissime Evesque 
de Fréjus qui en est le Prélat, la porta processionnellement, et la logea 
le 24 iour du mois de mars, avec toutes les solemnités, et tous les 
respects que la pieté, Tamour et la joye luy peurent fournir en cette 
rencontre, dans une chapelle des Pénitents Blancs ! Heureux Pénitents ! 
Heureuse Patrie ! Heureuse Chapelle ; Heureuse, mais mille fois plus 
heureuse que nous ne sçaurions ny penser, ny dire, pour avoir esté le 
dépositaire sacré o'une relique si saincte ! 

Si la Maison d'Obededon fut remplie de tant de bénédictions, pour 
avoir reçeu avec respect Tarche du testament où n'estoient que la Manne et 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 309 



les Tables de la Loy ! Si la montagne de SinaY fut jadis si auguste, d'autant 

qu'un ange s'y trouvoit avec Moyse, qu'il estoit deffendu de "'^^ —•—*»— 

soubs peine d'y perdre la vie ! Si parmi les prophanes un 

tant prisé pour avoir porté le capitaine des Argonautes ave 

victorieuses qu'on le garda comme une précieuse relique ; 

dictions, quelles grâces, quels honneurs n'aura cette saincte 

a accueilly avec tant de respect, et d'amour, l'arche mes 

Christ, et le navire qui l'a si heureusement porté sur la m< 

ce monde ; et en effets les grâces du ciel y ont esté de 

damment communiquées ; les miracles y ont paru si fr 

visibles ; L'hommage et le concours des estrangers si extra< 

confessions et les conversions si familières, qu'il a fallu ail 

des ouvriers pour suffire à une si abondante maison et 

messes et à la piété des Pèlerins. A cet effet a été esl 

vénérable chapelle un convent des religieux Augustins 

maintenant gardiens de ce riche thrésor ; et c'est à qi 

l'Evesque de Fréjus a tesmoigné son zèle avec tant d'ardeur 

du public, que la mémoire en doit estre éternelle ; Le sieu 

de Vauclause qui en est le Prieur et le sieur de Vauclau 

qui en est le seigneur s'y sont portés avec tant de cœur, q 

assés de langue pour exprimer leur soin, et la piété qu 

paroistre ; Les consuls et tous les habitans y montrèrent 

bonté, et promirent mesme d'y contribuer de leurs biens ; e 

qui estoient auparavant possesseurs de cette saincte ima{ 

leurs propres intérests, pour la satisfaction des estrangers, 

de cette miraculeuse Vierge. 

Et voilà cher Lecteur l'establissement, et la naissance de c 
(Le Thrésor incogneu descouverl. Dans le panégyrique 
miraculeuse de la Mère de Dieu réservée à Bargemon en 
le R. P. Raphaël, Augustin, Deschaussé Aix, David, in-ia 
pages 15-24 — Communiqué par le Af* ae Lagoy.) 



«•20. (p. 55.) 
i"* Vœu dn Parlement 

Cependant la maladie contagieuse, qui avoit calmé pen 
jours, recommença avec plus de violence qu'auparavan 
« la Cour résolut de transférer ses séances à Salon, mais a 
« voulut implorer la miséricorde de Dieu par l'intercession de 
« Le 15 oct., il fut délibéré que tous Messieurs assisteroient p 
« à la grand'-messe dans l'église S' Sauveur en suite à u 
« qui se feroit dans la ville : Que le dernier qui étoit 
« ils feroient leurs dévotions, et que le Premier Président | 
a nom de la Compagnie de donner une image d'argent en r 



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310 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



« de 2<f marcs, représentant la S" Vierge avec l'enfant Jésus entre ses 
« bras qui tendroit la main au Premier Président à genoux à ses côtés, avec 
c( son mortier à ses pieds et comme cette image ne pouvoit être sitôt faite, 
« qu'il présenteroit à l'offrande un extrait de la délibération de la Cour 
« pour être exécutée lorsqu'il auroit plu à Dieu de rendre la santé à 
« cette ville infortunée, après quoi il seroit délibéré sur le départ; 
« Cependant^ on enjoignit à Messieurs de ne point quitter la ville; il 
« fut encore arrêté que durant ces 3 jours, le peuple seroit exhorté de 
« garder le jeune et la continence, que personne ne sortiroit hors de sa 
« maison, mais que chacun entendroit la messe de ses fenêtres, que Ion 
« diroit à 9 heures à chaque coin de rue, là où nous voyons des statues 
« de la S" Vierge dans des niches ; les intendans étoient chargés de 
« porter dans les maisons tout ce dont on avoit besoin. Les 19, 20 et 21 
« qui étoient le vendredi, le samedi, et le dimanche, Messieurs assistèrent 
« en corps à la procession ; la Compagnie étoit peu nombreuse, elle n'étoit 
« composée que de 2 Présidents, 8 Conseillers et de 2 Gens du Roi, 
« avec 4 huissiers, dont 2 marchoient devant et deux après. Voici le 
« nom de ces généreux Magistrats qui exposèrent si courageusement leur 
« vie pour le salut de leurs concitoyens : le Président d'OppÈDÉ, le 
« Président Coriolis, les Conseillers de Venel, d'ALBERT, d'Acui, de 
« Paule, d'EsPAGNET, de GuiRAN, Président aux Enquêtes, Cormis et 
« GuÉRiN, avocat et procureur généraux. (Esmivi de Moissac, Histoire du 
« Parlement de Provence, Mss. cit. Liv. vi. an 162c.) 

« A regard de Timage d'argent que la Cour avoit promis de donner, elle 
« y fit travailler à Avignon, on y employa 30 marcs au lieu de 25 qu on y 
« avoit destiné ; mais suivant la louable coutume d'alors, cette somme fut 
« départie sur tous Messieurs et comme l'argent n'étoit pas si haut qu'il a 
« été de nos jours, elle ne monta que 24 Livres pour chacun, qu'ils mirent 
« entre les mains du conseiller d'AouT chargé de l'exécution de cet ouvrage 
« (Esmivi de Moissac. Hist. du Pari, de Prov. Llv. vi. ann. i6jo.) 

« L'image d'argent que le Parlement avoit vouée à l'occasion de la 
« peste ne fut achevée qu'en juillet suivant. Le 21 de ce mois, on 
« commit 2 Présidents et 4 Conseillers pour aller le dimanche d'après 
« faire dire une grand'-messe dans l'église S* Sauveur à la chapelle de 
« N.-D. d'Espérance et y offrir le vœu de la Compagnie. (Esmivi de 
« Moissac, Histoire du Pari de Prov. Mss. cit. Liv. vu, ann. 16^2.) 

« En 1632, à l'offertoire d'une messe solennelle célébrée à S" Sauveur, 
« le Parlement présenta la statue de la Vierge du poids de 25 marcs 
« d'argent qu'il avait vouée à N.-D. d'Espérance lors de l'action de 
c grâce en cessation de la peste en 1630. (J.-B. Roux, Tabl. Chron. 



a Mss. cit.) 



2* Vœu du Chapitre. 



¥ E Chapitre voue et promet de faire chanter à perpétuité, tous 
^ samedis de Tannée après Compiles, les litanies de la Vierge, dev 



les 
devant 
« son image, à l'autel de N.-D. d'Espérance. Délibération du chapU^^- 
(J.-B. Roux, Tabl. Chron. Mss. cit. ann. 162p.) 



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PIECES JUSTIFICATIVES 



Note du Manuscrit, 



« Le chant journalier de ces litanies fut ordonné* par d( 
« Chapitre du 7 mai 1631 et a été continué depuis, » (ibid. 



r 21. (p. 82.) 
Qualitez du Maréchal de Vitry. 

^ ¥ ES Provençaux en général, bien loin d'avoir sujet de 1 
-" avoient lieu de se louer de lui à cause de son hume 

« et bienfaisante, surtout à Tégard des pauvres, des maison* 

« et religieuses^ qui toutes les années se ressentoient cor 

« de ses libéralitez. A propos de quoi il disoit qu^estant 1 

« devoit estre porté à faire du bien aux hôpitaux ; et qu'en 

« quoit la charité bien ordonnée qui veut qu'on secoure prei 

« siens. Cette charité estant accompagnée d'une piété env 

« exemplère qui lui faisoit fréquenter les Sacremens, et qi 

« contribuer largement pour la décoration des églises. Il 

« en resteroit encore des monumens illustres en ces lampes 

« gent, plus riches par leur travail que par leur matière," ( 

« d'un feu continuel, qu'il a fait appendre en presque tous les 

« de dévotion qui sont en ceste province, si la dureté deî 

« suivi ne leur eût nui. Notre ville, plus qu'aucune autre ( 

« s'est ressentie de ses pieuses libéralitez, car elle en av< 

« ces lampes qui estoit étalée dans l'église des Jésuites. J'i 

« resteroit de ces illustres monumens, parce que quelque: 

<( les plus précieux, ne subsistent plus, pour avoir été î 

« l'avarice de certains ecclésiastiques (les Chanoines d'A] 

« l'intention du pieux donateur, à partie de la dépense q 

« faire pour leurs églises. Puissante invitation, non à attirer 

« gner de semblables donations si bien respectées. Les b( 

« du presbytère de l'ancienne église des Prêcheurs en < 

« provenues ; et l'entier édifice auguste de l'église des Rec 

« le pompeux couronnement. On ne peut cependant taire qu* 

« ne fit quelques torts à ses belles qualitez par. ses manière 

« taines et impérieuses, qui lui firent aussi perdre le gou 

« faveur du ministère et enfin sa liberté même qui est le | 

« tous les biens dans l'ordre de la vie civile. » — (P.-J. de 
ioire manuscrite cTAiXy Livre xv, Ch, ^2, année 16^ j.) 



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312 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



"' 22. (p. 97-) 
Bureau de Bourbon. 

Etablissement de ce bureau. 

LE Roy HENRI IV au mois d'octobre de Tannée 1603, fonda par les 
les lettres patentes duement vérifiées, le Collège Royal de Bourbon 
dans la ville d'Aix, où il est estably des professeurs en sainte Théologie, 
aux Lois et en Médecine, avec un fond annuel de 6000 l, fait et laissé 
dans les états des finances de la Généralité de Provence, pour leurs 
appointements distribuables par les S" Intendants nommés par lesdites 
lettres patantes, sçavoir MM. les Premiers Présidents de la Cour, du 
Parlement et des Comptes, les plus anciens Conseillers desdites Cours, les 
Avocats et Procureurs généraux d'ycelles, les deux plus anciens Trézoriers 
de France^ les Consuls d'Aix Procureurs du païs, les Sindics de la noblesse 
et deux des plus aparents et notables cytoyens de ladite ville. 

En quel lieu il doit être tenu. 

Le bureau de Bourbon doit être tenu dans la salle de TUniversité ou 
du collège des jésuites. Mon' le P*' Président au Parlement ou celuy de 
M'* les Présidents à mortier qui tient sa place est assis, seul dans un 
fauteuil au bout de la table ; et des deux côtés de la table, les officiers 
du Parlement à droite, et ceux des comptes à gauche, etc. 

Cella est porté par Tart. 4} du règlement de 1655. [Cérémonial du Par- 
lement de Provence, p. rj^. Manuscrit communiqué par M. le Af • de Lagoy). 



Nous ajoutons à ce passage du cérémonial du Parlement de Provence, 
une note qui se trouve dans les archives des Bouches-du-RKône. Elle a 
pour titre : 

Note informe sur Rétablissement et le pouvoir du Bureau de 
Bourbon. 

Ce Bureau fut établi par édict d Henry iv, en 1603, ^ Teffet de régler 
les gages des professeurs et des docteurs du collège et Université, pour 
procurer le payement des fonds destinez aux mêmes gages, et pour avoir 
l'intendance dudit collège et université. 

Ces fonctions audit Bureau sont ainsi relatées dans le vu des pièces de 
l'arrêt du Conseil de 1712^ p. 11. 

Les Intendans composant ledit Bureau commencèrent bientôt après, à 
tenir des assemblées. Il y en a une délibération du 21 déc. 160$ relatée 
(ibid.) 

Les Jésuites n'estoient pas encore établis au collège lors de la création 
du Bureau des Intendans du collège de Bourbon. Ce ne fut qu'en 1622 
que ces Pères remplacèrent les anciens Régens ; et ce ne fut point par 
une délibération desdits Intendans, mais en vertu d'un contract passé 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 313 



entre la ville d*Âix et lesdits Jésuites, confirmé par letl 
fiées en 1622 (ibid. p. 17.) 

La suite des tems n'a pas acquis au Bureau de BourI 
pour établir les Régens du collège, qu'il n'en avoit alors 
aujourd'hui un remplacement à faire des Jésuites par d' 
seroit aux Consuls d'Âix que ce droit appartiendroit, e 
dans dudit Bureau de Bourbon, qui n'intervinrent pas n 
changement. 

Ledit Bureau est composé du i*' Président de chacun 
et en leur absence, de ceux qui comme plus anciens ti( 
des plus anciens conseillers de Tune et de l'autre cour 
et avocats généraux d'icelles ; des deux plus anciens du 
riers de France, ensemble des Procureurs des Estats du 
avec deux principaux habitans de la ville; dix-huit en te 
Bouches-du-RhônCy Fonds de V Archevêché y liasse G, 18 1 



r 23. (p. 115.) 

Le Bureau du collège est confirmé dans l'usage de coi 
de professeurs vacantes. Excellence de ce b 

DEPUIS l'établissement des régences roïales en l'Univ 
commis pour la direction des écoles, avoit pourvu 
chaires, soit par la voie de la dispute soit par collation 
lorsque les sujets qui se presentoient estoient par leur 1 
du commun des savans. Cet usage fut trouvé extraordii 
aspirant étranger à une des chaires de médecine. C< 
rien vu de semblable dans les autres Universités du r 
contre cet établissement et ne voulut pas se soumettre 
bureau. Il protestoit que ce tribunal estoit incompétent 
le fait de la médecine, parceque ceux qui le composo 
pas versez et prétendoit qu'il n'y avoit que ceux de sa F 
connètre de son savoir. Sur cela il faisoit sonner bien 
gaire que les arts seroient heureux si les seuls artisans 
lui répondit qu'il estoit d'une profession où l'envie régnar 
il pouvoit moins faire valoir en sa faveur cet axiome qu 
Facultez. D'ailleurs on ajoutoit qu'il n'estoit pas absolur 
professer une science pour juger du mérite de ceux qui 
sion. L'attention aux disputes entre les aspirans et les 
sont souvent des moïens^plus surs pour porter là des: 



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314 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



solides. Aprez tout c'estoit la volonté du Prince qui faisoit loi. Il est 
vrai que la chose n'estoit pas expresse dans Tédit de rétablissement du 
bureau : ce n'estoit qu'implicitement et pour ainsi dire virtuelement ; mais 
trente quatre années d'usage l'avoient ainsi établi et fait comprendre dans 
ce titre. Nonobstant cela, il fallut encore recourir à la même autorité 
pour faire cesser ce diférent. Le bureau avoit pour lors à Paris un de 
ses membres, c'estoit Tassesseur de la ville, Gaspard de Juuanis, qui estoit 
à la suite de la Cour pour des affaires de la province. On le chargea de 
poursuivre cette déclaration confirmative du pouvoir de ce bureau. Il le 
fit aussi et Tobtint par un arrêt du Conseil du Roi, du septième juillet, 
qu'il raporta, qui confirme l'usage où le bureau estoit de pourvoir aux 
chaires vacantes, par la voie des disputes faites en sa présence. Cette 
confirmation acquit un lustre bien grand à ce bureau ; et l'on peut dire 
que soit par raport aux choses dont il décide, soit par la qualité de ceux 
qui le composent^ c'est un des plus nobles et des plus augustes tribunaux 
du Roïaume. Nulle autre ville de France n'en a un semblable. (P. J. de 
Haitze, Hist, (manuscrite) de la pille (TAix, Liv, XV, ch. XLIX.) 



*' 24. (p. 165.) 

La famille des BARBERINS persécutée à Rome arrive en Provence. 

Insigne miracle opéré sur mer en leur faveur par la vertu 

des reliques de S^« Magdeleine. 

JE passe à l'année mil six cens quarante six, qui est la neuvième de 
cette histoire, dans laquelle les Procureurs du Païs et les Consuls 
d'Aix furent Alphonse d'ORAisoN, comte de Boulbon ; Jean Blégier, 
avocat, assesseur; Gaspard Garnier de Russan, sieur de Rosset; et 
Barthelemi Laget, bourgeois. Au commencement de cette année, le 
Cardinal François Barberin^ neveu d'URBAiN viii et le Prince Thadée, 
son frère, Préfet de la ville de Rome, avec ses fils et une fille qui en 
estoient sortis tous ensemble à deux heures de nuit en cacheté, dans le 
carrosse du Cardinal Grimaldi, fuïant la poursuite du Pape, qui vouloit 
les faire prisonniers ; et aïant pris tout à la hâte le chemin de Porto, 
s'exposèrent en mer, sur la^ première barque qu'ils rencontrèrent, pour 
venir en France, et après avoir couru grand risque de faire naufrage et 
après avoir soufert beaucoup d'incommoditez, tant par l'agitation de la 
mer, que par le défaut de vivres, dont ils n'avoient pu faire provision, 
ils abordèrent enfin à Canes, qui est un petit port de mer de cette pro- 



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PIECES JUSTIFICATIVES 



vince. D'où aïant donné avis au Roy de leur arrivée, et 
permission d'entrer en France, ce qu'il leur accorda très voloi 
en partirent et vinrent demurer dans la ville d'Aix. Avant que 
en cette ville, ils furent à S' Maximin pour y randre des a( 
grâce à Dieu, de les avoir préservés du naufrage par Tintera 
S** Magdeleine, dont les reliques y sont conservées. Le Cardin; 
la S** Messe avec grande tendresse et avec une dévotion extr 
devant le sacré chef de la divine amante de Jésus Christ, où il ( 
de sa main son frère et ses neveux, et offrit ensuite un très be 
d'argent cizelé, promettant d'augmenter son offrande, si Dieu 1 
la grâce de rentrer dans ses biens. Après que cette Eminence 
satisfait à ses dévotions, aussi bien que tous ceux de sa ma 
voulut faire part à toute la communauté des Religieux qui sen 
célèbre église du récit du danger qu'il avoit couru sur mer. 1 
donc qu'ils ne furent point plutôt hors de l'embouchure du 
entrez en pleine mer, que la barque qui les portoit fut assaillie 
furieuse tempête, que tous les matelots, comme c'est leur ordinj 
dans courage, se jettèrent à ses pieds pour le prier de les en 
confession et pour les recommander à Dieu, parceque le nau 
paressoit inévitable, si Dieu ne les en préservoit par un miracl 
n'appaisoit cette tempête. Alors se souvenant qu'il avoit avec lu; 
. reliquère où il y avoit un os d'un doigt de S'' Magdeleine, c| 
retenu à la mort de son oncle Urbain viii, à qui il avoit esté 
de la part du couvent de S' Màximin, par le Père Pierre d'Ai 
se persuada d'abort d'obtenir par le moïen de cette relique la 
de la tempête. Animé de cette ferme confiance, il détacha sa c 
en attacha le reliquère, et le plongeant dans la mer, il pria cet 
sainte, qui par ses larmes et par son amour avoit apaisé la colère 
irrité contre elle, de vouloir intercéder pour eux et de les condi 
et sauver au lieu où reposoient ses sacrés ossemens, pour 
randre leurs hommages. Il n'eut pas plutôt achevé sa prière, qu 
pôte cessa, l'air se rasséréna et, l'orage fut entièrement appaisé. 
si merveilleux et si authentique fut d'abort couché par écrit | 
autres merveilles que Dieu a fait éclater en faveur du culte de S 
lène (P. J. de Haitze. Histoire {manuscrite) de Provence^ sous le 
ment du fameux Comte d'Alais, Liv. il, Ch. xvi.) 



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316 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



«• 25. (p. 176.) 

Comparant de M. M<» Jacques d'André, Conseiller du Roy au Parlement, 

pour la construction d'un nouveau monastère de Religieuses 

Ste Ursule en la ville d'Aiz, du 6 7^^ 1666. 

PAR devant nous Hierosme Grimaldi, Cardinal de la saincte Esgiise 
Romaine du titre de la Très-Saincte Trinitté, Archevesque d*Aix, est 
compareu Monsieur M" Jacques d* André, Conseiller du Roy au Par- 
lement de ce pays, lequel nous a remontré que la connaissance qu il a 
depuis longtemps de la vertu et piété (des) Dames Religieuses Sainte 
Ursulle de la ville de Brignolle, où sa fille a vouleu prendre Thabit de 
novice et mesment de leur zèle à l'instruction des pauvres filles, si 
importante au salut des âmes Fauroit porté à nous proposer, fait quelque 
temps, pour l'intérest de Dieu et du public, de permettre un establissement 
desdittes religieuses en ceste ville d'Aix, au quartier d'Orbitelle où les 
pauvres filles sont destituées de toute instruction, comme ne pouvant 
laller recevoir au monastère S** Ursule, jà establi en ceste ville d*Aix, 
pour estre trop eslongué oultre qu'il seroit impossible qu'un seul 
monastaire peut suffire à l'instruction de toutes les pauvres filles d'une 
ville si grande et si nombreuse ; et pour faciliter ledit establissement, ledit 
sieur Conseiller auroit offert de leur faire bastir et meubler à ses despans, 
comprins la dotation de sa fille, un monastaire avec son église, classes, 
jardins, et tous les appartements convenables à une maison religieuse. 
Laquelle offre ou proposition comme très avantageuse à l'advancement de 
la gloire de Dieu et au salut des âmes, nous aurions accepté et après 
avoir ensuitte faict choix de six Religieuses audit Brignolle, des plus 
vertueuses par dessus la fille dudit Sieur Conseiller d'ANDRÉ, qui est 
encore novice, pour venir commancer ledit establissement, nous aurions 
permis verbalement audit S' Conseiller d'ANDRÉ de faire l'achept des 
places et d'y faire commancer ledit nouveau monastère et attendant qu'il 
soit achevé, nous lui aurions permis de les louger dans une maison de 
louage qui nous a aparu assez commode^ ayant esté réparée et mise en 
estât le plus régulier qu'on a peu ; et attendu que l'achept d'environ 
treize places a esté depuis fait dans la grande rue de Sainct Jean, proche 
la place Mazarine et le prix pleinement acquitté des deniers dudit 
S' Conseiller d'ANDRÉ, lequel a fait à mesme temps travailler à la bastisse 
dudit monastaire auquel nous avons vouleu accorder quelque grattification 
consernant le demi lodz ; ne restant à présent qu'à faire expédier nos 
ordres et les obéissances aux dites Religieuses, pour venir dans ladite 
maison ; et affin que nous souïons dans une entière assurance de l'achè- 
vement dudit monastaire advant que d'expédier nos dits ordres, ledit 
S*^ Conseiller a vouleu par la présente déclaration qui sera remise et 
gardée rière nostre greffe, réitérer les promesses qu'il avoit jà faittes 
verbalement et par escrit de faire achever et mubler à ses despans, 
comprins la doctation de sa dite fille, le monastaire jà commancé avec 
tous les appartements convenables pour louger vingt ou vingt quatre 
Religieuses, qui est le nombre auquel nous souoiterions que toutes les 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



communautés feussent limitées pour esviter les inconvénients 

fort souvent un trop grand nombre. Voulant en oultre ledit 

afin que ledit ouvrage s'achève, nonobstant tous les accident 

pourroient survenir dans l'intervalle d*un an ou de deux a 

lequel il espère faire achever le tout, si Dieu lui donne vie 

en main aux dites Religieuses, de billets ou promesses sur d 

les plus solvables de la ville, de toute la despense qui pourrc 

par dessus les avances qu'il a jà faictes aux ouvriers, et le 

prix desdites places, ayant ledit sieur conseiller signé la pr 

ration et nous ayant requis estre remise rière nostre greffe 

gardée ; et a ce conclud. 

Signé: / 

Nous, Cardinal Ârchevesque d'Aix, avons ordonné que le pi 
rant et aultres pièces cy esnoncées seront monstrées à nosti 
d office pour servir les conclusions ce que de raison. 
Faict à Aix, ce 24 sept. 1666. 

Signé: H. Card. Grimaldi, Arc 

Suivent les conclusions du Promoteur d'office. 

Et plus bas. 

Attendu le consentement de Monsienr vostre Promoteur 
Conseiller d'ANDRÉ nous a requis et supplié, lui vouloir octi 
de son précédent comparant^ à quoy il a conclud. 

Signé i 

Du } octobre 1666 estant au greffe. 

{Archives de V Archevêché 



r 26. 
Extrait du Bouclier d'honneor 

{Panégyrique du brave Crillon) 

C'est sans doute comme un modèle plaisant du style 
ridiculement empoulé, que le Bouclier d'honneur a 
éditions; ainsi il fut réimprimé à Lyon chez Vincent, en 16 
Paris, chez Desprez en 1759, in-12; en outre, l'abbé d'i 
publié la plus grande partie dans le T. V. des Nouv. mé 
crii, et de Uit. p. 48-402; et l'abbé Gros de Besplas 



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318 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



l'analyse dans son Essai sur r éloquence de la Chaire (Paris 1767 in- 12 
p. 283-300). Lenglet, Meth. pour étud. l'hist, T. iv, p. 129, i" édit. in-4" 
et p. 163 de la 2* édit, fait mention de ce discours qu'il appelle comique. 

Nous détacherons quelques morceaux de ce panégyrique. Et d'abord 
commençons par l'exorde. 

« Nous parlerons plutôt de Grillon vivant que de Grillon mort; de 
« Grillon sur un coursier, que de Grillon sur un tombeau ; de Grillon à 
« la tète d'une armée, que de Grillon à la tête d'un convoi; de Grillon 
« bouillant, soufflant, battant, triomphant^ que de Grillon sans force, sans 
M pouls, sans &me, sans mouvement. » 

La hauteur, la profondeur, la longueur et la largeur du courage de 
Grillon font la matière de l'éloge et le partage géométrique de ce discours. 

« La hauteur, en ce qu'il ne pouvoit se tenir sous le toit d'une maison, 
« à Tabri d'une tente, sous l'ombre d'une courtine ; aux champs^ à la 
« campagne, au jour, à l'erré, au soleil, au hâle, au serein, mon Crilion 
<( le pied toujours en l'air, la tête sous le ciel qui étoit son pavillon. La 
c volupté ne l'a jamais collé à la terre, les délices ne l'ont jamais colleté. » 

Passons sous silence la profondeur et la longueur, pour en venir à la 
largeur du courage de Grillon. 

« Qu'en dirai-je > s'écrie lorateur; mais que n'y a-t-il à dire là-dessus? 
« Sa force rétrécie en un lieu seulement, encernée d'un tems, limitée à 
<. une sorte d'ennemis^ enclose en un âge, attaché à une action. A quoi 
« le voulez-vous, où le voulez-vous, contre qui le voulez-vous, à pied, à 
« cheval, avec la lance, avec l'épée, au siège, à l'escarmouche, à une 
« saillie, à une tranchée, sur une muraille, à une brèche^ à une camisade; 
« de nuit, de jour, en santé, en maladie, au printems, à l'hyver de son 
« âge, avec une poignée de gens, avec une grosse armée ? Il est toujours 
« Grillon. Sa tête s'est blanchie à l'ombre des lauriers, ses yeux se sont 
« éblouis aux éclairs de l'acier, sa main a pris cal dans les gardes d'une 
« épée, son dos s'est honorablement voûté sous le poids d'une cuirasse. 
« Il n'étoit pas seulement fort au pouce droit comme un Pyrrhus; ou en 
« une perruque flottante comme un Samson ; ains en toutes les parties de 
« son corps : fort en son cœur comme un Léonidas qui avoit le corps 
« velu, fort en ses yeux comme Harpalicus, fort en sa prestance comme un 
« Marius, fort en son bras comme un Scandenberg, fort en sa langue, etc. 

« Je le vois au siège de la Fère féru férir, battu battre ; choqué cho- 
« quer ; toujours Grillon. Je le vois à Mont-millan bruyant, brillant 
« brûlant du désir de combattre, partout Grillon... qui lui refusera le 
« titre de très-vaillant, très-travaillant, et très veillant.^ 

» Sa dévotion n'étoit point féminine ; mais mâle, virile et martiale, 
« selon son naturel, air guerrier et humeur soldatesque. La brièveté de 
« son oraison étoit aggrandie par la grandeur de son âme.... Il traitoit 
« avec Dieu comme avec les Rois, brièvementet reyéremment... Ge nest 
« pas tout, il afl'ectionnoit ce que Dieu affectionne et nommément les 
« pauvres Vous eussiez dit que les nécessiteux étoient ses pension- 
ce naires, ou ses gentilshommes d'honneur, ou sa garde écossoise.... Il se 
« faisoit connoître à eux, leur faisant toucher argent, pour faire tenir au 
« ciel, et le mettre à la banque de Dieu en constitution de rente éter- 
« nelle.... 11 jetoit les pitoles comme des patars; faisant litière des métaux 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



M et ensemençant, comme Triptotémus, les lieux où il passoit 
« graine dorée.... 

Sur les vingt deux blessures dont son corps étoit couvert, Torat* 

« Il falloit, ce semble, donner air et évent au feu de son co 
a ses vingt deux soupiraux. Qui a mis à chef des choses plus g 
c( qui plus grandes et en plus grand nombre } qui en plus grand 
« et plutôt ? qui plutôt et en tant de lieux ? qui en tant de lieux ( 
« seul r qui quasi seul et le premier } qui le premier et toujours vai 
« fors le nompareil et Tinfatigable Grillon?... Mais soubs le pre 
« cette dernière maladie^ qui durant sept ou huit ans Fa travi 
« exercé, il n'a rendu que des preuves de douceur. Qui crache a 
« ciel, l'ordure lui retombe sur la face. Averti qu'il falloit déloger, 
« aux champs, aller servir son quartier au ciel, il reçeut cet adjoui 
« en maître de camp, c'est à dire, aussi généreusement qu'autre 
« entendoit volontiers le son de la trompette pour aller livrer un ( 
« donner un assaut, prendre quelque ville 

Lorsque l'orateur en vient à la mort de son héros il s'écrie : 

« Hélas, Mess, après avoir emmiellé vos oreilles du narré de 
« vaillances et actes héroïques, faut il que je les enfielle de c 
« mot et amer, abjectus est, il est mort?.... Nous ne le verront p] 
« volter son cheval, le manier à saults gaillards, à la carrière, à li 
« ronde, en long; abjectus est, il est mort. Nous ne le verrons | 
« son carrosse faire le tour de la ville, remplir de révérence les éti 

« abjectus est^ il est mort François, voilà votre pavois ; magr 

« voilà ton parangon ; sincérité, voilà ta perte, abjectus est, il est 
« donc cette constance diamantine, cette force inescroulable est e! 
« abjectus est, il est mort,.... Grillon est mort, et il nous faut 
« Il n'y a homme si haut monté que la mort ne désarçonne, 
« perché qu'elle ne culbute en bas, si bien armé à blanc et à cru 

« ne perce, si bien retranché et barricadé qu'elle n'enfonce 

« Grillon n'est pas tout mort; son âme vit au ciel qui est l'hébei 
« des âmes magnanimes, le prytanée des capitaines chrétiens, le 
« des aumôniers.... 

« Adieu Grillon, adieu. Adieu le capitaine des merveilles; a 
« merveille des capitaines ; adieu mon brave ; adieu brave Grillon 
« brave des braves; nous ne vous verrons plus^ nous ne vous 
« plus.... le grand guerrier que vous avez perdu S* Père! le gra 
« viteur que vous aviez là, mon Roi I l'inexpugnable boulevart que 
« pour vous, ô France ! mais le sincère ami, le grand bienfaiteur 
« as perdu, Gompagnie de Jésus.... 

« Grillon est mort, abjectus est. Gette hautesse de courage, c 
« est-elle abaissée ! cette longueur combien racourcie ! cette 
« combien rétrécie ! cette profondeur, combien applanie 1 

(Voyez, Achard — Barjavel.) 



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320 PliCBS JUSTIFICATIVES 



«• 27. (p. 2J2.) 

Au sujet de la Reine de Suède. 

/• Lettre du P. Paul Casât i : 
Monsieur, 

JE ne puis manquer de satisfaire à la raisonnable curiosité que vous 
aviez de scavoir au vray Porigine et le progrez de cette grande réso- 
lution qui a porté la Reyne de Suède à quitter son royaume, et se faire 
catholique. Voicy donc en peu de paroles comme tout s'est passé. Ceste 
Reyne nourrie dans la secte des Luthériens, n'y rencontra pas avec Taage 
toute la satisfaction qu'elle eut souhaité, ne pouvant estre suffisemment 
esclaircie par ses ministres des doutes qui luy venoient dans l'esprit, ny 
mesme par la lecture des livres de ceste secte, qu'elle leut avec beaucoup 
de soin et de diligence, dans ceste inquiétude et agitation d'esprit, elle 
s'informa curieusement de toutes les sortes de religions qui ont jamais 
esté, et les examina durant Tespacc de 5 ans, tant par soy mesme que par 
la conférence des personnes les plus doctes qu'elle peut avoir auprès 
d'elle, en ayant fait venir quelques-uns de bien loing à cest effet, mais ce 
feust sans pouvoir jamais se contenter, de sorte qu'enfin elle se résolut de 
vivre dans celle où elle avoit esté élevée ; se persuadant au reste, que 
c'estoit assez pour mettre sa conscience en repos, de suivre en tout et par 
tout le dictame de la raison, et de ne jamais rien faire dont elle peut 
rougir devant les hommes. Il luy sembla d'avoir trouvé n' estre plus en 
peine, de sorte qu'elle demeura environ 2 ans en cest estât, mais Dieu 
qui luy avoit inspiré ceste bonne volonté qui lui faisoit chercher la vérité 
voulut enfin esclaircir son entendement, renouvellant en son esprit ses 
premières inquiétudes. Cependant qu'elle estoit ainsi agitée, un Ambas- 
sadeur de Portugal vint à Stokolm, accompagné de 2 Pères Jésuites, Tun 
desquels nommé Antoine Macédo luy servoit d'interprète auprès de la 
Reyne, laquelle l'ayant reconnu homme prudent et fidèle, luy confia son 
secret et le conjura de partir promptement sans dire mot à personne, ny 
mesme à l'Ambassadeur pour aller à Rome et de porter une lettre au P. 
PiccoLOMiNi, G"* de la C*, par laquelle il estoit prié d'envoyer 2 Pères 
italiens avec lesquels elle put conférer des choses de la religion, donnant 
asseurance de se faire catholique en cas qu'on luy fit connoistre la vérité. 
Le P. Macedo se rendit à Rome sur la fin d'octobre de l'an 16^2 ; 
où trouvant que le P. Piccolomini estoit mort, il consigna ses 
lettres au vicaire nommé Gosvinus Nikel, maintenant général de la C 
et parce qu'elles estoient escrittes en françois, langue très familière à ceste 
Reyne, elles furent confiées au P. Annat, Assistant de France, avec lequel 
et l'Assistant d'Italie et le Secrétaire en consultèrent sur le choix des 
personnes qui dévoient estre envoyées en Suède. Ma bonne fortune voulut 
qu'on me choisit, et en mesme temps, on escrivit au P. François de 
Malines qui estoit à Turin, de me venir trouver au lieu désigné. Je partis 
le 22 de nov. de la mesme année et arrivay avec le P. de Malines à 
Stokolm, le jour de S* Mathias de Tannée suivante 1652. Les conférences 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



que nous eusmes avec la Reyne furent fréquentes et < 
chaque fois, Sa Majesté prenant la comodité du temp 
sa prudence ordinaire, sans que personne s'en aperceust ; 
Monsieur que je reconnus pour lors évidemment, les 
bonté, laquelle opéroit si puissamment par sa grftce ci 
Reyne, qu'elle dissipoit tous les nuages des doutes qi 
esprit dans Terreur. Elle avoit une si claire connoissa 
points de nostre religion, qu'aprez Tesclaircissemept qi 
quelques difficultez particulières, il se vit clairement 
perfectioner Tœuvre qu'il avoit commencée en elle, 
d'avril qu'elle se résolut d'estre catholique et d'autan 
pensé auparavant à ce qu'elle devoit faire, en cas qu'e 
lution et qu'elle ne peut en l'effectuant conserver 
mettre son salut en danger, après une meure délibéral 
qu'elle ne pouvoit pas introduire la religion catholique 
en continuer le gouvernement sans se mettre en péril 
beaucoup de choses répugnantes à la protestation de 
se déclara nettement d'y vouloir renoncer et selon le p 
dressé elle me depescha soudain à Rome pour y n 
Innocent x d'heureuse mémoire, par l'entremise di 
dessein, et pour prendre certaines informations qui en 
l'exécution. Je partis de Stockolm avec son passeport 
ment de may de la mesme année, avec ordre d'attenc 
lettre qu'elle vouloit escrire à Sa Sainteté ; ce qu'ayan 
l'arrivée d'un courrier qui tarda trop de venir, elle C( 
dépesche du 2 1 may, de partir en diligence et de présc 
ma lettre pour me donner créance sur ce que je luy 
part, m'enjoignant expressément de ne rien dire au Pî 
que le P. Malinbs qui devoit partir i; jours aprez feu 
ne paroissant point, et moy n'ayant nulles nouvelles, 
chemin aprèz avoir expédié mes affaires et pris les infor 
par les adresses qui m'en donna principalement l'Em* ( 
tenant nostre S* Père Alexandre vu"*, lequel eust cor 
dèz le commencement. Je partis de Rome sur la fin d( 
de divers accidents qui m'arrivèrent durant mon voya 
rendre à Hambourg qu'à la fin de l'année. Là je trou^ 
la Reyne qui m'ordonnoit de luy envoyer mes inform 
outre et d'attendre le P. Malines, lequel ayant trop 
demanday mon congé pour m'en retourner en Italie, ce 
la mi mars, et arrivay à Rome le pénultième jour de jt 
Tandis que j'étois à Rome durant l'esté de 1652, D 
fut envoyé à Stockolm par le Roy d'Espagne, et cond 
P. Manderscheidt, tous deux reconnurent le P. de M 
l'avoient connu autrefois en Flandre. La Reyne prit 
temps en Dom Antonio, et luy communiqua son dess 
royaume pour se faire catholique, adjoustant qu'elle se 
les estats de Sa Majesté Catholique avant que d'aler 
esté conclu que Dom Antonio iroit en Espagne, mai 
luy estant survenues, on trouva bon d'y envoyer un 



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322 



PIÈCES JUSTIFICATIVES 



lequel estoit à Coppenhaguen, chapelain du comte de Rebogliedo, ambas- 
sadeur d'Espagne auprez du Roy de Dannemarc, lorsque j'estois en 
Suède. S'il fut appelé exprez ou s'il se trouva là par rencontre, je n'en 
scay rien^ parce que j'en estois party, il y avoit plusieurs mois. Tant y a 
qu on luy confia le secret et fust envoyé en Espagne pour en donner avis, 
et Dom Antonio le devoit suivre, mais n'ayant peu partir si tost, le 
P. Malines eut ordre de passer en Espagne et ne fust de retour à Rome 
qu'à la fin de juin 1654.^ 

Cependant la Reyne travaillant à l'exécution de ses desseins, avoit déjà 
mis ordre à sa bibliothèque, dont elle m'avertit par une lettre du mois 
d'août de l'an 1653, et par un autre escrite au P. Général monstroit un 
grand désir de les voir bientost accomplis ; nous asseurant touts deux de 
sa fermeté et constante résolution de surmonter toutes sortes de difficultez. 
Enfin par une lettre du 16 fév. 1654 escrite d'Upsal, elle me tesmoigna 
sa joye d'avoir entièrement terminé l'affaire de renoncement de son 
royaume Bt que soubs prétexte des eaux de Spa elle s'en iroit en Flandre, 
ce qu'elle fist depuis comme il est jiotoire à un chacun. Elle s'arresta 
quelque temps à Anvers, d'où s'estoit portée à Bruxelles ; elle fit prive- 
ment en particulier sa profession de foy, la nuit de Noël dernier, en 
présence de l'Archiduc Léopold, du Comte de Montecuculli que la Reyne 
fit venir exprez de Vienne, de Dom Ant. Pimentel et de Dom Ant. de 
la CuEVA, et parce qu'on désiroit pour des raisons très importantes que 
l'affaire demeura secrette, on se servit pour recevoir cette profession du 
P. Jacobin que D. Ant, Pimentel avoit ramené d'Espagne, auquel on 
avoit procuré la charge de secrétaire de l'ambassade et toutes les facultez 
nécessaires pour la fonction de laquelle nous avons parlé. Ce mesrae 
Père ayant tousjours depuis secrètement servi la Reyne de chapelain et 
de confesseur. La Reyne ayant sceu depuis, l'exaltation de nostre S' Père 
le Pape Alexandre vu, luy donna avis du dessein qu'elle avoit de venir 
à Rome et fust trouvé bon qu'aussitost qu'elle auroit traversé les pays où 
il y avoit des hérétiques elle feroit son abjuration en public et sa profes- 
sion de Foy catholique, comme réellement elle a faict à Inspruc le 5 de 
nov., avec les circonstances qu'il n'est pas besoin de raconter parcequ'elles 
sont assez connus et qu'il me suffit d'avoir satisfait par ce brief et simple 
narré au désir que j'ay de vous tesmoigner combien je suis 
Monsieur 
Votre très humble et très obéissant serviteur 



Paul Casati. 



Du Collège Romain, 19 nov. 165 <:. 



(Recueil 28^2^5, Bibliothèque Méjanes. Lettre autographe.) 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



2** Passage de la Reine de Suède par Aix, On lui défère par 
les mêmes honneurs^ qu'à lui U Archevêque la défraie magn 
Elle admire l'éloquence et la bonne grâce à parler du i 
Président : Son goût ne fut pas pour les parur 
trop étudiées des Dames de la pille. 

Il y avoit déjà deux années que l'illustre Christine fil 
Gustave, la Reine des Muses, aprèz avoir glorieusement r< 
vingt-une années en Suède, s'estoit volontairement démise d 
pour vivre en personne privée dans la capitale de la chréti 
estât aïant désiré comme ancienne alliée des François, de v 
et brillante Cour de France, le Roi manda au Commandant de 
au Parlement et aux Consuls Procureurs du Pais de la rec 
passage comme sa propre personne. Sur cet ordre, le Comt 
une députation du Parlement composé de dix officiers, où il 
Présidens à mortier, et les Consuls Procureurs du pais, furen 
pour complimenter cette Princesse, lorsqu'elle aborderoit ce 
cette cérémonie, il arriva que les Procureurs du pais aïant v< 
les marques de leur magistrature qui est le chaperon, à la 
maison où la Reine estoit logée, les Marseillais en prirent 
mirent d'abord à crier: Fouero Capeiron d'Aix. La troupe 
s'augmentant, il fallut que les Procureurs du Païs, pour é 
grand tumulte, quittassent ces marques augustes de leur autor 
la province. Dès lors on résolut qu'à l'avenir on moïenne 
semblables rencontres arriveroient, de faire passer en l'abaïe < 
pour lors hors de la ville, ceux qu'on iroit saluer. La chose 
autrefois pratiqué. Quelques-uns d'Aix même, s'en ressouve 
que l'opposition arrivât. Mais ils voulurent mal à propos 
chose, croYant que les Marseillais ne seroient pas si forma 
qui raisonnèrent de la sorte estoient mauvais politiques, ca 
dû croire que la jalousie ordinère entre voisins ne manqu< 
s'éveiller en cette occasion. Après deux jours de séjour que ce 
fit à Marseille, elle vint dans Aix où elle arriva le premier 
la nuit. 

Les Consuls seulement furent la recevoir au-dehors des 
rement accompagnez par le bataillon ordinère de la ville, 
cinq compagnies des quartiers mises sous les armes. A la p 
par où elle entra, ils lui présentèrent le dais, sous lequel, à 
flambeaux, elle fut portée dans une chaire revêtue de velour: 
jaune avec des parements d'or sur les extrémitez, par d' 
habillez de taffetas de mômes couleurs qui sont celles de 
avoit tapissé les rues par où sa marche avoit été marquée, 
celles des Augustins, des Gantiers, des environs du Palaiî 
Ormes, de S*' Claire, des Marchands, du Marché, de la Gran 
jusques à S* Sauveur où elle mit pied à terre pour faire so 
grâce. Là elle fut introduite par le Cardinal Archevêque, à la 
Chapitre en chape, aprèz qu'il l'eut haranguée. L'action de gr2 
qui fut chantée à double corps de musique, estant finie, 1 



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324 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



conduite à rarchevôché où son logement avoit esté préparé, et où elle 
fut défraïée, pendant quatre jours qu'elle resta dans la ville, par TArche- 
vôque avec une magnificence digne de celui qui la faisoit et de l'auguste 
personne pour qui elle estoit faite. Aprez qu'on eut donné quelques 
momens à la Reine pour se reposer, les deux Compagnies supérieures de 
Justice, parées de tous leurs plus beaux ornemens, comme pour faire 
honneur à leur propre Souverain, et éclairées dans leur marche, par un 
très grand nombre de flambeaux, furent successivement lui rendre leurs 
respects, Les chefs de Tune et de l'autre la complimentèrent au nom de 
leurs Corps dans sa chambre, à quoi elle, estant debout devant son fauteuil 
et sous un dais, respondit judicieusement. Le premier Président d'OPÈDE 
se fit admirer en cette occasisn, et ravit si fort cette princesse quoique 
accoutumée aux beaux discours, qu elle ne put s'empêcher de lui témoigner 
sa satisfaction et de faire valoir jusques à la Cour son éloquence et sa 
bonne grâce à parler. Les autres Compagnies et corps de ville s'acqui- 
tèrent du môme devoir le lendemain. Ce jour-là, la Reine assista à la 
messe en Téglise S' Sauveur^ posée sur un trône qu'on lui avoit donné au 
milieu du chœur. L'Archevêque lui présenta à baiser le livre des évangiles: 
mais les autres jours, ce Prélat n'aïant pu à cause de ces indispositions 
vacquer à cette cérémonie, le Prévost de l'église y supléa à sa place. 
Elle mangea une fois en public : et elle fit cet honeur ^ l'Archevêque de 
l'admettre à sa table. Le jour avant son départ, elle voulut voir la ville, 
ce qu'elle fit en carrosse avec un cortège d'un trez grand nombre d'autres. 
Comme elle ne rencontroit que magnificences et qu'honneurs extraor- 
dinères dans la ville, cela lui fit dire que la grandeur du Roi de France 
se retrouvoit par tout son roïaume. Cependant, on remarqua que cette 
Princesse ne goûta pas la brillante parure des Dames de la ville, à cause 
qu'elle estoit trop étudiée. Elle convenoit bien, et sa maxime estoit, que 
les personnes de son sexe dévoient estre parées, mais que cela devoit 
toujours parètre naturel par certaines irrégularitez oposées à l'afectation. 
Pour cela il auroit fallu qu'elle eût inspiré à nos Dames son goût philo- 
sophique et ç'auroit esté un grand travail pour elle, car comme toutes 
les autres femmes, elles n'y ont guère de disposition (P.-J. de Haitze. 
Histoire (manuscrite) de la pille d'Aix. L. xxi. Ch. xi.) 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



r 2S. (p. 252.) 

Par quelle vertu les Roys de France guérisi 
Et depuis quel temps? 

LES Roys de France qui portent avec juste titi 
le nom et la qualité, Auguste Très-Chreî 
nemment et avec plus de perfection le pouvoir 
que tous les Septièmes (i) de la terre, à cause 
et de leur sacre tout miraculeux, dont les mains 
plus rares et de plus parfaites bénédictions ; i 
provient est très-asseurée, comme provenant d'u 
qui le cœur est toujours entre les mains de C 
de sa grâce. 

Cela est très-constant, mais ceci est fort do 
race a commencé cette guérison, et quel de nos 
ce don céleste ? Le Docteur Angélique Saint 
fait du Gouvernement des Princes, au rapport 
de Guillelmus Marlotus, attribue cette prérogî 
guérir les escroûelles, quoiqu'il en parle sous de: 
que ce Prince a esté doué de cette divine v 
incurables, et qu1l faisoit des prodiges et des n 
de rencontre et d'occasion. Et sur cette authoi 
premier médecin d'HENHi iv, au traité qu'il 
guérison des escroûelles, donnée de Dieu aux R 
Torigine en la personne de Clovis qui a esté h 
Plusieurs graves autheurs, comme Senerte, al 
dans son traité des escroûelles, M auclerc, parisi 
au livre qu'il a écrit de la Monarchie divine, e 
chrestienne. Et Foratel de Tolose, le juris-c 
l'un et l'autre droit, au livre premier qu'il a 
philosophie chrestienne des François ; Font menl 
guérison donnée par une grâce particulière du C 

Mais tous ces autheurs sont peu fondez dans 
avancent n'est pas de grand poids pour donner 
importante que nous traitons : Car pour l'ouvre 
Princes, qu'on attribue à Saint Thomas, n'a | 
Docteur, comme remarque le Cardinal Belh 
escrivains ecclésiastiques, par cette raison principj 
laquelle consiste en ce que l'autheur dudit li 
temps l'Empereur Albert a succédé à l'Empereu 
l'an 1298. et cependant il est certain que S* The 
années auparavant, sçavoir Tan 1274, de là vient < 
point appuyée de son authorité, ni de sa doct 



(1) Les septièmes dont il est ici question, sont les septi( 
d'aucune fille, de même père et de même mère. On lei 
guérir des écrouelles. 



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326 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



autheur plus récent, et sans cloute moins considérable que Saint Thomas, 
elle ne peut pas établir la vérité que nous cherchons dans ce discours. 

Quant aux autres autheurs que je viens de citer en faveur du Roy 
Clovis, ne sont pas mieux fondez pour estre nouveaux, et ne portant 
aucun tesraoignage des plus anciens ; Car comme dit le Sieur Dupleix 
dans l'Histoire de Saint Louys : « Je n'ai point encore trouvé aucune 
« preuve, ni aucun vestige de cette grâce pour la guérison des escroûelles, 
« donnée de Dieu, aux Roys de la première et seconde race ; et il est 
« assuré continue cet autheur, que s'ils l'eussent receuë du Ciel, et mise 
« en pratique par l'attouchement des malades, et par la délivrance de 
a leur infirmité ; les historiens de ce temps-là l'auroient sans faute publiée, 
« comme une merveille de leur siècle, et l'excellence de la Monarchie; 
« puisqu'ils ont écrit des choses de moindre considération que celle là 
« que nous admirons, comme l'avantage de la France ^et la gloire de 
« nos Roys. » 

D'où il faut conclure que cette prérogative n'a esté donnée qu'à la 
troisième race, que les historiens appellent sanctifiée, ou la race des 
Saincts; parce que Hugues le Grand, Comte de Paris, père de Hugues 
Capet, ayant tiré les reliques de Saints Ricarius et Valericus des villes 
de Normandie, où elles estoient en vénération, pour les transporter en 
celle de Saint-Omer, Pays d'Artois, pendant que les Normans, peuples 
pour lors infidèles, ravageoient la Neustrie, depuis dite Normandie ; Ces 
Saints apparaissant en vision au dit Comte, luy prédirent qu'à cause de 
sa piété en leur endroit, sa race seroit récompensée de la couronne de 
France : ce qui advint avec un succez admirable en la persone de son 
fils Hugues-Capet, premier Roy de la troisième race : Mais si Dieu 
favorisa ce Prince de la Royauté, il a donné à son fils le Roy Robert 
cette nouvelle grâce de guérir les escroûelles tout le premier, à cause de 
l'excellence de sublimes vertus, et de ses actions toutes héroïques ; et 
sur tout de la clémence extraordinaire qu'il avoit pour les pauvres, les nour- 
rissant de ses biens, les servant de ses mains, et guérissant les malades 
par son attouchement au rapport de Raduldhe et de Helgard, citez par 
le Cardinal Baronius, qui asseurent que ce pieux Roy donnoit la santé 
aux incurables et aux infirmes par son attouchement. Or les anciens de 
ce temps-là, appelloient infirmes ceux qui estoient atteint des escroûelles 
et des malades incurables ; par ce qu'elles les rendoient languissans pour 
toujours, faute de secours et de remède. Et par ainsi nous pouvons 
considérer le Roy Robert comme le premier qui a receu du Ciel cette 
grâce, communiquée ensuite à ses successeurs : car il est probable 
qu'HKNRi premier luy succédant à la couronne, luy succéda aussi à cette 
divine vertu : Parce que Philippe son fils et Louis-le-GROS son petit 
fils, ayant receu de Dieu comme Robert cette signalée faveur, il n'y a 
par lieu de douter qu'il n'en aye aussi esté avantagé, d'autant plus qu'il 
a esté illustre dans la pratique de tant de vertus, qui le rendent 
recommandable, et qu'il a fait de son Palais une Eglise, pour augmenter 
le Culte et la Gloire de Dieu par un rare exemple conforme à sa piété. 

Nous avons une preuve certaine de la communication de ce don 
céleste à Philippe et à Louys, dans les œuvres de Guibert Abbé de 
Nongent, qui vivoit l'an mil cent, et qui rapporte ce qu'il a vu luy- 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 327 



môme, comme fidelle témoin de cette merveille, non pas d'une chose 

nouvelle, mais ordinaire et très fréquente dans la Famille Royale ; Quid, 

dit-il, quod Dominum nostrum Ludovicum Regem, consueti 

prodigio ï Hos plané, qui scrophas circa jugulum, aul 

paliuntur ad taclum ejus, superaddito Crucis signe, vid 

cohœrenie, ac etiam impediente concurrere, quos tamen 

litale, serena ad se manu obuncanSy humillime consignât 

miraculi] cum Philippus pater ejus alacriter exerceret ne 

tibus amiserit. C'est-à-dire, dit Dupleix expliquant ses 

ne voyons-nous pas que nostre Roy Louys, (c'était Loi 

ou le Gras, père du bis ayeul de S' Louys,) pratique un 

fay veu accourir à luy par troupes, (moy-mesme dit 

estant auprès de sa personne et les repoussant), ceu 

escroûelles au col, ou en quelque autre partie du corps, 

de luy, après qu'il auroit fait le signe de la Croix sur i 

par sa libéralité naturelle, d'une main gratieuse les t 

bénissoit du signe de la Croix avec très grande humilité 

miracle, Philippe son père, exerça allègrement durant 

après le perdit, je ne sçay pour quels péche\ quil comm 

Voilà pourquoy cest sans aucun fondement, que 
historiens françois parlant de ce privilège communiqué 
dit que Clovis premier Roy Chrestien de la mesme m 
de guérir les escroûelles, et que de luy cette vert 
successeurs, quoiqu'il ne paroisse aucun vestige de ce 
première, ni dans la seconde famille, comme dit très 
qu'on ne puisse produire aucun témoignage qui appuyé 
sorte qu'il y a lieu de croire, que Robert a esté le pre 
France qui a guéri des escroOelles, et qui a transmis 
Louys, aussi bien qu'à tous les successeurs, ce p< 
comme héréditaire à la troisième race de nos Augustes 

(La guérison .des Escroûelles par V attouchement des R 
des Septièmes avec l'abrégé de la Vie de S. Marcoul, 
en Normandie, par le R. P, Gabriel Taulany, docteur 
rOrdre des FF. Mineurs Conventuels. — Aix, pai 
Imprimeur du Roy, du Clergé et de la Ville, i6yp, in-i 



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328 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



r J9. (p. 255.) 

Note de M« Motiret j^ Secrétaire de M. de Mondar (à M. de Montclar) 

Procureur c^néral au Parlement à Alx, (au sujet de l'ostensoire 

du collecte Bourbon) Âlx, 17 janv. 1768. 

LE 29 nov. 1764. M. Durand orphevre de la ville de Marseille a offert 
à lachapt des vases sacrés du collège, scavoir 

à un calice doré estimé 344 L. cy. 3$o L. 
à la grande ostensoire 3,000 L. 

La grande ostensoire étoit alors à 3,100 L. par une offre du s' Esparati 
orphevre et à 3,175 L. par celle des fripeuses de Toulon, aussy le 
s' Mouret ne reçut Toffre du s' Durand à 3,000 L. que par forme d'essay, 
bien entendu qu'il demeuroit en toute liberté de vendre ladite grande 
ostensoire à plus haut pris, si loccasion s'en présentoit après en avoir 
avisé le s' Durand, ou d'en suspendre la vente plus longtemps, de même 
que du calice doré auquel le s' Durand avoit offert séparément, sans 
prèjudicié de la délivrance des divers vases sacrés, dont il avoit offert in 
globo 50 L. du marc pesant. 

Ces conditions sont implicitement dans Toffre du s' Durand, qui pour 
être indivisible auroit du dire, sans que le s' Mouret puisse recevoir des 
offres ny vendre la grande ostensoire et le calice doré séparément. 

Peu de jours après, il se présenta un juif qui offrit 3,100 L. et enfin 
jusqu'à 3,300 L, de la grande ostensoire, ce marché n'eut point d'effet, 
parce que le juif demandoit crédit de 200 L. 

Au milieu de déc**'*, le s' Durand fit dire au s' Mouret que ses fonds 
étoient en soufrance, Mouret rendit compte de l'état des choses à M. les 
Consuls et sans leurs ordres, il écrivit le 17 au s' Durand qu'il luy déli- 
vreroit le contenu en son offre à l'exception de la grande ostensoire qui 
demeureroit encor un peu en suspend, son offre tenant. 

Le S' Durand, par sa réponse du 21 marqua au s' Mouret, s'être flaté 
qu'en se chargeant du tout, la grande ostensoire luy seroit adjugée et 
espéroit qu'on auroit égard à cet objet, et néantmoins, il marquoit de luy 
envoyer la totalité du poids, pour qu'il put faire tenir les fonds équivalents. 

Le s' Mouret ayant été peu de jours après à Marseille, parla plusieurs 
fois au s"^ Durand du marché qui étoit pour la grande ostensoire avec 
les juifs et de la nécessité d'en suspendre la délivrance. 

Cette suspense n'étoit point contestée par le s"^ Durand, il se disposa 
au contraire à venir au retour du s*" Mouret prendre le restant des vases 
sacrés du poids d'environ 90 marcs à 50 L. le marc. 

Pendant le séjour du s' Mouret à Marseille, d'autres juifs firent encor 
offre de la grande ostensoire à 3,300 L. et se dédirent dans les 24 heures 
et à son arrivée dans Aix, il trouva une lettre s' Vitalis aine orphevre 
d'Avignon qui le prie de luy faire scavoir s'il a encore l'ostensoire et qu'il 
partira tout de suite pour y venir faire un prix. 

Les choses dans cet état, le s' Durand arriva hier mercredy avec sa 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



lettre de change de 4,500 L. qui n'est que Téquivalen 
non compris la grande ostensoire et convint avec le 
jourd'huy environ neuf à 10 heures du matin, il luy e 
sacrés autres que ladite grande ostensoire, qu'ils seroi 
chambre dudit s' Mouret et pezés par un des orphevn 
apelleroit. 

Le s' Mouret ayant tout disposé pour cette expéditi< 
venu luy dire ne pouvoir recevoir les susdits vases sac 
expédié en même temps la grande ostensoire au prix d 
étant conditionnelle et indivisible et telle ayant toujoui 

Mouret a répondu n'avoir jamais voulu vendre li 
par une offre in globo, que loffre du sieur Durant 
que pour les divers vases sacrés qui doivent luy être 
qu'il ne Tavoit pas entendu autrement ny par sa rép 
du 21 dec**" ny lors de leurs conversations à Marseill 
qu'ils convinrent au contraire de n'expédier que les va 
et non la grande ostensoire et n'ayant pu s'arranger er 
M. l'Assesseur de décider ce petit différent. 

Le S' Mouret pense que le s"^ Durand doit dès a 
les vases sacrés qui doivent luy être expédiés au p( 
5o L. le marc, sauf à luy être donné avis de l'offre qi 
d'Avignon sur la grande ostensoire pour la délivrer au 

Le s"^ Durand veut au contraire suspendre à r< 
jusqu'à Toffre du s' Vitalis, cette suspense préjugeroit 1 
indivisible, et le mettroit à même de la retracter en 
s' Vitalis, quoique celuy ci ne fasse offre qu'à la gran 

Il faut observer que le prix de 50 L. le marc n'a r 
et que le s' Burel orphevre acquit au même prix à l'er 
de chandeliers que le s' Esmiol créancier de la congréj 
fit vendre juridiquement. 



Sur une feuille volante de la même liasse on trouve les lignes sui 

J'offre à l'achat de la grande ostcnssoire apartenante 
Bourbon de cette ville mise en vente aux enchères, 1 
Livres payable comptant à Aix, ce treize février 1765. 

Délivré ledit jour au même prix. 

(Archives des Bouches-du-Rhône, Liasse C. ^yo.) 



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330 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



HO 30. fp. 2S7.) 

Ordre de la procession qui doit se faire par les escholiers du Collège 

Royal de Bourbon de la C'« de Jésus à Aix, au jubilé concédé 

par Notre S» Père le Pape Alexandre VII, pour implorer 

le secours divin contre les armes du Turc, 

l'année 1661. 

LE Dieu des Chrétiens est le Grand Dieu des armées; c'est ainsi qu'il 
se nomme lui-même dans les Saintes Lettres, pour nous apprendre 
qu'il n'est point de force pareille à la sienne : qu'en toutes sortes de 
combats la victoire est dans ses mains ; et ensuite que pour être victo- 
rieux, il ne nous faut point d'autres armes que celles de la prière, avec 
une ferme confiance à son amoureuse protection. 

C'est la raison pourquoy Nôtre Saint Pure le Pape voyant le grand 
ennemi des Chrétiens préparé plus que jamais à le poursuivre, nous veut 
fortifier des armes invincibles de la prière et nous animer de cette grande 
vertu de confiance par le Jubilé de cette année 1661, où il nous départ 
les trésors de l'église, avec une libéralité sans réserve. 

Et pour contribuer quelque chose à ce grand dessein, après avoir fait 
paroître en la première semaine de ce Jubilé, nos escholiers sous la cen- 
dre, nous avons résol.i de représenter en celle-ci les combats, les victoires 
et les triomphes de l'Eglise, sachant bien qu'il n'est rien qui soit plus 
capable de nous faire recourir à Dieu avec cette grande confiance, que 
de considérer comme dit le prophète, ses anciennes miséricordes et avec 
quelle merveille de force, de bonté, il en a usé jusques à présent en 
faveur de ses fidèles. 

Vous verrez donques à l'entrée de cette procession, l'Eglise militante 
avec son estendard qui aura po r devise ces deux paroles: Splendel 
adorandis superumquc, hominiimque Trophcvis, 

Elle sera suivie de ses illustres pénitents qui auront pour devise : FcH- 
ces errore suo ; et c'est en leur- personne qu'elle sera militante, comme 
encore dans les souffrances, couverte du sang et de la poussière du combat: 
mais ce ne sera que pour se faire voir bientôt victorieuse à ses ennemis 
que nous réduisons à huit troupes. 

1. Et les premiers vaincus ayant été les Démons, aussi verra-t-on dans 
le premier ordre, une belle compagnie d'Anges, comme le premier esca- 
dron de cette Eglise victorieuse, avec son chef en tète le grand S' Miche! 
précédé par un des plus grands de sa suite, lequel portera son guidon 
avec son éloge, c'est-à-dire, les grandes paroles de sa victoire en gros 
caractères d'or. Quis ul Deus. 

2. Le second ennemy de l'Eglise est le Monde^ dont vous la verrez 
victorieuse comme des premiers, en la personne des plus illustres anacho- 
rètes qui paroîtront au deuxième ordre, avec les armes qu'ils ont mis en 
usage pour combattre et vaincre le monde, leur guidon les fera connaître 
par ces mots: Fugâ quoquc vinciliir hoslis. 

3. Les Vierges tant de l'un que de l'autre sexe, avec tous les orne- 
mens dignes de leur céleste vertu, nous feront voir au troisième rang 



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i,Jii|îy,i.j|i 



PIÈCES JUSTIFI 



cette môme Eglise victorieuse de son t 
Le guidon qui les précédera, publie 
combattre et de vaincre par ces mots : 

4. Elle paroîtra immédiatement après 
dans ses premières années, par ses gén 
en deux troupes, la palme en main, le 
instruments de leurs supplices. Leur pi 
de leur mort par ces paroles : Mercamui 
connoitre que dans ce même rang il y j 
sont pas moins fortes et généreuses que 
devise en leur guidon : El nobis est mas 

<f. Dans le cinquième escadron elle p 
Anasthase, les Hilaires, et les autres I 
de l'Hérésie: et comme ça a été part 
la plume, c'est ce qu'on lira en leur gui 

6. Et ce qui recueillera davantage nô 
au sixième ordre suivie du Grand Pape 
et Seigneurs croisés, qui lui ont soumis 1 
feront la grande cause de leur Victoire 

7. Après vous verrez toutes les natior 
à son pouvoir sans résistance et se gloi 
inscription de leur étendard : Nostra esi 

8. Enfin dans le huitième ordre, elle 
grandeurs de la terre ; vous verrez les i 
les Carlomans, les Augustes, les AG^ 
Empereurs et Impératrices, Rois et Re 
tout ce qu'ils avoient de grand et d aug 
et ses abaissements ; ils se feront connj 
guidon : Fruimur meliore vicioria. 

Mais comme elle n'est militante et 
pour triompher, c'est ce que nous sign 
ces mots pour devise : Sequitur post bel 
le triomphe. Aussi dans ce neuvième 01 
comme elle le désire, donnant tout }' 
palmes à Celui qu'elle reconnaît poui 
c'est-à-dire au Crucifix qu'elle portera 
sera soutenu par les quatre héros Fran^ 
gloire, Charlrmagne, Louis-le-DÉBONNA 
Vous aurez encore le plaisir de voir se 
suite, les Démons, les Richesses, les F 
diverses figures, les Tyrans, les Idolâtre 
métans, les Princes barbares et infidèl 
Monde qui formeront son triomphe. 

Les Prêtres en surplis viendront les d 
et couronner toute cette pompe, faisj 
grande confiance que nous en devons c 
n'est pas raccourcie : que si son Eg 
combats, il peut la rendre pareillemen 
lui procurer sans cesse de nouveaux tri 



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NOMS DES PERSONNAGES 



DE LA PROCESSION 



L'Estendard de l'Eglise, Joseph Charrier. 
L'Eglise militante, Jean-Baptiste de Bon, accompagné de huit Anges. 



Auguste de Tressemanes. 
Joseph d'Albert. 
Jean de Chenerille. 
Joseph de la Coste. 



Charles de Tripolly. 
Henry de Thomassin. 
Gaspard Fabr)-. 
Claude de la Coste. 



PÉNITENTS 

Porte-Croix, Henr>' de CoUobrières. 
Le Roy David, Joseph de Podio. 



Jean Arasy. 
Jean Bonnet. 
Jean Ouvière. 
Honoré Molliny. 
Jean Rissy. , 
Georges Bonfils. 
Joseph Estienne. 
Pierre Estienne. 
Amat Fouque. 
Guillaume Issaurat. 
Estienne d'Albinot. 
Joseph Barnier. 
Louis Roûard. 
Matthieu Puech. 
Pierre de Mazargue. 
Ant. de Cormis. 
Dominique Ricoux. 
Jean Alexis. 
Firmin David. 
Joseph Niel. 
Nicolas Clément. 
Monet Cavaillon. 
Louis Boêty. 
Charles Arquier. 
Pierre Faudon. 
Jean Ricard. 
Joseph Fouque. 
La2. Bègue. 
Nicolas Tronc. 
Pierre Vincent. 



Esprit de Fuveau. 
Thomas Hierôme. 
Esprit Delincel. 
Joseph Cantel. 
Jean Finaud. 
Jean Rocamus. 
Joseph Toulon. 
Honoré de Sou lis. 
Antoine Ripert. 
Jean Dalmas. 
Louis Reybaud. 
Pierre Roche. 
François Crudy. 
Jean Chauderon. 
Jacques Coloniby. 
Estienne Chanseaud. 
Marc Gassendy. 
Jean Durant. 
Antoine Argentin. 
Joseph Paret. 
Jean-Baptiste Brun. 
Vincent Signoret. 
Jean-Baptiste Teissier. 
Antoine Bertrand. 
Jacques Sollier. 
Estienne Renaud. 
Gaspard Barras. 
Jean Bresson. 
Joseph Solier. 



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^wy^wm 



PIECES JUSTIFIC/ 



LES ANG 

Porte-Guidon, François 
S. Michel, Jean-Baptiste 
S. Gabriel, Elzéar Barlai 
S» Raphaël, Jean Pierre 



André Blain. 
Joseph Bervard. 
Melchion Manosque. 
Antoine Gras. 
Joseph Gi7.eneufve. 
Félix Blanc. 
Barthélémy Gras. 
Hubert Pellissier. 
Jean Chapuis. 
François d'Aymar. 
Jean-Baptiste de Fourbin. 
Elzéar Barlatier. 
Jean Pierre Barrel. 
Joseph Bouteille. 
Joseph Brochot. 
Gaspard Silvy. 
Joseph de 3* Martin. 
Paul Quintrand. 
Ant. de St Martin. 



LES ANACHC 

Porte Guidon, Joseph 
S. Paul, Joseph Gebeli 



S. Antoine, Jean Barrety. 

S. Abraam, Pierre Guisol. 

S. Bar LA AIN, Pierre Ortolam. 

SI SiMÉON Stylite, Joseph Giraud . 

S. Guillaume, Marc Morel. 

S»* Magdeleine, Jacques Tapi. 

S« Pélagie, Jean Rouer. 



S. ] 
S. i 

s. J 
s. i 

Fou 
Ste ; 

Ste' 



LES VIER( 

Porte Guidon, José 
S. Joseph, Raphaël ] 



SI Valerian, Estienne Démine. 
S. Henry, Laurent Imbert. 
S. Edouard, Henry Chabert. 
S. Clou, J. B. de S. Symphorien. 
Si« Cécile, Franc de Puillobier. 



S. ' 
S. ] 
S. ] 
S. ( 



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334 



PIÈCES JUSTIFICATIVES 



S«« Suzanne, Pierre Gigot. 
S» Marguerite, Jean Henry Broilla. 
S« Agnès, Charles de Calissane. 
S" Geneviève. Joseph Audibert. 
S« CuNÉGONDE, Charles d'Albert. 
S» Dauphine, Gaspard Roux. 



S<« Rosalie, Joseph Amy. 

S« Agathe, Claude Fabre. 

S<« Blandine, Honoré Chaix. 

S" Edwige, Hon. Lamben. 

S<« JoscELiNDE, André de la Berge. 

S<« Walburge, Jean Baptiste Mallignon. 



LES MARTYRS 

Premier Porte-Guidon, Esprit Blein. 
S< Estienne, Louis Pastour. 



S. Ignace d'Antioche, J.-B. Biendisant. 

SI Laurent, Honoré Chamossy. 

S' Vite, Antoine Gras. 

S^ Maurice, Honoré Arnaud. 

S. Marc, Joseph Monnier. 

S. Gervais, Louis Dille. 

S. Mercure, Antoine Mérigon. 

S. JoviTE, Hugues Bérard. 

S. Abdon, BoniÊice Guigue. 

S. JusT, Jacques de Gardanne. 

S. Celse, Michel Rostatng. 

S. Hermenigilde, Pierre Ricaud. 

S. Erric, Jean d'Albert. 

S. Mytre, Melchior Cairad. 



S. Polycarpe, Joseph Roux. 

S. Vincent, François Broilla. 

S. Modeste, Jean Raynaud. 

S. Victor, Jean de Colonia. 

S. Marcellian, Guillaume S^ Jacque. 

S. Protais, Jean Baptiste de S. Girons. 

S. Agathange, Jean Barbaroux. 

S. Faustin, Gaspard Paty. 

S. Sennen, Joseph Roux. 

S. Pasteur, Jean August. de Guerre. 

S. Mammes, Pierre Michel. 

S. Pelage, Joseph Laurent. 

S. Eadmond. Gaspard Gaillard. 



a™« Porte*Ghiidon, Henr\' Guende. 
S" Catherine, Joseph Soleillas. 



S" Appolonie, Esprit Sauvaire. 
S« Perpétue, Pierre Chazelle. 
S<« Christine, Matth. Lieutaud. 



S*« Dorothée, Simon Beissiere. 
S" Félicité, Joseph Rabillaud. 
S«e Symphorose, Pierre de Sane. 



Les sept Enfans, S. Crescent, Amand de Vaudause. 



Si Julien, François de Caux. 

S. Primitif, Antoine de Tressemances. 

S. EusTACHB, Melch. de Cabane. 

S. PRAXÈDE, Raymond Mulety. 

Sie DiPNE, Joseph Perrin. 

Sie Ursule, Jean Berne. 

Ste LucE, Philippe Alexis. 



S. Nbmèse, François de Tripolly. 

S. Justin, Jean Ant. de Chateauredon. 

S. Eugène, Antoine Lance. 

S»< Barbe, Jean Antoine Audifinedy. 

Si« GuDULE, Laurent Courtes. 

Sie Cordule, Bernardin Julien. 

Ste Tècle, Jean Bapt. Dalbinot. 



LES VICTORIEUX DE L'HÉRÉSIE 



Porte-Guidon, Joseph de Tressemanes. 
S. Denis, Charles S. Julien 



S. Basile, François Cheylan. 

S. Athanase, François Redortier. 



S. Grégoire de Nazianze, J. Grasseau. 
S. Chrysostome, Joseph de Campys. 



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PIÈCES 


JUSTIFICAT 


S. Cyrille, Antoine Perrier. 




s. Ep 


S. Spiridion, Joseph Figuière. 




S. Ni 


S. Justin, Gaspard Lambert. 




S. Hi 


S. Ambroise, Simon de Castillon. 




S. Al 


S. HiEROSME, Melch. Rixi. 




S. Gf 


Thomas Morus, Jean Féraud. 




Cardi 


Symmacus, Joseph Desshorez. 




BOECI 



LES CROISÉS OU V] 



DU MAHOMETI 



Porte- Guidon, Joseph de 
Pierre THermitte, Hono 
Le pape Urbain II, Loi 



AiMARD, Evesque de Paris ^ Jean Castagne. 
Guillaume d'AuxERRE, Honoré de 

Lambert . 
Hugues le Grand, Joseph Laugicr, 
Robert, ComU de Flandres, François Bayon. 
Estienne, Duc de Chartres, J. de Chenerille. 
Raymond de Tholose, Jean Fedon. 
GoDEFROY de Bouillon Michel Bouchard. 



Baudi 
EusTi 
Boem< 
Guici 
Bai 
Tanc 
GuiLi 



GRANDS MAISTRES 



Joseph Marguerit. 
Jean- Augustin Veran. 
Jean- Baptiste de Rêvez. 
Pierre de la Javy. 



CHEVALIERS DE 



Gaspard Silvy. 
Louis Féraud. 
Claude Rascas. 



LES NATIO 



Porte-Guidon, Françoi 
S» Paul, J°-Bapiste Toi 



François, Claude Engallier. 
Allemand, Balth. Maurice. 
Italien, Jean Bapt. Chaiz. 
Indien, Claude Mounier. 
Persan, Barthélémy Teissier. 
Japonois, Jean Mich. Mounier. 
HuRON. Math. d'Arlon. 



ESPA( 

Polo 
Grec 
JEth] 
Chini 
Mexi 
Cana 



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336 



PlëCES JUSTIFICATIVES 



LES SOUVERAINS 

Porte*gttidon^ Jean-Baptiste de Rians. 
Constantin, Joseph Gamoux. 



LoTHAiRS, Jean Chandon. 

Pépin, Joseph Cabrol. 

Hugues, )î/5 de Charkmagne Joseph André. 

Indael, Jean Giraud. 

Alger, Duc d* Aquitaine, François de Vau- 

venargues. 
Guillaume, Duc de 'Bourgogne y Toussaints 

Massot. 
THftoDOSE, Charles de Sane. 
Théodore, Impératrice, Alex, de Gallifet. 
Richarde, Joseph Brun. 
Radegonde, Jean Jacques Fabry. 
Batilde, %eyne de France, Joach. Franc. 

Mérindol. 



Hugues, Empereur, Fr. Saurin. 

Carloman, Louis Girtier. 

Drogon, Ant. Sigaud. 

JossE, Jean-Louis Marin. 

Guillaume de Guyenne, François Scgui- 

ran. 
Adolphe, Duc d^ Alsace, J«-Bapt. Martin. 
Clovis, Paul BonfiUon. 
EuDOXiA, François Gaillard. 
Auguste, Impératrice, Joseph de Perrier. 
Agnès, Charles de Lincel. 
Clotilde, Louis Puy-Michel. 
Jeanne de France, Pierre Isnardy. 



LE TRIOMPHE DE L'EGLISE 

Porte-Guidon, Jean-François de Gantez. 

PAGES D'HONNEUR 



Jean Baptiste de Thomassin. 
Bruno de Paule. 
Henry Brochot. 



Marc Antoine Gaillard. 
Ignace de Valbelle. 
François Blanc. 



L'EGLISE TRIOMPHANTE 

Jacques de Villeneufve. 



HÉROS FRANÇOIS QUI PORTENT LE DAIS 



Charlemagne, Jean Bardon, 
S^Louis, Jean-Bapt. BroiUa 



I Louis-le-Débonaire, p. Arnaud. 
I Charles d* Anjou, P. Audifredy. 

Démons, Jean-Baptiste Chaix ; François Curet. 
Richesses, Pierre André; Barth. Molliny. 
Plaisirs, Michel Taulany ; Philippe Saint- Vincent. 



tyrans 



Diocletien, Jean-Bapt. Bouis. 
Hérétiques, Louis Noat. 



Néron, Jean Ferratery. 
Antoine Rissy. 



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PlàCBS JUSTIFICATIVES 337 



MAHOMET ANS 

Bajazbt, Pierre Bein. | Solyman, Jean Q 

PARTIES DU MONDE 

L'EuROPB, Charles Saleté. 1 L'Asie, Marc Ae 

L' Afrique, Jean Veran. | L'AMÉRiauE, Jos 

Soit en tout J14 personnages qui figuraient dans la processi 

(Bibliothèque Méjanes. Recueil D. n** p) 



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338 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



H- 31. (p. 260.) 

Nous ferons précéder la déclaration des Pères Jésuites de S* Jaume à 
r Assemblée du Clergé tenue en 16^0^ de fétal de cette même maison S* Jaume 
en 1716. . 

i» Estato des R^* Pères Jésuites de S^ Jaume. Janvier 17 16. 



A Messieurs les Sindics du Clergé du Diocèse de Marseille. 

L'ÉCONOME de la maison des Jésuites de S' Jaume remontre à M" les 
Sindics, que lad' Maison n'ayant pas des revenus suffisans pour payer 
une taxe si exorbitante comme celle qu'on luy demande, sçavoir : 

Pour la capitation soixante-quinze livres ; 

P^ la nouvelle taxe trente-cinq livres ; 

P' les arrérages du trésorier du Clergé dix livres ; 

Toutes lesquelles taxes monteroient à la somme de cent vingt livres 
qu'il luy est impossible de payer. D ailleurs le feu Roy Louis 14, de 
glorieuse mémoire, auroit dispensé les Maisons et Collèges des d" Pérès de 
ces taxes extraord'", excepté que lesdits Collèges et Maisons eussent des 
bénéfices unis à leur fondation, et pour lors, Sa Maj< vouloit qu'ils fussent 
taxés seulement au prorota p' les dits bénéfices unis. On peut voir les 
arrêts rendus du 30* juin 1676, et du 24 oct. 170$. Ledit économe fait 
voir par l'état cy-joint que tout le revenu de ladite Maison ne va pas à 
2,000 L. pour entretenir une communauté de douze personnes, et que la 
dite Maison n'a aucun casuel et qu'elle a des charges comme il conste 
par Tétat. Il représente donc à M" les Sindics de vouloir bien oster toutes 
ces taxes ou les modérer de telle manière, qu'il puisse faire subsister les 
Jésuites de cette maison qui rendent service au public ne recevant rien 
p' les messes, veu qu'ils ne peuvent y satisfaire, et n'ayant aucun des 
moyens qui font subsister les autres Maisons Religieuses de cette ville, 
c'est ce qu'il espère de leur équité et priera Dieu p' leur prospérité. 

Honoré Rigord, Jésuite. 



État des Rentes fixes de la maison des Jésuites de S* Jaume 
de cette ville de Marseille. 

UNE rente sur Jaque Franchisquette, rière M'" Rampai not'*, 
du 10 avril 1690, de trente livres 30 

Une de 35 L. sur la propriété de Jean Durbec, quartier S** Marthe 35 
Une de 120 L. au cap** de 2,400, cédées par M*^ Pierre de 
Riqueti et située au quart, de Recoulens, acquise par Jean 
Laurens du 25 juin, rière M* Jourdan Seren not" 120 



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PlàCES JUSTIFICATIVES 



Une de 23 L. au cap»i de 460 L. sur D*"* Boularde, acte 

12 9*" 1689, M* Rampai 23 

Une de 25 L. au cap^ 500 L. sur le S' Cordeau, act du 

14 mars 1695, M* Rampai 25 

Une de 84 L. sur les. S" Ricard et François Guerse, sur des 

propriétés quartier Gadmost au cap»* de 2,100 L. cédées — 

M* de Riqueti 

Une du cap»* de 4,400 L, sur l'Hôtel de Ville de Paris, o 

par M. Pierre Chouard, du 20 fôv. 170J, rière M* Roquem 

not^* 

Une du capital de 3,000 L. sur les huiss. du Commerce 18 a 

1701, M* Rampai 

Une du capital de 2,000 L. 28 avril 1699 sur M* Béraud, 

Rampai 

Une du cap»* de 2,000 L. sur le Corps des notaires, 26 î 

1678, M' Poney 

Une du cap»* de 2,000 L. cédées par M. de Riqueti sur la 

priété de Balthasar Dalmas, quartier S" Marthe, 7 juillet 
Une du font de 1,000 L. du 2 octob. 1698, sur THôtel-C 

M* Rampai 

Une du capital de 2,000 fr. de M ad* de Bédarides sur la C 

munauté de Marseille du 4 mars 1667, M* Joffrin not 

Une du cap»* 2,300 L. sur les preudomes, rière M* Rampa 

25 fév. 1689 

Une du cap»* 1,000 L. sur M' Rigord, M* Joffrin not. du 21 

1781 

Une du cap»* de 2,000 L. sur Alexandre Giala, M* Rampai 
28 avr. 1714 

Une du capital de 10,000 L. sur THôtelde ville de Marseille, 
venant de M* Pierre Bontemps, 20 aoust 1663, M* Lomt 
not. diminuée p. les amortissemens et réduits à 

Vente de la maison de Campagne dite la Padoane 

Total des rentes fixes 



Charc^es de la Maison des Jèsuitea de S* Jaume 

A faire une mission tous les ans à la ville et à la campagn 

les doctrines les festes 

p' pensions à payer Avignon du cap»* emprunté de 2,400 L. 

p' payer p' la somme empruntée du cap»* de 700 L 

p' taxe de la capitation ou subvention 

p' autres charges particulières 



Les revenus montent à 2,i 

Les charges J 

Reste p' l'entretien de S' Jaume 1,^ 

{Archives de V Archevêché d'Aix). 



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340 Pièces justificatives 



ao DÉCLARATION que donnent à MEISSEIGNEURS de l'Assemblée 

Générale du dergé de France qui sera tenue en mille sept cent 

trente, et à Messieurs du Bureau du Diocèze de Marseille, le 

Recteur et les Relii^ieux du Collège des PP. Jésuites 

de Marseille, pour satisfaire à la déclaration de 

l'Assemblée Générale du Clergé de France du 

douze décembre mille sept cent vingt-six. 

LE Collège n'est estably que depuis le quinze janvier mille sept cent 
vingt sept, auparavant ce n'estoit qu'une Résidence commencée en 
mille six cent vingt-trois. 

Les biens et revenus du collège consistent, en un domaine appelle 
la Padoiiane située au terroir de Marseille quartier d'Aigallades, de 
quarante cinq carterées ou environ, consistant en terres, arbres et vignes 
dont les deux tiers au moins sont vieilles. Le d*. domaine en mille sept 
cent treize et mille sept cent quatorze estoit affermé à Louis Roux pour 
la somme de mille Livres par an, par acte du quatorze novembre mille 
sept cent neuf, reçu par Rampai n" de Mars"'. En mille sept cent seize 
et mille sept cent dix sept, il estoit affermé au d*. Louis Roux pour la 
somme de quinze cent Livres, par acte du quatorze novembre mille sept 
cent quatorze, reçu par Rampai, n"'. En mille sept cent dix huit, on le 
donna à moitié fruits aud*. Louis Roux, et nous ne trouvons point ce qu'il 
rendit cette année. En mille sept cent vingt-trois et mille sept cent vingt- 
quatre, il estoit affermé à la veuve Maurel pour la somme de douze cent 
cinquante Livres, par acte du vingt quatre nov. mille sept cent dix-huit. 
Depuis ce tems-là, Jean Maurel le tient pour la même somme de douze 
cent cinquante Livres, payables en deux termes, suivant l'acte qui n'a été 
passé que le vingt-un février mille sept cent vingt-huit, reçu par Gueyrard 

not. de Marseille 1,250 

La somme de quatre cent quarante six Livres de rente au principal de 
dix sept mille huit cent Livres, sur l'Hôtel de ville de Paris, suivant le 
contract qui est entre les mains du P. Cottin Procur. de la Province de 

Lyon à Paris 446 L. 

La somme de quatre-vingt Livres de rentes, au principal de deux 
mille Livres sur T Hôtel-de-ville de Mars"', suivant le contract 
du trente octobre mille six cent soixante-sept, reçu par Cossin 

not. de M"* 80 — 

L^ somme de neuf cent Livres de rente due par la Communauté 

de Mars"* pour l'entretien de trois Professeurs de Théologie. . 900 — 
La somme de cent quatre-vingt Livres de rente, au principal de 
deux mille cent Livres, dues par Jean Dalmas, François Guerre 
et Jean Laurent, laquelle estoit due auparavant par Philippe 
Gavarry suivant le contract du vingt-cinq janv. mille six cent' 

cinquante-six, reçu par Fieris not. de Mars"' 180 — 

La somme de deux cents Livres de rente, au principal de quatre 
mille Livres dues par S^ Jean Roman suivant le contract du sept 
novembre mille sept cent vingt-deux, reçu par Bezaudin not. 
à Mars"- 200 — 



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PIECES JUSTIFICATIVES 341 



La somme de cinquante Livres de rente due par les héritiers du 
S' Rigord, pour pension au P. Honoré Rigord, Jésuite, suivant 
le testam' de d*"* Catherine Vin, du vingt-un juillet mille six 
cent quatre-vingt un, reçu par Cossin n" de M'", dans lequel 
testament il est porté qu'après la mort du P. Rigord, on 
payera aux Jésuites de S* Jaume, la somme de cinq cent Livres. 50 l. 

La somme de quatre-vingt dix Livres de rente au principa 
trois mille Livres dues par les huissiers du commerce de Mî 
suivant les contracts du treize novembre, seize décembre i 
sept cent vingt, et du huit aoust mille sept cent vingt 
reçu par Rampai not. de Mars"' 

La somme de soixante dix Livres de rente, au principal de i 
sept cent dix-neuf Livres, dues par Esprit Baux, suivan 
contract du trente avril mille sept cent quinze, reçu par Ra 
not. de Mars"* 

La somme de trente Livres de rente, au principal de sept 
vingt Livres, dues par Jean Durbec, suivant le contract 
trente octobre mille six cent trente sept, reçu par Poney 
de Mars"'. . 

La somme de trois cent trente-trois Livres de rente, au prin( 
de dix mille Livres, dues par la Communauté de Mars"* sui 
les contracts du trois avril et du vingt aoust mille six c 
soixante trois, reçus par Lombard not. et secrétaire de la Com 
nauté de Mars"* 

Par laquelle rente, le Collège est obligé de faire toutes 
années une Mission, et les jours de fêtes, un Catéchisme ( 
Téglise de S' J au me. 

La somme de deux cent quarante Livres de rente, au principal de 
mille Livres, dues par la Communauté de Mars"* suivant le 
tament du s' Borrely, du quatre janv. mille sept cent quato 
reçu par Blanc not. de Mars"* 

Total des Revenus du Collège de S' Jaume 

Sur laquelle somme, il doit es Ire fait déduction des charges 
après ennoncées, sçavoir : 

Le Collège paye à Joseph Maurel, la somme de quarante t 
Livres quinze sols, pour les intèrests du principal de huit ( 
soixante et quinze Livres, empruntées par le P. Honoré Rig« 
économe, apert de deux billets du vingt quatre juin et 
juillet mille sept cent vingt trois 

Au s' Rome la somme de vingt huit Livres annuellement, p 
intérest de la somme de sept cent Livres empruntées à qu 
pour cent, le quatorze may mille sept cent six, par acte i 
par Rampai not. de Mars"* 

Au Clergé du Diocèze, la somme de deux cent six Livres c 
torze sols pour la Taxe annuelle 

Pour les frais de la Mission que le Collège est obligé de f 
toutes les années à la campagne, la somme de cent cinqut 
Livres 

Pour les frais, taxes ord'** et extraod'** de la Province, la son 



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342 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



de quatre vingt Livres 80 l. 

Pour les réparations de la Maison, et entretien des classes, la 

somme de cent cinquante Livres 150 — 

Pour Tentretien de la Padoanne dont le revenu a été cy-dessus 

évalué à douze cent cinquante Livres, la somme de six vingt 

Livres par an 120 — 

Total des charges du Collège 778 9 

Le Collège a de revenu cy dessous 3869l. — 

Les Charges montent à 778l. 9 

Partant reste net d990L. 11 

Sur cette somme, le Collège entretient quinze Religieux et un domes- 
tique. 

Nous soussignés Recteur et Religieux du Collège de la Compagnie de 
Jésus à Marseille, après avoir lu et examiné la déclaration cy-dessus 
transcrite, la déclarons et certifions véritable, sous les peines ennoncées en 
la délibération du Clergé, du douze décembre mille sept cent vingt six, 
de laquelle déclaration nous avons remis le présent double à Monsieur le 
Syndic du Diocèze de Marseille : Déclarant au surplus sous les mêmes 
peines qu'il n y a ny contre-lettre ni réserves au sujet des dits baux, en 
foy de quoy nous avons signé le présent, 
à Marseille, le seize juillet mille sept cent vingt huit. 

De la TouRNELLE, Recteur. 
Petrot, de la Compagnie de Jésus. 
Gardien, Jés. 



(Archives de V Archevêché dCAix.) 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 343 



r 32. 

Ordre chronologique des principaux documents à cona 

archives municipales de la ville d'Aix, pour les 

1583-1664, contenues dans ce 1^ volume, 



V^ PARTIE 



2^ avr. j^8j. 

DÉLIBÉRÉ et ordonné que les Consuls, au nom de 
requerront les Pères de venir habiter en cette ville 
collège en la forme des autres et encore s'il est possible 
et lorsqu'ils accorderont de venir à Aix, on avisera de 
pour les loger commodément, et en môme temps de d« 
pour leur entretènement, de 800 écus d or sol, à ce com| 
offerts par M. l'Archevêque, sauf pour l'avenir et quî 
déchargée, d'augmenter ladite somme jusqu'à concurrenc 
d'or sol. (Délit, Registre 7, foL 77.) 



i juin 1583. 

Exposé par M. de S" Croix, i*' Consul, qu'il a 
collègues plusieurs localités pour y établir le collège deî 
le Jardin du Roi leur a paru être le plus convenable. I 
à ce sujet avec M. de la Cépède. {Délit, Registre 7, fol 



j^ juin i^Sj. 

Extrait collationnè du Livre jaune, p. 25 (reg. hôt. 
prenant les transactions entre les Consuls MM. de La 
BoMPAR et autres particuliers, sur procès au sujet de la 
pièce de sieur Lacépède et D*'" Bompar dite du Ja 
autres situées au quartier de Villeneuve. Un collège poui 
régi par les Jésuites devoit être construit en la maison des( 
et D*"' Bompar sise audit enclos. Il est convenu en ] 



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344 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



Tassistance de T Archevêque, ce qui suit: La ville permet à M. de Lacé- 
pfeDE et D*"' BoMPAR et autres qu'il appartiendra, de clore et faire fermer 
de murailles ladite propriété du Jardin du Ro/, et cela, conformément 
aux autres murailles de la ville. Seront tenus en oultre les susdits, de 
donner à nouveau bail aux particuliers qui se présenteront, le fond de la 
propriété à raison de 4 écus sol pour chaque place de maison, avec le 
direct et droits de lodz, à raison d'un soi par florin. (Documents, û' secL 
carton 6, liasse E,) 



2} août i$8j. 

Convention entre la ville, le sieur de Lacépède et la D'"' Bompar. 
Maison pour établir le collège Royal. Chapitres relatifs à la construction 
de la muraille sise Carri que doit se faire (Ordonnances du bureau de 
police. Regist, 2 fol, 141-152,) 



II déc. i}8^. 

Délibéré que Ton commencera à bastir et faire accommoder le collège 
des Pères Jésuites à la bastide du Jardin du Roi appartenant à s' de la 
CÉPEDE et à y employer les deniers donnés par le pajs à cet effet. Pour 
faire les devis requis et nécessaires, le Conseil députa les Consuls assistés 
des sieurs de S** Croix, Dubourg, de Fuveau, Isoard et Grassy (Délib. 
Reg. 7. fol, 8,) 



i^ juillet 1^84, 

Conformément aux accords entre les Consuls, M. de la Cépède, écuyer, 
D*"' Claude de Bompar et Jean de la Cépede, conseiller au Parlement, 
l'agrandissement de la courtine, qui d après le contrat du i; juin 1^83, 
doit avoir lieu jusqu'au moulin, au-dessus du petit boulevard, sera fait aux 
paches, qualités et conditions convenues, la ville s'engageant à payer les 
3^0 écus au dernier quartier de la présente année aux dits M. de la 
Cépede, D«"« Bompar. Les Consuls aviseront à ce que le mortier employé 
à la courtine soit de bonne qualité ; des plaintes ayant eu lieu à ce sujet 
(Délib, Reg, 7, fol. 27.) 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



75 juilL 1^84, 

Augmentation de 40 écus au sieur Grégoire, Régent 
Humanités, attendu qu'on lui a fait en d'autres villes de 
tions et qu'il y auroit des difficultés de trouver des gen 
remplacer. {Délit, Reg. 7. fol. 2j.) 



j8 juin. 1^84. 

Extrait collationé du Livre jaune, page 37, comprend 
qui complète la précédente et en explique divers points. I 
Prêcheurs ainsi que le sieur de Lacépède et D*'** Bompa 
autour des courtines et murailles jusqu'à 5 cannes pou 
publiques et par dehors icelles jusqu'à 6 cannes 'de la 
{Documents 2" sect., cari, 6, liasse E) 



10 janv, 1600, 

Sont validées les réparations faites au collège. Il es 
aux Consuls d'Aix de faire «rabiller le collège des Hum 
neuve. (Délib. Rég, p, fol. 2.) 



Oct. 160J. 

Establissement du Collège, Académie et Université d 
(Docum. r sect. Livre j. Catena. Fol. ji8.) 



8 oct. 160J, 

Establissement du Collège, Académie et Université e 
suivant les lettres patentes de Henry iv données à Paris 
une coUationnée) (Documents, y sect. Carton ^, Liasse F. 



Oct, t6oj. 

Lettres patentes de Henri iv portant establissemen 
Académie ou Université en la ville d'Aix, lesdites lettre 



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346 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



MM. les Consuls auxquels elles permettent ainsi quau Conseil de ville 
de nommer 2 habitants députés d'icelle. (Documents, /" sect. Registre 
n- P' 73h) 



Fév, j6ii. 

Establissement d'Académie pour la noblesse suivant lettres patentes de 
Louis xiii, données à Paris {Documents^ 2* sect. Carton j. Liasse F. — 
Docum, 2' sect. Reg. ^. p }20.) 



14 avril 161 1. 

Ne sera baillé aucune chose aux Régents du collège de Bourbon au 
sujet des jeux et tragédies qu'ils joueront et notamment pour la tragédie 
représentée après la mort du feu Roy Henry-le-Grand. {Délib. Reg, 
9. Fol. 1^2.) 



24 janv. i6ip. 

Plainte du Principal Régent du collège royal de Bourbon, de ce que 
les écoliers se débauchent et vont pendant les heures des leçons jouer au 
jeu de mail. Inhibitions sont faites aux maitres palemardiers de bailler 
aucuns mails ou boulles aux dits écoliers, aux heures des leçons du 
collège, comme aussi de prendre d'iceux ou autres enfants aucuns meubles 
ni gages à peine de 100 L., pour chaque contravention. (Délib. Reg. p, 
fol. 285.) 



2»^ PARTIE 



) juin 16 21. 

Il sera baillé annuellement aux Pères Jésuites pour l'entretien du collège, 
jusqu'à la somme de 3,000 L. contrat leur en sera passé par les Consuls 
conformément aux intentions de M. le duc de Guise, Gouverneur de 
Provence, lequel a annoncé que Sa Majesté entendoit que les dits Pères 
Jésuites fussent appelés à Aix au collège Bourbon (Voir au feuillet ]]S 
les articles proposés et convenus pour la passation des dits Pères.) 
(Délib. fol 321.) 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



)o oct, 162J, 

Contrat entre la ville d'Aix et les Jésuites pour la régem 
Bourbon. Suit la délibération du Conseil qui notifie ce 
tion de divers articles. {r>ocumenl$^ 2' seci. carton ^.Liassi 



24 fév, 1622, 

Sur la réclamation des Jésuites pour l'entretien d'une 
celle de sixième pour les petits enfants, il est délibéré 
dépenses relatives à la dite classe, telles que : gages di 
tures des bancs, seront ratifiées par le Conseil (Délib. fc 



mars 1622, 

Lettres patentes de Louis XIII portant ratification ( 
la ville et les Jésuites.... Nous voulons et nous plait 

passés avec les Consuls soient ratifiés Les dits Je 

successeurs ne pourront à Vadvenir demander n'y accepter c 
noviciat grand n'y petit en aucun lieu et particulièremeut e 
Marseille, 

Sceau pendant en cire verte forme ronde, attaché avo( 
rouge. (DocumerUSy 2' Sect. Carton j. Liasse F.) 



2ç av. 1622. 

Extrait sur parchemin, d arrest du Parlement sur la 
dernières lettres patentes de Sa Majesté relative au coi 
Pères Jésuites pour leur établissement. {Documents^ 2' Se 
Liasse F.) 



4 fév. 1624. 

Délibéré de donner 20 L. à un ancien régent du col 
après avoir très bien servi le public est devenu fort pauvi 
nécessité, mendiant son pain. Il sollicite pour quon 
secourir de quelque aumône pour le garder de périr. [Délib. j 



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348 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



26 sept. 162J. 

Conseil tenu en présence du Viguier. Il sera baillé une fois pour toutes 
aux Révérends Pères Jésuites 10,000 L. en annuités pour les bâtiments 
du collège. (Délit. Reg. lOy fol. if). 



p ocl. 1627. 

Transaction entre la communauté et les R** Pères Jésuites, au sujet des 
bastiments du Collège Royal de Bourbon. La ville étoit tenue de les rendre 
commodes et habitables, ce à quoi il n'avoit pas été pourvu d'après les 
Pères Jésuites. Au moyen de 10,000 L. une fois payées, les Jésuites ne 
pourront plus rien exiger sous quelque prétexte que ce soit. {Contrats, 
armoire i. Registre i*. Fol. iip.) 



j6 juill. i6jy. 

Extrait de Louis XIII, ordonnant que lorsque les régences des docteurs 
et professeurs royaux es faculté de théologie, jurisprudence et médecine 
viendront à vaquer, il sera assigné par les commissaires députés par 
Pintendance du Collège Royal et de l'Université, certains jours pour 
ouvrir les disputes, devant être pourvues les personnes jugées les plus 
capables. (Documents, 2' sect. Carton ^. Liasse F.) 



/ mai 16^8. 

Le Conseil délibère que la ville d'Aix se joindra au procès que les 

Pères Jésuites ont avec la ville de Tourves, pour faire subsister l'union 

du prieuré de Tourves au collège d'Aix (Délib. fol. 226, verso.) 



16 mai 16^8» 

Ratification de ceste délibération par le Conseil général. (Délib. fol. 226^ 
art. j.) 



26 mai i6j8. 

Conseil en présence du Viguier. Exposé par M. Dupérier, Asses- 
seur, qu'il a été délibéré le 1" de ce mois, dans une assemblée 



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PIECES JUSTIFICATIVES 



particulière, que la ville donnerait adhérence aux Pères Jésu 
Royal de Bourbon pour faire maintenir Tunion dudit collé 
Tourves, au moyen de laquelle les Jésuites ont augmenté le 
de 2 classes dont Tune de mathématiques, Tautre de cas d 
Délibéré d'approuver et de ratifier ce qui a été fait dans la ( 
particulière, attendu que cette union tourne à Tutilité de la 
M. DupÉRiER chargé de supplier la Cour d'ordonner qu'en 
de la dite union, la classe des cas de conscience et celh 
matiques subsisteront perpétuellement. (Délib. Rég. ii, fol. 



10 oci. i6j8. 

11 sera sursis au payement des sommes dues par la v 
Jésuites du collège, en vertu de la transaction passée en i6 
payé annuellement aux PP. Jésuites que la somme à laque 
les réparations. (Délib. fol. 246, art. j.) 



^ mai 1641. 

Conseil, le bâton du Roy étant sur le bureau, attendu 
Viguier, avec le consentement de toutes les parties. Il î 
l'ouverture et entrée de la rue du collège où est à présen 
sous la maison de M. de Bignosc. La ville fournira les 3,o( 
dans l'arrêt du 22 mars dernier, sera exécuté l'arrêt du 28 mar 
lequel il doit être fait une grande arcade ou voûte, là où 
ledit pourtallet, et la communauté y contribuera pour les 
que le porte l'arrêt du 28 mars. (Délib. Rég. 11. fol. jii.) 



28 oci, 1642. 

Conseil en présence du Viguier. Il sera fait compte ai 
Pères Jésuites de ce que la ville leur doit; 1,500 L. s 
délivrées à l'économe. (Délib. Rég. 12, fol. 11.) 



1} mars 1644. 

Délibéré de faire le canage du bâtiment construit par le 
amsi que le compte des deniers par eux reçus de la com 
après, si la ville se trouve débitrice, leur être payée la somm 



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350 PIÈCES JUSTIFICATIVES 



en déduction des 10,000 L. promises une fois pour toutes à Teffet 
de rendre habitable la maison et collège Royal de Bourbon. {Délib. 
fol, 40, art. 2.) 



1644-1645, 

A Dame de Lacépède de la Coste, 180 L., censé annuel à raison des 
places où on a bâti le collège Royal de Bourbon. (Comptes des Trésoriers 
de la ville. Regist, 2p.) 



3 sept. 164^. 

Exposé que les habitants de la rue du collège Royal de Bourbon, vou- 
lant faire ouvrir la dite rue à droite ligne des deux côtés jusqu'à la place 
des Prêcheurs. 11 y a lieu pour cela d'acheter la maison de M. Bastide. 
Délibéré que cette maison sera visitée et que rapport sera fait sur sa 
valeur. (Délib. Rég 12, fol, yj.) 



164^1646. 

Aux Pères Jésuites du collège, 500 L. pour reste et entier payement 
des 10,000 L. qui leur ont été accordées à Teffet de rendre habitables 
leur maison et le collège. (Comptes des Trésoriers de la ville. Reg. 50.). 



1646- 164^. 

i;o L. aux Pères Jésuites du collège de Bourbon, somme que la ville 
leur donne annuellement pour achat et rabillage de bancs châssis, 
pupitres, chaises et autres choses nécessaires aux classes, pour les régents 
et écoliers. (Comptes des Trésoriers de la ville. Reg. ji.) 



/•• sept. 1647. 

Sommation faite à la ville par les Pères Jésuites du collège, aux 
fins d'être déchargés des grands rêves qu'ils payent, ou d'avoir une 
indemnité. Délibéré qu'il ne leur sera rien accordé. (Délib. Reg. i2,foL I2j.) 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



2p déc. 16^0. 

Rapport de Jean Lombart, contrôleur des bâtiments et < 
au sujet des ouvrages de peinture faits à l'occasion de 
d'AiGUEBONNE, par le commandement des Consuls, suivani 
par les Pères Jésuites d'Aix. Représentation de 4 en 
curieux. (Contrats, regist. ^, fol. i^i.) 



1661-1662, 

Dons et aumosnes aux Pères Jésuites, savoir 1,000 L. 
leurs nécessités. 

$00 L. à P. Rambat sculpteur, pour un tiers des 1,5c 
délibéré de donner à leur couvent pour subvenir à la dé| 
pice de leur église, le surplus payable moitié à la besogn 
tiers du moment qu'elle sera achevée, payements faits p 
pension. (Comptes des Trésoriers de la pille. Reg. 4^.) 



22 janp. 1662, 

Il sera donné cette fois seulement 1,000 L. aux Pèn 
la maison a grand peine à subsister, attendu qu'ils ne 
depuis 2 ans de la pension de 900 L. que le Roi, s'es 
payer pour appointements des régents du collège et autr 
Rég. 13, fol 164.) 



16 oct. i66j. 

Sera donné 500 L. aux Pères Jésuites. (Délibération fol. 



i66j. 

Requête des Jésuites présentée aux Conseils et aux C 
d'un défaut de payement de 900 L. sur les gabelles fa 
5,000 L. allouées pour classes. (Documents^ 2. sect Carton 



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352 Pièces justificatives 



a8 août 1664. 

Seront données 1,500 L. aux Pères Jésuites pour réparer une partie du 
bfttiment du collège vu que c est une dépense urgente à laquelle ils ne 
peuvent subvenir, se trouvant engagés pour plus de 10,000 L. (Délit. Ré^. 
/?, fol. 221.) 



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TABLES DES MA' 



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le des Chapit 



1« PARTIE 

:tion de ce collège et s 

• 

m ce collège durant uni 

séculiers . 

reau d'establir les Jésui 

difficultés qui se renc 

►n 

2- PARTIE 

collège d'Aix de la C'.( 

LENC, 1" Supérieur 

rPFREN, 1" Rectenr 

NARD, 2* Recteur 

P. de Verquières 

ARRY, 3* Recteur 

jlières à ce Collège 

nis de ce Collège, de| 
en la présente année 16 
uiLLAUME, 4* Recteur... 

P. GÉIIOT 

BiLLY, 5* Recteur 

MoREL, 6* Recteur 

P. Beau 

RiSACiER, 7« Recteur... 

Beausse, 8' Recteur. . . 

P. Chabran 

de Lange, 9* Recteur.. 
^ENiNG, 10* Recteur.. . 
HEROT, 11' Recteur^. . . 

P. GONTALLIER 

RANNON, 12' Recteur... 



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358 PlèCES JUSTIFICATIVES 



23. (p. 115.) Confirmation du Bureau de Bourbon dans l'usage de conférer 

les chaires 315 

Zi. (p. 165.) Miracles de S^^ Magdeleine en faveur de la famille Barberin.. 314 

25. (p. 176.) Fondation des Andrettes 316 

26. (p. 230.J Le Bouclier d'honneur (extraits) 317 

27- (p. 232.) Passage de la Reine de Suède à Aix 320 

28. (p. 252.) Par quelle vertu les rois de France guérissent les écronelles ? 

et depuis quand ? 325 

29. (p. 255.) Note de M. Mouret sur la custode du collège Bourbon 328 

30. (p. 257.) Ordre et noms des personnages de la procession du jubilé de 

i66i , au collège royal de Bourbon 330 

31. (p. 260). Déclaration à l'assemblée du clergé de France, en 1730, du 

Recteur de la Maison de St Jaume de O* Jésus à Marseille 338 

32. (p. 342). Ordre chronologique des principaux documents à consulter dans 

les archives municipales de la ville d'Aix, pour les années 

1 583-1664 contenues dans ce volume 343 



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Table Alphabétiq 



Académie royale 10 

Aguesseau (d') 243 

Agut (Honoré d'), Cons i21 

Agut (Jean d'), Barthel 121 

Aiguebonne, (M'» d') 200 

Ailhaud, chanoine 172 

Alais (Comtesse d) 122 

Alais (Comte d) 124 

All^ert (Jacques d'), Cons 46 

Albert (Michel d'), Audit 209 

Alberlas (Surléon d') 137 

Albi Henri, Jésuite 38 

Alexis (S») bastide, 72 

André (Jacques d'), Trésor, gén' 133 

André (Jacques d'), Conseiller 176 

Angoulème, (Comte d') 5 

Anjou, (duc d') 250 

Annat, Jésuite 154 

Antelmi (d') Jean, avocat 99 

Antelmi (Louis d'), cons 147 

Arbaud (Jean d'), cons 101 

Arnaud (Louis d'), cons 40 et 185 

Arnaud (M"» d), conseillère 121 

Aymar (François d'), Présid 42 

Aymar (Jean-Bernard d'), cons 101 

Aymar (M™® d'), Présidente 122 

Augeri Claude 185 

Balon (de) 228 

Barat, Lieutenant de Prévôt 247 

Barberini, Cardinal 164 

Barberini Taddeo 164 

Barras (de) 213 

Barrault, (de) Arch. d'Arles 122 

Barrel (Guillaume de) 195 

Barry, (Paul de), Jésuite 39 

Beaumont (Nie. ou Franc, de) 102 

Beausin, notaire 49 

Bening Franc., Jésuite 230 

Bernei (Joseph de), i«' Prés 118 



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PIÈCES JUSTIFICATIVES 



Chasteuil-Gallaup (de) 131 

Chateaurenard (de) 250 

Chénerille (de) 270 

Clumws (de) 164 

Comédien sur la place publique 10 

Condé (Prince de) 65 

Condé le Grand 253 

Coriolis (Laurent de), Président 37 

Cornillon (Pierre de) 56 

Cotolendi 91 

Gourmes (de) 40 

Croix (de S'«), Cons 251 

Cuges (de), Cons 16 

Custode 255 

Danville (Duc de) 254 

Decormis Pierre, Avoc. Gén 23 

Decormis Louis 113 

Durant! (Jérôme de) 72 

Ecrouelles 251 

Escalis (Sextius d') 199 

Estienne (André, Viguier d') 87 

Estienne (Paul d') 103 

Eutrope (S') 59 

Félix Martin (de), Lieut. gén 184 

Forbin Maynier (Vinc. Anne de), Prés. 15 

Forbin (François de) 100 

Forbin (André de) 100 

Forbin (Vincent de) 100 

Forbin (Jean-Bapt de) '.. 144 

Forbin (Henri de) 167 

Forbin (Vincent de) 167 

Forbin (Vincent de). G' Prieur 197 

Forbin (de), Melchior 167 

Forbin (André de) 251 

Foresta (Marc. Anioine de), Médecin 75 

Foresta (Jean Augustin de) 78 

Gaillard (Pierre de) 103 

Galiffet (Alexandre de) 144 

Galiffet (M"» de) 228 

Gantés (de) 177 

Gauflfridi Jacques v 188 

Gédes Jacques, Avocat 75 et U8 

Génébrard, Archevêque d'Aix 6 

Glandevès (Gaspard de) 16 

Godeau, Evèque de Grasse 122 



Grignan (Comte de) 153 

Grimaldi (Charles de) M'* de Regusse 173 

Grimaldi (Jérôme de), Archev. d*Aix 231 

Grimaldi (François-Marie de), Jésuite 238 

Guérin Pierre, Proc. gén Ç4 

Guérin (Charles de), Cons.. 117 et 211 

Guérin (Alexandre de) 221 

Guérin (Jean-Baptiste de) 222 

Guise (Duc de) 17 

Hôpital (Hurault de T), Arch. d'Aix 12 

Hôpital (Gui Huraultde T), Arch. d'Aix 35 

Jean (M— de S«) 123 

Jeu de paume 145 

Jouques (de) 137 

Joyeuse (Duc de) 198 

Julien (de S') 238 

Lafare, Minime 79 

Laget 185 

Laine, Président 70 

Laurent (Jacques de), Cons 141 

Lauzon, Intendant 115 

Lesdiguières 108 

Lincel (de) 178 

Lincel (Marc Ant. de Crose de),.. 236 

Lombard (Charles de) 82 

Lopis ( François de) 79 

Lorraine (Charles de) 17 

Mancini Mazarini 207 

Marc (de S»), Cons 94 

Marcel, Jean 131 

Marquesy, Cons 93 

Mazarin Michel, Arch. d'Aix 155 

Mercœur (Duc de) 203 

Michaèlis (Jean-Augustin de) 177 

Mimata (de). Chanoine 93 

Monier (Jean- Louis de). Prés 71 

Monier (Amant de), Cons 163 

Montaigu (N.-D. de) 40 

Montaud (de) 209 

Mesgrini, i«^ Présid 138 

Meslan (Henri de) 193 

Meyran (M"» de) 242 

Meyrargues (de) 204 

Meyronnet (Mme de) 228 

Michaèlis (Joseph de), Cons 37 



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PIÈCES 

Montpensier (Mlle de) 

Mourgues, Avocat 

Mourgues (Honoré II de Grimaldi de) 

Mourgues (Louis de Grimaldi de)... 

Moutte, Cons. au Siège 

Muy (du) 

Négreaux 

Nibles (de) 

Oppède (M«« d) 

Oraison (d'Alphonse) 

Orcin Melchior 

Orléans (Gaston d') 1 

Palud (La) ! 

Panégyrique ds Louis XIII 

Pasteur (Bon), son établissement... 

Paule ( Louis de), Présid : 

Paul, Chevalier î 

Périer (Julien de) 1 

Périer (François de) 1 

Périer (François du) 

Périer (Scipion du) ] 

Perrin 

Peyresc 

Piccolomini, Arch. de Césarée î 

Pierrefeu (de) 

Pitton Mlle ] 

Pourcieux (de) 

Prieur (Qd ) 

Prieuré de Tourves. Annexion 

Quarte funéraire 

Raisins de S' Maximin i 

Rapelin (Philippe de) ] 

Raphaélis (Melchior de) 1 

Réauville (Claude de), dit le Saint. ] 

Réauville (de) S 

Référendaires 

Régents réculiers 

Régis Référendaire 

Régis (Jean-Bapt. de), Général 2 

Régis, François, Conseil 2 

Reine de Suède 2 

Reine Mère 2 

Richelieu du Plessis (de) 

Richeome, Jésuite 1: 

Rigordi François, Jésuite 2; 



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