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Full text of "Annales du Midi"

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ANNALES  DU   MIDI 


\ 


•  ANNALES 

DU    MIDI 

Il  E  V  U  E 

ARCHÉOLOGIQUE,   HISTORIQUE  ET   PHILOLOGIQUE 

DE    LA    FRANGE    MÉRIDIONALE 

Fondée  sous  les  auspices  de  l'Université  de  Toulouse, 
PAK 

ANTOINE    THOMAS 

l'UBLlEE    AVEC   LE    CONGOIHS    u'uN    COMITE   DE    l'.EHACl  lUiN 
PA  U 

A.  JEANROY,  P.  DOGNON  et  L.  DELARUELLE 

PROFESSEURS     A     L'UNIVERSITK     DE     TOULOUSE 


«  Ab  l'alen  tir  ves  me  l'aire 
«  Qu'eu  sent  venir  de  Proenza.  u 
Peire  Vidal. 


VI  NGTIÈMK     ANNÉK  ^~\     \    \Q 


TOULOUSE 
IMPRLMERIE    ET    LIBRAIRIE    EDOUARD    PRIVAT 

14,     RUE     DES     ARTS     (SQUARE     DU     MUSÉE) 

Paris.  —  Alphonse  PICARD  et  fils,  rue  Bonaparte  82. 


LA 

VILLA  ROMAll  DE  MARTKES-TOLOSANE 

VILLA    ACONIANA 


Quatre  fois,  au  cours  cU,  x.x»  siècle,  on  a  fouille  les  rumes 
gallo-romaiues  de  Marlres-Tolosane.  L'explorat.ou  en  re- 
prise de  1897  a  1899  par  la  Société  archéologique  du  Muh  de 
la  France  sera  sans  doute  la  dernière.  On  a  remue  le  sol 
presque  partout.  Il  est  protable  que  peu  de  marbres  sculptes 
'•y  cachent  encore.  On  a  levé  le  plan  général  des  bâtiments  et 
même  les  plans  des  successives  reconstructions.  M  Joui. n 
qui  dirigeait  les  travaux  et  qui  en  a  publie  les  résultats  ,  a 
scrupuleusement  dénombré  les  murs,  les  assises  de  caillou, 
hourdés.  de  moellons  et  de  briques,  calcule  la  dimension  des 
matériaux,  l'épaisseur  des  joints,  noté  les  divers  modes  c^ 
pavage  et  de  crépissage.   A  celte  «  description  détaillée  de» 

-0=      il  a  consacré  plus  d'im  tiers  de  son  mémoire, 
maçonneries  .,  il  a  consacie  piu, 

une' bonne  centaine  de  pages  qui  constituent,  soit  dit  en  pas- 
sant, un  modèle  d'encombrante  statistique.  Son  principal 
méri  e  est  d'avoir  fixe  d'une  façon  définitive  le  caractère  es 
ruines  de  Martres  et  la  destination  des  édifices  qui  nous  ont 
livré  tant  de  sculptures.  p„„.„  l„ 

Nous  sommes  en  présence  d'une  magnifique  vUla.  Entie  la 
Garonne  et  la  voie  qui  reliait  Toulouse  aux  Py-oees  ^^s 
murs  enfermaient  un  rectangle  de  16  hectares.  L  hab  tation 
L  maures,  à  laquelle  on  accédait  de  la  ™"'«  P---  ^ 
avenue,  couvrait  une  surface  de  2  hectares  et  -lerai.  Elle  com 
prenait  plusieurs  corps  de  bâtiments.  Ou  a  y  compte,  pour  le 

,.  r.r.iin  vnmains  de  la  nlaine  de  Martres- 
uons  et  Belles-Lettres,  1"  série,  t.  XI,  1"  partie,  IJJO. 


b  H.    GRAILLOT, 

seul  rez-de-chaussée,  plus  de  deux  cents  chambres,  salles  et 
réduits.  Elle  se  développait  sur  trois  côtés  d'une  cour  carrée 
à  péristyle.   Les  grandes   pièces   du  côté  sud ,    qui    faisaient 
face  à  l'entrée,  étaient  sans  doute  des  salons  de  réception. 
Elles  communiquaient  avec  un  portique  ouvert  sur  un  jardin 
en  contre-bas,  qui  descendait  jusqu'au  fleuve.  L'escalier  qui 
les  reliait  à  ce  jardin  mesurait  en  largeur  plus  de  12  mètres.  A 
l'autre  extrémité  de  l'allée  centrale,  un  belvédère  hexagonal 
dominait  la  berge.  A  droite  et  à  gauche,  deux  crypto-portiques 
longeaient  le  jardin  et  menaient  des  appartements  privés  au 
bord  de  l'eau.  L'aile  de  l'ouest  donnait,  ce  semble,  sur  un  parc. 
Celle  de  l'est  communiquait  de   plain-pied,  par  une  galerie, 
avec  une  cour  d'honneur  ou  un  autre  jardin,  que  décorait  une 
fontaine  monumentale.  C'était  peut-être  sur  les  parois  de  cette 
superbe  galerie,  longue  de  45  mètres,  large  d'une  douzaine  de 
mètres,  haute  d'une  dizaine,  que  se  dressait  la  frise  des  travaux 
d'Hercule  ou  que  des  médaillons  encadraient  les  bustes  des 
grands  dieux.  Perpendiculairement  à  ce  portique,  tout  un  côté 
de  l'aire  était  limité  par  les  thermes.  Avec  leurs  piscines,  leurs 
baignoires  lie  marbre,  leurs  étuves,  leurs  nombreuses  dépen- 
dances, ils  occupaient  un  emplacement  considérable.  Aux  jours 
d'été,  on  allait  chercher  la  fraîcheur  dans  un  nymphée,  tout 
dallé  et  lambrissé  de  marbres  polychromes,  orné  d'un  double 
bassin  où  se  jouaient  des  eaux  vives.  Deux  portails  grandioses, 
se  faisant  face,  s'ouvraient  sur  un  spacieux  atrium  ;  c'était 
l'entrée  d'une  palestre,  close  de  tontes  parts,  terminée  par 
un  vaste  hémicycle  et  flanquée,  sur  la  droite,  d'un  quadruple 
exèdre.  Entre  la   demeure  seigneuriale  et  les   installations 
agricoles,  greniers  immenses,  celliers,  hangars,  voici  trois 
rangées  parallèles  de  maisonnettes  isolées,  qui  alignent  leurs 
murs  de  pisé  et  leurs  pans  de  bois.  Nous  nous  trouvons  dans 
un  véritable  village,  qui  renferme  les  logements  des  travail- 
leurs, serfs  ou  colons,  les  ateliers  et  les  fabriques,  les  écuries 
et  les  étables. 

Habitée  jusqu'au  temps  d'Arcadius,  cette  résidence  fut 
transformée  à  plusieurs  reprises.  L'établissement  primitif,  qui 
date  au  plus  tard  de  Claude,  comprenait  déjà  des  coustruc- 


LA    VILLA    ROMALNE    DE    MARTRES-TOLOSANE,  7 

tions  groupét^s  autour  de  la  cour  d'entrée,  des  thermes  mo- 
destes et  les  annexes  nécessaires  à  l'exploitation  du  domaine. 
Une  première  restauration  paraît  être  -contemporaine  de 
Trajan.  Les  corps  de  logis  et  les  thermes  furent  agrandis. 
Mais  les  colonnes  en  briques  des  galeries  intérieures  gar- 
daient encore  la  sévérité  de  l'ordre  dorique;  et  les  mosaïques 
de  gros  cubes  noii-s  et  blancs  conservaient  à  cette  demeure  <'e 
campagne  son  air  de  rusticité.  (Vest  dans  la  seconde  moitié  du 
ne  siècle,  sous  les  Antonins,  qu'elle  se  métamorphose  en  un 
fastueux  palais  de  marbre.  On  remanie,  pour  les  développer, 
une  bonne  partie  des  anciens  bâtiments.  On  triple  la  surface 
bâtie.  On  construit  tout  un  édifice,  la  palestre  à  hémicycle,  la 
grande  galerie,  le  nymphée,  de  nouveaux  bains  chauds.  On 
installe  un  peu  partout  des  hypocaustes.  On  donne  à  tout  une 
parure  de  luxe.  Les  colonnades  en  marbre  remplacent  les 
colonnades  en  brique  et  se  multiplient.  Les  pilastres  se  dres- 
sent le  long  des  façades,  des  absides,  des  portiques.  L'acanthe 
corinthienne  étale  au  soleil  l'ampleur  grasse  de  ses  feuillages. 
Les  baies  s'alournent  de  marbre  blanc.  Les  parois  intérieures 
s'enrichissent  de  lambris,  de  panneaux,  de  cimaises,  de  frises 
en  marbres  (colorés.  Le  sol  se  tapisse  de  marqueteries,  dont  le 
marbre  fournit  encore  la  matière,  et  de  fines  mosaïques  où 
dominent  les  pâtes  vitreuses.  Pour  cette  décoration  splen- 
dide,  ou  utilisa  les  marbres  des  Pyrénées  voisines,  dont  on 
commençait  a  exploiter  les  carrières  :  marbres  blancs  et  gris 
de  Saint-Béat  et  d'Arguenos;  griottes  rouges  et  vertes  de 
Seix  et  deCampan;  marbres  violacés  et  bi'èches  jaunes  de 
l'Ariège;  brèches  multicolores  de  Mancioux,  qui  pourrait  être 
l'ancienne  Calagorris,  à  quelques  kilomètres  seulement  de  la 
villa.  On  lit  même  venir  la  serpentine  du  Rouergue  et  aussi 
Talbàfre  d'Egypte. 

Toiit  un  musée  de  sculptui'es  complétait  cescuibelllssements  : 
hauts-reliefs  de  for'tes  dimensions,  qui  prennent  place  dans 
l'ornementation  architecturale,  bas-reliefs  qui  timiiuMit  lieu  de 
petits  tableaux  sur  les  murailles  d'un  appaitement,  figurines 
et  groupes,  jolis  bibelots  d'art  hellénisti(iue,  ilont  on  meuble 
une  salle,  une  galerie,  un  bosquet,  une  fontaine.  Nous  recon- 


8  H.    GRAILLOT. 

naissons  au  passage  Vénus  à  sa  toilette,  Eros  lançant  une  flèche, 
Bacchus,  Ariane,  des  têtes  rieuses  de  faunes,  une  halte  de  saty- 
res sous  un  figuier,  le  berger  Attis  qui  joue  de  la  syrinx,  des 
pêcheurs  qui  ont  en  main  le  filet.  Un  relief  très  bien  conservé 
représente  l'enlèvement  de  Proserpine  dans  les  prairies  d'Enna, 
où  la  jeune  fille  cueillait  des  fleurs  avec  ses  compagnes.  Mais 
les  préférences  des  seigneurs  de  Martres  n'allaient  pas  seule- 
ment aux  œuvres  gracieuses  et  frêles  de  l'art  alexandrin,  dont 
la  mode  persista  si  longtemps  chez  les  Romains.  L'un  d'eux 
acquit  une  tête  d'Aphrodite  qui  est  une  belle  réplique  de  la 
Cnidienne  de  Praxitèle.  C'était  un  raffiné,  celui  qui  s'éprit  de 
ce  sourire  infiniment  doux  et  fit  apparaître  au  pied  des  monts 
pyrénéens,  peuplés  de  divinités  locales  et  à  demi  sauvages,  cette 
blanche  vision  de  l'Olympe  grec.  Dans  les  premières  années  du 
v^  siècle,  les  Vandales  passèrent  par  là.  D'autres  Barbares  les 
suivirent.  Ceux  qui  ruinèrent  Saint-Bertrand-de-Comminges 
avaient  sans  doute,  chemin  faisant,  saccagé  la  riche  villa  de 
Martres.  Ils  n'y  laissaient  plus  derrière  eux  que  des  murs,  noir- 
cis par  l'incendie,  et  des  monceaux  de  décombres  recouverts 
d'un  linceul  de  cendres. 

Voila  ce  que  nous  ont  appris  les  dernières  fouilles.  Elles 
nous  ont  permis  de  reconstituer,  au  moins  dans  son  ordon- 
nance générale,  un  beau  type  de  villa  gallo-romaine.  Plus  en- 
core, elles  nous  ont  permis  de  revivre  un  peu  sa  vie,  aux  siè- 
cles de  prospérité  et  aux  heures  de  catastrophe.  Il  n'est  pas 
douteux  qu'elles  apportent  à  l'histoire  de  la  Gaule  méridionale 
une  précieuse  contribution.  Mais,  à  vrai  dire,  leurs  résultats 
n'ont  fait  que  confirmer  une  hypothèse  depuis  longtemps 
émise,  et  que  chaque  fouille  nouvelle  rendait  plus  vraisembla- 
ble. Lorsque  l'on  eut  groupé  dans  un  plan  synthétique  les  dif- 
férents relevés  des  fouilles  de  1826,  1840  et  1890,  le  problème 
paraissait  déjà  en  partie  résolu.  On  ne  se  demandait  plus  si  ces 
ruines  étaient  celles  d'une  ville  ou  d'une  villa;  toute  la  ques- 
tion était  de  savoir  si,  sur  cette  terrasse  de  la  Garonne,  il  avait 
existé  une  seule  et  grandiose  villa  ou  deux  domaines  voisins  '. 

1.  Lécrivain,  Les  fouilles  de  Martres-Tolos(t)ies,  dans  les  Mémoires 
de  la  iioc.  archéologique  du  Midi,  XV,  1891-18%,  p.  7-21.  11  croyait  à 


LA    VILLA    ROMAINE   DE    MARTRES-TOLOSANE.  9 

M.  Lécrivain,  qui  publiait  ce  plan,  en  1896,  dans  les  Mémoires 
de  la  Société  archéologique,  ajoutait  :  «  On  ne  peut  trouver 
surprenant  qu'une  simple  villa  ail  possédé  une  collection  aussi 
considérable  d'œuvres  d'art.  »  La  même  année,  M.  Joulin,  éta- 
blissant «  une  sorte  d'arrêté  de  comptes  des  résultats  déjà  ob- 
tenus »,  pouvait  écrire  '  :  «  A  la  suite  de  ces  travaux,  on  ad- 
mettait que  les  vastes  substructions  de  Martres  appartenaient 
à  une  magnifique  villa,  élevée  au  ii®  siècle  et  détruite  par  les 
Barbares  ou  dans  une  insurrection  de  Bagaudes.  »  Il  n'était 
pas  encore  préoccupé  de  se  donner  beau  jeu.  Plus  tard,  dans 
l'introduction  à  l'exposé  de  ses  propres  fouilles,  il  se  montre 
moins  équitable  envers  ses  prédécesseurs.  Après  l'exploration 
de  1840,  nous  dit-il  2,  «  la  Commission  n'hésita  pas  a  attribuer 
à  la  ville  de  Calagurris  les  thermes  qu'elle  avait  découverts  ». 
La  Commission  hésita;  car  elle  déclare  dans  son  rapport^, 
entre  autres  hypothèses,  qu'elle  était  peut-être  «  sur  les  tra- 
ces d'un  balneum  dépendant  d'une  immense  villa  ».  Et  M.  Jou- 
lin avait  lui-même  écrit,  en  1896  :  «  La  découverte,  en  1840, 
des  fondations  de  grands  thermes,  à  100  mètres  à  l'ouest  du 
palais  gallo-romain,  s'ajoutant  aux  doutes  que  l'hypothèse  de 
Dumège  avait  déjà  soulevés,  ont  (sic)  fait  abandonner  l'idée 
que  les  substructions  de  Martres  appartenaient  à  une  ville.  On 
s'est  rappelé  les  magnificences  des  villas  dont  parlent  les  écri- 
vains et  les  poètes  du  i^r  au  v®  siècle.  »  En  1830,  enfin,  Du- 
mège, au  dire  de  M.  Joulin,  «  conclut  que  les  ruines  sont  celles 
de  la  ville  de  Calagurris*,  où  il  a  retrouvé  l'emplacement  d'un 

l'existence  d'au  moins  deux  villas.  Le  plan  qu'il  a  publié  se  trouve  repro- 
duit, avec  des  différences  insignifiantes,  dans  le  volume  de  M.  Joulin, 
p.  10.  M.  Lécrivain  nous  apprend  que  c'est  l'œuvre  de  M.  Ferré,  proprié- 
taire à  Martres  et  collaborateur  de  Lebègue  en  1890;  M.  .louliii  néglige 
cette  formalité,  et  ne  cite  ni  Lécrivain  ni  Ferré. 

1.  Revue  des  Pyrénées,  VIII,  1896,  p.  285. 

2.  Les  établissements  gallo-romains,  p.  12. 

3.  Costes,  Belhomme,  Chambert  et  Vitry,  dans  li's  Mémoires  de  lu  Soc. 
arch.  du  Midi,  V,  1847,  p.  117. 

4.  Dumège,  Recherclies  sur  Calagurris  des  Convenue,  dans  les  Mé- 
moires de  l'Académie  des  Scioices,  hiscriptio?is  et  Belles-Lettres  de 
Toulouse,  II,  2"  partie,  1830,  pp.  395,  392,  423.  Cf.  dans  les  Mém.  de  la 
Soc.  arch.  du  Midi,  VI,  18')2,  p.  67  :  c<  J'ai  retrouvé  dans  les  ruines  de 
la  belle  villa  qui  touchait  aux  humbles  demeures  des  habitants  de  Cala- 
gurris des  Convenae  deux  médaillons  en  marbre,  etc.  » 


10  H.    GRAILLOT. 

temple  consacré  à  l'Hercule  gaulois  Andossus.  II  y  avait  de 
riches  villas  dans  le  voisinage  du  temple,  et  les  nombreux 
bustes  d'empereurs  et  de  personnages  provenaient  de  la  déco- 
ration du  Capitole  de  la  ville  ».  Quand  on  lit  Dumège,  on  le 
trouve  moins  afflrmatif  :  «  L'édifice  dans  les  ruines  duquel 
j'ai  retrouvé  les  images  d'un  grand  nombre  d'empereurs  fut" 
peut-être  ou  la  basilique  du  municipe.  ou  plutôt  l'un  de  ces 
palais  (=  villas)  dont  Je  viens  de  parler.  »  —  «  Les  médaillons 
qui  représentent  Jupiter,  Rhéa,  etc.,  faisaient  partie  de  la  dé- 
coration intérieure  de  la  Villa  où  on  les  a  retrouvés.  »  —  «  On 
sait  que  les  Romains  aimaient  à  orner  leurs  demeures  des  ima- 
ges des  travaux  d'Hercule,  et  la  villa  de  Martres  peut  en  avoir 
été  décorée.  »  Décidément,  M.  Joulin  a  mal  «  arrêté  les  comp- 
tes ». 

I\  a  pourtant  lu  Dumège.  H  lui  a  même  emprunté  une 
hypothèse  qu'il  propose  comme  la  conclusion  dernière  des 
fouilles.  Pour  expliquer  tant  de  somptuosité  dans  la  décora- 
tion de  l'édifice  et  surtout  tant  de  bustes  impériaux  dans  les 
ruines,  Dumège  en  arrivait  à  croire  qu'un  empereur  seul 
avait  pu  faire  bâtir  un  tel  palais  :  «  Les  portraits  qui  déco- 
raient l'habitation  principale  étaient  ceux  des  maîtres  du 
monde;  et  cette  circonstance  peut  porter  à  penser  que  cette 
demeure  était  vraiment  une  Villa  impériale ^»  —  «  Les  palais 
des  gouverneurs  ou  des  préfets  de  province,  dit-il  ailleurs 2, 
renfermèrent  aussi  les  statues  et  les  bustes  des  souverains,  » 
M.  Joulin  donne  à  sa  théorie  plus  de  précision  et  une  appa- 
rence plus  savante  :  «  Une  succession  de  hauts  fonctiouuaires 
impériaux  peut  seule  expliquer  une  pareille  continuité  de 
loyalisme  (allusion  à  la  présence  des  nombreux  portraits  d'em- 
pereurs), en  même  temps  que  cette  réunion  de  monuments 
figurés  importants,  qui  manifestent  si  complètement  les  idées 
leligieuses  des  hautes  classes  de  la  société  romaine  pendant  le 
cours  du  II®  siècle...  En  voyant  Pompée  établir,  eu  — 74,  une 


1.  Dumège,  Recherches  sur  Calnf/urris,  p.  436;  cf.  p.  4'JO.  Sa  grosse 
erreur  osl  de  rechercher  parmi  les  Césars  du  iir  siècle  qui  out  séjourné 
en  (laule  le  fondateur  de  cette  construction. 

2.  Ibid.,  p.  ;3'.)0. 


LA    VILLA    ROMAINE    DE   MARTRES-TOl.OSANE.  11 

colonie  d'Espagnols  à  Lugdunum  des  Convenae,  on  peut 
admettre  que  la  propriété,  formée  surtout  de  forêts  et  de 
prairies  dans  ces  pays  montagneux,  mal  assise  à  l'époque  cel- 
tique, était  en  grande  partie  tombée,  lors  de  la  conquête,  dans 
Vager  publicus  et  qu'elle  était  devenue  le  patrimoine  du 
prince  à  la  création  de  l'Empire.  Ce  seraient  les  procurateurs 
chargés  d'administrer  ces  domaines,  augmentés  peut-être  de 
confiscations  dans  la  plaine,  lors  des  dernières  révoltes,  qui 
résidaient  à  Cliiragan^.  Cette  attribution  expliquerait  :  la  posi- 
tion géographique  et  topographique  choisie,  et  la  profusion 
des  marbres  des  Pyrénées,  dont  les  carrières  faisaient  peut- 
être  partie  du  domaine.  Les  portraits  d'inconnus,  les  premiers 
héroïsés,  les  autres  en  costume  militaire,  peuvent  représenter 
des  gouverneurs  de  la  province  Narbonnaise,  si  Chiragan  est 
devenu,  à  partir  de  Trajan  on  d'Antonin,  l'une  des  résidences 
de  ces  hauts  fonctionnaires.  Le  nom  roman  du  petit  ruisseau  le 
Palas,  qui  débouche  à  Chiragan,  serait  favorable  a  ces  hypothè- 
ses, s'il  rappelle  qu'il  y  a  eu  dans  cet  endroit  un  palatium"^.» 
Ainsi  se  perjiétue  sur  Martres  la  tradition  des  légendes.  Nous 
avions  eu  la  légende  de  Calagurris,  celle  du  temple  d'Hercule, 
celle  de  l'atelier  de  sculpture  et  de  l'entrepôt  de  marbres 
pyrénéens.  Nous  avons  désormais  celle  de  la  villa  des  procu- 
rateurs impériaux. 

Je  suppose  que  M.  Joulin  ne  tient  pas  beaucoup  a  son  ety- 
mologie  du  mot  Palas,  encore  qu'il  ne  l'ait  pas  reléguée  dans 
une  notule.  Les  ruisseaux  qui  portent  les  noms  de  Pales, 
Palais,  Palis,  Palo  sont  très  fréquents  dans  le  'haut  bassin  de 
la  Garonne 3;  et  M.  Joulin  n'irait  pas  jusqu'à  supposer  que 


1.  Nom  du  lieu  dit  où  gisent  les  ruines.  On  y  retrouve  le  mot  chire, 
chiron,  qui  indique  en  vieux  français  un  amas  de  pierres;  cf.  les  diction- 
naires de  Godefroy  et  de  Lacurne  de  Sainte-f  alaye. 

2.  Etablissements  gallo-romams,  p.  187-1X8. 

3.  Voici  ceux  que 'j'ai  relevés  dans  Oonnac,  Diclioiinaire  topographi- 
que  de  la  Haute-Garonne,  ms.  de  la  Bibliothèque  municipale  de  Tou- 
louse :  Palis,  commune  de  Verfeil  ;  Palais,  aflluent  de  l'ilers,  rive  gau- 
che; Palet,  c.  do  Saint-Elix;  Pales,  c.  de  Cazaril-Laspènes;  Paies,  c.  de 
Saint-Aventin  ;  Palo  de  Castcx  et  Palo  des  Mules,  c.  de  Cier-de-F.uchon; 
Palo-Barado,  source,  c.  de  Luchon.  Dans  cette  région  des  Pyrénées,[Palps 
et  Palas  désignent  des  prairies  en  pente.  Cf.  les  Pales  do  Burat,  aux  envi- 


12  H.    GRAILLOT. 

chacun  d'eux  baignait  les  murs  d'un  palais.  Quanta  l'existence 
de  domaines  impériaux  dans  la  haute  vallée  de  la  Garonne  , 
à  plus  forte  raison  dans  la  plaine,  elle  reste  encore  à  prou- 
ver; pour  le  moment,  aucun  texte  d'histoire  ou  d'épigraphie 
n'autorise  pareille  hypothèse. 

Mais  cette  résidence  princière,  au  lieu  d'une  simple  maison 
de  plaisaace?  Nous  la  connaissions  déjà,  tout  au  contraire, 
par  l'histoire.  Ausone,  Sidoine  Apollinaire,  Paulin  de  Pella 
nous  en  avaient  décrit  de  plus  somptueuses  encore,  aux  iv^  et 
v^  siècles.  Nous  savons  par  eux  que  ces  palais  des  champs 
n'étaient  point  rares  en  Narbonnaise  et  en  Aquitaine.  La  bril- 
lante et  puissante  noblesse  de  la  Gaule,  au  temps  de  l'Empire, 
devait  presque  tous  ses  privilèges  à  sa  richesse  terrienne  et 
vivait  volontiers  sur  ses  terres,  comme  avant  la  conquête.  Ces 
grandes  fortunes,  que  plusieurs  générations  avaient  consti- 
tuées par  acquisitions  et  mariages,  se  composaient  de  nom- 
breuses villas,  un  peu  partout  disséminées  ;  et  l'on  traitait 
dédaigneusement  de  petit  domaine,  villula,  une  propriété  de 
250  hectares ^  Le  maître  avait  sa  villa  favorite.  Il  l'habitait 
une  partie  de  l'année.  Il  l'aménageait  avec  tout  le  raffinement 
de  confort  et  de  luxe  qui  plaisait  à  ses  goûts  aristocratiques. 
Il  y  accumulait  tout  ce  qui  fait  la  vie  large  et  opulente.  «  J'y 
avais  rassemblé  toutes  les  délices  de  l'existence  »,  déclare 
Paulin  de  Pella,  l'un  de  ces  nobles  que  réduisit  à  la  misère 
l'invasion  des  Barbares.  Paulin  était  fier  de  sa  table,  de  sa 
vaisselle  d'argent,  de  son  mobilier,  de  ses  écuries.  Leontius 
collectionnait  les  tableaux.  Au  second  siècle,  les  seigneurs  de 
Martres,  voisins  des  carrières  pyrénéennes,  propriétaires  eux- 
mêmes,  peut-être,  de  carrières  en  exploitation,  avaient  la  pas- 
sion des  marbres. 

Suivant  la  coutume   romaine,  ils  possédaient  leur  galerie 

rons  do  Luchon;  le  col  de  la  Pale  d'Aoïiardo.  près  du  val  «l'Aran;  le  bois 
de  Palas,  près  de  Saint-Béat.  Le  ruisseau  de  Martres  devrait-il  son  nom 
aux  terrasses  fluviales  où  il  a  creusé  son  lit?  En  tout  cas,  il  ne  méritait 
pas  tant  d'honneur. 

1.  C'est  Ausone  (pii  jiarie  ainsi  d'une  propriété  de  LUûO  arpents.  Les 
domaines  de  Paulin  de  Bordeaux,  qui  fut  évèque  de  Noie,  étiiient  si  consi- 
dérables qu'on  les  appelait  dans  le  pays  régna  Panlini. 


LA    VILLA    ROMAINE    DE   MARTRES-TOLOSANE.  13 

des  ancêtres,  un  portique   où    s'alignaient  les   portraits  de 
famille.  Toutes  ces  images,  c'étaient  leurs  titres  de  noblesse. 
Ausone  connaissait  un  clarissime  gaulois  chez  qui  elles  étaient 
en  argent  massif  et  habillées  de  tissus  de  soie.  A  Martres- 
Tolosane,  elles  étaient  en  marbre.  On  y  a  retrouvé  beaucoup 
de  bustes  de  ces  inconnus,  dont  plusieurs  furent  sans  doute 
de  grands   personnages,  orgueil  de  leur  maison  et  de  leur 
pays  Mais  pourquoi  tous  ces  bustes  d'empereurs?  Ces  riches 
propriétaires  fonciers,  qui  ne  manquaient  ni  de  talent,  m  de 
culture,   ne  manquaient  pas  non  plus  d'ambition.  Nous  les 
voyons  dès  le  début  de  l'empire  briguer  le  titre  de  séna- 
teurs romains;  et  ce  privilège,  accordé  plus  tard  à  profusion, 
constituait  pour  eux  un  brevet  héréditaire  d'aristocratie.  La 
noblesse  gallo-romaine  restait  la  classe  dirigeante.  «  Elle  était 
aussi  honorée  par  le  gouvernement  que  respectée  parles  popu- 
lations  C'était  même  chez  elle  qu'il  choisissait  ordinairement 
ses  hauts  fonctionnaires.   L'empire   prenait   volontiers    ces 
nobles  Gaulois  pour  en  faire  ses  préteurs  et  ses  consuls,  ses 
gouverneurs  de  province,  ses  préfets  de  prétoire  et  ses  minis- 
Tres  '    »  Après  avoir  achevé  leur  carrière  jeunes  encore,  ils 
revenaient  vivre  dans  leurs  domaines,  y  conservaient  leur 
influence,  y  restaient  en  relations  avec  la  cour  et  l'adminis- 
tration centrale,  et  de  là  maniaient  indirectement  les  affaires 
de  leurs  provinces.  S'ils  étaient  comblés  de  dignités  par  1  em- 
pire, ils  ne  cessaient  pour  leur  part  de  témoigner  aux  princes 
leur  fidélité.  Ils  étaient  entièrement  dévoues  au  maître  qui 
savait  utiliser  leur  intelligence,  leur  fortune  et  leur  influence. 
11  est  donc  tout  naturel  de  rencontrer  chez  eux,  même  a  plu- 
sieurs exemplaires,  l'image  de  l'empereur.  Cette  galerie  des 
Augustes,  a  la  gloire  de  la  «  maison  divine  ^^^^st  encore 
pour  eux  un  musée  d'illustres  souvenirs,  a  la  g^-^.^;^^  '^"^ 
propre  maison.  Pour  expliquer  a  Martres  «  une  pareille  conti- 
nuité de  loyalisme.,  M.  Joulin  n'avait  P- tort  de  supp  se 
une  suite   de  fonctionnaires  impériaux.  Mais  U  nen  fallait 
poTnt  conclure  que  leur  résidence  elle-même  était  impériale. 

1.  Fustelde   Coulanges.  Histoire  a.s  institutions  polit^çues  de  l'an- 
cienne  France,  I,  p.  ^04. 


14  H.    GKAILLOT. 

Les  propriétaires  de  la  villa  de  Martres,  dont  les  biisles  ont 
le  charme  mélancolique  des  vieux  portraits  anonymes,  ont-ils 
gardé  jalousement  le  secret  de  leur  nom  ?  Sur  un  piedouche 
destiné  à  supporter  l'un  de  ces  bustes,  se  lit  une  dédi- 
cace dont  répigraphie  ne  semble  pas  être  postérieure  au 
11*"  siècle'  : 

GE  N!0 

C  ^  ACONITAVRI 
VET 
Genio  C.  Aconi{i)  Tauri.  —  Au  génie  de  Gaïus  Aconius  Taurus... 

Ou  est  donc  en  droit  de  supposer  que  le  domaine  apparte- 
nait à  une  lamille  Aconia.  Ce  nom  gentilice  n'est  pas  rare 
sous  l'Empire.  M.  Joulin  le  signale  en  Etrurie,  en  Ombrie, 
dans  le  Picenum,  en  Provence,  a  Lambèse.  On  le  retrouve 
ailleurs  en  Italie  :  à  Rome,  a  Préneste,  à  Pompei.  a  Siise  et 
près  du  lac  Majeur-.  Sur  i-in  sarcophage  de  Frejus,  où  figure 
une  chasse  de  Méléagre,  on  lit  le  nom  d'Aconius  Invalidus».  a 
Rome.  T.  Aconius  Karus,  qui  met  Vascia  sur  sa  tombe  ',  est 
probablement  d'origine  gauloise.  L'un  de  cesAconii  est  ancien 
officier  et  chevalier  romain,  sous  le  principat  de  Trajan; 
d'autres  exercent  des  fonctions  municipales;  un  autre,  tribun 
militaire  de  la  treizième  légion  Gemina,au  temps  d'Alexandre 
Sévère,  est  clarissime.  Le  plus  célèbre  est  Fabius  Aconius 
Catulinus,  vicaire  d'Afrique  en  3313,  préfet  du  prétoire  en  341, 
préfet  de  la  Ville  en  342-344,  consul  en  349;  sa  fille,  Aconia 
Paulina,  épousa  l'un  des  clarissimes  les  plus  connus  du  iv»  siè- 
cle, Vettius  Praetextatus.  Le  personnage  de  Martres  n'eut 
peut-être  aucune  parenté  avec  ceux  d'Italie.  Mais  puisque  ses 

1.  Cf.  Joulin,  Etablissements  gallo-romains,  p.  77.  Cette  inscription  a 
été  retrouvée  au  cours  des  dernières  fouilles.  Avec  une  dédicace  aux 
Dieux  Mânes  et  une  épitaphe  du  ii«  siècle,  curieuse  par  le  mélange  des 
noms  celtibériens  et  des  noms  romains,  c'est  tout  ce  que  Martres  a  fourni 
au  Corpus  des  inscriptions  latines. 

2.  En  plus  des  sept  inscriptions  citées  par  Joulin,  voir  C.  /.  L.,  VI, 
34200,  34401  (allninchie);  XIV,  3313;  IV,  supplém.,  p.  308,  n"  XCV;  XI, 
27U0,  2708,  3115,  3117,  3118;  V,  7207  et  51'J3.  Cf.  Forcellini,  s.  v.  Aconius. 

3.  C.  1.  L.,  XII,  287,  ad>/. 

4.  C.  I.  /...  VI.  3 12;  10. 


LA    VU, LA    liOMAINI-:    DE   MARTRES-TOI.OSaNE.  15 

desceadanls  (léilièreut,  un  busle  à  .son  geuie,  c'est  qu'il  fut  l'un 
des  horaine.s  illuslres  de  la  maison;  et  celle-ci  CuL  certalue- 
meut  l'une  des  plus  iinporlanles  de  la  région  toulousaine.  Con- 
serva-t-elle  le  domaine  pendant  toute  la  durée  de  l'iunpire? 
Au  cours  de  quatre  siècles,  ce  bien  a  pu  changer  de  maîti-e.s. 
Toutefois  si  le  propriétaire  primitif,  celui  du  moins  qui  possé- 
dait la  terre  quand  elle  fut  inscrite  au  cadastre,  est  un  Aco- 
nius,  la  villa  doit  avoir  toujours  gardé  son  nom.  Elle  est 
restée  la  Villa  Aconiana.  Or,  au  xvne  siècle  encore,  la  tradi- 
tion locale  donnait  à  ces  ruines  de  Martres  le  nom,  a  peine 
déliguré,  ù' Angonia. 

Ce  vocable  nous  est  parvenu  dans  une  Vie  de  saint  Vidian, 
lequel  fut  martyrisé  en  ce  lieu.  Nous  possédons,  sur  l'époque 
où  vivait  ce  saint,  deux  versions  difïérentes.  D'a[)rès  l'uce, 
que  rapportent  Du  Saussay  dans  son  Mmiyrologiwin  galli- 
canurn  en  1()37,  les  Bollandistes  en  175U,  le  Propre  des  saints 
de  l'église  Saint-Sernin  de  Toulouse  en  1759,  Vidian  fut  une 
victime  des  Gotlis  ariens  au  v^  siècle.  D'après  l'autre,  qui  nous 
est  connue  pour  la  première  fois  par  un  texte  de  1634,  il  périt 
dans  une  bataille  contre  les  Sarrasins.  Mais  cette  légende  est 
d'impoi'tation  relativement  récente  Car  elle  attribue  a  Vidian 
de  Martres  les  faits  et  gestes  et  la  mort  même  de  Vivien  de 
France,  tels  que  les  content  la  chanson  des  Enfances  Vivien 
et  celle  d'Aliscans  i.  L'histoire  de  Vivien  fui  sans  doute 
implantée  a  Martres  par  des  pèlerins  du  Nord,  qui  se  rendaient 
a  Saint- Jacques  de  Compostelle  par  Toulouse,  et  qui,  sur  la 
route  des  Pyrénées^  s'arrêtaient  a  l'oratoire  de  saint  Vidian-. 
Des  analogies  de  nom  et  de  circonstances,  jointes  au  rôle 
commun  d'une  fontaine  sacrée,  ont  suffi  pour  déterminer'  la 
fusion  de  la  tradition  topique  et  de  la  légende  exotique.  De 

1.  Cf.  A.  Thomas,  Vivien  d'Aliscaiis  et  la  légende  de  saint  Vidian, 
dans  les  Etudes  romanes,  dédiées  à  Gaston  Paris;  Jeaiiroy,  Noies  sur 
la  légende  de  Vivien,  dans  Romania.  XXVI,  p.  'Wj;  Saltet,  Saint 
Vidian  de  Martres-I'olosaHes  et  la  légende  de  Vivien  des  Chansons  de 
oeste,  dans  le  Bull,  de  litt.  ecclés.,  publié  par  l'Institut  caliiolique  de 
1  oulouse,  1902,  p.  44-56. 

2.  Le  julte  d.'.s  reliques  de  saint  Vidian  à  Martres  est  attesté  par  le 
cartulaire  de  Saint-Sernin  de  Toulouse  dés  le  début  du  xu'  siècle,  avant 
la  formation  de  la  légende  sarrasine. 


16  H.    GRAILLOT. 

plus,  ce  Vivien  était  le  neveu  du  duc  Guillaume;  et  Guillaume 
fut  préposé  à  la  Marctie  d'Espagne,  laquelle  comprenait  le 
pays  toulousain  et  avait  Toulouse  pour  capitale.  Cette  raison 
contribua  aussi,  semble-t-il,  à  faiie  transporter  sur  les  rives  de 
la  Garonne  des  événements  qui  s'étaient  passés  sur  les  bords 
du  Rhône.  La  vie  do  saint  Vidian  comprend  deux  parties.  La 
preniièi'e  résume  la  chanson  de  geste  et,  comme  celle-ci,  nous 
promène  successivement  à  Luiserne  ou  Lucerne  de  Galice, 
aux  îles  d'Angleterre,  en  France,  où  Gharlemagne,  «  assez 
informé  du  mérite  de  saint  Vidian,  l'institue  duc  en  son 
royaume  ».  La  seconde,  où  reparaissent  les  souvenirs  locaux, 
narre  sa  mort  «  au  lieu  nommé  vulgairement  le  Champêtre 
icampus  petrosus ?),  qui  est  une  plaine  scituée  en  l'évêché 
de  Commenges,  au  bord  du  fleuve  de  Garonne  ».  Je  cite  ici 
textuellement  le  «  Sommaire  de  la  vie  et  miracles  de  saint 
Vidian,  martyr  »  ;  il  a  été  publié  par  ordre  de  Jean  Louis  de 
Berthier,  évêque  de  Rieux;  dans  le  diocèse  duquel  se  trouvait 
Martres  ^  L'évêque  avait  visité  l'église  et  fait  ouvrir  les  châs- 
ses le  25  avril  1634;  il  apposa  sa  signature  au  texte  du  Som- 
maire le  23  septembre  de  la  même  année.  «  Etant  poursuivi  par 
ces  bourreaux  carnassiers,  ennemisjurez  des  chrétiens,  le  saint 
se  réfugia  auprès  d'une  fontaine,  qui  est  au  bord  de  Garonne, 
nommée  à  présent  la  fontaine  Saint- Vidian  dans  le  terroir  de 
Martres,  où  il  lava  ses  plaies...  Le  martyre  fut  accompli  et  ter- 
miné par  les  tourmens  rigoureux  et  par  le  glaive  tranchant... 
Plusieurs  autres  de  ses  compagnons  furent  martyrisez  en  ladite 
ville  et  endurèrent  diverses  sortes  de  supplices...,  à  cause  de 
quoi  ladite  ville  porte  le  nom  de  Martyrs,  parce  que  aupara- 
vant elle  s'appelait  Angonia  :  c'était  une  grande  cité  fort  fleu- 
rissante et  riche  et  une  "des  plus  anciennes  de  la  province  de 
Gascogne,  ainsi  que  les  antiquitez  et  ruines  d'icelle  le  témoi- 
gnent assez-.  » 

1.  Ce  texte  est  reproduit  dans  une  brochure  intitulée  :  Les  hidulgen- 
ces,  la  vie  et  les  miracles  de  saint  Vidian,  Toulouse,  imp.  Hébrail,  1887  : 
«  Texte  confoi'me  à  l'édition  de  17(i9.  » 

2.  P.  11.  Le  nom  d'Angonia  ne  se  retrouve  pas  sur  le  texte  latin 
«  desnmptum  fideliter  Toloste  in  monastorio  Sanctfo  Marise  DeauratfB 
ordinis  Sancti  Benedicti,  a  fratro  Odone  monaclio  ejusdemloci,  anno  1636  », 


LA  VILLA   ROMAINE  DE   MARTRES-TOLOSANE.  17 

Il  ne  paraît  pas  douteux  que  les  ruines  d'Angoaia,  hautes 
encore  de  plusieurs  mètres  à  la  fin  du  xviii»  siècle,  perpé- 
tuaient le  souvenir  et  le  nom  de  la  villa  Aconiaca  ou  Aco- 
niana'.  La  table  de  Veleja  nous  signale  en  Italie,  dans  le 
pagus  de  Verceil,  un  autre  fundus  Aconianus" ;  Walckenaer 
le  situe  à  Ogogna,  «  nommé  Agonia  et  Aconia  dans  le  moyen- 
âge  ».  Le  même  vocable  antique  a  nécessairement  laissé  dans 
la  toponymie  médiévale,  au  pied  des  Pyrénées  et  par  delà  les 
Alpes,  les  mêmes  vestiges.  Dans  le  pays  de  Martres,  ce  fut  la 
hantise  de  Calagorris  qui  fit  oublier  au  x[x«  siècle  la  tradition 
véridique.  Ce  fut  la  hantise  de  la  villa  impériale  qui  empêcha 
M.  Joulin  de  faire  revivre  cette  tradition.  En  nous  restituant, 
parmi  de  nouveaux  débris  de  sculptures,  le  marbre  dédié  au 
génie  d'Aconius  Taurus,  les  ruines  nous  ont  livré  depuis  dix 
ans  leur  dernier  secret.  Ce  modeste  piédestal,  qui  rend  à  This- 
toire  le  nom  de  la  villa  aconiana,  doit  désormais  occuper, 
dans  la  galerie  antique  du  musée  de  Toulouse,  une  place 
d'honneur. 

H.    GUAILLOT. 

publié  par  Saltet,  l.  c.  Dumège,  qui  connaissait  le  texte  fran.:ais,  mais 
qui  s'obstinait  à  identifier  les  ruines  à  Calagorris,  admettait  qu'au  delà 
de  la  voie  romaine  et  sur  l'emplacement  actuel  de  Martres,  s'élevait  un 
hoVLVCT  nommé  Angonia.  L'abbé  Jammes,  curé  de  Martres,  qui  a  écrit  une 
Vie  de  saint  Vidian,  martyr  (Bon  et  Privât,  1810,  in-8",  51  p.).  brode  sur 
ce  thème  :  «  ^^lartres  existait  en  môme  temps  que  Calagorris,  dont  elle 
était  la  citadelle;  son  nom  était  alors  Angonia  »  (p.  2;  cf.  p.  26).  Cette 
nouvelle  légende  a  fini  par  passer  dans  .Joanne,  Géographie  de  la  Haute- 
Garonne,  "1896,  s.  V.  Martres-Tolosanes  :  «  Retranchements  antiques, 
restes  présumés  de  la  ville  ibéro-romaine  de  Calagorris  ou  de  sa  citadelle 
appelée  Angonia.  »  Cf.  Grande  Encyclopédie,  XXIII,  s.  v. 

1  Sur  la  transformation  d'à  en  an,  cf.  laterna  et  lanterna.  On  disait 
sans  doute  Acconius  pour  Aconius.  Cette  forme  se  retrouve  précisément 
dans  la  Gaule  cisalpine  :  C.  I.  L.,  V,  5493,  7267. 

2.  C.  1.  L..  III,  p.  226;  Walckenaer,  Géographie  anc.  des  Gaules,  II, 
p  479.  En  Frânce,'un  Aconiacus  viens  est  cité  sur  une  charte  de  l'an  1003  : 
Recueil  des  historiens  des  Gaules,  X.  p.  582.  Enfin,  le  nom  d'Agonac, 
dans  l'arrondissement  de  Périgueux,  dérive  de  la  même  origine;  on  disait 
Castrum  Agoniacum,  au  moyen  âge. 


ANNALES  DU  MIDI. 


—  XX 


PAOLIN  DE  NOLE,  SOLPICE  SÉÏÈRE,  SAINT  lARTlN 


RECHERCHES  DE  CHRONOLOGIE. 


Paulin  (le  Noie  et  Sulpice  Sévère  ont  été  les  deux  illustra- 
tions de  l'Aquitaine  chrétienne  au  temps  de  l'Empire  romain. 
L('un  fut  le  meilleur  poète  latin  de  l'ancienne  Église;  l'autre, 
fort  attachant  par  son  rare  talent  d'écrivain,  l'est  plus  en- 
core par  le  succès  extraordinaire  de  ses  écrits.  Il  a  eu  pen- 
dant tout  le  moyen  âge  des  lecteurs  innombrables  et  des 
centaines  d'imitateurs  ;  toute  l'hagiographie  occidentale  s'est 
inspirée  de  lui,  et  il  n'y  a  pas  beaucoup  de  vies  de  saints 
latines  où  l'on  ne  rencontre  quelque  souvenir  verbal  de  sa 
Vita  Martini,  sorte  d'évangile  de  la  religion  des  saints.  Le 
saint  qu'il  a  révélé  au  monde  a  joui  pendant  des  siècles  d'une 
popularité  sans  rivale.  Saint  Martin  a  été  véritablement, 
comme  Sulpice  l'avait  voulu,  l'égal  des  apôtres;  le  sanctuaire 
de  Tours  a  été  le  centre  religieux  de  la  Gaule  franque;  des 
milliers  d'églises  et  de  maisons  religieuses  ont  été  dédiées  à 
saint  Martin.  Si  l'on  classait  les  écrivains  par  l'influence 
démontrable  de  leurs  œuvres,  il  n'y  aurait  pas  beaucoup  de 
Latins  à  mettre  au-dessus  de  Sulpice  Sévère. 

Il  m'a  semblé  que  des  recherches  qui  aboutiraient  à  préciser 
certaines  de  nos  connaissances  sur  ces  deux  Aquitains  pour- 
raient trouver  leur  place  dans  cette  revue  d'érudition  méri- 
dionale, même  si  elles  devaient  être  un  peu  longues  et  arides 
Je  vais  essayer  de  dégager  des  écrits  de  Paulin  toutes  les 
données  chronologiques  qu'elles  contiennent  sur  Sulpice  Sé- 
vère et  sur  saint  Martin. 


PAULIN   DE  NOLE,    SDLPICE  SÉvÈEE,    SAINT   MARTIN.         lÔ 


DATES   DES    LETTRES    DE    PAULIN    DE    NOLE   A   SULPICE   SÉVÈRE. 

TOUS  ceux  qui  ont  étudié  les  lettres  de  Paulin  de  Noie,  et 
particulièrement  ses  treize  lettres  à  Sulpice  Sévère   auront 
constaté  que  ces  documents  très  précieux,  et  qui  sont  loin,  je 
crois  d'avoir  dit  leur  dernier  mot,  ne  se  laissent  mettre  en 
ordre  et  dater  qu'à  graod'peine.  Pour  ma  part,  j'avais  essaye 
sans  succès  de  reprendre  le  travail  de  classement  tente  autre- 
fois  par  Tillemont  et  par  Lebrun.  M.  Reinelt,  dans  une    hese 
de  doctorat  soutenue,  en  décembre  1903,  à  la  Faculté  de  heo- 
logie  de  Breslau  ',  s'est  montré  plus  patient  et  plus  hab.le  et 
a  résolu  la  plupart  des  difficultés  qui  m'avaient  arrête.  Son 
travail  est  bien  le  meilleur  que  l'on  possède  sur  la  correspon- 
dance de  Paulin.  Les  cent  pages  de  sa  dissertation  résument 
heureusement  les  études  antérieures  et  leur  ajoutent  beau- 
coup de  remarques  utiles.  C'est  désormais  une  introduction 
nécessaire  à  l'étude  des  Lettres.  ,  ,„  aif 

Quant  à  la  chronologie  des  treize  lettres  a  SulpIce^  la  dit- 
fieullé  principale  était  que,  les  deux  amis  ne  s  expédiant 
(sauf  de  rares  occasions)  qu'un  courrier  par  an,  et  la  corres. 
pondance  entre  Noie  et  les  résidences  aquitaines  de  Sulpice 
ayant  commence  en  896  pour  finir  en  402  ou  403,  on  avait 
trop  de  lettres.  M.  Reinelt,  éclairé  par  un  texte  de  la  le  - 
tre  XLin  (§  2),  a  bien  vu  que  les  «;"-'- P-™'-\7      ', 
1er  non  seulement  deux  lettres  telles  que  XXIII-XXIV,  dont 
a  seconde  n'est  qu'un  long  post-scHptum  de  la  prem.ère, 
ma  s  deux  ou  plusieurs  lettres  distinctes,  écrites  a  quelques 
:X  l'intervane.  Il  a,  sur  des  indices  très  P-baots^™e.ns- 

„U.e  des   PaO"-^^-"  -n:tx  V     f      uf  l'U 
XXII,    l'autre   XXIX,   XXIil   ei   Jf^^y^    \       j 

-u      ^in  TMpfp  des  hl.  PauUnus  von  Nola.  — 
T'LëùJeTi,  V,  XI,  XVII,  XXII.  XXIII,  XXIV,  XXVII  à  XXXII. 


20  E.-CH.    BABUT. 

XXVIII).  Il  a  pu  dresser  aiasi  une  chronologie  des  treize  let- 
tres beaucoup  moins  erronée  que  l'ancienne. 

Au  tableau  que  l'on  trouvera  un  peu  plus  loin  des  dates 
fournies  par  M.  Reinelt,  j'ajouterai  celles  que  propose  M.  Bro- 
chet dans  sa  thèse  récente  sur  La  Correspondance  de  Pau- 
lin de  Noie  et  de  Sulpice- Sévère  (Paris,  1906).  On  verra  que 
M.  Brochet  a  bouleversé  l'ordre  des  pièces  admis  jusqu'à  pré- 
sent. Ses  conclusions,  malheureusement  indépendantes  du  tra- 
vail de  M.  Reinelt,  qu'il  n'a  connu  qu'en  dernière  heure,  sont, 
à  mon  sens,  presque  entièrement  à  rejeter.  Je  n'indiquerai 
ici  que  ses  erreurs  les  plus  manifestes. 

La  lettre  XP  de  Paulin  fut  écrite  en  réponse  à  l'envoi  de  la 
Vita  Martini.  Or,  nous  savons  par  Sulpice  (rapprocher  Vita 
Martini,  23,  et  Ep.  II,  5)  que  son  livre  fut  composé  très  peu 
de  temps  avant  la  mort  de  saint  Martin,  et  par  ailleurs  qu'il 
le  garda  par  devers  lui  quelque  temps  (F.  il/.,  préface)  avant 
de  le  publier.  A  lire  le  livre  tout  entier,  et  particulièrement 
la  dernière  page,  on  s'assure  que  Sulpice  entendait  n'éditer  la 
Vie  qu'après  que  le  saint,  dont  il  parle  toujours  à  un  temps 
passé,  aurait  quitté  le  monde.  Ainsi,  avant  même  d'avoir  lu  la 
lettre  XI®  de  Paulin,  on  s'attend  à  le  voir  parler  de  saint  Mar- 
tin comme  d'un  bienheureux.  En  eâet,  il  l'appelle  beatissi- 
mus  (§  13),  et,  dans  un  passage  plus  étendu,  il  s'exprime 
comme  il  suit  : 

(§  11).  Neque  enim,  HM  donatum  fuisset  enay^rare  Mar- 
tinum,  nisi  dignum,  os  iuwm  sacris  laudibus  mundo  corde 
fecisses.  Benedictus  igitur  lu  homo  domino,  qui  tanti  sa- 
cerdotis  et  manifestissimi  confessoris  historiam  tant 
digno  sermone  quant  justo  affeclu  percensuisli;  beatus  et 
ille  pro  merilis,  qui  dignum  fide  et  vita  sua  meruit  histo- 
ricum,  qui  et  ad  divinam  gloriam  suis  meritis  et  ad  hu- 
manain  memoriam  tuis  litteris  consecratur. 

Enarrare,  raconter  jusqu'au  bout,  ne  peut  se  dire  de  la 
biographie  d'un  vivant,  et  le  texte  que  Paulin  avait  en  mains 
devait  comprendre  le  récit  de  la  mort  de  saint  Martin,  lequel 
se  trouve  dans  la  Lettre  II  de  Sulpice,  complément  nécessaire 
de  la  Vie.  —  «  Louanges  sacrées  »  serait  choquant  si  le  per- 


PAULIN    DE   NOLE,    SULPICE   SÉVÈRE,    SAINT    MARTIN.  21 

sonnage  loué  était  en  vie.  La  phrase  antithétique  qui  suit  est 
tout  à  fait  claire  :  beatus  et  ille  ne  s'oppose  pas  seulement  à 
benedicius,  mais  à  liomo,  et  nous  confirme  que  le  bienheu- 
reux Martin  n'était  plus  un  homme.  —  Et  comment  obtien- 
drait-on la  double  consécration  de  la  gloire  divine  et  de  la  mé- 
moire des  hommes  avant  d'avoir  passé  de  la  terre  au  ciel? 
Enfin,  manifestissimi  confessoris  est  une  allusion  à  l'épî- 
tre  II  de  Sulpice,  où  la  qualité  de  confesseur  est  attribuée  à 
Martin,  avec  force  arguments  à  l'appui.  Le  texte  de  la  lettre 
répond  donc  à  notre  attente.  Paulin,  quand  il  l'écrivit,  savait 
saint  Martin  mort. 

M.  Brochet  s'y  est  mépris,  et  il  a  commis  une  erreur  pareille 
sur  le  texte  de  la  lettre  XVIP  où  Paulin  engage  son  ami, 
assidu  pèlerin  au  tombeau  du  saint  tourangeau,  à  ne  point  né- 
gliger le  tombeau  du  saint  campanien  Félix. 

Ep.  XVII,  4.  ...  Gallicanas  peregrinationes  tôt  annis{qno- 
tannis?)  fréquentas  et  iteratis  saepe  intra  unam  aestatem 
excursibus  Turonos  et  remotiora  visitas...  Juste  fateor  et 
mérita  Martinum  frequentari;  sed  dico  injuste  pernicîo- 
seque  Felicem  ab  eodem,  qui  itlum  honoret,  promissis 
inanibus  ludi,  vel  secura  promissi  jam  ut  aboliti  dissimu- 
latione  contemni.  Qua  /ide  speras  Christi  gratiam  in  ho- 
nore Martini,  eadem  Christi  offensam  time  in  offensione 

Felicis. 

Quand  il  n'y  aurait  pas,  dans  le  texte,  le  mot  peregrina- 
tiones, comme  les  visites  faites  par  Sulpice  à  Martin  sont 
assimilées  aux  visites  que  reçoit  saint  Félix,  confesseur  du 
iii«  siècle,  et  comme  Sulpice  peut,  par  les  honneurs  qu'il  lui 
rend,  gagner  la  faveur  du  Christ,  il  n'est  pas  douteux  que  ces 
honneurs  ne  soient  un  culte  et  que  ces  voyages  à  Tours  ne 
soient  des  pèlerinages  au  tombeau  du  saint. 

Pour  avoir  mal  entendu  ces  deux  textes,  M.  Brochet  a 
affirmé  à  tort  que  la  mort  de  saint  Martin  était  postérieure 
aux  deux  lettres  XI  et  XVII;  il  a  de  plus,  seul  de  tous  les  éru- 
dits  qui  ont  étudié  F^aulin,  placé  la  lettre  XVII«  avant  la  XI». 
Il  est  certain  pourtant  que  la  XP,  qui  répond  à  l'envoi  de  la 
Vita  Martini,  a  été  écrite  peu  de  temps  après  la  mort  de  Mar- 


22  ÏÏï-CH.  BABUT. 

tin,  au  lieu  que  la  lettre  XVIt'  lui  est  postérieure  au  moiflâ  de 
quelque  deux  ans. 

S'il  y  a,  dans  le  classement  des  treize  lettres,  un  fait  qiii 
s'impose,  c'est  la  liaison  des  lettres  XXIII-XXIV.  La  XXIV^ 
se  donne  elle-^même  comme  un  post^scriptum.  Il  y  a  chance 
pour  que  la  lettre  à  laquelle  elle  était  annexée  soit  la  XXIIP, 
ôar  dans  les  manuscrits  les  lettres  XXIII  et  XXIV  sont  asso- 
ciées (dans  l'ordre  XXIV-XXIIl).  Mais  t»aulin  semble  avoir 
voulu  lever  à  cet  égard  tous  les  doutes.  Il  dit  au  début  de  la 
lettre  XXIV  :  Superioris  fine  commOniH,  de  caritatis  vide- 
licet  etperfectionis  verbo...  Donc,  la  lettre  à  laquelle  s'ajoute 
la  XXIV»  contenait  à  la  dernière  ligne  les  mots  Ou  les  idées  de 
Cariias  et  perfectîo.  Et  VEœplicU  de  la  lettre  XXIIP  est  :  In 
tua  tantum  dileciione  profitemur  esse  perfeclos.  On 
s'étonne  que  M.  Brochet  ait  rompu  arbitrairement  Un  lien 
aussi  manifeste,  en  adjoignant  la  lettre  XXIV  à  quelque  lettre 
perdue  des  années  394-396. 

M.  Brochet  tient  pour  établi  que  Paulin  s'établit  â  Noie  en 
394^  ayant  été  ordonné  prêtre  à  Barcelone  en  393.  Il  connaît 
l'argumentation  (que  nous  verrons  confirmée)  par  laquelle 
Rauschen'  fixe  le  voyage  de  Paulin  en  395;  mais  il  la  rejette 
sans  la  discuter.  Le  texte  qu'il  invoque,  après  Tillemont*,  est 
celui  de  la  lettre  I  de  Paulin,  §  10  :  die  domini,  qUo  nasci 
carne  dignatus  est,...  presbyteratu  initiatus  sum,  d'où  il 
tire  que  la  Noël  de  l'année  en  question  dut  être  un  dimanôhe; 
or,  entre  les  années  admissibles,  cette  coïncidence  ne  se  produi- 
sit qu'en  393.  Mais  il  eût  été  tout  à  fait  illogique  d'écrire  :  «  le 
jdur  du  dimanche,  où  le  Seigneur  daigna  naître»,  car  la  Noël 
»e  tombe  pas  toujours  un  dimanche.  La  Noël,  si  elle  n'est  pas 
toujours  une  dies  dominica,  est  toujours  un  «  jour  du  Sei- 
gneur». L'argument  ne  vaut  pas,  et  M.  Brochet  aurait  dû 
acceplev,  cotnme  M.  Reinelt,  l'excellente  démonstration  de 
Rauscheûj 

Encore  Une  innovation  singulière  de  M.  Broôhet.  Tout  le 

1.  G.  Rauschen,  Jahrbiwher  dar  christlichen  Kirche  iinter  de>n  Kai- 
ser Theodnsius  deni  Grossen.  Freiburg  im  Br.  1897,  pp.  549-552. 
g.  Mérdom^,  t.  XIV,  pp.  40  et  l'êb. 


PAULIN   DE   NOLE,    SULPICE    SEVERE,    SAINT   MARTIN.         23 

monde  s'accordait  à  peûser  que,  la  correspondance  de  Paulin 
et  Snlpice  s'arrêtant  vers  402-403,  comme  il  y  est  question  de 
la  Viia  Martini  ei  de  la  Chronique  de  Sulpice,  et  non  des 
Dialogues^  les  Dialogues  avaient  été  publiés  après  ces  deux 
livres  et  après  la  dernière  des  lettres  conservées.  M.  Brochet 
suppose  (p.  57)  que  les  Dialogues  sont  antèi-ieurs  à  la  Chro- 
nique. Il  reporte  la  lettre  XXVIII,  où  Paulin  répond  à  une 
demande  d'informations  que  Sulpice  lui  a  adressée  en  vue  de 
sa  Chronique^,  en  404,  ou  plutôt  en  406-407.  Pourtant,  Sulpice 
avilit  choisi  comme  terme  de  sa  Chronique  l'année  du  consu- 
lat de  StilicoUi  pour  nous  l'an  400  (Chron.,  IIj  9,  7;  cf.  II, 
27.  5).  Cette  année  n'avait  rien  de  remarquable  et  a  manifes- 
tement été  choisie  comme  étant  soit  l'année  courante,  soit  la 
dernière  révolue'.  L'année  où,  étant  encore  au  début  de  son 
travail,  il  a  consulté  son  ami,  doit  être  l'année  400  ou  401  ; 
d'autre  part^  Bernays  a  montré  que  deux  fragments  de  la 
Chronique,  qui  sont  tirés  de  la  lettre  XXXI,  avaient  été 
insérés  après  coup  dans  le  texte  de  la  Chronique  déjà  rédigée^; 
la  lettre  XXXI  est  donc  parvenue  à  Sulpice  quand  sa  Chro- 
nique était  à  peu  près  achevée,  et  elle  est  certainement  pos- 
térieure à  la  lettre  XXVIII.  Comment  M.  Brochet,  qui  place 
la  lettre  XXXI  en  402,  met-il  la  lettre  XXVIII  en  404  au  plus 
tard? 

J'ajoute  que  M.  Reinelt  a  usé  d'une  méthode  plus  sûre 
que  M.  Brochet.  Il  prend  comme  point  de  départ  la  date 
de  l'arrivée  à  Noie,  qui  est  l'année  395;  puis  il  examine 
les  lettres,  les  classe  en  petits  groupes  contemporains,  les 
espace  et  les  date  sans  autre  secours  que  les  indications  chro- 
nologiques qu'elles  contiennent.  Les  trop  rares  synchronismes 
que  permettent  d'établir  les  allusions  de  Paulin  à  des  faits  par 
ailleurs  connus  ne  lui  servent  que  de  vérification.  M.  Bro- 
chet prend  au  contraire  ces  synchronismes,  et  particulière- 

1.  Voir  le  passage  II,  51,  8,  où  les  quindecim  anni  se  rapportent  à  la 
période  385-400.  Sulpice  a  bien  voulu  arrêter  son  récit  îiti  moment  bîi  il  se 
trouvait. 

2.  Chron.,  II,  31,  3  à  6;  II.  33,  4  à  II,  35,  1.  —  Paulin,  Ep.  xxxi,  3-1.  — 
Cf.  Bernays,  Vber  die  Chronik  des  Sulpicius  Séverua.  —  Gesammelté 
Abhéndiim^en,  t.  II,  p.  85. 


24  E.-CH.   BABDT. 

rement  l'incertaine  année  du  retour  de  Mélanie,  comme  base 
de  ses  calculs.  Ayant  donné  peu  d'attention  à  la  liaison  mu- 
tuelle (les  lettres,  les  éléments  de  vérification  lui  font  entiè- 
rement défaut. 

Je  donne  ici,  page  12,  sur  trois  colonnes,  les  dates  propo- 
sées par  Tillemont-Lebrun,  par  M.  Brochet,  par  M.  Reinelt, 
et  sur  une  quatrième  celles  qui  me  paraissent  devoir  être 
définitivement  adoptées. 

Il  reste  à  justifier  les  corrections  que  j'ai  cru  devoir  appor- 
ter à  la  chronologie  de  M.  Reinelt. 

1°  Lettre  V.  —  Sulpice  nous  dit  dans  sa  lettre  XXIII,  §  2, 
c'est-à-dire  en  400,  que  jusqu'alors,  et  depuis  son  arrivée  en 
Italie,  son  ami  et  lui  avaient  correspondu  une  fois  par  an.  La 
lettre  V  est  la  première  que  Paulin  écrive  à  son  ami  depuis 
qu'il  est  à  Noie;  elle  est  écrite  en  été.  Sera-t-il  resté  plus  de 
deux  ans  sans  donner  de  ses  nouvelles  à  Sulpice,  après  ce 
départ  définitif,  alors  surtout  que  Sulpice  songeait  à  le  re- 
joindre? Une  seule  fois,  Paulin  note  dans  une  lettre  (Ep.  xvii, 
1-2)  qu'il  est  resté  plus  dVme  année,  de  quinze  à  dix-huit 
mois,  sans  écrire  à  Sulpice;  il  déplore  et  commente  abondam- 
ment cette  longue  interruption  de  leur  correspondance.  La 
lettre  V  (§  2)  nous  apprend  bien  que  le  courrier  envoyé  par 
Sulpice  à  Noie  y  a  été  retenu  par  les  fièvres;  mais  si  Paulin, 
arrivé  au  printemps  de  395,  était  resté  de  vingt-cinq  à  vingt- 
sept  mois  sans  écrire  à  son  ami,  il  donnerait  de  ce  retard,  à 
en  juger  par  la  lettre  XVII,  des  explications  bien  plus  éten- 
dues et  précises. 

L'unique  motif  qui  détermine  M.  Reinelt  à  placer  la  lettre  V 
en  397  est  lire  du  mot  du  §  14  :  Afri  quoque  ad  nos  episcopi 
prima  aeslate  miserunt.  Or  la  lettre  VII,  adressée  à  un  Afri- 
cain et  qui  est  (date  sûrement  établie)  de  397,  parle  de  lettres 
que  Paulin  vient  de  recevoir  de  cinq  évêques  africains.  Mais 
la  lettre  III,  qui  est  de  l'automne  396,  nous  apprend  que  Pau- 
lin a  reçu  de  l'évêque  Alyplus  une  lettre  et  cinq  livres  du 
prêtre  Augustin  contra  Manichaeos .  La  mention  de  la  lettre  V 
peut  fort  bien  se  rapporter  à  cet  envoi.  Le  pluriel  episcopi 
peut  être  emphatique  (le  contexte  s'y  prêterait);  il  peut  signi- 


PAULIN   DE   NOLE,    SDLPICE   SEVERE,    SAINT   MARTIN.         2'-> 


A.  894 

Tillemonl-Lebrun. 

I 

Brocliet. 

I 

V   \  XXIV 

lettre  | 
perdue ' 

Reinelt. 

Dates  proposées. 

395 

V 

I 

I 

396 

V 

397 

XI 

XVII 

V 
XI 

XI 

398 

XXII 

x^^I 

XVII 

399 

XYII 

XI 

XXIX,    XXIII 

XXVII,    XXII 

XXVII, 
XXII-XXX 

400 

XXII 

XXVII,   XXX 

XXIX,    XXIII- 
XXIV,  XXVIII 

XXIX, 
XXIII-XXIV 

401 

XXIII-XXIV, 
XXVII 

XXX 

XXVIII 

402 

XXVIII,  XXIX, 
XXX 

XXXI-XXXII 

XXXI 

XXXI 
XXXII 

403 

XXXI-XXXII 

XXXII 

404 

xxviii(406-407) 

26  È.-Ctt.    BABtJt. 

fier  qu'en  outre  d'Alypius  un  autre  évêqiie  africain  a  fait 
saluer  Paulin  par  son  messager. 

M.  Reinelt  admet  que  Paulin  a  reçu  la  Vita  Martini  en397j 
quelques  semaines  après  avoir  écrit  la  lettre  V,  et  a  répondu 
alors  à  cet  envoi  par  la  lettre  XI.  On  aurait  diî  faire  attention 
que  dans  la  Vita  Martini  (2,  8),  Sulpice  a  emprunté  à  la 
lettre  V  de  Paulin  (§  6)  les  mots  evangelii  non  sùrdus  audi- 
tor^.  Il  faut  donc  que  Sulpice  ait  recula  lettre  V  avant  d'écrire 
la  Vie,  c'est-à-dire  avant  la  fin  de  39G.  J'ajoute  que,  plaçant 
ia  lettre  V  au  printemps  et  la  lettre  XI  vers  la  fin  de  l'été  de 
l'année  397,  M.  Reinelt  (pp.  15-16)  ne  peut  rendre  compte  du 
passage  de  la  lettre  XVII  (vers  sept.  398)  où  Paulin  affirme 
ii'avoir  pas  écrit  à  son  ami  depuis  le  printemps  de  l'année 
précédente,  que  par  une  subtilité  peu  admissible. 

2°  Lettre  XXX.  —  Une  lettre  de  Paulin  à  Sulpice  compre- 
nait deux  parties  :  l'une  de  circonstance  et  proprement  épis- 
tolaire,  l'autt*e  faite  d'une  dissertation  sur  un  sujet  religieux. 
La  lettre  XXX  n'étant  qu'une  fin  de  lettre  et  la  lettre  XXII 
qu'un  commencement,  l'idée  s'offre  naturellement  qu'elles  ont 
été  séparées  par  accident^  et  qu'il  convient  de  les  réunir.  Or, 
dans  tous  les  rnanuscHts,  la  lettre  XXX  est  placée  immédia- 
tement après  la  lettre  XXII;  de  plus,  de  la  lettre  XXII  à  la 
lettre  XXX,  la  suite  des  idées  est  parfaite.  Paulin,  à  la  fin  de 
la  première,  cite  V Enéide,  et  il  rappelle,  avec  une  ombre  dé 
reproche,  que  Sulpice,  dans  sa  dernière  lettre,  citait  un  autre 
endroit  de  VÉnéide  et  un  prologue  de  Plaute.  A  ces  trois  cita- 
tions, peu  conformes  aux  maximes  des  deux  religieux,  fait 
feuite  le  début  de  la  lettre  XXX,  qui  n'offre  en  lui-même  aucun 
Sens  satisfaisant  :  Beato  apostolo  diotum  est  :  «  Multae  lit- 
ierae  te  ad  insaniam  perduœerunt.  »  Je  conclus  que  leë 
lettres  XXII  et  XXX  n'en  forment  qu'une.  Il  ne  me  semble 
d'ailleurs  pas  douteux  que  les  lettres  XXVII  et  XXII  ainsi 
Complétée  fir'ent  partie  d'un  môme  paquet. 

3"  Lettre  XXVIII.  —  Un  autre  paquet  comprit  les  lettreiâ 

1.  Impossible  de  supposer  un  emprunt  de  Paulin,  car  la  lettre  XI, 
réponse  à  l'envoi  de  la  Vie,  est  certainement  postérieure  d'au  moins  quel- 
ques mois  à  la  lettre  V. 


PAUl.IN   DE  NOLE,    SDLPICÈ  SÉVèkE,   SAINT   MARTIN.         2t 

XXIX  et  XXIII;  c'est  le  seul  poitit  sur  lequel  M.  Brochet  se 
soit  rencontré  avec  M.  Reinelt;  il  a  Seulement  éU  le  tort, 
comme  on  a  vu,  do  séparer  XXIV  de  XXIII.  Ainsi,  XXIX  et 
XXIII-XXIV  ont  été  emportés  par  le  moine  Victor  dans  àdfl 
premier  voyagé  de  retour  de  Noie  à  Primuliacum  (cf.  Ep.  xliii, 
2).  A  ce  volumineux  envoi,  M.  Reinelt  a  certainement  tort 
d'adjoindre  la  lettre  XXVIII.  LisOns  le  début  de  cette  dernière 
lettre  :  Redit  a  me  tîM  Victor,  ut  redeai  a  te  mihi;  Victor. .. 
Sotemné  solatium  noMs,...  Victor*  epistolarum  nostraruirk 
veredarius  pedes...  Victor  longissimdrum  viaruM,...  ut 
nos  reficiat  ànnuis  inler  ulrumque  discur^ibus,  ferenà 
indeféssus  ac  referens  commercia  litterarum.i. 

Victor  est  ici  un  courrier  attitré  entre  Primuliacum  et  Noie, 
ce  qu'il  n'était  pas  dans  lés  letti'es  XXlX  et  XXIII-XXIV. 
Pour  être  appelé  messager  àritluel,  il  faut  qu'il  ait  fklt  le 
voyage  au  rrioins  deux  ans  de  suite.  Plus  loin ,  au  §  3,  Pauliri 
parle  d'une  convention  conclue  entre  son  ami  et  lui,  d'après 
laquelle  Victor,  qui  leur  est  également  chet",  doit  passer  l'hiver 
à  Noie  et  l'été  auprès  de  Sulpice.  Cette  convention  a  certaine- 
ment été  proposée  par  Sulpice,  patron  de  Victor,  et  n'a  pii 
l'être  que  lorsque  âulpice  eut  appris,  par  la  lettre  XXIII,  que 
Paulin  s'était  épris  de  Victor.  Ainsi,  là  lettré  XXVIII  a  été 
emportée  par  Victor  au  plus  tôt  a  son  second  retour  de  Nolé^ 
Ce  voyage  de  retoui^  est  plus  probablement  le  second,  Car  C'est 
au  moment  où  il  fut  décidé  qiie  Victor*  ferait  un  Voyage  d'allét* 
et  de  i^etour  par  an,  qlie  Paulin  à  dû  Célébrei^  ses  services 
annuels.  La  lettre  XXVIIt,  que  j'ai  placée  en  401 ,  pourrait  être 
de  402,  noil  de  400.  En  tout  cas,  oh  a  vu  qu'elle  ëtait  atité*- 
rieure  à  là  lettre  XXXI, 

4°  Lettre  XX^Il.  —  Tout  le  monde  avait  admis,  jusqu'ici, 
que  les  lettres  XXXl  et  XXXIt,  où  il  est  pàtlé  des  Const^Uè-^ 
tiens  de  Sulpice  à  Primuliacum,  aVaient  été  portées  pat"  Uû 
même  courrier;  je  crois  que  M.  Reinelt  a  eu  tort  de  les  sé- 
parer. Il  est  vrai  que  l'une  fut  écrite  un  peu  avant  (Ep.  xxxi,  1), 
l'autre  peu  après  (Ep.  xxxii,  10)  la  dédicace  de  l'église 
que  Paulin,  de  son  côté,  bâtissait  à  Saint-Félix.  Mais  Victor 
passait  à  Noie  tout  l'hiver  ;  il  serait  conforme  aux  habitudes 


28  E.-CH.    BABDT. 

de  Paulin  d'avoir  écrit  les  deux  lettres,  à  quelques  semaines 
d'intervalle,  pendant  le  séjour  de  Victor.  —  D'autre  part  : 
1°  on  voit  dans  la  lettre  XXXI,  §  1,  que  Victor  comptait  rap- 
porter d'Italie  à  son  maître,  en  outre  du  bois  de  la  Croix 
que  lui  remit  Paulin,  des  cendres  des  martyrs;  et  dans  la 
lettre  XXXII,  §  7,  que  Sulpice  attend,  pour  son  église  neuve, 
des  reliques.  —  2°  Paulin  parle,  dans  sa  lettre  XXXII,  du 
fragment  de  la  vraie  croix  annoncé  dans  la  lettre  XXXI 
comme  s'il  l'avait  encore  en  mains;  il  l'appelle  hanc  de  cruce 
benedictîonem ;  il  ne  sait  pas  encore  si  Sulpice  déposera  ce 
fragment  dans  son  autel,  ou  s'il  le  gardera  par  devers  lui 
comme  relique  portative  (Ep.  xxxii,  8);  c'est  donc  que  Sulpice 
n'a  pas  encore  répondu  à  la  lettre  XXXT.  Les  deux  lettres 
sont  parties  ensemble  ;  comme  elles  sont  arrivées  à  Primu- 
liacum  avant  la  publication  de  la  Chronique,  commencée  en 
fin  400  ou  au  début  de  401,  il  faudra  les  placer  plutôt  en  402 
qu'en  403. 

Les  lettres  XXXI-XXXII  sont  les  dernières  pièces  conser- 
vées de  la  correspondance  de  Paulin  et  Sulpice.  On  a  eu  bien 
tort  de  conclure  qu'ils  aient  cessé,  vers  40^-403,  de  s'écrire, 
et  il  est  singulier  de  supposer  que  la  circulation  des  cour- 
riers ait  été  depuis  lors  rendue  impossible  par  l'invasion  bar- 
bare', laquelle  ne  se  produisit  qu'en  407,  et  n'aurait  pu 
avoir  qu'un  effet  passager.  Il  est  certain  qu'en  404,  Sulpice  et 
Paulin  s'écrivaient  ^,  et  probable  qu'ils  s'écrivirent  encore  bien 
des  années  plus  tard.  Le  fait  qu'aucune  lettre  postérieure 
à  402-403  ne  s'est  conservée,  alors  que  des  huit  années  précé- 
dentes nous  avons  au  moins  une  lettre  de  Paulin  par  an,  et 
peut-être  toutes  ses  lettres,  ne  peut  être  dû  au  hasard.  Du 
vivant  de  Paulin,  saint  Augustin  connaissait  une  des  lettres 
de  Paulin  à  Sulpice 3.  Il  n'est  pas  probable  qu'elle  lui  soit  par- 
venue isolément,  et  l'on  sait  d'ailleurs  que  deux  religieux 


1.  Reinelt,  pp.  38-39.  —  On  ignore  la  date  du  poème  XXIV,  à  Cythérius, 
où  Sulpice  est  cité  au  vers  715. 

2.  Sulpice,  Dial.  III,  17.  3. 

8.  Augustin,    ep.    clxxxvi,    40,    écrite   en   417    (Migne,    t.    XXXIII, 
col.  831). 


PAULIN   DE   NOLE,    SDLPICE  SÉVÈRE,    SAINT   MARTIN.         29 

aquitains  s'occupaient  de  collectionner  les  lettres  tle  Paulin  *. 
Il  y  a  des  chances  pour  que,  vers  403-404,  un  recueil  de  ces 
lettres  ait  été  constitué,  et  que  de  ce  recueil  proviennent  la 
plupart  des  lettres  que  nous  possédons,  et  notamment  les 
douze  lettres  à  Sulpice^. 


II 


LA  CHRONOLOGIE  DES  NATALICES  DE  PAULIN, 

Paulin  eut  de  bonne  heure  une  dévotion  particulière  à  saint 
Félix  de  Noie.  Depuis  l'année  395,  il  lui  offrit  chaque  année, 
pour  le  jour  de  sa  fête  qui  tombait  le  14  janvier,  la  dédicace 
d'un  poème  anniversaire  ou  Natalicium.  Les  Natalices,  dont 
treize  ont  subsisté  (plus  un  fragment),  ont  été  réunis  en  un 
recueil  spécial,  où  ils  étaient  rangés  par  ordre  chronologique'. 
Nous  possédons  de  ce  Livre  de  saint  Félix  en  treize  articles 
plusieurs  anciens  exemplaires  manuscrits,  complets  et  incom- 
plets. Les  treize  poèmes  portent,  dans  les  manuscrits  complets, 
des  indications  numériques  telles  que  :  Incipit  laus  anni 
primi...  Incipit  anni  secundi...  Incipit  terlia...  Incipit 
quartus^. 

Une  première  variante  dans  la  numérotation  traditionnelle 
tient  à  ce  que,  dans  deux  des  trois  manuscrits  complets  (AD), 
le  premier  poème,  écrit  par  Paulin  en  Espagne  et  a  la  veille  de 
son  départ  pour  Noie,  est  appelé  Préface  et  mis  hors  série,  la 
série  ne  comprenant  par  suite  que  douze  articles,  tandis  que 
dans  le  troisième  manuscrit  (E)  les  treize  poèmes  sont  numé- 
rotés de  1  à  13.  Bien  que  la  première  de  ces  deux  numérota- 
tions soit  certainement  la  primitive,  j'adopte,  pour  plus  de 
commodité,  la  numérotation  de  1  à  13. 

Mais  il  y  a,  dans  l'ordre  où  les  treize  pièces  sont  rangées 

1.  Paulin,  ep.  xli,  1. 

2.  Ku  comptant  XXII  et  XXX  pour  une  seule  lettre. 

?>.  Voir  au  tome  II  du  Paulin  de  Vienne  (t.  XXX  du  Corp.  Scr.  Eccl- 
Lat.)  l'introduction  de  l'éditeur,  M.  de  Martel,  p.  xxii. 
4.  Ibid.,  p.  XXV,  ms.  D. 


30  E.-CH.    BABUT. 

dans  les  manuscrits,  un  désaccord  plus  grave.  Ce  désaccord 
apparaîtra  bien  dans  le  tableau  ci-dessous,  que  j'emprunte  à 
l'éditeurM.  de  Hartel,  et  qui  nous  donne,  pour  chacun  des  neuf 
manuscrits  des  Natalices,  la  série  des  pièces  qu'il  contient, 
dans  l'ordre  où  elles  y  sont  rangées.  Les  numéros  désignant 
les  poèmes  sont  ceux  de  toutes  les  éditions  modernes  de  Paulin. 

ADE    12   13  U      15   16   18   23   26   27   28   19   20   21 

19      21 


Q 

12 

13 

14 

1.5 

16 

18 

23 

26 

^ 

12 

13 

14 

15 

18 

23 

26 

27 

28 

B 

12 

13 

14 

15 

16 

18 

23 

26 

27 

12 

13 

14 

15 
15 

16 

16 

18 
18 

26 

28 
28 

27 
27 

On  voit  que  l'ordre  des  pièces  (en  négligeant  les  lacunes 
de  ATGR)  est  rigoureusement  constant  dans  tous  les  manus- 
crits, à  cela  près  que  les  deux  poèmes  27  et  28  sont  rangés 
dans  les  trois  manuscrits  TGR  dans  l'ordre  28-27.    . 

La  table  généalogique  des  manuscrits  qu'a  dressée  l'éditeur 

est  la  suivante  : 

Arch. 

/\ 
ADQ      X 

/\ 
BET     GR 

Oo  voit  clairement  par  cette  table  que  le  manuscrit  perdu  x 
donnait  certainement  les  deux  poèmes  dans  l'ordre  28-27, 
commun  à  TGR.  Ainsi  des  deux  branches  de  la  tradition,  l'une 
donne  l'ordre  27-28,  l'autre  28-27.  Comment  choisir? 

M.  Reinelt  a  fait  voir,  et  il  est  possible  de  confirmer  ses 
raisons,  que  l'étude  des  deux,  pièces  fournissait  des  raisons 
décisives  de  préférer  l'ordre  28-27  ; 

1?  Le  poème  28  doit  avoir  immédiatement  suivi  le  poème  26. 
A  la  fin  de  cette  dernière  pièce  (v.  395-412),  Paulin  célè- 
bre un  tout  récent  miracle  de  saiot  Félix,  l'extioction  d'un 
incendie  dans  les  dépendances  de  la  basilique  qui  lui  est  dédiée 
{Pavor  e  terrore  recenli.  —  Vibrât  adhuc  animas...).  Pas 
de  description  du  sinistre;  15  vers  pour  un  tel  événement: 
le  prolixe  Paulin  aura  manqué  de  temps,  l'échéance  du  14  jan« 
vier  étant  proche.  —  11  prit  sa  revanche  de  cette  brièveté 


PAULIN   DE   NOLE,    SULPICE  SÉVÈRE,    SAINT   MARTIN.         31 

involontaire,  et  il  la  prit  dans  le  poème  28,  où  il  consacre 
cent  vers  (60-166)  à  l'incendie  et  au  miracle,  et  où  il  donne  le 
fait  comme  récent  encore  (au  v.  61,  nui^er).  Il  est  par  suite 
très  probable  que,  le  poème  26  étant  celui  de  401,  le  28» 
doit  être  celui  de  402.  —  On  ne  dira  pas  que  dans  le 
poème  27  Paulin  n'avait  pas  eu  l'occasion  de  raconter  le 
miracle,  car  il  fait  allusion,  au  vers  363  de  ce  poème,  à  la 
masure  {ohscurum  tectum)  qui  a  brûlé. 

2"  Les  deux  poèmes  27  et  28  ont  pour  objet  les  travaux 
que  Paulin  a  fait  faire  à  Noie  :  construction  d'une  église 
neuve,  remise  à  neuf  et  décoration  de  l'ancienne  église 
Saint-Félix  et  du  portique  rectangulaire  placé  devant  la 
façade.  Or,  il  est  dit  dans  le  poème  28  que  les  travaux  exé- 
cutés ont  duré  plus  de  deux  ans  (v.  268-269  :  annis  sudata 
duobus  —  tertius  eœplicuit),  et  l'on  voit  au  poème  27 
qu'ils  ont  duré  plus  de  trois  ans.  Paulin,  en  effet,  affirme  ici 
qu'il  y  a  employé  tout  le  temps  qui  s'est  écoulé  entre  la  pre- 
mière et  la  seconde  visite  de  Nicétas  de  Remesiana  (v.  350- 
351  :  totoquo  de  fuit...  tempore),  et,  d'autre  part,  qu'entre  ses 
deux  visites  il  s'est  écoulé  plus  de  trois  ans  (v.  333,  Venisii 
tandem,  quarto  mihi  redditus  anno)'^. 

3°  M.  Reinelt  fait  une  dernière  remarque,  qui  lui  paraît 
suffire  à  elle  seule  à  établir  que  le  poème  28  est  antérieur 
au  27*.  Le  poème  28,  dit-il,  nous  montre  Paulin  plein  de  la 
joie  et  de  l'orgueil  des  importants  travaux  qu'il  a  accom- 
plis. Son  église  neuve  est  debout,  l'église  ancienne  a  été  assez 
rajeunie  pour  que  l'ensemble  des  constructions  présente  un 
aspect  harmonieux  ;  le  poème  n'est  qu'une  large  description 
de  tout  le  système  des  édifices  et  des  cours.  Quant  au 
poème  27»,  interminable,  il  s'ouvre  par  une  introduction 
de  344  vers  sur  la  fête  de  saint  Félix,  sur  l'arrivée  de  Nicétas, 
sur  le  sens  allégorique  d'un  texte  de  la  Genèse.  Et  quand  Tau- 

1.  Notons  que  Nicétas  est  parti  après  son  premier  séjour,  dans  la 
belle  saison  (poème  17,  particulièrement  v.  25  et  suiv.),  celle  des  grands 
voyages,  et  qu'il  est  revenu,  trois  ans  après  (supputation  romaine),  à  la 
fin  de  l'année.  Car  il  a  assisté  à  la  fêle  du  14  janvier,  et  il  est  arrivé  assez 
tôt  pour  que  Paulin  écrivit  cinq  cents  vers  du  poème  27  (v.  147  à  647). 


32  E.-CH.    BABUT. 

leur  en  arrive  enfin  à  parler  de  ses  édifices,  c'est  pour  ne 
décrire  que  de  raenu^  détails,  comme  les  lampes  du  sanctuaire. 
Si  la  matière  lui  l'ail  défaut,  c'est  qu'il  traite  un  sujet  qu'il  a 
déjà  presque  épuisé,  —  dans  le  poème  28. 

Suivons  Paulin  et  Nicétas  dans  la  promenade  qu'ils  font 
ensemble  à  travers  les  édifices  voués  à  saint  Félix  (Poème 27). 

Ils  entrent  dans  le  cortile  de  l'incendie,  et  contemplent  la 
façade  nettoyée  et  décorée  à  nouveau  de  la  basilique  ancienne 
(v.  364-381);  ils  passent  le  porche  de  la  basilique,  et  Paulin 
signale  à  son  hôte  le  plafond  caissonné  qui  vient  d'être  achevé, 
et  les  lampadaires  qui  ont  été  pendus  aux  solives  (381-394). 
Puis,  revenus  sous  le  portique  du  même  corlile,  ils  jettent  un 
coup  d'œil  sur  les  petites  salles  ménagées  sur  l'un  des  côtés 
du  portique,  à  l'usage  des  hôtes  de  saint  Félix,  et  munies  de 
reliques  (395-402).  Après  une  digression  sur  les  reliques  (403- 
454),  la  visite  reprend  :  porche  de  l'église  ancienne  (455-462); 
fontaines,  alimentées  par' des  citernes  (463-479);  communi- 
cation, par  un  autre  côté  du  coriile,  avec  l'église  neuve,  et 
jonction  des  deux  églises  contiguës  (480-490).  Une  nouvelle 
digression  (491-510)  nous  apprend  que  le  Christ  se  complaît 
aux  vastes  édifices.  Paulin  revient  alors  à  ses  bâtiments,  pour 
énumérer  les  sujets  bibliques  des  peintures  de  son  même 
grand  portique  (51 1-541  et  596-635).  Cette  partie  finale  du 
poème  n'est  interrompue  que  par  une  dernière  digression  sur 
l'usage,  qui  ne  faisait  alors  que  commencer  {raro  more), 
de  décorer  les  édifices  sacrés  de  peintures  murales  (542-595). 

Il  n'est  pas  exact  de  dire  que  le  poème  27^  soit  consacré 
aux  détails  de  la  construction.  Il  a  pour  sujet  le  cortile  de  l'in- 
cendie. A  part  l'introduction,  ce  n'est  que  le  récit  d'une  pro- 
menade autour  du  portique  restauré  du  grand  atrium.  Pauliu, 
conduisant  Nicélas,  ne  sort  de  cet  espace  quadrangulaire  qu'à 
deux  reprises,  et  chaque  fois  pour  un  moment  (381-394,  et  480- 
490).  A  peine  fait-il  mention  (v.  458  et  482)  de  l'église  neuve. 
Aussi  peut-on  affirmer  que  le  poème  27  n'est  qu'un  com- 
plément du  poème  28.  Paulin  n'y  a  voulu  décrire  que 
les  travaux  exécutés  pendant  la  dernière  année;  et  sauf  le 
plafonnage  à  neuf  et  quelques  embellissements  de  la  vieille 


PAULIN   DE   NOLE,    SULPICE   SEVERE,    SAINT   MARTIN. 


33 


église,  on  n'avait  fait  autre  chose,  depuis  un  an,  que  de  res- 
taurer le  portique  de  la  grande  cour. 

S'il  fallait  une  dernière  confirmation,  on  la  trouverait 
dans  un  mot  du  poème  28  (  v.  53-54),  où  Paulin  oppose  Varea 
exlerior,  qui  est  la  même  grande  cour,  a  une  autre  cour 
{area  inlerior,  v,  28)  qui  touchait  à  trois  basiliques.  Il  était 
obligé  de  convenir  que  la  première,  celle  de  l'incendie,  si  elle 
était  plus  spacieuse,  était  aussi  plus  négligée  {aeqùore  major, 
cullu  minor^).  Il  n'eiit  certainement  pas  dit  cela  après  la 
réfection  complète  que  nous  fait  connaître  leNatalice  suivant, 
et  ce  mot  du  poème  28  est  comme  l'annonce  des  derniers 
travaux  que  l'on  voit  accomplis  au  poème  27. 

Je  conclus  que  l'antériorité  du  poème  28  est  évidente. 
N'y  aurait-il  par  ailleurs,  dans  la  série  des  treize  pièces  telle 
que  nous  la  présentent  les  manuscrits,  aucune  autre  inter- 
version, ou  n'y  aurait-il  pas  quelque  lacune?  La  table  généa- 
logique des  manuscrits  doit  à  cet  égard  nous  rassurer  entière- 
ment. L'éditeur  du  texte  n'a  constaté  dans  le  texte  des  Nata- 
lices  aucune  faute  commune  à  tous  les  manuscrits,  et  a  fait 
remonter  à  l'original  la  bifurcation  de  la  tradition  en  deux 
familles.  Ainsi  la  série  des  pièces,  en  tant  qu'elle  est  attestée 
par  la  totalité  des  manuscrits,  est  bien  la  série  originelle.  — 
Au  surplus,  on  verra  plus  loin  qu'il  y  a  corrélation  entre  la 
chronologie  des  Nalalices  et  celles  des  Lettres  à  Sulpice.  En 
confirmant  les  dates  des  Lettres,  les  dates  des  Natalices  se  vé- 
rifieront elles-mêmes.  —  Nous  pouvons  dès  lors  dresser  comme 
il  suit  la  table  des  Natalices  conservés,   avec    leurs  dates  : 


Nat.  1.   Poème  12,  14  janvier  3'J5 


Nat.  8.    Poème  26,  14  janvier  402 


2. 

— 

13, 

— 

396 

—    9. 

-   28, 

— 

403 

3. 

„- 

14, 

— 

397 

—  10. 

—   27, 

— 

404 

4. 

— 

15. 

— 

398 

—  11. 

-   19, 

— 

405 

5. 

— 

16, 

— 

399 

—  12. 

-   20, 

— 

406 

6. 

7. 

— 

18, 
23, 

z 

4(J0 

—  13. 

-   21, 

— 

407 

1.  Au  poème  27,  v.  370,  Paulin  dira,  en  effet,  que  la  réparation  de 
la  grande  cour  s'imposait  :  Namque  hune  res  poscere  cultum  —  Ipsa 
videbatur. 

ANNALES  DU   M  DI.   —    XX  3 


34  E.-CH.   BABUT. 


III. 


CONFIRMATIONS. 


La  série  des  Natalices  va  nous  aider  à  vérifier  la  chrono- 
logie déjà  établie  des  Lettres.  Tout  d'abord,  serait-il  possible 
de  confirmer  les  déductions  par  lesquelles  Rauschen  a  fixé  en 
395  l'établissement  de  Paulin  à  Noie,  la  Lettre  I,  le  Natalice  I  ? 
On  se  rappelle  qu'avant  lui,  le  terme  Initial  des  deux  séries 
de  documents  était  fixé  un  an  plus  tôt,  en  394*. 

Le  Natalice  XIII,  ou  poème  21,  qui,  d'après  la  table  pré- 
cédente, fut  lu  le  14  janvier  407,  a  été  écrit  alors  que  l'Italie 
venait  d'être  délivrée  d'une  grande  terreur.  Les  Getae  mar- 
chaient déjà  sur  Rome  par  les  routes  de  la  montagne  (v.  10 
ipsisjam  faucibus  urMs),  quand  une  grande  victoire  romaine 
les  avait  arrêtés;  au  nombre  des  morts  de  la  journée  se  trou- 
vait leur  roi  (v.  20).  —  Il  s'agit  évidemment  ici  de  la  victoire 
remportée  par  Stilicon  à  Fiesole,  sur  les  Goths  de  Radagaise. 
Or  cette  victoire  est  bien  de  406.  Prosper  la  place  en  405, 
Marcellin  en  406,  le  chroniqueur  de  452  en  407 2;  un  autre 
fragment  de  chronique,  plus  explicite  que  tous  les  autres  et 
qui  procède  des  Annales  consulaires  de  Ravenne,  en  406^. 
Une  donnée  certaine  est  fournie  par  deux  décrets  d'Honorius, 
datés  des  17  et  19  avril  406,  qui  appellent  sous  les  armes, 
en  raison  du  péril  pressant  de  l'Etat,  les  esclaves  avec  les 
hommes  libres*.  Tillemont  se  décide,  malgré  ce  texte,  à  placer 
la  bataille  de  Fiesole  en  405  :  c'est  que,  l'établissement  de 
Paulin  à  Noie  datant  pour  lui  de  394,  il  est  forcé  de  dater  le 
Natalice  XIII  de  janvier  406;  et  il  ne  peut  découvrir  pour- 
quoi la  patrie  romaine,  en  avril  406,  était  déclarée  en  danger^. 

1.  M.  Brochet  (v.  ci-dessus)  et  M.  Baudrillart  {S.  Paulin  de  Noie, 
2'  éd.,  Paris,  1905,  p.  58),  écrivant  après  Rauschen,  maintiennent  la  date 
de  394. 

2.  Mommsen,  Chronica  minora,  t.  I,  p.  405;  t.  II,  p.  69;  t.  I,  p.  652. 

3.  Ibid.,  t.  I,  p.  '2!)9  {Additainenta  Haunie/isici  ad  Prosperiwi). 

4.  Cod.  Theod.  VII,  XIII,  16-17.  Cf.  Tillemont.  Hist.  des  Emp.  t.  v,  p.  806. 

5.  Il  n'y  a  pas  à  penser  à  la  grande  invasion  des  Vandales  et  dea 


PAULIN    DE   NOLE,    SDLPICE   SEVERE,    SAINT   MARTIN.         36 

—  La  date  de  406  s'impose  pour  la  bataille  de  Fiesole  (encore 
que  tous  les  historiens  modernes  répètent  l'erreur  de  Tille - 
mont),  et  pour  le  poème  27  la  date  dé  407,  qui  confirme 
celles  des  douze  premiers  Natalices'.  Ceci  dit,  les  synchro- 
nisraes  que  l'on  peut  établir  entre  les  Lettres  et  les  Natalices 
sont  les  suivants  : 

l"  On  verra  un  peu  plus  loin  que  le  Natalice  IV  ou  poème  15, 
composé  pour  le  14  janvier  398,  a  été  inspiré  à  Paulin  par  la 
lecture,  évidemment  toute  récente,  de  la  Vie  de  saint  Mar- 
tin. Nous  avons  donc  eu  raison  de  dater  de  397  la  lettre  XI, 
par  laquelle  Paulin  répond  à  l'envoi  de  la  Vie. 

2»  L'évêque  Nicétas  de  Rémésiana  se  trouvait  à  Noie  le 
14  janvier  404  (Natalice  X  ou  poème  27).  Il  y  était  certai- 
nement arrivé  plusieurs  semaines  auparavant,  car  le  poème 
de  647  vers  où  Paulin  célèbre  sa  présence  (le  nom  de  Nicétas 
y  apparaît  au  vers  151,  et  reparaît  sans  cesse  dans  la  suite), 
n'a  pu  être  improvisé  à  la  veille  de  la  Saint-Félix.  Nicétas  est 
donc  arrivé  à  Noie  en  fin  403.  Or,  Paulin,  au  vers  333,  dit  à 


Suèves  en  Gaule  ;  car  un  péril  gaulois  motiverait  mal  les  décrets  d'Hono* 
rius,  et  suivant  Prosper  les  Barbares  n'entrèrent  en  Gaule  que  le  31  dé- 
cembre 406. 

1.  On  pourrait  tirer  une  confirmation  analogue  du  poème  26  ou 
Natalice  YIII  (402),  composé  pendant  une  autre  invasion,  alors  que  la 
Campanie  elle-même  redoutait  l'approche  des  Gètes  et  des  Alains  (vers 
22-28;  55;  68-74;  103-104;  414;  425-429,  etc.).  11  s'agit  de  la  première 
invasion  d'Alaric,  qui  finit  par  la  demi-victoire  de  Stilicon  à  PoUentia. 
Il  y  a  accord  des  chroniques  pour  dater  Pollentia  de  402  (Hodgldn, 
Italy  and  her  invàders,  vol.  I,  part.  II,  Oxford,  1892,  pp.  711  et  suiv.). 
Mais  Alaric  était-il  entré  en  Italie  le  18  novembre  400,  ou  le  18  novem- 
bre 401  ?  Il  y  a  quelque  incertitude  sur  ce  point,  bien  que,  même  sans 
tenir  compte  du  poème  de  Paulin,  il  y  ait  une  forte  probabilité  pour  la 
date  du  18  novembre  4U0.  —  A  la  rigueur  donc,  la  date  de  401  que  l'an- 
cienne chronologie  assignait  au  poème  26  serait  conciliable  avec  les 
faits  ;  car  en  décembre  400  Paulin  savait  l'Italie  envahie.  C'est  pourquoi 
je  renonce  à  tirer  argument  du  poème  26.  —  11  faut  remarquer  pour- 
tant que  si  Alaric  n'est  entré  dans  le  Frioul  que  quelques  semaines  aupa- 
ravant, on  s'étonne  d'apprendre  j)ar  Paulin  que  déjà  une  anxiété  pro- 
fonde règne  jusque  dans  les  provinces  du  Midi.  Ce  que  Paulin  dit  des 
combats  livrés,  des  villes  qui  rebâtissent  leurs  murs,  semble  indiquer 
que  la  guerre  dure  depuis  quelque  temps,  et  l'année  402  convient  certai- 
nement mieux  au  poème  26  que  l'année  401.  Notons  aussi  que  le 
poème  suivant  ne  contient  plus  aucune  allusion  au  péril  de  l'Italie,  pour- 
tant aggravé,  si  le  poème  26  est  de  401. 


36  E.-CH.    BABUT. 

Nicétas  :  Venisti  tandem  quarto  mihi  redditus  anno. 
A  compter  les  années  à  la  mode  latine,  il  faut  entendre  que 
le  premier  séjour  de  Nicétas  à  Noie,  lequel  avait  eu  lieu  dans 
la  belle  saison,  datait  de  trois  ans  auparavant.  Nicétas  avait 
donc  séjourné  à  Noie  en  400.  Or,  c'est  bien  en  400  que  nous 
avons  été  conduits  à  placer  la  lettre  XXIX,  où  Paulin  men- 
tionne à  Sulpice  la  première  arrivée  de  Nicétas  (Ep.  xxix,  1  *). 
3"  On  a  vu  qu'entre  les  Lettres  XXXI  et  XXXII,  que  j'ai 
datées  ensemble  de  402,  s'insérait  la  dédicace  de  l'église  neuve 
de  Paulin.  Cette  date  s'accorde-t-elle  avec  les  indications  four- 
nies par  Paulin  sur  ses  bâtisses,  dans  ses  deux  Natalices  de 
403  et  de  404?  —  Paulin,  dans  sa  lettre  XXXII,  ne  parle  que 
de  son  église  neuve;  il  ne  dit  rien  de  la  restauration  de  l'église 
ancienne  (en  janvier  403,  voir  poème  2S,  v.  196-228,  l'église 
ancienne  était  déjà  restaurée);  il  y  a  donc  apparence  que 
les  travaux  qu'il  fit  faire  ont  commencé  par  la  construc- 
tion neuve.  — Il  dit  d'ailleurs  au  poème  28  (v.  187)  que  la 
dédicace  d'une  chapelle  baptismale  et  de  fonts  baptismaux 
dans  l'église  ancienne  eut  lieu  à  la  Saint-Félix  de  403,  et  l'on 
voit  au  poème  27  (356-357)  que  Nicétas,  le  14  janvier  404, 
consacra  les  dernières  constructions,  c'est-à-dire  sans  doute 
les  petites  loges  pourvues  de  reliques  qui  flanquaient  le  porti- 
que de  la  grande  cour.  La  dédicace  des  divers  édifices  a  donc 
été  célébrée  en  plusieurs  fois,  et  la  date  la  plus  indiquée  pour 
la  dédicace  de  l'église  neuve  est  bien  l'année  402  '. 


IV. 


L  ANNEE   DE   LA   MORT    DE   SAINT    MARTIN. 

J'ai  dit  plus  haut  que  la  Natalice  IV,  de  398,  offrait  des 
allusions  certaines  à  la  Vita  Martini.  On  a  sur  l'année  de  la 


1.  La  basilique  de  Paulin,  qui  s'ajoutait  à  quatre  basiliques  déjà  grou- 
pées autour  du  tomboau  du  saint,  ne  devait  être,  par  ses  dimensions, 
qu'une  chapelle,  et  il  n'est  pas  étonnant  qu'on  ait  pu  la  consacrer  un  peu 
moins  de  deux  ans  (4U0-4U2)  après  l'ouverture  du  chantier. 


PAULIN   DE   NOLE,    SULPICE   SEVERE,    SAINT   MARTIN.         37 

mort  de  saint  Martin  deux  traditions  différentes.  D'après 
Sulpice-Sévère  (Dial.,  II.  13,  6),  saint  Martin  aurait  vécu 
seize  ans  après  la  condamnation  des  priscillianistes,  a  Trê- 
ves, en  385,  c'est-à-dire  jusqu'en  401.  D'après  Grégoire  de 
Tours  ^  saint  Martin  mourut  la  seconde  année  du  règne  d'Ho- 
norius  et  d'Arcadius,  sous  le  consulat  d'Atticus  et  de  Caesa- 
rius,  qui  tombe  en  397,  Les  érudits  modernes  se  sont  partagés 
entre  les  deux  traditions,  depuis  Baronius  qui  adopta  l'an- 
née 397  et  Pagi  qui  tint  pour  401.  M^""  Duchesne  a  fait  voir 
que,  bien  que  Sulpice.  soit  un  contemporain  de  Martin  et  que 
Grégoire  n'ait  succédé  au  saint  qu'après  deux  siècles,  la  vrai- 
semblance était  pour  que  Grégoire  élit  raison 2.  il  est  inutile 
de  résumer  les  arguments  de  cette  discussion  séculaire,  où  les 
seuls  témoignages  certains  étaient  négligés. 

Rappelons  au  préalable  deux  faits  déjà  mentionnés  :  Sul- 
pice a  écrit  la  Vita  Martini  quelques  semaines  ou  quelques 
mois  avant  la  mort  du  saint.  Il  ne  l'a  publiée,  et  en  particu- 
lier ne  l'a  envoyée  à  Paulin  de  Noie  qu'après  la  mort  du 
saint  3,  Prouver  qu'en  397  Paulin  avait  en  mains  la  Vita 
Martini,  c'est  prouver  que  saint  Martin  était  mort. 

Les  trois  premiers  Natalices  de  Paulin  avaient  été  de  courts 
poèmes  de  circonstance  ^  Il  entreprit,  pour  la  fête  du  14  jan- 
vier 398,  de  versifier  une  copieuse  Vie  de  saint  Félix.  Quand 
il  eut  écrit  trois  cent  soixante  et  un  vers,  n'étant  arrivé  qu'à 
la  moitié  de  son  récit,  il  en  remit  l'achèvement  à  l'année  sui- 
vante. Cette  Vie  de  saint  Félix,  formée  des  deux  poèmes  de 
398  et  399,  est  la  première  en  date  des  très  nombreuses  vies  de 
saints  imitées  de  la  Vie  de  saint  Martin. 

Saint  Félix,  comme  saint  Martin,  est  de  naissance  relevée  et 
fils  d'un  officier  de  l'armée  ^  Il  a,  lui  aussi,  bien  qu'originaire 


1.  De  Virt.  S.  Martini,  I,  38.  —  Hist.  Fr.,  I,  48  et  X,  31. 

2.  Fastes  épiscopaux,  t.  II,  p.  282. 

3.  Cf.  ci-dessus,  p.  7-8. 

4.  39,  35  et  135  vers. 

5.  Paulin  ne  dit  pas,  dans  son  poème  de  398,  que  le  père  de  Félix  fût 
officier;  mais  il  répare  cet  oubli  dans  le  résumé  du  poème  15  qu'il  fait 
au  poème  16  ou  NataliceV  :  Nam  pater  emeritis  sub  Caesare  vixerat 
armis  (v.  22). 


38  E.-CH.   BABDT. 

d'une  autre  province,  été  conduit  en  Italie;  toutefois  (et  c'est 
par  l'étrangeté  de  ces  deux  vers  que  l'imitation  se  révèle  le 
mieux)  il  est  venu  en  Italie  avant  d'être  né  ou  même  d'avoir 
été  conçu;  car  c'est,  à  proprement  parler,  son  père  qui  y  est 
venu  : 

Paulin,  poème  XV,  v.  61  : 

Gui  nobile  ductum  —  Ex  oriente  genus. 

Cf.  Sulpice,  V.M.,2,i: 

Parentibus  secundum  saeculi  dignitatem  non  infimis. 

Poème  XV,  v.  57  : 

Debitus  Inde  Deo  Félix,  genitore  profecto 
Italiam  necdum  genitus,  tameu  in  pâtre  venit. 

Gf.  y.  M.,  2,  1  ; 

Igitur  Martinus  Sabaria  Pannoniarum  oppido  oriundus  fuit,  sed 
intra  Italiam  Ticiui  altus  est. 

Étant  entré  dans  le  clergé,  Félix  fait,  à  l'exemple  de  saint 
Martin,  un  stage  dans  l'ordre  des  exorcistes  (poème  XV, 
V.  108-110;  V.  M.,  5,  2).  Un  peu  plus  tard,  ses  vertus  déjà 
reconnues,  une  guérison  qu'il  opère  rappelle  de  près  un  mira- 
cle de  saint  Martin  : 

V.  279  î 

Sed  neque  clamatu  est  neque  pulsu  mobile  corpus 
Jam  simile  cxanimo;  modicus  tamen  ultima  vitae 
Flatus  et  internae  prodit  trepidatio  librae, 

Cf.  V.  M.,  16,  2-4  : 

Omni  ex  parte  praemortua  vix  tenui  spiritu  palpitabat...  solo 
spiritu  vivit,  jam  carne  praemortua. 


PAULIN   DE   NOLE,   SDLPICE   SÉvÈRE,    SAINT   MARTIN.         39 

Quand,  enfin,  Paulin  s'écrie  que  l'on  a  vu  un  homme  seul, 
sans  autre  armure  que  sa  foi,  triompher  d'une  multitude  de 
soldats  en  armes,  nous  sommes  assurés  qu'il  a  présent  à  l'es- 
prit un  épisode  de  la  Vita  Martini  : 

V.  146  : 

...  CUJU8  virlnte  vel  unus 
Fortior  inriumeris,  pietate  armatus  inermi 
Armatos  feiTO,  sed  inermes  corpora  Ghristo 
Proslernit  sui^erante  fide  : 

Cf.  V.  M.,  4,  5  : 

Anle  aciem  inermis  adstabo  et  in  nomine  Domini  lesii,  eigno 
cruels,  non  clipeo  protectus  aut  galea,  hostium  cuneos  penetraho 
securus...,  etc. 

Il  est  acquis  que  Paulin,  composant  à  la  fin  de  l'année  397 
son  IVe  Natalice,  avait  en  mains  la  Vita  Martini.  11  l'avait 
depuis  le  printemps  de  397,  car  la  lettre  XP,  par  laquelle  il 
en  accuse  réception,  est  du  printemps  '. 

Voudra-t-on  que  Paulin  n'ait  reçu  la  Vita  Martini  qu'à  la 
fin  de  397,  en  ait  aussitôt  tiré  parti  pour  son  Natalice  de  398  et 
ait  ensuite  répondu  à  son  ami  par  la  lettre  XI,  que  l'on  repor- 
terait au  printemps  de  398?  Mais  alors  on  n'aurait  plus  de 
lettre  {)Our  l'année  397,  et  il  deviendrait  par  contre  impossi- 
ble de  resserrer  sur  les  deux  années  398  et  399  les  trois  pa- 
quets (10  XI;  2°  XVII;  3°  XXVII,  XXIl-XXX)  antérieurs  à  la 
lettre  XXUl,  qui  est  de  400;  jusqu'au  moment  de  la  let- 
tre XXIII,  en  effet,  il  y  avait  régulièrement  un  envoi  par  au 
et  un  seul.  De  plus,  si  Paulin  avait  retenu  le  messager  de 
Sulpice  depuis  la  fin  de  397  jusqu'au  printemps,  il  devait, 
d'après  ses  habitudes,  s'en  expliquer  dans  la  lettre  XI'.  La 
lettre  XI  est  donc  bien  du  printemps  de  397, 

1.  Ep.  xvii,  1  :  «  Nam  et  illam  aestatem ,  quae  pueroïum  nostrorum 
ad  te  reditum  consecuta  est.  » 

2.  Cf.  ép.  V,  II;  XVII,  2;  xxviii,  3.  Ce  n'est  qu'à  partir  de  4(30,  lorsque 
Victor  eut  commencé  ses  services,  que  le  courrier  de  Sulpice  fit  réguliè- 
rement plusieurs  mois  de  séjour  à  Noie. 


40  E.-CH.    BABDT. 

Tenons  compte  du  temps  nécessaire  pour  que  la  nouvelle 
de  la  mort  de  saint  Martin  soit  parvenue  à  Sulpice  ;  pour  que 
Sulpice  écrivît  sa  lettre  II,  publiée  conjointement  avec  la  Vie; 
pour  qu'un  courrier  fît  le  trajet  des  environs  de  Toulouse,  sé- 
jour habituel  de  Sulpice,  à  Noie  :  saint  Martin  ne  peut  avoir 
vécu  au  delà  des  trois  premiers  mois  de  397.  Tel  est  le  termi- 
nus ad  quem;  le  terminus  a  quo  est  la  fin  du  mois  d'octo- 
bre 396,  pendant  lequel  Sulpice  se  trouvait  à  Tours  auprès  de 
luii. 

Pourrait-on  serrer  l'approximation?  Sulpice  a  écrit  la 
lettre  II  aussitôt  après  avoir  su  la  nouvelle  de  la  mort  de 
saint  Martin.  Il  est  possible  qu'à  ce  moment  il  eiit  reçu  le 
Natalice  III  de  Paulin  (poènie  XIV),  composé  pour  le  14  jan- 
vier 397.  Voici  les  passages  parallèles  du  poème  et  de  la 
lettre  : 

lo  Paulin,  Carm.,  xiv  : 

V.    4.  ...  Gœlestem  nanctus  sine  sanguine  martyr  honorem... 
10.  Martyrium  sine  caede  placet,  si  prompta  ferendi 

Mensque  fidesque  deo  caleant;  passnra  voluntas 

Sufficit  et  summa  est  meriti  testatio  voli... 
21.  Denique  nil  inpar  lus,  qui  fudere  cruorem, 

lestibus  et  titulo  simul  et  virtute  recepti 

Martyris  ostendit  merituni,  etc. 

Sulpice,  Ep.  II,  8-12  : 

Est  enim  ille  consertus  apostolis  ac  profetis,  et  ...  in  illo  jus- 
toruoa  gi'ege  nidli  secundiis.  Nani  licet  ei  ratio  temporis  non 
potuerit  praestare  mai-tyrium,  gloria  tamen  martyris  non  carebit, 
quia  volo  adque  virtute  et  potuit  esse  martyr  et  voluit...  Implevit 
tamen  sine  encore  martyriwin. 

1.  En  effet,  Sulpice  est  auprès  de  saint  Martin  pendant  le  concile  de 
Nîmes  [DiaL,  II,  13,  8).  Ce  concile  fut  tenu  le  1"  octobre,  sous  le  consulat 
d'Honorius  et  d'Arcadius,  c'est-à-dire  en  894,  396  ou  401.  L'année  401  est 
hors  de  cause;  à  l'argument  par  lequel  Me''  Ducliosne  {Fastes,  I,  346) 
exclut  l'année  394,  il  faut  ajouter  que  cette  date  est  incompatible  avec 
toute  la  chronologie  dos  lettres  de  Paulin  et  de  Sulpice.  Notons  qu'après 
son  séjour  à  Tours,  Sulpice,  avant  d'apprendre  la  mort  de  saint  Martin, 
a  eu  le  temps  d'écrire  la  Vie  et  même  de  la  laisser  dormir  quelques 
«emaincs. 


PAULIN    DE   NOLE,    SULPICE   SEVERE,    SAINT   MARTIN.         41 

2o  Carm.,  xiv,  v.  130  : 

Regnantem,  Félix,  comitaberis  agnum. 

Ep.  II,  8  : 

Agnum  ducem  ab  omni  integer  labe  comitatur. 

La  similitude  de  ces  deux  derniers  membres  de  phrases  est 
peu  significative.  Sulpice  s'est  souvenu  directement,  comme 
le  prouve  l'épithète  ab  omni  integer  labe,  du  mot  de  l'Apo- 
calypse (xiv,  4)  :  Virgines  enim  sunt  ;  ht  sequunlur  Agnum 
quocumque  leHt.  —  Dans  les  deux  textes  parallèles  sur  le 
martyre  dj  Félix  et  de  Martin,  au  contraire,  il  pourra  paraître 
à  première  vue  que  Sulpice  a  certainement  imité  Paulin; 
mais  il  faut  faire  attention  qu'aucune  idée  n'est  plus  banale, 
chez  les  écrivains  chrétiens  du  temps,  que  celle  du  marly- 
rium,  sine  sanguine.  Saint  Cyprien  l'avait  le  premier  déve- 
loppée, pour  prouver  que  de  simples  confesseurs  pouvaient 
égaler  en  mérite  des  martyrs  consommés;  on  voit  le  thème 
repris  au  temps  de  Sulpice,  pour  justifier  les  honneurs  rendus 
aux  ascètes,  par  Ambroise,  Jérôme,  Augustin  ^  Paulin  lui- 
même  avait  déjà  écrit  en  395,  dans  son  premier  Natalice 
(poème  XII,  v.  8)  :  Vectus  in  aelherium,  sine  sanguine 
martyr  honorem.  Le  parallélisme  des  deux  passages  de  Pau- 
lin et  de  Sulpice  peut  donc  s'expliquer  par  une  rencontre  for- 
tuite. Si  l'on  croyait  l'imitation  établie,  l'imitateur  ne  pouvan^ 
être  que  Sulpice^,  ïl  faudrait  admettre  que  le  Natalice  III  a 
été  envoyé  par  Paulin  à  son  ami  en  fin  396  ou  janvier  397 
(saison  où  les  voyages  étaient  fort  rares)  ;  la  lettre  à  la- 
quelle ce  poème  aurait  été  joint  serait  nécessairement  la 
lettre  V,  que  Sulpice  reçut  avant  d'écrire  la  Vie.,  et  il  fau- 


1.  Textes  cités  par  Lucius,  Die  A)ifâ?ige  des  Heiligenkults,  Tubingiie, 
1904,  pp.  396-397. 

2.  Sulpice  est  à  Tours  le  1"  oct.  396.  Il  est  impossible  qu'entre  le 
l"  oct.  et  la  fin  de  l'année  il  soit  rentré  chez  lui  ;  ait  composé  la  Vie  ; 
l'ait  laissée  dormir  quelque  temps;  ait  eu  la  nouvelle  de  la  mort  du  saint; 
ait  écrit  la  lettre  II  et  publié  la  Vie;  qu'enfin  son  messager  soit  arrivé  à 
Noie  avant  que  Paulin  eût  composé  son  Natalice  de  397. 


42  E.-CH.    BABUT. 

drait  repousser  la  lettre  V  jusqu'à  cette  date  extrême.  En  ce 
cas.  la  Vie  de  saint  Martin  devrait  avoir  été  composée  vers 
février-mars  397,  et  la  mort  du  saint,  qui  survint  après  l'achè- 
vement du  livre,  serait  à  peu  près  du  mois  de  mars  de  la  même 
année.  Mais  cette  conclusion  ne  s'impose  pas,  car  il  est  dou- 
teux, malgré  la  rencontre  de  mots  votutn,  virius-,  que  la 
lettre  II  de  Sulpice  soit  imitée  du  Natalice  de  397. 

Il  faut  donc  s'en  tenir  aux  limites  posées  ci-dessus  :  saint 
Martin  est  mort  au  plus  tôt  en  novembre  396,  au  plus  tard 
aux  premiers  jours  du  printemps  de  397.  Notons  pourtant  que 
Grégoire  n'aura  pas  sans  motif  rejeté  l'indication  chronolo- 
gique de  Sulpice  et  donné  la  date  de  397;  il  y  a  chance  pour 
qu'il  ait  trouvé  cette  date  du  consulat  de  Césaire  et  d'Atticus 
attestée  dans  les  archives  de  son  église.  Entre  les  limites  cer- 
taines que  l'on  vient  de  fixer,  la  probabilité  est  pour  ies  pre- 
miers mois  de  l'année  397. 


LE   JOUR   DE   LA    MORT   DE    SAINT   MARTIN. 

Tous  les  historiens  de  saint  Martin,  sans  exception,  ont 
admis  que  le  11  novembre,  fête  de  la  déposition  du  saint, 
était  l'anniversaire  authentique  de  sa  mort  ou  de  son  inhu»- 
mation,  Il  faut  dire  pourquoi  je  n'ai  cru  devoir  tenir  aucun 
compte  de  cette  indication  de  jour. 

Ceux  qui  se  fient  à  la  date  du  11  novembre  admettent,  au 
moins  implicitement,  que  la  fête  de  ce  jour  a  été  instituée  dès 
après  la  mort  du  saint.  Or  Sulpice  ne  dit  rien  de  cette  fête 
(notons  que  les  Dialogues  sont  de  4.04).  Il  est  de  plus  très  peu 
probable  qu'il  y  ait  eu  dans  l'église  de  Tours,  au  début  du 
v^  siècle,  un  culte  officiel  de  saint  Martin.  Bricius,  son  succes- 
seur, avait  été  et  restait  son  ennemi'.  Entre  martiniens  et 
anti-niartiniens,  à  Tours,  on  se  querella  pendant  tout  son  long 
épiscopat  et  même  plus  tard  encore  ;  vers  430,  les  martiaieng 

1.  Sulpice,  Dial.,  III,  15-16  ;  Grégoire  de  Tours,  Jlist.  Fr.,  II,  1,  et  X,  31. 


PAULIN   DE   NOLE,    SDLPICE  SÉVÈRE,    SAINT  MARTIN.        43 

.parvenaient  à  chasser  pour  im  temps  de  son  siège  le  vieil  ad- 
versaire de  leur  maître,  et  pendant  son  absence  forcée  créaient 
deux  évoques  intrus.  Est-il  vraisemblable  que  ce  Bricius  ait 
établi  une  fête  de  saint  Martin? 

II  n'en  établit  pas,  et  aux  environs  de  465  on  ne  célébrait 
à  Tours  ni  la  Saint-Martin  de  novembre,  ni  la  Saint-Martin  de 
juillet  (4  juillet).  C'est  à  ce  moment,  en  effet,  que  Paulin  de 
Périgueux  composa,  sur  la  demande  de  l'évêque  de  Tours  Per- 
pétuus,  sa  traduction  métrique  en  cinq  livres  de  la  Vie  et  des 
Dialogues  de  Sulpice  ' .  Il  y  ajouta  un  sixième  livre  qui  est  pour 
nous  bien  plus  précieux  :  c'était  un  De  Virtutibus  sancli 
Martini^  composé  par  Perpétuus  lui-même,  et  que  Paulin 
n'avait  fait  que  mettre  en  vers;  un  recueil  de  ces  bulletins  de 
miracles  accomplis  au  saint  tombeau,  dont  Grégoire  de  Tours 
devait  au  siècle  suivant  remplir  quatre  livres.  Or  il  n'est 
jamais  question,  dans  le  livre  de  Perpétuus-Paulin,  d'une  fête 
propre  de  saint  Martin.  Tandis  qu'une  notable  partie  des  gué- 
risons  rapportées  plus  tard  par  Grégoire  ont  lieu  au  moment 
des  deux  solennités  du  11  novembre  et  du  4 juillet,  notre  De 
Virtutibus  du  v*^  siècle  ne  spécifie  aucune  date,  ne  mentionne 
jamais  de  jours  privilégiés.  Comment  les  jours  de  grands  pèle- 
rinages n'auraient-ils  pas  été  alors,  comme  ils  le  furent  au 
vi^  siècle  à  Tours  même  et  comme  ils  le  sont  encore  dans  nos 
sanctuaires  analogues,  des  jours  d'élection  pour  les  miracles? 

—  «  Il  y  a,  dit  le  livre  de  Perpétuus-Paulin,  un  jour  où 
chaque  année  le  peuple  (de  Tours)  rend  au  saint  un  hommage 
solennel  :  c'est  le  jour  de  la  fête  de  Pâques.  » 

(vi,  351)  : 

Obsequium  solemne  pio  déferre  quotannis 
Adsuevit  populus,  reducis  cum  circulus  anni 
Instauraret  ovans  sanctae  solemnia  Paschae... 

Et  le  livre  décrit  ensuite  les  cortèges  et  cérémonies  qui 
étaient  en  usage  ce  jour-là.  Il  serait  difficile  de  trouver  une 

1.  Édition  Petschenig,  t.  XVI  du  Corp.  Scr.  Eccl.  Lat.  de  Vienne. 


44  E.-CH,   BABUT. 

attestation  négative  plus  claire.  Le  jour  où  se  célèbrent  les 
solennités  propres  de  saint  Martin  est  lejour  de  Pâques;  il  n'y 
a  donc  pas  de  fête  spéciale  de  saint  Martin.  Je  n'ai  pas  à  cher- 
cher ici  l'origine  véritable  des  deux  fêtes.  Il  suffit  d'avoir 
montré  que  la  fête  du  11  novembre  a  été  établie  plus  de 
soixante  ans  après  la  mort  du  saint,  et  qu'il  n'y  faut  voir 
probablement  qu'un  anniversaire  conventionnel. 

Les  conclusions  de  ce  travail  tiennent  en  trois  lignes  :  on  a 
vu,  à  la  page  12,  le  tableau  des  dates  des  douzs  lettres  de 
Paulin  de  Noie  à  Sulpice-Sévère  ;  les  Natalices  de  Paulin,  qui 
par  deux  ou  trois  points  intéressent  l'histoire  générale,  s'éche- 
lonnent (Rauschen)  du  14  janvier  395  au  14  janvier  407.  — 
Saint  Martin  est  mort  entre  le  mois  de  novembre  396  et  le 
début  du  printemps  de  397,  et  la  date  obituaire  du  11  novembre 
ne  peut  être  admise  comme  authentique. 

E.-Ch.  Babut. 


MKLANGES  ET  DOCUMENTS 


I. 


LES     CHAPITRES    DE    PAIX    ET    LE    STATDT    MARITIME    DE    MAR- 
SEILLE,   TEXTE   PROVENÇAL    DES   XIIl^   ET    XIV«   SIECLES. 

(Suite^.) 

(XXXIII).  Que  devet  de  viandas  e[t)  de  leinhas  e{t)  de  leinnams 
e{t)  d'autras  causas  non  sian  fatz. 

Item,  devet  d'alcunas  viandas  o  de  leinnas  o  de  leinnams, 
0  encaras  d'alcunas  cauzas  portadoiras  o  nienadoiras  a 
Mass'.  de  la  terra  del  senher  comte  de  Proenssa  o  de  Fol- 
5  calquier  o  de  la  dona  coratessa  o  dels  lurs  hères  per  los 
homes  de  Mass'.  o  per  alcuns  autres  per  mar  o  per  terra, 
non  faran  als  homes  de  Mass'.  o  ad  alcuns  autres  fazentz  o 
volentz  far  aport  de  las  sobre  dichas  cauzas,  ni  consenti- 
ran  ni  sostenran  quel  ditz  deve(n)tz  si  fassa  en  alcun  tems 

iO  le  senher  coms  o  la  dona  comtessa  o  li  lurs  successors  en  lo 
comtat  de  Proensa  o  en  lo  comtat  de  Foiqualquier  o  en 
autre  luoc  en  la  lur  terra,  o  alcuns  tenent  luoc  d'els  (o 
tenent)  en  Proensa  o  en  autre  luoc  en  lur  terra,  o  alcuns 
officiais  d'els  ni  faran  ni  sostenran  que  sian  fag  en  alcun 

i5  tems  alcuns  enpedimentz  o  enpachamentz  en  ditz  o  en  fatz 
per  que  mentz  le  ditz  aportz  sia  fag  a  Mass'.,  aissi  con  es 
dig  de  sus ,  ni   las  personas  fazentz   e  volentz  far  aport 

\.  Voy.  Annales^  t.  XIX,  p.  504. 


46  ANNALES    DU    MIDI. 

a  Mass'.  de  las  dichas  cauzas  o  viandas  o  alcuna  cauza 
de  no[f°  15  r"]vel  non  requerran  o  non  suflfriran  que  sia 

20  requist;  enpero  en  tal  maniera  que  si  carestia  séria  en 
Proenssa,  que  li  Masseilles  o  alcuns  autres  non  puescon 
traire  blat  de  Mass'.  per  mar,  pos  quel  deveiz  sera  fatz  en 
Proenssa  per  le  senhor  comte  o  per  la  cort  del  senhor  comte, 
salvas  las  viandas  necessarias  als  us  dels  navegans  en  las 

25  naus  et  en  los  autres  lintz;  e  non  puescan  portar  alcunas 
viandas  o  alcunas  autras  cauzas  als  enemicx  del  senhor 
comte,  pos  que  ad  els  sera  denunciat  per  lo  seuhor  comte  o 
per  los  sieus ,  si  aisso  non  si  fazia  de  licencia  del  senhor 
comte  0  del  sieu  viguieren  Mass'. 

(XXXIIII).    Que  vin   o   raïms  d' autrui   terrador  non  sian 
aportatz  o  adutz  en  Mass\  ni  el  sieu  terrador. 

Item,  vin  fag  o  raïms  natz  fora  lo  terrador  de  Mass'.  en 
aquest  tems  prezent,  o  que  en  los  temps  que  venran  seran 
5  fag  0  naisseran  foras  del  dig  terrador  en  alcun  tems,  non 
suffriran  le  senher  coms  o  la  dona  comtessa  o  li  lurs  hères 
en  lo  comtat  de  Proensa  o  en  autre  luoc  en  la  lur  terra,  o 
alcuns  tenent[zj  luoc  d'eis  en  Proenssa  o  en  Mass'.,  que  sian 
aportatz  o  adug  o  amenatz  o  portatz  en  Mass'.  ni  en  lo  sieu 

40  terrador  o  destreg,  en  tal  maniera  que  nescalre  ni  en  la  vila 
viscoratal  ni  evesqual  ni  de  la  gleia  de  la  ses  de  Mass'.  o  en 
los  lurs  terradors  per  mar  o  per  terra  non  sian  adug  o 
amenatz  o  portatz;  et  en  aisso  que  dig  es  del  vin'  non 
aportar  a  Mass'.  non  sia(n)  entendutz  aquel   [vo]   vins,   lo 

15  quai  alcuna  vegada  s'esdevenria  que  sobres  [en]  alcunas 
naus  o  leintz  d'aquel  vin  que  hom  auria  mes  en  aquellas 
naus  0  en  aquells  leintz  per  cauza  de  heure  en  aquellas  naus 
o  leintz  per  los  homes  navegantz  o  fazent  viages  en  aquellas 
naus  o  leintz  per  cauza  de  venir  al  port  de  Mass'.,  et  estier 

20  aquel  vin,  lo  quai  séria  aportatz  per  lo  senhor  comte  o  per 
la  dona  comtessa  e  lur  mainada  ad  ops  de  heure  cant  venrian 
a  Mass'.  et  aqui  demorarian,  en  tal  maniera  que  aquel  vins 
non  sia  vendutz. 

1.  Ms.  :  de  liun. 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  47 

(XXXV).  Que  le  senher  coms  non  guize  per  Mass.  o  per  lo 
sieu  terrador  alcun  home  que  aja  oftendut  en  persona  o  en 
cauzas  ad  alcun  Marsseilles. 

Item,  le  senhor  coins  o  la  dona  comtessa  o  li  sieu  non 
5  guizaran  alcun  home  en  la  ciutat  de  Mass'.  o  en  lo  sieu 
terrador,  que  aja  offendut  o  oflfendes  ad  alcun  ciutadan  de 
Mass'.  en  persona(s)  o  en  cauzas,  sens  assentiment  d'aquel 
que  séria  offendutz  ,  ni  sostenran  que  sia  guizatz  per  lurs 
officiais,  pos  que  aisso  sera  denunciat  al  senhor  comte  o  a 

10  la  dona  comtessa  o  a  lurs  hères  o  al  viguier  d'els,  lo  quai 
auran  en  Mass'.  o  a  la  cort  de  Mass'.,  si  aquella  oflfenssa 
non  séria  fâcha  en  guerra  de  la  quai  patz  fos  fâcha,  e  salvv  i 
aisso,  si  aquel  ques  auria  offendut  alcun  Mass'.  en  cauzas 
volria  fermar   o  fermanssa    fdar)    que  estaria   a   dreg  et 

■15  obeziria^  en  la  cort  de  Mass'.;  et  aisso  que  dig  es  de  la  fer- 
manssa e  d'obezir  a  dreg  sia  entendut  tant  solament  d'aquell 
que  sera  offendut  en  cauzas  e  non  en  [f°  16  r-^]  persona. 

(XXXVI).  Be  non  traire  hosla[?]es  foras  de  Masseihla. 

Item,  le  aenher  coms  o  la  dona  comtessa  o  li  lurs  hères  o 
successors,  o  alcuns  tenent[z]  luoc  d'els  en  Proenssa  o  en 
Mass'.  o  en  autre  luoc  en  la  lur  terra,  non  demandaran  en 
5  alcun  tems  que  lur  sian  dat  hostaje  de  Mass'.,  nils  penran 
per  alcuna  razon,  ocazion  o  cauza,  ni  de  Mass'.  nols  trairan 
ni  suffriran  que  sian  trag  alcun,  ni  aqui  o  en  autre  luoc 
alcuns  ciutadans  de  Mass'.  non  voluntairos  detenran  o 
soffriran  que  sian  dete[njgutz  per  los  lurs  homes  o  per 
10  alcun  en  nom  d'els  o  dels  sieus  per  nom  o  per  occaison 
d'ostages  o  de  segurtat. 

(XXXVII).  Que  le  senher  coms  e  li  sieus  non  sian  tengutz 
requerre  als  Mass' .  aquo  que  tenon,  en  cal  maniera  o  tenon, 
e  que  Irezen^  non  requieran  '. 

Item,  cals  que  cals  homes  son  o  seran  en  Mass'.  o  en  lo 

5     sieu  terrador  que  ajan  o  posseziscan  alcunas  possessions 

o  alcuns  dretz  francamentz,  so  es  assaber  sens  senssa  o 

1.  Ms.    :   en  salut.  —  2.   obeserïa.  —  3.  crezen.  —  4.  requiran. 


48  ANNALES    DU   MIDI. 

sens  autre  donament  '  censal  o  sens  servize  en  Mass'.  o  en  lo 
sieu  terrador,  [quej  en  nenguna  maniera  per  lo  senhor  comte 
o  per  la  dona  comtessa  o  per  lurs  hères,  o  per  alcun  tenent 

10  luoc  d'els  en  Mass'.  o  en  autre  luoc,  o  per  alcun  en  nom 
d'els  aras  o  en  los  tems  que  venran,  o  per  la  cort  de  Mass'., 
o  per  los  officiais  d'aquella  cort,  non  sian  constreg  li  sobre 
dig  homes  o  sian  tengutz  alleguar  o  mostrar  o  proar  lo 
titol  o  la  cauza  de  la  libertat  o  de  la  franqueza  de  las  dichas 

45  cauzas  o  possessions;  e  car  sovenierament  esdeven  e  pot 
esdevenir  que  aitals  cauzas  eu  aital  maniera  possezidas  o 
possessions  e  dreg  [o]  cams  o  terras  de  [v"]  vilas  o  de 
ciutatz  2  son  alienatz  o  transportatz  de  persona  en  persona, 
le  senher  coms  o  la  dona  comtessa  o  li  lurs  hères  o  alcuns 

20  en  nom  d'els  o  per  els,  o  alcuns  tenentz  luoc  d'els  en  Mass'. 
o  en  autre  luoc.  non  requieran  *  ni  puescan  ni  dejan  requerre 
0  recebre,  aras  ni  per  adenant,  alcuna  cauza  per  nom  de 
laudisme  o  de  tregen  o  de  senssa  o  de  servize  o  d'alcuna 
autra  cauza,  per  o'ccasion  d'aliénation  o  de  transportament 

25  de  las  dichas  cauzas,  o  nescalre  *  per  occaison  d'aquellas 
cauzas,  d'aquel  que  las  alienara  o  las  recebra  o  d'alcuna 
autra  persona,  ni  en  alcuna  maniera  non  sian  tengutz  li 
aliénant  o  transportant  o  recebent  aquellas  cauzas  sobre 
dichas  far  alcuna  dénonciation  d'aquella  translation  o  alie- 

30  nation  o  recepcion  al(s)  sobre  dit(z)  senhor  comte  o  a  la 
dona  comtessa  o  a  lurs  successors,  o  als  tenefnjtz  luoc  d'els 
en  Mass'.  o  en  autre  luoc,  o  a  la  corlt]  de  Mass'. 

(XXXVIII).  Que  las  albarestas  que  son  el  palais  de  Mass'.., 
e  que  isseran  aporladas,  sian  dels  homes  de  Masseilha. 

Item,  las  albarestas  que  seran  dadas  a  la  universitat  de 
Mass'.  per  los  senhers  de  las  naus  o  per  los  nauchiers  que 
5  son  vengutz  de  las  partz  d'outra  mar  o  que  venran  o  per 
alcuns  autres,  e  las  quais  albarestas  la  universitat  de  Mass' 
aras  ha,  sian  proprias  sens  amermament  perpetualmentz  de 
la  ciutat  o  de  la  universitat  de  la  ciutat  vescomtal  de  Mass'. 
a   conservation    e    deffencion   de   la    ciutat^  vescomtal    de 

1.  do)iant  {\^i.  prœstalione);  cf.  xxxviiii,  6.  —2.  Lut.  :  vel  jura  seu 
predia  (imprimé  à  tort  predicta)  rusticci  vel  urbana.  —  8.  Ms.  :  re- 
querran.  —  4.  nescals. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  49 

10  Mass'.,  et  a  guardar  aquellas  albarestas  cascun  an  entre 
los  autres  officiais  sian  elegitz  .ii.  prohoif"  17  ro]mes  de  la 
ciutat  vescomtal  de  Mass'.  (per  guardar  las  dichas  alba- 
restas), li  quais  prohomes  tenguan  las  claus  de  la  custodia 
de  las  albarestas  o  de  las  perteguas  en  que  guarda  hom  las 

15  dichas  albarestas,  et  en  la  fin  de  l'an  rendan  razon  d'aquellas 
albarestas  al  viguier  e  ad  aquels  que  en  aquel  offlze  per  los 
temps  seran  establitz. 

(XXXVIIII).  Que  las  almornas  e  las  sensas  sian  paguadas  de 
las  rendas  del  senher  comte  ;  li  autre  deute  sian  paguatz 
segon  la  voluntat  del  setihor  comte. 

Item,  que  de  las  rendas  del  senhor  comte  que  aura  en 
5  Mass'.  sian  paguadas  las  almornas  e  las  sensas  els  autres 
donamentz  annuals  que  son  acostumatz  d'esser  paguat; 
mas  dels  autres  deutes  que  dévia  le  comuns  de  Mass'.,  entre 
aquel  jorn  que  fon  fachà  aquesta  patz,  sia  fâcha  voluntat 
del  senhor  comte,  e  que  la  universitat  de  Mass'.  non  sia 

10  tenguda  nil  senhor  coms  non  constrenha  la  universitat  dels 
ciutadans  de  Mass'.  o  (de)  las  singulars  personas  paguar  los 
sobre  ditz  deutes,  ni  sostenra(n)  le  senhor  coms  que  li  sobre 
ditz  ciutadans  et  universitat  sian  trebaillatz  per  aqnella 
cauza  ni  alcuns  contrais] tz  lur  sia  mogutz  d'alcuna  o  d'al- 

15    cunas  personas. 

(XL)'.  Que  lé  coms  e  li  sieus  non  fassan  far  prest  ni  don 
d'alcun  ciuladan  de  Mass'. 

Item,  a  far  prest  o  don  la  universitat  de  Mass'.  ho  totz  los 
homes  o  singulars  d'aquella  ciutat,  o  enquaras  quais  que 

5  sian  autres  demorant  en  Mass'.  ciutadans  o  estrainz  [v], 
Crestians  o  Juzieus  o  Sarrazins,  non  constrenheran  le  senher 
coms  0  la  dona  comtessa  ni  li  lurs  hères  ni  alcuns  tenentz 
luoc  dels,  aras  ni  en  los  tems  que  venram  a  la  sieua  cort, 
per  alcuna  razon,  ocaison  o  cauza,  ni  constrenheran  alcun 

5  a  vendre  sos  dretz  o  sos  bens  o  ad  alienar  en  alcuna  ma- 
niera, ni  enpauzaran  ad  els  alcuna  cerviiut  o  a  la(s]  lurs 

1.  Aïs.  :  XXX.  Et  de  même  dans  la  suito  :  nous  avons  dû  aiignieuter  de 
dix  tous  les  chiffres. 

ANNALES   DU    MIDI.    —   XX 


50  ANNALES   DU    MIDI. 

caiizas  eri  Mass'.  o  ëh  lo  sieti  tei'i*adot'  o  tenement'  de  rûar 
e  de  terra  e  d'ilaâ  e  de  pdf  Iz. 

(XLI).  De  non  far  quisias,  toutas.  Ittilhas  per  lu  senhor  comte 
e  per  las  sieus  als  ciuladans  de  Mass'.,  Xpislians.  Juzieus, 
Sarrazins. 

Item,  qnista,  touta,  tailha,  cuilhida,  exaction  o  adempre^, 
5  0  alcunas  autras  despensas  per  comprar,  tener  o  aver  cavals 
0  per  alcuna  autracauza,  o  alcuna  aital  cauza,  en  quai  que 
maniera  o  en  [quai]  que  nom  sia  appéllada,  non  poiran  far 
en  alcuna  maniera,  ni  Suffriran  que  si  fassan  per  lurs 
officiais  en  alcuna  maniera,  le  senhers  coms  o  la  dona  com- 

10  tessa  ni  li  lurs  successors  en  Mass'.,  ni  en  alcuns  homes  de 
la  ciutaT.  vescomtal  ni  en  los  habitans  ni  en  los'deraorans 
en  ia  dicha  ciutat,  ciutadans  o  estrains,  Crestians  o  Juzieus 
0  Sarrazins,  per  alcuna  razon,  oeasion  o  cauza  prezent, 
transpassada  o  que  déjà  esdevenir,  contra  la  voluntat  dels 

13  ciutadans  de  la  ciutat  vescomtal  totz  o  singulars  o  d'alcuns  ; 
empero  preguar  los  en  puescan  3  e  li  Marsseilles  puescan 
desneiar,  se  si  volran,  sens  dan  e  sens  alcuna  temor. 

(XLII)  [fo  18  r'^].  D'aquels  eslablimentz  que  foron  cassalz,  en 
que  si  contenian  penas  al  port  o  a  la  cori. 

Item,  li  establiment  que  aras  son  en  Mass'.,  en  que  se  con- 
tenon  penas  ad  ops  de  la  cort  e  del  port  de  Mass'.  o  de  la 
5  cort  tant  solamentz  o  del  port  tant  solamentz,  sian  casse 
sens  tota  fermesa  d'aissi  enant,  cant  als  capitols  en  que  si 
conteno  erapauzamentz  de  penas  ad  ops  de  la  cort  o  del 
port,  empero  salvas  estans  las  penas  stablidas  per  lo  fag 
del  ban,  nescalre  en  tal  maniera  que  per  razon  del  tems 
10  transpassat  o  esdevenidor  alcuna  cauza  non  sia  demandada, 
reqnista  o  receupuda^ 

iXLII).  De  .VI.  prohomes  que  sian  elegitz,  que  fassan  los  statutz 
de  Masseilla. 

Item,  quascnn  an  entro  los  autres  officiais  sôran  elegitz 
alcun  prohome  entro  a  .vi.,  entre  los  quais  sia  alcuns  savis 

1.  Ms.  :  tenent.  —  2.   L«  hitin  reproduit  le  mol  proveiii.'al,  que  Stern- 
feld  lit  à  tort  adempne. —  '^.  Ms.  puescam. 


MÉLANGES  ET  DOCUMENTS.  51 

5  de  dreg  et  .j.  notari,  li  quai  tutz  sian  de  la  ciutat  vescontal 
de  Mass',  a  componre  o  ad  ordenar  establimentz,  aissi  com 
es  de  costuma  en  la  ciutat  de  Mass',  fazent  de  noVelg  esta- 
blimeat[z],  ois  autres  que  fatz  serian  mudant  o  esmendant 
0  creissent  ô  amefmant  o  en  tôt  tolleht  d  ôsttint,  empero^ 

10  aisso  salvv.  queper  aquels  establimentz  non  sian  araerma- 
das  lo  domini  e  la  senhoria  del  senhor  comte,  ni  las  sieuas 
rendas. 

(XLIIII).  Que  H  homes  de  Mass'.  puescan  leinnar  e  fustejar 
e  far  forn  de  caus  els  luocx  acoustumatz . 

Item,  que  11  homes  de  Mass'.  puescan  leinnairar  e  fustejar 
e  far  forns  caussencs  e  passer  lurs  bestias  on  aquels  luocx, 
3    en  los  quais  aquestas  cauzas  son  acostumatz  a  far,  e  las 
sobre  dichas  cauzas  fassan  [v]  gens  trebailh  e  sens  contra- 
diction de  tota  persona,  quais  que  sia. 

(XLV)i  Que  las  rendas  que  eisseran  de  las  judicaturas 
deîs  platz  no  si  vendan. 

Item,  qH©  las  intradas  e  las  rendas  que  venran  o  eisseran, 

en  los  tems  que  venran^  de  las  judicaturas  dels  platz  o  de 

ô    las  condemp[na]tions  non  sian  vendudas  en  alcun  tems  per 

io  senhor  comte  o  per  la  dona  contessa  o  per  alcun  autre 

tenent  lo  sieu  luoc. 

E  que  alcuns  homs  non  done  peccunia  per  aver  offize  en 
la  cort  de  Mass'.,  ni  per  peccunia  non  sia  reseuputz  ad  al- 
40    cun  offiz©. 

(XL  VI).  Que  li  amirailh  que  van  per  mar  sian  de  Mass'. 

Item,  que  l'amirailhs  o  li  amirailh,  lo  quai  ô  loS  quais  le 
senhers  coms  ô  11  sieus  viguiers  establira  en   Masseilha 
sobre  lo  fag  de  la  mar,  sera  o  seran  de  Mass'.  eiiltâdan(s) 
5    et  habitâdof  de  la  vila  VeScomtâl  de  Masâ'. 

(XLVII).  Que  li  Marsseilles  puêsûàn  fUf  tté^ms  B  pûiz. 

Item,  que  la  universitat  de  Mass'.  puesca  far  treguas  et 
patz  ab  totz  Sarrazins  e  comunas''  e  comunitatz  per  los 

1.  Empero  (E  rubrique).  —  2.  Ms.  coninas. 


52  ANNALES    DU    MIDI. 

negocis  de  raar,  aissi  com  es  acostumat  de  far,  et  aisso 
5     fassa  de  consentiment  del  senhor  comte  o  de  son  viguier,  lo 
quai  aura  en  Mass'. 

(XLVIII).  Be  elegir  consols  en  los  viages  e  per  quais 
pe?'sonas  sian  eleyitz. 

Item,  que  le  viguiers  del  senhor  comte,  ab  conseilh 
d'aquels  .vi.  que  elegiran  los  autres  officiais,  poira  far  et 
5  establir  (ab  conseill  d'aquels  .vi.  que  elegiran  los  autres 
officiais  poira  far  et  establir)  e  fara  et  establira,  a  requista 
del  conseill  de  Mass'.,  consols  en  los  viages  foras  de  Mass'., 
aissi  com  es  acostumat  esser  fag,  li  quai  consols  foras  de 
Mass'.  e  del  sieu  terrador  relf"  19  r"]giran  aquels  que  seran 
10  sotz  lur  consolât;  mas  en  Mass".  ni  en  lo  sieu  terrador  no 
ajan  ni  adobron'  alcun  regimen^. 

(XLIX).  Que  le  senhevs  conis  don  obra  a  bona  fe  queli  Mars- 
seilles  recohron  lurs  ft-anquezas  outra  mar  et  en  autre 
luoc. 

Item,  que  le  senhers  coms  e  la  dona  comtessa  daran  obra 
5    a  bona  fe  que  li  Marseilles  recobron  e  retenguan  et  ajan  (e 
retenguan)  aquellas  franquezas  e  libertatz  e  possessions  e 
dretz  que  sa  en  reire  agron,  tengron  e  pocesirou  en  Acre  et 
en  autres  luocx  outra  mar  et  en  Chipre  et  autres  luocs  foras 
de  Mass'.  e  del  comtat  de  Proenssa. 
10        E  que  fâchas  las  despensas  dels  consols  e  dels  autres  offi- 
ciais messages  utils  en  los  dictz  luocx,  [las  rendas  dels  ditz 
luocx]  3  sian  del  senhor  comte  e  de  la  dona  comtessa  e  dels 
lurs  hères  heretans  ad  els  en  lo  comtat  de  Proenssa,  aissi 
com  las  autras  rendas  del  comun  de  Mass'.,  e  li  consols  sian 
15    tengutz  per  sagrament  rendre  bon    comte  al   viguicr  de 
Mass'. 

E  que  aquils  consols  ajan  aitant  cant  son  aco(n)stumatz 
aver  per  lur  salari  per  las  condempnations,  las  quais  faran 
en  los  luocx  sobre  ditz. 


1.  Corrigé  de  adobran.  —  2.  Voy.  lu  '.i"  partie,  ch.  i.  —  ;f.  ijiit.  :  ï?i  d. 
locis  utilium  redditus  d.  locorum  (bourdon). 


MÉLANGES  ET   DOCUMENTS.  53 

(L).  Que  li  homes  de  Mass  .  porlon  lo  gonfanon  del  senhor 
comte  en  las  naus  et  en  autres  lintz. 
Item,  que  li  home  de  Mass'.  en  terra  et  en  mar  portaran 
en  las  naus  et  en  las  ^t^leias  et  en  los  lintz  els  viages  lo 
5    gonfanon  del  senhor  comte  el  gonphanon  del  comun. 

E  li  loin,  so  es  assaber,  que  portaron  gonphanons  porton 
los  aissi  com  es  acostumat  et  enaissi  cora  es  usât,  e  le 
gonphanons  del  senhor  comte  sia  pauzats  en  lo  plus  honrat 
luoc- 

(LI)  [vo].  Que  le  senhors  coms  non  7'equei^ra  alcuna  cauza 

d'aquel(la)s  que  an  els  murs  viels  de  la  ciutat  alcuna  cauza 

pauzat  o  fag. 

Item,  que  le  senhers  coms  o  la  dona  comtessa  o  li  hères 
0  d'els  0  tenentz  luocd'els  en  Mass'.  o  en  autre  luoc,  o  la  cort 
de  Mass'.  o  alcuns  autres  per  la  dicha  cort  o  per  els,  non 
demandaran  o  non  requerran  alcuna  cauza  ni  raouran  al- 
cuna question  ad  alcunas  personas  per  nom  o  per  occaison 
de  las  maisons  que  son  ajostadas  als  murs  viels  de  la  ciutat 
10  vescorataH  de  Mass'.,  o  per  occaison  d'aquels  carcx,  los  quais 
las  dichas  raaizons  an  en  lo  dig  barri  vielh,  o  per  occaizon 
dels  ediflcis  bastitz  sobre  lo  dig  mur  o  barri,  per  alcun  dreg 
0  per  alcuna  razon  o  cauza. 

E  que  aquil  hediflci  ajostat  al  dig  barri,  o  que  son  o  que 
15  si  faran  sobre  lo  dig  barri,  seran  perpetualmentz,  sens  tota 
molestia  o  enquietacion,  d'aquels  dels  quais  son,  aissi  cora 
aras  son. 

(LU).  Que  le  senhers  coms  renda  e  fassa  rendre  als  homes  de 

Mass'.  aquo  que  hom  ten  de  lur  cauzas per  Proenssa. 

Item,  que  le  senhers  coms  e  la  sieua  cort  fassa  restituir 

als  ciutadans  de  Mass'.  las  possessions  els  dretz,  las  quais  e 

5    los  quais  le  ditz  senhers  coms  o  autre  en  Proenssa  non  de- 

gudament  deten,  si  alcun  o  alcunas  en  deten  sobre  presit)^. 

E  los  doutes,  los  quais  deu  hom  als  ditz  ciutadans,    lur 

fassa  pagar. 

E  si  alcuns  doptes  d'aijui  séria,  quon  fassa  far  breu  enqui- 

1.  Ms.  vesco7ntat.  -  2.  Cf.  I.  xxi,  6;  lat.  :  si  quœ  vel  si  quus  detùiet 
occupata. 


54  AWALES   DU   MIDI. 

10    sicion,  salvv  lo  dreg  de  sentencia  d'aqui  donada,  sol  que 
non  sia  [f»  20  t°]  fag  contra  dreg. 

(LUI).  Que  ninguna  pet^sona  non  sia  punida  o  justiziada 
per  autrui  fag. 

Item,  que  neguns  ciutadans  de  la  vila  vescomtal  de  Mass'. 
o  habitaires  de  la  dicha  ciutat  per  cort  de  Mass'.,  ni  per 
5  persona  régent  la  cort  de  Mass'.,  ni  per  lo  senlior  comte  o 
per  la  dona  comtessa,  ni  per  los  lurs  successors  o  per 
alcuns  officiais  de  la  dicha  cort,  sia  punitz  per  autrui  male- 
flze  o  forfag,  en  tal  maniera  que  las  penas  tengan(t)  tant 
solament  aquels  que  auran  fag  los  maleâzes  et  forfag. 

(LIIII).  Que  premieramentz  sian  paguadas  las  despensas  que 
seran  fâchas  per  recobrar  las  franquezas,  que  le  coms  riaja 
d'aqui  alcuna  cauza. 

item,  que  si  per  recobrar  los  dretz  els  bens  o  las  libertatz 

{$    ô  las    franquezas,  las  quais  ia  universitat  de  Mass'.  o  li 

homes  tutz  de  Mass'.,  -o  un  pasqun  sa  en  reire  agron  otra- 

xa^v  en  Acre  o  en  qualque  autre  luoc,  s'esdevenia  que  li 

Jiomes  de  Mass',  fazessap  alcunas  despensas,  aquellas  per 

cert  despensas  dejan  recobrar  li  Marsseilles  de  las  intradas 

10    de  las  dichas  cauzas  recobradas,  enantz  que  le  senhers  ' 

coms  0  la  dona  comtessa  o  li  lurs  successors  o  alcups  autres 

per  els  percipian  alcuna  cauza  de  las  rendas  o  de  las  intra- 

dag  0  de  las  g^uzida^  de  las  dichas  [cauzas],  la^  quais  cau- 

za,§  gerjan  recobradas  ab  las  degpensa^  dels  Marseilles;  e 

45    sian  paguadas  aquellas  despensas  tant  solamentz  de  las 

rendas  d'aquel  luoc,  on  la  libertat  o  li  bens  sobre  ditz  se- 

rian  recobratz. 

(LV).  Que  aquill  que  son  acoslumatz  bannejar  en  lo  lur, 
que  0  puescan  far. 

Item,  que  li  homes  singulars  de  Mass'.,  li  quais  o  li 
ant(r)ecessors  dels  quais  sa  en  reire  son  acostumatz  [v"] 
5  bannejar  e  requerre  banitz  e[ii)  aquels  luocx,  los  quais  il 
tenon,  o  tenian  li  antecessors  d'els  o  autres  per  els,  puescan 
en  aquels  rnezeis  luocx  bannejar  e  requerre  banitz,  aigsi  con 
son  sa  en  reire  acostumat  far  il  o  li  antecessors  d'els. 

1.  Ms,  :  lenhers. 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  ^^ 

(LVl).  Que  aquilh  que  son  acoslumatz  penre  falcons  en  las 
iLlas  de  Mass' .  e  cassar,  que  o  puescan  far. 

Item,  que  li  homes  singulars  de  Mass'.,  li  quais  o  li  ante- 

cessors  dels  qual(s]  sa  en  reire  han  aoostumatz  aver  cassas 

o    en  las  illas  de  Mass'.  e  los  aigres  dels  falcons,  ajan  aquellas 

cauzas,  aissi  con   il  o  li  lurs  autecessors  son   acostiimatz 

aver. 

(LVII).  Que  las  taulas  dels  cambiadors  sian  loguadas  .xxx.  j' 
tant  sQlament  per  casouna- 

Item,  las  taulas  dels  .-ambiadors  de  Mass'.  dejan  esser 

ipguad^S  o  assenssadas  perpetualraent  aissi  cqn  eq  aquest 

0    an  foron  loguadas,  so  es  assaber  per  cascuna  taul^  .xxx.  s'. 

(LVIII).    ^ue  li  homes  de  Mass\  sian  francs  et  quiti 
del  fag  dels  latz  de  Iqs  riaus. 

Item,  que  li  ciutadans  de  Mass*.  taqt  sojapient,  li  pre- 
zent  e  li  esdevenidors,  sian  perpetualmeqt  quiti  e  francs 
5  del  fag  dels  latz  de  las  naus  e  de  las  galeias  e  dels  autres 
lintz.  et  aisso  entro  .1.  Ib'.  (aco)  sia  del  senher  comteS  en  tal 
maniera  que  per  occaison  dels  latz  de  las  naus  o  de  Iqs 
galeias  o  dels  autres  lintz  nenguna  cauza  non  sian  tengutz 
paguar,  etperpetualmentz  s'alegron  d'aquesta  libertat,  aissi 
10    com  desobre  autrejat  es. 

(LVIIII)  [fû  21  r»].  Que  li  homes  de  Mass".  sian  francs  d'aquei 
d\  que  davan  en  la  clavaria,  e  li  estrain  d'un  dels  Ai.  de- 
niers que  eran  acostumatz  donar  en  la  clavaria. 

Item,  li  ciutadans  de  Mass'.  prezent.  egalmentz  e  li 
o  esdevenidors,  seran  francs  perpetualmentz  de  non  dar 
aquel  denier,  o  que  nol  donaran.  lo  quai  per  Ib'.  donavan, 
en  tal  maniera  que  nenguna  cauza  apostot  non  daran  a  la 
Taula  de  la  mar;  mas  li  estrainhs  daran  ad  aquella  me- 
zeui^sa  Taula  .i.  denier  tant  solamentper  Ib'.,  lo  quai  d'.  anti" 
10     guamentz  avian    acostumat  dar,    revocat   apostot   d'aissi 


1.  Ce  qui  suit  forme  dans  le  latin  un  paragraphe  spécial,  commençant, 
comme  In  plupart  des  autres,  par  Item  quod. 


56  ANNALES   DU   MIDI. 

enant  l'autre  d'.,  lo  quai  li^  dig  estrain  davan  a  l'arca  dels 

estrains. 
E  sian  e  seran  perpetualmentz  francs  11  dig  ciutadans  de 

la  prestacion  de  las  gabellas  de  la  car  salada  e  del  seu  e 
I  o     del  saïn  e  de  l'oli  e  del  mel,  en  tal  maniera  que  par  occaison 

d'aquellas  cauzas  alcuna  cauzanon  sia  demandada  o  receu- 

puda  dels  ditz  cuitadans  de  Mass'. 
E  li  ditz  ciutadans  s'alegraran  de  tota  autra  franqueza, 

aissi  com  aquellas  cauzas  acosturaadas  en  aquest  tems  pre- 
20    zent  son  gardadas  [et]  obsei'vadas  en  Mass'.,  e  dels  estrains 

alcuna  cauza  otra  las  cauzas  acostumadas  non  sia  requist  e 

receuput  per  occaison  de  las  dichas  cauzas. 

(LX).  Que  per  occaison  de  las  sensas  que  non  son  paguadas 

els  lents  que  son  passatz,  que  devian  esser  paguadas  al 

comun,  le  sen/ier  coms  non  digua  alcuna  cauza  als  homes 

que  non  las  an  pagadas,  sol  que  las  pagon  tro  la  Nativi- 

5        [yo]tat  de  Nostre  Senhor. 

Item,  que  per  occaison  de  las  sensas  que  non  son  pagadas 
els  teras  que  son  passatz,  que  devian  esser  pagadas  al 
comun  de  Mass'.,  non  demandaran  le  senhers  coms  o  la 
dona  comtessa  o  li  lurs  hères  o  autres  per  els,  ni  puescan 
M)  demandar  alcunas  possessions  aissi  com  forfachas,  per 
occaison  de  la  senssa  o  del  servize  non  pagat  entro  en 
aquel  jorn  que  aquestapatz  fon  fâcha,  d'alcuna  personaque 
voira  pagar;  e  pague  la  censsa  transpassada  entro  en  la 
festa  de  la  Nativitat  de  Nostre  Senhor. 

(LXl).  En  quai  maniera  le  senhers  coms  perdonet  e  laisset 
a  tolz  los  Marseilles  tola  rancor  e  tota  offenssa. 

Item,  que  le  senhers  coms,  en  son  nom  et  en  nom  de  la 
sobre  dicha  dona  comtessa  e  de  lurs  successors,  reraes  o 
o  laisset  o  perdonet  al  dig  en  Raolin,  sendegue  de  la  dicha 
universitat,  estiers  en  Breton  [en')  Anselm(e)  sos  fraires 
e'n  P.  Vielh,  tota  enjuria,  ïa  quai  ad  els  aguessan  fâcha,  e 
tota  rancor  e  tota  mala  volantat  lur  feni  e  tota  demanda  e 
quesiion  e  queriraonia  e  complancha  et  action,  la  quai 
10  aguessan  o  poguessan  a,ver  el  tems  prezent  o  en  aquels  que 
venran   de  las  cauzas  transpassadas  de  sus  recomtadas, 

1.  M.S.  lo. 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  57 

per  cals^  li  sobre  dig  senher  coms  e  la  dona  comtessa  fazian 
demandas  als  sobre  ditz  homes  de  la  dicha  universitat,  o 
d'alcunas  autras  cauzas  o  cauza  contra  los  sobre  ditz  homes 

1o  0  contra  alcun  dels  sobre  ditz,  per  quai  que  occaison  [f"  22  r"] 
0  cauza,  al  sobre  dig  sindegue,  en  non  de  la  dicha  univer- 
sitat e  de  las  personas  singulars  recebent,  laisset  e  desam- 
parot  e  perdonet  e  covinent  de  non  demaudar  t'es  le  dig 
senhers  coms,  en  son  nom  et  en  nom  de  la  dicha  dona  com- 

20  tessa,  al  dig  sindegue  e  per  el  als  Marsseilles,  en  aquella 
maniera  que  miels  e  plus  utilmentz  ad  utilitat  de  la  dicha 
ciutat  e  dels  ciutadans  de  la  dicha  ciutat  pot  esser  dig  o 
entendut,  salvv  aisso  que  li  officiais  que  son  agutz  o  que 
foron  del  tems  do  la  patz  en  sa,  la  quai  fes  le  ditz  senhers 

2ï  coms  en  Karles  ab  Mass'.,  venguan  a  dreg  comte  e  rendan 
lo  simple  tant  solamentz  d'aquo  que  non  poiran  rendre 
dreg  comte,  [e]  d'alcuna  autra  pena  non  sian  tengutz;  e  li 
officiais  que  foron  enantz  la  propdana  dicha  patz  sian  apos- 
tot  absout  sens  alcun  retenement*. 

"(LXII).  Que  le  senhers  coms  jure(t)  totas  las  sobre  dichas 
cauzas  servar  e  gardar,  e  li  sieu  viguier  atressi  en  Vaco- 
menssament  de  lur  regiraenL 

Item,  que  le  senhers  coms  e  la  dona  comtessa  e  li  succes- 

5    sors   de   la  dicha  dona  comtessa  heretans  ad  ella   en    lo 

comtat  de  Proenssa  sian  tengutz  far  sagrament,  e  nescalre 

lo  fassan,  de  observar  e  gardar  totas  aquellas  cauzas  que 

en    aquest  prezent  estrument  si  contenon   tacitamentz  o 

espressamentz,  e  tu^  li  viguiers  de  la  dicha  ciutat  que  per 

10     los  tems  seran  en  la  dicha  ciutat  [juron]  observar  e  guardar 

totz  los  capitols  et  un   cascun   en  aquest   [v"]  estrument 

contengut[z]  ;  et  après  la  fin  de  lur  regimen  remanran  li  dig 

viguier  en  la  dicha   ciutat  per  .\v.  jorns  continuos^  per 

cauza  de  respondre  o  de  obezir  a  dreg  e  de  satisfar  aissi 

lo    con  deuran  ad  aquels  que  d'els  si  conplainneriau. 

(LXlll).  Que  le  senhers  coms  sia  absoutz  dels  covinentz  fatz 
sa  en  reù^e,  salvo  enpero  los'covinentz  d'aquesta  patz. 

Item,  que  le  senhers''  coms  e  la  dona  comtessa  e  li  lurs 
hères  sian  absoutz  de  totz  los  covinentz  o  covencions,  los 

1.  Ms.  :  per  las.  —  2.  cernent  (lat.  :  retentione,  «  réserve  »).  — 3.  conti- 
nuas. —  4.  Ms.  lenhers. 


58  ANNALES   DU    MIDI, 

3  quais  e  la?  quais  el  mezeis  le  senhers  en  Karles,  fill  del  rei 
de  Franssa,  cotns  sobre  ditz,  e  la  dicha  dona  comtessa,  el 
senhor  en  Ramon  Berenguier  de  bona  membransa,  e  li  an- 
cessors  d'els  avian  fag  ab  la  universitat  et  ab  lo  cornun 
de  Mass'.,   salvas  e  retengudas  Si.  la  dicha  universitat  de 

10  Mass".  et  a  totz  los  homes  et  un  quascun  de  la  dicha  ciutat 
et  encaras  als  autres  homes  las  libertatz  et  las  franquezas 
e  totas  las  autras  cauzas  que  en  aquest  estrument  si  con- 
tenon  tacitamentz  o  espressamentz,  en  tal  maniera  que, 
non  contrastantz  1  aquels  covinentz,  le  ditz  senhers  coms  e 

15  la  dicha  dona  comtessa  e  li  lurs  hères  heretans  en  lo  com- 
tat  de  Proenssa  ajan  o  retenguin  perpetualment  en  Mass'. 
et  en  lo  sieu  destreg  et  en  los  autres  luocs  dessus  nominatz 
totas  las  sobre  dichas  cauzas.  E  d'aquels  covinentz  sobre 
ditz  le  ditz  syndegues,  en  nom  de  la  dicha  universitat  de 

20  Mass'.,  los  absols,  en  tal  maniera  nescalre  que  tutz  li  habi- 
tantz  en  ip  23  r»]  Mass'.  et  en  lo  sieu  destreg  et  en  autre 
luoc  otra  mar  que  son  o  an  acostumat  esser  sotz  lo  destreg 
dels  consols  de  Mass'.  juron  sobre  los  santz  evanselis  de 
pieu  salvar  e  guardar  e  deffendre  totas  las  sobre  dichas 

25  cauzas  al  dig  senhor  comte  e  a  la  dicha  dona  comtessa  et 
als  lurs  hères  e  fldelitat,  et  aisso  sia  entendut  dels  raascles 
de  .xiiii.  ans^  entre  a  .Ixx.  ans,  en  quai  que  tems  quen  seran 
requist,  el  sobre  digtz  sagramentz  sia  renovellatz  de  .v.  ans 
en  .V.  ans;  e  li  absent  juraran  denfra  .xv,  jornsposque  seran 

30  vengut  en  Mass'.  en  seran  requist  o  sera  ditz  en  parla- 
ment(z),  en  tal  maniera  que  per  occaison  d'aquel  sagrament 
non  sian  tengut  eissir  de  Mass'.,  et  en  aquest  sagrament 
sian  ent[end|udas  totas  aquellas  cauzas  que  si  contenon  en 
sagrament  de  fldelitat,   enaissi  con  en  aquest  sagrament 

35  gran  expressas,  en  tal  maniera  que  per  aquest  sagrament 
de  fldelitat  non  sia  tenguda  la  dicha  ciutat  de  Mass'.  o  tutz 
li  homes  de  la  dicha  ciutat  o  singular|sj  o  alcuns  o  alcun 
ad  autras  cauzas,  si  non  ad  aquellas  que  en  aquest  présent 
estrument  si  contenon. 

'iO        De  las  quais  totas  cauzas  de  sobre  donadas  e[t]  autreja- 

das  al  4ig  senhpr  corpte  et  a  la  doqa  comtessa  et  a  lurs 

-  sqcces^OPS  per  iD  dig  syndegvie  en  nom  de  la  dicha  univer- 

1.  Ms.  ;  contrantanz .  —  2.  Lat.  :  de  puberibus  inasculis. 


MÉLANGES  ET   POCUMENTS.  59 

sitat  e  dels  homes  singularâ  vole  et  autreget  le  ditz  synde- 
gu«s,  en  nom  del  dig  comun,  que  el  raezeis  le  sentiers  coms 

45  [v°]  e  la  dona  comtessa  per  si  o  per  autre  puescan  per  lur 
auctorit^t  iatrar  en  la  possession  e  cais  pocession  de  totas 
las  sobre  dichas  cauzas,  et  aquella  pocession  penre  e  re- 
qijerie  totas  horas  que  sera  de  lur  voluntat;  et  (en)  aquels 
rnezeis  syndegues,  en  nom  de  la  dicha  universitat  e  per 

aO  aquella  uniyersitat,  volens  transportar  la  pocession  e  cais 
pocession  de  totas  las  sobre  dichas  cauzas  en  lo  sobre  dig 
senljor^  cùn)te  e  h\.  donna  comtessa,  establi(rj^  que  e|  ténia 
e  pojezia  e.quais  posezia,  e  la  dicha  universitat  fttresaj,  totas 
las  sobre  dichas  cauzas  de  sobre  donadas  et  autrejadas  en 

po  uora  del  §enhor  comte  e  de  la  donna  comtessa.  E  totas 
aquestas  cauzas  en  aquesta  carta  escrichas  abdoas  las 
partz,  l'una  e  l'autra,  atendre  e  observar  per  fermeza  sol- 
lempnenientz  promezeron  per  se  e  per  lurs  successors,  en 
tal  maniera  que  le  ditz  senhers  coms,  legitz  e  recitatz  a  si 

60    totz  los  capitols  sobre  ditz  et  aquels  ab  diligencia  enten- 

dutz.  promes  al  syndegue,  requérant  en  nom  de  la  univer- 

sjtat  de  Mass".  e  dr^ls  ciutadans  qn  qu^soun  de  la  dipha  ciu- 

tat,  que  els  perpetualmentz  observarap.  e  negun  tems  nop 

venran  enco[n]tra,  totas  las  Ubertatz  de  sus  autrejadas  a  la 

63  dicha  ciutat  o  als  ciutadana  de  la  ciutat  et  (a)  lotz  los  autres 
capitols  que  si  contenon  en  aqijesta  carta  fazent  a  utilitat 
0  a  favor  dels  sobre  ditz  ciu  [i'  24  r']  tadans  o3  dels  autres; 
et  aisso  promes  per  se  e  per  los  sieus  successors  entjera^ 
ifteptz  a  la  dicha  ciutat  et  als  ciutadans  de  la  dicha  ciutat 

70  perpetualmentz  observar  et  pn  negun  tems  non  venir  en- 
contra*.  E  promes  le  ditz  senhers  coms  al  dig  syndegue, 
pecebent  en  nom  de  la  universitat  de  Mass'.  e  de  totz  los 
homes  et  un  quascun  da  la  dicha  ciutat,  per  solepipn^i 
stipulation  o  promession  entrepauzada  e  requista  e  pro- 
7û  messa  et  autreja4a,  que  el  fara  e  cqrara  en  tal  raî^piera 
que  Iq.  dona  comtessa  totas  las  sobre  dichas  caugasi  et  una 
quascuna  per  se  et  per  los  sieus  hères  aura  fermas  et  es- 
tablas  perpetwalpientz,  et  fiquelUas  conferipara  al  t}}t  syn- 
degue en  nppa  de  la  dipfta  ciutp,t  e  dels  ciuta4fins  per  pu- 


1.  Ms.  senhor.  —  '4.  On  serait  tenté  de  lire  establic  ;  mais  cf.  fffni,  I 
|aJ,  lxi,  8,  et  investi,  I  [d],  62.  —  3  e.  —  4.  encontro. 


60  ANNALES   DU   MIDI. 

80  blica  carta  fermada  ab  promessions  et  ab  sagrament  del 
senhor  en  Johan  de  Bona  Mena,  major  juge  del  senhor 
comte,  e  del  senhor  en  Robert  de  l'Aven,  maïstre  de  leis,  e 
d'en  A[n]drieu  del  Port,  e  .d'en  G.  Chabert,  savis  en  dreg.  El 
digz  syndegues  promes  al  dig  senhor  comte  que  el  fara  e 
85  curara  que  le  conseils  el  parlamentz  e  li  homes  un  quascun 
de  la  dicha  cintat  totas  las  sobre  dichas  cauzas  conflrma- 
ran  et  adempliran  ^  e  fermas  auran  et  encontra  non  vendran, 
et  aquestas  cauzas  juraran  sobre  los  santz  evangelis  d^ 
Dieu  et  encartaran  al  conseil  dels  sobre  ditz.  Et  aqui  mezeis 
90  totas  aquestas  cauzas  que  de  sus  [v")  si  contenon  tacitament 
et  expressament  le  ditz  senhers  coms  sobre  los  santz  evan- 
gelis de  Dieu,  d'el  corporalment  tocatz  ab  la  man.  a  bona  fe 
atendre  et  observar  o  juret.  E  li  syndegues  semhlanment  o 
juret,  en  nom  de  la  dicha  universitat  et  el  sieu  nom  e  dels 
93  homes  un  quascun  de  la  dicha  ciutat,  sobre  los  santz  evan- 
gelis de  Dieu,  totas  las  sobre  dichas  cauzas  atendre  e  con- 
plir  e  non  venir  encontra. 

A  las  quais  totas  cauzas  sobre  dichas  foron  prezens  le 
senhers  en  Bertran,  evesques  de  Frejurs,  el  senher  en  vice 

100  dominus  prebost  de  Grassa,  eletz  en  arcivesque  d'Aix,  li 
quais  totas  las  sobre  dichas  cauzas  entendentz  et  conside- 
rentz  esser  ad  utilitat  |d]e  quascuna  de  las  partz,  e  nescalre 
de  tota  la  région  de  Proenssa^,  [per]  la  gran  patz  e  per  la 
gran  concordia  e  tranquillitat  o  suaveza  que  dels  sobre  ditz 

4  05  covinentz  s'en  enseguian,  e  per  la  gran  discordia  que  s'en 
toUla  e  s'en  raovia  d'aqui,  h\  quai  discordia  granment  era 
appareillada,  las  sobre  dichas  pactions  o  covinentz  e  tran- 
sactions e  concordias  e  donations  a  requer[era]ent  de  las 
pa[r]tz  lauseron  et  aproeron,  e  lur  décret  e  lur  autoritat  i 

IIO    pauzeron. 

E  le  senhers  coms  el  ditz  senhers  evesques  el  ditz  eletz 
eP  senhers  en  Baral,  senher  del  Baus,  comanderon  que 
aquesta  carta  fos  sagellada  de  lurs  sagels  ;  el  ditz  syndegue 
atressi  comandet  que  fos  sagellada  del  sagel  del  comun  en 

H5  testiraoni  de  la  cauza  fâcha.  De  las  quais  totas  cauzas 
sobre  dichas  le  ditz  senhers  coms  el  ditz  syndegue  coraan  - 


1.  Ms.  adimpleran.  —  2.  Ms.  o proenssa  (lat.  :  et  etiam  totius  Regio- 
nis).  —  3.  le. 


MÉLANGES   ET    DOCDMENTS.  61 

deron  e  pregueron  que  fossan  fâchas  cartas  publicas,  en  tal 
maniera  que  la  una  part  e  l'autra  puesca[n]  d'aqui  aver 
aitantas  cai''tas  cona  si  volran,  servada  la  ténor  e  la  forma 

120    sobre  dicha. 

Aquestas  cauzas  foron  fâchas  ad  Aix  en  lo  prat  del  castel 
0  del  palais  del  senhor  comte  en  presensa*  et  en  testimoni 
del  senhor  n'Oto  de  Fontainas^,  senesqual  de  Proensa  e  de 
Forcalquier,  del  senhor  en  Robert  de  l'Aven,  maïstre  de  leis, 

1'2o  del  senhor  en  Johande  BonaMena^,  major  jutge  de  Proenssa, 
del  senhor  Isnart  d'Antravenas  de  Tolon,  de  Jacme  Gan- 
tel|mj,  del  senhor  en  Sordel,  d'en  Bertran  de  Laraanon,  d'en 
Imbert  d'Aurons,  del  senhor  en  Sentori,  savi  en  dreg,  d'en 
Pons  Coissin,  archediaque  de  Mass'.,  d'en  Rostain  Beguet, 

130    d'en  P.  Balp,  d'en  Terjevaira,  d'en  Johan  Vivaut,  d'en  Vi- 
vaut  Dalraas,  d'en  Ugo  Vivaut,  de  Nicolau  Bovier.  d'en  Phe 
lip  Ancelni'i,  et  en  presensa^  de(ls)  plusors  autres  6. 

[A  suivre.)  L.  Constans, 


II 


NOTES  SUR  l'Élevage  et  le   commerce  des   roRCS 
AU   XV»  siècle. 

Les  documents  sur  le  commerce  du  bétail  au  moyen  âge  sont 
relativement  rares,  la  plupart  des  transactions  auxquelles  ce 
commerce  donnait  lieu  se  faisant  alors,  comme  de  nos  jours 
encore,  sans  l'intervention  de  l'écriture.  C'est  ce  qui  m'en- 
gage à  signaler  ici,  sans  long  commentaire,  deux  documents 
curieux  qui  me  sont  tombés  sous  les  yeux  en  dépouillant  les 
registres  (trop  rarement  feuilletés  par  les  érudits)  de  la  Cour 
des  aides  de  Paris. 


1.  Ms.  :  ]iroensa.  —  2.  Fontamas.  —3.  Bonamen.  —  4.  Le  latin  ajoute: 
Bernardi  Pontevenis  clerici,  domini  Baralli,  Provinciœ  notarii,  Guill. 
de  Ave7rione,not.  Mass.,  Poncii  Ancelmi,  not.  publ.Prov.,  testiumroga- 
torum.—ô.  Ms.  :  proe7isa.  —  6.  Le  latin  ajoute  :  et  mei,Joh.  de  Maflelo, 
clerici  domini  Senesc.  et  notarii  piihl.  Prov.  et  Fore,  qui  predictis  in- 
terfui  et  rogatus  a  partibus  hocpubl.  instr.  scripsiet  signo  meo  signavi. 


62  ANNALES   DÛ   MlDt. 

Comme  le  remarque  judicieusement  M.  Alfred  Leroux  dans 
son  beau  livre  intitulé  ;  Le  Massif  central,  «  l'historien  en- 
trevoit assez  bien  que,  dès  le  moyen  âge,  l'élevage  était  une 
des  principales  occupations  des  classes  agricoles  »  du  Massif 
centrale  Mais  on  ne  saurait  trop  souhaiter  que  des  documents 
circonstanciés  soient  produits  à  l'appui  de  cette  vue  a  priori 
dé  l'historien,  et  nous  apprennent  dans  le  détail  comment 
cette  région  concourait  à  l'alimentation  des  grands  centres' 
urbains,  et  notamment  de  Paris. 

Orléans,  pâi"  Sa  pôsitiôû  géographique,  était  nécessairement 
sut*  le  eheitlin  des  trnupéàuX  conduits  à  Paris,  et  si  nous  pos- 
sédioiis  àti  cohiplet  les  archives  ôrléanaises,  notamment  le 
livre  de  recettes  des  fermiers  «de  la  ferhiè  du  bestail  à  pié 
fourchié  »,  nous  aurions  là  une  mine  incomparable  pour  le 
sujet  qui  nous  occupe  en  ce  moment.  Deux  procès  plaides  de- 
vant lès  élus  d'Orléans  et  portés  en  appel  devant  la  Cour  des 
aides  de  Paris,  en  1452,  constituent,  à  défaut  de  mieux,  un 
commencement  de  documentation  qui  n'est  pas  à  dédai- 
gner. 

Le  premier  intéresse  une  petite  ville  qui  fait  rarement 
parler  d'elle,  qui  ne  fat  constituée  en  commune  qu'en  1406, 
mais  qui  réussit,  pendant  le  xv^  siècle,  à  s'élever  laborieuse- 
ment au  rang  honorable  de  capitale  de  province  :  c'est  Guéret 
que  j3  veux  dire,  bien  petite  capitale  d'une  bien  petite  pro- 
vince, mais  en  fin  de  compte  rivale  persévérante  et  heureuse 
de  Felletin  et  d'Àubusson^.  A  défaut  d'iudustrie,  Guéret  eut 
recours  au  commerce,  et  ses  marchands  surent  se  faire  une 
place  au  soleil.  Donc,  voici  ce  qui  ressort  des  registres  de  la 
Cour  des  aides,  à  l'actif  de  notre  petite  ville. 

Pendant  l'année  1448-1449,  Martial  Garon,  marchand  de 


1.  Le  Massif  central  (Paris,  Bouillon,  1898),  t.  Il,  p.  66.—  Cf.  G.  Clé- 
ment-Simon, Rech.  de  l'hist.  civile  et  jnmiicip.  de  Tulle,  t.  I,  p.  330  : 
«  L'ertgniissement  des  porcs  constituait  une  branche  assez  importante  de 
l'industrie  agricole...  Il  semble  que  l'engraissenient  en  grand  était  i)lutôl 
le  propre  de  marchands  que-de  cultivateurs.  » 

2.  Je  rappelle  avec  émotion  le  livre  très  fouillé  du  regretté  D"'  F.  Vil- 
lard,  qui  vient  de  mourir  :  V>i  chef-lieu  de  prooince  au  xviii'  siècle, 
Guéret,  capildte  de  là  Haute-Marché  (dtuèret,  P.  AmiauU,  1898-1905), 


MELANGES   ET   DOCUMENTS.  63 

Giiéret*.  avait  conduit  quatre  cents  pourceaux  dans  les 
limites  de  la  ferme  du  «  bestail  à  pié  forchie  »  d'Orléans  et, 
les  ayant  vendus,  en  tout  ou  en  partie,  il  n'avait  pas  payé 
l'imposition  de  rigueur.  Le  fermier  le  traduisit  devant  les  élus. 
Pour  sa  défense,  Garon  allégua  que  «  s'il  avoit  fait  passer  icelle 
quantité  de  pourceaux  par  les  mettes  d'icelle  ferme,  ce  ne  avoit 
pas  esté  pour  les  y  vendre,  mais  pour  les  amener  a  Paris  *.  Rien 
n'était  plus  vraisemblable,  en  effet.  Il  dut  pourtant  reconnaître 
qu'à  Vierzon^.  il  avait  vendu  «douze  vingts»  de  ses  bêtes  à  des 
marchands  qui  les  amenèrent  à  Orléans  ;  et  finalement  les 
élus  le  condamnèrent  à  satisfaire  les  exigences  du  fermier.  Il 
ne  se  tint  pas  pour  battu,  et  porta  l'afaire  devant  la  Cour  des 
aides.  Après  plaidoiries,  la  cause  fut  renvoyée  au  Conseil; 
nous  ignorons  ce  que  dirent  les  juges  de  Paris,  mais  le  juge- 
ment nous  intéresse  moins  que  les  faits  de  la  cause. Le  lecteur 
voudra  bien  se  contenter  de  l'extrait  suivant,  pris  rapidement 
dans  le  registre  des  Archives  nationales  coté  Z'A  19,  fol.  229, 
à  la  date  du  9  février  1451,  ancien  style  : 


Entre  Marcial  Garon,  marchant,  demeurant  a  Garet,  appellant 
des  esleuz  sur  le  fait  des  aides  a  Orléans,  d'une  part,  contre  Ma- 
thurin  Ricliai't,  partie  intimée,  d'autre  part. 

3...  pour  ledit  appellant,  dit  qu'il  y  a  eu  certain  procès  parde- 
Vant  lesdits  esleUz  entre  ledit  appellant,  défendeur,  et  ledit  intimé, 
demandeur,  soubz  colleur  de  ce  que  icelluy  demandeur  disoit  qu'il 


1.  Famille  connue  par  ailleurs.  «  Giiillelmus  Garron  burgensis  ville 
de  Garacto  d  arronte  à  perpétuité  à  (juillelmus  Pignon  »,  de  Glénic  »  unani 
pleduram  terre  in  qua  olim  fuit  domus  »  sur  la  place  du  Marché  de  Gué- 
ret,  le  17  novembre  1416  (orig.  parch.  dans  les  archives  de  M.  le  comte  de 
Montbas,  à  Amiens).  A  la  fin  du  xv*  siècle,  Philippe  de  Bilhon,  receveur 
des  tailles  et  de  l'équivalent  aux  aides  en  Haut  Limousin,  est  cautionné 
par  «  Anthoine  Garro7i,  Thomas  Bonnet  et  Guillaume  Bilhon,  bourgeois 
marchands  de  la  ville  de  Guéret  »  (Bibl.  nat.,  franc.  20684,  p.  811).  C'est 
à  Guillaume  Guarron,  dit  Corps  d'ommé,  marchand  de  Guéret,  qlic  la 
comtesse  de  la  Marche,  Anne  de  France,  acheta,  en  1507,  une  maison, 
«  tant  pour  tenir  l'auditoire  de  la  justice  de  nostredit  pais  que  pour  y 
faire  et  establir  les  prisons  »  (Arch.  nat.,  P  1375',  coté 2595;  cf.  Titres  de  la 
ynaison  de  Bourbon,  n»»  7718  et  7720). 

2.  Le  manuscrit  porte,  il  me  semble,  VoirsoH,  que  j'identifie  avec 
Vierson  (Cher). 

3.  Le  nom  de  l'avocat  est  resté  en  blanc. 


64  ANNALES    DU    MIDI. 

estoit  fermier  delà  Cernie  du  bestuil  a  pii;  forchié  vendu  a  Orléans 
[lour  l'année  mil  iiij  «  xlviij  el  finissant  l'an  iiiil  iiij  c  xHx  ;  disoit 
icelluy  demandeur  que  ledit  appellant  avoit  vendu  durant  lailite 
ferme;es  niectes  d'icelle^  quatre  cents  pourceaulx,  dont  luy  devoit 
l'imposicion... 

Ad  ce  icellui  appellant  et  défendeur  avoit  dit  que  s'il  avoit  fait 
passer  icelle  quantité  de  pourceaulx  par  les  mectes  d'icelle  ferme, 
ce  ne  avuit  pas  esté  pour  les  y  vendre,  mais  pour  les  amener  a 
Paris... 


Un  second  procès  fui  plaidé  en  appel  à  la  Cour,  dans  des 
conditions  analogues,  quelques  jours  après,  le  19  février  1452. 
Dans  les  quelques  lignes  que  j'ai  copiées  et  que  je  publie  ci- 
dessous,  on  remarquera  un  détail  fort  intéressant  :  les  pour- 
ceaux sont  achetés  en  l'érigord,  puis  envoyés  à  l'engrais  dans 
les  forêts  du  pays  de  Forez,  enfin  de  là  dirigés  sur  Orléans. 
Rien  n'indique  la  patrie  du  marchand,  Jehan  Brice  ;  mais 
c'était  un  homme  qui  opérait  dans  un  rayon  très  étendu,  car 
il  est  dit  dans  la  plaidoirie  qu'il  était  en  Bourgogne  au  mo- 
ment de  l'enquête  ordonnée  par  la  Cour  des  élus  d'Orléans. 

Entre  Jehan  Brice,  appellant  des  esleuz  d'Orléans,  d'une  part, 
contre  Mathurin  Richier  (s^c),  intimé. 

Bouchier  pour  led.  appellant  dit  que  icellui  appellant  est  un  bon 
inarcliant  et  que  ceste  année  il  a  achecté  certaine  quantité  de  pour- 
ceaulx ou  païs  de  Pierregort  et  iceulx  fait  amener  ou  pais  de  Fo- 
rest  et  es  foretzd'icellui.  Dit  que  iceulx  pourceaulx  estans  en  lad. 
forest,  en  vendit  une  assez  grande  partie  a  un  nommé  Gérard 
Bouge  et  l'autre  partie  icellui  appellant  les  fist  passer  par  la  ville 
d'Orléans  pour  les  mener  ou  bon  lui  sembleroit... 

(Même  registre,  fol.  243  \c,  10  février  1451,  ancien  style.) 

Par  arrêt  du  24  mai  1452  (même  registre,  fol.  320  vo)  notre 
«bon  marchant»  fut  condamné  à  l'amende  pour  avoir  mal 
appelé,  et  son  afïaire  fut  renvoyée  devant  les  premiers  juges. 

Antoine  Thomas. 

1.  Le  manuscrit  porto,  par  erreur  :  dicellui. 


MELANGES   ET   DOCUMENTS.  65 


III 

NOTE    RECTIFICATIVE 
SUR   LA    DATE    D'DNE   LETTRE    DE   CHARLES    VIL 

J'ai  publié,  dans  le  tome  XIX  des  Annales  du  Midi  un 
travail  concernant  Les  lettres  de  Charles  VII  et  de  Louis  XI 
aux  Ai'Chives  Tnunicipales  de  Barcelone^.  Parmi  les  lettres 
inédites  transcrites  dans  ce  travail,  la  deuxième  missive  de 
Charles  VII  au  Sage  Conseil  de  Barcelone,  donnée  à  Saint- 
Priest  et  dépourvue  de  date  2,  a  reçu,  dans  la  publication,  le 
millésime  14'i5  entre  crochets.  C'était  là  une  attribution  iiypo- 
thétique  dont  je  précisais,  d'ailleurs,  la  valeur  à  mes  yeux  par 
une  note  ainsi  conçue  :  «  du  moins,  la  pièce  est  classée  parmi 
celles  qui  portent  ce  millésime  ».  Cette  réserve  était  justifiée 
par  les  erreurs  de  classement  déjà  relevées  par  moi  dans  la 
collection  des  Archives  de  Barcelone  dont  la  pièce  fait 
partiel  Toutefois,  je  n'avais  aperçu  aucun  moyen  de  me  faire 
une  conviction  en  l'espèce. 

Or,  M.  Antoine  Thomas,  qui  connaît  le  règne  de  Charles  VU 
mieux  que  personne,  a  bien  voulu  me  fournir  le  secret  pour 
sortir  d'embarras  :  la  lecture  de  ma  publication  lui  a  suggéré, 
en  effet,  un  rapprochement  dont  il  a  eu  l'extrême  amabilité 
de  me  faire  part.  Il  est  question,  dans  la  lettre  de  Charles  VII, 
d'une  mission  confiée  à  Taneguy  du  Chàtel,  Jean  de  Jambes, 
Pierre  de  Reffuge  et  Jean  Hébert.  Une  mention  de  cotte  même 
mission  se  retrouve  dans  V  Histoire  générale  de  Languedoc^. 
Ce  passage,  qui  m'avait  échappé,  détermine  aussitôt  le  millé- 
sime vrai  de  la  missive  royale  et  la  place  en  1457. 


L  Armâtes  du  Midi  ,i.  XIX,  p.  57  et  suiv.  (janvier  1907). 

2.  Ibid.,  p.  60. 

3.  Sur  ces  erreurs,  cf.  ibid.,  p.  58  note  2,  et  Louis  XI,  Jeioi  II  et  la 
révolution  catalane,  p.  29. 

4.  Hist.  gén.  de  Languedoc,  ùd.  Pi-iviit,  t.  XI,  p.  37. 

ANNALES  DU   MIDI.    —    XX  5 


66  ANNALES   DU    MIDI. 

Il  y  a  doQC  lieu  de  rectifier  en  conséquence  la  date  du  docu- 
ment original  conservé  à  Barcelone,  et  je  remercie  l'érudit 
obligeant  qui  a  bien  voulu  signaler  à  l'éditeur  un  rapproche- 
ment aussi  instructif.  J.  Calmette. 


IV 


LA  SEDITION  DE  MONTPELLIER  EN  1645,  d'aPRÈS  DBS  DOCUMENTS 
INEDITS  DES  ARCHIVES  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES. 

La  mise  en  recouvrement  des  droits  de  joyeux  avènement 
à  l'occasion  de  l'accession  de  Louis  XIV  au  trône  suscita  à 
Montpellier  une  sanglante  émeute,  qui  dura  du  28  juin  au 
3  juillet  1645. 

Plusieurs  récits  de  oet  événement  nous  sont  parvenus  ;  ils 
émanent  de  contemporains.  D'abord  le  manuscrit  Giroud, 
puis  Je  mémorial  consulaire  de  Sabatier,  qui  se  trouvent  à  la 
bibliothèque  municipale  de  Montpellier  et  n'ont  jamais  été 
publiés.  Un  troisième  récit  est  dû  à  la  plume  d'André  Delort, 
contemporain  également  de  l'émeute  ;  il  a  été  imprimé  en 
1875-76  ^  Il  existe  encore  un  récit  anonyme  cité  par  A.  Ger- 
main, dans  son  travail  sur  la  sédition  de  Montpellier.  Ces  di- 
vers mémoii-es  ont  servi  de  fond  aux  historiens  de  la  ville  de 
Montpellier  et  du  Languedoc-  lorsqu'ils  ont  parlé  de  cet  inci- 
dent. Pierre  Serres,  historien  du  début  du  xyiii»  siècle,  dans 
ses  Annales  dont  on  ne  posssède  que  des  fragments,  s'est  ins- 
piré de  Delort.  VHistoire  générale  de  Languedoc  donne 


1.  André  Delort,  Mémoires  inédits  sur  la  ville  de  Montpellier  au 
XVIl^  siècle.  Montpellier,  2  vol.  in-S»,  1875-76. 

2.  U'Aigrefeuille,  Uisl.  de  Montpellier  jusqu'en  1729.  Edition  de  1875, 
t.  Il,  p.  131. 

A.  Fabre,  Hist.  de  Montpellier,  1897,  p.  150. 

A  Germain,  Les  commencements  du  règne  de  Louis  XIV  et  la 
Fronde  à  Montpellier,  dans  Métnoires  de  l'Acad.  de  Montpellier, 
t.  III,  p.  579  et  suiv.,  année  1859. 

Dom  Devic  et  Vaissete,  continues  par  E.  Roschacli,  Histoire  de  Lan- 
guedoc, t.  XIII,  p.  234-5. 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  67 

(t.  XIII,  p.  234-5)  un  court  récit  de  la  sédition,  tiré  des  mêmes 
sources,  mais  il  renvoie  au  manuscrit  170  de  Ooislin  de  la 
Bibliothèque  nationale,  actuellement  fonds  français  J 8830- 
nous  y  avons  bien  trouvé  quelques  documents  relatifs  à  cette 
époque,  mais  rien  qui  se  rapporte  à  la  sédition. 

Les  archives  des  Affaires  étrangères  de  Paris,  Mémoires  et 
documents,  France,  vol.  1634,  fo^  139  et  ss.,  possèdent  deux 
pièces  très  importantes  relatives  à  l'émeute  de  1645,  et  qui 
n'ont  jamais  été  communiquées^ 

La  première  a  pour  titre  :  Extrait  du  procès-verbal  de 
M^  du  Bosquet  sur  la  sédition  arrivée  à  Montpellier,  et 
porte  la  date  du  4  juillet  1645;  la  seconde  est  une  lettre  du 
maréchal  de  Schomberg,  gouverneur  de  Montpellier,  datée  du 
Sjuillet  1645  et  adressée  à  Mazarin. 

Du  Bosquet  et  Baltazar  étaient  les  deux  intendants  du  Lan- 
guedoc pour  la  police,  justice  et  les  finances.  Le  premier  joua 
un  rôle  dans  les  événements  qu'il  relate  ;  cette  circonstance 
donne  un  grand  intérêt  à  sa  narration.  Etant  donnée  sa 
haute  situation  administrative,  ce  procès-verbal  est  en  quel- 
ques sorte  la  relation  officielle  de  la  sédition.  Ce  document 
diffère  des  récils  de  Giroud,  Sabatier  et  Delort,  dans  le  fond 
et  dans  la  forme.  II  contient  moins  de  détails  sur  le  pillage 
des  maisons  et  les  excès  commis  par  la  populace  de  Mont- 
pellier à  cette  occasion,  il  est  aussi  moins  pittoresque  et  sur- 
tout moins  dramatique;  en  revanche,  il  a  l'avantage  d'exposer 
la  suite  des  faits  selon  l'ordre  dans  lequel  ils  se  sont  dérou- 
lés, ce  que  ne  fait  pas  Delort,  d'être  plus  circonstancié,  et  de 
donner  de  nombreux  renseignements  sur  les  rapports  entre 
Schomberg,  les  intendants  et  les  officiers  municipaux.  Ces 
dernières  particularités  sont  omises  dans  le  manuscrit  de  De- 
lort. De  tous  les  récits,  celui  de  Bosquet  est  le  plus  clair,  le 
plus  étendu,  le  plus  complet;  tout  fait  croire  que  c'est  celui 
qui  se  rapproche  le  plus  de  la  vérité. 

1.  Nous  avons  également  fait  des  recherchea  aux  Arcliives  nationales, 
Languedoc  748*»  à  1109.  On  n'y  trouve  rien  se  rapportant  à  l'émeute 
de  1645.  D'ailleurs  presque  tous  ces  documents  sont  de  la  fin  du  xvii«  et 
du  XVIII'  siècles. 


68  ANNALES    DU    MlDi 

Ea  effet,  nous  n'avons  plus  ici,  un  simple  témoin  sans  qua- 
lité, ou  un  officier  municipal,  qui  écrivent  surtout  pour  la 
postérité  et  cherchent  principalement  à  faire  ressortir  le  côté 
pittoresque  et  dramatique  de  l'événement,  mais  un  fonction- 
naire d'un  grade  élevé,  dépendant  du  pouvoir  central,  qui  ré- 
dige un  rapport  destiné  à  son  chef  direct,  le  cardinal  de  Ma- 
zarin. 

Le  procès-verbal  de  Bosquet  forme  le  complément  néces- 
saire des  récits  de  Sabatier,  Giroud  et  Delort  et  constitue  un 
document  intéressant  pour  l'histoire  de  Montpellier  ;  c'est  à 
ce  titre  que  nous  demandons  la  permission  de  le  transcrire  ici 
dans  toute  son  étendue'.  11  fut  envoyé  à  Mazarin  par  Schom- 
berg  et  couvert  par  la  lettre  de  Schomberg  du  5  juillet  dont 
nous  avons  parlé  ci-dessus;  nous  la  donnerons  à  la  suite  du 
procès-verbal  de  Bosquet,  car  elle  est  inédite  et  forme  elle- 
même  un  second  rapport  sur  les  événements  de  1645,  rap- 
port court,  il  est  vrai,  mais  très  instructif. 

Ajoutons  seulement  qu'en  punition  de  ces  faits  séditieux, 
Mazarin  eut  d'abord  l'idée  de  faire  abattre  une  partie  des  mu- 
railles de  Montpellier;  pourtant  il  n'osa  pas  pousser  aussi 
loin  les  choses  et  se  contenta  de  la  pendaison  des  deux  femmes 
qui  avaient  contribué  le  plus  à  l'émeute.  Un  homme,  égale- 
ment arrêté,  mourut  en  prison.  Louis  XIV  donna,  en  1647,  des 
lettres  de  pardon  et  tout  fut  dit. 

Cette  répression  peu  en  rapport,  pour  le  temps,  avec  l'éten- 
due de  la  rébellion,  prouve  combien  était  faibb  le  gouverne- 
ment de  Mazarin;  si  un  semblable  soulèvement  se  fîit  produit 
sous  Richelieu,  il  aurait  eu  assurément  pour  la  ville  de  Mont- 
pellier de  terribles  conséquences. 

P.   COQDELLE. 


t.  Les  lettres  d'abolition  données  par  Louis  XIV,  en  mai  1647,  à  la 
ville  do  Montpellier  et  dont  A.  Germain  a  communiqiu!  le  ;oxtc  dans  son 
étude  citée,  contiennent  un  court  récit  de  la  sédition,  <jui  semble  avoir 
été  fait  d'après  le  rapport  de  Bosquet. 


MELANGES  ET   DOCUMENTS.  69 


ExtraiL  du  procès-verbal  de  M.   du  Bosquet. 

4  juillet  1G45*. 

Monsieur  Baltazar  ayant  rendu  une  ordonnance  portant  l'exé- 
culion  des  taxes  faites  sur  les  mestiers  jurés,  Ronianet  Iraictant 
desdits  droits  la  fit  imprimer  et  afficlier  par  la  ville  de  Montpellier 
aux  derniers  jours  du  mois  de  juin  et  à  même  temps  Ht  faire  des 
exploits  de  commandements  de  payer  aux  artisans  de  ladite  ville, 
lesquels  furent  extrêmement  surpris  tant  de  la  nouveauté  de  la 
chose  que  de  la  grandeur  des  sommes  auxquelles  ils  estoient  taxés. 
Geste  surprise  fat  suivie  d'un  désir  véhément  auxdits  artisans  de 
se  descharger  du  payement;  ce  qu'ils  creurent  ne  pouvoir  estre  fait 
qu'en  chassant  et  intimidant  le  traictant;  pour  à  quoy  parvenir, 
ils  excitèrent  leurs  femmes,  et  pour  leur  donner  des  compagnons 
dans  leurs  entreprises,  ils  firent  courir  le  bruit  que  les  femmes 
estoint  taxées  pour  le  nombre  des  enfans,  que  les  servantes  et 
valets  payeroint  une  portion  de  leurs  gaiges  tous  les  ans  et  telles 
semblables  choses  ausqaelles  donnoit  quelque  créance,  la  longue 
énumération  de  tous  les  mestiers  et  des  sommes  qui  devoint  estre 
payées  par  yceux,  contenue  dans  l'ordonnance,  de  laquelle  des 
artisans  les  pauvres  se  plaignoint  publiquement  et  excitoint  le 
monde  à  compassion. 

Les  esprits  estant  ainsy  disposés,  sans  que  la  chose  esclatat 
encore,  quelques  femmes  attaquèrent  de  parolle  le  nommé  I\Iadu- 
ron,  dans  la  maison  [duquel]  le  bureau  de  ceste  recepte  estoii  esta- 
bli,  et  l'on  dit  que  la  réponse  de  Maduron^  feut  accompagnée  de 
rudesse  et  de  quelque  soufflet  qu'il  donna  à  une  femme 3.  L'attaque 

1.  Ce  document  est  l'original  de  l'éi^oque  ;  il  est  sur  gros  papier;  nous 
en  avons  respecté  l'orthographe,  mais  nous  avons  ajouté  une  ponctuation 
qui  fait  défaut,  afin  de  le  rendre  plus  aisé  à  lire. 

2.  Maduron,  riche  négociant,  dans  la  maison  duquel  les  partisans 
avaient  établi  un  de  leurs  bureaux.  On  donnait  le  nom  de  partisans  à  des 
financiers  qui  prenaient  un  impôt  à  partie,  c'est-à-dire  avançaient  au  tré- 
sorier royal  une  partie  de  l'impôt  afin  de  garder  le  reste,  d'où  le  nom  de 
partisans. 

3.  Ici  le  procès-verbal  du  Bosquet  dilïèrc  dos  autres  récits,  on  ce  (jui  a 
trait  à  la  cause  immojdiate  et  déterminante  de  la  sédition.  Selon  Giroud, 
Maduron  ayant  été  voir  le  feu  do  la  Saint-Jean,  fut  hué  par  des  enfants  et 
en  frappa  un  à  la  tète,  d'où  le  tumulte;  il  ajoute  aussi  qu'un  tailleur  fut 
emprisonné  par  les  partisans  parce  qu'il  no  voulait  pas  payer  la  taxe,  lîos- 
quet  ne  dit  rien  de  semblable  et,  selon  lui,  le  soufllet  duuuc  [iar  Mailunni 
fut  la  cause  immédiate  do  la  sédition. 


io 


ANNALES    DD   MIDI. 


de  ce  Maduron  feut  bientost  suivie  d'un  attroupement  de  grand 
nombre  de  femmes,  principalement  des  servantes  et  tilles  de 
chambre,  lesquelles  animées  par  les  fausses  persuations  du  paye- 
ment de  leurs  gaiges,  allèrent  au  logis  de  Maduron  père  et  fils  et 
le  pillèrent,  se  rendirent  au  logis  du  Cygne,  où  logeoit  Romanet, 
et  l'obligèrent  à  s'enfuir,  enfoncèrent  les  portes,  enlevèrent  les 
papiers  et  ordonnances  imprimées,  ausquelles  ayant  leu  le  seul 
Hom  de  monsr  Baltazar,  elles  s'animèrent  contre  luy.  Et  soit  qu'il 
feut  véritable  qu'elles  eussent  trouvé  des  minutes  de  plusieurs 
nouveaux  édicts  et  les  mémoires  de  .traictés  nouveaux,  comme 
elles  disoint,  ou  qu'il  leur  feut  ainsy  persuadé,  elles  entrèrent  en 
une  fureur  générale  contre  tous  les  traictans*. 

Les  consuls  de  la  ville,  entre  autres  le  sieur  de  Beleval,  qui 
s'est  porté  avec  un  soin  assidu  et  très-grand  en  ceste  rencontre,  se 
rendirent  au  Cygne  pour  faire  retirer  ces  femmes  ;  mais  leur  tra- 
vail feust  ynutille  et  cela  ne  feut  fait  que  par  le  sieur  de  Villes- 
passier,  lieutenant  en  la  citadelle,  qui  y  arriva  avec  une  vingtaine 
de  mousquetaires  2^  et  ce  feut  le  XXX  de  juin  après  midy. 

Cette  assemblée  de  femmes  ne  faisoit  pas  grand  bruit  dans  la 
ville  et  ne  feut  cognue  par  ledict  sieur  du  Bosquet  qu'environ  les 
deux  à  trois  heures  après-midy  de  ce  jour-là,  qu'allant  par  ville, 
il  vit  les  rues  couvertes  de  pièces  et  fragment  des  ordonnances  de 
monsr  Baltazar  et  des  quittances  du  trésorier  des  partyes  cazuelles 
ce  qui  luy  donna  occasion  de  senquerir  du  fait.  Et,  estant  à  son 
logis,  il  manda  ledict  sieur  de  Beleval  et  ledict  sieur  de  Villespas- 
sier.  S'y  estant  pareillement  rendu,  il  apprit  de  leurs  bouches  ce 
qui  sestoit  passé,  et  ayant  eu  advis  que  ces  femmes  se  rassem- 
bloient  environ  la  maison  desdicts  Maduron,  lesdicts  sieurs  de 
Villespassier  et  Beleval  s'y  rendirent  avec  résolution  d'arrester  les 
premières  personnes  qui  sopiasteroint  à  faire  du  tumulte  et  les 
amener  à  la  citadelle,  attendant  le  retour  de  Monsieur  le  maré- 

1.  Delort  dit  que  le  vendredi  on  pilla  les  papiers  de  Martin,  notaire; 
c'est  sans  doute  une  confusion  et  il  s'agit  du  pillage  des  papiers  de  Ro- 
manet qui,  d'après  le  rapport  de  Bosquet,  eut  eirectivement  lieu  le  ven- 
dredi. Au  pillage  de  la  maison  de  Maduron,  Delort  ajoute  celui  du  Cygne; 
nous  avons  vu  qu'il  ne  fut  pas  pillé,  mais  les  portes  seulement  enfoncées 
et  les  papiers  dispersés.  Quant  au  pillage  de  la  maison  do  Houdon,  tréso- 
rier de  France,  Bosquet  ne  le  place  que  dans  la  nuit  du  2  au  8  juillet; 
d'ailleurs,  le  trésorier  de  France  s'appelait  do  Gretl'euille. 

2.  Delort  ne  parle  i)as  de  cette  intorventiou  do  Villespassier  le  80  juin, 
mais  le  fait  venir, le  2  juillet,  avec  cimiuante  à  soixante  soldats  au  secours 
du  maréchal  de  Schouiberg  ;  il  doit  faire  confusion. 


MÉLANGES  ET   DOCUMENTS.  71 

chai  de  Schonberg,  qui  estoit  à  la  chasse.  Lequel  estant  arrivé  en- 
viron les  six  heures  du  soir,  ledict  sieur  Bosquet,  s'en  allant  rendre 
y)rès  de  luy,  le  rencontra  à  la  rue  avec  ledict  sieur  Villespassier 
lequel  disoit  que  toutes  ces  femmes  s'estoient  séparées,  et  ayant 
concerté  ensemble  de  ce  qui  devoit  estre  fait  en  cas  qu'elles  satrou- 
passent  de  reschef,  savoir  de  leur  courir  sus  et  d'en  ari'ester  des 
prisonniers,  chacun  deux  se  retira. 

Les  femmes  seules  avointparujusques  à  cette  heure-là,  maisenvi- 
ron  les  neuf  heures  du  soir  dudict  jour'  les  hommes  de  la  lie  du 
peuple  se  joignirent  à  elles,  et  sestaut  animez  généralement  contre 
tous  les  partisans  et  leurs  protecteurs,  attaquèrent  la  maison  du 
sieur  Esmère,  commis  à  la  recepte  du  droit  d'amortissement  2,  et, 
après  avoir  enfoncé  les  portes,  la  pillèrent. 

Monsieur  le  mareschal  de  Schonberg,  qui  estoit  à  la  ville,  y  ac- 
courent avec  le  peu  de  gens  qui  se  trouvèrent  auprès  de  luy,arresta 
deux  hommes  prisonniers  et  donna  les  ordres  qu'il  jugea  néces- 
saires. 

La  nuict  feut  assès  calme  et,  le  matin  du  premier  juillet,  les 
femmes  s'assemblèrent  au  son  du  tambour  en  la  place  du  pallais, 
demandant  les  prisonniers,  disant  qu'ils  estoint  innocens  et  elles 
seules  les  coulpables;  Monsieur  de  la  Forest  Toiras,  qui  a  agy 
avec  vig'ueur  et  courage  en  cette  rencontre,  si  porta  par  plusieurs 
foys,  mais  en  vain,  car  le  nombre  de  femmes  grossissoit  à  tous 
momens  par  la  quantité  des  hommes  et  des  femmes  qui  y  accou- 
roint*,  lesquels  y  estoint  appelées  par  un  petit  garçon  battant  le 
tambour  par  la  ville  et  criant  à  haute  voix  qu'il  faisoit  savoir  à 
toutes  les  femmes  et  servantes  de  se  rendre  au  pallais,  où  l'on 
vouloit  faire  pendre  deux  hommes  injustement. 

Geste  émotion  continuant,  Monsieur  le  mareschal  se  rendit  au 
devant  le  pallais,  suivy  de  quelques-uns  de  ses  gardes,  et  tascha 
dadoucir  ces  esprils  furieux;  mais  cependant*  une  partye  des  sé- 
ditieuses estoint  aux  murailles  de  la  prison,  qui  respondent  hors 
la  ville,  et  ayilées  par  des  habitants,  enlevèrent  les  prisonniers  et 

1.  C'est  toujours  du  30  juin  qu'il  s'agit. 

2.  Le  droit  d'amortissement  n'avait  rien  do  commun  avecles  droits  qui 
avaient  suscité  la  sédition;  mais  le  peuple  confondait  tous  les  receveurs 
dans  la  même  haine. 

3.  Bosquet  n'a  pas  jugé  à  propos  de  donner  le  nom  des  deux  femmes 
qui  dirigeaient  réinoute:  les  autres  récits  nous  ont  uppris  quelles  so 
nommaient  la  i^rauliiire  et  la  IMoiitcoUe. 

4.  Signilie  :  pendant  ce  tempsdà. 


72  ANNALES   DU   MIDI. 

les  conduisirent  à  une  lieue  de  la  ville  ^  Ces  femmes  retournant 
de  cette  action  chantoint  le  triomphe  et  témoignoint  de  vouloir  de- 
meurer dans  le  rppos.  Et,  en  effet,  il  y  eut  quelque  yntervallede  temps 
sans  rumeur,  pendant  lequel  Monsieur  le  mareschal  de  Sclionberg, 
désirant  prévenir  un  plus  grand  désordre,  manda  les  companies  des 
officiers  de  ladite  ville,  les  consuls  et  chefz  des  mestiers  en  pré- 
sence des  sieurs  du  Bosquet  et  Baltazar,  de  la  part  de  la  cour  des 
comtes,  aydes  et   finances.   Les    sieui^s    de    Saint- George    et    de 
Montlaur,   présidentz,  et  les  sieurs  de  CUausel  et  de  Cauteville, 
conseillers,  vindrent  offrir  à  Monsieur  le   Mareschal  leurs  per- 
sonnes et  leurs  services  et  promirent  de  se  rendre  auprès  de  luy 
au  moindre   mandement  avec  cinq  cens  hoiïimes  armés  et  s'en 
allèrent  par  ordre  de  Monsieur  le  mareschal  exorter  leurs  voisins 
et  dépandantz  à  demeurer  dans  le  repos  et  à  retenir  leurs  femmes. 
Les  mêmes  offres  furent  faits  par  les  sieurs  Girard,  de  Mirmam, 
la  Cassaigne,  Berrulac,  Groset  et  Greffeuille,  trésorierde  France,  au 
nom  de  leur  bureau,  et  s'en  retournèrent  avec  les  mesmes  ordres. 
Les  consuls  et  les  chefz  des  mestiers,  s'estant  présentés  à  M.  le 
Mareschal,  désadvouèrent  laction  des  femmes  et  nyèrent  que  leurs 
femmes  feussent  de  la  partye,  se  plaignantz  à  la  vérité  des  taxes 
qui  estoint  faits  sur  eux,  qui  avoynt  peyne  à  vivre  de  la  sueur  de 
leur  visage,  et  de  ce  que  les  ordonnances  portoint  la  constrainte 
solidaire,  ce  qu'ils  trouvoint  fort  injuste  et  qu'en  un  mesme  jour 
on  ait  fait  faire  cinq. ou  six  cens  exploits  ausdits  artisans.   M.  le 
Mareschal  leur  commanda  de  demeurer  dans  le  repos  et  leur  pro- 
mit de  faire  modérer  ces  taxes,  et  qu'ils  en  donnassent  advis  à 
ceux  de  leurs  mestiers.  Ce  que  lesdits  consuls  auroint  promis  de 
faire  2.  Pendant  le  reste  du  jour  premier  juillet  et  la  nuict  sui- 
vante, il  n'y  eut  point  de  bruit  dans  la  ville,  les  soins  des  officiers 
des  comtes  et  trésoriers  de  France  ayant  reussy  à  appaisé  les 
esprits.  Et  pendant  ce  temps,  des  marchans  à  qui  on  avoit  saisy 
des  marchandises  pour  les  frais  des  ambarqués  à  l'armée  de  Cata- 
logne 3,  de  l'an  1G43,  ayant  pris  occasion  de  ce  tumulte,  deman- 
dèrent la  main  levée,  qui  leur  feut  promise  par  M.  le  Mareschal  : 
ainsy  tout  prétexte  sembloit  estre  osté  à  la  sédition^. 


1.  Delort  place  cette  mise  en  liberté  le  2  juillet  {op.  cit.,  p.  127). 

2.  ];)ftlort  ne  mentionne  pas  ces  réunions  chez  Schomberg  pendant  les 
quelques  heures  d'accalmie  du  1"  juillet  après  midi. 

3.  Si^,niifie  ;  des  troupes  envoyées  de  l'armée  de  Catalogne. 

4.  On  était  loin  de  s'atlcndrc,  le  1"  juillet  au  soir,  aux  scènes  tumul- 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  73 

Mais  comme,  dans  la  fureur  de  la  sédition,  ces  femmes  avoint 
dit  publiquement  quelles  vouloint  tuer  tous  les  partisans  affin 
qu'aucun  ne  feut  sy  harili  d'entrer  à  l'advenir  dans  la  ville,  qu'il 
ne  falloit  point  payer  de  quartier  d'hiver  *  et  quelles  avoint  mar- 
qué les  maisons  de  certains  habitans  quelles  vouloint  tuer,  sous 
prétexte  qu'ils  estoint  yntéressès  avec  les  partisans  ou  leurs  com- 
missaires, plusieurs  personnes  pourveurent  à  leur  déffence,  met- 
tant leurs  amis  et  de  gens  armés  dans  leurs  maisons,  entre  au- 
tres, le  sieur  Massia  Eudes,  trésorier  de  la  bourse  du  pays  et  père 
du  receveur  général  des  finances,  soit  pour  la  conservation  des 
deniers  du  roy,  et  le  sieur  Dupny,  cy-devant  soubztraiciant  des 
amortissements.  L'on  assure  que  ledict  Dupuy  et  ses  amis,  qui 
sestoint  barrigadés  dans  sa  maison,  attaquèrent  avec  injures  les 
femmes  qui  passoint  en  troupe  le  dimanche  deuxième  du  dict 
mois  de  juillet  2,  sur  le  midy.  Lesquelles  ayant  appelle  les  hommes 
à  leur  secours,  une  mousquetade  feut  tirée  du  logis,  qui  tua  un 
vieux  homme,  que  l'on  disoit  y  avoir  esté  amené  par  la  curiosité. 
Cet  homme  mort  et  sanglant,  exposé  au  peuple  et  porté  par  les 
rues,  fit  un  aussy  grand  eflfect  que  la  chemise  de  César '. 

En  mesme  temps,  toute  la  ville  feut  en  armes,  les  chesnes  ten- 
dues par  la  ville  et  les  maisons  de  Massia  et  Dupuy  attaquées. 

M.leMareschal  en  eut  advis  dînant  chez  M.Baltazar  et  y  accou- 
rent avec  ses  domestiques  et  les  s^s  marquis  de  Cauvisson  et  de 
Toiras,  séneschal  de  Montpellier:  La  Forest  Toiras,  de  Mousso- 
lens,  de  Roques,  et  quelques  autres  gentilhommes  trouvés  par 
rencontre,  où  furent  aussy  présentz  les  s""*  de  S*-George  et  de 
Montlaur,  présidentz  et  autres  officiers  de  la  Cour  des  comtes, 
qui  taschoint  d'appaiser  le  peuple  et  assistoint  M.  le  Mareschal, 


tueuses  et  sanglantes  que  nous  allons  voir  se  dérouler  le  lendemain  ;  le 
procès-verbal  de  Bosquet  diffère  sensiblement  ici  du  récit  de  Delort,  mais 
nous  le  croyons  plus  véridique. 

1.  Pour  le  logement  des  troupes  venant  hiverner  dans  les  villes. 

2.  Si  l'on  rapproche  cette  provocation  des  employés  aux  finances,  qui 
occasionna  l'explosion  de  la  haine  populaire,  le  2  juillet  après-midi,  du 
soufflet  donné  par  Maduron  à  une  femme,  qui  causa  celle  du  80  juin 
(voir  p.  65),  il  faut  conclure  que  ces  agents  fiscaux  eurent  une  bonne  part 
dans  les  responsabilités  de  la  sédition. 

3.  Delort  ne  mentionne  pas  la  mort  de  cet  homme,  mais,  en  revanche, 
il  raconte  celle  de  la  dame  FageroUe,  tuée  par  les  balles  des  séditieux  au 
moment  où  eJle  se  montrait  à  la  fenêtre  de  la  maison  Massia.  Giroud 
place  en  ce  moment  l'épisode  de  M""  Sabatié,  arrachant  les  traitants  à  la 
mort  en  les  cachant  dans  sa  maison. 


74  ANNAI-ES    DU    MIDI. 

ensemble  le  s""  de  Beleval,  consul,  qui  feut  obligé  de  se  mettre  ù 
la  teste  du  peuple  pour  le  détourner  de  ses  desseins.  Les  prières 
et  les  exhortations  de  M.  le  Mareschal  furent  inutilles  sur  les 
esprits  de  ces  furieux  et  ses  armes  furent  vertement  repoussez  à 
coups  de  mousquets,  fusilz  et  pistoletz  et  de  pierres  jettées  du  haut 
des  maisons. 

Ils  s'estoint  retranchés  dans  les  rues  estroittes  qua  peyne  deux 
hommes  à  cheval  pouvoint  entrer  de  front  et  quon  ne  pouvoit 
enfoncer  sans  verser  beaucoup  de  sang.  M.  le  Mareschal  voulut 
espargner  celuy  du  bourgeois,  espérant  qu'après  cette  première 
fureur  passée,  il  pourroit  ramener  ces  esprits  par  la  douceur. 

Il  ne  peut  pas  faire  néantmoins,  quelque  tempérament  quil  y 
aportat,  que  plusieurs  habitans  ny  fussent  tués,  un  de  ses  gardes 
blessés  à  la  mort  et  luy-même  frapé  d'un  coup  de  pierre. 

Le  combat  reprit  vingt  foys^  durant  trois  à  quatre  heures  pen- 
dant lequel  la  fureur  du  peuple  regorgeoit  par  toute  la  ville  et 
tuoit  tout  ce  quelle  rencontroit  avec  le  nom  de  partisans  ;  mesme 
le  fils  dudict  sieur  Mas.sia,  chanoine  de  Narbonne,  estant  rencontré 
en  fuyant,  feut  massacré.  Les  maisons  deDupuy  et  Massia  furent 
emportées,  pillées  et  bruslées  et  des  hommes  tués  au  dedans  avec 
grande  cruauté. 

Pendant  ce  combat,  M.  Baltazar,  ayant  ouy  sans(?)  les  cris  des 
peuples  contre  les  partisans  et  les  intendantz,  se  retira  dans  la 
citadelle,  et  le  sieur  du  Bosquet,  ayant  considéré  quelque  temps 
ce  désordre,  dont  le  gros  n'estoit  pas  loin  de  son  logis,  quy  estoit 
monté  au-dessus  de  la  force  des  armes  et  de  la  conduite  de  la  pru- 
dence, se  retira  dans  son  logis  avec  le  sieur  St-Hilaire,  conseiller 


1.  La  description  de  ce  combat  des  rues  est  donnée  dans  Delort  d'une 
manière  différente.  Selon  lui  (op.  cit.,  p.  124),  les  gardes  de  Schomberg 
tirèrent  au  début  de  l'affaire,  sur  le  commandement  de  ce  maréchal,  et  il 
y  eut  des  tués  et  blessés.  Cet  ordre  cadre  assez  mal  avec  la  mansuétude 
et  le  calme  du  gouverneur  dans  toute  cette  affaire. 

Delort  raconte  également  que  Villespassier,  lieutenant  de  la  citadelle, 
vint  avec  cinquante  ou  soixante  soldats  pour  dégager  Scliomberg,  et 
également  que  Goussonville,  lieutenant  du  roi,  qui  vint  place  des  Sévenols 
pour  arrêter  des  insurgés,  fut  chassé  avec  ses  hommes  et  perdit  son 
chapeau  en  s'enfuyant. 

Il  semble,  au  contraire,  selon  lîosquet,  que  Schomberg  ne  fut  pas  se- 
couru et  soutint  la  lutte  contre  le  peuple  avec  seulement  quelques  amis 
fonctionnaires  et  les  gardes  de  sa  maison  en  fort  petit  nombre.  Il  paraît 
aussi,  selon  les  récits,  que  Carrié  sauva  la  vie  de  Schomberg  en  écartant 
un  mousquet  dont  il  était  visé. 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  75 

en  la  cour  des  comtes, >  qui  en  est  le  maistre,  et  M.  le  Mareschàl 
se  retirant  en  son  hostel,  il  le  suivit  i. 

Le  feu  estant  ainsy  allumé  par  toute  la  ville,  M.  le  Mareschal 
employa  tous  ses  soins  affin  qu'il  ne  continuât  pas  durant  la  nuict, 
et  que  s'il  iie  pouvoit  pas  diminuer,  pour  le  moins  il  n'augmenta 
pas.  Il  manda,  à  cet  efîect,  les  officiers  et  donna  les  ordres  néces- 
saires :  le  peuple  ayant  attaqué  la  maison  d'un  nommé  Boudon,  il 
fit  en  sorte  que  le  peuple  sy  amusa  pendant  la  nuict. 

Le  lendemain,  troisième  juillet,  au  grand  malin,  le  peuple  ayant 
fait  entendre  à  M.  le  Mareschal  que,  sil  le  deschargeoit  des  taxes, 
bailloit  aux  marchands  la  main  levée  des  marchandises  saisies 
pour  les  embarquements,  faisoit  sortir  de  la  ville  tous  les  traiclans 
et  quil  ny  flst  point  entrer  des  gens  de  guerre,  il  quiteroit  les 
armes  et  fairoit  entièrement  ses  commandements,  Mons.  le  Mares- 
chal y  auroit  acquiessé  pour  appaisser  ces  grands  désordres,  qu'il 
ne  pouvait  réprimer  par  les  armes.  Et  son  ordonnance  ayant  esté 
^eue  et  publiée  à  son  de  trompe,  le  peuple  auroit  crié  des  «  Vives 
le  roy  !  »  et  se  serait  extrêmement  adôucy.  Et  pour  tesmoigner  la 
joye  commune  de  tout  le  monde,  les  principaux  marchands  et  au- 
tres bourgeois,  qui  navoint  point  paru  dans  la  sédition,  sestant 
contenus  dans  leurs  maisons  pour  leur  detïence,  vindrent  en  nom- 
bre de  quatre  à  cinq  cens  tesmoigner  à  M.  le  Mareschal  le  desplai" 
sir  quils  avoint  des  choses  passées  et  luy  offrir  leurs  services  pour 
l'exécution  de  ses  commandements  ;  mais  dautant  que  la  plus 
grand  part  faisans  profession  de  la  R.  P.  R.  2  estoint  désarmés, 
M.  le  Mareschal  leur  permit  de  s'armer  et  leur  commanda  de  se 
rendre  avec  leurs  armes  en  l'hostel  de  ville  pour  faire  ce  qui  leur 
seroit  ordonné  par  les  consuls. 

Les  officiers  des  comtes,  trésoriers  de  France  et  presidiaux  ses- 
tant présentés  pareillement,  M''  le  Mareschal  leur  ordonna  de  se 
rendre  en  armes  audict  hostel  de  ville,  se  saisir  des  postes,  distri- 
buer les  corps  de  garde  et  les  patrouilles  en  telle  sorte  qu'ils  se 
rendissent  les  maistres  de  la  ville.  Et  parce  qu'il  feut  donné  advis 
que  des  soldats  et  autres  gens  sans  aveu  et  des  paysans  des  villa- 
ges voisins  s'estoint  glissés  parmy  le  peuple  à  dessein  de  piller, 


1.  C'est  en  rentrant  au  palais  que  Schomberg,  fuyant  devant  le  peuple, 
rencontra,  d'après  Giroud,  une  femme  conduisant  un  petit  garçon  qui, 
intei'pellée  par  lui  pour  savoir  où  elle  allait,  lui  répondit  ;  «  Je  m'en  vais 
à  la  mort  »,  etc.,  etc. 

2;  La  religion  prétendue  réformée. 


76  ANNALES  DU  MIDI. 

Mr  le  Mareschal  donna  ordonnance  portant  commandement  aux- 
dicts  estrangers  de  vuider  la  ville  dans  le  jour  à  peyne  delavie,  et 
aux  consuls  de  fermer  les  portes  de  la  ville  à  l'exception  des  deux 
plus  comodes,  ausquelles  ils  établiroint  une  garde  bourgeoise. 

Ces  ordres  furent  exécutés  si  ponctuellement  qu'a  mesme 
temps  tous  les  hommes  de  condition  fui'ent  assemblés  en  armes 
en  la  maison  de  ville,  les  sisains  distribués  par  la  ville  soubz  la 
conduite  des  bons  bourgeois  non  suspects;  et  ainsy  les  femmes 
furent  séparées,  les  séditieux  éloignés,  à  la  réserve  de  quelques- 
uns  qui  ont  demeuré  sous  les  armes  à  la  conduite  des  plus  sages 
et  le  pillage  et  bruslement  des  maisons  a  cessé. 

Ledict  jourS  Mr  le  Mareschal,  ayant  monté  achevai,  sans  au- 
cune suite  de  gardes,  accompagné  tant  seulement  du  sieur  du 
Bosquet,  intendant,  des  srs  marquis  de  Gauvisson,  baron  de  Res- 
tinelières,  de  Tarenda  et  son  escuyer,  a  parcouru  toute  la  ville  et 
expliqué  ses  ordonnances  au  peuple,  tesmoigné  son  aft'ection 
envers  lui  et  a  mis  par  sa  présence  et  par  sa  prudence,  les  choses 
en  tel  estât,  quil  n'y  a- point  dapparence  daucun  trouble,  les  prin- 
cipaux habitatis  s'estant  rendus  les  mestres  de  la  ville. 

L'impunité  de  ceste  sédition  est  dune  périlleuse  conséquence 
pour  lauctorité  et  les  affaires  du  Roy  et  un  exemple  de  semblable 
rébellion  dans  toutes  les  autres  villes  de  la  province,  puisque 
dans  une  ville,  où  il  y  a  citadelle,  companie  d'officiers  souve- 
raine, trésoriers  de  France,  présidial  et  à  la  présence  du  gouver- 
neur de  la  province  et  des  intendants,  la  lie  du  peuple  a  osé  pren- 
dre les  armes  et  résister  au  combat.  Et  d'autre  part  la  vengeance 
n'en  est  point  facille,  sy  elle  n'est  appuyée  d'un  nombre  suffisant 
de  gens  de  guerre ^  ;  encore  y  aura  le  danger  quil  ny  ayt  etïusion 
de  sang,  si  les  principaux  habitans  ne  continuent  dans  la  résolu- 
tion qu'ils  ont  prise  à  présent. 

Bref,  la  calamité  et  la  misère  du  peuple  est  sy  grande  et  les 
officiers  se  plaignent  de  tant  de  charges,  que  Ion  juge  à  plus  près 
que  tout  le  monde  est  bien  aise  déloigner  les  traictés  nouveaux  et 
les  traictans,  et  que  ce  sera  à  leur  grand  regret  quils  consentiront 
à  leur  retour,  ce  quils  ne  feront  jamais  que  par  force. 

Fait  à  Montpellier,  le  iiiifi  jour  de  juillet  1645. 


1.  Le  3  juillet,  dans  raprès-midi. 

2.  Le  succès  de  la  S(''dUioii  tiul  justement  pour  cause  la  faiblesse  de  la 
garnison  de  la  citadelle,  absolument  insuflisanto  pour  la  garder   et  en 


MELANGES   ET   DOCDMENTS.  77 

Lettre  du  maréchal  de  Schotnberg  au  cardinal  de  Mazarin^ . 

Monseigneur, 

V.  E.  verra  par  la  relation  que  j'envoie  à  M""  de  la  Vrillière,  la 
sédition  quil  y  a  eue  dans  Montpellier.  Le  bonheur  a  voulu  que  je 
my  sois  rencontré  et  V.  E.  sceaura  que  sans  cela  la  ville  es  toit 
perdue  absolument.  Jai  esté  assez  heureux  pour  arester  cesteémo- 
tion  en  trois  jours,  mais  je  vous  confesse.  Monseigneur,  que  ce  na 
pas  esté  sans  peine,  ny  sans  un  péril  qui  peust  passer  pour  assez 
grand,  puisque  avec  environ  quarante  hommes  de  mes  guardes  ou 
des  gentilshommes  qui  estoint'  auprès  de  moy,  je  dissipé,  pen- 
dant une  heure  et  demie,  deux  mil  habitans  armés,  divisés  en 
plusieurs  cors,  que  je  trouvois  logés  à  tous  les  coins  des  rues. 

Enfin,  comme  je  ne  voulois  pas  tuer  de  peur  d'aigrir  les  choses 
davantage  et  que  dès  que  je  les  avois  rompus  enlespoussant  avec 
la  teste  des  chevaux  et  en  leur  donnant  quelques  coups  de  bas- 
tons,  ils  saloient  rejoindre  à  cent  pas  de  là,  je  fus  contraint  de 
céder  à  la  force,  ayant  beaucoup  de  mes  gens  blessés  de  mous- 
quettades  et  de  coup  de  pierre. 

Je  ne  voulus  neantmoins  pas  quitter,  croyant  qu'il  y  alloit  du 
service  du  Roy  à  ne  pas  me  retirer  devant  eus,  ainsi  je  me  logé, 
avec  ce  peu  de  monde  que  j'avois,  dans  quelques  carfours  où  ils  ne 
me  vinrent  pas  taster,  et  après  qu'ils  eurent  pillé  et  bruslé  les  mai- 
sons de  deus  partisans,  ils  se  retirèrent  et  moy  après  eus  ;  et  leur 
nombre  estant  acreu  par  le  tocxain  jusques  à  trois  mil  hommes 
et  je  croy  qu'un  peu  de  vigueur  et  de  fermeté  qu'ils  recognurent 
dans  un  si  petit  nombre  de  gens  les  fit  rentrer  en  eus  mesmes,  et 
comme  ils  virent  que  leurs  salves  de  mousquetades  et  de  coups 
de  pierre  ne  nous  arreslèrent  pas,  ils  nous  laissèrent. 

Le  lendemain  de  ce  jour  la^,  j'envoie  quérir  tous  les  O^sS^  flg 
armer  les  bons  habitans  qui  mestoient  venus  demander  pardon, 


même  temps  contenir  le  peuple.  C'est  ce  qui  explique  comment  Schom- 
berg  fut  réduit  à  une  poignée  d'hommes  (quarante,  d'après  sa  lettre  à 
Mazarin)  et  obligé  de  capituler  sur  tous  les   points  pour  rétablir  l'ordre. 

1.  Arch.  des  affaires  étrangères.  Mémoires  et  documents,  France, 
vol.  1684,  fol.  145-146.  Cette  lettre  est  tout  entière  do  la  main  de  Scliom- 
berg  et  d'une  écriture  grande,  penchée,  diflicile  à  lire.  Nous  avons  ajouté 
la  ponctuation  qui  fait  défaut. 

2.  C'est-à-dire  le  3  juillet. 

3.  Conseillers. 


78  ANNALES    DU    MIDI. 

donnay  des  ordonnances  pour  leur  soulagement  et  fis  faire  des 
guardes  aux  places  par  les  mesmes  habitans,  qui  assurèrent  tout- 
les  choses. 

Je  croys  que  ces  peuples  seront  tousiours  asses  calmes,  pourveu 
qu'on  ne  parle  point  de  partisans  et  j'aprehande  avec  un  grand 
sujet  que  cest  exemple  ne  soit  fort  préjudiciable  a  la  province i. 
V.  E.  en  voit  mieus  la  conséquence  et  la  suite  que  personne;  c'est 
à  Elle  à  juger  si  Elle  est  en  estât  d'y  remédier  ou  non. 

(leste  affaire  est  la  plus  importante  qui  puisse  arriver  et  un 
malheureux  fait  a  donné  lieu  de  désordre  à  des  gens  qui  véritable- 
ment ont  esté  bien  aise  d'en  prandre  loccasion  pour  ne  payer  pas 
le  quartier  d'hiver,  et  quoy  que  cecy  semble  purement  un  cas  for- 
tuit, il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  y  a  eu  quelque  préméditation  pour 
traverser  et  empescher  ledit  quartier  d'hiver. 

J'envoie  à  V.  E.  la  démission  de  M^  d'Audouville  quy  ma  mis... 
{illisible)  entre  les  mains. 

Jatens  vos  commandemens  affin  que  je  puisse  entrer  en  pos- 
session du  Saint-Esprit^  et  donner  en  mesme  tems {illisible). 

Je  suis  infiniment  marry  de  la  mort  de  Mi'  de  Magasoty  (?)  et  je 
regrette  bien  fort  par  le  desplaisir  quen  doit  avoir  eu  V.  E.  à  qui 
je  suis...  à  la  mort  très  passionnément  et  avec  toute  sorte  de  res- 
pect, Monseigneur,  votre  très  humble,  et  très  obéissant  et  très 
affectionné  serviteur, 

SCHOMBERG. 

Monfi'  ce  5  juillet. 

En  marge  :  Mrs  de  (îauvisson  et  de  Mousoulieu  (?)  mont  très 
bien  assisté  à  ceste  maleureuse  occasion. 


1.  II  n'en  fnt  rien  heureusement,  car  la  sédition  de  MontpelHer  pesta 
un  acte  isolé;  Narbonue  et  les  villes  du  Languedoc  restèrent  calmes. 
(Arch.  des  Affaires  étrangères;  France,  1634,  fol.  147  et  passhn.) 

2.  Il  faut  conchire  de  cette  phrase  que  Schomberg  venait  de  recevoir 
l'Ordre  du  Saint-Esprit. 


GOMPTKS  RENDUS  CRITIQUES 


René  Poupardin.  —  Le   royaume  de  Bourgogne  (888- 
1038).  Étude  sur  les  origines  du  royaume  d'Arles. 

(Bibliothèque  ùe  l'École  des  Hautes  Études,  sciences  histo- 
riques et  philologiques,  163e  fasc.)  Paris,  Champion,  1907; 
in-8o  de  xl-511  pages. 

Les  lecteurs  des  Aiinales  du  Midi  connaissent,  grâce  à  une 
pénétrante  étude  de  M.  Paul  Fournier  *,  le  premier  des  livres  que 
M.  Poupardin  a  consacrés  à  l'histoire  du  sud-est  de  la  France  au 
haut  moyen  âge  :  «  Le  royaume  de  Provence  sous  les  Carolingiens 
(8-55-933)  ».  M.  Poupardin  vient  de  faire  paraître  un  second 
volume,  qui  relate  cette  fois  l'histoire  du  royaume  de  Bourgogne 
de  888  à  1038,  et  qui  complète  et  prolonge  son  précédent  ouvrage. 

Le  nouvel  État  hourguignon  fut  fondé,  au  lendemain  de  la  dépo- 
sition de  l'empereur  Charles  le  Gros,  au  profit  de  Rodolfe  (1er), 
alors  comte  et  marquis  de  Transjurane,  qui  fut  proclamé  roi  dans 
une  assemhlée  de  grands  personnages,  laïcs  et  ecclésiastiques,  à 
Saint-Maurice-d'Agaune,  au  début  de  l'année  888.  C'était,  au 
fond,  beaucoup  moins  une  résurrection  de  l'ancien  royaume  bur- 
gonde  et  une  affirmation  d'une  nationalité  autonome  et  distincte 
au  sein  de  l'Empire  f^'anc,  que  la  simple  transformation  de  l'an- 
cien duché  carolingien  de  Transjurane,  augmenté  du  diocèse  de 
Besançon.  Cinquante  ans  plus  tard,  vers  933,  le  royaume  de  Bour- 
gogne s'accrut  d'une  partie  de  l'héritage  du  roi  de  Provence 
Louis  l'Aveugle.  Hugues,  héritier  de  Louis  l'Aveugle,  et  désireux 
de  se  consacrer  exclusivement  à  l'Italie,  céda  à  Rodolfe  II  ses  ter- 
res «  tenues  en  Gaule  »,  Provence  et  Viennois.  Le  royaume  de 
Bourgogne,  ainsi  agrandi,  et  comprenant  ce  qui  sera  plus  tard  le 

1.  Annales  du  Midi,  t.  XIV  (1902),  p.  441  et  suiv. 


80  ANNALES   DU    MIDI. 

«  royaume  d'Arles  et  de  Vienne  »,  a  vécu  d'une  existence  auto- 
nome jusqu'en  1032.  Alors,  en  vertu  du  «  testament  »  de 
Rodolfe  m,  ce  royaume  passa  entre  les  mains  de  l'empereur  Con- 
rad le  Salique.  M.  Poupardin  n'arrête  cependant  pas  son  étude  à 
l'année  1032.  Il  étudie  les  compétitions  qui  surgirent  entre  Conrad 
et  Eudes  de  Blois;  ce  dernier,  parent  de  Rodolfe  III,  réussit  à  se 
faire  reconnaître  comme  roi  par  un  certain  nombre  de  seigneurs 
du  royaume  de  Bourgogne.  Une  lutte  d'influence  se  produisit 
entre  les  deux  compétiteurs;  elle  dura  jusqu'à  la  défaite  et  à  la  , 
mort  d'Eudes,  en  1037,  à  la  bataille  de  Bar.  L'année  suivante,  en 
1038,  à  l'Assemblée  de  Soleure,  les  grands  du  royaume  de  Bour-* 
gogne  reconnurent  Henri,  fils  de  Conrad,  comme  «  roi  des  Bour- 
guignons ».  C'est  seulement  alors  que  devint  définitive  la  réunion 
enti'e  les  mêmes  mains  de  l'Empire  et  du  sud-est  de  la  France 
actuelle. 

M.  Poupardin  a  rassemblé  de  son  mieux  le  peu  que  l'on  sait  de 
l'histoire  de  ces  quatre  rois  (Rodolfe  1er,  Rodolfe  II,  Conrad  le 
Pacifique  et  Rodolfe  III),  dont  la  physionomie  est  si  terne  et  si 
effacée.  Ils  ont  assisté,  inditférents  ou  impuissants,  aux  grands 
événements  politiques  qui  inléressnient  leur  État  :  invasions  lion- 
groises  à  la  fin  du  règne  de  Rodolfe  II;  lutte  contre  les  Sarrasins 
et  expulsion  de  ceux-ci,  sous  Conrad  le  Pacifique,  par  les  comtes 
de  Provence,  Guillaume  et  Roubaud.  Tout  au  plus  peut-on  rele- 
ver quelques  eflorts  faits  par  les  rois  de  Bourgogne  pour  recons- 
tituer à  leur  profit  la  Lotharingie,  grâce  à  leur  situation  au  centre 
de  l'ancien  État  de  Lothaire;  ainsi  s'expliquent  les  tentatives, 
toujours  infructueuses,  faites  par  les  Rodolfiens  pour  s'étendre 
au  nord  ou  au  sud-est  :  tentatives  en  Lorraine  avec  Rodolfe  1er  ^ 
en  Italie  avec  Rodolfe  II.  Les  Rodolfiens  n'avaient  pas  de  res- 
sources suffisantes  pour  mener  à  bien  de  semblables  projets  de 
conquête. 

D'ailleurs  les  rois  de  Bourgogne  n'étaient  pas,  en  réalité,  aussi 
indépendants  et  aussi  libres  dans  leur  politique  qu'on  pourrait  le 
croire.  M.  Poupardin  a  fort  bien  montré  que  la  réunion  du 
royaume  de  Bourgogne  avec  l'Empire  en  1032  n'a  pas  été  le  résul- 
tat du  hasard,  mais  la  conclusion  de  tout  un  développement  histo- 
rique. Nous  pouvons  suivre,  pas  à  pas,  les  progrès  de  l'influence 
de  l'Empire  dans  le  royaume,  influence  que  les  rois  des  Francs 
occidentaux,  trop  taibles  encore,  ne  pouvaient  songer  à  contrecar- 
rer. C'est  d'abord,  dès  le  lendemain  de  la  fondation  du  nouveau 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  81 

royaume,  la  reconnaissance  de  la  suzeraineté  du  roi  de  Germanie 
Arnulf,  suzeraineté  purement  nominale  d'ailleurs,  et  dont  il  ne  fut 
plus,  semble-t-il,  question  au  xe  siècle*.  Ce  sont  surtout  les  cons- 
tantes interventions  des  Empereurs  dans  les  affaires  du  royaume. 
Au  lendemain  de  l'avènement  de  Conrad  le  Pacifique  en  987, 
Otton  1er  s'empare  temporairement  de  la  personne  du  jeune  roi  et 
du  royaume  de  Bourgogne,  afin  de  les  protéger  contre  les  efforts 
faits  par  Hugues,  roi  d'Italie,  pour  rétablir  son  autorité  en  Bour- 
gogne, au  mépris  de  la  cession  qu'il  avait  consentie  en  933  au 
profit  de  Rodolfell.  Plus  tard,  Otton  II  et  Otton  III  jouent  encore, 
vis-à-vis  du  même  Conrad,  le  rôle  de  protecteurs,  et  s'occupent 
notamment  de  chasser  les  Sarrasins  du  roj'aume  de  leur  protégé. 
Avec  l'avènement  d'Heni'i  de  Bavière,  la  politique  des  Empereurs 
se  précise  et  se  fait  plus  brutale.  Henri  s'empare,  en  1006,  de  la 
■  ville  de  Bàle,  jusqu'alors  comprise  dans  le  royaume  de  Bourgogne; 
et  dix  ans  plus  tard,  toujours  sous  prétexte  de  «  protection  »,  il 
dirige  une  expédition  militaire  contre  les  seigneui's  insurges  du 
royaume  de  Rodolfe  III,  en  particulier  contre  le  comte  Otte-Guil- 
laume.  Ainsi  les  voies  étaient  ouvertes  à  la  réunion  du  royaume 
de  Bourgog'ue  à  l'Empire,  et  aux  traités  qui  consacrèrent  cette 
cession  au  profit  de  Henri  II,  puis  de  son  successeur  Goni'ad  le 
Salique  :  cession  faite  à  l'Empire  lui-même,  diront  les  uns;  cession 
faite  seulement  à  l'Empereur  et  à  sa  famille  et  ne  créant  qu'une 
union  personnelle  entre  l'Empire  et  le  royaume  de  Bourgogne, 
diront  les  autres,  désireux  de  justifier  ainsi  l'intervention  des 
Capétiens  dans  ces  régions,  en  diminuant  l'importance  du  lien  qui 
unissait  le  royaume  à  l'Empire. 

Après  avoir  ainsi  groupé,  aussi  complètement  que  possible,  les 
renseignements,  en  somme  très  pauvres,  que  nous  possédons  sur 
toute  cette  histoire,  M.  Poupardin  essaie  de  définir  la  situation  des 
différentes  forces  politiques  du  royaume  de  Bourgogne.  C'est 
d'abord  le  roi,  qui,  comme  le  dit  un  chroniqueur,  «  ne  possède 
que  le  titre  et  la  couronne  ».  La  royauté  bourguignonne  ressemble 

1.  M.  Poupardin,  p.  126,  187  et  s.,  soutient  que  cette  suzeraineté  n'a 
pas  existé  en  droit,  même  après  le  traité  de  1U16  entre  Rodoll'e  III  et 
Henri  II.  Il  nous  semble  au  contraire,  comme  à  M.  Piister  (Revue  his- 
torique, t.  XCIV,  1907.  p.  ;J84  et  suiv.),  que  le  texte  de  Tliietmar  ao  Mer- 
sebourg  («  Omnem  namqae  Burgundiie  regionis  primatum  j^er  manus  ab 
avunculo  suimet  accepit  »)  indique,  aussi  nettement  que  possible,  une 
reprise  en  fief  da  royaume  de  Bourgogne,  et  l'établissement,  au  moins  à 
partir  de  ce  traité,  de  la  suzeraineté  d'Henri  II. 

ANNALES   DU    MIDI.    —   XX  () 


82  ANNALES   DU   MIDI. 

fort,  dans  ses  caractères-juridiques,  dans  son  organisation  admi- 
nistrative, dans  les  manifestations  de  son  activité,  aux   autres 
royautés  nées  du  démembrement  de  l'Empire  carolingien,  royautés 
des  Francs  occidentaux  ou  de  Germanie,  avec  cette  seule  différence 
que  ses  ressources  sont  encore  plus  restreintes  et  plus  maigres. 
La  vraie  force  sociale,  dans  le  royaume  de  Bourgogne,  pst  aux 
mains  de  la  féodnlite'',  laïque  ou  ecclésiastique;  et  l'étude  de  cette 
féodalité  est  une  des  parties  capitales  du  livre  de  M.  Poupardin. 
La  période  rodolfienne  est,  en  effet,  une  période  de  constitution 
et  de  développement  pour  les  grandes  maisons  féodales  qui  domi- 
neront plus  tard  dans  le  royaume  d'Arles.  Nous  n'avons   pas  à 
insister,  dans  une  Revue  consacrée  avant  tout  à  la  France  méri- 
dionale, sur  riiistoire  que  M.  Poupardin  nous  donne  de  la  maison 
des  comtes  de  Bourgogne.  Mais  d'autres  parties  du  même  chapitre 
intéresseront  directement  le  lecteur  des  Annales.  M.  Poupardin 
nous  a  donné,  sur  l'origine  des  Maisons  seigneuriales  de  Savoie, 
de  Dauphiné  et  de  Provence,  un  résumé  très  concis,  mais  très 
nourri,  des  nombreux  travaux  parus  dans  ces  dernières  années.  II 
accepte  dans  ses  grandes  lignes,  en  ce  qui  concerne  l'origine  delà 
Maison  de  Savoie,  la  thèse  soutenue  par  M.  de  Manteyer,  c|ui  rat- 
tache Humbert  aux  Blanches-Mains,  chef  de  cette  famille  au  début 
du  xie  siècle,  à  la  famille  de  Garnier,  comte  de  Troyes  et  vicomte  de 
Sens  au  début  du  xe  siècle,  époux  de  Thiberge,  la  sœur  de  Hugues 
d'Arles;  et  il  note,  après  M.  de  Manteyer,  l'importance  de  la  «  poli- 
tique ecclésiastique  »  de  cette  Maison,  qui  est  arrivée  à  mettre  la 
main,  au  cours  du  xie  siècle,  sur  une  série  d'évèchés  du  roj'aume 
de  Bourgogne  (Vienne,  Belley,  Aoste,  etc.).  —  Sur  la  question  tou- 
jours ouverte  de  l'origine  des  Dauphins,  M.  Poupardin  rejette  réso- 
lument l'opinion  des  auteurs  qui,  avec  MM.  de  Terrebasse  et  Pru- 
dhomme,  y  voient  des  descendants  des  anciens  comtes  carolingiens 
de  Graisivaudan.  Il  accepte  les  données  du  préambule  de  la  fameuse 
charte  du  cartulaire  de  Saint-Hugues,  qui,  si  elle  n'est  pas  contempo- 
raine des  événements  qu'elle  raconte,  a  au  moins  «  la  valeur  d'un 
texte  historiographique  ».  Il  pense  donc  que  les  évoques  de  Grenoble 
sont  arrivés,  grâce  à  l'affaiblissement  de  l'autorité  royale  et  à  la 
disparition  d'une  administration  comtale  régulière,  à  être  ;\  peu 
près  seuls  maîtres  en   Graisivaudan  au  xe  siècle.  La  famille  des 
Guignes  a  ses  origines,  non  pas  en  Graisivaudan,  ntais  en  Vien- 
nois: sa  fortune  vient  de  ce  qu'elle  a  suivi  «  la  tacti({ue  qui  devait 
également  faire  la  fortune  des  princes  de  la  Maison  de  Savoie,  en 


COMPTES    RENDUS   CRITIQUES.  83 

accaparant  les  évêcliés  voisins  ».  Cette  famille  a  pris,  vers  1035,  le 
titre  comtal;  et  M.  Poupardin  voit  là  le  résultat  d'une  usurpation 
pure  et  simple.  Il  n'adopte  donc  pas  l'hypothèse  si  séduisante,  pro- 
posée sur  ce  point  par  M.  de  Manteyer,  d'api'ès  laquelle  ce  titre 
aurait  sa  source  dans  une  inféodation  du  Viennois  méridional, 
consentie  par  les  archevêques  de  Vienne,  au  xie  siècle,  au  protît  de 
la  Maison  d'Albon  :  hypothèse  qui  trouve,  croyons-nous,  un  fort 
point  d'appui  dans  les  hommages  que  les  Dauphins  ont  prêté,  par 
la  suite,  aux  archevêques  de  Vienne.  —  M.  Poupardin  étudie  enfin 
le  développement  du  pouvoir  des  comtes  d'Arles,  devenus  marquis 
de  Provence:  et  il  a  pu,  sur  cette  question,  utiliser  les  résultats  du 
travail  encore  inédit  de  M.  de  Manteyer,  La  Provence  du  ler  aie 
xiie  siècle.  Il  montre  que  ce  développement  s'est  produit  surtout 
après  l'expulsion  des  Sarrasins,  et  a  eu,  comme  contre-partie,  la 
disparition  des  autres  comtes  des  comtés  provençaux.  Les  comtes 
de  Provence  sont  déjà,  dans  la  période  rodolfienne,  à  la  tête  d'une 
administration  de  fonctionnaires;  ils  ont  su  garder  la  haute  main 
sur  la  féodalité  de  leurs  domaines.  M.  Poupardin  étudie  à  ce  pro- 
pos l'institution  des  vicomtes,  qui  apparaissent  à  Marseille,  à 
Fréjus,  à  Nice,  à  Sisteron,  à  Gap,  à  Embrun,  soumis  à  l'autorité 
des  comtes  de  Provence.  On  trouve  ailleurs  encore  des  vicomtes, 
notamment  à  Vienne,  et  M.  Poupardin  a  réuni  des  éléments  pré- 
cieux pour  l'histoire,  encore  à  faire,  de  cette  curieuse  institution, 
mi-administrative,  mi-féodale ^ 

L'auteur  s'occupe  enfin  de  la  féodalité  ecclésiastique,  qui  a  été, 
dans  le  sud-est  de  la  France,  particulièrement  forte,  soit  grâce  à 
la  disparition,  dans  beaucoup  de  cités,  du  pouvoir  comtal,  dispa- 
rition qui  a  permis  aux  évêques  de  s'emparer  des  droits  régaliens 
dans  leur  cité  ;  soit  à  la  suite  d'une  concession  formelle,  faite  par 
les  rois  de  Bourgogne  aux  évoques  du  royaume,  du  curailaLus  de 
leur  cité,  c'est-à-dire  de  l'ensemble  des  biens  et  des  droits  attachés 
à  la  fonction  de  comte  :  ainsi  à  Vienne,  en  Tarentaise,  à  Sion,  à 
Lausanne.  M.  Poupardin  revient  encore  sur  le  sens  des  mots 
coniUalus,  res  de  comitalu,  qu'il  avait  déjà  étudié  de  près  dans 
son  travail  sur  Le  royaume  de  Provence;  et  c'est  là  un  fort  inté- 
ressant morceau  d'histoire  jçénérale  des  institutions  carolingien- 

1.  En  même  temps  que  le  livre  de  M.  Poupardin,  paraissait  une  fort 
intéi'essante  monograpliie  de  W.  Sickel,  Der  frànhixchc  Vicecomitat, 
1907,  tentative  de  systématisation  des  diverses  études  locales  aur  cette 
question. 


84  ANNALES    DU    MIDI. 

nés,  appuyé  sur  une  documentation  empruntée  à  des  pays  très 
divers  de  l'Empire. 

Ainsi,  par  ses  développements,  l'œuvre  de  M.  Poupardin  dépasse 
les  limites  de  l'histoire  locale  ou  régionale.  Son  livre  constitue 
l'une  des  plus  importantes  contributions  de  ces  dernière>;  années 
aux  problèmes  historiques  nombreux  que  soulève  l'histoire  de  la 
décadence  carolingienne  et  de  la  formation  de  la  société  féodale. 
L'auteur  a  si  bien  senti  que  ses  conclusions  avaient  une  portée 
autre  que  celles  d'une  monographie  locale,  qu'il  a  rapproché  à 
maintes  reprises,  avec  grande  raison,  ce  qui  se  passe  dans  le 
royaume  rodolflen  de  ce  qui  se  passe  à  la  même  époque  dans  les 
États  voisins,  royaume  des  Francs  occidentaux  ou  Saint-Empire. 
Son  travail  peut,  à  tous  égards,  être  comparé  à  d'autres  travaux 
tels  que  ceux  de  M.  Halphen  sur  le  comté  d'Anjou  au  xi»  siècle, 
ou  de  M.  Vanderkindere  sur  la  formation  territoriale  des  princi- 
pautés belges  au  moyen  âge.  Et  c'est  par  une  série  de  monogra- 
phies et  d'études  régionales  de  ce  genre  que  l'on  arrivera  peu  à 
peu  à  dégager  une  histcrire,  faite,  non  pas  de  théories  a  priori  et 
d'idées  préconçues,  mais  de  faits  précis  et  eiassés,  des  origines  de 
la  société  féodale.  Robert  Caillemer. 

Louis  Jacob.  —  Le  royaume  de  Bourgogne  sous  les 
empereurs  franconiens  (1038-1125).  Essai  sur  la 
domination  impériale  dans  l'est  et  le  sud-est  de 
la  France  aux  XI®  et  XII®  siècles.  Paris,  Champion, 
1906  ;  iii-8"  de  159  pages. 

M.  Jacob  a  voulu  résumer,  dans  un  court  travail,  l'histoire  du 
royaume  de  Bourgogne  entre  les  mains  des  empereurs  de  la 
Maison  de  Franconie,  depuis  l'année  1038,  date  qui  marque  la 
réunion  définitive  du  royaume  des  Rodolfiens  avec  l'Empire, 
après  la  défaite  du  prétendant  lùules  de  Blois  et  la  reconnaissance 
de  Conrad  le  Salique  par  les  grands  du  royaume  à  la  diète  de 
Soleure,  jusqu'à  l'année  1125,  date  de  l'avènement  de  la  Maison 
de  Souabe,  et  point  de  départ  du  livre  de  M.  Paul  Fournier  sur  le 
royaume  d'Arles  et  de  Vienne.  M.  Jacob  a  donc  voulu  combler  la 
lacune  qui  existait  encore  dans  l'histoire  générale  de  la  France  du 
sud-est  au  moyen  âge,  entre  les  livres  de  M.  Poupardin  et  le  tra- 
vail de  M.  P.  Fournier,  afin  que  nous  possédions  une  Iiistoire  con- 
tinue de  ces  régions,  depuis  la  décadence  carolingienne  jusqu'à  la 


COMPTES   RENDUS  CRITIQUES.  85 

mainmise  des  Capétiens  sur  le  Lyonnais,  le  Dnupiiiné  et  la  Pro- 
vence. 

La  période  examinée  par  M.  Jacob  est  particulièrement  {);iuvre 
en  documents.  Il  n'y  a,  pour  tout  le  siècle  qu'il  étudie,  qu'une 
quinzaine  de  diplômes  impériaux  relatifs  à  la  Bourgogne;  et  les 
annalistes  sont  très  brefs  sur  la  politique  bourguignonru;  des  trois 
empereurs,  Henri  IH,  Henri  IV  et  Henri  V,  qui  ont  porté  pen- 
dant ce  temps,  avec  la  couronna  impériale,  la  couronne  de  Bour- 
gogne. Le  seul  fait  à  retenir  dans  cette  administration  impériale 
en  Bourgogne  est  l'institution  du  rectorat,  créé  par  Henri  IV  au 
profit  de  Bodolfe  de  Rheinfelden,  rectorat  qui  d'ailleurs  réussit 
mal  et  se  termina  par  une  révolte  de  Rodolfe.  C'est  la  première 
manifestation  d'une  tendance  à  donner  au  royaume  de  Bourgo- 
gne une  situation  autonome  dans  le  Saint-Empire,  tendance  qui 
se  traduira  plus  tard  par  le  rétablissement  du  rectorat  sous 
Lothaire  de  Supplinbourg,  et  par  l'institution  de  vicaires  impé- 
riaux dans  le  royaume  d'Arles. 

Mais  le  véritable  intérêt  de  l'époque  décrite  par  ]\1.  Jacob  est 
ailleurs.  Il  réside  dans  les  premières  péripéties  de  la  lutte  entre 
l'Empire  et  la  Papauté,  et  nous  assistons  à  ces"débuls  de  lutte, 
auxquels  le  royaume  de  Bourgogne  est  directement  mêlé.  Assez 
habilement,  les  nouveaux  maîtres  du  royaume  des  Rodolfiens,  en 
particulier  Henri  III,  avaient  fait  leur  possible  pour  constituer 
dans  ce  royaume  un  clergé  Qdèle  et  docile  aux  Empereurs,  pour 
s'assurer  le  dévouement  des  évêques,  en  les  défendant  contre  la 
féodalité  laïque  :  ainsi  Henri  III  protège  l'archevêque  de  Besançon 
contre  les  comtes  de  Bourgogne,  et  l'archevêque  de  Lyon  contre 
les  comtes  de  Forez.  Mais,  sous  le  règne  d'Henri  IV,  l'action  de  la 
réforme  ecclésiastique  se  fait  sentir  en  Bourgogne.  En  1073, 
l'élection  de  Hugues  de  Die  par  le  clergé  local  et  sa  consécration 
par  Grégoire  VII,  en  dehors  de  toute  investiture  laïque,  est  le 
signal  de  la  grande  «  querelle  ».  Le  pape  excommunie  les  évêques 
du  royaume  d'Arles  restés  fidèles  à  Henri  IV,  et  les  remplace  par 
des  évêques  dévoués  à  la  cause  de  la  réforme.  Ceux-ci  furent, 
sous  les  successeurs  de  Grégoire  VIL  plus  papistes  que  le  Pape.  Ce 
furent  les  évêques  de  Bourgogne,  groupés  autour  de  l'archevêque 
de  Vienne,  Gui  de  Bourgogne,  le  futur  Calixte  11,  (|ui  forcèrent, 
parleur  attitude  au  Concile  de  Vienne  tic  1112,  le  pape  Pascal  H  à 
revenir  sur  les  concessions  qu'il  avait,  deux  ans  plus  tôt,  consen- 
ties à  l'Empereur,  et  qui  excommunièrent  Henri  V. 


86  ANNALES   DU   MIDI. 

La  féodalité  laïque  a  largement  profité  de  cette  situation  et  de 
ces  luttes  pour  accentuer  son  indépendance  vis-à-vis  de  l'Empire. 
Si  les  seigneurs  laïques  ont,  en  grande  partie,  favorisé  la  réforme 
religieuse  et  adopté  la  cause  pontificale,  c'est  seulement  dans  la 
mesure  où  une  telle  attitude  leur  permettait  d'affaiblir  en  Bour- 
gogne l'autorité  impériale.  Au  besoin,  le  jour  où  il  y  aura  quelque 
avantage  à  retirer  d'une  alliance  avec  l'empereur,  la  féodalité 
laïque  embrassera  la  cause  impériale.  Et  même  l'une  des  grandes 
Maisons  féodales  du  royaume,  la  Maison  de  Savoie,  maîtresse 
de  quelques-uns  des  passages  des  Alpes,  a  très  habilement  su 
tirer  parti  de  sa  situation  géographique  pour  obtenir  de  l'em- 
pereur Henri  IV,  en  1077,  une  province  qui  semble  être  le  Cha- 
blais. 

M.  Jacob  a  bien  saisi  et  noté  ces  attitudes  variées.  Il  aurait  pu 
faire  mieux  encore.  Il  a  réduit  à  l'excès  l'histoire  des  Maisons 
féodales  du  royaume,  et  il  l'a  morcelée  entre  ses  divers  chapitres, 
bien  que  souvent  il  n'y  eût  aucun  lien  entre  cette  histoire  et  l'his- 
toire générale  du  royaume.  La  période  qu'il  étudie  correspond  à 
des  progrès  considérables  des  Maisons  des  comtes  de  Savoie  et  des 
comtes  d'Albon;  elle  a  vu  se  produire,  en  Provence,  de  profonds 
changements,  notamment  la  constitution  du  comté  de  Forcalquier; 
l'année  où  les  Franconiens  disparaissent,  en  1125,  le  comté  de 
Provence  se  partage  entre  les  Raymond-Bérenger  et  la  Maison 
de  Saint-Gilles.  Ces  faits  essentiels  auraient  dû  être  étudiés  de 
très  près  par  M.  Jacob.  Ils  sont  indiqués  seulement  d'une  façon 
superficielle  et  souvent  inexacte  *. 


1.  Par  exemple,  si  M.  Jacob  avait  lu  le  texte  du  dotalitium  constitué, 
vers  1075,  par  Guigues  d'Albon  au  profit  d'Agnès,  il  aurait  constaté  que 
dès  la  fin  du  xi"  siècle,  le  castrmn  de  Briançon  était  aux  mains  des  com- 
tes d'Albon,  et  cela  lui  aurait  épargné  le  singulier  raisonnement  de  la 
page  104.  Il  est  bien  certain  que  le  traité  de  1125,  qu'il  cite  à  l'appui,  ne 
peut  pas  être  pris  au  pied  de  la  lettre  lorsqu'il  indique,  comme  frontière 
entre  le  marquisat  et  le  comté  de  Provence,  la  Durance  à  partir  de  ses 
sources  jusqu'à  son  confluent.  En  réalité,  la  Durance  ne  servait  de  fron- 
tière entre  les  deux  nouveaux  lîtats  que  depuis  sa  sortie  du  comté  de 
Forcalquier.  —  P.  103  :  «  Guigues  III  a  succédé  à  son  père  en  1080  ».  La 
date  de  1080  est  douteuse,  et  le  chiffre  III  no  peut  guère  être  attribué  au 
Guigues  en  question.  —  P.  21  ;  dans  le  texte,  Bertrand  I"  est  le  père  de 
Geoffroi  I";  mais,  dans  le  tableau  généalogique,  note  2,  Bertrand  est  le 
frère  de  Geotfroi.  —  P.  62  et  148  :  Humbert  aux  Blanches-Mains  aurait 
recueilli,  en  1046,  le  comté  de  Belley  et  de  Savoie,  à  la  mort  du  comte 
Amédée,  et  il  aurait  ajouté  ces  posseasions  nouvelles  à  la  Maurienne  et 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  87 

M.  Jacob  n'a  pas  davantage  essayé  de  nous  donner,  comme  l'a 
fait  M.  Poiipardin  pour  la  période  antérieure,  un  tableau  de  la 
situation  des  Empereurs  dans  le  royaume  bourguignon.  Il  aurait 
pu,  après  avoir  exposé  les  faits  politiques,  rassembler  les  traits  de 
cette  administration  rudimentaire,  classer  les  manifestations  de 
son  activité,  faire  le  bilan  de  ses  ressources.  Il  est  muet  sur  les 
domaines  et  les  revenus  de  la  couronne  de  Bourgogne,  sur  le  fonc 
tionnement  des  justices,  sur  les  questions  monétaires.  Il  a  consa- 
cré seulement  un  appendice  à  déterminer  le  caractère  «  réel  »  ou 
«  personnel  »  de  l'union  du  royaume  à  l'Empire  ;  et,  après  avoir 
passé  en  revue  quelques-unes  des  opinions  émises  sur  ce  point 
au  xvxie  et  au  xvme  siècle,  il  conclut  dans  le  sens  de  l'union 
«  personnelle  ».  C'est  comme  héritiers  de  Rodolphe  III,  et  non 
comme  empereurs,  que  les  Franconiens  ont  recueilli  le  royaume 
de  Bourgogne  :  de  là  l'existence  d'une  chancellerie  spéciale  à  ce 
royaume,  de  là  l'institution  des  rectorats  et  des  vicariats.  Mais  il 
faut  bien  reconnaître  que,  si  cette  théorie  a  été  celle  des  contempo- 
rains de  l'annexion,  les  faits  l'ont  démentie,  car  les  dynasties 
successives  qui  ont  possédé,  après  les  Franconiens,  la  couronne 
impériale  ont  gardé  le  royaume  d'Arles,  jusqu'au  jour  où  la  politi- 
que capétienne  est  venue,  pièce  par  pièce,  le  leuf  enlever. 

Le  tableau  que  M.  Jacob  nous  a  donné  ne  saurait  donc  être 
considéré  comme  définitif.  Son  travail  semble  avoir  été  fait  trop 
vite.  Il  n'a  pas  dépouillé  métliodiquement  les  documents,  en  parti- 
culier les  cartulaires,  se  rapportant  à  la  période  qu'il  étudie.  De 
là  des  lacunes  et  des  erreurs.  Puis,  il  est  fâcheux,  dans  un  tx'avail 
de  ce  genre,  de  relever  une  aussi  forte  quantité  de  fautes  d'impres- 
sion, surtout  dans  les  mots  en  langue  étrangère  i. 

Robert  Caillemer. 


au  val  d'Aoste.  M.  Jacob  devait  an  moins  indiquer  d'un  mot  l'hypothèse 
toute  diilerente  émise  par  M.  de  Manteyer.  —  P.  62  :  quelles  sont  les 
deux  familles  comtales  qui  gouvernent  «  entre  la  Durance...  et  la  mer  » 
avant  1054  ? 

1.  On  est  désagréablement  impressionné  par  la  répétition  de -formes 
telles  que  Cœsar,  Burgundiœ,  quœ,  prœter,  etc.  On  trouve  à  maintes 
reprises  Mausi  pour  Mansi  (pp.  79,  80,  82),  Jalm  pour  Jnhn  (p.  82), 
Huillard-  Brêtroiles  (p.  i:J9) ,  d'Achem  pour  d'Achery  {^j.  05),  Ginguis 
pour  Ginglns  (p.  11}, Beuhme  (p.  32);  dans  les  mots  alleiuaiuls,  M.  Jacob 
écrit  â,  6  ou  ù  au  lieu  de  il,  de  ô  et  de  û.  La  ponctuation,  surtout  dans 
les  notes,  est  très  incorrecte. 


88  ANNALES  DD   NIDI. 

Rudolf  Bernouilli.  —  Die  romanische  Portalarchitektur 
in  der  Provence.  Strassburg.  J.-H.-E.  Heitz,  1906;  in-S'» 
de  87  pages.  (Zur  Geschichte  des  Auslandes,  Heft  xxxviii.) 

L'ouvrage  dont  le  titre  est  transcrit  ci-dessus  a  été  présenté 
comme  tlièse  à  la  Faculté  de  philosopliie  en  l'Université  de  Berne; 
il  a  valu  à  son  auteur  le  grade  de  docteur.  Il  est  relatif  aux  por- 
ches, portails  ou  simples  portes  des  églises  et  chapelles  de  la  Pro- 
vence occidentale,  depuis  Saint-Paul-Trois-Ghâteaux  (même 
depuis  Valence,  qui  ne  fut  jamais  en  Provence)  jusqu'à  Marseille, 
depuis  Aix  et  Silvacane  jusqu'à  Saint-Gilles,  en  Languedoc;  à 
proprement  parler,  il  ne  s'étend  guère  hors  de  la  vallée  inférieure 
du  Rhône,  mais  c'est  la  région  la  plus  riche. 

Avant  de  rédiger  son  mémoire,  M.  R.  B.,  ne  se  contentant  pas 
de  travailler  sur  des  photographies  et  de  compulser  les  publica- 
tions archéologiques,  est  venu  en  Provence  ;  il  a  parcouru  le  pays 
dans  tous  les  sens,  un  peu  vite  peut-être,  mais  il  l'a  visité.  En  face 
des  monuments,  il  s'est  exercé  à  les  comprendre  et  à  les  compa- 
rer. En  général,  il  a  su  voir  et  il  a  noté  exactement.  Que  n'a-t-il 
exécuté  aussi  d'excellentes  photographies  et  que  ne  les  a-t-il  repro- 
duites dans  son  livre,  au  lieu  de  nous  donner  les  quelques  dessins 
peu  précis  qui  accompagnent  son  texte?  Cette  illustration  est 
beaucoup  trop  faible  ;  l'ouvrage  de  M.  B.  aurait  gagné  cent  pour 
cent  à  en  avoir  une  plus  abondante  et  plus  documentaire. 

Les  notes  archéologiques  ont  été  complétées  par  des  recherches 
historiques;  mais  bien  souvent  M.  B.  a  dû  se  contenter  <le  recueil- 
lir ce  que  des  auteurs  plus  anciens  avaient  rapporté.  J'ai  déjà  eu 
trop  l'occasion  de  constater  combien  peu  de  fond  il  faut  faire  sur 
les  dates  et  prétendus  documents  offerts  par  presque  tous  les 
archéologues  du  xixe  siècle,  pour  m'étoimer  de  retrouver  là  de 
vieilles  erreurs  que  je  pourchasse. 

Les  Allemands  aiment  les  classifications  :  M.  B.,  imitant  d'illus- 
tres exemples,  a  rangé  lui  aussi  les  monuments  étudiés  dans  des 
catégories  Ijien  tranchées.  Quand  elles  sont  établies  d'après  les 
éléments  essentiels  il  n'y  a  rien  à  dire,  car  c'est  une  manière 
assez  commode  de  grouper  les  édifices  apparentés.  Le  plus  dan- 
gereux, c'est  que  l'on  veuille  délimiter  dans  le  temps  l'adoption 
de  tel  ou  tel  mode  de  construction.  Ainsi,  M.  B.  a  attribué  seule- 
ment au  xie  siècle  les  portes  avec  montants  simples,   sans  res- 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  89 

sauts  ;  celles  qui  sont  llanquécs  d'ime  paire  de  colonnettes  débu- 
teraient dans  la  première  moitié  du  même  siècle;  celles  avec  deux 
paires,  aux  environs  de  1150.  A  considérer  tel  ou  tel  système 
employé,  on  saurait  donc  facilement  trouver  la  date  du  monu- 
ment. La  chose  n'est  pas  aussi  simple,  on  va  le  voir.  En  tout  cas, 
il  faudrait,  pour  établir  cette  classification,  être  bien  assuré  de  la 
chronologie;  mais  c'est  justement  à  quoi  on  ne  peut  actuellement 
prétendre. 

L'auteur  a  refusé  avec  raison  de  suivre  M.  Révoil  dans  ses  opi- 
nions sur  l'architecture  carolingienne.  Il  a  divisé  en  cinq  périodes 
le  temps  où  les  édifices  dits  romans  de  la  Provence  ont  été  bâtis  : 
1°  le  préroman  (xe  siècle)  ;  2"  le  protoroman  (1000-1060)  ;  3°  l'épo- 
que classique  (1060-1150)  ;  4°  l'époque  du  style  monumental,  avec 
les  façades  de  Saint-Gilles  et  de  Saint-Trophime  (1150-1200);  5°  la 
prolongation  du  roman  (1200-1260). 

Examinons  maintenant  le  détail  et  vérifions  la  chronologie, 
puisque  c'est  la  base  de  tout  le  système. 

Dans  la  période  préromane,  M.  R,  B.  a  classé  les  portes  et  por- 
ches du  baptistère  de  Valence  (je  n'ai  pas  à  m'en  occuper  puisque 
ce  n'est  pas  un  monument  provençal),  de  la  cathédrale  de  Vaison 
et  de  Saint-Pierre  de  Montmajour.  S'il  a  bien  reconnu  le  caractère 
archaïque  des  murs  contre  lesquels  s'appuie  le  porche  occidental 
de  Vaison,  il  s'est,  à  mon  avis,  trompé,  en  ne  remarquant  pas 
combien  la  construction  en  est  essentiellement  différente,  bien 
que  grossièrement  faite  de  part  et  d'autre,  et  en  lui  donnant  la 
même  date  :  le  porche  n'est  qu'une  addition  tardive.  Il  faut  donc 
le  rayer  de  la  liste.  La  porte  méridionale  de  la  même  cathédrale  a 
fait  l'objet  d'une  réfection  vers  le  milieu  du  xiie  siècle;  elle  en  a 
remplacé  une  autre  (M.  B.  ne  paraît  pas  l'avoir  remarqué)  con- 
temporaine de  la  paroi  préromane,  placée  un  peu  plus  à  l'est  et 
se  trahissant  par  un  support  d'archivolte  qui  a  subsisté.  Il  y  en 
avait  une  seconde,  de  même  date,  près  de  l'absidiole  sud,  qui  a  été 
aveuglée  et  dont  M.  B.  n'a  pas  non  plus  parlé.  Naturellement,  il 
attribue  la  reconstruction  de  la  cathédrale  à  l'évêque  Humbert, 
en  910.  .le  crois  avoir  démontré  que  la  partie  inférieure  des  murs 
latéraux  n'a  été  édifiée  qu'un  siècle  plus  tard.  Celte  date  de  910  est 
une  de  celles  qui  ont  surgi  jadis  on  ne  sait  trop  pourquoi  et  qui 
ne  reposent  que  sur  des  affirmations  gratuites. 

La  chapelle  de  Saint-Pierre  de  Montmajour  n'a  i)as  été  bâtie 
avant  933,  dit  M.  B.,  ni  après  952.  Pourquoi  933?  La  date  de  952 


90  ANNALES   DU   MIDI. 

serait  justifiée  par  une  charte  de  la  fondatrice  Teucinde,  concédant 
des  biens  aux  moines  et  à  V  «  ecclesia  Sancti  Pétri  »  de  Montma- 
jour;  mais  j'ai  vainement  cherché  ce  texte  dans  la  Gallia  chris- 
tiana  novissima  de  l'abbé  Albanès,  à  laquelle  il  est  fait  un  ren- 
voi (ce  n'est  pas  la  seule  référence  inexacte),  et  dans  l'édition  de 
D.  Chantelou  par  le  baron  du  Roure.  On  ne  peut  guère  séparer 
l'étude  de  cette  chapelle  de  celle  de  Sainte-Groix  et  de  la  grande 
église  abbatiale  bâtie  sur  crypte.  Justement  M.  B.  a  parlé  de  la 
pr'emière  dans  son  deuxième  (§  I)  et  de  l'autre  dans  son  quatrième 
chapitre  (§  I).  Il  ne  manque  pas,  même  connaissant  l'excellent 
mémoire  de  M.  Brutalls  sur  Sainte-Groix,  de  rapporter  ce  monu- 
ment aux  environs  de  1019,  le  commencement  des  travaux  de  la 
crypte  actuelle  à  l'année  1012  (erreur  encore  pour  1016),  sa  consé- 
cration à  1019,  le  début  des  travaux  de  l'église  supérieure  au 
xiie  siècle  et  la  clôture  occidentale  de  sa  nef  au  commencement  du 
xiii"^.  Il  n'a  d'ailleurs  daté  ainsi  Sainte-Groix  que  parce  qu'il  a 
remarqué  des  analogies  entre  sa  construction  et  celle  de  la  crypte 
en  quoi  il  n'a  pas  eu  tout  à  fait  tort). 

Je  ne  peux  pas,  à  propos  d'un  compte  rendu,  entrer  dans  une 
discussion  détaillée  de  ces  dates;  il  est  utile  cependant  d'établir 
quelques  rectifications  et  d'essayer  d'y  voir  clair.  Il  est  certain 
que,  dès  le  milieu  du  xe  siècle,  presque  aussitôt  après  la  cession 
de  l'île  de  Montmajoiir  à  Teucinde  (7  octobre  949),  des  moines  s'y 
établirent  sous  le  patronage  de  saint  Pierre  :  les  nombreuses 
chartes  publiées  par  le  baron  du  Roure  le  prouvent.  Mais  est-il 
également  certain  qu'ils  ont  commencé  par  bâtir,  en  l'état  où  nous 
la  voyons  actuellement,  la  chapelle  de  Saint-Pierre  ?  Rien  ne  le 
certifie.  Et  si  nous  trouvons  dans  son  appareillage  et  sa  décoration 
des  motifs  qui  nous  reportent  à  trois  quarts  de  siècle  en  deçà, 
devrons-nous  refuser  d'en  tenir  compte?  Nous  le  devrons  d'autant 
moins,  qu'évidemment  la  partie  connue  sous  le  nom  d'oratoire  de 
Saint-Trophime  est  plus  archaïque  que  le  reste.  M.  B.  rapproche 
les  chapiteaux  de  Saint-Pierre  de  ceux  qui  sont  à  Vaison  (cathé- 
drale) et  Venasque  (baptistère).  Mais  ceux  de  Vaison  (il  s'agit 
incontestablement  de  ceux  de  l'abside)  sont  antiques,  tandis  que 
ceux  de  Saint-Pierre  ne  sont  qu'une  dégénérescence  lointaine  des 
formes  et  du  style  de  l'antiquité.  Ils  sont  plus  voisins  de  ceux  de 
Venasque,  mais  combien  différents  encore,  ceux-ci  étant,  malgré 
leur  facture  barbare,  plus  élégants  et  plus  prés  de  la  tradition.  Le 
rapprochement  proposé  n'est  donc  pas  concluant  :  il  tendrait  d'ail- 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  9i 

leurs  à  trop  vieillir  le  monument.  M.  Brutails  l'a  rangé  parmi 
ceux  qui  sont  postérieurs  à  l'an  mil.  Il  a  eu  parfaitement  raison, 
bien  que  je  n'adopte  pas  entièrement  son  raisonnement  ni  ses 
hypothèses.  Mais  revenons  aux  chartes.  En  1016,  d'après  un 
témoignage  paraissant  ancien,  rapporté  par  D.  Ghantelou,  on 
aurait  commencé  l'édification  de  la  basilique  placée  sous  le  voca- 
ble de  Notre-Dame.  Une  charte  non  datée,  qu'un  anonyme  a 
complétée  en  y  adjoignant  ce  chronogramme  :  «  XIII  kalendas 
mail  ann.  1019,  quo  dies  XIII  kal.  maii  incidit  in  dominicam  », 
relate  la  consécration  d'une  crypte  en  l'honneur  de  la  Sainte- 
Croix.  Évidemment,  celui  qui  a  ajouté  ces  éléments  chronologiques 
s'est  inspiré  ou  de  l'inscription  gravée  sur  le  sommet  du  fronton 
au  porche  de  la  chapelle  actuelle  de  Sainte-Croix,  ou  d'une  men- 
tion transcrite  encore  par  Ghantelou  (p.  118  du  baron  du  Roure), 
d'après  une  vieille  chronique  de  Montniajour.  Mais  personne  ne 
semble  avoir  remarqué  que  Tarchevèque  consécrateur  établissait 
aussi  des  indulgences  pour  ceux  qui  aideraient  à  la  construction 
de  l'église  de  Notre-Dame  :  crypte  et  église  sont  inséparables.  Il 
ne  s'agit  donc  là  ni  du  monument  qui  porte  aujourd'hui  le  voca- 
ble de  Sainte-Croix,  ni  de  la  chapelle  de  Saint-Pierre.  Il  s'agit 
simplement  de  la  première  basilique  commencée  en  1016  et  de  sa 
crypte,  toutes  deux  édifiées  sur  l'emplacement  de  la  grande  église. 
Celle-ci  ne  peut  eu  aucune  façon  remonter  plus  haut  que  le  milieu 
du  xiie  siècle  :  les  comparaisons  qu'on  peut  établir  avec  les  édifices 
cisterciens  de  la  Provence  sont  caractéristiques.  Par  conséquent, 
il  faut  absolument  Tadmettre,  elle  a  été  substituée,  avec  sa  partie 
souterraine,  à  une  plus  ancienne,  qui  avait  été  construite  dans  le 
premier  tiers  du  xi^  siècle  et  dont  la  crypte  avait  été  consacrée  par 
Pons,  archevêque  d'Arles.  Peut-être  au  moment  de  sa  reconstruc- 
tion, la  crypte  aurait-elle  perdu  son  vocable  primitif;  on  aurait 
alors  songé  à  édifier  une  chapelle  distincte,  sous  le  nom  de  Sainte- 
Croix  :  c'est  celle  que  nous  connaissons.  Consacrée  le  19  avril 
d'une  année  inconnue,  elle  n'est  pas  du  commencement  du  xie  siè- 
cle, mais  très  proche  du  xiiie,  si  elle  n'en  est  pas.  Son  appareil- 
lage, surtout  à  la  voûte  centrale,  est  trop  savant  et  sa  décoration 
trop  souple  pour  appartenir  au  protoroman,  comme  le  veut  M.  B. 
Il  est  impossible  de  donner  de  pareils  développements  à  la  criti- 
que des  autres  dates.  Je  m'en  tiendrai  aux  remarques  les  plus  im- 
portantes. La  chapelle  qui  e.st  dans  le  fort  Saint-André  de  Ville- 
neuve (M.  B.  ignore  qu'elle  s'appelle  Notre-Danle-de-Beauvezet)  a 


92  ANNALES    DD    MIDI. 

été  placée  aux  environs  de  1050;  il  faut  la  rapprocher  de  nous  d'un 
grand  siècle;  sa  décoration  élégante  et  son  appareil  soigné  l'exigent. 
Il  n'y  a  aucun  compte  à  tenir  du  document  du  25  octobre  1075  cité 
par  M.  B.  :  le  monastère  de  Saint-André  avait  été  reconstitué 
avant  Tan  mil.  Mais  l'enceinte  du  fort,  que  M.  B.  suppose  avoir 
gêné  le  constructeur  de  Notre-Dame-de-Beauvezet,  n'a  été  édifiée 
qu'au  xiiie  siècle,  c'est-à-dire  après  la  chapelle.  Si  celle-ci  n'a  pas 
de  porte  à  l'ouest,  c'est  que  ses  dimensions  trop  réduites  n'en 
exigeaient  pas  ;  de  plus,  une  ouverture  aurait  empêché  l'élévation' 
de  la  tribune  que  dès  l'origine  on  voulut  établir  au  bas  de  la  nef. 

Le  porche  et  le  portail  de  Notre- Dame-des-Doms  d'Avignon  sont 
considérés  par  M.  B.  comme  les  types  originaux  de  ceux  que  l'on 
voit  dans  le  même  genre  en  Provence.  Je  n'y  contredis  pasj  mais 
j'ai  déjà  expliqué  dans  mon  mémoire  sur  cette  cathédrale  pourquoi 
je  n'admets  pas  sa  théorie  sur  la  construction  du  porche  et  surtout 
ses  dates.  Quoi  qu'on  en  pense,  il  est  certain  qu'on  devra  reporter 
vers  1150  la  décoration  du  portail,  qui  est  lui-même  antérieur  au 
porche.  On  est  donc  loin  de  l'opinion  de  M.  B.,  qui  fait  commencer 
un  siècle  plus  tôt  le  «  classicisme  »  dont  Notre-Dame-des-Doms  est 
le  modèle.  Je  dois  reconnaître  qu'il  a  échelonné  jusque  même  dans 
le  xine  siècle  les  imitations  de  ce  type  :  portes  et  porches  de  Saint- 
Sauveur  d'Aix,  de  Saint-Gabriel,  des  églises  de  Pernes,  de  Saint- 
Restitut  et  du  Thor,  de  la  cathédrale  de  Saint-Paul-Trois-Ghâteaux. 
Mais  cette  imitation,  il  n'est  pas  admissible  qu'elle  ait  duré  plus 
d'un  siècle  et  demi;  il  faut  donc  avancer  le  point  de  départ. 

Ce  que  je  ne  saurais  encore  accepter,  c'est  que  le  porche  méridio- 
nal de  Notre-Dame-du-Lac  au  Thor  soit  postérieur  au  portail  occi- 
dental. Et  d'abord  ses  parois  latérales  sont  loin  d'être  énormes, 
comme  on  l'affirme  ;  elles  sont,  au  contraire,  d'épaisseur  très  réduite. 
L'église  est  tout  entière  bâtie  d'un  seul  jet  et  le  porche  méridional 
n'a  fait  l'objet  d'aucune  addition  ^  il  fait  corps  avec  la  construction 
contre  laquelle  il  est  adossé.  Peut-être  M.  B.  a-t-il  été  influencé 
par  M.  Révoil  qui,  gêné  dans  ses  théories  par  le  texte  de  la  charte 
de  1202  (c'est  un  conti'at  d'échange  et  non  un  procès-verbal  de  con- 
sécration, comme  le  croit  M.  B.)  relatif  à  l'église  neuve  du  Thor, 
prétendit  que  ce  qualificatif  ne  s'appliquait  qu'au  porche. 

Les  dates  pour  Saint-Sauveur  d'Aix  ne  sont  guère  plus  exactes. 
Il  faut  corriger  les  chiflVes  indiqués  page  20  :  l'exhortation  de  l'ar- 
chevêque llostan  demandant  des  subsides  en  vue  de  la  construc- 
tion de  sa  cathédrale  est  des  environs  de  1070  et  non  de  1057;  l'avis 


COMPTES    RENDUS   CRITIQUES.  93 

donné  par  son  successeur  du  commencement  des  travaux  est  de 
1092  (?)  et  non  de  1082.  Si  la  dédicace  est  hien  de  1103,  il  reste 
encore  à  démontrer  que  le  portail  actuel  élait  déjà  achevé.  Or,  nous 
savons  par  maints  exemples  que  la  consécration  d'une  église 
n'a  que  rarement  coïncidé  avec  la  lin  des  travaux. 

La  chronologie  de  la  chapelle  Saint-Nicolas  sur  le  pont  d'Avi- 
gnon a  encore  été  trop  rapidement  trancliée.  D'abord,  observons 
que  le  pont  n'avait  pas  été  établi  pour  relier  la  ville  avec  l'île  de  la 
Barthelasse  qui  n'existait  pas  encore,  mais  pour  communiquer 
avec  le  Languedoc.  Bâti  vers  1177,  il  aurait  été  rompu  peut-être  à 
la  suite  d'une  crue  trop  violente,  pense  M.  B.,  et  restauré  avec 
son  tablier  relevé  d'environ  deux  mètres  et  demi  vers  le  milieu  du 
xiiie  siècle.  En  réalité,  le  pont  fut  détruit  en  grande  partie  en  1226, 
au  moment  du  siège  par  Louis  VIIL  Dans  un  ouvrage  sous  presse, 
j'indique  qu'il  fut  réédifîé  avec  la  double  enceinte  des  remparts 
d'Avignon  de  1234  à  1237.  C'est  certainement  à  cette  époque  qu'il 
faut  attribuer  la  voûte  sur  croisée  d'ogives  qui  coupe  la  nef  de  la 
chapelle  en  deux  étages.  Il  y  a  eu  d'autres  remaniements,  moins 
faciles  à  déterminer,  sans  parler  de  l'abside  supérieure,  qui  est  du 
xve  siècle.  M.  B.  n'avait  pas  à  en  tenir  compte. 
.  .Je  m'arrête.  Les  quelques  discussions  auxquelles  je  me  suis 
laissé  entraîner  montrent  que  les  classifications  établies  par  M.  B. 
reposent  sur  des  dates  pour  la  plu|iart  non  contrôlées  et  que  par 
conséquent  elles  devront  être  revisées  soigneusement.  Ce  défaut 
n'est  pas  particulier  au  présent  auteur;  des  archéologues  moder- 
nes, très  respectables,  y  sont  tombés.  Avant  toutes  choses  donc,  il 
faut  établir  une  chronologie  exacte  et  balayer  impitoyablement  ce 
qui  n'est  pas  sérieusement  prouvé.  M.  B.  ne  pouvait  guère  se 
livrer  à  un  tel  travail  puisqu'il  ne  se  proposait  d'étudier  qu'une 
partie  accessoire  de  nos  monuments  ;  quand  même,  j'aurais  désiré 
qu'il  fût  plus  prudent. 

Son  ouvrage  est  du  reste  loin  d'être  dénué  de  valeur  :  il  a  des 
observations  judicieuses,  notamment  en  ce  qui  concerne  l'inter- 
ruption des  travaux  dans  l'élévation  de  la  façade  de  la  cathédrale 
à  Saint-Paul-Tx'ois-Chàteaux  (elles  auraient  été  plus  complètes  si 
M.  B.  avait  su  que  toute  la  décoration  était  sculptée  sur  chantier 
avant  la  mise  en  place);  il  contient  toute  une  série  de  précieuses 
indications  que  feront  bien  de  recueillir  ceux  qui  voudront  écrire 
sur  k's  monuments  romans  de  la  vallée  basse  du  RIkuic. 

L.-II.   Lauande. 


94  ANNALES   DU   MIDI. 

M"*  DE  RiPERT-MoNCF,AR.  —  Cartulaire  de  la  commanderie 
de  Richerenches  de  l'Ordre  du  Temple  1 1136-1214]. 

(Mémoires  de  l'Académie  de  Vaucluse.  Documents  inédits 
pour  servir  à  l'histoire  du  département  de  Vaucluse,  I.)  Avi- 
gnon et  Paris,  Champion,  1907;  in-8'^'  de  clxiv-'307  pages*. 

Le  cartulaire  du  Temple  de  Richerenches,  que  M.  de  Monclar 
vient  de  publier,  est  conservé  à  la  Bibliothèque  d'Avignon,  sauf 
les  deux  derniers  cahiers,  qui  se  trouvent,  dépouillés  chacun  de- 
leur  premier  feuillet,  aux  Archives  départementales  de  Vaucluse 
Il  comprend  262  chartes,  qui  se  placent  entre  1136  et  1214  et  qui 
nous  donnent  d'assez  nombreux  renseignements  sur  les  terres  de 
l'Ordre  à  Richerenches,.  sur  la  seigneurie  de  Bourhouton,  et,  en 
général,  sur  le  marquisat  de  Provence  aux  xiie  et  xuie  siècles. 
L'éditeur  publie  les  chartes  de  Richerenches  telles  que  les  présente 
le  manuscrit.  11  a  donc  suivi  sur  ce  point  la  tradition,  encore  très 
en  lionneur  en  France,  mais  qui,  à  l'étranger,  est  de  plus  en  plus 
critiquée  et  abandonnée,  qui  consiste  à  reproduire  les  recueils  de 
chartes  tels  que  les  offrent  les  manuscrits,  sans  essayer  de  donner 
une  édition,  aussi  complète  que  possible,  des  actes  relatifs  à  une 
Maison  déterminée,  classés  chronologiquement. 

M.  de  Monclar  a  fait  précéder  le  texte  du  cartulaire  d'une  longue 
et  fort  intéressante  introduction,  qui  est,  en  réalité,  une  étude 
minutieuse  et  approfondie  de  l'origine  et  des  vicissitudes  d'un 
certain  nombre  de  seigneuries  du  marquisat  de  Provence  :  d'abord 
des  seigneuries  ecclésiastiques  (évêchés  de  Saint-Paul-trois-Châ- 
teaux,  d'Orange,  de  Vaison;  abbaye  d'Aiguebelle),  puis  surtout 
des  seigneuries  laïques.  Quelques  parties  de  cette  étude  attirent 
spécialement  l'attention.  Dans  un  chapitre  consacré  aux  cotntesde 
Valentinois,  M.  de  Monclar  essaie,  après  M.  J.  Chevalier,  d'élu- 
cider l'origine  des  seigneurs  de  la  Maison  de  Poitiers,  qui  appa- 
raissent, dans  la  seconde  moitié  du  xiie  siècle,  en  possession  du 
titre  comtal  en  Valentinois.  Les  résultats  auxquels  il  arrive  s'écar- 
tent à  maints  égards  de  ceux  de  ses  devanciers.  Il  trouve  la  souche 
de  cette  Maison  dans  la  personne  de  Laugier  de  Vence,   qui  a 

L  Nous  avons  dêjàtlonnédansnotreprécédentnuméro(t.  XiX,  p.  544)  un 
compte  rendu  de  cet  ouvrage;  mais  nos  deux  collaborateurs  se  sont  placés 
à  un  point  de  \uc  si  dillérent  (pie  li'urs  observations  ne  font  aucuneuienL 
double  emploi.  N.  D.  L.  R. 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  95 

épousé,  vers  l'an  1000,  la  vicomtesse  de  Nice  Odila.  Depuis  les 
travaux  de  M.  Cais  de  Pierlas  sur  Le  xie  siècle  dans  les  Alpes- 
Maritimes,  ces  deux  personnages  sontbien  connus.  M.  de  Monclar 
croit  que  leurs  descendants  ont,  par  des  unions,  acquis  dans  le 
marquisat  de  Provence  une  forte  situation  foncière.  L'un  des  fils 
de  Laugier  aurait  épousé  une  héritière  de  la  Maison  de  Mirabel, 
qui  lui  aurait  apporté  la  terre  de  Piclavis  (de  Peitieu,  de  Poitiers) 
et  la  vallée  de  Quint;  et  il  aurait  acquis  l'avouerie  du  diocèse  de 
Vaison,  que  ses  descendants  ont  longtemps  conservée.  L'union 
d'un  de  ces  descendants,  Adémar,  avec  la  sœur  d'Eustache,comte- 
évêque  de  Valence,  aurait  fait  passer,  à  la  mort  du  comte-évêque, 
vers  1160,  le  titre  comtal  à  l'enfant  né  de  cette  union,  à  Guillaume 
de  Poitiers.  En  1163,  Guillaume  possède  en  olfice  [officio 
le  comté  de  Valentinois^.  Cette  hypothèse  de  M.  de  Monclar 
ressemble  étrangement  à  d'autres  hypothèses  émises  récem- 
ment à  propos  de  l'histoire  du  Dauphiné  septentrional.  Les 
grandes  familles  comtales  du  xiie  siècle  et  des  siècles  suivants  sont 
nées  autour  de  familles  épiscopales.  Elles  ne  se  rattachent  pas 
directement  aux  Maisons  comtales  carolingiennes.  Possessions 
foncières  d'une  part,  titres  ecclésiastiques  (en  particulier  avoueries 
ecclésiastiques)  d'autre  part,  telle  aurait  été  la  double  source  de 
leur  fortune.  C'est  ce  que  M.  de  Manteyer  et  après  lui  M.  Poupar" 
din  ont  cherché  à  démontrer  pour  les  comtes  de  Savoie,  à  Vienne, 
à  Belley,  en  Maurienne,  à  Aoste,  et  pour  les  comtes  d'Albon,  à 
Vienne  et  à  Grenoble.  La  Maison  de  Poitiers  devrait  sa  fortune  à 
une  «  politique  épiscopale  »  semblable;  elle  aurait  grandi  autour 
des  évêchés  de  Valence  et  de  Vaison. 

A  la  suite  de  ces  notes  généalogiques,  M.  de  Monclar  a  consacré 
quelques  pages  à  l'état  social  et  économique  du  Gonitat  au 
xiie  siècle.  Il  adopte,  dans  ses  grandes  lignes,  la  théorie  exposée 
par  M.  Guilhiermoz  dans  son  beau  livre  sur  Les  origines  de  la 
noblesse  en  France,  théorie  d'après  laquelle,  pendant  le  haut 
moyen  âge,  il  n'y  a  vraiment,  en  dehors  du  clergé,  que  deux 
classes  :  la  classe  des  possesseurs  de  fiefs,  et  la  classe  des  paysans 
et  des  laboureurs.  L'antithèse  alors  n'existe  pas  entre  les  libres  et 
les  non-libres,  mais  entre  les  mililes  et  les  nobiles  d'une  part, 
et  d'autre  part  les  lahoratores,  les  ruslici,  les  serfs.  M.  de  Monolar 

1.  Il  est  rp^rottuhle  que  'SI-  de  Monclar  n'ait  pas  inséré,  pour  ccttoMaison 
et  aussi  pour  les  autres,  des  tableaux  généalogiques,  qui  auraient  rendu 
plus  facile  la  lecture  de  son  livre. 


96  ANNALES    DU    MIDI. 

note  seulement  des  différences  de  terminologie  entre  le  Comtatet 
d'autres  pays.  Tout  cela  est  parfaitement  adiaissihle. 

Au  contraire,  sur  un  autre  point,  nous  avons  plus  de  réserves  à 
faire.  Nous  pensons  que  M.  de  Monclar  se  fait  des  illusions  quand 
il  croit  que  le  droit  romain  a  persisté  dans  le  Comtat,  pendant  le 
moyen  âge,  beaucoup  mieux  que  dans  la  Provence  ou  le  Dau- 
phiné,  occupés  par  des  princes  étrangers,  espagnols,  angevins  ou 
bourguignons,  et  même  mieux  (ju'en  Languedoc.  Cette  affirmation 
nous  semble  exagérée.  Il  y  a,  au  contraire,  certaines  institutions 
romaines  (telles  que  le  testament)  qui  ont  subsisté  en  Languedoc 
et  en  Catalogne  grâce  à  leur  adoption  par  le  droit  wisigothique,  et 
qui  (M.  de  Monclar  le  constate  lui-même)  ont  disparu  du  royaume 
d'Arles  pendant  le  haut  moyen  âge,  aussi  bien  du  Comtat  que  de 
la  Provence  et  du  Dauphiné. 

A  ce  point  de  vue,  nous  croyons  que  les  documents  du  cartu- 
lairede  Richerenchesne  sont  pas  aussi  pauvres  en  renseignements 
sur  l'histoire  juridique  que  M.  de  Monclar  le  dit.  Ils  nous  appor- 
tent, en  réalité,  de  précieuses  données  sur  ce  qu'a  été,  dans  le  sud- 
est  de  la  France,  la  renaissance  du  droit  romain  aux  xiie  et  xuie 
siècles,  et  ils  nous  fournissent,  une  fois  de  plus,  la  preuve  de  la 
lenteur  de  cette  renaissance.  Il  existe  un  ouvrage  juridique,  écrit 
en  langue  provençale  au  milieu  du  xiie  siècle,  et  qui  peut  être  le 
produit  d'une  école  de  jurisconsultes  artésiens  :  c'est  le  Codl,  dont 
MM.  Fitting  et  Suchier  ont  entrepris  l'édition,  et  dont  nous  avons 
parlé  ici  môme.  Or,  si  l'on  rapproche  le  droit  du  Codi  du  droit  que 
nous  révèlent  les  chartes  de  Richerenches  (comme  d'ailleurs  les 
autres  chartes  provençales  du  xii«<  siècle),  on  est  frappé  de  l'anti- 
nomie entre  le  droit  savant  et  le  droit  pratique.  Dans  le  cartulaire 
de  Richerenches,  il  y  a  quelques  exemples  de  gadium  (nos  35  et 
38);  de  tels  actes  n'ont  rien  de  commun  avec  le  testament  romain, 
dont  les  traits  caractéristiques  (institution  d'un  héritier  universel, 
révocabilité  ad  nutum,  confection -par  le  disposant  seul  et  sans  le 
concours  du  gratifié)  font  ici  totalement  défaut.  La  nécessité  du 
concours  des  héritiers  présomptifs  dans  les  aliénations  immobiliè- 
res, nécessité  directement  contraire  aux  idées  romaines,  est  par- 
tout affirmée;  les  laudaliones  des  parents  abondent  dans  le  car- 
tulaire, indiquées  parfois  minutieusement,  séparément  et  avecdes 
témoins  spéciaux  pour  chaque  laudalor  (no  51).  —  L'idée  que  les 
seuls  actes  valables  et  solides  sont  les  actes  à  titre  onéreux,  assu- 
rant à  chacune  des  parties  un  avantage  en  échange  du  sacrifice 


COMPTES    RENDUS   CRITIQUES.  97 

qu'elle  consent  (idée  toute  germanique,  qui  se  manifeste  si  nette- 
ment dans  le  launegild  des  coutumes  lombardes,  et  que  la  force 
des  liens  familiaux,  hostiles  aux  donations  à  des  étrangers,  fait 
revivre  en  plein  moyen  âge)  apparaît  d'une  façon  curieuse  dans 
notre  cartulaire;  les  donataires  remettent  aux  donateurs  une  secu- 
rilas  en  argent  ou  en  denrées  (n"  43)  ou  une  caritas,  qui  a  pour 
but,  comme  nous  le  dit  expressément  une  charte  (no  49),  d'assurer 
la  stabilité  de  l'acte.  Ailleurs,  une  donation  se  cache  sous  le  nom 
d'empcio-vendicio.  —  Notons  encore  le  gadium  et  penilencia  du 
no  38,  qui  porte  sur  le  tiers  des  meubles  des  disposants  :  c'est  pré- 
cisément le  taux  normal  de  la  «  part  du  mort  »,  du  Todtetiieil  qui, 
comme  l'a  montré  M.  Brunner,  se  retrouve  au  haut  moyen  âge 
dans  tant  de  coutumes  variées  du  monde  romano-germaniquei.  On 
pourrait  multiplier  les  exemples  de  la  persistance  d'idées  non  ro- 
maines dans  le  Gomtat  Venaissin  au  milieu  du  xiie  siècle.  Ceux-là 
suffisent  à  montrer  combien,  alors,  l'on  est  encore  loin  du  droit 
romain. 

Nous  venons  de  parler  de  la  disparition  du  testament.  Elle  a  eu 
poureffet  le  fonctionnement  à  peu  près  exclusif,  pendant  des  siècles, 
de  la  succession  ab  inlesLat.  Or  celle-ci,  qui  appelait  tous  les  en- 
fants à  succéder  également,  a  entraîné,  dans  la  région  de  Riche- 
renches,  une  incroyable  division  du  sol.  L'exclusion  des  filles 
dotées,  à  titre  local  ou  exceptionnel,  venait  seule  limiter  cette  divi- 
sion 2.  I/histoii-e  du  «  partage  à  outrance  »  de  la  seigneurie  de 
Bourbouton  est  tout  à  fait  instructive  (p.  cxxxviii  et  suiv.)  :  elle 
se  divise  par  moitiés,  par  quarts  et  par  douzièmes  :  et,  par  suite  de 
l'émieltement  du  domaine  éminent,  du  domaine  utile,  des  diverses 
redevances,  cent  dix-neuf  chartes  du  cartulaire  concernent  l'acqui- 
sition, par  le  Temple  de  Richerenches,  de  parcelles  ou  de  droits 
jadis  compris  dans  celte  seigneurie.  Non  moins  intéressante  est 
l'histoire  de  la  première  Maison  de  Grignan  (p.  cxir  et  suiv.).  Les 
possessions  foncières  de  cette  Maison  se  sont  partagées  à  l'infini, 

1.  Cf.  H.  Brunner,  Der  Todtenteil  in  germanischen  Rechten,  Zeitsckrift 
der  Savig7iy-Stiftimg,  XIX  (1898;. 

2.  Dans  quelle  mesure  cette  exclusion  des  filles  dotées,  proclamée  plus 
tard  par  de  nombreuses  coutumes  locales  provençales,  élait-elle  admise, 
au  xii''  siècle,  dans  le  Gomtat f  II  semble  qu'elle  ne  soit  pas  encore  pleine- 
ment entrée  dans  les  mœurs.  Voir,  dans  le  cartulaire  de  Richerenclies, 
l'acte  n"  257,  oii  le  donateur  promet  de  garantir  le  donataire  contre  les 
attaques  de  deux  sœurs  :  sans  doute  deux  sœurs  exclues,  par  disposition 
paternelle,  de  la  succession  de  leurs  parents. 

ANNALES   DU   MIDI.    —    XX  7 


98  ANNALES   DÎJ   MIDI. 

elles  iiomljreiix  membres  de  celte  famille  ont  enfin  pris  le  parti  de 
vendre  lehaut  domaine  de  toute  laterreauxAdhémar,  autre  famille 
qui,  plus  liablle,  a  su  se  mettre  à  l'abri  des  partages  successoraux, 
et  a  édifié  sa  puissance  foncière  sur  les  ruines  des  Maisons  voisi- 
nes. Les  représentants  d'autres  «  races  naguères  prépondérantes, 
ou  tout  au  moins  très  importantes,  comme  les  Visan,  les  Grillon, 
les  cî'AUan,  les  Montségur,  les  Bérenger  »,  ont  été  rejëtês,  par 
suite  de  ces  partages,  «  dans  les  rangs  les  plus  modestes,  parfois  , 
même  à  celui  de  simples  paysans  »  (p.  237).  L'exclusion  des  filles 
dotées,  et  surtout  la  renaissance  du  testament,  permettaiif  l'insti-" 
tution  d'un  héritier  unique,  vinrent  remédier  à  cette  situation  et 
arrêter  le  morcellement  de  la  terre.  (_'.e&  institutions  ont  joué,  dans 
le  sud-est  de  la  France,  le  rôle  que  le  droit  d'aînesse  a  rempli  dans 
d'autres  régions. 

Les  quelques  lignes  qui  précédent  suffisent  à  montrer  l'intérêt 
de  la  publication  de  M.  de  Monclar.  Elle  constitue  le  début  d'une 
collection  entreprise  sous  les  auspices  de  l'Académie  de  Vaucluse. 
Celle-ci  annonce,  comme  devant  paraître  bientôt,  le  recueil  des 
chartes  du  pays  d'iVvignoii  formé  par  M.  de  Manteyer.  L'objet  de 
ce  nouveau  volume  et  le  nom  de  son  auteur  disent  assez  qu'il  sera 
aussi  instructif  que  le  premier.  Robert  Caillemkr. 

André  Philippe.  —  La  baronnie  du  Tournel  et  ses 
seigneurs.  Mende,  A.  Privât,  1905;  iu-S"  de  cxxxv- 
404  pages. 

Ce  grand  et  beau  volume  que  l'archiviste  de  la  Lozère  a  consa- 
cré à  l'histoire  de  la  baronnie  du  Tournel  (Lo^èi'e,  arr.  de  Mende,  , 
cant.  de  Bleymard,  comm.  de  Saint-.Jutien-du-Touriiei)  em- 
brasse la  période  de  la  branche  directe  des  seigneurs  du  Tournel 
issus  de  la  maison  de  ChAteauneuf-Randon  (fin  du  x[ie  siècle-fin 
du  xve).  Voici  le  plan  du  livre  :  il  débute  par  une  Introduclîon 
(un  chapitre,  ])p.  i-xlvi,  sur  la  géogra|)hie;  trois  chapitres, 
pp.  xLvii-cxvi, d'histoire  généalogique;  trois  appendices, pp. cxvn- 
Gxxxv);  suivent  les  Documents  (pp.  1-340,  au  nombre  de  soixante- 
huit  actes,  dont  deux  provençaux  et  un,  n.  lxvi,  a.  1475,  fran- 
çais) :  ils  ont  été  tirés  par  l'auteur,  qui  n'a  pas  ménagé  ses  recher- 
ches, de  plusieurs  archives.  Deux  Tables  (pp.  341-98),  l'une  chro- 
nologique, l'autre  onomastique,  témoignent  aussi  du  soin  que 
M.  l^hilii)pe  a  mis  dans  l'exécution  de  son  œuvi'e. 


COMPTES   RENDUS    CRITIQUES.  99 

De  l'histoire  généalogique,  la  partie  la  plus  intéressante  est 
consacrée  aux  origines  (xiie  et  xiiie  siècles).  J'ai  dû  m'en  occuper 
récemment,  dans  les  Annales  du  Midi  (t.  XIX,  1907,  pp.  40-54), 
sans  connaître  le  livre  de  M.  Ph.,  à  propos  d'En  Randon,  protec- 
teur des  troubadours  de  la  fin  du  xiie  siècle.  M.  Philippe  publie 
pour  la  première  fois,  intégralement,  des  actes  que  je  n'ai  pu 
citer  que  d'après  des  inventaires,  et  il  en  ajoute,  pour  cette  pre- 
mière période  (jusqu'en  1250),  quatre  nouveaux  et  importants 
(11G6,  1175,  1198,  1238).  Pourtant,  certaines  conclusions,  que  j'ai 
pu  tirer  de  mes  preuves  et  que  les  actes  de  M.  Ph.  ne  font  que 
confirmer,  manquent  à  son  livre  et,  en  revanche,  il  en  faut  élimi- 
ner certaines  autres. 

Il  se  trouve  que  deux  seigneurs,  Odiïon  Garin  (1205-1237),  qui  se 
nomme  seigneur  du  Tourhel,  et  Guigues  Meschin  (1212-1243),  qui 
possède  des  terres  formant  le  Randonnat  (lui  seigneur  d'Altier  et 
son  fils  seigneur  du  Luc,  car  à  Randon  ils  n'étaient  que  cosei- 
gneurs),  sont  frères  (voy.  dans  notre  article  la  lettre  de  1226  que 
«  O.  Guarini  et  G.  Meschini  frater  eius  »  adressent  à  Louis  VIII,  et 
cf.  l'acte  de  1212).  M.  Ph.  connaît  les  actes  en  question,  les  men- 
tionne brièvement,  suppose  une  erreur  et  passe  outre  (pp.  lxi,  n.  4, 
et  Lxii,  n.  4  :  «  Les  historiens  du  Lang-uedoc  sont  muets  sur  la 
parenté  »).  Mais  il  y  a  plùs;  Comment  s'appelait  leur  père,  qui 
devait  être  successeur  de  Guillaume  de  Randon  (1148-1176/86)  et 
en  même  temps  En  Randos  de  la  poésie  ?  Dans  les  actes  de  M.  Ph., 
nous  trouvons  jusqu'à  son  nom  ;  il  y  est  appelé  explicitement  père 
de  l'un  et  de  l'autre  des  deux  frères  (dans  l'acte  de  1198  :  «  Ego 
Guigo  Meschinus  et  ego  Odil  Garinus  ejus  filius  »,  et  dans  l'acte  de 
1238,  sur  lequel  cf.  plus  loin  :  «  Nos  Guigo  Meschinus  filius  quondam 
Guigonis  Meschini  »).  On  voit  les  résultats  de  ces  informations. 
D'une  part,  elles  précisent,  d'accord  avec  nos  conclusions,  le  mo- 
ment auquel  se  sont  formées  les  deux  branches,  —  point  capital 
pour  l'étude  de  M.  Ph.  et  qui  lui  a  échappé.  D'autre  part,  pour 
nos  recherches  littéraires,  elles  nous  donnent  le  nom  à'En  Ran- 
don qui  s'appelait  donc  Guigues  Meschin  et  était  nommé  d'après 
son  château,  comme  par  exemple  En  Miraval  (les  cas  en  sont, 
d^ailleurs,  fréquents)  :  il  est  attesté  par  des  actes  passés  avec 
l'abbaye  de  Franquevaux  pour  les  années  1175,  1198, 1199  (M.  Ph., 
pp.  Lix,  LUI  et  200;  et  cf.  Inv.  Arch.  Gard,  H  63,  p.  18,  où  se 
trouve  aussi  le  dernier  acte,  que  M.  Ph.  n'a  pas  mentionné),  tan- 
dis qu'il  est  impossible  de  dire  si  c'est  lui  encore  ou  son  fils  du 


100  ANNALES   DU    MIDI. 

même  nom  qui  figure  dans  l'acte  de  1207  (voy.  notre  article).  En 
outre,  le  surnom  de  jNIeschin  s'en  trouve  reculé  d'une  génération 
{Ann.  du  Midi,  1907,  pp.  232-7). 

Comment  la  seigneurie  du  Tournel  s'était-elle  formée  dans  les 
mains  de  la  maison  de  Chàteauneuf-Randon  ?  A  ce  sujet,  M.  Ph. 
adopte  pour  toute  explication  et  datation,  l'affirmation  de  Gas- 
tellier  de  la  Tour  {Généalogie  de  1783),  répétée  par  De  Burdin 
{Docum.  Gévaud.,  18't7,  t.  II,  p.  311),  et  dont  la  preuve  authen-, 
tique  n'existe  point  (M.  Ph.,  p.  li,  n.  4),  que  «  Odilon  Garin  de 
Châteauneuf-Randon  épousa  le  20  octobre  1210  Marguerite  du" 
Tournel  ».  M.  Ph.,  en  effet,  écrit  dans  sa  table  généalogique  sans 
aucune  restriction  :  «  ép.  Marguerite  du  Tournel  (en  1210)  »; 
il  commence  l'article  sur  0.  Garin  (p.  Lx)  par  cette  affirmation 
et  se  demande  «  ce  qu'était  cet  0.  Garin  avant  d'être  seigneur  du 
Tournel  ».  Or,  ici,  M.  Ph.  mentionne  un  acte  de  1205,  donc  anté- 
rieur à  cette  date,  et  que  j'ai  aussi  cité  (p.  43)  d'après  VInv.  A7-ch. 
Lozère,  G,  n.  1081,  p.  240.  Dans  VInvenlaire  on  lit  :  «  Odilon  Ga- 
rin, seigneur  du  Tournel  ».  M.  Ph.,  qui  a  examiné  cet  acte  (p.  lxi), 
dit  simplement  :  «  Odilon  ».  I.a  notice  de  VInvenlaire  est-elle 
exacte,  ce  qu'il  faut  supposer,  ou  non?  Si  c'est  non,  il  aurait  fallu 
le  dire;  et,  en  tout  cas,  on  ne  voit  point  pourquoi  M.  Ph.  a  éliminé 
cet  acte  seul  de  sea. Documents.  Ce  qui  est  sûr  cependant,  —  et 
M.  Ph.  n'en  parle  pas,  —  c'est  que  la  localité  de  Ghadenet,  dont  il 
s'agit  dans  cet  acte,  faisait  partie  du  mandement  du  Tournel 
(p.  XVI,  cf.  p.  XII  et  Table),  se  trouvait  dans  le  fonds  de  ce  mande- 
ment, dans  ses  limites  attestées  en  1219  (Z>oc.,  pp.  3-4),  entre  Tour- 
nel et  Aliène,  et  qu'il  fallait  bien  être  seigneur  de  cette  baronnie 
pour  avoir,  au  sujet  de  ce  terroir,  une  controverse  avec  le  chapitre 
de  Mende,  qui  y  était  copropriétaire  (comme,  en  1312,  un  autre 
seigneur  du  Tournel,  acte  LIV,  p.  1(33).  Ajoutons  l'acte  men- 
tionné de  1199,  dont  M.  Ph.  ne  s'est  pas  occupé  et  par  lequel  Gui- 
gnes Meschin,  père  d'O.  Garin,  vend,  dès  cette  date,  un  mas  à 
Cubieiras,  localité  qui  faisait  partie  du  mandement  du  Tournel 
(homm.  de  1219,  p.  4).  Rappelons  enfin,  —  et  cela  a  frappé  M.  Ph. 
(p.  lui), —  queG.  Meschin,  avec  son  fils  O. Garin,  passent  l'acte  de 
1198  à  Chapieu,  qui  fut  le  plus  ancien  château  (p.  xxi)  de  la  future 
baronnie  du  Tournel.  C'est  assez  pour  regarder  l'assertion  de 
G.  de  la  Tour  comme  suspecte  et  inutilisable.  On  ne  trouvera  rien 
sur  ce  mariage  d'O.  Garin  dans  le  P.  Anselme  (1726),  qui  s'est,  lui, 
appuyé  d'ordinaire  sur  des  actes  vraiment  authentiques,  et  rien 


COMPTES  RENDUS   CRITIQUES.  101 

non  plus  sur  la  femme  de  sou  \u'i'c,  dont  G.  de  hx  Tour  et  13e 
Burdin  citent  non  moins  foruudlement  le  a  contrat  de  mariage, 
23  février  1175  »,  et  qu'ils  appellent  «  Marie  d'Assumens  [??]  ». 
M.  Ph.  lui-même,  a  réfuté  d'autres  informations  de  G.  de  la  Tour, 
toujours  répétées  par  De  Burdin.  du  même  genre  et  de  la  même  pré- 
cision (p.  Lxxxr:  «  30  janvier  1278  »)  et  il  a  bien  vu  (p.  cxxxv)  que 
l'affirmation  de  G.  de  la  Tour  sur  le  changement  prétendu  des 
armes  de  Ghâteauneuf-Randon  contre  celles  du  Tournel  dès  1210 
était  simplement  fausse.  Les  généalogistes  avaient  grand  besoin 
de  femmes  pour  leurs  barons  et  d'héritières  pour  expliquer  des 
acquisitions  de  seigneuries;  mais,  dans  cet  état  de  choses,  il  est 
surprenant  de  voir  M.  Ph.,  si  circonspect  en  d'autres  occasions, 
accepter  aussi  bien  «  Marie  d'Assumens  »  (p.  200,  n.  2)  que  «  Mar- 
guerite du  Tournel  »  (l.  c),  et  dater,  expliquer  ainsi  les  origines  de 
la  baronnie  du  Tournel. 

Savons-nous  quelque  chose  sur  le  Tournel  au  xii^  siècle?  La 
seule  information  que  je  connaisse  et  que  j'ai  citée  (p.  54)  se 
trouve  dans  une  poésie  (162,  2)  de  Garin  d'Apchier  contre  «  Tor- 
cafol  »  (dernier  quart  du  xiie  s.)  :  Ane  sagraman  non  tengues 
Del  Toynel  quant  l'avias,  ce  qui  est  très  clair  et  très  authenti- 
que. Nous  ne  savons  pas  qui  était  ce  «  Torcafol  »,  mais  il  est  sûr 
qu'il  n'était  pas  un  jongleur  de  basse  condition  et  non-chevalier, 
comme  l'a  cru  M.  Witthoeft  {Sirv.  ioglaresc,  Marburg,  1891,  p.  21). 
Cette  conclusion  est  inconciliable  avec  l'allusion  précédente  de  la 
même  pièce  et  avec  beaucoup  d'autres;  M.  Witthoeft  l'a  tirée  de 
quelques  vers  où  Garin  reproche  à  Torcafol  la  grossièreté  de  ses 
chansons  [malvais  sirventes,  v.  3)  et  son  manque  de  cavallairia 
(v.  5),  mot  qui  ne  signifie  pourtant  dans  ce  cas  que  :  manières 
courtoises.  Gomment  il  a  perdu  le  Tournel,  nous  ne  le  savons  pas 
non  plus  (il  a  simplement  vendu  la  dot  de  sa  femme  et  il  s'agit 
là,  paraît-il,  d'un  château  où  il  est  représenté  vivant  comme  une 
sorte  de  «  Raubritter»  :  Quel  vercheria  de  sa  oissor  Vendet  dont 
son  gai  maint  pastor,  Que  lai  vivi'ab  sas  lairos,  Eiublan  las 
fedas  e-ls  moutos,  dans  102,  5;  ...  el  a  vendul  La  vercheria  e  de 
l'autre  granren  dans  162.4;  est-ce  un  autre  château  qu'il  a  perdu 
et  reconquis  en  combat,  d'après  sa  pièce  162,  8:  Viellz  Comunal, 
ma  tor  Ai  cobrad'  a  honor...  E  fin  seluy  issir  Que  a  tort  la 
lenia...^).  En  tout  cas,  c'est  ce  Torcafol  qui  avait  possédé  le  Tour- 
nel, et  cette  propriété  passa  de  ses  mains  en  d'autres  vers  la 
seconde    moitié   du  xiie   siècle.    L'hypotlièse   qu'il    y   ait  eu  au 


102  ANNALES    DU    MIDI. 

xii**  siècle  une  seigneurie  remarquable  et  une  fannlle  importante 
du  Tourne),  et  que,  cette  famille  s'étant  éteinte,  la  seigneurie  ait 
passé,  par  mariage,  dans  celle  de  C4hàteauneuf-Randon,  ne  s'ac- 
corde pas  bien  avec  ce  fait. 

M.  Ph.,  qui  fait  d'ailleurs  des  restrictions  pour  ce  qui  concerne 
le  xiie  siècle,  voit  les  deux  derniers  membres  d'une  maison  et  les 
possesseurs  d'une  baronnie  du  Tournel  dans  deux  personnages 
attestés  au  cours  de  la  seconde  moitié  du  xiie  siècle  :  dans  Odilon 
Garin,  «  seigneur  du  Tournel  »,  et  dans  Aldebert  «  du  Tournel  », 
évêque  de  Mende.  Je  crois  qu'il  n'en  est  rien  et  que  nous  n'avons 
aucun  droit  de  leur  attribuer  ces  titres. 

Odilon  Garin,  qui  est  peut-être  (p.  lu;  l'acte  authentique  man- 
que) attesté  en  1153  comme  propriétaire  de  (ou  à  ?)  Montfort,  prêta, 
en  1166,  à  l'Hôpital  de  Saint-Jean,  hommage  pour  ses  terres  et  châ- 
teaux de  Montjaloux,  Rochablava,  Lanuéjol,  et  y  ajouta  une  im- 
portante donation  (n.  xlix).  M.  Ph.  (p.  lui)  en  prend  argument 
pour  regarder  ce  baron  comme  le  dernier  d'une  maison  du  Tournel 
et  «  Marguerite  »  comme  son  héritière.  Car,  dit-il,  on  lit  sur  le 
dos  (ie  cet  acte  :  «  Dominus  de  Tornello  [rien  de  pareil  et  pas  de 
mention  du  Tournel  dans  l'acte]  recognovit  tenere  ab  Hospitali 
plura  in  feudo  »,  et  il  juge  cette  note  contemporaine  en  «  s'ap- 
puj'ant  sur  les  caractères  de  l'écriture  »  :  question  fortdélicate.  Voici 
comment  je  m'explique  ce  litre,  qui  ne  s'accorde  pas  avec  la  teneur 
de  l'acte  et  avec  ce  que  nous  savons  sur  le  Tournel  au  xiie  siècle. 
Deux  actes,  de  1278  et  1281  (pp.  lxxxii  et  217),  attestent  que  des 
relations  se  rattachant  —  ce  dont  M.  Ph.  ne  parait  pas  s'aperce- 
voir {l.  G.  et  p.  xir,  n.  2)  —  précisément  à  cet  acte  (voy.  Rocha- 
blava surtout  et  cf.  Lozeret,  Charbaldesc,  etc.)  persistaient,  au 
xiiie  siècle,  entre  l'Hôpital  et  les  seigneurs  du  Tournel;  or, 
comme  ceux  sur  lesquels  retombait  l'engagement  de  l'acte  de 
1166  étaient,  au  xiii^  siècle,  seigneurs  du  Tournel,  on  a  mis  à  cette 
époque -dans  la  chancellerie  de  Saint-Gilles,  au  dos  de  cet  acte,  une 
note  qui,  rapportée  au  xne  siècle,  était  un  simple  anachronisme. 
L'autre  argument  de  M.  Ph.  est  que  la  brandie  du  Tourriel  de  la 
maison  de  Ghàteauneuf-Randon  posséda,  au  xiiie  siècle,  des  terres 
qu'Odilon  Garin  avait  possédées  vers  1160.  Mais  alors,  puisque 
nous  sommes  délivrés  de  la  légende  d'un  mariage  lucratif,  pourquoi 
n'inclinerions-nous  pas,  en  suivant  l'ordre  de  choses  habituel,  à 
penser  en  premier  lieu  que  cet  Odilon  Garin  fut  membre  de  la 
maison  de  Châteauneuf-Randon?  Cf.  son  nom  avec  ceux  de  deux 


COMPTES   RENDUS  CRITIQUES.  103 

frères,  Garin  et  Odilon,  de  la  génération  antérieure  (notre  article, 
a.  113G;  Hist.  Lang.,  V,  886;  Prouzet,  Iffist.  Gév.,  I,  413).  Remarr 
quez  qu'il  y  avait,  dans  sa  propre  génération,  plusieurs  membres  dp 
cette  maison  (îôifî.  a.  1152/9)  et  voyez  dans  la  génération  posté:|:ieur^ 
Odilon  Garin  (1198-1237)  qui  se  démontre  héritier  de  ses  terres 
et  qui  porte  le  même  double  noui  (dont  la  seconde  partie  devint 
un  -entilice  dans  cette  branche;  cf.  M-  Ph;j  pp.  341  et36G|.  ]\lais, 
en  tout  cas,  qu'il  fût  ou  ne  fût  pas  de  la  maison  de  Châteauneuf- 
Randon,  rien  ne  prouve  qu'il  ait  été  d'une  maison  du  Tournel  et 
seigneur  du  Tournel. 

Aldebert,  évéque  de  Mende  (1151-1187),  est  appelé  dans  l'histoir^ 
Aldebert  du  Tournel.  Or,  je  constate  que  pas  une  seule  mentio]i 
authentique,  ni  dans  les  chartes  ni  datis  d'autres  sources,  ne  jus- 
tifie pour  lui  ce  nom.  En  revanche,  il  est  très  facile  de  voir  pour- 
quoi il  a  été  appelé  ainsi.  Dans  son  opuscule  latin  sur  la  découverte 
de  reliques  de  saint  Privât  et  d'autres  saints  (analysé  par  M.  Delisle 
dans  la  Rev.  des  soc.  sav.  dép.,  VIII,  50-7|,  e(  publié  intégralement 
par  l'abbé  A.  Pourcher,  Livre  de  sqiïit  Privf^i ,  1898,  que  M.  Ph. 
ne  paraît  pas  avoir  étudié  à  fonfl),  Aldebert  parle  de  sa  «  |;urris 
paterna  de  Monte  Teguloso  »  (D.,  p.  54;  P.,  p.  93;  pour  le^  latini- 
sations de  Montjaloux,  voy.  l'acte  VIII  de  M.  Pji.)  ef  de  «  pastrq 
privato  (P.  paterno)  nqstro  cui  Mons  Fprtis  vocabulupi  est  » 
(D.,  p.  55;  P.,  p.  257,  où  l'on  voit  que  l'évêque  possédait  ce  châ- 
teau effectivement  :  «  Quum  essem  in  casti*o...  »;  cf.  ci-dessus 
mention  de  1153  pour  O.  Gf^rin).  Et  nous  n'avons  qu'à  lire  un 
passage,  cité  par  M.  Ph.  (p.  xlix),  d'un  inventaire  dressé 
en  1646-50  au  chapitre  de  l'églii^e  de  Mende  :  «  Messire  Aldebert 
qui  vivait  en  l'an  1161,  estoit  de  \'4  maison  du  Tournel,  ce  q\(,i  se 
justifie  par  la  relation  de  l'invention  du  corps  de  saint  Privât  où 
il  parle  de  sa  maison  paternelle  de  Montialoux  et  du  château  de 
Montfort  ou  Villefort  et  du  château  de  Ghapieu  [qui  n'y  est  n;)ême 
pas  mentionné]...  »  Op  savait  que  ces  phâtequx  appartenaient 
au  xnie  siècle  aux  seigneurs  du  Tpurnel  (appelés  ^ussi,  comme 
0.  Garin,  émancipé  du  vivant  de  son  père  en  1258,  seigneurs  de 
Ghapieu)  et  de  là  cette  conclusion  qui  n'est,  elle  aussi,  aux  yeux 
de  la  critique  rigoureuse,  qn"un  anachronisme.  Ce  faux  raisonne- 
ment se  produisit,  parait-il,  comme  l'indiqpe  la  mention  citée, 
au  chapitre  de  Mende  même.  Le  Gallin  christ.  (1715,  I,  90),  qni  n'a 
pas  fait  pour  cet  évêque  de  recherches  directes,  met  :  «  ex  antiqua 
et  vetusta  familia  deTornello  »,  et  ainsi  Aldebert  du  Tournel  passe 


104  ANNALES  DU   MIDI. 

dans  riiistoire  ;  mais  déjà  l'excellente  Hist.  Lang.  (éd.  17o3,  II,  487, 
éd.  Privât,  III,  817)  fait  ses  réserves  :  «  qu'on  dit  de  la  maison 
de  Tonriiel  »;  M.  Delisle  :  «  peut-être  »  (p.  54).  —  Autre  détail  : 
Aldebert  parle  (D.,  p.  54;  P.,  p.  99;  M.  Ph.,  l.  c.)  de  «  illustri 
comitissa  Arvernorum  consangiiinea  nostra  ».  Il  devait  donc  être 
d'une  grande  famille.  Et  si  cette  famille  avait  été  «  du  Tournel  », 
ne  serait-il  pas  étonnant  non  seulement  de  n'en  trouver  aucune 
trace  au  xne  siècle,  mais  encore  de  rencontrer,  au  xiiie,  des  person- 
nages (non  remarqués  par  M.  Ph.)  qui  s'appellent  de  Turnello 
(Jordanus,  Fulco,  Johannes ,  a.  1207,  1229  et  suiv.,  1267;  voy. 
notre  art.  p.  54,  et  M.  Ph.,  p.  393)  et  qui  paraissent  n'être  que  de 
simples  vavasseurs?  —  Ne  faut- il  pas,  pour  Aldebert  aussi, 
penser  à  la  maison  de  Châteauneuf-Randon?  Voici,  à  ce  sujet,  un 
détail.  Dans  le  premier  chapitre  de  son  opuscule,  l'évêque  s'atta- 
che à  interpréter  plusieurs  visions  prophétiques  ayant  trait  à  deux 
événements  :  d'abord  à  une  guerre  qu'il  eut  à  soutenir,  de  1163 
à  1170,  contre  ses  parents  surtout  (et  il  s'agit  là  de  faits  sûrs 
et  connus  de  tous;  en  les  mêlant  à  son  récit  relatif  aux  reliques, 
Aldebert  a  voulu  —  il  le  dit  lui-même,  p.  122  —  précisément 
corroborer  par  ces  faits  «  simul  perostensa  »  la  foi  aux  reliques; 
ensuite  à  la  découverte  de  reliques  de  saint  Privât  (1170)  et  d'au- 
tres saints.  C'est  là  qu'après  une  série  de  visions  sur  la  guerre 
qui  se  sont  réalisées  (pp.  93-97)  et  une  autre  sur  les  reliques 
(pp.  98-122),  il  revient  à  une  vision  de  destruction  et  de  réédifi- 
cation («  Visio  ergo  fuit  talis  quod  castrum  de  Randone  quod 
est  in  fundo  beati  Privati  dirutum  esset  ab  inimicis  nostris  et 
quod  illud  reedificarem  »)  qui  lui  a  fait  prévoir  la  perte  et  la 
récupération  du  château  de  Randon ,  puis  la  fortification  de  la 
ville  de  Mende,  enfin  la  découverte  de  reliques,  et  —  dit-il  — 
«  hoc  eodem  ordine  castrum  ipsum  amisimus,  recuperavimus; 
vallo  iiiunivimus  iirbem  nostram  ;  reliquias  sanctorum  inveni- 
mus  ».  Cette  mention  n'est  point  une  preuve  que  l'évêque  ait 
possédé  le  château  de  Randon  à  titre  privé  :  il  s'agit  peut-être 
de  ses  droits  suzerains  (voy.  notre  acte  de  1151).  Mais  en  tout 
cas,  après  avoir  vu  qu'il  devait  être  d'une  grande  famille  du 
Gévaudan,  où  elles  n'étaient  pas  légion,  et  après  avoir  trouvé 
dans  ses  mains  ou  dans  celles  de  sa  famille  les  châteaux  de  Mont- 
jaloux  et  de  Montl'ort,  il  est  intéressant  de  voir  celui  de  Randon 
impliciuc  dans  la  lutte  qu'il  soutint  contre  ses  parents. 

En  résumé,  il  n'y  a,  au  xiie  siècle,  aucune  tracé  d'une  grande 
baronnie  et  d'une  grande  famille  du  Tournel;  l'hypothèse  la  plus 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  105 

naturelle  est  de  regarder  comme  membres  de  la  maison  de  Châtcuu- 
neuf-Randon  les  personnages  (Aldebert  et  Odilon  Garin)  dont  les 
terres  se  retrouvent  dans  la  seigneurie  du  Tourne),  formée  au 
début  du  xiiie  siècle  par  une  branche  de  cette  maison,  seigneurie 
oùleTournel,  acquis  de  façon  ou  d'autre  par  cette  maison.  api)a- 
raîl  seulement  h  cette  époque  comme  le  principal  château. 

Voici  quelques  autres  détails  qu'il  importe  de  rectifier.  — 
P.  LUT,  M.  Ph.  appelle  «  Guillaume  de  Randon,  le  comtor  »  un 
personnage  qui  dans  l'acte  correspondant  (p.  201,  a.  1198)  porte  ce 
nom  :  «  G.  de  Gastronovo  lo  cumtor  »,  et  dans  lequel  il  est  aisé  de 
reconnaître  un  membre  de  la  branche  des  comtours  de  Châteauneuf- 
Apchier  (voy.  notre  article,  pp.  50-4,  et  cf.  par  exemple  dans  un  acte 
de  1201  un  «  Garis  de  Ghastelnou  »,  Rev.  H.  Auv. ,11, 221).  —  P.  lix, 
M.  Ph.  s'étonne  de  voir  Guigues  Meschin  vendre,  en  1175,  certai- 
nes terres  à  l'abbaye  de  Franquevaux,  puis  l'évêque  Aldebert  don- 
ner, en  1176  (et  non  1177;  cf.  Inv.  Arch.  Gard,  H.,  63),  les  mêmes 
terres  (et  non  «  sises  aux  mêmes  lieux  »,  cf.  ibid.)  à  la  même 
abbaye,  ce  que  M.  Ph.  veut  expliquer  par  le  «  morcellement 
extrême  de  la  propriété  ».  Les  évêques  de  Mende  étaient  suzerains 
dans  le  Gévaudan,  ce  qui  suffit  à  expliquer  cette  «  donation  », 
sorte  de  confirmation  de  la  vente  récente  par  un  A'^assal.  —  Dans 
plusieurs  cas  (années  1224,  1238,  1242;  p.  lxii  et  actes  LII 
et  XXIII),  M.  Ph.  confond  Guigues  Meschin  (1212-1243),  fils  de 
Guigues  Meschin  (1175-1198-1207)  et  frère  d'Odilon  Garin  (1205- 
1237)  avec  Guigues  Meschin  (1237-1278),  fils  d'Odilon  Garin.  Dans 
l'acte  de  1238,  l'erreur  saule  aux  yeux  :  on  y  lit  en  toutes  lettres 
«  Guigo  Meschinus  filius  quondam  Guigonis  Meschini  »  et  ceci 
deux  fois  (comment  M.  Ph.  a-t-il  pu  supposer  une  «  négligence  du 
rédacteur  de  l'acte  [original]  »?)  ;  il  s'agit  de  terres  vendues  en  1175 
qu'Odilon  Garin  n'a  donc  jamais  possédées;  le  G.  Meschin  de  cet 
acte  est  seigneur  d'Altier,  qui  dépendait  du  Randonnat;  enfin  cet 
acte  est  confirmé  par  Randon,  fils  de  G.  Meschin  et  de  Valburge  (cf. 
notre  article,  p.  49)  et  seigneur  du  Randonnat,  1243-127?.  M.  Ph. 
a  été  induit  en  erreur  par  une  bulle  attachée  à  cet  acte  et  portant  : 
«  Sigillum  Guigonis  filii  quondam  O.  Gai'ini  »  ;  c'est  bien  l'au- 
tre G.  Meschin,  celui  du  Tournel,  qui  n'est  ])oint  nommé  dans 
le  texte  de  l'acte;  les  seigneurs  des  deux  branches  confirmaient 
ainsi  parfois  réciproquement  leurs  actes;  cas  absolument  analo- 
gue :  Randon  de  l'autre  branche  appose  son  sceau  à  un  acte 
(n.  LUI,  a.  1248)  de  G.  Meschin  et  de  son  fils  O.  Garin.  où  il  n'est 
point  nommé.  —  Dans  l'acte  de  1228  (p.  142)  on  lit  :    e  dans  la 


106  ANNALES   DU   MIDI. 

part  de  N'Odilo  Gari  jurero  el  medeys  e  sos  fils  Eus  Guigo 
e-Ns  G.  Meschin;  M.  Ph.,  qui  a  probablement  pris  sos  fils  pour  un 
pluriel,  y  voit  (p.  lxvii)  deux  fils  d'Odilon  Garin  :  Guignes  et 
Guigues  Meschin  (alors  tous  les  deux  du  même  nom?).  Le  premier 
est,  en  réalité,  Guig'ues  (Meschin;  yoj.  passim  sur  l'emploi  facul- 
tatif du  surnom)  fils  d'O.  Garin  ;  l'autre,  qui  est  aussi  nommé  seul  à 
la  tête  des  témoins  (p.  144),  est  frère  d'O.  Garin.  —  Conformément 
à  ce  qui  précède,  il  faut  supprimer  daiis  la  table  généalogique  de 
M.  Ph.  :  «  Mart^-uerite  du  Tournel  »  au  premier  degré.  «  Guigues  » 
et  «  Valpurge  »  au  deuxième  (en  mettant  la  date  1228-1237-1278 
pour  Guigues  Meschin),  «  Randon  »  au  troisième  degré.  —  Les 
actes  de  1238  et  de  1242  (nn.  lu  et  xxiii)  sont  à  éliminer  des 
Documents,  parce  qu'ils  n'appartiennent  p  is  au  chartrier  de  la 
baronnie  du  Tournel. 

Passons  aux  deux  actes  en  langue  vulgaire,  que  M.  Ph.  a 
publiés  sans  ponctuation  et  sans  avoir  détaché  les  articles  et  les 
enclitiques.  M-  P.  Meyer  a  déjà  rectifié  {Bibl.  Ec.  Chartes,  a.  1907, 
t.  LXVIIl,  pp.  168-170),  à  titre  d'exemple,  les  erreurs  les  plus 
importantes.  —  Le  premier  texte  (n.  I,  pp.  1-11)  dont  une  publi- 
cation, non  moins  diplomatique,  a  été  faite,  comme  l'a  signalé 
M.  P.  Meyer,  depuis  longtemps  {B.  Ec  Ch.,  IVe  sér.,  t.  I,  a.  1855) 
est  un  hommage  de  1219,  conservé  par  plusieurs  copies,  doiit 
M.  Ph.  donne  avec  soin  les  variantes.  On  pourrait  facilefrient 
augmenter  la  liste  des  erreurs,  mais  pour  cette  pièce  il  est  à  peu 
près  inutile  d'insister  :  un  texte  absolument  pareil  a  été  publié  pai" 
M.  E.  Bondurand  (ifomm.  en  l.  d'oc  à  l'év.  de  Mende,  1332,  Paris, 
Picard,  1889,  extr.  des  Mém.  Ac.  Nime^,  1888).  C'est  l'hommage  de 
Raimond  d'Anduze,  copié  sur  le  même  modèle  et  sans  que  la 
langue  soit  rajeunie  ;  toute  la  difterence  se  réduit  aux  noms  propres 
et  aux  lignes  7-10  (formule  ajoutée  après  1307,  voy.  M.  Ph., 
p.  60).  Le  texte  de  M.  Bondurand  est  publié  avec  ponctuation  et 
traduction  presque  complète  sous  forme  de  notes  et  sera  toujours 
plus  facilement  accessible  aux  provençalistes,  à  l'attention  desquels 
il  n'a  point  échappé  (voy.  la  bibliographie  du  Sxippl.-Woert  de 
M.  E.  Levy,  t.  I).  11  y  faut  corriger  ou  relever  :  p.  10,  1.  11,  per- 
tens,  lis.  peréeno; —  1.  7  du  bas,  yssen,  lis.  y  sson;  —  1.  3  du  bas, 
fauc  homenesc  e  jure,  lis.  faz  (attesté  dans  le  texte  de  M.  Ph.); 
—  p.  12,  1.  3,  la  met  part,  lis.  mia;  —  1.  6,  le  mot  manquant  est 
conosc;  —  1.  13,  del,  lis.  dec;  —  1.  13,  anessi,  lis.  atressi  ;  —  1.  17, 
sorant,  lis.  serant;  —  1.  5  du  bas,  rozo,  lis.  razo;  —  pp.  12-13  à 
noter  :  eu  no  séria  esiorl:^  que  non  aiudes,  où  eslorlz  a  le  sens 


COMPTES    REPjDDS   CRITIQUES.  107 

de  «  exempté  »,  qui  n'a  pas  été  enregistré  avec  cette  nuance.  Dans 
une  traductipn  en  latin,  faite  de  cet  ^cte  en  1369,  3.  Mpndp,  p^r 
le  notaire  de  l'évêché  (M.  Ph-,  n.  XVIII,  p.  71),  et  où  il  est  inté- 
ressant de  voir  comment  le  sens  de  nombreux  mots  et  passages 
échappait  aux  traducteurs,  pn  lit  :  «  non  essem  quitius  sive 
estons  quin  adjuvarem  ».  —  P.  13,  1,  3-5,  e  quant  frontieyrq- 
men  (M-  Ph  -leyr-ei-ter-)  li  valria  [se.  eii]  de  plag  0  de  guerra, 
poyria  l'evesques  pil  s'en  (M-  Ph.  plh  sen)  tornar  $ls  chast^ls 
que  eu  ay.  Il  faut  d'abord  dire  que  le  mot  fronti&yramen,  dont 
il  est  difficile  de  serrer  de  près  le  sens  dans  ce  pas  (Levy,  S.-W., 
III,  608),  n'a  pu  être  ni  traduit  ni  interprété  en  1369  (p.  75  :  «  et 
quando  egq  fronlieyrament  sibi  valere[m]  de  litigio  et  de  guerra, 
potest  dominus  episcopus  vel  illi  qui  essent  pro  ipso  habit^i'e  pt 
morari  in  castris  »)  ;  ensuite,  jl  faqt  lire  :  o-il  seu  tornar  e-ls 
chastels,  ce  qui  est  ufie  correction  absolun^ent  sûre  {oil  seu 
revient  constamment  n  coté  des  noms  des  contractants  et  M.  Ph. 
imprime  constamment  sen  et  sien  pour  sieu  et  seu,  pron.  poss.); 
ainsi  on  voit  tornar,  verbe  neutre  dans  ce  cas,  prendre  un  sens  in- 
téressant et  qui  n'a  pas  été,  que  je  sache,  enregistré,  celui  de  «  se 
placer,  s'introduire,  demeurer  »,  comme  d'aill^iirs  dans  la  traduc- 
tion latine;  ce  n'est  pas  «  rentrer  »  qui  serait  très  simple  :  on  en 
a  la  preuve  dans  le  passage  suivant  d'un  autre  hommage  gévau- 
danais,  de  1151,  que  j'ai  publié  ici  même,  1907,  p.  43,  et  dont  Dp 
Burdin,  Boc.  Gév.,  II,  311,  avait  donné  le  même  texte  pour  1134  : 
e  quant  tu  lom  \_sc.  castel]  demandaras  par  te  0  par  to  mes- 
satge,  eu  lot  redrai  et  aquel  messatges  regard  non  aurq  de  me 
ni  d'orne  qu'eu  {&n  est  une  faute  d'impression)  tornar  e«  poscfit-,- 
le  sens  àQ  tornar,  v.  trans.  ici,  est  :  «  placer  »;  (on  ainierait  mieqx 
tornar  y  posca,  majs  cf.  pour  les  adv.  pron.  dans  le  même  texte  : 
ni  li  [=  fi;  l'ace,  y  est  toujours  te]  descebrai  ni  t'en  descebrai, 
ce  qui  est  confirmé  par  l'acte  de  De  Burdin,  /.  c).  —  P.  14,  1.  5  du 
bas,  si...  s'encolpano.  Us.  -avo;  —  p.  15,  1.  2,  tens,  lis.  teno,  gt 
pour  auclreie  subj.  prés.  cf.  aussi  les  leçons  autore  et  auttorfi 
(peut-être  auctore?)  de  M.  Ph.;  —  pour  I3  formule  du  serniejit, 
voy.  Annales,  t.  XIX,  p.  44.  —La  seconde  pièce  (n.  xxxi?;,  pp.  141-5) 
est  une  transaction  du  seigneur  du  Tournel  avec  les  habitants  de 
Mende,  de  1328.  En  dehors  des  rectifications  de  M.  Meynr,  on  peut 
signaler  :  p.  142,  1. 12  du  bas,  qfe  HodilQ,  lis.  de  N'Odilo  on  bien  de 
n'Hodilo;  —  p.  143,  1.  1,  point  après  universalmen  ;  —  1.  2-3, 
quelsque  dans  aguesson.  f'ags...  a  N'O.  Gari...  sels  Eus  0.  Garis, 
lis.  Gari...,  sols  et  et.  1.  21,  0.  Garis  sols  e  donet  e  laiset...  que 


108  ANNALES   DU   MIDI. 

jamays  wo  lar  pissa...;  dans  ces  deux  cas,  il  s'agit,  à  mon  sens, 
de  la  3nift  pers.  pi.  de  solver,  forme  qui  devait  être  supposée,  mais 
qui  n'était  pas,  paraît-il,  attestée  (voy.  0.  Schulz-Gora,  AUpr. 
Elem.,  p.  100);  quant  au  sens,  sols  est,  dans  le  premier  cas, 
verbe  transitif,  bien  que  le  complément  {los  ou  même  los  en)  ne 
soit  pas  exprimé  (ce  qui  s'explique  sans  trop  de  difficulté  dans  cette 
construction  ;  cf.  un  cas  analogue  dans  la  proposition  condition- 
nelle, pp.  143  et  144,  1.  1),  et  il  y  signifie  :  «  acquitter,  absoudre  »; 
cf.  p.  142,  I.  1  du  bas,  soit  e  quili;  dans  le  second  cas,  où  ce 
verbe  est  neutre,  le  sens  paraît  être  «  accorder  »  ;  j'ajoute  que,  le 
passé  étant  absolument  assuré  par  les  autres  verbes,  on  ne  saurait 
penser  à  une  erreur,  très  facile  au  point  de  vue  paléographique  : 
sols  au  lieu  de  soif:  —  1.  10,  lener  per  o,  lis.  lener.  Pero;  —  1. 11, 
dentés,  lis.  deu'es  ;  —  1. 12,  qiie-ls  deutes...  adobe.  où  adobar  a  le 
sens  de  «  arranger,  payer  »  et  cf.  p.  144,  1.  12,  se...  fos  res  fag 
que-s  feses  ad  emendar  ni  ad  adobar,  aqiio  s'adobe  per  conoy- 
sensa  d'unprodomc...,  où  le  sens  est  «  arranger,  concilier,  paci- 
fier »,  dont  Raynouard,  I,  27,  donne  un  exemple  de  G.  de  Borneil, 
242,  74  (ms.  A,  n.  17,  st.  III),  et  sur  lequel  Levy,  i'.-W.,  I,  21,  ne 
revient  pas  ;  cette  signification  est  confirmée  par  Vadobamen 
«  accord  »  (Rayn.,  l.  c,  et  nos  textes,  p.  142,  1.  13,  et  p.  6, 1.  3  du 
bas;  cf.  p.  16  dans  la  traduction  citée  :  «  ad  concordiam  sive  ad 
adobamen  »)  et  par  le  moderne  s'adouba  qui,  d'après  Mistral, 
I,  32,  signifierait,  entre  autres,  «  se  réconcilier  »  ;  —  1.  18,  resem 
so,  lis.  resemso  et  penre  o  portar  e  menar  lis:  e  porlar;  —  1.  19, 
aquellas  legnas  e'I  fuslam  que  y  [se.  e-ls  sens  boscs']  trobaran, 
où  l'on  relève  pour  la  première  fois,  semble-t-il,  lo  fustani  qui  se 
rattache  à  fast  et  fnsta  de  Levy,  S.-W.,  III,  619-20,  et  non  pas  à 
fustam  (?)  et  fustani  de  III,  622;  —  1.  20,  point  après  fa7-  lur 
ops  ;  —  1.  28,  point  après  menadors;  —  p.  143,  1.  4-1  du  bas,  si... 
avia  malfay...  ad  home  o  ad  homes  de  Mernde  o  yl  deges  et  cf. 
p.  144,  1.  3-4  qiie  l'âge.''  malfag  oil  degnes,  où  l'on  s'attendrait 
à  O'I  degiies  «  ou  le  devrait  faire  dans  l'avenir  »  et  où  yl  et  il 
sembleraient  bien  être  plutôt  accusatifs  neutres  se  rapportant  à  av. 
malfag  que  datifs  se  rapportant  aux  datifs  précédents  (rem. 
homes  pluriel);  —  p.  144,  1.  7,  de  non gardar,  lis.  devon  gardar. 
Les  rectifications  que  j'ai  tâché  d'apporter  ci-dessus  ne  se  rap- 
portent, bien  entendu,  qu'à  quelques  pages  isolées  du  livre  de 
M.  Philippe,  lequel  contient  des  parties  dont  l'exécution  est  certai- 
nement irréprochable. 

St.  Stronski. 


REVUE    DES   PÉRIODIQUES 


Alpes  (Basses-). 

Annales  des  Basses  Alpes.  Bulletin  trimestriel  de  la  So- 
ciété scientitiqae  et  littéraire  des  Basses-Alpes.  27«  année, 
t.  XII  (suite),  1906. 

Fasc.  100,  janv.-mars.  P.  237-47.  RirnAUD.  [Notice  biographique  dej  Louis 
Daiine,  aixois,  27  mars  1828-16  oct.  1905,  ingénieur  des  chemins  de  fer, 
collectionneur  de  verreries,  fondateur  du  musée  départemental  de 
Diane.]  —  P.  248-61.  Damase  Arbaud.  Les  possessions  de  l'abbaye  de 
Saint-Victor  de  Marseille  dans  les  Basses-Alpes  avant  le  xir  siècle,  avec 
des  recherches  sur  l'origine  de  quelques  familles  de  Provence.  [Suite 
et  p.  318-31,  402-9.  Diocèse  de  Gap,  Saint-Geniez-de-Dromon,  que  saint 
Victor  avait  reçu  des  vicomtes  de  Gap  ;  l'Escale,  Bezaudun,  Malijai, 
Beauvezer,  diocèse  de  Gland èves.  D.  Arbaud  a  laissé  son  travail  ina- 
chevé ;  beaucoup  de  recherches  topographiques  utiles,  mais  grande 
confusion.]  —  P.  262-73.  V.  Lieutaud.  La  Société  littéraire  de  Barce- 
lonette  et  sa  pléiade  (1816-1821)  [Fin  p.  801-17.  Amusante  étude  d'histoire 
sociale,  mondaine  et,  si  l'on  veut,  littéraire;  rappelle  les  noms  de  quel- 
ques amateurs  de  lettres  inconnus,  cite  des  vers  médiocres  ;  à  la  lin  du 
xviip  siècle  exista  la  Société  célihatairisque  (!).  en  1707  la  Société  dra- 
matique, devenue  en  1809  la  Société  des  royales  a.ichotles.  foyer  de 
royalisme,  dissoute  par  le  préfet  Jean-Pierre  Duval,  ressuscitée  en 
1814  comme  Société  d'émulation  littéraire  et  complétée  on  1821  par  le 
Cercle  dînant.]  —  P.  274-98.  H.-P.  Bigot.  Saint-Sauveur  de  Manosquc. 
[Suite  et  fin  p.  332-48,  3S8-4i)l.  (Euvres  paroissiales  de  S.  S.,  pénitents 
bleus,  congrégation  des  femmes,  Tiers-Ordre  de  Saiut-Uominique,  Tiers- 


llÔ  ANNALES  DU    MIDI. 

Ordre  de  Saint-Franc'ois,  diverses  associations  religieuses  (Rosaire, 
Bonne  mort,  etc.);  dépendances,  établissements  religieux  relevant  de 
Saint-Sauveur.  Tableau  détaillé,  précis,  mais  en  somme  peu  intéres- 
sant, d'une  paroisse  d'ancien  régime.] 

Fasc.  101,  avril-juin.  P.  349-58.  G.  Beknard.  Etude  sur  les  anciennes 
familles  dé  Forcalquier.  [Fin  p.  410-24.  Notes  sur  les  Oandolle,  Cha- 
bassut,  Chabaud,  Charentensi  (?),  Codurco  (?),  Daudet,  Decoris,  Eymar, 
Ferolfus,  comtes  de  Forcalquier,  Gassaud,  Laincel ,  Lombard  du 
Tronyns,  Piolle,  Pieri'erue,  Sabran,  Sebastianni,  Talon,  familles  en 
majeure  partie  éteintes  et  qui  se  ramifient  en  Provence,  en  Languedoc, 
à  Paris  ;  plusieurs  ont  une  origine  italienne.  Notes  curieuses,  mais 
dépourvues  de  précision  et  de  références.] 

Fasc.  102,  juillet-sept.  P.  369-80.  G.  Aubin.  Pensées  d'un  vieux  bibliothé- 
caire. [Amusantes  observations  sur  la  vie  littéraire  d'une  petite  biblio- 
thèque, vraies  pour  de  plus  grandes  villes  ;  citons  ce  mot  de  bourgeoise 
qui  envoie  sa  bonne  à  la  bibliothèque  :  «  Madame  veut  que  vous  lui 
envoyiez  un  ou  deux  romans  bien  jolis  ».] —  P.  381-7.  Cauvin.  Une  ré- 
volte au  Val  des  Monts  en  1791.  [Fin  p.  425-39.  Bon  récit  fait  d'après  les 
documents.  Cette  révolte  avait  des  causes  financières  et  économiques, 
la  région  se  trouvant  ruinée  par  la  contribution  foncière  et  la  suppres- 
sion d'une  remise  de  180,000  livres,  concédée  en  1784.] 

Fasc.  103,  oct.-déc.  P.  440-9.  Richaud.  Quelques  légendes.  [Locales  ou 
localisées  :  La  piado  don  Rouland,  le  pied  de  Roland,  le  trou  de 
Saint-Martin,  Saint-Pons  et  les  pics  de  Valbelle,  le  diable  et  le  vallon 
de  Graï.  On  voudrait  des  récits  plus  précis,  plus  circonstanciés  ;  expli- 
cations insuffisantes;  en  somme,  peu  utilisable.  A  suivre.]  — P.  450-72. 
V.  Savy.  Les  guerres  de  religion  dans  les  Basses-Al{>es  d'après  Louis 
de  Pérussis.  [Simples  extraits  ou  résumés  des  célèbres  mémoires  ; 
donne  une  liste  des  mémorialistes  provençaux  du  xvi»  siècle,  dont  un 
corpus  est  en  préparation  par  mes  soins  ;  l'abbé  Savy,  provençal  inté- 
gral et  félibre  avant  le  félibrige  (1826-1902),  émet  ici  dès  regrets  assez 
singuliers  sur  la  réunion  de  la  Provence  à  la  France.]  L.-G.  P. 

Alpes  (Hautes-). 
Annales  des  Alpes,  t.  X,  1906, 

p.  5-29.  p.  G.  Les  séminaires  de  Gap  et  d'Embrun  en  1790-1794.  [L'un  fort 
ancien,  l'autre  «  séminaire  départemental  »  créé  en  1791,  supprimé 
deux  ans  plus  tard.  Lettres  écrites  aux  administrateurs  du  Directoire 
départemental  par  les  directeurs-économes  de  ce  dernier  établissement  ; 


PERIODIQUES  MÉRIDIONAUX.  111 

leur  livre  de  comptes.  Le  malheureux  séminaire  s'enlise  dans  des 
dettes  dont  le  département  ne  fait  rien  pour  le  tirer.]  —  P.  30-47,  57-77, 
93-116, 143-60,  178-92,  205-11.  P.  Guillaume.  Correspondance  des  députés 
des  Hautes-Alpes,  1791-1795.  [66  lettres  émanant  de  douze  députés, 
écrites  de  Paris  au  jour  le  jour,  sur  les  faits  qui  s'y  produisent,  les 
besoins  du  département,  etc.  Nos  députés  actuels  liront  avec  intérêt  les 
lignes  suivantes  du  député  Fantin  :  «  Je  vous  jure  que  je  passe  ma  vie 
«  à  travailler  pour  le  département,  et  que,  si  tous  les  députés  étoient 
ce  aussi  demandana  que  moi,  les  présidens,  les  ministres  et  les  comités 
«  seroient  horriblement  fatigués  »  (n»  16).  Les  conventionnels  des 
Hautes-Alpes  semblent  avoir  marché  d'abord  avec  les  Girondins  (n">  37), 
puis  avoir  tourné  casaque  aux  idées  «  fédéralistes  ».]  —  P.  54-6.  Lettre 
du  juge  de  paix  de  Ribiers,  28  févr.  1829.  [Détails  sur  son  existence 
accidentée  (c'était  un  ancien  curé  «  jureur  »),  sur  le  général  Albert  et 
le  mathématicien  Bérard.]  —  P.  77-81.  La  bibliothèque  de  Gap  en  1842. 
[Demande,  d'ailleurs  inutile,  faite  pour  elle  au  ministère,  de  la  Nimiis- 
mntique  de  Mionnet.]  —  P.  89-92.  XXX.  Opinion  du  «  lieutenant  du 
roi  »  d'Embrun  sur  la  cause  de  la  désertion  en  1764.  [Ce  serait  la  réforme 
introduite  par  Choiseui,  enlevant  aux  capitaines  la  propriété  de  leurs 
compagnies,  les  séparant  des  soldats  et  réduisant  ceux-ci  à  «  la  servi- 
tude ».]  —  P.  121-8.  G.  DE  Manteyer.  Un  dévot  d'Apollon  dans  Gap  au 
IIP  siècle.  [Des  travaux  conduits  autour  de  la  nouvelle  cathédrale  de 
Gap  ont  x'emis  au  jour,  entre  autres,  un  débris  de  l'enceinte  romaine 
de  cette  ville  et  une  pierre  portant  une  inscription  fragmentaire,  que 
l'on  peut  ainsi  restituer  :  APOLLINI  .  MATERNUS  .  MATERNI  .  F  . 
EX  .  VOTO  .]  —  F.  129-42.  Cl.  Faure.  Le  procès  de  Lantelme  de  Cha- 
bannes,  prieur  de  Saint-André-de-Gap,  1332-3.  [Dossier  conservé  aux 
archives  du  Vatican.  Procès  engagé  par  Guillaume  Arnoul,  chapelain 
do  Poligny,  qu'appuyaient  plusieurs  habitants  de  Gap,  se  plaignant 
d'être  cités  par  ledit  prieur,  pour  des  raisons  futiles,  à  comparaître  au 
loin,  devant  les  conservateurs  des  privilèges  de  Cluny,  et  ce  sous  peine 
d'excommunication.  Une  enquête  eut  lieu  dont  nous  ignorons  le  résul- 
tat.] —  P.  165-8.  Variétés.  [Lettre  relative  au  transport  du  carrosse  de 
La  Feuillade  à  Suze,  21  juin  1705;  Contribution  patriotique  du  curé  de 
Chanousse,  1789;  Deux  lettres  de  l'évêque  de  Digne  au  préfet  des  Hautes- 
Alpes,  1808  et  1812.]  —  P.  169-78.  Lettres  au  maire  Marchon  et  à  la 
municipalité  de  Gap  en  1789-1790.  [Ecrites  par  l'évêque  de  Gap,  le  che- 
valier du  Bouchage,  MM.  de  Ventavon,  de  Mévolhon,  les  académiciens 
d'Arras  et  Toscan  d'Allemond  :  sur  les  droits  de  l'évèché,  l'armement 
de   la    compagnie  de   grenadiers,  lu  nouvelle  division   des   provinces, 


112  ANNALES    DU    MIDI. 

l'étude  des  événements  de  l'époque,  les  impôts  anciens  et  nouveaux  et 
notamment  les  vingtièmes.]  —  P.  192-204.  Variétés.  [Mémoire  présenté 
aux  Consuls,  en  18UU,  par  les  communes  de  la  vallée  du  Queyras  sur 
l'importance  du  canton  d'Abiùès  qu'elles  composent  ;  Rétractations  de 
deux  curés  constitutionnels,  Chevandier,  1796,  et  J.-J.  Raynaud,  1814; 
Règlement  de  police  de  Briânçon,  concernant  les  délits  agraires  et  fores- 
tiers, texte  latin,  25  septembre  1287.]  —  P.  214-8.  Deux  lettres  de  l'abbé 
Tane  aux  administrateurs  des  Hautes- Alpes.  [1796.  Il  met  ses  talents  en 
matière  d'instruction  et  d'invention  au  service  du  pays.]  —  P.  228-36. 
Variétés.  [Reconnaissance  des  habitants  de  Saint-Etienne-d'Avançon  au 
seigneur  du  lieu,  1568.  Les  six  cas  «  realx  »  auxquels  ils  sont  tenus  ; 
Mandement  du  Parlement  de  Grenoble  aux  habitants  de  Gap  d'avoir 
à  payer  300  florins,  au  lieu  de  francs-archers,  afin  de  rejjousser  les 
Suisses,  12  juillet  1513;  Autographe  de  Ms''  de  Prunières,  dernier  évêque 
de  Grasse,  1773;  Revenus  de  l'archevêché  d'Embrun  en  1789.] 
P.  i-vi,  1-176  (en  pagination  séparée).  P.  Guillaume.  Aperçu  historique 
sur  Guillestre  et  ses  environs.  [Cet  ouvrage,  qui  sera  continué,  forme  le 
t.  VIII  des  Archives  historiques  des  Hautes-Alpes  *.  Le  laborieux  et 
érudit  archiviste  des  Hautes- Alpes,  ayant  mené  à  bonne  fin  l'Inventaire 
des  archives  de  Guillestre.  a  fait  usage  des  documents  qu'il  avait  clas- 
sés. Guillestre  apparaît  dans  l'histoire  en  1118.  Etait-il  donc  nécessaire, 
pour  en  parler,  de  remonter  au  delà  de  l'ère  chrétienne  ?  Des  cinq  pre- 
miers chapitres,  quatre  eussent  pu,  semble-t-il,  être  supprimés  ou  du 
moins  fort  abrégés  ;  de  même  le  chap.  vi.  On  rentre  dans  le  sujet  avec 
le  septième.  L'archevêque  d'Embrun,  dès  le  xip  siècle,  était  seigneur 
spirituel  et  temporel  de  ce  «  castrum  »;  une  reconnaissance  de  1549 
(dont  texte,  p.  66)  précise  ses  droits,  d'où  ses  revenus  dépendaient.  Sont 
ensuite  examinées  en  détail  l'organisation  religieuse  et  celle  de  la  com- 
mune, pourvue  de  consuls  dès  le  xiii'=  siècle  pour  le  moins  »  (?).  Com- 
mune double,  comprenant  Risoul  ainsi  que  Guillestre  :  les  quatre  con- 
suls y  étaient  élus  d'une  façon  singulière,  et  à  raison  de  deux  pour  l'une, 

1.  Dans  cette  collection  ont  déjà  paru  :  t.  I.  Chartes  de  N.-D.  de  Ber- 
taud,  1188-1449  (Gap,  1888  ;  in-S"  de  lvi-o68  p.);  t.  II.  Chartes  de  Durbon, 
1116-1452  (Montreuil-sur-Mer,  1893';  in-S»  de  xxx-904  p.)  ;  t.  III,  IV,  V. 
Histoire  générale  des  Alpes-Maritimes  et  Cottiènes  et  particulièrement 
d'Atnbrun,  leur  métropolitaine,  par  le  P.  Marcellin  Fornier,  Tournonois 
(Paris,  1890-92  ;  3  vol.  in-8»  de  Lvi-816,  iv-779  et  xxiv-559-176'  p.)  ;  t.  VI. 
Itive'ntaire  des  archives  seigneuriales  de  l'Argentière  en  1481  (Gap, 
1888;  in-8»  de  67  p.);  t.  VII.  La  période  révolutionnaire  dans  les 
Hautes-Alpes,  1790-1810.  par  Tli.  Gautier  (Gap.  1895;  iii-8"  de  iv-190  p.). 
Toutes  ces  publications  sont  dues  à  M.  l'abbé  P.  Guillaume. 


PERIODIQUES   MERIDIONADX.  113 

deux  pour  l'autre  localité.  Sur  leurs  attributions  financières,  voir,  p.  137, 
une  délibération  de  1671,  imprimée  in  extenso.]  P.  D. 

Bouches-du-Rhône. 

Bulletin  de  la  Société  des  Amis  du  vieil  Arles,  t.  IV, 
1906-1907. 

No  1.  P.  2-60.  M.  Chailan.  L'Hôtel  prieural  de  Saint-Gilles,  à  Arles.  [Nou- 
veaux détails  inédits  sur  la  maison  du  grand-prieur,  ses  agrandisse- 
ments, ses  hôtes,  ses  cérémonies,  les  visites  dont  elle  fut  l'objet,  les  pro- 
fessions des  chevaliers,  les  familles  où  ils  se  recrutaient,  les  événe- 
ments de  la  Révolution.  La  note  gaie  est  donnée  par  l'extrait  suivant 
d'un  vieux  manuscrit,  où  l'on  voit  comment  la  croix  de  Malte  ornait  les 
fameux  saucissons  d'Arles  :  «  Pour  es  tonnant  que  soye  cette  chose,  de 
voir  la  croix  Maltoise  adorner  saulcisses,  est  pourtant  ledict  faict  très 
vertadier  en  Arles,  vers  l'eschoppe  d'un  appresteur  de  viandes,  de  tous 
cogneu.  Et  grandement  sont  mirifiques  à  l'œil  ces  tant  succulentes, 
rondouillardes  et  drues  saulcisses,  revestues  de  belles  robes  d'argent, 
telles  comme  poupées  avecque  la  maltoise  au  col,  ains  que  la  soûlent 
porter  femmes  de  ce  bourg,  quand  se  veulent  adjuster  ricliement.  Or, 
vient,  dict-on,  au  dict  eschoppier  telle  coustume,  jjour  ce  qu'estant 
sourty  de  vieil  estrangier  estoc  grégeois,  un  sien  antécesseur  avoit  esté 
traict  jadis  dudict  pays  de  Grèce,  et  mené  en  Arles  dedans  la  nef  des 
chevaliers  de  Sainct-Jean  :  ce  qu'a  faict  dire,  touchant  cest  appresteur 
de  viandes,  qu'a  esleu  ce  mestier  haultement  graisseux,  pour  fin  de  se 
toujours  cLiider  en  Grèce,  en  soubvenir  du  sien  bien  doiilx  pais  prou- 
mier.  »]  —  61-9.  E.  F[assin].  Les  rues  d'Arles.  [La  rue  des  Pêcheurs 
(suite).  La  rue  du  Four-Banal.]  —  P.  70-2.  E.  F.  Les  proverbets  du  pays 
d'Arles.  [Faire  coumo  Vase  d'Agoustiii,  s'arresta  en  touti  H  porto. 
Agostini,  vers  18.'>0,  était  barralier.  11  puisait  au  Rhône,  avec  une 
écope,  de  l'eau  qu'il  portait  en  six  ou  huit  barils  sur  un  charreton,  et  la 
débitait  par  la  ville.  L'érudit  et  spirituel  auteur  de  ces  notes  l'a  connu 
dans  son  enfance,  et  en  trace  la  silhouette,  comme  il  sait  le  faire,  siins 
oublier  le  baudet.] 

N»  2.  P.  74-93.  M.  Chailan  et  E.  Lacaze-Duthiers.  Nos  vieux  archéolo- 
gues. Le  chevalier  de  Gaillard;  ses  lettres  sur  les  antiquités  d'Arles. 
[Notice  bio-bibliographique,  suivie  de  la  première  lettre  du  chevalier; 
se  continue  au  n»  4,  p.  263-71.  Le  chevalier,  comnumdeur  de  Poët-Laval 
et  résidant  habituellement  à  MontéHmar,  correspondait  avec  les  princi- 
paux savants  du  Midi.  De  bonne  licure,  il  fut  eu  rapport  avec  l'abbé 

ANNALES   DU    MIDI.    —   XX  <S 


1  l4  ANNALES   DU    MIDI. 

Bunnemant,  d'Arles.  Il  venait  aux  réunions  des  chevaliers  de  Malte 
dans  l'hôtel  prieural  d'Arles,   et  visitait  les  monuments  avec   l'abbé. 
Malheureusement  celui-ci,  qui  avait  pourtant  beaucoup  d'esprit,  n'en 
eut  pas  assez  pour  supporter  les  boutades  philosophiques  du  chevalier 
de  Rfalte,  fort  caustique  envers  l'Église,  et  finit  par  cesser,  «  pour  le 
malheur  de  l'archéologie  »,  toute  relation  avec  lui.  Séguier,  le  savant 
nîmois,  fut  un  des  correspondants  du  chevalier  de  Gaillard  d'Agoult. 
Les  lettres  que  publient  MM.  Ch.  et  L.  D.  vont  de  1764  à  1767,  ont  été 
transcrites  par  Bonnemant,  et  sont  en  réalité  un  recueil  d'inscriptions 
d'Arles  et  de  la  région,  relevées  directement  par  Gaillard,   ou  bien 
tirées  par  lui  d'anciens  manuscrits  et  accompagnées  de  commentaires. 
Il  décrit,  en  outre,  tous  les  monuments  qu'il  rencontre.]  —  P.  94-100. 
M.  Gautier-Desoottes.  Le  rétable  du  Collège.  [Planche.  Ce  magnifique 
travail  de  sculpture  sur  bois  est  du  xvii«  siècle.  Sur  l'initiative  de  la 
Commission  des  monuments  historiques,  le  Conseil  municipal  d'Arles 
a  donné  un  avis  favorable  à  son  classement.]  —  P.  101-5.  A.  Veran.  Le 
Beffroi,  l'Hôtel  de  ville,  l'ancien  Prétoire.  Note  en  vue  du  classement  de 
ces  édifices.  [Planche.] — P.  107-10.  M.  Chailan.  Une  lettre  inédite  de 
Me""  du  Belloy.  [L'évêque  de  Marseille  écrit  au  D''  Pomme,  d'Arles,  une 
lettre  datée  de  Chambly,  18  décembre  1795,  pour  lui  annoncer  qu'il  a 
nommé  deux  vicaires  généraux  au  diocèse  d'Arles,  pendant  la  vacance 
du  siège,  suite  du  massacre  de  l'archevêque  du  Lavi,  arrivé  le  2  septem- 
bre 1792.]  —  P.  111-20.  E.  F.  Les  rues  d'Arles.  [La  rue  de  la  Dominante 
donnait  accès  à  la  tour  de  Roland,  construite  sur  les  arcades  du  théâtre 
antique,  appelée  depuis  la  Domi>iante.  En  1791,  cette  rue  devint  la 
carrièro  di  chiffounië.  Les  réactionnaires  étaient  appelés  chiffonniers, 
parce  qu'ils  se  réunissaient  dans  une  maison  établie  sur  l'emplacement 
du  théâtre  antique,  maison  ayant  appartenu  au  chanoine  Giff'on.  La 
chambrée  qui  s'y  forma  prit  le  nom  de  la  Giffone.']  —  P.  121-8.  E.  F. 
Les  proverbes  du  pays  d'Arles.  [Noublesso  d'Arle  signifia  longtemps 
une  illustre  noblesse,  mais  aujourd'hui  le  prestige  a  disparu.  L'ausard 
de  Bèujo  (le  hardi   de  Beaujeu)  vise  Paul-Antoine  de   Quiqueran   de 
Beaujeu,  arlésien  du  xvii°  siècle,  vaillant  chevalier  de  Malte.] 
N°  3.  P.  130-7.  E.  F.  Le  vieil  Arles.  [L'hôpital  Saint-Esprit-du-Bourg  est 
mentionné,  dès  1201,  parmi  les  légataires  de  Guillaume  Boneti.  Il  fut  le 
plus  riche  et  le  plus  considérable  des  hôpitaux  dont  on  constate  l'exis- 
tence simultanée  â  Arles  au  xiii»  siècle.]  —  P.  138-68.  M.  Chailan.  Un 
grand-vicaire   de   Ms'-  du    Lau.  L'abbé  Pierre  de  Bertrand  des   Ferris 
(1741-1819).  [Se  coulinue  et   se  termine  dans    le  n»    4,   p.   210-35.]  — 
P.  173-87.  E.  F.  Les  rues  d'Arles.  [La  rue  d'Alembert  porta  successive- 


PÉRIODIQUES  MÉRIDIONAUX.  115 

ment  les  noms  de  rue  du  Barri,  des  Oauquières  et  des  Récollets.  Le 
5  décembre  1755,  la  rue  des  Récollets  vit.  à  l'occasion  des  obspques  du 
respectable  M.  de  Montblanc,  les  curés  de  Saint-.Tulien,  de  Saint-Lu- 
cien, de  Maussane,  et  le  chapitre  de  la  Major,  se  chamailler  et  se  bous- 
culer, chacun  revendiquant  le  droit  de  présider  à  la  cérémonie.  Quand 
on  arriva  dans  la  cour  des  Récollets,  le  curé  de  Maussane,  qui  s'obsti- 
nait à  suivre  le  cercueil  en  criant  :  «  C'est  mon  paroissien!  »  fut  ex- 
pulsé de  vive  force  et,  en  se  débattant,  eut  la  chape  déchirée.  Cette 
bagarre  entre  saints  personnages  autour  d'un  cercueil  était  bien  dans 
l'esprit  du  temps.]  —  P.  188-200.  E.  F.  Les  proverbes  du  pays  d'Arles. 
[Vetitres-pourris  et  hasalois.  Ces  épithètes  avaient  cours  au  xvii»  siè- 
cle. Elles  naquirent  des  rivalités  entre  les  anciens  et  les  nouveaux 
nobles.  Le  peuple  appela  les  anciens  :  ventres-pourris ,  et  les  nou- 
veaux :  has-alois.  Roimian  rènâe-rèn  est  un  des  nombreux  sobriquets 
du  vieux  temps.  En  1792,  le  cordonnier  Roman,  capitaine  de  la  garde 
nationale,  était  un  des  chefs  de  la  garde  chifibniste  ou  royaliste.  Sommé 
de  rapporter  ses  armes  à  l'hôtel  de  ville,  il  se  barricada  chez  lui  en  ré- 
pétant :  Rrende-rrènl] 
N»  4.  P.  236-40.  E.  F.4.SSIN.  Le  vieil  Arles.  [La  tour  du  Tampan.  aujour- 
d'hui Tourvieille,  servait  à  la  surveillance  des  embouchures  du  Rhône. 
Elle  remonte  au  début  du  xvii»  siècle.]  —  P.  241-9.  E.  V.  Les  rues  d'Ar- 
les. [La  rue  Truchet  rappelle  le  souvenir  de  l'arlésien  Michel  de  Tru- 
chet  qui,  dans  la  première  moitié  du  xix"  siècle,  publia  de  nombreux 
mémoires  sur  l'agriculture,  l'industrie  et  la  topographie  du  territoire. 
C'est  l'ancienne  carriera  de  VEscola,  en  la  Juzataria  ou  Juiverie. 
Cette  escola  dels  Juzieus  est  confondue  par  les  chartes  du  xv  siècle 
avec  la  synagogue.  Le  fanatisme  populaire  incendia  la  synagogue  en 
1457  et  la  détruisit  définitivement  en  1484,  sans  y  laisser  pierre  sur 
pierre.]  —  P.  250-1.  E.  F.  Les  proverbes  du  pays  d'Arles.  [A  ben  fé, 
la  Tarescol  est  un  écho  des  vieilles  querelles  qui  animaient  l'une  con- 
tre l'autre  les  villes  d'Arles  et  de  Tarascon.  Quand  la  Tarasque  pouvait 
atteindre  un  Arlésien  dans  ses  sorties  de  fête,  le  proverbe  prête  aux 
Ta^asconnais  une  joie  sans  mélange.]  —  P.  253-5.  A.  Véran.  Le  temple 
de  Diane  à  Arles.  [Planche.  M.  V.,  comme  architecte  des  monuments 
historiques,  a  rendu  à  l'archéologie  arlésienne  des  services  éraineuts. 
Il  suffit  de  rappeler  ses  travaux  de  déblaiement  et  de  restauration  du 
palais  de  Constantin.  Sa  sollicitude  s'étend  à  toutes  les  reliques  de  la 
terre  d'Arles.  Il  s'agit  aujourd'lmi  d'une  portion  d'architrave  reposant 
sur  deux  jambages.  Cet  ensemble,  formant  porte,  a  été  découvert  der- 
rière le  chevet  de  la  vieille  église  romane  de  Saint-Jean  de  Moustiers. 


116  ANNALES    DU    MIDI. 

M.  V.  voit  dans  cet  ensemble  une  porte  antique  ayant  appartenu  au 
temple  de  Diane.  Pour  moi,  j"y  vois  simplement  une  partie  d'architrave 
provenant  de  quelque  grand  édifice  romain  et  qu'on  utilisa,  après  la 
ruine  d'Arles,  pour  en  faire  un  linteau  de  porte,  en  le  posant  sur  deux 
jambages  antiques  destinés  primitivement  à  autre  chose.  Il  n'y  a  aucun 
rapport  architectonique  entre  l'architrave  et  les  jambages.  L'architrave 
porte  les  trous  de  scellement  des  lettres  de  bronze  d'une  grande  ins- 
cription qui  s'étendait,  à  droite  et  à  gauche,  sur.  une  longueur  beau- 
coup plus  considérable.  Cette  pierre  monolithe,  étant  couronnée  sur  ' 
chaque  face  par  une  moulure  d'oves,  devait  reposer  sur  une  colonnade 
à  jour,  faisant  partie  d'un  portique  extérieur  ou  promenoir,  comme  on 
en  voyait  autour  des  temples.  Si  elle  avait  été  un  linteau  de  porte,  la 
bordure  d'oves  s'y  replierait  à  angle  droit,  à  chaque  extrémité,  pour 
orner  les  jambages.  Au  contraire,  elle  court  rectiligne,  et  se  prolongeait 
à  gauche  et  à  droite,  au-dessus  de  la  longue  inscription,  commençan 
et  finissant  sur  d'autres  pierres,  dont  l'ensemble  couronnait  la  colon- 
nade. Les  jambages  sont  des  blocs  nus,  sans  aucun  ornement,  et  n'ont 
pas  pu  se  combiner',  dans  l'édifice  primitif,  avec  l'architrave.]  — 
.  P.  256-62.  Destandau.  Etude  historique  de  l'hôpital  de  Crau.  [M.  D.  le 
situe  au  Mas-de-Payan,  dans  la  plaine  de  la  Crau,  territoire  d'Arles,  au 
levant  de  la  Petite- Vacquière.]  E.  B. 

Charente. 

Bulletin  et  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  la 
Charente,  7^  série,  t.  VI,  année  1905-1906. 

Procès-verhaux.  —  P.  xxv.  Une  représentation  théâtrale  à  Angoulème, 
le  10  février  1787  (extrait  du  Journal  de  Salntongé),  p.  p.  Ch.  Danqi- 
BEAUD.  — P.  xxvii.  MouRiER.  Uu  ex-Ubris  de  Corlieu  (1050).  —  P.  xxvii. 
Id.  Note  du  conseiller  au  présidial  Frugier  sur  la  construction  du  nou- 
veau pont  de  Saint-Cybard  d' Angoulème  (12  mars  1750),  —  P.  xxxii- 
XXXIV.  Seconde  et  dernière  lettre  de  la  Reyne  Mère,  Marie  de  Médicis. 
[Envoyée  au  roi,  d'Angoulème,  le  10  mars  1019;  réimpression  p.  p. 
P.  MouRiER.]  —  P.  xxxvii-xxxviii.  Abbé  Mazière.  L'Almanach  d'An- 
goulème ou  Tableau  politique  et  histo)-ique,  etc.,  de  1788.  p.  p.  l'impri- 
meur Puynesge  et  le  libraire  Bargeas.  —  P.  xxxviii-xxxix.  P.  Mourier. 
Ex-libris  des  La  Rochefoucauld  Magnac  et  Maumont  (xvi'-xviii°  siècles) 
—  P.  xLvii-xLviii.  Procuration  donnée  par  André  do  Vivonne,  faisant  par- 
tie de  lu  suite  du  roi ,  pour  contracter  un  emprunt  de  ;{,000  livres 
(25  octobre  1615),  p.  p.  M.  de  La  Martiniére.  —  P.  lxiv-lxvî.  Fa- 


PERIODIQUES    MERIDIONAUX.  117 

vRAtJD.  Les  inscriptions  tumulaires  de,  Saint-Andx'é-de-RuIYec.  [D'après 
les  copies  de  Michon  ;   concernent  des  personnages  augoumoisins  du 
XVI»  au  xvm»  siècle.]  —  P.  lxvii-lxix.  Id.  Notes  extraites  des  registres 
de  l'état  civil  de  Ruffec  (xviii»  siècle).  —  P.  lxxxiv.   Abbé  Leorand. 
Analyse  de  l'acte  de  fondation  d'une  école  à  Bouteville  par  la  marquise 
de  Lnxembourg-Bouteville  (16  mai  1658).  — P.  lxxxvi-lxxxix.  Requête 
de  la  noblesse  de  Poitou,  Saintonge  et  Angoumois,  généralité  de  la  Ro- 
chelle, au  Roy,  1744.  [Extraits  p.  p.  D.  Touzaud,  avec  commentaire  sur 
les  vexations  du  fisc  à  l'égard  des  bouilleurs  de  cru  au  xviii"  siècle.]  — 
P.  xcv-xcvi.  Abbé  Legrand.  Un  programme  d'examens  au  Collège  des 
Jésuites   d'Angoulème  en  1759.  [Analysé,   puis   reproduit  in   extenso; 
p.  xcvii-xcix.]  —  P.  cii-ciii.  J.  George.  Note  sur  la  journée  de  la  peur 
à  Angoulème  (28-29  juillet  1789).  [D'après  diverses  sources  inédites.]  — 
P.  ciu-cv.  Ch.  Jeandel.  La  grande  peur  dans  les  cantons  de  Montbron 
et  de  Lavalette.  [D'après  des  traditions  orales  qui  semblent   dénuées 
de  caractère  historique.] 
Mémoires.   —    P.    1-67.    A.   Esmeix.    L'histoire   et   la  légende  de  saint 
Cybard.  [Etude  importante  du  savant  membre  de  l'Institut  sur  ce  reclus 
et  sur  la  condition  des  reclus  et  des  affranchis  aux  temps  mérovingiens.] 
—  P.  69-98.  Abbé  Chevalier.  Étude  sur  le  terrier  de  la  baronnie  de 
Verteuil,   xv-xviu'  siècles.  [Notice  descriptive  utile,   avec  renseigne- 
ments sur  la  contenance  et  les  fiefs  ;  ce  document  devrait  être  publié.]  — 
P.  99-126.  Le  mémorial  de  Marcillac-Lanville,  notes  historiques  et  faits 
divers    (1611-1642);    extraits   des   archives   de    Marcillac  par   le    frère 
Hugues  Joubert,  religieux  du  prieuré.   [Notice,  analyse  et  extraits  par 
M.    DE  Massougnes.]  —  P.  140-51.  D.  Touzaud.  La  maison  de  La  Ro- 
chefoucauld au  xvi=  siècle,  d'après  les  Mémoires  de  Jean  de  Mergey.  — 
P.  159-68.  J.  DE  LA  Martiniére.  Un  mariage  au  château  de  Verteuil, 
15  Janvier  1545.  [Celui  de  Louis  du  Plessis,  seigneur  de  Richelieu,  et  de 
Françoise  de  Rochechouart  ;  l'acte  de  mariage  est  publié  in  extenso. 
Publication  intéressante.]  —  P.  169-220.  Le  livre  des  routes  du  baron 
de  Plas,  capitaine  au  régiment  d'infanterie  du  Roi  (1757-59),  p.  p.  l'abbé 
Ph.  Legrand.  [Intéresse  l'histoire  de  la  guerre  de  Sept  Ans.]  —  P.  220-36. 
Ch.  Desages-Olphe-Gaillahd.    Essai   sur  la  chronologie  et  la  généa- 
logie des  comtes  d'Angoulème  (950  à  1100).  [En  réalité  de  839  à  1087 
Positions  d'une  thèse  présentée  à  l'École  des  Chartes  et  dont  la  publi- 
cation est  désirable  :  elle  établirait  les  biographies,  très  défectueuses 
jusqu'ici,  des   comtes  d'Angoulème.   Cf.  Annales,  t.   XIX,  p.  422.]  — 
P.  236-44.  Abbé  A.  Petit.  Jean  de  Saint-Val.  abbé  de  la  Couronne  et 
évêque  d'Angoulème  (1178-1203).  [S'efforce  de  démontrer  qu'il  s'appelait 


118  ANNALES   DU   MIDI. 

Jean  de  Saint-Vallier.]  —  P.  245-58.  Etat  des  fiefs  relevant  du  duché 
d'Angoulême,  dressé  par  le  lieutenant  général  de  la  sénéchaussée,  rece- 
veur du  domaine  (4  septembre  1651),  p.  p.  L;  de  la  Bastide.  [D'après 
l'original  existant  aux  archives  de  la  Société  historique  et  archéologique 
du  Limousin  •  document  intéressant,  mais  publié  sans  annotations.] 

P.  B: 

Dofdognô. 

Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  du 
Périgord,  t.  XXXIII,  1906. 

p.  57-72.  A.  Dujarric-Descombes.  La  chapelle  des  Barnabe  dans  l'église 
Saint-Front  de  Périgueux.  (Il  n'y  en  a  plus  que  des  t-estes.  Les  Barnabe 
étaient  de  riches  marchands  :  l'un  d'eux,  Arnaud,  six  fois  maire,  bâtit 
la  chafielle  ;  dont  acte  de  1418;  en  langue  du  pays^  bien  publié  et  com- 
menté.] —  P.  72-113,  211-43,  311-31.  G.  Bussiére.  Henri  Bertin  et  sa 
famille.  [Suite  et  à  suivre.  Biographie  de  Louis-MathieU,  marquis  de 
Fratteaux,  frère  aîné  du  ministte  :  ce  frère,  mal  vu  de  son  père,  fut 
déshérité,  persécuté  parr  lui,  enlevé  â  Londres  ;  une  lettre  de  cachot  le 
fit  incarcérer  à  la  Bastille,  où  il  mourut  après  vingt-sept  ans  de  captivité 
(1732-1779).  Cependant,  le  jeune  Henri  Bertin  étudiait  le  droit,  était 
nommé  maître  des  requêtes,  intendant  de  Perpignan,  puis  de  Lyon, 
lieutenant  général  de  police ,  enfin  contrôleur  général  des  finances 
(1759)  ;  il  obtenait  à  lui  seul  plus  de  la  moitié  de  l'héritage  paternel,  très 
considérable.  Constitution  et  accroissements  de  sa  fortune  territoriale, 
dont  la  seigneurie  de  Bourdeille  fut  le  centre  :  premier  baron  du  Péri- 
gord, il  en  devint  aussi,  par  la  possession  de  la  belle  forge  d'Anse,  le 
premier  forgeron.  Son  activité  comme  intendant,  spécialement  à  Lyoû.J 
—  P.  186-52.  J.  Roux.  L'ancienne  église  de  Léguilhac  de  Lauche.  [Église  à 
coupoles,  en  deux  parties,  l'une  romane,  l'autre  ogivale,  détruite  fet 
remplacée  en  19U2.  Plans  successifs.  Trahsforihatlong.]  —  P.  152-60. 
F.  ViLLEPELET.  Peintres  de  bannières  à  Périgueux  aui  xiv«  et  xv«  siè- 
cles. [«  Los  penhedors  ».  Renseignements  extraits  des  livres  de  comptes 
dfe  la  ville,  en  langue  romane,  dont  le  premier  date  de  1314.  Ces  pein- 
tres peignaient  les  bannières  communales;  les  pennons  des  set-- 
gônts,  etc.]  —  P.  161-3.  Vente  de  la  forêt  do  Thiviers  consentie  par  le 
roi  de  Navarre  aux  sieurs  du  Teil  et  Faurichon;  le  7  mai  1582,  p.  p. 
H.  DE  MoSTÉGUT.  -  P.  163-79;  298-311;  884-405,  434-54.  E.  Roux.  Les 
UrsUlineS  de  Périgueux.  [Suite  fet  à  suivre.  De  1670  à  la  fin  du  xvîï« 
siècle.  Historique  des  supérieures  et  des  principaux  hiembres  de  bette 
importante  comitiunauté.  Possessions,  acquisitions.]  —  P.  203-10;  J;  Dlj 


PERIODIQUES   MERIDIONAUX.  119 

RiEux.  Fénelon  ai'chevêque,  d'après  deux  documents  inédits.  [Une  lettre 
de  Fénelon  en  particulier,  du  2G  mai  1712,  sur  les  passeports  accordés 
en  temps  de  guerre  aux  ecclésiastiques.]  —  P.  243-5.  Prise  de  posses- 
sion de  l'évèché  de  Sarlat  par  M»'-  de  Ponte  d'Alburet,  28  février  1778, 
p.  p.  L.  Carvès.  —  P.  245-62,  331-41.  F.  Villepelet.  Notes  et  docu- 
ments :  les  biens  ecclésiastiques  dans  le  district  de  Périgueux  en  1790. 
[Texte  de  la  soumission  faite  par  la  ville  de  Périgueux  afin  d'acquérir 
soit  dans  le  district,  soit  même  dans  d'autres,  voisins,  jusqu'à  concur- 
rence d'un  million,  des  biens  ecclésiastiques,  énumérés  et  estimés.]  — 

—  P.  373-82.  Cil.  Durand.  L'église  de  Bauzens.  [Du  xii"  siècle;  de 
façade  très  élégante.  Plans  et  pliototypies.]  —  P.  383.  Conflit  relatif  à 
la  cloche  de  Marquay,  1661.  Texte  p.  p.  A.  Jouanel.  —  P.  403-5.  A.  Du- 
jarric-Descombes.  Lettre  de  l'intendant  de  Ris  aux  consuls  de  Péri- 
gueux. [Les  remerciant  d'avoir  arrêté  dès  le  début  le  soulèvement  causé 
par  un  arrêt  du  Parlement  de  Bordeaux  sur  le  pâturage  ;  23  juillet  1681.] 

—  P.  432-3.  A.  Maisonneufve-Lacoste.  Notice  sur  une  cheminée  du 
château  de  Vaucocour,  à  Thiviers  (Dordogne).  [Planche.]  —  P.  454-5. 
J.  Durieux.  Une  nouvelle  lettre  de  Fénelon.  [Du  16  février  1711 
sur  une  querelle  de  préséance  soulevée  dans  l'église  d'Avesnes.]  — 
P.  455-8.  A.  Dujarric-Descombes.  Merlhie  de  Lagrange  (1769-1844).  [Né 
à  Périgueux,  avocat  distingué  du  bai-reau  de  Paris,  très  versé  dans  les 
questions  de  droit  maritime.] 

P.  1  à  àO  (pagination  spéciale).  L.  Benoit.  Table  alphabétique  des  plan- 
ches du  Bulletin,  de  1874  à  1906.  P.  D. 

Gard. 

I.  Bulletin  du  Comité  de  fart  chrétien  de  Nitnes,  t.  VlII, 
1906  et  1907. 

N»  53.  P.  179-232.  F.  Durand.  L'église  Sainte-Marie  ou  Noti-e-Dame  de 
Nimes,  basilique-cathédrale  (description  archéologique).  [Fin  d'un  tra- 
vail, avec  planches,  dont  les  chapitres  précédents  se  trouvent  dans  le 
tome  VII  du  Bulletin,  p.  267  et  471.  Cf.  Annales  du  Midi,  t.  XIX, 
p.  293.]  —  P.  233-63.  C.  Nicolas.  Ancienne  paroisse  de  Saint-Pierre 
«  de  Via  Sacra  »  à  Saint-Gilles  (1170-1790).  [Planche.] 

N"  54.  P.  267-321.  J.  Hubidos.  Histoire  et  décoration  de  l'église  abba- 
tiale de  Saint-Gilles.  [M.  H.  donne  le  plan  de  la  crypte  d'après  La 
sculpture  fra?içaise  de  M.  de  Lasteyrie.  La  question  de  la  date  de 
l'église  a  donné  lieu  à  dos  études  très  savantes,  mais  aboutissant  à  des 
conclusions  divergentes.  Après  les  impressions  de  Mérimée,   Kévoil 


120  ANNALES   DD   MIDI. 

Quicherat,  Viollet-le-Duc,  les  travaux  très  sérieux  de  MM.  Voge,  Ma- 
rignan,  Nicolas  et  de  Lasteyrie,  on  aimerait  à  être  mieux  fixé.  Le  débat 
entre  les  champions  n'a  pas  été  sans  vivacité.  Les  deux  tenants  les 
plus  redoutables  sont  MM.  de  Lasteyrie  et  Marignan,  lequel  ne  dé- 
sarme pas.  M.  H.  penche  pour  le  premier,  mais  gare  au  second. 
J'espère  fermement  que  ces  discussions  finiront  par  dissiper  toute 
incertitude  sur  la  date  du  fameux  portail.]  —  P.  322-9.  J.  Boudin.  Les 
registres  de  catholicité  de  la  paroisse  de  Beauvoisin  de  1645  à  167L  — 
—  P.  330-46.  C.  Nicolas.  Anciennes  paroisses  de  Saint-Privat,  de 
Saint-Jean-l'Évangéliste,  de  Saint-Jacques  ou  des  Trinit-aires  à  Saint- , 
Gilles  (1170-1790).  [Planches.] 

N°  55.  P.  347-50.  C.  Nicolas.  Un  nouveau  tableau  de  saint  Gilles  à 
la  National  Gallery  de  Londres,  confirmant  l'emplacement  des  sept 
églises  paroissiales  de  Saint-Gilles.  [Le  saint  est  représenté  en  face  du 
roi  Wamba  et  dans  le  lointain  on  voit  la  ville  de  Saint-Gilles.]  — 
P.  351-82.  H.  Brun.  Les  patrons  des  paroisses  du  diocèse.  —  P.  383-6. 
C.  Nicolas.  Un  pèlerinage  danois  à  Saint-Gilles,  1150.  —  P.  887-410. 
L.  AuRENCHE.  Généalogie  historique  de  la  maison  de  Cheylus,  Vivarais 
et  comté  Venaissin. 

N"  56.  P.  419-55.  C.  Nicolas.  Le  prieuré  de  Sainte-Madeleine  ou  la  Lé- 
proserie à  Saint-Gilles  (1158-1790).  [Planche.]  E.  B. 

II.  Mémoires  de  V Académie  de  Nimes,  7®  série,  t.  XXIX, 
1906. 

P.  1-61.  C'=E.  DE  Balincourt.  Avignon  de  1520  àl560,  d'après  les  livres  de 
raison  des  Merles  de  Beauchamps.  [Dans  les  Mémoires  de  l'Académie 
de  1903,  M.  de  B.  avait  déjà  donné  les  deux  livres  de  raison  de  Louis 
de  Merles  et  de  son  fils  François.  Il  s'agit  aujourd'hui  du  livre  de 
raison  de  Louis  II  de  Merles,  fils  de  François,  continué  par  son  fils 
Balthazar  en  15.51,  par  son  petit-fils  François  II  de  Merles  en  1616,  par 
son  autre  petit-fils  Louis  III  de  Merles  en  1621,  et  par  son  arrière- 
neveu  Balthazar-François  en  1645.  Il  faut  rectifier,  dans  le  titre,  la 
date  de  1560  en  1650.  Renseignements  sur  le  passage  de  la  Reine,  puis 
du  Roi,  en  1533,  le  camp  du  Roi  en  1536,  le  passage  du  Roi  en  1537  et 
en  1538,  la  sédition  du  blé  en  1539,  l'apparition  de  trois  soleils  en  1541, 
l'entrée  du  Dauphin  en  1592,  des  combats  en  champ  clos,  la  peste,  le 
massacre  de  Gabrières  en  1542;  la  venue  des  rois  de  France  et  de  Po- 
logne en  1574,  la  translation  des  reliques  de  saint  Ruf  k  N.-D.  des 
Doms  en  1584,  un  combat  en  champ  clos  en  1591,  le  passage  de  Marie 
de  Médicis  en  1600,  la  chute  d'une  arche  du  pont  d'Avignon  en  1603,  la 


PERIODIQUES  MERIDIONAUX.  121 

Tonue  de  Louis  XIII  en  1622,  la  translation  du  corps  de  saint  Pierre 
de  Luxembourg  en  1628,  la  peste  de  1629  à  1631,  le  passage  d'Anne 
d'Autriche  en  1632.]  —  P.  63-82.  L.  Bascoul.  Découverte  d'une  nécro-' 
pole  au  cliàteau  de  Saint-Privat  du  Gard  (1904-6).  Planches.  [Descrip- 
tion soignée,  avec  deux  plans,  dos  cryptes  et  des  tombes.  Les  sque- 
lettes ont  généralement  la  tète  à  l'ouest  et  les  pieds  à  l'est.  Restes  de 
murs  romains.  Cuves  de  pierre  ou  tombes  formées  de  tegulce,  d'im- 
brices  et  de  dalles.  Rien  qui  permette  une  date  précise.  L'auteur  pense, 
non  sans  vraisemblance,  que  cette  nécropole,  qui  s'étendait  en  dehors 
du  château  actuel,  peut  remonter  au  v  siècle.]  —  P.  83-90.  —  E.  Bon- 
DURAND.  Deux  testaments  du  xv«  siècle  en  langue  d'oc.  [Ces  textes,  de 
1481  et  de  1482,  sont  tirés  d'un  registre  de  notaire  de  Saint-Geniès  de 
Malgoirès.  En  l'absence  d'un  notaire,  le  premier  fut  rédigé  par  un  voi- 
sin de  bonne  volonté,  l'autre  par  un  lieutenant  (de  baile).  Ils  montrent 
exactement  comment  on  parlait  à  Montmirat  et  à  Moussac]  —  P.  123-4, 
E.  BoNDURAND.  Liste  des  diplômes  carolingiens  et  capétiens,  de  Charles 
le  Chauve  à  Philippe-Auguste,  conservés  aux  Archives  du  Gard.  [Il 
n'existe  que  des  copies,  figurées  ou  autres.]  —  Deuxième  partie  (pagi- 
nation séparée)  :  P.  1-49.  Inauguration  du  monument  Henri  Révoil 
dans  le  jardin  de  la  Fontaine  de  Nimes,  le  12  novembre  1906.  —  Annexe 
(pagination  séparée)  :  P.  1-128.  C.  Nicolas.  Histoire  des  grands  prieurs 
et  du  prieuré  de  Saint-Gilles,  faisant  suite  au  manuscrit  de  Jean 
Raybaud  (1751-1806).  [Cette  continuation  formera  le  tome  III  de  la  pu- 
blication.] E.  B. 

Gironde. 

L  Actes  de  V Académie  nationale  des  sciences^  belles- 
lettres  et  arts  de  Bordeaux,  1903. 

p.  5-24.  De  Bordes  de  Portage.  Ausone,  cinquante  épigrammes  tradui- 
tes en  vers.  —  P.  25-31.  G.Labat.  Simple  note  sur  un  tableau  de  Pierre 
Lacour.  [Tableau  allégorique  commémorant  une  campagne  navale  do 
d'Estaing.] —  P.  33-15.  C.  Jullian.  Les  recherches  locales  et  l'histoire  de 
France.  [Discours  prononcé  à  la  séance  générale  du  congrès  des  Socié- 
tés savantes  tenu  à  Bordeaux  on  1903.]  —  P.  47-53.  G.  Labat.  Pierre- 
Eugène  Claveau  (1820-1902).  [Peintre  bordelais,  élève  et  ami  de  Galard.] 
—  P.  59-63.  G.  Labat.  liO  maréchal  duc  de  Richelieu  et  les  jurais  de  Bor- 
deaux (1780).  [Lettre  inédite  du  diicde  Richelieu.] —  P.  85-101.  G.  Labat. 
Vieux  souvenirs,  le  vice-amiral  Gustave  Lugeol  (1799-1806).  —  P.  103-22. 
De  Bordes  de  Fortage.  Un  portrait  de  madame  de  Grignan.  [Con- 
servé au  château  de  Caila;  belle  héliogravure  et  notice  intéressante.] 


122  ANNALES  DU  MIDI; 

1904. 

P.  7-73.  R.  Dezeimeris.  Etiide  bibllog:l'a{)hique  et  critique  sur  une  version 
peu  connue  des  Moralia  de  Plutarque.  [Travail  très  fouillé  sur  cette 
traduction  de  Gi'userius  et.sllr  la  rivalité  dé  l'auteur  avec  Guillaume 
Xylander,  autre  traducteui*  dé  Plutarque.]  —  P.  75-93.  G.  Labat.  Beau- 
marchais à  Bordeaux  (octobre,  novernbré  et  décembre  1783).  [Lettres 
inédites  de  Beaumarchais.]  —  P.  95-115.  De  Castelnau  ri'EssENAUi.T. 
De  quelques  nouveàUx  problèmes  d'archéblogie  au  sujet  de  l'église 
Saiht-Michël  à  Bordeaux.  [DlSbiiëëioli  sûr  la  date  du  retable  de  la  cha- 
pelle Saint-Jbâepli,  qui  témonterfiit  itvt  dëbiit  du  xvt»  siècle  et  non  au 
règne  de  Henri  III.]  —  JP.  165-88.  G.  Labat.  Le  vice-anliral  Làîné 
(1798-1875).  [Notice  biographique.] 

1905. 

p.  5-71.  P.  BoNNEFON.  Rosa  Bonheur.  [Étude  sur  la  Yie  et  l'œuvre  de  la 
grande  artiste  bordelaise;  le  premier  travail  complet  qui  lui  ait  été  con- 
sacré.] —  P.  73-89.  G.  Labat.  Le  contre-amiral  comte  Pierre  Baste 
(1768-1814).  [Notice  biographique  sur  ce  marin  bordelais  qui  prit  part 
aux  guerres  de  la  Révolution  et  de  l'Empire.]  P.  G. 

IL  RevM  phUoniuthique  de  Boy^deauœ  et  du  Sud-Ouest^ 

1905; 

P.  22-34.  A.  'Tersày.  feourg-suf-ijironde,  son  nistoii-e.  ^Analyse  de  la 
âecbnde  êditidii  du  liti-ë  de  M.  E.  Mâufras.J  —  P.  49-62.  Sam  Maxwell. 
Le  cirque  de  la  rue  de  la  Course.  [Détails  inédits  sur  les  cttiirsés  de 
taureaux  à  Bordeaux  au  xviii»  èlèblë.]  ~  P.  63-77,  127-32, 168-84.  P.  Buf- 
FAULT.  Les  débuts  de  la  fixation  des  dunes.  [Étude  de  l'œuvre  de  la 
Cohimission  des  dunes,  instituée  par  l'arrêté  dii  13  messidor  an  IX 
pour  réaliser  les  plans  de  Brémohtier;  très  intéressant.]  —  P.  78-84. 
J.-A.  Brutails.  L'industrie  laitière  dans  l'ancien  Bordelais.  [Aii 
xviii»  siècle  et  au  début  du  xix».]  —  P.  97-124.  B.  de  Nabias.  L'hygiène 
sociale  à  Bordeaux.  [Coup  d'œil  sur  a  la  conquête  des  marécages  », 
trait  tarâbtêristi'qué  dfe  l'histoire  de  Bordeaux.]  — P.  145-67.  E.  de  Perce- 
val.  Un  conflit  entr-e  seigneurs  et  tenanciers  à  la  fin  du  xviii*  siècle. 
[Épisode  de  l'histoire  de  l'abbaye  de  Saint-Ferme.]  —  P.  193-215. 
J.  BenzAcar.  Les  jeux  de  hasard  à  Bot-dêaui  (1701-1789).  [Étude  très 
neuve  et  très  curieuse  sut-  la  société  bordelaise  au  xviii'  siècle.]  — 
P.  229-4U.  E.  DE  Bétoulaud.  Bordeaux  bapitale.  [Pages  inédites  où  ce 
poète  de  la  flii  du  ttti«  Siècle  trafce  un  plan  idéal  des  agrandissemèhts 
et  embellissements  ddilt  Bordeaux  serait  susceptible;  amusant.]  — 
P.  286-8.  A.  C.  Montesquieu  homme  de  science.  [A  propos  d'une  étude 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  123 

de  M.  Gautrelet.]  —  P.  289-308.  A.  NicdLAï.  Étude  de  mcéurs  bordelaises 
au  xA^i'  et  au  xviii"  siècle,  la  passion  des  cartes.  [Détails  sur  les  ate- 
liers clandestins  de  fabrication,  la  fraude  faite  parles  maîtres  cartiers, 
les  agents  de  la  contrebande;  à  rapprocher  de  l'étude  de  M.  Benzacar.] 
—  P.  837-54.  L.  Plédy.  La  basoche.  [Quelques  détails  sur  la  basoche 
à  Bordeaux.]  —  P.  385-40U,  464-75.  S.mnt-Jours.  Oordouan  d'après  les 
textes.  [Etude  historique  et  géographique  importante.]  —  P.  412-25. 
J.-A.  Brutails.  Note  sur  les  noms  des  communes  de  la  Gironde.  [Cu- 
rieux et  spirituel.]  —  P.  440-63,  491-521.  P.  BuFFAUr.T.  Etude  historique 
sur  la  propriété  des  dunes  de  Gascogne.  [Gonelut  h  la  domanialité  des 
dunes  comme  principe  général  ;  important.]  —  P.  481-90.  A.  Nicolaï.  L'ad- 
ministration du  droit  sur  lés  cartes  et  cuivres  à  Bordeaux  au  xvui*  siè- 
cle. —  P.  533-42.  G.  DucAUNNÈs-DuvAL.  Le  corsaire  Montauban  à  Bor- 
deaux. [Document  inédit  relatant  une  campagne  inconnue  de  ce  cor- 
saire du  xvii=  siècle.] 

1906. 

p.  1-22.  R.  Céleste.  Les  Piliers  de  Tutelle.  [Notice  historique;  descrip- 
tion de  ce  monùinfent  lii-ée  d'iin  îllâidoyer  dU  début  dU  xtii'  siècle.]  — 
P.  145-64.  J.  Beî^zAcâr:  Dbiïi  Dévienhe  historiogt-aphe  de  GlUenne. 
[Détails  inédits  sur  la  façon  dont  fdt  fcompdsée  l'Osuvrë  dé  Devienne; 
coûCliisibnàéVèrë  pbiir  l'auteur;]  — P.  175-81.  A.Cagnieul:  Autour  d'un 
savant,  nbtés  sur  \A  vie  de  Gaâton  Lësjiialllt.  [Ancien  professeul*  à  la 
Faculté  des  sciences  de  Bordeaux.]  —  P.  224-39,  241-54,  321-34. 
J.-G.  Dautet.  Historique  du  dessèchement  du  marais  qui  s'étend  sur 
le  ten-itoire  des  communes  de  Bordeaux,  Bruges,  le  Bouscat  et  Fysi- 
nes.  [bepuis  le  début  du  xvii«  siècle  jusqu'à  nos  jours.]  —  P.  289-312, 
337-59,  410-20.  iî.  de  la  Ville  de  Mirmont.  Géoirge  JBiiclianan  â  Bor- 
deaux. [Copieuse  et  intéressante  contribution  à  l'histoire  de  l'huma- 
nisme bordelais.]  —  P.  385-40Ô.  A.  Léon.  Quelques  mots  sur  le  pays  bas- 
que. [(Généralités.]—  P.  444-B.  J.-A.  Brutails.  Du  chifoe des  fortunes  au 
moyen  âgé.  [D'après  lin  registre  du  xiv'  siècle  conservé  a  la  mairie  de 
Luz.]  —  iP.  447-75,  497-520.  Saint-Jours.  Localités  maritihies  dispa- 
rues ëri  Gascogne,  [bontinuâtion  des  impoï-tàhtes  études  de  cet  érudit 
sîir  ié  littoral  gàsc6n  ;  combat  la  légende  dés  villes  anciennes  enseve- 
lies sous  lés  dùhes.]  —  P.  48i-9ë,  55^-70.  È.  LABÀhkifc.  Les  délik  viibs 
du  port  de  Bordeaux  au  xviii"  siècle  de  Joseph  Vernet,  gravées  par 
Cochih  et  Lëbâs,  notice  hlstoriqiie  et  iconographique.  [Détails  Sur  le 
séjour  de  Vei-net  à  Ébrde'âUx  'eH  1737-1759;  ideiitificatibh  de  certains 
personnages  figurés  dans  les  deux  vues.]  —  P.  537-54.  J.  Ramàrony. 
Le  Grand-Théâtre  de  Bordeaux.  [Rapport  et  devis  de  Louis.]      P.  C. 


124  ANNALES  DU  MIDI. 

III.  Société  archéologique  de  Bo7^deauœ,  t.  XXVII,  1905. 

P.  22-52.  E.  PiGANEAU.  Les  anciennes  chapelles  publiques  du  pays  Saint- 
Ertiilionnais  (juridiction  de  Saint-Emilion).  —  P.  53-60.  P.  Fourché. 
L'argenterie  et  les  bijoux  d'un  ménage  de  la  haute  bourgeoisie  borde- 
laise au  xvii"  siècle.  [Pierre  de  Lopès,  professeur  à  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Bordeaux,  et  Jeanne  de  Cruseau.]  —  P.  60-7.  J.-A.  Brutails. 
■  Quelques  photographies  de  la  cathédrale  de  Bazas.  [Montrent  les  su- 
tures de  l'édifice  et  le  raccord  entre  les  travaux  d'époques  diverses; 
planches.]  —  P.  67-94.  Abbé  Brun.  La  cathédrale  de  Bazas  pendant  la 
Révolution  (1787-1793).  [D'après  un  cahier  d'arrêtés  de  1793,  seul  débris 
des  archives  bazadaises.]  —  P.  95-7.  Découvertes  et  nouvelles.  [Doubles 
tournois  de  cuivre  à  Gensac,  haches  de  silex  à  Saint-Emilion,  poids  de 
Castres  à  Cazalis,  lampe  romaine.]  —  P.  118.  Vœu  au  sujet  de  la 
conservation  de  l'église  Saint-Rémy  de  Bordeaux,  —  P.  118-25.  Analyse 
[par  l'abbé  Brun]  de  la  conférence  du  D""  Capitan  sur  les  grottes  pré- 
historiques à  parois  décorées  et  les  rochers  gravés  du  sud-ouest  de  la 
France. —  P.  141-61.  P.  Fourché.  Quelques  documents  officiels  relatifs  à 
la  statue  de  Louis  XV  à  l'ancienne  place  Royale.  [Lettres  de  Gabriel  à 
l'intendant  Boucher  sur  un  premier  projet  de  statue;  procès-verbal  de 
l'apposition  des  médailles  dans  le  piédestal;  traité  passé  entre  la  ville 
de  Bordeaux  et  le  graveur  Dupuis  pour  la  gravure  de  la  statue.]  — 
P.  163-64.  Découvertes  et  nouTelles.  [Croix  pectorale  et  couverture  de 
boîte  discoïde  en  buis.] 

Tome  XXVIII,  1906. 

1"  fascicule.  —  P.  41-50.  Abbé  Labrie.  Le  dolmen  ou  allée  couverte  de 
Curlon  à  Jugazan.  [Avec  une  note  du  D''  Manouvrier  sur  les  ossements 
trouvés  dans  la  fouille.]  —  P.  50-65.  Abbé  Labrie.  Remarques  sur  les 
monuments  mégalithiques  de  l'Entre-Deux-Mers.  [Avec  une  carte  indi- 
quant les  dolmens  conservés  ou  détruits,  les  cavernes  et  les  menhii's; 
travail  très  intéressant.]  —  P.  65-6.  Abbé  Labrie.  L'abri  préhistorique 
de  Baring,  à  Daignac.  [Outils  et  ossements.]  —  P.  67-72.  Abbé  Brun. 
Le  trésor  des  reliques  de  Soulac  (inventaire  de  1628).  [Document  iné- 
dit.]—  P.  73-76.  Découvertes  et  nouvelles.  [Hache  polie  au  Taillan,  cha- 
piteaux mérovingiens  à  Bordeaux,  griffon  en  terre  cuite,  etc.] 
Table  systématique  des  matières  et  table  alphabétique  des  noms  des 
vingt-cinq  premiers  volumes  (1873-1894),  par  E.  Labadie.  [Ce  fascicule 
forme  le  tome  XXVI  de  la  Société,  quoiqu'il  ait  paru  en  1906  seule- 
ment.] P.  C. 


PERIODIQUES   MERIDIONAUX.  125 

Hérault. 

I.  Académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Montpellier,  Mé- 
moires de  la  section  des  lettres,  2«  série,  t.  III,  1900-1907  '. 

Fasc.  3.  P.  243-77.  Grasset-Morel.  Nécropoles  montpelliéraincs.  [Etude 
littéraire,  pittoresque,  morale  et  archéologique  sur  les  anciens  cimetiè- 
res ;  tombeaux  de  famille  à  la  cathédrale,  à  l'hôpital  général  (inscrip- 
tions funéraires  des  Bocaud,  des  de  Grave),  au  couvent  de  la  Providence 
et  autres;  cimetière  Saint-Barthélémy,  N.-D.  du  Charnier,  jardin  du 
Milanais  ;  cimetière  de  l'hôpital  général,  cimetière  protestant,  cimetières 
juifs.  Beaucoup  de  détails  intéressants  présentés  avec  agrément.]  — 
P.  279-474.  A.  Vigie.  Les  bastides  du  Périgord.  [Excellente  étude  d'his- 
toire communale,  économique  et  sociale.  L'auteur  étudie  en  détail  les 
origines  et  la  fondation  des  principales  bastides  ;  Villefranche  du  Péri- 
gord, Beaumont,  Molières,  Montpazier,  plus  sommairement  Eymet,  Cas- 
telréal,  Dôme,  Puyguilhem,  Fonroque,  Beaulieu.  Villefranche,  Beaure- 
gard,  Sourzac  (devenu  Saint-Louis),  Lisle  en  Périgord,  et  les  bastides 
^fondées  par  le  comte  de  Périgord.  Il  analyse  avec  précision  les  chartes 
et  privilèges  desdites  bastides,  les  garanties  politiques  et  civiles,  l'orga- 
nisation municipale,  les  juridictions,  le  droit  civil  et  criminel,  les  règle- 
ments relatifs  aux  fours  et  boulangeries  et  au  service  militaire.  C'est 
une  importante  contribution  à  l'histoire  du  Sud-Ouest  du  xn«  au 
xiv»  siècle.] 

Tome  IV.  1904  2. 

Le  2«  fasc,  paru  en  1904,  contient  les  pp.  3G7  à  773  du  mémoire  de 
Y.  Castets  sur  Bourdaloue.  Pour  l'histoire  locale  est  important  surtout 
le  livre  IV,  1  :  «  La  mission  à  Montpellier;  le  P.  Honoré  de  Cannes; 
mission  de  Bourdaloue  »  ;  pour  l'histoire  littéraire,  le  chapitre  sur 
l'authenticité  du  texte  de  Bretonneau. 

II.  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Montpellier, 
tome  III  ^ 

P.  171-91.  M""  GuiRAUD.  Le  palais  des  rois  d'Aragon  et  de  Majorque  à  Mont- 
pellier. [Démontre  que,  contrairement  à  l'opinion  émise  par  M.  Fabrège 
et  reproduite  ici, la  maison  à  fenêtres  trilobées  de  l'Isle-St-Ravy  n'est  pas 

1.  Le  fasc.  1  (p.  1  à  174)  a  paru  en  1901),  le  fasc.  2  (p.  170-211)  en  1902. 
(Cf.  Annales  du  Midi,  t.  XIV,  p.  390.) 

2.  Cf.  Afinales  du  Midi,  1902,  t.  XIV,  p.  397. 

3.  Le  fasc.  1  a  paru  en  1903  (Cf.  Annales  du  Midi,  l'.tol,  XVI,  266).  Le 
fasc.  2  paraît  en  1907. 


126  ANNALES   DU   MIDI. 

ce  palais  ;  détails  topographiques  intéressants.]  —  P.  195-218.  M"«  Gui- 
RAUD.  L'antique  cimetière  Saint-Firmin  de  Montpellier  et  ses  abords. 
[Vues  intéressantes  et  de  portée  générale  sur  la  formatipn  des  centres 
d'Uabitatipn  dans  les  villes  médiévales.]  —  P.  2|9-94.  L.  Cassan.  Ado^^r 
nistration  communale  aux  xiv  et  x\'  siècles  dans  quelques  commu- 
nautés dépendant  des  abbayes  d'Aniane  et  de  Saint-Guilhem-le-Désert. 
[D'après  le  statut  de  Guillaume  de  Cohardon,  1271,  sénéchal  de  Carcas- 
sonne,  et  les  archives  d'Aniane  (pour  Aniane,  LaBoissière,  Puéchabon), 
Saint-Guilhem,  Saint-Jean-de-Fos,  etc.;  travail  posthume  dont  l'auteur 
projetait  une  refonte  complète  ;  utile.]  —  P.  295-318.  J.  Sahuc.  Charte 
des  libertés  et  franchises  accordées  aux  habitants  de  la  Aille  et  de  la 
seigneurie  d'Olargues  en  1289,  par  Bernard  d'Anduze,  seigneur  d'Olar- 
gues.  [Publie  la  charte  de  1289,  qui  ne  permet  pas  de  reconstituer  com- 
plètement les  rapports  du  seigneur  avec  les  habitants  ;  analyse  et  com- 
mentaire d'après  d'autres  pièces  d'archives.]  —  P.  319-34.  J.  Berthelé. 
Un  prétendu  moulin  à  papier  sur  l'Hérault.  [Légende  née  d'une  mauvaise 
lecture  du  Repertoriimi  Brissoneti,  où  l'on  a  pris  j^axeria  (paissière, 
chaussée  du  moulin)  pour  imperia  ;  c'est  le  simple  moulin  bladier  de 
Carabottes;  étude  définitive  et  piquante  sur  la  formation  de  cette  lé- 
gende typo-topographique.]  —  P.  335-94.  Id.  Quelques  documents  con- 
cernant les  moulins  de  Carabottes  au  xiii»  siècle.  [D'après  les  archives 
du  château  de  Lestang;  pièces  justificatives  du  travail  précédent  qui 
apportent  d'utiles  informations  à  l'histoire  de  la  vallée  de  l'Hérault  au 
xiii"  siècle;  tableau  des  opérations  juridiques  et  financières  nécessaires 
à  l'installation  d'un  moulin.]  —  P.  395-9.  M"»  Guiraud.  Plans  suecesaifs 
de  la  cathédrale  Saint-Pierre  de  Montpellier.  [;f]tat  prin^itif,  1364-1775  ; 
deuxième  état  du  cl^cp^r,  élévation,  coupe,  1775-^855;  vue  intérieurs 
du  chœur  de  1775  pepdant  }es  déiflolitions  ;  motif  4e  sculpture  de  la 
tour  N.  E.;  six  plancl|es  avec  notices  explicf|,tives  trps  précises.]  — 
P.  399-440.  Grasset-Morel.  Compte  rendu  des  trav9.uX  (et  de^  séan- 
ces) de  la  Société  archéologique  de  Montpellier  de  1902  à  1906  (inclus). 
[Y  noter  d'importantes  acquisitions  d'antiquités  régionales  pour  le 
musée  de  la  Société.]  L.-G.  P. 

Isère, 

I.   Annales  de  V Université  de  GrenoUe,  t.  XVI,  Ï904  ; 
t,  XVII,  1905.  Néant,  —  T.  ^VIII,  1906. 

p.  309-600.  R.  Mqniez,  P.  Fournier,  L.  BALr.EvniER,  R.  Busquet.  Livre 
du  Centenaire  de  la  Faculté  de  droit.  [M-  R-  M.  a  prononcé  un  discours, 
M.  P.  F.  traité  de  l'ancienne  Université  de  Grenoble,  M.  L-  B.  de  la 


PERIODIQUES    MERIDIONAUX.  127 

Faculté  de  droit  de  la  même  ville  (1805-1905)  ;  M.  R.  B.  a  publié  un 
recueil  de  documents  relatifs  à  l'ancienne  Université,  du  xiv°  au 
xviii^  s.,  et  un  autre  sur  la  Faculté  de  droit  de  1805  à  1905.  Cf.  un 
compte  rendu  dans  Annales,  t.  XIX,  p.  442.]  P.  D. 

II.   Bulletin  de  l'Académie  delpJmiale,  4«  série,  t.  XX, 
1906. 

p.  13-187.  Cl.  Faure.  Histoire  de  la  réunion  de  Vienne  à  la  France  (18:^8- 
1454)  [Suite  et  fin  de  ce  très  sérieux  travail,  à  partir  de  1401.  Histoire 
chronologique  des  démêlés  de  l'archevêque  avec  le  dauphin,  dpflt  la 
suzeraineté  sur  Vienne  finit  par  être  reconnue,  le  10  mars  1454.   Nom- 
breuses pièces  justificatives  :  listes  des  consuls  à  partir  de  1386;  ac- 
cords,  règlements  et   chartes   diverses.]  —  P.  189-237.   BABTHÉf.pMY. 
Etude  sur  une  réformation  générale  des  forêts  de  la  province  de  Dau- 
phiné,  1725-1733.  [Les  commissaires  firent  la  guerre  î^u  pâturage,  au 
défrichement  et  ^ux  coupes  exagérées.  Leurs  visites,  notamment  au 
massif  do  la  Grande-CJiartreuse  :  conflit  avec  les  Pères.  Ils  ont  exercé 
leur  autorité  avec  zèle  et  profit,  comme  en  témoignent  les  procès-verbaux, 
ifrans  et  croquis  qu'ils  ont  laissés.   Il  serait   fort  à  souhaiter,  de  nos 
jours,  que  des  commissions  de  ce  genre  vijissent  réprimer  les  abus, 
presque  toujours  impunis,  par  lesquels  nos  fqrèts  se  ruinent,  au  grand 
dommage  du  pays   entier.]  —  P.  251-367.  J.  Masse.  Histoire  de  l'an- 
nexion de  la  Savoie  à  la  France  en  1792.  [Suite  et,  semble-t-il,  fin  de  ce 
travail.  4«  partie:  fin  de  la  mission  des  représentants  Albitte  et  Laporte 
à  l'armée  des  Alpes  (juillet-août  1794);  missions  de  Cassanyes  à  la  même 
armée,  de  Gauthier  dans  le  Mont-Blanc.  Avec  Real,  Dumas  et  Bion 
commence  la  réaction  contre  les  terroristes.  Les  prêtres  réfractaires,  les 
déserteurs  en  profitent  aussitôt,  ainsi  que  les  émigrés,  pour  combattre 
le  gouvernement  français.  Le  traité  de  Paris,  imposé  au  roi  deSardaigne 
par  les  victoires  de  l'armée  d'Italie,  réunit  la  Savoie  à  lai  France  sans  y 
apaiser  les  troubles  religieux,  sans  en  faire  disparaître  les  sentiments 
royalistes.   Trop  peu  de  références.]  —  P.  369-449.  R.  Busquet.  Etude 
sur  Pierre  Aréoud,   médecin  et  littérateur  de  Grenoble  (1490?-1571?). 
[Natif  de  Forcalquier,  d'une  famille  bourgeoise  élevée  à  la  noblesse,  fixé 
à  Grenoble  avant  1522,  sans  que  l'on  sache  oii  il  a  fait  ses  études.  Il  y 
a   soutenu   une  longue  lutte  contre  les  épidémies,  contre  la  peste  en 
particulier,  avec  titre  de  «  capitaine  de  la  Santé  »,  mais  aussi  des  polé- 
miques scientifiques  :   ainsi   sur  l'origine  de  la  «  fontaine  ardente  ». 
Entre  temps,  il  organisait  des  «  Mystères»;   il  en  composait;  aucune 
«  entrée  »  de  grand  personnage  n'avait  lieu  sans  son  concours.  Il  pro- 


128  ANNALES   DU    MIDI. 

fessa  à  l'Université  tant  qu'elle  dura,  jusqu'en  1565;  sa  vie  publique 
s'était  terminée  dès  1564  :  protestant  modéré,  il  avait  prêché  la  paix. 
En  appendice,  plusieurs  ordonnances  émanées  de  lui.  Très  documenté 
et  intéressant.]  P.  D. 

Loire. 

Annales  de  la  Société  d'agriculture,  etc.,  de  la  Loire, 
2"  série,  t.  XXIII  (47«  vol.  de  la  collection),  1903. 

[La  Société  publie  à  partir  de  1903,  sous  forme  de  supplément  et  avec 
pagination  spéciale,  des  «  notes  et  documents  pour  servir  à  l'histoire 
de  Saint-Etienne  et  de  sa  région  ».] 
P.  1-7.  Prix  fait...  pour  la  construction  des  bâtiments  de  l'hôpital  de 
Saint-Etienne,  9  mai  1645.  —  P.  8-13.  Convention  passée  entre  les  Mini- 
mes de  Lyon,  les  habitants  de  Saint-Etienne  et  Louis  de  Saint-Priest 
au  sujet  de  la  création  d'un  couvent  de  Pères  Minimes  à  Saint-Etienne, 
20  août  1608.  —  P.  14-22.  Texte  ou  analyse  de  pièces  relatives  aux  égouts 
de  Saint-Etienne,  au  curage  du  Furan,  etc.,  de  1648  à  1692.  —  P.  23-6. 
Donation  faite  au  couvent  de  Sainte-Marie  de  Saint-Etienne  par  la 
fondatrice,  Catherine  Molin,  30  octobre  1622.  —  P.  27-32.  Vente  de  la 
baronnie  de  Rochetaillée  par  la  famille  d'Apchon  à  Louis  de  Badol, 
écuyer,  20  septembre  1644. 

T.  XXIV  (48e  vol.),  1904. 
P.  33-4.  Ratification  de  l'acte  précédent,  29  septembre  1644.  —  P.  35-9. 
Vente  à  réméré  par  Gilbert  de  Saint-Priest  à  François  de  Beauvillers 
de  la  seigneurie  de  Saint-Etienne  de  Furan.  —  P.  40-6.  Ventes  de 
1565,  1679,  1595.  —  P.  47-50.  Vente  par  Louis  de  Saint-Priest  à  Cathe- 
rine Molin  de  ses  droits  seigneuriaux  sur  les  immeubles  dépendant  de 
la  succession  de  feu  Jean  Real,  mari  de  cette  dernière,  29  avril  1609.] 

T.  XXV  (49«  vol.),  1905. 

P.  309-26.  F.  Thioi.lier.  Sculptures  foréziennes  des  xvk,  xvii"  et  xviii«  siè- 
cles. [Pas  de  grands  monuments,  mais  des  statues,  statuettes,  bas- 
reliefs,  etc.,  des  Vierges  en  particulier.  Liste  des  sculpteur.'-  foréziens. 
Bibliographie.  32  planches  excellentes.] 

T.  XXVI  (50^  vol.),  1906. 

p.  137-54.  L.-J.  Gras.  Le  prix  du  blé  à  Saint-Etienne  pendant  trois  siècles. 
[De  1640  à  nos  jours.  Tables  très  curieuses;  mais  il  aurait  fallu  conver- 
tir les  boisseaux  en  hectolitres  et  en  quintaux  pour  permettre  au  lecteur 
la  comparaison  avec   les  prix  actuels.]  —  P.  293-306.  Abbé  J.  Batiiia. 


PERIODIQUES   MERIDIONAUX.  129 

Les  «  fiUeurs  de  3oye  »  de  Virieu,  Pélussin  et  Cliavanay.  [Note  sur  les 
origines  et  le  développement  de  la  filature  et  du  moulinage  à  Pélussin, 
1590-1790,  rédigée  à  l'aide  des   registres  paroissiaux  de  l'église  de  ce 
lieu.] 
Avec  pagination  spéciale  :  P.  51-4.  Vente  à  réméré  de  rentes  par  Louis  de 
Saint-Priest,  10  avril  1640.  —  P.  55-9.  Arrêt  du  Parlement  de  Paris  entre 
les  habitants  du  mandement  de  Feugerolles  et  Gaspard  de  Capony,  au 
sujet  des  corvées,  7  septembre  1643.  —  P.  60-1.  Vente  de  droits  de  dime, 
20  janvier  1643.  —  P.  62-3.  «  Abenevis  »  au  profit  de  Jean  Palluat  de 
Besset  du  droit  de  placer  des  levées  le  long  des  grands  chemins  contigus 
à  ses  terres,  et  en  travers,  pour  recueillir  les  eaux  qui   en   découlent, 
25    mai   1657.   —   P.   64  et  sqq.   Analyse    de    pièces    de  1657   et    1675, 
concernant  des  ventes.  p.  D. 

Lot. 

Bulletin  de  la  Société  des  Études...  du  Lot,  t.  XXIX, 
1904. 

^rê-'èi,  207-40,  288-308.  L.  Esquieu.  Essai  d'un  armoriai  quercynois. 
[Suite  et  à  suivre.  De  Génies  à  Montratier.)  —  P.  35-7.  Id.  Rapport 
sur  un  texte  d'Hirtius.  [Celui  qui  se  rapporte  au  site  A'Uxellodunum, 
encore  indéterminé.]  —  P.  38-45.  V.  Fourastié.  Privilèges,  franchises 
et  libertés  de  la  ville  de  Sainte-Spérie.  [Fin.  73  articles.  Texte  latin  et 
traduction  française.]  —  P.  48-51.  Abbé  Filsac.  Les  peintures  murales 
de  l'église  de  Rampoux.  [Découvertes  sous  une  couche  de  badigeon. 
Description.] 

P.  5-203  (avec  pagination  spéciale).  Abbé  Albe.  Autour  de  Jean  XXII. 
Hugues  Géraud,  évèque  de  Cahors.  L'affaire  des  poisons  et  des  envoû- 
tements en  1317.  [Cet  ouvrage  remplit  tout  un  fascicule  du  Bulletin. 
Nous  en  avons  déjà  rendu  compte,  Annales,  t.  XVIII.  p.  85.] 

P.  263-84.  F.  DE  Laroussilhe.  Les  vins  du  Quercy  et  les  privilèges  de  la 
ville  de  Bordeaux  avant  la  Restauration  (1453-1776).  [Ces  privilèges, 
d'origine  anglaise,  arrêtaient  le  commerce  des  vins  du  Quercy  au  profit 
de  ceux  du  Bordelais.  Forme  un  peu  singulière  et  étrangère  aux  habi- 
tudes des  historiens.] 

T.  XXX,  1905. 

p.  5-25,  386-403,  465-75.  A.  Combes.  Analyse  des  registres  municipaux  de 
la  commune  de  Cahors  tenus  pendant  la  Révolution.  [Cette  collection 
de  21  volumes  présente  quelques  lacunes  ;  mais  le  principal  en  subsiste. 
L'utile  travail   de  M.    C.  est  conçu  dans   l'ordre  chronologique,   du 

ANNALES  DU  MIDI.  —   XX  9 


130  ANNALES   DD   MIDI. 

10  mai  1789  au  28  mai  1790.  A  suivre.]  —  P.  26-47,  404-25,  476-85. 
J.  Daymard.  Le  vieux  Cahors.  [Fortificatioiis.  Ponts.  Hôj^itaux.  Uni- 
versité. L'auteur  est  bien  informé.  A  suivre.]  —  P.  48-66,  426-49,  486-96. 
L.  EsQuiEU.  Essai  d'un  armoriai  quercynois.  [De  Montratier  à  Tarrou. 
feuite  et  à  suivre.]  —  P.  77-804  et  i-lxxx.  Abbé  E.  Albe.  Familles  du 
Quercy  d'après  les  archives  du  Vatican.  Maison  d'Hébrard  et  maisons 
apparentées  ou  alliées.  [Cette  publication  dst  la  suite  de  celle  qui  a  eu 
lieu  en  1902,  sous  le  même  titre,  dans  les  Annules  de  Saint-Louis-des- 
Français.  La  maison  d'Hébrard,  issue  de  Gourdon,  s'établit  par  des 
mariages  a  Cajarc,  puis  â  Saint-Sulpice.  Elle  a  fourni  un  grand  nombre, 
de  personnages  considérables,  surtout  de  hauts  digiiitaires  ecclésiasti- 
ques. 63  pièces  justificatives;  5  tableaux  généalogiques.]  —  P.  497-504. 
Id.  Supplément  au  travail  sur  la  famille  d'Hébrard.  —  P.  531-50.  A.  Com- 
bes. Catalogue  des  travaux  contenus  dans  les  t.  XXI  à  XXX  du  Bul- 
letin. 

T.  XXXI,  1906. 

P.  5-20,  65-80,  127-42.  A.  Combes.  Analyse  des  registres  municipaux  de  la 
commune  de  Cahors  pendant  la  Révolution.  [Suite,  jusqu'au  15  décem- 
bre 1790.  A  suivre.]  —  P.  21-36,  81-97,  143-58,  187-202.  J.  Daymard.  Le 
vieux  Cahors.  [Suite.  Collèges.  Congrégations  de  femmes,  d'hommes. 
Séminaire.  Ermites.  A  suivre.  |  —  P.  37-52,  98-102.  L.  Esquieu.  Essai 
d'un  armoriai  quercynois.  [Fin.  De  Tauriac  à  Ysarn  de  Fraissinet.] 
—  P.  103-9,  159-71.  B.  Paumés.  Les  écoles  de  Cahors  avant  la  Révolu- 
tion. [Très  précis,  d'après  les  Archives  municipales.  Petites  écoles; 
couvents  pour  jeunes  filles;  séminaire.]  —  P.  113-5.  Dépenses  pour 
l'exécution  de  criminels  à  Cahors  vers  1735.  —  P.  172-5.  Chanoine  La- 
BARTHE.  Le  prieuré  de  Catus,  par  L.  de  Valon.  [Nous  mentionnons  ce 
compte  rendu  d'un  livre  intéressant  (Brive,  impr.  Roche,  1905;  in-4">  de 
253  p.)  à  cause  des  plans  et  figures  qui  l'accompagnent.]  —  P.  175-9. 
Id.  Lacapelle-Marival  et  les  seigneurs  par  le  D'G.  Cadiergues.  [Cahors, 
impr.  catholique,  1905;  in-4''.  Avec  de  très  curieuses  vues  cavalières.]  — 
P.  203-14.  E.  Albe  Aux  archives  de  Londres  pour  le  Quercy.  [Le  butin 
est  assez  mince  •-.  (Comptes  de  1305  et  de  1306  au  Public  Record  Office, 
entre  autres.]  P-  D- 

Puy-de-Dôme. 

Bulletin  historique  et  scientifique  de  l'Auvergne,  1906. 

p.  47-72,  82-115.  M.  Boudkt.  Saint  Robert  de  Turlande.  fondateur  de 
La  Chaise-Dieu.  Ses  origines  et  sa  famille  d'après  les  Cartulaires.  [Voir 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  131 

notre  compte  rendu,  Annales,  t.  XIX,  p.  436.]  —  P.  117-20.  Salveton. 
Notice  sur  un  tombeau  romain  découvert  à  Charbonnier  (Puy-de-Dôme). 
[Monument  très  humble,  dépourvu  d'inscription.]  —  P.  125-220.  E.  Ja- 
LOUSTRE.  Un  neveu  de  Pascal  :  Louis  Périer.  Un  cas  de  conscience. 
[Intéressant,  quoique  diffus.  Un  chapitre  neuf  sur  la  fortune  et  les 
finances  des  Pascal-Périer.  Le  procès  intenté  en  Hl\  à  Louis  Périer  et 
à  sa  sœur,  à  propos  d'une  succession,  par  un  certain  Dieudonné,  trou- 
bla la  fin  de  l'un  et  de  l'autre.  Louis  Périer  a  été  l'occasion  première  du 
«  cas  de  conscience  »  qui  fit  rendre  par  le  pape  la  bulle  Vincam 
JDomini,  prélude  de  la  destruction  de  Port-Royal.]  —  P.  224-43.  De 
Champflour.  Journal  du  chanoine  Vidilhe.  [Le  chanoine  fut  le  dernier 
représentant  d'une  ancienne  famille  de  bourgeois  de  Clermont.  Son 
journal  mentionne  pêle-mêle  des  événements  compris  entre  1600 
et  1634,  Il  est  de  peu  d'intérêt.]  —  P.  239-82.  Abbé  Mioche.  Documents 
pour  servir  à  l'histoire  de  Chapdes-Beaufort.  [Ou  Chades  :  ainsi 
en  1225.  Bourg  très  ancien,  sis  près  du  château  de  Beaufort.  Le  curé 
«  primitif  »  en  fut  le  chapitre  cathédral  de  Clermont.  Vaste  surface  de 
la  paroisse;  sa  population  à  partir  de  1648  :  160  propriétaires  à  cette 
date  sur  la  section  de  Chapdes,  381  en  1906.  Les  cotes  d'impôts  étaient 
plus  élevées  alors  qu'aujourd'hui.  Les  nobles.  Texte  du  rôle  de  la 
grande  taille,  du  12  mai  1648.]  —  P.  283-91.  M.  Boudet.  Note  aur  la 
fabrication  du  feu  grégeois  en  Auvergne  au  xiv"  siècle.  [D'après  les 
comptes  des  consuls  de  Saint-Flour  en  1380,  énuméraut  les  ingrédients 
employés.  Le  feu  grégeois  devait  être  projeté  par  deux  balistes.]  — 
P.  292-5.  Du  RouRE  de  Paulin.  La  bête  du  Gévandan  dans  les  armoi- 
ries de  la  famille  Antoine.  [Antoine,  lieutenant  des  chasses  du  roi, 
blessa  la  bête  le  20  septembre  1765  et  la  rapporta  empaillée  à  Paris.  Il 
obtint  la  permission  de  la  mettre  dans  ses  armes.  Sa  généalogie.] 

P.  D, 

Pyrénées  (Hautes-). 

Bulletin  de  la  Société  Ramond,  3«  série,  t.  I,  1906. 
P.  54-69.  A.  DuFFouRc.  Partage  des  Landes  de  Saint-Laurent  et  du  Boila 
en  1782.  [Landes  de  Boc,  entre  Montréjeau  et  Mauvezin.  Allotissement 
ayant  pour  but  d'y  établir  la  propriété  individuelle  et  d'en  provoquer  le 
défrichement.  Les  gens  de  Saint-Laurent  et  du  Boila  font  à  cette  œuvre 
une  opposition,  dont  l'intendant,  M.  de  Vergennes,  est  obligé  do  venir 
à  bout  par  ses  ordonnances.  Textes.]  —  P.  70-3.  F.  Marsan.  Passif  des 
vallées  d'Aure,  Nestes  et  Barousse  après  les  guerres  do  la  Fronde. 
[Document  du  15  février  1661.]  —  P.  74.  Id.  Réponse  du  comte  de  Ségur 


132  ÀiMNALES    DU    MIDI. 

à  un  questionnaire  de  M.  Laclède,  de  Pau,  auteur  de  «  La  mâture  des 
Pyrénées  ».  [Sur  les  qualités  des  sapins  de  la  vallée  d'Aure.]  —  P.  75-93, 
157-73.  J.  BouRDETTE.  Notice  des  barons  des  Angles  de  Bigorre.  [Suite. 
Maison  d'Armagnac;  avec  une  assez  longue  étude  sur  Jean  de  Béarn 
(1377-1406),  capitaine  du  château  de  Lourdes  et  sénéchal  de  Bigorre 
pour  le  roi  d'Angleterre,  notamment  sur  le  siège  et  la  reddition  du  châ- 
teau au  duc  de  Berry,  gouverneur  de  Languedoc  :  événement  considé- 
rable de  l'histoire  méridionale  (1406-1407);  texte  de  l'accord  du  12  octo- 
bre 1407,  concernant  l'évacuation,  qui  covlta  32,500  écus  d'or  au  duc  ou  ' 
plutôt  à  ses  administrés.]  —  P.  174-93.  H.  Gaidoz.  De  l'étude  des  tradi- 
tions populaires  ou  Folk-Lore  en  France  et  à  l'étranger.  [Intéressant 
article,  mais  de  portée  générale.]  —  P.  194-207.  F.  Marsan.  Météorolo- 
gie ancienne  du  Midi  pyrénéen;  nouvelle  série,  1243-1871.  [Les  xm», 
xiv  et  XV*  siècles  nous  apportent  un  renseignement  chacun!  Vraiment 
ce  n'est  guère,  et  M.  M.  aurait  pu  chercher  davantage.]  P.  D. 

Tarn. 

I.  Archives  historiques  de  l'Albigeois,  fasc.  VII,  1901. 

p.  1-270.  Ch.  PoRTAL.  Extraits  de  registres  de  notaires.  Documents  des 
xiv'-xvi'  siècles  concernant  principalement  le  pays  albigeois.  [Extr. 
de  la  Revue  du  Tarn.  Voir  nos  dépouillements  de  cette  Revue  dans 
Amiales,  t.  XI,  XII,  XIV.] 

Fasc.  VIII,  1906. 

P.  i-viii  et  1-378.  A.  Vidal.  Douze  comptes  consulaires  d'Albi  du  xiv  siè- 
cle. [Voir  un  compte  rendu  dans  Annales,  t.  XVIII,  p.  565.]       P.  D. 

II.  Revue  historique,  scientifique  et  littéraire  du  dépar- 
tement du  Tarn,  t.  XXIII,  1906. 

p.  1-23.  Ch.  PoRTAL.  L'instruction  primaire  dans  le  Tarn  au  xix«  siècle. 
[En  l'an  X,  le  département  possédait  en  tout  une  cinquantaine  d'écoles, 
ou  plutôt  d'instituteurs,  pour  environ  2.000  élèves,  sans  parler  d'un 
nombre  inconnu,  mais  très  petit  assurément,  d'écoles  de  filles;  en 
1837,  242  instituteurs,  45  institutrices;  en  1900,  483  et  474  pour 
44.410  élèves.  Il  y  a  égalité  de  fréquentation  scolaire  per  les  garçons  et 
les  filles;  c'est  un  fait  récent.  Le  contingent  des  écoles  privées  va  en 
augmentant  :  en  1889,  28  °/o  ;  en  1900,  40  «/o  du  total.  Ecoles  profes- 
sionnelles, écoles  primaires  supérieures,  etc.  La  dépense  pour  l'ensei- 
gnement primaire  est  quinze  fois  plus  élevée  en  1900  qu'en  1835.  Résul- 
tat :  au  lieu  de  33  conscrits  pour  100  sachant  lire  en  1830,  on  on 
compte  en  1900  de  97  à  98.]  —  P.  24-34.  P.   Masson.  Complément  au 


PERIODIQUES   MERIDIONADX.  133 

catalogue  des  niss.  de  la  Bibliothèque  de  la  ville  d'Albi.  [Augmente  de 
59  numéros  les  mss.  en  question,  du  n°  111  au  n»  170,  parmi  lesquels 
n"  114  :  Relation  du  voyage  en  Italie  de  Jacques  de  Faur-Ferrier  ; 
n°  120  :  Liber  dialogorum  beati  Gregorii;  n»  125  :  Notes  et  copies 
concernant  Albi  et  l'Albigeois,  par  Ch.  Grellet-Balguerie.]  —  P.  ;J5-G3. 
J.  Dartigue-Peyrou.  L'Église  réformée  de  Vabre  au  xviii»  siècle  d'après 
les  Archives  municipales.  [Suite  et  fin.  Baptêmes  et  mariages  au  désert, 
d'après  cinq  registres  s'étendant  de  1744  à  1792;  précautions  prises  par 
les  autorités  pour  empêcher  ces  pratiques;  étude  des  actes;  enterre- 
ments civils  dès  nouveaux  convertis  ;  leur  état  civil  après  l'èdit  de  tolé- 
rance. Très  intéressant.]  —  P.  64-9.  E.  Thomas.  Un  hôpital  à  Montdra- 
gon  au  XVII*  siècle.  —  P.  101-21.  Jouhate.  La  croisade  contre  les  Albi- 
geois. Etude  bibliographique.  [Il  est  bien  difficile  de  rédiger  à  Albi  une 
étude  de  ce  genre  sans  s'exposer  au  risque  d'être  insuffisamment  ren- 
seigné :  c'est  ce  qui  est  arrivé  à  l'auteur,  malgré  son  zèle.]  —  P.  122-9. 
E.  Cabié.  Alos,  en  Albigeois,  aux  x«  et  xi»  siècles.  [Localité  mentionnée 
au  Cartulaire  de  Conques  sous  le  nom  de  de  Alans.  Preuves  histori- 
ques et  philologiques  du  fait.]  —  P.  180-67.  A.  Vidal.  Un  collection- 
neur albigeois  au  xvii»  siècle.  [Claude  Vitte  de  Beaulieu  f  1739,  surtout 
bibliophile.  Inventaire   de   ses  livres,  tableaux,   médailles,   estampes, 
publié  pour  la  plus  grande  partie.]  —  P.  168-72.  E.  Tho.ma3.  Une  con- 
frérie de  Saint-Biaise  à  Montdragon.  [Elle  existait  déjà  en  1349.]  — 
—  P.  169-9.  A.  V.  Glanures  historiques.  [Pièces  diverses  de  1610,  1777, 
1783    (contrat    de   mariage),    1788  (requête   en    réhabilitation    de    ma- 
riage), etc.]  —  P.  205-19.  E.   Cabié.   La  Réforme  à  Lavaur  en  1561  et 
1562.   |Une  erreur  typographique  de  VHist.  de  Languedoc,  éd.  Privât, 
XI,  353,  attribue  à  Lectoure  un  fait  qui  s'est  passé  à  Lavaur  vers  le 
15  août  1561  :  les  chanoines  rachetant  du  pillage  leur  cathédrale  et  leur 
trésor.    Découverte  du  document  qui  atteste  le  fait  (Bibl.  nat.,   ms. 
fr.  15875,   f»  154).   A  ce  propos,  historique  de  la  Réforme  à  Lavaur  et 
des    premières    hostilités,    très  sanglantes.]  —  P.   220-35.   E.  Thomas. 
Assermentés  et  rèfractaires.  [A  Montdragon,  ù  partir  de  1791,  et  dans 
les  paroisses  avolsinantes.  Quelques  textes.]  —  P.  209-92.  A.  Vidal.  Le 
mouvement  de  la  population  dans  le  Tarn  ep.  1905.  [Nombreux  tableaux, 
peu  rassurants.  La  nuptialité,  la  natalité  baissent  chaque  année  dans 
ce  département,  et  chaque  année  la  mortalité  excède  la  natalité.]  — 
P.  309-18.  E.  Thomas.  Justice  seigneuriale  à  Montdragon.  [De  la  fin  du 
XVII'  siècle  à   1766.]  —  P.  342-7.  A.  V.  Glanures  historiques.   Extraits 
des  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse.  [Suite  et  à  suivre.   Du  22  mars 
1494  au  4  sept.  1527.]  P.  D. 


134  ANNALES  DU  MIDI. 


Var. 


Bulletin  de  la  Société  d'études  scientifiques  et  archéolo- 
giques de  Draguignan,  t.  XXV,  1904-1905'. 

P.  viii-xi.  G.  PoupÉ.  Notes  météorologiques  recueillies  par  Joseph  Ber- 
nard, de  Trans  (nivôse-ventôse  an  III).  [Renseignements  sur  les  varia- 
tions de  température  dans  le  département  du  Var  ('décembre  1794- 
février  1795)  envoyés  par  Joseph  Bernard,  agent  national  du  district  de 
Brignoles  au  Comité  de  Salut  public  et  au  Comité  d'agriculture  de  la 
Convention.]  —  P.  xv-xxix.  Id.  L'instruction  publique  à  Saillans  sous  . 
l'ancien  régime.  [Du  xv  siècle  à  1635,  le  fonctionnement  des  écoles  est 
analogue  à  ce  qu'il  était  dans  le  reste  de  la  Provence,  c'est-à-dire  assez 
précaire.  En  1635,  l'enseignement  est  confié  aux  Doctrinaires,  qui  finis- 

,  sent  par  être  chargés  exclusivement,  en  1685,  d'un  modeste  collège  qui 
suffisait  aux  besoins  de  la  communauté.  Liste  des  mai  très  d'écoles, 
des  supérieurs  et  recteurs  doctrinaires  de  1535  à  1793.]  —  P.  51-8.  Id. 
L'armée  d'Italie  en  juillet  1793.  Opinion  d'un  secrétaire  de  Barras  et  de 
Fréron.  [Lettre  de  Cés3,r  Roubaud  à  Charles  Duval,  député  de  l'IUe- 
et-Vilaine  à  la  Convention;  Nice,  11  juillet  1793.]  —  P.  59-74.  Id.  Les 
papiers  de  la  Société  populaire  de  Saint-Zachapie.  [Fondée  le  14  avril 
1792,  les  procès-verbaux  de  ses  délibérations  ont  disparu  ;  par  suite,  il 
est  impossible  de  retracer  son  existence.  Les  papiers  ne  se  composent 
que  de  quelques  lettres,  circulaires  ou  adresses  de  sociétés  similaires. 
M.  P.  en  publie  un  inventaire  et  reproduit  le  discours  prononcé  par 
Lipuville  le  10  juillet  1792.]  —  P.  75-96.  Abbé  H.  Espitallier.  Les  prévôts 
du  chapitre  de  Fréjus.  [Liste,  avec  courtes  notices  biographiques,  des 
prévôts  depuis  1085  jusqu'en  1790.]  —  P.  97-185.  Id.  Les  Antelmy.  [Bio- 
graphie de  quatre  membres  de  cette  famille,  Nicolas,  Pierre,  Joseph  et 
Charles-Léonce-Octavien,  qui  se  succédèrent  comme  chanoines  du  cha- 
pitre de  Fréjus  au  xvii*  siècle  et  dans  la  première  moitié  du  xvni*.]  — 
P.  191-225.  De  Roure.  Les  néophytes  en  Provence  et  leur  taxe  par 
Louis  XII  en  1512.  [Pour  prouver  l'authenticité  de  la  liste  publiée  par 
Barcilon  de  Mauvans ,  dans  la  critique  du  nobiliaire  de  Robert  de 
Briançon,  l'auteur  donne  les  noms  des  néophytes  rencontrés  dans  les 
minutes  des  notaires  des  xv  et  xvi«  siècles.  Cette  liste  comprend 
quatre-vingt-sept  noms,  dont  une  trentaine  se  retrouvent  sur  la  liste  de 
Barcilon.  —  P.  227-394.  F.  Mireur.  Les  anciens  couvents  de  Dragui- 
gnan.  Les  Cordeliers.  [Histoire  détaillée  et  précise  depuis  l'origine  jus- 

1.  Paru  en  1907. 


PERIODIQUES   MERIDIONAUX.  135 

qu'à  la  Révolution;  description  des  bâtiments.]  —  P.  395-121.  Id.  Les 
décorés  de  Saint-Louis.  [Liste  des  décorés  do  Saint-Louis  nés  ou  déci- 
dés à  Dragaignan.]  L.-V.  B. 

Vaucluse. 

Mémoires  de  V Académie  de  Vaucluse,  2*  série,  t.   VI, 
1906. 

Fasc.  4.  P.  279-503.  A.  Chobaut.  Découverte  d'une  fibule  gallo-romaine 
au  mont  Ventoux.  [Avec  planche  ;  reproduction  en  grandeur  naturelle 
de  cet  objet  en  bronze,  trouvé  en  juin  1906  par  un  chef  cantonnier.  A 
ce  propos,  inventaire  sommaire  des  diverses  antiquités  préhistoriques 
et  romaines  trouvées  au  Ventoux  et  dans  ses  environs.  Utile,  mais  pro- 
lixe et  souvent  discursif.]—  P.  287-322.  J.  Girard.  Les  Etats  du  comté 
Venaissin  depuis  leurs  origines  j  usqu'à  la  tin  du  xvi»  siècle.  [Suite  et  à  sui- 
vre, 2"  partie.  Organisation  et  attributions  des  Etats  :  ch.  I.  Constitution, 
représentation  des  trois  ordres  :  convocation,  lieu  de  réunion  et  pério- 
dicité, procurations,  élections,  mandats  des  membres  des  Etats.  Forme 
des  Etats  (local,  présidence,  séances  d'ouverture,  de  travail  et  de  clô- 
ture) ;  ch.  IL  Officiers  des  Etats  (procureur  général,  trésorier,  secré- 
taire, sergent);  Commissions  des  Etats  (extraordinaires,  d'enquête, 
permanentes)  ;  auditeurs  des  comptes,  assemblées  des  Élus  (suppléant 
pendant  les  intervalles  des  Etats).  Travail  bien  documenté,  intéressant 
et  précieux  pour  l'histoire  du  cointat.] 
Pag.  sépar.  L.-H.  Labande.  Bibliographie  vauclusienne.  Année  1905  et 
supplément  des  années  1894:  à  1904.  [1882  numéros].  Répertoire  métho- 
dique de  la  bibliographie  vauclusienne  (1894-1905). 

Tome  VIT,  1907. 

Fasc.  1  et  2.  P.  1-58.  J.  Girard.  Les  Etats  du  Comté  venaissin.  [Suite  et 
à  suivre.  Çh.  III  :  attributions  ^politiques  des  Etats  ;  serment  de  fidé- 
lité, défense  du  pays,  levée  de  troupes.  Traités,  relation  avec  les  souve- 
rains étrangers  ;  vote  des  impôts,  emprunts.  Ch.  IV  :  attributions 
administratives  des  Etats;  répartition  de  l'impôt,  perception;  réparti- 
tion des  charges  de  guerres,  vérification  des  comptes.  Ch.  V  :  attribu- 
tions législatives,  part  à  la  rédaction  des  statuts,  doléances;  compé- 
tence des  Etats,  maintien  des  privilèges,  surveillance  et  contrôle  de 
l'administration  pontificale,  réformes  judiciaires,  juifs.]  —  P.  .^9-88. 
VissAC.  Ambassade  de  la  ville  d'Avignon  au  pape  Clément  IX  (]667r 
1608).  [Mission  d'apparat  et  d'affaires  :  tenter  d'obtenir  le  rétablisse- 
ment des  privilèges  supprimés  en  1065  après  la  querelle  des  Possugaux 


I 


136  ANNALES  DU  MIDI. 

et  des  Pévonlina.  et  les  trois  années  d'anarchie  et  d'occupation  française 
(1662-1665);  l'auteur  en  fait  l'histoire  en  reporter  amusant  et  minutieux, 
d'après  le  récit  manuscrit  de  M.  de  Fogasse.]  L.-G.-P. 

PÉRIODIQUES  FRANÇA.1S  NON  MÉRIDIONAUX 

fl.  —  Annuaù^e- Bulletin  de  la  Société  de  V Histoire  de 
France,  1905. 

P.  205-58.  A.  DE  BoisLisLE.  Le  Conseil  et  l'assemblée  de  1699  pour  les 
affaires  de  la  R.  P.  R.  [Le  7  juillet  1699,  Louis  XIV  créa,  pour  diriger 
ces  affaires  avec  méthode  et  unité,  une  nouvelle  section  du  Conseil  des 
dépêches  et  une  Commission,  oii  siégeaient,  entre  autres,  Pomereu  et 
Daguesseau  père,  où  se  faisait  tout  le  travail.  M.  de  B.  publie  le  pro- 
cès-verbal officiel  de  quatre  séances  de  cette  Commission,  pièce  rare, 
intéressante,  que  seul  M.  Gachon,  notre  collaborateur,  a  utilisée  (Arch. 
nat.,  TT  430).  Elle  ne  paraît  pas  en  avoir  tenu  d'autres;  la  tentative 
échoua.  En  appendice,  trois  lettres  ou  circulaires  de  sept.-déc.  1699, 
relatives  au  même  sujet.] 

1906. 

p.  180-212.  H.  CouRTEAULT.  Le  manuscrit  original  de  Gaston  IV,  comte 
de  Foix,  par  Guillaume  Leseur.  Additions  et  corrections  à  l'édition  de 
cette  chronique.  [Edition  de  la  Société  de  l'Histoire  de  France,  Paris, 
Laurens,  1893-96,  2  vol.  in-8».  A  défaut  du  ms.  original,  disparu,  on 
trouve  à  son  sujet  dans  la  collection  Bréquigny,  de  la  Bibl.  nat.,  des 
remarques  de  ce  savant,  fort  judicieuses  et  précises,  et  des  notes  éten- 
dues qu'il  avait  prises  en  le  lisant.  Le  tout,  publié  par  M.  C,  éclaire  ou 
accroît  notablement  une  œuvre  historique  que  la  copie  de  A.  du  Chesne, 
seule  connue  jusqu'ici,  a  fort  maltraitée.]  —  P.  213-41.  B.  de  Mandrot. 
Supplément  aux  lettres  de  Charles  VIII.  [Collection  publiée  par  feu 
Pélicier.  M.  de  M.  y  ajoute  des  missives  adressées  à  M«  Raymond  de 
Saint-Clar,  protonotaire  apostolique,  prieur  de  Saint-Léon,  au  diocèse 
de  Périgueux,  et  quelques  autres  documents,  le  tout  tiré  des  archives 
du  château  de  Marzac,  en  Sarladais.  Années  1491,  1492.  Cette  corres- 
pondance, en  plusieurs  points,  intéresse  le  Midi  :  Bordeaux,  Dax,  Gap, 
Marseille.]  P-  D. 

».  —  Bihliotiièque  de  V Ecole  des  Chartes,  1906. 

P.  13-59.  E.  Teilhard  de  Chardin.  Comptes  de  voyage  d'habitants  de 
Montferrand  à  Arras  en  1479.  [Cf.  un  compte  rendu  dans  Atinales, 
t.  XIX,  p.   144.]  —  P.  162-233,  402-50.  P.  Guilhiermoz.  Note  sur  les 


PERIODIQUES   NON    MÉRIDIONAUX.  137 

poids  du  moyen  âge.  [Renseignements  sur  le  marc  de  Montpellier, 
Nimes,  Marseille,  Limoges,  Avignon,  la  Rochelle;  sur  la  livre  poids  de 
table  (c'est-à-dire  poids  de  marchand)  dans  toute  la  France,  notam- 
ment sur  la  livre  de  Toulouse  et  celle  de  Montpellier.  On  opposait 
cette  livre  à  la  livre  officielle  de  Paris.  Comparaison  avec  les  poids  du 
système  métrique.  Toutes  les  livres  spécialement  employées  dans  les 
villes  de  notre  région  sont  évaluées  ou  ramenées  à  la  livre  de  Toulouse 
ou  de  Montpellier,  qui  étaient  les  deux  types  principaux.  Influence, 
jusqu'au  système  actuel,  de  la  livre  romaine.]  —  P.  468-71.  M.  Jusselin. 
[Lettres  de  Philippe  le  Bel  relatives  à  la  convocation  de  l'Assemblée 
de  1302.  [A  propos  de  lettres  nous  apprenant  à  peu  près  de  quelle  façon 
furent  convoquées  les  communautés  de  la  sénéchaussée  de  Beaucaire, 
publiées  par  M.  G.  Picot  dans  un  volume  consacré  aux  «  Documents 
relatifs  aux  Etats  généraux  et  Assemblées  réunies  sous  Philippe  le 
Bel  ».  (Coll.  des  doc.  inéd.  sur  l'hist.  de  France).]  —  P.  587.  H.  O.  Let- 
tre d'Andronic  II  Paléologue  au  pape  Jean  XXII.  ![Relative  à  la  mis- 
sion confiée  au  dominicain  Benoît  d'Assignano,  ou  de  Côme,  par  le  pape 
et  le  roi  de  France,  Charles  le  Bel,  pour  la  réunion  des  églises  grecque 
et  latine.]  A.  V. 

3.  —  Gazette  des  Beaux- Arts^  48«  année,  3«  période, 
t.  XXXV,  1906  (l«r  semestre). 

P.  154-74.  Gabillot.  Les  trois  Drouais.  [Pastel  de  François-Hubert 
Drouais  au  musée  d'Agen,  provenant  du  château  d'Aiguillon.  Dans  le 
mémoire  des  ouvrages  de  peinture  commandés  par  M°"  du  Barry  :  por- 
trait de  la  comtesse  en  Flore,  envoyé  à  Toulouse,  1769.]  —  P.  293-309. 
H.  DE  Chennevières.  Les  récentes  acquisitions  du  Louvre.  [École  cata- 
lane :  Luiz  Dalmau,  «  la  Vierge  et  saint  Ildefonse  ».  École  provençale  : 
Pietà  de  l'hospice  de  Villeneuve-lès-Avignon.]  —  P.  393-414.  A.  Michel. 
Récentes  acquisitions  de  la  sculpture  au  Louvre.  [Christ  au  mont  des 
Oliviers,  en  bois  polychrome,  provenant  de  la  région  albigeoise  ;  à  com- 
parer au  Christ  en  prière  de  la  cathédrale  de  Rodez  et  aux  sculptures 
de  la  cathédrale  d'Albi.]  —  P.  409-98.  P.  Jamot.  Les  Salons  de  1906. 
[La  décoration  d'Henri  Martin  pour  le  Capitole  de  Toulouse.]  — 
P.  499-505.  G.  GuiLLOT.  Un  dessous  de  l'atelier  de  Rigaud. 

T.  XXXVI,  1906  (2«  semestre). 

P.  27-44.  E.  Bertaux.  Santo  Domingo  de  Silos.  [Bas-reliefs  du  xii*  siècle, 
œuvre  d'un  sculpteur  de  l'école  toulousaine.]  —  P.  137-44.  P.  Bonnekom. 
Un  portrait  de  M-«  de  Grignan.  [Par  le  Provençal  Laurent  Fauchier, 
mort  en  1672;  toile  conservée  au  château  du  Caila,  à  Rions  (Gironde).] 


138  ANNALES    DU    MIDI. 

P.  161-72,  256-63.  Ph.  Anquier.  L'exposition  générale  d'art  provençal  à 
Marseille.  —  P.  177-98.  J.  Momméja.  Le  «  Bain  turc  »,  d'Ingres. 

H.  G. 

4.  —  La  Révolution  française^  t.  L,  janvier-juin  1906. 

p.  233-38.  Ed.  Poupê.  Les  archives  révolutionnaires  du  greffe  du  tribunal 
de  Draguignan.  [Indication  sommaire  des  renseignements  qu'on  trouve 
dans  ces  archives.]  —  P.  840-51.  Cl.  Perroud.  Histoire  d'un  professeur 
pendant  la  Révolution.  [Renseignements  intéressants  sur  Nicolas-René 
Paulin,  successivement  professeur  à  Sorèze,  à  l'Ecole  centrale  d'Albi, 
proviseur  du  lycée  de  Toulouse  et  recteur  de  l'Académie  de  Cahors  en 
même  temps  que  professeur  d'histoire  et  doyen  de  la  Faculté  des  let- 
tres.] —  P.  538-49.  G.  HïïRMANN.  Note  sur  deux  condamnés  de  prairial, 
Peyssard  et  Brutus  Magnier.  [Disculpe  les  Périgourdins  Peyssard  et 
Magnier  des  accusations  portées  contre  eux  lors  de  leur  arrestation  le 
1"  prairial  an  III.] 

T.  LI,  juillet-décembre  1906. 

P.  5-18,  226-55,  289-311,  385-408.  Labroue.  Le  mémorandum  inédit  du 
conventionnel  Pinet.  [Étude  biographique  sur  ce  conventionnel,  qui 
vécut  de  1754  à  1844.] 

T.  LU,  janvier-juin  1907, 

p.   191-216.    Ad.   Crémieux.    Le    particularisme    municipal  k  Marseille. 

[Montre  l'influence  du  particularisme  municipal  et  de  l'autonomie  com- 
munale de  Marseille  sur  l'histoire  de  cette  ville  de  1789  à  1815.]  — 
P.  523-44.  Gaffarel.  L'occupation  étrangère  à  Marseille  en  1815.  [Détails 

intéressants  sur  l'occupation  de  Marseille  par  les  Anglais  et  par  les 
mercenaires  siciliens  en  1815.]  P.  D. 

5.  —  Revue  archéologique^  4«  série,  t.  VII,  1906. 

p.  30-51.  M.  Besniki^.  La  cpUection  Gampana  et  les  musées  de  province. 
[Au  musée  de  Carpentr^s,  tableau  de  l'école  de  Crivelli,  Madone  entre 
saint  Jérôpie  et  saJRt  François  ;  au  musée  d'Aix,  Madone  à  l'enfant, 
dans  le  goût  fie  Gima  de  Conegliano  ;  à  Marseille,  histoire  de  Thésée  et 
Ariane.]  —  P.  236-9.  M.  Logan-Berenson.  Une  peinture  de  Taddeo  di 
Bartolo,  au  musée  Crozatier,  au  Puy.  [Du  même  artiste,  un  triptyque 
au  musée  de  Grenoble  ;  une  petite  crucifixion,  très  repeinte,  au  musée 
d'Aurillac]  —  P.  349.  S.  R(einach).  Statuettes  de  Valence.  [Bronzes 
gallo-romains  trouvés  à  Saint-Marcel-lès- Valence  en  1892.] 


PÉRIODIQUES    NON    MERIDIONAUX.  139 

T.  VIII,  1906. 

p.  170.  S.  R(einach).  La  Crète  et  la  Provence.  [Possibilité  d'une  colonisa- 
tion préphocéenne  de  la  Gaule  méridionale  par  les  Cretois  ;  il  y  avait  en 
Crète  une  rivière  Massalias  et  une  ville  de  Biennos,  dont  Hécatée  faisait 
la  métropole  de  Vienne  en  Gaule.  M.  Maas,  dans  Oesterr.  lahreshefte 
1906,  p.  144,  admet  aussi  dans  la  Gaule  méridionale  une  colonisation 
dorienne,  dont  le  point  de  départ  aurait  été  Rhodes  ;  cf.  Niraes  fondée 
par  un  fils  d'Héraklès.]  H.  G. 

6.  —  Revue  d'histoire  moderne  et  contemporaine,  t.  VII, 
1905-1906. 

P.  737-75.  Ph.  Sagnac.  Les  ventes  de  biens  nationaux  d'après  des  recueils 
de  documents  et  des  travaux  récents.  [Étudie  la  vente  des  biens  natio- 
naux dans  quelques  départements  et  notamment  dans  le  Gard.  Montre 
que  la  part  des  bourgeois  dans  les  achats  a  été  prépondérante,  mais  que 
les  agriculteurs  ont  eu  la  leur  également.] 

T.  Vlir,  1906-1907. 

p.  97-108.  Ph.  Sagnac.  Étude  statistique  sur  le  clergé  do  1791.  [Montre 
que  le  clergé  réfractaire  dominait  dans  le  Bas-Languedoc;  que  la  majo- 
rité constitutionnelle  l'emportait  surtout  dans  le  Sud-Est,  et  que  le 
clergé  de  presque  tous  les  pays  pyrénéens  a  été  en  majorité  constitu- 
tionnel.] —  P.  586-99,  703-13.  V.-L.  Bourrilly.  Montaigne,  d'après  des 
travaux  récents.  [Examen  critique  des  ouvrages  récemment  publiés  sur 
Montaigne.]  F.  D. 

7.  —  Revue  de  philologie  française  et  de  littérature, 
t.  XX,  1906'. 

P.  17-69.  L.  ViGNON.  Les  patois  de  la  région  lyonnaise  (suite).  Le  régime 
direct;  le  neutre  (suite).  III.  Les  formes  du  pronom  et  leurs  sources. 
I  Aucune  des  formes  actuelles  du  pronom  neutre  ne  remonte  à  el  ou  lo 
(de  illiim  accentué  sur  la  première  syllabe  ou  la  finale),  mais  toutes  à 
o  (de  hoc)  ;  cette  forme  unique  a  été  étrangement  altérée  et  différenciée 
par  la  phonétique  syntactique.  Détermination  des  aires  de  ses  subs- 
tituts actuels  :  1»  o,  {z)o,  (l)o  ;  2»  ou,  zou,  vou,  lou  ;  3°  formes  diphton- 
guées  ow,  aw,  œw;  4°  u,  su,  yu;  ô"  œ,  zœ,  ze ;  6°  é,  è;  7°  i.  — 
IV.  Rapport  du  sujet  et  du  régime.]  —  P.  70-3.  E.  Wey.  Un  mot 
forézien  du  xii»  siècle,  asiuraa  <  ad  seperata.  [Ce  mot,  qui  dans  deux 

1.  C'est  par  erreur  que  nous  avons  attribué  le  chiffre  XVIII  au  lieu  de 
XIX  (Annales,  XVIII,  413)  au  volume  précédent. 


140  ANNALES  DU    MIDI. 

documents  du  xiii"  siècle  désigne  une  femme,  n'est  pas  un  nom  propre 
mais  l'adjectif  seperata  (la  femme  en  question  était  «  séparée  »  de  son 
mari)  ;  seperare  existe  encore  sous  diverses  formes  dans  les  patois 
foréziens.]  —  P.  81-110.  J.  Gilliéron  et  J.  Mongin.  Etudes  de  géographie 
linguistique,  avec  cinq  cartes.  [Ce  sont  quelques  nouveaux  spécimens  de 
ces  études,  si  attrayantes  et  si  fécondes  en  résultats,  dont  les  auteurs 
ont  donné  un  premier  modèle  dans  leur  monographie  de  scier.'\  I.  Dé- 
chéances sémantiques:  oblitare.  [Détermination  des  aires  de  oblitare 
(et  ses  composés),  deexmemorare,  discogitare.]  — III.  Traire,  mulgere 
et  molere.  [Mulgere  a  vécu  dans  toutes  les  parties  de  la  France  ;  mais 
il  a  (disparu  là  où  il  aurait  donné  moudre,  comme  molere.]  — IV.  Echa- 
lotte  et  cive.  [Le  point  de  départ  de  la  propagation  du  dérivé  de  asca- 
lonia  doit  être  cherché  dans  le  Midi,  probablement  le  midi  provençal.] 
—  V.  Comment  cubare  a  hérité  de  ovare.  [Ovare  a  disparu  là  où  la 
préfixation  de  que  au  verbe  en  faisait  un  homonyme  de  cubare,  c'est- 
à-dire  au  Sud-Ouest.]  —  P.  111-27.  P.  Barbier  fils.  La  racine  «  cap, 
tête  »,  dans  la  nomenclature  ichthyologique.  [Dérivés  des  formes  capa- 
ceus,  capiceus,  capoceus  d'une  part,  capito,  capitulus  de  l'autre.]  — 
P.  128-35.  A.  Dauzat.  Les  doublets  dans  le  patois  de  Vinzelles  (Puy- 
de-Dôme).  [Comment  s'opère  la  répartition  des  sens  entre  les  mots 
patois  et  les  mots  importés  du  français  ;  comment  ceux-ci  gagnent  peu 
à  peu  du  terrain  et  finissent  par  évincer  ceux-là.  C'est  la  «  vie  et  la  lutte 
des  mots  prise  sur  le  vif  ».]  —  P.  161-7.  J.  Gilliéron  et  J.  Mongin. 
Etudes  de  géographie  linguistique.  VI.  Pièce  et  Nièce.  [Constatent  que 
l'aire  àe  pièce,  nièce  (formes  irrégulières  pour  j:)èfe,  nèce)  ne  concorde 
pas  avec  l'aire  de  la  diphtongaison  normale  de  e  bref,  et  en  concluent 
que  pour  expliquer  ces  formes  on  ne  peut  recourir  à  l'analogie  de  mots 
comme  pied?\  —  P.  168-82.  J.  Désormaux.  Mélanges  savoisiens, 
V.  L'agglutination  de  l'article  dans  les  parlers  savoyards.  [Liste  abon- 
dante de  mots  auxquels  se  sont  soudées  la  consonne  (initiale  ou  finale) 
ou  la  voyelle  finale  de  l'article  ;  liste  parallèle  de  mots  présentant  le 
phénomène  inverse  de  la  «  déglutination  ».]  —  P.  183-200.  P.  Barbier 
fils.  Sur  un  groupe  de  mots  de  la  famille  de  caput  (suite  p.  241-64). 
[Étudie  les  dérivés  romans  de  capaceus,  capiceus,  capoceus,  capuceus 
(cf.  plus  haut  l'article  sur  ces  formes  désignant  des  poissons)  ;  les  déri- 
vés provençaux  sont  énumérés  p.  190-4.]  —  P.  288-91.  A.  Jeanroy.  Ety- 
mologies  françaises  ;  Fr.  pop.  blague,  blaguer.  [Seraient  des  altéra 
lions  de  brague,  braguer,  mots  d'origine  méridionale.]  A.  J. 


CHRONIQUE 


Le  volume  en  l'iionneur  de  M.  Clhabaneau,  dont  nous  avions 
annoncé  (XVIII,  417)  la  prochaine  publication,  a  paru  en  septem- 
bre dernier.  [Mélanges  Chabaneau.  Volume  offert  à  Camille 
Chabaneau  à  l'occasion  du  75^^  anniversaire  de  sa  naissance 
[4  mars  1906)  par  ses  élèves,  ses  amis  et  ses  admirateurs. 
Erlangen,  Fr.  Junge,  1907  ;  in-8°  de  1117  pages;  forme  le  t.  XXIII 
des  Romanische  Forschungen.)  Ce  retard  s'explique  par  la  lon- 
gueur de  certains  mémoires  qui  y  ont  pris  place  et  par  le  fait  que 
le  chiffre  des  collaborateurs  a  été  plus  élevé  qu'on  ne  l'avait  pensé 
d'abord  :  partout,  en  effet,  où  les  études  provençales  sont  en 
honneur  se  sont  affirmés  avec  éclat  les  sentiments  d'affectueuse 
vénération  dont  est  entouré  notre  éniinent  collaborateur.  Nous 
donnons  ci-dessous  la  liste,  dans  l'ordre  alphabétique  des  noms 
d'auteurs,  des  articles  rentrant  dans  notre  cadre. 

Anglade,  Les  Troubadours  à  Narbonne  (pp.  737-50);  —  Appel, 
Zur  Melrik  der  «  Sancta  Fides  »  (197-204);  —  Bourciez,  Le  verbe 
«  Naitre  »  en  gascon  (415-23);  —  ('onstans.  Une  rédaction  -pro- 
vençale du  «  Statut  maritime  de  Marseille  (645-75);  —  Coulet, 
Spécimen  d'une  édition  des  poésies  de  Peire  d'Alvernhe  (777-89)  ; 
—  Crescini,  «  No  sai  que  s'es  n  (315-9)  ;  —  Dauzat,  Vamuissement 
rfe  s  r  1  explosifs  dans  la  Basse- Auvergne  (235-9);  —  Dejeanne, 
Sur  l'Aube  bilingue  du  m,s.  Vatican.  Reg.  1462  (77-80);  — 
Ducamin,  Herran  ou  V Arlol-qui-pleure .  Eglogue  4^  de  Pey  de 
Garros  (289-305);  —  Dujarric-Descombes,  Camille  Chabaneau  et 
les  troubadours  du  Périgord  (283-7)  ;  —  Fabre,  Les  Proveriça- 
listes  du  Velay  et  M.  Camille  Chabaneau  (257-73);  —  Gauchat, 
R  anorganique  en  franco-provençal  (871-85);  —  Grœber,  Zur 
provenzalischen  Verslegende  V07i  der  hl.  Fides  von  Agen 
(û97-G2Uj;  —  Jeanroy,  Le  Troubadour  Austorc  d'Aurillac  et  son 


142  ANNALES  DU    MIDI. 

sirventés  sur  la  septième  croisade  (81-7)  ;  —  Kolsen,  Ein  Lied 
des  Trobndors  Gitilhem  de  Cabeslanh  (489-95);  —  Lambert,  La 
Pourcairouleto  (307-10);  —  Leroux,  L'idiome  Vmiousin  dans  les 
chartes,  les  inscriptions,  les  chroniques  (437-61)  ;  —  Lollis  (de), 
Su  e  giù  per  le  hiografie  proteflÈdli  (387-93)  ;  —  Pépouey,  U  final 
atone  =  lat.  ûlum  dans  le  parler  de  Bagnères-de-Bigorre  et  des 
environs  (73-80)  ;  —  Rajna,  La  patria  e  la  data  délia  «  Santa 
Fede  »  di  Agen  (469-78);  —  Ronjat,  Noies  sur  Vaffouagement  de 
Maillane  (707-9);  —  Sainéan ,  Ane.  prov.  cos,'gos,  «  chien  » 
(353-6);  —  Salvioni,  Il  dialelto  provenzaleggiante  di  Roaschia. 
(Cuneo)  (525-39)  ;  —  Suchier  (Hermann),  Provenzalische  Beichl- 
formel  (425-35)  ;  --  Teulié,  Les  vocabulaires  spéciaux.  1.  Le  voca- 
bulaire du  noyer  à  Bétaille  [Loi)  (905-10)  ;  -—  Thomas,  L'origine 
limousine  de  Marcial  d'Auvergne  (119-32)  ;  —  Véran,  La  presse 
de  langue  d'oc  (1019-24)  ;  —  Zenker,  Bas  provenzalische  «  Enfant 
sage  »,  Version  B  (919-68);  —  Zingarelli,  Qua7i  lo  hoscatges  es 
floritz  (1025-34). 

Le  volume  s'ouvre  par  un  fort  beau  portrait  du  maître,  d'une 
ressemblance  frappante,  gravé  par  le  peintre  Desmoulins  d'après 
son  propre  tableau  exposé  à  Paris  à  l'un  des  derniers  Salons.  Il 
se  termine  par  une  Bibliographie  som,maire  des  œuvres  de 
C.  Chabaneati  (pp.  1093-1107),  rédigée  par  M.  E.  Lefèvre  avec  le 
soin  qui  caractérise  tous  les  travaux  de  ce  bibliographe  dévoué  et 
consciencieux. 


On  voit,  au  Musée  de  Toulouse,  un  beau  portrait,  par  Hya- 
cinthe Rigaud,  qui  est  présenté  au  public  comme  étant  celui  de 
Racine.  Le  comte  Clément  de  Ris  avait  déjà  protesté  contre  le 
ridicule  de  cette  attribution,  mais  personne  encore  n'avait  cherché 
à  découvrir  le  vrai  nom  du  personnage  que  ce  tableau  représente. 
Dans  une  communication  faite  à  la  Société  de  l'histoire  de  l'art 
français  (cf.  le  Bulletin  de  la  Société,  1907,  p.  81-7),  M.  G.  Brière 
signale  au  Musée  de  Versailles  une  copie  du  tableau  de  Toulouse  ; 
or,  dans  le  catalogue,  cette  copie  est  désignée  comme  le  portrait 
du  célèbre  Chauvelin  qui,  de  4727  à  1737,  fut  garde  des  sceaux  et 
secrétaire  d'Etat  des  Affaires  étrangères.  C'est  donc  Chauvelin  que 
représenterait  le  tableau  du  Musée  de  Toulouse.  Mallieureuse- 
ment,  M.  Brière  n'a  pu  retrouver  sur  le  ministre  aucun  docu- 
ment iconographique  qu'on  pût  comparer  à  son  portrait  présumé. 


CHRONIQUE.  143 

Cela  n'est  pas,  selon  noUs,  pour  rendre  l'identification  moins 
solide.  On  remarquera,  en  effet,  que  le  tableau  de  Rigaud  est  daté 
de  1737  :  c'est  justement  l'année  où  Ghauvelin  devint  minisire;  il 
est  naturel  de  penser  qu'il  se  fit  peindre  à  l'occasion  de  cet  événe- 
ment. 


Ce  n'est  pas  un  livre  d'érudition  que  le  petit  volume  édité  à  l'oc- 
casion du  Ce?ilenaire  du  Lycée  de  Toulouse  (chez  Ed.  Privât, 
1907);  il  mérite  cependant  d*être  signalé  à  nos  lecteurs.  On  y  trou- 
vera les  deux  conférences  faites  pendant  les  fêtes  du  Centenaire 
par  M.  Plassard  et  le  colonel  Froment.  Consacrées  à  l'histoire  du 
Lycée  et  de  ses  bâtiments,  ces  deux  études  ont  l'avantage  de 
rassembler  une  foule  de  renseignements  précieux  pour  l'histoire 
de  Toulouse  et  qu'il  était  jusqu'alors  assez  malaisé  de  retrouver. 
Les  illustrations  dont  s'orne  le  volume  en  augmentent  encore 
l'intérêt. 

Chronique  de  Bordeaux  et  de  la  Gironde. 

La  belle  édition  municipale  des  Essais  de  Montaigne,  qu'a  cou- 
ronnée l'Académie  Française,  continue  à  tenir  le  premier  rang 
parmi  les  travaux  entrepris  à  Bordeaux.  M.  F.  Strowski  achève 
l'impression  du  second  volume.  On  sait  que  l'ouvrage  en  com- 
prendra trois,  plus  un  volume  d'excursics,  préparé  de  loin  par 
des  mémoires  d'étudiants,  dont  l'un,  dû  à  M.  Joseph  de  Zangro- 
nis,  sur  Montaigne,  Amyot  et  Saliat,  a  eu  les  honneurs  de  l'im- 
pression. Cette  organisation  du  travail  scientifique  mérite  d'être 
signalée. 

Le  comité  départemental  pour  la  recherche  des  documents  révo- 
lutionnaires a  soumis  au  comité  central  un  projet  de  publication 
des  dossiers  rehitifs  à  la  vente  ;des  biens  nationaux.  M.  Marion  a 
poussé  fort  avant  le  dépouillement  de  ces  dossiers.  Il  en  a  déjà 
tiré  son  étude  sur  la  vente  des  biens  nationaux  dans  la  sénéchaus- 
sée de  Libourne;  et  l'on  sait  que  l'Académie  des  Sciences  morales 
et  politiques  lui  a  attribué,  pour  un  travail  d'ensemble  sur  la  ques- 
tion, la  totalité  du  prix  Rossi. 

MM.  Brulails  et  Gaston  Ducaunnès-Duval  achèvent  le  tome  IV 
de  l'inventaire  des  Archives  communales.  M.  A.  Ducaunnès-Duval, 


144  ANNALES   DU    MIDI. 

archiviste  municipal  lionoraire,  emploie  les  loisirs  de  sa  retraite  à 
préparer  le  tome  IV  de  l'Inventaire  de  la  Jiirade.  Son  fils,  qui  lui 
a  succédé  à  l'Hôtel  de  ville,  à  la  grande  satisfaction  de  tous  les 
travailleurs  bordelais,  a,  dès  son  entrée  en  fonctions,  mis  sur  le 
chantier  le  tome  II  de  l'inventaire  de  la  période  révolutionnaire. 

La  Société  des  Archives  historiques  consacre  son  volume  annuel 
à  la  publication  du  Livre  Doré  du  présidial  d'Agen,  véritable 
chronique  qui  permettra  de  reconstituer  la  vie  de  cette  compagnie 
judiciaire  au  xvne  et  au  xviiie  siècle.  Sous  les  auspices  de  la  Société' 
archéologique,  M.  Brutails  vient  de  donner  un  album  d'objets  d'art 
conservés  dans  les  églises  de  la  Gironde.  La  même  Société  a 
obtenu  de  la  municipalité  bordelaise  la  cession  gracieuse  de  la 
Porte  de  Cailhau  pour  y  tenir  ses  séances.  Elle  a  commencé  d'y 
installer  un  musée,  qui  sera,  espérons-le,  l'embryon  du  musée 
girondin  depuis  si  longtemps  souhaité. 

A  l'occasion  de  l'Exposition  maritime  et  coloniale  de  Bordeaux, 
la  Société  des  Archives  historiques  et  la  Société  archéologique  ont 
organisé  un  congrès  d'histoire  et  d'archéologie  du  Sud-Ouest,  qui 
a  réuni  plus  de  cent  membres  des  Sociétés  savantes  de  la  région.  Ce 
congrès  s'est  tenu  à  Bordeaux  le  18  et  le  19  octobre.  Trente-six 
communications  ont  été  faites;  elles  seront  analysées  dans  un 
compte  rendu  en  préparation.  Des  vœux  concernant  un  meilleur 
aménagement  des  archives  de  l'état  civil,  la  conservation  des  objets 
mobiliers  d'une  valeur  historique  ont  été  adoptés.  On  a  aussi  voté 
le  principe  de  la  périodicité  de  ces  congrès  régionaux,  et  décidé 
la  création  d'une  Union  des  Sociétés  savantes  du  Sud-Ouest.  Une 
commission  élabore  en  ce  moment  des  statuts. 

A  côté  de  ces  manifestations  collectives,  plusieurs  travaux 
importants,  dus  à  l'initiative  personnelle,  sont  sur  le  point  de 
paraître  ou  en  bonne  voie.  M.  Girot  va  réunir  en  un  volume  ses 
recherches  sur  les  Juifs  espagnols  et  portugais  à  Bordeaux,  déjà 
publiées  dans  le  Bulletin  hispanique.  On  annonce  des  thèses  pro- 
chaines sur  Biaise  de  Moulue  historien,  sur  Geolïroy  de  Malvyn, 
magistrat  et  humaniste  bordelais  de  la  un  du  xvi'  siècle,  sur  l'agi- 
tation royaliste  dans  le  Midi  à  la  fin  du  premier  Empire.  M.  Geor- 
ges Mathieu  consacre  sa  thèse  d'Ecole  des  Chartes  à  étudier  le  ma- 
rais de  Bordeaux  de  l'édit  de  1599  à  la  Ri'volution.  M.  le  D"" 
.1.  Barraud  met  en  souscription  un  volume  d'études  sur  le  Bor- 
deaux révolutioimaire.  Il  est  question  d'une  thèse  sur  Florimond 
de  Raymond,  le  précurseur  trop  méconnu  de  Bossuet  dans  la  con- 


CHRONIQUE.  145 

troverse.  Si  l'on  ajoute  qu'on  bataille  toujours  ferme  autour  «Je 
la  retentissante  brochure  de  M.  le  D»'  Armaingaud  sur  La  Boélie, 
Montaigne  et  le  Contr'Un,  que  M.  Dezeimeris  a  donné  de  sa  per- 
sonne, enfin  que  M.  Barckhausen  vient  de  faire  paraître  son 
volume  sur  Montesquieu,  il  est^  semble-t-il,  permis  de  conclure, 
comme  le  faisait,  il  y  a  trois  ans,  M.  JuUian  à  cette  même  place, 
que  l'on  travaille  encore  à  Bordeaux  et  dans  la  Gironde. 

Paul  GOURTEAULT. 

Chronique  de  Provence. 

L'année  1906  a  été  pour  la  ville  de  Marseille  et  pour  toute  la 
Provence  une  année  de  crrande  activité,  provoquée  par  l'Exposi- 
tion coloniale,  qui  a  été  l'occasion  de  multiples  manifestations, 
non  seulement  coloniales,  mais  scientifiques,  littérràres  et  artisti- 
ques, auxquelles  elle  a  fourni  le  plus  admirable  des  cadres. 

Je  ne  relaterai  ici  que  celles  qui  sont  de  nature  à  intéresser  les 
lecteurs  des  Annales,  à  savoir  le  Congrès  des  Sociétés  savantes 
de  Provence  et  l'Exposition  d'Art  provençal.  Le  Congrès  des 
Sociétés  savantes  était  une  tentative  de  décentralisaliou,  au  meil- 
leur sens  du  mot,  qui  a  réussi  au  delà  de  toute  espérance.  Tous 
les  départements  provençaux,  toutes  les  sociétés  littéraires  et 
artistiques  de  la  région  avaient  envoyé  des  délégués,  qui  se  sont 
réunis  à  Marseille,  sous  la  présidence  de  M.  le  recteur  Belin, 
représentant  du  Ministre  de  l'Instruction  pulilique.  Le  Congrès 
s'est  réparti  entre  quatre  sections  :  archéologie,  histoire,  langue 
et  littérature  provençales,  sciences  économiques  et  sociales.  Le 
nombre  des  mémoires  présentés  dans  les  diverses  sections  s'est 
élevé  à  quatre-vingt-quatorze.  Un  volume,  actuellement  sous 
presse  et  qui  ne  tardera  pas  à  paraître,  reproduira  in  extenso  les 
plus  importants  de  ces  mémoires,  et  donnera  l'analyse  des  autres. 
A  la  dernière  séance,  il  a  été  décidé  que  les  Congrès  de  ce  genre 
seraient  périodiques,  et  que  le  prochain  aurait  lieu  dans  trois  ans, 
dans  une  ville  de  Provence  à  déterminer. 

L'Exposition  d'Art  provençal  répondait  à  une  idée  de  même 
nature.  Le  succès  en  a  été  incontestable  :  il  aurait  été  plus  grand 
encore  si  les  organisateurs  s'y  étaient  pris  un  peu  plus  tôt,  et 
avaient  pu  recueillir,  parmi  les  collectionneurs  provençaux,  plus 
d'adhésions.  La  section  de  l'ameubloment,  notamment,  réduite  à 

ANNALES   DU    MIDI.    —   XX  lO 


14B  'annales  du  midi. 

line  dizaine  de  spécimens,  était  tout  à  fait  irisnfflsàrite.  On  a  cher- 
ché en  vain,  à  là  jjëillturë,  les  pirimitifs  qui  avaient  fait  l'oi'nèriient 
de  l'Ex position  de  1904  h  la  Bibliothèque  nationale.  Même  la  col- 
lèctioii  de  faïences;  dé  beaucoup  la  plus  importante,'  et  dii  ne  man- 
qtikient  pas  les  très  belles  pièties,  aurait  pu  être  plus  considérable 
encore. 

Plus  heureuses  que  la  Revue  historique  de  Provence,  morte  au 
bout  de  dix-huit  inois,  les  Annales  de  la  Société  d'études  pro- 
ve7içales  achèvent  la  quatrième  année  de  leur  existence,  qui  semble* 
assurée  désormais.  Et  l'année  1905  a  vu  paraître  une  nouvelle 
publication  annuelle,  où,  potii-  mieux  dire,  deux,  les  Annales  des 
Facultés  des  Lettres  et  de  Droit  d'Aiœ.  C'est  grâce  à  la  libéralité 
du  Gdnseil  de  l'Uhitersité,  pourtant  bien  peu  riche,  que  ces 
Annales  ont  pu  se  fonder,  et  c'est  grâce  à  celle  du  Conseil  gênerai 
du  département  qu'elles  Ont  pu  se  développer.  Je  ne  crbis  pas 
qii'il  y  ait  dans  toute  la  France  un  seul  département  où  le  Conseil 
général  se  montre  àbssi  généreux  envers  l'enseignement  à  tous 
ses  degréSj  et  notamment  envers  l'enseignement  supérieur. 

Les  Annales  des  deux  Facultés,  évidemhient.  sont  des  recueils 
d'drdre  généi-al.  Mais  l'histoire  locale  y  tient  une  grande  place:  les 
deux  premières  années  des  Annales  de  la  Faculté  des  Lettres^ 
1905  et  1906j  sont  entièrement  consacrées  à  des  questions  de  ce 
genre. 

Le  34  juin  1905  e^^t  mort  un  des  professeurs  les  plus  justement 
renortimés  de  la  Faculté  des  Lettres,  Georges  Guibal,  qu'une 
cruelle  maladie  avait  forcé  d'abandonner  sa  chaire  depuis  plusieurs 
années  déjà.  Ses  derniers  travaux  avaient  été  tous  relatifs  à  l'his- 
toire de  la  Provence  pendant  la  période  révolutionnaire.  Seuls  les 
deux  premiers,  Mirabeau  et  la  Provence,  ont  pu  être  publiés  du 
vivant  de  l'aliteur.  Mais  un  troisième,  Le  motivemenl  fédéraliste 
en  Provence^  ne  tardera  pas,  assure-t-on,  à  voir  le  jour. 

Une  autre  perte  très  regrettable,  plus  récente,  est  celle  de  Numa 
Coste.  Peintre  d'abord,  Numa  (]oste  s'éprit  de  passion  pour  l'ar- 
chéologie et  l'histoire  locales^  surtout  l'histoire  de  l'art,  et  pendant 
plus  de  vingt  ans,  il  s'est  livré  à  de  laborieuses  recherches,  et  a 
amassé  une  énorme  quantité  de  matériaux  de  tout  genre.  Il  a  fnal- 
heureusement  peu  publié,  quelques  brochures  seulement  et  (m 
certain  nombre  d'articles  adressés,  sous  forme  de  communica- 
tions, H  la  Société  des  Beaux-Arts  des  départements,  dont  il  était 
correspondant.  Mais  c'est  le  journal   le   Séinaphore  de  Marseille 


CHRONIQUE.  IM 

qui  a  le  pins  profité  de  sa  collaboration  ;  il  y  a  fait  paraître  en 
effet  quantité  d'articles  des  plus  documentés  et  d'un  style  tl-ès  per- 
sonnel. Il  est  infiniment  regrettable  qu'il  n'ait  janlais  songé  à  les 
réunir  en  plaquettes.  Il  y  a  publié  notamment,  peu  de  temps 
avant  sa  mort,  une  série  d'articles  qui  devaient  constituer  une 
monographie  complète  de  la  cathédrale  d'Aix,  Saint-Sauveur; 
qu'il  avait  étudiée  minutieusement  dans  tous  ses  détails.  L'œuvre 
reste  màlheiireiisernent  inachevée}  et  il  est  à  craindre,  paraJt-ilj 
que  l'on  ne  puisse  pas  tirer  parti  de  ses  notes,  rédigées;  non  sur 
des  fiches,  mais  sur  des  carnets,  où  elles  ont  été  écrites  au  jour  le 
jour  et  à  la  suite  les  unes  des  autres.  Cela  est  d'autant  plus  regret- 
table que  j'ai  pu  constater  personnellenlent  que  Goste  avait  vu 
très  clair  sur  certaines  questions  fort  intéressantes  et  encore  très 
mal  connues  dé  l'histoire  d'Aix.  Pour  ce  qui  est  de  la  topographie 
antique  de  là.  ville  par  exemple,  alors  que  la  théorie  admise  par 
tout  le  monde  et,  on  peut  dire,  classique  à  Aix,  veut  que  la  ville 
se  soit  développée  du  côté  où  sont  aujourd'hui  les  aires  Saint- 
Roch,  Goste  a  fort  bien  vu  que  c'est  au  bourg  Saint-Sauveur,  et  là 
exclusivement,  qu'il  faut  chercher  la  ville  romaine.  Si  l'on  a  la 
patience  de  dépouiller  ses  papiers,  on  y  trouvera  à  coup  sûr^  à 
défaut  d'études  achevées,  des  indications  de  haute  vah^ur,  et  cela 
pour  toutes  les  périodes  de  l'histoire  d'Aix.  La  chose  vaudrait  la 
peine  d'être  tentée,  et  les  amis  de  Numa Goste  honoreraient  par  là 
sa  mémoire  de  la  façon  la  plus  digne  de  lui.  M.  Clerc. 


Chronique  de  Vaucluse. 

Deux  auteurs  vauclusiens  s'occupent  sérieusement  de  l'histoire 
antique  du  département  :  M.  Dùprat,  professeur  adjoint  au  IJ'céé 
d'Avignon,  qui  étudie  Avignon  et  la  région;  M;  l'abbé  Sautél; 
qui  s'intéresse  spécialement  à  Vaison.  Les  ouvrages  qu'ils  écri- 
vent  seront   présentés  comme  thèses  de  doctorat. 

Il  serait  désirable  que  des  fouilles  inéthodiques  leur  permissent 
de  décrire  des  objets  nouveaux  :  s'il  est  assez  difficile  d'en  faire  à 
Avignon  même  où,  cependant,  il  n'est  pas  impossible  de  suivre  les 
travaux  qui  remuent  le  sol;  il  est  jiar  contre  aisé  d'en  exécuter 
quelques-uns  à  Vaison.  Je  crois  savoir  que  des  instances  seront 
faites  dans  ce  sens  auprès  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Bel- 
les-Lettres, à  défaut  de  la  Société  française  des  fouilles  urchéolo- 


148  ANNALES    DU    MIDI. 

giques.  J'ai  déjà  signalé  les  alentours  de  la  cathédrale,  surtout  du 
chevet,  comme  particulièrement  utiles  à  explorer. 

En  attendant,  le  hasard  a  fait  retrouver  dans  le  sous-sol  d'une 
maison,  prés  de  la  place  aux  Herbes,  à  Vaison,  un  fragment  très 
important  de  la  mosaïque  possédée  par  le  Musée  Calvet  et  connue 
sous  lé  nom  de  mosaïque  de  Narcisse  '.  Cette  découverte  a  permis 
de  constater  que  le  monument  du  Musée  Calvet  est  en  très  grande 
partie  apocryphe  :  on  l'avait  oublié  depuis  1858.  Le  Musée  Calvet 
se  décidera-t-il  à  l'acquérir,  pour  remplacer  par  des  morceaux 
authentiques  quelques-uns  de  ceux  qui  ont  été  reconstitués  plus  ou 
moins  mal  par  des  mosaïstes  contemporains  ? 

Le  grand  événement  de  ces  dernières  années  a  été  l'évacuation 
par  la  troupe  du  Palais  des  Papes  d'Avignon.  On  la  désirait 
depuis  longtemps,  puisque,  sous  le  second  Empire,  le  Dr  Paul 
Pamard,  maire  de  la  ville,  avait,  dans  ce  dessein,  fait  bâtir  une 
nouvelle  caserne.  On  a  craint  cependant  de  ne  pas  encore  l'obte- 
nij,  malgré  le  récent  traité  passé  avec  l'État  et  malgré  la  cons- 
truction d'une  autre  caserne  pour  l'infanterie,  hors  l'enceinte  des 
remparts.  On  ne  sait  généralement  pas  que  c'est  grâce  à  une  série 
d'articles  de  M.  André  Hallays  dans  le  Journal  des  Débats  et  à 
l'intervention  énergique  de  M.  Baillif,  président  du  Touring-Club, 
auprès  de  M.  Berteaux,  alors  ministre  de  la  Guerre,  que  la  muni- 
cipalité d'Avignon  ne  put  obtenir  de  nouveaux  soldats  pour  l'occu- 
pation du  Palais. 

L'évacuation  emportait  restauration.  La  Commission  des  monu- 
ments historiques  s'y  préparait  depuis  plusieurs  années  :  elle 
ajouta  une  grosse  subvention  aux  quelques  milliers  de  francs 
votés  par  le  Conseil  municipal,  et  l'on  se  mit  immédiatement  à 
l'œuvre  sous  la  direction  de  M.  Nodet.  Le  plus  pressé  était  d'abat- 
tre les  planchers  et  cloisons  établis  par  le  génie  militaire  dans  les 
plus  grandes  salles,  notamment  dans  celles  du  sud.  On  se  hâta  de 
le  faire,  et  les  Avignonais  eurent  la  surprise  de  constater  l'effet 
séduisant  produit  par  les  admirables  proportions  de  la  salle  d'au- 
dience à  deux  nefs  et  de  la  grande  chapelle  pontificale  bâtie 
au-dessus.  En  même  temps  se  retrouvaient,  sur  les  parois  d'appar- 
tements voisins,  des  vestiges  de  fresques,  (pu  firent  l'objet  de 
nombreux  articles;  en  général,  on  attribuait  les  scènes  de  chasse 


1.  Voir  Bulletm  de  la  Société  nationale  des  A}itiquaires  de  France, 
année  19U6,  p.  311  et  377. 


CHRONIQUE.  149 

et  de  pêche  qui  foi-ment  la  décoration  la  plus  importante  aux  artis- 
tes de  Clément  VI,  mais  décidément  elles  paraissent  n'être  (juc  du 
xv«  siècle  ^. 

Du  coup,  les  Avignonais,  difficiles  à  échauflfer  jusqu'alors,  se 
prirent  d'enthousiasme  pour  le  Palais.  La  municipalité  eut  l'idée 
d'y  installer  une  exposition  industrielle  et  artistique.  Le  choix  d'un 
tel  local,  blâmé  fortement  par  les  délicats,  fut  applaudi  par  la 
foule,  et  cette  exhibition,  ouverte  au  début  d'avril  liJ07,  eut  un  si 
grand  succès  qu'on  dut  la  prolonger  jusqu'au  1er  septembre  sui- 
vant. Elle  eut  au  moins  l'avantage  d'attirer  un  nombre  étonnant 
de  visiteurs  qui  ne  soupçonnaient  même  pas  ce  que  le  Palais  pou- 
vait être  à  l'intérieur.  Aujourd'hui  qu'elle  est  terminée,  on  se  dis- 
pose à  reprendre  les  travaux  de  restauration.  Mais  à  quels  usages 
va-t-on  employer  les  immenses  salles  dont  on  a  la  disposition?  Y 
transportera-l-on  la  bibliothèque  de  la  ville?  Y  élablira-t-on  un 
musée,  comme  l'idée  en  a  été  lancée?  L'avenir  nous  le  dira. 

Les  historiens  et  archéologues  ont  de  tout  temps  écrit  sur  ce 
prodigieux  monument.  Un  des  plus  récents,  le  P.  Ehrle,  avait  le 
premier  présenté  les  documents  qui  existent  aux  Archives  du 
Vatican  sur  sa  construction  et  sa  décoration.  Son  ouvrage,  écrit 
en  latin,  était  reslé  peu  populaire.  M.  Félix  Digonnet  l'a  mis  à  la 
portée  de  tous  :  il  en  a  reproduit  l'essentiel  dans  le  livre  qu'il 
vient  de  publier  sur  le  Palais  des  Papes  (Avignon,  F.  Seguin, 
1907,  in-8o)  ;  il  l'a  complété  au  moyen  des  pièces  d'archives 
fournies  par  d'autres  auteurs  avignonais  et  au  moyen  de  ses  obser- 
vations personnelles;  il  y  a  mêlé  enfin  des  hypothèses,  dont  quel- 
ques-unes sont  trop  risquées  pour  être  acceptables.  Le  dernier 
mot  n'est  cependant  pas  dit  sur  le  Palais  :  il  reste  encore  au 
Vatican  des  documents  que  le  P.  Ehrle  a  cru  devoir  négliger  et 
qui  ont  un  trop  grand  intérêt  pour  que  l'histoire  les  laisse  dans 
l'oubli. 

La  (^(Ommission  instituée  en  Vaucluse  pour  le  classement  des 
objets  mobiliers  des  églises  et  monuments  religieux  a  tenu  des 
séances  à  peu  près  régulières.  De  longues  listes  d'objets  d'art  ont 
été  proposées  pour  le  classement,  car  le  département  est  parti- 
culièrement riche  ;  mais  il  est  regrettable  de  constater  les  retards 
mis  à  adopter  ces  propositions.  Le  Journal  offuiel  n'a  encore 
enregistré  qu'une  courte  nomenclature  d'objets  classés.  FjCS  autres 

1.  Voir  Musées  et  monuments  de  France^  juillet  1907. 


150  ANNALBS  DU   MIDI. 

restent  exposés  à  toute  espèce  d'aventures.  Les  vœux  émis  par  cette 
Commission  pour  le  classement  des  monuments  eux-mêmes  n'ont 
guère  eu  plus  de  succès,  et  il  a  fallu  des  interventions  étrangères 
pour  placer  sous  la  protection  des  lois  la  si  intéressante  chapelle 
des  Pénitents  noirs  d'Avignon  et  la  vieille  église  de  Saint-Panta- 
léon  près  de  Gordes.  Il  est  pénible,  je  le  répète,  d'observer  que  les 
efforts  individuels  ou  collectifs  pour  la  conservation  de  nos  vieux 
édifices,  même  classés,  aient  tant  de  peine  à  aboutir.  Si  le  cloître 
des  Gélestins  d'Avignon,  pour  lequpl  j'exprimais  encore  des' 
craintes  dans  ma  dernière  chronique,  n'est  plus  menacé,  la  tour 
Saint-Jean,  dernier  reste  de  la  commanderie  d'Avignon,  est  tou- 
jours visée  par  les  vandales,  et  le  chevet  de  la  cathédrale  de 
Cavaillon  a  été  outragé  par  une  société  industrielle. 

Pendant  ces  trois  dernières  années,  la  littérature  historique  et 
archéologique  a  relativement  peu  produit.  Les  principaux  ouvrages 
à  signaler  sont  toujours  ceux  qui  concernent  les  papes  d'Avignon, 
ainsi  que  la  continuation  des  Regestes  pontificaux  (ceux  de 
Jean  XXII  ont  surtout  progressé).  MM.  MoUat  et  Vidal,  qui  s'oc-: 
Gupent  particulièrement  des  lettres  communes  de  Jean  XXII  et  dQ 
Benoît  XII,  ont  publié  diverses  notices  sur  ces  deux  papes.  Le 
premier,  en  collaboration  avec  M.  Charles  Samaran,  a  donné  un 
excellent  livre  sur  la  Fiscalité  ■pontificale  en  France  au  xiv^  siè- 
cle et  exposé  l'organisation  financière  créée  par  les  papes  d'Avi- 
gnon i.  Le  même  M.  Samaran,  avec  pn  de  ses  confrères  des 
Archives  nationales,  prépare  pour  les  Dociimeni^  inédits,  l'édition 
de  la  correspondance  du  cardinal  Georges  d'Armagnac,  qui  sera  si 
précieuse  pour  l'étude  de  la  seconde  moitié  du  xvie  siècle  dans 
toute  la  région  avignonaise. 

L'Académie  de  Vauclnse  a  distribué,  outre  ses  Mémoires  trimes- 
triels, un  ouvrage  qui  lui  fa|t  le  plus  grand  honneur  :  le  Oartulaire 
de  la.  Commanderie  de  Richerenches  de  V Ordre  du  Temple  {il 36- 
i214),  publié  et  annoté  par  le  marquis  de  Ripert-Monclar^.  Les 
textes,  intéressant  la  partie  la  plus  septentrionale  du  département 
de  Vauclus^,  spnt  précédés  d'ijne  copieuse  et  savante  introduction  : 
M.  de  Monclar,  avec  une  compétence  remarquable,  y  a  inséré  des 
notices  sur  les  dignitaires  .ecclésiastiques,  les  suzerains  (comtes  de 


1.  Cf.  un  compte  rendu  de  M.  Ch.  Molinier,  Annales,  t.  XVIII,  p.  391. 

2.  Cf.  les  comptes  rendus   de    MM.    Stronski  et  Caillemer,    Annales, 
t.  XIX.  p.  544,  et  plus  Uauj;,  p.  UO. 


CHRONIQUE.  151 

Valentinois  et  d'Orange)  et  les  principales  familles  nobles  de  la 
ivgion:  il  a  exposé  les  renseignements  économiques  et  sociaux  que 
présente  le  Cartulaire,  résumé  les  documents  sur  l'histoire  même 
de  la  Gommanderie,  etc. 

Acluellement,  l'Académie  de  Vauclusc  imprime  un  deuxième 
vol  unie  encore  plus  ifapprtant  :  les  Chartes  du  pays  d'Avignon 
jusqu'à  la  fin  du  xiie  siècle;  cette  édition  est  faite  par  les  soins  de 
M.  G.  de  Manteyer. 

Parmi  les  ouvrages  qui  ont  été  insérés  dans  ses  Mémoires,  je 
noterai  tout  particulièrement  l'étude  de  M.  Joseph  Girard,  aujour- 
d'hui conservateur  de  la  Bibliothèque  et  du  Musée  Calvet,  sur  les 
Élftts  du  comté  Venaissin  depuis  les  origines  Jusqu'à  la  fin  du 
xvie  siècle. 

L'^npée  1906  a  vu  paraître  le  prpmier  volume  de  Vhiventq,ire 
sommaire  des  Arçfiives  çotnmunales  d'Avignon,  publié  par 
M.  L.  Duhamel.  Il  i^e  pompriend  que  la  s^rie  AA;  mais  il  présente 
cette  ïji^gniflqpe  sépe  de  registres  contenant  les  minutes  de  la 
correspondance  des  syndics  et  consuls  d'Avignon  depuis  1474  jus- 
qu'ei)  1790  (^vep  lacunes,  malheureusement)  et  cette  non  moins 
lf\^llp  cpllepf,ipi|  de  Uas^^§  de  lettres  reçue?  par  eux  depuis  1308. 
A  leiir  analyse,  M-  Duhamel  a  donné  un  long  développement,  des 
plus  utiles.  Les  autres  voli^naes  d'inventaires  (Archives  départe- 
]:][jpiitf},les  de  yafjcjuse,  AfP|iiyes  copimunalps  d'Of-ange  et  Gavail- 
Ipn)  signalés  dans  la  dernière  cl|ronique  sont  encore  sous  presse. 

On  me  par4Qnnera  si,  à  la  flr^  de  cette  revue  rapide,  je  note  encore 
la  réjjniprj  ei]  vplunie  jle  la  Bilulipgrqphie  vauçlusienne,  (|ue  de 
1894  à  1905  je  doniiais  en  appendice  aux  i^émoires  de  l'Académie 
^e  Vaitcluse.  On  n'puhljera  pas  que  M.  Duprat  a  donné  pour 
l'année  1904  i^ine  bibliographie  critique  dans  les  Annales  de  la 
Société  d'études  provençales  (lOO-ô,  p.  65).  Je  signalerai  enfin  la 
publication,  dans  la  Gazette  des  Beaux- Arts  (mars  et  avril  1907), 
de  la  première  notice  d'ensemble  qui  ait  été  écrite,  depuis  la  pu- 
Ijlication  des  Z)oci^?«e«^s  de  M.  l'abbé  Re((uin,  sur  \e&- Miniatu- 
ristes avignonais  et  leurs  œuvres.  L.-H.  Labandk. 


LIVRES  ANNONCÉS  SOMMAIREMENT 


Appel  (G.)-  Deutsche  Geschichte  in  der  provenzalischen  Dich- 
tung.  Rede  bei  Uebernahine  des  Rektorats  gehalten  in  der  aula 
der  K.  Universitœt  zu  Breslau  (Sonderabdruck  aus  n.  733  u.  736 
der  schlesischen  Zeitung).  Breslau,  1907;  in-8o  de  16  pages.  — 
Il  s'agit  surtout  dans,  celte  brochure  des  relations  des  trouba- 
dours avec  les  empereurs  d'Allemagne  ^  et  de  l'attitude  qu'ils  pri- 
rent dans  la  lutte  de  l'Empire  avec  la  papauté  et  la  maison  d'An- 
jou. Dans  les  limites  étroites  qui  lui  étaient  imposées,  M.  A.  ne 
pouvait  naturellement  dire  que  l'essentiel  ;  mais  on  sent  que  l'au- 
teur connaît  à  fond  et  domine  son  sujet;  aussi  a-t-il  fait  à  cha- 
que partie  une  place  bien  proportionnée  à  son'importance,  et  par- 
faitement expliqué  par  les  circonstances  les  contradictions  et  les 
incohérences  que  nous  trouvons  dans  les  poésies  historiques  "des 
troubadours.  Il  serait  à  désirer  qu'il  complétât  cette  excel- 
lente ébauche  en  la  munissant  des  références  nécessaires.  Il  écri- 
rait ainsi  un  chapitre  piquant,  et  en  grande  partie  nouveau,  de 
l'histoire  de  la  poésie  provençale.  A.  Jeanroy. 

Dauzat  (A.).  Essai  de  méthodologie  linguistique  dans  le 
domaine  des  langues  et  des  patois  romans,  Paris,  Champion,  1906  ; 
in-8o  de  viii-205  pages.  —  Y  aurait-il  donc  une  «  méthodologie  lin- 

1.  Quelques  parties  de  ce  sujet  sont  traitées  aussi  dans  une  récente  dis- 
sertation de  M.  Nickel  :  Sirventes  und  Spruchdichtung  (Berlin,  Mûller, 
1907;  in-8»  de  124  pages,  Palœstra,  n°  LXIIl)  consacrée  essentiellement 
à  l'étude  do  la  poésie  satirique  et  morale  chez  les  troubadours  et  les  Min- 
nesinger. 


LIVRES   ANNONCES   SOMMAIREMENT.  1  .'53 

guistiqno  »  propre  aux  lan^uos  romanes?  Non,  évidemment. 
M.  Dauzat  ne  le  pense  pas  non  pins,  et  il  nous  le  dit  clairement 
dans  son  Avant-propos,  où  l'objet  du  livre  est  beaucoup  mieux 
défini  que  dans  le  titre  :  «  Ce  que  j'ai  voulu,  dit-il  (p.  ,5),  c'est  déga- 
ger les  règles  de  méthode  qui  sont  à  l'état  latent  dans  les  travaux 
des  romanistes,  c'est  coordonner  et  grouper  les  vérités  qui  ont 
jailli  de  leurs  polémiques  ou  qu'ils  ont  exprimées  çà  et  là  dans 
leurs  ouvrages.  Il  était  utile  en  outre  de  confronter,  pour  ainsi 
dire,  avec  les  langues  romanes  les  théories  émises  par  les  linguis- 
tes qui  se  sont  occupés  spécialement  des  langues  indo-européen- 
nes. Car  les  règles  de  méthode  ne  sauraient  être  particulières  à  un 
groupe  de  langues...  La  méthode  linguistique,  vue  à  travers  les 
langues  romanes,  n'est  donc  qu'un  aspect  de  la  méthode  univer- 
selle qui  doit  servir  à  l'étude  de  tous  les  idiomes.  »  Ces  promesses 
ont  été  largement  tenues  :  M.  D.  a  exposé,  toujours  avec  clarté  et 
parfois  avec  agrément,  les  plus  récentes  théories  sur  les  causes  et 
les  modes  de  l'évolution  des  langues  et  les  méthodes  à  suivre  dans 
leur  étude,  telles  qu'elles  se  dégagent,  non  seulement  des  tra- 
vaux des  romanistes,  mais  des  ouvrages  d'ensemble  écrits  depuis 
une  vingtaine  d'années  par  des  linguistes  ou  philologues  embras- 
sant un  domaine  plus  étendu^. 

Son  livre  sera  donc  un  guiiie  précieux  pour  ceux  qui,  se  sentant 
attirés  vers  ce  genre  d'études,  désirent  se  renseigner  sur  leurs 
principes  et  leurs  principaux  résultats,  et  pour  ceux  aussi  qui, 
déjà  entrés  dans  l'atelier,  mais  constamment  courbés  sur  la  tâche 
quotidienne,  éprouvent  de  temps  à  autre  le  besoin  de  se  redresser 
et  de  se  demander  quelle  somme  d'idées  générales  se  dégage  des 
travaux  de  chacun.  La  plupart  du  temps  M.  D.  se  borne  au  rôle 
utile,  mais  i)eu  original,  de  rapporteur  (et  il  faut  bien  avouer  que 
l'ouvrage  ne  répond  pas  pleinement  à  l'ancienne  conception  de  la 
«  thèse  »  de  doctorat '*); 'mais  souvent  aussi  il  a  l'occasion  de 
prendre  parti,  et  la  façon  dont  il  défend  son  opinion  montre  en 
lui  un  travailleur  bien  documenté  et  un  remarquable  logicien*. 

1.  Ce  sont  naturellement  les  travaux  français  que  M.  D.  connaît  et  ré- 
sume le  mieux.  M.  Meyer-Lûbkfï  {Literaturblatt,  1907,  331)  a  pu  hii 
reprocher  d'avoir  tenu  trop  peu  do  compte  de  ceux  de  Wundt,  H.  Paul  et 
Schuchardt. 

2.  Cet  ouvrage  a  été  présenté  à  la  Sorbonne  comme  «  thèse  principale»  ;  la 
Géographie  phofiétique  d'une  région  de  la  Basse- Auvergne,  annoncée 
plus  bas,  formait  la  «  seconde  thèse  ». 

8.  Les  principales  idées  peraouaelles  de  l'auteur  ont  été  discutées  dans 


154  ANNAl-ES   DU   MIDI. 

La  portion  la  plus  originale  forme  le  «  livre  »  I  de  la  àeiixiènic 
pai'tie  (sur  l'évolution  des  patois),  où  M.  D.  a  montré  en  l'œuvre, 
à  Faide  d'exemples  topiques,  les  causes  contradictoires  qui  ten- 
dent, les  unes  à  diversifier  à  l'infini  les  patois,  les  autres  à  unifier 
leur  multiplicité ^  Ces  exemples  sont  empruntés  assez  rarement 
aux  langues  romanes  littéraires,  comme  on  pourrait  le  croire 
d'après  le  titre,  mais  presque  exclusivement  au  français  et  aux 
patois  galloTromaus,  notamment  à  ceux  de  l'Auvergne,  que  M.  D. 
connaît  si  bien  :  et  voilà  pourquoi  nous  avions  }e  devoir  de  men-' 
tionner  cet  ouvrage,  à  côté  de  celui,  plus  riche  en  faits  précis  et 
en  résultats,  qu'il  a  consacré  à  ceux-ci  en  particulier  et  dont  il  est 
question  ci-dessous.  A;  Jbanroy. 

Dauzat  (A.).  Géographie  phonétique  d'une  région  de  la  Basse- 
Aiivergne.  Paris,  H.  Champion,  1906;  in-S»  de  94  pages,  plus 
8  cartes.  —  La  seconde  thèse  de  M.  Dauzat  est  consacrée  c\  étudier, 
suivant  les  principes  ailleurs  exposés  par  lui  (voir  plus  haut),  les 
parlers  de  la  Basse-Auvergne.  M.  A.  Dauzat  a  exploré  avec  un 
soin  extrême  les  parlers  d'une  région  assez  étendue  (département 
du  Puy-de-Dôme).  Il  paraît  avoir  observé  avec  méthode  et  il  a 
noté  avec  une  minutieuse  rigueur  les  sons,  parfois  très  com- 
plexes, qu'offrent  les  parlers  de  cette  région  :  ces  parlers  sont  les 
plus  intéressants  des  parlers  méi'idionaux,  en  raison  des  nom- 
breux changements  phonétiques  qui  s'y  sont  produits  et  dont  on 
peut  encore  y  surprendre  en  partie  l'évolution.  C'est  assez  mar- 
quer l'intérêt  du  travail  de  M.  Dauzat.  On  ne  saurait  nier  que, 
appliquée  à  des  parlers  vivants,  la  méthode  descriptive  est  excel- 
lente, si  même  elle  n'est  pas  la  seule  possible;  mais  elle  ne  suffit 
pas  à  rendre  compte  de  tous  les  phénomènes  ;  l'histoire  de  la  lan- 
gue —  quand  la  langue  a  une  histoire,  ce  qui  n'est  malheureuse- 
ment pas  le  cas  pour  la  plupart  des  parlers,  —  nous  montre  les 

deux  importants  comptes  rendus,  l'un  de  M.  A.  Terracher,  dans  la  Revue 
de  Philologie  et  de  Littérature  (1907,  57),  l'autre  de  M.  E.  Bourciez  dans 
la  Revue  Critique  (19U7,  I,  333(.  Le  premier  a  donné  lieu  à  une  assez 
vive  polémique  qui  se  poursuit  dans  la  Revue  de  philologie,  etc.,  1907, 
p.  15Ô. 

1.  Les  deux  «  livres  »  suivants  :  Intérêt  de  l'étude  des  patois,  — 
Comment  on  étudie  les  patois,  me  paraissent  un  peu  dépaysés  dans  ce 
livre  d'un  caractère  scientitique  :  ils  ne  peuvent  servir  qu'aux  amateurs 
ou  aux  débutants  ayant  besoin  d'être  convertis  ou  éclairés,  et  eussent  été 
mieux  à  leur  place  dans  une  revue  destinée  au  grand  public. 


LIVRES    ANNONCES   SOMMAIREMENT.  155 

maillons  de  la  cliaîne  dont  les  parlers  vivants  n'offrent  en  défini- 
tive qu'uni  extrémité. 

Dans  le  détail  on  peut  relever  çà  et  là  des  inexactitudes  ou 
des  inadvertances.  P.  9  :  meskln,  où  kl  est  précédé  d'une  consonne, 
ne  peut  pas  être  rapproché  de  lilyer  (claro).  —  P.  11,  n.  :  ce  n'est 
pas  le  suffixe -î^«re  qu'il  faut  invoquer,  mais  -idiare;  cf.  d'ail- 
leurs p.  ^1.  ^-:  P.  29  :  qu'est-ce  que  cannape,  avec  un  p?  — 
P.  35  :  on  a  dû  avoir  'slêla,  mais  aussi  Stella.  —  P.  49  :  h  propos 
de  mioitu  (miiUo),  ne  fallait-il  pas  rappeler  esp.  mucfio,  gai. 
viuilo,  etc.  ?  — P.  51  :  qu'est-ce  que  les  a  sept  voyelles  romanes  du 
moyen  âge  »  ?  L'expression  est  au  moins  peu  heureuse.  —  P.  57  :  au 
«  début  du  moyen  âge  »  est  vague.  —  P.  70  :  il  n'est  pas  parlé  des 
dissimilations  consonantiques,  «  phénomènes  assez  rares  dans  la 
région  »,  est-il  dit  en  note  ;  mais  la  dissimilation,  consonantique 
ou  vocalique,  est  «  assez  rare  »  dans  la  plupart  des  parlers  ; 
l'une  n'est  pas  moins  intéressante  que  l'autre.  —  P.  71  :  l'expres- 
sion «  dissimilation  de  i  devant  i,  y  »  n'est  pas  rigoureusement 
exacte.  J.  Angladk. 

Laba-Nde  (L.-H.).  L'église  Nolre-Lame-des-Loms  d'Avignon, 
des  origines  au  xiii*?  siècle.  Piiris,  1907  ;  in-8p  de  88  i)ages,  8  plans 
et  17  phototypies.  (Extrait  du  Bx{lletin  arcliéologique,  1906.)  — 
J'ai  annoncé  la  prochaine  publication  de  cette  étude  dans  les 
Annales  du  Midi,  t.  XIX,  p.  397,  en  terminant  un  compte  rendu 
de  diverses  autres  monographies  d'églises  romanes  ))rovençales, 
dues  à  M.  L.  Le  dernier  travail  de  M.  L.  vient  enrichir  d'observa- 
tions précises  le  fonds  de  matériaux  déjà  acquis  pour  son  histoire 
de  l'architecture  romane  en  Provence  et  en  Bas-Languedoc.  Je 
m'efïorcerai  d'en  donner  une  idée  exacte. 

A- 1^  difïérpnce  de  Saint-Trophime  d'Arles  et  de  Notre-Dame  de 
Vaison,  l'église  Notre-Dame-des-Doms,  abstraction  faite  de  diver- 
ses mpdifications,  semble  à  première  vue  former  un  tout  parfaite- 
ment homogèpp.  Plus  de  parties  de  mur  en  petit  appareil.  Partout 
un  magnifique  appareil  moyen.  Le  monument  parait  bâti  d'après 
un  plan  bien  étudié  et  exécuté  fidèlement.  «  Spn  examen  doit  donc 
nous  Uv>:er  plusieurs  des  secrets  de  l'art  roman.  » 

M.  L.  déprit  l'eniplacement,  l'entourage  et  le  plan  de  l'église  au 
xiiie  siècle. 

A  cette  époque,  l'église  se  conipose  d'une  abside  probablement 
demi-circulaire  à  l'intérieur  et  à  pans  coupés  à  l'extérieur,  d'une 


156  ANNALES   DU  MIDI. 

travée  formant  chœur,  surmontée  d'une  coupole  avec  lanternon 
largement  ajouré,  et  d'une  nef  à  quatre  travées  séparées  par  des 
arcs-doubleaux  et  voiitées  en  tiers-point.  Un  clocher  carré,  à  plu- 
sieurs étages,  se  trouve  sur  la  façade.  La  porte  d'entrée,  entre 
deux  grandes  demi-colonnes  engagées,  qui  supportent  un  entable- 
ment avec  fronton  triangulaire,  encadre  son  tympan  dans  une 
archivolte  supportée  par  deux  autres  colonnes  plus  petites.  Au 
devant,  un  porche  avec  murs  latéraux  extrêmement  épais,  et  sur 
la  face  principale  deux  demi-colonnes  engagées,  soutenant  encore 
un  entablement  et  un  fronton  triangulaire. 

M.  L.  passe  en  revue  les  opinions  diverses  émises  sur  la  fonda- 
tion et  la  date  de  construction  de  l'église.  Le  chanoine  Calvet,  le 
docteur  Calvet,  Mérimée,  Artaud,  Courtet,  Achard,  l'abbé  Pou- 
gnet,  Revoil,  Deloye,  de  Manteyer  varient  entre  Charlemagne  et 
le  milieu  du  xie  siècle.  Aucun  de  ces  auteurs  n'a  envisagé  l'hypo- 
thèse où  le  porche  serait  postérieur  et  ajouté  à  la  construction  pri- 
mitive. 

M.  L.  étudie  ensuite,  à  la  lumière  des  documents,  la  basilique 
mérovingienne  et  carolingienne,  la  réorganisation  de  l'église 
d'Avignon  au  xie  siècle  et  la  dédicace  de  la  cathédrale  en  1063  ou 
1069.  De  la  basilique  mérovingienne  on  ne  sait  rien.  Les  pillages 
des  Sarrasins  entretinrent  le  plus  grand  désordre  en  Provence 
du  viiie  siècle  au  xe.  La  construction  soignée  et  la  décoration 
savante  de  notre  église  ne  sauraient  appartenir  à  une  aussi  misé- 
rable époque.  En  1027  seulement,  commencent  des  donations  qui 
firent  succéder  la  prospérité  aux  longs  malheurs  passés.  Vers  le 
milieu  du  xie  siècle,  des  bâtiments  claustraux  durent  être  aména- 
gés ou  construits  à  nouveau,  et  l'on  dut  procéder  à  la  reconstruc- 
tion plus  ou  moins  complète  de  la  cathédrale  de  Notre-Dame  sur 
l'emplacement  de  la  vieille  basilique  mérovingienne  ou  carolin- 
gienne. 

Le  monument  dédié  en  1063  ou  1069  est-il  bien  celui  qui  subsiste? 

Pour  répondre  à  cette  question,  M.  L.  entreprend  l'examen 
détaillé  de  Notre  Dame-des-Doms  et  la  compare  avec  les  édifices 
similaires  de  la  région. 

La  coupole  est  fréquente,  mais  ce  qui  l'est  moins,  c'est  la  façon 
d'égaliser,  par  la  juxtaposition  d'arcs  latéraux,  les  dimensions  de 
la  travée  voûtée  par  la  coupole.  Quant  au  lanternon  éclairant  l'in- 
térieur de  la  cathédrale  d'Avignon,  il  ne  se  trouve  nulle  part 
ailleurs. 


LIVRES   ANNONCES    SOMMAIREMENT.  157 

Le  clocher  carré,  situé  sur  la  façade,  dont  le  rez-de-chaussée 
forme  narthex  en  avant  de  la  nef,  est  une  rareté. 

Le  plan  de  l'église  n'a  rien  qui  indique  une  époque  primitive, 
comme  la  première  moitié  du  xie  siècle.  Même,  des  dispositions 
savantes  dénotent  une  grande  expérience  de  la  part  du  construc- 
teur. En  outre,  la  disparition  complète  des  vestiges  de  l'ancien 
monument  plaide  en  faveur  d'une  époque  avancée. 

Tout  l'édifice,  abstraction  faite  du  porche,  est  d'une  seule  et 
même  construction,  pour  laquelle  on  a  employé  un  moyen 
appareil  régulier.  Celui-ci,  avec  les  mai-ques  de  tâcherons,  indique 
pour  N.-D.-des-Doms  une  époque  très  voisine  du  milieu  du  xiie 
siècle. 

Quant  à  la  décoration  de  l'édifice,  depuis  la  disparition  de  l'ab- 
side ancienne,  elle  consiste  surtout  dans  les  colonnettes  qui,  à 
l'intérieur  et  àTextéiieur  du  monument,  soutiennent  les  arclùvol- 
tes  des  fenêtres  au  lanternon  de  la  coupole;  dans  les  colonnes 
engagées  et  cannelées,  placées  aux  angles  extérieurs  de  ce  lanter- 
non; dans  le  cordon  qui  court  tout  le  long  des  murs  latéraux  de 
la  nef  au  bas  de  la  voûte;  dans  les  colonnettes  qui  coupent  les 
pilastres  supportant  les  doubleaux;  dans  la  corniche  extérieure  de 
la  nef  et  du  clocher;  dans  l'encadrement  de  la  porte  d'entrée. 
M.  L.  y  relève  l'imitation  des  motifs  décoratifs  de  l'antiquité. 
C'est  ainsi  que  les  chapiteaux  dérivent  de  l'ordre  corinthien. 

Tous  les  éléments  de  la  décoration  s'accordent  à  accuser  le 
xiie  siècle  et  une  date  rapprochée  de  1150. 

L'édifice  actuel  n'est  donc  pas  le  même  que  celui  ([ui  fut  dédié 
en  1063  ou  1069. 

L'étude  des  documents  montrant  que  c'est  au  milieu  du  xii"  siè- 
cle que  le  chapitre  de  N.-D.-des-Doms  fut  le  mieux  pourvu , 
M.  L.  se  croit  fondé  à  attribuer  l'église  actuelle  à  cette  époque  de 
grande  prospérité. 

Quant  au  porche,  un  examen  un  peu  attentif  établit  qu'il  a  été 
ajouté  plus  tard  au  reste  de  l'édifice.  M.  L.  en  donne  une  descrip- 
tion très  soignée,  et  en  place  la  date  peu  après  celle  du  clocher  et 
de  la  nef,  vers  1180. 

L'étude  du  cloître  et  des  maisons  capitulaires,  avec  celle  du 
mobilier  roman  de  l'église,  chaire  épiscopale  et  autels,  faite  d'après 
les  précieux  débris  subsistants,  termine  ce  beau  travail,  où  les 
observations  et  les  reclierches  précises  réduisent  dans  de  grandes 
proportions  l'incertitude  qui  semblait  la  règle  aui)aravant. 


Î38  ANNALES   DU    MIDI. 

Par  l'ensemble  de  ses  monographies  d'églises  romanes,  M.  L.  a 
rendu  les  plus  grands  services  à  l'histoire  de  l'art  provençal  od 
méridional.  Ed.  BbNDURAND. 


Sabarthès  (l'abbé).  Essai  sur  la  toponymie  de  VAude.  Nar- 
bonne,  Gaillard,  1907;  in-8o  de  61  pages  (Extrait  du  Bulletin  de 
la  Commissio^i  archéologique  de  Narhonne).  —  M.  Sabarthès, 
auteur  d'un  Dictionnaire  topographique  de  l'Aude,  dont  il  termine 
actuellement  l'impression,  est  bien  préparé  à  des  travaux  de  ce 
genre.  La  présente  brochure  comprend  deux  parties.  La  première 
a  pour  titre  :  Elude  sur  la  toponomaslique  de  l'Aude  (p.  1-31),  la 
deuxième  est  intitulée  :  Essai  sur  les  cours  d'eau  du  départe- 
ment de  l'Aude.  Les  pp.  26-29  comprennent  le  relevé  des  suf- 
fixes latins  qui  ont  servi  à  former  la  plupart  des  noms  de  lieux  de 
l'Aude.  P.  29  :  il  n'y  a  pas  de  «  rhotacisme  »  dans  la  forme 
Lézignan,  qui  vient  de  Liciniamt^n.  L'étymologie  (p.  25)  de  bac 
(côté  de  montagne  exposé  à  l'ombre)  est  bien  hasardée.  Pouv  Aude, 
M.  Sabarthès  reprend  l'explication  de  M.  Thomas,  mais  il  s'en 
éloigne  à  tort  pour  expliquer  Aude  par  Aide,  Aida  :  Vu  est  dû^ 
comme  l'a  dit  M.  Thomas,  à  la  phonétique  catalane. 

J.  AngladE. 


ZiNGARELLi  (N.).  Re  Maufredi  nella  memoria  d'un  troViatore. 
Testo  provenznle  e  note  (Nozze  Bonanno-Pitrè).  Palerme,  1907  ; 
petit  in-4o  de  13  pages.  —  M.  Z.  republie  avec  une  traduction  et 
d'intéressantes  notes  uii  sirventés  bien  connu  sur  la  ihort  de 
Manfred  (461j  234),  longtemps  attribué  à  tort  à  Aimeric  de  Pé- 
guilhan.  Il  fait  rismàrquer  justement  que  ce  sirventés  n'a  paë  été 
écrit  au  lendemain  de  l'événement,  puisque  Edouard  y  est  appelé 
roi  des  Anglais,  et  qu'il  ne  monta  sur  le  trôné  qu'en  1272.  Le 
souvenir  de  Manfred  avait  doniî  vécu  assez  longtemps  dans  le 
cœur  du  troubadour  anonyme^  et  c'est  ce  qui  explique  le  titre  dé 
la  brochure.  M.  Z.  donne  le  texte  de  la  pièce  d'après  la  copie 
«  très  fidèle  de  Mahn  »  (copie  de/);  sans  se  préoccliper  deavai'iàn- 
tes  de  K-,  dont  la  rédaction  serait  «  identi^ile  »  à  celle  de  L  Ces 
deux  affirmations  sont  inexactes  :  la  copie  de  Mahn  est  très  mé- 
diocre et  K  fournit  quelques  leçons  à  introduire  dans  le  texte.  La 
collation  très  soigneuse  que  M.  St:  Stronski  a  bierl  voulu  faire 


LIVRES   ANNONCES    SOMMAIREMENT.  159 

pour  moi  des  deux  mss.  n'a  donc  pas  été  stérile  :  j'en  donne 
ici  les  principaux  résultats  ^  : 

V.  19,  les  deux  mss.  ont  demenen,  non  demancn;  au  reste,  la 
correction  demenan,  déjà  proposée  par  Malm,  s'impose;  — 2\,  I, 
séingner,  K  seigner;  corr.  seignor,  non  seignors  ;  —  24,  non  nos. 
mais  vos  (lE),  ce  qui  vaut  mieux  pour  le  sens  ;  —  le  v.  27  est 
correctement  (dans  IK)  E.  e  Valors  que  faran  {fan  est  une  falitè 
de  lecture)  ;  l'addition  de  Preliz  est  ddhc  superflue  ;  —  83,  norl  iot, 
niais  totz  [iK);  —  i  est  sup^iléé  avefc  l^aiâori,  inàis  il  fallait  noléi' 
cfii'ii  mariqtlè  dans  les  deux  iriss.  ;  —  34,  non  van  r^uan,  mais  hd7i 
quar  (IK);  —  38,  detnanes  est  une  correction  inutile  pour  dé  niûr- 
vez  {IK  ;  voy.  Levy,  marôés);  46,  part,  iion  parlz  {IK)  ;  —  48,1a 
correction  [mtl]  iioni  fausse  la  déclinaison;  K  a  correctement 
home,  I  homs  ;  —  50,  oi]  ai  K;  qi  I,  par  une  erreur  fréquente  à 
l'initiale*. 

Quelques  détails  de  la  traduction  doivent  être  modifiés  confor- 
mément aux  indications  ci-dessus.  La  seule  erreur  importante  est 
aux  V.  43-4  :  il  faut  lire  (en  un  mot)  Irobares  {K  trôberes)^  et 
entendre  :  «  Et  où,  princes  et  barons,  la  trouverez-vous  (la  boime 
foi)?  »  A.  Jeanroy. 


1.  Je  ne  tiens  pas  compte  de  quelques  menues  inexactitudes  qui  n'altè- 
rent pas  le  sens,  comme  tolz  pour  totz  (22),  camie  pour  canie  (32), 
veiaire  pour  viàiré  (-iD),  joi  pour  jai  (54)  (toutes  ces  leçblis  dans  les 
détix  niss.),  été. 

2.  Il  y  a  quelques  fautes  communes  aux  deux  mss.  qui  paraissent  b'en 
imputables  à  l'auteur,  ce  qui  fortifierait  l'hypothèse  de  l'origine  ita- 
lienne de  celui-ci  :  23,  dejan  pour  dejam  ;  24,  anam  pour  a7ipm  ;  20 
faute  inverse  ;  29,  trobeiran  pour  troharan. 

3.  Il  y  a  au  v.  29  un  autre  ex.  de  tz  réduit  à  s  {es  pour  etz). 


PUBLICATIONS  NOUVELLES 


BuFFAULT  (P.).  La  ville  d'Oloron  et  sa  forêt  du  Bager  depuis  le 
xie  siècle  jusqu'à  nos  jours.  Toulouse,  Privât,  1907;  in-8o  de 
40  p. 

Catalogue  du  musée  de  Rodez,  par  L.  Masson,  2e  partie,  2e  sec- 
tion. Numismatique.  Rodez,  imp.  Garrère,  [1907];  in-8°  de  120  p. 

Gauzons  (T.  de).  Les  Albigeois  et  l'Inquisition.  Paris,  Bloud, 
1908;  ia-16  de  125  p. 

Charles-Roux  (J.).  Souvenirs  du  passé.  Le  costume  en  Pro- 
vence. Paris,  Lemerre,  1907;  2  vol.  in-4o  de  2G1  et  251  p.,  avec 
planches,  dessins  et  illustrations. 

Chevalier  (U.).  Répertoire  des  sources  historiques  du  moyen 
âge.  Bio-bibliographie;  nouvelle  édit.,  8e  et  9e  fasc.  Paris,  Picard, 
1907;  gr.  in-8o  à  2  col.,  col.  3817  à  4832. 

FoROT  (V.).  Les  thermidoriens  tullois  (1794-1795).  Paris,  Schemit, 
[1907];  in-8o  de  100  p. 

Grégoire  IX.  Les  registres  de  Grégoire  IX.  Recueil  des  bulles 
de  ce  pape,  publiées  ou  analysées  d'après  les  manuscrits  origi- 
naux du  Vatican,  par  L.  Auvray,  T.  II.  Texte.  Années  IX  à  XII 
(1235-1239),  10e  fasc.  Paris,  Fontemoing,  1907;  gr.  in-4o  à  2  col., 
col.  1073  à  1292. 

Grenier  (P.-L.).  La  cité  de  Limoges.  Son  évoque,  son  chapitre, 
son  consulat  (xiiie-xviiie  siècles).  Paris,  Picard,  1907;  111-8»  de 
134  p. 

Irénée-d'Aulon  (Père).  Nécrologe  des  Frères  mineurs  capucins 
de  l'ancienne  province  d'Aquitaine,  comprenant  la  Guyenne,  la 
Gascogne  et  le  Béarn  (1.582-1790).  Garcassonne,  impr.  Bonnafous- 
Thomas,  1904;  in-8o  de  81  p. 

Lavillate  (H.  de).  Esquisses  de  Boussac  (Creuse).  Paris,  Emile- 
Paul,  1907;  in-8o  de  240  p.  avec  grav. 

Nigolaï  (A.).  Population  de  la  Guienne  au  xviiie  siècle  (1700- 
1800).  Paris,  imp.  Nationale,  1907;  iri-8o  de  51  p. 

Panissaud  (P.).  Monographies  de  Labastide-Saint-Pierre,  Cor 
barieu  et  Campsas.  Montauban,  imp.  Forestié ,  1907;  in-8o  de 
218  p. 

l^e  Gérant^ 

P.-F-D.  PlilVAT. 


louluuse.  Imp.  Doulauoure-PRIVat,  rue  S'-lluino,  Si)    —  6070 


CARTULAIRE 


PRIEURÉ  DE  NOTRE-DAME-DUPONT 

EN      HAUTE     AUVERGNE 

PRÉCÉDÉ   DE 

LA  HIOGRAPHIE  DE  SON  FONDATEUR,  BERTRAND  DE  GRIFELILLE 

TEXTES     INÉDITS     DU     DOUZIEME     SIECLE 


INTRODUCTION 
I. 

LA    BIOGRAPHIE. 

On  sait,  d'une  manière  générale,  quelle  expansion  prit  brusque- 
ment le  inonachisme  en  France  à  partir  de  la  seconde  moitié  du 
xie  siècle,  mais  on  est  loin  de  connaître  tous  les  détails  du  mou- 
vement qui  a  dontié  naissance  à  de  multiples  maisons  religieuses, 
parmi  lesquelles  celles  de  Grandmont,  de  la  Chartreuse,  de  Fon- 
tevraud,  de  Citeaux,  de  Tiron,  de  Clairvaux  et  du  Paraclet  sont 
les  plus  célèbres  ^  Les  noms  d'Etienne  de  Muret,  de  Bruno  de 
Cologne,  de  Robert  d'Arbrissel,  de  Robert  de  Cîteaux,  de  Bernard 
de  Tiron,  de  Bernard  de  Clairvaux,  de  Géraud  de  Sales  et  de 
quelques  autres  ont  été  entourés  par  l'Eglise  de  l'auréole  des 
saints  ou,  pour  le  moins,  de  celle  des  bienheureux  ;  quant  à  Abai- 
lard,  fondateur  du  Paraclet,  il  a,  par  ailleurs,  de  quoi  se  passer 
de  cette  pieuse  consécration.    Mais  combien  de  vaillants  «  hom- 

1.  Qu'il  me  suffise  de  renvoyer  aux  pages  écrites  à  ce  sujet  par 
M.  Achille  Luchaire,  dans  V Histoire  de  France,  publiée  sous  le  noui  de 
M.   Ernest  Lavisse,  t.  II,  '>  partie,  p.  l'tîO, 

ANNALES  DU   MIDI.    —  XX  11 


162  ANTOINE   THOMAS. 

mes  de  Dieu  »  se  sont  dévoués  à  la  même  tâche  sur  le  sol  de 
France  sans  que  le  succès  de  leurs  efforts,  circonscrits  dans  un 
horizon  provincial  de  peu  d'étendue,  les  ait  fait  sortir  de  l'obs- 
curité si  chère  ù  leur  ascétisme  ! 

Obscurité  relative,  pensera-t-on,  car  à  tout  le  moins  le  Gallia 
christiana  a  dû  retracer,  diocèse  par  diocèse  et  abbaye  par  abbaye, 
toute  l'œuvre  religieuse  qui  s'est  épanouie  au  xiie  siècle  ;  et  là  où 
le  recueil  des  Bénédictins  offre  des  insuffisances  ou  des  lacunes, 
il  a  dû  être  complété  par  les  recherches  des  savants  de  province 
dont  la  pullulation,  au  siècle  dernier,  atteint  presque  celle  des 
moines  à  l'époque  que  nous  avons  en  vue.  Une  découverte  faite 
en  1897  aux  archives  du  Vatican,  par  M.  G.  de  Manteyer,  mem- 
bre de  l'École  française  de  Rome,  et  grâce  à  laquelle  l'histoire 
religieuse  du  Massif  central  de  la  France  se  trouve  subitement 
illuminée  d'une  clarté  dont  aucun  rayon  n'avait  encore  pénétré  ni 
dans  le  Gallia  christiana  ni  dans  les  ouvrages  publiés  depuis, 
montre  combien  notre  information  est  précaire  et  ce  qu'on  peut 
encore  attendre  des  bibliothèques  inexplorées.  Le  cas  est  si  curieux 
que  je  demande  la  permission  de  m'étendre  sur  les  circonstances 
dont  l'enchaînement  a  reculé  jusqu'à  l'heure  actuelle  la  publica- 
tion d'un  texte  qui  avait  été  signalé  dès  1635  par  le  père  de  l'his- 
toire de  France,  André  Duchesne^. 

Dans  le  catalogue  intitulé  :  Séries  auctorum,  omnium  qui  de 
Francorum  hisloria  et  rébus  f?'ancicis...  scripserunt,  prospectus 
du  recueil  monumental  des  Historiae  Francorum  Scriptores 
qu'avait  conçu  André  Duchesne,  on  trouve  une  notice  ainsi 
conçue  : 

«  Gesta  Bertrandi  Pictauiensis ,  primi  Domus  de  Ponte  in 
Aruernia  fundaloris.  Ex  Cod.  MS.  V.  cl.  Alex.  Petauij  Senatoris 
Paris  '^.  » 

Cette  notice  a  été  reproduite  par  le  Père  Lelong,  dans  sa  Biblio- 
thèque historique  de  la  France,  sous  le  n»  12271  *,  et  depuis  lors 
personne  ne  semble  y  avoir  prêté  attention. 


1.  Cf.  Antiales  du  Midi,  XVII,  67,  une  notice  intitulée  :  Une  préten- 
due histoire  de  l'abbaye  de  Beaulieu  au  xii'  siècle. 

2.  Séries,  etc.,  édit.  de  1635,  p.  21.  La  première  édition,  publiée  en 
1633,  ne  contient  pas  cette  notice. 

3.  Le  Père  Lelonj,'  a   omis  de  mentionner  la  source  de  rinformation  de 
Duchesne. 


CARTULAIRE   DU    PRIEURÉ    DE   NOTRE-DAME-DU-PONT.      16'.^. 

La  collection  de  manuscrits  que  possédait  Alexandre  Petau,  et 
qui  avait  été  en  majeure  partie  formée  par  son  père,  Paul  Petau, 
fut  acquise  par  la  reine  de  Suède  Christine,  en  1651,  et  vendue, 
après  sa  mort,  au  pape  ^Alexandre  VIII  :  elle  forme  encore  aujour- 
d'hui le  noyau  principal  de  la  section  dite  liegina  de  la  biblio- 
thèque du  Vatican  1.  Montfaucon  a  [)ublié  un  catalogue  à  la  fois 
alphabétique  et  méthodique  des  manuscrits  d'Alexandre  Petau'*, 
rédigé  en  1645  :  on  n'y  trouve  aucune  mention  de  l'opuscule  visé 
par  André  Duchesne.  Mais  il  n'en  est  pas  tout  à  fait  de  même  si 
l'on  consulte  un  catalogue  postérieur  rédigé  peu  après  l'entrée  des 
manuscrits  de  la  reine  au  Vatican  (vers  1690),  et  publié  également 
par  Montfaucon  sous  le  titre  suivant  :  Bibliolheca  reginae  Sueciae 
in  Yalicana.  Dans  ce  catalogue,  l'article  168  est  ainsi  conçu  : 

«  Auonymus  Historia  de  Gestis  pontificum  et  Comitum  Engo- 
lismensiumex  Historia  Hngonis  Engolismensis  desumta.  Addiiur 
rr  fine  Historia  monasterii  Belliloci  Lemovicensis  a  Berlrando 
Pictaviensi  constrnctl  3.  » 

Or,  le  premier  de  ces  deux  ouvrages  est  enregistré  dans  le  cata- 
logue d'Alexandi'e  Petau  dans  les  termes  suivants  : 

«  Engolismensium  Pontificum  et  Comitum  gesta,  733,  168*.  » 

On  est  donc  porté  à  penser  que  l'opuscule  signalé  par  André 
Duchesne  est  le  même  (malgré  la  différence  du  titre)  que  celui  qui 
formait  la  seconde  partie  d'un  manuscrit  des  Petau  qui  aurait 
porté  successivement  les  nos  733  et  168.  Là  est  la  vérité,  comme 
on  le  verra  plus  loin.  Mais  suivons  d'abord  la  nouvelle  direction 
donnée  par  le  catalogue  de  la  reine  Christine.  Le  Père  Lelong 
enregistre  la  mention  suivante  : 

«  Histoire  du  monastère  de  Beaulieu,  dans  le  diocèse  de  Limo- 
ges (uni  à  la  congrégation  de  Saint-Maur). 

«  11687.  Historia  monasterii  Belliloci  Lemovicencis;  à  Ber- 
trando,  Pictaviensi. 

«  Cette  histoire  est  conservée  dans  la  bibliothèque  du  Vatican, 
entre  les  manuscrits  de  la  reine  de  Suède,  n^  168.  » 


1.  Voir  Vlter  romanum  du  D"-  Boda  Dudik  (Vienne,  IHTm),  t.  I.  pp.  Vi.\ 
et  suiv. 

2.  Bihl.  bihl,  manuscri^itorum  nova,  t.  I  (Pnris,  1739),  pp.  tjl-yf.. 

3.  Ibid.,  p.  17b. 

4.  Ibid.,  p.  80b. 


164  ANTOINE  THOMAS. 

Par  suite  de  l'omission  du  mot  conslructi,  voilà  notre  fonda- 
teur de  monastère  transformé  en  écrivain ,  et  sur  la  foi  du 
Père  Lelong,  Daunou  a  écrit  dans  l'Histoire  littéraire  de  la 
France,  t.  XV,  p.  618  :  «  Bertrand  de  Poitiers  est  l'auteur  d'une 
histoire  du  monastère  de  Beaulieu,  au  diocèse  de  Limoges,  his- 
toire que  l'on  conserve  dans  la  bibliothèque  du  Vatican,  parmi  les 
manuscrits  de  la  reine  de  Suède,  no  168.  » 

M.  Alfred  Leroux,  archiviste  de  la  Haute-Vienne,  à  qui  l'his- 
toire du  Limousin  a  tant  d'obligations,  était  préoccupé  depuis 
longtemps  de  ce  manuscrit  de  Bertrand  de  Poitiers  :  à  sa  demande, 
M.  Léopold  Delisle  et  M.  l'abbé  Ardant  firent  dans  le  fonds 
Regina  de  la  Bibliothèque  vaticane  des  recherches  qui  n'eurent 
qu'un  résultat  négatif,  la  constatation  que  le  précieux  manus- 
crit ne  se  trouvait  plus  là  où  il  était  légitime  d'espérer  le  trouver. 
Enfin  la  lumière  s'est  faite  lorsque  M.  Georges  de  Manteyer  a 
publié  dans  les  Mélanges  d'archéologie  et  d'histoire  de  l'École 
de  Rome  un  article  révélateur  intitulé  :  «  Les  manuscrits  de  la 
reine  Christine  aux  archives  du  Vatican  i.  »  Dans  le  manuscrit 
actuellement  coté  :  Miscellanea,  Arm.  XV,  t.  143,  il  a  reconnu 
le  manuscrit  168  du  catalogue  de  Montfaucon  ini,itulé  :  Biblio- 
theca  reginae  Sueciae  in  Vaticana,  et  il  a  constaté  que  ce  manus- 
crit portait  encore,  entre  autres  cotes  ou  numéros  périmés,  le 
nô  733  indiqué  ci-dessus.  L'identification  est  donc  pleinement 
assurée.  Il  ne  reste  plus  qu'à  mettre  en  lumière,  après  ces  prélim-i- 
naires  bibliograpliiques  indispensables,  le  profit  scientifique  qui 
en  résulte  pour  riiistoiro  religieuse  de  notre  pays. 

Pour  le  Limousin,  c'est  une  déconvenue.  Bertrand  de  Poitiers 
n'a  pas  plus  écrit  l'histoire  de  l'abbaye  de  Beaulieu  qu'il  n'a  cons- 
truit l'abbaye  elle-même.  Il  n'y  a  pas  d'histoire  de  l'abbaye  de 
Beaulieu  dans  les  collections  du  Vatican  et  il  n'y  en  a  jamais  eu. 
Le  rédacteur  du  catalogue  de  la  reine  Christine  s'est  laissé  abuser 
par  les  premières  lignes  de  l'opuscule  qui  se  trouve  en  tête  de  la 
seconde  partie  de  notre  manuscrit  et  où  il  est  question  de  la  ville 
(et  non  de  l'abbaye)  de  Beaulieu.  Ces  premières  lignes  sont,  d'ail- 
leurs, tout  ce  qui  en  a  été  imprimé  jusqu'ici.  Elles  ont  été  repro- 
duites par  Maximin  Deloche  dans  une  note  de  la  page  lxxxii  de 
son  Carlulaire  de  l'abbaye  de  Beaulieu,  mais  Beloche  n'a  pas 
pris  le  temps  d'examiner  le  texte  (jui  lui  était  tombé  sous  les  yeux 

L  Année  1897,  pp.  2Hr)-:«:>. 


CARTULAIRE    DU    PRIEURÉ    DE    NOTRE-DAME-DU-PONT.      165 

et  (|ui,  en  fait,  n'avait  aucun  rapport  avec  l'histoire  de  l'abbaye 
dont  il  publiait  le  cartulaire'.  André  Duchesne  a  intitulé  notre 
opuscule  :  Gesta  Bertrandi  Piclavien-iis,  primi  domus  de  Ponte 
in  Arvernia  fandatoris.  Pour  être  complet,  pour  être  juste,  il 
aurait  fallu  ajouter  ces  mots  :  et  Willelmi  Rolberti  successoris 
ejus.  On  trouvera  plus  loin  le  texte  original  latin,  publié  et  annoté, 
de  cet  opuscule  biographique;  mais  certains  lecteurs  seront  peut- 
être  bien  aises  d'en  avoir  en  français  une  idée  d'ensemble.  J'en 
ai  rédigé  une  traduction  presque  littérale  que  je  me  permets  de 
leur  offrir. 

«  Bertrand,  quittant  le  Poitou  et  le  chfttean  de  Givray,  d'où  il 
était  originaire,  s'en  alla  en  Limousin  dans  la  ville  de  Beaulieu. 
Là,  pendant  quelque  temps,  il  enseigna  comme  maître  la  loi  de 
Dieu  aux  clercs  qui  voulaient  l'entendre.  Puis,  considérant  que  ce 
que  l'on  enseigne  par  la  parole  n'a  pas  autant  d'action  sur  les 
esprits  que  ce  que  l'on  met  sous  les  yeux  des  spectateurs,  il  se 
résolut  à  quitter  le  monde  et  à  instruire  par  les  œuvres.  Il  s'éloi- 
gna donc  et  se  réfugia  seul,  pour  servir  Dieu,  dans  la  solitude 
d'une  vaste  forêt  nommée  Agrifolia;  de  là  lui  vint  le  nom  sous 
lequel  on  le  désigna  par  la  suite.  Les  gens  du  voisinage  voyant 
sa  dévotion,  bien  qu'il  voulût  rester  solitaire,  se  réunirent  et 
bâtirent  un  oratoire  en  l'honneur  de  Dieu  et  de  saint  Jean-Bap- 
tiste. Partant  de  là,  à  la  prière  de  Hugues  de  Rupe,  seigneur  de 
Malaviela,  il  bâtit  un  autre  oratoire  dans  un  domaine  de  ce  sei- 
gneur appelé  Rameria.  il  i)àtit  ensuite,  à  la  prière  du  vicomte  de 
Calviniaco,  un  autre  oratoire  nommé  Ispaniacus,  sur  les  rives 
d'un  ruisseau  appelé  Celer,  près  de  l'église  de  Herencgas. 

«  L'an  de  TLicarnation  1151,  il  bâtit  un  autre  oratoire  dans  le 
lieu  appelé  Carmelus.  A  la  même  époque,  noble  homme  Girbert 
de  Marcenac,  ayant  entendu  parler  de  lui,  le  pria  de  bâtir  dans 
ses  domaines  un  oratoire  au  nom  du  Seigneur.  Accédant  à  son 
désir,  l'homme  de  Dieu  bâtit  un  oratoire  en  l'honneur  de  Dieu  et 
de  la  bienheureuse  Marie,  mère  de  Dieu,  et  il  voulut  qu'il  s'appe- 
lât la  Maison  du  Pont  {Domus  de  Ponte).  Plein  de  joie,  Girbert 
donna  à  Dieu  et  à  la  bienlieureuse  Marie,  et  à  Doni  Bertrand  et  à 
ses  successeurs,  des  terres  à  cultiver  pour  y  trouver  leur  nourri- 

\.  Voir  Alfred  Leroux.  Les  Sources  de  l'histoire  du  Limousin  (Limo- 
ges, 1895),  pp.  63-64.  La  citation  faite  par  Deloche  a  du  moins  le  méritn 
de  nous  apprendre  qu'André  Duchesne  avait  copié  sur  notre  manuscrit 
le  te.xte  signalé  par  lui  et  parfaitement  caractérisé  dans  sa  Séries  aucto- 
rum,  etc.  Cette  copie  se  trouve  à  la  Bibliothèque  nationale,  coll.  Du- 
chesne, t.  XXXVIII,  f"  91,  précédée  de  cette  indication  :  »  Ex  cod.  nis. 
D.  PetfaviiJ  post  Gesta  com,  Engol.  » 


166  ANTOINE   THOMAS. 

ture,  le  droit  de  pacage  dans  tout  son  domaine  pour  leur  bétail 
gros  et  menu,  le  ilroit  de  prendre  du  bois  pour  leur  usage,  le  droit 
d'acquérir  à  perpétuité  des  bomnies  de  sa  juridiction.  Après  avoir 
fondé  tant  de  monastères,  Bertrand  reçut  de  l'évêque  de  Glermont, 
Aimeric,  la  bénédiction  solennelle  et  le  titre  d'abbé.  Mais  lui, 
connaissant  la  réputation  de  l'église  de  Notre-Dame-de  la-Gou- 
ronne,  se  donna  à  ladite  église  avec  ses  possessions,  à  condition 
qu'ils  instituassent  un  autre  abbé  à  sa  place,  parce  qu'il  n'ai- 
mait que  la  solitude.  Mais  eux  n'en  voulurent  rien  faire  et  insis- 
tèrent pour  qu'il  gardât  son  office  à  sa  volonté,  consentant  seule- 
ment à  disposer  plus  tard  de  ses  possessions. 

«  Très  affligé,  Bertrand  chercha  et  trouva  un  lieu  écarté  et  sau- 
vage, d'accès  difficile,  nommé  Estorrotz,  situé  sur  le  bord  d'un 
cours  d'eau  appelé  Elsey,  et  y  fit  bâtir  un  oratoire;  c'est  là  qu'il 
se  retirait,  toutes  les  fois  que  les  circonstances  le  permettaient, 
pour  se  livrer  loin  de  ses  frères  à  la  vie  contemplative.  A  la  fin, 
prévoyant  que  la  mort  allait  lui  apportei'  la  récompense  de  tant 
de  travaux,  il  appela  un  de  ses  compagnons,  nommé  Guillaume 
Robert,  avec  lequel  il  avait  la  plus  grande  familiarité  et  à  qui  il 
avait  confié  l'administration  de  la  Maison  du  Pont,  et  il  lui  dit  : 
«  Frère,  sache  que  cette  nuit  même,  qui  est  celle  dans  laquelle  le 
Seigneur  a  délivré  ceux  qui  étaient  dans  les  ténèbres  et  l'ombre 
de  la  mort,  je  sortirai  de  cette  prison  corporelle.  Après  avoir  lavé 
et  revêtu  mon  corps  selon  l'usage,  selle  un  àne  et  transporte  har- 
diment mon  corps  pendant  la  nuit  dans  la  Maison  du  Pont.  J'ai 
obtenu  du  Seigneur  la  grâce  de  mourir  ici  et  d'aller  attendre  là- 
bas  son  avènement.  »  Et  après  l'avoir  exhorté  à  l'observance  de 
la  sainte  religion  et  à  l'honnêteté  de  la  vie,  se  recommandant  lui  et 
les  siens  au  Seigneur,  il  rendit  l'esprit  au  milieu  de  la  prière. 
Fidèle  aux  ordres  reçus,  le  disciple  prit  le  corps  saint  et,  à  travers 
les  dangers  de  la  nuit,  grâce  à  sa  protection,  il  arriva  au  lieu 
désiré.  Dès  le  matin,  la  nouvelle  se  répandit  de  tous  côtés.  Les 
seigneurs  des  environs,  apprenant  le  décès  du  saint  homme  et 
son  enlèvement,  rassemblèrent  des  troupes  et  se  mirent  à  sa  pour- 
suite. Le  disciple,  plein  de  prudence,  aussitôt  qu'il  fut  arrivé  à 
destination,  fit  prévenir  Girbert  de  Marcenac  de  ce  qui  s'était 
passé-  pour  qu'il  pût,  si  c'était  nécessaire,  repousser  la  force  par 
la  force.  L'ayant  nppris,  ceux  qui  le  poursuivaient  s'en  retournè- 
rent pleins  de  tristesse.  Alors  le  disciple  ensevelit  le  corps  de  son 
maître  dans  l'église  où  il  est  encore  honoré  de  tous  les  gens  des 
enviro  n  s 

«  En  ce  temps-là,  c'était  Etienne  de  Mercœur  qui  gouvernait 
l'église  de  Glermont  et  qui  l'illustrait  autant  par  ki  splendeur  de 
ses  mœurs  que  par  la  noblesse  de  sa  race.  Dom  Guillaume  Robert 
alla  auprès  de  lui  et  il  obtint  ses  bonnes  grâces  au  point  que 
bientôt  il  fut  très  célèbre  dans  tout  le  diocèse.  L'évêque  désirant 


CARTULAIRE    DU    nilEDRE   UE   NOTRE-DAME-DU- FONT.      1G7 

favoriser  la  liaison  du  l'ont,  qui  se  trouve  située  dans  la  paroisse 
de  Leynhac,  lui  donna  à  perpétuité  l'église  de  Leynhac  et  toutes 
ses  dépendances  en  ne  réservant  que  le  droit  épiscopal. 

«  Bertrand  de  Rocafort,  Itier,  Bernard  et  l'abbé  de  Brioude, 
frères  de  noble  race,  prièrent  Guillaume  Robert  de  bâtir  dans 
leurs  domaines  une  maison  pour  le  service  de  Dieu  ;  il  exauça 
leur  désir  fidèlement,  à  la  grâce  de  Dieu  ;  la  maison  s'appelle 
Vallis  Clara. 

«  Il  bâtit  aussi  un  autre  oratoire  dans  le  donuiine  des  sei^^neurs 
de  Castronovo  et  à  leur  prière;  on  l'appelle  Bcllllociis. 

«  Il  bâtit  aussi  un  autre  oratoire  dans  le  domaine  d'un  chevalier 
nommé  Guillaume  de  Veyrieras;  le  lieu  s'appelle  Maralel. 

«  Bec  de  Calmon,  dont  la  mère  s'appelait  Valborg,  donna  à  per- 
pétuité à  Guillaume  Robert  et  à  ses  successeurs  un  domaine  qui 
est  nommé  Munmarli,  que  son  père  avait  acquis  pour  une  somme 
considérable,  et  il  l'exempta  de  toute  redevance.  Le  même  Bec 
donna  aussi  à  Guillaume  Robert  et  à  ses  successeurs  le  droit  d'ac- 
({uérir  de  ses  hommes  et  la  permission  de  prendre  ce  dont  ils 
auraient  besoin  dans  sa  terre  inculte,  dans  les  forêts  et  dans  les 
herbages. 

i<  Etienne,  dont  nous  avons  parlé,  succéda  sur  le  siège  de  Gler- 
mont  à  Pons,  moine  de  Clairvaux.  Guillaume  Robert  eut  ses 
bonnes  grâces  au  point  que  celui-ci  lui  accorda  la  faveur  de  ne 
payer  aucune  dime  à  aucune  personne,  soit  ecclésiastique,  soit 
laï(|ue. 

«  Enfin,  après  avoir  gouverné  longtemps  les  lieux  dont  il  a  été 
parlé,  et  s"ètre  rendu  agréable  à  Dieu  et  aux  hommes,  Guillaume 
mourut  dans  la  Maison  du  Pont  à  un  âge  avancé;  il  fut  enterré 
près  de  son  maître  Dom  Bertrand ,  près  du  mur  extérieur  de 
l'église.  » 

L'opuscule  que  je  viens  de  traduire  est  anonyme  et  le  nom  de 
l'auteur  qui  l'a  rédigé  restera  sans  doule  à  jamais  inconnu;  mais 
il  est  évident  qu'il  émane  d'un  religieux  de  cette  Maison  du  Pont 
où  vinrent  côte  à  côte  dormir  leur  dernier  sommeil  Bertrand 
de  Grifeuille  et  son  disciple  et  successeur  Guillaume  Robert.  A 
quelle  époque  faut-il  en  placer  la  rédaction?  Une  seule  date  y  est 
expressément  donnée,  celle  de  1151,  relative  à  la  construction  de 
l'oratoire  de  Carmelus.  L'auteur  connaît  très  exactement  l'ordre 
de  succession  des  évêques  de  Clermont  dans  la  seconde  moitié  du 
douzième  siècle,  d'abord  Aimeric,  puis  Etienne  de  Mercœur,  puis 
Pons  [de  Polignac],  moine  de  Clervaux;  mais  il  ne  nous  apprend 
ni  la  date  de  la  mort  de  Bertrand  de  Grifeuille,  ni  celle  de  la  mort  de 
son  successeur  Guillaume  Robert.  Il  sait  seulement  que  Rertran<l 
reçut  le  titre  d'abbé  de  l'évèque  Aimeric  ot  que  (iuillaume  Robert 


168  ANTOINE  THOMAS. 

fat  très  en  faveur  auprès  d'Etienne  de  Mercœur  et  de  Pons  de 
Polignac.  Nous  savons  par  ailleurs  que  Pons  mourut  en  1188;  la 
mort  de  Guillaume  Robert  dut  survenir  vers  la  même  époque. 
Notre  biographe  anonyme  n'a  dû  prendre  la  plume  que  dans  les 
premières  années  du  treizième  siècle.  Son  récit  a,  dans  l'ensem- 
ble, une  belle  allure  historique  ;  mais  les  éléments  nous  manquent 
pour  faire  une  critique  rigoureuse  de  tous  les  détails.  Sur  un 
point  cependant,  il  semble  que  la  tradition  qu'il  suivait  soit 
sujette  à  caution.  D'après  lui,  c'est  en  1151  que  Bertrand  de  Gri- 
feuille  bâtit  l'oratoire  de  Carmelus,  et  la  fondation  de  Notre- 
Dame-du-Pont  n'eut  lieu  qu'après;  plus  tard  enfin,  «  fundatis 
toi  cenobils  »,  l'èvêque  de  Clermont  Aimeric  lui  confère  solen- 
nellement le  titre  d'abbé.  Or,  un  document  authentique,  cité  par 
le  Gallia  ehristiana  S  atteste  qu'en  l'an  1151  le  siège  épiscopal  de 
Clermont  était  occupé  par  Etienne  de  Mercœur ,  successeur 
d'Aimeric. 

Le  contrôle  géographique  est  plus  facile  que  le  contrôle  histo- 
rique, et  il  ne  nous  laisse  dans  l'embarras  que  sur  un  ou  deux 
points  que  nous  indiquerons  à  leur  place. 

Parti  de  Givray,  en  Poitou,  sa  patrie,  Bertrand  se  fixe  quelque 
temps  à  Beaulieu,  en  Eiraousin,  où  il  vit  dans  le  monde  des 
clercs.  Ces  deux  localités  sont  assez  connues  pour  se  passer  de 
commentaire.  De  Beaulieu,  il  se  retire  dans  un  lieu  isolé  nommé 
Agrifolia,  où  l'on  bâtit  bientôt  un  oratoire  en  l'honneur  de 
saint  Jean-Baptiste.  Il  s'agit  de  Grifeuille,  commune  de  Mont- 
vert,  canton  de  Laroquebrou,  arrondissement  d'Aurillac,  où  il  y 
eut  etïectivement  jusqu'au  xvme  siècle  un  prieuré  de  Saint-Jean, 
dit  aussi  de  Notre-Dame,  dépendant  de  l'abbaye  de  la  Couronne, 
au  diocèse  d'Angoulême,  sur  lequel  on  ne  savait  rien  jusqu'ici 
antérieurement  à  l'année  1203  2.  J'ignore  pourquoi  le  Diction- 
naire topographique  du  Capital  de  M.  Amé  adopte,  comme  nom 
modei'ne,  la  forme  Griffouille  ;  une  lettre  de  M.  Lafon,  institu- 
teur de  Montvert.  m'apprend  «{u'on  prononce  Grifieille  *  et  que 


1.  Tome  II,  col.  271). 

2.  Voir  le  Dict.  stat.  du  Cantal,  par  Déribipr-du-Chàtelet;  le  Dict. 
topogr.  du  Cantal,  par  Emile  Amé,  et  surtout  Vllist.  de  l'abbaye  de 
Notre-Dame-de-la-Couroniie,  par  l'abbé  J.-P.-G.  Blancliet,  dans  le  Bull. 
de  la  Soc.  arcti.  et  liist.  de  la  CluirHnte,  t.  X  (1888),  p.  ',Wo. 

3.  Forme  francisée  du  patois  actuel  Grifièllw,  plus  anciennement  Gri- 
fuèltia.  On  remarquera  que  le  cartulaire  de  Notre-Dame-du-Pont,  publié 


CARTULAIRE   DU   PRIEDRÉ   DE  NOTRE-DAME-DU-PONT.      169 

ce  n'est  plus  qu'un  lieu-dit  situé  k  la  lisière  des  forêts,  sur  la 
route  d'Aurillac  à  Pléaux ,  où  quelques  pierres  couvertes  de 
mousse  sont  les  seuls  restes  du  prieuré.  Aucune  carte,  pas  même 
celle  deCassini,  ne  fait  mention  de  cette  localité,  dont  le  nom  iloit 
rester  attaché  au  fondateur  de  Notre-Dame-du-Pont^. 

Grifeuille  est  à  proximité  do  la  roule  de  Beaulicu  à  Aurillac. 
Bertrand  se  trouvait  là  au  diocèse  de  Clermont,  mais  à  quelques 
kilomètres  seulement  du  diocèse  de  Limoges",  qu'il  venait  de 
quitter,  et  du  diocèse  de  Cahors,  où  allaient  bientôt  l'appeler  les 
instances  de  ses  admirateurs.  Rameria,  où  il  bâtit  son  second 
oratoire,  est  Laramière,  commune  du  canton  de  Limogne,  arron- 
dissement de  Cahors,  à  environ  75  kilomètres  de  Grifeuille.  Nous 
trouvons  etïectivement  plus  tard  mention  de  Notre-Dame-de-Lara- 
mière  parmi  les  possessions  de  l'abbaye  de  La  Couronne  '.  Mais 
que  dire  de  Hugo  de  Rupe,  qui  erat  dominus  de  Malaviela, 
dans  les  possessions  duquel  se  trouvait  Laramière?  Si  l'on 
remarque  que  Laramière,  bien  que  situé  au  diocèse  de  Cahors» 
était  sur  les  confins  da  diocèse  de  Rodez,  on  sera  porté  à  identi- 
fier ce  seigneur  avec  un  Hugo  délia  Rocca  qui  intervient  dans  des 
donations  faites  à  l'abbaye  de  Conques  relativement  à  l'église  de 
Maleville,  canton  de  Montbazens,  arrondissement  de  Villefranche 
(Aveyron)  *,  ou  du  moins,  car  les  donations  faites  à  Conques 
paraissent  remonter  sensiblement  plus  haut,  à  supposer  qu'il 
pouvait  être  le  fils  de  ce  donateur. 

Après  la  construction  de  l'oratoire  de  Laramière  se  place  celle 
de  l'oratoire  «  quod  vocatur  Ispaniacus  super  ripam  tlumiiiis 
quod  vocatur  Celer,  prope  ecclesiam  de  Berencgas  »,  construit  à 
la  prière  du  vicomte  de  Calvignac.  Le  Celer  est  la  rivière  appelée 
encore  aujourd'hui  le  Celé,  aflluent  du  Lot,  <iui  passe  d'Auver- 
gne en  Quercy,  et  sur  les  bords  de  laquelle  se  trouve  effectivement 

phis  loin  (art.  ^8),  donne  la  t'ornie  Grcf'olhu.  où  Va  n'est  pas  dipthonKué 
en  lié. 

1.  M.  Alexandre  Bruel  croit  que  le  «  prior  de  Agrifnellni  »  mentionné 
sous  le  n»  153  par  le  plus  ancien  pouillé  du  diocèse  de  Saint-Fiour  doit 
être  localisé  kGi-ifeuille,  coinnuinede  Roannes-Saint-Mary  (Poiiilb'  des- 
dioc.  de  Clermont  et  de  Saint-Flour,  p.  2-.iô).  Je  suis  l'opinion  courante, 
mais  je  dois  avouer  que  je  n'ai  pas  trouvé  de  raison  décisive  en  faveur  de 
l'une  ou  de  l'autre  identilicalion. 

2.  Il  va  de  soi  que  je  fais  abstraction  de  la  création  postérieure  des 
diocèses  de  Tidle  et  de  Saint-Flour  (IH17-131H), 

3.  Blanchet,  op.  laud.,  p.  392. 

t.  Cartiil.  de  Conques,  p.  p.  A.  Desjardins,  n"»  53(5,  051.  5i')(). 


170  ANTOINE  THOMAS. 

l'église  de  Brengues,  canton  de  Livernon,  arrondissement  de 
Figeac  (Lot).  Dans  la  même  région,  plus  au  sud,  se  trouve  Calvi- 
gnac,  canton  de  Limogne,  arrondissement  de  Gahors,  dont  les 
seigneurs  portèrent  de  bonne  heure  le  titre  de  vicomte.  Quant  à 
Ispaniacus,  c'est  Espagnac,  gros  hameau  de  la  commune  d'Espa- 
gnac-Sainte-Eulalie,  canton  de  Livernon,  où  se  juxtaposèrent  et 
se  superposèrent  au  moyen  âge  trois  fondations  pieuses  :  celle  de 
Bertrand  d'Agri feuille,  que  nous  révèle  notre  texte,  celle  d'une 
dame  Elisabeth,  faite  en  12 lU  (prieuré  de  femmes),  et  celle  de 
l'évêque  de  Coïmbre,  Aimeric  Hébrard,  qui,  en  1293,  imposa  au 
prieuré  d'Elisabeth,  rebâti  par  lui  dans  un  lieu  moins  exposé  aux 
inondations  du  Celé,  le  nom  plus  éclatant  de  Val  du  paradis 
d'Espagnac.  Aimeric  Hébrard,  comme  Elisabeth,  s'entendirent 
avec  l'abbaye  de  La  Couronne  pour  leurs  fondations,  ce  qui  con- 
firme implicitement  les  données  de  notre  texte  :  Bertrand  d'Agri- 
feuille  avait  bien  passé  par  là,  et  là  comme  ailleurs  l'abbaye  de 
La  Couronne  était  son  héritière  •. 

Avec  l'oratoire  de  Cannelus,  bâti  en  1151,  nous  revenons  dans 
le  diocèse  de  Clermont  pour  ne  plus  le  quitter.  Il  s'agit  tVEscal- 
mels,  commune  de  Saint-Saury,  canton  de  Saint-Mamet-la-Salve- 
tat,  arrondissement  d'Aurillac,  où  se  trouve  encore  aujourd'hui 
une  chapelle,  jadis  siège  d'un  prieuré,  dédié  à  Notre-Dame,  à  la 
nomination  de  l'abbé  de  La  Couronne.  Le  Dictionnaire  lopogra- 
phiqiie  du  Cantal  de  M.  Amé  fait  remonter  la  fondation  de  ce 
prieuré  au  xi«  siècle,  mais  sans  donner  de  preuve  à  l'appui  de 
cette  affirmation  que  contredit  catégoriquement  notre  texte  2. 
Bernât  prior  dois  Calmelhs  figure  une  fois  dans  le  cartulaire  de 
Notre-Dame-du-Pont  (art.  6);  il  est  plus  que  vraisemblable  qu'il 
faut  l'identifier  avec  le  Bernarl,  qui  revient  fréquemment  dans  le 
cartulaire  en  qualité  de  prieur  de  Notre-Dame-du-Pont. 

La  fondation  de  beaucoup  la  plus  importante  de  Bertrand 
d'Agrifeuille  fut  celle  de  Nolre-Dame-du-Pont.  dans  les  domaines 


1.  Blanclict,  op.  Laud.,  p.  '^97;  Edmond  Albe,  Fduillles  du  Qiiefcy... 
Maison  d'Hébrard  (Cahors,  1905),  p.  H. 

2.  Une  intéressante  mention  du  prieur  d'Escnlmels.  qui  a  échappé  à 
M.  Amé,  se  trouve  dans  le  compte  de  Gérard  de  Parai,  bailli  d'Auvergne 
en  1299  :  «  De  priore  de  Carmelo,  pro  eo  quia  aliqui  nionaclii  dicti  prio- 
ratus  ceperunt  et  percusserunt  G.  Baufet,  servientem  domini  régis, 
XX  1.  »  Le  regretté  Aug.  Chassaing.  qui  a  édité  ce  texte  (Spicilegium  Bri- 
vatense,  p.  2r>l),  a  identifié  à  tort  le  pr/or  d(^  Carmelo  avec  le  prieur  du 
couvent  des  Carmes  d'Aurillac. 


CARTULAIRE   DU    PRIEURÉ    DE  NOTRE-DAME-DU-PONT.      171 

de  Guirbertde  Marcenac,  paroisse  et  commune  de  Leynhac,  canton 
de  Maurs,  arrondissement  d'Aurillac  J'y  reviendrai  dans  l'intro- 
duction du  cartulaire  que  nous  a  conservé  le  manuscrit  du  Vati- 
can et  qui  sera  publié  plus  loin  intégralement. 

Il  ne  reste  plus  qu'une  étape  géographique  dans  la  biographie 
de  Bertrand  de  Grifeuille,  et  malheureusement  je  ne  sais  où  la 
placer.  J'ai  fait  de  vains  efforts  pour  locnliser  l'oratoire  tVEsior- 
rols,  b;\ti  sur  le  bord  du  cours  d'eau  appelé  Elsey,  où  le  saint 
homme  aimait  à  se  retirer  et  où  il  mourut.  L'abljé  Blanchet,  histo- 
rien de  La  Couronne,  signale  parmi  les  possessions  de  l'abbaye 
«  la  capellanie  sans  bénéfice  à'Entrerolz  »  et,  d'autre  part, 
«^  Notre-Dame  à\\.nterch  »,  qui  sont  évidemment  identiques  à  ce 
mystérieux  oratoire,  mais  il  en  ignore  l'emplacement  ^ 

Dans  la  biographie  de  Guillaume-Robert,  successeur  de  Ber- 
trand de  Grifeuille,  il  est  question  de  trois  fondations  d'oratoires 
faites  par  lui,  et  d'une  importante  donation  dont  il  bénéficia. 

Le  premier  oratoire  fondé  par  lui,  à  la  demande  de  la  famille 
de  Rocaforl,  est  appelé  Yallis  Clara.  C'est  Vaxiclaire^,  commune 
de  Molompize,  canton  de  Massiac,  arrondissement  de  Saint-Flour, 
où  il  y  a  eu  effectivement  un  prieuré  de  Notre-Dame,  dépendant 
de  l'abbaye  de  La  Couronne.  M.  l'abbé  Blanchet  ne  sait  rien  de 
son  origine  et  se  borne  à  mentionner  indirectement  des  docu- 
ments du  xve  siècle  à  son  sujet  ;  le  Dictionnaire  topographique 
du  Cantal  est  mieux  renseigné,  puisqu'il  cite  un  acte  de  1370  où 
figure  \e  prioratus  Yallis  Clare,  ordinis  beati  Marie  de  Corona. 
Rien  ne  permet  de  combler  la  lacune  de  deux  siècles  environ 
qui  existe  entre  cet  acte  et  le  témoignage  de  notre  biographe 
anonyme. 

Pour  les  deux  autres  oratoires,  Bellilocus  et  Miiratel,  je  n'ai 
rien  de  positif  à  proposer  comme  identification,  et  je  juge  inutile 
de  faire  des  conjectures  gratuites. 

Enfin,  le  domaine  de  Mun  Marti,  dont  Guillaume  Robert  reçut 
la  donation  de  Bec  ou  Begon  de  Calmont  et  de  sa  mère  Valborg, 
est  probablement  Monl-Marty,  commune  de  Saint-Etienne-de- 
Maurs,  dont  il  est  question  dans  le  cartulaire  de  Notrc-Dame- 
du-Pont,  art.  41  et  42. 


1.  Op.  laud.,  p.  ;J88. 

iJ.  Ecrit  abusivement  Vauclair  dans  l'usage  actuel.  L'abus  est  le  ni.Mm 
dans  CLairvaux,  d'ailleurs,  et  plus  difficile  à  réformer. 


172  ANTOINE   THOMAS. 

II. 

LE   GARTULAIRE. 

Le  cartulaire  de  Notre-Dame-du-Pont  est  transcrit  dans  le  ma- 
nuscrit du  Vatican,  sans  aucune  solution  de  continuité,  à  la  suite 
de  la  biograpliie  que  nous  venons  d'étudier;  mais  les  deux  docu- 
ments sont  absolument  indépendants  l'un  de  l'autre,  et  le  biogra- 
phe anonyme  ne  paraît  pas  avoir  eu  connaissance  du  cartulaire. 

On  a  tellement  publié,  étudié  et  commenté  de  cartulaires  religieux 
qu'il  serait  tout  à  fait  oiseux  de  se  livrer  ici  à  des  considérations 
générales  sur  cette  matière.  Je  m'en  tairai  donc.  J'estime  que  ma 
tâche  essentielle  consiste  à  publier  exactement  le  cartulaire  de 
Notre-Dame-du-Pont  d'après  le  seul  manuscrit  qui  nous  l'ait  con- 
servé, en  y  joignant  les  identifications  des  lieux  et  des  personnes 
qu'il  m'a  été  possible  de  faire,  et  je  laisse  aux  érudits  de  la  Haute 
Auvergne  le  soin  de  tirer  de  ce  document  tout  le  profit  que  peut 
en  attendre  l'histoire  religieuse,  féodale  et  sociale  de  la  région 
qu'il  concerne.  Voici  seulement  quelques  remarques  prélimi- 
naires. 

Le  scribe  a  transcrit  les  actes  à  la  suite  les  uns  des  autres,  sans 
alinéa,  se  contentant  de  mettre  par-ci  par-là  quelques  ||,  qui  ne 
sont  pas  toujours  rigoureusement  et  méthodiquement  distribués. 
J'ai  établi  de  mon  propre  chef  une  numérotation  destinée  à  faci- 
liter l'usage  du  cartulaire  et  à  préciser  les  références  que  les  his- 
toriens pourront  avoir  à  y  faire.  Ma  division  en  numéros  n'est  pas 
parfaite,  car  il  est  parfois  assez  difficile  de  distinguer  les  actes 
des  sections  d'un  même  acte  ;  on  voudra  bien  excuser  les  quelques 
inconséquences  qu'on  y  pourra  remarquer. 

Le  cartulaire  concerne  exclusivement  Notre-Dame-du-Pont,  la 
Mayso  (ou  Mayo)  dal  Pont,  comme  il  est  dit  à  chaque  article;  il 
laisse  de  côté  les  autres  fondations  de  Bernard  de  Grifeuille  et  de 
Guillaume  Robert.  Si  le  prieur  d'Escalmels  y  figure,  une  seule 
fois  (nu  6),  ce  n'est  pas  à  raison  de  sa  qualité  de  prieur,  mais 
comme  ayant  reçu,  concurremment  avec  le  prieur  du  Pont,  une 
donation  faite  à  la  Maison  du  Pont.  Aucune  date  chronologique 
ne  s'y  trouve  formellement  exi^rimée;  notons  cependant  que 
l'acte  20  est  précédé  de  cette  mention  :  régnante  Lodovico  rege 
Frnncorum,  qui  cum  exerciLu  Jhen/salem  peciit ;  d'où  nous 
pouvons  conclure  que  cet  acte  est  de  peu  postérieur  à  l'année 


CARTULAIRE    DU    PRIEURE   DE   NOTRE-DAME-DU-PONT.       173 

1147.  Le  fondateur  du  Pont,  Bertrand  de  Grifeuille.  ne  Jit^nire  que 
dans  deux  donations,  où  son  nom  n'est  suivi  d'aucun  titre  :  c'est 
donc  à  la  loiocrniphie  seule  que  nous  devons  de  savoir  qu'il  avait 
reçu  le  titre  d'ablié,  titre  personnel,  à  ce  «[u'il  semble,  car  la  maison 
du  Pont  n'est  jamais  désignée  comme  étant  une  abbaye.  Ce  titre 
passa-t-il  à  son  successeur  (iuillanme  Robert?  La  l)ioora])liie  n'en 
parle  pas.  Parmi  les  actes,  plus  nombreux,  où  ce  dernier  inter- 
vient, il  en  est  un  qui  le  qualifie  de  senher  dnl  Pon  (n»  18),  ce  qui 
porterait  à  croire  qu'il  était  revêtu  d'une  dignité  personnelle  assez 
analogue  au  titre  d'abbé.  Mais  les  autres  actes  ou  ne  le  qualifient 
pas  (nos  4^  19^  24,  33,  39),  ou  le  qualifient  simplement  de  prior 
dal  Ponl  (n"  22).  Deux  autres  prieurs  de  la  maison  figurent  dans 
le  cartulaire  :  Thomas  (no*  6  et  21)  et  R.  Bernard  (passim).  La 
donation  qui  porte  le  n»  21  établit  que  Thomas  est  antérieur  à 
R.  Bernard  et  la  donation  6  que  R.  Bernard  avait  été  jirieur  d'Es- 
calmels  avant  d'être  prieur  du  Pont.  Il  est  donc  probable  que 
Thomas  succéda  immédiatement  à  Guillaume  Robert. 

Les  religieux  qui  vivaient  dans  la  Maison  du  Pont  sont  ordinai- 
rement appelés  frères  {frayres);  mais  Bertrand  de  Grifeuille  ayant 
affilié  toutes  ses  fondations  à  l'abbaye  de  La  Couronne,  de  l'ordre 
de  saint  Augustin,  c'était,  à  proprement  parler,  des  chanoines;  ce 
titre  plus  précis  ne  se  trouve  qu'une  fois  dans  le  cartulaire  :  un 
des  religieux,  B.  Gautier,  est  appelé  prestre  e  canonjes  dans 
l'acte  14,  ce  qui  correspond  à  la  qualification  de  frayre  e  prestre 
que  lui  donne  l'acte  12. 

Les  chanoines  devaient  y  être  assez  nombreux  à  la  tin  du  xn«  siè- 
cle, car  l'acte  26  nous  montre  qu'il  y  avait  plusieurs  offices  claus- 
traux dans  le  prieuré  et  comme  une  manière  de  petit  cliapitre; 
au-dessous  du  prieur,  nous  voyons  mentionnés  le  cellerier,  l'hù- 
telier  et  l'écrivain. 

Les  donations  faites  au  prieuré  s'appliquent  toutes  à  des  biens 
fonds  ou  à  des  rentes  du  voisinage.  Sa  situation  sur  les  confins 
de  plusieurs  diocèses  explique  la  variété  des  espèces  monétaires 
qui  y  étaient  concurremment  en  usage  :  celles  de  Cahors  {Caor- 
cencs),  celles  de  Rodez  { Rodanés),  ceWea  du  Puy  (Poirs).  L'ho- 
rizon de  notre  cartulaire  est  singulièrement  borné  :  il  ne  s'élargit 
que  cinq  fois,  pour  nous  laisser  entrevoir  Rome,  où  les  seigntuirs 
de  Leynhac  vont  en  pèlerinage  (42),  et  Jérusalem,  où  le  roi  Louis 
conduit  l'armée  des  croisés  (20),  et  où  des  femmes  (art.  IS)  et  des 
chevaliers  (art.  22  et  34)  vont  en  pèlerinage. 


174  ANTOINE   THOMAS. 

Le  cai'tulaire  de  Notre-Dame-du-Pont  offre  un  intérêt  particu- 
lier au  point  de  vue  linguistique,  car  tous  les  actes,  sauf  un 
(art.  20,  rédigé  du  vivant  de  Bertrand  de  Grifeuille),  sont  rédigés 
non  en  latin,  mais  en  langue  vulgaire.  On  sait  combien  sont  rares 
les  textes  de  ce  genre  dans  la  région  de  la  Haute  Auvergne  avant 
le  xive  siècle.  On  ne  possède  que  quelques  lignes  remontant  au 
xiie  siècle  ^  La  publication  de  notre  cartulaire  comble  donc  une 
véritable  lacune  linguistique,  puisque  tous  les  actes  en  sont  vrai- 
semblablement antérieurs  au  xiiie  siècle.  Il  est  probable  que  le 
compilateur  du  cartulaire  (qu'on  peut  supposer  avoir  vécu  dans 
la  première  moitié  du  xiiie  siècle,  plutôt  qu'au  xiie)  et  le  copiste 
du  manuscrit  du  Vatican  (lequel  n'est  certainement  pas  antérieur 
au  xive  siècle)  ont  parfois  rajeuni  l'orthographe.  C'est  ainsi  que 
l'emploi  fréquent  des  groupes  Ih  et  nh,  pour  noter  les  sons  respec- 
tifs de  VI  et  de  Yn  mouillées/réveille  un  soupçon  de  rajeunissement, 
car  il  est  rare  dans  les  pays  de  langue  d'oc  avant  le  xiiie  siècle  2. 
J'en  dirai  autant  de  la  profusion  de  Vy  dans  les  diphtongues  ay, 
ey,  et  ailleurs.  Mais  le  fond  de  la  langue  n'a  pas  été  touché.  Il 
n'offre  d'ailleurs  rien  que  de  conforme  à  ce  qu'on  pouvait  induire 
des  textes  postérieurs  et  du  patois  contemporain.  On  trouvera  plus 
loin  un  glossaire  alphabétique  de  quelques  mots  rares  ou  non 
attestés  jusqu'ici  qui  figurent  dans  notre  document,  avec  la  tra- 
duction ou  le  commentaire  linguistique  qu'ils  nous  ont  paru  com- 
porter. 

Antoine  Thomas. 


1.  Voir  R.  Grand,  Les  plus  ancie?is  textes  rùniatis  dans  la  Haute- 
Auvergne.  Paris,  Picard,  1901  (extrait  de  la  Revue  de  la  Haute-Auver- 
gne). L'auteur  de  ce  recueil  n'a  pas  songé  à  y  faire  entrer  les  actes  525  et 
533  du  cartulaire  de  Conques,  relatifs  à  Molompize  et  à  Saint-Maraet. 

2.  La  notation  nh  apparaît  cependant  déjà  dans  une  charte  de  la  région 
de  Toulouse,  datée  de  116(J,  qui  ligure  dans  le  Recueil  de  textes  de 
M.  P.JVIeyer  sous  le  n»  47. 


CARTULAIRE   DU    PRIEURE   DE   NOTRE-DAME-DU-PONT.       175 


TEXTES 


I. 


BIOGRAPHIE  DE  BERTRAND  DE  GRIFEUILLE.  FONDATEUR  DR  1,A 
MAISON  DU  PONT 2,  ET  DE  GUILLAUME  ROBERT.  SON  DISCIPLE 
ET   SUCCESSEUR. 

1.  [Fol.  21  r°]  Noverint  universi  quod  domnus  Bertrand  us, 
egressus  de  Pictavia\  castro  videlicet  de  Sievray*,  imde 
oriundus  erat,  veait  in  pago  Leraovicino^,  in  villa  que  voca- 
tur  Bellilocus'%  ibique  aliquandiii  legem  Dei  clericis  audire 
volentibus  quasi  magister  edocuit.  Considerans  itaqiie  ea  que 
irritant  animos  deraissa  per  aurem,  quoniam^que  sunt  omnia 
subjecta  fidelibus  et  que  ipse  sibi  elegit  spectator,  quia  mun- 
dum  relinquere  volebat,  pari  deberedocuerat,  operibus  docere 
sategit*.   Elonguare  ergo  comrauni  conversatione  hominum 


1.  D'après  un  ms.  du  xiv"  siècle,  coté  Miscell.,  Arm.  XV,  1-13,  aux 
archives  du  Vatican,  copié  par  un  copiste  professionnel,  dont  le  travail  a 
été  obligeamment  collationné  par  mon  jeune  confrère,  M.  Martin-Cliabot, 
alors  membre  de  l'École  de  Rome,  aujourd'hui  archiviste  aux  Archives 
Nationales.  .Je  prie  M.  Martin-Chabot  d'agréer  l'expression  publique  de 
mes  remerciements  par  son  obligeance  toute  désintéressée. 

2.  Le  Pont,  hameau  de  la  commune  de  Leynhac,  canton  de  Maurs, 
arrondissement  d'Aurillac,  Cantal. 

3.  Le  Poitou,  pays  correspondant  à  l'ancienne  cioitas  Pictavoruni, 
capitale  Poitiers,  Vienne. 

4.  Civray,  chef-lieu  d'arrondissement,  Vienne. 

5.  he  Lùnousin,  pays  correspondant  à  l'ancienne  civitas  Lemovicum, 
capitale  Limoges,  Haute-Vienne. 

6.  Beaulieu,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Brive,  Corréze. 

7.  Ms.  :  qm. 

H.  Cette  phrase  est  grammaticalement  inintelligible  ;  je  ne  devine  pas  les 
corrections  qu'elle  comporte  et  je  me  borne  à  rejjroduire  la  leçon  du 
manuscrit. 


176  ANTOINE   THOMAS. 

cupiens,  fugit'  ad  serviendum^  Domino  soliis  in  quadam 
vasta  solitudine  nemoris  quod  vocatur  Agrifolia^  iinde 
deinceps  agnominatus  est''. 

2.  Videntes  autem  quidam  de  circumstantibus  devotionem 
illius,  acceusi  calore  fidei,  licet  ipse  solitarius  vellet  manere, 
tamen  ilico  juncli  ediflcaverunt  oratorium  ad  honorera  Dei  et 
beati  Johannis  Baptiste. 

3.  Inde  progrediens,  ad  preces  Ugonis  de  Rupe,  qui  erat 
dominus  de  Malaviela^,  edificavit  in  possessione  illius  aliud 
oratorium  in  loco  qui  vocatur  Rameria*. 

4.  Edificavit  preterea,  ad  preces  vicecomitis  de  Calviniaco  ^ 
aliud  oratorium  quod  vocatur  Ispaniacus*,  super  ripamflurai- 
nis  quod  vocatur  Celer^  prope  ecclesiam  de  Berencgas^". 

5.  Anno  autem  Incarnationis  Dominice  M.  C.  primo,  edifi- 
cavit aliud  oratorium  in  loco  qui  dicitur  Carmelus'*. 

6.  Per  idem  tempus,  nobilis  vir  Girbertus  de  Marcenac^^, 


1.  Ms.  :  fugere.  La  correction  en  fugit  a  été  adoptée  par  Duchesne 
(Bibl.  nat.,  coll.  Duchesne,  38,  fol.  91). 

2.  Ms.  :  cerviendum. 

3.  Grifeuille,  lieu-dit  de  la  commune  de  ÎNIontvert,  canton  de  Laro- 
quebrou,  arrondissement  d'Aurillac,  Cantal,  où  se  voient  encore  quelques 
ruines  d'un  ancien  prieuré. 

4.  Bertrand  est  effectivement  surnommé  de  Agrifolio  et,  en  langue 
vulgaire,  de  Grefolha  dans  le  cartulaire  du  Pont  publié  plus  loin,  art.  ^0 
et  38. 

5.  Ms.  :  malamela.  —  Cf.  un  Htiyo  de  Roca,  de  La  Roca,  etc.,  qui 
fait  des  donations  à  l'abbaye  de  Conques  relativement  à  l'église  de  «  Mala 
Villa  »  {Maleville,  canton  de  Montbazens,  arrondissement  de  Villefran- 
che,  Aveyron),  dans  le  Cartul.  de  Conques,  n°»  444,  536,  551,  560). 

6.  Laramière,  canton  de  Limogne,  arrondissement  de  Cahors,  Lot, 
sur  l.es  confins  de  l'Aveyroii. 

7.  Calvignac,  canton  de  Limogne,  arrondissement  de  Caliors,  Lot. 

8.  Espagnac,  commune  d'Espagnac-Sainte-Eulalie,  canton  de  Livernon, 
arrondissement  de  Figeac,  Lot. 

9.  Le  Celé,  affluent  du  Lot. 

10.  Brengues,  canton  de  Livernon,  arrondissement  de  Figeac,  Lot. 

11.  Kscnbnels,  commune  do  Saint-Saury,  canton  de  Saint-Mamet-La- 
Salvetat,  arrondissement  d'Aurillac,  Cantal. 

12.  Un  Guirhert  de  Marcenac,  lilsd'Austorc,  figure  dans  deux  actes  du 
cartulaire  du  Pont  (n»'  9  et  24),  mais  il  est  postérieur  à  l'époque  de  Ber- 
trand de  Grifeuille;  un  homonyme,  dont  le  père  s'appelle  aussi  Austor- 
yius,  ligure  dans  la  donation  à  Conques  de  l'église  de  Saint-Mamet  (Can- 


CARTULAIRE    DU    PRIEURE    DK   NOTRE-DAME-DU-PONT.      177 

audiens  famam  illius,  rogavit  eum  ut  ia  possessinae  illiiis 
edificaret  domum  noinioi  Domini  altissimi.  [fol.  21  r"]  Cngnita 
itaque  vir  Dei  vokmtate  ejus,  edificavit  oratoriiim  iu  honore 
Dei  et  béate  Marie,  matris Domini,  etvoluitut  vocaretur  locus 
illeDomusdePoute.  Repletus  igitiir  gaiidiopredictusGirbertus 
dédit  Deo  et  béate  Marie  et  doinuo  Bertrando  et  successoribns 
ejus  terrain  ad  excoliendum  unde  haberent  victui  necessaria. 
Preterea  dédit  eis  in  tota  terra  sua'pascuaad  alenda  pecora  et 
jumenta.  Dédit  etiam  eis  nemoribus  quicquid  opus  haberent 
ad  onine  opus.  Et  insuper  dédit  eis  quidquid  adquirere  pos- 
sent  de  suis  hominibus,  ut  esset  sui  juris  in  perpetuum. 

7.  Fundatis  igitur  tôt  cenobiis,  a  domino  Aymerico,  Claro- 
montensi'  episcopo-,  promotus  est  benedictione  solemni  [in] 
abbatem.  Audiens  autem  percelebre  nomen  ecclesie  béate 
Marie  de  Corona^,  quod  velut  nardus  odore  suavitatis  orbem 
resperserat,  se  et  sua  predicte  ecclesie  contulit,  tali  coniii- 
tione  ut  ipsi  in  predictis  locis  locoipsius  abbatem  preficerent, 
quia  ipse  solitudinem  hominum  afïectabat.  Quod  ipsi  facere 
noluerunt,  dicentes  hoc  contra  suum  esse  propositum,  sed 
ipse,  quamdiu  viveret*,  suo  fungeretur  officio,  et  postea  illi 
secundum  propositum  providerent. 

8.  Quod  ille  audiens  vehementer  indoluit,  et  sollicite  per- 
quirens    locum   proposito  suo    satis    congruum,   nomine    et 


tal)  vers  1U25  (Cartul.  de  Conques,  n°  XI),  mais  il  est  beaucoup  trop 
ancien.  Le  promoteur  de  la  fondation  du  Pont  appartient  à  une  généra- 
tion intermédiaire  de  la  même  famille.  Cette  famille  tire  son  nom  soit 
d'un  des  quatre  Marcenac  ou  Marcenat  actuellement  subsistants  dans 
le  Cantal,  soit  plutôt  d'un  hameau  voisin  du  Pont  et  qui  paraît  avoir 
disparu;  cf.  les  art.  5,  7,  S)  et  38  du  cartulaire  du  l'onl. 

1.  Ms.  :  claromuntenci. 

:i.  Aimeric,  d'abord  abbé  de  La  Chaise-Dieu,  évètiuc  de  ClcTiMorit 
de  un  à  1151  au  plus  tard. 

3.  La  Couronne,  premier  canton  d'Angoulème.  Charente.  L'.abhaye  de 
La  Couronne,  de  l'ordre  de  saint  Augustin,  fut  fondée  en  1118  par  le 
prêtre  Lambert,  depuis  évèque  d'Angoulème  (ll;Jt)-]149).  'S\.  l'abbé  Hlan- 
chet  lui  a  consacré  un  gros  volume  (Ili.st.  de  l'abbaye  royale  de  Xotre- 
Dame  de  La  Couronne,  Angoulème,  1888-9.  2  vol.  in-8");  il  n'a  pas  connu 
notre  texte  et  il  ignore  par  conséquent  l'origine  des  possessions  de  La 
Couronne  en  Auvergne  et  en  Querci. 

4.  Ms.  :  vellot. 

ANNALES   DU   MIDI.    —    XX  12 


178  ANTOINE   THOMAS. 

aspeciu  valde  [hjorribilem  [locum]  invenit.  Vocatur  autem 
locus  ille  Estorrotz^  accessu  hitic  iûde  diClicilis,  super  ripam 
fliirainis  qui  (52c)  dicitur  Elsey''^,  modicam  habens  planicieni, 
ibique  ediflcalo  oralorio  oportuais  temporibus  a  cetu  fratrum 
se  subtrafh  eus  ia  suporni^  laspectoris  oculis  mo-  [fol.  22  r"] 
rabatur  secuin. 

9.  Ad  ultinium,  pro  tantis  laboribus  preuiium  recepturus, 
divinitus  suum  previdens  obilurn,  vocavit  unumejus  [sociumj, 
qui  vocabatur  Willelnius  Rolberti  '  et  ei  fainiliarior  erat,  cui 
eliam  curam  Domus  de  Ponte  commiserat,  et  dixit  ei  : 
«  Frater,  noveris  me  ea  nocle,  qua  Domiuus  eduxit  vinctos 
«  de  tenebris  et  umbra  noctis,  egressuruui  de  hujus  corporis 
«  ergastulo.  Tu  igitur  corpus  ablutum  ex  more  iudne  statimque 
«  in  ipsa  nocte,  strato  asino,  uihil  veritus.  ad  Domum  de  Ponte 
«  illud  transfer  :  sip  enim  oblinui  a  Domino  ut,  hic  resolutus, 
«  ibi  prestoler"^  adventum  ipsius.  »  Admouens  itaque  eum  de 
observantia  sancte  religionis  viteque  houestate,  se  suosqiie 
commendans  Domino,  inter  verba  orationis  misit  spiritum". 

10.  Igitur  apprehensa  diacipulus,  ut  jussus  fuerat,  sancti 
corporis  gleba,   iter  arripiens,    multa   incommoda  occasione 

"  noctis  perpessus  est,  sicnt  ille  vir  Dei  predixerat,  sed  tamen 
omnia  meritis  illius  evadens,  prospère  ad  locum  pervenit 
obtatum".  Mane  igitur  facto,  rumor  facti  circumquaque  inso- 
nuit.  Audienles  itaque  domini  terre  illius  tauti  viri  decessum 
et  abcessum,  congregata  multitudine  virorum,  insecuti  sunt, 
Discipulus  autem  ille,  ut  vir  prudens,  hoc  previdens,  quam 
cito  devenit  ad  metam,  rei  eventum  mandavit  Girberto  de  Mar- 

1.  localité  non  identifiée. 

2.  Cours  d'eau  non  identifié  :  la  forme  i?/se// paraît  être  celle  du  génitif, 
bien  que  la  syntaxe  appelle  un  nominatif. 

8.  Ms.  :  supernis. 

4.  Fréquemment  mentionné  dans  le  cartulaire  du  Pont,  art.  4,  18,  l'.t, 
22,  24,  33,  39. 

5.  Ms.  :  prestoletur. 

6.  Il  semble,  d'après  ce  récit,  que  la  mort  de  Bertrnud  de  Grifeuilie 
soit  survene  dans  la  nuit  du  vendredi  au  samedi  saint. 

7.  Par  suite,  nous  pouvons  nous  faire  une  idée  de  la  distance  qui  sépa- 
rait la  Maison  du -Pont  du  lieu  inconnu,  Kstorrotz,  où  mourut  Bertrand 
de  Grifeuille. 


CARTULAIRE    DU    PRIEURÉ    DE   NOTRE-DAME-DU-PONT.      179 

ceuaciit,  si  necesse  eral,  vim  vi  repelleret.  Quo  cognito,  inse- 
quentes  tristes  redieruut  ad  sua^  Discipuhis  vero  magislri 
corpus  in  ecclesia  condivit,  iibi  iisque  nimc  a  circumslaiitibus 
honoratur-. 

11.  Regebat  histeinporibusPcclesiarnClaromonteusem  dorii- 
nus  Stephanus  \p  22  v]  de  Mercor^,  eamque  sicul*  nobili- 
tategeneris,  sic  moruinspleudoribusillustrabat.  Ciijus  presea- 
tiam  domnus  Willelmus  Robberti  adieas,  tantam  Camiliarita- 
tem  ciim  eo  adeptus  est  ut  ia  brevi  par  totani  diocesim 
clarissimus  haberetur.  Hujus  igitur  gratia  dictus  episcopus 
Domui  de  Ponte  providere  voleus,  quia  prefata  Douius  sedet 
in  parrochia  ecclesie  de  Laihac^,  dédit  predictam  ecclesiam 
cum  omnibus  pertinenciis  suis  Domui  superius  nominate, 
salvo  jure  episcopaii,  perpetuo  possidendam. 

12.  Preterea  Bertrandus  de  Rocafort^  et  Iterius  et  Bernar- 
dus  et  abbas  Brivatensis^  fratres,  nobiles  viri,  rogaverunt 
predictum  Willelmum  Robberti  ut  in  possessione  eorum  edi- 
ficaret  doraura  ad  serviendum  Domino,  quod  Deo  douante 
fideliter  adimplevit  :  vocatur  ille  iocus  Vallis  Clara^ 


1.  Cette  prise  d'armes  des  seigneurs  des  environs  à'Estorrotz  avait  pour 
but  la  conservation  du  corps  de  l'iioinme  de  Dieu,  transporté  subreptice- 
ment à  la  Maison  du  Pont;  on  sait  de  quel  fanatisme  étaient  l'objet  les 
reliques  de  ceux  qu'on  considérait  comme  des  saints. 

'2.  Cette  formule  semble  indiquer  qu'un  assez  grand  nombre  d'années 
s'est  écoulé  entre  la  mort  de  Bertrand  de  (irlfeuille  et  le  moment  où 
a  été  rédigée  sa  biographie. 

3.  Etienne  de  Mercœur,  évèque  de  Clerinont  de  ll')l,  au  plus  tanl,  au 
•^U  janvier  IKiO  (anc.  style). 

4.  Ms.  :  cicut. 

5.  Leynhac,  canton  do  Maurs,  arrondissement  d'.\urillac,  Cautal, 
l'église  était  dédiée  à  Notre-Dame  et  resta  depuis  lors  dans  la  dépendance 
du  cliapitre  de  Notre-Dame-du-Pont. 

0.  Probablement  Roche  fort,  commune  de  Saint-Poney,  canton  de  Mas- 
siac,  arrondissement  de  Saint-Flour,  Cantal. 

7.  Brioude,  chef-lieu  d'arrondissement,  Flaute-Loire.  Cet  abbé,  de  la 
famille  de  Rociiefort,  est  peut-être  l'abbé  J5.,  dont  le  Gallia  christiana 
ne  connaît  que  deux  mentions,  en  1101  et  1U)2  (t.  II,  col.  -17). 

8.  Vaiiclairc  (écrit  barbarement  Vauclair),  commune  de  Moloinpize 
canton  de  Massiac,  arrondissement  de  Saint-Flour,  Cantal,  f.e  prieuré  de 
Notre-Dame-de-Vauclaire  est  mentionné  dans  des  documents  postérieurs 
comme  une  dépendance  de  l'abbaye  di'  La  Couronne. 


180  ANTOINE   THOMAS. 

13.  Aliud  eliam  oratorium  edificavit  in  possessione  domi- 
norum  de  Castro  Novo\  ad  preces  eorumdem,  quod  vocatur 
Bellilocus^. 

14.  Edificavit  et  aliud  oratorium  in  possessione  cujusdam 
railitis  qui  vocabatur  Willelmus  de  Veyreyras^;  et  locus  voca- 
tur Muratet*. 

15.  Bego  etiam  de  Calmon^,  cujus  mater  est  vocata  est 
Valborges^,  dédit  ac^  perpetuo  paciflce  possidendum  concessit 
predicto  Willelmo  Robberti  et  successoribus  ejus  quandam 
possessionem  que  vocatur  Mun  Marti  ^,  quam  possessionem 
pater  ejus  raulta  summa  pecunie  adquisierat  et  ab  omni 
exactione  penitus  liberam  lecerat  et  immunem.  Dédit  etiam 
idem  Bego  predicto  Willelmo  Robberti  et  successoribus  ejus 
ut  quidquid  adquirere  possent  de  suis  hominibus  esset  sui 
juris  in  perpetuum;  et  iusuper  dédit  eis  in  tota  terra  sua 
inculta  quidquid  opus  haberent  in  nemoribus  et  in  berbis. 

16  Predicto  Stepbano  successit  in  regimine  Claromontensis 
ecclesie  domnus  Poncius,  Clare-  [fol.  23  r»]  vallensis  raona- 
chus%  apud  quem  domnus  Willelmus  Robberti  tantam  inve- 

1.  L'identification  de  cette  famille  est  subordonnée  à  celle  de  l'oratoire 
de  Bellilocus. 

2.  Localité  que  je  ne  puis  identifier  avec  certitude.  Il  y  avait  un  prieuré 
à  Beaulieu-haut,  commune  de  Ruines,  arrondissement  de  Saint-Flour, 
mais  il  était  de  l'ordre  des  Carmes. 

3.  Famille  difficile  à  identifier  tant  que  la  situation  exacte  de  Muratet 
ne  sera  pas  élucidée. 

4.  Peut-être  Muratet,  commune  de  Vitrac,  canton  de  Saint-Mamet-La,- 
Salvetat,  arrondissement  d'Aurillac,  Cantal. 

5.  Calmont-d'Olt,  commune  d'Espalion,  Aveyron.  lia  famille  de  Cal- 
mont  a  joué  un  rôle  important  dans  le  Rouergue;  voir  sa  généalogie  dans 
Hipp.  de  Barrau,  Doc.  hist.  et  génëal.  sur  les  familles...  du  Mouer- 
gue,  I  (1853),  579-5'J3.  Le  personnage  ici  mentionné  est  Begon  111,  encore 
vivant  en  1214. 

G.  C'est  l'ancien  nom  germanique  Waldeburyis.ll.  de  Barrau  (ojj.  laud., 
p.  581,  n.  1),  mentionne  cette  dame  sous  les  noms  altérés  de  Balbtirye  et 
Salburge. 

7.  Ms.  :  hac. 

8.  Probablement  Mont-Marty,  commune  de  Saint-Etienne-de-Maurs; 
cf.  le  cartulaire  du  Pont,  art.  41  et  42. 

9.  Pons,  moine,  puis  abbé  de  Clairvaux,  évèque  de  Clermont  de  1170 
à  1187. 


CARTULAIRE    OTJ   PRIEURE    DE   NOTRE-DAME-DU-PONT.      181 

nit  gratiam  quod  eum  hac  liberalitate  donavit  ut  aulli  eccle- 
siastice  seii  laicali  persoue  in  tota  diocesi  sua  de  nutrimentis 
vel  laboribus  suis  décimas  persolvere  teneretiir. 

17.  Denique,  cum  predictus  Willelmus  jam  dicta  loca  diu 
rexisset  et  acceptas  esset  tam  Deo  quam  hominibus,  in  bona 
senectute  obiit  apud  Donmm  de  Ponte,  et  sepultus  est  prope 
magistrura  suum  dpmnum  Bertrandura  juxta  parietera  eccle- 
sie  forinsecus'. 

II. 

CARTULAIRE   DU    PRIEURE    DE    NOTRE-DAME-DU-PONT  2, 

1.  [Fol.  23  r°]  Guilhelmus  de  Mala  Planha  donet  se  meiz  a 
Deo  e  a  la  Maj'so  dal  Pont,  e  ab  se  donet  a  la  Mayzo  la  fasenda 
dal  Maset*,  que  era  delieura  de  tota  sessura. 

2.  Peyre  de  La  Garriga*,  lo  payre  d'en  B.  e  d'en  Guio, 
donet  ab  se  meys  a  Deo  e  a  la  Mayso  dal  Pon  La  Lodeira^  tota 
per  entier,  e  donet  u  camp'^  de  terra  quels  té  ab  lo  Maset,  e 
comandet  sos  filhs  que  totz  temps  fesesso  anoal  a  la  Mayso 
dal  Pont  per  luy  e  per  tôt  son  linatge;  e  se  li  filhs  non  fasiant 
l'anoal,  la  Maysos  agués  .i.  sestier  de  segle  el  quart  de  la  Mar- 
tinia" ;  e  part  aysso  donet  per  totz  temps  lo  deyme  e  la  Mar- 
liuia. 

3.  Guirbertz  de  Vigoro  donet  a  Deo  e  la  Mayso  dal  Pon  ab 
se  meys  la  fasenda  dal  Vigoro*  quels  té  ab  los  Pausils,  e  es 
quitia  de  tota  cesura. 

1.  Ms.  :  forinsetus. 

2.  Outre  la  ponctuation  logique  et  l'usage  de  l'apostrophe,  j'ai  introduit 
dans  le  texte  des  accents  (aigus  ou  graves,  selon  qu'il  s'agissait  d'une 
voyelle  fennée  ou  ouverte)  pour  distinguer  les  désinences  toniques  -e  et 
-es  des  mêmes  désinences  atones. 

3.  Le  Mazet,  commune  de  Leynhac. 

4.  La  Garrigue,  domaine  ruiné,  commune  de  Leynhac. 

5.  La  Loudiére,  commune  de  Saint-Étionne-de-Maurs:  un  domaine  du 
même  nom,  aujourd'hui  ruiné,  se  trouvait  aussi  dans  la  commune  de 
Marcolès,  au  nord  de  Leynhac. 

6.  Ms.  :  donet   ij.  camps. 

7.  La  Martinie,  commune  de  Maurs. 

8.  Il  est  manifeste  que  ce  Vigoro  était  dans  le  voisinage  du  Pont  et  ne 


182  ANTOINE   THOMAS. 

4.  CoDeguda  causa  sia  qu'en  B.  Paretz  se  donet,  a  la  fi,  a  la 
Mayso  dal  Pon,  e  donet  a  Deo  e  a  la  Mayso,  per  se  e  per  son 
payre  e  per  sos  frayres  que  ero  trespassatz,  la  fasenda  de 
Genellach'  tola  per  entier,  aytal  teguda  quai  sos  payre  i 
ténia-.  D'ayso  so  testimoni  Guilhems  Robbertz,  que  receps  lo 
do,  B.  de  La  Garriga  e  G.,  sos  frayre,  en  [fol.  23  v^J  cui  raayso 
fo  fach. 

5.  Coneguda  causa  sia  que  li  ome^  de  Fellinas*,  Bos  e  Mau- 
rizis,  sos  frayre,  e  P.,  lor  cosis,  demandavo  el  mas  de  Marce- 
nach^  una  pessa  de  terra  e  u  sestier*'  de  seguel  de  brasatgue^ 
e  alberc  meyssonenc;  e  demandavo  a  La  Molinairia**  très  emi- 
nas  el  quart  e  totz  los  camps  e  alberc.  E  sia  saubuda  causa 
que  Bos  se  donet  a  la  Mayso  dal  Pon  per  frayre.  e  donet  a  Deo 
e  a  la  Mayso  la  soa  part,  e  ayso  era  la  quarta  part.  Ayso,  e 
totas  las  querelas  que  far  sabia  en  totas  las  tegudas  que  la 
Mayos  ténia,  sols  e  donet  a  Dieu  e  a  la  Mayo  del  Pon,  a  bona 
fé  e  ses  engan,  ë  juret  sobrels  sanhs  avangelis  que  ja  may  noy 
quesis  ré  el  ni  hom  per  lui;  e  se  la  pariz  de  negun  de  sos  par- 
ceriers  tornava  a  lui,  per  eys  sagrament  l'autreiet  a  la  Mayso. 
—  Per  atrestals  covens  autreiet  tôt  aysso  sos  flllis  et  juret 
sobrels''  avangelis  que  enayssi  o  tegués  a  bona  fé.  Seguentre 
ayso,  P.,  sos  cosis,  quey  demandava  la  meytat,  fetz  acordier 
ab  la  Mayo  dal  Pon  d'ayso  e  de  tôt  quant  querre  ni  deraandar 
podia  en  totas  las  fasendas  que  la  Maysos  ténia,  e  juret  ho 
sobre  l'altar  e  sobrels  avangelis  que  ja  may  ré  noy  quesis  niey 

peut  être  identilié  avec  Vigouroiix,  commune  de  Saint-Martin-sous-Vigou- 
roux,  canton  de  Pierrel'oi't,  arrondissement  de  Saint-Flour,  où  il  y  avait 
un  célèbre  château. 

1.  Qinalhac,  commune  de  Saint-Étienne-de-Maurs. 

2.  Ms.  :  sos  payre  uenia. 

3.  Ms.  :  que  home. 

4.  Probablement  Félines,  commune  de  Prudhomat,  canton  de  Bréte- 
noux,  arr.  de  Figeac  (Lot). 

5.  Lieu  disparu.  D'après  la  biographie,  l'oratoire  même  de  Notre-Dame- 
du-Pont  avait  été  bâti  sur  les  domaines  de  (jlirbert  de  Marcenac. 

6.  Ms.  :  e  ustier. 

7.  Ms.  :  brasacgue. 

8.  Msj  :  molmama  —  La  Moncyrie  (dans  Cassini  La  Molnayvie). 
commune  de  Jjcynhac. 

'.).  Ms.  :  sobreis. 


CARTULAIRE    OU    PRIEURK    DK    NOTRE-DAME-DU-PONT.      183 

demandés  el  ni  hoin  per  lui;  elli  frayre  receubro  lo  el  beai- 
fach  espirital  e  tornero  Ihi  de  caritat  .l.  sol.  de  Caorcencs*. 
Ayso  fo  fach  e  la  glieya  del  Pon  e  la  ma  R.  Bernât,  lo  prinr: 
e  sunt  testimonii  G.  de-Sanh  Sauri^,  Berlrans  La  Crolz, 
B.  Guirbertz  de  Laiach^  [fol.  24  r»]  preveire,  e  Joans  de 
Fratger*,  Joans  Trobatz,  P.  d'Antraygas  ■,  B.  de  Catmau% 
P.  de  Rosol,  e  molt"  d'autres. 

6.  Coneguda  causa  sia  a  totz  homes,  als  presens  e  als  ende- 
venidors,  que  Maurisis  de  Fellinas  donet  se  meys  a  Dieu  e  a 
Sca  Maria  e  a  la  Mayo  del  Pon  per  frayre,  e  donet  ab  se  la 
soa  part  de  totas  las  fasendas  que  sos  frayre  ni  sos  cosis  i 
avio  a  part  parlida.  Ayso  fetz  a  la  glieya  dal  Pon  e  las  mas 
d'en  R.  Bernât  (sic),  prior  dels  Calmelhs^'',  e  d'en  Thomas,  lo 
prior  dal  Pont;  e  de  pari  juret  sobre  sanhs  que  ja  may  ré  noy 
quesis  el  ni  hom  per  lui;  elh  frayre  receubro  lo  espiritalment 
e  corporalraent  el  benifach"  de  la  Mayo.  e  de  part  dero  Ihi 
.XX.  sol.  de  Caorencs^".  Ayso  vi  e  ausi  Willemsen  P.  de  Sanh 
Mamet",  e  Bos  de  Fellinas,  sos  frayre,  B.  de  La  Crotz, 
B.  Guirbertz,  P.  d'Antraigas,  Joans  de  Fratguier^"^,  en  P.  de 
Rosols. 

7.  Conoguda  causa  sia  qu'en  P.  de  La  Roca'^,  que  fo  filhs 
d'en  Guirbertz.  donet  ab  se  meys  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal 


L  Ms.  :  caorcence. 

2.  Saint-Saur  y,  commune  de  Saiiit-M;imct-la-SalvoUit. 

3.  Leynhac,  commune  de  Maurs. 

4.  Fraquier,  commune  de  Leynhac. 

5.  Soit  Antraigues,  hameau  avec  manoir,  commune  de  Boissot,  soil 
Antraygues,  village,  commune  de  Saint-Constant. 

6.  Le  Cap-Mau,  commune  de  Boisset. 

7.  Ms.  :  mois. 

8.  Escalmels,  commune  de  Saint-Saury.  fondation  do  Bertrand  de(jri- 
feuille. 

9.  Ms.  :  el  henifach. 
m.  Ms.  :  caorcence. 

11.  Ms.  :  sanhmaniet.  —  Saint-Mamrt,   commune  de  Saint-^Mamot-f.n- 
•Salvetat. 

12.  Ms.  :  de  falginer. 

l'î.  11   y  a  plusieurs  La  Roque  dans  lo  voisinage   de  Notre-Dame-du- 
Pont,  et  nous  n'avons  pas  lo  moyen  de  faire  une  identilication  certaine. 


184  ANTOINE  THOMAS. 

Pont  las  très  partz  del  mas  de  La  Rrigaldia^,  queis  té  ab  Mar- 
cenach,  e  las  très  partz  de  l'apendaria  que  a  nom  Rocacegada, 
e  la  ribieyra  que  es  sotz  Ferrieyras.  —  De  rescaps,  sia  sau- 
buda  causa  qu'en  P.  La  Roca,  l'oncle-  d'aquest,  donet  ab  se 
meys  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont  la  quarta  part  del  mas  da 
La  Rrigaldia,  el  bosc  de  Costa  Rossa',  e  una  pessa  de  terra  al 
pè  del  poh  del[s]  Paûzils. 

8.  Conoguda  causa  sia  a  totz  [foL  24  v"]  homes,  als  presens 
e  als  endevenidors,  qu'ens  Marsas  donet  si  meys  a  Dieu  e  a  la 
Mayso  dal  Pont,  e  donet  Ihi  La  Molinayria,  el  camp  de  Cas- 
sannias,  e  tota  la  terra  qu'e  La  Molenayria  s'aperté.  Autorici 
Harnal  de  Melet\  en  P.  Forestiers,  en  Durans  La  Tron- 
queyra^  en  G.  La  Garriga,  que  mostret  las  bolas  del  camp.  — 
Seguentre^  ayso,  sia  saubuda  causa  que  Daurdè  Mantellis  (sic) 
fasia  demanda  en  aquesta  fazenda,  e  Ihi  frayre  de  la  Mayso 
vengro  ne  [a]  acordier  ab  lui,  e  sols  a  la  Mayso  tôt  quant 
querre  ni  demandar  y  podia,  e  juret  sobre  sanhs  que  ja  may 
ren  noy  queris  niey  demandés  el  ni  hom  per  lui  ;  e  Ihi  frayre 
donero  Ihi  de  caritat.  .l.  soi.  de  Caorcencs".  Ayso  fo  fach  e  la 
ma  R.  Bernart  lo  prior.  D'ayso  so  testimoni  B.  de  La  Crotz, 
frayre  prestre,  en  Harnais  de  Melet,  en  B.  La  Garriga,  en 
Gui,  SOS  frayre,  en  P.  La  Garriga  en  Steve,  sos  frayre,  en 
Joans  de  Fratguier",  en  l^.  Brociers. 

9.  Conoguda  causa  sia  que  Haslorchs  de  Marcenach  donet, 
a  la  fi,  a  Dieu  e  a  la  Mayso  del  Pont  la  senoria"  del  mas  de 
Marcenach  e  tôt  quant  demandava  a  la  glieia  de  Laiach,  e  la 
soa  part  del  deume  de  la  paroquia.  E  sia'"  causa  conoguda 


1.  La  Rigaldie,  commune  de  Leynhac. 
2.'  Ms.  :  londe. 

3.  Coste-Rousse,  écart,  commune  de  Leynliiic. 

4.  Vraisemblablement  Méailet,  château  ruiné,  commune  de  Fournoulès. 

5.  Latronqiii('re,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Figeac,  Lot. 

6.  Mot  de  lecture  douteuse,  plusieurs  lettres  étant  ellacées. 

7.  Ms.  :  caorcence. 

8.  Ms.  :  fratginer. 
1).  Ms.  :  cenoria. 

K).  Ms.  :  cia. 


CARTULAIRE  DU   PRIEURÉ   DE   NOTRE-DAME-DU-PONT.      185 

que  Hastorcs  de  Fornolés^  ténia  lo  lieu'^  de  Ihui.  e  quant,  se 
mes  al  Pont,  donet  a  la  Mayso  t;)t  quant  querre  ni  demandai* 
y  podia;  e  donet  lo  mas  del  Garrich,  que  era  seus  en  domini; 
e  donet  aquo  que  demandava  e  La  Molenayria,  aquo  era 
.1.  sestier  de  civada  [fol.  25  r^]  e  una  galhina;  e  sols  aquo  que 
demandava  en  Espeltieyra.  Aquest  do  autreiero  sieu  lilh 
Hebrartz  en  Guirbertz,  e  jurero  sobre  sanhs  que  may  ré  noy 
quesisso  niey  demandesso;  elh  frayre  donero  lor  .c.  sol.  de 
Caorcencs',  e  elh  promeyro  garentia  de  totz  homes  a  lor 
poder.  D'ayso  fo  autoricis  Bertrans  La  Crotz*,  Guirbertz 
de  Laihac,  P.  de  Tornamira%  en  R.  Bernât,  en  cui  teguda  lo 
fach. 

10.  Conoguda  causa  sia  qu'ens  Haustorcs  de  Cassanhas 
donet  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont  lo  daus  (sic)  de  Cassanhas, 
que  es  sotz  Cantaperditz^. 

11.  Conoguda  causa  sia  que  la  mayre  e  Ihi  frayre  de  Has- 
torc  de  Roana'  lo  donero  a  la  Mayso  dal  Pont  e  ab  Ihui 
donero  la  parra  desotz  La  Boria**  entro  a  l'ayga  e  u  vinhal  em 
Poh  Andrieu;  e  la  parra  es  quitia  de  tota  cesura. 

12.  Conoguda  causa  sia  que  Guirbertz  Amblartz  fo  us  sir- 
vens  de  Murât-',  e  avia  sa  mayre  el  castel,  e  era  soa  La  Ba- 
dolhia,  e  avia  .1.  camp  de  terra  e  la  fasenda  de  La  Casa,  e 
altre  e  Mesina;  e  fo  plagatz  e  mori;  e,  a  cap  de  temps,  sa 
molbier,  que  avia  sa  causer  e  la  terra  e  l'avia  tracha  de 
peuhs,  e  n'Ebratz  de  Fornolés^",  que  era  sos  cosis  e  sos  here- 

1.  Le  Fournoulcs,  canton  de  ^lanrs. 

2.  Ms.  :  fieus. 

3.  Ms.  :  caoreencc. 

4.  Ms.  :  lacrortz. 

5.  Il  y  a  deux  Tournemire  dans  le  Cantal,  tous  deux  fort  éloignés  do 
Notre-Dame-du-Pont,  une  commune  du  canton  de  Saint-Cernin  et  un 
moulin  de  la  commune  de  Raulhac. 

6.  On  ne  trouve  qu'un  seul  Catite-Perdrix  dans  la  nomenclature 
actuelle  du  Cantal,  commune  de  Marmanhac;  ce  ne  peut  être  le  nôtre. 

7    Roamies,  commune  de  Roannes-Saint-Mary. 

8.  La  Borie,  écart,  commune  do  Loynhac. 

9.  Mural,  nom  de  deux  châteaux  voisins,  commiim^  <]>•  S.-iint-lvlionno- 
de-Maurs,  l'un  dit  La  Rabe  et  l'autre  La  Guiole. 

10.  Ms.  :  forcholes. 


186  ANTOINE   THOMAS. 

tiers',  volgro  lo  sebelhir^  e  aportero  la  ossa  al  Pont,  e  sebelhi 
la  hom  el  semiteri,  e  donero  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont 
totas  aqviestas  fasendas  sobre  dichas;  e  jurero'*  Hebrartz  e 
Hastorcs,  sos  filhs,  que  ja  may  per  fort  re  noy  quesesso  niey 
demandesso  e  que  d'ayso  fesesso  bona  gareatia  a  la  Mayo  de 
totz  homes  a  lor  poder.  D'aiso  [fol.  25  V]  so  testimonii  R.  Ber- 
nartz,  que  era  priors,  que  receup  lo  do,  B.  Gautiers,  frayre  e 
prestre,  P.  de  Raula',  P.  Brossiers,  P.  de  Rossolh,  en  B.  Es- 
triquers  e  molt  d'autres. 

13^.  Conoguda  causa  sia  que  Willem  Tremolhas^  donet  a 
Dieu  e  a  la  Mayso  del  Pont  sa  fasenda  da  Rieu  Gros',  et  donet 
a  La  Bautieyra  .x.  d.  de  ces  de  Rodaués  e  la  terra  que  ténia 
B.  del  Toron  de  lui,  et  deu  n'esser  guirens  à  la  Mayso  en 
Garniers  de  Tremolhas  en  Bertrans,  sos  filhs,  e  siey  frayre. 
En  Willems  donet  an  Garnier  la  senhoria^  e  la  vestiso  per  tal 
covent  que  tegués  aquest  do  quiti  à  la  Mayso  dal  Pont. 

14".  Conoguda  causa  sia  qu'en  Raolfïps  (5«c)  de  Murât, 
frayre  de  Hugo  de  Murât,  e  ssa  darrieyra  malaudia  pausatz, 
donet  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont  los  pratz  de  Rescinol. 
Aquesta  donassios  fo  fâcha  a  Taorsach  '",  e  la  mayso  S.  Aymar, 
e  la  ma  d'en  R.  Bernart,  que  era  priors  el  receup  els  bes  espi- 
ritals  e  temporals,  s'en  levava.  Teslimonii  so  B.  Gautiers, 
prestre  e  canonjes,  Joans  de  Fratguiers,  P.  Daurdè  de  Taor- 
sach e  d'autres. 

15'^  Conoguda  causa  sia  que  la  Maysos   dal  Pont  a  una 


1.  Ms.  :  heretihers. 

2.  "Ms.  :  sebelhier. 

3.  Ms.  :  iurel. 

4.  Peut-être  Raulhac,  canton  (ie  Yic-sur-Cère. 

5.  Cf.  le  n"  16,  où  se  trouve  une  autre  rédaction. 

6.  Peut-être  Trémouill es ,  commune  de  Ladinliac. 
1'.  Peut-être  Le  Rieu-Cros,  commune  de  Marcolés. 

8.  Ms  :  an  carmer  la  senclioria. 

9.  L'article  35  contient  une  notice  abrégée  de  cette  donation. 

10.  Probablement  Toursac,  commune  de' Saint-Julien  Toursac,   plutôt 
qu'un  écart  homonyme,  commune  de  Boisset. 

11.  Oet  article  fait  double  emploi  avec  l'article  32. 


CARTULAIRE   DU    PRIEURÉ    DE   NOTRE-DAME-DD-PONT.      187 

eraina  de  froment  a  Murât,  e  la  fasenda  G.  de  Carrio,  per 
l'adersi  de  la  mayre  Guio  de  Murât. 

16'.  Conoguda  causa  sia  qu'en  Willem  de  Tremolhas  donet 
a  Dieu  et  a  la  Mayso  dal  Pont  la  fasenda  da  Rieu  Gros  e 
.X.  d.  a  La  Bautieyra  e  la  mayso  P.  del  Toron.  Testimonii  so 
G.  de  Sorps'-,  lo  capelas,  en  G.  de  Sanh  Sauri.  P.  de  Rosolh, 
B.  Estriquers,  B.  dal  Mas,  n'Astorc  dal  Mas  e  d'autres. 

17.  Al  bosc  [fol.  26  r»!  en  Casilhac^  una  terra  que  té 
.\'j.  sestayradas,  e  det  las  n'EbrartzdeFornolés'  e  la  ma  d'en 
R.  Bernart,  que  era  priors.  Testimonnii  G.  de  Sorps,  prestre, 
en  B.  Gautier. 

18.  Conoguda  causa  sia  que  na  Gibeliua  e  sa  fllha,  que  fo 
mollier  Ramun  d'Ambayrac^  feyro  acordier  ab  Willem  Rob- 
bert,  que  era  senher  dal  Pon,  e  donero  Ibi  sa  fasenda  da  la 
Raynaldia,  e  el  donet  lor  aver  ab  que  anesso  oltra  mar. 

19.  Conoguda  causa  sia  qu'en  B.  ens  Uc  Malnoyritz,  doi 
cavalier  de  Murât  %  se  donero  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont,  e 
donero  a  la  Mayso  tota  lor  terra.  E  seguentre  ayso,  Willem 
Robbert  felz  acordier  ab  Bonet  de  Murât  :  en  Bonetz  donet  a 
Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont  lo  mas  dal  Pont  ab  totz  sos  aper- 
tenemens,  que  era  seus  en  domini,  en  Willems  Robbertz 
laysset  Ihi  tôt  quant  avia  dels  Malnoyritz". 

20.  Régnante  Lodovico  rege  Francorum,  qui  cum  exercitu 
Jberusalera  peciit,  facta  est  bec  cartula  a  Bertrando  de  Agri- 
folio.  Ugo  de  Fornolés'*  et  Guibertus  etOstorgius,  fratres  ejus, 
dederunt  ma[n]sum  de  Lacu  de  Frigidis  Edibus  et  cambones 
et  medietatem  de  Ver[u]ha"  in  perpetuum  sine  uUo  retinaculo 

1.  Cf.  le  n"  13,  où  se  trouve  une  autre  rédaction. 

2.  Sors,  commune  de  Boisset. 

3.  Probablement  Cazillac,  commune  de  La  Besserette. 

4.  Ms.  :  forcholos. 

').  Probubloiiient  Ambeyrac,  canton  de  VillenoiiV"'.  arrondissement  do 
Villefranche,  Aveyron. 

6.  Ms.  :  muret. 

7.  Ms.  :  mais  noyritz. 

8.  Ms.  :  forholes. 

9.  La  Verf))ie,  commune  de  i^t-yidiac. 


188  ANTOINE  THOMAS. 

Bertrando  de  Agrifolio  et  successoribus  ejus  et  fratribus  ejus 
pro  matre  sua  et  fratre  suc  quos  recepit  Bertrandus  in  regi- 
raine.  Cujus  rei  testes  sunt  Willelmus  de  Becieyra'  et  P.  Va- 
civels  et  P.  de  Inter  Aquas  et  Aleaitz  de  Ma[n]so  et  ceteri 
multi. 

21.  Conoguda  causa  sia  que  B.  Aldoys  d'Albi^  donet  a  Dieu 
e  als  frajres  dal  Pont,  per  l'arma  de  so  frayre  Willem  Aldoi, 
los  fraus  de  Las  Garrigas  [fol.  26  v°j  el  mole  qe  s'i  aperté  e  la 
ma  del  prior  Thomas,  que  receup  lo  do.  E  cant  mes  sa  seror 
e  la  Mayso  dal  Pont,  donet  a  Dieu  e  [a]  la  mayso  lo  mas  dal 
Poh  de  Freyas  Mayos,  ab  sos  apertenemens,  e  la  ma  R.  Ber- 
nart,  qe  era  priors  de  la  Mayo. 

22.  Conoguda  causa  sia  que  Willems  de  Colne  da  Torsach, 
cant  anet  oltra  mar,  fetz  acordier  ab  Willem  Robbert,  que 
era  priors  dal  Pont,  de  l'apendaria  de  La  Gardela^  da  Freias 
Mayos  et  sols  a  Dieu  e  a  la  Mayso  tôt  cant  querre  ni  demandar 
y  sabla.  —  E  sia  saubuda  causa  que  R.  Balsas  de  Freias 
Mayos  e  sasor  y  demanda vo  vegayria,  e  vengro  ne  a  acordier 
ab  la  Mayso  e  solsero  tôt  cant  demandar  i  sabio,  e  agro  ne 
.iiij.  sol.  de  caritat.  Autorici  B.  de  Tornamira,  en  W.  Arnal, 
en  G.  Lhautart,  e  S.  Forestier. 

23.  Conoguda  causa  sia  qu'eus  R.  Balsas  de  Freias  Mayos  e 
sa  mayre  demandavo  vegayria  el  mas  dal  Lac,  e  vengro  ne  a 
acordier  ab  la  Mayo  dal  Pont  e  solsero  a  Dieu  e  [a]  la  Mayso 
tôt  cant  querre  ni  demandar  y  sabio,'  e  agro  ne  .xx.  sol.  de 
caritat. 

24.  Conoguda  causa  sia  que  n'Uc  Arnals,  en  R.,  en  Arnals,  e 
n'Amielhs  meyro  lor  mayre  e  lor  frayre  e  lor  soror  (sic)  e  la 
Mayso  dal  Pont,  e  donero  a  Dieu  e  [a]  la  Mayso  la  fasenda  de 
Poh  GuirbaP  e  tota  la  teguda  qu'elh  tenio  aqui  de  l'afar  de 
Garaiach,  e  Jurero  sobre  sanhs  evangelis  e  sobre  l'altar  que 

1.  La  Bessière,  commune  de  Leynhac. 

2.  Il  est  évident  qu'il  ne  s'agit  pas  de  la  ville  d'Alby,  Tarn;  peut-être 
Aubin,  commune  de  Marmanhac,  canton  nord  d'Aurillac,  Cantal. 

;j.  La  Gardelle,  écart,  commune  de  Leynhac. 

4.  Le  Dict.  top.  du  Cantal  enregistre  Puech-Guiral  {Le),  domaine  ruiné 


CARTULAIRE   DD   PRIEURE    DE   NOTRE-DAME-DU-PONT.       189 

may  re  noy  quesisso  ni  noy  demandesso,  e  promeyron  guoren- 
tia  l'us  de  l'altre  e  us  quex  de  lolz  homes,  a  lor  poder,  a  bona 
fé;  elh  frayre  antreiero  lor  et  la  Mayo  lor  seboltura  (a)  ses 
messie  e  (a)  ses  dan  de  la  Mayo  [fol.  27  ro|,  e  de  part  dero  lor 
.c.  sol.  de  Caorcencs'  de  caritat.  Autoricis  R.  Beraatz,  en  cui 
ma  fo  fach,  en  P.  de  Blasela^,  Guirbertz  de  Laihac,  preveyre, 
e  molt^  d'autres.  — E  seguentre  ayso,  cant  fo  mort  n'Amielhs, 
li  autre  trey  frayre  donero  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont,  per 
la  salut  de  l'arma  del  mort,  una  bordaria  sotz  lo  Mas  dal 
Pont,  e  jurero  en  Uc,  en  R.,  en  Arnals  ^  sobre  sanhs  avangelis 
que  ja  may  noy  quesissunt  re  niey  demandessunt.  —  E  sia 
saubuda  causa]  que  Gui[r]bertz  de  Marceuhac  demandava 
senhoria  en  aquesta  terra  e  sols  a  Dieu  e  a  la  Mayso  tôt  cant 
querre  ni  demandar  i  sabia,  e  promés  guerentia  d'aques[tz]  e 
[de]  totz  autres,  y  ac  ne  .i,x.  sol.  de  Caorcenx.  Autoricis  R.  Ber- 
natz,  S.  d'Andraet"',  Haustorc  de  Fornolés,  Aymars  de  Melet, 
P.  Giscartz.  Per  eis  covens  o  autreiet  P.,  sos  frayre,  el  mos- 
tier  da  Maurtz"  e  juret  sobre  sanhs  que  enayssi  o  tegues  a  bona 
fé.  Autorici  R.  Bernatz,  W.  de  Corbier,  Rigalhs  de  Sanh 
Géré",  P.  de  Caltruna*,  B.  Benech.  E  ac  ne  de  caritat  .xx.  sol. 
de  Caorcenx.  —  E  sia  conoguda  causa  que  R.  Balsas  da 
Freias  Mayos  fasia  demanda  en  aquesta  fasenda,  e  donet  a 
Dieu  e  a  la  Mayso(s)  dal  Pont  tôt  cant  y  demandava;  elh 
frayre  de  la  Mayo  donero  Ihi  una  bona  gonela  de  drap  nègre. 
—  E  sia  saubuda  causa  qu'en  W.  Robbertz  fetz  acordier  ab  la 
glieyada  Cayrols^  del  deman  que  fasia  sobre  aquesta  fasenda; 


de  la  commune  de  Leynhac,  et  Puechyirbal  (Le),  domaine  ruiné  de  la 
commune  de  Boisset. 

1.  Ms.  :  caorcence. 

2.  Probablement  iy^es/c,  arrondissement  de  Urioiide,  Haute-Loire. 

'à.  Ms.  :  mois. 

1.  Ms.  :  en  r.  harnais. 

5.  Un  domaine  ruiné  de  la  commune  de  Saint-Gerons  portait  ce  nom 
en  1295;  le  Dict.  toi),  l'enregistre  sous  la  forme  postérieure  Andreit. 

»j.  Maurs,  chef-lieu  de  canton,  siège  d'une  abbaye  de  l'ordre  de  saint 
Benoît. 

7.  Saint-Céré,  Lot. 

8.  Cautrune,  commune  de  Jussac. 

y.  Cayrols,  canton  de  Saint-Mamet-La-Salvetat. 


190  ANTOINE   THOMAS. 

e  l'acordier  fo  aytals,  que  la  Mayos  dal  Pont  donès  cadans 
[fol.  27  V"!  a  la  glieya  de  Cayrols  '  .xii.  Poiés. 

25.  Conoguda  causa  sia  qu'en  W.  Aldoys,  lo  dous,  avia  la 
meytat  del  deime  em  Poh  Guirbal,  e  cant  lo  priors  e  Ihi  frayre 
dal  Pont  se  foro  acordatz  ab  los  Aruals,  preguero  W.  Aldoy 
que  s'acordès  ab  la  Mayo  dal  Pont  d'aquest  deime;  e  dis 
W.  Aldoys  que  aquon  faria  qu'en  Guirbertz  de  Laynbac  dize- 
ria.  E  ajustero  se  a  la  glieya  de  Cassanhosa^  lo  priors  dal 
Pont,  en  Guirbertz  de  Laynach  (sic),  en  W.  Aldoys  ab  lo[s] 
sens^;  e  aeordero  se  d'aytal  guia,  qu'en  W.  Aldoys  donet  a 
Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont,  a  bona  fé  e  ses  engan,  lo  deime 
que  demandava  em  Poh  Guirbal  de  tota  aytaP  teguda  cal  la 
Mayso  dal  Pont  avia  conquistada  dels*  Arnals,  e  juret  sobre 
sanhs  evangelis  que  ja  may  aquest  deime  uoy  quisés  el  ni  hom 
per  lui;  e  aqui  meseys  per  eys  couvent  jureron  o  siey  filb,  so 
es  a  saber  Mauris,  en  Gui,  en  Austorcs,  en  P.  E  ayso  fo  fach 
lo  dia  de  Pantacosten  (sic):  en  R.  Bernatz,  que  era  priors  dal 
Pont,  receup  aquest  do.  Autorici  Guirbertz  de  Laynbac,  que 
fetz  l'acordier,  en  P.  de  Rosols,  en  P.  Brossiers.  Elh  frayre  de 
la  Mayso  donero  Ihi  .i,.  sol.  de  Caorcenx;  e  après  juret  ho 
Haldois  per  eys  convent  a  la  Boyga  dal  Mon^. 

26.  Conoguda  causa  sia  qu'en  Aldoys  avia  u''  vinhal  em 
Poh  Guirbal,  e  donet  lo  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont  per 
salut  de  s'arma.  Aquest  do  autreiet  sa  molhier,  e  N'Artmans 
de  La  Scura.  D'ayso  son  autorici  R.  Bernartz,  que  era  priors, 
en  B.  Bonafos,  lo  ce-  [foL  28  r^]  lariers,  en  Andrieus,  l'osda- 
liers,  en  Joans  Amielhs',  l'escrivas.  E  Ihi  frayre  autreiero  Ihi 
.X.  sol.  de  Caorcenx  de  caritat.  Ayso  fo  fach  a  la  veyria  de  la 
glieya  dels  Calmelhs^  —  Seg[u]entre  tôt  ayso,  venc  el  a  la 

1.  Cayrols,  canton  de  Saint-Mamet-La-Salvetat. 

2.  Cassatiiouze,  canton  de  Montsalvy. 

3.  M.  :  altal. 

4.  Ms.  :  deis. 

5.  Il  y  a  La  Bouy(jue.  et  La  Bouyyue-al-Bos,  commune  de  Leyiiliac.  et 
d'autres  La  Bouygue  dans  la  région. 

C.  Ms.  :  avia  .u.  vinhal. 

7.  Ms.  :  aniliels. 

8.  Ms.  :  calsnielhs. 


CARTULAIRR    DU    PRIEURE   DR   NOTRE-DAME-DU-PONT.      191 

Mayso  dal  Pont  e  prol'ers  sobre  l'altar  lo  do  ab  una  candela, 
las  vespras  de  Pantacosten.  Autorici  G.  de  Sauh  Sauri, 
B.  Giiirbertz,  Guirbertz  Escudiers,  P.  Arnals. 

27.  Bernartz  Amielhs  donet  a  Dieu  y  a  la  Mayo  dal  Pont 
l'apendaria  de  La  Rrigaldia,  que  es  sos  Poh  Guirbal,  e  es 
delieura'  do  tota  cesura;  e  donet  la  Tranlonia  de  Sandolutz'. 

28.  Guirbertz  Uc  donet  ab  si  meys^  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal 
Pont  la  fasenda  de  Camp  Maur;  e  es  quitia  de  tota  cesura. 

29.  Conoguda  causa  sia  que  Harnais  de  Seiodolutz  ac  una 
gran  raalaudia,  e,  sse  moris,  laysava  a  Dieu  e  a  la  mayso  dal 
Pont  la  fasenda  d'Antraygas  e  aquela  da  La  Broa  '•  ;  e  no  mori 
d'aquela  malaudia.  E  après,  per  voluntat  de  Dieu,  (e)  el  ne- 
guet  ;  e  aportet  l'om  a  la  Mayo  dal  Pont,  elh  frayre  receubro 
lo  e  sebelhiro  lo;  e  syeu  amie  volgro  que  la  layssa  que  el  avia 
fâcha  fos  teguda,  e  promesero  ne  gu  ejrentia  a  la  Mayo  dal 
Pont  a  lor  poder. 

30.  P.  Aldoys,  que  fo  morgues  da  Orlhac",  donet  a  Dieu  e 
la  Mayso  dal  Pont  l'apendaria  que  es  sotz  Antraygas. 

31.  Conoguda  causa  sia  qu'ens  Pons  Aldoys,  quant  se  mes 
a  la  Mayso  dal  Pont,  donet  a  la  Mayso  lo  pradel  dels  comtalsde 
Lougoyro'*.  —  E  sia  saubuda  causa  que  el,  en  B.,  [fol.  28  v] 
SOS  frayre,  demandavo  deyme  e  La  Rrigaldia  e  l'apendaria  e 
la  vinha  domerguieyra,  e  proferens  e  la  Ribieyra;  e  done- 
ron  0  ambidoy  a  la  Mayso.  —  E  sia  saubuda  causa  que 
W.  Baras  da  Sanh  Estephe"  fazia  demanda  e  la  ribieyra  dal 
Pont  e  el  prat  dels  Comtals,  e  venc  ne  a  acordier  ab  la  Mayo 


1.  Ms.  :  déliera. 

2.  SatidoLutz,  plus  bas  Saijndolutz  (art.  '^0)  et  Issandolutz  (art.  3r>), 
paraît  identique  au  nom  de  la  commune  d'Issendolus,  canton  de  I.aca- 
pelle-Marival,  Lot;  mais  il  doit  s'appliquer  à  une  localité  disparue  située 
dans  le  voisinasse  de  notre  monastère. 

:j.  Ms.  :  ab  sumieys. 

4.  Labro,  commune  de  Loynliac. 

T).  Aurillac. 

tj.  Langoirou,  domaine  ruiné,  commune  de  Saint-Mamet-la-Salvetat. 

7.  Saint-Étienne-de- Maiirs ,  canton  de  Maurs. 


192  ANTOINE   THOMAS. 

e  sols  lo  seu'  drech  e  la  soa  raso;  elh  frayre  receubro  lo  el 
benifach  île  la  Mayso,  e  ac  ne  .vij.  sol. 

32  ~.  Conoguda  causa  sia  que  la  Maysos  dal  Pont  a  ima 
einina  de  froment  de  ces  a  Murât,  e  la  fasenda  G.  Carrio,  per 
l'adersi  de  la  mayre  Guio  de  Murât. 

33.  Conoguda  causa  sia  qu'ens  W.  de  Rotgier-^  lo  frayre 
d'en  B.,  donet  ab  si  meys  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont  lo  mas 
de  La  Carrieyra*,  el  mas  Angelbertenc,  el  mas  Gaardenc.  —  En 
Guirbertz  Uc  de  Cavano  avia  .c.  sol,  de  penhura'^  el  mas  de 
La  Carrieyra,  elh  altre  doy*^  mas  ero  delhyeure;  en  W.  Rob- 
bertz  preguet  Guirbert  Ugo  que  la  penhura'  que  el  avia  el 
mas  de  La  Carrieyra  presés  sobrel  demiech**  mas  Angelber- 
tenc, e  el  fetz  ho  per  amor  de  lui.  Ayso  vi  e  ausi  B.  de 
Cam[p]  Maur'*,  en  G.  de  La  Carrieyra.  —  E  sia  conoguda 
causa  qu'en  B.  Aldoys  d'Albi  intret  en  teguda  d'aquest 
dimiech  mas  e,  a  la  fi,  redet  lo  ab  si  meseys  a  Dieu  e  a  la 
Mayso  dal  Pont.  —  Après  ayso,  B.  de  Rogier,  lo  frayre  d'en 
W.,  fo  plagatz  per  mort,  e  fetz  se  aportar  al  Pont,  e  donet  a 
Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont  lo  mas  Laurenc;  e  era  totz  em 
penhs;  en  R.  Bernartz,  que  fo  priors  dal  Pont,  delhieuret  la 
meytat  d'aquest  mas  d'en  B.  Peyro,  e  l'autra  meytat  de  Hugo 
Peyro  e  dels  sens'"  e  de  Hugo  de  [foL  29  r»]  Boysset.  —  E 
seguentre  ayso,  Hue  de  Rrogier,  que  era  cosis  gernias  d'en 
W.,  e  d'en  B.,  Irebalhat  la  Mayso  dal  Pont  per  aquesta 
almorna;  elh  frayre  de  la  Mayso  donero  Ihi  la  meytat  del  mas 
Gaardenc  per  so  que  amès  la  Mayo. 

34.  Conoguda  causa  sia  qu'en  B.  Aldoys  Laymes  (sic),  cant 
anet  oltra  mar,  laysset  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont  la  meytat 

1.  Ms.  :  ceu. 

2.  Cet  article  fait  double  emploi  avec  l'article  15. 

3.  Rouziers,  canton  de  Maurs. 

A.  La  Carrière,  commune  de  Boisset. 

5.  Ms.  :  penulira. 

6.  Ms.  :  doys. 

7.  Ms.  :  penuhra. 

8.  Ms.  :  deimiech. 

9.  Le  Cap-Mail,  commune  de  Boisset. 
10.  Ms.  :  ceus. 


CARTULAIRE    DU    PRIEURÉ    DE   NOTRE-DAME-DU-PONT.       193 

del  mas  Serenc,  el  fora  dai  Bosc.  —  E  siasaubuda  causa  qifen 
Rigals  de  Rrogier,  en  P.,  sos  frayre,  calumpnero  aqnesta 
layssa,  e  Bardos  playget  ho,  e  agro  ne  .xxv.  sol.,  e  jiirero 
sobre  sanhs  avangelis,  per  se  e  per  lor  frayres,  que  ja  may 
tort  ni  contraria  noy  fesesso.  Autorici  R.  Bernart,  en  cui  ma 
fo  fach,  eu  B.  Gautiers.  preslre,  en  W.  de  Sanh  Mamet,  en 
G.  de  Felhinas,  en  S.  Auncirs  (sic). 

35'.  Gonoguda  causa  sia  qu'en  Raolff  de  Mural  layssel,  a  la 
fi,  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Font  .xviij.  d.  de  ces  el  prat  de 
Rescinol.  Autorici  B.  Galtier.  preslre,  en  G.  de  Sorps,  lo 
capelas. 

36.  Gonoguda  causa  sia  qu'en  W.  Peyre  de  Torsach  donet 
ab  si  meys  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Ponl  la  vinha  (iarnieyra 
dlssandolutz^. 

37.  Gonoguda  causa  sia  qu'en  R.  Peyre  de  Taorsac  es  sebe- 
Ihit  al  Pont,  e  siey  filh  (e)  donero  a  Dieu  e  a  la  Mayso  aquo  que 
avio  en  Agrifolieyra^  —  E  sia  saubuda  causa  que  Hue  Peyre 
y  demandet  sa  part,  e  donet  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont,  e 
ac  ne  .x.  sol.  de  caritat. 

38.  Gonoguda  causa  sia  qu'ens  Uc  Aldoys,  lo  dons,  donet  au 
Bertran  de  Grefolha  la  soa  part  del  deyme  de  la  parroquia  de 
Laynhac  e  tôt  aytan  quant  poyria  laorar  lo  cors  de  la  Mayso 
dal  Pont.  [fol.  29  V]  E  poysas,  quant  el  fo  mortz,  Uc  Aldoys, 
sos  filhs,  emplaygi  los  frayres  dal  Pont  per  aquest  do,  e  play- 
get  ho  l'abas  de  Maurtz,  en  Guirbertz  de  Laynhac,  en  Uc 
Peyre,  e  sols  e  autreiet  toi  quant  Ihi  frayre  querieu  (sic)  ni 
demandavo  en  totz  los  mas  e  e  las  fasendas  dal  Pont,  e  e  La 
Raynaldia,  en  Rossoyl,  e  a  la  boria  de  Marcenach,  en  Pissa- 
lop,  e  Marcenach  lo  Vielh.  e  la  Sudria,  el  mas  de  Garrich,  el 
Maset,  e  La  Molenayria,  els  fraus  de  La  Molenayria,  el  cam 
de  Cassayacihs  (sic);  e  juret  sobrels  avangelis,  per  se  e  pels 
sens,  que  aquest  do  légués  a  bona  fé  per  lolz  temps.  Ayso  fo 
fach  a  Maurtz.  Testimoni  l'abat  de  Maurtz,  Guillem  de  Cor- 

1.  L'article  11  contient  une  notice  plus  étendue  de  cette  donation. 

2.  Sur  ce  nom  de  lieu,  cf.  l'article  27. 

3.  Griffouliëre,  commune  de  Saint-lCtienne-de-Maurs. 

ANNALES   DU   MIDI.    —    XX  13 


194  ANTOINE   THOMAS. 

hier,  W.  La  Garriga,  Guirbertz  [de]  Laynhac,  W.  Uc,  Uc 
Peyre,  P.  de  Toraamira,  eus  Andrieus  e  Joan[s],  frayre.  E 
quant  venc  al  Pont  los  deniers  recebre,  jurel  sobre  l'altar  e 
sobrels  avangelis  que  aquest  do  tegués  a  bona  te,  ses  tôt  eu- 
gan  Autorici  Durant  Tronquieyra,  W.  Arnal,  W.  Pomier, 
P.  dal  Pont,  G.  Lauran,  Astorc  Battitan,  Guirbert  de  Roca, 
P.  Brossier,  P.  de  Rossoyl,  G.  d'Alborieu,  Guirbert  Miro, 
B.  de  Capmaur. 

39.  Conoguda  causa  sia  qu'en  W.  Robbertz  conquistet 
d'en  R.  de  Galhiac  la  nieitat  del  deime  de  la  parroquia  de 
Laynhac  et  det  Ih'en  .c.  sol  de  Poiés  e  acOlhi  lo  el  befach  de 
la  Mayo.  Aquest  deime  era  de  la  senhoria  de  Gironda.  E  poy, 
W.  Aldoys  en  B.,  sos  frayre,  intrero  en  aquesta  senhoria  e 
demandero  an  W.  Robbert(z)  lo  deime,  e  dissero  que  lor  dévia 
esser  ab  aquo  que  el  y  avia  donat;  e  vengro  ne  [a  acordier]  e 
la  ma  de  l'abat  de  Tfol  30  r°\  Maurtz,  lor  fraire  '  ;  e  el  playget 
los  d'aytal  guia,  qu'en  W.  Robbertz  agués  lo  deime  de  tôt  lo 
laor  que  faria  e  la  parroquia  de  Laynhac  e  el  mas  dal  Lac  de 
Freias  Mayos,  e  elh  que  aguesso  lot  l'altre.  —  E  poy  se- 
g[u]entre  la  mort  d'en  W.  Robbert(z)  e  d'en  B.  Aldoy,  Ihi 
filhi  d'en  B.,  W.  e  B.,  emplaygfro  los  frayres  dal  Ponl  pel 
deime  del  mas  dal  Lac,  que  era  de  la  heretat  de  lor  mayre,  e 
vengro  ne  a  acordier  ab  la  Mayso,  e  jurero  sobre  sanhs  que  ja 
may  ré  noy  demaudesso,  elh  ni  hom  per  lor,  en  aytant  de  laor 
cant  la  mayso  poyria  far  el  mas  dal  Lac  ni  e  la  parroquia  de 
Laynhac.  Autoricis  G.  Polverels,  Guirbertz  [de]  Laynhac, 
P.  de  Tornamira,  W.  Aldoys,  en  Estols,  sos  frayre,  en  Astorcs 
Battitan.  Elh  frayre  donero  lor  de  caritat  .xl.  sol.  de  Caor- 
cenx.  —  Seguentre  ayso,  W.  Aldoy,  lo  dons,  emplaygi  los 
frayres  dal  Pont  per  la  soa  part  del  deime;  elh  frayre  acor- 
dero  se  ab  lui,  e  dero  li  .l.  sol.  de  Caorcenx  ;  e  el  douet  e 
autreiet  a  la  Mayo  la  soa  part  del  deime  de  lot  lo  laor  que 
poyria  far  e  lia  parroquia  de  Laynhac,  e  juret  sobre  sanhs,  elh 
e  totz  (sic)  syey  lilh,  que  ja  may  ré  noy  quisesso.  Autorici 


].  Mont-Marty,  coinimuie  de  Saint-Etienne-de-Maurs;  cf.  la  biographie, 
article  15. 


CARTDLAIRE    DU    PRIEURE    DE   NOTRE-DAME-DU-PONT.       195 

R.  Bernatz,   Guirberlz  de  Laynhac,   Bertrans  La  Crotz,  en 
P.  Brossiers. 

40.  Conogutia  causa  sia  qu'en  Arnals  de  Melet  mes  so  filh 
e  lia  Mayo  dal  Pont,  e  donet  a  Dieu  e  a  la  Mayo  dal  Pont  la 
quarta  part  del  deime  de  la  pàrroquia  de  Laynhac. 

41.  Conoguda  causa  sia  que  Ihi  senhor  de  Melet  demandavo 
e  l'afar  de  Mont  Marti  '  .xviij.  garbas,  .ix.  de  [fol.  30  v»]  seguel 
e  .ix.  de  civada;  e  d'ayso  avia  la  meytat  B.  de  Mealet  (sic). 
E  sia  saubuda  causa  qu'ens  Symeons,  lo  bos  hom',  venc  una 
veguada  a  Melet,  e  quisi  an  B.  que  donès  ayso  a  Dieu  e  a  la 
Mayso  dal  Pont;  en  Bertrans,  pel  prec  del  bon  home,  donet  a 
Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont  aquestas  .ix.  garbas.  Aquest  do 
autreiet  n'Arnal,  en  Aymars,  en  Berenguiers,  siey  filh.  Ayso 
fo  fach  a  Melet,  sus  e  la  sala  tnaior,  lo  dia  de  la  Sanh  Peyre 
de  febrier ''.  Autorici  Symeon,  en  B.  de  La  Crotz,  frayre  pre- 
veyre,  en  W.  Aldoys,  en  Uc  de  Melet,  Bernartz  de  La  Garriga, 
candelier,  e  la  molhier  d'en  Arnal(s),  na  Galiane  (sic). 

42.  Conoguda  causa  sia  que  li  orne*  de  Laynac  demandavo 
la  meytat  d'una  pessa  de  terra  de  Mont  Marli  ques  té  ab  la 
Cumba  Guiraldenca,  e,  cant  anero  a  Roma  Guirbertz  en 
R.,  donero  a  Dieu  e  a  la  Mayso  dal  Pont  lo  lor  dret(z)  e  la  lor 
raso.  Ayso  feyio.  ab  l'autorgament  de  lor  mayre,  e  la  ma 
R.  Bernart(z),  lo  prior,  en  B.  La  Crotz.  —  E  sia  saubuda  causa 
qu'en  Aymars  de  Melet  demandava  la  quarta  part  en  tota 
aquesta  terra,  e  venc  ne  a  acordier  ab  la  Mayso,  e  sols  a  Dieu 
e  a  la  Mayso  tôt  quant  querre  ni  demandar  y  podia,  e  juret 
sobre  sanhs  que  ja  may  (ré|  noy  quisis  niey  demandés,  e  ac  ne 
.XXX.  sol.  de  Caorcenx.  Ayso  fo  fach  e  la  ma  R.  Bernart(z),  lo 
prior.  Autorici  Harnal  de  Melet.  —  E  sia  saubuda  causa  que 
Hue  de  Melet  demandava  l'aitra  part,  e  de  part  demandava 
.ix.  garbas,  entre  seguel*  et  civada  en  tota''... 

1.  Le  Gallia  ne  connaît  aucun  abbé  de  Maurs  antérieur  au  xiii'  siècle. 

2.  M*.  :  que  home, 
y.  Le  22  février. 

4.  On  ne  sait  rien  par  ailleurs  sur  ce  religieux. 

5.  Ms.  :  segueel. 

G.  Le  scribe  a  ainsi  brusquement  interrompu  sa  copie  au  luiliL'u  d'une 
phrase. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


DES    NOMS     PROPRES    DE    LA    BIOGRAPHIE 


Agrifolia,  oratoire,  1,  2. 

Aymericus,  évêque  de  Clermont,  7 

Bego  de  Calmon,  15. 

Bellilocus,  ville  du  Limousin,  \. 

Hellilocus,  oratoire,  13. 

Berencffax,  église  du  Quercy.  4. 

Bernakdus  de  Kocafokt,  12. 

Bertrandus  [de  Agrifolia],  fon- 
dateur de  Notre-Damedu-Pont, 
1-10,  17. 

Bertrandus  de  Rocafort,  12. 

Brivatensis  (abbas),  12. 

Calmon  (de),  famille  du  Kouergue, 
15. 

Calviniaco  (vicecomes  de),  4. 

Carmehis.  oratoire,  5. 

Castronovo  (<ie),  famille,  13. 

Celer  (flumen),  4. 

Clarevallensis  (monacbus),  1(!. 

Claromontenses  (episcopi).  Voy. 
Aymericus,    Poncius,   .Stepha- 

NUS. 
Carona,  (Beata  Maria  de),  abbaye,  7. 
Elsey  (flumen),  8. 
Estorrotz,  oratoire,  8. 
GiRBBRTOS  DE  MARCENAC.  6,  10. 
Ispaniacus,  oratoire,  4. 


lïERius  DE  Rocafort,  12. 

Laiac,  église,  11. 

Lemorlcensis  (pagus),  1. 

Malaviela,  seigneurie,  3. 

Marcenac  (de).  Voy.  Girbertus. 

Mercor  (de).  Voy.  Stephanus. 

Mun  Marti,  domaine,  15. 

Muratet,  oratoire,  14. 

Pictavia,  pays,  1. 

Poncius,  évêque  de  Clermont,  16. 

Ponte  (Domus  de),  6,  9,  10,11,  17. 

Ramer ia,  oratoire,  3. 

RoBBERTi,   RoTBERTi    (Willelmus), 

9-17. 
RuPE  (de).  Voy.  Ugo. 
Rocafort  (de),  famille,  12. 
Sievray,  ville  du  Poitou,  1. 
Stephanus  de  Meucor,  évoque  de 

Clermont,  11,  lO. 
Ugo  de  Rupe,  3. 
Valborgks,    mère   de    Begon    de 

Calmon,  15. 
Vallis  Clara,  oratoire,  12. 
Vkyreyras  (Willelmus  de),  14. 
Willelmus  Robberti.  Voy.  RoB- 

BERTI. 

Willelmus  de  Veyreyras,  14. 


TABLE  ALPHABETIQUE 


DES  NOMS  PROPRES  DU  CARTDLAIRE 


Agrifolia,  lieu,  37. 

Agrifolio  (Bektuandus  dk).  Voy. 

BERTRANDU!?. 

Aldoys  (Austokcs),  25.  —  (B.),  21, 
33,  89.  —  D'Albi  (B.),  21,  33.  — 
(EsïOLs),  39.  —  (Gui),  2.5.  — 
(Mauris).  2.5.  —  (P.),  25,  30.  — 
(Pons),  31.  —  (Uc)  38.  —  (W.), 
21.  25,  2(),  39,  \\.  —  Laymes  (B.), 
34. 

Aleaitz  de  Manso,  10. 

ALbi.  lien,  21.  33. 

AMBAYRAC  (liAMUNS   D'),    18. 

Alborieu  (G.  d').  38. 

AMBLAKTZ    (GUIKBERTZ),   12. 

Amielhs  Arnals,  24. 
Amiklh.s(Bicrnatz),27.  —  (Joans), 

2fi 
Andraet  (8.  d'  ,  24. 
Andrieu  (Poh),  lien,  11. 
Andrieiis,  26. 

Andrieus  de  Tornamira,  38. 
Angelbertenc  (mas),  33. 
Antrai/ffas,  lieu.  29.  30. 

ANTRAYGAS    (P.    !)'),  ô,    6.  20  (P.  DE 

Intkr  Aquas). 
Arnals  (Amielh.s),  24.  —  (Arnals), 
24.  25  —  (P.),  26.  —  (R.).  24,  2.5. 

—  (Uc),  24,  25.  —  (W.),  22,  25,  38. 

—  De  Melet,  8.  —  De  Sayndo- 
LDTZ,  29. 

Artmans  de  la  Scura,  26 
AsToiiCS   (AusTOiiC.s)  Aldoys,  25. 

—  Battitan,  38,  39.  —  Dal  Map, 
16.  —  De  Cassanhas,  10.  —  (Aus- 


TOBCS,     OSTORGUIS)     DE     FORNO- 

LÉS,  9,  20,  24.  —  De  Marcexac, 
9.  —  De  Roana,  11. 
auncirs  (s.),  34. 

AUSÏORCS.  Voy.  ASTORCS. 

Aymars  (S.),  14.  —  De  Melet,  24, 
40,  41,  42. 


B.  Aldoys,  21,  31,  39. 

B.  Aldoys  Laymes,  34. 

B.  Benech,  24. 

B.  BONAFOS,  26. 

B.  DAL  Mas,  16. 

B.  DE  Capmauk  (Caïmau),  5,  38. 

B.  DE  LA  Crotz.  Voy.  Bernatz. 

B.  DE  la  Gakriga.  Voy.  Bernarïz. 

B.  DEL  Toron,  13. 

B.  DE  Mealet.  Voy.  Bertrans. 

B     DE   ROTGIKR,  33. 
B.   DE  TORMANIRA,  22. 
B.   ESTRIQUEUS,   12,  16. 

B.  Gautieks,  12,  14,  17,  34,  35. 
B.  GUIKBERTZ,  5,  6,  26. 

B.  Malnoyritz,  19. 

1!.  Paretz,  4. 

B.  Peyro,  33. 

Badnlhia  {La),  lieu  dit,  11. 

Balsas  (R.),  22,  23,  24. 

Baras  (W.),  31. 

Baudo.s,  34. 

Battitan  (Astorcs),  38,  39. 

Bautiryra  {La),  lieu,  13,  16. 

BECIEYHA   {W1LLEL.MUS  DE),   20. 

Benech  (B.),  24. 
Berenguiebs  de  Mealet,  41. 


198 


ANTOINE  THOMAS. 


Bernarïz  (R.),  prieur  d'Escalmels, 
fi;  prieur  de  Notre-Dame-du-Pont, 
5,  8,  9,  12,  17,  21,  24,  25,  26,  33,  34, 
42. 

Beenautz  Amielhs,  27.  —  Dk  la 
Garkiga,  2,  4,  8,  41. 

Bertrandus  de  Agrifolia,  Bkr- 
TRANS  DE  Grefolha,  fondateur 
de  Notre-Dame-du-Pont,  20,  38.  — 
De  La  Croïz,  5,  6,  8,  9,  31),  41, 
42.  —  De  Melet,  41.  —  De  Tre- 
MOLHAS,  13. 

Blasela  (P.  DE),  24. 

BONAFOS  (B.),  26. 

BONET    DE    MURAT,   19. 

Boria  {La),  lieu,  11. 
Bos  DE  Fellinas,  5,  6. 
Bosu  (Lo),  four,  34. 
Boyga  dal  Mon  {La),  lieu,  2.5. 
BoYs.sET  (Hugo  de),  33. 
Broa,  {La}),  lieu,  29. 
Brociers,   Brossiers  (P.),  8,  12, 
25,  38. 


Calmelhs,  prieuré,  6,  26. 
CALÏRUNA  (P.  DE),  24. 
Canipmaur,  lieu,   28  ;   cf.    Capmaur. 
Cantaperditz,  lieu,  10. 
Caorcencs ,     Caorcenx ,     deniers    de 

Cahors,  6,  8,  9,  24,  26,  39,  42. 
Capmaur,  Catmau  (B.  de),  5,  38. 
Caraiach,  lieu,  24. 
Carrieyra  {La),  lieu,  33. 
Carrieyra  (G.  de  la),  33. 
Carrio  (G.  DE),  15,  32. 
Casa  {La),  lieu,  11. 
Casilliac,  lieu,  17. 
Cassanhas,  Cassannias,  lieu,  8,  10. 
Cassanhas  (AusïORCs  de),  10. 
Cassanhosa,  25. 
Cassayneihs,  lieu,  38. 
Catmau   (B.  de).  Voy.   Capmauk. 
Cayrols,  lieu,  24. 
Ceré  (Rigalhs  de  Sanh),  24. 

COLNE  (WiLLEMS  DE),  §2. 
Comtals    de   Jjonguiro    {pradel    de), 
lieu,  31. 

CORBIER     (GUILLEM      OU      W.      DE), 

24,  38. 
Costa  Rossa,  lieu,  7. 


Cros  {Rien),  lieu,  13,  16. 
Crotz  (B.  La).  Voy.  Bertrans. 
Cumba   Guiraldenca  {La),  lieu,  42. 

D 

Daurdè  (P.),  14. 
Daurdè  Mantellis,  s. 
DuRANS   La  Tronquieyra,  Tron- 
quieyra,  8,  38. 


Ebrartz  de  Fornolés,  12. 
Edibus  (Lacus  de  Frigidis).  Voy. 

Freias  Mayos. 
escudieks  (guikbertz),  26. 
Espeltieyra,  lieu,  9. 
Estfphe  {Sanh),  lieu,  31. 
ESTOLS  Aldoys,  39. 
ESÏRIQUERS  (B.),  16. 


Fellinas,  lieu,  5. 

Fellinas  (Bos  de),  .5.  6.  —  (G.  de), 

34.   —    (JlAURizis  de),   5,   6.  — 

(P.  DE),  5,  6. 
Ferrieyras,  lieu,  7. 
Forestiers  (P.),  8.  —  (S.),  22. 
Fornolés  (Astorcs,  Austorcs  de), 

9,  12,  24.  —  (Ebrartz  de),  12, 17. 

—  (Guibertes  de),  20.— (Ostor- 

gius  de),  20.  —  (uc  de),  20, 
Fratger,  Fkaïguier  (Joans  de)) 

5,  6,  8,  14. 
Freias  Mayos,  lieu,  20,21,  22,  24,89. 
Fkigidis  Edibus  (Lacus  de).  Voy. 

Freias  Mayos. 


G.  d'Alborieu,  38. 

G.  DAL  Pont,  38. 

G.  DE  La  Carrieyra,  33. 

G,  DE  Sanh  Sauri,  5,  16,  26. 

G.  DE  SORPS,  16,  17,  35. 

Galiane,  femme  d'Arnal  de  Melet, 

41. 
G.  Lhautaktz,  27. 

G.    POLVERELS,  39. 
Gaardenc  (mas),  33, 


CARTULAIRI-:    DU    PRIEURE   DF.   NOTRE-DAME-DU-PONT.       199 


GALHIAC   (11.    DE),  3',». 

Galtiers,  V.  Gautiers. 
Gardela  {La),  lieu,  22. 
Ganileyra  (  Viiiha),  lieu,  36. 

GAR.NIERS   de  TaEMOLHAS,   13. 

Gai-rich  (Lo),  lieu,  9.  38. 

G.  Lauran,  38. 

Garriga  (B.  de  La),  2,  -t.  —  (Ber- 
NARTz  de  La).  41.—  (Gui  de  La), 
2,  4.  —  (Peyre  de  La),  2.  — 
W.  La),  38. 

Garrigas  {Las),  lieu,  2L 

Gautieus  (B.),  12,  14,  17,  31,35. 

Getu'llach ,  lieu,  4. 

GiBELiNA,  femme  de  Ramon  d'Am- 
bayrac,  18. 

Gironda.  seisinenrie,  3it. 

GiSCARTZ   (P.),  24. 

Grefolha  (Berïran  de),  fonda- 
teur de  Notre  -  Dame  -  du  -  Pont  ; 
V.  Bkktrandus. 

Gui  Aldoys,  25. 

Gui  de  Murât,  15,  32. 

Guibertz  de  Marcenac,  V.  GuiR- 

BEKTZ. 

Guibertus  de  Foknolés,  20. 
GuiLHEMs  Kobbertz,v.  Robbektz. 

GUILHELMUS   DE  MALA    PlANHA,  1. 
GUILLKM  DE  CORBIER,  24,  38. 

Guiraldtnca  (Ciiinba),  lieu,  42. 

Guirhal  (Po/i),  lieu,  24,  25,  26,  27. 

GuiUBERTZ  (B),  5,  6,  26.  —  (Am- 
blartz),  12.  —  De  Laihac  (Lay- 
NHAC),  i),  24,  25,  38.  42.  —  (DE  LA 

ROCA),    7,  38.  —  (de    ilARCENAC), 

1),  24.  —  (Escudiers),  26.  — 
(MlK),  38.  —  (DE  Vigoro),  3.  — 
Uc    (DE   Cavano),   28,  33. 

H 

Harnals,  V.  Arnals. 
Hasïorcs.  V.  Astorcs. 

HAUSTOKCS,   V.  AUSÏOUCS. 

Hebrartz,  V.  Ebrautz. 
Hue,  Hugo,  v.  Uc. 


INTER  AquAS  (P. de),  20;  cf.  Autray- 

gas. 
Issaïulolutz,  lieu,  27,  29,  36. 


Jhervmlem,  ville  de  Palestine,  20. 
JOANS  Amielhs,  26. 

JoANs  de  Fratger  (Fkaïguier), 

5,6,8,14. 
Joans  de  Toknamira,  38. 
Joans  Trobatz,  5. 


Lac  de  Frétas  May  us  {Lo),  lieu,  20. 
23,  39. 

Laiac,  Laiach.   Laihac,  v.  Laynhac. 

Larrigaldia,  v.  R'igaldia  {La). 

Laurenc  {Mas),  33. 

Laymes  (B.  Ai.doy^),  34. 

Lnyi.hac  (souvent  écrit  Laiac,  Lai- 
hac), lieu,  5,  9,  38,39,  40,  42.  . 

Laynhac (GuiRBERTz  de),  9,24,  25. 
38,42.—  (R.  DE),  42. 

Lhautartz  (G.),  22. 

Lodeiva  {La),  lieu,  2. 

LODOVICUS  REX  Francorum 
(=  Louis  Nil),  20. 

Longoiro,  lieu,  31. 


M 


Mala  Piranha  (GuiLHELMUs  de)  1. 
Malnoiritz  (B.  et  Uc),  19. 
Majiet  (G.  de  t^ANii),  34.  —  (P.  de 

Sanh),  6. 
Manso  (Aleaitz  de),  20. 
iMantellis  (Daurdé),  8. 
Marcenac,    lieu,   5,  7,  9,  38.    —    Lo 

Viclh,  38. 
MAKCENAC      (AbïOUCS    DE),    9.     — 

(EBKARTZ  DE),  9.  —  (GUIRBEBTZ 

DE),  9.  —  (P.   DK,  ),  24. 

Marsas  (ens).  8. 

Martinia  {La),  lieu,  2. 

Mas  dal  Pont  {Lo),  lieu,  24. 

Mas  (Astorc  dal),  16.  —  (B.  dal), 

16. 
Maset  {Lo),  lieu,  1,2,38. 
Mauris  Aldoys,  25. 
Maukizis  de  Fellinas,  5,6. 
Muurtz,  lien,  24,  38;  abbé,  38.  39. 
Mealet,  v.  Melet. 
Melet,  lieu,  41. 


200 


ANTOINE    THOMAS. 


Melet  (Arnals  de),  8,  40,  41,  42. 

—  (Aymars  de),  24,  41,  42.   — 
(UCDE),  41,  42.   —  (B.    DE),  41. 

—  (Berenguiers  de),  41. 
Mesina,  lieu,  12. 

Moleîiayria,  3Iolina7jria  {La),   lieu, 

5,  8,  9,  38. 
Mon  {La  Boyija  dal),  lieu,  25. 
Mont  Marti,  lieu,  41,  42. 
Murât,  lieu,  12,  15,19,32. 
MuKAT  (BoNETDE),19.— (Guide), 

15,  32.  —  (Raolf  de),  14,  35.  — 

(UC  DE),  14. 


Orlhac,  lieu,  30. 

OSTORGIUS     DE      FORNOLES,    V.     As- 
TORCS. 


P.,  V.  Peyre. 

Paretz  (B.),  4. 

Pausils,  Pauzïls  {Los),  lieu,  3. 

Peyre  Aldoys,  25,  30.  ~  Arnals, 
26  —  D'Antkaygas  {de  Inter 
Aquas),  5,  6,  20.  —  Brociers, 
8,  12,  25,  38.  —  Daurdè,  14.  — 
De  Caltruna,  24.  —  De  Bla- 
SELA,  24.  —  De  Fellinas,  5.  — 
De  Inter  Aquas,  v.  P.  d'ANTRAi- 
GAs.  —  De  La  Garriga,  28.  — 
Del  Toron,  13,  16.  —  De  Mar- 
CENAC,  24.  —  De  Raula,  12.  — 
De  Rosol,  5,  6,  12,  16,  25.  — 
GiscARTZ,  24.  —  De  Rrogier, 
34.  _  De  Tornamira,  9,  .38,  39. 
—  Vacivels,  20.  —  (B.),  33.  — 
(R.),  36,  37.  —  (Uc),  33,  37,  38.  — 
(W.),  36. 

Peyi^o,  V.  Peyre. 

Pissalop,  lieu,  38. 

Plana  (Guilh.  de  Mala),  1. 

Pok  Andrieu,  lieu,  11. 

Poh  Guirbal,  lieu,  24,  25,  27. 

Poiés,  deniers  du  Puy,  39. 

Pons  Aldoys,  31. 

polverels  (g.),  39. 

Pont,  Pon  {la  Maysos  dal),  Notre- 
Danie-du-Pont,  pasulm;  l'église,  6. 

—  {Lo  Mas  dal),  lieu,  24,  38. 

—  (G.  dal),  38. 


R.  Arnals,  24. 
R.  Balsas,  22,  23,  24. 
R.  Bernartz,  prieur  d'Escalmels  et 
de  Notre- Dame-du- Pont,   v.  Ber- 

NARTZ. 
I    R.  DE  Galhiac,  39. 
Raolf  de  Murât,  14,  35. 
Raulha  (P.  de),  12. 
Rescinol,  lieu,  14,  35. 
Raynaldia  {Là),  View,  18,  38. 
Rieu  Cros.  13,  16. 
Rigaldia  {La),  Larrigaldia,  lieu,  7, 

27,  31. 
RiGALHS  DE   SANH  CERÉ,  24. 

RiGALs  DE  Rrogier,  34. 

ROANA    (HASTOKC  de),    11. 
ROHBEKTZ  (GUILHEMS,  OU  WiLLEMS 

OU  W.),  prieur  de  Notre-Dame-du- 

Pont,  4,  18,  10,  22,  24,  33,  39. 
RocA  (Ggirbertz  DE  La),  7,  38.  — 

(P.  DE  La),  7. 
Rocaceguada,  lieu,  7. 
Rodanès,  monnaie  de  Rodez,  13. 
Roma,  lieu  de  pèlerinage,  42. 
Rosol,  Rosols,  Rossolh,  Rossoyl 

(P.  DE),  5,6,  12,  16,  38. 
R0TGIER(B.  DE).  —  (RiGALS),  34.— 

(W.  DE),  34. 


s 


S'.  Aymards,  14. 
s.  Al'nciks,  34. 
S.  d'Andraet,  24. 

SANH  CeRÉ  (RlGALHS  DE),  24. 
Sanh  Estephe,  lieu,  31. 
S.  ITOKESTIERS,  22. 
SANDOLUTZ.  V.  ISSANDOLUTZ. 

Sanh  Mamet  (P.  et  W.  de),  6. 

(W.  de),  34. 
Sanii  Sauri  (G.  de),  5,  16,  26. 
Sayndolutz,  v.  Issandolutz. 
Serenc  (Mas),  34. 
Scura  (Armans  de  La),  26. 


1.  Cette  initiale  est  probablement  celle 
de  Sleve  (lat.  Slej>hanus)  ;  cf.  Esleve  et 
Steve. 


CARTULAIRE   DU    PRIEURE   DE  NOTRE-DAME-DU-PONT. 


201 


SORPS(G.DE),  16,  17,  35. 
Steve  La  Garriga,  8. 
Sudria  (La),  lieu,  38: 
Symeons,  lo  bos  hom,  39. 


Taorsach,  Torsach,  lieu,  14,  36,  37. 
Thomas,  prieur  de  Notre- Dame-du- 
Pont,  6,  38. 

ToRNAMIRA    (B.  de),  22.  —  (JOANS 

DE),  38.  —  (P.  DE),  î),  38,  39. 
Toron  (B.  del),  13. 

—  (Andrieus  de),  38. 
Tranlonia  {La),  lieu,  27. 
Tremolhas  (Gauniers  de),  13,  — 

(WiLLEMS  de),  13.  16). 

Trobatz  (Joans),  5. 
Tronquieyka  (Durans  La),  8,  38. 

U 

Uc  Aldoys,  38. 

—  Arnals,  24. 

—  De  Boisset,  33, 

—  De  Fornolés,  20. 

—  De  iMelet,  40.  41. 

—  Malnoiritz.  19. 


Uc  Peyre,  33,  37,  38. 

—  De  Kotgier,  33. 

—  (Guirbertz),  28,  33. 

—  (W.),  38. 

—  Hugo,  v.  Uc. 


Vacivels  (P.),  20. 
Vernha,  lieu,  20. 
Vigoro  [Lo),  lieu,  3. 

—  (Guirbertz  de),  3. 

■w 

\V.,  V.  Guillems  et  Willems. 
Willems  Aldoys,  21.  25,  39,  41. 

—  Arnals,  22,  38. 

—  [De  Sanh  iMamet',  6,  34. 

—  De  Corbier,  24,38. 

—  De  Tremoluas,  13,  16. 

—  Baras,  31. 

—  De  PiOTGiËU,  33. 

—  Peyre,  36,  38. 

—  RoBBERTZ,  V.  KORBERTZ. 

—  Uc,  38. 

—  WiLLELML'S  DE  BeC1EYBA,'20. 


GLOSSAIRE  DU  GARÏULAIRE 


Acordier,5,  8,  18, 19,  22,  etc.,  accord. 

*  Afiersi,  15,  32,  direction,  entretien. 
C'est  la  même  phrase  qui  revient  : 
Pe7'  Vadersi  de  la  viayre  Gu'w  de 
Murât.  Dérivé  du  verbe  aderser, 
mieux  aderzer,  qui  signifie  propre- 
ment soit  «  diriger  »  soit  «  élever  » 
(cf.  Raynouard,  Lex.  Rom.,\ll,  137) 
et  qui  s'est  employé  spécialement 
au  sens  de  «  diriger  dans  la  vie 
religieuse  »  (cf.  ce  passage  d'une 
charte  de  1189,  publiée  par  M.  Paul 
Andraud,  La  vie  et  Vœuvre  du 
troubadour  Ralmvn  de  Miraval, 
p.  241  :  Per  V.  nostra  seror,  qu'en- 
morguero  e  n'adersero).  Dans  notre 
cartulaire,  adersi  correspond  au 
latin  regivien  de  l'article  20. 

Alberc,  5,  droit  de  gîte;  cf.  meisso- 
neng. 

Almorna,  33,  aumône. 

Ambidoy,  31,  tous  les  deux. 

Anoal,  2,  anniversaire  (service  reli- 
gieux). 

Apendaria,  7,  22,  27,  30,  petit  do- 
maine rural.  Raynouard,  IV,  493, 
se  contente  de  traduire  par  «  dé- 
pendance »  ;  cf.  Du  Uange.  Dis- 
paru du  patois  vivant,  apendaria 
s'est  conservé  dans  la  toponymie, 
et.  les  LWpenderie,  La  FendarU, 
La  Petiderif,  abondent  dans  l'Al- 
lier, l'Aveyron,  le  Cantal,  etc. 

Autorioi,  8,  10,  22,  24,  25,  26,  34,  38, 
39,  garant.  Ce  mot,  calque  sur  le 
bas  latin  avctoriciuni ,  manque 
dans  Raynouard  et  dans  le  Prov. 
Supp.-W.  de  M.-K.  Levy;  il  se 
trouve,  au  sens  abstrait  (qui  est  le 


sens  primitif)  dans  un  acte  du  car- 
tulaire de  Conques,  éd.  Desjar- 
dins, n»  546  :  Per  autorici  et  per 
laudament  del  abbad. 

Befach,  39;  hen'ifach,  5,  6,  participa- 
tion aux  prières;  cf.  Du  Cange, 
benefactum  et  beneficmm. 

Senifach,  voy.  befach. 

Bola,  8,  borne. 

*Bramtgve,  5,  redevance  de  nature 
indéterminée;  cf.  l'article  brada- 
ticum,  de  Du  Cange.  Je  ne  sais  à 
quelle  source  Mistral  a  puisé  l'in- 
dication d'un  mot  «  roman  >>  bras- 
sadge, 

*  Causer,  12,  dot.  L'existence  effec- 
tive de  ce  mot  confirme  ce  que  j'ai 
dit  naguère  du  bas  auvergnat 
chansera  et  du  bas  limousin  tuanse 
dans  mes  Mélanges  d'étymol. 
franc. ,  p.  47  ;  cf.  Romania , 
XXXVII,  p.  117. 

*Cesnra,  3,  11,  27,  28;  sessura,  1, 
cens,  redevance. 

Contraria,  34,  contrariété. 

*Baiis,  10,  mot  inconnu,  probable- 
ment fautif  :  peut-être  pour //•«?«. 

Beiine,  25,  29;  deyme,  2,  31,  38; 
deume,  9,  dîme. 

Bkeria,  25,  dirait. 

*Domerg7iieyra,  31,  seigneuriale.  Va- 
riante  intéressante  de  dometigier. 

Elh,  9,  24,  39,  ils. 

*Einplaygero,  39,  mirent  en  procès- 

*Eniplaygi,  ;<8,  39,  mit  en  procès. 

Fasenda,  1,3,  4,  5,  6,  12,  13,  15,  18, 
24,  exploitation  agricole. 

Fraus  (plur.),  21,  38,  terres  incultes. 
Manque  à   Raynouard;    cf.    Levy, 


1.   Les  mots  doiil  ou  ne  couuait  pas  d'exemples  ailleurs  sont  précédés  d'un  astcrlsfjue. 


CARTULAIRE    DU    PRIEURE    DE    NOTRE-DAME-DU-PONT.       203 


article  frau.  De  nombreux  exem- 
ples pourraient  être  relevés  dans 
les  textes  latins  et  provençaux  du 
Massif  central  ;  cf.  les  articles 
fraustum  de  Du  Gange  et  fro  de 
Godefroy. 

Galhina.  9,  poule. 

Glieia,  9;  /jlieya,  5,  6,  église. 

ffuia,  39,  guise. 

Mayo,  voy.  mayso. 

Maysu,  1,  2,  3,  4,  5,  etc.;  mayo,  .5,  fi, 
23,  24,  29,  33,  maison. 

Meiz.  1  ;  meys,  2,  3.  6,  7,  etc.;  ineseys, 
25,  33,  même. 

Meissonenc,  5,  qui  a  lieu  à  l'époque 
des  moissons;  cf.  l'article  meissou- 
nen  de  Mistral.  Bien  que  le  mot 
manque  à  Ravnouard  et  à  Levy,  il 
n'est  pas  i)articulier  à  notre  texte; 
cf.  la  charte  n»  .546  du  cartulaire 
de  Conques  et  l'article  meisoneys 
de  Du  Cange. 

*Molé,  21,  moulin. 

Mey,  5,  9,  12.  24,  ni  y.  Élargisse- 
ment curieux  de  ni  i. 

Ossa,  12,  les  ossements. 

Parra  (mot  oxyton),  terre  de  bonne 
qualité,  jardin.  Voyez  sur  ce  mot, 


qui  manque  à  Raynouard,  Annale 
du  iVidi,  Yin,  117. 

Plaqatz,  12,  blessé. 

Playytt,  34,  38.  ménagea  (une  tran- 
saction); 39,  mit  d'accord  (les  par- 
ties). 

*Proferens,  31.  sorte  de  redevance: 
cf.  le  bas  lat.  profi-rentia,  profe- 
rentium  dans  Du  Cange. 

Promesei'o,  29;  promeyro,  24,  promi- 
rent. 

Queix  (=  que  si,  procliti(jue),  1,  2. 

Querieu,  38  ;  queris,  8  ;  quesesio,  12  ; 
quosis,  ô,  6,  7,  8  ;  quesisso,  -ssunt, 
9,  24  ;  quisps,  25,  réclamaient,  ré- 
clamât, réclamassent. 

Receps,  4,  reçut;  ordinairement  re- 
cnup,  12,  14.  etc. 

Se,  voy.  si. 

Segle,  2,  seyuel,  5,  seigle. 

i>i,  forme  du  pron.  pers.  employée 
(concurremment  avec  se),  8,  28,  33. 

Vegayria,  22,  23,  voirie  (terme  d'auc. 
droit  français). 

Veyria,  26,  vitrail. 

Vinhal,  11,  26,  vignoble. 

Y  (=  e  conj.  devant  une  voyell»), 
24,  27. 


MELANGES  ET  DOCUMEiNTS 


I. 


LES     CHAPITRES    DE    PAIX    ET    LE    STATUT    MARITIME    DE     MAR- 
SEILLE,   TEXTE   PROVENÇAL    DES   XIIl^   ET    XIV»   SIECLES. 

{Suite  ».) 

(B].  —[Confirmation  par  la  comtesse  de  Provence]. 

Et  en  après,  en  l'an  que  de  sus  es  dig,  en  la  indiction 
.XV.  eua  .vi.  jorns  denfra  Jun,  a  l'intrar,  enantz  la  hora  de 
tersia  d'aqueljorn,  la  sobre  dicha  donna  Na  Biatris,  com- 
5  tessa  et  marquesa  de  Proensa  e  comtessa  de  Folqualquier 
e  d'Anjou  2,  moUers  del  moût  aut  e  moût  noble  senhor  en 
Karle,  comte  d'Anjo  et  de  Proenssa  e  de  Folqualquier  e 
marques  de  Pro[vo]enssa,  présent  e  volent  e  consentent  lo 
sobre  dig  senhor  comte,  segon  la  promession  la  quai  sobre 

10  aisso  avia  fag  le  ditz  senhers  coms,  assi  com  de  sus  si 
conten  sertiflcada  e  fâcha  certa,  la  sobra  dicha  donna  com- 
tessa de  totas  las  sobre  dichas  cauzas  e  d'una  cascuna 
-  requistas  e  promessas  e  fâchas  entre  lo  sobre  dig  sen[h]or 
comte  per  se  e  per  la  donna  comtessa  et  entre  lo  sobre  dig 

15  en  Raolin,  syndegue  per  la  universitat  e(t)  de  la  univer- 
sitat  de  Mass'.,  aissi  con  de  sus  es  recontat,  lauset  adonx 
et  apro(p)et  e  confermet  espressament  et  ac  ferm  totas  las 
sobre  scrichas  cauzas  eft]  una  cascuna.  E  promes  la  sobre 
dicha  donna  comtessa  al  sobre  dig  syndegue  aqui  prezent 

1.  Voy.  Annales,  t.  XIX,  p.  504,  XX,  p.  45.  —  2.  Ms.  :  dnuion. 


MELANGES   ET   DOCUMENTS.  205 

i9  e  recebent  en  nora  de  la  dicha  univers! tat  e  dels  cintadans, 
par  si  e  per  ios  sieus  lieres,  aver  ferm  perpetualment  e  fer- 
mament  observar  e  gardar  totas  las  sobre  dichas  cauzas 
e[t]  una  quascuna.  E  sobre  que  tot(as  las  sobre  dichas  cauzas 
eltj  una  quascuna)  a  major  fermeza  de  totas  las  sobre  di- 

25  chas  cauzas,  la  sobre  dicha  donna  comtessa  de  son  bon 
grat  juret  sobre  Ios  santz  evangelis  de  Dieu  tocatz  corpo- 
ralraentz.  per  se  e  per  Ios  sieus  successors,  totas  las  cauzas 
de  sobre  escrichas  e[t)  una  quascuna,  renuncians  la  sobre 
dicha  donna  comtessa  (e)  sobre  totas  aquestas  cauzas  sobre 

30    dichas    a  beneflzi   de  menoretat  et  a  totz   autres  dretz  et 

autras  razons  per  las  quais  pogues  venir  en  alcuna  maniera 

contra  las  sobre  dichas  cauzas  o  contra  [f"  26  r"]  alcunas  de 

las  sobre  dichas  cauzas. 

Aquestas  cauzas  foron  fâchas  a  Marsseilla  en  la  raayson 

35  de  la  Cavallaria  del  Temple,  en  presensa  e  testimoni  del 
senhor  en  Bertran.  evesque  de  Frejurs  e  del  senhor  vice 
domine  prebost  de  Grassa,  eleg  en  arcivesque  d'Aix,  del 
senhor  en  Baral,  sonhor  del  Baus,  d'en  Rostain  d'Agout.  del 
senhor  n'Enric,  capellan  del  senhor  comte,  del  senhor  en  G. 

'lO  de  Bel  Mont,  del  senhor  en  Bertran  Rairabaut,  del  senhor 
Odo  de  Fontainas'.  senesqual  de  Proenssa  e  de  Forqualquier, 
del  senhor  en  Robert  de  l'Aven,  maïstre  de  leis,  del  senhor 
n'Imbert  d'Aurons,  del  senlior  en  Sentori,  del  senhor  en 
Symeon,  del  senhor   en   Bertran  ^   de  Boc,  del   senhor  en 

4J  G.  Cornut.  del  senhor  en  Felip  Ancelra,  d'en  Pelegrin  An- 
drieii,  d'en  G.  de  Mont  Oliu,  d'en  Blaquieras  de  Mont  Oliu. 
d'en  Bernart  Gasc,  d'en  P.  Isnart,  d'en  Pons  Anselm  e  d'en 
Alfan  Boissiera  e  d'en  G.  d'Avignon,  notari. 

[C].  —  (Confirmation  par  le  comte  de  I'rovbncb 

ET    LE   SYNDIC   DE   MaRSBILLB.) 

En  nom  de  Nostre  Senhor  Ih'u  Xrist.   Amen.  En  l'an  de 

la  Encarnation  de  lui  .MCC.lvii..    .vi.  jorns  denfra  luin,  a 

5    l'intrar.  Coneguda  cauzasia  a  totz  homes  presentz  eltj  esde 

venidors  per  aquesta  cominal  carta  que,  ajostatz  lo  parla- 

ment  de  la  ciutat  vescoratal  de  Mass'  en  la  maniera  acostu- 

1.  Ms.  :  Fontanas.  —  i.  B't. 


206  ANNALES    DU    MIDI. 

mada  en  lo  ciraenteri  de  Nostra  Dona  Santa  Maria  de  las 
Acoas,  en  presensa'  del  moût  aut  e  moût  noble  senhor  en 

10  Karle,  fllh  del  rei  de  Fransa,  comte  d'Anjo,  de  Proensa  e 
de  Folqualquier  e  marques  de  Proensa,  (voj  fon  legida  e 
recitada  de  paraula  a  paraula  en  plen  parlament  sobre  dig 
la  pas  e  la  composition  sobre  dicha  ques  era  fâcha  en  la 
ciutat  d'Aix  entre  lo   senhor  comte,   en   son  nom  e  de  sa 

15  moi  lier,  donna  Biatris,  auta  comtessa  d'Anjou  2  e  de  Proensa 
e  de  Folqualquier  e  marquesa  de  Proensa.  tilha  et  hères  sa 
en  reire  del  senhor  en  Raimon  Berenguier  de  bona  memoria, 
comte  de  Proensa  e  de  Folqualquier  e  marques  de  Proensa 
d'una  part,  e'n  Raolin,  drapier,  ciutadan  de  Mass'  ,  synde- 

20  gue  de  la  universitat  de  la  ciutat  vescomtal  de  Mass'.,  en 
nom  de  la  dicha  universitat  de  la  dicha  ciutat,  de  l'autra 
part,  la  quai  patz  era  escricha  en  publica  carta  fâcha  per 
lo  dig  G.  d'Avignon,  notari  de  Mass'.  e  de  tota  Proensa.  Et 
explanatz  e  legitz  complidamentz  aquels  capitols  que  si  con- 

'25  tenon  en  la  dicha  patz,  le  ditz  senhers  coms  promes  al  dig 3 
syndegue,  recebent  en  nom  de  ta  dicha  universitat,  e  juret 
als  sans  evangelis  de  Dieu  corporalment  ab  la  si[eu]a  raan 
[tocatz]  la  dicha  patz  e  la  libertat  e  las  franquezas  e  totz 
los  capitols  que  si  contenon  en  la  dicha  patz.  al  dig  synde- 

30  gue  recebent  en  nom  de  la  dicha  universitat,  e  per  ell  a  la 
dicha  ciutat  et  a  totz  et  a  .j.  quascun  de  la  dicha  ciutat.  et 
encaras  als  estrains  venentz  o  estantz  en  la  dicha  ciutat. 
per  se  e  per  los  lurs  hères  perpetualmentz  et  entieramentz, 
sens  amermament  attendre  et  [ff  27  r^]  observar  et  en  ne- 

35  gun  tems  non  venir  encontra.  Et  en  aquella  mezeissa  ma- 
niera le  ditz  en  Kaolin  syndegue,  en  nom  et  en  luoc  de  la 
dicha  universitat  e  dels  homes  singulars  de  la  dicha  uni. 
versitat,  complidament  ad  ells  legitz  et  esplanatz  los  capi- 
■     tols  .j.  quascun  de  la  dicha  patz  en  lo  dig  parlament.  de 

40  voluntat  de  la  dicha  universitat  et  aquella  universitat 
volent  et  enaissi  requerent  que  fos  fag,  et  ab  espres  con- 
sentiment  dels  homes  que  eran  en  lo  dig  parlament,  sobre 
las  animas  d'els  et  en  lo  lur  nom  et  en  nom  de  la  dicha  uni- 
versitat e  de  la  ciutat  sobredicha,  demandât  encaras,  si 

45    alcuns  volia  contradire  en  alcuna.  cauza  a  la  dicha  patz, 

1.  Ms.  :  proenssu.  —  2.  dauioti. —  3.  ditz. 


MÉLANGES   ET    DOCUMENTS.  207 

que  o  dieisses  (sic)  aqui  mezeis.  e  si  non  o  fazia  que  d'aqui 
enant  non  séria  auzitz,  e  nengun  non  contradizent,  promes 
ai  d\g  senhor  oomte  requérant  o  demandant  en  son  nom  e 
de  sa  moiller  e  de  leurs  lieres,  e  juret,  sobre  ios  santz  evan- 

50  gelis  de  Dieu  corporalmentz  tocatz  ab  la  si[eu]a  raan,  quez 
el  mezeis  le  sendegues.  en  nom  de  la  dicha  universitat,  e  la 
dicha  universitat.  perpetnalraent  la  dicha  patz  e  totas  las 
cauzas  que  en  la  dicha  patz  si  contenon,  et  especialraent 
la  senhoria  e  lautrejament  de  la  senhoria  e  de  la  juris- 

5o  diction  e  de  totz  Ios  dretz  e  de  las  rendas  e  de  las  intradas 
ques  eran  1  acostumadas  esser  del  comun  de  Mass'.,  fa- 
chas  al  dig  senhor  comte  e  per  ell  a  la  dicha  donna  \v°] 
comtessa  et  a  lurs  hères  en  Proensa  fermas,  (e)  fermas  (e 
ferm)  aver  et  observar  e  gardar  perpetualment  et  entiera- 

60  ment  sens  amermament,  et  en  alcun  tems  non  venir  encon- 
tra;  e  de  totas  las  sobre  dichas  cauzas  et  una  quascuna  lo 
dig  senhor  comte,  en  sou  nom  e  de  la  dicha  dona  comtessa 
e  de  lurs  hères,  de  consentiment  e  de  voluntat  del  dig  par- 
iament  envesti  et  ad  el  donation  e  liurament  e  quais  liura- 

65  ment,  per  cauza  de  la  dicha  concordia  e  composition,  de  totas 
las  sobre  dichas  cauzas  a  si  et  als  sieus  hères  fes,  segon  la 
forma  de  la  dicha  corapozition,  las  i|uals  totas  cauzas  et 
una  quascuna  sobre  Ios  sans  evangelis  de  Dieu  juret  al  dig 
senhor  comte,  recebent  en  son  nom  et  en  nom  de  la  dicha 

"70  donna  comtessa  e  de  lurs  hères,  le  dig  en  Raolins.  en  nom 
de  la  dicha  universitat. 

(LXIIII)  En  quai  maniera  le  coms  donet  en  lo  parlament.  a 
curar  lo  port,  .0.  lb\  de  riais  quascun  an.  otra  las  sobre 
dichas  .CGC.  lib\ 

En  l'an  que  de  sus  es  dig.  .vi.  jorns  denfra  Junh,  a  i'intrnr 
5  Coneguda  cauza  sia  a  totz  Ios  prezents  et  als  esdevenidors 
que  le  senhers  en  Karles,  filh  del  rei  de  Fransa.  sa  en  reire 
aut  coms  d'Anjou,  de  l'roensa  e  de  Forqualquier  e  marques 
de  Proensa,  fâcha  recitacion  de  la  dicha  patz  e  donation  et 
autrejament  fâcha  de  la  senhoria  e  de  la  jurisdiction  e 
40  dels  dretz  e  de  las  intradas,  las  quais  et  la  quai  lo  comun 
de  Mass'.  avia  o  dévia  aver  If"  28  r"!  en  la  ciutat  de  Mass*. 

1.  Ms.  :  que  seran. 


208  ANNALES    DU    MIDI. 

e  de  foras,  pec  en  Raolin,  sindegue  de  la  universitat  de  la 
dicha  ciutat,  en  nom  de  la  dicha  ciutat,  al  dig  senhor  comte, 
recebent  en  son  nom  et  en  nom  de  la  diclja  donna  comtessa, 

15  moUer  sieua  e  de  lurs  hères  en  public  parlament  de  Mass'., 
aissi  con  de  la  dicha  patz  e  donation  plenierament  es  ferm 
per  carta  publica  d'aqui  escricha  per  G.  d'Avignon,  notari 
de  Mass'.,  le  dig  senhers  coms,  a  requista  del  dig  sindegue 
e  d'aquels  ques  eran^  en  lo  dig  parlament,  donet,  autrejet 

20  et  assignat,  ad  ops  de  curar  lo  port  de  Mass'.,  de  las  rendas 
e  de  las  intradas,  las  quais  lo  dig  senhers  coms  e  la  dicha 
donna  comtessa  an  et  aver  e  percebre^  devon  en  Mass'.,  e 
las  quais  ill  o  li  lurs  hères  percebran  en  Mass'.  en  les  temps 
que  venran,  .C.  Ib'.  de  riais  coronatz,  otra  aquelLis  .CGC.  Ib', 

23  las  quais  le  dig  senhers  coms  en  la  carta  de  la  dicha  patz 
avia  autrejat  et  assignat  ad  ops  de  curar  lo  port  de  Mass'., 
et  en  la  cura  del  dig  port  quascun  an  perpetualment  se 
dejan  despendre;  e  las  sobre  dichas  .0.  Ib'.  de  riais  vole  et 
autreget  le  ditz  senhers  coms  que  sian  donadas  e  paguadas 

30  quascun  an  per  son  viguier.  lo  quai  aura  en  Mass.,  als 
obriers  del  dig  port,  de  las  sieuas  intradas  e  rendas.  las 
quais  aura(n)  en  Mass'.,  per  très  termes,  so  es  assaber  en  lo 
mes  de  Mars  la  tersa  part  et  en  lo  mes  d'Abrial  la  tersa 
part  et  en  lo  mes  de  May  la  tersa  part,  segon  que  en  la 

35  carta  [y°]  de  la  dicha  patz  e  donation  de  las  dichas  .CGC. 
Ib'.  es  plenierament  ordenat. 

(LXV)..  Qwe  hom  fion  pague  mas  J.  denier  al  pes  del  Laurel 
per  quascuna  saumada. 

Item,  donet   et  autrejet  le  dig  senhers  coms  en  aquel 

mezeis  parlamen  a  totz  los  ciutadans  et  ad  un  quascun  de 

5    Mass'.,  d'aquel  jorn  enant  que  aquesta  [carta]   fon   fâcha, 

-  perpetualment  per  se  e   per   los   sieus  hères,   franqueza, 

libertat  et  inmunitat  de  .j.  denier  d'aquels  .ij.  d'.,  los  quais 

li  ciutadans  de  Mass'.  eran  acostumatz  de  paguar  al  pes  del 

Lauret  per  quascuna  saumada  de  blat  que  hom  portava  als 

10    molins  per  cauza  de  moire,  en  tal  maniera  que  .j.  sol  d'. 

tant  solament  per  saumada  sian  tengutz  de  paguar  al  dig 

pes,  l'autre  d'.  apostot  revocat  o  remogut. 

1.  Ms.  :  que  seran.  —  2.  per  recebre. 


MELANGES    ET   DOCUMENTS.  209 

(LXVI).   De  non  pagar  alcuna  causa  per   Irossœras   o  per 

matelas. 

Item,  en  aquel  mezeis  purlament  autrejet  le  ditz  senhers 

coms,  en  son  nom  e  de  la  dicha  donna  comtessa  e  dels  lurs 

5    hères,  a  totz  los  ciutadans  et  ad  .j.  quascun  de  Mass'.,  fran- 

queza,  libertat  et  inmunitat  perpetualment.   per   tota  la 

lur  terra  dels  oomtatz  de  Proensa  e  de  Folqualquier,  de  lotas 

las  bonelas  e  trossieras  n  del  pesage,  lo  quai  si  paguava  o 

era  acostumat  de  paguar  per  occaison  de  las  bonetas  o  de 

10  las  trossieras  al  dig  senhor  comte  o  a  la  donna  comtessa  o 
ad  autre  en  nom  d'els,  en  tal  maniera  que  par  razon  de 
bonetas  o  de  trossieras.  o  d'aquellas  cauzas  que  seran  por- 
tadas  en  las  bonetas  o  en  las  trossieras,  non  sian  tengutz 
de  [f"  29  F"]  paguar  alcuna  cauza,  e  d'aquesia  franqueza 

15    s'alegron  perpetualment  li  ciutadans  sobre  dig. 

[DJ.  —  [Confirmation  solennelle  devant 

LE  CONSEIL  DE  MARSEILLE). 

En  nom  de  Nostre  Senhor  Ih'u  Xpist.  Amen.  En  l'an  de  la 
Encarnation  de  lui  raezeisme  .M.  CC.  Ivii.,  en  la  endiciion 
5  .XV.,  .viii.  ydus  Junii.  Coneguda  cauza  sia  a  totz  prezens  et 
esdevenidors  per  aquesta  publica  carta  que,  acampat  lo  par- 
lament  de  la  ciutat  vescomtal  de  Mass'.,  enaissi  con  acos- 
tumat es.  en  lo  cimenteri  de  Madona  Santa  Maria  de  las 
Acoas  en  Proensa,  del  moût  onrat  Nostre  Senhor  en  Kalle, 

10  fllh  del  rei  de  Fransa,  sa  en  reire  d'Anjou,  de  Proenssa  e  de 
Folqualquier  comte  e  marques  de  Proensa,  ton  legida  e  reci- 
tada  de  paraula  a  paraula  en  lo  plen  parlament  davant  dig 
la  pas  e  la  composition  que  fâcha  era  en  la  ciutat  d"Aix 
entre  lo  davant   dig  senhor  comte,   en  nom  sieu   e  de  sa 

15  moiller,  ma  donna  Biatris ,  onrada  comtessa  d'Anjo,  de 
Proensa  e  de  Folqualquier  e  marqueza  de  Proensa,  filha  et 
hères  de  mon  senhor  en  Raimon  Berenguier  de  bona  me- 
raoria,  sa  en  reire  comte  de  Proensa  e  de  Folqualquier  e 
marques  de  Proensa  d'una  part,  e'n  Raolin,  drapier,  ciu- 

20  tadan  de  Mass'.,  syndegue  de  la  universitat  de  l;i  ciutat 
vescomtal  de  Mass'.  en  nom  de  la  dicha  universitat  daus  ' 

1.  Ms.  :  dans. 

ANNALES  DU    MIDI.    —   XX  14 


210  ANNALES    DU    MIDI. 

l'autra,  la  quai  escricha  era  en  publica  carta  fâcha  per  mi, 
G.  d'Avignon,  (e)  de  Mass'.  e  de  tota  Proensa  notari.  et  espla- 
natz  aquels  capitols  e  legitz  los  denant,  le  ditz  senhers  coms 

25  promes  al  dig  [v]  syndegue,  recebent  en  nom  de  la  dicha 
universitat,  e  juret  als  sans  evangelis,  d'ell  corporalment  ab 
la  man  tocatz,  la  dicha  patz  e  la  libertat  e  [lasj  franquezas 
e  totz  los  capitols  en  la  dicha  pas  contengudas  e  contengutz 
ad  aquel  raezeisme  syndigue,  recebent  en  nom  de  la  dicha 

30  universitat,  e  per  aqnel  ad  aquella  ciutat  et  a  totz  et  a 
quasclin  de  la  dicha  universitat,  e  nesqualre  als  estrangiers 
aqui  venentz  o  estantz,  per  si  e  per  los  sieus  hères  en  per- 
pétua, entierament,  sens  amermament,  atendre  e  gardar  et 
en  nengun  tems  contra  non  venir.  En  aquella  mezeisraa  ma- 

35  niera  le  davant  dig  en  Kaolins,  sendegue,  en  nom  de  la 
dicha  universitat,  legitz  ad  els  et  esplanatz  qnascun  dels 
capitols  de  la  dicha  pas  en  lo  dig  parlament,  de  voluntat  de 
la  dicha  universitat,  aquella  volent  et  enaissi  esser  fag 
demandant,  e  d'espres  autrejament  dels  homes  en  lo  dig  par- 

40  lament  estantz.  demandât,  sobre  las  armas  d'aquels  et  en 
nom  de  la  dicha  universitat  e  de  la  ciutat,  (et)  si  alcuns 
volria  contradire  en  alcuna  cauza  a  la  dicha  pas,  que  so 
dieisses  (sic)  de  mantenent,  si  que  [no]  non  séria  auzit,  e 
negun  home  contradizent,  promes  ad  aquel  mezesme  senhor 

4.5  conte  (e)  stipulant  en  nom  sieu  e  de  sa  moiller  e  de  sos 
hères,  e  juret  sobre  los  sans  evangelis  de  Dieu  corporalment 
et  ab  la  man  tocatz  que,  tant  aquel  sendegue  en  nom  de  la 
dicha  universitat  et  aquella  mezesma  universitat  quant 
cascun  home  de  la  dicha  universitat  jf"  30  r"]  en  perpétua, 

50     la  dicha  pas  e  totas  aquellas  cauzas  que  en  la  dicha  pas  si 

contenon,  e  specialmentz   la  donation  e  l'autrejament  de 

(la  donation  e  de)  la  senhoria,  de  la  jurisdiction  e  de  totz 

•  los  dretz  e  de  totas  las  rendas  e  las  intradas  que  aurian 

acostumat  esser  del  comun  de  Mass'.  fâcha  al  davant  [dig] 

55  senhor  comte,  et  per  aquel  a  la  dicha  donna  comtessa  et  als 
hères  d'aquels  en  Proenssa,  fermas  aver  e  guardar  perpe- 
tualmentz  et  entieramen[tz]  sens  amermament  et  en  negun 
tems  non  contravenir,  e  de  totas  [las]  dichas  cauzas  e  quas- 
cunas  lo  davant  dig  senhor  comte,  en  nom  sieu  e  de  la  dicha 

60  donna  comtessa  e  de  sos  hères,  d'autrejament  e  de  voluntat 
del  davant  dig  parlament  e  dels  homes  del  davant  dig  par- 


MELANGES  ET   DOCUMENTS.  211 

lament,  envesti  et  ad  aquell  |fes)  la  donation  el  liurament 
de  totas  las  dicbas  cauzas,  per  cauza  de  la  concordia  e  de 
la  composition  davant  dicha.   las  quais  totas  e  quascunas 

65  cauzas  sobre  (losj  sans  evangelis  de  Dieu  juret  ad  aquel 
senhor  comte,  en  nom  sieu  recebentet  en  nom  de  ma  donna 
la  coratessa  e  de  sos  hères,  le  davant  dig  en  Raolins,  en 
nom  de  la  dicha  universitat  del  davant  dig  pariament  e 
d'autrejament  e  de   voluntat  d'aquels  e  sobre  las  armas 

70  d'aquels.  aissi  quant  dig  es  de  sus,  fermas  aver  e  tenir  e 
complir  en  perpétua  et  en  negun  tems  non  contravenir  per 
beneflzi  de  restitution  o  en  quai  que  quai  autra  maniera. 

[vf>]  Aisso  fon  fag  en  Mass'..  en  lo  cimenteri  de  Ma  Donna 
Sancta  Maria  de  las  Acoas .  en  aquel  luoc  en  lo  quai  era 

75  acarapatz  lo  davant  dig  pariament.  en  presensa'  et  en  tes- 
tiraoni  de  mon  senhor  lo  vesque  de  Frejurs,  en  nom  de  mon 
senhor  lo  prebost  de  Grassa.  eleg  er*  arcivesque  d"Aix,  de 
mon  senhor  en  Baral,  senhor  del  Baus,  de  mon  senhor  en  G. 
de  Bel  Mon,  de  mon  senhor  en  Rostain  d'Agout,  del  senhor 

80  n'Enric,  capellan  de  mon  senhor  lo  comte,  de  mon  senhor 
en  Robert  de  l'Aven,  savi  en  dreg,  del  senhor  en  Sentori  '^ 
d'en  Ugo  Staca,  d'en  Symon  Laget,  d'en  Bertran  de  Boc,  d'en 
G.  Cornut,  d'en  Andriu  del  Port,  d'en  G.  Chabert.  de  maïstre 
Johan,  clergue  de  mon  senhor  lo  senescal,  d'AIfan  Boissiera, 

85    de  Pons  Anselm,  notari  e  de  G.  d'Avinhon,  notari. 


II.  —  Deuxième  paix. 

(LXVII).  Ai/sso  es  la  secunda  pas. 

En  nom  de  Nostre  Senhor  l'hu  Xpist.  Amen.  En  l'an  de 
la  Encarnation  de  lui  raezeisme  .M.CO.  Ixii.,  en  la  endiction 
5  .xvi«"^,  lo  diluns  seguentre  la  utava  de  sant  Martin,  en  luin 
Coneguda  cauza  sia  a  totz  presentz  et  esdevenidors  que. 
cora  so  fos  cauza  que  discordia  nada  fossa  entre  l'aut  baron 
io  senhor  en  Karle,  fllh  del  rei  de  Franssa,  d'Angou,  de 
Proensa  e  de  Folqualquièr  comte  e  marques  de  Proensa,  e 
10    ma  donna  Biatris  sa  moiller,  comtessa  d'aquels  mezeismes 

1.  Ms.  :  proensa.  —2.  Sentoni  {\nt.   Tcntorii,    mais  Sanctonii    I   [a]. 
Lxiii,  12H). 


212  ANNALES  DU   MIDI. 

comtatz  e  marquesa  de  Proensa  d'una  part,  els  ciutadans  de 
la  vila  soteirana  e  sobrana  de  Mass'.  et  aquella  mezeisma 
ciutat  daus'  l'autra,  per  aisso  que  li^  ditz  ciutadans  [ô] 
alcuns  d'aquels  en  nom  del  comun  los  davant  ditz  senhor 

15  comte  e  (la)  dona  comtessa  [f"  31  r")  avian  despuillatz  de  la 
pocessioD  de  la  dicha  ciutat  e  del  castel  de  Sant  Marcel  e  de 
la(n)s  rendas  e  dels  dretz  d'aquels,  en  la  pocession  paciflea 
de  las  quais  rendas  eran  et  avia(n)  estât  ii  davant  dig 
senhers^  coras  e  (laj  donna  comtessa,  segon  la  forma  con- 

20  tenguda  en  la  carta  de  la  pas  sa  en  reire  fâcha  entre  lo  da- 
vant [dig]  senhor  comte  e  ma  donna  comtessa  daus  una 
part,  et  en  Raolin,  ciutadan  de  Massehla,  sendegue  de  la 
dicha  ciutat  e  de  là  universitat  (et)  de  la  dicha  ciutat  daus* 
l'autra,  pueissas  li  davant  dig  ciutadans,  volentz  retornar 

25  al  senhor  et  a  la  senhoria  del  davant  dig  senhor  comte  e  de 
la  donna  comtessa  e  de  sos  hères,  et  a  la  pas  et  a  la  con- 
cordia  et  a  la  gratia  et  a  l'amor  d'aquels,  elegiron  lo  senhor 
en  G.  de  Laurias  et  en  Guigo  Anselm  et  en  G.  de  Mont  Oliu, 
n'Ugo^  Vivaut,   n'Augier  de  la  Mar,  en  Raymon  Amielh, 

30  n'Ugo  de  Jérusalem,  en  Johan  Blanc,  n'Andrieu  del  Port,  en 
G.  Finaut  ^,  en  Bertran  ^  de  Boc,  en  G.  Bota,  en  Giraut 
Alaman,  en  Bertran  Gasquet,  en  Ferrier,  curatier,  en  Guiran, 
en  G.  Bascle,  notari,  a  tracta[r]  et  a  far  la  pas  entre  lo 
davant  dig  senhor  comte  e  la  donna  comtessa  e  la  dicha 

3a  ciutat,  douant- ad  aqueis  mezeismes  plenier  poder  de  far 
aquella  pas,  aissi  con  plenieramentz  si  conten  en  una  carta 
d'aqui  fâcha,  de  la  quai  la  ténor  es  aitals  : 

En  nom  de  Nostre  Senhor  sia,  en  l'an  de  la  Encarnation  de 
lui   mezeisme   .M.CC.  Ixii.,   en   la   endiction   .vi^c"».,  pridie 

40  ydus  Novembre.  Conoisseran  tutz  li  prezent  e  li  esdeveni- 
[v"]dors  quel  senhor  Colomp  de  Peiia  Sancta.  poestat  del 
comun  de  Mass'.  el  conseil  gênerai  d'aquella  mezeisma 
ciutat,  tant  conseilliers  cant  dels  caps  de  raestiers,  al  son  de 
las  campanas  et  al  vos  de  crida,  aissi  cant  acostumat  es, 

45    fero  et  establiron  tractadors  de  la  pas  ab  lo  senhor  comte 


1.  Ms.  :  dans.  —  2.  le.  —  3.  senhors.  —  4.  dans.  —  5.  dugo.  —  6.  Le 
texte  latin  donnant  G.  Feraudi,  il  faudrait  peut-être  corriger  Feraud.  Ce- 
pendant Finaut  se  retrouve  quelques  lignes  plus  bas,  où  Sternleld  dit  en 
MOLe  que  les  noms  sont  les  mêmes.  —  7.  Ms.  :  li't. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  213 

de  Proenssii  o  ab  1ns  tractadors  nobles  barons,  en  G.  de 
Laurias,  en  Guigo  Aiicelm.  en  G.  de  Mont  Oliu,  n'Ugo  Vivant, 
n'Aiigier  de  la  Mar.  en  Raimon  Amielli,  [n'IUgo  de  Jérusa- 
lem, en  Johan  BUinc,  n'Andrieu  del  Port,  en  G.  Finaut,  en 

:iO  Bertran  '  de  Boj.  en  G.  Bota,  en  Giraut  Alaman,  en  Bertran 
Gasquet,  en  Fer[rlier.  curatier,  en  [Guiran,  en]  G.  Bascle, 
notarié,  als  quais  tractadors  doneron  et  autrejeron  franc 
poder  de  tractar  sobre  los  capitols  prepauzats,  dels  quais 
es  tractât  entre  los  tractadors  trames  del  senlior  comte  els 

55  tractadors  del  comun  de  Mass'.,  mejansans  messagies  o 
tractadors  trames  del  senhor  en  Jacme,  fllh  de  mon  senhor 
lo  rei  d'Aragon,  e  dels  consols  de  Monpeslier^,  e  nescalre 
sobre  [totas  las  autras  cauzas  que  devian  estre  tractadas 
sobre)  *  la  pas  fa[z|edoira  e  reformadoira  entre  lo  davant 

60  dig  senhor  comte  e  la  ciutat  de  Mass'..  als  quais  sobre 
nomnatz  tractadors  doneron  franc  poder  e  plen  poder  de 
tractar  e  de  complir  e  de  perfar  e  de  reformar  la  pas  e  de 
far,  enaissi  enpero  que  neguiis  ciutadans  de  Mass".  [de]  dins 
o  de  foras  aoras  estantz  de  la  ciutat  de  Mass'.  sia  gitat,  ni 

6.J  dampnage  alcun  en  personas  o  en  cauzas  sufra,  mas  gene- 
ralmentz  e  specialmentz  a  totz  sia  fâcha  plena  remission 
del  [  f'J  32  r°]  senhor  comte,  si  especial  reinession  aver  volria, 
prometens,  en  n  an  del  comun  e  de  la  universitat  de  Mass'. 
e  per  aquels,  (si)  ferm  aver  perpetualmentz  quai  que  Iqualj 

"0  cauza  en  las  dichas  cauzas  et  entorn  las  davant  dich;is 
cauzas  ab  lo  davant  dig  senhor  comte  el  ab  los  tractadors 
d'aquel  fag  o  dig  sera  (sera).  En  testimoni  de  la  quai  cauza 
comanderon  la  prezent  carta  del  sagel  pendent  de  siéra  del 
comun  de  Mass'.  per  garni  ment  esser  fermât. 

75  Aisso  fon  fag  en  lo  palais  de  Mass'.  en  prezencia  et  en 
testimoni  5  del  senhor  n'Angelier,  d'en  Rairaon  de  Santys"", 
notari,  de  Peire  Gebelin,  de  Bernart  Raimon  de  Rabas- 
tenc,  de  G.  Bertran',  notari,  de  Berenguier  de  Valieras, 
noiari.   de  »  G.  de  Reihlana,  semaniers,  e  del  dig  conseill 

80     général,    e   de  G.   Lort,  notari  public  de  Mass'.,  le   quais, 

1.  Ms.  :  H'I.  —  2.  tintari.  —  :>.  monpi'sellit'r.  —  I  l'.ounloii;  nous  nHti- 
blissoiis  d'M|(ios  li;  latin  :  omnibus  aliisquo'  fractam/a  fuevinl  super.  — 
.T.  Sternfeld  supprime  les  noms  proi)rps  et  sp  contciito  do  dire  on  note 
qu'il  y  en  a  huit  (il  doit  lairo  un  nom  p.irticulior  (ii>  N/ilxistenc).  — 
6.  Ms.  :  sant  ys.  —  7.  67.  —  8.  dauant. 


214  ANNALES   DU    MIDI. 

per  mandament  del  davant  dig'  senhor  poestat  o  del  dig 
conseill  gênerai,  de  las  davant  dichas  cauzas  aquesta  carta 
escris  e  de  mon  senhal  l'ai  senhada^. 

Li  davant  dig  tractadors,  reconoissent  los  ditz  despuihla- 
85     mentz  esser  fag  per  los  ditz  ciutadans  de  Mass'.  o  alcuns 
d'aqùels,  aissi  com  de  sobre  es  dig,  volent  satisfar  al  davant 
dig  senhor  comte  e  |a]  la  donna  comtessa  dels  davant  ditz 
despuillaments  (e)  de  la  davant  dicha  ciutat  e  del  castel  de 
Sant  Marssel,  e  nescalre  de  totas  las  enjurias  e  daranajes 
90    donatz  per  los  homes  de  Mass'.  totz  e  quascuns  ad  aquel[si 
mezeismes  senhor  comte  e  donna  comtessa,  tractant  de  fase- 
doira  satisfaction  epas,  perufriron  als  davant  nomnatz  [v»] 
senhor  comte  e  donna  comtessa  de  la  davant  dicha  satis- 
faction e  de  bona  pas  aquellas  cauzas  que  denfra  aissi  si 
9o     segon  : 

Premierament,  )i  sobre  nomnatz  tractadors  de  Mass'.,  en 
nom  3  de  la  dicha  universitat  et  en  nom  lur,  volgron  et  au- 
tregeron  que  la  dicha  ciutat  de  Mass'.  el  castel  de  Sant 
Marssel,  ab  totz  los  dretz  e  pertenentz  d'els,  sian  restituilz 

100  als  davant  ditz  senhor  comte  e  donna  comtessa,  que  aquels 
ajon  e  tenguan  paciflcament  e  quietament  aissi  quant 
aquels  avian  e  tenian  en  acomensament  d'aquesta  guerra; 
e  proraeseron  aquels  restituir  cant  le  senhers*  coras  sera 
vengutz  0  aura  trames  sos  messugiers.  Volgron  sobre  que 

105  tôt  e  demanderon  que  la  pas,  li  quai  fon  deriera  fâcha 
entre  los  davant  ditz  senhor  comte  e  (la)  donna  comtessa 
daus  una  part,  e  lo  davant  dig  en  Raolin,  sendegue  de  la 
dicha  universitat  e  ciutat  de  Mass'.  et  aquella  ciutat  daus 
l'autra,  en  ^  l'an  .M.  CC.  Ivii.,  en  la  endiction  .xve"',  [IV]  nonas 

110    Junii.  li  davant  dicha  pas  sia  ferma  et  esteols  et  en  neguna 

cauza  déjà  esser  raudada,  exceptatz  aquellas  que  denfra 

•aissi  son  declaradas,  de  las  quais   cauzas  denfifr'aissi  ex- 

pressas  e  mudadas  li  davant  dig  de  Mass'.  |los]  ditz  senhor 

comte  e  donna  comtessa  els  hères  d'aqùels  (et)  en  son  nom 

115    e  de  la  dicha  universitat,   de  tôt  en  tôt  absolgron,  salvv 


1.  Ms.  :  sig.  —  2.  Notez  le  passage  de  la  -'>  personne  à  la  première.  — 
3.  Ms.  :  non.  —  4.  senhors.  —  5.  En,  avec  une  grande  majuscule,  et,  à  la 
ligne,  comme  si  c'était  le  commencement  d'un  paragraphe  important.  On 
a  mis  en  marge  (fin  du  \vi'  siècle?),  en  chiltres  arabes,  le  numéro  59, 
comme  le  n"  58  ci-dessus,  1.  84. 


MF.LANGES    ET    DOCUMENTS.  215 

aquellas  cauzas  que  per  los  arbitres,  li  quai  (le  lus  partz 
foroii  elegit,  sobre  los  capitols  de  la  dichapas  s'esdevenran 
[fo  33  r"\iver  declaradas  ',  a  la  ordination  e  déclaration  dels 
quais  stia  liom  enaissi  que  las  déclarations  sian  gardadas 

120  6  fermament  (tengndas?)  2,  aissi  con  los  autres  capitols  de 
la  pas. 

Per  3  aqui  mezesme  ,  promoseron  destruire  e  esplanar  las 
fortalessas  *  fâchas  en  las  conflnias  et  aquellas  mezesmas 
confinias  els  fossatz  d'aquel|a]s  esplanar.  enaissi  ompero 

12o    que  las  fustas  e  las  peiras  e  tota  la  materia  de  las  dichas 

conrinias  renaanguan  als  davant  ditz  Marseilles  a  paguar 

losdeutes  per  las  dichas  confinias  contrachi a)  o  a  far  fontz* 

0  ad  adurre  aygua. 

Per  aqui  mezesme,  promezeron  ad  aquels  liurar  e  donar 

130  (e)  per  nombre  donant  (?|.  per  comprar  las  davant  dichas 
cauzas  e  per  bona  pas,  totas  las  albarestas  que  eran  del  co- 
mun  de  Mass'.  en  lo  tems  de  la  moguda  gueira,  e  (d)aquellas 
que  pneissas  al  dig  comun  esdevengron,  a  far  sa  voluntat  ab- 
soutamentz.  enaissi  que.  si  alcuns  escondria  las  dichas  alba- 

i3o  restas,  li  cort  del  davant  [dig]  senhor  comte  puesca  enquerre 
e  recobrar  aquellas  d'aquels  que  aquellas  aurian  escon- 
dudas,  aisso  pausat  en  covenent  que  li  ciutadans  de  Mass'. 
sian  francs  d'aissi  adenant  en  perpétua  de  donar  e  d'aportar 
albarestas,  non  contrastant  l'establiment  de  donadoiras  et 

140  aportadoiras  las  albarestas,  enaissi  que  li  mercadiers  de 
Mas>'.  ni  li  senliors  de  las  naus  de  Mass'.  ni  li  autres  ciuta- 
dans de  Mas^'.  d'aissi  enant  jnonj  sian  tengutz  |v»l  donar  <> 
aportar  albalestas  de  las  partiras  d'outra  mar  0  d'autra 
part,    las  quais    eran  tengutz*^   d'aportir  sa  en    reire   al 

44.'>  comun  de  Mass'..  li  autre  empero,  non  '  ciiitadan  de  Mass'., 
quais  que  sian  0  seran.  sian  tengut  d'aportar  las  albarestas 
al  senhor  comte  et  a  ma  donna  la  comtessa  et  als  hères 
d'aquels,  enaissi  'on  davant»  aportavan  al  comun  de 
Mass'.,  de  las  quais  puescan  li  davant  dig  senher  coms  e 

LSO    donna  comtessa  far  lur  voluntat,  e  li  sien  hères. 

Per  aqui   mezesme,  voli^^ron  et  autrejeron  li  davant  dig 

1.  Ms.  :  declaratz.  —  2.  Le  latin  doiino  :  nhservctitnr  et  finuœ  siut. 
—  .S.  Le  ms.  ne  va  pas  à  la  li^ne  et  einploic  un  p  majuscule  ordinaire.— 
4.  Ms.  :  fossas  (lat.  fortnlicia).  —  T).  fu„itz.  —  f>.  (i'H(ju<lns.  —  7.  Lat- 
7iimc.  —  8.  Ms.  :  adenant. 


216  ANNALES    DU    MIDI. 

tractadors,  en  nom  lur  et  en  nom  de  la  dicha  universitat, 
que  li  dig  senher  coms  e  la  donna  comtessa  els  hères 
d'aquels  ajaii   en  perpétua   los  Juzieus    e  las  Juzieuas  en 

loo  Mass'.  eslantz  prezentz  et  esdevenidors,  enaissi  que  a  la 
voluntat  sieua  en  aquels  Juzieus  et  els  bens  d'aquels  pues- 
can  quista  e  tallia  far  e  querre  e  traire  et  aver  d'aquels 
mezesmes,  non  contrastant  lo  capitol  de  la  pas  davant  dicha 
parlant  de  la  franqueza  d'aquels,  enaissi  empero  que  li  da- 

160  vant  dig  Juzieu  e  las  Juzieuas  donon  en  las  dispensarias 
que  si  faran  per  cavalcadas  al  senhor  comte  et  a  la  dicha 
donna  comtessa  et  als  hères  d'aquels  fazedoiras  aissi  cant 
li  autre  ciutadans  de  Mass'.,  et  en  ninguna  autra  cauza 
donon  al  comun  de  Mass'.,  mas  de  tôt  remanguan  als  da- 

565  vant  ditz  senhor  comte  e  donna  comtessa  et  als  hères 
d'aquels. 

De  la  cavalcada  de  .v  <=.  serventz  et  de  .1.  cavals  armaiz. 

[fo  34  r"].  Per  aqui  mezesme,  autrejeron  [e]  promezeron 
que  li  cavalcada  de  .v.c.  sirventz  e  de  .1.  cavals  armatz, 
170  que  eran  tengutz  far  segou  lo  capitol  de  la  davant  dicha 
pas  sa  en  reire  fâcha,  sia  doblada,  enaissi  qued'aissi  enant 
sian  trames  en  cavalcada  del  davant  dig  senhor  comte  e  de 
la  donna  comtessa  e  de  lurs  hères  .M.  cirventz  o  .C.  cavals 
armatz,  segon  la  forma  e  la  maniera  contengudas  en  lo  dig 
175    capitol  de  la  dicha  pas  de  la  cavalcada. 

Per  aqui  mezesme,  promezeron  aï  davant  dipr  senhor  et  a 
la  donna  coràtessa  paguar  très  .M.  Ib'.  de  tomes  per  resti- 
tution de  las  rendas  de  Mass'.  pertenentz  al[s]   davant(z) 
ditz  senhor  comte  e  donna  comtessa,  las  quais  del(s)  tems 
180    de  la  moguda  guerra  entre  ad  aquest  prezent  jorn  agran 
.pogut  percebre  le  senhor  coms  e  li  donna  comtessa,  enaissi 
que  las  davant  dichas  rendas  per  lo  tems  davant  dig  sian 
dels  Marseilles  francamentz  et  absoutamentz. 
Per  aqui  mezeis,  promezeron  ad  aquels  senhor  comte  e 
185    donna  comtessa  las  cauzas  moblas',  las  quais  avian  en  lo 
castel  de  Sant  Marsel,  cant  fon  près  per  los  Marsseilles. 
Per  aqui  mezesme,  que  las  cauzas  toutas  en  Mass'.  et  en 

1.  Ms.  ;  noiielas. 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  217 

lo  castel  de  Sant  Marssell  als  officiais  de  mon  senhor  lo 
comte  en  Mass'.,  et  al  castellan  de  Sant  Marssel  et  als  ser- 

190  vidors  en  aquel  inezesnie  castel  o  a  la  lur  mainada,  en  lo 
tems  de  la  moguda  [vt>)  guerra,  sian  restituidas  ad  aquels  als 
quais  foron  toutas,  et  aisso  ad  aquels  que  aquellas  agron 
sian  de  paguar;  si  que  non,  li  comuns  de  Mass'.  sia  tengutz 
de  restituir.  En  aquella  mezesma  maniera  e  forma  sia  fâcha 

19")  la  restitution  del  blat  e  de  las  autras  cauzas  totas  e  presas 
per  los  Marseilles,  las  quais  avian  en  Mass".  li  '  home  de 
Proensa,  o  clergues  o  laïx,  en  lo  tems  de  la  moguda  guerra. 
els  deutes  sian  paguatz  als  homes  del  davant  dig  senhor 
comte  d'aquels  que  o  devian;  et  aquellas  cauzas  son  enten- 

200  dudas  d'aquellas  cauzas  o  deutes  que  en  Mass'.  devian  et 
avian  agudas  de  lo  tems  de  la  moguda  guerra.  Senblan- 
raentz  sian  restituitz  lo|sl  darapnage[sj  donalz  dels  Mars- 
seiiles  e  dels  autres  estantz  en  Mass".  eu  lo  tems  de  la 
guerra  al  senhor  en  Phelip  Ancelra  et  a  son  fraire  et  a'n 

20.J  R.  Gantelm  et  als  autres  faiditz  de  Mass'.  per  occaizon  de 
la  dicha  guerra  en  las  cauzas  moveols  o  non  raoveols  den - 
fra  Mass'.  contengudas,  et  aisso  d'aquels  que  las  cauzas 
auran  perceupudas  e  los  davant  ditz  daraajes  ad  aquels 
mezesmes  auran  donat  sia(n)  de  (que)  paguar;  si  que  non,  li 

210  coraun  de  Mass'.  satisfasse  ad  aquels  e  de  las  davant  dichas 
cauzas  sia  saupuda  veritat  per  nazi  de  la  cort. 

Per  aqui  mezesme  fon  dig  que  en  nom  de  las  victualias 
es  entenduda  sal,  [salvv]  aisso  que  le  davant  dig  senher 
coras  e  li  donna  comtessa  els  hères  d'aquels  non  sian  ten- 

215  gutz  donar  o  autrejar  saltvv)  als  Marseiltes,  sinon  per 
[fo  35  r"]  aquel  près  per  lo  quai  si  donaria  als  autres  homes 
de  Proensa  en  las  gabellas  del  senhor  comte. 

Per  aqui  mezesme,  proraeseron  li  davant(zi  [dig]  tracta- 
dors  queaquil  faran  e  curara[nj  que  li  ciutat  de  Mass'.  et  li 

22!)    ciutadans  d'aquella  mezesma  totas  las  davant  dichas  cauzas 

ratiflcaran  e  juraran  et  encartaran,  aissi  con  miells  e  plus 

utilment  si  poira  far   a   utilitat  et  ad   bonor  del   senhor 

comte  e  de  la  donna  comtessa  e  de  sos  hères. 

Seguentre  aquestas  cauzas,  li  davant  ditz  tractadors  so- 

225    plegan  pregueron  als  davant  digtz  senhor  comte  e  (a  la 

1.  Ms.  :  SI. 


218  ANNALES    DU   MIDI. 

dicha)  donna  comtessa  que  cant  si  tenrian  per  pagatz  eper 
contentz  de  la  dicha  satisfaction  o  pagiia,  que  remezessan 
e  perdonessan  als  ciutadans  de  Mass'.  totz  e  quascuns  tota 
enjuria  e  tota  rancor  e  totz  los  dampnages  donatz  a  cells, 

230  [e]  que  nescalre  autregessan  ad  aquells  per  bona  pas  al- 
cunas  cauzas  que  denfra  aissi  son  declaradas.  Ad  aquestas 
cauzas  li  davant  ditz  senhers  coms  e  li  donna  comtessa,  per 
preguieras  d'aquels  e  de  moût  prelatz  e  barons  e  de  rele- 
gios  enclinatz,  autregeron  ad  aquells  mezesmes  tractadors, 

135  recebent  en  nom  lur  et  en  nom  de  la  universitat  e  de  la 
ciutat  davant  dicha,  et  a  quascun  de  la  dicha  ciutat.  (o)  per 
aquella  universitat  e  ciutat.  aquellas  cauzas  que  denfra 
aissi  si  segon  : 

Preraieramentz  li  davant  dig  senhei-  coms  e  li  donna  com- 

240  tassa  per  si  e  per  sos  hères  receupron  las  sobre  dichas  cau- 
zas que  li  dig  [v°]  Marsseilles  de  sobre  proraezeron  e  done- 
ron  ad  aquels  mezesmes,  e  contentz*  de  la  dicha  satisfac- 
tion, feniron  e  remezeron  de  tôt  en  tôt,  per  si  e  per  sos 
hères  e  per  totz  lurs  valedors.  a 2  quascuns  ciutadans  de  la 

245  ciutat  de  Mass'.,  de  la  vila  sotrana  o  sobeirana,  tota  enjuria 
e  rancor  e  coraplancha.  la  quai  aurian  0  aver  podon  contra 
totz  los  Marsseilles  e  quascuns,  per  cal  que  cal  cauza  per 
ocaison  d'aquesta  prezent  guerra  e  de  la  touta  de  la  dicha 
ciutat  e  del  dig  castel  de  Sant  Marssel,  e  de  la  restitution 

250  del  régiment  de  la  dicha  ciutat,  e  de  totz  los  offendementz 
fatz  en  personas  de  lurs  officiais  de  Mass'.  e  del  castellan 
de  Sant  Marssel  e  dels  servidors  d'aquel  castel  e  de  la  mai- 
nada  d'aquells  e  de  totz  lurs  homes  e  va'edors,  et  totz  los 
dampnages  donatz  durant'  la  guerra  remezon  de  tôt  en  tôt 

253  ad  aquels  mezesmes,  e  lur  gratia  e  lur  bona  voluntat  ad  ells 
renderon.  et  aquels  en  lur  garda  e  lur  protection  receupron, 
salvas  aquestas  cauzas  que  en  aquesta  prezent  carta  de 
sobfe  son  autrejadas  als  davant  ditz  senhor  comte  e  (la) 
donna  comtessa  et  a  sos  hères. 

260  Per  aqui  mezeis,  autrejeron  li  davant  ditz  senher*  coms 
e  la  donna  comtessa  que  las  possessions  els  dretz  els  bens 
non  moveols  els  deutes  de  la  cort  del  senhor  comte  non 


1.  Ms.  :  contengutz.  — 2.  e.  —  1.  dauant.  —  '2.  senhor. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  219 

tiratz'  e(n)  las  cauzas  moveols  non  occupadas  que  li  ciu- 
tadans  de  Masseilla,  clergues  o  laïx,  de  la  vila  sotrana  e 

265  sobrana  de  Mass'.,  avian  o  pocezian  o  quaislpocezian]  en 
lo  tems  de  lo  coraenssuraent  d'aquesia  guerra  [en  la  lerraj 
del  senhor  [f"  36  r'^]  comte  e  de  la  Jonna  comtessa  e  de  lurs 
hères,  ad  els  toutas  en  lo  tems  d'aquesta  gucrra,  sian  res- 
tituidas  ad  aquells,  li  quais  aquellas  enanlz  avian  e  lenian; 

•.:70  e  proraezeron  que  farian  restituir  aquellas  cauzas  ad  aquels 
que  las  tenrian  e  de  oui  serian  detengudas  en  bona  fe  sens 
tôt  plag  e  sens  tota  controversia. 

Per  aqui  mezesnie,  li  davant  dig  senher  coms  e  la  donna 
comtessa,  de  lur  franqueza  e  gracia,  volon  que  en  Guigo 

275  Anselm  puesca  estar  en  Mass'.  et  en  tota  la  terra  del  senhor 
comte  e  de  la  donna  comtessa  e  dels  lurs,  enaissi  com  li 
autres  ciutadans  de  Mass'.;  e[t]  a  las  preguieras  e  requista 
dels  davant  ditz  Marsseilles  volon  et  autrejan  que  li  autres 
faiditz.  que  [faiditz]  son  de  Mass'.  per  lo  senhor  comte  e  los 

280    sieus  en  lo  tems  de  Tautra  paz,  o  pueissas  per  occaison  de  . 
la  part  d'en  Breton,  puescan  estar  en  Mass'.  et  en  tota  la 
terra  del  senhor  comte  e  de  la  donna  comtessa  e  dels  lurs, 
aissi  com  li  autres  ciutadans  de  Mass'.,  e  que  li  davant  ditz 
en  Guigo  e  li  autres  faiditz  recobron  et  ajan  totz  lurs  bens 

;85  non  moveols.  e  de  las  heretatz  d'en  Breton  e  dels  autres 
faiditz  mortz  sian  auzit  de  plan  en  lur  dreg.  e  sens  quai  que 
quai  enjuria  sian  fâchas  aquellas  cauzas  que  dichas  son  dels 
davant  ditz  Guigo  e  dels  faiditz. 

Per  aqui  mezesme.  quar^le  senhers  coms,  enantz  aquesta 

290  discordia,  de  sa  gracia  avia  autrejat  als  Marsseilles  que  le 
viguiers  fossa  tengut  recebre  francamentz  e  ses  contradic- 
tion homes  estrangiers  que  non  serian  dels  [vj  oonitatz  de 
Proensa  e  de  Folqualquier  ni  sieus  enemicx  manifestiz]  en 
ciutadans  de  Mass'.,  segon  costuma  de  Mass".  3,  volgron  e 

295  autregeron  aoras  li  davant  dig  senher  coms  e  la  donna  com- 
tessa. (e;  d'aquel  autrejament  enant  fag.  que  li  sieu  viguier 
que  per  tems  li  serian  sian  tengut  per  sagrament  de  recebre 
lo|s]  davant  ditz^  en  ciutadans  segon  la  forma  sobre  dicha, 
lo  quai  sagrament  fassan  en  lo  comenssament  de  lur  regiraen. 


1.  Ms  :  iratz.  —  2.  que;  cf.  306.  —  3.  Le  latin  ajoiito  :  ri,>,i  ru  hh,-,- 
tate  in  qua  sunt  alii  cives  Mass.  —  4.  Ms.  :  diff. 


220  ANNALES    DU    MIDI. 

300  Per  aqui  mezesme  cove[n]gron  li  davant  ditz  senher  coms 
e  li  donna  comtes.^a  e  li  ditz  Marseille?  que  li  près  dans' 
una  part  e  dans  l'autra.  de  quai  que  quai  condition  sian, 
dejan  esser  laissatz  e  desliuratz  de  las  carces  e  sian  rendutz 
a  l'una  part  et  a  l'autra  [a  la  condition  (?;]  de  pagar  las  des- 

305    pensas  d'aquels  e  gardias  atempradas. 

Per  aqui  mezesme,  car  le  senliers  coms  avia  autrejat 
enantz  aquesta  discordia  que  serian  elegitz  arbitres  a  co- 
noysser  si  la  pas  davant  dicha  non  séria  gardada  et  a  de- 
clarar  los  capitols  escurs  que  eran  en  la  dicha  pas,  volgron 

310  aora(ra)s  et  autrëgeron  del  dig  autrejament  li  davant  dig 
senher  coms  e  li  donna  conitessa  que  sian  elegitz  arbitres 
que  puescan  las  davant  dichas  cauzas  far  e  las  fassan  en 
bona  fe.  e  puescan  ordenar,  ad  utilitat  et  honor  del  senhor 
comte  et  a  profleg  de  la  ciutat  de  Mass'.,   la  segurtat  dels 

315  mercadiers  estrangiers  e  de  las  lurs  cauzas  venent  et  estant 
e  tornant  a  Mass'.,  e  de  la  tersaria^  non  pagadoira  pels  ciu- 
tadans  per^  l'us  de  la  ciutat  de  Mass'.,  et  a  la  déclaration 
et  ordination  d'aquels  estia  hom  e  las  déclarations  et  ordi- 
nations d'aquels  sian  [f"  37  r"]  gardadas  aissi  con  los  autres 

320    capitols  de  la  pas. 

Per  aqui  mezeis,  le  senescal  de  Proensa,  le  quais  a{d)oras 
es,  juri  gardar  e  far  gardar  aquesta  pas  e  l'autra  sobre  dicha 
en  bona  fe  e  contra  non  venir;  et  aquella  mezesma  cauza 
juraran  li  autres  senescals,  li  quais  per  temps  i  seran,  en 

325     lo  comensamen  de  lur  senescalsia. 

Per  aqui  mezesme,  li  davant  ditz  Marsseilles  daran  lurs 
letras  ubertas,  que  aquill  autrejeron,  que  mon  senher  le 
reis  de  Franssa,  le  quais  aoras  es  e  le  quais  per  temps  isse- 
ria,  sens  autra  destlzation,  puesca  aquels  licenciar  de  son 

330     règne,  enaissi  que  non  ajan  segurtat(z)  alcuna  en  lo  dig 

•    règne  ni  en  personas  ni  en  cauzas,  si  s'esdevenia  aquels 

revelar  autra  vegada  contra  lo  davant  dig  senhor  comte  e 

la  dona  comtessa  e  sos  hères;  e  que   le  senher  reis  per  si 

e  per  son  hères  rei  al  davant  dig  senhor  comte  e  donna  com- 

335     tessa  de  Proensa  sobr'  aisso  sas  lotras  autregi  ubertas. 

Per  aqui  mezesme,  volon  que  le  senher''  coms  e  la  donna 
comtessa  e  li  sieu  hères  puescan  aquels  mezesmes  Mars- 

1.  Ms.  :  dans.  —  2.  h^i -.custaria.  — 3.  Lat.  :  prœter.  —  4.  ]\Is.  :  lenher. 


MÉLANGES    ET    DOCDMENTS.  221 

seilles  e  los  lurs  bens  penre,  per  si  e  per  los  sieus,  [sens] 
forfatz,   en  quai  que  luoc  que  serian.  si  3'esdeven(n;ia(n) 

340    aquels  autra  vegada  revelar. 

Per  ^  aqui  mezesme,  promezeron  II  davant  dig  tractadora 
que  aquili  e  li  autres  ciuladans  de  Mass'.  pregaran  e  requer- 
ran,  a  la  voluntat  del  senhor  comte,  mon  senhor  io  papa, 
que  las  dichas  totas  cauzas  confeim  et  lotas  e  quascunas 

3i5  cauzas  sobre  escricbas,  et  es[)ecial[v»|mentz  la  pas  sobre 
diclia  ab  en  Raolin  sa  en  reire  fâcha.  Li  davant  dig  senher 
coms  e  li  donna  comtessu  per  si  e  per  sos  hères  daus  una 
part,  e  li  ditz  Marsseilles  de  sobre  nomnatz  per  si  e  per  la 
universitat  comunal  de  la  ciutat  de  Mass'.  daus'*  l'autra, 

350  voluntariamentz  accepteron  et  volgron  (e,,  l'una  part  e 
l'autra,  atendre  e  gardar,  e  far  gardar  en  bona  fe  prome- 
zeron, aissi  cant  de  sus  son  espressas,  e  nescalre  totas  las 
sobre  dichas  cauzas  e  quascunas  li  davant  dig  senher  coms 
e  ma  donna  comtessa  e  li   sobre  noranatz  Marsseilles.  en 

3.'j5  son  nom  et  en  nom  dels  ciutadans  de  la  ciutat  de  Mass'., 
jurerun  sobre  los  sans  Dieu(s)  evangelis  atendre  e  gardar 
en  bona  fe  e  far  atendre  e  far  gardar  e  contra  non  venir. 

En  testimoni  de  las  quais  totas  cauzas  et  en  perpétua 
fermansa  li  davant  dig  senher  coms  e  la  donna  comtessa 

360  comanderoa  aquesta  prezent  pagena  dels  sagels  esser 
garnida.  Sobre  que  tôt  aquist  denfra  aissi  escrig,  se  es 
assaber  znonsenher  vescom^,  per  la  gracia  de  Dieu  ar- 
civesque  d'Aix,  nionsenher  en  Bertran,  per  la  gracia  de 
Dieu    evesque    de    Frejus,    e    monsenher   n'Alan,    per    la 

365  gracia  de  Die[ul  evesque  de  Cestaron,  e  li  religios  baron 
fraire  Jaucelim,  ministre  dels  fraires  menors  en  Proenssa, 
e  fraire  Peire  de  Varicias.  prier  dels  predicadors  de  Mass'., 
e  li  noble  baron  en  Joan  de  Acciac,  diandemesV  e(t)  en 
Baral,  senhor  del  Baus,  e  Peire  de  Vezins.  senhor  de  Li- 

370  mos,  [e]  G.  de  Belmont,  a  requesta  del  davant  |dig|  senhor 
comte  e  de  la  donna  comtessa  e  delisj  sobre  nomnatz  Mars- 
seilles. en  [f"  38  r")  testimoni  de  totz  los  davant  ditz  [capi  • 
tels],  lurs  sagells  en  aquesta  prezent  carta  pauzar  ferou. 


1.   Ms.  :  per  (sans  ponctuation  ni  séparation). —  '-i.  duiis.-  :!.  vt'scom. 
atin  ■  vicedonti}ius.—  4.  {sic):  latin  :  de  comitis  militibux. 


222  ANNALES    DU    MIDI 

de  las  quais  totas  cauzas  las  dichas  partz  comanderon  osser 

Mo     fâchas  piusors  cartas  d'una  mezeusa  ténor. 

Aquestas  cauzas  foron  facha>  ad  Aix,  en  prat  del  palais 
dels  davant  ditz  senhor  comte  e  (de  la)  donna  coratessa, 
davant  los  davant  ditz  prelatz  e  relegios  e  nobles  barons, 
e  fraire  Peire  Blancait,  Johan  de  Sant  Clar,  Symon  de  Fre- 

380  jnrs,  G.  Vento,  ciutadan  de  Genoa.  Robert  de  l'Aven,  juiis 
professor,  G.  Porcellet,  Bertran  Gantelm'.  baille  d'Aix, 
Til»aut  de  Frene^,  Jaufre  Caudeon^.  en  Borgoinnon  de  Tretz, 
en  Rocafueill'',  fraire  d'aquels,  en  G!n(ljran  de  Symiana'», 
Alfant  de  Sant  Charaans^,  en  Gautier  de  Alnet,  Syraeon  de 

3S3  Foresta,  G.  de  Bracsilva,  Folco  de  Puech  Ricart,  Tibaut  de 
Vezins^.  cavalliers,  Rostain  Benêt,  Martin  de  Cordas,  cans- 
sellier*  d'aquel  mezesme  senhor  comte,  e  (de)  plusors  au- 
tres, e  (de)  mi,  Martin  de  la  Magdalena  de  Paris,  canone- 
gue  de  Sant  Maus  d'Anjou'',  publique  notari  d'aquel  senhor 

390  comte,  le  qnals  per  mandament  d'aquel  senhor  comte  me- 
zesme e  [de]  donna  comtessa  e  dels  sobre  nomnatz  Mars- 
seilles  aquesta  carta  ay  escricha  : 

Karlle,  flU  del  rei  de  Fransa,  d'Anjou,  de  Proensa  e  de 
Folqualquier  coms  e  marques  de  Proensa,  a  totz  et  a  quas- 

395  cuns  aquestas  prezentz  letras  esgardadors  salutz.  A  totz 
volem  (volem)  esser  coneguda  cauza  que  nos  prometem  en 
bona  fe  a'n  G.  de  Laurias  et  a  totz  los  trac[ta]dors  de  Mass". 
que  nos  preguarera  lo  car  senhor  e(n)  fraire  nostre  Lodoye, 
per  la  gracia  de  Dieu  rey  de  Fransa  [vo]  meut  aut,  els  au- 

400  très  pel  règne  de  Fransa  e  de  son  destreg,  per  desempa- 
charaent  de  [las]  cauzas  e  de  las  personas  dels  Marsseilles, 
si  alcunas  personas  sian  prezas  e  detengudas  en  sa  terra  o 
dels  siens,  exceptadas  galeias  e  barcas  e  las  sarclas  d'aquei- 
las,  que  a  nos  devon  esser  restituidas  dels  homes  de  Monpes- 

405.  lier.  E  preguarem  en  bona  fe  per  absolution  de  l'escumi- 
nion  en  aquels  fâcha  e  de  l'entredig  en  aquella  mezesraa 
ciutat*"  aquels  que  an  poder  d'absolver.  et  aquella  absolu- 

1.  Lat.  Gerdntelmo.  —  2.  Lat.  :  Fvonayo.  —  3.  Lat.  :  Janfrido  Chan- 
daron.  —  4.  Lat.  :  Richifolio.  —  5.  I^at.  :  Guircmno  de  Sumaria.  — 
6.  Aujourd'hui  Saint-Chamas  ;  lai.  :  Abnantio  (lis.  Amantio).  — 7.  Ms.  : 
ve)'i7is.  —  8.  Lat.  :  de  Dorduiio  capella?io.  —  9.  Ms.  :  damon;  lat.  :  6'. 
Maiidi  Aiidegavensis.  —  10.  Ms.  :  e  li  (uitredig,  etc.;  texte  latin:e<  inter- 
dicti  in  ipsam  cioitatetn.  Le  traducteur  a  pris  intfrdicti  pour  un  nomi- 
natif pluriel. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  223 

tion  et  dezpezeguament  de  las  cauzas  e  de  las  personas  far 
cnrarera  en  bona  fe  :  et  (que)  li  jutge  nostre,  los  quais  en 

410  Mass'.  pauzarem,  veiran,  cant  seran  enquistas  aquellas 
cauzas  que  son  fâchas  en  las  cortz  de  Mass'.  per  alcuns 
fazentz  si  e  tenentz  per  ofdcials,  que  non  sia  fâcha  alcuna 
cauza  al  dreg  contraria '.  (non)  per  aisso  que  li  officiais  de 
dreg  aqui  non  eran.  [si  que  non  (')]  faran'^  aquellas  de  nou 

415  sens  plag  fermas  sotz  lo  nom  d'aquells-  Deis  con(S)tratz  e 
dels  testamentz  fatz  foras  la  oort  volem  que  sian  ferin(a)s 
aissi  cant  en  dreg  fàtz  ^  seran.  salvv  enpero  que  las  da- 
vant  dichas  cauzas  non  sian  fâchas  en  nostre  prejudici*  o 
dels  nostres  valedors.  En   testimoni  de  la  quai  cauza  en 

420  aqupstas  prezentz  letras  nostre  sagell  comandem  esser 
pauzat. 

Donada  fon  ad  Aix,  lo  diraartz  siguentre  la  octava  del 
benaurat  sant  Martin  d'ivern^,  en  l'an  de  Nostre  Senhor 
.M.e.CC.lxii. 

(A  suivre.)  L.  Constans. 


II 


UNE  CONJECTUUE  SUR  UN  TROUBADOUR  ITALIEN. 
OBS   DE  BIGLLI. 

«  N'Obs  de  Biguli  se  plaing  »,  chantait  Guillem  Raimon, 
le  troubadour  bien  connu  du  xiii«  siècle,  qui  échangea  des 
vers,  à  la  cour  d'Esle,  avec  Ainieric  de  f^eguillian  ^  et  Ferra- 
rln  de  Ferrare  ".  Or,  Obs  de  Biguli  pourrait  se  plaiadre  aussi 
de  l'oubli  dans  lequel  il  fut  laissé,  depuis  que  M.  SchuUz- 
Gora  eut  l'heureuse  idée  de  le  classer  parmi  les  troubadours 
italiens  \ 


1.  Ms.  :  cauza  plus  c.  —  2.  Lat.  :  et  si  cog?ioverint  quod  sit  factum 
aliquid  contra  jus,  eo  quod  offiinales  de  jure  ibi  non  ernnt,  facient. 
La  restitution  n'est  pas  sûre.  —  li.  Ms.  :  fâchas.  —  1.  prcjuziri.  — 
5.  duuern. 

G.  Grundriss  de  Bartsch,  229,  2.  La  pièce  a  été  pul)]ic'c  par  M.  Appel, 
Provenz,  Chrest,  2,  n"  89. 

7.  La  tençon  est  publiée  dans  le  Manueletto  de  ('rosciiii.  2'  éd.,  a"  45. 

8.  Zeitschrift  f.  roman  Phil.,  vu,  2:j3. 


224  ANNALES   DU   MIDI. 

Cependant,  il  faut  avouer  que  M.  Schultz-Gora  n'a  chance 
de  satisfaire  personne,  quand  il  croit  trouver  à  Plaisance  la 
famille  de  son  poète,  se  basant  uniquement  sur  ces  quelques 
lignes  de  Poggiali  :  «(1288)...  l'antichissima  chiesetta  paro- 
«  chiale  detta  S.  Maria  de  Bigolis,  ovvero  illorum  de  Bigu- 
«  lis,  perché  da  questa  famiglia  riconosceva  la  sua  fonda- 
it zione  '.  »  Quant  à  moi,  même  sans  attacher  une  grande 
importance  au  fait  que  Plaisance  n'était  pas  un  pays  visité  par 
les  troubadours,  comme  Gênes,  le  Montferrat,  Ferrare,  la 
Vénétie,  je  remarque  que  les  relations  enlre  Obs  de  Biguli  et 
Guillem  Raimon  devraient  plutôt  nous  amener  à  le  chercher, 
par  exemple,  parmi  les  familles  de  la  marche  «  joyeuse  «  de 
Trévise,  ou  dans  les  contrées  qui  furent  en  Italie  le  berceau 
de  la  poésie  provençale.  Je  trouve  une  famille  «  Bigolini  »  à 
Padoue  ~  et  il  est  permis  de  supposer  que  Obs  de  Bigulin  pour- 
rait bien  être  un  «  Obizzo  de  Bigolini  ».  Cette  supposition 
deviendrait  une  certitude  presque  absolue,  si  l'on  pouvait 
découvrir  un  membre  de  cette  famille  portant,  au  xiii^  siècle, 
le  nom  de  «  Obizzo  i*.  Malheureusement,  les  documents  con- 
cernant cette  famille  ne  remontent  qu'au  commencement  du 
XV*  siècle  ;  mais  ils  nous  font  connaître,  à  cette  époque, 
comme  fondateur  de  la  famille  de  Padoue,  un  certain  «  Vittore 
de  Bigolini  »,  maître  d'école,  venu  de  Trévise.  Notre  famille 
était  donc  originaire  de  cette  ville  où  les  troubadours  étaient 
accueillis  avec  grande  faveur  par  les  seigneurs  «  Da  Camino  » 
et  où  se  rendait  souvent  Ferrarin  de  Ferrare.  Pourrait-on 
donc,  avec  quelque  chance  de  probabilité,  avancer  la  conjec- 
ture que  notre  Obs  de  Biguli  était  un  troubadour  de  Trévise  ? 
La  réponse  sera  donnée  par  celui  qui  aura  l'occasion  d'étudier 
les  documents  du  xiii*  siècle  conservés  dans  les  archives  de 
cette  ville.  "  Jules  Bertoni. 


1.  Poggiali,  Memorie  storiche  di  Piacenza.  v.  396. 

a.  Bibliothèque  de  la  ville  de  Padoue,  ms.  B.  P.  1376  (Cp.  Riv.  aral- 
dica  di  Roma,  Agosto  1906,  p.  501)  ;  et  mss.  B.  P.  172;  357  ;  1U42  XXI  ; 
1232  ;  1316  ;  1462  I  :  1180  IIl ;  1998  ;  2155. 


MELANGES   ET    DOCUMENTS.  225 


III 


ŒUVRES    INEDITES   DE   FRANÇOIS   MAYNARD. 

La  Bibliothèque  municipale  de  Toulouse  possède  deux  ma- 
nuscrits* de  François  Mayuard,  catalogués  sous  les  numé- 
ros 843  (ancien  69)  et  844  (ancien  92),  que  le  plus  récent 
éditeur  de  ce  poète,  Gaston  Garrisson^.  a  eu  le  tort  de  ne  pas 
dépouiller  avec  tout  le  soin  désirable. 

Dans  ces  deux  manuscrits,  dont  l'un,  le843,  a  279  folios^,  et 
l'autre,  53.  Garrisson  n'a  trouvé  à  relever  comme  inédites  que 
dix-sept  pièces^;  encore  lant-il  ramenée  ce  chiffre  à  quatorze, 
les  pièces  numérotées  VIII  et  IX  (pp.  292--!)  n'étant  que  les 
strophes  6.  8,  10  et  11  d'une  ode  publiée  du  vivant  même  de 
Maynard^  et  les  fragments  I  et  II  (pp.  301-2)  appartenant  à 
une  seule  et  même  pièce*. 

On  serait  tenté  de  croire,  sur  la  foi  de  Garrisson,  qu'en 
dehors  de  ces  quatorze  pièces  inédites  et  des  trente-six  pièces 
pour  lesquelles  nous  sont  données,  d'après  les  manuscrits', 
les  variantes,  les  333folios  de  nos  manuscrits  ne  contiennent, 
en  fait  de  poésies,  ou  bien  que  des  priapées^.  ou  bien  absolu- 
ment les  mêmes  pièces  que  celles  que  l'édition  reproduit. 

1.  Pour  la  description,  la  provenance  et  l'âge  de  ces  niss.,  voir  l'opus- 
cule de  M.  Drouhet  :  Les  Mcuiuscrits  de  Maynard  conservés  à  la  Bibl. 
de  Toulouse  (Paris,  H.  Champion,  1908). 

2.  Paris,  Lemerre,  1885-8  (8  vol.). 

3.  280  en  comptant  la  feuille  de  garde  initiale  qui  n'est  pas  foliotée, 
bien  que  couverte  d'écriture. 

4.  Treize  dans  le  ms.  84;î  (v.  t.  111.  p.  287-300)  ot  quatre  dans  le  ms.  844 
{Ibid.,  p.  301-3). 

5.  L'ode  «  Louis  dont  les  palmes  sans  nombre  «avait  paru  dans  le /to'«f'(V 
des  plus  beaux  vers  de  Messieurs  Malherbe,  Ilaca/i,  Maynard,  liois- 
robert,  etc..  (Paris,  du  Bray,  1030),  recueil  ignoré  de  Oarrisson. 

6.  On  trouve  cette  pièce  in  exlejiso  (ms.  841,  p.  32)  ([uclques  pages  plus 
loin  que  l'endroit  d'où  Garrisson  a  tiré  ces  deux  fragments.  Nous  la  don- 
nons infra,  p.  229-30. 

7.  liCS  variantes  citées  par  Garrisson  sont  surtout  tirées  du  Uecueil  des 
plus  beaux  vers  (Paris,  Du  Bray,  1020),  des  Pièces  nouvelles  de  May- 
nard (Toulouse,  1638)  et  des  Lettres  de  Mayiuird  (Paris,  gulnet,  I0r>2). 

8.  Le  chiffre  en  est  assez  élevé.  Nous  en  avons  compté  83,  toutes  dans 

ANNALES  DU   MIDI.    —    XX  15 


226  ANNALES   DU    MIDI 

En  réalité,  Garrisson  n'a  pas  consulté  les  manuscrits  de 
Toulouse  avec  plus  de  soin  que  les  œuvres  imprimées^;  car, 
s'il  les  eût  scrupuleusement  dépouillés,  ce  n'est  pas  pour 
36  pièces  seulement,  niais  bien  pour  277  qu'il  aurait  pu  nous 
donner  les  variantes  et,  d'autre  part,  il  aurait  pu  accroître 
très  notablement  le  nombre  des  pièces  inédites.  Les  manus- 
crits de  Toulouse  lui  offraient,  en  effet,  10  des  pièces  vérita- 
blement inédites  données  par  Labouisse-Rochefort,  40  des  64 
qui  ne  se  trouvaient  imprimées  que  dans  les  recueils  collec- 
tifs de  poésies,  d'où  M.  Lachèvre  les  a  exhumées,  pièces  aux- 
quelles on  doit  ajouter  les  29  tout  récemment  imprimées  par 
M.  Drouhet  et  celles  qu'on  lira  dans  le  présent  travail,  où 
nous  nous  proposons  de  donner  ce  que  renferment  encore 
d'inédit 2  —  priapées  à  part  —  les  manuscrits  843  et  844  de 
la  Bibliothèque  de  Toulouse. 


le  ms.  843.  Sur  ce  nombre,  53  ont  été  imprimées  dans  l'édition  des 
Priapées  (Freetown,  1864)  aux  pp.  5-33,  et  2  dans  le  Cabinet  satyrique. 
Des  28  autres,  1  a  été  attribuée  à  Sigogne  (par  M.  van  Bever),  1  à  Car- 
lincas  (par  M.  Lachèvre),  1  a  été  imprimée  par  M.  Drouhet  {op.  cit.),  enfin 
25  sont  inédites. 

1.  Pour  justifier  ce  reproche,  nous  rappellerons  : 

1"  Qu'il  a  oublié  tr^ois  des  pièces  données  dans  les  Poésies  nouvelles  de 
Maynard  (Toulouse,  1638),  et  qu'en  revanche,  il  en  a  reproduit  une  qui  ne 
diffère  que  par  un  seul  mot  {Guy  au  lieu  de  Jean)  d'une  épigramme  qui 
figurait  déjà  dans  l'édition  de  1646  (cf.  t    II,  279,  et  III,  101); 

2°  Qu'il  n'a  pas  connu  certains  recueils  collectifs  de  poésies  du  xvii«  siè- 
cle, entre  autres  le  Recueil  des  plus  beaux  vers  de  1630,  non  plus  que 
l'édition  toute  récente  des  Poésies  diverses  et  vers  itiédits  de  Maynard, 
donnée  par  M.  Blanchemain  à  Genève  en  1867; 

3"  Qu'ignorant  cette  dernière  i>ublication,  il  aurait  dû  extraire  des 
Lettres  biographiques  sur  Fr.  Maynard  de  Labouisse-Rochefort  (Tou- 
louse, 1846)  non  pas  seulement  les  deux  rondeaux  qu'il  cite  —  sans  se 
douter  que  le  second  est  incomplet,  —  mais  bien  17  autres  pièces,  dont  8 
ont  été  données  par  M.  Blanchemain  (édit.  de  1867),  et  It  par  MM.  Durand- 
Lapie  et  Lachèvre  dans  leur  ouvrage  :  Deux  homonymes  du  xvii"  siècle 
(Paris,  1899). 

2.  Nous  regardons  comme  inédits  les  pièces  ou  fragments  qu'on  ne 
trouve  ni  dans  Labouisse-Rochefort,  ni  dans  Blanchemain,  ni  dans  Gar- 
risson, ni  dans  les  ouvrages  de  M  Lachèvre,  ni  dans  l'opuscule  de 
M.  Drouhet,  ni  enfin  dans  les  Lettres  de  Maynard.  Les  vers  cités  dans 
ces  lettres  sont  fort  nombreux  :  nous  y  avons  relevé,  outre  67  fragments, 
31  pièces  complètes,  sur  lesquelles  21  se  retrouvent  dans  Garrisson,  4  dans 
Ijachèvre,  1  dans  Labouisse-Rochefort,  4  dans  le  ms.  843;  1  enfin  —  un 
sonnet  (les  2  quatrains,  h?ttre  277,  et  les  deux  tercets,  1.  153  bis)  —  n'est 


MELANGES   ET   DOCUMENTS.  227 

Nous  donaeroQs  successivement  les  pièces  composées  de  plu- 
sieurs strophes,  puis  les  sonnets,  les  dizains,  et  ainsi  de  suite 
par  ordre  de  longueur  décroissante,  Le  même  ordre  sera  con- 
servé dans  chacune  de  ces  catégories  pour  le  classement  des 
vers^ 

Nous  terminerons  en  donnant  les  strophes  que  Maynard  a 
éliminées  de  certaines  pièces  publiées  de  son  vivant 2. 

Double  veau,  lu  veux  que  j'estime 
Que  ta  noblesse  et  ton  dequoy 
Sont  par  un  chemin  légitime 
Sous  Pharamont  venus  ches  toy. 
Ton  ayeul,  que  tu  recommandes 
Avec  des  parolles  si  grandes, 
Fut  un  homme  sans  feu  ny  lieu 
Et,  quand  il  paya  la  nature. 
Il  démara  de  l'Hostel-Dieu 
Pour  aller  soubs  la  sépulture. 

N'as-tu  pas  honte  de  nous  dire 
Que,  soubs  le  dernier  des  Valois, 
Il  estoit  par  tout  cet  empire 
L'honneur  des  armes  et  des  lois? 
Tu  veux  le  tirer  des  ténèbres 
Avecque  ces  tiltres  célèbres 
Dont  faulsement  tu  l'embellis 
Et  ton  humeur  est  asses  vaine 
Pour  jurer  que  la  fleur  de  lis 
Estoit  sa  cousine  germaine. 


citée  nulle  part  ailleurs.  Quant  aux  fragments,  nous  en  avons  retrouvé 
43  dans  Garrisson,  1  dans  T^achèvre,  10  dans  les  mss.  de  Toulouse;  les 
13  autres  n'ont  pu  être  identifiés. 

1.  l*our  tous  les  morceaux  nous  indiquons  la  référence  aux  mss.  Nous 
désignons  par  A -le  ms.  843  et  par  B  le  ms.  844.  I.es  cliilTres  —  entre 
parenthèses  —  qui  suivent  ces  lettres  renvoient  au  folio  :  il  s'agit  du  recto 
quand  le  nombre  n'est  suivi  d'aucune  indication  et  du  verso  quand  il  est 
suivi  de  la  lettre  v. 

2.  Entre  plusieurs  formes  d(>  la  même  pièce  nous  avons  toujours  choisi 
la  plus  récente;  de  même  pour  les  variantes. 


228  ANNALES  DU   MIDI. 

Fay-toy  parent  des  Rois  de  Trace 
Ou  de  l'aigle  des  Allemans 
Et  prens  la  source  de  ta  race 
Dans  le  plus  vieux  de  nos  Romans, 
Je  ne  veux  plus  ouvrir  ma  porte 
Aux  petits  Messieurs  de  ta  sorte; 
On  ne  voit  rien  de  si  brutal. 
Il  faut  qu'un  homme  soit  bien  grue. 
S'il  n'est  ennemy  capital 
De  ceste  noblesse  bourrue. 


Aminte,  esprit  clair  et  net, 
Dont  le  docte  cabinet 
Sert  aux  Muses  du  théâtre, 
Nostre  âge  t'estime  tel 
Qu'il  se  désire  idolâtre 
Pour  t'eslever  un  autel. 

Tout  ce  qui  part  de  ta  main 
Est  plus  céleste  qu'humain, 
Tes  veilles  sont  des  merveilles 
Et  le  rond  de  l'univers 
N'a  pas  aujourd'huy  d'oreilles 
Qui  soyent  dignes  de  tes  vers. 

Avant  que  leurs  dons  accens 
Eussent  enchanté  mes  sens 
Et  fait  mon  cœur  tout  de  glace, 
Mon  nom,  plein  de  vanité, 
S'estoit  promis  une  place 
Au  front  de  l'Eternité, 

Mais  à  peine  eus-je  entendti 
Les  chansons  qui  t'ont  rendu 
L'unique  Apollon  de  France 
Qu'aux  Muses  je  dis  adieu 
Et  d'une  telle  espérance 
L'envie  occupa  le  lieu. 


A,  124  V.  et  125. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  229 

Pourroy-je  n'envier  pas 
Tes  rimes  dont  les  appas 
Charmeroyent  les  plus  l)arbares, 
Moy,  dont  le  soleil  des  Rois 
Entre  les  voix  les  plus  rares 
Autrefois  ayma  la  vois? 

Suy  le  chemin  entrepris 
Et,  des  plus  hautains  espris 
Frustrant  la  gloire  et  la  peine, 
Montre  aux  François  orgueilleux 
Que  Garonne  comme  Seine 
A  des  cignes  merveilleux. 

(A,  60  V,  61-61  V.) 


Le  Ciel  me  veut  donc  affliger 
Par  de  longues  inquiétudes  : 
Ma  femme  a  l'esprit  si  léger 
Qu'elle  est  l'antipode  des  prudes. 

Elle  est  toute  couverte  d'or, 
Son  équipage  est  magnifique 
Et  Paris  n'a  point  de  Médor 
Dont  elle  ne  soit  l'Angélique. 

La  prodigue  a  fait  enchérir 
La  dentelle  et  le  point  de  Gênes; 
Ma  bourse  commence  à  tarir; 
Il  faudra  vendre  mes  domaines. 

Pour  esblouir  les  jeunes  fous 

Et  se  décrier  pour  un  ange*, 

Elle  a  dépouillé  des  bijous 

Les  boutiques  du  Pont-au-Change^. 


1.  Moites  de  pommade  et  d'eau  d'ange  (1.  liJ2  à  Flotte). 

2.  A  la  suite  de  ce  quatrain  on  lit  (1.  122)  : 

Elle  se  farde  et  s'embellit. 
Elle  se  parfume  el  se  l«ve, 
Et  c'est  pour  mcllre  dans  son  lit 
L'abbO,  le  bourgeois  et  le  brave. 


230  ANNALES    DU    MIDI. 

La  folle  a  si  bien  mesnagé 
Les  doux  attraits  de  sa  prunelle 
Que  mon  lit  se  trouve  assiégé 
De  plus  de  braves  qu'Orbitelle. 

Mon  pauvre  père  est  aujourd'huy 
Le  plus  vieil  barbon  qui  nous  reste. 
Et  je  crains  que  ma  femme  et  luy 
Méditent  de  faire  un  inceste. 

O!  que  je  bénirois  les  cieux 
Si  cete  jeune  vagabonde 
Alloit  débaucher  nos  ayeux 
Et  coqueter  en  l'autre  monde  i^ 


(B,  32et  28  u.) 


Voycy  le  plus  divin  ouvrage 
Qui  partit  jamais  de  chez  nous^  : 
On  ne  peut  sans  luy  faire  outrage 
Le  lire  autrement  qu'à  genous. 


1.  C'est  ainsi  que  se  présente  la  pièce  dont  Garrisson  n'a  reproduit, 
en  deux  fragments  (v.  t.  III.  p.  301  et  302),  qu'une  partie.  En  envoyant 
à  Racan  (lettre  265)  le  dernier  quatrain,  Maynard  écrit  :  «  Voici  la  conclu- 
«  sien  de  l'épigranime  que  je  vous  ai  promis.  Je  sais  qu'il  faut  bien  ren- 
«  contrer  pour,  vous  plaire  et  même  en  un  sujet  qui  vous  touche  comme 
«  celui-ci.  »  A  gauche  de  cette  pièce,  sur  le  même  folio,  B,  32,  on  lit  les 
variantes  suivantes  : 

Str.  1.  J'ai  grand  sujet  de  m'a...  (G.,  III,  302.) 
Str.  2.  Elle  fait  jouer  cent  rassors.  (G.,  ibid.) 
Str.  3.       Elle  se  pare  chaque  jour.  (G.  111,  301.) 

V.  -l.      Et  court  où  son  plaisir  l'appelle. 
Str.  i.      S'il  en  faut  croire  les  v...  ;_G.,  ibid.) 
Str.  b.       Tout  me  choque.  (G.,  ibid.) 
Str.  6.       Je  croy  que  je  suis  mal-mené, 

Que  je  sers  de  matière  aux  farces 

Et  que  la  nopce  m'a  donné 

La  plus  impudique  des  garces. 

2.  Var.  :  Que  cet  âge  ayt  produit  chez  nous;  autre  ;  Qui  parut  jamais 
entre  nous;  autre  :  Ce  beau  volume  ost  un  ouvrage  |  Digue  d'estre  admiré 
de  tous. 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  231 

Que  cet  avcuptle  illé^fitinio 
Qu'on  place  entre  les  iniinortels 
N'attende  plus  veu  ni  victime, 
Ce  livre  destruit  ses  autels. 

Il  déclare  une  sainte  guerre 
A  tous  ces  espris  vicieux 
Qui,  pour  les  beautez  de  la  terre, 
Abandonnent  celles  des  cieux. 

Par  le  mespris  des  créatures, 
11  nous  attache  au  ("<réateur. 
Sans  doute,  les  races  futures 
Diront  qu'un  Ange  en  est  l'autheur. 

C'est  avecque  tant  d'artifice 
Que  son  discours  est  ajusté 
Qu'il  semble  que  dans  le  cilice 
On  a  cherché  la  vanité*. 

Mais  quoy  !  sa  matière  est  si  haute 
Que,  s'il  en  parloit  bassement, 
On  l'accuseroit  d'avoir  faute 
De  sçavoir  et  de  jugement 2. 

Puis,  c'est  contre  toute  apparence 

Qu'Athanaze  ait  fait  cet  escrit  : 

Il  est  né  de  Ja  conférence 

Des  anges  et  du  Saint-Esi)rit3. 

(A,  157  et  V.) 


Le  bruit  de  nos  belles  chansons 
Remplira  les  mers  et  les  terres 
Et  le  Dieu  des  mauvais  garçons 
Faira  place  au  dieu  des  guiterres, 
Puisque  Gaston  ne  s'est  pas  endormi 
Dans  les  l)ras  de  nostre  ennemi. 


1.  Var.  :  Le  soing,  la  force  et  l'a...  LJont... 

2.  Var.  :  D'éloquence  et  de... 

3.  M.Drouhet,  qui  n'a  reprocluit  que  les  ((nalrains  1.  t.  C  et  7,  a  sipnalé 
que  la  fin  de  cette  pièce  est  la  tuème  que  cello  de  l'Ode  an  Pape  :  «  Muses, 
faites  un  feu  de  joie.  »  <G.,  III,  304-6.) 


232  ANNALES    DU    MIDI. 

Nos  justes  veux  seront  ouys, 
Les  vents  respecteront  nos  calmes 
Et  tous  les  jours  le  grand  Louys 
Gueillira  de  nouvelles  palmes, 
Puisque  Gaston,  etc. 

Nous  surmonterons  les  dangers 
De  la  guerre  qui  nous  occupe 
Et  ferons  voir  aux  estrangers 
Que  la  France  n'est  plus  leur  dupe, 
Puisque  Gaston,  etc. 

La  vaillance  de  nos  guerriers 
Dont  la  fortune  est  la  compagne 
Ira  se  couvrir  de  lauriers 
Dans  l'une  et  dans  l'autre  Allemaagne, 
Puisque  Gaston,  etc. 

Ceux  qui  dans  les  pais  du  Roy 
Taschent  de  ramener  la  guerre, 
Pasles  de  tristesse  et  d'effroy, 
Maudissent  le  Ciel  et  la  terre. 
Depuis  que... 

Ils  s'attendoyent  que  Richelieu 
Ne  seroit  pas  toujours  en  France. 
Mais  qu'ils  disent  le  grand  adieu 
A  leur  malheureuse  espérance. 
Puisque  Gaston,  etc. 


(A,  166  et  167  v.) 


Mon  Conte,  à  qui  je  tasche  à  plaire 
De  tout  l'effort  de  mon  pouvoir, 
Calme  ceste  ardente  cholère 
Qui  me  deffent  de  te  revoir. 

Pour  n'avoir  pas  veu  la  Savoye, 
Comme  je  te  l'avoy  promis, 
Veux-tu  désormais  que  je  croye 
Que  tu  n'es  plus  de  mes  amys? 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  233 

J'aborrc  la  peste  et  la  j^Mierre 
Et  le  premier  «le  ces  démons 
M'eiU  sans  doute  mis  sons  la  terre 
Si  j'eusse  osé  passer  les  mons. 

Le  péril  estoit  manifeste 
Et  la  force  de  mon  discours 
Veut  que  je  mesnage  le  reste 
Du  petit  monceau  de  mes  jours. 

Dis  que  mon  excuse  est  mauvaise, 

Tu  le  peux,  mais  je  suis  bien  aise 

D'avoir  reculé  mon  trépas  ; 

On  me  blàmeroit  de  folie 

S'il  me  faschoit  de  n'estre  pas 

Allé  jnourir  en  Italie. 

(A.  122  V.) 


C'est  un  bien  fugitif  que  la  fleur  de  la  vie, 
Nos  jours  les  plus  rians  sont  les  premiers  passez; 
Diane,  ta  beauté  ne  fa  guères  suivie, 
Ton  visage  n'a  plus  que  des  Lis  effacez. 

Tes  yeux,  qui  surpassoient  l'Estoilc  la  plus  claire. 
Ont  cessé  de  nous  luire  et  d'escbauffer  nos  vœux. 
Je  croy  que  ton  miroir  commence  à  te  déplaire 
Et  que  l'argent  se  mesle  à  l'or  de  tes  cheveux. 

r;eux  que  tes  jeunes  ans  soumirent  à  tes  charmes 
Et  qui  sans  te  tleschir  ont  versé  tant  de  larmes 
Riront  de  voir  tomber  ta  grâce  et  ton  orgueil  ; 

La  parque,  dont  la  main  se  plaist  aux  homicides, 
Devroit,  pour  l'obliger,  cacher  sous  le  cercueil 
La  triste  nouveauté  de  tes  premières  rides  ^. 


1.  Ces  deux  quatrains  et  ces  deux  tercets,  qu'on  Ht,  les  premiers,  dans 
la  lettre  277,  et,  les  seconds,  dans  la  1.  153  bis,  nous  pandssent  former  un 
sonnet  qu'aucun  éditeur  de  Maynard  n'a  reproduit  ni  signalé.  Nous  avons 
cru  devoir  le  donner  ici,  les  Lettres  de  notre  auteur  étant  assez  difficiles 
à  se  procurer. 


234  ANNALES    DU   MIDI. 

Ce  vieux  fou,  ce  roy  des  badins, 
Dent  d'ébeine  et  taint  de  carotte, 
Émulateur  des  paladins 
A  la  façon  de  don  Quixote, 

Ce  bel  enfileur  de  discours 
Au  nés  couleur  de  violette, 
Dont  l'ordure  implore  toujours 
La  faveur  d'une  cassolette. 

Par  les  anges,  qu'il  hait  si  fort, 

M'a  beau  menacer  de  la  mort, 

La  crainte  ne  m'en  fait  pas  blême  : 

Quel  esprit  ignore  aujourd'huy 

Qu'il  se  trempe  dans  son  sang  même 

Et  non  pas  dans  le  sang  d'autruy?  (A,  41. 


Martin,  chaque  siècle  a  son  pris 
Et  ton  pédantisme  est  injuste 
De  n'estimer  que  les  espris 
Qui  furent  de  la  cour  d'Auguste. 

On  ne  scauroit  asses  louer 
Les  cignes  dont  la  France  abonde. 
Mais  tu  ne  veun  pas  l'advouer. 
Parce  qu'ils  sont  encore  au  monde. 

Admirateur  des  vieux  tombeaux, 
Croy-moy,  nos  ouvrages  sont  beaux 
Et  chers  aux  filles  de  Mémoire. 

Cet  âge  est  digne  de  Mon  Roy 

Et  si  rien  en  ternit  la  gloire 

C'est  les  vers  qui  viennent  de  toy'.  (A,  121  v. 


1.  Même  idée,  mais  conclusion  légèrement  différente  dans  G.,  III,  99 
«  Je  ne  dois  pas  encore  attendre.  » 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  23; 

Adieu  pour  la  dernière  fois^ 
Vous  ne  seres  plus  mes  délices^; 
Muses,  je  vay  quiter  vos  bois 
Et  vos  bizarres  exercices  3. 

Loin,  bien  loin  ceste  vanité 
Qui  sollicite  nos  études 
De  chercher  l'immortalité 
Dans  l'horreur  de  vos  solitudes. 

Depuis  trente  ans  que  je  vous  sers 
Et  que  vos  monts  et  vos  désers 
Sont  mon  cours  et  mes  Tuilleries, 

Mon  meuble  est  si  bien  ménagé 
Que  les  rats  ont  presque  mangé 
Mes  lits  et  mes  tapisseries.  (A,  19i.) 


Espaigne,  n'espère  plus  rien'^ 
Et  sçache  que  ta  seule  terre 
Sera  dans  le  monde  ci*estien 
Le  seul  théâtre  de  la  guerre  5. 

Devant  qu'un  lustre  ait  fait  son  cours 
Il  faut  que  ta  grandeur  succombe  : 
Ton  peuple  décroit  tous  les  jours 
Et  tes  héros  sont  dans  la  tombe. 

Le  comte,  qui  dupe  ton  roi, 
N'a  pitié,  prudence  ni  foi 
Et  n'est  animé  que  de  rage  ^, 


1.  Var.  :  Le  pompeux  séjour  de  nos  Roys 

2.  Var.  :  Me  fait  monstre  de  ses  délices, 
Autre  :  M'invite  à  gouster  ses  délices. 

.3.   Var.  :  On  n'y  voit  que  des  précipices. 

4.  Var.  :  Tage.  crains  tout,  n'espère  rien. 

5.  Var.  :  Le  funeste  objet  de  la  guerre. 

6.  Ces  trois  derniers  vers  sont  biffés  dans  le  ms. 


236  ANNALES   DU   MIDI. 

Ton  infant  est  souvent  battu* 

Et  n'a  pas  asses  de  courage  2 

Pour  oser  aymer  la  vertu.  (A,  222.) 


Muses,  je  consens  qu'on  me  passe 
Pour  vostre  ennemy  capital  : 
Hipocrène,  Pinde  et  Parnasse 
Sont  les  chemins  de  l'hôpital. 

La  fortune  me  persécute 
Depuis  le  cours  de  vingt  hyvers, 
Il  luy  fasche  que  je  ne  bute 
Qu'à  polir  seulement  des  vers. 

Elle  me  tient  loing  de  mon  prince 
Entre  des  brutaux  de  province 
Dignes  d'estre  soûles  de  foin. 

Quel  secours  faut-il  que  j'appelle 

Si  Richelieu  ne  prend  le  soing 

De  me  mettre  bien  avec  elle?  (A,  150  v.) 


Dés  que  nous  serons  dans  le  mois 
Qui  doit  commancer  la  campagne, 
Nous  irons  soumettre  à  nos  lois 
Toutes  les  provinces  d'Espagne. 

Elle  a  beau  prescher  la  valeur 
De  ses  cohortes^  basanées, 
Rien  ne  diffère  son  malheur 
Que  la  nege  des  Pyrénées. 

Armand,  que  ne  peut  nostre  Roy 
Avec  un  héros  comme  toy, 
Prudent,  généreux  et  fidelle? 

Tes  plus  insolens  ennemis 

Confessent  que  tes  soings  l'ont  mis 

Dans  Arras  et  dans  La  Rochelle.  (A,  231  v.) 

{A   suivre.)  Ci.  Cl/vvelier. 

1.  Var.  :  Pauvre  estât,  que  deviendras-tu 

2.  Var.  :  L'Infant  a  trop  peu  de  courage. 


GOMPTKS  RENDUS  CRITIQUES 


Georges  de  Manteyer.  —  Les  origines  de  la  Maison  de 
Savoie  (910-1060)  (École  française  de  Rome,  Mélanges 
d'archéologie  et  d'histoire,  XIX,  1899,  p.  343  et  suiv.).  — 
Notes  additionnelles  {Le  Moyen  âge,  1901,  p.  257  et  suiv., 
437  et  suiv.).  —  La  paix  en  Viennois  (Anse  [17  juin?j 
1025)  et  les  additions  à  la  Bible  de  Berne  (ms.  Bern. 
A9)  {Bulletin  de  la  Société  de  Statistique...  de  l'Isère, 
XXXIIL  1904,  p.  87  et  suiv.). 

M.  de  Manteyer  a  publié,  dans  ces  dernières  années,  non  pas 
des  fragments  d'un  livre,  mais  plutôt  une  collection  de  notes  sur 
les  origines  et  la  situation  de  la  Maison  de  Savoie  aux  x"  et 
xie  siècles.  Il  a  voulu  reviser  les  travaux  antérieurs,  en  particulier 
ceux  de  Carutti,  sur  Hunibert  aux  Blanches-Mains  et  sur  les  débuts 
de  la  Maison  de  Savoie,  et,  de  plus,  utiliser,  pour  éclairer  les  ori- 
gines d'Humbert,  certains  documents  du  Cartulaire  de  Montié- 
ramey  (Aube,  arrondissement  de  Troyes)  édités  par  M.  <jiry,  et 
quelques  autres  textes  qu'il  a  découverts  et  publiés. 

Il  a  commencé  par  classer  méthodiquement  les  textes  que  nous 
possédons  sur  la  Maison  de  Savoie  avant  1061.  Ces  textes  nous  la 
montrent  en  possession  d'importants  domaines  dans  le  Viennois, 
dans  le  Bu}T;ey  méridional,  en  Savoie,  et  surtout  dans  le  pays  de 
Sermorens  (à  Chàloniiay,  à  Gharancieu,  aux  Kclielles).  Ces  biens 
constituent,  en  somme,  un  ensemble  de  possessions  foncières 
groupées  sur  la  rive  gauche  du  RlKJne,  entre  le  Rhône  et  l'Isère, 
depuis  la  banlieue  de  Vienne  jusqu'au  lac  du  Bourget.  Là  fut  le 
siège  primitif,  au  début  du  xie  siècle,  de  la  Maison  de  Savoie,  qui, 
peu  à  peu,  devait  reporter  le  centre  de  son  action  plus  à  l'est,  «lans 
les  hautes  vallées  alpestres  et  en  Italie. 


238  ANNALES    DU    MIDI. 

D'où  venait  cette  Maison,  ainsi  fixée  à  l'est  de  Vienne  aux.  envi- 
rons de  l'an  1000?  M.  de  Manteyer  montre  qu'elle  ne  saurait  se 
rattacher  à  l'ancienne  famille  des  cc<mtes  de  Viennois.  Si  Charles- 
Constantin,  fils  de  Louis  l'Aveugle  et  comte  de  Vienne  au  xe  siècle, 
a  eu  un  fils  du  nom  de  Humbert,  celui-ci  ne  saurait  être  identifié 
avec  Humbert  aux  Blanches-Mains,  le  fondateur  de  la  Maison  de 
Savoie.  C'est  ailleurs  qu'il  faut  chercher  les  origines  de  cette  Maison, 
et  M.  de  Manteyer  pense  les  trouver  dans  la  Bourgogne  septen- 
trionale. Des  textes  historiographiques  et  des  documents  duCartu- 
laire  de  Montiéramey  nous  renseignent  sur  l'existence  d'une  famille 
comtale  qui  vivait,  à  la  fin  du  ixe  siècle,  dans  l'entourage  et  dans  la 
clientèle  du  puissant  duc  de  Bourgogne,  Richard  le  Justicier.  Cette 
famille  a  suivi  le  duc  dans  les  guerres  de  conquête  qu'il  a  entre- 
prises contre  le  royaume  des  Francs  occidentaux.  L'un  de  ses 
membres,  Manassès,  est  comte  de  Châlon  ;  un  autre,  Garnier,  est 
devenu,  à  la  suite  des  conquêtes  de  Richard,  comte  de  Troyes  et 
vicomte  de  Sens  (prise  par  Richard  en  8!)5j.  Ce  dernier  est  un  per- 
sonnage important.  Il  a  épousé  Thiberge,  princesse  de  race  royale, 
petite-fille  de  Lothaire  II  et  sœur  de  Hugues  d'Arles,  le  marquis 
de  Pi-ovence,  le  futur  roi  d'Italie,  aussi  puissant  dans  la  vallée 
inférieure  du  Rhône  que  Richard  l'était  en  Bourgogne.  De  cette 
union  sont  nés  trois  fils,  Richard,  Manassès,  qui  fut  archevêque 
d'Arles,  et  Hugues  que  nous  retrouverons. 

Une  période  de  revers  succéda,  pour  la  famille  de  Garnier,  à 
cette  période  de  puissance.  Garnier  fut  tué  dans  un  combat  avec 
les  Normands,  en  925,  à  Mous  Calaus  '.  Son  fils  Richard,  qui  le 
remplaça  dans  le  comté  de  Troyes,  ne  put  conserver  ce  comté. 
Sens  et  Troyes  furent  repris  par  les  Francs  occidentaux.  La  famille 
de  Garnier,  abandonnant  ses  anciens  domaines,  quitta  la  Cham- 
pagne et  la  Bourgogne  et  vint  se  fixer  en  Viennois.  La  veuve  de 
Garnier,  Thiberge,  se  remaria  avec  Engelbert,  frère  de  l'arche- 
vêque de  Vienne  Sobon  (927-949),  de  la  famille  des  vicomtes  de 
Vienne  2.  Le  fils  de  Garnier  et  de  Thiberge,  Hugues,  reçut,  en  936, 


1.  M.  de  Manteyer  avait  d'abord  pensé  à  Chauniont-en-Bassigny,  puis 
il  a  accepté  l'identilication  avec  Chalaux  (Nièvre,  arrondissement  de  Cla- 
raecy)  proposée  par  M.  Lot.  —  V.  Lauer,  Annales  de  Flodoard,  p.  27, 
qui  propose  Glialo-Siiint-Mars(Seine-et-Oise)  ou  Ohalniont  (Seine-et-Marne). 

2.  Sobon  et  Engelbert  sont  les  fils  du  vicomte  Berlion  (I").  Notons,  à 
ce  propos,  que  M.  de  Manteyer  voit  dans  cette  famille  des  vicomtes  de 
Vienne  la  souclie  de  la  Maison  féodale  de  Bressieux. 


COMPTES   RENDUS  CRITIQUES.  239 

de  son  oncle  Hugues  d'Arles,  un  grand  domaine  à  Octavion,  en 
Viennois.  Peut-être  ce  comte  Hugues  est-il  le  même  personnage 
que  le  comte  palatin  Hugues  que  nous  trouvons,  auprès  du  roi  de 
Bourgogne  Roilolfe  11,  dans  des  plaids  de  926  et  de  927  ^  Sa  femme 
se  nomme  Wille,  et  le  nom  de  cette  princesse,  qui  se  retrouve  dans 
la  Maison  des  Rodolfiens.  indiquerait,  à  lui  seul,  que  Wille  était 
de  la  famille  des  rois  de  Bourgogne. 

En  tout  cas,  cet  établissement  en  Viennois  fut,  pour  les  descen- 
dants de  Garnier,  le  point  de  départ  d'une  fortune  nouvelle.  Le 
comte  Hugues  a  eu  plusieurs  enfants.  L'un  d'eux.  Thibaud,  fut 
élu,  après  la  mort  de  Sobon,  en  957.  archevêque  de  Vienne.  Une 
très  précieuse  vie  de  saint  Thibaud,  signalée  par  dom  Grospellier, 
nous  parle  déjà  de  la  puissance  de  sa  famille.  Elle  nous  raconte 
que  son  père,  Hugues,. avait  quitté,  dans  sa  jeunesse,  la  Francia 
pour  la  Bourgogne;  qu'il  possédait  de  grands  domaines  dans  le 
pays  de  Sermorens  ;  que  sa  femme,  Willerma  (Wille).  était  la 
nièce  d'un  roi  de  Bourgogne  (Rodolphe  1er  évidemment)  ;  que  lui- 
même,  Thibaud,  est  né  au  caslrxim  Tulnionis  (sans  doute  Tolvon 
près  de  Sermorens),  et  qu'il  a  été  élu  évêque  avec  l'appui  du  roi 
de  Bourgogne,  protecteur  de  sa  famille.  Un  autre  fils  de  Hugues 
est  le  comte  Hubert  ou  Humbert,  que  nous  trouvons  dans  des 
textes  viennois  de  la  fin  du  xc  siècle. 

Or  M.  de  Manteyer  croit  que  ce  comte  Humbert  (1er)  est  le  père  de 
Humbert  aux  Blanches-Mains,  fondateur  de  la  Maison  de  Savoie. 
Cette  dernière  filiation,  essentielle  pour  tout  le  système  ainsi 
édifié,  est  seulement  hypothétique,  et  M.  de  Manteyer  est  le  pre- 
mier à  le  reconnaître.  Mais  cette  hypothèse  a  du  moins  pour  elle 
une  série  de  vraisemblances  :  c'est  d'abord  la  similitude  des 
noms  de  Humbert  ou  de  Hubert,  qui  indique  qu'il  s'agit  de  mem- 
bres d'une  seule  et  même  famille  (les  deux  formes  de  Humbert 
et  de  Hubert,  très  distinctes  ètymologiquement.  sont  souvent 
prises  l'une  pour  l'autre  à  cette  époque);  c'est  surtout  le  fait  que 
les  grandes  possessions  foncières  de  la  Maison  de  saint  Thibaud 
se  trouvent  dans  le  pays  de  Sermorens,  c'est-à-dire  précisément  là 
où  nous  relevons  les  plus  anciennes  possessions  foncières  de  la 
Maison  de  Savoie  :  tous  ces  indices  font  croire  que  la  Maison  de 

1.  (Jette  identification  est  évidenunent  douteuse  :  V.  Poupardin.  Le 
royaume  de  Bourgogne,  P-  1^'^.  ^'J-'-  Cependant,  la  Vie  de  saint  Thi- 
baud, parlant,  de  la  situation  de  Hugues  en  Bourgogne,  nous  dit  ipi'il 
était  inter  primas  palatii. 


240  ANNALES  DU   MIDI. 

Garnier,  de  Hugues  et  de  Thibaud  ne  fait  qu'une  avec  la  Maison 
d'Humbert  aux  Blanches-Mains. 

Telle  est,  dans  ses  grandes  lignes,  l'idée  maîtresse  des  «  Notes  » 
de  M.  de  Manteyer,  celle  qui  forme  le  fond  de  ses  développe- 
ments. Mais  il  ne  s'en  lient  pas  là.  Il  est  conduit,  par  son  exposé 
même,  et  par  le  désir  de  justifier  une  série  de  rapprochements 
généalogiques  entre  la  Maison  de  Savoie  et  d'autres  Maisons  féo- 
dales ou  princières  de  la  région,  à  reconstituer  les  progrès  de  la 
puissance  de  la  Maison  d'Humbert  aux  Blanches-Mains.  Il  a  in- 
sisté, avec  grknde  raison,  sur  la  politique  «  épiscopale  »  de  cette 
Maison  :  mieux  que  personne,  il  a  montré  comment  elle  avait 
grandi  en  mettant  la  main  sur  les  évêchés  de  la  région.  Aux  xe 
et  xie  siècles,  beaucoup  de  parents  ou  d'alliés  de  la  Maison  de 
Savoie  ont  occupé  des  évêchés  dans  le  royaume  de  Bourgogne.  A 
Vienne  d'abord,  nous  trouvons  tour  à  tour  trois  archevêques, 
alliés  ou  membres  de  la  famille  :  Sobon,  beau-frère  de  Thiberge  ; 
Thibaud,  frère  du  comte  Humbert  (1er),  et  enfin  Bouchard,  qui  est 
peut-être  le  frère  d'Auxilia,  épouse  d'Humbert  aux  Blanches- 
Mains.  La  Maison  de  Savoie  a  dû  largement  profiter  de  cette  situa- 
tion. Beaucoup  de  ses  possessions  foncières  primitives,  dans  les 
pays  de  Vienne  et  de  Sermorens,  sont  des  terres  qu'elle  tient  en 
precaria  des  églises  de  Vienne,  Saint-Maurice  et  Saint-André-le- 
Bas.  M.  de  Manteyer  croit  que  le  comte  Humbert  (ler)  a  été,  du  temps 
de  l'archevêque  Thibaud,  avoué  du  chapitre  et  de  l'archevêque  de 
Vienne  ;  que  son  fils  Humbert  aux  Blanches-Mains  a  été,  du  temps  de 
Bouchard,  l'avoué  du  chapitre  (l'avoué  de  l'archevêque  étant  alors 
Ulric,  le  frère  même  de  Bouchard).  Lorsque  l'archevêque  Bou- 
chard eut  reçu,  en  1023,  du  roi  Rodolfe  III,  donation  du  comitatii s 
de  Vienne,  il  dut,  vers  1030,  en  sous-inféoder  la  partie  septen- 
trionale à  son  beau-frère  Humbert;  et,  si  les  comtes  de  Savoie 
n'ont  pas  porté  le  titre  de  comtes  de  Vienne,  du  moins  la  Maison 
de  Savoie  a  possédé,  jusqu'au  xive  siècle,  un  comté  (les  textes  le 
disent  expressément)  en  Viennois.  —  Dans  d'antres  diocèses,  les 
mêmes  faits  ont  pu  se  produire  au  profit  de  cette  Maison.  A 
Belley,  dès  la  fin  du  xe  siècle,  nous  trouvons  sur  le  siège  épis- 
copal  Odon,  frère  d'Humbert  aux  Blanches-Mains,  puis  plus  tard, 
vers  1032-1037,  Aimon,  petit-fils  du  même  Humbert.  Sans  doute 
Odon  aura,  comme  Bouchard  à  Vienne,  inféodé  à  Humbert  le 
comté  de  Belley,  car,  en  1051,  le  fils  d'Humbert,  Amédée,  porte  le 
titre  de  cornes  Belicensiiim.    —  Dans  le  val   d'Aoste,  dès  1025, 


COMPTES  RENDUS  CRITIQUES.  241 

l'évêque  n'est  autre  que  Bouchard,  autre  fils  d'Humbert  aux 
Blanches-Mains,  qui  sera  plus  tard  archevêque  de  Lyon  ;  or, 
en  1031,  Humbert  est  en  possession  du  comté  d'Aoste  :  ici  encore, 
une  inféodation  du  comté,  émanée  de  l'évêque  au  profit  d'Hum- 
bert, est  infiniment  vraisemblable. 

D'un  autre  côté,  la  Maison  de  Savoie,  alliée  à  une  série  de  Mai- 
sons royales,  notamment  à  la  Maison  de  Hugues  d'Arles  et  à  la 
Maison  des  Rodolfiens,  a  su  profiter  de  telles  alliances.  Ses  mem- 
bres occupent  une  place  importante  auprès  des  rois  de  Bourgogne 
et  dans  leurs  conseils.  Ils  signent  des  diplômes  royaux,  et  peut- 
être  le  comte  Hugues  a-t-il  été  comte  palatin  de  Bourgogne.  M.  de 
Manteyer  croit  même  que  leur  Maison  a  reçu  directement  de  l'au- 
torité royale  le  comté  de  Savoie,  démembrement  de  l'ancien  comté 
de  Graisivaudan  ;  car  nous  trouvons,  en  1036,  le  comte  Humbert 
en  possession  des  terres  royales  en  Savoie  :  «  terra  régis  sive 
Uberti  comitis  »;  peut-être  la  concession  remonte-t-elle  au  xe  siècle 
et  émane-t-elle  de  Hugues  d'Arles;  on  s'expliquerait  ainsi  pour- 
quoi Hugues  et  Humbert  (1^^),  aïeul  et  père  d'Humbert  aux  Blan- 
ches-Mains, ont  porté,  dés  celte  époque,  le  titre  de  comtes,  bien 
qu'ils  eussent  perdu  le  comté  de  Troyes.  Humbert  aux  Blanches- 
Mains  a  été,  après  la  mort  de  Rodolphe  III,  l'avoué  de  la  reine 
veuve  Ermengarde,  chargé  par  elle  de  la  gestion  de  ses  biens  pro- 
pres en  Genevois  et  peut-être  aussi  en  Sermorens.  C'est  sans  doute 
encore  grâce  à  la  protection  des  Empereurs,  héritiers  du  royaume 
de  Bourgogne,  que  la  Maison  de  Savoie  s'est  établie  en  Maurienne 
vers  lOiO  ;  en  1043,  Humbert  aux  Blanches-Mains  figure  dans  une 
donation  de  terres  épiscopales,  à  côté  de  l'évêque  et  comme  suze- 
rain de  l'évêque  ;  peut-être  a-t-il  reçu  la  Maurienne  de  l'Empe- 
reur, à  la  suite  de  la  suppression  temporaire  de  l'évôché  de  Mau- 
rienne. Enfin,  vers  1045,  le  mariage  d'Odon,  fils  d'Humbert,  avec 
Adélaïde,  héritière  du  marquisat  de  Turin,  a  conduit  la  Maison 
de  Savoie  dans  la  plaine  du  Pô. 

Beaucoup  d'autres  questions,  touchant,  les  unes  de  prés,  les 
autres  de  loin,  au  sujet  primitif  de  ces  «  Notes  ».  et  concernant 
surtout  l'histoire  du  Dauphiné  septentrional,  ont  été  étudiées  inci- 
demment par  M.  de  Manteyer.  A  diverses  reprises,  il  a  longue- 
ment examiné  les  limites  des  anciens  comtés  carolingiens  de 
Vienne,  de  Sermorens  et  de  Tullins,  s'eflforçant  de  les  reconstituer 
à  l'aide  des  documents  des  cartulaires,  des  noms  de  lieux,  ou  même 
des  limites  communales  actuelles.    Il   a  étudié  attentivement  la 

ANNALES  DU   MIDI.   —  XX  16 


242  ANNALES   DU  MIDI. 

situation  politique  du  Viennois  au  début  du  xi""  siècle;  et  il  a 
clierché  à  préciser  les  droits  respectifs  du  chapitre,  de  l'archevêque 
et  des  avoués  :  les  quelques  pages  qu'il  a  consacrées  à  cette  ques- 
tion sont  fort  précieuses  pour  l'histoire  juridique.  Ses  études  de 
géographie  historique  l'ont  conduit  à  s'occuper  des  litiges  qui  ont 
surgi,  au  xi«  siècle,  entre  les'  évèchés  de  Vienne  et  de  Grenoble, 
au  sujet  du  comté  de  Sermorens-TuUins,  et  de  l'acte  de  Pascal  II 
qui,  en  1107,  a  partagé  entre  les  deux  églises  le  territoire  contesté. 
Mais  surtout  son  attention  devait  être  attirée  par  les  progrés  d'une 
autre  Maison  féodale,  qui  se  développe  à  côté  de  la  Maison  de 
Savoie  et  en  même  temps  qu'elle,  la  Maison  d'Albon. 

M.  de  Manteyer  prépare,  depuis  longtemps,  un  mémoire  spécial 
sur  les  origines  de  la  maison  d'Albon.  Dès  maintenant,  il  a  pris 
position  dans  le  gros  débat  qui,  depuis  si  longtemps,  divise  à  ce 
sujet  les  érudits.  Il  pense  que  la  Maison  des  Guigues  ne  se  ratta- 
che pas  aux  anciens  comtes  carolingiens  de  Graisivaudan.  Les 
Guigues,  au  début  du  xie  siècle,  ne  sont  encore  qu'avoués  de 
l'évêque  de  Grenoble  ou  «  princes  »  en  Graisivaudan.  Si  un  acte 
du  27  février  1016^  porte,  parmi  les  souscriptions,  la  signature 
d'un  comte  Guigues,  cette  signature  n'a  pu  être  apposée  que  plus 
tard,  car  ce  Guigues  est  indiqué  comme  étant  le  frère  d'un  évê- 
que  Humbert;  or,  Guigues  (II),  frère  de  l'évêque  de  Grenoble 
Humbert,  était  mort  avant  1009;  et  l'autre  évêque  Humbert, 
frère  de  Guigues  (III)  le  Vieux,  n'est  arrivé  à  l'évêché  de  Valence 
qu'après  1025.  Encore  en  1027,  Guigues  (III)  ne  porte  pas  le  titre 
de  comte.  M.  de  Manteyer  croit  que  les  Guigues  ont  pris  le  titre 
comtal  seulement  vers  1030,  à  la  suite  d'une  inféodation  de  la 
partie  sud  du  comté  de  Vienne,  qui  leur  aurait  été  consentie  par 
l'ai'chevêque  de  Vienne  Bouchard.  Cet  archevêque,  qui,  en  1023, 
avait  reçu  de  Rodolphe  III  le  comilalus  de  Vienne,  en  aurait  ainsi 
inféodé  la  partie  septentrionale  à  Humbert  aux  Blanches-Mains, 
et  la  partie  méridionale  (Valloire,  Galaure,  Valclérieux)  à  Guigues 
d'Albon.  La  partie  méridionale  du  comté  de  Sermorens,  qui  avait 
jadis  constitué  le  comté  de  TuUins,  tomba  aussi  aux  mains  de  la 
Maison  d'Albon,  peut-être  parce  que  Guigues  (III)  aurait  été  pris 
pour  avoué,  dans  cette  région,  parla  reine  Ermengarde,  la  veuve  de 


L  La  Paix  en  Viennois,  p.  143  et  suiv.  —  Marion,  Cart.  de  Greno- 
ble, p.  75  et  suiv.  —  Cette  démQnstration  de  M.  de  Manteyer  a  été 
acceptée  par  M.  Poupardin,  Le  Royaume  de  Bourgogne,  p.  257. 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  243 

Rodolfe  III  V  Et  cela  a  entraîné  encoi-e  M.  de  Manteyer  à  étudier 
les  vicissitudes  des  frontières  politiques  du  Dauphiné  septentrio- 
nal, et  à  retracer  les  étapes  des  progrès  de  la  Maison  d'Albon  dans 
ce  pays,  aux  dépens  da  la  Maison  de  Savoie,  qui,  à  la  suite  des 
traités  de  1293,  de  1355,  de  1377  et  de  1760,  a  été  peu  à  peu  chas- 

1.  Peut-être  M.  de  Manteyer  aurait-il  pu  utiliser,  à  cet  égard,  la  teneur 
'des  actes  d'hommage  prêtés  par  les  Dauphins,  dans  les  siècles  suivants, 
aux  archevêques  de  Vienne.  Il  y  aurait,  sans  doute,  trouvé  la  justifica- 
tion et,  en  partie  aussi,  croyons-nous,  la  rectification  de  ses  hypothèses. 
Il  est  très  remarquable  que,  dans  ces  actes,  le  Dauphin  prête  hommage 
à  l'archevêque  pour  un  territoire  qui  excède  de  beaucoup  les  limites  que 
l'évêché  de  Vienne  avait  alors  ;  ce  territoire  comprend  toute  la  région 
entre  le  Rhône  et  l'Isère,  à  partir  de  Saint-Vincent  près  de  Voreppe. 
L'hommage  enveloppe  donc  et  traite  comme  terre  viennoise  la  totalité  de 
l'ancien  comté  de  Sermorens-Tullins,  disputé  au  xi"  siècle  entre  les  égli- 
ses de  Vienne  et  de  Grenoble.  Cela  prouve  que  la  teneur  de  cet  hommage 
dû  par  les  Dauphins  s'est  constituée  dès  avant  1107,  car,  à  cette  date, 
l'arbitrage  de  Pascal  II  a  partagé  en  deux  le  territoire  contesté,  attri- 
buant la  partie  sud  (Tullins,  Moirans,  Voreppe,  Rives,  Voiron,  les  Échel- 
les) à  l'évêché  de  Grenoble,  et  la  partie  nord  à  l'église  de  Vienne.  Cet 
hommage  remonte  donc  à  une  période  antérieure  à  11U7,  et  cela  cadre 
tout  à  fait  avec  l'hypothèse  d'une  inféodation  émanée  des  archevêques  de 
Vienne  au  profit  de  la  Maison  d'Albon  au  cours  du  xi«  siècle,  à  une  épo- 
que oîi  l'église  de  Vienne  réclamait  la  totalité  du  pays  de  Sermorens  et 
de  Tullins,  jusqu'aux  portes  de  Grenoble.  Cela  semble  bien  prouver  aussi 
que  la  source  de  la  puissance  des  Guignes  se  trouve  en  Viennois  et  non 
pas  à  Grenoble.  Des  comtes  de  Graisivaudan  n'auraient  pas  accepté  une 
extension  aussi  considérable  du  territoire  viennois;  ils  n'auraient  pas 
souscrit  à  l'attribution  à  l'église  de  Vienne  de  tout  le  territoire  contesté, 
au  mépris  des  droits  de  Grenoble.  Et  cet  acte  cadre  ainsi,  sur  tous  ces 
points,  avec  les  hypothèses  de  M.  de  Manteyer.  —  Il  les  confirme  encore 
à  un  autre  point  de  vue.  M.  de  Manteyer,  se  fondant  surtout  sur  l'exa- 
men des  limites  communales  actuelles,  a  soutenu  que  le  comté  viennois 
de  Tullins  devait  originairement  englober  non  seulement  la  rive  droite  de 
l'Isère  en  aval  de  Voreppe,  mais  aussi  des  parties  de  la  rive  gauche.  Or, 
notre  acte  d'hommage  indique  précisément  que  le  Dauphin  faisait  hom- 
mage à  l'archevêque  de  Vienne  pour  les  châteaux  de  Saint-Quentin  et  de 
Malleval,  situés  à  gauche  de  l'Isère.  (V.  La  Paix  en  Viennois,  p.  120  et 
suiv.)  —  Par  contre,  il  faut,  croyons-nous,  renoncer  à  l'idée  indiquée  dans 
la  même  étude  (p.  149  et  suiv.),  d'après  laquelle  le  Sermorens  du  sud  (Tul- 
lins, etc.)  aurait  été  directement  attribué  aux  Guignes  par  Ermengarde, 
tandis  que  le  Viennois  leur  aurait  été  rétrocédé  par  l'archevêque  de 
Vienne  après  la  renonciation  d'Ermengarde  à  ce  pays  et  la  donation  de 
Rodolfe  m  à  Bouchard  en  1023.  Il  est  fort  possible  que,  en  cédant  à 
l'évêque,  en  1023,  le  comitatus  Vienne,  l'on  ait  implicitement  englobé 
dans  la  cession  le  comté  de  Sermorens-Tullins,  que  Vienne  réclamait 
intégralement.  En  tout  cas,  l'inféodation  faite  par  l'archevêque  au  profit 
des  Guigues  porte  aussi  bien  sur  le  Sermorens  méridional  que  sur  le 
Viennois  méridional.  —  V.  le  texte  de  l'hommage  publié  par  M.  Chevalier 


244  ANNALES   DU   MIDI. 

sée  du  Viennois,  du  pays  de  Sermorens  et  du  Bugey  dauphinois, 
et  rejetée  au-delà  du  Rliône  et  du  Guiers. 

Dans  son  dernier  mémoire,  M.  de  Manteyer  a  enfin  publié 
quelques  documents  inédits,  dont  l'un  est  infiniment  précieux. 
C'est  le  texte  d'une  paix  de  Dieu,  qui  se  trouve  sur  un  feuillet  de 
la  Bible  viennoise  de  la  Bibliothèque  de  Berne,  et  qui  a  été  signa- 
lée par  M.  Bahut.  Très  minutieusement,  M.  de  Manteyer  a  fait 
l'exégèse  de  ce  texte  et  a  pu  lui  assigner  la  date  vraisemblable 
de  1025;  il  croit  que  cette  paix  a  été  promulguée  et  jurée  au  con- 
cile tenu  à  cette  époque  dans  la  ville  d'Anse;  et  le  prince,  qui  jure 
d'observer  cette  paix,  dans  un  territoire  englobant  les  comtés  de 
Vienne,  de  Belley  et  de  Sermorens  et  dont  on  indique  les  limites 
avec  grande  précision,  doit  être  précisément  Humbert  aux  Blan- 
ches-Mains, le  seul  prince  laïque  ayant,  par  ses  domaines  fon- 
ciers et  par  son  influence,  une  situation  considérable  dans  ces 
trois  comtés. 

Ce  texte  est  instructif  à  maints  égards  :  d'abord  en  lui-même, 
parce  qu'il  éclaire  la  situation  politique  du  Viennois  à  cette  épo- 
que; parce  qu'il  nous  montre  les  droits  et  les  prétentions  du 
prince  laïque  en  question  vis-à-vis  de  l'archevêché  et  du  chapitre 
de  Vienne.  Mais  ce  texte  nous  intéresse  aussi,  parce  qu'il  convient 
de  le  rapprocher  du  texte  d'une  autre  paix  de  Dieu,  qui  fut  jurée 
en  1023  par  Garin,  évoque  de  Beauvais,  et  qui  a  été  éditée  par 
M.  Pfister  dans  son  étude  sur  le  règne  de  Robert  le  Pieux.  La  paix 
viennoise  constitue  un  nouvel  et  précieux  élément  de  l'histoire  de 
la  paix  de  Dieu  ;  et  M.  de  Manteyer,  qui  ne  craint  pas  les  digres- 
sions, a  refait,  après  Huberti,  le  tableau  de  la  propagation  de  la 
paix  et  de  la  trêve  de  Dieu  en  France,  afin  de  pouvoir  y  situer 
exactement  ces  deux  textes  de  Beauvais  et  de  Vienne,  très  sem- 
blables l'un  à  l'autre,  et  ne  difterant  que  par  le  caractère  plus 
détaillé  et  plus  circonstancié  de  la  paix  viennoise. 

Les-autres  documents  publiés  par  M.  de  Manteyer  sont  un  cata- 
logue d'archevêques  viennois,   et  enfin    la    pseudo-prophétie   de 

dans  les  Feuda  et  recognitiones  de  l'église  de  Vienne  (Coll.  de  cartulaires 
dauphinois,  II,  1,  p.  82,  108,  107).  —  On  peut  rapprociier  des  hypothèses 
de  M.  de  Manteyer  les  idées  un  peu  différentes  exprimées  tout  récennnent 
par  M.  Poupardin,  Le  Royaiitne  de  Bouri/ot/He,  p.  250  et  suiv.  Ce  der- 
nier auteur  pense,  lui  aussi,  qu'aucun  lien  ne  rattache  les  Guignes  du 
xi«  siècle  aux  anciens  comtes  de  Graisivaudan  ;  mais  il  croit  à  une  usur- 
pation pure  et  simple  du  titre  comtal,  en  Graisivaudan,  par  Guignes  (III) 
vers  1035. 


COMPTES    RENDUS   CRITIQUES.  245 

Léger,  qui  raconte  les  vicissitudes  de  l'Empire  aux  xe  etxie  siècles, 
qui  a  dû  être  faite  entre  103't  et  1039,  qui  est  conçue  sous  une 
forme  o])scnre  et  énigmatique,  comme  il  convient  à  une  prophétie, 
mais  qui  nous  intéresse  cependant,  comme  l'a  dit  M.  Poupardin, 
parce  qu'elle  constitue  «  le  texte  le  plus  curieux  au  point  de  vue 
de  l'histoire  littéraire  du  royaume  de  Bourgogne*  ». 

On  peut,  par  les  quelques  pages  qui  précèdent,  se  rendre  compte 
de  l'intérêt  des  recherches  de  M.  de  Manteyer,  Si  elles  se  présen- 
tent sous  un  aspect  confus  et  chaotique  qui  risque  de  décourager 
d'abord  le  lecteur,  elles  n'en  sont  pas  moins  remarquables  par 
leur  richesse  et  leur  originalité.  On  ne  saurait  appliquer  plus 
d'ingéniosité  à  la  critique  des  documents;  on  ne  saurait  leur  faire 
dire  plus  de  choses.  On  pourra  sans  doute  trouver  que  l'auteur 
leur  fait  dire  trop,  et  qu'il  accumule  les  conjectures.  D'autres 
chercheurs,  M.  Garutti  en  Italie,  AI.  Philipon  en  France,  et,  tout 
récemment  encore,  M.  (',.  Rénaux^  se  représentent  d'une  ma- 
nière très  différente  le  développement  de  la  Maison  de  Savoie. 
M.  de  Manteyer  lui-même,  nous  l'avons  déjà  dit,  ne  cache  point  le 
caractère  hypothétique  des  résultats  auxquels  il  aboutit.  Mais  ses 
conclusions,  même  hypothétiques,  sont  fort  précieuses,  et  ces  trois 
séries  d'études  ont  fait  faire,  soit  par  elles-mêmes,  soit  par  les 
études  critiques  qu'elles  peuvent  provoquer,  un  grand  pas  à  la 
connaissance  de  l'histoire  et  des  institutions  du  Dauphiné  septen- 
trional et  des  régions  voisines  pendant  le  haut  moyen  âge. 

Robert  Gaîllemer. 

Félix  Portai..  —  La  République  marseillaise  du  XIIP 
siècle  (1200-1363).  Marseille,  Ruât,  1907;  iu-8»  de 
ix-463  pages. 

Sur  une  période  de  notre  histoire  locale  très  peu  étudiée  de  nos 
jours  (où  la  faveur  du  public  va  surtout  aux  époques  modernes), 
et  en  somme  très  mal  connue,  M.  Portai,  qui  n'est  pas  un  histo- 
rien professionnel,  vient  de  composer  un  livre  qui,  s'il  n'est  pas 
définitif,  a  le  grand  mérite  de  débrouiller  d'une  façon  très  satis- 
faisante les  complexes  obscurités  de  nos  annales  nationales  du 

1.  Poupardin,  op.  cit.,  p.  344. 

2.  G.  Rénaux,  Hunibert  /"  dit  au.x  Blanches  -  M ain  r  ,  Carcassonne. 
1906,  in-H".  —  V.,  sur  ce  travail.  Poupardin,  dans  Le  'Moyen  nge,  1907, 
p.  283  et  suiv. 


246  ANNALES  DD    MIDI. 

xiiie  siècle.  Il  y  manque  une  bibliographie  méthodique  et  un 
tableau  des  sources  inédites  qui  montreraient  d'un  coup  d'œil  au 
lecteur  la  nouveauté  de  l'ouvrage,  la  valeur  des  recherches  per- 
sonnelles de  l'écrivain,  et  le  peu  de  secours  qu'il  pouvait  atten- 
dre de  ses  prédécesseurs.  A  part,  en  effet,  les  vieux  classiques 
d'histoire  provençale,  Ruffi,  Papon,  V A.7itiquité  de  VEglise  de 
Marseille,  l'auteur  n'a  guère  eu  à  citer  que  de  rares  collections 
modernes  de  textes,  parmi  lesquels  le  recueil  Méry-Guindon, 
de  néfaste  et  méprisable  mémoire,  quelques  utiles  monographies 
de  Fabre,  Mabilly,  etc.,  la  synthèse  prématurée  de  Lambert  sur  le 
régime  municipal  en  Provence,  et  surtout  le  recueil  de  Documents 
de  l'archiviste  Blancard.  Son  travail  a  donc  dû  se  fonder  surtout 
sur  les  archives  communales  qu'il  a  longuement  explorées  et  dont 
il  a  tiré  (et  publié  en  appendice)  d'importantes  pièces  justifica- 
tives. La  préparation  parait  avoir  été  très  consciencieuse. 

Les  résultats  de  ces  recherches  sont  présentés  avec  méthode.  Le 
cadre  adopté  n'est  pas  purement  chronologique.  L'auteur  s'en 
excuse,  et  je  serais  plutôt  disposé  à  l'en  féliciter,  car  ses  divisions 
logiques  ont  l'avantage  de  montrer  d'une  façon  claire  les  divers 
aspects  de  l'évolution  historique  communale;  et  d'ailleurs  elles 
ne  sont  pas  assez  multipliées  pour  paraître  artificielles.  La  première 
partie  expose  V Etablissement  de  la  République.  L'auteur  en 
.  cherche  l'origine  dans  le  développement  économique  et  commer- 
cial de  Marseille  au  xiie  siècle,  dans  la  formation  de  la  Confrérie 
du  .Saert^£'5j3r*7,  société  religieuse  en  apparence,  mais  politique  au. 
fond,  qui  permit  à  un  groupe  riche  et  important  de  citoyens  de 
conquérir  dans  leur  patrie  les  immunités  dont  ils  jouissaient  à 
l'extérieur.  Ce  groupe  devint  l'embryon  du  gouvernement  munici- 
pal de  Marseille,  qui  lutta  contre  les  vicomtes  et  leur  arracha  peu 
àpeu,par  de  lents  progrès,  leur  autorité,  leurs  prérogatives  et  leurs 
droits  financiers.  L'histoire  des  engagements  et  rachats  de  droits  à 
Huguos  Geofiroy  III,  à  Roncelin,  à  Raymond  Geoffroy,  à  Hugues 
de  Baux,  à  Raymond  de  Baux  et  à  Giraud  Adhémar  est  faite  avec 
une  grande  précision  dans  le  chapitre  iv.  Vers  1226  (puisqu'on 
n'a  point  de  .date  sûre,  ni  même  à  vrai  dire  de  certitude  de  la 
vente  par  Giraud  Adhémar),  Marseille  a  complètement  absorbé 
l'autoi'ité  des  vicomtes.  —  C'est  à  ce  moment  que  M.  Portai  aban- 
donne l'ordre  chronologique  (auquel  il  reviendra  d'ailleurs  pour 
raconter  les  derniers  temps  de  l'indépendance)  et  décrit  sépa- 
rément l'histoire  intérieure  et  l'histoire    extérieure  de  la  jeune 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  247 

République  marseillaise.  En  six  chapitres  (v  et  vi  sont  mal  cou- 
pés, et  auraient  dû  se  décomposer  en  trois),  il  étudie  la  topogra- 
phie médiévale  de  Marseille,  en  insistant  sur  les  limites  de  la  ville 
inférieure;  puis  l'organisation  municipale  avec  sou  gouvernement 
populaire,  le  grand  Conseil,  les  cent  chefs  de  métiers,  le  Conseil 
général,  les  magistratures  municipales,  le  podestat,  les  recteurs, 
les  syndics  et  clavaires,  le  viguier  et  le  sous-vigiiier.  L'organisa- 
tion judiciaire  vient  ensuite,  avec  le  juge  du  palais,  le  juge  des 
appels  et  le  juge  de  la  commune.  M.  Portai  a  même  tenté  de 
dresser  des  listes  de  magistrats  municipaux,  mais  elles  sont  trop 
sommaires  pour  être  de  grande  utilité.  Il  faut  noter  cependant  les 
divers  appels  faits  à  des  jurisconsultes  italiens  pour  l'emploi 
de  podestats  :  sur  sept  de  ces  fonctionnaires,  entre  1221  et  1229, 
il  y  a  un  Milanais,  un  Bolonais  et  un  Pisan,  et  le  nom  d'un  qua- 
trième, Spinus  de  Surrexina,  parait  bien  déceler  une  personnalité 
italienne.  Les  chapitres  vir,  viii,  ix  donnent  un  tableau  des  finan- 
ces, des  règlements  de  voirie  et  de  police,  du  commerce  et  des  con- 
trats maritimes  et  commerciaux.  Les  renseignements  ici  réunis 
sont  d'autant  plus  importants,  que  ces  règlements  ont  survécu 
bien  au  delà  de  la  chute  de  la  République.  Les  règlements  des  cor- 
porations et  des  métiers  sont  analysés  un  peu  trop  sommairement. 
Le  chapitre  x,  intitulé  Principes  juridiques,  est  un  essai  d'his- 
toire du  droit  marseillais  au  xiiie  siècle  :  ce  n'est  pas  en  quinze 
pages  qu'on  pouvait  l'écrire;  aussi  ne  faut-il  y  chercher  que  des 
indications,  notamment  sur  la  situation  civile  des  personnes  et  des 
classes  inférieures  (esclaves,  bannis,  juifs,  lépreux,  courtisanes). 
— Nous  abordons,  après  cet  exposé,  tantôt  approfondi,  tantôt  som- 
maire, de  la  vie  intérieure  de  Marseille,  le  tableau  de  sa  vie  exté- 
rieure, dans  la  troisième  partie  de  l'ouvrage.  Expansion  poliLi- 
tlque  :  peut-être  aurait-il  fallu  distinguer  plus  nettement  l'histoire 
de  la  formation  du  territoire  marseillais  et  celle  de  ses  alliances 
politiques  et  commerciales.  Il  y  a  un  peu  de  confusion  dans  ce 
chap.  XI,  qui  aurait  dû  former  une  partie  à  lui  seul.  Avec  les 
chap.  XII.  XIII,  xtv,  nous  abandonnons  l'histoire  de  l'expansion 
pour  revenir  à  celle  de  la  lutte  pour  la  vie;  l'auteur  étudie  succes- 
sivement les  différends  de  Marseille  avec  l'abbaye  de  Saint-Vic- 
tor, ses  rapports  avec  les  comtes  de  Toulouse  et  de  Provence,  ses 
démêlés  avec  l'évêque  de  Marseille  et  la  révolte  des  villes  supé- 
rieures. —  Avec  le  chapitre  xv,  Premiers  conflits  entre  la  Répu- 
blique marseillaise  et  Raimond  Bérenger   V,  commence  vrai- 


248  ANNALES  DU    MIDI. 

ment  la  quatrième  partie  :  Lutte  pour  V indépendance .  Les  événe- 
ments survenus  entre  1230  et  1243,  que  M.  Portai  distingue  en 
premiers  et  noiiveaiioc  conflits,  forment  en  réalité  un  drame  con- 
tinu, où  s'entrechoquent  les  politiques  rivales  de  Hairnond  Béren- 
ger  V,  de  Raymond  Vil  de  Toulouse  et  de  l'empereur  Frédéric  II, 
auquel  Marseille  fait  une  soumission  temporaire,  qui,  si  elle  avait 
été  plus  durable,  aurait  pu  changer  singulièrement  l'évolution 
de  la  vallée  du  Rhône.  Avec  l'apparition  de  Charles  d'Anjou  et  le 
traité  de  1252  (chap.  xvii)  commence  la  dernière  période  de  notre 
République.  Ici  encore,  on  peut  regretter  que  M.  Portai  ait  pré- 
senté pêle-mêle  les  faits  d'histoire  diplomatique  générale  (rachat 
de  privilèges  dans  le  Levant,  renouvellement  du  traité  avec  Gènes, 
traité  avec  Pise),  ou  méridionale  (transaction  avec  Béziers,  conflit 
avec  Montpellier),  et  ceux  qui  sont  liés  plus  étroitement  à  la  lutte 
contre  Charles  d'Anjou.  Cette  lutte  dure  onze  ans,  du  traité  de 
1252  à  l'achat  de  la  ville  haute  par  ce  prince,  et  se  prolonge  par  la 
révolte  et  le  complot  de  1263,  qui  fut  réprimé  par  lui  avec  une 
cruauté  inouïe. 

Ici  s'arrête,  avec  l'histoire  de  la  République  marseillaise,  le  récit 
de  M.  Portai.  Sa  conclusion  est  écourtée  et  quelques  lignes  d'une 
éloquence  mélancolique  sur  la  destruction  de  ce  foyer  d'indépen- 
dance ne  sont  pas  suffisantes.  Il  a  sagement  fait  d'éviter  des  con- 
jectures et  des  regrets  sur  ce  qu'aurait  pu  devenir,  sans  son  écra- 
sement par  Charles  d'Anjou,  Marseille  indépendante.  Peut-être 
devait-il  marquer  avec  plus  d'énergie,  et  rien  qu'en  résumant  les 
grands  traits  de  son  ouvrage  :  quelle  création  forte  et  vivante  avait 
été  la  commune  libre  de  Marseille;  comment  elle  avait  su  en  peu 
de  temps  se  donner  l'organisme  nécessaire  à  une  vie  municipale, 
faire  sa  place  parmi  les  puissances  méditerranéennes,  devenir 
l'égale  par  ses  institutions,  la  rivale  par  son  commerce  de  Gènes 
et  de  Pise;  comment  elle  a  continué  son  rôle  extérieur,  malgré  les 
difficultés  internes,  malgré  les  conflits  avec  les  princes  voisins; 
et  dire  enfin  que  ces  quarante  années  de  République  comptent 
parmi  les  plus  attachantes,  les  plus  émouvantes  et  les  plus  glo- 
rieuses qu'ait  vécues  Marseille.  Voilà,  semble-t-il,  quelle  pouvait 
être  la  conclusion  ;  c'est  celle  où  arrivera  tout  lecteur  de  cette  très 
bonne  monographie.  L.-G.  Pklissier. 


COMPTES    RENDUS   CRITIQUES.  249 

Henri  Pècout.  Études  sur  le  droit  privé  des  hautes  vallées 
alpines  de  Provence  et  de  Dauphiné  au  Moyen-âge. 
Documents  inédits.  Paris,  Larose  et  Tenin,  1907;  in-8°  de 
vi-282  pages. 

Cet  ouvrage,  thèse  de  doctorat  en  droit  de  la  Faculté  d'Aix, 
porte  un  titre  trompeur  dans  une  certaine  mesure.  Il  s'annonce 
comme  une  étude  sur  le  droit  des  hautes  vallées  de  la  Provence 
et  du  Dauphiné.  Or,  en  fait,  cette  étude  est  limitée  au  départe- 
ment des  Hautes-Alpes  et  à  quelques  vallées  voisines  :  Briançon- 
nais,  Embrunais,  Gapençais,  Champsaur,  vallée  de  Barcelonnette. 
Par  contre,  l'ouvrage,  à  un  autre  point  de  vue,  donne  plus  qu'il 
ne  promet,  car  l'auteur  ne  se  confine  pas  dans  le  pur  droit  privé; 
il  s'occupe  de  la  condition  des  personnes  et  de  la  condition  des 
terres,  et  aussi  de  l'organisation  judiciaire  et  de  la  procédure, 
matières  qui  touchent  toutes  de  fort  près  au  droit  public. 

Les  thèses  de  doctorat  portant  sur  l'histoire  des  institutions 
sont  rai'es,  surtout  dans  les  Universités  méridionales.  H  semble 
que  les  étudiants  de  ces  Universités  croient  qu'il  y  a,  sur  ces 
questions,  peu  de  chose  à  faire.  Ils  vivent  sur  la  vieille  idée  que 
le  droit  méridional  est  du  droit  écrit,  c'est-à-dire  du  droit  romain, 
et  qu'il  n'y  a  pas  lieu,  dès  lors,  de  lui  consacrer  une  étude  spéciale. 

A  défaut  d'autre  utilité,  un  travail  tel  que  celui  de  M.  P.  aurait 
déjà  ce  grand  avantage  de  montrer  que  le  droit  médiéval  de  la 
France  méridionale  est  un  droit  coutumier  très  original,  aussi 
original  que  celui  de  la  France  du  nord.  Plus  on  l'étudié,  plus 
cette  constatation  s'impose.  Nous  ne  parlons  pas  seulement  des 
matières  féodales,  qui  évidemment  échappèrent  pour  une  très 
large  part  à  l'action  des  idées  romaines,  et  pour  lesquelles  il  y  eut 
tout  au  plus,  des  essais  d'adaptation  des  règles  romaines  relatives 
à  l'emphytéose.  (M.  P.  a  très  bien  noté  tout  ce  qui  sépare  l'em- 
phytéose  du  fief,  malgré  ces  tentatives  de  confusion.)  Le  droit 
des  terres,  le  droit  des  contrats,  le  droit  de  la  famille,  la  procé- 
dure et  le  droit  pénal  de  la  France  du  sud  ont  été,  pendant  des 
siècles,  souvent  inspirés  par  des  idées  tout  à  fait  étrangères  au 
droit  romain.  Seule  la  renaissance  du  droit  romain  a  pu  amener, 
dans  ces  régions,  à  partir  du  xine  siècle,  des  modifications  par- 
tielles dans  le  sens  des  idées  romaines. 

Le  lecteur  de  la  thèse  de  M.  P.  s'en  convaincra  aisément.  Il  y 


250  ANNALES   DD   MIDI. 

trouvera  la  description  d'une  masse  d'institutions  de  droit  privé 
ou  de  procédure  que  le  droit  romain  ne  connaissait  point,  et  dont 
plusieurs  ont  disparu  après  la  renaissance  du  droit  romain*,  tan- 
dis que  d'autres  institutions,  fondamentales  en  droit  romain,  telles 
que  le  testament,  font  défaut  aux  xi"  et  xiie  siècles,  et  n'apparais- 
sent qu'au  xiiie.  Il  est  même  regrettable  que  M.  P.  n'ait  pas  mieux 
accentué  rantitlièse  entre  ces  deux  périodes  de  l'histoire  juridique 
de  la  France  méridionale.  Nous  aurions  aimé  à  trouver  dans  son 
livre  un  chapitre  spécial,  où  l'auteur,  ayant  passé  en  revue  les 
diverses  branches  du  droit  privé,  aurait  rassemblé  les  traits  géné- 
raux de  cette  romanisation,  et  noté  les  dates  et  les  étapes  de  la 
renaissance  des  idées  romaines. 

Une  critique  détaillée  du  travail  de  M.  P.  nous  entraînerait  trop 
loin.  Il  faudrait  reprendre,  une  à  une,  toutes  les  matières  qu'il 
étudie.  Sur  plusieurs  points,  ses  conclusions  sont  peut-être  contes- 
tables, et  une  autre  interprétation  des  textes  est  possible.  Mais 
surtout  l'on  regrettera  l'absence  d'un  certain  nombre  de  connais- 
sances générales,  qui  auraient  été  indispensables  dans  un  ouvrage 
de  ce  genre.  Pour  mener  à  bien  un  tel  sujet,  il  ne  suffit  pas  d'étu- 
dier les  franchises  locales  et  les  documents  des  cartulaires;  il  faut 
connaitre  l'histoire  politique  de  la  région  étudiée,  et  aussi  l'his- 
toire générale  du  droit  médiéval.  Or,  cette  double  série  de  con- 
naissances a  fait  défaut,  en  grande  partie,  à  M.  P.,  comme  d'ail- 
leurs à  beaucoup  d'auteurs  de  thèses  d'histoire  juridique  :  et  c'est 
pourquoi  celles-ci  sont  si  rarement  bonnes. 

M.  P.  est  mal  renseigné  sur  l'histoire  des  Hautes-Alpes;  il  n'a 
pas  utilisé  les  ouvrages  qui,  dans  ces  derniers  temps,  ont  renou- 
velé en  partie  l'histoire  du  Dauphiné  et  de  la  Provence,  ou,  plus 
largement,  l'histoire  des  royaumes  de  Provence,  de  Bourgogne, 
d'Arles  et  de  Vienne.  Il  a  remplacé  les  connaissances  précises  qui 


1.  Ainsi  Vostagium  conventionnel,  si  différent  de  la  fidejussio  ro- 
maine ;  ainsi  la  tradition  per  maniim,  que  l'on  retrouve  dans  l'institution 
allemande  des  Sabnànner  ;  ainsi  les  formalités  de  la  procédure  d'exécu- 
tion des  biens  des  insolvables;  ainsi  surtout  la  masse  des  institutions 
familiales,  si  éloignées  du  droit  romain  :  garde  seigneuriale,  augment  de 
dot,  laudatio  des  héritiers  dans  les  aliénations  foncières,  retrait  lignager. 
—  Nous  croyons  même  que  M.  Pccout  se  trompe,  lorsqu'il  croit  à  la 
persistance,  à  travers  tout  le  moyen  âge,  de  certaines  institutions  telles 
que  l'emphytéose  (p.  87)  ou  le  régime  dotal  romain  (p.  174).  Les  textes 
qui  nous  parlent  de  ces  institutions  sont  tous  postérieurs  à  la  renais- 
sance du  droit  romain. 


COMPTES   RENDUS  CRITIQUES.  TÔl 

lui  auraient  été  nécessaires  par  des  considérations  vagues  sur 
«  le  llux  et  le  reflux  (?)  des  invasions  ».  De  même,  le  tableau  qu'il 
nous  donne,  au  chapitre  vir,  de  l'organisation  administrative  et 
judiciaire  de  l'État  delphinal  présente  des  lacunes  et  quelques  er- 
reurs. Est-ce  bien  la  faute  de  M.  P.  ?  A  Aix-en-Provence,  l'histoire 
du  moyen  âge  n'est  pas  enseignée;  et  nous  connaissons  d'autres 
Universités  méridionales  auxquelles  tout  enseignement  de  ce 
genre  fait  également  défaut. 

Mais  surtout  M.  P.  connaît  insuffisamment  l'histoire  générale 
du  droit  médiéval.  Son  plan  même  révèle  cette  insuffisance.il  est, 
en  plusieurs  endroits,  défectueux,  car  il  applique  aux  institutions 
médiévales  des  classements  qui  conviennent  tout  au  plus  au  droit 
moderne.  Par  exemple,  tout  ce  qu'il  dit  de  la  tradition  immobi- 
lière devait  prendre  place,  non  pas  dans  le  chapitre  des  contrats, 
mais  dans  le  chapitre  relatif  aux  terres  ;  car  la  tradition  est  un 
moyen  de  transférer  la  propriété,  quelle  que  soit  la  source,  con- 
tractuelle ou  autre,  de  ce  transfert.  De  même,  les  pages  consacrées 
aux  successions  réunissent  artificiellement  des  règles  très  diffé- 
rentes, les  unes  concernant  les  fiefs,  les  autres  les  alleux,  d'autres 
encore  spéciales  au  patrimoine  des  serfs  :  règles  qui  auraient  eu 
leur  place  naturelle  dans  les  chapitres  relatifs  à  ces  diverses  ma- 
tières. De  même  encore,  les  droits  ou  les  redevances,  dus  les  uns 
par  les  personnes  de  telle  ou  telle  condition,  les  autres  par  les 
terres  de  différentes  catégories,  ont  été  groupés  ensemble  et  déta- 
chés de  l'étude  des  classes  sociales  ou  des  diverses  sortes  de  teiTes, 
étude  qui  seule  cependant  pouvait  les  expliquer. 

C'est  sans  doute  aussi  faute  de  connaissances  générales  préala-  ' 
blés  que  M.  P.  n'a  pas  aperçu  ce  qu'il  y  a  de  profondément  vrai 
dans  la  théorie,  soutenue  notamment  par  M.  Guilhiermoz,  d'après 
laquelle,  pendant  le  haut  moyen  âge,  il  n'y  a  (si  l'on  met  à  part 
les  clercs  et  aussi  les  bourgeois  des  villes)  que  deux  grandes 
catégories  sociales  :  d'un  côté  les  nobles,  possesseurs  de  fiefs,  et 
d'un  autre  côté  les  non-nobles,  dans  une  condition  servile  ou 
quasi-servile,  quel  que  soit  le  terme  (serfs,  vilains,  francs,  rotu- 
riers) qui  sert  à  les  désigner.  M.  P.  rejette  cette  théorie.  Nous 
croyons,  au  contraire,  que  les  textes  qu'il  rassemble  lui  sont  plei- 
nement favorables,  et  que,  s'il  ne  l'a  pas  admise,  c'est  parce  qu'il 
s'est  fait  une  idée  inexacte  et  trop  rigide  du  servage  médiéval.  Il 
constate  lui-même  (pp.  36  et  suiv.)  que  le  vilain  des  Hautes-Alpes 
n'est  pas  éloigné  du  serf.  Le  droit  de  changer  de  seigneur  à  la 


252  ANNALES   DU   MIDI. 

Noël  de  chaque  année,  droit  qui  appartient  aux  paysans  du 
Briançonnais,  n'est  pas,  comme  le  dit  M.  P.,  une  preuve  de  liberté ^. 
Gela  montre  seulement  que  la  condition  des  paysans  se  rappro- 
che de  ce  que  l'on  appelle  la  «  mainmorte  simplement  réelle  »,  et 
ressemble  à  celle  des  homines  de  inansata  des  textes  méri- 
dionaux ou  à  celle  des  serfs  de  la  Bourgogne  2.  Un  trait  surtout 
nous  semble  caractéristique,  trait  que  M.  P.  étudie  ailleurs 
(pp.  183  et  suiv.).  Dans  les  Hautes-Alpes,  pendant  tout  le  moyen 
âge,  la  totalité  des  populations  des  campagnes  n'a  eu  que  des 
droits  successoraux  très  restreints;  à  défaut  de  descendants  et  à 
défaut  d'un  testament  fait  au  profit  du  seigneur,  celui-ci  recueil- 
lait toute  la  succession  du  paysan  décédé.  Ce  droit  n'est  pas  une 
conséquence  des  règles  féodales,  comme  M.  P.  le  dit  (p.  183,  note  4)  ; 
car  il  s'applique,  non  pas  à  la  tenure  du  paysan,  mais  à  toute  sa 
succession.  Ce  droit  de  deshominamenlum ,  qui  pèse,  dans  les 
Hautes-Alpes  comme  dans  divers  autres  pays  (par  exemple  en 
Savoie,  en  Valais,  en  Roussillon),  sur  toute  la  population  ru- 
rale, est  bien  l'indice  d'une  condition  servile  ou  quasi-servile^. 

1.  P.  41  et  suiv.  Ces  paysans  de  Bardonnèche  ne  peuvent  pas  se  dé- 
placer librement.  La  charte  de  1330  ne  leur  permet  de  changer  de  sei- 
gneur qu'à  une  date  déterminée,  à  la  Noël,  et  seulement  pour  aller  sur 
la  terre  d'un  autre  coseigneur  de  Bardonnèche.  Ils  sont,  en  vertu  de  la 
même  charte,  taliahiles  ad  mercedem.  —  Les  seigneurs  des  Crottes  peu- 
vent saisir  tous  les  biens,  meubles  et  immeubles,  du  paysan  qui  émigré. 
P.  43,  note  2.  Ce  sont  des  traces,  aussi  nettes  que  possible,  du  droit  de 
poursuite,  c'est-à-dire  de  la  forme  la  plus  dure  du  servage. 

2.  M.  P.  semble  ne  pas  très  bien  savoir  ce  que  l'on  entend  par  main- 
■morte  «  réelle  n  ou  c<  personnelle  ».  II  se  figure  que  la  mainmorte  réelle 

est  plus  dure  que  la  mainmorte  personnelle  ;  c'est  le  contraire  qui  est 
vrai,  puisqu'elle  permet  au  serf  de  devenir  libi'e  en  déguerpissant,  tandis 
que  le  serf  de  servitude  personnelle  ne  peut  échapper  à  son  servage.  Il 
y  a,  dans  la  thèse  de  M.  P.,  d'autres  méprises  du  même  genre;  par 
exemple,  p.  71,  il  appelle  «  fief  en  l'air  »  le  fief  portant  sur  autre  chose 
qu'un  immeuble,  alors  que  cette  expression  désigne  ordinairement  la  si- 
tuation d'une  personne  qui,  ayant  reçu  en  fief  une  terre  d'un  seigneur,  la 
sous-inféode  en  totalité  à  un  arrière-vassal,  sans  rien  retenir  devers  elle. 
De  même  encore,  p.  175,  il  oppose  le  melioraine?îtum  dotis  à  l'augment 
de  dot  ;  s'il  avait  examiné  de  près  l'augment  de  dot,  il  aurait  vu  que  rien 
d'essentiel  ne  sépare  ces  deux  institutions;  les  mots  melioramentum, 
augnientum  dotis,  supravita,  dotaliciurn,  désignent  au  fond,  dans  le  sud- 
est  de  la  France,  un  seul  et  même  gain  de  survie. 

3.  M.  P.  aurait  pu  rapprocher  des  textes  qu'il  cite  pour  les  Hautes- 
Alpes  le  texte  des  franchises  de  Chamonix  de  1292  :  quand  une  personne 
meurt  sans  enfants,  elle  ne  peut  transmettre  ses  biens  à  ses  collatéraux 
qu'à  la  condition  de  léguer  au  prieur  le  tiers  de  ses  biens  {Mém.  et  doc. 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  253 

Nous  aurions  encore  d'autres  griefs  à  faire  à  M.  P^.  Il  a  placé, 
en  tète  de  son  livre,  une  bibliographie  où  il  a  entassé  pêle-mêle 
les  recueils  de  textes  et  les  ouvrages  de  troisième  main.  Nous  au- 
rions préféré  un  tableau  précis  des  sources  de  l'histoire  juridique 
des  Hautes-Alpes,  nous  indiquant  :  1"  les  cartulaires  et  fonds 
d'archives  utilisés;  2»  les  chartes  de  franchises  et  de  coutumes  des 
Hautes-Alpes  ;  S»  les  ordonnances,  delphinales  ou  autres,  relatives 
au  droit  privé,  etc.  Une  telle  liste  aurait  été  infiniment  plus  utile. 
Mais  ces  imperfections,  dont  plusieurs  étaient  fort  difficiles  à 
éviter,  ne  doivent  pas  empêcher  de  reconnaître  tout  ce  qu'il  y  a 
de  travail  solide  et  sérieux  dans  la  thèse  de  ^I.  P.  Il  a,  en  somme, 
étudié  directement  les  sources  et  en  a  tiré  un  bon  parti.  Ajou- 
tons qu'il  a  eu  l'excellente  idée  d'ajouter  à  son  livre  trois  chartes 
inédites  :  d'abord  la  transaction  conclue,  relativement  au  village 
de  Savines,  en  1816,  par  le  dauphin  et  les  seigneurs  du  Savines  ; 
puis  la  charte  communale  de  Gap  de  1378;  enfin  la  charte  accordée 
par  les  comtes  de  Provence,  en  1385,  à  la  ville  de  Barcelonnette. 

Robert  Caillemer. 


publ.  par  la  Soc.  d'hist.  et  d'arch.  de  Genève,  XIII,  2,  p.  74).  De  mèriie 
dans  la  charte  d'Orsières  en  Valais  (1376)  (  Méni.  et  doc.  publ.  par  la  Soc. 
d'hist.  de  la  Sîcisse  romande,  XXXVII,  n"  2213);  dans  les  statuts  de 
Priola  de  1397  (Fertile,  Storia  del  diritto  italiano,  IV,  p.  19,  note  28|. 
Pour  les  vallées  pyrénéennes,  voir  les  travaux  de  Brutails.  En  somme,  la 
mainmorte,  avec  ses  variantes  (confiscation  de  toute  succession  collaté- 
rale, confiscation  des  biens  des  intestats,  etc.),  a  duré,  dans  les  vallées  des 
Alpes  et  des  Pyrénées,  jusqu'au  xiv^  siècle.  Un  certain  nombre  de  chartes 
de  libertés,  qui  se  proposent  d'améliorer  cette  situation,  n'établissent 
encore  le  droit  de  succession  en  ligne  collatérale  que  dans  des  limites 
restreintes,  jusqu'au  2"  degré  de  computation  canonique. 

1.  Par  exemple,  nous  ne  pouvons  admettre  que  le  service  militaire  des 
vilains  n'ait  existé  que  depuis  le  xiir  siècle  (p.  103  et  suiv.).  Les  chartes 
de  libertés  du  xui«  siècle  en  parlent  pour  le  limiter.  Antérieurement,  il 
devait  être  à  tnerci,  comme  les  autres  formes  de  la  corvée.  —  Au  con- 
traire, nous  sommes  d'accord  avec  M.  P.  pour  admettre  que  les  bois  et 
les  pâturages  ont  été,  jusqu'au  xiii«  siècle  ou  même  au  xiv,  la  propriété 
exclusive  des  seigneurs,  et  que  le  droit  des  paysans  sur  les  communaux 
ne  s'est  développé  que  peu  à  peu,  à  la  fin  du  moyen  âge. 


254  ANNALES   DU   MIDI. 


Henri  Courteaui.t.  —  Le  Livre  des  Syndics  des  États  de 
Béarn  (texte  béarnais).  2»  partie.  Paris  et  Auch,  1906; 
1  vol.  in-8o  de  viii-234r  pages  {Arch.  hist.  de  Gascogne, 
XVII«  année,  1"  et  2*  trimestres;  2^  sér.,  fasc.  10). 

Cet  ouvrage  correspond  à  l'une  des  périodes  les  plus  intéres- 
santes de  l'histoire  du  Béarn  ;  il  a  trait  aux  événements  qui  se  sont 
succédé  dans  le  Sud-Ouest  de  1488  à  1521  et  comprend  l'époqne  où 
la  maison  de  Foix-Grailly,  à  l'apogée  de  sa  grandeur,  était  arrivée 
au  but  suprême  de  son  ambition  et  de  ses  efforts,  à  la  couronne 
royale  de  Navarre.  A  la  mort  de  François-Phœbus,  emporté  subi- 
tement, en  1488,  par  un  mal  mystérieux,  la  prospérité  commence 
à  faire  place  à  l'adversité.  Catherine,  héritièi'e  de  son  frère  et 
madée  à  Jean  d'Albret,  se  voit  contester  ses  droits  à  la  succession 
par  son  oncle,  Jean  de  Foix,  vicomte  de  Narbonne,  qui  prétendait 
la  dépouiller  en  vertu  de  la  loi  salique. 

Profitant  des  embarras  qui  empêchaient  Catherine  de  fortifier 
son  autorité,  Ferdinand  le  Catholique,  roi  d'Aragon,  lui  suscitait 
des  difficultés  sans  cesse  renaissantes  pour  s'emparer  du  royaume 
de  Navarre.  La  pauvre  reine  était  menacée  de  perdre  successive- 
ment tous  ses  États,  éparpillés  de  chaque  côté  des  Pyrénées;  en 
Navarre,  le  parti  d'Albret,  qui  s'alfaiblissait  de  plus  en  plus,  finit 
par  être  expulsé  du  pays  par  les  armes  espagnoles. 

Plus  que  toute  autre  province  relevant  de  la  maison  de  Foix,  le 
Béarn,  où  les  souverains  déchus  établirent  leur  résidence  habi- 
tuelle, était  exposé,  par  sa  situation  géographique,  à  ressentir  le 
contre-coup  des  événements  et  à  en  supporter  les  fâcheuses  consé- 
quences. Aux  affaires  que  suscitaient  les  relations  avec  l'étranger 
s'ajoutaient  les  embarras  provoqués  par  l'administration  intérieure. 
Les  trois  États  de  la  province,  en  accordant  ou  rejetant  les 
subsides,  étaient  nécessairement  amenés  à  toucher  à  toutes  les 
questions.  Dans  leui'S  livres,  les  syndics  étaient  obligés  d'enre- 
gistrer les  délibérations  de  l'assemblée,  de  déterminer  les 'motifs 
du  vote,  de  relater  les  crédits  ouverts,  d'en  suivre  l'emploi,  d'in- 
diquer les  mesures  prescrites.  S'il  était  permis  d'avoir  recours  à 
une  expression  moderne  pour  définir  une  chose  ancienne,  on  pour- 
rait dire  que  les  livres  des  syndics  constituaient  les  annales  parle- 
mentaires du  pays. 


COMPTES   RENDUS  CRITIQUES.  255 

L'intérêt  très  vif  qu'ils  présentent  ne  peut  échapper  à  ceux 
qui  s'occupent  des  rapports  internationaux  entre  le  nord  de  l'Es- 
pagne et  le  sud-ouest  de  la  France.  L'ouvrage  édité  par  M.  C.  n'est 
pas  seulement  un  ouvrage  d'histoire  locale;  il  tient  à  l'histoire 
générale  par  la  qualité  des  personnages  qu'il  met  en  scène  ou  par 
l'importance  des  faits,  tels  que  la  perte  du  royaume  de  Navarre 
par  une  dynastie  française. 

Conservé  aux  archives  des  Basses-Pyrénées,  le  manuscrit  des 
syndics  attendait  un  éditeur.  Le  regretté  Léon  Cadier,  de  l'École 
des  Chartes,  l'avait  étudié.  C'était  une  bonne  fortune  pour  la 
Société  des  archives  historiques  de  Gascogne,  nouvellement  fon- 
dée, de  s'adjoindre  le  jeune  paléographe  et  de  lui  confier  cette 
édition.  Il  parvint  à  publier  la  première  partie  du  Livre  des  syn- 
dics, avant  que  la  maladie  ne  l'enlevât  à  la  science  en  1889.  Restait 
une  seconde  partie  à  mettre  en  lumière.  Pour  donner  à  l'édifice  un 
couronnement  digne  de  la  base,  il  fallait  un  ouvrier  au  courant 
de  l'histoire  locale,  ayant  la  pratique  du  dialecte  béarnais  et 
capable  d'éclairer  le  récit  par  des  notes  sur  les  personnes,  les  faits 
et  les  lieux. 

C'est  à  M.  Henri  Courteault,  archiviste  aux  Archives  nationales, 
ancien  élève  de  l'École  des  chartes,  Béarnais  d'origine  et  d'éduca- 
tion, qu'est  revenu  le  soin  de  continuer  l'œuvre  interrompue  et  de 
la  mener  à  bonne  fin.  Cette  seconde  partie,  parue  en  1906,  justifie 
pleinement  l'espérance  que  l'on  avait  conçue  :  point  de  disparate 
dans  le  travail,  dont  les  parties  s'harmonisent  aussi  bien  pour 
la  publication  du  texte  que  pour  la  rédaction  des  notes. 

Le  volume  est  divisé  en  chapitres,  correspondant  chacun  à  une 
session;  chaque  chapitre,  partagé  en  paragraphes  numérotés,  est 
précédé  d'un  sommaire  qui  donne  le  résumé  des  sujets  traités; 
enfin  une  table  méthodique  reproduit  dans  l'ordre  chronologique, 
sous  une  forme  plus  succincte,  les  sommaires  des  deux  tomes.  Une 
table  alphabétique  de  noms  de  lieux  et  de  personnes  facilite  les 
recherches. 

Au  point  de  vue  philologique,  le  texte,  édité  avec  soin,  offre  une 
version  satisfaisante  et  fournit  des  matériaux  pour  l'étude  du  dia- 
lecte béarnais,  usité  à  la  fin  du  moyen  Age.  Un  glossaire  donne 
l'explication  des  mots  dont  le  sens  peut  présenter  quelque  diffi- 
culté d'interprétation. 

La  Société  des  Archives  historiques  de  Gascogne  continue  à 
mériter  les  éloges  et  les  encouragements  qui  l'ont  accueillie  à  ses 


256  ANNALES  DD    MIDI. 

débuts.  Puisse-t-elle  tenir  eu  réserve  bon  nombre  de  publications 
dignes  du  Livre  des  Syndics  des  États  de  Béarn! 

F.  Pasquier. 

Edmond  Cabié.  —  Guerres  de  religion  dans  le  sud-ouest 
de  la  France  et  principalement  dans  le  Quercy.  d'après 
les  papiers  des  seigneurs  de  Saint-Sulpice,  de  1561 

à  1590.  Paris,  Toulouse,  Cahors  et  Albi;  in-4o  de  xlii-939 
pages. 

M.  Ed.  Gabié  est  un  de  ces  travailleurs  solitaires  qui,  dans  le 
grand  silence  de  la  vie  provinciale,  comme  Fa  dit  M.  Roschach, 
collaborent  avec  un  désintéressement  méritoire  à  la  préparation  de 
notre  histoire  nationale.  11  vient  de  publier  un  nouveau  volume  de 
documents  puisés,  comme  ceux  du  précédent,  dans  les  papiers  des 
seigneurs  de  Saint-Sulpice.  C'est  le  second  d'une  série  qui  com- 
prendra un  troisième  et  peut-être  un  quatrième  volume.  Le  pre- 
mier est  exclusivement  consacré  à  l'ambassade  en  Espagne  de  Jean- 
Ebrard  de  Saint-Sulpice,  de  1562  à  1565 1.  11  nous  a  permis  de 
mieux  comprendre  la  politique  espagnole  à  l'égard  de  la  France 
au  début  des  guen*es  de  religion  et  aussi  les  raisons  pour  lesquel- 
les Catherine  de  Médicis  tenait  tant  au  rapprochement  des  deux 
pays.  Saint-Sulpice  avait  admirablement  servi  cette  politique  ;  il 
avait  réussi  à  ménager  la  célèbre  entrevue  de  Ba5'onne  qui  fut 
considérée  comme  un  très  grand  succès  et  le  poussa  fort  avant 
dans  la  confiance  de  Catherine  de  Médicis. 

Le  second  volume  est  beaucoup  plus  étendu  que  le  premier; 
c'est  un  gros  in-4o  de  940  colonnes,  portant  sur  une  période  de 
trente  ans,  de  1561  à  1590.  Le  titre  choisi  par  M.  Gabié  ne  donne 
qu'une  idée  très  incomplète  et  même  assez  inexacte  de  ce  que  ren- 
ferme le  volume.  Sans  doute  il  y  est  souvent  question  des  guerres  de 
religion  dans  le  sud-ouest  et  principalement  dans  le  Quercy  où  ré- 
sidait la  famille  de  Saint-Sulpice  et  où  il  séjournait  lui-même  au- 
tant de  fois  et  aussi  longtemps  qu'il  le  pouvait;  mais,  heureuse- 
ment pour  le  lecteur,  les  documents  publiés  par  M.  Gabié  parlent 
d'une  foule  de  choses  que  n'annonce  pas  le  titre  et  qui,  à  mon  avis, 
présentent  plus  d'intérêt  que  ce  qui  se  rapporte  aux  événements 

1.  Albi,  1902.  Voy.  Annales,  XVI,  295. 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  257 

qui  se  passent  dans  le  Quercy.  Il  est  d'ailleurs  facile  de  le  com- 
prendre. Depuis  son  ambassade  en  Espagne,  Saint-Sulpice  réside 
presque  toujours  à  la  cour;  il  est  conseiller  du  roi  en  son  Conseil 
privé,  il  a  toute  la  confiance  de  Catherine  de  Médicis,  il  est  gou- 
verneur du  duc  d'Alençon  et  surintendant  de  sa  maison,  il  est  plu- 
sieurs fois  chargé  de  missions  importantes,  il  est  en  relations  avec 
tous  les  grands  personnages  de  l'époque;  sa  correspondance,  très 
étendue  et  très  régulière,  doit  donc  nous  renseigner  sur  tous  les 
événements  auxquels  il  s'est  trouvé  mêlé  et  en  particulier  sur 
ceux  dans  lesquels  il  a  joué  le  principal  rôle. 

Uu  volume  comme  celui  de  M.  Cabié  ne  peut  pas  s'analyser; 
mais  pour  en  faire  ressortir  tout  l'intérêt,  il  suffit  de  dire  qu'il  ren- 
ferme plus  de  170  lettres  de  Catherine  de  Médicis,  de  Charles  IX, 
d'Henri  III  et  du  roi  de  Navarre,  dont  quelques-unes  inédites  en  tout 
ou  en  partie,  et  qu'il  reproduit  à  peu  près  1,600  pièces  ou  docu- 
ments divers.  Grâce  à  M.  Cabié,  nous  connaîtrons  mieux  désormais 
les  événements  qui  s'accomplissaient  dans  le  sud-ouest  de  la  France 
pendant  les  guerres  de  religion;  nous  serons  mieux  renseignés  sur 
le  voyage  que  fit  Catherine  de  Médicis  dans  le  midi  de  la  France 
en  1579  pour  conclure  la  paix  avec  les  princes  protestants,  qu'elle 
suivit  «  comme  un  barbet  ».  Avant  sa  publication,  nous  ignorions 
presque  complètement  les  efforts  faits  par  les  catholiques  pour  re- 
prendre la  ville  de  Cahors,  en  1581.  De  nombreuses  lettres  parlent 
de  la  misère  profonde  qui  existait  dans  les  pays  ravagés  par  la 
guerre,  du  peu  de  sécurité  qui  régnait  sur  les  chemins,  de  la  cherté 
des  vivres,  de  la  difficulté  qu'éprouvaient  les  marchands  pour  faire 
circuler  leurs  marchandises.  Saint-Sulpice  se  plaint  souvent  du 
manque  d'argent,  il  prêche  l'économie  à  sa  femme  et  à  ses  enfants. 
Les  dépenses  qu'il  est  obligé  de  faire  à  la  cour  sont  exorbitantes 
et  le  roi  le  paye  trop  souvent  de  promesses  ou  bien  il  lui  donne  des 
assignations  sur  une  caisse  qui  ne  peut  disposer  de  la  moindre 
somme  pendant  plusieurs  années.  Il  réclame  fréquemment,  mais 
ses  réclamations  restent  vaines  parce  que  le  Trésor  est  à  sec.  Mal- 
gré cela,  il  reste  toujours  profondément  dévoué  à  la  cause  du  roi. 

Les  enfants  de  Saint-Sulpice  reçurent  une  éducation  conforme 
au  rang  qu'il  occupait.  Ils  furent  élevés  au  collège  de  Navarre 
qu'on  avait  recommandé  à  Mme  de  Saint-Sulpice,  «  tant  pour  le 
soin  qu'on  y  a  de  bien  instruire  la  jeunesse  en  la  foi  et  religion 
catholique  et  aux  bonnes  mœurs  que  aussi  pour  être  le  lieu  où  l'on 
a  accoutumé  de  faire  étudier  les  enfants  des  princes  et  des  plus 

ANNALES  DU   MIDI.   —    XX  17 


258  ANNALES   DU   MIDf. 

nobles  maisons  de  France.  »  On  ne  tarda  pas  à  les  conduire  au 
Louvre  pour  distraire  le  jeune  duc  d'Alençon  ;  ils  en  profitent  pour 
entretenir  toutes  les  dames  de  la  reine  «  le  mieux  qu'il  leur  est  pos- 
sible ».  «  Outre  cela,  écrit  l'un  d'eux  à  sa  mère,  nous  apprenons  à 
escrimer,  et  l'escrimeur  de  Monsieur  le  duc  d'Alençon  nous  vient 
trouver  à  notre  logis  pour  nous  apprendre.  Mon  maître  Boyresse 
y  fait  aussi  venir  tous  les  jours  un  joueur  de  lutii  qui  m'apprend. 
Et  qui  plus  est  nous  continuons  notre  exercice  de  monter  à  che- 
val sur  les  chevaux  de  M.  de  Longueville.  Ainsi  nous  ne  perdons 
pas  notre  temps.  »  Dès  qu'ils  furent  en  Age  de  fréquenter  la  cour, 
les  fils  de  Saint-Sulpice  furent  attachés,  à  des  titres  divers,  soit  au 
duc  d'Anjou,  soit  au  duc  d'Alençon.  L'un  d'eux  accompagna  même 
le  duc  d'Anjou  en  Pologne  quand  il  alla  prendre  possession  du 
trône,  et  sa  correspondance  renferme  quelques  détails  pittoresques 
sur  le  voyage  et  sur  la  réception  qu'on  leur  fit.  Malgré  les  misères 
du  temps,  malgré  le  triste  état  du  Trésor,  les  fêtes  étaient  nom- 
breuses à  la  cour.  Henri  de  Sair)t-Sulpice  écrit  à  sa  mère  en  1571  : 
«  La  cour  est  si  grosse  et  il  y  a  tant  de  presse  qu'on  ne  sait  de  quel 
côté  se  tourner;  le  bal  se  tient  tous  les  soirs  et  il  y  a  fort  grant 
compaignie.  »  Trois  des  fils  de  Saint-Sulpice  suivirent  la  carrière 
des  armes.  L'un  fut  mortellement  blessé  au  siège  de  La  Rochelle 
en  1572;  le  second  fut  assassiné  à  Blois  en  1577;  le  troisième  mou- 
rut des  blessures  qu'il  avait  reçues  à  la  bataille  de  Goutras.  Le 
quatrième  embrassa  la  vie  ecclésiastique  et  devint  évêque  de  Ca- 
hors.  Il  fit  un  voyage  à  Rome  en  1577  et  sou  père  ne  se  décida  aie 
laisser  partir  qu'après  avoir  reçu  une  lettre  fort  intéressante  de 
l'évêque  d'Auxerre,  Jacques  Amyot,  dans  laquelle  le  traducteur 
dePlutarquefait  ressortir  les  avantages  que  présente  pour  un  jeune 
évêque  désireux  de  s'instruire  un  séjour  prolongé  dans  la  ville  de 
Rome.  La  correspondance  du  jeune  évêque  de  Cahors  fournit  aussi 
de  nombreux  détails  sur  Tadministration  des  biens  d'église  à  la  fin 
du  xvie  siècle. 

Dans  les  papiers  de  Saint-Sulpice  on  trouve  enfin  des  rensei- 
gnements sur  les  grandes  familles  du  Quercy,  sur  leurs  alliances, 
leurs  mariages,  leurs  ressources;  sur  les  épidémies,  comme  la 
coqueluche,  qui  de  temps  à  autre  désolaient  le  pays,  et  sur  les 
remèdes  qu'on  employait.  Quand  Saint-Sulpice  souffre  de  l'esto- 
mac on  lui  conseille  de  manger  «  un  peu  moins  de  vinaigre  et  de 
fromage  et  de  salade  »  et  de  recourir  davantage  aux  raisins  de 
Damas  et  de  Corinthe.  S'il  veut  user  du  lait  d';\nesso,  le  médecin  lui 


COMPTES   RENDUS   CRITIQDES.  259 

donne  h  ce  sujet  les  prescriptions  suivantes  :  «  Faut  en  premier 
lieu  que  l'anesse  soit  nourrie  de  foin,  d'avoine  ou  orge  et  de  bon 
son,  ne  permettant  que  mange  lierlje  par  les  prés.  Je  présuppose 
qu'elle  soit  de  l'âge  moyen.  Faudra  commencer  le  plus  tôt  que 
vous  pourrez,  en  en  prenant  cinq  ou  six  onces  le  matin,  environ 
six  heures,  tout  chaud  comme  sortira  de  la  mamelle,  en  y  ajou- 
tant un  peu  de  sucre  fin  mis  en  poudre  afin  que  soit  plus  tôt 
fondu,  et  si  voulez  un  peu  dormir  dessus  afin  que  l'estomac  l'em- 
brasse mieux  ne  ferez  mal.  Si  vous  en  trouvez  bien,  le  continue- 
rez longtemps,  car  le  long  usage  ne  dommage  point  si  l'estomac 
ne  s'en  rend  crû  et  débile.  »  Pour  ses  yeux,  s'il  a  quelque  fluxion 
avec  chaleur,  il  pourra  employer  «  un  collyre  de  dame-rose  fait 
avec  un  peu  de  lait  de  femme,  et  en  mettre  le  matin,  demi-heure 
avant  de  se  lever,  quelques  gouttes  dedans,  et  le  soir  avant  de  se 
coucher  ».  «  Quanta  votre  toux,  je  serais  d'avis  que  vous  fissiez 
une  rôtie,  en  forme  d'écusson,  de  croûte  de  pain  et  la  tremper 
avec  de  bonne  eau-de-vie  et  l'appliquer  sur  l'estomac  sans  chauf- 
fer la  pointe  sur  le  creux  que  l'on  appelle  la  fontanelle.  » 

Par  les  quelques  indications  que  je  viens  de  donner,  il  est 
facile  de  se  rendre  compte  de  la  variété  et  de  l'importance  des 
renseignements  que  renferme  la  publication  de  M.  Cabié.  On  peut 
la  considérer  comme  une  source  indispensable  pour  la  connais- 
sance de  l'histoire  politique  et  économique  de  la  seconde  moitié 
du  xvie  siècle.  Je  l'ai  lue  pour  ma  part  avec  un  sérieux  profit. 

Une  table  alphabétique  des  noms  de  lieux  et  de  personnes  faci- 
lite beaucoup  les  recherches. 

La  bibliographie  et  les  commentaires  de  M.  Cabié  sont  insuffi- 
sants ;  mais  les  raisons  qu'il  en  donne  si  consciencieusement  dans 
son  introduction  sont  de  telle  nature  qu'on  ne  saurait  lui  faire  un 
grief  des  quelques  lacunes  de  son  intéressante  publication. 

F.  Dumas. 

Paul  CouRTEAULT.  Geoffroy  de  Malvyn ,  magistrat  et 
humaniste  bordelais  (1545? -1617).  Etude  biographique 
et  littéraire  suivie  de  harangues,  poésies  et  lettres  inédites. 
Paris,  H.  Champion,  1907;  in-8»de  x-208  pages.  (Bibl.  lit- 
téraire de  la  Renaissance.) 

Geoffroy  de  Malvyn  a  fait  au  Parlement  de  Bordeaux  toute  sa 
carrière  de  magistrat.  Il  semble  y  avoir  laissé  la  réputation  d'un 


260  ANNALES   DU  MIDI. 

lionniie  lionnête  et  éloquent.  Il  a  continué  la  tradition  de  ces 
magistrats  humanistes  que  furent  Arnaud  de  Ferron,  La  Boëtie  et 
Montaigne.  Lui-même,  à  proprement  parler,  ne  fut  jamais  un 
homme  de  lettres.  En  1563,  sa  verve  de  jeune  homme  se  donnait 
cours  dans  un  poème  intitulé  Gallia  geme^is,  dont  un  seul 
exemplaire  a  survécu.  En  dehors  de  cette  oeuvre,  on  ne  citait  de 
lui  que  des  poésies  latines  de  circonstance,  pièces  liminaires  qui 
sont  dispersées  dans  des  volumes  imprimés  à  Bordeaux  à  la  fin 
du  xvie  siècle.  Au  moins  ces  vers  montrent-ils  qu'il  fut  un  lati- 
niste délicat;  et  de  plus,  ils  nous  donnent  une  idée  des  relations 
qu'il  entretint  avec  divers  lettrés  de  son  teinps.  Tel  fut  Geoffroy 
de  Malvyn,  figure  assez  pfde  sans  aucun  doute,  personnage  de 
second  plan,  mais  à  qui  il  valait  la  peine  de  consacrer  une  mono- 
graphie :  ce  sont  des  livres  comme  celui-là  qui  peuvent  faire  revi- 
vre devant  nous  ces  anciens  parlementaires  dont,  au  xvie  siècle, 
l'inlluence  fut  si  grande  sur  l'évolution  de  la  littérature. 

On  trouve  dans  le  livre  de  M.  C.  toute  la  richesse  d'informa- 
tion et  aussi  toute  la  précision  minutieuse  sans  lesquelles  de 
pareilles  études  ne  sauraient  avoir  leur  pleine  utilité.  L'auteur 
a  su  ajouter  beaucoup  aux  notices,  trop  sèches  ou  trop  vagues, 
que  l'on  possédait  sur  (Teoffroy  de  Malvyn.  Pour  écrire  sa  vie,  il 
a  mis  à  profit  les  documents  d'archives  qui  sont  conservés  dans 
les  divers  dépôts  de  Bordeaux.  Pour  nous  faire  connaître  l'huma- 
niste et  le  lettré,  il  a  soigneusement  dépouillé  le  volume  qui  ren- 
ferme, à  la  bibliothèque  de  Bordeaux,  les  papiers  de  Malvyn.  Son 
étude  se  divise  en  deux  parties  :  l'une  est  consacrée  au  magistrat, 
l'autre  à  l'humaniste.  Dans  un  appendice  très  soigné,  on  remar- 
quera surtout  trente-cinq  pièces  inédites  extraites  des  papiers  de 
Malvyn  :  mémoires  et  remontrances  au  Parlement  de  Bordeaux, 
lettres  diverses,  poésies  latines  et  françaises.  Rien  n'est  plus  ins- 
tructif, pour  la  connaissance  du  personnage,  que  la  lecture  de  ces 
divers  morceaux. 

Ces  indications  suffisent  à  montrer  l'intérêt  de  cette  étude  sur 
Geotïroy  de  Malvyn.  Vraiment,  je  ne  vois  qu'un  seul  reproche  à 
faire  à  M.  C.  :  il  aurait  pu,  ce  me  semble,  resserrer  un  peu  sa  rédac- 
tion. Son  plan  ne  laisse  pas  d'être  artificiel;  il  y  a,  dans  le  cha- 
pitre II  {VHumanislejy  des  détails  qui  devaient  ressortir  à  la  bio- 
graphie et  qu'on  se  fût  attendu  à  lire  dans  le  chapitre  i.  Il  s'y 
trouve  aussi  des  pages,  d'ailleurs  très  intéressantes,  où  nous  per- 
dons un  peu  de  vue  les  travaux  littéraires  de  Malvyn.  Il  me  sem- 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  261 

ble  que  M.  G.  eût  dû  rassembler  dans  un  même  chapitre  tout  ce 
qui  était  relatif  à  la  biographie  de  Malvyn,  qu'il  s'agît  de  sa  vie 
officielle,  comme  magistrat,  ou  de  sa  vie  de  lettré.  Et,  dès  lors, 
dans  le  chapitre  sur  l'Humaniste,  les  analyses  ou  les  citations 
des  poésies  se  fussent  éclairées  l'une  par  l'autre;  on  en  aurait 
emporté  du  personnage,  de  %or\.  talent  ou  de  ses  idées,  une  impres- 
sion plus  forte  et  plus  cohérente.  Ou  l)ien,  pour  compenser  ce  que 
l'exposition  avait  d'un  peu  flottant,  il  fallait  nous  donner  une 
table  des  matières  détaillée,  qui  permît  de  retrouver  les  différents 
détails  relatifs  à  Geoffroy  de  Malvyn.  L'index,  d'ailleurs  excel- 
lent, mais  où  son  nom  ne  figure  pas,  ne  suffît  pas  à  combler  cette 
lacune. 

Telle  est  la  seule  critique  que  j'adresserais  à  cet  excellent  travail. 
En  la  fornuilant,  je  me  suis  placé  au  point  de  vue  des  gens  pres- 
sés, qui  veulent  embrasser  d'un  coup  d'œil  tout  ce  qu'un  livre 
leur  apporte  de  nouveau.  Mais,  je  le  dis  bien  vite,  on  ne  regret- 
tera pas  d'avoir  lu  page  à  page  celui  de  M.  G.  On  y  trouvei'a,  che- 
min faisant,  beaucoup  de  détails  curieux  sur  des  hommes  ou  sur 
des  livres  du  xvie  siècle,  qui  sont  aujourd'hui  oubliés.  Et  puis,  si 
l'on  veut  pénétrer  dans  l'âme  de  ces  vieux  parlementaires,  il  fau- 
dra lire  tout  entières  ces  remontrances  au  Parlement  sur  l'enre- 
gistrement de  l'édit  de  Nantes,  que  M.  G.  a  données  dans  son 
Appendice  (pp.  131-154).  D'une  structure  encore  incertaine, 
alourdi  et  comme  encombré  de  citations  latines,  le  morceau  a 
grand  air  malgré  tout,  et  contient  des  passages  d'un  style  sévère 
et  ferme  qui  atteint  à  la  beauté.  G'est,  à  sa  date,  un  document 
précieux  tant  poiu"  l'Ijîstoire  des  idées  politiques  que  pour  celle 
des  formes  littérnires.  Il  faut  remercier  M.  G.  de  nous  l'avoir 
rendu  et  de  l'avoir  soigneusement  annoté.  Bien  que  j'aie  lu  tout 
le  volume  avec  une  grande  attention,  je  ne  vois,  pour  le  détail, 
aucune  critique  qui  vaille  la  peine  d'être  faite.  L'exécution  typo- 
graphique est  irréprochable.  Aux  notes  des  pages  90  et  91,  quel- 
ques erreurs  dans  les  renvois  aux  appendices.  A  la  note  2  de  la 
page  90,  lire  n°  X/"  (au  lieu  de  n^  IX).  A  la  noie  3,  lire  w^  XXX 
(au  lieu  de  n^  XXXII);  quant  au  second  renvoi  (au  no  XXVIII), 
il  ne  se  rapporte  à  rien.  A  la  note  ^i,  lire  no  XXIX  (au  lieu  de 
no  XXXI).  Enfin,  à  la  page  91,  note  4,  il  faut  lire  n"  XXXI  {an 
lieu  de  no  XXXIII).  L.  Delaruelle. 


REVUE   DES  PÉRIODIQUES 


PÉRIODIQUES  FRANÇAIS  MÉRIDIONAUX. 

Alpes- Maritimes. 

Annales  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  des 
Alpes-Maritimes,  t.  XX,  1907. 

p.  107-85.  G.  Doublet.  Gattières.  [Suite  et  lin  de  l'iiistoire  de  ce  village, 
resté  enclave  italienne  sur  la  rive  française  du  Var  jusqu'en  1760.  ]1 
donna  lieu  à  un  procès  séculaire  entre  l'évèché  de  Vence  et  une  maison 
noble,  les  Grimaldi,  l'évèché  réclamant  la  propriété  de  Gattières.  La 
Révolution  mit  les  plaideurs  d'accord  en  confisquant  l'objet  en  litige. 
En  appendice,  histoire  de  la  Société  populaire  de  Gattières  pendant  la 
Révolution,  et  en  particulier  de  l'abbé  Chabert,  son  président,  curé  de 
Gattières,  puis  curé  constitutionnel,  puis,  ayant  abdiqué  la  prêtrise, 
agent  national  à  Nice.]  —  P.  208-14.  Chacornac.  Comment  le  collège- 
pension  national  sarde  devint  un  lycée  français  le  15  juin  1860.  — 
P.  225-373.  H.  Moris.  L'abbaye  de  Lérins,  son  histoire,  ses  posses- 
sions, ses  monuments  anciens.  Deuxième  partie.  [Les  possessions  de 
l'abbaye  de  Lérins,  par  diocèse,  puis  par  ordre  alphabétique,  avec 
carte.  Suit  la  liste  des  abbés. J  —  P.  375-90.  Abbé  Rance-Bourrey. 
Masséna  et  le  lycée  de  Nice.  [C'est  Masséna  qui  fit  nommer  proviseur. 
M.  Deorestis.  Histoire  de  l'organisation  du  lycée.]  —  P.  391-407 
E.  Jaubert.  Le  siège  de  Nice  en  1691  d'après  les  écrivains  niçois.  [Cati- 
nat  prit  Nice  en  quelques  jours  par  une  surprise  hardie  et  énergique 
qui  produisit  une  très  forte  impression  sur  les  écrivains  niçois.] 

G.  D. 

Alpes  (Hautes-). 

Bulletin  de  la  Société  d'études  des  Hautes-Alpes,  25"  an- 
née, 1906. 

P.  1-22.  Abbé  F.  Allemand.  Notice  historique  et  archéologique  sur  la 
commune  de  la  Bâtie-Neuve.  [Dans  une  plaine  allongée,   (jui   s'ouvre 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  263 

vers  Gap.  La  Bastida  nova  date  du  xnv  siècle;  la  Bàiïe-Xielle,  Bas tida 
vêtus,  toute  voisine,  remonte  au  \i\  Les  deux  formaient  le  mandement 
de  la  Bâtie,  appartenant  à  l'évèque  de  Gap.]  —  P.  i!5-33.  J.  Tivollier. 
Convention  pour  la  contribution  de  guerre  levée  sur  le  Queyras  eu 
1693.  [Ce  pays,  dévasté  ainsi  que  les  vallées  vaudoises  adjacentes  par 
les  troupes  de  Catinat  après  la  révocation  de  l'Êdit  de  Nantes,  eut  en 
outre  à  supporter  une  contribution  de  guerre  de  41,000  livres  ducales; 
dont  texte.]  —  P.  35-4L  D.  Martin.  La  station  de  Montseleucus  et  la 
voie  romaine  des  Alpes  Cottiennes.  [Contre  l'opinion  de  l'abbé  Allemand, 
qui  identifie  avec  La  Beaumette  cette  station,  en  dépit  des  distances 
fournies  par  les  itinéraires.]  —  P.  67-85.  J.  Michel.  Le  premier  règle- 
ment général  de  police  promulgué  par  le  corps  municipal  de  Gap, 
5  août  1792.  [En  54  articles,  dont  texte.]  —  P.  97-129,  147-88.  L.  Jacob. 
Essai  historique  sur  la  formation  des  limites  entre  le  Dauphiné  et  la 
Savoie.  [Suite  et  tin.  Travail  bien  fait  et  intéressant,  mais  de  seconde 
main  pour  la  plus  grande  partie.  Les  maîtres  du  Dauphiné,  dauphins 
ou  rois  de  France,  ont  su  repousser  peu  à  peu  les  princes  de  Savoie  au 
delà  des  Alpes  et  détourner  leurs  ambitions  du  Dauphiné  vers  l'Italie. 
Utiles  cartes.]  —  P.  193-7.  Abbé  F.  ALLEMA^■D.  Découvertes  archéolo- 
giques à  Eambaud  et  emplacements  successifs  du  principal  village.  — 
P.  199-209.  AcHARD.  Le  fléau  de  la  peste  au  village  de  Trescléoux,  1631- 
1G32.  [En  huit  mois,  140  personnes  moururent;  15  familles  furent 
anéanties.]  —  P.  211-5.  Variétés.  [Supplique  d'une  veuve  dont  le  fils, 
ayant  tué  un  loup  qui  ravageait  le  pays,  a  succombé  à  ses  blessures  (la 
Chambre  de  l'Edit  de  Grenoble  lui  attribue  400  livres  à  percevoir  sur 
les  communautés  intéressées,  dont  Trescléoux,  qui  refuse  de  payer, 
1G34-35);  Devis  d'une  horloge  à  construire  à  Gap.]  —  P.  219-40.  J.  Roman. 
Généalogie  de  la  famille  de  Bonne.  [Celle  d'oii  est  sorti  Lesdiguières. 
Elle  remonte  au  moins  à  1210;  mais,  jusqu'au  connétable,  elle  a  été 
représentée  par  de  simples  notaires,  établis  en  Champsaur.  Ce  travail 
complète  celui  que  M.  R.  a  publié  dans  son  édition  de  la  Correspon- 
dance de  Lesdiguières,  t  IlL]  —  P.  255-95.  Abbé  F.  Allemand. 
Notice  biographique  sur  Jean-Joseph  Serres  (1762-1831).  [Né  à  la  Roche- 
des-Arnauds,  de  famille  bourgeoise.  Député  à  la  Convention,  Girondin, 
il  manque  de  périr;  il  entre  ensuite  dans  le  Conseil  des  Cinq-Cents.  En 
1813  il  était  sous-préfet  de  Gap,  et  1814  le  trouvait  royaliste  convaincu, 
ce  qui  lui  causa  des  difficultés  en  1815,  mais  le  fit  sous-préfet  d'Em- 
brun en  1816.  La  monarchie  de  Juillet  le  destitua.! 


264  ANNALES   DU    MIDI. 

XXVIe  année,  1907. 

p.  1-10.  J.  Michel.  Les  fêtes  gapençaises  de  la  naissance  du  roi  de 
Rome.  —  P.  11-22.  Abbé  Ach.\rd.  Historique  des  foires  de  Trescléoux. 
[Deux  foires  annuelles,  obtenues  en  1720.  Elles  durent  encore.]  —  P.  15- 
45.  D.  Martin.  Les  camps  de  Marins  en  Provence  et  les  fosses  Marien- 
nes.  [Eend  pleine  justice  au  livre  de  M.  Clerc,  dont  nous  avons  parlé, 
t.  XIX,  p.  438,  mais  fait  diverses  réserves  résultant  de  ses  propres 
observations  topographiques  ou  géologiques  ;  ain?i  le  plateau  du  Ver- 
nègues  conviendrait  mieux  que  celui  de  Barbentanc  à  l'emplacement  du 
camp  de  Marins;  il  y  aurait  eu  à  la  Mérindole  un  camp  secondaire  ; 
selon  «  des  probabilités  assez  sérieuses  >i,  Marius  aurait  construit  la 
voie  romaine  d'Arles  à  Marseille  et  des  Arcades  de  la  Mérindole  ;  quant 
à  son  canal,  il  ne  l'aurait  pas  créé  de  toutes  pièces,  mais  se  serait  borné 
à  réunir  au  moyen  de  tranchées  une  série  d'étangs.]  —  P.  123-43. 
J.  Roman.  Généalogie  de  la  famille  de  Rame.  [Rame,  château  et  sei- 
gneurie importante,  dont  les  seigneurs  furent  les  plus  puissants  de 
l'Embrunais,  avec  titre  de  barons.  Ils  ne  fréquentaient  nullement  la 
cour.  Cette  famille  achève  de  disparaître  au  début  du  xvni"  siècle.  Cf. 
aussi,  p.  294,  un  tableau  généalogique  qui  la  concerne.]  —  P.  167-87  et 
199-258.  D.  Martin.  Le  patois  de  Lallé  en  Bas-Champsaur.  [L'auteur 
n'apporte  à  ce  travail  «  aucune  prétention  philologique  »  et  se  donne 
lui-même  comme  un  «  naturaliste  observateur  ».  Ce  sont  précisément 
les  travaux  de  ce  genre  qui  rendent  des  services.  Après  une  courte 
grammaire,  qui  pourrait  être  encore  abrégée,  vient  un  dictionnaire  où 
les  mots  sont  rangés  par  familles.  La  nomenclature  est  abondante  et 
les  traductions  précises  ;  mais  la  graphie  n'est  pas  d'une  clarté  pai'- 
faite.  Nous  avons  ici  de  4  à  Chavaire.]  —  P.  259-67.  J.  Roman.  La 
commune  du  Poët.  [En  Gapençais,  près  de  la  Durance.  «  Le  Poët  n'a 
pas  d'histoire  »  ;  il  n'était  donc  pas  bien  utile  d'en  parier.]  —  P.  268-93. 
AcHARD.  Relèvement  communal  de  Trescléoux  après  la  Réforme.  [Det- 
tes de  la  communauté  envers  des  particuliers,  notables  du  pays  pour 
la  plupart.  Elle  s'en  acquitte  peu  à  peu,  grâce  aux  réductions  opérées 
par  une  Commission  royale  des  dettes,  siégeant  à  Gap.  Mais  la  régence 
de  Marie  de  Médicis  ramène  la  misère  et  il  faut  rétablir  Va  aumosnée 
des  pauvres  ».]  —  P.  305-20.  Abbé  F.  Allemand.  Notice  sur  la  station 
gallo-romaine  d'Alabons.  [C'est  le  Monêtier-Allemont  actuel,  comme 
l'attestent  les  distances  portées  aux  itinéraires  et  les  inscriptions,  rui- 
nes, etc.,  découvertes  en  ce  point.  Alabons  faisait  sans  doute  partie  de 
la  cité  dos  Voconces  ;  elle  dut  être  ruinée  par  les  Barbares.  Alabons  se 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  265 

serait  modifié  en  AUemont;  quant  au  nom  de  Monêtier  =  monaste- 
rium,  il  rappelle  le  très  ancien  prieuré  de  Saint-Martin.  Au  xi»  siècle, 
la  localité,  en  se  dédoublant,  donne  naissance  à  celle  de  Ventavon.] 

P.  D. 

Bouches-du-Rhône . 

I.  Annales  de  la  Société  d'études  provençales,  t.  II,  1905. 

p.  15-27.  E.  PoupÉ.  Octave  Teissier.  [Note  bio-bibliographique  sur  Octave 
Teissier,  ancien  archiviste  de  la  ville  de  Marseille,  ancien  conservateur 
de  la  bibliothèque  et  du  musée  de  Draguignan,  décédé  en  cette  ville  le 
19  novembre  1904.]  —  P.  39-50.  87-101.  F.  Sauve.  Les  épidémies  de 
peste  à  Apt,  notamment  en  1588  et  1720-1721.  [Intéressante  étude 
d'après  les  archives  d'Apt,  notamment  les  délibérations  et  les  comptes 
communaux.  Nombreux  extraits.]  —  P.  51-4.  G.  Arnaud  d'Agnel.  De 
la  ressemblance  de  décor  des  poteries  antiques  et  des  poteries  actuel- 
les. [Identité  d'ornement  —  une  ligne  sinueuse  au  bord  supérieur  — 
entre  les  poteries  ligures  et  les  pièces  de  céramique  commune  fabri- 
quées par  les  potiers  d'Aubagne  et  de  Saint-Zacharie.  Figures.]  — 
P.  55-8.  De  Ville-d'Avray.  Fréjus  inédit.  Deux  inscriptions  gallo- 
romaines.  [Type  connu  d'inscriptions  trouvées  à  Narbonne  et  en  Italie. 
Figures.]  —  P.  59-64.  Ch.  Cotte.  Revue  de  palethnologie  provençale. 
[Bibliographie  des  travaux  parus  en  1904.]  —  P.  65-8.  E.  Duprat. 
Bibliographie  vauclusienne,  1904.  [Etude  très  brève  sur  quelques  tra- 
vaux relatifs  au  département  de  Vaucluse  parus  en  1904.]  —  P.  69-70. 
F.-N.  Nicollet.  As  Ais  «  à  Aix  »  et  non  A-z-ais.  [Sur  la  prononciation 
provençale  du  nom  de  la  ville  d'Aix.]  —  P.  1-14,  102-26.  E.  Poupé.  La 
Ligue  en  Provence  et  les  Pontevès-Bargème.  [Suite  et  fin.  Série  de  let- 
tres relatives  à  la  prise  d'armes  carciste  de  1578-1579.]  —  P.  135-53.  La 
Provence  aux  congrès  d'Alger  et  à  la  réunion  des  sociétés  des  beaux- 
arts  à  Paris.  [Etude  sur  la  participation  des  Provençaux  à  ces  divers 
congrès.]  —  P.  151-62.  E.  Aude.  Le  premier  et  le  dernier  des  Craponne. 
[Note  généalogique  sur  la  famille  du  grand  ingénieur.  Textes  intéres- 
sants et  inédits.]  —  P.  163-5.  P.  Bigot.  Joseph  Liabastres,  1842-1904. 
[Notice  nécrologique  sur  le  conservateur  de  la  bibliothèque  de  Carpen- 
tras.]  —  P.  183-93.  H.  Villard.  La  léproserie  de  Marseille  au  xv«  siècle 
et  son  règlement.  [Textes  en  langue  provençale  tirés  des  délibérations 
municipales  de  Marseille.]  —  P.  194-8.  F.  Sauve.  Itinéraire  pastoral 
d'Elzéar  de  Villeneuve,  évêque  de  Digne,  et  actes  relatifs  à  son  épisco- 
pat  (1330-1331).  [D'après  un  registre  do  M«  Pondicq,  notaire  à  Apt.]  — 
P.  199-207.  P.  MouLi.N.  L'instruction  publique  à  Salon  en  1790.  [Docu- 


266  ANNALES   DD   MIDI. 

ments  inédits  sur  le  programme  du  collège  de  Salon,  dirigé  par  un 
nommé  Dupuis,  ancien  comédien.]  —  P.  2(J8-19.  G.  Eeynaud  de  Ly- 
QUES.  Un  prédicateur  toulonnais  au  xviip  siècle  :  le  R.  P.  Hyacinthe 
La  Berthonye.  [A  suivre.]  —  P.  220-4.  V.  Teissère.  Un  discours  dans 
un  club  en  1791.  [Harangue  prononcée  à  la  Société  des  amis  de  la  liberté 
et  de  l'égalité  de  Trets  (Bouches-du-Rhône)  par  Brouchier,  chirurgien 
à  Marseille.  D'après  le  registre  de  cette  société,  aux  archives  communa- 
les de  Trets.] —  P.  231-57.  Oh.  Joret.  L'helléniste  d'AnssedeVilloison  et 
la  Provence.  [Intéressant  mémoire  sur  les  relations  de  Villoison  avec 
les  archéologues  provençaux  de  la  fin  du  xviii«  siècle,  notamment  Guys, 
à  Marseille,  et  Fauris  de  Saint-\' incens  à  Aix.  A  suivre.]  —  P.  258-62. 
H.  de  Ville-d'Avray.  Fréjus  inédit.  [Suite  de  notes  sur  diverses  trou- 
vailles archéologiques.  Figures.] 
En  supplément  :  De  Boisgelin.  Chronologie  des  cours  souveraines  de 
Provence.  [Suite  et  à  suivre.]  —  P.  Gaffarel.  Le  blocus  de  Marseille 
et  des  environs  par  les  Anglais  (1804-1814).  [Suite  et  fin.]  —  J.Vincent. 
Les  hôpitaux  à  Aubagne.  [A  suivre.] 

T.  III,  1906. 

P.  1-20.  Ch.  JoRET.  L'helléniste  d'Ansse  de  Villoison  et  la  Provence. 
[Suite  et  fin.]  —  P.  21-2.  H.  de  Ville-d'Avray.  Bijou  antique  décou- 
vert à  Fréjus.  [Description  d'une  émeraude  intaille  de  forme  elliptique 
représentant  un  gladiateur.  Figure.]  —  P.  23-38,  81-94.  G.  Reynaud  de 
Lyques.  Un  prédicateur  toulonnais  au  xviii"  siècle:  le  R.  P.  La  Berthonye. 
[Suite  et  fin.] —  P.  39-40.  Nécrologie:  Robert  Reboul.  [Note  biographique 
et  bibliographique  d'un  écrivain  provençal  auteur  de  nombreux  travaux 
liistoriques,  notamment  du  Dictionnaire  des  anonymes,  pseudonymes 
et  supercheries  littéraires  de  la  Provence  ancienne  et  nioderne.]  — 
P.  55-60.  G.  Arnaud  d'Agnel.  Un  plat  en  faïence  de  Marseille  à  décor 
bérain.  [Belles  planches.]  —  P.  61-70.  Id.  Joseph  Fauchier,  faïencier  de 
Marseille,  et  ses  statues  de  la  Vierge.  [Intéressante  note  sur  un  faïen- 
cier marseillais  du  xviii»  siècle.  Deux  planches.]  —  P.  71-80.  L.-G.  Pé- 
lissier.  Sommelsdyck  en  Provence.  [Extrait  relatif  à  la  Provence  de  la 
Relation  de  Madrid  du  Hollandais  Sommelsdyck  qui  a  visité,  en  no- 
vembre 1654,  à  son  retour  d'Italie,  Monaco,  Nice,  Antibes,  Cannes, 
Marseille,  Aix,  Cavaillon,  Avignon,  etc.  Curieux  détails  sur  la  vie  en 
Provence.]  —  P.  95-8.  G.  Arnaud  d'Agnel.  Notes  complémentaires  sur 
des  découvertes  archéologiques  au  castillas  de  Vilrolles.  [Rectifications 
à  un  article  sur  le  même  sujet,  publié  dans  le  compte  rendu  du  congrès 
de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences  tenu  à  Gre- 


PÉRIODIQUES    MÉRIDIONAUX.  267 

noble  en  1904.]  —  J.  Fournier.  Gustave  Saige.  [Notice  nécrologique  sur 
l'ancien  conservateur  de  la  Bibliothèque  et  des  Archives  du  palais  de 
Monaco.]  —  P.  139-48.  G.  Doublet.  Robert  Céneau,  évèque  de  Vence 
(1523-30)  et  de  Riez  (1530-32).  [Intéressante  biographie  d'un  prélat  qui 
s'est  signalé  par  divers  ouvrages  théologiques  et  historiques  posté- 
rieurs à  son  épiscopat  en  Provence.]  —  P.  149-54.  M.  Bertrand.  Note 
sur  deux  inscriptions  romaines  de  Fréjus.  [Rectifications  à  la  note  de 
M.  de  Ville-d'Avray  [Annales  Soc.  et.  prov.,  1905,  p.  258).]  —P.  171-96. 
E.  PoupÉ.  Les  dessous  des  élections  de  l'an  VII  dans  le  Var.  [Page  très 
curieuse  de  l'histoire  politique  et  aussi,  il  faut  bien  le  dire,  de  la  cor- 
ruption électorale  au  temps  du  Directoire.  Nombreu.\  documents  iné- 
dits.] —  P.  197-206.  E.  BoucHiNOT.  Recherches  toponymiques  sur  les 
anciens  «  grand  »  et  «  petit  Montredon  »  de  la  baie  de  l'Huveaune 
(prés  Marseille),  sur  les  noms  de  «  Rose  »,  de  «  Voire  »,  etc.  [Hypo- 
thèses sur  l'étymologie  de  ces  noms  particuliers  à  un  coin  de  la  ban- 
lieue marseillaise.]  —  P.  207-14.  H.  Villard.  Un  pari  sur  la  mort  de 
Jeanne  d'Arc  en  1437.  [D'après  un  acte  notarié  du  27  juin  1437  par 
lequel  un  gentilhomme  de  Maillane,  Jean  Romey,  et  un  cordonnier 
d'Arles,  Pons  Veyrier,  parient,  l'un  un  cheval,  l'autre  cinq  paires  de 
chaussures,  au  sujet  de  la  mort  de  la  Pucelle.  Veyrier  affirmait  que  la 
Pucelle  n'avait  point  été  brûlée  par  les  Anglais,  et  qu'elle  était  encore 
vivante  ;  Romey  soutenait  la  version  historique.  L'opinion  du  premier 
était  sans  doute  basée  sur  l'existence  d'une  fausse  Jeanne  d'Arc  dont 
l'odyssée  est  racontée  par  Lecoy  de  La  Marche  {Le  roi  René,  I,  208).] 
—  P.  215-21.  M.  Raimbault.  Sur  le  denier  arlésien  à  l'I.  [Solution  d'un 
intéressant  problème  relatif  à  la  numismatique  des  archevêques  d'Arles. 
Louis  Blancard  avait  attribué  à  lldefonse  d'Aragon,  marquis  de  Pro- 
vence, le  denier  à  l'I,  cette  initiale  étant,  selon  lui,  celle  de  ce  prince 
Par  d'ingénieuses  déductions  rejjosant  sur  un  examen  critique  des 
textes,  M.  R.  rectifie  cette  erreur  et  établit  péremptoirement  que  le 
denier  à  l'I  a  été  frappé  par  Imbert  d'Aiguières,  archevêque  d'Arles  de 
1191  à  1202.  On  n'ignore  point  que  les  titulaires  de  ce  siège  archiépis- 
copal étaient,  depuis  Conrad  III  (1141),  en  possession  du  droit  de  mon- 
nayage ;  ce  droit  subsista  jusque  sous  François  I".]  —  P.  249-72. 
P.  Moulin.  La  propriété  foncière  et  la  vente  des  biens  nationaux  à 
Salon.  [Etude  intéressante  sur  les  conséquences  de  la  vente  des  biens 
confisqués  sur  le  clergé  et  les  émigrés  au  point  de  vue  de  la  propriété 
dans  une  commune  rurale.  Cette  vente  a  accru  la  petite  propriété  :  les 
biens  de  12  propriétaires  ecclésiastiques  en  1790  se  sont  trouvés  répartis 
outre  51   acquéreurs.    Tableau  complet  des  biens  vendus  à  Salon.]  — 


268  ANNALES   DU   MIDI, 

P.  273-82.  Pli.  Mabilly.  Pierre  Puget  et  ses  proches.  Leurs  professions, 
leurs  propriétés.  [Note  documentée  de  l'archiviste  de  la  ville  de  Mar- 
seille sur  la  famille  du  grand  artiste  marseillais.  C'est  à  M.  M.  que 
l'on  doit  la  découverte  de  l'acte  de  baptême  de  Puget,  grâce  auquel  il  a 
été  permis  de  fixer  exactement  la  date  de  la  naissance  du  statuaire.]  — 
P.  283-8.  M.  Clerc.  Un  négociant  en  huile  d'Aix  au  second  siècle  de 
notre  ère.  [Curieuse  épitaphe  relevée  à  Rome  :  «  L(ucius)  Julius, 
M(arci)  f\ilius)  Volt{i7iia),  Fuscus,  Aquensis  Olearius.  »  Détails 
pleins  d'intérêt  sur  l'antiquité  de  la  culture  de  l'olivier  en  Provence  et 
sur  la  corporation  des  olearii.]  —  P.  289-96.  J.  Gourbin.  Un  ambassa- 
deur du  Maroc  à  Marseille  en  1807.  [Note  et  documents  sur  le  passage 
d'un  envoyé  —  dont  le  nom  n'est  pas  indiqué  —  du  sultan  du  Maroc 
auprès  de  Napoléon  P^]  —  P.  297-310.  Ch.  Cotte.  Revue  de  palethno- 
logie  provençale.  [Bibliographie  des  travaux  parus  en  1905.]  —  P.  311-14. 
E.  Bos.  Découvertes  archéologiques  à  la  Torse,  près  Aix.  [Fragments 
de  poteries,  silex,  monnaies  romaines.]  —  P.  321-82.  L.  Constans.  Mis- 
tral et  son  œuvre.  [Etude  critique  sur  l'œuvre  du  grand  poète  et  son 
influence  sur  la  littérature  provençale.]  —  P.  383-90.  G.  Arnaud  d'Agnel. 
Notice  sur  le  reliquaire  de  Saignon  dit  de  la  reine  Jeanne.  [Fac-similé 
et  texte  (déjà  publié  par  Albanès,  Gallia  christ,  nov.,  Arles,  n°  1621) 
d'une  bulle  du  concile  d'Apt,  du  13  mai  1365,  relative  aux  reliques  de 
Saignon.  Reproduction  du  reliquaire.]  —  P.  391-2.  Daniel.  Siège  et  prise 
de  Lambesc  par  Bernard  de  Nogaret  en  1589.  [Récit  d'après  un  texte 
provençal  tiré  d'un  registre  de  comptes  communaux.] 
En  supplément  :  De  Boisgelin.  Chronologie  des  officiers  des  cours  sou- 
veraines de  Provence.  [Suite  et  à  suivre.]  —  J.  ViNfENT.  Les  hôpitaux 
à  Aubagne.  [Suite  et  fin.  Etude  développée  sur  les  institutions  hospita- 
lières d'une  petite  ville  de  Provence.  Sujet  déjà  traité,  avec  moins  de 
détails,  par  feu  Louis  Barthélémy,  dans  son  Histoire  d' Aubagne.] 

J.  F. 

II.  Mémoires  de  V Académie  des  sciences^  lettres  et  beaux- 
arts  de  Marseille.,  1904-1905. 

p.  1-115.  L.  Legré.  La  botanique  en  Pi-ovence  au  xvi"  siècle.  [Suite  d'une 
étude  détaillée  des  botanistes  qui  ont  herborisé  en  Provence.  Cinq 
notices  se  suivent  dans  l'ordre  ci-après  :  T.  Jean  Bauliin  ;  II.  Jean- 
Henri  Cherler  ;  III.  Les  plantes  de  la  Provence  dans  Yllistoria  planta- 
rum  universalis  ;  IV.  Gaspard  Bauhiii  ;  V.  Valerand  Dourez.  Trois 
de  ces  botanistes  sont  originaires  de  Bàle,  et  le  quatrième,  Valerand 
Dourez,  est  né  à  Lille.  L'étude  du  regretté  M.  L.,  décédé  on  1904,  ne  le 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  269 

cède  en  rien  aux  précédentes  (V.  Annales  du  Midi,  1905,  p.  550);  elle 
est  accompagnée  d'un  triple  index  des  noms  de  personnes,  des  noms 
géographiques  et  des  noms  botaniques.)  —  P.  119-33.  F.  de  Marin  de 
Carranrais.  Discours  de  réception.  [Eloge  de  Louis  Blancard,  corres- 
pondant- de  l'Institut,  ancien  archiviste  des  Bouches-du-Rhône,  né  en 
1831,  décédé  en  1901.]  —  P.  145-63.  L.  Magnau.  La  renaissance  commer- 
ciale de  Marseille  au  xi^  siècle.  [Discours  de  réception.  Intéressants 
détails  sur  les  mœurs  et  coutumes  maritimes.]  —  P.  199-216.  Ch.  Joret. 
Villoison  et  l'Académie  de  Marseille.  [Note  sur  les  rapports  de  l'hellé- 
niste d'Ansse  de  Villoison ,  riiembre  de  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres,  avec  Guys,  négociant  marseillais,  membre  de  l'Acadé- 
mie de  Marseille.  Lettres  inédites  de  ce  dernier  sur  divers  objets  et 
notamment  sur  des  antiquités  rapportées  d'Egypte.]  —  P.  277-86. 
H.  DE  MoNTRK'HER.  Les  canaux  de  Provence.  [Note  sur  les  canaux 
dérivés  de  la  Durance  dont  le  plus  ancien,  le  réal  de  Noves,  remonte- 
rait au  viii«  siècle.]  —  P.  287-314.  Ch.  Vinoens.  Journal  manuscrit  d'un 
voyage  de  Dijon  en  Provence  par  M.  Fleutelot,  en  l'année  1719.  [Ana- 
lyse du  journal  de  J.-B.  Fleutelot,  fils  d'un  conseiller  au  Parlement  de 
Dijon.  Curieux  détails  sur  les  galères  de  Marseille.  Manuscrit  apparte- 
nant à  un  collectionneur  marseillais,  M.  Emile  Ricard.]  —  P.  315-42. 
E.  Martin.  Discours  de  réception.  [«  Les  peintres  inspirés  par  Mar- 
seille »,  tel  est  le  sujet  de  ce  discours  plein  de  notes  parfois  copieuses 
sur  les  artistes  des  xviii"  et  xix"  siècles  qui  ont  reproduit  des  coins  de 
la  ville  ou  du  port.]  J.  F. 

Cantal. 

Revue  de  la  Haute- Auvergne^  1906. 

p.  .50-89,  199-210.  M.  Boudet.  Foulholes;  ses  coseigneurs  et  sa  chapol- 
lenie.  [Suite.  La  langue  usuelle  de  la  haute  société  des  montagnes  au 
xv  siècle;  le  testament  trilingue  de  Guillaume  de  Murol;  appendice  : 
Note  sur  les  Pages  de  Polminhac  et  de  Viscouses  ;  extrait  d'un  acte 
de  1468  en  roman  et  en  français.]  —  P.  109-20.  Doniol.  Le  marquis 
de  Saluées  et  le  château  de  Drugheac.  (Extrait  des  papiers  de  François 
de  Murât).  [Histoire  de  ce  château  et  de  ses  hôtes  de  1735  à  1813.]  — 
P.  90-108,  150-68,  2.56-78,  395-428.  Esquer.  La  Haute-Auvergne  à  la 
fin  de  l'ancien  régime  :  notes  de  géographie  économique  (suite).  — 
P.  134-49,  279-302,  370-94.  Abbé  H.  Bouffet.  Le  prieuré  de  Bre- 
dom.  [A  suivre.  Excellente  histoire  de  [ce  prieuré;  la  fondation;  les 
biographies  des  prieurs  jusqu'en  1542.]  —  P.  189-98.  J.  Galle.  Les  fêtes 
publiques   à  Laroquebrou   pendant  la  Révolution.  —  P.  233-55.  L.  Bé 


270  ANNALES   DU   MIDI. 

LARD.  Les  maires  de  Saint-Floiir  et  les  principaux  actes  de  leur  admi- 
nistration de  1704  à  1789.  [Bonne  étude  sur  ces  maires  créés  par 
Louis' XIV.]  —  P.  303-20,  429-49.  J.  Delmas.  Les  élections  dans  le 
département  du  Cantal  en  1806  (suite  et  à  suivre).  —  P.  339.  Décou- 
vertes archéologiques  dans  diverses  régions  du  Cantal.  —  P.  341-69. 
M.  BouDET.  Saint-Flour  et  la  Haute-Auvergne  pendant  les  révoltes  des 
Armagnacs  et  des  Boui'guignons  (xv«  siècle).  [A  suivre.  Début  d'un 
travail  important  pour  l'histoire  générale  de  la  France  à  la  fin  du 
règne  de  Charles  VII  et  au  début  de  celui  de  Louis  XL]         Ch.  L. 

Charente-Inférieure. 

Revue  de  Saintonge  et  d' A  unis,  t.  XXVII,  1907. 

P.  13-33,  117-30,  195-207.  E.  Labadie.  Etude  bibliographique  sur  les  édi- 
tions de  r«  Antiquité  de  Bourdeaus  »  d'Elie  Vinet.  Saintongeais,  prin- 
cipal du  collège  de  Guyenne  à  Bordeaux,  au  xvi«  siècle.  [Cet  ouvrage 
date  de  1560.  Vinet  ne  s'intéressait  qu'aux  ruines  romaines,  si  abon- 
dantes encore  à  Bordeaux  à  cette  époque.  Description  de  la  première 
édition  et  du  plan,  de  grande  valeur,  qui  l'accompagnait,  plan  exact, 
topographique,  qui  représente  la  ville  en  amphithéâtre,  prise  des  hau- 
teurs de  la  rive  droite.  Catte  édition  parut  à  Poitiers,  la  seconde  à  Bor- 
deaux en  1574  :  trois  autres  planches  fort  précieuses  y  figurent,  dont 
une  consacrée  à  l'amphithéâtre  (Palais  Galien),  une  autre  au  temple  dit 
Piliers  de  Tutelle.]  —  P.  34-6.  Ciiaudruc  de  Crazannes.  Inventaire  des 
meubles  de  M^'  de  La  Rochefoucauld  au  château  de  Crazannes.  [Du 
17  septembre  1792.  Mobilier  très  simple,  presque  misérable.]  —  P.  36-54, 
163-70,  269-76,  330-7,  361-87.  P.  Lemonnier.  Le  clergé  de  la  Charente- 
Inférieure  pendant  la  Révolution.  [Suite  et  fin  de  ce  gros  travail  en 
forme  de  catalogue,  très  consciencieusement  fait.  Y  sont  compris  les 
ecclésiastiques  séculiers  et  réguliers,  hommes  et  femmes.  Celles-ci  res- 
tèrent toutes  tidèles  à  leurs  vœux.  Parmi  les  hommes,  309  refusèrent  le 
serment  constitutionnel,  387  le  prêtèrent.  Statistique  des  sécularisés  (75), 
mariés  (53),  incarcérés,  guillotinés,  etc.]  —  P. «74-6,  25.5-69,  388-99.  La 
municipalité  de  Saint-Saturnin  de  Séchaud.  [Suite  de  ces  analyses  de 
pièces,  rangées  par  ordre  chronologique  ;  quelques-unes  sont  publiées 
in  extenso.  Intéressant.  A  suivre.]  —  P.  91-112,  170-94.  C  Deruelle. 
La  révolte  de  la  gabelle  en  Angoumois  et  en  Saintonge  (1548-1549). 
[D'après  le  livre  de  M.  Gigon,  La  révolte  de  la  gabelle  en  Guyenne, 
en  1548.  L'insurrection  partit  du  bourg  de  Baignes,  8  août,  et  gagna 
promptement  Pons,  Saintes,  ravageant  aussi  l'Angoumois.  En  septem- 


PÉRIODIQUES  MÉRIDIONAUX.  271 

bre-octobre,  les  colonnes  d'Aumale  et  de  Montmorency  convergent  sur 
Bordeaux,  principale  cité  révoltée,  et  l'écrasent  ;  le  pays  saintongeais 
est  châtié,  désarmé  et  la  gabelle  supprimée.]  —  P.  152-60.  Ch.  Dangi- 
BEAUD.  Gardes  d'honneur,  gardes  nationales  et  anciens  volontaires 
royaux  en  1808  et  1815  à  .Saintes.  [Organisation,  habillement  ;  à  la  fin, 
texte  d'une  lettre  circulaire  relative  à  l'organisation  de  la  garde  natio- 
nale à  cheval  de  l'arrondissement,  du  4  décembre  1815.]  —  P.  160-3.  X. 
Les  familles  du  nom  de  Marin.  —  P.  228-.55.  E.  Guérin.  La  guillotine  à 
Saintes  en  1794.  [Il  y  eut  au  moins  une  exécution  à  Saintes,  mais  pro- 
bablement pour  crime  de  droit  commun.  Suivent  des  détails  sur  les 
bourreaux  et  les  exécutions  jusqu'en  18S6.]  —  P.  308-11.  J.  Pellisson. 
Documents  sur  la  fabrication  des  épingles  à  Barbezieux  et  à  Cognac. 
[Actes  provenant  de  Barbezieux,  1698,  et  des  environs;  de  Cognac  beau- 
coup plus  tard,  1774,  1796.]  — P.  312-4.  L.  Massiou.  Fouilles  aux  puits 
de  Toulon.  [Près  de  Saujon.  Débris  de  l'époque  gallo-romaine,  peu  im- 
portants.] —  P.  314-30.  E.  Darley.  Sainte  Véronique.  [L'auteur  a 
signalé  «  le  caractère  historique  de  quelques  textes  anciens  relatifs  à 
sainte  Véronique  d'Aquitaine  »  [Fragments  d'anciennes  chro?iiques 
d'Aquitaine,  Bordeaux,  P^éret,  1906).  Il  étudie  de  nouveau  les  textes, 
les  uns,  dit-il,  anciens,  d'accord  entre  eux  sur  les  faits  qu'ils  relatent, 
malgré  la  diversité  des  lieux  et  des  sources  ;  les  autres  légendaires.  Les 
premiers  prouvent  que  Véronique  est  venue  d'Orient  en  Gaule  au 
I"  siècle  ;  qu'elle  a  été,  avec  saint  Martial,  l'apôtre  de  Soulac,  Bordeaux 
et  Bazas  ;  qu'elle  a  été  ensevelie  à  Soulac  et  de  là  transportée  à  Saint- 
Seurin  de  Bordeaux,  etc.,  etc.  Ces  fantaisies  ne  résistent  pas  à  l'examen; 
il  s'agit  d'une  légende  née  entre  les  xi^  et  xn'^  siècles  ;  M.  Ch.  Dangi- 
beaud  a  cru  devoir  réfuter  M.  E.  D.,  à  la  fin  de  l'article,  en  quelques 
lignes  qui  suffisent.]  —  P.  348-61.  Ch.  Dangibeaud.  L'église  Saint- 
Eutrope  de  Saintes  telle  qu'elle  était.  [Il  y  a  un  siècle,  avant  1803,  date 
où,  de  crainte  de  la  voir  s'écrouler,  on  jeta  par  terre  la  nef  romane. 
Essai  de  restitution  de  cette  «  curiosité  archéologique  de  premier 
ordre  ».  Cinq  planches.  Il  est  impossible  de  résumer  ici  le  savant  tra- 
vail de  M.  Ch.  D.  On  le  trouvera  aussi  dans  le  Bulletin  monumental 
de  1907.]  P.  D. 

Corrèze. 

I.  Bulletin  de  la  Société  scientifique,  historique  et  archéo- 
logique de  Brive,  1907. 

1"  livr.  P.  31-134.  Le  livre  des  miracles  de  N.-D.  de  Roc-Amadour  publié 
par  l'abbé  Albe.  [Texte  du  xii«  siècle  et  traduction  faisant  suite  à  l'in- 


272  ANNALES   DU   MIDI. 

troduction  publiée  en  1906.  Se  continue  dans  les  2'  et  3«  livraisons.] 
2=  livr.  P.  137-42.  Ph.  Lalande.  Archéologie  gallo-romaine.  [A  propos 
d'une  sépulture  découverte  à  Noailles  et  de  monnaies  trouvées  près  de 
Brive.]  —  P.  243-4.  D"'  Charvilhat.  Note  sur  deux  anneaux  d'or  et  un 
vase  de  la  période  néolithique,  découverts  près  de  Pontgibaud  (Puy-de- 
Dôme).  —  P.  245-80.  A.  de  Lamberterie.  Un  coin  du  Périgord  il  y  a 
cinquante  ans.  [Silhouettes  et  anecdotes  dont  les  historiens  futurs  au- 
raient pu  faire  sans  doute  leur  profit,  si  l'auteur  ne  s'était  avisé  de  mo- 
difier de  parti  pris  les  noms  des  localités  et  des  personnages.] 
3«  livr.  P.  281-333.  V.  Forot.  Un  domaine  royal  en  Limousin.  [Il  s'agit 
du  domaine  de  Chameyrac  en  Bas-Limousin.  L'auteur  amplifie  singu- 
lièrement les  documents  dont  il  dispose.  Suite  dans  la  4«  livraison.]  — 
P,  335-7.  Ph.  Lalande.  Archéologie  préhistorique.  [Il  s'agit  des  cavernes 
de  Gargas  dans  les  Hautes-Pyrénées.] 
4"  livr.  P.  533-5.  D''  Charvilhat.  Sur  deux  sceaux  matrices  et  un  cachet 
dfi  XVI'  siècle  aux  armes  de  Ventadour  et  de  Lévis.  —  P.  537-58. 
BouYssoNic  et  Bardou.  Station  préhistorique  de  la  Coumba  del  Bouïtou, 
près  Brive.  [Description  des  objets  trouvés.]  A.  L. 

II.  Bulletin  de  la  Société  des  lett?'es,  sciences  et  arts  de 
Tulle,  1907. 

jre  livr.  P.  5-23.  A.  Leroux.  Un  programme  de  restauration  du  catholi- 
cisme en  1795,  d'après  le  «  Manuel  des  missionnaires  »  de  l'abbé  J.-N. 
Coste.  [Nouvelle  forme  d'un  mémoire  que  les  Annales  ont  déjà  signalé 
(t.  XIX,  p.  291).  Se  continue  dans  les  livraisons  suivantes.]  —  P.  25-57. 
Th.  Bourneix.  Trois  prieurés  limousins  :  Chamberet.  [Suite  de  cette 
étude  de  troisième  main.]  •—  P.  59-71.  R..  Fage.  Exactions  des  gens  de 
guerre  dans  le  Bas-Limousin  au  xvii*'  siècle.  [Analyse  et  commentaire 
de  documents  publiés  dans  la  livraison  suivante.]  —  P.  73-95.  J.-B. 
PouLBRiÈRE.  Inventaire  des  titres  du  château  de  Pompadour,  fait  en 
1765.  [Suite  de  cette  publication  commencée  en  1893  I  Se  continue  dans 
la  3«  livraison.] 

2'  livr.  P.  149-95.  V.  P'orot.  Fragment  de  l'histoire  municipale  de  Tulle 
de  1794  à  1800.  [Suite  de  cette  analyse  de  reproduction  de  documents 
originaux.  Se  continue  dans  la  4"  livr.]  —  P.  197-217.  Th.  Boukneix.  Trois 
prieurés  limousins  :  Montées.  [Liste  biographique  des  prieurs  depuis 
1442,  sans  indication  des  sources  originales.] 

3"  livr.  P.  275-302.  D.  de  la  Roche-Sengensse.  Monographie  d'une  com- 
mune rurale  :  Saint-Cybard.  [Fin  d'une  étude  commencée  en  1900.]  — 
P.  327-81.  G.  Clément-Simon.    Les  commencements  de  l'élection  du 


PERIODIQUES   MERIDIONAUX.  273 

Bas-Limousin.  [Complète  et  rectifie  sur  un  point  les  indications  four- 
nies récemment  par  M.  A.  Tiiomas  sur  un  poète  du  w  siècle,  Henri 
Baudi.] 
4'  livr.  P.  477-505.  G.  Clément-Simon.  Recherches  sur  l'histoire  civile  et 
municipale  de  Tulle  avant  l'érection  du  consulat.  [Plan  de  la  ville  et 
documents  inédits,  complétant  les  savantes  recherches  de  l'auteur.]  — 
P.  506-9.  R.  Fagé.  Note  complémentaire  sur  les  serrures  en  forme  de 
coupe.  [Yoir  le  Bulletin  de  1906.]  —  P.  511-4.  A.  Leroux.  Une  lettre 
inédite  de  l'abbé  Coste.  [Cf.  ci-dessus  lai"  livraison.]  A.  L. 

Dordogne. 

Bulletin  de  la  Société  historique  et  arcJiéologique  du 
Périgord,  t.  XXXIV,  1907. 

P.  51-2.  E.  Bayle.  AftVanchissement  de  serf.  [Texte  de  1318.  Il  n'y  a 
aucun  lien  à  établir  entre  cet  acte  et  l'édit  de  Louis  X,  de  1.315,  dont 
l'auteur  s'exagère  la  portée  et  l'influence.]  —  P.  .53-83,  272-314,  37.3-88, 
451-66.  G.  Bussière.  Henri  Bertin  et  sa  famille.  [Suite  et  à  suivre. 
Création  du  canal  de  Givors,  qui  devait  être  d'abord  un  «  canal  des 
deux  mers  »,  entre  Rhône  et  Loire,  par  le  sieur  Zacharie,  avec  l'appui 
de  Bertin  (1760-1781).  Législation  sur  les  mines.  La  première  Ecole  vété- 
rinaire de  Lyon.  La  soierie  lyonnaise  :  établissement  à  Lyon  en  17.")3  de 
l'Anglais  Badger,  possesseur  du  secret  de  moirer  la  soie.  Bertin,  en 
Périgord  et  dans  sa  terre  de  Bourdeille,  cherchait  à  développer  la  séri- 
ciculture :  en  1778,  les  fabriques  de  Bourdeille  sont  les  plus  remarqua- 
bles de  Guyenne  après  celles  d'Agen.]  —  P.  115-2L  De  Fayolle.  Mar- 
mite en  bronze,  décorée  de  signes  énigmatiques  (xvi«  siècle).  [Sic.  Lire: 
vi'=  siècle,  si  l'on  s'en  tient  à  l'opinion  d'Al.  Bertrand,  que  d'ailleurs 
l'auteur  conteste.  Planches.]  —  P.  121-7.  H.  de  Curzon.  Un  souvenir 
du  château  de  Moruscles.  [Entre  Cubas  et  Genis.  Dernier  témoignage 
de  son  existence  :  un  texte  de  1602  publié  ;  c'est  un  acte  de  vente.]  — 
P.  127-30.  De  Saint-.Saud.  Notes  diverses  sur  Moruscles.  —  P.  131-59, 
266-8.  E.  Roux.  Les  Ursulines  de  Périgueux.  [Suite  et  à  suivre.  Fin  du 
xvii"  siècle.  Planches.]  —  P.  177-86.  G.  Hermann.  Un  triens  mérovin- 
gien d'Eovorico;  Eosevins  monétaire.  [Ce  triens,  très  bien  conservé, 
permet  de  lire  nettement  EOSEVIVS,  tandis  que  M.  Prou,  déchiffrant 
un  autre  exemplaire,  celui  de  la  Bibl.  nat.,  y  avait  lu  EOSENVS.  Le 
nom  du  monétaire  Eosevius  se  retrouve  sur  un  triens  de  Sagra- 
ciaco  =  Sarrazac  (Dordogne),  et  non  .Segrais  ;  Eovorico  serait  Eyburie 
près  d'Userche  (?).]  — P.  186-92.  H.  de  Montégut-Lamorelie.  Philippe 

ANNALES  DU   MIDI.   —  XX  18 


274  ANNALES    DU    MIDI. 

de  Chamberlhac.  [Prélat  périgourdin  qui  devint  en  1383  grand  archidia- 
cre de  Gand,  puis  évêque  de  Sion,  archevêque  de  Nicosie,  enfin  arche- 
vêque de  Bordeaux,  1361.]  —  P.  193-5.  A.  Dujarric-Descombes.  Hervé 
Fayard.  [Consul  de  Périgueux  en  1393,  traducteur  du  traité  de  Galien 
sur  les  simples.  Portrait.]  —  P.  195-200.  De  Favolle.  Cloche  en  fonte 
du  musée  du  Périgord.  [Planche.  Inscription,  dont  M.  de  F.  propose  une 
lecture  partiellement  diflërente  de  celle  de  M.  R.  Drouault.J  —  P.  200-15. 
J.  DuRiEUx.  Combattants  périgourdins  de  la  guerre  américaine  (1778-1783). 
[Armées  de  terre  et  de  mer.  Listes.]  —  P.  253-66, 421-51.  A.  de  la  Valette- 
MoNBRUN.  Autour  de  Montaigne  et  de  La  Boétie.  L'énigme  du  Contr'Un. 
[Réfute  la  thèse  soutenue  par  le  docteur  Armaingaud  que  le  Contr'Un 
est  l'œuvre  de  Montaigne.]  — P.  269-71.  R.  Villepelet.  I  emandes  de 
création  d'une  Chambre  de  commerce  à  Périgueux  au  xviii"  siècle. 
[Elles  n'aboutirent  qu'en  1790.]  —  P.  343-6.  De  Fayolle.  Ancienne 
église  romane  de  Cadiot.  [Ruinée.  Planche.]  —  P.  346-66.  F.  Villepelet. 
Le  mobilier  d'un  bourgeois  et  marchand  de  Périgueux  en  1428.  [Le 
sieur  Thibaut,  alors  accusé  de  meurtre  et  en  fuite.  Inventaire  de  ses 
meubles,  en  latin  ;  il  témoigne  d'un  bel  état  de  fortune.]  —  P.  367-73. 
A.  Dujarric-Descombes.  Le  docteur  Jean  Pascal.  [De  Sarlat,  1662-1744. 
Son  traité  des  Ferments;  autre  des  Eaux  de  Bourbon-l'Archambault. 
Portrait.]  —  P.  390-4.  P. -A.  Jouanel.  Note  sur  un  ancien  inventaire  des 
archives  de  Bergerac.  [De  1788  ;  c'est  la  base  du  classement  actuel. 
Texte  du  «  répertoire  »  placé  en  tète.]  —  P.  417-21.  J.-J.  Espande.  Les 
anciens  cimetières  de  Sarlat.  P.  D. 

Garonne  (Haute-). 

I.  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Midi  de  la 
France,  15  novembre  1906-15  juillet  1907. 

P.  19-29.  Abbé  Lestrade.  Histoire  de  l'art  à  Toulouse  ;  nouvelle  série  de 
baux  à  besogne.  [De  1608  à  1657;  pour  des  stalles,  rétables,  tableaux  des- 
tinés à  différentes  églises  et  confréries.]  —  P.  37-47.  De  Santi.  Un  procès 
en  1302,  en  langue  romane,  à  propos  d'un  cheval.  [Texte  et  commentaire 
intéressants  sur  ce  procès  soutenu  en  1302-3  devant  le  tribunal  de 
Sainte-Livrade.  L'auteur  rejette  pour  le  lieu  de  naissance  du  pape  Clé- 
ment V  Villandraut,  qui  paraît  cependant  attesté  par  une  de  ses  let- 
tres.] —  P.  48-9.  PoRTAL.  Note  sur  Mercier,  artiste  toulousain  du 
xvii°  siècle.  —  P.  49-53.  Galabert.  Registres  paroissiaux  de  Toulouse. 
[Etude  intéressante  sur  l'exécution  à  Toulouse  des  ordonnances  et  lois 
relatives  à  l'état  civil  de  1539  à  1792;  renseignements  historiques  :  statis- 


PÉRIODIQUES  MÉRIDIONAUX.  275 

tiques.] -P.  57-67.  Szc.h..  Deux  édicules  roumains,  région  n.inervoi.se 
Pasquiek    Observations  sur  cette  con.mun.cation  (7  lig.).  [Signalement 
e     descnpt.on   de   deux  piles  nouvelles   par  M.   S.;  signalement   par 
M.  P.  dune  pile  ruinée  à  Saint-Girons.]  -   P.  68-9.   B.quié-Fonadk. 
No  e  sur  le  nom  de  la  rue  Pharaon,  à  Toulouse.  [Vient  de  la  famille 
d  Alfaro.]  -  P.  70-80.  J.  ok  L.hokoés.  Le  portail  de  Saint-Pierre-des- 
Cu.s:nes,  Toulouse  (5  lig.).  [Excellente  description  de  ce  portaU,  doses 
chapiteaux  et  de  deux  chapiteaux  du  Musée  de  Toulouse.]  -  P    81  95 
Abbe  DEaEHT.  L'humaniste  toulousain  Jean  de  Pins  d'après  des  lettres 
:ne  nés.  [Excellent  article  où  M.  D.  reconstitue  le  contenu  du  recueil 
perdu  des  harangues  et  lettres  de  Jean  de  Pins  au  moyen  d'un  manus- 
cr>    de  Nnnes  donnant  les  copies  de  quatre-vingts  lettres,  dont  une  sur 
Dolet,  une  a  Erasme.  Ce  travail  est  important  pour  l'histoire  de  l'huma- 
msme.         P.  95-7.  Couzx.  Une  fresque  de  la  cathédrale  de  Saint-Lizier 
(Ariege)  (1  fzg.).  [Bonne  description  de  cette  fresque  de  la  fin  du  x„p  siè- 

;  9  ]  "p^  ^rr  '  r^''^'''  "^^  '''''-'  '^  ^'-^-  ^-  ^^e-s 

Sain    S     "     ;.       n  ■       ''        "''^"'"  '"^  ""'^  '''  P^^^^  ^e  l'église 
Sam t-Sermn.  [Excellente  description  de  la  porte  des  Innocents  et  de 
ses  chapiteaux,  qui  ne  sont  sans  doute   pas  antérieurs  à  la  deuxième 
moitié  du  xne  siècle.]  -  P.  ms.  Coozx.  Une  Pieta  limousine  à  Tou- 
louse. [Origine  de  Saint-Léonard  dans  la  Haute-Vienne]  _  P   12.34 
J_.  DE  Lahondès.  Notes  sur  de  petites  constructions  rurales,  en  pierres 
sèches,   carrées,   avec   coupoles  en  encorbellement,  dans   la  montagne 
Noire.      P.  126-33.  Dés.z.hs  be  Mo.xaAi.H.Ho.  Les  miniaturistes  d'ori- 
gme  toulousaine  établis  à  Avignon  au  temps  de  la  papauté.  [II  s'agit  de 
Bernard  et  de  Jean  de  Toulouse.]  -  P.  1^5-6.  J.   Sentil.e.  Camp  de 
TvJl^r""'  ''^  ^^^^---'^-Bigorre.  [Description,  trouvailles.]- 
P.  138-43.  CARTMLHAr.  Les  mains  rouges  et  noires  et  les  dessins  paléoli- 
thiques de  lagrotte  deGargas,  communed'Aventignan(lIautes-Pyrénées) 
Etude  très  importante.]  -  P.  144-9.  Jouux.  Les  quatres  fouilles  de  Mar^ 
res-rolosanes (1826-28, 1840,1890-91, 1897-1900). -P.  150-60.  De  Bourdes 
Vicomtes  de  Montclar  de  Quercy.  Documents  (1457-1554). [Etude  généalo^ 
gique;  testament,  procès-verbal  de  baptême  en  langue  romane  de  1477  et 
rt      .!"  ''"""■  ^"^^"^«^-^^^^^--  Note  sur  les  archives  du  comte  de 
Brettes-Thunn,  au  château  de  Jottes  (au  Lherm,  canton  de  Muret)  [Une 
lettre  du  duc  d'Epernon  de  1.594.]  -  P.   166-9.  Barrière-Flavv    Les 
sarcophages  de  Lagrâce-Dieu  et  de  Miremont.  [Description  et  lecture 
des  inscriptions  des  tombeaux  de  Sicard  de  Miramont.  mort  en  P87   et 
de  sa   femme  Honor  de   Durfort.  morte  en  1287.]  -  P    170    Delormc 


276  ANNALES    DU    MIDI. 

Note  sur  des  monnaies  découvertes  à   Toulouse.  —   P.   174-ti.  Roger. 
Haches  de  bronze  trouvées  dans  l'Ariège.  Ch.  L. 

IL  Mémoires  de  V Académie  des  sciences,  inscriptions  et 
belles-lettres  de  Toulouse,  lO^  série,  t.  Vil,  1907. 

P.  4-47.  Lapierre.  Histoire  de  l'Académie.  [Suite.  De  1746  à  1767.  Cette 
histoire  est  l'édigée  en  forme  d'annales,   avec  documents  analysés  ou 
insérés  in  extenso.]  —  P.  48-68.  L.  de  Santi.  Molière  et  le  prince  de 
Conti.   [Sur  le  séjour  de  Molière   et  de  sa   troupe  en  Languedoc,  les 
représentations  par  eux  données  durant  les  sessions  d'Etats  et  la  récom- 
pense de  5,000  livres  que  leur  fit  obtenir,  en  1656,  le  prince  de  Conti, 
attestée  par  un  arrêt  de  la  Cour  des  aides  de  Montpellier,  dont  texte, 
p.  58.1  —  P.  69-80.  L.  JouLiN.  La  salle  des  antiques  du  Musée  de  Tou- 
louse. [Notamment,  exposition  des  objets  trouvés  à  Martres-Tolosanes. 
—  P.  154-200.  E.  RosrHAfH.  Frédéric  Le  Blanc  du  Vernet,  sa  vie  et  ses 
œuvres  (1824-1889^.  [Avec  une  bibliographie  d'autant  plus  utile  et  mé- 
ritoire que  les  œuvres  très  littéraires  de  cet  homme  de  talent  —  lettres 
politiques,  artistiques,  impressions  de  voyage,  etc.,  —  ont  été  disper- 
sées par  lui  dans  de  petits  journaux  ou  autres  recueils  difficiles  à 
trouver,  cachées  sous  divers  pseudonymes.]   —  P.  201-28.  F.  Dumas. 
La  réglementation  industrielle  après  Colbert.  [De  1683  à  1715,  sous  pré- 
texte de  prévenir  la  fraude,  des  règlements  minutieux,  sévères,  multi- 
pliés  tuaient  les   industries  qu'ils  prétendaient  servir  :  histoire  déjà 
vieille  de  deux  siècles,  mais  qui  en  France  se  renouvelle  sans  cesse. 
Cette  étude  générale  comporte  un  grand  nombre  d'exemples  tirés  du 
Midi.]  —  P.  229-311.  Desazars  de  Montgailhard.  Histoire  de  l'Aca- 
démie des  sciences.  [Suite.  Chap.  iv.  Renseignements  complémentaires 
sur  le  «  Musée  »  de  Toulouse,  fondé  en  1784  ;  compte  rendu  des  séances. 
Le  «  Lycée  »  succède  aux  Académies,  supprimées  par  la  Convention  : 
«  Ijycée  du  Siui-Ouest  »,  où  les  lettres  et  toutes  les  sciences  devaient 
être  professées,  organisé  en  1795  par  le  représentant  du  peuple  Paga- 
nel*    tandis  que    s'ouvrait,    dans    l'église   des    Grands-Augustins .    le 
«  Muséum  provisoire  du  Midi  de  la  République  ».  L'exposé,  ici,  man- 
que de  netteté,  et  l'on  ne  voit  pas  s'il  y  eut  ou   non  un   lien  entre  le 
Lycée  et  l'espèce  d'Institut  académique  fondé  en  1797  sous  le  nom  de 
Lycée  aussi,  sur  le  modèle  de  l'ancien  «  Musée  ».  M.  I).  de  M.  analyse 
longuement   les   séances,    plus    solennelles    qu'utiles,    plus    théâtrales 
qu'instructives,  de   ce    Lycée  jusqu'en   1802.]  —    P.   812-75.    Juppont. 
L'œuvre  scientifique  de  Cyrano  de  Bergerac.  [Mentionnons  cet  intéres- 
sant article  pour  rappeler  que  le  poète-philosophe  est  né  à  Paris  et  que 


È. 


PERIODIQUES    MERIDIONAUX.  277 

son  nom,  Bergerac,  malgré  l'apparence  méridionale,  provient  de  celui 
d'un  hameau  voisin  de  Chevreuse.]  P.  D. 

m.  Reviie  des  Pyrénées,  t.  XIX,  1907. 

p.  1-22.  J.  Adher.  Le  petit  Saint-Cyr.  [Histoire  de  la  maison  d'éducation 
de  Lévignac,  tenue  par  les  Dames-Noires,  l776-9o.]  —  P.  23-43.  F.  Du- 
mas. Une  émeute  d'étudiants  à  Toulouse  en  1740.  [Mutinerie  qui  prit 
naissance  au  théâtre,  se  continua  par  une  réunion  au  pré  des  Sept- 
Deniers  et  amena  des  poursuites  judiciaires  qui  n'eurent  d'autre  suite 
qu'une  sentence  des  Capitouls  cassée  par  le  Parlement.  Les  études 
interrompues  reprirent  leur  cours.]  —  P.  44-63.  P.  Médax.  Un  Gascon 
précurseur  de  Racine.  [Etude  littéraire  sur  La  Mort  de  Mithridate  de 
La  Galprenède,  et  le  Mithridate  de  Racine.  L'auteur  néglige  de  nous 
apprendre  si  La  Galprenède  était  réellement  gascon.]  —  P.  86-106. 
J.  Gros.  Les  conventionnels  régicides  de  l'Ariège  en  1816.  [D'après  des 
documents  d'archives.]  —  P.  149-77,  336-70.  Désazars.  La  famille  Grozat. 
[Riches  financiers  originaires  de  Toulouse  qui,  aux  xvii"  et  xviiP  siè- 
cles, tinrent  un  des  premiers  rangs  à  Paris  par  leur  fortune,  leurs  allian- 
ces avec  la  noblesse  et  leurs  collections.  A  suivre.]  —  P.  178-217. 
P.  BuFFAUi.T.  La  ville  d'Oloron  et  sa  forêt  de  Bager,  [Excellent  et  utile 
travail.  L'auteur  étudie  l'état  de  la  forêt  depuis  le  \i'  siècle  jusqu'à  nos 
jours  et  montre  quels  avantages  climatériques,  hydrologiques  et  pécu- 
niaires sont  résultés  pour  la  ville  d'Oloron  de  la  régie  de  sa  forêt  par 
l'Etat.] —  P.  218-30.  M.  Massif.  Les  Adieux  à  l'Univers.  Notes  sur  le 
livre  et  sur  l'auteur.  [Le  livre  parut  en  1815;  l'auteur  était  un  avocat 
de  Toulouse,  très  estimé,  M"  Cizos,  qui  avait  pratiqué  le  théâtre  au 
moins  autant  que  le  barreau.  Ses  fantaisistes  Adieux  n'ont  pas  grand 
intérêt  aujourd'hui,  car  on  ignore  les  vrais  noms  des  personnages  qui  y 
figurent,  et  la  valeur  littéraire  en  est  plutôt  mince.]  —  P.  231-4o. 
E.  Lamouzelle.  Le  Parlement  Maupeou  à  Toulouse  et  l'exil  de  l'ancien 
Parlement  en  1771.  [D'après  quelques  lettres  inédites  adressées  à  sa 
sœur  par  M.  d'Aguin,  frère  d'un  président  au  Parlement.  N'apprennent 
rien  de  nouveau.]  —  P.  309-35.  G.  Glavelier.  François  de  Maynard.  Sa 
vie.  Ses  œuvres.  Son  temps.  [Etude  élégante  et  précise,  couronnée  par 
l'Académie  des  .leux  Floraux.  A  suivre.]  —  P.  371-81.  B;  Paumés. 
Cahors  contre  Montauban.  Un  institut  promis  à  Gahors,  1792.  [Episode 
d'une  rivalité  que  les  haines  religieuses  avivaient.]  —  P.  385-91.  Fr.  Gala- 
BERT.  Un  statisticien  au  xviir  siècle.  [Notes  extraites  des  registres  de 
l'église  de  la  Dalbade.]  —  P.  UO-1.  P.  Dupont.  Etablissement  à  Tou- 
louse de   la  congrégation  enseignante  de  filles    connue  sous  le  nom 


278  ANNALES   DU    MIDI. 

de  .Sœurs  des  écoles  du  Saint-Enfant-Jésus,  dites  Dames-Noires.  [Ce 
travail  et  le  suivant  ajoutent  quelques  renseignements  à  celui  de 
M.  Adher  qui  est  en  tète  du  volume.]  —  P.  415-20.  G.  Durègne. 
Une  visite  au  «  Petit  Saint-Cyr  »,  le  26  juin  1788.  —  P.  441-54. 
B.  Baillaiid.  Les  fondateurs  de  l'Observatoire  du  Pic-du-Midi.  [L'initia- 
tive partit  du  docteur  Costallat  qui  présenta  un  mémoire  sur  ce  sujet 
à  la  .Société  Ramond.  Les  vrais  fondateurs  sont  le  général  de  Nansouty 
et  l'ingénieur  civil  Vaussenat.]  —  P.  517-83.  C.  Oulmont.  Estienne 
Forcadel.  Un  juriste,  historien  et  poète  vers  1550.  [Professeur  à  l'Uni- 
versité de  Toulouse,  ses  traités  de  jurisprudence  se  distinguent  par  la 
prétention  et  l'amplification  banale,  ses  œuvres  historiques  par  l'em- 
phase, la  fantaisie  et  l'adulation.  Ce  qu'il  a  fait  de  mieux,  ce  sont  des 
épigrammes  latines,  dont  une  consacrée,  dit  l'auteur,  à  «  un  sénateur, 
Emile  Perrot  «.  Sénateur  I  Mais  où  est  le  Sénat  sous  Henri  II'^  Se )îator 
ne  peut  désigner  qu'un  conseiller  au  Parlement.  Parmi  les  vers  français, 
beaucoup  ne  manquent  pas  de  grâce  ;  les  mauvais  sont  les  plus  nom- 
breux. 11  est  regrettable  que  l'auteur  n'ait  pas  connu  l'étude  très 
sérieuse  faite  sur  ce  personnage  par  M.  J.  Fontes,  étude  publiée  pour- 
tant dans  cette  même  Revue  des  Pyrénées  en  1894,  tome  VI.] 

A.  V. 

Gers. 

Revue  de  Gascogne,  nouvelle  série,  t.  VI,  1906. 

p.  1-18.  C.  Cézérac.  Le  voyage  de  Jean  d'Aignan  à  Paris.  [D'après  la  cor- 
respondance que  le  chanoine  J.  d'Aignan,  archevêque  d'Auch,  adressa 
à  son  frère  pendant  un  séjour  à  Paris  en  1664.  Réflexions  sur  le  jansé- 
nisme, sur  les  affaires  de  Fouquet  ;  nouvelles  de  la  cour,  etc.]  —  P.  18. 
J.  DuFFO.  Installation  des  gabeleurs  à  Saint-Sever  de  Rustan.  — 
P.  19-30.  J.  DuFFOUR.  Les  Etats  d'Astarac  de  1582.  [Les  principales 
conclusions  de  ces  Etats  généraux  furent  :  imposition  de  la  taille,  refus 
de  s'associer  à  certaines  charges  extraordinaires  imposées  par  lo  roi,  re- 
jet des  doléances  d'un  receveur  des  tailles,  réalisation  d'économies  par 
la  suppression  do  plusieurs  offices.]  —  P.  31-5.  G.  Beaurain.  Contribu- 
tion à  l'histoire  du  travail  en  Béarn  :  le  travail  à  Ponlacq.  [A  suivre. 
L'agriculture  :  les  bois;  le  régime  des  bois.  Commencement  d'une 
étude  d'histoire  économique  qui  promet  d'être  intéressante.]  —  P.  36- 
48,  71-86,  123-31,  173-86,215-34,  348-72,  439-67,  .509-24,  5,54-68.  A.  Decert. 
L'ancien  diocèse  d'Aire.  [Continuation  do  cette  œuvre,  capitale  pour 
l'histoire,  jusqu'ici  si  délaissée,  de  cette  partie  de  la  Gascogne.  A 
suivre.]  —  P.  49-57,  145-60.  A.  (.'lerheac.  Les  nominations  épiscopales 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  279 

en  Gascogne  aux  xiir  et  xiv  siècles.  [Montre  les  circonstances  à  la 
suite  desquelles  la  papauté  fut  amenée  à  dépouiller  les  chapitres  de 
Gascogne  de  leur  droit  d'élection.  Cette  étude  de  détail  concorde  avec 
les  vues  que  M.  Inibart  de  la  Tour  expose  dans  la  conclusion  de  son 
livre  sur  les  élections  épiscopales  dans  l'Eglise  de  France.]  —  P.  66-70. 
V.  Foix.  Les  tirs  contre  la  grêle  en  Gascogne.  [Pratiqués  déjà  il  y  a 
cent  cinquante  ans.]  —  P.  87-8,  -i-ii-^S.  G.  Cézérac.  Lettres  deDaignan. 
[Texte  de  la  correspondance  étudiée  plus  haut.  A  suivre.]  —  P.  80-91. 
Sur  quelques  identifications  de  noms  de  lieux.  [Indications  données 
par  divers  correspondants  relativement  à  certaines  églises  du  diocèse 
d'Auch  que  M.  Vidal  n'avait  pu  identifier.  Cf.  Revue  de  Gascogne, 
n.  série,  t.  V,  p.  537.]  —  P.  91.  A.  D[egert].  Florimond  de  Raymond  au 
Parlement  de  Bordeaux.  —  P.  97-109,  289-315.  J.-.J.-C.  Tauzin.  Les  dé- 
buts delà  guerre  de  Cent  ans  en  Gascogne  (1327-1340).  [Etude  conscien- 
cieuse et  intéressante  de  cette  période  mal  connue.]  —  P.  109.  A.  D[e- 
gert].  Le  rituel  auscitain  de  1751  et  les  jansénistes.  —  P.  110-22. 
P.  DiEUZAiDE.  Une  dépendance  de  Roncevaux  :  la  commanderie  de 
Samatan.  [Suite  et  fin.]  —  P.  161-5.  ¥.  Sarran.  De  la  disparition  de 
quelques  mots  du  gascon  du  Gers.  [Vues  intéressantes,  quoique  pré- 
sentées d'une  manière  un  peu  décousue,  sur  quelques  points  de  lexico- 
logie gasconne.  Oserai-je  énoncer  une  critique  f\u  sujet  do  la  méthode 
de  M.  F.  S.?  Il  semble  qu'il  soit  trop  avare  de  références  sur  les  sour- 
ces où  il  a  puisé  et  sur  le  nom  précis  des  localités  dont  il  étudie  le  lan- 
gage. Tout  le  monde  sait  pourtant  qu'à  l'Ecole  des  Hautes-Etudes,  on 
M.  F.  S.  a  étudié,  des  maîtres  tels  que  M.  Gilliéron,  ne  font  point  [\  de 
cette  précision.  L'auteur  éviterait  ainsi  ([uelques  affirmations  qui, 
vraies  pour  telle  région  du  Gers,  ne  le  sont  plus  tant  pour  certains  pays 
tout  voisins.  C'est  ainsi  que  le  mot  haios  («  faucille  »)  est  encore  par- 
faitement vivace  dans  la  partie  des  Landes  que  j'ai  explorée,  depuis 
Labouhoyre,  Morcenx  (où  l'on  dit  hawts)  et  Tartas  à  l'ouest,  jusqu'à 
Grenade ,  Villeneuve-de-Marsan .  La-Bastide-d'Armagnac  et  Lugaut- 
Bergonce  à  l'est,  c'est-à-dire  jusqu'aux  confins  du  Gers.  Dans  le  Gers 
même,  à  Lanne-Soubiran,  mon  ami,  M.  Ducamin  me  donne  Ziaics  comme 
bien  vivant.  A  Maillas  seulement,  j'ai  relevé  hawsilhe.  —  Autre  exem- 
ple :  le  mot  trawi'(k  (trai'ik,  trab'ùk,  ta'ùk...)  au  sens  de  «  cercueil» 
peut  avoir  disparu  dans  les  parlers  gascons  du  Gers;  mais  il  est 
encore  usité  dans  la  partie  orientale  des  Landes,  au  moins  dans  une 
région  que  limiterait  une  ligne  passant  par  Labouheyre,  Sabres,  Saint- 
Martin,  Mont-de-Marsan,  Grenade,  La-Bastide-d'Armagnac.  JNlaillas 
et   Luxey,  pour  ne  parler  que  du  domaine  .que  j'ai  parcouru   moi- 


280  ANNALES   DU    MIDI. 

même.  Une  étude  du  genre  de  celle  que  nous  offre  M.  F.  S. 
ne  peut  que  gagner  à  présenter  les  faits  avec  plus  d'exactitude 
et  plus  de  restrictions.]  —  P.  166-72.  Laplagne-Barris.  Saint- Yors. 
[Courte  étude  sur  cette  seigneurie  de  la  baronnie  de  Montesquiou,  dans 
le  pays  d'Angles.]  —  P.  192-8.  L.  Couture.  A  travers  les  vieux  livres. 
[Fragment  d'article  inédit  retrouvé  dans  les  papiers  de  Léonce  Couture. 
Il  y  est  parlé  de  deux  plaquettes  paloises  de  la  fin  de  l'ancien  régime, 
qui  montrent  la  sympathie  du  Parlement  de  Pau  pour  le  Parlement  de 
Paris,  exilé  à  la  suite  de  son  opposition  aux  édits  du  timbre.]  — 
P.  199-208.  A.  DectErt.  Deux  anciens  bréviaires  de  Saint-Savin  en  Lave- 
dan.  [Établit  l'identité  des  deux  bréviaires  manuscrits  du  xiv  et  des 
xiv*-xvi'=  siècles  conservés  à  la  Bibl.  de  Toulouse  sous  les  n"*  70  et  73.] 

—  P.  204-12.  De  Lary  de  la  Tour.  Comptes  des  funérailles  d'un  gen- 
tilhomme gascon  au  xvii"  siècle.  —  P.  213-4.  A.  Vignaux.  Encore  Ber- 
nard Lannes.  —  P.  235-7.  A.  Laffont.  Les  «  billets  de  confiance  ». 
[Note  sur  un  papier-monnaie  créé,  en  1792,  par  la  commune  de  INlau- 
vezin.]  —  P.  241-56.  330-41.  J.  Duffour.  Les  pensions  ecclésiastiques 
sous  la  Eévolution  dans  le  Gers.  —  P.  256.  L.  Ricaud.  Toujours 
B.  Lannes.  —  P.  257-62.  V.  Foix.  L'Amérique  découverte  par  les  Bas- 
ques. —  P.  263-6.  D.  Tr.  Un  autographe  de  la  bienheureuse  Jeanne 
de  Lestonnac.  —  P.  282.  J.  Lestrade.  Papiers  du  chapitre  d'Auch 
déposés  à  Lectoure.  —  P.  283-4.  A.  Vignaux.  Où  est  né  Guillaume 
Ader.  --  P.  315.  A.  V.  Un  autographe  de  Du  Bartas.  —  P.  316-29, 
529-44.  A.  Clergeac.  Les  abbayes  de  Gascogne  du  xii"  siècle  au  Grand 
schisme  d'Occident.  [A  suivre.]  —  P.  329.  P.  de  C.  Quel  est  le  sens  du 
mot  «  Tou  »?  [A  la  liste  des  exemples  de  ce  nom,  fréquent  dans  l'ono- 
mastique pyrénéenne,  nous  ajouterons  «  les  cabanes  de  Totie  »,  dans 
la  vallée  de  Barèges,  au-dessous  du  col  du  Tourmalet.  Vu  du  col,  l'en- 
droit parait,  en  effet,  assez  «  enfoncé  »,  mais  nous  n'osons  croire  que 
ce  soit  là  le  vrai  sens  du  mot,  et  que  le  haut  allemand  tunna  soit  — 
comme  semble  l'inférer  Mistral  (v  toufi  4)  rapproché  de  Kôrting 
n»  9587  —  pour  quelque  chose  dans  son  étymologie.]  —  P.  342-7. 
P.  CosTE.  Lettre  inédite  de  L.-M.  Desbiey  au  graveur  J.-B.  Grateloup. 

—  P.  373-9.  J.  Lestrade.  Plaquettes  auscitaines  et  paloises,  —  P.  385- 
414,  481-94.  E.  Labadie.  Les  débuts  d'un  imprimeur  en  Béarn.  [Abraham 
Rouyer,  libraire  bordelais,  imprimeur  à  Ortiicz  en  1610.  Gravures,  fac- 
similés.]—  P.  415-21.  A.  Laurens.  Coutume  d'Artigue.  [A  la  limite  des 
vallées  de  Luchou  et  d'Aran.  Sa  situation  géographique,  son  histoire 
texte  de  la  coutume.  A  suivre.]  —  P.  468-71.  La  Plagne-Barris.  Lave- 
raët.  —  P.  471.  A.  D[EGERr].  Silhon  imité  par  Pascal.  —  P.  472-3.  J.  Les- 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  281 

TRADE.  L'archevêque  d'Auch  et  l'évèque  de  Saint-Bertrand  à  Garaison 
en  1791.  —  P.  495-504.  S.  Daugé.  Deux  nouvelles  «  proclamations  »  de 
Wellington.  —  P.  505-8.  J.  Annat.  Les  «  visa  »  d'Esprit  Dumarché.  — 
P.  545-53.  J.  Bénac.  Le  séminaire  d'Auch.  [A  suivre.  Origines  :  concile 
de  Trente  ;  le  cardinal  Louis  d'Esté  ;  le  séminaire  d'Esté.] 

G.  M. 

Gironde 

Revue  des  Etudes  anciennes^  1906. 

P.  47-5L  111-22,  250-2.  ?,23-4.  C.  Jullian.  Notes  gallo-romaines  :  XXIX. 
Briga;  XXX.  Stradonitz  et  La  Vène;  Hallstalt;  Graeckwyl;  XXXI.  Sur- 
vivances géographiques  ;  XXXII.  Les  fleuves  de  la  Gaule  chez  Polybe. 
[A  suivre.  Excellents  articles  où  M.  J.  affirme  l'existence  du  grand 
empire  ligure;  revendique  pour  les  Celles  les  antiquités  de  Stradonitz 
en  Bohème.]  —  P.  52.  Lauzun.  La  prétendue  statue  d'Ausone  au  musée 
d'Auch.  [Elle  n'a  rien  de  commun  avec  Ausone.]  —  P.  59-68.  Arnaud 
d'Agnel.  Antiquités  du  musée  de  Soult.  [Six  figures.]  —  P.  125-6. 
Th.  Reinach.  Timagène,  Josèphe  et  la  géographie  de  la  Gaule.  [Ne  croit 
pas  que  Josèphe  ait  utilisé,  au  moins  directement,  Timagène.]  — 
P.  260-1.  Dangibeaud.  Monuments  gallo-romains  inédits.  [Du  musée  de 
Saintes.]  —  P.  325-37.  Villa  ni  Quelques  observations  sur  les  chants 
chrétiens  d'Ausone.  —  P.  340  (pi.  VII-XI).  C.  Jullian.  L'édition  prin- 
ceps  d'Avienus.  [Reproduction  des  feuilles  concernant  la  Gaule.]  — 
P.  341-2.  A.  AuDOLLENT,  G.  Jullian.  Les  dernières  fouilles  au  Puy- 
de-Dôme. 

1907. 

P.  13-7,  172-4,  261-2,  351-6.  C.  JulliAn.  Notes  gallo-romaines  :  XXXIII. 
Silius  et  la  routje  d'Hannibal;  XXXIV.  Vo-contii  ;  XXXV.  Tri-Obris 
=  Trois-Fontaines;  XXXVI.  A  propos  du  recueil  de  M.  Espérandieu. 
[Suite  de  ces  notes  si  intéressantes.  Pour  la  marche  d'Hannibal,  Silius 
prouverait  que  le  Rhône  a  été  franchi  à  Tarascon  et  les  Alpes  au  mont 
Cenis  ;  les  Vocontii  seraient  le  peuple  des  Vingt  ;  Obris  ou  Obra  signi- 
fierait source  et  serait  un  mot  ligure;  la  difïusion  des  religions  orien- 
tales et  chrétienne  a  réveillé  la  symbolique  gauloise.]  —  P.  17-47. 
Questions  hannibaliques.  Freixe.  Les  bois  du  Pertus  ;  Armand.  Le 
Rhône  à  Tarascon  fpl.)  ;  Fournier.  Le  passage  du  Rhône  entre  Tarascon 
et  Beaucaire  au  moyen  âge  et  jusqu'en  1670;  Chabert.  La  vue  des  Al- 
pes [à  propos  de  Tite-Live.  XXI,  32,  7]  ;  De  Manteyer.  Le  nom  du 
Drac;  Ferrand.  L'hypothèse  du  Clapier;  Fougères.  Polybe,  3,41.  2.  — 


282  ANNALES   DU    MIDI. 

P.  48-68.  R.  Laurent  et  Ch.  Dugas.  Le  monument  romain  de  Biot, 
Alpes-Maritimes.  [PI.  II-VI.  Etude  très  intéressante  de  ce  remarquable 
monument,  de  sa  situation,  des  bas-reliefs.  Il  appartiendrait  probable- 
ment à  un  poste  militaire.]  —  P.  175-80.  G.  Dottin.  Brica,  Briga  et 
Briva.  —  P.  187-8.  A.  Michel-Levy.  Le  grenat  des  Marseillais.  — 
P.  267-8.  J.-A.  Brutails.  La  frisede  Casseuil.  —  P.  349-50.  G.  de  Man- 
TEYER.  Les  limites  antiques  de  la  Mauriennc  sur  l'Isère.  —  P.  357-8. 
Chaillan.  L'autel  à  symboles  de  Cuech.  —  P.  362-3.  M.  Clerc.  Desu- 
viaticus  lacns.  [Ce  mot  ne  figure  pas  dans  les  textes  authentiques.]  — 
—  P.  366-8.  G.  Jassies.  Groupe  de  Dis  Pater-Cernunnds  et  de  la  Terre- 
Mère.  Ch.  L. 

Hérault. 

I.  Bulletin  de  la  Société  atxhéologique  de  Béziers,  3<'sér., 
t.  VI,  2«  livr.,  1906  (vol.  XXXVI  de  la  collection). 

p.  353-446.  Soucaille.  Statuts  de  corporations  biterroises.  [Textes  des 
statuts  des  boulangers,  pâtissiers  et  fourgonniers,  de  1630;  des  bou- 
tonniers  et  garnisseurs  de  chapeaux,  s.  d.;  des  jardiniers,  1599;  des 
laboureurs,  1604  ;  des  brassiers  et  travailleurs,  1627  ;  des  marchands 
mangonniers,  1626;  des  oi'fèvres,  1598;  des  tailleurs,  1661;  des  «  teis- 
sutiers,  teinturiers,  ribantiers  et  moliniers  dé  soye  »,  1629.]  —  P.  447-568. 
F.  Mouret.  Sulpice-Sévère  à  Primuliac.  [Identifie  cette  résidence  de 
Sulpice-Sévère  avec  le  tumulus  de  Saint-Bauzille  d'Esclatian,  commune 
de  Vendres,  près  Béziers.  Un  de  nos  collaborateurs  a  parlé  déjà  de  ce 
ivâ^SiW  [Amuiles,  t.  XIX,  p.  586);  un  autre  montrera  prochainement 
que  l'intérêt  du  tumulus  est  pi'éhistorique,  non  historique,  et  que  Pri- 
muliac doit  être  cherché  ailleurs.]  P.  D. 

II.  Revue  des  Langues  ï^o mânes,  t.  L,  1907. 

Janv.-fév.  P.  5-44.  S.  Stronsky.  Notes  sur  quelques  troubadours  et  protec- 
teurs des  troubadours  célébrés  par  Elias  de  Barjols.  [I.  Notes  sur  Raimon 
d'Agout  et  Isnart  d'Antravenas,  fils  de  Raimon  d'Agout  et  d'Isoarde  de 
Die;  p.  16,  note  intéressante  sur  la  «  comtesse  de  Die  n.  II.  Garsende, 
comtesse  de  Provence,  trobairitz.  III.  Blacatz,  troubadour.  M.  S.  éta- 
blit que  Blacatz  était  mort  avant  1238.]  —  P.  45-8.  G.  Rurtoni.  Per  la 
storia  del  cod.  II.  (Vatic.  3207).  [M.  B.  établit,  entre  autres  choses,  que 
Castelvetro  a  eu  ce  manuscrit  entre  les  mains  en  1552.]  —  P.  49-67. 
A.  Vidai..  Comptes  des  clavaires  d(>  Montagnac  (fin).  [Avec  glossaire.] 

Mai-juin.  P.  193-202.  .1.  Calmette  et  IIurtebise.  Correspondance  de  la 
ville  de  Perpignan  de  1150  à  1659  (suite).  —  P.  222-36.  E.  Kastner. 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  283 

Prières  à  la  Vierge  en  provençal.  [Deux  pièces  tirées  d'un  ms.  du  Bri- 
tish-Museum,  connues  et  publiées  en  partie.] — P.  267-S.  C.  C[habaneau]. 
Contenances  de.  table  en  vers  provençaux.  La  Passion  Nostre-Dame 
(R.  1.  R.  49,  501).  [Corrections  à  des  textes  antérieurement  publiés  dans 
la  même  revue.] 
.Juillet-décembre.  P.  273-310.  M.  Grammont.  A  propos  des  ouvrages  de 
M.  A.  Thomas.  Notes  sur  la  dissimilation.  [Classement  des  nombreux 
exemples  de  dissimilation  relevés  dans  les  ouvrages  de  M.  Thomas,  dans 
le  compte  rendu  du  livre  connu  de  M.  Grammont  par  G.  Paris  et  dans 
un  article  de  M.  Salvioni  ;  nombreux  mots  empruntés  aux  dialectes 
méridionaux.]  —  P.  323-36.  J.  Calmette  et  Hurtebise.  Correspon- 
dance de  la  ville  de  Perpignan  (suite).  —  P.  337-42.  P,  Barbier  fils. 
Remarques  sur  les  dérivés  du  latin  cîlïûm,.  —  P.  343-4.  Id.  Un  radical 
dam-.  [Prov.  darnarjas,  etc.;  mais  d'où  vient  darnï]  —  P.  536-41. 
Chabaneau.  Compte  rendu  du  livre  de  S.  Stronsky,  Le  troubadour 
Elias  de  Barjols.  [Important.  Elias  Barjols  est  de  Pujols,  en  Agenais, 
et  non  de  Perols,  en  Limousin,  comme  le  croit  M.  S.]  J.  A. 

Landes. 

Bulletin  de  la  Société  de  Borda^  31^  année,  1906. 

P.  1-48,  73-124,  16.5-78.  M.  de  Chauton.  Cahiers  de  doléances  des  paroisses 
de  la  sénéchaussée  de  Tartas  en  1789.  [Suite  et  fin.]  —  P.  49-58.  A.  De- 
GERT.  Fragment  du  cartulaire  de  Cagnotte.  [Sept  chartes  ;  dates  extrê- 
mes :  1122-1441.  Bien  que  déjà  imprimées,  l'une  dans  la  Gallia  chris- 
tiana,  les  autres  dans  un  procès  de  1766,  ces  chartes  —  au  moins  les 
six  dernières  —  ont  tout  l'intérêt  de  l'inédit.  Elles  sont  reproduites  avec 
la  plus  grande  exactitude  d'après  le  recueil  des  Bénédictins  (Bibl.  Nat., 
lat.  12680),  qui  seul  nous  en  a  conservé  le  texte.]  —  P.  59-64.  J.  Beaur- 
REDON.  Le  droit  dn ^Sanctou  et  les  dunes  au  xvin«  siècle.  [Sur  ce  droit 
de  Sanctoii,  redevance  annuelle  que  les  paroisses  du  diocèse  de  Dax 
payaient  au  chapitre  de  leur  église  cathédrale,  voir  une  étude  du  même 
dans  le  Bulletin  de  Borda,  1895,  1-14.  M.  B.  s'attache  à  montrer  que  le 
mouvement  envahisseur  des  dunes  causa  une  profonde  détresse  dans 
les  paroisses  d'Escalus  et  de  Saint-Girons  :  c'est  du  moins  la  raison 
que  font  valoir  les  délégués  de  ces  communes  dans  leur  demande  en 
exonération  de  ce  droit  de  Sanctou.\  —  P.  125-56.  C.  D.vugé.  Notre- 
Dame-de-Goudosse.  —  P.  181-4.  A.  Blanthet.  Passager,  de  la  reine 
douairière  d'Espagne  à  Dax,  en  1714.  —  P.  185-208.  J.-M.  Dupont.  Quel- 
ques notes   recueillies  sur  Notre-Dame-de-la-Merci   dans  notre  région 


284  ANNALES   DU    MIDI. 

du  sud-ouest.  —  P.  209-54,  261-99.  A.  Darricau.  B'rance  et  Labourd. 
[Aperçu  historique  sur  le  pays  de  Labourd  depuis  le  moyen  âge  jusque 
sous  l'Empire.  Quelque  peu  tendancieux.]  —  P.  301-31.  A.  Degert. 
Le  budget  d'un  évèque  de  Dax  au  moyen  âge.  [A  suivre.  Très  intéres- 
sant. D'après  le  livre  de  comptes  de  Jean  Bauffès,  évêque  de  Dax,  en 
1375-76,  conservé  aux  archives  du  Vatican  [Collectorie,  17).  Sommaire 
explicatif.  Texte  publié  in  extenso  :  notes  précieuses  pour  l'identifica- 
tion de  plusieurs  localités  landaises.]  —  P.  333-49.  P.  Coste.  Histoire 
de  la  maison  de  Ranquine  avant  le  xix"  siècle.  G.  M. 

Lot-et-Garonne. 

I.  L'Ame  gasconne,  V^  année,  1907. 

P.  11-3.  Granat.  Les  repas  consulaires  d'Agen  au  xviii°  siècle.  [Menus 
de  repas  organisés  par  les  consuls  en  1712  et  1727.]  —  P.  15-8.  Bonnat. 
La  légende  des  vieux  châteaux  :  Bonaguil.  —  P.  38-41.  Id.  Femmes 
de  lettres  agenaises.  [Notes  sur  les  femmes  de  lettres  nées  dans  le 
département  de  Lot-et-Garonne.]  —  P.  57-60.  Id.  L'Académie  de  Mon- 
crabeau.  [Académie  de  farceurs  et  de  menteurs,  dont  l'existence  date 
probablement  du  xviir  siècle  et  qui  siégeait  à  Moncrabeau  (Lot-et- 
Garonne.]  —  P.  66-7.  Granat.  Comment  voyageait  un  ambassadeur  du 
sultan  en  France  au  xviii»  siècle.  —  P.  81-4.  Bonnat.  La  dépopulation 
du  Lot-et-Garonne.  [De  1841  à  1906,  le  département  a  vu  diminuer  sa 
population  de  72.463  habitants.]  —  P.  111-4.  Id.  Le  puits  artésien 
d'Agen  (1827-1830).  —  P.  227-29.  Momméja.  Le  feu  de  la  Saint-Jean. 
[Folklore;  origine  des  feux  de  la  Saint-Jean.]  R.  B. 

IL  Le  Lot-et-Garonne  illustré,  1905. 

p.  4-7,  25-9,  46-53,  61-8.  Loubat.  Le  château  de  Bonaquil.  [Résumé,  ac- 
compagné de  nombreuses  illustrations,  du  travail  de  M.  Lauzun  sur  le 
même  sujet.].  —  P.  8-11,  30-3,  93-5.  P.  de  Vriés.  Iconographie  du  fou- 
lard gascon.  [Nombreuses  illustrations.]  —  P.  73-6.  Marboutin  (pseu- 
donyme :  Arlou).  La  statue  tombale  de  Sainte-Livrade.  [Statue  mutilée 
d'évèque  du  xiv"  siècle.] 

1906-1907. 

P.  25  31.  Granat.  Les  voies  romaines  de  l'Agenais.  —  P.  65-9.  Marboutin. 
Laugnac.  [Courte  monograpliie  de  cette  commune.]  —  P.  78-81),  129-37. 
165-73.  Arqui'c.  Saiiveterre-la-Lemance.  [Monographie  communale.]  — 
P.  83-90,  97-9.  Granat.  Agen  à  Loupillon  ;  voyage  au  pays  du  président 
de  la  République.  [Renseignements  touristiques  et  archéologiques.]  — 
P.  104-12.  Marboutin.  Le  château  de  Lafox.  [xii*  et  xvi'  s.]      R.  B. 


PÉRIODIQUES    MERIDIONAUX.  285 

Tarn-et-Garonne . 

I.  Bulletin   arcliéokxjique  et  Mslorique  de    la   Société 
archéologique  de  Tatm-et- Garonne,  t,  XXXIV,  1906. 

P.  17-41.  C.  Daux.  La  communauté  de  Montech  sur  la  fm  du  xvii=  siècle. 
[D'après  le  rôle  des  impositions  de  1688  ;  intéressants  détails  sur  les  im- 

.  pots,  les  dépenses  du  consulat,  l'état  social  et  le  dénombrement  des 
habitants.]  —  P.  42-56.  D"-  R.  Belbèze.  Le  rappel  de  Dupleix,  d'après 
quelques  documents  inédits.  [Lettres  de  M™"  de  Montmorency-Laval  à 
M.  de  Saint-Aulas,  officier  de  la  compagnie  des  Indes;  ce  n'est  pas  sur 
la  menace  des  Anglais  qu'il  a  été  rappelé.  Lettres  de  Dupleix  et  de  Go- 
deheu.]  —  P.  57-65.  H.  de  France.  Notes  sur  le  commerce  à  Montau- 
ban.  [Manufacture  royale  de  draps  en  1772,  Bourse  commune  des 
marchands,  transports,  contrats  d'apprentissage,  etc.]  —  P.  77-85.  Abbé 
F.  Galabert.  Les  écoles  autrefois  dans  le  pays  du  Tarn-et-Garonne. 
[Fin.  Les  illettrés.]  —  P.  91-2.  L.  Boscus  et  F.  Galabert.  Les  treize  sols 
d'Armagnac.  [Dîmes  inféodées  à  Fonneuve  et  Négrepelisse.]  —  P.  105-20. 
La  collégiale  Saint-Martin  de  Montpezat.  Souvenirs  de  la  guerre  de 
Cent  ans.  [A  suivre.  Quelques  renseignements  sur  la  famille  des  Prez 
à  propos  de  la  statue  tombale  du  cardinal.]  —  P.  160-7.  E.  Forestié. 
Les  tapisseries  du  château  de  Bardigues  fabriquées  au  xvi«  siècle  à 
Aubusson.  [Contrats  de  vente  (1578,  1582)  donnant  les  sujets  et  le  prix 
des  tapisseries;  château  de  la  famille  Goût,  puis  Esparbès-Lussan.]  — 
P.  188-92.  Abbé  Oulès.  Le  temporel  des  évèques  de  Cahors  au  xvi«  siè- 
cle. [Dans  le  diocèse  de  Montauban.]  —  P.  193-206.  M.  Souleil.  Julie  de 
Lespinasse  et  le  comte  de  Guibert.  [D'après  l'ouvrage  du  marquis  de 
Ségur.]  —  P.  207-lL  Abbé  Taillefer.  Un  écho  des  guerres  religieuses, 
1579.  [Lettre  à  propos  d'un  conflit  pour  la  nomination  du  recteur  de 
Canhac,  près  Molières  ;  sans  grand  intérêt.]  —  P.  219-24.  H.  de  France. 
La  confrérie  des  tisserands  à  Montauban.  [Sous  le  vocable  de  Saint- 
Ilippolyte,  1505;  autres  confréries.]  —  P.  225-;:53.  Abbé  F.  Galabert. 
Les  écoles  pendant  la  Révolution.  [Elles  sont  peu  nombreuses  et  peu 
florissantes.]  —  P.  2.57.  Bourdeau.  Note  sur  une  borne  terminale  de  1784. 
—  P.  259-60.  E.  Forestié.  Bail  de  la  façon  d'un  rétable  à  Saint-Nicolas- 
de-la-Grave  en  1.58.3.  [Document.]  —  P.  202.  Rumeau.  Liste  de  curés 
de  Bouillac,  1481-1776.  —  P.  267-8.  Id.  Devis  pour  le  rétable  des 
RR.  PP.  Capucins  de  la  ville  de  Grenade.  [Document,  1700.]  —  P.  270-2. 
Abbé  Taillefer.  Entrée  en  religion  à  Gravayrac,  en  Rouergue,  de  noble 
Marguerite  de  Vezins,  19  juin  1661.  —  P.  273-85.  A.  Grèzk.  Quelques 


286  ANNALES   DU   MIDI. 

documents  concernant  Saint-Nicolas-de-la-Grave  et  son  seigneur  abbé. 
[Analyse  de  quelques  actes,  baux  à  ferme,  etc.,  concernant  l'abbaye  de 
Moissac  dans  deux  i-egistrea  de  notaires,  1571-1593;  valeur  des  animaux 
de  ferme.]  —  P.  '.^86-90.  Abbé  Taillefer.  Des  baptêmes  et  des  noms 
donnés  au  baptême  au  xvii'^  siècle.  [D'après  un  registre  paroissial  de 
Lauzerte.]  —  P.  291-308.  P.  Fontanié.  Les  comptes  consulaires  de  Saint- 
Porquier  pour  l'année  1666-1667.  [Remplis  surtout  des  frais  occasionnés 
par  le  logement  d'une  compagnie  de  cavalerie  pendant  l'hiver.]  — 
P.  309-13.  Abbé  F.  Galabert.  L'administration  communale  à  Aucam- 
ville,  de  1346  à  1446.  [Passage  de  routiers,  etc.]  —  P.  319-23.  De  France. 
Traité  pour  les  sonneries  de  cloches  à  Montauban.  [1525;  en  roman.] 

—  P.  337-8.  Abbé  Oulès.  [Note  sur  l'administration  communale  de  La- 
française,  1791-1793.]  —  P.  338-9.  P.  de  Vivie.  [Inscription  de  l'église  de 
Tauriac  (xvif  s.).] —  P.  339-40.  Abbé  Bach.  Généalogie  de  la  famille 
Fernand,  1458-1573.  —  P.  342.  Forestié.  Enseigne  de  1553.  —  P.  346-7. 
Abbé  Galabert.  [Deux  lettres  concernant  M.  de  Malatre,  curé  de  Saint- 
Aignan,  1703-1704.]  —  P.  348-50.  Abbé  Laffont.  De  quelques  droits  féo- 
daux de  la  seigneurie  de  Bourg-Devizac.  —  P.  350-1.  Taillefer.  Ques- 
tion de  dîme,  2  juillet  1786.  Fr.  G. 

IL  Recueil  de  V Académie  des  Sciences^  Belles-Lettres  et 
Arts  de  Tarn-et-Ga7  onne^  2^  série,  t.  XXII,  1906. 

p.  13-6.  L.  Guouat.  Note  sur  une  judicature  inédite  du  moyen  âge.  [Le 
corrier  ou  juge  commun  de  Saint-.Jean-de-Maurienne,  agent  de  l'évêque 
et  du  comte  de  Savoie,  coseigneur,  1327-1536].  —  P.  45-51.  Id.  Les 
étudiants  de  Toulouse  en  1835.  Guy  du  Buisson  d'Aussone.  [Engagé 
parmi  les  troupes  carlistes,  il  est  assassiné.]  —  P.  85-97.  Ed.  Forestié. 
Un  bail  à  colonage  du  xvi»  siècle  en  Armagnac.  Document  en  langue 
vulgaire  montrant  la  persistance  des  mêmes  clauses  jusqu'à  nos  jours.] 

—  P.  115-28.  Em.  Forestié  neveu.  Biographie  du  poète  Pierre-Tous- 
saint Aillaud,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Montauban  [1759-1827;  prêtre, 
il  se  réfugie  en  Espagne  à  la  Révolution;  fonde  à  son  retour  une  société 
littéraire;  ses  œuvres.]  Fr.  G. 

Vienne  (Haute-). 

I.  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du 
Limousin,  t.  LVII,  1907. 

1"  livr.  P.  5-128.  P.-L.  Grenier.  La  cité  de  Limoges  :  son  évêque,  son 
chapitre,  son  consulat,  xii«-xviii'  siècles.  [Voir  ci-dessous  le  compte 
rendu.  Annales,  p.  305.]—  P.  129-71,  413-78.  Abbé  A.  Lecler.  Histoire  de 


PERIODIQUES    MÊRIDIONADX.  287 

l'abbaye  de  Grandniont.  [Très  méritoire  compilation,  qui  se  continue 
dans  la  livraison  suivante.  Il  est  regrettable  que  les  sources  ne  soient 
pas  données.]  —  P.  172-210.  P».  Drouault.  Monographie  du  canton  de 
Saint-Sulpice-les-P'euilles.  [Suite  et  fin  de  ce  long  travail,  le  meilleur  de 
ce  genre  qui  ait  été  publié  dans  la  Haute-Vienne.]  —  P.  211-62.  E.  Lyon. 
La  corporation  des  maîtres  boulangers  de  Limoges.  [Résumé,  avec 
quelques  pièces  à  l'appui,  d'une  étude  beaucoup  plus  considérable  qui 
sera  prochainement  publiée.]  —  P.  263-98.  J.  Bouland.  Les  origines  du 
cimetière  de  Louyat.  [Historique,  sur  documents  originaux,  de  la  trans- 
formation des  derniers  cimetières  intra  ?niiros  de  Limoges  en  une 
grande  nécropole  extra  muros,  qui'fut  inaugurée  en  1S06.]  —  P.  299-302. 
A.  Leroux.  Quelques  manusci'its  du  château  de  Las  Tours,  en  Limou- 
sin. [Signale  l'existence  dans  ce  château,  au  xvi=  siècle  :  1°  d'un  ms.  des 
Gestes  de  Charlemagne;  2°  d'un  ms.  d'un  poème  en  vers  provenraux 
qui  pourrait  bien  être  la  Clumso)!  d'Antioche,  du  Limousin  Grégoire 
Béchadi;  3°  d'un  ms.  contenant  la  Chronique  de  Geoffroy  de  Vigeois.] 
2'  livr.  P.  303-412.  A.  Leroux.  L'assistance  hospitalière  à  Limoges  pen- 
dant la  Révolution.  [Voy.  plus  bas.]—  P.  479-500.  D"-  H.  Fournie. 
Les  médailles  médicales  du  Limousin.  [Elles  appartiennent  toutes  au 
xix"  ou  au  xx«  siècle  et  concernent  les  médecins  illustres  nés  dans  la 
province  (Dupuytren,  Gruveilhier,  Fonssagrives,  Bardinet,  d'Arson'val. 
Chénieux,  Alajour)  ou  les  sociétés  pi'ofessionnelles.]  —  P.  501-39.  P.  Du- 
couRTiEUx.  Les  voies  romaines  en  Limousin.  [Suite  et  fin  de  cette  très 
instructive  compilation.]  —  P.  510-7.  A.  Demartial.  Le  peintre  Pierre 
Vilatte.  [Etude  sur  ce  primitif  du  xv«  siècle,  né  en  Bas-Limousin  et 
remis  en  honneur  par  MM.  l'abbé  Requin,  Raffet,  Bouchot,  P.  Durrieu.] 
—  P.  548-58.  P.-L.  CouRTOL.  Miniature  et  lettres  ornées  du  moyen  âge. 
[Reproduites  d'après  les  originaux  des  Archives  de  la  Haute-Vienne, 
xn«-xv'  siècles.]  —  P.  559-678.   Communications   et  documents  divers. 

A.  L. 

II.  Limoges  illustré,  1907. 

1"  janv.  D"'  Marquet.  Les  seigneurs  de  Villefranche,  près  Rochechouart. 

15  févr.  D''  Marquet.  Tableau  des  procès  que  M.  le  vicomte  de  Roche- 
chouart a  suscités  à  la  ville  de  ce  nom. 

15  juin.  D""  Charbonnier.  J.  J.  Juge  de  Saint-Martin,  magistrat  et  sylvi- 
culteur, f  1824. 

l"^''  août.  Dr  Marquet.  Divorces  des  dames  détenues  au  couvent  des 
Jacobins  de  Rochechouart,  1793-94.  [Divorces  demandés  sous  prétexte 
que  les  maris  étaient  émigrés.]  A.  L. 


CHRONIQUE 


Une  nouvelle  revue  d'érudition  vient  d'être  créée  à  Bordeaux,  à 
savoir  la  Revue  historique  de  Bordeaux  et  du  département  de  la 
Gironde.  Elle  doit  paraître  tous  les  deux  mois  à  partir  du  1er  jan- 
vier 1908.  Son  Conseil  d'administration  a  pour  président  M.  Er- 
nest Labadie,  membre  de  la  Société  des  archives  historiques  de  la 
Gironde;  parmi  les  autres  membres  de  ce  Conseil  et  du  Comité  de 
rédaction,  citons  MM.  les  Drs  Barraud  et  G.  Martin;  MM.  Cé- 
leste, bibliothécaire  de  la  ville  de  Bordeaux,  Benzacar,  professeur 
à  la  Faculté  de  droit,  Cirot  et  Courteault,  professeurs  à  la  Faculté 
des  lettres,  Brutails,  archiviste  départemental,  Ducaunnès-Duval, 
archiviste  municipal.  Nul  doute  que  la  Revue  de  Bordeaux  ne 
fournisse,  avec  de  pareils  éléments,  une  longue  et  glorieuse  car- 
rière. 

Nous  avons  le  vif  regret  d'apprendre  la  mort  de  notre  très  dis- 
tingué collaborateur  M.  Mazon,  le  savant  historien  du  Vivarais, 
décédé  à  Paris,  le  29  février  dernier,  à  l'âge  de  soixante-dix-neul 
ans.  Nous  espérons  lui  consacrer  prochainement  une  notice  nécro- 
logique. 


Chronique  des  Alpes-Maritimes  '. 

Le  périodique  Nice  historique,  dont  le  fondateur,  Sappia,  mou- 
rut en  octobre  1906,  a  compté  vingt  numéros  en  1905  et  dix-neuf 
en  1906.  Sappia  y  a  traduit  et  annoté  les  onze  premiers  chapitres 

1.  En  attendant  une  chronique  plus  développée,  nous  croyons  devoir 
insérer  d'ores  et  déjà  sous  cette  rubrique  le  présent  compte-rendu  du 
Périodique  dirigé  par  fou  Sappia.  (N.  D.  L.  R.) 


CHRONIQUE.  289 

du  Nicaea  civitas  que  Giofredo  imprima  à  Turin  eu  1658.  Il  a 
achevé  ses  études  sur  les  évêques  de  Nice  jusqu'au  xiie  siècle 
(chap.  30  à  38),  son  travail  «  Nice  à  ti-avers  les  âges  »  (chap.  29) 
et  ses  remarques  sur  les  archives  communales  de  Contes.  Il  a  com- 
mencé une  étude  sur  «  les  Barbets  de  nos  Alpes  »,  qui  firent  parler 
d'eux  par  leurs  brigandages  dès  septembre  1792.  Il  a  continué  sa 
«  Biographie  niçoise  »,  analysé  la  notice  de  M.  l'abbé  Dufaut  sur 
le  pèlerinage,  populaire  dans  cette  région,  de  N.  D.  de  Laghet, 
signalé  quelques  autograplies  (un  de  Guill.  du  Bellay  à  son  frère 
Jean,  deux  de  J.-D.  Gassini,  deux  de  Garibaldi,  un  de  son  fils 
Menotti),  étudié  l'acte  de  donatiori  du  couvent  des  Capucins  de 
Saint-Barthélémy,  près  de  Nice,  à  la  fabrique  île  cette  paroisse  en 
novembre  1812,  l'inventaire  de  l'évêché  de  Nice  en  1805  et  le  pre- 
mier livre  imprimé  à  Nice  (il  remonte  à  1620). 

Parmi  les  collaborateurs  de  cette  revue,  signalons  en  particulier 
jM.  Arène  (Le  couvent  de  Saint-Augustin  à  Nice;  Notes  sur  la 
paroisse  Saint-Martin  à  Nice);  —  M.  Aymard  (Fricero,  peintre 
niçois,  mort  en  1870)  ;  — ■  M.  Bknsa  (Jean  Miralheti,  fondateur  de 
l'Ecole  niçoise  de  peinture);  —  M.  Lieutaqd  (La  province  des 
Alpes-Maritimes  depuis  sa  création  (en  14  avant  J.-C)  ;  — 
M.  Martiny  (Nouveau  ms.  de  la  Némaïde,  du  poète  niçois  Ran- 
cher;  Les  fêtes  à  Nice  à  l'occasion  du  sacre  de  Napoléon  1er;  Rap- 
port inédit  sur  les  ossements  trouvés  en  1827  ilans  l'ancienne 
cathédrale  du  château  de  Nice  :  probablement  ceux  de  Béatrix  de 
Portugal,  mère  duduc  de  Savoie  Emmanuel-Philibert);^  M.  Morel 
(Andon  et  les  Adunicales;  VA.  Jos.  Garnier,  membre  de  l'Institut, 
qui  était  né  à  Beuil  en  1813,  et  son  oeuvre;  Les  écoles  à  Nice  en 
Tan  XI  ;  Lettre  inédite  de  Louis  XV  à  l'évêque  de  Rieux,  mai  1744, 
à  propos  de  la  prise  de  Nice  par  les  armées  franco-espagnoles)  ;  — 
M.  DE  Orestis  (Marie-Louise  de  Savoie  à  Nice  d'après  un  mémoire 
inédit;  L'horloge  du  lycée  de  Nice  en  1800);  —  M.  Perrin  (Les 
richesses  de  notre  bibliothèque  municipale)  ;  —  M.  l'abbé  Rance- 
BouRREY  (Lettres  de  J.-D.  Blanqui  ;  Notes  sur  la  chapelle  de  Sin- 
caïre  à  Nice  ;  Relation  inédite  du  sacre  de  Napoléon  1er  d'après  un 
ms.  conservé  à  Camporosso,  près  de  Bordighera  ;  Les  émigrés 
français  à  Nice  en  1792;  Documents  biographiques  sur  le  poète 
niçois  Ranchcr  et  son  .père;  Contributions  à  l'histoire  de  l'impri- 
merie à  Nice);  —  M.  Rolland  (Orthographe  rationnelle  du  dia- 
lecte niçard),  —  et  M.  Vieil  (Le  grand  théâtre  de  Nice). 

Nice  hislorique  a  inséré  en  outi'e  des  textes  d'un  dialecte  niçard  : 

ANNALES  DU   MIDI.    —    XX  19 


290  ANNALES   DU   MIDI. 

une  poésie  inédite  de  riiistorien  niçois  Toselli*,  un  poème  inédit  et 
et  trois  sonnets  inédits  de  Rancher.  G.  Doublet. 


Chronique  d'Auvergne. 

Cantal.  —  Depuis  quatre  ans,  les  fouilles  préhistoriques  se  suc- 
cèdent dans  le  Cantal.  Des  savants  de  tous  les  pays,  et  non  des 
moindres,  les  professeurs  Max  Verworn  et  Rallias  (de  Gottin- 
tingen),  Klaatsch  (de  Berlin),  Rutot  (de  Bruxelles),  de  Mortillet, 
Gapitan,  Boule  (de  Paris),  sont  venus  interroger  les  anciens  vol- 
cans du  Cantal,  qui,  pour  certains,  pourraient  bien  détenir  le 
secret  de  l'origine  de  l'homme.  Les  puys  «lourny  et  de  Boudieu, 
méthodiquement  explorés,  fournissent  des  documents  à  ceux  qui 
s'occupent  de  la  brûlante  question  des  éolithes. 

D'autres  recherches  et  parfois  le  simple  hasard  ont  fait  appa- 
raître de  nouveaux  vestiges  de  la  civilisation  gallo-romaine.  A 
Chastel-sur-Murat,  on  a  trouvé  des  verreries  et  des  terres  cuites;  à 
Anglars-de-Salers,  dans  les  tranchées  de  la  voie  ferrée  en  cons- 
truction de  Saint-Flour  à  Brioude  et  prés  d'Ydes,  diverses  mon- 
naies aux  effigies  d'empereurs  romains.  Les  découvertes  les  plus 
importantes  sont  celles  de  Chastel-Marlhac  (vases  et  coupes  de 
verre,  urnes  de  terre  décorées)  et  surtout  celles  d'Yolet,  près  d'Au- 
rillac.  Là,  des  fouilles  bien  conduites  par  M.  Pierre  Marty  ont  mis 
au  jour  les  restes  d'un  village  et  d'un  stade  gallo-romains,  ainsi 
que  d'intéressants  objets  en  verre  et  en  bronze. 

C'est  surtout  dans  le  domaine  de  l'histoire  que  s'est  manifestée 
l'activité  des  travailleurs  locaux.  Il  semble  même  que  cette  acti- 
vité soit  encouragée  par  les  sympathies  d'un  milieu  moins  réfrac- 
taire  qu'autrefois  aux  productions  intellectuelles.  Jusqu'ici  pres- 
que exclusivement  absorbé  par  le  commerce  et  l'agriculture,  le 
Cantalien  se  préoccupe  maintenant  de  connaître,  de  façon  aussi 
exacte  que  possible,  le  passé  de  son  pays.  C'est  ainsi  que  deux 
associations  d'émigrants  cantaliens  de  Paris,  les  Enfants  du  can- 
ton de  Montsalvy  et  ceux  du  canton  de  Maurs  m'ont  demandé 
pour  leurs  annuaires  des  notices  historiques.  Celle  du  canton  de 

L  Le  nouveau  uuiri  de  la  reine  Louise  de  Saxe  est  un  do  ses  descen- 
dants. 


CHRONIQUE.  291 

Montsalvy  a  fait  connaître  à  beaucoup  la  seule  tentative  de 
chouannerie  organisée  dans  le  Cantal  à  la  fin  de  la  Révolution.  La 
monographie  du  canton  de  Maurs,  qui  occupe  200  pages,  retrace 
presque  au  jour  le  jour  l'existence  de  communes  rurales  pendant 
l'époque  révolutionnaire.  Cet  exemple  paraît  devoir  être  suivi  par 
les  autres  Amicales  de  Paris. 

D'autre  part,  les  auteurs  comprennent  la  nécessité  de  situer 
dans  le  passé  le  sujet  dont  ils  s'occupent,  si  moderne  qu'il  soit. 
Des  Guides,  comme  le  Vic-sur-Cère  de  Jean  Ajalbert,  le  Sainl- 
Flour  et  ses  environs  de  L.  Bélard,  contiennent  des  renseigne- 
ments historiques  puisés  à  bonne  source.  De  même,  le  docteur 
Tournier  a  mis  à  contribution,  pour  sa  thèse  de  médecine  sur  les 
Eaux  minérales  de  Vie,  les  archives  encore  mal  connues  du  châ- 
teau de  Comblât. 

En  dehors  des  articles  insérés  dans  la  Revue  de  la  Haute- 
Auvergne,  dont  le  dépouillement  a  lieu  régulièrement  ici-même, 
de  nombreux  ouvrages  ont  paru  depuis  1904.  Certes,  tous  n'ont 
pas  la  même  valeur,  mais  la  grande  majorité  se  recommande  par 
un  souci  de  l'exactitude  des  plus  méritoires.  Les  auteurs  compren- 
nent l'utilité  de  la  méthode  historique.  Ils  entendent  ne  rien  avan- 
cer sans  documents  à  l'appui  et  ils  préfèrent  laisser  des  lacunes 
dans  leurs  ouvrages  plutôt  que  d'avoir  recours,  pour  les  combler, 
à  leur  seule  imagination.  Il  y  a  là  un  grand  progrés  réalisé  depuis 
quelques  années,  et  pour  le  mieux  apprécier,  on  n'a  qu'à  se  repor- 
ter à  certains  ouvrages  «  romantiques  »  parus  dans  le  Cantal  il  y 
a  un  demi-siècle. 

Les  plus  importants  de  ces  travaux  ont  d'ailleurs  reçu  des 
récompenses  méritées.  On  sait  que  M.  Ch.  Felgères  a  obtenu  pour 
son  Histoire  de  la  baronnie  de  Chaudesaigues  une  mention  au 
concours  des  Antiquités  {Annales,  t.  XVII,  p.  433),  et  l'excellente 
thèse  de  doctorat  sur  Le  Pâturage  communal  en  Haute-Auver- 
gne a  valu  à  son  auteur,  M.  (\.  Trapenard,  d'être  chargé  de  con- 
férences à  la  Faculté  de  droit  de  Paris. 

M.  l'abbé  Poulhès  a  fait  paraître  le  deuxième  volume  de  son 
Ancien  RauUiac.  Je  ne  puis  que  donner  à  ce  volume,  qui  traite 
de  l'organisation  civile,  les  mêmes  éloges  que  j'adressais  ici  au 
premier.  Il  y  a  là,  grâce  à  une  documentation  dont  les  minutes 
de  notaires  ont  fourni  presque  tous  les  éléments,  une  reconstitu- 
tion des  plus  intéressantes  de  la  vie  d'un  village  sous  l'ancien 
régime.  Cette  monographie,  telle  qu'il  serait  à  désirer  que  toutes 


292  ANNALES   DU    MIDI. 

les  communes  en  eussent  une,  sera  prochainement  complétée  par 
un  troisième  volume  sur  la  période  contemporaine. 

D'excellents  instruments  de  travail  ont  été  fournis  aux  travail- 
leurs et  accueillis  par  eux  avec  gratitude.  Ainsi,  une  liste  critique 
des  BailLia  des  montagnes  d'Auvergne,  qui  s'arrête  malheureu- 
sement au  xvie  siècle,  publiée  par  M.  Marcelin  Boudet.  Pour  être 
d'un  intérêt  moins  général,  les  listes  des  Archiprêlres  de  Mau- 
riac, par  M.  René  de  Ribier,  et  des  Prieurs  d'Y  trac,  par  M.  l'abbé 
Ghaludet,  n'en  rendront  pas  moins  de  grands  services,  grâce  à  la 
minutie  et  à  l'exactitude  des  identifications. 

M.  de  Dienne  a  retracé  la  vie  de  Deux  Carladéziens,  le  comte 
d'Anterroche,  le  héros  de  Fontenoy,  et  son  frère  l'évêque  de  Gon- 
dom.  Le  docteur  de  Ribier,  écrivain  infatigable,  a  publié  la  Chro- 
nique de  Mauriac  par  Montfort,  dont  le  principal  intérêt  est 
d'être  accompagnée  d'utiles  pièces  justificatives.  Du  même,  la 
publication  des  Recherches  générales  de  la  noblesse  d'Auvergne 
intéresse  la  Haute  comme  la  Basse-Auvergne.  M.  Roger  Grand, 
ancien  archiviste  du  Gantai,  a  décrit  les  Campagnes  de  Dugues- 
clin  en  Auvergne,  et  M.  Ferdinand  Garrigoux  a  pris  pour  sujet 
de  sa  thèse  de  doctorat  le  Droit  des  gens  niariés  dans  la  coutume 
d'Auvergne,  pour  laquelle  les  arcliives  du  Gantai  lui  ont  fourni  de 
nombreux  documents. 

Les  archives  départementales  se  sont  enrichies  par  la  réinté- 
gration des  archives  de  l'évêché  de  Saint-Flour  et  de  la  fabrique 
de  Ghaudesaigues.  Les  premières  n'ont  qu'un  intérêt  fort  restreint; 
les  secondes,  au  contraire,  constituent  un  fonds  important  qui 
remonte  jusqu'au  xine  siècle,  avec  l'obituaire  de  Ghaudesaigues. 

Depuis  ma  dernière  chronique,  dans  laquelle  je  .signalais  la 
mise  en  circulation  de  l'inventaire  de  la  série  E  (fonds  de  famille), 
un  autre  volume  a  paru.  11  comprend  l'inventaire  des  séries  G 
et  D.  La  série  G  se  compose  des  rôles  de  tailles,  de  dixième  et  de 
vingtième  des  paroisses  de  la  Haute-Auvergne,  et  des  dossiers  des 
assemblées  d'élections  de  Saint-Flour,  d'Aurillac  et  de  Mauriac.  Il 
n'y  faut  pas  chercher  l'histoire  administrative  de  la  province, 
celle-ci  se  trouvant  dans  la  série  correspondante  des  archives  de 
Puy-de-Dôme;  mais  pour  ce  qui  est  de  l'histoire  économique  de  la 
Haute-Auvergne  à  la  fin  de  l'ancien  régime,  la  série  G  des  archives 
du  Gantai  en  fournit  les  éléments  essentiels  et  inédits.  Quant  à  la 
série  D,  elle  comprend  les  fonds  des  collèges  de  Mauriac,  do  Saint- 
Flour  et  d'Aurillac.  Ges  deux  derniers  sont  très  pauvrement  repré- 


CHRONIQUE.  293 

sentes,  leurs  papiers  se  trouvant  dans  les  archives  municipales 
de  ces  deux  villes. 

L'inventaire  de  la  série  L  (administration  pendant  la  période 
révolutionnaire)  a  été  entrepris  il  y  a  un  an.  Il  est  en  cours  d'im- 
pression. 

Le  tome  I  de  l'inventaire  des  archives  d'Aurillac  antérieures  à 
1790  a  été  livré  aux  souscripteurs  en  1906.  Il  comprend  l'inven- 
taire des  séries  AA  (actes  constitutifs  de  la  commune),  BB  (admi- 
nistration communale)  et  ce  (comptabilité  communale).  Le  tome II 
et  dernier  paraîtra  dans  quelques  mois.  Il  sera  suivi  d'une  his- 
toire de  la  ville  d'Aurillac. 

Deux  ouvrages  en  patois  d'Aurillac  ont  paru  ces  derniers  temps. 
L'un,  MignouneUo,  est  un  recueil  de  poésies  de  M.  Emile  Bou- 
charel;  l'autre,  intitulé  Récils  carladéziens,  dû  à  !M.  de  La  Salle- 
Bocliemaure,  comprend  un  certain  nombre  de  nouvelles  en  prose, 
empruntées  pour  la  [)lupart  à  l'histoire  locale.  Ces  deux  recueils 
sont  intéressants,  parce  qu'ils  fixent  l'état  actuel  du  patois  d'Au- 
rillac. 

On  a  élevé  à  Boisset,  aux  vacances  dernières,  un  monument  à 
J.-B.  Bravât,  métlecin  des  environs  de  Maurs,  mort  il  y  a  trois 
quarts  de  siècle,  qui  a  laissé  des  poésies  pa toises  inédites.  La 
foiMue  en  est  pauvre;  mais  Brayat  ne  manquait  ni  d'esprit  naturel, 
ni  d'oljservation,  et  tel'de  ses  petits  poèmes,  comme  Lo  Noro  (La 
Belle-Fille),  se  laisseencore  liresansennui.  D'autre  part,  un  comité 
s'est  créé  pour  élever  à  .J.-B.  Veyre,  l'auteur  des  Piaoïilats  d'un 
reïpeiil,  un  monument  digne  du  véritable  poète  qu'il  fut. 

G.    ESQUER. 


Chronique  du  Rouergue. 

Depuis  notre  dernière  chronique,  l'histoire  du  Rouergue  s'est 
enrichie  de  })lusieurs  publications  dont  quelques-unes  sont  impor- 
tantes. 

Mentionnons  d'abord  deux  plaquettes  :  i»  les  Jeux  Floraucr  de 
Rodez  au  XVIII'  siècle,  par  M.  M.  Constans,  qui  donnent,  avec 
l'histoire  de  la  fondation  des  Jeux-Floraux  par  Jean  de  Tuilier, 
trésorier  général  de  France  en  la  généralité  de  Montauban  (testa- 
ment du  18  mars  167.5),  l'organisation  du  concours  annuel,  la  liste 


294  ANNALES  DU  MIDI. 

des  sujets  proposés  et  le  nom  des  lauréats  pendant  la  plus  grande 
partie  du  xviiie  siècle  ;  2o  la  réimpression  de  la  Notice  historique 
de  Bonnaterre  sur  le  Sauvage  de  VAveyron,  suivie  du  rapport 
d'Itard  (Garrèi'e,  éditeur,  in-12).  C'est  une  relation  historique  et 
scientifique  sur  cet  enfant,  célèbre  au  commencement  du  xixe  siè- 
cle, qui,  venu  des  bois  de  Lacaune.  fut  pris  sur  le  territoire  de 
Saint-Sernin  ;  on  y  rapporte  les  méthodes  d'éducation  que  tentè- 
rent de  lui  appliquer  sans  grand  succès  le  naturaliste  Bonnaterre 
et  Itard,  médecin  de  l'Institut  des  Sourds-muets  à  Paris.  Ce  pré- 
tendu sauvage  n'était  autre  qu'un  idiot  abandonné. 

La  Galerie  des  Préfets  de  l'Aveyron,  par  M.  F.  de  Barrau(Gar- 
rère,  éditeur,  in-12),  en  est  arrivée  au  cinquième  volume.  On  y  ti'ouve 
un  résumé  des  faits  intéressant  le  département  au  point  de  vue  poli- 
tique, administratif,  économique  et  agricole  à  l'occasion  du  rôle  ou 
des  actes  des  préfets  qui  se  sont  succédé  à  la  tète  du  département. 
En  arrivant  aux  événements  plus  récents,  la  galerie  perd  nm  peu 
de  son  intérêt,  soit  que  les  faits  nous  soient  plus  connus,  soit  que 
les  discours  de  cérémonies  officielles  y  tiennent  trop  de  place. 

Un  petit  ouvrage  sur  Conques,  son  histoire,  par  M,  l'abbé  Ser- 
viéres,  complète  les  publications  importantes  que  le  même  auteur 
avait  déjà  consacrées  à  l'antique  monastère  au  point  de  vue  ar- 
chéologique et  religieux.  C'est  le  dernier  travail  de  cet  écrivain 
érudit,  hagiographe  distingué,  qui  a  apporté  une  contribution 
importante  à  l'histoire  religieuse  du  Rouergue  et  que  la  mort  a 
ravi  à  la  science  en  1907. 

Voici  deux  ouvrages  très  considérables  et  depuis  longtemps  an- 
noncés et  attendus  :  les  Bénéfices  du  diocèse  de  Rodez  à  la  veille 
de  la  Révolution,  d'après  un  manuscrit  du  chanoine  Grimaldi,  pu- 
bliés par  M.  l'abbé  Touzery  en  un  gros  volume  in-S"  sur  deux 
colonnes;  2*^  VEtat  du  diocèse  en  1771,  sous  le  litre  de  Réponses 
au  questionnaire,  adressé  par  l'évèque  de  Cicé  au  clergé  du  Rouer- 
gue et  publié  aux  frais  du  département  par  les  soins  de  M.  Lem- 
pereur,  archiviste  départemental.  Ces  deux  ouvrages  mériteraient 
de  longues  analyses,  que  l'on  pourra  lire  dans  le  tome  XXI  des 
Procès-verbaux  de  la  Société  des  Lettres  de  l'Aveyron,  qui  paraî- 
tra dans  le  courant  du  mois  d'avril. 

Ce  sont  des  documents  qu'il  sera  nécessaire  de  consulter  quand 
on  voudra  faire  l'histoire  religieuse,  économique,  sociale,  démo- 
graphique, scolaire,  agricole,  commerciale  et  industrielle  à  la  fin 
de  l'ancien  régime.  L'impression  qui  se  dégage  du  dernier  est  celle 


CHRONIQUE.  295 

d'une  misère  elîVoyable,  conséquence  du   manque  d'industrie  et 
d'une  série  de  mauvaises  récoltes. 

A  [)aru  aussi  en  1007  le  tome  XVI  des  Mémoires  de  la  Société 
des  I^etti'es,  Sciences  et  Arts  de  l'Aveyron  ;  le  dépouillement  qui 
en  a  été  fait  dans  les  Annales,  t.  XIX,  p.  253  sqq.,  nous  dispense 
d'y  insister. 

On  ne  saurait  trop  louer  la  décision  qu'un  certain  nombre  de 
membres  de  cette  Société  ont  prise  en  1907  d'entre[)rendre  la  publi- 
cation d'  «  Archives  historiques  du  Rouergue  »,  destinées,  disaient- 
ils,  «  à  reproduire  les  textes  importants  relatifs  à  notre  histoire 
nationale  ».  Il  n'en  manque  pas  :  cartulaires  de  Silvanôs,  d'Aubrac, 
de  Bonnecombe  aux  Archives  de  l'Aveyron,  de  Vabres  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  registres  de  comptes,  délibérations  communales 
de  Bodez,  Millau,  Saint- Affriqiie,  mémoires  d'un  calviniste  au 
xvifi  siècle,  etc.  On  commencera  par  publier  le  cartulaire  de 
l'abbaye  de  Silvanès,  formé  de  documents  du  xiie  siècle  et  consti- 
tué dans  ce  siècle  même.  Les  pouvoirs  publics,  sollicités,  ne  se 
sont  pas  montrés  indifférents,  et  le  Conseil  général  de  l'Aveyron, 
dans  son  zèle  éclairé  pour  l'histoire  du  pays,  a  voté  en  faveur  dé 
cette  œuvre  une  première  subvention. 

Un  Gomiti',  s'est  formé  à  Millau  pour  l'exécution  d'un  monument 
en  l'honneur  du  poète  rouergat  Claude  Peyrot,  prieur  de  Pradinas, 
l'auteur  des  Géorgiques  patoises  et  le  précurseur  des  grands  féli- 
bres  du  xrxe  siècle.  Le  monument,  dû  au  ciseau  du  sculpteur 
millavois  Malet,  sera  .élevé  dans  le  jardin  public  de  Millau  en 
septendu'e  1009  pour  célébrer  le  l)i-centenaire  de  la  naissance  de 
Claude  Peyrot. 

Sur  l'iintiative  de  M.  Léopold  Conslans,  professeur  à  la  Faculté 
des  lettres  d'Aix,  président  du  Comité,  a  été  créée  à  cette  occasion 
l'Association  félibréenne  Claude  Peyrot,  pour  favoriser  le  déve- 
loppement de  l'esprit  provincial  et  le  maintien  <le  l'idiome  local 
en  Rouergue.  Cette  Association  aura  pour  organe  VOrmonac  Rouer- 
gas,  contenant  des  poésies,  contes,  proverbes  et  récréations  diverses 
en  patois. 

Le  prix  Cabrol,  destiné,  suivant  la  volonté  du  fondateur,  à  ré- 
compenser les  écrivains  ou  artistes  avej'ronnais  ou  à  favoriser  les 
études  des  écrivains  ou  artistes  peu  fortunés,  a  été  attribué  pour 
la  première  fois  par  laSociété  des  Lettres  de  l'Aveyron  à  M.  Bessou, 
l'auteur  si  estimé  du  poème  d'Al  brès  à  la  loumbo  et  des  Contes  à 
la  lata  Mannou.  Le  prix  était  cette  année  de  1,000  francs. 

Marius  Constans. 


LIVRES  ANNONCÉS  SOMMAIREMENT 


Barbot  (J.).  Les  Chroniques  de  la  Faculté  de  médecine  de 
louloiise  du  XlIIe  au  XA'e  siècle.  (Thèse.)  Toulouse,  Trin- 
chant,  1905;  2  vol.  in-S"  de  vii-506  et  324  pages,  avec  gravures, 
planches  et  plans.  —  Cette  thèse  est  une  œuvre  considérable.  Le 
premier  volume  se  rapporte  à  l'ancien  régime,  de  1220  à  1793;  le 
second  embrasse  tout  le  xix^  siècle  et  s'étend  jusqu'à  nos  jours. 
L'un  est  une  histoire  complète  de  la  médecine  toulousaine  avant 
la  Révolution,  tandis  que,  dans  l'autre,  le  sujet  se  restreint  à 
l'histoire  de  la  Faculté  elle-même  et  de  son  enseignement.  L'au- 
teur, qui  joint  une  très  grande  probité  scientifique  à  beaucoup  de 
sens  historique,  a  bâti  son  ouvrage  sur  l'étude  approfondie  de  ce 
qui  avait  été  publié  sur  la  question  et  de  tous  les  documents  iné- 
dits qu'il  a  pu  trouver.  Archives  nationales,  archives  de  la  Haute- 
Garonne,  de  la  ville  de  Toulouse,  des  Facultés,  des  hôpitaux, 
archives  particulières  même  ont  été  mises  lai'gement  à  contribu- 
tion. Le  résultat  d'un  travail  aussi  consciencieux  restera  long- 
temps le  plus  adéquat  à  la  vérité  historique  en  la  matière;  ce  sera 
toujours  un  livre  fondamental  à  consulter. 

Après  un  premier  chapitre  consacré  à  l'Université  de  Toulouse 
aux  xiiie,  xive  et  xV-  siècles,  M.  B.  fait  l'histoire  de  la  Faculté  de 
médecine  elle-même  jusqu'à  la  Révolution.  Il  la  montre  se  déga- 
geant peu  à  peu  de  la  Faculté  des  arts,  où  de  précédents  auteurs 
n'ont  pas  su  la  voir,  placée  ainsi  à  l'origine  de  l'Université  elle- 
même  ;  mais  il  ne  parvient  i)as  à  combler  entièrement  une  lacune 
dans  son  existence  Itistorique,  lacune  (jui  va  de  1242  à  1300.  En 
1604,  une  chaire  de  chirurgie  et  pharmacie  créée  par  le  roi,  mal 
accueillie  par  la  Faculté,  finit  par  être  supprimée;   mais  elle  fut 


LIVRES   ANNONCES   SOMMAIREMENT.  297 

rétablie  quelque  temps  après.  Enfin,  une  ciiaire  d'anatoniie  et 
chirurgie  fut  fondée  en  1705. 

L'auteur  nous  fait  connaître  aussi  les  programmes,  la  liste  des 
professeurs,  dont  la  biographie,  malgré  ses  recherches,  reste  le 
plus  souvent  bien  pauvre,  les  ressources  de  la  Faculté,  la  chrono- 
logie des  principaux  faits  qui  l'intéressent,  l'histoire  des  bâti- 
ments, des  documents  sur  la  vie  des  étudiants,  etc.  Une  partie  de 
son  ouvrage  est  consacrée  aux  chirurgiens,  une  autre  aux  apothi- 
caires, accoucheurs,  sages-femmes,  une  cinquième  enfin  à  l'Hôtel- 
Dieu  et  à  l'hospice  de  la  Grave.  On  voit  chirurgiens  et  apothicaires 
se  détacher  progi'essivement  des  métiers  purement  mécaniques 
pour  se  hausser  au  niveau  des  professions  libérales,  sans  que  leur 
profession  se  fondît  jamais  cependant  avec  la  profession  médicale. 
Ces  trois  corporations  sont  à  chaque  instant  en  querelle.  Une 
école  de  chirurgie,  fondée  en  17G1,  constitue,  pour  ainsi  dire,  une 
seconde  Faculté  ;  c'est  seulement  la  Révolution  qui  rapprochera 
définitivement  tous  les  membres  de  la  famille  médicale  en  abolis- 
sant les  corporations. 

Le  second  volume,  de  llSd  à  nos  jours,  était  plus  facile  à  com- 
poser. Les  documents  étaient  plus  abondants  et  plus  aisés  à 
atteindre.  C'est  l'histoire  du  long  effort  soutenu  par  la  science  et  par 
la  municipalité  toulousaines  pour  faire  revivre  la  Faculté  de  mé- 
decine. L'enseignement  médical  d'initiative  privée,  celui  qu'orga- 
nisa Paganel  pendant  la  Révolution,  celui  qui  fut  créé  par  la 
Société  de  médecine,  l'Ecole  impériale  de  médecine  et  de  chirurgie 
(18U6),  l'Ecole  secondaire  de  médecine  et  de  pharmacie  (1820), 
l'Ecole  pi'éparatoire  de  médecine  et  de  pharmacie  (1840-1855),  l'Ecole 
de  plein  exercice  (1887)  représentent  les  étapes  de  sa  reconstitu- 
tion, obtenue  finalement  en  1894.  Programmes^  personnel,  statis- 
tique des  étudiants  complètent  cet  historique.  Des  index  onomas- 
tiques  rendent  commode  le  maniement  de  l'ouvrage,  illustré  de 
plans  et  de  portraits  des  professeurs.  M.  Décans. 


Congrès  des  Sociétés  savantes  de  Provence,  Marseille,  31  juil- 
let-2  aoùl  1906.  Comptes  rendus  et  Mémoires.  Aix-en-Provence, 
Dragon  ;  Marseille,  Ruât,  1907  ;  in-8'i  de  908  pages.  —  11  est  inutile 
d'entretenir  nos  lecteurs  de  ce  Congrès,  dont  notre  collaborateur 
M.  Clerc  a  déjà  montré  ici-môme  (voir  plus  haut,  p.  145),  dans  sa 
chronique  de  Provence,  la  portée  et  la  valeur.  Nous  nous  borne- 


298  ANNALES    DU    MIDI. 

rons  à  dépouiller  rapidement  le  présent  volume,  fort  riche  en  tra- 
vaux dignes  d'intérêt. 

P.  47-56.  G.  JuLLiAN.  Les  transformations  des  sociétés  barbares 
de  la  Provence  et  le  commerce  de  Marseille  grecque.  [Rapide  et 
clair  exposé  :  la  vigueur  et  la  richesse  de  Marseille  grecque  ont 
été  contemporaines  de  l'existence  autonome  de  la  peuplade  salyenne, 
c'est-à-dire  qu'elles  correspondent  à  l'époque  où  il  y  eut  une  Pro- 
vence gauloise  bien  constituée  (400-150  av.  J.-G.).]  —  P.  151-8. 
Ch.  (~^OTTE.  La  Provence  avant  l'histoire.  —  P.  159-70.  P.  Goby. 
Présentation  de  diverses  photographies  :  du  dolmen  de  Colle- 
Basse,  à  Saint-Gézaire  (Alpes-Marilimes)  ;  du  sarcophage  des  Va- 
lentins  de  Valdereure  ;  du  tombeau  du  Puits-du-Plan,  à  Saint- 
Gézaire.  [Avec  inscription,  planches.]  Monnaies  romaines  trouvées 
à  Saint-Gézaire.  Monnaies  massaliotes  provenant  de  l'arrondisse- 
ment de  Grasse.  —  P.  171-85.  G.  de  Manteyek.  Note  sur  STO(xaAtprj 
[Identifie  ce  nom,  qui  se  trouve  dans  Strabon,  avec  l'étang  de 
l'Estoumaou,  près  Fos.  Gatalogue  de  monnaies  romaines  trouvées 
sur  la  plage  de  Fos  :  110  pièces,  de  l'an  194  à  l'an  28  av.  J.-G.].  — 
P.  187-206.  Dk  Gérin-Ricahd.  Autels-cippes  chrétiens  de  Pro- 
vence. [Il  s'agit  uniquement  d'autels  procédant  du  cippe  antique, 
païens  d'origine,  mais  auxquels  le  christianisme  est  venu  ajouter 
ses  symboles  propres.  Essai  d'inventaire.  Planche.]  —  P.  207-15. 
De  Ville-d'Avray.  Passages  de  Gésar  et  d'Antoine  chez  les  Oxy- 
biens.  [Peuplade  habitant  entre  Antibes  et  le  cap  Roux.]  — 
P.  217-53.  Abbé  Ghailan.  Les  livres  liturgiques  d'Arles  au 
xvie  siècle.  [Le  premier  est  un  bréviaire,  de  1501;  puis  viennent 
un  office  de  la  sainte  Vierge  de  1521,  un  missel  de  1530,  un  bré- 
viaire de  1549,  des  diurnaux  et  matines  de  1554  (?).  I^e  concile  de 
Trente  a  fait  ensuite  adopter,  à  Arles  comme  ailleurs,  le  bréviaire 
romain.  Description  ;  planches.]  —  P.  255-75.  E.  HoucHAR'r.  Le 
vieux  château  de  Grimaldi  à  Piiyricard.  [Bouches-du-Rhône.  Gri- 
maldi,  archevêque.  d'Aix,  1655,  est  devenu  à  cette  date  seul  sei- 
gneur de  ce  château,  dont  ses  prédécesseurs  étaient  coseigneurs. 
Il  le  rebâtit  en  grande  partie,  si  vaste  que  l'on  ne  put  l'entre- 
tenir et  qu'il  dut  être  démoli  en  1711.]  —  P.  277-86.  Abbé 
Requin.  Guriosités  notariales.  [Documents  renfermant  des  dé- 
tails piquants  sur  les  mœurs  et  coutumes.  Ces  détails  sont 
très  variés.  A  noter  des  ventes  d'esclaves,  d'ailleurs  non  chré- 
tiens, la  dernière  de  1777.]  —  P.  287-95.  J.  Roman.  Les  sceaux 
de  la  famille   de   Savoie-Tende.    [A   partir  de   1508.   Glande    de 


LIVRES   ANNONCÉS   SOMMAIREMENT.  299 

Savoie-Tende  fut  grand  sénéchal  de  Provence  et  gouverneur  de 
ce  pays.  Il  fit  disparaître  de  son  sceau  une  barre  de  bâtardise, 
que  portait  celui  de  son  père  :  gênant  témoignage  de  l'origine  illé- 
gitime de  la  maison.] —  P.  297-311.  M.  Bertrand.  Prise  des  îles 
de  Lérins  par  les  Espagnols.  [En  sept.  1635.  D'après  des  documents 
inédits,  dont  le  procès-verbal  de  l'assemblée  générale  des  commu- 
nautés de  Provence.  Les  lies  ne  furent  reconquises  qu'en  mai  1637. J 

—  P.  313-59.  L.  Gap.  Oppède  au  moyen  âge  et. ses  institutions. 
[Analyse. des  actes  par  ordre  chronologique,  depuis  l'an  1044;  ils 
deviennent  particulièrement  intéressants  pendant  le  Grand  schisme 
et  au  xye  siècle,  quand  la  ville  tombe  entre  les  mains  des  routiers, 
Bernard  de  la  Salle,  Rodrigue  de  Luna.  L'exposé  des  institutions 
est  clair,  consciencieux,  mais  superficiel.  Les  points  de  comparaison 
manquent  à  l'auteur.]  —  P.  361-77.  J.-E.  Malausséne.  L'adminis- 
tration d'une  commune  de  t^rovence  sous  l'ancien  régime.  Saint- 
Jeannet  (Alpes-Maritimes).  [De  1631  à  1789.  Etude  des  institutions 
d'après  les  documents.]  —  P.  379-87.  E.  Poupé.  L'administration 
communale  sous  l'ancien  régime  à  Rians  (Var).  [Règles  concernant 
l'élection  des  consuls  et  des  conseillers.]  —  P.  389-96.  G.  Arnaud. 
Un  ouvrage  anonyme  de  Durand  de  Maillane.  [^Epilre  ou  tableau 
mis  en  rimes  des  causes  el  effets  de  la  Révolution  dans  ses  rap- 
ports avec  r Assemblée  constituante.  .jU  pages  en  vers  de  huit  syl- 
labes. L'introduction  et  les  notes  ne  sontpassans  intérêt:  jugements 
sur  la  trahison  de  IMirabeau,  sur  V  «  influence  pernicieuse  »  de 
Montesquieu.]  —  P.  397-411.  H.  Barré.  La  municipalité  cantonale 
de  Cassis  sous  la  Constitution  de  l'an  III.  [Précisions  très  intéres- 
santes sur  le  budget  cantonal,  les  impôts,  l'origine  de  la  conscrip- 
tion, etc.  «  Les  conscrits  restent  sourds  à  la  voix  de  la  patrie  «.] 

—  P.  413-28.  P. -H.  Bigot.  La  Grande  peur  et  l'organisation  de  la 
garde  nationale  à  ]Manosque  en  1789.  [A  partir  du  31  juillet.  Texte 
du  règlement  fait  le  19  août  sur  la  formation  d'une  troupe  bour- 
geoise. Institution  d'un  conseil  amovible,  mais  permanent.  Ces 
deux  organismes  révolutionnaires  issus  de  la  Grande  peur  vont 
jouer  leur  rôle  au  cours  des  événements  qui  se  préparent.]  — 
P.  429-3'i.  L.-C.  Dauphin.  Le  club  révolutionnaire  de  Garces  (Var). 

—  P.  43.5-49.  E.  DuPRAT.  La  Grande  peur  et  la  création  de  la  garde 
nationale  à  Chàteaurenard-de-Provence,  30  juillet  1789.  [Cf.  plus 
bas,  p.  302.]  —  P.  451-66.  Destandau.  Une  page  d'histoire  des 
Baux  en  1790.  [Rapport  des  députés  à  l'Assemblée  nationale, 
réponse  du  maire.]  —  P.  467-98.  E.   Fassin.  Quelques  pages  de 


300  ANNALES    DU    MIDI. 

l'histoire  de  la  marine  arlésienne.  [Durant  la  Révolution,  Arles  fut 
l'entrepôt  des'  approvisionnements  nécessaires  aux  armées  du 
Midi;  sa  flotte  comptait  une  centaine  de  bâtiments,  d'ailleurs  de 
faible  tonnage,  166  tonneaux  au  plus.  Gains  réalisés  par  quelques- 
uns  de  ces  navires,  d'après  des  comptes  manuscrits.  Journal  du 
capitaine  Pierre  Giot,  royaliste,  qui,  de  mars  1792  à  janvier  1795, 
errant  par  mer  et  par  canaux  de  Marseille  à  Toulouse,  passa  beau- 
coup de  mauvais  quarts  d'heure,  et  n'eut  guère  plus  de  chance 
après;  son  manuscrit  se  termine  en  juin  1802.]  —  P.  499-525. 
V.  Teissére.  La  Société  populaire  de  Trets  (Bouches-du-Rhône). 
[D'après  son  registre  de  Délibérations,  du  12  juin  1791  au  2  ger" 
minai  an  III.  Rien  de  particulier.]  —  P.  527-46.  Dr  Alezais.  Le 
blocus  de  Marseille  pendant  la  peste  de  1722.  [Après  la  terrible 
expérience  de  1720,  on  a  recours,  contre  la  nouvelle  épidémie,  au 
blocus  du  territoire  de  Marseille  par  un  cordon  de  troupes,  et  le 
moyen  réussit.  Détails  sur  l'organisation  du  blocus.]  —  P.  547-52. 
De  Bresg.  Notes  historiques  sur  Fontaine-l'Evêque  ou  Sorps. 
[Belle  source  où  Louis  Doni  d'Attichy,  évèque  de  Riez,  fit  construire, 
Vers  1635-36,  une  maison  de  plaisance.]  —  P.  553-60.  Gh.  Latune. 
Une  intervention  royale  dans  une  affaire  de  famille  sous  le  règne 
de  Louis  XV.  [La  jeune  Belin,  bourgeoise  de  Marseille,  ayant 
épousé  un  gentilhomme  portugais,  s'aperçoit  trop  tard  qu'il  est 
ruiné  et  veut  vivre  de  sa  dot.  Dès  lors,  elle  le  poursuit  à  l'aide  de 
lettres  de  cachet.  Le  ministre  Choiseul,  M.  de  Saint-Florentin  se 
mêlent  à  cette  affaire.]  — P.  561-82.  .1.  Maurel.  La  peste  à  Allauch 
en  1720.  [La  famine  faillit  s'ensuivre.  Du  20  août  1720  au  1er  juin 
1721,  sur  5,000  habitants,  il  y  eut  1,200  malades,  dont  900  morts; 
mais  la  maladie  se  prolongea  jusqu'au  4  janvier  1722  :  total,  1023 
morts.]  —  P.  583-99.  L.  Aubërt  et  J.  Bourrilly.  Objets  et  rites 
talismaniques  en  Provence,  d'après  les  collections  du  Museon 
Arlalen.  [Deux  catégories  :  1"  restes  avérés  des  religions  antiques  ; 
2"  objets  de  conjuration.  Catalogue  dressé  d'après  cette  division.] 

—  P.  GOl-8.  J.  Bourrilly.  Le  costume  d'Arles.  —  P.  609-21.  Abbé 
ARNAUD-D'iiGNEL.  Notes  sur  la  verrerie  en  Provence.  [Commence 
à  Goult,  avec  Ferri,  sous  le  roi  René.  Les  verreries,  ensuite  multi  • 
pliéos  à  la  lisière  des  forêts,  consommant  beaucoup  de  bois  en  un 
pays  où  il  est  rare,  eurent  à  lutter  contre  la  malveillance  des  ma- 
gistrats locaux  et  contre  les  craintes   de  l'administration  royale.] 

—  P.  623-8.  G.  DouRLET.  Note  sur  les  objets  d'art  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Vence.  —  P.  629-34.  Giiillibkrt  Les  médailles  frappées  en 


LIVRES    ANNONCES    SOMMAIREMENT.  Î^Ol 

l'honneur  de  Suffren.  [Cinq,  dont  trois  de  son  vivant,  en  1784. 
Description.  Planclie.]  —  P.  635  42.  F.  Julien.  Le  théâtre  à  Aix 
depuis  son  origine  jusqu'à  la  Révolution.  —  P.  643-62.  P.  Moulin. 
Le  tliéàtre  à  Marseille  })ondant  la  Piévolulion.  [Le  gouvernement 
essaie  de  s'en  servir  en  faveur  de'  ses  desseins  politiques,  et  par 
conséquent  il  le  persécute  et  l'amoindrit.]  —  P.  663-8.  M.  PiAim- 
BAULT.  Un  rétable  disparu  de  Féglise  de  Saint-Maximin.  [Deux 
actes,  bail  à  besogne  et  quittance,  du  10  mars  1529,  relatifs  à  ce 
rétable.]  --  P.  669-71.  E.  Aude.  Etymologie  provençale  :  Mar^ 
Sarneio.  [De  Cyrnos  =  Corse,  mer  de  la  Corse?]  —  P.  673-93. 
F.-N.  NicOLLEr.  Etymologie  et  origine  de  roca,  rocha,  roche.  [Cf. 
plus  bas,  p.  309,  un  compte  rendu  sommaire.] —  P.  695-745. 
F.  Vidal.  Le  ténor  Richelme,  d'Aix,  1804-1845.  [Ténor  chéri  des 
Marseillais,  à  qui  l'on  doit  l'initiative  de  la  création  du  Conser- 
vatoire d'Aix.]  —  P.  747-65.  L.  Boukrii.ly.  La  condition  des  maîtres 
d'école  dans  la  région  de  Toulon  sous  l'ancien  régime.  [Recherches 
précises,  surtout  aux  archives  de  Toulon;  mais  il  était  inutile  de 
remonter  jusqu'à  Charlemagne.  Dans  la  seconde  moitié  du  xviiie 
siècle,  les  esprits  se  montraient  de  plus  en  plus  favorables  à  l'ins- 
truction, peu  d'accord  en  cela  avec  les  pouvoirs  publics,  comme 
en  témoigne  une  lettre  curieuse  de  l'intendant  de  Provence,  de  1782 
(p.  765).]  —  P.  767-92.  R.  Caillemer.  Les  débuts  de  la  science  du 
droit  en  Provence  :  Johannes  Blancus  massiliensis.  [La  réno- 
vation de  la  science  juridique,  dont  l'Italie  est  le  berceau,  a  gagné 
dès  la  seconde  moitié  du  xiie  siècle  le  midi  de  la  France.  Le  (  lodi, 
composé  sans  doute  à  Arles,  en  est  une  preuve.  Au  xiiie  siècle, 
plaide  et  écrit  Jean  Blanqui,  Marseillais  :  il  avait  étudié  àModène 
vers  1234;  il  prit  part  à  la  vie  municipale  de  Marseille  de.  1240  à 
1262.  Il  a  composé  un  ouvrage  important  sur  les  fiefs,  un  autre 
sur  les  exécuteurs  testamentaires,  celui-ci  perdu,  mais  largement 
utilisé  par  Guill.  Durand,  grâce  auquel  nous  le  connaissons  en 
détail.]  —  P.  793-817.  Abbé  G.  Reynaud  de  liYQUES.  L'enseigne- 
ment primaire  en  Provence  avant  1789.  Une  école  de  village.  La 
Verdiére  (Var).  [Depuis  1553.  Bonne  et  précise  étude,  suivie  d'un 
contrat  de  régence  de  1772  et  de  notes  sur  les  écoles  de  Barjols  au 
xvie  siècle.]  —  P.  819-40.  A.  Crémieux.  La  taxe  du  pain  à  Mar- 
seille à  la  fin  du  xuie  siècle.  [D'après  une  délibération  du  3  avril 
1270,  prise  par  le  Conseil  général  de  la  ville.  Etude  serrée  d'où  il 
résulte  que  le  prix  du  pain  était  alors  plus  élevé  et  surtout  plus 
variable  qu'aujourd'hui.]  —  P.  895-901.  G.  Valran.  La  crise  de  la 


302  ANNALES  DU    MIDI. 

cordonnerie  à  Marseille  vers  1789.  [La  cherté  delà  vie  fait  hausser 
le  prix  des  cuirs  et  les  exigences  des  garçons  cordonniers,  partant 
le  prix  de  la  chaussure  :  de  là,  baisse  de  l'exportation.  Les  maîtres 
veulent  y  remédier  par  l'institution  d'un  bureau  de  placement  des 
garçons,  où  tous  devront  se  faire  inscrire,  avec  fixation  d'un 
maximum  de  salaire  :  ce  qui  leur  est  accordé  par  arrêt  du  Parle- 
ment d'Aix,  du  5  avril  1781.] —  P.  907-16.  H.  Dauphin.  Simples 
notes  sur  un  vieux  plan  de  la  ville  d'Arles  datant  de  1747.  [Des- 
siné par  Pierre-César  de  Meyran.  Commentaire.]  —  P.  925-34. 
A.  Reynier.  La  botanique  à  Aix-en-Provence  depuis  la  seconde 
moitié  du  xvie  siècle.  —  P.  935-49.  F.  Sauvk.  Une  vieille  cité  pro- 
vençale. Les  rues  et  les  quartiers  d'Apt.  Essai  de  restitution  topo- 
graphique et  toponymique.  [Au  moyen  âge.  Le  tracé  des  voies  ne 
suit  pas  alors  celui  des  voies  gallo-romaines.  Seule,  la  rue  du  Che- 
min est  assez  large  pour  permettre  aux  mulets  bâtés  de  traverser 
la  ville,  et  toutes  sont  des  cloaques.  Quatre  hréous  ou  quartiers 
division  qui  s'effacera  au  cours  du  xive  siècle.] 

Regrettons  en  terminant  de  ne  pas  trouver  à  la  fin  du  volume 
une  table  de  ces  ai'ticles,  et  aussi  de  ne  pas  y  voir  figurer  de  plus 
nombreux  documents.  Paul  Dognon. 

DuGOURTiEUX  (P.).  La  colleclio7i  d'archéologie  régionale  au 
musée  national  Adrien  Bubouché  de  Limoges,  avec  dessins  de 
MM.  J.  Tixier,  J.  de  Verneilh  et  A.  Girardin.  Limoges,  Ducour- 
tieux,  1907;  grand  in-8o  de  25  pages  (Extrait  de  la  Revue  scienti- 
fique du  Limousin).  —  Ce  n'est  point  un  catalogue  systématique, 
mais  plutôt  un  historique  de  la  formation  de  cette  collection  et  un 
guide  commode  à  travers  les  tombeaux,  statues,  chapiteaux  et 
autres  monuments  de  pierre  qu'elle  renferme.  Des  objets  de  bois 
ou  de  fer  et  de  la  collection  monétaire,  il  n'est  pas  question.  Le 
lion  représenté  page  17  n'est  pas  celui  de  Saint-Michel-des-Lions, 
comme  il  est  dit.  Le  tombeau  du  Bon-mariage  représenté  page  22 
n'est  pas  celui  de  la  chapelle  des  Feuillants,  comme  il  est  indiqué. 
Les  corbeaux  de  la  maison  Beauvieux,  page  20,  la  fenêtre  gothique 
reproduite  page  21,  ne  font  pas  partie  du  musée  et  auraient  dû  par 
conséquent  être  laissés  de  côté.  A.  Leroux. 

DuPRAT  (E.).  La  Grande  peur  et  la  création  de  la  garde  natio- 
nale à  Chdteaurenard  de  Provence  (30  juillet  1789).  Valence, 
imprimerie  Valentinoisc;  in-S"  de  19  pages  (Congrès  des  Soc.  sa- 


LIVRES    ANNONCÉS    SOMMAIREMENT.  303 

vantes  de  Provence,  Marseille,  août  1906.)  — Dans  cette  courte  mais 
substantielle  brocluire,  M.  D.  montre  que  la  «  Grande  peur  »  se 
produisit  à  Chàteaurenard  à  la  fin  de  juillet  1789.  L'émotion  des 
habitants  ne  fut  pas  purement  imaj^inaire  ;  il  y  avait,  en  effet, 
dans  le  pays  de  nombreux  vagabonds  et  niiséreux  qui  commet- 
taient de  fréquents  attentats  contre  les  propriétés.. Pour  se  défen- 
dre, la  communauté  créa  une  milice  qui  n'était  à  vrai  ilire  qu'une 
police  municipale.  Dans  beaucoup  de  communautés  de  Provence, 
au  contraire,  les  milices  ne  furent  créées  que  sur  l'invitation  des 
députés  de  Provence  aux  Etats  généraux.  La  ^  Grande  peur  »  ne 
les  fit  pas  naître;  elle  liàta  seulement  leur  établissement. 

F.  Dumas. 

Fage  (R.).  Le  clocher  limousin  à  l'époque  romatie.  Caen, 
Delesques,  1908:  in-8o  de  26  pages  et  5  pi.  (Extr.  du  Bulletin  mo- 
numental, 1907).  —  Le  clocher  limousin  est  défini  :«  une  tour,  de 
plan  carré,  s'élevant  d'un  ou  deux  étages  sur  une  coupole,  adop- 
tant au  s'cond  ou  au  troisième  étage  le  plan  octogonal,  amortie 
après  un  ou  deux  étages  octogonaux  par  une  petite  flèche  en 
pierre  à  huit  plans  ».  Les  étages  sotit  en  retraite;  la  transition 
entre  le  carré  et  l'octogone  est  ménagée  par  un  gable  massif  très 
aigu.  Les  types  les  plus  caractérisés  de  ce  clocher  sont  ceux  de 
Collonge^  et  Uzerche  (Gorrèze),  Saint-.Iunien  et  Saint-Léonard 
(Haute-Vienne).  Ceux  de  Brantôme  (Dordogne)  et. du  Puy  (Haute- 
Loire)  s'en  rapprochent  beaucoup.  Ceux  de  Saint-Martial  de 
Limoges  et  de  Ghambon-Saint-Valérie  (Greuse)  étaient,  très  pro- 
bablement aussi,  construits  suivant  la  même  donnée.  Quel  est 
le  prototype?  Ou  a  admis  longtemps  que  c'était  le  clocher  de 
Brantôme.  M.  Fage  considère  à  bon  droit  comme  plus  vraisembla- 
ble que  c'est  Saint-Martial  de  Limoges,  bâti  en  1050.  Le  Limousin 
aurait  donc  bien  été  le  foyer  premier  du  clocher  à  gables. 

A.  Leroux. 

Faure  (Cl.).  Trois  chartes  de  franchises  du  Dauphiné.  Réau- 
mont  (1311),  Beaucroissant  (1312),  Rives  (1340).  (Extrait  de  la 
Nouv.  Rev.  hislor.  de  droit  français  et  étranger,  t.  XXXI,  1907, 
p.  392-416  )  —  On  sait  l'importance  que  présentent,  pour  la  con- 
naissance des  institutions  et  du  droit  médiéval,  les  chartes  de  fran- 
chises et  de  libertés  concédées  par  les  seigneurs  aux  communautés 
d'habitants  :  chartes  encore  rares  au  xrifi  siècle,  très  nombreuses 


304  ANNALES   DU   MIDI. 

au  xiiie  siècle  et  au  xive.  Beaucoup  sont  inédites;  un  assez  grand 
nombre  ont  été  publiées  dans  des  recueils  divers,  revues  ou  mo- 
nographies locales,  qu'il  est  souvent  difficile  de  se  procurer  ou  de 
consulter.  Une  telle  méthode  de  publication  est  évidemment  fâ- 
cheuse; et  il  faudra  bien,  lorsque  l'on^voudra  étudier' méthodique- 
ment ces  actes,  en  revenir  à  l'idée  qui  avait  trouvé,  dans  la  per- 
sonne de  notre  cher  et  regretté  maître  M.  Brissaud,  un  défenseur 
si  convaincu  :  l'idée  d'un  corpîis  où  figureraient,  classées  géogra- 
phiquement,  toutes  les  coutumes  municipales  que  l'on  aurait  pu 
retrouver.  Un  tel  ouvrage  ne  pourrait  être  l'œuvre  d'un  seul;  il 
devrait  être  exécuté,  morceau  par  morceau  (département  par  dépar- 
tement, ou  bien  évêché  par  évèché),  par  les  sociétés  savantes  loca- 
les, ou  par  des  travailleurs  limitant  leurs  i*echerches  à  un  cadre 
géographique  déterminé.  Le  jour  où  un  tel  travail  sera  entrepris, 
il  y  aura  presque  tout  à  faire  pour  certains  pays,  comme  la  Pro- 
vence. Au  contraire,  en  Dauphiné,  le  travail  préparatoire  est  fort 
avanc(',  et  l'on  a  déjà  étudié  et  publié  un  grand  nombre  de  textes 
de  coutumes.  M.  Cl.  Faure,  en  tète  de  son  article,  en  signale  une 
trentaine  pour  l'ancien  État  delphinal,  en  laissant  de  côté  le  Va- 
lentinois  et  le  Diois.  Encore  sa  liste  est-elle  incomplète.  Il  y  faut 
ajouter,  par  exemple,  les  chartes  concédées  aux  habitants  de  Bar- 
donnèche,  de  Baulard  et  de  Rochemolle,  publiées  par  M.  Fauché- 
Prunelle  dans  son  travail  sur  les  institutions  des  Alpes  briançon- 
naises;  la  charte  embrunaise  de  1253,  publiée  en  1888  dans  le  Bull, 
histor.  et  philolog.  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scienti- 
fiques; la  charte  de  Ga[)  de  1378  et  la  charte  de  Savines  de  1316, 
publiées  tout  récemment  par  M.  Pécout  dans  sa  thèse  sur  Le  droit 
privé  des  hautes  vallées  alpines;  la  charte  de  Saint- Vallier  de 
1204,  publiée  dans  la  Petite  revue  des  bibliophiles  dauphinois; 
la  charte  de  consulat  de  Guillestre  et  de  Risoul,  éditée  en  1880 
dans  la  Nouv.  Rev.  Hist.  de  Droit. 

M.  F.  a  voulu  accroître  le  nombre  des  chartes  dauphinoises  pu- 
bliées en  nous  renseignant  sur  quatre  textes  de  la  première  moitié 
du  xive  siècle  :  ce  sont  les  franchises  concédées  par  le  Dauphin 
aux  gens  de  Réaumont  en  1311;  les  franchises  concédées  par  Guy, 
sire  de  Tullins  et  de  Rives,  à  la  ville  neuve  de  Beaucroissarit  en 
1312;  les  franchises  concédées  par  le  Dauphin  aux  habitants  de 
Rives  en  1340;  enfin,  la  confirmation  des  coutumes  anciennes  et 
l'octroi  de  quelques  coutumes  nouvelles,  par  le  Dauphin,  en  1343, 
aux  habitants  de  Beaucroissant.  Les  trois  premiers  de  ces  textes 


LIVRES   ANNONCÉS   SOMMAIREMENT.  305 

sont  à  peu  près  identiques,  et  M.  F.  s'est  contenté  d'éditei-  le  texte 
des  coutumes  de  Réaumont,  en  indiquant,  en  note,  les  variantes 
des  chartes  de  Beaucroissant  et  de  Rives.  Les  franchises  en  ques- 
tion comprennent  44  articles,  qui  accordent  aux  habitants, 
non  pas  des  libertés  politiques,  mais  des  droits  civils  et  la 
garantie  de  la  liberté  individuelle,  et  qui  fixent  leurs  obligations 
vis-à-vis  du  seigneur.  A  plusieurs  reprises,  ces  textes  renvoient  à 
d'autres  coutumes,  à  celles  de  Moirans,  de  Saint-Êtienne-de-Saint- 
Geoirs  et  d'Izeaux.  L'édition  semble  avoir  été  faite  avec  tout  le 
soin  et  la  minutie  désirables.  Robert  Gaillemer. 

Grenier  (P.-L.).  La  cilé  de  Limoges  :  son  évêque,  son  chapitre, 
son  consulat  [XIl^-XYllI^  siècles).  Paris,  Picard;  Limoges,  Du- 
courtieux,  1907;  in-S»  de  134  pages  (Extr.  du  Bull.de  la  Soc.  arch. 
dxL  Limousin).  —  Ce  travail  d'un  débutant  se  recommande  à  l'at- 
tention par  plusieurs  qualités.  L'auteur  tire  bon  parti  des  textes 
publiés  par  feu  Guibert,  et  de  ceux  que  lui-même  a  su  trouver  dans 
les  arcliives  de  Limoges  et  de  Paris.  Il  prouve  qu'il  a  rintelligence 
de  son  sujet  par  la  manière  dont  il  le  divise,  par  le  soin  qu'il  prend 
d'en  exclure  l'abbaye  de  La  Règle  et  par  le  souci  qu'il  témoigne 
de  se  limiter  aux  questions  de  droit  public.  Les  faits  économiques 
et  les  événements  historiques  sont  laissés  de  côté.  S'il  n'a  pas  réussi 
à  éclaircir  complètement  les  origines  de  son  sujet,  s'il  n'a  point  dit 
le  dernier  mot  de  tous  les  problèmes  qu'il  a  soulevés,  c'est  que 
trop  souvent  les  documents  font  défaut.  La  partie  la  plus  nouvelle 
de  cette  étude  est  celle  qui  traite  des  droits  et  des  devoirs  des  con- 
suls. Dans  les  limites  qu'il  s'est  assignées,  M.  G.  a  réussi  à  faire 
pour  la  Cité  de  Limoges  ce  que  Louis  Guibert  voulait  faire  pour  le 
Château.  Le  mérite  n'est  pas  mince.  Il  est  regrettable  qu'il  ne  soit 
point  rehaussé  par  un  souci  plus  grand  du  stjde  et  de  la  forme. 

A.  Leroux. 

GuDiOL  Y  CuNiLL  (.J.).  San  Pau  de  Narhona  y  lo  bisbal  de  Vich 
(memoria  llegida  en  la  Real  Academia  de  Buenas  Letras  de  Bar- 
celona).  Barcelona,  1905;  in-4o  de  60  pages.  —  L'auteur,  préposé 
à  la  bibliothèque  et  aux  archives  épiscopales  de  Vich,  s'est  avan- 
tageusement fait  connaître  par  plusieurs  travaux  d'érudition'.  Le 

1.  L'Excursionisme  y  l'Arqueologia,  J3arcelona  (rAvenç),  1902;  No- 
cions  de  Arqueologia   sagrada  cntalana.    Vieil,   1902;   xiv-647  pages 

ANNALES   DU    MIDI.    —   XX  20 


306  ANNALES   DU  MIDI. 

mémoire  qu'il  publie  aujourd'hui  comprend  quatre  paragraphes 
M.  G.  y  C.  étudie  d'abord  la  personnalité  de  saint  Paul  de  Nar- 
bonne  d'après  les  données  les  plus  anciennes  (Prudence,  Grégoire 
de  Tours,  les  martyrologes  et  les  Vies)  et  montre  comment,  dans  . 
le  cours  des  siècles,  en  deçà  des  Pyrénées,  le  saint  narbonnais  est 
devenu  d'abord  disciple  des  Apôtres  et  a  été  ensuite  confondu 
avec  le  Sergius  Paulus  du  livre  des  Actes.  Cependant,  au  delà  des 
Pyrénées,  l'antique  liturgie  espagnole  ne  donnait  à  saint  Paul 
que  le  titre  de  confesseur  pontife,  ainsi  qu'en  témoignent  le  mis- 
sel et  le  bi'éviaire  que  fit  imprimer  le  cardinal  Jimenez  Cisneros 
(1500-1502).  Aux  xe  et  xie  siècles,  la  liturgie  latine  orientale  ou 
romaine,  venue  de  France,  conquiert  peu  à  peu  la  Catalogne  sur 
l'ancienne  liturgie  latine  occidentale  (l'auteur  rejette  la  dénomi- 
nation de  mozarabique).  Avec  la  nouvelle  liturgie  s'introduit  la 
légende  de  saint  Paul  sous  la  forme  qu'elle  avait  déjà  prise  en 
France.  La  célèl>re  fausse  bulle  d'Etienne  VI,  fabriquée  en  vue 
d'établir  la  suprématie  de  l'église  narbonnaise  sur  les  églises  cata- 
lanes, donne  enfin  à  la  légende  sa  physionomie  définitive  :  saint 
Paul  de  Narbonne  ne  serait  autre  que  Sergius  Paulus  amené  en 
Gaule  et  en  Espagne  par  l'apôtre  saint  Paul  et  qui  aurait  fondé 
la  plupart  des  églises  catalanes  et  espagnoles. 

Pour  ce  qui  concerne  Vich,  d'anciens  martyrologes  donnent,  il 
est  vrai,  à  saint  Paul  de  Narbonne  les  titres  de  confesseur,  pon- 
tife et  successeur  des  Apôtres,  mais  les  plus  anciens  missels 
(xje  siècle)  s'en  tiennent  sur  ce  point  à  l'ancienne  liturgie  espa- 
gnole. Le  culte  du  saint  fut,  du  reste,  peu  apparent  jusqu'en 
1476.  A  cette  date,  Vich  fat  délivré  d'un  assaut  donné  par  Altar- 
riba  et  Mudarra,  deux  terribles  «  bandoleros  »,  dont  M.  G.  y  C. 
narre  les  exploits  à  grands  traits.  Cet  heureux  événement,  attribué 
à  la  protection  de  saint  Paul,  détermina  le  peuple  et  le  clergé  à 
célébrer  sa  fête  avec  une  pompe  inusitée,  selon  le  rite  double 
majeur.  Si,  depuis,  le  culte  du  saint  narbonnais  a  été  réduit  à  des 
proportions  plus  modestes,  le  peuple  s'est  habitué  à  le  considérer 
comme  le  libérateur  de  la  cité.  Cela  a  même  donné  lieu  à  la 
curieuse  légende  de  sant  Pau  del  Yeguer,  née  d'un  épisode  de 
l'expédition  des  Français  en  Catalogne  en  1654.  Les  conclusions 
du    travail    ne   sont   pas  nettement   exprimées,    mais  la    fin   de 


El  Museu  episcopal  de  \' ich  en  1901 ,  1902,  etc.  {Cf.  Rivistade  bibliogr. 
cutal.,  1900-1903). 


LIVRES    ANNONCES    SOMMAIREMENT.  307 

l'avant-propos  les  laisse  deviner.  «  II  est  parfois  nécessaire,  dit 
l'auteur,  de  tailler  et  d'émonder  le  verger  du  passé  de  peur  que  les 
mauvaises  branches  n'offusquent  sa  beauté...  La  tradition  ne 
mérite  pas  d'être  appelée  respectable  ni  de  triompher  au  préjudice 
de  la  vérité...  »  Pour  avoir  été  imprimées  de  l'autre  côté  des 
Pyrénées  «  ab  llicencia  ecclesiâstica  »,  ces  paroles  méritent  d'être 
signalées  i.  Louis  Rigal. 

Leroux  (A.).  L'assistance  hospilalière  à  Lhnoges  i^endant 
la  Révolution.  Limoges,  Ducourtieux,  1907;  iu-8o  de  119  pa- 
ges. (Extr.  du  Bull,  de  la.  Soc.  liislov.  et  archéol.  du  Limousin.) 
—  Dans  ce  mémoire  très  solidement  documenté,  M.  L.  expose 
les  diverses  phases  par  lesquelles  passa  l'assistnnce  hospitalière  à 
Limoges  pendant  la  Révolution.  Il  en  distingue  trois,  nettement 
caractérisées  :  l'une  de  prospérité  relative  qui  va  du  mois  d'avril 
1789  au  décret  de  messidor  an  II,  relatif  à  la  vente  des  biens  hos- 
pitaliers; l'autre  de  gène  croissante,  amenée  par  Je  réduction  pro- 
gressive des  ressources  et  inversement  par  l'accroissement  de  la 
population  hospitalisée.  Elle  dure  depuis  messidor  an  I]  jusqu'à  la 
loi  du  16  vendémiaire  an  V  qui  rapportait  la  précédente.  La  troi- 
sième va  de  la  fin  de  179(3  au  milieu  de  l'année  1800.  C'est  la  phase 
de  la  détresse  consécutive  au  non-payement  des  subventions  pro- 
mises, à  l'épuisement  des  approvisionnements,  au  découragement 
du  personnel,  à  rimpuissance  des  pouvoirs  publics,  à  la  ruine 
financière. 

Pour  chacune  de  ces  phases,  ^NI.  L.  expose  l'administration,  la 
composition  du  personnel,  les  ressources  de  l'hôpital,  le  nombre 
et  les  catégories  des  hospitalisés,  leur  situation  matérielle,  morale 
et  religieuse. 

Par  sa  sobriété  et  sa  précision,  ce  mémoire  peut  servir  de  modèle 
aux  comités  de  l'histoire  économique  de  la  Révolution  qui  voudront 
étudier  le  même  sujet  dans  leur  département. 

F.  Dumas. 

Meunier  (D.)  [avec  la  collaboration  de  G.  Leloir].  La  covi- 
tesse  de  Mirabeau  {1752-1800) ,  d'après   des   documents  inédits. 


1.  L'appendice  contient  les  textes  et  pièces  justificatives.  Les  docu- 
ments les  plus  intéressants  ont  été  tirés  des  riches  archives  niunicipah^s 
et  épiscopales  de  Vich  et  de  celles  de  Barcelone. 


308  ANNALES   DU   MIDI. 

Ouvrage  orné  d'illustrations  et  de  fac-similés  d'autographes. 
Paris,  Perrin,  1908;  in-18  de  iv-423  pages,  —  La  femme  de  Mira- 
beau a  déjà  été  étudiée  en  détail  par  MM.  de  Loménle  dans  leur 
grand  et  classique  ouvrage,  mais  ils  Font  considérée  moins  en 
elle-même  que  dans  ses  relations  avec  son  tumultueux  mari,  et  ils 
l'ont  jugée  sinon  avec  hostilité,  au  moins  sans  bienveillance. 
M.  Meunier  a  pensé  que  la  belle  Emilie  de  Marignane  méritait  une 
étude  plus  directe,  plus  personnelle,  que  son  procès  valait  qu'on 
le  revisât,  et  qu'il  était  bon  d'en  mettre  les  pièces  sous  les  yeux 
du  public,  —  non  seulement  celles  de  l'affaire  retentissante  qui  se 
plaida  au  Parlement  d'Aix,  mais  celles  aussi  du  conflit  continuel 
que  fut  dès  le  début  cette  union  ,  —  c'est-à-dire  de  publier  la -cor- 
respondance de  la  comtesse  de  Mirabeau.  L'idée  est  bonne;  elle 
a  été  réalisée  de  façon  fort  satisfaisante.  Le  livre  est  solidement 
documenté  grâce  aux  communications  d'inédits  que  MM.  de  Mon- 
tigny,  Arbaud,  de  Bresc,  de  Montvalon,  ont  prodiguées  à  l'auteur 
et  à  celle  des  notes  de  feu  M.  Guibal,  le  regretté  doyen  d'Aix,  qui 
avait  songé  à  un  travail  analogue.  —  L'auteur  a  divisé  son  sujet 
en  cinq  grands  chapitres  :  Mademoiselle  de  Marignane  (1752-72); 
la  comtesse  de  Mirabeau  (1772-2  août  74);  chez  L'ami  des  hom- 
mes (août  74-2  mai  1776),  Madame  du  Tholonel  (mai  1776-91); 
La  comtesse  dellà  Rocca  (1792-1800),  qui  répondent  aux  principa- 
les étapes  de  la  romanesque  et  criminelle  carrière  de  son  héroïne. 
Il  a  eu  le  bon  goût  de  ne  pas  tenter  une  impossible  apologie,  et 
de  se  borner  à  plaider  les  circonstances  atténuantes.  Les  torts  de 
Mirabeau  envers  sa  jeune  femme  sont  incontestables,  mais  n'excu- 
sent pas  l'affaire  Gassaud,  qui  a  en  somme  précédé  les  grands 
égarements  d'Honoré-Gabriel.  Ensuite,  il  ressort  du  récit  même 
de  M.  Meunier,  qu'au  Bignon,  Emilie  ne  sut  pas  même,  à  défaut 
d'une  compagne  fidèle,  être  pour  son  mari  une  associée  utile.  Tan- 
dis qu'il  expiait  au  château  d'If  et  à  Joux  son  trop  ardent  amour 
fraternel  etTaftaire  Villeneuve,  elle  ne  savait  rien  faire  au  Bignon 
pour  gagner  l'alfection  ou  la  confiance  de  son  terrible  beau-père, 
de  Madame  de  Pailly,  ni  même  du  charmant  bailli.  On  sent  qu'elle 
s'y  reprend  peu  à  peu,  subissant  Finfluence  du  milieu  hostile  à  son 
mari,  et  qu'elle  ne  se  soucie  plus  guère  (jue  d'abréger  sa  résidence 
forcée.  Encore  moins  seinble-t-elle  disposée  à  rejoindre  à  Pontar- 
lier  l'interné,  malgré  ses  appels  pressants.  Sa  froideur  inintelli- 
gente est  certainement  responsable  pour  une  part  de  l'aventure  de 
Mi'e  de  Monier,  et  cette  traiiison  éclatante  de  son  mari  excuse  à  so  n 


LIVRES   ANNONCÉS   SOMMAIREMENT.  309 

tour  la  conduite  irrégulière  d'Emilie  à  Aix  et  au  château  du  Tho- 
lonet.  La  séparation  morale  et  matérielle  des  époux  est  dès  lors 
accomplie;  la  sentence  d'Aix  qui  prononça  la  séparation  de  corps 
et  d'habitation  ne  fit  que  confirmer  et  légaliser  une  situation  déjà 
notoire.  Femme  séparée  de  Mirabeau,  Emilie  perd  pour  nous  son 
plus  vif  attrait.  Ce  n'est  plus  qu'une  de  ces  «  grandes  et  honnestes  » 
dames,  non  moins  dépourvues  de  mœurs  que  d'idées,  dont  la 
société  aixoise  a  toujours  formé  d'exquis  modèles  au  plaisir  des 
mousquetaires  et  à  la  volupté  des  connaisseurs.  Cependant,  un 
tableau  un  peu  poussé  de  sa  vie  au  Tholonet,  de  la  société  des 
Gallifïet,  une  description  de  ce  petit  foyer  de  corruption  élégante, 
n'aurait  pas  manqué  de  charEfie,  et  l'auteur  a  peut-être  écourté  un 
peu  le  récit  des  années  libres  de  la  belle  Emilie.  Après  ce  temps 
d'aimable  dévergondage,  le  plus  heureux  de  sa  vie,  la  pauvre 
femme  devient  amoureuse,  et  convole,  malgré  sa  famille,  malgré 
l'évêque  de  Nice,  pour  acheter  un  père  à  son  enfant.  Avoir  été 
Mirabeau,  et  devenir  Délia  Rocca!  Elle  ne  le  fut  pas  longtemps  • 
son  second  mari  mourut  le  23  janvier  1798.  Alors,  par  un  étrange 
revirement,  que  M.  M.  a  noté  avec  délicatesse,  elle  redevint  la 
veuve  de  Mirabeau,  elle  qui  n'avait  pas  su  être  sa  femme.  Cette 
dernière  période  aussi  aurait  pu  être  un  peu  plus  profondément 
étudiée.  Le  livre  est  en  somme  intéressant.  Il  est  lisible.  M.  M. 
a  renoncé,  à  son  avantage  et  au  nôtre,  à  ce  style  maniéré  et  artifi- 
ciel qui  gâtait  son  édition  des  Lettres  à  Julie  et  il  écrit  maintenant 
avec  une  agréable  simplicité.  Il  devrait  renoncer  aussi  au  système 
de  la  relégation  des  notes  en  queue  du  volume  sous  forme  de  dic- 
tionnaire biographique,  et  donner  pour  les  lettres  qu'il  cite  des 
références  précises  et  l'indication  exacte  des  coupures  qu'il  y  pra-' 
tique.  Il  y  a  à  la  fin  du  livre  une  bibliographie  utile,  quoique 
incomplète,  et  de  bons  éclaircissements  sur  des  points  de  détail. 
A  quand  la  biographie  de  Marie-Louise  de  Riquetti,  marquise  de 
Cabris?  L.-G.  Pélissier. 

NicoLLET  (F.-N.).  Etymologie  d'origine  de  roca,  rocha,  roche. 
Valence,  1907;  in-S"  de  25  pages.  —  M.  N.  détermine  l'aire  géo- 
graphique du  latin  vulgaire  rocca  (non  roca);  il  veut  en  voir 
forigine  dans  le  latin  vernica,  employé  par  Caton  au  sens  de 
«  hauteur  »;  ce  mot  serait  lui-même  composé  du  préfixe  celtique 
ver,  et  d'une  racine  RG  qui  aurait  donné,  d'une  part,  arcem  et 
de  l'autre  un  hypothétique  rucus.  Le  mot  serait  ligure  et  aurait 


310  ANNALES   DU   MIDI. 

été  emprunté  par  les  Romains  à  la  langue  de  la  Cisalpine.  Cette 
ingénieuse  construction  se  heurte  à  une  grave  difficulté  :  Vu  dans 
verruca  (et  par  conséquent  dans  rucus)  est  long  et  toutes  les  lan- 
gues romanes  postulent  un  primitif  avec  o  bref  et  c  double. 

A. Jeanroy. 

PuECH  (L.).  Un  aventurier  gascon.  Paul- Emile  Soubiran, 
Leclourois.  Auch,  impr.  Léonce  Cocharaux,  1907;  in-8"  de  81  pa- 
ges.—  MM.  Branel  et  Pagel  ont  recueilli  des  documents  sur  un 
aventurier  qui  est  resté  légendaire  à  Lectoure.  Ils  les  ont  transmis 
à  M.  Puecli  qui  a  rédigé  le  récit  dont  le  titre  est  reproduit  ci-des- 
sus et  que  la  Société  archéologique  du  Gers  a  publié.  L'auteur  n'a 
d'autre  prétention,  dit-il,  que  d'apporter  une  contribution  modeste 
à  l'étude  du  caractère  gascon.  En  deux  mots,  M.  P.  dépeint  son 
héros  :  «  Pendant  toute  sa  vie  Soubiran  sut  en  tirer  [de  son  physi- 
que avantageux]  un  parti  remarquable  pour  gagner  la  sympathie 
et  la  confiance  des  hommes,  devenir  leur  confident,  à  l'oCcasion 
leur  héritier,  et  surtout  pour  séduire  les  femmes.  Il  eut  des  maî- 
tresses dans  tous  les  pays  d'Europe,  et  quelques  heures  lui  sufti- 
saienl  pour  faire  une  dupe  ».  Espion,  joueur  de  profession,  escroc, 
voilà  le  spécimen  que  M.  P.  olïre  aux  compatriotes  de  Soubiran 
comme  un  personnage  représentatif  de  leur  caractère.  M.  P.  n'est 
pas  Gascon  et  son  long  séjour  dans  le  Gers,  eu  qualité  de  procu- 
reur de  la  République,  n'était  pas  propre  à  lui  faire  couuaitre  les 
gens  du  pays  sous  leur  vrai  jour.  Comme  les  peuples  heureux,  les 
honnêtes  gens  n'ont  pas  d'histoire,  pas  de  rapports  non  plus  avec 
les  parquets.  Il  est  vrai  que,  d'après  l'auteur,  la  sympatliie  de  ses 
compatriotes  aida  toujours  Soubiran  à  fuir  les  atteintes  de  la 
police.  Il  demanda  même,  en  1815,  les  fonctions  de  sous-préfet  de 
Lectoure  ou  le  commandement  de  la  gendarmerie  du  Gers.  Inutile 
d'ajouter  que  ce  fut  en  vain. 

Le  souvenir  d'un  pareil  personnage  aurait  pu  rester,  sans  aucun 
inconvénient,  dans  l'ombre  d'où  INI.  P.  et  la  Société  archéologique 
du  Gers  l'ont  tiré.  L'histoire  de  la  Gascogne  et  le  caractère  gascon 
n'y  auraient  rien  perdu,  —  au  contraire.  Si  modeste  qu'elle  soit,  la 
contribution  n'est  pas  heureuse.  A.  Vignaux. 


PUBLICATIONS  NOUVELLES 


Archelet  (Abbé).  Sainte  Galle,  patronne  de  Valence.  Valence, 
imp.  Géas,  1907;  in-S"  de  24  p. 

AuBRY  (P.).  La  rythmique  musicale  des  troubadours  et  des 
trouvères.  Paris,  Ghampion,  1907,;  grand  in-8o  de  38  p.,  avec  mu- 
sique. 

Baldensperger  (F.).  Etudes  d'histoire  littéraire.  Gomment  le 
xviiie  siècle  expliquait  l'universalité  de  la  langue  française...,  le 
genre  troubadour.  Paris,  Hachette,  1907;  in-KJ  de  xxv-:<!24  p. 

Barckhausen  (H.).  Montesquieu,  ses  idées  et  ses  oeuvres 
d'après  les  papiers  de  La  Brade.  Paris,  Hachette,  1907;  in-16  de 
vi-344  p. 

BoNNARD  (L.).  La  Gaule  thermale.  Sources  et  stations  thermales 
et  minérales  de  la  Gaule  à  l'éftoque  gallo-romaine.  Paris,  Pion, 
Nourrit,  1908  ;  in-S"  de  527  p. 

BoNNEViLLE-GoLOMB  (G.  de)  et  Goste  (L.).  Gomment  les  maîtres 
selliers  du  Puy-en-Velay  accompagnaient  aux  processions  la 
sainte  image  de  Notre-Dame.  Transaction  entre  l'abbé  de  Saint- 
Pierre  la-Gour  et  les  maîtres  selliers  du  Puy  (21  avril  1525).  Saint- 
Etienne,  imp.  Thomas,  1908;  in-8°  de  25  p. 

Bordeaux  (H.).  Promenades  en  Savoie  (le  caractère  savoyard; 
pèlerinages  en  Savoie;  contes  savoyards).  Paris,  Société  française 
d'imprimerie  et  de  librairie  [1908]  ;  in-18  Jésus  de  179  p. 

Brutails  (J.-A.).  Précis  d'archéologie  du  moyen  âge.  Paris, 
Picard,  1908;  in-8o  de  xv-282  p. 

Gastellanr  (de).  Le  gros  toulousain  d'Alphonse  de  Poitiers  et 
le  toulousain  du  roi  de  France.  Ghalon-sur-Saône,  Bertrand, 
1907  ;  in-4o  oblong  de  11  p. 

Catalogue  général  des  livres  imprimés  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale. Auteurs.  T.  XXXI  :  Colombi-Gorbiot.  Paris,  Imp.  nationale, 
1907;  in-8o  à  deux  colonnes  de  1264  col. 

Chambon  (F.).  Notes  et  documents  sur  la  famille  de  Montbois- 
sier-Beaufort-Canillac.  Saint-Denis,  imp.  Bouillant,  1907:  in-S» 
de  47  p. 


312  ANNALES   DU    MIDI. 

GoQUELiN  (L.).  Montaigne  (1533-1592).  La  vie  de  Montaigne;  les 
Essais,  extraits,  jugements.  Paris,  Larousse,  [1908];  pet.  in-S"  de 
96  p. 

Delacroix  (Dr  R.).  Montaigne  malade  et  médecin  (thèse).  Lyon, 
Rey,  1907;  in-80  de  112  p. 

Dictionnaire  d'archéologie  chrétienne  et  de  liturgie,  p.  p.  Dom 
Fernand  Gabrol.  Fasc.  14.  Paris,  Letouzey  et  Ané,  1908  ;  gr.  in-S» 
à  deux  col.,  col.  611  à  896. 

Dictionnaire  des  familles  françaises  anciennes  ou  notables  à  la 
fin  du  xixe  siècle,  par  G.  d'E.-A.  T.  VI  :  Bou-Rré.  Evreux,  imp. 
Hérissey,  1907  ;  in-8o  de  420  p. 

DiGONNET  (F.).  Le  palais  des  papes  d'Avignon.  Avignon,  Séguin, 
1907;  in-8o  de  428  p.  et  8  planches. 

Drouault  (R.).  Monographie  du  canton  de  Saint-Sulpice-les- 
Feuilles,  2e  partie.  Limoges,  Ducourtieux  et  Goût,  1907;  in-8o, 
pp.  135  à  408. 

Frecon  (P.).  La  navigation  du  Rhône.  Etude  historique  et  éco- 
nomique (thèse).  Lyon,  Rey,  1907;  in-8o  de  290  p. 

Girard  (J.).  Les  Etats  du  comté  Venaissin  depuis  leurs  origines 
jusqu'à  la  lin  du  xvie  siècle.  Paris,  Ghampion,  1908;  in-8»  de 
xv-265  pages. 

GouT  (L.)  et  Volane  (J.).  Histoire  del'Ardèche.  Aubenas,  Tour- 
rette,  1907;  in-16  de  127  p. 

GuiBAL  (G.).  Le  mouvement  fédéraliste  en  Provence  en  1793. 
Paris,  Pion,  Nourrit,  1908;  in-8o  de  n-319  p. 

Gijiraud  (L.).  Le  procès  de  Guillaume  Pellicier,  évêque  de 
Maguelonne-Montpellier  de  1527  à  1567.  Etude  historique.  Paris, 
Picard,  1907;  in-8<»  de  xii-272  p. 

Labbé  de  la  Mauviniére  (H.).  Poitiers  et  Angoulême,  Saint- 
Savin,Ghauvigny.  Paris,  Laurens,  1908;  in-8o  carré  de  144  p.  [Les 
villes  d'art  célèbres.] 

Lasteyrie  (R.  de)  et  Vidibr  (A.).  Bibliographie  annuelle  des 
travaux  historiques  et  archéologiques  publiés  par  les  Sociétés 
savantes  de  la  France  (1903-1904).  Paris,  Leroux,  1906;  in-4o  à 
deux  col.  de  295  p. 

Lemonnier  (Abbé  P.).  Le  clergé  de  la  Gharente-Inférieure  pen- 
dant la  Révolution.  La  Rochelle,  imp.  Texier,  1905;  in  8°  de  117  p. 

Lestrade  (Abbé  J.).   Histoire  de  l'art  à   Toulouse.    Nouvelle 

série  de  baux  à  besogne  (1467-1677).  Toulouse,  Privât,  1907  ;  in-8o 

de  55  p. 

Le  Gérant, 

P.-Kd.  PKJVAT. 


loLilouse.  Imp.  D0ULA.DOURE-PRIVAT,  rue  St-Rome,  39    —   6206 


m  SIÈCLE  D'\DMIMSTRATIO.\  COMMIWLE 

A  AUGAMVILLE  (Tarn-et-Garonne) 
d'après  les  comptes  consulaires  (1346-1446)* 


Population.  —  Depuis  1346,  les  rôles  d'impôts,  à  Aucam- 
ville,  comprenaient  60  à  63  chefs  de  maison;  cependant,  un 
rôle  dressé  en   1368  pour  la  construction  ou  l'achèvement 
des  murailles  de  la  ville  compte  133  familles,  ce  qui,  à 
5  personnes  par  famille,   donne  665  habitants;  ajoutons, 
d'après  un  autre  rôle  de  1368,  quelques  pupilles,  femmes  et 
pauvres  au  nombre   de  51,  et  nous  atteindrons  le  chiffre 
de  700  âmes.  Nous  n'y  comprenons  point  les  forains  qui 
possédaient  des  biens  à  Aucamville  :  ils  étaient  au  nombre 
de  118  à  Grenade;  il  y  en  avait  quelques  autres  dans  les  vil- 
lages voisins.  La  guerre  désastreusement  prolongée  fut  cause 
que,  en  1402,  il  ne  restait  plus  que  51  contribuables,  outre 
une  vingtaine  de  vagabonds  qui  payaient  mal  les  impôts; 
en  1415,  les  chefs  de  familles  capables  de  payer  les  tailles 
n'étaient  plus  qu'au  nombre  de  35  ;  ils  étaient  28  en  1431  et 
seulement  25  en  1433;  les  autres  étaient  vraisemblablement 
appauvris,   quelques-uns   s'étaient  enfuis,   et   les    consuls 
de    1379  obtinrent    la  permission    de    vendre   leurs  biens 
vacants.  Le  déchet  de  la  population  amena  diverses  répara- 
tions de  feux  que  nous  verrons  plus  bas.  Aujourd'hui,  mal- 
gré son   étendue  de   1.180  hectares,  la  commune  compte 
880  habitants  à  peine. 

1.  Ces  comptes  viennent  d'être  déposés  aux  Archives  de  Tarn-et- Ga- 
ronne, ou  du  moins  ce  qui  en  reste,  car  plusieurs  ont  été  brûlés  et  d'au- 
tres rongés  par  les  rats. 

ANNALES  DU   MIDI.   —    XX  21 


314  F-  GALABERT. 

Seigneurs.  -  A  tout  seigneur  tout  honneur.  Commen- 
çons par  Jean- Jourdain  de  l'Isle,  seigneur  d'AucamviUe, 
Merville,  Pelleport,  La  Mothe,  Saint-Cézert,  baron  de  Lau- 
nac  chef  d'une  branche  cadette  de  la  maison  de  l'Isle-Jour- 
dain  •  il  résidait  ordinairement  à  10  kilomètres,  dans  son  châ- 
teau de  Launac,  rarement  dans  son  manoir,  jadis  forciaà^ 
La  Mothe  àl  kilomètre  d'Aucamville.  A  sa  mort,  qui  arriva, 
semble-t-il   en  1400.  son  fils  Gaspard-Jourdain  lui  succéda; 
puis  ce  fut^Jacmes  Isalguier,  châtelain  de  Fourquevaux   qui 
perçut  l'albergue  et  l'afitage^,  tandis  que  les  présents  et  es 
aides  continuaient  de  revenir  au   seigneur  de  La  Mothe. 
Cependant,  tous  les  droits  seigneuriaux  avaient  fait  retour  a 
ce  dernier,  avant  1445,  année  où  Jacmes  Isalguier  vint  assis- 
ter au  baptême  de  son  fils. 

Consuls  -  Passons  aux  consuls;  ils  étaient  au  nombre 
de  cruatre  et  furent  pour  longtemps  réduits  à  deux  a  partir 
de  1391;  mais  il  y  en  eut  trois  dès  1460.  Ils  entraient  en 
charge  à  la  fête  de  la  Purification,  2  février,  et  ils  étaient 
choisis  par  le  seigneur. 

Item...  feure  venc^^  Aucumvila  lo  d.  senho  per  met?  t 
0050^5,1396(^13). 

Item  fuerunt  créait  consules  apud  Verdunum  ad  ins- 
tanciam  consulum  de  Verduno  et  dominus  mit  cum  iiiio- 
expenderunt  xiii  grossos,  1373  (f^^  H). 

Au  quinzième  siècle,  le  juge  remplace  le  plus  souvent  le 
seigneur  dans  cette  fonction  : 

Item  10  dia  de  Nostra  Dona  anero  los  cossols  a  Granada 
per  présenta  lo  cartel  de  la  élection  amossenjuge;  despen- 

<iero  y'blancas. 
Item  dimenge  ,ue  foc  xx  de  feuria  (sic),  venc  mossen 

1    Ti   .Pr«   souvent  quesiion  de  ce  droit  seigneurial  dans   la  suite  de 
1.  Il  «'^'^*.,"7:;,''  f^^  alitanage  pesait  sur  les  hommes  maries  ou 


UN   SIECLE  d'administration   COMMUNALE.  315 

juge  per  fa  jura  los  cossols  nohels,  despenser o  en  pa  e  en 
caran  e  en  vi  ix  gros  xiiii  blancas,  1428  (f°  7). 

Cependant  le  juge  recevait  quelquefois  leur  serment  le 
jour  même;  quelquefois  Bernadon,  frère  du  seigneur,  lo 
fray  de  Mossen,  était  présent,  et  on  lui  offrait  à  boire  à  lui 
et  à  nombre  de  prud'hommes,  a  lu  e  a  tropi  d'autres;  tous 
ensemble  se  régalaient  de  plusieurs  pegas  de  vin;  le  pega 
valait  3  litres  1/10. 

Ils  étaient  élus  pour  un  an,  et  ils  rendaient  compte  devant 
de  nouveaux  consuls  en  présence  des  conseillers  et  des 
prud'hommes.  Il  est  vrai  que  c'était  quelquefois  plusieurs 
années  après  leur  sortie  de  charge  ;  mais  avant  la  fin  de  la 
guerre  de  Cent  ans,  il  y  eut  plus  de  régularité.  La  population 
dispersée  dans  la  campagne,  per  las  bordas^  était  prévenue 
à  domicile,  afin  qu'elle  put  venir  exercer  son  contrôle,  et  elle 
n'y  manquait  pas,  puisque  les  consuls  en  profitaient  pour 
lever  la  taille  : 

Item  le  dissapte  après,  les  cossols  am  le  sirvent  anen  per 
la  villa  e  per  las  bordas  assabenta  las  gens  que  fossan,  le 
dimars  après,  ausir  les  comptes  de  Johan  Depuntis  et  de 
Arnaut  Ponssot^  e  que  aportessan  cascun  la  talha  del 
fogatge  novel,  e  quant  aguen  feyt  despenssen  i  gros,  fé- 
vrier 1414  (fo  14). 

Aussitôt  installés,  les  consuls  recevaient  le  serment  de 
leurs  conseillers,  des  homes  de  sagrament,  ainsi  que  du 
messegucr  ou  garde-champêtre,  ce  qui  était  encore  une 
occasion  de  boire  quelques  pegas  de  vin^  qui  coûtèrent  2  gros 
et  2  blancs  en  1395  (f»  1). 

Les  fêtes  de  la  Pentecôte  étaient  l'occasion  de  grandes 
beuveries;  les  consuls  donnaient  à  boire  le  lundi  a  las  gens 
del  solas  (on  disait,  en  1428,  lo  solas  deljoven);  en  1450,  la 
biga  deljoven^  P  6);  en  1395,  un  pipot  de  vin  coûta  4  gros 
[P  1);  l'année  suivante,  il  ne  fut  pas  bu  moins  de  20  pegas 
qui  coûtèrent  6  gros  2  blancs,  1396  (f"  13).  Il  y  avait  ce 
jour-là  de  grandes  réjouissances;  après  un  solennel  ser- 
vice funèbre,  on  faisait  de  grandes  charités  aux  pauvres 
(Archives   de  la  Haute-Garonne,  sér.  13,  Ueg.  des  minu- 


31G  F.   GALABERT. 

tes  de  J.   de  Campodei.   notaire  de  Grenade,  1393-1397). 
Les  consuls  donnaient  encore  à  boire  après  avoir  allumé 
le  feu  de  la  Saint-Jean  : 

Item  in  vigilia  sancli  Johannis  dedinius  hominibus 
comitantibus  juxta  facuUim  i  pcgar  vint;  decostitit  un 
tolosanos,  1413; 

Et  le  seigneur  lui-même,  quand  il  s'y  trouvait,  ne  dédai- 
gnait pas  de  trinquer  avec  ses  vassaux  : 

Item  la  vespra  de  sant  Johan,  quan  la  falha  foc  alucada, 
Mossen  trametec  serca  n»*  justas  (5  litres)  de  vi,  de  que 
paguem  un  toisas,  1414  (f«  1). 

Ils  servaient  encore  des  rafraîchissements  als  cassados 
del  ausel  an  non...  en  vi,  nn  blancas,  1395  (f»  7)  ; 

Item    quant   prengueron    Vauset    an    nou,    despenîm 
vni  d.  sol.  per  dar  a  beure  aus  que  l'aven  quassada,  1413. 
Quelques  années  après,  ce  jeu  ou  chasse  fit  place  à  celui 
de  la  cliura  ou  choreta,  dit  sor7^eta  en  1406  : 

Item  lo  jor  de  cap  d'an  despensero  los  cossols  per  fer 
cassar  la  choreta,  en  vit  n  doblas,  1434  (f»  8); 

Item  lo  dia  de  cap  d'an  per  cassa  la  churra,  al  rey  e  la 
cotnpania,  xn  fioris,  1436  (f°  5). 

Ce  n'étaient  pas  les  seules  occasions  de  beuveries.  L'on 
buvait  encore  quand  consuls  et  conseillers  avaient  tenu  une 
délibération,  quand  ils  avaient  apuré  les  comptes,  1395 
(fo  2),  1436,  etc.,  quand  ils  revenaient  de  leurs  courses  à  Gre- 
nade'ou  à  Launac,  et  enfin  fréquemment  quand  les  sergents 
venaient  réclamer  au  nom  des  créanciers  de  la  communauté. 
Les  consuls  donnaient  à  dîner  au  juge  quand  il  venait 
tenir  les  assises,  et  quelquefois  Bernardon  siégeait  avec  lui; 
nous  n'y  avons  rencontré  qu'une  fois  le  seigneur  : 

Item  venc  Aucumvila  P.  de  Sauboneras,  loctenen  de 
mossen  lo  jucge  del  dit  loc,  per  tener  sisas  ab  Bernado  de  la 
Ylha;  fero  plaser  et  despensen  los  cossols  am  les  cosselhes 
quant  de  pa  e  carn  e  autras  causas,  i  gros,  mai  1396  (f"  7). 
llem  dijos  que  foc  lo  m  jorn  de  novenbre  venc  Mossen 
en  esta  vila  per  tener  las  sisas,  a  eau  den  hun  pegua  de  vi, 
I  gros  I  blanc,  1428  (f'^  4). 


UN   SIECLE   d'administration   COMMUNALE.  317 

On  voyait  quelquefois  les  consuls,  précédés  de  leur  messé- 
guier  à  verge,  courir  la  campagne,  avertissant  les  contribua- 
bles d'avoir  à  payer  la  taille,  mettant  des  croix  dans  les 
champs  des  retardataires,  ou  bien,  le  dimanche,  leur  faisant 
jurer,  la  main  sur  l'Evangile,  qu'au  jour  fixé  ils  porteraient 
leur  argent  : 

Item  lojorn  de  sant  Marssal  los  cossols  am  le  messegue 
[anen]  per  la  ribera  de  Merdans  per  mètre  aloses  en  los 
blatz  e  en  los  prat  d'aquels  (de  Grenade)  que  no  volen  paga 
las  talhas,  e.quan  aguen  feyt,  despenssen  vi  toisas,  1414 
(fo  2). 

Item  lo  dîmenge  a  v  del  dit  7nes  (août)  los  ditz  cossols 
fezen  arestar  las  gens  que  aguèssan  a  pagar  la  dita  talha, 
e  fezen  lor  jurar  que  lo  dia  de  sant  Laurens  lor  aguèssan 
argen,  e  despensen  xi  tolozas,  1414  (f°  4). 

Ces  consuls  laissaient  parfois  le  soin  de  lever  la  taille  à 
des  collecteurs  en  titre,  en  1391  notamment,  où  Jean  Delcos 
fut  chargé  de  lever  l'impôt  avancé  par  Jean  Boet  (f»  19); 
mais  ces  collecteurs  devaient  être  autorisés  par  le  juge,  et  au 
jour  de  la  reddition  des  comptes,  ils  devaient  porter  leurs 
cahiers  et  les  faire  apurer  : 

Item  agueron  una  letra  de  mosen  lo  jucge  d'esta  villa 
que  les  culhidos  de  la  talha  poguessan  culhir  so  que  hom 
les  ahe  mes  en  carfet,  que  costec  ii  gros,  1390  (f"  8). 

Item...  remangueron  en  conte  que  los  culhidos  de  la 
talha  redesson  conte  de  lor  cartel,  1391  (f"  3). 

Ces  collecteurs  recevaient  un  salaire  : 

Item  an  pagat  a  Jolian  del  Cos  per  sos  t^Hbals  de  culhir 
la-  talla  assignada  a  tnaestre  Johan  Boet  xu  gros,  1391 
(f"  19j.  Il  n'en  était  pas  de  même  des  consuls,  mais  nous 
verrons  qu'ils  étaient  dédommagés  de  leurs  courses,  et  qu'ils 
touchaient  une  indemnité  proportionnée  aux  journées  de 
travail  perdues;  une  fois  même,  en  1395,  on  paya  à  Jean 
Depuntis,  qui  était  allé  à  Toulouse,  un  homme  pour  faire 
ses  labours  (f»  9). 

Les  consuls  étaient  cliargés  de  la  construction  de  l'église; 
ils  imposaient  pour  cet  objet  et  payaient  en  nature  et  en 


318  F.    GALABERT. 

argent  des  ouvriers  dont  plusieurs  ont  laissé  leurs  noms  et 
leurs  factures  :  Vital  de  Romagnac  en  1415,  Johan  Séré 
en  1450,  et  plus  tard  maître  Bélenguié  : 

Item  paguen  a  Vital  de  Romagnac  que  Vera  degut  per 
la  gleyza,  m  gros,  1414  [avril  1415,  n.  st.]  (f»  19). 

Item,  si  so  que  hieu  inaistre  Joan  Sere  ey  resçauput  dels 
cossols  d'Aucunlnla,  1450  (Rôle  pour  la  réparation  des 
murailles  de  la  ville). 

Item  per  v  lieuras  de  car  salada  per  los  maistres  tan 
quant  hobre  a  la  gleysa  e  al  bos  ;  costava  ladieura  vi  toi- 
sas VI  doblas,  1434  (f»  4). 

C'est  encore  les  consuls  qui,  en  1395,  à  défaut  de  ressour- 
ces de  la  fabrique,  payèrent  24  gros  le  cierge  pascal,  car 
los  obres  no  avian  don  o  paguessan  {P  9).  Les  fabriciens 
sortant  de  charge  après  la  Noël  laissaient  le  reliquat  des 
fonds  à  leurs  remplaçants  et  leur  remettaient  les  draps 
mortuaires  : 

Item  lendema  les  bayles  de  la  coffrayria  reden  co?nte  als 
bayles  novels  e  reden  los  draps  e  so  que  tenen,  e  quant 
aguen  feyt,  despenssen  iiii  toisas,  1414  (f°  11). 

Les  consuls  veillaient  au  service  paroissial  et  au  besoin  ils 
portaient  plainte  à  l'autorité  ecclésiastique;  c'est  ce  qu'ils 
firent  en  1395,  où  ils  se  plaignirent  àl'archevêque  de  Mételin 
(vicaire  général  de  Toulouse,  sans  doute,)  de  la  négligence 
du  curé  qui  n'avait  pas  de  vicaire  : 

Itei)i  lo  di7nenge  a  xxvi  del  dit  mes  de  novembre,  anero 
a  Tholosa  P.  Darmanhac  et  Johan  Depuntis,  car  mossen 
Varcevesque  de  Metali,  loqual  avia  visitât  la  gleya  d'Au- 
cunvila^  novelament,  les  avia  af ornât  a  de  part  de  la,  sus 
la  querella  fayta  per  los  ditz  cossols  contra  lo  rector  del 
dit  loc,  car  no  ténia  vicari  en  la  dita  gleya...  (f°  6). 

Les  consuls  faisaient  nettoyer  les  fontaines  :  en  1395, 
celle  du  Thoron  par  deux  hommes  au  prix  de  3  toisas,  celle 
de  Fondoniinge  au  prix  de  2  gros  (f"»  3  et  4). 

En  1368,  voulant  mettre  la  ville  à  l'abri  des  routiers,  ils  la 
faisaient  enclore  de  murailles.  Dans  la  première  partie  du 
xv»  siècle  ils  firent  de  grandes  dépenses  pour  la  construc- 


UN   SIÈCLE   d'administration  COMMUNALE.  319 

tion  d'auvents  ou  galeries  couvertes;  sous  ces  auvents,  dits 
alors  enhans  et  aujourd'hui  emporges,  qui  servaient  de  pro- 
menoirs, les  marchands  étalaient  leurs  marchandises'.  Les 
piliers  étaient  tous  en  cœur  de  chêne,  comme  du  reste  les 
maisons  et  même  les  édifices  de  la  ville.  C'est  ainsi  qu'à 
l'hôpital,  le  premier  étage  est  porté  sur  une  poutre  en  chêne 
longue  de  16  mètres,  et  soutenue  par  des  corbeaux  moulu- 
rés; à  l'intérieur,  un  escalier  droit  montre  encore  ses  épais- 
ses marches  de  chêne. 

Les  citations  ci-dessous  font  voir  que  les  ouvriers  qui 
charpentèrent  les  auvents  venaient  de  Verdun  ;  de  même 
nous  avons  acquis  l'assurance  que  les  maçons  constructeurs 
de  l'église  étaient  de  Grenade;  sauf  deux  ou  trois  damoi- 
seaux, tous  les  habitants  d'Aucamville  se  livraient  exclusi- 
vement, semble-t-il,  aux  travaux  agricoles.  Le  5  mai  1415, 
lorsque  furent  rendus  les  comptes  de  l'année  précédente,  on 
réserva  2  livres  tournois  pour  les  ouvriers  des  auvents  : 

Solutis  primitus  de  dictis  araragiis  magistris  amljano- 
rum  duas  libras  turonenses. 

Item  paguen  als  f listes  de  Verdun  en  paga  dels  vi  franœ 
que  deben  aver  de  fer  xii  brassas  de  enbans,  tant  quant 
s'en  pot  paga  xii  gros. 

Item  compren  de  Pey  de  la  Vaca  iiii*'  latas  obs  als  en- 
bans de  la  vila  en  pretz  de  xx  gros^  de  que  paguen  a  lu 
metys  ix  gros. 

Item  délies  devant  Sant  Orens  (P""  mai)  fen  careya  la 
cabironalha  obs  als  enbatis  quayit  los  maestes  fon  vengut 
de  Verdun,  e  quant  aguen  feyt,  despenssen  m  toisas,  1414 
(fo  20). 

Item  los  cossols  feyro  mètre  doas  pijas  (étais)  als  envans; 
despensero  am  los  maistres  ii  doblas.,  1434  (f^  8). 

Item  a  maistre  Domingz  per  ix  dias  que  hobrec  a  la  vila 
per  recrubi  les  envans  i  scutz  d'aur  (f"  U). 

Ite}n  per  fe  rect^ubi  los  envans  en  teule  e  per  le  maistre 


1.  Plusieurs  de  ces  auvents  existaient  encore  il  y  a  quelques  années: 
aujourd'hui,  il  n'en  reste  plus  qu'un. 


320  F.    GALABERT. 

pej^  X  jornadas  e  per  son  despens  e  per  très  cens  clavels, 
monta  tôt  quatre  escutz  d'aur  e  v  gros  d'aur,  1437  (f°  2). 

Les  auvents  construits,  il  fallut,  un  peu  plus  tard,  s'occu- 
per des  escossières  ou  chemins  de  ronde  que  l'on  répara 
durant  plusieurs  années.  Cela  coûta  5  moutons  d'or  en  1435, 
4  moutons  d'or  et  4  pegas  de  vin  en  1441.  On  verra  par  les 
citations  ci-dessous  que  ces  chemins  de  ronde  étaient  cou- 
verts : 

Item  fesem  repara  xiiii  brassas  he  xvii  de  las  cossieras 
que  héron  casudas...  he  costeron  de  la  ma  des  maistres  v 
escutz  d'aur,  1435  (f»  8). 

Item  meys  per  la  ditta  caussa  dos  milies  e  quatre  cens 
teules  caus;  costero  los  dits  teules  vi  escuts  d'aur  (fo  8). 

Voici  enfin  d'autres  travaux  de  voirie  exécutés  par  les 
consuls.  Ils  remirent  à  neuf  le  pont  en  bois  du  ruisseau  de 
Merdans  en  1395  (f°  4);  sur  la  réquisition  du  sergent  châte- 
lain de  Buzet,  ils  remirent  en  état  les  2yonts  e  camîs  e  los 
passes,  1396  (f"  3);  ils  refirent  la  palanca  ou  passerelle  du 
Capraas  en  1444  (f'J  16),  le  pont  de  Fondominge  rompu  par 
les  charretiers  du  prieur  de  Verdun  en  li36(f''  2);  nous  les 
verrons  contribuer  à  la  réfection  du  pont  de  Bouque. 

Dès  1374,  ils  entreprirent  diverses  démarches  pour  ob- 
tenir, en  vue  d'une  diminution  d'impôts,  une  réparation 
des  feux  imposables  ;  l'appauvrissement  graduel  et  la  dimi- 
nution du  chiffre  d'habitants  les  amena  à  demander  une 
seconde  réparation,  en  1390;  Arnaud  Blanc,  notaire  de 
Montech,  en  apporta  les  lettres  de  Paris;  le  3  mai  '1413, 
les  consuls  avaient  obtenu  de  nouvelles  lettres  royaux  dont 
ils  remirent  copie  à  mosseji  Guilhemes  (vraisemblable- 
ment le  juge  de  la  jugerie),  à  Grenade  : 

Item  die  sabbati  anie  festu77i  beati  Thome,  ivit  Arnaldus 
de  Naborgna  Tholose  pro  portando  argcntum  pro  litera 
reparacionis,  1374  (f"  9). 

Item  quant  Manaut  Ponssot  e  Vidal  Darles,  cossos,  ane- 
ron  à  Motituegz  per  saber  si  pogueran  aver  la  leti^i  del 
repaî-amenl  que  Arnaut  Blanc  les  abe  trames  mesatge  que 
anessan  parlar  ab  lu..   1390  (f"  9). 


UN   SIÈCLE  d'administration   COMMUNALE.  321 

Une  des  fonctions  des  consuls  consistait  à  lever  les  arba- 
létriers :  sur  ordre  du  juge,  ils  s'acquittèrent  de  ce  devoir, 
le  jeudi  avant  les  Rameaux  de  1374,  et  ils  conduisirent  la 
troupe  à  Verdun  d'abord,  à  Grenade  ensuite  : 

Item  fiiei^unt  mandati  per  dominum  judiceni  Verduni 
ut  haberent  balistetnos  ;  werunt  Verdunum  Ramundus  de 
Cossio  et  Petrus  de  Solerio  cum  dictis  lialisteriis  et  expen- 
derunt  iiii  grosses. 

Item  expenderunt  balisterii  in  omnibus  xvi  grossos. 

Item  expenderunt  consules  tam  eundo  Granate  quam 
alias  vices  cutn  dicto  balista  viii  grossos  (fo  4). 

Dans  les  affaires  d'intérêt  commun  ils  s'entendaient  avec 
les  autres  consuls  de  la  seigneurie  de  Jourdain  de  l'Isle  ou 
même  de  la  jugerie;  en  1391,  notamment,  tous  les  consulats 
furent  convoqués  à  Grenade  au  sujet  du  sel  de  Mézin  (f"  5); 
Tannée  précédente,  il  s'étaient  trouvés  tous  à  Toulouse  pour 
délibérer  au  sujet  du  «  pati  »  de  Gaslelcuiller  :  per  lo  feyt  del 
pati  de  Castetculher  per  totz  les  cossolatz  de  la  terra  (fo  7). 

Conformément  à  l'article  4  des  coutumes  octroyées  en 
1279,  par  Bertrand-Jourdain  de  l'Isle,  les  consuls  avaient  le 
droit,  avec  le  baille,  de  faire  des  ordonnances  de  police; 
c'est  pourquoi,  en  1385,  nous  trouvons  la  mention  suivante  : 

Primo  fronterias  {sicj  sint  clause  infra  xv  dies  sub  pena 
\uden.  toi.  de  voluutate  bajuli  qui...  Guillelmus  Bonafos 
cum  consulibus. 

En  1388,  sous  peine  d'amende  stipulée  contre  les  contre- 
venants, il  fut  défendu  de  laisser  entrer  le  bétail  dans  les 
vignes. 

Les  consuls  nommaient  un  berger  communal  ou  porcher; 
ce  personnage,  malgré  Thumble  rang  qu'il  occupait  dans 
l'échelle  sociale,  est  resté  dans  le  souvenir  populaire;  l'on 
aime  encore  à  raconter  comment  le  matin  il  emmenait,  au 
son  du  cor,  porcs  et  moutons  au  pâturage  et  à  la  glandée; 
commeni  le  soir,  quand  la  grosse  cloche  annonçait  la  ferme- 
ture des  portes,  ces  animaux,  suivis  des  grandes  oies  de  Gas- 
cogne, volant  à  tire  d'aile,  rentraient  en  hâte  dans  l'enceinte 
murée  (parchemin,  pièce  justificative  du  compte  de  1S94). 


322  F.    GALABERT. 

Conseillers.  —  Dans  le  gouvernement  de  la  communauté, 
les  consuls  étaient  aidés  par  des  conseillers;  ceux-ci  pre- 
naient une  part  considérable  aux  affaires  :  six  d'entre  eux 
étaient  allés  à  Grenade  le  jeudi  saint  de  1389,  quand  les 
routiers  de  Gastelcuiller  (nous  en  reparlerons  plus  loin) 
fondirent  sur  eux  et  emmenèrent  prisonniers  trois  consuls 
et  un  conseiller. 

Les  conseillers  étaient  présents  quand  fut  dressé  acte  du 
blé  prêté  par  Pierre  Bert  et  Jean  Boet,  pour  payer  6  francs 
aux  dits  routiers. 

En  1395  (fo  7),  dans  un  accord  intervenu  à  Grenade,  il  fut 
stipulé  qu'on  obtiendrait  le  bon  vouloir  du  conseil  :  7'eten- 
gut  le  voler  ciel  cosselh  d'Aucumvîla. 

Assemblée  générale  du  peuple.  —  L'on  ne  se  contentait 
pas  toujours  de  l'avis  des  c  nseillers;  il  était  des  mesures 
pour  lesquelles  on  réclamait  le  consentement  de  tous  les 
habitants.  Ainsi,  en  1390,  quand  mossen  Peij  Bariu,  lils  du 
greffier  consulaire,  chanta  sa  première  messe,  la  commu- 
nauté, consultée,  lui  fit  présent  de  deux  moutons  qui  coûtè- 
rent 2  florins  :  quant  mossen  Pey  Bariu  cantec  messa,  le 
feron  présent  de  ii  motos,  de  voluntat  del  comu^  que  coste- 
ron  II  florins  (f°  4). 

En  revanche,  quand  on  voit,  en  1390,  les  prudhommes  se 
réunir  pour  l'octroi  d'une  seconde  taille,  ce  n'est  pas  d'une 
assemblée  générale  qu'il  s'agit.  Ce  terme  de  «  prudhommes  » 
désignait  plus  que  les  conseillers,  mais  non  pas  encore  l'as- 
semblée de  toute  la  communauté  ;  en  1414,  en  effet,  nous 
trouvons  mention  distincte  et  séparée  des  conseillers  et  des 
prudhommes  : 

Item  dimenge  aprop  (le  26  juillet),  los  dits  cossols  amas- 
sen  los  homes  de  lor  cosselh  e  los  autres  promes  del  d.  loc 
per  empausar  la  dîta  talha  (fo  3). 

Toutefois,  on  ne  saurait  douter  qu'il  ne  s'agisse  du  con- 
sentement de  tous  les  habitants,  dans  le  cas  d'un  marchand 
de  Grenade  qui  ne  voulut  accepter  l'arrière-dîme  que  garan- 
tie par  le  serment  de  tous  les  dits  habitants  :  ab  sagra?nent 
del  singular. 


UN   SIÈCLE  d'administration  COMMUNALE.  323 

De  même,  à  la  fête  de  l'Epiphanie  1389,  le  marchand 
Pierre  Bert  ne  voulut  traiter  définitivement  du  prêt  de 
4  quartons  de  blé,  que  si  on  lui  portait  l'acceptation  du 
marché  par  le  peuple  :  e  que  tornessan  ah  resposta  del 
]7oble  le  clifauœ  signent. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  que  le  consentement  populaire  fût 
une  pure  formalité,  car,  le  9  décembre  1414,  les  consuls,  les 
conseillers  et  autres  (e  gran  re  cCautres)  ayant  décidé  que, 
pour  payer  l'albergue  et  l'afitanage,  on  se  contenterait  de 
doubler  le  rôle  du  fouage,  le  peuple  se  refusa  à  cette  mesure 
et  exigea  un  rôle  spécial  où  la  première  livre  fut  frappée  de 
16  gros,  les  autres  de  4;  le  rôle  une  fois  fait,  les  consuls  le 
montrèrent  au  conseil  qui  se  déclara  satisfait  : 

Item  dùnecres  davant  Nadal  anen  les  cossols  a  Granada 
per  scriure  la  talha  de  Vauberga  e  del  afitanag?  pe?^  pagar 
an  Pey  Boet,  quar  lo  poble  no  ave  bolgut  que  se  fes  ayssi 
com  era  stat  autra  bet  ordenat  que  hom  dobles  la  talha 
del  fogatge,  mas  que  aven  de  novel  ordenat  que  la  pru- 
inera  Ihiura  pagues  xvi  gros  e  cascuna  de  las  autras 
iiii*«  gros,  e  le  notari  no  y  poguet  vacar,  mas  que  le  leyssen 
le  Valiuramentper  ordena  la  talha;  e  despenssen  ix  toisas, 
e  meten  lor  jorn  (f°  10). 

Item  dimenge  après  Nadal  ainassen  les  cossols  las  gens 
de  lor  cossel  per  mostrar  lo  cartel  de  Vauberga  e  del  aflta- 
nage,  e  tenguen  se  per  contemt,  et  quant  aguen  feyt  des- 
penssen an  lor  un  toisas  (f"  11). 

Greffier  consulaire.  »*kLes  consuls  avaient  pour  secré- 
taire ou  greffier  un  notaire  de-'-tTrenade.  Des  habitants  de 
bonne  volonté  inscrivaient  à  mesure,  sur  des  carrés  de 
papier  ou  carton,  les  dépenses  journalières  de  la  ville. 
Ensuite,  le  greffier  les  transcrivait  à,  leur  rang  de  date,  sur 
un  registre,  quand  il  venait  en  ville  : 

Item  quan  fero7i  escriue  las  causaz  desus  ditas  e  trayla- 
tar  e  escriue  en  est  lib?^e  so  que  mossen  Johan  Perrer  abe 
escriu  en  i  cartel,  despenderon  ii  gros^  1390  (f*  5). 

Nous  connaissons  plusieurs  de  ces  écrivains  de  bonne 
volonté;  après  Johan  Perrer,  ce  fut  le  consul  Andriu  Tuffa 


324  F,    GALABERT. 

qui,  d'une  main  exercée  sinon  belle,  nota  lui-même  plu- 
sieurs articles  de  dépenses,  1391  (1°  12)  ;  plus  tard,  ce  fut 
Johan  Merlle.  De  1433  à  1450,  ce  fut  le  recteur  Pey  Fornier 
qui  le  plus  souvent  dressa.les  comptes  consulaires,  de  même 
que.  à  titre  de  procureur  du  seigneur  Jacmes  Isalguier,  il 
approuva  les  élections  ;  d'autres  fois,  ce  furent  Johan  Maury 
et  Johan  Laurens  qui  tinrent  la  plume  :  preuve  que  l'instruc- 
tion n'était  pas  tout  à  fait  négligée,  même  dans  les  campagnes. 

Le  greffier  consulaire  établissait  les  rôles  des  tailles  et  le 
cahier  de  l'estime,  qui,  comme  notre  cadastre,  servait  de 
base  à  la  répartition  de  l'impôt  : 

Item  lo  jorn  que  maestre  Johan  Bariu,  notari,  escriu- 
guec  la  secunda  talha,  despenden  i  gros. 

Gomme  salaire,  en  1405,  le  greffier  recevait  2  francs,  plus 
une  paire  de  souliers,  et  il  était  quitte  de  toutes  tailles.  En 
1447,  Pey  Fornier  toucha  1  écu  d'or  : 

ftem  a  ?nossen  Pey  Fornier,  rector  del  dit  loc,  per  son 
trebal  del  dit  cossolat,  que  foc  lor  escritor  pcr  lo?'  an, 

1  escut{z)  d'aur,  1433  (f°  5). 

Impôts.  —  Les  impôts  ne  furent  cependant  pas  toujours 
répartis  au  marc  le  franc  sur  le  cahier  de  l'estime,  lequel  ne 
marquait  que  les  maisons  et  les  champs.  Le  rôle  établi 
en  1368  pour  payer  les  routiers  de  Gastelcuiller  frappa  le 
bétail  aussi  bien  que  les  hommes,  et  c'était  raison,  car  les 
soudards  enlevaient  les  animaux  de  labour  aussi  bien  que 
les  hommes  quand  le  «  pati  »  n'était  pas  régulièrement  payé. 
Le  dit  rôle  fut  donc  établi  à  raison  de  3  gros  par  homme, 
4  blancs  par  tête  de  bœuf,   2  gros  par  cheval  ou   mulet, 

2  blancs  les  ânes,  12  gros  les  brebis  et  les  chèvres;  ce  qui 
produisit  une  somme  de  25  francs. 

Le  rôle,  dressé  en  1407  pour  les  frais  de  la  reddition  du 
château  de  Lourdes,  mit  la  première  livre  à  5  sous  toulou- 
sains, les  autres  à  5  deniers  tournois,  et  produisit  lO'i  livres 
1  gros. 

Les  impôts  étaient  souvent  payés  en  nature,  soit  froment, 
vin,  chevreaux,  œufs,  poules,  que  les  consuls  vendaient 
ensuite;  le  vin  levé  en  1367  produisit  119  florins  7  gros. 


UN    SIÈCLE    d'administration    COMMUNALE.  325 

Item  lo  divendres  siguenl  aneron  per  las  bordas  los  ditz 
cossos  ah  lo  bayle  per  cercar  les  blatz  de  que  aven  presas 
las  muestras...per  pagar  latalha,  1391  (f"  6). 

Cependant  les  impôts  rentraient  mal  et  souvent  les  con- 
suls étaient  obligés  de  recourir  à  la  saisie;  c'était  le  messé- 
guier  qui  la  prati(]uait,  et  les  dépossédés  rachetaient  généra- 
lement les  objets  saisis. 

Voici  quelques-uns  des  objets  mis  à  l'encan  en  1369  et  les 
prix  qu'on  en  retira  : 

1  couette,  5  sous  toulousains  ; 

1  bassine,  6; 

1  pipe  de  vin,  36; 

1  paijrol  (chaudron),  5  ; 

1  pigassa  (hache),  12  d.; 

1  pulvinar  (oreiller),  3  sous  toulousains. 

Cependant,  la  levée  des  tailles  laissait  chaque  année  des 
arrérages  considérables  :  , 

10  florins  en  1355, 


9 

1356, 

23 

1357, 

12 

1358, 

24 

1359, 

25 

-   ■ 1360, 

13 

1361. 

Le  mal  devint  si  considérable  que  les  arrérages  donnèrent 
lieu  à  des  rôles  spéciaux  :  en  1367,  il  n'y  avait  pas  à  perce- 
voir moins  de  152  florins;  deux  rôles  en  1868  permirent  de 
lever  215  florins  et  139  florins  et  demi  ;  en  1370,  deux  rôles 
firent  rentrer  du  passé  285  florins  8  gros  et  223  florins. 

Mais  le  mal  était  aggravé  par  ce  fait  que  les  consuls  admi- 
nistraient les  fonds  communaux  de  façon  très  défectueuse. 
Pour  le  moment,  nous  citerons  seulement  le  cas  de  l'hôte- 
lière qui  hébergeait  les  consuls  à  Toulouse,  qui  ne  fut  payée 
qu'après  plusieurs  années,  et  non  sans  frais.  Citons  encore  ce 
cordonnier  de  Grenade  à  qui  les  consuls  de  1405  emprunté- 


326  F.  GALABERT. 

rent  les  souliers  ou  sabatos  promis  au  greffier;  ne  voyant 
pas  rentrer  ses  fonds,  le  cordonnier  fit  faire  une  «  clameur  » 
qui,  avec  la  vacation  des  sergents,  coûta  3  gros  2  blancs; 
après  quoi,  les  consuls  se  décidèrent  à  payer,  non  sans  dé- 
penser encore  4  gros  ;  or,  les  sabatos  ne  valaient  pas  plus  de 
14  blancs. 

En  1414,  il  y  avait  quatre  ans  que  l'on  devait  au  marchand 
Pey  Boet  l'albergue  et  l'affitanage  dont  il  avait  fait  l'avance 
pour  la  communauté  (f«  9). 

Sergents.  —  En  somme,  jusqu'à  cette  dernière  date,  les 
comptes  fourmillent  de  dettes  arriérées  ;  aussi  les  sergents 
affluaient  à  Aucamville  pour  réclamer  au  nom  des  créan- 
ciers. Généralement,  il  venaient  à  deux,  quelquefois  à  qua- 
tre; ils  restaient  plusieurs  jours,  même  une  semaine  entière, 
à  titre  de  garnisaires,  décidés  à  ne  vider  les  lieux  que  lors- 
qu'ils toucheraient  avec  leur  vacation  un  cadeau  peu  volon- 
taire :  e  composeron  ab  lu.  Ils  venaient  de  Verdun,  de  Gre- 
nade, surtout  de  Toulouse  ;  leur  salaire  ou  vacation  s'élevait 
à  4,  6,  8,  10  gros,  2  francs,  2  écus  ;  quelques-uns  exécutaient 
leur  commission  en  vertu  du  sceau  de  Sommières  ou  de  celui 
de  Montpellier. 

Le  dimanche  après  la  Purification  1374,  un  sergent  vint 
de  Verdun  réclamer  la  finance  du  duc  ;  il  resta  trois  jours  : 
ses  vacations  lui  furent  payées  3  florins.  Le  21  juin  1395,  un 
autre  vint  exécuter  les  consuls  pour  non-réparation  du  pont 
de  Merdans  et  d'autres  passages.  Les  consuls  se  débarrassè- 
rent de  lui  en  lui  donnant  du  blé  pour  la  valeur  de  6  gros  : 
dero  le  yi  punheras  de  fro^nen,  costero  vi  g?^os  (ï°  3). 

Deux  sergents  étaient  à  peine  repartis  que  souvent  on  en 
voyaif  survenir  deux  autres.  Faute  d'argent,  les  consuls  em- 
pruntaient, si  toutefois  ils  trouvaient  à  le  faire,  ou  bien  ils 
demandaient  un  délai,  et  tout  au  moins  ils  perdaient  temps 
et  argent.  Réduits  aux  abois,  ils  empruntaient  du  blé  pour  le 
revendre.  En  1390,  ils  empruntèrent  10  quartons  de  blé,  2  de 
haricots  (legutnz),  au  prix  de  32  livres  (f"  2)  ;  une  autre  fois, 
3  pièces  de  drap  au  prix  de  25  francs  pièce.  Le  montant  de 
ces  marchandises  était  destiné  à  désintéresser  les  créanciers; 


UN   SIECLE   d'administration   COMMUNALE.  327 

mais  ces  spéculations,  inventées  pour  tourner  les  lois  cano- 
niques qui  prohibaient  l'usure,  n'étaient  pas  toujours  heu- 
reuses ;  ainsi,  la  vente  des  draps  mentionnés  n'atteignit  pas 
même  le  prix  d'achat. 

Cette  mauvaise  gestion,  s'ajoutant  à  la  misère  publique, 
fut  probablement  cause  que  la  communauté  perdit  tout  cré- 
dit; les  riches  marchands  se  montraient  difficiles  pour  bailler 
des  fonds.  Aussi,  dans  leur  détresse,  les  consuls  de  1405 
eurent  recours  au  juge  du  pays  de  Verdun,  qui  résidait  alors 
cà  Grenade,  et  ils  sollicitèrent  des  lettres  obligeant  ceux  qui 
avaient  de  l'argent  ou  du  vin  à  leur  consentir  un  prêt.  On 
peut  croire  que  cette  demande  leur  fut  accordée,  car  les  con- 
suls de  1413  allèrent  réclamer  une  lettre  du  même  genre, 
qui  coûta  1  gros. 

A.  tout  moment  les  consuls  étaient  cités  par  des  créanciers, 
à  Toulouse  devant  le  sénéchal,  à  Verdun  devant  le  juge  ;  ils 
étaient  toujours  en  route,  allant  à  Beaumont,  à  Verdun,  à 
Toulouse,  pour  dettes  à  payer,  pour  délais  à  solliciter,  lite- 
ram  spere,  d'où  des  dépenses  qui  finissaient  par  dépasser 
quelquefois  la  dette  elle-même. 

Cependant  les  créanciers,  ne  voyant  rien  venir,  perdaient 
patience  ;  les  sergents  alors  revenaient  et,  les  garnisaires  ne 
suffisant  pas,  ils  mettaient  les  consuls  en  état  d'arrestation. 
En  1373,  Arnaud  de  Naborgna  fut  retenu  pendant  sept  se- 
maines à  Beaumont  et  il  ne  dépensa  pas  moins  de  7  francs  et 
demi  ;  Pierre  Costa  fut  emprisonné  à  Verdun,  et  les  consuls, 
pour  adoucir  sa  détention  peut-être,  envoyèrent  au  châtelain 
une  paire  d'oies  valant  6  gros  et  deux  paires  de  gelines  coû- 
tant 7  gros.  L'année  suivante,  les  consuls  furent  retenus 
pendant  quatre  jours  à  Grenade,  pro  facto  cabagii,  per  iiii*"" 
dies^  et  leur  dépense  s'éleva  à  6  gros;  puis  deux  d'entre  eux 
furent  par  les  sergents  emprisonnés  à  Verdun,  à  cause  de  la 
créance  de  Bertrand,  sieur  de  Marguestaud;  en  trois  jours, 
ils  dépensèrent  1  florin.  En  1376,  un  des  consuls  fut  retenu 
à  Toulouse  in  aula  nova.  Ses  collègues  envoyèrent  diverses 
personnes  pour  essayer  de  le  faire  libérer.  En  1369,  les  con- 
suls furent  emprisonnés  à  Verdun,  par  ordre  du  juge,  pour 


328  F.  GALABERT. 

n'avoir  pas  payé  le  subside  de  demi-franc  par  feu  et  pour 
n'avoir  pas  remis  les  comptes  de  trente  ans  en  çà  ;  mis  en 
liberté  provisoire,  ils  durent  réintégrer  la  prison  jusqu'à  ce 
qu'ils  eussent  payé  4  francs,  etc.,  1389  (f°  11). 

Les  magistrats  municipaux  semblent  avoir  pris  assez  bien 
leur  parti  de  ces  incarcérations  fréquentes.  C'est  qu'ils  étaient 
défrayés  et  que  leurs  journées  étaient  payées  sur  les  deniers 
de  la  communauté.  D'ailleurs,  n'était-ce  pas  l'intérêt  des 
créanciers  de  mettre  fin  à  la  détention?  En  1405,  le  chape- 
lain, Me  Jean  Delpech,  fut  chargé  de  faire  rentrer  les  restes 
de  l'albergue.  Dès  qu'il  se  présenta,  quelques  retardataires 
payèrent  sur-le-champ  ;  d'autres  se  hâtèrent  de  réaliser  des 
fonds  et  de  les  lui  porter  à  Grenade.  Ce  fut  la  majorité  qui 
ne  paya  point;  aussi  le  chapelain  revint  au  bout  de  quelques 
jours  et  menaça  de  faire  emprisonner  les  consuls,  puis  il 
accorda  un  délai  ;  le  délai  expiré,  le  seigneur  fit  arrêter  les 
consuls  ;  coût,  5  gros.  Mais,  après  cette  mesure,  il  ne  se  voyait 
pas  plus  avancé.  Il  les  fit  mettre  bientôt  en  liberté  provisoire. 
Ces  consuls  en  profitèrent  pour  aller  quêter  par  les  bordes 
en  compagnie  du  damoiseau  Arnaud  de  Saint-Jean  et  du 
mességuier,  mais  ils  essuyèrent  force  refus.  Sur  ces  entre- 
faites, le  seigneur  vient  en  ville  ;  on  lui  otïre  un  dîner  qui 
coûte  6  gros;  il  relâche  les  consuls  qui  se  décident  enfin  à 
partir  pour  Grenade  pour  y  contracter  un  emprunt  et  ils  dé- 
pensent encore  2  gros. 

Les  créanciers  avaient  quelquefois  recours  à  l'arme  de 
l'excommunication,  arme  qui  finissait  par  ne  plus  sembler 
très  redoutable,  parce  qu'on  s'en  était  servi  trop  fréquem- 
ment. D'ailleurs,  l'excommunié  pouvait  toujours  se  racheter 
à  l'officialité  :  il  devait  payer  8,  12,  20  ou  23  gros,  et  même 
quelquefois  rien  du  tout  quand  il  était  clerc.  Ce  fut  le  cas  de 
Pierre  Dongan  en  1391  (f°  7)  : 

Item  lo  dijaus  signent  aneron  a  Tliolosa  Aza?n  Dongan 
et  Johan  Depuntis  per  la  absolucion  den  Be?mat,  fray  de 
Mosen.,  que  les  abe  fey  escwnenjar  per  lo  play  que  mena- 
ban  ab  lu  per  l'auberga  del  an  passât^  e  aguec  la  dita  ahso- 
lucion  que  costee  xu  gros,  1389  (f*^  15). 


UN    SIÈCLE   d'administration    COMMUNALE.  329 

Ceux-ci  ne  reçurent  pas  moins  de  : 

35  fois  la  visite  des  sergents  en  1373, 
105  —  —  1389, 

89  —  —  1390, 

66  —  —  1391, 

24  —  —  1395, 

20  —  —  1396. 

En  somme,  si  l'on  veut  comprendre  le  désordre  ou  mieux 
le  gâchis  qui  régnait  dans  l'administration,  il  suffira  de  jeter 
un  coup  d'œil  sur  le  tableau  des  visites  que  les  sergents 
firent  aux  consuls.  Ce  fut  au  point  que,  en  1380,  la  commu- 
nauté obtint  des  lettres  du  Conseil  du  roi  qui  défendait  à  tout 
sergent,  sauf  à  ceux  de  la  Trésorerie,  d'instrumenter  sur  les 
consuls  ou  sur  les  particuliers.  Cinq  ans  auparavant,  une 
autre  lettre  de  la  même  origine  avait,  si  nous  avons  bien 
compris,  défendu  aux  sergents  de  faire  des  saisies  sinon  pour 
les  affaires  de  la  ville. 

Ce  désordre,  faut-il  en  chercher  la  cause  initiale  dans  la 
misère  occasionnée  par  la  guerre  et  par  les  routiers  dont 
nous  verrons  les  exigences?  Certainement  la  fortune  publi- 
que avait  baissé  pendant  la  guerre  de  Cent  ans,  et  les  excur- 
sions des  routiers,  qui  ruinaient  l'agriculture,  étaient  une 
des  principales  causes  de  cette  baisse  continue,  et  cependant, 
établis  sur  un  sol  très  fertile,  les  habitants  étaient  riches. 
Les  minutes  notariées  nous  le  font  bien  voir:  elles  mention- 
nent de  beaux  costumes,  des  surcots  fourrés  de  menu-vair, 
des  draps  de  lit  de  deux  largeurs  en  toile  de  Reims,  des  lits 
à  deux  traversins  avec  couettes  contenant  60  livres  de  plume  ; 
aux  repas  mortuaires,  des  porcs  entiers  mijotant  avec  des 
quartières  de  fèves  réunissaient  les  parents  et  les  amis  et  les 
pauvres  ;  quelquefois  même  on  tuait  une  vache  avec  un  ou 
plusieurs  veaux;  les  aumônes  étaient  nombreuses,  ainsi  que 
les  dons  aux  églises  et  aux  hôpitaux,  et  les  legs  pour  lilles  à 
marier  {Reg.  de  J.  de  Campodeî,  déjà  cité). 

A  quoi  donc  attribuer  l'état  de  gêne  communal?  A  la  négli- 
gence, à  l'administration  défectueuse  et  peut-être  aussi  (nous 

ANNALES   DU    MIDI.    —   XX  22 


330  F.    GALABERT. 

n'en  avons  point  la  prenve)  au  désir  qu'avaient  particuliers 
et  communauté  de  ne  point  paraître  riches  afin  d'être  moins 
imposés. 

Cependant  des  pratiques  si  préjudiciables  ouvrirent  sans 
doute  les  yeux  au  pouvoir,  car,  dès  les  premières  années  du 
XV®  siècle,  la  plaie  des  sergents  diminua  et  leurs  visites 
devinrent  moins  fréquentes;  nous  en  avons  compté  : 

4  en  1405,  1  en  1433, 
1  en  1406,  3  en  1434, 

5  en  1413,  1  en  1436, 
5  en  1414»,  4  en  1437. 

En  poursuivant  les  recherches  jusqu'à  la  fin  du  cycle  que 
nous  avons  embrassé,  nous  trouvons  que  les  consuls  de  1444 
reçurent  la  visite  de  six  fiscaux  et  d'autant  de  sergents  ;  ces 
visites  étaient  motivées  par  le  désir  d'accélérer  le  payement 
d'une  taille  pour  le  dauphin,  du  fouage,  de  l'équivalent  et 
d'un  impôt  sur  les  viandes  salées:  ces  charges  multiples 
étaient  quelque  peu  lourdes,  et  le  dernier  de  ces  impôts 
semble  avoir  été  assez  impopulaire.  Pour  comble,  un  ser- 
gent vint  aussi  portant,  de  la  part  des  capitouls  de  Toulouse, 
une  mande  de  19  livres  et  quelques  gros;  il  est  vrai  qu'un 
fiscal  mit  bientôt  à  néant  la  prétention  des  magistrats  tou- 
lousains. Les  visites  ou  saisies  faites  par  les  sergents  se 
multiplièrent  sensiblement  l'année  suivante;  plus  d'une  fois 
les  consuls  furent  arrêtés  à  cause  de  l'équivalent,  du  fouage 
et  des  salaisons;  on  les  vit  souvent  prendre  le  chemin  de 
Toulouse,  n'y  portant  que  de  petits  acomptes  et  y  joignant 
un  cadeau  de  quelques  paires  de  poules  pour  le  receveur. 
Mais,  dès  l'année  suivante  les  saisies  et  les  visites  diminuè- 

1.  Nous  devons  faire  observer  qu'une  des  visites  de  1414  n'était  nulle- 
ment justifiée,  car  les  consuls  purent  montrer,  à  Grenade,  les  bilhetas  ou 
reçus  du  fouage  qu'on  leur  réclamait.  Lorsque  les  sergents  vinrent,  en 
1340,  leur  réclamer  les  restes  du  subside,  ils  avaient  déjà  payé  32  livres; 
il  ne  leur  restait  à  payer  que  6  livres  et  demie.  En  1438  et  l'année  sui- 
vante, deux  des  citations  visaient  le  refus  fait  par  un  habitant,  Simon 
du  Règne,  de  payer  l'albergue  et  le  droit  sur  les  salaisons;  une  troisième 
avait  l'intention  de  venger  Jean  de  Campodei,  greflier  consulaire  évincé, 
qui  réclamait  l'arriéré  de  son  salaire. 


UN    SIECLE   D  ADMINISTRATION    COMMUNALE. 


331 


rent,  et  tout  rentra  rapiflement  dans  la  régularité;  aussi  ne 
faut-il  voir  là  qu'un  accident  et  non  un  retour  aux  mauvaises 
pratiques  d'antan.  Dans  la  suite,  il  ne  vint  plus  guère  d'autre 
sergent  que  celui  qui  était  chargé  d'annoncer  la  mande  de  la 
taille,  Vasabentamen  ilel  fogdijge  (1428,  1434,  etc.). 

Une  des  causes  (|ui  rai-élièrent  les  visites  des  sergents 
c'est  la  régularité  dans  le  payement  des  impôts  :  il  y  eut  peu 
d'arrérages:  quant  aux  dettes,  on  les  éteignit,  non  sans 
peine  quelquefois,  et  les  consuls  de  1414  firent  de  grands 
efforts  dans  ce  but,  malgré  la  crise  occasionnée  par  des  im- 
pôts nouveaux.  Les  subsides  ne  furent  plus  levés  en  nature, 
mais  ils  furent  payés  sans  recourir  aux  emprunts;  d'em- 
prunts, il  n'y  en  eut  qu'un  en  1405,  de  20  francs  qui  sem- 
l)lent  en  avoir  coûté  25;  un  en  1413,  où  le  blé  emprunté  fut 
porté  à  Toulouse;  peut-être  un  autre  en  1440,  et  un,  enfin, 
en  1443.  L'albergue  et  l'affitanage  furent  payés  annuelle- 
ment et  sans  retard,  sauf  en  1413,  et  ces  deux  droits,  fixés 
définitivement  au  taux  de  16  livres  1/2,  ne  furent  engagés  ni 
par  le  seigneur  ni  par  les  consuls.  Enfin,  les  comptes  étaient 
rendus  presque  aussitôt  après  la  sortie  de  cliarge  des  consuls, 
quelquefois  dans  le  courant  du  mois.  La  chose  se  faisait  en 
place  publique,  sous  l'orme  communal;  elle  eut  lieu  une  fois 
dans  la  maison  du  recteur. 

Le  résultat  de  cet  effort  financier  se  fit  vite  sentir.  Le 
tableau  suivant  montre  que  les  recettes  balancèrent  à  peu 
près  les  dépenses,  quand  il  n'y  eut  pas  un  léger  boni;  il  n'y 
eut  d'exception  qu'en  1441  et  1445  : 


14:3:J 

liât 

1435 
1436 

1437 

1441 
1445 


1.  Recettes. 

108  1.  7  gros. 
7(J  écus  3  gros  1  double. 
89  écus  2  gros. 


Dépenses. 
110  1.  9  gros. 
68  écus  7  gros. 
87  écus  3  gros  1/2. 


29  écus  11  moutons  1/2.    27  gr.  11  moût.  1/4. 


9  L  6  gr.  1  blanc. 

17  écus  12  gros. 

48  1.  7gr.  1  blanc. 
I  32  écus. 
!  33  1.  1/2. 

lOG  1.  9  gr.  1  bl. 

119  1.  9  gr. 


9  1.  3  gros. 
16  écus  1/2  2  bl. 
48  1. 15  gr.  1  bl. 
28  écus  10  gros. 
43"  1.  10  gr.  6bl. 
119  1.  13  gr.  1  bl. 
138  1. 


Excédant. 

I  écu  11  gros. 

1  écu  9  gr.  1/2. 

2  écus  2  gros. 

1  écu  13  gr.  2  bl. 

2  1.  3  gr.  1  bl. 

3  écus  3gr.  2  bl. 


Déficit, 


Arrérages. 
5  1.  9.'r. 


13  1. 
191. 


3:i2  F.    GALABERT. 

Nous  énimiérons  ci  dessous  quelques-uns  des  impôts  qui 
pesèrent  sur  la  communauté  pendant  plusieurs  années,  mais 
évidemment  cette  énumération  est  incomplète  : 

1429  Part  du  subside  accordé  par  les  Etats  du  Languedoc 

assemblés  à  Carcassonne 28  1. 1. 

Idem  à  Chinon 45  — 

1431  Aux  routiers 4  écus  d'or  vieux. 

1433  Pati  de  Verdun 2  écus. 

Subside  accordé  au  comte  de  Foix,  lieutenant  du  roi 

en  Languedoc 53  écus  1/2  d'or. 

Don  au  secrétaire  du  comte  d'Armagnac 5  écus. 

Fouage 35  moutons  1/2  d'or. 

Aux  gens  d'armes  logés  à  Aussonne  et  avec  qui  on 

composa 1  écu  d'or. 

Fournitures  en  avoine  et  foin  à  M.  de  Lomagne  : 

1  écu  5  gros. 

1434  Subside  accordé  au  comte  de  Foix.     54  moutons  d'or. 
Quote-part  de  2,000  moutons   d'or  accordés  au  séné- 
chal      2  écus. 

1436  Subside  royal  accordé  à  Béziers 38  1.  1/2. 

Quotepart  d'un  don  au  bâtard  de  Bourbon. ...     2  écus. 

1437  Aide  au  comte  d'Armagnac  pour  marier  sa  fille  : 

12  écus  d'or. 

Subside  royal  accordé  à  Béziers 21  1.  t. 

Dépenses  de  guet  et  garde  à  l'occasion  des  compagnies 

de  Rodrigo,  etc 10  1.  1/2,  etc. 

Achat  de  chandelles  pour  le  guet 111. 

1440  Part  du  subside  de  131,000  1.  accordé  au  roi  à  Mont- 

pellier      8  1. 1 

Equivalent 20  1.  10  gros  8  deniers. 

Taille 32  1.  7  gr. 

Nouvelle  taille 5  1.  7  gr.  1  d. 

Don  au  vicomte  de  Tartas 2  1. 

1441  Subside  royal  accordé  <à  Montpellier 30  I. 

Dépenses  pour  les  compagnies  de  Rodigo,  du  bâtard  de 

Bourbon,  etc x. 


UN    SIECLE    d'administration    COMMUNALE.  333 

1444  Taille  pour  le  Dauphin 4  1.  1/2. 

Taille  pour  Monseigneur  d'Orléans 11. 

Fouage 5  1.  1/2. 

Salaisons x. 

A  ces  divers  impôts  il  convient  d'ajouter  l'albergue  et  l'afi- 
tanage,  les  oublies,  les  aides,  enfin  les  grandes  dépenses 
occasionnées  par  les  Compagnies  ;  et  tout  cela  était  indépen- 
dant des  frais  de  constructions  communales,  enbans,  scos- 
sieras,  capellanîa  ou  maison  curiale,  barbacane  avec  palis- 
sade et  pont-levis,  etc.,  per  adoha  la  porta  de  la  harhacmna^ 
1435  (f^  3;  : 

Item  quant  feyro  lo  pal  de  Ui  Mrbacana,  de  vole  des 
prodomes^  desipensero  a  la  taverna,  vu  blancs,  et  per  ado- 
bar  la  saralia  de...  m  doblas,  1441  : 

Pour  subvenir  à  ces  dépenses,  la  communauté  n'avait  que 
le  produit  de  la  magenca  ou  taverne,  soit  20  francs  et  quart 
en  1414,  et  le  revenu  des  herbages  qui,  d'après  une  conven- 
tion de  1427,  était  partagé  entre  le  seigneur,  la  ville  et  le 
sieur  de  Marguestaud  ;  il  s'éleva  pour  la  ville  à  9  écus  en 
1429,  à  11  en  1433. 

Routiers.  —  Les  routiers  mettaient  le  pays  en  coupe 
réglée.  Les  consuls  de  1380  avaient  déjà,  bien  à  contre-cœur, 
contribué  de  plusieurs  manières  à  leur  entretien;  ils  avaient 
payé  au  capitaine  qui  commandait  à  Bourret  7  francs  4  gros  ; 
au  seigneur  de  Durban,  à  Bertrand  de  Launac,  à  Raymond 
de  Marquefave  ils  avaient  donné  un  repas  coûtant  1  florin; 
ils  avaient  fourni  du  vin  à  Pierre  de  Nizan,  ils  en  avaient 
donné  également  à  Pierre  de  Montant  et  à  ses  gendarmes, 
puis  aussi  à  Pierre  et  à  Bertrand  de  Banèges  qui  comman- 
daient à  Savenès,  et  aux  compagnies  de  Poco  et  de  Mena- 
dut;  enfin,  ils  étaient  allés  au  Mas-Grenier  payer  au 
seigneur  de  Marestaing  une  somme  à  lui  assignée  par  le 
comte  de  l'Isle.  Ils  devaient,  en  1390,  faire  présent  de  vin  et 
d'un  mouton  à  Menadut  quand  il  vint  loger  à  Aucamville  : 

Quam  7nossen  Benazut  s'alocget  Auqum.villa,  le  feron 
I  présent  de  vin  e  de  i  motou  per  que  no  des  dapnatge  al 
loc,  costec  tôt,  ses  la  pet  del  moto,  xvi  gros  (f°  5). 


334  F.    GALABERT. 

En  1389,  les  consuls,  qui  avaient  eu  déjà  à  répondre  à  une 
demande  du  châtelain  de  Puymirol,  virent  approcher  le  mo- 
ment de  payer. le  «  pati  »  aux  routiers  de  Castelcuiller.  Mal- 
gré l'avis  du  seigneur,  qui  les  avait  fait  citer  à  Toulouse  le 
26  mars,  ils  laissèrent  passer  le  terme;  or,  comme  le  jeudi 
de  Pâques  ils  se  rendaient,  avec  une  dizaine  de  conseillers, 
à  Grenade,  afin  d'emprunter  du  blé  en  vue  de  payer  le  sub- 
side de  5  francs  par  feu,  les  routiers,  qui  les  guettaient  sans 
doute,  fondirent  sur  eux;  ils  emmenèrent  prisonniers  trois 
consuls  et  un  conseiller.  Ceux  qui  échappèrent  portèrent  la 
nouvelle  en  ville.  Aussitôt  grand  émoi  ;  un  homme,  par 
ordre  du  seigneur,  suit  les  prisonniers  à  Castelcuiller;  d'au- 
tres entreprennent  une  série  de  démarches  auprès  des  mar- 
chands de  Merville  qui  devaient  acheter  le  blé  ;  ils  vont  à 
Toulouse,  ils  se  rendent  cinq  à  six  fois  à  Pelleport  et  à  Gre- 
nade; le  prêteur  Jean  Boet  les  renvoyait  chaque  fois  au  len- 
demain avec  de  bonnes  paroles,  les  engageait  finalement  à 
s'adresser  à  son  ami  Pierre  Bert  ;  celui-ci,  au  lieu  de  6  francs, 
ne  leur  en  remettait  d'abord  que  3,  puis  enfin  3  autres  à 
force  de  sollicitations. 

Cependant  les  6  francs  ne  payaient  que  le  pati;  restait 
l'amende  ou  merca,  infligée  pour  avoir  laissé  passer 
l'échéance  ;  cette  amende  se  montait  à  10  francs.  De  nou- 
veau, consuls  et  conseillers  se  mettent  en  quête  ;  le  4  mai, 
ils  vont  trouver  encore  Jean  Boet  et  offrent  de  lui  vendre 
l'arrière-dime  pour  le  couvrir  du  pati  et  de  la  merca.  Jean 
Boet  répond  qu'il  n'est  pas  en  fonds  et  il  leur  conseille  de 
revenir  le  lendemain  ;  le  lendemain,  les  pourparlers  ne  pu- 
rent-aboutir,  no  deliureron  areîi;  le  surlendemain,  même 
offre  de  Jean  Boet,  et,  une  fois  de  plus,  résultat  nul.  Enfin, 
le  dimanche  suivant,  la  négociation  est  reprise,  Jean  Boet  et 
Pierre  Bert  veulent,  avant  de  traiter,  savoir  les  ressources 
qu'offre  l'arrière-dime  en  blé  et  en  vin  : 

Lo  dit  Pey  Bert  dissec  les  que  fessan  recerc  qiiantas 
cartonadas  de  terra  hi  abe  bladeras  ni  cantas  vinhas  (f"^  7). 

Peu  après,  lo  dimercles  denant  lo  bon  )oy  de  may,  les 
intéressés  reviennent  à  la  charge,  et  Jean  Boet  les  renvoie 


UN   SIÈCLE  d'administration   COMMUNALE.  335 

encore  au  lendemain,  car  il  verra  que  s'en  poguera  fer.  Le 
jeudi  suivant,  les  prêteurs  Jean  Boet  et  Pierre  Bert  viennent 
enfin,  accompagnés  d'un  notaire,  recevoir  l'engagement  juré 
par  tous  et  chacun  des  habitants;  mais  les  conventions 
n'ayant  pas  agréé  à  Pierre  Bert,  il  s'en  retourne  sans  rien 
traiter  : 

Pcr  prene  lo  sagimment  del  singular  per  la  venda 
del  redeume,  e  hanc  d'aquet  jorn  no  s'encartec^  que  Pey 
Boet  s'en  anec  que  non  consentie  al  covens  (f°  7). 

L'on  finit  pourtant,  le  dimanche  suivant,  par  passer  acte 
de  la  vente  ;  mais  que  de  temps  et  de  démarches  en  pure 
perte,  sans  compter  l'argent  dépensé  et  les  pegas  de  vin  qui 
furent  bus! 

Cependant  les  routiers,  ayant  été  payés,  relâchèrent  leurs 
prisonniers;  les  consuls  avaient  été  retenus  l'un  trente 
jours,  le  second  cinq  semaines,  le  troisième  trente  jours, 
enfin  le  conseiller  huit  jours;  aussi,  lors  de  la  reddition  des 
comptes,  on  déduisit  de  leurs  tailles  le  montant  des  journées 
de  travail  qu'ils  avaient  perdues,  soit  34  gros,  5  sous  2  gros 
et  demi,  14  gros  et  demi,  13  gros. 

Il  semble  cependant  que  les  routiers,  malgré  leurs  habi- 
tudes de  pillage,  n'étaient  pas  en  dehors  des  lois  :  chose 
étrange,  leur  manière  d'agir  révèle  une  sorte  d'organisation 
légale,  et  l'on  voit  que  le  pouvoir  royal  comptait  administra^ 
tivement  avec  eux.  En  effet,  les  consuls  de  1380,  essayant 
de  se  soustraire  aux  demandes  des  routiers  de  Bourret,  allè- 
rent voir  comment  se  conduisaient  à  cet  égard  leurs  collè- 
gues de  Grenade,  et  dès  qu'ils  se  furent  décidés  à  payer  un 
pati  de  7  francs  4  gros,  ils  demandèrent  l'iiomologation  au 
lieutenant  du  sénéchal  ou  du  juge  : 

Item  habuerunt  i  litteram  domini  locumtenentîs  de  dicto 
pati;  decostitit  viii  grossos. 

Lorsque  approcha,  en  1389,  le  terme  dû  aux  routiers  de 
Castelcuiller,  le  seigneur  cita  à  Toulouse  devant  la  justice, 
le  2t)  mars,  les  consuls  quelque  peu  négligents  ;  la  citation 
coûta  2  blancs(f'3).  Le  dimanche  de  Quasiniodo,  c'est-à-dire 
trois  jours  après   la  capture  des  consuls,  celui   qui  avait 


336  F.    GALABERT. 

échappé  aux  routiers  alla  réclamer  à  Toulouse  une  lettre  du 
sénéchal  pour  la  porter  à  Gastelcuiller;  la  lettre  fut,  en  effet, 
remise  au  bâtard  d'Armagnac  qui  commandait  les  routiers, 
tout  comme  la  réponse  de  ce  dernier  fut  ensuite  portée  au 
sénéchal  (f»  5). 

Les  divers  consulats  de  la  seigneurie,  assemblés  à  Launac, 
le  dimanche  avant  la  Sainte-Madeleine,  pour  décider  si  on 
traiterait  avec  les  routiers,  per  saber  se  hom  apacieran^ 
envoyèrent  à  Toulouse  afin  d'avoir  les  instructions  du  maré- 
chal de  Sancerre  à  ce  sujet  : 

Item  aqui  metys  foron^  cum  desics  se  conten,  a  Tholosa 
les  cossolatz  per  saber  e  bezer  la  ordenansa  de  mosen  lo 
7nenescaut  dels  patis  de  Castetculher... 

L'année  suivante,  les  routiers,  craignant  peut-être  un  refus 
ou  un  retard  de  payement,  s'adressèrent  d'abord  au  seigneur. 
Bernât,  fray  de  Mossen,  était  déjà  venu  pour  accélérer 
le  payement  et,  devant  la  négligence  des  consuls,  il  les  avait 
retenus  en  prison  quatre  jours.  Il  revint  avec  un  petit  varlet 
arrivé  de  Gastelcuiller  :  ab  i  macipet  que  era  vengut  de 
Castetculher,  e  despenderon  en  esta  villa  v  gros  (fo  9). 

Item  lo  dimenge  siguent  venguec  Bernai  Jordan,  si  sizen 
a  cabat,  per  la  paga  del  pati  que  abe  mandat  que  les  cossos 
fossan  arestatz...  e  esteron  arestatz  per  iiii  dias  (f^  11). 

Au  xV^  siècle,  les  compagnies  à  la  solde  du  roi  continuè- 
rent les  pratiques  des  routiers  et  rançonnèrent  les  popula- 
tions, au  moins  autant  qu'au  siècle  précédent.  Nous  trouvons 
les  gens  d'armes  logés  en  ville,  en  1406,  et  Arnaud  Depuntis, 
avec  la  bête  de  soihme  de  Jean  Fournier,  alla  porter  leurs 
bagages  à  Glatens;  il  employa  deux  jours  à  cette  course.  Les 
prudhomnies  envoyèrent  aussi  le  mességuier  au  Burgaud 
pour  s'informer  si  les  gens  d'armes  avaient  quitté  le  lieu,  et 
pendant  ce  temps  les  consuls  se  rendirent  au  château  de  la 
Mothe  pour  parler  au  seigneur  à  leur  sujet. 

Cependant  les  comtes  d'Armagnac,  au  faîte  de  la  puissance, 
avaient  acquis  la  seigneurie  de  ITsle-Jourdain,  et  leur  in- 
fluence s'en  fit  sentir  davantage  dans  le  pays.  Jean  IV,  (jui 
avait  d'abord  porté  le  titre  de  vicomte  de  Lomagne,  avait 


UN    SIECLE   d'administration   COMMUNALE.  337 

traité  avec  les  communautés  <à  Verdun  ;  en  1433,  Aucamville 
lui  paya  d'abord  2  écus  en  la  ville  de  Grenade,  puis  3  autres 
par  mandement  de  Bernard  Barrière,  secrétaire  du  comte. 
Ensuite,  comme  le  comte  avait  requis  l'avoine  et  le  foin  pour 
ses  clievaux,  les  consuls  lui  fournirent  un  demi-quarton 
d'avoine  et  cent  bottes  de  foin  ;  le  tout  valait  6  écus  d'or  : 

Item  anec  lo  cosol  Esteve  de  A7"ma7iac  a  Granada  per 
parlar  a  Mossen  Johan  de  Armanac  per  paga  dos  escut  del 
patu  de  Verdu;  despensero  i  dobla  {P  2). 

Item  Mossen  de  Lomania  fec  demanda  as  cosolos  (sic) 

'd'esta  vila  de  fe  e  de  sivada  per  sos  t^ocies  (sic)  quant  foc 

vengut  a  Granada,  e  los  cosolos  amasero  los  prohomes  que 

li  doneso  mieUcz  carto  de  sivado,  que  costec  i  escut  de  aur. 

Item  may  li  dero  cent  trossas  de  fe  que  costeron  d'en 
Johan  de  Malamaysso,  v  gros  d'aur  (f»  4). 

Gela  n'empêcha  pas  les  gens  d'armes  logés  à  Aussonne  de 
faire,  malgré  la  distance,  des  courses  jusqu'à  Aucamville;  les 
consuls  convinrent  avec  eux  (?)  de  leur  offrir  «  un  barbeau 
de  maille  »,  et,  n'ayant  pu  se  le  procurer,  furent  obligés  de 
leur  donner  1  écu  d'or  : 

Item  los  dit  cossols  pagueron  a  las  gens  d'armas  que 
ero  alojadas  Ausona  que  vengro  core  en  esta  villa,  e  fmero 
hun  harheu  de  malia  e  non  troberoti  jes,  e  las  ditas  gens 
d' armas  feyro  les  pagua  per  lo  dit{z)  Imrbeu  i  escui{z) 
d'aur  (fo  5). 

L'année  suivante,  malgré  le  payement  au  comte  d'Arma- 
gnac d'un  patti  s'élevant  à  24  écus  d'or  en  trois  termes,  les 
gendarmes  logés  au  Burgaud  vinrent  faire  des  courses  sur  le 
territoire  de  la  communauté  ;  pour  y  échapper  les  consuls 
consentirent  à  leur  payer  11  écus  d'or,  en  même  temps  que, 
pour  mériter  ses  bonnes  grâces,  ils  faisaient  de  petits  pré- 
sents au  secrétaire  Bernard  Barrère,  dont  la  terre  de  Mauvers  ■ 
confinait  à  celle  d' Aucamville. 

Item  paguem  a  las  gendarmas  que  ero  alojadas  al  Bru- 
gau  que  vengro  core  en  esta  vila  lendcma^  e  flro  los  cossols 
Il  scutz  d'aur. 

Item  paguem  a  Mossen  de  Armanhac  per  lo  patu  per 


338  F.    GALABERT. 

la  prumira  paga  qu'es  la  tersa  part,  viii  escutz  d'aw  (f»  6). 

Item  los  cossols  dero,  de  vole  des  prodomes,  a  maistre 
Ber7iat  Bariera  dos  parels  de  pelas,  costeron  xi  blancas 
I  toisa  (fo  6). 

En  1435,  les  consuls  envoyèrent  un  homme  cliargé  de 
savoir  où  étaient  logées  les  compagnies,  mais  ils  ne  re- 
çurent pas  la  visite  des  soldats.  En  1441,  les  gendarmes 
étaient  de  nouveau  dans  le  pays  ;  la  population,  effrayée, 
se  tourna  vers  le  seigneur  et  le  supplia  de  venir  la  dé- 
fendre ;  celui-ci  envoya  son  neveu  Guillami.  Les  craintes^ 
n'étaient  pas  vaines,  car  on  vit  bientôt  venir  en  ville  le 
barbier  du  seigneur,  disant  que  les  soldats  logés  à  Saint- 
Gézert  fauchaient  les  blés  du  domaine  seigneurial  de  la 
Mothe.  On  lit  des  présents  au  barbier,  des  présents  au 
seigneur  qui  vint  rassurer  ses  vassaux,  une  course  à  Gre- 
nade où  le  seigneur  les  avaient  mandés;  tout  cela  n'empêcha 
pas  qu'on  ne  donnât  aux  soudards  une  quartière  de  farine 
de  la  valeur  d'une  livre  tournois  et  du  vin  pour  8  gros.  Il 
fallut  aussi  fournir  des  vivres  aux  soldats  logés  à  Savenès, 
soit  à  l'arrivée,  soit  au  départ  :  3  pipots  de  vin,  12  pains,  6 
pugnères  d'avoine,  1  fromage.  Les  gendarmes  vinrent  aussi 
prendre  logement  en  ville  la  veille  de  Notre-Dame  des  Neiges 
(2  août),  et  on  leur  donna  un  pipot  de  vin  et  un  fromage. 

Item  quant  las  jendarmas  vengt^o  pel  pais,  Mossen  de  la 
Mot  a  trames  en  Guilami  per  gardât^  lo  loç;  les  cossols  des- 
pensero  per  lo  dit{z)  Guilami  un  doblas  i  tholsa. 

Item  quant  las  jendarmas  eron  a  San  Sesert  venc  lo 
barhie  de  Mossen  de  la  Mota  en  esta  vila  dizen  que  las  jen- 
darmas cegavon  los  Uas  de  la  Mota,  e  lo  dit{z)  barbie  fmec 
un  barreus  de  vi  e  très  parelhs  de  galinas,  de  que  costero 
v  doblas  (f"  3). 

Item  paguen  a  Galhart  Depuntis  per  una  cartiera  de 
farina  que  donero  a  las  gens  del  rey  i  lieura  tomes. 

Item  quant  las  gens  d' armas  ero  a  Sevenes  lo  darie  cop... 
hun  pipot  de  vi  e  douse  pas  e  sies  punieras  de  sivada  e  hun 
fromayje...  (f^G). 

Item  mays  es  degut  en  Boyso  hun  pipot  de  vi  quant  l'alo- 


UN    SIÈCLE   D'ADiMINISTRATION    COMMUNALE.  339 

jament  venc  en  esta  villa  la  vespra  de  Nostra  Dona  de 
Nciis  ;  item  plus  hun  fromayje  (p.  5). 

Il  faudrait,  pour  être  complet,  noter  encore  une  poule  don- 
née au  bâtard,  ainsi  que  du  vin  pour  ses  gens  d'armes  ;  il 
faudrait  marquer  l'envoi  d'un  inessager  à  Saint-Cézert  pour 
avoir  des  nouvelles  des  méfaits  commis  par  les  soldats;  il 
faudrait  dire  aussi  les  petits  présents  offerts  au  neveu  du 
seigneur  que  gardée  la  porta  pel  Vigarda  quan  anec  a 
Tholosa,  et  enfin  un  pipot  de  vin  fourni  au  capitaine  Sonto 
qui  était  logé  a  Launac. 

En  1444,  pendant  qu'on  envoie  savoir  des  nouvelles  des 
gendarmes  logés  au  Burgaud,  on  apprend  qu'ils  sont  partis 
pour  Grandselve;  le  capitaine  Sonto  ou  Hasonto  dîne  à 
l'abbaye;  la  ville  envoie  un  homme  s'entendre  avec  lui  et 
lui  donne  un  pipot  de  vin.  Puis  ce  sont  encore  des  présents 
de  vin  et  de  poules  aux  gendarmes  logés  à  Bessens  et  à 
Monbéqui,  puis  encore  à  ceux  des  capitaines  Montbrun  et 
Meric  de  Coscayt  logés  à  l'abbaye  de  Belleperclie;  plusieurs 
fois  la  ville  fait  porter  à  ces  derniers  des  vivres  au  Mas- 
Grenier  et  à  Saint-Sardos,  après  divers  pourparlers.  Entre- 
temps, on  va  s'entendre  avec  les  gens  d'armes  du  château 
de  l'Isle -Jourdain  et  traiter  de  leur  logement. 

Item  feguen  anar  Buyso  al  Burgual  per  sabe  de  las  gen- 
darmas e  fec  resposto  que  eran  anat  logar  a  Grant 
Seuba... 

Item  deguen  a  Sonton  que  ero  alojal  a  Grant  Seuba  que 
ly  diiinet,  i  pipot  de  vi  que  val  xii  dd.  i  toisa  (f'  2). 

Item  deguen  a  la  gendarmas  qu'eran  aloyat  a  Bessens 
lie  a  Monbéqui  que  lor  deguin  i  pipot  de  vi...  itemnparelhs 
de  gallinas... 

Item  plus  a  Bello  Pergo  i  autre  alojament  de  Munbru  et 
de  Meric  de  Coscayt,  que  lo?^  deguen  i  pipot  de  vi,  xxu  dd... 

Item  los  que  porteguen  los  vioures  que  a  Sen-Sardos 
que  al  Mas... 

Item  los  cosols  trametegen  Johan  en  Mauri  per  parlar 
a  la  gendarmas  deu  castel  de  YUia,  per  alojar  lejor,  per 
portar  la  finanso  au  dil  portador  (f"  3)... 


340  F.    GALABERT. 

De  seigneur  a  vassaux.  —  Nous  venons  maintenant  aux 
relations  du  seigneur  avec  ses  vassaux. 

Jean  Jourdain  de  Tlsle  vivait  en  bonnes  relations  avec  ses 
vassaux,  mais  il  avait  le  goût  de  la  dépense;  engageant  ses 
rentes  pour  payer  ses  fournisseurs;  comme  Panurge,  gou- 
verneur deSalmigondin,il  mangeait  son  blé  en  herbe;  enfin, 
dépassant  notablement  les  quatr<3  cas  de  l'aide,  il  quêtait  les 
tenanciers  souvent. 

Chaque  fois  qu'il  se  rendait  en  ville,  la  communauté  lui 
réservait  bon  accueil,  et  lui  faisait  servir,  de  la  taverne,  un 
demi  pega  de  vin  : 

Item  aquet  metys  dia  venguec  Mosen  d'esta  villa,  despen- 
dec  mieg  pegar  de  vin  que  costec  vi  tnealhas,  1380  (f»  11). 

Item  venguet  Mossen  hun  ior  en  villa  e  voc  beure^  e  li 
cosols  li  dei^o  migz  pega  de  vi,  m  toisas,  1445  (f»  7). 

Quelquefois  le  seigneur  demandait  à  dîner  : 

Item  le  disapte  metys  venguec  Mossen  d'esta  vila,  e  de- 
manet  a  dignar,  e  dignec  se  assi  le  dimenge  e  despendec 
en  pan,  vin  e  sivada,  xn  gros,  1389  (f»  28). 

Bonne  réception  était  faite  aussi  aux  divers  membres  de 
la  famille  seigneuriale.  On  offrait  à  boire  à  Bernadon,  soit 
qu'il  vînt  voir  le  livre  des  coutumes  en  1395,  soit  qu'il  revînt 
du  pèlerinage  de  Saint-Jean  du  Mas-Grenier  1396  (f^  16).  La 
dame  du  seigneur  et  sa  suite  furent  également  défrayés 
en  1391  : 

Item  lo  jorn  de  Nostra  Dona  de  setemhre  deron  a  dinar 
a  Madona  ah  quel  que  anavan  ah  lu  ;  costec  la  despessa 
que  feron  tant  quan  estec  aqui  sus  los  cossos,  ui  hlancas  e 
mieja  (f°  6). 

La  dépense  ne  laissait  pas  d'être  souvent  considérable.  A 
l'occasion  d'une  chasse  ou  d'une  demande  d'aide,  le  sei- 
gneur arrivait  parfois  avec  une  nombreuse  suite,  et  son 
séjour  pouvait  se  prolonger  longtemps,  comme  en  1391  : 

Item  Mossen  leyssetz  los  cassados  en  esta  villa  en  gastz 
sus  la  villa;  despenderun  a  la  taherna  xxugros  (f»  18). 

Un  accueil  aussi  empressé  était  réservé  au  bâtard  du  sei- 
gneur; le  jour  de  ses  noces,  la  communauté  lui  Ht  présent 


UN    SIECLE   d'administration    COMMUNALE.  341 

de  2  moutons  et  14  poules,  estimées  23  gros;  les  consuls 
allèrent  les  chercher  par  les  bordes  per  dar  a  las  nossas 
ciel  horc.  Le  lendemain  dimanche,  le  bâtard  amena  sa 
femme  en  ville,  le  seigneur  y  vint  aussi  avec  sa  dame  et  il 
fut  dépensé  2  gros  pour  leur  réception;  ils  y  étaient  encore 
le  lundi,  et  le  seigneur  donna  à  entendre  qu'il  aurait  pour 
agréable  qu'on  donnât  k  sa  dame  un  mouton  ;  ledit  mouton 
coûta  19  gros.  La  dite  dame  étant  accouchée  en  1390  (p.  15), 
les  consuls  lui  firent  présent  de  poules  et  de  chevreaux  qui 
coûtèrent  22  gros.  Quand,  au  mois  de  novembre  1395,  Mar- 
guerite, sœur  du  seigneur,  vint  entendre  la  messe,  sa  récep- 
tion coûta  13  gros  1  blanc...  sor  de  Mossen  de  Launac  per 
ausir  messa,  e  fe)-o  le  despens  ab  lu  e  a  sas  gens,  costec  al 
tôt  XIII  gros  i  blanc  (fo  5). 

A  la  sépulture  de  Bernadon,  frère  du  seigneur,  le  2  sep- 
tembre 1396,  les  consuls  fournirent  4  torches  du  prix  de 
23  gros  : 

Item  can  foc  fayta  la  honor  a  la  gleija  per  Bernât  de 
Launac,  los  ditz  cossols  co^npren  un  torchas  e  bogia;  cos- 
tero  XXIII  gros  (f»  9). 

Quand  Ysarno,  autre  frère  du  seigneur,  fut  enseveli  à  Au- 
camville,  le  seigneur  et  sa  dame  reçurent  plusieurs  paires 
de  poules  et  autres  choses  : 

Item  can  Ysarno  foc  sebelit  Aucumvila,  fero  p)lase  al 
senho  et  madona  de...  costec  un  toisas. 

Item...  pars  de  galinas  costen  u  gros  ii  blancas,  1396 

(fo  11). 

Madame  étant  morte  dans  les  premiers  mois  de  1397 
(n.  st.),  les  consuls  offrirent  pour  sa  sépulture  des  torches 
valant  10  gros,  ce  qui  ne  les  empêcha  pas,  à  l'entrée  du 
carême,  de  donner  au  seigneur  un  mouton  payé  10  gros  : 

Item  per  las  torchas  que  comprero  a  la  cepultwa  de 
Madona  de  Launac,  paguero  x  gros  (f"  9). 

Itern  dero  a  Mossen  de  Launac  a  careyme  entran 
1  moto  que  prenguen  de  Johan  de  Jaques^  costec  x  gros, 
1396  (fo  10). 

Ces  pratiques  se  continuèrent  au  xv«  siècle;  c'est  ainsi 


342  F.    GALABERT. 

qu'on  fit  présent  au  seigneur  d'une  paire  de  gelines,  en 
1428,  quand  il  partit  pour  la  France;  c'est  ainsi  que,  en 
1435,  nous  trouvons  mention  d'une  paire  d'oies,  valant 
16  gros,  qui  furent  envoyées  en  présent  au  seigneur  Jacmes 
Isalguier  à  Fourquevaux;  et  quand  le  fils  de  ce  seigneur 
vint  l'année  suivante,  la  communauté  lui  offrit  une  paire 
de  poules  et  un  demi-pega  de  vin,  qui  valaient  2  gros 
1  blanc.  La  même  année,  le  jour  de  leur  élection,  les  con- 
suls avaient  ajouté  2  pegas  de  vin  en  l'honneur  de  deux 
gentilhommes  de  la  maison  du  seigneur  de  Fourquevaux 
qui  s'y  trouvèrent  (f°  3). 

Tous  ces  dons  étaient  indépendants  des  aides,  qui  d'après 
la  constitution  féodale  étaient  dues  à  tout  seigneur. 

Aides.  —  En  1390,  les  consuls  allèrent  à  Launac  où  le 
seigneur  les  avait  mandés  pour  une  aide  :  per  parlar  a  Mos- 
sen  que  les  abe  niandatz  que  anessan  parlar  am  lu  quel 
respondessan  quel  dera  d'ajuda;  esteron  i  jorn,  despen- 
deron  ii  gros  (f»  12). 

La  réponse  s'étant  fait  attendre,  Bernadon  vint  en  ville 
quelques  jours  après  ;  comme  il  n'y  avait  pas  eu  encore 
assemblée  du  conseil,  on  lui  fit  présent,  pour  calmer  son 
impatience,  de  deux  paires  de  poules  et  on  but  avec  lui  deux 
pegas  de  vin.  Autre  demande  en  mars  1391;  les  comptes 
nous  font  voir  les  consuls  se  rendant  trois  fois  à  Launac  à 
ce  sujet,  sans  pourtant  nous  faire  connaître  le  genre  d'aide 
ou  la  somme  réclamée.  Le  seigneur  formula  une  nouvelle 
demande  d'aide  durant  la  semaine  sainte,  une  autre  le 
l®""  juin:  nous  ignorons  quel  accueil  y  fut  fait.  A  ces  deman- 
"des  il  convient  enfin  d'ajouter  celle  que  fit  en  octobre 
YsariTO,  fray  de  Mossen,  mais  à  laquelle  ils  accédèrent  par 
peur  de  mauvais  procédés  : 

Item  paguero  a  Ysarno  per  la  donacio  a  lu  fayta,  am 
voluntat  del  cosselh,  afi  que  no  los  maltrates,  iiii  lieuras 
tomes  (f"  5). 

En  1395,  pour  satisfaire  le  même  Ysarno,  les  consuls,  de 
l'avis  du  conseil,  empruntèrent  à  Jean  Boet  une  tasse  d'ar- 
gent pour  lui  en  faire  présent  :  ...per  colrrar  una  tassa 


UN  siècîLe  d'administration  communale.  343 

d'argent  que  aven  malevada  de  maistre  Johaji  Boet,  pet' 
so  que  dero  a  Ysaryio  (fo  2). 

Le  15  janvier  1395  (1396),  le  seigneur  manda  aux  consuls 
d'aller  lui  parler;  le  lendemain  il  vint  lui-même  en  ville 
mettre  en  garnison  trois  hommes  d'armes,  et  Ja  ville  les 
défraya,  ce  qui  coûta  24  gros.  C'est  seulement  dix  jours 
après  que  les  consuls  allèrent  porter  la  réponse  au  seigneur 
et  lui  promirent  les  6  francs  demandés:  ils  payèrent  de  plus 
1  franc  pour  la  levée. 

Le  6  septembre  1396,  il  y  eut  une  nouvelle  demande,  le 
Conseil  se  réunit,  mais  elle  semble  n'avoir  pas  eu  d'autre 
suite  : 

Item  Vendcmia  tenguero  cosselJi  pe?^  la  causa  meteysJia, 
e  foc  reines  (fo  10). 

Le  15  juin  1413,  le  premier  consul  lut  invité  à  se  rendre  au 
château  de  Launac;  à  la  demande  d'aides  qui  lui  fut  faite,  il 
répondit  par  l'offre  d'une  somme  de  6  francs,  laquelle  fut 
trouvée  insuffisante;  il  se  présenta  de  nouveau  le  dimanche 
après  la  Saint-Jean-Baptiste;  mais  comme  il  était  sans 
argent,  il  fut  retenu  et  mis  en  prison.  Libéré  au  bout  d'un 
jour,  il  promit  ou  de  rapporter  de  l'argent  ou  de  réintégrer 
la  prison;  il  réintégra  la  prison  avec  trois  compagnons. 
Mais  la  prison  ne  faisait  pas  l'affaire  du  seigneur;  aussi 
relâcha-t-il  les  prisonniers  au  bout  d'un  jour.  Ceux-ci  se 
mirent  en  quête,  ils  allèrent  à  Grenade  le  jeudi  et  informè- 
rent le  seigneur  de  l'insuccès  de  leurs  démarches;  ils  conti- 
nuèrent leurs  recherches  et,  après  des  courses  que  l'on  peut 
imaginer,  ils  purent  au  bout  de  huit  jours  apporter  enfin 
4  livres.  Le  18  juillet  ils  remirent  au  cadet  1  livre;  enfin,  le 
23,  n'ayant  pu  trouver  toute  la  somme,  ils  allèrent  encore  à 
Grenade  passer  acte  à  un  marchand  qui  avança  probable- 
ment ce  qui  manquait.  Sur  ces  entrefaites,  le  seigneur  était 
venu  en  ville  le  19  juillet,  en  chassant  à  Tépervier,  et  les 
consuls  lui  avaient  donné  un  pega  de  vin;  cela  n'empêcha 
point  que  le  8  août  ils  ne  lui  fissent  encore  présent  de 
trois  paires  d'oisons  estimés  23  blancs. 

Ces  demandes,  qui  seraient  peut-être  trouvées  plus  nom- 


344  F.    GALABERT. 

breuses  si  une  bonne  part  des  comptes  consulaires  n'avait 
depuis  peu  disparu,  anéantie  par  les  rats,  ces  demandes 
semblent  n'avoir  été  motivées  que  par  le  bon  plaisir  du  sei- 
gneur. Nous  ne  devons  pas  cacher  que  si,  dans  la  suite,  les 
vassaux  déboursèrent  en  faveur  du  seigneur  de  La  Mothe, 
c'est  que  celui-ci  rendit  des  services  proportionnés  et  défendit 
ses  tenanciers  ow  iiageses  contre  les  gendarmes  pillards,  no- 
tamment contre  le  fameux  Rodigo  de  Viliandrando,  en  1437  : 

Item  foc  enpausada  una  tayla  per  la  clonacio  que  foc 
feyta  a  Mossen  de  la  Mota,  que  los  ditz  cossols  H  donero 
de  vole?'  des  prodomes  dex  escutz,  aysi  coma  apar  per  lo 
cartel  de  la  ditta  donacio. 

Item  foc  enpausada  una  tayla  per  la  despensa  fayta  per 
Mossen  de  la  Mota,  quant  Rodigo  ero  per  lo  pais  e  Mossen 
istava  Aucunvilla  per  gardar  sa  tera,  que  lo  ditz  Rodigo 
non  gastesa  sas  pageses,  e  los  ditz  cossols  li  feyro  son  des- 
pes  am  sas  gens,  que  monta  aysi  coma  apar  per  lo  car- 
tel X  lieuras  e  mige  contan  (f"  1). 

Itetn  a  Johan  Depuntis  per  fiun  par  d'auquas  que  dero 
a  Mossen  d'esta  villa  v  doblas. 

En  1441,  les  consuls,  outre  9  gros,  tirent  encore  pour  les 
mêmes  motifs  plusieurs  présents  au  seigneur  et  à  son  neveu 
qui  vint  faire  le  guet  et  défendre  la  ville  contre  les  soudards  : 

Itetn  quant  las  ^endat'mas  vengro  pel  pais,  Mossen  de  la 
Mota  trames  en  Guilami  per  gardar  lo  loc,  los  cossols  des- 
pensero  per  lo  ditz  Guillami  m  gros  i  tliolosa. 

Itetn  plus  venc  Mossen  de  la  Motha  hen  fiesta  villa,  he 
los  cossols  li  donero  hun  parelh  de  galinas,  costero  ii  gros 
(fo  3). 

Item  may  que  donen  al  nebot  de  Mosenhor  ii  doblas  que 
gardée  la  poïHapel  Vigarda  quan  anec  a  Tolosa  (f»  7). 

Semblables  dons,  justifiés  par  les  mêmes  motifs,  se  repro- 
duisirent en  1443  et  en  1444. 

Nous  ne  trouvons  plus  d'autre  aide  seigneuriale  que  celle 
d'un  mouton  donné  à  là  dame  de  La  Mothe,  quand  elle 
accoucha  en  1446  : 

Item  degueii  les  cossols,  an  voler  des  promes^  que  an 


UN   SIECLE   d'administration   COMMUNALE.  345 

dat  a  Madono,  quant  s'afaguet,  i  tnoto  de  lano  que  costo 
XVIII  doblas  e  mieja  (f»  7). 

Cependant  nous  ne  devons  pas  oublier  les  aides  qui  furent 
aussi  fournies  aux  seigneurs  suzerains,  le  tout  indépendam- 
ment des  tailles  et  subsides  payés  au  roi  et  consentis  par  les 
Etats  de  Languedoc.  Ces  aides  sont  donc  : 

En  1395,  celle  de  4  francs  et  demi  par  feu  payée  au  roi 
pour  le  mariage  de  sa  fille  Isabelle  avec  le  roi  d'A.ngleterre 
(f<'4); 

En  1414,  un  fouage  levé  per  lo  senlior  de  Sant  Jorgi 
(f°42); 

En  1436,  celle  de  2  écus  au  bâtard  de  Bourbon,  sans  comp- 
ter des  présents  de  gelines  et  de  vin  en  1441  : 

En  1437,  celle  de  13  écus  1/2  au  comte  d'Armagnac  pour 
le  mariage  de  sa  fille; 

En  1440,  celle  de  2  livres  au  vicomte  de  Tartas  : 

Item  may  an  paguat,  com  par  per  huna  Mlleta  de  la 
donassio  que  foc  faita  al  vesquonte  de  Tartas^  ii^^  lieuras 
(fo  2). 

Garantie  des  dettes  seigneuriales,  etc.  —  Il  y  eut 
encore  des  secours  d'un  autre  genre  que  les  vassaux  ren- 
daient au  seigneur.  Par  le  fait  du  luxe  de  l'époque,  et  aussi 
sans  doute  à  cause  des  longues  guerres,  Jean-Jourdain  de 
risle  se  trouvait  dans  de  fréquents  embarras  financiers; 
pour  payer  ses  fournisseurs  de  draps  et  ses  marchands  de 
chevaux,  il  leur  engageait  avant  échéance  ses  droits  féodaux, 
oublies,  albergues  et  afitanage  {Minutes  de  J.  Campodei, 
déjà  cité).  Ces  marchands  appelaient  en  garantie  les  vas- 
saux qui  devaient  les  couvrir  de  leurs  avances  et  peut-être 
même  des  intérêts;  nous  disons  peut-être,  car  l'usure  avait 
soin  de  se  dissimuler,  et  nous  n'avons  trouvé  aucune  preuve 
de  notre  insinuation  ;  mais  pourquoi  les  marchands  auraient- 
ils  fait  des  avances  si,  à  la  place  du  seigneur,  ils  n'avaient  dû 
percevoir  le  montant  du  droit  sans  aucun  intérêt  pour  eux? 

Quoiqu'il  en  soit,  le  lundi  avant  la  Sainte-Cécile  1389,  les 
consuls  allèrent  à  Grenade  garantira  Jean  Boet  le  payement 
de  l'albergue  : 

ANNALES  DU   MIDI.   —  XX  23 


346  F.    GALABERT. 

Item  le  dielus  sigiient  aneron  a  Granada  totz  les  nncos- 
sos.per  obligar  a  maestre  Jolian  Boet  l'aubcrga  perMosen; 
esteron  tôt  lo  dia,  despenderon  un  gros  (f«  20). 

Ils  avaient  déjà  la  même  année  garanti  le  payement  des 
oublies  dudit  seigneur,  à  Martin  Bonasenha,  et,  comme  ils 
n'avaient  pas  été  exacts  au  remboursement,  ils  avaient  eu  la 
visite  des  sergents  qui  étaient  restés  en  garnison  toute  la 
semaine  et  avaient  dépensé  la  jolie  somme  de  29  gros  : 

Item  le  jorn  de  la  Piplmnia  vengueron  ii  sirvens  de 
Tholosa.  que  la  un  s'apera  VEscarrer  e  Vautre  Megen, 
per  lo  deute  den  Martin  de  Bonasenha  per  las  oUias  de 
Mosen  que  hom  l'abe  obligadas;  esteron  en  garniso  cntro 
al  dimenge;  agueron  ah  so  que  despesseron  assi  xxix  gros 

(fos  20,  21).  ■  ^ 

Ils  ne  furent  pas  plus  exacts  en  1391,  où  Jean  Boet  leur 
réclamait  le  remboursement  de  l'albergue,  le  jeudi  après  le 
premier  jour  de  l'an  :  lo  dijaus  après  an  nau...  anec  per 
parlar  ab  maestre  Johan  Boet,  per  aber  sufferta  de  la 
aiibergade  Mossen...(f'>U). 

Les  consuls,  ayant  résolu  en  1390  de  vendre  l'arriere-dime 
pour  se  créer  des  ressources  et  éteindre  les  dettes  de  la  com- 
munauté, avaient,  en  compagnie  d'un   notaire,  du  messé- 
guier  et  même  en  présence  de  Bernardon,  recherché  le  nom- 
bre d'hommes  et  d'animaux  sur  qui  pèserait  l'impôt,  afin 
que  les  marchands  pussent  se  rendre  compte  du  rendement 
possible  de  cet  impôt.  Or,  Bernardon,  ayant  compris  qu'il  y 
avait  de  l'argent  à  gagner  en  cette  affaire,  fit  savoir  qu'il 
prendrait  la  levée  à  son  compte.  Les  consuls,  qui  avaient 
déjà  promis  à  Jean  Boet,  fort  embarrassés,  s'en  allèrent  a 
Launac  voir  si  Bernardon  ne  consentirait  pas  a  admettre 
ledit  marchand  de  compte  à  demi  avec  lui.  Il  est  probable 
que  Bernardon  ne  consentit  pas  à  n'être  que  de  moitié  dans 
l'allaire  •  nous  savons,  en  effet,  que,  à  l'époque  de  la  mois- 
son  voyant  les  paysans  emporter  les  gerbes  avant  la  levée 
de  l'arrière-dime,  il  fit  publier  à  son  de  trompe  qu'ils  eussent 
à  s'en  abstenir  sous  peine  d'un  marc  d'amende.  Les  consuls 
allèrent  bien  à  Toulouse  essayer  de  faire  retirer  cette  dé- 


UN  srÈCLE  d'administration  communale.  347 

fense;  Bernardon  s'y  refusa,  et,  comme  ils  voulaient  relever 
appel,  leur  avocat  les  en  dissuada  : 

Item  quan  atjueron  arendat  lo  redeumc  a  ,naestre  Juan 
Boef,  Bernai  Jordan,  fray  de  Mosen.  volguec.  lo  redeume; 
e  tribalheron  e  aneron  Vidal  Dartes  et  Jolian  Borgnes  a 
Naunac  (sic),  per  saber  si  volguera  arculhir  lo  dit  maestre 
Jolum  Boet  que  agues  part  en  la  redeume..  afin  que  no 
aguessa  re  encontra  lor,  quar  lo  dit  maestre  Johan  B  oe 
demandalm  que  hom...per  ii  dias  despenden  m  gros  (fM5). 

Item  lo  divendres  aprop  la  festa  de  Sen  Pey  e  Sen  Pau 
aneron  Andriu  Tupha  e  Pey  Darmanhac  a  Tholosa  que 
Bernât  Jorda  abe  feyta  fer  uca  que  negun  no  portes  ni 
partis  garba  de  la  redeume  ses  apera.r  primer  son  redeu- 
mer,  enpena  d\m  marc{z)  d'argent,  e  se  aneron  parlar  ab 
lu  a  Tholosa  e  non  volec  ren  rclaœar;  egueron  letra  d:apel- 
lacion  que  costec  i  g?^os  (1391  ;  f»  4). 

Deux  affaires  analogues  se  produisirent  en  1396  et  en  1413 

Le  16  septembre  1396,  le  seigneur,  ayant  appelé  les  consuls 
a  Launac,  leur  demanda  de  céder  la  levée  de  l'alberoue  et  de 
l'afitanage  al  e/Tant  de  la  Ylha,  probablement  son  fils  aîné  • 

Ite^n  a  xvi  de  setembre  anero  los  ditz  cossols  a  Launac 
on  eran  mandat z  per  lo  senho...  que  els  oUiguessan  Vau- 
berga  e  afdanatge  al  efTant  de  la  Ylha,  e  los  cossols  dishen 
que  els  parleran  am  lor  cosselh...  (fo  lO). 

Très  embarrassés  de  la  demande,  les  consuls,  qui  avaient 
déjà  promis  la  levée  à  Pierre  Assalhit,  marcband,  réunirent 
le  conseil  général  des  habitants  afin  de  mieux  appuyer  leur 
refus  ;  une  députation  fut  même  envoyée  à  Launac  pour 
faire  connaître  l'impossibilité  de  donner  satisfaction.  Le  sei- 
gneur persista  dans  sa  demande,  d'où  une  nouvelle  réunion 
et  une  nouvelle  députation  composée  de  consuls  et  de 
prud'hommes;  puis  les  consuls  coururent  à  Toulouse  deman- 
der conseil  à  leur  avocat  :  allées  et  venues  à  Toulouse  et  à 
Launac,  promesse  par  le  seigneur  de  dédommager?.  Assa- 
lhit. Il  serait  fastidieux  de  donner  le  détail  de  toutes  les 
démarches  qu'entraîna  cette  affaire  :  elle  n'était  pas  encore 
réglée  a  la  fin  de  janvier  1397  (n.  st.). 


348  F-    GALABERT. 

Les  consuls  furent  encore  mandés  à  Launac  le  30  septem- 
bre 1413,  pour  passer  acte  d'obligation  tout  à  la  fois  des 
oublies,  de  l'albergue  et  de  l'afitanage.  Pour  ne  pas  déplaire 
au  seigneur,  ils  se  rendirent  à  Toulouse  dans  l'espoir  d'ob- 
tenir le  désistement  de  Guillaume  Azémar,  à  qui  les  oublies 
avaient  été  engagées  ;  celui-ci  ne  voulut  pas  renoncer  à  ses 
droits,  ce  fut  le  cadet  du  seigneur  qui  céda. 

Au  mois  de  février  suivant  (1414  n.  st.),  le  seigneur  for- 
mula une  nouvelle  demande;  mais  cette  fois  elle  parut  telle 
qu'on  ne  put  s'entendre,  et  les  consuls  allèrent  à  Grenade 
solliciter  des  lettres  d'inhibition  contre  lui.  Les  détails  man- 
quent, le  compte  de  cette  année  ayant  disparu. 

Nous  devons  reconnaître  que,  après  1414,  nous  ne  trou- 
vons plus  trace  de  pareilles  demandes  et  de  semblables 
garanties.  Mais  notons,  outre  ces  exigences  que  favorisait  la 
crainte  de  déplaire  au  seigneur,  le  sans-gène  avec  lequel 
Jean-Jourdain  s'éloigna  plusieurs  fois  le  jour  même  où  il 
avait  convoqué  les  consuls  dans  son  château  de  Launac.  Les 
comptes,  dans  leur  froide  rédaction,  ne  nous  disent  pas  si  ce 
procédé  laissa  les  consuls  insensibles;  ce  qu'il  y  a  de  bien 
sûr,  c'est  que  ce  procédé  et  ces  exigences  multipliées  ne 
paraissent  pas  avoir  altéré  la  bonne  harmonie  entre  sei- 
gneur et  vassaux. 

Faut-il  en  voir  la  preuve  dans  le  bon  accueil  que,  au 
milieu  de  ces  discussions,  la  ville  fit  par  deux  fois  aux 
demandes  du  seigneur,  le  16  octobre  1396  et  le  15  janvier 
suivant,  où  lor  dis  quel  ajudessan,  et  encore  que  le  dessan 
certa  soma  de  pecunia?  En  tout  cas,  une  preuve  moins  dis- 
cuta43le  c'est  que,  au  mois  de  janvier  1396  (1397  n.  st.), 
quand  les  consuls  furent  sommés  de  réparer  le  pont  de  Bou- 
que  (ainsi  nommé  du  confluent  de  deux  ruisseaux  avec  la 
Garonne),  par  deux  fois  le  seigneur  leur  accorda  son  inter- 
vention et  une  lettre  de  recommandation  auprès  d'Estève 
Chalve,  maître  des  eaux  : 

Item  10  dijos  a  xxii  de  feure  venc  lo  dit  senho  Aucunvila.., 
per  parlar  au  maestre  Steve  Chalve  (f»»  3  et  4). 
Si,  en  ce  cas,  ladite  recommandation  n'empêcha  pas  de 


UN   SIÈCLE  d'administration   COMMUNALE.  349 

nombreuses  et  coûteuses  démarches,  ni  les  fréquentes  visites 
des  sergents  {car  tôt  jorn  era7i  exequtatz  per  reparar 
aquel),  il  est  sur  que  les  droits  de  la  communauté  furent 
reconnus,  et  les  11  francs,  portés  par  le  devis  de  Vital  Ba- 
vas, furent  payés  solidairement  par  les  communautés  d'Au- 
camville,  Verdun  et  Grenade.  Nous  voyons,  enfin,  le  sei- 
gneur accorder  gracieusement,  en  1405,  la  permission  de 
prendre  des  «hênes  dans  ses  bois  pour  la  charpente  de 
l'église;  deux  de  ces  poutres  mesurent  encore  plus  de  10  mè- 
tres de  long  sur  0n>40  de  retombée. 

Un  dernier  genre  d'exigence  seigneuriale,  c'est  la  réquisi- 
tion ;  en  voici  deux  cas. 

Le  26  novembre  1395,  le  seigneur  ayant  pris  le  cheval  de 
Johan  Daraibera,  les  consuls  se  rendirent  au  château  de  la 
Mothe  pour  le  réclamer.  Jean  Jourdain  remit  la  solution  du 
différend  au  lundi,  à  Launac,  puis  au  mardi  à  Grenade;  les 
consuls  revinrent  encore  k  ce  sujet  le  mercredi  et  le  samedi 
à  Grenade,  après  quoi  il  n*est  plus  question  de  rien  dans  les 
comptes  : 

Item  a  xxvi  del  dit  mes  aneron  Admn  Dongan,  cossol, 
Johan  Depuntis  e  Johan  deu  Cas  a  la  Mota,  ixirla?^  aqui  a 
Mossen  de  Launac,  per  lo  rossi  quel  avia  fayt  prendre  d'en 
Jotian  Darribera  quel  îHagties  de  redre;  despensei^o  can 
foro  vcngutz  ii  hluncas  (f"  6). 

Itein  lo  dimecres  e  lo  disapte  seguens  ancre  a  Granada 
lo  dit  P.  Dar?nanJiac  e  Johan  Darribera  a  Granada,  on 
Mossen  de  Launac  les  avia  mandat z  per  lo  feijt  del  dit 
rossi;  despe?iden  en  u  forns  que  demoren  de  part  delà 
III  gt^os  (fo  6). 

Le  fait  seul  de  la  réclamation  portée  au  seigneur  semble 
prouver  que  les  habitants  n'étaient  pas  à  la  merci  de  ce  der- 
nier; s'il  avait  eu  le  droit  de  prendre  les  objets  à  sa  conve- 
nance, comment  les  consuls  auraient-ils  osé  aller  réclamer 
au  château? 

Au  mois  de  février  1414  (1415  n.  st.),  Gaspard-Jourdain 
de  risle,  par  crainte  de  la  peste  qui  sévissait,  voulut  envoyer 
sa  femme  et  ses  enfants  au  comté  de  Foix;  les  consuls  lui 


350  F.    GALABERT. 

ayant  refusé  le  louage  d'un  cheval  à  cet  effet,  il  les  mit  en 
prison  ainsi  que  deux  conseillers;  relâchés  au  bout  d'un 
jour,  les  consuls  accédèrent  à  la  réquisition  et  accordèrent 
les  8  gros  nécessaires;  même,  le  mességuier  accompagna  la 
dame  dans  son  déplacement,  sans  compter  qu'on  porta  en- 
core gratuitement  deux  comportes  à  Grenade  : 

Item  lojor  métis  (2  février)  Mos^en  fec  aresta  les  cosols 
e  Jolian  Depuntis  e  Arnaul  Ponssot,  acosselhes,  per  i  rossi 
que  detnmidava  per  porta  sos  enfans  al  comtat  de  Foys 
p2r  paor  de  la  mortaudat;  liesten  totz  le  jorns  arestat  e 
convenguec  que  anessan  a  la  Muta  parla  a7n  lu,  e  co^iven- 
guec  que  le  prometen  per  i  rossi  que  el  ave  logat  viii  gros; 
e  mes  convenguec  que  fessen  porta  a  Granada  doas 
semais,  de  que  paguen  a  Johan  de  Guilhamat  x  toisas;  e 
despensen  quant  fon  bengut  de  la  Mota  un  blancas. 

...  e  lo  sir  vent  s'en  fos  anat  am  Madona... 

Item  paguen  a  Monatho  per  porta  la  farda  de  Madoyia 
a  Balon  viii  gros. 

Si,  à  la  fin  de  cette  étude,  nous  résumons  nos  impressions, 
nous  trouvons  une  administration  financière  déplorable  et 
dont  les  défauts,  au  lieu  d'être  corrigés  par  l'action  des  offi- 
ciers royaux,  furent  augmentés  par  la  plaie  des  sergents,  du 
moins  au  quatorzième  siècle.  Nous  voyons  des  vassaux 
quêtes  à  tout  moment  et  obligés  par  la  crainte,  surtout  à  la 
fin  du  quatorzième  siècle,  à  garantir  les  dettes  et  à  satisfaire 
les  multiples  exigences  des  seigneurs.  Brochant  sur  le  tout, 
il  y  avait  les  routiers  qui,  non  contents  de  leur  solde,  extor- 
quaient, grcâce  à  la  faiblesse  du  pouvoir  royal  et  peut-être  à 
son  insu,  tout  ce  qu'ils  pouvaient  aux  malheureux  paysans. 
Par  contre,  il  3^  avait  une  vie  communale  intense,  un  peuple 
qui  prenait  part  aux  délibérations,  qui  contrôhiit  les  dépenses 
et  faisait  même  changer  l'assiette  do  l'impôt.  Enfin,  les  sei- 
gneurs vivaient  en  bonnes  relations  avec  leurs  vassaux,  les 
défendaient  contre  les  pillards  et  leur  donnaient  leur  appui 
auprès  de  l'administration  centrale. 

Firmin  Galabert. 


LE  MOINE  DE  MONTAUÛON 

ET  L'EMPEREUR  OTHON  IV 


Une  étude  sur  la  Cour  poétique  du  Poi  Sainia  Maria^  m'a 
naturellement  amené  à  chercher  à  quelle  époque  exactement 
le  moine  de  Montaudon  fo  failz  seigner  de  cette  cour,  de  dar 
l'esparvier,  et  comhien  de  temps  dura  sa  magistrature.  La 
biographie  dit  lonc  temps,  tro  que  la  cort  se  perdel.  Or,  le 
moine  ne  prit  l'épervier  qu'après  avoir  quitté  le  prieuré  de 
Montaudon  :  c'est  alors  que  le  roi  d'Aragon,  Alphonse  II 
(t  1196),  H  comandet  q'el  manjes  carn  e  dompneies  e  can- 
ies  e  irobes;  et  el  si  fetz;  e  fo  faitz  seigner,  etc.  Mais  il 
était  encore  au  cloître  au  commencement  de  1194.  La  pièce 
L'autr^'ier  fui  en  Paradis  est  écrite  au  moment  où  Richard 
Cœur-de-Lion  revient  de  sa  prison  d'Allemagne  (2  mars 
1194)^,  et  le  moine  nous  apprend  qu'il  est  resté,  pendant  la 
captivité  du  roi,  aclis  en  claustra  un  an  o  dos  et  a  perdut 
los  baros.  Ceux-ci  lui  retirent  leur  amitié  parce  qu'  «  il  aime 
Dieu  et  le  sert  »  (cobla  2);  Dieu  lui  fait  remarquer  qu'il  ne 
doit  pas  rester  en  claustra  rescos,  même  pour  les  intérêts  de 
Montaudon  (cobla  3).  Cependant,  le  sirveutés  Pois  Peire 
d'Alvergn'a  chantai  est  aussi  de  1194,  d'après  Suchier 
{Jahrb.,  xiv,  12);  or,  cette  satire  mentionne  que  le  fals 
MONGEs  de  Montaudo  a  laissât  dieu  per  baco.  Il  est  donc 

L  J'ai  indiqué  les  grandes  lignes  de   cette  étude  dans  les   Mt'dmiges 
Chahaneau,  pp.  258-259. 
2.  Voir  notamment  les  coblas  5  et  6  de  cette  pièce. 


352  C.   FABRE. 

acquis  que  le  moine  put  devenir  seigneur  de  la  cour  du  Puy 
dès  la  fin  de  1194.  Mais  il  est  plus  difficile  de  trouver  la  date, 
même  probable,  de  la  suppression  de  cette  cour. 

M.  Ghabaneau'  fait  mourir  le  moine  en  1200.  Il  avait  consulté 
Diez,  Philippson,  Klein "^j  V Histoire  littéraire,  Sabatier,  Tho- 
mas. A  son  avis  donc,  aucun  de  ces  auteurs  ne  contredisait 
son  indication  et  il  a  dû  accorder  peu  d'autorité  à  l'opinion  de 
Klein,  qui  prolonge  la  vie  du  moine  jusqu'en  1207. 

Le  lonc  temps  de  la  Biographie  se  ramènerait  ainsi  à  six 
années.  Même  il  faudrait  réduire  notablement  ce  laps  de 
temps  :  après  son  départ  du  Puy,  le  moine,  en  effet,  anet  en 
Espaigna  e  fo  li  faitz  grans  honors  e  grans  plazers  per 
totz  Los  reis  e  per  totz  las  baros  e'is  valens  homes...  e  anet 
s'en  a  un  priorat  que  a  nom  Villafranca^...  e  ei  lo  crée  e 
Venriqui  e'I  meilloret. 

Tout  cela,  évidemment,  ne  s'est  pas  fait  en  un  jour. 

Mais  je  croîs  que  M.  Ghabaneau  s'est  trompé,  ainsi  que 
Klein,  dont  je  discuterai  plus  loin  l'opinion.  Le  moine  était 
encore  sûrement  en  vie  en  1210-1213  :  cela  résulte  d'une 
cobla  qu'il  a  écrite  nécessairement  à  cette  date.  C'est  la  sui- 
vante (publiée  par  Philippson  sous  le  n^  XXI,  par  Klein  sous  le 
n»  X)  '  : 

Seigner,  sagessetz^  reg^iat  a, 

Per  conseill  dels  vostres  baillos.  bg 

No'ics  mandera'l  reis  N'Anfos  hj 


1.  Biographies  des  Troubadours,  p.  161. 

2.  Ces  deux  derniers  sont  les  auteurs  des  deux  éditions  du  moine  ;  la 
première  a  paru  à  Halle  en  1878.  la  seconde  à  Marburg  en  1885. 

3.  Yoy.  sur  ce  nom  la  note  additionnelle. 

4.  La  construction  strophique  de  la  cobla  n'a  pas  été  saisie  par  Phi- 
lippson. Cet  auteur  indique  nettement  la  longueur  des  vers  quand  il 
transcrit  les  autres  poèmes  du  moine;  pour  celui-ci,  il  ne  prend  poiut 
cette  précaution  et  ne  i-eproduit  pas  le  rythme  en  note.  Elle  ne  l'a  pas 
été  non  plus  par  Maus  (Peire  Cardenals  Stroplienbau  ;  Marburg,  1881, 
n°  47],  forme  6),  qui  donne  uniformément  huit  syllabes  aux  cinq  pre- 
miers vers.  Cette  construction  serait  unique  dans  la  poésie  des  trouba- 
dours. 

5.  Philippson  corrige  s'arjuessetz,  pour  se  conformer  à  l'orthographe 
adoptée  par  les  transcripteurs  modernes.  Je  respecte  le  texte  du  manus- 
crit. 


LE   MOINE   DE   MONTAUDON.  353 

Tant  salut,  ni  tant  amistat,  ag 

Ni  noi'us  agra  tant  honrat  a^ 

Chai\  Proenza"^  ni  tola-  Lumbardia^.  Cjo 

Ni,  a  Nicart*,  non  agra  seignoria  0^0 

Lo  reis  Joanz  plus  que  a  Saint-Massenz  *  d,o 

Se  regnasselz^  per  conseill  de  servenz.  d,o 

dont  voici  la  traduction  : 

«  Seigneur,  si  vous  aviez  régné  suivant  le  conseil  de  vos  baillis, 
«  le  roi  Alphonse  ne  vous  enverrait  pas  un  salut  si  empressé  et 


1.  Philippson  à  chai  substitue  sai,  forme  courante  chez  les  trouba- 
dours. Mais,  à  ce  compte,  on  détruit  les  formes  dialectales  des  manus- 
crits, quand  ils  en  contiennent.  Il  est  vraisemblable  que  le  moine  disait 
c)iai,  comme  le  disent  encore  aujourd'hui  ses  compatriotes  de  l'Auvergne 
et  du  Velay. 

2.  Le  mot  Proenza  désigne  ici  la  Provence  propre,  terre  d'empire,  et 
non,  comme  cela  a  lieu  souvent,  l'ensemble  des  pays  de  langue  d'oc. 

3.  Le  mot  Lu-inbardia  désigne  l'Italie  da  Nord  tout  entière.  Le  royaume 
de  Fouille  et  de  Sicile  était  considéré  comme  une  contrée  distincte,  et  le 
nom  d'Italie  n'était  pas  employé  par  les  troubadours.  (Voy.  Cha>iso7i  de 
la  Ci'oisade,  éd.  P.  Meyer,  t.  II,  notamment  p.  67,  note  2;) 

i.  Philippson  émet  judicieusement  l'avis  que  Nicart  est  la  forme  cor- 
rompue de  quelque  nom  géographique  anglais.  Je  crois  que  Nicart  = 
Newark.  Cette  petite  ville  anglaise  du  comté  de  Nottingham,  sur  la 
Trent,  avait  un  château  fort  dont  Jean  sans  Terre  fit  sa  résidence  habi- 
tuelle, et  où  il  se  réfugia  et  mourut  en  1216,  lorsque  Louis  de  France 
s'empara  de  son  royaume.  La  prononciation  anglaise  (Niou-ark)  du  mot 
Newark  n'est  pas  très  éloignée  de  celle  de  Nicart.  Les  mots  anglais  sont 
fortement  dénaturés  par  les  troubadours  et  le  10  peut  être  rendu  par  gtc 
ou  c  :  voyez  Winchester  =  Guiiicestre  dans  la  Chanson  de  la  Croisade, 
V.  806  et  3718.  Si  le  manuscrit  portait  Nicarc  au  lieu  de  Nicart,  la  dé- 
monstration serait  faite.  En  tout  cas,  il  est  logique  que  le  moine  de 
Montaudon,  qui  personnifié  tout  le  Poitou  dans  Saint-Maixent,  person- 
nifie aussi  l'Angleterre  dans  une  seule  ville,  résidence  ordinaire  du  roi. 

Klein  voit  dans  Nicart  le  mot  Niort.  Il  n'est  pas  possible  d'adopter 
son  opinion.  Le  mot  Niort  est  toujours  bien  écrit  par  les  troubadours 
(voy.  notamment  Chanson  de  la  Croisade,  v.  3397).  Il  a  deux  syllabes  et 
il  aurait  été  inutile  de  le  transformer  en  Nicart  pour  avoir  le  vers  dn 
moine.  Quant  à  la  valeur  historique  de  l'interprétation  de  Klein,  je  la 
discuterai  plus  loin. 

5.  Saint-Massenz  (Saint-Maixent,  Deux-Sévres ,  arromlisscment  de 
Niort)  désigne  le  l*oitou,  que  .Jean  sans  Terre  s'est  vu  confiscpier  par 
Philippe-Auguste  dés  1206.  Saint-Maixent  possédait  une  ancienne  abbaye 
de  Bénédictins,  l'ordre  même  auquel  appartenait  le  moine  de  Montaudon. 

6.  Philippson  remplace  regnassetz  par  agues  régnât  et  donne  à  ce 
verbe  le  mot  Joa)iz  pour  sujet.  C'est  prendre  réellement  trop  de  liberté 
avec  les  textes. 


354;  C.   FABRE. 

«  tant  d'amitiés,  et,  de  ce  côté-ci,  la  Provence  et  la  Lombardie  ne 
«  vous  auraient  pas  tant  lionoré.  De  même,  à  Newark,  le  roi  Jean 
«  n'aurait  pas  plus  de  pouvoir  qu'il  n'en  a  à  Saint-Maixent,  si 
«  vous  régniez  comme  le  voudraient  vos  conseillers.  » 

On  le  voit,  à  mon  sens,  c'est,  selon  le  poète,  la  politique 
d'Othon  qui  affermit  le  pouvoir  du  roi  d'Angleterre;  Phi- 
lippson  altère  donc  le  sens  en  traduisant  : 

«  De  même,  à  Nicart,  le  roi  Jean  n'aurait  pas  plus  de  pouvoir 
«  (ou  de  terres)  qu'il  n'en  a  à  Saint-Maixent,  s'il  avait  régné  sui- 
«  vaut  le  conseil  de  ses  ministres^.  » 

■  Cette  cobla,  improprement  qualifiée  de  esparsa  par  Phi- 
lippson^  et  qui  me  paraît  plutôt  un  fragment  de  tenson,  ne 
nous  a  été  conservée  que  par  le  seul  manuscrit  H.  Son  inter- 
prétation historique  a  été  tentée  par  les  deux  éditeurs  du 
moine,  MM.  Philippson  et  Klein;  mais  les  remarques  de  ces 
deux  auteurs  sont  incomplètes  :  et  d'abord,  ils  n'ont  pas  réussi 
à  identifier  le  personnage  essentiel  du  poème,  c'est-à-dire  le 
seigner  à  qui  le  moine  envoie  sa  cobla. 

Cependant,  l'identification  de  ce  prince,  qui  a  «  régné  con- 
trairement au  conseil  de  ses  baillos  »,  est  facilitée  par  deux 
indications  très  claires  :  1"  par  celle  de  la  Provence  et  de  la 
Lombardie,  qui  «  ont  tant  honoré  »  le  souverain  en  question  ; 
2'^  par  celle  d'un  roi  Joanz,  qui  ne  peut  être  que  Jean-sans- 
Terre. 

La  mention  de  ce  roi  circonscrit  immédiatement  les  recher- 
ches entre  1199  et  1216,  c'est-à-dire  entre  les  dates  qui  mar- 
quent le  commencement  et  la  fin  de  son  règne.  Or,  quel  est, 
dans  cet  espace  de  temps,  le  souverain  qui  «  a  été  honoré  par 
la  Provence  et  par  la  Lombardie  »  ?  C'est  évidemment  un 
empereur  d'Allemagne,  suzerain  de  la  Provence,  roi  d'Arles  et 
roi  des  Romains.  Lareuommée  que  se  sont  acquise  dans  l'his- 
toire les  grands  empereurs  ferait  songer  à  Frédéric  11  (1213- 
1250),  qui  fut  choisi  par  le  pape  Innocent  III  dès  121!.  Mais 


1.  Der  Mœnch  vo>i  Montaudon,  p.  1*9. 

2,  Ibid.,  p.  55. 


LE  MOINE  DE    MONTAUDON.  355 

ce  prince  était  tout  jeune  à  cette  date;  il  n'avait  que  quinze 
ans;  et  quand,  après  la  bataille  de  Bouvines  (1214),  il  devint 
l'empereur  incontesté  de  l'Allemagne  et  de  tout  le  Saint- 
Empire,  de  la  Baltique  à  la  Sicile,  le  roi  Jean  était  déchu  de 
sa  puissance. 

Ce  n'est  donc  pas  lui  qui  «  avait  déjà  régné  contre  le  con- 
seil de  ses  baillos»,  et  je  suis  ainsi  amené  à  penser  à  son  pré- 
décesseur, l'empereur  Othon  IV  (1198-1218).  Celui-ci  est  bien 
le  personnage  ctierché  et  les  éloges  que  lui  adresse  le  moine 
sont  parfaitement  justifiés  à  partir  de  1210  jusqu'en  1214. 
Othon,  dont  le  pouvoir  avait  été  contesté  jusqu'en  1208,  triom- 
phe enfin  partout  après  cette  date.  Son  concurrent  gibelin, 
Philippe  de  Hohenstaufen,  a  été  assassiné  (21  juin)  et  toute 
l'Allemagne  reconnaît  Othon  comme  empereur.  Il  se  fait 
réélire  à  Francfort,  puis  descend  en  Italie,  rencontre  le  pape 
Innocent  III  à  Viterbe  et  se  fait  couronner  à  Saint-Pierre,  le 
4  octobre  1209.  Aussitôt,  tout  le  nord  de  l'Italie  lui  rend 
hommage,  ainsi  que  la  Provence  et  le  Dauphiné,  et  Rai- 
mon  VI,  comte  de  Toulouse  et  marquis  de  Provence,  se  rendra 
bientôt  auprès  de  lui  pour  solliciter  son  appui  contre  les 
croisés.  Le  roi  de  Castille,  Alphonse  VIII,  qui  est  son  oncle 
par  sa  femme,  Aliénor  d'Angleterre,  lui  envoie  l'expression 
de  son  amitié,  et  le  pape  rêve  un  instant  de  faire  d'Othon  le 
chef  d'une  croisade  qu'il  veut  envoyer  en  Orient.  Cette  der- 
nière circonstance  fait  immédiatement  de  l'empereur  le  héros 
de  tous  les  troubadours  qui  poussent  à  la  croisade.  Othon  n'a 
que  trente-quatre  ans  ^ 

Quant  au  roi  Jean,  c'est  aussi  à  la  même  date  qu'il  mérite 
les  éloges  du  moine. 

Je  ne  rappellerai  pas  comment,  à  la  suite  de  sa  criminelle 
usurpation,  Philippe-Auguste  lui  enleva  la  Normandie,  l'An- 
jou et  le  Poitou  (1200  à  1206).  Mais,  en  1209,  un  retour  de 
fortune  rendit  soudain  Jean  un  des  monarques  les  plus  actifs 
et  les  plus  redoutés  de  l'Europe.  Etroitement  lié  à  son  neveu 


1.  Sur  tous  ces  événements,  voyez  le  récent  ouvrage  de  M.  A.  Luchaire, 
Innocent  III,  la  papauté  et  l'Empire,  1907. 


356  C.   FABRE. 

Othoa,  qui  était  enfin  le  maître  incontesté  de  l'Allemagne  et 
de  l'Italie  et  pouvait  ainsi  contenir  le  pape,  Jean  triompha  du 
clergé  anglais  soulevé  contre  lui.  Menacé  d'excommunication 
par  les  évêques,  il  confisqua  les  revenus  de  ceux  qui  avaient 
quitté  le  royaume,  exigea  des  otages  des  barons  et  obtint  la 
soumission  du  roi  d'Ecosse.  Grâce  à  l'argent  qu'il  extorqua 
aux  prélats  et  aux  juifs,  il  put  soutenir  Othon  et  passa  lui- 
même  en  Irlande  où  il  instaura  une  administration  analogue 
à  celle  de  l'Angleterre  et  imposa  comme  gouverneur  son  ami, 
l'évêque  de  Norwich.  En  1211,  il  entra  en  armes  dans  le  pays 
de  Galles,  où  sa  campagne  fut  également  heureuse. 

Il  n'y  a  rien  d'élonnant  à  ce  que  le  moine  ait  été  en  rela- 
tions avec  Othon  IV.  Celui-ci,  fils  de  Henri-le-Lion,  duc  de 
Saxe,  et  de  Mathilde,  sœur  de  Richard  Cœur-de-Lion,  avait 
passé  sa  jeunesse  en  Aquitaine,  auprès  de  son  oncle.  Là,  il 
s'était  fait  remarquer  dans  les  guerres  et  les  tournois  :  c'était 
un  des  plus  beaux  hommes  de  son  temps  et  un  chevalier  d'une 
valeur  remarquable.  Richard,  qui  n'avait  pas  d'enfants,  lui 
témoignait  une  affection  particulière  et  l'avait  comblé  de  fa- 
veurs et  de  biens.  Dès  ll90,  Olhon  rendait  hommage  en  per- 
sonne^ à  Vœc  (?  ;  en  Poitou,  à  Guillaume,  évêque  de  Poitiers, 
des  seigneuries  de  Civray,  de  l'Isle-Jourdain  et  du  Dorat^  Il 
avait  quinze  ans.  Les  historiens  prétendent  que,  malgré  sa  jeu- 
nesse, il  fut  chargé  du  gouvernement  de  l'Aquitaine  pendant 
la  croisade  de  Richard  (1190-1194).  En  tout  cas,  d'après  V Art 
de  vérifier  les  dates '^,  il  fut  successivement  investi,  en  1196: 
l»  du  comté  d'York  en  Angleterre,  2°  du  duché  d'Aquitaine, 
3^  du  comté  de  Poitiers,  Le  29  décembre  1197.  il  était  en- 
core en  France  et  signait  à  Bénaon  (Poitou)  une  charte  en 
faveur  des  habitants  d'Oléron. 

Richard  le  fit  élire  empereur  à  Cologne,  en  1198,  grâce  aux 
subsides  qu'il  lui  fournit  en  échange  de  la  rétrocession  des 
fiefs  dont  il  l'avait  investi. 

Jusqu'à  cette  dernière  date,  le  moine,  qui  était  un  familier 


1.  Gallia  christ.,  II,  1181.  Cf.  Art  de  vér.  les  dates,  II,  3G4. 

2.  Ed.  1784,  II,  364. 


,     LE   MOINE  UE   MONTAUDON.  357 

de  Richard,  avait,  sans  (ioute.  connu  intimement  Othon'.  Il 
n'y  a  donc  rien  d'étrange  à  ce  que,  douze  ans  après,  lorsqu'il 
voit  ce  dernier  au  faîte  de  la  gloire  et  de  la  puissance,  il  lui 
adresse  ses  compliments,  le  félicite  de  ses  succès,  fasse  l'éloge 
de  sa  manière  de  gouverner  et  le  félicite  de  soutenir  sou  oncle, 
le  roi  d'Angleterre.  Il  n'y  aurait  même  rien  d'étrange  à  ce 
que,  comme  je  le  crois,  le  moine  et  son  interlocuteur  aient 
tressé  une  tenson  en  provençal.  Otlion,  ancien  duc  d'Aqui- 
taine, connaissait  sans  doute  la  langue  d'oc  2, 

A  mon  avis,  par  les  baillos  et  les  servenz  il  ne  faut  pas 
entendre  des  ministres  proprement  dits,  soumis  aux  ordres  de 
l'empereur,  mais  plutôt  des  conseillers  officieux,  contre  les- 
quels Othon  a  bien  fait  de  se  révolter  et  d'affirmer  sa  puis- 
sance souveraine.  Or,  quels  pouvaient  être,  en  Allemagne, 
comme  en  Italie  et  en  Angleterre,  ces  conseillers,  sinon  les 
gens  d'église,  depuis  le  pape  jusqu'aux  simples  évêques  et 
abbés,  en  passant  par  les  puissants  archevêques-électeurs  de 
Cologne,  de  Mayence  et  de  Trêves?  Le  règne  d'Othon  fut 
une  longue  lutte  contre  le  clergé.  Dès  1201,  il  avait  dû  pro- 
mettre à  Innocent  III,  pour  se  faire  reconnaître  par  lui,  toute 


1.  L'intimité  qui  unit  Richard  et  le  moine  de  Montaudon  est  attestée 
par  la  cobla  5  de  la  pièce  L'autr'ier  fui  en  Paradis  (Philippson, 
pp.  37-39). 

Morgues,  hen  mal  o  fezis 
Que  tost  non  ânes  coichos 
Al  rei  oui  es  Olairos 
Qui  tant  era  tos  amis 
Per  que  lau  que  fo  afraigna. 
Ho  I  quantz  bos  marcs  d'esterlis 
Aurai  perdutz  els  teus  dos, 
Qu'el  te  levet  de  la  faigna  ! 

La  pièce  est  de  1194,  au  moment  où  Richard  vient  de  sortir  de  sa  prison 
d'Allemagne.  La  cobUx  G  en  donne  la  preuve.  Klein  l'avait  déjà  remarqué. 

2.  Cette  opinion  est  fondée  sur  les  raisons  suivantes  :  l"  Le  moine  de 
Montaudon  n'a  pas  écrit  de  coblas  esparsas  ;  ses  poèmes  sont,  au  con- 
traire, généralement  longs  ;  il  affectionne  le  vers,  où  le  nombre  de  strophes 
n'est  pas  déterminé  et  dépasse  celui  des  cansos.  2°  La  construction  stro- 
phique  de  sa  cobla  est  unique,  d'après  Mans  (n"  471,  forme  6),  et  se  rap- 
proche seulement  do  loin  de  celle  d'une  tenson  de  Gui  d'Uisel,  N'Elias,  a 
son  amador  (Bartsch,  Gr.  194,  17).  Aurait-il  créé  un  rythme  nouveau 
pour  une  simple  cobla ^ 


358  C.    FABRE. 

l'Italie  au  sud  du  Pô.  Eu  1205-1206,  il  avait  dû  lutter  contre 
l'archevêque  de  Cologne.  Comme  il  avait  été  vaincu,  le  pape 
venait  de  l'abandonner  et  de  reconnaître  son  concurrent  gibe- 
lin. Philippe  de  Hohenstaufen,  lorsque  celui-ci  fut  assassiné. 
L'année  suivante,  après  le  nouveau  revirement  d'Innocent  III 
et  le  couronnement  d'Othon,  celui-ci  eut,  en  Italie  même,  à 
lutter  contre  l'Eglise.  Innocent  III  lui  avait  demandé  tout 
l'héritage  de  la  comtesse  Malhilde,  c'est-à-dire,  en  somme, 
toute  l'Italie  centrale.  L'empereur  refusa  et  envahit  la  Fouille 
pour  déposséder  le  jeune  Frédéric  de  Hohenstaufen,  fils  de 
Henri  IV,  et  roi  de  Sicile  et  de  Naples.  Il  espérait  ainsi 
anéantir  le  parti  qui  pouvait  lui  disputer  la  couronne  impé- 
riale. Mais  le  pape  était  le  tuteur  de  Frédéric,  alors  âgé  de 
treize  ans,  et  le  royaume  de  Sicile  était  devenu  féodalement, 
par  un  hommage  de  Constance,  mère  du  jeune  prince,  un 
fief  de  l'Eglise.  Innocent  s'opposa  donc  de  toute  son  énergie  à 
l'expédition  commencée  contre  la  Fouille,  excommunia  Othon, 
le  déposa  (10  novembre  1210)  et  choisit,  pour  lui  succéder,  le 
jeune  Frédéric  lui-même.  Celui-ci  fut  proclamé  par  une  as- 
semblée tenue  à  Nuremberg  en  1211.  La  guerre  civile  recom- 
mença en  Allemagne  et  Othon  dut  repasser  les  Alpes.  Les 
archevêques  de  Mayence  et  de  xMagdebourg  furent,  sous  les 
auspices  du  pape,  les  organisateurs  de  cette  révolution. 

Or.  il  semble  bien  que  le  moine  de  Montaudon  écrit  au  mo- 
ment où  l'empereur  a  quitté  l'Italie.  La  Provence  et  la  Lom- 
bardie  l'ont  à  ce  moment  déjà  honoré. 

Quant  au  roi  Jean,  s'il  a  triomphé  du  clergé  d'Angleterre 
en  1209  et  en  1210,  le  pape  ne  le  laissa  pas  non  plus  tranquille  : 
il  le  déposa  en  1212,  comme  il  avait  déposé,  un  an  auparavant 
Otho'n  lui-même. 

C'est  donc  à  ce  moment  suprême  de  la  lutte  que  le  moine, 
très  indépendant  d'esprit,  comme  on  le  voit,  félicite  son  ancien 
ami  Othon  de  gouverner  contre  les  conseils  de  ses  haillos  et 
des  servenz  et  de  soutenir  énergiquement  le  roi  d'Angleterre. 
Mais  il  est  évident  que  la  cobla  a  dû  être  précédée  ou  suivie  de 
l'exposé  de  la  situation  politique,  et  c'est  pour  cela  surtout  que 
je  crois  à  la  composition  d'une  tenson. 


LE   MOINE    DE    MONTAUDON.  .S59 

Othon  soutint,  en  eflfet,  le  roi  d'Angleterre  detoutes  ses  forces. 
En  1214,  avec  le  concours  du  duc  de  Brabant,  des  comtes  de 
Boulogne,  de  Flandre,  et  des  contingents  fournis  par  Salisbury, 
il  poussa  cent  mille  hommes  à  Bouvines  contre  le  roi  de 
France,  agent  du  pape.  Mais  il  fut  vaincu,  laissa  sur  le  champ 
de  bataille  son  carrossa  et  l'aigle  impériale,  et  dut  se  retirer  à 
Hartzburg  où  il  mourut,  quatre  ans  après,  âgé  à  peine  de  qua- 
rante-trois ans.  Jean,  son  oncle,  l'avait  précédé  au  tombeau 
en  1216,  après  avoir  définitivement  perdu  ses  possessions  fran- 
çaises et  avoir  signé  la  Grande  Charte  (1215).  Il  était  mort  de 
douleur  et  de  rage  dans  son  château  de  Newark,  qui  avait 
été  sa  résidence  favorite,  tandis  que  le  fils  de  Philippe- 
Auguste,  Louis,  s'emparait  de  son  royaume  d'Angleterre. 

Il  est  évident,  par  la  suite  des  événements,  que  le  moine  a 
écrit  avant  la  bataille  de  Bouvines  (27juillet  i214),  au  moment 
même  où  Othon  organise  contre  ses  ennemis  la  ligue  qui  le 
conduira  à  sa  perte.  Son  poème,  qui  pouvait  avoir  sa  raison 
d'être  dès  1210,  a  donc  été  probablement  composé  plus  tard, 
en  1212-1213'. 

Il  me  reste  maintenant  à  discuter  l'interprétation  de  Klein. 

Cet  auteur^  donne  au  poème  la  date  de  1207.  Il  remarque 
que  cette  année-là  le  roi  de  Léon,  Alphonse  IX  (1188-1229),  fit 
alliance  avec  Jean-sans-Terre.  Celui-ci  n'avait  pas  alors  perdu 
tout  le  Poitou  dont  voulait  le  dépouiller  Philippe-Auguste  : 
le  pape  étant  intervenu  comme  médiateur,  une  trêve  avait  été 
conclue,  et  Jean,  moyennant  60,000  marcs  d'argent,  avait  con- 
servé La  Rochelle,  Thouars  et  Niort  (Nicart,  d'après  Klein). 

Cette  remarque  est  exacte;  mais  si  l'on  admet  l'interpréta- 
tion historique  qu'elle  comporte,  ce  serait  le  pape  Innocent  III 
qui  aurait  «  régné  contre  les  conseils  de  ses  baillos  »  et  aurait 


1.  Cette  cobla  est  donc  contemporaine  de  trois  célèbres  chansons  de 
croisade,  oii  un  poète  anonyme  (3iJ3,  22),  Pons  de  Chapteuil  (375,  8)  et  Aime- 
ric  de  Pèguilhan  (10,  11),  déplorent  la  discorde  qui  sévit  entre  les  princes 
chrétiens,  pour  le  plus  grand  profit  des  Mahométans;  elles  sont  toutes 
postérieures  à  1210  et  antérieures  à  1214  (voyez  sur  ces  pièces  K.  Lewent, 
Bas  altprov.  Kreuzlied,  pp.  28-33,  et  comparez  ce  que  j'ai  dit  des  deux 
premières  dans  mon  étude  sur  Pons  de  Cliapteuil,  pp.  20-1). 

2.  Die  DichtiDigen  des  MœticJis  von  MoiUaudon,  pp.  15-0. 


360  C.   FABRE. 

été  «  tant  honoré  par  la  Provence  et  toute  la  Lombardie  ».  Je 
ne  crois  pas  qu'une  telle  opinion  soit  soutenable.  En  1206, 
Innocent  III  n'a  rien  fait  de  particulier  pour  la  Provence  et 
pour  la  Lombardie.  Surtout  les  saluts  d'affection  que  lui  adres- 
serait le  roi  de  Léon  seraient  plus  que  suspects.  Alphonse  IX, 
en  effet,  eut  à  lutter  longtemps  contre  l'ingérence  du  pape  dans 
ses  affaires  de  famille  et  dans  sa  politique.  Il  avait  épousé, 
en  1197,  Bérengère,  fllle  du  roi  de  Castille;  Innocent  III  pour- 
suivit avec  persistance  l'annulation  de  ce  mariage  pour  cause 
de  parenté.  Alphonse  IX  dut  finalement  divorcer  en  1204,  à  la 
condition  pourtant  que  ses  enfants  fussent  reconnus  comme 
légitimes.  Ainsi,  le  roi  de  Léon  était  mal  qualifié  pour  le  rôle 
que  le  poème  lui  ferait  jouer  avec  l'interprétation  de  Klein. 

Je  crois,  au  reste,  qu'il  faut  renoncer  à  voir,  dans  le  reis 
N'  Anfos,  Alphonse  IX,  roi  de  Léon,  et  qu'il  s'agit  d'Al- 
phonse VIII  de  Castille  (1158-1214).  Celui-ci  fut  un  protecteur 
des  troubadours',  et  l'une  des  nowve//e5 de  Raimon  Vidal  de 
Besaudun  fut  contée  à  sa  cour,  sous  les  auspices  de  la  reine 
Aliénor. 

En  outre,  Alphonse  de  Castille  était  l'oncle,  par  alliance,  de 
l'empereur  Othon  IV.  Il  avait  épousé  Aliénor  d'Angleterre, 
fille  de  Henri  II,  et,  par  conséquent,  sœur  de  Mathilde,  de 
Richard  Cœur-de-Lion  et  de  Jean-sans-Terre.  Il  est  donc  tout 
naturel  qu'il  envoie  à  son  neveu  son  salât  et  ses  amitiés  lors- 
que Othon  est  parvenu  effectivement  à  l'empire.  Un  fait  im- 
portant semble,  d'ailleurs,  se  rattacher  à  ces  relations  d'amitié 
et  les  avoir  consacrées.  Bérengère,  fille  d'Alphonse,  revenue 
à  la  cour  de  Castille  dès  1204,  songea,  en  1211,  à  fiancer  son 
fils  aîné,  Ferdinand,  i'hérilier  présomptif  des  deux  Alphonses, 
a  une  princesse  allemande,  Béatrix,  fille  de  Philippe  de  Souabe. 
Les  fiançailles  définitives  eurent  lieu  en  1217.  Or,  Othon  avait 
épousé  la  sœur  aînée  de  Béatrix,  dès  1211,  à  son  retour  d'Italie. 

C.  Fabre. 

1.  Guillaume  de  Saint-Didier,  notamment,  fait  son  éloge  dans  le  chant 
Quan  vei  cazer  fuoillas  e  flors,  dont  j'ai  établi  la  date  dans  mon  étude 
sur  Pons  de  Chapteuil  (Le  Puy,  1907),  p.  26,  note  1.  Sur  les  troubadours 
qui  furent  en  relations  avec  lui,  voyez  Milà,  De  los  trovadores,  ch.  v. 


LE   MOINE   DE   MONTAUDON.  361 


NOTE  ADDITIONNELLE. 


Je  ne  crois  pas  que  Pliilippson  et  Klein  aient  vu  juste  quand  ils  ont 
identifié  Villafrança  avec  une  localité  du  Roussillon.  Cette  province,  en 
etiet,  n'était  pas  alors  «  en  Espaj^ne  ».  C'était  le  roi  de  France  qui  rece- 
vait l'honiHiage  des  domaines  qui  s'étendaient  de  Montpellier  à  Tarragone 
et  qui  appartenaient  aux  rois  d'Aragon.  Les  preuves  de  ce  fait  abondent. 

En  voici  une  autre  :  Guilleiu  de  Tudela,  qui  connaissait  bien  le  pays, 
après  avoir  nouinié  les  archevêques  (ou  évèques)  de  Tarragone,  Lérida, 
Barcelone,  met  à  part,  comme  venant  d'otrals  portz  d'Espanha,  ceux  de 
Pampelune,  Burgos  et  Terrazona  (v.  150-5).  Il  dit  ailleurs  : 

Li  u)i  van  a  Tholoza,  li  autre  en  Arago7î, 
E  li  autre  en  Espanha. 

(Chanson  de  la  Croisade,  éd.  Meyer,  757.) 

Il  faut  donc  chercher  Villafrança  en  Espagne  même,  c'est-à-dire  en 
dehors  du  Roussillon,  de  la  Cerdagne,  de  la  Catalogne  et  de  l'Ara- 
gon.  Je  trouve  une  ville  de  ce  nom  dans  la  province  deGuipuzcoa,  district 
de  Tolosa,  sur  l'Oria.  A  la  lin  du  xii'^  siècle,  elle  faisait  partie  de  la 
Navarre,  mais  Alphonse  VIII  de  Castille  s'en  empara  dès  1200.  C'est 
vraisemblablement  là  que  s'enferma  le  moine,  sans  cesser  d'être  en  rela- 
tions avec  les  rois  voisins  de  Castille,  de  Navarre  et  de  Léon,  et  avec 
divers  barons,  comme  Don  Lopez  de  Haro,  qui  accueillit  aussi  Richard 
de  Barbezieux. 


ANNALES  DU  MIDI.   —   XX  24 


M K LANGES  ET  DOCUMENTS 


I. 


LES     CHAPITRES    DE    PAIX     ET    LE    STATUT     MARITIME    DE     MAR- 
SEILLE,   TEXTE   PROVENÇAL    DES    XIII«   ET    XIV«    SIECLES. 

[Suite  et  fin  '.) 

III.  —  [Statut  maritime]. 

(I).  Bels  consols  establitz  foras  de  Masseilha  (Lat.  1,  172.) 

[po  39  r"].  Establem  que  d'aissi  enant,  totas  horas  que 
alcuns  consols  seran  fatz  o  establitz  en  los  viages  de  Suria 
o  d'  Aleissandria,  o  de  Cepta^,  o  de  Bogia,  o  en  alcun  autre 
5  luoc  foras  de  Mass'.,  que  aquill  sian  elegitz  e  creatz  per  lo 
regidor  de  Mass;  e  semblantmentz  sian  establitz  tais  totas 
lieras  que  aquill  consols  sian  dels  meillors  per  descrecion  e 
per  gent  parlar,  per  proesa  e  per  honestat  e  per  dilection 
ad  honor  e  utilitat  del  comun  de  Mass',  d'aquels  qu'adoncas 
10  en  aquel  teras  ad  aquellas  dichas  partidas  annaran,  e  que 
aquil  consols  sian  fag  e  establitz  ab  conseil  e  ab  consenti- 
ment  dels  sendegues  e  dels  clavaris  del  comun  de  Mass'.  e 
dels  semaniers  dels  caps  de  mestier,  o  de  la  major  partida 

1.  Voy.  Annales,  t.  XIX.  p.  -504,  XX,  p.  45  et  }i.  2(J1. 

2.  Nous  suivons  les  divisions  do  l'édition  Pardessus ,  Collection  des 
lois  maritimes,  etc.  Pour  la  correspondance  avec  le  texte  latin  ,  voyez 
L.  Gonstans,  Une  rédactioti  provençale  du  Statut  maritime  de  Mar- 
seille,  dans   les  Mélanges   Chabaneau.   Fr.  Junge,  Erlangen,   1007. 

3.  Cepta  =  arabe  Septa,  aujourd'hui  Ceuta,  au  N.-O.  du  Maroc,  ville 
qui  appartient  à  l'Espagne. 


MÉLANGES    ET   DOCUMENTS.  363 

d'aquels,  et  en  aquella  raezeissa  maniera  sian  donatz  e  esta- 

15  blitz  ad  aquells  consols  consseilliers.  E  li  dig  consols  tug 
que  ad  aquellas  partidas  dichas  deuran  anar  juron  als 
santz  evangelis  de  Dieu  qu'e[n]  nenguna  maniera  non 
metan,  o  suffran  que  sian  messas  per  aicun,  putans  en  lo 
fondegue  d' aquella  terra  en  la  quai  ill  sobrestaran  consolsi 

iO  ni  sostenran  que  aquellas  putans  fassan  aqui  stage.  E  non 
faran  o  non  sufriran  que  le  vins  d'alcuns  homes  non  Mars- 
seilles  si  venda  o  si  meta  el  dig  fondegue  aitant  longuament 
con  aqui  sera  le  vins  d'alcuns  Marsseilles  a  vendre.  E  non 
loguaran  ni  sufriran  que  sian  loguadas,  en  alcuna  autra 

2'^  maniera,  alcunas  botiguas  ad  estranjas  personas,  so  es 
assaber  ad  alcuns  non  Marsseilles,  sens  voluntat  e  licencia 
espressa  aguda  del  [v°]  fondeguar  del  sobre  dig  fondegue.  E 
(que)  al  dig  fondeguar  non  encobolaran  o  non  enbreguaran, 
0  non  faran  alcuna  cauza  o  alcunas  que  sian  contrarias  ad 

30  aquellas  cauzas  que  seran  autrejadas  o  convengudas  per  lo 
regidor  de  Mass'.  al  dig  fondeguar.  E  sembla[ntlment  non 
constreineran  le  dig  consol  lo  fondeguar  a  comprar  d'els  ni 
d'alcuns  autres  vins  o  ^Icunas  autras  cauzas  per  major  près 
que  non  valrian  en  aquella  terra. 

35  Item  e  que  non  pausaran  ban  ad  alcun  o  non  conderapna- 
ran  alcun  sens  consseilh  e  assentiment  dels  consseilliers 
que  lur  seran  donatz,  o  de  la  major  partida  dells  ditz 
conseilliers  Pero,  si'  auran  pausat  ban  o  pena,  o  auran 
condempnat  alcun  ab  conseill  de  lurs  conseilliers  o  de  la 

40  major  partida  d'aquells.  establem  que  aquo  sia  ferm  tengut, 
aisso  salvv  que  li  regires  que  per  lo  teras  sera(n)  en  Mass' 
denfra  un  mes  après  la  venguda  d'aquells  o  d'aquell  a  oui  o 
las  quais  alcuntz  bantz  o  alcuna  pena  es  o  séria  condemp- 
natz.  aissi  com  es  dig  de  sus,  si  le  consols  sera  prezentz  e 

45  aquel  a  cui  le  bantz  es  pauzats  o  es  condempnatz  si  com- 
planhera  d'aquo,  le  dig  regires  puesca  del  dig  ban  o  con- 
dempnation  conoisser.  el  dig  [ban]  o  condempnation  revo, 
car',  si  sera  vist  al  rector  que  en  aquel  fag  sia  hom  annat 
eniquamentz.  Pero,  pos  le  consols  aura  pausat  lo  ban,  non 

50  puesca  nulla  cauza  apostot  relaxar  o  cambiar  sens  consen 
timent  de  sos  consseilliers  o  de  la  major  partida  d'aqu  ells 

1.  Ms.  :  pero  si  (pas  de  point).  —  2.  renocar. 


364  ANNALES    DU    MIDI. 

mas  sentencia  donada  non  puesca  en  alcuna  maniera  revo- 
cari.  E  si  per  aventura  s'esdevenra  que  en  alcun  luoc 
sian  .XX.  homes  de  Mass'.  o  plus,  [f°40  ro]  o  non  sia[n]  consol 

55  0  consol[s]  establit,  segon  que  es  dig  de  sus.  adonc  per  aucto- 
ritat  d'aquest  capilol  sia  leguda  cauza  ad  aquels  homes  e 
puescan  acorda[da]mentz  tiitz  o  ii  magers  partida  d'aquels, 
o  aquiil  que  per  ells  o  per  la  major  partida  d'ells  serian 
elegitz  ad  elegir  consols  o  consol,  per  se  elegir  consols  de 

60  Mass'.,  li  quai  sobre  ells  [els]  autres  Marsseilles  venentz 
aqui  ajan  aquel  mezeis  [»oder,  lo  quai  aurian  li  autre  consol. 
segon  que  es  dig  de  sus,  elegut  per  lo  rector  de  Mass'., 
entro  que  li  autres  consols  establitz  (establitz)  en  Mass'., 
segon  que  es  dig  aqui,  seran  vengutz,  e  non  outra.  Pero,  si 

65     aquel  que  séria  elegutz'  consols  per  la  major  partida  dels 

homes  de  Mass'.  refuiava  o  non  volia  receber  lo  consolât, 

sia   punitz^  en   .xxx.  lb'.3  de  riais  coronatz,   si  per  just 

enpediment  non  lo  refuiava*. 

Semblantzmentz  establem  que  d'aissi   enant  sia  gardât^ 

70  fermament  e  sens  corrumpement  que  neguns  Marseilles  o 
autres,  don  que  sia  o  sera,  que  uze  de  major  libertat  o 
franqneza  en  Suria  o  en  alcun  autre  luoc  que  li  autres 
homes  de  Mass'.  comunalment,  en  neguna  autra  maniera 
non  puesca  ni   déjà   en   alcun  tems  esser  fatz  o   establitz 

75    consols  en  Suria  o  en  autre  luoc  o  usaria  d'aquella  libertat, 

si   empero   autres    o    autre    bon    e    aondos    adonquas    en 

aquellas  partidas  anant  s'atrobaran  o  aqui  seran  quefassan 

a  sostener  [e]  a  perfar  l'uflze  del  dig  consolât  s. 

Et  ancaras  ajostant  que  aquil  que  son  consols  un  an  en 

80  l'autre  non  sian  consols,  si  non  [en]  aquel  cas  en  lo  quai 
non  si  trobaria  sufâcient[z]  7. 

Semblantmentz  establem  que  neguns  fondeguars  o  nabe- 
tins,  (yo)  o  alcuns  que  son  vin  venda  o  fassa  vendre  a 
menut,  non  puesca  esser  fatz    o  establitz   en  aquel   luoc 

85  consol,  ni  alcuns  que  son  mestier  a  corataria  faria  en 
[aquella]  terra.  Estier  aquestas  cauzas  que  si  déjà  gardar 

1.  Ms.  :  re)incar.  —  2.  punia.  —  3.  Lat.  :  .x.  libris.  —  4.  Le  latin  ajoute 
une  dizaine  de  lignes.  —  5.  Ma.  :  gardar.  — G.  Le  latin  ajoute  environ  cinq 
lignes.  — 7.  Les  mots  Et  aticaras...  sufficient  sont  placés,  dans  le  ma- 
nuscrit, à  la  fin  du  chapitre.  Le  latin  les  a  à  leur  place.  Il  faut  peut-être 
corriger  :  [altres]  sufficientz  (lat.  :  alius  sufficiens) . 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  365 

que  si  alcuns  fondeguars  o  [nabetins  o]  alcun[s]  en  alcun 
tems  faran  contra  lo  sagrainent,  lo  quai  auran  fago  fara[nj 
al  regidor  de  Mass'.  en  reserason  del  dig  fondegue,  perdan 
90  aqui  mez6is  tôt  lo  dreg,  lo  quai  adonx  [an]  en  lo  dig  fon- 
degue. 

[II]  '.   De  gitament  de  met^cadarias  en  mar  per  mal  tems 
0  per  autra  cauza  (Lat.  IV,  30). 

Si,  sobrevenen  -  alcun  perilh  da  mar  o  deventz,  o  per 
paor  de  corssaris,  o  per  autras  justas  cauzas  s'esdevenia 
5  esser  fatz  gitamentz  de  mercadarias  justamentz,  que  en 
alcuna  nau  o  en  alcun  lein  seran,  si  aquel  gitament[z|  sera 
fatz  ab  corainal  concordia  dels  mercadiers  o  de  la  maior 
partida  o  de  la  plus  sanapartidao  d'aquells  que  en  aquella 
nau  adoncx  serian  o  en  aquell  lein,  o  fossa  per  justa  o  per 

10  liai  maniera,  per  cauza  d'esquivar  raanifest  perilh  e 
d'aquella  nau  o  d'aquell  lein  e  de  las  mercz^  carguadas  en 
aquellas  gardadoiras  o  de  gardar,  adoncx  lo  dan  d'aquell 
gitament  et  pe(rjjuramentd'aquellas  mercz''  per  aquel  gita- 
ment fag  sobre  tôt  l'aver  que  en  la  dicha  nau  o  en  if"  41  roj 

13  lo  dig  lein  en  lo  tems  d'aquell  gitament  sera  remasut,  pero 
comtadas  aqui  las  cauzas  salvadas  en  aquella  nau  o  en 
aquell  lein',  per  sout  e  per  Ib'.  sian  adeguadas,  o  que  comi- 
nalmentz  si  pagon  :  en  la  quai  cominal  collida  le  ditz  avers 
que  gitatz  es  e  las  mercadarias  pejuradas  sian  comtadas 

20  segon  que  las  mercz^  semblantz  d'aquellas  valran  en 
aquella  terra,  en  la  quai  la^  dicha  naus  o  leintz  ad  aquells 
descarguara  las  cauzas  salvadas  fazent  port. 

(III).  De  gardar  los  conseroages  (Lat.  IV,  23). 

Si   alcun  aura[n]    fag  entre  se  conservage  o  fassan   en 

aquell  viage  que  faran  de  lur  bona  voluntat  o  per  manda- 

ment  del  rector  o  dels  consols  de  Mass'.,  d'aquel  luoc  en  lo 

5    quai  le  dig  conservages  sera(n)  fatz  en  alcun  cert  viage,  et 


1.  Ce  chapitre  est  reproduit  au  ch.  XXVI  avec  des  variantes  d'expres- 
sion noinltreuses,  mais  sans  importance.  —  2.  Ms.  :  sobrene)iOfi.  — 
■i  et  4.  nientz.  —  .5.  Lat.  :  nave  etiam  vel  ligno  ita  salvatis  ibi  compu- 
tatis  (le  traducteur  n'a  pas  compris).  —  6.  Ms.  :  mentz.  —  7.  le. 


366  ANNALES  DU   MIDI. 

an  promes  pena  l'un  a  l'autre  d'aisso  a  gardar.  stablem  que 
aquilKs),  li  quai  lo  dig  conservage  non  observaran,  si  aisso 
non  fazian  per  just  erapediraent  entreve[ae]nt,  sian  tengut 
de  pagar  la  pena  promessa  ad  aquells  que  voirian  gardar  lo 

10  conservaje  o  al  comun  i  de  Mass'.,  si  (al  comun  de  Mass'.  si) 
al  comun  o  ad  alcun  per  lo  conaun  li  davant  dicha  pena 
sera  promessa;  la  quai  pena  si  li  dig  rompe[n]t  la  fe  non 
voirian  paguar,  li  poestat  o  li  consols  que  per  tems  seran 
destreinnara  aquels  que  promezeron  a  paguar  la  dicha  pena 

1."j  sens  2  bestenssa.  Empero,  si  pena  non  sera  promessa,  mas 
tant  solament  lo  dig  conservage  establit  sera  covengut, 
stablem  que  li  poestatz  o  li  consols  sobre  ditz  sian  ten- 
[vojgutz  adoncx  tolre  en  nom  de  pena  .1.  marcx  d'argent  per 
la  nau  als  rompentz  aquell  conservaje,  e  de  las  dichas  penas 

20  aqueila^  naus  o  li  senhor  d'aquella  non  sian  tengutz  en 
alcuna  maniera,  si  non  aquellas  partz  tant  solament  las 
quais  en  aquella  aurian  aquill  forfazedor(s)  o  delinquent,  e 
semblantment  si  non  aquill  solet  que  en  aquella  nau  serian 
en  lo  dig  viage  rompe[n]t  lo  conservage.  Slablem  semblanl- 

2o  menl  que  totas  las  dichas  penas  enaissi  agudas  del  comun 
de  Mass'.  sian  donadas  o  despendudas  en  curar  lo  port  de 
Mass\  *. 

(IV)  ^  Dels  mariniers  (Lat.  IV,  15). 

Si  alcuns  aura  logat  maieniers  o  autres  obriers  o  autras 
personas,  le  quai  ad  ell  per  près  o  per  loguier  stablit 
alcuna  cauza  leguda  aura  covengut  de  far  o  esser  fazedor. 
5  stablem  que  aquill  aquella  cauza  que  auran  covengut  sian 
tengut  de  coraplir,  si  per  just  empediment  e  manifest  non 
remania;  domentz  empero  [que]  aquellas  personas.  so  es 

1.  Ms.  :  alcun.  — 2.  serns.  —  3.  aquille. — 4.  La  phrase  eu  italiques 
manqaie  dans  le  texte  latin  et  constitue  probablement  une  addition  pos- 
térieure. —  5.  Ce  chapitre  et  les  doux  suivants  sont  reproduits,  ajjrès  le 
ch.  XXI,  avec  quelques  variantes  d'expression  (ch.  XXII,  XXIIl  et  XXIV). 
Cf.  par  exemple,  IV,  1,  licita  pour  leguda;  IV,  7,  ei)cobolament  pour 
empediment;  V,  If),  o  per  cambi  la  guazainnaria  pour  ad  autra  ma- 
niera l'aquistaoa:  V,  l'J,  o  camhiada  pour  o  d'autra  ^naniera  aquistada. 
—  Une  double  erreur,  différente  dans  les  deux  rédactions,  montre  qu'elles 
ne  dérivent  pas  de  la  même  source  (provençale)  :  V,  3,  enaissi  con  es 
acceptât  o  a  bogia  (2'  réd.);  aissi  con  a  certa  [=  septa  du  lat.)  o  a  b. 
(l"  réd.);  cf.  V,  7,  accepta  [2'  réd.),  ves  cepta  (1"  réd.).  La  2'  copie  est 
d'ailleurs  assez  négligée  (mots  omis,  etc.). 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  367 

assaber  marenier  [o]  obrier,  siaa  tais  que  en  autra  maniera 
si  puescan  obligar^.   E  si   per  aventura  s'esdevenia   que 

10  l'albres  de  la  iiau  en  la  quai  li  davant  ditz  anarian,  o  timon, 
o  timonairas,  o  antennas ,  o  semblant  cauza  si  rompia, 
o  si  aquill  naus  fazia  trop  d'aiga,  adobadas  aquellas  cauzas, 
li  sobre  ditz  loguatz,  aissi  con  de  sobre  dig  es,  non  sian 
mentz  tengutz  de  complir  per  aquel  mezesme  près  so  que 

15  auran  covengut.  La  quai  cauza  si  complir  non  poi[f"^42  r'']- 
rian,  quant  que  plus  de  près  o  de  loguier  ad  aquels  covengut 
o  donat  ad  autre  o  ad  autres  per  aquella  cauza  séria  douât 
sens  fraus,  sian  constreg  de  restituir;  e  si  plus  del  près  o 
de[l]  loguier  premieramentz  covengutz  ad  ells  sera  donat 

20  o  promes,  empero  d'aisso  car  non  volian  complir  cello  que 
avian  promes,  si  plus  n'auran  près,  sian  constreg  de[l] 
rendre.  E  si  plus  per  aquo  ad  ells  sera  promes  o  covengut, 
aquel  que  avia  promes  o  covengut  ad  ells  non  sia  tengut  de[I] 
donar.  E  si  [per]  aventura  alcuns  mariniers  denfra  lo  viage, 

2o  lo  quai  auria  comenssat,  fugia  o  la  nau  desamparava,  si  per 
just  empediment  non  o  fazia,  stablem  que  tôt  lo  loguier,  lo 
quai  d'aqui  auria  agut,  al  senhor  de  la  nau  sia  tengut  de 
rendre;  e  semblantment  al  senhor  de  la  nau  non  mentz 
restituisca  tôt  lo  loguier,  lo  quai  ad  autre  per  aquel  defai- 

30  Ihement  le  senhers  o  le  guiaires  de  la  dicha  nau  aura  donat  ; 
e  sobre  que  tôt  done  en  nom  de  pena  atrelant  al  comun  de 
Mass'. 

Establem  quel  davant  dig  fugedis   leza  per  l'auctoritat 
d'aquest  capitol  al  senhor  o  al  logador  d'aquella  nau  en  la 

3o  dicha  fuia,  o  pueissas  en  qualque  luoc  que  l'atrobara,  penre 
e  detener  et  aquel  liât  e  ben  gardât  ^  o  d'autra  maniera  a  la 
poestat  o  als  oonsols  de  Mass'.  adurre  per  sa  auctoritat,  so 
es  assaber  d'aquel  senhor  o  loguador  d'aquella  dicha  nau, 
pero  en  tal  maniera  que  per  aquellas  cauzas  aquel  fugedis 

40  non  naflfre  ni  bâta,  o  negun  menbre  non  li  frainha.  Si  pero 
s'esdevenia  quel  senhers  (logaires)  ol  logaires  de[v"|  la  nau 
laissaria  alcun  marenier,  non  per  colpa  d'aquel  marenier, 
si^a  tengut  le  senhers  ol  logaires  d'aquella  nau  rendre  e  res- 

1.    Le    texte    latin    suivi    devait    porter    aliter.    Cf.    la    2"    rédaction 
(ch.  22)  :  que  ses  tôt  enpedinient  si  puescan  ad  aquo  ohliguar.  Par- 
dessus donne  :  taies  sint  qui  aliisad  ea  se  valeant  obligare.  —  2.  Ms. 
gardar. 


368  ANNALES   DU    MIDI. 

titnir  al  davant  dig  marenier  tôt  lo  loguier  a  se  covengut, 
4'i    et  outra  totas  las  despensarias  las  quais  le  mareniers  faria 
per  retornar  a  Mass'. 

(V).  D^aquo  mezeis  (Lat.  IV,  16). 

Si  alcuns  mareniers  alcun[sj  aura  loguata  cert  loguier  et 
a  cert  viage,  aissi  con  a  Cepta'  o  a  Bogia  o  ad  autre  luoc, 
et  auran  covengut  entre'ells  de  retornar  a  Mass'.  per  aquel 
5  mezesnae  loguier,  stablem  que  si  le  senhers  o  le  loguaires 
de  la  nau  o  del  lein,  ves  Cepta  o  autre  luoc  [on]  sera  annatz 
o  annara,  aquella  nau  tota  o  autra  lein  vendia,  que  le 
senhers  de  la  nau  o  le  logaires  tôt  lo  loguier  e  las  despen- 
sas de  retornar  a  Mass'.  ad  aqueis  mareniers  sia  tengutz 

10  de  donar  e  de  pagar,  si  per  voluntat  dels  mareniers  non 
remania.  Si  empero  le  davant  dig  senhers  o  loguaires  com- 
prava  aqui  aquel  lein  o  aquella  nau,  o  ad  autra  maniera 
l'aquistava,  li^  davant  dig  marenier  per  aquel  loguier 
covengut  ad  ells,  aissi  con  de  sobre  dig  es,  sian  tengut  de 

15  complir  aquel  viage  comensat  en  lo  davant  dig  lein  o  nau 
comprada  o  d'autra  maniera  aquistada,  aissi  con  auran 
covengut  se  fazedor  en  aquella  nau  sobre  dicha,  si  de  volun- 
tat del  dig  senhor  de  la  dicha  nau  o  ioguador  del  dig  lein 
non  remania. 

20  E  si  IJ  dicha  naus  per  los  ditz  Marseilles  sera  venduda,  o 
le  leins,  ad  autres  Marseilles,  li  quai  com[f'' 43  fjprador 
d'aquella  nau  o  d'aquel  lein  aquel  viatge  dejan  far  ab  aquella 
nau  o  ab  aquel  lin  dig,  lo  quai  li  premier  senhor  o  Iogua- 
dor vendedor  auran  perpausat  de  far,  stablem  que  li^  dig 

T6  marenier  siafn]  tengut  adonquas  seguir  los  ditz  compradors 
d'aquella  nau  o  lein  en  aquel  viage  per  lo  loguier  covengut 
ad  ells  del  premier  senhor  o  dels  premiers  senhers  de  la 
•darant  dicha  nau  o  del  lein  sobre  dig. 

(VI).  Uaquo  mezeis  (Lat.  IV,  17  (U'^  alinéa)  et  18). 

Stablem  que  tug*  li  mareniers  que  si  seran  acordatz  o  si 
acordaran  o  promeseron  ad  alcun  o  ad  alcuns  se  alcuna 
vegada  anador[s]  per   merce  o  per   alcun   loguier   ad  ells 

1.  Ms.  :  certa.—  2  et  3.  Ms.  :  le.  —  4.  (uti. 


MÉLANGES   ET    DOCUMENTS.  369 

5  covengutz  en  alcuna  nau'  en  alcun  viatge,  sian  tengut  que 
eu  nenguna  maniera,  deus  que  la  naus  per  cauza  d'anar  en 
lo  dig  viage  sera  foras  de  la  boca  de!  port  de  Mass'..  non 
jassa[n]  de  nueg  foras  d'aquella  nau  sens  licencia  o  volunlat 
del  nauchier  de  la  dicha  nau,  le  quais  nauchiers  non  déjà  o 
10  non  puesca  en  alcuna  maniera  donar  licencia  ad  alcuns 
dels  mariniers  sobre  ditz,  que  al  raentz  li  terssa  partz  o  li 
quarta  dels  mareniers  sobre  ditz  de  la  dicha  nau  [jassà 
cascuna  nueg  en  la  dicha  nau]  2.  E  que  li^  dig  marenier 
aqui  et  en  autre  luoc  fassan  a  bona  fe  los  servizes  que  per- 
la tenon  a  la  dicha  nau,  si  per  just  e  manifest  empediment 
non  remania.  Si  en  autra  maniera  encontra  faran  ,  sian 
punitz  d'aqui  d'aquel  transpassament,  segon  que  de  sobre 
dig  es  en  l'autre  capitol  fag  dels  mareniers,  que  comensa  : 
Si  alcuns  au7'a  loguat  mareniers  o  autres,  etc. 
20  [v]  Establem  que  las  naus  d'outra  raar  venent  e(t)  stant 
en  lo  dig  viage  en  alcun  luoc  sian  tengut  donar  adonc 
viandas  als  mareniers  lurs  de  festa  de  la  Nativitat  de 
Nostre  Senhor  adenant,  en  aissi  que  .xv.  s',  de  riais  donon 
li  senhors  de  las  naus  ad  un  quascun  marenier  per  aquo 
25  per  quascun  mes.  Li  quai  marenier  si  desempararian  la 
nau,  (si)  que,  guardat  aisso  ad  ells.  sian  punit  en  personas  et 
en  cauzas  ad  albire  del  regidor  0  dels  caps  de  raestiers  *  de 
MassV  ;  e  so  que  dig  es  de  las  viandas  aja  luoc,  si  non  per 
aventura  entre  los  senhors  0  logadors  de  la  diohanau  e  los 
30  ditz  mareniers  sacordarian  d'aquestas  cauzas  acordada- 
ment. 

Establem  atressi  que  cascuna  naus  que  cargara  pelegrins 
en  Mass'.  0  li  senhors  d'aquellas  satisfassan  als  mareniers 
de  lur  loguier  en  aquesta  terra,  enantz  que  colle  de  las 
35  illas  de  Mass',;  e  que  neguns  senhers  de  nau  o  logaires  de 
nau  d'aissi  enant  uns  quascuns  non  porte  o  non  mené  0 
non  aja  outra  .iiii.  mareniers  outramontans  en  alcuna  nau 


1.  Cf.  21,  3,  e  promezeron  per  itn  cert  Uxjuier  0  guiznrdon  cocengiit 
ad  ells  en  quai  que  tems  sian  teiKjutz  ainiar  en  alcuna  nau  ...que, 
où  sian  tenffutz  est  évidemment  déplacé.  —  i2.  Nous  rétablissons  la  lacune 
d'afirès  le  latin  :  jaceat  qualibet  nocte  in  dicta  >inve.  Une  addition  pos- 
térieure, dans  le  latin,  développe  les  prescriptions  de  ce  chapitre.  Ce  qui 
suit  forme  un  chapitre  à  part  dans  le  latin  (=  IV,  18).  —  3.  Ms.  :  le.  — 
4.  Le  latin  dit  :  rectoris  vel  consulum.  Cf.  1.  41. 


370  ANNALES    DU   MIDI. 

fazent  yiage  de  Mass'.,   si   non   eran  ciutadan    de  Mass'. 
fazent  lurestage  aqui  ^  E  si  alcuna  vegada  alcuns  senhers 

40  0  logaires  de  nau  encontra  fara  o  venra,  sia  punitz  per  lo 
rector  o  per  los  caps  de  mestiers  de  Mass'.  per  casqun  dels 
mareniers  en  .c.  1'.,  qiiantz  que  serian. 

Stablem  sembla[ntjmentz  que  tug  li  mareniers,  qua[i]s 
que  quais  anaran  en  las  naus  de  Mass'.,  sian  e  dejan  ff"  44  r»] 

45  esser  e  juron  als  santz  evangelis  de  Dieu  esser  obe- 
dientz  als  consols  estabiitz  de  Mass'.  en  las  quais  terras 
naveguaran  en  las  naus  de  Mass'.  E  si  alcuns  mareniers  non 
Marseilles  assajara  venir  encontra  non  obesent  a  son  consol 
0  als  davant  ditz  consols,  d'aqui  enani  non  navegue  aquei 

50  mareniers  tro  a  .iii.  ans  adoncx  probedans  en  alcuna  nau 
de  Mass'.  Et  outra  aisso,  si  era  trobatz  en  Mass'.  per  aquo, 
que  non  sia  mentz  punitz  e[n]  .Ix.^  1'.  del  regidor  [o]  del 
comun  de  Mass'. 

(VII) 3.  R'.  :  De  aver  fenn  las  cauzas  accitadas  davant  los 
consols  establitz  foras  de  Mass.  (Lat.  I.  8). 

Ordenam  per  la  prezent  constitution  que(r)  la[s]  peti- 
cions,  positions,  confessions,  respontions,  atestations  e 
5  productions  e  composicions  e  transactions,  sentencias,  man- 
damentz  e  totz  los  fatz,  los  quais  li  consols  en  Mass'.  sta- 
blit  de  la  poestat  o  dels  consols  de  Mass'.  ad  anar  en  Suria 
0  en  autre  luoc,  enaissi  con  dig  es  en  lo  pro[pldan  capitol 
de  sus,  o(n)  li   autres   consols  foras  Mass'.   stablitz ,    dels 

10  quais  es  fâcha  mentions  en  aquel  mezeis  capitol,  diran  o 
dire  faran  o  proferran  o  far  faran  o  dire,  o  las  quais  davant 
ells  fâchas  seran,  aquella  mezesma  fermetat  ajan  e  forsa 
que  aurian ,  si  en  la  cort  de  Mass'.  en  aquella  mezesma 
maniera  dichas  o  fâchas  serian.  E  que  li  ^  dig  consol  per 

15  'justizia  de  la  cort  sian  tengut  recebre  et  prenan  de  cadaiin 
plag,  le  quais  sera  denant  els  o  sera  ventilât,  de  .x.  bezantz 
0  de  [v]  la  extimation  de  .x.  bez.  e  d'aqui  en  sus  lo  .x%  e 
d'aquells  platz  que  seran  denfra  .x.  bez.  o  la  extimation  de 

1.  On  voit  qno  ce  n'est  pas  sonlonient  de  nos  jours  i[u'ou  se  préorcupe 
de  protéger  le  travail  national,  et  l'amende  encourue  est  énorme  (voy.  1.  42). 

—  2.  Latin  :  .Ix.   sol.  (I^rançois   d'Aix),    .xl.    sol.    (Pardessus).  —  3.  Le 
latin  correspondant  est  moins  développé  et  présente  un  ordre  dilTéi'ent. 

—  4.  Ms.  :  U. 


MELANGES   ET   DOCUMENTS.  371 

.X.  bz.  lo  ters,  so  es  assaberd'aquel  o  d'aquells,  li  quai  seran 

20     vencut  :  la  quai  justizia  li  '  dig  cotisol  ad  alcun  o  ad  alcuns 

en  deguna  maniera  non  puescan  perdonar  ni  laissar,  e  la 

mittat  de  la  davant  dicha  justizia  sia  dels  ditz  consols,  e 

l'aulra  mittat  sia  del  dig  comun  deMass'.,  al  quai  coraun  ii^ 

dig  consol  la  dicha  justizia  sia[n|  tengutz  donar  o  rendre.  Li 

25    poestat  o  li  consols  de  Mass'.,  li  quais  per  tems  seran,  ajan 

gran  cura  que^  H  dig  consols,  li  quais  devon  esser  trames  de 

foras  de  Mass'.,  sempre  sian  tais  e  sian  stablitz  (li  quais) 

discretz  e  liais  et  aondos  en  quadaûn  luoc  als  davant  dig 

consolatz  drechurieraraentz  tenedors  e  regidors,  et  outra 

30    aquestas  cauzas  sian  tais  atressi  quais  sobre  en  lopropdan 

Capitol  es  dénotât. 

En  après  establem^  sobr'aisso  que  lug  li  davant  dig  fag 

dels  platz  mesclatz    [e  las   cauzas   que  davant]  els   seran 

fâchas   o    dichas    o    ventiladas   sian    escrichas    de   notari 

35    public,  si  aquel  adoncx  li  ditz  consols  aver  poiran  e  major- 

raent  per  notarié  public  stablit  de  la  poestat  o  dels  consols 

0  de  la  cort  de  Mass'.  E  si  notari  aver  non  poiran  ad  aisso  a 

far,  adoncx  sia  escrig  flëlment  per  l'escrivan  de  la  nau,  o 

per  autre,  lo  quai  meillor  e  plus  covenent  aquill  trobaran 

40    ad   escriure,   le  quais,  enantz   que  alcuna   cauza  escriva, 

d'aquojure^  sobre  los  sans  evangelis  de  Dieu  [f»45ro]  si  am 

bona  fe  et  enaissi  com  miells  sabra  e  poira  escriure  totas 

aquelias  cauzas,  las  quais  ausira(n)  o  seran  diclias  fuzent  als 

platz  dells  plasdeiantlz]  davant  los  consols  sobre  ditz,  un  o 

45    plus.   E  totas   aquelias  cauzas  escrichas   flëlmentz  li    ditz 

consols  gardon  e  servon  et  ab  se  en  lo  cartolari  sieu  d'aquo 

fag  aporton  en  Mass'.  ;  en  lo  quai  luoc  cant  ill  seran  ven- 

gutz,  lo  dig  cartolari  monstron  e  rendan  a  la  cort  de  Mass'. 

per  so  que   aquel  cartolari  d'aqui   enant  sia  gardatz   del 

50    comun  de  Mass'.,  enaissi  con  li  autre  fag  de  la  cort. 

Establera  airessi  que  li  consols  davant  dig,  li  quais  son  o 

seran  [d'Jaqui  en  un  an,  non  sian  aqui  ni  remanguan  aqui 

consols  en  l'autre  an  propdan  en  aquel  luoc  et  en  aquell 

oflize,  mas  autres  consols  aqui  sian  fag  et  establitz,  aissi 

55    con  sobre  dig  es  en  lo  davant  capitol  (dig);  e  que  li  consols 

1  et  2.  Ms.  :  le.  —  3.  Ms.  :  o.  —  4,  estahlen.  —  5.  natari.  —  6.  Ms.  es- 
criua. 


372  ANNALES   DU   MIDI. 

sobre  ditz  puescan  e  dejan  autres  consols  far  et  establir,  o 
qual[sj  que  autres  en  lo  sieu  luoc  laissar  ab  conseill  pero  et 
assentiment  dels  sieus  conseiUiers  o  de  la  major  part 
d'aquels,   en   alcuna  terra  de  Sarrazins    on    aquill    seran 

60  consols,  quant  si  partiran  d'aquella  terra.  Mais  so  qu'es 
dig  dells  davant  ditz  mandamentz  en  tal  maniera  aja  luoc, 
so  es  assaber  que  aquil  consols  non  puescan  donar  manda- 
ment  o  mandamentz  entre  autres  placdejantz  davant  ells, 
ni  autres  davant  se  plaidejant[z)  forsar  a  penre  manda- 
mentz. 

65  Si  aissil  mezeis  placdejant  non  si  metian  al  mandament  [v»] 
d'els,  mais  si  per  aventura  d'autramentz  o  fazian,  aissellas 
cauzas  que  farian'  non  vaihlan  ren  ni  Icnguan  enantz  non 
conlrastantz^  las  davant  dichas  cauzas  non  vaihlan  ren 
apostot. 

70  E  tutz  li  davant  ditz  consols  totas  las  cauzas  que  davant 
ill  seran  ventilladas  enquieran  en  tal  guiza  e  defeniscan 
que  tostems  en  aquestas  cauzas,  las  quais  sobre  aquo 
conoissent  o  guarentias  auzent  o  defeniënt  faran,  prenan 
ab  se  o  ajan  dos  prohomes  e  discretz  meillors  e  plus  cove- 

7o  nens  los  quais  trobar  o  aver  poiran,  o  almentz  .j.,  estier  lo 
notari  publico  autre.. .^  davant  dichas  totas  cauzas  e  qua- 
daiina,  (o)  las  quais  il  mezeis  li  consols  faran,  sian  raenadas 
e  tractadas. 

(VIII).  R'.  :  D'aquels  que  moron*  foras  de  Masseihlla 
(Lat.  IL  50). 

Per  lo  présent  capitol  establem,  cant  s'esdevenra  alcun 
Marsseilles,  o  alcun  antre  portant  [o]  avent  peccunia  o 
5  alcunas  cauzas  d'alcun  Marsseilles.  morir  en  autras  partz 
foras  Mass'.,  o  s'esdevenra  alcun  [morir],  le  quais  ad  alcuns 
alcunas  cauzas  coraandadas  ^  per  gardar,  las  quais  ab  se 
avia  le  morentz,  o  aquellas  mezesmas  per  gardar  o  d'au- 
trament  liuret  o  liurara  o  donet  (aquel  mort),  de  las  quais 
10  [aquel  mort]  non  aordenet  en  quai  maniera  o  de  cui  o  per 
cui  aquellas  cauzas  ves  Mass'.  dejan  esser  portadas,  adoncx 

1.  Ms.  :  fazian.  —  2.  Je  ne  comprends  pas  les  mots  soulignés  :  il  y  a 
probablement  une  petite  lacune,  ou  même  plusieurs.  —  8.  Il  y  a  sans 
doute  ici  une  lacune  que  le  latin,  très  abrégé,  no  permet  pas  de  combler. 
—  4.  Ms.  :  meron.  — 5.  comande. 


373  ANNALES    DU    MIDI. 

lésa  ad  ells  o  ad  ell  davant  ditz  aïs  quais  aquellas  cauzas 
son  0  serian,  sens  tôt  perill  sieu,  aqui  [a]  un  o  dos  o  plus 
Marseilles',   li  quai  pero  per  riqiieza  o  facultatz  e  plus 

lo    honest  serian  [f"  46  r"]  en  aquella  terra,  las  dichas  cauzas 

.  liurar  davant  garentias  aqui  ajtelladas  per  portar  las  dichas 

cauzas  a  Mass'.  Et  atressi  ad  aquells-a  cui  aquellas  cauzas 

serian  liuradas  en  tal  maniera  leza  sens  son  perill)  aquellas 

cauzas,  en  covenells  temps,  en  convenell  nau ,  o  ancaras 

^0  per  terra  convenellraent,  sens  son  perill  aportar  o  adurre  o 
trametre  per  personas  covenent[z]  ab  bona  fe  e  sens  engan. 
0  si  per  aventura  aquell  o  aquill,  a  cui  o  als  quais,  aissi  con 
dig  es,  del  mort  las  dichas  cauzas  serian  liuradas,  non  tro- 
barian    aqui    alcuns   autres  Marsseilles  plus   coveneuls  o 

25  plus  honestz  d'aissells  mezeis,  adoncx  leza  ad  ells  aquellas 
cauzas,  (atressi)  aissi  con  de  las  autras  dig  es,  sens  son  peiill 
portar  o  adure  o  trametre  a  Mass'.  per  personas  covenens 
en  naus  covenens  o  per  terra,  ab  bona  fe  e  sens  engan.  Et 
en  quai   que  maniera  de  las  davant  dichas  manieras  las 

30  dichas  cauzas  venran  ves  Mass'.  o  seran  aportadas,  adoncx 
sian  e  venguan  al  perilh  dells  hères  o  dells  successors  del 
dig  mort,  en  tal  maniera  que  a  negun  autre  lo  perilh 
d'aquellas  cauzas  en  alcuna  cauza  non  pertengua.  0  si  per 
aventura  eran  de  las  cauzas  ad  ells  comandadas,  o  si  le 

35  mortz  aquellas  cauzas  laissara  ad  alcun  en  tôt  o  en  part, 
sian  e  venguan  a  la  l'ortuna^  el  perilh  d'aquel  o  d'aque^lls  del 
quai  0  dels  quais ^  aquellas  cauzas  le  ditz  mortz  avia  receu- 
put  en  coraanda,  o  a  la  fortuna  d'aquell  o  d'aquels  a  cui  o 
als  quais  serian  del  dig  mort  laissadas.  Mais  empero,  si  [vo] 

40  alcuna  cauza  de  las  davant  dichas  cauzas  aportadoyras  le 
ditz  raortz  per  aventura  establit  o  adordenat  [avia],  enaissi 
com  el  aura  dig  sia  fag. 

Et  après   dizem   que   si  s'esdevenia    o  esdevenra   alcun 
Masseilles  en  alcun  luoc  morir  en  terra  de  Sarrazins,  le 

'iS  quais  aqui  establiraent  dels  sieus  bens  en  sana  memoria  fes 
0  fara,  si  aquel  establiment  per  très  garens  mascles  o  plus 
al  mentz,  li  quais  sian  vist  de  la  cort  de  Mass'.  conveneuls 


1.  La  Coutume  de  Montpellier,  ch.  v,  exige  au  moins  cinq  témoins  ori- 
ginaires de  Montpellier  ou  des  environs  ;  de  même,  plus  loin,  cinq  témoins 
au  lieu  de  trois.  —  2.  Ms.  :  forma.  —  3.  del  qunl    de  1"  main. 


374  ANNALES    DD    MIDI. 

e  li  quai  ad  aquell  stabliment  apellat  e  paguat  foron,  poira 
esser  proatz,  aquell  establiment  ferraament  sia  tengutz 
50  enaissi  con  fag  es,  salva  pero  als  enfantz  d'aquell  mort 
segon  dreg  estatut  de  la  ciutat  de  Mass'.  la  falcidia  o  légi- 
tima, et  atressi  salva  als  privatz,  so  es  als  sieus,  d'aquel 
mort  la  légitimât. 

(IX).  R'.  :  En  quai  maniei-a  deu  esser  venduda  cauza  mobla 
obliguada  per  pelnnora  (Lat.  III,  4). 

Si  alcuns  alcuna  cauza  mobla  a  près  en  pengnora  o  penra, 
le  quai  cauza  enpero  puesca  de  dreg  esser  obliguada  per 
5  peccunia  legudament  e  per  justa  cauza  deguda  o  coveoguda 
0  promessa  [a]  paguar  en  cert  jorn  o  en  cert  tems,  et  aquell 
deuteires,  le  quais  obliguet  e  liuret  en  l'establit  tems  o  jorn 
assignat  a  paguar  la  dicha  peccunia,  enaissi  con  covenc  non 
paguet.  o  non  a  satisfag  al  crezedor,  d'aqui  enant  lésa  al 

40  crezedor,  après  .ij.  mes  del  dig  terme  traspassatz .  en  quai 
que  tems  el  se  voira,  pueis  la  dicha  peingnora  per  la  soa 
auctoritat  ab  bona  fe  vendre,  amonestat  e  requist  lo  deutor 
que  resema  [fj  47  vj]  aquella  peinnora,  e  certificat  premie- 
rament  lo  davant  dig  deutor  ab  garentias,  si  prezentz  es,  o,  si 

15  le  deuteires  non  es  aqui  prezentz,  fâcha  la  denunciation  a  la 
soa  moiller  o  als  probdans^  d'aise!  deulor,  e  la  licencia  de 
la  cort  de  Mass'.  sobre  aquo  requista  e  receupuda.  la  quai 
licencia  la*  dicha  cortz  sia  tenguda  e  déjà  ad  aissel  crezedor 
donar  o  autrejar,  pos  per  lo  dig  crezedor  en  sera  requista 

20    la  cort  o  demandada*. 

(X).  R'.  :  De  pegnora  donada  en  las  naus  per  alcuna  pecunia 
(Lat.  III,  5). 

Stablem  que  si  alcuns  homs  ad  alcun  alcun  prest  fes  o 

fara  portador  en  alcun  viage  a  la  fortuna  ol  resegue  d'aquest 

5    que  presta  lo  prest,  per  lo  quai  prest  especialment  ad  ell  es 

donada  pegnora,  la  quai  pegnora  ab  son  senhal  aura  senhada 

o  non,  si  per  aventura  aquella  pegnora,  per  aventuros  cas 

1.  Lat.  :  et  similiter  ascendentibus  iUius  defuncti,  ce  qui  est  diffé- 
rent.—  2.  Ms.  •.probeiies  (lat.  :  -propinquis).  —  3.  le. —  4.  Lo  latin  ajoute 
un  petit  détail,  et  à  la  suite  un  court  paragraphe,  qui  est  une  addition  pos- 
térieure. 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  375 

0  sens  colpa  del  deutor,  eu  aquel  viage  aera  perduda,  e  li^ 
naus  en  la  quai  aquella  es  o  sera(ra)  carguada  o  li^  majers 

4  0  partz  d'aquellas  cauzas  en  aquel  viage  cargadoiras  salvas 
anaran  al  luoc  on  avian  voluntat  de  portar  e  d'anar,  o(n) 
en  autre  luoc  on  11^  dicha  naus  fassa  port  per  descargar, 
adoncx  le  dig  deuteires  non  mentz  sia  tengutz  de  dig  prest 
o  d'aquo  que  en  covenc  al  dig  crezedor,  o  ad  autre  per  ell; 

■15  et  aisso  covenc  o  covenra,  so  es  covenenz  sera,  entre  los 
contrahens  lo  deutor  esser  d'aquo  tengut(z),  salva  anant  la 
uau  0  la  major  part  de  las  cauzas  en  aquella  nau  cargadas. 
0  si  non,  so  es  si  aquesta  cauza  non  fon  en  co[vo]venent 
entre  los  contrahens  *,  mas  fag  o  dig  fon  entre  ells  que  li 

^0    dicha  pegnora  vengua^  en  aquel   viage  a  l'aventura  del 

crezedor,  adoncx  perduda  la  peinnora  aissi  con  dig  es.  aquel 

deuteires  en  alcuna  maniera  adoncx  d'aquel  deute  non  sia 

en  ren  tengutz. 

Mas  si  aquel  crezeires  neguna  peinnora  o  gênerai  pegnora, 

25  so  es  d'alcunas  cauzas  en  alcuna  nau  pauzadas,  o  autra 
cauza  cenblant,  per  lo  dig  prest  receup  o  recebra,  e  li  ^  naus 
o  aquel  leintz  en  la  quai  o  en  lo  quai  carguada  sera  aquella 
peignera  gênerai  o  autras  cauzas  del  dig  deutor,  o  le  ma- 
gers  partz  de  las  cauzas  aqui  carguadas  en  aquel  viage,  per 

30  aventures  cas  périra  .o  periran .  adoncx  le  dig  deuteires 
non  sia  tengutz  al  dig  crezedor  del  dig  deute,  si  non  per 
aital  part  soiaraent  con  salvaria  aissel  raezeis  deuteires  las 
cauzas,  las  quais  en  la  dicha  nau  o  en  lo  lein  auriao  (a)  que 
pertenon  aqui  ad  ell;  quar  adoncx  per  aquella  part  de  las 

35  cauzas  en  quai  que  maniera  del  dig  deutor  salvadas  ad 
aquel  crezedor  per  lo  dig  prest  sia  tengutz. 

Mas  si  li  dicha  naus  o  leins  en  lo  davant  dig  cas  o  li' 
raagers  partz  de  las  cauzas  aqui  carguadas  seran  salvas, 
atressi  li  dig  deute  adonc  sia  salvvs  al  dig  crezedor. 

40  Et  atressi,  si  (alcuns)  en  alcun  tems  11^  peignera  specials 
séria  salvada,  adoncx  perduda  nescalre  aquella  nau  o  la 
major  part  d'aquellas  cauzas  en  aquel  viage  carguadas,  le 
dig  deuteires  al  dig  crezedoi-  del  sieu  davant  dig  deute  sa- 
tisfar  d'aquella  pegnora  spécial  sia  tengutz  e  non  d'autra 


2  et  3.  Ms.  :  le.  —  4.  contrahers  (cf.  1. 16).  —  5.  vangiia.  —  6,  7  et  8 
le. 


376  ANNALES   DU    MIDI. 

45  part,  si  non  per  aventura  entre  ells  adoncx  o  enantz 
ex  [f"  48  ro]  pressamentz  convenentz  séria. 

(XI)  R'.  :  De  compainhia[s]  e  de  comandas  (Lat.  III,  19). 

Stablem  que,  si  alcuns  homs  ad  alcun  altro  peccunia  o 
alcuna  cuuza  en  corapagnia  o  en  comanda  a  far  cert  viage 
[ad]  alcun  luoc  nomnat  donet  o  autrejet  o  dara  o  autrejara, 
5  et  aquel,  le  quais  en  aital  maniera  o  receup  sens  licencia  o 
consentiraent  del  dig  compagnon  o  coraandador  o  hères 
d'ells,  enantz  que  al  dig  luoc  vengua  o  en  après  (pos  al  dig 
luoc),  ad  autre  liuret  aquella  cauza  o  comanda,  o  aquella 
cauza  d'aquo  fon  comprada  o  guazainnada  o  aura  laissât 

10  aquella  cauza,  volentz  annarad  alcun  luoc,  adoncx  aldavant 
dig  que  receup  aquo,  aissi  con  dig  es,  le  perills  d'aquellas 
cauzas  pertengua.  E  segon  que  alcuns  autres  dells  homes 
de  la  nau,  en  la  quai  annava  o  promes  annar  o  dec  annar 
aquel  que  receup  la  comanda,  dells  autres  cemblant[z]  mers 

15  al  mage  ha  agut,  sia  tengutz  donar  ad  aquel  de  cui  receup 
la  cauza  en  comanda,  en  aissi  con  dig  es,  o  als  hères  d'ell. 

(XII.)  R'.  :  D'aquo  mezeis  (Lat.  III,  20). 

Establem  que,  si  alcuns  homs  ad  alcun  autre  compagnia  o 
comanda  fes  o  fara,  et  ad  ell  poder  donet  o  donara,  que  amb 
aisseila  compagnia  o  comanda  en  quai  que  viage  ad  el  pla- 
5  zera  va(u)gua,  el  luoc  al  quai  la  dicha  compagnia  o  comanda 
[portar  déjà  non  nomnet  al  tems  on  la  dicha  societat  o 
comanda  ad  elj  ^  fon  fâcha  o  liurada  o  carta  fâcha,  en  quai 
que  tems  2  viages  t'ar  voira  sens  enguan  e  sens  bauzia  o 
puesca  far.  Mas  si  le  compain  o  le  comendaires  en  après 

10  li  comanda  per  letras  ab  sagel  del  capitol  o  del  comun  de 
Mass'.  sagelladas,  dizens  que  ab  la  dicha  compania  o  co- 
"manda  [v^],  coraplit  lo  premier  viage,  a  Mass'.  s'en  torne,  sia 
tengutz  aquel  far  aisso,  si  empero  non  avia  comensat  autre 
viage,  del  quai  sostenria  o  li  esdevenria  gran  dampnage  si 

15  non  lo  compila;  en  lo  quai  cas  puesca  ell,  non  contrastant 
la  dicha  denunciation,  aissel  viage  que  a  comenssat  com- 
plir,  lo  quai  viage  coinplit^  sia  tengutz  tornar  a  Mass'.,  o 

1.  Lacune  comblée  d'après  le  latin  :  vel  comniiuidani  portare  debeat 
non  nominavit  tempore  dicte  societatis  vel  commande  ei  fade.  — 
2.  Latin  :  quacumque.  —  3.  Ms.  :  complir. 


MELANGES   ET    DOCUMENTS.  377 

la  dicha  comanda  o  compagnia,  so  es  (o)  la  part  del  captai 
e  de  tôt  lo  guazain  pertenent  al  dig  compagnon,  am  bona 

ÎO  fe  per  alcun  flzel  message  etconveneull,  ab  guarentias  aqui 
appelladas,  al  dig  compagnon  comandador  traraetre;  et 
aisso  fassa  le  compain',  si  non  remania  per  just  empedi- 
ment.  Mais  si  le  luoc,  al  quai  luoc  aquella  compagnia  o 
comanda  dévia  portar  le  compain  o  aquel  que  receup   la 

25  comanda,  fon  nomnatz,  adoncx,  complit  lo  viage  del  nom- 
nat  luoc,  sia  tengutz  tornar  a  Mass'.  o  trametre  al  compa- 
gnon, o(d)  ad  aissell  que  comandet  la  comanda,  la  part  del 
captai  e  de  tôt  lo  guazain  ad  ell  pertenent,  aisi  con  dig  es. 
Mais  si  aquel  que  la  compagnia  o  comanda  receup  contra 

30  aisso  fara,  aquo  tôt,  que  en  la  compagnia  o  en  la  comanda 
0  per  raison  d'aquo  avia  quoras  receup  las  letras  o  manda- 
ment  en  la  davant  dicha  maniera,  sia  salvv  al  ^lompagnon 
o  al  comandador,  e  sobre  tôt  aisso  la  part  de  tôt  lo  gazain, 
lo  quai  auria  de  la  dicha  compangna  o  comanda,  cant  lor- 

35  nara  o^  la  compagnia  o  demanda  (en)  trametra,  ad  aquel 
mezeis  la  tramet(r)a;  en  los^  quais  cas  non  mens  del  captai 
sia  crezutz  aver,  si  non  proava  {î")  49  r"]  que,  cant  receup 
las  letras "*  o  lo  comandament,  en  aissi  con  dig  es,  avia 
me[n]s  del  captai. 

(XIII).  R'.  :  D'aquo  mezeis  (Lat.  III,  21). 

Si  alcuna  ad  alcun  compagnia  o  comanda  fes  o  fara,  o 
donet  o  donara,  et  aquell  que  aquella  comanda  o  compa- 
gnia receup  sera  tornatz  d'alcun  viage,  et  alcunas  cauzas, 
5  non  de  la  compagnia  o  de  la  comanda,  en  aquel  viage  don 
venc  laisset  o  en  autre  luoc  per  alcun  autre  trames,  don 
discordia  entre  aquells  compagnons  o  comandadors  sera, 
adoncx  aquell,  le  quais  aquella  compagnia  o  comanda  (aura 
o)  receup  o  recebra,  aquell  de  cui  las  dichas  cauzas  lais- 

10  sadas  o  tramessas  serian  en  alcun  luoc  et  en  la  quai  ma- 
niera aquellas  cauzas  receup  d'aquell  nomnar  e  dire  sia 
destreg  per  sagrament  de  veritat,  si  al  compagnon  o  co- 
mandador plazeraj  [e  si]  le  compain  o  comandaires  davant 
dig,  le  quais  la  dicha  compagnia  o  comanda  fes  o  fara, 

.15    proaria  per  .ii.  o  per  très  guarens  conveneuls  d'autramentz 

1.  Ms.  -.  compagnon.  — 2.  a.  —  S.  e  las.  —  4.  terras. 

A.NNALES   DU   MIDI.    —   XX  25 


378  ANNALES   DU   MIDI. 

esser  la  veritat  que  le  dig  compagnon  juret,  adonx  la  part 
pertenent  ad  aquel  proant  de  las  dichas  cauzas,  enaissi  con 
dig  es,  laissadas  o  tramessas  en  autre  luoc  el  mezeis  le 
proantz  que  proet.  enaissi  con  dit?  es,  (el)  puesca  demandar 
20  en  lo  doble  ad  aquel  que  las  dichas  cauzas  laisset  o  trames 
en  autre  luoc  (enaissi  con  dig  es). 

(XIV).  R'.  :  D'aquo  mezeis  (Lat.  III,  22). 

Stablem  que,  si  alcuns  homs  compagnia  o  comanda  [V] 
ha  d'alcuns,  e  d'alcun  viage  sera  tornatz,  et  aquel  del  quai 
la  compagnia  o  la  comanda  hac^  o  aura  o  los  hères  d'els 
5  non  trobara,  sens  licencia  d'aquell  o  d'aquells  la  part 
d'aquells  non  trobatz  ab  se  portar  o  trametre  non  puesca(n) 
le  dig  compain  o  comandaires  :  la  quai  cauza  si  ell  fara^ 
et  alcuns  perill  d'aquo  esdevenra,  la  part  de  la  dicha  co- 
manda o  de  la  compagnia  e  non  del  perill  al  compagnon  o 

10    comandador  pertenent  sia  tengutz  de  rendre. 

E  si  adoncx  alcuna  cauza  en  aura  guazanhat^,  las  .iii. 
partz  d'aquel  guazanh  ^  en  done  ad  aquel.  Mais  si  per  autre 
aqui  trames  las  cauzas  de  la  dicha  compagnia  o  comanda, 
adoncx  aquella  part  pertenent  ad  aquel  compagnon  o  co- 

15  mandador,  ab  las  .iii.  partz  del  guazanh,  si  alcun  guazanh 
en  a,  ad  aquell  mezeis  compagnon  sia  tengutz  rendre  senz 
demora. 

(XV).  Remembransa  d'aquo  mezeis  que  es  dig  de  sus 
(Lat.  III,  23). 

Generalraentz  establem  que  totz  compantz,  le  quais  d'au- 
tres alcunas  cauzas  per  nom  de  compagnia  o  de  comanda 
5  porte  0  portara  en  quai  que  '  viage,  adoncx  quant  sera  retor- 
natz  del  viage,  aquella  davant  dicha  compagnia  o  comanda, 
o  las  emplechas  d'aquo  agudas,  en  lo  poder  del  sieu  capi- 
tani,  so  es  assaber  d'aquell  le  quais  las  cauzas  en  la  compa- 
gnia 0  en  la  comanda  ad  ell  liuret,  si  aquel  capitanis  o  li 
10  successor  d'ell  aisso  voiran  o  querran  que  offassa,  pauze  et 
assigne  sens  demora.  Mais  si  aquel,  le  quai  la  dicha  com- 
pagnia 0  comanda  portet,  autras  cauzas  departidas  d'aquella 

1.  Ms.  :  lac.  —  2.  sai'ci.  — 3.  guazaginnat.  —  4.  guazagiti.  —  5.  en 
aquel  (lat.  :  in  aliqiiod). 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  379 

compagnia  o  comanda  auria  [f»  50  r°],  al  dig  compagnon  o 
comandador  non  sia  destreg  aissellas  cauzas  consignar  ni 
15    liurar'. 

(XVI).  R'.  :  De  naus  loguadas  a  nouli  (Lat.  IV.  7). 

Establem  que  aquel,  lo  quais  nau  o  autre  lein  a  nouli 
loguet  0  loguara  per  menar  o  trametre  ad  alcun  cert  luoc. 
si  outra  aquel  cert  luoc  nomnat  aquella  nau  o  aquel  lein 
5  menet  o  trames,  si  non  per  just  e  manifest  empediment 
aisso  fes  o  fara,  si  ad  aquella  nau  o  lein  alcun  perill  o 
dampnage  esdevenra,  adoncx  aquella  nau  o  lein  esmendar 
6  lo  nouli  paguar  sia  destreg.  Mais  si  li  naus  o  le  leintz 
salvamentz  tornava,  adoncx  tôt  lo  nouli  covengut,  e  la  esti- 

10  macion  fâcha  per  millar[ejs  d'aitant  con  outra  lo  cert  luoc 
menet,  sia  tengutz  [en]  donar  tout  lo  nouli  2.  Mas  si  denfra 
lo  nomnat  luoc  on  non  es  portz  annet  o  anara,  o  nau  0  lein 
trames,  enaissi  con  dig  es,  adoncx  tout  lo  nouli  que  promes 
pague,  mas  dell  perill  o  del  dan  lo  quai  esdevenc  sens  colpa 

15  non  sia  tengutz.  Et  aisso  dizem  et  entendem  de  nau  0  de 
lein  loguat^  ad  escar. 

(XVII).  R'.  :  D'aquo  mezeis  (Lat.  IV,  8). 

Si  alcuns  nau(s)  ad  alcun  0  ad  alcuns  (nomnat  luoc)  ad 
alcun  [nomnat  luoc]  per  menar  loguet  0  loguara  et  en  cert 
tems,  et  aquella  nau(s)  enaissi  com  promes  e  covenc  en  l'es- 
5  tablit  terme  ad  aquel  luoc  la  menet  o  la  trames,  si  aquel 
que  la  nau  loguet  la  carguara  [0  non  la  carguara],  lo  nouli 
promes  et  covengut  sia  tengutz  donar.  Mais  si  nouli  non  do- 
net,  si  le  senhers  de  la  nau  o  aquel  que  la  nau  menaria  o 
trametria  [vo]  d'aquel  nouli  raentz  auria,  aquell  que  la  nau(s) 

10  menet  lo  sia  tengut  restaurLar]  al  davant  dig  loguador.  Mais 
si  al  terme  que  covenc  la  nau  non  amenaria  ni  trametria,  et 
aisso  per  just  empediment  remania,  si  piieis  en  covenent 
tems  ad  aquell  luoc  sens  fraus  la  nau  menaria  o  trametria, 
le  logaires  a.ja  la  cargua  0  non,  adoncx  lo  nouli  donar  al  lo- 

15     gador  sia  tengutz,  0  quant  mentz  d'aquel  nouli  aquel  que  la 


1.  Le  texte  latin  a  encore  un  chapitre  sur  le  même  sujet  (cap.  xxiv) ,  et, 
à  la  suite,  un  long  chapitre  intitulé  :  Qualiter  societates  et  commande 
repeti  possunt.  — 2.  Lat.  :  nauliwi  inde  tribuat.  —  3.  Ms.  .:  logiiar. 


380  ANNALES    DU    MIDI. 

loguet  aariao  (que)  poo  aver  d'autres  en  aquell  luoc.  Mas  si 
per  just  enapeditïient  aquo  non  remania  e  la  nau(s)  en  lo  dig 
terme  en  lo  quai  dévia  non  la  raenaria  o  non  la  trametria, 
adoncx  tôt  lo  damnage  que  le  logaires  en  auria  le  logaires 
20  de  la  nau  al  dig  logador'  recebent  la  nau  per  loguier  sia 
destreg  de  rendre. 

(XVIII).  R'.  :  D'aquels  que  deslian  los  avers  d' autrui 
(Lat.  IV,  21). 

Si  alcuns  aver(s)  d'autres  en  nau  o  leinpausat  o  carguat, 
aissi  con  son  cuers  o  becunas  o  estain  o  alcunas  autras 
5  mers,  sens  voluntat  del  senhor  d'aquella  mers  desliet  o 
desliara.  et  alcun  dan  en  las  dichas  mers  desliadas  o  pejo- 
rament  esdevenria,  establem  que  le  senhers  d'aquella  nau  o 
lein,  le  quais  pero  en  aquella  nau  o  lein  anaria  o  séria, 
0  aquel  que  la  nau  comandada  adoncx  menaria,  tôt  lo 
10  dan  e  lo  pejorament  d'aquellas  mers  restituiscan  ad  aquel 
senhor  de  las  mers,  o  ad  aquell  que  las  carguet  en  lo  dig 

lein  o  nau,  sens  demora  [ ]  ^  al  dig  senhor  de  las  mers, 

par  [f^*  51  r»]  sagrament  sempre  cresut  de  tôt  aquell  dan  e 
pejorament  de  las  dichas  mers  [sens]  autra  probacion. 

(XIX).  R'.  :  Lels  escrivans  de  las  naus  (Lat.  IV,  "26). 

Stablem  que  trastutz  li  escrivans  de  las  naus,  li  quai 
anaran  en  alcuna  nau  en  alcuns  viages  [sian]  tengutz  e 
juron  [per]  especial  sagrament  queill  escriuran^  [et]  escri- 
5  van  totz  los  avers  dels  mercadiers  en  sos  cartolaris,  et 
atressi  los  noms  d'aquells  mercadiers,  e  los  sobre  noms, 
(d'aquells)  que  *  auran  fag  carguar  o  carguaran  aquells  avers 
en  aquellas  naus;  e  que  los  senhals  que  aquiil  mercadiers 
fan  o  faran  en  los  sieus  avers  li  dig  escrivan  fassan  atressi 
40  "  en  SOS  cartolaris,  so  es  assaber  de  quadaùn  dels  merca- 
diers o  dels  autres  homes  davant  ditz^.  li  quai  an^  aver  o 
mers  en  aisellas  naus.  Et  aisso  fassan  li  dig  escrivan  de 
totas  las  mers  o  avers  carguatz  en  aquellas  naus,  de  las 

1.  Ms.  :  lof/adier.  —  2.  Lacune  ;  cf.  latin  :  sine  mora;  et  ultra  hoc 
iKtuluni  amittant  quod  iwo  illis  dveris  dissolutis  habere  debebant;  et, 
si  illud  habuera)it,  restituere  compellantiir  dicto  domino.  — 3.  Ms.  : 
que  m  sian  tengutz  escriure.  —  4.  Lat.  :  eorum  ■>nercatoruni  et  cogno- 
niina  et  prœ?iomina,  qui.  —  5.  Ms.  dig.  —  6.  a.  .j. 


MELANGES   ET   DOCUMENTS.  381 

quais,  enaissi  con  diges,  il  son  escrivan  o  seran.  Establentz 

15  atressi  que  li  dig  escrivan  de  toi  so  que  auran  escrig  sian 
tengutz  far  e  fassan  copia  sens  demora  a  trastotz  los  ditz 
mercadiers  et  a  totz  autres  als  quais  pertenra  per  justa 
cauza  los  davant  ditz  escritz  esser  donatz  o  raonstratz  o 
alcun  d'aquels  escritz  ;  los  quais  totz  escritz  e  los  eissemples 

20  dels  escritz  fatz  lialraent  ara  bona  fe  los  donon  li  davant 
dig  escrivan  a  las  dichas  personas. 

Ajostantz*  atressi  aisso,  que  li  dig  escrivan  non  liuron  en 
alcuna  maniera  [v°]  ni  rendainj  ad  alcun  los  ditz  cartolaris, 
mas  ill  los  ajan  sempre  ab  se  e  los  retenguan,  o  autres  sem- 

25    blantz  et  aitals  con  aquill  son,  los  quais  puescan  monstrar 

a  la  cort  de  Mass'.,  cant  sera  ops;  la  quai  cauza  si  non  si 

fazia,  sian  punitz  en  cauzas  et  en  personas,  per  l'albitre  de 

la  poestat  o  dels  consols  de  Mass'.  o  de  la  dicha  cort. 

E   totas   aquestas  cauzas  davant  dichas  fazedoiras  dels 

30  ditz  escrivans  sian  tengutz  et  dejan  dire  e  mo(i)nner  aquil 
que  stablitz  seran  a  desliurar  los  negossis  de  las  naus  per 
lo  comun  de  Mass'.  als  ditz  escrivans,  que  ill  fassan  et  atten- 
dan  e  compliscan  fermaraent  aquoque  sobre  dig  es  2. 

(XX).  R'.  :  De  non  portar  aver  sobre  cuberta  (Lat.  IV,   20). 

Establem  .que  neguna  persona,  so  es  assaber  senhors  de 
naus  o  nauchiers  o  mercadiers  o  mareniers  o  neguna  autra 
persona,  porte  voluntozament  alcunas  mers  sobre  cuberta  en 
5  alcunas  naus.  si  non  per  aventura  sotils  mers  en  cauza  de  las 
quais  mers  non  sia  donatz  nouli,  estiers  a  las  naus  venentz 
d'autra  mar,  las  quais  naus  njan  .ij.  cubertas  o  plus,  a  las 
quais  naus  leza  en  la  premiera  cuberta  portar  et  aquo  sens 
fraus.  E  si  alcuns  contra  aquestas  cauzas  dichas  fara,  e  gietz 

10  d'aquellas  cauzas  que  son  sobre  cuberta  sera  fag  per  justa 
paor  de  mar  o  de  corsaris,  aquel  de  cui  aquellas  cauzas 
son  gittadas,  si  de  voluniat^  d'ell  expressa  sobre  cuberta 
carguadas  0  messas  foron,  non  cobre  alcuna ren  d'alcun  per 
aisso,   [i°  52  rf]    [ni]   non  puesca(n)  alcun,  le  quais  en  la 

15    davant  dicha  maniera  [aura  gittatj,  0  alcuns  autres  conve- 

1.  Ms.  :  Aiostatn  (lat.  Addentes).  —  2.  Ce  paragraphe  développe  ces 
mots  du  latin:  Et  jurent  in  curia  Massilie  onines  scriptores  predicta 
fideliter  adimplere.  Le  latin  a  une  addition  postérieure.  —  o.  Ms.  :  si 
sens  voluntat:  latin  si  volmitutr. 


382  ANNALES    DU    NIDI. 

nir.  E  sobre  tôt  aisso  li  ^  senlior  d'aquella  nau,  li  quai  en 
la  nau  son  o  seran,  per  non  de  pena  .c.    marcx  d'argent 
per  justizia  al  comun  de  Mass'.  donar  sian  destreg  e  for- 
satz. 
E  si  alcuns  dampnages  als  autres  raercadiers  o  ad  autras 

20  personas  anantz  en  aquella  nau  o  avent  aqui  les  lurs  avers 
0  lur  mers  s'esdevenia.  tôt  aquel  dam  aquel  o  aquill,  dels 
quais  las  cauzas  seran  gittadas,  e  li  dig  senhor  de  la  nau 
atressi  ab  els.  sian  tengutz  restituir  (lo  darapnage)  ad  aquels 
que  au[r]ian  sufert  [lo  danipnage].  E  so  que  dig  es  dels  ditz 

25  senhors  de  la  nau  volem  entendre  atressi  de  totz  aquells 
que  auran  nau  en  comanda ,  o  aquella  nau  enaissi  com 
amaïstradors  raenaron  en  aquel  viage  et  anaran  en  aisella 
mezesraa  nau. 

E  si  contra  las  dichas  cauzas  alcuna  convention  entre  los 
mercadiers  e  lo  senhor  de  la  nau  sera  fâcha,  aquella  conven- 

30  cions  en  alcuna  maniera  non  puesca(n)  valer.  Mas  tôt  so  que 
dig  es  en  aquest  capitol  vollem  esser  guardat  en  lo  retorn 
de  las  naus  solament,  lo  quai  retorn  alcunas  naus  faran  ves 
Mass'.,  venentz  d'alcunas  partz  en  quai  que  teras.  Mais 
empero  de  totas  aquestas  cauzas  exceptam^  totas  las  naus, 

35  las  quais  carcx  de  blat  o  de  frutz.  aissi  cora  es  d'avellanas, 
de  nozes,  de  castanhas,  de  figuas  o  d'autres  semblantz,  apor- 
tarian.  Et  atressi  exceptam  totas  las  autras  naus,  las 
quais  [V]  naus  carguadas  en  alcunas  partz  non  deurian 
venir  per  cauza  de  descarguar  ab  son  fais  ves  Mass'. 

40  Per  aqui  mezeis  stablem  que  de  la  pena  sobre  dicha  de 
.c.  marcx  en  alcuna  maniera  aissellas  cauzas'^  o  autres  [li 
senhor  d'aquela  nau  oj  aquel  a  cui  es  comandada  la*  naus 
non  sia[nj  tengutz,  li  quai  non  venria[n]  en  Mass'.  o  non 
seria[n]  en  aquella  nau  en  la  quai  [contra]  la  dicha  prohibi- 

45  'tion  alcunas  cauzas,  aissi  con  dig  es,  serian  portadas. 

(XXI).  R'.  :  Deportar  garnions  en  naus  (Lat.  IV,  19). 

Generalment  establem  guardar  d'aissi  enant  que  trastutz 
li  mercadiers  portans  en  alcuna  nau  de  Mass'.  valent  .c.lb'. 
de  riais  coronatz  o  plus  ajan  e  portan,  anant  e  tornant, 

1.  Ms.  :  le.  —  'Z.  exccptan.  —  3.  Les  mots  soulignés  sont  peut-être 
corrompus.  Le  latin  donne  :  >iullatenus  ipsa  navîs  seu  alii,  domini 
naois  illiiis  aiit  conimendularii,  tenenntur.  —  4.  Ms.  :  le. 


MÉLANGES  ET   DOCUMENTS.  383 

5  garnizon  al  mens  o  ausberc,  en  quai  que  viage  que  anaran 
per  peleuc.  Et  atressi  trastutz  li  portant  .d.lb'.  o  plus  porton 
garnion,  e  per  son  servicial  aubergot  o  cutell.  Et  atressi  11 
portantz  mentz  valent  de  .c.  Ib'.  porton  perpong  e  escut  ab 
capell  de  ferre. 

10  E  si  alcuns  veni-a  encontra  aquest  statut  mensprezant,  sia 
en  punitz  de  la  poestat  o  dels  consols  de  Mass'.  en  .Ix.  s'., 
aitantas  veguadas  con  assajara  venir  encontra  aquestas 
cauzas.  Et  aquestas  cauzas  sian  tengutz  far  li  senhor  o  li 
menador  de  la  nau,  en  la  quai  anaran  li  davant  dig.  E  sian 

15  tengutz  li  ditz  senhors  o  menadors  de  la  nau  aissellas  cau- 
zas dire  a  la  poestat  o  as  consols  per  lo  comun  de  Mass'- 
sens  tôt  [f»  53  ro]  alongui,  quan  tost  seran  li  senhors  o  li 
menadors  de  la  nau  a  Mass'. 

(XXVI').  R'.  :  De  las  sortz  de  las  naus"^  [l>  55  r°]. 

Per  lo  prezent  capitol  establem  fermamentz  gardar  que 
la  poestatz  o  li  consol  de  Mass'.  o  le  viguiers,  trastutz  li 
quai  seran  per  tems  sobre  estantz  al  régiment  de  la  dicha 
o  ciutat.  sian  tengutz  e  dejan  sempre  esser  tengutz  per  sa- 
grament  tune  {sic),  en  tal  maniera  que  en  alcuna  maniera 
cauzas  que  si  contenon  en  aquest[z]  capitol[s]  licencia  de 
contravenir  ad  ells  non  sia  donada;  e  gardon ^  fermament 
0  fasson  gardar  e  tenir  per  totz  aquels  que  son  supleiat  a 

10  Mass'.  las  sortz  de  las  naus  e  de  totas  las  coquas  et  isne- 
quas  fâchas  sa  en  reire.  en  lo  tems  de  la  poestaria  del  senhor 
Karlevar  (v)  de  Cazena*,  adonex  poestat  de  Mass'.,  de  las 
quais  naus  et  esnequas*  e  coqua's  es  fâcha  mencions  en  lo 
cartolari  de  Mass'.,  en  lo  quai  escrichas  son  aquellas  que 

15    son  e  quais  son  e  quantas  son. 


1.  Pour  les  chapitres  xxii  à  xxvi,  voir  les  notos  aux  chapitres  ii  et  iv. 

—  2.  Ce  chapitre  et  le  suivant  n'ont  pas  d'équivalent  dans  le  texte  latin. 

—  3.  Ms.  :  gardan.  —  4.  M.  Félix  Portai,  dans  sa  liste  de  podestats  de 
Marseille  {La  République  Marseillaise  du  XIII'  siècle,  Marseille,  1907, 
p.  lui),  donne  pour  1221-2  Carlevaire  d'Ozan.  Couiiiie  il  n'indique  pas  sa 
source,  nous  n'avons  pu  vérifier  l'exactitude  du  nom  de  ce  podestat,  qui 
doit  certainement  se  confondre  avec  le  nôtre.  Cf.  Méry  et  Guindon.  II,  25, 
note  :  Jacques  Carlavaris  de  Orsuno  (1221-5).  —5.  Ms.  exsnequas  (le 
premier  e  refait). 


384  ANNALES   UU   MIDI. 

XXVII.  R'.  :  D'espazi  de  .xx.  jorns  donadors  als  mercadiers, 
li  quais  seran  en  Mass\  en  lo  tems  de  la  guerra. 

Establem  d'aissi  enant  gardador  que,  si  en  lo  tems  de 
l'acomensamen  de  la  guerra,  la*  quai  auria  le  communs  de 
0  Mass'.  ab  alcuna  ciutat  o  luec  o  ab  senhor  d'alcuna  terra, 
alcun  0  alcuns  mercadiers  seran  en  la  ciutat  de  Mass',  d'al- 
cun  viage,  que  d'aquel  tems  del  quai  séria  ad  aquels  mer- 
cadiers prezentz  en  aquesta  terra  coneguda  e  manifesta  la 
guerra  davant  dicha,  que  li  davant  ditz  mercadiers  ajan 

10  espazi  de  .xx.  jorns  tan  solamentz  de  despezeguar  si  e  lurs 
mers  d'aquesta  ciutat,  denfra  los  quais  .xx.  jorns  li  davant 
dig*  mercadiers  puescan  lur  mers  vendre  o  depauzar  o  en 
autra  maniera,  aissi  con  mais  si  volran,  alienar  o  obliguar, 
e  que    d'aqui    enant,  so  es  assaber  otra  los  davant  ditz 

15  jorns  .xx.,  li  davant  dig^  mercadiers,  o  l'un  o  l'autre  d'aquels, 
non  puescan  estar  en  aquesta  terra  durant  la  davant  dicha 
guerra,  si  non  remania  de  voluntat  del  regidor  o  del  con- 
seill  [o  de  la]  major  part  d'aquells  [f"  56  ro].  Et  aisso  aja 
luoc.  si  li  davant  ditz  mercadiers  non  avian  oflfendut  a  ciu- 

20    ta[da]n  o  a  ciutadans  de  Mass'.  en  persona  o  en  cauzas. 

1.  Ms.  :  li.  —2  et  3.  ditz. 

Finito  libro  sit  laus  [et]  gloria  Christo.  Amen! 


MELANGES   ET   DOCUMENTS. 


385 


VOGABULAllΠ


Absolutz  I  [A],  XXVI,  2,  prédicat 
pi.  part,  passé  de  ab.wlvre ,  absou- 
dra. Forme  faible  :  la  forme  forte 
absout  se  trouve  1.  11. 

Absoutamentz  II,  133,  187,  abso- 
lument. 

AcciTADAS,  part,  passé  f.  pi.  de 
accitar  :  cauzas  ace.  davant  los 
consoh  III,  VII,  1,  procès  appelés 
devant  les  consuls. 

Adeguadas,  part,  passé  f.  pi.  de 
adeguar  :  cauzas  ad.  III,  II,  17, 
objets  égalisés  (groupés  de  façon  à 
former  des  parts  d'égale  valeur). 

Adempre  I  [aJ,  xli,  4,  contribution 
imposée  par  le  seigneur  pour  des 
besoins  extraordinaires.  Voy.  Du- 
cange,  s.  v.  ademprum  et  adem- 
prare. 

Agut  construit  avec  l'auxiliaire 
esser,  aux  temps  périphrastiques 
de  esser  :  I  [aJ,  pk.,  20,  era 
aguda  ;  9>\,  fussan  agutz  ;  LXi,  23, 
son  agutz. 

Aigres  {los)  dels  falcons  I  [A],  LVi, 
5,  les  aires  des  faucons.  Le  texte 
latin  reproduit  ces  mots  sous  une 
forme  plutôt  française.  Cf.  agre 
dans  Raynouard,  qui  traduit  à  tort 
par  «  essor  »  ses  deux  exemples, 
où  il  s'agit  de  nids  d'oiseaux,  et  les 
locutions  actuelles  du  rouergat  : 
segre  Vagre,  flairer  l'air  natal,  et 
counouisse  càucun  o  Vagre,  ixcon- 
naître  quelqu'un  à   un  air  de  fa- 


mille. M.  Chabaneau  {Revue  des 
l.  rawt.jXVI,  180)  tire  agred'AGEU, 
ce  qu'avait  déjà  proposé  Diez. 
Notre  aigre  marque  la  transition 
entre  le  prov.  ag7-e  et  le  fr.  aire. 

Alegrar  sa  de  1  [a],  lviii,  9 
{.l'alegron),  et  LVIIII ,  18  {s'ale- 
graran),  jouir  de  (droits,  privi- 
lèges, etc.). 

Amaïstradors  III,  XX,  26,  adminis- 
trateurs, ceux  (jui  exeicent  une 
autorité  dans  un  navire.  Cf.  aviaes- 
traire  (Biogr.  de  Garin  le  Brun), 
et  voy.  Revue  des  l.  rovi ,  xxxill, 
405. 

Amirailh  I  [a],  xlvi,  1  et  2,  suj. 
-aiUis ,  amiral  (ici,  particulière- 
ment :  commandant  de  port). 

Annar,  forme  à  peu  près  constante 
pour  anar. 

ANÏIGUAMENTZ  I  [A],  LVIIII,  9, 
anciennement. 

Anvantz  I  [a],  xxviiii,  15,  auvents. 

Aportadoiras  II,  140,  -oyras  III, 
VIII,  40,  qui  doivent  être  apportées. 

Apostot  I  [a],  LVIIII,  10;  Lxi,  28  ; 
LXV,  12  (probablement  de  ad-post- 
totum),  entièrement;  —  avec  né- 
gation I  [A],  LVIIII,  7;  III,  1,50; 
VII,  69,  absolument. 

Arca  I  [a],  LVIIII,  11,  caisse,  coffre- 
fort. 

AsSENSSADAs  {taulas)  I  [a],  LVIl,  4, 
comptoirs  taxés  (comme  prix  do 
location). 


\.  Nous  ne  relevons  pas  les  variantes  graphiques,  mais  seulement  les  mots  qui  manquent 
au  Lexique  roman  de  Raynouard,  ou  qui  n'y  figurent  pas  avec  l'acception  qu'ils  ont  ici. 


386 


ANNALES    DD    MIDI. 


Adbergot  III,  XXI,  7,  liaubert^eon. 

AUTRAMENT    (d')     III,     VHI,     8,     et 

iVautrainentz   III,   Vli,    6*i,  autre- 
ment, sans  cela. 
Aveu  III,  ii,  II,  18,  etc.,   marchan- 
dises. 

Banitz  (plur.)  I  [a],  lv,  5.  7,  rede- 
vances. 

Bannegar  I  [a],  XXIII,  13,  bannir. 

Bannejar  I  [a],  lv,  1,  5,  7  (texte 
latin  :  bannigare).  Les  mots  e  re- 
querre  banitz,  qui  y  sont  joints 
(lat.  et  hanna  ex'igure'),  montrent 
qu'il  faut  traduire  par  «  imposer 
des  redevances,  des  taxes  ».  La  tra- 
duction française  publiée  par  Méry 
et  Guindon  (IV,  324)  donne  : 
«  ceux  qui  ont  droit  de  han  »,  ce 
qui  n'est  guère  compromettant. 
Cf.  iamiegar. 

Becunas  III,  XVIII,  4,  basanes.  Voy. 
Duc,  s.  V.  becuna. 

BONETAS  I  [C],  LXVI,  8,  9,  12,  13, 
synonyme  de  banastas ,  benne, 
grand  panier  évasé  (littéralement  : 
grand  bonnet) 

C'AKGADOIUAS  III,  X,  10,  qui  doi- 
vent être  chargées. 

Casse  (prédicat  plur.  masc.)  I  [aJ, 
xm,  5,  cassés,  annulés. 

Caiissencs  (furns)  I  [a],  xliv,  4, 
fours  à  chaux. 

Cello  (suivi  de  que)  III,  IV,  20,  pron. 
neutre,  ce. 

COLLIDA  (comblai)  III,  II,  18,  con- 
tribution (mise  en  commun  avant 
le  partage). 

Complaisses  {soi)  I  [a],  xxvi,  15, 
3«  pers.  imparf.  subj,  de  conipla- 
nlter,  s'en  plaignît. 

COMTADORS  I  [a],  XVIII,  10,  qui  sont 
à  compter. 

CONPINIAS  (f.  plur.)  II,  123,  124, 126, 
127,  semble  indiquer  des  fortifi- 
cations ajoutées  aux  murailles  au 
moment  de  la  guerre.  Dans  le 
1"  exemple,  il  a  peut-être  le  sens 
propre  de  «  voisinage  »  (des  murs;  : 
et  esplanar  las  fortalessan  (ms.  : 
fossas,  lat.  :  foi-talicia)  fâchas  en 
las  confinias,  et  aquellas  mczesmas 


eonjinias  els  fossatz  (raqvel[a\s 
esplanar  enaissi. 

CONSEUVAGE  III,  UI,  1,  2,  5,  7,  10, 
19,  24,  association  pour  une  entre- 
prise de  commerce  maritime. 

CONVENELL  III,  VIII,  19  (fém.), 
-eull  III.  XI,  20,  (masc),  -etils  III, 
VIII,  47  ;  XIII,  1.5,  convenable. 

CoNVENS  I  [a],  xxvir,  12,  (rég. 
plur.),  groupement,  société. 

CORRE  I  [a],  XX,  13  (3e  pers.  Bg. 
prés,  indic.  de  correr),  a  cours. 

COVENELLMKNT  III,  VIII,  20,  Conve- 
nablement. 

COVENELLS    III,    VIII,  19,    -eull,    III, 

VIII,  24,  convenable. 
CovEisENT,  III,  XXIII,  convention. 
COVENT  I  [A],  xxvil,  6,  groupement, 

société. 

COBERTA,  III,    XX,  1,  4,  7,  8,  10,  12, 

pont  de  navire. 
CusTODiA  I  |Aj,  XXXVIII,  13,  maga- 
sin où  l'on  gardait  les  balistes. 

Dadas  I  [aJ,  xxxviii,  3,  fém.  plur. 
part,  passé  de  dar,  donner. 

De  lo  II,  201,  266,  depuis  le. 

DESFiZATiON    II,  329,    sommation. 

Despensarias  III,  IV,  4.5,  dépenses. 

Despezeguament  II,  408,  action  de 
dégager  (au  figuré). 

Despezeguar  III,  XXVII,  10,  dé- 
marrer {d.  si  e  lurs  navs  de). 

Deus  que  III,  VI,  6,  à  partir  du 
moment  où. 

Devet  I  [aJ,  xxxIII,  1,  suj.  devetz  I 
[a],  XXXIII,  9,  22,  défense  (d'ex- 
porter). 

Diandemes  (?)  II,  368. 

DoMENTZ  QUE,  avec  le  subjonctif. 
III,  IV,  7,  pourvu  que. 

Domine  I  f  aJ,  i,  13,  domination,  sei- 
gneurie. 

Donadoiras  II,  139,  qui  doivent 
être  données. 

Donadors  (jorns)  III,  xxvii ,  1, 
jours  qui  doivent  être  accordés. 

DUN  I  [a],  VII,  30,  pour  DON 
{=z  de-unde),  d'où. 

Ecclesiasticals  (personas)  I  [a], 
XXV,  10,  ecclésiastiques. 


MELANGES  ET   DOCUMENTS. 


387 


El  I  [a],  PB.,  12;  vi,  9,  10,  11,  16, 
etc.  =  e  lo;  I  [a],  pr.,  161  ;   ii,  30  ; 
LXIII,    &    =z    e    le    (suj.);    I    [A  j, 
xxxlv,  2  =  en  lo. 
Eleq  I  [b],  37.   suj.  sg.  eletz  I  [a], 
LXili,  100,  part,  passé,  élu  :  e.  eu 
ai'cive.ique  d'Aix,  archevêque  dési- 
gné d'Aix.  Lors  de  la  paix  de  1262, 
on  ne  se  sert  plus  de  cette  formule  : 
II,  367,  mon  senher  vescom,  per  la 
gracia  de  Dieu  arcivesqve  d'Aix. 
Elegisca  I  [Aj,XX,  5  {eleyiscaoleja)^ 
3<'  pers.  pg.  subj.  de  eleoir.  Notez  le 
rapprochement     de    deux    formes 
diflEércntes. 
Elegutz   I   [a],  VII,   17;    xii,   10, 
masc.   plur.,  part,  passé  de  elegiv, 
élire,  choisir.  Cf.  eleyitz  I  [a],  Vlii, 
2,  5,  II,  etc.,  et  ehu/.  Voy.  leynda, 
Ell  I  [Aj,  PR.,  112  =  e  lo  ;   ELLS  I 

[A],  PK.,  118  =1  c  lus. 
Els  =  e  los  I  [A],  PR.,  12,  14,  106, 
132,  142;   IV,  7,  etc.;   =  en  los   I 
[a],  l,  4;  LX,  2  et  7,  etc. 
Enquietacion  1  [a],  li,  16.  action 

d'inquiéter. 
Entailla  I  [a],  pr.,  94,  gravure. 
Escar  {logitat  ad)   III,  XVI,  16  (lat. 
ad  soarum),  loué I avec  nouriitnre 
comprise  (loué    à  quai,   Ducange. 
s.  V.  .scai').    Pardessus  traduit  par 
«  à  prix  fait  ». 
EscKiEis  I  [a],  Pk.,  171,  3e  pers.  sg. 

parf.  de  e.scriure,  écrire. 
Esnequas  III,  XXVI,  10,  et  isnequas 
III,   XXVI,  13,   chalands,  bateaux 
pour  charger  et  décliarger  les  na- 
vires. Cf.    fr.   esneche,  pic.   esneke, 
et   vo}'..  Diez,   Ëtymol.    Wtsr'tei'b., 
s.    V.    eftn'>i]ne,   et    Ducange,  s.  v. 
naca. 
E-TEOLS    (prédicat    fém.)    II,    110, 
(.stiilnlift),  stable.  Cf.  estahla  I  [A], 
LXIII,  77. 
EsïiEit  I  [a],  xxir,  6;  xxv,  11,  pour 
entier.^  (cf.  [a];  xxlx,  !),  etc.),  [tré- 
po.s.,  excepté. 
ExPE.NSAs  (pi.)   I  [a],  II,  7  (coté  à 

tort  32),  dépenses. 
EXPKESSA  I  [aJ,  I,  23,  pour  expvesaa- 
ment,  après  un   autre  adverbe  en 
ment. 


Fasedoira  {.tati-t/aetion  e  pas)  II, 
91,  etfazedoii-a  {pas  f.  Il,  59,  ca- 
valcadas  fazedoiras  II,  166)  (au 
sens  passif),  qu'il  faut  faire. 

Fazedou  III,  V,  17  {aissi  von  auran 
covenqut  se  fazedor  (au  sens  actif), 
qui  doit  faire. 

Fay  I  [a]  XIII,  1.5,  part,  passé  préd. 
sg.  de  far  :  doit  sans  doute  être 
corrigé  en  fa7jt.;  cf.  fatz  (plur.), 
XXXII,  2. 

Feni  I  [aJ  ,  Lxi,  8,  3*  pers.  sg. 
parf.  de  fenir  (actif)  ,  pardon- 
ner, renoncer  à,  demander  satis- 
faction de. 

Fermansa  I  [aJ,  XXIV,  1  et  3; 
XXXV,  15  {fermanssa),  personne 
servant  àe.  caution.  Dans  I  [a], 
XIII,  3,  l'accord  du  prédicat  a 
lieu  parsyllepse  :  .nan  d'aquiqiiiti 
e  dellnre. 

Fermar  I  [a],  PR.,  37,  42,  assurer, 
promettre  en  justice. 

Feumessan  I  [aJ,  PR.,  43,  3"^  pers. 
pi.  imp.  subj.  de  fermar. 

FONDEGUAR II] ,  I.  27, 28,  30,  3 1 ,  etc., 
préposé  a.\xfondeguc.    • 

FONDEGUE  III,  I  et  II,  passim  (de 
l'arabe  fondouk,  b.-lat.  fundicnm, 
ital.  fondaco),  fondak,  comptoir 
européen  dans  les  Etats  musul- 
mans, entrepôt  de  maichandises 
comprenant  des  logements  pour  le 
consul  et  les  marchands  de  la  colo- 
nie, ordinairement  clos  et  isolé  de 
la  ville.  Voy.  \V.  Heyd,  H'ist.  du 
connnerce  dii  Levant  au  moyen  âge, 
trad.  Furcy-Kaynaud,  t.  II,  430, 
n.  7,  et  cf.  Mistral.  Trésor,  s.  v. 
foundeyue,foxindigo. 

FOKFACHAS  (cauzas)  I  [a],  Pr.,  C3  et 
forfatvhas  I  [a]  ,  Pr.,  69.  choses 
(droits,  possessions)  dont  on  est 
déchu  pour  cause  de  forfaiture. 

FouFATZ  {los)  I  [a],  Pr.,  57,  rcg. 
plur.,  part,  passé  au  sens  neutre 
pris  substantivement,  ceux  qui 
sont  coupables  de  forfaiture  (en- 
vers leur  seigneur). 

FlJGEDis  (masc.  invar.)  111,  iv,  33, 
39  (  substantif  ) ,  fugitif  ,  déser- 
teur. 


388 


ANNALES   DU    MIDI. 


Gabellas  (plur.)  II,  221,  magasins 
à  sel. 

Garda  (fém.)  I  [a],  xx,  9,  gardien. 
Notez  l.T,  syllepse  du  genre  :  e  de 
la  g.  de  la  dicha  moneda  establit 
per  lo  senhor  comte. 

Gardadoiras  III,  II,  12,  qui  doi- 
vent être  gardées. 

Gardador  III,  XXVII,  3  (sens  pas- 
sif), à  observer,  qui  doit  être  ob- 
servé, pratiqué. 

Garnion  III,  XXI ,  1  et  7,  et  gar- 
nizon  III,  XXI  ,  5,  équipement, 
armure  complète. 

GuAJAMENTZ(pl.)  {far  marchamentz 

0  guajamentz),  prises  de  gages,  sai- 
sies. Voy.  marchamentz. 

GuiZARAN  (3«  pers.   plur.  du  futur) 

1  [aJ,  XXXV,  5;  guize  (3^  pers.  sg. 
du  subj.)  I  [a],  XXXV,  1  ;  guizatz 
part,  passé)  I  [a]  ,  XXXV,  8,  de 
guizar,  garantir,  prendre  sous  sa 
protection.  Cf.  Bertran  de  Born 
(éd.  Thomas)  I,  xii,  47,  Qu'anc 
Ventresenhz  faltz  ab  benda  De  la 
jwpa  del  rel   d'armar  Quelh  balket 

110  lo  poc  guizar  Çu'om  ab  coutels 
tôt  nol  fenda,  où  l'éditeur  traduit 
par  «  guider,  conduire  ».  (Cf.  Ray- 
nouard ,  Lex.  roin.,  s.  v.  gtiida, 
qui  traduit  par  «  diriger».) 

ISNEQUAS,  voy.  esnequas. 

JUDICATURA,  jugement  I  [a]  xlv,  1 
et  4,  frais  d'un  jugement  I  [a], 
XI,  7. 

JUSTA,  pour  justamen  après  un  pre- 
mier adverbe  en  men,  I  [A],  Pr.,72. 

Latz  (delfag  dels)  de  las  naus  I  [A], 
LViil,  2,  5,  7  (le  traducteur  a  lu  au 
lieu  de  lacuum,  que  porte  le  latin, 
latuum,,  qu'd  a  pris  pour  le  génitif 
pi.  de  latvs,  et  a  traduit  en  consé- 
quence). Il  s'agit  sans  doute  d'un 
droit  de  port  payé  par  les  navires. 

LAUDISME  1     [A],    XXXVII,    23,  lods 

(droit  perçu  sur  les  ventes). 
Lauket    (pas   del)    I    [c],    LXV,  8, 
poids  public  du   Lauret  (du   petit 
laurier).  La  rue  Saint-Gilles,  située 
près  du  cours  Belzunce,  s'appelait 


autrefois  rue  du  Lauret  et  était  si- 
tuée hors  des  murs. 

Leguda  (fém.  sg.,  part,  passé  de 
lezer)  I  [A],  Xill,  7,  12;  XXXII,  7, 
permise. 

Leja  I  [A],  XX,  6,  3«  pers.  sg.  du 
subj.  de  legir,  élire.  Cf.  eleqisca. 

Lei  {moneda  de)  I  [a],  XX,  12,  14, 
monnaie  de  bon  aloi. 

Lein  I  [A],  L.  6;  III,  11,9,11,15,  17; 
V,  7,  22,  2G,  28,  etc.,  suj.  sg.  et  rég. 
plur.  lelntz  I  [A],  xxxiv,  16,  17, 
18,  19;  III,  II,  21  ;  x,  27,  et  leins 
III,  X,  37,  bateau  moins  important 
que  la  nav.  Cf.  lin. 

Leinnar  I  [aJ.  xliii,  1,  et  lein- 
nairar  I  [aJ.  xliii.  3,  couper  du 
bois  à  biûler.  Cf.  Mistral,  Trésor, 
s.  V.  ligneirk  (=  *  Ugnrrare,  de  Zi- 
giiaria). 

Lin  III,  V,  23,  suj.  sing.  et  rég'.  plur. 
/;rt^îI[A],  Pu.,  49,.ôl,.52;  II,  10,33; 
xxxiii,  25;  L,  2  et  4.  Forme  moins 
employée  que  lein  ;  voy.  ce  mot. 

Marchamentz  (pi.),  I  [a],  xxvii 
(voir  le  texte  à  V Errata),  envahis- 
sement d'un  territoire  en  vue  d'ob- 
tenir satisfaction.  Carpentier.  s.  v. 
marchamentum,  identifie,  avec  rai- 
son, ce  mot  avec  <(  marche  »  dans 
notre  passage  et  dans  une  charte  de 
1430, rectifiant  Ducange,  qui  croyait 
à  une  taxe  d'entrée.  Le  mot  favere 
du  latin  {far  du  prov.)  montre  qu'il 
ne  s'agit  pas  ici  d'un  droit  (comme 
le  dit  Carpentier),  mais  de  l'exer- 
cice de  ce  droit.  Cf.  guajamentz. 

Menadoiras  I  [AJ,  XXXIII,  3,  qui 
doivent  être  amenées. 

Mens  et  Mentz,  au  sens  négatif, 
après  un  pron.  relatif  ou  la  con- 
jonction que,  pour  traduire  le  latin 
quominus  I  [a],  xxlx,  8  :  aleutt, 
empachamcnt  o  evipe.dimeut...  per 
lo  quai  m  mens  j'urscan...,  e  per 
qu'il  vientz  ajan  c  puescan  far 
far...  e  per  qu'il  mentz  puescan  bas- 
tir  et  hedeficar...  arcx  en  carrieras 
cubertas;  xxxlll,  16,  evipacha- 
mentz... per  que  mentz  le  ditz  apoftz 
siafag  a  Mass\ 


MELANGES    ET    DOCUMENTS. 


389 


MiLLAUES  I  [A],  XIX,  21;  XX,  It; 
III,  XVI,  10  (millarx  III.  xvi,  10, 
est  une  distraction  du  scribe),  mon- 
naie marseillaise,  usitée  dans  les 
ports  de  Barbarie. 

MONNER  (ms.  viornner)  III,  xix,  30. 
avertir  de,  rappeler  (une  chose). 

MOVEOLS  (causas)  II,  210  (2  fois), 
266,  267,  2S9,  objets  mobiliers. 

Nabetin,  suj.  Pg.  -inx  III,  i,  82  et 
87  (restitution),  aide  du  foudet/uar. 
Ce  mot  est  joint  à  fondagnar  à 
l'aide  de  o,  c(  ou  »,  comme  naheti- 
nus  (dans  le  latin  correspondant) 
à  fundicarius  à  l'aide  de  t-el.  Il  est 
sans  doute  de  la  même  famille  que 
le  fr.  nabot,  avec  changement  du 
suffixe  ^>^en  et  et  addition  d'un  se- 
cond suffixe. Cf.  l'allemand  KnajJj'f, 
garçon. 

Nescalke  (et  ni'squnlre  I  [d],  31, 
le  plus  souvent  précédé  de  e  (une 
t'ois  de  ('  I  [a],  XXXVII,  2.5).  Le 
sens  ordinaire  est  a  de  plus,  en  gé- 
néral »,  et  le  latin  correspondant 
donne  ttiam.  Cf.  I  [a],  xxxvii,  2.5; 
LXiii,  102  ;  I  [ D],  31  ;  II,  57,  89,  230, 
352.  —  A  noter  une  légère  dévia- 
tion de  sens  I  [a],  lxii,  6,  sïan 
tengutz  far  sagrament,  e  uescalre  lo 
fassan,  où  il  faut  traduire  par  ((  et 
en  réalité  ».  —  Avec  en  tal  ma- 
niera que  (lat.  ita  etiam  quod)  I  [a], 
XXXIV,  10;  XLII,<);  L,XIII,  20;  III, 
X,  41,  il  sert  à  préciser  ou  à  ajouter 
une  particularité  (cf.  I  [a],  lxiii, 
20,  los  absols,  en  tal  maniera  nes- 
calre  que  tutz  li  habitantz  en 
Mass\  et  e?i  lo  s'ieu  destreg...  juron 
sobre  los  santz  evangelis  de  Dieu 
salvar):  et  si  la  proposition  est  né- 
gative, on  peut  traduire  nesealre 
par  ((  absolument  »  (cf.  I  [a], 
XXX IV,  10,  en  tal  maniera  que  ?ies- 
calre  ni  en  la  vila  viscomtal  ni 
evesqual..,  non  siaii,  adug  o  amenatz 
0  jjortatz).  —  D'après  l'ensemble 
des  exemples,  l'étymologie  7ies 
{=:  ne  se)  cal  re,  «  il  n'y  a  souci 
de  rien,  il  ne  manque  rien  »,  nous 
semble  s'imposer.  Ce  mot,  à  notre 


connaissance,  ne  se  rencontre  point 

ailleurs  que  dans  notre  texte. 
Nescals   I  [aJ,  xxxvii,  25,  faute 

pour  nesealre, 
NiLS  I  [A],  XXXVI,  .5  =  ni  los. 
NOL  (?)  I   [A],    XVII,   7   (ms.    non) 

=  no  lo  (pron.). 
NOLS   I  [a],  XXXVI,  6    =    no   los 

(pron.). 
NouLi    III,    XVI  et  XVII   (passim), 

prix  du  loyer  d'un   vaisseau  :  lo- 

gar  a  nouli  III,  xvi,  1,  2,  noliser. 

0  III,  I,  54,  7ô,  adverbe,  où. 

01  I  [A],  XIV,  \&  =  o  le;  III,  x,  4 
:^  0  al. 

Ols  I  [A],  XLlii,  8=0  los.  Qf.els. 
OUTRAMOXTANS  {viareniers)  III,  vi, 

36,  marins  d'outre-monts  (italiens 

ou  catalans). 

Pati   I   [a],   XXI,  4,   chemin.    Voy. 

Mistral,  Trésor,  s.  v. 
Peleuc  (per)   III,  XXI,  6,  par  mer 
'  (\a.\..  per pelagus) .  Voy.  Raynouard, 

s.  v.  peleg. 
Pena  (passim),  amende. 
Perpétua  {en)  I  [d],  32,  49,  71;  II, 

138, 158,  à  perpétuité. 
PERTEGUAS  (plur.)   I    [a],    XXXVIII, 

14,  hangar  (où  étaient  remisées  les 
balistes). 

Fort  {far)  III,  ii,  22  ;x,12,  aborder. 

PORTADOIRASi  [a],  XXXIII,  3,  adj- 
fém.  pi.,  qui  doivent  être  appor- 
tées. 

Pues  {sobre)  l  [a],  xxi,  6,  abusive- 
ment (plus  que  de  raison). 

Prestant  I  [a],  XIV.  19,  part.  prés, 
de  prestar,  fournissant. 

Probedans  (plur.)  III,  VI,  49,  pro- 
chain. Cf.  propdan. 

Propdan  I  [aJ,  111,6;  III,  vu,  8, 
30.  53,  f.  propdana  I  [aJ,  LXI,  28, 
adj..  prochain,  voisin.  Dans  les 
exemples  I  [a],  lxi,  28;  III,  vu, 
8,  30,  le  mot  est  rapporté  au  passé. 

Publique  I  [a],  Pr.,  169,  public. 

QUAL  que  qual  I  [d],72;  II,  69, 
286.  302,  cal  que  cal  II,  251  {cal» 
que  cals  homes  son  1  [A  J, XXXVII,  4), 
aucun  homme  (quoiqu'il  soit)  qui. 


390 


ANNALES    DU    MIDI. 


QcelI  [a],  XXIII,  22 —  q^iele  (suj.). 

Quels  1  [a].,  Pk.,  57;  xii,  8  (ms' 
quel)  =  que  los. 

QUES  (pour  que  devant  voyelle)  I 
[C],56;  I,  LXIV,19,  quez  I  [cj,  50. 

QoiT  I  (prédicat  plur.)  I  [a],  xxiv,  6  ; 
LVIII,  1,  4,  qu'itas  (ms.  quitias) 
I  [a],  xxiv,  2,  adj.,  quitte,  ac- 
quitté. 

QUORAS  III,  XII, Hl,  lorsque. 

Raïms  (suj.  plur.)  1  [aJ,  xxxiiii,  1, 
3,  raisins. 

REDUYSSEiiON  I  [a],  Pr.,  .04,  S»  pers. 
pi.   parf.  de  réduire,  ramener. 

Reformadoika  II,  59,  qui  est  à  ré- 
taVjlir. 

Refujava  III,  I,  66,  68,  3«  pers.  sg. 
imp.  de  refujar,  refuser. 

Regimen  I  [a],  xlviii,  11.  autorité. 

Reqdista  <^^^o\xx  requesta)  I  [a].  Il, 
9  (cliiiïre  inexact  en  marge),  re- 
quête. 

Resemson  III,  I,  89,  concession  d'un 
comptoir  (  obtenue  soit  directe- 
ment du  recteur,  soit,  ce  qui  est 
plus  probable,  par  adjudication; 
cf.   lat.    redeniptio). 

Retenement  I  [a  J,  LXi,  29,  réserve, 
resti'iction. 

Salvv  pour  sait-  I  fAj ,  xxx,  9  ; 
XXXV,  12;  LU,  10;  LXI,23;  LXIII,2, 
prépos.,  excepté.  Ecrit  par  erreur 
salit n  {salvns  pour  salvns,  salvs) , 
pris  comme  adjectif  III,  X,  3!)  :  le 
dig  deugte  sia  saluns  al  dig  creze. 
dor.  Au  fém.,  il  est  le  plus  sou. 
vent  pris  comme  adjectif  variable; 
Cf.  I  [aJ,  Pr.,  78;  I,  20;  xxxni, 
24  j  XLII ,  8,  etc.  (par  exception, 
II,  115,  xalvv  aquellas  causas). 

Sendegdat  I  fA],  Pr.,  87,  siude- 
guat  I  [A],  Pr.,  99,  155,  158,  sin- 
degat  I  [Aj,  Pr.,  155,  158,  pouvoirs 
de  syndic. 

Sendegue  (passim)  et  plus  souvent 
sindegue  ou  syndegue,  syndic 

Sesdeguers  I  [A],  Pr.,  34,  faute 
pour  syndegues. 

Ses  {de  la  gleia  de  la)  de  Mass'. 
(I  |a]  XXXIIII,  11)  correspond  à 


ecclesla,  sedis  Massille  du  texte  la- 
tin et  signifie  «  siège  épiscopal  ». 
Cf.,  à  Aix-en- Provence,  l'église  de 
Notre-Dame  de  la  Seds,  que  l'on 
croit  remonter  à  la  fondation  du 
siège  épiscopal  de  cette  ville. 

Si  que  no  I  [d],  43,  sans  cela,  sinon. 

Souï  III,  II.  17  ;  XXV,  fin,  cas  régime 
refait  sur  le  cas  sujet  suutz,  sou. 

SOVENIEUAMENT   I   [a],   XXXVII,    15, 

souvent. 

Tan  (y)  I  [a].  XXII,  2,  traduit  le  la- 
tin îtrin  (littér.  :  et  autant  que 
cela). 

ÏAULA  I  [a]  xxviiii,  2,  11.  établi, 
éventaire  de  boutique;  I  [a]  LVII, 
1,3,  comptoir  de  banquier. 

TAULA  DE     LA   MAR  I    [AJ,  LVIIII,  8 

(cf.  9),  caisse  des  taxes  maritimes. 

Temporal  I  [a],  ii,  13,  temps,  épo- 
que. 

Tersaria  II,  321,  tierce  (impôt  du 
tiers). 

TiîANSLAT  (ms.  trayslat)  I  [a],  Pr., 
99,  procuration  (transfert  de  pou- 
voirs). 

Trayslat  I  [a],  Pr.,  99,  faute  pour 
translat. 

Tregen  1  [aJ,  xxxvii,  23  (cf.  tre- 
zen,  1.  3),  droit  du  treizième. 

Ubertas  {Iftras)  II,  3.^2,  340,  let- 
tres pjitentes. 

Ventilar  mm  2)lag  III,  vil,  16; 
VENTILLAR  uiia  cauza  m,  VII, 
71  (litt.  :  agiter  un  procès),  plaider 
un  procès,  expo.ser  une  cause  de- 
vant le  juge. 

Verssieras  I  [a],  XXVIIII,  15,  faute 
du  scribe  pour  uissieras,  portes  co- 
chères  (?). 

Vezenda  (ablatif),  t^ezaiidam  (accu- 
satif ), mots  provençaux  insérés  dans 
le  texte  latin  complémentaire  du 
ch.  VI  du  Statut  maritime  (111) 
et  qui  semblent  signifier  «  quart, 
tour  de  veille  »  (ou  peut-être  sim- 
plement «  service  à  tour  de  rôle  »). 

Vescom,  II,  367,  est  peut-être  une 
faute  pour  vesdom,  que  l'on  peut 
supposer  d'après  vicedominus,  quj 


MELANGES   ET   DOCUMENTS. 


391 


représente  le  même  personnage. 
Voy.  ci-après. 

Vice  domine  I  [b],  36,  et  au  cas 
sujet  vice  doniinns  I  [a],  lxiiî, 
99  (cf.  fr.  vidamc),  désigne  le  pré- 
vôt (le  Grasse,  archevêque  désigné 
d'Aix. 

ViAGES  (pi.)  I[a],  xlviii,  1,  7,  pays 
d'outre-mer  (ou   ports   ouverts  au 


commerce  dans  le  Levant,  Echel- 
les). 

VOLRA  {se  ou  */  I  [A],  VI,  30  (deux 
fois);  XIX,  23;  si  volrun  I  [a], 
XXXII,  40;  XLi,  17;  futur  de  se  {si) 
voler,  réfléchi ,  pour  voler,  vou- 
loir. 

VULGALMENT  I  [a],  XiX,  .S,  -entz  I 
[a],  XIX,  .5,  vulgairement. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 


1  [a],  Pr.,  34,  lisez  :  sendeffîie{r)s  —  xxvi,  H.  foron  fâchas  —  xxvii,  11.  ,ta 
(au  lieu  de  al)  —  xxxiv,  10,  il  faut  sans  doute  lire  :  ru  tal  maniera  nés- 
calre  (pie — ^  xxxv,  11,  mettez  une  virgule  après  :  en  jVass\:  — xLi,  A,ade)ii- 
pre  se  trouve  aussi  dans  le  texte  latin  ;  celapourrait  faire  croire  que  la 
rédaction  provençale  est  antérieure,  ce  qui  n'est  pas  exact;  —  lxii,  12,  lis.  • 
li  dig. 

P.  4,  1.  2,  eiïacer  le  trait  d'union  entre  Gaspar  et  Serene  —  P.  14,  ch.  ii,  au 
numérotage,  lisez  :  5  et  10  au  lieu  de  30  et  35. 

I  [a],  xxvi).  Que  le  senker  coins...  enemicxs.  —  Sous  cette  rubrique,  nous 
avons  imprimé  le  ch.  xxvlil,  que  nous  avons  dit  à  tort  (n.  3)  manquer  au 
manuscrit.  Voici  le  ch.  xxvii,  dont  la  copie  avait  été  égarée  et  que  nous 
rétablissons  d'après  le  ms.  : 

Item,  le  senhers  coms  e  li  sieu  perpetualment  sian  tengutz 
gardar  e  deffendre  los  ciutadans  de  Mass'.  e  lurs  cauzas  en  totz 
luocx:  e  si  alcuns  lur  oflfendia  en  personas  o  en  cauzas,  le  senher 
coms  sia  tengutz  los  ditz  ciutadans  ajudar  e  persegre  lurs  ene- 
micx  e  pauzar  se  encontra  per  totz  los  Masseilles  et  un  calc(q)un 
en  totz  luocs,  e  far  raarchamentz  e  guajamentz  segon  que  dreg 
o  (de)  costuma  sera  de  far.  Et  aisso  sia  entendut  assi  con  bons 
senhers  es  tengut  de  deflfendre  e  salvar  los  sieus  flzels  homes  e 
devotz. 

(XXVIII).  Que  le  coms  non  auja  alcuns  o  alcunas  universitatz 
complainnentz  se  dels  homes  de  Mass\  singulars  o  de  la  univer- 
sitat  dels  forfatz  fatz  entro  al  tems  d'aquesta  patz. 

Item,  que  nenguna  complancha,  etc. 

Léopold    CONSTANS. 


392  ANNALES   DU   MIDI. 


II 


ŒUVRES    INEDITES    DE   FRANÇOIS   MAYNARD. 

(Suite  ^.} 

Rendons  heureux  le  reste  de  nos  jours 

Et  nous  mocquons  de  la  malice  noire 

De  ce  fascheux  qui  dit  que  nos  amours 

Sont  une  lasche  à  l'esclat  de  ta  gloire. 

Chère  Fillis,  nous  courons  au  trépas. 

Nos  jours  s'en  vont  et  ne  reviennent  pas. 

Mon  front  se  plisse  et  ta  couleur  se  plombe. 

On  tasche  en  vain  de  fléciiir  le  destin. 

Il  faut  mourir,  et  tu  scais  que  la  tombe 

Est  une  nuit  qui  n'a  point  de  matin  2.  (A,  117  v 


Fy,  fy  d'Alix  !  qu'on  ne  m'en  parle  point  ! 
Son  corps  est  sec  comme  de  la  canelle. 
Homme  vivant  n'a  peu  trouver  sur  elle 
Pour  un  grand  blanc  de  solide  embonpoint. 
Il  est  certain  que  de  toute  sa  vie 
Elle  n'a  veu  qu'avecque  de  l'envie 
Les  estourneaux  et  les  harans  sorets. 
Je  me  tiens  loing  de  sa  maigreur  estique, 
Son  coude  aigu  c'est  un  vray  fer  de  pique  : 
Que  je  luy  baille  un  bout  comme  aux  fleurets  3. 

(A,  62  V.) 

Vous  aves  beau  faire  le  vain 
Avecque  vostre  rapsodie, 
La  grammaire  de  Normandie 
Vous  croit  un  fort  triste  escrivain. 

1.  Voy.  Annales,  t.  XX,  p.  225. 

2.  Cette  épigrainme  est  une  variante  de  celle  qu'on  trouve  dans  Garris- 
sou  (III,  104)  :  «  Crois-moi,  vivons  au  gré  de  nos  désirs.  » 

'A.  Même  épigramnie,  mais  en  vers  de  8  syllabes  et  avec  quelques  va- 
riantes, dans  Garr.,  111,  182. 


MELANGES   ET   DOCUMENTS.  393 

Avec  vos  parolles  mal  jointes, 

Vos  antithèses  et  vos  pointes. 

On  rit  de  vous  à  tout  propos. 

Jettes  de  l'eau  sur  vostre  flamme 

Et  croyant  à  vostre  anagramme 

Aymes  désormais  le  repos.  (A,  39  v.) 


Cy-gist  qui  par  la  courtoisie 

Dont  son  âme  fut  le  séjour 

Fit  mourir  ses  voisins  d'amour 

Et  son  mary  de  jalousie. 

Son  incomparable  blancheur 

Eust  une  si  vive  fraischeur 

Que  les  roses  en  avoyent  honte. 

A  rire  elle  mit  son  loisir 

Et  jamais  elle  n'eut  plaisir 

Tel  que  celuy  d'ouyr  un  conte.  (A,  59.) 


Pol,  vostre  femme  a  des  appas 

Dont  j'admire  la  douce  force 

Et  vrayment  vous  ne  devriez  pas 

La  payer  d'un  honteux  divorce  *. 

Les  sages  ont  beau  raisonner, 

Leur  esprit  ne  peut  deviner 

Sur  quoy  vostre  haine  se  fonde, 

Personne  ne  la  fuit  que  vous  * 

Et  son  naturel  est  si  dous 

Qu'elle  contente  tout  le  monde  '.  (A,  227  v.) 


Passant,  voycy  la  sépulture 
Où  les  destins  ont  enfermé 
Un  sénateur  qui  fut  nommé 
Le  Miracle  de  la  Nature. 

1.  Var.  :  Menacer  de  faire  divorce. 

2.  Var.  :  n'en  mesdit  q. 

3.  On  trouve  dans  la  lettre  de  Mainard  à  Pressai  (lettre  248)  une  va- 
riante de  cette  épigramme  ;  les  vers  1,  9  et  10  sont  même  identiques. 

ANNALES  DU  MIDI.   —   XX  20 


394  ANNALES   DU   MIDI. 

Au  jugement  de  nos  ayeux 

Jamais  sage  ne  vescut  mieux 

Et  ne  monstra  tant  de  mérite. 

En  leur  temps,  qui  ne  valoit  rien, 

La  difîérence  estoit  petite 

D'un  monstre  et  d'un  homme  de  bien.  (A,  129  v.^ 


Nous  scavons  les  conformités 

Des  vers  de  Virgile  et  d'Homère, 

Réserve  tes  subtilités 

Pour  la  classe  de  la  grammaire. 

Docteur,  ton  grec  et  ton  latin 

Valent  bien  moins  que  ton  festin, 

Au  jugement  de  cette  troupe. 

Elle  a  de  plus  fortes  amours 

Pour  l'excellence  de  ta  soupe 

Que  pour  celle  de  ton  discours  i.  (A,  130  v.) 


Quand  ta  censure  envenimée 

Dit  que  mes  ouvrages  sont  cours, 

Tu  crois  blesser  ma  renommée, 

Mais  quoy  ?  tu  fais  tout  le  rebours. 

Silvan,  ton  aveugle  malice, 

Sans  y  penser  me  fait  justice 

Et  met  mon  mérite  bien  haut. 

Pauvre  ignorant,  cesse  d'en  rire. 

Si  mes  vers  n'ont  que  ce  deffaut 

J'ai  treuvé  l'art  de  bien  escrire  2.  (B,  26.) 


Voycy  nos  beaux  jours  revenus  : 
Toutes  nos  querelles  sont  mortes. 
Sortons  du  temple  de  Janus  3, 
La  paix  eu  veut  fermer  les  portes  ''. 

1.  Même  idée  dans  répigrainine  :  «  Tu  fais  des  banquets  tous  les  jours  » 
(Garr.,  III.  118). 

2.  La  même  idée  est  développée  dans  l'épigramnie  :  «  Cet  ouvrage  de 
mon  caprice  »  (Garr.,  III,  136). 

3.  Var.  :  Déjà  le  t. 

4.  Var.  :  se  prépare  à  fermer  ses  p. 


MÉLANGES   ET    DOCUMENTS.  395 

Mars  a  dépouillé  son  orgueil, 

Honteux  d'avoir  fait  le  cercœueil 

Qui  nous  a  privés  de  nos  pères, 

Et  Bellone,  selon  nos  veux, 

Va  laisser  mourir  les  vipères 

Qui  luy  tiennent  lieu  de  cheveux.  (A.  123  v.) 


Je  suis  marry  que  Pol  te  raille. 

Il  ne  presche  eu  tous  ses  discours 

Sinon  qne  ton  affreuse  taille 

Va  du  pair  avecque  nos  tours. 

Ses  yeux  sans  doute  ont  la  chassie  ' 

Et  tombent  dans  l'aveuglement. 

Si  d'un  demy-pied  seulement 

Il  te  plaisoit  d'estre  accourcie, 

Le  colosse  du  défunct  Roy 

Seroit  presque  aussy  haut  que  toy  2.         (A,  l'^ 


L'escarlate  de  ton  visage 

Vient  d'un  sang  qui  n'est  pas  subtil 

Et  la  raison  est  un  outil 

Dont  ton  ame  ignore  l'usage. 

Quand  tu  voudras  paroistre  au  Cours 

Où  tes  ridicules  amours 

Sont  la  fable  de  nos  coquettes, 

Denys,  pour  te  bien  ajuster, 

Je  te  conseille  de  porter 

Une  mante  et  des  coliquettes  (?).  (A,  191  v.) 


Le  capitaine  des  filous 

S'est  fait  rimeur  en  temps  de  guerre. 

C'est  pour  faire  durer  en  tous 

Et  peser  longtemps  à  la  terre. 


1.  Var.  :  Ses  y.  investis  de  chassie. 

2.  Imitation  de  l'épigramnie  de  Martial  (VIII,  60). 


3C6  ANNALES    DU    MIDI, 


A  son  goust,  les  plus  beaux  lauriers 

Qui  parent  le  front  des  guerriers 

Sont  des  couronnes  diffamées 

Et  j'oy  dire  aux  mauvais  garçons 

Qu'il  ne  passe  dans  les  armées 

Que  pour  un  faiseur  de  chansons'.       (A,  224  v.) 


Pol,  qui  ne  te  plais  à  tenir 

Que  des  chemins  illégitimes, 

Les  enfers  ne  scauroyent  punir 

Tout  ce  que  ta  vie  a  de  crimes  2. 

Si  le  ciel  vonloit  m'escouter, 

Sa  justice  viendroit  t'oster 

Les  choses  mesmes  nécessaires; 

Tu  n'aurois  ny  crédit  ny  bien, 

Et  la  croûste  de  tes  ulcères 

Seroit  ton  pain  quotidien.  (A,  151.) 


Ta  France  ne  peut  estre  belle 

Ny  tes  peuples  guère  contens 

Si  tu  diffères  plus  longtens 

A  tonner  contre  La  Rochelle. 

Grand  Roy,  suy  la  fatalité, 

Va  punir  l'infidélité 

De  ceste  ville  mutinée. 

Amène  luy  son  dernier  jour 

Et  devant  la  fin  de  l'année 

L'âge  d'or  sera  de  retour  3.  (A,  100.) 

1.  Var.  :  Il  dit  à  ses  petits  enfants 

Que  les  honneurs  des  triomfans 
Sont  des  fanfares  diffamées. 
Il  raille  des  mauvais  garçons 
Et  ne  va  plus  dans  les  armées 
Que  pour  y  faire  des  chansons. 

2.  Var.  :  Pol,  que  penses-tu  devenir? 

Quel  mauvais  deraon  te  manie? 
Ta  débauche  debvroit  finir, 
Puis  que  ta  jeunesse  est  finie. 

3.  Même  idée  dans  l'épigramme  «  Grand  Roy  qui  fais  ouïr  partout  » 
(G.  Il,  189).  Une  variante  des  trois  derniers  vers  se  retrouve  en  tête 
du  nis.  A.  Garrisson  l'a  reproduite  (III,  3G8). 


MÉLANGES  ET   DOCUMENTS.  397 

Tes  yeux,  Marquis,  trouvent  si  belle 

La  dame  à  qui  tu  fais  l'amour  * 

Que  tu  grondes  quand  on  l'appelle 

Autrement  que  l'Astre  du  jour. 

Ce  titre  n'est  pas  un  mérite  ^ 

Qui  puisse  faire  qu'elle  évite  ' 

La  honte  d'un  sinistre  bruit. 

Elle  est  soleil,  je  le  confesse  ^, 

Mais  c'est  un  soleil  qui  se  laisse 

Charmer  aux  plaisirs  de  la  nuits.      (A,  86  et  57.) 


Tu  dis  qu'il  faut  purger  la  terre 

Des  nobles  qui  fuyant  l'employ 

Et  qui  sont  faschés  que  la  guerre 

Donne  tant  de  palmes  au  Roy. 

Baron,  j'admire  ton  langage 

Gomme  un  visible  témoignage 

De  la  force  de  ta  raison. 

Dys-moy,  n'aurois-tu  pas  envie 

De  te  detïaire  de  la  vie 

Par  le  fer  ou  par  le  poison  ^  !  (A,  302  v.) 


Tes  sentimens  sont  éblouys, 

Ils  choquent  la  raison  commune; 

1.  Var.  :  La  d.  d'où  vient  ton  a. 

2.  Var.  :  Ce  nom  avec  tout  son  m. 

3.  Var.  :  Ne  scauroit  f.  —  Autre  var.  :  En  la  passion  qui  te  pique  |  Tu 
veux  que  ce  nom  magnifique  |  Serve  à  luy  donner  plus  de  bruit. 

4.  Var.  :  C'est  un  s.,  on  le  c. 

5.  Var.  :  Tu  veux  q.  ce  nom  magnifique  |  Soit  moins  qu'elle  n'a  mé- 
rité I  C'est  un  soleil,  je  te  l'avoue,  |  Mais  c'est  un  soleil  qui  se  joue  |  Bien 
souvent  dans  l'obscurité. 

6.  Var.  :  Et  qui  n'ayment  pas  que  la  guerre 

Verse  leur  sang  devant  le  Roy. 
Veux-tu  produire  un  tesmoignage 
Qui  nous  monstre  que  ce  langage 
Est  un  effet  de  ta  raison  ? 
Denys,  contente  notre  envie  : 
Avale  une  once  de  poison 
Pour  te  défaire  de  la  vie. 
Voir  deux  autres  formes  de  la  même  pièce  :  Tu  dis  que  ton  humeur 
déteste  (A,  199),  et  :  Si  le  monarque  du  tonnerre  (A,  2UU  v.). 


398  ANNALES   DU   MIDI. 


Le  grand  appuy  de  ta  fortune 

Estoit  l'amitié  de  Louys. 

Tous  les  astres  sont  pour  la  France; 

Résous  ton  âme  à  la  soutfrance 

Et  n'espère  plus  qu'au  trépas; 

Malgré  tes  places  les  plus  fortes, 

Mon  prince  ira  graver  ses  pas 

Sur  les  montagnes  que  tu  portes.  (A,  114.) 


Nos  braves  sont  dans  l'employ, 

On  ne  parle  que  de  guerre, 

Et  Denys  ronfle  ohes  soy 

Entre  la  garce  et  le  verre. 

Ce  noble  a  le  cœur  si  bas 

Qu'il  déteste  les  combas 

Du  prince  qui  nous  gouverne, 

Et  ce  coyon  effronté 

Prétend  que  sa  hischeté 

Est  une  vertu  moderne  i.  (A,  227.) 


Puisque  tu  m'as  provoqué 

Avecque  tant  d'amertume, 

Il  faut  que  tu  sois  choqué 

De  tout  l'effort  de  ma  plume. 

Le  goust  du  Louvre  et  le  tien, 

Pol,  ne  s'accordent  pas  bien, 

Si  tu  ne  crains  ma  satire; 

Je  suis  dans  un  tel  crédit 

Que  le  bruit  commun  ne  dit  2 

Que  ce  que  je  luy  fais  dire.  (A,  115.) 


1.  Var.  :  Nostre  baron  fuit  l'employ 

Et  ne  veut  point  de  la  guerre 
Qui  fait  triompher  le  Roy 
Sur  la  mer  et  sur  la  terre. 
Il  condamne  le  conseil 
Du  ministre  sans  pareil 
De  qui  l'esprit  n.  g. 

2.  Var.  :  la  gazette. 


i 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  399 

Mon  cœur,  Lise,  n'est  plus  un  lieu 

Où  l'amour  grave  tes  merveilles. 

Tes  lèvres  ne  sont  plus  vermeilles, 

Les  roses  leur  ont  dit  adieu. 

C'est  vainement  que  tu  proposes 

De  m'engager  dans  tes  filets, 

Je  te  mets  au  nombre  des  choses 

Qu'on  réserve  pour  les  valets.  (A,  277  v.) 


Allons  prendre  le  verre  en  main, 

Le  soing  du  public  m'importune. 

Et  laissons  jusques  à  demain 

Dormir  la  gloire  et  la  fortune  ! 

Scachés,  grand  prince  de  Bourbon, 

Que  c'est  une  fort  belle  chose 

Qu'une  perdrix  qui  se  repose 

Sur  un  materas  de  jambon.  (A,  22.) 


Que  je  dirois  de  belles  choses 

Du  pasteur  de  nostre  troupeau 

S'il  te  coronnoit  d'un  chapeau 

Qui  fût  de  la  couleur  des  roses  »  ! 

Pour  donner  un  air  tout  divin 

A  mes  ouvrages  héroïques. 

Je  ferois  chercher  de  bon  vin 

Dans  plus  de  quatorze  barriques.  (A,  249.) 


Laisse  reposer  les  autheurs 
De  ton  code  et  de  ton  digeste 
Et  beuvons  le  vin  qui  nous  reste 
A  l'aigle  des  prédicateurs. 


1.  On  peut  rapprocher  de  ces  vers  un  passage  de  l'ode  adressée  à  Ch. 
de  Noailles,  évêque  de  Saint-Flour,  et  mise  en  tête  du  livre  l'Empire  du 
Juste  :  Richelieu,  dit  Maynard,  reconnaîtra  que  cet  ouvrage  : 

«  Mérite  qu'un  chapeau  te  couvre 

<i  Qui  soit  de  la  couleur  du  sien.  »  (G,  III,  243.) 


400  ANNALES   DU    MIDI. 


Délibère  donc  de  me  suyvre, 

Beuvons  à  luy  jusqu'au  matin 

Puisque  ses  discours  font  revivre 

Saint  Thomas  et  saint  Augustin.  (A,  248.) 


Je  ne  seray  jamais  las 

De  célébrer  les  mérites 

Des  sermons  que  tu  débites, 

Tu  vaux  mieux  que  cent  prélas. 

Je  te  souhaitte  un  chapeau 

Dont  la  couleur  soit  pareille 

A  celle  du  vin  nouveau 

Qu'on  prend  de  ceste  bouteille.  (A,  249.) 


Satirique  censeur, 

Puisque  la  chasse  donne 

Une  table  si  bonne, 

Je  veux  estre  chasseur. 

Ce  qui  te  plaist  me  pique 

Et,  pour  trop  t'imiter, 

Je  crains  de  me  gasler 

El  d'estre  satirique.  (A,  248  v.) 


Mangeons  du  mouton  et  du  veau, 

Beuvons  du  vieux  et  du  nouveau, 

Discourons  d'amour  et  de  chasse, 

Laissons  agir  le  Cardinal  : 

Si  quelque  autre  occupoit  sa  place, 

Nos  affaires  iroyent  bien  mal.  (A,  248.) 


Ce  beau  livre  qui  vient  de  naistre, 

Amy  lecteur,  ne  scauroit  estre 

Trop  dignement  recommandé, 

C'est  où  la  doctrine  profonde 

Du  grand  Noailles  a  fondé 

Le  plus  juste  empire  du  monde*.  (A,  255  v.) 

1.  Il  g'agit  de   l'ouvrage  de  Ch.   de  Noailles   intitulé   :  L'Empire  du 
Juste,  selon  V  institut  io7i  de  la  vraie  vertu  (Puris,  1032,  2  vol.). 


MÉLANGES  ET    DOCDMENTS.  401 

Ennemy  juré  du  bon  sens, 
Horrible  fléau  des  innocens, 

des  fourberies  ^ 

Cœur  remply  d'inhumanité 

Modère  un  peu  ta  vanité 

Tu  n'es  grand  qu'en  tes  armoiries.  (A,  65  v.) 


Les  dieux  prompts  à  nostre  secours 

Conduiront  lentement  ses  jours 

Jusqu'à  la  vieillesse  tremblante. 

Que  nos  peuples  seront  contens 

S'il  peut  durer  asses  longtems 

Pour  voir  le  fi'uit  de  ce  qu'il  plante!  (A,  134,  v. 

{A  suiV7^e.)  G.  Clavelier. 


III 

PROV.  MEC. 
«  E  sobretot  al  [s]  ausells  que  son  mec.  » 

M.  Dejeanne,  en  publiant  dans  cette  revue  (XIX,  221  ss.) 
les  trois  pièces  qui  nous  ont  été  conservées  de  Alegret,  fait 
l'observation  suivante  à  propos  du  vers  cité  ci-dessus  :  «  Mec, 
«  seul  exemple  de  ce  mot,  probablement  d'origine  gasconne. 
«  Il  signifie  actuellement  bègue.  Cf  Lespy  et  Levy.  »  Et  il  a 
traduit  avec  raison  :  «  et  surtout  aux  oiseaux  muets.  » 

Je  ne  puis  me  ranger  à  l'avis  de  M.  Dejeanne.  Mec  a  bien 
la  signification  de  «  muet  »,  comme  le  sens  général  du  texte 
l'indique,  mais  on  ne  peut  en  resteindre  l'usage  à  la  Gasco- 
gne, puisque  son  origine  doit  être  grecque.  Ce  mot  vient  de 
lji.'jy.2ç  =  àçwvoç  avec  l'accent  reporté  sur  la  première  syllabe, 
comme  dans  l'ital.  gobbo  (xuçcç),  et  avec  le  développement 
de  u  grec  tonique  en  e  fermé  (par  l'interinétliaire  de  i  bref), 
comme  dans  aûp-oç,  prov.  nerto;  TrpscSÛTcpsç,  a.  l'r.  pre- 
veire;  cruxo^Tov  et  ficatum,  foie;  /.ûy.voç,  ital.  cecino  et 
cecero,  etc.  Giulio  Bertoni. 

1.  Deu.x.  mots  illisibles. 


COMPTES  RENDUS  CRITIQUES 


D'  A.  Armaingaud.  —  Montaigne  et  La  Boëtie.  Le  vérita- 
ble auteur  du  discours  «  sur  la  servitude  volontaire  »; 

iQ-8'\  (Extrait  de  la  Revue  politique  et  parlementaire, 
numéros  de  mars  et  de  mai  1906.) 

La  thèse  exposée  dans  ce  travail  bouleverse  toutes  les  idées 
communément  admises  sur  le  célèbre  opuscule  de  La  Boëtie.  La 
place  dont  nous  disposons  ne  nous  permet  pas  de  reproduire  dans 
le  détail  toute  l'argumentation  du  D''  Armaingaud;  nous  ne  pour- 
rons pas  non  plus  développer  dans  toute  leur  ampleur  les  raisons 
qu'on  aurait  à  opposer  aux  siennes;  en  nous  bornant  à  l'essen- 
tiel, nous  espérons  cependant  en  dire  assez  pour  que  le  lecteur 
puisse  se  faire  une  opinion  sur  la  thèse  hardie  qui  est  soutenue 
dans  ce  travail. 

Rappelons  d'abord  quelques  faits  et  quelques  dates.  La  Boëtie 
était  mort  en  1563.  Un  fragment  du  Discours  sur  la  servitude 
volontaire,  jusqu'alors  entièrement  inédit,  parut,  au  début  de 
1.574,  dans  un  pamphlet  protestant  intitulé:  le  Réveille-malin  des 
Français.  Ce  discours  entier  fut  publié  dans  les  Mémoires  de 
l'Estal  de  France,  dont  on  cite  toujours  l'édition  de  1576,  mais 
dont  la  première  édition  est  antérieure  au  mois  d'octobre  1574; 
Pierre  de  l'Estoile,  ù  cette  date,  les  avait  en  sa  possession.  Ni 
dans  l'une  ni  dans  l'autre  de  ces  publications,  on  ne  nommait  l'au- 
teur du  Discours.  Ainsi  fut  connue  d'abord,  grâce  aux  protes- 
tants, l'œuvre  célèbre  dont  le  Dr  A.  nous  dit  aujourd'hui  :  «  Le 
Discours  sur  la  servitude  volontaire  est  un  pamphlet  contre 
Hein-i  III,  et  La  Boëtie  n'en  peut  être  le  véritable  auteur.  » 


COMPTES  RENDUS  CRITIQUES.  403 

Pour  établir  cette  proposition,  M.  A.  a  relevé  soigneusement 
toutes  les  allusions  politiques  que  semble  contenir  le  Discours,  et 
il  prétend  démontrer  qu'elles  ne  sauraient  mieux  s'appliquer 
qu'au  futur  Henri  III.  On  lui  ferait  tort  cependant  en  accordant 
la  même  importance  à  tous  les  rapprochements  qu'il  établit. 
Le  passage  capital  pour  sa  thèse,  c'est,  de  son  propre  aveu,  celui 
où  La  Boëtie  s'étonne  qu'on  voie  le  peuple  «  souffrir  les  pilleries. 
les  paillardises,  les  cruautés,  non  pas  d'une  armée,...  mais  d'un 
seul  hommeau,  et  le  plus  souvent  le  plus  lasche  et  femenin  de  la 
nation;  non  pas  accoustumé  à  la  pouldre  des  batailles,  mais 
encore  à  grand  peine  au  sable  des  tournois;  non  pas  qui  puisse 
par  force  commander  aux  hommes,  mais  tout  empesché  de  servir 
vilement  à  la  moindre  femmelette  »  (édit.  P.  Bonnefon,  p.  5). 
Dans  toute  cette  lin  de  phrase,  il  faudrait  voir  le  portrait  d'un 
prince  qui  ne  saurait  être  qu'Henri  III.  Ce  dernier  trait  serait,  à 
lui  seul,  parfaitement  caractéristique  :  l'expression  «  empesché  de 
servir...  »  doit  être  entendue  comme  signifiant  «  incapable  de...  », 
et  il  y  là  une  allusion  à  l'aversion  caractérisée  de  Henri  III  pour 
les  femmes. 

Et  dès  lors,  si  l'on  admet  que  le  Discours  primitif  a  été  grande- 
ment remanié,  reste  à  savoir  par  qui  il  le  fut.  Sont-ce  les  protes- 
tants qui  y  auraient  ajouté  ces  allusions  nombreuses,  faisant  ainsi 
de  l'ouvrage  un  pamphlet  contre  Henri  III?  Mais,  dit  M.  A.j 
comment  auraient-ils  connu  un  ouvrage  dont  Montaigne  devait 
être  l'unique  dépositaire  ?  Dès  lors,  on  voit  la  conclusion  qui 
s'impose  ;  c'est  aussi  celle  où  s'arrête  M.  A.  Pour  lui,  c'est  Mon- 
taigne qui  a  remanié  et  développé  l'œuvre  primitive  de  La  Boëtie, 
et  c'est  Montaigne  encore  qui  a  fait  passer  aux  protestants,  pour 
être  publiée,  cette  nouvelle  forme  du  Discours  sur  la  servitude 
volontaire.  La  chose  n'aurait,  au  reste,  rien  qui  dût  nous  éton- 
ner :  «  Montaigne,  sans  aucun  doute,  fut  révolté  par  la  Saint- 
Barthélémy;  on  trouve,  dans  la  liste  de  ses  amitiés,  les  noms  de 
beaucoup  de  protestants;  c'en  est  assez  pour  expliquer  sa  conni- 
vence avec  le  parti  huguenot. 

Il  n'importe,  pour  le  moment,  que  ces  idées  sur  la  «  politifjue  » 
de  Montaigne  soient  exactes  ou  fausses.  Ce  «lui  est  grave, 
c'est  que  le  D""  A.  attribue  à  Montaigne  l'acte  d'un  malhonnête 
homme.  S'il  est  prouvé  qu'il  a  remanié,  dans  les  conditions  que 
l'on  dit,  l'œuvre  originale  de  La  Boëtie,  il  est,  du  même  coup,  con- 
vaincu «  de  sournoiserie  et  de  dissimulation  »  (P.  Bonnefon);  et 


404  ANNALES   DU    MIDI. 

C'est  le  moins  qu'on  puisse  dire  de  son  procédé.  Mais,  avant  d'en- 
treprendre la  défense  de  Montaigne,  nous  devons  voir  si  le  Dr  A. 
a  vraiment  d-émontré  que  la  Servitude  volontaire  était  un  pam- 
phlet contre  Henri  III.  Nous  ne  pensons  pas,  quant  à  nous,  qu'il 
y  ait  réussi*. 

On  pourrait  discuter  sur  le  caractère  des  passages  où  il  prétend 
reconnaître  des  allusions  politiques.  Pour  moi,  j'y  trouve  le  style 
ampoulé  d'une  amplification  d'école  ;  les  traits  qui  semblent  les 
plus  forts  s'expliquent  par  les  nécessités  de  la  «  gradation  » 
qu'exigent  les  lois  de  la  rhétorique,  et  le  portrait  du  tyran  qui 
s'ébauche  dans  ces  pages  est  inspiré  surtout  des  écrivains  anciens. 
Mais  ce  sont  là  encore  des  arguments  subjectifs;  on  peut  en  oppo- 
ser de  plus  précis  à  la  thèse  du  D'  A.  On  a  vu  le  parti  qu'il  tire 
de  la  phrase  célèbre  que  nous  avons  citée  plus  haut.  11  faut,  il  est 
vrai,  pour  sa  cause,  que  «  empesché  de  servir...  »  signifie  «  inca- 
pable de  servir...  »  Or,  il  est  certain  qu'on  doit  comprendre,  au 
contraire,  «  tout  occupé  à  servir...  »  C'est  ainsi  que  comprenaient 
les  premiers  éditeurs  de  l'ouvrage.  Dans  l'édition  latine  du 
Réveille-matin  des  Français,  la  phrase  est  ainsi  traduite  :  «  Qui 
impudicae  rnulierculae  servitio  totus  addictus  si  t.  »  Voilà  qui 
me  semble  décisif;  nous  n'aurons  pas  la  prétention  de  com- 
prendre Fauteur  de  la  Servitude  volontaire  mieux  que  ne  fai- 
saient les  gens  du  xvie  siècle. 

Ainsi  disparait  le  principal  trait  de  la  ressemblance  qu'on  vou- 
lait trouver  entre  le  futur  Henri  III  et  le  tyran  de  la  Servitude 
volon'aire.  Mais  négligeons,  pour  un  moment,  la  question  de 
fait  et  demandons-nous  s'il  est  vraisemblable  que  l'auteur  du 
Discours  ait  voulu  atteindre  Henri  III.  On  voit  le  calcul  bizarre 
que,  de  sa  part,  cela  supposerait.  Au  moment  où  paraît  le  pre- 
mier fragment  de  l'ouvrage,  Henri  III  n'est  encore  que  duc 
d'Anjou  et  roi  de  Pologne  ;  il  est  loin  de  la  France  qu'il  a  quit- 
tée pour  recueillir  la  couronne  à  laquelle  on  l'a  appelé.   Ainsi 


1.  Les  articles  du  D'  A.  ont  déjà  provoqué  deux  réfutations  auxquelles 
le  lecteur  pourra  se  reporter  :  l'une,  dans  la  Revue  politique  et  parle- 
mentaire (janvier  1907),  est  due  à  M.  I3onnefon,  le  savant  éditeur  de  I^a 
Boëtie  ;  l'autre,  qui  est  de  M.  Villey,  a  paru  dans  la  Revue  d'histoire  lit- 
téraire (t.  XIII,  1906,  p.  l'Zl).  Dans  chacun  de  ces  articles,  j'ai  trouvé  des 
arguments  décisifs,  et  je  n'ai  eu  souvent  qu'à  les  résumer.  Le  travail  de 
R.  Dezeinieris,  dont  l'objet  est  un  peu  différent,  fera  l'objet  d'un  compte 
rendu  spécial,  qu'on  trouvera  à  la  suite  de  celui-ci. 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  405 

donc,  —  pour  suivre  l'hypothèse  du  D""  A.,  —  quand  Montaigne 
aurait  voulu  adapter  aux  circonstances  présentes  l'œuvre  de  son 
ami,  quand,  mécontent  de  Charles  IX,  il  aurait  résolu  d'exci- 
ter le  peuple  contre  son  souverain  légitime...  c'est  le  portrait  du 
duc  d'Anjou  qu'il  aurait  inséré  dans  l'œuvre  et  non  celui  du 
roi  qui  avait  fait  la  Saint-Barthélémy.  On  nous  dit  bien,  pour 
expliquer  celte  tactique',  qu'à  ce  moment-là,  «  Charles  IX,  miné 
par  la  phtisie  pulmonaire,  est  un  valétudinaire  que  chacun  s'at- 
tend à  voir  mourir  d'un  jour  à  l'autre  ».  C'était  perdre  ses  coups 
que  de  s'attaquer  à  lui,  et  c'est  pourquoi  les  huguenots,  le  négli- 
geant, se  seraient  dès  lors  acharnés  «  sur  son  frèro  d'Anjou,  roi 
et  tyran  de  Pologne  aujourd'hui,  roi  de  France  demain  ».  Mais  les 
pamphlétaires  protestants  n'avaient  pas  le  diagnostic  du  Dr  A. 
En  fait,  M.  P.  Bonnefon  l'a  bien  montré,  ils  ne  songeaient  guère 
à  ruiner  parmi  les  Fi-ançais  la  réputation  du  duc  d'Anjou  :  d'abord 
celui-ci  était  loin  de  France  et  ne  les  gênait  guère  et,  même  s'ils 
eussent  pensé  qu'il  dût  bientôt  revenir  en  France,  ils  l'auraient, 
comme  roi,  préféré  de  beaucoup  à  Charles  IX*. 

Ainsi  donc,  il  n'est  pas  prouvé,  en  fait,  que  la  Servitude  volon- 
taire soit  un  pamphlet  contre  Henri  III;  et  de  plus,  il  est  a  priori 
fort  invraisemblable  que  l'ouvrage  soit  dirigé  contre  ce  prince.  La 
thèse  du  D'  A.  s'écroule  tout  entière  et  dès  lors  il  devient  superflu 
de  justifier  Montaigne  et  de  faire  voir  qu'il  n'a  nullement  remanié 
le  texte  originel  de  la  Servitude  volontaire.  Ce  n'est  pas  qu'on 
ait  de  la  peine  à  justifier  les  contradictions  dans  lesquelles  il 
serait  tombé  en  parlant ,  à  diverses  reprises ,  du  livre  de  son 
ami.  Ces  contradictions  prétendues,  M.  P.  Bonnefon  les  a  expli- 


1.  Dans  une  épitaphe  de  Charles  IX,  que  l'Estoile  nous  a  conservée,  on 
peut  lire  ces  vers  : 

Plus  cruel  que  Néron,  plus  rusé  que  Tibère, 
Haï  de  ses  sujets,  moqué  de  l'étranger, 
Brave  dans  une  chambre  à  couvert  du  danger  ; 


Envieux  des  hauts  faits  du  roi  Henri  son  frère... 

(Cité  par  Paul  F.-M.  Méaly,  Les  publicistes  de  la  réforme  sous  Fran- 
çois II  et  Charles  IX,  1903,  p.  153). 

On  voit  le  témoignage  que  nous  apporte  le  dernier  de  ces  vers;  quant 
au  premier,  il  montre  que  les  gens  du  xvi'  siècle  n'imaginaient  pas  tyrans 
plus  cruels  que  certains  des  empereurs  romains.  Cela  fortifierait  l'opinion 
courante,  qui  veut  que  la  Servitude  volontaire  soit  inspirée  principale- 
ment par  des  réminiscences  des  écrivains  anciens. 


406  ANNALES    DU    MIDI. 

quées  de  façon  très  naturelle  ;  il  suffira  de  renvoyer  le  lecteur  à  sa 
démonstration.  Et  maintenant,  faut-il  regretter  que  le  D""  A.  ait 
dépensé  tant  de  savoir  et  tant  d'ingéniosité  en  faveur  d'une  hypo- 
thèse entièrement  caduque?  Nous  ne  le  pensons  pas;  il  nous  a 
obligés  à  relire  la  Servilitde  volontaire  ;  aux  critiques  qui  con- 
naissent le  mieux  ces  questions,  il  a  fourni  l'occasion  d'approfon- 
dir le  sens  de  l'œuvre  et  de  l'evenir  encore  sur  sa  portée  ou  sur  son 
histoire  ;  il  a  lui-même  semé  dans  son  travail  beaucoup  de  remar- 
ques et  de  faits  curieux  dont  nous  nous  trouverons  profiter  :  on  ne 
peut  dire  qu'il  ait  tout  à  fait  perdu  son  temps. 

L.  Delaruelle. 


R.  Dezeimeris.  —  Sur  l'objectif  réel  du  discours  d'Es- 
tienne  de  La  Boëtie  «  de  la  Servitude  volontaire  »,  ia-8". 
(Extrait  des  actes  de  V Académie  des  sciences,  belles-lettres 
et  arts  de  Bordeaux,  1907). 

Au  nombre  des  heureuses  conséquences  que  devait  produire  le 
paradoxe  du  Df  Armaingaud,  il  faut  mettre  l'apparition  de  l'inté- 
ressant mémoire  que  nous  envoie  M.  Reinhold  Dezeimeris.  M.  D. 
se  refuse  à  adopter  les  idées  du  D""  Armaingaud,  mais  il  ne  les  ré- 
fute qu'en  opposant  théorie. à  théorie,  et  son  travail  tend  à  démon- 
trer que,  dans  la  Servitude  volontaire,  on  peut  reconnaître  le  por- 
trait, non  du  futur  Henri  III,  mais  bien  de  Charles  VI.  Voilà  une 
thèse  nouvelle  et  non  moins  imprévue,  sans  doute,  que  la  précé- 
dente. En  dépit  de  l'autorité  qui  s'attache  au  nom  de  M.  D.,  il 
nous  semble  impossible  de  l'accepter,  et  nous  en  dirons  briève- 
ment les  raisons. 

Pour  justifier  ce  rapprochement  entre  Charles  VI  et  le  tyran  de 
la  Servitude  volontaire,  M.  D.  a  rassemblé  des  citations  nombreu- 
ses et  d'origine  très  diverse  :  il  y  en  a  de  Monstrelet  et  de  Frois- 
sart,  de  Michelet  et  d'Henri  Martin.  Qui  ne  voit  ce  qu'une  telle 
méthode  a  nécessairement  d'incertain  ?  L'opinion  des  historiens 
modernes  n'a  rien  à  voir  en  cette  alTaire.  Seuls  peuvent  compter 
les  témoignages  des  écrivains  que  La  Boëtie  a  dû  lire  pour  s'ins- 
truire du  passé  de  son  pays.  Ainsi  j'aimerais,  sur  Cliarlcs  VI, 
trouver  ici  l'opinion  de  Gaguin,  ou  mieux  encore  de  Paul-Emile, 
l'historien  humaniste  dont  l'œuvre  fut  continuée  par  le  Bordelais 


COMPTES    RENDUS   CRITIQUES.  407 

Arnaud  de  Ferron.  Ce  sont,  il  me  semble,  leurs  ouvrages  qui 
étaient  le  plus  accessibles  à  La  Boëtie  ;  il  y  a  chance  pour  qu'il 
y  ait  puisé  la  plupart  de  ses  connaissances  historiques. 

Mais,  nous  ditM.  D.,  d'autres  que  La  Boëtie  devaient,  au  xvie  siè- 
cle, faire  un  rapprochement  entre  leur  propre  époque  et  le  règne 
de  Charles  VI.  Que  va-t-il  donc  citer  à  l'appui  de  son  dire  ?  un 
texte  d'Estienne  Pasquier  et  un  passage  de  la  Ménippée  (voir  aux 
pages  24-26  de  la  brochure)  ;  le  premier  est,  au  plus  tôt,  de  1581,  et 
la  Ménippée  fut  écrite  en  1593.  Les  deux  textes  font  allusion  à  un 
état  de  choses  bien  différent  de  celui  que  La  Boëtie  avait  sous  les 
yeux,  quand,  vers  1550,  il  écrivait  la  Servitude  volontaire  :  ils  ne 
peuvent  être  d'aucun  appui  à  la  thèse  de  M.  D.;  ils  serviraient 
plutôt  à  la  détruire.  Dans  le  règne  de  Charles  VI,  ils  nous  mon- 
trent surtout  une  époque  d'anarchie,  où  les  factions  réduisent  à 
rien  l'autorité  du  souverain  légitime.  Chez  La  Boëtie,  au  contraire, 
le  tyran  est  un  souverain  absolu  dont  la  puissance  s'exerce  sans 
contrepoids  par  toute  l'étendue  du  royaume.  Si  ce  n'est  pas  un 
simple  portrait  de  Néron  ou  de  Tibère,  il  faut  penser  à  un  roi  mo- 
derne bien  plus  qu'à  un  souverain  féodal,  comme  était  encore 
Charles  VI. 

Ce  caractère  d'anarchie  est,  dans  le  règne  du  roi  dément,  ce  qui 
devait  le  plus  frapper  les  contemporains  de  La  Boëtie.  Il  se  peut 
qu'en  ce  temps-là  les  souffrances  du  populaire  soient  arrivées  à 
leur  comble;  mais,  depuis  un  siècle,  elles  n'avaient  pas  changé  de 
nature.  On  gémissait  toujours,  au  temps  des  guerres  d'Italie,  sur 
les  taxes  trop  lourdes  et  sur  les  pilleries  des  gens  de  guerre. 
C'étaient  là  des  lieux  communs  de  la  poésie  populaire.  Dans  la 
Servitude  volontaire,  le  développement  du  lieu  commun  n'a  ja- 
mais assez  de  netteté  pour  qu'on  y  puisse  deviner  des  allusions  à 
une  époque  précise  de  l'histoire  de  France.  J'aimerais  mieux,  en 
tout  cas,  y  voir  des  allusions  aux  premiers  temps  de  notre  histoire. 
M.  D.  a  bien  fait  de  rapi)e]er  (p.  9)  les  passages  de  la  Franciade, 
où  Ronsard  a  flétri  les  rois  «  mange-sujets  »  de  la  première  race, 
les  princes  tels  que  Childéric  ou  les  princesses  comme  Brunehaut. 
Il  valait  la  peine  de  noter  que,  dans  leurs  pamphlets,  les  hugue- 
nots ont  utilisé  ces  passages  (Paul  F. -M.  Méaly,  Les  publicistes  de 
la  réforme  soîts  François  II  et  Charles  IX,  1903,  pp.  135  et  156). 
Pour  tracer  le  portrait  du  tyran  idéal,  on  pourrait,  à  la  rigueur,  ad- 
mettre que  La  Boëtie  eût  songé  à  ces  figures  semi-légendaires  dont 
l'éloignement  permettait  de  grossir  les  traits.  Je  ne  puis  croire  qu'il 


408  ANNALES    DU    MIDI. 

ait  eu  en  vue  Charles  VI,  et  M.  D.  n'a  pas  démontré  non  plus  que 
le  portrait  s'appliquât  à  ce  roi. 

Nous  avons  dit  en  toute  sincérité  notre  opinion  sur  le  mémoire 
de  l'érudit  Bordelais  ;  s'il  a  un  peu  déçu  notre  attente,  nous  espé- 
rons avoir  bientôt  un  dédommagement,  et  nous  attendons  avec 
impatience  le  travail  où  il  reviendra,  nous  promet-il,  sur  la  vie 
de  La  Boëtie,  sur  ses  rapports  avec  Montaigne  et  sur  la  Servitude 
volontaire.  L.  D. 

Louis  Lempereur.  —  État  du  diocèse  de  Rodez  en  1771. 

Rodez,  1906;  'm-A°  de  xvi-775  pages. 

Nommé  évèque  de  Rodez  en  1770,  Jérôme-Marie  Champion  de 
Cicé,  administrateur  zélé  et  de  grand  mérite,  voulut,  connaître 
rapidement  l'état  de  son  diocèse.  Le  15  octobre  1771,  il  fît  envoyer 
à  chacun  des  541  curés  ou  desservants*  d'annexés  qui  dépendaient 
de  lui  un  questionnaire  en  dix  articles  subdivisés  chacun  en  une 
série  de  questions  se  rapportant  au  même  objet  :  en  tout  48  ques- 
tions. Les  renseignements  demandés  sont  très  variés.  Le  nouvel 
évêque  nous  apparaît  comme  une  sorte  d'administrateur  civil  :  il 
demande  «  si  l'air  est  salubre  et  sain  »  (I,  7)2;  il  montre  autant 
de  souci  pour  les  hôpitaux,  «  le  bouillon  des  pauvres  »,  les  écoles 
(III,  1,  2,  3,  p.  3),  les  mendiants  (VII,  1,  2),  le  nombre  d'habi- 
tants et  de  villages  (IV,  2,  4,  p.  3),  les  grains  qu'on  récolte  dans 
la  paroisse,  les  bestiaux,  les  terres  en  friche,  la  suffisance  ou  l'in- 
suffisance de  la  récolte  (VIII,  1,  2,  4,  7,  8),  les  métiers  et  le  com- 
merce (IX,  1,  3)  que  pour  le  bon  état  de  l'église  et  la  décence  du 
service  divin  (X,  1,  4),  la  levée  de  la  dîme  (III,  1,  2),  les  bénéfices 
ecclésiastiques  ou  les  ministres  du  culte  (V,  1,  2,  3,  5).  —  A  ce 
questionnaire,  soigneusement  divisé  par  l'éditeur,  font  suite  près 
de  450  réponses*  dont  les  divisions  numérotées  permettent  de  se 
reporter  aisément  aux  questions  correspondantes. 

1.  Le  diocèse  de  Rodoz  comptait  à  cette  ilate  475  paroisses  et  66  annexes 
réparties  en  48  districts  {IntrocL,  l.) 

2.  Les  chiffres  romains  renvoient  aux  articles  du  questionnaire,  les 
chiffres  arabes  aux  questions  qui  en  font  partie.  Voir  le  questionnaire, 
pp.  3-4. 

3.  Quinze  environ  manquent  au  dossier.  M.  Lempereur,  avec  un  zèle 
très  louable,  s'est  efforcé  de  combler  ces  lacunes  au  moyen  de  divers 
documents  d'archives  antérieurs  à  1771,  tels  que  reconnaissances  féoda- 
les, procès-verbaux  de  visites  pastorales,  etc. 


COMPTES    RENDUS   CRITIQUES.  •  409 

Ces  réponses,  il  fallait  s'y  attendre,  sont  de  valeur  fort  inégale. 
Le  questionnaire,  sur  certains  points,  dépassait  peut-être  la  capa- 
cité de  quelques-uns  des  répondants  i.  Il  faut  aussi  faire  la  part 
des  négligences  plus  ou  moins  volontaires.  Nombre  de  réponses, 
un  quart  environ,  sont  presque  sans  valeur;  les  curés  répondent 
par  «  oui  »  ou  par  «  non  »,  ou  même  ne  répondent  rien.  Toutefois, 
la  netteté  et  la  précision  du  questionnaire  et,  d'autre  part,  le 
souci  de  satisfaire  convenablement  à  une  demande  émanée  de 
l'autorité  épiscopale,  parfois  aussi  le  désir  d'être  utile  aux  parois- 
siens ont  déterminé  le  plus  grand  nombre  des  curés  à  fournir  des 
renseignements  précis  et  abondants.  Certains  font  même  preuve 
d'un  grand  souci  d'exactitude  2. 

Si  la  valeur  historique  et  l'intérêt  documentaire  de  cet  ELal  du 
diocèse  ne  ressortait  déjà  de  ces  considérations,  il  suffirait  de  lire 
V Introduction  fort  bien  conçue  dans  laquelle  M.  L.  a  exposé  des 
notions  fort  utiles  pour  la  bonne  intelligence  du  texte  et  tenté  de 
condenser,  du  moins  en  partie,  la  substance  de  ce  volumineux 
in-4o. 

Mais  ceux  qui  pourront  s'engager  dans  la  lecture  du  livre  lui- 
même  (il  y  faut,  je  l'avoue,  quelque  courage),  en  s'aidant  du  ques- 
tionnaire comme  fil  conducteur,  y  verront,  classés  et  sériés,  les 
renseignements  les  plus  variés,  les  statistiques  les  'plus  instructi- 
ves, une  masse  énorme  de  détails  caractéristiques  ;  ils  y  trouveront 
autant  de  profit  qu'au  dépouillement  méthodique  de  tout  un  fonds 
d'archives  et  plus  d'agrément.  Lorsqu'on  a  ainsi  épuisé  toutes  les 
questions,  il  vous  semble  qu'on  vient  de  faire  à  travers  le  pays 
rouergat  de  1772  une  longue  et  minutieuse  enquête.  Des  souvenirs 
dont  la  mémoire  est  d'abord  accablée  se  di'îgagent  peu  à  peu  des 
«  impressions  »  ou  idées  générales  qui  sont  le  profit  de  cette  fati- 
gante excursion.  Je  me  borne  à  résumer  les  miennes. 

Sur  le  sol  accidenté  de  l'antique  pagus  7'utenicus,  au  sein  de 
l'unité  territoriale  séculaire  de  la  paroisse,  la  {)res(|ue  totalité  de 
la  population  vit  encore  dans  la  dispersion  et  l'isolement  par 
petits  villages',  qui  semblent  s'être  développés  au  cours  des  siècles 


L  Le  curé  de  Saint-André-de-Najac  ignore  quel  est  le  seigneur  haut 
justicier  dans  sa  paroisse.  C'était  le  roi  lui-même  (p.  299). 

2.  Parmi  les  meilleures  réponses,  voir  Agen,  p.  461;  Aiibin,  p.  5;  Bes- 
suéjouls,  p.  148;  Caplongue,  p.  90;  Compeyre,  p.  104;  Sévérac,  p.  492; 
Verlac,  p.  577. 

3.  Aubin,  40  villages  (p.  3)  ;  Rulhe,  300  hab.,  20  villages  (p.  10);  Firmy, 

A.NNALES  DU  MIDI.   —  XX  27 


410  ANNALES   DU    MIDI. 

sur  l'emplacement  des  demeures  d'anciens  colons  ou  serfs  ruraux. 
Favorisée  par  la  nature  et  le  relief  du  sol,  la  vieille  organisation 
féodale  a  maintenu  l'habitant  avec  plus  de  force  sur  la  tenure 
ancestrale.  Elle  enserre  encore  fortement  l'existence  du  paysan  dans 
les  mailles  lourdes  et  serrées  des  multiples  juridictions  hiérarchi- 
sées et  enchevêtrées.  Sous  la  suzeraineté  duseigneur  haut  justicier, 
roi',  évoque,  abbé,  commandeur  ou  noble  laïc,  le  cultivateur  doit 
compter  avec  une  foule  de  directiers  et  autres  maîtres  de  rang 
inférieur  2.  A  tout  seigneur,  il  doit  payer  quelques  impôts  ou  rede- 
vances, et  le  nombre  s'en  est  considérablement  accru  depuis 
qu'ont  été  établies  l'antique  a  tolte  »  féodale  ou  la  dlme  due  à 
l'Eglise  jusqu'à  l'époque  actuelle,  où  les  impôts  royaux,  toujours 
plus  lourds,  nécessitent  d'innombrables  saisies  et  exécutions.  A 
Connae  ^,  «  les  employés  pour  la  levée  des  deniers  du  roi  ne  quit- 
tent presque  pas  la  paroisse  ».  Ces  prélèvements  multiples  sur  les 
maigres  ressources  du  paysan  rouergat,  «  extrêmement  chargé  et 
foulé'  »,  étouffent  eu  lui  tout  esprit  d'initiative  et  le  réduisent  à 
la  misère  perpétuelle.  Sans  doute,  ici  la  récolte  a  été  mauvaise 
depuis  sept  ou  huit  ans  s,  là  elle  a  été  emportée  par  le  froid  ^  ou 
par  une  «  grêle  extraordinaire^  »,  et  c'est  pour  le  paysan  une 
détresse  sans  remède.  Mais  la  cause  permanente  de  cet  état  pré- 
caire est  bien  l'impôt.  Il  pèse  d'un  poids  trop  lourd  sur  le  cultiva- 
teur. Si  les  doléances  contre  les  excès  de  l'impôt  ne  se  font  jour 
que  çà  et  là  sous  la  plume  des  curés,  c'est  qu'il  leur  fallait  une 
certaine  liberté  d'esprit  et  de  la  compétence  pour  s'exprimer  nette- 
ment sur  ce  point  8.  Une  partie  de  la  récolte  doit  être  donnée  en 


1,400  hab..  75  villages  (p.  10);  Sénergues,  1,000  hab.,  56  villages  (p.  124); 
Ginouillac,  869  liab.,53  villages  (p.  135)  ;  Bessuéjoiils,  475  hab.,  37  villages 
(p.  148);  Le  Monastère-Cabrespines,  928  hab.,  47  villages  (p.  169). 

1.  Le  roi  est,  en  totalité  ou  en  parcage,  haut  seigneur  dans  75  paroisses 
environ. 

2.  Il-  y  en  a  18  à  Souyri,  p.  465;  14  à  Bor  et  Bar  pour  809  habitants, 
p.  224;  15  à  Saint-Julien-de-RodcUe,  p.  24;  17  à  Barriac,  p.  27;  «  presque 
autant...  qu'il  y  a  de  villages  ».  Flavin,  p.  170. 

3.  P.  391 . 

4.  Valon,  p.  374. 

5.  Requis  ta,  p.  381. 

6.  Drulhe,  p.  359. 

7.  La  Besse,  p.  35. 

8.  A  Bor  et  Bar  (809  hab.),  les  14  seigneurs  du  lieu  perçoivent  environ 
3,000  livres  (p.  224);  à  Barriac,  17  seigneurs,  y  compris  le  roi,  emportent 
e  quart  de  toua  les  grains  de  la  paroisse  et  les  habitants  sont  obligés  de 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  411 

redevances  et  une  autre  partie  vendue  pour  acquitter  les  charges 
«  Le  roi  et  le  seigneur  forcent  le  peuple  à  se  défaire  du  grain  et  à 
vivre  à  l'éti-oit^  »  On  épargne  le  pain  et  il  manque  souvent 2.  La 
récolte,  à  peine  suffisante  d'ailleurs,  se  trouve  fort  réduite  :  elle 
est  parfois  épuisée  à  la  fm  des  nouvelles  semences  3;  elle  permet 
de  vivre  un  quart  ou  un  tiers  de  l'année;  rarement  elle  permet  de 
«  percei-  »  jusqu'à  la  nouvelle  récolte*.  Un  remède  naturel  ù  cette 
misère  serait  de  laisser  ou  de  vendre  sur  place  les  ressources  en 
nature  que  seigneurs  ecclésiastiques  ou  laïques  prélèvent  sui-  le 
pays.  Mais,  depuis  plus  d'un  siècle,  les  grands  seigneurs  sont 
absents 5,  et  à  la  cour  ou  dans  les  grandes  villes  ils  ont  à  pour- 
voir, au  moyen  des  impôts  et  redevances,  à  leur  existence  bril- 
lante et  inutile.  D'autre  part,  abbés  et  commandeurs  emportent  le 
grain  et  l'entassent  derrière  les  hauts  murs  de  leurs  «  granges  », 
où  l'on  devra  venir  de  loin  pour  se  pourvoir.  Sans  doute  encore 
la  dime,  les  donations  dont  églises,  abbayes  et  commanderies 
conservent  précieusement  les  actes  dans  des  cartulaires  sont 
principalement  destinées  à  l'aumône ,  remède  traditionnel  à  la 
misère.  Mais  prieurs,  évoques  ou  abbayes  afferment  la  dime  à 
prix  réduit.  Le  curé  en  prend  une  partie  pour  sa  «  congrue  ».  le 
reste  s'en  va  au  fermier  ou  au  titulaire  qui  omettent  parfois  d'ac- 


vendre  leur  froment  pour  payer  les  charges  royales;  les  autres  grains  n'y 
suffisent  pas  (p.  27);  à  Saint-Hilaire,  les  seigneurs  emportent  «  le  quart 
de  tous  les  grains,  et  encore  les  censives  en  blé,  cire,  poules  et  argent, 
chose  surprenante  et  accablante  »  (p.  176).  A  Saint-Igest,  426  hab.,  la 
dîme  lève  130  setiers  de  grain  (froment,  seigle,  avoine)  et  15  charretées  de 
vin  à  20  livres  l'une  (p,  718);  à  Claunhac,  600  hab.,  250  setiers  de  grain; 
à  Villeneuve,  1,876  hab.,  36  setiers  avoine,  54  setiers  seigle,  450  setiers 
froment  (p.  702).  Voir  encore  Buzeins,  p.  44;  Connac,  p.  391  ;  le  Cuzoul, 
p.  305;  Drulhe,  p.  359;  Mauron,  p.  699;  Saint-Michel,  p.  9;  Muret,  p.  55; 
Saint-Naamas,  p.  52;  Recoules,  p.  53;  Saint-Salvadou,  p.  219;  Sauganne 
et  Touels,  p.  40;  Vimenet,  p.  48,  etc.. 

1.  Bez,  p.  361. 

2.  «  Il  n'y  a  aucune  maison  dans  la  paroisse  où  l'on  n'épargne  le  pain... 
un  tiers  n'en  a  pour  ainsi  dire  jamais  »  (Sauganne  et  Touels,  p.  39). 

3.  Cransac,  p.  8. 

4.  «  Il  manqueroit  plus  que  le  tiers  du  bled  pour  nourrir  les  parois- 
siens, quand  bien  même  les  seigneurs  et  prieurs  y  laisseroient  tout  ce 
qu'ils  en  prélèvent...  »  (Vimenet,  pp.  47-48).  A  Caplongue,  la  récolte  est 
de  1,900  setiers;  or,  il  faudrait  «  au  bas  tau  »  2,640  setiers  (p.  92).  Voir 
aussi  Broquiès,  pp.  29-33;  Cabanes,  p.  335;  Sainte-Eulalie-du-Causse, 
p.  25;  Firmy,  p.  76;  Saint-Michel,  p.  9,  etc.,  etc.. 

5.  Geyi-ac,  p.  204. 


412  ANNALES   DU   MIDI. 

quitter  leurs  charges  ^  Aussi,  le  paupérisme  et  la  mendicité  pren- 
nent-ils d'effrayantes  proportions.  Il  n'est  pas  rare  que  les  pau- 
vres représentent  un  quart  ou  un  tiers  de  la  population  de  la 
paroisse,  tandis  que  sur  les  chemins  les  «  gueux.  »  s'en  vont  «  par 
troupes  ».  «  Il  yen  a  sans  fîn^.  »  Le  curé,  témoin  attristé  de  cette 
détresse,  a  beau  se  réduire  «  à  la  plus  basse  frugalité  »,  les  hôpi- 
taux, rares  et  mal  pourvus,  parfois  mal  administrés 3,  ont  beau 
ouvrir  lenrs  portes  aux  plus  nécessiteux,  et  les  maisons  de  force'* 
immobiliser  une  partie  des  vagabonds,  cette  misère  dépasse  tous 
les  moyens,  déborde  toutes  les  initiatives  :  c'est  une  plaie  profonde, 
invétérée,  dont  l'extension  et  l'aciiité  résultent  du  système  social 
lui-même. 

Toutefois,  «  la  misère  est  un  bon  maître  d'école  -j,  ainsi  que  le 
remarque  le  curé  de  Durenque*.  Malgré  l'absence  de  culture  et 
d'instruction  qui  le  maintiennent  dans  une  sorte  d'enfance  incons- 
ciente 6,  souvent  sans  pain  7,  ou  réduit  à  vendre  ses  «  cabaux  »  ou 
son  bien',  le  paysan  «  essaye  de  tout  ».  A  défaut  de  pain,  il  se 
nourrit  de  «jardinage»,  de  fruits  (cliùtaignes,  pommes,  noix),  de 
pommes  de  terre 9,  ou  de  légumes i*'  «  quand  ils  réussissent  ».  Par- 

1.  Voir  p.  698.  a  Malgré  la  misère,  depuis  phisieurs  années,  le  chapitre 
de  Conques,  qui  perçoit  de  gros  revenus  dans  cette  paroisse,  n'a  rien 
donné  aux  pauvres  »  (Bars,  600  hab.,  dont  90  p^iuvres  et  50  mendiants, 
p.  379).  Voir  aussi  ce  qui  concerne  les  liospices  ou  le  «  bouillon  des  pau- 
vres V). 

2.  Parisot,  p. 340.  Voir,  en  particulier  :  Aubin,  1,672  hab.,  130  pauvres 
valides,  170  invahdes,  100  sans  secours,  200  mendiants;  Sanvensa  (p.  311), 
950  hab.,  225  pauvres  valides  ou  invalides,  80  sans  secours,  168  mendiants 
(il  en  passe  60  par  jour  sur  la  rout*^  de  l'Albigeois  à  l'Auvergne);  à 
Naussac,  (p.  331)  pendant  plusieurs  mois,  il  y  a  une  centaine  de  pas- 
sants par  jour.  —  Pons,  p.  371  ;  Eignac,  p.  394;  Saint-Chély,  p.  551... 

3.  Voir  ci-dessus,  note  1. 

4.  Rodez,  p.  434. 

5.  Durenque,  p.  41. 

6.  Le  personnel  enseignant  comprend  environ  66  maîtres  ou  maîtresses 
d'école,  souvent  de  qualité  inférieure  et  de  situation  précaire  et  dont  l'ac- 
tion est  fort  restreinte.  Certains  centres,  comme  Bozouls,  Entraygues,  etc., 
n'ont  pas  d'école.  Dans  tout  le  district  d'Estaing,  on  ne  trouve  qu'une 
école;  celui  de  Flavin  en  manque  totalement. 

7.  Le  remède  à  la  misère  est  «  de  souffrir  beaucoup  de  faim,  en  passant 
beaucoup  de  jours  sans  manger  de  pain  »  (La  Vinzelle.  p.  130);  «  manger 
peu  »  (La  Bessenoits,  p.  13); «  depàtir  ou  de  ne  manger  que  d'herbes...  » 
(Golinhac,  p.  142);  «  la  besace  »  (Le  Minier,  p.  269). 

8.  Ceyrac,  p.  204;  Prix,  p.  715,  Vezouillac,  p.  118,  etc.. 

9.  Coupiaguet,  p.  30. 

10.  Montignac,  p.  123,  «...  jardinage,  fruits...  châtaignes,  abstinence,  ils 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  413 

fois,  ces  produits,  le  vin  en  particulier,  sont  assez  abondants  pour 
alimenter  un  petit  commerce^  et  assurer  ainsi  le  nécessaire.  On 
exploite  le  charbon  de  terre  dans  la  région  d'Aubin  et  de  Laissac^ . 
Sur  les  plateaux  du  Lévézou  et  d'Aubrac,  les  bêtes  à  laine  et  à 
corne  attirent  les  marchands  du  Languedoc 3.  Malheureusement, 
les  chemins  sont  «  affreux  »,  les  communications  difficiles  et  les 
moyens  de  transport  rudimentaires.  Des  muletiers,  «  quelques 
misérables  voituriers  qui  se  ruinent*  »,  font  le  trafic  du  vin,  du 
charbon,  du  blé,  rapportent  de  l'Auvergne  du  fromage,  du  lian- 
guedoc  de  l'huile  et  de  la  ville  voisine  les  ustensiles  et  les  produits 
manufacturés. 

C'est  du  sol  qu'il  cultive,  des  animaux  qu'il  élève  que  le  paysan 
s'est  aussi  habitué,  depuis  des  siècles,  à  tirer  de  quoi  se  vêtir. 
Partout,  sauf  vers  l'extrémité  du  Rouergue  contiguê  à  l'Auvergne, 
le  paysan  cultive  le  chanvre ,  que  ses  bergères ,  ses  servantes 
filent  à  la  veillée.  On  trouve  des  tisserands  dans  toutes  les 
paroisses*. 

D'ordinaire,  ce  produit  ne  sort  pas  du  pays.  La  filature  de  la 
laine  semble  s'étendre  peu  à  peu  de  la  région  de  Saint-Geniès  ou 
de  Rodez  au  reste  de  la  province.  C'est  vers  cette  branche  d'indus- 
trie surtout  que  certains  curés  d'élite  voudraient  diriger  l'activité 
de  la  jeunesse  «  qui  s'adonne  à  l'oisiveté  ».  «  Un  des  bons  princi- 
pes du  commerce  étant  qu'il  faut  tirer  tout  le  parti  possible  des 
choses  du  pays*  »,  certains  introduisent  dans  leur  paroisse  la 
filature  de  la  laine,  d'autres  donnent  de  très  utiles  conseils,  adres- 
sent même  des  appels  chaleureux  «  aux  personnes  désintéres- 
sées »  et  aux  }»ouvoirs  publics  et  veulent,  parle  travail  industriel, 


souffrent  la  faim  et  passent  des  journées  entières  avec  des  châtaignes  et  de 
la  bouiUie  sans  pain...  ».  Entraygues,  p.  135;  Conques,  p.  120;  Marcilhac, 
p.  240;  Castelnau  de  Lévézou,  p.  205;  Milhau,  p.  203;  Montou,  p.  217,  etc. 

1.  Conques,  p.  120;  Marcillac,  p.  240;  Salles-Comtaux,  pp.  61,  63;  Ville- 
conital,  p.  666;  La  Guépie,  p.  654. 

2.  Ayrignac,  p.  201  ;  Lugan,  p.  78;  Saint-Michel,  p.  9;  Drulhe,  p.  360; 
Pachins,  p.  364;  Agrès,  p.  015. 

3.  Districts  de  Laguiole  et  de  Ségur. 

4.  Pp.  9,  18.  61,  63,  343,  360,  361,  650. 

5.  A  Lapanouse,  1,015  hab.,  on  compte  90  tisserands  «  qui  vivent  du 
jour  à  la  journée  »;  s'ils  sont  malades,  «  il  faut  que  la  charité  leur  four- 
nisse tout,  jusques  aux  draps  de  lit,  dont  presque  toutes  les  maisons 
manquent  »,  p.  502.  Voir  aussi  Parisot,  r.  341;  Tauriac,  p.  339;  Crespin, 
p.  333;  Frons,  p.  337. 

6.  Carcenac-Salmiech,  p.  90. 


41  i  ANNALES   DU    MIDI. 

remédier  h  la  misère  du  paysan  ^  Quelques  centres,  comme  Cam- 
boulas  (pour  les  «  serges  grossières  »)  mais  surtout  Saint-Geniès 
(pour  les  «  cadis  »),  alimentent  dans  un  rayon  as.sez  étendu  une 
activité  industrielle  qui  devient  la  providence  des  années  de 
disette 2.  N'était  la  difficulté  des  communications,  de  puissantes 
industries  auraient  trouvé  sur  ce  sol  un  aliment  capable  d'étendre 
au  loin  leur  influence  et  de  faire  pénétrer  dans  le  pays  l'aisance  et 
es  idées  économiques  nouvelles. 

Quant  à  l'habitant  des  hauts  plateaux  de  la  Viadène  et  du  Gar- 
ladès,  qui  doit  lutter  contre  un  sol  granitique  et  la  rigueur  d'un 
hiver  prolongé,  il  a,  depuis  des  siècles,  pris  l'habitude  des  excur- 
sions lointaines.  Au  delà  des  horizons  qu'il  découvre  du  haut  de 
l'Aubrac  ou  du  Cantal  il  va,  pendant  l'hiver,  à  la  «  ressade  ^  ».  Du 
Languedoc  ou  de  laGatalogne,  il  reviendra  invariablement  à  l'été 
vers  sa  montagne,  apportant  le  fruit  du  travail  ou  de  l'aumône  et 
un  esprit  plus  audacieux. 

Ainsi,  malgré  les  difficultés  du  sol,  malgré  le  poids  de  la  vieille 
organisation  féodale,  le  Rouergat  se  fait  jour  peu  à  peu  vers  une 
existence  matérielle  meilleure.  Tout  entier  à  son  patient  effort 
séculaire,  il  ne  semble  pas  disposé  à  se  séparer  de  la  terre  des 
aïeux,  ni  prêt  à  maudire  ses  vieux  maîtres.  Toutefois,  cette  vaste 
enquête  faite  par  ses  «  pasteurs  »  indique  d'elle-même  un  besoin 
de  réformes  et  fait  pressentir  les  temps  nouveaux.  La  comparai- 
son de  cet  Etat  du  diocèse  et  des  Cahiers  des  Etats  généraux,  que 
la  Société  des  lettres  de  l'Aveyron  se  préoccupe  de  publier,  sera 
fort  instructive,  et  ce  ne  sera  pas  pour  M.  Lempereur  un  mince 
mérite  que  d'avoir  donné  à  l'historien  les  moyens  de  la  faire 
étendue  et  précise. 

Louis  RiGAL, 


1.  Voir  surtout  Agen,  p.  464.  «  Le  bien  public,  soit  de  la  relligion,  soit 
de  l'Etat,  soit  des  pauvi'es,  soit  des  riches...  soit  de  la  ville,  soit  de  la 
campagne,  se  trouve  réuni  dans  cette  iilature  w.  Elle  procurerait  du  travail 
à  la  plupart  des  cultivateurs  que  leurs  travaux  faissent  «  la  plus  grande 
partie  des  saisons  de  l'année  et  des  heures  du  jour  sans  occupation  »  et 
qui  «  s'adonnent  à  la  fainéantise  et  à  la  débauche  et  tombent  enfin  dans 
la  misère.»  Voir' aussi  Bessuéjouls,  p.  149;  Entraygues,  p.  135;  Rignac, 
p.  496;  Saint-Gyprien,  p.  153;  Sauveterre,  p.  480.  —  La  filature  du  coton  a 
été  introduite  en  quelques  endroits  :  Auriac,  p.  10'2  ;  Sahit-Chrisloplie, 
p.  04'2,  etc. 

2.  Voir  districts  de  Rodez  (Camboulas),  de  Saint-Geniès,  de  Sévérac,  etc. 

3.  Métier  de  scieur  de  long  :  La  Oapelle,  p.  137;  Cassuéjouls,  p.  186. 
Voir  aussi  les  districts  de  Pons  et  de  Mur-de-Barrez. 


REVUE  DES  PÉRIODIQUES 


PÉRIODIQUES  FRANÇAIS  MÉRIDIONAUX. 

Ardèche. 

Revue  dit  Vîvarais^  t.  XV.  1907. 

p.  9-13.  De  Montravel.  Montivert.  [Château  proche  do  l'église  de  Saint- 
André  des  Effangeas,  siège  autrefois  d'une  seigneurie.  B'amilles  nobles 
qui  la  possédèrent  :  les  Montagnec,  les  Chalendar,  etc.  Eenseignements 
généalogiques.]  —  P.  14-25.  F.  de  Charbonnel.  Notes  sur  Jean  de  Cha- 
lendar de  la  Motte,  syndic  général  du  Vivarais  (sic).  [En  1592  il  avait 
succédé,  comme  syndic  général  de  Languedoc  —  et  non  du  Vivarais  — 
à  son  frère  aîné,  successeur  lui-même  de  leur  père,  le  vieux  Guillaume 
de  la  Motte  (cf.  Rev.  du  Vivarais,  1904  et  1905).  Son  mariage,  dont  le 
contrat  est  publié;  ses  voyages  et  «  vacations  ».  Il  mourut  en  1640.]  — 
P.  34-9,  67-79,  200-7,  296-305,  379-88.  Abbé  Ciiaudouard.  Notes  sur  l'an- 
cien prieuré  des  Vans.  [Les  chapelles,  les  prêtres  et  prieurs,  les  revenus, 
qui  allaient  à  900  livres,  dont  3-400  payées  comme  portion  congrue  au 
vicaire  perpétuel  (1676).  Détails  sur  la  construction  de  l'église  actuelle 
et  du  presbytère,  à  partir  de  1625.  Quelques  textes.]  —  P.  49-52.  Benoît 
d'Entrevaux.  Le  cardinal  d'Aubenas.  [Pasteur,  d'Aubenas,  cardinal  en 
1350.  Portrait.]  —  P.  53-66.  A.  Mazon.  Les  Gamon  d'Annonay  (Notes 
complémentaires).  [Rectifications  et  additions  à  deux  précédentes  étu- 
des :  elles  concernent  en  particulier  Antoine  Gamon,  juge  de  Vivarais, 
t  1564,  et  Achille  Gamon,  membre  à  plusieurs  reprises  des  Etats  de 
Vivarais  (1563-1587),  protestant  modéré,  f  1597.]  —  P.  89-104,  180-99, 
242-51,  292-5.  De  Chalendar.  Le  président  de  La  Motte.  [Annet,  fils  de 
Jean,  1606-1686,  syndic  général  de  Languedoc  comme  son  père,  de  1626 
à  1642,  puis  président  au  Présidial  de  Valence.  Contrat  de  mariage  de 
sa  sœur  Marguerite,  1631  (p.  93).  Extraits  du  livre  de  raison  du  prési- 


416  ANNALES   DU    MIDI. 

dent  et  diverses  autres  pièces  :  missives,  testaments,  contrats.  Il  finit  sa 
vie  parmi  les  embarras  d'argent.  Sa  postérité  est  étudiée,  avec  le  même 
détail,  jusqu'à  Charles-Louis  de  la  Motte,  qui  fut  emprisonné  durant  la 
Terreur  et  s'évada  grâce  à  la  fille  du  geôlier,  qu'il  avait  séduite  et  qu'il 
épousa  en  1795.]  —  P.  105-25,  270-91,  328-12,  361-78.  D'  Fkancus.  Tour- 
non  au  XV'  siècle.  [Suite  des  Notes  sur  Townon  publiées  dans  la  même 
Revue  en  1906.  Représentation  de  Tournon  aux  Etats  de  Languedoc  et 
à  ceux  du  Vivarais.  Craintes  et  dépenses  causées  par  les  bandes  de  rou- 
tiers, dont  celle  de  «  Rodigo  »  (Rodrigue  de  Villandrando).  Différends 
du  seigneur,  Guillaume  V,  avec  ses  vassaux,  dont  le  procès  du  capita- 
nage  (1441-1447),  et  son  testament  (1463).  L'administration  municipale 
d'après  les  comptes,  conservés  pour  trois  périodes  :  1420-1448,  1459- 
1461  et  1491-1493.  Revenus  et  budget  de  la  ville.]  —  P.  126-36.  P.  Gouy. 
Notes  d'ethnographie  vivaroise.  [A  suivre.]  —  P.  137-47.  L.  Aurenche. 
Le  testament  de  M^''  de  la  Garde  de  Chambonas,  évèque  de  Viviers. 
[Texte,  du  18  janvier  1713.]  —  P.  148-58,  213-27.  Chanelosc.  [Pas  de  nom 
d'auteur.  Tour  et  terre  sises  sur  la  paroisse  de  Préaux,  au  mandement 
de  Seray,  propriété  de  la  famille  d'Iscrand,  issue  du  très  ancien  château 
de  ce  nom.  Travail  de  généalogie.]  —  P.  159-71,  228-41.  D'  Francus. 
Auguste  Broët,  député  de  l'Ardèche  à  l'Assemblée  Nationale  de  1871. 
[Saint-Simonien  repenti,  économiste,  monarchiste  constitutionnel,  il 
siégea  au  centre  gauche  de  l'assemblée  et  se  retira  de  la  politique  en 
1876.]  —  P.  172-9,  252-7.  L.  Rostaing.  Péages,  douanes,  impôts  en  Viva- 
rais au  xviii"  siècle.  [11  s'agit  en  particulier  de  droits  vexatoires  sur  le 
papier,  dont  la  fabrication,  grâce  aux  Montgolfier,  s'accroissait  en  Vi- 
varais; d'où  fraudes,  saisies,  procès;  ainsi  en  1764.  Texte  d'un  question- 
naire de  l'Intendant  du  commerce  au  sujet  de  la  perception  de  ces 
droits,  et  des  réponses  de  P.  Montgolfier.]  —  P.  261-9.  De  Montravel. 
Le  Bousquet.  [Château  sis  dans  la  paroisse  de  Saint-Laurent-du-Pape. 
Il  avait  de  longue  date  appartenu  aux  Maugiron,  du  Dauphiné.  La  mar- 
quise de  Vichet,  qui  habitait  dans  le  voisinage,  voulut  le  faire  acheter 
à  Chateaubriand,  objet  de  son  culte  (lettre  du  3  avril  1829).  Suivent  trois 
pièces  ^e  1671,  1744,  1750  sur  la  famille  de  Maugiron.]  —P.  309-13.  B.  E. 
La  découverte  archéologique  de  Lagorce.  [Faite  dans  un  champ.  Il  s'agit 
de  cinij  grandes  urnes  funéraires  en  terre  cuite,  contenant  des  am- 
phores de  verre,  où  étaient  renfermés  des  ossements  humains  calcinés, 
des  bijoux,  des  fioles  en  verre,  etc.,  le  tout  de  l'époque  gallo-roinaino.] 
— -  P.  314-27.  De  Montravel.  Les  Fontanès,  seigneurs  de  Prost,  Chemé, 
La  Valette  de  Pélussin,  Lussan,  Rochefort,  Gajan,  Le  Sauzay  et  Gré- 
zieu.  [Le  château  de  Chemé-  est  situé  aux  confins  du  Lyonnais.  Etude 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  417 

généalogique,  du  xv  au  xyiii»  siècles.]  —  P.  343-6.  H.  Vaschalde.  La 
peste,  de  1626  à  1629.  [A  Chassiers,  Aubenas,  Bourg-Saint- Andéol. 
Textes.]  —  P.  357-63.  A.  Bomniol.  Notes  sur  les  coseigneurs  de  Vallon 
aux  xiv«  et  xv  siècles.  —  P.  392-402,  427-49,  485-8.  L.  Aurenche.  Une 
tentative  d'établissement  d'un  collège  de  Jésuites  au  Bourg-Saint-Andéol 
(1607-1615).  [Provoquée  par  le  testament  de  Geneviève  de  Maroan,  solli- 
citée par  les  consuls,  la  venue  des  Jésuites  se  fit  attendre,  n'eut  pas 
lieu,  et  tout  finit  par  un  bon  procès,  fort  coûteux,  au  Parlement  de 
Toulouse.  Cet  article  composé  de  première  main,  avec  pièces  inédites, 
est  gâté  par  des  détails  inutiles  et  par  une  profusion  de  notes  qui  s'en- 
chevêtrent les  unes  dans  les  autres.]  —  P.  405-10,  534-9.  J.  Lemerle. 
Deux  Vivarois  abbés  de  La  Chaise-Dieu.  Pons  de  Tournon,  Pons  de 
Baudisner.  [L'un  de  1094  à  1112,  l'autre  de  1157  à  1169.  Pas  de  notes  et 
rien  de  nouveau,  semble-t-il.]  —  P.  420-6,  489-98,  527-33.  De  Montravel. 
Jalès,  commanderie  de  Malte.  [En  Bas-Vivarais.  Les  Templiers  en 
furent  les  premiers  possesseurs.  Listes  des  donations  c|ui  leur  furent 
faites,  depuis  1155;  des  commandeurs  de  l'ordre  de  Malte,  depuis  1430.] 
—  P.  453-71.  D''  Francus.  Tournon  du  temps  de  Jacques  II  (14G7-1501). 
[Renseignements  divers,  dont  les  plus  curieux  se  trouvent  dans  les 
comptes  du  syndic  Guillaume  Berthelay,  1490-1493.]  —  P.  472-84. 
L.  Rostainct.  Maîtres  et  compagnons  papetiers.  [Chez  les  Montgolfier, 
auxviii'  siècle,  et  en  Dauphiné.  I-es  patrons  avaient  à  lutter  contre  des 
associations  d'ouvriers  fort  ignorantes  et  tyranniques,  ennemies  des 
plus  utiles  innovations.  Texte  d'un  mémoire  des  Montgolfier  au  contrô- 
leur général.]  —  P.  501-25.  D""  Francus.  Tournon  au  commencement  du 
XVI*  siècle  (1501  à  1525).  [Importance  croissante  de  la  maison  de  Tour- 
non, à  qui  la  charge  de  bailli  du  Vivarais  fut  confiée  en  1498  et  resta 
jusqu'en  1644.  Just  de  Tournon,  qui  périt  à  la  bataille  de  Pavie,  avait 
été  lieutenant-général  en  Languedoc,  et  son  frère  Claude  fut  évêque  de 
Viviers.  Nombreux  détails  sur  les  Etats  de  Vivarais  et  sur  les  Etats 
généraux  de  Languedoc,  auxquels  ces  deux  personnages  ont  assisté  et 
présidé.  Texte  d'une  transaction  de  1513  entre  le  seigneur  et  les  habi- 
tants de  Tournon.  Passages  de  gens  d'armes.  Testament  de  Just,  de 
1523.]  —  P.  549-63.  B.  E.  Le  château  de  Gourdan  et  ses  possesseurs. 
[Près  d'Annonay;  date  seulement  du  xviii»  siècle;  beau  et  somptueux 
monument,  entouré  d'un  parc  grandiose.]  —  P.  564-84.  D"'  Francus. 
Notes  historiques  sur  Tournon  depuis  la  mort  de  Just  I"  jusqu'aux 
guerres  religieuses.  [A  suivre.]  —  P.  58.5-98.  A.  Roche.  La  famille  de 
Chabreul.  [Depuis  le  xvi»  siècle.  Famille  bourgeoise  de  Tournon.] 

P.  D. 


418  ANNALES   DU   MIDI. 

Aude. 

Mémoires  de  la  Société  des  arts  et  des  sciences  de  Car- 
cassonne,  2®  série,  t.  II,  1906. 

P.  1-208.  A.  Cros-Mayrevieille.  Mémoire  touchant  les  familles  les  plus 
anciennes  de  la  ville  de  Carcassonne.  [Publication  d'un  manuscrit  ap- 
partenant à  l'auteur  de  l'article.  Ce  mémoire  anonyme  a  été  rédigé  pro- 
bablement par  un  notaire  ou  d'après  des  minutes  notariales;  il  est  pos- 
térieur à  1651.  Il  avait  été  partiellement  utilisé  déjà  par  le  P.  Bouges 
dans  sa  très  rare  Histoire  de  Carcassonne.  et  par  Viguerie  dans  ses 
Annales  de  l'ancien  diocèse  de  Carcassonne,  restées  en  manuscrit  à 
la  bibliothèque  de  la  ville;  Mahul  enfin  l'avait  connu  et  cité.  Il  est 
publié  ici  in  extenso  et  suivi  d'une  table  des  78  familles  étudiées  et 
d'une  table  des  noms  cités.]  —  P.  209-26.  Ed.  Baichère.  La  reddition 
du  lieu  de  Monthault  (Aude)  par  les  religionnaires.  [Courte  notice  et 
publication  du  i-apport  fait  au  duc  de  Montmorency  par  le  capitaine 
Michel,  qui  avait  obtenu  au  moyen  de  négociations  et  d'argent  la  sou- 
mission d'une  troupe  de  religionnaires,  3-26  octobre  1583.] 

T.  III,  1907. 

P.  24-35.  C.  Rénaux.  Le  port  de  La  Nouvelle.  [Analyse  d'une  notice  de 
M.  M.  Bouffet,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  parue  dans 
l'Atlas  des  ports  maritimes  de  France,  du  Ministère  des  Travaux 
publics,  n"  118.  Outre  des  renseignements  géographiques  et  hydrogra- 
phiques sur  le  port  actuel  de  La  Nouvelle,  on  y  trouve  un  aper<;ix  sur 
l'histoire  du  port  de  Narbonne  et  l'utilisation  des  divers  graus;  ce  n'est 
qu'à  partir  du  xiv  siècle  probablement  que  le  commerce  a  recouru  au 
grau  le  plus  méridional,  celui  de  La  Nouvelle.  Histoire  de  la  Robine. 
Le  projet  d'un  nouveau  port  de  Narbonne,  la  description  détaillée  des 
ouvrages  du  port  actuel  de  La  Nouvelle  sortent  de  notre  domaine.]  — 
P.  36-48.  Pébernard.  La  fête  des  moissons  sous  l'ancien  régime  dans 
la  viguerie  de  Cabaret.  [Exposé  des  réjouissances  populaires  la  veille  et 
le  jour  de  la  Saint-Jean.]  —  P.  49-52.  Ed.  Baichère.  Note  sur  les  or- 
donnances de  Ms''  de  Grignan,  évèque  de  l'ancien  diocèse  de  Carcas- 
sonne, années  1684  et  1686.  [A  l'occasion  de  ses  visites,  l'évêque  faisait 
des  remarques  sur  l'ameublement  des  églises  et  indiquait  les  modifica- 
tions à  apporter  aux  tableaux,  statues,  reliquaires,  etc.  Ces  ordonnan- 
ces présentent  donc  un  certain  intérêt  pour  les  archéologues.]  —  P.  53-8. 
J.-P.  Andrieu.  Règlement  de  difi'érends  entre  les  coseigneurs  et  les 
consuls  de  Bram  en  1330.  [Sentence  arbitrale  relative  au  droit  de  nom- 


PERIODIQUES   MERIDIONAUX.  419 

mer  le  crieur  public,  d'instituer  un  peseur  public,  de  surveiller  et  taxer 
les  boucheries,  vérifier  les  mesures.]  —  P.  59-74.  Ed.  Baichére.  Requête 
présentée  au  roi  de  France  Henri  III  par  les  habitants  d'Azille  pour  le 
rachat  de  leur  village.  [Mémoire  rédigé  pour  faire  annuler  l'adjudication 
de  la  terre  d'Azille,  partie  du  domaine  royal  en  1577,  vendue  au  sieur 
François  de  la  Jugie,  seigneur  de  Rieux.]  —  P.  75-200.  Ed.  Baichére. 
Catalogue  des  médailles  romaines  impériales  trouvées  dans  le  départe- 
ment de  l'Aude  et  conservées  pour  la  plupart  au  musée  de  Carcassonne. 
[Note  sur  la  formation  de  ce  médaillier  et  description  des  médailles, 
avec  une  table  des  noms  de  lieux  où  elles  ont  été  trouvées.  Il  s'y  ajoute 
quelques  médailles  byzantines.]  —  P.  201-15.  B.  Rathgen.  Notes  sur  la 
cité  de  Carcassonne.  [Après  quelques  remarques  sur  la  double  enceinte 
du  xiip  siècle,  vient  une  étude  minutieuse  de  tous  les  points  de  l'en- 
ceinte intérieure  où  apparaissent  des  vestiges  de  la  fortification  ro- 
maine. L'auteur  souhaite  l'établissement,  à  l'intérieur  de  cette  enceinte, 
d'un  chemin  circulaire  à  la  hauteur  du  sol  primitif.]  —  P.  216-9. 
A.  Cros-Mayrevieille.  Noté  sur  l'inscription  de  Caïus  Julius  Niger. 
[Cette  inscription  figure  au  Musée  central  de  Mayence  et  provient  de  la 
tombe  d'un  soldat  de  la  legio  seciinda  Augusta,  originaire  de  Carcas- 
sonne.] —  P.  220-35.  J.  DoiNEL.  Courte  notice  documentaire  sur  le  der- 
nier évèque  d'Alet.  [Il  s'agit  de  Chai'les  de  la  Cropte  de  Chanterac, 
évêque  d'Alet  en  1763,  émigré  en  1792  et  mort  en  Espagne  en  1793. 
La  notice  se  rapporte  à  l'époque  révolutionnaire;  elle  est  suivie  de 
l'inventaire  des  meubles  et  efi"ets  trouvés  à  l'évèché  en  1792.]       L.  D. 

Drôme. 

Bulletin  de  la  Société  d'archéologie  et  de  statistique  de 
la  Drôme,  t.  XLI,  1907. 

P.  5-93,  129-60.  M.  Villard.  Maison  des  tètes  et  monuments  de  la  Renais- 
sance à  Valence.  [Suite  et  lin.  Description  d'un  bel  hôtel  Renaissance, 
orné  de  tèles  sur  les  façades  et  dans  le  corridor,  qui  date  de  1532  et  eut 
pour  constructeur-propriétaire  Antoine  de  Dorne,  professeur  de  l'Uni- 
versité. L'auteur  fait  l'histoire  des  propriétaires  successifs.  Un  autre 
monument,  le  Pendentif,  qui  doit  son  nom  à  la  forme  de  la  voûte  et 
qui  est  un  carré  parfait  de  7  mètres  de  haut  et  de  5  m.  30  de  côté,  fut 
construit  par  Nicolas  de  Mistral,  chanoine  de  Valence,  en  1548,  pour 
être  son  tombeau.  Après  être  devenu  successivement  bûcher,  cave  d'un 
cafetier,  il  fut  acquis  et  restauré  par  la  ville  en  1839.]  —  P.  54-60.  L.  Au- 
RENCHE.  Notes  sur  quelques  membres  de  la  famille  Eymard  de  Pierre- 


420  ANNALES   DU    MIDI. 

latte.  [Suite  et  fin.]  —  P.  61-76.  Ch.-F.  Bellet.  Notice  sur  l'abbé  Cha- 
lieu.  [Savant  dauphinois  (1733-18U8),  apprécié  pour  ses  connaissances 
épigraphiques  et  historiques  en  ce  qui  concerne  la  Drôme.]  —  P.  77-90, 
202-19,  279-88,  353-66.  R.  V.  C. Population  des  taillabilités  du  Dauphiné 
en  1698  et  en  1705.  [Suite  et  à  suivre.  Analyse  de  deux  mémoires  sur  la 
population  dauphinoise  à  ces  deux  dates  très  précieuse  pour  les  études 
de  statistique  locale;  permet  d'établir  des  points  de  comparaison  entre 
la  population  sous  l'ancien  régime  et  de  nos  jours.]  —  P.  91-106,  176-86, 
319-27,  378-96.  Dom  Germain  Maillet-Guy.  Les  origines  de  Saint-An- 
toine (Isère).  [A  suivre.  L'auteur  reprend  l'interprétation  des  textes  qui 
ont  servi  à  Falco  pour  son  Anto>iianœ  historiée  compendium,  Lug- 
duni,  1.534.  Donation  faite,  en  1083,  aux  Bénédictins  de  Montmajour. 
Le  seigneur  Jocelin  à  qui  aurait  été  remis  le  corps  de  saint  Antoine,  se- 
rait Geilon  ou  Gellin  II,  de  la  famille  des  premiers  comtes  de  Valenti- 
nois;  liste  des  premiers  prieurs  de  Saint-Antoine;  bulle  de  consécration 
de  l'église  par  Calixte  II,  en  1119;  en  1297,  Boniface  VIII  transfère  aux 
Hospitaliers  le  prieuré  de  Saint-Antoine.J  —  P.  114-28,  241-57.  Ch.-F. 
Bellet.  Notice  sur  Pierre  de  Chalus,  abbé  de  Gluny  (1320-1342)  et  évê- 
que  de  Valence  (1342-1352).  [Originaire  du  château  de  Chalus,  en  Li- 
mousin, il  est  connu  pour  la  lutte  qu'il  eut  à  soutenir  contre  Aymar  de 
Poitiers,  comte  de  Valentinois.  A  sa  mort,  il  laissa  une  belle  collection  de 
livres,  statues  et  objets  d'art  religieux,  dont  on  possède  deux  inventai- 
i-es.]  —  P.  161-75,  305-18,  367-77.  H.  de  Terrebasse.  Chàteauneuf-de- 
Mazenc  (1769-1903).  [Histoire  de  cette  baronnie  et  des  propriétaires  suc- 
cessifs du  château  depuis  sa  mise  en  vente  par  M.  de  Piolenc  de  Thoury 
(1769,  M.  de  Ravel,  état  descriptif;  1816,  le  comte  d'Albignac;  1861, 
M.  Imberton  de  Pont-Saint-Esprit;   1863,  le  baron  de  Vissac;  1903, 
M.  Emile  Loubet,  acquéreur  au  prix  do  300.000  francs).]  —P.  187-201. 
Ch.-F.  Bellet.  L'invasion  de  1814  à  Tain,  d'après  le  registre  des  délibé- 
rations du  conseil  municipal.  —  P.  220-9,  299-301,  429-38.  A.  Lacroix. 
Le  tramway  de  Valence  à  Crest.  [A  suivre.  Description  historique  et 
pittoresque  des  bourgs  traversés.]  —  P.  258-78.  J.  Chevalier.  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  des  comtes  de  Valentinois  et  Diois.  [Suite  et  lin 
de  cet  important  travail,  analysé  dans  les  précédents  volumes  des  An- 
nales du  Midi.  Fin  de  l'histoire  de  l'abbaye  de  Saint-Ruf.  sécularisée  en 
1771-1774.  Le  titre  de  duc  de  Valentinois  continue  d'être  porté  par  le  fils 
aîné  du  prince  de  Monaco.]  —  P.  328-30.  Ch.-F.  Bellet.  Trouvailles 
numismatiques  faites  à  Croze  et  à  Tain  en  1907.  [Un  aureus  d'or  de 
Valentinien  I"  et  une  médaille  en  argent  avec  profil  de  femme  et  un 
nom  :   Lucille.]  —    P.  331-45,   397-415.  A.   Beretta.  Toponymie  de  la 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  421 

Drônie.  Dictionnaire  étymologi(|ue  des  comnaunes,  rivières,  monta- 
gnes, etc.,  du  département.  [A  suivre.  Cherche  à  expliquer  par  le  celti- 
que l'étymologie  de  quelques  noms  de  lieux  :  Tancoat  (quartier  de  la 
commune  de  Peyrins)  vient  do  tcai  (chêne)  et  coat  (bois);  Jouvancy 
(depuis  Saint-Donat),  Monjoux  et  Fanjoux  viennent  de  jou  ou  foux 
(sapin)  et  non  de  Joois  (Jupiter);  Pontaix  et  Allex  ont  incorporé  le  mot 
aïss  ou  eisse  (source),  qu'on  retrouve  dans  Alise-Sainte-Reine,  Alaïse,  etc.] 

—  P.  416-28.  A.  LA.CR0IX.  La  Drôme  monumentale  et  pittoresque.  Liste 
par  cantons  et  communes  des  sites  et  monuments  curieux  du  Dauphiné. 

—  P.  439-56.  Abbé  Feillet.  Histoire  du  diocèse  de  Saint-Paul-Trois- 
Cliâteaux.  Préambule  géologique.  [A  suivre.]  0.  N. 

Gard. 

I.  Bulletin  du  Comité  de  l'Art  chrétien,   t.  IX,  n»  57, 
1907. 

P.  5-16.  R.  DE  Courtois  de  Pélissier.  La  chapelle  Saint-Jacques-le-Ma- 
jeur,  en  l'église  Saint-Jean  d'Alais  (1319-1791).  [C'est  la  chapelle  actuelle 
de  la  Vierge,  que  l'on  voit  à  gauche,  en  entrant  par  la  grande  porte  de 
l'ancienne  cathédrale.  On  plaida  beaucoup  et  on  dévora  beaucoup  d'ar- 
gent au  sujet  du  patronat  de  la  chapelle  Saint-Jacques.  Mais,  sans  l'in- 
curable esprit  de  cliicane  des  gens  du  moyen  âge  et  de  l'ancien  régime, 
que  seraient  devenues  les  innombrables  juridictions  qui  vivaient  de  la 
sottise  publique?]—  P.  17-64.  C.  Nicolas.  La  Réforme  à  Saint-Gilles, 
depuis  ses  débuts  jusqu'à  nos  jours  (1545-1900).  [La  sécularisation  de 
l'abbaye  bénédictine  de  Saint-Gilles,  en  1588,  favorisa  la  Réforme  dans 
la  ville.  De  1549  à  1551,  quatre  membres  du  chapitre  se  marièrent.  Ber- 
nard Arnaldi,  maître-écolier  à  Saint-Gilles,  ministre  de  la  parole  de 
Dieu,  empêcha  la  procession  publique  du  l'"'  septembre  en  1560,  en  me- 
naçant de  s'emparer  des  reliques  de  saint  Gilles.  Là  procession  dut  res- 
ter à  l'intérieur  de  l'église  et  du  couvent.  L'auteur,  familier  avec  les 
documents  d'archives,  trace  un  intéressant  récit  des  événements  qui 
suivirent  ces  débuts  et  où  trop  souvent  le  sang  coula.  Son  travail  se  con- 
tinuera dans  la  livraison  suivante.]  E.  B. 

II.  Revue  du  Midi,  1907. 

N°  1.  P.  5-22.  G.  Maurin.  L'instruction  publique  sous  le  Premier  Empire. 
[Suite.  Se  termine  au  n°  6,  p.  333-52.  Les  recteurs  n'étaient  que  les 
agents  d'exécution;  le  corps  enseignant,  que  l'armée  disciplinée  d'une 
pensée  éminemment  centralisatrice.  Le  recteur  Tédenat  se  plaignait,  de 
Nimes,  à  son  ministre,  qu'on  le  pressât  d'exécuter  des  règlements  sans 


422  ANNALES   DU   MIDI. 

lui  en  donner  les  moyens.  Il  va  sans  dire  qu'on  ne  lui  demandait  pas 
son  avis.  Si  étroite  que  fût  la  sujétion  de  l'Université  vis-à-vis  du  grand- 
maître,  celle-ci  était  indépendante  de  l'autorité  administrative.  Les  pré- 
fets cherchèrent  sans  succès  à  s'immiscer  dans  les  questions  universi- 
taires. La  tension  des  rapports  entre  le  recteur  et  les  préfets  s'accen- 
tuait dès  qu'on  se  rencontrait  pour  une  affaire  donnée.  En  1812,  le 
lycée  de  Nimes  était  prospère,  au  contraire  de  celui  d'Avignon.  Les 
désastres  de  l'Empire  troublent  l'œuvre  d'enseignement  sans  l'inter- 
rompre. Après  les  lycées,  M.  M.  étudie  les  écoles  secondaires  ou  collè- 
ges, les  écoles  ecclésiastiques  et  l'enseignement  primaire.  L'établisse- 
ment du  monopole  de  l'Université  mit  les  pensionnats  privés  dans  une 
situation  très  dépendante.  A  Nimes,  le  préfet  D'Alphonse,  tandis  qu'il 
refusait  obstinément  de  paraître  aux  cérémonies  officielles  universitai- 
res, présidait  la  distribution  de  prix  de  l'institution  de  M.  Roman. 
Comme  les  évoques  pouvaient  présenter  les  aspirants  ecclésiastiques 
susceptibles  d'être  exemptés  du  service  militaire,  ils  enlevèrent  aux  éta- 
blissements universitaires  le  plus  d'élèves  qu'ils  purent.  Tédenat  eut,  à 
ce  sujet,  de  grandes  difficultés  avec  les  évêques  de  Mende  et  d'Avignon. 
L'enseignement  primaire  fut  péniblement  ébauché  par  Tédenat,  puis 
ruiné  par  les  revers  de  la  France.  La  conclusion  de  cet  important  travail 
est  que  l'esprit  universitaire,  né  sous  l'Empire,  devait  lui  survivre.]  — 
P.  23-43.  L.  Bascoul.  Petites  études  d'un  ignorant  :  le  comte  de  Tressan. 
[Suite.  Se  continue  dans  le  n"  2,  p.  77-111,  et  se  termine  dans  le  n"  3, 
p.  141-57.  Boufflers  compara  Tressan  à  une  guêpe  qui  se  noie  dans  le 
miel.  Le  courtisan  caustique,  bien  oublié  aujourd'hui,  mourut  à 
soixante-dix-huit  ans,  en  1788,  des  suites  d'un  accident  de  voiture.  Son 
fauteuil  échut  à  Bailly,  son  concurrent  détesté  de  l'année  précédente.] 

N°  2.  P.  123-33.  H.  Jacqmin.  Les  Tribunaux  révolutionnaires  en  Provence. 
[Se  continue  dans  les  n°^  3,  p.  158-73;  4,  p.  244-60;  6,  p.  370-90,  et  se 
termine  dans  le  n"  12,  p.  727-52.  L'auteur  étudie  successivement,  dans 
les  Bouches-du-Rhône,  la  première  organisation  judiciaire,  le  Tribunal 
populaire,  le  Tribunal  révolutionnaire,  la  Commission  militaire  qui  le 
remplaça,  le  Tribunal  révolutionnaire  rétabli  ;  puis,  en  Vaucluse,  le 
Tribunal  criminel  de  Vaucluse,  la  Commission  populaire  d'Orange.  Il 
s'occupe  ensuite  des  Commissions  militaires  et  du  Tribunal  criminel 
des  Bouches-du-Rhône  après  le  9  thermidor  et  pendant  le  Directoire. 
Ce  consciencieux  travail  est  fait  d'après  les  archives  du  Palais  de  jus- 
tice d'Aix.] 

N°  5.  P.  289-92.  L.  d'Albioussk.  Les  liefs  nobles  du  château  ducal  d'Uzès. 
[Introduction.] 


PERIODIQUES   MERIDIONAUX.  423 

N»  7.  P.  415-36.  A.  Pieyre.  La  question  des  eaux  de  Nimes,  étude  histo- 
rique. —  P.  -437-58.  G.  Maurin.  La  Commission  militaire  spéciale  du 
Gard  sous  le  Consulat.  [Elle  finit  par  réprimer  le  brigandage,  devenu, 
l'an  VllI  et  les  premiers  mois  de  l'an  IX,  extrêmement  alarmant.  Le 
pillage  des  caisses  publiques,  l'enlèvement  des  courriers  des  malles- 
postes,  l'embauchage  et  la  protection  des  conscrits  réfractaires,  la  mise 
à  rançon  régulière  des  acquéreurs  des  biens  nationaux,  se  produisirent 
dans  le  Gard  comme  dans  le  reste  de  la  France.] 

N"  8.  P.  461-95.  M.  Jouve  et  M.  Giraud-Mangin.  Correspondance  intime 
du  conventionnel  Eovère  après  la  Terreur.  [Se  continue  dans  les  n"^  9, 
p.  533-73;  10,  p.  597-642;  11,  p.  661-705.  Une  excellente  introduction 
expose  l'histoire  du  milieu  vauclusien,  que  le  délire  terroriste  avait  par- 
ticulièrement dévasté,  et  d'où  lo  conventionnel  Goupilleau  (de  Montaigu) 
écrira  la  plupart  de  ses  lettres  à  son  collègue  Rovère,  député  de  Vau- 
cluse.  Dans  cette  intéressante  correspondance,  Rovère  donne  des  ren- 
seignements sur  les  événements  de  Paris,  et  Goupilleau  sur  les  résul- 
tats de  sa  mission  dans  le  Midi.  11  personnifia  le  bon  sens  et  l'humanité 
dans  des  conjonctures  difficiles,  où   les  passions  grondaient  toujours.] 

N»  10.  P.  643-58.  H.  Roux.  Le  chevalier  d'Assas,  étude  historique.  [L'au- 
teur établit  que  les  versions  de  Voltaire,  de  Rochambeau,  d'Arman  et 
de  Lombard  de  Langres  ne  concordent  pas  sur  le  véritable  auteur  du 
cri  héroïque  :  «  Auvergne,  à  moi,  ce  sont  les  ennemis!  »  D'après  Lom- 
bard, ce  fut  le  sergent  Dubois  qui  cria  et  tomba  mort  sur  le  champ. 
D'Assas,  comme  on  le  transportait  au  camp,  eut  encore  le  temps  de 
faire  cet  aveu  sublime  :  «  Enfants,  ce  n'est  pas  moi,  c'est  Dubois  qui  a 
crié.  »  11  y  a  encore  la  version  qui  s'est  conservée  dans  la  famille  Delon, 
des  Cévennes.  M.  de  Riguerie,  l'un  de  ses  ascendants,  était,  comme  son 
compatriote  et  ami  d'Assas,  capitaine  au  régiment  d'Auvergne.  Dans 
la  nuit  du  15  au  16  octobre  1760,  tous  deux  s'étant  éloignés  des  retran- 
chements furent  assaillis  à  l'improviste  par  les  ennemis.  Riguerie  aurait 
crié,  comme  d'Assas  :  «  A  moi  d'Auvergne!  »  L'histoire  a  fixé  la  gloire 
de  Clostercamp  sur  d'Assas  et  elle  y  restera.]  E.  B. 

Garonne  (Haute-). 

I.  Recueil  de  l'Académie  de  législation  de  Toulouse^ 
2«série,t.  III,  1907. 

p.  201-19.  L.  ViÉ.  Les  origines  de  la  bibliothèque  de  l'Université  de  Tou- 
louse. [Fonds  de  l'ancienne  Université  ;  création  des  bibliothèques  de 
Facultés,  de  1822  à  1854  ;  la  bibliothèque  académique  (1855)  et  l'organi- 


424  ANNALES    DU    MIDI. 

sation  actuelle  (1879).]  —  P.  220-48.  R.  Gadave.  Les  incunables  et  édi- 
tions anciennes  de  la  bibliothèque  de  l'Université  de  Toulouse.  [Descrip- 
tion bibliographique  des  ouvrages  imprimés  jusqu'en  1520  inclusive- 
ment qui  se  trouvent  à  la  bibliothèque  de  l'Université.] 

II.  Revue  de  Comminges,  t.  XXII,  1907. 

p.  22-6.  P.  Adoue.  Transaction  entre  Roger  d'Espagne,  baron  de  Mon- 
tespan,  et  les  consuls  de  Montrèal-de-Rivière  (1534).  [Texte.]  —  P.  27-35. 
J.  Beffeyte.  Une  église  de  village  sous  le  Concordat.  [His,  arrondis- 
sement de  Saint-Gaudens.]  —  P.  36-43,  76-95,  121-44,  189-208.  J.  Les- 
TRAPE.  Un  curieux  groupe  d'évèques  commingeois.  [Suite.]  —  P.  44-51. 
L..ViÉ.  Un  épisode  de  l'histoire  du  Fousseret  :  la  réformation  de  1530. 
[Avec  une  liste  des  noms  de  lieu  relevés  dans  les  procès-verbaux  de  re- 
connaissances.] —  P.  52-60.  J.  Dedieu.  Une  organisation  municipale 
au  XVII'  siècle.  Statuts  de  la  ville  de  Rieux  élaborés  en  1601.  [Texte 
d'une  délibération  du  Conseil  de  cette  ville  du  13  juin  1601.]  —  P.  66-75. 
L.  ViÉ.  Le  Fousseret  à  la  tin  du  xviii»  siècle.  [Etude  historique  sur 
cette  localité  pendant  les  années  1780  à  1793.]  —  P.  96-106,  145-57,  225- 
40.  M.  GouRDON.  Les  tours  à  signaux  ou  tours  de  guet  dans  le  haut 
comté  de  Comminges.  [Suite  et  à  suivre.]  —  P.  107-13.  E.  Espagnat. 
Hyacinthe  Sermet  à  Cazères-sur-Garonne.  [Notes  sur  son  séjour  dans 
cette  ville  de  vendémiaire  an  IV  à  vendémiaire  an  V.]  —  P.  162-8. 
D'  Soubde.  Un  médecin,  du  Comminges  à  la  fin  du  xviii'  siècle  :  Fran- 
çois Pointis,  maître  en  chirurgie  (1741-1835).  [Etude  biographique,  avec 
un  fac-similé  de  lettres  patentes  de  maître  en  chirurgie;  l'auteur  fait 
aussi  connaître  l'organisation  du  Collège  royal  de  chirurgie  de  Paris  et 
de  l'Ecole  de  chirurgie  de  Toulouse  vers  1765.]  —  P.  169-84,  209-24. 
M.  Desjardins.  Le  général  Guillaume  Pégot  (1773-1858).  [Ses  origines, 
son  rôle  à  l'armée  des  Pyrénées-Orientales,  puis  contre  les  insurgés  de 
l'an  VIII,  etc.  A  suivre.]  —  P.  243-49.  J.  Lestrade.  Travaux  effectués  à 
l'église  Saint- Jacques  de  M-uret  (1473-1612).  L.  V. 

Gers. 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Gers,  8«  année, 
1907. 

P.  13-37,  101-23.  L.  Puecii.  Un  aventurier  gascon  :  Paul-Emile  Soubiran. 
[11  a  été  rendu  compte  de  ce  travail  publié  à  part.  V.  plus  haut,  p.  310. 
M.  L.  P.  n'est  pas  procureur  de  la  République,  mais  professeur  à 
l'école  normale  d'Auch.]  —  P.  38-64,   154-67,  355-60.  P.  Bénétrix.  Un 


PÉRIODIQUES   MERIDIONAUX.  425 

collège  de  province  sous  la  Renaissance.  Les  origines  du  collège  d'Auch. 
[Suite  et  à  suivre.  Deux  appendices  dont  le  second,  à  suivre,  est  très 
intéressant.]  —  P.  65-70.  Ch.  Palanque.  La  Franc-Maçonnerie  ausci- 
taine  au  xviii«  siècle.  [Figures  représentant  le  sceau  et  la  vignette  des 
brevets.]  —  P.  71-81.  Abbé  Dambielle.  La  sorcellerie  en  Gascogne. 
[Pourrait  s'intituler  :  Les  superstitions.]  —  P.  82-7,  256-8.-  L.  Ma- 
zÉRET.  Les  âges  de  la  pierre  dans  le  Gers.  [Suite  et  à  suivre.]  — 
P.  124-37.  Abbé  Broconat.  Le  cardinal  Arnaud  d'Aux.  —  P.  138-45. 
Mastron.  Le  comte  Guillaume  du  Barry,  seigneur  de  Roquelaure. 
[M.  M.  ferait  bien  de  lire  les  quelques  pages  consacrées  à  la  famille 
Dubarry  par  M.  Duboul  dans  La  fin  du  Parlement  de  Toulouse. 
Cela  rectifierait  ses  idées.  Le  nom  de  Dubarry  est  porté  par  un  grand 
nombre  de  familles  des  environs  de  Léguevin,  Lévignac  et  l'Isle-Jour- 
dain.  Il  n'est  même  pas  utile  d'aller  en  Normandie  ni  même  dans  les 
Landes  en  chercher  l'origine.]  —  P.  146-53.  Miégeville.  Etude  histo- 
rique sur  les  haras  du  département  du  Gers.  [Suite  et  à  suivre.]  — 
P.  168-71.  Ch.  Palanque.  Cloches  des  commanderies  de  la  Cavalerie  et 
de  l'Hôpital.  —  P.  171-92,  209-30.  D'  de  Sardac.  Etude  sur  l'Assistance 
publique  à  Lectoure,  aux  xv%  xvi'  et  xvii'  siècles.  [Travail  des  plus 
intéressants.] —  P.  193-7.  Ch.  Palanque.  Un  buste  de  Sénèque  trouvé 
à  Auch,  déposé  au  musée  du  Louvre  à  Paris.  —  P.  197-200.  La  com- 
pagnie de  M.  de  Puységur.  [Note  anonyme  :  publie  l'état  des  soldats 
composant  la  compagnie  de  Joseph  de  Chastenet  de  Puységur,  seigneur 
de  la  Grange,  frère  de  l'auteur  des  «  Mémoires  »,  fait  devant  Brisach 
en  1667.  Intéressant.]  —  P.  2.31-9.  Ph.  Lauzun.  M.  d'Anterroches,  der- 
nier évêque  de  Condom.  [D'après  une  publication  récente  de  M.  de 
Dienne.]  —  P.  240-9.  Ch.  Samaran.  La  justice  consulaire  au  xiv"^  siè- 
cle à  Villecontal-de-Pardiac.  [Texte  incomplet  de  coutumes  datées  du 
9  avril  1337,  très  bien  exposé  et  traduit.]  —  P.  250-5.  Ch.  Palanque. 
La  châsse  de  Sarrant  (xv«  siècle).  [Planche.  Coffret  en  cuivre  rouge  sans 
valeur  autre  que  son  ancienneté].  —  P.  259-78,  325-42.  Lettres  du  pré- 
sident et  de  la  présidente  Niquet,  seigneur  et  dame  de  Roquefort, 
1772-1778.  [P.  264,  il  n'y  a  jamais  eu  à  Toulouse  un  premier  prési- 
dent nommé  Pegueiroles.  P.  331,  n.  1 ,  il  faut  écrire  Mac  Arty  et  non 
Marc.  P.  326,  1.  1,  il  faut  lire  reddo.  Il  s'agit  de  la  redde  des  prison- 
niers, etc.,  etc.]  —  P.  279-87.  A.  liAVERGNE.  Excursion  des  30  avril  et 
1"  mai  1907  en  Astarac  et  en  Comminges.  [A  suivre.  Notice  succincte 
et  complète  sur  l'abbaye  et  la  ville  de  Gimont.]  —  P.  289-.324.  Abbé 
Lagleize.  Fleurance  sous  la  domination  féodale  des  sires  d'Albret.  — 
P.  324.  Lettre  d'un  conscrit  de  l'an  IL  —  P.  343-5.  La  chaire  de  la 

ANNALES  DU   MIDI.   —   XX  28 


426  ANNALES   DU   MIDI. 

cathédrale  d'Auch.  [Planche.]  —  P.  345.  Un  enterrenientau  xmw  siè- 
cle. [ELat  ou  honneurs  funèbres  de  M""  de  Liippé,  née  Françoise- 
Sidonie  Colbert.  Pas  d'indication  du  lieu  où  eurent  lieu  ces  obsèques, 
qui  coûtèrent  70  livres  3  sou$  6  deniers.]  A.  V. 

Gironde. 

Bulletin  italien,   t.   IV,   1904.   Néant.  —  T.    V,  1905. 
Néant.  —T.  VI,  1906.  Néant.  L.  D. 

Isère. 

Revue  épigraphique,  t.  V,  1906-1907. 

Juillet-sept.  1906.  N°  1638.  Inscription  tumulaire  trouvée,  en  1905,  à  Tou- 
rette-Lavens  (Alpes-Maritimes).  [M.  Espèrandieu  note  que  Eraco,  Eni- 
■>nanuus,  sont  des  noms  gaulois  sans  autre  exemple,  et  que  Vectinia 
paraît  être  un  gentilice.  L'archaïsme  filieis  et  d'autres  circonstances 
permettent  de  faire  remonter  l'inscription  à  Aiiguste.]  —  N"  1639.  Petit 
autel  conservé  au  château  de  Colombier,  près  de  Vaison  (Vaucluse). 
[Inscription  fautive  en  l'honneur  d'une  divinité  dont  l'initiale  M  est 
seule  donnée.]  —  N"  1610.  Tablette  de  marbre  découverte  à  Apt  (Vau- 
cluse) et  consacrée  au  chrétien  Priscus.  [Mention  d'une  iv^  indic- 
tion. Graphies  maetnoriae,  circeter.]  —  N"  1641.  Petite  base  conservée 
au  théâtre  rustique  d'Orange.  [La  divinité  que  représentait  la  statuette 
surmontant  probablement  la  base  n'est  désignée  que  par  le  mot  dea.] 

—  N"'  1642  à  1652.  Inscriptions  découvertes  à  AUan  (Drôme),  vers  1880. 
[Niger,  esclave  de  Silus,  chargé  de  la  cave  et  des  provisions  de  quelque 
grand  domaine,  cellarius,  a  fait  bâtir  un  temple  aux  Mères  victorieu- 
ses, Matris  victricibus,  et  ces  diverses  inscriptions  témoignent  de  sa 
dévotion  envers  elles.  Les  textes  sont  fragmentaires.  M.  E.  rapproche 
de  ces  Mères  victorieuses,  qu'il  pense  sans  autre  exemple,  les  mots 
Fatis  victricibus  de  certaines  monnaies  de  Dioclétien  et  de  Maximien 
HerQule.  Le  gentilice  Satrius  est  fort  rare.]  —  N"  1655.  Autel  découvert 
à  Serviers-et-Labaume  (Gard).  —  [Tincorix,  nom  gaulois  nouveau.  La 
déesse  Segoina)i>ia,  probablement  une  source,  est  sans  autre  exemple.] 

—  N»  16.56.  Fragment  de  stèle  provenant  de  Moussac  (Gard).  [Atullus 
est  la  forme  latine  du  nom  gaulois  Atidlos,  sans  autre  exemple  qu'une 
légende  monétaire.]  —  N»  1657.  Stèle  provenant  de  Combas  (Gard). 
\Uppiritio,  nom  gaulois  nouveau.]  —  N»  1658.  Epitaphe  d'affranchis, 
en  trois  blocs,  découverte  à  Béziers  en  1904.  [Inscription  peu  claire.  Le 
surnom  Aucta  est  assez  fréquent  dans  la  région  de  Narbonne.  Le  sur- 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  427 

nom  Dapsilis,  d'origine  grecque,  indique  la  condition  servile  primitive 
du  patron  qui  le  portait.  Rareté  du  surnom  Félix  comme  désignation 
servile  féminine.]  —  P.  191-2.  Dieux  de  la  Gaule,  par  A.  Allmer.  Autel 
trouvé  à  Nimes.  aujourd'hui  au  Musée  de  Lyon.  [La  fontaine  Ura,  c'est 
la  fontaine  d'Eure,  naissant  tout  près  d'Uzès,  et  qu'un  aqueduc,  dont 
faisait  partie  le  célèbre  Pont-du-Gard,  amenait  à  Nimes,  avec  les  sour- 
ces de  rAir.an.  Admise  dans  la  famille  des  Lares  Augustes,  la  déesse 
Ura  recevait  à  Nimes  un  culte  desservi  par  une  confrérie,  cuUores 
Urae  fontis.  Urnia,  sur  un  autel  servant  de  montant  de  porte,  près  de 
la  Tourmagne,  à  Nimes,  serait,  comme  Avicajitus  de  la  même  inscrip- 
tion, un  nom  de  source  locale.] 
Octobre  1906  à  mars  1907.  N»  1664.  Epitaphe  trouvée  aux  Martigues  (Bou- 
ches-du-Rhône),  aujourd'hui  au  Musée  de  Marseille.  {Vebrullus,  nom 
gaulois  nouveau.]  —  N»  1665.  Autel  à  Tibère,  même  provenance.  [Les 
autels  à  des  empereurs  non  associés  à  d'autres  dieux  sont  très  rares. 
Le  gentilice  Aelanius  est  nouveau.]  —  N»  1666.  Inscription  rupestre  aux 
environs  des  Martigues.  [Ouextivio;  kX-r^Sm-,  =  Vectinius  Alhinus.  Le  gen- 
tilice Vectinius  est  nouveau.]  —  N°  1668.  Autel  à  Minerve,  trouvé  à 
Combas  (Gard)  en  1906.  Minervae  mulieres  p(osuerunt).  [Provient  de 
la  source  communale.  C'est  peut-être  la  source  même  que  les  femmes 
de  Combas  honoraient  sous  le  nom  de  Minerve.]  —  N"  1669.  Autel  à 
Minerve,  trouvé  encore  dans  la  source  de  Combas,  et  dédié  par  une 
femme,  Lipia  Jutlina.  [M.  E.  considère  comme  peu  probable  le  genti- 
lice Lipius,  et  propose  Libia.  ce  qui  donnerait  une  forme  admissible 
du  gentilice  Livius.]  —  N»  1670.  Epitaphe  trouvée  à  Narbonne  en  1906. 
[Lacunes  difiiciles  à  restituer.  Rareté  du  cognomen  ou  surnom  Crypia- 
nus,  pour  Cryphinnus,  régulièrement  formé  sur  Cryphitis.  A  noter  le 
nom  d'Aegle.]  —  N"  1672.  Epitaphe  trouvée  en  1906  à  Castel-Roussillon 
(Pyrénées-Orientales).  [Cette  localité  serait  l'ancienne  Ruscino.  Rareté 
du  gentilice  Quelius.  Le  surnom  Victris  =  Victrix,  donné  à  la  mère 
du  défunt,  n'est  guère  moins  rare.]  —  N»  1673.  Epitaphe  trouvé  en  1905 
à  Saint-Girons  (Ariège).  [Le  surnom  Primilla  a  passé  de  la  mère  à  la 
lill-3.  Le  gentilice  Pojnpeiws  est  aussi  fréquent,  en  Espagne  et  dans 
les  Pyrénées,  que  le  gentilice  Julius  en  Gaule,  en  raison  des  affran- 
chissements nombreux  et  de  l'attribution  du  droit  de  cité  à  des  indigè- 
nes, par  les  deux  Pompées  et  par  César,  dans  leurs  commandements 
respectifs.]  —  N"  1674.  Autel  commémoratif  d'un  taurobole,  trouvé  en 
1906  à  Périgueux,  dans  le  mur  gallo-romain  de  la  Cité.  [Les  faces  sont 
décorées  de  bas-reliefs.  A  noter,  à  droite,  un  buste  d'Attis  et  un  bonnet 
asiatique,  coiffure  des  prêtres  de  Cybèle.  De  bonnes  phototypies  per- 


428  ANNALES    DU    MIDI. 

mettent  d'étudier  les  quatre  faces  de  ce  précieux  monument,  dédié  aux 
divinités  des  Augustes  et  à  la  Grande  Mère  des  dieux  par  le  fils  d'un 
sacerdos  Are7ïsis,  où  prêtre  des  Trois  Gaules  à  l'autel  de  Rome  et 
d'Auguste,  au  confluent  du  Rhône  et  de  la  Saône.  M.  E.  daterait  l'aute- 
du  régne  simultané  de  Marc-Aurèle  et  de  Vérus.  La  formule  aram 
tauroh  {olicam)  posiiit  dedicavitque  est  nouvelle.  A  noter  la  mention 
de  la  trilju  Quirma,  dans  laquelle  étaient  inscrits  les  citoyens  romains 
de  Vesiinna  ou  Vésone.]  —  N"  1675.  Epitaphe  trouvée  à  Périgueux,  en 
1906,  avec  l'autel  précédent.  [Le  gentilice  Bassianiiis,  formé  sur  le  sur- 
nom Bassianus,  trahit  une  origine  servile.  Il  est  aussi  rare  que  le  sur- 
nom Viblinus.']  —  P.  200-1.  Remarques  épigraphiques,  par  A.  Héron 
DE  ViLLEFOssE.  Barbàirci  (Aude).  Milliaire  de  Tétricus  le  jeune,  actuel- 
lement au  Musée  de  Carcassonne,  dans  un  magasin  plein  d'autres  dé- 
bris. [M.  H.  de  V.  revise  la  lecture  de  l'inscription.  Les  noms  du  jeune 
prince  ne  sont  précédés  ni  de  la  formule  im-p(eratorï)  Caes{ari),  ni  de 
l'appellation  d{omiiw)  iiiostro).  Cette  absence  de  titres  est  habituelle  sur 
les  monnaies  de  Tétricus  le  jeune.  Le  milliaire  de  Barbaïra  et  celui  de 
Béziers  sont  les  deux  seuls  trouvés  en  Gaule  au  nom  de  ce  prince.]  — 
P.  202-7.  Dieux  de  la  Gaule,  par  A.  Allmer.  Urobrocae,  déesses  incon- 
nues. [Pierre  perdue,  trouvée  à  Carpentras.]  Uroicae.  [Autres  déesses 
inconnues.  Stèle  trouvée  à  Rogues  (Bouches-du-Rhône).]  Ussubius. 
[Pierre  trouvée  au  Mas-d'Agenais  (Lot-et-Garonne).  Ussubius,  identifié 
plutôt  qu'associé  à  la  déesse  Tutelle,  était  le  génie  protecteur  de  l'en- 
droit.] Deus  Uxellus.  [Pierre  trouvée  à  Hyéres  (Var).  Tablette  de 
bronze  au  Cabinet  de  médailles,  à  Paris.]  Uxovinus.  [Autel  trouvé  à 
Bonnieux  (Vaucluse),  actuellement  au  Musée  de  Saint-Remy.  Battus 
est  peut-être  un  nom  celtique.]  Uxsacaniis .  [Pierre  trouvée  à  Bédoin 
(Vaucluse).  Sans  doute,  le  dieu  Uxsacanus  est  l'une  des  deux  sources 
qui  existent  près  de  la  chapelle  où  est  l'inscription].  Vasio.  [Une  ins- 
cription Marti  et  Vasioni,  trouvée  à  Vaison  (Vaucluse),  une  autre 
Vasioni,  de  même  provenance,  et  deux  autres  provenant  de  la  région, 
sont  également  perdues.]  Matronae  Vediantiae.  [Deux  inscriptions 
trouvées  à  Tourrotte,  près  Nice,  perdues.]  E.  B. 

Lot. 

Bulletin  de  la  Société  des  'études  littéraires^etc,  du  Lot, 
t.  XXXII,  1907. 

p.  5-20,  65-80,  123-43,  187-203.  A.  Combes.  Analyse  des  registres  munici- 
paux de  la  commune  de  Cahors.  [Suite  et  à  suivre.  De  décembre  1790  à 


PERIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  Atd 

octobre  1791.  Délibérations  du  Conseil  général,  du  corps  municipal,  du 
Comité  de  la  garde  nationale.]  —  P.  21-17,  81-95,  144-71,  204-13.  J.  Day- 
MARD.  Le  vieux  Cahors.  [La  cathédrale  :  historique  et  description;  le 
cloître,  les  chapelles  et  autres  déjjendances  de  la  cathédrale  ;  les  églises 
paroissiales  :  Saint-Urcisse,  Saint-Barthéleniy,  Saint-Géry,  La  Dau- 
rade, Saint-André  et  huit  autres  de  moindre  importance,  ou  insignifian- 
tes ou  disparues;  les  petites  églises  ou  chapelles  disséminées  dans  la 
ville,  qui  n'ont  jamais  été  le  siège  d'une  paroisse.]  —  P.  47-55,  96-109. 
B.  Paumés.  Les  volontaires  de  1792  dans  le  Lot.  Quelques  lettres  de  ces 
soldats  citoyens.  [Ils  formaient  deux  bataillons  en  juin;  deux  autres 
furent  levés  en  octobre;  le  2'  fut  dirigé  sur  Thionville,  le  4"  sur  la  fron- 
tière d'Espagne.  Parmi  les  lettre.s  publiées,  les  plus  imp"ortantes  ont 
été  adressées  à  la  Société  populaire  de  Cahors.]  —  P.  110-4.  A.  Viré, 
Nouvelles  stations  préhistoriques  dans  le  département  du  Lot.  [Dans 
la  grotte  de  Combe  Cullier  a  été  trouvé  un  bois  de  renne,  long  de 
15  centimètres,  lequel  serait  couvert  d'une  inscription  «  rappelant  les 
premiers  signes  des  alphabets  égyptien  et  cypriote  ».]  —  P.  230-3. 
J.  GiRMA.  Bibliographie  du  Lot,  année  1907.  P.  D. 

Lot-et-Garonne . 

Revue  de  l'A  gênais,  1907. 

p.  5-36,  514-44.  Marboutin.  La  Commission  diocésaine  des  monuments 
religieux.  [Fondée  en  1845  par  l'évèque  Levezou  de  Vésins,  elle  dispa- 
rut en  1848.  Elle  ne  fit  rien  par  elle-même,  mais  contribua  à  développer, 
surtout  chez  les  ecclésiastiques,  le  goût  des  études  d'iiistoire  et  d'ar- 
chéologie locales.]  — -  P.  36-42.  Abbé  Dueourg.  Origine  du  fief  et  du 
péage  de  Lécussan  (1049-1330).  —  P.  42-73,  97-127,  226-37.  R.  Bonnat. 
Les  Mémoires  de  Pierre  Verdolin,  d'Aiguillon,  procureur-syndic  du  dis- 
trict de  Tonneins-la-Montagne.  [Commencée  en  1906,  ornée  des  por- 
traits des  principaux  personnages  de  la  Révolution  qui  ont  habité  ou 
exercé  leurs  fonctions  en  Lot-et-Garonne,  cette  publication,  longuement 
annotée,  met  au  jour  les  seuls  souvenirs  personnels  de  la  période  révo 
lutionnaire  que  nous  connaissions  pour  l'Agenais.]  —  P.  73-89,  372-84, 
460-80.  Ph.  Lauzun.  Lettres  de  Bory-de-Saint- Vincent.  [Suite  de  la  pu- 
blication, commencée  en  1903,  de  cette  longue  correspondance.]  —  P.  89 , 
349-52.  R.  BoNNAT.  Richesses  artistiques  religieuses  du  département  de 
Lot-et-Garonne.  [Liste  des  objets  religieux  de  caractère  artistique  clas- 
sés comme  monuments  historiques.]  —  P.  127-44,  246-60.  Marboutin. 
Les  églises  du  canton   de    Prayssas.    [Bon    travail   d'archéologie.]  — 


430  ANNALES   DU    MIDI. 

P.  145-66.  Ferrére.  La  polémique  cicéronienne  au  xvi»  siècle.  [Etude 
sur  les  discussions  survenues  au  sujet  de  Cicéron  entre  Erasme  et 
Jules-César  Scaliger.]  —  P.  167-70.  Chaux.  Anciens  billets  et  loteries. 
[Billets  de  la  banque  de  Law  et  d'une  loterie  en  faveur  de  l'hôpital  de 
Nimes.]  —  P.  171-3.  Momméja.  D'un  fragment  de  vase  grec  à  peintures 
noires  recueilli  en  Agenais. —  P.  174-83,  261-76,  352-71.  Couyba.  Journal 
d'un  prébendier  de  Sainct-Etienne  d'Agen.  [Fin  de  cette  intéressante 
publication.]  —  P.  184-92.  Granat.  La  politique  économique  des  in- 
tendants de  Guyenne  au  xvin'  siècle.  [Sur  les  pépinières  royales  de 
la  généralité  de  Bordeaux  et  principalement  de  l'Agenais.]  —  P.  199- 
201.  Momméja.  Heurtoirs  agenais.  [Du  xviii*  siècle.  Deux  simili- 
gravures.] —  P.  202-25,  299-326.  Gauja.  La  rue  Saint-Côrae  à  Agen 
et  le  chemin  communal  de  Courpian.  —  P.  327-39,  436-47.  Queyron.  La 
gavacherie  de  Monségur.  [Partie  de  l'arrondissement  de  La  Réole  où  se 
forma,  <à  la  fin  du  xv«  siècle,  un  îlot  de  langue  d'oil  enclavé  dans  des 
parlers  méridionaux.  Gavacherie  signifierait  :  «  une  contrée  qui  a  été 
peuplée  par  des  étrangers  ».]  —  "P.  340-8.  Marboutin.  Les  premiers 
volontaires  agenais  en  1792.  [Publication  de  quelques  lettres  concernant 
les  premiers  volontaires  lot-et-garonnais.]  —  P.  385-109,  481-9.  Lauzun. 
Souvenirs  du  vieil  Agen.  [L'auteur  résume  ce  qui  avait  été  écrit  de 
divers  cotés  sur  le  clocher  et  la  cathédrale  Saint-Etienne,  depuis  long- 
temps démolis;  bonnes  similigravures.]  —  P.  410-35,  490-509.  Labadie. 
Notes  et  documents  sur  quelques  faïenceries  de  l'Agenais  et  du  Baza- 
dais.  [Sainte-Foy-la,-Grande,  Nérac,  Monsempron,  Saint-Savin,  à  laquelle 
l'auteur  ne  croit  pas,  Bazas,  Meilhan.]  —  P.  447-51.  Couyba.  Le  bail  de 
démolition  du  château  de  Cancon  (5  juillet  1739).  —  P.  452-4.  Id.  Hom- 
mage féodal  en  1739.  [Rendu  par  le  seigneur  de  Roquegautier  au  prince 
Louis  de  Lorraine.]  —  P.  455-9.  Dubos.  La  Guilhoneu  à  Villeneuve. 
[Œuvre  religieuse  existant  dans  la  paroisse  Sainte-Catherine  de  Ville- 
neuve-sur-Lot, consistant  en  quêtes  pour  procurer  la  cire  nécessaire  au 
grand  autel,  assurer  la  sépulture  des  pauvres  décédés  à  l'hôpital  et 
pour.voir  aux  processions  qui  se  faisaient  lors  du  mauvais  temps.]  — 
P.  510-3.  AzÉMA.  Les  sans-culottes  agenais  de  l'an  IL  [Règlement  des 
Amis  de  la  Constitution  de  1793,  suivi  des  commandements  révolution- 
naires et  d'une  chanson  sans-culotte.] 
Passirn.  Dubois.  Notes  sur  :  Une  verrerie  à  Saint-Sylvestre  ;  —  Im- 
primeur agenais  assassiné  en  1539;  —  Antoine-François  Duvigier, 
abbé  de  Gondon  ;  —  Barthélémy  d'Elbène,  évèque  d'Agen  et  sa  famille; 
—  Un  maître  de  danse  à  Beauville  en  1754;  —  Notre-Dame  de  Tous 
Gaus  (Notre-Dame  de  Ïqute-Joie);  —  Le  capitaine  Noël;  —  Moulins  à 


PÉRIODIQUES   MÉRIDIONAUX.  431 

tan  (destinés  à  la  préparation  des  cuirs).  [Courtes  notes  de  quelques 
lignes  qui  ne  manqueront  pas  d'être  utilisées  par  les  historiographes 
ou  par  des  auteurs  de  monographies.]  K.  B. 

Pyrénées  (Basses-). 
Reclams  de  Biarn  e  Gascougne,  10='"  anade,  1906. 

p.  3-8,  29-31,  49-54.  N.  de  Vier.  Un  poète  lavedanais  :  Cyprien  Despour- 
rin.  [A  suivre.  Étude  biographique  et  littéraire.]  —  P.  73-4.  A.  Planté. 
Camille  Chabaneau.  —  P.  279-81.  L.  Batcave.  Une  lettre  de  Béranger 
à  Pierre  Gaston-Sacaze.  G-  ^I- 

Pyrénées  (Hautes-). 

Annuai7'e  du  petit  Séminaire  de  Saint-Pé,  1907. 

Documents  historiques.  —  P.  r-39'.  L.  Crabé.  Organisation  municipale 
de  Saint-Pé-de-Générès.  [En  plus  une  liste  des  consuls  et  administra- 
teurs municipau.\  jusqu'à  1800.]  —  P.  40'-121'.  G.  B.  Délibérations  de 
la  communauté  au  sujet  de  l'église.  [Suite  et  lin.  Depuis  1695.]    M.  D. 

Tarn. 

Revue  du  Tarn,  t.  XXIV,  1907. 

p.  1-25,  138-62.  Mémoires  de  Jean  Olès  sur  la  dernière  guerre  du  duc  de 
Eohan,  1627-1628,  p.  p.  Ch.  Pradel.  [La  famille  Olès  ou  Oulès,  de  Cas- 
tres, fort  riche  et  amie  de  la  paix,  fut  par  conséquent  ennemie  du  duc 
de  Eohan.  Les  mémoires  en  question,  écrits  aU  jour  le  jour  en  forme 
d'annales,  commencent  fin  octobre  1627  et  se  terminent  brusquement  le 
25  avril  suivant  ;  ils  contiennent  de  fort  utiles  précisions.  Point  d'an- 
notation.] —  P.  26-37.  A.  Vidal.  Le  dénombrement  de  la  population 
dans  le  Tarn  en  1906.  [Elle  continue  de  décroître  ;  en  trente  ans,  de  1876 
à  1906,  ce  département  a  perdu  près  de  30.000  habitants.  Analyse 
détaillée,  fort  intéressante,  des  résultats  du  recensement.]  —  P.  38-56, 
252-68,  325-52.  R.  Nauziéres.  Les  Daurian.  [D'après  les  papiers  inédits 
de  celte  famille  de  La  Bastide-Saint-Amans,  actuellement  Saint- Amans- 
Soult.  Elle  Daurian,  riche  commerçant,  devient,  lors  de  la  Révocation, 
un  «  nouveau  converti  d.  et  grâce  à  ses  belles  relations,  il  se  tire  assez 
aisément  d'affaire.  Son  fils  meurt  prématurément  en  1718,  après  une  vie 
agitée,  laissant  une  veuve  et  sept  enfants,  ceux-ci  suspects,  environnés 
de  périls.   De  ces  enfants,   la  dernière  survivante  ne  s'éteignit   qu'en 


432  ANNALES   DU   MIDI. 

1792.  Détails  sur  la  fortune  des  Daurian,   dont  la  gestion  fut  rendue 
très  difficile  par  leur  qualité  de  nouveaux  convertis;   sur  leur  parenté 
avec  le  malheureux  Calas,  dont  quelques  lettres  inédites  sont  publiées. 
Travail  fort  utile.]  —  P.  56-8.  E.  Cabié.  Sur  un  document  écrit  à   Albi 
en  1220.  [Aveu  au  roi  du  soigneur  de  Najao.]  —  P.  59-76.  E.  Thomas.  Le 
commandeur  Jean  de  Bernuy  et  le  chapitre  de  Saint-Sernin  du  Rouer- 
gue.  [Procès  relatif  aux  «  fruits  décimaux  »  de  la  collégiale  de  Saint- 
Sernin,  1630-1645.   Le  commandeur,  très  riche,  eut  gain  de  cause.  Son 
testament,  de  1656.]  —  P.  77-102.  A.  Vidal.  Extraits  des  registres  du 
notaire  Jacques  de  Luco,  de  Saint-Paul.  [Compris  entre  1584  et  1602.  Ce 
notaire  était  protestant  et  avait  dû  se  réfugier  de  Lavaur  à  Saint-Paul, 
une  des  forteresses  de  la  religion  réformée.  Menus  faits,  dont  beaucoup 
ont  leur  intérêt.]  —  P.  125-37,  269-96,  353-62.  A.  Vidal.  Les  vicomtes  et 
la  vicomte  de  Paulin.  [D'après  un  inventaire  des  titres  de  la  vicomte, 
de  1262  à  1770,  en  365  articles,  et  de  nombreux  documents.  Les  familles 
d&  Lautrec,  de  Rabastens,  de  Latour,  de  Gouvernet  et  de  Carrion  de 
Nisas  se  sont  succédé  dans  la  vicomte  durant  cinq  siècles.  L'auteur  con- 
sacre une  biographie  à  chaque  vicomte.  Précis  et  bien  fait.  Planche.  A 
suivre.]  —  P.  194-205.  E.  Thomas.  Election  d'un  doyen  au  chapitre  de 
Saint-Pierre  de  Burlats  (xvii«  siècle).   [Procès-verbal  longuement  ana- 
lysé, 1689.  Renseignements  sur  quelques  doyens,  du  xviii'  siècle.]  — 
P.  206-8.  E.  Cabiê.'  Colloque  tenu  à  Roquecourbe  en  1561.  [En  septem- 
bre. Il  y  avait  à  cette  époque,  en  cette  ville,  un  groupe  de  protestants 
et  un  autre  à  Rabastens.  Texte.]  —  P.  237-51.  Ch.  Poutal.  Une  société 
de  secours   mutuels   sous  la   Révolution  :   «    La  Trinité  »  de  Gaillac 
(Tarn).  [Confrérie  datant  de  1781,  dont  les  statuts  furent  remaniés  en 
1790;  texte  desdits  statuts;  la  société  durant  la  Révolution;  elle  existe 
encore.]  —  P.  295-6.  A.  V.   Extraits  des  arrêts  du  Parlement  de  Tou- 
louse. [Suite,   1541-1547.]  —  P.   297-9.  Ch.   Portal.  Origine  du  collège 
d'Albi.    [Ecole    secondaire   communale   en    1804,    collège    en    1808.]  — 
P.  301-24.  F.  Lacroix.  Des  inondations  dans  le  bassin  du  Tarn.  [Fort 
intéressant  travail  de   géographie  physique,   qui  comporte  cependant 
des  notions  historiques.  Planches.]  P.  D. 


NÉCROLOGIE 


Le  Vivarais  vient  de  perdre  en  M.  Mazon  son  liistorien  le  plus 
fécond,  le  plus  érudit  et  le  plus  aimé.  Les  Annales  du  Midi, 
dont  il  fut  le  collaborateur,  ont  ressenti  vivement  cette  perte  et 
tiennent  à  rendre  un  hommage  sincère  à  sa  mémoire,  en  indi- 
quant, d'une  façon  malheureusement  trop  brève,  ce  que  lui  doi- 
vent les  études  d'histoire  locale  dans  son  pays  natal. 

M.  Charles-Albin  Mazon,  né  à  Largentière  le  20  octobre  1828, 
fit  ses  débuts  dans  le  journalisme  et  remplit  ensuite  pendant 
trente  ans  les  fonctions  de  directeur  du  service  télégraphique  à 
l'Agence  Havas,  fonctions  qu'il  résigna  vers  la  fin  de  l'année  1890. 
Des  occupations  aussi  importantes  auraient  dû,  semble-l-il,  l'éloi- 
gner de  l'histoire  locale  ;  mais  son  incroyable  activité  et  la  rare 
lucidité  de  son  esprit  lui  permirent  cependant  d'amasser  pendant 
ses  courts  loisirs  une  quantité  prodigieuse  de  matériaux  et  d'en 
tirer  plus  de  cent  cinquante  articles,  brochures  ou  volumes.  Il 
était  doué  d'une  admirable  puissance  de  travail  ;  mais  l'affection 
passionnée  qu'il  gardait  à  son  pays  natal  lui  fut  aussi  d'un 
grand  secours,  car  il  aimait  le  Vivarais  et  voulait  le  faire  aimer. 

Le  but  qu'il  semble  s'être  proposé  d'abord  fut,  en  effet,  de  vul- 
gariser l'histoire  du  Vivarais  dans  une  série  de  Voyages,  où 
son  humour  méridionale  savait  donner  une  forme  attrayante 
à  des  recherches  parfois  arides.  M.  M.  (D""  Francus)*  décrivit 
successivement  toutes  les  régions  du  Vivarais.  En  parcourant 
ces  volumes  suivant  leur  date  d'édition,  on  voit  la  partie 
historique  augmenter  constamment  d'importance,  tout  en  lais- 
sant subsister  la  partie  humoristique,  très  goûtée  par  le  public 
auquel  s'adressait  l'auteur.  Dans  cette  première  série  d'ouvrages, 
dont  les  lecteurs  appréciaient  la  verve  si  personnelle,  on  trouve 
des  renseignements  la  plupart  des  des  localités  du  Vivarais.  Ces 
treize  volumes  contiennent  tous  les  éléments  d'un  dictionnaire 
topographique  de  l'Ardèche,  et  M.  M.  s'y  montra  en  quelque 
sorte  le  précurseur  des  syndicats  d'initiative,  aujourd'hui  si  floris- 
sants et  si  utiles. 

M.  Mazon  fut  insensiblement  amené  à  aborder  des  travaux 
d'une  érudition  plus    serrée.   Il  entreprit  simultaném'ent  d'écrire 

1.  Un  grand  nombre  des  ouvrages  de  M.IM.  ont  paru  sous  ce  pseudonyme. 


484  ANNALES   DU   MIDI. 

la  biographie  de  Vivarois  marquants,  figures  oubliées  ou  peu 
connues,  et  de  retracer  l'histoire  des  principales  villes  du  pays. 
Certaines  de  ces  études  ont  dépassé  les  proportions  ordinaires 
des  monographies  de  ce  genre  et  doivent  être  considérées  comme 
des  travaux  définitifs.  M.  M.  est  le  premier  érudit  ardéchois  qui 
ait  compris  la  nécessité  de  travailler  dans  les  dépôts  d'archives 
de  Paris,  et  c'est  un  des  motifs  de  la  supériorité  de  son  œuvre. 

Nous  citerons  seulement,  parmi  tant  de  publications,  un  opus- 
cule sur  la  légende  de  Clotilde  de  Surville  (Paris,  1873),  des  no- 
tices sur  Bon  Broé,  de  Tournon  (i90i),  Bérenger  de  la  Tour, 
d'Aubenas  (1905),  Achille  Gamon  et  Chrisloiihe  de  Ga?Hon  (Paris, 
1885),  Pierre  Davily,  de  Tournon  (1905),  Pierre  Marcha  (1895), 
l'astronome  Flaugergues,  de  Viviers  (1896),  une  histoire  de  Sou- 
lavie  en  deux  volumes  et  un  appendice  (Paris,  1893,  Privas,  1901). 
Son  Histoire  de  Largentière  (1904)  abonde  en  documents  précis 
et  intéressants,  de  même  que  les  notices,  moins  développées, 
qu'il  a  consacrées  à  La  VouUe  (1900),  à  Saint- A  grève  (1902),  au 
Cheylard  (1894)  et  à  Jaujac  (1898),  de  même  surtout  que  ses  notes 
si  savantes  —  et  malheureusement  inachevées  —  sur  Tournon. 

Il  faut  signaler  encore  un  Essai  historique  sur  le  Vivarais 
pendant  la  Guerre  de  Cent  ans  (1890)  et  des  Notes  sur  Vorigine 
des  églises  du  Vivarais  (1891-1893).  Enfin,  l'histoire  des  guerres 
civiles  du  Vivarais  tient  une  grande  place  dans  l'œuvre  de 
M.  M.  Il  a  raconté  la  révolte  de  Lestrange  dans  une  importante 
brochure  intitulée  :  Une  page  de  l'histoire  du  Vivarais  1629- 
1633  (Privas,  1894),  et  ses  Notes  et  docutnents  historiques  stir 
les  Huguenots  du  Vivarais  ont  été  couronnés  par  l'Académie 
française.  C'est  l'ouvrage  le  plus  considérable  de  M.  M.,  et  il  y 
faut  admirer  une  documentation  d'une  richesse  incomparable. 

Une  grande  partie  des  dernières  publications  de  M.  M.  a  paru 
dans  la  Revue  du  Vivarais,  qui  est  le  principal  et  presque  le  seul 
foyer  des  études  historiques  en  Ardèche.  M.  Mazon  fut  l'un  des  pro- 
moteurs de  cette  revue,  et  l'on  peut  dire  qu'il  en  fut  l'âme  ;  c'est 
grâce  à  ses  conseils  et  à  ses  encouragements  que  put  se  constituer 
un  petit  groupe  d'érudits  qui  étaient  en  quelque  sorte  ses  élèves. 
M.  Mazon  est  mort  à  Paris  le  29  février  1908.  Ceux  qui  ont  eu 
l'honneur  de  l'approcher  n'oublieront  pas  la  sûreté  et  le  charme 
de  ses  relations,  ni  la  rare  obligeance  et  la  simplicité  de  cet 
homme  supérieur.  Ceux  qui  ne  connaissent  que  son  œuvre  ne 
ménageront  pas  au  savant  leur  admiration  et  leur  respect. 


CHRONIQUE 


L'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  a  décerné  le  second 
prix  Gobert  à  M.  Samakan,  La  maison  d'Armagnac  au  XYe  siè- 
cIp.. 

Statuant  sur  les  prix  des  Antiquités  nationales,  elle  a  accordé 
la  l>e  médaille  à  M.  Espérandieu,  Recueil  général  des  bas-reliefs 
de  la  Gaule  romaine  ;  la  l^e  mention  à  M.  de  Ripekt-Monglar, 
CarlxUaire  de  la  commanderie  de  Richerenches,  la  3^  à  M.  J. 
GuiRAUD,  Cariulaire  de  Noire-Dame  de  Prouille,  la  6e  à  M.  P. 
Champion,  Chronique  marllniane ,  la  7e  à  M.  l'abbé  E.  Albe, 
Les  miracles  de  Noire-Dame  de  Rocamadour  au  XII^  siècle. 


Les  Positions  des  thèses  soutenues  par  les  élèves  de  l'Ecole  des 
Chartes  (promotion  de  1908)  •  nous  offrent  une  moisson  plus  abon- 
dante que  de  coutume. 

Signalons  la  thèse  de  M.  A.  Artosse.  Elude  sur  le  mouvemenl 
politique  de  1314.  La  première  année  du  règne  de  Louis  X.  On 
sait  qu'à  la  fin  du  règne  de  Philippe  IV  sa  politique  fiscale,  spé- 
cialement la  subvention  pour  l'ost  de  Flandre,  avait  abouti  à  la 
formation  de  plusieurs  ligues  régionales,  à  un  mouvement  de  ré- 
volte. Pour  l'apaiser,  Louis  X  octroie  ditïérentes chartes,  dont  celle 
aux  Languedociens,  étudiée  ici  dans  son  origine,  sa  rédaction,  sa 
teneur.  —  L.  Biernawski.  Formation  et  organisation  du  dépar- 
tement de  l'Allier.  «  Le  but  de  ce  travail  est  d'étudier  l'adminis- 

1.  Màcon,  impr.  Protat,  1908  ;   in-S"  de  190  pages. 


436  -     ANNALES   DU   MIDI. 

tration  du  département  depuis  sa  formation  jusqu'à  la  constitu- 
tion de  l'an  III.  Un  chapitre  préliminaire  est  consacré  à  la  com- 
mission intermédiaire  provinciale  qui  resta  en  exercice  jusqu'à 
l'entrée  en  fondions  de  l'administration  départementale.  »  Ensuite 
deux  parties,  correspondant  à  deux  périodes  :  1»  Jusqu'en 
mars  1793,  le  département  vit  dans  la  plénitude  de  son  indépen- 
dance ;  2"  après  le  décret  sur  les  représentants  en  mission,  il  est 
soumis  au  régime  de  centralisation  institué  par  le  gouvernement 
révolutionnaire.  Une  étude  de  cette  nature  doit  toucher  aux  sujets 
les  plus  divers  :  la  constitution  civile  du  clergé,  les  biens  d'Eglise, 
les  émigrés,  les  volontaires,  les  subsistances,  —  sujets  auxquels 
des  chapitres  spéciaux  sont  consacrés.  —  P.  M.  Bondois.  Cata- 
logue des  actes  de  François  II,  roi  de  France  (10  juillet  1559- 
5  décembre  1560).  Ce  catalogue,  comprenant  1793  numéros,  est 
précédé  d'une  introduction  où  sont  étudiés  la  chancellerie  et  les 
actes  l'oyaux  sous  ce  règne.  Divers  appendices.  —  P.  Graziani. 
La  Provence  au  milieu  du  XIII^  siècle.  L'opposition  nationale 
à  Ramon  Bérenguer  IV  et  à  Charles  d'Anjou.  L'auteur  explique 
cette  opposition  à  des  maisons  étrangères  par  l'organisation  de  la 
société  provençale,  où  villes,  seigneurs  vivaient  fort  indépendants 
sous  une  administration  comtale  peu  oppx'essive  :  on  y  redou- 
tait l'étranger  comme  un  tyran.  Le  comte  Ramon,  de  la  maison 
de  Barcelone,  dut  s'appuyer  sur  la  France  et  sur  le  pape,  tandis 
que  les  comnmnes  de  Marseille,  d'Avignon,  le  seigneur  de  B uux, 
alliés  avec  Raimond  VII  de  Toulouse,  étaient  favorables  à  l'em- 
pereur Frédéric  II.  A  la  mort  de  Ramon,  l'héritière  de  Provence, 
Béatrix,  avec  qui  Raimond  VII  avait  projeté  de  s'unir,  épouse  le 
frère  de  saint  Louis,  Charles  d'Anjou,  et  celui-ci,  disposant  du 
concours  du  roi  et  du  pape,  vainc  sans  trop  de  peine  les  grandes 
communes  confédérées.  Marseille  fut  la  dernière  à  résister.  Avec  ia 
maison  d'Anjou  s'introduisait  en  Provence  «  une  politique  fran- 
çaise et_centralisatrice.  »  —  G.  Lavergne.  Le  langage  parlé  en 
Bourhonnais  auœ  XI 11^  et  XI Y^  siècles.  L'auteur  étudie  les  gra-. 
phies  alors  employées  en  ce  pays  «  pour  établir  dans  quelle  me- 
sure elles  correspondent  aux  sons  du  parler  local  »  ;  puis  il  indi- 
que «  les  caractères  généraux  et  particuliers  de  la  phonétique 
bourbonnaise  par  rapport  à  celle  du  français  commun  de  la  fin  du 
xine  siècle  ».  —  G.  Mathieu.  Elude  sur  le  marais  de  Bordeaux 
et  de  Bruges,  de  l'édit  de  I5y9  à  la  Révolution.  Le  marais  de 
Bordeaux,  à  la  suite  d'une  peste,  fut  soumis  au  dessèchement  par 


CHRONIQUE.  437 

Gaiissen,  ingénieur  des  Pays-Bas,  avec  lequel  les  jurats  avaient 
traité  (1599).  Après  lui,  c'est  une  communauté  de  propriétaires 
qui  administre  le  marais,  selon  des  régies  que  décrit  l'auteur 
(statuts  de  1647).  Elle  a  des  procès  à  soutenir,  notamment  celui 
du  Grangeot,  qui  dura  quarante-cinq  ans,  contre  le  duc  de  Duras 
(1721-1766).  —  R.  Michel.  Eludes  sur  la  politique  royale  à 
l'égard  de  la  noblesse  et  des  villes  consulaires  dans  la  séné- 
chaussée de  Beaucaire  au  temps  de  saint  Louis.  M.  M.  s'est 
proposé  d'étudier  la  politique  suivie  par  saint  Louis  et  ses  agents 
dans  cette  sénéchaussée,  puis  les  transformations  qu'ont  éprou- 
vées de  ce  fait  la  noblesse  et  les  villes  consulaires  du  domaine 
royal.  L'administration  dont  saint  Louis  disposait,  toute  féodale, 
analogue  à  celle  des  seigneurs  locaux,  n'en  fut  pas  moins  enva- 
hissante; elle  tendit  à  centraliser.  Or  les  seigneuries  morcelées, 
rivales,  étaient  incapables  de  résistance  :  soit  par  les  armes,  soit 
par  la  politique  îles  pariages,  soit  par  l'usurpation  du  droit  «le 
justice,  les  sénéchaux  soumettaient,  abaissaient  la  noblesse  sans 
rien  clianger  aux  institutions.  Quant  aux  villes  consulaires,  les 
principales  ont  été  par  eux  frappées  dans  leurs  libertés.  Si,  de- 
puis 1254,  le  roi  les  ménage  au  contraire,  s'il  leur  rend  en  partie 
ce  qu'elles  ont  perdu,  s'il  a  créé  le  consulat  d'Aiguesmortes  et 
respecte  les  privilèges  des  petites  villes,  dont  il  n'a  rien  à  redou- 
ter, il  ne  s'assujettit  pas  moins  la  bourgeoisie  dirigeante. 
A  la  fin  du  règne,  l'état  de  droit  n'est  guère  modifié  ;  mais 
l'état  de  fait  l'est  profondément.  La  jui^idiction  de  la  royauté,  son 
domaine  se  sont  étendus,  ses  revenus  ont  augmenté;  le  terrain 
est  préparé  pour  que,  sous  Philippe  le  Bel,  puisse  naître  et  gran- 
dir le  principe  de  là  souveraineté  roj^ale.  —  A.  Rhein.  La  seigneu- 
rie de  Monlfort  au  diocèse  de  Chartres,  depuis  l'origine  jusqu'à 
la  réunion  dïc  duché  de  Bretagne  (xe-xve  s.).  De  là  est  sorti  Si- 
mon IV,  le  chef  célèbre  delà  croisade  contre  les  Albigeois,  dont  le 
fils  aîné,  Amauri  V,  céda  en  1226  à  Louis  VIII  ses  droits  sur  le 
Langnedoc. 


Le  quarante-sixième  Congrès  des  Sociétés  savantes  s'est  tenu 
cette  année  à  Paris,  du  21  au  24  avril.  C'est  le  Nord,  l'Est,  l'Ouest 
et  le  Centre  qui  ont  surtout  produit  leurs  travaux.  Le  Midi  a  été 
cependant  assez  largement  représenté,  comme  en  témoignent  les 
communications  suivantes  : 


438  ANNALES   DU   MIDI. 

Section  d'histoire  et  de  philologie.  —  P.  Garaman.  L'instruction 
publique  à  Casteluioron  d'Albret  (Gironde).  [Siège  d'une  sénéchaus- 
sée, elle  avait  un  régent  français  dès  1662  et  un  régent  latin 
en  1731.]  —  J.  Flobert.  Les  clocheteurs  et  crieurs  des  morts.  — 
De  GrÊRiN-RiGARD.  Notes  extraites  de  livres  de  raison  et  relatives  à 
des  phénomènes  météorologiques  observés  en  Provence  de  1634 
à  1818.  —  De  Saint-Saud.  Anah^se  de  trois  fonds  d'archives  de 
famille  :  les  Donissan  de  Gibran  (du  Bordelais),  les  La  Roussie 
de  Lapouyade  (du  Périgord),  les  Du  Vergier  de  La  Rochejaquelin 
(du  Poitou).  —  De  Montégut.  Les  testaments  de  Saint-Yrieix, 
de  572.  [Il  y  en  a  deux,  dont  l'un  serait  faux.]  — Arnaud  d'Agnel. 
La  politique  du  roi  P»ené  envers  les  juifs  de  Provence.  —  Mme  de 
Sarran-d'Allard  présente  la  copie  d'une  lettre  du  xvie  siècle,  écrite 
d'Auvergne  au  roi  François  1er,  sur  les  haras  qu'on  voulait  y  éta- 
blir et  sur  la  quantité  de  cerfs  et  de  biches  tués  par  les  paysans  à 
cause  des  neiges  et  des  glaces;  elle  présente  aussi  un  document 
relatif  à  un  condamné  de  la  même  époque,  Gharles  Gonches  (d'Au- 
rillac).  —  Mi'e  Houghard.  La  baronne  de  Grimaud  et  son  castel- 
lum  fortiiié.  [Histoire  de  cette  seigneurie  du  Var,  depuis  sa  fonda- 
tion au  x^  siècle  jusqu'à  nos  jours.  Travail  sérieux,  très  docu- 
menté et  très  complet.]  —  Glêment-Simon.  Le  refus  de  l'impôt 
sous  Louis  XIV.  [A  Tulle,  en  1693,  à  propos  d'une  taxe  édictée  pour 
l'affranchissement  des  droits  seigneuriaux  qui  pesaient  sur  les 
maisons  des  villes,  faubourgs  et  bourgs  fermés.  La  ville  de  Tulle 
ne  devant  aucun  droit  de  ce  genre  résista  tout  entière,  et  ce  ne  fut 
qu'après  dix  ans  de  lutte  et  l'emploi  des  dernières  rigueurs  que 
l'impôt  fut  perçu.]  — .1.  Durieux.  Le  marquis  de  Féneloii,  lieute- 
nant-général des  armées  de  Louis  XV.  [Élève  du  cardinal,  né 
en  1688,  tué  à  Raucoux  en  1745.]  —  Baguenault  de  Pqchesse.  Les 
opérations  de  l'armée  royale  dans  le  Limousin  en  1569.  [D'après 
trois  lettres  inédites  de  Glaude  de  l'Aubespine  à  Gharles  IX,  sur 
l'état  des  troupes.  Manque  de  stratégie  et  hésitations  des  chefs.] 
—  RuMEAU.  La  Société  populaire  de  Grenade.  [Du  15  novembre  1790 
au  17  avril  1793.] 

Section  d'archéologie.  —  Abbé  Ghaillan.  Mémoire  sur  un  cou. 
vercle  de  sarcophage  de  la  chapelle  Notre-Damede  Vallauris(Var), 
et  sur  un  fragment  du  sarcophage  des  Saintes-Maries-de-la-Mer  en 
Gamargue.  —  Gollard.  Notice  sur  l'usage  de  pesons  de  terre  cuite 
chez  les  Gallo-Romains.  —  G.  Doublet.  Une  statuette  en  bronze 
trouvée  à    Saint-Dalmas  de  Tende  (Alpes-Maritimes).  [Peut-être 


CHRONIQUE.  439 

ligure.]  —  Abbé  Arnaud  d'Agnel.  Un  genre  de  coffrets  provençaux 
(lu  xve  siècle,  en  bois  peint  et  émaillé,  à  l'imitation  du  cuir 
ouvragé.  —  Bizor.  Les  mosaïques  romaines  découvertes  à  Vienne 
(Isère).  —  R.  Rogeh.  Le  cimetière  barbare  deTabariane,  près  Teilhet 
(Ariège).  —  Chanoine  F.  Durand.  Notice  sur  un  bas-relief  accom- 
pagné d'inscriptions,  daté  de  1333,  et  conservé  au  musée  de  Nimes. 
[Semble  un  ex-voto  consécutif  à  la  libération  d'un  prisonnier.] 

—  Dr  Meunier.  Notices  sur  des  fouilles  pratiq-uées  dans  l'établis- 
sement céramique  gallo-romain  d'Autry  (Meuse).  [Un  des  plus 
anciens  de  la  Belgique,  qui  parait  avoir  été  fondé  par  des  ouvriers 
venus  des  ateliers  du  Midi.]  —  Raimbault.  La  disparition  du 
monnayage  des  archevêques  d'Arles.  [En  1537.]  —  U.  Dumas.  La 
dalle  sculptée  de  Saint- Victor,  canton  d'Uzès  (Gard).  [Description.] 

—  Id.  Les  différents  faciès  des  instruments  néolithicfues  dans  le 
département  du  Gard.  — E.-A.  Martel.  Les  gravures  et  peintures 
préhistoriques  tracées  sur  les  parois  des  grottes  ou  les  rochers 
isolés.  [Seraient  d'âge  plus  récent  qu'on  ne  le  croit  généralement.] 

Sous-section  de  géographie  historique  et  descriptive.  — Gh.  Duf- 
FARD.  L'extension  du  cap  Ferret  et  l'instabilité  des  passes  du  bas- 
sin d'Arcachon,  du  xvie  siècle  à  la  fin  du  xix^  siècle.  —  E.  Bellog. 
L'état  de  la  géographie  et  de  la  cartographie  pyrénéennes  au  xviiie 
siècle.  —  A.  Pawlowski.  L'histoire  du  golfe d'Aunis.  —  H.  deCoiN- 
CY.  La  cartographie  des  dunes  de  Gascogne.  —  P.  Bufkault.  Les 
anciennes  forêts  du  Rouergue.  —  E.  Bellog.  Les  termes  géogra- 
phiques en  usage  dans  les  Pyrénées.  —  Lavialle.  La  forêt  limou- 
sine autrefois  et  aujourd'hui. 

Sous-section  de  linguistique.  —  Sarran-d'Allard.  Les  noms 
de  lieux  du  Cantal  en  «  anges  ». 

Section  des  sciences  économiques  et  sociales.  —  Abbé  V.  Foix. 
Un  questionnaire  économique  de  1728  avec  les  réponses  du  rece- 
veur des  tailles  de  l'élection  des  Lannes.  [Sur  la  situation  agricole 
et  les  moyens  de  l'améliorer.  Tout  pivote  autour  du  marché  de 
Dax  et  du  fort  de  Bayoniie.  Renseignements  météorologiques, 
commerciaux,  industriels  et  agricoles  très  nombreux.]  —  Nigolaï. 
Patrons  et  ouvriers  à  Bordeaux  au xviue  siècle  (1700-1800).  [Statis- 
tiques de  l'état  et  du  mouvement  des  corporations.  Importance  de 
l'industrie  et  fortune  des  communautés.  Rapports  entre  patrons  et 
ouvriers,  grèves.  Les  salaires  ont  suivi  une  marche  ascendante 
régulière  de  1700  à  1800.]  —  Cheylud.  L'école  centrale  du  dépar- 
tement du  Cantal.  —  A.  Yrondelle.  Le  collège  d'Orange.  [Fondé 


440  ANNALES   DU   MIDI. 

en  1573  par  le  comte  Louis  de  Nassau,  en  vertu  des  pouvoirs  que 
lui  avait  conférés  Guillaume  le  Taciturne,  son  frère.  Louis  XIV, 
après  la  mort  de  Guillaume  d'Orange,  roi  d'Angleterre,  expulsa 
les  protestants  de  la  principauté,  et  le  collège  ne  fut  sauvé  qu'à 
grand'peine.  Il  reprit  vigueur  avec  les  Doctrinaires,  que  l'ôvêque 
d'Orange  appela  et  qui  dirigèrent  l'établissement  de  1718  à 
août  1794.  Il  rouvre  comme  école  secondaire  en  1803.  Monographie 
très  complète.] 


La  réunion  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements  a  tenu 
sa  trente-deuxième  session  en  même  temps  que  le  (Congrès  des 
Sociétés  savantes,  du  21  au  24  avril.  Peu  de  communications 
concernant  le  Midi.  Nous  pouvons  cependant  noter  les  suivantes  : 

Paumes.  Le  clocher  du  lycée  Gambetta,  àCahors.  [Construit  à  la 
fin  du  xvii^  siècle.]  —  Guillibert.  Un  buste  du  philosophe  mar- 
quis d'Argens.  —  Discours  de  M.  H.  Stein.  [Un  certain  nombre 
de  noms  d'artistes,  dont  plus  d'un  méridional,  ont  été  retrouvés.] 

—  Bouillon-Landais.  Luc-Raphaël  Ponson,  peintre  marseillais. 

—  L.  Giron.  Le  mu.sée  du  cloître,  au  Puy.  —  Chanoine  Urseau. 
Les  peintures  murales  de  l'ancien  couvent  de  la  Baumette,  près 
d'Angers.  [Un  des  personnages  est  saint  Louis  de  Toulouse,  fils  du 
roi  de  Naples,  René  d'Anjou.] 


Chronique  du  Gévaudan. 

Depuis  notre  dernière  Chronique,  rien  de  bien  particulier  à 
signaler.  Le  Bulletin  de  la  Société  cC agriculture,  sciences  et  arts 
reste  toujours  l'unii^ue  revue  scientifique  locale,  tandis  que  le 
Bulletin  du  Club  cévenol  constitue  la  seule  publication  touristi- 
que, superbement  éditée  et  illustrée.  Dans  un  pays  aussi  peu  for- 
tuné que  le  Gévaudan,  on  est  étonné  de  trouver  des  périodiques 
paraissant  régulièrement,  nourris  d'articles  variés  et  édités  avec 
soin.  On  serait  tenté  de  croire  que  les  Sociétés  dont  ils  sont  les 
organes  possèdent  de  sérieuses  réserves,  et  pourtant  c'est  à  l'aide 
seule  des  cotisations  de  leurs  membres  que  ces  publications  sont 
imprimées,  illustrées  et  échangées  avec  celles  de  Sociétés  autre- 


CHRONIQUE.  441 

ment  riches,  mais  dont  les  Bulletins  sont  d'une  pauvreté  et  d'une 
rareté  étonnantes. 

Malgré  l'appel  adressé  en  1905  aux  notaires  du  département  par 
M.  Philippe,  archiviste,  et  le  D""  Barbot,  pour  les  inviter  à  verser 
leurs  vieux  registres  aux  Archives  on  n'a  eu  à  enregistrer  qu'un 
seul  dépôt,  mais  considérable  :  environ  trois  cents  registres  ou 
liasses  intéressant  une  partie  de  nos  Gévennes.  Il  est  regrettable 
que  les  versements  ne  soient  pas  plus  nombreux,  car,  dans  cer- 
taines études,  les  minutes  sont  abandonnées  aux  vers  et  à  l'humi- 
dité, et,  d'autre  part,  il  est  difficile,  sinon  impossible  aux  cher- 
cheurs d'utiliser  ces  documents  si  précieux  pour  notre  histoire 
locale,  jalousement  conservés  (!)  qu'ils  sont  par  les  notaires,  qui 
ne  les  utilisent  point,  mais  se  contentent  de  les  garder,  estimant 
que  la  présence  de  vieux  registres  donne  une  certaine  valeur  à 
leur  étude. 

Les  fouilles  pratiquées  en  1905  au  pied  du  clocher  nord  de  la 
cathédrale  de  Mende  ont  amené  la  découverte  de  très  anciennes 
cryptes,  dont  l'histoire  fort  ancienne  a  fait  l'objet  d'une  commu- 
nication au  Congrès  de  la  Société  française  d'archéologie,  réuni 
à  Carcassonne  le  22  mai  19061.  Depuis,  les  fouilles  faites  tout 
autour  ont  donné  peu  de  résultats  ;  mais  grâce  aux  efforts  des 
archéologues  locaux  et  au  bon  vouloir  de  l'administration,  les 
cryptes  ont  été  conservées  et  rendues  accessibles  au  public  et  aux 
touristes. 

Dans  le  Courrier  de  la  Lozère,  journal  bi-hebdomadaire, 
M.  l'abbé  Foulquier  publie,  depuis  bientôt  trois  ans,  des  Notes 
historiques  sur  les  paroisses  des  Cévennes  :  travail  plein  d'éru- 
dition, pour  lequel  l'auteur  a  consulté  toutes  les  archives  des 
communes  qu'il  mentionne,  les  archives  départementales,  des 
archives  particulières  et  papiers  de  famille,  sans  compter  le  dé- 
pouillement de  tous  les  ouvrages  et  publications  relatifs  à  la 
région.  Malheureusement,  le  titre  de  l'ouvrage  parait  impropre  à 
une  étude  dans  laquelle,  à  part  de  courtes,  trop  courtes  monogra- 
phies sur  une  foule  de  communes,  de  villages  et  de  hameaux, 
on  ne  trouve  guère  que  la  liste  chronologique  très  documentée  de 
tous  les  desservants  des  paroisses  des  Gévennes.  Mais  il  convient 
de  louer  l'auteur  de  son  activité. et  de  sa  méthode. 
Dans  VEcho  des  montagnes,  journal  hebdomadaire  de  l'arron- 

1.  Voir  BuUetin  monumetital,  1906,  n°  5-6,  pp.  326  et  sqq. 

A.NNALES  DU   MIDI.   -«-XX  29 


442  ANNALES   DU  MIDI. 

dissement  de  Marvejols,  l'auteur  de  cette  chronique  publie  depuis 
deux  ans  des  Pages  inédiles  de  Vhistoire  de  Marvejols  qui  for- 
meront un  fort  volume  in-4o,  avec  plans  et  gravures.  Pour  écrire 
cette  étude,  l'auteur  a  mis  à  contribution  les  archives  du  dépar- 
tement, celles  de  l'hôtel  de  ville  de  Marvejols  et  différents  docu- 
ments épars  en  divers  dépôts;  mais  il  a  surtout  cherché  à  réfuter 
les  erreurs  qui  foisonnent  dans  les  différents  travaux  publiés  par 
feu  Denisy  sur  la  ville  de  Marvejols,  et  à  montrer  le  crédit  qu'il 
faut  accorder  aux  assertions  fantaisistes  de  cet  auteur,  qui  paraît 
avoir  ignoré  le  latin  sur  lequel  il  a  disserté  en  de  trop  nombreu- 
ses pages. 

M.  Fages,  archiviste  de  la  Lozère,  continue  le  dépouillement  de 
la  série  E  dont  l'inventaire  est  encore  loin  d'être  terminé.  Entre 
temps,  il  a  publié  dans  le  Bulletin  de  la  Lozère  une  série  de  sa- 
vantes études,  admirablement  documentées,  qu'il  a  réunies  en  un 
volume  sous  la  rubrique  «  Noies  d'histoire  gévaudaiiaise  •  ». 
L'érudition  de  M.  Fages  l'a  incité  à  étudier  surtout  le  moyen  âge, 
et  nous  savons  qu'il  prépare  diverses  monographies,  entre  autres 
un  travail  sur  les  origines  des  barons  du  Tournel. 

Et  à  ce  propos,  nous  tenons  à  dire  un  mot  au  sujet  du  grand 
ouvrage  de  M.  A.  Philippe,  notre  ancien  archiviste,  sur  la  Baron- 
nie  du  Tournel  et  ses  seigneurs,  longue  et  laborieuse  étude 
publiée  dans  le  Bulletin  de  la  Lozère  de  1908  à  1906. 

Le  sujet,  heureusement  choisi,  —  car  l'histoire  gévaudanaise 
avant  les  guerres  de  religion  est  surtout  celle  de  ses  grandes 
familles  féodales,  ■ —  un  fonds  d'archives  fort  riche  à  partir  du 
xiiie  siècle,  ont  permis  à  l'autfur  de  nous  montrer —  depuis  le 
milieu  du  xiie  siècle,  où  les  Tournel  apparaissent  avec  leurs 
domaines  entièrement  constitués  :  Valdonnez,  haute  vallée  du 
Lot,  partie  du  mont  Lozère  et  de  la  vallée  de  l'Altier,  jusqu'au 
xvie  siècle,  où  ils  s'éteignent  avec  Gabrielle  Guérin  —  une  famille- 
type  de  barons  féodaux,  puissants  et  batailleurs,  fréquemment 
en  lutte  ou  en  procès  avec  leurs  voisins,  évêques  et  bourgeois 
de  Mende,  barons  de  Florac,  hospitaliers  de  Gap-Francès,  etc. 

Le  volume  débute  par  une  étude  géographique  de  la  baronnie 
et  un  travail  archéologique  sur  ses  forteresses,  t«us  deux  excel- 
lents. Après  l'histoire  des  seigneurs  du  Tournel  viennent  quel- 
ques appendices  dont  le  plus  intéressant  traite  des  sceaux  et  des 

1.  Un  vol.  in-8».  Mende,  Privât,  1907. 


CHRONIQUE.  443 

notaires  de  la  haronnie.  Enfin,  M.  Philippe  termine  son  ouvrage 
par  un  recueil  de  documents  qui  constitue,  en  340  pages,  un  véri- 
table cartulaire  de  la  baronnie.  Les  textes  sont,  en  général,  judi- 
cieusement établis;  mais  pourquoi  M.  P.  a-t-il  réduit  au  minimum 
la  ponctuation? 

Quelque  complet  que  soit  ce  volumineux  travail,  il  contient 
une  lacune  regrettable  :  le  titre  nous  faisait  espérer  une  étude  sur 
la  baronnie  du  Tournel,  et  nous  n'y  trouvons  que  l'histoire  et 
la  généalogie  des  barons.  Il  manque  au  volume  un  chapitre  où 
l'auteur  aurait  dû  nous  montrer  —  autant  que  la  chose  eût  été 
possible  —  l'organisation  du  petit  monde  qui  gravitait  autour  des 
murailles  hautaines  du  château  du  Tournel. 

Nous  aurions  voulu  connaître,  par  quelques  détails,  les  rapports 
des  seigneurs  du  Tournel  avec  leurs  suzerains,  les  évêques  de 
Mende,  avec  leurs  vassaux,  avec  leurs  hommes;  la  liste  des  péages 
indicatifs  des  routes  commerciales;  les  noms  et  la  quotité  des 
principaux  droits  féodaux,  si  variables  d'une  province  à  l'autre; 
lire  enfin  une  élude  sur  la  justice,  puisque  nous  possédons 
encore  un  registre  du  baile  du  Tournel  pour  la  première  moitié 
du  xive  siècle,  etc. 

Nous  bornerons  là  notre  critique  d'un  travail  qui  fait  honneur 
à  son  auteur,  renvoyant  le  lecteur  aux  analyses  ou  aux  critiques 
qui  en  ont  été  déjà  publiées  *.  Mais,  en  terminant,  nous  regrettons 
de  dire  à  M.  Philippe  combien  il  a  été  oublieux  vis-à-vis  de  cer- 
tains de  ses  collaborateurs.  Pour  notre  part,  nous  tenons  unique- 
ment à  lui  rappeler  les  journées  passées  à  lever  le  plan  du  château 
du  Tournel.  Cuiqice  smitn. 

Enfin  nous  ne  saurions  oublier  M.Ch.  Porée,  également  ancien 
archiviste  de  la  Lozère,  anjourd'hui  à  Auxerre,  qui,  après  avoir 
publié  pendant  son  séjour  en  Gévaudan  de  nombreux  et  savants 
travaux,  continue  à  donner  de  temps  à  autre,  dans  différentes 
publications,  des  études  d'histoire  locale  rédigées  à  l'aide  des 
matériaux  amassés  durant- son  court  séjour  en  Lozère.  M.  Porée 
s'est  attaché,  avec  un  zèle  qui  l'honore,  à  l'histoire  de  notre 
région  :  tous  ses  lecteurs  félicitent  en  lui  le  patriote  et  le  patient 
bénédictin  dont  ils  se  plaisent  à  admirer  les  recherches  si  curieu- 
ses, mais  aujourd'hui  trop  rares.  D""  Barbot. 

1.  Voir  dans  \es  Annales  du  Midi,  aux  pp.  98-108  du  n»  de  janvier  1908, 
l'article  de  St.  Stronski,  et  dans  Bibl.  de  l'Ecole  des  Chartes,  janv. -avril 
1907,  p.  668,  une  étude  de  P.  Boyer, 


444  ANNALES    DU   MIDI. 


Chronique  du  Tarn  et  de  Tarn-et-Garonne. 

Tah\.  —  Depuis  1905,  dale  de  notre  dernière  chronique  {Anna- 
les, XVII,  441),  l'histoire  et  l'archéologie  de  l'Albigeois  n'ont  pas 
cessé  de  progresser.  On  peut  s'en  convaincre  facilement  en  par- 
courant les  nombreuses  études  qui  ont  été  consacrées  à  ces  matiè- 
res et  qui,  presque  toutes,  ont  paru  ou,  du  moins,  sont  analysées 
dans  la  Revue  du  Tarn.  Présenter  ici  leur  liste  complète  serait 
sortir  de  noire  cadre.  Il  nous  suffira,  pour  rappeler  leur  valeur  et 
leur  variété,  de  citer,  entre  autres,  les  notes  sur  les  antiquités  pré- 
historiques et  romaines,  découvertes  dans  les  cantons  de  Lisle,  de 
Vaour  et  de  Réahnont,  l'histoire  des  vicomtes  et  de  la  vicomte  de 
Paulin,  la  description  de  l'église  romane  de  Burlats,  l'analyse  des 
délibérations  municipales  de  Piabastens,  de  1566  à  1848,  et  l'édition 
de  douze  comptes  consulaires  d'Albi,  rédigés  en  roman  et  daté? 
de  1360  à  1381. 

Dans  le  pays  castrais,  les  travailleurs,  qui  étaient  restés  jus- 
qu'ici assez  clairsemés;  sont  devenus  un  peu  plus  nombreux,  et  ils 
nous  ont  donné  en  ces  derniers  temps  d'intéressants  témoignages 
de  leur  activité.  Cependant,  nous  ne  saurions  oublier  que  la  mort 
récente  de  leur  doyen,  M.  Ch.  Pradel,  a  produit  dans  leurs  rangs 
un  vide  des  plus  sensibles  et  particulièrement  difficile  à  combler. 
On  sait  que  ce  savant  s'était  appliqué  surtout  à  répandre  une  plus 
grande  lumière  sur  les  guerres  du  protestantisme  dans  notre  région, 
et  qu'il  a  édité  la  plupart  des  chroniques  renfermant  le  récit  de  ces 
événements.  Durant  le  cours  de  ses  recherches,  il  avait  formé  une 
riche  collection  de  notes  et  de  documents,  puisés  en  grande  partie 
dans  les  archives  des  familles,  et  il  est  vivement  à  souhaiter  que 
ces  trésors  historiques  échappent  à  la  destruction  et  soient  placés 
dans  urf  dépôt  public. 

Malgré  son  importance,  le  fonds  Sarrasy,  conservé  dans  les 
archives  du  département  du  Tarn,  n'avait  pas  encore  été  invento- 
rié et  n'était  connu,  pour  ainsi  dire,  que  de  nom.  Le  catalogue  que 
M.  Portai  en  a  pul)lié  en  1906  permettra  désormais  d'utiliser  cette 
série  de  pièces  originales,  où  abondent  les  renseignements  sur  les 
seigneuries,  les  familles  féodales  et  les  communes  de  l'Albigeois. 
Nous  ne   pouvons   qu'adresser   nos   sincères  remerciements  aux 


CHRONIQUE.  445 

notaires,  lorsqu'ils  consentent  à  verser  leurs  anciennes  minutes 
dans  les  archives  des  départements.  Toutefois,  quelques-uns  de 
ces  versements  se  recommandent  d'une  manière  spéciale  à  notre 
attention  et  sont  bien  faits  pour  exciter  la  reconnaissance  des  cher- 
cheurs. Tel  est  le  cas  de  celui  qui  a  été  effectué,  il  y  a  un  ou  deux 
ans,  par  M.  Malaval,  notaire  d'Albi.  Ce  généreux  compatriote  a 
déposé,  en  efïet,  aux  archives  du  Tarn  une  série  de  minutes  qui 
embrassent  toute  la  période  allant  de  1409  à  1733,  et  qui  ne  rem- 
plissent pas  moins  de  530  registres. 

Les  projets  précédemment  adoptés  par  la  municipalité  d'Albi,  au 
sujet  de  la  construction  d'un  musée,  viennent,  encore  une  fois, 
d'être  complètement  modifiés.  A  la  suite  de  la  séparation  de  l'Eglise 
et  de  l'Etat,  la  ville  a  obtenu  la  jouissance  derévêché,  et  c'est  dans 
cet  édifice,  qui  est  lui-même  un  monument  archéologique,  que  l'on 
a  décidé  de  placer  les  tableaux,  les  statues,  les'  antiquités  et  les 
objets  d'histoire  naturelle,  actuellement  exposés  à  Rochegude. 

Tarn-et-Garonne.  —  A  Montauban,  la  bibliothèque  communale 
n'est  plus  logée  à  l'Hô tel-de-ville.  Elle  a  été  transférée  dans  un 
bâtiment  spécial  où  ses  collections  disposeront  de  plus  d'espace  et 
pourront  ainsi  recevoir  une  installation  plus  méthodique. 

Nous  ne  saurions  guère  parler  des  archives  de  la  ville  sans  cons- 
tater avec  regret  qu'elles  sont  dans  un  grand  désordre  et  qu'il  est 
à  peu  près  impossible  d'en  tirer  parti  pour  les  études  historiques. 
Mais  les  érudits  éprouvent  plus  de  satisfaction  lorsque,  en  se 
livrant  à  leurs  recherches,  ils  ont  recours  aux  archives  départemen- 
tales. Ici,  en  effet,  ils  disposent  des  inventaires  déjà  publiés  jjour 
les  séries  A,  G  et  H,  et,  grâce  aux  secours  et  aux  conseils  que  se 
plait  à  leur  donner  l'excellent  archiviste  M.  Imbert,  il  leur  est  facile 
d'explorer  la  plupart  des  autres  fonds  et  d'y  recueillir  de  précieux 
matériaux.  Cet  important  dépôt  a  reçu,  en  ces  dernières  années, 
les  papiers  de  diverses  administrations  cantonales  de  l'époque  de 
la  Révolution,  et,  en  outre,  beaucoup  de  registres  provenant  des 
notariats  de  Lauzerte  et  de  Bruniquel.  Dans  un  grand  nombre  de 
localités,  l'inspection  des  archives  communales  a  fourni  à  M.  Imbert 
l'occasion  de  corriger  et  de  compléter  les  inventaires  déjà  dressés 
par  ses  prédécesseurs.  C'est  ainsi  qu'il  a  découvert,  à  la  mairie  de 
Odstelsarrasin,  deux  registres  de  notaire,  qui  vont  de  1303  à  1300, 
et  qui  sont,  croyons-nous,  les  plus  anciens  documents  de  ce  genre 
que  l'on  ait  signalés  jusqu'ici  pour  ce  département. 

Les  travaux  d'histoire  et  d'archéologie  sur  le  Tarn-et-Garonne, 


446 


ANNALES    DU    MIDI. 


publiés  depuis  1905,  sont  insérés  pour  la  plupart  dans  les  recueils 
des  deux  Sociétés  savantes  de  Montauban,  et  on  retrouvera  leurs 
titres  dans  la  partie  des  présentes  Annales  consacrée  à  la  revue 
des  périodiques.  Parmi  les  autres  publications,  faites  en  dehors 
de  ces  recueils,  le  seul  ouvrage  de  longue  haleine  que  nous  puis- 
sions citer  est  l'histoire  de  Caussade  {La  ville  de  Caussade,  ses 
vicoinles,  ses  barons),  qui  s'imprime  en  ce  moment,  et  qui,  en  1907, 
a  valu  à  ses  auteurs,  MM.  Galabert  et  Barascud,  le  prix  Ourgaud, 
décerné  par  la  Société  archéologique  du  Midi  de  la  France. 

E.  Gabié. 


CORHESPONDANCE 


Notre  collaborateur,  M.  Vignaux,  ayant  fait,  dans  le  dernier 
no  des  Annales  (p.  310),  le  compte  rendu  sommaire  d'un  opuscule 
publié  par  la  Société  archéologique  du  Gers  —  Un  aventurier 
gascon.  Paul  Emile  Soubiran,  —  a  reçu  à  ce  sujet  deux  lettres 
rectificatives. 

Par  la  première,  très  courtoise,  M.  Puel,  procureur  de  la  Répu- 
blique à  Lectoure,  décline  la  paternité  de  ce  travail,  que  M.  V. 
lui  avait  attribuée  à  tort.  Par  la  seconde,  M.  Puech,  professeur  à 
l'Ecole  normale  primaire  d'Auch,  la  revendique  au  contraire. 
Dont  acte  donné  à  l'un  et  à  l'autre  de  ces  messieurs.  M.  V.  avait 
été  induit  en  erreur  par  la  ressemblance  des  noms  ;  scientifique- 
ment parlant,  la  confusion  est  sans  conséquence. 

M.  Puech  affirme  d'ailleurs  avoir  dit  que  la  Gascogne  n'a  pas 
produit  uniquement  des  escrocs,  mais  aussi  d'excellents  soldats  et 
de  brillants  politiques  :  il  n'a  pas  voulu  faire  de  son  triste  héros 
«  le  prototype  du  caractère  gascon  ».  Sur  ce  point  M.  V.  répond  : 
<i  Je  n'ai  pas  dit  cela,  mais  seulement  que  le  livre  de  M.  P.  n'est 
pas,  comme  il  le  prétend,  «  une  contribution  »,  même  modeste, 
«  à  l'étude  du  caractère  gascon  ».  Des  aventuriers  joueurs,  espions, 
escrocs,  toutes  les  provinces,  tous  les  pays  en  fournissent,  aussi 
bien  le  Languedoc  ou  la  Picardie  que  la  Gascogne,  la  Russie  ou 
l'Allemagne  que  la  France.  Et  le  chevalier  d'industrie,  d'où  qu'il 
sorte,  est  une  exception  ;  il  ne  saurait  être  allégué  comme  caracté- 
ristique d'aucune  contrée.  Si  encore,  dans  cette  brochure,  le  détail 
des  faits  nous  apprenait  quelque  chose  sur  l'histoire  du  temps  où 
Soubiran  a  vécu,  des  pays  qu'il  a  traversés  !  Mais  il  n'en  est  rien. 
On  n'est  donc  pas  obligé  de  partager  l'opinion  de  M.  P.  sur  Tuti- 
lililé  et  l'intérêt  de  son  œuvre.  S'il  a  eu  «  du  plaisir  à  l'écrire  »,  je 
n'en  ai  pas  éprouvé  autant  à  la  lire  et  j'en  suis  fâché.  » 

N.  D.  L.  R. 


LIVRES  ANNONCÉS  SOMMAIREMENT 


Bkllog  (E.).  Déformation  des  notns  de  lieux  pyrénéens- 
Paris,  Imprimerie  nationale,  1907;  in-8o  de  124  pages  (extrait  du 
Bulletin  de  géographie  historique  et  descriptive,  1907,  n»  1).  — 
Que  maints  noms  de  lieux  soient  travestis  par  l'orthographe  offi- 
cielle, c'est  ce  qui  a  été  souvent  démontré  ï.  M.  Belloc,  qui  avait 
déjà  contribué  à  cette  démonstration  en  ce  qui  concerne  diverses 
régions  du  Midi  (voy.  Anîiales,  XIX,  435),  revient  à  la  charge  en 
resti'eignant  son  sujet.  11  montre  que  la  plupart  des  erreurs  sur 
les  noms  pyrénéens  tiennent  au  fait  que  les  cartes  de  la  région 
ont  été  dressées  par  des  personnes  qui  lui  étaient  étrangères,  et 
qui,  en  ignorant  la  langue,  entendaient  mal  ou  interprétaient  de 
travers  les  noms  indigènes.  M.  B.  rectifie  un  grand  nombre  de 
mots  ainsi  altérés,  en  se  fondant  sur  leur  signification  dans  les 
patois  locaux.  Il  est  bien  des  cas  où  cette  signification  ressort 
clairement  et  sans  aucun  doute  possible  de  la  prononciation  cor- 
recte du  mot,  et  alors  les  rectifications  de  M.  B.  s'imposent;  mais 
il  en  est  d'autres  où  les  gens  du  pays,  même  instruits  et  cultivés, 
hésitent  et  donnent  des  explications  différentes  d'un  mot  qu'ils 
prononcent  de  même.  M.  B.  a  sa  solution  toute  prête  (il  se  résigne 
bien  rarement  à  écrire  :  >.<  origine  inconnue  »)  et  il  tance  sévère- 
ment ceux  qui  en  défendent  une  autre.  Cette  assurance  lui  vient 

1.  Par  MM.  Martel,  de  Rochas,  DevoUiy,  Alpli.  Meillon.  t.es  travaux 
des  deux  premiers  ont  été  résumés,  à  l'usage  du  grand  pubhc,  dans  un 
amusant  feuilleton  du  Journal  des  Débats  (If)  août  I9U7).  Ceux  des  deux 
derniers  ont  été  publiés  respectivement  dans  les  Annales  de  la  Société 
des  lettres...  des  Alpes-Maritimes,  1903  (cf.  Annales,  XVI,  255^),  et  le 
Bulletin  pyrénéen,  années  1905-6.  N'oublions  pas  que  c'est  un  Suédois, 
M.  Lindstrœm,  qui  a  été  l'un  des  premiers  à  ouvrir  la  voie  (voy.  Roma- 
7iia,  XXVIII,  168). 


LIVRES   ANNONCÉS   SOMMAIREMENT.  449 

de  la  persuasion  où  il  est  que  les  noms  géographiques  ont  presque 
tous  un  sens  dans  la  langue  actuelle  du  pays.  La  première  règle 
à  suivre,  dit-il,  est  de  «  rechercher,  avant  tout,  la  véritable  signi- 
fication du  nom  de  lieu  considéré.  C'est  la  condition  primordiale 
de  laquelle  dépend  exclusivement  le  résultat  final.  Pour  cela,  il 
n'est  point  nécessaire  d'être  grand  clerc  ou  normalien;  la  condi- 
tion indispensable  est  de  connaître  à  fond  les  dialectes  locaux  >•> 
(p.  111).  Mais  si  le  mot  est  d'origine  préromane,  il  peut  se  faire  que 
la  connaissance  de  ces  patois  ne  suffise  pas  :  et  qui  niera  la  per- 
sistance, dans  l'onomastique  géographique,  d'éléments  celtiques, 
ibériques  ou  autres?  —  M.  B.  va  plus  loin,  et  ici  il  se  confond 
avec  ceux-là  même  qu'il  vient  de  condamner  si  justement  :  «  11 
appartient  exclusivement  au  géographe,  dit-il,  de  fixer  exactement 
la  forme  orthographique  du  nom  de  lieu  ci-dessus  [Coumbo], 
quand  même  les  indigènes  lui  donneraient  un  «  faux  i-enseigne- 
«  ment...  ■»  (p.  50).  Le  vocabulaire  géographique  pyrénéen  renfer- 
mant un  très  grand  nombre  d'appellations  de  ce  genre,  il  est  du 
devoir  de  chacun  de  les  rectifier,  malgré  les  indigènes  »  (p.  47). 
Mais  c'est  précisément  au  nom  de  ce  principe  même  —  la  graphie 
réformée  d'après  une  étymologie,  vraie  ou  supposée  —  que  l'on  a 
écrit  col  (TAuberl  pour  col  daouberl,  Bal-Laetonse  (vallée  lai- 
teuse) au  lieu  de  Ballelous.  M.  B.  semble  posséder  à  fond  les 
patois  pyrénéens,  mais  ses  connaissances  linguistiques  ne  vont 
guère  au  deU'i,  ce  qui  explique  que  certaines  de  ses  étymologies 
soient  à  écarter  sans  discussion.  Il  n'hésite  pas  à  tirer  lin  (mince) 
de  longus  (p.  22),  calm  de  calvits  (p.  73),  Ger  de  germen  (p.  59), 
escana  (dans  Escano-crabe)  de  escala  (p.  53),  Mené  de  mmutum 
(p.  86),  Vallier  de  l'esp.  valle  (malgré  la  place  de  l'accent).  — Voici 
quelques  erreurs  plus  vénielles  :  Tramesaigites  (p.  98)  est  tiré  de 
extremas  aquas  (voy.  Thomas  dans  Annales,  XVI,  500,  et  XVII, 
77)  ;  Pouylouhy  (p.  89)  de  podiutn  illum  vicuni  ;  mais  on  ne  voit 
pas  pourquoi  le  c  final  de  vie  se  serait  perdu  dans  le  composé 
alors  qu'il  reste  dans  le  simple;  l'étymologie  porfm»*  lupinutn 
me  paraît  s'imposer. 

En  somme,  les  travaux  de  M.  B.  sont  très  intéressants  et  méri- 
toires ;  mais  —  s'il  me  permet  ce  conseil  —  qu'il  se  défie  de  l'esprit 
de  système  et  ne  substitue  jamais  à  l'exacte  observation  des  faits 
une  «  rectilication  »,  même  la  plus  ingénieuse  ou  la  plus  bril- 
lante. A.  Jeanroy. 


450  ANNALES   DU    MIDI. 

Bonnet  (E.).  L'influence  lombarde  dans  l'architecture  romane 
de  la  région  montpelliéraine.  11  pages  in-8o.  Extrait  du  Bulle- 
tin archéologique,  1907,  pages  210-18.  —  M.  Bonnet  relève  de 
très  nombreux  témoignages  de  cette  influence  :  bandes  murales 
qui  forment  pilastre  et  que  relient  des  arcatures  en  plein  cintre; 
frises  et  archivoltes  en  dents  de  scie  (M.  B.  propose  le  terme  plus 
précis  de  dents  d'engrenage);  marqueteries  décoratives;  chapiteaux 
à  treillages.  Les  monuments  les  plus  caractéristiques  de  cette 
influence  sont  :  l'église  deSaint-Guilhem-du-Désert;  celle  de  Saint- 
Martin  de  Londres,  qui  dépendait  de  la  première  et  dont  le  plan 
tréflé  rappelle  les  modèles  lombards  ;  la  tour  de  Saint-Etienne-de- 
Puissalicon,  ancien  clocher  dont  la  disposition  architecturale  est 
aussi  intéressante  que  les  détails  d'ornementation.  L'importance 
commerciale  de  Montpellier  à  l'époque  romane  explique  les  rela- 
tions de  cette  ville  avec  l'Italie  du  nord.  Benjamin  de  Tudèle,  qui 
écrivait  son  itinéraire  vers  le  milieu  du  xiie  siècle,  signale  précisé- 
ment à  Montpellier  l'existence  d'une  colonne  lombarde. 

H.  Graillot. 

Bonnet  (E.).  L'église  abbatiale  de  Saint-Guilhem-le-Désert. 
ln-8o,  59  pages  et  13  planches.  Extrait  du  Compte  rendu  du 
LXXIIIn  Cojigrès  archéologique  de  France,  tenu  en  1906  à  Car- 
cassonne  et  à  Perpignan.  —  Excellente  monographie  de  la  célèbre 
abbaye  bénédictine  de  Gellone,  plus  connue  depuis  le  xiie  siècle  sous 
le  nom  de  Saint-Guilhem,  monasteriuin  Sancti  Wilelmi.  L'église 
comprend  un  narthex,  une  nef,  doux  collatéraux,  un  transept 
flanqué  de  deux  absidioles  et  un  chœur  en  hémicycle.  Le  narthex 
est  la  partie  la  moins  ancienne  et  paraît  l'emonter  à  la  fin  du  xiie  siè- 
cle; il  porte  dans  les  textes  la  dénomination  de  gimel  ou  jumcl, 
dont  on  ne  peut  encore  donner  une  explication.  La  nef  du  xie  siècle, 
divisée  en  quatre  travées  par  des  arcs  doubleaux,  est  voûtée  en 
berceau  plein  cintre  et  très  élevée.  Les  bas  côtés  sont  très  étroits. 
Le  transept,  ses  chapelles  et  l'abside  centrale  sont  du  début  du 
xiie  siècle;  ils  ne  correspondent  plus,  comme  proportions,  avec 
l'ancienne  nef.  La  décoration  de  la  façade,  des  murs  latéraux  et 
surtout  du  cfievet,  qui  est  très  remarquable  avec  sa  fausse  galerie 
d'arcades  aveugles,  trahit  une  influence  manifeste  du  style  lombard. 
Le  cloître,  dont  ils  subsiste  deux  galeries,  doit  être  contemi)orain 
de  l'abside,  malgré  son  apparence  archaïque.  Parmi  les  débris  de 
sculpture,  les  plus  intéressants  sont  :  un  sarcophage  paléo-chrétien 


LIVRES   ANNONCÉS    SOMMAIREMENT.  451 

des  vi-viie  siècles  et  d'un  atelier  de  l'école  d'Aquitaine;  l'autel  de 
Saint-Guilhem,  avec  un  Christ  en  croix  et  un  Christ  triomphant, 
consacré  en  1138;  quelques  chapiteaux  historiés;  des  statues  d'apô- 
tres, qui  se  rattachent  à  l'école  de  Toulouse.         H.  Graillot. 

EspÉRANDiEU  (E.).  Recueil  général  des  bas-reliefs  de  la  Gaule 
romaine.  Tome  1er  ;  Alpes  maritimes,  Alpes  Cottiennes,  Corse, 
Narbonnaise.  Paris,  Impr.  nationale,  1907;  in-4o  de  x-489  pages. 
—  Ce  livre,  orné  de  nombreuses  phototypies  dans  le  texte,  fait  par- 
tie de  la  Collection  de  Documents  inédits  sur  l'histoire  de  France, 
publiés  par  les  soins  du  Ministre  de  l'Instruction  publique.  C'est 
le  commencement  d'un  Recueil  qui  se  composera  probablement  de 
cinq  volumes,  et  sera  consacré  aux  monuments  figurés  sur  pierre 
de  l'ancienne  Gaule.  M.  E.  a  eu  le  courage  de  l'entreprendre,  don- 
nant ainsi  une  satisfaction  vivement  désirée  aux  amis  de  nos  anti- 
quités nationales. 

Il  subsiste  peu  de  monuments  dans  les  Alpes-Maritimes,  où  le 
sarcophage  de  l'église  de  Vence  est  le  vestige  le  plus  artistique. 

Dans  les  Alpes  Cottiennes,  l'arc  de  Suse  est  entouré  d'un  enta- 
blement décoré  de  bas-reliefs  commémorant  l'amitié  entre  Rome 
et  les  peuplades  de  Gottius,  devenu  préfet  impérial.  De  la  dédicace, 
il  reste  les  trous  de  scellement  des  lettres  de  bronze  disparues.  Ces 
trous  ont  permis  de  restituer  l'inscription.  D'autres  grands 
trous  de  scellement  réguliers,  qui  entourent  les  pieds  de  l'arc  jus_ 
qu'aux  impostes,  et  criblent  les  deux  grandes  faces  de  l'attique, 
sans  respect  pour  l'inscription  en  double,  me  font  penser  que,  pos- 
térieurement au  temps  d'Auguste,  le  marbre  de  l'arc  fut  décoré  de 
grands  ornements  de  bronze,  et  que  ceux  de  l'attique  masquèrent 
l'inscription.  Au  goût  pur  de  l'époque  classique,  aux  seules  lignes 
du  marbre  blanc,  succéda  le  contraste  opulent  du  bronze  par 
masses  et  du  marbre. 

La  Coi'se,  comme  toujours,  est  très  pauvre. 

En  Gaule  Narbonnaise,  il  y  a  tant  de  richesses  que  je  ne  puis 
qu'à  peine  y  toucher  ici. 

Les  édicules  grecs  trouvés  à  Marseille  dans  les  fouilles  de  la  rue 
de  la  République  sont  beaucoup  plus  curieux  qu'esthétiques. 

Les  beaux  sarcophages  d'Arles  se  rencontrent  un  peu  partout. 
Le  musée  d'Aix  possède  un  admirable  bas-relief  funéraire,  apporté 
de  Marseille,  et  de  style  grec,  représentant  un  jeune  homme,  une 
jeune  femme  et  un  cheval  (no  72  du_livre).  Très  beau  également  le 


452  ANNALES   DU   MIDI. 

repas  funéraire  d'Erennios,  venu  de  Marseille  à  Avignon  (n»  76). 
Le  charmant  tombeau  de  la  musicienne  Tyrannia,  au  musée  d'Ar- 
les, est  particulièrement  bien  reproduit  (no  181).  On  me  pardonnera 
de  me  hâter  vers  l'arc  d'Orange,  et  de  remercier  M.  E.  d'avoir 
donné  le  baptême  scientifique  à  rna  lecture  de  la  date  delà  dédicace 
en  la  reproduisant.  Mais  il  est  rare  d'éprouver  une  satisfaction 
sans  mélange  :  M.  E.  a  omis  le  mot  AVGVSTO. 

Comme  pour  l'arc  de  Su'se,  l'ouvrage  de  M.  E.  permet  une  étude 
minutieuse  et  exacte  des  sculptures  des  arcs  d'Orange,  de  Saint- 
Remy,  d'Arles  {arcus  admirabilis,  aujourd'hui  détruit),  de  Gar- 
pentras,  de  Gavaillon,  etc. 

Maintenant  qu'il  est  démontré  que  l'arc  d'Orange  fut  édifié  sous 
Tibère,  il  faut  espérer  que  la  ridicule  appellation  d'  «  Arc  de 
Marius  »  ne  se  perpétuera  pas  dans  les  Guides  et  sur  ia  carte  de 
l'Etat-major.  L'ignorance  du  public  est  déjà  bien  assez  profonde 
en  ces  matières  sans  que  ceux  qui  se  donnent  mission  de  la  dissiper 
contribuent  à  l'épaissir. 

En  provenance  de  Vaison,  il  faut  signaler  au  musée  d'Avignon 
le  bas-relief  représentant  un  cliar  à  quatre  roues,  attelé  de  deux 
chevaux  que  dirige  un  cocher  armé  d'un  fouet  à  plusieurs  lanières. 
Les  personnages  sont  assis  au  sommet  de  la  caisse  de  la  voiture, 
ce  qui  rappelle  notre  mail-coach  de  courses.  On  a  beaucoup  dis- 
cuté sur  ce  monument  dont  les  panneaux,  décorés  chacun  d'une 
tète  sculptée,  sont  énigmatiques. 

Parfois  on  rencontre  quelque  ouvrage  d'un  beau  style,  comme  le 
buste  d'enfant,  dans  une  niche  cintrée,  du  n»  298,  au  même  musée. 

Ce  qu'il  y  a  de.  meilleur  au  musée  de  Vienne  est  un  Hypnos 
du  1er  siècle  (no  391). 

Le  musée  de  Nimes  offre  ses  aigles  magnifiques,  d'un  travail 
large  et  souple,  dignes  de  la  majesté  du  nom  romain,  et  où  le 
marbre  respire.  Il  a  aussi  des  stèles  à  portraits  d'un  réalisme  pré- 
cieux pour  l'ethnographie.  Un  rayon  de  poésie  brille  sur  les  têtes 
féminines,  inégalement  voilées,  d'un  .chapiteau  trouvé  en  1894, 
têtes  qui  pourraient  correspondre  à  des  phases  lunaires  (no  493). 

Béziers  a  envoyé  à  Toulouse  des  têtes,  provenant  de  bustes, 
d'un  grand  intérêt  artistique  et  histori(jue.  Celles  d'Agrlppa,  de 
Tibère,  de  Oermanicus,  des  deux  Drusus,  donnent  vraiment  la 
commotion  romaine.  La  spirituelle  fermeté  du  masque  de  Faustinc 
la  jeune  n'est  pas  incompatible  avec  les  désordres  de  sa  vie.  Heu- 
reux le  musée  qui  possède  de  tels  chefs-d'œuvres  ! 


LIVRES   ANNONCÉS  SOMMAIREMENT.  453 

Une  longue  exposition  aux  intempéries  a  dégradé  les  monuments 
de  Narbonne.  Par  un  surcroît  de  malechance,  la  voûte  de  l'église 
de  Lamourguier  s'est  partiellement  écroulée  sur  eux  en  1906. 

Une  bibliographie  et  une  description  également  soignées  accom- 
pagnent les  reproductions  des  bas-reliefs,  et  la  belle  publication 
de  M.  E.  constitue  un  instrument  de  travail  de  haute  valeur  pour 
les  historiens  de  l'art  et  les  archéologues.       Ed.  Bondurand. 

.JuD  (.J.).  Recherches  sur  la  genèse  et  la  diffusion  des  accusa- 
tifs en  -  ain  et  en  -  on.  (Première  partie).  Halle,  Karras,  1907; 
in-8o  de  114  pages  (Dissert,  de  Zuricli).  —  Il  s'agit  ici  de  l'origine 
d'une  forme  de  déclinaison  imparisyllabique,  fréquente,  comme 
on  le  sait,  en  français  et  en  provençal  {ber,  baron;  ante,  antain). 
La  thèse  de  l'origine  germanique,  soutenue  depuis  longtemps  par 
des  savants  considérables,  puis  fortement  ébranlée,  il  y  a  quel- 
ques années,  par  des  articles  célèbres  de  G.  Pai-is  et  de  M.  Phi- 
lipon,  est  ici  très  nettement  reprise  et  étayée  sur  des  faits  nom- 
breux et  des  arguments  solides.  M.  Jud  a  dépouillé  un  certain 
nombre  de  documents  historiques  du  ve  au  ix^  siècle  ;  il  y  a  relevé 
les  noms  propres  de  personnes  fléchissant  de  cette  sorte,  il  les  a 
classés  par  ordre  de  régions  et  de  dates,  et  de  ces  listes  méthodi- 
quement dressées  se  dégagent,  comme  spontanément,  deux  cons- 
tatations importantes  :  1»  que  cette  flexion  s'est  appliquée  à  des 
noms  germaniques  avant  de  s'appliquera  des  noms  latins;  2»  que 
sa  fréquence  dans  une  région  est  en  raison  directe  de  la  densité  de 
l'élément  germanique  :  «  Partout,  dit-il,  elle  est  strictement  condi- 
tionnée par  la  présence  de  tribus  ouest-germaniques  sur  le  terri- 
toire roman;  ce  sont  les  Langobards  en  Italie,  les  Alémans  en 
Rétie,  les  Francs  en  France  »  (p.  114).  —  En  ce  qui  concerne  le 
midi  de  la  France,  M.  Philipon  avait  cru  constater  que  les  docu- 
ments relatifs  à  la  Narbonnaise  ne  contenaient  aucune  trace  de  la 
déclinaison  gothique  en  a,  -  an.  Le  fait  eût  été  particulièrement 
probant,  la  Narbonnaise  ayant  été  occupée  durant  trois  siècles 
par  les  Wisigoths.  Mais  M.  J.  montre  (pp.  34  et  suiv.)  que  les 
dépouillements  de  M.  Philipon  étaient  incomplets  et  il  signale 
dans  les  documents  de  la  région  un  nombre  assez  considérable  de 
noms  propres  pourvus  de  cette  flexion.  —  Dans  une  seconde 
partie  de  ce  travail,  non  encore  parue,  M.  J.  promet  de  confirmer 
sa  thèse  par  l'étude  de  la  même  flexion  dans  les  noms  communs 
et  dans  les  noms  de  lieux  et  de  rivières.  A.  Jeanroy. 


454  ANNALES   DU   MIDI. 

MiGHALiAs  (R.)  Essai  de  grammaire  auvergnate.  Ambert, 
Migeon,  1907;  in-12  de  218  pages.  —  M.  Michalias  n'est  pas  philo- 
logue :  cela  se  voit  de  reste  (à  certaines  étymologies  par  exemple, 
comme  adeissias  de  adès)  et  il  est  inutile  de  le  démontrer.  Dans 
cette  petite  grammaire,  la  phonétique  est  rudimentaire,  unique- 
ment faite  par  comparaison  avec  le  français,  et  l'auteur  a  pour 
notre  alphabet  officiel  un  respect  excessif.  Mais  s'il  note  les  sons 
d'une  façon  incommode,  il  les  décrit  avec  soin,  il  donne  des  para- 
digmes complets,  de  longues  listes  de  locutions,  un  petit  traité  de 
la  formation  des  mots  et  d'intéressantes  notes  de  syntaxe  (non 
seulement  sous  cette  rubrique,  mais  disséminées  dans  les  divers 
chapitres).  M.  M.  n'a  pas,  au  reste,  de  prétentions  et  ses  derniers 
mots  sont  d'une  touchante  modestie.  11  est  singulier  qu'il  ne  men- 
tionne nulle  part  les  travaux  si  précis  et  méthodiques  de  son  com- 
patriote M.  Dauzat^  où  il  eût  trouvé  un  meilleur  modèle  que 
dans  la  grammaire  catalane  qu'il  a  prise  pour  guide,  et  auxquels 

il  eût  pu  donner  un  utile  complément. 

A.  Jeanroy. 

NiCHOLSON  (E.).  Floureto  de  Prouvenço.  A  sélection  of  Pro- 
vençal 'poems  and  stories,  with  french  translation,  and  with  a 
grammatical  Introduction.  Avignon,  Roumanille,  1908;  in-16  de 
40  pages.  —  M.  Nicholson,  médecin  de  l'armée  anglaise  établi  en 
Provence,  a  compris  que  pour  bien  jouir  du  séjour  dans  un  pays 
il  était  bon  d'en  connaître  la  langue,  de  pouvoir  en  lire  les  poètes. 
Cette  agréable  tâche  qu'il  s'est  imposée  à  lui-même,  il  a  voulu  la 
faciliter  à  ses  compatriotes  en  publiant  ce  petit  volume  sans  pré- 
tentions. C'est  une  grammaire  très  sommaire,  avec  paradigmes 
complets  (calqués  sur  ceux  de  la  Grammaire  historique  de  la 
langue  des  Félibres,  par  Koschwitz),  listes  de  locutions  et  quel- 
ques notes  sur  les  extraits  publiés  dans  l'Appendice.  Celui-ci  est 
formé  par  les  volumes  XGVII  et  CL  de  la  Nouvelle  Bibliothèque  > 
populaire  (Henri  Gautier,  éditeur),  qui  contiennent,  avec  de 
brèves  introductions  de  P.  Mariéton,  l'un  dix-huit  poésies,  l'autre 

trois  contes  en  prose  des  félibres  les  plus  en  vue. 

A.  Jeanroy. 

1.  Phonétique  historique  du  patois  de  Vinzelles,  1897  {\oyez  Annales, 
X,  268)  ;  Morphologie  du  patois  de  Vinzelles,  1900  [Bibliothèque  de 
l'Ecole  des  Hautes-Etudes,  CXXVI).  Le  dernier  livre  de  M.  Dauzat, 
annoncé  plus  haut  (p.  154),  touche  précisément  à  un  domaine  tout  voisin 
de  celui  dont  M.  M.  s'est  occupé. 


/ 


PUBLICATIONS  NOUVELLES 


Amardel  (G.).  Les  monnaies  féodales  de  Narbonne.  Narbonne, 
imp.  Gaillard,  1907;  in-8o  de  88  p. 

AsHTON  (H.).  Du  Bartas  en  Angleterre  (thèse).  Paris,  Larose, 
1908;  in-8o  de  392  p. 

Auvergne  (J.).  Fontvieille.  Notes  et  documents.  Bergerac,  imp. 
Gastanet,  1908;  in-8"  de  93  p.  et  carte. 

Bagque  (L.).  Les  seigneurs,  le  château,  l'église  de  Budos.  Bor- 
deaux, imp.  Pech,  1908;  in-16  de  48  p. 

Bénac  (Abbé  J.).  P.  Ambroise  de  Lombez  (1708-1778).  Paris, 
Poussielgue,  1908;  in-16  de  xxv-228  p.  [Nouvelle  Bihliolhèque 
franciscaine,  l^e  série,  xx.] 

Bremond  (H.).  La  Provence  mystique  au  xviie  siècle.  Antoine 
Yvan  et  Madeleine  Martin.  Paris,  Pion,  Nourrit,  1908;  pet.  in-8o 
de  xvi-400  p.,  avec  2  grav.,  1  plan  et  1  carte. 

Ghoses  d'autrefois.  Le  partage  du  communal  appelé  La  Boul- 
bonne,  fait  sous  le  bon  plaisir  de  l'auguste  Assemblée  nationale 
par  les  habitants  de  la  commune  de  Pamiers,  1er  et  2  juin  1790, 
suivi  de  :  Pamiers  en  fête,  la  Suette,  le  Moulin  de  la  marquise. 
Installation  de  Bernard  Font,  Un  Prédicateur  révolutionnaire, 
Les  Ghevaliers  de  Malte,  Un  Patriote,  Vente  de  l'église  des  Augus- 
tins,  L'Hôtel-de-ville  de  Pamiers  depuis  1793,  Le  «  Don  gratuit  », 
La  «  Ville  de  Pamiers  »  chez  les  Anglais,  Rosières  appaméennes, 
Napoléon  ler  à  Pamiers,  Sous  la  halle  aux  grains.  Pamiers,  Galy, 
1908;  in-8o  de  113  p.  [Extrait  de  L'Eloile  de  l'Ariège.'] 

Glouzot  (H.).  Les  Jacquai-d  en  Ghampagne  et  en  Auvergne. 
Paris,  Leclerc,  1907;  in-8û  de  11  p. 

GouRTEAULT  (P.).  Bh^ise  de  Monluc  historien.  Etude  critique  sur 
le  texte  et  la  valeur  historique  des  Gommentaires.  Paris,  Picard; 
Toulouse,  Pi'ivat,  1908;  in-S»  de  xlviii-685  p. 

Déchelette  (J.).  Manuel  d'archéologie  préhistorique,  celtique 
et  gallo-romaine.  I.  Archéologie  pi'éhistorique.  Paris,  Picard,  1908- 
in-8o  de  xix-747  p. 

Drouhet  (G.).  Les  manuscrits  de  Maynard,  conservés  à  la  Bi- 


456  ANNALES   DU   MIDI. 

bliothèque  de  Toulouse.  Etude  bibliographique,  accompagnée  de 
pièces  inédites.  Paris,  Champion,  1908;  in-8o  de  M  p. 

Durand  (Chanoine  Q.).  Un  capucin.  Le  Père  Ghrysostome  de 
Barjac,  Antoine  Pellier  (1757-1819).  Sa  vie,  suivie  de  .sa  correspon- 
dance et  de  pièces  justificatives.  Nimes,  Debroas,  1908;  in-8o  de 
ix-285  p. 

EsTiEU  (P.).  La  canson  occitana.  Carcasona,  imp.  Patau,  1908; 
in-8o  de  263  p. 

FoROT  (V.).  L'an  1789  en  Bas-Limousin.  Paris,  Schemit,  1908; 
in-8»  de  128  p. 

Grandrille  (R.).  L'organisation  de  l'Inquisition  en  France,  de 
1233  à  la  fin  du  xve  siècle.  Orléans,  imp.  Goût,  1908;  in-8o  de  iv- 
196  p. 

Inventaire  sommaire  des  archives  départementales  antérieures 
à  1790  p.  p.  A.  Leroux  et  C.  Rcvain.  Haute- Vienne.  Archives  ec- 
clésiastiques. Série  G.  Tome  1er.  Evêchè  de  Limoges  et  Chambre 
ecclésiastique.  Limoges,  Ducourtieux,  1908;  in-4o  de  xxix-31S  p. 

.Iourdanne  (G.).  Les  bibliophiles,  les  collectionneurs  et  les  im- 
primeurs de  l'Aude.  Paris,  Leclerc,  1904;  in-8o  de  294  p. 

La  Salle  de  Rochemaure  (De).  Uno  bisito  à  Mistral,  Maïano, 
settembre  1907.  Texte  cantalien  et  traduction  française.  Aurillac, 
imp.  Sérieys,  1908;  in-16  de  129  p. 

LA.STEYRIE  (R.  de)  et  Vidier  (A.).  Bibliographie  annuelle  des 
travaux  historiques  et  archéologiques  publiées  par  les  Sociétés 
savantes  de  la  France  (1904-1905).  Paris,  Leroux,  1907;  in-4o  à 
2  col.  de  217  p. 

Livre  (Le)  de  raison  du  couvent  des  Capucins  de  Riez,  publié  et 
annoté  par  l'abbé  M.-J.  Maurel.  Digne,  imp.  Chaspoul,  1907; 
in-8o  de  viii-211  p. 

LoRDAT  (M.  J.  de).  Un  page  de  Louis  XV.  Lettres  de  Marie- 
Joseph  de  Lordat  à  son  oncle  Louis,  comte  de  Lordat,  baron  de 
Bram,  brigadier  des  armées  du  roi  (1740-1747),  recueillies  et 
publiées  par  le  marquis  de  Lordat  et  le  chanoine  Charpentier. 
Paris,  Pion,  Nourrit,  1908;  in-8o  de  vii-428  p. 

Martin  (A.).  Les  mégalithes  de  Cieux  et  de  Javerdat  (Haute- 
Vienne).  La  Groix-Paraud  à  Nantiat  (Haute-Vienne).  Alençon, 
imp.  ve  Guy,  1907;  in-8o  de  14  p. 

Le  Gérant, 
l\-F-D.  PUIVAT. 


loulouse.  Inip.  DoulaUOURK-PRIVAT,  rue  St-Kome,  39    —  6614 


PRÉMILLAC 


SULPICE    SÉVÈRE   A    PRIMULIAC^ 

M.  F.  Moiiret  a  suivi  de  près,  eu  1895,  le  déblaiement  d'un 
monticule  dit  de  Saint-Bauzille  d'Esclatian,  qui  fait  partie  d'un 
domaine  de  sa  famille  sis  dans  la  commune  de  Vendres,  entre 
Béziers  et  Narbonne.  Il  a  vu  mettre  à  nu  un  large  rocher  de 
pierre  calcaire  dont  la  surface  grossièrement  aplanie,  qui 
forme  à  peu  près  un  cercle  de  30  mètres  de  diamètre,  était 
creusée  de  plus  de  cent  cinquante  auges  funéraires.  Ce  cime- 
tière monolithe  est  très  remarquable  par  le  resserrement 
des  tombes,  par  leur  forme  anthropoïde  (la  loge  de  la  tête 
légèrement  détachée),  par  leur  orientation  rigoureusement 
constante,  les  pieds  au  Levant.  Il  y  a  de  plus  un  puits  profond 
au  centre  géométrique  du  monticule,  et,  dispersés  entre  les 
tombes,  des  trous  coniques  où,  sans  doute,  se  trouvaient  les 
débris  de  poteries  que  l'auteur  mentionne  sans  indiquer  le 
lieu  précis  de  la  découverte.  Je  crois  bien  qu'aucun  anthropo- 
logiste  ne  considérera  sans  un  très  vif  intérêt  la  planche-  où 
M.  Mouret  a  figuré   la   disposition  de  ce  rocher-cimetière, 

1.  F.  Mouret,  Sulpice  Sévère  à  Primuiiac  (Bulletin  de  la  Société  ar- 
chéologique, scientifique  et  littéraire  de  Béziers,  3"  série,  tome  VI,2''liv., 
vol.  XXXVI  de  la  collection,  pp.  447  à  568).  Il  y  a  ou  un  tirage  à  part 
avec  additions,  Paris,  Picard,  1906. 

2.  PL  III,  p.  456.  C'est  la  page  la  plus  intéressante  du  travail. 

ANNALES   DU   MIDI.    —   XX  30 


458  E.-CH.    BABUT. 

aujourd'hui  détruit  L'autour  nous  apprend  que  naguère  en- 
core, ce  lieu  de  sépultui-e  jadis  si  recherci:ié  était  vénéré  par 
la  population  locale;  une  croix  était  plantée  sur  le  monticule, 
et  le  jour  de  Pâques  tout  le  pays  s'y  rendait  en  procession. 
Des  tombes  analogues  (pp.  462  et  suiv.)  ont  été  trouvées  dans 
la  région,  de  la  Catalogne  à  la  Provence,  mais  l'auteur 
ne  connaît  aucun  groupement  semblable  à  celui  de  Saint- 
Bauzille. 

11  n'y  aurait  qu'à  remercier  M.  Mouret  d'avoir  publié,  avec 
de  bonnes  photographies,  l'heureux  résultat  de  sa  fouille,  — 
très  imparfaitement  conduite,  il  faut  le  dire,  et  suivie  d'une 
destruction  coupable,  —  s'il  ne  s'était  avisé,  pour  illustrer 
son  antique  cimetière,  d'en  faire  l'emplacement  de  la  villa  de 
Primuliacum,  où  Sulpice  Sévère  se  retira  et  fonda  une 
sorte  de  monastère  domestique. 

Point  de  départ.  —  La  croix  plantée  sur  le  tumulus  est 
(p.  456)  «l'indice  certain  que  les  ruines  avaient  une  origine 
religieuse  »  (peut-être;  mais  le  cimetière  suffit  à  expliquer  les 
processions  et  la  croix).  On  a,  de  plus,  trouve  dans  la  fouille 
«  des  morceaux  de  marbre  blanc  ayant  pu  appartenir  à  un 
autel  »  (p.  461).  Un  acte  de  971  mentionne  l'église  de  Saint- 
Bauzille  d'Esclatian  cum  ipso  pogio  (le  tumulus)  et  cum  ipsa 
cella  et  cum  ipso  cimeterîo  (p.  460).  Or,  «  cet  ensemble 
d'une  chapelle,  d'une  cellule  et  d'un  cimetière  isolés  au  milieu 
des  champs,  loin  de  tout  centre  habité,  correspond  exactement 
à  ce  que  le  Grand  Dictionnaire  Larousse  dit  de  Primuliac 
quand  il  l'appelle  un  hermitage  situé  près  de  Béziers  » 
(p.  461,  note)  Avec  Larousse,  Weiss  et  Michaud  dans  leurs 
deux  Biographies  universelles,  Bouillet,  Dezobry  et  Bache- 
let,  c'est-à-dire  «  nos  érudits  les  plus  autorisés  »  (p.  452),  pla- 
cent Primuliac  dans  les  environs  de  Béziers. 

Démonstration. —  1"  Je  laisse  de  côté  les  preuves  tirées  des 
archives  (p.  548)  qui  sont  étonnantes.  Qu'un  acte  de  971  porte 
donation  par  un  particulier  a  deux  églises  de  Béziers  de  la 
terre  d'Esclatian  (p.  551),  comment  a-t-on  pu  imaginer  que 
cela  prouvât  que  celte  terre  avait  appartenu  à  l'Eglise  au 
v"  siècle  et  lui  «  faisait  retour»  (pp.  553  et  554)2  Au  surplus, 


PRÉMILLAC.  459 

il  n'y  a  aucune  raison  de  croire  que  Sulpice  ait  légué  à 
l'Eglise  la  terre  de  Primuliacum,  qu'il  s'était  réservée  lors  de 
la  vente  de  ses  biens.  La  traduction  donnée  à  la  p.  549,  d'après 
l'abbé  Souiry,  du  texte  de  Paulin,  Ep.  xxiv  (et  non  Ep.  vu) 
§  3  :  «  usufruitier  de  l'Eglise  à  qui  vous  les  avez  léguées», 
est  un  contresens.  Il  est  un  peu  imprudent  de  fonder  une 
démonstration  sur  une  vieille  traduction  qu'on  n'a  pas 
vérifiée. 

2"  Preuves  tirées  des  noms  propres.  —  Primuliacum  vient 
de  Prîmus  lacus.  Or  il  y  a  un  étang  à  Vendres  (p.  488),  et 
cet  étang  peut  être  considéré  comme  le  premier  d'une  série.  — 
Mais  tous  les  lecteurs  de  cette  revue  savent  bien  que  Pri- 
muliacum veut  dire  «  domaine  de  Primulus  »,  comme  Albi- 
niacum,  «  domaine  d'Albinus  »,  etc. 

D'autre  part  (p.  491  ),  Sulpice  avait  possédé  un  autre  domaine 
du  nom  (VEliiso  que  l'auteur  suppose  (pourquoi?)  avoir  été 
voisin  de  Primuliacum,  ;  ce  domaine  serait  la  terre  de  Luz  ou 
Luch,  près  Beziers.  —  Mais  Luz  ou  Luch  (formes  anciennes 
attestées  :  villa  de  Luco,  de  Lugd)  doit  venir  de  Lucus. 
D'ailleurs,  Blusoow  Etusio  (Paulin,  Ep.  i,  11),  n'était  pas  un 
domaine,  mais  un  bourg,  qui  figure  sur  V Itinéraire  de  Bor- 
deaux à  Jérusalem,  et  qui  marquait  une  étape  entre  Tou- 
louse et  Hébromagus*. 

3"  Preuves  tirées  des  textes.  —  A)  (P.  495)  Sulpice  Sévère, 
Chron.  II,  41,  4,  écrit  :  hoc  ego  Gavidium  episcopum  nos- 
truîïi  quasi  obtrectatiiem  referre  solitum  audivi.  — 
M.  Mouret  traduit  :  «  J'ai  entendu  Gavidius,  notre  évêque, 
raconter  ce  fait...  »  Or  ce  Gavidius,  que  Sulpice  donne  comme 
son  évêque,  peut  avoir  été  évêque  de  Béziers.  —  Réponse  : 
Episcopum,  nostrum  paraît  signifier,  comme  au  texte  II,  44, 1 
noster  Fœgadius  (Phœbadius  d'.\gen),  que  Gavidius  était 
Aquitain.  En  tout  cas,  le  siège  de  Gavidius  est  inconnu.  Il  y  a 
d'ailleurs  contresens  sur  la  pbrase,  qui  veut  dire  :  «  J'ai  ouï 
dire  que  Gavidius  racontait  souvent...  »  Sulpice  peut  n'avoir 
jamais  vu  Gavidius. 

1.  Itinera  Hierosolymitmia,  éd.  Geyer,  Corp.  Scr.  Eccl.  Lat.  de 
Vienne,  t.  XXXIX,  1898.  p.  4. 


460  E.-CH.    HABU^T. 

B)(P.  448)  Paulin  (Ep.  v,  22)  demaade  à  Snlpice  de  lui 
faire  envoyer  du  vin  vieux  qu'il  croit  posséder  encore  à  Nar- 
bonne.  Donc  Primuliac,  le  domaine  qu'habite  Sulpice.  doit 
être  proche  de  Narbonne.  —  Mais  la  lettre  V  de  Paulin,  qui 
date  de  396,  est  antérieure  à  l'établissement  du  Sulpice  à  Pri- 
muliacum.  En  395,  Sulpice  est  à  Eluso  (Paulin,  Ep.  i,  11); 
en  397,  à  Toulouse  (Sulpice,  Ep.  m,  3).  Ce  n'est  qu'en  400 
(Paulin,  Ep.  xxiv,  1)  que  l'on  apprend  que  Sulpice  a  vendu 
tous  ses  domaines  sauf  un,  évidemment  Primuliacum  (nom- 
mé en  402,  Ep.  xxxi,  1). 

C)  (P.  499)  Paulin  (Ep.  v,  21;  même  lettre,  même  date  :  si 
nigellatum  habes)  prie  son  ami  de  lui  envoyer  de  l'huile  de 
nielle.  Cette  huile  servait,  paraît-il,  à  combattre  la  fièvre  palu- 
déenne; donc  Sulpice  habitait  un  pays  fiévreux  comme  Ven- 
dres.  Faible  argument. 

B)  (P.  500)  Postumien,  au  début  des  Dialogues  de  Sulpice, 
parle  de  son  départ  pour  l'Egypte,  dont  il  revient,  en  disant 
(Dial.  I,  3)  :  Anie  hoc  triennium,  quo  tempore  iibi,  Sulpici, 
hinc  abiens  valedixi,  ubl  Narbone  navem  solvimus,  quinio 
die  porlum  Africce  intravimus  ;  adeo  prospéra  Bel  nutu 
navigatio  fuit.  Traduction  :  «  Il  y  a  trois  ans,  ô  Sulpice, 
quand  je  partis  d'ici,  je  te  fis  mes  adieux  là  où  nous  nous  em- 
barquons, à  Narbonne;  cinq  jours  après,  etc..»  Il  ressort  clai- 
rement de  ce  texte,  dit  M  Mouret,  que  la  résidence  de  Sul[)ice 
était  peu  éloignée  de  Narbonne. —  Le  texte  veut  dire  :  «  Quand 
je  vous  eus  dit  adiou  en  partant  d'ici,  voici  trois  ans,  à  peine 
avions-nous  pris  la  mer  à  Narbonne  que,  le  cinquième  jour, 
nous  entrions  dans  un  port  d'Afrique*.  »  Hinc  et  Narbone 
désignent  évidemment  des  lieux  difl'érents. 

E)  (P.  502).  Autre  texte,  Dial.I,  i,  3.  Postumien  raconte  son 
voyage  de  retour  :  Navem  ibi  (à  Alexandrie)  onerariam  in- 
veni  quae  cum  mercibus  Narbonam  pelens  solvere  para- 
bal...  Tricensimodic  Massiliam  apputsus,  inde  hue  decimo 

1.  Portum  Africœ  a  l'air  d'un  nom  propre,  et  désigne  ici  un  port  voisin 
de  Giirtliiige  (voir  un  peu  plus  loin,  ad  portum  regressi).  Pourtant,  faute 
d'avoir  trouvé  une  autre  mention  de  ce  nom,  je  n'ose  traduire  par  :  Port 
d'Afrique. 


prémillac.  461 

perverti  :  adeo  prospéra  navigatio  piae  adfuit  voluntati. 
Ce  texte  nous  apprend,  selon  M.  Mouret,  que  Sulpice  résidait 
au  bord  de  la  mer;  le  voyage  de  Postumien,  en  effet,  a  élé  jus- 
qu'au bout  une  traversée.  —  Que  l'on  se  reporte  au  contexte. 
On  verra  que  la  phrase  relative  à  la  dernière  partie  du  voyage 
ne  peut  pas  signifier  que  Postumien  ait  mis  dix  jours,  ou, 
si  l'on  veut,  neuf  jours,  à  venir  par  mer  de  Marseille  à  Nar- 
bonrie.  Postumien  veut  dire  que  son  voyage  a  été  exception- 
nellement rapide,  au  retour  comme  à  l'aller  (remarquer  les 
deux  adeo  prospéra).  Dès  lors  le  trajet  Marseille-Narbonne, 
comparable  en  vitesse  au  trajet  de  cinq  ou  quatre  jours  de 
Narbonne  en  Afrique,  n'a  pas  dû  prendre  plus  de  deux  jours, 
peut-être  un  seul.  Appulsus  signifie  qu'on  a  touché  à  Mar- 
seille, et  non  pas  qu'on  y  a  perdu  sept  ou  huit  jours.  Donc,  de 
Narbonne  à  Primuliacum,  Postumien  a  voyagé  sept  ou  huit 
jours  par  terre. 

Voilà  résumée  toute  la  démontration  de  M.  Mouret.  Je 
laisse  de  côté  les  erreurs  de  détail  et  les  affirmations  dénuées 
de  toutes  pi'euves —  dates  de  la  vie  de  Sulpice,  bonheur  con- 
jugal de  Sulpice,  destruction  de  Primuliacum  par  les  bar- 
bares, etc.,  — que  j'ai  trouvées  (lans  son  livre  en  grand  nombre. 
Il  n'y  a  dans  ce  travail  aucune  information  à  retenir  ni  sur 
Sulpice  Sévère,  ni  sur  Prionuliacum;  les  bibliographies  de 
Sulpice  Sévère  ne  devraient  pas  en  donner  mention.  Que 
M.  Mouret  se  contente  du  mérite  d'avoir  découvert  et 
signale  aux  anthropologistes  son  mystérieux  cimetière  d'Es- 
clatian. 


II 


PREMILLAC. 

OÙ  se  trouvait  Primuliacum,  le  domaine  où  Sulpice  Sévère 
se  retira  aux  environs  de  400,  où  il  a  composé  sa  CJironique 
et  placé  la  scène  de  ses  Dialogues  ?  Avant  qu'un  habitant  de 
Béziers  le  cherchât  à  Béziers,  des  Béarnais  en  ont  désigné 


462  E.-CH.    BABCT. 

l'emplacement  en  Béarn  ',  un  prêtre  du  diocèse  d'Agen  en 
Agenais  2,  un  Périgourdin  en  Périgord  '.  C'est  un  peu  l'histoire 
d'Alésia. 

Les  données  du  petit  problème  ne  sont  pas  nombreuses  ;  il 
faut  les  passer  en  revue. 

1°  Première  indication,  le  nom  même  de  Prîmuliacum. 
11  y  a  des  chances  assez  fortes  pour  que  ce  nom  de  villa  se  soit 
conservé,  comme  tant  de  centaines  d'autres,  dans  un  nom  de 
village.  Le  mot  de  Primuliacum,  —  qui  est  devenu  ailleurs 
Prémilhat  (Allier),  Prémilly  (Vienne)  et  Prêmillieu  (Ain),  — 
n'aura  pu  donner,  dans  la  région  aquitaine,  que  Prémillac.  Or, 
les  répertoires  géographiques  que  j'ai  pu  consulter  ne  m'ont 
fait  connaître  qu'un  Prémillac  :  c'est  un  hameau  de  98  habi- 
tants (Joanne,  Dictionnaire  de  la  France)  appartenant  à  la 
commune  de  Saint-Sulpice  d'Excideuil,  canton  de  Nouailles' 
Dordogne.  C'est  ce  Prémillac  qui  est,  pour  l'auteur  de  V His- 
toire du  Périgord,  le  Primuliacum  àe  Sulpice. —  On  pensera 
à  tirer  argument,  en  faveur  de  l'identification  de  notre  Pri- 
muliacum  avec  ce  Prémillac,  du  nom  de  Saint-Sulpice  que 
porte  un  village  tout  voisin.  Mais  la  rencontre  peut  être  for- 
tuite et  ne  prouve  rien.  Le  saint  Sulpice  qui  a  donné  son  nom 
à  Saint-Sulpice  d'Excideuil  pourrait  être  saint  Sulpice  de 
Bourges  (vii«  s.),  dont  le  culte  a  été  très  répandu  dans  tout  le 
centre  de  la  France. 

2"^  Le  port  où  les  habitants  de  PriTnuliacum  s'embarquaient 
l)Our  voj^ager  en  Méditerranée  était  Narbonue  (Sulpice,  Liai. 
I,  II,  3).  Mais  PriTnuliacum,  se  trouvait  au  moins  à  quelque 
distance  de  Narbonne,  car  il  n'était  pas  en  Narbonnaise.  En 

1.  Curie;Séimbres,  Recherches  sur  les  lieux  habités  par  Sulpice- 
Sévère....  conjecturés  pour  Saint-Justin-Pardiac  et  Saint-Sever-Rustan. 
Tarbes,  1875  (cité  par  Arndt,  clans  son  édition  de  Grégoire  de  Tours  Mon. 
Germ.,  Scr.  Rer.  Mer.  I,  p.  778,  n.).  —  M.  Mouret,  p.  450,  cite  un  article 
de  Bascle  de  Lagrèze,  C07igrès  scientifique,  XXVIII"  session  tenue  à  Bor- 
deaux, 1861. 

2.  Abbé  Barrère,  Histoire  du  diocèse  d'Agen,  t.  I,  p.  14  (cité  par 
Mouret,  ibid.). 

o.  Léon  Dessalle, ///siîotre  du  Périgord,  t.  I,  1"  édit.,  Périgneux,  1883, 
pp.  89-91  (cité  par  Muuret,  ibid.).  L'auteur  ne  fournit  à  l'appui  de  sa  thèse 
que  de  très  faibles  arguments. 


PRÈMILLAC.  463 

effet,  le  moine  Victor,  courrier  de  Sulpice,  étant  parti  en  401 
de  Primuliacum  pour  !a  Campanie,  rencontra  en  route  le 
frère  Postumien,  qui  le  renvoya  de  la  Narhonnaise  à  Sulpice 
(Paulin  de  Noie.  Ep.  xxviii,  2  :  de  Narbonensi  remissus 
ad  te  ^).  On  pensera  peut-être  (?)  à  traduire  dans  ce  texte 
Narbonensi  par  «  le  Narbonnais  »,  en  sous-entendant  pagus 
au  lieu  i\e  provincia.  Mais  Paulin  emploie  le  mot  de  Narbo- 
nensis  une  autre  fois,  pour  désigner  évidemment  la  province 
Narbonnaise  -.  —  Voilà  l'hypothèse  Béziers  écartée. 

3'^  Le  texte  de  Sulpice,  Dial.  I,  ii,  3,  cité  plus  haut,  nous 
apprend  que  Postumien,  en  faisant  grande  diligence,  put  par- 
courir la  route  de  Narbonne  ix  Primuliacum  en  huit  jours.  Ce 
qui  paraît  diminuer  la  valeur  de  cette  donnée,  c'est  qu'on  ne 
voit  pas  si  Postumien  faisait  la  route  achevai,  comme  le  suppose 
V Histoire  du  Périgord,  ou  à  pied  Par  bonheur,  un  excellent 
terme  de  comparaison  est  fourni  par  Paulin,  qui  nous  dit  qu'un 
esclave  de  Sulpice,  voyageant  en  394  dans  les  mêmes  condi- 
tions que  Postumien  en  404.  se  rendit  d'Eluso  à  Barcelone  en 
sept  jours  (Ep.  I,  11).  Un  voyage  si  rapide,  évidemment  fait 
à  cheval  ou  en  voilure'',  paraissait  d'ailleurs  une  prouesse,  ce 
qu'est  bien,  dans  les  Dialogues,  le  voyage  de  Postumien.  En 
se  reportant  à  une  carte  routière  ancienne,  comme  à  celle  de 
M.  Longnon  (Atlas  historique  de  la  France,  pi.  II),  on  verra 
que  la  route  de  Narbonne  à  Prémillac,  qui  est  situé  à  30  kilo- 
mètres environ  au  N.-E.  de  l'érigueux,  était  à  peine  plus 
longue  que  la  route  d'Eluso  à  Barcelone,  surtout  en  coupant 


1.  Pour  les  dates  des  lettres  de  Sulpice  à  Paulin,  voir  Ann.  du  Midi, 
1908,  p.  25. 

2.  Ep.  I,  11  :  c(  In  Pyrenaeo...  qui  Narbonensi  ad  Hispanias  agger, 
nomen  magis  quam  jugum,  liorrendus  interjacet.  « 

3.  Il  serait  naïf  d'alléguer  que,  Sulpice  s'étant  fait  pauvre,  Postumien, 
qui  voyageait  aux  frais  de  Sulpice,  devait  voyager  à  pied.  La  pauvreté  de 
Sulpice  avait  quelque  chose  de  conventionnel,  ou  du  moins  de  relatif. 
Il  n'avait  plus  qu'un  praediolum  ;  mais  ce  mot  est  dit  par  Paulin,  et 
désigne  ce  que  nous  appellerions  une  grosso  fortune  foncière.  Sulpice 
entretient  dans  son  domaine  au  moins  une  douzaine  de  moines  et  peut- 
être  plus;  il  a  une  belle  bibliothèque;  il  fait  de  grands  bâtiments;  il  envoie 
chaque  année  un  ou  deu.x.  hommes  à  Noie  pour  le  service  de  sa  corres- 
pondance avec  Paulin. 


464  E.-CH.    BABUT. 

le  ioug  détour  dont  il  va  être  question.  Il  n'est  pas  très  extra- 
ordinaire que  Postumien  ait  parcouru  en  huit  jours  les  quel- 
ques 500  kilomètres  qui  séparaient  Narbonne  de  Préinillac.  Il 
y  avait  sur  ces  routes  aquitaines  des  relais  bien  organisés. 
L'auteur  de  Y  Itinéraire  de  Bordeaux  à  Jérusalem  comp- 
tait onze  jours  pour  le  trajet  normal  de  Bordeaux  à  Arles 
(375  milles  ou  555  kilomètres).  Un  voyageur  très  pressé  n'avait 
qu'à  briller  quelques  étapes  pour  faire  en  moyenne  65  kilo- 
mètres par  jour  au  lieu  de  50. 

4"  La  route  suivie  par  les  courriers  qui  se  rendaient  de 
Primuliacum  à  Noie  passait  par  Cahors.  Paulin  écrit,  en  effet, 
à  Aléthius  de  Cahors  (Ep.  xxxiif,  1)  :  «  J'ai  reçu  votre  lettre 
per  fratrem...  Victor em  meum,  hoc  munere  militantem 
Deo,  ut  fraternae  serviat  caritati,  hisque  noMs  per  longin- 
qua  terrar^um  intervalla  discretis  impigrum,  annuis  dis- 
cursibus  tabellarium  praebeat.  »  Les  services  de  Victor, 
comme  courrier  de  Sulpice,  ont  commencé  (Ep.  xxiii)  en  400  ou 
en  393,  après  que  Sulpice  se  fût  établi  à  Primuliacum.  C'est 
donc  en  faisant  le  trajet  de  Primuliacum,  à  Narbonne,  pour 
se  rendre  à  Noie,  que  Victor,  chaque  année,  passait  par  Cahors. 
Cahors  se  trouvait  bien  sur  la  route  la  plus  directe  de  Nar- 
bonne à  Périgueux.  Notons  qu'en  suivant  cette  roule  (voir  la 
même  planche  de  V Atlas  historique),  quand  on  était  arrivé  à 
Diolindum,  (Belvès),  on  pouvait  certainement,  pour  gagner 
Périgueux,  pousser  tout  droit  au  nord  et  descendre  presque 
aussitôt  dans  la  vallée  de  la  Dordogne,  au  lieu  de  faire  le  long 
crochet  au  Sud-Ouest  qu'indique  le  tracé  de  la  voie  romaine, 
et  dont  Eœcisum,  (Eysses)  marque  le  sommet  Cette  étape  de 
Cahors  paraît  bien  propre  à  nous  conduire  décidément  au 
Prémilfac  périgourdin.  En  tout  cas,  elle  exclut  Agen  et  toute 
la  région  gasconne. 

5°  Sulpice  ne  nomme  la  cité  de  Périgueux,  à  laquelle  il 
aurait  ainsi  appartenu  par  sa  résidence,  —  non  point  par  sa 
naissance  :  il  devait  sa  fortune  à  son  mariage  ^  et  Prim,ulia- 


1.  Paulin,  Ep.  v,  5,  et  Sulpice,  Ep.  m,  2.  Ccpeuduut.  le  père  de  Sulpice 
avait  VLXi.  ;patrimoniutn  (Paulin,  Ep.  v,  6). 


PRÉMILLAC.  465 

cum  pouvait  être  un  domaine  de  sa  femme,  —  qu'une  seule 
fois,  dans  sa  Chronique  (ii,  45,  7),  à  la  fin  de  son  récit  de  la 
querelle  arienne.  Quand  l'empereur  Constance  fut  mort,  dit- 
il,  et  que  l'église  gauloise  fut  revenue  à  l'orthodoxie,  on  déposa 
le  chef  du  parti  arien.  Saturnin  d'Arles.  «  Paternus  de  Péri- 
gueux,  non  moins  obstiné  et  qui  ne  craignait  pas  de  proclamer 
encore  son  hérésie,  fut  également  chassé  du  sacerdoce.  On  fit 
grâce  aux  autres.  »  On  pourrait  bien  supposer  ici  qu'il  y  eut 
en  réalité  d'autres  destitutions,  et  que  Sulpice  n'a  connu  en 
fait  de  victimes  de  la  réaction  orthodoxe,  avec  Saturnin 
d'Arles  dont  la  condamnation  était  mentionnée  parHilaire  de 
Poitiers*,  que  l'ancien  évoque  de  la  citéoù  il  écrivait.  Mais  ce 
ne  serait  là  qu'une  hypothèse,  vraisemblable  seulement  si  nous 
étions  sûrs  que  Sulpice  habilàt  la  cité  do  Périgueux,  et  il  peut 
fort  bien  être  vrai  que  Paternus  seul  fut  condamné  avec 
Saturuin. 

Il  y  a  pourtant  un  autre  texte  q\n  nous  ramène  à  Péri- 
gueux.  C'est  un  court  fragment  de  lettre  de  Paulin,  conservé 
par  Grégoire  de  Tours  : 

Si  enim  liodie  videas  dignos  domino  sacerdotes,  vel 
Eœsuperium  Tolosae,  vel  Sim2)lîcium  Viennae,  vel  A7nan- 
dum Burdigalae,  vel  Diogenianum  Aibigae,  vel  Dynamium 
Ecolismae,  vel  Veneranduni  Ar^vernis,  vel  Alethium 
Cadurcis,  vel  nunc  Pegasium  Petrocorns,  ulcumque  se 
habenl  saeculi  mala,  videMs  profecto  dignissimos  tolius 
/îdeit^eligionis que  custodes'^. 

Le  seul  Paulin  qui  ait  laissé  publier  ou  publié  lui-même  des 
lettres  au  v**  siècle  est  Paulin  de  Noie,  que  Grégoire  connaît 
bien;  et  les  noms  des  évêques  nommés  (Amandus,  évêque 
avant  404;  Exsupérius,  évêqùe  avant  405;  Aléthius,  encore 


1.  Fragm.  xi,  4  (Migne,  X,  713),  lettres  du  Concile  de  Paris.  Sulpice,  ici 
comme  dans  tout  son  ré.cit  de  la  querelle  arienne,  suit  VOpus  historicum 
d'Hilaire;  mais  la  mentionde  Paternus,  l'arien  obstiné,  semble  due  à  une 
information  orale. 

2.  Grégoire  de  Tours,  Jfist,  Fr.  II,  13  ;  —  Paulin,  éd.  Vonllartel,  Corp. 
Scr.  Eccl.  Lat.t,  XXIX,  Vienne  1891,  Ep.  XI. VIII.  J'ai  corrigé  deux  fautes 
évidentes,  Ecolisnœ  et  pro/ec^jf..—  Sur  la  date  de  l'épiscopat  des  person- 
nages nommés,  v.  Duchesne,  Fastes  épiscopaux,  t.  I  et  II. 


466  E.-CH.   BABUT. 

prêtre  en  404;  Simplicins,  évêque  avant  417)  prouvent  bien 
que  le  fragment  n'a  pu  être  écrit  par  l'autre  Paulin  connu  de 
GrégoireS  celui  de  Périgueux,  dont  le  poème  est  à  peu  près 
de 465.  M.  de  Hartel  a  eu  raison  d'insérer  le  fragment  dans  son 
édition  de  Paulin,  et  la  date  du  fragment  ne  peut  être  très 
éloignée  de  410. 

La  lettre  dont  le  fragment  faisait  partie  était  évidemment 
adressée  à  un  Aquitain;  et  l'on  voit  que  cet  Aquitain,  dans  une 
lettre  à  Paulin,  avait  jugé,  sévèrement  les  évêques  de  la  Gaule 
ou  de  la  région.  C'était  donc  un  ami  très  particulierde  Paulin, 
qui  pouvait  lui  parler  en  pleine  confidence.  Or  nous  ne  lui 
connaissons  d'autre  ami  de  ce  genre  que  Sulpice,  qui  était 
l'ami  auquel  il  écrivait  le  plus  souvent.  Qu'on  prenne  un  à 
un  les  autres  correspondants  aquitains  de  Paulin  :  Amandus 
de  Bordeaux  et  Aléthius  de  Cahors  sont  évidemment  hors 
de  cause,  comme  aussi  -Delphinus  et  Florentins,  évêques  dé- 
funts dont  ils  occupaient  les  deux  sièges.  Restent  des  person- 
nages que  Paulin  connaissait  médiocrement,  Jovius(Ep.  xvi), 
Désidérius  (Ep.  xi.iii).  les  frères  Sauctus  et  Amandus  (Ep.  xl 
et  xLi),  et  deux  moines  qu'il  n'avait  jamais  vus,  Crispinien 
(Ep.  XXV  et  XXV  Ms)  et  Sébastien  (Ep.  xxvi).  On  ne  pourrait 
songer  qu'à  Aper  (Ep.  xxxviii  et  xxxix),  qui  était  pour  Paulin 
sinon  un  familier,  du  moins  un  véritable  ami.  Mais  il  n'y  a  pas 
de  raison  de  faire  d'Aper  un  Gaulois  ;  c'est  bien  plutôt  un  Espa- 
gnol de  la  région  où  Paulin  avait  passé  quatre  années  dans  le 
mystère  (390-395).  Etait-il  d'ailleurs  resté  en  coi'respondance 
avec  Paulin?  Les  deux  lettres  à  lui  adressées  que  nous  possé- 
dons sont  des  toutes  premières  années  du  séjour  de  Paulin  à 
Noie  2. 

Sulpicfi  seul  semble  avoir  pu  être  le  destinataire  du  fragment. 
Ce  qui  le  désigne  encore,  c'est  qu'il  avait  une  grande  habitude 
de  médire  du  clergé  de  Gaule,  et  particulièrement  des  évêques. 
Je  lenvoie  aux  textes  Vita  Martini,  9,  3;  20.  7;  27,  2.  Ep.  ii, 
12-13.  Dial.  I,  2-3-6;  i,  21;  i,  24.  3;  i,  26.  3;  m,  11,  2;  m,  11, 10; 

1.  Grégoire  confond  d'ailleurs  iesdcu.x  Paulin  {De  Virt.  s.  Martini,  1,  2). 
'j.  llinnelt  {Studien  liber  die  Brie/'e  des  hl.  Pauliniis  von  Nota,  Bres- 
lau  1904,  p.  59)  les  place  en  395  et  396. 


PREMILLAC.  467 

III,  12,  2;  m,  15  16.  Chron.  ii,  17,  5;  ii,  51.  10.,  Cf.  i,  54,  4; 
I,  23,  7.  Et  encore  y  a-t-il  dans  ses  écrits  bon  nombre  d'autres 
mots  sévères  à  l'adresse  des  prêtres  et  moindres  clercs. 

Ainsi  le  fragment,  qui  est  certainement  de  Paulin,  fit  très 
probablement  partie  d'une  lettre  àSulpice.  Mais  si  l'on  accepte 
cette  première  conclusion,  il  faudra  admettre  aussi  comme 
probable,  et  a  un  degré  presque  égal  (indépendamment  des 
autres  indices),  que  Sulpice  habitait  le  Périgord.  Paulin  place 
ici  l'évêque  de  Périgucux  à  la  dernière  place  sur  sa  liste  des 
bons  évêques,  comme  étant  l'évoque  dont  le  uom  convaincra  le 
mieux  son  ami  de  l'injustice  de  ses  préventions  II  fait  de  plus 
iigurer  sur  sa  liste  les  évêques  de  toutes  les  cités  limitrophes 
de  Périgueux,  sauf  Limoges.  Les  diocèses  de  quatre  des  cinq 
derniers  évêques  nommés,  Bordeaux,  Angoulême,  l'Auvergne, 
Cahors,  encadraient  le  diocèse  de  Périgueux,  et  le  cinquième, 
Albi,  n'en  était  pas  loin.  Le  fragment  semble  vouloir  dire  : 
Comment  vous  plaignez-vous?  Votre  église  n'est  entourée  que 
de  bons  évêques,  et  elle-même  a  un  bon  évêque. 

Quant  au  ■y^rnwnc,  il  signifie  que  le  précédent  évêque  de 
Périgueux  était  moins  digne  de  l'estime  de  Sulpice.  Il  y  a 
justement  dans  les  Dialogues,  ècv\\.?>  en  404,  une  allusion  très 
défavorable  à  l'évêque  de  la  cité  où  se  trouvait  Primulia- 
cum  '. 

Il  faut  signaler  encore  un  rapprochement  qui  s'impose. 
Sulpice  nous  paraît  bien  avoir  habité  le  territoire  de  Péri- 
gueux, et  ce  fut  un  habitant  ou  du  moins  un  originaire  de  cette 
même  cité,  Paulin  de  Périgueux,  qui  traduisit  en  vers  la  Vita 
Martini  et  les  Dialogues.  Qu'on  ne  se  hâte  pas  de  voir  dans 
cette  coïncidence  une  confirmation  de  l'hypothèse  P?Hmulia- 
CMm-Prémillac;  elle  m'en  ferait  plutôt  douter.  Le  poème  de 
Paulin-  ne  lui  fut  pas  inspiré  par  sa  piété  envers  saint  Martin 
ni  envers  Sulpice.  C'était  un  versificateur,  peut-être  gagé,  qui 
exécutait  une  commande  de  l'évêque  de  Tours  Perpétuus,  l'or- 

1.  Dtal.  111,  lu,  1,  iiostcr  i^ilc  de  preixiun),  ijui  l'uiii  siL  s;qùens,  iiieiiior 
(ins.  de  Dublin)  praesentium,  inuiieiuor  futuroriiia,  ...  saevit  in  clericos, 
grassatur  in  laïcos... 

y.  Ed.  Petschenig,  t.  XVI  du  Corp.  Scr.  Eccl.  Lat. 


468  E.-CH.    BABDT. 

ganisaleur  du  culte  de  saint  Martin.  Pourquoi  ne  dit-il  pas, 
dans  la  lettre- préface  qu'il  adressa  à  Perpétuus,  que  le  lien  de 
la  petite  patiie  l'attachait  à  son  modèle  Sulpice?  Pourquoi  le 
portrait  qu'il  trace  quelque  part  de  Sulpice  {lib.  V,  195-211) 
est-il  fait  de  généralités  qui  ne  supposent  aucune  information 
précise?  Le  témoignage  de  ce  second  Paulin  serait  donc  plutôt 
négatif.  —  Mais  ce  n'estguère  un  témoignage.  Nous  ne  sommes 
pas  sûrs  que  Paulin  de  Périgueux  habitât  Périgueux;  il  était 
d'ailleurs  postérieur  à  Sulpice  de  deux  générations;  et  il  a  pu 
s'abstenir  Volontairement,  dans  son  humble  travail  de  traduc- 
tion, de  toute  réflexion  personnelle. 

Au  total,  il  est  probable  que  \q  Primuliacum  àe  Sulpice  est 
Prémillac  en  Périgord,  et  toutes  les  autres  hypothèses  émises 
sur  la  question  sont  à  rejeter.  S'il  est  vrai,  comme  le  dit 
Y  Histoire  du  Périgord,  que  le  sol  de  Prémillac  soit  «jonché 
de  restes  gallo-romains  »,  on  pourrait,  à  l'occasion,  y  ouvrir 
quelques  tranchées,  et  y  chercher  les  bâtiments  signalés  par 
Paulin  :  Itaplisterium  basilicis  duabus  interposilum  *. 

E.-Ch.  Babut, 

1.  Paulin,  Ep.  xxxii,  1. 


LA  POPULATION  BU  BAS-LANGUEDOC 

A   LA   FIN    DU   XIII«    SIECLE 

ET  AU   COMMENCEMENT  DU   XlVe 


L'opinion  de  Bureau  de  la  Malle,  d'après  laquelle  la  France 
aurait  été  plus  peuplée  au  xiv"  siècle  qu'au  xixe  ♦,  a  été  depuis 
longtemps  réfutée.  On  admet  toutefois  qu'à  cette  époque  le 
chiffre  de  la  population  de  notre  pays  était  déjà  très  élevé. 
M.  E.  Levasseur,  étudiant  à  nouveau  le  texte  déjà  interprété 
par  Bureau  de  la  Malle  :  «  L'état  des  paroisses  et  feux  des 
bailliages  et  sénéchaussées  de  France  »,  dressé  en  1328  en  vue 
de  la  levée  d'un  subside  pour  l'pst  de  Flandre,  croit  pouvoir 
affirmer  2  qu'à  la  veille  de  la  guerre  de  Cent  ans  la  France 
avait  de  20  à  22  raillions  d'habitants,  avec  une  densité  moyenne 
de  40  habitants  au  kilomètre  carré,  c'est-à-dire  à  peu  près  la 
même  population   totale  et  la   même  population    spécifique 

qu'au  xviii»  siècle. 

Indépendamment  de  cette  tentative  de  généralisation,  quel- 
ques études  de  détail  ont  été  tentées  pour  des  circonscrip- 
tions restreintes  et  pour  différents  moments  du  xiv^  siècle. 
Je  citerai  celles  qui  se  rapportent  au  Languedoc  ou  aux  pays 
voisins  : 

1.  Mém.  de  l'Acad.  des  Inscr.,  t.  XIV,  2«  partie. 

2.  La  population  française.  Paris,  1889,  Ïn-S",  tome  I",  pp.  lo5-17.i. 


470  I--J-    THOMAS. 

Auguste  Molinier  a  publié  dans  la  Bibliothèque  de  VEcole 
des  Charles'^  le  rôle  des  feux  de  la  séuéchaussée  de  Rouergue 
pour  1341  ;  11  y  compte  578  paroisses,  50.125  feux  et.  croit-il, 
308.000  habitants. 

M.  Charles  Portai-,  d'après  la  réparation  des  feux  faite  à 
Cordes  (Tarn)  en  1366,  compte,  dans  l'étendue  de  ce  consulat, 
929  ménages  ou  4.645  habitants. 

M.  C.  Bloch,  d'après  le  «  nombre  des  feux  du  diocèse  de 
Saint-Papoul  »,  dressé  pour  la  levée  d'un  subside  en  1394, 
trouve  dans  ce  diocèse  730  feux  ou  3.650  habitants  ^  Mais  il 
observe  que  ce  n'est  point  là  le  chiffre  de  la  population  de 
tout  le  diocèse,  «  seulement  des  habitants  et  des  familles  im- 
posables :  les  indigents,  les  nobles  et  les  prêtres  n'y  sont  pas 
compris  ». 

Cette  remarque  est  précieuse.  Les  documents  dont  il  est 
fait  état  dans  les  publications  que  je  viens  de  rappeler  sont 
des  listes  de  feux  dressées  par  les  fonctionnaires  royaux  en 
vue  de  l'assiette  d'un  impôt.  Les  documents  de  cette  sorte 
sont  assez  nombreux  pour  le  xiv«  siècle.  Mais  leur  interpré- 
tation est  très  délicate,  quand  on  veut  les  utiliser  autrement 
que  comme  documents  financiers.  Avant  d'y  prendre  des  indi- 
cations démographiques,  il  est  indispensable  de  rechercher  ce 
que  leurs  rédacteurs  entendent  exactement  par  le  mot  feu, 
et  si  le  nombre  de  feux  qu'ils  attribuent  à  une  circonscription 
peut  être  accepté  comme  suffisamment  vraisemblable. 

Le  mot  feu  a  désigné  Lout  d'abord  une  maison  et  le  ménage 
qui  l'habite.  Il  semble  donc  facile,  en  comptant  cinq  personnes 
en  moyenne  pour  chaque  ménage  *,  de  connaître  le  nombre 

1.  Tome'XLIV,  année  1883  :  A.  Molinier,  La  sénéchaussée  de  Rouer- 
gue  en  1341. 

2.  Essai  démographique  sur  Cordes  [Tarn),  Bihl.  de  l'Ecole  des 
Chartes,  tome  LV,  1894. 

3.  C.  Blocii,  Bulletin  de  la  Société  languedocienne  de  géographie^ 
tome  XVIII ,  1895,  p.  468. 

4.  A.  Molinier  (oiiv.  cité  pp.  4r)<J-460)  compte  chaque  feu  pour  5  4-.  — 
Ch.  Portai  compte  cinq  personnes  par  feu.  —  Ce  chiffre  de  cinq  per- 
sonnes est  communément  employé  dans  les  évaluations  que  l'on  fait  au 
xviii»  siècle.  (Bibliothèque  municipale  de  Nimes,  ms.  G6,  f»  92  et  suiv.  : 
Réponse  aux  questions  d'agriculture  [1707].  C'est  une  description  du 


LA    POPULATION    DU    BAS-LANGUEDOC.  471 

approximatif  des  habitants  d'une  circonscription  pour  laquelle 
on  possède  la  liste  ou  l'état  des  feux  à  une  date  donnée. 

Mais  le  mot  feu  a  pris,  en  même  temps,  le  sens  à'uniié 
imposable.  La  taille  due  au  seigneur,  l'aide  ou  le  subside 
accordés  au  roi  prennent  le  plus  souvent,  en  Languedoc,  la 
forme  d'un  fouage,  impôt  direct  évalué  à  tant  par  feu,  c'est- 
à-dire  par  ménage  soumis  aux  redevances  en  argent  ou  capa- 
ble de  les  payer  '. 

Dès  lors,  les  listes  de  feux  établies  par  les  officiers  royaux 
en  vue  de  la  répartition  ou  du  paiement  d'un  subside  ne  sau- 
raient nous  renseigner  sur  le  nombre  des  habitants;  car  tous 
les  feux-ménages  n'y  sont  pas  comptés,  mais  seulement  les 
feux  «  estimés  »,  ceux  qui  doivent  ou  peuvent  payer  le  sub- 
side. Les  clercs  ni  les  nobles  ne  sont  compris  dans  ces  éva- 
luations, ni  les  «  pauvres  »  ou  «  débiles  »,  c'est-à-dire  en 
Languedoc  et  au  xiv^  siècle  ceux  dont  la  fortune  n'atteint 
pas  en  capital  la  valeur  de  10  livres-. 

Si  certaines  listes  font  la  distinction  entre  les  feux  (  esti- 
més ;  et  ceux  qui  ne  le  sont  point '^  la  plupart  l'omettent  ou 
la  négligent. 

En  outre,  ces  listes,  une  fois  établies  par  les  agents  du  roi, 
demeurent  fixes,  servent,  avec  les  mêmes  chiffres,  pour  les 
fouages  successifs,  et  n'ont  bientôt  plus  aucun  rapport  ni  avec 
le  nombre,  ni  avec  la  faculté  de  contribution  des  feux-ména- 
ges. Aussi  fallut-il,  dès  le  règne  de  Jean  le  Bon,  procéder  à 
des  «  réparations  de  feux  »,  à  des  revisions  du  nombre  des 
unités  imposables.  Mais  il  est  évident  que  le  nombre  ainsi 
«  réparé  »  est  plus  encore  que  le  précédent  éloigné  du  nombre 
des  feux-ménages. 


diocèse  de  Niraes  ;  les  bourgs  et  villages  sont  énuinérés  avec  «  le  nombre 
des  habitants  par  familles  »;  au  total  20.-175  «  qui  a  cinq  personnes  par 
famille  font  le  nombre  de  10"2.375  pour  tout  le  diocèse  ».) 

1.  P.  Dognon,  Les  Institut io7is  politiques. et  administratives  du  pays 
de  Languedoc...  (Toulouse,  Privât,  1895),  appendice  III  (p.  619  et  suiv.), 
«  Variations  du  sens  du  mot  feu  du  \uv  siècle  au  xv«  ». 

2.  P.  Dognon,  ouv.  cité,  pp.  620-621. 

3.  C'est  le  cas  pour  la  liste  des  feux  de  Cordes  en  1366  utilisée  par 
Ch.  Portai. 


472  L.-J.    THOMAS. 

On  ne  peut  donc,  pour  une  étude  démographique,  employer 
ces  documents  d'origine  administrative  qu'avec  la  plus  grande 
prudence.  Car  même  pour  ceux  qui  sont  antérieurs  aux 
premières  réparations,  c'est-à-dire  à  la  deuxième  moitié  du 
xiv«  siècle,  et  dans  lesquels  l'unité  imposable  paraît  corres- 
dre  assez  bien  à  un  groupe  d'habitants,  les  chances  d'erreur 
sont  encore  nombreuses,  soit  que  l'officier  royal,  intéressé 
à  faire  payer  davantage,  grossisse  arbitrairement  sur  sa  liste 
le  chiffre  des  feux,  soit  plutôt  que  les  consuls,  syndics  et 
prudhommes,  dont  la  déclaration  doit  être  acceptée  sur  parole 
par  les  agents  du  roi^,  ne  déclarent  pas  le  chiffre  réel  des  feux 
imposables,  afin  de  diminuer  la  part  contributive  de  leur 
communauté. 

II 

Ces  causes  d'erreur  n'existent  pas,  au  moins  au  même 
degré,  dans  les  documents  utilisés  ici.  Les  résultats  qu'ils 
peuvent  fournir  sont  plus  précis,  mais,  par  contre,  plus  res- 
treints, plus  fragmentaires;  et  ils  se  prêtent  moins  à  des 
essais  de  généralisation.  Cela  tient  à  leur  nature  et  aux  con- 
ditions dans  lesquelles  ils  ont  été  rédigés.  Ces  documents 
sont  des  enquêtes  et  des  procédures  d'estimation  faites  à 
propos  de  Vassise  ou  assignation,  sur  des  terres  ou  sur  des 
vassaux  du  roi,  de  rentes  cédées  ou  consenties  par  le  souve- 
rain. 

1.  Eu  1293,  Philippe  le  Bel  ayant  acquis  de  l'évêque  de 
Maguelonne  Montpelliéret  et  la  suzeraineté  de  Montpellier 
contre  une  rente  de  500  livres  qu'il  promet  d'  «  asseoir  »  sur 
des  terres  de  son  domaine,  une  enquête  fui  faite  par  des 
commissaires  royaux,  parmi  lesquels  Guillaume  de  Nogaret, 
dont  c'est  là,  semble-t-il,  le  début  dans  le  service  du  roi. 


1.  Cela  est  dit  rormellement  A  propos  de  l'aide  accordée  à  Philippe  le 
Bel  en  1804  pour  la  guerre  de  Flandre  par  les  communautés  des  séné- 
chaussées de  Carcassonne  (Hist.  de  Languedoc,  éd.  Privât,  t.  X,  Preuves, 
n»  131,  c.  435)  et  de  Nimcs  (Ménard,  Hist.  de  NLsmes,  t.  I,  Preuves,  n"  125, 
p.  148). 


LA   POPULATION   DU   BAS-LANGUEDOC.  473 

C'est  la  baillie  royale  de  Sauve  *  qui  paraît,  au  sénéchal  de 
Beaucaire  la  plus  propre  à  faire  les  frais  de  l'échange.  Aussi 
les  commissaires  parcoureut-ils  les  communautés  de  la  baillie, 
interrogeant  des  prudhommes  sur  le  prix  des  choses,  le  mon- 
tant des  tailles,  le  produit  des  ceûs  en  argent  et  en  nature, 
la  valeur  de  la  juridiction.  Or,  cette  valeur  de  la  juridiction 
est  comptée  à  tant  de  sous  par  feu  et  par  an,  ce  qui  entraîne 
l'obligation  de  fixer  contradictoirement,  pour  chaque  commu- 
nauté, le  nombre  des  feux,  et  conséquemment  le  nombre  des 
justiciables,  c'est-à-dire  des  habitants. 

Cette  enquête,  avec  la  plupart  des  actes  concernant  l'acqui- 
sition de  Montpelliéret  par  le  roi,  est  transcrite  sur  un  rou- 
leau de  parchemin,  Arch.  Nat.,  J.  339,  n"  13,  encore  inédit, 
mais  utilisé  pour  la  partie  politique  par  Lecoy  de  la  Marche 
dans  son  Histoire  des  relations  de  la  France  avec  le  royaume 
de  Majorque. 

2.  En  1225,  Rousselin,  seigneur  de  Lunel,  étant  mort  sans 
postérité,  deux  prétendants  se  disputaient  son  héritage  :  Gui- 
raud  d'Ami,  seigneur  de  Gastelnau,  et  Raimond  Gaucelm,  sei- 
gneur d'Uzès  en  partie.  Philippe  le  Bel  sut  leur  persuader  de 
lui  céder  Lunel,  moyennant  l'assignation,  sur  des  terres  voisi- 
nes, de  rentes  égales  à  celles  qu'aurait  value  à  chacun  d'eux 
leur  part  de  la  seigneurie  de  Lunel.  Une  enquête,  en  tout 
semblable  à  celle  qu'on  avait  menée  deux  ans  auparavant  pour 
l'échange  de  Montpelliéret,  fut  entreprise  par  les  mêmes  com- 
missaires. L'estimatiou  de  la  seigneurie  de  Lunel,  acquise  par 
le  roi,  et  de  la  seigneurie  de  Rochefort^  qui  fut  donnée  pour 
sa  part  à  Guiraud  d'Ami  est  aux  Arch.  Nat.,  J.  302,  Lunel, 
no  2.  Elle  provient  des  papiers  trouvés  après  sa  mort  chez 
Guillaume  de  Nogaret,  qui  fut  l'un  des  enquêteurs  3. 

1.  Chef-lieu  de  canton  du  Gard,  arrondissement  duVigan,  sur  le  cours 
supérieur  du  Vidourle. 

2.  Départ,  du  Gard,  arrondissement  d'Uzès. 

8.  Cf.  Bibl.  Nat.,  ms.  Dupuy,  635,  f»  101-103;  Louis  Thomas,  La  Vie 
privée  de  Guillaume  de  Nogaret,  Annales  du  Midi,  1901,  et  Ch.  V.  Lan- 
glois,  Les  papiers  de  Guillaume  de  Nogaret  et  de  Guillaume  de  Plasians 
au  Trésor  des  Chartes,  Notices  et  extraits  (\es  ms.,  t.  XXXIX,  et  à  part, 
Leroux,  1908,  in-4°,  p.  19. 

ANNALES   DU   MIDL    —    XX  31 


474  L.-J.    THOMAS. 

L'estimation  de  la  seigneurie  de  Vézenobres,  près  d'Alais, 
qui  fat  la  part  de  Raimond  Gancelm  d'Uzès,  se  retrouve  dans 
un  document  de  1321,  publié  par  Ménard'. 

3.  En  1304,  Philippe  le  Bel  accorde  à  Guillaume  de  Noga- 
ret,  retour  -l'Anagni,  800  livres  tournois  de  rente  qui  seront 
«  assises  »  dans  la  sénéchaussée  de  Beaucaire  ;  300  livres  sur 
Marsillargues  et  son  territoire  dans  la  seigneurie  de  Lunel-; 
500  livres  sur  Calvisson  et  sa  viguerie,  dans  la  Vaunage^ 

Cette  assise  est  faite,  en  novembre  1304,  par  une  enquête 
tout  à  fait  semblable  aux  précédentes.  Celle  qui  concerne  Mar- 
sillargues est  inédite';  celle  qui  concerne  Calvisson  a  été  pu- 
bliée par  Ménard*. 

Mais  comme  les  commissaires  n'avaient  pu  asseoir  sur  ces 
territoires  qu'environ  les  deux  tiers  des  800  livres  accordées  à 
Guillaume  de  Nogaret,  une  nouvelle  assignation  fut  faite 
en  1303  sur  des  terres  eutre  Nimes  et  Beaucaire.  L'enquête  qui 
fut  faite  alors,  sur  Mariduel,  Redessan  et  leurs  environs,  a  été 
publiée  par  Ménard^. 

5.  En  1318,  Philippe  le  Long  ordonne  à  tous  ceux  qui  ont 
reçu  des  libéralités  de  ses  prédécesseurs  sur  le  domaine  royal 
de  montrer  leurs  titres  et  de  les  faire  vérifier^. 

«  Les  hoirs  de  Guillaume  de  Nogaret  »  sont  nommément 
désignés.  Charles  IV  étendit  l'application  de  cette  ordonnance 
à  tous  ceux  qui  avaient  reçu  des  terres  domaniales,  par  libé- 
ralité ou  autrement.  C'est  ainsi  qu'une  nouvelle  enquête  fut 
faite  en  1321  sur  les  terres  concédées  à  Raymond  Gaucelm  en 
échange  de  Lunel  %  et  en  1322  sur  les  terres  cédées  à  Guillaume 
de  Nogaret  ^ 

L  Hist.  de  Nismes,  tome  VII,  pp.  722  et  suiv. 

2.  Au  diocèse  de  Nimes,  aujourd'laui  département  de  l'Hérault,  canton 
de  Lunel. 

8.  Ménard,  Hist.  de  Nismes,  I,  Preuves,  pp.  lôO  et  160-161,  d'après  les 
archives  du  château  de  Marsillargues.  —  Calvisson,  département  du  Gard, 
arrondissement  de  Nimes. 

4.  Arch.  du  château  de  Marsillargues,  t.  XXXVI 1,  n"  8. 

5.  T.  II,  Preuves,  pp.  48  et  suiv. 

6.  Tomel,  Preuves,  pp.  162-165,  d'après  les  archives  du  château  de  Mar- 
sillargues. —  Un  texte  meilleur  est  aux  Arch.  Nat.  JJ.,  45,  f»  8-10. 

7.  Ordonnances,  I,  665. 

8.  Publiée  par  Ménard,  tome  VII,  pp.  722  et  suiv. 

y.  Publiée  par  Ménard,  tome  II,  Preuves,  pp.  81  et  suiv. 


LA   POPULATION    DU    BAS-LANGUEDOC.  475 

Tous  ces  documents  d'assise,  d'estimation  ou  d'enquête  non 
seulement  donnent,  pour  chaque  communauté  décrite,  le  nom- 
bre des  feux,  mais  ils  distinguent  entre  les  feux  «  taillables  » 
et  les  feux  «  débiles  »;  les  feux  «  nobles  »  y  sont  cités;  on  y 
compte,  comme  à  Lunel,  les  feux  «juifs  »,  et  même,  comme  à 
Marsillargues  en  1322,  ceux  qui  vivent  d'aumônes.  Le  mot  feu 
s'applique  évidemment  ici  à  un  groupe  d'habitants,  à  un  mé- 
nage». D'autre  part,  il  y  a  bien  des  chances  pour  que  la  décla- 

1.  Les  preuves  abondent,  au  cours  de  toutes  les  enquêtes  citées.  Voici 
quelques  exemples  : 

Sauve,  1293,  Arch.  Nat.  J.  339,  n»  13,  pièce  -4  :  «  ...  Exposito  etiam  ipsis 
testibus  quod  in  baiulia  predicta  sunt  duo  milia  et  ducenta  hospicia 
habitatorum  vel  circa,  prêter  nobiles,  clericos  et  iudeos.  » 

Lunel,  1295,  Arch.  Nat.  J.  302.  Lunel,  n»  2,  f°  4  v»  :  «  ...  In  guacha  portails 
martini  fuerunt  inventi  de  tallia  communi  cxij  foci  et  sine  tallia  propter 
eorum  paupertatem  xxxiiij  foci.  Item  in  guacha  portails  novi...  »  etc.  — 
«  Summa  qui  sunt  de  tallia,  viij'^  iiijxx  xi  foci.  Summa  qui  non  sunt  de 
tallia,  ixxx  xvij  foci.  Summa  totalis  focorum,  m.  iiijxi  vij  foci.  »  —  F"  5  : 
«  Item  venerunt  coram  predictis  dominis  predicti  duo  nobiles  de  Lunello 
iurati  scilicet  Petrus  de  Sancto  Nazario  et  G.  Cadelli,  qui  coram  dictis 
dominis  suo  iuramento  dixerunt  et  asseruerunt  quod  in  villa  de  Lunello 
xxxj  foci  nobilium  qui  ibi  continuo  morantur.  Item  sunt  ibi  alii  novem 
nobiles  qui  habent  hospitia  in  villa  Lunelli  et  aliquando  morantur  apud 
Lunellum  in  suis  hospitiis,  aliquando  alibi  extra  baroniam  Lunelli.  » 
—  F"  7  :  «  Item  invenerunt  praedicti  domini  per  iudeos  iuratos  ville  Lu- 
nelli quod  in  villa  de  Lunello  sunt.  v.  foci  iudeorum  habitantium  in  dicta 
villa  qui  habent  ibi  domos  proprias.  Item  sunt  in  dicta  villa  xxiij  foci 
iudeorum  inter  divites  et  pauperes  qui  nullas  habent  proprietates  in  dicta 
villa.  Item  sunt  ibi  .xx.  domus  aliorum  iudeorum  qui  non  sunt  habitantes 
in  dicta  villa  set  solebant  ibi  morari.  Summa  dictorum  iudeorum  inter 
focos  et  domos  xl.  viij.  » 

Eochefort,  1295,  Arch.  Nat.  J.  302.  Lunel, n» 2,  f°  27  :  «  ...  Summa  focorum 
vicarie  de  Ruppe  forti  de  tailliabilibus  v  xxvj  foci.  Item  de  pauperibus 
qui  non  sunt  de  tallia,  xxiiij.  Item  de  nobilibus,  ij.  Summa  omnium  fo- 
corum v^.  lij  foci.  » 

Vergèze,  1304.  Ménard,  II,  Preuves,  p,  50,  col.  2  :  «  Item  sunt  in  dicta 
villa  triginta  quinque  ignés,  inter  quos  duo  sunt  nobiles,  quorum  iuri- 
dictio  extimatur,  conputando  très  solidos  pro  igné,  centum  et  quinque 
solidos.  » 

Polverières,  1306,  Ménard,  I,  Preuves,  p.  163,  col.  1  et  2  :  «  Item  merum 
imperium  et  omnimodam  juridictionem...  ville  de  Polvereriis,  ...  in  qua 
sunt  quatuor  foci  in  quibus  homines  morantur,  et  octo  in  quibus  nullus 
moratur...  » 

CoUorgues,  1321.  Ménard,  VII,  p.  728,  col.  1  :  «  Et  hodie  sunt  in  dicto 
loco  ut  dixerunt  seiaginta  quatuor  [foci]  inter  quos  sunt  quatuor  nobiles  ; 
et  ex  hoc  sunt  hodie  plures  propter  divisiones  ibi  factas  inter  fratres  et  alios 
ibidem  habentes  bona  communia  a  tempore  dictorum  excambiorum  citra.  » 

Calvisson,  1322.  Ménard,  II.  Prouves,  p.  32,  col.  2  :  «  Predicti  juratidixe- 


476  L.-J.    THOMAS. 

ration  soit  véridique  :  tous  les  justiciables,  riches  ou  pauvres, 
sont  comptés,  et  les  prud'hommes  jurés  de  chaque  commu- 
nauté ne  songent  point  à  cacher  le  nombre  des  feux,  puisqu'il 
ne  s'agit  pas  d'une  taxation  générale  et  immédiate,  mais  d'une 
taxation  éventuelle,  subordonnée  à  l'exercice  de  la  juridic- 
tion et  à  laquelle  chaque  déclarant  est  enclin  à  espérer  que 
le  voisin  seul  sera  soumis. 

On  peut  donc  se  servir  avec  confiance  des  chiffres  fournis 
par  ces  dénombrements  et  obtenir  ainsi  des  évaluations  d'une 
précision  suffisante. 


III 


Les  territoires  décrits  dans  nos  documents  s'étendent,  du 
sud-ouest  au  nord-est,  sur  70  kilomètres  environ,  et  du  sud- 
est  au  nord-ouest,  sur  45  kilomètres,  par  moitié  sur  la  plaine 
littorale  et  par  moitié  sur  les  collines  calcaires  des  Garrigues. 
Ils  sont  traversés  du  nord-ouest  au  nord-est  par  le  Vidourle 
et  le  Gardon.  Nimes  et  Uzès  s'y  trouvent,  mais  ne  sont  pas 
dénombrées.  Le  dénombrement,  qui  est  loin  de  s'étendre  à  tous 
les  lieux  habités  de  ce  territoire,  ne  porte  que  sur  des  popula- 
tions rurales,  sauf  toutefois  la  ville  de  Lunel. 

Il  est  remarquable  que  chaque  seigneurie  ou  portion  de  sei- 
gneurie sur  laquelle  a  porté  une  estimation  spéciale  corres- 
ponde assez  bien  à  une  région  naturelle  distincte.  La  baronnie 

runt...  in  loco  Calvissonis...  esse  quadringenta  foci  minus  tribus...  et  sunt 
ibi  in  dicto  loco  Calvissonis  sex  hospitia  nobilium,  et  in  ipsis  coinpu- 
tantur  tam  boni  quam  débiles.  » 

Codognan,  1322,  Ménard,  II,  Preuves,  p.  34,  col.  1  :  «  ...  Dixerunt  in 
dicto  loco  esse,  inter  bonos  et  débiles,  xxiiij  ignés,  inter  quos  est  unus 
nobilis...  Item  percipit  in  dicto  loco  dominus  Calvissonis  pro  annuo  censu 
dum  petit  a  quolibet  habente  animal  deferens  bastum  duas  sarcinatas  de 
gluen  et  unam  de  fresqueria;  et  sunt  ibi  ut  dixerunt  xix  animalia  defe- 
rentia  bastum,  bajulus  tamen  excipitur  et  dictus  nobilis,  et  alii  très  non 
habent  animalia.  » 

Marsillargues,  1322,  Ménard,  II,  Preuves,  p.  38,  col.  1  :  «  ...  Dixerunt 
in  dicto  loco...  esse  quingenti  foci,  inter  bonos  et  débiles,  inter  quos  dixe- 
runt esse  duo  liospicia  sive  foci  nobilium,  et  sunt  in  numéro  predicto- 
runi  viginti  débiles  nichil  liabontes  vel  possidentes,  nec  in  tallia  dicti  loci 
aliquid  contribuentes,  ymo  dixerunt  ita  esse  pauperes  quod  helemosinas 
querunt.  » 


LA    POPULATION    DU    BAS-LANGUEDOC.  477 

de  Sauve  est  tout  entière  sur  le  causse,  dont  l'angle  nord-est 
seul  est  entaillé  par  la  vallée  plus  riche  du  Vidourle.  Vézeno- 
bres  et  sa  seigneurie  s'allongent  sur  les  collines  qui  dominent 
la  rive  gauche  du  Gardon  d'Alais.  Ce  qui  fut  donné  à  Géraud 
d'Ami  autour  de  Rochefort,  c'est  l'extrémité  sud  de  l'éperon 
calcaire  qui  sépare  la  plaine  d'Uzès  de  la  vallée  du  Rhône  vers 
le  confluent  du  Gardon.  La  seigneurie  de  Lunel  fait  partie  de 
la  plaine  littorale.  Et  quant  au  domaine  des  Nogaret,  il  se 
trouve  que  les  pièces  et  morceaux  dont  il  fut  fait  —  un  peu  au 
hasard  —  au  gré  des  enquêteurs  de  1304  et  1306  sont  des  in- 
dividualités géographiques  dont  les  seigneurs  firent  tout  natu- 
rellement des  circonscriptions  administratives  ou  vigueries  : 
la  viguerie  de  Marsillargues  continue  jusqu'au  Vidourle  la 
plaine  de  Lunel;  la  viguerie  de  Calvisson,  c'est  la  cuvette  de 
la  Vaunage,  partie  de  la  plaine  littorale  enchâssée  dans  la  gar- 
rigue nimoise  par  un  cercle  de  hauteurs  au  pied  desquelles,  sur 
le  versant  sud,  la  vallée  moyenne  du  Vistre  forme  la  viguerie 
de  Bernis  ;  et  la  viguerie  deManduel  occupe  la  portion  nord  du 
plateau  de  Saint-Gilles.  Ces  particularités  géographiques  ren- 
dent d'autant  plus  expressifs  les  chiffres  par  lesquels  on  peut 
essayer  de  représenter  la  population  spécifique  de  ces  terri- 
toires vers  le  début  du  xive  siècle'. 

1.  La  population  au  commencement  du  xiv^  siècle.  — 
Le  territoire  offert  en  1293  à  l'évèque  de  Maguelone,  la  baillie 
royale  de  Sauve,  avait,  pour  une  superficie  approximative  de 
417  kilomètres  carrés,  10.535  habitants,  soit  26,3  au  kilomètre 
carré. 

La  seigneurie  de  Vézenobres,  donnée  en  1295  à  Raimond 
Gaucelin  d'Uzès,  comptait,  pour  156  kil.  carrés,  5.300  hab., 
soit  33,9  au  kil.  carre. 


1.  Comme  il  ne  peut  être  question,  en  ces  matières,  que  de  chiffres  ap- 
proximatifs, je  me  suis  borné  à  prendre  pour  base  des  calculs  la  densité 
communale,  en  supposant  constante  la  superficie  des  anciennes  commu- 
nautés et  des  communes  actuelles.  J'ai  compté,  selon  l'usage  le  pins  cou- 
rant, b  habitants  par  feu.  Sur  la  répartition  actuelle  des  populations  dans 
le  Bas-Languedoc,  et  la  méthode  qu'il  convient  d'appliquer  à  son  étude, 
on  consultera  avec  fruit  le  remarquable  travail  de  M.  Max..Sorre  paru  au 
Bulletin  de  la  Société  lanyuedocienne  de  yéorjraphie,  tome  XXIX  (1!M>). 


478  L.-J.    THOMAS. 

La  seigneurie  de  Rochefort,  donnée  en  1295  à  Giraud  d'Ami, 
avait  109  kil.  carrés  et  2.715  hab.,  soit  25  au  kil.  carré. 

La  seigneurie  de  Lunel,  acquise  en  1295  par  Philippe  le  Bel, 
pour  135  kiloinètres  carrés,  compte  9.250  habitants,  soit  68,6 
au  kilomètre  carré.  Mais  il  convient  de  retrancher,  des  5.515 
habitants  de  Lunel,  au  moins  4.000  individus  constituant 
l'agglomération  proprement  urbaine.  La  population  rurale  de 
la  seigneurie  aurait  encore  une  densité  de  38,8  au  kilomètre 
carré. 

Enfin,  le  domaine  des  Nogaret,  pour  400  kilomètres  carrés 
environ,  comptait,  vers  1304-1306,  10.475  habitants,  soit  26,1 
au  kilomètre  carré.  Mais  il  convient  de  considérer  à  part  les 
vigueries  de 

Marsillargues  :   42''2  5,  2.080  habitants,  48,9  au  kil.  carré. 

Calvisson  :         103"^^  3.755      —  36,4  — 

Bernis  :  123''25,  2.775       —  22,4  — 

Manduel  :  91"-.        850      —  9,2  — 

Sauzet  :  40''2,  1.015      —  25,2  — 

Le  total  de  ces  évaluations  (en  ne  comptant  qu'une  fois 
Marsillargues,  qui  est  comprise  à  la  fois  dans  la  seigneurie 
de  Lunel  et  dans  le  domaine  des  Nogaret)  donne,  pour 
1.200  kilomètres  carrés  environ,  près  de  37.000  habitants, 
ou  33  000  en  ôtant  les  4,000  attribués  à  l'agglomération  cer- 
taine de  Lunel  :  soit,  pour  une  population  exclusivement 
rurale,  une  densité  moyenne  de  27,5.  Or,  ce  même  territoire, 
plus  riche  en  son  ensemble  et  beaucoup  plus  peuplé  aujour- 
d'hui, n'a  pourtant,  d'après  les  chiffres  de  1906,  qu'une  den- 
sité moyenne  de  48,6.  On  en  pourrait  tirer,  par  comparaison, 
la  densité  moyenne  générale  de  la  France  vers  1295-130G  : 
calculée  proportionnellement  à  celle  d'aujourd'hui,  73,  cette 
densité  serait  d'environ  -^f  au  kilomètre  carré,  chiffre  légè- 
rement supérieur  à  celui  qu'obtient  M.  Levasseur^ 

Mais  plutôt  que  de  généraliser,  il  convient  d'entrer  dans 

1.  Voir  ci-dessus,  p.  469. 


LA  POPULATION  DU  BAS  LANGUEDOC.  479 

le  détail  de  ces  chiffres  et  de  les  analyser,  en  tenant  compte 
des  conditions  géographiques  différentes  pour  chaque  parcelle 
du  territoire  décrit.  Et  l'on  constate  alors  que  les  régions  les 
moins  favorables  à  la  culture  et  aux  établissements  humains, 
causse  ou  garrigues  de  Sauve,  de  Vézenobres  et  de  Rochefort, 
avaient  déjà  au  commencement  du  xiv^  siècle  à  peu  près  la 
même  population  qu'aujourd'hui  : 

12931295  1906  1293  1906 

Sauve  « 10,535  h.  15,329  h.  25,2  au  kmq.  34,3 

Vézenobres 5,300  5,862  33,9  37,4 

Eochefort 2,715  2,748  25  25 

De  même,  les  cantons  qui  sont  aujourd'hui  les  plus  peuplés 
étaient  déjà  occupés  au  xiv«  siècle  par  une  population  plus 
nombreuse  :  42  au  kilomètre  carré  dans  la  plaine  autour  de 
Lunel,  —  36,4  dans  la  Vannage,  —  49  autour  de  Marsillar- 
gues,  dans  la  plaine  du  Bas-Vidourle,  où  le  dessèchement  et  la 
mise  en  culture  des  marais  commençait  à  peine,  mais  donnait 
déjà  d'excellents  résultats. 

2.  Mouvement  de  la  population  entre  1293  et  1322.  — 
Ces  chiffres  sont  plus  significatifs  encore  si  l'on  remarque 
qu'ils  correspondent  à  une  période  d'accroissement  de  la 
population.  Les  enquêtes  ordonnées  par  Charles  IV  sont  des 
documents  très  précieux,  puisqu'elles  fournissent  le  nombre 
de  feux  existant  en  1321-1322  dans  les  communautés  dont  la 
population  est  déjà  connue,  un  quart  de  siècle  auparavant, 
par  les  assignations  de  1295  et  de  1304.  L'accroissement  est 
général.  Si  l'on  signale,  dans  la  seigneurie  de  Vézenobres, 
que  Foissac  a  perdu  deux  feux,  et  dans  la  seigneurie  de  Cal- 
visson,  qu'un  feu  a  disparu  à  Boissières,  toutes  les  autres 
communautés  sont  en  progrès.  Et  l'on  en  dit  les  causes  : 
c'est  le  progrès  normal  de  la  population  ancienne,  les  par- 

6.  L'accroissement  de  près  de  moitié  pour  la  baronnie  de  Sauve  provient 
surtout  de  la  croissance  de  deux  bourgs  sur  le  Vidourle  :  Saint-Hippolyte- 
du-Fort  et  Quissac,  qui  sont  passés  respectivement  de  700  et  375  habi- 
tants en  1293,  à  4.446  et  1.630  en  1906,  ce  qui  donne  juste  5.000  habitants 
en  plus  pour  ces  deux  seules  communes  ;  la  situation  des  villages  du 
causse  est  demeurée  sensiblement  la  même. 


480  L.-.J.    THOMAS. 

tages  entre  frères  notamment,  qui  amène  surtout  la  fonda- 
tion de  nouveaux  fojers  ;  mais  c'est  aussi  l'arrivée  de  nou- 
veaux habitants  qui  viennent  résider  dans  la  communauté 
et  qui  y  bâtissent'. 

A  Vézenobres,  pays  plus  rude  et  de  ressources  plus  modes- 
tes, le  gain  est  faible,  8  pour  cent  environ.  Mais  sur  les 
domaines  plus  riches  des  Nogaret,  c'est  un  gain  de  près  de 
23  pour  cent  —  2  400  habitants  environ  —  que  constate  l'en- 
quête de  1322  : 

1295-1306  1321  1295-1306  1321 

Vézenobres 5,300  li.  5,705  h.  33,9  au  kmq.  36,4 

Marsillargues 2,080  2,715  49  58,8 

Calvisson 3,755  5,040  36,4  48,9 

Bernis 2,775  3,915  22,4  31,6 

Manduel 850  975  9,2  14 

Et  ce  progrès  doit  paraître  d'autant  plus  remarquable  qu'il 

1.  Nombreuses  preuves  dans  les  enquêtes  de  1321  et  1822.  Et  par  exemple  : 

Vézenobres,  1321,  Ménard,  Vil,  p.  726,  col.  2  :  «  Dixerunt...  quod  in 
dicto  loco  erant,  tempore  escambiorum,  tricenti  quadraginta  foci,  et  quod 
viginti  sunt  augmentât!  propter  divisiones  a  dicto  tempore  citra  ;  sunt 
modo  tricenti  sexaginta  foci,  quinque  nobilibus  ibidem  existontibus...  » 

Déaux,  1321,  Ménai-d,  VII,  p.  727,  col.  1  :  «  Dixerunt...  quod  tempore 
escambiorum  erant  viginti  quatuor  foci,  et  modo  sunt  viginti  sex,  ex  eo 
quod  duo,  ut  dixerunt,  venerunt  morari  in  dicto  loco,  postquam  locus 
fuit  domini  Raimundi  Gaucelmi.  » 

Poulx,  1321,  Ménard,  VII,  p.  728,  col.  2  :  «  Dixerunt...  quod  tempore 
dictorum  escambiorum  erant  in  dicto  loco  viginti  novem  ignés,  et  hodie 
sunt,  ut  dixerunt,  quadraginta  quinque,  nullo  nobili  ibidem  existenle, 
omnibus  ignibus  parvis  et  magnis  comi^utatis,  et  pro  hoc  sunt  hodie 
plures  quam  tempore  dictorum  escambiorum,  propter  divisiones  ibidem 
factas  a  tempore  dictorum  escambiorum  citra  inter  fratres  et  alios  haben- 
tes  bona  communia,  et  etiam  quidam  qui  venerunt  ibi  de  novo  moratuyi 
et  edificaturi,  ut  dixei'unt.  » 

Calvisaon,  1322,  Ménard,  II,  Preuves,  p.  32,  col.  2  :  «  Et  est  causa 
augmentat-ionis,  ut  dixerunt,  dictorum  focorum  divisio  fratrum  et  suc- 
cessorum,  et  quia  plures  veniunt  ad  dicta  loca  ad  habitandum  nichil 
habentes  vel  possidehtes  immobilia,  qui  vocantur  bedocci,  id  est  foreu- 
ses. » 

Vestric,  1322,  Ménard,  II,  Preuves,  p.  35,  col.  2  :  «  Dicentes  causam 
augmentationis  dictorum  focorum  de  novo  factam,  propter  divisionem 
fratrum  et  successorum,  et  aliquorum  qui  venerunt  it)i  de  novo  habitare. 
videlicet  duo  vel  très.  » 

Marsillargues,  1322,  Ménard,  11,  Preuves,  p.  3S,  col.  1  :  «  Dixerunt 
insuper  quod  augmentatio  focorum  predictorum  facta  est  propter  divi- 
siones fratrum  et  successorum, . et  5W«i?  çirca  octo  qui  diviserunt.  » 


LA    POPULATION    DU   BAS-LANGUEDOC.  481 

se  produit  en  pays  exclusivement  agricole.  Les  enquêteurs 
de  1322  ont  soin  de  le  remarquer  :  il  n'y  a  pas  de  foire,  ni  de 
marché,  ni  de  commerce,  mais  les  habitants  vivent  de  l'agri- 
culture ^  Mais  le  Bas-Languedoc  jouit  alors  d'une  paix  pro- 
fonde, sous  la  protection  efficace  de  Tadministration  royale. 
Et  dans  les  deux  seigneuries  sur  lesquelles  porte  l'enquête 
de  1321-1322,  il  est  juste  d'ajouter  à  ces  causes  générales  de 
prospérité  l'effort  personnel  des  nouveaux  propriétaires^  les 
Gaucelm  d'Uzès  et  les  Nogaret. 


IV 

On  souhaiterait  pousser  plus  avant  la  comparaison,  en 
donnant  des  chiffres  pour  la  population  de  ces  communautés 
au  XVIII*  siècle.  Il  est  malheureusement  très  difficile  de  le 
faire  avec  une  précision  suffisante,  faute  de  documents.  On 
ne  saurait,  en  effet,  se  fier  aux  chiffres  donnés  par  les  diction- 
naires de  Saugrain  (1726)  ou  d'Expilly  (1770).  Mais  même  les 
évaluations  locales  sont  suspectes  Ménard,  au  tome  VII  de 
son  Histoire  de  Nismes,  paru  en  1758,  donne  une  «Notice de 
la  viguerie  de  Nismes  »  dans  laquelle  il  rapporte  le  nombre 
des  habitants  de  chaque  communauté  «  suivant  les  dénombre- 
mens  les  plus  récens^.  »  El  l'on  serait  tenté  d'accorder  à 
Ménard  toute  confiance,  si  l'on  ne  trouvait  des  chiffres  tout  à 
fait  différents,  pour  une  année  très  voisine,  1767,  dans  un 
mémoire  tout  aussi  savant,  les  «  Réponses  aux  questions 
d'agriculture  »  rédigées  par  Séguier,  secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  de  Nimes^. 

1.  Ménard,  II,  Preuves,  p.  83,  Enquête  à  Calvisson  .  a  Non  (amen  sunt 
ibi  nundine,  neque  forum,  neque  exercentur  ibi  mercature,  sed  regulari- 
ter  vivunt  de  proprio  labore  culture.  » 

2.  Ménard,  VII,  p.  604. 

3.  Bibl.  mun.  de  Niraes,  ms.  6(5,  f>"  92  et  suiv.  —  Voici  quelques 
exenaples  : 

Calvisson  Ménard  =  2,000  Séguier  —  2,275 

Caveirac  —              300               —  66."> 

Congenies  —              450               —  ^4.") 

Géuérac  —               800               —  1,225 

Aiguës- Vives  —              950              —  1,400 


482  L.-J.    THOMAS. 

Plusieurs  fois,  au  cours  du  xviii»  siècle,  les  intendants  de 
Languedoc,  jaloux  de  la  gloire  de  Basville  et  voulant  publier 
un  mémoire  analogue  au  sien,  firent  entreprendre  de  vastes 
enquêtes  dans  tous  les  diocèses  de  la  province  sur  la  popu- 
lation, l'industrie,  le  commerce  et  l'administration.  Mais  les 
réponses  fournies  par  les  subdélégués  *  n'ont  pas  toujours  la 
précision  désirable.  L'intendant,  notamment,  se  plaint  que  les 
curés,  auxquels  on  a  eu  recours  pour  savoir,  d'après  leurs 
registres,  le  nombre  des  habitants  et  le  mouvement  de  la  popu- 
lation, donnent,  au  lieu  de  ce  qu'on  leur  demande,  le  chiffre 
des  communiants  de  leur  paroisse^.  L'enquête  de  1788  paraît 
la  plus  sérieusement  menée.  L'intendant  Ballainvillers  en  a 
tiré  deux  gros  volumes  de  mémoires^.  Mais  le  chiffre  de  la 
population  n'est  donné  que  pour  l'ensemble  d'un  diocèse,  ou 
pour  les  principales  communautés;  seul  le  subdélégué  d'Uzès  a 
répondu  sur  ce  point  avec  toute  la  précision  que  nous  pouvons 
souhaiter  :  il  énumère  pour  chaque  communauté  de  sa  sub- 
délégation le  nombre  d'hommes,  de  femmes  et  d'enfants...  Pas 
plus  que  les  évaluations  des  érudits  et  des  savants,  celles  de 
l'administration  royale  ne  sauraient  donc  nous  satisfaire. 

De  ces  renseignements  très  fragmentaires,  suffisamment 
précis  pour  1295-1322,  suspects  pour  le  xviii®  siècle,  il  semble 
bien  résulter  que,  dans  le  premier  quart  du  xiv«»  siècle,  la  por- 
tion orientale  du  Bas-Languedoc  était,  dans  ses  parties  les  plus 
pauvres,  aussi  peuplée  qu'aujourd'hui  et  plus  peuplée  qu'au 
xviii«  siècle;  —  et  dans  les  cantons  plus  riches,  sensiblement 
aussi  peuplée  au  xiV  siècle  qu'au  xviii®.  On  en  peut  tirer  un 

.  Vergèze               Ménard  =:  1,000  Séguier  =  760 

Mus                          —              160  —  305 

Manduel                    —               600  —  940 

Le  mouvement  de  la  population  entre  1758  et  1767  ne  saurait  expliquer 
d'aussi  grandes  variations. 

1.  Arch.  dép.  de  l'Hérault,  C.  1114-1117  (1744);  —  (1.  45  (1745);  — 
G.  46  (17,50). 

2.  Arch.  dép.  di;  l'Hérault,  C.  4.5,  enquête  sur  le  diocèse  de  Limoux. 

3.  L'enquête  est  aux  archives  départementales  de  l'Hérault,  C.  47;  le 
mémoire  de  Ballainvilliers,  à  la  Bibliothèque  municipale  de  Montpellier, 
ms.  48. 


LA    POPULATION   DU   BAS-LANGUEDOC.  483 

argument  nouveau  en  faveur  de  cette  opinion,  assez  probable, 

que  la   prospérité  du   royaume   fut,  au   commencement   du 

xiV  siècle,  beaucoup  plus  grande  que  dans  les  trois  siècles  qui 

ont  suivi.  Mais  il  serait  téméraire  d'étendre  à  l'appréciation 

du  chiffre  total  de  la  population  française  à  cette  époque  des 

conclusions  qui  ne  sauraient  valoir  que  pour  un  territoire  très 

restreint.  Tout  au  plus  pourrait-on  souhaiter  que  la  recherche 

et  l'étude  de  documents  du  genre  de  ceux  qui  sont  utilisés  ici 

permettent  d'obtenir,  pour  d'autres  régions,  des  conclusions 

analogues  •.  Alors  seulement  on  pourrait  essayer  de  dénombrer 

d'une  façon  moins  conjecturale  les  sujets  des  derniers  Capétiens 

directs. 

Louis-J.  Thomas. 


1.  Il  semble  qu'une  étude  de  ce  genre  pourrait  être  faite  pour  le  Dau- 
pliiné  d'après  «  l'Etat  de  la  terre  de  la  Tour-du-Pin,  du  Graisiraudan,  du 
Chanipsaur,  du  marquisat  de  Cézanne  en  1339.  »  Ce  document,  qui  est 
aux  archives  du  Vatican,  est  publié  et  étudié  à  un  autre  point  de  vue  par 
Cl.  Faure  :  Projet  de  réunion  du  Dauphiné  à  l'Eglise  7'omaine, 
1338-1340  (Mélanges...  de  l'Ecole  française  de  Rome,  1907,  pp.  153-225}. 

Voir  aux  pages  suivantes. 


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MELANGES  ET  DOCUMENTS 


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NOUVEAUX   DOCUMENTS   SUR   BERTRAND   DE    GRIFEUILLE. 

A  la  lecture  de  mon  article  paru  dans  le  numéro  d'avril  des 
Annales  du  Midi,  M.  Jean-Baptiste  Champeval,  qui  a  déjà 
tant  édité  ou  analysé  de  documents  relatifs  au  Massif  central 
et  qui  en  tient  encore  beaucoup  d'inédits  en  réserve,  a  bien 
voulu  m'informer  qu'il  possédait  une  pièce  importante  pour 
la  biographie  de  Bertrand  de  Grifeuille,  et  qu'il  était  en  me- 
sure de  préciser  deux  points  sur  lesquels  j'étais  ou  dans  l'igno- 
rance complète  ou  dans  l'indécision  :  d'une  part,  l'identifi- 
cation du  prieuré  de  Grifeuille;  de  l'autre,  l'emplacement  de 
l'oratoire,  que  le  biographe  appelle  Estorrotz  et  où  mourut 
Bertrand  de  Grifeuille.  M.  Champeval,  par  excès  de  mo- 
destie, tient  à  ce  que  je  présente  moi-même  aux  lecteurs  des 
Annales  du  Midi  les  documents  et  les  notes  qu'il  m'a  com- 
muniqués; je  le  fais  avec  un  vif  plaisir,  en  le  remerciant  cor- 
dialement'. 

M.  Champeval  a  entre  les  mains  une  précieuse  relique  du 
prieuré  de  Grifeuille  :  c'est  un  recueil  compilé  vers  la  fin  du 
quinzième  siècle,  à  ce  qu'il  semble,  par  le  prieur  Guilhem 

1.  M.  MarccUin  IJoudet  utilisera  prochainement  d'autres  notes  de 
M.  Oliainpeval  relatives  à  ridentilication  de  divers  tènoraents  qui  ligurent 
dans  le  cartulaire  du  Pont. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  489 

Torret,  et  qui  tient  à  la  fois  du  cartulaireet  du  terrier.  A  côté 
d'un  acte  d'acensement  d'environ  1480  (en  provençal),  d'une 
liève  de  1414-1418  (en  latin),  on  y  trouve  transcrits  des  actes 
divers  (en  latin  et  en  provençal),  qui  remontent  au  quator- 
zième, au  treizième,  voire  au  douzième  siècle.  Il  résulte  tout 
d'abord  de  l'ensemble  de  ces  documents  que  le  prieuré  de  Gri- 
feuille  doit  être  localisé,  sans  aucune  hésitation,  dans  la 
commune  de  Montvert  (Cantal)  et  non,  comme  le  croyait 
M.  Alexandre  Bruel.  dans  celle  de  Roannes-Saint-Mary.  Mais 
la  perle  du  recueil  de  Guilhera  Torret  est  une  donation,  datée 
de  1121,  faite  au  profit  de  Bertrand  de  Grifeuiile  lui-même, 
l'homme  de  Dieu  dont  j'ai  été  si  heureux  de  faire  revivre  le 
nom  depuis  longtemps  oublié  de  l'histoire. 

Voici  cette  donation,  dont  malheureusement  le  texte  ofïre 
quelques  incertitudes  et  quelques  lacunes,  imputables  au  mau- 
vais état  du  manuscrit  qui  nous  l'a  transmis  : 

Notum  sit  omnibus  tam  presentibus  quam  futuris  quod  ego 
Guillermus  de  Agriffolio,  domicellus,  memor  salutis  mee  et  paren- 
lum  meorum,  do  Deo  et  béate  Marie,  toti  collegio  civium  super- 
noruin  et  specialiter  et  expresse  domino  meo  doaino  Bertrand o, 
priori  de  AgrifTolio,  totum  locum  meum  de  Agriffolio,  proprium  et 
quietum  et  sine  recognitione  et  redditibus  et  onere  aliquo,  ex  eo  et 
pro  60  quia  ipsum  dominum  Bertrandum  vidi  et  cognovi  bonum 
religiosum  et  omnipotent!  Deo  servientem  nocte  dieque.  Qui  locus 
est  et  confron[tatur]  citra  stratam  que  a  loco  de  Pot  *  vadit  et  ten- 
dit a  Monte  Vert^,  et  est  rivus  qui  vocatur  da  Las  Peyssas,  et  divi- 
dit  me  dictas  rivus  et  Mon  Vert,  et  hinc  locas  movet  usque  ad 
locum  Puze  et  deinde  sicut  vadit  ("versus  Agjolas^...  et  tendit 
deinde  usque  ad  rivum  de  molendino  meo  et...  totum  rivuni  de 
Mongenestes,  et  ferit  ad  magnum...  del  Estorrotz*  et  tenditur  cum 
itinere  quod  venit  de...  et  va[dit]  a  Mont  Vert. 

Testes  fuerunt  qui  sequuntur  ;  G...  de  Gombas  (?),  Stephanus 
PralJat'  et  ejus  uxor,  et  Girart  de  Fontanges  (?),  et  Ebblos  de 

1.  Poul,  château  féodal  détruit,  commune  d'Arnac,  canton  de  Laroque- 
brou,  arrondissement  d'Aurillac  (Cantal). 

2.  Montvert,  canton  de  La«roquebrou. 

3.  Gouttes,  canton  de  Mercœur,  arrondissement  de  Tulle  (Corrèze). 

4.  Je  reviendrai  plus  loin  sur  ce  nom. 

5.  Prallat,  commune  de  Saint- Victor,  canton  de  Laroquebrou. 

ANNALES  DU  MIDI.   —   XX  32 


490  ANNALES   DU   MIDI. 

Torta»,  R...  de  Garboneyras^,  lo  payre  delpatz  (?)  Pcyre  de  Car- 
boneyras,  et  plures  alii  ad  hoc  vocati. 

Et  hec  acta  fuermit  per  me  dictnm  Guillermum  de  Agrififolio 
oratiset  spontanea  vohintate.  prima  die  qnadragesime,  anno  Do- 
mini  millesimo  centesimo  vicesiino  primo. 

Nous  n'avons  pas  de  données  sur  le  commencement  de  l'an- 
née à  l'époque  et  dans  la  région  où  cette  donation  a  été  rédi- 
gée; d'après  le  style  de  Noël  ou  du  le""  janvier,  le  docu- 
ment serait  du  23  février  1121  ;  d'après  le  style  du  25  mars,  il 
serait  du  8  février  1122  ^  Malgré  ce  léger  doute,  nous  avons 
là  une  base  précieuse  pour  la  biographie  de  Bertrand  de  Gri- 
feuille.  Il  se  serait  écoulé  plus  de  trente  ans  entre  la  fondation 
de  l'oratoire  de  Grifeuille  et  celle  d'Escalmels,  que  le  bio- 
graphe date  de  1151  ;  c'est  dans  cet  intervalle  que  se  placent 
les  exploits  du  saint  homme  dans  le  diocèse  de  Cahors,  à  Lara- 
mière  et  à  Espagnac.  En  1121-1122,  Bertrand  devait  être  à 
Grifeuille  depuis  un  certain  nombre  d'années  et  avoir  déjà 
groupé  autour  de  lui  un  petit  noyau  de  religieux;  on  ne  s'ex- 
pliquerait pas  autrement  que  l'acte  lui  attribuât  le  titre  de 
prieur. 

Dans  l'acte  de  donation  figure  le  nom  de  lieu  Estorrotz, 
qui  m'a  si  fort  intrigué  et  sur  l'identité  duquel  je  n'ai  pu 
apporter  aucun  indice  dans  mon  commentaire  géographique 
de  la  biographie  de  Bertrand  de  Grifeuille.  Je  rappelle  les 
termes  si  pittoresques  qu'emploie  le  biographe  en  parlant  de 
ce  séjour  de  prédilection  de  Bertrand  de  Grifeuille  : 

Sollicite  perquirens  locum  proposito  suc  salis  congruum,  nomine 
et  aspectu  valde  horribilem,  invenit.  Vocalur  autem  locus  ille 
Eslorrotz,  accessu  bine  inde  difflcilis,  super  ripam  fluminis  qui 
dicilur  Elsey,  modicam  babens  planiciem*. 

GrâceàM.  Champeval,  je  suis  mieux  informe  aujoud'hui.  Le 
nom  (Y Eslorrotz  est  conservé  par  une  auberge  do  la  commune 

1.  Ce  personnage  figure  dans  les  cartulaircs  de  Beaulieu  et  de  ïuUe. 

2.  Carbonières,  siège  d'une  importante  seigneurie,  commune  de  Goulles. 
8.  Cf.  Giry,  Manuel  de  diplomatique,  p.  117. 

4.  Ami.  du  Midi,  XX,  177.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  'répéter  le  mot 
locum,  comme  j'ai  cl-u  devoir  le  faire,  entre  horribileyn  et  invenit. 


MÉLANGES   ET    DOCUMENTS.  491 

de  Saint-Julien-aux-Bois,  canton  de  Saint-Privat,  arrondisse- 
ment de  Tulle,  à  environ  8  kilomètres  du  chef-lieu  de  la  com- 
mune, sur  la  rive  droite  de  la  Maronne;  il  est  écrit  Estoroc 
dans  une  liste  des  villages  de  cette  paroisse  pour  1765^  Les- 
touroch  dans  une  statistique  postale  de  l'année  1847^,  et  il 
figure,  avec  la  graphie  Estourocs,  dans  la  carte  du  départe- 
ment de  la  Corrèze  dressée  en  1873  par  M.  de  Lépinaj''. 
M.  Champeval  l'a  mentionné  en  ces  termes  dans  le  tome  1, 
paru  en  1896  (Limoges,  Ducourtieux),  de  son  livre  intitulé  : 
Le  Bas-Limousin  seigneurial  et  religieux,  p.  198  :  «  Estou- 
rocs^ forêt  et  domaine  Noailles.  vendus  au  III,  à  Peu"*, 
11,365  livres.  —  Pont  de  p"^®,  à  une  lieue  en  dessous  du  gué 
de  la  Gineste,  18^  Relai,  ou  voie  ancienne  ou  passage  de  vieux 
chemin  '.  —  Prieuré  h.  voc.  S'  J'\  dép.  d'abbaye  Cour"^'  1252, 
1312,  par  le  prieuré  Grif'<';  prioratus  de  Lestorrotz,  \¥.  »  A  la 
page  186  du  même  ouvrage,  il  avait  placé  ce  prieuré  dans  la 
commune  de  Cros-de-Montvert  (Cantal),  en  le  disant  dédié  à 
Notre-Dame  et  fondé  vraisemblablement  par  les  seigneurs  de 
Carbonnières.  En  fait,  il  a  existé  un  «  affar  (VEslourols  » 
dépendant  du  village  du  Monteil,  qui  est  sur  la  rive  gauche 
de  la  Maronne,  dans  la  commune  de  Cros-de-Montvert.  La 
localisation  de  l'oratoire  bâti  par  Bertrand  de  Grifeuille,  et 
qui  devint  plus  tard  un  prieuré,  reste  donc  un  peu  flottante 
entre  les  deux  rives  du  cours  d'eau,  c'est-à-dire  entre  l'Au- 
vergne et  le  Limousin.  Quant  à  la  rivière  que  le  biographe 
appelle  Elsey,  il  est  tout  à  fait  sûr  qu'il  faut  l'identifier  avec 
la  Maronne,  affluent  de  la  Dordogoe,  qui  coule  eff"ectivement 
au   pied  d'Estourocs  ^    En   aval    d'Estourocs,    cette  rivière 

1.  Archives  du  département  de  la  Corrèze,  G  30. 

2.  Bibliothèque  nationale,  franc.  9848,  fol.  459,  v=.  Le  dernier  recense- 
ment (1906)  constate  le  même  chiffre  d'habitants  formant  deux  ménages. 
(Communication  de  M.  Petit,  archiviste  de  la  Corrèze.) 

3.  Manque  à  Cassini,  à  la  carte  de  l'état-major  et  à  celle  du  ministère 
de  l'intérieur. 

4.  Je  traduis  ainsi,  d'après  la  «  clef  »,  le  cheval  galopant  du  te.\te. 

5.  A  vrai  dire,  comme  je  le  tiens  concurremment  de  M.  Champeval  et 
de  M.  Boudet,  c'est  toute  la  région  de  la  basse  Maronne  qui  a  porté  et 
qui  porte  encore  le  nom  d'Estourocs  sur  les  confins  du  Limousin  et  de 
l'Auvercrne.  M.  Amé,  dans  son  Dict.  top.  du  Cantal,  dit,  en  parlant  de  la 


4D2  ANNALES   DU    MIDI. 

est  encore  couramment  appelée  VEyge,  quelquefois  même 
Liège,  par  agglutination  de  l'article  ',  au  x.viir  siècle,  sinon 
même  plus  récemment-.  Pour  le  moyen  âge,  M.  Champeval  a 
réuni  différents  textes  qui  établissent  que,  dans  la  région  qui 
nous  intéresse  tout  au  moins,  la  Maronne  portait  les  noms  vul- 
gaires (VElze,  Elze  ou  Eze,  qui  se  rapprochent  singulièrement 
de  la  {ovme  ELsey  àv\  texte  du  Vatican.  En  1178,  Rodulfus  de 
Escoralia  donne  au  monastère  d'Obasine  «  lo  ribatge  de  Elze 
quod  est  in  manso  de  Bastairos  et  pertinet  ad  molendinum  de 
Crauzi  »  :  or  Crauzy  et  le  Basteyroux  sont  deux  villages  de 
la  banlieue  d'Argentat,  sur  la  Maronne.  En  1496,  on  trouve 
«  fluvius  de  Elze»  dans  un  texte  relatif  à  la  paroisse  de  Saint- 
Geniez-ô-Merle;  en  1500  «  fluvius  iVEze  »,  près  de  Hautefage. 
Le  nom  de  Maronne  ne  paraît  pas  avoir  été  usité  pour  dési- 
gner cette  rivière  en  dehors  de  la  région  du  Cantal;  mais  là, 
il  est  solidement  ancré,  car,  comme  me  le  fait  remarquer 
M.  Champeval.  il  se  retrouve  dans  le  nom  de  la  commune 
de  Sai nt -Marti n-FaZmerOM^,  canton  de  Salers,  appelée 
en  1268  «  parrochia  S   Martini  de  Valle  Marone  ». 

Antoine  Thomas. 


Maronne  :  «  Elle  porte  aussi  le  nom  à'Estouroc  »  ;  mais  il  n'a  pas  eu  le 
soin  de  faire  ligurer  Estouroc  à  son  ordre  alphabétique.  M.  Champeval 
m'apprend  que  le  plan  de  la  commune  de  Pleaux  (Cantal),  dressé 
en  1<S4U,  ne  désigne  la  Maronne  qae  sous  le  nom  de  «  rivière  des 
Estourocs  ».  Dans  l'acte  de  donation  fait  à  Bertrand  de  Grifeuille  et 
publié  ci-dessus,  on  serait  tenté  à  première  vue  de  supposer  que  le  mot 
que  M.  Champeval  n'a  pas  pu  lire  entre  magnum  et  ciel  Estorrotz  est 
rivnm,  et  que  ce  m.agnus  rivas  del  Estorrotz  est  précisémentla  Maronne  ; 
mais  la  distance  est  bien  grande  enti'e  la  commune  de  Montvert  et  le 
cours  de  cette  rivière  pour  que  le  domaine  de  Grifeuille,  donné  par  le 
damoiseau  Guillaume  au  prieur  Bertrand,  ait  pu  s'étendre  jusque  là. 

1.  Je  lis  dans  le  Pouillé  du  diocèse  de  Limoges,  do  l'abbé  Nadaud 
{Bull,  de  la  Soc.  hist.  du  Limousin,  t.  LUI,  p.  777)  :  «  Saint-Geniès, 
près  Merle...,  où  sont  les  fameuses  terres  appelées  de  Merle,  sur  la  rivière 
de  Liège  [sic]  ». 

2.  Ce  nom  est  conservé  dans  celui  d'un  village  de  la  commune  d'Argen- 
tal,  V llo'^ii&l-Fondt'ge  [pour  Font-d'Eyge]  ;  cf.  Champeval,  Le  Bas- 
Limousin,  p.  147,  et  Vayssière,  L'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  en 
Limousin,  p.  67. 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  493 


II 


LE    MOBILIER    d'UN    BOURGEOIS    DE    PÉRIGUEUX    EN    d428. 

Sous  ce  titre,  M.  Ferdinand  Viilepelet  a  publié  dans  le  Bul- 
letin archéologique  du  Comité  des  travaux  historiques  et 
scientifiques^  un  inventaire,  rédigé  en  latin,  des  meubles  d'Bs- 
tève  Thibaud,  accusé  d'un  meurtre  commis  dans  sa  maison  le 
9  septembre  et  qui  s'était  hâté  de  prendre  la  fuite.  Cette  pu- 
blication a  été  faite  sur  le  rapport  de  M.  J.  Guifïrey,  membre 
du  Comité,  qui  trouve  que  l'annotation  de  M .  Viilepelet  «  donne 
l'explication  de  tous  les  termes  obscurs^  ».  J'ai  lu  attentive- 
ment le  texte  publié  par  M.  Viilepelet,  texte  où  les  objets 
sont  souvent  désignés,  concurremment,  par  un  nom  latin  et 
par  un  nom  roman.  Quoi  qu'en  dise  M.  J.  Guiffrey,  l'annotation 
a  plus  d'une  fois  besoin  d'être  complétée  ou  rectifiée.  Le  Co- 
mité qui  fonctionne  auprès  du  Ministre  de  l'Instruction  publi- 
que est  divisé  en  sections,  mais  les  cloisons  ne  sont  pas  étan- 
ches;  la  section  d'archéologie  ferait  sagement  de  ne  jamais 
publier  un  inventaire  sans  le  soumettre  à  la  section  de  philo- 
logie et  d'histoire. 

Voici  les  articles  de  l'inventaire  en  question  qui  appellent 
des  observations  complémentaires  ou  rectificatives ^  : 

3.  Morterium  lapidis  cum  suo  moledor. 
Le  mot  moledor,  qui  revient  à  l'article  243,  n'est  pas  expli- 
qué :  il  signifie  *  pilon»;  cf.  E.  Levy,  Prov.   SuppL-Wor- 
terb.,  V,  295. 

1.  Année  1907,  2°  liv..  p.  182. 

2.  Ibid.,  p.  cxxxvi. 

3.  Parmi  les  articles  inventoriés  figurent  «  duos  libres  Alexandris  {sic)  », 
art.  80,  et  «  unum  librum  de  Viciis  et  Virtulibus  »,  art.  81.  On  ne  saurait 
douter  qu'il  s'agisse  dans  le  premier  article  de  romans  sur  Alexandre  le 
Grand;  le  second  article,  comme  l'a  bien  vu  l'éditeur,  vise  le  célèbre 
recueil  do  Frère  Laurent.  11  est  fâcheux  que  l'inventaire  n'indique  pas 
dans  quelle  langue  étaient  écrits  ces  livres. 


494  ANNALES    DU    MIDI. 

5.  Unum  huffel. 

Il  n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  que  huffel  est  sans 
rapport  avec  notre  mot  français  actuel  :  il  signifie  «  soufflet  »  ; 
cf.  E   Levy,  op.  laud.,  I,  173. 

9.  Unum  m«(Z/t;r  peccolalum. 

L'éditeur  glose  par  «  mait  à  pied  ".  Le  participe  peccolatus, 
qui  manque  dans  Du  Cauge,  veut  certainement  dire  «  garni 
de  pieds  ou  pecols  »;  cf.  l'art,  pecouia  de  Mistral.  Mais  ma- 
dier  e»i  sans  rapport  étymologique  avec  mait,  que  notre  in- 
ventaire écrit  mach  (art.  215)  :  il  correspond  au  français  ma- 
drier. M.  E.  Levy  a  un  exemple  unique  de  mat^^er,  provenant 
des  inventaires  du  xiv»  siècle  publiés  par  M.  Forestié,  et  il 
traduit,  comme  l'a  fait  M.  Forestié,  par  «couvercle  du  pétrin  ». 
Le  rouergat  actuel  modiè  ou  modriè  désigne  proprement  un 
épais  plateau  de  bois  qui  peut  être  utilisé  comme  couvercle 
du  pétrin,  mais  qui  peut  aussi  former  un  meuble  indépen- 
dant C'est  avec  ce  dernier  sens  que  madier  figure  dans  les 
inventaires. 

12.  Duos  traffogiers. 

L'éditeur  traduit  sans  hésiter  par  «  plaque  de  cheminée  en- 
castrée dans  la  brique,  au  fond  du  foyer  ».  C'est  le  sens  qu'a 
actuellement,  en  patois  limousin,  le  substantif  féminin  corres- 
pondant trafougieiro.  Mais  il  faut  tenir  compte  de  l'arti- 
cle 149,  q,ui  est  ainsi  conçu  : 

iJuos  caminones  sive  Iraffogiers  novos  et  inagnos. 

Ici  l'éditeur  propose  dubitativement  de  traduire  camino- 
nes (qui  manque  à  Du  Gange)  par  «  chenets  ».  C'est  l'évidence 
môme,  et  cette  traduction  s'impose  aussi  pour  le  pluriel  traf- 
fogiers  dans  les  deux  passages.  Mistral  enregistre  trafouié 
ou  Iraufouiè  comme  usité  en  Querci  au  sens  de  «  chenet  ». 
Le  bas  latin  caminones  suppose-t-il  l'existence  dans  le  parler 
de  Périgueux  ou  des  environs  du  mot  chaminou ?  C'est  dou- 
teux; en  tout  cas,  chaminal,  cham,inau,  etc.,  est  la  seule 
forme  que  donne  Mistral. 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  495 

16.  Unum  pede»*  lavalorum. 
Pas  de  commentaire.  Il  me  paraît  évident  qu'il  faut  lire  : 
«  unum  pelvem  lavatorium  »,  c'est-a-dire  «  un  bassin  à 
laver  ». 

21.  Octo  scutellos  sive  escullos  salis  magnos. 
Malgré  les  apparences,  escullos  n'est  pas  un  terme  de  bas 
latin,  mais  le  limousin  escullo,  prononcé  aujourd'hui  eicullou, 
qui  correspond  au  latin  vulgaire  scutellonem;  cf.  un  autre 
exemple  de  cette  forme  intéressante  dans  E.  Levy,  o/;.  laud., 
III,  200. 

26.  Unuu)  pavvum  esquipel  sive  trehuchet. 
L'éditeur  glose  par«  balance  ou  trébuchet  »,  ce  qui  ne  peut 
être  contesté.  Mais  à  quelle  famille  de  mots  se  rattache  esqui- 
pel dans  ce  sens?  Je  ne  trouve  rien  d'analogue  dans  aucune 
langue  romane. 

34.  Unum  barroye^-. 
L'éditeur  glose  par  «partie  de  l'armure»,  ce  qui  est  vague. 
Il  est  fâcheux  que  le  contexte  ne  permette  pas  de  préciser; 
mais  il  est  presque  sur  qu'il  s'agit  d'une  capeline  berruyère; 
cf.  une  note  de  M.  P.  Meyer  {Romania,  II,  COI)  sur  le  mot 
bef'oyer  qui  figure  dans  le  poème  catalan  de  Blandin  de  Cor- 
nouailles,  et  surtout  Tarticle  berruier  du  Glossaire  archéo- 
logique de  Victor  Gay. 

90.  Juponem  de  hosteda  de  pei'tico. 
L'éditeur  se  borne  à  remarquer  qu'on  ne  trouve  le  mot  hos- 
teda dans  aucun  dictionnaire  ;  en  fait,  il  y  a  dans  Du  Cange  un 
exemple  de  hosteda,  mais  il  est  placé  à  l'article  mkia-hos- 
TEDA.  Sur  l'o^^acfe,  primitivement  05/ed«,  étoffe  d'importation 
anglaise,  on  peut  voir  la  notice  qui  se  trouve  dans  mes  Essais 
de  philologie  française,  page  342,  l'article  ostade  du  Dict 
béarnais  de  Lespy  et  Raymond  (où  il  est  précisément  question 
d'un  «  jupon  de  miey  oslade  »),  et  le  livre  de  Francisque  Mi- 
chel sur  le  commerce  de  Bordeaux  (Bordeaux,  1867-1871). 


496  ANNALES    DU    MIDI. 

102.  Unum  aurelhier  factum  ad  modum  de  scoccs. 
L'éditeur  déclare  ne  pas  comprendre  l'expression  de  scaxs; 
mais  il  faut  lire  d'escaxs;  cf.  l'article  192  où  il  est  question 
d'une  coite  a  escaœs,  c'est-à-dire,  comme  le  propose  dubitati- 
vement une  note,  «  en  dessin  d'échiquier  ». 

113.  Unam  tasseam  argenli..,  operata  in  fundo  operis  fol- 

sonie  de  Geneva. 

114.  Quamdam  aliamtaceam...  que  est  de /"aZsic^ia  de  Geneva. 

Aucune  remarque  sur  ces  deux  articles.  Evidemment,  falso 
nia  et  falsidia  sont  deux  termes  synonymes;  mais  je  ne  suis 
pas  en  mesure  de  déterminer  de  quoi  il  s'agit  au  juste. 

122.  Unam  frachissatn  argenti  decoratam  ponderis,  dua- 
rum  unciarum  quatuor  denariorum. 

Le  rapprochement  proposé  en  note  avec  «  frace,  résidu, 
d'après  Godefroy  »,  n'a  aucune  portée.  A  rapprocher  de  l'article 
FRACHiSA  de  M.  Emil  Levy  ;  le  sens  de  «charnière  »,  que  pos- 
sède incontestablement  le  mot  provençal  frachîssa,  ne  paraît 
pas  très  satisfaisant  ici. 

127.  Unam  bursam  de  cirico  negro  in  qua  est  del  frochum... 

Le  sens  proposé,  «  débris  d'argent»,  est  vraisemblable;  à 

rapprocher   de  l'article  frachum  de  M.    Emil  Levy,   où  se 

trouve,    sans    définition,  un  exemple  unique  provenant  des 

archives  d'Agen. 

134.  -Unam  peciam  cupri  factam  ad  modum  de  Effouilh. 
Il  faut  lire,  sans  majuscule,  effonilh  :  c'est  un  mot  proven- 
çal bien  connu,  qui  signifie  «  entonnoir»;  cf.  Emil  Levy,  op. 
laud.,  IL  494. 

160.  Duodeciui  bostias  ad  portandum  salcondiich. 
Le  mot  salconduch,  qui  a  embarrassé  l'éditeur,  a  là,  comme 
partout,  le  sens  de  «  sauf-conduit  ». 

17(j.  Uniiiii  linleamen  sive  trados  lecti. 
Le  mot  trados  manque  dans  Raynouard;  à  rapprocher  de 
l'article  trksdos  de  Godefroy  et  de  l'article  tredo.s  de  Mistral. 


MÉLANGES  ET   DOCUMENTS.  497 

188-189.  In  ciiniara  que  est  super  gadalam.  —  Cf  plus  bas, 
à  la  suite  de  l'article  193  :  «  In  caméra  contigua 
derreyre  desuper  gadalo7n»;  et  plus  loin,  arti- 
cle 257  :  «  In  gadala  ». 
L'éditeur  nous  apprend  (p.  197,  n.  3)  que  gadala  se  trouve 
dans  les  minutes  de  notaires  au  sens  de  «cour,  terrain  vague  ». 
J'ai  bien  des  doutes  à  ce  sujet;  en  tout  cas,  comme  le  mot 
n'est  pas  f^ans  Du  Cange,  il  aurait  bien  fait  d'édifier  le  lec- 
teur en  citant  textuellement  les  minutes  de  notaires  auxquel- 
les il  sî  réfère  d'une  façon  par  trop  vague. 

199.  Ununi  tranige. 
La  traduction  proposée,  «  paquet  de  chiendent  »,  est  tout  a 
fait  invraisemblable;  mais  je  ne  devine  pas  de  quel  objet  il 
s'agit  réellement. 

222.  Unam  unciam  mxisticis. 
L'éditeur  croit  qu'il  s'agit  de  «moût  ou  moutarde».  Comme 
cette  mention  est  entre  le  gingembre  et  la  canelle,  je  crois  qu'il 
faut  lire  :  masHcis,  c'est-à-dire  du  mastic  ou  résine  de  téré- 
binthe 

260.  Duos  balistas  calibis  cum  uno  sinctu  sive  sench  et  unam 
tilhola. 
L'éditeur  glose  dubitativement  tilhola  par  «  petit  trait  »  ;  en 
réalité,  il  s'agit  du  cric  qui  servait  à  tendre  l'arbalète;  cf.  les 
,  articles  tignolle  et  tillole  de  Godefroy. 

263.  Unam  ollani  metalli  continere  valentem  unam  hiver- 

nam  sive  hvga  aqua. 

Buga  n'est  pas  expliqué;  comme  ce  mot  n'est  ni  dans  Du 

Cange,  ni  dans  Raynouard,  ni  dans  le  Prov.  Suppl.-Wôrterb. 

de  M.  Emil  Levy,  il  méritait  d'être  signalé.  C'est  le  limousin 

Wjo,  l'ancien  français  buie  et  buire  (cette  dernière  forme 

conservée  dans   la   langue  actuelle),  etc.  Voici  un  exemple 

de  1518  dans  un  texte  limousin  :  «  Las  douas  grandas  bugas 

et  lous  pichiers  a  teneyr  l'oly.  »  {Bulletin  de  la  Soc.  Mst. 

et  archéol.  du  Limousin,  LV,  567.) 

Antoine.  Thomas. 


498  ANNALES   DU    MIDI. 


III 


UNE  CORRESPONDANCE  INEDITE  DE  THOMASSIN  MAZANGUES. 

Le  magistrat  provençal  Thomassin  Mazangues,  deuxième 
du  nom,  érudit  et  collectionneur,  a,  comme  son  père  et  à 
l'imitation  de  Peiresc,  entretenu  une  vaste  correspondance 
avec  beaucoup  desavants,  journalistes,  bibliographes  et  anti- 
quaires de  France  et  de  l'étranger.  Au  cours  de  son  voyage 
d'Italie  en  1737,  il  noua  des  relations  avec  le  florentin  Lami, 
bibliothécaire  du  marquis  Riccardi  et  rédacteur  des  Nouvelles 
littéraires  Lami  resta  son  intermédiaire  avec  les  lettrés  et  les 
libraires  florentins;  il  lui  rendit  des  se  vices  analogues  à  Paris 
et  en  Provence;  il  fit  notamment  pour  lui  des  recherches  à 
Paris  sur  les  manuscrits  de  Mensius.  De  ces  relations  restent 
trente- deux  lettres  de  Th.  M.  à  son  correspondant,  écrites  de 
Rome  et  de  Turin  dans  la  suite  de  ce  même  voyage,  puis  de 
Paris  et  d'Aix  (Provence),  entre  le  23  février  1737  et  le 
26  janvier  1743.  Ces  lettres  sont  conservées  aujourd'hui  à 
Florence,  dans  la  Biblioteca  Riccardiana,  et,  selon  toute 
apparence,  demeurées  inédiles.  Leur  intérêt  n'est  pas  capital, 
car  elles  sont  relatives  surtout  aux  affaires  littéraires  person- 
nelles de  Th.  M.,  achat  de  livres  opérés  pour  son  compte  à 
Florence,  énumérations  d'ouvrages  nouvellement  parus.  On 
pourrait  y  glaner  pourtant  quelques  détails  utiles  pour  l'his- 
toire littéraire  générale,  tels  ceux  que  révèlent  les  extraits  ci- 
dessous.  Par  l'intérêt  que  Th.  M.  manifeste  pour  la  vieille 
littérature  provençale,  par  son  scepticisme  à  l'égard  d'une  pré- 
tendue découverte  de  Lami,  on  peut  le  classer  parmi  les  loin- 
tains précurseurs  des  provençalistes.  Son  jugement  assez 
dédaigneux  sur  un  livre,  d'ailleurs  bien  oublié,  de  l'abbé  Pré- 
vost, est  (aractérisli(jue  de  la  séparation  régnant  alors  entre 
le  public  érudit  et  le  public  purement  lettré.  La  prudence  elle 
«  discernement  »  qu'il  recommande  à  son  correspondant  dans 
l'usage  à  faire  de  ses  confidences,  la  comparaison  qu'il  indique 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  ^'^ 

entre  la  liberté  des  gazettes  en  Italie  et  en  France  sont  aussi 
significatives.  Ces  détails  ne  sont  probablement  pas  les  seuls 
notables  dans  cette  correspondance,  et  il  serait  à  souhaiter 
qu'elle  fût  soumise  a  un  examen  plus  détaillé  que  celui  que  j  ai 
pu  en  faire  dans  une  trop  rapide  visite  à  la  Riccardienne. 

Ce  serait  une  grande  découverte  que  celle  que  vous  m-anuoncez 
de  cette  histoire  de  la  conquête  de  la  Terre  Sainte  en  provensal, 
.nais  prenez  garde  que  ce  que  vous  prenés  pour  du   !>--"-;- 
soit  du  vieux  françois  et  que  ce  ms.  ne  soit  l'histou-e  de  Vil  eh  a  - 
douin  que  .lu  Cange  a  publiée  in-folio.  .Je  vous  serais  très  ohhge   i 
vous  vouliez  bieuTexaminer  et  u.e  donner  une  notice  abrégée  de 
ce  que  contient  ce  ms.  et  s'il  n'y  auroit  point  les  assises  (ou  statuts 
et  loix)  du  rovaume  de  Jérusalem  et  les  lignages  d'outre-mer  qui 
sont  des  généalogies  des  familles  qui  passèrent  la  mer. 
A  Rome,  ce  23  février  1737. 
L'abbé  Prévost  vient  de  publier  l'histoire  de  Marguerite  d'Anjou, 
épouse  de  Henry  VI,  roy  d'Angleterre,  en  2  vol.  in-i2,  qu  il  a  rendu 
très  intéressante  en  la  romanisant  un  peu.  C'est  un  ouvrage  pour 
les  dames  et  non  pour  les  savants. 
A  Paris,  ce  14  août  1740. 
J'ay  eu  le  plaisir,  Monsieur,  de  voir  plusieurs  de  vos  fueilles  au 
retour  de  M.  de  la  Gurne,  et  de  les  lire  avec  beaucoup  de  satisfac- 
tion   L'extrait  d'une  de  mes  lettres  m'engage  à  vous  écrire.  1  ei- 
mettez-moi  de  vous  dire  que  ce  n'est  pas  assés  que  de  ne  pas  me 
nommer,  mais  qu'il  y  a  craindre  (s^c)  que  l'on  me  reconnoisse  de 
la  manière  que  vous  couchés  cet  article  parce  que  bien  des  gen 
savent  icy  que  je  suis  en  comerce  avec  vous.  L'on  a  icy  de  grand  s 
circonspections  et  plus  même  que  chès  vous,  car  aucune  sorte  d 
journal   n'oserait  annoncer   cette   Insiilutiou   d  un    Prince,    d 
M  l'abbé  du  Gué,  ni  encore  moins  cette  histoire  des  Jésuites...  Il 
faudrait  bien  se  donner  de  garde  de  parler  de  M.  le  chancelier  ou 
de  M   d'Argenson  qui  trouveroient  très  mauvais  que  leurs  noms 
fussent  compromis  là-dedans.  Ainsi  vous  devés  user  de  discerne- 
.nentdans  les  nouvelles  que  je  vous  mande  et  distinguer  ce  que 
vous  écris  pour  vous  seul  et  pour  voux  mettre  mieux  au  fait,  .t  de 
ce  que  vous  pouvés  livrer  à  l'impression. 
A  Paris,  ce  21  novembre  1740. 


500  ANNALES   DU   MIDI 

...  Dans  la  dernière  feuille  de  cette  année  de  vos  Nouvelles,  sur 
Monsieur  de  La  Curne  de  St«-Palaye,  vous  avez  s\n\i\9.  Gazette  de 
Hollande  et  toutes  ses  méprises,  M.  de  La  Curne  n'a  été  en  Pro- 
vence qu'en  passant  et  pour  s'embarquer  pour  l'Italie.  Il  n'y  a  pas 
trouvé  un  seul  ouvrage  des  Troubadours.  Notre  pays  qui,  à  ce 
qu'on  prétend,  leur  a  donné  naissance,  a  été  dépouillé  de  toutes 
ces  richesses.  Les  Italiens  y  ont  le  plus  contribué.  Il  ne  nous  reste 
plus  que  deux  manuscrits  de  leurs  poésies,  un  dans  ma  bibliothè- 
que que  j'ai  acquis  autrefois  à  Paris  et  qu'on  dit  venir  de  la  Inblio- 
théqne  des  ducs  de  INIantoue  et  un  à  Avignon  chez  M.  le  marquis 
de  Caumont.  Ainsi,  c'est  à  Paris,  à  la  Bibliothèque  du  Roy  et  dans 
celle  de  l'Italie  que  M.  de  La  Curne  a  découvert  ces  quatre  mille 
compositions  poétiques. 


A  Paris,  ce  6  février  \1^\. 


L.-G.  Pelis.sier. 


IV 

ŒUVRES    INEDITES    DE   FRANÇOIS   MAYNARD 

{Suite.) 

Pol,  je  n'eus  jamais  espérance 

De  passer  dans  la  court  de  France 

Pour  le  miracle  des  rimeurs, 

Lorque  je  montay  sur  Parnasse 

Pour  y  descouvrir  les  primeurs 

De  l'art  qui  ment  de  bonne  grâce.  (A,  210.) 


Pucelles  dont  l'art  est  si  rare, 

Voules-vous  que  je  vous  déclare 

Pourquoy  je  veux  a'ous  dire  adieu? 

Mes  vers  ont  trop  peu  de  merveilles 

Pour  descendre  dans  les  oreilles 

De  l'adornble,  (?)  Richelieu.  (A,  131  v.) 


MÉLANGES   ET    DOCUMENTS.  501 

Il  est  plein  de  juescognoissance  : 

Les  liommes  de  haute  naissance 

Il  les  appelle  ses  cousins. 

Son  père,  —  je  ne  le  puis  taire,  — 

Obligea  souvent  ses  voisins 

Mais  en  qualité  de  notaire.  (A,  132  v.) 


Roljin,  nostre  mélancolique 

Compose  une  œuvre  satirique 

Où  tes  delïaux  sont  découvers, 

Mocque-t'en  !  ce  n'e.st  pas  escrire 

Que  de  faire  de  meschans  vers 

Que  personne  ne  daigne  lire.  (A,  189  v.] 


Advocat,  si  tu  vas  la  nuit 

A  manteau  court  et  petit  bruit 

Ches  quelque  garce  d'importance, 

Garde-toy  que  le  pistolet 

Ne  te  prenne  pour  le  valet 

Du  maigre  Hipocrate  de  France.  (A,  173.) 


Quand  sera-ce  que  le  berger 

Ne  craindra  plus  que  l'estranger 

Aj^t  dessein  de  troubler  son  calme 

Et  que  sous  les  heureux  rameaux 

Ou  du  laurier  ou  de  la  palme 

Il  enflera  ses  chalumeaux?  (A,  206.) 


Si  ta  libéralité 

Console  ma  pauvreté 

Par  des  pistoles  sans  nombre, 

Que  ton  destin  sera  beau  ! 

Je  fairoy  braver  ton  ombre 

D'épitafe  et  de  tombeau.  (A,  134  v.) 


502  ANNALES   DU    MIDI. 

Son  âme  n'a  rien  de  bas, 

Les  sièges. et  les  combas 

Sont  ses  plus  doux  exercices. 

Il  a  toujours  condamné 

Ceux  qui  cberchent  les  délices 

l)'un  repos  elVémlné.  (A,  133.) 


Sorcière,  à  qui  le  diable  a  donné  le  relais 

Et  qui  beuvés  le  sang  de  nostre  populace, 

Vous  aves  cent  maisons,  vous  aves  cent  palais, 

Pourquoy  vous  joués-vous  tous  les  jours  à  la  place?    (A,  48  v.) 


Passant,  je  suis  Pasquin,  dont  la  prose  et  les  vers 

Ont  souvent  deschiré  la  pantoufle  qu'on  baise. 

Dy-moy,  que  dois-je  faire  en  cet  âge  pervers? 

Ceux  qui  me  font  parler  veulent  que  je  me  taise.  (A,  204). 


Comte,  veux-tu  scavoir  pourquoy  Denis  me  tue, 

Le  matin,  d'un  fusil,  le  soir,  d'un  pistolet? 

J'ay  raillé  de  sa  bosse  et  ma  rime  pointue 

L'a  piqué  dans  le  cceur  malgré  son  corselet.  (A,  235  v.) 


Je  fus  jadis  un  chien  merveilleux  pour  le  guet. 

S'il  entroit  un  larron,  je  l'aboyais  sans  cesse. 

S'il  venoit.un  amant,  je  demerois  muet; 

Par  ainsy  je  servois  mon  maistre  et  ma  maistresse*.      (A,  167. 


0  Dieu,  qu'il  est  vilain,  ô  Dieu  qu'il  est  diiforme 

Cet  exemple  des  sots  et  ce  roi  des  oisons  1 

Il  faut  durant  trois  nuits  empêcher  qu'il  ne  dorme 

Pour  en  faire  un  présent  aux  Petites  Maisons.  (B,  25.) 


1.  La  mèinn  idée  est  developiiée  dans  le  sonnet  :  «  Quand  la  mort  m'aura 
fait  descendre  »  (Garrisson,  111,  86),  et  dans  le  quatrain  cité  par  Garris- 
son  (IJI,  327)  et  tiré  du  recueil  de  Sercy  (Paris,  1653). 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  503 

Je  ne  m'excuse  pas  de  ce  que  je  t'adore 

En  ma  vieille  saison; 
Les  Anges  font  de  mesme,  et  je  suis  jeune  encore 

A  leur  comparaison.  (A,  78  v.) 


Le  chaut  qu'il  fait  n'eust  jamais  de  pareil; 

Cherchons,  Fillis,  l'espaisseur  d'un  ombrage. 

Le  hasle  assaut  l'esclat  de  ton  visage 

Et  le  soleil  veut  b;-ûler  le  soleil.  (A,  84.) 


Certes,  je  pense  que  le  roy 
Deviendroit  jalons  de  mon  aise, 
Si  je  pouvois  aller  ches  toy 
Manger  le  melon  et  la  fraise! 

O!  qu'il  me  tarde  d'estre  assis 

Au  cabinet  de  tes  parterres 

Et  d'ensevelir  mes  soucis 

Dans  le  beau  cristal  de  tes  verres  ! 

J'ayme  les  objets  qui  sont  beaux. 

Si  j'avois  une  galerie, 

J'y  fairoi  peindre  les  carreaux 

De  ton  jardin  de  Lanquerie.  (A,  248  r.  et  v 


Vous  aves  fait  une  chanson 
Du  vray  seigneur  de  Baramèle  (?). 
Il  est  asses  mauvais  garçon 
Pour  vous  payer  d'une  querelle. 

Ce  bonhomme  est  vert  à  cheval, 
Son  escrime  est  une  merveille 
Et  son  frère  de  Puydeval 
Est  le  brave  qui  le  conseille. 

Il  ira  vous  laster  le  poux 

Jusques  dans  vostre  contrescarpe. 

Mon  bon  seigneur,  songes  à  vous 

Et  mettes  le  bras  en  écharpe  !  (A,  225  v. 


504  ANNALES    DU    MIDI. 

Denis,  ce  n'est  pas  sans  raison 
Que  toute  la  France  te  blâme  : 
Pluton,  dans  sa  triste  maison, 
N'a  rien  de  si  noir  que  ton  ame. 

Au  lieu  de  suyvre  Ion  grand  Roy- 
Dans  les  beaux  périls  de  la  guerre, 
Tu  vis  honteusement  ches  toy 
Et  désoles  ta  pauvre  terre.  (A,  06.) 


Bien  que  le  bonhomme  se  pique 
D'estre  courtisan  rafiné, 
C'est  le  pédan  le  plus  comique 
Que  Pasquin  ait  jamais  berné. 

L'hostel  de  Bourgoigne  est  la  chose 

Que  son  esprit  aynie  le  mieux 

Et  croys  que  pour  un  Bellerose 

Il  donneroit  cent  Richelieux.  (A,  135  v.) 


Tout  beau.  Muses,  votre  satire 
Mord  trop  vivement  nos  voisins. 
Cette  libre  façon  d'écrire 
Ne  vous  fera  pas  des  cousins. 

Vous  perdriez  bientôt  la  colère 

Dont  vous  les  traitez  d'ignorants, 

Si  votre  voix  leur  pouvait  plaire 

(lomme  celle  des  chiens  courants.  (A,  113.) 


Puis  qu'au  gré  de  mes  ennemis 
Ta  pasquinade  me  descliire, 
Il  faut  que  ton  portrait  soit  mis 
Au  plus  beau  lieu  de  ma  satire. 

Croys-moy,  je  te  rendray  confus 

Avecque  ton  humeur  hautaine  : 

Pauvre  fou,  jamais  tu  ne  fus 

Bon  autheur,  ny  bon  capitaine.  (A,  214.) 


MÉLANGES   ET   DOCDMENTS.  505 

Tu  veux  troubler  mon  repos 
Et  qu'un  Térence  moderne 
Me  chamaille  à  tout  propos 
Et  me  condamne  à  la  berne. 

Si  je  fays  ce  que  tu  veux, 

Je  crains  qu'on  me  joue  au  Louvre, 

Sans  respecter  mes  cheveux 

Sous  la  nege  qui  les  couvre i.  (A,  173.) 


Il  rit  de  l'humeur  des  princes 
Qui  se  choquent  aujourd'huy 
Et  met  toujours  six  provinces 
Entre  les  canons  et  lui  2. 

C'est  un  fameux  capitaine 

Et  qui  fait  souvent  du  bruit 

Devant  la  Samaritaine 

Entre  onze  heures  et  minuit.  (A,  122. 


Tandis  que  ton  généreux  prince 

Foule  aux  pieds  l'orgueil  des  tyrans, 

Tu  ne  fay  rien  dans  ta  province 

Sinon  soigner  (?)  tes  chiens  courans.  (A,  238  v.) 


Les  beaux  vers  que  vous  médités 

Et  dont  je  voy  naistre  la  gloire 

Ne  doivent  estre  récités 

Que  sur  un  théâtre  d'y  voire.  (A,  1G8. 


La  colère  qui  l'accompagne 

Menace  de  nous  tourmenter 

Par  des  maux  que  même  l'Espagne 

Ne  voudroit  pas  nous  souhaitter.  (A,  9.) 


1.  Ces  deux  quatrains  font  suite  dans  le  ms.  au  second  des  deux  qua- 
trains cités  dans  la  lettre  196  (Mais  apprends  aux  bons  esprits,  etc.).  Le 
premier  (ïu  veux  troubler  mon  repos)  est,  dans  la  lettre  139,  le  début 
d'une  stroplie  de  10  vers  qui  n'est  qu'une  Yariante  de  la  strophe  2  de  l'ode 
à  Flote  «  Chaud  ami  de  la  vertu  ». 

2.  Ce  quatrain  a  beaucoup  d'analogie  avec  la  strophe  6  de  l'ode  «  Que  ta 
malice  est  excessive  »  (Gai'r.,  III,  168-5). 

A-NNALES   DU   MIDI.    —   XX  33 


506  ANNALES   DU   MIDI. 

Ton  humeur  infâme  se  joue 

De  l'honneur  et  de  la  raison, 

Et  te  fait  jetter  de  la  boue 

Sur  les  armes  de  ta  rnaison.  (A,  225  v.) 


NolIS  n'avons  pas  dans  nostre  esprit 

Une  mesme  filosofie  ; 

Ton  panégire  déiûe 

Ceux  que  ma  satyre  proscrit.  (A,  37.) 

Pour  leur  plaire  en  toutes  façons 

Le  ciel  change  l'ordre  des  choses, 

Juillet  leur  donne  des  glaçons 

Et  janvier  leur  donne  des  roses.  (A,  123.) 


Si  l'adorable  potentat 

Qui  porte  le  tiltre  de  Juste 

Aymoit  les  Muses  comme  Auguste, 

Tu  serois  conseiller  d'Estat.  (A,  43. 


Les  François,  qui  dans  les  combas 

Cherchent  de  belles  funérailles, 

Se  promettent  de  mettre  à  bas 

Le  haut  orgueil  de  tes  murailles.  (A,  112  v.) 


Le  roy  de  France  et  de  Navarre 

En  faveur  d'un  esprit  si  net 

Veut  chasser  à  grands  coups  de  barre 

L'avarice  du  cabinet.  (A,  189.) 


Mon  cher  amy,  désires-tu 

Que  tes  fortunes  soyent  prospères  ? 

Fuy  ceux  dont  toute  la  vertu 

Vient  de  la  tombe  de  leurs  pères.  (A,  266  v.) 


MÉLANGES   Et   DOCDMENTS.  507 

Pour  me  railler  de  bonne  grâce 

Son  esprit  a  trop  peu  de  fons, 

Cher  Pressac,  tu  scais  qu'il  ne  passe 

Que  pour  le  dernier  des  boulions*.  (A,  215.) 


Ce  pédant  qui  sans  la  grammaire 

N'auroit  ches  luy  ny  pain  ny  vin. 

Dit  que  son  esprit  est  divin 

Et  scait  plus  que  celuy  d'Homère.  (A,  279  v.) 


Les  soings  n'entrent  guères  souvent 

Sous  les  toits  que  le  chaume  couvre 

Et  la  forte  rage  des  vents 

En  veut  aux  pavillons  du  Louvre.  (B,  3  v.) 


Il  croit  estre  un  homme  héroïque 

Et  qu'il  importe  à  nos  nepveux 

D'apprendre  un  jour  de  la  cronique 

Combien  il  avoit  de  cheveux.  (A,  132. 


Bizarres  filles  de  Mémoire, 

Démons  fourbes  et  malplaisants, 

Je  pense  que  vous  faites  gloire 

De  maltraitter  vos  courtizans.  (A,  220  v.) 


Faux  pasteurs,  qui  dans  vostre  parc 

Semés  le  meurtre  et  la  discorde, 

Vous  aves  eu  la  flèche  et  l'arc, 

Que  vous  faut-il  plus  que  la  corde?  (A,  50.) 


J'ayme  la  court  de  nostre  prince  : 

C'est  où  les  vertus  sont  en  pris. 

Bran  pour  les  seigneurs  de  province  ! 

Ils  veulent  mal  aux  bons  esprits.  (A,  131  v.) 


1.  Ces  vers  sont  précédés  dans  le  ms.  des  mots  suivants  :  «  S'il  faisait 
d'aussi  bons  vers  qu'un  Père  de  l'Église  dont  il  porte  le  nom  fait  de 
belles  homélies,  je  ne  refuserais  pas  de  le  combattre.  » 


508  ANNALES   DU    MIDI. 

On  me  blâme  lorsque  je  prise 

Ces  vers  sans  art  et  sans  raison 

Qui  font  que  Paris  te  baptise 

Des  beaux  noms  de  sot  et  d'oison.  (A,  116.) 


Les  gens  de  robe  et  de  scavoir 

Auront  des  âmes  bien  confuses 

Lorsque  tes  vers  leur  fairont  voir 

Que  Mars  est  le  mignon  des  Muses.  (A,  119  v.) 


Ton  père,  de  qui  tu  nous  parles 

Comme  d'un  homme  sans  premier, 

Dormoit  sous  le  règne  de  Charles 

Sur  les  ordures  d'un  fumier.  (A,  113.) 


Vos  scavantes  divinités 

Jamais  ne  furent  maltraittées 

Que  de  ceux  dont  les  qualités 

Sont  indignes  d'estre  chantées.  (A,  13-2.) 


Ton  ayeul  —  et  ne  t'en  déplaise  — 

Estoit  sorti  de  si  bon  lieu 

Qu'il  eût  vescu  mal  à  son  aise 

Sans  la  faveur  de  l'Hôtel-Dieu.  (A,  132  v.) 


Dis-moy,  féconde  créature, 

Ton  ventre  n'est-il  pas  lassé  ? 

On  m'asseure  qu'il  a  pissé 

Autant  d'enfans  que  la  Nature.  (A,  71.) 


Sire,  Pégase  est  aujourd'huy 

Moins  prisé  qu'une  vieille  rosse. 

Si  vous  n'aves  pitié  de  luy. 

Je  le  voy  cheval  de  carrosse.  (A,  72.) 


On  me  conte  entre  les  espris 

Dont  toutes  les  pointes  sont  belles 

Et  qui  font  priser  leurs  escris 

Des  cabinftts  et  des  ruelles.  ,      (A,  131.) 


MELANGES   ET   DOCUMENTS.  509 

Vous  voùles  qu'on  ne  vous  débite 

Que  des  sermons  de  chasteté, 

C-ependant  tout  votre  mérite 

N'est  qu'une  faulse  probité.  (A,  131  v.) 


Ce  moine,  le  cher  favori 

Des  bigotes  de  Sainte-Ursule, 

Est  dans  sa  maudite  cellule 

Tantost  femme  et  tantost  mari.  (A,  12.) 


Certes,  vous  n'avies  pas  raison 

De  venir  embrouiller  sa  voye  ; 

Vjus  estiez  plus  de  sa  maison 

Que  le  balay  qui  la  nettoyé.  (A,  23  v.) 


Bien  que  je  scache  que  ton  âme 

N'a  pour  moy  que  de  la  poison, 

Je  ne  puis  souffrir  qu'on  te  Idâme 

Au-delà  de  toute  raison.  (A,  55.) 


Je  ne  puis  souffrir  les  discours 

Dont  l'insolence  te  difame, 

Bien  que  je  scache  qu'en  ton  âme 

Tu  me  poignardes  tous  les  jours.  (A,  55 J 


Muses,  j'incague  vos  appas  1 

Vos  Hipocrènes  et  vos  Pindes 

Ont  des  lauriers  mais  ils  n'ont  pas 

Des  mines  d'or,  comme  les  Indes.  (A,  148.) 


Monbrun  dit  que  vostre  oeil  le  tue 

Et  Prévost  languit  sous  vos  lois. 

Madame,  vous  aves  le  chois 

D'un  lapin  et  d'une  tortue.  (A,  226  v.) 


Que  la  fortune  t'est  cruelle  ! 

Que  je  veux  de  mal  au  sergent  ! 

Il  a  dépouillé  ta  ruelle 

De  placars  et  de  bras  d'argent."  (A,  7.) 


510  ANNALES   DU    MIDI. 

Je  n'espère  pas  qu'on  les  voye 

Gomme  lu  les  vej's  autrefois 

Dans  le  cabinet  des  Valois 

En  simarre  d'or  et  de  soye.  (A,  122). 


Vos  propos  les  mieux  concertés 
Sont  des  bestises  nompareilles; 
De  moy,  je  croy  que  vous  butez 
A  faire  soulïrir  nos  oreilles.  (A,  123  v.) 


Je  ne  me  suis  pas  estonné 

De  luy  voir  mespriser  mon  livre; 

C'est  un  esprit  désordonné 

Qui  prise  l'or  moins  que  le  cuivre.  (A,  134  v. 


Sans  plus  trancliev  du  capitaine. 

Soulïre  que  ton  dos  malotru 

Serve  désormais  de  quintaine 

A  tous  les  singes  (?)  de  Bautrui.  (A,  235). 


Scaclie  qu'au  jugement  de  tous 

Apollon  passera  pour  beste 

Si  d'une  coronne  de  chous 

Il  ne  pare  la  grosse  teste  *.  (A,  168. 


Devant  que  la  force  te  quitte 3 

Reviens  dans  le  monde  choysy 

Mettre  sur  ta  pasleur  d'ermite 

Un  peu  de  rouge  cramoisy.  (A,  222.) 


Mon  cher  amy,  t'esbahis-tu 

Que  l'ignorance  et  la  malice 

Ayt  osé  choquer  ma  vertu 

Ghes  une  dame  sans  justice?  (A,  135.) 


1.  Ce  quatrain  termine  la  pièce  :  «  Pieri-e  que  ta  colère  est  folle  »,  dont 
Garrisson  n'a  cité  que  trois  quatrains  (t.  III,  'Mi). 

2.  Ce  quatrain  est  une  variante  plus  décente  du  quatrain  qui  termine 
la  pièce  :  «  Tu  penses  avoir  raffiné.  »  (Lach,  I,  414.) 

3.  Var.  :       '       Ta  vie  est  près  de  sa  limite. 


MÉLANGES   ET   DOCUMENTS.  511 

Sans  les  hanses  (?)  et  les  frontières 

Que  ton  maistre  fie  à  tes  mains, 

Mars  peupleroit  nos  cimetières 

Par  des  carnages  inhumains.  (A,  134.) 


O  qu'on  fairoit  de  beaux  romans 

De  tes  faulces  galanteries 

Et  de  l'humeur  de  ces  amans 

Qui  te  suyvent  aux  Tuilleries.  (A,  9  v.) 


Vous  n'estes  pas  si  fort  malade 

Que  les  médecins  ont  chanté  : 

Vingt  cuillerées  de  panade 

Vous  rendroient  à  vostre  santé.  (A,  6.) 


Pol,  ton  esprit  est  l'artizan 

Des  faux  complimens  de  pi-ovince 

Et  le  Roy  de  J^ronze  est  le  prince 

Dont  tu  seras  le  courtizan.  (A,  148.) 


Mais  aujourd'huy  je  leur  demande 

La  moitié  de  l'or  de  Paris 

Et  les  emplois  qui  fout  si  grande 

La  fortune  des  favoris.  (A,  191.) 


Mon  cœur  ne  treuve  point  de  paix 

Absent  de  vos  beautés  parfaites, 

Et  je  ne  scay  ce  que  je  fais 

Quand  je  ne  scay  ce  que  vous  faites*.  (A,  18G.) 

{A  suivre.)  G.  Clavelier. 


1.  C'est  ainsi  que  doit  être  rétabli  le  quatrain  inédit  donné  par  M.  de 
Labouïsse-Rochefort  à  la  page  47  de  ses  Lettres  biographiques. 


512  ANNALES   DU    MIDI. 


V. 


UN    CONCOURS   PROFESSORAL   A    LA    FACULTE    DE   MEDECINE 
DE   MONTPELLIER    AD    XV1«   SIECLE. 

Plusieurs  thèses  présentées  pour  les  concours  professoraux 
devant  l'ancienne  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier  ont  été 
signalées  et  étudiées  autrefois  par  Germain^;  mais,  sauf  une 
seule,  les  thèses  publiées  et  commentées  par  cet  érudit  sont 
postérieures  au  xvi»  siècle  et  s'échelonnent  des  premières  an- 
uées  du  xviie  aux  dernières  années  du  xviir.  La  plus  ancienne 
des  thèses  indiquées  dans  le  travail  de  Germain  est  celle  de 
Laurent  Joubert^,  qui  brigua  et  obtint,  en  1567,  la  succession 
de  Rondellet  :  or,  cette  thèse  avait  été  depuis  longtemps  impri- 
mée dans  les  œuvres  complètes  de  Joubert''. 

L'original  des  thèses  déposées  et  soutenues  par  Laurent  Jou- 
bert en  1567  ne  figure  plus  aujourd'hui  aux  Archives  de  la  Fa- 
culté de  Médecine  de  Montpellier*.  Un  autre  concours,  posté- 
rieur de  quelques  années  à  peine,  a  laissé  en  revanche  des 
traces  dans  ce  dépôt  :  c'est  le  concours  institué  afin  de  pour- 
voir à  la  succession  de  François  Feynes,  mort  au  milieu  de 
l'année  1574. 

Les  thèses  présentées  au  concours  par  les  quatre  compéti- 
teurs qui  se  disputent  la  chaire  de  Feynes  sont  les  plus  ancien- 
nes qui  subsistent  actuellement  dans  les  papiers  de  la  Faculté. 
Mais  l'on  ne  saurait  s'étonner  si  Germain  a  ignoré  l'existence 
de  ces  documents.  De  son  temps,  en  effet,  le  désordre  complet 
dans  lequel  gisaient  les  liasses  aux  Archives  de  la  Faculté  de 
Médecine  de  Montpellier  y  rendait  toute  recherche  impossi- 

1.  A.  Germain,  Les  anciennes  thèses  de  l'Ecole  de  Médecine  de  Mont- 
pellier dans  Académie  de  Montpellier,  Mémoires  de  la  section  des 
Lettres,  188ti,  t.  VII,  pp.  499  et  suiv.  La  partie  de  cette  étude  relative  aux 
thèses  professorales  commence  à  la  page  560  du  volume. 

2.  Germain,  lac  cit.,  p.  5U2. 

8.  Laurentii  Joubcrti  opern,  ir)99,  Francfort,  pp.  254-257. 
4.  Elles  n'y  ont  probablement  jamais  ligure.   L'inventaire  de  1583  n'en 
fait  pas  mention  (Arcli.  de  la  Fac.  de  Méd.  de  Montpellier,  A  1). 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  513 

ble',  et  Germain  ne  pouvait  espérer  en  tirer  profit  :  aussi 
s'était-il  résigné  à  se  contenter  des  seules  ressources  accessi- 
bles qui  lui  étaient  offertes.  Il  avait  dû  borner  son  enquête  au 
dépouillement  des  registres  et  à  l'examen  des  manuscrits  de  la 
Bibliothèque. 

I. 

Au  point  de  vue  de  l'histoire  des  doctrines  médicales  de 
l'École  de  Montpellier,  les  thèses  du  concours  de  1574  parais- 
sent de  nature  à  présenter  un  intérêt  très  vif.  Sans  doute,  il 
appartient  d'en  juger  en  détail  à  ceux  que  désigne  spéciale- 
ment leur  compétence  scientifique  en  la  matière  et  la  publica- 
tion intégrale  des  textes  sera  justement  destinée  à  leur  en 
fournir  le  moyen.  Mais  si,  à  une  date  bien  définie,  près  de  cin- 
quante questions  sont  posées  à  quatre  docteurs  qui  résument 
et  motivent  sur  chaque  point  leur  opinion,  l'ensemble  de  ces 
questions  et  de  ces  réponses  ne  sauraient  manquer  d'apporter 
des  renseignements  précis  et  précieux,  car  elles  reflètent  né- 
cessairement les  préoccupations  de  l'Ecole  et  de  la  science 
médicale  elle-même  à  un  moment  donné,  ainsi  que  les  théo- 
ries et  les  tendances  qui  se  partageaient  alors  les  esprits. 

Aussi  bien,  les  concurrents  à  la  chaire  de  Feynes  étaient-ils 
des  personnages  très  divers,  dont  la  physionomie,  très  accusée 
et  très  originale,  est  mise  en  pleine  lumière  pai  les  documents. 

C'est  d'abord  François  Sanchez,  le  philosophe  plus  tard  cé- 
lèbre-, tout  jeune  encore,  docteur  frais  émoulu  de  la  Faculté. 
11  a  conscience  de  son  prestige;  il  connaît  sa  valeur  et  n'en- 
tend point  la  taire  par  fausse  modestie.  Sa  soutenance  de 
thèse  est  un  événement  :  il  a  pour  auditeurs  non  seulement  le 
jury^,  mais  les  autorités  de  la  ville  S  et,  semble -t-il,  un  nom- 

1.  Le  classement  de  ces  Arcliives,  décidé  par  la  Faculté  en  1903,  est 
achevé  à  l'heure  actuelle. 

2.  Senchet,  Essai  sur  la  méthode  de  Francisco  Sanchez,  1904,  Paris, 
in-8»  (thèse  soutenue  devant  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Tou- 
louse). 

3.  Laurent  Joubert  et  Jean  Hacher  étaient  à  ce  moment  précis  les  seuls 
«  docteurs  régents  stipendiés  par  le  roi  »  qui  lussent  en  i'onctious,  puis- 
que deux  des  quatre  chaires  royales  alors  existantes  vaquaient. 

4.  C'est  à  ces  autorités  que  s'adresse  spécialement  Sanchez  en  prônant 
la  parole. 


514  ANNALES    DU    MIDI. 

breux  public.  L'usage  voulait  que  le  candidat  fit  précéder  la 
«  dispute  »  d'une  sorte  de  compliment,  et  le  compliment  de 
Sanchez  nous  en  dit  long.  On  lui  a  reproché  d'être  espagnol'  ; 
mais,  s'il  est  digne  d'illustrer  l'École  de  Montpellier,  faut-il 
regarder  à  son  origine?  L'intérêt  bien  entendu  de  la  Faculté, 
l'intérêt  de  la  ville  de  Montpellier  et  du  royaume  même  ne 
commandent-ils  pas  d'appeler  à  la  dignité  professorale  ceux 
qui  sont  capables  de  l'honorer?  On  sent  bien  que,  contre  ses 
rivaux,  Sanchez  compte  uniquement  sur  sa  supériorité  intel- 
lectuelle. Telle  est,  du  reste,  la  netteté  de  ses  thèses  que  leur 
ensemble  constitue  vraiment  un  travail  remarquable  et  pres- 
que l'équivalent  d'un  petit  traité  inédit. 

La  soutenance  de  Sanchez  dura  les  trois  jours  réglem'en- 
taires  et  eut  lieu  les  2,  3  et  4  août  1574. 

Le  7  octobre  suivant,  c'était  au  tour  de  Jean  Blezin,  dit 
Schyron,  de  prendre  la  parole.  Doyen  des  docteurs,  Blezin  n'en 
était  pas  à  sa  première  tentative  pour  obtenir  l'une  des  qua- 
tre chaires  stipendiées  par  le  roi,  et,  par  une  coïncidence  cu- 
rieuse, il  avait  été  notamment,  autrefois,  le  rival  de  celui-là 
même  dont  il  demandait  la  succession^.  lie  compliment  qu'il 
débite  reflète  à  merveille  son  état  d'esprit  :  c'est  un  appel 
énergique  à  ses  compatriotes  pour  exercer  sur  le  jury  une 
pression  décisive,  et  une  apologie  convaincue  des  droits  de 
l'ancienneté,  non  sans  allusions  fort  significativîs  aux  dan- 
gers que  peut  faire  courir  à  la  Faculté  un  engouement  irréflé- 
chi pour  un  jeune  étranger  dont,  au  surplus,  la  facilité  de  pa- 
role et  les  qualités  littéraires  ne  sauraient  remplacer  l'expé- 
rience. 

La  semaine  suivante,  c'est  un  nouveau  champion,  Jean 
Saporta,  qui  paraît  devant  le  jury,  et  voici  que  le  ton  est 
encore  une  fois  changé.  On  aperçoit  en  lui  beaucoup  moins  le 
candidat  que  le  fils  du  chancelier  défunt  et  l'on  a  l'impression 

1.  Sur  la  patrie  de  Sanchez,  cf.  H. -P.  Cazac,  Le  lieu  d'origine  et  les 
dates  de  fiaissmice  et  de  mort  du  jihilosophe  Francisco  Sanchez,  dans 
le  Bulletin  hispani(jue,  oclobre-déceiubro  l'.)!).'}. 

2.  Arcli.  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier,  A  1, 1"  2^.  En  1588. 
lîlezin  était  encore  candidat,  san^i  succès,  à  une  des  quatre  ehaires  (i^ic/., 
pièce  cotée  sac  7,  P). 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  515 

bien  nette  qu'il  s'agit  moins  pour  lui  de  se  faire  juger  que  de 
recueillir  un  héritage.  S'il  vient  disputer,  c'est  par  pure  défé- 
rence pour  les  usages  universitaires.  Aussi,  la  brièveté  même 
des  réponses  qu'il  fait  aux  questions  proposées  trahit-elle  la 
hâte  sinon  la  désinvolture. 

Comment  donc  Jean  Saporta  est-il  si  sûr  de  son  fait?  Les 
circonstances  l'expliquent  à  merveille,  et,  sans  faire  ici  l'his- 
torique complet  de  cet  épisode  curieux  des  annales  de  la 
Faculté,  il  est  du  moins  indispensable,  pour  l'intelligence 
même  de  nos  documents,  d'en  résumer  la  substance*. 


II. 


Au  moment  où  Feynes  mourait,  une  chaire  était  déjà 
vacante  par  le  décès  antérieur  du  chancelier  Antoine  Saporta, 
père  de  Jean.  Deux  candidats  avaient  disputé  la  succession 
d'Antoine  Saporta  :  son  fils,  Jean,  et  Nicolas  Dortoman.  Mais 
le  jugement  du  concours  avait  soulevé  un  procès  et,  à  l'heure 
même  où  la  disparition  de  Feynes  ouvrait  une  nouvelle 
vacance,  Jean  Saporta  et  Nicolas  Dortoman  étaient  tous  deux 
à  Paris  pour  poursuivre  leur  cause  devant  le  Conseil  (hi  roi. 

Au  demeurant,  le  procès  était,  semble-t-il,  fort  complexe, 
puisque  le  Conseil,  au  lieu  de  débouter  l'un  des  deux  préten- 
dants, en  était  arrivé  à  la  singulière  solution  du  partage,  ima- 
ginant d'accorder  aux  deux  parties  la  jouissance  par  moitié 
de  la  succession  d'Antoine  Saporta.  Ce  partage  d'une  chaire 
était  de  toute  évidence  un  pis-aller.  La  vacance  d'une  seconde 
chaire  parut  aussitôt  une  excellente  occasion  d'éviter  la  mise 
en  pratique  de  cette  étrange  combinaison  et  le  Conseil  décida 
alors  que  les  chaires  d'Antoine  Saporta  et  de  Feynes  revien- 
draient l'une  à  Dortoman,  l'autre  à  Jean  Saporta-. 


1.  Je  résume  les  faits  d'après  l'inventaire  de  1583  {Arch.  de  la  Fac.  de 
Méd.  deMontpellier,  Al,  f"  24-25). 

2.  Coppie  d'arrest  du  Conseil  privé  du  roi/  que  messire  Dortoman  et 
Saporta  seront  respectivement  pourveuz  de  l'une  des  deux  régences 
vacantes  avec  la  coppie  des  lettres  sur  icelluy  expédiées  lé  XXIX'  juil- 
let 1574  (Arch.  de  la  Fac.  de  Méd.  de  Montpellier,  pièce  cotée  sac  7  LL). 


51G  ANNALES    DU    MIDI. 

Toutefois,  cette  nomination  d'autorité  allait  à  rencontre 
du  principe  même  du  concours  et  mettait  à  néant  les  soute- 
nances déjà  faites.  Aussi,  l'arrêt  du  Conseil  souleva-t-11  de 
vives  protestations.  Le  chancelier  Laurent  Joubert  se  fit,  en 
cette  circonstance,  le  défenseur  de  l'indépendance  universi- 
taire contre  l'arbitraire  du  pouvoir.  Mais  il  eut  beau  invoquer 
les  privilèges  les  plus  vénérables  et  les  règlements  fixés  par 
les  Grands- Jours  de  Béziers.  Tous  les  efforts  se  brisèrent 
contre  le  fait  du  prince  et  tout  ce  que  le  chancelier  put  obte- 
nir, pour  sauver  quelque  chose  des  prérogatives  universitai- 
res, ce  fut  que  Jean  Saporta ,  quoique  nommé  par  le  roi, 
voulût  bien  consentir  à  «  recevoir  des  points  »  et  à  les  «  dis- 
puter »  comme  candidat  à  la  chaire  de  Feyues.  Une  telle  sou- 
tenance était  visiblement  de  pure  forme  dans  les  conditions 
où  il  se  prêtait  à  leur  dési'\  Jean  Saporta  pouvait  donc  com- 
paraître devant  ses  examinateurs  le  cœur  léger. 

C'est  contre  une  volonté  souveraine  qu'étaient  venues 
échouer  à  la  fin  les  illusions  de  Sanchez  et  l'obstination  de 
Blezin. 

Quant  au  quatrième  concurrent,  Bermond  Pages,  il  vint  trop 
tard.  Il  ne  put  même  pas  soutenir  ses  thèses;  elles  furent,  il 
est  vrai,  rédigées  et  déposées;  mais  elles  ne  furent  pas  «  dis- 
putées »,  et  ce,  «  causant  l'inhibition  faite  par  Monsieur  le 
Mareschal  ».  La  mesure  prise  par  le  maréchal  de  Damville 
était,  en  l'espèce,  fort  naturelle  :  après  l'arrêt  du  Conseil  et 
la  souten^auce  de  Jeaû  Saporta  qu'une  décision  royale  pour- 
voyait d'avance,  il  n'y  avait  plus  de  place  pour  aucune  pro- 
cédure. Au  reste,  par  une  surprenante  dérogation  aux  usages, 
Pages  s'abstient  de  faire  précéder  ses  quœsliones  meclicœ  du 
compliment  habituel.  Est-ce  prudence  ou  gêne?  On  croirait 
assez  volontiers  qu'il  a  écrit  ses  réponses  sans  grande  convic- 
tion, et  que  sa  candidature  n'est  guère,  dans  sa  pensée,  qu'un 
mo.yen  de  prendre  rang.  Si  tel  fut  sou  calcul,  il  ne  fut  pas 
heureux,  puisque  Pages  ne  devait  jamais  obtenir  aucune  des 
chaires  royales  de  la  Facultés 

1.  Un  m:  If  voit  plus  cuncuurir  jjuur  aucune  vuctmce  par  la  «uito. 


MÉLANGKS   ET    DOCUMENTS.  517 


III . 


Le  concours  de  1574  comporte  donc,  en  définitive,  quatre 
candidats  et  quatre  manuscrits  de  thèses  ',  mais  il  y  eut  seu- 
lement trois  soutenances,  puisque  Pages  en  fut  privé.  On  vou- 
drait assurément  percevoir  l'écho  des  séances  qui  furent 
tenues  pour  l'examen  de  Sanchez,  Blezin  et  Saporta.  Malheu- 
reusement, les  Archives  ne  nous  en  offrent  point  le  compte 
rendu.  Nous  ne  sommes  pourtant  pas  absolument  désarmés 
pour  nous  faire  une  idée  de  ce  qu'était  une  soutenance  de 
thèses  professorales  à  la  Faculté  de  Médecine  -'e  Montpellier 
au  xvi«  siècle. 

Il  nous  est  resté,  en  effet,  quelques  notes  qui  peuvent  nous 
instruire  sur  ce  point.  Les  notes  auxquelles  je  fais  allusion  ne 
paraîtront  pas,  sans  doute,  la  partie  la  moins  curieuse  des 
documents  qui  font  l'objet  de  la  présente  publication.  Ce  sont 
des  notes  d'une  écriture  fine  et  serrée,  remplies  d'abrévia- 
tions, ajoutées  par  l'examinateur —  Joubert  lui-même^  —  sur 
les  feuilles  où  Blezin  et  Saporta  avaient  rédigé  leurs  proposi- 
tions. Et  il  y  a  mieux  :  pour  l'une  des  questions  traitées  par 
Blezin,  la  plume  alerte  du  juge  a  même  fixé  le  dialogue.  C'est 
ici  un  véritable  fragment  de  soutenance  pris  sur  le  vif,  où  les 
répliques  s'entrecroisent  et  grâce  auquel  nous  avons  un  ins- 
tant l'illusion  d'assister  à  la  séance  dans  le  grand  amphithéâtre 
de  la  Faculté,  in  aula  majori  medicorum. 

Joseph  Calmette. 


1.  En  ce  qui  concerne  l'aspect  matériel,  ces  thèses  se  présentent  sous 
la  forme  d'une  grande  feuille  de  papier,  écrite  d'un  seul  côté,  de  la  main 
même  du  candidat.  Seules,  les  thèses  de  Jean  Blezin  comportent  deux 
feuilles  liées  ensemble. 

2.  Cette  paternité  résulte  de  la  comparaison  des  notes  dont  il  s'agit  et 
d'une  lettre  autographe  de  Joubert  qui  figure  aux  Arch.  de  la  Fac.  de 
Méd.  de  Montpellier,  2i  novembre  15(j7. 


518  ANNALES   DU    MIDI. 


DOCLIMI]NTS 


I. 

THÈSES  DE  FRANÇOIS  SANCHEZ. 

1574,  2-4  août  (Arch.  de  la  Fac.  de  Méd.  de  Montpellier, 
Orig.,Sac7,  NN«). 

Anipliss.  D.  Gubej^natoris  Curiœ  Senatoribus  œquissimis 

et  prudentissimis . 

Franciscus  Sanchez  B?^acharensis  D.  medicus  S. 

Jamduclum  perspecta  mihi  humanitas  vestra  (amplissimi  sena- 
tores)  qua  quemlibet  sic  amice  recipitis  ut  miUus  unquam  a  vobis 
vacLius  discesserit,  cœgit  me  superioribus  diebus,  ut  ultimam 
supremamque  doctoratus  lauream  impetraturus,  vos  rogarem  eam 
prœsentia  vestra  illustrare  velletis.  Quod  vos  (mirum  quaiito  lite- 
ratos  viros  prosequamini  amore)  mihi  exterae  nationis  homiiii, 
nunquamque  antea  vobis  cognito.  non  denegastis,  inio  libentis- 
sime  concessistis,  pauloque  post  opère  complevistis  opus  sane 
tantis  viris  dignum,  nullisque  non  decantandum  seculis,  omnique 
mihi  sevo  mémorandum.  Quo  quantum  me  vobis  divinxeritis 
incredibile  sane  est,  effecistis  quippe  ut  vestrse  confidens  libera- 
litali  vos  iterum  compellare  audeam,  sub  nomineque  vestro  in 
publicum  prodire  tentem.  Magna  mihi  subeunda  pugna  est,  de  re 
certatur  niagna ,  regia  professione ,  multique  mihi  sunt  rivales  a 
quibus  obruerer  solus,  nisi  magno  œquitatis  protegar  clypeo. 
Quse  cum  in  vobis  tantum  splendeat  magnam  mihi  vincendi  con- 
ciliât spem.  Excipite  igitur  jam  bénigne  me  auxilio,  consilioque 
egenum,  non  tamen  doctrina,  qua  qui  caret  exulet  a  vobis,  etiam 
mullo  comitatus  auxilio.  Suscipite  miserum  extraneum,  qui  pa- 
triam,  patrem,  charosque  reliquit  affines,  ut  Academiœ  subveniret 
vestrge  quse  tantis  quondam  exaltataencomiis  lapsura  jam  ruinam 

1.  Cote  inscrite  au  dos  du  document  et  correspondant  au  classement  des 
Archives  fait  en  1583.  Dans  l'inventaire  actuellement  en  préparation  (Car- 
tulaire  de  l'Université  de  Montpellier,  t,  II),  un  tableau  de  concordance 
permettra  de  ramener  sans  difliculté  les  cotes  du  xvi"  siècle  aux  cotes 
définitives. 


MELANGES   ET    DOCUMENTS.  519 

minatur,  nisi  fortes  ei  supponantur  postes.  Aperite  doctis  viris 
brachia  vestra,  imo  a  finibiis  terraj  quœrite  qui  Musœum,  urbem- 
que  ornent  vestram.  Pellite  ignorantiam,  omni  urbi  Musoeoque 
exitiale  malum  ;  btHC  scia  vobis  alienigena  sit,  proprii  quos  vir- 
tutis  honestat  titulus,  cives.  Qui  Justinianum,  Bartholum,  Bal- 
dumque  exteros  colitis  aiilhores,  ducesque  sequimini,  cur  me  ob 
hoc  condemnabitis  quia  hispanus  sim  ?  An  non  damnandi  magis 
qui,  in  Gallia  nati  auctique,  nul^um  ei  proferunt  fructum ,  quam 
qui  in  Hispania  natus,  in  eaque  eruditus,  omnia  consumpsit  bona 
Galliae  doctrina  ut  prodesset  sua?  Nobis  quideni,  ut  et  vobis, 
duces  Hyppocrates  Galenusque  sunt,  alter  ex  Coo,  ex  Pergamo 
alter,  Grœcos  Latinosque,  quin  et  Arabes  valde  colinius,  qui  et 
unde  sint  non  curamus,  dum  qu8e  ad  morborum  curationem  atti- 
nenl  nolns  recte  prœscribant.  An  vos  Justiniano,  nos  Hyppocrati 
ineptum  prœferemus  Galluni,  quia  hic  vestras,  illi  alieni  sint? 
Non,  credo.  Excipit  Hispania  doctos  Gallos,  excipit  Italia,  plures 
ego  illic  vidi,  vos  quoque  hic  novistis  plures.  Excipite  igitur  et  vos 
bona  ingénia,  fovete  bonos  animos,  promovete  bene  incepta  studia, 
sicque  fiet  ut  undique  ad  vos  affluant  viri  docti  qui  Academiam, 
urbem,  totumque  décorent  regnum.  Jam  ergo  ad  vos  accedo  sup- 
plex,  tanquam  ad  sacrani  anchoram  ,  omni  destitutus  favore  prse- 
terquam  divino,  solo  fidens  ingenio  meo,  humanitateque  vestra, 
cui  bas  comitto  studiorum,  vigiliarumque  mearum  primitias,  quas 
precor  earumque  authorem  nomine  tuemini  vestro.  Aliter  enim 
non  video  quomodo  tôt  perversas  evasurœ  sint  linguas  incolumes. 
Quod  si  evaserint  totam  earum ,  meique  salutem  vobis  debebo, 
fatebor,  referamque  acceptam  dum  vita  manebit.  Valete,  viviteque 
felices  quantum  vixisse  feruntur  primi  patres. 

Quaestiones  medicse  triduo  agittandae  in  scholis  regiis  Montspelii 
pro  regia  professione. 

I,  _  Utev  pastiis  frugalior  esse  deheat,  prandium  an  cœna? 

Natura  eadem  que  nobis  calorem  indidit,  cujus  perpétua  aclione 
in  humidam  substantiam  tandem  absumitur  corpus  nostrum, 
eadem  nobis  appetendi,  coquendi  et  assimilandi  cibi  eodem  medio 
calore,  quo  ejus  actio  aliquantulum  ,  si  non  omnino,  retundatur, 
facultatem  concessit.  Hic  porro  calor  duplex  est,  subjeclo  difïerens, 
motu  et  origine.  Alius  qui  aprimis  principiis  cuilibet  insidet  parti 


520  ANNALES    DU    MIDI. 

ab  ea  indissolubilis ,  nisi  per  mortem ,  nlins  qui  a  corde  continno 
Huit,  spiritu  per  totnin  sparsus  corpus,  cujus  pra'sentia  primus 
foveUir  et  emicat. 

Quai  in  corpore  oduntur  actiones  omnes,  medio  utroque  eduntur 
calore  quo  copiosiore,  dum  modo  limites  sanitatis  non  excédât, 
foeliciores,  pavciore  debiliores  sunt  eœdem.  Porro  ejus  qui  influit 
motus  perpetuus  tum  ad  exteriora,  tum  ad  interiora  est,  hoc  noctu, 
illud  inter  diu  fit.  Unde  extimarum  partium  nulritio  inteivliu 
ràelius  perficitur,  intiniarum  vero  noctu. 

Ergo  frugalius  prandium  esse  débet. 

II.  —  An  vir  fœmina  calidior? 

Omnium  animalium  perfectissima  sunt  in  quibus  distinct!  sexus. 
Porro,  in  his,  ut  materia  forma,  passumque  agente,  sic  in  om- 
nibus inferior  foemina  mare.  Hic  ad  actionem  omnino  natus  et 
négocia,  illa  ad  passionem  solum  et  otia,  quorum  duorum  hsec  ut 
calorem  siguificant  minorem,  sic  et  minorem  efflciunt.  Illa  contra 
majorem  tum  dénotant  tum  reddunt. 

Omnis  fere  actio  medio  calore  fit  :  hoc  ergo  fortiore  melior  actio 
et  contra  fiet.  Mas  autem  naturales  omnes,  multoque  magis  ani- 
males actiones  prœstantissimas  edit,  femina  contra  infirmissimas. 

Calidior  ergo  vir. 

III.  —  A7i  vitalis  facuUas  a  naturaU  diversa? 

Anima  principium  est  actionum  omnium  quas  animata  edunt 
corpora.  Qua3  duplex  summo  génère  distincta,  naturalis  scilicet  et 
animalis,  innuuieras  sub  se  continet  species  ;  hœc  animalium,  illa 
plantarum!  Hinc  bos  et  equus  specie  differunt  quamvis  utrumque 
anima  prreditum  sensitiva,  sic  cerasus  et  pomus,  quibus  anima 
naturalis  ambobus.  Facultatibus  quselibet  prœdita  est,  quibus 
munera  exercet  sua,  quibusque  alia  ab  alia  diversa  nimis  est, 
hinc  lupus  agnum,  canis  catum,  hic  illum  et  murem  odit. 

Jam  omni  anima)  commune  est  vitali  esse  praîditam  facultate, 
quinimo  primus  ejus  actus  est  vivificare.  Hoc  autem  nil  aliud  est 
quam  corpori  cui  insidet  alimenlum  trahere,  retinere,  concoquere, 
assimilare,  sibique  similem  generare.  Has  naturales  nostri  vocant 
facultates  a  vitali  maie  distinguentes,  cum  pulsifica  non  omnia 
praîdita  sint  animalia,  vitali  autem  omne  animatum. 

Non  igitur  diversa,  etc. 


MELANGES   ET   DOCUMENTS.  521 

IV.  —  An  respiratio  omnibus  nnimalihus  necessarin? 

Respiratio  inotusest  thoracis  et  pulmonum,qno  aer  ad  inteiiora 
corporis  trahituf,  cuin  ad  caloris  refrigerium,  tum  ad  ejas  in  uni- 
versum  corpus  distribu lionem,  mediis  spiritibus,  expelliturque  ut 
secum  abducat  quse  in  corpore  superflua  sunt  excrementa.  Haec, 
cum  cor  principium  sit  influentis  caloris,  pvoindeque  calidissi- 
mum  omnium  quœ  in  corpore  nostro  sunt,  propter  id  prsecipue 
facta  est. 

Ubicumque  finis  deest,  ibi  et  quaj  ad  finem  média  necessaria 
erant.  Perfectissimis  autem  animalibus  solum  esse  cor,  pluribus 
aliis  minime  ostendit  experentia  :  unde  et  frigida  eo  nomine  facile 
quis  colliget,  quo  fit  ut  pauco  egeant  cibo,  cum  majorem  conficere 
non  possint,  nec  necesse  habeant,  minoriqne  aeris  refrigerio,  cum 
potius  calore  egeant. 

Quare  non  necessaria  omnibus  animalibus  respiratio. 

V.  —  Ulrum  ad  sanilalem  commodius  vinum  aut  aqua? 

Uno  cibo  et  potu  inler  ea  quœ  extra  nos  sunt  sanitas  maxime 
conservatur.  Illo  ut  ipiod  effluxit  caloris  vi  substautiœ  nostrse 
restiluatur  (quod  pra?cipuum  conservationis  est  caput)  ;  hoc  ut 
illum  coctioni,  alias  enim  combureretur,  aptiorem  humiditate  red- 
dat  sua,  maceret  et  fluidum  faciat,  quo  melius  per  totum  transmit- 
tatur  corpus.  Hoc  aqua  optime  explet,  illud  panis  et  caro. 

Cseterum  vinum  calidum  et  siccum,  humidis  frigidisque  naturis 
convenientissimum  est,  parce  tamen  sumptum,  alias  perniciosis- 
simum,  calidis  vero  et  siccis  hoc  nocentissimum,  commodissima 
aqua.  Mediis  naturis  modico  solum  aqua  lincta  vino.  In  univer- 
sum  aqua  nuUi  tam  noxia  ut  vinum,  omnibus  commoda. 

Gommodior  ergo  aqua. 

VI.  —  Ulrum  reniedium  lolerahilius  piceriliœ  purgatio 
an  phlobotomla  ? 

Purgatio  est  humorum  qui  vel  qualitate  sola,  vel  quantitate 
sola,  vel  utroque  peccant  evacuatio.  Htec  maximis  naturaî  com- 
modis,  nulla  ejus  substantite  jactura,  obitur,  si  debito  pharmaco, 
idoneo  tempore,  justaque  quantitate,  prœscribatur,  alias  plura 
adfert  incommoda,   inter  quas  gravissimum  illud  hyperiatharsis 

ANNALES  DU  MIDI.   —    XX  34 


522  ANNALES    DU    MIDI. 

est.  Omni  setati,  si  niorbus  eam  expelat,  convenientissiiiia,  nisi 
ex  accidenti  qnid  eani  intercipiat. 

Phlobotomia  evacualio  est  saiigulnis  vel  quantitate  sola,  vel 
qiialitale  sola,  vel  utrO(jue  peccaiiUs.  Hujus  qviam  purgatlonis  (si 
utraque  recte  prescribatur)  ininoi-  utilitas,  commoditasque ;  nnllus 
qulppe  tani  malus  sanguis  est,  cui  aliquid  boni  non  sit,  ut  pluri- 
mum  major  pars,  quoque,  melioris  defeclu,  non  potiantur  partes. 
Humore  autem  simplici  excrementilio,  nulla  (eas  excipio  quaî  ei 
excipiendo  dicatœ  sunt)  nutritur  pars. 

Igitur  tolerabilior  purgatio,  etc. 

VII.  —  An  exanlhematis  purgatio  cl  phlobolomia  conveniant? 

Exantbemata  parvi  sunt  tumores  exleriora  corporis  occupantes, 
alias  omnia,  alias  nonnulia,  quandoque  et  interiora  etiani  occu- 
pant, tuncque  grave  malum.  Horuni  niaterialis  causa  humor  est 
naturam  quantitate  vel  qualitate  premens,  quœ  proinde  ad  cutem 
euni  propellit,  initio  morbi  cum  forlior,  in  line  cum  debilior,  illic 
fere  major  quantitas,  hic  deterior  qualitas,  illic  spes  major  salii- 
tis,  hic  (nisi  criticasit  eorum  eruplio,  ut  quandoque  fit)  nulla. 

Qui  putret  aut  putruit  sanguis,  aut  corrupLi  luunoris  permixtione 
inquinatus  est  in  venis,  eisdem  apertis,  statim  educendtis  ante- 
quam  corruptio  ulterius  procédât,  nisi  ad  interiora  natura  verga- 
tur.  Hoc,  ubi  totum  corpus  aut  raajorein  ejus  partem  morbus 
occupât.  Si  quis  intro  coerceri  suspicetur  humor,  leni  ejiciendus 
medicamine.  Si  jam  universus  exteriora  teneat,  neutrum  condiicii. 

Quare  conveniunt,  etc. 

Vm.  -r-  Utrœ  evacuationes  utiliores,  sincerœ  an  vnriœ? 

p]vacuatio  alla  a  natura,  alla  ab  arte  facta.  Utraque  (si  lalis  sit 
qualis  esse  débet)  noxius  a  corpore  humor  exit.  Porro  soient  quan- 
doque plures  in  corpore  redundare  humores,  aliquando  unus  so- 
lum,  hicque  aliàs  naturse  raagis  infestas,  ut  atrabilis  et  œrugi- 
ginea,  alias  minus,  ut  pituita  et  bilis  flava.  Quod  si  plures  sint, 
vel  singuli.s  dejectionibus  raixti  redduntur,  vel  sinceri,  ita  tamen 
ut  modo  sola  bilis,  deinde  melancholia,  tandem  atrabilis  ejicitur, 
vel  contra.  Denique  variée  quandoque  dejectiones  sunt  vel  omnes 
simul,  quselibet  per  se  ab  eodem  humore,  facta  tamen  ejusdem 
mutatione  aut  in  melius,  ut  in  suppuratione,  aut  in  pejus. 

Plura  mala  pejora  sunt  uno.  Proinde  prestat  unuiii  in  corpore 


MELANGES   ET    DOCUMENTS.  523 

abnndare  humorem  qnam  pliires,  dummodo  non  maxime  infestns 
sit  naturaî,  alias  enirn  melius  est  ex  aliis  aliquid  inesse,  quam 
pessimum  unum  soluni.  In  variegatis  et  diversis,  si  ad  melius 
mutatio  fiât,  conducit,  sive  in  una,  sive  in  plui'ibus  contingat  de- 
jectionibus,  sin  minus,  malum.  Ut  plurimum  tamen  sincera  potior 
varia  esse  solet. 
Igitur  sincenB  utiliores,  etc. 

IX.  —  An  vevliyinl  (irteriolomia  ulilis  ? 

Verligoturbulentu.s  est  spiritus  vel  vaporis,  in  ventriculis  cerebri 
motus,  quo  quis  visu  pi-ivari  videtiir,  omniaque  in  girum  verti 
apparent.  Hujus  autem  causa  spiritus  vel  crassus,  fuscusque,  vel 
punis  vaporibiis  perniixtus,  vel  simplex,  ab  aliqua  commotus 
causa,  ut  ab  ira,  rerumque  rolantium  intensiore  aspectu.  Hic  in 
cerebro  primo  est,  illi  quandoque  in  eodem  gignuntur,  tuncque 
primarius  est  affectus,  quandoque  ab  inferioribus  ascendunt  par- 
tibus,  et  tune  per  consensum. 

Contrariorum  contraria  sunt  remédia  :  quœ  igitur  ab  infernis 
ascendunt,  si  a  cruditate  fiant,  calore  impediuntur,  si  a  nimio  ca- 
lore,  frigore,  bi  potins  fiimi,  illi  vapores  dicentur.  Qui  in  cerebro 
ejusque  arteriis  fervidus  nimis  calidusque  sanguis  et  spiritus  est, 
evacuatus  morbum  toUit. 

Ergo  arteriotomia  utilis,  etc. 

X.  —  An  in  purgalione  ul  phlobotomia  justus  terminus 
esse  possit  lypolhimia? 

Lypotbimia  subita  est  animi  defectio,quœ  a  pluribus  excitari  po- 
test  causis,  ab  evacuaiione  sœpissime,  non  solum  benigni  humoris 
ut  sanguinis  in  abundanti  phlobotomia,  sed  maligni,  ut  in  disrup- 
tione  magni  aposthematis,  apertione  thoracis  in  impiis,  et  ventris 
in  hydropisis,  denique  in  nimia  purgatione  vel  natura  vel  arte 
facta.  Quibus  quidem  casibus  non  ob  spirituum  dissolutioneni,  ut 
quidam  causantur,  evenit  lypotbimia,  sed  ob  subitam  mutationem 
qu8B  naturae,  etsi  ad  melius  flat,  infesta  est. 

Medicus  naturd'  imitator,  ejusque  observator,  agri  vires  quan- 
tum fleri  poterit  custodire  débet,  potiusque  infra  earum  posse 
quam  supra  in  omni  medicatione  consistere.  Quas  cum  tantum 
atterat  lypotbimia,  quse  mortem  quandoque  asciscit,  maxime 
vitanda  est.  Ea  tamen  quse  a  phlobotomia  excitatur,  minus  péri- 


524  ANNALES    DU    MIDI. 

culosior  est,  cum  in  nobis  sit  vacuationem  statim  sistfiiv.  Quod  in 
purgatione  non  licet. 

Quare  non  est  justus  terminus,  etc. 

XI.  —  Quorum  morborum  certius  est  judicium  aculorum  an 
diitturnorum  ? 

Acuti  morbi  sunt,  qui  celeriter  vehementei-que  cursum  peragunt 
suum.  Horum  varite  recensentur  species,  dievum  numéro  solum 
divers».  Perperacuti,  qui  intra  quatriduum  ûuiuntur,  peracuti, 
qui  intra  .7. m,  valde  acuti,  qui  intru  .11.™,  vel  .14. m,  acuti  simpli- 
citer,  qui  intra  .20.'",  acuti  ex  decidentia,  qui  intra  .40.^.  Cronici 
contra  vel  diuturni  dicuntur  quilongum  durant  tempus,  facilesque 
toleratu  sunt.  Illorum  materia  ut  plurimum  calida,  aut  principi 
parti  magna  frigidi  humoi'is  infensa  copia  :  horum  vero  crassus, 
viscidus,  frigidusque  humor  longe  a  principibus  «listinctus  parti- 
bus. 

Acuti  morbi  ut  plurimum  exitiales  esse  soient.  Longi  contra, 
mis  ut  mobilis  et  turgens  materia,  sic  varise  incertœque  motiones 
multiplicia,  atrociaque  simptomata.  His  çonlra.  ut  fixa  materia  est 
frigidaque,  sic  aut  nulla  aut  pauca  admodum  simptomata,  quœ 
aut  nil  durant,  auteadem  permanent.  De  mobilibus  autem,  subitis 
et  inordinatis  incerta  deliberatio,  de  ordiiiatis,  lentis,  fixisque 
certa  pronunciatio  fit. 

Igitur  diuturnorum  certius  judicium. 

XII.  —  Ulrum  eonvenienlius  disentericis  vomilus  an  purgalio? 

Dysenteria  multiplex  dici  solet,  propria  est  qua  intestina  bilis 
alterutrius,  aut  salsse  pituitse  acrimonia  ulcus  patiuntur,  cum  alvi 
fluxu.  Qui  autem  hanc  committit  humor,  si  a  toto  fluat  corpore, 
malum,  si  a  parte  solum  fluxit,  minus.  Vomitus  rejectio  est  ejus 
quod  in  stomacho  est  per  superiorem  regionem.  Inasuetis,  hyberno 
tempore,  pingui  corpore,  longo  coUo,  stricto  pectore,  caput  dolen- 
tibus,  stomacho  aut  aliquo  ex  visceribus  circa  illum  affectis ,  non 
administrandus. 

Quo  naiiura  movet,  illuc  movendum,  dum  per  loca  conferentia 
fiat.  Ab  externis  ad  interna  noxia  materia  nec  trahenda,  nec  repel- 
lenda,  nisi  illuc  fluens  majus  damnum,  hue  tracta  minus  adferat. 
Prœstat  partem  unam  alïectam  esse  pluribus,  nisi  illa  nobilis,  hse 


MÉLANGES  ET  DOCUMENTS.  525 

vero  ignobiles,  tune  enim  contra  melius  est.  Qui  autem  intestina 
ulceravit  humor,  idem  melius  stomachum. 
Convenientior  ergo  purgatio. 

Asserebat  Franciscus  Sanchez  Bracharensis,  medicinae  doctor, 
Monlspellii  in  aula  regia.  pro  regia  professiune,  die  2»  augusti  et 
toto  biJuo  sequenti  anni  M.D.L.XX.IIII. 


IL 


THÈSES  DE  JEAN  BLEZIN  dit  SGHYRON. 

1574,  7-9  octobre  {Arch.  de   la   Fac.   de  Méd.    de   Montpellier,  Orig., 

Sac7.  yy). 

CONCLUSIONS    RANDUES   PAR  M.   JAN   BLESIN. 

A7nantissinus  concivibus  suis  Jannes  Blezinus,   doctor 
regens  et  collegii  medicorum  Decanus  S.  P.  D. 

Non  pancis  al)  hinc  annis  (amantissimi  concives)  subhorta  est 
inter  doctores  de  pi-œmio  rcgio  collegii  non  levis  controversia  dis- 
ceptatione.  Quœ,  cura  ob  temporis  injuriam  ab  liujus  litis  censo- 
ribus  et  testimatoribus  non  potuerit  plane  dilui  aut  dirimi,  in  hsec 
tempora  denuo  assurrexit.  Gujus  quideni  volui  vos  monitos,  ut 
vobis  placeat,  per  vestram  liumanitatem,  rerum  collegii  aliquam 
curam  habere.  Etenim  id ,  exterorum  nonnullorum  et  novoruni 
Arpinatum  labore,  conveliitur  concutiturve;  ut  certo  presagire 
possim  (nisi  quamprimuni  medicinam  adhibeatis)  ruinam  in  pro- 
pinquo  esse;  quod  scio  facietis.  Est  enim  urbis  hiijus,  ut  vulgo 
fertur,  flos  selectissimus,  qnem  arctissime  odorabimini,  et  ob  illius 
eximiam  fragrantiam,  quam  diligentissime  observabitis.  Ici  fiet,  si 
talia  prœmia  non  in  quoscunque  conferantur,  sed  in  bene  de  col- 
legio  meritos  (plantée  non  ante  proseminant  aut  fructifîcant  quam 
floruerint,  nec  ullum  stirpium  aut  animantium  genus)  nobis 
innuentes  debere  teneri  in  quibuscunque  gradum  suum,  et  ordi- 
natim  nos  quooptandos  esse.  Quid  ?  dicet  aliquis.  Et  si  novus  sit 
tyro,  attamen  mngnam  spem  majores  natu  in  eo  collocarunt  : 
orator  est  copiosus  et  gratus,  poeta  egregius.  Quid  tum?  Floren- 
tissima  hrec  scola  non  tani  disertos  exquirit,  quam  Ion  go  rerum 
usu  oblirmatos.  Equidem  si  taies  tantum  seliguntur,  futurum  est 


526  ANNALES   DU    MIDI. 

propediem  ut  collahatur  funditus  luec  medicorum  Universitas. 
Novuni  enim  non  est.  Etenim  eorum  garrulitate  Comici  sa^culo 
tola  est  destructa  respublica.  Quœrit  Comicus  qui  dexiruxere  rem- 
publicam  ?  Poète  et  oratores  novi.  Ne  igitur,  concives,  hsec  vestra 
tam  celebris  Universilas  collahatur  ac  ruât,  procurabitis  dili- 
genter,  ut  in  defunctorum  locum  experti  magis  sufficiantur,  et 
longue  rerum  usu  perili.  Hoc  si  feceritis,  eam  producetisin  longos 
annos,  utpote  qui  sunt  columina  et  fulcra  communitatis.  Potestis, 
sit  vobis,  res  est  curœ,  convenire  reliques  regios  professores, 
eosque  consolari,  aut  quasi  niana  ducere,  qui  vestra  concilia  per- 
libenter  excipient,  et  de  liis  eos  rogare.  Sunt  enim  niirifice  in  res 
collegii  alTecti.  Nequideni  ex  vobis  unus  commode  medici  opéra 
potest  carere.  Ut  igitur,  dum  fert  nécessitas,  possilis  propicium 
vobis  seligere,  est  quod  illius  expectationem  in  publicis  certanii- 
nibus  concitetis.  Ita  fiet,  ut  et  praesentes  adsitis,  quse  prsesentia 
non  parum  commendat  nostras  actiones.  In  significationem  curœ 
rerum  nostrarum,  amorisve  in  me  vestri,  a  vobis  etiam  atque  etiam 
deposco,  ut  nobis  vestram  operam  in  tantis  his  collegii  necessita- 
tibus  non  denegetis.  Hoc  si  feceritis,  ne  totum  collegium  devin- 
cietis.  Et  valete.  Et  aedibus  nostris. 


QU^STIONES.  —  Quaestio  prima. 

Uirum  salîtbrior  apasLa,  quies  an  motus? 

Cum  praiîstunti  aîternœque  naturte  fuisset  consultum  lioininem 
non  ;etern«m,  sed  dissolubilem  edere  in  lucem,  euni  necessitatiljus 
immensis  obnoxium  prodidit,  cum  ex  quatuor  elementoruni  com- 
page  ipsum  alTaJjrè  fabricasset.  Etenim  illum  effluvio  substantiae 
triplicis  suljjecit,  fami ,  siti,  negnon*  rebquis  alterationibus. 
Quaniobrem  quàm  maxime  sollicita  natura  in  banc  necessitatem 
esculenta  poculentave  mortalibus  dédit,  siiaque  beneflcenlia  terra; 
et  aquis  fœcunditatem  est  élargi  ta,  quœ,  ad  mortalium  pereniii- 
tateii),  fruges  et  cibos  cujuscunque  generis  potionesve  profert. 
Quibus  (quantum  potest)  dicta  dissolubilis  substanlia  recolligitur 
aut  quodam  modo  relicitur.  Ut  verô  id  conlingeret,  quoniam 
oportet  simili  similem  substantiam  retici,  cùm  nihil  melius  possit 

1.  Sic. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  527 

ad  dictam  reparatioiiem  progigni,  sanguine  sanguinem,  sangui- 
nisque  materiam,  in  quibus  sanguis  prodnceretur  etperquem  nos 
donavit,  in  primis,  dentium  connexii  conjunctissimo,  quibns  tan- 
quam  pistrino  quodam  cibus  tnditatur  et  subigitur,  ne  densitate 
sua  et  soliditate.  ventriculum  alioquin  fliictuantem  et  imbecillum 
agravet  aut  oneret,  ut  cum  Avicenna  dicamus  raansu  cibaria  crudis 
cujuspiam  eoncoctionis  reportare  rudimenta.  Qua?  ubi  cotitigit 
cibus  per  œsophagum  in  ventreui  illabitur,  in  quo  cùm  desidet, 
conficitur  ac  nalivo  illius  calore  conquoquilur,  et  in  cremorem 
ptisanœ  similem  mutatur.  At  vero,  cum  dictus  ventriculus  ovga- 
num  sit  quasi  infinitum,  distinctaque  sint  in  eo  spatio,  sit  oriTi- 
cium,  sitfundum  atque  illius  médium,  memoramus  a  pastu  lantil- 
lulum  esse  deambulandum,  quo  exculenfa  poculentave  illabantur 
in  sui  fundum.  Nec  tantnm,  sed  et  in  eum  usum  pyra,  pomaque 
citonia,  similiaque  sunt  seligenda ,  quse  ut  sunt  gravia,  in  altum 
ac  deorsum  tendunt,  cibosque  oompellunt. 

Corpus  vero  movere,  ut  ante  pastum  est  salutare,  sic  a  pastu 
intrépide  (ventriculo  alioquin  ut  est  dictum  lluctuante)  commo- 
vere  est  insalubre,  at  quiescere  oportet.  Que  et  vegetiùs  agat 
calor  nativus  et  sedatiùs,  et  ne  importuno  motu  ab  hepate  chilus 
sitiusi  quam  par  sit  rapiatur,  et  tandem  sanguis  crudior  ab 
eodeni  proferatur.  Adde  quod  motus  interrumpit  venlriculi  func- 
tionem  et  cibos  in  eo  tluctuare  facil. 

Ergo  quiescere  est  satius. 

Quare  salubrior  est  a  pastu  quies  quàm  motus. 

(A  suivre.)  J-  Galmette. 


1.  Sic. 


COMPTES  RENDUS  CRITIQUES 


Jean   Guiraud.  -  Cartulaire  de  Notre-Dame  de  Prouille. 

Paris,    Alphonse    Picard    et    fils,    1907;   2   vol.    in-4»  de 
cccLi-286  et  355  pages. 

M.  J.  Guiraud  commence,  avec  ces  deux  gros  livres,  la  publica- 
tion d'une  Bibliothèque  historique  du  Languedoc,  à  laquelle, 
dès  l'abord,  nous  souhaitons  bonne  chance;  elle  doit  comprendre 
une  série  d'études  et  de  documents  sur  l'histoire  religieuse,  écono- 
mique et  sociale  du  Languedoc  au  moyen  fige.  Deux  autres  volu- 
mes sont  dès  maintenant  annoncés,  l'un  touchant  encore  le  monas- 
tère de  Prouille,  l'autre  relatif  aux  Inventaires  narbonnais  au 
xive  siècle  et  au  mobilier  languedocien  de  ce  temps-là.  M.  G.  ne 
nous  parlant  d'aucun  collaborateur,  j'imagine  qu'il  a  l'intention 
de  mener  seul  à  son  terme  la  vaste  entreprise  dont  il  s'est  tracé  le 
plan  et  c'est  là  un  dessein  dont  on  se  demande  s'il  en  faut  admirer 
la  bravoure  ou  redouter  la  témérité  ;  attendons,  pour  nous  pro- 
noncer, d'en  voir  la  fin.  D'aucuns,  et  j'en  suis,  se  demandent 
aussi,  non  sans  inquiétude,  si  l'auteur  sera  vraiment  payé  de  la 
peine  qu'il  prendra,  s'il  reste  assez  de  pièces  inédites  dignes  d'être 
publiées  pour  emplir  une  nouvelle  Bibliotiièquc  ;  mais,  sur  ce 
point  encore,  réservons-nous.  — Le  Cartulaire  de  Notre-Dame  de 
Prouille  n'est  pas  un  vrai  cartulaire,  et  l'auteur  nous  i)révient 
qu'il  lui  en  a  donné  le  titre  seulement  pour  la  commodité  du  lan- 
gage; il  convient  donc  d'entendre  :  Documents  inédits  sur  le 
■monastère  de  Prouille  et,  d'ailleurs,  je  ne  vois  pas  trop  en  quoi 
cette  dénomination,  plus  exacte  que  l'autre,  aurait  été  moins  com- 
mode. Des  548  pièces  (jue  comprend  le  recueil,  avec  les,  appendi- 
ces, toutes  ne  sont  pourtant  pas  inédites;  mais  la  plupart  le  sont 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  529 

et  M.  G.  a  toujours  eu  le  mérite  de  les  rassembler  et  de  les  clas- 
ser. Au  reste,  l'ordre  auquel  il  s'est  arrêté  ne  me  parait  pas  très 
propre  à  faciliter  les  recherches  d'histoire  générale  :  il  a  groupé  ses 
documents  d'après  leur  contenu  et  les  localités  auxquelles  ils  se 
rapportent.  Autrement  dit,  il  les  a  dispersés  en  18  sections  :  5  con- 
tenant les  textes  qu'on  pourrait  appeler  généraux  (bulles  pontifi- 
cales et  privilèges  royaux  ou  seigneuriaux),  et  13  se  rapportant 
aux  localités  où  Prouille  avait  des  intérêts.  A  la  fin  du  second 
volume,  une  table  chronologique,  qui  reproduit  la  courte  analyse 
placée  en  tête  de  chaque  pièce,  rétablit  le  classement  de  l'ensem- 
ble d'après  la  date.  J'aurais  préféré,  pour  ma  part,  que  l'ordre 
chronologique  pur  et  simple  fût  suivi  dans  le  corps  du  cartulaire 
et  qu'un  Index  analytique,  par  ordre  alphabétique  des  matières, 
fat  donné  à  la  fin.  M.  G.  a  pris  de  la  peine  pour  établir  une  table 
onomastique,  une  table  des  couvents  et  une  table  topographique; 
elles  sont  assurément  utiles,  mais  elles  ne  remplacent  pas  l'Index 
analytique,  dont  je  regrette  l'absence,  et  qui  aurait  permis  de  les 
simplifier.  Autre  regret  :  dans  ses  Indices,  mis  à  part  celui  qui  a 
trait  aux  couvents  et  qui  est  très  court.  M.  G.  n'a  pas  identifié  les 
noms  propres  de  lieux  et  de  personnes,  que  ses  doiuments  lui  don- 
nent en  latin  ;  je  n'ignore  pas  les  difficultés  que  présentait  l'entre- 
prise, mais  je  crois  d'autant  plus  qu'il  fallait  la  tenter  qu'une 
publication  comme  celle-là  peut  être  une  très  utile  contribution  à 
l'étude  de  l'onomastique  languedocienne  et  que,  d'ailleurs  M.  G.  a 
prouvé,  par  les  identifications  que  contiennent  ses  analyses,  qu'il 
pouvait  la  réussir.  Il  ne  s'agissait  pas,  bien  entendu,  de  rempla- 
cer la  désignation  latine  par  le  nom  en  langue  vulgaire  ou  les 
appellations  modernes,  mais  de  placer  à  côté  l'une  de  l'autre  les. 
deux  indications. 

Quant  aux  documents  eux-mêmes,  j'entends  ceux  qui  étaient  jus- 
qu'ici inédits,  ils  ne  m'ont  point  paru  d'un  intérêt  décisif,  en  ce 
qui  regarde  l'histoire  générale  de  notre  Midi.  Elle  y  glanera  assu- 
rémenl  des  détails  utiles,  mais  pas  plus.  Ils  intéressent  surtout 
—  et  c'est  naturel  —  le  monastère  de  Prouille,  ils  se  rapportent  h 
ses  affaires  matérielles,  voire  à  ses  petites  affaires  :  dons  de  terresou 
d'argent,  privilèges  variés,  contestations  y  afférentes.  Aussi, n'est-ce 
pas  sansquelque  surprise  que  l'on  trouve, en  tête  d'un  recueilde  piè- 
ces si  particulières,  une  Préface  de  |)lus  de  300  pages  sur  VAlU- 
géisnie  languedocien  aux  xn^  et  xiiie  siècles.  C'estle  tiersdela  lon- 
gueur de  l'ouvrage  et  le  lien  (lui  l'unit  au  reste  semble  bien  fragile. 


530  ANNALES    DU    MIDI. 

Sans  doute,  c'est  parce  qu'il  y  a  eu  des  calliares  en  Languedoc  que 
saint  Dominique  y  a  séjourné;  c'est  parce  qu'il  a  ramené  à  la  foi 
catholique  quelques  iiotnl)les  femmes  d'entre  les  hérétiques,  que 
l'idée  lui  est  venue  de  fonder  un  couvent  à  Prouille,  pour  les  séparer 
du  monde,  mais  l'explication  de  cette  doulde  circonstance,  d'ailleurs 
depuis  longtemps  donnée,  ne  nécessitait  point  ce  long  exposé 
d'ensemble.  Si  M.  G.  avait  envie  de  nous  faire  connaître  ses  idées 
sur  l'albigéisme,  il  pouvait  éditer  séparément  cette  Élude  et  la 
remplacer,  en  tête  de  son  cartuhiire,  pur  un  essai  de  mise  en 
œuvre  des  documents  qu'il  contient;  car  telle  était  la  préface  natu- 
relle et  attendue  d'une  publication  de  ce  genre. 

Je  n'entends  d'ailleurs  nullement  insinuer  qu'en  soi  la  {préface 
en  question  n'ofl're  i)as  d'intérêt;  elle  présente  clairement,  et  d'une 
façon  assez  complète,  les  divers  aspects  de  l:i  (juestion  all)igeoise  ; 
sur  plusieurs  points,  elle  apporte  même  ((uelques  précisions  nota- 
bles, particulièrement  sur  les  rites  du  consolamenlum  et  sur  la 
morale  cathare  ;  il  est  vrai  que  les  deux  chapitres,  qui  se  rappor- 
tent à  ces  sujets,  avaient  déjà  paru  dans  les  Questions  d'idslolre 
et  d' archéologie  chrélienne  du  même  auteur.  L'ensemble  de  la 
préface  n'apporte  cependant  aucune  vue  vraiment  nouvelle  sur 
l'albigéisme  ;  dans  l'état  |)résent  de  notre  documentation,  il  sem- 
ble que  tout  l'essentiel  ail  été  dit,  de  Schmidt  à  Luchaire,  en  pas- 
sant par  Molinier,  Douais  et  Lea;  en  revanche,  elle  peut  donner 
lieu  à  un  assez  grand  nombre  d'observations;  je  me  bornerai  h  en 
présenter  quelques-unes,  pour  ne  pas  prolonger  outre  mesure  ce 
compte-rendu.  —  D'abord  M.  G.  est  catholique;  je  ne  le  dis  pas 
parce  que  cela  se  sait,  ce  qui  m'est  indilférent,  mais  parce  que  cela 
se  voit,  pas  d'une  façon  très  choquante  ici,  je  me  hâte  de  le  dire, 
mais  assez  pour  inquiéter  le  lect(îur  sans  parti  pris.  L'albigéisme 
est  un  de  ces  sujets  qu'il  est  dangereux  d'aborder  avec  des  préoc- 
cupations confessionnelles,  quelque  etïort  que  l'on  fasse  pour  leur 
imposer  silence.  M.  G.,  c'est  évident,  juge  les  cathares  avec  la  plus 
entière  bonne  foi,  et  il  sait,  à  l'occasion,  ne  pas  oublier  que  les 
témoignages  qui  les  accablent  sont  ceux  d'adversaires  acharnés; 
son  désir  d'impartialité  est  certain;  et  pourtant,  ce  n'est  pas  sans 
étonnement  que  l'on  voit  en  plusieurs  endroits  (p.  lxxxiv,  lxxxvii, 
l)ar  exemple)  le  mot  chrélien  employé  là  où  il  faudrait  catholique, 
comme  s'il  n'était  [)us  d'autre  christianisme  que  celui  de  Rome; 
de  même,  nous  préseute-t-on  comme  la  doctrine  chrélienne  véri- 
table celle  que  l'Eglise  catholique  i)rofesse  aujourd'îiui,  comme  si 


COMPTES    RENDUS   CRITIQUES.  531 

—  autre  conclusion  romaine  —  la  religion  clirêlienne  avait  été 
soustraite  aux  nécessités  .le  révolution.  Je  lis,  par  exemple,  à  la 
p.  Liv  :  «  Si  au  moins  les  Cathares  n'avaient  nié  que  la  divinité  de 
Jésus-Christ,  leur  doctrine  se  serait  expliquée  comme  celle  de  tous 
les  rationalistes.  »  Or,  on  n'a  pas  prouvé,  par  des  arguments  rece- 
vables  en  critique,  que  la  foi  en  la  divinité  du  Christ  fût  une 
croyance  primitive  du  christianisme,  et  j'imagine  que  la  généra- 
tion apostolique  n'était  pas  rationaliste.  Laissons  cela. 

M.  G.  tient  beaucoup  à  une  idée  sur  laquelle  il  revient  plusieurs 
fois,  à  savoir  que  le  cutharisme  n'est  pas  une  hérésie,  mais  une 
religion   radicalement  ditléreide  du   christianisme   :    c'est  là  une 
exagération  et  l'auteur  n'a  tout  ù  fait  raison  que  s'il  entend  encore 
ymi-'^chrUtuniisme  le  catholicisme  du  xiiie  siècle.  Au  vrai,  le  catha- 
risniH  H'présente  une  des  formes  du  christianisme  qui  n'ont  point 
réussi,  une  de  ses  voies  qui  se  sont  un  jour  fermées.  Il  est  fils  au- 
thentique de  la  gnose,  qui  a  enfanté  i>lusieurs   systèmes  plus  ou 
moins  semblables  à  lui,  dès  le  iie  et  le  me  siècles.  Par  un  syncré- 
tisme beaucoup  moins  slngulierpour  leurs  auteurs  que  pour  nous, 
ils  mêlaient  aux  postulats  premiers  de  la   foi  chrétienne  quantité 
de  notions  empruntées  à  l'Orient  chaldéen,  à  l'Egypte  et  même  à 
la  philosophie  grecque;  le  christianisme  n'était  donc  plus  pour 
eux,  en  réalité,  qu'un  des  éléments  d'une  construction  hétéroclite 
et  que  nous  jugeons  extravagante.  Mais  des  hommes  comme  Va- 
lentin,  Basilide,  Carpocrate,  se  croyaient  certainement  chrétiens  ; 
leurs  contemporains,  ceux-mêmes  qui  ne  les  suivaient  d'aiicune 
manière,  hésitaient  à  en  douter  et   à  les  rejeter  de  leur  commu- 
nion.  Ils  avaient  raison,  car  ces  hérésiarques,  que  nous  ne  som- 
mes plus  en  état  de  comprendre,  prétendaient  seulement  présen- 
ter, en  conformité  des  aspirations  de  leur  temps,  en  fonction  de  sa 
métaphvsique  et   de  sa   science,  une  interprétation  élargie  de  la 
vérité  chrétienne.  Leur  tentative  ne  pouvait  guère  rencontrer  de 
chances  de  succès  durable,  assurément,   parce  que  leur  virtuosité 
métaphysique  les  jetait  hors  du  sens  commun  des  fidèles  ordinai- 
res  dont  la  masse  faisait  la   force  de  la  grande  Eglise  et  dont  la 
foi  plus  sage  aengendré  l'orthodoxie;  mais  elle  n'était  pas  étran- 
gère à  la  pensée  chrétienne  ;  elle  en  représente  au  moins  un  des 
écarts.  Aux  veux  de  l'historien  non  confessionnel,  la  dogmatique 
•i  laquelle  la  théologie  catholique   a  fini  par  aboutir,  rapprochée, 
par  exemple,  des  données  de  foi  des  Evangiles  synoptiques  ou  des 
Actes  n'est  pas,  historiquement  parlant,  beaucoup  moins  singu- 


532  ANNALES   DU  MIDI. 

lière,  et,  s'il  est  vrai  que  l'albigéisme  soit  identi(iiie  au  mani- 
chéisme (p.  GGXxii),  il  n'oublie  pas  que  saint  Augustin  a  nourri 
pour  les  manichéens  des  sentiments  très  sympathiques  avant  de 
les  combattre,  et  qu'an  plein  de  l'erreur,  il  se  croyait  au  sein  de  la 
vraie  foi  :  preuve  que  la  confusion  n'était  pas  si  impossible  que 
semble  le  penser  M.  G.  entre  la  rêverie  cathare  et  la  spéculation 
catholique.  Chez  nos  cathares,  nous  retrouvons  non  seulement  une 
foule  de  rites  et  d'habitudes  qui  nous  reportent  aux  premiers  siècles 
de  la  foi  —  cela  M.  G.  l'a  bien  montré  —  mais  encore  une  foule 
de  tendances  du  même  temps,  peut-être  encore  plus  intéressantes 
que  les  pratiques,  parce  qu'elles  sont  plus  inconscientes.  Je  ne 
retiens  qu'une,  de  ces  tendances,  la  plus  importante,  celle  sur 
laquelle  M.  G.,  après  M.  Vacandard,  a  insisté  avec  le  plus  de  com- 
plaisance :  cette  espèce  d'attitude  d'opposition  aux  principes  cons- 
titutifs de  la  société  que  prenaient  les  cathares,  et  que  nos  deux 
auteurs  jugent  intolérable;  à  leurs  yeux,  elle  justifie  dans  la  plus 
large  mesure  les  rigueurs  de  Tlnquisition.  C'était  tout  justement 
la  même  attitiule,  avec  les  mêmes  accommodements  dans  la  pra- 
tique, que  prenaient  les  chrétiens  des  trois  premiers  siècles  au 
regard  de  la  société  romaine.  M.  G.  relève  la  formule  cathare, 
maLrlmonimn  rnereLriciutn;  la  grande  Eglise  chrétienne  ne  l'a 
jamais  acceptée,  c'est  entendu;  mais  je  n'userais  pas  soutenir 
qu'elle  n'était  pas  au  fond  de  la  iiensée  de  beaucoup  de  ses  tidèles. 
Est-ce  donc  que  les  concessions  que  saint  Paul  fait  à  l'infirmité 
de  la  chair  honorent  grandement  le  mariage?  Tatien  soutient, 
comme  un  simple  Parfait,  que  les  relations  sexuelles  sont  une  in- 
vention de  Satan  (Clem.  Alex.,  Strom.,  III,  2,  80;  August.,  Hacr., 
xxv);  Tertullien  considère  le  mariage  comme  un  des  vices  du 
siècle  {Ad  uxor.,  I,  5);  on  sait  jus(ju'oii  Tiiorreur  de  la  cliair  pou- 
vait pousser  un  Origène;  et,  au  iv«  siècle,  un  saint  .Jérôme  (£'pis^., 
22  et  123),  ou  un  saint  Zenon  {Tract,  v  de  conlinenlla)  trouvent 
contre  l'union  des  sexes,  même  légitime,  des  accents  que  n'ont  pas 
dépassés  les  Bons  hommes.  Les  autorités  ecclésiastiques,  cons- 
cientes des  nécessités  humaines,  ont  toujours  défendu  le  bien  du 
mariage,  mais  c'est  une  tendance  très  chr(' tienne  et  très  logique 
que  de  lui  préféi-er  le  mieux  de  l'abstinence.  Le  catharisme  a  évi- 
demment mis  l'accent  sur  le  mieux  et  il  s'est  arrangé  comme  il  a 
pu,  dans  la  pratique,  avec  les  exigences  invincibles  de  la  chair. 
Je  [leust!  tout  de  môme  qu'il  y  a  lieu  de  ne  pas  croire  trop  vite  les 
témoins  de  l'Inquisition  quand  ils  qualifient  de  concubina  telle 


COMPTES  RENDUS  CRITIQUES.  533 

OU  telle  femme  de  la  secte,  non  plus  qu'il  ne  faut  accepter  sans  mûr 
examen  que  les  cathares  préfèrent  pour  leurs  adeptes  le  concubi- 
nat,  la  fornication  libre  et  la  bâtardise  au  mariage  et  à  la  nais- 
sance légitime.  Prenons  garde  que  les  mauvaises  mœurs  sont  fort 
communes  en  ce  temps-là,  particulièrement  dans  le  Midi,  et  aussi 
qu'il  n'est  d'autre  mariage  régulier  que  celui  que  bénit  l'Eglise 
catholique,  à  laquelle,  sans  doute,  les  vrais  cathares  ne  s'adres- 
sent pas  volontiers  pour  légitimer  leur  union.  —  Les  cathares, 
nous  dit  encore  M.  G.  (p.  Lxxxii),  apportaient  une  fâcheuse  entrave 
à  la  vie  sociale  en  s'interdisant  le  serment];  il  est  vrai,  mais,  ce 
faisant,   nos  hérétiques  se  conformaient  aux  principes  du  Christ 
{Mt.,  V,  33)  et  à  la  pratique  de  ses  plus  anciens  disciples  {Jacques, 
v,  12;  Justin,  I,  Apologie,  16;  Glem.  Alex.,  Slrom.,  VII,  8,  50; 
Pedag.,  III,  11,  79).  Au  temps  de  saint  Augustin,  l'obligation  du 
serment  inquiétait  encore  maint  chrétien  {Epist.,  4<S,  125,    126, 
157);  et,  en  la  repoussant,  les  Bons  hommes  restaient  simplement 
fidèles  à  la  tradition  chrétienne  primitive.  J'en  dirai  autant  de  leur 
horreur  de  la  guerre  et  des  peines  capitales.  Ils  ne  préludaient 
pas  «  aux  rêveries  antimilitaristes  »  de  Tolstoï  et  de  quelques 
autres,  comme  l'avance   M.  G.  (p.  Lxxxiii);  ils  entendaient  tout 
simplement  les  enseignements  de  Jésus,  comme  faisait  Tertullien 
quand  il  écrivait  :  Omnem  poslea  mililem  Dominus  in  Petro 
exarmando  discinxit  [de  idol.,  19),  et,    avec   Tertullien,  bien 
d'autres  fidèles  qui  n'étaient  point,  comme  lui,  des  suppôts  de  l'exa- 
gération montaniste.  C'est  Lactance  qui  prononce,  cathare  avant 
la  lettre  :  Ha  neque  mililare  justo  licebit,  cidus  militia  est  ipsa 
juslitia,   neque    accusare    quemquam    crimine   capUali    {Insl. 
div.,  VI,  20,  16).  —  Voilà  déjà  bien  des  points  de  contact  entre  le 
catharisme  et  le   christianisme  primitif,  sans  compter  ceux  que 
M.  G.  lui-même  a  indiqués;  en  voici  encore  un  :  nos  hérétiques 
rejetaient  tous  les  sacrements  de  l'Eglise  catholique.  Les  premiè- 
res communautés  chrétiennes  ne  les  connaissaient  pas  plus  qu'eux, 
et  ce  n'est  pas  tout  de  suite  que  la  foi  a  attaché  une  grâce  particu- 
lière de  Jésus-Christ  aux  deux  vieux  rites  juifs  du  baptême  et  de 
la  fraction  du  pain,  pour  en  faire  le  sacrement  du  Baptême  et 
celui  de  l'Eucharistie.  Les  niaiseries  que  les  cathares  produisent 
contre  le  baptême  et  ses  efl'ets  (p.  lxxxviii)  sont  de  sens  contraire, 
mais  du  même  genre  que  celles  que  peuvent  enfanter  les  catholi- 
ques d'alors  pour  le  sacrement  et  son  efficacité:  c'est  la  marque 
du   temps.  Leurs    raisonnements    sur  l'Eucharistie,   si   grossiers 


534  ANNALES   UtJ    MIDI. 

qu'ils  soient  (p.  xi:),  ne  sont  iKUiitiuit  pas  privrs  .le  tout  sons  et 
ils  prouvent,  surlont  ((iie  leurs  initeMii's  n'entrent  pas  dans  IVspi-it 
(le  la  théologie  callmliiine;  [ilirMioinrne,  en  somme,  explicable.  — 
J'abrège,  (".es  gens-là  n'aimaient  pas  FKglise  et  ils  la  combattaient 
de  leur  mieux  ;  c'était  leur  droit;  mais  l'ant-il  voir  dans  leur  iios- 
tilité  une  œuvre  de  diffamation  et  surtout  de  «  mauvaise  foi  » 
(p.  xcvii)?  Prenons  garde  que  c'est  là  l'éternel  argument  de  toutes 
les  confessions.  Les  cathares  mettaient  en  lumière  les  défaillan- 
ces du  clergé  orthodoxe;  M.  G.  avoue  lui-même  qu'ils  avaient  la 
partie  belle;  ils  considéraient  l'Eglise  catholique  comme  une  in- 
vention du  diable;  mais  est-ce  que  les  orthodoxes  usaient  d'autres 
procédés  à  leur  égard?  Pourquoi  parler  de  diffamation  et  de  mau- 
vaise foi  pour  eux  plus  que  pour  les  inquisiteurs,  et  sur  l'affirma- 
tion des  témoins  de  l'Inquisition?  De  part  et  d'autre,  nous  avons 
affaire  à  des  fanatiques  portés  à  ne  voir  que  les  vices  de  l'adver- 
saire et  à  ne  regarder  que  leurs  propres  vertus.  D'ailleurs,  M.  G. 
a  ramené  à  de  raisonnables  proportions  les  mauvais  bruits  répan- 
dus contre  les  mœurs  des  cathares  (p.  cm). 

Il  a  très  justement  insisté  sur  la  division  des  hérétiques  en  par- 
faits et  en  croyants,  car  elle  rend  seule  intelligible  l'austérité  des 
uns  et  Vhutna7iUé  des  autres.  Il  me  semble  tout  de  même  exagéré 
de  dire  (p.  cxvii)  que  «  la  conduite  des  croyants  était  indifférente 
aux  parfaits.  »  Je  me  méfie,  au  point  de  ne  pas  croire  un  mot  de 
ce  qu'il  dit,  de  cet  «  auteur  catholique  contemporain  »,  qui  prétend 
que  certains  hérétiques  prêchent  l'inceste,  tout  en  proscrivant  le 
mariage;  les  imbéciles,  qui  jugeaient  les  chrétiens  du  second  siècle, 
sans  les  connaître,  ne  disaient  pas  mieux.  Je  n'attache  pas  plus 
d'importance  à  quelques  faits  isolés,  mal  contrôlés,  comme  n'im- 
porte quelle  secte  en  fournira  toujours  un  certain  nombre,  et  je 
pense  que  le  commun  des  cathares  vivait  comme  le  commun  des 
catholiques,  avec  les  hauts  et  les  bas  que  comporte  une  morale 
qui  s'appuie  de  son  mieux  sur  l'humaine  faiblesse.  Je  ne  vois  pas 
en  quoi  l'espérance  du  consolamentum  apportait  à  l'hérétique 
plus  d'assurance  dans  les  écarts  de  sa  vie  qu'à  l'orthodoxe  l'espoir 
d'une  bonne  confession  et  d'une  absolution  générale  in  extremis. 
—  Il  est  encore  au  moins  un  point  important  sur  lequel  M.  G. 
ne  me  semble  pas  avoir  vu  tout  à  fait  juste;  il  s'agit  de  la  sympa- 
thie marquée  aux  Albigeois  —  et  d'ailleurs  aussi  aux  Vaudois  — 
par  les  seigneurs  languedociens.  M.  G.  penche  à  croire  que  Ray- 
mond VI,  Raymond-Roger  Trancavel,  et  quantité  d'antres,  sont  de 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  535 

cœur  gagnés  à  l'hérésie  parce  qu'ils  se  compromettent  en  compa- 
gnie des  Bons  hommes  et  leur  font  parfois  du  bien.  Cependant,  il 
cite  lui-même  des  témoignages  contradictoires,  qui  nous  représen- 
tent ces  mêmes  seigneurs  dans  l'attitude  de  bons  oatlioliques.  La 
contradiction,  qui  est  réelle,  ne  me  semble  pas  du  tout  inexplica- 
ble. Partons  d'abord  de  cette  constatation  que  les  barons  du  Midi 
n'étaient  pas  d'ordinaire  profondément  préoccupés  par  les  choses 
de  la  religion,  et  c'est  là  déjà  un  état  d'esprit  favorable  à  la  tolé- 
rance; ceux  que  les  questions  religieuses  troublaient,  et  leurs  fem- 
mes surtout,  versaient  franchement  dans  l'hérésie.  Un  mot  de 
Guillaume  de  Puylaurens  nous  fait  comprendre  pourquoi  :  «  Les 
pasteurs  qui  devaient  veiller  sur  le  troupeau  se  sont  endormis, 
voilà  pourquoi  les  loups  ont  tout  ravagé.  »  Le  clergé  catholique 
manque  de  zélé.  La  plupart  des  barons  ne  sont  pourtant  pas  des 
esprits  forts,  mais  ils  flottent  entre  l'albigéisme  et  la  foi  romaine, 
comme  ces  demi-chrétiens  du  ive  siècle,  qui,  posant  un  pied  dans 
l'église,  en  gardaient  un  autre  dans  le  temple.  Les  Bons  hommes 
leur  semblaient  pleins  de  mérites;  ils  leur  voulaient  du  bien  et, 
en  même  temps,  ils  favorisaient  de  leurs  dons  les  moines  qui  ber- 
ceraient de  leurs  prières  dans  leur  cloître,  un  dernier  sommeil  pré- 
paré par  un  pieux  consolamentum.  Ce  n'est  pas  parce  que  ces 
gens-là  étaient  hérétiques  qu'ils  malmenaient  parfois  les  clercs  et 
portaient  dommage  aux  biens  d'Église,  car,  vers  le  même  temps, 
les  barons  du  Nord  faisaient  de  même  ;  c'est  parce  qu'ils  étaient 
avides  toujours  et  souvent  besoigneux.  Enfin,  je  ne  suis  pas  sûr 
qu'il  soit  tout  à  fait  équitable  de  ne  donner  que  des  motifs  égoïstes 
ou  intéressés  à  leur  malveillance  contre  le  clergé  séculier;  ils  n'ont 
peut-être  pas  été  insensibles  aux  raisons  qui  détournaient  leurs 
simples  sujets  des  prêtres  ortliodoxes. 

J'ai  cherché,  en  présentant  ces  quelques  remarques,  à  donner 
une  idée  de  l'économie,  de  l'esprit  et  de  la  portée  générale  du  tra- 
vail de  M.  G.  ;  les  érudits  méridionaux  jugeront  à  l'usage  de  son 
utilité  pratique  pour  l'avancement  de  leurs  études,  et  c'est  éviilem- 
ment  dans  leur  suffrage  que  l'auteur  puisera  les  encouragements 
qui  lui  sont  nécessaires  pour  conduire  à  bonne  fin  le  rude  labeur 
qu'il  a  entrepris;  je  souhaite  qu'ils  ne  lui  fassent  pas  défaut. 

Ch.  GUIGNEBERT. 


536  ANNALES    UU    MIDI 


Charles  Bemont.  —  Rôles  gascons,  tome  III.  Paris,  Iiiipr. 
aalionale,  11306  {Collection  des  Documents  inédits):  ia-4" 
de  C('-792  pages. 

La  publication  des  Rôles  gascons  a  une  liisloire  déjà  longue.  Le 
t.  I,  dû  à  feu  Francisque-Michel,  parut  en  188").  Il  fut  suivi  à  long 
intervalle,  en  189C,  d'un  supplément,  puis  en  1900  d'un  t.  II,  l'un 
et  l'autre  publiés  pnr  M.  Bcmont.  II  ne  sera  pas  inutile  d'analyser 
ici  brièvement  ces  trois  volumes,  avant  de  parler  du  t.  III,  men- 
tionné ci-dessus. 

Le  t.  I  et  le  supplément  contiennent  en  tout  onze  rôles  rédigés 
par  les  clercs  de  la  Gliancellerie  qui  suivirent  Henri  111  durant 
deux  expéditions,  l'une  en  Poitou  (1242-1348),  l'autre  en  Gascogne, 
où  le  roi  venait  apaiser  la  révolte  (]u'avait  provo({uée  la  tyrannie 
de  son  beau-frère  et  lieutenant,  Simon  de  Montfort,  comte  de  Lei- 
cester.  Les  actes  de  toutes  sortes  dont  les  rôles  sont  formés  inté- 
ressent d'ailleurs  l'Angleterre  et  l'Irlande  aussi  bien  que  les  pos- 
sessions anglaises  du  continent.  Enfin,  l'un  des  rôles,  —  vraiment 
gascon  en  ce  qu'il  concerne  presque  exclusivement  la  Gascogne, 
—  fait  connaître  l'adminislralion  du  prince  Edouard  en  ce  pays 
(1254-1255);  c'est  celui  (jui  a  été  publié  dans  le  volume  de  supplé- 
ment. Le  même  volume  donnait  une  introduction  paléographique 
et  diplomatique,  un  historique  des  faits  politiques,  militaires,  des 
institutions;  enfin  d'excellentes  tables  :  lo  des  corrections  à  ap- 
porter aux  textes  imprimés  dans  le  tome  1  ;  2"  des  noms  de  lieux, 
de  personnes  et  de  maliéres. 

Le  t  II  est  consacré  à  la  première  partie  du  règne  d'Edouard  1er 
(1273-1290)  ;  sauf  .une  très  courte  préface,  il  ne  contient  que  des  do- 
cuments. Avec  ce  roi,  les  rôles  gascons  changent  de  nature  ;  ils  ne 
comprennent  plus  que  des  actes  relatifs  à  l'administration  de  la 
province,  soit  qu'Edouard  s'y  trouve,  soit  qu'il  en  reste  éloigné; 
en  outre,  on  en  trouve  pour  presque  chaque  année.  Trois  années 
seulement  man(iuent  à  l'appel  :  1272,  la  première  du  règne,  1286 
et  1287. 

Parmi  ces  textes  de  premier  ordre,  signalons  une  dizaine  de  cou- 
tumes, dont  celles  de  Puymirol. 

Le  t.  III  est  plus  complexe  et  plus  considérable.  Les  maté- 
riaux en  ont  été  patiemment  recueillis,  depuis  1891,  par  M.  Bé- 


COMPTES    RENDUS   CRITIQUES.  537 

mont.  Nul  ne  connaît  mieux  que  le  savant  sous-directeur  de  l'Ecole 
lies  Hautes-Etudes  les  archives  anglaises  et  les  nombreux  docu- 
ments qu'elles  contiennent  sur  l'histoire  des  provinces  de  France 
qui  firent  jadis  partie  de  l'Etat  anglo-angevin.  Aussi,  apporte-t-il 
une  ample  collection  de  documents,  près  de  5.000  actes  (exacte- 
ment 4492),  compris  entre  les  années  1273  et  1308.  Presque  tous 
ces  actes  concernent  les  possessions  anglaises  du  Sud-Ouest,  Sain. 
tonge  méridionale,  Guyenne  et  Gascogne.  Dans  Vlnlroditction  du 
volume,  M.  Bémont  donne,  avec  son  expérience  consommée  de  pa- 
léographe, la  description  technique  de  ces  documents.  Il  a  fait 
mieux  encore.  Dans  un  exposé  très  nourri,  d'une  précision  et  d'une 
exactitude  qui  ne  laissent  aucune  prise  à  la  critique,  il  a  résumé 
une  partie  des  résultats  d'ensemble  que  les  historiens  peuvent  re- 
tirer de  sa  publication,  et  ce  tableau  n'est  pas  un  des  moindres 
services  que  l'éminent  érudit  rend  à  l'histoire  de  la  France  méri- 
dionale. 

Le  tome  III  des  Rôles  gascons  permet,  en  effet,  de  connaître 
d'une  manière  assez  nette  le  système  administratif  que  les  Plan- 
tagenets  appli(iuèrent  dans  l'Aquitaine.  Edouard  le"-,  l'un  des 
princes  les  plus  intelligents  et  les  plus  actifs  de  cette  dynastie, 
gouverne  de  loin  ses  possessions  continentales.  Les  rois  anglo- 
angevins,  plus  Français  qu'Anglais  au  xiie  siècle,  deviennent  dé- 
cidément plus  Anglais  que  Français  depuis  le  milieu  du  xine  siè- 
cle. Edouard  ler,  pendant  ses  trente-cinq  années  de  règne,  ne  fait 
que  de  rares  apparitions  dans  son  duché  de  Guienne.  M.  Bémont, 
qui  rectifie  et  qui  complète  l'itinéraire  de  ce  prince  dressé  par 
H.  Gough  en  1900,  a  noté  les  séjours  du  roi  d'Angleterre  en  1273, 
1274,  1285,  1287,  1288  et  1289  dans  les  domaines  anglais  du  Sud- 
Ouest^  Mais  si  le  prince  y  réside  peu,  sa  pensée  y  est  toujours 
présente,  grâce  à  ses  représentants,  lieutenants  du  roi  et  séné- 
chaux, choisis  avec  discernement  et  tout  dévoués  à  sa  politique. 
L'éditeur  du  tome  III  des  Rôles  gascons  a  précisé  avec  une  rare 
érudition  les  biographies  de  ces  hauts  fonctionnaires,  leur  rôle  et 
leurs  attributions.  Ce  sont,  en  première  ligne,  les  lieutenants  du 
roi,  grands  seigneurs  pour  la  plupart,  tantôt  frères  du  prince,  tels 
que  le  comte  Edmond  de  Lancastre  (1295-129(3),  tantôt  cousins  du 
souverain,  comme  Henri  de  Lacy,  comte  de  Lincoln  (1295-1297),  ou 
Jean  de  Bretagne  (1294-1295),  ou  Maurice  de  Craon  (1289-1292), 

1.  Bémont,  Introd.,  pp.   ix  à  xiv. 

ANNALES   DU    MIDI.    —   XX  35 


538  ANNALES   DU    MIDI, 

jiMi-fois  seulement  alliés  à  la  t'amille  royale,  par  exemple  Otton 
de  Grandson  (1278)  el  Jean  <]e  Haslings  (130'M30't).  D'autres  ap- 
partiennent à  la  liante  aristocratie,  tels  que  Jean  de  Saint-John 
(1293-1295), on  au  haijt  clergé,  comme  le  cliancelier  Robert,  évoque 
de  Batli  (1278),  et  l'évêqne  de  Norwich,  Guillaume  de  Middleton 
(1287-88).  Le  plus  souvent  seuls,  quelquefois  associés  à  un  autre 
lieutenant,  unissant  parfois  à  leurs  fonctions  celles  de  sénéchal  de 
Gascogne,  ils  sont  de  véritables  vice-rois  {vices  gerenles  régis, 
locum  lenenles),  investis  d'attributions  très  diverses  et  variables 
suivant  les  circonstances,  surtout  chefs  militaires  {capUalnas-gé- 
7iéraux),  chefs  de  missions  diplomatiques,  à  l'occasion  aussi  en- 
quêteurs et  réformateurs,  «  hommes  de  confiance  »  du  prince 
«  pour  la  répression  des  abus  et  injustices  des  fonctionnaires  »  et 
pour  le  règlement  des  questions  litigieuses.  Etrangers  au  pays,  ils 
présentent  des  garanties  d'impartialité;  largement  rétribués  (Jean 
de  Saint-John  reçut  2,UU0  livres  de  traitement),  magnifiquement 
récompensés  à  l'issue  de  leur  mission,  les  lieutenants  du  roi  sont 
les  exécuteurs  fldèles  de  la  volonté  du  souveraine 

Il  en  est  de  même  des  sénéchaux  de  Gascogne  (senescalli  Vas- 
coniœ  ou  Aquilaniœ),  dont  M.  Bémont  a  dressé  une  liste  bien  plus 
complète  et  plus  exacte  que  celle  qu'avait  publiée  l'abbé  Tauzin 2. 
Tous  sont  également  choisis  en  dehors  des  provinces  qu'ils  admi- 
nistrent :  Luc  deThanney  (1272-1278)  est  un  Anglais  de  famille  nor- 
mande; Jean  de  Grilly  (1278-1286)  est  originaire  du  pays  de  Gex; 
Jean  de  Vaux  (1283),  Jean  de  Havering  (1280-1304-06),  Jean  de  Has- 
tings  (1302-04)  sont  des  Anglais,  juges-itinérants,  sherift's,  capitaines 
en  Angleterre  ;  Gui  Ferre  (1300-1308),  quoique  Français  d'origine, 
est  un  fonctionnaire  entièrement  anglais  de  carrière  et  decœur'. 
Un  seul  d'entre  eux,  Jean  de  Grailly,  dont  l'administration  fut  d'ail- 
leurs soumise  à  enquête,  parait  avoir  travaillé  autrement  que  dans 
l'intéi'êt  du  prince,  en  cherchant  à  se  créer  un  établissement  en 
Gascogne.  Pourvus  d'une  simple  couunission,  révocables  à  la  vo- 
lonté du  roi,  nommés  pour  une  période  indéterminée  {quamdiu 
reglplacaerlt),  mais  restant  parfois  en  fonctions  cinq  à  huit  années 
pourvus  de  gages  élevés,  (Gui  Ferre  reçoit  oOO  livres  sterling  par 

1.  Bémont,  pp.  xxii-lxxiii. 

2.  Bémont,  pp.  xix,  lxxiii  et  sniv. 

'6.  Il  n'y  a  d'exception  que  pour  Barrau  de  Sescas,  chevalier  du  Borde- 
lais, et  Arnaud  de  Vie,  clerc  du  pays  de  Landais,  qui  administrent  par 
intérim  en  130I-13U2. 


COMPTES   RENDUS  CRITIQUES.  539 

an),  auxquels  s'a<ljoip;nent  de  nombreux  avantages, les  sénéchaux 
ont  des  fonctions  multiples,  diplomatiques,  militaires,  administra- 
tives, judiciaires  et  iinuncières  qui  exigent  de  fréquents  voyages 
et  une  activité  incessante.  Aussi  sont-ils  parfois  assistés  de  lieu- 
tenants, en  nombre  variable,  recrutés  parmi  les  chevaliers  ou  les 
bourgeois  du  pays,  et  qui  les  suppléent  pendant  leur  absence '.Les 
sénéchaux  de  Gascogne  ont  sous  leurs  ordres  les  sénéchaux  par- 
ticuliers de  Saintonge,  de  Périgord,  de  Limousin,  de  Quercy,  de 
Roucrgue,  d'Agenais  et  de  Bigorre  dont  ils  surveillent  l'adminis- 
tration, apurent  les  comptes,  et  qui  sont  choisis  directement  par 
le  roi  parmi  les  chevaliers  gascons  dont  on  a  éprouvé  le  dévoue- 
ment^. 

L'administration  financière  dans  l'Aquitaine  anglaise  dépend 
entièrement,  en  temps  de  paix,  d'un  fonctionnaire  dont  M.  Bémont 
a  mis  en  relief  le  rôle;  c'est  le  connétable  de  Bordeaux^,  le  second 
personnage  de  la  province  après  le  sénéchal  de  Gascogne.  En  dépit 
de  son  nom,  qui  semble  indiquer  des  fonctions  militaires,  c'est 
un  agent  supérieur  purement  civil,  le  trésorier,  le  receveur  général, 
le  directeur  général  des  finances  de  l'Aquitaine.  Il  s'occupe  de 
l'administration  et  de  la  perception  de  tous  les  revenus  royaux;  il 
mandate  et  paye  toutes  les  dépenses;  il  reçoit  les  comptes  de  tous 
les  receveurs  des  deniers  royaux;  il  est  responsable  de  sa  gestion 
devant  l'Echiquier  d'Angleterre  et  devant  les  commissaires  dési- 
gnés par  ce  haut  tribunal  financier.  Aussi  le  roi  le  choisit-il 
parmi  des  spécialistes,  clercs  ou  bourgeois,  qui  ont  administré  des 
domaines  ecclésiastiques  et  qui  ont  rempli  des  missions  adminis- 
tratives ou  politiques,  parfois  même  géré  des  prévôtés.  Ce  sont 
indifféremment  des  Gascons,  comme  Raimond  de  Taleyson,  Rai- 
mond  du  Mirait,  Pierre  Aimeric,  ou  des  Angoumoisins  au  service 
de  l'Angleterre,  tels  que  Itier  Bochard  d'Angoulême,  ou  des  An- 
glais, par  exemple  Adam  de  Norfolk  et  Ricliard  de  Havering, 
futur  archevêque  de  Dublin.  Sous  leur  direction  sont  placés  de 
nombreux  agents  financiers  :  le  contrôleur  de  Bordeaux,  les  tré- 
soriers, les  receveurs,  les  baillis  ou  prévôts,  les  fermiers  des 
douanes   ou  coictumes,  tels  que  les  marchands    associés    de   la 

1.  Bémont,  pp.  xxi,  xlvii,  lxi. 

2.  Bémont,  pp.  lxxxui-lxxxvii;  il  complète  les  listes  de  ces  sénéchaux; 
ces  agents  reçoivent  400  à  500  livres  sterling  de  gages  par  an. 

3.  Bémont,  Lxxxviii-on;  il  a  relevé  les  noms  de  onze  connétables  et 
tracé  leurs  biographies. 


540  ANNALES    DU    MIDI. 

Compagnie  des  Ballavdi  de  Lacques,  qui  percevaient  en  1303-1305 
la  grande  coutume  des  vins  du  Bordelais.  Les  plus  importants 
sont  les  hailes  eX  prévois,  à  la  fois  fonctionnaires  d'administration 
et  de  finances,  au  nombre  de  un  ou  de  deux  par  bailie,  qui  afïer- 
ment  ou  qui  reçoivent  leur  ciiarge  à  titre  de  concession,  tantôt 
temporaire,  tantôt  viagère,et  qui  appartiennent,  ici  à  la  classe  des 
chevaliers,  là  à  celle  des  clercs  ou  des  bourgeois.  M.  Bémont  a 
relevé  avec  soin  les  noms  de  soixante-quatre  bailles  ou  circons- 
criptions, dont  les  plus  considérables  étaient  celles d'Agen, d'Aire, 
de  Bourg,  de  P'ieurance,  de  Lectoure,  de  Gaure,  de  Lomagne,  de 
Marennes,  de  Marensln,  de  Marmande,  d'Oléron,  de  Saintes  et  de 
Villeneuve-sur-Lot  ;  il  y  a  joint  le  relevé  de  vingt-six  prévôtés, 
parmi  lesquelles  on  peut  noter  celles  de  Barsac,  de  Bayonne,  de 
Bazas,  de  Bordeaux,  de  Dax,  de  La  Réole,  de  Libourne,  d'Olé- 
ron, de  Saintes  et  de  Saint-Sever  *. 

Un  grand  nombre  de  rôles,  auxquels  M.  Bémont  a  joint  des 
documents  d'une  autre  nature  tirés  des  archives  anglaises,  lui  ont 
permis  de  tracer  ce  tableau  de  l'organisation  militaire  de  la  Guienne 
qui  est  certainement  la  partie  la  plus  neuve  de  son  introduc- 
tion. La  défense  de  la  province  est  assurée  par  des  châteaux,  dont 
les  uns,  au  nombre  de  vingt-sept,  appartiennent  directement  au  roi 
d'Angleterre,  et  dont  les  autres,  au  nombre  de  quatre-vingt-neuf, 
appartenant  à  des  vassaux  du  souverain,  peuvent  être  mis  à  sa 
disposition  en  temps  de  guerre.  Parmi  les  premiers  se  trouvent 
ceux  de  Bayonne,  de  Bordeaux,  de  Bourg,  de  Dax,  de  La  Réole, 
de  Mauléon  de  Soûle,  de  Saint-Macaire  et  de  Saintes,  de  Penne  et 
de  Talmont.  Edouard  II  en  a  fait  construire  de  nouveaux,  par 
exemple  celui  de  Tournon  d'Agenais.  Des  chevaliers,  des  châtelains 
ou  connétables,  en  ont  le  commandement,  qu'ils  reçoivent  du  roi 
à  titre  révocable,  ou  qu'ils  afferment,  moyennant  une  redevance 
annuelle;  leurs  gages  varient  de  5  à  15  s.  par  jour^.  Au  moment 
des  hostilités,  pendant  la  guerre  qu'Edouard  II  soutient  contre 
Philippe  le  Bel  (1293-1297),  le  roi  d'Angleterre,  grâce  aux  subsides 
du  Parlement,  parvient  à  mettre  sur  pied  des  forces  considérables, 
d'abord  500  hommes  d'armes  et  20,000  fantassins,  si  l'on  en  croit 
des  chroniqueurs  dont  le  témoignage  est  sans  grande  valeur,  puis 
des  troupes  de  secours  qui  comprennent  23,000  fantassins  (1295), 


1.  Rôles  gascons,  III,  [ntrod.,  pp.  en  à  ex. 

2.  IbicL,  III,  Lxxxix,  cxvi  à  cxxiv. 


COMPTES    RENDUS    CRITIQDES.  541 

outre  17,000  archers  et  arbalétriers  levés  en  Anglelerx'e  V  M.  Béinont 
a  clairement  exposé  le  mécanisme  du  recrutement.  II  a  distingué 
les  contingents  fournis  par  le  service  obligatoire  des  vassaux 
directs  de  la  couronne,  par  les  hnrones  majores  et  minores,  et  les 
troupes  fournies  par  l'engagement  volontaire.  Les  premiers,  dont 
l'importance  dépend  des  actes  d'inféodation,  ne  doivent  qu'un  ser- 
vice limité  et  précaire,  si  bien  que  le  service  commandé  ou  ohU- 
galoire  dégénère  souvent  en  service  privé  on  bénévole.  Astreints 
à  fournir  leur  équipement,  leurs  armes  et  leurs  chevaux,  les  vas- 
saux Unissent  par  refuser  de  servir  en  Gascogne  (février  1297), 
sous  prétexte  qu'ils  ne  sont  pas  tenus  au  service  hors  de  la  Grande 
Bretagne.  Le  gros  de  l'armée  anglaise  en  Guj'enne  se  compose  donc 
d'engagés  volontaires.  Une  notable  portion  de  ces  engagés  est  for- 
mée, comme  le  prouve  M.  Bémont,  d'étranges  éléments.  Ce  sont 
des  criminels  de  droit  commun,  coupables  de  délits  forestiers 
(outlaios),  assassins,  voleurs,  incendiaires,  malfaiteurs  de- toute 
sorte  qu^on  expédie  sur  le  continent,  en  leur  donnant  l'espoir 
d'échapper  aux  pénalités  qui  les  attendent  chez  eux.  Sous  la  garantie 
d'une  caution,  pourvus  de  la  paix  du  roi,  ils  s'en  vont,  aux  gages 
du  prince,  essayer  de  racheter  par  leur  bravoure  les  crimes  qu'ils 
ont  commis.  La  Gascogne  elle-même  donne  à  l'armée  anglaise  des 
contingents  plus  estimables.  Ce  sont  ceux  des  vassaux  laïques  et 
ecclésiastiques,  ainsi  que  des  villes,  requis  en  service  commandé 
ou  en  service  prié.  Dans  cette  région,  où  la  propriété  est  très  mor- 
celée, la  noblesse  nombreuse  et  pauvre,  il  est,  de  plus,  facile  de 
recruter  de  nombreux  engagés  volontaires,  braves  et  entreprenants, 
de  même  que  dans  l'Aragon,  la  Castille  et  les  provinces  Basques. 
C'est  avec  eux  qu'Henry  de  Lacy  reconstitue  son  armée  en  1297 2. 
L'impulsion  est  donnée.  Ce  seront  des  Gascons  autant  que  des 
Anglais  qui  feront  au  xiv^  siècle  la  fortune  militaire  de  la  royauté 
anglaise. 

Toute  une  flotte  seconde  ces  troupes.  Les  ports  anglais  et 
irlandais,  notamment  ceux  de  l'Est  et  du  Nord-Est,  fournissent 
à  la  mobilisation  en  1293-94  jusque  à  210  navires,  sous  les  ordres 
d'un  capitaine  général;  ils  sont  chargés  des  transports  et  de  la 
garde  des  communications  maritimes 3.  La  flotte  de  Bayonne  les 
seconde. 

,1.  Rôles  gascons,  III,  p.  rxxxix-CL. 

2.  Ibid.,111,  Introd.,  p.  cxxxni-CLVi. 

3.  Ibid.,  p.  cxLv. 


542  ANNALES    DU   MIDI. 

On  peut  se  rendre  compte,  à  l'aide  des  Rôles  gascons  et  des  ren- 
seignements de  leur  éditeur,  du  fonctionnement,  des  louages  mul- 
tiples de  cette  organisation.  A  côté  du  personnel  militaire  propre- 
ment dit,  ce  sont  les  services  auxiliaires  :  d'abord,  les  gens  de  métier 
«  artilleurs  »  et  charpentiers,  constituant  une  sorte  de  corps  du 
génie  ;  puis,  les  médecins,  les  messagers,  les  espions^  On  assiste  aux 
efforts  de  l'intendance  et  de  ses  agents  en  Angleterre,  en  Brabant, 
en  Hollande,  en  Gascogne,  pour  réquisitionner,  acheter,  transporter 
la  viande  sur  pied,  le  poisson,  le  vin,  les  blés,  les  farines,  le  pain, 
les  légumes  secs,  le  lard,  les  pois,  les  fèves,  les  fourrages  et  les 
avoines  nécessaires  à  l'approvisionnement  de  l'armée  et  concentrés 
dans  les  magasins  de  Bayonne.  On  voit  fonctionner  le  service  de  la 
trésorerie  sous  la  direction  du  général  des  finances,  Robert  Tibotot, 
et  la  distribution  de  la  solde  qui  varie  de  4  sols  sterling  à  12  de- 
niers pour  les  cavaliers,  de  4  à  2  deniers  sterling  pour  les  fantas- 
sins*..On  peut  enfin  apprécier  les  frais  considérables  qu'une  guerre 
de  ce  temps  entraîne,  soit  pour  la  solde,  soit  pour  la  remonte  de  la 
cavalerie,  soit  pour  les  indemnités,  les  réquisitions  et  les  emprunts. 
C'est  au  minimum  à  une  somme  équivalente  à  50  millions  de  francs 
d'aujourd'hui 3  que  s'élève  la  dépense  d'une  guerre  limitée  de 
quatre  ans,  comme  celle  que  soutint  Edouard  II,  dont  1/7  environ 
pour  la  solde,  1/13  à  1/14  pour  l'achat  des  chevaux,  1/26  pour 
l'intendance  et  les  services  auxiliaires. 

De  la  guerre  anglo-française  elle-même,  M.  Bémont  a  donné  un 
résumé  excellent.  L'occupation  rapide  de  la  Guyenne  par  les 
Français,  facilitée  par  le  loyalisme  féodal  d'Edouard  II;  la  reprise 
de  Bayonne  et  de  la  Gascogne  méridionale  par  les  Anglais;  les 
échecs  de  ces  derniers  devant  Bordeaux,  Saint-Macaire  et  Dax; 
leurs  défaites  à  Rions  et  à  Peyrehorade,  sont  les  épisodes  princi- 
paux de  cette  campagne  qui  devait  aboutir  à  la  trêve  de  Saint- 
Bavon-sur-Lys  (1207).  Au  traité  de  Paris  du 20  mai  1303,  Edouard  II 
recouvrait  son  duché  de  Guyenne,  qu'il  cédait  à  son  fils  en  1306 
(7  avril)  V 

Il  sera  aisé  aux  futurs  historiens  de  la  France  méridionale  de 
retracer,  à  l'aide  des  Rôles  gascons,  les  rapports  de  la  royauté 
anglaise  avec  la  féodalité  de  ses  États  continentaux,  rapports  dont 

1.  Rôles  gascons,  III,  p.  cxl. 

2.  Ibid.,  p.  rxLii  à  oxlvi. 

8.  Ibid.,  p.  CLxviii  à  CLxxiv. 
4.  Ibid.,  p.  nxxvi,  clvi  à  olxii. 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  543 

l'auteur  des  Rôles  n'a  pu  que  déterminer  quelques  traits.  Gomme 
l'indique  M.  Bémont,  la  domination  des  Plantagenets  restait  popu- 
laire dans  une  région  où  le  patriotisme  provincial  et  local  existait 
seul,  et  où  la  royauté  capétienne  n'exerçait  encore  qu'une  action 
lointaine.  Ce  sont  les  nobles  du  l^abourd,  de  la  Ghalosse  et  du 
Marensin,  par  exemple  les  Alliret,  qui  tigurent  parmi  les  meilleurs 
auxiliaires  d'Edouard  II  pendant  la  guerre.  Les  villes,  Bayonne, 
en  particulier,  Saint-Sever,  Oloron,  Dax,  Bordeaux  se  montrent 
favorables  à  leur  suzerain  anglais  ;  elles  lui  fournissent  des  agents 
des  soldats,  des  marins  et  de  l'argent'.  Mais  bourgeois  et  nobles 
sont  aussi  jaloux  de  leur  autonomie  que  peu  respectueux  des  droits 
du  roi.  Ils  aiment  surtout,  dans  la  domination  anglaise,  un  pou- 
voir débonnaii-e  qui  tolérerait  leurs  usurpations,  accroîtrait  leurs 
privilèges,  ne  gênerait  point  leurs  mœurs  turl)ulente8.  Aussi  les 
administrateurs  que  le  roi  d'x\ngleterre  envoie  en  Gascogne  font- 
ils  des  etforts  répétés  et,  semble-t-il,  peu  heureux,  soit  avant  1203, 
soit  après  1303,  pour  recouvrer  le  domaine,  les  péages,  les  droits 
de  haute  justice  usurpés,  et  pour  obtenir  l'obéissance  des  féodaux. 
Toute  cette  remuante  noblesse,  les  Béarn,  les  Foix,  les  Armagnac, 
les  Albret,  les  Gaumont,  les  Fronsac,  les  Pons,  les  Navailles,  les 
Turenne,  les  Ventadour,  les  Comborn  tient  tête  aux  sénécliaux  et 
aux  balles,  pratique  volontiers  les  guerres  privées  et  ne  cède  qu'à 
l'emploi  de  la  force. 

D'un  autre  côté,  ce  sont  les  prélats,  l'archevêque  de  Bordeaux, 
les  évêques  de  Lectoure,  de  Dax  et  de  Bayonne,  qui  préfendent 
maintenir  les  privilèges  fondés  ou  non  de  leur  corps,  et  soutenir 
envers  et  contre  tous  les  clercs  les  plus  scandaleux,  tels  que  ce 
Menaud  d'Ax ,  dont  la  conduite  émut  si  fort  les  Bayonnais. 
Enfin,  les  villes,  en  conflit  avec  les  évêques,  avec  les  sénéchaux, 
ne  donnent  guère  moins  d'ennuis.  A  Bordeaux,  comme  à  Bayonne 
et  à  Dax,  il  faut  intervenir,  soit  pour  réprimer  leur  insubordina- 
tion, soit  pour  aplanir  leurs  conflits,  soit  pour  repousser  leurs  pré- 
tentions. 

Les  libertés  locales  s'étendent  sous  cette  domination,  qui  a 
besoin,  pour  se  faire  accepter,  de  conquérir  l'affection  des  admi- 
nistrés. 

Des  chartes  concèdent  aux  petites  villes  qui  ne  le  possédaient  pas 
e-ncore  le  droit  d'élire  leurs    consuls,  et  M.   Bémont,  complétant 

1.  Rôles  gascons.  III.  p.  ("lsii. 


544  ANNALES    DU    MIDI. 

d'une  manière  notable  les  recherches  de  Gurie-Seimbres,  a  retrouvé 
la  trace,  sous  le  gouvernement  d'Edouard  II,  de  la  cn'îation  de 
49  bastides  en  Guyenne,  parmi  lesquelles  les  plus  connues  sont 
celles  de  Fleurance,  de  Boulogne-sur-Gesse,  de  Lalinde,  de  Sauve- 
terre-de-Bazas  et  de  Valence-d'Agen  ^ 

La  publication  de  M.  Bémont,  comme  on  le  voit,  est  une  des 
meilleures  dont  se  soit  enrichie  la  Collection  des  documents  iné- 
dits. On  y  trouve  non  seulement  un  modèle  de  critique  et  d'érudi- 
tion, mais  encore  une  de  ces  œuvres  durables  dont  l'histoire  du 
moyen  âge  français  est  appelée  à  tirer  le  plus  grand  profit. 

P.   BoissoNNADr';. 


Paul  CouRTEAULT.  —  Blaise  de  Monluc  historien.  Etude 
critique  sur  le  texte  et  la  valeur  historique  des  Commen- 
taires. Paris,  Picard,  et  Toulouse,  Privât,  1908.  In-8o  de 
xLViii-685  pages  (avec  un  portrait  et  quatre  cartes.  Biblio- 
thèque méridionale.  2^  série,  t.  XII). 

L'historiographie  critique  du  xvi*'  siècle  est  loin  d'être  consti- 
tuée. On  sait  avec  quel  soin  les  autobiographies,  journaux,  mé- 
moires, chroniques  et  autres  sources  narratives  de  ce  temps  doi- 
vent être  vérifiés  et  contrôlés;  pour  la  plupart,  les  éditions  exis- 
tantes ne  donnent  pas  de  textes  satisfaisants  :  on  n'a  pas  encore 
un  Fienranges  authentique;  ni  Rabntin  ni  Boy  vin  du  Villars 
n'ont  trouvé  d'éditeurs;  le  commentaire  de  Jean  d'Anton,  celui  de 
Brantôme  sont  à  refaire.  On  croyait  avoir,  depuis  M.  de  Ruble, 
un  Moulue'.  Or  «  cet  ouvrage,  remarque  avec  mélancolie  M.  Bagne- 
nault  de  Puchesse ,  se  relèvera-t-il  des  critiques  de  M.  Cour- 
teault?  »  C'est  peu  probable  :  M.  Gourteault  vient  en  effet  dans 
une  excellente  contribution  à  l'historiograjibie  française,  de  dé- 
montrer la  nécessité  d'une  nouvelle  édition,  d'en  indiquer  le  plan 
et  la  méthode,  et  d'apporter  les  principaux  éléments  d'un  commen- 
taire aussi  sagace  que  copieux.  En  l'attendant,  nul  ne  pourra 
désormais  lire  utilement  les  Conunentaires  sans  se  référer  inces- 


1.  Ces  divers  renseignements  ne  forment  pas  un  tableau  distinct,  mais 
se  trouvent  disséminés  dans  l'Introduction  de  M.  Bémont  et  dans  les 
rôles  eux-mêmes  (Voir  pour  l'Introduction,  pp.  cxvii  à  cxxu;  xxxvi  à  xlvu, 
XX,  cxx,  LU,  oLxxv  et  suiv.  ;  cxi  à  cxvi). 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  545 

samment  à  cette  étude,  qui  sera  indispensable  pour  la  connais- 
sance des  règnes  de  François  1er  et  de  Henri  II  et  pour  celle  des 
trois  premières  guerres  civiles  dans  le  sud-ouest  de  la  France. 

Sur  l'inspiration  et  la  composition  des  Commentaires,  M.  G. 
apporte  des  vues  nouvelles  et  précieuses.  Il  a  démêlé  mieux 
que  ne  l'avait  fait  M.  de  Ruble  comment  fut  composée  l'œuvre  de 
Monluc.  Dans  leur  état  actuel,  il  s'y  mêle  des  souvenirs  dictés  de 
verve,  sans  le  secours  de  notes,  par  une  mémoire  vigoureuse  et 
fidèle,  moins  exacte  cependant  en  chronologie  qu'en  topographie, 
des  renseignements  puisés  dans  des  documents  personnels,  des 
emprunts  aux  historiens  contemporains  :  les  frères  du  Bellay, 
Paul  Jove,  Paradin,  Rabutin.  Mais  il  y  a  plusieurs  états  du  texte, 
et  leur  comparaison  permet  de  déterminer  comment  se  sont  agglu- 
tinés ces  divers  éléments.  Une  première  rédaction,  écrite  pendant 
l'hiver  1570-71,  a  été  composée  uniquement  d'après  les  souvenirs 
personnels  du  vieux  capitaine;  le  manuscrit,  véritable  original  des 
Commentaires,  est  perdu;  mais  il  en  reste  deux  copies,  dont  une 
incomplète  (B.  nat.,  f.  fr.  5011).  Une  seconde  rédaction  a  fourni  le 
texte  que  se  sont  emprunté  les  uns  aux  autres,  jusqu'à  Rultle, 
les  éditeurs -successifs.  La  première  est  d'une  importance  capitale 
pour  fixer  le  véritable  caractère,  l'intention  primitive  des  Com,- 
mentaires,  œuvre  d'apologie  et  de  justification  personnelle.  Mon- 
luc, blessé  à  l'assaut  de  Rabastens  (23  juillet  1570),  profita  de  ses 
loisirs  forcés  i)Our  écrire  un  véritable  plaidoyer  :  il  venait  d'être 
révoqué  de  ses  fonctions  de  gouverneur  de  Guyenne  et  attendait, 
non  sans  crainte,  le  résultat  d'une  enquête  sur  son  administration 
qui,  en  matière  de  finances,  ne  parait  pas  fort  nette.  Il  écrit  ce 
plaidoyer  sans  intention  littéraire.  Mais,  par  une  curieuse  réaction 
de  l'œuvre  sur  l'auteur,  l'amour-propre  aidant,  Monluc  devient 
bientôt  littérairement  fier  de  ses  Commentaires  (on  dépend  tou- 
jours, dira  Gœtlie,  des  créatures  que  l'on  a  faites),  et  il  passe  les 
loisirs  de  sa  vieillesse  à  corriger,  compléter,  amplifier  son  œuvre; 
il  veut  rivaliser  avec  les  auteurs  dont  il  a  aidé  sa  mémoire;  le 
vieux  soldat  tourne  à  l'homme  de  lettres.  Ainsi,  trois  causes 
d'inexactitudes  à  redouter  ;  ici,  le  besoin  de  justification;  là, 
l'amour-propre  littéraire  ;  ajoutons  la  verve  militaire  et  méridio- 
nale de  l'ancien  beau  parleur,  qui  amusait  la  Cour  de  ses  récits  de 
guerre  et  qui  se  les  raconte  une  dernière  fois. 

Dans  quelle  mesure  ces  diverses  causes  d'inexactitude  ont  agi 
sur  l'œuvre  de  Monluc,  c'est  ce  que  M.  C.  a  voulu  vérifier.  Il  ne 


546  ANNALES   DU    MIDI. 

semble  pas  que  «  lou  nas  de  Rabastain  »  ait  abusé  du  droit  qu'a 
tout  Gascon  d'embellir  ses  récits  et  de  cracher  dans  la  Garonne. 
«  Au  conlact  des  livres,  dit  son  critique,  il  a  pris  conscience  de  la 
valeur  documentaire   de  l'œuvre  que  les  circonstances  l'avaient 
amené  à  composer  »,  et  il  s'en  est  montré  respeclueuN.  C'est  ce 
que  prouvent  l'étude  critique    que  M.   G.  a  faite  des   Commen- 
taires, la  confrontation  du  texte  non  seulement  avec  les  histo- 
riens que   Monluc  n'a  pas  connus,  mais  surtout  avec  les  docu- 
ments d'archives.  M.  G.    a  patiemment  réuni,  pendant  dix  ans 
de  recherches,  les  éléments  de  ce  commentaire,  page  à  page,  non 
seulement  à  la  Bildiothèque  nationale,  mais  dans  la  plupart  des 
archives  françaises  et  italiennes  des  régions  visitées  i)ar  Monluc. 
Il  a  suivi  son  itinéraire  et  souvent  vérilié  sur  le  terrain  ses  des- 
criptions. Il  a  contrôlé  par  le  menu  non   seulement  «  les  grands 
récits  »  du  vieux  capitaine,  part  la  i)lus  personnelle  de  ses  Com- 
mentaires, comme  il  le  montre  justement,  mais  aussi  les  raccords 
qu'il  semble  avoir  emp)'untés  aux  livres.  Il  résulte  de  cette  enquête 
admirable  de  ])atience  et  de  sagacité  que,  pour  le  détail  des  faits, 
des  opérations  militaires,  siège  de  Thionville  (pp.  351-72),  Géri- 
soles  (pp.  155-71),   défense  de  Sienne   (pp.   229-98),   troubles  du 
INlidi  (pp.  401-533),  Monluc  est  en  général  véridique  et  digne  de 
confiance.  11  est  môme  rassurant  de  voir  que,  dans  ses  récits  du 
siège  de  Sienne,  il  a  si  peu  visé  îi  l'eftet  dramatique  et  pittores- 
que, qu'il  semble  moins  gascon  que  son  contemporain,  le  Siennois 
Sozzini.  Sa  mémoire  topograpliique  est  aussi  tort  tidéle,  bien  qu'il 
ait  le  tort  de  faire  Aubagne  équidistanle  d'Auriol  et  de  Marseille. 
Au  contraire,  presque  toutes  ses  indications  chronologiques  sont 
à  vérifier  de  près,  ainsi  que  ses  chiffres  de  troupes,  de  morts  et 
de  blessés.   En  somme,  la  valeur  historique  des  Conim,entaires 
sort  bien  établie  de  cet  examen  minutieux,  et  on  doit  les  retenir 
comme  une  source  des  plus  pures  pour  l'histoire  de  France  et 
d'Italie  au  xvi^  siècle.  Ils  restent  aussi,  comme  de  juste,  la  source 
essentielle  de   notre  connaissance  de  Monluc,  et  le  Monluc   de 
l'histoire  nous  apparaît  à  travers  son  oeuvre  moins  fanatique  et 
moins  cruel  que  le  Monluc  de  la  légende;  mais,  par  contre,  mala- 
droit, cupide  et  intrigant. 

Il  ne  reste  qu'à  souhaiter,  selon  le  vœu  déjà  formulé  par  M.  V.-L. 
Bourrilly,  que  M.  C,.,  dont  ÎNIonluc  est  désormais  par  droit  de 
conquête  le  domaine,  nous  donne,  aju'ès  cette  admirable  préface, 
la   biographie   dont   la  préparation    l'a   conduit   aux    présentes 


COMPTES   RENDUS   CRITIQUES.  547 

recherches,  et  l'édition  vraiment  critique  dont  il  a  si  brillamment 
démontré  le  manque.  L.-G.  Pélissier. 


Mémoires  de  Pierre  Verdolin,  Procureur  syndic  du 
district  de  Tonneins.  publiés  par  M.  René  Bonnat,  archi- 
viste déi)artenieutal  de  Lot-et-Garonne.  Agen,  1907;  iu-8o 
de  145  pages. 

Pierre  Verdolin,  né  à  Aiguillon  vers  1746,  était  notaire  royal 
dans  sa  petite  ville,  quand  la  Révolution  éclata.  Il  y  adhéra,  fut 
procureur  de  la  commune  en  1791,  puis  procureur-syndic  dn  dis- 
trict (Tonneins)  en  1792.  Mais,  en  1793,  il  eut  à  résister  au  parti 
jacobin,  fut  malmené  par  les  représentants  en  mission,  destitué 
en  septemln-e  1793,  emprisonné  à  Nérac  où  il  passa  de  tristes  jours, 
tonjours  menacé  d'être  transféré  à  Bordeaux  pour  y  comparaître 
devant  le  tribunal  révolutionnaire,  puis  finalement  élargi  après  le 
9  thermidor. 

Il  rentra  naturellement  aux  alïaires  publiques  sous  le  Directoire, 
qui  le  nomma  commissaire  du  pouvoir  exécutif  dans  le  canton 
d'Aiguillon  ;  mais  il  démissionna  en  décembre  1797  et  redevint  tout 
simplement  notaire  jusqu'en  1809,  pour  mourir  vingt  ans  après,  à 
quati-e- vingt-trois  ans.  C'est  dans  cette  longue  retraite  qu'il  écrivit 
ses  Mémoires,  qui  ont  été  conservés,  et  que  M.  René  Bonnat  vient 
de  publier  en  les  accompagnant  d"une  copieuse  documentation. 

En  eux-mêmes,  ces  Mémoires  n'offrent  d'intérêt  qu'au  point  de 
vue  des  luttes  intestines  d'Aiguillon  et  des  localités  environnantes. 
On  y  voit  défiler  tous  les  voisins  de  Verdolin,  ses  rares  amis,  ses 
nombreux  et  remuants  adversaires.  Les  incidents  qu'il  raconte, 
querelles,  cabales  de  petite  ville,  sont  de  ceux  qu'on  trouve  par- 
tout. L'homme  ne  mérite  battention  qu'en  tant  que  personnage 
«  représentatif  »  d'une  classe,  de  ces  hommes  de  loi  qui  s'installè- 
rent dans  la  Révolution  à  ses  débuts,  faillirent  être  dévorés  par 
elle,  et  finalement  s'accommodèrent  fort  bien  de  l'Empire  et  même 
de  la  Restauration. 

Le  seul  moment  dramatique  de  son  récit,  c'est  quand  on  voit 
passer  à  Tonneins  et  à  Aiguillon  les  terribles  représentants  en 
mission,  Paganel,  Garrau,  Ysnbeau,  Baudot,  allant  et  venant  sans 
cesse,  le  long  de  la  Garonne,  d'abord  pour  activer  la  défense  con- 
tre l'invasion  espagnole,  puis,  de  mai  à  septembre  1793,  pour  em- 


548  ANNALES  DU    MIDI. 

pêclier  la  rébellion  girondine  de  gagner  Toulouse,.  Montpellier,  etc. 
Mais  ce  notaire  en  rupture  d'étude  ne  semble  guère  avoir  compris 
ce  qu'il  voyait.  Néanmoins,  quelques  traits  çà  et  là  sont  à  recueil- 
lir. Ils  aideraient  à  reconstituer  l'iiistoire  encore  peu  connue  de 
cette  crise,  notamment  quand  ils  signalent  le  passnge  de  Marc- 
Antoine-Jullien,  délégué  du  Comité  de  Salut  public,  qui  vint  en- 
suite à  Toulouse  et  contril)ua,  en  une  heure  décisive,  à  retenir  la 
ville  dans  la  fidélité  à  la  Convention. 

M.  Bonnat,  en  utilisant  les  archives  départementales  et  locales, 
ainsi  que  les  nombreuses  publications  sur  l'histoire  de  la  Révolu- 
tion dans  le  Lot-et-Garonne,  a  multiplié  les  notes.  Un  index  com- 
plète l'ouvrage.  11  est  orné  de  phototypies,  dont  six  portraits  du 
duc  d'Aiguillon,  des  conventionnels  Garrau,  Ysabeau,  Paganel, 
Baudot,  etc..  Ces  portraits  semblent  vrais  et  dès  lors  sont  singu- 
lièrement suggestifs.  Malheureusement,  M.  Bonnat  no  dit  pas  d'où 
il  les  a  tirés. 

Peu  de  détails  à  relever:  Page  90,  M.  Bonnat  dit  que  le  capucin 
Chabot  était  rédacteur  du  Catéchisme  des  sans-culottes.  Ce  jour- 
nal ne  figure  pas  dans  la  Bibliographie,  pourtant  si  complète,  de 
l'Histoire  de  Paris  pendant  la  Révolution,  de  Maurice  Tourneux, 
qui  ne  mentionne  que  l'Ami  des  sans-culottes,  rédigé  par  Tallien, 
et  non  par  Chabot.  Plus  loin  (page  101),  le  conventionnel  Bous- 
sion  est  donné  comme  «  ami  de  Mme  Roland  ».  Je  ne  vois  pas  que 
l'obscur  Boussion  ait  jamais  figuré  |)armi  les  «  Rolandistes  », 
bien  que,  après  le  31  mai,  il  ait  plusieur  fois  demandé  des  mesu- 
res d'adoucissement  en  faveur  des  Girondins  détenus.  Il  y  aurait 
aussi  à  rectitier  l'orthograiihe  de  quelques  noms  :  Chaudron-/?o?^s- 
sau  et  non  Rousseau.  Mais  ce  sont  là  des  vétilles.  On  peut  dire 
que  tout  le  travail  d'annulation  de  M.  Bonnat,  parfois  sural)on- 
dant,  est  vraiment  bien  fait.  Cl.  Pemroud. 


IlEVUE   DES  PÉRIODIQUES 


PÉRIODIQUES  FRANÇAIS  MÉRIDIONAUX. 


Aude. 

Bulletin  de  la  Commission  archéologique  de  Narbonne, 
1906-11)07. 

p.  1-4.  G.  Amardel.  Un  triens  mérovingien  inédit.  [De  Rodez.]  — 
G.  Amardel.  Les  monnaies  wisigothes  anonymes  du  musée  de  Nar- 
bonne. [Attribution  de  la  plupart  de  ces  pièces  à  Narbonne.]  —  P.  17- 
48.  J.  TissiER.  Voyage  d'un  Narbonnais  en  Terre  sainte  en  1620. 
[Texte,  avec  notes,  de  ce  journal  de  route,  d'Alep  à  Jérusalem,  puis  de 
Jérusalem  à  Tripoli  de  Syrie,  rédigé,  sans  doute  après  son  retour,  par 
Lenoir,  probablement  Jacques  Lenoir,  marchand  de  Narbonne.]  — 
P.  49-77,  224-44.  J.  Yché.  Notes  sur  Jacques  Gamelin  (suite).  —  P.  78- 
88.  D--  P.  Albanel.  Gratianauld  ou  le  soldat  de  Saint-Sever  (Rabelais, 
3,  42).  [Corrections  à  l'étude  de  Léonce  Couture  sur  ce  morceau  de 
Rabelais.  L'auteur  prouve  que  Rabelais  n'a  pas  puisé  seulement  au 
gascon,  mais  à  d'autres  dialectes  du  Midi.]  —  P.  89-97.  G.  Amardel. 
Un  denier  du  vicomte  de  Narbonne,  Matfred.  [Conclusions  importan- 
tes pour  l'histoire  des  vicomtes  de  Narbonne.]  —  P.  99-178.  J.  Régné. 
Examen  d'une  enquête  relative  à  la  limite  méridionale  de  la  yicomté 
de  Narbonne  du  côté  du  Roassillon.  [En  appendice,  quatre  pièces  en 
latin  de  1294  à  1308.  Excellente  étude  sur  cette  enquête  de  1300,  déjà 
analysée  par  Aug.  Molinier,  dans  Histoire  de  Languedoc,  IX, 
pp.  144-5,  sur  ses  causes,  les  tracasseries  du  roi  de  Majorque,  sur  les 
droits  féodaux  perçus  au  grau  de  Salses  (leude,  droits  de  pêche,  de 
rivage,  sur  les  poissons  royaux  :  dauphins,  thons,  esturgeons,  droit 
d'herbage,  de  naufrage)  et  à  la  fontaine  de  Salses,  sur  les  gardes  des 
frontières,  sur  un  pariage  provisoire  entre  Philippe  le  Bel  et   le  vi- 


550  ANNALES   DU    MIDI. 

comte  de  Nnrbonne.]  —  P.  179-22-î.  (l.  ÀMARnicr,.  Les  monnaies  de 
Raymond  T".  vicomte  de  Narlionne,  et  le  monnaynire  inel^,'orien. 
[l'excellent  travail.]  —  P.  240-52.  (j.  Amardkl.  Un  nureus  inédit  de 
L.  Pinarius  Scarpus.  —  P.  263-74.  (/.  Amardel.  Deux  deniers  carcas- 
somiais  incertains.  —  P.  275-87.  Escarguel.  Le  rétable  de  l'église 
Saint-Luc  à  Ginestas  (Aude)  (xvii"  siècle).  [Description  du  rétable,  avec 
le  texte  des  baux  à  besogne  de  1645,  1647,  1668.]  —  P.  288-316,  433-65. 
A.  Sabarthès.  Etude  sur  la  toponomastique  de  l'Aude.  Essai  sur  les 
cours  d'eau  du  département  de  l'Aude.  [V.  le  c.  r.  de  ce  travail,  An- 
nales du  Midi,  1908,  p.  158].  —  P.  317-39.  G.  Amardel.  Sur  quelques 
monnaies  du  département  de  l'Hérault.  [En  particulier  sur  les  mon- 
naies gauloises  à  la  croix  et  sur  la  situation  des  Longostalètes.]  — 
P.  341-62.  G.  Amardel.  Une  nouvelle  monnaie  gallo-grecque  de  Nar- 
bonne.  [Avec  un  nom  nouveau  de  chef  gaulois  :  liitouiotouos,  sans 
doute  un  Bituit,  chef  des  Volkes  établis  à  Narbonne.]  —  P.  363-74. 
L.  Berthomieu.  Note  sur  un  portrait  du  Musée  de  Narbonne.  [Prouve 
que  c'est  le  portrait  de  Bartolomeo  Manganoni,  colonel  au  service  de 
Venise  en  1098,  par  Fra  Vittore  Ghislandi  da  Galgario,  1655-1743.]  — 
P.  375-138.  G.  Amardel.  Les  monnaies  féodales  narbonnaises  du  Musée 
de  Narbonne  (à  suivre).  —  P.  466-70.  J.  Yché.  Une  découverte  d'objets 
antiques  au  grau  du  Grazel.  —  P.  471-81.  H.  Rouzaud.  Sur  la  signifi- 
cation historique  de  Montlaurès,  avec  aperçu  sur  les  origines  de  Nar- 
bonne. [Résumé  très  intéressant  des  vues  suggérées  à  M.  R.  par  les 
importants  résultats  de  ses  fouilles;  Montlaurès  aurait  été  Elicia,  la 
ville  des  Elisyques.]  —  P.  482-90.  G.  Amardel.  Les  monnaies  des  Eli- 
syques.  [Confirme  l'existence  du  peuple  des  Elisyques  par  une  nou- 
velle lecture  d'une  monnaie  de  la  Bibliothèque  nationale.]  Ch.  L. 

Creuse. 

Mémoires  de  la  Société  des  sciences  natwelies  et  archéolo- 
giques de  la  Creuse,  tome  XVI,  l^^^  partie,  1907  (distribué 
en  juillet  19Q8*). 

P.  1-30.  F.  ViLLARD.  Mon  village  dans  les  temps  passés.  Saint-Christophe 
en  Drouilles.  [A  suivre.  Publication  posthume  d'un  travail  qu'avait  ré- 


1.  En  même  temps  que  ce  fascicule,  a  été  distribuée  une  très  utile  «  Table 
générale  des  quinze  premiers  volumes  du  Bulletin  (sic)  de  la  Société...  », 
qui  a  pour  auteurs  MM.  Delannoy  et  Ducourtieux.  Il  est  bon  de  remar- 


PÉRIODIQUES   MERIDIONAUX.  551 

dicré  avec  amour  lo  regretté  sénateur  de  la  Creuse,  mais  dont  l'intérêt, 
comme  l'objet  même,  est  assez  limité.  Saint-Christoplie  n'apparaît  dans 
les  textes  qu'en  l-M^,  dans  nn  acte  du  cartulaire  des  Ternes,  et  n'évoque  le 
souvenir  d'aucun  fait  saillant:  la  commune  est  une  des  plus  petites  du 
département  (^(jH  habitants,  d'après  le  dernier  recensement).  Le  premier 
chapitre,  intitulé  «  Les  anciens  habitants  »,  est  consacré  à  l'archéologie 
et  se  borne  à  résumer  les  recherches  de  Pierre  de  Oessac,  de  Thuot  et 
du  docteur  F.  Vincent  (p.  IL  une  coquille  typographique  répétée  a 
transformé  la  «  Pierre  Ghabranle  »  en  «  Pierre  Chambranle  »);  le 
deuxième,  rédigé  d'après  des  sources  en  majeure  partie  inédites, 
étudie  la  situation  économique,  agricole  et  financière  de  la  paroisse  et 
de  la  communauté  dans  les  temps  qui  ont  précédé  1789.]  —  P.  31-42. 
0.  Pérathon.  Notes  sur  la  Cour-lez-Aubusson.  [Publication  posthume; 
notes  qui  complètent  un  précédent  travail  de  l'auteur,  paru  en  1894;  cf. 
A>in.  du  Midi,  VII,  356.  Il  y  a  dans  les  registres  du  Trésor  des  chartes 
un  document  inédit  de  1401  relatif  à  cette  localité  :  c'est  une  rémission 
en  faveur  de  Berton  Bert,  pauvre  gentilhomme  de  cette  paroisse,  cou- 
pable d'un  meurtre  involontaire  sur  la  personne  de  Pierre  Froment,  roi 
de  la  fête.  Il  y  est  dit  que  les  habitants  ont  coutume  de  faire  le  24  juin 
«  un  roy,  une  royne  et  certaines  autres  solennités  et  choses  en  l'onneur 
et  révérence  de  saint  Jehan  »;  c'est  la  coutume  des  reinages,  qui  s'est 
perpétuée  jusqu'à  nos  jours  dans  certaines  localités  de  la  Creuse.]  — 
P.  43-86.  H.  Del.innoy.  Notice  sur  l'abbaye  d'Aubepierre.  [Travail  soi- 
gné et  qui  est  le  complément  naturel  de  la  liste  critique  des  abbés  que 
M.  D.  a  publiée  dans  le  volume  de  l'an  dernier.  En  appendice,  quelques 
pièces  justificatives,  dont  la  plus  ancienne  est  une  charte  latine  de  1247. 
On  aurait  aimé  à  savoir  d'après  quelle  source  M.  D.  la  publie.]  — 
P.  87-127.  L.  L.vcROCQ.  Notes  sur  les  Sociétés  populaires  dans  la  Creuse. 
[Fin  de  ces  notes  qui  paraissent  prises  avec  beaucoup  de  tact  et  qui 
donnent  la  physionomie  essentielle  du  <i  club  »  creusois  pendant  la  période 
révolutionnaire  ;  ce  dernier  article  est  consacré  à  Bénévent.]  —  P.  128-35. 

P    Dercier    Fouilles  au  Mont  de  Jouer.  [Suite  et  à  suivre.] 

A.  T. 

quer  •  1°  que  la  Société  n'a  pas  à  proprement  parler  de  Bulletin,  mais 
que  ce  sont  les  Mémoire*- que  la  «Table»  appelle  abusivement  iJwiie^m,- 
2»  que  le  Bulletin  de  corresiwndance,  inauguré  en  juillet  1893  (cf.  Atin. 
du  Midi,  V,  520),  est  mort  à  son  5'=  numéro  (juin  1902;  cf.  A7in.  du  Midi, 
XV,  238). 


552  ANNALKS    DU    MIDI. 

Gers. 

Revue  de  Guscor/ne,  nouvelle  série,  t.  V[[,  1907. 

p.  1-14.  J.  Lestrade.  Généalogie  de  la  maison  du  Faur.  [Oe  sont  les 
bonnes  feuilles  de  l'introduction  à  la  généalogie  de  cette  famille ,  dont 
le  nom  traverse  si  souvent  l'histoire  moderne  de  la  Gascogne.]  —  P.  15- 
29.  A.  Clergeac.  Les  abbayes  de  Gascogne  du  xiv  siècle  au  grand 
schisme  d'Occident  (suite  et  fin).  —  P.  30-43,  75-91,  115-29.  164-78, 
227-38,  269-84.  A.  Degert.  L'ancien  diocèse  d'Aire.  [Suite  de  cette  étude 
capitale  pour  l'histoire  du  Sud-Ouest  landais,  qui  a  paru  depuis  en 
tirage  à  part.]  —  P.  45-6.  V.  Foix.  Un  livre  retrouvé.  «  Mémoire  badin 
sur  un  sujet  sérieux.  »  [Il  s'agit  d'un  opuscule  mi-sérieux,  mi-facétieux, 
que  F.  Batbedat  publia  à  la  fin  du  xviii"^  siècle  pour  recommander 
l'élevage  des  chevaux  dans  les  Landes.  Le  même  Bg,tbedat  est  l'auteur 
à  qui  l'on  doit  la  publication,  sinon  la  traduction,  des  Fables  causides 
de  La  Fontaine  en  bers  gascouns.  Note  précieuse  sur  la  biographie 
de  cet  écrivain  local.]  —  P.  49-58.  G.  Tournieu.  L  élargissement  des 
Sœurs  de  charité  d'Auch  après  la  TeiTcur.  —  P.  59-66.  A.  Lauuens. 
Coutume  d'Artigue.  [Article  omis  dans  la  table  du  volume  de  la  Revue. 
Le  texte  est  d'ailleurs  de  valeur  bien  médiocre  :  ce  sont  des  extraits  de 
l'original,  daté  de  Muret  18  septembre  1484.  Quelques  notes  intéres- 
santes pour  la  toponymie,  le  vocabulaire  et  les  anciens  usages,]  — 
P.  66.  A.  D[egert.]  Le  prix  des  manuscrits  au  moyen  âge.  [28  écus  pour 
la  copie  d'un  missel,  plus  6  écus  pour  le  parchemin,  à  Vic-Bigorre.] 
—  P.  67-74,  130-5,  179-83,  216-26,  262-8,  345-68.  J.  Bénac.  Le  séminaire 
d'Audi.  (Suite  et  fin.)  —  P.  97-111,  153-63,  193-215.  L.  Ricaud.  Le  clergé 
des  Hautes-Pyrénées  de  1789  à  1906.  Cinq  régimes  financiers.  —  P.  112-4. 
J.-B.  Gabârra.  La  première  proclamation  de  Wellington.  —  P.  147-52, 
252-61.  J.  Lestradk.  Correspondants  littéraires  de  Louis  Daignan  du 
Sendat.  [P.-B.  Daubas,  1685-1760.  —  G.  Junca,  auteur  d'un  Essai  sur  le 
bonheur,  épître  composée  en  1758,  concurrent  malheureux  aux  Jeux 
Floraux  de  l'Académie  de  Toulouse,  dont  le  renom  au  milieu  du  xviii' 
siècle  s'étendait  jusque  dans  le  Béarn.  —  Texte  de  lettres  de  Junca  à 
L.  Daignan.]  —  P.  226.  A.  D[egert.]  Papiers  tarbais  à  Pampelune. 
[Lettre  de  l'abbé  d'Aignan  du  Sendat,  conservée  par  Larcher  dans  son 
Glanage,  et  qui  certifie  l'existence  dans  les  archives  de  l'église  de  Pam- 
pelune de  nombreuses  chartes  intéressant  le  diocèse  de  Tarbes.]  — 
P.  241-51,  326-42,  399-424,  498-514,  .548-62.  E.  Ladadie.  Notes  et  docu- 
ments sur  quelques  faïenceries   et  porcelaineries  de  la  Gascogne  au 


PERIODIQUES    MERIDIONAUX.  553 

XVIII»  siècle':  Samadet,  Bayonno,  Saint-Maurice  et  Ligardes,  Dax,  Pon- 
tenx  et  Ciboure.  [A  suivre.  Nombreux  détails  inédits  sur  une  question 
dans  laquelle  l'crudit  biblioi^hilo  bordelais  a  acquis  une  compétence 
toute  spéciale.]  —  P.  28-1.  V.  Foix.  Faits  d'armes  du  comte  d'Armagnac 
Bernard  VI.  —  P.  289-3:32,  385-98.  A.  Degert.  Un  faussaire  gascon  : 
Bertrand  de  Compaigne.  [Article  fort  intéressant  et  important,  où  il 
est  montré  que  l'auteur,  jadis  si  estimé  dans  le  Sud-Ouest,  de  la  Chro- 
fiique  de  Dax,  de  la  Chronique  de  Bayonne,  du  Biptyche  des  évêques 
de  Dax,  et  qui  vécut  de  1607  à  1676,  a  fabriqué  de  toutes  pièces  la 
fameuse  charte  de  Divielle,  inconnue  d'Oïonliart  et  de  Marca,  ainsi  que 
d'autres  documents  insérés  dans  la  Chronique  d'Oloroti  et  ailleurs.  Le 
mobile  des  faux  serait  l'intérêt  :  avocat  besogneux,  père  de  treize  en- 
fants, —  ce  qui  n'est  pas  une  excuse I  —  Compaigne  comptait  sur  la 
générosité  des  évêques,  des  monastères  et  des  familles  nobles  de  la  ré- 
gion. Conclusion  :  tenir  en  observation  les  œuvres  qui,  directement  ou 
indirectement,  se  sont  inspirées  de  Compaigne,  et  dont  M.  A.  D.  donne 
unb  liste  pp.  395-7.]  —  P.  323-5.  J.  Lestrade.  Une  missive  de  Bertrand 
de  Bouclieporn.  [Instructions  que  l'intendant  de  la  Généralité  d'Auch 
adressa  en  1789  à  ses  subdélégués  pour  assurer  la  formation  des  as- 
semblées élémentaires  et  parvenir  à  la  rédaction  des  Cahiers  de  doléa^i- 
ces  et  à  l'élection  des  députés  aux  États  généraux.]  —  P.  342-3.  C. 
Tournier.  m.  de  Puymirol  sous  la  Terreur.  —  P.  344.  A.  D[egert.] 
Évêques  d'Agen  (addition  et  rectification  à  la  Gallia  christiana).  — 
P.  368.  V.  Foix.  Lettre  inédite  d'Hubert  Charpentier.  [Chapelain  de 
Garaison,  1628].  —  P.  369-74.  P.  Coste.  Un  nouveau  portrait  de  saint 
Vincent  de  Paul.  —  P.  374.  A.  D.  Évêques  de  Bazas.  (Addition  à  la 
Gallia  christiana).  —  P.  375-9.  J.  Lestrade.  Philippe  du  Bourg.  [Ana- 
lyse de  Do7n  du  Bourg,  La  vie  religieuse  en  France  sous  la  Révolu- 
tion, l'Empire  et  la  Restauration.  —  M^''  du  Bourg,  évéque  de  Limo- 
ges, 1751-1822.]  —  P.  425-31.  J.  Lestrade.  L'abbé  de  Binos,  prêtre 
assermenté.  —  P.  432-4.  E.  Castex.  Les  Récollets  à  Gondrin.  —  P.  434. 
A.  D.  Abbés  de  Saint-Sever.  [Ph.  de  Beaujeu  fut  préconisé  le  4  aoîlt 
1536.]  —  P.  435  62.  P.  Cézér.ic.  Lettres  de  Daignan.  (Suite  et  fin.)  — 
P.  463-9.  A.  Degert.  Les  plus  anciennes  «Vies  »  de  sainte  Quitterie.  — 
P.  481-97.  J.  Salette.  Le  général  Lamarque  et  l'expédition  de  Capri 
(1808),  d'après  documents  inédits.  —  P.  497.  A.  D.  Additions  et  correc- 
tions à  la  Gallia  christiana  :  abbés  de  Saint-Savin  de  Bigorre.  [Ajoute 
deux  abbés  du  nom  de  Trivulce,  xvr  siècle.]  —  P.  515-9.  L.  Ricaud. 
A  propos  de  l'abbé  de  Binos.  —  P.  520-1.  J.  Lestrade.  Deux  lettres  de 
M.  de  Catellan,  èvêque  de  Rieux  [1756,  1770].  —  P.  522.  A.  D[egert.] 

ANNALES  DU  MIDI.   —    XX  36 


554  ANNALES    DU    MIDI. 

Ua  manuscrit  auscitain  do  l'an  SV2  (?)  [Il  sX'it  ''"  rt'alité  de  l'ancuMi 
manuscrit  de  saint  Orens.  (■tudi.''  dans  la  h\  d.  G.,  1005,  p.  *2U6.J — 
P.  52y-4v.  Ch.  Samaran.  J^e  (4ers  dans  les  «  Rôles  gascons  ».  [Bon  ré- 
sumé de  la  partie  des  «  Rôles  »  intéressant  le  Gers.  Propose  plusieurs 
corrections  relatives  à  l'identitication  des  noms  do  lieux.]  —  P.  ^>V)'.]-i. 
J.  Lestrade.  Encore  l'abbé  de  Binos.  —  P.  56;>«.  A.  Degert.  Lé  tem- 
porel de  l'évèclié  d'Aire.  G.  M. 

Lozère. 

Bulletin  de  la  Société  d'agriculture,  elc,  de  la  Lozère, 
tome  LVII,  1905  : 

Avec  paginations  spéciales.  P.  221-348  et  lv-cxxviii.  A.  Philippe.  La  ba- 
ronnie  du  Tournel  et  ses  seigneurs.  [Suite  et  à  suivre.]  —  P.  33-43. 
Histoire  véritable  du  pays  de  Gévaudan.  p.  p.  J.  B.\rbot.  [Fin.  Textes 
d'hommages  à  l'évèque  de  Mende  de  1252,  1292,  1272,  1322,  1373,  1151, 
1134,  ces  deux  derniers  en  langue  romane.  Quelques  autres  sont  ana- 
lysés.] —  P.  1-32.  A.  Mathieu.  Le  Gévaudan  et  son  histoire.  [Confé- 
rence de  vulgarisation.]  —  P.  1-16.  E.  Reisser.  Quelques  mots  sur  les 
foires  de  Mende  antérieurement  à  la  Révolution  française.  [Lettres  de 
Louis  XIV  établissant  deux  foires,  18  juin  1714,  et  quelques  autres 
pièces.] 

ïome  LVIII,  1906. 

P.  1-48.  J.  Bakbot.  Au  seuil  de  la  Révolution.  [Documents  relatifs  aux 
assemblées  qui  se  tinrent  en  Gévaudan  à  l'occasion  de  la  convocation 
des  Etats  généraux.  Certains  ont  été  édités  déjà,  mais  dans  de  rares 
publications,  difficiles  à  trouver.]  —  P.  349-404  et  cxxix-cxxxv.  A.  Phi- 
lippe. La  baronnie  du  Tournel  et  ses  seigneurs.  [Fin  de  l'Introduction 
et  tables  de  cette  excellente  publication,  dont  nous  avo^s  rendu  compte 
{Annales,  t.  XX,  p.  98).]  -  P.  49-128.  E.  Fages.  L'industrie  des  laines 
en  Gévaudan  au  xvin«  siècle.  [«  Cadis  »,  étoffes  grossières,  à  très  bon 
marché,  tissées  à  domicile  par  les  paysans;  c'est  une  industrie  déca- 
dente ou  morte  aujourd'hui.  Moutons  et  laines.  P'abrication  :  à  Mar- 
vejols,  La  Canourgue  (15,435  pièces  en  1760),  etc.  La  vente  totale  alla 
en  1746  jusqu'à  120,185  pièces,  valant  3,187,101  livres.  L'Etat  gène  cette 
industrie  par  ses  règlements,  ses  inspections  ;  les  Etats  de  Languedoc 
l'aident  de  leurs  subventions.  Les  ouvriers  et  leurs  salaires,  qui  res- 
tèrent toujours  l'éduits  au  minimum.  Pendant  la  Révolution,  la  misère 
et  la  décadence  furent  profondes.    Pièces  justificatives   de  1417,  1624, 


PERIODIQUES    MÉRIDIONAUX.  555 

1674,  etc.,  dont  un  «  Mémoire  concernant  le  commerce  du  pays  de  Gé- 
vaudan  «  et  un  autre  de  1764.  sur  l'inspection  du  sieur  Holker.  Très 
bon  et  utile  travail.]  —  P.  129-44.  .T.  Earbot.  Les  anciennes  cryptes  de 
la  catliédrale  de  Mende.  [A  suivre.]  —  P.  62-7.  Chronique.  Statistique 
de  la  population  de  la  paroisse  de  Mende  en  1773.  [.5.197  habitants.]  — 
P.  67-70.  Dans  les  vieux  papiers.  [Recueil  de  dictons  versifiés  sur 
le  temps  et  les  saisons.]  —  P.  71-6.  Annuaires  de  la  Lozère.  [De 
1828  à  1908.  La  plupart  contiennent  d'utiles  mémoires  historiques,  no- 
tices, textes,  etc.,  signalés  et  énumérés.  Presque  tous  les  annuaires 
départementaux  sont  dans  le  même  cas;  mais  il  n'est  guère  facile 
d'atteindre  des  richesses  ainsi  cachées,  ou  même  d'en  connaître  l'exis- 
tence. Les  Annales  du  Midi  avaient  fait  paraître  en  1903  (t.  XV, 
p.  119)  une  note,  priant  MM.  les  archivistes  départementaux  de  vou- 
loir bien  les  tenir  au  courant  des  publications  de  ce  genre,  afin  qu'elles 
puissent  en  informer  le  public  savant.  Malheureusement  aucun  d'eux 
n'a  encore  répondu  à  cet  appel.] 

Tome  LIX,  1907. 

P.  145-50.  D''  J.  Barbot.  Les  anciennes  cryptes  de  la  cathédrale  de  Mende. 
[Suite  et  fin.  Un  plan,  une  planche.  En  creusant  devant  le  nouveau 
portail  de  la  cathédrale,  on  a  mis  au  jour  une  série  de  quatre  cryptes 
destinées  à  contenir  des  reliques,  dont  trois  déjà  reconnues  et  décrites 
par  révêque  Aldebert  en  1170  {Livre  de  saint  Privât,  p.  p.  l'abbé  Pour- 
cher,  1898),  et  la  quatrième  par  lui  construite  pour  réunir  les  corps 
saints  et  donner  à  l'ensemble  l'aspect  d'une  église.  On  les  a  conservées 
et  aménagées.  Il  reste  à  continuer  les  fouilles  autour.]  —  P.  151-64. 
E.  Fages.  Le  syndicat  à  Marvejolz.  [1307-1366.  Procès-verbal  d'une 
élection  de  syndics  faite  en  juillet  1340,  dont  texte.]  —  P.  165-216.  1d. 
Les  coseigneurs  de  Serverette.  [Terre  qui,  jusqu'en  1202,  fut  un  alleu 
noble  aux  mains  de  la  famille  d'où  sont  sortis  les  Merle;  elle  se  divisa 
en  pareries,  au  nombre  de  cinq  à  sept,  et  passa  sous  la  suzeraineté 
des  évoques  de  Mende.  Etudes  sur  l'administration  de  ce  «  mande- 
ment »  et  sur  les  familles  coseigneuriales,  puis  sur  le  château,  le 
bourg,  les  portes,  rues  et  églises.  Pièces  justificatives  de  1205,  1292, 
1831-1355;  cette  dernière  est  un  règlement  de  justice.]  —  P.  217-96. 
Abbé  .J.-B.  Delon.  La  Révolution  à  Mende.  [Extraits  des  délibérations 
du  Conseil  municipal  de  Mende,  de  la  correspondance  de  la  commune, 
de  celle  des  deux  procureurs  communaux,  Beaujan  et  Beauregard,  des 
ordonnances  de  police,  des  archives  de  la  justice  de  paix.  Tout  docu- 
ment de  quelque  importance  a  été  mis  à  contribution.   Du  9  juin  1790 


556  ANNALES    DU    MIDI. 

au  26  vontôse  an  II.  Trùs  intéressant:  à  snivro.j  —  Chronique  et  Mé- 
langes, 1907.  P.  81-'.V2.  E.  F.\Gios.  Les  ancionnes  justices  de  Lozère. 
[Exact  et  précis.]  —  P.  9>i-(y.  In.  La  presse  périodique  en  Lozère  depuis 
son  origine  jusqu'à  nos  jours.  [.lournal  fie  la  Lozère,  1"  germinal 
an  XI  et  28  autres,  postérieurs.]  —  P.  81-6*.  E.  Ignon.  (.alerie  de 
peinture  de  l'ancien  palais  épiscopal  de  Mende.  [Décoré  pendant  l'épis- 
copat  de  Ms^  de  Pienconrt  par  le  peintre  Besnard  à  la  fin  du  xvii«  siè- 
cle. Le  plafond  restait  intact.  1 /ailleurs  l'évèché,  devenu  préfecture,  a 
été  briÀlé  avec  toutes  les  richesses  qu'il  renfermait.]  —  P.  86-106. 
E.  Pages.  Annales  de  la  ville  de  Malzieu  au  xvii«  siècle.  [D'après  les 
dél  bérations  municipales  de  1642-1672,  les  archives  du  Chapitre  et 
quelques  registres  de  notaires.  Il  est  regrettable  et  contre  la  règle  que 
l'orthographe  moderne  ait  été  appliquée  aux  documents  publiés,  par 
eux-mêmes  utiles  et  bien  choisis.]  —  P.  113-2").  Td.  Sur  les  premiers 
évêques  de  Mende.  [Prouve  que  le  document  relatif  à  saint  Sévérien 
est  un  faux,  au  sens  juridique  du  mot,  faux  constitué  en  1341,  à  l'oc- 
casion du  procès  que  les  barons  du  Gévaudan  intentaient  à  l'évêque 
pour  faire  révoquer  le  paréage  de  13U7.  Ni  Valère.  ni  Evanthius  ne  doi- 
vent figurer  plus  que  Sévérien  sur  la  liste  des  évêques  de  Mende.  La 
vie  de  saint  llilaire,  sous  sa  forme  actuelle,  a  dû  être  rédigée  vers  le 
milieu  du  vii<^  siècle.  P.  D. 

Pyrénées  (Hautes-). 
Bulletin  de  la  Société  Ra?nond,  3**  sér.,  t.  II,  1907. 

P.  13-23,  77-100,  159-69.  J.  Bourdette.  Notice  des  barons  des  Angles  de 
Bigorre.  [Suite  et  à  suivre.  Familles  de  Lomagne  de  Fimarcon,  de  1430 
à  1480  6-nviron;  d'Aure  d'Asté  jusqu'à  Manaout  d'Aure  inclusivement, 
de  1442  à  1534  ;  de  Gramont,  1534-1690.  Généalogies.]  —  P.  24-8.  F.  Mar- 
san. Météorologie  ancienne  du  Midi  pyrénéen.  [Suite,  1770-1842.]  — 
P.  29-43.  J.  Gros.  Les  doléances  de  Campan  et  de  Baudéan  en  1789. 
[Les  deux  communautés  demandent  la  réforme  des  abus,  l'une  dans 
une  forme  littéraire,  philosophique  même,  l'autre  avec  rudesse  et  éner- 
gie.] —  P.  101-24.  L.  Le  Bondidier.  Balaïtous  etPelvoux.  Notes  sur  les 
officiers  de  la  Carte  de  France,  par  Henri  Béraldi.  [Paris,  Lahure,  1907; 
in-l"  de  205  pages.   Histoire   de    la  géodésie    aux   Pyrénées.    L'article 


1.  Les  pages  81  et  suivantes  font  suite  en  réalité  à  la  page  96.  C'est  une 
erreur  typographique.  D'ailleurs  la  pagination  du  Bulletin  est  irrégu- 
lière, défectueuse,  et  devrait  être  réformée. 


PERIODIQUES    NON    MERIDIONAUX.  557 

résume  le  livre,  non  sans  se  ressentir  du  style  bizarre  qu'affectionne 
M.  Béraldi.]  —  P.  187-218.  E.  Marchand  et  J.  Bouget.  Notice  histo- 
rique sur  la  fondation  et  les  travaux  de  l'observatoire  du  Pic  du  Midi, 
1873-1907,  P.  D. 


PÉRIODIQUES  FRANÇAIS  NON  MÉRIDIONAUX. 

8.  —  Bulletin  historique  et  philologique  du  Comité  des 
travaux  historiques  et  scientifiques^  1906. 

P.  33-42.  E.  PoupÉ.  Documents  relatifs  à  des  représentations  scéniques 
en  Provence,  du  xvi«  au  xvm«  siècles.  [De  1558  à  1789.  Ces  représenta- 
tions eurent  lieu  à  Barjols,  Signes,  Barjenion.  Solliès-Pont,  Six-Fours, 
Tourves,  La  Roquebrussanne,  Toulon  et  Lorgues.  Pour  l'istorio 
Santa  Sussano  et  les  très  roues,  ne  s'agirait-il  pas  de  la  chaste 
Suzanne  et  les  trois  vieillards?  Quant  à  la  date  donnée  par  les  frères 
Parfaict  à  Procris  d'Alexandre  Hardy,  elle  n'a  aucune  autorité  et  il 
vaudrait  mieux  recourir  au  livre  de  M.  Rigal,  Alexandre  Hardy  et  le 
théâtre  français.]  —  P.  46-63.  E.  Albe.  De  quelques  erreurs  dans  la 
liste  épiscopale  du  diocèse  de  Cahors  au  xiv^  et  au  xvi«  siècle.  [En  1368, 
trois  personnages  différents  sont  indiqués  comme  évêques  de  Cahors  ;  en 
réalité,  Bec  ou  Begon  de  Castelnau-Bretenoux  administra  seul  ce  dio- 
cèse. Aloys  et  Louis  del  Carretto,  portés  sur  la  même  liste  à  l'année 
1514,  ne  sont  qu'une  seule  et  même  personne.]  —  P.  75-8.  Ch.  Portal. 
Une  lettre  missive  de  Louis  XIII.  [Ecrite  le  12  septembre  1616  au  baron 
d'Arvieu  pour  lui  annoncer  l'arrestation  du  prince  de  Condé  et  lui  de- 
mander de  calmer  ses  coreligionnaires  huguenots.] 

Congrès  des  Sociétés  savantes.  —  P.  241-50.  Arnaud  d'Agnel.  La  venue 
à  Marseille,  en  1599,  de  la  reine  d'Espagne,  Marguerite  d'Autriche,  et 
de  l'archiduc  Albert.  [Fêtes  données  par  la  ville  et  compte  des  dépenses.]  — 
P.  266-95.  P.  CoQUELLE.  Napoléon  et  la  Suède.  L'élection  de  Bernadotte. 
[L'empereur,  indifférent  en  apparence,  attendait  l'abdication  du  vieux 
roi,  espérant  donner  pour  monarque  à  la  Suède  le  prince  Eugène  ou 
son  frère  Lucien.] 

P.  364-78.  Arnaud  d'Agnel.  L'abbaye  de  Saint-Victor  de  Marseille,  ses 
fortifications,  son  armement,  sa  garde  du  xii»  au  xvi«  siècles.  [Moyens 
de  défense  insuffisants.  Taxe  imposée  au  xiv°  siècle  sur  les  prieurés 
dépendant  de  Saint-Victor.]  —  P.  4U9-14.  F.  Delage.  Lettres  d'un 
prisonnier  à  la   Bastille  (1688).    [Ces    lettres  ont   été   échangées   entre 


558  ANNALES   DU    MIDI. 

Colbert  de  Croissy  et  Feret,  intendant  de  la  maison  de  Bouillon, 
emprisonné  pour  avoir  servi  le  cardinal  de  Bouillon  dans  ses  intri- 
gues au  sujet  do  l'évêché  de  Liège  que  convoitait  ce  dernier,  tandis 
que  Louis  XIV  favorisait  la  candidature  du  cardinal  de  Furstenberg 
(l'évêché  échut  au  baron  d'Elderen,  créature  de  l'Autriche);  elles  se 
trouvent  en  copie  sur  les  feuillets  de  garde  d'un  exemplaire  des  Remar- 
ques sur  la  langue  française  de  Vaugelas,  édition  de  1687,  de  la 
bibliothèque  du  lycée  de  Limoges.  La  page  du  titre  porte  un  ex  libris 
manuscrit,  Feret.]  —  P.  415-20.  F.  Delage.  Confrérie  du  Psautier  ou 
du  Chapelet  Notre-Dame  à  Limoges  (1501-1502).  [Confrérie  de  pure 
dévotion  peu  connue  ou  même  inconnue  juscju'ici.] —  P.  424-48.  U.  Rou- 
CHON.  Les  chartes  de  coutumes  du  Velay  et  du  Brivadois.  La  charte 
d'Artias  (1225).  [Cette  charte  inédite,  publiée  d'après  une  ex[»édition 
imparfaite  du  xvii'=  siècle,  est  précédée  d'un  travail  sur  les  chartes  du 
Vftlay  et  du  Brivadois,  ainsi  (lue  d'un  historique  de  la  seigneurie  d'Ar- 
tias.] —  P.  444-6.  Dujarric-Descombes.  Avis  de  parents  concernant 
Lagrange-Chancel  (1695).  [Avis  favorable  donné  à  la  mère,  veuve,  pour 
faire  rentrer  une  créance  de  trois  mille  livres  due  à  l'hérédité  de 
son  mari  par  le  syndic  des  jésuites  de  Périgueux.  Cette  somme  était 
destinée  à  acheter  une  charge  à  son  fils  ou  «  à  lui  procurer  quelque  éta- 
blissement honorable».]  A.  V. 

9.  —  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  du  protestan- 
tisme français,  1907. 

P.  16-52  et  158-79.  Ch.  Pradel.  Le  livre  de  raison  de  Jean  de  Bouffard- 
Madiane.  [Gros  registre,  dont  l'éditeur  n'a  publié  que  les  fragments  qui 
ont  quelque  intérêt.  Il  s'étend  de  1619  à  1673.  La  partie  principale  est 
celle  ciui  se  rapporte  aux  guerres  du  duc  de  Rohan.  On  sait  que  Bouf- 
fard  était  d'une  grande  famille  de  Castres,  protestant  convaincu,  mais 
modéré.]  —  P.  87-92.  De  Richemond.  De  la  propriété  foncière  du  clergé 
et  la  vente  des  biens  ecclésiastiques  dans  la  Charente-Inférieure. 
[D'après  un  travail  de  l'abbé  Lemonnier,  peu  concluant  malgré  sa  pré- 
cision apparente.]  —  P.  180-7,  268-80,  465-73,  559-66.  E.  Griselle. 
Avant  et  après  la  Révocation  de  l'Edit  de  Nantes.  Chronique  des 
événements  relatifs  au  protestantisme  de  1682  à  1687.  [Faits  rap- 
portés par  un  recueil  de  nouvelles  à  la  main  rédigé  à  Paris,  dont  l'au- 
teur, travaillant  pour  ses  lecteurs  et  abonnés,  traduit  l'opinion  générale, 
très  favorable  à  la  Révocation.  Lacune  fâcheuse,  du  9  Juillet  1682  au 
13  juin  1685.  Beaucoup  fie  ces  nouvelles  se  rapportent  au  Midi.  A  sui- 


PÉRIODIQUES   NOM    MERIDIONAUX.  5Ld 

vre.]  —  P.  316-61.  N.  Weiss.  Quelques  notes  sur  les  origines  de  la 
Réforme  et  des  guerres  de  religion  en  Dauphiné.  [Pierre  de  Séliville, 
curdelier,  Aimé  Maigret,  dominicain,  brûlés  l'un  à  Grenoble,  l'autre  à 
Lyon  (1525),  sont  ici  les  premiers  ouvriers  de  la  Réforme,  dont  les 
débuts  ne  furent  qu'une  série  de  supplices.  Elle  commence  à  s'implan- 
ter grâce  à  la  protection  du  fameux  évêque  de  Valence,  Jean  de  Mon- 
luc,  etc.  Cet  article  de  seconde  main,  mais  très  bien  informé,  contient 
aussi  quelques  textes  inédits,  p.  355-9.  Il  conclut  que  les  Dauphinois 
ont,  en  grand  nombre,  adopté  la  Réforme  non  par  intérêt,  ni  par  esprit 
de  révolte,  mais  pour  obéir  à  leur  conscience,  et  qu'ils  n'ont  tiré  l'épée 
qu'après  avoir  subi  quarante  années  de  persécution.]  —  P.  371-87. 
G.  Bonet-Maury.  Le  rétablissement  du  culte  protestant  dans  le  Quey- 
ras  (1771-1810).  [Le  colloque  de  l'Embrunais  comptait  en  1682  neuf 
églises  et  vingt-deux  annexes,  et  le  Queyras,  qui  en  faisait  partie,  trois 
églises  et  sept  annexes.  Tout  cela  fut  anéanti  par  la  Révocation.  Le 
protestantisme  se  réveille  vers  1774  et  les  «  nouveaux  convertis  »  y 
font  retour.  Succession  des  pasteurs  qui  présidèrent  à  cette  renais- 
sance.] —  P.  398-405.  H.  Hauser.  Un  nouveau  texte  sur  Aimé  Maigret. 
[Bref  de  Clément  VII  à  Louise  de  Savoie,  p.  p.  Fraikin,  Nonciatures 
de  France,  Clément  VII,  I,  327.  Ce  bref  doit  être  daté  du  29  déc.  1524, 
et  non  1525].  —  P.  405-12.  A.  Mailhet.  Requête  du  syndic  des  protes- 
tants de  Die  réclamant  au  Synode  les  sommes  empruntées  par  eux  pour 
l'entretien  de  l'Académie,  et  répartition  de  ladite  dette  entre  les  églises 
du  Dauphiné  (1639).  —  P.  413-4.  Id.  Compte  détaillé  de  ce  que  coûtait, 
en  1677,  au  village  d'Espcnel  près  de  Saillans  une  seule  journée  de 
quatre  dragons  et  d'un  vallet.  [31  1.  12  s.]  —  P.  414-23.  N.  Weiss. 
Mémoire  de  Dupui,  1683-1708.  [Lettre  relatant  les  principaux  faits  de 
la  persécution  déchaînée  en  Dauphiné  par  la  Révocation  :  écartèle- 
ments,  pendaisons,  condamnations  aux  galères.]  —  P.  423-4.  Id.  Lettre 
du  pasteur  Modenx,  de  Berne,  9  janv.  1689,  concernant  des  exécutions 
à  Die,  et  de  jeunes  prophètes.  —  P.  424-36.  Ch.  Schnetzler.  Jean 
Martel,  prédicant  du  Dauphiné,  et  ses  Mémoires  (1688-1727).  [Biogra- 
phie dudit  Martel,  qui  mourut  à  Berne  en  1731.  Ses  Mémoires,  publiés, 
sont  très  courts  ;  ils  se  rapportent  à  sa  prédication  en  Dauphiné.]  — 
P.  440-56.  A.  Mailhet.  Histoire  d'une  famille  protestante  dauphinoise 
au  xvii«  siècle.  Les  Coutaud  de  Rochobonne  et  les  Coutaud  de  Beau- 
vallon.  [Famille  originaire  de  Saillans,  qui  fournit  des  officiers  aux 
armées  royales.  L'un  de  ses  membres,  Charles,  prit  part,  le  SO  août  1683, 
au  combat  de  Bourdeaux  et  parvint  à  gagner  la  Suisse.  Spn  frère,  Paul, 
(jui  n'y  était  pour  rien,  fut  torturé  et  pendu.  La  veuve  du  malheureux 


5C0  ANNALES   DU   MIDI. 

périt  de  même  en  1694.]  —  P.  ri03-'25.  A.  Morize.  Samuel  Sorbière, 
principal  à  Orange  :  sa  conversion  (1650-53).  [Son  amitié  pour  Suarez, 
évêque  de  Vaison,  le  conduisit  à  se  convertir  au  catholicisme,  au  grand 
scandale  de  Gui  Patin.  Il  y  perdit  sa  place  et,  malgré  d'innombrables 
sollicitations,  à  Paris,  à  Rome,  il  dut  attendre  trois  ans  des  pensions 
modiques  du  pape  et  de  l'Assemblée  du  clergé.  Pourtant,  vers  1665, 
à  force  de  quémander,  il  réunissait  en  pensions,  brevets,  bénéfices 
3.286  1.  de  rentes.]  —  P.  529-32.  Ch.  Bost.  Le  chant  des  psaumes  dans 
les  airs  à  Marvejolz  (1686).  [Témoignage  curieux  du  mysticisme  que  la 
persécution  religieuse  développait  aux  Cévennes.]  —  P.  532-6.  In.  Le 
prophétisme  en  Dauphiné  à  la  fin  de  1688.  [Un  certain  Fabre,  de  La- 
salle  (Gard),  revenant  du  Vivarais,  est  arrêté  à  Anduze  et  trouvé  por- 
teur de  divei-ses  pièces  contre  la  religion  catholique,  dont  un  «  mani- 
feste »  sur  ce  prophétisme.  M.  B.  en  publie  le  texte,  nouveau  témoi- 
gnage d'un  croissant  déséquilibre  d'esprit  chez  les  huguenots  persécu- 
tés.] —  P.  537-43.  E.  Moutarde.  Nouveaux  documents  sur  le  protestan- 
tisme en  Saintonge  après  la  Révocation  (1695-1729).  [Concernant  les 
humiliations,  sévices,  etc.,  que  les  protestants  enduraient.  Texte  d'une 
curieuse  «  exhortation  »  destinée  à  circuler  parmi  eux  en  secret.] 

P.  D. 

lO.  —  Journal  des  Savants^  1906. 

p.  23-35.  A.  LucHAiRE.  Auguste  Molinier.  Les  Sources  de  l'histoire 
de  France,  des  origines  aux  guerres  d'Italie  (1494).  [Indique  quel- 
ques corrections,  relatives  en  particulier  aux  œuvres  de  Guillaume 
de  Puylaurens  et  de  Pierre  des  Vaux  de  Cernay.]  —  P.  633-44.  A.  Tho- 
mas. Jacques  d'Armagnac  bibliophile.  [Etude  très  intéressante  sur  la 
collection  réunie  par  Jacques  d'Armagnac  et  sur  les  copistes,  enlumi- 
neurs ou  auteurs  de  son  entourage.] 

1907. 

P.  151-6.  C.  JuLLiAN  :  Michel  Clerc.  La  bataille  d'Aix.  [Analyse  élo- 
gieuse  de  ce  livre  et  considérations  sur  l'importauct^  de  la  bataille.] 

Ch.  L. 

il.  —  Revue  des  bibliothèques,  1905  et  1906.  Néant. 

F.  P. 
IS.  —  Revue  des  Deux-Mondes,  1907. 

15  mars.  P.  348-81.  J.  Bédier.  La  légende  de  Girard  de  Roussillon  (suite, 
l"''  avril,  pp.  591-617).  [M.  J.  Bédier  vient  de  publier  sur  quelques  chan- 
sons de  geste  plusieurs  études  qui  ne  tendent  à  rien  moins  qu'à  modifier 


PERIODIQUES    NON    MÉRIDIONAUX.  561 

complètement  les  idées  admises  sur  l'origine  de  l'ancienne  épopée  fran- 
çaise. La  première  partie  de  la  présente  étude,  consacrée  à  Girard  de 
Roussillon,  permet  de  conclure  que  le  Girard  de  la  légende  épique 
ressemble  peu  au  Girard  historique,  mais  surtout  que  la  fondation  de 
monastères  occupe  beaucoup  de  place  dans  cette  légende  soi-disant 
épique.  La  deuxième  partie  présente  les  conclusions  originales  de 
l'auteur:  Girard  et  Berthe  étaient  les  fondateurs  des  abbayes  de  Pothiè- 
res  et  de  Vézelay  ;  c'est  autour  de  ces  deux  abbayes  que  s'est  dévelop- 
pée la  légende;  elle  est  née  d'une  collaboration  de  moines  et  de  jon- 
gleurs; mais  elle  est  relativement  récente,  puisque,  entre  autres  i-ai- 
sons,  sainte  Marie-Madeleine,  qui  joue  un  si  grand  rôle  dans  le  poème, 
n'a  guère  été  connue  en  Bourgogne  avant  le  xi»  siècle.  Ce  bref  résumé 
ne  donne  qu'une  idée  fort  insuffisante  de  ces  études,  d'une  élégante  et 
convaincante  sagacité,  qu'il  faut  lire  dans  le  texte.]  J.  A. 

13.  —  Revue  dliistoire  littéraire^  i.  XIII,  1906. 

P.  458-98  et  658-92.  H.  Potez.  Deux  années  de  la  Renaissance  (d'après 
une  correspondance  inédite).  [Les  lettres  utilisées  sont  celles  de 
Denys  Lambin,  de  l'automne  de  1552  à  la  fin  de  1.554.  Intéressantes 
pour  la  biographie  du  cardinal  de  Tournon.  au  service  de  qui  était 
Denys  Lambin  :  à  la  page  487,  une  lettre  relative  à  la  fondation  du 
collège  de  Tournon.  Parmi  les  amis  ou  les  correspondants  de  Lambin, 
quelques-uns  appartiennent  à  la  France  méridionale.]  L.  D. 

14.  —   Revue    historique,    t.    XGIII,   190"/.    Néant.  — 
T.  XGIV,  1907. 

P.  ■-'25-48.  Cii.  MoLiNiER.  L'église  et  la  société  cathares. 

Tome  XCV,  1907. 

P.  1-22,  263-91.  Ch.  Molinier.  L'église,  etc.  [Suite  et  fin  du  précédent  ar- 
ticle. Dans  la  première  partie  de  ce  remarquable  travail,  l'auteur  a 
essayé  de  marquer  le  caractère  de  l'église  cathare,  ses  aspirations  à  la 
pureté  parfaite,  à  la  représentation  du  vrai  christianisme,  son  attitude 
en  face  de  l'église  romaine,  qu'elle  réprouvait,  sa  place  parmi  les  pro- 
testations hétérodoxes  élevées  du  xii'=  au  xvi«  siècle  contre  le  Saint- 
Siège.  Dans  la  seconde  partie,  consacrée  à  l'examen  de  la  société  issue 
du  catharisme,  il  étudie  l'une  après  l'autre  les  deux  classes  dont  se  com- 
pose cette  société  :  les  parfaits,  véritables  ministres  du  culte  dualiste; 
les  croyants,  gens  du  siècle,  rattachés  aux  doctrines  cathares  presque 
uniquement  par  la  foi.  Des  premiers,  il  décrit  l'existence  ascétique  et 


562  ANNALES    DU    MIDI. 

errante,  les  rapports  avec  leurs  fidèles,  qui  les  «  adorent  »  et  manifes- 
tent envers  eux  un  dévouement  sans  bornes.  Il  discute  en  passant  et 
écarte  deux  imputations  qui  leur  ont  été  souvent  lancées,  celle  d'ava- 
rice et  celle  d'impureté.  Quant  aux  croyants,  c'étaient  des  laïques,  ne  se 
distinguant  extérieurement  en  rien  de  leurs  contemporains  orthodoxes. 
Ils  se  recrutaient  surtout  dans  la  classe  moyenne  et  dans  les  classes  in- 
férieures, celles  qui  ont  le  plus  longtemps  adhéré  à  une  foi  dange- 
reuse, tandis  que  les  nobles  l'ont  abandonnée  les  premiers.  Leur  nombre 
paraît  s'être  élevé  à  plus  de  quatre  millions,  dont  la  moitié  en  Italie,  un 
vingtième  en  France,  un  quart  environ  dans  l'orient  de  l'Europe,  d'où 
cette  foi  était  sortie.  Protestation  contre  les  tendances  mondaines  et 
politiques  de  l'église  romaine,  le  cathaiùsme  donne  l'exemple  aux  héré- 
sies qui  vont  suivre,  jusqu'à  la  Réforme;  il  apparaît  aussi  comme  un 
faible  et  timide  essai  de  libération  de  la  pensée  humaine,  j^i'emière  et 
décisive  secousse  parmi  celles  qui  ont  donné  lieu  au  mouvement  de 
l'esprit  moderne.]  —  P.  23-53.  Ch.-V.  Langlois.  Les  doléances  des  com- 
munautés du  Toulousain  contre  Pierre  de  Latilli  et  Raoul  de  Breuilli 
(l'297-1298).  [Ces  deux  personnages  avaient  été  chargés  de  lever  dans  le 
Midi  l'argent  dû  au  roi,  à  divers  titres.  Les  communautés  se  plaignirent 
des  abus  par  eux  commis.  De  là  une  enquête  et  la  formation  d'un  dos- 
sier dont  une  partie  subsiste;  le  reste  a  été  perdu  ou  se  trouve  dispersé 
dans  le  Trésor  des  chartes.  Ce  que  nous  avons  suffit  à  montrer  avec 
q'iel  arbitraire  et  quelle  violence  les  levées  d'argent  avaient  été  prati- 
quées. De  plus,  les  menus  traits  de  mœurs  abondent  dans  les  déposi- 
tions. Voir  celles  qui  concernent  Laurac,  Auterive,  Montgaillard,  Cinte- 
gabelle,  Fanjeaux,  Castelnaudary.  L'une  des  principales  «  finances  »  à 
percevoir  était  la  queste,  sur  les  hommes  quostaux  ou  serfs.  Les  com- 
munautés_  soutenaient  qu'il  n'en  restait  presque  plus.  Leurs  plaintes 
ont  provoqué  la  célèbre  charte  aux  Languedociens,  d'avril  1290,  pour 
l'abolition  de  la  servitude  personnelle  en  ce  pays,  ordonnance  qui  ne 
semble  pas  avoir  eu  grand  effet  pratique.]  P.  D. 

15.   —  Revue  internationale  de  V enseignement^  1904, 
t.  XLVII  et  XL VIII;  1905,  t.  XLIX  et  L.  Néant. 

1906,  t.  LI. 
P.  182-8.  Ch.-B.  AuDOLLENT.  Charles  Baron,  professeur  de  littérature 
ancienne  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Clermont  (1861-1903). 
[Né  à  Neuilly-sur-Seine,  professeur  de  rhétorique  au  Lycée  d'Auch 
(17  septembre  1885),  au  Lycée  de  Chambéry  (23  mars  1886)  et  profes- 
seur de  littérature  à  l'Ecole  supérieure  des  lettres  de  cette  ville  (10  avril 


PÉRIODIQUES    NON    MÉRIDIONAUX.  563 

1886),  maître  de  conférences  de  langue  et  de  littérature  grecques  à  la 
Faculté  des  lettres  de  Clerinont  (20  juillet  1887),  puis  professeur  de 
littérature  ancienne  à  la  même  Faculté.] 

1906,  t.  LU.  Néant.  M.  D 

16.  —  Keime  de  philologie  française  et  de  littérature, 

XXI,  1907. 

P.  1-2U  et  197-221.  L.  Vignon.  Les  patois  de  la  région  lyonnaise.  Le  pro- 
nom régime  de  la  3"  personne  (suite).  —  Le  régime  indirect.  [I  :  Em- 
ploi de  i  (adverbe)  pour  lui,  leur;  dans  certaines  localités,  i  ne  s'em- 
ploie encore  qu'au  singulier,  ce  qui  permet  de  constater  la  marche  pro- 
gressive de  cet  emploi.-  II:  li  (dat.  sing.)  pour  U^ur  (dat.  plur.);  les 
formes  issues  de  illorum  paraissent  en  voie  de  disparition.  Explication 
de  ces  substitutions.]  —  [III  :  Substitution  de  l'accusatif  (au  singulier 
et  au  pluriel)  au  datif;  elle  est  due  surtout  à  des  raisons  d'ordre  pho- 
nétique. —  IV  :  La  distinction  des  cas  et  des  nombres  et  la  particule  si. 
Cette  particule,  d'origine  incertaine,  s'ajoute  aux  pronoms  accusatif  et 
datif  pour  en  renforcer  le  sens  ;  la  langue  répare  ainsi  les  pertes  cau- 
sées dans  la  déclinaison  pronominale  par  les  substitutions  s-ignalées 
plus  haut.]  —  P.  107-17.  J.  Gilliérox  et  M.  Roques.  Plumer  =  peler. 
[Détermination  de  l'aire  où  le  premier  verbe  remplace  le  second 
(«  plumer  un  légume,  un  fruit  »);  elle  embrasse  de  nombreux  patois  du 
sud-est  et  quelques-uns  du  Quercy  et  du  Languedoc.  Explication  du 
phénomène.]  —  P.  241-58.  P.  Barbier  fils.  Notes  étymologiques.  [Tire 
le  français  nabot,  «  personne  de  petite  taille  »,  du  prov.  )iabot,  qui 
représenterait  nnpoceus,  «  petit  navet  ».]  —  P.  29-3-6.  J.  Gili.ikron  et 
J.  MoNGiN.  Etudes  de  géographie  linguistique.  IX  Le  sel;  les  aires 
disparues.  [D'une  façon  générale,  tout  le  Midi  dit  la  sau  (fém.),  tout  le 
Nord  le  sel  ou  le  se  (masc),  avec,  à  l'Est,  quelques  enclaves  disant  le 
sau  et  la  sel  (ou  se).  La  forme  autochtone  serait  féminine  et  aurait  été 
peu  à  peu  submergée  sous  la  forme  masculine,  propre  au  français.  L'ex- 
plication n'est  pas  au  reste  parfaitement  claire.]  A.  J. 

l"?.  —  Revue  de  la  Renaissance,  t.  VII,  1906. 

p.  43-.59.  Ad.  van  Bever.  Un  poète  ignoré  du  xvi»  siècle.  Annibal  d'Orti- 
gue.  [Naquit  à  Apt,  en  1572,  comme  le  montre  une  pièce  authentique, 
donnée  ici  pour  la  première  fois.  A  publié  Les  Poèmes  divers  du  sieur 
de  Lartigue,  provei)çal....  Paris,  1617,  œuvre  assez  insignifiante  dont 
l'article  donne  une  idée  sommaire,]  —  P.  228-32.  J.  Gkrig.  Deux  let- 
tres inédites  de  Jean  de  Boyssonné.  [Quelques  détails  nouveaux,  extraits 


564  ANNALES   DU   MIDI, 

des  documents  d'archives,  sur  Boyssonné  et  sur  d'antres  membres  de 
sa  famille.  Les  deux  lettres,  datées  de  1550,  n'appartiennent  pas  à  la 
période  toulousaine  de  l'existence  de  Boyssonné.]  L.  D. 

18.  —  Romania,  t.  XXXV,  1906. 

P.  1-18.  E.  Philipon.  Prov.  -enc;  italien  -ingo,  -engo.  [Ce  suffixe,  qui 
sert  à  former  des  noms  d'hommes,  de  lieux,  de  rivières,  etc.,  se  trouve 
dans  la  France  du  sud,  l'Espagne*,  la  Corse,  l'Italie  du  nord,  c'est- 
à-dire  dans  la  région  occupée  par  les  Ligures.  C'est  non  pas  le  suffixe 
germanique  -ing,  mais  l'indo-européen  -nquo,  devenu  en  latin  -inquo,  en 
ligure  -enquo  ;  sa  transformation  enùigo  est  un  phénomène  pré-roman 
où  n'a  rien  à  voir  le  suffixe  germanique,  qui  n'a  formé  que  des  noms 
d'hommes  (devenus  parfois,  surtout  dans  l'Est,  des  noms  de  lieux). 
Dans  une  «  note  complémentaire  »  très  instructive  (pi).  19  21) 
M.  A.  Thomas  admet  l'existence  de  ce  suffixe  en  dehors  de  toute  in- 
fluence germanique,  mais  il  montre  que  son  aire  d'application  s'étend 
jusqu'au  Rouergue,  Quercy,  Périgord,  Berry,  et  conteste  qu'il  soit 
ligure  ;  il  pense  que  le  suffixe  germanique  -ùig  a  dii  se  mêler  à  lui  et  en 
renforcer  la  vitalité  dans  la  formation  des  noms  communs  (et  adjec- 
tifs) français  ei  provençaux  du  type  teisserenc,  tisserand.]  —  P.  82-94. 
A.  Thomas.  Jamette  de  Nesson  et  Merlin  de  Cordebœuf.  [Il  ne  reste  de 
la  nièce  du  célèbre  Pierre  de  Nesson  qu'un  rondeau,  mais  il  est  certain 
qu'elle  avait  écrit  beaucoup  davantage  ;  elle  mourut  sans  enfants  entre 
1467  et  1476.  Elle  avait  épousé,  le  25  janvier  1431,  Merlin  de  Cordebœuf, 
qui  resta  invariablement  fidèle  à  Charles  VII  et  à  Louis  XI  et  mourut 
entre  1499  et  1510;  il  est  l'auteur  d'un  petit  traité  :  VOrdo7i7iance  et 
inatiière  des  chevaliers  errafits,  publié  incomplètement  par  R.  de  Bel- 
leval  en  1866.]  —  P.  106-9.  A.  Thomas.  «  Giraut  de  Borneil  »  ou  «  Gui- 
raud  de  Bornelh  ».  [«  Giraut  »  est  plus  conforme  à  la  phonétique  péri- 
gourdine,  et  «  Borneil  »  à  l'usage  des  meilleurs  manuscrits.]  —  P.  109-10. 
Id.  Prov.  anc.  albuesca;  prov.  mod.  aubieco.  [Ce  mot,  qui  signifie 
«  citrouille  »,  est  identique  au  catalan  (et  csp.)  albudeca,  d'oi-igine 
arabe.]  —  P.  278-83.  N.  Valois.  Nouveaux  témoignages  sur  Pierre  de 
Nesson.  [II  fit  partie,  en  1480,  d'une  ambassade  envoyée  auprès  du  con- 
cile, à  Bâle,  et  du  pape,  à  Bologne.  Pièces  justificatives.]  —  P.  318-22. 
Comptes  rendus,  par  M.  P.  Meyer,  des  cartulaires  de  Saint-Mont  e 
Gimont,  publiés  respectivement  par  Maunius  et  Clergeac,  et  des  Douze 

1.  En  ce  qui  concerne  l'Espagne,  le  Languedoc  et  le  RoussUlon,  les  indi- 
cations données  ici  ont  été  complétées  depuis.  {Romania,  XXXVI,  283.) 


PÉRIODIQUES    NON    MÉkIDIONAUX.  565 

comptes  consulaires  d'Alhi.  publiés  par  Vidal.  —  P.  387-64.  P.  Meyer. 
L'Evangile  de  l'Enfance  en  provençal  (manuscrit  du  marquis  de  Cam- 
bis-Velleron  et  de  Raynouard).  Co  ms..  qui  paraît  bien  être  celui  deRay- 
nouard,  et  dont  il  avait  fait  de  nombreuses  citations  dans  le  Lexique 
roman,  a  été  récemment  acquis  par  la  Bibliothèque  nationale.  M.  M. 
en  publie  de  longs  fragments,  avec  de  nombreuses  notes  lexicologiques  ; 
pour  l'un,  il  communique  les  variantes  des  mss.  de  Turin  et  de  Cone- 
gliano.  Remarques  (pp.  357  ss.)  sur  la  langue  de  l'auteur  et  la  graphie 
du  copiste.]  —  P.  428-44.  Id.  Fragments  du  grand-livre  d'un  drapier  de 
Lyon  (1320-1323).  [Ils  se  composent  de  deux  feuillets  et  demi  ;  le  texte 
est  en  pur  langage  lyonnais.  Publication  in  exte)iso,  suivie  d'un 
«  glossaire-index  ».] 

T.  XXXVI,  1907. 

P.  96-9.  A.  Thomas.  Franc,  semé;  prov.  se{p)te.  [Ce  mot  désigne  le  ser- 
vice mortuaire  de  huitaine  ;  semé  vient  de  septimus,  septé  de  septe- 

■  nus;  ce  dernier  mot  se  trouve  dans  un  testament  limousin  de  1356.]  — 
P.  loO-l.  Id.  Ane.  prov.  fos.  [Se  trouve  dans  la  Vie  de  sainte  Eimnie, 
sous  la  forme  fons,  mais  la  correction  est  exigée  par  la  rime  ;  est  sans 
rapport  avec  fotis,  vient  de  fôcem  au  sens  de  «  orifice  par  lequel 
l'eau  s'échappe  du  rocher  ».  Ce  mot  est  assez  fréquent  dans  les  noms 
de  lieux.]  —  P.  103-5.  E.  Vey.  Forézien  madinâ.  [Signifie  «  vent  d'est 
ou  du  matin  ».  Ne  vient  pas  de  matutinata,  mais  de  matutinale ;  le  mot 
paraît  propre  à  quelques  régions  voisines  du  Massif  central.]  — 
P.  116-21.  Comptes  rendus,  par  A.  Jeanroy,  de  Zingarelli,  Ricerche 
sullavita  e  le  rime  di  Bernart  de  Ventadorn,  et  par  P.  Meyer  de  Ortiz, 
Amanieu  des  Escas,  c'om  apela  Dieu  d'amors.  —  P.  403-19.  A.  Tho- 
mas. Deux  quatrains  en  patois  de  la  Haute-Marche  imprimés  à  Paris 
en  1586.  [Il  s'agit  de  deux  quatrains  liminaires  adressés  au  Marchois 
François  Granchier  par  deux  de  ses  compatriotes,  nommés  Nobeyratet 
Brisse.  Savant  commentaire  phonétique  et  glossaire  très  complet.]  — 
P.  435-6.  Id.  Henri  Baude  à  Tulle  en  1455.  [H  y  remplit  les  fonctions  de 
receveur  des  tailles  et  y  résida  réellement.]  —  P.  610-2.  S.  Stronski.  Le 
nom  du  troubadour  Dalfln  d'Aloernhe.  [Complément  d'un  article  pu- 
blié ici-même.  XVIII,  482.  Publication  intégrale  de  l'acte  de  1215,  d'où 
il  résulte  que  Dalfinus  était  bien  un  surnom  ;  exemples,  dans  un  autre 
acte  (1201),  de  la  forme  Dalfis,  précédée  de  l'article.]  A.  J. 


566  ANNALES    DU    MIDI. 

19.  —  Société  nntionnle  des  antiquaires  de  France.  Bul- 
letin, 1906'. 

P.  136-40.  Pehdrizet.  Vierge  de  Aliséricorde  de  la  Cliurtreuse  de  Pesio, 
non  loin  du  col  de  Tende,  x\"=  siècle.  [Attribuée  à  tort  au  peintre  savoi- 
sien  Antoine  Le  Coq.]  —  P.  149.  Espéuandieu.  Inscription  latine  du 
I"  siècle,  trouvée  à  Valentine,  près  Saint-Gaudens  (Haute-Garonne).  — 
P.  157.  F.  DE  ViLLENOiSY.  Socle  d'une  croix  de  la  Renaissance,  des 
environs  de  Saint- Paul-Trois-Cliàteaux  (Drônie).  —  P.  162-6.  Ph.  Lau- 
zuN.  Mejisura  ponderaria,  au  Musée  d'Agen  (planche).  —  P.  167-8. 
F.  DE  Mély.  Fragments  d'une  crucifixion  trouvés  à  Nimes  (x«  siè- 
cle). —  P.  180-1.  Id.  Siège  des  évèques  dans  la  cathédrale  d'Avignon, 
XT«  siècle  (planche).  —  P.  198-9.  Espérandteu.  Inscription  latine  du 
I"  siècle,  trouvée  près  de  Béziers.  [Elle  provient  de  la  collection  No- 
guier  et  concerne  un  monument  élevé  par  des  héritiers.]  —  P.  204-6. 
F.  Pasquier.  Contrat  de  fourniture  d'armes  italiennes  à  procurer,  en 
1562,  au  cardinal  Georges  d'Armagnac,  archevêque  de  Toulouse.  [Docu- 
ment découvert  dans  un  registre  de  notaire.]  —  P.  265.  Héron  de  Vil- 
LEPOSSE.  Fragment  d'inscription  latine  dans  un  mur  de  l'abbaye  de 
Fontfroide,  près  Narbonne.  —  P.  292.  D'  Guebhard.  Bague  trouvée  au 
camp  du  bois  du  Rouret  (Alpes-Maritimes).  [Elle  offre  quelque  ressem- 
blance avec  des  bagues  de  l'époque  mérovingienne  découvertes  dans  les 
fouilles  de  la  Champagne.]  —  P.  304-6.  Espérandieu.  Bas-relief  du 
xvi«  siècle,  découvert  à  Narbonne,  le  long  du  quai,  et  provenant  d'une 
fontaine  publique.  [Personnages  fantastiques,  rinceaux,  etc.]  —  P.  311. 
Héron  de  Villefosse.  Découverte  à  Vaison  (Vaucluse)  d'une  mosaïque 
romaine.  [Mesurant  4"' 30  sur  3  mètres.  Animaux,  fleurs,  etc.].  —  P.  317. 
Lafaye,  de  la  part  de  M.  Mûller.  Indication  de  fouilles  faites  par  ce 
dernier  dans  l'Isère,  les  Hautes  Alpes,  et  ayant  eu  pour  résultat  la  dé- 
couverte de  monnaies  et  d'objets  de  l'époque  gallo-romaine.  —  P.  318. 
Héron  de  Villefosse,  de  la  part  de  M.  Clerc.  Offre  d'un  ouvrage  inti- 
tulé :  La  bataille  d'Aix,  études  critiques  sur  la  campagne  de  Marins 
en  Provence.  [Observations  sur  l'importance  de  cette  guerre  (cf.  Anfia- 
les.  t.  XIX,  p.  438).]  —  P.  336.  Espérandieu.  Stèle  romaine  dii  ii=  siècle, 
au  Musée  de  Nice.  [Jeune  homme  vainqueur  aux  jeux;  planche  hors 
texte.]  —  P.  338-40.  R.  Fage.  Explication  de  termes  de  menuiserie,  no- 
tamment du  mot  «  coupe  »,  employés  dans  la  description  des  portes  de  la 

1.  Dans  notre  dernier  dépouillement  (Annales,  t.  XIX,  p.,274),  au  lieu 
de  l'année  1906,  il  faut  lire  1905. 


PÉRIODIQUES   NON   MÉRIDIONAUX.  567 

ville  de  Tulle,  au  xvii=  siècle.  —  P.  840.  Enlart,  de  la  part  de  M.  Roger, 
architecte  à  Pamiers.  Inscription  latine  du  xiv  siècle,  découverte  dans 
l'église  de  Dauniazan  (Ariége),  rappelant  la  prise  de  Jérusalem  par  les 
Croisés  et  la  consécration  de  l'église  du  lieu.  Planche.  —  P.  367-8. 
Héron  de  Villefosse,  de  la  part  de  M.  Audollent.  Note  sur  une  sta- 
tuette en  bronze  de  Mercure,  trouvée  au  sommet  du  Puy-de-Dôme.  — 
P.  377-9.  Héron  de  Villefosse.  Renseignements  complémentaires  sur 
la  mosaïque  de  Vaison.  [Signalée  plus  haut.  Ce  n'est  qu'un  fragment 
d'une  mosaïque  dont  les  autres  morceaux  sont  au  Musée  Calvet,  d'Avi- 
gnon.] —  P.  400-2.  J.  Roman.  Sceau  du  couvent  des  Dominicains  de 
Carcassonne  au  moyen  âge.  [Singularité  des  ornements  de  la  figure  cen- 
trale.] P-  P- 

SBO.  —  Société  nationale  des  antiquait^es  de  France.  Mé- 
moires, 1904-19051. 

p.  273-90.  A.  Boinet.  Le  livre  d'heures  de  Marguerite  de  Valois,  sœur  de 
François  I",  reine  de  Navarre.  [Ce  manuscrit  appartient  au  Musée  du 
Louvre  ;  il  comprend  85  feuillets  et  29  miniatures.]  F.  P. 


CHRONIQUE 


Les  patois  sont  en  train  de  disparaître,  tués  par  les  nécessités 
de  la  vie  moderne.  Bien  peu  ont  conservé  leur  pureté  primitive; 
dans  cinquante  ans,  combien  n'existeront  plus!  Aussi  est-il  grand 
temps  de  noter  fidèlement  ce  qui  en  reste.  C'est  ce  que  ne  cessent 
de  proclamer,  depuis  des  années,  les  maîtres  les  plus  éminents  de 
la  philologie.  C'est  à  cette  œuvre  qu'entend  se  consacrer  la  Société 
internationale  de  dialectologie  romane  qui  vient  de  se  consti- 
tuer. 

«  Il  y  a  encore,  lisons-nous  dans  le  prospectus,  tant  de  contrées 
intéressantes  du  domaine  roman  que  le  pied  du  linguiste  n'a  pas 
encore  foulées....  Le  nombre  des  territoires  qui  attendent  en  vain 
une  étude  systématique  de  la  grammaire  et  du  lexique  reste  encore 
trop  grand.  Le  puissant  essor  des  études  phonétiques  exige,  à 
l'égard  de  nombreuses  contrées,  que  l'on  croyait  déjà  connaître 
parfaitement  au  point  de  vue  dialectologique,  une  enquête  nou- 
velle d'après  des  principes  modernes.  » 

Cela  est  vrai  surtout  de  nos  parlers  méridionaux,  dont  un  si 
grand  nombre  ont  été  à  peine  étudiés,  dont  tant  d'autres  sont  déjà 
contaminés  par  l'influence  française.  Les  bonnes  volontés,  certes, 
ne  manquent  point  dans  le  Midi;  mais  la  plupart  des  dialectolo- 
gues  sont  des  travailleurs  isolés,  auxquels  manquent  une  direc- 
tion scientifique  et  des  débouchés.  Ils  trouveront  l'un  et  l'autre 
auprès  de  la  société  nouvelle  :  aussi  est-il  à  croire  que  les  adhé- 
sions sont  nombreuses  qui  lui  viendront  de  nos  provinces. 

La  SociéLé,  qiii  publiera  une  Revue  et  un  Bulletin,  comprend 
des  membres  à  vie,  des  membres  actifs  et  des  membres  adhérents. 

Les  membres  à  vie  paient  une  somme  d'au  moins  cinq  cents 
francs  et  reçoivent  franc  de  port  toutes  les  publications  de  la  So- 
ciété leur  vie  durant;  ils  ont  voix  délibérative. 


CHRONIQUE.  569 

Les  membres  adhérents  paient  une  cotisation  annuelle  de  dix 
francs,  reçoivent  le  Bulletin  et  n'ont  pas  droit  de  suffrage, 

La  Société  a  son  siège  social  à  Bruxelles.  Elle  entrera  en  vigueur 
dès  qu'elle  comptera  deux  cents  cinquante  membres  actifs  ou  un 
nombre  de  membres  à  vie  ou  adhérents  apportant  un  ensemble  de 
cotisations  équivalentes.  Les  adhésions  et  toutes  communications 
doivent  être  adressées  à  M.  B.  Schsedel,  privatdocent  à  l'Univer- 
sité de  Halle,  Richard-Wagnerstrasse,  43  (Allemagne). 


M.  Camille  Chabaneau  a  succombé  le  21  juillet  dernier  à  une 
maladie  dont  il  avait  ressenti  les  premières  atteintes  il  y  a  deux 
ans  et  qui,  depuis,  lui  imposait  les  plus  grands  ménagements. 
Tous  nos  lecteurs  savent  que  les  études  provençales  font,  en  sa 
personne,  une  perte  irréparable. 

Nous  n'oublions  pas  que  c'est  aux  Annales  qu'il  avait  donné 
son  dernier  travail  de  quelque  étendue  (1907,  p.  364)  et  publierons, 
dans  notre  prochain  numéro,  une  notice  sur  notre  éminent  et  très 
regretté  collaborateur. 


Chronique  d'Auvergne. 

Puy-de-Dôme.  —  Le  Puy-de-Dôme  a  perdu  depuis  quatre  an^ 
deux  érudits  de  haute  valeur,  M.  Francisque  Mège,  dont  les  tra- 
vaux sur  l'histoire  de  l'Auvergne  pendant  la  Révolution  resteront 
un  modèle  de  conscience  et  de  clarté,  et  M.  Antoine  Vernière,  qui 
s'était  plus  dispersé,  mais  connaissait  à  fond  sa  province  et  a  tra- 
vaillé jusqu'à  son  dernier  jour  à  la  faire  connaître  en  publiant  ses 
Tables  des  matières  contenues  dans  les  An.niles  de  l'Auvergne 
{1828-58),  les  Mémoires  de  VAcademie  (1859-87),  le  Bulletin 
historique  et  scienlifique  de  l'Auvergne  [1881-1905)  et  les  Mé- 
moires de  l'Académie  [11^  série,  fasc.  là  XVIII),  Clermont,  1907, 
in-8". 

Les  fouilles  du  Puy-de-Dôme  ont  amené,  en  1906,  la  découverte 
d'un  très  joli  bronze  de  Mercure  Dumias,  qui  est  aujourd'hui  déposé 
au  Musée  de  Clermont.  Les  travaux  scientifiques  de  MM.  Brunhes, 
directeur  de  l'Observatoire  météorologique  du  Puy-de-Dôme,  et 
David,   météorologiste  adjoint,  ont  fait  connaître  la  provenance 

ANNALES    DU    MIDI.    —   XX  37 


570  ANNAI.KS    DU    MIDI. 

pvol)ahle  des  pierres  de  taille  employées  à  la  construction  du  tem- 
l)le  du  Puy-de  Dôme.  La  direction  d'aimantation  de  ces  pierres  a 
permis  de  les  identifier  aux  roches  dolomitiques  du  [^uy-de-Ulier- 
soux,  voisin  du  Puy-de-Dôme.  M.  Audolleut,  directeur  du  Musée 
de  Clermont-Ferrand.a  publié  dans  les  Mélanges  Godefroid  Kurth 
une  Lettre  à  M.  Kurth  sur  le  temple  du  Puy-de-Dôme,  où  se  trou- 
vent résumés  de  façon  magistrale  tous  les  points  curieux  de  l'his- 
toire du  monument.  Une  nouvelle  inscription  découverte  l'an  der- 
nier sur  les  pentes  de  la  montagne  par  M.  Wernert,  professeur 
d'histoire  au  Lycée  de  Glermont,  a  été  publiée  par  lui  dans  la 
Revue  d'Auvergne  de  1907.  Un  grand  nombre  de  poteries  et  de 
verreries  gallo-romaines  ont  été  découvertes  près  de  Glermont  au 
lieu  dit  le  Bus-Champflour  ;  un  compte  rendu  de  ces  trouvailles  a 
été  inséré  dans  le  Bulletin  de  l'Académie  de  Glermont. 

M.  Bréhier,  professeur  à  l'Université  de  Clermônt,  a  publié  à  la 
librairie  Bloud  un  excellent  travail  sur  les  Eglises  romanes,  où 
l'école  auvergnate  est  étudiée  avec  un  soin  tout  particulier. 

r^es  travaux  de  réfection  de  la  grande  rose  méridionale  de  la 
cathédrale  de  Glermont  ont  ramené  l'attention  des  archéologues 
sur  le  monument.  On  y  visite  à  nouveau  une  crypte  romane  fort 
ancienne,  ornée  de  fragments  de  peinture  et  de  pierres  sculptées 
d'époque  mérovingienne;  une  grande  pierre  de  taille,  avec  inscrip- 
tion romaine,  a  même  été  employée  dans  la  construction  romane. 
Des  peintures  du  xiii^  et  du  xve  siècle  sont  actuellement  visibles 
dans  la  sacristie  et  dans  deux  chapelles  de  l'abside.  L'une  d'elles, 
celle  de  la  chapelle  de  Saint-Georges,  parait  tout  particulièrement 
remarquable. 

L'étude-  de  la  langue  et  de  la  littérature  locale  a  obtenu  droit 
de  cité  à  la  Faculté  des  Lettres  avec  le  cours  de  littérature  romane 
professé  par  M.  Petiot,  professeur  au  Lycée  B.  Pascal.  M.  R.  Mi- 
chalias  a  publié  en  1907  un  Essai  de  graynmaire  auvergnate,  sur 
le  modèle  de  la  grammaire  catalane  de  M.  Foulché-Delbosc  (sur 
cet  ouvrage,  voy.  plus  haut,  p.  454).  L'auteur  possède  admirable- 
ment le  dialecte  ambertois  et  a  publié  en  1904  un  charmant  recueil 
de  vers  patois  Ers  de  tous  Suis.  Le  goût  de  la  langue  locale  parait 
se  réveiller,  moins  vite  cependant  que  dans  le  Gantai. 

L'histoire  nobiliaire  s'est  enrichie  de  la  Recherche  générale  de 
la  noblesse  d'Auvergne  (1656-1721).  (Paris,  Ghampion,  1907, 
in-4u  de  623  pages),  publiée^par  M.  le  D»"  de  Ribier.  L'auteur  s'est 
principalement  servi   du  ms.  de  Fortia,   intendant  d'Auvergne, 


CHRONIQUE.  571 

chargé  par  le  roi  d'enquêtes  sur  la  noblesse  du  pays  dans  les  an- 
nées 1(366-69.  On  lira  avec  intérêt  l'étude  consacrée  par  M.  de  Ribier 
à  l'histoire  du  ms.  Les  Preuves  de  la  Maison  de  Polignac,  de 
M.  Jacotin  (Paris,  1898-1906,  5  vol.  in-f»),  contiennent  une  belle 
collection  de  829  pièces  intéressant  l'histoire  de  Vélay,  de  l'Auver- 
gne, du  Gévaudan,  du  Vivarais  et  du  Forez.  Une  table  générale 
alphabétique  rend  très  commode  la  consultation  de  ce  précieux 
recueil. 

L'archéologie  médiévale  a  inspiré  quelques  bons  travaux.  M.  le 
chanoine  Gobillot  a  publié  dans  le  Bulletin  de  l'Académie  de 
Clermonl  une  excellente  monographie  de  la  Cathédrale  de  Cler- 
mojit.  M.  Joseph  Bonneton  a  donné  au  même  Bulletin  une  étude 
sur  lés  statues  dites  pédauques  du  moyen  âge.  L'église  de 
Saint-Pourçain  possédait  jadis  une  statue  de  la  reine  à  pied 
d'oie,  dont  on  rie  connaît  que  trois  autres  exemples  en  France  : 
à  Saint-Bénigne  de  Dijon,  à  Nesle-la-Reposte,  à  Saint-Pierre  de 
Nevers,  et  qui  représenterait  la  reine  de  Saba,  la  patte  d'oie  sym- 
boliserait la  prudence  et  la  sagesse  de  l'amie  de  Salomon.  M.  l'abbé 
Régis  Grégut  a  publié  une  très  curieuse  étude  sur  les  vitraux  de 
la  Sainte-Chapelle  de  Riom.  L'auteur  raconte  avec  verve  les 
transformations  désastreuses  subies  par  ces  verrières,  que  des 
architectes  d'esprit  peu  critique  ont  tr.  itées  comme  une  simple 
matière  décorative,  taillable  et  retaillable  à  merci. 

L'histoire  pragmatique  nous  a  valu  une  savante  note  de  M.  Mar- 
cellin  Boudet  sur  le  commence'tnent  de  l'invasion  ayiglaise  en 
Auvergne  pendant  la  guerre  de  Cent  ans.  M.  Boudet  montre  que 
l'Auvergne  commen(.'a  à  :;ouffrir  de  l'invasion  en  1353,  et  que  les 
bandes  mercenaires  ne  cessèrent  de  la  molester  qu'en  1391.  La 
guerre  de  Cent  ans  dura  donc  trente-huit  ans  en  Auvergne. 
M.  Teilhard  de  Chardin  nous  donne  les  comptes  de  voyage  d'ha- 
bitants de  Mont ferr and  envoyés  à  Arras  en  1479  par  ordre  de 
Louis  XI,  qui  voulait  repeupler  la  ville  de  bons  Français.  Le  con- 
nétable de  Bourbon,  de  M.  Jean  Bonneton,  donne  d'intéressants 
renseignements  sur  le  château  de  Chantelle,  Anne  de  Beaujeu,  le 
duc  de  Bourbon  ;  malheureusement  l'auteur  a  négligé  d'indiquer 
ses  sources  et  la  valeur  critique  de  son  livre  en  a  souffert. 
M.  l'abbé  Régis  Crégut  a  relaté  Za^^^erie  de  Beauregard-l'Evêque 
en  1590,  coup  de  main  du  chef  royaliste  Ghappe  contre  les 
ligueurs.  M.  Jules  Blanc,  dans  ses  Martyrs  d'Aubenas  (1593),  a 
écrit  un  livre  édifiant  destiné  à  hâter  la  béatification  de   deux 


572  ANNALES   DU    MIDI. 

jésuites  :  Jacques  Salés  et  (riiillaume  Saiiltomouche,  massacrés 
par  les  protestants  du  Midi.  On  peut  extraire  de  ce  livre  quelques 
détails  curieux  sur  le  collège  de  Billom  (1568-1572). 

Pour  le  dix-septième  siècle,  c'est  loujotirs  la  figure  de  Pascal  qui 
attire  rnltention  des  érudits.  Un  certain  nombre  de  publications 
sont  venues  compléter  la  physionomie  du  grand  penseur.  Un  Alle- 
mand, M.  Karl  Bornhauseu,  dans  &on  Ethique  de  Pascal  {Sfudien 
zur  Geschichte  des  neueren  Protestnnlismus)  a  considéré  Pascal 
comme  penseur  scientifique,  comme  individualiste  religieux  et 
comme  catholique,  et  a  étudié  l'influence  de  ses  idées  sur  la 
manière  d'envisager  la  vie  publique  et  le  rôle  social  de  l'Eglise  et 
de  l'Etat.  La  nouvelle  édition  des  Pensées  par  M.  Gazier,  le 
Pascal  inédit  de  M.  Jovy,  ont  mis  à  la  portée  du  public  l'œuvre 
intégrale  de  Pascal.  M.  Elle  Jaloustre  a  repris  à  nouveau  la  ques- 
tion du  «  Cas  de  conscience  »  dans  son  étude  sur  un  neveu  de 
Pascal,  Louis  Perrier,  le  cas  de  conscience.  Il  s'agissait  de 
savoir  si  Louis  Perrier,  chanoine  de  Glermont,  qui  «  gardait  le 
silence  respectueux  sur  le  fait  et  sur  le  droit»  pouvait  être  absous 
en  confession  par  le  curé  de  Notre-Dame  du  Port.  Quarante  doc- 
teurs en  Sorboune  répondirent  à  cette  question  par  l'affirmative 
le  20  juillet  1702.  On  sait  que  Pascal  a  été  récemment  accusé  de 
tricherie  scientifique  à  l'occasion  des  expériences  de  Perrier  au 
Puy-de-Dôme  ;  dans  sa  Réponse  à  une  accusation  de  faux  por- 
tée contre  Pascal,  M.  E.  Jaloustre  a  montré  la  fausseté  de  cette 
grave  accusation. 

On  trouvera  dans  le  Mandrin,  capitaine  général  des  contre- 
bandiers de  France,  de  M.  Funck-Brentano,  le  récit  des  campa- 
gnes du  célèbre  brigand  en  Auvergne,  d'après  les  travaux  de 
M.  Antoine  Vernière  et  Ulysse  Bouchon. 

M.  Bobert  du  Corail  a  apporté  une  contribution  à  l'histoire  de 
la  Bévolution  en  Auvergne  avec  son  étude  sur  la  jeunesse  (ÏAma- 
ble  Soubrany  de  Macholles,  d'après  quelques  lettres  et  documents 
inédits. 

M.  Everat  a  écrit  l'histoire  des  Confréries  de  Riom,  depuis  le 
xiiie  jusqu'au  xxe  siècle.  M.  Daniel  Salvy  a  donné  avec  son  His- 
toire de  la  Cour  d'appel  de  Riom,  un  spécimen  d'histoire  judi- 
ciaire parfois  assez  amusant. 

Les  professeurs  d'histoire  de  la  Faculté  des  Lettres  ont  favorisé 
de  tout  leur  pouvoir  l'étude  de  l'histoire  locale  par  les  candidats 
au  diplôme  d'études  supérieures  d'histoire.    M.  Louis   Dubuc  a 


CHRONIQUE.  573 

choisi  pour  sujet  :  Les  conditions  du  travail  en  Auvergne  aux 
dix-septième  et  dix-huitième  siècles.  —  M.  Laroux  ;  Le  person- 
nel de  la  Cour  des  aides  de  Clermont-Ferrand.  —  M.  Brunel  : 
Les  monastères  de  Clermont-Ferrand  à  la  veille  de  la  Révolu- 
tion. —  M.  Lassiauve:  Les  intendants  et  l'adininistration  muni- 
cipale de  Clermont  aux  dix-septième  et  dix-huitième  siècles .  — 
Mlle  Mallye  :  La  commune  du  Cresl  pendant  la  période  révolu- 
tionnaire. —  M.  Thénot  :  Les  comités  de  surveillance  dans  le 
Puy-de-Dôme  à  l'époque  de  la  Révolution.  —  Ces  travaux  sont 
en  majeure  partie  déposés  à  la  Bibliothèque  delà  Ville  et  de  l'Uni- 
versité, où  ils  constitueront,  avec  le  temps,  un  fonds  des  plus 
intéressants.  La  Revue  d'Auvergne  doit  commencer  prochaine- 
ment la  publication  du  mémoire  de  M.  Dubuc. 

L'étude  géographique  ou  économique  de  la  province  a  donné 
lieu  à  quelques  publications,  parmi  lesquelles  nous  citerons 
V Auvergne,  de  M.  Calhula,  la  Bourboule,  son  climat  et  ses  eaux 
minérales,  de  M.  le  Dr  Sarazin,  et  le  Clennont-Ferrand,  publié 
par  les  soins  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences,  en  mémoire  du  Congrès  de  1908. 

G.  Desdevises  du  Dezert. 


Chronique  du  Gard. 

Préhistoire.  -  En  1904,  ]M.  Félix  ÎNIazîUiric  a  exploré  les  envi- 
rons de  Saint-Geniès-de-M:igIoires,  de  Tharaux,  les  grottes  de  la 
Fromagerie,  de  Campelîel,  de  Saint-Vérédème  (avec  M.  Mingaud), 
les  causses  de  Gampestre  et  de  Blandas.  11  a  découvert  un  petit 
cimetière  celtique,  près  l'oppidum  de  Marbacum.  Il  a  publié  des 
«  Recherches  archéologiques  dans  les  régions  de  la  Cèze  et  du 
Bouquet  (1902-1903)  »  {Bulletin  de  la  Société  d'études  des  sciences 
naturelles  de  Nimes,  1904).  En  1905,  il  a  étudié  l'enceinte  celtique 
d'Estauzen,  le  village  celtique  du  mas  de  Cambis,  la  station  néoli- 
thique des  Chariots,  le  refuge  du  Roc  de  l'Aiguille,  la  grotte  de 
Veison,  la  grotte  des  Demoiselles,  la  grotte  de  la  Salpêtrière,  la 
station  du  nuis  de  Laval  {Bulletin  cité,  1905).  En  190G,  il  a  décou- 
vert un  menhir  aux  environs  de  Nimes  et  publié  des  «  Recherches 
archéologiques  sur  le  Larzac  »  (Bulletin  cité,  1900). 

En  1904,  M.  Ulysse  Dumas  a  exploré  la  p^rotte  du  Figuier  {Bul- 


574  ANNALES   DU   MIDI. 

letin  cité,  1904).  En  1905,  il  a  publié  un  travail  sur  les  «  Tumulus 
d'Aigaliers,  Baron  et  Belvézet,  de  l'époque  Mallstatienne  »  {Bulle- 
tin cité,  1905).  En  1906,  il  a  publié  une  importante  étude  sur  «  Les 
différents  vestig'es  qui  accompagnent  les  dolmens  »  {Bulletin  cité, 
1906).  Les  comptfs  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Inscrip- 
tions contiennent,  dans  le  Bulletin  de  juillet  1907,  p.  425,  une 
communication  sur  «  Les  constructions  autour  des  dolmens  »,  par 
MM.  le  Dr  Capitan  et  Ulysse  Dumas. 

En  1905,  M.  Galien  Mingaud  a  exploré  la  grotte  du  Taï,  et  pu- 
blié un  travail  sur  des  «  épingles  en  bronze  trouvées  à  Vers  » 
{Bxilletin  de  la  Société,  etc.,  1905).  En  1906,  il  a  publié  un  travail 
sur  «  la  pierre  sculptée,  à  figure  luimaine,  de  Bragassargues  »  {Bul- 
letin cité,  1906). 

En  1905,  le  lieutenant  Gimon  a  publié  une  «  Etude  sur  la  préhis- 
toire dans  quelques  vallées  des  basses  Cévennes  »  {Bulletin  cité, 
1905).  En  1906,  il  a  exploré  le  dolmen  des  Rascassols,  les  sépultures 
néolithiques  du  pic  de  Roquedalais,  les  stations  de  la  région  de 
Saint-Hippolyte-du-Fort,  la  grotte  de  la  Salpêtrière,  les  menhirs 
de  Ginestous,  et  découvert  des  ruines,  peut-être  visigothiques,  à 
La  Cadière  {Bulletin  cité,  1906). 

En  1906,  M.  Gabriel  Carrière,  s'occupant  des  crânes  trouvés  dans 
les  grottes  et  les  dolmens  cévenols,  établit  qu'ils  sont  en  grande 
majorité  dolichocéphales.  Les  découvertes  faites  depuis  les  siennes 
ont  confirmé  la  rareté  des  brachycéphales  cévenols  de  l'époque 
néolithique  (Bulletin  cité,  1906j. 

Antiquité  classique.  —  Les  vestiges  de  cette  époque  abondent  à 
Nimes  et  constituent  presque  entièrement  les  collections  de  ses 
musées  archéologiques.  Pendant  quelques  années,  le  musée  épigra- 
phique  est  resté  sans  conservateur,  ce  qui  a  suffi  pour  arrêter  l'ac- 
croissement des  collections.  Aujourd'hui,  M.  Félix  Mazauric  a  été 
mis  à  la  tête  de  ce  musée  et  de  l'ensemble  des  musées  archéolo- 
giques. Sa  science  et  son  dévouement  ont  provoqué  d'heureux 
enrichissements,  et  il  prépare  les  catalogues  qui  uianquaient.  Il  se 
propose  de  sauver  ce  qui  subsiste  de  l'enceinte  romaine  de  Nimes 
en  demandant  le  classement  de  ces  antiques  murailles  comme  mo- 
numents historiques. 

Moyen  âge  et  ancien  régime.  —  On  pense  à  isoler  la  cathédrale 
romane  de  Nimes  à  l'angle  sud-ouest,  où  une  partie  de  la  façade 
est  masquée  par  la  porte  donnant  accès  dans  la  cour  de  l'ancien 


CHRONIQUE.  575 

évêché.  Une  rue  nouvelle  séparera  les  deux  édifices,  qui  se  tenaient 
par  la  porte  en  question  et  par  l'ancien  secrétariat. 

Les  archives  départementales  sont  l'asile  naturel  des  documents 
du  moj'en  âge  et  de  l'ancien  régime.  Celles  du  Gard  ont  vu  leur 
local  partiellement  envahi  par  les  bureaux  de  la  préfecture,  au 
momer)toù  elles  étaient  le  plus  gênées  par  le  manque  de  place. 
Cette  é})reuve  leur  crée  de  grandes  difficultés  pour  assurer  le  ser- 
vice, mais  a  fait  naitreun  courant  d'opinion  plus  décisif  en  faveur 
de  leur  dé[ilacempnt.  Il  est  probable  que  l'ancien  évêché  les  recevra 
dans  un  délai  rapproché.  La  question,  déjà  transmise  au  Conseil 
général,  sera  tranchée  par  lui  en  octobre  1908.  Le  palais  épiscopal 
contient  encore  une  riche  bibliothèque  qui  sera  vraisemblablement 
attribuée  aux  archives  du  Gard. 

L'existence,  dans  cette  collection,  d'incunables  et  de  noml)reux 
ouvrages  des  xvi^,  xvii"  et  xviiie  siècles,  lui  donne  le  caractère 
d'une  bibliothèque  formée,  en  grande  partie,  par  les  évoques  de 
Nimes  au  xviie  et  au  xviiie  siècles. 

En  1793,  le  palais  épiscopal  fut  vendu  à  Pierre  Chabanel,  sans 
qu'il  fût  question  de  meubles  dans  la  vente.  En  1807,  Chabanel  le 
revendit  au  département  qui  y  installa  la  préfecture.  Même  silence 
sur  les  meubles. 

Les  lois  de  1793  avaient  interdit  la  vente  des  objets  d'art  et  des 
livres  aj'ant  appartenu  à  tout  édifice  devenu  national. 

La  bibliothèque  de  la  ville  de  Nimes,  fondée  en  1794,  fut  consti- 
tuée par  les  collections  de  Séguier  et  les  livres  des  communautés 
religieuses  supprimées.  Quels  motifs  empêchèrent  la  bibliothèque 
de  l'Évêché,  non  vendue  par  mesure  spéciale  et  comme  un  tout 
distinct  de  l'immeuble,  d'aller  rejoindre  plus  tard,  à  la  bibliothè- 
que municipale,  les  livres  des  congrégations  supprimées?  C'est 
d'abord  l'existence  de  l'épiscopal  constitutionnel.  Dumonchel,  élu 
évêque  du  Gard  en  1791,  et  resté  en  fonctions  jusqu'en  1793,  on 
ne  pouvait  songer  h  le  priver  de  la  bibliothque  des  anciens  pré- 
lats. C'est  ensuite  la  vente  hi  gloho  du  palais  épiscopal  à  Chabanel. 
Quand  la  Nation  le  vendit,  le  6  février  1793,  elle  avait  de  plus 
graves  sujets  de  préoccupation  que  l'attribution  de  livres  oubliés, 
et  ces  derniers  suivirent  la  destinée  de  l'immeuble. 

En  ce  qui  concerne  la  bibliothèque  du  Grand  Séminaire  de 
Nimes,  elle  fut  constituée  en  1822,  lors  de  la  création  de  l'évêché 
non  concordataire  de  Nimes,  aux  dépens  de  la  bibliothèque  muni- 
cipale, et  y  fera  retour. 


576  ANNALES   DU   MIDI. 

Révolution.  —  Le  Comité  d'études  révolutionnaires  du  Gard 
a  terminé  depuis  longtemps  son  enquête  sur  les  cahiers  et  les 
procès-verbaux  de  nomination  des  députés,  pouvant  subsister 
dans  les  archives  communales.  Le  résultat  est  des  plus  maigres. 
Il  témoigne  de  l'incurie  qui  a  longtemps  régné  dans  ces  dépôts, 
et  que  l'inspection  par  les  ni'chivisles  départementaux  a  tant  de 
peine  à  modifier.  Le  premier  volume  des  Cahiers  de  la  séné- 
chaussée de  Nimes  en  1789  a  paru  en  mars  '1908.  Le  second 
volume  est  sous  presse.  Cette  publication  a  été  rendue  possible 
par  le  riche  trésor  de  cahiers  originaux  conservé  aux  archives 
du  Gard. 

Période  contemporaine.  —  Le  nouveau  musée  de  peinture 
et  de  sculpture  de  Nimes,  dont  les  plans  sont  dus  à  M.  Raphel, 
a  été  ouvert  au  pul)lic  an  début  de  1908.  C'est  un  élégant  palais, 
à  l'intérieur  attrayant.  On  lui  reproche  d'être  trop  petit.  Heureux 
défaut,  qui  a  forcé  de  rouler  les  croûtes  les  plus  notoires  et  de  les 
soustraire  pour  toujours  à  l'admiration  de  la  foule.  A  côté  d'œu- 
vres  ])elles  ou  intéressantes,  il  s'en  trouve  encore  de  médiocres, 
•liais  il  n'y  en  a  plus  de  scandaleuses.  Ed.  Bondurand. 


Chronique  de  Gascogne. 

Après  la  Provence,  la  Gascogne  aura-t-elle  bientôt,  elle  aussi, 
comme  institution  permanente,  le  Congrès  de  ses  Sociétés  savantes? 
C'est  sons  celte  forme,  semble-t-il,  que  s'apprête  à- prendre  corps 
l'idée,  naguère  lancée  dans  la  presse,  d'une  fédération  de  nos 
Sociétés  régionales  vouées  aux  études  historiques  ou  archéo- 
logiques. Toujours  est-il  qu'un  premier  essai  vient  d'être  tenté  à 
Bordeaux,  au  mois  d'octobre  dernier,  sous  l'initiative  de  la  Société 
des  archives  historiques  de  la  Gironde  et  de  la  Société  archéolo- 
gique de  cette  ville.  Un  bon  nombre  de  nos  Sociétés  savantes  ont 
été  représentées  à  ce  Congrès,  et  ce  nombre  aurait  même  été  plus 
considérable  s'il  avait  été  fait  une  publicité  plus  étendue  et  moins 
tardive  autonr  de  ce  Congrès.  On  a  entendu  là  des  mémoires 
remarquables  et  des  conférences  du  plus  vif  intérêt;  il  est  fâcheux 
seulement  que  le  comité  préparatoire  n'ait  pas  montré  plus  de  sévé- 
i"ité  dans  l'admission  îles  travaux.  Il  est  vraiment  affligeant  de 
rencontrer    h'i,    à    côté    des   communications   de    M.'  Jullian,  de 


CHRONIQUE.  577 

M.  ("artailhac,  de  M.  P.  Courteault,   de  M.   Brutails,  des  lectures 
sur  l'origine  grecque  de  quelques  mois  gascons. 

On  avait  pu  se  demander  si  la  coïnci<lence  de  l'Exposition  mari- 
time et  si  le  concours  de  l'Université  de  Bordeaux  n'avaient  pas 
assuré,  plus  que  tout  le  reste,  le  succès  du  Congrès  d'histoire  et 
d'archéologie  du  Sud-Ouest  ;  si,  enfin,  laissées  à  leurs  seules  forces, 
nos  Sociétés  locnles  seront  capables  de  faire  vivre  cette  fédération 
scientifique;  le  Congrès  qui  s'est  tenu  à  Pau  dans  les  premiers 
jours  de  septembre  (exactement  du  6  au  10),  vient  de  fournir  une 
réponse  de  très  l)on  augure. 

Avant  d'en  venir  aux  diverses  régions  entre  lesquelles  se  répartit 
notre  activité  scientifique,  nous  devons  signaler  ici  trois  ouvrages 
récemment  parus  que  leur  importance  et  leur  valeur  mettent  tout 
à  fait  hors  de  pair.  Les  Annales  du  Midi  ont  déjà  signalé  ou  signa- 
leront, sans  aucun  doute,  les  Fors  de  Bèarn  de  M.-  Rogé,  le  Mon- 
luc  historien  de  M.  P.  Courteault,  la  Maison  d'Armagnac  au 
xve  siècle  de  M.  Ch.Samaran;  aux  mérites  qui  ont  été  ou  qui 
seront  relevés  chez  eux,  et  qui  ont  valu  à  ces  deux  derniers  deux 
prix  de  l'Institut,  ils  joignent  pour  nous  cet  intérêt  tout  local 
de  renouveler  les  questions  qu'ils  ont  touchées  et  d'apporter,  sur 
quelques  points  peu  connus  de  notre  passé  juridique  ou  histori- 
que et  sur  les  tendances  et  les  procédés  de  notre  grand  mémo- 
rialiste, une  lumière  qui  send^le  définitive. 

A  la  Société  Jnstorique  de  Gascogne,  la  seule  de  nos  associations 
scientifiques  dont  les  recherches  et  les  études  intéressent  toute  la 
province,  la  Revue  de  Gascogne  va  atteindre  avec  son  demi-siècle 
d'existence,  son  cinquantième  volume  annuel;  la  seconde  publica- 
tion périodique  de  cette  Société,  les  Archives  historiques  de  la 
Gascogne,  vient  de  nous  livrer  récemment  son  trente-septième 
volume  avec  le  Livre  rouge  du  chapitre  métropolitain  de  Sainte- 
Marie  d'Auch,  par  M.  Dutfour.  Depr.is  notre  dernière  chronique, 
ont  également  vu  le  jour,  le  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Gimont, 
par  M.  Clergeac,  et  le  Livre  des  syndics  des  Etats  de  Béarn,  par 
M.  H.  Courteault.  Il  ne  m'appartient  pas  d'apprécier  ici  ces  publi- 
cations de  textes  régulièrement  présentées  aux  lecteurs  des  Annales, 
mais  il  me  sera  bien  permis  de  rappeler  ce  qu'écrivait,  dans  le  der- 
nier compte  rendu  qu'elles  leur  consacraient,  un  juge  plus  compé- 
tent et  plus  impartial  que  je  ne  saurais  l'être  :  .<  La  Société  des 
Archives  historiques  de  Gascogne  continue  à  mériter  les  éloges  et 
les  encouragements  qui  l'ont  accueillie  à  ses  débuts  ». 


578  ANNALES    DU    MIDI 

Ajouterai-je  qu'après  avoir  fourni  quarante  volumes  de  docu- 
ments à  des  travailleurs  qui,  après  tout,  restent  toujours  clairsemés 
en  notre  région,  cette  Société  aurait  peut-être  le  droit  de  chercher 
à  étendre  sa  clientèle  et  le  devoir  de  s'adresser  à  un  public  moins 
restreint.  Elle  n'aurait  pour  cela  qu'à  s'inspirer  des  desiderata 
dont  M.  Barrau-Dihigo  se  faisait  l'écho  naguère  dans  son  étude 
sur  la  Gascogne,  qu'elle  ne  se  borne  pas  «  à  publier  les  textes  rela- 
tifs à  l'histoire  de  la  Gascogne,  mais  encore  les  ouvrages  propre- 
ment dits  ».  Si  les  statuts  s'y  opposent,  qu'on  les  modifie.  Il  vaut 
intiniuient  mieux  favoriser  la  jinblication  d'ouvrages  intéressant 
toute  la  province  que  d'éditer  des  textes  d'intérêt  purement  vicinal, 
et  c'est  à  cette  nécessité  que  va  bientôt  être  réduite  —  on  peut  le 
prédire  sans  être  prophète  —  la  Société  historique  une  fois  qu'elle 
aura  achevé  les  cartulaires  subsistants  de  nos  grandes  abbayes. 
Il  y  a  tels  travaux  généraux  qui  ne  peuvent  être  entrepris  et  menés 
à  bonne  fin  que  sous  l'hégémonie  d'une  Société  et  avec  le  concours 
non  seulement  sympathique,  mais  etïectif  de  toutes  les  autres. 
Pourquoi  des  ouvrages  de  ce  genre,  par  exemple  une  i^/fe/to^rap/iie 
de  la  Gascogne  ou  un  Glossaire  général  de  nos  vocables  gascotis, 
au  besoin  même  le  Glanage  de  Larcher,  en  sa  partie  inédite,  ne 
trouveraient-ils  pas  place  dans  les  publications  de  la  Société  histo- 
rique de  Gascogne?  Pourquoi  n'adopterait-elle  pas  môme  l'entre- 
prise d'une  Vasconia  chrisliana,  la  réfection  de  la  Galiia  chris- 
tiana  pour  la  province  d'Auch?  Un  de  ses  membres  a  pu,  dans  un 
séjour  de  (|uatre  ans  à  Rome,  relever,  aux  archives  du  Vatican, 
tous  les  documents  qui,  jusque  vers  la  fin  du  xve  siècle,  intéressent 
notre  histoire  gasconne;  le  temps  ne  serait-il  pas  venu  de  les  met- 
tre en  œuvi'e  sous  ses  auspices?  Quel  lien  i)lus  propre  à  cimenter 
la  fédération  qui  est  en  train  de  se  fonder  entre  les  diverses  Socié- 
tés gasconnes  que  l'appui  réel  et  positif  dont  elles  feraient  toutes 
bénéficier  cette  œuvre  collective,  appelée  à  intéresser  chacune  des 
régions  où  se  meut  leur  activité  particulière  ! 

Après  la  Société  hislurique  de  Gascogne ,  VEscole  Gaston 
Fébus  est  celle  dont  l'action  rayonne  sur  une  plus  large  étendue, 
puisque,  en  dehors  du  (îomminges  et  du  Gouserans,  elle  s'inté- 
resse à  tous  les  anciens  usages  et  à  tous  les  vieux  parlers  de  notre 
terroir  provincial.  Toujours  félibréenne  et  populaire,  étrangère 
à  toute  ambition  scientifique,  elle  ne  cesse  de  joindre  à  la  publi- 
cation de  son  Bulletin  des  concours  et  des  congrès  annuels  qui, 
jusque  sur  les  bancs  de  nos  écoles  primaires,  stimulent,  encoura- 


CHRONIQUE.  579 

gent  ou  récompensent  les  productions  de  nos  conteurs  ou  versifi- 
cateurs patoisants.  Parmi  ces  congrès,  dont  le  dernier  vient  de  se 
tenir   à   Condom,   celui  de  1907  a  revêtu  un  éclat  exceptionnel. 
Un  généreux  Mécène,  M.  Bibal,  maire  de  Masseube,  après  avoir 
racheté  à  la  famille  Duruy  les  ruines  du  château   de   Mauvezin 
(Hautes-Pyrénées),  qui  appartint  à  Gaston  Phébus,  en  a  fait  don 
à  la  Société  qui  s'est  placée  sous  le  patronage  de  son  nom.  M.  Bibal 
a  fait  remise  solennelle  à  VEscole  Gaston  Féhus  de  ce  château 
qui  sera  désormais  son  musée  et  son  dépôt  d'archives.  Mais  déjà 
l'intelligent  et  libéral  donateur  avait  commencé  la  restauration  du 
château,  et  il  s'est  réservé  le  droit  de  la  continuer.  On  ne  peut  que 
le  féliciter  de  cette  résolution,  tout  en  souhaitant,  dans  la  suite 
des  restaurations,  qu'il  se  préoccupe  plus  que  par  le  passé  de  fidé- 
lité historique.  Certaines  reproductions  plastiques  déjà  installées 
et  certains  souvenirs  évoqués  au  jour  de  la  prise  de  possession 
accusent  chez  lui  une  visible  tendance  à  confondre  l'histoire  du 
moyen  âge  avec  les  légendes  de  MM.  de  Tressan  et  de  Marchangy. 
Dans  le  Gers,   la  Société  archéologique  d'Auch  nous  arrêtera 
peu  ;   son  activité  se   manifeste  surtout  par  la  publication  d'un 
Bulletin,   dont  le  dépouillement  se  fait   ici  en  toute  régularité. 
Espérons  «lu'elle  ne  laissera  pas  passer  sa  dixième  année  d'exis- 
tence sans  nous  donner  la  table  décennale  de  ses  travaux,  d'au- 
tant que  la  disposition  inorganique  de  ses  tables  annuelles  en 
rend  le  maniement  fort  long.  On  attend  aussi  avec  quelque  impa- 
tience son  «  Glossaire  des  patois  du  Gers  »,  dont  elle  a  soigneu- 
sement amassé  les  matériaux  dans  ses  concours  annuels  aujour- 
d'hui arrivés  à  leur  terme    Nul  doute  qu'un  travail  de  ce  genre, 
publié  selon  les  méthodes  et  avec  les  procédés  vulgarisés  par  la 
philologie  moderne,  ne  soit  appelé  à  rendre  de  grands  services 
aux  travailleurs.  Il  restera  ensuite  aux  Sociétés  des  autres  dépar- 
tements à  suivre  celte  initiative,  et  V Atlas  de  M.  Gilliéron  recevra 
de  ce  chef  un  complément  et  des  correctifs  précieux. 

On  signale  la  découverte  récente  de  tout  un  lot  de  monnaies 
romaines  à  Manciet  iGers),  non  loin  de  l'antique  voie  d'Eauzo  à 
Aire.  Il  y  a  là  47  deniers  d'argent  dont  19  sont  à  l'effigie  de 
Gordien  le  Pieux;  les  autres  se  partagent  entre  Caracalla,  Phi- 
lippe père,  Philippe  fils,  Dèce,  Valérien  et  Volusien,  toutes  dans 
un  excellent  état  de  conservation. 

Les  Commissions  officielles  créées  pour  lu  publication  de  docu- 
ments relatifs  à  la  Révolution  n'ont  pas  encore  fait  connaître  les 


580  ANNALES   DU   MIDI. 

résultats  de  leurs  travaux.  Mais  une  initiative  privée  a  déjà  mis 
au  jour,  dans  les  Landes,  une  publication  documentaire  du  plus 
haut  intérêt.  M.  de  Chaulon  a  exhumé  de  ses  archives  de  famille 
et  puldié  d'abord  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  Borda,  puis 
en  tirage  à  part,  les  cahiers  de  doléances  de  soixante  et  une  com- 
munautés landaises  en  1789.  C'est  trois  fois  plus  qu'il  n'en  a  été 
mis  au  jour  pour  tous  nos  départements  du  Sud-Ouest,  de  Tou- 
louse à  Bordeaux.  Dans  le  même  Bulletin  ont  paru  aussi  les 
Coynptes  d'un  évéqne  de  Dax  du  xive  siècle,  que  nous  signalons 
ici  parce  que  ce  sont  les  seuls  documents  de  ce  genre  que  nous 
aj'ons  pour  l'histoire  économique  de  cette  région  à  cette  époque. 
Là  encore  ont  été  puldiés  quelques  documents  récemment  décou- 
verts par  M.  Foix  et  qui  résolvent  d'une  façon  péremptoire,  en 
faveur  de  Préchacq  (Landes),  le  problème  des  origines  de  La  Hire, 
le  vaillant  capitaine  de  Charles  VIL  Comme  ouvrages  de  travail- 
leurs isolés,  signalons  aussi  —  car  ils  risquent  fort,  sans  cela,  de 
ne  point  parvenir  à  la  connaissance  des  lecteurs  des  Annales  — 
une  Grammaire  gasconne  (1905) ,  qui  a  valu  à  son  auteur, 
M.  l'abbé  Daugé,  un  prix  de  VAcadé^nie  de  Bordeaux,  et  du 
même  auteur  la  monographie  d'un  village,  Habas  et  son  histoire 
(1906);  de  M.  de  Laborde-Lassalle,  En  Chalosse  (1907),  histoire 
peu  critique  d'une  contrée  dont  le  village  de  l'auteur  est  le  centre. 
Donnons  au  moins  une  mention  à  une  brochure  sur  le  Berceau 
de  saint  Vincent  de  Paul,  où  un  auteur  anonj'me,  à  l'aide  de 
documents  trouvés  à  Rome,  rectifie  une  erreur  archéologique 
accréditée  depuis  près  d'un  siècle  :  la  maison  qui  s'élève  encore 
sur  le  lieu  de  la  naissance  de  saint  Vincent  de  Paul  n'est  nul- 
lement celje  où  il  a  vu  le  jour;  celle-là  avait  disparu  dès  avant 
1700. 

Un  heureux  hasard  a  fait  découvrir,  au  mois  de  février  dernier, 
dans  un  champ  d'Angresse,  19  haches  appartenant  à  l'âge  de 
bronze,  toutes  fort  bien  conservées.  A  notre  connaissance,  c'est  la 
plus  importante  trouvaille  préhistorique  qui  ait  été  faite  sur  le 
littoral  landais. 

Dans  les  Hautes-Pyrénées,  on  signale  également  la  découverte, 
à  Ayzac,  de  quelques  tombeaux  anciens  dans  l'un  desquels  se 
trouvaient  ijuatre  squelettes.  Non  loin  de  là,  il  a  été  aussi  décou- 
vert une  insci'iption  votive  dont  le  princii^al  intérêt  est  de  nous 
révéler  le  nom  d'un  dieu  pyrénéen  inédit.  Elle  sera,  crxjyons-nous, 
publiée  sous  peu,  dans  la  Revue  de  Gascogne,  par  son  auteur  qui 


CHRONIQUE.  581 

prépare  un  travail  d'ensemble  sur  la  langue  des  Inscriptions  de 
la  Novempopiilanie.  Aux  Bulletins  de  la  Sociélé  Académique 
et  de  la  Sociélé  Ramond,  dont  la  pHriodicité  devient  de  inoins  en 
moins  constante,  est  venue  s'ajouter  la  Revue  des  Hautes-Pyré- 
nées, fondée  par  feu  M.  Lanore  et  passée  après  lui  sous  la  direc- 
tion de  ses  successeurs  à  la  tète  des  Archives  départementales  des 
Hautes-Pyrénées.  Elle  fait  une  large  place  aux  documents  d'ar- 
chives et  aux  faits  divers  contemporains,  sans  oublier  les  ancien- 
nes familles  de  Bigorre  entre  lesquelles  une  place  de  choix  est 
faite  à  la  maison  de  Gardaillac.  Elle  a,  d'ailleurs,  été  ici  (XIX,  563) 
l'objet  d'un  dépouillement  détaillé  qui  me  dispense  d'en  dire  plus 
long.  A.  Degert. 


LIVRES  ANNONCÉS  SOMMAIREMENT 


Anrmaire  des  Bibliothèques  et  des  Archives.  Pains,  Leroux, 
1908;  in-i2  de  virt-35'^  pages.  —  La  mort  <lo  M.  Robert  avait  in- 
terrompu la  publication  annuelle  de  V Annuaire  des  Bibliothè- 
ques et  des  Archives,  dont  le  dernier  volume  paru  remontait  à 
1903.  On  en  était  réduit  aux  indications  fournies,  pour  la  France, 
par  la  Minerva  allemande.  Grâce  à  M.  A.  Vidier,  la  publication 
de  V Annuaire  est  reprise  à  peu  près  sur  le  même  modèle  que  par 
le  passé.  Il  faut  cependant  signaler  une  innovation  :  archives  et 
bibliothèques  ne  forment  plus  deux  séries  distinctes,  mais  une  sé- 
rie unique,  classée  par  ordre  alphabétique  des  localités  dans  les- 
quelles sont  conservés  les  divers  dépôts.  C'est  ainsi  qu'à  l'article 
Toulouse,  par  exemple,  on  trouvera  les  indications  relatives  à  la 
Bibliothèque  municipale,  à  la  Bibliothèque  universitaire,  à  la 
Bibliothèque  de  l'Ecole  vétérinaire,  aux  Archives  départementa- 
les, aux  Archives  communales,  aux  Archives  du  Tribunal  de  com- 
merce (M.  Vidier  n'a  cité  que  dans  une  note  les  Archives  hospitaliè- 
res, à  la  tète  desquelles  se  trouve  placé,  si  je  ne  me  trompe,  l'nrchi- 
viste  municipal,  M.  F.  Galabert).  Cetle  simple  énumération  suffit 
à  faire  voir  que  le  nombre  des  établissements  mentionnés  est  plus 
grand  que  dans  VAn7iuaire  Robert.  Les  indications  relatives  aux 
inventaires  et  au  budget  de  chacun  d'eux  sont  également  plus 
abondantes.  Une  table  alphabétique  des  noms  des  fonctionnaires 
termine  le  volume.  R.  Poupardin. 


L'Arbre  et  l'Eau.  Limoges,  Ducourtieux  [1908].  Grand  in-8o  de 
384  pages  en  trois  fascicules.  —  Le  premier  Congrès  de  l'Arbre  et 


LIVRES  ANNONCÉS   SOMMAIREMENT.  583 

de  FEau,  tenu  à  Limoges  en  juin  1907,  a  donné  lieu  à  un  grand 
nombre  de  communications  qui  viennent  d'être  réunies  }»our  la 
plupart  en  un  volume.  Sans  aucunes  prétentions  scientifiques,  ces 
communications  sont  cependant  sérieusement  rédigées.  Nous  relè- 
verons seulement  celles  qui  sont  d'ordre  historique  :  (p.  137),  /.-/. 
Juge  de  Sainl-Marùin,  par  Joseph  (et  non  Jacques)  Boulaud;  — 
(p.  147)  Notes  historiques  sur  les  pépinières  établies  à  Limoges 
en  1816,  par  Juge  de  Saint-Martin;  —  (p.  152)  Les  ancienyies  fo- 
rêts du  Limousin,  par  P.  Ducourtieux;  —  (p.  181),  Le  bureau  de 
la  maîtrise  des  eaux  et  forêts  de  Brive,  1756-89,  par  J.  Plan- 
tadis;  —  (p.  281),  Historique  des  canauœ  et  canalisations piroje- 
tés  en  Limousin  de  1536  à  1900,  par  A.  Leroux;  —  (p.  361),  Le 
rôle  de  l'arbre  et  de  l'eau  à  Limoges,  depuis  cent  ans,  par 
C.  Jouhanneaud;  — (p.  374),  Les  maîtres  du  paysage  limousin, 
par  J.  Plantadis.  —  Le  volume  est  agrémenté  de  dix-huit  gravures 
ou  cartes,  donc  quelques-unes  eussent  dû  être  mises  au  point. 

A.  Leroux. 

Ghavagnag  (comte  X.  de)  et  Grollier  (marquis  de).  Histoire  des 
manufactures  françaises  de  porcelaine.  Précédée  d'une  lettre  de 
M.  le  marquis  de  Vogué,  de  l'Académie  française.  Paris.  A.  Picard 
et  G'e,  1906,  gr.  in-8o  de  xxviii-966  pages.  —  Belle  publication  qui, 
sous  forme  de  monographies,  témoigne  d'un  louable  effort  pour 
mettre  eu  valeur  historique  les  nombreuses  manufactures  de  por- 
celaine de  France,  des  xvii-xviiie  siècles.  Paris  se  présente  avec 
cent  vingts  manufactures,  Limoges  avec  trente-huit.  Sèvres  est 
traité  d'une  manière  privilégiée.  Le  Midi  est  représenté  par  les 
manufactures  de  Bordeaux  (deux),  de  Lamarque,  près  Agen;,de 
Pontenx  (Landes);  de  Saou  (Drôme),  de  Toulouse  et  Valentine 
(Haute-Garonne).  Il  y  a  des  tableaux  généalogiques,  des  fac-simi- 
lés, des  gravures,  une  profusion  de  marques  de  fabriques,  tout 
l'accessoire  ordinaire  d'un  ouvrage  de  ce  genre;  par  contre  aucune 
figuration  de  pièces  de  porcelaine.  Quant  aux  sources  d'informa- 
tion, elles  ne  sont  pas  toujours  nettement  indiquées.  Les  auteurs 
semblent  avoir  pris  leur  bien  un  peu  partout,  dans  les  ouvrages 
de  seconde  main,  non  toutefois  sans  puiser  fréquemment  dans  les 
cartons  de  la  manufacture  de  Sèvres  et  des  Archives  nationales. 
En  ce  qui  concerne  les  manufactures  du  Limousin  et  de  la  Marche, 
ils  déclarent  (p.  638  et  ailleurs)  devoir  beaucoup  aux  obligeantes 
communications  de  feu  Camille   Leymarie,  sans  se  douter    que 


584  ANNALES    DU    MIDI. 

celui-ci  n'avait,  eu  d'au ti-e  peine  que  de  puiser  à  pleines  mains  dans 
les  documents  publiés  par  moi  dans  le  Bull.  Soc.  arch.  du  Lii720îi- 
sin  (LIV,  p.  105  à  206)  et,  dans  mon  Histoire  de  la  porcelaine  de 
Limoges  (1904),  publication  dont  il  n'est  pas  fait  mention. 

A.  Leroux. 

Corpus  inscriplionum  Inlinarum,  XIII,  3.  Berlin,  Reimer, 
1907,  in-f»,  pp.  31*-38*  et  505-713.  —  Ce  volume  renferme  les  mi- 
liaires  de  la  Gaule  et  de  la  Germanie,  publiés  par  Mommsen,  Hir- 
schfeld  et  Domaszew^ski,  avec  une  étude  sur  les  inscriptions  des 
bornes.  Les  douze  routes  qui  intéressent  le  Midi  (abstraction  faite 
de  la  Narbonnaise)  sont  :  Lyon  à  Bordeaux  par  Agen,  Saint-Pau- 
lien  à  Glermont,  Agen  à  Aquae  Tarbellicae  par  Saint-Bertrand-de- 
Gomminges,  Benearnum  au  passage  des  Pyrénées,  Agen  à  Saintes, 
Bordeaux  à  Saintes,  Lyon  à  Saintes  par  Glermont,  Forum  Segu- 
siavorum  à  Glermont,  Glermont  à  Bourges,  Bordeaux  à  Argenton, 
Saintes  à  Bourges,  Poitiers  a  Tours.  M.  Héron  de  Villefosse  avait 
mis  à  la  disposition  des  auteurs  la  carte  qu'il  avait  faite  des  routes 
de  la  Gaule  en  1878  pour  la  Commission  topographique  des  Gaules. 
Il  est  bien  regrettable  que  cette  carte  n'ait  pas  encore  été  publiée. 

Gh.  Lécrivain. 

DuPRAT  (E.).  Essai  sur  l'histoire  politique  d'Avignon  pendant 
le  haut  moyen  âge  (406-879).  Avignon,  Seguin,  1908;  in-8o  de 
32  pages  (Extrait  des  Mé'inoires  de  V Académie  de  Vaucluse.  —  Bon 
travail  fait  d'api'ès  les  sources  et  témoignant  de  recherches  éten- 
dues. L'auteur  aurait  peut-être  même  dû  systématiquement  négli- 
ger certains  textes  comme  les  Annales  Meltenses  et  Hermann  de 
Reichenau,  dont  la  critique  est  faite,  et  qu'on  sait  dériver,  pour 
la  partie  ancienne,  de  sources  connues  par  ailleurs,  ainsi,  du  reste, 
que  M.  D.  le  fait  remarquer  le  plus  souvent  à  propos  des  passages 
qu'il  cite.  Il  a  su  éviter  un  défaut  trop  commun  aux  auteurs  de 
monographies  de  ce  genre,  qui  est  de  refaire  l'histoire  générale  du 
pays  à  propos  de  l'histoire  d'une  cité,  et  au  contraire  insister  sur  les 
événements,  malheureusement  peu  nombreux,  qui  intéressent  plus 
particulièrement  l'histoire  de  la  ville,  comme  l'épisode  de  Mummole 
et  de  Gundovald,  ou  le  récit  des  invasions  sarrasines  et  des  campa- 
gnes dirigées  contre  les  conquérants  par  Charles  Martel.  Je  signa- 
lerai aussi  (i)p.  9-11)  la  discussion  relative  à  la  prétendue  présence 


LIVRES    ANNONCES    SOMMAIREMENT.  5S5 

d'un  évêque  d'Avignon  au  concile  burgonde  d'Epaone  en  517.  Il 
est  H  .souhaiter  que  M.  D.  ne  tarde  pns  à  j)ul)lier  les  niénioires 
qu'il  annonce  sur  l'iiisloire  archéologique  et  topographique  et 
l'histoire  ecclésiastique  d'Avignon  durant  la  môme  période. 

R.   POUPARDIN. 

Leroux  (A.).  Les  sources  de  l'histoire  de  la  Haute-Vienne 
Xiendant  la  Révolution.  Limoges,  1908,  Ducourtieux,  in-8o,  170  p. 

—  Ce  répertoire  développe  et  complète,  pour  la  période  révolution- 
naire, les  Sources  de  l'histoire  du  Limousin  publiées  en  1805  par 
le  môme  auteur.  Une  première  partie  est  consacrée  à  l'analyse 
sommaire  des  pièces  d'archives.  M.  L.  y  passe  successivement  en 
revue  ;  les  arcliives  départementales,  dont  il  avait  déjà  publié  un 
état  sommaire,  dépourvu  des  cotes  qui  ont  été  données,  partie 
dans  l'Inventaire  de  M.  A.  Fray,  partie  dans  un  Répertoire  dressé 
par  M.  L.  et  qu'il  reproduit  in  extenso,  pour  la  commodité  des 
travailleurs  (pp.  9  à  27  de  l'ouvrage);  —  les  archives  commu- 
nales, notamment  celles  de  Limoges  (soixante-seize  communes  seu- 
lement de  la  Haute-Vienne  sur  plus  de  deux  cents  ont  conservé 
leurs  registres  de  délibérations  de  l'époque  révolutionnaire);  —  les 
archivés  hospitalières,  qui  paraissent  assez  riches,  sinon  complètes, 
au  contraire  des  archives  notariales  dont  la  plus  grande  partie 
semble  s'être  perdue  par  la  faute  des  notaires;  —  les  archives  des 
greffes,  à  peu  près  réduites  au  double  des  registres  de  l'état  civil  ; 

—  les  archives  domestiques,  indiquées  pour  mémoire;  —  les  cata- 
logues des  bibliothèques  publiques  de  la  Haute-Vienne;  —  les 
archives  et  bibliothèques  de  Paris  citées  gn  passant,  —  ainsi  que 
celles  de  la  province. 

Dans  une  seconde  partie,  distinguée  de  la  première  dans  la 
table  seulement  (pourquoi  pas  à  l'intérieur  du  volume?),  M.  L. 
décrit  les  recueils  de  documents  et,  en  premier  lieu,  les  impor- 
tantes publications  de  la  Société  des  Archives  historiques  du 
Limousin  (série  moderne)  et  quelques  recueils  généraux.  Il  dresse 
ensuite  le  catalogue  sommaire  des  documents  publiés  soit  pen- 
dant l'époque  révolutionnaire,  soit  postérieurement,  dans  la 
Haute-Vienne,  catalogue  méthodique  et  divisé  suivant  les  matiè- 
res par  paragraplies.  Il  énumère  enfin  les  chroniques,  livres  de 
comptes,  de  commerce  ou  de  famille  recueillis  dans  le  département 
et  se  rapportant  à  la  Révolution. 

Dans  un  Appendice  très  développé,  M.  L.  résume  d'abord  l'état 

ANNALES   DU    MIDI.    —    XX  38 


586  ANNALES    DU    MIDI. 

actuel  (les  travaux  élaborés  sur  les  (locument^;  qui  précèdent  et 
déjà  publiés,  collectivement  par  la  Société  des  archives  du  Limou- 
sin, le  Comité  départemental  de  l'histoire  de  la  Révolution  et  un 
groupe  d'officiers  d a  douzième  corps,  ou  bien  isolément  par  divers 
auteurs,  dont  les  travaux  sont  cités  et  parfois  brièvement  (un  peu 
trop  peut-être)  commentés.  Le  livre  se  termine  par  une  fort  inté- 
ressante analyse  de  l'histoire  du  département  entre  1789  et  1800, 
cadre  largement  tracé  que  les  travailleurs  actuels  et  futurs  auront 
à  remplir,  et  suffisant,  malgré  sa  brièveté  voulue,  pour  montrer 
tout  lintérêt  que  présenterait  un  pareil  sujet,  sinon  pour  l'his- 
toire générale,  sur  laquelle  le  Limousin  paraît  avoir  peu  influé, 
au  moins  pour  cette  histoire  économique  et  sociale  de  la  Révolu- 
tion, que  l'on  voudrait  faire  et  qui,  dans  les  limites  assez  précises 
d'un  département  moyen,  très  arriéré  même  après  le  passage  de 
Turgot  et  si  complètement  transformé  par  la  crise  de  1789,  serait 
fertile  en  comparaisons  frappantes  et  en  renseignements  des  plus 
instructifs.  Il  faut  savoir  gré  à  M.  L.  d'en  avoir  si  soigneuse- 
ment donné  la  véritable  Introduction  bibliographique. 

Albert  Meynier. 


Poux  (.J.)-  La  Cité  de  Carcassonne  à  la  fin  du  XV/e  siècle. 
Élude  archéologique  d\iprès  des  comptes  royaux  inédits.  Paris, 
Morin,  1907;  in-8o  de  48  pages.  —  M.  Poux  a  retrouvé  dans  les  ar- 
chives départementales  de  l'Aude  une  série  de  documents  relatifs 
à  la  Cité  entre  1563  et  1G09.  Ce  sont  les  cahiers  qui  contiennent  l'état 
des  recettes  et  dépenses  du  domaine  royal  dans  la  sénéchaussée. 
Ils  apportent  une  contribution  nouvelle  à  l'histoire  monumentale 
de  la  Cité.  Nous  voyons  qu'au  xvi^  siècle  le  pont  d'accès  au  châ- 
teau .était  'constitué  par  trois  éléments  :  pont  dormant  en  bois, 
pont  à  trébuchet,  pont-levis.  Le  château,  qui  comprenait  une  «  mai- 
son de  l'artillerie  »,  près  de  la  chapelle,  et  une  salle  des  archives 
de  la  sénéchaussée,  fut  l'objet  d'importantes  restaurations  en  1568; 
car,  pendant  cette  période  troublée,  sénéchal  et  capitaine  de  la  Cité 
vinrent  ètaljiir  leur  résidence  à  l'abri  de  ses  puissantes  murailles. 
Nous  a[)prenons  aussi  qu'à  cette  époque  toutes  les  tours  de  l'en- 
ceinte étaient  couvertes  de  tuiles  et  non  d'ardoises.  D'autre  part, 
M.  Poux  a  pu  rétablir  la  topographie  exacte  des  défenses  de  l'avant- 
porteNarbonnaise,  défigurées  par  les  restaurations  modernes.  Pour 
les  défenses  rie  la  porte  d'Aude,  on  construisit  le  mur  qui  coupe 


LIVRES    ANNONCES    SOMMAIREMENT.  587 

transversalement  les  deux  amorces  de  l'enceinte  extérieure  à  la 
hf^uteur  de  l'avant-porte  et  à  l'origine  des  Lices  hautes.  La  porte 
d  Aude  fut  elle-même  fermée;  on  ne  la  rouvrit  qu'après  1720  Des 
actes  nombreux  déterminent  le  logis  de  l'inquisiteur,  qui  s'élevait 
dans  le  voisinage  de  la  tour  de  Justice.  La  tour  du  Trésaut  ou  du 
Trésor  était  une  annexe  de  la  trésorerie.  L'auteur  a  joint  à  cette 
étude  un  très  intéressant  appendice  sur  le  régime  des  travaux  exé- 
cutes, les  salaires  et  les  prix  des  matériaux. 

H.  Graillot. 


PUBLICATIONS  NOUVELLES 


Maurienne  (La).  Notices  historiques  et  géographiques  par  les 
instituteurs  de  la  circonscription  de  Saint- Jean-de-Maurien ne, 
1er  vol.  Saint-Jean-de-Maurienne,  imp.  VuUiermet,  1904;  in-S»  de 
607  p. 

MispouLET  (J.-B.).  Le  régime  des  mines  à  l'époque  romaine  et 
au  moyen  ;\ge  d'après  les  tahles  d'Aljustrel.  Paris,  Larose  et 
Tenin,  1908;  in-S»  de  xi-125  p. 

MoNOD  (G.).  Les  débuts  d'Alphonse  Peyrat  dans  la  critique 
historique.  Nogent-le-Rotrou,  imp.  Daupeley-Gouverneur,  1907; 
in-8o  de  53  p. 

MouRRAL  (D.).  Glossaire  des  noms  topo^raphiques  les  plus  usi- 
tés dans  le  sud-est  de  la  France  et  les  Alpes  occidentales.  Greno- 
ble, Brevet  [1907];  in-8o  de  124  p. 

Municipalité  (La)  de  Saint-Saturnin  de  Séchaud  pendant  la 
période  révolutionnaire  (31  janvier  1790-30  prairial  an  VIII).  La 
Rochelle,  imp.  Texier,  1908;  in-8o  de  86  p. 

Quentin  (H.).  Les  martyrologes  historiques  du  moyen  âge. 
Etude  sur  la  formation  du  martyrologe  romain.  Paris,  Gabalda, 
1908  ;  in-8'»  de  xiv-747  p. 

Reinach  -(S.).  Répertoire  de  peintures  du  moyen  âge  et  de  la 
Renaissance  (1280-1580).  T.  IL  Paris,  Leroux,  1907;  pet.  in-S"  carré 
de  III-818  p.  avec  1200  gravures. 

Reinach  (S.).  La  Vénus  d'Agen.  Paris,  Leroux,  1907  ;  in-8o  de 
17  p. 

Rewiond  (M.).  Grenoble  et  Vienne.  Paris,  Laurens,  1907;  petit 
iu-4o  de  160  p.  avec  118  gravures.  [Les  villes  d'art  célèbres]. 


Le  Gérant, 
P  -F.D    PRIVAT. 


TABLE  DES   MATIÈRES 


ARTICLES  DE  FOND. 

Graillot  (H.).  La  villa  romaine  de  Martres-Tolosane,  villa 

A  coniana 5 

Babut  (E.-Cli.).  Paulitt  de  Noie,  Sulpice-Sévère,  saint  Mar- 
tin        18 

Thomas  (Ant.).  Gartulaire  du  prieuré  de  Notre-Dame-du-Pout 

en  Haute-Auvergne IGl 

Galabert  (Firmin).  Un  siècle  d'administration  communale  à 

Aucamville  (L34()-1446) 313 

Fabre  (G.)  Le  moine  de  Montaudon 351 

Babut  (E.-Gh.).  Prémillac 457 

Thomas  (L.-J.).  La  population  du    Bas-Languedoc  à  la   lin 

du  xiiie  siècle  et  au  commencement  du  xiv 409 


MÉLANGES  ET  DOCUMENTS. 

Les  cl)a|>itres  de  paix  et  le  statut  maritime  de  Marseille  {suite 

el  fin)   (Gonstans) 45,  204,  3(;2 

Note  sur  l'élevage  et   le    commerce    des  porcs   au    xve  siècle 

(Thomas) 61 

Note  rectificative  sur  la  date  d'une  lettre  de  Ghnrles  VII  (Cal- 

mette) 65 

La  sédition  de  Montpellier  en  1645  (Goquelle) 66 

Une  conjecture   sur    un   troubadour  itnlien.   Obs   de   Biguli 

(Rertoni) 223 

Œuvres  inédites  de  François  Miiynard  (Clavelier).     225,  392  et  500 

Prov.  mec  (Bertoni) 401 

Documents  nouveaux  sur  Bertrand  de  Grifeuille  (Thomas  et 

et  Champeval 488 

Le  mobilier  d'un  bourgeois  de  Périguenx  en  142S  (Thomas).     493 
Une  corr(!s|>ondance  inédite  de  Thoma-sin  Mazangues  (Pélis- 

sier) 408 

Un  concours  jirolVssoral  m  la    Facullr  de  médecine  île  Mont- 
pellier au  xvi''  siècle  (Galmette) 512 


590  ANNALES   DU   MIDI. 


COMPTES  RENDUS  CRITIQUES. 

Armaingaud  (Dr  A.).  Montaigne  et  la  Boétie  (Delarnelle). . . .     402 

Bernouilli   (R.)   Die   romanische  Portalarchitektiu-  in  der 

Provence  (Labande) 88 

Cabié  (E.).  Guerres  de  religion  dans  le  Sud-Ouest  (Dumas)..    256 

CouRTEAULT  (H.).  Le  livre  des  Syndics  des  Etats  de  Béarn 

(Pasquier) 254 

CouRTEAULT  (P.).  Blaise  de  Monluc  historien  (Pélissier) 544 

—  Geoffroy  de  Malvyn  (Delaruelle) 259 

De/eimeris  (R.).  Sur  l'objectif  réel  du  discours  de  La  Boétie  : 

De  la  servitude  volontaire  (Delaruelle) ■ .     406 

GuiRAUD  (J.).  Cartulaire  de  Notre-Dame  de  Prouille  ^Guigne- 

bert) 528 

Jacob  (L.).   Le  royaume  de  Bourgogne  sous  les  empereurs 

franconiens  (Caillemer) 84 

Lempeheur  (L.).  Etat  du  diocèse  de  Rodez  en  1771  (Rigal).  .     408 

Manteyer  (G.  de).  Les  origines  de  la  maison  de  Savoie  (Cail- 
lemer)      237 

Pégout  (H.).  Etudes  sur  le  droit  privé  des  hautes  vallées  alpi- 
nes au  moyen  âge  (Caillemer) 249 

Philippe   (A.).    La   baronnie    de  Tournel    et   ses  seigneurs 

(Stronski) 98 

PoRTAL  (F.).  La  l'épublique  marseillaise  du  xiiie  siècle  (Pélis- 
sier)       245 

PouPARDiN  (R.).   Le  royaume   de   Bourgogne.   Elude    sur   les 

origines  du  royaume  d'Arles  (Caillemer) 79 

RiPERT-MoNCLAR  (M'«  de).  Cartulaire  de  la  commanderie  de 

Riclierenchcs  (Caillemer) 94 

Liùles  gascons,  tome  Kl,  p.  p.  Cli.  Bémont  (Boissonnade) 536 

Veruomn  (Pierre),  Mémoires,  p.  p.  R.  Bonnat  (Perroud)..  .  .     547 


REVUE  DES  PÉRIODIQUES. 

PÉRIODIQUES  FRANÇAIS  MÉRIDIONAUX. 

Alpes  (Basses-).  Artnales  des  Basses-Ali)es 109 

Alpes  (Hautes-).  Annales  des  Alpes 110 

—               Bulletin  de  la  Société  d'études 262 

Alpes-Maritiinos.  Annales  de  la  Société  des  lettres 262 

Ardèche.  Revue  du  N'ivarais 415 

Aude.   Bulletin    de    la   Commission    archéologique    de    Nar- 

bonnc , 549 

—      Mémoires  de  la  Société  des  arts...  de  Carcassonne. . . .  418 


TABLE    DES   MATIERES.  591 

Bouches-du-Rhône    Annales  de  la  Société  d'études  proven- 
çales   256 

—  Bulletin  de  la  Société  des  amis  du  vieil 

Arles 113 

—  Métiioires  de  l'Académie  des  sciences  de 
Marseille 208 

Cantal.  Revue  de  la  Haute-Auvergne 269 

t'harente.  Bulletin  et  Mémoires  de  la  Société  archéologique. .  116 

Ghareute-Inférieure.  Revue  de  Saintonge 270 

Gorrèze.  Bulletin  de  la  Société  des  lettres  de  Tulle 272 

—       Bulletin  de  la  Société  scientifique  de  Brive 271 

Creuse.  Mémoires  de  la  Société  des  sciences 550 

Dordogne.  Bulletin  de  la  Société  historique  du  Périgord.    118  et  273 

Drôme.  Bulletin  de  la  Société  d'archéologie 419 

Gard.  Bulletin  du  Comité  de  l'art  chrétien 119  et  ^121 

—  Mémoires  de  l'Académie  de  Nimes 120 

—  Revue  du  Midi 421 

Garonne  (Haute-).  Bulletin  de  la  Société  archéologie  du  Midi.  274 

—  Mémoires  de  l'Académie   des  sciences  de 

Toulouse 276 

—  Recueil  de  l'Académie   de  Législation  de 

Toulouse 423 

—  Revue  de  Comminges 424 

—  Revue  des  Pyrénées 277 

Gers.  Bulletin  de  la  Société  archéologique 424 

—  Revue  de  Gascogne 278  et  552 

Gironde.  Actes  de  l'Académie  des  sciences  de  Bordeaux 121 

—  Bulletin  italien ' 426 

—  Revue  des  études  anciennes 281 

—  Revue  philomatliique  de  Bordeaux 122 

—  Société  archéologique  de  Bordeaux 124 

Hérault.  Académie  des  sciences  de  Montpellier 125 

—  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Béziers. . . .  282 

—  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Montpel- 

lier   125 

—  Revue  des  langues  romanes 282 

Isère.  Annales  de  l'Université  de  Grenoble 126 

—  Bulletin  de  l'Académie  delphinale 127 

—  Revue  épigraphique 426 

Landes.  Bulletin  de  la  Société  de  Borda 283 

Loire.  Annales  de  la  Société  d'agriculture 128 

Lot.  Bulletin  de  la  Société  des  études  littéraires 129  et  428 

Lot-et-(THronne.  L'Ame  gasconne   284 

—  Le  Lot-et-Garonne  illustré 284 

—  Revue  de  l'Agenuis 429 

Lozère.  Bulletin  de  la  Société  d'agriculture 554 


592  ANNALES    DU    MIDI. 

Puy-de-Dôme.  Bulletin  historique  de  l'Auvergne 130 

Pyrénées  (Basses-).  Reclams  de  Biarn , 431 

Pyrénées  (Hautes-).  Annuaire  du  petit  Séminaire  de  Saint-Pé.  431 

—  Bulletin  de  la  Société  Bamond 131,556 

Tarn.  Arcliives  Idstoriques  de  l'Albigeois 132 

—     Revue  historique  du  Tarn 132,  431 

Tarn-etGaronne.  Bulletin  archéologique  et  historique  de  la 

Société  archéologique 285 

—               Recueil  de  l'Académie  des  sciences 286 

Var.  Bulletin  de  la  Société  d'études  de  Draguignan 134 

Vaucluse.  Mémoires  de  l'Académie  de  Vaucluse 135 

Vienne  (Haute-).  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Li- 
mousin    286 

—                Limoges  illustré 287 


PÉRIODIQUES   FRANÇAIS    NON    MÉRIDIONAUX. 

Annuaire-bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  France 136 

Bibliothèque  de  l'École  des  Chartes 136 

Bulletin  historique  et  philologique  <lu  Comité  des  travaux  his- 
toriques    557 

—  de  la  Société  de   l'histoire  du  protestantisme  fran- 

çais    558 

Gazette  des  beaux-arts 137 

Journal  des  Savants 560 

Révolution  (La)  française . . .- 138 

Revue  archéologique. 138 

des  bibliothèques 560 

—  (les  Deux-Mondes 560 

—  d'bistoire  littéraire 561 

—  d'histoire  moderne  et  contemporaine 139 

—  historique 561 

—  internationale  de  renseignement 562 

—  de  philologie  française  et  de  littérature 139  et  563 

—  de  la  Renaissance 563 

Romania 564 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France.  (Bulletin) .566 

—                           —                      —        (Mémoires) 567 


NÉCROLOGIE. 
IL  Mazon,  p.  'i33. 


TABLE   DES    MATIERES.  593 


CHRONIQUE. 

Mélanges  Chahaneau,  p.  141  ;  portrait  de  Chauvelin  au  musée  de 
Toulouse,  p.  142;  le  Centenaire  du  lycée  de  Toulouse,  p.  143; 
la  Revue  historique  de  Bordeaux  et  du  département  de  la 
Gironde,  p.  288;  décès  de  M.  Mazon,  p.  288;  prix  de  l'Acadé- 
mie des  inscriptions  et  belles-lettres,  p.  435;  positions  des  thè- 
ses de  l'Ecole  des  Charles,  p.  435;  Congrès  des  Sociétés  savan- 
tes, p.  437;  réunion  des  Sociétés  desbeaux-artsdesdépartemeats, 
p.  440;  Société  internationale  de  dialectologie  romane,  p.  568; 
décès  de  M.  Chabaneau,  p.  569. 

—  Chronique  des  Alpes-Maritimes,  p.  288;  d'Auvergne,  p.  290  et 
569;  de  Bordeaux  et  de  la  Gironde,  p.  143;  du  Gard,  p.  573  ;  de 
Gascogne,  p.  576;  du  Gévaudan,  p.  440;  de  Provence,  p.  145; 
du  Rouergue,  p.  293;  du  Tarn  et  du  Tarn-et-Garonne,  p.  444; 
de  Vaucluse,  p.  147. 

CORRESPONDANCE. 
Page  447.  x 

LIVRES  ANNONCÉS  SOMMAIREMENT. 

Annuaire  des  bibliothèques  et  des  archives 582 

Arbre  (L')  et  l'eau 58- 

Appel  (C).  Deutsche  Geschichte  in  der  provenzalischen  Dich- 

tung '^'52 

Barbot  (J.).  Les  chroniques  de  la  Faculté  «le  médecine  de  Tou- 
louse du  xiiie  au  xxe  siècle 296 

Bellog  (E.).  Déformation  des  noms  de  lieux  pyrénéens 448 

Bonnet  (E.).  L'influence  lombarde  dans  l'architecture  romane 

de  la  région  montpelliéraine ''50 

—  L'église  abbatiale  de  Saint-Guilhem-le-Désert.  .     450 
Chavagnag  (comte  X.  de)  et  Grollieh  (marquis  de).  Histoire 

des  manufactures  françaises  de  porcelaine 583 

Congrès  des  Sociétés  savantes  de  Provence 297 

Corpus  inscriptionum  latinarum,  XIII,  2 584 

Dauzat  (A.).  Essai  de  méthodologie  linguistique  dans  le  do- 
maine des  langues  et  des  patois  romans 152 

—  Géographie    phonétique    d'une    région    de    la 
Basse-Auvergne 1^^ 

DucouRTiEUX  (P.).  La  collection  d'archéologie  régionale  au 

musée  national  Adrien  Dubouché  de  Limoges 302 

DuPHAT  (E.).  La  Grande  peur  et  la  création  de  la  gardr  na- 
tionale à  Chàteaurenard  de  Provence 302 

—  Essai  sur  l'histoire  politi(iue  d'Avignon 584 


594  ANNALES   DD   MIDI. 

EspÉRANDiEu  (E.).  Recueil  général  des  bas-reliefs  de  la  Gaule 

romaine 451 

Fage  (R.).  Le  clocher  limousin  à  l'époque  romane 303 

Faure  (Cl.).  Trois  chartes  de  franchise  du  Dauphiné 303 

Grenier  (P.-L.).  La  cité  de  Limoges 305 

GuDioL  Y  GuNiLL  (.J.).  San  Pau  de  Narbona  y  lo  bisbat  de 

Vich.. ' 305 

•JuD  (.J.).  Recherches  sur  la  genèse  et  la  diffusion  des  accusa- 
tifs en-am  et  en-on 453 

Labande  fL.-H.).  L'église  Notre-Dame-des-Doms  d'Avignon.  155 
Leroux  (A.).  L'assistance  hospitalière  à  Limoges  pendant  la 

Révolution 307 

—  Les  sources   de  l'histoire   de  la  Haute-Vienne 

pendant  la  Révolution 585 

Meunier  (D.).  La  comtesse  de  Mirabeau 307 

MiGHALiAs  (R.).  Essai  de  grammaire  auvergnate 454 

NiGHOLsoN  (E.).  Floureto  de  Prouvenço 454 

NiGOLLET  (F.-N.).  Etymologie  et  origine  de  l'oca,  rocha,  roche.  309 

Poux  (.].).  La  Cité  de  (larcassonne  à  la  fin  du  xvie  siècle.. . .  586 

PuECH  (L.).  Un  aventurier  gascon.  Paul-Emile  Soubiran. . . .  310 

Sabarthès  (Abbé).  Essai  sur  la  toponymie  de  l'Aude 158 

ZiNGARELLi  (N.).  Re  Maufredi  nella  memoria  d'un  trovatore.  158 


PUBLICATIONS  NOUVELLES. 
Pages  160,  311,  455,  588. 


TABLE    DECENNALE 


1899  -  1908) 


ARTICLES  DE  FOND 


l'j  Sgip:nces  historiques. 


Adher  (J.).  Les  biens  patrimoniaux 
du  diocèse  de  Kieux  au  dix- 
liuitième  siècle.  T.  XVII,  a.  1905, 
p.  490. 

Aknaud  d'Agnel  (G.).  Les  posses- 
sions de  l'abbaye  de  Saint-Victor 
de  Marseille  en  Rouergue.  T.  XVI, 
a.  190i,  p.  449. 

—  Les  convulsionnaires  de  Pignans. 
ï.  XIX,  a.  1907,  p.  206. 

Babut  (E.-Ch.).  Paulin  de  Noie, 
Sulpice  -  Sévère,  saint  Martin. 
T.  XX,  a.  1908,  p.  18. 

—  Prémillac.  T.  XX,  a.  1908.  p.  4.Ô7. 
Baux  (E.),   Bodrrilly   (V.-L.)  et 

Mabilly  (Ph.).  Le  voyage  des 
reines  et  de  François  1^''  en  Pro- 
vence. T.  XVI,  a.  1904,  p.  31. 
BoistiONNADE  (P.).  Colbert,  son  sys- 
tème et  les  entreprises  industrielles 
d'État  en  Languedoc  (1661-1683). 
T.  XIV,  a.  1902,  p.  5. 

—  Production  et  commerce  des  cé- 
réales, vins,  etc.,  en  Languedoc 
(seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle).  T.  XVII,  a.  1905,  p.  329. 

—  La  restauration  et  le  développe- 
ment de  l'industrie  en  Languedoc 
au  temps  de  Colbert.  T.  XVIII, 
a.  1906,  p.  441. 

BOUDET  (M.).  Les  États  d'Issoire 
en  1355.  T.  XII,  a.  1900,  p.  33. 

BouKRiLLY(V.-L.).  Voy.  Baux  (E.). 

Calmette  (.1.)  et  Patry  (H.).  Les 
comtes  d'Auvergne   et  les  comtes 


de  Velay  sous  Cliarles  le  Chauve. 
T.  XVI,  a.  1904,  p.  305. 
Calmette  (J.).  Les  comtés  et  les 
comtes  de  Toulouse  et  de  Rodez 
sous  Charles  le  Chauve.  T.  XVII, 
».  1905,  p.  5. 

—  La  famille  de  saint  Guilhem. 
T.  XVIII,  a,  1906,  p.  145. 

—  Gaucelme,  marquis  de  Gothie. 
T.  XVIII,  a.  1906,  p.  166. 

Cazenove  (A.  DE).  Campagnes  de 
Rohan  en  Languedoc  (1621-1629). 
T.  XIV,  a.  1902,  pp.  329  et  492; 
t.  XV,  a.  1903,  pp.  5  et  168. 

Chambon  (K.).  Le  dernier  seigneur 
de  Pont-du-CLâteau  :  Ph.-Cl.  de 
Montboissier.  T.  XIX,  a.  1907, 
p.  465. 

Dauzat  (A.).  Claude  Barbarat,  Un 
paysan  d'Auvergne  pendant  la 
Révolution.  T.  XVIII,  a.  1906, 
p.  326. 

Douais  (C).  Un  registre  de  la  mon- 
naie de  Toulouse.  Pièces  inédites 
(1465-83).  T.  XI,  a.  1899,  p.  145. 

Doublet  (G.).  Visites  pastorales  de 
Godeau  dans  le  diocèse  de  Vence. 
T.  XI,  a.  1899,  pp.  169  et  4ô8. 

—  Guillaume  Le  Blanc,  évoque  de 
Grasse  et  de  Vence  à  la  fin  du 
seizième  siècle.  T.  XIII,  a.  1901. 
pp.  176  et34G. 

—  Un  évoque  de  Vence  devant  l'In- 
quisition.   T.  XVI.  a.  19U4,  p.  330- 


596 


annai.es  du  midi. 


DuCHESNE  (L.)  Saint  Jacques  en 
Galice.  T.  XII,  a.  1900,  p.  145. 

Dumas  (F.).  Les  corporations  de 
métiers  de  Toulouse  au  dix-liiiitiènie 
siècle.  T.  XII,  a.  1900.  p.  47.5. 

DUTIL  (L  ).  La  fabrique  de  bas  à 
Niraes  au  dix  iiuitième  .siècle. 
T.  XVII,  a.  1905.  p.  218. 

—  La  réforme  du  capitoulat  toulou- 
sain au  dix-huitième  siècle.  T.  X1X_ 
a.  1907,  p.  305. 

FOURNIER  (P.).  Le  royaume  de 
Provence  sous  les  Carolingiens  à 
propos  d'un  livre  récent.  T.  XIV, 
a.  1902,  p.  441. 

Galabert  (Firmin).  Un  siècle  d'ad- 
ministration communale  à  Aucam- 
ville  (134G-144(>).  T.  XX,  a.  1908, 
p.  313. 

GuAiLLOT  (H.).  La  villa  romaine  de 
Martres-Tolosane,  villa  Aconiana. 
T.  XX.  a.  1908,  p.  5. 

Granat  (O.).  L'industrie  de  la  dra- 
perie à  Castres  au  dix-septième 
siècle  et  les  ordonnances  de  Col- 
bert  (fin).  T.  XI.  a.  1899,  p.  56. 

Leroux  (A.).  L'abbaye  Saint-Martial 
de  Limoges  à  propos  d'un  livre 
récent.  T.  XIII,  a.  1901,  p.  457. 

—  Le  prétendu  vitrail  de  Jeanne 
d'Albret  à  Limoges.  T.  XV,  a.  1903, 
p.  329. 

Mabilly  (Pli  ).  Voy.  Baux  (E.). 
MoLiNiEK  (A.).  Mandements  inédits 

d'Alfonsc  de    Poitiers  (1262-1270). 

T.  XII,  a.  1900,  p.  289 
.MoRTET    (V.).    Notes  historiques  et 

archéologi(}ues  sur  la  cathédrale  de 


Narbonne  (2=  et  3«  articles).  T.  XI, 
a.  1899,  pp.  273  et  439. 

Pariset  (G.).  L'établissement  de  la 
primatie  de  Bourges.  T.  XIV, 
a.  1902,  pp.  145  et  289. 

Patry  (H.).  La  défense  de  Saint- 
Jean-d'Angély  (9-14  octobre  1562). 
T.  XV,  a.  1903,  p.  340. 

—  Voy.  Calmette  (J.). 

Pélissier(L.-  g.).  Un  conventionnel 
oublié  :  J.-P.  Picquéet  Va  Hermite 
des  Pyrénées  ».  T.  XI,  1899,  p.  288. 

Poupardin  (R.  ).  Voy.  Thomas 
(Ant.). 

Tholin  (G.)  Proclamation  de  la 
Commune  à  Agen  en  1514.  T.  XIII, 
a.  1901,  p.  5. 

Thomas  (A.)  et  Poi'pahdin  (R.). 
Le  cartulaire  du  monastère  de 
Paunat  (Dordogne).  T.  XVIII, 
a.  19C6,  p.  5. 

Thomas  (A.).  Cartulaire  du  prieuré 
de  N()tre-Dame-du-Pont  en  Haute- 
Auvergne.  T.  XX,  a.  1908,  p.  161. 

TkoMAs  (L.)  La  vie  privée  de  Guil- 
laume de  Nogaret.  T.  XVI,  a.  1904, 
p.  161. 

Thomas  (L.-J  ).  La  population  du 
Bas- Languedoc  à  la  fin  du  trei- 
zième siècle  et  au  commencement 
du  quatorzième.  T.  XX,  1908,  p.  469. 

Vidal  (J.-M.).  Les  origines  de  la 
province  ecclésiastique  de  Tou- 
louse (1295-1318).  'V.  XV,  a.  1903, 
pp.  289  et  469  ;  t.  XVI.  a.  1904,  p.  5. 

ViTALIS  (A.).  Fleury  ;  les  origines, 
la  jeunesse.  T.  XVIII.  a.  1906, 
p.  40. 


2"  Sciences  philologiques. 


Anglade  (J.).  Sui  le  traitement  du 
suffixe  latin  -aman.  T.  XIX, 
a.  1907,  p.  495. 

Bartholomaeis  (V.  DK).  Un  sir- 
ventés  historique  d'Elias  Cairel. 
T.  XVI,  a.  1904,  p.  468. 

—  La  tenson  de  Taurel  et  de  Fal- 
conet.  T.  XVIII,  a.  1906,  p.  172. 

—  Du  rôle  et  des  oiigiiies  de  la  tor- 
nade. T.  XIX,  a.   1907,  p.  449. 

BÉDiKit  (J.).  ileclierclies  sur  le  cycle 


de  Guillaume   d'Orange.  T.  XIX, 

a.  1907,  pp.  5  et  153. 
Chabaneau     (C).    Le    Moine    des 

Isles  d'Or.  T.  XIX,  a.  1907,  p.  364. 
Ckescini  (V.).  Rambaut  de  Vaquei- 

ras   et   le  marquis  Boniface   I  de 

M  oiitferrat.  Nouvel  les  observations. 

T.  XI,  a.  1899,  p.  417;  t.  XII,  a.  1900, 

p.  433;  t.  XIII,  a.  1901,  p.  41. 
Dejeanne  (Df).  Le  troubadour  Cer- 

camon.  T.  XVII,  a.  1905,  p.  27. 


TABLE   DECENNALE. 


>97 


DUFFAUT  (H.).  Recherches  histo- 
riques sur  les  prénoms  en  Langue- 
doc, ï.  XIIL  a.  mon,  pp.  ISO 
et  329. 

Fabre  (C).  Le  moine  de  Montau<lon. 
T.  XX,  a.  1908,  p.  35L 

Festa  (G,-B.).  Le  Savi  ou  Libre  de 
Senequa.  T.  XVIII,  a.  1906,  p.  297. 

Guy  (H.).  La  science  et  la  morale 
de  Du  Bartas,  d'après  La  Première 
semaine.  T.  XiV,  a.  1902,  p.  45S. 

—  Les  Quatrains  de  Pibrac.  T.  XV, 
a.  1903,  p.  M9. 

.Jeanroy  (A.).  Vie  provençale  de 
sainte  Marguerite  d'après  les  ma- 
nuscrits de  Toulouse  et  de  Jladrid. 
T.  Xi,  a.  1899,  p.  5. 

Un  sirveutès  contre  Charles  d'An- 
jou (1268).  T.  XV,  a.  190.5,  p.  145. 

—  Le  soulèvement  de   1242  dans  la 


poésie   des   troubadours.  T.    XVi, 
a.  1904,  p.  311. 

—  Poésies  de  Guillaume  IX,  comte 
de  Poitiers.  T.  XVII,  a.  1905, 
p.  161. 

—  Poésies  provençales  inédites , 
d'après  les  manuscrits  de  Paris. 
T.  XVII,  a.  1905,  p.  457. 

Pauis  (G.).  Le  roman  du  comte  de 
Toulouse.  T.  XII,  a.  1900,  p.  5. 

Saltet  (L.J.  Étude  critique  sur  la 
Vie  de  saint  Germier.  T.  XIII, 
a.  1901,  p.  145. 

SïRONSKi  (8.).  Recherches  histori- 
ques sur  quelques  protecteurs  des 
troubadours.  T.  XVIII,  a.  1906, 
p.  473;  t.  XIX,  a.  1907,  p.  40. 

ZiNCiAUELU  (N).  Le  roman  de 
8aint-Trophime.  T.  XIII,  a.  1901 
p.  297. 


II.  —  MELANGES  ET  DOCUMENTS 


lo  Scieni:;es  historiques. 


Cabié  (E.).  Notes  et  documents  sur 
les  ditïérends  des  comtes  de  Foix 
et  d'Armagnac  en  1381.  T.  XIII, 
a.  19U1,  p.  500. 

—  Date  du  concile  de  Béziers.  T.  XVI, 
a.  1904,  p.  349. 

Caillemek  (R.J.  Le  Codi  et  le  droit 

provençal     au     douzième     siècle. 

T.  XVIII,  a.  1906,  p.  494. 
Calmette    (J.).     Les    marquis    de 

Golhie    BOUS    Charles    le    Chauve- 

T.  XIV,  a.  1902,  p.  185. 

—  Les  lettres  de  Charles  VII  et  de 
Louis  XI  aux  Archives  de  Barce- 
lone. T.  XIX,  a.  1907,  p.  57. 

—  Note  rectificative  sur  la  date  d'une 
lettre  de  Charles  VII.  T.  XX,  a. 
1908,  p.  65. 

—  Un  concours  professoral  à  la  Fa- 
culté de  médecine  de  Montpellier 
au  seizième  siècle,  T.  XX,  a.  1908) 
p.  512. 

Champeval.  Voy.  Thomas  (A.). 
Clerc  (M.).  Note  sur  l'inscription  de 
Volusianus.  ï.  XVI,  a.  1904,  p   495, 


CONSTANS  (L.)-  Les  chapitres  de 
paix  et  le  iStatut  maritime  de  Mar- 
seille- T.  XIX,  a.  1907,  p.  504; 
t.  XX,  a.  1908,  pp.  45,  204  et  362. 

COQUELLE  (P.).  La  sédition  de  Mont- 
pellier en  1C45.  T.  XX,  a.  1908,  p.  iS&. 

Dauzat  (A.J  et  Tardieu  (A.).  Le 
livre  de  comptes  des  consuls 
d'Herment  pour  l'année  1398-1399. 
T.  XIV,  a.  1902,  p.  50. 

DOGNON  (P.).  De  quelques  mots  em- 
ployés au  moyen  âge  dans  le  Midi 
pour  désigner  des  classes  d'iiommee  : 
platerii,  platearli.  T.  XI,  a.  1899, 
p.  348. 

DoGNON  (P.).  Voy.  Funck-Bren- 

TANO  (F.). 
FUNCK-BUENTANO   (F.)   et   Do- 

GXON  (P.).  Les  (1    Placiers  »  dans 

les  villes  du  Midi  au   moyeu  âge. 

T.  XI,  a.  1899,  p.  476. 
Gerig  (J.).  Lettre  de  Guillaume  de 

Catel  à  Peiresc.  T.  XVIII,  a.  1906, 

p.  351. 
—  Un    Toulousain    au    dix-septième 


598 


ANNALES    DD    MIDI. 


siècle  :  Paul  de  Catel.  T.  XIX, 
a.  1907,  p.  373. 

Grand  (R.)-  Testament  de  Pons  de 
Cervière.  ï.  XV,  a.  11)03,  p.  58. 

JULLiAN  (C).  Questions  de  topogra- 
phie et  de  toponymie  méridionales  : 
I.  A  propos  des  transformations 
des  étangs  des  Landes.  T.  XIV, 
a.  1902,  p.  205.  II.  Monaco.  T.  XV, 
a.  1903,  p.  207. 

Leuoux  (A  ).  Tableau  des  diverses 
formes  de  l'impôt  dans  la  généra 
lité  de  Limoges  en  1789-90.  T.  XI, 
a.  1899,  p.  83. 

Lot  (F.).  Sur  la  date  de  la  translation 
des  reliques  de  Sainte-Foi  d'Agen 
à  Conques.  T.  XVI,  a.  1904,  p.  502. 

—  Le  roi  Eudes  ((  duc  d'Aquitaine  ») 
et  Adémar  de  Chabannes.  T.  XVI, 
a.  1904,  p.  509. 

—  Garsie-Sanche,  duc  de  Gascogne. 
T.  XVI,  a.  1904,  p.  514. 

—  Amauguin ,  comte  de  Bordeaux. 
T.  XVI,  a.  1904,  p.  517. 

MiLLARDET  (G.).  Un  contrat  de  ma- 
riage gascon  du  quinzième  siècle. 
T.  XIX,  a.  1907,  p.  65. 

MORTET  (V.).  Marché  pour  la  re- 
construction du  campanile  de 
l'église  la  Dalbade ,  à  Toulouse, 
1381.  T.  XII,  a  1900,  p.  209. 

Pasquier  (F.).  Testament  de  Pierre 
Galard ,  seigneur  d'Aubiac  en 
Bruilhois  (1281).  T.  XI,  a.  1899, 
p.  483. 

PÉLissiER  (L.-G.).  Nouveaux  docu- 
ments sur  la  bête  du  Gévaudan. 
T.  XI,  a.  "l 899,  p.  69. 

—  La  délégation  marseillaise  à  la 
Convention  nationale.  T.  XII, 
a.  1900,  p.  7L 

—  Une  correspondance  inédite  de 
Thnmassin  Mazangues.  T.  XX, 
a.  1908,  p.  498. 

POUPARDIN  (R.).  Une  charte  inédite 
de  Bernard  Plantevelue.  I'.  XIV, 
a.  1902,  p.  350. 

Santi  (L.  de).  Relations  du  comte  de 
Toulouse    Raymond    VII    avec    la 


ville  de  Marseille.  T.  XI.  a.  1899, 

p.  200. 
Tardiku  (A.).  Voy.  Dauzat  (A.). 
Thomas  (A.).    Un  évêque  d'Angou- 

lème  du  septième   siècle,    T.   XI, 

1899,  p.  68. 

—  Lettres  inédites  de  Louis  Chas- 
leigner  de  La  Rochepozay,  gou- 
verneur de  la  Marche  (1591-1592). 
T.  XI,  a.  1899,  p.  335. 

—  A  propos  des  coutumes  de  Laro. 
quebrou.  T.  XV,  a.  1903,  p.  205. 

—  Sur  la  date  d'un  mémorandum 
des  consuls  de  Montferrand,  en 
dialecte  auvergnat.  T.  XV,  a.  1903, 
p.  370. 

—  Le  plus  ancien  témoignage  sur 
Guillaume  de  Nogaret.  T.  XVI, 
a.  1904,  p.  357, 

—  Sur  la  date  d'un  mémorandum 
des  consuls  de  Martel.  T.  XVII, 
a.  1905,  p.  362. 

—  Isarn  de  Fontiès,  archiprêtre  de 
Carcassonne,  archevêque  de  Riga, 
de  Lund  et  de  Salerne  (f  1310). 
T.  XVII,  a.  1905,  p.  511. 

—  Note  sur  l'élevage  et  le  commerce 
des  porcs  au  quinzième  siècle, 
T,  XX,  a.  1908,  p.  61. 

—  Le  mobilier  d'un  bourgeois  de 
Péri  gueux  en  1428.  T.  XX,  a.  1908, 
p.  493. 

Thomas  (A.)  et  Champeval.  Docu- 
ments nouveaux  sur  Bertrand  de 
Grifeuille.  T.  XX,  a.  1008, p.  488. 

Trouillard  (G.).  Requête  de  Gas- 
ton IV,  comte  de  Foix,  à  l'arche- 
vêque de  Reims,  Juvénal  des  Ur- 
sins ,  réformateur  du  domaine 
royal,  1446.  T.  XII,  a.  1900,  p.  494. 

Vidal  (A.).  Les  comptes  consulaires 
de  Montagii.ac  (Hérault).  T.  XVII, 
a.  1905,  p.  517;  t.  XVIII,  a.  1906, 
pp.  69  et  196. 

Vjgnaox  (A.).  Une  note  diploma- 
tique au  quinzième  siècle.  Char- 
les VII,  roi  de  France,  et  Jean  I«'', 
comte  de  Foix.  T.  XII,  a.  1900. 
p.  355. 


TABLE    DECENNALE. 


599 


2"    SCIRNCES   PHfLOLOGIQUES. 


Arnaudin  (F.).  Un  mot  attardé  sur 
Bouhaprou  houha.  T.  XIV,  a.  1902, 
p.  539. 

Adbry  (P.).  Voy.  Jeankoy  (A.). 

Aude  (E.).  Les  Plaintes  de  la 
Vierge  au  pied  de  la  croix  et  les 
quinze  signes  de  la  fin  du  monde. 
T.  XVII,  a.  1905,  p.  365. 

Bartholomaeis  (V.  de).  Une  nou- 
velle rédaction  d'une  poésie  de 
Gnilhem  Montanhagol.  T.  XVII, 
a.  1905,  p.  71. 

Behtoni  (G.).  Un  descort  d'Al- 
bertet  de  Si.,teron.  T.  XV,  a.  1903, 
p.  493. 

—  Sur  quelques  vers  de  Guil- 
laume IX.  T.  XVII,  a.  1905.  p.  361. 

—  GlanurcB  provençale^.  T.  XVIII, 
a.  1906,  p.  350. 

—  Le  manuscrit  provençal  D  et  son 
histoire.  T.  XIX,  a.   1907,  p.   238. 

—  Une  conjecture  sur  un  trouba- 
dour italien.  Obs.  de  Biguli.  T.  XX. 
a.  1908,  p.  223. 

—  Prov.  Mec.  T.  XX,  a.  1908,  p.  401. 

—  Voy.  Jeanboy  (A.). 
Chabaneau    (C).    Le    chansonnier 

provençal  T.  ï.  XII,  a.  1900,  p.  194. 

(Jlavelier  (G.).  Œuvres  inédites 
de  François  Maynard.  T.  XX, 
a.  1908,  pp.  225,  392  et  500. 

CouDERC  (G).  Note  sur  un  missel  à 
l'usage  de  l'église  de  la  Daurade. 
T.  XIV,  a.  1902,  p.  541. 

Degert  (A.).  Encore  le  nom  de 
lieu  Tramesaignes.  T.  XVIII, 
a.  1906,  p.  371. 

Dejeanne  (D').  Le  troubadour  gas- 
con Marcoat.  T.  XV,  a  1903, 
p.  358. 

—  A  propos  d'une  chanson  de  Peire 
d'Alvernhe.  T.  XVI,  a.  1904,  p.  341. 

—  Les  eoblas  de  Bernart- Arnaut 
d'Armagnac  et  de  dame  Lom- 
barda.  T.  XVIII,  a.  1906,  p.  63. 

—  Alegret,  jongleur  gascon  du  dou- 


zième  siècle.    T.    XIX,    a.    1907, 
p.  221. 
DucAMiN   (J.).    Quelques   proverbes 
gascons  mal  compris.  T.  XI,  a.  1899, 
p.  207. 

—  Encore  «  un  dicton  gascon  dans 
Montaigne  n.  T.  XIV,  a.  1902, 
p.  206. 

—  A  propos  d'une  récente  édition 
de  Guillaume  Ader.  T.  XVIII, 
a.  1906,  pp.  209  et  357  ;  t.  XIX, 
a.  1907,  p.  73. 

Guy  (H.).  Les  quatrains  du  sei- 
gneur de  Pybrac.  T.  XVI,  a.  1904, 
pp.  65  et  208.  ' 

Guy  (H.)  et  Jeanroy  (A.).  Le 
poème  trilingue  de  Du  Bartas. 
T.  XIV,  a.  1902,  p.  353. 

Jeanroy  (A.).  Prov.  raï.  T.  XIII, 
a.  1901,  p.  366. 

—  Gascon  lampournè.  T.  XVII, 
a.  1905,  p.  75. 

—  Deux  strophes  de  Giraut  de 
Borneil    T.  XVIII,  a.  1906,  p.  347. 

—  Voy.  Guy  (H.). 

Jeanroy  (A.)  et  Aubry  (P.).  Une 
chanson  provençale  à  la  Vierge. 
T.  XII,  a.  1900,  p.  67. 

Jeanroy  (A.)  et  Bertoni  (G.).  A 
propos  d'un  chansonnier  proven- 
çal. T.  XVL  a.  1904,  p.  347. 

Millardet  (G.).  Gascon  aTirru, 
anerun.  T.  XV,  a.  1903,  p.  211. 

—  Gascon  subiw  «  haie  ».  T.  XVI, 
a.  1904,  p.  222. 

—  De  la  réduction  de  n  à,  y  en  gas- 
con. T.  XVI,  a.  1904,  p.  224. 

PoupardIN  (R.).  Note  sur  un  ma- 
nuscrit perdu  d'Eginhard  et  de 
Roricon.  T.  XVII,  a.  1905,  p.  252. 

Rossi  (G.).   V'oy.  Teulié  (H.). 

Steffens  (G.).  Fragment  d'un 
chansonnier  provençal  aux  archi- 
ves royales  de  Sienne.  ï.  XVII, 
a.  1905,  p.  63. 

Stronski    (S.).    Sur  deux   passages 


600 


ANNALES    DD    MIDI. 


c\a  moine  de  Mont.andon  et  de 
Torcafol.  ï.  XIX,  a.  1907,   p.  232. 

Teulib  (H.)  et  llossi  (G).  L'antho- 
logie provençale  de  Maître  Ferrari 
de  Ferrare.  T.  XIII,  a.  lUOl, 
pp.  60,  199  et  371;  t.  XIV, 
a.  19Ù2,  pp.  197  et  523. 

Thomas  (A.).  Gahel  ou  les  avatars 
d'un  lépreux  dans  Girard  de  Rous- 
si) Ion.  ï.  XI,  a.  1899,  p.  197. 

—  Sur  une  inscription  romane  de 
Narbonne.  T.  XI,  a.  1899,  p.  419. 

—  Le  mot  rouergat  Oûtjabo.  T,  XV, 
a.  1903,  p.  69. 

—  La  formule  c'itra  mortmn.  T.  XV, 
a.  1903,  p.  372. 

—  Le  nom  de  lieu  Trame.iau/Ufx. 
T.  XVI,  a.  1904,  p.  500. 


—  Une  prétendue  histoir(!  de  l'ab- 
li.nyc  de  Beaulieu  (Gorièze)  au 
douzième  siècle.  T.  XVIJ,a.  1905, 
l».  (17. 

—  Encore  le  nom  de  lieu  Tramc- 
mignes.  T.  XVII,  a.  1905,  p.  77. 

—  La  Bible  de  Fressac  (Gard). 
T.  XVIII,  a.  1906,  p.  507. 

TORKACA  (F.).  Sur  la  date  de  la 
mort  de  Savary  de  Mauiéon. 
T.  XIII,  a.  1901,  p.  530. 

Vidal  (A.).  Glanures  lexicographi- 
ques,  d'après  le  registre  des  lausi- 
nes  du  chapitre  de  Saint  Saivi 
(Albi).  T.  XV,  a.  1903.  p.  498. 

ViGNAUX  (A.).  Lettre  de  Margue- 
rite de  Valois  aux  capitouls  de 
Toulouse,  T.  XVI,  a.  1904,  p.  80. 


Tùiiloiisi",  Ini)).  Duuladouuk-Privat,  rue  St-Bomo, 


6810 


DC 
607 
.1 
A6 
t,20 


Annales  du  Midi 


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