ANNALES DU MIDI
\
• ANNALES
DU MIDI
Il E V U E
ARCHÉOLOGIQUE, HISTORIQUE ET PHILOLOGIQUE
DE LA FRANGE MÉRIDIONALE
Fondée sous les auspices de l'Université de Toulouse,
PAK
ANTOINE THOMAS
l'UBLlEE AVEC LE CONGOIHS u'uN COMITE DE l'.EHACl lUiN
PA U
A. JEANROY, P. DOGNON et L. DELARUELLE
PROFESSEURS A L'UNIVERSITK DE TOULOUSE
« Ab l'alen tir ves me l'aire
« Qu'eu sent venir de Proenza. u
Peire Vidal.
VI NGTIÈMK ANNÉK ^~\ \ \Q
TOULOUSE
IMPRLMERIE ET LIBRAIRIE EDOUARD PRIVAT
14, RUE DES ARTS (SQUARE DU MUSÉE)
Paris. — Alphonse PICARD et fils, rue Bonaparte 82.
LA
VILLA ROMAll DE MARTKES-TOLOSANE
VILLA ACONIANA
Quatre fois, au cours cU, x.x» siècle, on a fouille les rumes
gallo-romaiues de Marlres-Tolosane. L'explorat.ou en re-
prise de 1897 a 1899 par la Société archéologique du Muh de
la France sera sans doute la dernière. On a remue le sol
presque partout. Il est protable que peu de marbres sculptes
'•y cachent encore. On a levé le plan général des bâtiments et
même les plans des successives reconstructions. M Joui. n
qui dirigeait les travaux et qui en a publie les résultats , a
scrupuleusement dénombré les murs, les assises de caillou,
hourdés. de moellons et de briques, calcule la dimension des
matériaux, l'épaisseur des joints, noté les divers modes c^
pavage et de crépissage. A celte « description détaillée de»
-0= il a consacré plus d'im tiers de son mémoire,
maçonneries ., il a consacie piu,
une' bonne centaine de pages qui constituent, soit dit en pas-
sant, un modèle d'encombrante statistique. Son principal
méri e est d'avoir fixe d'une façon définitive le caractère es
ruines de Martres et la destination des édifices qui nous ont
livré tant de sculptures. p„„.„ l„
Nous sommes en présence d'une magnifique vUla. Entie la
Garonne et la voie qui reliait Toulouse aux Py-oees ^^s
murs enfermaient un rectangle de 16 hectares. L hab tation
L maures, à laquelle on accédait de la ™"'« P--- ^
avenue, couvrait une surface de 2 hectares et -lerai. Elle com
prenait plusieurs corps de bâtiments. Ou a y compte, pour le
,. r.r.iin vnmains de la nlaine de Martres-
uons et Belles-Lettres, 1" série, t. XI, 1" partie, IJJO.
b H. GRAILLOT,
seul rez-de-chaussée, plus de deux cents chambres, salles et
réduits. Elle se développait sur trois côtés d'une cour carrée
à péristyle. Les grandes pièces du côté sud , qui faisaient
face à l'entrée, étaient sans doute des salons de réception.
Elles communiquaient avec un portique ouvert sur un jardin
en contre-bas, qui descendait jusqu'au fleuve. L'escalier qui
les reliait à ce jardin mesurait en largeur plus de 12 mètres. A
l'autre extrémité de l'allée centrale, un belvédère hexagonal
dominait la berge. A droite et à gauche, deux crypto-portiques
longeaient le jardin et menaient des appartements privés au
bord de l'eau. L'aile de l'ouest donnait, ce semble, sur un parc.
Celle de l'est communiquait de plain-pied, par une galerie,
avec une cour d'honneur ou un autre jardin, que décorait une
fontaine monumentale. C'était peut-être sur les parois de cette
superbe galerie, longue de 45 mètres, large d'une douzaine de
mètres, haute d'une dizaine, que se dressait la frise des travaux
d'Hercule ou que des médaillons encadraient les bustes des
grands dieux. Perpendiculairement à ce portique, tout un côté
de l'aire était limité par les thermes. Avec leurs piscines, leurs
baignoires lie marbre, leurs étuves, leurs nombreuses dépen-
dances, ils occupaient un emplacement considérable. Aux jours
d'été, on allait chercher la fraîcheur dans un nymphée, tout
dallé et lambrissé de marbres polychromes, orné d'un double
bassin où se jouaient des eaux vives. Deux portails grandioses,
se faisant face, s'ouvraient sur un spacieux atrium ; c'était
l'entrée d'une palestre, close de tontes parts, terminée par
un vaste hémicycle et flanquée, sur la droite, d'un quadruple
exèdre. Entre la demeure seigneuriale et les installations
agricoles, greniers immenses, celliers, hangars, voici trois
rangées parallèles de maisonnettes isolées, qui alignent leurs
murs de pisé et leurs pans de bois. Nous nous trouvons dans
un véritable village, qui renferme les logements des travail-
leurs, serfs ou colons, les ateliers et les fabriques, les écuries
et les étables.
Habitée jusqu'au temps d'Arcadius, cette résidence fut
transformée à plusieurs reprises. L'établissement primitif, qui
date au plus tard de Claude, comprenait déjà des coustruc-
LA VILLA ROMALNE DE MARTRES-TOLOSANE, 7
tions groupét^s autour de la cour d'entrée, des thermes mo-
destes et les annexes nécessaires à l'exploitation du domaine.
Une première restauration paraît être -contemporaine de
Trajan. Les corps de logis et les thermes furent agrandis.
Mais les colonnes en briques des galeries intérieures gar-
daient encore la sévérité de l'ordre dorique; et les mosaïques
de gros cubes noii-s et blancs conservaient à cette demeure <'e
campagne son air de rusticité. (Vest dans la seconde moitié du
ne siècle, sous les Antonins, qu'elle se métamorphose en un
fastueux palais de marbre. On remanie, pour les développer,
une bonne partie des anciens bâtiments. On triple la surface
bâtie. On construit tout un édifice, la palestre à hémicycle, la
grande galerie, le nymphée, de nouveaux bains chauds. On
installe un peu partout des hypocaustes. On donne à tout une
parure de luxe. Les colonnades en marbre remplacent les
colonnades en brique et se multiplient. Les pilastres se dres-
sent le long des façades, des absides, des portiques. L'acanthe
corinthienne étale au soleil l'ampleur grasse de ses feuillages.
Les baies s'alournent de marbre blanc. Les parois intérieures
s'enrichissent de lambris, de panneaux, de cimaises, de frises
en marbres (colorés. Le sol se tapisse de marqueteries, dont le
marbre fournit encore la matière, et de fines mosaïques où
dominent les pâtes vitreuses. Pour cette décoration splen-
dide, ou utilisa les marbres des Pyrénées voisines, dont on
commençait a exploiter les carrières : marbres blancs et gris
de Saint-Béat et d'Arguenos; griottes rouges et vertes de
Seix et deCampan; marbres violacés et bi'èches jaunes de
l'Ariège; brèches multicolores de Mancioux, qui pourrait être
l'ancienne Calagorris, à quelques kilomètres seulement de la
villa. On lit même venir la serpentine du Rouergue et aussi
Talbàfre d'Egypte.
Toiit un musée de sculptui'es complétait cescuibelllssements :
hauts-reliefs de for'tes dimensions, qui prennent place dans
l'ornementation architecturale, bas-reliefs qui timiiuMit lieu de
petits tableaux sur les murailles d'un appaitement, figurines
et groupes, jolis bibelots d'art hellénisti(iue, ilont on meuble
une salle, une galerie, un bosquet, une fontaine. Nous recon-
8 H. GRAILLOT.
naissons au passage Vénus à sa toilette, Eros lançant une flèche,
Bacchus, Ariane, des têtes rieuses de faunes, une halte de saty-
res sous un figuier, le berger Attis qui joue de la syrinx, des
pêcheurs qui ont en main le filet. Un relief très bien conservé
représente l'enlèvement de Proserpine dans les prairies d'Enna,
où la jeune fille cueillait des fleurs avec ses compagnes. Mais
les préférences des seigneurs de Martres n'allaient pas seule-
ment aux œuvres gracieuses et frêles de l'art alexandrin, dont
la mode persista si longtemps chez les Romains. L'un d'eux
acquit une tête d'Aphrodite qui est une belle réplique de la
Cnidienne de Praxitèle. C'était un raffiné, celui qui s'éprit de
ce sourire infiniment doux et fit apparaître au pied des monts
pyrénéens, peuplés de divinités locales et à demi sauvages, cette
blanche vision de l'Olympe grec. Dans les premières années du
v^ siècle, les Vandales passèrent par là. D'autres Barbares les
suivirent. Ceux qui ruinèrent Saint-Bertrand-de-Comminges
avaient sans doute, chemin faisant, saccagé la riche villa de
Martres. Ils n'y laissaient plus derrière eux que des murs, noir-
cis par l'incendie, et des monceaux de décombres recouverts
d'un linceul de cendres.
Voila ce que nous ont appris les dernières fouilles. Elles
nous ont permis de reconstituer, au moins dans son ordon-
nance générale, un beau type de villa gallo-romaine. Plus en-
core, elles nous ont permis de revivre un peu sa vie, aux siè-
cles de prospérité et aux heures de catastrophe. Il n'est pas
douteux qu'elles apportent à l'histoire de la Gaule méridionale
une précieuse contribution. Mais, à vrai dire, leurs résultats
n'ont fait que confirmer une hypothèse depuis longtemps
émise, et que chaque fouille nouvelle rendait plus vraisembla-
ble. Lorsque l'on eut groupé dans un plan synthétique les dif-
férents relevés des fouilles de 1826, 1840 et 1890, le problème
paraissait déjà en partie résolu. On ne se demandait plus si ces
ruines étaient celles d'une ville ou d'une villa; toute la ques-
tion était de savoir si, sur cette terrasse de la Garonne, il avait
existé une seule et grandiose villa ou deux domaines voisins '.
1. Lécrivain, Les fouilles de Martres-Tolos(t)ies, dans les Mémoires
de la iioc. archéologique du Midi, XV, 1891-18%, p. 7-21. 11 croyait à
LA VILLA ROMAINE DE MARTRES-TOLOSANE. 9
M. Lécrivain, qui publiait ce plan, en 1896, dans les Mémoires
de la Société archéologique, ajoutait : « On ne peut trouver
surprenant qu'une simple villa ail possédé une collection aussi
considérable d'œuvres d'art. » La même année, M. Joulin, éta-
blissant « une sorte d'arrêté de comptes des résultats déjà ob-
tenus », pouvait écrire ' : « A la suite de ces travaux, on ad-
mettait que les vastes substructions de Martres appartenaient
à une magnifique villa, élevée au ii® siècle et détruite par les
Barbares ou dans une insurrection de Bagaudes. » Il n'était
pas encore préoccupé de se donner beau jeu. Plus tard, dans
l'introduction à l'exposé de ses propres fouilles, il se montre
moins équitable envers ses prédécesseurs. Après l'exploration
de 1840, nous dit-il 2, « la Commission n'hésita pas a attribuer
à la ville de Calagurris les thermes qu'elle avait découverts ».
La Commission hésita; car elle déclare dans son rapport^,
entre autres hypothèses, qu'elle était peut-être « sur les tra-
ces d'un balneum dépendant d'une immense villa ». Et M. Jou-
lin avait lui-même écrit, en 1896 : « La découverte, en 1840,
des fondations de grands thermes, à 100 mètres à l'ouest du
palais gallo-romain, s'ajoutant aux doutes que l'hypothèse de
Dumège avait déjà soulevés, ont (sic) fait abandonner l'idée
que les substructions de Martres appartenaient à une ville. On
s'est rappelé les magnificences des villas dont parlent les écri-
vains et les poètes du i^r au v® siècle. » En 1830, enfin, Du-
mège, au dire de M. Joulin, « conclut que les ruines sont celles
de la ville de Calagurris*, où il a retrouvé l'emplacement d'un
l'existence d'au moins deux villas. Le plan qu'il a publié se trouve repro-
duit, avec des différences insignifiantes, dans le volume de M. Joulin,
p. 10. M. Lécrivain nous apprend que c'est l'œuvre de M. Ferré, proprié-
taire à Martres et collaborateur de Lebègue en 1890; M. .louliii néglige
cette formalité, et ne cite ni Lécrivain ni Ferré.
1. Revue des Pyrénées, VIII, 1896, p. 285.
2. Les établissements gallo-romains, p. 12.
3. Costes, Belhomme, Chambert et Vitry, dans li's Mémoires de lu Soc.
arch. du Midi, V, 1847, p. 117.
4. Dumège, Recherclies sur Calagurris des Convenue, dans les Mé-
moires de l'Académie des Scioices, hiscriptio?is et Belles-Lettres de
Toulouse, II, 2" partie, 1830, pp. 395, 392, 423. Cf. dans les Mém. de la
Soc. arch. du Midi, VI, 18')2, p. 67 : c< J'ai retrouvé dans les ruines de
la belle villa qui touchait aux humbles demeures des habitants de Cala-
gurris des Convenae deux médaillons en marbre, etc. »
10 H. GRAILLOT.
temple consacré à l'Hercule gaulois Andossus. II y avait de
riches villas dans le voisinage du temple, et les nombreux
bustes d'empereurs et de personnages provenaient de la déco-
ration du Capitole de la ville ». Quand on lit Dumège, on le
trouve moins afflrmatif : « L'édifice dans les ruines duquel
j'ai retrouvé les images d'un grand nombre d'empereurs fut"
peut-être ou la basilique du municipe. ou plutôt l'un de ces
palais (= villas) dont Je viens de parler. » — « Les médaillons
qui représentent Jupiter, Rhéa, etc., faisaient partie de la dé-
coration intérieure de la Villa où on les a retrouvés. » — « On
sait que les Romains aimaient à orner leurs demeures des ima-
ges des travaux d'Hercule, et la villa de Martres peut en avoir
été décorée. » Décidément, M. Joulin a mal « arrêté les comp-
tes ».
I\ a pourtant lu Dumège. H lui a même emprunté une
hypothèse qu'il propose comme la conclusion dernière des
fouilles. Pour expliquer tant de somptuosité dans la décora-
tion de l'édifice et surtout tant de bustes impériaux dans les
ruines, Dumège en arrivait à croire qu'un empereur seul
avait pu faire bâtir un tel palais : « Les portraits qui déco-
raient l'habitation principale étaient ceux des maîtres du
monde; et cette circonstance peut porter à penser que cette
demeure était vraiment une Villa impériale ^» — « Les palais
des gouverneurs ou des préfets de province, dit-il ailleurs 2,
renfermèrent aussi les statues et les bustes des souverains, »
M. Joulin donne à sa théorie plus de précision et une appa-
rence plus savante : « Une succession de hauts fonctiouuaires
impériaux peut seule expliquer une pareille continuité de
loyalisme (allusion à la présence des nombreux portraits d'em-
pereurs), en même temps que cette réunion de monuments
figurés importants, qui manifestent si complètement les idées
leligieuses des hautes classes de la société romaine pendant le
cours du II® siècle... En voyant Pompée établir, eu — 74, une
1. Dumège, Recherches sur Calnf/urris, p. 436; cf. p. 4'JO. Sa grosse
erreur osl de rechercher parmi les Césars du iir siècle qui out séjourné
en (laule le fondateur de cette construction.
2. Ibid., p. ;3'.)0.
LA VILLA ROMAINE DE MARTRES-TOl.OSANE. 11
colonie d'Espagnols à Lugdunum des Convenae, on peut
admettre que la propriété, formée surtout de forêts et de
prairies dans ces pays montagneux, mal assise à l'époque cel-
tique, était en grande partie tombée, lors de la conquête, dans
Vager publicus et qu'elle était devenue le patrimoine du
prince à la création de l'Empire. Ce seraient les procurateurs
chargés d'administrer ces domaines, augmentés peut-être de
confiscations dans la plaine, lors des dernières révoltes, qui
résidaient à Cliiragan^. Cette attribution expliquerait : la posi-
tion géographique et topographique choisie, et la profusion
des marbres des Pyrénées, dont les carrières faisaient peut-
être partie du domaine. Les portraits d'inconnus, les premiers
héroïsés, les autres en costume militaire, peuvent représenter
des gouverneurs de la province Narbonnaise, si Chiragan est
devenu, à partir de Trajan on d'Antonin, l'une des résidences
de ces hauts fonctionnaires. Le nom roman du petit ruisseau le
Palas, qui débouche à Chiragan, serait favorable a ces hypothè-
ses, s'il rappelle qu'il y a eu dans cet endroit un palatium"^.»
Ainsi se perjiétue sur Martres la tradition des légendes. Nous
avions eu la légende de Calagurris, celle du temple d'Hercule,
celle de l'atelier de sculpture et de l'entrepôt de marbres
pyrénéens. Nous avons désormais celle de la villa des procu-
rateurs impériaux.
Je suppose que M. Joulin ne tient pas beaucoup a son ety-
mologie du mot Palas, encore qu'il ne l'ait pas reléguée dans
une notule. Les ruisseaux qui portent les noms de Pales,
Palais, Palis, Palo sont très fréquents dans le 'haut bassin de
la Garonne 3; et M. Joulin n'irait pas jusqu'à supposer que
1. Nom du lieu dit où gisent les ruines. On y retrouve le mot chire,
chiron, qui indique en vieux français un amas de pierres; cf. les diction-
naires de Godefroy et de Lacurne de Sainte-f alaye.
2. Etablissements gallo-romams, p. 187-1X8.
3. Voici ceux que 'j'ai relevés dans Oonnac, Diclioiinaire topographi-
que de la Haute-Garonne, ms. de la Bibliothèque municipale de Tou-
louse : Palis, commune de Verfeil ; Palais, aflluent de l'ilers, rive gau-
che; Palet, c. do Saint-Elix; Pales, c. de Cazaril-Laspènes; Paies, c. de
Saint-Aventin ; Palo de Castcx et Palo des Mules, c. de Cier-de-F.uchon;
Palo-Barado, source, c. de Luchon. Dans cette région des Pyrénées,[Palps
et Palas désignent des prairies en pente. Cf. les Pales do Burat, aux envi-
12 H. GRAILLOT.
chacun d'eux baignait les murs d'un palais. Quanta l'existence
de domaines impériaux dans la haute vallée de la Garonne ,
à plus forte raison dans la plaine, elle reste encore à prou-
ver; pour le moment, aucun texte d'histoire ou d'épigraphie
n'autorise pareille hypothèse.
Mais cette résidence princière, au lieu d'une simple maison
de plaisaace? Nous la connaissions déjà, tout au contraire,
par l'histoire. Ausone, Sidoine Apollinaire, Paulin de Pella
nous en avaient décrit de plus somptueuses encore, aux iv^ et
v^ siècles. Nous savons par eux que ces palais des champs
n'étaient point rares en Narbonnaise et en Aquitaine. La bril-
lante et puissante noblesse de la Gaule, au temps de l'Empire,
devait presque tous ses privilèges à sa richesse terrienne et
vivait volontiers sur ses terres, comme avant la conquête. Ces
grandes fortunes, que plusieurs générations avaient consti-
tuées par acquisitions et mariages, se composaient de nom-
breuses villas, un peu partout disséminées ; et l'on traitait
dédaigneusement de petit domaine, villula, une propriété de
250 hectares ^ Le maître avait sa villa favorite. Il l'habitait
une partie de l'année. Il l'aménageait avec tout le raffinement
de confort et de luxe qui plaisait à ses goûts aristocratiques.
Il y accumulait tout ce qui fait la vie large et opulente. « J'y
avais rassemblé toutes les délices de l'existence », déclare
Paulin de Pella, l'un de ces nobles que réduisit à la misère
l'invasion des Barbares. Paulin était fier de sa table, de sa
vaisselle d'argent, de son mobilier, de ses écuries. Leontius
collectionnait les tableaux. Au second siècle, les seigneurs de
Martres, voisins des carrières pyrénéennes, propriétaires eux-
mêmes, peut-être, de carrières en exploitation, avaient la pas-
sion des marbres.
Suivant la coutume romaine, ils possédaient leur galerie
rons do Luchon; le col de la Pale d'Aoïiardo. près du val «l'Aran; le bois
de Palas, près de Saint-Béat. Le ruisseau de Martres devrait-il son nom
aux terrasses fluviales où il a creusé son lit? En tout cas, il ne méritait
pas tant d'honneur.
1. C'est Ausone (pii jiarie ainsi d'une propriété de LUûO arpents. Les
domaines de Paulin de Bordeaux, qui fut évèque de Noie, étiiient si consi-
dérables qu'on les appelait dans le pays régna Panlini.
LA VILLA ROMAINE DE MARTRES-TOLOSANE. 13
des ancêtres, un portique où s'alignaient les portraits de
famille. Toutes ces images, c'étaient leurs titres de noblesse.
Ausone connaissait un clarissime gaulois chez qui elles étaient
en argent massif et habillées de tissus de soie. A Martres-
Tolosane, elles étaient en marbre. On y a retrouvé beaucoup
de bustes de ces inconnus, dont plusieurs furent sans doute
de grands personnages, orgueil de leur maison et de leur
pays Mais pourquoi tous ces bustes d'empereurs? Ces riches
propriétaires fonciers, qui ne manquaient ni de talent, m de
culture, ne manquaient pas non plus d'ambition. Nous les
voyons dès le début de l'empire briguer le titre de séna-
teurs romains; et ce privilège, accordé plus tard à profusion,
constituait pour eux un brevet héréditaire d'aristocratie. La
noblesse gallo-romaine restait la classe dirigeante. « Elle était
aussi honorée par le gouvernement que respectée parles popu-
lations C'était même chez elle qu'il choisissait ordinairement
ses hauts fonctionnaires. L'empire prenait volontiers ces
nobles Gaulois pour en faire ses préteurs et ses consuls, ses
gouverneurs de province, ses préfets de prétoire et ses minis-
Tres ' » Après avoir achevé leur carrière jeunes encore, ils
revenaient vivre dans leurs domaines, y conservaient leur
influence, y restaient en relations avec la cour et l'adminis-
tration centrale, et de là maniaient indirectement les affaires
de leurs provinces. S'ils étaient comblés de dignités par 1 em-
pire, ils ne cessaient pour leur part de témoigner aux princes
leur fidélité. Ils étaient entièrement dévoues au maître qui
savait utiliser leur intelligence, leur fortune et leur influence.
11 est donc tout naturel de rencontrer chez eux, même a plu-
sieurs exemplaires, l'image de l'empereur. Cette galerie des
Augustes, a la gloire de la « maison divine ^^^^st encore
pour eux un musée d'illustres souvenirs, a la g^-^.^;^^ '^"^
propre maison. Pour expliquer a Martres « une pareille conti-
nuité de loyalisme., M. Joulin n'avait P- tort de supp se
une suite de fonctionnaires impériaux. Mais U nen fallait
poTnt conclure que leur résidence elle-même était impériale.
1. Fustelde Coulanges. Histoire a.s institutions polit^çues de l'an-
cienne France, I, p. ^04.
14 H. GKAILLOT.
Les propriétaires de la villa de Martres, dont les biisles ont
le charme mélancolique des vieux portraits anonymes, ont-ils
gardé jalousement le secret de leur nom ? Sur un piedouche
destiné à supporter l'un de ces bustes, se lit une dédi-
cace dont répigraphie ne semble pas être postérieure au
11*" siècle' :
GE N!0
C ^ ACONITAVRI
VET
Genio C. Aconi{i) Tauri. — Au génie de Gaïus Aconius Taurus...
Ou est donc en droit de supposer que le domaine apparte-
nait à une lamille Aconia. Ce nom gentilice n'est pas rare
sous l'Empire. M. Joulin le signale en Etrurie, en Ombrie,
dans le Picenum, en Provence, a Lambèse. On le retrouve
ailleurs en Italie : à Rome, a Préneste, à Pompei. a Siise et
près du lac Majeur-. Sur i-in sarcophage de Frejus, où figure
une chasse de Méléagre, on lit le nom d'Aconius Invalidus». a
Rome. T. Aconius Karus, qui met Vascia sur sa tombe ', est
probablement d'origine gauloise. L'un de cesAconii est ancien
officier et chevalier romain, sous le principat de Trajan;
d'autres exercent des fonctions municipales; un autre, tribun
militaire de la treizième légion Gemina,au temps d'Alexandre
Sévère, est clarissime. Le plus célèbre est Fabius Aconius
Catulinus, vicaire d'Afrique en 3313, préfet du prétoire en 341,
préfet de la Ville en 342-344, consul en 349; sa fille, Aconia
Paulina, épousa l'un des clarissimes les plus connus du iv» siè-
cle, Vettius Praetextatus. Le personnage de Martres n'eut
peut-être aucune parenté avec ceux d'Italie. Mais puisque ses
1. Cf. Joulin, Etablissements gallo-romains, p. 77. Cette inscription a
été retrouvée au cours des dernières fouilles. Avec une dédicace aux
Dieux Mânes et une épitaphe du ii« siècle, curieuse par le mélange des
noms celtibériens et des noms romains, c'est tout ce que Martres a fourni
au Corpus des inscriptions latines.
2. En plus des sept inscriptions citées par Joulin, voir C. /. L., VI,
34200, 34401 (allninchie); XIV, 3313; IV, supplém., p. 308, n" XCV; XI,
27U0, 2708, 3115, 3117, 3118; V, 7207 et 51'J3. Cf. Forcellini, s. v. Aconius.
3. C. 1. L., XII, 287, ad>/.
4. C. I. /... VI. 3 12; 10.
LA VU, LA liOMAINI-: DE MARTRES-TOI.OSaNE. 15
desceadanls (léilièreut, un busle à .son geuie, c'est qu'il fut l'un
des horaine.s illuslres de la maison; et celle-ci CuL certalue-
meut l'une des plus iinporlanles de la région toulousaine. Con-
serva-t-elle le domaine pendant toute la durée de l'iunpire?
Au cours de quatre siècles, ce bien a pu changer de maîti-e.s.
Toutefois si le propriétaire primitif, celui du moins qui possé-
dait la terre quand elle fut inscrite au cadastre, est un Aco-
nius, la villa doit avoir toujours gardé son nom. Elle est
restée la Villa Aconiana. Or, au xvne siècle encore, la tradi-
tion locale donnait à ces ruines de Martres le nom, a peine
déliguré, ù' Angonia.
Ce vocable nous est parvenu dans une Vie de saint Vidian,
lequel fut martyrisé en ce lieu. Nous possédons, sur l'époque
où vivait ce saint, deux versions difïérentes. D'a[)rès l'uce,
que rapportent Du Saussay dans son Mmiyrologiwin galli-
canurn en 1()37, les Bollandistes en 175U, le Propre des saints
de l'église Saint-Sernin de Toulouse en 1759, Vidian fut une
victime des Gotlis ariens au v^ siècle. D'après l'autre, qui nous
est connue pour la première fois par un texte de 1634, il périt
dans une bataille contre les Sarrasins. Mais cette légende est
d'impoi'tation relativement récente Car elle attribue a Vidian
de Martres les faits et gestes et la mort même de Vivien de
France, tels que les content la chanson des Enfances Vivien
et celle d'Aliscans i. L'histoire de Vivien fui sans doute
implantée a Martres par des pèlerins du Nord, qui se rendaient
a Saint- Jacques de Compostelle par Toulouse, et qui, sur la
route des Pyrénées^ s'arrêtaient a l'oratoire de saint Vidian-.
Des analogies de nom et de circonstances, jointes au rôle
commun d'une fontaine sacrée, ont suffi pour déterminer' la
fusion de la tradition topique et de la légende exotique. De
1. Cf. A. Thomas, Vivien d'Aliscaiis et la légende de saint Vidian,
dans les Etudes romanes, dédiées à Gaston Paris; Jeaiiroy, Noies sur
la légende de Vivien, dans Romania. XXVI, p. 'Wj; Saltet, Saint
Vidian de Martres-I'olosaHes et la légende de Vivien des Chansons de
oeste, dans le Bull, de litt. ecclés., publié par l'Institut caliiolique de
1 oulouse, 1902, p. 44-56.
2. Le julte d.'.s reliques de saint Vidian à Martres est attesté par le
cartulaire de Saint-Sernin de Toulouse dés le début du xu' siècle, avant
la formation de la légende sarrasine.
16 H. GRAILLOT.
plus, ce Vivien était le neveu du duc Guillaume; et Guillaume
fut préposé à la Marctie d'Espagne, laquelle comprenait le
pays toulousain et avait Toulouse pour capitale. Cette raison
contribua aussi, semble-t-il, à faiie transporter sur les rives de
la Garonne des événements qui s'étaient passés sur les bords
du Rhône. La vie do saint Vidian comprend deux parties. La
preniièi'e résume la chanson de geste et, comme celle-ci, nous
promène successivement à Luiserne ou Lucerne de Galice,
aux îles d'Angleterre, en France, où Gharlemagne, « assez
informé du mérite de saint Vidian, l'institue duc en son
royaume ». La seconde, où reparaissent les souvenirs locaux,
narre sa mort « au lieu nommé vulgairement le Champêtre
icampus petrosus ?), qui est une plaine scituée en l'évêché
de Commenges, au bord du fleuve de Garonne ». Je cite ici
textuellement le « Sommaire de la vie et miracles de saint
Vidian, martyr » ; il a été publié par ordre de Jean Louis de
Berthier, évêque de Rieux; dans le diocèse duquel se trouvait
Martres ^ L'évêque avait visité l'église et fait ouvrir les châs-
ses le 25 avril 1634; il apposa sa signature au texte du Som-
maire le 23 septembre de la même année. « Etant poursuivi par
ces bourreaux carnassiers, ennemisjurez des chrétiens, le saint
se réfugia auprès d'une fontaine, qui est au bord de Garonne,
nommée à présent la fontaine Saint- Vidian dans le terroir de
Martres, où il lava ses plaies... Le martyre fut accompli et ter-
miné par les tourmens rigoureux et par le glaive tranchant...
Plusieurs autres de ses compagnons furent martyrisez en ladite
ville et endurèrent diverses sortes de supplices..., à cause de
quoi ladite ville porte le nom de Martyrs, parce que aupara-
vant elle s'appelait Angonia : c'était une grande cité fort fleu-
rissante et riche et une "des plus anciennes de la province de
Gascogne, ainsi que les antiquitez et ruines d'icelle le témoi-
gnent assez-. »
1. Ce texte est reproduit dans une brochure intitulée : Les hidulgen-
ces, la vie et les miracles de saint Vidian, Toulouse, imp. Hébrail, 1887 :
« Texte confoi'me à l'édition de 17(i9. »
2. P. 11. Le nom d'Angonia ne se retrouve pas sur le texte latin
« desnmptum fideliter Toloste in monastorio Sanctfo Marise DeauratfB
ordinis Sancti Benedicti, a fratro Odone monaclio ejusdemloci, anno 1636 »,
LA VILLA ROMAINE DE MARTRES-TOLOSANE. 17
Il ne paraît pas douteux que les ruines d'Angoaia, hautes
encore de plusieurs mètres à la fin du xviii» siècle, perpé-
tuaient le souvenir et le nom de la villa Aconiaca ou Aco-
niana'. La table de Veleja nous signale en Italie, dans le
pagus de Verceil, un autre fundus Aconianus" ; Walckenaer
le situe à Ogogna, « nommé Agonia et Aconia dans le moyen-
âge ». Le même vocable antique a nécessairement laissé dans
la toponymie médiévale, au pied des Pyrénées et par delà les
Alpes, les mêmes vestiges. Dans le pays de Martres, ce fut la
hantise de Calagorris qui fit oublier au x[x« siècle la tradition
véridique. Ce fut la hantise de la villa impériale qui empêcha
M. Joulin de faire revivre cette tradition. En nous restituant,
parmi de nouveaux débris de sculptures, le marbre dédié au
génie d'Aconius Taurus, les ruines nous ont livré depuis dix
ans leur dernier secret. Ce modeste piédestal, qui rend à This-
toire le nom de la villa aconiana, doit désormais occuper,
dans la galerie antique du musée de Toulouse, une place
d'honneur.
H. GUAILLOT.
publié par Saltet, l. c. Dumège, qui connaissait le texte fran.:ais, mais
qui s'obstinait à identifier les ruines à Calagorris, admettait qu'au delà
de la voie romaine et sur l'emplacement actuel de Martres, s'élevait un
hoVLVCT nommé Angonia. L'abbé Jammes, curé de Martres, qui a écrit une
Vie de saint Vidian, martyr (Bon et Privât, 1810, in-8", 51 p.). brode sur
ce thème : « ^^lartres existait en môme temps que Calagorris, dont elle
était la citadelle; son nom était alors Angonia » (p. 2; cf. p. 26). Cette
nouvelle légende a fini par passer dans .Joanne, Géographie de la Haute-
Garonne, "1896, s. V. Martres-Tolosanes : « Retranchements antiques,
restes présumés de la ville ibéro-romaine de Calagorris ou de sa citadelle
appelée Angonia. » Cf. Grande Encyclopédie, XXIII, s. v.
1 Sur la transformation d'à en an, cf. laterna et lanterna. On disait
sans doute Acconius pour Aconius. Cette forme se retrouve précisément
dans la Gaule cisalpine : C. I. L., V, 5493, 7267.
2. C. 1. L.. III, p. 226; Walckenaer, Géographie anc. des Gaules, II,
p 479. En Frânce,'un Aconiacus viens est cité sur une charte de l'an 1003 :
Recueil des historiens des Gaules, X. p. 582. Enfin, le nom d'Agonac,
dans l'arrondissement de Périgueux, dérive de la même origine; on disait
Castrum Agoniacum, au moyen âge.
ANNALES DU MIDI.
— XX
PAOLIN DE NOLE, SOLPICE SÉÏÈRE, SAINT lARTlN
RECHERCHES DE CHRONOLOGIE.
Paulin (le Noie et Sulpice Sévère ont été les deux illustra-
tions de l'Aquitaine chrétienne au temps de l'Empire romain.
L('un fut le meilleur poète latin de l'ancienne Église; l'autre,
fort attachant par son rare talent d'écrivain, l'est plus en-
core par le succès extraordinaire de ses écrits. Il a eu pen-
dant tout le moyen âge des lecteurs innombrables et des
centaines d'imitateurs ; toute l'hagiographie occidentale s'est
inspirée de lui, et il n'y a pas beaucoup de vies de saints
latines où l'on ne rencontre quelque souvenir verbal de sa
Vita Martini, sorte d'évangile de la religion des saints. Le
saint qu'il a révélé au monde a joui pendant des siècles d'une
popularité sans rivale. Saint Martin a été véritablement,
comme Sulpice l'avait voulu, l'égal des apôtres; le sanctuaire
de Tours a été le centre religieux de la Gaule franque; des
milliers d'églises et de maisons religieuses ont été dédiées à
saint Martin. Si l'on classait les écrivains par l'influence
démontrable de leurs œuvres, il n'y aurait pas beaucoup de
Latins à mettre au-dessus de Sulpice Sévère.
Il m'a semblé que des recherches qui aboutiraient à préciser
certaines de nos connaissances sur ces deux Aquitains pour-
raient trouver leur place dans cette revue d'érudition méri-
dionale, même si elles devaient être un peu longues et arides
Je vais essayer de dégager des écrits de Paulin toutes les
données chronologiques qu'elles contiennent sur Sulpice Sé-
vère et sur saint Martin.
PAULIN DE NOLE, SDLPICE SÉvÈEE, SAINT MARTIN. lÔ
DATES DES LETTRES DE PAULIN DE NOLE A SULPICE SÉVÈRE.
TOUS ceux qui ont étudié les lettres de Paulin de Noie, et
particulièrement ses treize lettres à Sulpice Sévère auront
constaté que ces documents très précieux, et qui sont loin, je
crois d'avoir dit leur dernier mot, ne se laissent mettre en
ordre et dater qu'à graod'peine. Pour ma part, j'avais essaye
sans succès de reprendre le travail de classement tente autre-
fois par Tillemont et par Lebrun. M. Reinelt, dans une hese
de doctorat soutenue, en décembre 1903, à la Faculté de heo-
logie de Breslau ', s'est montré plus patient et plus hab.le et
a résolu la plupart des difficultés qui m'avaient arrête. Son
travail est bien le meilleur que l'on possède sur la correspon-
dance de Paulin. Les cent pages de sa dissertation résument
heureusement les études antérieures et leur ajoutent beau-
coup de remarques utiles. C'est désormais une introduction
nécessaire à l'étude des Lettres. , ,„ aif
Quant à la chronologie des treize lettres a SulpIce^ la dit-
fieullé principale était que, les deux amis ne s expédiant
(sauf de rares occasions) qu'un courrier par an, et la corres.
pondance entre Noie et les résidences aquitaines de Sulpice
ayant commence en 896 pour finir en 402 ou 403, on avait
trop de lettres. M. Reinelt, éclairé par un texte de la le -
tre XLin (§ 2), a bien vu que les «;"-'- P-™'-\7 ',
1er non seulement deux lettres telles que XXIII-XXIV, dont
a seconde n'est qu'un long post-scHptum de la prem.ère,
ma s deux ou plusieurs lettres distinctes, écrites a quelques
:X l'intervane. Il a, sur des indices très P-baots^™e.ns-
„U.e des PaO"-^^-" -n:tx V f uf l'U
XXII, l'autre XXIX, XXIil ei Jf^^y^ \ j
-u ^in TMpfp des hl. PauUnus von Nola. —
T'LëùJeTi, V, XI, XVII, XXII. XXIII, XXIV, XXVII à XXXII.
20 E.-CH. BABUT.
XXVIII). Il a pu dresser aiasi une chronologie des treize let-
tres beaucoup moins erronée que l'ancienne.
Au tableau que l'on trouvera un peu plus loin des dates
fournies par M. Reinelt, j'ajouterai celles que propose M. Bro-
chet dans sa thèse récente sur La Correspondance de Pau-
lin de Noie et de Sulpice- Sévère (Paris, 1906). On verra que
M. Brochet a bouleversé l'ordre des pièces admis jusqu'à pré-
sent. Ses conclusions, malheureusement indépendantes du tra-
vail de M. Reinelt, qu'il n'a connu qu'en dernière heure, sont,
à mon sens, presque entièrement à rejeter. Je n'indiquerai
ici que ses erreurs les plus manifestes.
La lettre XP de Paulin fut écrite en réponse à l'envoi de la
Vita Martini. Or, nous savons par Sulpice (rapprocher Vita
Martini, 23, et Ep. II, 5) que son livre fut composé très peu
de temps avant la mort de saint Martin, et par ailleurs qu'il
le garda par devers lui quelque temps (F. il/., préface) avant
de le publier. A lire le livre tout entier, et particulièrement
la dernière page, on s'assure que Sulpice entendait n'éditer la
Vie qu'après que le saint, dont il parle toujours à un temps
passé, aurait quitté le monde. Ainsi, avant même d'avoir lu la
lettre XI® de Paulin, on s'attend à le voir parler de saint Mar-
tin comme d'un bienheureux. En eâet, il l'appelle beatissi-
mus (§ 13), et, dans un passage plus étendu, il s'exprime
comme il suit :
(§ 11). Neque enim, HM donatum fuisset enay^rare Mar-
tinum, nisi dignum, os iuwm sacris laudibus mundo corde
fecisses. Benedictus igitur lu homo domino, qui tanti sa-
cerdotis et manifestissimi confessoris historiam tant
digno sermone quant justo affeclu percensuisli; beatus et
ille pro merilis, qui dignum fide et vita sua meruit histo-
ricum, qui et ad divinam gloriam suis meritis et ad hu-
manain memoriam tuis litteris consecratur.
Enarrare, raconter jusqu'au bout, ne peut se dire de la
biographie d'un vivant, et le texte que Paulin avait en mains
devait comprendre le récit de la mort de saint Martin, lequel
se trouve dans la Lettre II de Sulpice, complément nécessaire
de la Vie. — « Louanges sacrées » serait choquant si le per-
PAULIN DE NOLE, SULPICE SÉVÈRE, SAINT MARTIN. 21
sonnage loué était en vie. La phrase antithétique qui suit est
tout à fait claire : beatus et ille ne s'oppose pas seulement à
benedicius, mais à liomo, et nous confirme que le bienheu-
reux Martin n'était plus un homme. — Et comment obtien-
drait-on la double consécration de la gloire divine et de la mé-
moire des hommes avant d'avoir passé de la terre au ciel?
Enfin, manifestissimi confessoris est une allusion à l'épî-
tre II de Sulpice, où la qualité de confesseur est attribuée à
Martin, avec force arguments à l'appui. Le texte de la lettre
répond donc à notre attente. Paulin, quand il l'écrivit, savait
saint Martin mort.
M. Brochet s'y est mépris, et il a commis une erreur pareille
sur le texte de la lettre XVIP où Paulin engage son ami,
assidu pèlerin au tombeau du saint tourangeau, à ne point né-
gliger le tombeau du saint campanien Félix.
Ep. XVII, 4. ... Gallicanas peregrinationes tôt annis{qno-
tannis?) fréquentas et iteratis saepe intra unam aestatem
excursibus Turonos et remotiora visitas... Juste fateor et
mérita Martinum frequentari; sed dico injuste pernicîo-
seque Felicem ab eodem, qui itlum honoret, promissis
inanibus ludi, vel secura promissi jam ut aboliti dissimu-
latione contemni. Qua /ide speras Christi gratiam in ho-
nore Martini, eadem Christi offensam time in offensione
Felicis.
Quand il n'y aurait pas, dans le texte, le mot peregrina-
tiones, comme les visites faites par Sulpice à Martin sont
assimilées aux visites que reçoit saint Félix, confesseur du
iii« siècle, et comme Sulpice peut, par les honneurs qu'il lui
rend, gagner la faveur du Christ, il n'est pas douteux que ces
honneurs ne soient un culte et que ces voyages à Tours ne
soient des pèlerinages au tombeau du saint.
Pour avoir mal entendu ces deux textes, M. Brochet a
affirmé à tort que la mort de saint Martin était postérieure
aux deux lettres XI et XVII; il a de plus, seul de tous les éru-
dits qui ont étudié F^aulin, placé la lettre XVII« avant la XI».
Il est certain pourtant que la XP, qui répond à l'envoi de la
Vita Martini, a été écrite peu de temps après la mort de Mar-
22 ÏÏï-CH. BABUT.
tin, au lieu que la lettre XVIt' lui est postérieure au moiflâ de
quelque deux ans.
S'il y a, dans le classement des treize lettres, un fait qiii
s'impose, c'est la liaison des lettres XXIII-XXIV. La XXIV^
se donne elle-^même comme un post^scriptum. Il y a chance
pour que la lettre à laquelle elle était annexée soit la XXIIP,
ôar dans les manuscrits les lettres XXIII et XXIV sont asso-
ciées (dans l'ordre XXIV-XXIIl). Mais t»aulin semble avoir
voulu lever à cet égard tous les doutes. Il dit au début de la
lettre XXIV : Superioris fine commOniH, de caritatis vide-
licet etperfectionis verbo... Donc, la lettre à laquelle s'ajoute
la XXIV» contenait à la dernière ligne les mots Ou les idées de
Cariias et perfectîo. Et VEœplicU de la lettre XXIIP est : In
tua tantum dileciione profitemur esse perfeclos. On
s'étonne que M. Brochet ait rompu arbitrairement Un lien
aussi manifeste, en adjoignant la lettre XXIV à quelque lettre
perdue des années 394-396.
M. Brochet tient pour établi que Paulin s'établit â Noie en
394^ ayant été ordonné prêtre à Barcelone en 393. Il connaît
l'argumentation (que nous verrons confirmée) par laquelle
Rauschen' fixe le voyage de Paulin en 395; mais il la rejette
sans la discuter. Le texte qu'il invoque, après Tillemont*, est
celui de la lettre I de Paulin, § 10 : die domini, qUo nasci
carne dignatus est,... presbyteratu initiatus sum, d'où il
tire que la Noël de l'année en question dut être un dimanôhe;
or, entre les années admissibles, cette coïncidence ne se produi-
sit qu'en 393. Mais il eût été tout à fait illogique d'écrire : « le
jdur du dimanche, où le Seigneur daigna naître», car la Noël
»e tombe pas toujours un dimanche. La Noël, si elle n'est pas
toujours une dies dominica, est toujours un « jour du Sei-
gneur». L'argument ne vaut pas, et M. Brochet aurait dû
acceplev, cotnme M. Reinelt, l'excellente démonstration de
Rauscheûj
Encore Une innovation singulière de M. Broôhet. Tout le
1. G. Rauschen, Jahrbiwher dar christlichen Kirche iinter de>n Kai-
ser Theodnsius deni Grossen. Freiburg im Br. 1897, pp. 549-552.
g. Mérdom^, t. XIV, pp. 40 et l'êb.
PAULIN DE NOLE, SULPICE SEVERE, SAINT MARTIN. 23
monde s'accordait à peûser que, la correspondance de Paulin
et Snlpice s'arrêtant vers 402-403, comme il y est question de
la Viia Martini ei de la Chronique de Sulpice, et non des
Dialogues^ les Dialogues avaient été publiés après ces deux
livres et après la dernière des lettres conservées. M. Brochet
suppose (p. 57) que les Dialogues sont antèi-ieurs à la Chro-
nique. Il reporte la lettre XXVIII, où Paulin répond à une
demande d'informations que Sulpice lui a adressée en vue de
sa Chronique^, en 404, ou plutôt en 406-407. Pourtant, Sulpice
avilit choisi comme terme de sa Chronique l'année du consu-
lat de StilicoUi pour nous l'an 400 (Chron., IIj 9, 7; cf. II,
27. 5). Cette année n'avait rien de remarquable et a manifes-
tement été choisie comme étant soit l'année courante, soit la
dernière révolue'. L'année où, étant encore au début de son
travail, il a consulté son ami, doit être l'année 400 ou 401 ;
d'autre part^ Bernays a montré que deux fragments de la
Chronique, qui sont tirés de la lettre XXXI, avaient été
insérés après coup dans le texte de la Chronique déjà rédigée^;
la lettre XXXI est donc parvenue à Sulpice quand sa Chro-
nique était à peu près achevée, et elle est certainement pos-
térieure à la lettre XXVIII. Comment M. Brochet, qui place
la lettre XXXI en 402, met-il la lettre XXVIII en 404 au plus
tard?
J'ajoute que M. Reinelt a usé d'une méthode plus sûre
que M. Brochet. Il prend comme point de départ la date
de l'arrivée à Noie, qui est l'année 395; puis il examine
les lettres, les classe en petits groupes contemporains, les
espace et les date sans autre secours que les indications chro-
nologiques qu'elles contiennent. Les trop rares synchronismes
que permettent d'établir les allusions de Paulin à des faits par
ailleurs connus ne lui servent que de vérification. M. Bro-
chet prend au contraire ces synchronismes, et particulière-
1. Voir le passage II, 51, 8, où les quindecim anni se rapportent à la
période 385-400. Sulpice a bien voulu arrêter son récit îiti moment bîi il se
trouvait.
2. Chron., II, 31, 3 à 6; II. 33, 4 à II, 35, 1. — Paulin, Ep. xxxi, 3-1. —
Cf. Bernays, Vber die Chronik des Sulpicius Séverua. — Gesammelté
Abhéndiim^en, t. II, p. 85.
24 E.-CH. BABDT.
rement l'incertaine année du retour de Mélanie, comme base
de ses calculs. Ayant donné peu d'attention à la liaison mu-
tuelle (les lettres, les éléments de vérification lui font entiè-
rement défaut.
Je donne ici, page 12, sur trois colonnes, les dates propo-
sées par Tillemont-Lebrun, par M. Brochet, par M. Reinelt,
et sur une quatrième celles qui me paraissent devoir être
définitivement adoptées.
Il reste à justifier les corrections que j'ai cru devoir appor-
ter à la chronologie de M. Reinelt.
1° Lettre V. — Sulpice nous dit dans sa lettre XXIII, § 2,
c'est-à-dire en 400, que jusqu'alors, et depuis son arrivée en
Italie, son ami et lui avaient correspondu une fois par an. La
lettre V est la première que Paulin écrive à son ami depuis
qu'il est à Noie; elle est écrite en été. Sera-t-il resté plus de
deux ans sans donner de ses nouvelles à Sulpice, après ce
départ définitif, alors surtout que Sulpice songeait à le re-
joindre? Une seule fois, Paulin note dans une lettre (Ep. xvii,
1-2) qu'il est resté plus dVme année, de quinze à dix-huit
mois, sans écrire à Sulpice; il déplore et commente abondam-
ment cette longue interruption de leur correspondance. La
lettre V (§ 2) nous apprend bien que le courrier envoyé par
Sulpice à Noie y a été retenu par les fièvres; mais si Paulin,
arrivé au printemps de 395, était resté de vingt-cinq à vingt-
sept mois sans écrire à son ami, il donnerait de ce retard, à
en juger par la lettre XVII, des explications bien plus éten-
dues et précises.
L'unique motif qui détermine M. Reinelt à placer la lettre V
en 397 est lire du mot du § 14 : Afri quoque ad nos episcopi
prima aeslate miserunt. Or la lettre VII, adressée à un Afri-
cain et qui est (date sûrement établie) de 397, parle de lettres
que Paulin vient de recevoir de cinq évêques africains. Mais
la lettre III, qui est de l'automne 396, nous apprend que Pau-
lin a reçu de l'évêque Alyplus une lettre et cinq livres du
prêtre Augustin contra Manichaeos . La mention de la lettre V
peut fort bien se rapporter à cet envoi. Le pluriel episcopi
peut être emphatique (le contexte s'y prêterait); il peut signi-
PAULIN DE NOLE, SDLPICE SEVERE, SAINT MARTIN. 2'->
A. 894
Tillemonl-Lebrun.
I
Brocliet.
I
V \ XXIV
lettre |
perdue '
Reinelt.
Dates proposées.
395
V
I
I
396
V
397
XI
XVII
V
XI
XI
398
XXII
x^^I
XVII
399
XYII
XI
XXIX, XXIII
XXVII, XXII
XXVII,
XXII-XXX
400
XXII
XXVII, XXX
XXIX, XXIII-
XXIV, XXVIII
XXIX,
XXIII-XXIV
401
XXIII-XXIV,
XXVII
XXX
XXVIII
402
XXVIII, XXIX,
XXX
XXXI-XXXII
XXXI
XXXI
XXXII
403
XXXI-XXXII
XXXII
404
xxviii(406-407)
26 È.-Ctt. BABtJt.
fier qu'en outre d'Alypius un autre évêqiie africain a fait
saluer Paulin par son messager.
M. Reinelt admet que Paulin a reçu la Vita Martini en397j
quelques semaines après avoir écrit la lettre V, et a répondu
alors à cet envoi par la lettre XI. On aurait diî faire attention
que dans la Vita Martini (2, 8), Sulpice a emprunté à la
lettre V de Paulin (§ 6) les mots evangelii non sùrdus audi-
tor^. Il faut donc que Sulpice ait recula lettre V avant d'écrire
la Vie, c'est-à-dire avant la fin de 39G. J'ajoute que, plaçant
ia lettre V au printemps et la lettre XI vers la fin de l'été de
l'année 397, M. Reinelt (pp. 15-16) ne peut rendre compte du
passage de la lettre XVII (vers sept. 398) où Paulin affirme
ii'avoir pas écrit à son ami depuis le printemps de l'année
précédente, que par une subtilité peu admissible.
2° Lettre XXX. — Une lettre de Paulin à Sulpice compre-
nait deux parties : l'une de circonstance et proprement épis-
tolaire, l'autt*e faite d'une dissertation sur un sujet religieux.
La lettre XXX n'étant qu'une fin de lettre et la lettre XXII
qu'un commencement, l'idée s'offre naturellement qu'elles ont
été séparées par accident^ et qu'il convient de les réunir. Or,
dans tous les rnanuscHts, la lettre XXX est placée immédia-
tement après la lettre XXII; de plus, de la lettre XXII à la
lettre XXX, la suite des idées est parfaite. Paulin, à la fin de
la première, cite V Enéide, et il rappelle, avec une ombre dé
reproche, que Sulpice, dans sa dernière lettre, citait un autre
endroit de VÉnéide et un prologue de Plaute. A ces trois cita-
tions, peu conformes aux maximes des deux religieux, fait
feuite le début de la lettre XXX, qui n'offre en lui-même aucun
Sens satisfaisant : Beato apostolo diotum est : « Multae lit-
ierae te ad insaniam perduœerunt. » Je conclus que leë
lettres XXII et XXX n'en forment qu'une. Il ne me semble
d'ailleurs pas douteux que les lettres XXVII et XXII ainsi
Complétée fir'ent partie d'un môme paquet.
3" Lettre XXVIII. — Un autre paquet comprit les lettreiâ
1. Impossible de supposer un emprunt de Paulin, car la lettre XI,
réponse à l'envoi de la Vie, est certainement postérieure d'au moins quel-
ques mois à la lettre V.
PAUl.IN DE NOLE, SDLPICÈ SÉVèkE, SAINT MARTIN. 2t
XXIX et XXIII; c'est le seul poitit sur lequel M. Brochet se
soit rencontré avec M. Reinelt; il a Seulement éU le tort,
comme on a vu, do séparer XXIV de XXIII. Ainsi, XXIX et
XXIII-XXIV ont été emportés par le moine Victor dans àdfl
premier voyagé de retour de Noie à Primuliacum (cf. Ep. xliii,
2). A ce volumineux envoi, M. Reinelt a certainement tort
d'adjoindre la lettre XXVIII. LisOns le début de cette dernière
lettre : Redit a me tîM Victor, ut redeai a te mihi; Victor. ..
Sotemné solatium noMs,... Victor* epistolarum nostraruirk
veredarius pedes... Victor longissimdrum viaruM,... ut
nos reficiat ànnuis inler ulrumque discur^ibus, ferenà
indeféssus ac referens commercia litterarum.i.
Victor est ici un courrier attitré entre Primuliacum et Noie,
ce qu'il n'était pas dans lés letti'es XXlX et XXIII-XXIV.
Pour être appelé messager àritluel, il faut qu'il ait fklt le
voyage au rrioins deux ans de suite. Plus loin , au § 3, Pauliri
parle d'une convention conclue entre son ami et lui, d'après
laquelle Victor, qui leur est également chet", doit passer l'hiver
à Noie et l'été auprès de Sulpice. Cette convention a certaine-
ment été proposée par Sulpice, patron de Victor, et n'a pii
l'être que lorsque âulpice eut appris, par la lettre XXIII, que
Paulin s'était épris de Victor. Ainsi, là lettré XXVIII a été
emportée par Victor au plus tôt a son second retour de Nolé^
Ce voyage de retoui^ est plus probablement le second, Car C'est
au moment où il fut décidé qiie Victor* ferait un Voyage d'allét*
et de i^etour par an, qlie Paulin à dû Célébrei^ ses services
annuels. La lettre XXVIIt, que j'ai placée en 401 , pourrait être
de 402, noil de 400. En tout cas, oh a vu qu'elle ëtait atité*-
rieure à là lettre XXXI,
4° Lettre XX^Il. — Tout le monde avait admis, jusqu'ici,
que les lettres XXXl et XXXIt, où il est pàtlé des Const^Uè-^
tiens de Sulpice à Primuliacum, aVaient été portées pat" Uû
même courrier; je crois que M. Reinelt a eu tort de les sé-
parer. Il est vrai que l'une fut écrite un peu avant (Ep. xxxi, 1),
l'autre peu après (Ep. xxxii, 10) la dédicace de l'église
que Paulin, de son côté, bâtissait à Saint-Félix. Mais Victor
passait à Noie tout l'hiver ; il serait conforme aux habitudes
28 E.-CH. BABDT.
de Paulin d'avoir écrit les deux lettres, à quelques semaines
d'intervalle, pendant le séjour de Victor. — D'autre part :
1° on voit dans la lettre XXXI, § 1, que Victor comptait rap-
porter d'Italie à son maître, en outre du bois de la Croix
que lui remit Paulin, des cendres des martyrs; et dans la
lettre XXXII, § 7, que Sulpice attend, pour son église neuve,
des reliques. — 2° Paulin parle, dans sa lettre XXXII, du
fragment de la vraie croix annoncé dans la lettre XXXI
comme s'il l'avait encore en mains; il l'appelle hanc de cruce
benedictîonem ; il ne sait pas encore si Sulpice déposera ce
fragment dans son autel, ou s'il le gardera par devers lui
comme relique portative (Ep. xxxii, 8); c'est donc que Sulpice
n'a pas encore répondu à la lettre XXXT. Les deux lettres
sont parties ensemble ; comme elles sont arrivées à Primu-
liacum avant la publication de la Chronique, commencée en
fin 400 ou au début de 401, il faudra les placer plutôt en 402
qu'en 403.
Les lettres XXXI-XXXII sont les dernières pièces conser-
vées de la correspondance de Paulin et Sulpice. On a eu bien
tort de conclure qu'ils aient cessé, vers 40^-403, de s'écrire,
et il est singulier de supposer que la circulation des cour-
riers ait été depuis lors rendue impossible par l'invasion bar-
bare', laquelle ne se produisit qu'en 407, et n'aurait pu
avoir qu'un effet passager. Il est certain qu'en 404, Sulpice et
Paulin s'écrivaient ^, et probable qu'ils s'écrivirent encore bien
des années plus tard. Le fait qu'aucune lettre postérieure
à 402-403 ne s'est conservée, alors que des huit années précé-
dentes nous avons au moins une lettre de Paulin par an, et
peut-être toutes ses lettres, ne peut être dû au hasard. Du
vivant de Paulin, saint Augustin connaissait une des lettres
de Paulin à Sulpice 3. Il n'est pas probable qu'elle lui soit par-
venue isolément, et l'on sait d'ailleurs que deux religieux
1. Reinelt, pp. 38-39. — On ignore la date du poème XXIV, à Cythérius,
où Sulpice est cité au vers 715.
2. Sulpice, Dial. III, 17. 3.
8. Augustin, ep. clxxxvi, 40, écrite en 417 (Migne, t. XXXIII,
col. 831).
PAULIN DE NOLE, SDLPICE SÉVÈRE, SAINT MARTIN. 29
aquitains s'occupaient de collectionner les lettres tle Paulin *.
Il y a des chances pour que, vers 403-404, un recueil de ces
lettres ait été constitué, et que de ce recueil proviennent la
plupart des lettres que nous possédons, et notamment les
douze lettres à Sulpice^.
II
LA CHRONOLOGIE DES NATALICES DE PAULIN,
Paulin eut de bonne heure une dévotion particulière à saint
Félix de Noie. Depuis l'année 395, il lui offrit chaque année,
pour le jour de sa fête qui tombait le 14 janvier, la dédicace
d'un poème anniversaire ou Natalicium. Les Natalices, dont
treize ont subsisté (plus un fragment), ont été réunis en un
recueil spécial, où ils étaient rangés par ordre chronologique'.
Nous possédons de ce Livre de saint Félix en treize articles
plusieurs anciens exemplaires manuscrits, complets et incom-
plets. Les treize poèmes portent, dans les manuscrits complets,
des indications numériques telles que : Incipit laus anni
primi... Incipit anni secundi... Incipit terlia... Incipit
quartus^.
Une première variante dans la numérotation traditionnelle
tient à ce que, dans deux des trois manuscrits complets (AD),
le premier poème, écrit par Paulin en Espagne et a la veille de
son départ pour Noie, est appelé Préface et mis hors série, la
série ne comprenant par suite que douze articles, tandis que
dans le troisième manuscrit (E) les treize poèmes sont numé-
rotés de 1 à 13. Bien que la première de ces deux numérota-
tions soit certainement la primitive, j'adopte, pour plus de
commodité, la numérotation de 1 à 13.
Mais il y a, dans l'ordre où les treize pièces sont rangées
1. Paulin, ep. xli, 1.
2. Ku comptant XXII et XXX pour une seule lettre.
?>. Voir au tome II du Paulin de Vienne (t. XXX du Corp. Scr. Eccl-
Lat.) l'introduction de l'éditeur, M. de Martel, p. xxii.
4. Ibid., p. XXV, ms. D.
30 E.-CH. BABUT.
dans les manuscrits, un désaccord plus grave. Ce désaccord
apparaîtra bien dans le tableau ci-dessous, que j'emprunte à
l'éditeurM. de Hartel, et qui nous donne, pour chacun des neuf
manuscrits des Natalices, la série des pièces qu'il contient,
dans l'ordre où elles y sont rangées. Les numéros désignant
les poèmes sont ceux de toutes les éditions modernes de Paulin.
ADE 12 13 U 15 16 18 23 26 27 28 19 20 21
19 21
Q
12
13
14
1.5
16
18
23
26
^
12
13
14
15
18
23
26
27
28
B
12
13
14
15
16
18
23
26
27
12
13
14
15
15
16
16
18
18
26
28
28
27
27
On voit que l'ordre des pièces (en négligeant les lacunes
de ATGR) est rigoureusement constant dans tous les manus-
crits, à cela près que les deux poèmes 27 et 28 sont rangés
dans les trois manuscrits TGR dans l'ordre 28-27. .
La table généalogique des manuscrits qu'a dressée l'éditeur
est la suivante :
Arch.
/\
ADQ X
/\
BET GR
Oo voit clairement par cette table que le manuscrit perdu x
donnait certainement les deux poèmes dans l'ordre 28-27,
commun à TGR. Ainsi des deux branches de la tradition, l'une
donne l'ordre 27-28, l'autre 28-27. Comment choisir?
M. Reinelt a fait voir, et il est possible de confirmer ses
raisons, que l'étude des deux, pièces fournissait des raisons
décisives de préférer l'ordre 28-27 ;
1? Le poème 28 doit avoir immédiatement suivi le poème 26.
A la fin de cette dernière pièce (v. 395-412), Paulin célè-
bre un tout récent miracle de saiot Félix, l'extioction d'un
incendie dans les dépendances de la basilique qui lui est dédiée
{Pavor e terrore recenli. — Vibrât adhuc animas...). Pas
de description du sinistre; 15 vers pour un tel événement:
le prolixe Paulin aura manqué de temps, l'échéance du 14 jan«
vier étant proche. — 11 prit sa revanche de cette brièveté
PAULIN DE NOLE, SULPICE SÉVÈRE, SAINT MARTIN. 31
involontaire, et il la prit dans le poème 28, où il consacre
cent vers (60-166) à l'incendie et au miracle, et où il donne le
fait comme récent encore (au v. 61, nui^er). Il est par suite
très probable que, le poème 26 étant celui de 401, le 28»
doit être celui de 402. — On ne dira pas que dans le
poème 27 Paulin n'avait pas eu l'occasion de raconter le
miracle, car il fait allusion, au vers 363 de ce poème, à la
masure {ohscurum tectum) qui a brûlé.
2" Les deux poèmes 27 et 28 ont pour objet les travaux
que Paulin a fait faire à Noie : construction d'une église
neuve, remise à neuf et décoration de l'ancienne église
Saint-Félix et du portique rectangulaire placé devant la
façade. Or, il est dit dans le poème 28 que les travaux exé-
cutés ont duré plus de deux ans (v. 268-269 : annis sudata
duobus — tertius eœplicuit), et l'on voit au poème 27
qu'ils ont duré plus de trois ans. Paulin, en effet, affirme ici
qu'il y a employé tout le temps qui s'est écoulé entre la pre-
mière et la seconde visite de Nicétas de Remesiana (v. 350-
351 : totoquo de fuit... tempore), et, d'autre part, qu'entre ses
deux visites il s'est écoulé plus de trois ans (v. 333, Venisii
tandem, quarto mihi redditus anno)'^.
3° M. Reinelt fait une dernière remarque, qui lui paraît
suffire à elle seule à établir que le poème 28 est antérieur
au 27*. Le poème 28, dit-il, nous montre Paulin plein de la
joie et de l'orgueil des importants travaux qu'il a accom-
plis. Son église neuve est debout, l'église ancienne a été assez
rajeunie pour que l'ensemble des constructions présente un
aspect harmonieux ; le poème n'est qu'une large description
de tout le système des édifices et des cours. Quant au
poème 27», interminable, il s'ouvre par une introduction
de 344 vers sur la fête de saint Félix, sur l'arrivée de Nicétas,
sur le sens allégorique d'un texte de la Genèse. Et quand Tau-
1. Notons que Nicétas est parti après son premier séjour, dans la
belle saison (poème 17, particulièrement v. 25 et suiv.), celle des grands
voyages, et qu'il est revenu, trois ans après (supputation romaine), à la
fin de l'année. Car il a assisté à la fêle du 14 janvier, et il est arrivé assez
tôt pour que Paulin écrivit cinq cents vers du poème 27 (v. 147 à 647).
32 E.-CH. BABUT.
leur en arrive enfin à parler de ses édifices, c'est pour ne
décrire que de raenu^ détails, comme les lampes du sanctuaire.
Si la matière lui l'ail défaut, c'est qu'il traite un sujet qu'il a
déjà presque épuisé, — dans le poème 28.
Suivons Paulin et Nicétas dans la promenade qu'ils font
ensemble à travers les édifices voués à saint Félix (Poème 27).
Ils entrent dans le cortile de l'incendie, et contemplent la
façade nettoyée et décorée à nouveau de la basilique ancienne
(v. 364-381); ils passent le porche de la basilique, et Paulin
signale à son hôte le plafond caissonné qui vient d'être achevé,
et les lampadaires qui ont été pendus aux solives (381-394).
Puis, revenus sous le portique du même corlile, ils jettent un
coup d'œil sur les petites salles ménagées sur l'un des côtés
du portique, à l'usage des hôtes de saint Félix, et munies de
reliques (395-402). Après une digression sur les reliques (403-
454), la visite reprend : porche de l'église ancienne (455-462);
fontaines, alimentées par' des citernes (463-479); communi-
cation, par un autre côté du coriile, avec l'église neuve, et
jonction des deux églises contiguës (480-490). Une nouvelle
digression (491-510) nous apprend que le Christ se complaît
aux vastes édifices. Paulin revient alors à ses bâtiments, pour
énumérer les sujets bibliques des peintures de son même
grand portique (51 1-541 et 596-635). Cette partie finale du
poème n'est interrompue que par une dernière digression sur
l'usage, qui ne faisait alors que commencer {raro more),
de décorer les édifices sacrés de peintures murales (542-595).
Il n'est pas exact de dire que le poème 27^ soit consacré
aux détails de la construction. Il a pour sujet le cortile de l'in-
cendie. A part l'introduction, ce n'est que le récit d'une pro-
menade autour du portique restauré du grand atrium. Pauliu,
conduisant Nicélas, ne sort de cet espace quadrangulaire qu'à
deux reprises, et chaque fois pour un moment (381-394, et 480-
490). A peine fait-il mention (v. 458 et 482) de l'église neuve.
Aussi peut-on affirmer que le poème 27 n'est qu'un com-
plément du poème 28. Paulin n'y a voulu décrire que
les travaux exécutés pendant la dernière année; et sauf le
plafonnage à neuf et quelques embellissements de la vieille
PAULIN DE NOLE, SULPICE SEVERE, SAINT MARTIN.
33
église, on n'avait fait autre chose, depuis un an, que de res-
taurer le portique de la grande cour.
S'il fallait une dernière confirmation, on la trouverait
dans un mot du poème 28 ( v. 53-54), où Paulin oppose Varea
exlerior, qui est la même grande cour, a une autre cour
{area inlerior, v, 28) qui touchait à trois basiliques. Il était
obligé de convenir que la première, celle de l'incendie, si elle
était plus spacieuse, était aussi plus négligée {aeqùore major,
cullu minor^). Il n'eiit certainement pas dit cela après la
réfection complète que nous fait connaître leNatalice suivant,
et ce mot du poème 28 est comme l'annonce des derniers
travaux que l'on voit accomplis au poème 27.
Je conclus que l'antériorité du poème 28 est évidente.
N'y aurait-il par ailleurs, dans la série des treize pièces telle
que nous la présentent les manuscrits, aucune autre inter-
version, ou n'y aurait-il pas quelque lacune? La table généa-
logique des manuscrits doit à cet égard nous rassurer entière-
ment. L'éditeur du texte n'a constaté dans le texte des Nata-
lices aucune faute commune à tous les manuscrits, et a fait
remonter à l'original la bifurcation de la tradition en deux
familles. Ainsi la série des pièces, en tant qu'elle est attestée
par la totalité des manuscrits, est bien la série originelle. —
Au surplus, on verra plus loin qu'il y a corrélation entre la
chronologie des Nalalices et celles des Lettres à Sulpice. En
confirmant les dates des Lettres, les dates des Natalices se vé-
rifieront elles-mêmes. — Nous pouvons dès lors dresser comme
il suit la table des Natalices conservés, avec leurs dates :
Nat. 1. Poème 12, 14 janvier 3'J5
Nat. 8. Poème 26, 14 janvier 402
2.
—
13,
—
396
— 9.
- 28,
—
403
3.
„-
14,
—
397
— 10.
— 27,
—
404
4.
—
15.
—
398
— 11.
- 19,
—
405
5.
—
16,
—
399
— 12.
- 20,
—
406
6.
7.
—
18,
23,
z
4(J0
— 13.
- 21,
—
407
1. Au poème 27, v. 370, Paulin dira, en effet, que la réparation de
la grande cour s'imposait : Namque hune res poscere cultum — Ipsa
videbatur.
ANNALES DU M DI. — XX 3
34 E.-CH. BABUT.
III.
CONFIRMATIONS.
La série des Natalices va nous aider à vérifier la chrono-
logie déjà établie des Lettres. Tout d'abord, serait-il possible
de confirmer les déductions par lesquelles Rauschen a fixé en
395 l'établissement de Paulin à Noie, la Lettre I, le Natalice I ?
On se rappelle qu'avant lui, le terme Initial des deux séries
de documents était fixé un an plus tôt, en 394*.
Le Natalice XIII, ou poème 21, qui, d'après la table pré-
cédente, fut lu le 14 janvier 407, a été écrit alors que l'Italie
venait d'être délivrée d'une grande terreur. Les Getae mar-
chaient déjà sur Rome par les routes de la montagne (v. 10
ipsisjam faucibus urMs), quand une grande victoire romaine
les avait arrêtés; au nombre des morts de la journée se trou-
vait leur roi (v. 20). — Il s'agit évidemment ici de la victoire
remportée par Stilicon à Fiesole, sur les Goths de Radagaise.
Or cette victoire est bien de 406. Prosper la place en 405,
Marcellin en 406, le chroniqueur de 452 en 407 2; un autre
fragment de chronique, plus explicite que tous les autres et
qui procède des Annales consulaires de Ravenne, en 406^.
Une donnée certaine est fournie par deux décrets d'Honorius,
datés des 17 et 19 avril 406, qui appellent sous les armes,
en raison du péril pressant de l'Etat, les esclaves avec les
hommes libres*. Tillemont se décide, malgré ce texte, à placer
la bataille de Fiesole en 405 : c'est que, l'établissement de
Paulin à Noie datant pour lui de 394, il est forcé de dater le
Natalice XIII de janvier 406; et il ne peut découvrir pour-
quoi la patrie romaine, en avril 406, était déclarée en danger^.
1. M. Brochet (v. ci-dessus) et M. Baudrillart {S. Paulin de Noie,
2' éd., Paris, 1905, p. 58), écrivant après Rauschen, maintiennent la date
de 394.
2. Mommsen, Chronica minora, t. I, p. 405; t. II, p. 69; t. I, p. 652.
3. Ibid., t. I, p. '2!)9 {Additainenta Haunie/isici ad Prosperiwi).
4. Cod. Theod. VII, XIII, 16-17. Cf. Tillemont. Hist. des Emp. t. v, p. 806.
5. Il n'y a pas à penser à la grande invasion des Vandales et dea
PAULIN DE NOLE, SDLPICE SEVERE, SAINT MARTIN. 36
— La date de 406 s'impose pour la bataille de Fiesole (encore
que tous les historiens modernes répètent l'erreur de Tille -
mont), et pour le poème 27 la date dé 407, qui confirme
celles des douze premiers Natalices'. Ceci dit, les synchro-
nisraes que l'on peut établir entre les Lettres et les Natalices
sont les suivants :
l" On verra un peu plus loin que le Natalice IV ou poème 15,
composé pour le 14 janvier 398, a été inspiré à Paulin par la
lecture, évidemment toute récente, de la Vie de saint Mar-
tin. Nous avons donc eu raison de dater de 397 la lettre XI,
par laquelle Paulin répond à l'envoi de la Vie.
2» L'évêque Nicétas de Rémésiana se trouvait à Noie le
14 janvier 404 (Natalice X ou poème 27). Il y était certai-
nement arrivé plusieurs semaines auparavant, car le poème
de 647 vers où Paulin célèbre sa présence (le nom de Nicétas
y apparaît au vers 151, et reparaît sans cesse dans la suite),
n'a pu être improvisé à la veille de la Saint-Félix. Nicétas est
donc arrivé à Noie en fin 403. Or, Paulin, au vers 333, dit à
Suèves en Gaule ; car un péril gaulois motiverait mal les décrets d'Hono*
rius, et suivant Prosper les Barbares n'entrèrent en Gaule que le 31 dé-
cembre 406.
1. On pourrait tirer une confirmation analogue du poème 26 ou
Natalice YIII (402), composé pendant une autre invasion, alors que la
Campanie elle-même redoutait l'approche des Gètes et des Alains (vers
22-28; 55; 68-74; 103-104; 414; 425-429, etc.). 11 s'agit de la première
invasion d'Alaric, qui finit par la demi-victoire de Stilicon à PoUentia.
Il y a accord des chroniques pour dater Pollentia de 402 (Hodgldn,
Italy and her invàders, vol. I, part. II, Oxford, 1892, pp. 711 et suiv.).
Mais Alaric était-il entré en Italie le 18 novembre 400, ou le 18 novem-
bre 401 ? Il y a quelque incertitude sur ce point, bien que, même sans
tenir compte du poème de Paulin, il y ait une forte probabilité pour la
date du 18 novembre 4U0. — A la rigueur donc, la date de 401 que l'an-
cienne chronologie assignait au poème 26 serait conciliable avec les
faits ; car en décembre 400 Paulin savait l'Italie envahie. C'est pourquoi
je renonce à tirer argument du poème 26. — 11 faut remarquer pour-
tant que si Alaric n'est entré dans le Frioul que quelques semaines aupa-
ravant, on s'étonne d'apprendre j)ar Paulin que déjà une anxiété pro-
fonde règne jusque dans les provinces du Midi. Ce que Paulin dit des
combats livrés, des villes qui rebâtissent leurs murs, semble indiquer
que la guerre dure depuis quelque temps, et l'année 402 convient certai-
nement mieux au poème 26 que l'année 401. Notons aussi que le
poème suivant ne contient plus aucune allusion au péril de l'Italie, pour-
tant aggravé, si le poème 26 est de 401.
36 E.-CH. BABUT.
Nicétas : Venisti tandem quarto mihi redditus anno.
A compter les années à la mode latine, il faut entendre que
le premier séjour de Nicétas à Noie, lequel avait eu lieu dans
la belle saison, datait de trois ans auparavant. Nicétas avait
donc séjourné à Noie en 400. Or, c'est bien en 400 que nous
avons été conduits à placer la lettre XXIX, où Paulin men-
tionne à Sulpice la première arrivée de Nicétas (Ep. xxix, 1 *).
3" On a vu qu'entre les Lettres XXXI et XXXII, que j'ai
datées ensemble de 402, s'insérait la dédicace de l'église neuve
de Paulin. Cette date s'accorde-t-elle avec les indications four-
nies par Paulin sur ses bâtisses, dans ses deux Natalices de
403 et de 404? — Paulin, dans sa lettre XXXII, ne parle que
de son église neuve; il ne dit rien de la restauration de l'église
ancienne (en janvier 403, voir poème 2S, v. 196-228, l'église
ancienne était déjà restaurée); il y a donc apparence que
les travaux qu'il fit faire ont commencé par la construc-
tion neuve. — Il dit d'ailleurs au poème 28 (v. 187) que la
dédicace d'une chapelle baptismale et de fonts baptismaux
dans l'église ancienne eut lieu à la Saint-Félix de 403, et l'on
voit au poème 27 (356-357) que Nicétas, le 14 janvier 404,
consacra les dernières constructions, c'est-à-dire sans doute
les petites loges pourvues de reliques qui flanquaient le porti-
que de la grande cour. La dédicace des divers édifices a donc
été célébrée en plusieurs fois, et la date la plus indiquée pour
la dédicace de l'église neuve est bien l'année 402 '.
IV.
L ANNEE DE LA MORT DE SAINT MARTIN.
J'ai dit plus haut que la Natalice IV, de 398, offrait des
allusions certaines à la Vita Martini. On a sur l'année de la
1. La basilique de Paulin, qui s'ajoutait à quatre basiliques déjà grou-
pées autour du tomboau du saint, ne devait être, par ses dimensions,
qu'une chapelle, et il n'est pas étonnant qu'on ait pu la consacrer un peu
moins de deux ans (4U0-4U2) après l'ouverture du chantier.
PAULIN DE NOLE, SULPICE SEVERE, SAINT MARTIN. 37
mort de saint Martin deux traditions différentes. D'après
Sulpice-Sévère (Dial., II. 13, 6), saint Martin aurait vécu
seize ans après la condamnation des priscillianistes, a Trê-
ves, en 385, c'est-à-dire jusqu'en 401. D'après Grégoire de
Tours ^ saint Martin mourut la seconde année du règne d'Ho-
norius et d'Arcadius, sous le consulat d'Atticus et de Caesa-
rius, qui tombe en 397, Les érudits modernes se sont partagés
entre les deux traditions, depuis Baronius qui adopta l'an-
née 397 et Pagi qui tint pour 401. M^"" Duchesne a fait voir
que, bien que Sulpice. soit un contemporain de Martin et que
Grégoire n'ait succédé au saint qu'après deux siècles, la vrai-
semblance était pour que Grégoire élit raison 2. il est inutile
de résumer les arguments de cette discussion séculaire, où les
seuls témoignages certains étaient négligés.
Rappelons au préalable deux faits déjà mentionnés : Sul-
pice a écrit la Vita Martini quelques semaines ou quelques
mois avant la mort du saint. Il ne l'a publiée, et en particu-
lier ne l'a envoyée à Paulin de Noie qu'après la mort du
saint 3, Prouver qu'en 397 Paulin avait en mains la Vita
Martini, c'est prouver que saint Martin était mort.
Les trois premiers Natalices de Paulin avaient été de courts
poèmes de circonstance ^ Il entreprit, pour la fête du 14 jan-
vier 398, de versifier une copieuse Vie de saint Félix. Quand
il eut écrit trois cent soixante et un vers, n'étant arrivé qu'à
la moitié de son récit, il en remit l'achèvement à l'année sui-
vante. Cette Vie de saint Félix, formée des deux poèmes de
398 et 399, est la première en date des très nombreuses vies de
saints imitées de la Vie de saint Martin.
Saint Félix, comme saint Martin, est de naissance relevée et
fils d'un officier de l'armée ^ Il a, lui aussi, bien qu'originaire
1. De Virt. S. Martini, I, 38. — Hist. Fr., I, 48 et X, 31.
2. Fastes épiscopaux, t. II, p. 282.
3. Cf. ci-dessus, p. 7-8.
4. 39, 35 et 135 vers.
5. Paulin ne dit pas, dans son poème de 398, que le père de Félix fût
officier; mais il répare cet oubli dans le résumé du poème 15 qu'il fait
au poème 16 ou NataliceV : Nam pater emeritis sub Caesare vixerat
armis (v. 22).
38 E.-CH. BABDT.
d'une autre province, été conduit en Italie; toutefois (et c'est
par l'étrangeté de ces deux vers que l'imitation se révèle le
mieux) il est venu en Italie avant d'être né ou même d'avoir
été conçu; car c'est, à proprement parler, son père qui y est
venu :
Paulin, poème XV, v. 61 :
Gui nobile ductum — Ex oriente genus.
Cf. Sulpice, V.M.,2,i:
Parentibus secundum saeculi dignitatem non infimis.
Poème XV, v. 57 :
Debitus Inde Deo Félix, genitore profecto
Italiam necdum genitus, tameu in pâtre venit.
Gf. y. M., 2, 1 ;
Igitur Martinus Sabaria Pannoniarum oppido oriundus fuit, sed
intra Italiam Ticiui altus est.
Étant entré dans le clergé, Félix fait, à l'exemple de saint
Martin, un stage dans l'ordre des exorcistes (poème XV,
V. 108-110; V. M., 5, 2). Un peu plus tard, ses vertus déjà
reconnues, une guérison qu'il opère rappelle de près un mira-
cle de saint Martin :
V. 279 î
Sed neque clamatu est neque pulsu mobile corpus
Jam simile cxanimo; modicus tamen ultima vitae
Flatus et internae prodit trepidatio librae,
Cf. V. M., 16, 2-4 :
Omni ex parte praemortua vix tenui spiritu palpitabat... solo
spiritu vivit, jam carne praemortua.
PAULIN DE NOLE, SDLPICE SÉvÈRE, SAINT MARTIN. 39
Quand, enfin, Paulin s'écrie que l'on a vu un homme seul,
sans autre armure que sa foi, triompher d'une multitude de
soldats en armes, nous sommes assurés qu'il a présent à l'es-
prit un épisode de la Vita Martini :
V. 146 :
... CUJU8 virlnte vel unus
Fortior inriumeris, pietate armatus inermi
Armatos feiTO, sed inermes corpora Ghristo
Proslernit sui^erante fide :
Cf. V. M., 4, 5 :
Anle aciem inermis adstabo et in nomine Domini lesii, eigno
cruels, non clipeo protectus aut galea, hostium cuneos penetraho
securus..., etc.
Il est acquis que Paulin, composant à la fin de l'année 397
son IVe Natalice, avait en mains la Vita Martini. 11 l'avait
depuis le printemps de 397, car la lettre XP, par laquelle il
en accuse réception, est du printemps '.
Voudra-t-on que Paulin n'ait reçu la Vita Martini qu'à la
fin de 397, en ait aussitôt tiré parti pour son Natalice de 398 et
ait ensuite répondu à son ami par la lettre XI, que l'on repor-
terait au printemps de 398? Mais alors on n'aurait plus de
lettre {)Our l'année 397, et il deviendrait par contre impossi-
ble de resserrer sur les deux années 398 et 399 les trois pa-
quets (10 XI; 2° XVII; 3° XXVII, XXIl-XXX) antérieurs à la
lettre XXUl, qui est de 400; jusqu'au moment de la let-
tre XXIII, en effet, il y avait régulièrement un envoi par au
et un seul. De plus, si Paulin avait retenu le messager de
Sulpice depuis la fin de 397 jusqu'au printemps, il devait,
d'après ses habitudes, s'en expliquer dans la lettre XI'. La
lettre XI est donc bien du printemps de 397,
1. Ep. xvii, 1 : « Nam et illam aestatem , quae pueroïum nostrorum
ad te reditum consecuta est. »
2. Cf. ép. V, II; XVII, 2; xxviii, 3. Ce n'est qu'à partir de 4(30, lorsque
Victor eut commencé ses services, que le courrier de Sulpice fit réguliè-
rement plusieurs mois de séjour à Noie.
40 E.-CH. BABDT.
Tenons compte du temps nécessaire pour que la nouvelle
de la mort de saint Martin soit parvenue à Sulpice ; pour que
Sulpice écrivît sa lettre II, publiée conjointement avec la Vie;
pour qu'un courrier fît le trajet des environs de Toulouse, sé-
jour habituel de Sulpice, à Noie : saint Martin ne peut avoir
vécu au delà des trois premiers mois de 397. Tel est le termi-
nus ad quem; le terminus a quo est la fin du mois d'octo-
bre 396, pendant lequel Sulpice se trouvait à Tours auprès de
luii.
Pourrait-on serrer l'approximation? Sulpice a écrit la
lettre II aussitôt après avoir su la nouvelle de la mort de
saint Martin. Il est possible qu'à ce moment il eiit reçu le
Natalice III de Paulin (poènie XIV), composé pour le 14 jan-
vier 397. Voici les passages parallèles du poème et de la
lettre :
lo Paulin, Carm., xiv :
V. 4. ... Gœlestem nanctus sine sanguine martyr honorem...
10. Martyrium sine caede placet, si prompta ferendi
Mensque fidesque deo caleant; passnra voluntas
Sufficit et summa est meriti testatio voli...
21. Denique nil inpar lus, qui fudere cruorem,
lestibus et titulo simul et virtute recepti
Martyris ostendit merituni, etc.
Sulpice, Ep. II, 8-12 :
Est enim ille consertus apostolis ac profetis, et ... in illo jus-
toruoa gi'ege nidli secundiis. Nani licet ei ratio temporis non
potuerit praestare mai-tyrium, gloria tamen martyris non carebit,
quia volo adque virtute et potuit esse martyr et voluit... Implevit
tamen sine encore martyriwin.
1. En effet, Sulpice est auprès de saint Martin pendant le concile de
Nîmes [DiaL, II, 13, 8). Ce concile fut tenu le 1" octobre, sous le consulat
d'Honorius et d'Arcadius, c'est-à-dire en 894, 396 ou 401. L'année 401 est
hors de cause; à l'argument par lequel Me'' Ducliosne {Fastes, I, 346)
exclut l'année 394, il faut ajouter que cette date est incompatible avec
toute la chronologie dos lettres de Paulin et de Sulpice. Notons qu'après
son séjour à Tours, Sulpice, avant d'apprendre la mort de saint Martin,
a eu le temps d'écrire la Vie et même de la laisser dormir quelques
«emaincs.
PAULIN DE NOLE, SULPICE SEVERE, SAINT MARTIN. 41
2o Carm., xiv, v. 130 :
Regnantem, Félix, comitaberis agnum.
Ep. II, 8 :
Agnum ducem ab omni integer labe comitatur.
La similitude de ces deux derniers membres de phrases est
peu significative. Sulpice s'est souvenu directement, comme
le prouve l'épithète ab omni integer labe, du mot de l'Apo-
calypse (xiv, 4) : Virgines enim sunt ; ht sequunlur Agnum
quocumque leHt. — Dans les deux textes parallèles sur le
martyre dj Félix et de Martin, au contraire, il pourra paraître
à première vue que Sulpice a certainement imité Paulin;
mais il faut faire attention qu'aucune idée n'est plus banale,
chez les écrivains chrétiens du temps, que celle du marly-
rium, sine sanguine. Saint Cyprien l'avait le premier déve-
loppée, pour prouver que de simples confesseurs pouvaient
égaler en mérite des martyrs consommés; on voit le thème
repris au temps de Sulpice, pour justifier les honneurs rendus
aux ascètes, par Ambroise, Jérôme, Augustin ^ Paulin lui-
même avait déjà écrit en 395, dans son premier Natalice
(poème XII, v. 8) : Vectus in aelherium, sine sanguine
martyr honorem. Le parallélisme des deux passages de Pau-
lin et de Sulpice peut donc s'expliquer par une rencontre for-
tuite. Si l'on croyait l'imitation établie, l'imitateur ne pouvan^
être que Sulpice^, ïl faudrait admettre que le Natalice III a
été envoyé par Paulin à son ami en fin 396 ou janvier 397
(saison où les voyages étaient fort rares) ; la lettre à la-
quelle ce poème aurait été joint serait nécessairement la
lettre V, que Sulpice reçut avant d'écrire la Vie., et il fau-
1. Textes cités par Lucius, Die A)ifâ?ige des Heiligenkults, Tubingiie,
1904, pp. 396-397.
2. Sulpice est à Tours le 1" oct. 396. Il est impossible qu'entre le
l" oct. et la fin de l'année il soit rentré chez lui ; ait composé la Vie ;
l'ait laissée dormir quelque temps; ait eu la nouvelle de la mort du saint;
ait écrit la lettre II et publié la Vie; qu'enfin son messager soit arrivé à
Noie avant que Paulin eût composé son Natalice de 397.
42 E.-CH. BABUT.
drait repousser la lettre V jusqu'à cette date extrême. En ce
cas. la Vie de saint Martin devrait avoir été composée vers
février-mars 397, et la mort du saint, qui survint après l'achè-
vement du livre, serait à peu près du mois de mars de la même
année. Mais cette conclusion ne s'impose pas, car il est dou-
teux, malgré la rencontre de mots votutn, virius-, que la
lettre II de Sulpice soit imitée du Natalice de 397.
Il faut donc s'en tenir aux limites posées ci-dessus : saint
Martin est mort au plus tôt en novembre 396, au plus tard
aux premiers jours du printemps de 397. Notons pourtant que
Grégoire n'aura pas sans motif rejeté l'indication chronolo-
gique de Sulpice et donné la date de 397; il y a chance pour
qu'il ait trouvé cette date du consulat de Césaire et d'Atticus
attestée dans les archives de son église. Entre les limites cer-
taines que l'on vient de fixer, la probabilité est pour ies pre-
miers mois de l'année 397.
LE JOUR DE LA MORT DE SAINT MARTIN.
Tous les historiens de saint Martin, sans exception, ont
admis que le 11 novembre, fête de la déposition du saint,
était l'anniversaire authentique de sa mort ou de son inhu»-
mation, Il faut dire pourquoi je n'ai cru devoir tenir aucun
compte de cette indication de jour.
Ceux qui se fient à la date du 11 novembre admettent, au
moins implicitement, que la fête de ce jour a été instituée dès
après la mort du saint. Or Sulpice ne dit rien de cette fête
(notons que les Dialogues sont de 4.04). Il est de plus très peu
probable qu'il y ait eu dans l'église de Tours, au début du
v^ siècle, un culte officiel de saint Martin. Bricius, son succes-
seur, avait été et restait son ennemi'. Entre martiniens et
anti-niartiniens, à Tours, on se querella pendant tout son long
épiscopat et même plus tard encore ; vers 430, les martiaieng
1. Sulpice, Dial., III, 15-16 ; Grégoire de Tours, Jlist. Fr., II, 1, et X, 31.
PAULIN DE NOLE, SDLPICE SÉVÈRE, SAINT MARTIN. 43
.parvenaient à chasser pour im temps de son siège le vieil ad-
versaire de leur maître, et pendant son absence forcée créaient
deux évoques intrus. Est-il vraisemblable que ce Bricius ait
établi une fête de saint Martin?
II n'en établit pas, et aux environs de 465 on ne célébrait
à Tours ni la Saint-Martin de novembre, ni la Saint-Martin de
juillet (4 juillet). C'est à ce moment, en effet, que Paulin de
Périgueux composa, sur la demande de l'évêque de Tours Per-
pétuus, sa traduction métrique en cinq livres de la Vie et des
Dialogues de Sulpice ' . Il y ajouta un sixième livre qui est pour
nous bien plus précieux : c'était un De Virtutibus sancli
Martini^ composé par Perpétuus lui-même, et que Paulin
n'avait fait que mettre en vers; un recueil de ces bulletins de
miracles accomplis au saint tombeau, dont Grégoire de Tours
devait au siècle suivant remplir quatre livres. Or il n'est
jamais question, dans le livre de Perpétuus-Paulin, d'une fête
propre de saint Martin. Tandis qu'une notable partie des gué-
risons rapportées plus tard par Grégoire ont lieu au moment
des deux solennités du 11 novembre et du 4 juillet, notre De
Virtutibus du v*^ siècle ne spécifie aucune date, ne mentionne
jamais de jours privilégiés. Comment les jours de grands pèle-
rinages n'auraient-ils pas été alors, comme ils le furent au
vi^ siècle à Tours même et comme ils le sont encore dans nos
sanctuaires analogues, des jours d'élection pour les miracles?
— « Il y a, dit le livre de Perpétuus-Paulin, un jour où
chaque année le peuple (de Tours) rend au saint un hommage
solennel : c'est le jour de la fête de Pâques. »
(vi, 351) :
Obsequium solemne pio déferre quotannis
Adsuevit populus, reducis cum circulus anni
Instauraret ovans sanctae solemnia Paschae...
Et le livre décrit ensuite les cortèges et cérémonies qui
étaient en usage ce jour-là. Il serait difficile de trouver une
1. Édition Petschenig, t. XVI du Corp. Scr. Eccl. Lat. de Vienne.
44 E.-CH, BABUT.
attestation négative plus claire. Le jour où se célèbrent les
solennités propres de saint Martin est lejour de Pâques; il n'y
a donc pas de fête spéciale de saint Martin. Je n'ai pas à cher-
cher ici l'origine véritable des deux fêtes. Il suffit d'avoir
montré que la fête du 11 novembre a été établie plus de
soixante ans après la mort du saint, et qu'il n'y faut voir
probablement qu'un anniversaire conventionnel.
Les conclusions de ce travail tiennent en trois lignes : on a
vu, à la page 12, le tableau des dates des douzs lettres de
Paulin de Noie à Sulpice-Sévère ; les Natalices de Paulin, qui
par deux ou trois points intéressent l'histoire générale, s'éche-
lonnent (Rauschen) du 14 janvier 395 au 14 janvier 407. —
Saint Martin est mort entre le mois de novembre 396 et le
début du printemps de 397, et la date obituaire du 11 novembre
ne peut être admise comme authentique.
E.-Ch. Babut.
MKLANGES ET DOCUMENTS
I.
LES CHAPITRES DE PAIX ET LE STATDT MARITIME DE MAR-
SEILLE, TEXTE PROVENÇAL DES XIIl^ ET XIV« SIECLES.
(Suite^.)
(XXXIII). Que devet de viandas e[t) de leinhas e{t) de leinnams
e{t) d'autras causas non sian fatz.
Item, devet d'alcunas viandas o de leinnas o de leinnams,
0 encaras d'alcunas cauzas portadoiras o nienadoiras a
Mass'. de la terra del senher comte de Proenssa o de Fol-
5 calquier o de la dona coratessa o dels lurs hères per los
homes de Mass'. o per alcuns autres per mar o per terra,
non faran als homes de Mass'. o ad alcuns autres fazentz o
volentz far aport de las sobre dichas cauzas, ni consenti-
ran ni sostenran quel ditz deve(n)tz si fassa en alcun tems
iO le senher coms o la dona comtessa o li lurs successors en lo
comtat de Proensa o en lo comtat de Foiqualquier o en
autre luoc en la lur terra, o alcuns tenent luoc d'els (o
tenent) en Proensa o en autre luoc en lur terra, o alcuns
officiais d'els ni faran ni sostenran que sian fag en alcun
i5 tems alcuns enpedimentz o enpachamentz en ditz o en fatz
per que mentz le ditz aportz sia fag a Mass'., aissi con es
dig de sus , ni las personas fazentz e volentz far aport
\. Voy. Annales^ t. XIX, p. 504.
46 ANNALES DU MIDI.
a Mass'. de las dichas cauzas o viandas o alcuna cauza
de no[f° 15 r"]vel non requerran o non suflfriran que sia
20 requist; enpero en tal maniera que si carestia séria en
Proenssa, que li Masseilles o alcuns autres non puescon
traire blat de Mass'. per mar, pos quel deveiz sera fatz en
Proenssa per le senhor comte o per la cort del senhor comte,
salvas las viandas necessarias als us dels navegans en las
25 naus et en los autres lintz; e non puescan portar alcunas
viandas o alcunas autras cauzas als enemicx del senhor
comte, pos que ad els sera denunciat per lo seuhor comte o
per los sieus , si aisso non si fazia de licencia del senhor
comte 0 del sieu viguieren Mass'.
(XXXIIII). Que vin o raïms d' autrui terrador non sian
aportatz o adutz en Mass\ ni el sieu terrador.
Item, vin fag o raïms natz fora lo terrador de Mass'. en
aquest tems prezent, o que en los temps que venran seran
5 fag 0 naisseran foras del dig terrador en alcun tems, non
suffriran le senher coms o la dona comtessa o li lurs hères
en lo comtat de Proensa o en autre luoc en la lur terra, o
alcuns tenent[zj luoc d'eis en Proenssa o en Mass'., que sian
aportatz o adug o amenatz o portatz en Mass'. ni en lo sieu
40 terrador o destreg, en tal maniera que nescalre ni en la vila
viscoratal ni evesqual ni de la gleia de la ses de Mass'. o en
los lurs terradors per mar o per terra non sian adug o
amenatz o portatz; et en aisso que dig es del vin' non
aportar a Mass'. non sia(n) entendutz aquel [vo] vins, lo
15 quai alcuna vegada s'esdevenria que sobres [en] alcunas
naus o leintz d'aquel vin que hom auria mes en aquellas
naus 0 en aquells leintz per cauza de heure en aquellas naus
o leintz per los homes navegantz o fazent viages en aquellas
naus o leintz per cauza de venir al port de Mass'., et estier
20 aquel vin, lo quai séria aportatz per lo senhor comte o per
la dona comtessa e lur mainada ad ops de heure cant venrian
a Mass'. et aqui demorarian, en tal maniera que aquel vins
non sia vendutz.
1. Ms. : de liun.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 47
(XXXV). Que le senher coms non guize per Mass. o per lo
sieu terrador alcun home que aja oftendut en persona o en
cauzas ad alcun Marsseilles.
Item, le senhor coins o la dona comtessa o li sieu non
5 guizaran alcun home en la ciutat de Mass'. o en lo sieu
terrador, que aja offendut o oflfendes ad alcun ciutadan de
Mass'. en persona(s) o en cauzas, sens assentiment d'aquel
que séria offendutz , ni sostenran que sia guizatz per lurs
officiais, pos que aisso sera denunciat al senhor comte o a
10 la dona comtessa o a lurs hères o al viguier d'els, lo quai
auran en Mass'. o a la cort de Mass'., si aquella oflfenssa
non séria fâcha en guerra de la quai patz fos fâcha, e salvv i
aisso, si aquel ques auria offendut alcun Mass'. en cauzas
volria fermar o fermanssa fdar) que estaria a dreg et
■15 obeziria^ en la cort de Mass'.; et aisso que dig es de la fer-
manssa e d'obezir a dreg sia entendut tant solament d'aquell
que sera offendut en cauzas e non en [f° 16 r-^] persona.
(XXXVI). Be non traire hosla[?]es foras de Masseihla.
Item, le aenher coms o la dona comtessa o li lurs hères o
successors, o alcuns tenent[z] luoc d'els en Proenssa o en
Mass'. o en autre luoc en la lur terra, non demandaran en
5 alcun tems que lur sian dat hostaje de Mass'., nils penran
per alcuna razon, ocazion o cauza, ni de Mass'. nols trairan
ni suffriran que sian trag alcun, ni aqui o en autre luoc
alcuns ciutadans de Mass'. non voluntairos detenran o
soffriran que sian dete[njgutz per los lurs homes o per
10 alcun en nom d'els o dels sieus per nom o per occaison
d'ostages o de segurtat.
(XXXVII). Que le senher coms e li sieus non sian tengutz
requerre als Mass' . aquo que tenon, en cal maniera o tenon,
e que Irezen^ non requieran '.
Item, cals que cals homes son o seran en Mass'. o en lo
5 sieu terrador que ajan o posseziscan alcunas possessions
o alcuns dretz francamentz, so es assaber sens senssa o
1. Ms. : en salut. — 2. obeserïa. — 3. crezen. — 4. requiran.
48 ANNALES DU MIDI.
sens autre donament ' censal o sens servize en Mass'. o en lo
sieu terrador, [quej en nenguna maniera per lo senhor comte
o per la dona comtessa o per lurs hères, o per alcun tenent
10 luoc d'els en Mass'. o en autre luoc, o per alcun en nom
d'els aras o en los tems que venran, o per la cort de Mass'.,
o per los officiais d'aquella cort, non sian constreg li sobre
dig homes o sian tengutz alleguar o mostrar o proar lo
titol o la cauza de la libertat o de la franqueza de las dichas
45 cauzas o possessions; e car sovenierament esdeven e pot
esdevenir que aitals cauzas eu aital maniera possezidas o
possessions e dreg [o] cams o terras de [v"] vilas o de
ciutatz 2 son alienatz o transportatz de persona en persona,
le senher coms o la dona comtessa o li lurs hères o alcuns
20 en nom d'els o per els, o alcuns tenentz luoc d'els en Mass'.
o en autre luoc. non requieran * ni puescan ni dejan requerre
0 recebre, aras ni per adenant, alcuna cauza per nom de
laudisme o de tregen o de senssa o de servize o d'alcuna
autra cauza, per o'ccasion d'aliénation o de transportament
25 de las dichas cauzas, o nescalre * per occaison d'aquellas
cauzas, d'aquel que las alienara o las recebra o d'alcuna
autra persona, ni en alcuna maniera non sian tengutz li
aliénant o transportant o recebent aquellas cauzas sobre
dichas far alcuna dénonciation d'aquella translation o alie-
30 nation o recepcion al(s) sobre dit(z) senhor comte o a la
dona comtessa o a lurs successors, o als tenefnjtz luoc d'els
en Mass'. o en autre luoc, o a la corlt] de Mass'.
(XXXVIII). Que las albarestas que son el palais de Mass'..,
e que isseran aporladas, sian dels homes de Masseilha.
Item, las albarestas que seran dadas a la universitat de
Mass'. per los senhers de las naus o per los nauchiers que
5 son vengutz de las partz d'outra mar o que venran o per
alcuns autres, e las quais albarestas la universitat de Mass'
aras ha, sian proprias sens amermament perpetualmentz de
la ciutat o de la universitat de la ciutat vescomtal de Mass'.
a conservation e deffencion de la ciutat^ vescomtal de
1. do)iant {\^i. prœstalione); cf. xxxviiii, 6. —2. Lut. : vel jura seu
predia (imprimé à tort predicta) rusticci vel urbana. — 8. Ms. : re-
querran. — 4. nescals.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 49
10 Mass'., et a guardar aquellas albarestas cascun an entre
los autres officiais sian elegitz .ii. prohoif" 17 ro]mes de la
ciutat vescomtal de Mass'. (per guardar las dichas alba-
restas), li quais prohomes tenguan las claus de la custodia
de las albarestas o de las perteguas en que guarda hom las
15 dichas albarestas, et en la fin de l'an rendan razon d'aquellas
albarestas al viguier e ad aquels que en aquel offlze per los
temps seran establitz.
(XXXVIIII). Que las almornas e las sensas sian paguadas de
las rendas del senher comte ; li autre deute sian paguatz
segon la voluntat del setihor comte.
Item, que de las rendas del senhor comte que aura en
5 Mass'. sian paguadas las almornas e las sensas els autres
donamentz annuals que son acostumatz d'esser paguat;
mas dels autres deutes que dévia le comuns de Mass'., entre
aquel jorn que fon fachà aquesta patz, sia fâcha voluntat
del senhor comte, e que la universitat de Mass'. non sia
10 tenguda nil senhor coms non constrenha la universitat dels
ciutadans de Mass'. o (de) las singulars personas paguar los
sobre ditz deutes, ni sostenra(n) le senhor coms que li sobre
ditz ciutadans et universitat sian trebaillatz per aqnella
cauza ni alcuns contrais] tz lur sia mogutz d'alcuna o d'al-
15 cunas personas.
(XL)'. Que lé coms e li sieus non fassan far prest ni don
d'alcun ciuladan de Mass'.
Item, a far prest o don la universitat de Mass'. ho totz los
homes o singulars d'aquella ciutat, o enquaras quais que
5 sian autres demorant en Mass'. ciutadans o estrainz [v],
Crestians o Juzieus o Sarrazins, non constrenheran le senher
coms 0 la dona comtessa ni li lurs hères ni alcuns tenentz
luoc dels, aras ni en los tems que venram a la sieua cort,
per alcuna razon, ocaison o cauza, ni constrenheran alcun
5 a vendre sos dretz o sos bens o ad alienar en alcuna ma-
niera, ni enpauzaran ad els alcuna cerviiut o a la(s] lurs
1. Aïs. : XXX. Et de même dans la suito : nous avons dû aiignieuter de
dix tous les chiffres.
ANNALES DU MIDI. — XX
50 ANNALES DU MIDI.
caiizas eri Mass'. o ëh lo sieti tei'i*adot' o tenement' de rûar
e de terra e d'ilaâ e de pdf Iz.
(XLI). De non far quisias, toutas. Ittilhas per lu senhor comte
e per las sieus als ciuladans de Mass'., Xpislians. Juzieus,
Sarrazins.
Item, qnista, touta, tailha, cuilhida, exaction o adempre^,
5 0 alcunas autras despensas per comprar, tener o aver cavals
0 per alcuna autracauza, o alcuna aital cauza, en quai que
maniera o en [quai] que nom sia appéllada, non poiran far
en alcuna maniera, ni Suffriran que si fassan per lurs
officiais en alcuna maniera, le senhers coms o la dona com-
10 tessa ni li lurs successors en Mass'., ni en alcuns homes de
la ciutaT. vescomtal ni en los habitans ni en los'deraorans
en ia dicha ciutat, ciutadans o estrains, Crestians o Juzieus
0 Sarrazins, per alcuna razon, oeasion o cauza prezent,
transpassada o que déjà esdevenir, contra la voluntat dels
13 ciutadans de la ciutat vescomtal totz o singulars o d'alcuns ;
empero preguar los en puescan 3 e li Marsseilles puescan
desneiar, se si volran, sens dan e sens alcuna temor.
(XLII) [fo 18 r'^]. D'aquels eslablimentz que foron cassalz, en
que si contenian penas al port o a la cori.
Item, li establiment que aras son en Mass'., en que se con-
tenon penas ad ops de la cort e del port de Mass'. o de la
5 cort tant solamentz o del port tant solamentz, sian casse
sens tota fermesa d'aissi enant, cant als capitols en que si
conteno erapauzamentz de penas ad ops de la cort o del
port, empero salvas estans las penas stablidas per lo fag
del ban, nescalre en tal maniera que per razon del tems
10 transpassat o esdevenidor alcuna cauza non sia demandada,
reqnista o receupuda^
iXLII). De .VI. prohomes que sian elegitz, que fassan los statutz
de Masseilla.
Item, quascnn an entro los autres officiais sôran elegitz
alcun prohome entro a .vi., entre los quais sia alcuns savis
1. Ms. : tenent. — 2. L« hitin reproduit le mol proveiii.'al, que Stern-
feld lit à tort adempne. — '^. Ms. puescam.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 51
5 de dreg et .j. notari, li quai tutz sian de la ciutat vescontal
de Mass', a componre o ad ordenar establimentz, aissi com
es de costuma en la ciutat de Mass', fazent de noVelg esta-
blimeat[z], ois autres que fatz serian mudant o esmendant
0 creissent ô amefmant o en tôt tolleht d ôsttint, empero^
10 aisso salvv. queper aquels establimentz non sian araerma-
das lo domini e la senhoria del senhor comte, ni las sieuas
rendas.
(XLIIII). Que H homes de Mass'. puescan leinnar e fustejar
e far forn de caus els luocx acoustumatz .
Item, que 11 homes de Mass'. puescan leinnairar e fustejar
e far forns caussencs e passer lurs bestias on aquels luocx,
3 en los quais aquestas cauzas son acostumatz a far, e las
sobre dichas cauzas fassan [v] gens trebailh e sens contra-
diction de tota persona, quais que sia.
(XLV)i Que las rendas que eisseran de las judicaturas
deîs platz no si vendan.
Item, qH© las intradas e las rendas que venran o eisseran,
en los tems que venran^ de las judicaturas dels platz o de
ô las condemp[na]tions non sian vendudas en alcun tems per
io senhor comte o per la dona contessa o per alcun autre
tenent lo sieu luoc.
E que alcuns homs non done peccunia per aver offize en
la cort de Mass'., ni per peccunia non sia reseuputz ad al-
40 cun offiz©.
(XL VI). Que li amirailh que van per mar sian de Mass'.
Item, que l'amirailhs o li amirailh, lo quai ô loS quais le
senhers coms ô 11 sieus viguiers establira en Masseilha
sobre lo fag de la mar, sera o seran de Mass'. eiiltâdan(s)
5 et habitâdof de la vila VeScomtâl de Masâ'.
(XLVII). Que li Marsseilles puêsûàn fUf tté^ms B pûiz.
Item, que la universitat de Mass'. puesca far treguas et
patz ab totz Sarrazins e comunas'' e comunitatz per los
1. Empero (E rubrique). — 2. Ms. coninas.
52 ANNALES DU MIDI.
negocis de raar, aissi com es acostumat de far, et aisso
5 fassa de consentiment del senhor comte o de son viguier, lo
quai aura en Mass'.
(XLVIII). Be elegir consols en los viages e per quais
pe?'sonas sian eleyitz.
Item, que le viguiers del senhor comte, ab conseilh
d'aquels .vi. que elegiran los autres officiais, poira far et
5 establir (ab conseill d'aquels .vi. que elegiran los autres
officiais poira far et establir) e fara et establira, a requista
del conseill de Mass'., consols en los viages foras de Mass'.,
aissi com es acostumat esser fag, li quai consols foras de
Mass'. e del sieu terrador relf" 19 r"]giran aquels que seran
10 sotz lur consolât; mas en Mass". ni en lo sieu terrador no
ajan ni adobron' alcun regimen^.
(XLIX). Que le senhevs conis don obra a bona fe queli Mars-
seilles recohron lurs ft-anquezas outra mar et en autre
luoc.
Item, que le senhers coms e la dona comtessa daran obra
5 a bona fe que li Marseilles recobron e retenguan et ajan (e
retenguan) aquellas franquezas e libertatz e possessions e
dretz que sa en reire agron, tengron e pocesirou en Acre et
en autres luocx outra mar et en Chipre et autres luocs foras
de Mass'. e del comtat de Proenssa.
10 E que fâchas las despensas dels consols e dels autres offi-
ciais messages utils en los dictz luocx, [las rendas dels ditz
luocx] 3 sian del senhor comte e de la dona comtessa e dels
lurs hères heretans ad els en lo comtat de Proenssa, aissi
com las autras rendas del comun de Mass'., e li consols sian
15 tengutz per sagrament rendre bon comte al viguicr de
Mass'.
E que aquils consols ajan aitant cant son aco(n)stumatz
aver per lur salari per las condempnations, las quais faran
en los luocx sobre ditz.
1. Corrigé de adobran. — 2. Voy. lu '.i" partie, ch. i. — ;f. ijiit. : ï?i d.
locis utilium redditus d. locorum (bourdon).
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 53
(L). Que li homes de Mass . porlon lo gonfanon del senhor
comte en las naus et en autres lintz.
Item, que li home de Mass'. en terra et en mar portaran
en las naus et en las ^t^leias et en los lintz els viages lo
5 gonfanon del senhor comte el gonphanon del comun.
E li loin, so es assaber, que portaron gonphanons porton
los aissi com es acostumat et enaissi cora es usât, e le
gonphanons del senhor comte sia pauzats en lo plus honrat
luoc-
(LI) [vo]. Que le senhors coms non 7'equei^ra alcuna cauza
d'aquel(la)s que an els murs viels de la ciutat alcuna cauza
pauzat o fag.
Item, que le senhers coms o la dona comtessa o li hères
0 d'els 0 tenentz luocd'els en Mass'. o en autre luoc, o la cort
de Mass'. o alcuns autres per la dicha cort o per els, non
demandaran o non requerran alcuna cauza ni raouran al-
cuna question ad alcunas personas per nom o per occaison
de las maisons que son ajostadas als murs viels de la ciutat
10 vescorataH de Mass'., o per occaison d'aquels carcx, los quais
las dichas raaizons an en lo dig barri vielh, o per occaizon
dels ediflcis bastitz sobre lo dig mur o barri, per alcun dreg
0 per alcuna razon o cauza.
E que aquil hediflci ajostat al dig barri, o que son o que
15 si faran sobre lo dig barri, seran perpetualmentz, sens tota
molestia o enquietacion, d'aquels dels quais son, aissi cora
aras son.
(LU). Que le senhers coms renda e fassa rendre als homes de
Mass'. aquo que hom ten de lur cauzas per Proenssa.
Item, que le senhers coms e la sieua cort fassa restituir
als ciutadans de Mass'. las possessions els dretz, las quais e
5 los quais le ditz senhers coms o autre en Proenssa non de-
gudament deten, si alcun o alcunas en deten sobre presit)^.
E los doutes, los quais deu hom als ditz ciutadans, lur
fassa pagar.
E si alcuns doptes d'aijui séria, quon fassa far breu enqui-
1. Ms. vesco7ntat. - 2. Cf. I. xxi, 6; lat. : si quœ vel si quus detùiet
occupata.
54 AWALES DU MIDI.
10 sicion, salvv lo dreg de sentencia d'aqui donada, sol que
non sia [f» 20 t°] fag contra dreg.
(LUI). Que ninguna pet^sona non sia punida o justiziada
per autrui fag.
Item, que neguns ciutadans de la vila vescomtal de Mass'.
o habitaires de la dicha ciutat per cort de Mass'., ni per
5 persona régent la cort de Mass'., ni per lo senlior comte o
per la dona comtessa, ni per los lurs successors o per
alcuns officiais de la dicha cort, sia punitz per autrui male-
flze o forfag, en tal maniera que las penas tengan(t) tant
solament aquels que auran fag los maleâzes et forfag.
(LIIII). Que premieramentz sian paguadas las despensas que
seran fâchas per recobrar las franquezas, que le coms riaja
d'aqui alcuna cauza.
item, que si per recobrar los dretz els bens o las libertatz
{$ ô las franquezas, las quais ia universitat de Mass'. o li
homes tutz de Mass'., -o un pasqun sa en reire agron otra-
xa^v en Acre o en qualque autre luoc, s'esdevenia que li
Jiomes de Mass', fazessap alcunas despensas, aquellas per
cert despensas dejan recobrar li Marsseilles de las intradas
10 de las dichas cauzas recobradas, enantz que le senhers '
coms 0 la dona comtessa o li lurs successors o alcups autres
per els percipian alcuna cauza de las rendas o de las intra-
dag 0 de las g^uzida^ de las dichas [cauzas], la^ quais cau-
za,§ gerjan recobradas ab las degpensa^ dels Marseilles; e
45 sian paguadas aquellas despensas tant solamentz de las
rendas d'aquel luoc, on la libertat o li bens sobre ditz se-
rian recobratz.
(LV). Que aquill que son acoslumatz bannejar en lo lur,
que 0 puescan far.
Item, que li homes singulars de Mass'., li quais o li
ant(r)ecessors dels quais sa en reire son acostumatz [v"]
5 bannejar e requerre banitz e[ii) aquels luocx, los quais il
tenon, o tenian li antecessors d'els o autres per els, puescan
en aquels rnezeis luocx bannejar e requerre banitz, aigsi con
son sa en reire acostumat far il o li antecessors d'els.
1. Ms, : lenhers.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. ^^
(LVl). Que aquilh que son acoslumatz penre falcons en las
iLlas de Mass' . e cassar, que o puescan far.
Item, que li homes singulars de Mass'., li quais o li ante-
cessors dels qual(s] sa en reire han aoostumatz aver cassas
o en las illas de Mass'. e los aigres dels falcons, ajan aquellas
cauzas, aissi con il o li lurs autecessors son acostiimatz
aver.
(LVII). Que las taulas dels cambiadors sian loguadas .xxx. j'
tant sQlament per casouna-
Item, las taulas dels .-ambiadors de Mass'. dejan esser
ipguad^S o assenssadas perpetualraent aissi cqn eq aquest
0 an foron loguadas, so es assaber per cascuna taul^ .xxx. s'.
(LVIII). ^ue li homes de Mass\ sian francs et quiti
del fag dels latz de Iqs riaus.
Item, que li ciutadans de Mass*. taqt sojapient, li pre-
zent e li esdevenidors, sian perpetualmeqt quiti e francs
5 del fag dels latz de las naus e de las galeias e dels autres
lintz. et aisso entro .1. Ib'. (aco) sia del senher comteS en tal
maniera que per occaison dels latz de las naus o de Iqs
galeias o dels autres lintz nenguna cauza non sian tengutz
paguar, etperpetualmentz s'alegron d'aquesta libertat, aissi
10 com desobre autrejat es.
(LVIIII) [fû 21 r»]. Que li homes de Mass". sian francs d'aquei
d\ que davan en la clavaria, e li estrain d'un dels Ai. de-
niers que eran acostumatz donar en la clavaria.
Item, li ciutadans de Mass'. prezent. egalmentz e li
o esdevenidors, seran francs perpetualmentz de non dar
aquel denier, o que nol donaran. lo quai per Ib'. donavan,
en tal maniera que nenguna cauza apostot non daran a la
Taula de la mar; mas li estrainhs daran ad aquella me-
zeui^sa Taula .i. denier tant solamentper Ib'., lo quai d'. anti"
10 guamentz avian acostumat dar, revocat apostot d'aissi
1. Ce qui suit forme dans le latin un paragraphe spécial, commençant,
comme In plupart des autres, par Item quod.
56 ANNALES DU MIDI.
enant l'autre d'., lo quai li^ dig estrain davan a l'arca dels
estrains.
E sian e seran perpetualmentz francs 11 dig ciutadans de
la prestacion de las gabellas de la car salada e del seu e
I o del saïn e de l'oli e del mel, en tal maniera que par occaison
d'aquellas cauzas alcuna cauzanon sia demandada o receu-
puda dels ditz cuitadans de Mass'.
E li ditz ciutadans s'alegraran de tota autra franqueza,
aissi com aquellas cauzas acosturaadas en aquest tems pre-
20 zent son gardadas [et] obsei'vadas en Mass'., e dels estrains
alcuna cauza otra las cauzas acostumadas non sia requist e
receuput per occaison de las dichas cauzas.
(LX). Que per occaison de las sensas que non son paguadas
els lents que son passatz, que devian esser paguadas al
comun, le sen/ier coms non digua alcuna cauza als homes
que non las an pagadas, sol que las pagon tro la Nativi-
5 [yo]tat de Nostre Senhor.
Item, que per occaison de las sensas que non son pagadas
els teras que son passatz, que devian esser pagadas al
comun de Mass'., non demandaran le senhers coms o la
dona comtessa o li lurs hères o autres per els, ni puescan
M) demandar alcunas possessions aissi com forfachas, per
occaison de la senssa o del servize non pagat entro en
aquel jorn que aquestapatz fon fâcha, d'alcuna personaque
voira pagar; e pague la censsa transpassada entro en la
festa de la Nativitat de Nostre Senhor.
(LXl). En quai maniera le senhers coms perdonet e laisset
a tolz los Marseilles tola rancor e tota offenssa.
Item, que le senhers coms, en son nom et en nom de la
sobre dicha dona comtessa e de lurs successors, reraes o
o laisset o perdonet al dig en Raolin, sendegue de la dicha
universitat, estiers en Breton [en') Anselm(e) sos fraires
e'n P. Vielh, tota enjuria, ïa quai ad els aguessan fâcha, e
tota rancor e tota mala volantat lur feni e tota demanda e
quesiion e queriraonia e complancha et action, la quai
10 aguessan o poguessan a,ver el tems prezent o en aquels que
venran de las cauzas transpassadas de sus recomtadas,
1. M.S. lo.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 57
per cals^ li sobre dig senher coms e la dona comtessa fazian
demandas als sobre ditz homes de la dicha universitat, o
d'alcunas autras cauzas o cauza contra los sobre ditz homes
1o 0 contra alcun dels sobre ditz, per quai que occaison [f" 22 r"]
0 cauza, al sobre dig sindegue, en non de la dicha univer-
sitat e de las personas singulars recebent, laisset e desam-
parot e perdonet e covinent de non demaudar t'es le dig
senhers coms, en son nom et en nom de la dicha dona com-
20 tessa, al dig sindegue e per el als Marsseilles, en aquella
maniera que miels e plus utilmentz ad utilitat de la dicha
ciutat e dels ciutadans de la dicha ciutat pot esser dig o
entendut, salvv aisso que li officiais que son agutz o que
foron del tems do la patz en sa, la quai fes le ditz senhers
2ï coms en Karles ab Mass'., venguan a dreg comte e rendan
lo simple tant solamentz d'aquo que non poiran rendre
dreg comte, [e] d'alcuna autra pena non sian tengutz; e li
officiais que foron enantz la propdana dicha patz sian apos-
tot absout sens alcun retenement*.
"(LXII). Que le senhers coms jure(t) totas las sobre dichas
cauzas servar e gardar, e li sieu viguier atressi en Vaco-
menssament de lur regiraenL
Item, que le senhers coms e la dona comtessa e li succes-
5 sors de la dicha dona comtessa heretans ad ella en lo
comtat de Proenssa sian tengutz far sagrament, e nescalre
lo fassan, de observar e gardar totas aquellas cauzas que
en aquest prezent estrument si contenon tacitamentz o
espressamentz, e tu^ li viguiers de la dicha ciutat que per
10 los tems seran en la dicha ciutat [juron] observar e guardar
totz los capitols et un cascun en aquest [v"] estrument
contengut[z] ; et après la fin de lur regimen remanran li dig
viguier en la dicha ciutat per .\v. jorns continuos^ per
cauza de respondre o de obezir a dreg e de satisfar aissi
lo con deuran ad aquels que d'els si conplainneriau.
(LXlll). Que le senhers coms sia absoutz dels covinentz fatz
sa en reù^e, salvo enpero los'covinentz d'aquesta patz.
Item, que le senhers'' coms e la dona comtessa e li lurs
hères sian absoutz de totz los covinentz o covencions, los
1. Ms. : per las. — 2. cernent (lat. : retentione, « réserve »). — 3. conti-
nuas. — 4. Ms. lenhers.
58 ANNALES DU MIDI,
3 quais e la? quais el mezeis le senhers en Karles, fill del rei
de Franssa, cotns sobre ditz, e la dicha dona comtessa, el
senhor en Ramon Berenguier de bona membransa, e li an-
cessors d'els avian fag ab la universitat et ab lo cornun
de Mass'., salvas e retengudas Si. la dicha universitat de
10 Mass". et a totz los homes et un quascun de la dicha ciutat
et encaras als autres homes las libertatz et las franquezas
e totas las autras cauzas que en aquest estrument si con-
tenon tacitamentz o espressamentz, en tal maniera que,
non contrastantz 1 aquels covinentz, le ditz senhers coms e
15 la dicha dona comtessa e li lurs hères heretans en lo com-
tat de Proenssa ajan o retenguin perpetualment en Mass'.
et en lo sieu destreg et en los autres luocs dessus nominatz
totas las sobre dichas cauzas. E d'aquels covinentz sobre
ditz le ditz syndegues, en nom de la dicha universitat de
20 Mass'., los absols, en tal maniera nescalre que tutz li habi-
tantz en ip 23 r»] Mass'. et en lo sieu destreg et en autre
luoc otra mar que son o an acostumat esser sotz lo destreg
dels consols de Mass'. juron sobre los santz evanselis de
pieu salvar e guardar e deffendre totas las sobre dichas
25 cauzas al dig senhor comte e a la dicha dona comtessa et
als lurs hères e fldelitat, et aisso sia entendut dels raascles
de .xiiii. ans^ entre a .Ixx. ans, en quai que tems quen seran
requist, el sobre digtz sagramentz sia renovellatz de .v. ans
en .V. ans; e li absent juraran denfra .xv, jornsposque seran
30 vengut en Mass'. en seran requist o sera ditz en parla-
ment(z), en tal maniera que per occaison d'aquel sagrament
non sian tengut eissir de Mass'., et en aquest sagrament
sian ent[end|udas totas aquellas cauzas que si contenon en
sagrament de fldelitat, enaissi con en aquest sagrament
35 gran expressas, en tal maniera que per aquest sagrament
de fldelitat non sia tenguda la dicha ciutat de Mass'. o tutz
li homes de la dicha ciutat o singular|sj o alcuns o alcun
ad autras cauzas, si non ad aquellas que en aquest présent
estrument si contenon.
'iO De las quais totas cauzas de sobre donadas e[t] autreja-
das al 4ig senhpr corpte et a la doqa comtessa et a lurs
- sqcces^OPS per iD dig syndegvie en nom de la dicha univer-
1. Ms. ; contrantanz . — 2. Lat. : de puberibus inasculis.
MÉLANGES ET POCUMENTS. 59
sitat e dels homes singularâ vole et autreget le ditz synde-
gu«s, en nom del dig comun, que el raezeis le sentiers coms
45 [v°] e la dona comtessa per si o per autre puescan per lur
auctorit^t iatrar en la possession e cais pocession de totas
las sobre dichas cauzas, et aquella pocession penre e re-
qijerie totas horas que sera de lur voluntat; et (en) aquels
rnezeis syndegues, en nom de la dicha universitat e per
aO aquella uniyersitat, volens transportar la pocession e cais
pocession de totas las sobre dichas cauzas en lo sobre dig
senljor^ cùn)te e h\. donna comtessa, establi(rj^ que e| ténia
e pojezia e.quais posezia, e la dicha universitat fttresaj, totas
las sobre dichas cauzas de sobre donadas et autrejadas en
po uora del §enhor comte e de la donna comtessa. E totas
aquestas cauzas en aquesta carta escrichas abdoas las
partz, l'una e l'autra, atendre e observar per fermeza sol-
lempnenientz promezeron per se e per lurs successors, en
tal maniera que le ditz senhers coms, legitz e recitatz a si
60 totz los capitols sobre ditz et aquels ab diligencia enten-
dutz. promes al syndegue, requérant en nom de la univer-
sjtat de Mass". e dr^ls ciutadans qn qu^soun de la dipha ciu-
tat, que els perpetualmentz observarap. e negun tems nop
venran enco[n]tra, totas las Ubertatz de sus autrejadas a la
63 dicha ciutat o als ciutadana de la ciutat et (a) lotz los autres
capitols que si contenon en aqijesta carta fazent a utilitat
0 a favor dels sobre ditz ciu [i' 24 r'] tadans o3 dels autres;
et aisso promes per se e per los sieus successors entjera^
ifteptz a la dicha ciutat et als ciutadans de la dicha ciutat
70 perpetualmentz observar et pn negun tems non venir en-
contra*. E promes le ditz senhers coms al dig syndegue,
pecebent en nom de la universitat de Mass'. e de totz los
homes et un quascun da la dicha ciutat, per solepipn^i
stipulation o promession entrepauzada e requista e pro-
7û messa et autreja4a, que el fara e cqrara en tal raî^piera
que Iq. dona comtessa totas las sobre dichas caugasi et una
quascuna per se et per los sieus hères aura fermas et es-
tablas perpetwalpientz, et fiquelUas conferipara al t}}t syn-
degue en nppa de la dipfta ciutp,t e dels ciuta4fins per pu-
1. Ms. senhor. — '4. On serait tenté de lire establic ; mais cf. fffni, I
|aJ, lxi, 8, et investi, I [d], 62. — 3 e. — 4. encontro.
60 ANNALES DU MIDI.
80 blica carta fermada ab promessions et ab sagrament del
senhor en Johan de Bona Mena, major juge del senhor
comte, e del senhor en Robert de l'Aven, maïstre de leis, e
d'en A[n]drieu del Port, e .d'en G. Chabert, savis en dreg. El
digz syndegues promes al dig senhor comte que el fara e
85 curara que le conseils el parlamentz e li homes un quascun
de la dicha cintat totas las sobre dichas cauzas conflrma-
ran et adempliran ^ e fermas auran et encontra non vendran,
et aquestas cauzas juraran sobre los santz evangelis d^
Dieu et encartaran al conseil dels sobre ditz. Et aqui mezeis
90 totas aquestas cauzas que de sus [v") si contenon tacitament
et expressament le ditz senhers coms sobre los santz evan-
gelis de Dieu, d'el corporalment tocatz ab la man. a bona fe
atendre et observar o juret. E li syndegues semhlanment o
juret, en nom de la dicha universitat et el sieu nom e dels
93 homes un quascun de la dicha ciutat, sobre los santz evan-
gelis de Dieu, totas las sobre dichas cauzas atendre e con-
plir e non venir encontra.
A las quais totas cauzas sobre dichas foron prezens le
senhers en Bertran, evesques de Frejurs, el senher en vice
100 dominus prebost de Grassa, eletz en arcivesque d'Aix, li
quais totas las sobre dichas cauzas entendentz et conside-
rentz esser ad utilitat |d]e quascuna de las partz, e nescalre
de tota la région de Proenssa^, [per] la gran patz e per la
gran concordia e tranquillitat o suaveza que dels sobre ditz
4 05 covinentz s'en enseguian, e per la gran discordia que s'en
toUla e s'en raovia d'aqui, h\ quai discordia granment era
appareillada, las sobre dichas pactions o covinentz e tran-
sactions e concordias e donations a requer[era]ent de las
pa[r]tz lauseron et aproeron, e lur décret e lur autoritat i
IIO pauzeron.
E le senhers coms el ditz senhers evesques el ditz eletz
eP senhers en Baral, senher del Baus, comanderon que
aquesta carta fos sagellada de lurs sagels ; el ditz syndegue
atressi comandet que fos sagellada del sagel del comun en
H5 testiraoni de la cauza fâcha. De las quais totas cauzas
sobre dichas le ditz senhers coms el ditz syndegue coraan -
1. Ms. adimpleran. — 2. Ms. o proenssa (lat. : et etiam totius Regio-
nis). — 3. le.
MÉLANGES ET DOCDMENTS. 61
deron e pregueron que fossan fâchas cartas publicas, en tal
maniera que la una part e l'autra puesca[n] d'aqui aver
aitantas cai''tas cona si volran, servada la ténor e la forma
120 sobre dicha.
Aquestas cauzas foron fâchas ad Aix en lo prat del castel
0 del palais del senhor comte en presensa* et en testimoni
del senhor n'Oto de Fontainas^, senesqual de Proensa e de
Forcalquier, del senhor en Robert de l'Aven, maïstre de leis,
1'2o del senhor en Johande BonaMena^, major jutge de Proenssa,
del senhor Isnart d'Antravenas de Tolon, de Jacme Gan-
tel|mj, del senhor en Sordel, d'en Bertran de Laraanon, d'en
Imbert d'Aurons, del senhor en Sentori, savi en dreg, d'en
Pons Coissin, archediaque de Mass'., d'en Rostain Beguet,
130 d'en P. Balp, d'en Terjevaira, d'en Johan Vivaut, d'en Vi-
vaut Dalraas, d'en Ugo Vivaut, de Nicolau Bovier. d'en Phe
lip Ancelni'i, et en presensa^ de(ls) plusors autres 6.
[A suivre.) L. Constans,
II
NOTES SUR l'Élevage et le commerce des roRCS
AU XV» siècle.
Les documents sur le commerce du bétail au moyen âge sont
relativement rares, la plupart des transactions auxquelles ce
commerce donnait lieu se faisant alors, comme de nos jours
encore, sans l'intervention de l'écriture. C'est ce qui m'en-
gage à signaler ici, sans long commentaire, deux documents
curieux qui me sont tombés sous les yeux en dépouillant les
registres (trop rarement feuilletés par les érudits) de la Cour
des aides de Paris.
1. Ms. : ]iroensa. — 2. Fontamas. —3. Bonamen. — 4. Le latin ajoute:
Bernardi Pontevenis clerici, domini Baralli, Provinciœ notarii, Guill.
de Ave7rione,not. Mass., Poncii Ancelmi, not. publ.Prov., testiumroga-
torum.—ô. Ms. : proe7isa. — 6. Le latin ajoute : et mei,Joh. de Maflelo,
clerici domini Senesc. et notarii piihl. Prov. et Fore, qui predictis in-
terfui et rogatus a partibus hocpubl. instr. scripsiet signo meo signavi.
62 ANNALES DÛ MlDt.
Comme le remarque judicieusement M. Alfred Leroux dans
son beau livre intitulé ; Le Massif central, « l'historien en-
trevoit assez bien que, dès le moyen âge, l'élevage était une
des principales occupations des classes agricoles » du Massif
centrale Mais on ne saurait trop souhaiter que des documents
circonstanciés soient produits à l'appui de cette vue a priori
dé l'historien, et nous apprennent dans le détail comment
cette région concourait à l'alimentation des grands centres'
urbains, et notamment de Paris.
Orléans, pâi" Sa pôsitiôû géographique, était nécessairement
sut* le eheitlin des trnupéàuX conduits à Paris, et si nous pos-
sédioiis àti cohiplet les archives ôrléanaises, notamment le
livre de recettes des fermiers «de la ferhiè du bestail à pié
fourchié », nous aurions là une mine incomparable pour le
sujet qui nous occupe en ce moment. Deux procès plaides de-
vant lès élus d'Orléans et portés en appel devant la Cour des
aides de Paris, en 1452, constituent, à défaut de mieux, un
commencement de documentation qui n'est pas à dédai-
gner.
Le premier intéresse une petite ville qui fait rarement
parler d'elle, qui ne fat constituée en commune qu'en 1406,
mais qui réussit, pendant le xv^ siècle, à s'élever laborieuse-
ment au rang honorable de capitale de province : c'est Guéret
que j3 veux dire, bien petite capitale d'une bien petite pro-
vince, mais en fin de compte rivale persévérante et heureuse
de Felletin et d'Àubusson^. A défaut d'iudustrie, Guéret eut
recours au commerce, et ses marchands surent se faire une
place au soleil. Donc, voici ce qui ressort des registres de la
Cour des aides, à l'actif de notre petite ville.
Pendant l'année 1448-1449, Martial Garon, marchand de
1. Le Massif central (Paris, Bouillon, 1898), t. Il, p. 66.— Cf. G. Clé-
ment-Simon, Rech. de l'hist. civile et jnmiicip. de Tulle, t. I, p. 330 :
« L'ertgniissement des porcs constituait une branche assez importante de
l'industrie agricole... Il semble que l'engraissenient en grand était i)lutôl
le propre de marchands que-de cultivateurs. »
2. Je rappelle avec émotion le livre très fouillé du regretté D"' F. Vil-
lard, qui vient de mourir : V>i chef-lieu de prooince au xviii' siècle,
Guéret, capildte de là Haute-Marché (dtuèret, P. AmiauU, 1898-1905),
MELANGES ET DOCUMENTS. 63
Giiéret*. avait conduit quatre cents pourceaux dans les
limites de la ferme du « bestail à pié forchie » d'Orléans et,
les ayant vendus, en tout ou en partie, il n'avait pas payé
l'imposition de rigueur. Le fermier le traduisit devant les élus.
Pour sa défense, Garon allégua que « s'il avoit fait passer icelle
quantité de pourceaux par les mettes d'icelle ferme, ce ne avoit
pas esté pour les y vendre, mais pour les amener a Paris *. Rien
n'était plus vraisemblable, en effet. Il dut pourtant reconnaître
qu'à Vierzon^. il avait vendu «douze vingts» de ses bêtes à des
marchands qui les amenèrent à Orléans ; et finalement les
élus le condamnèrent à satisfaire les exigences du fermier. Il
ne se tint pas pour battu, et porta l'afaire devant la Cour des
aides. Après plaidoiries, la cause fut renvoyée au Conseil;
nous ignorons ce que dirent les juges de Paris, mais le juge-
ment nous intéresse moins que les faits de la cause. Le lecteur
voudra bien se contenter de l'extrait suivant, pris rapidement
dans le registre des Archives nationales coté Z'A 19, fol. 229,
à la date du 9 février 1451, ancien style :
Entre Marcial Garon, marchant, demeurant a Garet, appellant
des esleuz sur le fait des aides a Orléans, d'une part, contre Ma-
thurin Ricliai't, partie intimée, d'autre part.
3... pour ledit appellant, dit qu'il y a eu certain procès parde-
Vant lesdits esleUz entre ledit appellant, défendeur, et ledit intimé,
demandeur, soubz colleur de ce que icelluy demandeur disoit qu'il
1. Famille connue par ailleurs. « Giiillelmus Garron burgensis ville
de Garacto d arronte à perpétuité à (juillelmus Pignon », de Glénic » unani
pleduram terre in qua olim fuit domus » sur la place du Marché de Gué-
ret, le 17 novembre 1416 (orig. parch. dans les archives de M. le comte de
Montbas, à Amiens). A la fin du xv* siècle, Philippe de Bilhon, receveur
des tailles et de l'équivalent aux aides en Haut Limousin, est cautionné
par « Anthoine Garro7i, Thomas Bonnet et Guillaume Bilhon, bourgeois
marchands de la ville de Guéret » (Bibl. nat., franc. 20684, p. 811). C'est
à Guillaume Guarron, dit Corps d'ommé, marchand de Guéret, qlic la
comtesse de la Marche, Anne de France, acheta, en 1507, une maison,
« tant pour tenir l'auditoire de la justice de nostredit pais que pour y
faire et establir les prisons » (Arch. nat., P 1375', coté 2595; cf. Titres de la
ynaison de Bourbon, n»» 7718 et 7720).
2. Le manuscrit porte, il me semble, VoirsoH, que j'identifie avec
Vierson (Cher).
3. Le nom de l'avocat est resté en blanc.
64 ANNALES DU MIDI.
estoit fermier delà Cernie du bestuil a pii; forchié vendu a Orléans
[lour l'année mil iiij « xlviij el finissant l'an iiiil iiij c xHx ; disoit
icelluy demandeur que ledit appellant avoit vendu durant lailite
ferme;es niectes d'icelle^ quatre cents pourceaulx, dont luy devoit
l'imposicion...
Ad ce icellui appellant et défendeur avoit dit que s'il avoit fait
passer icelle quantité de pourceaulx par les mectes d'icelle ferme,
ce ne avuit pas esté pour les y vendre, mais pour les amener a
Paris...
Un second procès fui plaidé en appel à la Cour, dans des
conditions analogues, quelques jours après, le 19 février 1452.
Dans les quelques lignes que j'ai copiées et que je publie ci-
dessous, on remarquera un détail fort intéressant : les pour-
ceaux sont achetés en l'érigord, puis envoyés à l'engrais dans
les forêts du pays de Forez, enfin de là dirigés sur Orléans.
Rien n'indique la patrie du marchand, Jehan Brice ; mais
c'était un homme qui opérait dans un rayon très étendu, car
il est dit dans la plaidoirie qu'il était en Bourgogne au mo-
ment de l'enquête ordonnée par la Cour des élus d'Orléans.
Entre Jehan Brice, appellant des esleuz d'Orléans, d'une part,
contre Mathurin Richier (s^c), intimé.
Bouchier pour led. appellant dit que icellui appellant est un bon
inarcliant et que ceste année il a achecté certaine quantité de pour-
ceaulx ou païs de Pierregort et iceulx fait amener ou pais de Fo-
rest et es foretzd'icellui. Dit que iceulx pourceaulx estans en lad.
forest, en vendit une assez grande partie a un nommé Gérard
Bouge et l'autre partie icellui appellant les fist passer par la ville
d'Orléans pour les mener ou bon lui sembleroit...
(Même registre, fol. 243 \c, 10 février 1451, ancien style.)
Par arrêt du 24 mai 1452 (même registre, fol. 320 vo) notre
«bon marchant» fut condamné à l'amende pour avoir mal
appelé, et son afïaire fut renvoyée devant les premiers juges.
Antoine Thomas.
1. Le manuscrit porto, par erreur : dicellui.
MELANGES ET DOCUMENTS. 65
III
NOTE RECTIFICATIVE
SUR LA DATE D'DNE LETTRE DE CHARLES VIL
J'ai publié, dans le tome XIX des Annales du Midi un
travail concernant Les lettres de Charles VII et de Louis XI
aux Ai'Chives Tnunicipales de Barcelone^. Parmi les lettres
inédites transcrites dans ce travail, la deuxième missive de
Charles VII au Sage Conseil de Barcelone, donnée à Saint-
Priest et dépourvue de date 2, a reçu, dans la publication, le
millésime 14'i5 entre crochets. C'était là une attribution iiypo-
thétique dont je précisais, d'ailleurs, la valeur à mes yeux par
une note ainsi conçue : « du moins, la pièce est classée parmi
celles qui portent ce millésime ». Cette réserve était justifiée
par les erreurs de classement déjà relevées par moi dans la
collection des Archives de Barcelone dont la pièce fait
partiel Toutefois, je n'avais aperçu aucun moyen de me faire
une conviction en l'espèce.
Or, M. Antoine Thomas, qui connaît le règne de Charles VU
mieux que personne, a bien voulu me fournir le secret pour
sortir d'embarras : la lecture de ma publication lui a suggéré,
en effet, un rapprochement dont il a eu l'extrême amabilité
de me faire part. Il est question, dans la lettre de Charles VII,
d'une mission confiée à Taneguy du Chàtel, Jean de Jambes,
Pierre de Reffuge et Jean Hébert. Une mention de cotte même
mission se retrouve dans V Histoire générale de Languedoc^.
Ce passage, qui m'avait échappé, détermine aussitôt le millé-
sime vrai de la missive royale et la place en 1457.
L Armâtes du Midi ,i. XIX, p. 57 et suiv. (janvier 1907).
2. Ibid., p. 60.
3. Sur ces erreurs, cf. ibid., p. 58 note 2, et Louis XI, Jeioi II et la
révolution catalane, p. 29.
4. Hist. gén. de Languedoc, ùd. Pi-iviit, t. XI, p. 37.
ANNALES DU MIDI. — XX 5
66 ANNALES DU MIDI.
Il y a doQC lieu de rectifier en conséquence la date du docu-
ment original conservé à Barcelone, et je remercie l'érudit
obligeant qui a bien voulu signaler à l'éditeur un rapproche-
ment aussi instructif. J. Calmette.
IV
LA SEDITION DE MONTPELLIER EN 1645, d'aPRÈS DBS DOCUMENTS
INEDITS DES ARCHIVES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.
La mise en recouvrement des droits de joyeux avènement
à l'occasion de l'accession de Louis XIV au trône suscita à
Montpellier une sanglante émeute, qui dura du 28 juin au
3 juillet 1645.
Plusieurs récits de oet événement nous sont parvenus ; ils
émanent de contemporains. D'abord le manuscrit Giroud,
puis Je mémorial consulaire de Sabatier, qui se trouvent à la
bibliothèque municipale de Montpellier et n'ont jamais été
publiés. Un troisième récit est dû à la plume d'André Delort,
contemporain également de l'émeute ; il a été imprimé en
1875-76 ^ Il existe encore un récit anonyme cité par A. Ger-
main, dans son travail sur la sédition de Montpellier. Ces di-
vers mémoii-es ont servi de fond aux historiens de la ville de
Montpellier et du Languedoc- lorsqu'ils ont parlé de cet inci-
dent. Pierre Serres, historien du début du xyiii» siècle, dans
ses Annales dont on ne posssède que des fragments, s'est ins-
piré de Delort. VHistoire générale de Languedoc donne
1. André Delort, Mémoires inédits sur la ville de Montpellier au
XVIl^ siècle. Montpellier, 2 vol. in-S», 1875-76.
2. U'Aigrefeuille, Uisl. de Montpellier jusqu'en 1729. Edition de 1875,
t. Il, p. 131.
A. Fabre, Hist. de Montpellier, 1897, p. 150.
A Germain, Les commencements du règne de Louis XIV et la
Fronde à Montpellier, dans Métnoires de l'Acad. de Montpellier,
t. III, p. 579 et suiv., année 1859.
Dom Devic et Vaissete, continues par E. Roschacli, Histoire de Lan-
guedoc, t. XIII, p. 234-5.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 67
(t. XIII, p. 234-5) un court récit de la sédition, tiré des mêmes
sources, mais il renvoie au manuscrit 170 de Ooislin de la
Bibliothèque nationale, actuellement fonds français J 8830-
nous y avons bien trouvé quelques documents relatifs à cette
époque, mais rien qui se rapporte à la sédition.
Les archives des Affaires étrangères de Paris, Mémoires et
documents, France, vol. 1634, fo^ 139 et ss., possèdent deux
pièces très importantes relatives à l'émeute de 1645, et qui
n'ont jamais été communiquées^
La première a pour titre : Extrait du procès-verbal de
M^ du Bosquet sur la sédition arrivée à Montpellier, et
porte la date du 4 juillet 1645; la seconde est une lettre du
maréchal de Schomberg, gouverneur de Montpellier, datée du
Sjuillet 1645 et adressée à Mazarin.
Du Bosquet et Baltazar étaient les deux intendants du Lan-
guedoc pour la police, justice et les finances. Le premier joua
un rôle dans les événements qu'il relate ; cette circonstance
donne un grand intérêt à sa narration. Etant donnée sa
haute situation administrative, ce procès-verbal est en quel-
ques sorte la relation officielle de la sédition. Ce document
diffère des récils de Giroud, Sabatier et Delort, dans le fond
et dans la forme. II contient moins de détails sur le pillage
des maisons et les excès commis par la populace de Mont-
pellier à cette occasion, il est aussi moins pittoresque et sur-
tout moins dramatique; en revanche, il a l'avantage d'exposer
la suite des faits selon l'ordre dans lequel ils se sont dérou-
lés, ce que ne fait pas Delort, d'être plus circonstancié, et de
donner de nombreux renseignements sur les rapports entre
Schomberg, les intendants et les officiers municipaux. Ces
dernières particularités sont omises dans le manuscrit de De-
lort. De tous les récits, celui de Bosquet est le plus clair, le
plus étendu, le plus complet; tout fait croire que c'est celui
qui se rapproche le plus de la vérité.
1. Nous avons également fait des recherchea aux Arcliives nationales,
Languedoc 748*» à 1109. On n'y trouve rien se rapportant à l'émeute
de 1645. D'ailleurs presque tous ces documents sont de la fin du xvii« et
du XVIII' siècles.
68 ANNALES DU MlDi
Ea effet, nous n'avons plus ici, un simple témoin sans qua-
lité, ou un officier municipal, qui écrivent surtout pour la
postérité et cherchent principalement à faire ressortir le côté
pittoresque et dramatique de l'événement, mais un fonction-
naire d'un grade élevé, dépendant du pouvoir central, qui ré-
dige un rapport destiné à son chef direct, le cardinal de Ma-
zarin.
Le procès-verbal de Bosquet forme le complément néces-
saire des récits de Sabatier, Giroud et Delort et constitue un
document intéressant pour l'histoire de Montpellier ; c'est à
ce titre que nous demandons la permission de le transcrire ici
dans toute son étendue'. 11 fut envoyé à Mazarin par Schom-
berg et couvert par la lettre de Schomberg du 5 juillet dont
nous avons parlé ci-dessus; nous la donnerons à la suite du
procès-verbal de Bosquet, car elle est inédite et forme elle-
même un second rapport sur les événements de 1645, rap-
port court, il est vrai, mais très instructif.
Ajoutons seulement qu'en punition de ces faits séditieux,
Mazarin eut d'abord l'idée de faire abattre une partie des mu-
railles de Montpellier; pourtant il n'osa pas pousser aussi
loin les choses et se contenta de la pendaison des deux femmes
qui avaient contribué le plus à l'émeute. Un homme, égale-
ment arrêté, mourut en prison. Louis XIV donna, en 1647, des
lettres de pardon et tout fut dit.
Cette répression peu en rapport, pour le temps, avec l'éten-
due de la rébellion, prouve combien était faibb le gouverne-
ment de Mazarin; si un semblable soulèvement se fîit produit
sous Richelieu, il aurait eu assurément pour la ville de Mont-
pellier de terribles conséquences.
P. COQDELLE.
t. Les lettres d'abolition données par Louis XIV, en mai 1647, à la
ville do Montpellier et dont A. Germain a communiqiu! le ;oxtc dans son
étude citée, contiennent un court récit de la sédition, <jui semble avoir
été fait d'après le rapport de Bosquet.
MELANGES ET DOCUMENTS. 69
ExtraiL du procès-verbal de M. du Bosquet.
4 juillet 1G45*.
Monsieur Baltazar ayant rendu une ordonnance portant l'exé-
culion des taxes faites sur les mestiers jurés, Ronianet Iraictant
desdits droits la fit imprimer et afficlier par la ville de Montpellier
aux derniers jours du mois de juin et à même temps Ht faire des
exploits de commandements de payer aux artisans de ladite ville,
lesquels furent extrêmement surpris tant de la nouveauté de la
chose que de la grandeur des sommes auxquelles ils estoient taxés.
Geste surprise fat suivie d'un désir véhément auxdits artisans de
se descharger du payement; ce qu'ils creurent ne pouvoir estre fait
qu'en chassant et intimidant le traictant; pour à quoy parvenir,
ils excitèrent leurs femmes, et pour leur donner des compagnons
dans leurs entreprises, ils firent courir le bruit que les femmes
estoint taxées pour le nombre des enfans, que les servantes et
valets payeroint une portion de leurs gaiges tous les ans et telles
semblables choses ausqaelles donnoit quelque créance, la longue
énumération de tous les mestiers et des sommes qui devoint estre
payées par yceux, contenue dans l'ordonnance, de laquelle des
artisans les pauvres se plaignoint publiquement et excitoint le
monde à compassion.
Les esprits estant ainsy disposés, sans que la chose esclatat
encore, quelques femmes attaquèrent de parolle le nommé I\Iadu-
ron, dans la maison [duquel] le bureau de ceste recepte estoii esta-
bli, et l'on dit que la réponse de Maduron^ feut accompagnée de
rudesse et de quelque soufflet qu'il donna à une femme 3. L'attaque
1. Ce document est l'original de l'éi^oque ; il est sur gros papier; nous
en avons respecté l'orthographe, mais nous avons ajouté une ponctuation
qui fait défaut, afin de le rendre plus aisé à lire.
2. Maduron, riche négociant, dans la maison duquel les partisans
avaient établi un de leurs bureaux. On donnait le nom de partisans à des
financiers qui prenaient un impôt à partie, c'est-à-dire avançaient au tré-
sorier royal une partie de l'impôt afin de garder le reste, d'où le nom de
partisans.
3. Ici le procès-verbal du Bosquet dilïèrc dos autres récits, on ce (jui a
trait à la cause immojdiate et déterminante de la sédition. Selon Giroud,
Maduron ayant été voir le feu do la Saint-Jean, fut hué par des enfants et
en frappa un à la tète, d'où le tumulte; il ajoute aussi qu'un tailleur fut
emprisonné par les partisans parce qu'il no voulait pas payer la taxe, lîos-
quet ne dit rien de semblable et, selon lui, le soufllet duuuc [iar Mailunni
fut la cause immédiate do la sédition.
io
ANNALES DD MIDI.
de ce Maduron feut bientost suivie d'un attroupement de grand
nombre de femmes, principalement des servantes et tilles de
chambre, lesquelles animées par les fausses persuations du paye-
ment de leurs gaiges, allèrent au logis de Maduron père et fils et
le pillèrent, se rendirent au logis du Cygne, où logeoit Romanet,
et l'obligèrent à s'enfuir, enfoncèrent les portes, enlevèrent les
papiers et ordonnances imprimées, ausquelles ayant leu le seul
Hom de monsr Baltazar, elles s'animèrent contre luy. Et soit qu'il
feut véritable qu'elles eussent trouvé des minutes de plusieurs
nouveaux édicts et les mémoires de .traictés nouveaux, comme
elles disoint, ou qu'il leur feut ainsy persuadé, elles entrèrent en
une fureur générale contre tous les traictans*.
Les consuls de la ville, entre autres le sieur de Beleval, qui
s'est porté avec un soin assidu et très-grand en ceste rencontre, se
rendirent au Cygne pour faire retirer ces femmes ; mais leur tra-
vail feust ynutille et cela ne feut fait que par le sieur de Villes-
passier, lieutenant en la citadelle, qui y arriva avec une vingtaine
de mousquetaires 2^ et ce feut le XXX de juin après midy.
Cette assemblée de femmes ne faisoit pas grand bruit dans la
ville et ne feut cognue par ledict sieur du Bosquet qu'environ les
deux à trois heures après-midy de ce jour-là, qu'allant par ville,
il vit les rues couvertes de pièces et fragment des ordonnances de
monsr Baltazar et des quittances du trésorier des partyes cazuelles
ce qui luy donna occasion de senquerir du fait. Et, estant à son
logis, il manda ledict sieur de Beleval et ledict sieur de Villespas-
sier. S'y estant pareillement rendu, il apprit de leurs bouches ce
qui sestoit passé, et ayant eu advis que ces femmes se rassem-
bloient environ la maison desdicts Maduron, lesdicts sieurs de
Villespassier et Beleval s'y rendirent avec résolution d'arrester les
premières personnes qui sopiasteroint à faire du tumulte et les
amener à la citadelle, attendant le retour de Monsieur le maré-
1. Delort dit que le vendredi on pilla les papiers de Martin, notaire;
c'est sans doute une confusion et il s'agit du pillage des papiers de Ro-
manet qui, d'après le rapport de Bosquet, eut eirectivement lieu le ven-
dredi. Au pillage de la maison de Maduron, Delort ajoute celui du Cygne;
nous avons vu qu'il ne fut pas pillé, mais les portes seulement enfoncées
et les papiers dispersés. Quant au pillage de la maison do Houdon, tréso-
rier de France, Bosquet ne le place que dans la nuit du 2 au 8 juillet;
d'ailleurs, le trésorier de France s'appelait do Gretl'euille.
2. Delort ne parle i)as de cette intorventiou do Villespassier le 80 juin,
mais le fait venir, le 2 juillet, avec cimiuante à soixante soldats au secours
du maréchal de Schouiberg ; il doit faire confusion.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 71
chai de Schonberg, qui estoit à la chasse. Lequel estant arrivé en-
viron les six heures du soir, ledict sieur Bosquet, s'en allant rendre
y)rès de luy, le rencontra à la rue avec ledict sieur Villespassier
lequel disoit que toutes ces femmes s'estoient séparées, et ayant
concerté ensemble de ce qui devoit estre fait en cas qu'elles satrou-
passent de reschef, savoir de leur courir sus et d'en ari'ester des
prisonniers, chacun deux se retira.
Les femmes seules avointparujusques à cette heure-là, maisenvi-
ron les neuf heures du soir dudict jour' les hommes de la lie du
peuple se joignirent à elles, et sestaut animez généralement contre
tous les partisans et leurs protecteurs, attaquèrent la maison du
sieur Esmère, commis à la recepte du droit d'amortissement 2, et,
après avoir enfoncé les portes, la pillèrent.
Monsieur le mareschal de Schonberg, qui estoit à la ville, y ac-
courent avec le peu de gens qui se trouvèrent auprès de luy,arresta
deux hommes prisonniers et donna les ordres qu'il jugea néces-
saires.
La nuict feut assès calme et, le matin du premier juillet, les
femmes s'assemblèrent au son du tambour en la place du pallais,
demandant les prisonniers, disant qu'ils estoint innocens et elles
seules les coulpables; Monsieur de la Forest Toiras, qui a agy
avec vig'ueur et courage en cette rencontre, si porta par plusieurs
foys, mais en vain, car le nombre de femmes grossissoit à tous
momens par la quantité des hommes et des femmes qui y accou-
roint*, lesquels y estoint appelées par un petit garçon battant le
tambour par la ville et criant à haute voix qu'il faisoit savoir à
toutes les femmes et servantes de se rendre au pallais, où l'on
vouloit faire pendre deux hommes injustement.
Geste émotion continuant, Monsieur le mareschal se rendit au
devant le pallais, suivy de quelques-uns de ses gardes, et tascha
dadoucir ces esprils furieux; mais cependant* une partye des sé-
ditieuses estoint aux murailles de la prison, qui respondent hors
la ville, et ayilées par des habitants, enlevèrent les prisonniers et
1. C'est toujours du 30 juin qu'il s'agit.
2. Le droit d'amortissement n'avait rien do commun avecles droits qui
avaient suscité la sédition; mais le peuple confondait tous les receveurs
dans la même haine.
3. Bosquet n'a pas jugé à propos de donner le nom des deux femmes
qui dirigeaient réinoute: les autres récits nous ont uppris quelles so
nommaient la i^rauliiire et la IMoiitcoUe.
4. Signilie : pendant ce tempsdà.
72 ANNALES DU MIDI.
les conduisirent à une lieue de la ville ^ Ces femmes retournant
de cette action chantoint le triomphe et témoignoint de vouloir de-
meurer dans le rppos. Et, en effet, il y eut quelque yntervallede temps
sans rumeur, pendant lequel Monsieur le mareschal de Sclionberg,
désirant prévenir un plus grand désordre, manda les companies des
officiers de ladite ville, les consuls et chefz des mestiers en pré-
sence des sieurs du Bosquet et Baltazar, de la part de la cour des
comtes, aydes et finances. Les sieui^s de Saint- George et de
Montlaur, présidentz, et les sieurs de CUausel et de Cauteville,
conseillers, vindrent offrir à Monsieur le Mareschal leurs per-
sonnes et leurs services et promirent de se rendre auprès de luy
au moindre mandement avec cinq cens hoiïimes armés et s'en
allèrent par ordre de Monsieur le mareschal exorter leurs voisins
et dépandantz à demeurer dans le repos et à retenir leurs femmes.
Les mêmes offres furent faits par les sieurs Girard, de Mirmam,
la Cassaigne, Berrulac, Groset et Greffeuille, trésorierde France, au
nom de leur bureau, et s'en retournèrent avec les mesmes ordres.
Les consuls et les chefz des mestiers, s'estant présentés à M. le
Mareschal, désadvouèrent laction des femmes et nyèrent que leurs
femmes feussent de la partye, se plaignantz à la vérité des taxes
qui estoint faits sur eux, qui avoynt peyne à vivre de la sueur de
leur visage, et de ce que les ordonnances portoint la constrainte
solidaire, ce qu'ils trouvoint fort injuste et qu'en un mesme jour
on ait fait faire cinq. ou six cens exploits ausdits artisans. M. le
Mareschal leur commanda de demeurer dans le repos et leur pro-
mit de faire modérer ces taxes, et qu'ils en donnassent advis à
ceux de leurs mestiers. Ce que lesdits consuls auroint promis de
faire 2. Pendant le reste du jour premier juillet et la nuict sui-
vante, il n'y eut point de bruit dans la ville, les soins des officiers
des comtes et trésoriers de France ayant reussy à appaisé les
esprits. Et pendant ce temps, des marchans à qui on avoit saisy
des marchandises pour les frais des ambarqués à l'armée de Cata-
logne 3, de l'an 1G43, ayant pris occasion de ce tumulte, deman-
dèrent la main levée, qui leur feut promise par M. le Mareschal :
ainsy tout prétexte sembloit estre osté à la sédition^.
1. Delort place cette mise en liberté le 2 juillet {op. cit., p. 127).
2. ];)ftlort ne mentionne pas ces réunions chez Schomberg pendant les
quelques heures d'accalmie du 1" juillet après midi.
3. Si^,niifie ; des troupes envoyées de l'armée de Catalogne.
4. On était loin de s'atlcndrc, le 1" juillet au soir, aux scènes tumul-
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 73
Mais comme, dans la fureur de la sédition, ces femmes avoint
dit publiquement quelles vouloint tuer tous les partisans affin
qu'aucun ne feut sy harili d'entrer à l'advenir dans la ville, qu'il
ne falloit point payer de quartier d'hiver * et quelles avoint mar-
qué les maisons de certains habitans quelles vouloint tuer, sous
prétexte qu'ils estoint yntéressès avec les partisans ou leurs com-
missaires, plusieurs personnes pourveurent à leur déffence, met-
tant leurs amis et de gens armés dans leurs maisons, entre au-
tres, le sieur Massia Eudes, trésorier de la bourse du pays et père
du receveur général des finances, soit pour la conservation des
deniers du roy, et le sieur Dupny, cy-devant soubztraiciant des
amortissements. L'on assure que ledict Dupuy et ses amis, qui
sestoint barrigadés dans sa maison, attaquèrent avec injures les
femmes qui passoint en troupe le dimanche deuxième du dict
mois de juillet 2, sur le midy. Lesquelles ayant appelle les hommes
à leur secours, une mousquetade feut tirée du logis, qui tua un
vieux homme, que l'on disoit y avoir esté amené par la curiosité.
Cet homme mort et sanglant, exposé au peuple et porté par les
rues, fit un aussy grand eflfect que la chemise de César '.
En mesme temps, toute la ville feut en armes, les chesnes ten-
dues par la ville et les maisons de Massia et Dupuy attaquées.
M.leMareschal en eut advis dînant chez M.Baltazar et y accou-
rent avec ses domestiques et les s^s marquis de Cauvisson et de
Toiras, séneschal de Montpellier: La Forest Toiras, de Mousso-
lens, de Roques, et quelques autres gentilhommes trouvés par
rencontre, où furent aussy présentz les s""* de S*-George et de
Montlaur, présidentz et autres officiers de la Cour des comtes,
qui taschoint d'appaiser le peuple et assistoint M. le Mareschal,
tueuses et sanglantes que nous allons voir se dérouler le lendemain ; le
procès-verbal de Bosquet diffère sensiblement ici du récit de Delort, mais
nous le croyons plus véridique.
1. Pour le logement des troupes venant hiverner dans les villes.
2. Si l'on rapproche cette provocation des employés aux finances, qui
occasionna l'explosion de la haine populaire, le 2 juillet après-midi, du
soufflet donné par Maduron à une femme, qui causa celle du 80 juin
(voir p. 65), il faut conclure que ces agents fiscaux eurent une bonne part
dans les responsabilités de la sédition.
3. Delort ne mentionne pas la mort de cet homme, mais, en revanche,
il raconte celle de la dame FageroUe, tuée par les balles des séditieux au
moment où eJle se montrait à la fenêtre de la maison Massia. Giroud
place en ce moment l'épisode de M"" Sabatié, arrachant les traitants à la
mort en les cachant dans sa maison.
74 ANNAI-ES DU MIDI.
ensemble le s"" de Beleval, consul, qui feut obligé de se mettre ù
la teste du peuple pour le détourner de ses desseins. Les prières
et les exhortations de M. le Mareschal furent inutilles sur les
esprits de ces furieux et ses armes furent vertement repoussez à
coups de mousquets, fusilz et pistoletz et de pierres jettées du haut
des maisons.
Ils s'estoint retranchés dans les rues estroittes qua peyne deux
hommes à cheval pouvoint entrer de front et quon ne pouvoit
enfoncer sans verser beaucoup de sang. M. le Mareschal voulut
espargner celuy du bourgeois, espérant qu'après cette première
fureur passée, il pourroit ramener ces esprits par la douceur.
Il ne peut pas faire néantmoins, quelque tempérament quil y
aportat, que plusieurs habitans ny fussent tués, un de ses gardes
blessés à la mort et luy-même frapé d'un coup de pierre.
Le combat reprit vingt foys^ durant trois à quatre heures pen-
dant lequel la fureur du peuple regorgeoit par toute la ville et
tuoit tout ce quelle rencontroit avec le nom de partisans ; mesme
le fils dudict sieur Mas.sia, chanoine de Narbonne, estant rencontré
en fuyant, feut massacré. Les maisons deDupuy et Massia furent
emportées, pillées et bruslées et des hommes tués au dedans avec
grande cruauté.
Pendant ce combat, M. Baltazar, ayant ouy sans(?) les cris des
peuples contre les partisans et les intendantz, se retira dans la
citadelle, et le sieur du Bosquet, ayant considéré quelque temps
ce désordre, dont le gros n'estoit pas loin de son logis, quy estoit
monté au-dessus de la force des armes et de la conduite de la pru-
dence, se retira dans son logis avec le sieur St-Hilaire, conseiller
1. La description de ce combat des rues est donnée dans Delort d'une
manière différente. Selon lui (op. cit., p. 124), les gardes de Schomberg
tirèrent au début de l'affaire, sur le commandement de ce maréchal, et il
y eut des tués et blessés. Cet ordre cadre assez mal avec la mansuétude
et le calme du gouverneur dans toute cette affaire.
Delort raconte également que Villespassier, lieutenant de la citadelle,
vint avec cinquante ou soixante soldats pour dégager Scliomberg, et
également que Goussonville, lieutenant du roi, qui vint place des Sévenols
pour arrêter des insurgés, fut chassé avec ses hommes et perdit son
chapeau en s'enfuyant.
Il semble, au contraire, selon lîosquet, que Schomberg ne fut pas se-
couru et soutint la lutte contre le peuple avec seulement quelques amis
fonctionnaires et les gardes de sa maison en fort petit nombre. Il paraît
aussi, selon les récits, que Carrié sauva la vie de Schomberg en écartant
un mousquet dont il était visé.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 75
en la cour des comtes, > qui en est le maistre, et M. le Mareschàl
se retirant en son hostel, il le suivit i.
Le feu estant ainsy allumé par toute la ville, M. le Mareschal
employa tous ses soins affin qu'il ne continuât pas durant la nuict,
et que s'il iie pouvoit pas diminuer, pour le moins il n'augmenta
pas. Il manda, à cet efîect, les officiers et donna les ordres néces-
saires : le peuple ayant attaqué la maison d'un nommé Boudon, il
fit en sorte que le peuple sy amusa pendant la nuict.
Le lendemain, troisième juillet, au grand malin, le peuple ayant
fait entendre à M. le Mareschal que, sil le deschargeoit des taxes,
bailloit aux marchands la main levée des marchandises saisies
pour les embarquements, faisoit sortir de la ville tous les traiclans
et quil ny flst point entrer des gens de guerre, il quiteroit les
armes et fairoit entièrement ses commandements, Mons. le Mares-
chal y auroit acquiessé pour appaisser ces grands désordres, qu'il
ne pouvait réprimer par les armes. Et son ordonnance ayant esté
^eue et publiée à son de trompe, le peuple auroit crié des « Vives
le roy ! » et se serait extrêmement adôucy. Et pour tesmoigner la
joye commune de tout le monde, les principaux marchands et au-
tres bourgeois, qui navoint point paru dans la sédition, sestant
contenus dans leurs maisons pour leur detïence, vindrent en nom-
bre de quatre à cinq cens tesmoigner à M. le Mareschal le desplai"
sir quils avoint des choses passées et luy offrir leurs services pour
l'exécution de ses commandements ; mais dautant que la plus
grand part faisans profession de la R. P. R. 2 estoint désarmés,
M. le Mareschal leur permit de s'armer et leur commanda de se
rendre avec leurs armes en l'hostel de ville pour faire ce qui leur
seroit ordonné par les consuls.
Les officiers des comtes, trésoriers de France et presidiaux ses-
tant présentés pareillement, M'' le Mareschal leur ordonna de se
rendre en armes audict hostel de ville, se saisir des postes, distri-
buer les corps de garde et les patrouilles en telle sorte qu'ils se
rendissent les maistres de la ville. Et parce qu'il feut donné advis
que des soldats et autres gens sans aveu et des paysans des villa-
ges voisins s'estoint glissés parmy le peuple à dessein de piller,
1. C'est en rentrant au palais que Schomberg, fuyant devant le peuple,
rencontra, d'après Giroud, une femme conduisant un petit garçon qui,
intei'pellée par lui pour savoir où elle allait, lui répondit ; « Je m'en vais
à la mort », etc., etc.
2; La religion prétendue réformée.
76 ANNALES DU MIDI.
Mr le Mareschal donna ordonnance portant commandement aux-
dicts estrangers de vuider la ville dans le jour à peyne delavie, et
aux consuls de fermer les portes de la ville à l'exception des deux
plus comodes, ausquelles ils établiroint une garde bourgeoise.
Ces ordres furent exécutés si ponctuellement qu'a mesme
temps tous les hommes de condition fui'ent assemblés en armes
en la maison de ville, les sisains distribués par la ville soubz la
conduite des bons bourgeois non suspects; et ainsy les femmes
furent séparées, les séditieux éloignés, à la réserve de quelques-
uns qui ont demeuré sous les armes à la conduite des plus sages
et le pillage et bruslement des maisons a cessé.
Ledict jourS Mr le Mareschal, ayant monté achevai, sans au-
cune suite de gardes, accompagné tant seulement du sieur du
Bosquet, intendant, des srs marquis de Gauvisson, baron de Res-
tinelières, de Tarenda et son escuyer, a parcouru toute la ville et
expliqué ses ordonnances au peuple, tesmoigné son aft'ection
envers lui et a mis par sa présence et par sa prudence, les choses
en tel estât, quil n'y a- point dapparence daucun trouble, les prin-
cipaux habitatis s'estant rendus les mestres de la ville.
L'impunité de ceste sédition est dune périlleuse conséquence
pour lauctorité et les affaires du Roy et un exemple de semblable
rébellion dans toutes les autres villes de la province, puisque
dans une ville, où il y a citadelle, companie d'officiers souve-
raine, trésoriers de France, présidial et à la présence du gouver-
neur de la province et des intendants, la lie du peuple a osé pren-
dre les armes et résister au combat. Et d'autre part la vengeance
n'en est point facille, sy elle n'est appuyée d'un nombre suffisant
de gens de guerre ^ ; encore y aura le danger quil ny ayt etïusion
de sang, si les principaux habitans ne continuent dans la résolu-
tion qu'ils ont prise à présent.
Bref, la calamité et la misère du peuple est sy grande et les
officiers se plaignent de tant de charges, que Ion juge à plus près
que tout le monde est bien aise déloigner les traictés nouveaux et
les traictans, et que ce sera à leur grand regret quils consentiront
à leur retour, ce quils ne feront jamais que par force.
Fait à Montpellier, le iiiifi jour de juillet 1645.
1. Le 3 juillet, dans raprès-midi.
2. Le succès de la S(''dUioii tiul justement pour cause la faiblesse de la
garnison de la citadelle, absolument insuflisanto pour la garder et en
MELANGES ET DOCDMENTS. 77
Lettre du maréchal de Schotnberg au cardinal de Mazarin^ .
Monseigneur,
V. E. verra par la relation que j'envoie à M"" de la Vrillière, la
sédition quil y a eue dans Montpellier. Le bonheur a voulu que je
my sois rencontré et V. E. sceaura que sans cela la ville es toit
perdue absolument. Jai esté assez heureux pour arester cesteémo-
tion en trois jours, mais je vous confesse. Monseigneur, que ce na
pas esté sans peine, ny sans un péril qui peust passer pour assez
grand, puisque avec environ quarante hommes de mes guardes ou
des gentilshommes qui estoint' auprès de moy, je dissipé, pen-
dant une heure et demie, deux mil habitans armés, divisés en
plusieurs cors, que je trouvois logés à tous les coins des rues.
Enfin, comme je ne voulois pas tuer de peur d'aigrir les choses
davantage et que dès que je les avois rompus enlespoussant avec
la teste des chevaux et en leur donnant quelques coups de bas-
tons, ils saloient rejoindre à cent pas de là, je fus contraint de
céder à la force, ayant beaucoup de mes gens blessés de mous-
quettades et de coup de pierre.
Je ne voulus neantmoins pas quitter, croyant qu'il y alloit du
service du Roy à ne pas me retirer devant eus, ainsi je me logé,
avec ce peu de monde que j'avois, dans quelques carfours où ils ne
me vinrent pas taster, et après qu'ils eurent pillé et bruslé les mai-
sons de deus partisans, ils se retirèrent et moy après eus ; et leur
nombre estant acreu par le tocxain jusques à trois mil hommes
et je croy qu'un peu de vigueur et de fermeté qu'ils recognurent
dans un si petit nombre de gens les fit rentrer en eus mesmes, et
comme ils virent que leurs salves de mousquetades et de coups
de pierre ne nous arreslèrent pas, ils nous laissèrent.
Le lendemain de ce jour la^, j'envoie quérir tous les O^sS^ flg
armer les bons habitans qui mestoient venus demander pardon,
même temps contenir le peuple. C'est ce qui explique comment Schom-
berg fut réduit à une poignée d'hommes (quarante, d'après sa lettre à
Mazarin) et obligé de capituler sur tous les points pour rétablir l'ordre.
1. Arch. des affaires étrangères. Mémoires et documents, France,
vol. 1684, fol. 145-146. Cette lettre est tout entière do la main de Scliom-
berg et d'une écriture grande, penchée, diflicile à lire. Nous avons ajouté
la ponctuation qui fait défaut.
2. C'est-à-dire le 3 juillet.
3. Conseillers.
78 ANNALES DU MIDI.
donnay des ordonnances pour leur soulagement et fis faire des
guardes aux places par les mesmes habitans, qui assurèrent tout-
les choses.
Je croys que ces peuples seront tousiours asses calmes, pourveu
qu'on ne parle point de partisans et j'aprehande avec un grand
sujet que cest exemple ne soit fort préjudiciable a la province i.
V. E. en voit mieus la conséquence et la suite que personne; c'est
à Elle à juger si Elle est en estât d'y remédier ou non.
(leste affaire est la plus importante qui puisse arriver et un
malheureux fait a donné lieu de désordre à des gens qui véritable-
ment ont esté bien aise d'en prandre loccasion pour ne payer pas
le quartier d'hiver, et quoy que cecy semble purement un cas for-
tuit, il y a lieu de croire qu'il y a eu quelque préméditation pour
traverser et empescher ledit quartier d'hiver.
J'envoie à V. E. la démission de M^ d'Audouville quy ma mis...
{illisible) entre les mains.
Jatens vos commandemens affin que je puisse entrer en pos-
session du Saint-Esprit^ et donner en mesme tems {illisible).
Je suis infiniment marry de la mort de Mi' de Magasoty (?) et je
regrette bien fort par le desplaisir quen doit avoir eu V. E. à qui
je suis... à la mort très passionnément et avec toute sorte de res-
pect, Monseigneur, votre très humble, et très obéissant et très
affectionné serviteur,
SCHOMBERG.
Monfi' ce 5 juillet.
En marge : Mrs de (îauvisson et de Mousoulieu (?) mont très
bien assisté à ceste maleureuse occasion.
1. II n'en fnt rien heureusement, car la sédition de MontpelHer pesta
un acte isolé; Narbonue et les villes du Languedoc restèrent calmes.
(Arch. des Affaires étrangères; France, 1634, fol. 147 et passhn.)
2. Il faut conchire de cette phrase que Schomberg venait de recevoir
l'Ordre du Saint-Esprit.
GOMPTKS RENDUS CRITIQUES
René Poupardin. — Le royaume de Bourgogne (888-
1038). Étude sur les origines du royaume d'Arles.
(Bibliothèque ùe l'École des Hautes Études, sciences histo-
riques et philologiques, 163e fasc.) Paris, Champion, 1907;
in-8o de xl-511 pages.
Les lecteurs des Aiinales du Midi connaissent, grâce à une
pénétrante étude de M. Paul Fournier *, le premier des livres que
M. Poupardin a consacrés à l'histoire du sud-est de la France au
haut moyen âge : « Le royaume de Provence sous les Carolingiens
(8-55-933) ». M. Poupardin vient de faire paraître un second
volume, qui relate cette fois l'histoire du royaume de Bourgogne
de 888 à 1038, et qui complète et prolonge son précédent ouvrage.
Le nouvel État hourguignon fut fondé, au lendemain de la dépo-
sition de l'empereur Charles le Gros, au profit de Rodolfe (1er),
alors comte et marquis de Transjurane, qui fut proclamé roi dans
une assemhlée de grands personnages, laïcs et ecclésiastiques, à
Saint-Maurice-d'Agaune, au début de l'année 888. C'était, au
fond, beaucoup moins une résurrection de l'ancien royaume bur-
gonde et une affirmation d'une nationalité autonome et distincte
au sein de l'Empire f^'anc, que la simple transformation de l'an-
cien duché carolingien de Transjurane, augmenté du diocèse de
Besançon. Cinquante ans plus tard, vers 933, le royaume de Bour-
gogne s'accrut d'une partie de l'héritage du roi de Provence
Louis l'Aveugle. Hugues, héritier de Louis l'Aveugle, et désireux
de se consacrer exclusivement à l'Italie, céda à Rodolfe II ses ter-
res « tenues en Gaule », Provence et Viennois. Le royaume de
Bourgogne, ainsi agrandi, et comprenant ce qui sera plus tard le
1. Annales du Midi, t. XIV (1902), p. 441 et suiv.
80 ANNALES DU MIDI.
« royaume d'Arles et de Vienne », a vécu d'une existence auto-
nome jusqu'en 1032. Alors, en vertu du « testament » de
Rodolfe m, ce royaume passa entre les mains de l'empereur Con-
rad le Salique. M. Poupardin n'arrête cependant pas son étude à
l'année 1032. Il étudie les compétitions qui surgirent entre Conrad
et Eudes de Blois; ce dernier, parent de Rodolfe III, réussit à se
faire reconnaître comme roi par un certain nombre de seigneurs
du royaume de Bourgogne. Une lutte d'influence se produisit
entre les deux compétiteurs; elle dura jusqu'à la défaite et à la ,
mort d'Eudes, en 1037, à la bataille de Bar. L'année suivante, en
1038, à l'Assemblée de Soleure, les grands du royaume de Bour-*
gogne reconnurent Henri, fils de Conrad, comme « roi des Bour-
guignons ». C'est seulement alors que devint définitive la réunion
enti'e les mêmes mains de l'Empire et du sud-est de la France
actuelle.
M. Poupardin a rassemblé de son mieux le peu que l'on sait de
l'histoire de ces quatre rois (Rodolfe 1er, Rodolfe II, Conrad le
Pacifique et Rodolfe III), dont la physionomie est si terne et si
effacée. Ils ont assisté, inditférents ou impuissants, aux grands
événements politiques qui inléressnient leur État : invasions lion-
groises à la fin du règne de Rodolfe II; lutte contre les Sarrasins
et expulsion de ceux-ci, sous Conrad le Pacifique, par les comtes
de Provence, Guillaume et Roubaud. Tout au plus peut-on rele-
ver quelques eflorts faits par les rois de Bourgogne pour recons-
tituer à leur profit la Lotharingie, grâce à leur situation au centre
de l'ancien État de Lothaire; ainsi s'expliquent les tentatives,
toujours infructueuses, faites par les Rodolfiens pour s'étendre
au nord ou au sud-est : tentatives en Lorraine avec Rodolfe 1er ^
en Italie avec Rodolfe II. Les Rodolfiens n'avaient pas de res-
sources suffisantes pour mener à bien de semblables projets de
conquête.
D'ailleurs les rois de Bourgogne n'étaient pas, en réalité, aussi
indépendants et aussi libres dans leur politique qu'on pourrait le
croire. M. Poupardin a fort bien montré que la réunion du
royaume de Bourgogne avec l'Empire en 1032 n'a pas été le résul-
tat du hasard, mais la conclusion de tout un développement histo-
rique. Nous pouvons suivre, pas à pas, les progrès de l'influence
de l'Empire dans le royaume, influence que les rois des Francs
occidentaux, trop taibles encore, ne pouvaient songer à contrecar-
rer. C'est d'abord, dès le lendemain de la fondation du nouveau
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 81
royaume, la reconnaissance de la suzeraineté du roi de Germanie
Arnulf, suzeraineté purement nominale d'ailleurs, et dont il ne fut
plus, semble-t-il, question au xe siècle*. Ce sont surtout les cons-
tantes interventions des Empereurs dans les affaires du royaume.
Au lendemain de l'avènement de Conrad le Pacifique en 987,
Otton 1er s'empare temporairement de la personne du jeune roi et
du royaume de Bourgogne, afin de les protéger contre les efforts
faits par Hugues, roi d'Italie, pour rétablir son autorité en Bour-
gogne, au mépris de la cession qu'il avait consentie en 933 au
profit de Rodolfell. Plus tard, Otton II et Otton III jouent encore,
vis-à-vis du même Conrad, le rôle de protecteurs, et s'occupent
notamment de chasser les Sarrasins du roj'aume de leur protégé.
Avec l'avènement d'Heni'i de Bavière, la politique des Empereurs
se précise et se fait plus brutale. Henri s'empare, en 1006, de la
■ ville de Bàle, jusqu'alors comprise dans le royaume de Bourgogne;
et dix ans plus tard, toujours sous prétexte de « protection », il
dirige une expédition militaire contre les seigneui's insurges du
royaume de Rodolfe III, en particulier contre le comte Otte-Guil-
laume. Ainsi les voies étaient ouvertes à la réunion du royaume
de Bourgog'ue à l'Empire, et aux traités qui consacrèrent cette
cession au profit de Henri II, puis de son successeur Goni'ad le
Salique : cession faite à l'Empire lui-même, diront les uns; cession
faite seulement à l'Empereur et à sa famille et ne créant qu'une
union personnelle entre l'Empire et le royaume de Bourgogne,
diront les autres, désireux de justifier ainsi l'intervention des
Capétiens dans ces régions, en diminuant l'importance du lien qui
unissait le royaume à l'Empire.
Après avoir ainsi groupé, aussi complètement que possible, les
renseignements, en somme très pauvres, que nous possédons sur
toute cette histoire, M. Poupardin essaie de définir la situation des
différentes forces politiques du royaume de Bourgogne. C'est
d'abord le roi, qui, comme le dit un chroniqueur, « ne possède
que le titre et la couronne ». La royauté bourguignonne ressemble
1. M. Poupardin, p. 126, 187 et s., soutient que cette suzeraineté n'a
pas existé en droit, même après le traité de 1U16 entre Rodoll'e III et
Henri II. Il nous semble au contraire, comme à M. Piister (Revue his-
torique, t. XCIV, 1907. p. ;J84 et suiv.), que le texte de Tliietmar ao Mer-
sebourg (« Omnem namqae Burgundiie regionis primatum j^er manus ab
avunculo suimet accepit ») indique, aussi nettement que possible, une
reprise en fief da royaume de Bourgogne, et l'établissement, au moins à
partir de ce traité, de la suzeraineté d'Henri II.
ANNALES DU MIDI. — XX ()
82 ANNALES DU MIDI.
fort, dans ses caractères-juridiques, dans son organisation admi-
nistrative, dans les manifestations de son activité, aux autres
royautés nées du démembrement de l'Empire carolingien, royautés
des Francs occidentaux ou de Germanie, avec cette seule différence
que ses ressources sont encore plus restreintes et plus maigres.
La vraie force sociale, dans le royaume de Bourgogne, pst aux
mains de la féodnlite'', laïque ou ecclésiastique; et l'étude de cette
féodalité est une des parties capitales du livre de M. Poupardin.
La période rodolfienne est, en effet, une période de constitution
et de développement pour les grandes maisons féodales qui domi-
neront plus tard dans le royaume d'Arles. Nous n'avons pas à
insister, dans une Revue consacrée avant tout à la France méri-
dionale, sur riiistoire que M. Poupardin nous donne de la maison
des comtes de Bourgogne. Mais d'autres parties du même chapitre
intéresseront directement le lecteur des Annales. M. Poupardin
nous a donné, sur l'origine des Maisons seigneuriales de Savoie,
de Dauphiné et de Provence, un résumé très concis, mais très
nourri, des nombreux travaux parus dans ces dernières années. II
accepte dans ses grandes lignes, en ce qui concerne l'origine delà
Maison de Savoie, la thèse soutenue par M. de Manteyer, c|ui rat-
tache Humbert aux Blanches-Mains, chef de cette famille au début
du xie siècle, à la famille de Garnier, comte de Troyes et vicomte de
Sens au début du xe siècle, époux de Thiberge, la sœur de Hugues
d'Arles; et il note, après M. de Manteyer, l'importance de la « poli-
tique ecclésiastique » de cette Maison, qui est arrivée à mettre la
main, au cours du xie siècle, sur une série d'évèchés du roj'aume
de Bourgogne (Vienne, Belley, Aoste, etc.). — Sur la question tou-
jours ouverte de l'origine des Dauphins, M. Poupardin rejette réso-
lument l'opinion des auteurs qui, avec MM. de Terrebasse et Pru-
dhomme, y voient des descendants des anciens comtes carolingiens
de Graisivaudan. Il accepte les données du préambule de la fameuse
charte du cartulaire de Saint-Hugues, qui, si elle n'est pas contempo-
raine des événements qu'elle raconte, a au moins « la valeur d'un
texte historiographique ». Il pense donc que les évoques de Grenoble
sont arrivés, grâce à l'affaiblissement de l'autorité royale et à la
disparition d'une administration comtale régulière, à être ;\ peu
près seuls maîtres en Graisivaudan au xe siècle. La famille des
Guignes a ses origines, non pas en Graisivaudan, ntais en Vien-
nois: sa fortune vient de ce qu'elle a suivi « la tacti({ue qui devait
également faire la fortune des princes de la Maison de Savoie, en
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 83
accaparant les évêcliés voisins ». Cette famille a pris, vers 1035, le
titre comtal; et M. Poupardin voit là le résultat d'une usurpation
pure et simple. Il n'adopte donc pas l'hypothèse si séduisante, pro-
posée sur ce point par M. de Manteyer, d'api'ès laquelle ce titre
aurait sa source dans une inféodation du Viennois méridional,
consentie par les archevêques de Vienne, au xie siècle, au protît de
la Maison d'Albon : hypothèse qui trouve, croyons-nous, un fort
point d'appui dans les hommages que les Dauphins ont prêté, par
la suite, aux archevêques de Vienne. — M. Poupardin étudie enfin
le développement du pouvoir des comtes d'Arles, devenus marquis
de Provence: et il a pu, sur cette question, utiliser les résultats du
travail encore inédit de M. de Manteyer, La Provence du ler aie
xiie siècle. Il montre que ce développement s'est produit surtout
après l'expulsion des Sarrasins, et a eu, comme contre-partie, la
disparition des autres comtes des comtés provençaux. Les comtes
de Provence sont déjà, dans la période rodolfienne, à la tête d'une
administration de fonctionnaires; ils ont su garder la haute main
sur la féodalité de leurs domaines. M. Poupardin étudie à ce pro-
pos l'institution des vicomtes, qui apparaissent à Marseille, à
Fréjus, à Nice, à Sisteron, à Gap, à Embrun, soumis à l'autorité
des comtes de Provence. On trouve ailleurs encore des vicomtes,
notamment à Vienne, et M. Poupardin a réuni des éléments pré-
cieux pour l'histoire, encore à faire, de cette curieuse institution,
mi-administrative, mi-féodale ^
L'auteur s'occupe enfin de la féodalité ecclésiastique, qui a été,
dans le sud-est de la France, particulièrement forte, soit grâce à
la disparition, dans beaucoup de cités, du pouvoir comtal, dispa-
rition qui a permis aux évêques de s'emparer des droits régaliens
dans leur cité ; soit à la suite d'une concession formelle, faite par
les rois de Bourgogne aux évoques du royaume, du curailaLus de
leur cité, c'est-à-dire de l'ensemble des biens et des droits attachés
à la fonction de comte : ainsi à Vienne, en Tarentaise, à Sion, à
Lausanne. M. Poupardin revient encore sur le sens des mots
coniUalus, res de comitalu, qu'il avait déjà étudié de près dans
son travail sur Le royaume de Provence; et c'est là un fort inté-
ressant morceau d'histoire jçénérale des institutions carolingien-
1. En même temps que le livre de M. Poupardin, paraissait une fort
intéi'essante monograpliie de W. Sickel, Der frànhixchc Vicecomitat,
1907, tentative de systématisation des diverses études locales aur cette
question.
84 ANNALES DU MIDI.
nés, appuyé sur une documentation empruntée à des pays très
divers de l'Empire.
Ainsi, par ses développements, l'œuvre de M. Poupardin dépasse
les limites de l'histoire locale ou régionale. Son livre constitue
l'une des plus importantes contributions de ces dernière>; années
aux problèmes historiques nombreux que soulève l'histoire de la
décadence carolingienne et de la formation de la société féodale.
L'auteur a si bien senti que ses conclusions avaient une portée
autre que celles d'une monographie locale, qu'il a rapproché à
maintes reprises, avec grande raison, ce qui se passe dans le
royaume rodolflen de ce qui se passe à la même époque dans les
États voisins, royaume des Francs occidentaux ou Saint-Empire.
Son travail peut, à tous égards, être comparé à d'autres travaux
tels que ceux de M. Halphen sur le comté d'Anjou au xi» siècle,
ou de M. Vanderkindere sur la formation territoriale des princi-
pautés belges au moyen âge. Et c'est par une série de monogra-
phies et d'études régionales de ce genre que l'on arrivera peu à
peu à dégager une histcrire, faite, non pas de théories a priori et
d'idées préconçues, mais de faits précis et eiassés, des origines de
la société féodale. Robert Caillemer.
Louis Jacob. — Le royaume de Bourgogne sous les
empereurs franconiens (1038-1125). Essai sur la
domination impériale dans l'est et le sud-est de
la France aux XI® et XII® siècles. Paris, Champion,
1906 ; iii-8" de 159 pages.
M. Jacob a voulu résumer, dans un court travail, l'histoire du
royaume de Bourgogne entre les mains des empereurs de la
Maison de Franconie, depuis l'année 1038, date qui marque la
réunion définitive du royaume des Rodolfiens avec l'Empire,
après la défaite du prétendant lùules de Blois et la reconnaissance
de Conrad le Salique par les grands du royaume à la diète de
Soleure, jusqu'à l'année 1125, date de l'avènement de la Maison
de Souabe, et point de départ du livre de M. Paul Fournier sur le
royaume d'Arles et de Vienne. M. Jacob a donc voulu combler la
lacune qui existait encore dans l'histoire générale de la France du
sud-est au moyen âge, entre les livres de M. Poupardin et le tra-
vail de M. P. Fournier, afin que nous possédions une Iiistoire con-
tinue de ces régions, depuis la décadence carolingienne jusqu'à la
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 85
mainmise des Capétiens sur le Lyonnais, le Dnupiiiné et la Pro-
vence.
La période examinée par M. Jacob est particulièrement {);iuvre
en documents. Il n'y a, pour tout le siècle qu'il étudie, qu'une
quinzaine de diplômes impériaux relatifs à la Bourgogne; et les
annalistes sont très brefs sur la politique bourguignonru; des trois
empereurs, Henri IH, Henri IV et Henri V, qui ont porté pen-
dant ce temps, avec la couronna impériale, la couronne de Bour-
gogne. Le seul fait à retenir dans cette administration impériale
en Bourgogne est l'institution du rectorat, créé par Henri IV au
profit de Bodolfe de Rheinfelden, rectorat qui d'ailleurs réussit
mal et se termina par une révolte de Rodolfe. C'est la première
manifestation d'une tendance à donner au royaume de Bourgo-
gne une situation autonome dans le Saint-Empire, tendance qui
se traduira plus tard par le rétablissement du rectorat sous
Lothaire de Supplinbourg, et par l'institution de vicaires impé-
riaux dans le royaume d'Arles.
Mais le véritable intérêt de l'époque décrite par ]\1. Jacob est
ailleurs. Il réside dans les premières péripéties de la lutte entre
l'Empire et la Papauté, et nous assistons à ces"débuls de lutte,
auxquels le royaume de Bourgogne est directement mêlé. Assez
habilement, les nouveaux maîtres du royaume des Rodolfiens, en
particulier Henri III, avaient fait leur possible pour constituer
dans ce royaume un clergé Qdèle et docile aux Empereurs, pour
s'assurer le dévouement des évêques, en les défendant contre la
féodalité laïque : ainsi Henri III protège l'archevêque de Besançon
contre les comtes de Bourgogne, et l'archevêque de Lyon contre
les comtes de Forez. Mais, sous le règne d'Henri IV, l'action de la
réforme ecclésiastique se fait sentir en Bourgogne. En 1073,
l'élection de Hugues de Die par le clergé local et sa consécration
par Grégoire VII, en dehors de toute investiture laïque, est le
signal de la grande « querelle ». Le pape excommunie les évêques
du royaume d'Arles restés fidèles à Henri IV, et les remplace par
des évêques dévoués à la cause de la réforme. Ceux-ci furent,
sous les successeurs de Grégoire VIL plus papistes que le Pape. Ce
furent les évêques de Bourgogne, groupés autour de l'archevêque
de Vienne, Gui de Bourgogne, le futur Calixte 11, (|ui forcèrent,
parleur attitude au Concile de Vienne tic 1112, le pape Pascal H à
revenir sur les concessions qu'il avait, deux ans plus tôt, consen-
ties à l'Empereur, et qui excommunièrent Henri V.
86 ANNALES DU MIDI.
La féodalité laïque a largement profité de cette situation et de
ces luttes pour accentuer son indépendance vis-à-vis de l'Empire.
Si les seigneurs laïques ont, en grande partie, favorisé la réforme
religieuse et adopté la cause pontificale, c'est seulement dans la
mesure où une telle attitude leur permettait d'affaiblir en Bour-
gogne l'autorité impériale. Au besoin, le jour où il y aura quelque
avantage à retirer d'une alliance avec l'empereur, la féodalité
laïque embrassera la cause impériale. Et même l'une des grandes
Maisons féodales du royaume, la Maison de Savoie, maîtresse
de quelques-uns des passages des Alpes, a très habilement su
tirer parti de sa situation géographique pour obtenir de l'em-
pereur Henri IV, en 1077, une province qui semble être le Cha-
blais.
M. Jacob a bien saisi et noté ces attitudes variées. Il aurait pu
faire mieux encore. Il a réduit à l'excès l'histoire des Maisons
féodales du royaume, et il l'a morcelée entre ses divers chapitres,
bien que souvent il n'y eût aucun lien entre cette histoire et l'his-
toire générale du royaume. La période qu'il étudie correspond à
des progrès considérables des Maisons des comtes de Savoie et des
comtes d'Albon; elle a vu se produire, en Provence, de profonds
changements, notamment la constitution du comté de Forcalquier;
l'année où les Franconiens disparaissent, en 1125, le comté de
Provence se partage entre les Raymond-Bérenger et la Maison
de Saint-Gilles. Ces faits essentiels auraient dû être étudiés de
très près par M. Jacob. Ils sont indiqués seulement d'une façon
superficielle et souvent inexacte *.
1. Par exemple, si M. Jacob avait lu le texte du dotalitium constitué,
vers 1075, par Guigues d'Albon au profit d'Agnès, il aurait constaté que
dès la fin du xi" siècle, le castrmn de Briançon était aux mains des com-
tes d'Albon, et cela lui aurait épargné le singulier raisonnement de la
page 104. Il est bien certain que le traité de 1125, qu'il cite à l'appui, ne
peut pas être pris au pied de la lettre lorsqu'il indique, comme frontière
entre le marquisat et le comté de Provence, la Durance à partir de ses
sources jusqu'à son confluent. En réalité, la Durance ne servait de fron-
tière entre les deux nouveaux lîtats que depuis sa sortie du comté de
Forcalquier. — P. 103 : « Guigues III a succédé à son père en 1080 ». La
date de 1080 est douteuse, et le chiffre III no peut guère être attribué au
Guigues en question. — P. 21 ; dans le texte, Bertrand I" est le père de
Geoffroi I"; mais, dans le tableau généalogique, note 2, Bertrand est le
frère de Geotfroi. — P. 62 et 148 : Humbert aux Blanches-Mains aurait
recueilli, en 1046, le comté de Belley et de Savoie, à la mort du comte
Amédée, et il aurait ajouté ces posseasions nouvelles à la Maurienne et
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 87
M. Jacob n'a pas davantage essayé de nous donner, comme l'a
fait M. Poiipardin pour la période antérieure, un tableau de la
situation des Empereurs dans le royaume bourguignon. Il aurait
pu, après avoir exposé les faits politiques, rassembler les traits de
cette administration rudimentaire, classer les manifestations de
son activité, faire le bilan de ses ressources. Il est muet sur les
domaines et les revenus de la couronne de Bourgogne, sur le fonc
tionnement des justices, sur les questions monétaires. Il a consa-
cré seulement un appendice à déterminer le caractère « réel » ou
« personnel » de l'union du royaume à l'Empire ; et, après avoir
passé en revue quelques-unes des opinions émises sur ce point
au xvxie et au xvme siècle, il conclut dans le sens de l'union
« personnelle ». C'est comme héritiers de Rodolphe III, et non
comme empereurs, que les Franconiens ont recueilli le royaume
de Bourgogne : de là l'existence d'une chancellerie spéciale à ce
royaume, de là l'institution des rectorats et des vicariats. Mais il
faut bien reconnaître que, si cette théorie a été celle des contempo-
rains de l'annexion, les faits l'ont démentie, car les dynasties
successives qui ont possédé, après les Franconiens, la couronne
impériale ont gardé le royaume d'Arles, jusqu'au jour où la politi-
que capétienne est venue, pièce par pièce, le leuf enlever.
Le tableau que M. Jacob nous a donné ne saurait donc être
considéré comme définitif. Son travail semble avoir été fait trop
vite. Il n'a pas dépouillé métliodiquement les documents, en parti-
culier les cartulaires, se rapportant à la période qu'il étudie. De
là des lacunes et des erreurs. Puis, il est fâcheux, dans un tx'avail
de ce genre, de relever une aussi forte quantité de fautes d'impres-
sion, surtout dans les mots en langue étrangère i.
Robert Caillemer.
au val d'Aoste. M. Jacob devait an moins indiquer d'un mot l'hypothèse
toute diilerente émise par M. de Manteyer. — P. 62 : quelles sont les
deux familles comtales qui gouvernent « entre la Durance... et la mer »
avant 1054 ?
1. On est désagréablement impressionné par la répétition de -formes
telles que Cœsar, Burgundiœ, quœ, prœter, etc. On trouve à maintes
reprises Mausi pour Mansi (pp. 79, 80, 82), Jalm pour Jnhn (p. 82),
Huillard- Brêtroiles (p. i:J9) , d'Achem pour d'Achery {^j. 05), Ginguis
pour Ginglns (p. 11}, Beuhme (p. 32); dans les mots alleiuaiuls, M. Jacob
écrit â, 6 ou ù au lieu de il, de ô et de û. La ponctuation, surtout dans
les notes, est très incorrecte.
88 ANNALES DD NIDI.
Rudolf Bernouilli. — Die romanische Portalarchitektur
in der Provence. Strassburg. J.-H.-E. Heitz, 1906; in-S'»
de 87 pages. (Zur Geschichte des Auslandes, Heft xxxviii.)
L'ouvrage dont le titre est transcrit ci-dessus a été présenté
comme tlièse à la Faculté de philosopliie en l'Université de Berne;
il a valu à son auteur le grade de docteur. Il est relatif aux por-
ches, portails ou simples portes des églises et chapelles de la Pro-
vence occidentale, depuis Saint-Paul-Trois-Ghâteaux (même
depuis Valence, qui ne fut jamais en Provence) jusqu'à Marseille,
depuis Aix et Silvacane jusqu'à Saint-Gilles, en Languedoc; à
proprement parler, il ne s'étend guère hors de la vallée inférieure
du Rhône, mais c'est la région la plus riche.
Avant de rédiger son mémoire, M. R. B., ne se contentant pas
de travailler sur des photographies et de compulser les publica-
tions archéologiques, est venu en Provence ; il a parcouru le pays
dans tous les sens, un peu vite peut-être, mais il l'a visité. En face
des monuments, il s'est exercé à les comprendre et à les compa-
rer. En général, il a su voir et il a noté exactement. Que n'a-t-il
exécuté aussi d'excellentes photographies et que ne les a-t-il repro-
duites dans son livre, au lieu de nous donner les quelques dessins
peu précis qui accompagnent son texte? Cette illustration est
beaucoup trop faible ; l'ouvrage de M. B. aurait gagné cent pour
cent à en avoir une plus abondante et plus documentaire.
Les notes archéologiques ont été complétées par des recherches
historiques; mais bien souvent M. B. a dû se contenter <le recueil-
lir ce que des auteurs plus anciens avaient rapporté. J'ai déjà eu
trop l'occasion de constater combien peu de fond il faut faire sur
les dates et prétendus documents offerts par presque tous les
archéologues du xixe siècle, pour m'étoimer de retrouver là de
vieilles erreurs que je pourchasse.
Les Allemands aiment les classifications : M. B., imitant d'illus-
tres exemples, a rangé lui aussi les monuments étudiés dans des
catégories Ijien tranchées. Quand elles sont établies d'après les
éléments essentiels il n'y a rien à dire, car c'est une manière
assez commode de grouper les édifices apparentés. Le plus dan-
gereux, c'est que l'on veuille délimiter dans le temps l'adoption
de tel ou tel mode de construction. Ainsi, M. B. a attribué seule-
ment au xie siècle les portes avec montants simples, sans res-
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 89
sauts ; celles qui sont llanquécs d'ime paire de colonnettes débu-
teraient dans la première moitié du même siècle; celles avec deux
paires, aux environs de 1150. A considérer tel ou tel système
employé, on saurait donc facilement trouver la date du monu-
ment. La chose n'est pas aussi simple, on va le voir. En tout cas,
il faudrait, pour établir cette classification, être bien assuré de la
chronologie; mais c'est justement à quoi on ne peut actuellement
prétendre.
L'auteur a refusé avec raison de suivre M. Révoil dans ses opi-
nions sur l'architecture carolingienne. Il a divisé en cinq périodes
le temps où les édifices dits romans de la Provence ont été bâtis :
1° le préroman (xe siècle) ; 2" le protoroman (1000-1060) ; 3° l'épo-
que classique (1060-1150) ; 4° l'époque du style monumental, avec
les façades de Saint-Gilles et de Saint-Trophime (1150-1200); 5° la
prolongation du roman (1200-1260).
Examinons maintenant le détail et vérifions la chronologie,
puisque c'est la base de tout le système.
Dans la période préromane, M. R, B. a classé les portes et por-
ches du baptistère de Valence (je n'ai pas à m'en occuper puisque
ce n'est pas un monument provençal), de la cathédrale de Vaison
et de Saint-Pierre de Montmajour. S'il a bien reconnu le caractère
archaïque des murs contre lesquels s'appuie le porche occidental
de Vaison, il s'est, à mon avis, trompé, en ne remarquant pas
combien la construction en est essentiellement différente, bien
que grossièrement faite de part et d'autre, et en lui donnant la
même date : le porche n'est qu'une addition tardive. Il faut donc
le rayer de la liste. La porte méridionale de la même cathédrale a
fait l'objet d'une réfection vers le milieu du xiie siècle; elle en a
remplacé une autre (M. B. ne paraît pas l'avoir remarqué) con-
temporaine de la paroi préromane, placée un peu plus à l'est et
se trahissant par un support d'archivolte qui a subsisté. Il y en
avait une seconde, de même date, près de l'absidiole sud, qui a été
aveuglée et dont M. B. n'a pas non plus parlé. Naturellement, il
attribue la reconstruction de la cathédrale à l'évêque Humbert,
en 910. .le crois avoir démontré que la partie inférieure des murs
latéraux n'a été édifiée qu'un siècle plus tard. Celte date de 910 est
une de celles qui ont surgi jadis on ne sait trop pourquoi et qui
ne reposent que sur des affirmations gratuites.
La chapelle de Saint-Pierre de Montmajour n'a i)as été bâtie
avant 933, dit M. B., ni après 952. Pourquoi 933? La date de 952
90 ANNALES DU MIDI.
serait justifiée par une charte de la fondatrice Teucinde, concédant
des biens aux moines et à V « ecclesia Sancti Pétri » de Montma-
jour; mais j'ai vainement cherché ce texte dans la Gallia chris-
tiana novissima de l'abbé Albanès, à laquelle il est fait un ren-
voi (ce n'est pas la seule référence inexacte), et dans l'édition de
D. Chantelou par le baron du Roure. On ne peut guère séparer
l'étude de cette chapelle de celle de Sainte-Groix et de la grande
église abbatiale bâtie sur crypte. Justement M. B. a parlé de la
pr'emière dans son deuxième (§ I) et de l'autre dans son quatrième
chapitre (§ I). Il ne manque pas, même connaissant l'excellent
mémoire de M. Brutalls sur Sainte-Groix, de rapporter ce monu-
ment aux environs de 1019, le commencement des travaux de la
crypte actuelle à l'année 1012 (erreur encore pour 1016), sa consé-
cration à 1019, le début des travaux de l'église supérieure au
xiie siècle et la clôture occidentale de sa nef au commencement du
xiii"^. Il n'a d'ailleurs daté ainsi Sainte-Groix que parce qu'il a
remarqué des analogies entre sa construction et celle de la crypte
en quoi il n'a pas eu tout à fait tort).
Je ne peux pas, à propos d'un compte rendu, entrer dans une
discussion détaillée de ces dates; il est utile cependant d'établir
quelques rectifications et d'essayer d'y voir clair. Il est certain
que, dès le milieu du xe siècle, presque aussitôt après la cession
de l'île de Montmajoiir à Teucinde (7 octobre 949), des moines s'y
établirent sous le patronage de saint Pierre : les nombreuses
chartes publiées par le baron du Roure le prouvent. Mais est-il
également certain qu'ils ont commencé par bâtir, en l'état où nous
la voyons actuellement, la chapelle de Saint-Pierre ? Rien ne le
certifie. Et si nous trouvons dans son appareillage et sa décoration
des motifs qui nous reportent à trois quarts de siècle en deçà,
devrons-nous refuser d'en tenir compte? Nous le devrons d'autant
moins, qu'évidemment la partie connue sous le nom d'oratoire de
Saint-Trophime est plus archaïque que le reste. M. B. rapproche
les chapiteaux de Saint-Pierre de ceux qui sont à Vaison (cathé-
drale) et Venasque (baptistère). Mais ceux de Vaison (il s'agit
incontestablement de ceux de l'abside) sont antiques, tandis que
ceux de Saint-Pierre ne sont qu'une dégénérescence lointaine des
formes et du style de l'antiquité. Ils sont plus voisins de ceux de
Venasque, mais combien différents encore, ceux-ci étant, malgré
leur facture barbare, plus élégants et plus prés de la tradition. Le
rapprochement proposé n'est donc pas concluant : il tendrait d'ail-
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 9i
leurs à trop vieillir le monument. M. Brutails l'a rangé parmi
ceux qui sont postérieurs à l'an mil. Il a eu parfaitement raison,
bien que je n'adopte pas entièrement son raisonnement ni ses
hypothèses. Mais revenons aux chartes. En 1016, d'après un
témoignage paraissant ancien, rapporté par D. Ghantelou, on
aurait commencé l'édification de la basilique placée sous le voca-
ble de Notre-Dame. Une charte non datée, qu'un anonyme a
complétée en y adjoignant ce chronogramme : « XIII kalendas
mail ann. 1019, quo dies XIII kal. maii incidit in dominicam »,
relate la consécration d'une crypte en l'honneur de la Sainte-
Croix. Évidemment, celui qui a ajouté ces éléments chronologiques
s'est inspiré ou de l'inscription gravée sur le sommet du fronton
au porche de la chapelle actuelle de Sainte-Croix, ou d'une men-
tion transcrite encore par Ghantelou (p. 118 du baron du Roure),
d'après une vieille chronique de Montniajour. Mais personne ne
semble avoir remarqué que Tarchevèque consécrateur établissait
aussi des indulgences pour ceux qui aideraient à la construction
de l'église de Notre-Dame : crypte et église sont inséparables. Il
ne s'agit donc là ni du monument qui porte aujourd'hui le voca-
ble de Sainte-Croix, ni de la chapelle de Saint-Pierre. Il s'agit
simplement de la première basilique commencée en 1016 et de sa
crypte, toutes deux édifiées sur l'emplacement de la grande église.
Celle-ci ne peut eu aucune façon remonter plus haut que le milieu
du xiie siècle : les comparaisons qu'on peut établir avec les édifices
cisterciens de la Provence sont caractéristiques. Par conséquent,
il faut absolument Tadmettre, elle a été substituée, avec sa partie
souterraine, à une plus ancienne, qui avait été construite dans le
premier tiers du xi^ siècle et dont la crypte avait été consacrée par
Pons, archevêque d'Arles. Peut-être au moment de sa reconstruc-
tion, la crypte aurait-elle perdu son vocable primitif; on aurait
alors songé à édifier une chapelle distincte, sous le nom de Sainte-
Croix : c'est celle que nous connaissons. Consacrée le 19 avril
d'une année inconnue, elle n'est pas du commencement du xie siè-
cle, mais très proche du xiiie, si elle n'en est pas. Son appareil-
lage, surtout à la voûte centrale, est trop savant et sa décoration
trop souple pour appartenir au protoroman, comme le veut M. B.
Il est impossible de donner de pareils développements à la criti-
que des autres dates. Je m'en tiendrai aux remarques les plus im-
portantes. La chapelle qui e.st dans le fort Saint-André de Ville-
neuve (M. B. ignore qu'elle s'appelle Notre-Danle-de-Beauvezet) a
92 ANNALES DD MIDI.
été placée aux environs de 1050; il faut la rapprocher de nous d'un
grand siècle; sa décoration élégante et son appareil soigné l'exigent.
Il n'y a aucun compte à tenir du document du 25 octobre 1075 cité
par M. B. : le monastère de Saint-André avait été reconstitué
avant Tan mil. Mais l'enceinte du fort, que M. B. suppose avoir
gêné le constructeur de Notre-Dame-de-Beauvezet, n'a été édifiée
qu'au xiiie siècle, c'est-à-dire après la chapelle. Si celle-ci n'a pas
de porte à l'ouest, c'est que ses dimensions trop réduites n'en
exigeaient pas ; de plus, une ouverture aurait empêché l'élévation'
de la tribune que dès l'origine on voulut établir au bas de la nef.
Le porche et le portail de Notre- Dame-des-Doms d'Avignon sont
considérés par M. B. comme les types originaux de ceux que l'on
voit dans le même genre en Provence. Je n'y contredis pasj mais
j'ai déjà expliqué dans mon mémoire sur cette cathédrale pourquoi
je n'admets pas sa théorie sur la construction du porche et surtout
ses dates. Quoi qu'on en pense, il est certain qu'on devra reporter
vers 1150 la décoration du portail, qui est lui-même antérieur au
porche. On est donc loin de l'opinion de M. B., qui fait commencer
un siècle plus tôt le « classicisme » dont Notre-Dame-des-Doms est
le modèle. Je dois reconnaître qu'il a échelonné jusque même dans
le xine siècle les imitations de ce type : portes et porches de Saint-
Sauveur d'Aix, de Saint-Gabriel, des églises de Pernes, de Saint-
Restitut et du Thor, de la cathédrale de Saint-Paul-Trois-Ghâteaux.
Mais cette imitation, il n'est pas admissible qu'elle ait duré plus
d'un siècle et demi; il faut donc avancer le point de départ.
Ce que je ne saurais encore accepter, c'est que le porche méridio-
nal de Notre-Dame-du-Lac au Thor soit postérieur au portail occi-
dental. Et d'abord ses parois latérales sont loin d'être énormes,
comme on l'affirme ; elles sont, au contraire, d'épaisseur très réduite.
L'église est tout entière bâtie d'un seul jet et le porche méridional
n'a fait l'objet d'aucune addition ^ il fait corps avec la construction
contre laquelle il est adossé. Peut-être M. B. a-t-il été influencé
par M. Révoil qui, gêné dans ses théories par le texte de la charte
de 1202 (c'est un conti'at d'échange et non un procès-verbal de con-
sécration, comme le croit M. B.) relatif à l'église neuve du Thor,
prétendit que ce qualificatif ne s'appliquait qu'au porche.
Les dates pour Saint-Sauveur d'Aix ne sont guère plus exactes.
Il faut corriger les chiflVes indiqués page 20 : l'exhortation de l'ar-
chevêque llostan demandant des subsides en vue de la construc-
tion de sa cathédrale est des environs de 1070 et non de 1057; l'avis
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 93
donné par son successeur du commencement des travaux est de
1092 (?) et non de 1082. Si la dédicace est hien de 1103, il reste
encore à démontrer que le portail actuel élait déjà achevé. Or, nous
savons par maints exemples que la consécration d'une église
n'a que rarement coïncidé avec la lin des travaux.
La chronologie de la chapelle Saint-Nicolas sur le pont d'Avi-
gnon a encore été trop rapidement trancliée. D'abord, observons
que le pont n'avait pas été établi pour relier la ville avec l'île de la
Barthelasse qui n'existait pas encore, mais pour communiquer
avec le Languedoc. Bâti vers 1177, il aurait été rompu peut-être à
la suite d'une crue trop violente, pense M. B., et restauré avec
son tablier relevé d'environ deux mètres et demi vers le milieu du
xiiie siècle. En réalité, le pont fut détruit en grande partie en 1226,
au moment du siège par Louis VIIL Dans un ouvrage sous presse,
j'indique qu'il fut réédifîé avec la double enceinte des remparts
d'Avignon de 1234 à 1237. C'est certainement à cette époque qu'il
faut attribuer la voûte sur croisée d'ogives qui coupe la nef de la
chapelle en deux étages. Il y a eu d'autres remaniements, moins
faciles à déterminer, sans parler de l'abside supérieure, qui est du
xve siècle. M. B. n'avait pas à en tenir compte.
. .Je m'arrête. Les quelques discussions auxquelles je me suis
laissé entraîner montrent que les classifications établies par M. B.
reposent sur des dates pour la plu|iart non contrôlées et que par
conséquent elles devront être revisées soigneusement. Ce défaut
n'est pas particulier au présent auteur; des archéologues moder-
nes, très respectables, y sont tombés. Avant toutes choses donc, il
faut établir une chronologie exacte et balayer impitoyablement ce
qui n'est pas sérieusement prouvé. M. B. ne pouvait guère se
livrer à un tel travail puisqu'il ne se proposait d'étudier qu'une
partie accessoire de nos monuments ; quand même, j'aurais désiré
qu'il fût plus prudent.
Son ouvrage est du reste loin d'être dénué de valeur : il a des
observations judicieuses, notamment en ce qui concerne l'inter-
ruption des travaux dans l'élévation de la façade de la cathédrale
à Saint-Paul-Tx'ois-Chàteaux (elles auraient été plus complètes si
M. B. avait su que toute la décoration était sculptée sur chantier
avant la mise en place); il contient toute une série de précieuses
indications que feront bien de recueillir ceux qui voudront écrire
sur k's monuments romans de la vallée basse du RIkuic.
L.-II. Lauande.
94 ANNALES DU MIDI.
M"* DE RiPERT-MoNCF,AR. — Cartulaire de la commanderie
de Richerenches de l'Ordre du Temple 1 1136-1214].
(Mémoires de l'Académie de Vaucluse. Documents inédits
pour servir à l'histoire du département de Vaucluse, I.) Avi-
gnon et Paris, Champion, 1907; in-8'^' de clxiv-'307 pages*.
Le cartulaire du Temple de Richerenches, que M. de Monclar
vient de publier, est conservé à la Bibliothèque d'Avignon, sauf
les deux derniers cahiers, qui se trouvent, dépouillés chacun de-
leur premier feuillet, aux Archives départementales de Vaucluse
Il comprend 262 chartes, qui se placent entre 1136 et 1214 et qui
nous donnent d'assez nombreux renseignements sur les terres de
l'Ordre à Richerenches,. sur la seigneurie de Bourhouton, et, en
général, sur le marquisat de Provence aux xiie et xuie siècles.
L'éditeur publie les chartes de Richerenches telles que les présente
le manuscrit. 11 a donc suivi sur ce point la tradition, encore très
en lionneur en France, mais qui, à l'étranger, est de plus en plus
critiquée et abandonnée, qui consiste à reproduire les recueils de
chartes tels que les offrent les manuscrits, sans essayer de donner
une édition, aussi complète que possible, des actes relatifs à une
Maison déterminée, classés chronologiquement.
M. de Monclar a fait précéder le texte du cartulaire d'une longue
et fort intéressante introduction, qui est, en réalité, une étude
minutieuse et approfondie de l'origine et des vicissitudes d'un
certain nombre de seigneuries du marquisat de Provence : d'abord
des seigneuries ecclésiastiques (évêchés de Saint-Paul-trois-Châ-
teaux, d'Orange, de Vaison; abbaye d'Aiguebelle), puis surtout
des seigneuries laïques. Quelques parties de cette étude attirent
spécialement l'attention. Dans un chapitre consacré aux cotntesde
Valentinois, M. de Monclar essaie, après M. J. Chevalier, d'élu-
cider l'origine des seigneurs de la Maison de Poitiers, qui appa-
raissent, dans la seconde moitié du xiie siècle, en possession du
titre comtal en Valentinois. Les résultats auxquels il arrive s'écar-
tent à maints égards de ceux de ses devanciers. Il trouve la souche
de cette Maison dans la personne de Laugier de Vence, qui a
L Nous avons dêjàtlonnédansnotreprécédentnuméro(t. XiX, p. 544) un
compte rendu de cet ouvrage; mais nos deux collaborateurs se sont placés
à un point de \uc si dillérent (pie li'urs observations ne font aucuneuienL
double emploi. N. D. L. R.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 95
épousé, vers l'an 1000, la vicomtesse de Nice Odila. Depuis les
travaux de M. Cais de Pierlas sur Le xie siècle dans les Alpes-
Maritimes, ces deux personnages sontbien connus. M. de Monclar
croit que leurs descendants ont, par des unions, acquis dans le
marquisat de Provence une forte situation foncière. L'un des fils
de Laugier aurait épousé une héritière de la Maison de Mirabel,
qui lui aurait apporté la terre de Piclavis (de Peitieu, de Poitiers)
et la vallée de Quint; et il aurait acquis l'avouerie du diocèse de
Vaison, que ses descendants ont longtemps conservée. L'union
d'un de ces descendants, Adémar, avec la sœur d'Eustache,comte-
évêque de Valence, aurait fait passer, à la mort du comte-évêque,
vers 1160, le titre comtal à l'enfant né de cette union, à Guillaume
de Poitiers. En 1163, Guillaume possède en olfice [officio
le comté de Valentinois^. Cette hypothèse de M. de Monclar
ressemble étrangement à d'autres hypothèses émises récem-
ment à propos de l'histoire du Dauphiné septentrional. Les
grandes familles comtales du xiie siècle et des siècles suivants sont
nées autour de familles épiscopales. Elles ne se rattachent pas
directement aux Maisons comtales carolingiennes. Possessions
foncières d'une part, titres ecclésiastiques (en particulier avoueries
ecclésiastiques) d'autre part, telle aurait été la double source de
leur fortune. C'est ce que M. de Manteyer et après lui M. Poupar"
din ont cherché à démontrer pour les comtes de Savoie, à Vienne,
à Belley, en Maurienne, à Aoste, et pour les comtes d'Albon, à
Vienne et à Grenoble. La Maison de Poitiers devrait sa fortune à
une « politique épiscopale » semblable; elle aurait grandi autour
des évêchés de Valence et de Vaison.
A la suite de ces notes généalogiques, M. de Monclar a consacré
quelques pages à l'état social et économique du Gonitat au
xiie siècle. Il adopte, dans ses grandes lignes, la théorie exposée
par M. Guilhiermoz dans son beau livre sur Les origines de la
noblesse en France, théorie d'après laquelle, pendant le haut
moyen âge, il n'y a vraiment, en dehors du clergé, que deux
classes : la classe des possesseurs de fiefs, et la classe des paysans
et des laboureurs. L'antithèse alors n'existe pas entre les libres et
les non-libres, mais entre les mililes et les nobiles d'une part,
et d'autre part les lahoratores, les ruslici, les serfs. M. de Monolar
1. Il est rp^rottuhle que 'SI- de Monclar n'ait pas inséré, pour ccttoMaison
et aussi pour les autres, des tableaux généalogiques, qui auraient rendu
plus facile la lecture de son livre.
96 ANNALES DU MIDI.
note seulement des différences de terminologie entre le Comtatet
d'autres pays. Tout cela est parfaitement adiaissihle.
Au contraire, sur un autre point, nous avons plus de réserves à
faire. Nous pensons que M. de Monclar se fait des illusions quand
il croit que le droit romain a persisté dans le Comtat, pendant le
moyen âge, beaucoup mieux que dans la Provence ou le Dau-
phiné, occupés par des princes étrangers, espagnols, angevins ou
bourguignons, et même mieux (ju'en Languedoc. Cette affirmation
nous semble exagérée. Il y a, au contraire, certaines institutions
romaines (telles que le testament) qui ont subsisté en Languedoc
et en Catalogne grâce à leur adoption par le droit wisigothique, et
qui (M. de Monclar le constate lui-même) ont disparu du royaume
d'Arles pendant le haut moyen âge, aussi bien du Comtat que de
la Provence et du Dauphiné.
A ce point de vue, nous croyons que les documents du cartu-
lairede Richerenchesne sont pas aussi pauvres en renseignements
sur l'histoire juridique que M. de Monclar le dit. Ils nous appor-
tent, en réalité, de précieuses données sur ce qu'a été, dans le sud-
est de la France, la renaissance du droit romain aux xiie et xuie
siècles, et ils nous fournissent, une fois de plus, la preuve de la
lenteur de cette renaissance. Il existe un ouvrage juridique, écrit
en langue provençale au milieu du xiie siècle, et qui peut être le
produit d'une école de jurisconsultes artésiens : c'est le Codl, dont
MM. Fitting et Suchier ont entrepris l'édition, et dont nous avons
parlé ici môme. Or, si l'on rapproche le droit du Codi du droit que
nous révèlent les chartes de Richerenches (comme d'ailleurs les
autres chartes provençales du xii«< siècle), on est frappé de l'anti-
nomie entre le droit savant et le droit pratique. Dans le cartulaire
de Richerenches, il y a quelques exemples de gadium (nos 35 et
38); de tels actes n'ont rien de commun avec le testament romain,
dont les traits caractéristiques (institution d'un héritier universel,
révocabilité ad nutum, confection -par le disposant seul et sans le
concours du gratifié) font ici totalement défaut. La nécessité du
concours des héritiers présomptifs dans les aliénations immobiliè-
res, nécessité directement contraire aux idées romaines, est par-
tout affirmée; les laudaliones des parents abondent dans le car-
tulaire, indiquées parfois minutieusement, séparément et avecdes
témoins spéciaux pour chaque laudalor (no 51). — L'idée que les
seuls actes valables et solides sont les actes à titre onéreux, assu-
rant à chacune des parties un avantage en échange du sacrifice
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 97
qu'elle consent (idée toute germanique, qui se manifeste si nette-
ment dans le launegild des coutumes lombardes, et que la force
des liens familiaux, hostiles aux donations à des étrangers, fait
revivre en plein moyen âge) apparaît d'une façon curieuse dans
notre cartulaire; les donataires remettent aux donateurs une secu-
rilas en argent ou en denrées (n" 43) ou une caritas, qui a pour
but, comme nous le dit expressément une charte (no 49), d'assurer
la stabilité de l'acte. Ailleurs, une donation se cache sous le nom
d'empcio-vendicio. — Notons encore le gadium et penilencia du
no 38, qui porte sur le tiers des meubles des disposants : c'est pré-
cisément le taux normal de la « part du mort », du Todtetiieil qui,
comme l'a montré M. Brunner, se retrouve au haut moyen âge
dans tant de coutumes variées du monde romano-germaniquei. On
pourrait multiplier les exemples de la persistance d'idées non ro-
maines dans le Gomtat Venaissin au milieu du xiie siècle. Ceux-là
suffisent à montrer combien, alors, l'on est encore loin du droit
romain.
Nous venons de parler de la disparition du testament. Elle a eu
poureffet le fonctionnement à peu près exclusif, pendant des siècles,
de la succession ab inlesLat. Or celle-ci, qui appelait tous les en-
fants à succéder également, a entraîné, dans la région de Riche-
renches, une incroyable division du sol. L'exclusion des filles
dotées, à titre local ou exceptionnel, venait seule limiter cette divi-
sion 2. I/histoii-e du « partage à outrance » de la seigneurie de
Bourbouton est tout à fait instructive (p. cxxxviii et suiv.) : elle
se divise par moitiés, par quarts et par douzièmes : et, par suite de
l'émieltement du domaine éminent, du domaine utile, des diverses
redevances, cent dix-neuf chartes du cartulaire concernent l'acqui-
sition, par le Temple de Richerenches, de parcelles ou de droits
jadis compris dans celte seigneurie. Non moins intéressante est
l'histoire de la première Maison de Grignan (p. cxir et suiv.). Les
possessions foncières de cette Maison se sont partagées à l'infini,
1. Cf. H. Brunner, Der Todtenteil in germanischen Rechten, Zeitsckrift
der Savig7iy-Stiftimg, XIX (1898;.
2. Dans quelle mesure cette exclusion des filles dotées, proclamée plus
tard par de nombreuses coutumes locales provençales, élait-elle admise,
au xii'' siècle, dans le Gomtat f II semble qu'elle ne soit pas encore pleine-
ment entrée dans les mœurs. Voir, dans le cartulaire de Richerenclies,
l'acte n" 257, oii le donateur promet de garantir le donataire contre les
attaques de deux sœurs : sans doute deux sœurs exclues, par disposition
paternelle, de la succession de leurs parents.
ANNALES DU MIDI. — XX 7
98 ANNALES DÎJ MIDI.
elles iiomljreiix membres de celte famille ont enfin pris le parti de
vendre lehaut domaine de toute laterreauxAdhémar, autre famille
qui, plus liablle, a su se mettre à l'abri des partages successoraux,
et a édifié sa puissance foncière sur les ruines des Maisons voisi-
nes. Les représentants d'autres « races naguères prépondérantes,
ou tout au moins très importantes, comme les Visan, les Grillon,
les cî'AUan, les Montségur, les Bérenger », ont été rejëtês, par
suite de ces partages, « dans les rangs les plus modestes, parfois ,
même à celui de simples paysans » (p. 237). L'exclusion des filles
dotées, et surtout la renaissance du testament, permettaiif l'insti-"
tution d'un héritier unique, vinrent remédier à cette situation et
arrêter le morcellement de la terre. (_'.e& institutions ont joué, dans
le sud-est de la France, le rôle que le droit d'aînesse a rempli dans
d'autres régions.
Les quelques lignes qui précédent suffisent à montrer l'intérêt
de la publication de M. de Monclar. Elle constitue le début d'une
collection entreprise sous les auspices de l'Académie de Vaucluse.
Celle-ci annonce, comme devant paraître bientôt, le recueil des
chartes du pays d'iVvignoii formé par M. de Manteyer. L'objet de
ce nouveau volume et le nom de son auteur disent assez qu'il sera
aussi instructif que le premier. Robert Caillemkr.
André Philippe. — La baronnie du Tournel et ses
seigneurs. Mende, A. Privât, 1905; iu-S" de cxxxv-
404 pages.
Ce grand et beau volume que l'archiviste de la Lozère a consa-
cré à l'histoire de la baronnie du Tournel (Lo^èi'e, arr. de Mende, ,
cant. de Bleymard, comm. de Saint-.Jutien-du-Touriiei) em-
brasse la période de la branche directe des seigneurs du Tournel
issus de la maison de ChAteauneuf-Randon (fin du x[ie siècle-fin
du xve). Voici le plan du livre : il débute par une Introduclîon
(un chapitre, ])p. i-xlvi, sur la géogra|)hie; trois chapitres,
pp. xLvii-cxvi, d'histoire généalogique; trois appendices, pp. cxvn-
Gxxxv); suivent les Documents (pp. 1-340, au nombre de soixante-
huit actes, dont deux provençaux et un, n. lxvi, a. 1475, fran-
çais) : ils ont été tirés par l'auteur, qui n'a pas ménagé ses recher-
ches, de plusieurs archives. Deux Tables (pp. 341-98), l'une chro-
nologique, l'autre onomastique, témoignent aussi du soin que
M. l^hilii)pe a mis dans l'exécution de son œuvi'e.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 99
De l'histoire généalogique, la partie la plus intéressante est
consacrée aux origines (xiie et xiiie siècles). J'ai dû m'en occuper
récemment, dans les Annales du Midi (t. XIX, 1907, pp. 40-54),
sans connaître le livre de M. Ph., à propos d'En Randon, protec-
teur des troubadours de la fin du xiie siècle. M. Philippe publie
pour la première fois, intégralement, des actes que je n'ai pu
citer que d'après des inventaires, et il en ajoute, pour cette pre-
mière période (jusqu'en 1250), quatre nouveaux et importants
(11G6, 1175, 1198, 1238). Pourtant, certaines conclusions, que j'ai
pu tirer de mes preuves et que les actes de M. Ph. ne font que
confirmer, manquent à son livre et, en revanche, il en faut élimi-
ner certaines autres.
Il se trouve que deux seigneurs, Odiïon Garin (1205-1237), qui se
nomme seigneur du Tourhel, et Guigues Meschin (1212-1243), qui
possède des terres formant le Randonnat (lui seigneur d'Altier et
son fils seigneur du Luc, car à Randon ils n'étaient que cosei-
gneurs), sont frères (voy. dans notre article la lettre de 1226 que
« O. Guarini et G. Meschini frater eius » adressent à Louis VIII, et
cf. l'acte de 1212). M. Ph. connaît les actes en question, les men-
tionne brièvement, suppose une erreur et passe outre (pp. lxi, n. 4,
et Lxii, n. 4 : « Les historiens du Lang-uedoc sont muets sur la
parenté »). Mais il y a plùs; Comment s'appelait leur père, qui
devait être successeur de Guillaume de Randon (1148-1176/86) et
en même temps En Randos de la poésie ? Dans les actes de M. Ph.,
nous trouvons jusqu'à son nom ; il y est appelé explicitement père
de l'un et de l'autre des deux frères (dans l'acte de 1198 : « Ego
Guigo Meschinus et ego Odil Garinus ejus filius », et dans l'acte de
1238, sur lequel cf. plus loin : « Nos Guigo Meschinus filius quondam
Guigonis Meschini »). On voit les résultats de ces informations.
D'une part, elles précisent, d'accord avec nos conclusions, le mo-
ment auquel se sont formées les deux branches, — point capital
pour l'étude de M. Ph. et qui lui a échappé. D'autre part, pour
nos recherches littéraires, elles nous donnent le nom à'En Ran-
don qui s'appelait donc Guigues Meschin et était nommé d'après
son château, comme par exemple En Miraval (les cas en sont,
d^ailleurs, fréquents) : il est attesté par des actes passés avec
l'abbaye de Franquevaux pour les années 1175, 1198, 1199 (M. Ph.,
pp. Lix, LUI et 200; et cf. Inv. Arch. Gard, H 63, p. 18, où se
trouve aussi le dernier acte, que M. Ph. n'a pas mentionné), tan-
dis qu'il est impossible de dire si c'est lui encore ou son fils du
100 ANNALES DU MIDI.
même nom qui figure dans l'acte de 1207 (voy. notre article). En
outre, le surnom de jNIeschin s'en trouve reculé d'une génération
{Ann. du Midi, 1907, pp. 232-7).
Comment la seigneurie du Tournel s'était-elle formée dans les
mains de la maison de Chàteauneuf-Randon ? A ce sujet, M. Ph.
adopte pour toute explication et datation, l'affirmation de Gas-
tellier de la Tour {Généalogie de 1783), répétée par De Burdin
{Docum. Gévaud., 18't7, t. II, p. 311), et dont la preuve authen-,
tique n'existe point (M. Ph., p. li, n. 4), que « Odilon Garin de
Châteauneuf-Randon épousa le 20 octobre 1210 Marguerite du"
Tournel ». M. Ph., en effet, écrit dans sa table généalogique sans
aucune restriction : « ép. Marguerite du Tournel (en 1210) »;
il commence l'article sur 0. Garin (p. Lx) par cette affirmation
et se demande « ce qu'était cet 0. Garin avant d'être seigneur du
Tournel ». Or, ici, M. Ph. mentionne un acte de 1205, donc anté-
rieur à cette date, et que j'ai aussi cité (p. 43) d'après VInv. A7-ch.
Lozère, G, n. 1081, p. 240. Dans VInvenlaire on lit : « Odilon Ga-
rin, seigneur du Tournel ». M. Ph., qui a examiné cet acte (p. lxi),
dit simplement : « Odilon ». I.a notice de VInvenlaire est-elle
exacte, ce qu'il faut supposer, ou non? Si c'est non, il aurait fallu
le dire; et, en tout cas, on ne voit point pourquoi M. Ph. a éliminé
cet acte seul de sea. Documents. Ce qui est sûr cependant, — et
M. Ph. n'en parle pas, — c'est que la localité de Ghadenet, dont il
s'agit dans cet acte, faisait partie du mandement du Tournel
(p. XVI, cf. p. XII et Table), se trouvait dans le fonds de ce mande-
ment, dans ses limites attestées en 1219 (Z>oc., pp. 3-4), entre Tour-
nel et Aliène, et qu'il fallait bien être seigneur de cette baronnie
pour avoir, au sujet de ce terroir, une controverse avec le chapitre
de Mende, qui y était copropriétaire (comme, en 1312, un autre
seigneur du Tournel, acte LIV, p. 1(33). Ajoutons l'acte men-
tionné de 1199, dont M. Ph. ne s'est pas occupé et par lequel Gui-
gnes Meschin, père d'O. Garin, vend, dès cette date, un mas à
Cubieiras, localité qui faisait partie du mandement du Tournel
(homm. de 1219, p. 4). Rappelons enfin, — et cela a frappé M. Ph.
(p. lui), — queG. Meschin, avec son fils O. Garin, passent l'acte de
1198 à Chapieu, qui fut le plus ancien château (p. xxi) de la future
baronnie du Tournel. C'est assez pour regarder l'assertion de
G. de la Tour comme suspecte et inutilisable. On ne trouvera rien
sur ce mariage d'O. Garin dans le P. Anselme (1726), qui s'est, lui,
appuyé d'ordinaire sur des actes vraiment authentiques, et rien
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 101
non plus sur la femme de sou \u'i'c, dont G. de hx Tour et 13e
Burdin citent non moins foruudlement le a contrat de mariage,
23 février 1175 », et qu'ils appellent « Marie d'Assumens [??] ».
M. Ph. lui-même, a réfuté d'autres informations de G. de la Tour,
toujours répétées par De Burdin. du même genre et de la même pré-
cision (p. Lxxxr: « 30 janvier 1278 ») et il a bien vu (p. cxxxv) que
l'affirmation de G. de la Tour sur le changement prétendu des
armes de Ghâteauneuf-Randon contre celles du Tournel dès 1210
était simplement fausse. Les généalogistes avaient grand besoin
de femmes pour leurs barons et d'héritières pour expliquer des
acquisitions de seigneuries; mais, dans cet état de choses, il est
surprenant de voir M. Ph., si circonspect en d'autres occasions,
accepter aussi bien « Marie d'Assumens » (p. 200, n. 2) que « Mar-
guerite du Tournel » (l. c), et dater, expliquer ainsi les origines de
la baronnie du Tournel.
Savons-nous quelque chose sur le Tournel au xii^ siècle? La
seule information que je connaisse et que j'ai citée (p. 54) se
trouve dans une poésie (162, 2) de Garin d'Apchier contre « Tor-
cafol » (dernier quart du xiie s.) : Ane sagraman non tengues
Del Toynel quant l'avias, ce qui est très clair et très authenti-
que. Nous ne savons pas qui était ce « Torcafol », mais il est sûr
qu'il n'était pas un jongleur de basse condition et non-chevalier,
comme l'a cru M. Witthoeft {Sirv. ioglaresc, Marburg, 1891, p. 21).
Cette conclusion est inconciliable avec l'allusion précédente de la
même pièce et avec beaucoup d'autres; M. Witthoeft l'a tirée de
quelques vers où Garin reproche à Torcafol la grossièreté de ses
chansons [malvais sirventes, v. 3) et son manque de cavallairia
(v. 5), mot qui ne signifie pourtant dans ce cas que : manières
courtoises. Gomment il a perdu le Tournel, nous ne le savons pas
non plus (il a simplement vendu la dot de sa femme et il s'agit
là, paraît-il, d'un château où il est représenté vivant comme une
sorte de « Raubritter» : Quel vercheria de sa oissor Vendet dont
son gai maint pastor, Que lai vivi'ab sas lairos, Eiublan las
fedas e-ls moutos, dans 102, 5; ... el a vendul La vercheria e de
l'autre granren dans 162.4; est-ce un autre château qu'il a perdu
et reconquis en combat, d'après sa pièce 162, 8: Viellz Comunal,
ma tor Ai cobrad' a honor... E fin seluy issir Que a tort la
lenia...^). En tout cas, c'est ce Torcafol qui avait possédé le Tour-
nel, et cette propriété passa de ses mains en d'autres vers la
seconde moitié du xiie siècle. L'hypotlièse qu'il y ait eu au
102 ANNALES DU MIDI.
xii** siècle une seigneurie remarquable et une fannlle importante
du Tourne), et que, cette famille s'étant éteinte, la seigneurie ait
passé, par mariage, dans celle de C4hàteauneuf-Randon, ne s'ac-
corde pas bien avec ce fait.
M. Ph., qui fait d'ailleurs des restrictions pour ce qui concerne
le xiie siècle, voit les deux derniers membres d'une maison et les
possesseurs d'une baronnie du Tournel dans deux personnages
attestés au cours de la seconde moitié du xiie siècle : dans Odilon
Garin, « seigneur du Tournel », et dans Aldebert « du Tournel »,
évêque de Mende. Je crois qu'il n'en est rien et que nous n'avons
aucun droit de leur attribuer ces titres.
Odilon Garin, qui est peut-être (p. lu; l'acte authentique man-
que) attesté en 1153 comme propriétaire de (ou à ?) Montfort, prêta,
en 1166, à l'Hôpital de Saint-Jean, hommage pour ses terres et châ-
teaux de Montjaloux, Rochablava, Lanuéjol, et y ajouta une im-
portante donation (n. xlix). M. Ph. (p. lui) en prend argument
pour regarder ce baron comme le dernier d'une maison du Tournel
et « Marguerite » comme son héritière. Car, dit-il, on lit sur le
dos (ie cet acte : « Dominus de Tornello [rien de pareil et pas de
mention du Tournel dans l'acte] recognovit tenere ab Hospitali
plura in feudo », et il juge cette note contemporaine en « s'ap-
puj'ant sur les caractères de l'écriture » : question fortdélicate. Voici
comment je m'explique ce litre, qui ne s'accorde pas avec la teneur
de l'acte et avec ce que nous savons sur le Tournel au xiie siècle.
Deux actes, de 1278 et 1281 (pp. lxxxii et 217), attestent que des
relations se rattachant — ce dont M. Ph. ne parait pas s'aperce-
voir {l. G. et p. xir, n. 2) — précisément à cet acte (voy. Rocha-
blava surtout et cf. Lozeret, Charbaldesc, etc.) persistaient, au
xiiie siècle, entre l'Hôpital et les seigneurs du Tournel; or,
comme ceux sur lesquels retombait l'engagement de l'acte de
1166 étaient, au xiii^ siècle, seigneurs du Tournel, on a mis à cette
époque -dans la chancellerie de Saint-Gilles, au dos de cet acte, une
note qui, rapportée au xne siècle, était un simple anachronisme.
L'autre argument de M. Ph. est que la brandie du Tourriel de la
maison de Ghàteauneuf-Randon posséda, au xiiie siècle, des terres
qu'Odilon Garin avait possédées vers 1160. Mais alors, puisque
nous sommes délivrés de la légende d'un mariage lucratif, pourquoi
n'inclinerions-nous pas, en suivant l'ordre de choses habituel, à
penser en premier lieu que cet Odilon Garin fut membre de la
maison de Châteauneuf-Randon? Cf. son nom avec ceux de deux
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 103
frères, Garin et Odilon, de la génération antérieure (notre article,
a. 113G; Hist. Lang., V, 886; Prouzet, Iffist. Gév., I, 413). Remarr
quez qu'il y avait, dans sa propre génération, plusieurs membres dp
cette maison (îôifî. a. 1152/9) et voyez dans la génération posté:|:ieur^
Odilon Garin (1198-1237) qui se démontre héritier de ses terres
et qui porte le même double noui (dont la seconde partie devint
un -entilice dans cette branche; cf. M- Ph;j pp. 341 et36G|. ]\lais,
en tout cas, qu'il fût ou ne fût pas de la maison de Châteauneuf-
Randon, rien ne prouve qu'il ait été d'une maison du Tournel et
seigneur du Tournel.
Aldebert, évéque de Mende (1151-1187), est appelé dans l'histoir^
Aldebert du Tournel. Or, je constate que pas une seule mentio]i
authentique, ni dans les chartes ni datis d'autres sources, ne jus-
tifie pour lui ce nom. En revanche, il est très facile de voir pour-
quoi il a été appelé ainsi. Dans son opuscule latin sur la découverte
de reliques de saint Privât et d'autres saints (analysé par M. Delisle
dans la Rev. des soc. sav. dép., VIII, 50-7|, e( publié intégralement
par l'abbé A. Pourcher, Livre de sqiïit Privf^i , 1898, que M. Ph.
ne paraît pas avoir étudié à fonfl), Aldebert parle de sa « |;urris
paterna de Monte Teguloso » (D., p. 54; P., p. 93; pour le^ latini-
sations de Montjaloux, voy. l'acte VIII de M. Pji.) ef de « pastrq
privato (P. paterno) nqstro cui Mons Fprtis vocabulupi est »
(D., p. 55; P., p. 257, où l'on voit que l'évêque possédait ce châ-
teau effectivement : « Quum essem in casti*o... »; cf. ci-dessus
mention de 1153 pour O. Gf^rin). Et nous n'avons qu'à lire un
passage, cité par M. Ph. (p. xlix), d'un inventaire dressé
en 1646-50 au chapitre de l'églii^e de Mende : « Messire Aldebert
qui vivait en l'an 1161, estoit de \'4 maison du Tournel, ce q\(,i se
justifie par la relation de l'invention du corps de saint Privât où
il parle de sa maison paternelle de Montialoux et du château de
Montfort ou Villefort et du château de Ghapieu [qui n'y est n;)ême
pas mentionné]... » Op savait que ces phâtequx appartenaient
au xnie siècle aux seigneurs du Tpurnel (appelés ^ussi, comme
0. Garin, émancipé du vivant de son père en 1258, seigneurs de
Ghapieu) et de là cette conclusion qui n'est, elle aussi, aux yeux
de la critique rigoureuse, qn"un anachronisme. Ce faux raisonne-
ment se produisit, parait-il, comme l'indiqpe la mention citée,
au chapitre de Mende même. Le Gallin christ. (1715, I, 90), qni n'a
pas fait pour cet évêque de recherches directes, met : « ex antiqua
et vetusta familia deTornello », et ainsi Aldebert du Tournel passe
104 ANNALES DU MIDI.
dans riiistoire ; mais déjà l'excellente Hist. Lang. (éd. 17o3, II, 487,
éd. Privât, III, 817) fait ses réserves : « qu'on dit de la maison
de Tonriiel »; M. Delisle : « peut-être » (p. 54). — Autre détail :
Aldebert parle (D., p. 54; P., p. 99; M. Ph., l. c.) de « illustri
comitissa Arvernorum consangiiinea nostra ». Il devait donc être
d'une grande famille. Et si cette famille avait été « du Tournel »,
ne serait-il pas étonnant non seulement de n'en trouver aucune
trace au xne siècle, mais encore de rencontrer, au xiiie, des person-
nages (non remarqués par M. Ph.) qui s'appellent de Turnello
(Jordanus, Fulco, Johannes , a. 1207, 1229 et suiv., 1267; voy.
notre art. p. 54, et M. Ph., p. 393) et qui paraissent n'être que de
simples vavasseurs? — Ne faut- il pas, pour Aldebert aussi,
penser à la maison de Châteauneuf-Randon? Voici, à ce sujet, un
détail. Dans le premier chapitre de son opuscule, l'évêque s'atta-
che à interpréter plusieurs visions prophétiques ayant trait à deux
événements : d'abord à une guerre qu'il eut à soutenir, de 1163
à 1170, contre ses parents surtout (et il s'agit là de faits sûrs
et connus de tous; en les mêlant à son récit relatif aux reliques,
Aldebert a voulu — il le dit lui-même, p. 122 — précisément
corroborer par ces faits « simul perostensa » la foi aux reliques;
ensuite à la découverte de reliques de saint Privât (1170) et d'au-
tres saints. C'est là qu'après une série de visions sur la guerre
qui se sont réalisées (pp. 93-97) et une autre sur les reliques
(pp. 98-122), il revient à une vision de destruction et de réédifi-
cation (« Visio ergo fuit talis quod castrum de Randone quod
est in fundo beati Privati dirutum esset ab inimicis nostris et
quod illud reedificarem ») qui lui a fait prévoir la perte et la
récupération du château de Randon , puis la fortification de la
ville de Mende, enfin la découverte de reliques, et — dit-il —
« hoc eodem ordine castrum ipsum amisimus, recuperavimus;
vallo iiiunivimus iirbem nostram ; reliquias sanctorum inveni-
mus ». Cette mention n'est point une preuve que l'évêque ait
possédé le château de Randon à titre privé : il s'agit peut-être
de ses droits suzerains (voy. notre acte de 1151). Mais en tout
cas, après avoir vu qu'il devait être d'une grande famille du
Gévaudan, où elles n'étaient pas légion, et après avoir trouvé
dans ses mains ou dans celles de sa famille les châteaux de Mont-
jaloux et de Montl'ort, il est intéressant de voir celui de Randon
impliciuc dans la lutte qu'il soutint contre ses parents.
En résumé, il n'y a, au xiie siècle, aucune tracé d'une grande
baronnie et d'une grande famille du Tournel; l'hypothèse la plus
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 105
naturelle est de regarder comme membres de la maison de Châtcuu-
neuf-Randon les personnages (Aldebert et Odilon Garin) dont les
terres se retrouvent dans la seigneurie du Tourne), formée au
début du xiiie siècle par une branche de cette maison, seigneurie
oùleTournel, acquis de façon ou d'autre par cette maison. api)a-
raîl seulement h cette époque comme le principal château.
Voici quelques autres détails qu'il importe de rectifier. —
P. LUT, M. Ph. appelle « Guillaume de Randon, le comtor » un
personnage qui dans l'acte correspondant (p. 201, a. 1198) porte ce
nom : « G. de Gastronovo lo cumtor », et dans lequel il est aisé de
reconnaître un membre de la branche des comtours de Châteauneuf-
Apchier (voy. notre article, pp. 50-4, et cf. par exemple dans un acte
de 1201 un « Garis de Ghastelnou », Rev. H. Auv. ,11, 221). — P. lix,
M. Ph. s'étonne de voir Guigues Meschin vendre, en 1175, certai-
nes terres à l'abbaye de Franquevaux, puis l'évêque Aldebert don-
ner, en 1176 (et non 1177; cf. Inv. Arch. Gard, H., 63), les mêmes
terres (et non « sises aux mêmes lieux », cf. ibid.) à la même
abbaye, ce que M. Ph. veut expliquer par le « morcellement
extrême de la propriété ». Les évêques de Mende étaient suzerains
dans le Gévaudan, ce qui suffit à expliquer cette « donation »,
sorte de confirmation de la vente récente par un A'^assal. — Dans
plusieurs cas (années 1224, 1238, 1242; p. lxii et actes LII
et XXIII), M. Ph. confond Guigues Meschin (1212-1243), fils de
Guigues Meschin (1175-1198-1207) et frère d'Odilon Garin (1205-
1237) avec Guigues Meschin (1237-1278), fils d'Odilon Garin. Dans
l'acte de 1238, l'erreur saule aux yeux : on y lit en toutes lettres
« Guigo Meschinus filius quondam Guigonis Meschini » et ceci
deux fois (comment M. Ph. a-t-il pu supposer une « négligence du
rédacteur de l'acte [original] »?) ; il s'agit de terres vendues en 1175
qu'Odilon Garin n'a donc jamais possédées; le G. Meschin de cet
acte est seigneur d'Altier, qui dépendait du Randonnat; enfin cet
acte est confirmé par Randon, fils de G. Meschin et de Valburge (cf.
notre article, p. 49) et seigneur du Randonnat, 1243-127?. M. Ph.
a été induit en erreur par une bulle attachée à cet acte et portant :
« Sigillum Guigonis filii quondam O. Gai'ini » ; c'est bien l'au-
tre G. Meschin, celui du Tournel, qui n'est ])oint nommé dans
le texte de l'acte; les seigneurs des deux branches confirmaient
ainsi parfois réciproquement leurs actes; cas absolument analo-
gue : Randon de l'autre branche appose son sceau à un acte
(n. LUI, a. 1248) de G. Meschin et de son fils O. Garin. où il n'est
point nommé. — Dans l'acte de 1228 (p. 142) on lit : e dans la
106 ANNALES DU MIDI.
part de N'Odilo Gari jurero el medeys e sos fils Eus Guigo
e-Ns G. Meschin; M. Ph., qui a probablement pris sos fils pour un
pluriel, y voit (p. lxvii) deux fils d'Odilon Garin : Guignes et
Guigues Meschin (alors tous les deux du même nom?). Le premier
est, en réalité, Guig'ues (Meschin; yoj. passim sur l'emploi facul-
tatif du surnom) fils d'O. Garin ; l'autre, qui est aussi nommé seul à
la tête des témoins (p. 144), est frère d'O. Garin. — Conformément
à ce qui précède, il faut supprimer daiis la table généalogique de
M. Ph. : « Mart^-uerite du Tournel » au premier degré. « Guigues »
et « Valpurge » au deuxième (en mettant la date 1228-1237-1278
pour Guigues Meschin), « Randon » au troisième degré. — Les
actes de 1238 et de 1242 (nn. lu et xxiii) sont à éliminer des
Documents, parce qu'ils n'appartiennent p is au chartrier de la
baronnie du Tournel.
Passons aux deux actes en langue vulgaire, que M. Ph. a
publiés sans ponctuation et sans avoir détaché les articles et les
enclitiques. M- P. Meyer a déjà rectifié {Bibl. Ec. Chartes, a. 1907,
t. LXVIIl, pp. 168-170), à titre d'exemple, les erreurs les plus
importantes. — Le premier texte (n. I, pp. 1-11) dont une publi-
cation, non moins diplomatique, a été faite, comme l'a signalé
M. P. Meyer, depuis longtemps {B. Ec Ch., IVe sér., t. I, a. 1855)
est un hommage de 1219, conservé par plusieurs copies, doiit
M. Ph. donne avec soin les variantes. On pourrait facilefrient
augmenter la liste des erreurs, mais pour cette pièce il est à peu
près inutile d'insister : un texte absolument pareil a été publié pai"
M. E. Bondurand (ifomm. en l. d'oc à l'év. de Mende, 1332, Paris,
Picard, 1889, extr. des Mém. Ac. Nime^, 1888). C'est l'hommage de
Raimond d'Anduze, copié sur le même modèle et sans que la
langue soit rajeunie ; toute la difterence se réduit aux noms propres
et aux lignes 7-10 (formule ajoutée après 1307, voy. M. Ph.,
p. 60). Le texte de M. Bondurand est publié avec ponctuation et
traduction presque complète sous forme de notes et sera toujours
plus facilement accessible aux provençalistes, à l'attention desquels
il n'a point échappé (voy. la bibliographie du Sxippl.-Woert de
M. E. Levy, t. I). 11 y faut corriger ou relever : p. 10, 1. 11, per-
tens, lis. peréeno; — 1. 7 du bas, yssen, lis. y sson; — 1. 3 du bas,
fauc homenesc e jure, lis. faz (attesté dans le texte de M. Ph.);
— p. 12, 1. 3, la met part, lis. mia; — 1. 6, le mot manquant est
conosc; — 1. 13, del, lis. dec; — 1. 13, anessi, lis. atressi ; — 1. 17,
sorant, lis. serant; — 1. 5 du bas, rozo, lis. razo; — pp. 12-13 à
noter : eu no séria esiorl:^ que non aiudes, où eslorlz a le sens
COMPTES REPjDDS CRITIQUES. 107
de « exempté », qui n'a pas été enregistré avec cette nuance. Dans
une traductipn en latin, faite de cet ^cte en 1369, 3. Mpndp, p^r
le notaire de l'évêché (M. Ph-, n. XVIII, p. 71), et où il est inté-
ressant de voir comment le sens de nombreux mots et passages
échappait aux traducteurs, pn lit : « non essem quitius sive
estons quin adjuvarem ». — P. 13, 1, 3-5, e quant frontieyrq-
men (M- Ph -leyr-ei-ter-) li valria [se. eii] de plag 0 de guerra,
poyria l'evesques pil s'en (M- Ph. plh sen) tornar $ls chast^ls
que eu ay. Il faut d'abord dire que le mot fronti&yramen, dont
il est difficile de serrer de près le sens dans ce pas (Levy, S.-W.,
III, 608), n'a pu être ni traduit ni interprété en 1369 (p. 75 : « et
quando egq fronlieyrament sibi valere[m] de litigio et de guerra,
potest dominus episcopus vel illi qui essent pro ipso habit^i'e pt
morari in castris ») ; ensuite, jl faqt lire : o-il seu tornar e-ls
chastels, ce qui est ufie correction absolun^ent sûre {oil seu
revient constamment n coté des noms des contractants et M. Ph.
imprime constamment sen et sien pour sieu et seu, pron. poss.);
ainsi on voit tornar, verbe neutre dans ce cas, prendre un sens in-
téressant et qui n'a pas été, que je sache, enregistré, celui de « se
placer, s'introduire, demeurer », comme d'aill^iirs dans la traduc-
tion latine; ce n'est pas « rentrer » qui serait très simple : on en
a la preuve dans le passage suivant d'un autre hommage gévau-
danais, de 1151, que j'ai publié ici même, 1907, p. 43, et dont Dp
Burdin, Boc. Gév., II, 311, avait donné le même texte pour 1134 :
e quant tu lom \_sc. castel] demandaras par te 0 par to mes-
satge, eu lot redrai et aquel messatges regard non aurq de me
ni d'orne qu'eu {&n est une faute d'impression) tornar e« poscfit-,-
le sens àQ tornar, v. trans. ici, est : « placer »; (on ainierait mieqx
tornar y posca, majs cf. pour les adv. pron. dans le même texte :
ni li [= fi; l'ace, y est toujours te] descebrai ni t'en descebrai,
ce qui est confirmé par l'acte de De Burdin, /. c). — P. 14, 1. 5 du
bas, si... s'encolpano. Us. -avo; — p. 15, 1. 2, tens, lis. teno, gt
pour auclreie subj. prés. cf. aussi les leçons autore et auttorfi
(peut-être auctore?) de M. Ph.; — pour I3 formule du serniejit,
voy. Annales, t. XIX, p. 44. —La seconde pièce (n. xxxi?;, pp. 141-5)
est une transaction du seigneur du Tournel avec les habitants de
Mende, de 1328. En dehors des rectifications de M. Meynr, on peut
signaler : p. 142, 1. 12 du bas, qfe HodilQ, lis. de N'Odilo on bien de
n'Hodilo; — p. 143, 1. 1, point après universalmen ; — 1. 2-3,
quelsque dans aguesson. f'ags... a N'O. Gari... sels Eus 0. Garis,
lis. Gari..., sols et et. 1. 21, 0. Garis sols e donet e laiset... que
108 ANNALES DU MIDI.
jamays wo lar pissa...; dans ces deux cas, il s'agit, à mon sens,
de la 3nift pers. pi. de solver, forme qui devait être supposée, mais
qui n'était pas, paraît-il, attestée (voy. 0. Schulz-Gora, AUpr.
Elem., p. 100); quant au sens, sols est, dans le premier cas,
verbe transitif, bien que le complément {los ou même los en) ne
soit pas exprimé (ce qui s'explique sans trop de difficulté dans cette
construction ; cf. un cas analogue dans la proposition condition-
nelle, pp. 143 et 144, 1. 1), et il y signifie : « acquitter, absoudre »;
cf. p. 142, I. 1 du bas, soit e quili; dans le second cas, où ce
verbe est neutre, le sens paraît être « accorder » ; j'ajoute que, le
passé étant absolument assuré par les autres verbes, on ne saurait
penser à une erreur, très facile au point de vue paléographique :
sols au lieu de soif: — 1. 10, lener per o, lis. lener. Pero; — 1. 11,
dentés, lis. deu'es ; — 1. 12, qiie-ls deutes... adobe. où adobar a le
sens de « arranger, payer » et cf. p. 144, 1. 12, se... fos res fag
que-s feses ad emendar ni ad adobar, aqiio s'adobe per conoy-
sensa d'unprodomc..., où le sens est « arranger, concilier, paci-
fier », dont Raynouard, I, 27, donne un exemple de G. de Borneil,
242, 74 (ms. A, n. 17, st. III), et sur lequel Levy, i'.-W., I, 21, ne
revient pas ; cette signification est confirmée par Vadobamen
« accord » (Rayn., l. c, et nos textes, p. 142, 1. 13, et p. 6, 1. 3 du
bas; cf. p. 16 dans la traduction citée : « ad concordiam sive ad
adobamen ») et par le moderne s'adouba qui, d'après Mistral,
I, 32, signifierait, entre autres, « se réconcilier » ; — 1. 18, resem
so, lis. resemso et penre o portar e menar lis: e porlar; — 1. 19,
aquellas legnas e'I fuslam que y [se. e-ls sens boscs'] trobaran,
où l'on relève pour la première fois, semble-t-il, lo fustani qui se
rattache à fast et fnsta de Levy, S.-W., III, 619-20, et non pas à
fustam (?) et fustani de III, 622; — 1. 20, point après fa7- lur
ops ; — 1. 28, point après menadors; — p. 143, 1. 4-1 du bas, si...
avia malfay... ad home o ad homes de Mernde o yl deges et cf.
p. 144, 1. 3-4 qiie l'âge.'' malfag oil degnes, où l'on s'attendrait
à O'I degiies « ou le devrait faire dans l'avenir » et où yl et il
sembleraient bien être plutôt accusatifs neutres se rapportant à av.
malfag que datifs se rapportant aux datifs précédents (rem.
homes pluriel); — p. 144, 1. 7, de non gardar, lis. devon gardar.
Les rectifications que j'ai tâché d'apporter ci-dessus ne se rap-
portent, bien entendu, qu'à quelques pages isolées du livre de
M. Philippe, lequel contient des parties dont l'exécution est certai-
nement irréprochable.
St. Stronski.
REVUE DES PÉRIODIQUES
Alpes (Basses-).
Annales des Basses Alpes. Bulletin trimestriel de la So-
ciété scientitiqae et littéraire des Basses-Alpes. 27« année,
t. XII (suite), 1906.
Fasc. 100, janv.-mars. P. 237-47. RirnAUD. [Notice biographique dej Louis
Daiine, aixois, 27 mars 1828-16 oct. 1905, ingénieur des chemins de fer,
collectionneur de verreries, fondateur du musée départemental de
Diane.] — P. 248-61. Damase Arbaud. Les possessions de l'abbaye de
Saint-Victor de Marseille dans les Basses-Alpes avant le xir siècle, avec
des recherches sur l'origine de quelques familles de Provence. [Suite
et p. 318-31, 402-9. Diocèse de Gap, Saint-Geniez-de-Dromon, que saint
Victor avait reçu des vicomtes de Gap ; l'Escale, Bezaudun, Malijai,
Beauvezer, diocèse de Gland èves. D. Arbaud a laissé son travail ina-
chevé ; beaucoup de recherches topographiques utiles, mais grande
confusion.] — P. 262-73. V. Lieutaud. La Société littéraire de Barce-
lonette et sa pléiade (1816-1821) [Fin p. 801-17. Amusante étude d'histoire
sociale, mondaine et, si l'on veut, littéraire; rappelle les noms de quel-
ques amateurs de lettres inconnus, cite des vers médiocres ; à la lin du
xviip siècle exista la Société célihatairisque (!). en 1707 la Société dra-
matique, devenue en 1809 la Société des royales a.ichotles. foyer de
royalisme, dissoute par le préfet Jean-Pierre Duval, ressuscitée en
1814 comme Société d'émulation littéraire et complétée on 1821 par le
Cercle dînant.] — P. 274-98. H.-P. Bigot. Saint-Sauveur de Manosquc.
[Suite et fin p. 332-48, 3S8-4i)l. (Euvres paroissiales de S. S., pénitents
bleus, congrégation des femmes, Tiers-Ordre de Saiut-Uominique, Tiers-
llÔ ANNALES DU MIDI.
Ordre de Saint-Franc'ois, diverses associations religieuses (Rosaire,
Bonne mort, etc.); dépendances, établissements religieux relevant de
Saint-Sauveur. Tableau détaillé, précis, mais en somme peu intéres-
sant, d'une paroisse d'ancien régime.]
Fasc. 101, avril-juin. P. 349-58. G. Beknard. Etude sur les anciennes
familles dé Forcalquier. [Fin p. 410-24. Notes sur les Oandolle, Cha-
bassut, Chabaud, Charentensi (?), Codurco (?), Daudet, Decoris, Eymar,
Ferolfus, comtes de Forcalquier, Gassaud, Laincel , Lombard du
Tronyns, Piolle, Pieri'erue, Sabran, Sebastianni, Talon, familles en
majeure partie éteintes et qui se ramifient en Provence, en Languedoc,
à Paris ; plusieurs ont une origine italienne. Notes curieuses, mais
dépourvues de précision et de références.]
Fasc. 102, juillet-sept. P. 369-80. G. Aubin. Pensées d'un vieux bibliothé-
caire. [Amusantes observations sur la vie littéraire d'une petite biblio-
thèque, vraies pour de plus grandes villes ; citons ce mot de bourgeoise
qui envoie sa bonne à la bibliothèque : « Madame veut que vous lui
envoyiez un ou deux romans bien jolis ».] — P. 381-7. Cauvin. Une ré-
volte au Val des Monts en 1791. [Fin p. 425-39. Bon récit fait d'après les
documents. Cette révolte avait des causes financières et économiques,
la région se trouvant ruinée par la contribution foncière et la suppres-
sion d'une remise de 180,000 livres, concédée en 1784.]
Fasc. 103, oct.-déc. P. 440-9. Richaud. Quelques légendes. [Locales ou
localisées : La piado don Rouland, le pied de Roland, le trou de
Saint-Martin, Saint-Pons et les pics de Valbelle, le diable et le vallon
de Graï. On voudrait des récits plus précis, plus circonstanciés ; expli-
cations insuffisantes; en somme, peu utilisable. A suivre.] — P. 450-72.
V. Savy. Les guerres de religion dans les Basses-Al{>es d'après Louis
de Pérussis. [Simples extraits ou résumés des célèbres mémoires ;
donne une liste des mémorialistes provençaux du xvi» siècle, dont un
corpus est en préparation par mes soins ; l'abbé Savy, provençal inté-
gral et félibre avant le félibrige (1826-1902), émet ici dès regrets assez
singuliers sur la réunion de la Provence à la France.] L.-G. P.
Alpes (Hautes-).
Annales des Alpes, t. X, 1906,
p. 5-29. p. G. Les séminaires de Gap et d'Embrun en 1790-1794. [L'un fort
ancien, l'autre « séminaire départemental » créé en 1791, supprimé
deux ans plus tard. Lettres écrites aux administrateurs du Directoire
départemental par les directeurs-économes de ce dernier établissement ;
PERIODIQUES MÉRIDIONAUX. 111
leur livre de comptes. Le malheureux séminaire s'enlise dans des
dettes dont le département ne fait rien pour le tirer.] — P. 30-47, 57-77,
93-116, 143-60, 178-92, 205-11. P. Guillaume. Correspondance des députés
des Hautes-Alpes, 1791-1795. [66 lettres émanant de douze députés,
écrites de Paris au jour le jour, sur les faits qui s'y produisent, les
besoins du département, etc. Nos députés actuels liront avec intérêt les
lignes suivantes du député Fantin : « Je vous jure que je passe ma vie
« à travailler pour le département, et que, si tous les députés étoient
ce aussi demandana que moi, les présidens, les ministres et les comités
« seroient horriblement fatigués » (n» 16). Les conventionnels des
Hautes-Alpes semblent avoir marché d'abord avec les Girondins (n"> 37),
puis avoir tourné casaque aux idées « fédéralistes ».] — P. 54-6. Lettre
du juge de paix de Ribiers, 28 févr. 1829. [Détails sur son existence
accidentée (c'était un ancien curé « jureur »), sur le général Albert et
le mathématicien Bérard.] — P. 77-81. La bibliothèque de Gap en 1842.
[Demande, d'ailleurs inutile, faite pour elle au ministère, de la Nimiis-
mntique de Mionnet.] — P. 89-92. XXX. Opinion du « lieutenant du
roi » d'Embrun sur la cause de la désertion en 1764. [Ce serait la réforme
introduite par Choiseui, enlevant aux capitaines la propriété de leurs
compagnies, les séparant des soldats et réduisant ceux-ci à « la servi-
tude ».] — P. 121-8. G. DE Manteyer. Un dévot d'Apollon dans Gap au
IIP siècle. [Des travaux conduits autour de la nouvelle cathédrale de
Gap ont x'emis au jour, entre autres, un débris de l'enceinte romaine
de cette ville et une pierre portant une inscription fragmentaire, que
l'on peut ainsi restituer : APOLLINI . MATERNUS . MATERNI . F .
EX . VOTO .] — F. 129-42. Cl. Faure. Le procès de Lantelme de Cha-
bannes, prieur de Saint-André-de-Gap, 1332-3. [Dossier conservé aux
archives du Vatican. Procès engagé par Guillaume Arnoul, chapelain
do Poligny, qu'appuyaient plusieurs habitants de Gap, se plaignant
d'être cités par ledit prieur, pour des raisons futiles, à comparaître au
loin, devant les conservateurs des privilèges de Cluny, et ce sous peine
d'excommunication. Une enquête eut lieu dont nous ignorons le résul-
tat.] — P. 165-8. Variétés. [Lettre relative au transport du carrosse de
La Feuillade à Suze, 21 juin 1705; Contribution patriotique du curé de
Chanousse, 1789; Deux lettres de l'évêque de Digne au préfet des Hautes-
Alpes, 1808 et 1812.] — P. 169-78. Lettres au maire Marchon et à la
municipalité de Gap en 1789-1790. [Ecrites par l'évêque de Gap, le che-
valier du Bouchage, MM. de Ventavon, de Mévolhon, les académiciens
d'Arras et Toscan d'Allemond : sur les droits de l'évèché, l'armement
de la compagnie de grenadiers, lu nouvelle division des provinces,
112 ANNALES DU MIDI.
l'étude des événements de l'époque, les impôts anciens et nouveaux et
notamment les vingtièmes.] — P. 192-204. Variétés. [Mémoire présenté
aux Consuls, en 18UU, par les communes de la vallée du Queyras sur
l'importance du canton d'Abiùès qu'elles composent ; Rétractations de
deux curés constitutionnels, Chevandier, 1796, et J.-J. Raynaud, 1814;
Règlement de police de Briânçon, concernant les délits agraires et fores-
tiers, texte latin, 25 septembre 1287.] — P. 214-8. Deux lettres de l'abbé
Tane aux administrateurs des Hautes- Alpes. [1796. Il met ses talents en
matière d'instruction et d'invention au service du pays.] — P. 228-36.
Variétés. [Reconnaissance des habitants de Saint-Etienne-d'Avançon au
seigneur du lieu, 1568. Les six cas « realx » auxquels ils sont tenus ;
Mandement du Parlement de Grenoble aux habitants de Gap d'avoir
à payer 300 florins, au lieu de francs-archers, afin de rejjousser les
Suisses, 12 juillet 1513; Autographe de Ms'' de Prunières, dernier évêque
de Grasse, 1773; Revenus de l'archevêché d'Embrun en 1789.]
P. i-vi, 1-176 (en pagination séparée). P. Guillaume. Aperçu historique
sur Guillestre et ses environs. [Cet ouvrage, qui sera continué, forme le
t. VIII des Archives historiques des Hautes-Alpes *. Le laborieux et
érudit archiviste des Hautes- Alpes, ayant mené à bonne fin l'Inventaire
des archives de Guillestre. a fait usage des documents qu'il avait clas-
sés. Guillestre apparaît dans l'histoire en 1118. Etait-il donc nécessaire,
pour en parler, de remonter au delà de l'ère chrétienne ? Des cinq pre-
miers chapitres, quatre eussent pu, semble-t-il, être supprimés ou du
moins fort abrégés ; de même le chap. vi. On rentre dans le sujet avec
le septième. L'archevêque d'Embrun, dès le xip siècle, était seigneur
spirituel et temporel de ce « castrum »; une reconnaissance de 1549
(dont texte, p. 66) précise ses droits, d'où ses revenus dépendaient. Sont
ensuite examinées en détail l'organisation religieuse et celle de la com-
mune, pourvue de consuls dès le xiii'= siècle pour le moins » (?). Com-
mune double, comprenant Risoul ainsi que Guillestre : les quatre con-
suls y étaient élus d'une façon singulière, et à raison de deux pour l'une,
1. Dans cette collection ont déjà paru : t. I. Chartes de N.-D. de Ber-
taud, 1188-1449 (Gap, 1888 ; in-S" de lvi-o68 p.); t. II. Chartes de Durbon,
1116-1452 (Montreuil-sur-Mer, 1893'; in-S» de xxx-904 p.) ; t. III, IV, V.
Histoire générale des Alpes-Maritimes et Cottiènes et particulièrement
d'Atnbrun, leur métropolitaine, par le P. Marcellin Fornier, Tournonois
(Paris, 1890-92 ; 3 vol. in-8» de Lvi-816, iv-779 et xxiv-559-176' p.) ; t. VI.
Itive'ntaire des archives seigneuriales de l'Argentière en 1481 (Gap,
1888; in-8» de 67 p.); t. VII. La période révolutionnaire dans les
Hautes-Alpes, 1790-1810. par Tli. Gautier (Gap. 1895; iii-8" de iv-190 p.).
Toutes ces publications sont dues à M. l'abbé P. Guillaume.
PERIODIQUES MERIDIONADX. 113
deux pour l'autre localité. Sur leurs attributions financières, voir, p. 137,
une délibération de 1671, imprimée in extenso.] P. D.
Bouches-du-Rhône.
Bulletin de la Société des Amis du vieil Arles, t. IV,
1906-1907.
No 1. P. 2-60. M. Chailan. L'Hôtel prieural de Saint-Gilles, à Arles. [Nou-
veaux détails inédits sur la maison du grand-prieur, ses agrandisse-
ments, ses hôtes, ses cérémonies, les visites dont elle fut l'objet, les pro-
fessions des chevaliers, les familles où ils se recrutaient, les événe-
ments de la Révolution. La note gaie est donnée par l'extrait suivant
d'un vieux manuscrit, où l'on voit comment la croix de Malte ornait les
fameux saucissons d'Arles : « Pour es tonnant que soye cette chose, de
voir la croix Maltoise adorner saulcisses, est pourtant ledict faict très
vertadier en Arles, vers l'eschoppe d'un appresteur de viandes, de tous
cogneu. Et grandement sont mirifiques à l'œil ces tant succulentes,
rondouillardes et drues saulcisses, revestues de belles robes d'argent,
telles comme poupées avecque la maltoise au col, ains que la soûlent
porter femmes de ce bourg, quand se veulent adjuster ricliement. Or,
vient, dict-on, au dict eschoppier telle coustume, jjour ce qu'estant
sourty de vieil estrangier estoc grégeois, un sien antécesseur avoit esté
traict jadis dudict pays de Grèce, et mené en Arles dedans la nef des
chevaliers de Sainct-Jean : ce qu'a faict dire, touchant cest appresteur
de viandes, qu'a esleu ce mestier haultement graisseux, pour fin de se
toujours cLiider en Grèce, en soubvenir du sien bien doiilx pais prou-
mier. »] — 61-9. E. F[assin]. Les rues d'Arles. [La rue des Pêcheurs
(suite). La rue du Four-Banal.] — P. 70-2. E. F. Les proverbets du pays
d'Arles. [Faire coumo Vase d'Agoustiii, s'arresta en touti H porto.
Agostini, vers 18.'>0, était barralier. 11 puisait au Rhône, avec une
écope, de l'eau qu'il portait en six ou huit barils sur un charreton, et la
débitait par la ville. L'érudit et spirituel auteur de ces notes l'a connu
dans son enfance, et en trace la silhouette, comme il sait le faire, siins
oublier le baudet.]
N» 2. P. 74-93. M. Chailan et E. Lacaze-Duthiers. Nos vieux archéolo-
gues. Le chevalier de Gaillard; ses lettres sur les antiquités d'Arles.
[Notice bio-bibliographique, suivie de la première lettre du chevalier;
se continue au n» 4, p. 263-71. Le chevalier, comnumdeur de Poët-Laval
et résidant habituellement à MontéHmar, correspondait avec les princi-
paux savants du Midi. De bonne licure, il fut eu rapport avec l'abbé
ANNALES DU MIDI. — XX <S
1 l4 ANNALES DU MIDI.
Bunnemant, d'Arles. Il venait aux réunions des chevaliers de Malte
dans l'hôtel prieural d'Arles, et visitait les monuments avec l'abbé.
Malheureusement celui-ci, qui avait pourtant beaucoup d'esprit, n'en
eut pas assez pour supporter les boutades philosophiques du chevalier
de Rfalte, fort caustique envers l'Église, et finit par cesser, « pour le
malheur de l'archéologie », toute relation avec lui. Séguier, le savant
nîmois, fut un des correspondants du chevalier de Gaillard d'Agoult.
Les lettres que publient MM. Ch. et L. D. vont de 1764 à 1767, ont été
transcrites par Bonnemant, et sont en réalité un recueil d'inscriptions
d'Arles et de la région, relevées directement par Gaillard, ou bien
tirées par lui d'anciens manuscrits et accompagnées de commentaires.
Il décrit, en outre, tous les monuments qu'il rencontre.] — P. 94-100.
M. Gautier-Desoottes. Le rétable du Collège. [Planche. Ce magnifique
travail de sculpture sur bois est du xvii« siècle. Sur l'initiative de la
Commission des monuments historiques, le Conseil municipal d'Arles
a donné un avis favorable à son classement.] — P. 101-5. A. Veran. Le
Beffroi, l'Hôtel de ville, l'ancien Prétoire. Note en vue du classement de
ces édifices. [Planche.] — P. 107-10. M. Chailan. Une lettre inédite de
Me"" du Belloy. [L'évêque de Marseille écrit au D'' Pomme, d'Arles, une
lettre datée de Chambly, 18 décembre 1795, pour lui annoncer qu'il a
nommé deux vicaires généraux au diocèse d'Arles, pendant la vacance
du siège, suite du massacre de l'archevêque du Lavi, arrivé le 2 septem-
bre 1792.] — P. 111-20. E. F. Les rues d'Arles. [La rue de la Dominante
donnait accès à la tour de Roland, construite sur les arcades du théâtre
antique, appelée depuis la Domi>iante. En 1791, cette rue devint la
carrièro di chiffounië. Les réactionnaires étaient appelés chiffonniers,
parce qu'ils se réunissaient dans une maison établie sur l'emplacement
du théâtre antique, maison ayant appartenu au chanoine Giff'on. La
chambrée qui s'y forma prit le nom de la Giffone.'] — P. 121-8. E. F.
Les proverbes du pays d'Arles. [Noublesso d'Arle signifia longtemps
une illustre noblesse, mais aujourd'hui le prestige a disparu. L'ausard
de Bèujo (le hardi de Beaujeu) vise Paul-Antoine de Quiqueran de
Beaujeu, arlésien du xvii° siècle, vaillant chevalier de Malte.]
N° 3. P. 130-7. E. F. Le vieil Arles. [L'hôpital Saint-Esprit-du-Bourg est
mentionné, dès 1201, parmi les légataires de Guillaume Boneti. Il fut le
plus riche et le plus considérable des hôpitaux dont on constate l'exis-
tence simultanée â Arles au xiii» siècle.] — P. 138-68. M. Chailan. Un
grand-vicaire de Ms'- du Lau. L'abbé Pierre de Bertrand des Ferris
(1741-1819). [Se coulinue et se termine dans le n» 4, p. 210-35.] —
P. 173-87. E. F. Les rues d'Arles. [La rue d'Alembert porta successive-
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 115
ment les noms de rue du Barri, des Oauquières et des Récollets. Le
5 décembre 1755, la rue des Récollets vit. à l'occasion des obspques du
respectable M. de Montblanc, les curés de Saint-.Tulien, de Saint-Lu-
cien, de Maussane, et le chapitre de la Major, se chamailler et se bous-
culer, chacun revendiquant le droit de présider à la cérémonie. Quand
on arriva dans la cour des Récollets, le curé de Maussane, qui s'obsti-
nait à suivre le cercueil en criant : « C'est mon paroissien! » fut ex-
pulsé de vive force et, en se débattant, eut la chape déchirée. Cette
bagarre entre saints personnages autour d'un cercueil était bien dans
l'esprit du temps.] — P. 188-200. E. F. Les proverbes du pays d'Arles.
[Vetitres-pourris et hasalois. Ces épithètes avaient cours au xvii» siè-
cle. Elles naquirent des rivalités entre les anciens et les nouveaux
nobles. Le peuple appela les anciens : ventres-pourris , et les nou-
veaux : has-alois. Roimian rènâe-rèn est un des nombreux sobriquets
du vieux temps. En 1792, le cordonnier Roman, capitaine de la garde
nationale, était un des chefs de la garde chifibniste ou royaliste. Sommé
de rapporter ses armes à l'hôtel de ville, il se barricada chez lui en ré-
pétant : Rrende-rrènl]
N» 4. P. 236-40. E. F.4.SSIN. Le vieil Arles. [La tour du Tampan. aujour-
d'hui Tourvieille, servait à la surveillance des embouchures du Rhône.
Elle remonte au début du xvii» siècle.] — P. 241-9. E. V. Les rues d'Ar-
les. [La rue Truchet rappelle le souvenir de l'arlésien Michel de Tru-
chet qui, dans la première moitié du xix" siècle, publia de nombreux
mémoires sur l'agriculture, l'industrie et la topographie du territoire.
C'est l'ancienne carriera de VEscola, en la Juzataria ou Juiverie.
Cette escola dels Juzieus est confondue par les chartes du xv siècle
avec la synagogue. Le fanatisme populaire incendia la synagogue en
1457 et la détruisit définitivement en 1484, sans y laisser pierre sur
pierre.] — P. 250-1. E. F. Les proverbes du pays d'Arles. [A ben fé,
la Tarescol est un écho des vieilles querelles qui animaient l'une con-
tre l'autre les villes d'Arles et de Tarascon. Quand la Tarasque pouvait
atteindre un Arlésien dans ses sorties de fête, le proverbe prête aux
Ta^asconnais une joie sans mélange.] — P. 253-5. A. Véran. Le temple
de Diane à Arles. [Planche. M. V., comme architecte des monuments
historiques, a rendu à l'archéologie arlésienne des services éraineuts.
Il suffit de rappeler ses travaux de déblaiement et de restauration du
palais de Constantin. Sa sollicitude s'étend à toutes les reliques de la
terre d'Arles. Il s'agit aujourd'lmi d'une portion d'architrave reposant
sur deux jambages. Cet ensemble, formant porte, a été découvert der-
rière le chevet de la vieille église romane de Saint-Jean de Moustiers.
116 ANNALES DU MIDI.
M. V. voit dans cet ensemble une porte antique ayant appartenu au
temple de Diane. Pour moi, j"y vois simplement une partie d'architrave
provenant de quelque grand édifice romain et qu'on utilisa, après la
ruine d'Arles, pour en faire un linteau de porte, en le posant sur deux
jambages antiques destinés primitivement à autre chose. Il n'y a aucun
rapport architectonique entre l'architrave et les jambages. L'architrave
porte les trous de scellement des lettres de bronze d'une grande ins-
cription qui s'étendait, à droite et à gauche, sur. une longueur beau-
coup plus considérable. Cette pierre monolithe, étant couronnée sur '
chaque face par une moulure d'oves, devait reposer sur une colonnade
à jour, faisant partie d'un portique extérieur ou promenoir, comme on
en voyait autour des temples. Si elle avait été un linteau de porte, la
bordure d'oves s'y replierait à angle droit, à chaque extrémité, pour
orner les jambages. Au contraire, elle court rectiligne, et se prolongeait
à gauche et à droite, au-dessus de la longue inscription, commençan
et finissant sur d'autres pierres, dont l'ensemble couronnait la colon-
nade. Les jambages sont des blocs nus, sans aucun ornement, et n'ont
pas pu se combiner', dans l'édifice primitif, avec l'architrave.] —
. P. 256-62. Destandau. Etude historique de l'hôpital de Crau. [M. D. le
situe au Mas-de-Payan, dans la plaine de la Crau, territoire d'Arles, au
levant de la Petite- Vacquière.] E. B.
Charente.
Bulletin et Mémoires de la Société archéologique de la
Charente, 7^ série, t. VI, année 1905-1906.
Procès-verhaux. — P. xxv. Une représentation théâtrale à Angoulème,
le 10 février 1787 (extrait du Journal de Salntongé), p. p. Ch. Danqi-
BEAUD. — P. xxvii. MouRiER. Uu ex-Ubris de Corlieu (1050). — P. xxvii.
Id. Note du conseiller au présidial Frugier sur la construction du nou-
veau pont de Saint-Cybard d' Angoulème (12 mars 1750), — P. xxxii-
XXXIV. Seconde et dernière lettre de la Reyne Mère, Marie de Médicis.
[Envoyée au roi, d'Angoulème, le 10 mars 1019; réimpression p. p.
P. MouRiER.] — P. xxxvii-xxxviii. Abbé Mazière. L'Almanach d'An-
goulème ou Tableau politique et histo)-ique, etc., de 1788. p. p. l'impri-
meur Puynesge et le libraire Bargeas. — P. xxxviii-xxxix. P. Mourier.
Ex-libris des La Rochefoucauld Magnac et Maumont (xvi'-xviii° siècles)
— P. xLvii-xLviii. Procuration donnée par André do Vivonne, faisant par-
tie de lu suite du roi , pour contracter un emprunt de ;{,000 livres
(25 octobre 1615), p. p. M. de La Martiniére. — P. lxiv-lxvî. Fa-
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 117
vRAtJD. Les inscriptions tumulaires de, Saint-Andx'é-de-RuIYec. [D'après
les copies de Michon ; concernent des personnages augoumoisins du
XVI» au xvm» siècle.] — P. lxvii-lxix. Id. Notes extraites des registres
de l'état civil de Ruffec (xviii» siècle). — P. lxxxiv. Abbé Leorand.
Analyse de l'acte de fondation d'une école à Bouteville par la marquise
de Lnxembourg-Bouteville (16 mai 1658). — P. lxxxvi-lxxxix. Requête
de la noblesse de Poitou, Saintonge et Angoumois, généralité de la Ro-
chelle, au Roy, 1744. [Extraits p. p. D. Touzaud, avec commentaire sur
les vexations du fisc à l'égard des bouilleurs de cru au xviii" siècle.] —
P. xcv-xcvi. Abbé Legrand. Un programme d'examens au Collège des
Jésuites d'Angoulème en 1759. [Analysé, puis reproduit in extenso;
p. xcvii-xcix.] — P. cii-ciii. J. George. Note sur la journée de la peur
à Angoulème (28-29 juillet 1789). [D'après diverses sources inédites.] —
P. ciu-cv. Ch. Jeandel. La grande peur dans les cantons de Montbron
et de Lavalette. [D'après des traditions orales qui semblent dénuées
de caractère historique.]
Mémoires. — P. 1-67. A. Esmeix. L'histoire et la légende de saint
Cybard. [Etude importante du savant membre de l'Institut sur ce reclus
et sur la condition des reclus et des affranchis aux temps mérovingiens.]
— P. 69-98. Abbé Chevalier. Étude sur le terrier de la baronnie de
Verteuil, xv-xviu' siècles. [Notice descriptive utile, avec renseigne-
ments sur la contenance et les fiefs ; ce document devrait être publié.] —
P. 99-126. Le mémorial de Marcillac-Lanville, notes historiques et faits
divers (1611-1642); extraits des archives de Marcillac par le frère
Hugues Joubert, religieux du prieuré. [Notice, analyse et extraits par
M. DE Massougnes.] — P. 140-51. D. Touzaud. La maison de La Ro-
chefoucauld au xvi= siècle, d'après les Mémoires de Jean de Mergey. —
P. 159-68. J. DE LA Martiniére. Un mariage au château de Verteuil,
15 Janvier 1545. [Celui de Louis du Plessis, seigneur de Richelieu, et de
Françoise de Rochechouart ; l'acte de mariage est publié in extenso.
Publication intéressante.] — P. 169-220. Le livre des routes du baron
de Plas, capitaine au régiment d'infanterie du Roi (1757-59), p. p. l'abbé
Ph. Legrand. [Intéresse l'histoire de la guerre de Sept Ans.] — P. 220-36.
Ch. Desages-Olphe-Gaillahd. Essai sur la chronologie et la généa-
logie des comtes d'Angoulème (950 à 1100). [En réalité de 839 à 1087
Positions d'une thèse présentée à l'École des Chartes et dont la publi-
cation est désirable : elle établirait les biographies, très défectueuses
jusqu'ici, des comtes d'Angoulème. Cf. Annales, t. XIX, p. 422.] —
P. 236-44. Abbé A. Petit. Jean de Saint-Val. abbé de la Couronne et
évêque d'Angoulème (1178-1203). [S'efforce de démontrer qu'il s'appelait
118 ANNALES DU MIDI.
Jean de Saint-Vallier.] — P. 245-58. Etat des fiefs relevant du duché
d'Angoulême, dressé par le lieutenant général de la sénéchaussée, rece-
veur du domaine (4 septembre 1651), p. p. L; de la Bastide. [D'après
l'original existant aux archives de la Société historique et archéologique
du Limousin • document intéressant, mais publié sans annotations.]
P. B:
Dofdognô.
Bulletin de la Société historique et archéologique du
Périgord, t. XXXIII, 1906.
p. 57-72. A. Dujarric-Descombes. La chapelle des Barnabe dans l'église
Saint-Front de Périgueux. (Il n'y en a plus que des t-estes. Les Barnabe
étaient de riches marchands : l'un d'eux, Arnaud, six fois maire, bâtit
la chafielle ; dont acte de 1418; en langue du pays^ bien publié et com-
menté.] — P. 72-113, 211-43, 311-31. G. Bussiére. Henri Bertin et sa
famille. [Suite et à suivre. Biographie de Louis-MathieU, marquis de
Fratteaux, frère aîné du ministte : ce frère, mal vu de son père, fut
déshérité, persécuté parr lui, enlevé â Londres ; une lettre de cachot le
fit incarcérer à la Bastille, où il mourut après vingt-sept ans de captivité
(1732-1779). Cependant, le jeune Henri Bertin étudiait le droit, était
nommé maître des requêtes, intendant de Perpignan, puis de Lyon,
lieutenant général de police , enfin contrôleur général des finances
(1759) ; il obtenait à lui seul plus de la moitié de l'héritage paternel, très
considérable. Constitution et accroissements de sa fortune territoriale,
dont la seigneurie de Bourdeille fut le centre : premier baron du Péri-
gord, il en devint aussi, par la possession de la belle forge d'Anse, le
premier forgeron. Son activité comme intendant, spécialement à Lyoû.J
— P. 186-52. J. Roux. L'ancienne église de Léguilhac de Lauche. [Église à
coupoles, en deux parties, l'une romane, l'autre ogivale, détruite fet
remplacée en 19U2. Plans successifs. Trahsforihatlong.] — P. 152-60.
F. ViLLEPELET. Peintres de bannières à Périgueux aui xiv« et xv« siè-
cles. [« Los penhedors ». Renseignements extraits des livres de comptes
dfe la ville, en langue romane, dont le premier date de 1314. Ces pein-
tres peignaient les bannières communales; les pennons des set--
gônts, etc.] — P. 161-3. Vente de la forêt do Thiviers consentie par le
roi de Navarre aux sieurs du Teil et Faurichon; le 7 mai 1582, p. p.
H. DE MoSTÉGUT. - P. 163-79; 298-311; 884-405, 434-54. E. Roux. Les
UrsUlineS de Périgueux. [Suite fet à suivre. De 1670 à la fin du xvîï«
siècle. Historique des supérieures et des principaux hiembres de bette
importante comitiunauté. Possessions, acquisitions.] — P. 203-10; J; Dlj
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 119
RiEux. Fénelon ai'chevêque, d'après deux documents inédits. [Une lettre
de Fénelon en particulier, du 2G mai 1712, sur les passeports accordés
en temps de guerre aux ecclésiastiques.] — P. 243-5. Prise de posses-
sion de l'évèché de Sarlat par M»'- de Ponte d'Alburet, 28 février 1778,
p. p. L. Carvès. — P. 245-62, 331-41. F. Villepelet. Notes et docu-
ments : les biens ecclésiastiques dans le district de Périgueux en 1790.
[Texte de la soumission faite par la ville de Périgueux afin d'acquérir
soit dans le district, soit même dans d'autres, voisins, jusqu'à concur-
rence d'un million, des biens ecclésiastiques, énumérés et estimés.] —
— P. 373-82. Cil. Durand. L'église de Bauzens. [Du xii" siècle; de
façade très élégante. Plans et pliototypies.] — P. 383. Conflit relatif à
la cloche de Marquay, 1661. Texte p. p. A. Jouanel. — P. 403-5. A. Du-
jarric-Descombes. Lettre de l'intendant de Ris aux consuls de Péri-
gueux. [Les remerciant d'avoir arrêté dès le début le soulèvement causé
par un arrêt du Parlement de Bordeaux sur le pâturage ; 23 juillet 1681.]
— P. 432-3. A. Maisonneufve-Lacoste. Notice sur une cheminée du
château de Vaucocour, à Thiviers (Dordogne). [Planche.] — P. 454-5.
J. Durieux. Une nouvelle lettre de Fénelon. [Du 16 février 1711
sur une querelle de préséance soulevée dans l'église d'Avesnes.] —
P. 455-8. A. Dujarric-Descombes. Merlhie de Lagrange (1769-1844). [Né
à Périgueux, avocat distingué du bai-reau de Paris, très versé dans les
questions de droit maritime.]
P. 1 à àO (pagination spéciale). L. Benoit. Table alphabétique des plan-
ches du Bulletin, de 1874 à 1906. P. D.
Gard.
I. Bulletin du Comité de fart chrétien de Nitnes, t. VlII,
1906 et 1907.
N» 53. P. 179-232. F. Durand. L'église Sainte-Marie ou Noti-e-Dame de
Nimes, basilique-cathédrale (description archéologique). [Fin d'un tra-
vail, avec planches, dont les chapitres précédents se trouvent dans le
tome VII du Bulletin, p. 267 et 471. Cf. Annales du Midi, t. XIX,
p. 293.] — P. 233-63. C. Nicolas. Ancienne paroisse de Saint-Pierre
« de Via Sacra » à Saint-Gilles (1170-1790). [Planche.]
N" 54. P. 267-321. J. Hubidos. Histoire et décoration de l'église abba-
tiale de Saint-Gilles. [M. H. donne le plan de la crypte d'après La
sculpture fra?içaise de M. de Lasteyrie. La question de la date de
l'église a donné lieu à dos études très savantes, mais aboutissant à des
conclusions divergentes. Après les impressions de Mérimée, Kévoil
120 ANNALES DD MIDI.
Quicherat, Viollet-le-Duc, les travaux très sérieux de MM. Voge, Ma-
rignan, Nicolas et de Lasteyrie, on aimerait à être mieux fixé. Le débat
entre les champions n'a pas été sans vivacité. Les deux tenants les
plus redoutables sont MM. de Lasteyrie et Marignan, lequel ne dé-
sarme pas. M. H. penche pour le premier, mais gare au second.
J'espère fermement que ces discussions finiront par dissiper toute
incertitude sur la date du fameux portail.] — P. 322-9. J. Boudin. Les
registres de catholicité de la paroisse de Beauvoisin de 1645 à 167L —
— P. 330-46. C. Nicolas. Anciennes paroisses de Saint-Privat, de
Saint-Jean-l'Évangéliste, de Saint-Jacques ou des Trinit-aires à Saint- ,
Gilles (1170-1790). [Planches.]
N° 55. P. 347-50. C. Nicolas. Un nouveau tableau de saint Gilles à
la National Gallery de Londres, confirmant l'emplacement des sept
églises paroissiales de Saint-Gilles. [Le saint est représenté en face du
roi Wamba et dans le lointain on voit la ville de Saint-Gilles.] —
P. 351-82. H. Brun. Les patrons des paroisses du diocèse. — P. 383-6.
C. Nicolas. Un pèlerinage danois à Saint-Gilles, 1150. — P. 887-410.
L. AuRENCHE. Généalogie historique de la maison de Cheylus, Vivarais
et comté Venaissin.
N" 56. P. 419-55. C. Nicolas. Le prieuré de Sainte-Madeleine ou la Lé-
proserie à Saint-Gilles (1158-1790). [Planche.] E. B.
II. Mémoires de V Académie de Nimes, 7® série, t. XXIX,
1906.
P. 1-61. C'=E. DE Balincourt. Avignon de 1520 àl560, d'après les livres de
raison des Merles de Beauchamps. [Dans les Mémoires de l'Académie
de 1903, M. de B. avait déjà donné les deux livres de raison de Louis
de Merles et de son fils François. Il s'agit aujourd'hui du livre de
raison de Louis II de Merles, fils de François, continué par son fils
Balthazar en 15.51, par son petit-fils François II de Merles en 1616, par
son autre petit-fils Louis III de Merles en 1621, et par son arrière-
neveu Balthazar-François en 1645. Il faut rectifier, dans le titre, la
date de 1560 en 1650. Renseignements sur le passage de la Reine, puis
du Roi, en 1533, le camp du Roi en 1536, le passage du Roi en 1537 et
en 1538, la sédition du blé en 1539, l'apparition de trois soleils en 1541,
l'entrée du Dauphin en 1592, des combats en champ clos, la peste, le
massacre de Gabrières en 1542; la venue des rois de France et de Po-
logne en 1574, la translation des reliques de saint Ruf k N.-D. des
Doms en 1584, un combat en champ clos en 1591, le passage de Marie
de Médicis en 1600, la chute d'une arche du pont d'Avignon en 1603, la
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 121
Tonue de Louis XIII en 1622, la translation du corps de saint Pierre
de Luxembourg en 1628, la peste de 1629 à 1631, le passage d'Anne
d'Autriche en 1632.] — P. 63-82. L. Bascoul. Découverte d'une nécro-'
pole au cliàteau de Saint-Privat du Gard (1904-6). Planches. [Descrip-
tion soignée, avec deux plans, dos cryptes et des tombes. Les sque-
lettes ont généralement la tète à l'ouest et les pieds à l'est. Restes de
murs romains. Cuves de pierre ou tombes formées de tegulce, d'im-
brices et de dalles. Rien qui permette une date précise. L'auteur pense,
non sans vraisemblance, que cette nécropole, qui s'étendait en dehors
du château actuel, peut remonter au v siècle.] — P. 83-90. — E. Bon-
DURAND. Deux testaments du xv« siècle en langue d'oc. [Ces textes, de
1481 et de 1482, sont tirés d'un registre de notaire de Saint-Geniès de
Malgoirès. En l'absence d'un notaire, le premier fut rédigé par un voi-
sin de bonne volonté, l'autre par un lieutenant (de baile). Ils montrent
exactement comment on parlait à Montmirat et à Moussac] — P. 123-4,
E. BoNDURAND. Liste des diplômes carolingiens et capétiens, de Charles
le Chauve à Philippe-Auguste, conservés aux Archives du Gard. [Il
n'existe que des copies, figurées ou autres.] — Deuxième partie (pagi-
nation séparée) : P. 1-49. Inauguration du monument Henri Révoil
dans le jardin de la Fontaine de Nimes, le 12 novembre 1906. — Annexe
(pagination séparée) : P. 1-128. C. Nicolas. Histoire des grands prieurs
et du prieuré de Saint-Gilles, faisant suite au manuscrit de Jean
Raybaud (1751-1806). [Cette continuation formera le tome III de la pu-
blication.] E. B.
Gironde.
L Actes de V Académie nationale des sciences^ belles-
lettres et arts de Bordeaux, 1903.
p. 5-24. De Bordes de Portage. Ausone, cinquante épigrammes tradui-
tes en vers. — P. 25-31. G.Labat. Simple note sur un tableau de Pierre
Lacour. [Tableau allégorique commémorant une campagne navale do
d'Estaing.] — P. 33-15. C. Jullian. Les recherches locales et l'histoire de
France. [Discours prononcé à la séance générale du congrès des Socié-
tés savantes tenu à Bordeaux on 1903.] — P. 47-53. G. Labat. Pierre-
Eugène Claveau (1820-1902). [Peintre bordelais, élève et ami de Galard.]
— P. 59-63. G. Labat. liO maréchal duc de Richelieu et les jurais de Bor-
deaux (1780). [Lettre inédite du diicde Richelieu.] — P. 85-101. G. Labat.
Vieux souvenirs, le vice-amiral Gustave Lugeol (1799-1806). — P. 103-22.
De Bordes de Fortage. Un portrait de madame de Grignan. [Con-
servé au château de Caila; belle héliogravure et notice intéressante.]
122 ANNALES DU MIDI;
1904.
P. 7-73. R. Dezeimeris. Etiide bibllog:l'a{)hique et critique sur une version
peu connue des Moralia de Plutarque. [Travail très fouillé sur cette
traduction de Gi'userius et.sllr la rivalité dé l'auteur avec Guillaume
Xylander, autre traducteui* dé Plutarque.] — P. 75-93. G. Labat. Beau-
marchais à Bordeaux (octobre, novernbré et décembre 1783). [Lettres
inédites de Beaumarchais.] — P. 95-115. De Castelnau ri'EssENAUi.T.
De quelques nouveàUx problèmes d'archéblogie au sujet de l'église
Saiht-Michël à Bordeaux. [DlSbiiëëioli sûr la date du retable de la cha-
pelle Saint-Jbâepli, qui témonterfiit itvt dëbiit du xvt» siècle et non au
règne de Henri III.] — JP. 165-88. G. Labat. Le vice-anliral Làîné
(1798-1875). [Notice biographique.]
1905.
p. 5-71. P. BoNNEFON. Rosa Bonheur. [Étude sur la Yie et l'œuvre de la
grande artiste bordelaise; le premier travail complet qui lui ait été con-
sacré.] — P. 73-89. G. Labat. Le contre-amiral comte Pierre Baste
(1768-1814). [Notice biographique sur ce marin bordelais qui prit part
aux guerres de la Révolution et de l'Empire.] P. G.
IL RevM phUoniuthique de Boy^deauœ et du Sud-Ouest^
1905;
P. 22-34. A. 'Tersày. feourg-suf-ijironde, son nistoii-e. ^Analyse de la
âecbnde êditidii du liti-ë de M. E. Mâufras.J — P. 49-62. Sam Maxwell.
Le cirque de la rue de la Course. [Détails inédits sur les cttiirsés de
taureaux à Bordeaux au xviii» èlèblë.] ~ P. 63-77, 127-32, 168-84. P. Buf-
FAULT. Les débuts de la fixation des dunes. [Étude de l'œuvre de la
Cohimission des dunes, instituée par l'arrêté dii 13 messidor an IX
pour réaliser les plans de Brémohtier; très intéressant.] — P. 78-84.
J.-A. Brutails. L'industrie laitière dans l'ancien Bordelais. [Aii
xviii» siècle et au début du xix».] — P. 97-124. B. de Nabias. L'hygiène
sociale à Bordeaux. [Coup d'œil sur a la conquête des marécages »,
trait tarâbtêristi'qué dfe l'histoire de Bordeaux.] — P. 145-67. E. de Perce-
val. Un conflit entr-e seigneurs et tenanciers à la fin du xviii* siècle.
[Épisode de l'histoire de l'abbaye de Saint-Ferme.] — P. 193-215.
J. BenzAcar. Les jeux de hasard à Bot-dêaui (1701-1789). [Étude très
neuve et très curieuse sut- la société bordelaise au xviii' siècle.] —
P. 229-4U. E. DE Bétoulaud. Bordeaux bapitale. [Pages inédites où ce
poète de la flii du ttti« Siècle trafce un plan idéal des agrandissemèhts
et embellissements ddilt Bordeaux serait susceptible; amusant.] —
P. 286-8. A. C. Montesquieu homme de science. [A propos d'une étude
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 123
de M. Gautrelet.] — P. 289-308. A. NicdLAï. Étude de mcéurs bordelaises
au xA^i' et au xviii" siècle, la passion des cartes. [Détails sur les ate-
liers clandestins de fabrication, la fraude faite parles maîtres cartiers,
les agents de la contrebande; à rapprocher de l'étude de M. Benzacar.]
— P. 837-54. L. Plédy. La basoche. [Quelques détails sur la basoche
à Bordeaux.] — P. 385-40U, 464-75. S.mnt-Jours. Oordouan d'après les
textes. [Etude historique et géographique importante.] — P. 412-25.
J.-A. Brutails. Note sur les noms des communes de la Gironde. [Cu-
rieux et spirituel.] — P. 440-63, 491-521. P. BuFFAUr.T. Etude historique
sur la propriété des dunes de Gascogne. [Gonelut h la domanialité des
dunes comme principe général ; important.] — P. 481-90. A. Nicolaï. L'ad-
ministration du droit sur lés cartes et cuivres à Bordeaux au xvui* siè-
cle. — P. 533-42. G. DucAUNNÈs-DuvAL. Le corsaire Montauban à Bor-
deaux. [Document inédit relatant une campagne inconnue de ce cor-
saire du xvii= siècle.]
1906.
p. 1-22. R. Céleste. Les Piliers de Tutelle. [Notice historique; descrip-
tion de ce monùinfent lii-ée d'iin îllâidoyer dU début dU xtii' siècle.] —
P. 145-64. J. Beî^zAcâr: Dbiïi Dévienhe historiogt-aphe de GlUenne.
[Détails inédits sur la façon dont fdt fcompdsée l'Osuvrë dé Devienne;
coûCliisibnàéVèrë pbiir l'auteur;] — P. 175-81. A.Cagnieul: Autour d'un
savant, nbtés sur \A vie de Gaâton Lësjiialllt. [Ancien professeul* à la
Faculté des sciences de Bordeaux.] — P. 224-39, 241-54, 321-34.
J.-G. Dautet. Historique du dessèchement du marais qui s'étend sur
le ten-itoire des communes de Bordeaux, Bruges, le Bouscat et Fysi-
nes. [bepuis le début du xvii« siècle jusqu'à nos jours.] — P. 289-312,
337-59, 410-20. iî. de la Ville de Mirmont. Géoirge JBiiclianan â Bor-
deaux. [Copieuse et intéressante contribution à l'histoire de l'huma-
nisme bordelais.] — P. 385-40Ô. A. Léon. Quelques mots sur le pays bas-
que. [(Généralités.]— P. 444-B. J.-A. Brutails. Du chifoe des fortunes au
moyen âgé. [D'après lin registre du xiv' siècle conservé a la mairie de
Luz.] — iP. 447-75, 497-520. Saint-Jours. Localités maritihies dispa-
rues ëri Gascogne, [bontinuâtion des impoï-tàhtes études de cet érudit
sîir ié littoral gàsc6n ; combat la légende dés villes anciennes enseve-
lies sous lés dùhes.] — P. 48i-9ë, 55^-70. È. LABÀhkifc. Les délik viibs
du port de Bordeaux au xviii" siècle de Joseph Vernet, gravées par
Cochih et Lëbâs, notice hlstoriqiie et iconographique. [Détails Sur le
séjour de Vei-net à Ébrde'âUx 'eH 1737-1759; ideiitificatibh de certains
personnages figurés dans les deux vues.] — P. 537-54. J. Ramàrony.
Le Grand-Théâtre de Bordeaux. [Rapport et devis de Louis.] P. C.
124 ANNALES DU MIDI.
III. Société archéologique de Bo7^deauœ, t. XXVII, 1905.
P. 22-52. E. PiGANEAU. Les anciennes chapelles publiques du pays Saint-
Ertiilionnais (juridiction de Saint-Emilion). — P. 53-60. P. Fourché.
L'argenterie et les bijoux d'un ménage de la haute bourgeoisie borde-
laise au xvii" siècle. [Pierre de Lopès, professeur à la Faculté de méde-
cine de Bordeaux, et Jeanne de Cruseau.] — P. 60-7. J.-A. Brutails.
■ Quelques photographies de la cathédrale de Bazas. [Montrent les su-
tures de l'édifice et le raccord entre les travaux d'époques diverses;
planches.] — P. 67-94. Abbé Brun. La cathédrale de Bazas pendant la
Révolution (1787-1793). [D'après un cahier d'arrêtés de 1793, seul débris
des archives bazadaises.] — P. 95-7. Découvertes et nouvelles. [Doubles
tournois de cuivre à Gensac, haches de silex à Saint-Emilion, poids de
Castres à Cazalis, lampe romaine.] — P. 118. Vœu au sujet de la
conservation de l'église Saint-Rémy de Bordeaux, — P. 118-25. Analyse
[par l'abbé Brun] de la conférence du D"" Capitan sur les grottes pré-
historiques à parois décorées et les rochers gravés du sud-ouest de la
France. — P. 141-61. P. Fourché. Quelques documents officiels relatifs à
la statue de Louis XV à l'ancienne place Royale. [Lettres de Gabriel à
l'intendant Boucher sur un premier projet de statue; procès-verbal de
l'apposition des médailles dans le piédestal; traité passé entre la ville
de Bordeaux et le graveur Dupuis pour la gravure de la statue.] —
P. 163-64. Découvertes et nouTelles. [Croix pectorale et couverture de
boîte discoïde en buis.]
Tome XXVIII, 1906.
1" fascicule. — P. 41-50. Abbé Labrie. Le dolmen ou allée couverte de
Curlon à Jugazan. [Avec une note du D'' Manouvrier sur les ossements
trouvés dans la fouille.] — P. 50-65. Abbé Labrie. Remarques sur les
monuments mégalithiques de l'Entre-Deux-Mers. [Avec une carte indi-
quant les dolmens conservés ou détruits, les cavernes et les menhii's;
travail très intéressant.] — P. 65-6. Abbé Labrie. L'abri préhistorique
de Baring, à Daignac. [Outils et ossements.] — P. 67-72. Abbé Brun.
Le trésor des reliques de Soulac (inventaire de 1628). [Document iné-
dit.]— P. 73-76. Découvertes et nouvelles. [Hache polie au Taillan, cha-
piteaux mérovingiens à Bordeaux, griffon en terre cuite, etc.]
Table systématique des matières et table alphabétique des noms des
vingt-cinq premiers volumes (1873-1894), par E. Labadie. [Ce fascicule
forme le tome XXVI de la Société, quoiqu'il ait paru en 1906 seule-
ment.] P. C.
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 125
Hérault.
I. Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, Mé-
moires de la section des lettres, 2« série, t. III, 1900-1907 '.
Fasc. 3. P. 243-77. Grasset-Morel. Nécropoles montpelliéraincs. [Etude
littéraire, pittoresque, morale et archéologique sur les anciens cimetiè-
res ; tombeaux de famille à la cathédrale, à l'hôpital général (inscrip-
tions funéraires des Bocaud, des de Grave), au couvent de la Providence
et autres; cimetière Saint-Barthélémy, N.-D. du Charnier, jardin du
Milanais ; cimetière de l'hôpital général, cimetière protestant, cimetières
juifs. Beaucoup de détails intéressants présentés avec agrément.] —
P. 279-474. A. Vigie. Les bastides du Périgord. [Excellente étude d'his-
toire communale, économique et sociale. L'auteur étudie en détail les
origines et la fondation des principales bastides ; Villefranche du Péri-
gord, Beaumont, Molières, Montpazier, plus sommairement Eymet, Cas-
telréal, Dôme, Puyguilhem, Fonroque, Beaulieu. Villefranche, Beaure-
gard, Sourzac (devenu Saint-Louis), Lisle en Périgord, et les bastides
^fondées par le comte de Périgord. Il analyse avec précision les chartes
et privilèges desdites bastides, les garanties politiques et civiles, l'orga-
nisation municipale, les juridictions, le droit civil et criminel, les règle-
ments relatifs aux fours et boulangeries et au service militaire. C'est
une importante contribution à l'histoire du Sud-Ouest du xn« au
xiv» siècle.]
Tome IV. 1904 2.
Le 2« fasc, paru en 1904, contient les pp. 3G7 à 773 du mémoire de
Y. Castets sur Bourdaloue. Pour l'histoire locale est important surtout
le livre IV, 1 : « La mission à Montpellier; le P. Honoré de Cannes;
mission de Bourdaloue » ; pour l'histoire littéraire, le chapitre sur
l'authenticité du texte de Bretonneau.
II. Mémoires de la Société archéologique de Montpellier,
tome III ^
P. 171-91. M"" GuiRAUD. Le palais des rois d'Aragon et de Majorque à Mont-
pellier. [Démontre que, contrairement à l'opinion émise par M. Fabrège
et reproduite ici, la maison à fenêtres trilobées de l'Isle-St-Ravy n'est pas
1. Le fasc. 1 (p. 1 à 174) a paru en 1901), le fasc. 2 (p. 170-211) en 1902.
(Cf. Annales du Midi, t. XIV, p. 390.)
2. Cf. Afinales du Midi, 1902, t. XIV, p. 397.
3. Le fasc. 1 a paru en 1903 (Cf. Annales du Midi, l'.tol, XVI, 266). Le
fasc. 2 paraît en 1907.
126 ANNALES DU MIDI.
ce palais ; détails topographiques intéressants.] — P. 195-218. M"« Gui-
RAUD. L'antique cimetière Saint-Firmin de Montpellier et ses abords.
[Vues intéressantes et de portée générale sur la formatipn des centres
d'Uabitatipn dans les villes médiévales.] — P. 2|9-94. L. Cassan. Ado^^r
nistration communale aux xiv et x\' siècles dans quelques commu-
nautés dépendant des abbayes d'Aniane et de Saint-Guilhem-le-Désert.
[D'après le statut de Guillaume de Cohardon, 1271, sénéchal de Carcas-
sonne, et les archives d'Aniane (pour Aniane, LaBoissière, Puéchabon),
Saint-Guilhem, Saint-Jean-de-Fos, etc.; travail posthume dont l'auteur
projetait une refonte complète ; utile.] — P. 295-318. J. Sahuc. Charte
des libertés et franchises accordées aux habitants de la Aille et de la
seigneurie d'Olargues en 1289, par Bernard d'Anduze, seigneur d'Olar-
gues. [Publie la charte de 1289, qui ne permet pas de reconstituer com-
plètement les rapports du seigneur avec les habitants ; analyse et com-
mentaire d'après d'autres pièces d'archives.] — P. 319-34. J. Berthelé.
Un prétendu moulin à papier sur l'Hérault. [Légende née d'une mauvaise
lecture du Repertoriimi Brissoneti, où l'on a pris j^axeria (paissière,
chaussée du moulin) pour imperia ; c'est le simple moulin bladier de
Carabottes; étude définitive et piquante sur la formation de cette lé-
gende typo-topographique.] — P. 335-94. Id. Quelques documents con-
cernant les moulins de Carabottes au xiii» siècle. [D'après les archives
du château de Lestang; pièces justificatives du travail précédent qui
apportent d'utiles informations à l'histoire de la vallée de l'Hérault au
xiii" siècle; tableau des opérations juridiques et financières nécessaires
à l'installation d'un moulin.] — P. 395-9. M"» Guiraud. Plans suecesaifs
de la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier. [;f]tat prin^itif, 1364-1775 ;
deuxième état du cl^cp^r, élévation, coupe, 1775-^855; vue intérieurs
du chœur de 1775 pepdant }es déiflolitions ; motif 4e sculpture de la
tour N. E.; six plancl|es avec notices explicf|,tives trps précises.] —
P. 399-440. Grasset-Morel. Compte rendu des trav9.uX (et de^ séan-
ces) de la Société archéologique de Montpellier de 1902 à 1906 (inclus).
[Y noter d'importantes acquisitions d'antiquités régionales pour le
musée de la Société.] L.-G. P.
Isère,
I. Annales de V Université de GrenoUe, t. XVI, Ï904 ;
t, XVII, 1905. Néant, — T. ^VIII, 1906.
p. 309-600. R. Mqniez, P. Fournier, L. BALr.EvniER, R. Busquet. Livre
du Centenaire de la Faculté de droit. [M- R- M. a prononcé un discours,
M. P. F. traité de l'ancienne Université de Grenoble, M. L- B. de la
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 127
Faculté de droit de la même ville (1805-1905) ; M. R. B. a publié un
recueil de documents relatifs à l'ancienne Université, du xiv° au
xviii^ s., et un autre sur la Faculté de droit de 1805 à 1905. Cf. un
compte rendu dans Annales, t. XIX, p. 442.] P. D.
II. Bulletin de l'Académie delpJmiale, 4« série, t. XX,
1906.
p. 13-187. Cl. Faure. Histoire de la réunion de Vienne à la France (18:^8-
1454) [Suite et fin de ce très sérieux travail, à partir de 1401. Histoire
chronologique des démêlés de l'archevêque avec le dauphin, dpflt la
suzeraineté sur Vienne finit par être reconnue, le 10 mars 1454. Nom-
breuses pièces justificatives : listes des consuls à partir de 1386; ac-
cords, règlements et chartes diverses.] — P. 189-237. BABTHÉf.pMY.
Etude sur une réformation générale des forêts de la province de Dau-
phiné, 1725-1733. [Les commissaires firent la guerre î^u pâturage, au
défrichement et ^ux coupes exagérées. Leurs visites, notamment au
massif do la Grande-CJiartreuse : conflit avec les Pères. Ils ont exercé
leur autorité avec zèle et profit, comme en témoignent les procès-verbaux,
ifrans et croquis qu'ils ont laissés. Il serait fort à souhaiter, de nos
jours, que des commissions de ce genre vijissent réprimer les abus,
presque toujours impunis, par lesquels nos fqrèts se ruinent, au grand
dommage du pays entier.] — P. 251-367. J. Masse. Histoire de l'an-
nexion de la Savoie à la France en 1792. [Suite et, semble-t-il, fin de ce
travail. 4« partie: fin de la mission des représentants Albitte et Laporte
à l'armée des Alpes (juillet-août 1794); missions de Cassanyes à la même
armée, de Gauthier dans le Mont-Blanc. Avec Real, Dumas et Bion
commence la réaction contre les terroristes. Les prêtres réfractaires, les
déserteurs en profitent aussitôt, ainsi que les émigrés, pour combattre
le gouvernement français. Le traité de Paris, imposé au roi deSardaigne
par les victoires de l'armée d'Italie, réunit la Savoie à lai France sans y
apaiser les troubles religieux, sans en faire disparaître les sentiments
royalistes. Trop peu de références.] — P. 369-449. R. Busquet. Etude
sur Pierre Aréoud, médecin et littérateur de Grenoble (1490?-1571?).
[Natif de Forcalquier, d'une famille bourgeoise élevée à la noblesse, fixé
à Grenoble avant 1522, sans que l'on sache oii il a fait ses études. Il y
a soutenu une longue lutte contre les épidémies, contre la peste en
particulier, avec titre de « capitaine de la Santé », mais aussi des polé-
miques scientifiques : ainsi sur l'origine de la « fontaine ardente ».
Entre temps, il organisait des « Mystères»; il en composait; aucune
« entrée » de grand personnage n'avait lieu sans son concours. Il pro-
128 ANNALES DU MIDI.
fessa à l'Université tant qu'elle dura, jusqu'en 1565; sa vie publique
s'était terminée dès 1564 : protestant modéré, il avait prêché la paix.
En appendice, plusieurs ordonnances émanées de lui. Très documenté
et intéressant.] P. D.
Loire.
Annales de la Société d'agriculture, etc., de la Loire,
2" série, t. XXIII (47« vol. de la collection), 1903.
[La Société publie à partir de 1903, sous forme de supplément et avec
pagination spéciale, des « notes et documents pour servir à l'histoire
de Saint-Etienne et de sa région ».]
P. 1-7. Prix fait... pour la construction des bâtiments de l'hôpital de
Saint-Etienne, 9 mai 1645. — P. 8-13. Convention passée entre les Mini-
mes de Lyon, les habitants de Saint-Etienne et Louis de Saint-Priest
au sujet de la création d'un couvent de Pères Minimes à Saint-Etienne,
20 août 1608. — P. 14-22. Texte ou analyse de pièces relatives aux égouts
de Saint-Etienne, au curage du Furan, etc., de 1648 à 1692. — P. 23-6.
Donation faite au couvent de Sainte-Marie de Saint-Etienne par la
fondatrice, Catherine Molin, 30 octobre 1622. — P. 27-32. Vente de la
baronnie de Rochetaillée par la famille d'Apchon à Louis de Badol,
écuyer, 20 septembre 1644.
T. XXIV (48e vol.), 1904.
P. 33-4. Ratification de l'acte précédent, 29 septembre 1644. — P. 35-9.
Vente à réméré par Gilbert de Saint-Priest à François de Beauvillers
de la seigneurie de Saint-Etienne de Furan. — P. 40-6. Ventes de
1565, 1679, 1595. — P. 47-50. Vente par Louis de Saint-Priest à Cathe-
rine Molin de ses droits seigneuriaux sur les immeubles dépendant de
la succession de feu Jean Real, mari de cette dernière, 29 avril 1609.]
T. XXV (49« vol.), 1905.
P. 309-26. F. Thioi.lier. Sculptures foréziennes des xvk, xvii" et xviii« siè-
cles. [Pas de grands monuments, mais des statues, statuettes, bas-
reliefs, etc., des Vierges en particulier. Liste des sculpteur.'- foréziens.
Bibliographie. 32 planches excellentes.]
T. XXVI (50^ vol.), 1906.
p. 137-54. L.-J. Gras. Le prix du blé à Saint-Etienne pendant trois siècles.
[De 1640 à nos jours. Tables très curieuses; mais il aurait fallu conver-
tir les boisseaux en hectolitres et en quintaux pour permettre au lecteur
la comparaison avec les prix actuels.] — P. 293-306. Abbé J. Batiiia.
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 129
Les « fiUeurs de 3oye » de Virieu, Pélussin et Cliavanay. [Note sur les
origines et le développement de la filature et du moulinage à Pélussin,
1590-1790, rédigée à l'aide des registres paroissiaux de l'église de ce
lieu.]
Avec pagination spéciale : P. 51-4. Vente à réméré de rentes par Louis de
Saint-Priest, 10 avril 1640. — P. 55-9. Arrêt du Parlement de Paris entre
les habitants du mandement de Feugerolles et Gaspard de Capony, au
sujet des corvées, 7 septembre 1643. — P. 60-1. Vente de droits de dime,
20 janvier 1643. — P. 62-3. « Abenevis » au profit de Jean Palluat de
Besset du droit de placer des levées le long des grands chemins contigus
à ses terres, et en travers, pour recueillir les eaux qui en découlent,
25 mai 1657. — P. 64 et sqq. Analyse de pièces de 1657 et 1675,
concernant des ventes. p. D.
Lot.
Bulletin de la Société des Études... du Lot, t. XXIX,
1904.
^rê-'èi, 207-40, 288-308. L. Esquieu. Essai d'un armoriai quercynois.
[Suite et à suivre. De Génies à Montratier.) — P. 35-7. Id. Rapport
sur un texte d'Hirtius. [Celui qui se rapporte au site A'Uxellodunum,
encore indéterminé.] — P. 38-45. V. Fourastié. Privilèges, franchises
et libertés de la ville de Sainte-Spérie. [Fin. 73 articles. Texte latin et
traduction française.] — P. 48-51. Abbé Filsac. Les peintures murales
de l'église de Rampoux. [Découvertes sous une couche de badigeon.
Description.]
P. 5-203 (avec pagination spéciale). Abbé Albe. Autour de Jean XXII.
Hugues Géraud, évèque de Cahors. L'affaire des poisons et des envoû-
tements en 1317. [Cet ouvrage remplit tout un fascicule du Bulletin.
Nous en avons déjà rendu compte, Annales, t. XVIII. p. 85.]
P. 263-84. F. DE Laroussilhe. Les vins du Quercy et les privilèges de la
ville de Bordeaux avant la Restauration (1453-1776). [Ces privilèges,
d'origine anglaise, arrêtaient le commerce des vins du Quercy au profit
de ceux du Bordelais. Forme un peu singulière et étrangère aux habi-
tudes des historiens.]
T. XXX, 1905.
p. 5-25, 386-403, 465-75. A. Combes. Analyse des registres municipaux de
la commune de Cahors tenus pendant la Révolution. [Cette collection
de 21 volumes présente quelques lacunes ; mais le principal en subsiste.
L'utile travail de M. C. est conçu dans l'ordre chronologique, du
ANNALES DU MIDI. — XX 9
130 ANNALES DD MIDI.
10 mai 1789 au 28 mai 1790. A suivre.] — P. 26-47, 404-25, 476-85.
J. Daymard. Le vieux Cahors. [Fortificatioiis. Ponts. Hôj^itaux. Uni-
versité. L'auteur est bien informé. A suivre.] — P. 48-66, 426-49, 486-96.
L. EsQuiEU. Essai d'un armoriai quercynois. [De Montratier à Tarrou.
feuite et à suivre.] — P. 77-804 et i-lxxx. Abbé E. Albe. Familles du
Quercy d'après les archives du Vatican. Maison d'Hébrard et maisons
apparentées ou alliées. [Cette publication dst la suite de celle qui a eu
lieu en 1902, sous le même titre, dans les Annules de Saint-Louis-des-
Français. La maison d'Hébrard, issue de Gourdon, s'établit par des
mariages a Cajarc, puis â Saint-Sulpice. Elle a fourni un grand nombre,
de personnages considérables, surtout de hauts digiiitaires ecclésiasti-
ques. 63 pièces justificatives; 5 tableaux généalogiques.] — P. 497-504.
Id. Supplément au travail sur la famille d'Hébrard. — P. 531-50. A. Com-
bes. Catalogue des travaux contenus dans les t. XXI à XXX du Bul-
letin.
T. XXXI, 1906.
P. 5-20, 65-80, 127-42. A. Combes. Analyse des registres municipaux de la
commune de Cahors pendant la Révolution. [Suite, jusqu'au 15 décem-
bre 1790. A suivre.] — P. 21-36, 81-97, 143-58, 187-202. J. Daymard. Le
vieux Cahors. [Suite. Collèges. Congrégations de femmes, d'hommes.
Séminaire. Ermites. A suivre. | — P. 37-52, 98-102. L. Esquieu. Essai
d'un armoriai quercynois. [Fin. De Tauriac à Ysarn de Fraissinet.]
— P. 103-9, 159-71. B. Paumés. Les écoles de Cahors avant la Révolu-
tion. [Très précis, d'après les Archives municipales. Petites écoles;
couvents pour jeunes filles; séminaire.] — P. 113-5. Dépenses pour
l'exécution de criminels à Cahors vers 1735. — P. 172-5. Chanoine La-
BARTHE. Le prieuré de Catus, par L. de Valon. [Nous mentionnons ce
compte rendu d'un livre intéressant (Brive, impr. Roche, 1905; in-4"> de
253 p.) à cause des plans et figures qui l'accompagnent.] — P. 175-9.
Id. Lacapelle-Marival et les seigneurs par le D'G. Cadiergues. [Cahors,
impr. catholique, 1905; in-4''. Avec de très curieuses vues cavalières.] —
P. 203-14. E. Albe Aux archives de Londres pour le Quercy. [Le butin
est assez mince •-. (Comptes de 1305 et de 1306 au Public Record Office,
entre autres.] P- D-
Puy-de-Dôme.
Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, 1906.
p. 47-72, 82-115. M. Boudkt. Saint Robert de Turlande. fondateur de
La Chaise-Dieu. Ses origines et sa famille d'après les Cartulaires. [Voir
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 131
notre compte rendu, Annales, t. XIX, p. 436.] — P. 117-20. Salveton.
Notice sur un tombeau romain découvert à Charbonnier (Puy-de-Dôme).
[Monument très humble, dépourvu d'inscription.] — P. 125-220. E. Ja-
LOUSTRE. Un neveu de Pascal : Louis Périer. Un cas de conscience.
[Intéressant, quoique diffus. Un chapitre neuf sur la fortune et les
finances des Pascal-Périer. Le procès intenté en Hl\ à Louis Périer et
à sa sœur, à propos d'une succession, par un certain Dieudonné, trou-
bla la fin de l'un et de l'autre. Louis Périer a été l'occasion première du
« cas de conscience » qui fit rendre par le pape la bulle Vincam
JDomini, prélude de la destruction de Port-Royal.] — P. 224-43. De
Champflour. Journal du chanoine Vidilhe. [Le chanoine fut le dernier
représentant d'une ancienne famille de bourgeois de Clermont. Son
journal mentionne pêle-mêle des événements compris entre 1600
et 1634, Il est de peu d'intérêt.] — P. 239-82. Abbé Mioche. Documents
pour servir à l'histoire de Chapdes-Beaufort. [Ou Chades : ainsi
en 1225. Bourg très ancien, sis près du château de Beaufort. Le curé
« primitif » en fut le chapitre cathédral de Clermont. Vaste surface de
la paroisse; sa population à partir de 1648 : 160 propriétaires à cette
date sur la section de Chapdes, 381 en 1906. Les cotes d'impôts étaient
plus élevées alors qu'aujourd'hui. Les nobles. Texte du rôle de la
grande taille, du 12 mai 1648.] — P. 283-91. M. Boudet. Note aur la
fabrication du feu grégeois en Auvergne au xiv" siècle. [D'après les
comptes des consuls de Saint-Flour en 1380, énuméraut les ingrédients
employés. Le feu grégeois devait être projeté par deux balistes.] —
P. 292-5. Du RouRE de Paulin. La bête du Gévandan dans les armoi-
ries de la famille Antoine. [Antoine, lieutenant des chasses du roi,
blessa la bête le 20 septembre 1765 et la rapporta empaillée à Paris. Il
obtint la permission de la mettre dans ses armes. Sa généalogie.]
P. D,
Pyrénées (Hautes-).
Bulletin de la Société Ramond, 3« série, t. I, 1906.
P. 54-69. A. DuFFouRc. Partage des Landes de Saint-Laurent et du Boila
en 1782. [Landes de Boc, entre Montréjeau et Mauvezin. Allotissement
ayant pour but d'y établir la propriété individuelle et d'en provoquer le
défrichement. Les gens de Saint-Laurent et du Boila font à cette œuvre
une opposition, dont l'intendant, M. de Vergennes, est obligé do venir
à bout par ses ordonnances. Textes.] — P. 70-3. F. Marsan. Passif des
vallées d'Aure, Nestes et Barousse après les guerres do la Fronde.
[Document du 15 février 1661.] — P. 74. Id. Réponse du comte de Ségur
132 ÀiMNALES DU MIDI.
à un questionnaire de M. Laclède, de Pau, auteur de « La mâture des
Pyrénées ». [Sur les qualités des sapins de la vallée d'Aure.] — P. 75-93,
157-73. J. BouRDETTE. Notice des barons des Angles de Bigorre. [Suite.
Maison d'Armagnac; avec une assez longue étude sur Jean de Béarn
(1377-1406), capitaine du château de Lourdes et sénéchal de Bigorre
pour le roi d'Angleterre, notamment sur le siège et la reddition du châ-
teau au duc de Berry, gouverneur de Languedoc : événement considé-
rable de l'histoire méridionale (1406-1407); texte de l'accord du 12 octo-
bre 1407, concernant l'évacuation, qui covlta 32,500 écus d'or au duc ou '
plutôt à ses administrés.] — P. 174-93. H. Gaidoz. De l'étude des tradi-
tions populaires ou Folk-Lore en France et à l'étranger. [Intéressant
article, mais de portée générale.] — P. 194-207. F. Marsan. Météorolo-
gie ancienne du Midi pyrénéen; nouvelle série, 1243-1871. [Les xm»,
xiv et XV* siècles nous apportent un renseignement chacun! Vraiment
ce n'est guère, et M. M. aurait pu chercher davantage.] P. D.
Tarn.
I. Archives historiques de l'Albigeois, fasc. VII, 1901.
p. 1-270. Ch. PoRTAL. Extraits de registres de notaires. Documents des
xiv'-xvi' siècles concernant principalement le pays albigeois. [Extr.
de la Revue du Tarn. Voir nos dépouillements de cette Revue dans
Amiales, t. XI, XII, XIV.]
Fasc. VIII, 1906.
P. i-viii et 1-378. A. Vidal. Douze comptes consulaires d'Albi du xiv siè-
cle. [Voir un compte rendu dans Annales, t. XVIII, p. 565.] P. D.
II. Revue historique, scientifique et littéraire du dépar-
tement du Tarn, t. XXIII, 1906.
p. 1-23. Ch. PoRTAL. L'instruction primaire dans le Tarn au xix« siècle.
[En l'an X, le département possédait en tout une cinquantaine d'écoles,
ou plutôt d'instituteurs, pour environ 2.000 élèves, sans parler d'un
nombre inconnu, mais très petit assurément, d'écoles de filles; en
1837, 242 instituteurs, 45 institutrices; en 1900, 483 et 474 pour
44.410 élèves. Il y a égalité de fréquentation scolaire per les garçons et
les filles; c'est un fait récent. Le contingent des écoles privées va en
augmentant : en 1889, 28 °/o ; en 1900, 40 «/o du total. Ecoles profes-
sionnelles, écoles primaires supérieures, etc. La dépense pour l'ensei-
gnement primaire est quinze fois plus élevée en 1900 qu'en 1835. Résul-
tat : au lieu de 33 conscrits pour 100 sachant lire en 1830, on on
compte en 1900 de 97 à 98.] — P. 24-34. P. Masson. Complément au
PERIODIQUES MERIDIONADX. 133
catalogue des niss. de la Bibliothèque de la ville d'Albi. [Augmente de
59 numéros les mss. en question, du n° 111 au n» 170, parmi lesquels
n" 114 : Relation du voyage en Italie de Jacques de Faur-Ferrier ;
n° 120 : Liber dialogorum beati Gregorii; n» 125 : Notes et copies
concernant Albi et l'Albigeois, par Ch. Grellet-Balguerie.] — P. ;J5-G3.
J. Dartigue-Peyrou. L'Église réformée de Vabre au xviii» siècle d'après
les Archives municipales. [Suite et fin. Baptêmes et mariages au désert,
d'après cinq registres s'étendant de 1744 à 1792; précautions prises par
les autorités pour empêcher ces pratiques; étude des actes; enterre-
ments civils dès nouveaux convertis ; leur état civil après l'èdit de tolé-
rance. Très intéressant.] — P. 64-9. E. Thomas. Un hôpital à Montdra-
gon au XVII* siècle. — P. 101-21. Jouhate. La croisade contre les Albi-
geois. Etude bibliographique. [Il est bien difficile de rédiger à Albi une
étude de ce genre sans s'exposer au risque d'être insuffisamment ren-
seigné : c'est ce qui est arrivé à l'auteur, malgré son zèle.] — P. 122-9.
E. Cabié. Alos, en Albigeois, aux x« et xi» siècles. [Localité mentionnée
au Cartulaire de Conques sous le nom de de Alans. Preuves histori-
ques et philologiques du fait.] — P. 180-67. A. Vidal. Un collection-
neur albigeois au xvii» siècle. [Claude Vitte de Beaulieu f 1739, surtout
bibliophile. Inventaire de ses livres, tableaux, médailles, estampes,
publié pour la plus grande partie.] — P. 168-72. E. Tho.ma3. Une con-
frérie de Saint-Biaise à Montdragon. [Elle existait déjà en 1349.] —
— P. 169-9. A. V. Glanures historiques. [Pièces diverses de 1610, 1777,
1783 (contrat de mariage), 1788 (requête en réhabilitation de ma-
riage), etc.] — P. 205-19. E. Cabié. La Réforme à Lavaur en 1561 et
1562. |Une erreur typographique de VHist. de Languedoc, éd. Privât,
XI, 353, attribue à Lectoure un fait qui s'est passé à Lavaur vers le
15 août 1561 : les chanoines rachetant du pillage leur cathédrale et leur
trésor. Découverte du document qui atteste le fait (Bibl. nat., ms.
fr. 15875, f» 154). A ce propos, historique de la Réforme à Lavaur et
des premières hostilités, très sanglantes.] — P. 220-35. E. Thomas.
Assermentés et rèfractaires. [A Montdragon, ù partir de 1791, et dans
les paroisses avolsinantes. Quelques textes.] — P. 209-92. A. Vidal. Le
mouvement de la population dans le Tarn ep. 1905. [Nombreux tableaux,
peu rassurants. La nuptialité, la natalité baissent chaque année dans
ce département, et chaque année la mortalité excède la natalité.] —
P. 309-18. E. Thomas. Justice seigneuriale à Montdragon. [De la fin du
XVII' siècle à 1766.] — P. 342-7. A. V. Glanures historiques. Extraits
des arrêts du Parlement de Toulouse. [Suite et à suivre. Du 22 mars
1494 au 4 sept. 1527.] P. D.
134 ANNALES DU MIDI.
Var.
Bulletin de la Société d'études scientifiques et archéolo-
giques de Draguignan, t. XXV, 1904-1905'.
P. viii-xi. G. PoupÉ. Notes météorologiques recueillies par Joseph Ber-
nard, de Trans (nivôse-ventôse an III). [Renseignements sur les varia-
tions de température dans le département du Var ('décembre 1794-
février 1795) envoyés par Joseph Bernard, agent national du district de
Brignoles au Comité de Salut public et au Comité d'agriculture de la
Convention.] — P. xv-xxix. Id. L'instruction publique à Saillans sous .
l'ancien régime. [Du xv siècle à 1635, le fonctionnement des écoles est
analogue à ce qu'il était dans le reste de la Provence, c'est-à-dire assez
précaire. En 1635, l'enseignement est confié aux Doctrinaires, qui finis-
, sent par être chargés exclusivement, en 1685, d'un modeste collège qui
suffisait aux besoins de la communauté. Liste des mai très d'écoles,
des supérieurs et recteurs doctrinaires de 1535 à 1793.] — P. 51-8. Id.
L'armée d'Italie en juillet 1793. Opinion d'un secrétaire de Barras et de
Fréron. [Lettre de Cés3,r Roubaud à Charles Duval, député de l'IUe-
et-Vilaine à la Convention; Nice, 11 juillet 1793.] — P. 59-74. Id. Les
papiers de la Société populaire de Saint-Zachapie. [Fondée le 14 avril
1792, les procès-verbaux de ses délibérations ont disparu ; par suite, il
est impossible de retracer son existence. Les papiers ne se composent
que de quelques lettres, circulaires ou adresses de sociétés similaires.
M. P. en publie un inventaire et reproduit le discours prononcé par
Lipuville le 10 juillet 1792.] — P. 75-96. Abbé H. Espitallier. Les prévôts
du chapitre de Fréjus. [Liste, avec courtes notices biographiques, des
prévôts depuis 1085 jusqu'en 1790.] — P. 97-185. Id. Les Antelmy. [Bio-
graphie de quatre membres de cette famille, Nicolas, Pierre, Joseph et
Charles-Léonce-Octavien, qui se succédèrent comme chanoines du cha-
pitre de Fréjus au xvii* siècle et dans la première moitié du xvni*.] —
P. 191-225. De Roure. Les néophytes en Provence et leur taxe par
Louis XII en 1512. [Pour prouver l'authenticité de la liste publiée par
Barcilon de Mauvans , dans la critique du nobiliaire de Robert de
Briançon, l'auteur donne les noms des néophytes rencontrés dans les
minutes des notaires des xv et xvi« siècles. Cette liste comprend
quatre-vingt-sept noms, dont une trentaine se retrouvent sur la liste de
Barcilon. — P. 227-394. F. Mireur. Les anciens couvents de Dragui-
gnan. Les Cordeliers. [Histoire détaillée et précise depuis l'origine jus-
1. Paru en 1907.
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 135
qu'à la Révolution; description des bâtiments.] — P. 395-121. Id. Les
décorés de Saint-Louis. [Liste des décorés do Saint-Louis nés ou déci-
dés à Dragaignan.] L.-V. B.
Vaucluse.
Mémoires de V Académie de Vaucluse, 2* série, t. VI,
1906.
Fasc. 4. P. 279-503. A. Chobaut. Découverte d'une fibule gallo-romaine
au mont Ventoux. [Avec planche ; reproduction en grandeur naturelle
de cet objet en bronze, trouvé en juin 1906 par un chef cantonnier. A
ce propos, inventaire sommaire des diverses antiquités préhistoriques
et romaines trouvées au Ventoux et dans ses environs. Utile, mais pro-
lixe et souvent discursif.]— P. 287-322. J. Girard. Les Etats du comté
Venaissin depuis leurs origines j usqu'à la tin du xvi» siècle. [Suite et à sui-
vre, 2" partie. Organisation et attributions des Etats : ch. I. Constitution,
représentation des trois ordres : convocation, lieu de réunion et pério-
dicité, procurations, élections, mandats des membres des Etats. Forme
des Etats (local, présidence, séances d'ouverture, de travail et de clô-
ture) ; ch. IL Officiers des Etats (procureur général, trésorier, secré-
taire, sergent); Commissions des Etats (extraordinaires, d'enquête,
permanentes) ; auditeurs des comptes, assemblées des Élus (suppléant
pendant les intervalles des Etats). Travail bien documenté, intéressant
et précieux pour l'histoire du cointat.]
Pag. sépar. L.-H. Labande. Bibliographie vauclusienne. Année 1905 et
supplément des années 1894: à 1904. [1882 numéros]. Répertoire métho-
dique de la bibliographie vauclusienne (1894-1905).
Tome VIT, 1907.
Fasc. 1 et 2. P. 1-58. J. Girard. Les Etats du Comté venaissin. [Suite et
à suivre. Çh. III : attributions ^politiques des Etats ; serment de fidé-
lité, défense du pays, levée de troupes. Traités, relation avec les souve-
rains étrangers ; vote des impôts, emprunts. Ch. IV : attributions
administratives des Etats; répartition de l'impôt, perception; réparti-
tion des charges de guerres, vérification des comptes. Ch. V : attribu-
tions législatives, part à la rédaction des statuts, doléances; compé-
tence des Etats, maintien des privilèges, surveillance et contrôle de
l'administration pontificale, réformes judiciaires, juifs.] — P. .^9-88.
VissAC. Ambassade de la ville d'Avignon au pape Clément IX (]667r
1608). [Mission d'apparat et d'affaires : tenter d'obtenir le rétablisse-
ment des privilèges supprimés en 1065 après la querelle des Possugaux
I
136 ANNALES DU MIDI.
et des Pévonlina. et les trois années d'anarchie et d'occupation française
(1662-1665); l'auteur en fait l'histoire en reporter amusant et minutieux,
d'après le récit manuscrit de M. de Fogasse.] L.-G.-P.
PÉRIODIQUES FRANÇA.1S NON MÉRIDIONAUX
fl. — Annuaù^e- Bulletin de la Société de V Histoire de
France, 1905.
P. 205-58. A. DE BoisLisLE. Le Conseil et l'assemblée de 1699 pour les
affaires de la R. P. R. [Le 7 juillet 1699, Louis XIV créa, pour diriger
ces affaires avec méthode et unité, une nouvelle section du Conseil des
dépêches et une Commission, oii siégeaient, entre autres, Pomereu et
Daguesseau père, où se faisait tout le travail. M. de B. publie le pro-
cès-verbal officiel de quatre séances de cette Commission, pièce rare,
intéressante, que seul M. Gachon, notre collaborateur, a utilisée (Arch.
nat., TT 430). Elle ne paraît pas en avoir tenu d'autres; la tentative
échoua. En appendice, trois lettres ou circulaires de sept.-déc. 1699,
relatives au même sujet.]
1906.
p. 180-212. H. CouRTEAULT. Le manuscrit original de Gaston IV, comte
de Foix, par Guillaume Leseur. Additions et corrections à l'édition de
cette chronique. [Edition de la Société de l'Histoire de France, Paris,
Laurens, 1893-96, 2 vol. in-8». A défaut du ms. original, disparu, on
trouve à son sujet dans la collection Bréquigny, de la Bibl. nat., des
remarques de ce savant, fort judicieuses et précises, et des notes éten-
dues qu'il avait prises en le lisant. Le tout, publié par M. C, éclaire ou
accroît notablement une œuvre historique que la copie de A. du Chesne,
seule connue jusqu'ici, a fort maltraitée.] — P. 213-41. B. de Mandrot.
Supplément aux lettres de Charles VIII. [Collection publiée par feu
Pélicier. M. de M. y ajoute des missives adressées à M« Raymond de
Saint-Clar, protonotaire apostolique, prieur de Saint-Léon, au diocèse
de Périgueux, et quelques autres documents, le tout tiré des archives
du château de Marzac, en Sarladais. Années 1491, 1492. Cette corres-
pondance, en plusieurs points, intéresse le Midi : Bordeaux, Dax, Gap,
Marseille.] P- D.
». — Bihliotiièque de V Ecole des Chartes, 1906.
P. 13-59. E. Teilhard de Chardin. Comptes de voyage d'habitants de
Montferrand à Arras en 1479. [Cf. un compte rendu dans Atinales,
t. XIX, p. 144.] — P. 162-233, 402-50. P. Guilhiermoz. Note sur les
PERIODIQUES NON MÉRIDIONAUX. 137
poids du moyen âge. [Renseignements sur le marc de Montpellier,
Nimes, Marseille, Limoges, Avignon, la Rochelle; sur la livre poids de
table (c'est-à-dire poids de marchand) dans toute la France, notam-
ment sur la livre de Toulouse et celle de Montpellier. On opposait
cette livre à la livre officielle de Paris. Comparaison avec les poids du
système métrique. Toutes les livres spécialement employées dans les
villes de notre région sont évaluées ou ramenées à la livre de Toulouse
ou de Montpellier, qui étaient les deux types principaux. Influence,
jusqu'au système actuel, de la livre romaine.] — P. 468-71. M. Jusselin.
[Lettres de Philippe le Bel relatives à la convocation de l'Assemblée
de 1302. [A propos de lettres nous apprenant à peu près de quelle façon
furent convoquées les communautés de la sénéchaussée de Beaucaire,
publiées par M. G. Picot dans un volume consacré aux « Documents
relatifs aux Etats généraux et Assemblées réunies sous Philippe le
Bel ». (Coll. des doc. inéd. sur l'hist. de France).] — P. 587. H. O. Let-
tre d'Andronic II Paléologue au pape Jean XXII. ![Relative à la mis-
sion confiée au dominicain Benoît d'Assignano, ou de Côme, par le pape
et le roi de France, Charles le Bel, pour la réunion des églises grecque
et latine.] A. V.
3. — Gazette des Beaux- Arts^ 48« année, 3« période,
t. XXXV, 1906 (l«r semestre).
P. 154-74. Gabillot. Les trois Drouais. [Pastel de François-Hubert
Drouais au musée d'Agen, provenant du château d'Aiguillon. Dans le
mémoire des ouvrages de peinture commandés par M°" du Barry : por-
trait de la comtesse en Flore, envoyé à Toulouse, 1769.] — P. 293-309.
H. DE Chennevières. Les récentes acquisitions du Louvre. [École cata-
lane : Luiz Dalmau, « la Vierge et saint Ildefonse ». École provençale :
Pietà de l'hospice de Villeneuve-lès-Avignon.] — P. 393-414. A. Michel.
Récentes acquisitions de la sculpture au Louvre. [Christ au mont des
Oliviers, en bois polychrome, provenant de la région albigeoise ; à com-
parer au Christ en prière de la cathédrale de Rodez et aux sculptures
de la cathédrale d'Albi.] — P. 409-98. P. Jamot. Les Salons de 1906.
[La décoration d'Henri Martin pour le Capitole de Toulouse.] —
P. 499-505. G. GuiLLOT. Un dessous de l'atelier de Rigaud.
T. XXXVI, 1906 (2« semestre).
P. 27-44. E. Bertaux. Santo Domingo de Silos. [Bas-reliefs du xii* siècle,
œuvre d'un sculpteur de l'école toulousaine.] — P. 137-44. P. Bonnekom.
Un portrait de M-« de Grignan. [Par le Provençal Laurent Fauchier,
mort en 1672; toile conservée au château du Caila, à Rions (Gironde).]
138 ANNALES DU MIDI.
P. 161-72, 256-63. Ph. Anquier. L'exposition générale d'art provençal à
Marseille. — P. 177-98. J. Momméja. Le « Bain turc », d'Ingres.
H. G.
4. — La Révolution française^ t. L, janvier-juin 1906.
p. 233-38. Ed. Poupê. Les archives révolutionnaires du greffe du tribunal
de Draguignan. [Indication sommaire des renseignements qu'on trouve
dans ces archives.] — P. 840-51. Cl. Perroud. Histoire d'un professeur
pendant la Révolution. [Renseignements intéressants sur Nicolas-René
Paulin, successivement professeur à Sorèze, à l'Ecole centrale d'Albi,
proviseur du lycée de Toulouse et recteur de l'Académie de Cahors en
même temps que professeur d'histoire et doyen de la Faculté des let-
tres.] — P. 538-49. G. HïïRMANN. Note sur deux condamnés de prairial,
Peyssard et Brutus Magnier. [Disculpe les Périgourdins Peyssard et
Magnier des accusations portées contre eux lors de leur arrestation le
1" prairial an III.]
T. LI, juillet-décembre 1906.
P. 5-18, 226-55, 289-311, 385-408. Labroue. Le mémorandum inédit du
conventionnel Pinet. [Étude biographique sur ce conventionnel, qui
vécut de 1754 à 1844.]
T. LU, janvier-juin 1907,
p. 191-216. Ad. Crémieux. Le particularisme municipal k Marseille.
[Montre l'influence du particularisme municipal et de l'autonomie com-
munale de Marseille sur l'histoire de cette ville de 1789 à 1815.] —
P. 523-44. Gaffarel. L'occupation étrangère à Marseille en 1815. [Détails
intéressants sur l'occupation de Marseille par les Anglais et par les
mercenaires siciliens en 1815.] P. D.
5. — Revue archéologique^ 4« série, t. VII, 1906.
p. 30-51. M. Besniki^. La cpUection Gampana et les musées de province.
[Au musée de Carpentr^s, tableau de l'école de Crivelli, Madone entre
saint Jérôpie et saJRt François ; au musée d'Aix, Madone à l'enfant,
dans le goût fie Gima de Conegliano ; à Marseille, histoire de Thésée et
Ariane.] — P. 236-9. M. Logan-Berenson. Une peinture de Taddeo di
Bartolo, au musée Crozatier, au Puy. [Du même artiste, un triptyque
au musée de Grenoble ; une petite crucifixion, très repeinte, au musée
d'Aurillac] — P. 349. S. R(einach). Statuettes de Valence. [Bronzes
gallo-romains trouvés à Saint-Marcel-lès- Valence en 1892.]
PÉRIODIQUES NON MERIDIONAUX. 139
T. VIII, 1906.
p. 170. S. R(einach). La Crète et la Provence. [Possibilité d'une colonisa-
tion préphocéenne de la Gaule méridionale par les Cretois ; il y avait en
Crète une rivière Massalias et une ville de Biennos, dont Hécatée faisait
la métropole de Vienne en Gaule. M. Maas, dans Oesterr. lahreshefte
1906, p. 144, admet aussi dans la Gaule méridionale une colonisation
dorienne, dont le point de départ aurait été Rhodes ; cf. Niraes fondée
par un fils d'Héraklès.] H. G.
6. — Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. VII,
1905-1906.
P. 737-75. Ph. Sagnac. Les ventes de biens nationaux d'après des recueils
de documents et des travaux récents. [Étudie la vente des biens natio-
naux dans quelques départements et notamment dans le Gard. Montre
que la part des bourgeois dans les achats a été prépondérante, mais que
les agriculteurs ont eu la leur également.]
T. Vlir, 1906-1907.
p. 97-108. Ph. Sagnac. Étude statistique sur le clergé do 1791. [Montre
que le clergé réfractaire dominait dans le Bas-Languedoc; que la majo-
rité constitutionnelle l'emportait surtout dans le Sud-Est, et que le
clergé de presque tous les pays pyrénéens a été en majorité constitu-
tionnel.] — P. 586-99, 703-13. V.-L. Bourrilly. Montaigne, d'après des
travaux récents. [Examen critique des ouvrages récemment publiés sur
Montaigne.] F. D.
7. — Revue de philologie française et de littérature,
t. XX, 1906'.
P. 17-69. L. ViGNON. Les patois de la région lyonnaise (suite). Le régime
direct; le neutre (suite). III. Les formes du pronom et leurs sources.
I Aucune des formes actuelles du pronom neutre ne remonte à el ou lo
(de illiim accentué sur la première syllabe ou la finale), mais toutes à
o (de hoc) ; cette forme unique a été étrangement altérée et différenciée
par la phonétique syntactique. Détermination des aires de ses subs-
tituts actuels : 1» o, {z)o, (l)o ; 2» ou, zou, vou, lou ; 3° formes diphton-
guées ow, aw, œw; 4° u, su, yu; ô" œ, zœ, ze ; 6° é, è; 7° i. —
IV. Rapport du sujet et du régime.] — P. 70-3. E. Wey. Un mot
forézien du xii» siècle, asiuraa < ad seperata. [Ce mot, qui dans deux
1. C'est par erreur que nous avons attribué le chiffre XVIII au lieu de
XIX (Annales, XVIII, 413) au volume précédent.
140 ANNALES DU MIDI.
documents du xiii" siècle désigne une femme, n'est pas un nom propre
mais l'adjectif seperata (la femme en question était « séparée » de son
mari) ; seperare existe encore sous diverses formes dans les patois
foréziens.] — P. 81-110. J. Gilliéron et J. Mongin. Etudes de géographie
linguistique, avec cinq cartes. [Ce sont quelques nouveaux spécimens de
ces études, si attrayantes et si fécondes en résultats, dont les auteurs
ont donné un premier modèle dans leur monographie de scier.'\ I. Dé-
chéances sémantiques: oblitare. [Détermination des aires de oblitare
(et ses composés), deexmemorare, discogitare.] — III. Traire, mulgere
et molere. [Mulgere a vécu dans toutes les parties de la France ; mais
il a (disparu là où il aurait donné moudre, comme molere.] — IV. Echa-
lotte et cive. [Le point de départ de la propagation du dérivé de asca-
lonia doit être cherché dans le Midi, probablement le midi provençal.]
— V. Comment cubare a hérité de ovare. [Ovare a disparu là où la
préfixation de que au verbe en faisait un homonyme de cubare, c'est-
à-dire au Sud-Ouest.] — P. 111-27. P. Barbier fils. La racine « cap,
tête », dans la nomenclature ichthyologique. [Dérivés des formes capa-
ceus, capiceus, capoceus d'une part, capito, capitulus de l'autre.] —
P. 128-35. A. Dauzat. Les doublets dans le patois de Vinzelles (Puy-
de-Dôme). [Comment s'opère la répartition des sens entre les mots
patois et les mots importés du français ; comment ceux-ci gagnent peu
à peu du terrain et finissent par évincer ceux-là. C'est la « vie et la lutte
des mots prise sur le vif ».] — P. 161-7. J. Gilliéron et J. Mongin.
Etudes de géographie linguistique. VI. Pièce et Nièce. [Constatent que
l'aire àe pièce, nièce (formes irrégulières pour j:)èfe, nèce) ne concorde
pas avec l'aire de la diphtongaison normale de e bref, et en concluent
que pour expliquer ces formes on ne peut recourir à l'analogie de mots
comme pied?\ — P. 168-82. J. Désormaux. Mélanges savoisiens,
V. L'agglutination de l'article dans les parlers savoyards. [Liste abon-
dante de mots auxquels se sont soudées la consonne (initiale ou finale)
ou la voyelle finale de l'article ; liste parallèle de mots présentant le
phénomène inverse de la « déglutination ».] — P. 183-200. P. Barbier
fils. Sur un groupe de mots de la famille de caput (suite p. 241-64).
[Étudie les dérivés romans de capaceus, capiceus, capoceus, capuceus
(cf. plus haut l'article sur ces formes désignant des poissons) ; les déri-
vés provençaux sont énumérés p. 190-4.] — P. 288-91. A. Jeanroy. Ety-
mologies françaises ; Fr. pop. blague, blaguer. [Seraient des altéra
lions de brague, braguer, mots d'origine méridionale.] A. J.
CHRONIQUE
Le volume en l'iionneur de M. Clhabaneau, dont nous avions
annoncé (XVIII, 417) la prochaine publication, a paru en septem-
bre dernier. [Mélanges Chabaneau. Volume offert à Camille
Chabaneau à l'occasion du 75^^ anniversaire de sa naissance
[4 mars 1906) par ses élèves, ses amis et ses admirateurs.
Erlangen, Fr. Junge, 1907 ; in-8° de 1117 pages; forme le t. XXIII
des Romanische Forschungen.) Ce retard s'explique par la lon-
gueur de certains mémoires qui y ont pris place et par le fait que
le chiffre des collaborateurs a été plus élevé qu'on ne l'avait pensé
d'abord : partout, en effet, où les études provençales sont en
honneur se sont affirmés avec éclat les sentiments d'affectueuse
vénération dont est entouré notre éniinent collaborateur. Nous
donnons ci-dessous la liste, dans l'ordre alphabétique des noms
d'auteurs, des articles rentrant dans notre cadre.
Anglade, Les Troubadours à Narbonne (pp. 737-50); — Appel,
Zur Melrik der « Sancta Fides » (197-204); — Bourciez, Le verbe
« Naitre » en gascon (415-23); — ('onstans. Une rédaction -pro-
vençale du « Statut maritime de Marseille (645-75); — Coulet,
Spécimen d'une édition des poésies de Peire d'Alvernhe (777-89) ;
— Crescini, « No sai que s'es n (315-9) ; — Dauzat, Vamuissement
rfe s r 1 explosifs dans la Basse- Auvergne (235-9); — Dejeanne,
Sur l'Aube bilingue du m,s. Vatican. Reg. 1462 (77-80); —
Ducamin, Herran ou V Arlol-qui-pleure . Eglogue 4^ de Pey de
Garros (289-305); — Dujarric-Descombes, Camille Chabaneau et
les troubadours du Périgord (283-7) ; — Fabre, Les Proveriça-
listes du Velay et M. Camille Chabaneau (257-73); — Gauchat,
R anorganique en franco-provençal (871-85); — Grœber, Zur
provenzalischen Verslegende V07i der hl. Fides von Agen
(û97-G2Uj; — Jeanroy, Le Troubadour Austorc d'Aurillac et son
142 ANNALES DU MIDI.
sirventés sur la septième croisade (81-7) ; — Kolsen, Ein Lied
des Trobndors Gitilhem de Cabeslanh (489-95); — Lambert, La
Pourcairouleto (307-10); — Leroux, L'idiome Vmiousin dans les
chartes, les inscriptions, les chroniques (437-61) ; — Lollis (de),
Su e giù per le hiografie proteflÈdli (387-93) ; — Pépouey, U final
atone = lat. ûlum dans le parler de Bagnères-de-Bigorre et des
environs (73-80) ; — Rajna, La patria e la data délia « Santa
Fede » di Agen (469-78); — Ronjat, Noies sur Vaffouagement de
Maillane (707-9); — Sainéan , Ane. prov. cos,'gos, « chien »
(353-6); — Salvioni, Il dialelto provenzaleggiante di Roaschia.
(Cuneo) (525-39) ; — Suchier (Hermann), Provenzalische Beichl-
formel (425-35) ; -- Teulié, Les vocabulaires spéciaux. 1. Le voca-
bulaire du noyer à Bétaille [Loi) (905-10) ; -— Thomas, L'origine
limousine de Marcial d'Auvergne (119-32) ; — Véran, La presse
de langue d'oc (1019-24) ; — Zenker, Bas provenzalische « Enfant
sage », Version B (919-68); — Zingarelli, Qua7i lo hoscatges es
floritz (1025-34).
Le volume s'ouvre par un fort beau portrait du maître, d'une
ressemblance frappante, gravé par le peintre Desmoulins d'après
son propre tableau exposé à Paris à l'un des derniers Salons. Il
se termine par une Bibliographie som,maire des œuvres de
C. Chabaneati (pp. 1093-1107), rédigée par M. E. Lefèvre avec le
soin qui caractérise tous les travaux de ce bibliographe dévoué et
consciencieux.
On voit, au Musée de Toulouse, un beau portrait, par Hya-
cinthe Rigaud, qui est présenté au public comme étant celui de
Racine. Le comte Clément de Ris avait déjà protesté contre le
ridicule de cette attribution, mais personne encore n'avait cherché
à découvrir le vrai nom du personnage que ce tableau représente.
Dans une communication faite à la Société de l'histoire de l'art
français (cf. le Bulletin de la Société, 1907, p. 81-7), M. G. Brière
signale au Musée de Versailles une copie du tableau de Toulouse ;
or, dans le catalogue, cette copie est désignée comme le portrait
du célèbre Chauvelin qui, de 4727 à 1737, fut garde des sceaux et
secrétaire d'Etat des Affaires étrangères. C'est donc Chauvelin que
représenterait le tableau du Musée de Toulouse. Mallieureuse-
ment, M. Brière n'a pu retrouver sur le ministre aucun docu-
ment iconographique qu'on pût comparer à son portrait présumé.
CHRONIQUE. 143
Cela n'est pas, selon noUs, pour rendre l'identification moins
solide. On remarquera, en effet, que le tableau de Rigaud est daté
de 1737 : c'est justement l'année où Ghauvelin devint minisire; il
est naturel de penser qu'il se fit peindre à l'occasion de cet événe-
ment.
Ce n'est pas un livre d'érudition que le petit volume édité à l'oc-
casion du Ce?ilenaire du Lycée de Toulouse (chez Ed. Privât,
1907); il mérite cependant d*être signalé à nos lecteurs. On y trou-
vera les deux conférences faites pendant les fêtes du Centenaire
par M. Plassard et le colonel Froment. Consacrées à l'histoire du
Lycée et de ses bâtiments, ces deux études ont l'avantage de
rassembler une foule de renseignements précieux pour l'histoire
de Toulouse et qu'il était jusqu'alors assez malaisé de retrouver.
Les illustrations dont s'orne le volume en augmentent encore
l'intérêt.
Chronique de Bordeaux et de la Gironde.
La belle édition municipale des Essais de Montaigne, qu'a cou-
ronnée l'Académie Française, continue à tenir le premier rang
parmi les travaux entrepris à Bordeaux. M. F. Strowski achève
l'impression du second volume. On sait que l'ouvrage en com-
prendra trois, plus un volume d'excursics, préparé de loin par
des mémoires d'étudiants, dont l'un, dû à M. Joseph de Zangro-
nis, sur Montaigne, Amyot et Saliat, a eu les honneurs de l'im-
pression. Cette organisation du travail scientifique mérite d'être
signalée.
Le comité départemental pour la recherche des documents révo-
lutionnaires a soumis au comité central un projet de publication
des dossiers rehitifs à la vente ;des biens nationaux. M. Marion a
poussé fort avant le dépouillement de ces dossiers. Il en a déjà
tiré son étude sur la vente des biens nationaux dans la sénéchaus-
sée de Libourne; et l'on sait que l'Académie des Sciences morales
et politiques lui a attribué, pour un travail d'ensemble sur la ques-
tion, la totalité du prix Rossi.
MM. Brulails et Gaston Ducaunnès-Duval achèvent le tome IV
de l'inventaire des Archives communales. M. A. Ducaunnès-Duval,
144 ANNALES DU MIDI.
archiviste municipal lionoraire, emploie les loisirs de sa retraite à
préparer le tome IV de l'Inventaire de la Jiirade. Son fils, qui lui
a succédé à l'Hôtel de ville, à la grande satisfaction de tous les
travailleurs bordelais, a, dès son entrée en fonctions, mis sur le
chantier le tome II de l'inventaire de la période révolutionnaire.
La Société des Archives historiques consacre son volume annuel
à la publication du Livre Doré du présidial d'Agen, véritable
chronique qui permettra de reconstituer la vie de cette compagnie
judiciaire au xvne et au xviiie siècle. Sous les auspices de la Société'
archéologique, M. Brutails vient de donner un album d'objets d'art
conservés dans les églises de la Gironde. La même Société a
obtenu de la municipalité bordelaise la cession gracieuse de la
Porte de Cailhau pour y tenir ses séances. Elle a commencé d'y
installer un musée, qui sera, espérons-le, l'embryon du musée
girondin depuis si longtemps souhaité.
A l'occasion de l'Exposition maritime et coloniale de Bordeaux,
la Société des Archives historiques et la Société archéologique ont
organisé un congrès d'histoire et d'archéologie du Sud-Ouest, qui
a réuni plus de cent membres des Sociétés savantes de la région. Ce
congrès s'est tenu à Bordeaux le 18 et le 19 octobre. Trente-six
communications ont été faites; elles seront analysées dans un
compte rendu en préparation. Des vœux concernant un meilleur
aménagement des archives de l'état civil, la conservation des objets
mobiliers d'une valeur historique ont été adoptés. On a aussi voté
le principe de la périodicité de ces congrès régionaux, et décidé
la création d'une Union des Sociétés savantes du Sud-Ouest. Une
commission élabore en ce moment des statuts.
A côté de ces manifestations collectives, plusieurs travaux
importants, dus à l'initiative personnelle, sont sur le point de
paraître ou en bonne voie. M. Girot va réunir en un volume ses
recherches sur les Juifs espagnols et portugais à Bordeaux, déjà
publiées dans le Bulletin hispanique. On annonce des thèses pro-
chaines sur Biaise de Moulue historien, sur Geolïroy de Malvyn,
magistrat et humaniste bordelais de la un du xvi' siècle, sur l'agi-
tation royaliste dans le Midi à la fin du premier Empire. M. Geor-
ges Mathieu consacre sa thèse d'Ecole des Chartes à étudier le ma-
rais de Bordeaux de l'édit de 1599 à la Ri'volution. M. le D""
.1. Barraud met en souscription un volume d'études sur le Bor-
deaux révolutioimaire. Il est question d'une thèse sur Florimond
de Raymond, le précurseur trop méconnu de Bossuet dans la con-
CHRONIQUE. 145
troverse. Si l'on ajoute qu'on bataille toujours ferme autour «Je
la retentissante brochure de M. le D»' Armaingaud sur La Boélie,
Montaigne et le Contr'Un, que M. Dezeimeris a donné de sa per-
sonne, enfin que M. Barckhausen vient de faire paraître son
volume sur Montesquieu, il est^ semble-t-il, permis de conclure,
comme le faisait, il y a trois ans, M. JuUian à cette même place,
que l'on travaille encore à Bordeaux et dans la Gironde.
Paul GOURTEAULT.
Chronique de Provence.
L'année 1906 a été pour la ville de Marseille et pour toute la
Provence une année de crrande activité, provoquée par l'Exposi-
tion coloniale, qui a été l'occasion de multiples manifestations,
non seulement coloniales, mais scientifiques, littérràres et artisti-
ques, auxquelles elle a fourni le plus admirable des cadres.
Je ne relaterai ici que celles qui sont de nature à intéresser les
lecteurs des Annales, à savoir le Congrès des Sociétés savantes
de Provence et l'Exposition d'Art provençal. Le Congrès des
Sociétés savantes était une tentative de décentralisaliou, au meil-
leur sens du mot, qui a réussi au delà de toute espérance. Tous
les départements provençaux, toutes les sociétés littéraires et
artistiques de la région avaient envoyé des délégués, qui se sont
réunis à Marseille, sous la présidence de M. le recteur Belin,
représentant du Ministre de l'Instruction pulilique. Le Congrès
s'est réparti entre quatre sections : archéologie, histoire, langue
et littérature provençales, sciences économiques et sociales. Le
nombre des mémoires présentés dans les diverses sections s'est
élevé à quatre-vingt-quatorze. Un volume, actuellement sous
presse et qui ne tardera pas à paraître, reproduira in extenso les
plus importants de ces mémoires, et donnera l'analyse des autres.
A la dernière séance, il a été décidé que les Congrès de ce genre
seraient périodiques, et que le prochain aurait lieu dans trois ans,
dans une ville de Provence à déterminer.
L'Exposition d'Art provençal répondait à une idée de même
nature. Le succès en a été incontestable : il aurait été plus grand
encore si les organisateurs s'y étaient pris un peu plus tôt, et
avaient pu recueillir, parmi les collectionneurs provençaux, plus
d'adhésions. La section de l'ameubloment, notamment, réduite à
ANNALES DU MIDI. — XX lO
14B 'annales du midi.
line dizaine de spécimens, était tout à fait irisnfflsàrite. On a cher-
ché en vain, à là jjëillturë, les pirimitifs qui avaient fait l'oi'nèriient
de l'Ex position de 1904 h la Bibliothèque nationale. Même la col-
lèctioii de faïences; dé beaucoup la plus importante,' et dii ne man-
qtikient pas les très belles pièties, aurait pu être plus considérable
encore.
Plus heureuses que la Revue historique de Provence, morte au
bout de dix-huit inois, les Annales de la Société d'études pro-
ve7içales achèvent la quatrième année de leur existence, qui semble*
assurée désormais. Et l'année 1905 a vu paraître une nouvelle
publication annuelle, où, potii- mieux dire, deux, les Annales des
Facultés des Lettres et de Droit d'Aiœ. C'est grâce à la libéralité
du Gdnseil de l'Uhitersité, pourtant bien peu riche, que ces
Annales ont pu se fonder, et c'est grâce à celle du Conseil gênerai
du département qu'elles Ont pu se développer. Je ne crbis pas
qii'il y ait dans toute la France un seul département où le Conseil
général se montre àbssi généreux envers l'enseignement à tous
ses degréSj et notamment envers l'enseignement supérieur.
Les Annales des deux Facultés, évidemhient. sont des recueils
d'drdre généi-al. Mais l'histoire locale y tient une grande place: les
deux premières années des Annales de la Faculté des Lettres^
1905 et 1906j sont entièrement consacrées à des questions de ce
genre.
Le 34 juin 1905 e^^t mort un des professeurs les plus justement
renortimés de la Faculté des Lettres, Georges Guibal, qu'une
cruelle maladie avait forcé d'abandonner sa chaire depuis plusieurs
années déjà. Ses derniers travaux avaient été tous relatifs à l'his-
toire de la Provence pendant la période révolutionnaire. Seuls les
deux premiers, Mirabeau et la Provence, ont pu être publiés du
vivant de l'aliteur. Mais un troisième, Le motivemenl fédéraliste
en Provence^ ne tardera pas, assure-t-on, à voir le jour.
Une autre perte très regrettable, plus récente, est celle de Numa
Coste. Peintre d'abord, Numa (]oste s'éprit de passion pour l'ar-
chéologie et l'histoire locales^ surtout l'histoire de l'art, et pendant
plus de vingt ans, il s'est livré à de laborieuses recherches, et a
amassé une énorme quantité de matériaux de tout genre. Il a fnal-
heureusement peu publié, quelques brochures seulement et (m
certain nombre d'articles adressés, sous forme de communica-
tions, H la Société des Beaux-Arts des départements, dont il était
correspondant. Mais c'est le journal le Séinaphore de Marseille
CHRONIQUE. IM
qui a le pins profité de sa collaboration ; il y a fait paraître en
effet quantité d'articles des plus documentés et d'un style tl-ès per-
sonnel. Il est infiniment regrettable qu'il n'ait janlais songé à les
réunir en plaquettes. Il y a publié notamment, peu de temps
avant sa mort, une série d'articles qui devaient constituer une
monographie complète de la cathédrale d'Aix, Saint-Sauveur;
qu'il avait étudiée minutieusement dans tous ses détails. L'œuvre
reste màlheiireiisernent inachevée} et il est à craindre, paraJt-ilj
que l'on ne puisse pas tirer parti de ses notes, rédigées; non sur
des fiches, mais sur des carnets, où elles ont été écrites au jour le
jour et à la suite les unes des autres. Cela est d'autant plus regret-
table que j'ai pu constater personnellenlent que Goste avait vu
très clair sur certaines questions fort intéressantes et encore très
mal connues dé l'histoire d'Aix. Pour ce qui est de la topographie
antique de là. ville par exemple, alors que la théorie admise par
tout le monde et, on peut dire, classique à Aix, veut que la ville
se soit développée du côté où sont aujourd'hui les aires Saint-
Roch, Goste a fort bien vu que c'est au bourg Saint-Sauveur, et là
exclusivement, qu'il faut chercher la ville romaine. Si l'on a la
patience de dépouiller ses papiers, on y trouvera à coup sûr^ à
défaut d'études achevées, des indications de haute vah^ur, et cela
pour toutes les périodes de l'histoire d'Aix. La chose vaudrait la
peine d'être tentée, et les amis de Numa Goste honoreraient par là
sa mémoire de la façon la plus digne de lui. M. Clerc.
Chronique de Vaucluse.
Deux auteurs vauclusiens s'occupent sérieusement de l'histoire
antique du département : M. Dùprat, professeur adjoint au IJ'céé
d'Avignon, qui étudie Avignon et la région; M; l'abbé Sautél;
qui s'intéresse spécialement à Vaison. Les ouvrages qu'ils écri-
vent seront présentés comme thèses de doctorat.
Il serait désirable que des fouilles inéthodiques leur permissent
de décrire des objets nouveaux : s'il est assez difficile d'en faire à
Avignon même où, cependant, il n'est pas impossible de suivre les
travaux qui remuent le sol; il est jiar contre aisé d'en exécuter
quelques-uns à Vaison. Je crois savoir que des instances seront
faites dans ce sens auprès de l'Académie des Inscriptions et Bel-
les-Lettres, à défaut de la Société française des fouilles urchéolo-
148 ANNALES DU MIDI.
giques. J'ai déjà signalé les alentours de la cathédrale, surtout du
chevet, comme particulièrement utiles à explorer.
En attendant, le hasard a fait retrouver dans le sous-sol d'une
maison, prés de la place aux Herbes, à Vaison, un fragment très
important de la mosaïque possédée par le Musée Calvet et connue
sous lé nom de mosaïque de Narcisse '. Cette découverte a permis
de constater que le monument du Musée Calvet est en très grande
partie apocryphe : on l'avait oublié depuis 1858. Le Musée Calvet
se décidera-t-il à l'acquérir, pour remplacer par des morceaux
authentiques quelques-uns de ceux qui ont été reconstitués plus ou
moins mal par des mosaïstes contemporains ?
Le grand événement de ces dernières années a été l'évacuation
par la troupe du Palais des Papes d'Avignon. On la désirait
depuis longtemps, puisque, sous le second Empire, le Dr Paul
Pamard, maire de la ville, avait, dans ce dessein, fait bâtir une
nouvelle caserne. On a craint cependant de ne pas encore l'obte-
nij, malgré le récent traité passé avec l'État et malgré la cons-
truction d'une autre caserne pour l'infanterie, hors l'enceinte des
remparts. On ne sait généralement pas que c'est grâce à une série
d'articles de M. André Hallays dans le Journal des Débats et à
l'intervention énergique de M. Baillif, président du Touring-Club,
auprès de M. Berteaux, alors ministre de la Guerre, que la muni-
cipalité d'Avignon ne put obtenir de nouveaux soldats pour l'occu-
pation du Palais.
L'évacuation emportait restauration. La Commission des monu-
ments historiques s'y préparait depuis plusieurs années : elle
ajouta une grosse subvention aux quelques milliers de francs
votés par le Conseil municipal, et l'on se mit immédiatement à
l'œuvre sous la direction de M. Nodet. Le plus pressé était d'abat-
tre les planchers et cloisons établis par le génie militaire dans les
plus grandes salles, notamment dans celles du sud. On se hâta de
le faire, et les Avignonais eurent la surprise de constater l'effet
séduisant produit par les admirables proportions de la salle d'au-
dience à deux nefs et de la grande chapelle pontificale bâtie
au-dessus. En même temps se retrouvaient, sur les parois d'appar-
tements voisins, des vestiges de fresques, (pu firent l'objet de
nombreux articles; en général, on attribuait les scènes de chasse
1. Voir Bulletm de la Société nationale des A}itiquaires de France,
année 19U6, p. 311 et 377.
CHRONIQUE. 149
et de pêche qui foi-ment la décoration la plus importante aux artis-
tes de Clément VI, mais décidément elles paraissent n'être (juc du
xv« siècle ^.
Du coup, les Avignonais, difficiles à échauflfer jusqu'alors, se
prirent d'enthousiasme pour le Palais. La municipalité eut l'idée
d'y installer une exposition industrielle et artistique. Le choix d'un
tel local, blâmé fortement par les délicats, fut applaudi par la
foule, et cette exhibition, ouverte au début d'avril liJ07, eut un si
grand succès qu'on dut la prolonger jusqu'au 1er septembre sui-
vant. Elle eut au moins l'avantage d'attirer un nombre étonnant
de visiteurs qui ne soupçonnaient même pas ce que le Palais pou-
vait être à l'intérieur. Aujourd'hui qu'elle est terminée, on se dis-
pose à reprendre les travaux de restauration. Mais à quels usages
va-t-on employer les immenses salles dont on a la disposition? Y
transportera-l-on la bibliothèque de la ville? Y élablira-t-on un
musée, comme l'idée en a été lancée? L'avenir nous le dira.
Les historiens et archéologues ont de tout temps écrit sur ce
prodigieux monument. Un des plus récents, le P. Ehrle, avait le
premier présenté les documents qui existent aux Archives du
Vatican sur sa construction et sa décoration. Son ouvrage, écrit
en latin, était reslé peu populaire. M. Félix Digonnet l'a mis à la
portée de tous : il en a reproduit l'essentiel dans le livre qu'il
vient de publier sur le Palais des Papes (Avignon, F. Seguin,
1907, in-8o) ; il l'a complété au moyen des pièces d'archives
fournies par d'autres auteurs avignonais et au moyen de ses obser-
vations personnelles; il y a mêlé enfin des hypothèses, dont quel-
ques-unes sont trop risquées pour être acceptables. Le dernier
mot n'est cependant pas dit sur le Palais : il reste encore au
Vatican des documents que le P. Ehrle a cru devoir négliger et
qui ont un trop grand intérêt pour que l'histoire les laisse dans
l'oubli.
La (^(Ommission instituée en Vaucluse pour le classement des
objets mobiliers des églises et monuments religieux a tenu des
séances à peu près régulières. De longues listes d'objets d'art ont
été proposées pour le classement, car le département est parti-
culièrement riche ; mais il est regrettable de constater les retards
mis à adopter ces propositions. Le Journal offuiel n'a encore
enregistré qu'une courte nomenclature d'objets classés. FjCS autres
1. Voir Musées et monuments de France^ juillet 1907.
150 ANNALBS DU MIDI.
restent exposés à toute espèce d'aventures. Les vœux émis par cette
Commission pour le classement des monuments eux-mêmes n'ont
guère eu plus de succès, et il a fallu des interventions étrangères
pour placer sous la protection des lois la si intéressante chapelle
des Pénitents noirs d'Avignon et la vieille église de Saint-Panta-
léon près de Gordes. Il est pénible, je le répète, d'observer que les
efforts individuels ou collectifs pour la conservation de nos vieux
édifices, même classés, aient tant de peine à aboutir. Si le cloître
des Gélestins d'Avignon, pour lequpl j'exprimais encore des'
craintes dans ma dernière chronique, n'est plus menacé, la tour
Saint-Jean, dernier reste de la commanderie d'Avignon, est tou-
jours visée par les vandales, et le chevet de la cathédrale de
Cavaillon a été outragé par une société industrielle.
Pendant ces trois dernières années, la littérature historique et
archéologique a relativement peu produit. Les principaux ouvrages
à signaler sont toujours ceux qui concernent les papes d'Avignon,
ainsi que la continuation des Regestes pontificaux (ceux de
Jean XXII ont surtout progressé). MM. MoUat et Vidal, qui s'oc-:
Gupent particulièrement des lettres communes de Jean XXII et dQ
Benoît XII, ont publié diverses notices sur ces deux papes. Le
premier, en collaboration avec M. Charles Samaran, a donné un
excellent livre sur la Fiscalité ■pontificale en France au xiv^ siè-
cle et exposé l'organisation financière créée par les papes d'Avi-
gnon i. Le même M. Samaran, avec pn de ses confrères des
Archives nationales, prépare pour les Dociimeni^ inédits, l'édition
de la correspondance du cardinal Georges d'Armagnac, qui sera si
précieuse pour l'étude de la seconde moitié du xvie siècle dans
toute la région avignonaise.
L'Académie de Vauclnse a distribué, outre ses Mémoires trimes-
triels, un ouvrage qui lui fa|t le plus grand honneur : le Oartulaire
de la. Commanderie de Richerenches de V Ordre du Temple {il 36-
i214), publié et annoté par le marquis de Ripert-Monclar^. Les
textes, intéressant la partie la plus septentrionale du département
de Vauclus^, spnt précédés d'ijne copieuse et savante introduction :
M. de Monclar, avec une compétence remarquable, y a inséré des
notices sur les dignitaires .ecclésiastiques, les suzerains (comtes de
1. Cf. un compte rendu de M. Ch. Molinier, Annales, t. XVIII, p. 391.
2. Cf. les comptes rendus de MM. Stronski et Caillemer, Annales,
t. XIX. p. 544, et plus Uauj;, p. UO.
CHRONIQUE. 151
Valentinois et d'Orange) et les principales familles nobles de la
ivgion: il a exposé les renseignements économiques et sociaux que
présente le Cartulaire, résumé les documents sur l'histoire même
de la Gommanderie, etc.
Acluellement, l'Académie de Vauclusc imprime un deuxième
vol unie encore plus ifapprtant : les Chartes du pays d'Avignon
jusqu'à la fin du xiie siècle; cette édition est faite par les soins de
M. G. de Manteyer.
Parmi les ouvrages qui ont été insérés dans ses Mémoires, je
noterai tout particulièrement l'étude de M. Joseph Girard, aujour-
d'hui conservateur de la Bibliothèque et du Musée Calvet, sur les
Élftts du comté Venaissin depuis les origines Jusqu'à la fin du
xvie siècle.
L'^npée 1906 a vu paraître le prpmier volume de Vhiventq,ire
sommaire des Arçfiives çotnmunales d'Avignon, publié par
M. L. Duhamel. Il i^e pompriend que la s^rie AA; mais il présente
cette ïji^gniflqpe sépe de registres contenant les minutes de la
correspondance des syndics et consuls d'Avignon depuis 1474 jus-
qu'ei) 1790 (^vep lacunes, malheureusement) et cette non moins
lf\^llp cpllepf,ipi| de Uas^^§ de lettres reçue? par eux depuis 1308.
A leiir analyse, M- Duhamel a donné un long développement, des
plus utiles. Les autres voli^naes d'inventaires (Archives départe-
]:][jpiitf},les de yafjcjuse, AfP|iiyes copimunalps d'Of-ange et Gavail-
Ipn) signalés dans la dernière cl|ronique sont encore sous presse.
On me par4Qnnera si, à la flr^ de cette revue rapide, je note encore
la réjjniprj ei] vplunie jle la Bilulipgrqphie vauçlusienne, (|ue de
1894 à 1905 je doniiais en appendice aux i^émoires de l'Académie
^e Vaitcluse. On n'puhljera pas que M. Duprat a donné pour
l'année 1904 i^ine bibliographie critique dans les Annales de la
Société d'études provençales (lOO-ô, p. 65). Je signalerai enfin la
publication, dans la Gazette des Beaux- Arts (mars et avril 1907),
de la première notice d'ensemble qui ait été écrite, depuis la pu-
Ijlication des Z)oci^?«e«^s de M. l'abbé Re((uin, sur \e&- Miniatu-
ristes avignonais et leurs œuvres. L.-H. Labandk.
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT
Appel (G.)- Deutsche Geschichte in der provenzalischen Dich-
tung. Rede bei Uebernahine des Rektorats gehalten in der aula
der K. Universitœt zu Breslau (Sonderabdruck aus n. 733 u. 736
der schlesischen Zeitung). Breslau, 1907; in-8o de 16 pages. —
Il s'agit surtout dans, celte brochure des relations des trouba-
dours avec les empereurs d'Allemagne ^ et de l'attitude qu'ils pri-
rent dans la lutte de l'Empire avec la papauté et la maison d'An-
jou. Dans les limites étroites qui lui étaient imposées, M. A. ne
pouvait naturellement dire que l'essentiel ; mais on sent que l'au-
teur connaît à fond et domine son sujet; aussi a-t-il fait à cha-
que partie une place bien proportionnée à son'importance, et par-
faitement expliqué par les circonstances les contradictions et les
incohérences que nous trouvons dans les poésies historiques "des
troubadours. Il serait à désirer qu'il complétât cette excel-
lente ébauche en la munissant des références nécessaires. Il écri-
rait ainsi un chapitre piquant, et en grande partie nouveau, de
l'histoire de la poésie provençale. A. Jeanroy.
Dauzat (A.). Essai de méthodologie linguistique dans le
domaine des langues et des patois romans, Paris, Champion, 1906 ;
in-8o de viii-205 pages. — Y aurait-il donc une « méthodologie lin-
1. Quelques parties de ce sujet sont traitées aussi dans une récente dis-
sertation de M. Nickel : Sirventes und Spruchdichtung (Berlin, Mûller,
1907; in-8» de 124 pages, Palœstra, n° LXIIl) consacrée essentiellement
à l'étude do la poésie satirique et morale chez les troubadours et les Min-
nesinger.
LIVRES ANNONCES SOMMAIREMENT. 1 .'53
guistiqno » propre aux lan^uos romanes? Non, évidemment.
M. Dauzat ne le pense pas non pins, et il nous le dit clairement
dans son Avant-propos, où l'objet du livre est beaucoup mieux
défini que dans le titre : « Ce que j'ai voulu, dit-il (p. ,5), c'est déga-
ger les règles de méthode qui sont à l'état latent dans les travaux
des romanistes, c'est coordonner et grouper les vérités qui ont
jailli de leurs polémiques ou qu'ils ont exprimées çà et là dans
leurs ouvrages. Il était utile en outre de confronter, pour ainsi
dire, avec les langues romanes les théories émises par les linguis-
tes qui se sont occupés spécialement des langues indo-européen-
nes. Car les règles de méthode ne sauraient être particulières à un
groupe de langues... La méthode linguistique, vue à travers les
langues romanes, n'est donc qu'un aspect de la méthode univer-
selle qui doit servir à l'étude de tous les idiomes. » Ces promesses
ont été largement tenues : M. D. a exposé, toujours avec clarté et
parfois avec agrément, les plus récentes théories sur les causes et
les modes de l'évolution des langues et les méthodes à suivre dans
leur étude, telles qu'elles se dégagent, non seulement des tra-
vaux des romanistes, mais des ouvrages d'ensemble écrits depuis
une vingtaine d'années par des linguistes ou philologues embras-
sant un domaine plus étendu^.
Son livre sera donc un guiiie précieux pour ceux qui, se sentant
attirés vers ce genre d'études, désirent se renseigner sur leurs
principes et leurs principaux résultats, et pour ceux aussi qui,
déjà entrés dans l'atelier, mais constamment courbés sur la tâche
quotidienne, éprouvent de temps à autre le besoin de se redresser
et de se demander quelle somme d'idées générales se dégage des
travaux de chacun. La plupart du temps M. D. se borne au rôle
utile, mais i)eu original, de rapporteur (et il faut bien avouer que
l'ouvrage ne répond pas pleinement à l'ancienne conception de la
« thèse » de doctorat '*); 'mais souvent aussi il a l'occasion de
prendre parti, et la façon dont il défend son opinion montre en
lui un travailleur bien documenté et un remarquable logicien*.
1. Ce sont naturellement les travaux français que M. D. connaît et ré-
sume le mieux. M. Meyer-Lûbkfï {Literaturblatt, 1907, 331) a pu hii
reprocher d'avoir tenu trop peu do compte de ceux de Wundt, H. Paul et
Schuchardt.
2. Cet ouvrage a été présenté à la Sorbonne comme « thèse principale» ; la
Géographie phofiétique d'une région de la Basse- Auvergne, annoncée
plus bas, formait la « seconde thèse ».
8. Les principales idées peraouaelles de l'auteur ont été discutées dans
154 ANNAl-ES DU MIDI.
La portion la plus originale forme le « livre » I de la àeiixiènic
pai'tie (sur l'évolution des patois), où M. D. a montré en l'œuvre,
à Faide d'exemples topiques, les causes contradictoires qui ten-
dent, les unes à diversifier à l'infini les patois, les autres à unifier
leur multiplicité ^ Ces exemples sont empruntés assez rarement
aux langues romanes littéraires, comme on pourrait le croire
d'après le titre, mais presque exclusivement au français et aux
patois galloTromaus, notamment à ceux de l'Auvergne, que M. D.
connaît si bien : et voilà pourquoi nous avions }e devoir de men-'
tionner cet ouvrage, à côté de celui, plus riche en faits précis et
en résultats, qu'il a consacré à ceux-ci en particulier et dont il est
question ci-dessous. A; Jbanroy.
Dauzat (A.). Géographie phonétique d'une région de la Basse-
Aiivergne. Paris, H. Champion, 1906; in-S» de 94 pages, plus
8 cartes. — La seconde thèse de M. Dauzat est consacrée c\ étudier,
suivant les principes ailleurs exposés par lui (voir plus haut), les
parlers de la Basse-Auvergne. M. A. Dauzat a exploré avec un
soin extrême les parlers d'une région assez étendue (département
du Puy-de-Dôme). Il paraît avoir observé avec méthode et il a
noté avec une minutieuse rigueur les sons, parfois très com-
plexes, qu'offrent les parlers de cette région : ces parlers sont les
plus intéressants des parlers méi'idionaux, en raison des nom-
breux changements phonétiques qui s'y sont produits et dont on
peut encore y surprendre en partie l'évolution. C'est assez mar-
quer l'intérêt du travail de M. Dauzat. On ne saurait nier que,
appliquée à des parlers vivants, la méthode descriptive est excel-
lente, si même elle n'est pas la seule possible; mais elle ne suffit
pas à rendre compte de tous les phénomènes ; l'histoire de la lan-
gue — quand la langue a une histoire, ce qui n'est malheureuse-
ment pas le cas pour la plupart des parlers, — nous montre les
deux importants comptes rendus, l'un de M. A. Terracher, dans la Revue
de Philologie et de Littérature (1907, 57), l'autre de M. E. Bourciez dans
la Revue Critique (19U7, I, 333(. Le premier a donné lieu à une assez
vive polémique qui se poursuit dans la Revue de philologie, etc., 1907,
p. 15Ô.
1. Les deux « livres » suivants : Intérêt de l'étude des patois, —
Comment on étudie les patois, me paraissent un peu dépaysés dans ce
livre d'un caractère scientitique : ils ne peuvent servir qu'aux amateurs
ou aux débutants ayant besoin d'être convertis ou éclairés, et eussent été
mieux à leur place dans une revue destinée au grand public.
LIVRES ANNONCES SOMMAIREMENT. 155
maillons de la cliaîne dont les parlers vivants n'offrent en défini-
tive qu'uni extrémité.
Dans le détail on peut relever çà et là des inexactitudes ou
des inadvertances. P. 9 : meskln, où kl est précédé d'une consonne,
ne peut pas être rapproché de lilyer (claro). — P. 11, n. : ce n'est
pas le suffixe -î^«re qu'il faut invoquer, mais -idiare; cf. d'ail-
leurs p. ^1. ^-: P. 29 : qu'est-ce que cannape, avec un p? —
P. 35 : on a dû avoir 'slêla, mais aussi Stella. — P. 49 : h propos
de mioitu (miiUo), ne fallait-il pas rappeler esp. mucfio, gai.
viuilo, etc. ? — P. 51 : qu'est-ce que les a sept voyelles romanes du
moyen âge » ? L'expression est au moins peu heureuse. — P. 57 : au
« début du moyen âge » est vague. — P. 70 : il n'est pas parlé des
dissimilations consonantiques, « phénomènes assez rares dans la
région », est-il dit en note ; mais la dissimilation, consonantique
ou vocalique, est « assez rare » dans la plupart des parlers ;
l'une n'est pas moins intéressante que l'autre. — P. 71 : l'expres-
sion « dissimilation de i devant i, y » n'est pas rigoureusement
exacte. J. Angladk.
Laba-Nde (L.-H.). L'église Nolre-Lame-des-Loms d'Avignon,
des origines au xiii*? siècle. Piiris, 1907 ; in-8p de 88 i)ages, 8 plans
et 17 phototypies. (Extrait du Bx{lletin arcliéologique, 1906.) —
J'ai annoncé la prochaine publication de cette étude dans les
Annales du Midi, t. XIX, p. 397, en terminant un compte rendu
de diverses autres monographies d'églises romanes ))rovençales,
dues à M. L. Le dernier travail de M. L. vient enrichir d'observa-
tions précises le fonds de matériaux déjà acquis pour son histoire
de l'architecture romane en Provence et en Bas-Languedoc. Je
m'efïorcerai d'en donner une idée exacte.
A- 1^ difïérpnce de Saint-Trophime d'Arles et de Notre-Dame de
Vaison, l'église Notre-Dame-des-Doms, abstraction faite de diver-
ses mpdifications, semble à première vue former un tout parfaite-
ment homogèpp. Plus de parties de mur en petit appareil. Partout
un magnifique appareil moyen. Le monument parait bâti d'après
un plan bien étudié et exécuté fidèlement. « Spn examen doit donc
nous Uv>:er plusieurs des secrets de l'art roman. »
M. L. déprit l'eniplacement, l'entourage et le plan de l'église au
xiiie siècle.
A cette époque, l'église se conipose d'une abside probablement
demi-circulaire à l'intérieur et à pans coupés à l'extérieur, d'une
156 ANNALES DU MIDI.
travée formant chœur, surmontée d'une coupole avec lanternon
largement ajouré, et d'une nef à quatre travées séparées par des
arcs-doubleaux et voiitées en tiers-point. Un clocher carré, à plu-
sieurs étages, se trouve sur la façade. La porte d'entrée, entre
deux grandes demi-colonnes engagées, qui supportent un entable-
ment avec fronton triangulaire, encadre son tympan dans une
archivolte supportée par deux autres colonnes plus petites. Au
devant, un porche avec murs latéraux extrêmement épais, et sur
la face principale deux demi-colonnes engagées, soutenant encore
un entablement et un fronton triangulaire.
M. L. passe en revue les opinions diverses émises sur la fonda-
tion et la date de construction de l'église. Le chanoine Calvet, le
docteur Calvet, Mérimée, Artaud, Courtet, Achard, l'abbé Pou-
gnet, Revoil, Deloye, de Manteyer varient entre Charlemagne et
le milieu du xie siècle. Aucun de ces auteurs n'a envisagé l'hypo-
thèse où le porche serait postérieur et ajouté à la construction pri-
mitive.
M. L. étudie ensuite, à la lumière des documents, la basilique
mérovingienne et carolingienne, la réorganisation de l'église
d'Avignon au xie siècle et la dédicace de la cathédrale en 1063 ou
1069. De la basilique mérovingienne on ne sait rien. Les pillages
des Sarrasins entretinrent le plus grand désordre en Provence
du viiie siècle au xe. La construction soignée et la décoration
savante de notre église ne sauraient appartenir à une aussi misé-
rable époque. En 1027 seulement, commencent des donations qui
firent succéder la prospérité aux longs malheurs passés. Vers le
milieu du xie siècle, des bâtiments claustraux durent être aména-
gés ou construits à nouveau, et l'on dut procéder à la reconstruc-
tion plus ou moins complète de la cathédrale de Notre-Dame sur
l'emplacement de la vieille basilique mérovingienne ou carolin-
gienne.
Le monument dédié en 1063 ou 1069 est-il bien celui qui subsiste?
Pour répondre à cette question, M. L. entreprend l'examen
détaillé de Notre Dame-des-Doms et la compare avec les édifices
similaires de la région.
La coupole est fréquente, mais ce qui l'est moins, c'est la façon
d'égaliser, par la juxtaposition d'arcs latéraux, les dimensions de
la travée voûtée par la coupole. Quant au lanternon éclairant l'in-
térieur de la cathédrale d'Avignon, il ne se trouve nulle part
ailleurs.
LIVRES ANNONCES SOMMAIREMENT. 157
Le clocher carré, situé sur la façade, dont le rez-de-chaussée
forme narthex en avant de la nef, est une rareté.
Le plan de l'église n'a rien qui indique une époque primitive,
comme la première moitié du xie siècle. Même, des dispositions
savantes dénotent une grande expérience de la part du construc-
teur. En outre, la disparition complète des vestiges de l'ancien
monument plaide en faveur d'une époque avancée.
Tout l'édifice, abstraction faite du porche, est d'une seule et
même construction, pour laquelle on a employé un moyen
appareil régulier. Celui-ci, avec les mai-ques de tâcherons, indique
pour N.-D.-des-Doms une époque très voisine du milieu du xiie
siècle.
Quant à la décoration de l'édifice, depuis la disparition de l'ab-
side ancienne, elle consiste surtout dans les colonnettes qui, à
l'intérieur et àTextéiieur du monument, soutiennent les arclùvol-
tes des fenêtres au lanternon de la coupole; dans les colonnes
engagées et cannelées, placées aux angles extérieurs de ce lanter-
non; dans le cordon qui court tout le long des murs latéraux de
la nef au bas de la voûte; dans les colonnettes qui coupent les
pilastres supportant les doubleaux; dans la corniche extérieure de
la nef et du clocher; dans l'encadrement de la porte d'entrée.
M. L. y relève l'imitation des motifs décoratifs de l'antiquité.
C'est ainsi que les chapiteaux dérivent de l'ordre corinthien.
Tous les éléments de la décoration s'accordent à accuser le
xiie siècle et une date rapprochée de 1150.
L'édifice actuel n'est donc pas le même que celui ([ui fut dédié
en 1063 ou 1069.
L'étude des documents montrant que c'est au milieu du xii" siè-
cle que le chapitre de N.-D.-des-Doms fut le mieux pourvu ,
M. L. se croit fondé à attribuer l'église actuelle à cette époque de
grande prospérité.
Quant au porche, un examen un peu attentif établit qu'il a été
ajouté plus tard au reste de l'édifice. M. L. en donne une descrip-
tion très soignée, et en place la date peu après celle du clocher et
de la nef, vers 1180.
L'étude du cloître et des maisons capitulaires, avec celle du
mobilier roman de l'église, chaire épiscopale et autels, faite d'après
les précieux débris subsistants, termine ce beau travail, où les
observations et les reclierches précises réduisent dans de grandes
proportions l'incertitude qui semblait la règle aui)aravant.
Î38 ANNALES DU MIDI.
Par l'ensemble de ses monographies d'églises romanes, M. L. a
rendu les plus grands services à l'histoire de l'art provençal od
méridional. Ed. BbNDURAND.
Sabarthès (l'abbé). Essai sur la toponymie de VAude. Nar-
bonne, Gaillard, 1907; in-8o de 61 pages (Extrait du Bulletin de
la Commissio^i archéologique de Narhonne). — M. Sabarthès,
auteur d'un Dictionnaire topographique de l'Aude, dont il termine
actuellement l'impression, est bien préparé à des travaux de ce
genre. La présente brochure comprend deux parties. La première
a pour titre : Elude sur la toponomaslique de l'Aude (p. 1-31), la
deuxième est intitulée : Essai sur les cours d'eau du départe-
ment de l'Aude. Les pp. 26-29 comprennent le relevé des suf-
fixes latins qui ont servi à former la plupart des noms de lieux de
l'Aude. P. 29 : il n'y a pas de « rhotacisme » dans la forme
Lézignan, qui vient de Liciniamt^n. L'étymologie (p. 25) de bac
(côté de montagne exposé à l'ombre) est bien hasardée. Pouv Aude,
M. Sabarthès reprend l'explication de M. Thomas, mais il s'en
éloigne à tort pour expliquer Aude par Aide, Aida : Vu est dû^
comme l'a dit M. Thomas, à la phonétique catalane.
J. AngladE.
ZiNGARELLi (N.). Re Maufredi nella memoria d'un troViatore.
Testo provenznle e note (Nozze Bonanno-Pitrè). Palerme, 1907 ;
petit in-4o de 13 pages. — M. Z. republie avec une traduction et
d'intéressantes notes uii sirventés bien connu sur la ihort de
Manfred (461j 234), longtemps attribué à tort à Aimeric de Pé-
guilhan. Il fait rismàrquer justement que ce sirventés n'a paë été
écrit au lendemain de l'événement, puisque Edouard y est appelé
roi des Anglais, et qu'il ne monta sur le trôné qu'en 1272. Le
souvenir de Manfred avait doniî vécu assez longtemps dans le
cœur du troubadour anonyme^ et c'est ce qui explique le titre dé
la brochure. M. Z. donne le texte de la pièce d'après la copie
« très fidèle de Mahn » (copie de/); sans se préoccliper deavai'iàn-
tes de K-, dont la rédaction serait « identi^ile » à celle de L Ces
deux affirmations sont inexactes : la copie de Mahn est très mé-
diocre et K fournit quelques leçons à introduire dans le texte. La
collation très soigneuse que M. St: Stronski a bierl voulu faire
LIVRES ANNONCES SOMMAIREMENT. 159
pour moi des deux mss. n'a donc pas été stérile : j'en donne
ici les principaux résultats ^ :
V. 19, les deux mss. ont demenen, non demancn; au reste, la
correction demenan, déjà proposée par Malm, s'impose; — 2\, I,
séingner, K seigner; corr. seignor, non seignors ; — 24, non nos.
mais vos (lE), ce qui vaut mieux pour le sens ; — le v. 27 est
correctement (dans IK) E. e Valors que faran {fan est une falitè
de lecture) ; l'addition de Preliz est ddhc superflue ; — 83, norl iot,
niais totz [iK); — i est sup^iléé avefc l^aiâori, inàis il fallait noléi'
cfii'ii mariqtlè dans les deux iriss. ; — 34, non van r^uan, mais hd7i
quar (IK); — 38, detnanes est une correction inutile pour dé niûr-
vez {IK ; voy. Levy, marôés); 46, part, iion parlz {IK) ; — 48,1a
correction [mtl] iioni fausse la déclinaison; K a correctement
home, I homs ; — 50, oi] ai K; qi I, par une erreur fréquente à
l'initiale*.
Quelques détails de la traduction doivent être modifiés confor-
mément aux indications ci-dessus. La seule erreur importante est
aux V. 43-4 : il faut lire (en un mot) Irobares {K trôberes)^ et
entendre : « Et où, princes et barons, la trouverez-vous (la boime
foi)? » A. Jeanroy.
1. Je ne tiens pas compte de quelques menues inexactitudes qui n'altè-
rent pas le sens, comme tolz pour totz (22), camie pour canie (32),
veiaire pour viàiré (-iD), joi pour jai (54) (toutes ces leçblis dans les
détix niss.), été.
2. Il y a quelques fautes communes aux deux mss. qui paraissent b'en
imputables à l'auteur, ce qui fortifierait l'hypothèse de l'origine ita-
lienne de celui-ci : 23, dejan pour dejam ; 24, anam pour a7ipm ; 20
faute inverse ; 29, trobeiran pour troharan.
3. Il y a au v. 29 un autre ex. de tz réduit à s {es pour etz).
PUBLICATIONS NOUVELLES
BuFFAULT (P.). La ville d'Oloron et sa forêt du Bager depuis le
xie siècle jusqu'à nos jours. Toulouse, Privât, 1907; in-8o de
40 p.
Catalogue du musée de Rodez, par L. Masson, 2e partie, 2e sec-
tion. Numismatique. Rodez, imp. Garrère, [1907]; in-8° de 120 p.
Gauzons (T. de). Les Albigeois et l'Inquisition. Paris, Bloud,
1908; ia-16 de 125 p.
Charles-Roux (J.). Souvenirs du passé. Le costume en Pro-
vence. Paris, Lemerre, 1907; 2 vol. in-4o de 2G1 et 251 p., avec
planches, dessins et illustrations.
Chevalier (U.). Répertoire des sources historiques du moyen
âge. Bio-bibliographie; nouvelle édit., 8e et 9e fasc. Paris, Picard,
1907; gr. in-8o à 2 col., col. 3817 à 4832.
FoROT (V.). Les thermidoriens tullois (1794-1795). Paris, Schemit,
[1907]; in-8o de 100 p.
Grégoire IX. Les registres de Grégoire IX. Recueil des bulles
de ce pape, publiées ou analysées d'après les manuscrits origi-
naux du Vatican, par L. Auvray, T. II. Texte. Années IX à XII
(1235-1239), 10e fasc. Paris, Fontemoing, 1907; gr. in-4o à 2 col.,
col. 1073 à 1292.
Grenier (P.-L.). La cité de Limoges. Son évoque, son chapitre,
son consulat (xiiie-xviiie siècles). Paris, Picard, 1907; 111-8» de
134 p.
Irénée-d'Aulon (Père). Nécrologe des Frères mineurs capucins
de l'ancienne province d'Aquitaine, comprenant la Guyenne, la
Gascogne et le Béarn (1.582-1790). Garcassonne, impr. Bonnafous-
Thomas, 1904; in-8o de 81 p.
Lavillate (H. de). Esquisses de Boussac (Creuse). Paris, Emile-
Paul, 1907; in-8o de 240 p. avec grav.
Nigolaï (A.). Population de la Guienne au xviiie siècle (1700-
1800). Paris, imp. Nationale, 1907; iri-8o de 51 p.
Panissaud (P.). Monographies de Labastide-Saint-Pierre, Cor
barieu et Campsas. Montauban, imp. Forestié , 1907; in-8o de
218 p.
l^e Gérant^
P.-F-D. PlilVAT.
louluuse. Imp. Doulauoure-PRIVat, rue S'-lluino, Si) — 6070
CARTULAIRE
PRIEURÉ DE NOTRE-DAME-DUPONT
EN HAUTE AUVERGNE
PRÉCÉDÉ DE
LA HIOGRAPHIE DE SON FONDATEUR, BERTRAND DE GRIFELILLE
TEXTES INÉDITS DU DOUZIEME SIECLE
INTRODUCTION
I.
LA BIOGRAPHIE.
On sait, d'une manière générale, quelle expansion prit brusque-
ment le inonachisme en France à partir de la seconde moitié du
xie siècle, mais on est loin de connaître tous les détails du mou-
vement qui a dontié naissance à de multiples maisons religieuses,
parmi lesquelles celles de Grandmont, de la Chartreuse, de Fon-
tevraud, de Citeaux, de Tiron, de Clairvaux et du Paraclet sont
les plus célèbres ^ Les noms d'Etienne de Muret, de Bruno de
Cologne, de Robert d'Arbrissel, de Robert de Cîteaux, de Bernard
de Tiron, de Bernard de Clairvaux, de Géraud de Sales et de
quelques autres ont été entourés par l'Eglise de l'auréole des
saints ou, pour le moins, de celle des bienheureux ; quant à Abai-
lard, fondateur du Paraclet, il a, par ailleurs, de quoi se passer
de cette pieuse consécration. Mais combien de vaillants « hom-
1. Qu'il me suffise de renvoyer aux pages écrites à ce sujet par
M. Achille Luchaire, dans V Histoire de France, publiée sous le noui de
M. Ernest Lavisse, t. II, '> partie, p. l'tîO,
ANNALES DU MIDI. — XX 11
162 ANTOINE THOMAS.
mes de Dieu » se sont dévoués à la même tâche sur le sol de
France sans que le succès de leurs efforts, circonscrits dans un
horizon provincial de peu d'étendue, les ait fait sortir de l'obs-
curité si chère ù leur ascétisme !
Obscurité relative, pensera-t-on, car à tout le moins le Gallia
christiana a dû retracer, diocèse par diocèse et abbaye par abbaye,
toute l'œuvre religieuse qui s'est épanouie au xiie siècle ; et là où
le recueil des Bénédictins offre des insuffisances ou des lacunes,
il a dû être complété par les recherches des savants de province
dont la pullulation, au siècle dernier, atteint presque celle des
moines à l'époque que nous avons en vue. Une découverte faite
en 1897 aux archives du Vatican, par M. G. de Manteyer, mem-
bre de l'École française de Rome, et grâce à laquelle l'histoire
religieuse du Massif central de la France se trouve subitement
illuminée d'une clarté dont aucun rayon n'avait encore pénétré ni
dans le Gallia christiana ni dans les ouvrages publiés depuis,
montre combien notre information est précaire et ce qu'on peut
encore attendre des bibliothèques inexplorées. Le cas est si curieux
que je demande la permission de m'étendre sur les circonstances
dont l'enchaînement a reculé jusqu'à l'heure actuelle la publica-
tion d'un texte qui avait été signalé dès 1635 par le père de l'his-
toire de France, André Duchesne^.
Dans le catalogue intitulé : Séries auctorum, omnium qui de
Francorum hisloria et rébus f?'ancicis... scripserunt, prospectus
du recueil monumental des Historiae Francorum Scriptores
qu'avait conçu André Duchesne, on trouve une notice ainsi
conçue :
« Gesta Bertrandi Pictauiensis , primi Domus de Ponte in
Aruernia fundaloris. Ex Cod. MS. V. cl. Alex. Petauij Senatoris
Paris '^. »
Cette notice a été reproduite par le Père Lelong, dans sa Biblio-
thèque historique de la France, sous le n» 12271 *, et depuis lors
personne ne semble y avoir prêté attention.
1. Cf. Antiales du Midi, XVII, 67, une notice intitulée : Une préten-
due histoire de l'abbaye de Beaulieu au xii' siècle.
2. Séries, etc., édit. de 1635, p. 21. La première édition, publiée en
1633, ne contient pas cette notice.
3. Le Père Lelonj,' a omis de mentionner la source de rinformation de
Duchesne.
CARTULAIRE DU PRIEURÉ DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 16'.^.
La collection de manuscrits que possédait Alexandre Petau, et
qui avait été en majeure partie formée par son père, Paul Petau,
fut acquise par la reine de Suède Christine, en 1651, et vendue,
après sa mort, au pape ^Alexandre VIII : elle forme encore aujour-
d'hui le noyau principal de la section dite liegina de la biblio-
thèque du Vatican 1. Montfaucon a [)ublié un catalogue à la fois
alphabétique et méthodique des manuscrits d'Alexandre Petau'*,
rédigé en 1645 : on n'y trouve aucune mention de l'opuscule visé
par André Duchesne. Mais il n'en est pas tout à fait de même si
l'on consulte un catalogue postérieur rédigé peu après l'entrée des
manuscrits de la reine au Vatican (vers 1690), et publié également
par Montfaucon sous le titre suivant : Bibliolheca reginae Sueciae
in Yalicana. Dans ce catalogue, l'article 168 est ainsi conçu :
« Auonymus Historia de Gestis pontificum et Comitum Engo-
lismensiumex Historia Hngonis Engolismensis desumta. Addiiur
rr fine Historia monasterii Belliloci Lemovicensis a Berlrando
Pictaviensi constrnctl 3. »
Or, le premier de ces deux ouvrages est enregistré dans le cata-
logue d'Alexandi'e Petau dans les termes suivants :
« Engolismensium Pontificum et Comitum gesta, 733, 168*. »
On est donc porté à penser que l'opuscule signalé par André
Duchesne est le même (malgré la différence du titre) que celui qui
formait la seconde partie d'un manuscrit des Petau qui aurait
porté successivement les nos 733 et 168. Là est la vérité, comme
on le verra plus loin. Mais suivons d'abord la nouvelle direction
donnée par le catalogue de la reine Christine. Le Père Lelong
enregistre la mention suivante :
« Histoire du monastère de Beaulieu, dans le diocèse de Limo-
ges (uni à la congrégation de Saint-Maur).
« 11687. Historia monasterii Belliloci Lemovicencis; à Ber-
trando, Pictaviensi.
« Cette histoire est conservée dans la bibliothèque du Vatican,
entre les manuscrits de la reine de Suède, n^ 168. »
1. Voir Vlter romanum du D"- Boda Dudik (Vienne, IHTm), t. I. pp. Vi.\
et suiv.
2. Bihl. bihl, manuscri^itorum nova, t. I (Pnris, 1739), pp. tjl-yf..
3. Ibid., p. 17b.
4. Ibid., p. 80b.
164 ANTOINE THOMAS.
Par suite de l'omission du mot conslructi, voilà notre fonda-
teur de monastère transformé en écrivain , et sur la foi du
Père Lelong, Daunou a écrit dans l'Histoire littéraire de la
France, t. XV, p. 618 : « Bertrand de Poitiers est l'auteur d'une
histoire du monastère de Beaulieu, au diocèse de Limoges, his-
toire que l'on conserve dans la bibliothèque du Vatican, parmi les
manuscrits de la reine de Suède, no 168. »
M. Alfred Leroux, archiviste de la Haute-Vienne, à qui l'his-
toire du Limousin a tant d'obligations, était préoccupé depuis
longtemps de ce manuscrit de Bertrand de Poitiers : à sa demande,
M. Léopold Delisle et M. l'abbé Ardant firent dans le fonds
Regina de la Bibliothèque vaticane des recherches qui n'eurent
qu'un résultat négatif, la constatation que le précieux manus-
crit ne se trouvait plus là où il était légitime d'espérer le trouver.
Enfin la lumière s'est faite lorsque M. Georges de Manteyer a
publié dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École
de Rome un article révélateur intitulé : « Les manuscrits de la
reine Christine aux archives du Vatican i. » Dans le manuscrit
actuellement coté : Miscellanea, Arm. XV, t. 143, il a reconnu
le manuscrit 168 du catalogue de Montfaucon ini,itulé : Biblio-
theca reginae Sueciae in Vaticana, et il a constaté que ce manus-
crit portait encore, entre autres cotes ou numéros périmés, le
nô 733 indiqué ci-dessus. L'identification est donc pleinement
assurée. Il ne reste plus qu'à mettre en lumière, après ces prélim-i-
naires bibliograpliiques indispensables, le profit scientifique qui
en résulte pour riiistoiro religieuse de notre pays.
Pour le Limousin, c'est une déconvenue. Bertrand de Poitiers
n'a pas plus écrit l'histoire de l'abbaye de Beaulieu qu'il n'a cons-
truit l'abbaye elle-même. Il n'y a pas d'histoire de l'abbaye de
Beaulieu dans les collections du Vatican et il n'y en a jamais eu.
Le rédacteur du catalogue de la reine Christine s'est laissé abuser
par les premières lignes de l'opuscule qui se trouve en tête de la
seconde partie de notre manuscrit et où il est question de la ville
(et non de l'abbaye) de Beaulieu. Ces premières lignes sont, d'ail-
leurs, tout ce qui en a été imprimé jusqu'ici. Elles ont été repro-
duites par Maximin Deloche dans une note de la page lxxxii de
son Carlulaire de l'abbaye de Beaulieu, mais Beloche n'a pas
pris le temps d'examiner le texte (jui lui était tombé sous les yeux
L Année 1897, pp. 2Hr)-:«:>.
CARTULAIRE DU PRIEURÉ DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 165
et (|ui, en fait, n'avait aucun rapport avec l'histoire de l'abbaye
dont il publiait le cartulaire'. André Duchesne a intitulé notre
opuscule : Gesta Bertrandi Piclavien-iis, primi domus de Ponte
in Arvernia fandatoris. Pour être complet, pour être juste, il
aurait fallu ajouter ces mots : et Willelmi Rolberti successoris
ejus. On trouvera plus loin le texte original latin, publié et annoté,
de cet opuscule biographique; mais certains lecteurs seront peut-
être bien aises d'en avoir en français une idée d'ensemble. J'en
ai rédigé une traduction presque littérale que je me permets de
leur offrir.
« Bertrand, quittant le Poitou et le chfttean de Givray, d'où il
était originaire, s'en alla en Limousin dans la ville de Beaulieu.
Là, pendant quelque temps, il enseigna comme maître la loi de
Dieu aux clercs qui voulaient l'entendre. Puis, considérant que ce
que l'on enseigne par la parole n'a pas autant d'action sur les
esprits que ce que l'on met sous les yeux des spectateurs, il se
résolut à quitter le monde et à instruire par les œuvres. Il s'éloi-
gna donc et se réfugia seul, pour servir Dieu, dans la solitude
d'une vaste forêt nommée Agrifolia; de là lui vint le nom sous
lequel on le désigna par la suite. Les gens du voisinage voyant
sa dévotion, bien qu'il voulût rester solitaire, se réunirent et
bâtirent un oratoire en l'honneur de Dieu et de saint Jean-Bap-
tiste. Partant de là, à la prière de Hugues de Rupe, seigneur de
Malaviela, il bâtit un autre oratoire dans un domaine de ce sei-
gneur appelé Rameria. il i)àtit ensuite, à la prière du vicomte de
Calviniaco, un autre oratoire nommé Ispaniacus, sur les rives
d'un ruisseau appelé Celer, près de l'église de Herencgas.
« L'an de TLicarnation 1151, il bâtit un autre oratoire dans le
lieu appelé Carmelus. A la même époque, noble homme Girbert
de Marcenac, ayant entendu parler de lui, le pria de bâtir dans
ses domaines un oratoire au nom du Seigneur. Accédant à son
désir, l'homme de Dieu bâtit un oratoire en l'honneur de Dieu et
de la bienheureuse Marie, mère de Dieu, et il voulut qu'il s'appe-
lât la Maison du Pont {Domus de Ponte). Plein de joie, Girbert
donna à Dieu et à la bienlieureuse Marie, et à Doni Bertrand et à
ses successeurs, des terres à cultiver pour y trouver leur nourri-
\. Voir Alfred Leroux. Les Sources de l'histoire du Limousin (Limo-
ges, 1895), pp. 63-64. La citation faite par Deloche a du moins le méritn
de nous apprendre qu'André Duchesne avait copié sur notre manuscrit
le te.xte signalé par lui et parfaitement caractérisé dans sa Séries aucto-
rum, etc. Cette copie se trouve à la Bibliothèque nationale, coll. Du-
chesne, t. XXXVIII, f" 91, précédée de cette indication : » Ex cod. nis.
D. PetfaviiJ post Gesta com, Engol. »
166 ANTOINE THOMAS.
ture, le droit de pacage dans tout son domaine pour leur bétail
gros et menu, le ilroit de prendre du bois pour leur usage, le droit
d'acquérir à perpétuité des bomnies de sa juridiction. Après avoir
fondé tant de monastères, Bertrand reçut de l'évêque de Glermont,
Aimeric, la bénédiction solennelle et le titre d'abbé. Mais lui,
connaissant la réputation de l'église de Notre-Dame-de la-Gou-
ronne, se donna à ladite église avec ses possessions, à condition
qu'ils instituassent un autre abbé à sa place, parce qu'il n'ai-
mait que la solitude. Mais eux n'en voulurent rien faire et insis-
tèrent pour qu'il gardât son office à sa volonté, consentant seule-
ment à disposer plus tard de ses possessions.
« Très affligé, Bertrand chercha et trouva un lieu écarté et sau-
vage, d'accès difficile, nommé Estorrotz, situé sur le bord d'un
cours d'eau appelé Elsey, et y fit bâtir un oratoire; c'est là qu'il
se retirait, toutes les fois que les circonstances le permettaient,
pour se livrer loin de ses frères à la vie contemplative. A la fin,
prévoyant que la mort allait lui apportei' la récompense de tant
de travaux, il appela un de ses compagnons, nommé Guillaume
Robert, avec lequel il avait la plus grande familiarité et à qui il
avait confié l'administration de la Maison du Pont, et il lui dit :
« Frère, sache que cette nuit même, qui est celle dans laquelle le
Seigneur a délivré ceux qui étaient dans les ténèbres et l'ombre
de la mort, je sortirai de cette prison corporelle. Après avoir lavé
et revêtu mon corps selon l'usage, selle un àne et transporte har-
diment mon corps pendant la nuit dans la Maison du Pont. J'ai
obtenu du Seigneur la grâce de mourir ici et d'aller attendre là-
bas son avènement. » Et après l'avoir exhorté à l'observance de
la sainte religion et à l'honnêteté de la vie, se recommandant lui et
les siens au Seigneur, il rendit l'esprit au milieu de la prière.
Fidèle aux ordres reçus, le disciple prit le corps saint et, à travers
les dangers de la nuit, grâce à sa protection, il arriva au lieu
désiré. Dès le matin, la nouvelle se répandit de tous côtés. Les
seigneurs des environs, apprenant le décès du saint homme et
son enlèvement, rassemblèrent des troupes et se mirent à sa pour-
suite. Le disciple, plein de prudence, aussitôt qu'il fut arrivé à
destination, fit prévenir Girbert de Marcenac de ce qui s'était
passé- pour qu'il pût, si c'était nécessaire, repousser la force par
la force. L'ayant nppris, ceux qui le poursuivaient s'en retournè-
rent pleins de tristesse. Alors le disciple ensevelit le corps de son
maître dans l'église où il est encore honoré de tous les gens des
enviro n s
« En ce temps-là, c'était Etienne de Mercœur qui gouvernait
l'église de Glermont et qui l'illustrait autant par ki splendeur de
ses mœurs que par la noblesse de sa race. Dom Guillaume Robert
alla auprès de lui et il obtint ses bonnes grâces au point que
bientôt il fut très célèbre dans tout le diocèse. L'évêque désirant
CARTULAIRE DU nilEDRE UE NOTRE-DAME-DU- FONT. 1G7
favoriser la liaison du l'ont, qui se trouve située dans la paroisse
de Leynhac, lui donna à perpétuité l'église de Leynhac et toutes
ses dépendances en ne réservant que le droit épiscopal.
« Bertrand de Rocafort, Itier, Bernard et l'abbé de Brioude,
frères de noble race, prièrent Guillaume Robert de bâtir dans
leurs domaines une maison pour le service de Dieu ; il exauça
leur désir fidèlement, à la grâce de Dieu ; la maison s'appelle
Vallis Clara.
« Il bâtit aussi un autre oratoire dans le donuiine des sei^^neurs
de Castronovo et à leur prière; on l'appelle Bcllllociis.
« Il bâtit aussi un autre oratoire dans le domaine d'un chevalier
nommé Guillaume de Veyrieras; le lieu s'appelle Maralel.
« Bec de Calmon, dont la mère s'appelait Valborg, donna à per-
pétuité à Guillaume Robert et à ses successeurs un domaine qui
est nommé Munmarli, que son père avait acquis pour une somme
considérable, et il l'exempta de toute redevance. Le même Bec
donna aussi à Guillaume Robert et à ses successeurs le droit d'ac-
({uérir de ses hommes et la permission de prendre ce dont ils
auraient besoin dans sa terre inculte, dans les forêts et dans les
herbages.
i< Etienne, dont nous avons parlé, succéda sur le siège de Gler-
mont à Pons, moine de Clairvaux. Guillaume Robert eut ses
bonnes grâces au point que celui-ci lui accorda la faveur de ne
payer aucune dime à aucune personne, soit ecclésiastique, soit
laï(|ue.
« Enfin, après avoir gouverné longtemps les lieux dont il a été
parlé, et s"ètre rendu agréable à Dieu et aux hommes, Guillaume
mourut dans la Maison du Pont à un âge avancé; il fut enterré
près de son maître Dom Bertrand , près du mur extérieur de
l'église. »
L'opuscule que je viens de traduire est anonyme et le nom de
l'auteur qui l'a rédigé restera sans doule à jamais inconnu; mais
il est évident qu'il émane d'un religieux de cette Maison du Pont
où vinrent côte à côte dormir leur dernier sommeil Bertrand
de Grifeuille et son disciple et successeur Guillaume Robert. A
quelle époque faut-il en placer la rédaction? Une seule date y est
expressément donnée, celle de 1151, relative à la construction de
l'oratoire de Carmelus. L'auteur connaît très exactement l'ordre
de succession des évêques de Clermont dans la seconde moitié du
douzième siècle, d'abord Aimeric, puis Etienne de Mercœur, puis
Pons [de Polignac], moine de Clervaux; mais il ne nous apprend
ni la date de la mort de Bertrand de Grifeuille, ni celle de la mort de
son successeur Guillaume Robert. Il sait seulement que Rertran<l
reçut le titre d'abbé de l'évèque Aimeric ot que (iuillaume Robert
168 ANTOINE THOMAS.
fat très en faveur auprès d'Etienne de Mercœur et de Pons de
Polignac. Nous savons par ailleurs que Pons mourut en 1188; la
mort de Guillaume Robert dut survenir vers la même époque.
Notre biographe anonyme n'a dû prendre la plume que dans les
premières années du treizième siècle. Son récit a, dans l'ensem-
ble, une belle allure historique ; mais les éléments nous manquent
pour faire une critique rigoureuse de tous les détails. Sur un
point cependant, il semble que la tradition qu'il suivait soit
sujette à caution. D'après lui, c'est en 1151 que Bertrand de Gri-
feuille bâtit l'oratoire de Carmelus, et la fondation de Notre-
Dame-du-Pont n'eut lieu qu'après; plus tard enfin, « fundatis
toi cenobils », l'èvêque de Clermont Aimeric lui confère solen-
nellement le titre d'abbé. Or, un document authentique, cité par
le Gallia ehristiana S atteste qu'en l'an 1151 le siège épiscopal de
Clermont était occupé par Etienne de Mercœur , successeur
d'Aimeric.
Le contrôle géographique est plus facile que le contrôle histo-
rique, et il ne nous laisse dans l'embarras que sur un ou deux
points que nous indiquerons à leur place.
Parti de Givray, en Poitou, sa patrie, Bertrand se fixe quelque
temps à Beaulieu, en Eiraousin, où il vit dans le monde des
clercs. Ces deux localités sont assez connues pour se passer de
commentaire. De Beaulieu, il se retire dans un lieu isolé nommé
Agrifolia, où l'on bâtit bientôt un oratoire en l'honneur de
saint Jean-Baptiste. Il s'agit de Grifeuille, commune de Mont-
vert, canton de Laroquebrou, arrondissement d'Aurillac, où il y
eut etïectivement jusqu'au xvme siècle un prieuré de Saint-Jean,
dit aussi de Notre-Dame, dépendant de l'abbaye de la Couronne,
au diocèse d'Angoulême, sur lequel on ne savait rien jusqu'ici
antérieurement à l'année 1203 2. J'ignore pourquoi le Diction-
naire topographique du Capital de M. Amé adopte, comme nom
modei'ne, la forme Griffouille ; une lettre de M. Lafon, institu-
teur de Montvert. m'apprend «{u'on prononce Grifieille * et que
1. Tome II, col. 271).
2. Voir le Dict. stat. du Cantal, par Déribipr-du-Chàtelet; le Dict.
topogr. du Cantal, par Emile Amé, et surtout Vllist. de l'abbaye de
Notre-Dame-de-la-Couroniie, par l'abbé J.-P.-G. Blancliet, dans le Bull.
de la Soc. arcti. et liist. de la CluirHnte, t. X (1888), p. ',Wo.
3. Forme francisée du patois actuel Grifièllw, plus anciennement Gri-
fuèltia. On remarquera que le cartulaire de Notre-Dame-du-Pont, publié
CARTULAIRE DU PRIEDRÉ DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 169
ce n'est plus qu'un lieu-dit situé k la lisière des forêts, sur la
route d'Aurillac à Pléaux , où quelques pierres couvertes de
mousse sont les seuls restes du prieuré. Aucune carte, pas même
celle deCassini, ne fait mention de cette localité, dont le nom iloit
rester attaché au fondateur de Notre-Dame-du-Pont^.
Grifeuille est à proximité do la roule de Beaulicu à Aurillac.
Bertrand se trouvait là au diocèse de Clermont, mais à quelques
kilomètres seulement du diocèse de Limoges", qu'il venait de
quitter, et du diocèse de Cahors, où allaient bientôt l'appeler les
instances de ses admirateurs. Rameria, où il bâtit son second
oratoire, est Laramière, commune du canton de Limogne, arron-
dissement de Cahors, à environ 75 kilomètres de Grifeuille. Nous
trouvons etïectivement plus tard mention de Notre-Dame-de-Lara-
mière parmi les possessions de l'abbaye de La Couronne '. Mais
que dire de Hugo de Rupe, qui erat dominus de Malaviela,
dans les possessions duquel se trouvait Laramière? Si l'on
remarque que Laramière, bien que situé au diocèse de Cahors»
était sur les confins da diocèse de Rodez, on sera porté à identi-
fier ce seigneur avec un Hugo délia Rocca qui intervient dans des
donations faites à l'abbaye de Conques relativement à l'église de
Maleville, canton de Montbazens, arrondissement de Villefranche
(Aveyron) *, ou du moins, car les donations faites à Conques
paraissent remonter sensiblement plus haut, à supposer qu'il
pouvait être le fils de ce donateur.
Après la construction de l'oratoire de Laramière se place celle
de l'oratoire « quod vocatur Ispaniacus super ripam tlumiiiis
quod vocatur Celer, prope ecclesiam de Berencgas », construit à
la prière du vicomte de Calvignac. Le Celer est la rivière appelée
encore aujourd'hui le Celé, aflluent du Lot, <iui passe d'Auver-
gne en Quercy, et sur les bords de laquelle se trouve effectivement
phis loin (art. ^8), donne la t'ornie Grcf'olhu. où Va n'est pas dipthonKué
en lié.
1. M. Alexandre Bruel croit que le « prior de Agrifnellni » mentionné
sous le n» 153 par le plus ancien pouillé du diocèse de Saint-Fiour doit
être localisé kGi-ifeuille, coinnuinede Roannes-Saint-Mary (Poiiilb' des-
dioc. de Clermont et de Saint-Flour, p. 2-.iô). Je suis l'opinion courante,
mais je dois avouer que je n'ai pas trouvé de raison décisive en faveur de
l'une ou de l'autre identilicalion.
2. Il va de soi que je fais abstraction de la création postérieure des
diocèses de Tidle et de Saint-Flour (IH17-131H),
3. Blanchet, op. laud., p. 392.
t. Cartiil. de Conques, p. p. A. Desjardins, n"» 53(5, 051. 5i')().
170 ANTOINE THOMAS.
l'église de Brengues, canton de Livernon, arrondissement de
Figeac (Lot). Dans la même région, plus au sud, se trouve Calvi-
gnac, canton de Limogne, arrondissement de Gahors, dont les
seigneurs portèrent de bonne heure le titre de vicomte. Quant à
Ispaniacus, c'est Espagnac, gros hameau de la commune d'Espa-
gnac-Sainte-Eulalie, canton de Livernon, où se juxtaposèrent et
se superposèrent au moyen âge trois fondations pieuses : celle de
Bertrand d'Agri feuille, que nous révèle notre texte, celle d'une
dame Elisabeth, faite en 12 lU (prieuré de femmes), et celle de
l'évêque de Coïmbre, Aimeric Hébrard, qui, en 1293, imposa au
prieuré d'Elisabeth, rebâti par lui dans un lieu moins exposé aux
inondations du Celé, le nom plus éclatant de Val du paradis
d'Espagnac. Aimeric Hébrard, comme Elisabeth, s'entendirent
avec l'abbaye de La Couronne pour leurs fondations, ce qui con-
firme implicitement les données de notre texte : Bertrand d'Agri-
feuille avait bien passé par là, et là comme ailleurs l'abbaye de
La Couronne était son héritière •.
Avec l'oratoire de Cannelus, bâti en 1151, nous revenons dans
le diocèse de Clermont pour ne plus le quitter. Il s'agit tVEscal-
mels, commune de Saint-Saury, canton de Saint-Mamet-la-Salve-
tat, arrondissement d'Aurillac, où se trouve encore aujourd'hui
une chapelle, jadis siège d'un prieuré, dédié à Notre-Dame, à la
nomination de l'abbé de La Couronne. Le Dictionnaire lopogra-
phiqiie du Cantal de M. Amé fait remonter la fondation de ce
prieuré au xi« siècle, mais sans donner de preuve à l'appui de
cette affirmation que contredit catégoriquement notre texte 2.
Bernât prior dois Calmelhs figure une fois dans le cartulaire de
Notre-Dame-du-Pont (art. 6); il est plus que vraisemblable qu'il
faut l'identifier avec le Bernarl, qui revient fréquemment dans le
cartulaire en qualité de prieur de Notre-Dame-du-Pont.
La fondation de beaucoup la plus importante de Bertrand
d'Agrifeuille fut celle de Nolre-Dame-du-Pont. dans les domaines
1. Blanclict, op. Laud., p. '^97; Edmond Albe, Fduillles du Qiiefcy...
Maison d'Hébrard (Cahors, 1905), p. H.
2. Une intéressante mention du prieur d'Escnlmels. qui a échappé à
M. Amé, se trouve dans le compte de Gérard de Parai, bailli d'Auvergne
en 1299 : « De priore de Carmelo, pro eo quia aliqui nionaclii dicti prio-
ratus ceperunt et percusserunt G. Baufet, servientem domini régis,
XX 1. » Le regretté Aug. Chassaing. qui a édité ce texte (Spicilegium Bri-
vatense, p. 2r>l), a identifié à tort le pr/or d(^ Carmelo avec le prieur du
couvent des Carmes d'Aurillac.
CARTULAIRE DU PRIEURÉ DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 171
de Guirbertde Marcenac, paroisse et commune de Leynhac, canton
de Maurs, arrondissement d'Aurillac J'y reviendrai dans l'intro-
duction du cartulaire que nous a conservé le manuscrit du Vati-
can et qui sera publié plus loin intégralement.
Il ne reste plus qu'une étape géographique dans la biographie
de Bertrand de Grifeuille, et malheureusement je ne sais où la
placer. J'ai fait de vains efforts pour locnliser l'oratoire tVEsior-
rols, b;\ti sur le bord du cours d'eau appelé Elsey, où le saint
homme aimait à se retirer et où il mourut. L'abljé Blanchet, histo-
rien de La Couronne, signale parmi les possessions de l'abbaye
« la capellanie sans bénéfice à'Entrerolz » et, d'autre part,
«^ Notre-Dame à\\.nterch », qui sont évidemment identiques à ce
mystérieux oratoire, mais il en ignore l'emplacement ^
Dans la biographie de Guillaume-Robert, successeur de Ber-
trand de Grifeuille, il est question de trois fondations d'oratoires
faites par lui, et d'une importante donation dont il bénéficia.
Le premier oratoire fondé par lui, à la demande de la famille
de Rocaforl, est appelé Yallis Clara. C'est Vaxiclaire^, commune
de Molompize, canton de Massiac, arrondissement de Saint-Flour,
où il y a eu effectivement un prieuré de Notre-Dame, dépendant
de l'abbaye de La Couronne. M. l'abbé Blanchet ne sait rien de
son origine et se borne à mentionner indirectement des docu-
ments du xve siècle à son sujet ; le Dictionnaire topographique
du Cantal est mieux renseigné, puisqu'il cite un acte de 1370 où
figure \e prioratus Yallis Clare, ordinis beati Marie de Corona.
Rien ne permet de combler la lacune de deux siècles environ
qui existe entre cet acte et le témoignage de notre biographe
anonyme.
Pour les deux autres oratoires, Bellilocus et Miiratel, je n'ai
rien de positif à proposer comme identification, et je juge inutile
de faire des conjectures gratuites.
Enfin, le domaine de Mun Marti, dont Guillaume Robert reçut
la donation de Bec ou Begon de Calmont et de sa mère Valborg,
est probablement Monl-Marty, commune de Saint-Etienne-de-
Maurs, dont il est question dans le cartulaire de Notrc-Dame-
du-Pont, art. 41 et 42.
1. Op. laud., p. ;J88.
iJ. Ecrit abusivement Vauclair dans l'usage actuel. L'abus est le ni.Mm
dans CLairvaux, d'ailleurs, et plus difficile à réformer.
172 ANTOINE THOMAS.
II.
LE GARTULAIRE.
Le cartulaire de Notre-Dame-du-Pont est transcrit dans le ma-
nuscrit du Vatican, sans aucune solution de continuité, à la suite
de la biograpliie que nous venons d'étudier; mais les deux docu-
ments sont absolument indépendants l'un de l'autre, et le biogra-
phe anonyme ne paraît pas avoir eu connaissance du cartulaire.
On a tellement publié, étudié et commenté de cartulaires religieux
qu'il serait tout à fait oiseux de se livrer ici à des considérations
générales sur cette matière. Je m'en tairai donc. J'estime que ma
tâche essentielle consiste à publier exactement le cartulaire de
Notre-Dame-du-Pont d'après le seul manuscrit qui nous l'ait con-
servé, en y joignant les identifications des lieux et des personnes
qu'il m'a été possible de faire, et je laisse aux érudits de la Haute
Auvergne le soin de tirer de ce document tout le profit que peut
en attendre l'histoire religieuse, féodale et sociale de la région
qu'il concerne. Voici seulement quelques remarques prélimi-
naires.
Le scribe a transcrit les actes à la suite les uns des autres, sans
alinéa, se contentant de mettre par-ci par-là quelques ||, qui ne
sont pas toujours rigoureusement et méthodiquement distribués.
J'ai établi de mon propre chef une numérotation destinée à faci-
liter l'usage du cartulaire et à préciser les références que les his-
toriens pourront avoir à y faire. Ma division en numéros n'est pas
parfaite, car il est parfois assez difficile de distinguer les actes
des sections d'un même acte ; on voudra bien excuser les quelques
inconséquences qu'on y pourra remarquer.
Le cartulaire concerne exclusivement Notre-Dame-du-Pont, la
Mayso (ou Mayo) dal Pont, comme il est dit à chaque article; il
laisse de côté les autres fondations de Bernard de Grifeuille et de
Guillaume Robert. Si le prieur d'Escalmels y figure, une seule
fois (nu 6), ce n'est pas à raison de sa qualité de prieur, mais
comme ayant reçu, concurremment avec le prieur du Pont, une
donation faite à la Maison du Pont. Aucune date chronologique
ne s'y trouve formellement exi^rimée; notons cependant que
l'acte 20 est précédé de cette mention : régnante Lodovico rege
Frnncorum, qui cum exerciLu Jhen/salem peciit ; d'où nous
pouvons conclure que cet acte est de peu postérieur à l'année
CARTULAIRE DU PRIEURE DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 173
1147. Le fondateur du Pont, Bertrand de Grifeuille. ne Jit^nire que
dans deux donations, où son nom n'est suivi d'aucun titre : c'est
donc à la loiocrniphie seule que nous devons de savoir qu'il avait
reçu le titre d'ablié, titre personnel, à ce «[u'il semble, car la maison
du Pont n'est jamais désignée comme étant une abbaye. Ce titre
passa-t-il à son successeur (iuillanme Robert? La l)ioora])liie n'en
parle pas. Parmi les actes, plus nombreux, où ce dernier inter-
vient, il en est un qui le qualifie de senher dnl Pon (n» 18), ce qui
porterait à croire qu'il était revêtu d'une dignité personnelle assez
analogue au titre d'abbé. Mais les autres actes ou ne le qualifient
pas (nos 4^ 19^ 24, 33, 39), ou le qualifient simplement de prior
dal Ponl (n" 22). Deux autres prieurs de la maison figurent dans
le cartulaire : Thomas (no* 6 et 21) et R. Bernard (passim). La
donation qui porte le n» 21 établit que Thomas est antérieur à
R. Bernard et la donation 6 que R. Bernard avait été jirieur d'Es-
calmels avant d'être prieur du Pont. Il est donc probable que
Thomas succéda immédiatement à Guillaume Robert.
Les religieux qui vivaient dans la Maison du Pont sont ordinai-
rement appelés frères {frayres); mais Bertrand de Grifeuille ayant
affilié toutes ses fondations à l'abbaye de La Couronne, de l'ordre
de saint Augustin, c'était, à proprement parler, des chanoines; ce
titre plus précis ne se trouve qu'une fois dans le cartulaire : un
des religieux, B. Gautier, est appelé prestre e canonjes dans
l'acte 14, ce qui correspond à la qualification de frayre e prestre
que lui donne l'acte 12.
Les chanoines devaient y être assez nombreux à la tin du xn« siè-
cle, car l'acte 26 nous montre qu'il y avait plusieurs offices claus-
traux dans le prieuré et comme une manière de petit cliapitre;
au-dessous du prieur, nous voyons mentionnés le cellerier, l'hù-
telier et l'écrivain.
Les donations faites au prieuré s'appliquent toutes à des biens
fonds ou à des rentes du voisinage. Sa situation sur les confins
de plusieurs diocèses explique la variété des espèces monétaires
qui y étaient concurremment en usage : celles de Cahors {Caor-
cencs), celles de Rodez { Rodanés), ceWea du Puy (Poirs). L'ho-
rizon de notre cartulaire est singulièrement borné : il ne s'élargit
que cinq fois, pour nous laisser entrevoir Rome, où les seigntuirs
de Leynhac vont en pèlerinage (42), et Jérusalem, où le roi Louis
conduit l'armée des croisés (20), et où des femmes (art. IS) et des
chevaliers (art. 22 et 34) vont en pèlerinage.
174 ANTOINE THOMAS.
Le cai'tulaire de Notre-Dame-du-Pont offre un intérêt particu-
lier au point de vue linguistique, car tous les actes, sauf un
(art. 20, rédigé du vivant de Bertrand de Grifeuille), sont rédigés
non en latin, mais en langue vulgaire. On sait combien sont rares
les textes de ce genre dans la région de la Haute Auvergne avant
le xive siècle. On ne possède que quelques lignes remontant au
xiie siècle ^ La publication de notre cartulaire comble donc une
véritable lacune linguistique, puisque tous les actes en sont vrai-
semblablement antérieurs au xiiie siècle. Il est probable que le
compilateur du cartulaire (qu'on peut supposer avoir vécu dans
la première moitié du xiiie siècle, plutôt qu'au xiie) et le copiste
du manuscrit du Vatican (lequel n'est certainement pas antérieur
au xive siècle) ont parfois rajeuni l'orthographe. C'est ainsi que
l'emploi fréquent des groupes Ih et nh, pour noter les sons respec-
tifs de VI et de Yn mouillées/réveille un soupçon de rajeunissement,
car il est rare dans les pays de langue d'oc avant le xiiie siècle 2.
J'en dirai autant de la profusion de Vy dans les diphtongues ay,
ey, et ailleurs. Mais le fond de la langue n'a pas été touché. Il
n'offre d'ailleurs rien que de conforme à ce qu'on pouvait induire
des textes postérieurs et du patois contemporain. On trouvera plus
loin un glossaire alphabétique de quelques mots rares ou non
attestés jusqu'ici qui figurent dans notre document, avec la tra-
duction ou le commentaire linguistique qu'ils nous ont paru com-
porter.
Antoine Thomas.
1. Voir R. Grand, Les plus ancie?is textes rùniatis dans la Haute-
Auvergne. Paris, Picard, 1901 (extrait de la Revue de la Haute-Auver-
gne). L'auteur de ce recueil n'a pas songé à y faire entrer les actes 525 et
533 du cartulaire de Conques, relatifs à Molompize et à Saint-Maraet.
2. La notation nh apparaît cependant déjà dans une charte de la région
de Toulouse, datée de 116(J, qui ligure dans le Recueil de textes de
M. P.JVIeyer sous le n» 47.
CARTULAIRE DU PRIEURE DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 175
TEXTES
I.
BIOGRAPHIE DE BERTRAND DE GRIFEUILLE. FONDATEUR DR 1,A
MAISON DU PONT 2, ET DE GUILLAUME ROBERT. SON DISCIPLE
ET SUCCESSEUR.
1. [Fol. 21 r°] Noverint universi quod domnus Bertrand us,
egressus de Pictavia\ castro videlicet de Sievray*, imde
oriundus erat, veait in pago Leraovicino^, in villa que voca-
tur Bellilocus'% ibique aliquandiii legem Dei clericis audire
volentibus quasi magister edocuit. Considerans itaqiie ea que
irritant animos deraissa per aurem, quoniam^que sunt omnia
subjecta fidelibus et que ipse sibi elegit spectator, quia mun-
dum relinquere volebat, pari deberedocuerat, operibus docere
sategit*. Elonguare ergo comrauni conversatione hominum
1. D'après un ms. du xiv" siècle, coté Miscell., Arm. XV, 1-13, aux
archives du Vatican, copié par un copiste professionnel, dont le travail a
été obligeamment collationné par mon jeune confrère, M. Martin-Cliabot,
alors membre de l'École de Rome, aujourd'hui archiviste aux Archives
Nationales. .Je prie M. Martin-Chabot d'agréer l'expression publique de
mes remerciements par son obligeance toute désintéressée.
2. Le Pont, hameau de la commune de Leynhac, canton de Maurs,
arrondissement d'Aurillac, Cantal.
3. Le Poitou, pays correspondant à l'ancienne cioitas Pictavoruni,
capitale Poitiers, Vienne.
4. Civray, chef-lieu d'arrondissement, Vienne.
5. he Lùnousin, pays correspondant à l'ancienne civitas Lemovicum,
capitale Limoges, Haute-Vienne.
6. Beaulieu, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Brive, Corréze.
7. Ms. : qm.
H. Cette phrase est grammaticalement inintelligible ; je ne devine pas les
corrections qu'elle comporte et je me borne à rejjroduire la leçon du
manuscrit.
176 ANTOINE THOMAS.
cupiens, fugit' ad serviendum^ Domino soliis in quadam
vasta solitudine nemoris quod vocatur Agrifolia^ iinde
deinceps agnominatus est''.
2. Videntes autem quidam de circumstantibus devotionem
illius, acceusi calore fidei, licet ipse solitarius vellet manere,
tamen ilico juncli ediflcaverunt oratorium ad honorera Dei et
beati Johannis Baptiste.
3. Inde progrediens, ad preces Ugonis de Rupe, qui erat
dominus de Malaviela^, edificavit in possessione illius aliud
oratorium in loco qui vocatur Rameria*.
4. Edificavit preterea, ad preces vicecomitis de Calviniaco ^
aliud oratorium quod vocatur Ispaniacus*, super ripamflurai-
nis quod vocatur Celer^ prope ecclesiam de Berencgas^".
5. Anno autem Incarnationis Dominice M. C. primo, edifi-
cavit aliud oratorium in loco qui dicitur Carmelus'*.
6. Per idem tempus, nobilis vir Girbertus de Marcenac^^,
1. Ms. : fugere. La correction en fugit a été adoptée par Duchesne
(Bibl. nat., coll. Duchesne, 38, fol. 91).
2. Ms. : cerviendum.
3. Grifeuille, lieu-dit de la commune de ÎNIontvert, canton de Laro-
quebrou, arrondissement d'Aurillac, Cantal, où se voient encore quelques
ruines d'un ancien prieuré.
4. Bertrand est effectivement surnommé de Agrifolio et, en langue
vulgaire, de Grefolha dans le cartulaire du Pont publié plus loin, art. ^0
et 38.
5. Ms. : malamela. — Cf. un Htiyo de Roca, de La Roca, etc., qui
fait des donations à l'abbaye de Conques relativement à l'église de « Mala
Villa » {Maleville, canton de Montbazens, arrondissement de Villefran-
che, Aveyron), dans le Cartul. de Conques, n°» 444, 536, 551, 560).
6. Laramière, canton de Limogne, arrondissement de Cahors, Lot,
sur l.es confins de l'Aveyroii.
7. Calvignac, canton de Limogne, arrondissement de Caliors, Lot.
8. Espagnac, commune d'Espagnac-Sainte-Eulalie, canton de Livernon,
arrondissement de Figeac, Lot.
9. Le Celé, affluent du Lot.
10. Brengues, canton de Livernon, arrondissement de Figeac, Lot.
11. Kscnbnels, commune do Saint-Saury, canton de Saint-Mamet-La-
Salvetat, arrondissement d'Aurillac, Cantal.
12. Un Guirhert de Marcenac, lilsd'Austorc, figure dans deux actes du
cartulaire du Pont (n»' 9 et 24), mais il est postérieur à l'époque de Ber-
trand de Grifeuille; un homonyme, dont le père s'appelle aussi Austor-
yius, ligure dans la donation à Conques de l'église de Saint-Mamet (Can-
CARTULAIRE DU PRIEURE DK NOTRE-DAME-DU-PONT. 177
audiens famam illius, rogavit eum ut ia possessinae illiiis
edificaret domum noinioi Domini altissimi. [fol. 21 r"] Cngnita
itaque vir Dei vokmtate ejus, edificavit oratoriiim iu honore
Dei et béate Marie, matris Domini, etvoluitut vocaretur locus
illeDomusdePoute. Repletus igitiir gaiidiopredictusGirbertus
dédit Deo et béate Marie et doinuo Bertrando et successoribns
ejus terrain ad excoliendum unde haberent victui necessaria.
Preterea dédit eis in tota terra sua'pascuaad alenda pecora et
jumenta. Dédit etiam eis nemoribus quicquid opus haberent
ad onine opus. Et insuper dédit eis quidquid adquirere pos-
sent de suis hominibus, ut esset sui juris in perpetuum.
7. Fundatis igitur tôt cenobiis, a domino Aymerico, Claro-
montensi' episcopo-, promotus est benedictione solemni [in]
abbatem. Audiens autem percelebre nomen ecclesie béate
Marie de Corona^, quod velut nardus odore suavitatis orbem
resperserat, se et sua predicte ecclesie contulit, tali coniii-
tione ut ipsi in predictis locis locoipsius abbatem preficerent,
quia ipse solitudinem hominum afïectabat. Quod ipsi facere
noluerunt, dicentes hoc contra suum esse propositum, sed
ipse, quamdiu viveret*, suo fungeretur officio, et postea illi
secundum propositum providerent.
8. Quod ille audiens vehementer indoluit, et sollicite per-
quirens locum proposito suo satis congruum, nomine et
tal) vers 1U25 (Cartul. de Conques, n° XI), mais il est beaucoup trop
ancien. Le promoteur de la fondation du Pont appartient à une généra-
tion intermédiaire de la même famille. Cette famille tire son nom soit
d'un des quatre Marcenac ou Marcenat actuellement subsistants dans
le Cantal, soit plutôt d'un hameau voisin du Pont et qui paraît avoir
disparu; cf. les art. 5, 7, S) et 38 du cartulaire du l'onl.
1. Ms. : claromuntenci.
:i. Aimeric, d'abord abbé de La Chaise-Dieu, évètiuc de ClcTiMorit
de un à 1151 au plus tard.
3. La Couronne, premier canton d'Angoulème. Charente. L'.abhaye de
La Couronne, de l'ordre de saint Augustin, fut fondée en 1118 par le
prêtre Lambert, depuis évèque d'Angoulème (ll;Jt)-]149). 'S\. l'abbé Hlan-
chet lui a consacré un gros volume (Ili.st. de l'abbaye royale de Xotre-
Dame de La Couronne, Angoulème, 1888-9. 2 vol. in-8"); il n'a pas connu
notre texte et il ignore par conséquent l'origine des possessions de La
Couronne en Auvergne et en Querci.
4. Ms. : vellot.
ANNALES DU MIDI. — XX 12
178 ANTOINE THOMAS.
aspeciu valde [hjorribilem [locum] invenit. Vocatur autem
locus ille Estorrotz^ accessu hitic iûde diClicilis, super ripam
fliirainis qui (52c) dicitur Elsey''^, modicam habens planicieni,
ibique ediflcalo oralorio oportuais temporibus a cetu fratrum
se subtrafh eus ia suporni^ laspectoris oculis mo- [fol. 22 r"]
rabatur secuin.
9. Ad ultinium, pro tantis laboribus preuiium recepturus,
divinitus suum previdens obilurn, vocavit unumejus [sociumj,
qui vocabatur Willelnius Rolberti ' et ei fainiliarior erat, cui
eliam curam Domus de Ponte commiserat, et dixit ei :
« Frater, noveris me ea nocle, qua Domiuus eduxit vinctos
« de tenebris et umbra noctis, egressuruui de hujus corporis
« ergastulo. Tu igitur corpus ablutum ex more iudne statimque
« in ipsa nocte, strato asino, uihil veritus. ad Domum de Ponte
« illud transfer : sip enim oblinui a Domino ut, hic resolutus,
« ibi prestoler"^ adventum ipsius. » Admouens itaque eum de
observantia sancte religionis viteque houestate, se suosqiie
commendans Domino, inter verba orationis misit spiritum".
10. Igitur apprehensa diacipulus, ut jussus fuerat, sancti
corporis gleba, iter arripiens, multa incommoda occasione
" noctis perpessus est, sicnt ille vir Dei predixerat, sed tamen
omnia meritis illius evadens, prospère ad locum pervenit
obtatum". Mane igitur facto, rumor facti circumquaque inso-
nuit. Audienles itaque domini terre illius tauti viri decessum
et abcessum, congregata multitudine virorum, insecuti sunt,
Discipulus autem ille, ut vir prudens, hoc previdens, quam
cito devenit ad metam, rei eventum mandavit Girberto de Mar-
1. localité non identifiée.
2. Cours d'eau non identifié : la forme i?/se// paraît être celle du génitif,
bien que la syntaxe appelle un nominatif.
8. Ms. : supernis.
4. Fréquemment mentionné dans le cartulaire du Pont, art. 4, 18, l'.t,
22, 24, 33, 39.
5. Ms. : prestoletur.
6. Il semble, d'après ce récit, que la mort de Bertrnud de Grifeuilie
soit survene dans la nuit du vendredi au samedi saint.
7. Par suite, nous pouvons nous faire une idée de la distance qui sépa-
rait la Maison du -Pont du lieu inconnu, Kstorrotz, où mourut Bertrand
de Grifeuille.
CARTULAIRE DU PRIEURÉ DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 179
ceuaciit, si necesse eral, vim vi repelleret. Quo cognito, inse-
quentes tristes redieruut ad sua^ Discipuhis vero magislri
corpus in ecclesia condivit, iibi iisque nimc a circumslaiitibus
honoratur-.
11. Regebat histeinporibusPcclesiarnClaromonteusem dorii-
nus Stephanus \p 22 v] de Mercor^, eamque sicul* nobili-
tategeneris, sic moruinspleudoribusillustrabat. Ciijus presea-
tiam domnus Willelmus Robberti adieas, tantam Camiliarita-
tem ciim eo adeptus est ut ia brevi par totani diocesim
clarissimus haberetur. Hujus igitur gratia dictus episcopus
Domui de Ponte providere voleus, quia prefata Douius sedet
in parrochia ecclesie de Laihac^, dédit predictam ecclesiam
cum omnibus pertinenciis suis Domui superius nominate,
salvo jure episcopaii, perpetuo possidendam.
12. Preterea Bertrandus de Rocafort^ et Iterius et Bernar-
dus et abbas Brivatensis^ fratres, nobiles viri, rogaverunt
predictum Willelmum Robberti ut in possessione eorum edi-
ficaret doraura ad serviendum Domino, quod Deo douante
fideliter adimplevit : vocatur ille iocus Vallis Clara^
1. Cette prise d'armes des seigneurs des environs à'Estorrotz avait pour
but la conservation du corps de l'iioinme de Dieu, transporté subreptice-
ment à la Maison du Pont; on sait de quel fanatisme étaient l'objet les
reliques de ceux qu'on considérait comme des saints.
'2. Cette formule semble indiquer qu'un assez grand nombre d'années
s'est écoulé entre la mort de Bertrand de (irlfeuille et le moment où
a été rédigée sa biographie.
3. Etienne de Mercœur, évèque de Clerinont de ll')l, au plus tanl, au
•^U janvier IKiO (anc. style).
4. Ms. : cicut.
5. Leynhac, canton do Maurs, arrondissement d'.\urillac, Cautal,
l'église était dédiée à Notre-Dame et resta depuis lors dans la dépendance
du cliapitre de Notre-Dame-du-Pont.
0. Probablement Roche fort, commune de Saint-Poney, canton de Mas-
siac, arrondissement de Saint-Flour, Cantal.
7. Brioude, chef-lieu d'arrondissement, Flaute-Loire. Cet abbé, de la
famille de Rociiefort, est peut-être l'abbé J5., dont le Gallia christiana
ne connaît que deux mentions, en 1101 et 1U)2 (t. II, col. -17).
8. Vaiiclairc (écrit barbarement Vauclair), commune de Moloinpize
canton de Massiac, arrondissement de Saint-Flour, Cantal, f.e prieuré de
Notre-Dame-de-Vauclaire est mentionné dans des documents postérieurs
comme une dépendance de l'abbaye di' La Couronne.
180 ANTOINE THOMAS.
13. Aliud eliam oratorium edificavit in possessione domi-
norum de Castro Novo\ ad preces eorumdem, quod vocatur
Bellilocus^.
14. Edificavit et aliud oratorium in possessione cujusdam
railitis qui vocabatur Willelmus de Veyreyras^; et locus voca-
tur Muratet*.
15. Bego etiam de Calmon^, cujus mater est vocata est
Valborges^, dédit ac^ perpetuo paciflce possidendum concessit
predicto Willelmo Robberti et successoribus ejus quandam
possessionem que vocatur Mun Marti ^, quam possessionem
pater ejus raulta summa pecunie adquisierat et ab omni
exactione penitus liberam lecerat et immunem. Dédit etiam
idem Bego predicto Willelmo Robberti et successoribus ejus
ut quidquid adquirere possent de suis hominibus esset sui
juris in perpetuum; et iusuper dédit eis in tota terra sua
inculta quidquid opus haberent in nemoribus et in berbis.
16 Predicto Stepbano successit in regimine Claromontensis
ecclesie domnus Poncius, Clare- [fol. 23 r»] vallensis raona-
chus% apud quem domnus Willelmus Robberti tantam inve-
1. L'identification de cette famille est subordonnée à celle de l'oratoire
de Bellilocus.
2. Localité que je ne puis identifier avec certitude. Il y avait un prieuré
à Beaulieu-haut, commune de Ruines, arrondissement de Saint-Flour,
mais il était de l'ordre des Carmes.
3. Famille difficile à identifier tant que la situation exacte de Muratet
ne sera pas élucidée.
4. Peut-être Muratet, commune de Vitrac, canton de Saint-Mamet-La,-
Salvetat, arrondissement d'Aurillac, Cantal.
5. Calmont-d'Olt, commune d'Espalion, Aveyron. lia famille de Cal-
mont a joué un rôle important dans le Rouergue; voir sa généalogie dans
Hipp. de Barrau, Doc. hist. et génëal. sur les familles... du Mouer-
gue, I (1853), 579-5'J3. Le personnage ici mentionné est Begon 111, encore
vivant en 1214.
G. C'est l'ancien nom germanique Waldeburyis.ll. de Barrau (ojj. laud.,
p. 581, n. 1), mentionne cette dame sous les noms altérés de Balbtirye et
Salburge.
7. Ms. : hac.
8. Probablement Mont-Marty, commune de Saint-Etienne-de-Maurs;
cf. le cartulaire du Pont, art. 41 et 42.
9. Pons, moine, puis abbé de Clairvaux, évèque de Clermont de 1170
à 1187.
CARTULAIRE OTJ PRIEURE DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 181
nit gratiam quod eum hac liberalitate donavit ut aulli eccle-
siastice seii laicali persoue in tota diocesi sua de nutrimentis
vel laboribus suis décimas persolvere teneretiir.
17. Denique, cum predictus Willelmus jam dicta loca diu
rexisset et acceptas esset tam Deo quam hominibus, in bona
senectute obiit apud Donmm de Ponte, et sepultus est prope
magistrura suum dpmnum Bertrandura juxta parietera eccle-
sie forinsecus'.
II.
CARTULAIRE DU PRIEURE DE NOTRE-DAME-DU-PONT 2,
1. [Fol. 23 r°] Guilhelmus de Mala Planha donet se meiz a
Deo e a la Maj'so dal Pont, e ab se donet a la Mayzo la fasenda
dal Maset*, que era delieura de tota sessura.
2. Peyre de La Garriga*, lo payre d'en B. e d'en Guio,
donet ab se meys a Deo e a la Mayso dal Pon La Lodeira^ tota
per entier, e donet u camp'^ de terra quels té ab lo Maset, e
comandet sos filhs que totz temps fesesso anoal a la Mayso
dal Pont per luy e per tôt son linatge; e se li filhs non fasiant
l'anoal, la Maysos agués .i. sestier de segle el quart de la Mar-
tinia" ; e part aysso donet per totz temps lo deyme e la Mar-
liuia.
3. Guirbertz de Vigoro donet a Deo e la Mayso dal Pon ab
se meys la fasenda dal Vigoro* quels té ab los Pausils, e es
quitia de tota cesura.
1. Ms. : forinsetus.
2. Outre la ponctuation logique et l'usage de l'apostrophe, j'ai introduit
dans le texte des accents (aigus ou graves, selon qu'il s'agissait d'une
voyelle fennée ou ouverte) pour distinguer les désinences toniques -e et
-es des mêmes désinences atones.
3. Le Mazet, commune de Leynhac.
4. La Garrigue, domaine ruiné, commune de Leynhac.
5. La Loudiére, commune de Saint-Étionne-de-Maurs: un domaine du
même nom, aujourd'hui ruiné, se trouvait aussi dans la commune de
Marcolès, au nord de Leynhac.
6. Ms. : donet ij. camps.
7. La Martinie, commune de Maurs.
8. Il est manifeste que ce Vigoro était dans le voisinage du Pont et ne
182 ANTOINE THOMAS.
4. CoDeguda causa sia qu'en B. Paretz se donet, a la fi, a la
Mayso dal Pon, e donet a Deo e a la Mayso, per se e per son
payre e per sos frayres que ero trespassatz, la fasenda de
Genellach' tola per entier, aytal teguda quai sos payre i
ténia-. D'ayso so testimoni Guilhems Robbertz, que receps lo
do, B. de La Garriga e G., sos frayre, en [fol. 23 v^J cui raayso
fo fach.
5. Coneguda causa sia que li ome^ de Fellinas*, Bos e Mau-
rizis, sos frayre, e P., lor cosis, demandavo el mas de Marce-
nach^ una pessa de terra e u sestier*' de seguel de brasatgue^
e alberc meyssonenc; e demandavo a La Molinairia** très emi-
nas el quart e totz los camps e alberc. E sia saubuda causa
que Bos se donet a la Mayso dal Pon per frayre. e donet a Deo
e a la Mayso la soa part, e ayso era la quarta part. Ayso, e
totas las querelas que far sabia en totas las tegudas que la
Mayos ténia, sols e donet a Dieu e a la Mayo del Pon, a bona
fé e ses engan, ë juret sobrels sanhs avangelis que ja may noy
quesis ré el ni hom per lui; e se la pariz de negun de sos par-
ceriers tornava a lui, per eys sagrament l'autreiet a la Mayso.
— Per atrestals covens autreiet tôt aysso sos flllis et juret
sobrels'' avangelis que enayssi o tegués a bona fé. Seguentre
ayso, P., sos cosis, quey demandava la meytat, fetz acordier
ab la Mayo dal Pon d'ayso e de tôt quant querre ni deraandar
podia en totas las fasendas que la Maysos ténia, e juret ho
sobre l'altar e sobrels avangelis que ja may ré noy quesis niey
peut être identilié avec Vigouroiix, commune de Saint-Martin-sous-Vigou-
roux, canton de Pierrel'oi't, arrondissement de Saint-Flour, où il y avait
un célèbre château.
1. Qinalhac, commune de Saint-Étienne-de-Maurs.
2. Ms. : sos payre uenia.
3. Ms. : que home.
4. Probablement Félines, commune de Prudhomat, canton de Bréte-
noux, arr. de Figeac (Lot).
5. Lieu disparu. D'après la biographie, l'oratoire même de Notre-Dame-
du-Pont avait été bâti sur les domaines de (jlirbert de Marcenac.
6. Ms. : e ustier.
7. Ms. : brasacgue.
8. Msj : molmama — La Moncyrie (dans Cassini La Molnayvie).
commune de Jjcynhac.
'.). Ms. : sobreis.
CARTULAIRE OU PRIEURK DK NOTRE-DAME-DU-PONT. 183
demandés el ni hoin per lui; elli frayre receubro lo el beai-
fach espirital e tornero Ihi de caritat .l. sol. de Caorcencs*.
Ayso fo fach e la glieya del Pon e la ma R. Bernât, lo prinr:
e sunt testimonii G. de-Sanh Sauri^, Berlrans La Crolz,
B. Guirbertz de Laiach^ [fol. 24 r»] preveire, e Joans de
Fratger*, Joans Trobatz, P. d'Antraygas ■, B. de Catmau%
P. de Rosol, e molt" d'autres.
6. Coneguda causa sia a totz homes, als presens e als ende-
venidors, que Maurisis de Fellinas donet se meys a Dieu e a
Sca Maria e a la Mayo del Pon per frayre, e donet ab se la
soa part de totas las fasendas que sos frayre ni sos cosis i
avio a part parlida. Ayso fetz a la glieya dal Pon e las mas
d'en R. Bernât (sic), prior dels Calmelhs^'', e d'en Thomas, lo
prior dal Pont; e de pari juret sobre sanhs que ja may ré noy
quesis el ni hom per lui; elh frayre receubro lo espiritalment
e corporalraent el benifach" de la Mayo. e de part dero Ihi
.XX. sol. de Caorencs^". Ayso vi e ausi Willemsen P. de Sanh
Mamet", e Bos de Fellinas, sos frayre, B. de La Crotz,
B. Guirbertz, P. d'Antraigas, Joans de Fratguier^"^, en P. de
Rosols.
7. Conoguda causa sia qu'en P. de La Roca'^, que fo filhs
d'en Guirbertz. donet ab se meys a Dieu e a la Mayso dal
L Ms. : caorcence.
2. Saint-Saur y, commune de Saiiit-M;imct-la-SalvoUit.
3. Leynhac, commune de Maurs.
4. Fraquier, commune de Leynhac.
5. Soit Antraigues, hameau avec manoir, commune de Boissot, soil
Antraygues, village, commune de Saint-Constant.
6. Le Cap-Mau, commune de Boisset.
7. Ms. : mois.
8. Escalmels, commune de Saint-Saury. fondation do Bertrand de(jri-
feuille.
9. Ms. : el henifach.
m. Ms. : caorcence.
11. Ms. : sanhmaniet. — Saint-Mamrt, commune de Saint-^Mamot-f.n-
•Salvetat.
12. Ms. : de falginer.
l'î. 11 y a plusieurs La Roque dans lo voisinage de Notre-Dame-du-
Pont, et nous n'avons pas lo moyen de faire une identilication certaine.
184 ANTOINE THOMAS.
Pont las très partz del mas de La Rrigaldia^, queis té ab Mar-
cenach, e las très partz de l'apendaria que a nom Rocacegada,
e la ribieyra que es sotz Ferrieyras. — De rescaps, sia sau-
buda causa qu'en P. La Roca, l'oncle- d'aquest, donet ab se
meys a Dieu e a la Mayso dal Pont la quarta part del mas da
La Rrigaldia, el bosc de Costa Rossa', e una pessa de terra al
pè del poh del[s] Paûzils.
8. Conoguda causa sia a totz [foL 24 v"] homes, als presens
e als endevenidors, qu'ens Marsas donet si meys a Dieu e a la
Mayso dal Pont, e donet Ihi La Molinayria, el camp de Cas-
sannias, e tota la terra qu'e La Molenayria s'aperté. Autorici
Harnal de Melet\ en P. Forestiers, en Durans La Tron-
queyra^ en G. La Garriga, que mostret las bolas del camp. —
Seguentre^ ayso, sia saubuda causa que Daurdè Mantellis (sic)
fasia demanda en aquesta fazenda, e Ihi frayre de la Mayso
vengro ne [a] acordier ab lui, e sols a la Mayso tôt quant
querre ni demandar y podia, e juret sobre sanhs que ja may
ren noy queris niey demandés el ni hom per lui ; e Ihi frayre
donero Ihi de caritat. .l. soi. de Caorcencs". Ayso fo fach e la
ma R. Bernart lo prior. D'ayso so testimoni B. de La Crotz,
frayre prestre, en Harnais de Melet, en B. La Garriga, en
Gui, SOS frayre, en P. La Garriga en Steve, sos frayre, en
Joans de Fratguier", en l^. Brociers.
9. Conoguda causa sia que Haslorchs de Marcenach donet,
a la fi, a Dieu e a la Mayso del Pont la senoria" del mas de
Marcenach e tôt quant demandava a la glieia de Laiach, e la
soa part del deume de la paroquia. E sia'" causa conoguda
1. La Rigaldie, commune de Leynhac.
2.' Ms. : londe.
3. Coste-Rousse, écart, commune de Leynliiic.
4. Vraisemblablement Méailet, château ruiné, commune de Fournoulès.
5. Latronqiii('re, chef-lieu de canton, arrondissement de Figeac, Lot.
6. Mot de lecture douteuse, plusieurs lettres étant ellacées.
7. Ms. : caorcence.
8. Ms. : fratginer.
1). Ms. : cenoria.
K). Ms. : cia.
CARTULAIRE DU PRIEURÉ DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 185
que Hastorcs de Fornolés^ ténia lo lieu'^ de Ihui. e quant, se
mes al Pont, donet a la Mayso t;)t quant querre ni demandai*
y podia; e donet lo mas del Garrich, que era seus en domini;
e donet aquo que demandava e La Molenayria, aquo era
.1. sestier de civada [fol. 25 r^] e una galhina; e sols aquo que
demandava en Espeltieyra. Aquest do autreiero sieu lilh
Hebrartz en Guirbertz, e jurero sobre sanhs que may ré noy
quesisso niey demandesso; elh frayre donero lor .c. sol. de
Caorcencs', e elh promeyro garentia de totz homes a lor
poder. D'ayso fo autoricis Bertrans La Crotz*, Guirbertz
de Laihac, P. de Tornamira% en R. Bernât, en cui teguda lo
fach.
10. Conoguda causa sia qu'ens Haustorcs de Cassanhas
donet a Dieu e a la Mayso dal Pont lo daus (sic) de Cassanhas,
que es sotz Cantaperditz^.
11. Conoguda causa sia que la mayre e Ihi frayre de Has-
torc de Roana' lo donero a la Mayso dal Pont e ab Ihui
donero la parra desotz La Boria** entro a l'ayga e u vinhal em
Poh Andrieu; e la parra es quitia de tota cesura.
12. Conoguda causa sia que Guirbertz Amblartz fo us sir-
vens de Murât-', e avia sa mayre el castel, e era soa La Ba-
dolhia, e avia .1. camp de terra e la fasenda de La Casa, e
altre e Mesina; e fo plagatz e mori; e, a cap de temps, sa
molbier, que avia sa causer e la terra e l'avia tracha de
peuhs, e n'Ebratz de Fornolés^", que era sos cosis e sos here-
1. Le Fournoulcs, canton de ^lanrs.
2. Ms. : fieus.
3. Ms. : caoreencc.
4. Ms. : lacrortz.
5. Il y a deux Tournemire dans le Cantal, tous deux fort éloignés do
Notre-Dame-du-Pont, une commune du canton de Saint-Cernin et un
moulin de la commune de Raulhac.
6. On ne trouve qu'un seul Catite-Perdrix dans la nomenclature
actuelle du Cantal, commune de Marmanhac; ce ne peut être le nôtre.
7 Roamies, commune de Roannes-Saint-Mary.
8. La Borie, écart, commune do Loynhac.
9. Mural, nom de deux châteaux voisins, commiim^ <]>• S.-iint-lvlionno-
de-Maurs, l'un dit La Rabe et l'autre La Guiole.
10. Ms. : forcholes.
186 ANTOINE THOMAS.
tiers', volgro lo sebelhir^ e aportero la ossa al Pont, e sebelhi
la hom el semiteri, e donero a Dieu e a la Mayso dal Pont
totas aqviestas fasendas sobre dichas; e jurero'* Hebrartz e
Hastorcs, sos filhs, que ja may per fort re noy quesesso niey
demandesso e que d'ayso fesesso bona gareatia a la Mayo de
totz homes a lor poder. D'aiso [fol. 25 V] so testimonii R. Ber-
nartz, que era priors, que receup lo do, B. Gautiers, frayre e
prestre, P. de Raula', P. Brossiers, P. de Rossolh, en B. Es-
triquers e molt d'autres.
13^. Conoguda causa sia que Willem Tremolhas^ donet a
Dieu e a la Mayso del Pont sa fasenda da Rieu Gros', et donet
a La Bautieyra .x. d. de ces de Rodaués e la terra que ténia
B. del Toron de lui, et deu n'esser guirens à la Mayso en
Garniers de Tremolhas en Bertrans, sos filhs, e siey frayre.
En Willems donet an Garnier la senhoria^ e la vestiso per tal
covent que tegués aquest do quiti à la Mayso dal Pont.
14". Conoguda causa sia qu'en Raolfïps (5«c) de Murât,
frayre de Hugo de Murât, e ssa darrieyra malaudia pausatz,
donet a Dieu e a la Mayso dal Pont los pratz de Rescinol.
Aquesta donassios fo fâcha a Taorsach '", e la mayso S. Aymar,
e la ma d'en R. Bernart, que era priors el receup els bes espi-
ritals e temporals, s'en levava. Teslimonii so B. Gautiers,
prestre e canonjes, Joans de Fratguiers, P. Daurdè de Taor-
sach e d'autres.
15'^ Conoguda causa sia que la Maysos dal Pont a una
1. Ms. : heretihers.
2. "Ms. : sebelhier.
3. Ms. : iurel.
4. Peut-être Raulhac, canton (ie Yic-sur-Cère.
5. Cf. le n" 16, où se trouve une autre rédaction.
6. Peut-être Trémouill es , commune de Ladinliac.
1'. Peut-être Le Rieu-Cros, commune de Marcolés.
8. Ms : an carmer la senclioria.
9. L'article 35 contient une notice abrégée de cette donation.
10. Probablement Toursac, commune de' Saint-Julien Toursac, plutôt
qu'un écart homonyme, commune de Boisset.
11. Oet article fait double emploi avec l'article 32.
CARTULAIRE DU PRIEURÉ DE NOTRE-DAME-DD-PONT. 187
eraina de froment a Murât, e la fasenda G. de Carrio, per
l'adersi de la mayre Guio de Murât.
16'. Conoguda causa sia qu'en Willem de Tremolhas donet
a Dieu et a la Mayso dal Pont la fasenda da Rieu Gros e
.X. d. a La Bautieyra e la mayso P. del Toron. Testimonii so
G. de Sorps'-, lo capelas, en G. de Sanh Sauri. P. de Rosolh,
B. Estriquers, B. dal Mas, n'Astorc dal Mas e d'autres.
17. Al bosc [fol. 26 r»! en Casilhac^ una terra que té
.\'j. sestayradas, e det las n'EbrartzdeFornolés' e la ma d'en
R. Bernart, que era priors. Testimonnii G. de Sorps, prestre,
en B. Gautier.
18. Conoguda causa sia que na Gibeliua e sa fllha, que fo
mollier Ramun d'Ambayrac^ feyro acordier ab Willem Rob-
bert, que era senher dal Pon, e donero Ibi sa fasenda da la
Raynaldia, e el donet lor aver ab que anesso oltra mar.
19. Conoguda causa sia qu'en B. ens Uc Malnoyritz, doi
cavalier de Murât % se donero a Dieu e a la Mayso dal Pont, e
donero a la Mayso tota lor terra. E seguentre ayso, Willem
Robbert felz acordier ab Bonet de Murât : en Bonetz donet a
Dieu e a la Mayso dal Pont lo mas dal Pont ab totz sos aper-
tenemens, que era seus en domini, en Willems Robbertz
laysset Ihi tôt quant avia dels Malnoyritz".
20. Régnante Lodovico rege Francorum, qui cum exercitu
Jberusalera peciit, facta est bec cartula a Bertrando de Agri-
folio. Ugo de Fornolés'* et Guibertus etOstorgius, fratres ejus,
dederunt ma[n]sum de Lacu de Frigidis Edibus et cambones
et medietatem de Ver[u]ha" in perpetuum sine uUo retinaculo
1. Cf. le n" 13, où se trouve une autre rédaction.
2. Sors, commune de Boisset.
3. Probablement Cazillac, commune de La Besserette.
4. Ms. : forcholos.
'). Probubloiiient Ambeyrac, canton de VillenoiiV"'. arrondissement do
Villefranche, Aveyron.
6. Ms. : muret.
7. Ms. : mais noyritz.
8. Ms. : forholes.
9. La Verf))ie, commune de i^t-yidiac.
188 ANTOINE THOMAS.
Bertrando de Agrifolio et successoribus ejus et fratribus ejus
pro matre sua et fratre suc quos recepit Bertrandus in regi-
raine. Cujus rei testes sunt Willelmus de Becieyra' et P. Va-
civels et P. de Inter Aquas et Aleaitz de Ma[n]so et ceteri
multi.
21. Conoguda causa sia que B. Aldoys d'Albi^ donet a Dieu
e als frajres dal Pont, per l'arma de so frayre Willem Aldoi,
los fraus de Las Garrigas [fol. 26 v°j el mole qe s'i aperté e la
ma del prior Thomas, que receup lo do. E cant mes sa seror
e la Mayso dal Pont, donet a Dieu e [a] la mayso lo mas dal
Poh de Freyas Mayos, ab sos apertenemens, e la ma R. Ber-
nart, qe era priors de la Mayo.
22. Conoguda causa sia que Willems de Colne da Torsach,
cant anet oltra mar, fetz acordier ab Willem Robbert, que
era priors dal Pont, de l'apendaria de La Gardela^ da Freias
Mayos et sols a Dieu e a la Mayso tôt cant querre ni demandar
y sabla. — E sia saubuda causa que R. Balsas de Freias
Mayos e sasor y demanda vo vegayria, e vengro ne a acordier
ab la Mayso e solsero tôt cant demandar i sabio, e agro ne
.iiij. sol. de caritat. Autorici B. de Tornamira, en W. Arnal,
en G. Lhautart, e S. Forestier.
23. Conoguda causa sia qu'eus R. Balsas de Freias Mayos e
sa mayre demandavo vegayria el mas dal Lac, e vengro ne a
acordier ab la Mayo dal Pont e solsero a Dieu e [a] la Mayso
tôt cant querre ni demandar y sabio,' e agro ne .xx. sol. de
caritat.
24. Conoguda causa sia que n'Uc Arnals, en R., en Arnals, e
n'Amielhs meyro lor mayre e lor frayre e lor soror (sic) e la
Mayso dal Pont, e donero a Dieu e [a] la Mayso la fasenda de
Poh GuirbaP e tota la teguda qu'elh tenio aqui de l'afar de
Garaiach, e Jurero sobre sanhs evangelis e sobre l'altar que
1. La Bessière, commune de Leynhac.
2. Il est évident qu'il ne s'agit pas de la ville d'Alby, Tarn; peut-être
Aubin, commune de Marmanhac, canton nord d'Aurillac, Cantal.
;j. La Gardelle, écart, commune de Leynhac.
4. Le Dict. top. du Cantal enregistre Puech-Guiral {Le), domaine ruiné
CARTULAIRE DD PRIEURE DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 189
may re noy quesisso ni noy demandesso, e promeyron guoren-
tia l'us de l'altre e us quex de lolz homes, a lor poder, a bona
fé; elh frayre antreiero lor et la Mayo lor seboltura (a) ses
messie e (a) ses dan de la Mayo [fol. 27 ro|, e de part dero lor
.c. sol. de Caorcencs' de caritat. Autoricis R. Beraatz, en cui
ma fo fach, en P. de Blasela^, Guirbertz de Laihac, preveyre,
e molt^ d'autres. — E seguentre ayso, cant fo mort n'Amielhs,
li autre trey frayre donero a Dieu e a la Mayso dal Pont, per
la salut de l'arma del mort, una bordaria sotz lo Mas dal
Pont, e jurero en Uc, en R., en Arnals ^ sobre sanhs avangelis
que ja may noy quesissunt re niey demandessunt. — E sia
saubuda causa] que Gui[r]bertz de Marceuhac demandava
senhoria en aquesta terra e sols a Dieu e a la Mayso tôt cant
querre ni demandar i sabia, e promés guerentia d'aques[tz] e
[de] totz autres, y ac ne .i,x. sol. de Caorcenx. Autoricis R. Ber-
natz, S. d'Andraet"', Haustorc de Fornolés, Aymars de Melet,
P. Giscartz. Per eis covens o autreiet P., sos frayre, el mos-
tier da Maurtz" e juret sobre sanhs que enayssi o tegues a bona
fé. Autorici R. Bernatz, W. de Corbier, Rigalhs de Sanh
Géré", P. de Caltruna*, B. Benech. E ac ne de caritat .xx. sol.
de Caorcenx. — E sia conoguda causa que R. Balsas da
Freias Mayos fasia demanda en aquesta fasenda, e donet a
Dieu e a la Mayso(s) dal Pont tôt cant y demandava; elh
frayre de la Mayo donero Ihi una bona gonela de drap nègre.
— E sia saubuda causa qu'en W. Robbertz fetz acordier ab la
glieyada Cayrols^ del deman que fasia sobre aquesta fasenda;
de la commune de Leynhac, et Puechyirbal (Le), domaine ruiné de la
commune de Boisset.
1. Ms. : caorcence.
2. Probablement iy^es/c, arrondissement de Urioiide, Haute-Loire.
'à. Ms. : mois.
1. Ms. : en r. harnais.
5. Un domaine ruiné de la commune de Saint-Gerons portait ce nom
en 1295; le Dict. toi), l'enregistre sous la forme postérieure Andreit.
»j. Maurs, chef-lieu de canton, siège d'une abbaye de l'ordre de saint
Benoît.
7. Saint-Céré, Lot.
8. Cautrune, commune de Jussac.
y. Cayrols, canton de Saint-Mamet-La-Salvetat.
190 ANTOINE THOMAS.
e l'acordier fo aytals, que la Mayos dal Pont donès cadans
[fol. 27 V"! a la glieya de Cayrols ' .xii. Poiés.
25. Conoguda causa sia qu'en W. Aldoys, lo dous, avia la
meytat del deime em Poh Guirbal, e cant lo priors e Ihi frayre
dal Pont se foro acordatz ab los Aruals, preguero W. Aldoy
que s'acordès ab la Mayo dal Pont d'aquest deime; e dis
W. Aldoys que aquon faria qu'en Guirbertz de Laynbac dize-
ria. E ajustero se a la glieya de Cassanhosa^ lo priors dal
Pont, en Guirbertz de Laynach (sic), en W. Aldoys ab lo[s]
sens^; e aeordero se d'aytal guia, qu'en W. Aldoys donet a
Dieu e a la Mayso dal Pont, a bona fé e ses engan, lo deime
que demandava em Poh Guirbal de tota aytaP teguda cal la
Mayso dal Pont avia conquistada dels* Arnals, e juret sobre
sanhs evangelis que ja may aquest deime uoy quisés el ni hom
per lui; e aqui meseys per eys couvent jureron o siey filb, so
es a saber Mauris, en Gui, en Austorcs, en P. E ayso fo fach
lo dia de Pantacosten (sic): en R. Bernatz, que era priors dal
Pont, receup aquest do. Autorici Guirbertz de Laynbac, que
fetz l'acordier, en P. de Rosols, en P. Brossiers. Elh frayre de
la Mayso donero Ihi .i,. sol. de Caorcenx; e après juret ho
Haldois per eys convent a la Boyga dal Mon^.
26. Conoguda causa sia qu'en Aldoys avia u'' vinhal em
Poh Guirbal, e donet lo a Dieu e a la Mayso dal Pont per
salut de s'arma. Aquest do autreiet sa molhier, e N'Artmans
de La Scura. D'ayso son autorici R. Bernartz, que era priors,
en B. Bonafos, lo ce- [foL 28 r^] lariers, en Andrieus, l'osda-
liers, en Joans Amielhs', l'escrivas. E Ihi frayre autreiero Ihi
.X. sol. de Caorcenx de caritat. Ayso fo fach a la veyria de la
glieya dels Calmelhs^ — Seg[u]entre tôt ayso, venc el a la
1. Cayrols, canton de Saint-Mamet-La-Salvetat.
2. Cassatiiouze, canton de Montsalvy.
3. M. : altal.
4. Ms. : deis.
5. Il y a La Bouy(jue. et La Bouyyue-al-Bos, commune de Leyiiliac. et
d'autres La Bouygue dans la région.
C. Ms. : avia .u. vinhal.
7. Ms. : aniliels.
8. Ms. : calsnielhs.
CARTULAIRR DU PRIEURE DR NOTRE-DAME-DU-PONT. 191
Mayso dal Pont e prol'ers sobre l'altar lo do ab una candela,
las vespras de Pantacosten. Autorici G. de Sauh Sauri,
B. Giiirbertz, Guirbertz Escudiers, P. Arnals.
27. Bernartz Amielhs donet a Dieu y a la Mayo dal Pont
l'apendaria de La Rrigaldia, que es sos Poh Guirbal, e es
delieura' do tota cesura; e donet la Tranlonia de Sandolutz'.
28. Guirbertz Uc donet ab si meys^ a Dieu e a la Mayso dal
Pont la fasenda de Camp Maur; e es quitia de tota cesura.
29. Conoguda causa sia que Harnais de Seiodolutz ac una
gran raalaudia, e, sse moris, laysava a Dieu e a la mayso dal
Pont la fasenda d'Antraygas e aquela da La Broa '• ; e no mori
d'aquela malaudia. E après, per voluntat de Dieu, (e) el ne-
guet ; e aportet l'om a la Mayo dal Pont, elh frayre receubro
lo e sebelhiro lo; e syeu amie volgro que la layssa que el avia
fâcha fos teguda, e promesero ne gu ejrentia a la Mayo dal
Pont a lor poder.
30. P. Aldoys, que fo morgues da Orlhac", donet a Dieu e
la Mayso dal Pont l'apendaria que es sotz Antraygas.
31. Conoguda causa sia qu'ens Pons Aldoys, quant se mes
a la Mayso dal Pont, donet a la Mayso lo pradel dels comtalsde
Lougoyro'*. — E sia saubuda causa que el, en B., [fol. 28 v]
SOS frayre, demandavo deyme e La Rrigaldia e l'apendaria e
la vinha domerguieyra, e proferens e la Ribieyra; e done-
ron 0 ambidoy a la Mayso. — E sia saubuda causa que
W. Baras da Sanh Estephe" fazia demanda e la ribieyra dal
Pont e el prat dels Comtals, e venc ne a acordier ab la Mayo
1. Ms. : déliera.
2. SatidoLutz, plus bas Saijndolutz (art. '^0) et Issandolutz (art. 3r>),
paraît identique au nom de la commune d'Issendolus, canton de I.aca-
pelle-Marival, Lot; mais il doit s'appliquer à une localité disparue située
dans le voisinasse de notre monastère.
:j. Ms. : ab sumieys.
4. Labro, commune de Loynliac.
T). Aurillac.
tj. Langoirou, domaine ruiné, commune de Saint-Mamet-la-Salvetat.
7. Saint-Étienne-de- Maiirs , canton de Maurs.
192 ANTOINE THOMAS.
e sols lo seu' drech e la soa raso; elh frayre receubro lo el
benifach île la Mayso, e ac ne .vij. sol.
32 ~. Conoguda causa sia que la Maysos dal Pont a ima
einina de froment de ces a Murât, e la fasenda G. Carrio, per
l'adersi de la mayre Guio de Murât.
33. Conoguda causa sia qu'ens W. de Rotgier-^ lo frayre
d'en B., donet ab si meys a Dieu e a la Mayso dal Pont lo mas
de La Carrieyra*, el mas Angelbertenc, el mas Gaardenc. — En
Guirbertz Uc de Cavano avia .c. sol, de penhura'^ el mas de
La Carrieyra, elh altre doy*^ mas ero delhyeure; en W. Rob-
bertz preguet Guirbert Ugo que la penhura' que el avia el
mas de La Carrieyra presés sobrel demiech** mas Angelber-
tenc, e el fetz ho per amor de lui. Ayso vi e ausi B. de
Cam[p] Maur'*, en G. de La Carrieyra. — E sia conoguda
causa qu'en B. Aldoys d'Albi intret en teguda d'aquest
dimiech mas e, a la fi, redet lo ab si meseys a Dieu e a la
Mayso dal Pont. — Après ayso, B. de Rogier, lo frayre d'en
W., fo plagatz per mort, e fetz se aportar al Pont, e donet a
Dieu e a la Mayso dal Pont lo mas Laurenc; e era totz em
penhs; en R. Bernartz, que fo priors dal Pont, delhieuret la
meytat d'aquest mas d'en B. Peyro, e l'autra meytat de Hugo
Peyro e dels sens'" e de Hugo de [foL 29 r»] Boysset. — E
seguentre ayso, Hue de Rrogier, que era cosis gernias d'en
W., e d'en B., Irebalhat la Mayso dal Pont per aquesta
almorna; elh frayre de la Mayso donero Ihi la meytat del mas
Gaardenc per so que amès la Mayo.
34. Conoguda causa sia qu'en B. Aldoys Laymes (sic), cant
anet oltra mar, laysset a Dieu e a la Mayso dal Pont la meytat
1. Ms. : ceu.
2. Cet article fait double emploi avec l'article 15.
3. Rouziers, canton de Maurs.
A. La Carrière, commune de Boisset.
5. Ms. : penulira.
6. Ms. : doys.
7. Ms. : penuhra.
8. Ms. : deimiech.
9. Le Cap-Mail, commune de Boisset.
10. Ms. : ceus.
CARTULAIRE DU PRIEURÉ DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 193
del mas Serenc, el fora dai Bosc. — E siasaubuda causa qifen
Rigals de Rrogier, en P., sos frayre, calumpnero aqnesta
layssa, e Bardos playget ho, e agro ne .xxv. sol., e jiirero
sobre sanhs avangelis, per se e per lor frayres, que ja may
tort ni contraria noy fesesso. Autorici R. Bernart, en cui ma
fo fach, eu B. Gautiers. preslre, en W. de Sanh Mamet, en
G. de Felhinas, en S. Auncirs (sic).
35'. Gonoguda causa sia qu'en Raolff de Mural layssel, a la
fi, a Dieu e a la Mayso dal Font .xviij. d. de ces el prat de
Rescinol. Autorici B. Galtier. preslre, en G. de Sorps, lo
capelas.
36. Gonoguda causa sia qu'en W. Peyre de Torsach donet
ab si meys a Dieu e a la Mayso dal Ponl la vinha (iarnieyra
dlssandolutz^.
37. Gonoguda causa sia qu'en R. Peyre de Taorsac es sebe-
Ihit al Pont, e siey filh (e) donero a Dieu e a la Mayso aquo que
avio en Agrifolieyra^ — E sia saubuda causa que Hue Peyre
y demandet sa part, e donet a Dieu e a la Mayso dal Pont, e
ac ne .x. sol. de caritat.
38. Gonoguda causa sia qu'ens Uc Aldoys, lo dons, donet au
Bertran de Grefolha la soa part del deyme de la parroquia de
Laynhac e tôt aytan quant poyria laorar lo cors de la Mayso
dal Pont. [fol. 29 V] E poysas, quant el fo mortz, Uc Aldoys,
sos filhs, emplaygi los frayres dal Pont per aquest do, e play-
get ho l'abas de Maurtz, en Guirbertz de Laynhac, en Uc
Peyre, e sols e autreiet toi quant Ihi frayre querieu (sic) ni
demandavo en totz los mas e e las fasendas dal Pont, e e La
Raynaldia, en Rossoyl, e a la boria de Marcenach, en Pissa-
lop, e Marcenach lo Vielh. e la Sudria, el mas de Garrich, el
Maset, e La Molenayria, els fraus de La Molenayria, el cam
de Cassayacihs (sic); e juret sobrels avangelis, per se e pels
sens, que aquest do légués a bona fé per lolz temps. Ayso fo
fach a Maurtz. Testimoni l'abat de Maurtz, Guillem de Cor-
1. L'article 11 contient une notice plus étendue de cette donation.
2. Sur ce nom de lieu, cf. l'article 27.
3. Griffouliëre, commune de Saint-lCtienne-de-Maurs.
ANNALES DU MIDI. — XX 13
194 ANTOINE THOMAS.
hier, W. La Garriga, Guirbertz [de] Laynhac, W. Uc, Uc
Peyre, P. de Toraamira, eus Andrieus e Joan[s], frayre. E
quant venc al Pont los deniers recebre, jurel sobre l'altar e
sobrels avangelis que aquest do tegués a bona te, ses tôt eu-
gan Autorici Durant Tronquieyra, W. Arnal, W. Pomier,
P. dal Pont, G. Lauran, Astorc Battitan, Guirbert de Roca,
P. Brossier, P. de Rossoyl, G. d'Alborieu, Guirbert Miro,
B. de Capmaur.
39. Conoguda causa sia qu'en W. Robbertz conquistet
d'en R. de Galhiac la nieitat del deime de la parroquia de
Laynhac et det Ih'en .c. sol de Poiés e acOlhi lo el befach de
la Mayo. Aquest deime era de la senhoria de Gironda. E poy,
W. Aldoys en B., sos frayre, intrero en aquesta senhoria e
demandero an W. Robbert(z) lo deime, e dissero que lor dévia
esser ab aquo que el y avia donat; e vengro ne [a acordier] e
la ma de l'abat de Tfol 30 r°\ Maurtz, lor fraire ' ; e el playget
los d'aytal guia, qu'en W. Robbertz agués lo deime de tôt lo
laor que faria e la parroquia de Laynhac e el mas dal Lac de
Freias Mayos, e elh que aguesso lot l'altre. — E poy se-
g[u]entre la mort d'en W. Robbert(z) e d'en B. Aldoy, Ihi
filhi d'en B., W. e B., emplaygfro los frayres dal Ponl pel
deime del mas dal Lac, que era de la heretat de lor mayre, e
vengro ne a acordier ab la Mayso, e jurero sobre sanhs que ja
may ré noy demaudesso, elh ni hom per lor, en aytant de laor
cant la mayso poyria far el mas dal Lac ni e la parroquia de
Laynhac. Autoricis G. Polverels, Guirbertz [de] Laynhac,
P. de Tornamira, W. Aldoys, en Estols, sos frayre, en Astorcs
Battitan. Elh frayre donero lor de caritat .xl. sol. de Caor-
cenx. — Seguentre ayso, W. Aldoy, lo dons, emplaygi los
frayres dal Pont per la soa part del deime; elh frayre acor-
dero se ab lui, e dero li .l. sol. de Caorcenx ; e el douet e
autreiet a la Mayo la soa part del deime de lot lo laor que
poyria far e lia parroquia de Laynhac, e juret sobre sanhs, elh
e totz (sic) syey lilh, que ja may ré noy quisesso. Autorici
]. Mont-Marty, coinimuie de Saint-Etienne-de-Maurs; cf. la biographie,
article 15.
CARTDLAIRE DU PRIEURE DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 195
R. Bernatz, Guirberlz de Laynhac, Bertrans La Crotz, en
P. Brossiers.
40. Conogutia causa sia qu'en Arnals de Melet mes so filh
e lia Mayo dal Pont, e donet a Dieu e a la Mayo dal Pont la
quarta part del deime de la pàrroquia de Laynhac.
41. Conoguda causa sia que Ihi senhor de Melet demandavo
e l'afar de Mont Marti ' .xviij. garbas, .ix. de [fol. 30 v»] seguel
e .ix. de civada; e d'ayso avia la meytat B. de Mealet (sic).
E sia saubuda causa qu'ens Symeons, lo bos hom', venc una
veguada a Melet, e quisi an B. que donès ayso a Dieu e a la
Mayso dal Pont; en Bertrans, pel prec del bon home, donet a
Dieu e a la Mayso dal Pont aquestas .ix. garbas. Aquest do
autreiet n'Arnal, en Aymars, en Berenguiers, siey filh. Ayso
fo fach a Melet, sus e la sala tnaior, lo dia de la Sanh Peyre
de febrier ''. Autorici Symeon, en B. de La Crotz, frayre pre-
veyre, en W. Aldoys, en Uc de Melet, Bernartz de La Garriga,
candelier, e la molhier d'en Arnal(s), na Galiane (sic).
42. Conoguda causa sia que li orne* de Laynac demandavo
la meytat d'una pessa de terra de Mont Marli ques té ab la
Cumba Guiraldenca, e, cant anero a Roma Guirbertz en
R., donero a Dieu e a la Mayso dal Pont lo lor dret(z) e la lor
raso. Ayso feyio. ab l'autorgament de lor mayre, e la ma
R. Bernart(z), lo prior, en B. La Crotz. — E sia saubuda causa
qu'en Aymars de Melet demandava la quarta part en tota
aquesta terra, e venc ne a acordier ab la Mayso, e sols a Dieu
e a la Mayso tôt quant querre ni demandar y podia, e juret
sobre sanhs que ja may (ré| noy quisis niey demandés, e ac ne
.XXX. sol. de Caorcenx. Ayso fo fach e la ma R. Bernart(z), lo
prior. Autorici Harnal de Melet. — E sia saubuda causa que
Hue de Melet demandava l'aitra part, e de part demandava
.ix. garbas, entre seguel* et civada en tota''...
1. Le Gallia ne connaît aucun abbé de Maurs antérieur au xiii' siècle.
2. M*. : que home,
y. Le 22 février.
4. On ne sait rien par ailleurs sur ce religieux.
5. Ms. : segueel.
G. Le scribe a ainsi brusquement interrompu sa copie au luiliL'u d'une
phrase.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES NOMS PROPRES DE LA BIOGRAPHIE
Agrifolia, oratoire, 1, 2.
Aymericus, évêque de Clermont, 7
Bego de Calmon, 15.
Bellilocus, ville du Limousin, \.
Hellilocus, oratoire, 13.
Berencffax, église du Quercy. 4.
Bernakdus de Kocafokt, 12.
Bertrandus [de Agrifolia], fon-
dateur de Notre-Damedu-Pont,
1-10, 17.
Bertrandus de Rocafort, 12.
Brivatensis (abbas), 12.
Calmon (de), famille du Kouergue,
15.
Calviniaco (vicecomes de), 4.
Carmehis. oratoire, 5.
Castronovo (<ie), famille, 13.
Celer (flumen), 4.
Clarevallensis (monacbus), 1(!.
Claromontenses (episcopi). Voy.
Aymericus, Poncius, .Stepha-
NUS.
Carona, (Beata Maria de), abbaye, 7.
Elsey (flumen), 8.
Estorrotz, oratoire, 8.
GiRBBRTOS DE MARCENAC. 6, 10.
Ispaniacus, oratoire, 4.
lïERius DE Rocafort, 12.
Laiac, église, 11.
Lemorlcensis (pagus), 1.
Malaviela, seigneurie, 3.
Marcenac (de). Voy. Girbertus.
Mercor (de). Voy. Stephanus.
Mun Marti, domaine, 15.
Muratet, oratoire, 14.
Pictavia, pays, 1.
Poncius, évêque de Clermont, 16.
Ponte (Domus de), 6, 9, 10,11, 17.
Ramer ia, oratoire, 3.
RoBBERTi, RoTBERTi (Willelmus),
9-17.
RuPE (de). Voy. Ugo.
Rocafort (de), famille, 12.
Sievray, ville du Poitou, 1.
Stephanus de Meucor, évoque de
Clermont, 11, lO.
Ugo de Rupe, 3.
Valborgks, mère de Begon de
Calmon, 15.
Vallis Clara, oratoire, 12.
Vkyreyras (Willelmus de), 14.
Willelmus Robberti. Voy. RoB-
BERTI.
Willelmus de Veyreyras, 14.
TABLE ALPHABETIQUE
DES NOMS PROPRES DU CARTDLAIRE
Agrifolia, lieu, 37.
Agrifolio (Bektuandus dk). Voy.
BERTRANDU!?.
Aldoys (Austokcs), 25. — (B.), 21,
33, 89. — D'Albi (B.), 21, 33. —
(EsïOLs), 39. — (Gui), 2.5. —
(Mauris). 2.5. — (P.), 25, 30. —
(Pons), 31. — (Uc) 38. — (W.),
21. 25, 2(), 39, \\. — Laymes (B.),
34.
Aleaitz de Manso, 10.
ALbi. lien, 21. 33.
AMBAYRAC (liAMUNS D'), 18.
Alborieu (G. d'). 38.
AMBLAKTZ (GUIKBERTZ), 12.
Amielhs Arnals, 24.
Amiklh.s(Bicrnatz),27. — (Joans),
2fi
Andraet (8. d' , 24.
Andrieu (Poh), lien, 11.
Andrieiis, 26.
Andrieus de Tornamira, 38.
Angelbertenc (mas), 33.
Antrai/ffas, lieu. 29. 30.
ANTRAYGAS (P. !)'), ô, 6. 20 (P. DE
Intkr Aquas).
Arnals (Amielh.s), 24. — (Arnals),
24. 25 — (P.), 26. — (R.). 24, 2.5.
— (Uc), 24, 25. — (W.), 22, 25, 38.
— De Melet, 8. — De Sayndo-
LDTZ, 29.
Artmans de la Scura, 26
AsToiiCS (AusTOiiC.s) Aldoys, 25.
— Battitan, 38, 39. — Dal Map,
16. — De Cassanhas, 10. — (Aus-
TOBCS, OSTORGUIS) DE FORNO-
LÉS, 9, 20, 24. — De Marcexac,
9. — De Roana, 11.
auncirs (s.), 34.
AUSÏORCS. Voy. ASTORCS.
Aymars (S.), 14. — De Melet, 24,
40, 41, 42.
B. Aldoys, 21, 31, 39.
B. Aldoys Laymes, 34.
B. Benech, 24.
B. BONAFOS, 26.
B. DAL Mas, 16.
B. DE Capmauk (Caïmau), 5, 38.
B. DE LA Crotz. Voy. Bernatz.
B. DE la Gakriga. Voy. Bernarïz.
B. DEL Toron, 13.
B. DE Mealet. Voy. Bertrans.
B DE ROTGIKR, 33.
B. DE TORMANIRA, 22.
B. ESTRIQUEUS, 12, 16.
B. Gautieks, 12, 14, 17, 34, 35.
B. GUIKBERTZ, 5, 6, 26.
B. Malnoyritz, 19.
1!. Paretz, 4.
B. Peyro, 33.
Badnlhia {La), lieu dit, 11.
Balsas (R.), 22, 23, 24.
Baras (W.), 31.
Baudo.s, 34.
Battitan (Astorcs), 38, 39.
Bautiryra {La), lieu, 13, 16.
BECIEYHA {W1LLEL.MUS DE), 20.
Benech (B.), 24.
Berenguiebs de Mealet, 41.
198
ANTOINE THOMAS.
Bernarïz (R.), prieur d'Escalmels,
fi; prieur de Notre-Dame-du-Pont,
5, 8, 9, 12, 17, 21, 24, 25, 26, 33, 34,
42.
Beenautz Amielhs, 27. — Dk la
Garkiga, 2, 4, 8, 41.
Bertrandus de Agrifolia, Bkr-
TRANS DE Grefolha, fondateur
de Notre-Dame-du-Pont, 20, 38. —
De La Croïz, 5, 6, 8, 9, 31), 41,
42. — De Melet, 41. — De Tre-
MOLHAS, 13.
Blasela (P. DE), 24.
BONAFOS (B.), 26.
BONET DE MURAT, 19.
Boria {La), lieu, 11.
Bos DE Fellinas, 5, 6.
Bosu (Lo), four, 34.
Boyga dal Mon {La), lieu, 2.5.
BoYs.sET (Hugo de), 33.
Broa, {La}), lieu, 29.
Brociers, Brossiers (P.), 8, 12,
25, 38.
Calmelhs, prieuré, 6, 26.
CALÏRUNA (P. DE), 24.
Canipmaur, lieu, 28 ; cf. Capmaur.
Cantaperditz, lieu, 10.
Caorcencs , Caorcenx , deniers de
Cahors, 6, 8, 9, 24, 26, 39, 42.
Capmaur, Catmau (B. de), 5, 38.
Caraiach, lieu, 24.
Carrieyra {La), lieu, 33.
Carrieyra (G. de la), 33.
Carrio (G. DE), 15, 32.
Casa {La), lieu, 11.
Casilliac, lieu, 17.
Cassanhas, Cassannias, lieu, 8, 10.
Cassanhas (AusïORCs de), 10.
Cassanhosa, 25.
Cassayneihs, lieu, 38.
Catmau (B. de). Voy. Capmauk.
Cayrols, lieu, 24.
Ceré (Rigalhs de Sanh), 24.
COLNE (WiLLEMS DE), §2.
Comtals de Jjonguiro {pradel de),
lieu, 31.
CORBIER (GUILLEM OU W. DE),
24, 38.
Costa Rossa, lieu, 7.
Cros {Rien), lieu, 13, 16.
Crotz (B. La). Voy. Bertrans.
Cumba Guiraldenca {La), lieu, 42.
D
Daurdè (P.), 14.
Daurdè Mantellis, s.
DuRANS La Tronquieyra, Tron-
quieyra, 8, 38.
Ebrartz de Fornolés, 12.
Edibus (Lacus de Frigidis). Voy.
Freias Mayos.
escudieks (guikbertz), 26.
Espeltieyra, lieu, 9.
Estfphe {Sanh), lieu, 31.
ESTOLS Aldoys, 39.
ESÏRIQUERS (B.), 16.
Fellinas, lieu, 5.
Fellinas (Bos de), .5. 6. — (G. de),
34. — (JlAURizis de), 5, 6. —
(P. DE), 5, 6.
Ferrieyras, lieu, 7.
Forestiers (P.), 8. — (S.), 22.
Fornolés (Astorcs, Austorcs de),
9, 12, 24. — (Ebrartz de), 12, 17.
— (Guibertes de), 20.— (Ostor-
gius de), 20. — (uc de), 20,
Fratger, Fkaïguier (Joans de))
5, 6, 8, 14.
Freias Mayos, lieu, 20,21, 22, 24,89.
Fkigidis Edibus (Lacus de). Voy.
Freias Mayos.
G. d'Alborieu, 38.
G. DAL Pont, 38.
G. DE La Carrieyra, 33.
G, DE Sanh Sauri, 5, 16, 26.
G. DE SORPS, 16, 17, 35.
Galiane, femme d'Arnal de Melet,
41.
G. Lhautaktz, 27.
G. POLVERELS, 39.
Gaardenc (mas), 33,
CARTULAIRI-: DU PRIEURE DF. NOTRE-DAME-DU-PONT. 199
GALHIAC (11. DE), 3',».
Galtiers, V. Gautiers.
Gardela {La), lieu, 22.
Ganileyra ( Viiiha), lieu, 36.
GAR.NIERS de TaEMOLHAS, 13.
Gai-rich (Lo), lieu, 9. 38.
G. Lauran, 38.
Garriga (B. de La), 2, -t. — (Ber-
NARTz de La). 41.— (Gui de La),
2, 4. — (Peyre de La), 2. —
W. La), 38.
Garrigas {Las), lieu, 2L
Gautieus (B.), 12, 14, 17, 31,35.
Getu'llach , lieu, 4.
GiBELiNA, femme de Ramon d'Am-
bayrac, 18.
Gironda. seisinenrie, 3it.
GiSCARTZ (P.), 24.
Grefolha (Berïran de), fonda-
teur de Notre - Dame - du - Pont ;
V. Bkktrandus.
Gui Aldoys, 25.
Gui de Murât, 15, 32.
Guibertz de Marcenac, V. GuiR-
BEKTZ.
Guibertus de Foknolés, 20.
GuiLHEMs Kobbertz,v. Robbektz.
GUILHELMUS DE MALA PlANHA, 1.
GUILLKM DE CORBIER, 24, 38.
Guiraldtnca (Ciiinba), lieu, 42.
Guirhal (Po/i), lieu, 24, 25, 26, 27.
GuiUBERTZ (B), 5, 6, 26. — (Am-
blartz), 12. — De Laihac (Lay-
NHAC), i), 24, 25, 38. 42. — (DE LA
ROCA), 7, 38. — (de ilARCENAC),
1), 24. — (Escudiers), 26. —
(MlK), 38. — (DE Vigoro), 3. —
Uc (DE Cavano), 28, 33.
H
Harnals, V. Arnals.
Hasïorcs. V. Astorcs.
HAUSTOKCS, V. AUSÏOUCS.
Hebrartz, V. Ebrautz.
Hue, Hugo, v. Uc.
INTER AquAS (P. de), 20; cf. Autray-
gas.
Issaïulolutz, lieu, 27, 29, 36.
Jhervmlem, ville de Palestine, 20.
JOANS Amielhs, 26.
JoANs de Fratger (Fkaïguier),
5,6,8,14.
Joans de Toknamira, 38.
Joans Trobatz, 5.
Lac de Frétas May us {Lo), lieu, 20.
23, 39.
Laiac, Laiach. Laihac, v. Laynhac.
Larrigaldia, v. R'igaldia {La).
Laurenc {Mas), 33.
Laymes (B. Ai.doy^), 34.
Lnyi.hac (souvent écrit Laiac, Lai-
hac), lieu, 5, 9, 38,39, 40, 42. .
Laynhac (GuiRBERTz de), 9,24, 25.
38,42.— (R. DE), 42.
Lhautartz (G.), 22.
Lodeiva {La), lieu, 2.
LODOVICUS REX Francorum
(= Louis Nil), 20.
Longoiro, lieu, 31.
M
Mala Piranha (GuiLHELMUs de) 1.
Malnoiritz (B. et Uc), 19.
Majiet (G. de t^ANii), 34. — (P. de
Sanh), 6.
Manso (Aleaitz de), 20.
iMantellis (Daurdé), 8.
Marcenac, lieu, 5, 7, 9, 38. — Lo
Viclh, 38.
MAKCENAC (AbïOUCS DE), 9. —
(EBKARTZ DE), 9. — (GUIRBEBTZ
DE), 9. — (P. DK, ), 24.
Marsas (ens). 8.
Martinia {La), lieu, 2.
Mas dal Pont {Lo), lieu, 24.
Mas (Astorc dal), 16. — (B. dal),
16.
Maset {Lo), lieu, 1,2,38.
Mauris Aldoys, 25.
Maukizis de Fellinas, 5,6.
Muurtz, lien, 24, 38; abbé, 38. 39.
Mealet, v. Melet.
Melet, lieu, 41.
200
ANTOINE THOMAS.
Melet (Arnals de), 8, 40, 41, 42.
— (Aymars de), 24, 41, 42. —
(UCDE), 41, 42. — (B. DE), 41.
— (Berenguiers de), 41.
Mesina, lieu, 12.
Moleîiayria, 3Iolina7jria {La), lieu,
5, 8, 9, 38.
Mon {La Boyija dal), lieu, 25.
Mont Marti, lieu, 41, 42.
Murât, lieu, 12, 15,19,32.
MuKAT (BoNETDE),19.— (Guide),
15, 32. — (Raolf de), 14, 35. —
(UC DE), 14.
Orlhac, lieu, 30.
OSTORGIUS DE FORNOLES, V. As-
TORCS.
P., V. Peyre.
Paretz (B.), 4.
Pausils, Pauzïls {Los), lieu, 3.
Peyre Aldoys, 25, 30. ~ Arnals,
26 — D'Antkaygas {de Inter
Aquas), 5, 6, 20. — Brociers,
8, 12, 25, 38. — Daurdè, 14. —
De Caltruna, 24. — De Bla-
SELA, 24. — De Fellinas, 5. —
De Inter Aquas, v. P. d'ANTRAi-
GAs. — De La Garriga, 28. —
Del Toron, 13, 16. — De Mar-
CENAC, 24. — De Raula, 12. —
De Rosol, 5, 6, 12, 16, 25. —
GiscARTZ, 24. — De Rrogier,
34. _ De Tornamira, 9, .38, 39.
— Vacivels, 20. — (B.), 33. —
(R.), 36, 37. — (Uc), 33, 37, 38. —
(W.), 36.
Peyi^o, V. Peyre.
Pissalop, lieu, 38.
Plana (Guilh. de Mala), 1.
Pok Andrieu, lieu, 11.
Poh Guirbal, lieu, 24, 25, 27.
Poiés, deniers du Puy, 39.
Pons Aldoys, 31.
polverels (g.), 39.
Pont, Pon {la Maysos dal), Notre-
Danie-du-Pont, pasulm; l'église, 6.
— {Lo Mas dal), lieu, 24, 38.
— (G. dal), 38.
R. Arnals, 24.
R. Balsas, 22, 23, 24.
R. Bernartz, prieur d'Escalmels et
de Notre- Dame-du- Pont, v. Ber-
NARTZ.
I R. DE Galhiac, 39.
Raolf de Murât, 14, 35.
Raulha (P. de), 12.
Rescinol, lieu, 14, 35.
Raynaldia {Là), View, 18, 38.
Rieu Cros. 13, 16.
Rigaldia {La), Larrigaldia, lieu, 7,
27, 31.
RiGALHS DE SANH CERÉ, 24.
RiGALs DE Rrogier, 34.
ROANA (HASTOKC de), 11.
ROHBEKTZ (GUILHEMS, OU WiLLEMS
OU W.), prieur de Notre-Dame-du-
Pont, 4, 18, 10, 22, 24, 33, 39.
RocA (Ggirbertz DE La), 7, 38. —
(P. DE La), 7.
Rocaceguada, lieu, 7.
Rodanès, monnaie de Rodez, 13.
Roma, lieu de pèlerinage, 42.
Rosol, Rosols, Rossolh, Rossoyl
(P. DE), 5,6, 12, 16, 38.
R0TGIER(B. DE). — (RiGALS), 34.—
(W. DE), 34.
s
S'. Aymards, 14.
s. Al'nciks, 34.
S. d'Andraet, 24.
SANH CeRÉ (RlGALHS DE), 24.
Sanh Estephe, lieu, 31.
S. ITOKESTIERS, 22.
SANDOLUTZ. V. ISSANDOLUTZ.
Sanh Mamet (P. et W. de), 6.
(W. de), 34.
Sanii Sauri (G. de), 5, 16, 26.
Sayndolutz, v. Issandolutz.
Serenc (Mas), 34.
Scura (Armans de La), 26.
1. Cette initiale est probablement celle
de Sleve (lat. Slej>hanus) ; cf. Esleve et
Steve.
CARTULAIRE DU PRIEURE DE NOTRE-DAME-DU-PONT.
201
SORPS(G.DE), 16, 17, 35.
Steve La Garriga, 8.
Sudria (La), lieu, 38:
Symeons, lo bos hom, 39.
Taorsach, Torsach, lieu, 14, 36, 37.
Thomas, prieur de Notre- Dame-du-
Pont, 6, 38.
ToRNAMIRA (B. de), 22. — (JOANS
DE), 38. — (P. DE), î), 38, 39.
Toron (B. del), 13.
— (Andrieus de), 38.
Tranlonia {La), lieu, 27.
Tremolhas (Gauniers de), 13, —
(WiLLEMS de), 13. 16).
Trobatz (Joans), 5.
Tronquieyka (Durans La), 8, 38.
U
Uc Aldoys, 38.
— Arnals, 24.
— De Boisset, 33,
— De Fornolés, 20.
— De iMelet, 40. 41.
— Malnoiritz. 19.
Uc Peyre, 33, 37, 38.
— De Kotgier, 33.
— (Guirbertz), 28, 33.
— (W.), 38.
— Hugo, v. Uc.
Vacivels (P.), 20.
Vernha, lieu, 20.
Vigoro [Lo), lieu, 3.
— (Guirbertz de), 3.
■w
\V., V. Guillems et Willems.
Willems Aldoys, 21. 25, 39, 41.
— Arnals, 22, 38.
— [De Sanh iMamet', 6, 34.
— De Corbier, 24,38.
— De Tremoluas, 13, 16.
— Baras, 31.
— De PiOTGiËU, 33.
— Peyre, 36, 38.
— RoBBERTZ, V. KORBERTZ.
— Uc, 38.
— WiLLELML'S DE BeC1EYBA,'20.
GLOSSAIRE DU GARÏULAIRE
Acordier,5, 8, 18, 19, 22, etc., accord.
* Afiersi, 15, 32, direction, entretien.
C'est la même phrase qui revient :
Pe7' Vadersi de la viayre Gu'w de
Murât. Dérivé du verbe aderser,
mieux aderzer, qui signifie propre-
ment soit « diriger » soit « élever »
(cf. Raynouard, Lex. Rom.,\ll, 137)
et qui s'est employé spécialement
au sens de « diriger dans la vie
religieuse » (cf. ce passage d'une
charte de 1189, publiée par M. Paul
Andraud, La vie et Vœuvre du
troubadour Ralmvn de Miraval,
p. 241 : Per V. nostra seror, qu'en-
morguero e n'adersero). Dans notre
cartulaire, adersi correspond au
latin regivien de l'article 20.
Alberc, 5, droit de gîte; cf. meisso-
neng.
Almorna, 33, aumône.
Ambidoy, 31, tous les deux.
Anoal, 2, anniversaire (service reli-
gieux).
Apendaria, 7, 22, 27, 30, petit do-
maine rural. Raynouard, IV, 493,
se contente de traduire par « dé-
pendance » ; cf. Du Uange. Dis-
paru du patois vivant, apendaria
s'est conservé dans la toponymie,
et. les LWpenderie, La FendarU,
La Petiderif, abondent dans l'Al-
lier, l'Aveyron, le Cantal, etc.
Autorioi, 8, 10, 22, 24, 25, 26, 34, 38,
39, garant. Ce mot, calque sur le
bas latin avctoriciuni , manque
dans Raynouard et dans le Prov.
Supp.-W. de M.-K. Levy; il se
trouve, au sens abstrait (qui est le
sens primitif) dans un acte du car-
tulaire de Conques, éd. Desjar-
dins, n» 546 : Per autorici et per
laudament del abbad.
Befach, 39; hen'ifach, 5, 6, participa-
tion aux prières; cf. Du Cange,
benefactum et beneficmm.
Senifach, voy. befach.
Bola, 8, borne.
*Bramtgve, 5, redevance de nature
indéterminée; cf. l'article brada-
ticum, de Du Cange. Je ne sais à
quelle source Mistral a puisé l'in-
dication d'un mot « roman >> bras-
sadge,
* Causer, 12, dot. L'existence effec-
tive de ce mot confirme ce que j'ai
dit naguère du bas auvergnat
chansera et du bas limousin tuanse
dans mes Mélanges d'étymol.
franc. , p. 47 ; cf. Romania ,
XXXVII, p. 117.
*Cesnra, 3, 11, 27, 28; sessura, 1,
cens, redevance.
Contraria, 34, contrariété.
*Baiis, 10, mot inconnu, probable-
ment fautif : peut-être pour //•«?«.
Beiine, 25, 29; deyme, 2, 31, 38;
deume, 9, dîme.
Bkeria, 25, dirait.
*Domerg7iieyra, 31, seigneuriale. Va-
riante intéressante de dometigier.
Elh, 9, 24, 39, ils.
*Einplaygero, 39, mirent en procès-
*Eniplaygi, ;<8, 39, mit en procès.
Fasenda, 1,3, 4, 5, 6, 12, 13, 15, 18,
24, exploitation agricole.
Fraus (plur.), 21, 38, terres incultes.
Manque à Raynouard; cf. Levy,
1. Les mots doiil ou ne couuait pas d'exemples ailleurs sont précédés d'un astcrlsfjue.
CARTULAIRE DU PRIEURE DE NOTRE-DAME-DU-PONT. 203
article frau. De nombreux exem-
ples pourraient être relevés dans
les textes latins et provençaux du
Massif central ; cf. les articles
fraustum de Du Gange et fro de
Godefroy.
Galhina. 9, poule.
Glieia, 9; /jlieya, 5, 6, église.
ffuia, 39, guise.
Mayo, voy. mayso.
Maysu, 1, 2, 3, 4, 5, etc.; mayo, .5, fi,
23, 24, 29, 33, maison.
Meiz. 1 ; meys, 2, 3. 6, 7, etc.; ineseys,
25, 33, même.
Meissonenc, 5, qui a lieu à l'époque
des moissons; cf. l'article meissou-
nen de Mistral. Bien que le mot
manque à Ravnouard et à Levy, il
n'est pas i)articulier à notre texte;
cf. la charte n» .546 du cartulaire
de Conques et l'article meisoneys
de Du Cange.
*Molé, 21, moulin.
Mey, 5, 9, 12. 24, ni y. Élargisse-
ment curieux de ni i.
Ossa, 12, les ossements.
Parra (mot oxyton), terre de bonne
qualité, jardin. Voyez sur ce mot,
qui manque à Raynouard, Annale
du iVidi, Yin, 117.
Plaqatz, 12, blessé.
Playytt, 34, 38. ménagea (une tran-
saction); 39, mit d'accord (les par-
ties).
*Proferens, 31. sorte de redevance:
cf. le bas lat. profi-rentia, profe-
rentium dans Du Cange.
Promesei'o, 29; promeyro, 24, promi-
rent.
Queix (= que si, procliti(jue), 1, 2.
Querieu, 38 ; queris, 8 ; quesesio, 12 ;
quosis, ô, 6, 7, 8 ; quesisso, -ssunt,
9, 24 ; quisps, 25, réclamaient, ré-
clamât, réclamassent.
Receps, 4, reçut; ordinairement re-
cnup, 12, 14. etc.
Se, voy. si.
Segle, 2, seyuel, 5, seigle.
i>i, forme du pron. pers. employée
(concurremment avec se), 8, 28, 33.
Vegayria, 22, 23, voirie (terme d'auc.
droit français).
Veyria, 26, vitrail.
Vinhal, 11, 26, vignoble.
Y (= e conj. devant une voyell»),
24, 27.
MELANGES ET DOCUMEiNTS
I.
LES CHAPITRES DE PAIX ET LE STATUT MARITIME DE MAR-
SEILLE, TEXTE PROVENÇAL DES XIIl^ ET XIV» SIECLES.
{Suite ».)
(B]. —[Confirmation par la comtesse de Provence].
Et en après, en l'an que de sus es dig, en la indiction
.XV. eua .vi. jorns denfra Jun, a l'intrar, enantz la hora de
tersia d'aqueljorn, la sobre dicha donna Na Biatris, com-
5 tessa et marquesa de Proensa e comtessa de Folqualquier
e d'Anjou 2, moUers del moût aut e moût noble senhor en
Karle, comte d'Anjo et de Proenssa e de Folqualquier e
marques de Pro[vo]enssa, présent e volent e consentent lo
sobre dig senhor comte, segon la promession la quai sobre
10 aisso avia fag le ditz senhers coms, assi com de sus si
conten sertiflcada e fâcha certa, la sobra dicha donna com-
tessa de totas las sobre dichas cauzas e d'una cascuna
- requistas e promessas e fâchas entre lo sobre dig sen[h]or
comte per se e per la donna comtessa et entre lo sobre dig
15 en Raolin, syndegue per la universitat e(t) de la univer-
sitat de Mass'., aissi con de sus es recontat, lauset adonx
et apro(p)et e confermet espressament et ac ferm totas las
sobre scrichas cauzas eft] una cascuna. E promes la sobre
dicha donna comtessa al sobre dig syndegue aqui prezent
1. Voy. Annales, t. XIX, p. 504, XX, p. 45. — 2. Ms. : dnuion.
MELANGES ET DOCUMENTS. 205
i9 e recebent en nora de la dicha univers! tat e dels cintadans,
par si e per ios sieus lieres, aver ferm perpetualment e fer-
mament observar e gardar totas las sobre dichas cauzas
e[t] una quascuna. E sobre que tot(as las sobre dichas cauzas
eltj una quascuna) a major fermeza de totas las sobre di-
25 chas cauzas, la sobre dicha donna comtessa de son bon
grat juret sobre Ios santz evangelis de Dieu tocatz corpo-
ralraentz. per se e per Ios sieus successors, totas las cauzas
de sobre escrichas e[t) una quascuna, renuncians la sobre
dicha donna comtessa (e) sobre totas aquestas cauzas sobre
30 dichas a beneflzi de menoretat et a totz autres dretz et
autras razons per las quais pogues venir en alcuna maniera
contra las sobre dichas cauzas o contra [f" 26 r"] alcunas de
las sobre dichas cauzas.
Aquestas cauzas foron fâchas a Marsseilla en la raayson
35 de la Cavallaria del Temple, en presensa e testimoni del
senhor en Bertran. evesque de Frejurs e del senhor vice
domine prebost de Grassa, eleg en arcivesque d'Aix, del
senhor en Baral, sonhor del Baus, d'en Rostain d'Agout. del
senhor n'Enric, capellan del senhor comte, del senhor en G.
'lO de Bel Mont, del senhor en Bertran Rairabaut, del senhor
Odo de Fontainas'. senesqual de Proenssa e de Forqualquier,
del senhor en Robert de l'Aven, maïstre de leis, del senhor
n'Imbert d'Aurons, del senlior en Sentori, del senhor en
Symeon, del senhor en Bertran ^ de Boc, del senhor en
4J G. Cornut. del senhor en Felip Ancelra, d'en Pelegrin An-
drieii, d'en G. de Mont Oliu, d'en Blaquieras de Mont Oliu.
d'en Bernart Gasc, d'en P. Isnart, d'en Pons Anselm e d'en
Alfan Boissiera e d'en G. d'Avignon, notari.
[C]. — (Confirmation par le comte de I'rovbncb
ET LE SYNDIC DE MaRSBILLB.)
En nom de Nostre Senhor Ih'u Xrist. Amen. En l'an de
la Encarnation de lui .MCC.lvii.. .vi. jorns denfra luin, a
5 l'intrar. Coneguda cauzasia a totz homes presentz eltj esde
venidors per aquesta cominal carta que, ajostatz lo parla-
ment de la ciutat vescoratal de Mass' en la maniera acostu-
1. Ms. : Fontanas. — i. B't.
206 ANNALES DU MIDI.
mada en lo ciraenteri de Nostra Dona Santa Maria de las
Acoas, en presensa' del moût aut e moût noble senhor en
10 Karle, fllh del rei de Fransa, comte d'Anjo, de Proensa e
de Folqualquier e marques de Proensa, (voj fon legida e
recitada de paraula a paraula en plen parlament sobre dig
la pas e la composition sobre dicha ques era fâcha en la
ciutat d'Aix entre lo senhor comte, en son nom e de sa
15 moi lier, donna Biatris, auta comtessa d'Anjou 2 e de Proensa
e de Folqualquier e marquesa de Proensa. tilha et hères sa
en reire del senhor en Raimon Berenguier de bona memoria,
comte de Proensa e de Folqualquier e marques de Proensa
d'una part, e'n Raolin, drapier, ciutadan de Mass' , synde-
20 gue de la universitat de la ciutat vescomtal de Mass'., en
nom de la dicha universitat de la dicha ciutat, de l'autra
part, la quai patz era escricha en publica carta fâcha per
lo dig G. d'Avignon, notari de Mass'. e de tota Proensa. Et
explanatz e legitz complidamentz aquels capitols que si con-
'25 tenon en la dicha patz, le ditz senhers coms promes al dig 3
syndegue, recebent en nom de ta dicha universitat, e juret
als sans evangelis de Dieu corporalment ab la si[eu]a raan
[tocatz] la dicha patz e la libertat e las franquezas e totz
los capitols que si contenon en la dicha patz. al dig synde-
30 gue recebent en nom de la dicha universitat, e per ell a la
dicha ciutat et a totz et a .j. quascun de la dicha ciutat. et
encaras als estrains venentz o estantz en la dicha ciutat.
per se e per los lurs hères perpetualmentz et entieramentz,
sens amermament attendre et [ff 27 r^] observar et en ne-
35 gun tems non venir encontra. Et en aquella mezeissa ma-
niera le ditz en Kaolin syndegue, en nom et en luoc de la
dicha universitat e dels homes singulars de la dicha uni.
versitat, complidament ad ells legitz et esplanatz los capi-
■ tols .j. quascun de la dicha patz en lo dig parlament. de
40 voluntat de la dicha universitat et aquella universitat
volent et enaissi requerent que fos fag, et ab espres con-
sentiment dels homes que eran en lo dig parlament, sobre
las animas d'els et en lo lur nom et en nom de la dicha uni-
versitat e de la ciutat sobredicha, demandât encaras, si
45 alcuns volia contradire en alcuna. cauza a la dicha patz,
1. Ms. : proenssu. — 2. dauioti. — 3. ditz.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 207
que o dieisses (sic) aqui mezeis. e si non o fazia que d'aqui
enant non séria auzitz, e nengun non contradizent, promes
ai d\g senhor oomte requérant o demandant en son nom e
de sa moiller e de leurs lieres, e juret, sobre ios santz evan-
50 gelis de Dieu corporalmentz tocatz ab la si[eu]a raan, quez
el mezeis le sendegues. en nom de la dicha universitat, e la
dicha universitat. perpetnalraent la dicha patz e totas las
cauzas que en la dicha patz si contenon, et especialraent
la senhoria e lautrejament de la senhoria e de la juris-
5o diction e de totz Ios dretz e de las rendas e de las intradas
ques eran 1 acostumadas esser del comun de Mass'., fa-
chas al dig senhor comte e per ell a la dicha donna \v°]
comtessa et a lurs hères en Proensa fermas, (e) fermas (e
ferm) aver et observar e gardar perpetualment et entiera-
60 ment sens amermament, et en alcun tems non venir encon-
tra; e de totas las sobre dichas cauzas et una quascuna lo
dig senhor comte, en sou nom e de la dicha dona comtessa
e de lurs hères, de consentiment e de voluntat del dig par-
iament envesti et ad el donation e liurament e quais liura-
65 ment, per cauza de la dicha concordia e composition, de totas
las sobre dichas cauzas a si et als sieus hères fes, segon la
forma de la dicha corapozition, las i|uals totas cauzas et
una quascuna sobre Ios sans evangelis de Dieu juret al dig
senhor comte, recebent en son nom et en nom de la dicha
"70 donna comtessa e de lurs hères, le dig en Raolins. en nom
de la dicha universitat.
(LXIIII) En quai maniera le coms donet en lo parlament. a
curar lo port, .0. lb\ de riais quascun an. otra las sobre
dichas .CGC. lib\
En l'an que de sus es dig. .vi. jorns denfra Junh, a i'intrnr
5 Coneguda cauza sia a totz Ios prezents et als esdevenidors
que le senhers en Karles, filh del rei de Fransa. sa en reire
aut coms d'Anjou, de l'roensa e de Forqualquier e marques
de Proensa, fâcha recitacion de la dicha patz e donation et
autrejament fâcha de la senhoria e de la jurisdiction e
40 dels dretz e de las intradas, las quais et la quai lo comun
de Mass'. avia o dévia aver If" 28 r"! en la ciutat de Mass*.
1. Ms. : que seran.
208 ANNALES DU MIDI.
e de foras, pec en Raolin, sindegue de la universitat de la
dicha ciutat, en nom de la dicha ciutat, al dig senhor comte,
recebent en son nom et en nom de la diclja donna comtessa,
15 moUer sieua e de lurs hères en public parlament de Mass'.,
aissi con de la dicha patz e donation plenierament es ferm
per carta publica d'aqui escricha per G. d'Avignon, notari
de Mass'., le dig senhers coms, a requista del dig sindegue
e d'aquels ques eran^ en lo dig parlament, donet, autrejet
20 et assignat, ad ops de curar lo port de Mass'., de las rendas
e de las intradas, las quais lo dig senhers coms e la dicha
donna comtessa an et aver e percebre^ devon en Mass'., e
las quais ill o li lurs hères percebran en Mass'. en les temps
que venran, .C. Ib'. de riais coronatz, otra aquelLis .CGC. Ib',
23 las quais le dig senhers coms en la carta de la dicha patz
avia autrejat et assignat ad ops de curar lo port de Mass'.,
et en la cura del dig port quascun an perpetualment se
dejan despendre; e las sobre dichas .0. Ib'. de riais vole et
autreget le ditz senhers coms que sian donadas e paguadas
30 quascun an per son viguier. lo quai aura en Mass., als
obriers del dig port, de las sieuas intradas e rendas. las
quais aura(n) en Mass'., per très termes, so es assaber en lo
mes de Mars la tersa part et en lo mes d'Abrial la tersa
part et en lo mes de May la tersa part, segon que en la
35 carta [y°] de la dicha patz e donation de las dichas .CGC.
Ib'. es plenierament ordenat.
(LXV).. Qwe hom fion pague mas J. denier al pes del Laurel
per quascuna saumada.
Item, donet et autrejet le dig senhers coms en aquel
mezeis parlamen a totz los ciutadans et ad un quascun de
5 Mass'., d'aquel jorn enant que aquesta [carta] fon fâcha,
- perpetualment per se e per los sieus hères, franqueza,
libertat et inmunitat de .j. denier d'aquels .ij. d'., los quais
li ciutadans de Mass'. eran acostumatz de paguar al pes del
Lauret per quascuna saumada de blat que hom portava als
10 molins per cauza de moire, en tal maniera que .j. sol d'.
tant solament per saumada sian tengutz de paguar al dig
pes, l'autre d'. apostot revocat o remogut.
1. Ms. : que seran. — 2. per recebre.
MELANGES ET DOCUMENTS. 209
(LXVI). De non pagar alcuna causa per Irossœras o per
matelas.
Item, en aquel mezeis purlament autrejet le ditz senhers
coms, en son nom e de la dicha donna comtessa e dels lurs
5 hères, a totz los ciutadans et ad .j. quascun de Mass'., fran-
queza, libertat et inmunitat perpetualment. per tota la
lur terra dels oomtatz de Proensa e de Folqualquier, de lotas
las bonelas e trossieras n del pesage, lo quai si paguava o
era acostumat de paguar per occaison de las bonetas o de
10 las trossieras al dig senhor comte o a la donna comtessa o
ad autre en nom d'els, en tal maniera que par razon de
bonetas o de trossieras. o d'aquellas cauzas que seran por-
tadas en las bonetas o en las trossieras, non sian tengutz
de [f" 29 F"] paguar alcuna cauza, e d'aquesia franqueza
15 s'alegron perpetualment li ciutadans sobre dig.
[DJ. — [Confirmation solennelle devant
LE CONSEIL DE MARSEILLE).
En nom de Nostre Senhor Ih'u Xpist. Amen. En l'an de la
Encarnation de lui raezeisme .M. CC. Ivii., en la endiciion
5 .XV., .viii. ydus Junii. Coneguda cauza sia a totz prezens et
esdevenidors per aquesta publica carta que, acampat lo par-
lament de la ciutat vescomtal de Mass'., enaissi con acos-
tumat es. en lo cimenteri de Madona Santa Maria de las
Acoas en Proensa, del moût onrat Nostre Senhor en Kalle,
10 fllh del rei de Fransa, sa en reire d'Anjou, de Proenssa e de
Folqualquier comte e marques de Proensa, ton legida e reci-
tada de paraula a paraula en lo plen parlament davant dig
la pas e la composition que fâcha era en la ciutat d"Aix
entre lo davant dig senhor comte, en nom sieu e de sa
15 moiller, ma donna Biatris , onrada comtessa d'Anjo, de
Proensa e de Folqualquier e marqueza de Proensa, filha et
hères de mon senhor en Raimon Berenguier de bona me-
raoria, sa en reire comte de Proensa e de Folqualquier e
marques de Proensa d'una part, e'n Raolin, drapier, ciu-
20 tadan de Mass'., syndegue de la universitat de l;i ciutat
vescomtal de Mass'. en nom de la dicha universitat daus '
1. Ms. : dans.
ANNALES DU MIDI. — XX 14
210 ANNALES DU MIDI.
l'autra, la quai escricha era en publica carta fâcha per mi,
G. d'Avignon, (e) de Mass'. e de tota Proensa notari. et espla-
natz aquels capitols e legitz los denant, le ditz senhers coms
25 promes al dig [v] syndegue, recebent en nom de la dicha
universitat, e juret als sans evangelis, d'ell corporalment ab
la man tocatz, la dicha patz e la libertat e [lasj franquezas
e totz los capitols en la dicha pas contengudas e contengutz
ad aquel raezeisme syndigue, recebent en nom de la dicha
30 universitat, e per aqnel ad aquella ciutat et a totz et a
quasclin de la dicha universitat, e nesqualre als estrangiers
aqui venentz o estantz, per si e per los sieus hères en per-
pétua, entierament, sens amermament, atendre e gardar et
en nengun tems contra non venir. En aquella mezeisraa ma-
35 niera le davant dig en Kaolins, sendegue, en nom de la
dicha universitat, legitz ad els et esplanatz qnascun dels
capitols de la dicha pas en lo dig parlament, de voluntat de
la dicha universitat, aquella volent et enaissi esser fag
demandant, e d'espres autrejament dels homes en lo dig par-
40 lament estantz. demandât, sobre las armas d'aquels et en
nom de la dicha universitat e de la ciutat, (et) si alcuns
volria contradire en alcuna cauza a la dicha pas, que so
dieisses (sic) de mantenent, si que [no] non séria auzit, e
negun home contradizent, promes ad aquel mezesme senhor
4.5 conte (e) stipulant en nom sieu e de sa moiller e de sos
hères, e juret sobre los sans evangelis de Dieu corporalment
et ab la man tocatz que, tant aquel sendegue en nom de la
dicha universitat et aquella mezesma universitat quant
cascun home de la dicha universitat jf" 30 r"] en perpétua,
50 la dicha pas e totas aquellas cauzas que en la dicha pas si
contenon, e specialmentz la donation e l'autrejament de
(la donation e de) la senhoria, de la jurisdiction e de totz
• los dretz e de totas las rendas e las intradas que aurian
acostumat esser del comun de Mass'. fâcha al davant [dig]
55 senhor comte, et per aquel a la dicha donna comtessa et als
hères d'aquels en Proenssa, fermas aver e guardar perpe-
tualmentz et entieramen[tz] sens amermament et en negun
tems non contravenir, e de totas [las] dichas cauzas e quas-
cunas lo davant dig senhor comte, en nom sieu e de la dicha
60 donna comtessa e de sos hères, d'autrejament e de voluntat
del davant dig parlament e dels homes del davant dig par-
MELANGES ET DOCUMENTS. 211
lament, envesti et ad aquell |fes) la donation el liurament
de totas las dicbas cauzas, per cauza de la concordia e de
la composition davant dicha. las quais totas e quascunas
65 cauzas sobre (losj sans evangelis de Dieu juret ad aquel
senhor comte, en nom sieu recebentet en nom de ma donna
la coratessa e de sos hères, le davant dig en Raolins, en
nom de la dicha universitat del davant dig pariament e
d'autrejament e de voluntat d'aquels e sobre las armas
70 d'aquels. aissi quant dig es de sus, fermas aver e tenir e
complir en perpétua et en negun tems non contravenir per
beneflzi de restitution o en quai que quai autra maniera.
[vf>] Aisso fon fag en Mass'.. en lo cimenteri de Ma Donna
Sancta Maria de las Acoas . en aquel luoc en lo quai era
75 acarapatz lo davant dig pariament. en presensa' et en tes-
tiraoni de mon senhor lo vesque de Frejurs, en nom de mon
senhor lo prebost de Grassa. eleg er* arcivesque d"Aix, de
mon senhor en Baral, senhor del Baus, de mon senhor en G.
de Bel Mon, de mon senhor en Rostain d'Agout, del senhor
80 n'Enric, capellan de mon senhor lo comte, de mon senhor
en Robert de l'Aven, savi en dreg, del senhor en Sentori '^
d'en Ugo Staca, d'en Symon Laget, d'en Bertran de Boc, d'en
G. Cornut, d'en Andriu del Port, d'en G. Chabert. de maïstre
Johan, clergue de mon senhor lo senescal, d'AIfan Boissiera,
85 de Pons Anselm, notari e de G. d'Avinhon, notari.
II. — Deuxième paix.
(LXVII). Ai/sso es la secunda pas.
En nom de Nostre Senhor l'hu Xpist. Amen. En l'an de
la Encarnation de lui raezeisme .M.CO. Ixii., en la endiction
5 .xvi«"^, lo diluns seguentre la utava de sant Martin, en luin
Coneguda cauza sia a totz presentz et esdevenidors que.
cora so fos cauza que discordia nada fossa entre l'aut baron
io senhor en Karle, fllh del rei de Franssa, d'Angou, de
Proensa e de Folqualquièr comte e marques de Proensa, e
10 ma donna Biatris sa moiller, comtessa d'aquels mezeismes
1. Ms. : proensa. —2. Sentoni {\nt. Tcntorii, mais Sanctonii I [a].
Lxiii, 12H).
212 ANNALES DU MIDI.
comtatz e marquesa de Proensa d'una part, els ciutadans de
la vila soteirana e sobrana de Mass'. et aquella mezeisma
ciutat daus' l'autra, per aisso que li^ ditz ciutadans [ô]
alcuns d'aquels en nom del comun los davant ditz senhor
15 comte e (la) dona comtessa [f" 31 r") avian despuillatz de la
pocessioD de la dicha ciutat e del castel de Sant Marcel e de
la(n)s rendas e dels dretz d'aquels, en la pocession paciflea
de las quais rendas eran et avia(n) estât ii davant dig
senhers^ coras e (laj donna comtessa, segon la forma con-
20 tenguda en la carta de la pas sa en reire fâcha entre lo da-
vant [dig] senhor comte e ma donna comtessa daus una
part, et en Raolin, ciutadan de Massehla, sendegue de la
dicha ciutat e de là universitat (et) de la dicha ciutat daus*
l'autra, pueissas li davant dig ciutadans, volentz retornar
25 al senhor et a la senhoria del davant dig senhor comte e de
la donna comtessa e de sos hères, et a la pas et a la con-
cordia et a la gratia et a l'amor d'aquels, elegiron lo senhor
en G. de Laurias et en Guigo Anselm et en G. de Mont Oliu,
n'Ugo^ Vivaut, n'Augier de la Mar, en Raymon Amielh,
30 n'Ugo de Jérusalem, en Johan Blanc, n'Andrieu del Port, en
G. Finaut ^, en Bertran ^ de Boc, en G. Bota, en Giraut
Alaman, en Bertran Gasquet, en Ferrier, curatier, en Guiran,
en G. Bascle, notari, a tracta[r] et a far la pas entre lo
davant dig senhor comte e la donna comtessa e la dicha
3a ciutat, douant- ad aqueis mezeismes plenier poder de far
aquella pas, aissi con plenieramentz si conten en una carta
d'aqui fâcha, de la quai la ténor es aitals :
En nom de Nostre Senhor sia, en l'an de la Encarnation de
lui mezeisme .M.CC. Ixii., en la endiction .vi^c"»., pridie
40 ydus Novembre. Conoisseran tutz li prezent e li esdeveni-
[v"]dors quel senhor Colomp de Peiia Sancta. poestat del
comun de Mass'. el conseil gênerai d'aquella mezeisma
ciutat, tant conseilliers cant dels caps de raestiers, al son de
las campanas et al vos de crida, aissi cant acostumat es,
45 fero et establiron tractadors de la pas ab lo senhor comte
1. Ms. : dans. — 2. le. — 3. senhors. — 4. dans. — 5. dugo. — 6. Le
texte latin donnant G. Feraudi, il faudrait peut-être corriger Feraud. Ce-
pendant Finaut se retrouve quelques lignes plus bas, où Sternleld dit en
MOLe que les noms sont les mêmes. — 7. Ms. : li't.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 213
de Proenssii o ab 1ns tractadors nobles barons, en G. de
Laurias, en Guigo Aiicelm. en G. de Mont Oliu, n'Ugo Vivant,
n'Aiigier de la Mar. en Raimon Amielli, [n'IUgo de Jérusa-
lem, en Johan BUinc, n'Andrieu del Port, en G. Finaut, en
:iO Bertran ' de Boj. en G. Bota, en Giraut Alaman, en Bertran
Gasquet, en Fer[rlier. curatier, en [Guiran, en] G. Bascle,
notarié, als quais tractadors doneron et autrejeron franc
poder de tractar sobre los capitols prepauzats, dels quais
es tractât entre los tractadors trames del senlior comte els
55 tractadors del comun de Mass'., mejansans messagies o
tractadors trames del senhor en Jacme, fllh de mon senhor
lo rei d'Aragon, e dels consols de Monpeslier^, e nescalre
sobre [totas las autras cauzas que devian estre tractadas
sobre) * la pas fa[z|edoira e reformadoira entre lo davant
60 dig senhor comte e la ciutat de Mass'.. als quais sobre
nomnatz tractadors doneron franc poder e plen poder de
tractar e de complir e de perfar e de reformar la pas e de
far, enaissi enpero que neguiis ciutadans de Mass". [de] dins
o de foras aoras estantz de la ciutat de Mass'. sia gitat, ni
6.J dampnage alcun en personas o en cauzas sufra, mas gene-
ralmentz e specialmentz a totz sia fâcha plena remission
del [ f'J 32 r°] senhor comte, si especial reinession aver volria,
prometens, en n an del comun e de la universitat de Mass'.
e per aquels, (si) ferm aver perpetualmentz quai que Iqualj
"0 cauza en las dichas cauzas et entorn las davant dich;is
cauzas ab lo davant dig senhor comte el ab los tractadors
d'aquel fag o dig sera (sera). En testimoni de la quai cauza
comanderon la prezent carta del sagel pendent de siéra del
comun de Mass'. per garni ment esser fermât.
75 Aisso fon fag en lo palais de Mass'. en prezencia et en
testimoni 5 del senhor n'Angelier, d'en Rairaon de Santys"",
notari, de Peire Gebelin, de Bernart Raimon de Rabas-
tenc, de G. Bertran', notari, de Berenguier de Valieras,
noiari. de » G. de Reihlana, semaniers, e del dig conseill
80 général, e de G. Lort, notari public de Mass'., le quais,
1. Ms. : H'I. — 2. tintari. — :>. monpi'sellit'r. — I l'.ounloii; nous nHti-
blissoiis d'M|(ios li; latin : omnibus aliisquo' fractam/a fuevinl super. —
.T. Sternfeld supprime les noms proi)rps et sp contciito do dire on note
qu'il y en a huit (il doit lairo un nom p.irticulior (ii> N/ilxistenc). —
6. Ms. : sant ys. — 7. 67. — 8. dauant.
214 ANNALES DU MIDI.
per mandament del davant dig' senhor poestat o del dig
conseill gênerai, de las davant dichas cauzas aquesta carta
escris e de mon senhal l'ai senhada^.
Li davant dig tractadors, reconoissent los ditz despuihla-
85 mentz esser fag per los ditz ciutadans de Mass'. o alcuns
d'aqùels, aissi com de sobre es dig, volent satisfar al davant
dig senhor comte e |a] la donna comtessa dels davant ditz
despuillaments (e) de la davant dicha ciutat e del castel de
Sant Marssel, e nescalre de totas las enjurias e daranajes
90 donatz per los homes de Mass'. totz e quascuns ad aquel[si
mezeismes senhor comte e donna comtessa, tractant de fase-
doira satisfaction epas, perufriron als davant nomnatz [v»]
senhor comte e donna comtessa de la davant dicha satis-
faction e de bona pas aquellas cauzas que denfra aissi si
9o segon :
Premierament, )i sobre nomnatz tractadors de Mass'., en
nom 3 de la dicha universitat et en nom lur, volgron et au-
tregeron que la dicha ciutat de Mass'. el castel de Sant
Marssel, ab totz los dretz e pertenentz d'els, sian restituilz
100 als davant ditz senhor comte e donna comtessa, que aquels
ajon e tenguan paciflcament e quietament aissi quant
aquels avian e tenian en acomensament d'aquesta guerra;
e proraeseron aquels restituir cant le senhers* coras sera
vengutz 0 aura trames sos messugiers. Volgron sobre que
105 tôt e demanderon que la pas, li quai fon deriera fâcha
entre los davant ditz senhor comte e (la) donna comtessa
daus una part, e lo davant dig en Raolin, sendegue de la
dicha universitat e ciutat de Mass'. et aquella ciutat daus
l'autra, en ^ l'an .M. CC. Ivii., en la endiction .xve"', [IV] nonas
110 Junii. li davant dicha pas sia ferma et esteols et en neguna
cauza déjà esser raudada, exceptatz aquellas que denfra
•aissi son declaradas, de las quais cauzas denfifr'aissi ex-
pressas e mudadas li davant dig de Mass'. |los] ditz senhor
comte e donna comtessa els hères d'aqùels (et) en son nom
115 e de la dicha universitat, de tôt en tôt absolgron, salvv
1. Ms. : sig. — 2. Notez le passage de la -'> personne à la première. —
3. Ms. : non. — 4. senhors. — 5. En, avec une grande majuscule, et, à la
ligne, comme si c'était le commencement d'un paragraphe important. On
a mis en marge (fin du \vi' siècle?), en chiltres arabes, le numéro 59,
comme le n" 58 ci-dessus, 1. 84.
MF.LANGES ET DOCUMENTS. 215
aquellas cauzas que per los arbitres, li quai (le lus partz
foroii elegit, sobre los capitols de la dichapas s'esdevenran
[fo 33 r"\iver declaradas ', a la ordination e déclaration dels
quais stia liom enaissi que las déclarations sian gardadas
120 6 fermament (tengndas?) 2, aissi con los autres capitols de
la pas.
Per 3 aqui mezesme , promoseron destruire e esplanar las
fortalessas * fâchas en las conflnias et aquellas mezesmas
confinias els fossatz d'aquel|a]s esplanar. enaissi ompero
12o que las fustas e las peiras e tota la materia de las dichas
conrinias renaanguan als davant ditz Marseilles a paguar
losdeutes per las dichas confinias contrachi a) o a far fontz*
0 ad adurre aygua.
Per aqui mezesme, promezeron ad aquels liurar e donar
130 (e) per nombre donant (?|. per comprar las davant dichas
cauzas e per bona pas, totas las albarestas que eran del co-
mun de Mass'. en lo tems de la moguda gueira, e (d)aquellas
que pneissas al dig comun esdevengron, a far sa voluntat ab-
soutamentz. enaissi que. si alcuns escondria las dichas alba-
i3o restas, li cort del davant [dig] senhor comte puesca enquerre
e recobrar aquellas d'aquels que aquellas aurian escon-
dudas, aisso pausat en covenent que li ciutadans de Mass'.
sian francs d'aissi adenant en perpétua de donar e d'aportar
albarestas, non contrastant l'establiment de donadoiras et
140 aportadoiras las albarestas, enaissi que li mercadiers de
Mas>'. ni li senliors de las naus de Mass'. ni li autres ciuta-
dans de Mas^'. d'aissi enant jnonj sian tengutz |v»l donar <>
aportar albalestas de las partiras d'outra mar 0 d'autra
part, las quais eran tengutz*^ d'aportir sa en reire al
44.'> comun de Mass'.. li autre empero, non ' ciiitadan de Mass'.,
quais que sian 0 seran. sian tengut d'aportar las albarestas
al senhor comte et a ma donna la comtessa et als hères
d'aquels, enaissi 'on davant» aportavan al comun de
Mass'., de las quais puescan li davant dig senher coms e
LSO donna comtessa far lur voluntat, e li sien hères.
Per aqui mezesme, voli^^ron et autrejeron li davant dig
1. Ms. : declaratz. — 2. Le latin doiino : nhservctitnr et finuœ siut.
— .S. Le ms. ne va pas à la li^ne et einploic un p majuscule ordinaire.—
4. Ms. : fossas (lat. fortnlicia). — T). fu„itz. — f>. (i'H(ju<lns. — 7. Lat-
7iimc. — 8. Ms. : adenant.
216 ANNALES DU MIDI.
tractadors, en nom lur et en nom de la dicha universitat,
que li dig senher coms e la donna comtessa els hères
d'aquels ajaii en perpétua los Juzieus e las Juzieuas en
loo Mass'. eslantz prezentz et esdevenidors, enaissi que a la
voluntat sieua en aquels Juzieus et els bens d'aquels pues-
can quista e tallia far e querre e traire et aver d'aquels
mezesmes, non contrastant lo capitol de la pas davant dicha
parlant de la franqueza d'aquels, enaissi empero que li da-
160 vant dig Juzieu e las Juzieuas donon en las dispensarias
que si faran per cavalcadas al senhor comte et a la dicha
donna comtessa et als hères d'aquels fazedoiras aissi cant
li autre ciutadans de Mass'., et en ninguna autra cauza
donon al comun de Mass'., mas de tôt remanguan als da-
565 vant ditz senhor comte e donna comtessa et als hères
d'aquels.
De la cavalcada de .v <=. serventz et de .1. cavals armaiz.
[fo 34 r"]. Per aqui mezesme, autrejeron [e] promezeron
que li cavalcada de .v.c. sirventz e de .1. cavals armatz,
170 que eran tengutz far segou lo capitol de la davant dicha
pas sa en reire fâcha, sia doblada, enaissi qued'aissi enant
sian trames en cavalcada del davant dig senhor comte e de
la donna comtessa e de lurs hères .M. cirventz o .C. cavals
armatz, segon la forma e la maniera contengudas en lo dig
175 capitol de la dicha pas de la cavalcada.
Per aqui mezesme, promezeron aï davant dipr senhor et a
la donna coràtessa paguar très .M. Ib'. de tomes per resti-
tution de las rendas de Mass'. pertenentz al[s] davant(z)
ditz senhor comte e donna comtessa, las quais del(s) tems
180 de la moguda guerra entre ad aquest prezent jorn agran
.pogut percebre le senhor coms e li donna comtessa, enaissi
que las davant dichas rendas per lo tems davant dig sian
dels Marseilles francamentz et absoutamentz.
Per aqui mezeis, promezeron ad aquels senhor comte e
185 donna comtessa las cauzas moblas', las quais avian en lo
castel de Sant Marsel, cant fon près per los Marsseilles.
Per aqui mezesme, que las cauzas toutas en Mass'. et en
1. Ms. ; noiielas.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 217
lo castel de Sant Marssell als officiais de mon senhor lo
comte en Mass'., et al castellan de Sant Marssel et als ser-
190 vidors en aquel inezesnie castel o a la lur mainada, en lo
tems de la moguda [vt>) guerra, sian restituidas ad aquels als
quais foron toutas, et aisso ad aquels que aquellas agron
sian de paguar; si que non, li comuns de Mass'. sia tengutz
de restituir. En aquella mezesma maniera e forma sia fâcha
19") la restitution del blat e de las autras cauzas totas e presas
per los Marseilles, las quais avian en Mass". li ' home de
Proensa, o clergues o laïx, en lo tems de la moguda guerra.
els deutes sian paguatz als homes del davant dig senhor
comte d'aquels que o devian; et aquellas cauzas son enten-
200 dudas d'aquellas cauzas o deutes que en Mass'. devian et
avian agudas de lo tems de la moguda guerra. Senblan-
raentz sian restituitz lo|sl darapnage[sj donalz dels Mars-
seiiles e dels autres estantz en Mass". eu lo tems de la
guerra al senhor en Phelip Ancelra et a son fraire et a'n
20.J R. Gantelm et als autres faiditz de Mass'. per occaizon de
la dicha guerra en las cauzas moveols o non raoveols den -
fra Mass'. contengudas, et aisso d'aquels que las cauzas
auran perceupudas e los davant ditz daraajes ad aquels
mezesmes auran donat sia(n) de (que) paguar; si que non, li
210 coraun de Mass'. satisfasse ad aquels e de las davant dichas
cauzas sia saupuda veritat per nazi de la cort.
Per aqui mezesme fon dig que en nom de las victualias
es entenduda sal, [salvv] aisso que le davant dig senher
coras e li donna comtessa els hères d'aquels non sian ten-
215 gutz donar o autrejar saltvv) als Marseiltes, sinon per
[fo 35 r"] aquel près per lo quai si donaria als autres homes
de Proensa en las gabellas del senhor comte.
Per aqui mezesme, proraeseron li davant(zi [dig] tracta-
dors queaquil faran e curara[nj que li ciutat de Mass'. et li
22!) ciutadans d'aquella mezesma totas las davant dichas cauzas
ratiflcaran e juraran et encartaran, aissi con miells e plus
utilment si poira far a utilitat et ad bonor del senhor
comte e de la donna comtessa e de sos hères.
Seguentre aquestas cauzas, li davant ditz tractadors so-
225 plegan pregueron als davant digtz senhor comte e (a la
1. Ms. : SI.
218 ANNALES DU MIDI.
dicha) donna comtessa que cant si tenrian per pagatz eper
contentz de la dicha satisfaction o pagiia, que remezessan
e perdonessan als ciutadans de Mass'. totz e quascuns tota
enjuria e tota rancor e totz los dampnages donatz a cells,
230 [e] que nescalre autregessan ad aquells per bona pas al-
cunas cauzas que denfra aissi son declaradas. Ad aquestas
cauzas li davant ditz senhers coms e li donna comtessa, per
preguieras d'aquels e de moût prelatz e barons e de rele-
gios enclinatz, autregeron ad aquells mezesmes tractadors,
135 recebent en nom lur et en nom de la universitat e de la
ciutat davant dicha, et a quascun de la dicha ciutat. (o) per
aquella universitat e ciutat. aquellas cauzas que denfra
aissi si segon :
Preraieramentz li davant dig senhei- coms e li donna com-
240 tassa per si e per sos hères receupron las sobre dichas cau-
zas que li dig [v°] Marsseilles de sobre proraezeron e done-
ron ad aquels mezesmes, e contentz* de la dicha satisfac-
tion, feniron e remezeron de tôt en tôt, per si e per sos
hères e per totz lurs valedors. a 2 quascuns ciutadans de la
245 ciutat de Mass'., de la vila sotrana o sobeirana, tota enjuria
e rancor e coraplancha. la quai aurian 0 aver podon contra
totz los Marsseilles e quascuns, per cal que cal cauza per
ocaison d'aquesta prezent guerra e de la touta de la dicha
ciutat e del dig castel de Sant Marssel, e de la restitution
250 del régiment de la dicha ciutat, e de totz los offendementz
fatz en personas de lurs officiais de Mass'. e del castellan
de Sant Marssel e dels servidors d'aquel castel e de la mai-
nada d'aquells e de totz lurs homes e va'edors, et totz los
dampnages donatz durant' la guerra remezon de tôt en tôt
253 ad aquels mezesmes, e lur gratia e lur bona voluntat ad ells
renderon. et aquels en lur garda e lur protection receupron,
salvas aquestas cauzas que en aquesta prezent carta de
sobfe son autrejadas als davant ditz senhor comte e (la)
donna comtessa et a sos hères.
260 Per aqui mezeis, autrejeron li davant ditz senher* coms
e la donna comtessa que las possessions els dretz els bens
non moveols els deutes de la cort del senhor comte non
1. Ms. : contengutz. — 2. e. — 1. dauant. — '2. senhor.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 219
tiratz' e(n) las cauzas moveols non occupadas que li ciu-
tadans de Masseilla, clergues o laïx, de la vila sotrana e
265 sobrana de Mass'., avian o pocezian o quaislpocezian] en
lo tems de lo coraenssuraent d'aquesia guerra [en la lerraj
del senhor [f" 36 r'^] comte e de la Jonna comtessa e de lurs
hères, ad els toutas en lo tems d'aquesta gucrra, sian res-
tituidas ad aquells, li quais aquellas enanlz avian e lenian;
•.:70 e proraezeron que farian restituir aquellas cauzas ad aquels
que las tenrian e de oui serian detengudas en bona fe sens
tôt plag e sens tota controversia.
Per aqui mezesnie, li davant dig senher coms e la donna
comtessa, de lur franqueza e gracia, volon que en Guigo
275 Anselm puesca estar en Mass'. et en tota la terra del senhor
comte e de la donna comtessa e dels lurs, enaissi com li
autres ciutadans de Mass'.; e[t] a las preguieras e requista
dels davant ditz Marsseilles volon et autrejan que li autres
faiditz. que [faiditz] son de Mass'. per lo senhor comte e los
280 sieus en lo tems de Tautra paz, o pueissas per occaison de .
la part d'en Breton, puescan estar en Mass'. et en tota la
terra del senhor comte e de la donna comtessa e dels lurs,
aissi com li autres ciutadans de Mass'., e que li davant ditz
en Guigo e li autres faiditz recobron et ajan totz lurs bens
;85 non moveols. e de las heretatz d'en Breton e dels autres
faiditz mortz sian auzit de plan en lur dreg. e sens quai que
quai enjuria sian fâchas aquellas cauzas que dichas son dels
davant ditz Guigo e dels faiditz.
Per aqui mezesme. quar^le senhers coms, enantz aquesta
290 discordia, de sa gracia avia autrejat als Marsseilles que le
viguiers fossa tengut recebre francamentz e ses contradic-
tion homes estrangiers que non serian dels [vj oonitatz de
Proensa e de Folqualquier ni sieus enemicx manifestiz] en
ciutadans de Mass'., segon costuma de Mass". 3, volgron e
295 autregeron aoras li davant dig senher coms e la donna com-
tessa. (e; d'aquel autrejament enant fag. que li sieu viguier
que per tems li serian sian tengut per sagrament de recebre
lo|s] davant ditz^ en ciutadans segon la forma sobre dicha,
lo quai sagrament fassan en lo comenssament de lur regiraen.
1. Ms : iratz. — 2. que; cf. 306. — 3. Le latin ajoiito : ri,>,i ru hh,-,-
tate in qua sunt alii cives Mass. — 4. Ms. : diff.
220 ANNALES DU MIDI.
300 Per aqui mezesme cove[n]gron li davant ditz senher coms
e li donna comtes.^a e li ditz Marseille? que li près dans'
una part e dans l'autra. de quai que quai condition sian,
dejan esser laissatz e desliuratz de las carces e sian rendutz
a l'una part et a l'autra [a la condition (?;] de pagar las des-
305 pensas d'aquels e gardias atempradas.
Per aqui mezesme, car le senliers coms avia autrejat
enantz aquesta discordia que serian elegitz arbitres a co-
noysser si la pas davant dicha non séria gardada et a de-
clarar los capitols escurs que eran en la dicha pas, volgron
310 aora(ra)s et autrëgeron del dig autrejament li davant dig
senher coms e li donna conitessa que sian elegitz arbitres
que puescan las davant dichas cauzas far e las fassan en
bona fe. e puescan ordenar, ad utilitat et honor del senhor
comte et a profleg de la ciutat de Mass'., la segurtat dels
315 mercadiers estrangiers e de las lurs cauzas venent et estant
e tornant a Mass'., e de la tersaria^ non pagadoira pels ciu-
tadans per^ l'us de la ciutat de Mass'., et a la déclaration
et ordination d'aquels estia hom e las déclarations et ordi-
nations d'aquels sian [f" 37 r"] gardadas aissi con los autres
320 capitols de la pas.
Per aqui mezeis, le senescal de Proensa, le quais a{d)oras
es, juri gardar e far gardar aquesta pas e l'autra sobre dicha
en bona fe e contra non venir; et aquella mezesma cauza
juraran li autres senescals, li quais per temps i seran, en
325 lo comensamen de lur senescalsia.
Per aqui mezesme, li davant ditz Marsseilles daran lurs
letras ubertas, que aquill autrejeron, que mon senher le
reis de Franssa, le quais aoras es e le quais per temps isse-
ria, sens autra destlzation, puesca aquels licenciar de son
330 règne, enaissi que non ajan segurtat(z) alcuna en lo dig
• règne ni en personas ni en cauzas, si s'esdevenia aquels
revelar autra vegada contra lo davant dig senhor comte e
la dona comtessa e sos hères; e que le senher reis per si
e per son hères rei al davant dig senhor comte e donna com-
335 tessa de Proensa sobr' aisso sas lotras autregi ubertas.
Per aqui mezesme, volon que le senher'' coms e la donna
comtessa e li sieu hères puescan aquels mezesmes Mars-
1. Ms. : dans. — 2. h^i -.custaria. — 3. Lat. : prœter. — 4. ]\Is. : lenher.
MÉLANGES ET DOCDMENTS. 221
seilles e los lurs bens penre, per si e per los sieus, [sens]
forfatz, en quai que luoc que serian. si 3'esdeven(n;ia(n)
340 aquels autra vegada revelar.
Per ^ aqui mezesme, promezeron II davant dig tractadora
que aquili e li autres ciuladans de Mass'. pregaran e requer-
ran, a la voluntat del senhor comte, mon senhor io papa,
que las dichas totas cauzas confeim et lotas e quascunas
3i5 cauzas sobre escricbas, et es[)ecial[v»|mentz la pas sobre
diclia ab en Raolin sa en reire fâcha. Li davant dig senher
coms e li donna comtessu per si e per sos hères daus una
part, e li ditz Marsseilles de sobre nomnatz per si e per la
universitat comunal de la ciutat de Mass'. daus'* l'autra,
350 voluntariamentz accepteron et volgron (e,, l'una part e
l'autra, atendre e gardar, e far gardar en bona fe prome-
zeron, aissi cant de sus son espressas, e nescalre totas las
sobre dichas cauzas e quascunas li davant dig senher coms
e ma donna comtessa e li sobre noranatz Marsseilles. en
3.'j5 son nom et en nom dels ciutadans de la ciutat de Mass'.,
jurerun sobre los sans Dieu(s) evangelis atendre e gardar
en bona fe e far atendre e far gardar e contra non venir.
En testimoni de las quais totas cauzas et en perpétua
fermansa li davant dig senher coms e la donna comtessa
360 comanderoa aquesta prezent pagena dels sagels esser
garnida. Sobre que tôt aquist denfra aissi escrig, se es
assaber znonsenher vescom^, per la gracia de Dieu ar-
civesque d'Aix, nionsenher en Bertran, per la gracia de
Dieu evesque de Frejus, e monsenher n'Alan, per la
365 gracia de Die[ul evesque de Cestaron, e li religios baron
fraire Jaucelim, ministre dels fraires menors en Proenssa,
e fraire Peire de Varicias. prier dels predicadors de Mass'.,
e li noble baron en Joan de Acciac, diandemesV e(t) en
Baral, senhor del Baus, e Peire de Vezins. senhor de Li-
370 mos, [e] G. de Belmont, a requesta del davant |dig| senhor
comte e de la donna comtessa e delisj sobre nomnatz Mars-
seilles. en [f" 38 r") testimoni de totz los davant ditz [capi •
tels], lurs sagells en aquesta prezent carta pauzar ferou.
1. Ms. : per (sans ponctuation ni séparation). — '-i. duiis.- :!. vt'scom.
atin ■ vicedonti}ius.— 4. {sic): latin : de comitis militibux.
222 ANNALES DU MIDI
de las quais totas cauzas las dichas partz comanderon osser
Mo fâchas piusors cartas d'una mezeusa ténor.
Aquestas cauzas foron facha> ad Aix, en prat del palais
dels davant ditz senhor comte e (de la) donna coratessa,
davant los davant ditz prelatz e relegios e nobles barons,
e fraire Peire Blancait, Johan de Sant Clar, Symon de Fre-
380 jnrs, G. Vento, ciutadan de Genoa. Robert de l'Aven, juiis
professor, G. Porcellet, Bertran Gantelm'. baille d'Aix,
Til»aut de Frene^, Jaufre Caudeon^. en Borgoinnon de Tretz,
en Rocafueill'', fraire d'aquels, en G!n(ljran de Symiana'»,
Alfant de Sant Charaans^, en Gautier de Alnet, Syraeon de
3S3 Foresta, G. de Bracsilva, Folco de Puech Ricart, Tibaut de
Vezins^. cavalliers, Rostain Benêt, Martin de Cordas, cans-
sellier* d'aquel mezesme senhor comte, e (de) plusors au-
tres, e (de) mi, Martin de la Magdalena de Paris, canone-
gue de Sant Maus d'Anjou'', publique notari d'aquel senhor
390 comte, le qnals per mandament d'aquel senhor comte me-
zesme e [de] donna comtessa e dels sobre nomnatz Mars-
seilles aquesta carta ay escricha :
Karlle, flU del rei de Fransa, d'Anjou, de Proensa e de
Folqualquier coms e marques de Proensa, a totz et a quas-
395 cuns aquestas prezentz letras esgardadors salutz. A totz
volem (volem) esser coneguda cauza que nos prometem en
bona fe a'n G. de Laurias et a totz los trac[ta]dors de Mass".
que nos preguarera lo car senhor e(n) fraire nostre Lodoye,
per la gracia de Dieu rey de Fransa [vo] meut aut, els au-
400 très pel règne de Fransa e de son destreg, per desempa-
charaent de [las] cauzas e de las personas dels Marsseilles,
si alcunas personas sian prezas e detengudas en sa terra o
dels siens, exceptadas galeias e barcas e las sarclas d'aquei-
las, que a nos devon esser restituidas dels homes de Monpes-
405. lier. E preguarem en bona fe per absolution de l'escumi-
nion en aquels fâcha e de l'entredig en aquella mezesraa
ciutat*" aquels que an poder d'absolver. et aquella absolu-
1. Lat. Gerdntelmo. — 2. Lat. : Fvonayo. — 3. Lat. : Janfrido Chan-
daron. — 4. Lat. : Richifolio. — 5. I^at. : Guircmno de Sumaria. —
6. Aujourd'hui Saint-Chamas ; lai. : Abnantio (lis. Amantio). — 7. Ms. :
ve)'i7is. — 8. Lat. : de Dorduiio capella?io. — 9. Ms. : damon; lat. : 6'.
Maiidi Aiidegavensis. — 10. Ms. : e li (uitredig, etc.; texte latin:e< inter-
dicti in ipsam cioitatetn. Le traducteur a pris intfrdicti pour un nomi-
natif pluriel.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 223
tion et dezpezeguament de las cauzas e de las personas far
cnrarera en bona fe : et (que) li jutge nostre, los quais en
410 Mass'. pauzarem, veiran, cant seran enquistas aquellas
cauzas que son fâchas en las cortz de Mass'. per alcuns
fazentz si e tenentz per ofdcials, que non sia fâcha alcuna
cauza al dreg contraria '. (non) per aisso que li officiais de
dreg aqui non eran. [si que non (')] faran'^ aquellas de nou
415 sens plag fermas sotz lo nom d'aquells- Deis con(S)tratz e
dels testamentz fatz foras la oort volem que sian ferin(a)s
aissi cant en dreg fàtz ^ seran. salvv enpero que las da-
vant dichas cauzas non sian fâchas en nostre prejudici* o
dels nostres valedors. En testimoni de la quai cauza en
420 aqupstas prezentz letras nostre sagell comandem esser
pauzat.
Donada fon ad Aix, lo diraartz siguentre la octava del
benaurat sant Martin d'ivern^, en l'an de Nostre Senhor
.M.e.CC.lxii.
(A suivre.) L. Constans.
II
UNE CONJECTUUE SUR UN TROUBADOUR ITALIEN.
OBS DE BIGLLI.
« N'Obs de Biguli se plaing », chantait Guillem Raimon,
le troubadour bien connu du xiii« siècle, qui échangea des
vers, à la cour d'Esle, avec Ainieric de f^eguillian ^ et Ferra-
rln de Ferrare ". Or, Obs de Biguli pourrait se plaiadre aussi
de l'oubli dans lequel il fut laissé, depuis que M. SchuUz-
Gora eut l'heureuse idée de le classer parmi les troubadours
italiens \
1. Ms. : cauza plus c. — 2. Lat. : et si cog?ioverint quod sit factum
aliquid contra jus, eo quod offiinales de jure ibi non ernnt, facient.
La restitution n'est pas sûre. — li. Ms. : fâchas. — 1. prcjuziri. —
5. duuern.
G. Grundriss de Bartsch, 229, 2. La pièce a été pul)]ic'c par M. Appel,
Provenz, Chrest, 2, n" 89.
7. La tençon est publiée dans le Manueletto de ('rosciiii. 2' éd., a" 45.
8. Zeitschrift f. roman Phil., vu, 2:j3.
224 ANNALES DU MIDI.
Cependant, il faut avouer que M. Schultz-Gora n'a chance
de satisfaire personne, quand il croit trouver à Plaisance la
famille de son poète, se basant uniquement sur ces quelques
lignes de Poggiali : «(1288)... l'antichissima chiesetta paro-
« chiale detta S. Maria de Bigolis, ovvero illorum de Bigu-
« lis, perché da questa famiglia riconosceva la sua fonda-
it zione '. » Quant à moi, même sans attacher une grande
importance au fait que Plaisance n'était pas un pays visité par
les troubadours, comme Gênes, le Montferrat, Ferrare, la
Vénétie, je remarque que les relations enlre Obs de Biguli et
Guillem Raimon devraient plutôt nous amener à le chercher,
par exemple, parmi les familles de la marche « joyeuse « de
Trévise, ou dans les contrées qui furent en Italie le berceau
de la poésie provençale. Je trouve une famille « Bigolini » à
Padoue ~ et il est permis de supposer que Obs de Bigulin pour-
rait bien être un « Obizzo de Bigolini ». Cette supposition
deviendrait une certitude presque absolue, si l'on pouvait
découvrir un membre de cette famille portant, au xiii^ siècle,
le nom de « Obizzo i*. Malheureusement, les documents con-
cernant cette famille ne remontent qu'au commencement du
XV* siècle ; mais ils nous font connaître, à cette époque,
comme fondateur de la famille de Padoue, un certain « Vittore
de Bigolini », maître d'école, venu de Trévise. Notre famille
était donc originaire de cette ville où les troubadours étaient
accueillis avec grande faveur par les seigneurs « Da Camino »
et où se rendait souvent Ferrarin de Ferrare. Pourrait-on
donc, avec quelque chance de probabilité, avancer la conjec-
ture que notre Obs de Biguli était un troubadour de Trévise ?
La réponse sera donnée par celui qui aura l'occasion d'étudier
les documents du xiii* siècle conservés dans les archives de
cette ville. " Jules Bertoni.
1. Poggiali, Memorie storiche di Piacenza. v. 396.
a. Bibliothèque de la ville de Padoue, ms. B. P. 1376 (Cp. Riv. aral-
dica di Roma, Agosto 1906, p. 501) ; et mss. B. P. 172; 357 ; 1U42 XXI ;
1232 ; 1316 ; 1462 I : 1180 IIl ; 1998 ; 2155.
MELANGES ET DOCUMENTS. 225
III
ŒUVRES INEDITES DE FRANÇOIS MAYNARD.
La Bibliothèque municipale de Toulouse possède deux ma-
nuscrits* de François Mayuard, catalogués sous les numé-
ros 843 (ancien 69) et 844 (ancien 92), que le plus récent
éditeur de ce poète, Gaston Garrisson^. a eu le tort de ne pas
dépouiller avec tout le soin désirable.
Dans ces deux manuscrits, dont l'un, le843, a 279 folios^, et
l'autre, 53. Garrisson n'a trouvé à relever comme inédites que
dix-sept pièces^; encore lant-il ramenée ce chiffre à quatorze,
les pièces numérotées VIII et IX (pp. 292--!) n'étant que les
strophes 6. 8, 10 et 11 d'une ode publiée du vivant même de
Maynard^ et les fragments I et II (pp. 301-2) appartenant à
une seule et même pièce*.
On serait tenté de croire, sur la foi de Garrisson, qu'en
dehors de ces quatorze pièces inédites et des trente-six pièces
pour lesquelles nous sont données, d'après les manuscrits',
les variantes, les 333folios de nos manuscrits ne contiennent,
en fait de poésies, ou bien que des priapées^. ou bien absolu-
ment les mêmes pièces que celles que l'édition reproduit.
1. Pour la description, la provenance et l'âge de ces niss., voir l'opus-
cule de M. Drouhet : Les Mcuiuscrits de Maynard conservés à la Bibl.
de Toulouse (Paris, H. Champion, 1908).
2. Paris, Lemerre, 1885-8 (8 vol.).
3. 280 en comptant la feuille de garde initiale qui n'est pas foliotée,
bien que couverte d'écriture.
4. Treize dans le ms. 84;î (v. t. 111. p. 287-300) ot quatre dans le ms. 844
{Ibid., p. 301-3).
5. L'ode « Louis dont les palmes sans nombre «avait paru dans le /to'«f'(V
des plus beaux vers de Messieurs Malherbe, Ilaca/i, Maynard, liois-
robert, etc.. (Paris, du Bray, 1030), recueil ignoré de Oarrisson.
6. On trouve cette pièce in exlejiso (ms. 841, p. 32) ([uclques pages plus
loin que l'endroit d'où Garrisson a tiré ces deux fragments. Nous la don-
nons infra, p. 229-30.
7. liCS variantes citées par Garrisson sont surtout tirées du Uecueil des
plus beaux vers (Paris, Du Bray, 1020), des Pièces nouvelles de May-
nard (Toulouse, 1638) et des Lettres de Mayiuird (Paris, gulnet, I0r>2).
8. Le chiffre en est assez élevé. Nous en avons compté 83, toutes dans
ANNALES DU MIDI. — XX 15
226 ANNALES DU MIDI
En réalité, Garrisson n'a pas consulté les manuscrits de
Toulouse avec plus de soin que les œuvres imprimées^; car,
s'il les eût scrupuleusement dépouillés, ce n'est pas pour
36 pièces seulement, niais bien pour 277 qu'il aurait pu nous
donner les variantes et, d'autre part, il aurait pu accroître
très notablement le nombre des pièces inédites. Les manus-
crits de Toulouse lui offraient, en effet, 10 des pièces vérita-
blement inédites données par Labouisse-Rochefort, 40 des 64
qui ne se trouvaient imprimées que dans les recueils collec-
tifs de poésies, d'où M. Lachèvre les a exhumées, pièces aux-
quelles on doit ajouter les 29 tout récemment imprimées par
M. Drouhet et celles qu'on lira dans le présent travail, où
nous nous proposons de donner ce que renferment encore
d'inédit 2 — priapées à part — les manuscrits 843 et 844 de
la Bibliothèque de Toulouse.
le ms. 843. Sur ce nombre, 53 ont été imprimées dans l'édition des
Priapées (Freetown, 1864) aux pp. 5-33, et 2 dans le Cabinet satyrique.
Des 28 autres, 1 a été attribuée à Sigogne (par M. van Bever), 1 à Car-
lincas (par M. Lachèvre), 1 a été imprimée par M. Drouhet {op. cit.), enfin
25 sont inédites.
1. Pour justifier ce reproche, nous rappellerons :
1" Qu'il a oublié tr^ois des pièces données dans les Poésies nouvelles de
Maynard (Toulouse, 1638), et qu'en revanche, il en a reproduit une qui ne
diffère que par un seul mot {Guy au lieu de Jean) d'une épigramme qui
figurait déjà dans l'édition de 1646 (cf. t II, 279, et III, 101);
2° Qu'il n'a pas connu certains recueils collectifs de poésies du xvii« siè-
cle, entre autres le Recueil des plus beaux vers de 1630, non plus que
l'édition toute récente des Poésies diverses et vers itiédits de Maynard,
donnée par M. Blanchemain à Genève en 1867;
3" Qu'ignorant cette dernière i>ublication, il aurait dû extraire des
Lettres biographiques sur Fr. Maynard de Labouisse-Rochefort (Tou-
louse, 1846) non pas seulement les deux rondeaux qu'il cite — sans se
douter que le second est incomplet, — mais bien 17 autres pièces, dont 8
ont été données par M. Blanchemain (édit. de 1867), et It par MM. Durand-
Lapie et Lachèvre dans leur ouvrage : Deux homonymes du xvii" siècle
(Paris, 1899).
2. Nous regardons comme inédits les pièces ou fragments qu'on ne
trouve ni dans Labouisse-Rochefort, ni dans Blanchemain, ni dans Gar-
risson, ni dans les ouvrages de M Lachèvre, ni dans l'opuscule de
M. Drouhet, ni enfin dans les Lettres de Maynard. Les vers cités dans
ces lettres sont fort nombreux : nous y avons relevé, outre 67 fragments,
31 pièces complètes, sur lesquelles 21 se retrouvent dans Garrisson, 4 dans
Ijachèvre, 1 dans Labouisse-Rochefort, 4 dans le ms. 843; 1 enfin — un
sonnet (les 2 quatrains, h?ttre 277, et les deux tercets, 1. 153 bis) — n'est
MELANGES ET DOCUMENTS. 227
Nous donaeroQs successivement les pièces composées de plu-
sieurs strophes, puis les sonnets, les dizains, et ainsi de suite
par ordre de longueur décroissante, Le même ordre sera con-
servé dans chacune de ces catégories pour le classement des
vers^
Nous terminerons en donnant les strophes que Maynard a
éliminées de certaines pièces publiées de son vivant 2.
Double veau, lu veux que j'estime
Que ta noblesse et ton dequoy
Sont par un chemin légitime
Sous Pharamont venus ches toy.
Ton ayeul, que tu recommandes
Avec des parolles si grandes,
Fut un homme sans feu ny lieu
Et, quand il paya la nature.
Il démara de l'Hostel-Dieu
Pour aller soubs la sépulture.
N'as-tu pas honte de nous dire
Que, soubs le dernier des Valois,
Il estoit par tout cet empire
L'honneur des armes et des lois?
Tu veux le tirer des ténèbres
Avecque ces tiltres célèbres
Dont faulsement tu l'embellis
Et ton humeur est asses vaine
Pour jurer que la fleur de lis
Estoit sa cousine germaine.
citée nulle part ailleurs. Quant aux fragments, nous en avons retrouvé
43 dans Garrisson, 1 dans T^achèvre, 10 dans les mss. de Toulouse; les
13 autres n'ont pu être identifiés.
1. l*our tous les morceaux nous indiquons la référence aux mss. Nous
désignons par A -le ms. 843 et par B le ms. 844. I.es cliilTres — entre
parenthèses — qui suivent ces lettres renvoient au folio : il s'agit du recto
quand le nombre n'est suivi d'aucune indication et du verso quand il est
suivi de la lettre v.
2. Entre plusieurs formes d(> la même pièce nous avons toujours choisi
la plus récente; de même pour les variantes.
228 ANNALES DU MIDI.
Fay-toy parent des Rois de Trace
Ou de l'aigle des Allemans
Et prens la source de ta race
Dans le plus vieux de nos Romans,
Je ne veux plus ouvrir ma porte
Aux petits Messieurs de ta sorte;
On ne voit rien de si brutal.
Il faut qu'un homme soit bien grue.
S'il n'est ennemy capital
De ceste noblesse bourrue.
Aminte, esprit clair et net,
Dont le docte cabinet
Sert aux Muses du théâtre,
Nostre âge t'estime tel
Qu'il se désire idolâtre
Pour t'eslever un autel.
Tout ce qui part de ta main
Est plus céleste qu'humain,
Tes veilles sont des merveilles
Et le rond de l'univers
N'a pas aujourd'huy d'oreilles
Qui soyent dignes de tes vers.
Avant que leurs dons accens
Eussent enchanté mes sens
Et fait mon cœur tout de glace,
Mon nom, plein de vanité,
S'estoit promis une place
Au front de l'Eternité,
Mais à peine eus-je entendti
Les chansons qui t'ont rendu
L'unique Apollon de France
Qu'aux Muses je dis adieu
Et d'une telle espérance
L'envie occupa le lieu.
A, 124 V. et 125.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 229
Pourroy-je n'envier pas
Tes rimes dont les appas
Charmeroyent les plus l)arbares,
Moy, dont le soleil des Rois
Entre les voix les plus rares
Autrefois ayma la vois?
Suy le chemin entrepris
Et, des plus hautains espris
Frustrant la gloire et la peine,
Montre aux François orgueilleux
Que Garonne comme Seine
A des cignes merveilleux.
(A, 60 V, 61-61 V.)
Le Ciel me veut donc affliger
Par de longues inquiétudes :
Ma femme a l'esprit si léger
Qu'elle est l'antipode des prudes.
Elle est toute couverte d'or,
Son équipage est magnifique
Et Paris n'a point de Médor
Dont elle ne soit l'Angélique.
La prodigue a fait enchérir
La dentelle et le point de Gênes;
Ma bourse commence à tarir;
Il faudra vendre mes domaines.
Pour esblouir les jeunes fous
Et se décrier pour un ange*,
Elle a dépouillé des bijous
Les boutiques du Pont-au-Change^.
1. Moites de pommade et d'eau d'ange (1. liJ2 à Flotte).
2. A la suite de ce quatrain on lit (1. 122) :
Elle se farde et s'embellit.
Elle se parfume el se l«ve,
Et c'est pour mcllre dans son lit
L'abbO, le bourgeois et le brave.
230 ANNALES DU MIDI.
La folle a si bien mesnagé
Les doux attraits de sa prunelle
Que mon lit se trouve assiégé
De plus de braves qu'Orbitelle.
Mon pauvre père est aujourd'huy
Le plus vieil barbon qui nous reste.
Et je crains que ma femme et luy
Méditent de faire un inceste.
O! que je bénirois les cieux
Si cete jeune vagabonde
Alloit débaucher nos ayeux
Et coqueter en l'autre monde i^
(B, 32et 28 u.)
Voycy le plus divin ouvrage
Qui partit jamais de chez nous^ :
On ne peut sans luy faire outrage
Le lire autrement qu'à genous.
1. C'est ainsi que se présente la pièce dont Garrisson n'a reproduit,
en deux fragments (v. t. III. p. 301 et 302), qu'une partie. En envoyant
à Racan (lettre 265) le dernier quatrain, Maynard écrit : « Voici la conclu-
« sien de l'épigranime que je vous ai promis. Je sais qu'il faut bien ren-
« contrer pour, vous plaire et même en un sujet qui vous touche comme
« celui-ci. » A gauche de cette pièce, sur le même folio, B, 32, on lit les
variantes suivantes :
Str. 1. J'ai grand sujet de m'a... (G., III, 302.)
Str. 2. Elle fait jouer cent rassors. (G., ibid.)
Str. 3. Elle se pare chaque jour. (G. 111, 301.)
V. -l. Et court où son plaisir l'appelle.
Str. i. S'il en faut croire les v... ;_G., ibid.)
Str. b. Tout me choque. (G., ibid.)
Str. 6. Je croy que je suis mal-mené,
Que je sers de matière aux farces
Et que la nopce m'a donné
La plus impudique des garces.
2. Var. : Que cet âge ayt produit chez nous; autre ; Qui parut jamais
entre nous; autre : Ce beau volume ost un ouvrage | Digue d'estre admiré
de tous.
MELANGES ET DOCUMENTS. 231
Que cet avcuptle illé^fitinio
Qu'on place entre les iniinortels
N'attende plus veu ni victime,
Ce livre destruit ses autels.
Il déclare une sainte guerre
A tous ces espris vicieux
Qui, pour les beautez de la terre,
Abandonnent celles des cieux.
Par le mespris des créatures,
11 nous attache au ("<réateur.
Sans doute, les races futures
Diront qu'un Ange en est l'autheur.
C'est avecque tant d'artifice
Que son discours est ajusté
Qu'il semble que dans le cilice
On a cherché la vanité*.
Mais quoy ! sa matière est si haute
Que, s'il en parloit bassement,
On l'accuseroit d'avoir faute
De sçavoir et de jugement 2.
Puis, c'est contre toute apparence
Qu'Athanaze ait fait cet escrit :
Il est né de Ja conférence
Des anges et du Saint-Esi)rit3.
(A, 157 et V.)
Le bruit de nos belles chansons
Remplira les mers et les terres
Et le Dieu des mauvais garçons
Faira place au dieu des guiterres,
Puisque Gaston ne s'est pas endormi
Dans les l)ras de nostre ennemi.
1. Var. : Le soing, la force et l'a... LJont...
2. Var. : D'éloquence et de...
3. M.Drouhet, qui n'a reprocluit que les ((nalrains 1. t. C et 7, a sipnalé
que la fin de cette pièce est la tuème que cello de l'Ode an Pape : « Muses,
faites un feu de joie. » <G., III, 304-6.)
232 ANNALES DU MIDI.
Nos justes veux seront ouys,
Les vents respecteront nos calmes
Et tous les jours le grand Louys
Gueillira de nouvelles palmes,
Puisque Gaston, etc.
Nous surmonterons les dangers
De la guerre qui nous occupe
Et ferons voir aux estrangers
Que la France n'est plus leur dupe,
Puisque Gaston, etc.
La vaillance de nos guerriers
Dont la fortune est la compagne
Ira se couvrir de lauriers
Dans l'une et dans l'autre Allemaagne,
Puisque Gaston, etc.
Ceux qui dans les pais du Roy
Taschent de ramener la guerre,
Pasles de tristesse et d'effroy,
Maudissent le Ciel et la terre.
Depuis que...
Ils s'attendoyent que Richelieu
Ne seroit pas toujours en France.
Mais qu'ils disent le grand adieu
A leur malheureuse espérance.
Puisque Gaston, etc.
(A, 166 et 167 v.)
Mon Conte, à qui je tasche à plaire
De tout l'effort de mon pouvoir,
Calme ceste ardente cholère
Qui me deffent de te revoir.
Pour n'avoir pas veu la Savoye,
Comme je te l'avoy promis,
Veux-tu désormais que je croye
Que tu n'es plus de mes amys?
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 233
J'aborrc la peste et la j^Mierre
Et le premier «le ces démons
M'eiU sans doute mis sons la terre
Si j'eusse osé passer les mons.
Le péril estoit manifeste
Et la force de mon discours
Veut que je mesnage le reste
Du petit monceau de mes jours.
Dis que mon excuse est mauvaise,
Tu le peux, mais je suis bien aise
D'avoir reculé mon trépas ;
On me blàmeroit de folie
S'il me faschoit de n'estre pas
Allé jnourir en Italie.
(A. 122 V.)
C'est un bien fugitif que la fleur de la vie,
Nos jours les plus rians sont les premiers passez;
Diane, ta beauté ne fa guères suivie,
Ton visage n'a plus que des Lis effacez.
Tes yeux, qui surpassoient l'Estoilc la plus claire.
Ont cessé de nous luire et d'escbauffer nos vœux.
Je croy que ton miroir commence à te déplaire
Et que l'argent se mesle à l'or de tes cheveux.
r;eux que tes jeunes ans soumirent à tes charmes
Et qui sans te tleschir ont versé tant de larmes
Riront de voir tomber ta grâce et ton orgueil ;
La parque, dont la main se plaist aux homicides,
Devroit, pour l'obliger, cacher sous le cercueil
La triste nouveauté de tes premières rides ^.
1. Ces deux quatrains et ces deux tercets, qu'on Ht, les premiers, dans
la lettre 277, et, les seconds, dans la 1. 153 bis, nous pandssent former un
sonnet qu'aucun éditeur de Maynard n'a reproduit ni signalé. Nous avons
cru devoir le donner ici, les Lettres de notre auteur étant assez difficiles
à se procurer.
234 ANNALES DU MIDI.
Ce vieux fou, ce roy des badins,
Dent d'ébeine et taint de carotte,
Émulateur des paladins
A la façon de don Quixote,
Ce bel enfileur de discours
Au nés couleur de violette,
Dont l'ordure implore toujours
La faveur d'une cassolette.
Par les anges, qu'il hait si fort,
M'a beau menacer de la mort,
La crainte ne m'en fait pas blême :
Quel esprit ignore aujourd'huy
Qu'il se trempe dans son sang même
Et non pas dans le sang d'autruy? (A, 41.
Martin, chaque siècle a son pris
Et ton pédantisme est injuste
De n'estimer que les espris
Qui furent de la cour d'Auguste.
On ne scauroit asses louer
Les cignes dont la France abonde.
Mais tu ne veun pas l'advouer.
Parce qu'ils sont encore au monde.
Admirateur des vieux tombeaux,
Croy-moy, nos ouvrages sont beaux
Et chers aux filles de Mémoire.
Cet âge est digne de Mon Roy
Et si rien en ternit la gloire
C'est les vers qui viennent de toy'. (A, 121 v.
1. Même idée, mais conclusion légèrement différente dans G., III, 99
« Je ne dois pas encore attendre. »
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 23;
Adieu pour la dernière fois^
Vous ne seres plus mes délices^;
Muses, je vay quiter vos bois
Et vos bizarres exercices 3.
Loin, bien loin ceste vanité
Qui sollicite nos études
De chercher l'immortalité
Dans l'horreur de vos solitudes.
Depuis trente ans que je vous sers
Et que vos monts et vos désers
Sont mon cours et mes Tuilleries,
Mon meuble est si bien ménagé
Que les rats ont presque mangé
Mes lits et mes tapisseries. (A, 19i.)
Espaigne, n'espère plus rien'^
Et sçache que ta seule terre
Sera dans le monde ci*estien
Le seul théâtre de la guerre 5.
Devant qu'un lustre ait fait son cours
Il faut que ta grandeur succombe :
Ton peuple décroit tous les jours
Et tes héros sont dans la tombe.
Le comte, qui dupe ton roi,
N'a pitié, prudence ni foi
Et n'est animé que de rage ^,
1. Var. : Le pompeux séjour de nos Roys
2. Var. : Me fait monstre de ses délices,
Autre : M'invite à gouster ses délices.
.3. Var. : On n'y voit que des précipices.
4. Var. : Tage. crains tout, n'espère rien.
5. Var. : Le funeste objet de la guerre.
6. Ces trois derniers vers sont biffés dans le ms.
236 ANNALES DU MIDI.
Ton infant est souvent battu*
Et n'a pas asses de courage 2
Pour oser aymer la vertu. (A, 222.)
Muses, je consens qu'on me passe
Pour vostre ennemy capital :
Hipocrène, Pinde et Parnasse
Sont les chemins de l'hôpital.
La fortune me persécute
Depuis le cours de vingt hyvers,
Il luy fasche que je ne bute
Qu'à polir seulement des vers.
Elle me tient loing de mon prince
Entre des brutaux de province
Dignes d'estre soûles de foin.
Quel secours faut-il que j'appelle
Si Richelieu ne prend le soing
De me mettre bien avec elle? (A, 150 v.)
Dés que nous serons dans le mois
Qui doit commancer la campagne,
Nous irons soumettre à nos lois
Toutes les provinces d'Espagne.
Elle a beau prescher la valeur
De ses cohortes^ basanées,
Rien ne diffère son malheur
Que la nege des Pyrénées.
Armand, que ne peut nostre Roy
Avec un héros comme toy,
Prudent, généreux et fidelle?
Tes plus insolens ennemis
Confessent que tes soings l'ont mis
Dans Arras et dans La Rochelle. (A, 231 v.)
{A suivre.) Ci. Cl/vvelier.
1. Var. : Pauvre estât, que deviendras-tu
2. Var. : L'Infant a trop peu de courage.
GOMPTKS RENDUS CRITIQUES
Georges de Manteyer. — Les origines de la Maison de
Savoie (910-1060) (École française de Rome, Mélanges
d'archéologie et d'histoire, XIX, 1899, p. 343 et suiv.). —
Notes additionnelles {Le Moyen âge, 1901, p. 257 et suiv.,
437 et suiv.). — La paix en Viennois (Anse [17 juin?j
1025) et les additions à la Bible de Berne (ms. Bern.
A9) {Bulletin de la Société de Statistique... de l'Isère,
XXXIIL 1904, p. 87 et suiv.).
M. de Manteyer a publié, dans ces dernières années, non pas
des fragments d'un livre, mais plutôt une collection de notes sur
les origines et la situation de la Maison de Savoie aux x" et
xie siècles. Il a voulu reviser les travaux antérieurs, en particulier
ceux de Carutti, sur Hunibert aux Blanches-Mains et sur les débuts
de la Maison de Savoie, et, de plus, utiliser, pour éclairer les ori-
gines d'Humbert, certains documents du Cartulaire de Montié-
ramey (Aube, arrondissement de Troyes) édités par M. <jiry, et
quelques autres textes qu'il a découverts et publiés.
Il a commencé par classer méthodiquement les textes que nous
possédons sur la Maison de Savoie avant 1061. Ces textes nous la
montrent en possession d'importants domaines dans le Viennois,
dans le Bu}T;ey méridional, en Savoie, et surtout dans le pays de
Sermorens (à Chàloniiay, à Gharancieu, aux Kclielles). Ces biens
constituent, en somme, un ensemble de possessions foncières
groupées sur la rive gauche du RlKJne, entre le Rhône et l'Isère,
depuis la banlieue de Vienne jusqu'au lac du Bourget. Là fut le
siège primitif, au début du xie siècle, de la Maison de Savoie, qui,
peu à peu, devait reporter le centre de son action plus à l'est, «lans
les hautes vallées alpestres et en Italie.
238 ANNALES DU MIDI.
D'où venait cette Maison, ainsi fixée à l'est de Vienne aux. envi-
rons de l'an 1000? M. de Manteyer montre qu'elle ne saurait se
rattacher à l'ancienne famille des cc<mtes de Viennois. Si Charles-
Constantin, fils de Louis l'Aveugle et comte de Vienne au xe siècle,
a eu un fils du nom de Humbert, celui-ci ne saurait être identifié
avec Humbert aux Blanches-Mains, le fondateur de la Maison de
Savoie. C'est ailleurs qu'il faut chercher les origines de cette Maison,
et M. de Manteyer pense les trouver dans la Bourgogne septen-
trionale. Des textes historiographiques et des documents duCartu-
laire de Montiéramey nous renseignent sur l'existence d'une famille
comtale qui vivait, à la fin du ixe siècle, dans l'entourage et dans la
clientèle du puissant duc de Bourgogne, Richard le Justicier. Cette
famille a suivi le duc dans les guerres de conquête qu'il a entre-
prises contre le royaume des Francs occidentaux. L'un de ses
membres, Manassès, est comte de Châlon ; un autre, Garnier, est
devenu, à la suite des conquêtes de Richard, comte de Troyes et
vicomte de Sens (prise par Richard en 8!)5j. Ce dernier est un per-
sonnage important. Il a épousé Thiberge, princesse de race royale,
petite-fille de Lothaire II et sœur de Hugues d'Arles, le marquis
de Pi-ovence, le futur roi d'Italie, aussi puissant dans la vallée
inférieure du Rhône que Richard l'était en Bourgogne. De cette
union sont nés trois fils, Richard, Manassès, qui fut archevêque
d'Arles, et Hugues que nous retrouverons.
Une période de revers succéda, pour la famille de Garnier, à
cette période de puissance. Garnier fut tué dans un combat avec
les Normands, en 925, à Mous Calaus '. Son fils Richard, qui le
remplaça dans le comté de Troyes, ne put conserver ce comté.
Sens et Troyes furent repris par les Francs occidentaux. La famille
de Garnier, abandonnant ses anciens domaines, quitta la Cham-
pagne et la Bourgogne et vint se fixer en Viennois. La veuve de
Garnier, Thiberge, se remaria avec Engelbert, frère de l'arche-
vêque de Vienne Sobon (927-949), de la famille des vicomtes de
Vienne 2. Le fils de Garnier et de Thiberge, Hugues, reçut, en 936,
1. M. de Manteyer avait d'abord pensé à Chauniont-en-Bassigny, puis
il a accepté l'identilication avec Chalaux (Nièvre, arrondissement de Cla-
raecy) proposée par M. Lot. — V. Lauer, Annales de Flodoard, p. 27,
qui propose Glialo-Siiint-Mars(Seine-et-Oise) ou Ohalniont (Seine-et-Marne).
2. Sobon et Engelbert sont les fils du vicomte Berlion (I"). Notons, à
ce propos, que M. de Manteyer voit dans cette famille des vicomtes de
Vienne la souclie de la Maison féodale de Bressieux.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 239
de son oncle Hugues d'Arles, un grand domaine à Octavion, en
Viennois. Peut-être ce comte Hugues est-il le même personnage
que le comte palatin Hugues que nous trouvons, auprès du roi de
Bourgogne Roilolfe 11, dans des plaids de 926 et de 927 ^ Sa femme
se nomme Wille, et le nom de cette princesse, qui se retrouve dans
la Maison des Rodolfiens. indiquerait, à lui seul, que Wille était
de la famille des rois de Bourgogne.
En tout cas, cet établissement en Viennois fut, pour les descen-
dants de Garnier, le point de départ d'une fortune nouvelle. Le
comte Hugues a eu plusieurs enfants. L'un d'eux. Thibaud, fut
élu, après la mort de Sobon, en 957. archevêque de Vienne. Une
très précieuse vie de saint Thibaud, signalée par dom Grospellier,
nous parle déjà de la puissance de sa famille. Elle nous raconte
que son père, Hugues,. avait quitté, dans sa jeunesse, la Francia
pour la Bourgogne; qu'il possédait de grands domaines dans le
pays de Sermorens ; que sa femme, Willerma (Wille). était la
nièce d'un roi de Bourgogne (Rodolphe 1er évidemment) ; que lui-
même, Thibaud, est né au caslrxim Tulnionis (sans doute Tolvon
près de Sermorens), et qu'il a été élu évêque avec l'appui du roi
de Bourgogne, protecteur de sa famille. Un autre fils de Hugues
est le comte Hubert ou Humbert, que nous trouvons dans des
textes viennois de la fin du xc siècle.
Or M. de Manteyer croit que ce comte Humbert (1er) est le père de
Humbert aux Blanches-Mains, fondateur de la Maison de Savoie.
Cette dernière filiation, essentielle pour tout le système ainsi
édifié, est seulement hypothétique, et M. de Manteyer est le pre-
mier à le reconnaître. Mais cette hypothèse a du moins pour elle
une série de vraisemblances : c'est d'abord la similitude des
noms de Humbert ou de Hubert, qui indique qu'il s'agit de mem-
bres d'une seule et même famille (les deux formes de Humbert
et de Hubert, très distinctes ètymologiquement. sont souvent
prises l'une pour l'autre à cette époque); c'est surtout le fait que
les grandes possessions foncières de la Maison de saint Thibaud
se trouvent dans le pays de Sermorens, c'est-à-dire précisément là
où nous relevons les plus anciennes possessions foncières de la
Maison de Savoie : tous ces indices font croire que la Maison de
1. (Jette identification est évidenunent douteuse : V. Poupardin. Le
royaume de Bourgogne, P- 1^'^. ^'J-'- Cependant, la Vie de saint Thi-
baud, parlant, de la situation de Hugues en Bourgogne, nous dit ipi'il
était inter primas palatii.
240 ANNALES DU MIDI.
Garnier, de Hugues et de Thibaud ne fait qu'une avec la Maison
d'Humbert aux Blanches-Mains.
Telle est, dans ses grandes lignes, l'idée maîtresse des « Notes »
de M. de Manteyer, celle qui forme le fond de ses développe-
ments. Mais il ne s'en lient pas là. Il est conduit, par son exposé
même, et par le désir de justifier une série de rapprochements
généalogiques entre la Maison de Savoie et d'autres Maisons féo-
dales ou princières de la région, à reconstituer les progrès de la
puissance de la Maison d'Humbert aux Blanches-Mains. Il a in-
sisté, avec grknde raison, sur la politique « épiscopale » de cette
Maison : mieux que personne, il a montré comment elle avait
grandi en mettant la main sur les évêchés de la région. Aux xe
et xie siècles, beaucoup de parents ou d'alliés de la Maison de
Savoie ont occupé des évêchés dans le royaume de Bourgogne. A
Vienne d'abord, nous trouvons tour à tour trois archevêques,
alliés ou membres de la famille : Sobon, beau-frère de Thiberge ;
Thibaud, frère du comte Humbert (1er), et enfin Bouchard, qui est
peut-être le frère d'Auxilia, épouse d'Humbert aux Blanches-
Mains. La Maison de Savoie a dû largement profiter de cette situa-
tion. Beaucoup de ses possessions foncières primitives, dans les
pays de Vienne et de Sermorens, sont des terres qu'elle tient en
precaria des églises de Vienne, Saint-Maurice et Saint-André-le-
Bas. M. de Manteyer croit que le comte Humbert (ler) a été, du temps
de l'archevêque Thibaud, avoué du chapitre et de l'archevêque de
Vienne ; que son fils Humbert aux Blanches-Mains a été, du temps de
Bouchard, l'avoué du chapitre (l'avoué de l'archevêque étant alors
Ulric, le frère même de Bouchard). Lorsque l'archevêque Bou-
chard eut reçu, en 1023, du roi Rodolfe III, donation du comitatii s
de Vienne, il dut, vers 1030, en sous-inféoder la partie septen-
trionale à son beau-frère Humbert; et, si les comtes de Savoie
n'ont pas porté le titre de comtes de Vienne, du moins la Maison
de Savoie a possédé, jusqu'au xive siècle, un comté (les textes le
disent expressément) en Viennois. — Dans d'antres diocèses, les
mêmes faits ont pu se produire au profit de cette Maison. A
Belley, dès la fin du xe siècle, nous trouvons sur le siège épis-
copal Odon, frère d'Humbert aux Blanches-Mains, puis plus tard,
vers 1032-1037, Aimon, petit-fils du même Humbert. Sans doute
Odon aura, comme Bouchard à Vienne, inféodé à Humbert le
comté de Belley, car, en 1051, le fils d'Humbert, Amédée, porte le
titre de cornes Belicensiiim. — Dans le val d'Aoste, dès 1025,
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 241
l'évêque n'est autre que Bouchard, autre fils d'Humbert aux
Blanches-Mains, qui sera plus tard archevêque de Lyon ; or,
en 1031, Humbert est en possession du comté d'Aoste : ici encore,
une inféodation du comté, émanée de l'évêque au profit d'Hum-
bert, est infiniment vraisemblable.
D'un autre côté, la Maison de Savoie, alliée à une série de Mai-
sons royales, notamment à la Maison de Hugues d'Arles et à la
Maison des Rodolfiens, a su profiter de telles alliances. Ses mem-
bres occupent une place importante auprès des rois de Bourgogne
et dans leurs conseils. Ils signent des diplômes royaux, et peut-
être le comte Hugues a-t-il été comte palatin de Bourgogne. M. de
Manteyer croit même que leur Maison a reçu directement de l'au-
torité royale le comté de Savoie, démembrement de l'ancien comté
de Graisivaudan ; car nous trouvons, en 1036, le comte Humbert
en possession des terres royales en Savoie : « terra régis sive
Uberti comitis »; peut-être la concession remonte-t-elle au xe siècle
et émane-t-elle de Hugues d'Arles; on s'expliquerait ainsi pour-
quoi Hugues et Humbert (1^^), aïeul et père d'Humbert aux Blan-
ches-Mains, ont porté, dés celte époque, le titre de comtes, bien
qu'ils eussent perdu le comté de Troyes. Humbert aux Blanches-
Mains a été, après la mort de Rodolphe III, l'avoué de la reine
veuve Ermengarde, chargé par elle de la gestion de ses biens pro-
pres en Genevois et peut-être aussi en Sermorens. C'est sans doute
encore grâce à la protection des Empereurs, héritiers du royaume
de Bourgogne, que la Maison de Savoie s'est établie en Maurienne
vers lOiO ; en 1043, Humbert aux Blanches-Mains figure dans une
donation de terres épiscopales, à côté de l'évêque et comme suze-
rain de l'évêque ; peut-être a-t-il reçu la Maurienne de l'Empe-
reur, à la suite de la suppression temporaire de l'évôché de Mau-
rienne. Enfin, vers 1045, le mariage d'Odon, fils d'Humbert, avec
Adélaïde, héritière du marquisat de Turin, a conduit la Maison
de Savoie dans la plaine du Pô.
Beaucoup d'autres questions, touchant, les unes de prés, les
autres de loin, au sujet primitif de ces « Notes ». et concernant
surtout l'histoire du Dauphiné septentrional, ont été étudiées inci-
demment par M. de Manteyer. A diverses reprises, il a longue-
ment examiné les limites des anciens comtés carolingiens de
Vienne, de Sermorens et de Tullins, s'eflforçant de les reconstituer
à l'aide des documents des cartulaires, des noms de lieux, ou même
des limites communales actuelles. Il a étudié attentivement la
ANNALES DU MIDI. — XX 16
242 ANNALES DU MIDI.
situation politique du Viennois au début du xi"" siècle; et il a
clierché à préciser les droits respectifs du chapitre, de l'archevêque
et des avoués : les quelques pages qu'il a consacrées à cette ques-
tion sont fort précieuses pour l'histoire juridique. Ses études de
géographie historique l'ont conduit à s'occuper des litiges qui ont
surgi, au xi« siècle, entre les' évèchés de Vienne et de Grenoble,
au sujet du comté de Sermorens-TuUins, et de l'acte de Pascal II
qui, en 1107, a partagé entre les deux églises le territoire contesté.
Mais surtout son attention devait être attirée par les progrés d'une
autre Maison féodale, qui se développe à côté de la Maison de
Savoie et en même temps qu'elle, la Maison d'Albon.
M. de Manteyer prépare, depuis longtemps, un mémoire spécial
sur les origines de la maison d'Albon. Dès maintenant, il a pris
position dans le gros débat qui, depuis si longtemps, divise à ce
sujet les érudits. Il pense que la Maison des Guigues ne se ratta-
che pas aux anciens comtes carolingiens de Graisivaudan. Les
Guigues, au début du xie siècle, ne sont encore qu'avoués de
l'évêque de Grenoble ou « princes » en Graisivaudan. Si un acte
du 27 février 1016^ porte, parmi les souscriptions, la signature
d'un comte Guigues, cette signature n'a pu être apposée que plus
tard, car ce Guigues est indiqué comme étant le frère d'un évê-
que Humbert; or, Guigues (II), frère de l'évêque de Grenoble
Humbert, était mort avant 1009; et l'autre évêque Humbert,
frère de Guigues (III) le Vieux, n'est arrivé à l'évêché de Valence
qu'après 1025. Encore en 1027, Guigues (III) ne porte pas le titre
de comte. M. de Manteyer croit que les Guigues ont pris le titre
comtal seulement vers 1030, à la suite d'une inféodation de la
partie sud du comté de Vienne, qui leur aurait été consentie par
l'ai'chevêque de Vienne Bouchard. Cet archevêque, qui, en 1023,
avait reçu de Rodolphe III le comilalus de Vienne, en aurait ainsi
inféodé la partie septentrionale à Humbert aux Blanches-Mains,
et la partie méridionale (Valloire, Galaure, Valclérieux) à Guigues
d'Albon. La partie méridionale du comté de Sermorens, qui avait
jadis constitué le comté de TuUins, tomba aussi aux mains de la
Maison d'Albon, peut-être parce que Guigues (III) aurait été pris
pour avoué, dans cette région, parla reine Ermengarde, la veuve de
L La Paix en Viennois, p. 143 et suiv. — Marion, Cart. de Greno-
ble, p. 75 et suiv. — Cette démQnstration de M. de Manteyer a été
acceptée par M. Poupardin, Le Royaume de Bourgogne, p. 257.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 243
Rodolfe III V Et cela a entraîné encoi-e M. de Manteyer à étudier
les vicissitudes des frontières politiques du Dauphiné septentrio-
nal, et à retracer les étapes des progrès de la Maison d'Albon dans
ce pays, aux dépens da la Maison de Savoie, qui, à la suite des
traités de 1293, de 1355, de 1377 et de 1760, a été peu à peu chas-
1. Peut-être M. de Manteyer aurait-il pu utiliser, à cet égard, la teneur
'des actes d'hommage prêtés par les Dauphins, dans les siècles suivants,
aux archevêques de Vienne. Il y aurait, sans doute, trouvé la justifica-
tion et, en partie aussi, croyons-nous, la rectification de ses hypothèses.
Il est très remarquable que, dans ces actes, le Dauphin prête hommage
à l'archevêque pour un territoire qui excède de beaucoup les limites que
l'évêché de Vienne avait alors ; ce territoire comprend toute la région
entre le Rhône et l'Isère, à partir de Saint-Vincent près de Voreppe.
L'hommage enveloppe donc et traite comme terre viennoise la totalité de
l'ancien comté de Sermorens-Tullins, disputé au xi" siècle entre les égli-
ses de Vienne et de Grenoble. Cela prouve que la teneur de cet hommage
dû par les Dauphins s'est constituée dès avant 1107, car, à cette date,
l'arbitrage de Pascal II a partagé en deux le territoire contesté, attri-
buant la partie sud (Tullins, Moirans, Voreppe, Rives, Voiron, les Échel-
les) à l'évêché de Grenoble, et la partie nord à l'église de Vienne. Cet
hommage remonte donc à une période antérieure à 11U7, et cela cadre
tout à fait avec l'hypothèse d'une inféodation émanée des archevêques de
Vienne au profit de la Maison d'Albon au cours du xi« siècle, à une épo-
que oîi l'église de Vienne réclamait la totalité du pays de Sermorens et
de Tullins, jusqu'aux portes de Grenoble. Cela semble bien prouver aussi
que la source de la puissance des Guignes se trouve en Viennois et non
pas à Grenoble. Des comtes de Graisivaudan n'auraient pas accepté une
extension aussi considérable du territoire viennois; ils n'auraient pas
souscrit à l'attribution à l'église de Vienne de tout le territoire contesté,
au mépris des droits de Grenoble. Et cet acte cadre ainsi, sur tous ces
points, avec les hypothèses de M. de Manteyer. — Il les confirme encore
à un autre point de vue. M. de Manteyer, se fondant surtout sur l'exa-
men des limites communales actuelles, a soutenu que le comté viennois
de Tullins devait originairement englober non seulement la rive droite de
l'Isère en aval de Voreppe, mais aussi des parties de la rive gauche. Or,
notre acte d'hommage indique précisément que le Dauphin faisait hom-
mage à l'archevêque de Vienne pour les châteaux de Saint-Quentin et de
Malleval, situés à gauche de l'Isère. (V. La Paix en Viennois, p. 120 et
suiv.) — Par contre, il faut, croyons-nous, renoncer à l'idée indiquée dans
la même étude (p. 149 et suiv.), d'après laquelle le Sermorens du sud (Tul-
lins, etc.) aurait été directement attribué aux Guignes par Ermengarde,
tandis que le Viennois leur aurait été rétrocédé par l'archevêque de
Vienne après la renonciation d'Ermengarde à ce pays et la donation de
Rodolfe m à Bouchard en 1023. Il est fort possible que, en cédant à
l'évêque, en 1023, le comitatus Vienne, l'on ait implicitement englobé
dans la cession le comté de Sermorens-Tullins, que Vienne réclamait
intégralement. En tout cas, l'inféodation faite par l'archevêque au profit
des Guigues porte aussi bien sur le Sermorens méridional que sur le
Viennois méridional. — V. le texte de l'hommage publié par M. Chevalier
244 ANNALES DU MIDI.
sée du Viennois, du pays de Sermorens et du Bugey dauphinois,
et rejetée au-delà du Rliône et du Guiers.
Dans son dernier mémoire, M. de Manteyer a enfin publié
quelques documents inédits, dont l'un est infiniment précieux.
C'est le texte d'une paix de Dieu, qui se trouve sur un feuillet de
la Bible viennoise de la Bibliothèque de Berne, et qui a été signa-
lée par M. Bahut. Très minutieusement, M. de Manteyer a fait
l'exégèse de ce texte et a pu lui assigner la date vraisemblable
de 1025; il croit que cette paix a été promulguée et jurée au con-
cile tenu à cette époque dans la ville d'Anse; et le prince, qui jure
d'observer cette paix, dans un territoire englobant les comtés de
Vienne, de Belley et de Sermorens et dont on indique les limites
avec grande précision, doit être précisément Humbert aux Blan-
ches-Mains, le seul prince laïque ayant, par ses domaines fon-
ciers et par son influence, une situation considérable dans ces
trois comtés.
Ce texte est instructif à maints égards : d'abord en lui-même,
parce qu'il éclaire la situation politique du Viennois à cette épo-
que; parce qu'il nous montre les droits et les prétentions du
prince laïque en question vis-à-vis de l'archevêché et du chapitre
de Vienne. Mais ce texte nous intéresse aussi, parce qu'il convient
de le rapprocher du texte d'une autre paix de Dieu, qui fut jurée
en 1023 par Garin, évoque de Beauvais, et qui a été éditée par
M. Pfister dans son étude sur le règne de Robert le Pieux. La paix
viennoise constitue un nouvel et précieux élément de l'histoire de
la paix de Dieu ; et M. de Manteyer, qui ne craint pas les digres-
sions, a refait, après Huberti, le tableau de la propagation de la
paix et de la trêve de Dieu en France, afin de pouvoir y situer
exactement ces deux textes de Beauvais et de Vienne, très sem-
blables l'un à l'autre, et ne difterant que par le caractère plus
détaillé et plus circonstancié de la paix viennoise.
Les-autres documents publiés par M. de Manteyer sont un cata-
logue d'archevêques viennois, et enfin la pseudo-prophétie de
dans les Feuda et recognitiones de l'église de Vienne (Coll. de cartulaires
dauphinois, II, 1, p. 82, 108, 107). — On peut rapprociier des hypothèses
de M. de Manteyer les idées un peu différentes exprimées tout récennnent
par M. Poupardin, Le Royaiitne de Bouri/ot/He, p. 250 et suiv. Ce der-
nier auteur pense, lui aussi, qu'aucun lien ne rattache les Guignes du
xi« siècle aux anciens comtes de Graisivaudan ; mais il croit à une usur-
pation pure et simple du titre comtal, en Graisivaudan, par Guignes (III)
vers 1035.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 245
Léger, qui raconte les vicissitudes de l'Empire aux xe etxie siècles,
qui a dû être faite entre 103't et 1039, qui est conçue sous une
forme o])scnre et énigmatique, comme il convient à une prophétie,
mais qui nous intéresse cependant, comme l'a dit M. Poupardin,
parce qu'elle constitue « le texte le plus curieux au point de vue
de l'histoire littéraire du royaume de Bourgogne* ».
On peut, par les quelques pages qui précèdent, se rendre compte
de l'intérêt des recherches de M. de Manteyer, Si elles se présen-
tent sous un aspect confus et chaotique qui risque de décourager
d'abord le lecteur, elles n'en sont pas moins remarquables par
leur richesse et leur originalité. On ne saurait appliquer plus
d'ingéniosité à la critique des documents; on ne saurait leur faire
dire plus de choses. On pourra sans doute trouver que l'auteur
leur fait dire trop, et qu'il accumule les conjectures. D'autres
chercheurs, M. Garutti en Italie, AI. Philipon en France, et, tout
récemment encore, M. (',. Rénaux^ se représentent d'une ma-
nière très différente le développement de la Maison de Savoie.
M. de Manteyer lui-même, nous l'avons déjà dit, ne cache point le
caractère hypothétique des résultats auxquels il aboutit. Mais ses
conclusions, même hypothétiques, sont fort précieuses, et ces trois
séries d'études ont fait faire, soit par elles-mêmes, soit par les
études critiques qu'elles peuvent provoquer, un grand pas à la
connaissance de l'histoire et des institutions du Dauphiné septen-
trional et des régions voisines pendant le haut moyen âge.
Robert Gaîllemer.
Félix Portai.. — La République marseillaise du XIIP
siècle (1200-1363). Marseille, Ruât, 1907; iu-8» de
ix-463 pages.
Sur une période de notre histoire locale très peu étudiée de nos
jours (où la faveur du public va surtout aux époques modernes),
et en somme très mal connue, M. Portai, qui n'est pas un histo-
rien professionnel, vient de composer un livre qui, s'il n'est pas
définitif, a le grand mérite de débrouiller d'une façon très satis-
faisante les complexes obscurités de nos annales nationales du
1. Poupardin, op. cit., p. 344.
2. G. Rénaux, Hunibert /" dit au.x Blanches - M ain r , Carcassonne.
1906, in-H". — V., sur ce travail. Poupardin, dans Le 'Moyen nge, 1907,
p. 283 et suiv.
246 ANNALES DD MIDI.
xiiie siècle. Il y manque une bibliographie méthodique et un
tableau des sources inédites qui montreraient d'un coup d'œil au
lecteur la nouveauté de l'ouvrage, la valeur des recherches per-
sonnelles de l'écrivain, et le peu de secours qu'il pouvait atten-
dre de ses prédécesseurs. A part, en effet, les vieux classiques
d'histoire provençale, Ruffi, Papon, V A.7itiquité de VEglise de
Marseille, l'auteur n'a guère eu à citer que de rares collections
modernes de textes, parmi lesquels le recueil Méry-Guindon,
de néfaste et méprisable mémoire, quelques utiles monographies
de Fabre, Mabilly, etc., la synthèse prématurée de Lambert sur le
régime municipal en Provence, et surtout le recueil de Documents
de l'archiviste Blancard. Son travail a donc dû se fonder surtout
sur les archives communales qu'il a longuement explorées et dont
il a tiré (et publié en appendice) d'importantes pièces justifica-
tives. La préparation parait avoir été très consciencieuse.
Les résultats de ces recherches sont présentés avec méthode. Le
cadre adopté n'est pas purement chronologique. L'auteur s'en
excuse, et je serais plutôt disposé à l'en féliciter, car ses divisions
logiques ont l'avantage de montrer d'une façon claire les divers
aspects de l'évolution historique communale; et d'ailleurs elles
ne sont pas assez multipliées pour paraître artificielles. La première
partie expose V Etablissement de la République. L'auteur en
. cherche l'origine dans le développement économique et commer-
cial de Marseille au xiie siècle, dans la formation de la Confrérie
du .Saert^£'5j3r*7, société religieuse en apparence, mais politique au.
fond, qui permit à un groupe riche et important de citoyens de
conquérir dans leur patrie les immunités dont ils jouissaient à
l'extérieur. Ce groupe devint l'embryon du gouvernement munici-
pal de Marseille, qui lutta contre les vicomtes et leur arracha peu
àpeu,par de lents progrès, leur autorité, leurs prérogatives et leurs
droits financiers. L'histoire des engagements et rachats de droits à
Huguos Geofiroy III, à Roncelin, à Raymond Geoffroy, à Hugues
de Baux, à Raymond de Baux et à Giraud Adhémar est faite avec
une grande précision dans le chapitre iv. Vers 1226 (puisqu'on
n'a point de .date sûre, ni même à vrai dire de certitude de la
vente par Giraud Adhémar), Marseille a complètement absorbé
l'autoi'ité des vicomtes. — C'est à ce moment que M. Portai aban-
donne l'ordre chronologique (auquel il reviendra d'ailleurs pour
raconter les derniers temps de l'indépendance) et décrit sépa-
rément l'histoire intérieure et l'histoire extérieure de la jeune
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 247
République marseillaise. En six chapitres (v et vi sont mal cou-
pés, et auraient dû se décomposer en trois), il étudie la topogra-
phie médiévale de Marseille, en insistant sur les limites de la ville
inférieure; puis l'organisation municipale avec sou gouvernement
populaire, le grand Conseil, les cent chefs de métiers, le Conseil
général, les magistratures municipales, le podestat, les recteurs,
les syndics et clavaires, le viguier et le sous-vigiiier. L'organisa-
tion judiciaire vient ensuite, avec le juge du palais, le juge des
appels et le juge de la commune. M. Portai a même tenté de
dresser des listes de magistrats municipaux, mais elles sont trop
sommaires pour être de grande utilité. Il faut noter cependant les
divers appels faits à des jurisconsultes italiens pour l'emploi
de podestats : sur sept de ces fonctionnaires, entre 1221 et 1229,
il y a un Milanais, un Bolonais et un Pisan, et le nom d'un qua-
trième, Spinus de Surrexina, parait bien déceler une personnalité
italienne. Les chapitres vir, viii, ix donnent un tableau des finan-
ces, des règlements de voirie et de police, du commerce et des con-
trats maritimes et commerciaux. Les renseignements ici réunis
sont d'autant plus importants, que ces règlements ont survécu
bien au delà de la chute de la République. Les règlements des cor-
porations et des métiers sont analysés un peu trop sommairement.
Le chapitre x, intitulé Principes juridiques, est un essai d'his-
toire du droit marseillais au xiiie siècle : ce n'est pas en quinze
pages qu'on pouvait l'écrire; aussi ne faut-il y chercher que des
indications, notamment sur la situation civile des personnes et des
classes inférieures (esclaves, bannis, juifs, lépreux, courtisanes).
— Nous abordons, après cet exposé, tantôt approfondi, tantôt som-
maire, de la vie intérieure de Marseille, le tableau de sa vie exté-
rieure, dans la troisième partie de l'ouvrage. Expansion poliLi-
tlque : peut-être aurait-il fallu distinguer plus nettement l'histoire
de la formation du territoire marseillais et celle de ses alliances
politiques et commerciales. Il y a un peu de confusion dans ce
chap. XI, qui aurait dû former une partie à lui seul. Avec les
chap. XII. XIII, xtv, nous abandonnons l'histoire de l'expansion
pour revenir à celle de la lutte pour la vie; l'auteur étudie succes-
sivement les différends de Marseille avec l'abbaye de Saint-Vic-
tor, ses rapports avec les comtes de Toulouse et de Provence, ses
démêlés avec l'évêque de Marseille et la révolte des villes supé-
rieures. — Avec le chapitre xv, Premiers conflits entre la Répu-
blique marseillaise et Raimond Bérenger V, commence vrai-
248 ANNALES DU MIDI.
ment la quatrième partie : Lutte pour V indépendance . Les événe-
ments survenus entre 1230 et 1243, que M. Portai distingue en
premiers et noiiveaiioc conflits, forment en réalité un drame con-
tinu, où s'entrechoquent les politiques rivales de Hairnond Béren-
ger V, de Raymond Vil de Toulouse et de l'empereur Frédéric II,
auquel Marseille fait une soumission temporaire, qui, si elle avait
été plus durable, aurait pu changer singulièrement l'évolution
de la vallée du Rhône. Avec l'apparition de Charles d'Anjou et le
traité de 1252 (chap. xvii) commence la dernière période de notre
République. Ici encore, on peut regretter que M. Portai ait pré-
senté pêle-mêle les faits d'histoire diplomatique générale (rachat
de privilèges dans le Levant, renouvellement du traité avec Gènes,
traité avec Pise), ou méridionale (transaction avec Béziers, conflit
avec Montpellier), et ceux qui sont liés plus étroitement à la lutte
contre Charles d'Anjou. Cette lutte dure onze ans, du traité de
1252 à l'achat de la ville haute par ce prince, et se prolonge par la
révolte et le complot de 1263, qui fut réprimé par lui avec une
cruauté inouïe.
Ici s'arrête, avec l'histoire de la République marseillaise, le récit
de M. Portai. Sa conclusion est écourtée et quelques lignes d'une
éloquence mélancolique sur la destruction de ce foyer d'indépen-
dance ne sont pas suffisantes. Il a sagement fait d'éviter des con-
jectures et des regrets sur ce qu'aurait pu devenir, sans son écra-
sement par Charles d'Anjou, Marseille indépendante. Peut-être
devait-il marquer avec plus d'énergie, et rien qu'en résumant les
grands traits de son ouvrage : quelle création forte et vivante avait
été la commune libre de Marseille; comment elle avait su en peu
de temps se donner l'organisme nécessaire à une vie municipale,
faire sa place parmi les puissances méditerranéennes, devenir
l'égale par ses institutions, la rivale par son commerce de Gènes
et de Pise; comment elle a continué son rôle extérieur, malgré les
difficultés internes, malgré les conflits avec les princes voisins;
et dire enfin que ces quarante années de République comptent
parmi les plus attachantes, les plus émouvantes et les plus glo-
rieuses qu'ait vécues Marseille. Voilà, semble-t-il, quelle pouvait
être la conclusion ; c'est celle où arrivera tout lecteur de cette très
bonne monographie. L.-G. Pklissier.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 249
Henri Pècout. Études sur le droit privé des hautes vallées
alpines de Provence et de Dauphiné au Moyen-âge.
Documents inédits. Paris, Larose et Tenin, 1907; in-8° de
vi-282 pages.
Cet ouvrage, thèse de doctorat en droit de la Faculté d'Aix,
porte un titre trompeur dans une certaine mesure. Il s'annonce
comme une étude sur le droit des hautes vallées de la Provence
et du Dauphiné. Or, en fait, cette étude est limitée au départe-
ment des Hautes-Alpes et à quelques vallées voisines : Briançon-
nais, Embrunais, Gapençais, Champsaur, vallée de Barcelonnette.
Par contre, l'ouvrage, à un autre point de vue, donne plus qu'il
ne promet, car l'auteur ne se confine pas dans le pur droit privé;
il s'occupe de la condition des personnes et de la condition des
terres, et aussi de l'organisation judiciaire et de la procédure,
matières qui touchent toutes de fort près au droit public.
Les thèses de doctorat portant sur l'histoire des institutions
sont rai'es, surtout dans les Universités méridionales. H semble
que les étudiants de ces Universités croient qu'il y a, sur ces
questions, peu de chose à faire. Ils vivent sur la vieille idée que
le droit méridional est du droit écrit, c'est-à-dire du droit romain,
et qu'il n'y a pas lieu, dès lors, de lui consacrer une étude spéciale.
A défaut d'autre utilité, un travail tel que celui de M. P. aurait
déjà ce grand avantage de montrer que le droit médiéval de la
France méridionale est un droit coutumier très original, aussi
original que celui de la France du nord. Plus on l'étudié, plus
cette constatation s'impose. Nous ne parlons pas seulement des
matières féodales, qui évidemment échappèrent pour une très
large part à l'action des idées romaines, et pour lesquelles il y eut
tout au plus, des essais d'adaptation des règles romaines relatives
à l'emphytéose. (M. P. a très bien noté tout ce qui sépare l'em-
phytéose du fief, malgré ces tentatives de confusion.) Le droit
des terres, le droit des contrats, le droit de la famille, la procé-
dure et le droit pénal de la France du sud ont été, pendant des
siècles, souvent inspirés par des idées tout à fait étrangères au
droit romain. Seule la renaissance du droit romain a pu amener,
dans ces régions, à partir du xine siècle, des modifications par-
tielles dans le sens des idées romaines.
Le lecteur de la thèse de M. P. s'en convaincra aisément. Il y
250 ANNALES DD MIDI.
trouvera la description d'une masse d'institutions de droit privé
ou de procédure que le droit romain ne connaissait point, et dont
plusieurs ont disparu après la renaissance du droit romain*, tan-
dis que d'autres institutions, fondamentales en droit romain, telles
que le testament, font défaut aux xi" et xiie siècles, et n'apparais-
sent qu'au xiiie. Il est même regrettable que M. P. n'ait pas mieux
accentué rantitlièse entre ces deux périodes de l'histoire juridique
de la France méridionale. Nous aurions aimé à trouver dans son
livre un chapitre spécial, où l'auteur, ayant passé en revue les
diverses branches du droit privé, aurait rassemblé les traits géné-
raux de cette romanisation, et noté les dates et les étapes de la
renaissance des idées romaines.
Une critique détaillée du travail de M. P. nous entraînerait trop
loin. Il faudrait reprendre, une à une, toutes les matières qu'il
étudie. Sur plusieurs points, ses conclusions sont peut-être contes-
tables, et une autre interprétation des textes est possible. Mais
surtout l'on regrettera l'absence d'un certain nombre de connais-
sances générales, qui auraient été indispensables dans un ouvrage
de ce genre. Pour mener à bien un tel sujet, il ne suffit pas d'étu-
dier les franchises locales et les documents des cartulaires; il faut
connaitre l'histoire politique de la région étudiée, et aussi l'his-
toire générale du droit médiéval. Or, cette double série de con-
naissances a fait défaut, en grande partie, à M. P., comme d'ail-
leurs à beaucoup d'auteurs de thèses d'histoire juridique : et c'est
pourquoi celles-ci sont si rarement bonnes.
M. P. est mal renseigné sur l'histoire des Hautes-Alpes; il n'a
pas utilisé les ouvrages qui, dans ces derniers temps, ont renou-
velé en partie l'histoire du Dauphiné et de la Provence, ou, plus
largement, l'histoire des royaumes de Provence, de Bourgogne,
d'Arles et de Vienne. Il a remplacé les connaissances précises qui
1. Ainsi Vostagium conventionnel, si différent de la fidejussio ro-
maine ; ainsi la tradition per maniim, que l'on retrouve dans l'institution
allemande des Sabnànner ; ainsi les formalités de la procédure d'exécu-
tion des biens des insolvables; ainsi surtout la masse des institutions
familiales, si éloignées du droit romain : garde seigneuriale, augment de
dot, laudatio des héritiers dans les aliénations foncières, retrait lignager.
— Nous croyons même que M. Pccout se trompe, lorsqu'il croit à la
persistance, à travers tout le moyen âge, de certaines institutions telles
que l'emphytéose (p. 87) ou le régime dotal romain (p. 174). Les textes
qui nous parlent de ces institutions sont tous postérieurs à la renais-
sance du droit romain.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. TÔl
lui auraient été nécessaires par des considérations vagues sur
« le llux et le reflux (?) des invasions ». De même, le tableau qu'il
nous donne, au chapitre vir, de l'organisation administrative et
judiciaire de l'État delphinal présente des lacunes et quelques er-
reurs. Est-ce bien la faute de M. P. ? A Aix-en-Provence, l'histoire
du moyen âge n'est pas enseignée; et nous connaissons d'autres
Universités méridionales auxquelles tout enseignement de ce
genre fait également défaut.
Mais surtout M. P. connaît insuffisamment l'histoire générale
du droit médiéval. Son plan même révèle cette insuffisance.il est,
en plusieurs endroits, défectueux, car il applique aux institutions
médiévales des classements qui conviennent tout au plus au droit
moderne. Par exemple, tout ce qu'il dit de la tradition immobi-
lière devait prendre place, non pas dans le chapitre des contrats,
mais dans le chapitre relatif aux terres ; car la tradition est un
moyen de transférer la propriété, quelle que soit la source, con-
tractuelle ou autre, de ce transfert. De même, les pages consacrées
aux successions réunissent artificiellement des règles très diffé-
rentes, les unes concernant les fiefs, les autres les alleux, d'autres
encore spéciales au patrimoine des serfs : règles qui auraient eu
leur place naturelle dans les chapitres relatifs à ces diverses ma-
tières. De même encore, les droits ou les redevances, dus les uns
par les personnes de telle ou telle condition, les autres par les
terres de différentes catégories, ont été groupés ensemble et déta-
chés de l'étude des classes sociales ou des diverses sortes de teiTes,
étude qui seule cependant pouvait les expliquer.
C'est sans doute aussi faute de connaissances générales préala- '
blés que M. P. n'a pas aperçu ce qu'il y a de profondément vrai
dans la théorie, soutenue notamment par M. Guilhiermoz, d'après
laquelle, pendant le haut moyen âge, il n'y a (si l'on met à part
les clercs et aussi les bourgeois des villes) que deux grandes
catégories sociales : d'un côté les nobles, possesseurs de fiefs, et
d'un autre côté les non-nobles, dans une condition servile ou
quasi-servile, quel que soit le terme (serfs, vilains, francs, rotu-
riers) qui sert à les désigner. M. P. rejette cette théorie. Nous
croyons, au contraire, que les textes qu'il rassemble lui sont plei-
nement favorables, et que, s'il ne l'a pas admise, c'est parce qu'il
s'est fait une idée inexacte et trop rigide du servage médiéval. Il
constate lui-même (pp. 36 et suiv.) que le vilain des Hautes-Alpes
n'est pas éloigné du serf. Le droit de changer de seigneur à la
252 ANNALES DU MIDI.
Noël de chaque année, droit qui appartient aux paysans du
Briançonnais, n'est pas, comme le dit M. P., une preuve de liberté ^.
Gela montre seulement que la condition des paysans se rappro-
che de ce que l'on appelle la « mainmorte simplement réelle », et
ressemble à celle des homines de inansata des textes méri-
dionaux ou à celle des serfs de la Bourgogne 2. Un trait surtout
nous semble caractéristique, trait que M. P. étudie ailleurs
(pp. 183 et suiv.). Dans les Hautes-Alpes, pendant tout le moyen
âge, la totalité des populations des campagnes n'a eu que des
droits successoraux très restreints; à défaut de descendants et à
défaut d'un testament fait au profit du seigneur, celui-ci recueil-
lait toute la succession du paysan décédé. Ce droit n'est pas une
conséquence des règles féodales, comme M. P. le dit (p. 183, note 4) ;
car il s'applique, non pas à la tenure du paysan, mais à toute sa
succession. Ce droit de deshominamenlum , qui pèse, dans les
Hautes-Alpes comme dans divers autres pays (par exemple en
Savoie, en Valais, en Roussillon), sur toute la population ru-
rale, est bien l'indice d'une condition servile ou quasi-servile^.
1. P. 41 et suiv. Ces paysans de Bardonnèche ne peuvent pas se dé-
placer librement. La charte de 1330 ne leur permet de changer de sei-
gneur qu'à une date déterminée, à la Noël, et seulement pour aller sur
la terre d'un autre coseigneur de Bardonnèche. Ils sont, en vertu de la
même charte, taliahiles ad mercedem. — Les seigneurs des Crottes peu-
vent saisir tous les biens, meubles et immeubles, du paysan qui émigré.
P. 43, note 2. Ce sont des traces, aussi nettes que possible, du droit de
poursuite, c'est-à-dire de la forme la plus dure du servage.
2. M. P. semble ne pas très bien savoir ce que l'on entend par main-
■morte « réelle n ou c< personnelle ». II se figure que la mainmorte réelle
est plus dure que la mainmorte personnelle ; c'est le contraire qui est
vrai, puisqu'elle permet au serf de devenir libi'e en déguerpissant, tandis
que le serf de servitude personnelle ne peut échapper à son servage. Il
y a, dans la thèse de M. P., d'autres méprises du même genre; par
exemple, p. 71, il appelle « fief en l'air » le fief portant sur autre chose
qu'un immeuble, alors que cette expression désigne ordinairement la si-
tuation d'une personne qui, ayant reçu en fief une terre d'un seigneur, la
sous-inféode en totalité à un arrière-vassal, sans rien retenir devers elle.
De même encore, p. 175, il oppose le melioraine?îtum dotis à l'augment
de dot ; s'il avait examiné de près l'augment de dot, il aurait vu que rien
d'essentiel ne sépare ces deux institutions; les mots melioramentum,
augnientum dotis, supravita, dotaliciurn, désignent au fond, dans le sud-
est de la France, un seul et même gain de survie.
3. M. P. aurait pu rapprocher des textes qu'il cite pour les Hautes-
Alpes le texte des franchises de Chamonix de 1292 : quand une personne
meurt sans enfants, elle ne peut transmettre ses biens à ses collatéraux
qu'à la condition de léguer au prieur le tiers de ses biens {Mém. et doc.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 253
Nous aurions encore d'autres griefs à faire à M. P^. Il a placé,
en tète de son livre, une bibliographie où il a entassé pêle-mêle
les recueils de textes et les ouvrages de troisième main. Nous au-
rions préféré un tableau précis des sources de l'histoire juridique
des Hautes-Alpes, nous indiquant : 1" les cartulaires et fonds
d'archives utilisés; 2» les chartes de franchises et de coutumes des
Hautes-Alpes ; S» les ordonnances, delphinales ou autres, relatives
au droit privé, etc. Une telle liste aurait été infiniment plus utile.
Mais ces imperfections, dont plusieurs étaient fort difficiles à
éviter, ne doivent pas empêcher de reconnaître tout ce qu'il y a
de travail solide et sérieux dans la thèse de ^I. P. Il a, en somme,
étudié directement les sources et en a tiré un bon parti. Ajou-
tons qu'il a eu l'excellente idée d'ajouter à son livre trois chartes
inédites : d'abord la transaction conclue, relativement au village
de Savines, en 1816, par le dauphin et les seigneurs du Savines ;
puis la charte communale de Gap de 1378; enfin la charte accordée
par les comtes de Provence, en 1385, à la ville de Barcelonnette.
Robert Caillemer.
publ. par la Soc. d'hist. et d'arch. de Genève, XIII, 2, p. 74). De mèriie
dans la charte d'Orsières en Valais (1376) ( Méni. et doc. publ. par la Soc.
d'hist. de la Sîcisse romande, XXXVII, n" 2213); dans les statuts de
Priola de 1397 (Fertile, Storia del diritto italiano, IV, p. 19, note 28|.
Pour les vallées pyrénéennes, voir les travaux de Brutails. En somme, la
mainmorte, avec ses variantes (confiscation de toute succession collaté-
rale, confiscation des biens des intestats, etc.), a duré, dans les vallées des
Alpes et des Pyrénées, jusqu'au xiv^ siècle. Un certain nombre de chartes
de libertés, qui se proposent d'améliorer cette situation, n'établissent
encore le droit de succession en ligne collatérale que dans des limites
restreintes, jusqu'au 2" degré de computation canonique.
1. Par exemple, nous ne pouvons admettre que le service militaire des
vilains n'ait existé que depuis le xiir siècle (p. 103 et suiv.). Les chartes
de libertés du xui« siècle en parlent pour le limiter. Antérieurement, il
devait être à tnerci, comme les autres formes de la corvée. — Au con-
traire, nous sommes d'accord avec M. P. pour admettre que les bois et
les pâturages ont été, jusqu'au xiii« siècle ou même au xiv, la propriété
exclusive des seigneurs, et que le droit des paysans sur les communaux
ne s'est développé que peu à peu, à la fin du moyen âge.
254 ANNALES DU MIDI.
Henri Courteaui.t. — Le Livre des Syndics des États de
Béarn (texte béarnais). 2» partie. Paris et Auch, 1906;
1 vol. in-8o de viii-234r pages {Arch. hist. de Gascogne,
XVII« année, 1" et 2* trimestres; 2^ sér., fasc. 10).
Cet ouvrage correspond à l'une des périodes les plus intéres-
santes de l'histoire du Béarn ; il a trait aux événements qui se sont
succédé dans le Sud-Ouest de 1488 à 1521 et comprend l'époqne où
la maison de Foix-Grailly, à l'apogée de sa grandeur, était arrivée
au but suprême de son ambition et de ses efforts, à la couronne
royale de Navarre. A la mort de François-Phœbus, emporté subi-
tement, en 1488, par un mal mystérieux, la prospérité commence
à faire place à l'adversité. Catherine, héritièi'e de son frère et
madée à Jean d'Albret, se voit contester ses droits à la succession
par son oncle, Jean de Foix, vicomte de Narbonne, qui prétendait
la dépouiller en vertu de la loi salique.
Profitant des embarras qui empêchaient Catherine de fortifier
son autorité, Ferdinand le Catholique, roi d'Aragon, lui suscitait
des difficultés sans cesse renaissantes pour s'emparer du royaume
de Navarre. La pauvre reine était menacée de perdre successive-
ment tous ses États, éparpillés de chaque côté des Pyrénées; en
Navarre, le parti d'Albret, qui s'alfaiblissait de plus en plus, finit
par être expulsé du pays par les armes espagnoles.
Plus que toute autre province relevant de la maison de Foix, le
Béarn, où les souverains déchus établirent leur résidence habi-
tuelle, était exposé, par sa situation géographique, à ressentir le
contre-coup des événements et à en supporter les fâcheuses consé-
quences. Aux affaires que suscitaient les relations avec l'étranger
s'ajoutaient les embarras provoqués par l'administration intérieure.
Les trois États de la province, en accordant ou rejetant les
subsides, étaient nécessairement amenés à toucher à toutes les
questions. Dans leui'S livres, les syndics étaient obligés d'enre-
gistrer les délibérations de l'assemblée, de déterminer les 'motifs
du vote, de relater les crédits ouverts, d'en suivre l'emploi, d'in-
diquer les mesures prescrites. S'il était permis d'avoir recours à
une expression moderne pour définir une chose ancienne, on pour-
rait dire que les livres des syndics constituaient les annales parle-
mentaires du pays.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 255
L'intérêt très vif qu'ils présentent ne peut échapper à ceux
qui s'occupent des rapports internationaux entre le nord de l'Es-
pagne et le sud-ouest de la France. L'ouvrage édité par M. C. n'est
pas seulement un ouvrage d'histoire locale; il tient à l'histoire
générale par la qualité des personnages qu'il met en scène ou par
l'importance des faits, tels que la perte du royaume de Navarre
par une dynastie française.
Conservé aux archives des Basses-Pyrénées, le manuscrit des
syndics attendait un éditeur. Le regretté Léon Cadier, de l'École
des Chartes, l'avait étudié. C'était une bonne fortune pour la
Société des archives historiques de Gascogne, nouvellement fon-
dée, de s'adjoindre le jeune paléographe et de lui confier cette
édition. Il parvint à publier la première partie du Livre des syn-
dics, avant que la maladie ne l'enlevât à la science en 1889. Restait
une seconde partie à mettre en lumière. Pour donner à l'édifice un
couronnement digne de la base, il fallait un ouvrier au courant
de l'histoire locale, ayant la pratique du dialecte béarnais et
capable d'éclairer le récit par des notes sur les personnes, les faits
et les lieux.
C'est à M. Henri Courteault, archiviste aux Archives nationales,
ancien élève de l'École des chartes, Béarnais d'origine et d'éduca-
tion, qu'est revenu le soin de continuer l'œuvre interrompue et de
la mener à bonne fin. Cette seconde partie, parue en 1906, justifie
pleinement l'espérance que l'on avait conçue : point de disparate
dans le travail, dont les parties s'harmonisent aussi bien pour
la publication du texte que pour la rédaction des notes.
Le volume est divisé en chapitres, correspondant chacun à une
session; chaque chapitre, partagé en paragraphes numérotés, est
précédé d'un sommaire qui donne le résumé des sujets traités;
enfin une table méthodique reproduit dans l'ordre chronologique,
sous une forme plus succincte, les sommaires des deux tomes. Une
table alphabétique de noms de lieux et de personnes facilite les
recherches.
Au point de vue philologique, le texte, édité avec soin, offre une
version satisfaisante et fournit des matériaux pour l'étude du dia-
lecte béarnais, usité à la fin du moyen Age. Un glossaire donne
l'explication des mots dont le sens peut présenter quelque diffi-
culté d'interprétation.
La Société des Archives historiques de Gascogne continue à
mériter les éloges et les encouragements qui l'ont accueillie à ses
256 ANNALES DD MIDI.
débuts. Puisse-t-elle tenir eu réserve bon nombre de publications
dignes du Livre des Syndics des États de Béarn!
F. Pasquier.
Edmond Cabié. — Guerres de religion dans le sud-ouest
de la France et principalement dans le Quercy. d'après
les papiers des seigneurs de Saint-Sulpice, de 1561
à 1590. Paris, Toulouse, Cahors et Albi; in-4o de xlii-939
pages.
M. Ed. Gabié est un de ces travailleurs solitaires qui, dans le
grand silence de la vie provinciale, comme Fa dit M. Roschach,
collaborent avec un désintéressement méritoire à la préparation de
notre histoire nationale. 11 vient de publier un nouveau volume de
documents puisés, comme ceux du précédent, dans les papiers des
seigneurs de Saint-Sulpice. C'est le second d'une série qui com-
prendra un troisième et peut-être un quatrième volume. Le pre-
mier est exclusivement consacré à l'ambassade en Espagne de Jean-
Ebrard de Saint-Sulpice, de 1562 à 1565 1. 11 nous a permis de
mieux comprendre la politique espagnole à l'égard de la France
au début des guen*es de religion et aussi les raisons pour lesquel-
les Catherine de Médicis tenait tant au rapprochement des deux
pays. Saint-Sulpice avait admirablement servi cette politique ; il
avait réussi à ménager la célèbre entrevue de Ba5'onne qui fut
considérée comme un très grand succès et le poussa fort avant
dans la confiance de Catherine de Médicis.
Le second volume est beaucoup plus étendu que le premier;
c'est un gros in-4o de 940 colonnes, portant sur une période de
trente ans, de 1561 à 1590. Le titre choisi par M. Gabié ne donne
qu'une idée très incomplète et même assez inexacte de ce que ren-
ferme le volume. Sans doute il y est souvent question des guerres de
religion dans le sud-ouest et principalement dans le Quercy où ré-
sidait la famille de Saint-Sulpice et où il séjournait lui-même au-
tant de fois et aussi longtemps qu'il le pouvait; mais, heureuse-
ment pour le lecteur, les documents publiés par M. Gabié parlent
d'une foule de choses que n'annonce pas le titre et qui, à mon avis,
présentent plus d'intérêt que ce qui se rapporte aux événements
1. Albi, 1902. Voy. Annales, XVI, 295.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 257
qui se passent dans le Quercy. Il est d'ailleurs facile de le com-
prendre. Depuis son ambassade en Espagne, Saint-Sulpice réside
presque toujours à la cour; il est conseiller du roi en son Conseil
privé, il a toute la confiance de Catherine de Médicis, il est gou-
verneur du duc d'Alençon et surintendant de sa maison, il est plu-
sieurs fois chargé de missions importantes, il est en relations avec
tous les grands personnages de l'époque; sa correspondance, très
étendue et très régulière, doit donc nous renseigner sur tous les
événements auxquels il s'est trouvé mêlé et en particulier sur
ceux dans lesquels il a joué le principal rôle.
Uu volume comme celui de M. Cabié ne peut pas s'analyser;
mais pour en faire ressortir tout l'intérêt, il suffit de dire qu'il ren-
ferme plus de 170 lettres de Catherine de Médicis, de Charles IX,
d'Henri III et du roi de Navarre, dont quelques-unes inédites en tout
ou en partie, et qu'il reproduit à peu près 1,600 pièces ou docu-
ments divers. Grâce à M. Cabié, nous connaîtrons mieux désormais
les événements qui s'accomplissaient dans le sud-ouest de la France
pendant les guerres de religion; nous serons mieux renseignés sur
le voyage que fit Catherine de Médicis dans le midi de la France
en 1579 pour conclure la paix avec les princes protestants, qu'elle
suivit « comme un barbet ». Avant sa publication, nous ignorions
presque complètement les efforts faits par les catholiques pour re-
prendre la ville de Cahors, en 1581. De nombreuses lettres parlent
de la misère profonde qui existait dans les pays ravagés par la
guerre, du peu de sécurité qui régnait sur les chemins, de la cherté
des vivres, de la difficulté qu'éprouvaient les marchands pour faire
circuler leurs marchandises. Saint-Sulpice se plaint souvent du
manque d'argent, il prêche l'économie à sa femme et à ses enfants.
Les dépenses qu'il est obligé de faire à la cour sont exorbitantes
et le roi le paye trop souvent de promesses ou bien il lui donne des
assignations sur une caisse qui ne peut disposer de la moindre
somme pendant plusieurs années. Il réclame fréquemment, mais
ses réclamations restent vaines parce que le Trésor est à sec. Mal-
gré cela, il reste toujours profondément dévoué à la cause du roi.
Les enfants de Saint-Sulpice reçurent une éducation conforme
au rang qu'il occupait. Ils furent élevés au collège de Navarre
qu'on avait recommandé à Mme de Saint-Sulpice, « tant pour le
soin qu'on y a de bien instruire la jeunesse en la foi et religion
catholique et aux bonnes mœurs que aussi pour être le lieu où l'on
a accoutumé de faire étudier les enfants des princes et des plus
ANNALES DU MIDI. — XX 17
258 ANNALES DU MIDf.
nobles maisons de France. » On ne tarda pas à les conduire au
Louvre pour distraire le jeune duc d'Alençon ; ils en profitent pour
entretenir toutes les dames de la reine « le mieux qu'il leur est pos-
sible ». « Outre cela, écrit l'un d'eux à sa mère, nous apprenons à
escrimer, et l'escrimeur de Monsieur le duc d'Alençon nous vient
trouver à notre logis pour nous apprendre. Mon maître Boyresse
y fait aussi venir tous les jours un joueur de lutii qui m'apprend.
Et qui plus est nous continuons notre exercice de monter à che-
val sur les chevaux de M. de Longueville. Ainsi nous ne perdons
pas notre temps. » Dès qu'ils furent en Age de fréquenter la cour,
les fils de Saint-Sulpice furent attachés, à des titres divers, soit au
duc d'Anjou, soit au duc d'Alençon. L'un d'eux accompagna même
le duc d'Anjou en Pologne quand il alla prendre possession du
trône, et sa correspondance renferme quelques détails pittoresques
sur le voyage et sur la réception qu'on leur fit. Malgré les misères
du temps, malgré le triste état du Trésor, les fêtes étaient nom-
breuses à la cour. Henri de Sair)t-Sulpice écrit à sa mère en 1571 :
« La cour est si grosse et il y a tant de presse qu'on ne sait de quel
côté se tourner; le bal se tient tous les soirs et il y a fort grant
compaignie. » Trois des fils de Saint-Sulpice suivirent la carrière
des armes. L'un fut mortellement blessé au siège de La Rochelle
en 1572; le second fut assassiné à Blois en 1577; le troisième mou-
rut des blessures qu'il avait reçues à la bataille de Goutras. Le
quatrième embrassa la vie ecclésiastique et devint évêque de Ca-
hors. Il fit un voyage à Rome en 1577 et sou père ne se décida aie
laisser partir qu'après avoir reçu une lettre fort intéressante de
l'évêque d'Auxerre, Jacques Amyot, dans laquelle le traducteur
dePlutarquefait ressortir les avantages que présente pour un jeune
évêque désireux de s'instruire un séjour prolongé dans la ville de
Rome. La correspondance du jeune évêque de Cahors fournit aussi
de nombreux détails sur Tadministration des biens d'église à la fin
du xvie siècle.
Dans les papiers de Saint-Sulpice on trouve enfin des rensei-
gnements sur les grandes familles du Quercy, sur leurs alliances,
leurs mariages, leurs ressources; sur les épidémies, comme la
coqueluche, qui de temps à autre désolaient le pays, et sur les
remèdes qu'on employait. Quand Saint-Sulpice souffre de l'esto-
mac on lui conseille de manger « un peu moins de vinaigre et de
fromage et de salade » et de recourir davantage aux raisins de
Damas et de Corinthe. S'il veut user du lait d';\nesso, le médecin lui
COMPTES RENDUS CRITIQDES. 259
donne h ce sujet les prescriptions suivantes : « Faut en premier
lieu que l'anesse soit nourrie de foin, d'avoine ou orge et de bon
son, ne permettant que mange lierlje par les prés. Je présuppose
qu'elle soit de l'âge moyen. Faudra commencer le plus tôt que
vous pourrez, en en prenant cinq ou six onces le matin, environ
six heures, tout chaud comme sortira de la mamelle, en y ajou-
tant un peu de sucre fin mis en poudre afin que soit plus tôt
fondu, et si voulez un peu dormir dessus afin que l'estomac l'em-
brasse mieux ne ferez mal. Si vous en trouvez bien, le continue-
rez longtemps, car le long usage ne dommage point si l'estomac
ne s'en rend crû et débile. » Pour ses yeux, s'il a quelque fluxion
avec chaleur, il pourra employer « un collyre de dame-rose fait
avec un peu de lait de femme, et en mettre le matin, demi-heure
avant de se lever, quelques gouttes dedans, et le soir avant de se
coucher ». « Quanta votre toux, je serais d'avis que vous fissiez
une rôtie, en forme d'écusson, de croûte de pain et la tremper
avec de bonne eau-de-vie et l'appliquer sur l'estomac sans chauf-
fer la pointe sur le creux que l'on appelle la fontanelle. »
Par les quelques indications que je viens de donner, il est
facile de se rendre compte de la variété et de l'importance des
renseignements que renferme la publication de M. Cabié. On peut
la considérer comme une source indispensable pour la connais-
sance de l'histoire politique et économique de la seconde moitié
du xvie siècle. Je l'ai lue pour ma part avec un sérieux profit.
Une table alphabétique des noms de lieux et de personnes faci-
lite beaucoup les recherches.
La bibliographie et les commentaires de M. Cabié sont insuffi-
sants ; mais les raisons qu'il en donne si consciencieusement dans
son introduction sont de telle nature qu'on ne saurait lui faire un
grief des quelques lacunes de son intéressante publication.
F. Dumas.
Paul CouRTEAULT. Geoffroy de Malvyn , magistrat et
humaniste bordelais (1545? -1617). Etude biographique
et littéraire suivie de harangues, poésies et lettres inédites.
Paris, H. Champion, 1907; in-8»de x-208 pages. (Bibl. lit-
téraire de la Renaissance.)
Geoffroy de Malvyn a fait au Parlement de Bordeaux toute sa
carrière de magistrat. Il semble y avoir laissé la réputation d'un
260 ANNALES DU MIDI.
lionniie lionnête et éloquent. Il a continué la tradition de ces
magistrats humanistes que furent Arnaud de Ferron, La Boëtie et
Montaigne. Lui-même, à proprement parler, ne fut jamais un
homme de lettres. En 1563, sa verve de jeune homme se donnait
cours dans un poème intitulé Gallia geme^is, dont un seul
exemplaire a survécu. En dehors de cette oeuvre, on ne citait de
lui que des poésies latines de circonstance, pièces liminaires qui
sont dispersées dans des volumes imprimés à Bordeaux à la fin
du xvie siècle. Au moins ces vers montrent-ils qu'il fut un lati-
niste délicat; et de plus, ils nous donnent une idée des relations
qu'il entretint avec divers lettrés de son teinps. Tel fut Geoffroy
de Malvyn, figure assez pfde sans aucun doute, personnage de
second plan, mais à qui il valait la peine de consacrer une mono-
graphie : ce sont des livres comme celui-là qui peuvent faire revi-
vre devant nous ces anciens parlementaires dont, au xvie siècle,
l'inlluence fut si grande sur l'évolution de la littérature.
On trouve dans le livre de M. C. toute la richesse d'informa-
tion et aussi toute la précision minutieuse sans lesquelles de
pareilles études ne sauraient avoir leur pleine utilité. L'auteur
a su ajouter beaucoup aux notices, trop sèches ou trop vagues,
que l'on possédait sur (Teoffroy de Malvyn. Pour écrire sa vie, il
a mis à profit les documents d'archives qui sont conservés dans
les divers dépôts de Bordeaux. Pour nous faire connaître l'huma-
niste et le lettré, il a soigneusement dépouillé le volume qui ren-
ferme, à la bibliothèque de Bordeaux, les papiers de Malvyn. Son
étude se divise en deux parties : l'une est consacrée au magistrat,
l'autre à l'humaniste. Dans un appendice très soigné, on remar-
quera surtout trente-cinq pièces inédites extraites des papiers de
Malvyn : mémoires et remontrances au Parlement de Bordeaux,
lettres diverses, poésies latines et françaises. Rien n'est plus ins-
tructif, pour la connaissance du personnage, que la lecture de ces
divers morceaux.
Ces indications suffisent à montrer l'intérêt de cette étude sur
Geotïroy de Malvyn. Vraiment, je ne vois qu'un seul reproche à
faire à M. C. : il aurait pu, ce me semble, resserrer un peu sa rédac-
tion. Son plan ne laisse pas d'être artificiel; il y a, dans le cha-
pitre II {VHumanislejy des détails qui devaient ressortir à la bio-
graphie et qu'on se fût attendu à lire dans le chapitre i. Il s'y
trouve aussi des pages, d'ailleurs très intéressantes, où nous per-
dons un peu de vue les travaux littéraires de Malvyn. Il me sem-
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 261
ble que M. G. eût dû rassembler dans un même chapitre tout ce
qui était relatif à la biographie de Malvyn, qu'il s'agît de sa vie
officielle, comme magistrat, ou de sa vie de lettré. Et, dès lors,
dans le chapitre sur l'Humaniste, les analyses ou les citations
des poésies se fussent éclairées l'une par l'autre; on en aurait
emporté du personnage, de %or\. talent ou de ses idées, une impres-
sion plus forte et plus cohérente. Ou l)ien, pour compenser ce que
l'exposition avait d'un peu flottant, il fallait nous donner une
table des matières détaillée, qui permît de retrouver les différents
détails relatifs à Geoffroy de Malvyn. L'index, d'ailleurs excel-
lent, mais où son nom ne figure pas, ne suffît pas à combler cette
lacune.
Telle est la seule critique que j'adresserais à cet excellent travail.
En la fornuilant, je me suis placé au point de vue des gens pres-
sés, qui veulent embrasser d'un coup d'œil tout ce qu'un livre
leur apporte de nouveau. Mais, je le dis bien vite, on ne regret-
tera pas d'avoir lu page à page celui de M. G. On y trouvei'a, che-
min faisant, beaucoup de détails curieux sur des hommes ou sur
des livres du xvie siècle, qui sont aujourd'hui oubliés. Et puis, si
l'on veut pénétrer dans l'âme de ces vieux parlementaires, il fau-
dra lire tout entières ces remontrances au Parlement sur l'enre-
gistrement de l'édit de Nantes, que M. G. a données dans son
Appendice (pp. 131-154). D'une structure encore incertaine,
alourdi et comme encombré de citations latines, le morceau a
grand air malgré tout, et contient des passages d'un style sévère
et ferme qui atteint à la beauté. G'est, à sa date, un document
précieux tant poiu" l'Ijîstoire des idées politiques que pour celle
des formes littérnires. Il faut remercier M. G. de nous l'avoir
rendu et de l'avoir soigneusement annoté. Bien que j'aie lu tout
le volume avec une grande attention, je ne vois, pour le détail,
aucune critique qui vaille la peine d'être faite. L'exécution typo-
graphique est irréprochable. Aux notes des pages 90 et 91, quel-
ques erreurs dans les renvois aux appendices. A la note 2 de la
page 90, lire n° X/" (au lieu de n^ IX). A la noie 3, lire w^ XXX
(au lieu de n^ XXXII); quant au second renvoi (au no XXVIII),
il ne se rapporte à rien. A la note ^i, lire no XXIX (au lieu de
no XXXI). Enfin, à la page 91, note 4, il faut lire n" XXXI {an
lieu de no XXXIII). L. Delaruelle.
REVUE DES PÉRIODIQUES
PÉRIODIQUES FRANÇAIS MÉRIDIONAUX.
Alpes- Maritimes.
Annales de la Société des lettres, sciences et arts des
Alpes-Maritimes, t. XX, 1907.
p. 107-85. G. Doublet. Gattières. [Suite et lin de l'iiistoire de ce village,
resté enclave italienne sur la rive française du Var jusqu'en 1760. ]1
donna lieu à un procès séculaire entre l'évèché de Vence et une maison
noble, les Grimaldi, l'évèché réclamant la propriété de Gattières. La
Révolution mit les plaideurs d'accord en confisquant l'objet en litige.
En appendice, histoire de la Société populaire de Gattières pendant la
Révolution, et en particulier de l'abbé Chabert, son président, curé de
Gattières, puis curé constitutionnel, puis, ayant abdiqué la prêtrise,
agent national à Nice.] — P. 208-14. Chacornac. Comment le collège-
pension national sarde devint un lycée français le 15 juin 1860. —
P. 225-373. H. Moris. L'abbaye de Lérins, son histoire, ses posses-
sions, ses monuments anciens. Deuxième partie. [Les possessions de
l'abbaye de Lérins, par diocèse, puis par ordre alphabétique, avec
carte. Suit la liste des abbés. J — P. 375-90. Abbé Rance-Bourrey.
Masséna et le lycée de Nice. [C'est Masséna qui fit nommer proviseur.
M. Deorestis. Histoire de l'organisation du lycée.] — P. 391-407
E. Jaubert. Le siège de Nice en 1691 d'après les écrivains niçois. [Cati-
nat prit Nice en quelques jours par une surprise hardie et énergique
qui produisit une très forte impression sur les écrivains niçois.]
G. D.
Alpes (Hautes-).
Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, 25" an-
née, 1906.
P. 1-22. Abbé F. Allemand. Notice historique et archéologique sur la
commune de la Bâtie-Neuve. [Dans une plaine allongée, (jui s'ouvre
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 263
vers Gap. La Bastida nova date du xnv siècle; la Bàiïe-Xielle, Bas tida
vêtus, toute voisine, remonte au \i\ Les deux formaient le mandement
de la Bâtie, appartenant à l'évèque de Gap.] — P. i!5-33. J. Tivollier.
Convention pour la contribution de guerre levée sur le Queyras eu
1693. [Ce pays, dévasté ainsi que les vallées vaudoises adjacentes par
les troupes de Catinat après la révocation de l'Êdit de Nantes, eut en
outre à supporter une contribution de guerre de 41,000 livres ducales;
dont texte.] — P. 35-4L D. Martin. La station de Montseleucus et la
voie romaine des Alpes Cottiennes. [Contre l'opinion de l'abbé Allemand,
qui identifie avec La Beaumette cette station, en dépit des distances
fournies par les itinéraires.] — P. 67-85. J. Michel. Le premier règle-
ment général de police promulgué par le corps municipal de Gap,
5 août 1792. [En 54 articles, dont texte.] — P. 97-129, 147-88. L. Jacob.
Essai historique sur la formation des limites entre le Dauphiné et la
Savoie. [Suite et tin. Travail bien fait et intéressant, mais de seconde
main pour la plus grande partie. Les maîtres du Dauphiné, dauphins
ou rois de France, ont su repousser peu à peu les princes de Savoie au
delà des Alpes et détourner leurs ambitions du Dauphiné vers l'Italie.
Utiles cartes.] — P. 193-7. Abbé F. ALLEMA^■D. Découvertes archéolo-
giques à Eambaud et emplacements successifs du principal village. —
P. 199-209. AcHARD. Le fléau de la peste au village de Trescléoux, 1631-
1G32. [En huit mois, 140 personnes moururent; 15 familles furent
anéanties.] — P. 211-5. Variétés. [Supplique d'une veuve dont le fils,
ayant tué un loup qui ravageait le pays, a succombé à ses blessures (la
Chambre de l'Edit de Grenoble lui attribue 400 livres à percevoir sur
les communautés intéressées, dont Trescléoux, qui refuse de payer,
1G34-35); Devis d'une horloge à construire à Gap.] — P. 219-40. J. Roman.
Généalogie de la famille de Bonne. [Celle d'oii est sorti Lesdiguières.
Elle remonte au moins à 1210; mais, jusqu'au connétable, elle a été
représentée par de simples notaires, établis en Champsaur. Ce travail
complète celui que M. R. a publié dans son édition de la Correspon-
dance de Lesdiguières, t IlL] — P. 255-95. Abbé F. Allemand.
Notice biographique sur Jean-Joseph Serres (1762-1831). [Né à la Roche-
des-Arnauds, de famille bourgeoise. Député à la Convention, Girondin,
il manque de périr; il entre ensuite dans le Conseil des Cinq-Cents. En
1813 il était sous-préfet de Gap, et 1814 le trouvait royaliste convaincu,
ce qui lui causa des difficultés en 1815, mais le fit sous-préfet d'Em-
brun en 1816. La monarchie de Juillet le destitua.!
264 ANNALES DU MIDI.
XXVIe année, 1907.
p. 1-10. J. Michel. Les fêtes gapençaises de la naissance du roi de
Rome. — P. 11-22. Abbé Ach.\rd. Historique des foires de Trescléoux.
[Deux foires annuelles, obtenues en 1720. Elles durent encore.] — P. 15-
45. D. Martin. Les camps de Marins en Provence et les fosses Marien-
nes. [Eend pleine justice au livre de M. Clerc, dont nous avons parlé,
t. XIX, p. 438, mais fait diverses réserves résultant de ses propres
observations topographiques ou géologiques ; ain?i le plateau du Ver-
nègues conviendrait mieux que celui de Barbentanc à l'emplacement du
camp de Marins; il y aurait eu à la Mérindole un camp secondaire ;
selon « des probabilités assez sérieuses >i, Marius aurait construit la
voie romaine d'Arles à Marseille et des Arcades de la Mérindole ; quant
à son canal, il ne l'aurait pas créé de toutes pièces, mais se serait borné
à réunir au moyen de tranchées une série d'étangs.] — P. 123-43.
J. Roman. Généalogie de la famille de Rame. [Rame, château et sei-
gneurie importante, dont les seigneurs furent les plus puissants de
l'Embrunais, avec titre de barons. Ils ne fréquentaient nullement la
cour. Cette famille achève de disparaître au début du xvni" siècle. Cf.
aussi, p. 294, un tableau généalogique qui la concerne.] — P. 167-87 et
199-258. D. Martin. Le patois de Lallé en Bas-Champsaur. [L'auteur
n'apporte à ce travail « aucune prétention philologique » et se donne
lui-même comme un « naturaliste observateur ». Ce sont précisément
les travaux de ce genre qui rendent des services. Après une courte
grammaire, qui pourrait être encore abrégée, vient un dictionnaire où
les mots sont rangés par familles. La nomenclature est abondante et
les traductions précises ; mais la graphie n'est pas d'une clarté pai'-
faite. Nous avons ici de 4 à Chavaire.] — P. 259-67. J. Roman. La
commune du Poët. [En Gapençais, près de la Durance. « Le Poët n'a
pas d'histoire » ; il n'était donc pas bien utile d'en parier.] — P. 268-93.
AcHARD. Relèvement communal de Trescléoux après la Réforme. [Det-
tes de la communauté envers des particuliers, notables du pays pour
la plupart. Elle s'en acquitte peu à peu, grâce aux réductions opérées
par une Commission royale des dettes, siégeant à Gap. Mais la régence
de Marie de Médicis ramène la misère et il faut rétablir Va aumosnée
des pauvres ».] — P. 305-20. Abbé F. Allemand. Notice sur la station
gallo-romaine d'Alabons. [C'est le Monêtier-Allemont actuel, comme
l'attestent les distances portées aux itinéraires et les inscriptions, rui-
nes, etc., découvertes en ce point. Alabons faisait sans doute partie de
la cité dos Voconces ; elle dut être ruinée par les Barbares. Alabons se
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 265
serait modifié en AUemont; quant au nom de Monêtier = monaste-
rium, il rappelle le très ancien prieuré de Saint-Martin. Au xi» siècle,
la localité, en se dédoublant, donne naissance à celle de Ventavon.]
P. D.
Bouches-du-Rhône .
I. Annales de la Société d'études provençales, t. II, 1905.
p. 15-27. E. PoupÉ. Octave Teissier. [Note bio-bibliographique sur Octave
Teissier, ancien archiviste de la ville de Marseille, ancien conservateur
de la bibliothèque et du musée de Draguignan, décédé en cette ville le
19 novembre 1904.] — P. 39-50. 87-101. F. Sauve. Les épidémies de
peste à Apt, notamment en 1588 et 1720-1721. [Intéressante étude
d'après les archives d'Apt, notamment les délibérations et les comptes
communaux. Nombreux extraits.] — P. 51-4. G. Arnaud d'Agnel. De
la ressemblance de décor des poteries antiques et des poteries actuel-
les. [Identité d'ornement — une ligne sinueuse au bord supérieur —
entre les poteries ligures et les pièces de céramique commune fabri-
quées par les potiers d'Aubagne et de Saint-Zacharie. Figures.] —
P. 55-8. De Ville-d'Avray. Fréjus inédit. Deux inscriptions gallo-
romaines. [Type connu d'inscriptions trouvées à Narbonne et en Italie.
Figures.] — P. 59-64. Ch. Cotte. Revue de palethnologie provençale.
[Bibliographie des travaux parus en 1904.] — P. 65-8. E. Duprat.
Bibliographie vauclusienne, 1904. [Etude très brève sur quelques tra-
vaux relatifs au département de Vaucluse parus en 1904.] — P. 69-70.
F.-N. Nicollet. As Ais « à Aix » et non A-z-ais. [Sur la prononciation
provençale du nom de la ville d'Aix.] — P. 1-14, 102-26. E. Poupé. La
Ligue en Provence et les Pontevès-Bargème. [Suite et fin. Série de let-
tres relatives à la prise d'armes carciste de 1578-1579.] — P. 135-53. La
Provence aux congrès d'Alger et à la réunion des sociétés des beaux-
arts à Paris. [Etude sur la participation des Provençaux à ces divers
congrès.] — P. 151-62. E. Aude. Le premier et le dernier des Craponne.
[Note généalogique sur la famille du grand ingénieur. Textes intéres-
sants et inédits.] — P. 163-5. P. Bigot. Joseph Liabastres, 1842-1904.
[Notice nécrologique sur le conservateur de la bibliothèque de Carpen-
tras.] — P. 183-93. H. Villard. La léproserie de Marseille au xv« siècle
et son règlement. [Textes en langue provençale tirés des délibérations
municipales de Marseille.] — P. 194-8. F. Sauve. Itinéraire pastoral
d'Elzéar de Villeneuve, évêque de Digne, et actes relatifs à son épisco-
pat (1330-1331). [D'après un registre do M« Pondicq, notaire à Apt.] —
P. 199-207. P. MouLi.N. L'instruction publique à Salon en 1790. [Docu-
266 ANNALES DD MIDI.
ments inédits sur le programme du collège de Salon, dirigé par un
nommé Dupuis, ancien comédien.] — P. 2(J8-19. G. Eeynaud de Ly-
QUES. Un prédicateur toulonnais au xviip siècle : le R. P. Hyacinthe
La Berthonye. [A suivre.] — P. 220-4. V. Teissère. Un discours dans
un club en 1791. [Harangue prononcée à la Société des amis de la liberté
et de l'égalité de Trets (Bouches-du-Rhône) par Brouchier, chirurgien
à Marseille. D'après le registre de cette société, aux archives communa-
les de Trets.] — P. 231-57. Oh. Joret. L'helléniste d'AnssedeVilloison et
la Provence. [Intéressant mémoire sur les relations de Villoison avec
les archéologues provençaux de la fin du xviii« siècle, notamment Guys,
à Marseille, et Fauris de Saint-\' incens à Aix. A suivre.] — P. 258-62.
H. de Ville-d'Avray. Fréjus inédit. [Suite de notes sur diverses trou-
vailles archéologiques. Figures.]
En supplément : De Boisgelin. Chronologie des cours souveraines de
Provence. [Suite et à suivre.] — P. Gaffarel. Le blocus de Marseille
et des environs par les Anglais (1804-1814). [Suite et fin.] — J.Vincent.
Les hôpitaux à Aubagne. [A suivre.]
T. III, 1906.
P. 1-20. Ch. JoRET. L'helléniste d'Ansse de Villoison et la Provence.
[Suite et fin.] — P. 21-2. H. de Ville-d'Avray. Bijou antique décou-
vert à Fréjus. [Description d'une émeraude intaille de forme elliptique
représentant un gladiateur. Figure.] — P. 23-38, 81-94. G. Reynaud de
Lyques. Un prédicateur toulonnais au xviii" siècle: le R. P. La Berthonye.
[Suite et fin.] — P. 39-40. Nécrologie: Robert Reboul. [Note biographique
et bibliographique d'un écrivain provençal auteur de nombreux travaux
liistoriques, notamment du Dictionnaire des anonymes, pseudonymes
et supercheries littéraires de la Provence ancienne et nioderne.] —
P. 55-60. G. Arnaud d'Agnel. Un plat en faïence de Marseille à décor
bérain. [Belles planches.] — P. 61-70. Id. Joseph Fauchier, faïencier de
Marseille, et ses statues de la Vierge. [Intéressante note sur un faïen-
cier marseillais du xviii» siècle. Deux planches.] — P. 71-80. L.-G. Pé-
lissier. Sommelsdyck en Provence. [Extrait relatif à la Provence de la
Relation de Madrid du Hollandais Sommelsdyck qui a visité, en no-
vembre 1654, à son retour d'Italie, Monaco, Nice, Antibes, Cannes,
Marseille, Aix, Cavaillon, Avignon, etc. Curieux détails sur la vie en
Provence.] — P. 95-8. G. Arnaud d'Agnel. Notes complémentaires sur
des découvertes archéologiques au castillas de Vilrolles. [Rectifications
à un article sur le même sujet, publié dans le compte rendu du congrès
de l'Association française pour l'avancement des sciences tenu à Gre-
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 267
noble en 1904.] — J. Fournier. Gustave Saige. [Notice nécrologique sur
l'ancien conservateur de la Bibliothèque et des Archives du palais de
Monaco.] — P. 139-48. G. Doublet. Robert Céneau, évèque de Vence
(1523-30) et de Riez (1530-32). [Intéressante biographie d'un prélat qui
s'est signalé par divers ouvrages théologiques et historiques posté-
rieurs à son épiscopat en Provence.] — P. 149-54. M. Bertrand. Note
sur deux inscriptions romaines de Fréjus. [Rectifications à la note de
M. de Ville-d'Avray [Annales Soc. et. prov., 1905, p. 258).] —P. 171-96.
E. PoupÉ. Les dessous des élections de l'an VII dans le Var. [Page très
curieuse de l'histoire politique et aussi, il faut bien le dire, de la cor-
ruption électorale au temps du Directoire. Nombreu.\ documents iné-
dits.] — P. 197-206. E. BoucHiNOT. Recherches toponymiques sur les
anciens « grand » et « petit Montredon » de la baie de l'Huveaune
(prés Marseille), sur les noms de « Rose », de « Voire », etc. [Hypo-
thèses sur l'étymologie de ces noms particuliers à un coin de la ban-
lieue marseillaise.] — P. 207-14. H. Villard. Un pari sur la mort de
Jeanne d'Arc en 1437. [D'après un acte notarié du 27 juin 1437 par
lequel un gentilhomme de Maillane, Jean Romey, et un cordonnier
d'Arles, Pons Veyrier, parient, l'un un cheval, l'autre cinq paires de
chaussures, au sujet de la mort de la Pucelle. Veyrier affirmait que la
Pucelle n'avait point été brûlée par les Anglais, et qu'elle était encore
vivante ; Romey soutenait la version historique. L'opinion du premier
était sans doute basée sur l'existence d'une fausse Jeanne d'Arc dont
l'odyssée est racontée par Lecoy de La Marche {Le roi René, I, 208).]
— P. 215-21. M. Raimbault. Sur le denier arlésien à l'I. [Solution d'un
intéressant problème relatif à la numismatique des archevêques d'Arles.
Louis Blancard avait attribué à lldefonse d'Aragon, marquis de Pro-
vence, le denier à l'I, cette initiale étant, selon lui, celle de ce prince
Par d'ingénieuses déductions rejjosant sur un examen critique des
textes, M. R. rectifie cette erreur et établit péremptoirement que le
denier à l'I a été frappé par Imbert d'Aiguières, archevêque d'Arles de
1191 à 1202. On n'ignore point que les titulaires de ce siège archiépis-
copal étaient, depuis Conrad III (1141), en possession du droit de mon-
nayage ; ce droit subsista jusque sous François I".] — P. 249-72.
P. Moulin. La propriété foncière et la vente des biens nationaux à
Salon. [Etude intéressante sur les conséquences de la vente des biens
confisqués sur le clergé et les émigrés au point de vue de la propriété
dans une commune rurale. Cette vente a accru la petite propriété : les
biens de 12 propriétaires ecclésiastiques en 1790 se sont trouvés répartis
outre 51 acquéreurs. Tableau complet des biens vendus à Salon.] —
268 ANNALES DU MIDI,
P. 273-82. Pli. Mabilly. Pierre Puget et ses proches. Leurs professions,
leurs propriétés. [Note documentée de l'archiviste de la ville de Mar-
seille sur la famille du grand artiste marseillais. C'est à M. M. que
l'on doit la découverte de l'acte de baptême de Puget, grâce auquel il a
été permis de fixer exactement la date de la naissance du statuaire.] —
P. 283-8. M. Clerc. Un négociant en huile d'Aix au second siècle de
notre ère. [Curieuse épitaphe relevée à Rome : « L(ucius) Julius,
M(arci) f\ilius) Volt{i7iia), Fuscus, Aquensis Olearius. » Détails
pleins d'intérêt sur l'antiquité de la culture de l'olivier en Provence et
sur la corporation des olearii.] — P. 289-96. J. Gourbin. Un ambassa-
deur du Maroc à Marseille en 1807. [Note et documents sur le passage
d'un envoyé — dont le nom n'est pas indiqué — du sultan du Maroc
auprès de Napoléon P^] — P. 297-310. Ch. Cotte. Revue de palethno-
logie provençale. [Bibliographie des travaux parus en 1905.] — P. 311-14.
E. Bos. Découvertes archéologiques à la Torse, près Aix. [Fragments
de poteries, silex, monnaies romaines.] — P. 321-82. L. Constans. Mis-
tral et son œuvre. [Etude critique sur l'œuvre du grand poète et son
influence sur la littérature provençale.] — P. 383-90. G. Arnaud d'Agnel.
Notice sur le reliquaire de Saignon dit de la reine Jeanne. [Fac-similé
et texte (déjà publié par Albanès, Gallia christ, nov., Arles, n° 1621)
d'une bulle du concile d'Apt, du 13 mai 1365, relative aux reliques de
Saignon. Reproduction du reliquaire.] — P. 391-2. Daniel. Siège et prise
de Lambesc par Bernard de Nogaret en 1589. [Récit d'après un texte
provençal tiré d'un registre de comptes communaux.]
En supplément : De Boisgelin. Chronologie des officiers des cours sou-
veraines de Provence. [Suite et à suivre.] — J. ViNfENT. Les hôpitaux
à Aubagne. [Suite et fin. Etude développée sur les institutions hospita-
lières d'une petite ville de Provence. Sujet déjà traité, avec moins de
détails, par feu Louis Barthélémy, dans son Histoire d' Aubagne.]
J. F.
II. Mémoires de V Académie des sciences^ lettres et beaux-
arts de Marseille., 1904-1905.
p. 1-115. L. Legré. La botanique en Pi-ovence au xvi" siècle. [Suite d'une
étude détaillée des botanistes qui ont herborisé en Provence. Cinq
notices se suivent dans l'ordre ci-après : T. Jean Bauliin ; II. Jean-
Henri Cherler ; III. Les plantes de la Provence dans Yllistoria planta-
rum universalis ; IV. Gaspard Bauhiii ; V. Valerand Dourez. Trois
de ces botanistes sont originaires de Bàle, et le quatrième, Valerand
Dourez, est né à Lille. L'étude du regretté M. L., décédé on 1904, ne le
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 269
cède en rien aux précédentes (V. Annales du Midi, 1905, p. 550); elle
est accompagnée d'un triple index des noms de personnes, des noms
géographiques et des noms botaniques.) — P. 119-33. F. de Marin de
Carranrais. Discours de réception. [Eloge de Louis Blancard, corres-
pondant- de l'Institut, ancien archiviste des Bouches-du-Rhône, né en
1831, décédé en 1901.] — P. 145-63. L. Magnau. La renaissance commer-
ciale de Marseille au xi^ siècle. [Discours de réception. Intéressants
détails sur les mœurs et coutumes maritimes.] — P. 199-216. Ch. Joret.
Villoison et l'Académie de Marseille. [Note sur les rapports de l'hellé-
niste d'Ansse de Villoison , riiembre de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres, avec Guys, négociant marseillais, membre de l'Acadé-
mie de Marseille. Lettres inédites de ce dernier sur divers objets et
notamment sur des antiquités rapportées d'Egypte.] — P. 277-86.
H. DE MoNTRK'HER. Les canaux de Provence. [Note sur les canaux
dérivés de la Durance dont le plus ancien, le réal de Noves, remonte-
rait au viii« siècle.] — P. 287-314. Ch. Vinoens. Journal manuscrit d'un
voyage de Dijon en Provence par M. Fleutelot, en l'année 1719. [Ana-
lyse du journal de J.-B. Fleutelot, fils d'un conseiller au Parlement de
Dijon. Curieux détails sur les galères de Marseille. Manuscrit apparte-
nant à un collectionneur marseillais, M. Emile Ricard.] — P. 315-42.
E. Martin. Discours de réception. [« Les peintres inspirés par Mar-
seille », tel est le sujet de ce discours plein de notes parfois copieuses
sur les artistes des xviii" et xix" siècles qui ont reproduit des coins de
la ville ou du port.] J. F.
Cantal.
Revue de la Haute- Auvergne^ 1906.
p. .50-89, 199-210. M. Boudet. Foulholes; ses coseigneurs et sa chapol-
lenie. [Suite. La langue usuelle de la haute société des montagnes au
xv siècle; le testament trilingue de Guillaume de Murol; appendice :
Note sur les Pages de Polminhac et de Viscouses ; extrait d'un acte
de 1468 en roman et en français.] — P. 109-20. Doniol. Le marquis
de Saluées et le château de Drugheac. (Extrait des papiers de François
de Murât). [Histoire de ce château et de ses hôtes de 1735 à 1813.] —
P. 90-108, 150-68, 2.56-78, 395-428. Esquer. La Haute-Auvergne à la
fin de l'ancien régime : notes de géographie économique (suite). —
P. 134-49, 279-302, 370-94. Abbé H. Bouffet. Le prieuré de Bre-
dom. [A suivre. Excellente histoire de [ce prieuré; la fondation; les
biographies des prieurs jusqu'en 1542.] — P. 189-98. J. Galle. Les fêtes
publiques à Laroquebrou pendant la Révolution. — P. 233-55. L. Bé
270 ANNALES DU MIDI.
LARD. Les maires de Saint-Floiir et les principaux actes de leur admi-
nistration de 1704 à 1789. [Bonne étude sur ces maires créés par
Louis' XIV.] — P. 303-20, 429-49. J. Delmas. Les élections dans le
département du Cantal en 1806 (suite et à suivre). — P. 339. Décou-
vertes archéologiques dans diverses régions du Cantal. — P. 341-69.
M. BouDET. Saint-Flour et la Haute-Auvergne pendant les révoltes des
Armagnacs et des Boui'guignons (xv« siècle). [A suivre. Début d'un
travail important pour l'histoire générale de la France à la fin du
règne de Charles VII et au début de celui de Louis XL] Ch. L.
Charente-Inférieure.
Revue de Saintonge et d' A unis, t. XXVII, 1907.
P. 13-33, 117-30, 195-207. E. Labadie. Etude bibliographique sur les édi-
tions de r« Antiquité de Bourdeaus » d'Elie Vinet. Saintongeais, prin-
cipal du collège de Guyenne à Bordeaux, au xvi« siècle. [Cet ouvrage
date de 1560. Vinet ne s'intéressait qu'aux ruines romaines, si abon-
dantes encore à Bordeaux à cette époque. Description de la première
édition et du plan, de grande valeur, qui l'accompagnait, plan exact,
topographique, qui représente la ville en amphithéâtre, prise des hau-
teurs de la rive droite. Catte édition parut à Poitiers, la seconde à Bor-
deaux en 1574 : trois autres planches fort précieuses y figurent, dont
une consacrée à l'amphithéâtre (Palais Galien), une autre au temple dit
Piliers de Tutelle.] — P. 34-6. Ciiaudruc de Crazannes. Inventaire des
meubles de M^' de La Rochefoucauld au château de Crazannes. [Du
17 septembre 1792. Mobilier très simple, presque misérable.] — P. 36-54,
163-70, 269-76, 330-7, 361-87. P. Lemonnier. Le clergé de la Charente-
Inférieure pendant la Révolution. [Suite et fin de ce gros travail en
forme de catalogue, très consciencieusement fait. Y sont compris les
ecclésiastiques séculiers et réguliers, hommes et femmes. Celles-ci res-
tèrent toutes tidèles à leurs vœux. Parmi les hommes, 309 refusèrent le
serment constitutionnel, 387 le prêtèrent. Statistique des sécularisés (75),
mariés (53), incarcérés, guillotinés, etc.] — P. «74-6, 25.5-69, 388-99. La
municipalité de Saint-Saturnin de Séchaud. [Suite de ces analyses de
pièces, rangées par ordre chronologique ; quelques-unes sont publiées
in extenso. Intéressant. A suivre.] — P. 91-112, 170-94. C Deruelle.
La révolte de la gabelle en Angoumois et en Saintonge (1548-1549).
[D'après le livre de M. Gigon, La révolte de la gabelle en Guyenne,
en 1548. L'insurrection partit du bourg de Baignes, 8 août, et gagna
promptement Pons, Saintes, ravageant aussi l'Angoumois. En septem-
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 271
bre-octobre, les colonnes d'Aumale et de Montmorency convergent sur
Bordeaux, principale cité révoltée, et l'écrasent ; le pays saintongeais
est châtié, désarmé et la gabelle supprimée.] — P. 152-60. Ch. Dangi-
BEAUD. Gardes d'honneur, gardes nationales et anciens volontaires
royaux en 1808 et 1815 à .Saintes. [Organisation, habillement ; à la fin,
texte d'une lettre circulaire relative à l'organisation de la garde natio-
nale à cheval de l'arrondissement, du 4 décembre 1815.] — P. 160-3. X.
Les familles du nom de Marin. — P. 228-.55. E. Guérin. La guillotine à
Saintes en 1794. [Il y eut au moins une exécution à Saintes, mais pro-
bablement pour crime de droit commun. Suivent des détails sur les
bourreaux et les exécutions jusqu'en 18S6.] — P. 308-11. J. Pellisson.
Documents sur la fabrication des épingles à Barbezieux et à Cognac.
[Actes provenant de Barbezieux, 1698, et des environs; de Cognac beau-
coup plus tard, 1774, 1796.] — P. 312-4. L. Massiou. Fouilles aux puits
de Toulon. [Près de Saujon. Débris de l'époque gallo-romaine, peu im-
portants.] — P. 314-30. E. Darley. Sainte Véronique. [L'auteur a
signalé « le caractère historique de quelques textes anciens relatifs à
sainte Véronique d'Aquitaine » [Fragments d'anciennes chro?iiques
d'Aquitaine, Bordeaux, P^éret, 1906). Il étudie de nouveau les textes,
les uns, dit-il, anciens, d'accord entre eux sur les faits qu'ils relatent,
malgré la diversité des lieux et des sources ; les autres légendaires. Les
premiers prouvent que Véronique est venue d'Orient en Gaule au
I" siècle ; qu'elle a été, avec saint Martial, l'apôtre de Soulac, Bordeaux
et Bazas ; qu'elle a été ensevelie à Soulac et de là transportée à Saint-
Seurin de Bordeaux, etc., etc. Ces fantaisies ne résistent pas à l'examen;
il s'agit d'une légende née entre les xi^ et xn'^ siècles ; M. Ch. Dangi-
beaud a cru devoir réfuter M. E. D., à la fin de l'article, en quelques
lignes qui suffisent.] — P. 348-61. Ch. Dangibeaud. L'église Saint-
Eutrope de Saintes telle qu'elle était. [Il y a un siècle, avant 1803, date
où, de crainte de la voir s'écrouler, on jeta par terre la nef romane.
Essai de restitution de cette « curiosité archéologique de premier
ordre ». Cinq planches. Il est impossible de résumer ici le savant tra-
vail de M. Ch. D. On le trouvera aussi dans le Bulletin monumental
de 1907.] P. D.
Corrèze.
I. Bulletin de la Société scientifique, historique et archéo-
logique de Brive, 1907.
1" livr. P. 31-134. Le livre des miracles de N.-D. de Roc-Amadour publié
par l'abbé Albe. [Texte du xii« siècle et traduction faisant suite à l'in-
272 ANNALES DU MIDI.
troduction publiée en 1906. Se continue dans les 2' et 3« livraisons.]
2= livr. P. 137-42. Ph. Lalande. Archéologie gallo-romaine. [A propos
d'une sépulture découverte à Noailles et de monnaies trouvées près de
Brive.] — P. 243-4. D"' Charvilhat. Note sur deux anneaux d'or et un
vase de la période néolithique, découverts près de Pontgibaud (Puy-de-
Dôme). — P. 245-80. A. de Lamberterie. Un coin du Périgord il y a
cinquante ans. [Silhouettes et anecdotes dont les historiens futurs au-
raient pu faire sans doute leur profit, si l'auteur ne s'était avisé de mo-
difier de parti pris les noms des localités et des personnages.]
3« livr. P. 281-333. V. Forot. Un domaine royal en Limousin. [Il s'agit
du domaine de Chameyrac en Bas-Limousin. L'auteur amplifie singu-
lièrement les documents dont il dispose. Suite dans la 4« livraison.] —
P, 335-7. Ph. Lalande. Archéologie préhistorique. [Il s'agit des cavernes
de Gargas dans les Hautes-Pyrénées.]
4" livr. P. 533-5. D'' Charvilhat. Sur deux sceaux matrices et un cachet
dfi XVI' siècle aux armes de Ventadour et de Lévis. — P. 537-58.
BouYssoNic et Bardou. Station préhistorique de la Coumba del Bouïtou,
près Brive. [Description des objets trouvés.] A. L.
II. Bulletin de la Société des lett?'es, sciences et arts de
Tulle, 1907.
jre livr. P. 5-23. A. Leroux. Un programme de restauration du catholi-
cisme en 1795, d'après le « Manuel des missionnaires » de l'abbé J.-N.
Coste. [Nouvelle forme d'un mémoire que les Annales ont déjà signalé
(t. XIX, p. 291). Se continue dans les livraisons suivantes.] — P. 25-57.
Th. Bourneix. Trois prieurés limousins : Chamberet. [Suite de cette
étude de troisième main.] •— P. 59-71. R.. Fage. Exactions des gens de
guerre dans le Bas-Limousin au xvii*' siècle. [Analyse et commentaire
de documents publiés dans la livraison suivante.] — P. 73-95. J.-B.
PouLBRiÈRE. Inventaire des titres du château de Pompadour, fait en
1765. [Suite de cette publication commencée en 1893 I Se continue dans
la 3« livraison.]
2' livr. P. 149-95. V. P'orot. Fragment de l'histoire municipale de Tulle
de 1794 à 1800. [Suite de cette analyse de reproduction de documents
originaux. Se continue dans la 4" livr.] — P. 197-217. Th. Boukneix. Trois
prieurés limousins : Montées. [Liste biographique des prieurs depuis
1442, sans indication des sources originales.]
3" livr. P. 275-302. D. de la Roche-Sengensse. Monographie d'une com-
mune rurale : Saint-Cybard. [Fin d'une étude commencée en 1900.] —
P. 327-81. G. Clément-Simon. Les commencements de l'élection du
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 273
Bas-Limousin. [Complète et rectifie sur un point les indications four-
nies récemment par M. A. Tiiomas sur un poète du w siècle, Henri
Baudi.]
4' livr. P. 477-505. G. Clément-Simon. Recherches sur l'histoire civile et
municipale de Tulle avant l'érection du consulat. [Plan de la ville et
documents inédits, complétant les savantes recherches de l'auteur.] —
P. 506-9. R. Fagé. Note complémentaire sur les serrures en forme de
coupe. [Yoir le Bulletin de 1906.] — P. 511-4. A. Leroux. Une lettre
inédite de l'abbé Coste. [Cf. ci-dessus lai" livraison.] A. L.
Dordogne.
Bulletin de la Société historique et arcJiéologique du
Périgord, t. XXXIV, 1907.
P. 51-2. E. Bayle. AftVanchissement de serf. [Texte de 1318. Il n'y a
aucun lien à établir entre cet acte et l'édit de Louis X, de 1.315, dont
l'auteur s'exagère la portée et l'influence.] — P. .53-83, 272-314, 37.3-88,
451-66. G. Bussière. Henri Bertin et sa famille. [Suite et à suivre.
Création du canal de Givors, qui devait être d'abord un « canal des
deux mers », entre Rhône et Loire, par le sieur Zacharie, avec l'appui
de Bertin (1760-1781). Législation sur les mines. La première Ecole vété-
rinaire de Lyon. La soierie lyonnaise : établissement à Lyon en 17.")3 de
l'Anglais Badger, possesseur du secret de moirer la soie. Bertin, en
Périgord et dans sa terre de Bourdeille, cherchait à développer la séri-
ciculture : en 1778, les fabriques de Bourdeille sont les plus remarqua-
bles de Guyenne après celles d'Agen.] — P. 115-2L De Fayolle. Mar-
mite en bronze, décorée de signes énigmatiques (xvi« siècle). [Sic. Lire:
vi'= siècle, si l'on s'en tient à l'opinion d'Al. Bertrand, que d'ailleurs
l'auteur conteste. Planches.] — P. 121-7. H. de Curzon. Un souvenir
du château de Moruscles. [Entre Cubas et Genis. Dernier témoignage
de son existence : un texte de 1602 publié ; c'est un acte de vente.] —
P. 127-30. De Saint-.Saud. Notes diverses sur Moruscles. — P. 131-59,
266-8. E. Roux. Les Ursulines de Périgueux. [Suite et à suivre. Fin du
xvii" siècle. Planches.] — P. 177-86. G. Hermann. Un triens mérovin-
gien d'Eovorico; Eosevins monétaire. [Ce triens, très bien conservé,
permet de lire nettement EOSEVIVS, tandis que M. Prou, déchiffrant
un autre exemplaire, celui de la Bibl. nat., y avait lu EOSENVS. Le
nom du monétaire Eosevius se retrouve sur un triens de Sagra-
ciaco = Sarrazac (Dordogne), et non .Segrais ; Eovorico serait Eyburie
près d'Userche (?).] — P. 186-92. H. de Montégut-Lamorelie. Philippe
ANNALES DU MIDI. — XX 18
274 ANNALES DU MIDI.
de Chamberlhac. [Prélat périgourdin qui devint en 1383 grand archidia-
cre de Gand, puis évêque de Sion, archevêque de Nicosie, enfin arche-
vêque de Bordeaux, 1361.] — P. 193-5. A. Dujarric-Descombes. Hervé
Fayard. [Consul de Périgueux en 1393, traducteur du traité de Galien
sur les simples. Portrait.] — P. 195-200. De Favolle. Cloche en fonte
du musée du Périgord. [Planche. Inscription, dont M. de F. propose une
lecture partiellement diflërente de celle de M. R. Drouault.J — P. 200-15.
J. DuRiEUx. Combattants périgourdins de la guerre américaine (1778-1783).
[Armées de terre et de mer. Listes.] — P. 253-66, 421-51. A. de la Valette-
MoNBRUN. Autour de Montaigne et de La Boétie. L'énigme du Contr'Un.
[Réfute la thèse soutenue par le docteur Armaingaud que le Contr'Un
est l'œuvre de Montaigne.] — P. 269-71. R. Villepelet. I emandes de
création d'une Chambre de commerce à Périgueux au xviii" siècle.
[Elles n'aboutirent qu'en 1790.] — P. 343-6. De Fayolle. Ancienne
église romane de Cadiot. [Ruinée. Planche.] — P. 346-66. F. Villepelet.
Le mobilier d'un bourgeois et marchand de Périgueux en 1428. [Le
sieur Thibaut, alors accusé de meurtre et en fuite. Inventaire de ses
meubles, en latin ; il témoigne d'un bel état de fortune.] — P. 367-73.
A. Dujarric-Descombes. Le docteur Jean Pascal. [De Sarlat, 1662-1744.
Son traité des Ferments; autre des Eaux de Bourbon-l'Archambault.
Portrait.] — P. 390-4. P. -A. Jouanel. Note sur un ancien inventaire des
archives de Bergerac. [De 1788 ; c'est la base du classement actuel.
Texte du « répertoire » placé en tète.] — P. 417-21. J.-J. Espande. Les
anciens cimetières de Sarlat. P. D.
Garonne (Haute-).
I. Bulletin de la Société archéologique du Midi de la
France, 15 novembre 1906-15 juillet 1907.
P. 19-29. Abbé Lestrade. Histoire de l'art à Toulouse ; nouvelle série de
baux à besogne. [De 1608 à 1657; pour des stalles, rétables, tableaux des-
tinés à différentes églises et confréries.] — P. 37-47. De Santi. Un procès
en 1302, en langue romane, à propos d'un cheval. [Texte et commentaire
intéressants sur ce procès soutenu en 1302-3 devant le tribunal de
Sainte-Livrade. L'auteur rejette pour le lieu de naissance du pape Clé-
ment V Villandraut, qui paraît cependant attesté par une de ses let-
tres.] — P. 48-9. PoRTAL. Note sur Mercier, artiste toulousain du
xvii° siècle. — P. 49-53. Galabert. Registres paroissiaux de Toulouse.
[Etude intéressante sur l'exécution à Toulouse des ordonnances et lois
relatives à l'état civil de 1539 à 1792; renseignements historiques : statis-
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 275
tiques.] -P. 57-67. Szc.h.. Deux édicules roumains, région n.inervoi.se
Pasquiek Observations sur cette con.mun.cation (7 lig.). [Signalement
e descnpt.on de deux piles nouvelles par M. S.; signalement par
M. P. dune pile ruinée à Saint-Girons.] - P. 68-9. B.quié-Fonadk.
No e sur le nom de la rue Pharaon, à Toulouse. [Vient de la famille
d Alfaro.] - P. 70-80. J. ok L.hokoés. Le portail de Saint-Pierre-des-
Cu.s:nes, Toulouse (5 lig.). [Excellente description de ce portaU, doses
chapiteaux et de deux chapiteaux du Musée de Toulouse.] - P 81 95
Abbe DEaEHT. L'humaniste toulousain Jean de Pins d'après des lettres
:ne nés. [Excellent article où M. D. reconstitue le contenu du recueil
perdu des harangues et lettres de Jean de Pins au moyen d'un manus-
cr> de Nnnes donnant les copies de quatre-vingts lettres, dont une sur
Dolet, une a Erasme. Ce travail est important pour l'histoire de l'huma-
msme. P. 95-7. Couzx. Une fresque de la cathédrale de Saint-Lizier
(Ariege) (1 fzg.). [Bonne description de cette fresque de la fin du x„p siè-
; 9 ] "p^ ^rr ' r^''^''' "^^ '''''-' '^ ^'-^- ^- ^^e-s
Sain S " ;. n ■ '' "''^"'" '"^ ""'^ ''' P^^^^ ^e l'église
Sam t-Sermn. [Excellente description de la porte des Innocents et de
ses chapiteaux, qui ne sont sans doute pas antérieurs à la deuxième
moitié du xne siècle.] - P. ms. Coozx. Une Pieta limousine à Tou-
louse. [Origine de Saint-Léonard dans la Haute-Vienne] _ P 12.34
J_. DE Lahondès. Notes sur de petites constructions rurales, en pierres
sèches, carrées, avec coupoles en encorbellement, dans la montagne
Noire. P. 126-33. Dés.z.hs be Mo.xaAi.H.Ho. Les miniaturistes d'ori-
gme toulousaine établis à Avignon au temps de la papauté. [II s'agit de
Bernard et de Jean de Toulouse.] - P. 1^5-6. J. Sentil.e. Camp de
TvJl^r""' ''^ ^^^^---'^-Bigorre. [Description, trouvailles.]-
P. 138-43. CARTMLHAr. Les mains rouges et noires et les dessins paléoli-
thiques de lagrotte deGargas, communed'Aventignan(lIautes-Pyrénées)
Etude très importante.] - P. 144-9. Jouux. Les quatres fouilles de Mar^
res-rolosanes (1826-28, 1840,1890-91, 1897-1900). -P. 150-60. De Bourdes
Vicomtes de Montclar de Quercy. Documents (1457-1554). [Etude généalo^
gique; testament, procès-verbal de baptême en langue romane de 1477 et
rt .!" ''"""■ ^"^^"^«^-^^^^^-- Note sur les archives du comte de
Brettes-Thunn, au château de Jottes (au Lherm, canton de Muret) [Une
lettre du duc d'Epernon de 1.594.] - P. 166-9. Barrière-Flavv Les
sarcophages de Lagrâce-Dieu et de Miremont. [Description et lecture
des inscriptions des tombeaux de Sicard de Miramont. mort en P87 et
de sa femme Honor de Durfort. morte en 1287.] - P 170 Delormc
276 ANNALES DU MIDI.
Note sur des monnaies découvertes à Toulouse. — P. 174-ti. Roger.
Haches de bronze trouvées dans l'Ariège. Ch. L.
IL Mémoires de V Académie des sciences, inscriptions et
belles-lettres de Toulouse, lO^ série, t. Vil, 1907.
P. 4-47. Lapierre. Histoire de l'Académie. [Suite. De 1746 à 1767. Cette
histoire est l'édigée en forme d'annales, avec documents analysés ou
insérés in extenso.] — P. 48-68. L. de Santi. Molière et le prince de
Conti. [Sur le séjour de Molière et de sa troupe en Languedoc, les
représentations par eux données durant les sessions d'Etats et la récom-
pense de 5,000 livres que leur fit obtenir, en 1656, le prince de Conti,
attestée par un arrêt de la Cour des aides de Montpellier, dont texte,
p. 58.1 — P. 69-80. L. JouLiN. La salle des antiques du Musée de Tou-
louse. [Notamment, exposition des objets trouvés à Martres-Tolosanes.
— P. 154-200. E. RosrHAfH. Frédéric Le Blanc du Vernet, sa vie et ses
œuvres (1824-1889^. [Avec une bibliographie d'autant plus utile et mé-
ritoire que les œuvres très littéraires de cet homme de talent — lettres
politiques, artistiques, impressions de voyage, etc., — ont été disper-
sées par lui dans de petits journaux ou autres recueils difficiles à
trouver, cachées sous divers pseudonymes.] — P. 201-28. F. Dumas.
La réglementation industrielle après Colbert. [De 1683 à 1715, sous pré-
texte de prévenir la fraude, des règlements minutieux, sévères, multi-
pliés tuaient les industries qu'ils prétendaient servir : histoire déjà
vieille de deux siècles, mais qui en France se renouvelle sans cesse.
Cette étude générale comporte un grand nombre d'exemples tirés du
Midi.] — P. 229-311. Desazars de Montgailhard. Histoire de l'Aca-
démie des sciences. [Suite. Chap. iv. Renseignements complémentaires
sur le « Musée » de Toulouse, fondé en 1784 ; compte rendu des séances.
Le « Lycée » succède aux Académies, supprimées par la Convention :
« Ijycée du Siui-Ouest », où les lettres et toutes les sciences devaient
être professées, organisé en 1795 par le représentant du peuple Paga-
nel* tandis que s'ouvrait, dans l'église des Grands-Augustins . le
« Muséum provisoire du Midi de la République ». L'exposé, ici, man-
que de netteté, et l'on ne voit pas s'il y eut ou non un lien entre le
Lycée et l'espèce d'Institut académique fondé en 1797 sous le nom de
Lycée aussi, sur le modèle de l'ancien « Musée ». M. I). de M. analyse
longuement les séances, plus solennelles qu'utiles, plus théâtrales
qu'instructives, de ce Lycée jusqu'en 1802.] — P. 812-75. Juppont.
L'œuvre scientifique de Cyrano de Bergerac. [Mentionnons cet intéres-
sant article pour rappeler que le poète-philosophe est né à Paris et que
È.
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 277
son nom, Bergerac, malgré l'apparence méridionale, provient de celui
d'un hameau voisin de Chevreuse.] P. D.
m. Reviie des Pyrénées, t. XIX, 1907.
p. 1-22. J. Adher. Le petit Saint-Cyr. [Histoire de la maison d'éducation
de Lévignac, tenue par les Dames-Noires, l776-9o.] — P. 23-43. F. Du-
mas. Une émeute d'étudiants à Toulouse en 1740. [Mutinerie qui prit
naissance au théâtre, se continua par une réunion au pré des Sept-
Deniers et amena des poursuites judiciaires qui n'eurent d'autre suite
qu'une sentence des Capitouls cassée par le Parlement. Les études
interrompues reprirent leur cours.] — P. 44-63. P. Médax. Un Gascon
précurseur de Racine. [Etude littéraire sur La Mort de Mithridate de
La Galprenède, et le Mithridate de Racine. L'auteur néglige de nous
apprendre si La Galprenède était réellement gascon.] — P. 86-106.
J. Gros. Les conventionnels régicides de l'Ariège en 1816. [D'après des
documents d'archives.] — P. 149-77, 336-70. Désazars. La famille Grozat.
[Riches financiers originaires de Toulouse qui, aux xvii" et xviiP siè-
cles, tinrent un des premiers rangs à Paris par leur fortune, leurs allian-
ces avec la noblesse et leurs collections. A suivre.] — P. 178-217.
P. BuFFAUi.T. La ville d'Oloron et sa forêt de Bager, [Excellent et utile
travail. L'auteur étudie l'état de la forêt depuis le \i' siècle jusqu'à nos
jours et montre quels avantages climatériques, hydrologiques et pécu-
niaires sont résultés pour la ville d'Oloron de la régie de sa forêt par
l'Etat.] — P. 218-30. M. Massif. Les Adieux à l'Univers. Notes sur le
livre et sur l'auteur. [Le livre parut en 1815; l'auteur était un avocat
de Toulouse, très estimé, M" Cizos, qui avait pratiqué le théâtre au
moins autant que le barreau. Ses fantaisistes Adieux n'ont pas grand
intérêt aujourd'hui, car on ignore les vrais noms des personnages qui y
figurent, et la valeur littéraire en est plutôt mince.] — P. 231-4o.
E. Lamouzelle. Le Parlement Maupeou à Toulouse et l'exil de l'ancien
Parlement en 1771. [D'après quelques lettres inédites adressées à sa
sœur par M. d'Aguin, frère d'un président au Parlement. N'apprennent
rien de nouveau.] — P. 309-35. G. Glavelier. François de Maynard. Sa
vie. Ses œuvres. Son temps. [Etude élégante et précise, couronnée par
l'Académie des .leux Floraux. A suivre.] — P. 371-81. B; Paumés.
Cahors contre Montauban. Un institut promis à Gahors, 1792. [Episode
d'une rivalité que les haines religieuses avivaient.] — P. 385-91. Fr. Gala-
BERT. Un statisticien au xviir siècle. [Notes extraites des registres de
l'église de la Dalbade.] — P. UO-1. P. Dupont. Etablissement à Tou-
louse de la congrégation enseignante de filles connue sous le nom
278 ANNALES DU MIDI.
de .Sœurs des écoles du Saint-Enfant-Jésus, dites Dames-Noires. [Ce
travail et le suivant ajoutent quelques renseignements à celui de
M. Adher qui est en tète du volume.] — P. 415-20. G. Durègne.
Une visite au « Petit Saint-Cyr », le 26 juin 1788. — P. 441-54.
B. Baillaiid. Les fondateurs de l'Observatoire du Pic-du-Midi. [L'initia-
tive partit du docteur Costallat qui présenta un mémoire sur ce sujet
à la .Société Ramond. Les vrais fondateurs sont le général de Nansouty
et l'ingénieur civil Vaussenat.] — P. 517-83. C. Oulmont. Estienne
Forcadel. Un juriste, historien et poète vers 1550. [Professeur à l'Uni-
versité de Toulouse, ses traités de jurisprudence se distinguent par la
prétention et l'amplification banale, ses œuvres historiques par l'em-
phase, la fantaisie et l'adulation. Ce qu'il a fait de mieux, ce sont des
épigrammes latines, dont une consacrée, dit l'auteur, à « un sénateur,
Emile Perrot «. Sénateur I Mais où est le Sénat sous Henri II'^ Se )îator
ne peut désigner qu'un conseiller au Parlement. Parmi les vers français,
beaucoup ne manquent pas de grâce ; les mauvais sont les plus nom-
breux. 11 est regrettable que l'auteur n'ait pas connu l'étude très
sérieuse faite sur ce personnage par M. J. Fontes, étude publiée pour-
tant dans cette même Revue des Pyrénées en 1894, tome VI.]
A. V.
Gers.
Revue de Gascogne, nouvelle série, t. VI, 1906.
p. 1-18. C. Cézérac. Le voyage de Jean d'Aignan à Paris. [D'après la cor-
respondance que le chanoine J. d'Aignan, archevêque d'Auch, adressa
à son frère pendant un séjour à Paris en 1664. Réflexions sur le jansé-
nisme, sur les affaires de Fouquet ; nouvelles de la cour, etc.] — P. 18.
J. DuFFO. Installation des gabeleurs à Saint-Sever de Rustan. —
P. 19-30. J. DuFFOUR. Les Etats d'Astarac de 1582. [Les principales
conclusions de ces Etats généraux furent : imposition de la taille, refus
de s'associer à certaines charges extraordinaires imposées par lo roi, re-
jet des doléances d'un receveur des tailles, réalisation d'économies par
la suppression do plusieurs offices.] — P. 31-5. G. Beaurain. Contribu-
tion à l'histoire du travail en Béarn : le travail à Ponlacq. [A suivre.
L'agriculture : les bois; le régime des bois. Commencement d'une
étude d'histoire économique qui promet d'être intéressante.] — P. 36-
48, 71-86, 123-31, 173-86,215-34, 348-72, 439-67, .509-24, 5,54-68. A. Decert.
L'ancien diocèse d'Aire. [Continuation do cette œuvre, capitale pour
l'histoire, jusqu'ici si délaissée, de cette partie de la Gascogne. A
suivre.] — P. 49-57, 145-60. A. (.'lerheac. Les nominations épiscopales
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 279
en Gascogne aux xiir et xiv siècles. [Montre les circonstances à la
suite desquelles la papauté fut amenée à dépouiller les chapitres de
Gascogne de leur droit d'élection. Cette étude de détail concorde avec
les vues que M. Inibart de la Tour expose dans la conclusion de son
livre sur les élections épiscopales dans l'Eglise de France.] — P. 66-70.
V. Foix. Les tirs contre la grêle en Gascogne. [Pratiqués déjà il y a
cent cinquante ans.] — P. 87-8, -i-ii-^S. G. Cézérac. Lettres deDaignan.
[Texte de la correspondance étudiée plus haut. A suivre.] — P. 80-91.
Sur quelques identifications de noms de lieux. [Indications données
par divers correspondants relativement à certaines églises du diocèse
d'Auch que M. Vidal n'avait pu identifier. Cf. Revue de Gascogne,
n. série, t. V, p. 537.] — P. 91. A. D[egert]. Florimond de Raymond au
Parlement de Bordeaux. — P. 97-109, 289-315. J.-.J.-C. Tauzin. Les dé-
buts delà guerre de Cent ans en Gascogne (1327-1340). [Etude conscien-
cieuse et intéressante de cette période mal connue.] — P. 109. A. D[e-
gert]. Le rituel auscitain de 1751 et les jansénistes. — P. 110-22.
P. DiEUZAiDE. Une dépendance de Roncevaux : la commanderie de
Samatan. [Suite et fin.] — P. 161-5. ¥. Sarran. De la disparition de
quelques mots du gascon du Gers. [Vues intéressantes, quoique pré-
sentées d'une manière un peu décousue, sur quelques points de lexico-
logie gasconne. Oserai-je énoncer une critique f\u sujet do la méthode
de M. F. S.? Il semble qu'il soit trop avare de références sur les sour-
ces où il a puisé et sur le nom précis des localités dont il étudie le lan-
gage. Tout le monde sait pourtant qu'à l'Ecole des Hautes-Etudes, on
M. F. S. a étudié, des maîtres tels que M. Gilliéron, ne font point [\ de
cette précision. L'auteur éviterait ainsi ([uelques affirmations qui,
vraies pour telle région du Gers, ne le sont plus tant pour certains pays
tout voisins. C'est ainsi que le mot haios (« faucille ») est encore par-
faitement vivace dans la partie des Landes que j'ai explorée, depuis
Labouhoyre, Morcenx (où l'on dit hawts) et Tartas à l'ouest, jusqu'à
Grenade , Villeneuve-de-Marsan . La-Bastide-d'Armagnac et Lugaut-
Bergonce à l'est, c'est-à-dire jusqu'aux confins du Gers. Dans le Gers
même, à Lanne-Soubiran, mon ami, M. Ducamin me donne Ziaics comme
bien vivant. A Maillas seulement, j'ai relevé hawsilhe. — Autre exem-
ple : le mot trawi'(k (trai'ik, trab'ùk, ta'ùk...) au sens de « cercueil»
peut avoir disparu dans les parlers gascons du Gers; mais il est
encore usité dans la partie orientale des Landes, au moins dans une
région que limiterait une ligne passant par Labouheyre, Sabres, Saint-
Martin, Mont-de-Marsan, Grenade, La-Bastide-d'Armagnac. JNlaillas
et Luxey, pour ne parler que du domaine .que j'ai parcouru moi-
280 ANNALES DU MIDI.
même. Une étude du genre de celle que nous offre M. F. S.
ne peut que gagner à présenter les faits avec plus d'exactitude
et plus de restrictions.] — P. 166-72. Laplagne-Barris. Saint- Yors.
[Courte étude sur cette seigneurie de la baronnie de Montesquiou, dans
le pays d'Angles.] — P. 192-8. L. Couture. A travers les vieux livres.
[Fragment d'article inédit retrouvé dans les papiers de Léonce Couture.
Il y est parlé de deux plaquettes paloises de la fin de l'ancien régime,
qui montrent la sympathie du Parlement de Pau pour le Parlement de
Paris, exilé à la suite de son opposition aux édits du timbre.] —
P. 199-208. A. DectErt. Deux anciens bréviaires de Saint-Savin en Lave-
dan. [Établit l'identité des deux bréviaires manuscrits du xiv et des
xiv*-xvi'= siècles conservés à la Bibl. de Toulouse sous les n"* 70 et 73.]
— P. 204-12. De Lary de la Tour. Comptes des funérailles d'un gen-
tilhomme gascon au xvii" siècle. — P. 213-4. A. Vignaux. Encore Ber-
nard Lannes. — P. 235-7. A. Laffont. Les « billets de confiance ».
[Note sur un papier-monnaie créé, en 1792, par la commune de INlau-
vezin.] — P. 241-56. 330-41. J. Duffour. Les pensions ecclésiastiques
sous la Eévolution dans le Gers. — P. 256. L. Ricaud. Toujours
B. Lannes. — P. 257-62. V. Foix. L'Amérique découverte par les Bas-
ques. — P. 263-6. D. Tr. Un autographe de la bienheureuse Jeanne
de Lestonnac. — P. 282. J. Lestrade. Papiers du chapitre d'Auch
déposés à Lectoure. — P. 283-4. A. Vignaux. Où est né Guillaume
Ader. -- P. 315. A. V. Un autographe de Du Bartas. — P. 316-29,
529-44. A. Clergeac. Les abbayes de Gascogne du xii" siècle au Grand
schisme d'Occident. [A suivre.] — P. 329. P. de C. Quel est le sens du
mot « Tou »? [A la liste des exemples de ce nom, fréquent dans l'ono-
mastique pyrénéenne, nous ajouterons « les cabanes de Totie », dans
la vallée de Barèges, au-dessous du col du Tourmalet. Vu du col, l'en-
droit parait, en effet, assez « enfoncé », mais nous n'osons croire que
ce soit là le vrai sens du mot, et que le haut allemand tunna soit —
comme semble l'inférer Mistral (v toufi 4) rapproché de Kôrting
n» 9587 — pour quelque chose dans son étymologie.] — P. 342-7.
P. CosTE. Lettre inédite de L.-M. Desbiey au graveur J.-B. Grateloup.
— P. 373-9. J. Lestrade. Plaquettes auscitaines et paloises, — P. 385-
414, 481-94. E. Labadie. Les débuts d'un imprimeur en Béarn. [Abraham
Rouyer, libraire bordelais, imprimeur à Ortiicz en 1610. Gravures, fac-
similés.]— P. 415-21. A. Laurens. Coutume d'Artigue. [A la limite des
vallées de Luchou et d'Aran. Sa situation géographique, son histoire
texte de la coutume. A suivre.] — P. 468-71. La Plagne-Barris. Lave-
raët. — P. 471. A. D[EGERr]. Silhon imité par Pascal. — P. 472-3. J. Les-
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 281
TRADE. L'archevêque d'Auch et l'évèque de Saint-Bertrand à Garaison
en 1791. — P. 495-504. S. Daugé. Deux nouvelles « proclamations » de
Wellington. — P. 505-8. J. Annat. Les « visa » d'Esprit Dumarché. —
P. 545-53. J. Bénac. Le séminaire d'Auch. [A suivre. Origines : concile
de Trente ; le cardinal Louis d'Esté ; le séminaire d'Esté.]
G. M.
Gironde
Revue des Etudes anciennes^ 1906.
P. 47-5L 111-22, 250-2. ?,23-4. C. Jullian. Notes gallo-romaines : XXIX.
Briga; XXX. Stradonitz et La Vène; Hallstalt; Graeckwyl; XXXI. Sur-
vivances géographiques ; XXXII. Les fleuves de la Gaule chez Polybe.
[A suivre. Excellents articles où M. J. affirme l'existence du grand
empire ligure; revendique pour les Celles les antiquités de Stradonitz
en Bohème.] — P. 52. Lauzun. La prétendue statue d'Ausone au musée
d'Auch. [Elle n'a rien de commun avec Ausone.] — P. 59-68. Arnaud
d'Agnel. Antiquités du musée de Soult. [Six figures.] — P. 125-6.
Th. Reinach. Timagène, Josèphe et la géographie de la Gaule. [Ne croit
pas que Josèphe ait utilisé, au moins directement, Timagène.] —
P. 260-1. Dangibeaud. Monuments gallo-romains inédits. [Du musée de
Saintes.] — P. 325-37. Villa ni Quelques observations sur les chants
chrétiens d'Ausone. — P. 340 (pi. VII-XI). C. Jullian. L'édition prin-
ceps d'Avienus. [Reproduction des feuilles concernant la Gaule.] —
P. 341-2. A. AuDOLLENT, G. Jullian. Les dernières fouilles au Puy-
de-Dôme.
1907.
P. 13-7, 172-4, 261-2, 351-6. C. JulliAn. Notes gallo-romaines : XXXIII.
Silius et la routje d'Hannibal; XXXIV. Vo-contii ; XXXV. Tri-Obris
= Trois-Fontaines; XXXVI. A propos du recueil de M. Espérandieu.
[Suite de ces notes si intéressantes. Pour la marche d'Hannibal, Silius
prouverait que le Rhône a été franchi à Tarascon et les Alpes au mont
Cenis ; les Vocontii seraient le peuple des Vingt ; Obris ou Obra signi-
fierait source et serait un mot ligure; la difïusion des religions orien-
tales et chrétienne a réveillé la symbolique gauloise.] — P. 17-47.
Questions hannibaliques. Freixe. Les bois du Pertus ; Armand. Le
Rhône à Tarascon fpl.) ; Fournier. Le passage du Rhône entre Tarascon
et Beaucaire au moyen âge et jusqu'en 1670; Chabert. La vue des Al-
pes [à propos de Tite-Live. XXI, 32, 7] ; De Manteyer. Le nom du
Drac; Ferrand. L'hypothèse du Clapier; Fougères. Polybe, 3,41. 2. —
282 ANNALES DU MIDI.
P. 48-68. R. Laurent et Ch. Dugas. Le monument romain de Biot,
Alpes-Maritimes. [PI. II-VI. Etude très intéressante de ce remarquable
monument, de sa situation, des bas-reliefs. Il appartiendrait probable-
ment à un poste militaire.] — P. 175-80. G. Dottin. Brica, Briga et
Briva. — P. 187-8. A. Michel-Levy. Le grenat des Marseillais. —
P. 267-8. J.-A. Brutails. La frisede Casseuil. — P. 349-50. G. de Man-
TEYER. Les limites antiques de la Mauriennc sur l'Isère. — P. 357-8.
Chaillan. L'autel à symboles de Cuech. — P. 362-3. M. Clerc. Desu-
viaticus lacns. [Ce mot ne figure pas dans les textes authentiques.] —
— P. 366-8. G. Jassies. Groupe de Dis Pater-Cernunnds et de la Terre-
Mère. Ch. L.
Hérault.
I. Bulletin de la Société atxhéologique de Béziers, 3<'sér.,
t. VI, 2« livr., 1906 (vol. XXXVI de la collection).
p. 353-446. Soucaille. Statuts de corporations biterroises. [Textes des
statuts des boulangers, pâtissiers et fourgonniers, de 1630; des bou-
tonniers et garnisseurs de chapeaux, s. d.; des jardiniers, 1599; des
laboureurs, 1604 ; des brassiers et travailleurs, 1627 ; des marchands
mangonniers, 1626; des oi'fèvres, 1598; des tailleurs, 1661; des « teis-
sutiers, teinturiers, ribantiers et moliniers dé soye », 1629.] — P. 447-568.
F. Mouret. Sulpice-Sévère à Primuliac. [Identifie cette résidence de
Sulpice-Sévère avec le tumulus de Saint-Bauzille d'Esclatian, commune
de Vendres, près Béziers. Un de nos collaborateurs a parlé déjà de ce
ivâ^SiW [Amuiles, t. XIX, p. 586); un autre montrera prochainement
que l'intérêt du tumulus est pi'éhistorique, non historique, et que Pri-
muliac doit être cherché ailleurs.] P. D.
II. Revue des Langues ï^o mânes, t. L, 1907.
Janv.-fév. P. 5-44. S. Stronsky. Notes sur quelques troubadours et protec-
teurs des troubadours célébrés par Elias de Barjols. [I. Notes sur Raimon
d'Agout et Isnart d'Antravenas, fils de Raimon d'Agout et d'Isoarde de
Die; p. 16, note intéressante sur la « comtesse de Die n. II. Garsende,
comtesse de Provence, trobairitz. III. Blacatz, troubadour. M. S. éta-
blit que Blacatz était mort avant 1238.] — P. 45-8. G. Rurtoni. Per la
storia del cod. II. (Vatic. 3207). [M. B. établit, entre autres choses, que
Castelvetro a eu ce manuscrit entre les mains en 1552.] — P. 49-67.
A. Vidai.. Comptes des clavaires d(> Montagnac (fin). [Avec glossaire.]
Mai-juin. P. 193-202. .1. Calmette et IIurtebise. Correspondance de la
ville de Perpignan de 1150 à 1659 (suite). — P. 222-36. E. Kastner.
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 283
Prières à la Vierge en provençal. [Deux pièces tirées d'un ms. du Bri-
tish-Museum, connues et publiées en partie.] — P. 267-S. C. C[habaneau].
Contenances de. table en vers provençaux. La Passion Nostre-Dame
(R. 1. R. 49, 501). [Corrections à des textes antérieurement publiés dans
la même revue.]
.Juillet-décembre. P. 273-310. M. Grammont. A propos des ouvrages de
M. A. Thomas. Notes sur la dissimilation. [Classement des nombreux
exemples de dissimilation relevés dans les ouvrages de M. Thomas, dans
le compte rendu du livre connu de M. Grammont par G. Paris et dans
un article de M. Salvioni ; nombreux mots empruntés aux dialectes
méridionaux.] — P. 323-36. J. Calmette et Hurtebise. Correspon-
dance de la ville de Perpignan (suite). — P. 337-42. P, Barbier fils.
Remarques sur les dérivés du latin cîlïûm,. — P. 343-4. Id. Un radical
dam-. [Prov. darnarjas, etc.; mais d'où vient darnï] — P. 536-41.
Chabaneau. Compte rendu du livre de S. Stronsky, Le troubadour
Elias de Barjols. [Important. Elias Barjols est de Pujols, en Agenais,
et non de Perols, en Limousin, comme le croit M. S.] J. A.
Landes.
Bulletin de la Société de Borda^ 31^ année, 1906.
P. 1-48, 73-124, 16.5-78. M. de Chauton. Cahiers de doléances des paroisses
de la sénéchaussée de Tartas en 1789. [Suite et fin.] — P. 49-58. A. De-
GERT. Fragment du cartulaire de Cagnotte. [Sept chartes ; dates extrê-
mes : 1122-1441. Bien que déjà imprimées, l'une dans la Gallia chris-
tiana, les autres dans un procès de 1766, ces chartes — au moins les
six dernières — ont tout l'intérêt de l'inédit. Elles sont reproduites avec
la plus grande exactitude d'après le recueil des Bénédictins (Bibl. Nat.,
lat. 12680), qui seul nous en a conservé le texte.] — P. 59-64. J. Beaur-
REDON. Le droit dn ^Sanctou et les dunes au xvin« siècle. [Sur ce droit
de Sanctoii, redevance annuelle que les paroisses du diocèse de Dax
payaient au chapitre de leur église cathédrale, voir une étude du même
dans le Bulletin de Borda, 1895, 1-14. M. B. s'attache à montrer que le
mouvement envahisseur des dunes causa une profonde détresse dans
les paroisses d'Escalus et de Saint-Girons : c'est du moins la raison
que font valoir les délégués de ces communes dans leur demande en
exonération de ce droit de Sanctou.\ — P. 125-56. C. D.vugé. Notre-
Dame-de-Goudosse. — P. 181-4. A. Blanthet. Passager, de la reine
douairière d'Espagne à Dax, en 1714. — P. 185-208. J.-M. Dupont. Quel-
ques notes recueillies sur Notre-Dame-de-la-Merci dans notre région
284 ANNALES DU MIDI.
du sud-ouest. — P. 209-54, 261-99. A. Darricau. B'rance et Labourd.
[Aperçu historique sur le pays de Labourd depuis le moyen âge jusque
sous l'Empire. Quelque peu tendancieux.] — P. 301-31. A. Degert.
Le budget d'un évèque de Dax au moyen âge. [A suivre. Très intéres-
sant. D'après le livre de comptes de Jean Bauffès, évêque de Dax, en
1375-76, conservé aux archives du Vatican [Collectorie, 17). Sommaire
explicatif. Texte publié in extenso : notes précieuses pour l'identifica-
tion de plusieurs localités landaises.] — P. 333-49. P. Coste. Histoire
de la maison de Ranquine avant le xix" siècle. G. M.
Lot-et-Garonne.
I. L'Ame gasconne, V^ année, 1907.
P. 11-3. Granat. Les repas consulaires d'Agen au xviii° siècle. [Menus
de repas organisés par les consuls en 1712 et 1727.] — P. 15-8. Bonnat.
La légende des vieux châteaux : Bonaguil. — P. 38-41. Id. Femmes
de lettres agenaises. [Notes sur les femmes de lettres nées dans le
département de Lot-et-Garonne.] — P. 57-60. Id. L'Académie de Mon-
crabeau. [Académie de farceurs et de menteurs, dont l'existence date
probablement du xviir siècle et qui siégeait à Moncrabeau (Lot-et-
Garonne.] — P. 66-7. Granat. Comment voyageait un ambassadeur du
sultan en France au xviii» siècle. — P. 81-4. Bonnat. La dépopulation
du Lot-et-Garonne. [De 1841 à 1906, le département a vu diminuer sa
population de 72.463 habitants.] — P. 111-4. Id. Le puits artésien
d'Agen (1827-1830). — P. 227-29. Momméja. Le feu de la Saint-Jean.
[Folklore; origine des feux de la Saint-Jean.] R. B.
IL Le Lot-et-Garonne illustré, 1905.
p. 4-7, 25-9, 46-53, 61-8. Loubat. Le château de Bonaquil. [Résumé, ac-
compagné de nombreuses illustrations, du travail de M. Lauzun sur le
même sujet.]. — P. 8-11, 30-3, 93-5. P. de Vriés. Iconographie du fou-
lard gascon. [Nombreuses illustrations.] — P. 73-6. Marboutin (pseu-
donyme : Arlou). La statue tombale de Sainte-Livrade. [Statue mutilée
d'évèque du xiv" siècle.]
1906-1907.
P. 25 31. Granat. Les voies romaines de l'Agenais. — P. 65-9. Marboutin.
Laugnac. [Courte monograpliie de cette commune.] — P. 78-81), 129-37.
165-73. Arqui'c. Saiiveterre-la-Lemance. [Monographie communale.] —
P. 83-90, 97-9. Granat. Agen à Loupillon ; voyage au pays du président
de la République. [Renseignements touristiques et archéologiques.] —
P. 104-12. Marboutin. Le château de Lafox. [xii* et xvi' s.] R. B.
PÉRIODIQUES MERIDIONAUX. 285
Tarn-et-Garonne .
I. Bulletin arcliéokxjique et Mslorique de la Société
archéologique de Tatm-et- Garonne, t, XXXIV, 1906.
P. 17-41. C. Daux. La communauté de Montech sur la fm du xvii= siècle.
[D'après le rôle des impositions de 1688 ; intéressants détails sur les im-
. pots, les dépenses du consulat, l'état social et le dénombrement des
habitants.] — P. 42-56. D"- R. Belbèze. Le rappel de Dupleix, d'après
quelques documents inédits. [Lettres de M™" de Montmorency-Laval à
M. de Saint-Aulas, officier de la compagnie des Indes; ce n'est pas sur
la menace des Anglais qu'il a été rappelé. Lettres de Dupleix et de Go-
deheu.] — P. 57-65. H. de France. Notes sur le commerce à Montau-
ban. [Manufacture royale de draps en 1772, Bourse commune des
marchands, transports, contrats d'apprentissage, etc.] — P. 77-85. Abbé
F. Galabert. Les écoles autrefois dans le pays du Tarn-et-Garonne.
[Fin. Les illettrés.] — P. 91-2. L. Boscus et F. Galabert. Les treize sols
d'Armagnac. [Dîmes inféodées à Fonneuve et Négrepelisse.] — P. 105-20.
La collégiale Saint-Martin de Montpezat. Souvenirs de la guerre de
Cent ans. [A suivre. Quelques renseignements sur la famille des Prez
à propos de la statue tombale du cardinal.] — P. 160-7. E. Forestié.
Les tapisseries du château de Bardigues fabriquées au xvi« siècle à
Aubusson. [Contrats de vente (1578, 1582) donnant les sujets et le prix
des tapisseries; château de la famille Goût, puis Esparbès-Lussan.] —
P. 188-92. Abbé Oulès. Le temporel des évèques de Cahors au xvi« siè-
cle. [Dans le diocèse de Montauban.] — P. 193-206. M. Souleil. Julie de
Lespinasse et le comte de Guibert. [D'après l'ouvrage du marquis de
Ségur.] — P. 207-lL Abbé Taillefer. Un écho des guerres religieuses,
1579. [Lettre à propos d'un conflit pour la nomination du recteur de
Canhac, près Molières ; sans grand intérêt.] — P. 219-24. H. de France.
La confrérie des tisserands à Montauban. [Sous le vocable de Saint-
Ilippolyte, 1505; autres confréries.] — P. 225-;:53. Abbé F. Galabert.
Les écoles pendant la Révolution. [Elles sont peu nombreuses et peu
florissantes.] — P. 2.57. Bourdeau. Note sur une borne terminale de 1784.
— P. 259-60. E. Forestié. Bail de la façon d'un rétable à Saint-Nicolas-
de-la-Grave en 1.58.3. [Document.] — P. 202. Rumeau. Liste de curés
de Bouillac, 1481-1776. — P. 267-8. Id. Devis pour le rétable des
RR. PP. Capucins de la ville de Grenade. [Document, 1700.] — P. 270-2.
Abbé Taillefer. Entrée en religion à Gravayrac, en Rouergue, de noble
Marguerite de Vezins, 19 juin 1661. — P. 273-85. A. Grèzk. Quelques
286 ANNALES DU MIDI.
documents concernant Saint-Nicolas-de-la-Grave et son seigneur abbé.
[Analyse de quelques actes, baux à ferme, etc., concernant l'abbaye de
Moissac dans deux i-egistrea de notaires, 1571-1593; valeur des animaux
de ferme.] — P. '.^86-90. Abbé Taillefer. Des baptêmes et des noms
donnés au baptême au xvii'^ siècle. [D'après un registre paroissial de
Lauzerte.] — P. 291-308. P. Fontanié. Les comptes consulaires de Saint-
Porquier pour l'année 1666-1667. [Remplis surtout des frais occasionnés
par le logement d'une compagnie de cavalerie pendant l'hiver.] —
P. 309-13. Abbé F. Galabert. L'administration communale à Aucam-
ville, de 1346 à 1446. [Passage de routiers, etc.] — P. 319-23. De France.
Traité pour les sonneries de cloches à Montauban. [1525; en roman.]
— P. 337-8. Abbé Oulès. [Note sur l'administration communale de La-
française, 1791-1793.] — P. 338-9. P. de Vivie. [Inscription de l'église de
Tauriac (xvif s.).] — P. 339-40. Abbé Bach. Généalogie de la famille
Fernand, 1458-1573. — P. 342. Forestié. Enseigne de 1553. — P. 346-7.
Abbé Galabert. [Deux lettres concernant M. de Malatre, curé de Saint-
Aignan, 1703-1704.] — P. 348-50. Abbé Laffont. De quelques droits féo-
daux de la seigneurie de Bourg-Devizac. — P. 350-1. Taillefer. Ques-
tion de dîme, 2 juillet 1786. Fr. G.
IL Recueil de V Académie des Sciences^ Belles-Lettres et
Arts de Tarn-et-Ga7 onne^ 2^ série, t. XXII, 1906.
p. 13-6. L. Guouat. Note sur une judicature inédite du moyen âge. [Le
corrier ou juge commun de Saint-.Jean-de-Maurienne, agent de l'évêque
et du comte de Savoie, coseigneur, 1327-1536]. — P. 45-51. Id. Les
étudiants de Toulouse en 1835. Guy du Buisson d'Aussone. [Engagé
parmi les troupes carlistes, il est assassiné.] — P. 85-97. Ed. Forestié.
Un bail à colonage du xvi» siècle en Armagnac. Document en langue
vulgaire montrant la persistance des mêmes clauses jusqu'à nos jours.]
— P. 115-28. Em. Forestié neveu. Biographie du poète Pierre-Tous-
saint Aillaud, bibliothécaire de la ville de Montauban [1759-1827; prêtre,
il se réfugie en Espagne à la Révolution; fonde à son retour une société
littéraire; ses œuvres.] Fr. G.
Vienne (Haute-).
I. Bulletin de la Société archéologique et historique du
Limousin, t. LVII, 1907.
1" livr. P. 5-128. P.-L. Grenier. La cité de Limoges : son évêque, son
chapitre, son consulat, xii«-xviii' siècles. [Voir ci-dessous le compte
rendu. Annales, p. 305.]— P. 129-71, 413-78. Abbé A. Lecler. Histoire de
PERIODIQUES MÊRIDIONADX. 287
l'abbaye de Grandniont. [Très méritoire compilation, qui se continue
dans la livraison suivante. Il est regrettable que les sources ne soient
pas données.] — P. 172-210. P». Drouault. Monographie du canton de
Saint-Sulpice-les-P'euilles. [Suite et fin de ce long travail, le meilleur de
ce genre qui ait été publié dans la Haute-Vienne.] — P. 211-62. E. Lyon.
La corporation des maîtres boulangers de Limoges. [Résumé, avec
quelques pièces à l'appui, d'une étude beaucoup plus considérable qui
sera prochainement publiée.] — P. 263-98. J. Bouland. Les origines du
cimetière de Louyat. [Historique, sur documents originaux, de la trans-
formation des derniers cimetières intra ?niiros de Limoges en une
grande nécropole extra muros, qui'fut inaugurée en 1S06.] — P. 299-302.
A. Leroux. Quelques manusci'its du château de Las Tours, en Limou-
sin. [Signale l'existence dans ce château, au xvi= siècle : 1° d'un ms. des
Gestes de Charlemagne; 2° d'un ms. d'un poème en vers provenraux
qui pourrait bien être la Clumso)! d'Antioche, du Limousin Grégoire
Béchadi; 3° d'un ms. contenant la Chronique de Geoffroy de Vigeois.]
2' livr. P. 303-412. A. Leroux. L'assistance hospitalière à Limoges pen-
dant la Révolution. [Voy. plus bas.]— P. 479-500. D"- H. Fournie.
Les médailles médicales du Limousin. [Elles appartiennent toutes au
xix" ou au xx« siècle et concernent les médecins illustres nés dans la
province (Dupuytren, Gruveilhier, Fonssagrives, Bardinet, d'Arson'val.
Chénieux, Alajour) ou les sociétés pi'ofessionnelles.] — P. 501-39. P. Du-
couRTiEUx. Les voies romaines en Limousin. [Suite et fin de cette très
instructive compilation.] — P. 510-7. A. Demartial. Le peintre Pierre
Vilatte. [Etude sur ce primitif du xv« siècle, né en Bas-Limousin et
remis en honneur par MM. l'abbé Requin, Raffet, Bouchot, P. Durrieu.]
— P. 548-58. P.-L. CouRTOL. Miniature et lettres ornées du moyen âge.
[Reproduites d'après les originaux des Archives de la Haute-Vienne,
xn«-xv' siècles.] — P. 559-678. Communications et documents divers.
A. L.
II. Limoges illustré, 1907.
1" janv. D"' Marquet. Les seigneurs de Villefranche, près Rochechouart.
15 févr. D'' Marquet. Tableau des procès que M. le vicomte de Roche-
chouart a suscités à la ville de ce nom.
15 juin. D"" Charbonnier. J. J. Juge de Saint-Martin, magistrat et sylvi-
culteur, f 1824.
l"^'' août. Dr Marquet. Divorces des dames détenues au couvent des
Jacobins de Rochechouart, 1793-94. [Divorces demandés sous prétexte
que les maris étaient émigrés.] A. L.
CHRONIQUE
Une nouvelle revue d'érudition vient d'être créée à Bordeaux, à
savoir la Revue historique de Bordeaux et du département de la
Gironde. Elle doit paraître tous les deux mois à partir du 1er jan-
vier 1908. Son Conseil d'administration a pour président M. Er-
nest Labadie, membre de la Société des archives historiques de la
Gironde; parmi les autres membres de ce Conseil et du Comité de
rédaction, citons MM. les Drs Barraud et G. Martin; MM. Cé-
leste, bibliothécaire de la ville de Bordeaux, Benzacar, professeur
à la Faculté de droit, Cirot et Courteault, professeurs à la Faculté
des lettres, Brutails, archiviste départemental, Ducaunnès-Duval,
archiviste municipal. Nul doute que la Revue de Bordeaux ne
fournisse, avec de pareils éléments, une longue et glorieuse car-
rière.
Nous avons le vif regret d'apprendre la mort de notre très dis-
tingué collaborateur M. Mazon, le savant historien du Vivarais,
décédé à Paris, le 29 février dernier, à l'âge de soixante-dix-neul
ans. Nous espérons lui consacrer prochainement une notice nécro-
logique.
Chronique des Alpes-Maritimes '.
Le périodique Nice historique, dont le fondateur, Sappia, mou-
rut en octobre 1906, a compté vingt numéros en 1905 et dix-neuf
en 1906. Sappia y a traduit et annoté les onze premiers chapitres
1. En attendant une chronique plus développée, nous croyons devoir
insérer d'ores et déjà sous cette rubrique le présent compte-rendu du
Périodique dirigé par fou Sappia. (N. D. L. R.)
CHRONIQUE. 289
du Nicaea civitas que Giofredo imprima à Turin eu 1658. Il a
achevé ses études sur les évêques de Nice jusqu'au xiie siècle
(chap. 30 à 38), son travail « Nice à ti-avers les âges » (chap. 29)
et ses remarques sur les archives communales de Contes. Il a com-
mencé une étude sur « les Barbets de nos Alpes », qui firent parler
d'eux par leurs brigandages dès septembre 1792. Il a continué sa
« Biographie niçoise », analysé la notice de M. l'abbé Dufaut sur
le pèlerinage, populaire dans cette région, de N. D. de Laghet,
signalé quelques autograplies (un de Guill. du Bellay à son frère
Jean, deux de J.-D. Gassini, deux de Garibaldi, un de son fils
Menotti), étudié l'acte de donatiori du couvent des Capucins de
Saint-Barthélémy, près de Nice, à la fabrique île cette paroisse en
novembre 1812, l'inventaire de l'évêché de Nice en 1805 et le pre-
mier livre imprimé à Nice (il remonte à 1620).
Parmi les collaborateurs de cette revue, signalons en particulier
jM. Arène (Le couvent de Saint-Augustin à Nice; Notes sur la
paroisse Saint-Martin à Nice); — M. Aymard (Fricero, peintre
niçois, mort en 1870) ; — ■ M. Bknsa (Jean Miralheti, fondateur de
l'Ecole niçoise de peinture); — M. Lieutaqd (La province des
Alpes-Maritimes depuis sa création (en 14 avant J.-C) ; —
M. Martiny (Nouveau ms. de la Némaïde, du poète niçois Ran-
cher; Les fêtes à Nice à l'occasion du sacre de Napoléon 1er; Rap-
port inédit sur les ossements trouvés en 1827 ilans l'ancienne
cathédrale du château de Nice : probablement ceux de Béatrix de
Portugal, mère duduc de Savoie Emmanuel-Philibert);^ M. Morel
(Andon et les Adunicales; VA. Jos. Garnier, membre de l'Institut,
qui était né à Beuil en 1813, et son oeuvre; Les écoles à Nice en
Tan XI ; Lettre inédite de Louis XV à l'évêque de Rieux, mai 1744,
à propos de la prise de Nice par les armées franco-espagnoles) ; —
M. DE Orestis (Marie-Louise de Savoie à Nice d'après un mémoire
inédit; L'horloge du lycée de Nice en 1800); — M. Perrin (Les
richesses de notre bibliothèque municipale) ; — M. l'abbé Rance-
BouRREY (Lettres de J.-D. Blanqui ; Notes sur la chapelle de Sin-
caïre à Nice ; Relation inédite du sacre de Napoléon 1er d'après un
ms. conservé à Camporosso, près de Bordighera ; Les émigrés
français à Nice en 1792; Documents biographiques sur le poète
niçois Ranchcr et son .père; Contributions à l'histoire de l'impri-
merie à Nice); — M. Rolland (Orthographe rationnelle du dia-
lecte niçard), — et M. Vieil (Le grand théâtre de Nice).
Nice hislorique a inséré en outi'e des textes d'un dialecte niçard :
ANNALES DU MIDI. — XX 19
290 ANNALES DU MIDI.
une poésie inédite de riiistorien niçois Toselli*, un poème inédit et
et trois sonnets inédits de Rancher. G. Doublet.
Chronique d'Auvergne.
Cantal. — Depuis quatre ans, les fouilles préhistoriques se suc-
cèdent dans le Cantal. Des savants de tous les pays, et non des
moindres, les professeurs Max Verworn et Rallias (de Gottin-
tingen), Klaatsch (de Berlin), Rutot (de Bruxelles), de Mortillet,
Gapitan, Boule (de Paris), sont venus interroger les anciens vol-
cans du Cantal, qui, pour certains, pourraient bien détenir le
secret de l'origine de l'homme. Les puys «lourny et de Boudieu,
méthodiquement explorés, fournissent des documents à ceux qui
s'occupent de la brûlante question des éolithes.
D'autres recherches et parfois le simple hasard ont fait appa-
raître de nouveaux vestiges de la civilisation gallo-romaine. A
Chastel-sur-Murat, on a trouvé des verreries et des terres cuites; à
Anglars-de-Salers, dans les tranchées de la voie ferrée en cons-
truction de Saint-Flour à Brioude et prés d'Ydes, diverses mon-
naies aux effigies d'empereurs romains. Les découvertes les plus
importantes sont celles de Chastel-Marlhac (vases et coupes de
verre, urnes de terre décorées) et surtout celles d'Yolet, près d'Au-
rillac. Là, des fouilles bien conduites par M. Pierre Marty ont mis
au jour les restes d'un village et d'un stade gallo-romains, ainsi
que d'intéressants objets en verre et en bronze.
C'est surtout dans le domaine de l'histoire que s'est manifestée
l'activité des travailleurs locaux. Il semble même que cette acti-
vité soit encouragée par les sympathies d'un milieu moins réfrac-
taire qu'autrefois aux productions intellectuelles. Jusqu'ici pres-
que exclusivement absorbé par le commerce et l'agriculture, le
Cantalien se préoccupe maintenant de connaître, de façon aussi
exacte que possible, le passé de son pays. C'est ainsi que deux
associations d'émigrants cantaliens de Paris, les Enfants du can-
ton de Montsalvy et ceux du canton de Maurs m'ont demandé
pour leurs annuaires des notices historiques. Celle du canton de
L Le nouveau uuiri de la reine Louise de Saxe est un do ses descen-
dants.
CHRONIQUE. 291
Montsalvy a fait connaître à beaucoup la seule tentative de
chouannerie organisée dans le Cantal à la fin de la Révolution. La
monographie du canton de Maurs, qui occupe 200 pages, retrace
presque au jour le jour l'existence de communes rurales pendant
l'époque révolutionnaire. Cet exemple paraît devoir être suivi par
les autres Amicales de Paris.
D'autre part, les auteurs comprennent la nécessité de situer
dans le passé le sujet dont ils s'occupent, si moderne qu'il soit.
Des Guides, comme le Vic-sur-Cère de Jean Ajalbert, le Sainl-
Flour et ses environs de L. Bélard, contiennent des renseigne-
ments historiques puisés à bonne source. De même, le docteur
Tournier a mis à contribution, pour sa thèse de médecine sur les
Eaux minérales de Vie, les archives encore mal connues du châ-
teau de Comblât.
En dehors des articles insérés dans la Revue de la Haute-
Auvergne, dont le dépouillement a lieu régulièrement ici-même,
de nombreux ouvrages ont paru depuis 1904. Certes, tous n'ont
pas la même valeur, mais la grande majorité se recommande par
un souci de l'exactitude des plus méritoires. Les auteurs compren-
nent l'utilité de la méthode historique. Ils entendent ne rien avan-
cer sans documents à l'appui et ils préfèrent laisser des lacunes
dans leurs ouvrages plutôt que d'avoir recours, pour les combler,
à leur seule imagination. Il y a là un grand progrés réalisé depuis
quelques années, et pour le mieux apprécier, on n'a qu'à se repor-
ter à certains ouvrages « romantiques » parus dans le Cantal il y
a un demi-siècle.
Les plus importants de ces travaux ont d'ailleurs reçu des
récompenses méritées. On sait que M. Ch. Felgères a obtenu pour
son Histoire de la baronnie de Chaudesaigues une mention au
concours des Antiquités {Annales, t. XVII, p. 433), et l'excellente
thèse de doctorat sur Le Pâturage communal en Haute-Auver-
gne a valu à son auteur, M. (\. Trapenard, d'être chargé de con-
férences à la Faculté de droit de Paris.
M. l'abbé Poulhès a fait paraître le deuxième volume de son
Ancien RauUiac. Je ne puis que donner à ce volume, qui traite
de l'organisation civile, les mêmes éloges que j'adressais ici au
premier. Il y a là, grâce à une documentation dont les minutes
de notaires ont fourni presque tous les éléments, une reconstitu-
tion des plus intéressantes de la vie d'un village sous l'ancien
régime. Cette monographie, telle qu'il serait à désirer que toutes
292 ANNALES DU MIDI.
les communes en eussent une, sera prochainement complétée par
un troisième volume sur la période contemporaine.
D'excellents instruments de travail ont été fournis aux travail-
leurs et accueillis par eux avec gratitude. Ainsi, une liste critique
des BailLia des montagnes d'Auvergne, qui s'arrête malheureu-
sement au xvie siècle, publiée par M. Marcelin Boudet. Pour être
d'un intérêt moins général, les listes des Archiprêlres de Mau-
riac, par M. René de Ribier, et des Prieurs d'Y trac, par M. l'abbé
Ghaludet, n'en rendront pas moins de grands services, grâce à la
minutie et à l'exactitude des identifications.
M. de Dienne a retracé la vie de Deux Carladéziens, le comte
d'Anterroche, le héros de Fontenoy, et son frère l'évêque de Gon-
dom. Le docteur de Ribier, écrivain infatigable, a publié la Chro-
nique de Mauriac par Montfort, dont le principal intérêt est
d'être accompagnée d'utiles pièces justificatives. Du même, la
publication des Recherches générales de la noblesse d'Auvergne
intéresse la Haute comme la Basse-Auvergne. M. Roger Grand,
ancien archiviste du Gantai, a décrit les Campagnes de Dugues-
clin en Auvergne, et M. Ferdinand Garrigoux a pris pour sujet
de sa thèse de doctorat le Droit des gens niariés dans la coutume
d'Auvergne, pour laquelle les arcliives du Gantai lui ont fourni de
nombreux documents.
Les archives départementales se sont enrichies par la réinté-
gration des archives de l'évêché de Saint-Flour et de la fabrique
de Ghaudesaigues. Les premières n'ont qu'un intérêt fort restreint;
les secondes, au contraire, constituent un fonds important qui
remonte jusqu'au xine siècle, avec l'obituaire de Ghaudesaigues.
Depuis ma dernière chronique, dans laquelle je .signalais la
mise en circulation de l'inventaire de la série E (fonds de famille),
un autre volume a paru. 11 comprend l'inventaire des séries G
et D. La série G se compose des rôles de tailles, de dixième et de
vingtième des paroisses de la Haute-Auvergne, et des dossiers des
assemblées d'élections de Saint-Flour, d'Aurillac et de Mauriac. Il
n'y faut pas chercher l'histoire administrative de la province,
celle-ci se trouvant dans la série correspondante des archives de
Puy-de-Dôme; mais pour ce qui est de l'histoire économique de la
Haute-Auvergne à la fin de l'ancien régime, la série G des archives
du Gantai en fournit les éléments essentiels et inédits. Quant à la
série D, elle comprend les fonds des collèges de Mauriac, do Saint-
Flour et d'Aurillac. Ges deux derniers sont très pauvrement repré-
CHRONIQUE. 293
sentes, leurs papiers se trouvant dans les archives municipales
de ces deux villes.
L'inventaire de la série L (administration pendant la période
révolutionnaire) a été entrepris il y a un an. Il est en cours d'im-
pression.
Le tome I de l'inventaire des archives d'Aurillac antérieures à
1790 a été livré aux souscripteurs en 1906. Il comprend l'inven-
taire des séries AA (actes constitutifs de la commune), BB (admi-
nistration communale) et ce (comptabilité communale). Le tome II
et dernier paraîtra dans quelques mois. Il sera suivi d'une his-
toire de la ville d'Aurillac.
Deux ouvrages en patois d'Aurillac ont paru ces derniers temps.
L'un, MignouneUo, est un recueil de poésies de M. Emile Bou-
charel; l'autre, intitulé Récils carladéziens, dû à !M. de La Salle-
Bocliemaure, comprend un certain nombre de nouvelles en prose,
empruntées pour la [)lupart à l'histoire locale. Ces deux recueils
sont intéressants, parce qu'ils fixent l'état actuel du patois d'Au-
rillac.
On a élevé à Boisset, aux vacances dernières, un monument à
J.-B. Bravât, métlecin des environs de Maurs, mort il y a trois
quarts de siècle, qui a laissé des poésies pa toises inédites. La
foiMue en est pauvre; mais Brayat ne manquait ni d'esprit naturel,
ni d'oljservation, et tel'de ses petits poèmes, comme Lo Noro (La
Belle-Fille), se laisseencore liresansennui. D'autre part, un comité
s'est créé pour élever à .J.-B. Veyre, l'auteur des Piaoïilats d'un
reïpeiil, un monument digne du véritable poète qu'il fut.
G. ESQUER.
Chronique du Rouergue.
Depuis notre dernière chronique, l'histoire du Rouergue s'est
enrichie de })lusieurs publications dont quelques-unes sont impor-
tantes.
Mentionnons d'abord deux plaquettes : i» les Jeux Floraucr de
Rodez au XVIII' siècle, par M. M. Constans, qui donnent, avec
l'histoire de la fondation des Jeux-Floraux par Jean de Tuilier,
trésorier général de France en la généralité de Montauban (testa-
ment du 18 mars 167.5), l'organisation du concours annuel, la liste
294 ANNALES DU MIDI.
des sujets proposés et le nom des lauréats pendant la plus grande
partie du xviiie siècle ; 2o la réimpression de la Notice historique
de Bonnaterre sur le Sauvage de VAveyron, suivie du rapport
d'Itard (Garrèi'e, éditeur, in-12). C'est une relation historique et
scientifique sur cet enfant, célèbre au commencement du xixe siè-
cle, qui, venu des bois de Lacaune. fut pris sur le territoire de
Saint-Sernin ; on y rapporte les méthodes d'éducation que tentè-
rent de lui appliquer sans grand succès le naturaliste Bonnaterre
et Itard, médecin de l'Institut des Sourds-muets à Paris. Ce pré-
tendu sauvage n'était autre qu'un idiot abandonné.
La Galerie des Préfets de l'Aveyron, par M. F. de Barrau(Gar-
rère, éditeur, in-12), en est arrivée au cinquième volume. On y ti'ouve
un résumé des faits intéressant le département au point de vue poli-
tique, administratif, économique et agricole à l'occasion du rôle ou
des actes des préfets qui se sont succédé à la tète du département.
En arrivant aux événements plus récents, la galerie perd nm peu
de son intérêt, soit que les faits nous soient plus connus, soit que
les discours de cérémonies officielles y tiennent trop de place.
Un petit ouvrage sur Conques, son histoire, par M, l'abbé Ser-
viéres, complète les publications importantes que le même auteur
avait déjà consacrées à l'antique monastère au point de vue ar-
chéologique et religieux. C'est le dernier travail de cet écrivain
érudit, hagiographe distingué, qui a apporté une contribution
importante à l'histoire religieuse du Rouergue et que la mort a
ravi à la science en 1907.
Voici deux ouvrages très considérables et depuis longtemps an-
noncés et attendus : les Bénéfices du diocèse de Rodez à la veille
de la Révolution, d'après un manuscrit du chanoine Grimaldi, pu-
bliés par M. l'abbé Touzery en un gros volume in-S" sur deux
colonnes; 2*^ VEtat du diocèse en 1771, sous le litre de Réponses
au questionnaire, adressé par l'évèque de Cicé au clergé du Rouer-
gue et publié aux frais du département par les soins de M. Lem-
pereur, archiviste départemental. Ces deux ouvrages mériteraient
de longues analyses, que l'on pourra lire dans le tome XXI des
Procès-verbaux de la Société des Lettres de l'Aveyron, qui paraî-
tra dans le courant du mois d'avril.
Ce sont des documents qu'il sera nécessaire de consulter quand
on voudra faire l'histoire religieuse, économique, sociale, démo-
graphique, scolaire, agricole, commerciale et industrielle à la fin
de l'ancien régime. L'impression qui se dégage du dernier est celle
CHRONIQUE. 295
d'une misère elîVoyable, conséquence du manque d'industrie et
d'une série de mauvaises récoltes.
A [)aru aussi en 1007 le tome XVI des Mémoires de la Société
des I^etti'es, Sciences et Arts de l'Aveyron ; le dépouillement qui
en a été fait dans les Annales, t. XIX, p. 253 sqq., nous dispense
d'y insister.
On ne saurait trop louer la décision qu'un certain nombre de
membres de cette Société ont prise en 1907 d'entre[)rendre la publi-
cation d' « Archives historiques du Rouergue », destinées, disaient-
ils, « à reproduire les textes importants relatifs à notre histoire
nationale ». Il n'en manque pas : cartulaires de Silvanôs, d'Aubrac,
de Bonnecombe aux Archives de l'Aveyron, de Vabres à la Biblio-
thèque nationale, registres de comptes, délibérations communales
de Bodez, Millau, Saint- Affriqiie, mémoires d'un calviniste au
xvifi siècle, etc. On commencera par publier le cartulaire de
l'abbaye de Silvanès, formé de documents du xiie siècle et consti-
tué dans ce siècle même. Les pouvoirs publics, sollicités, ne se
sont pas montrés indifférents, et le Conseil général de l'Aveyron,
dans son zèle éclairé pour l'histoire du pays, a voté en faveur dé
cette œuvre une première subvention.
Un Gomiti', s'est formé à Millau pour l'exécution d'un monument
en l'honneur du poète rouergat Claude Peyrot, prieur de Pradinas,
l'auteur des Géorgiques patoises et le précurseur des grands féli-
bres du xrxe siècle. Le monument, dû au ciseau du sculpteur
millavois Malet, sera .élevé dans le jardin public de Millau en
septendu'e 1009 pour célébrer le l)i-centenaire de la naissance de
Claude Peyrot.
Sur l'iintiative de M. Léopold Conslans, professeur à la Faculté
des lettres d'Aix, président du Comité, a été créée à cette occasion
l'Association félibréenne Claude Peyrot, pour favoriser le déve-
loppement de l'esprit provincial et le maintien <le l'idiome local
en Rouergue. Cette Association aura pour organe VOrmonac Rouer-
gas, contenant des poésies, contes, proverbes et récréations diverses
en patois.
Le prix Cabrol, destiné, suivant la volonté du fondateur, à ré-
compenser les écrivains ou artistes avej'ronnais ou à favoriser les
études des écrivains ou artistes peu fortunés, a été attribué pour
la première fois par laSociété des Lettres de l'Aveyron à M. Bessou,
l'auteur si estimé du poème d'Al brès à la loumbo et des Contes à
la lata Mannou. Le prix était cette année de 1,000 francs.
Marius Constans.
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT
Barbot (J.). Les Chroniques de la Faculté de médecine de
louloiise du XlIIe au XA'e siècle. (Thèse.) Toulouse, Trin-
chant, 1905; 2 vol. in-S" de vii-506 et 324 pages, avec gravures,
planches et plans. — Cette thèse est une œuvre considérable. Le
premier volume se rapporte à l'ancien régime, de 1220 à 1793; le
second embrasse tout le xix^ siècle et s'étend jusqu'à nos jours.
L'un est une histoire complète de la médecine toulousaine avant
la Révolution, tandis que, dans l'autre, le sujet se restreint à
l'histoire de la Faculté elle-même et de son enseignement. L'au-
teur, qui joint une très grande probité scientifique à beaucoup de
sens historique, a bâti son ouvrage sur l'étude approfondie de ce
qui avait été publié sur la question et de tous les documents iné-
dits qu'il a pu trouver. Archives nationales, archives de la Haute-
Garonne, de la ville de Toulouse, des Facultés, des hôpitaux,
archives particulières même ont été mises lai'gement à contribu-
tion. Le résultat d'un travail aussi consciencieux restera long-
temps le plus adéquat à la vérité historique en la matière; ce sera
toujours un livre fondamental à consulter.
Après un premier chapitre consacré à l'Université de Toulouse
aux xiiie, xive et xV- siècles, M. B. fait l'histoire de la Faculté de
médecine elle-même jusqu'à la Révolution. Il la montre se déga-
geant peu à peu de la Faculté des arts, où de précédents auteurs
n'ont pas su la voir, placée ainsi à l'origine de l'Université elle-
même ; mais il ne parvient i)as à combler entièrement une lacune
dans son existence Itistorique, lacune (jui va de 1242 à 1300. En
1604, une chaire de chirurgie et pharmacie créée par le roi, mal
accueillie par la Faculté, finit par être supprimée; mais elle fut
LIVRES ANNONCES SOMMAIREMENT. 297
rétablie quelque temps après. Enfin, une ciiaire d'anatoniie et
chirurgie fut fondée en 1705.
L'auteur nous fait connaître aussi les programmes, la liste des
professeurs, dont la biographie, malgré ses recherches, reste le
plus souvent bien pauvre, les ressources de la Faculté, la chrono-
logie des principaux faits qui l'intéressent, l'histoire des bâti-
ments, des documents sur la vie des étudiants, etc. Une partie de
son ouvrage est consacrée aux chirurgiens, une autre aux apothi-
caires, accoucheurs, sages-femmes, une cinquième enfin à l'Hôtel-
Dieu et à l'hospice de la Grave. On voit chirurgiens et apothicaires
se détacher progi'essivement des métiers purement mécaniques
pour se hausser au niveau des professions libérales, sans que leur
profession se fondît jamais cependant avec la profession médicale.
Ces trois corporations sont à chaque instant en querelle. Une
école de chirurgie, fondée en 17G1, constitue, pour ainsi dire, une
seconde Faculté ; c'est seulement la Révolution qui rapprochera
définitivement tous les membres de la famille médicale en abolis-
sant les corporations.
Le second volume, de llSd à nos jours, était plus facile à com-
poser. Les documents étaient plus abondants et plus aisés à
atteindre. C'est l'histoire du long effort soutenu par la science et par
la municipalité toulousaines pour faire revivre la Faculté de mé-
decine. L'enseignement médical d'initiative privée, celui qu'orga-
nisa Paganel pendant la Révolution, celui qui fut créé par la
Société de médecine, l'Ecole impériale de médecine et de chirurgie
(18U6), l'Ecole secondaire de médecine et de pharmacie (1820),
l'Ecole pi'éparatoire de médecine et de pharmacie (1840-1855), l'Ecole
de plein exercice (1887) représentent les étapes de sa reconstitu-
tion, obtenue finalement en 1894. Programmes^ personnel, statis-
tique des étudiants complètent cet historique. Des index onomas-
tiques rendent commode le maniement de l'ouvrage, illustré de
plans et de portraits des professeurs. M. Décans.
Congrès des Sociétés savantes de Provence, Marseille, 31 juil-
let-2 aoùl 1906. Comptes rendus et Mémoires. Aix-en-Provence,
Dragon ; Marseille, Ruât, 1907 ; in-8'i de 908 pages. — 11 est inutile
d'entretenir nos lecteurs de ce Congrès, dont notre collaborateur
M. Clerc a déjà montré ici-môme (voir plus haut, p. 145), dans sa
chronique de Provence, la portée et la valeur. Nous nous borne-
298 ANNALES DU MIDI.
rons à dépouiller rapidement le présent volume, fort riche en tra-
vaux dignes d'intérêt.
P. 47-56. G. JuLLiAN. Les transformations des sociétés barbares
de la Provence et le commerce de Marseille grecque. [Rapide et
clair exposé : la vigueur et la richesse de Marseille grecque ont
été contemporaines de l'existence autonome de la peuplade salyenne,
c'est-à-dire qu'elles correspondent à l'époque où il y eut une Pro-
vence gauloise bien constituée (400-150 av. J.-G.).] — P. 151-8.
Ch. (~^OTTE. La Provence avant l'histoire. — P. 159-70. P. Goby.
Présentation de diverses photographies : du dolmen de Colle-
Basse, à Saint-Gézaire (Alpes-Marilimes) ; du sarcophage des Va-
lentins de Valdereure ; du tombeau du Puits-du-Plan, à Saint-
Gézaire. [Avec inscription, planches.] Monnaies romaines trouvées
à Saint-Gézaire. Monnaies massaliotes provenant de l'arrondisse-
ment de Grasse. — P. 171-85. G. de Manteyek. Note sur STO(xaAtprj
[Identifie ce nom, qui se trouve dans Strabon, avec l'étang de
l'Estoumaou, près Fos. Gatalogue de monnaies romaines trouvées
sur la plage de Fos : 110 pièces, de l'an 194 à l'an 28 av. J.-G.]. —
P. 187-206. Dk Gérin-Ricahd. Autels-cippes chrétiens de Pro-
vence. [Il s'agit uniquement d'autels procédant du cippe antique,
païens d'origine, mais auxquels le christianisme est venu ajouter
ses symboles propres. Essai d'inventaire. Planche.] — P. 207-15.
De Ville-d'Avray. Passages de Gésar et d'Antoine chez les Oxy-
biens. [Peuplade habitant entre Antibes et le cap Roux.] —
P. 217-53. Abbé Ghailan. Les livres liturgiques d'Arles au
xvie siècle. [Le premier est un bréviaire, de 1501; puis viennent
un office de la sainte Vierge de 1521, un missel de 1530, un bré-
viaire de 1549, des diurnaux et matines de 1554 (?). I^e concile de
Trente a fait ensuite adopter, à Arles comme ailleurs, le bréviaire
romain. Description ; planches.] — P. 255-75. E. HoucHAR'r. Le
vieux château de Grimaldi à Piiyricard. [Bouches-du-Rhône. Gri-
maldi, archevêque. d'Aix, 1655, est devenu à cette date seul sei-
gneur de ce château, dont ses prédécesseurs étaient coseigneurs.
Il le rebâtit en grande partie, si vaste que l'on ne put l'entre-
tenir et qu'il dut être démoli en 1711.] — P. 277-86. Abbé
Requin. Guriosités notariales. [Documents renfermant des dé-
tails piquants sur les mœurs et coutumes. Ces détails sont
très variés. A noter des ventes d'esclaves, d'ailleurs non chré-
tiens, la dernière de 1777.] — P. 287-95. J. Roman. Les sceaux
de la famille de Savoie-Tende. [A partir de 1508. Glande de
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT. 299
Savoie-Tende fut grand sénéchal de Provence et gouverneur de
ce pays. Il fit disparaître de son sceau une barre de bâtardise,
que portait celui de son père : gênant témoignage de l'origine illé-
gitime de la maison.] — P. 297-311. M. Bertrand. Prise des îles
de Lérins par les Espagnols. [En sept. 1635. D'après des documents
inédits, dont le procès-verbal de l'assemblée générale des commu-
nautés de Provence. Les lies ne furent reconquises qu'en mai 1637. J
— P. 313-59. L. Gap. Oppède au moyen âge et. ses institutions.
[Analyse. des actes par ordre chronologique, depuis l'an 1044; ils
deviennent particulièrement intéressants pendant le Grand schisme
et au xye siècle, quand la ville tombe entre les mains des routiers,
Bernard de la Salle, Rodrigue de Luna. L'exposé des institutions
est clair, consciencieux, mais superficiel. Les points de comparaison
manquent à l'auteur.] — P. 361-77. J.-E. Malausséne. L'adminis-
tration d'une commune de t^rovence sous l'ancien régime. Saint-
Jeannet (Alpes-Maritimes). [De 1631 à 1789. Etude des institutions
d'après les documents.] — P. 379-87. E. Poupé. L'administration
communale sous l'ancien régime à Rians (Var). [Règles concernant
l'élection des consuls et des conseillers.] — P. 389-96. G. Arnaud.
Un ouvrage anonyme de Durand de Maillane. [^Epilre ou tableau
mis en rimes des causes el effets de la Révolution dans ses rap-
ports avec r Assemblée constituante. .jU pages en vers de huit syl-
labes. L'introduction et les notes ne sontpassans intérêt: jugements
sur la trahison de IMirabeau, sur V « influence pernicieuse » de
Montesquieu.] — P. 397-411. H. Barré. La municipalité cantonale
de Cassis sous la Constitution de l'an III. [Précisions très intéres-
santes sur le budget cantonal, les impôts, l'origine de la conscrip-
tion, etc. « Les conscrits restent sourds à la voix de la patrie «.]
— P. 413-28. P. -H. Bigot. La Grande peur et l'organisation de la
garde nationale à ]Manosque en 1789. [A partir du 31 juillet. Texte
du règlement fait le 19 août sur la formation d'une troupe bour-
geoise. Institution d'un conseil amovible, mais permanent. Ces
deux organismes révolutionnaires issus de la Grande peur vont
jouer leur rôle au cours des événements qui se préparent.] —
P. 429-3'i. L.-C. Dauphin. Le club révolutionnaire de Garces (Var).
— P. 43.5-49. E. DuPRAT. La Grande peur et la création de la garde
nationale à Chàteaurenard-de-Provence, 30 juillet 1789. [Cf. plus
bas, p. 302.] — P. 451-66. Destandau. Une page d'histoire des
Baux en 1790. [Rapport des députés à l'Assemblée nationale,
réponse du maire.] — P. 467-98. E. Fassin. Quelques pages de
300 ANNALES DU MIDI.
l'histoire de la marine arlésienne. [Durant la Révolution, Arles fut
l'entrepôt des' approvisionnements nécessaires aux armées du
Midi; sa flotte comptait une centaine de bâtiments, d'ailleurs de
faible tonnage, 166 tonneaux au plus. Gains réalisés par quelques-
uns de ces navires, d'après des comptes manuscrits. Journal du
capitaine Pierre Giot, royaliste, qui, de mars 1792 à janvier 1795,
errant par mer et par canaux de Marseille à Toulouse, passa beau-
coup de mauvais quarts d'heure, et n'eut guère plus de chance
après; son manuscrit se termine en juin 1802.] — P. 499-525.
V. Teissére. La Société populaire de Trets (Bouches-du-Rhône).
[D'après son registre de Délibérations, du 12 juin 1791 au 2 ger"
minai an III. Rien de particulier.] — P. 527-46. Dr Alezais. Le
blocus de Marseille pendant la peste de 1722. [Après la terrible
expérience de 1720, on a recours, contre la nouvelle épidémie, au
blocus du territoire de Marseille par un cordon de troupes, et le
moyen réussit. Détails sur l'organisation du blocus.] — P. 547-52.
De Bresg. Notes historiques sur Fontaine-l'Evêque ou Sorps.
[Belle source où Louis Doni d'Attichy, évèque de Riez, fit construire,
Vers 1635-36, une maison de plaisance.] — P. 553-60. Gh. Latune.
Une intervention royale dans une affaire de famille sous le règne
de Louis XV. [La jeune Belin, bourgeoise de Marseille, ayant
épousé un gentilhomme portugais, s'aperçoit trop tard qu'il est
ruiné et veut vivre de sa dot. Dès lors, elle le poursuit à l'aide de
lettres de cachet. Le ministre Choiseul, M. de Saint-Florentin se
mêlent à cette affaire.] — P. 561-82. .1. Maurel. La peste à Allauch
en 1720. [La famine faillit s'ensuivre. Du 20 août 1720 au 1er juin
1721, sur 5,000 habitants, il y eut 1,200 malades, dont 900 morts;
mais la maladie se prolongea jusqu'au 4 janvier 1722 : total, 1023
morts.] — P. 583-99. L. Aubërt et J. Bourrilly. Objets et rites
talismaniques en Provence, d'après les collections du Museon
Arlalen. [Deux catégories : 1" restes avérés des religions antiques ;
2" objets de conjuration. Catalogue dressé d'après cette division.]
— P. GOl-8. J. Bourrilly. Le costume d'Arles. — P. 609-21. Abbé
ARNAUD-D'iiGNEL. Notes sur la verrerie en Provence. [Commence
à Goult, avec Ferri, sous le roi René. Les verreries, ensuite multi •
pliéos à la lisière des forêts, consommant beaucoup de bois en un
pays où il est rare, eurent à lutter contre la malveillance des ma-
gistrats locaux et contre les craintes de l'administration royale.]
— P. 623-8. G. DouRLET. Note sur les objets d'art de l'ancien dio-
cèse de Vence. — P. 629-34. Giiillibkrt Les médailles frappées en
LIVRES ANNONCES SOMMAIREMENT. Î^Ol
l'honneur de Suffren. [Cinq, dont trois de son vivant, en 1784.
Description. Planclie.] — P. 635 42. F. Julien. Le théâtre à Aix
depuis son origine jusqu'à la Révolution. — P. 643-62. P. Moulin.
Le tliéàtre à Marseille })ondant la Piévolulion. [Le gouvernement
essaie de s'en servir en faveur de' ses desseins politiques, et par
conséquent il le persécute et l'amoindrit.] — P. 663-8. M. PiAim-
BAULT. Un rétable disparu de Féglise de Saint-Maximin. [Deux
actes, bail à besogne et quittance, du 10 mars 1529, relatifs à ce
rétable.] -- P. 669-71. E. Aude. Etymologie provençale : Mar^
Sarneio. [De Cyrnos = Corse, mer de la Corse?] — P. 673-93.
F.-N. NicOLLEr. Etymologie et origine de roca, rocha, roche. [Cf.
plus bas, p. 309, un compte rendu sommaire.] — P. 695-745.
F. Vidal. Le ténor Richelme, d'Aix, 1804-1845. [Ténor chéri des
Marseillais, à qui l'on doit l'initiative de la création du Conser-
vatoire d'Aix.] — P. 747-65. L. Boukrii.ly. La condition des maîtres
d'école dans la région de Toulon sous l'ancien régime. [Recherches
précises, surtout aux archives de Toulon; mais il était inutile de
remonter jusqu'à Charlemagne. Dans la seconde moitié du xviiie
siècle, les esprits se montraient de plus en plus favorables à l'ins-
truction, peu d'accord en cela avec les pouvoirs publics, comme
en témoigne une lettre curieuse de l'intendant de Provence, de 1782
(p. 765).] — P. 767-92. R. Caillemer. Les débuts de la science du
droit en Provence : Johannes Blancus massiliensis. [La réno-
vation de la science juridique, dont l'Italie est le berceau, a gagné
dès la seconde moitié du xiie siècle le midi de la France. Le ( lodi,
composé sans doute à Arles, en est une preuve. Au xiiie siècle,
plaide et écrit Jean Blanqui, Marseillais : il avait étudié àModène
vers 1234; il prit part à la vie municipale de Marseille de. 1240 à
1262. Il a composé un ouvrage important sur les fiefs, un autre
sur les exécuteurs testamentaires, celui-ci perdu, mais largement
utilisé par Guill. Durand, grâce auquel nous le connaissons en
détail.] — P. 793-817. Abbé G. Reynaud de liYQUES. L'enseigne-
ment primaire en Provence avant 1789. Une école de village. La
Verdiére (Var). [Depuis 1553. Bonne et précise étude, suivie d'un
contrat de régence de 1772 et de notes sur les écoles de Barjols au
xvie siècle.] — P. 819-40. A. Crémieux. La taxe du pain à Mar-
seille à la fin du xuie siècle. [D'après une délibération du 3 avril
1270, prise par le Conseil général de la ville. Etude serrée d'où il
résulte que le prix du pain était alors plus élevé et surtout plus
variable qu'aujourd'hui.] — P. 895-901. G. Valran. La crise de la
302 ANNALES DU MIDI.
cordonnerie à Marseille vers 1789. [La cherté delà vie fait hausser
le prix des cuirs et les exigences des garçons cordonniers, partant
le prix de la chaussure : de là, baisse de l'exportation. Les maîtres
veulent y remédier par l'institution d'un bureau de placement des
garçons, où tous devront se faire inscrire, avec fixation d'un
maximum de salaire : ce qui leur est accordé par arrêt du Parle-
ment d'Aix, du 5 avril 1781.] — P. 907-16. H. Dauphin. Simples
notes sur un vieux plan de la ville d'Arles datant de 1747. [Des-
siné par Pierre-César de Meyran. Commentaire.] — P. 925-34.
A. Reynier. La botanique à Aix-en-Provence depuis la seconde
moitié du xvie siècle. — P. 935-49. F. Sauvk. Une vieille cité pro-
vençale. Les rues et les quartiers d'Apt. Essai de restitution topo-
graphique et toponymique. [Au moyen âge. Le tracé des voies ne
suit pas alors celui des voies gallo-romaines. Seule, la rue du Che-
min est assez large pour permettre aux mulets bâtés de traverser
la ville, et toutes sont des cloaques. Quatre hréous ou quartiers
division qui s'effacera au cours du xive siècle.]
Regrettons en terminant de ne pas trouver à la fin du volume
une table de ces ai'ticles, et aussi de ne pas y voir figurer de plus
nombreux documents. Paul Dognon.
DuGOURTiEUX (P.). La colleclio7i d'archéologie régionale au
musée national Adrien Bubouché de Limoges, avec dessins de
MM. J. Tixier, J. de Verneilh et A. Girardin. Limoges, Ducour-
tieux, 1907; grand in-8o de 25 pages (Extrait de la Revue scienti-
fique du Limousin). — Ce n'est point un catalogue systématique,
mais plutôt un historique de la formation de cette collection et un
guide commode à travers les tombeaux, statues, chapiteaux et
autres monuments de pierre qu'elle renferme. Des objets de bois
ou de fer et de la collection monétaire, il n'est pas question. Le
lion représenté page 17 n'est pas celui de Saint-Michel-des-Lions,
comme il est dit. Le tombeau du Bon-mariage représenté page 22
n'est pas celui de la chapelle des Feuillants, comme il est indiqué.
Les corbeaux de la maison Beauvieux, page 20, la fenêtre gothique
reproduite page 21, ne font pas partie du musée et auraient dû par
conséquent être laissés de côté. A. Leroux.
DuPRAT (E.). La Grande peur et la création de la garde natio-
nale à Chdteaurenard de Provence (30 juillet 1789). Valence,
imprimerie Valentinoisc; in-S" de 19 pages (Congrès des Soc. sa-
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT. 303
vantes de Provence, Marseille, août 1906.) — Dans cette courte mais
substantielle brocluire, M. D. montre que la « Grande peur » se
produisit à Chàteaurenard à la fin de juillet 1789. L'émotion des
habitants ne fut pas purement imaj^inaire ; il y avait, en effet,
dans le pays de nombreux vagabonds et niiséreux qui commet-
taient de fréquents attentats contre les propriétés.. Pour se défen-
dre, la communauté créa une milice qui n'était à vrai ilire qu'une
police municipale. Dans beaucoup de communautés de Provence,
au contraire, les milices ne furent créées que sur l'invitation des
députés de Provence aux Etats généraux. La ^ Grande peur » ne
les fit pas naître; elle liàta seulement leur établissement.
F. Dumas.
Fage (R.). Le clocher limousin à l'époque romatie. Caen,
Delesques, 1908: in-8o de 26 pages et 5 pi. (Extr. du Bulletin mo-
numental, 1907). — Le clocher limousin est défini :« une tour, de
plan carré, s'élevant d'un ou deux étages sur une coupole, adop-
tant au s'cond ou au troisième étage le plan octogonal, amortie
après un ou deux étages octogonaux par une petite flèche en
pierre à huit plans ». Les étages sotit en retraite; la transition
entre le carré et l'octogone est ménagée par un gable massif très
aigu. Les types les plus caractérisés de ce clocher sont ceux de
Collonge^ et Uzerche (Gorrèze), Saint-.Iunien et Saint-Léonard
(Haute-Vienne). Ceux de Brantôme (Dordogne) et. du Puy (Haute-
Loire) s'en rapprochent beaucoup. Ceux de Saint-Martial de
Limoges et de Ghambon-Saint-Valérie (Greuse) étaient, très pro-
bablement aussi, construits suivant la même donnée. Quel est
le prototype? Ou a admis longtemps que c'était le clocher de
Brantôme. M. Fage considère à bon droit comme plus vraisembla-
ble que c'est Saint-Martial de Limoges, bâti en 1050. Le Limousin
aurait donc bien été le foyer premier du clocher à gables.
A. Leroux.
Faure (Cl.). Trois chartes de franchises du Dauphiné. Réau-
mont (1311), Beaucroissant (1312), Rives (1340). (Extrait de la
Nouv. Rev. hislor. de droit français et étranger, t. XXXI, 1907,
p. 392-416 ) — On sait l'importance que présentent, pour la con-
naissance des institutions et du droit médiéval, les chartes de fran-
chises et de libertés concédées par les seigneurs aux communautés
d'habitants : chartes encore rares au xrifi siècle, très nombreuses
304 ANNALES DU MIDI.
au xiiie siècle et au xive. Beaucoup sont inédites; un assez grand
nombre ont été publiées dans des recueils divers, revues ou mo-
nographies locales, qu'il est souvent difficile de se procurer ou de
consulter. Une telle méthode de publication est évidemment fâ-
cheuse; et il faudra bien, lorsque l'on^voudra étudier' méthodique-
ment ces actes, en revenir à l'idée qui avait trouvé, dans la per-
sonne de notre cher et regretté maître M. Brissaud, un défenseur
si convaincu : l'idée d'un corpîis où figureraient, classées géogra-
phiquement, toutes les coutumes municipales que l'on aurait pu
retrouver. Un tel ouvrage ne pourrait être l'œuvre d'un seul; il
devrait être exécuté, morceau par morceau (département par dépar-
tement, ou bien évêché par évèché), par les sociétés savantes loca-
les, ou par des travailleurs limitant leurs i*echerches à un cadre
géographique déterminé. Le jour où un tel travail sera entrepris,
il y aura presque tout à faire pour certains pays, comme la Pro-
vence. Au contraire, en Dauphiné, le travail préparatoire est fort
avanc(', et l'on a déjà étudié et publié un grand nombre de textes
de coutumes. M. Cl. Faure, en tète de son article, en signale une
trentaine pour l'ancien État delphinal, en laissant de côté le Va-
lentinois et le Diois. Encore sa liste est-elle incomplète. Il y faut
ajouter, par exemple, les chartes concédées aux habitants de Bar-
donnèche, de Baulard et de Rochemolle, publiées par M. Fauché-
Prunelle dans son travail sur les institutions des Alpes briançon-
naises; la charte embrunaise de 1253, publiée en 1888 dans le Bull,
histor. et philolog. du Comité des travaux historiques et scienti-
fiques; la charte de Ga[) de 1378 et la charte de Savines de 1316,
publiées tout récemment par M. Pécout dans sa thèse sur Le droit
privé des hautes vallées alpines; la charte de Saint- Vallier de
1204, publiée dans la Petite revue des bibliophiles dauphinois;
la charte de consulat de Guillestre et de Risoul, éditée en 1880
dans la Nouv. Rev. Hist. de Droit.
M. F. a voulu accroître le nombre des chartes dauphinoises pu-
bliées en nous renseignant sur quatre textes de la première moitié
du xive siècle : ce sont les franchises concédées par le Dauphin
aux gens de Réaumont en 1311; les franchises concédées par Guy,
sire de Tullins et de Rives, à la ville neuve de Beaucroissarit en
1312; les franchises concédées par le Dauphin aux habitants de
Rives en 1340; enfin, la confirmation des coutumes anciennes et
l'octroi de quelques coutumes nouvelles, par le Dauphin, en 1343,
aux habitants de Beaucroissant. Les trois premiers de ces textes
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT. 305
sont à peu près identiques, et M. F. s'est contenté d'éditei- le texte
des coutumes de Réaumont, en indiquant, en note, les variantes
des chartes de Beaucroissant et de Rives. Les franchises en ques-
tion comprennent 44 articles, qui accordent aux habitants,
non pas des libertés politiques, mais des droits civils et la
garantie de la liberté individuelle, et qui fixent leurs obligations
vis-à-vis du seigneur. A plusieurs reprises, ces textes renvoient à
d'autres coutumes, à celles de Moirans, de Saint-Êtienne-de-Saint-
Geoirs et d'Izeaux. L'édition semble avoir été faite avec tout le
soin et la minutie désirables. Robert Gaillemer.
Grenier (P.-L.). La cilé de Limoges : son évêque, son chapitre,
son consulat [XIl^-XYllI^ siècles). Paris, Picard; Limoges, Du-
courtieux, 1907; in-S» de 134 pages (Extr. du Bull.de la Soc. arch.
dxL Limousin). — Ce travail d'un débutant se recommande à l'at-
tention par plusieurs qualités. L'auteur tire bon parti des textes
publiés par feu Guibert, et de ceux que lui-même a su trouver dans
les arcliives de Limoges et de Paris. Il prouve qu'il a rintelligence
de son sujet par la manière dont il le divise, par le soin qu'il prend
d'en exclure l'abbaye de La Règle et par le souci qu'il témoigne
de se limiter aux questions de droit public. Les faits économiques
et les événements historiques sont laissés de côté. S'il n'a pas réussi
à éclaircir complètement les origines de son sujet, s'il n'a point dit
le dernier mot de tous les problèmes qu'il a soulevés, c'est que
trop souvent les documents font défaut. La partie la plus nouvelle
de cette étude est celle qui traite des droits et des devoirs des con-
suls. Dans les limites qu'il s'est assignées, M. G. a réussi à faire
pour la Cité de Limoges ce que Louis Guibert voulait faire pour le
Château. Le mérite n'est pas mince. Il est regrettable qu'il ne soit
point rehaussé par un souci plus grand du stjde et de la forme.
A. Leroux.
GuDiOL Y CuNiLL (.J.). San Pau de Narhona y lo bisbal de Vich
(memoria llegida en la Real Academia de Buenas Letras de Bar-
celona). Barcelona, 1905; in-4o de 60 pages. — L'auteur, préposé
à la bibliothèque et aux archives épiscopales de Vich, s'est avan-
tageusement fait connaître par plusieurs travaux d'érudition'. Le
1. L'Excursionisme y l'Arqueologia, J3arcelona (rAvenç), 1902; No-
cions de Arqueologia sagrada cntalana. Vieil, 1902; xiv-647 pages
ANNALES DU MIDI. — XX 20
306 ANNALES DU MIDI.
mémoire qu'il publie aujourd'hui comprend quatre paragraphes
M. G. y C. étudie d'abord la personnalité de saint Paul de Nar-
bonne d'après les données les plus anciennes (Prudence, Grégoire
de Tours, les martyrologes et les Vies) et montre comment, dans .
le cours des siècles, en deçà des Pyrénées, le saint narbonnais est
devenu d'abord disciple des Apôtres et a été ensuite confondu
avec le Sergius Paulus du livre des Actes. Cependant, au delà des
Pyrénées, l'antique liturgie espagnole ne donnait à saint Paul
que le titre de confesseur pontife, ainsi qu'en témoignent le mis-
sel et le bi'éviaire que fit imprimer le cardinal Jimenez Cisneros
(1500-1502). Aux xe et xie siècles, la liturgie latine orientale ou
romaine, venue de France, conquiert peu à peu la Catalogne sur
l'ancienne liturgie latine occidentale (l'auteur rejette la dénomi-
nation de mozarabique). Avec la nouvelle liturgie s'introduit la
légende de saint Paul sous la forme qu'elle avait déjà prise en
France. La célèl>re fausse bulle d'Etienne VI, fabriquée en vue
d'établir la suprématie de l'église narbonnaise sur les églises cata-
lanes, donne enfin à la légende sa physionomie définitive : saint
Paul de Narbonne ne serait autre que Sergius Paulus amené en
Gaule et en Espagne par l'apôtre saint Paul et qui aurait fondé
la plupart des églises catalanes et espagnoles.
Pour ce qui concerne Vich, d'anciens martyrologes donnent, il
est vrai, à saint Paul de Narbonne les titres de confesseur, pon-
tife et successeur des Apôtres, mais les plus anciens missels
(xje siècle) s'en tiennent sur ce point à l'ancienne liturgie espa-
gnole. Le culte du saint fut, du reste, peu apparent jusqu'en
1476. A cette date, Vich fat délivré d'un assaut donné par Altar-
riba et Mudarra, deux terribles « bandoleros », dont M. G. y C.
narre les exploits à grands traits. Cet heureux événement, attribué
à la protection de saint Paul, détermina le peuple et le clergé à
célébrer sa fête avec une pompe inusitée, selon le rite double
majeur. Si, depuis, le culte du saint narbonnais a été réduit à des
proportions plus modestes, le peuple s'est habitué à le considérer
comme le libérateur de la cité. Cela a même donné lieu à la
curieuse légende de sant Pau del Yeguer, née d'un épisode de
l'expédition des Français en Catalogne en 1654. Les conclusions
du travail ne sont pas nettement exprimées, mais la fin de
El Museu episcopal de \' ich en 1901 , 1902, etc. {Cf. Rivistade bibliogr.
cutal., 1900-1903).
LIVRES ANNONCES SOMMAIREMENT. 307
l'avant-propos les laisse deviner. « II est parfois nécessaire, dit
l'auteur, de tailler et d'émonder le verger du passé de peur que les
mauvaises branches n'offusquent sa beauté... La tradition ne
mérite pas d'être appelée respectable ni de triompher au préjudice
de la vérité... » Pour avoir été imprimées de l'autre côté des
Pyrénées « ab llicencia ecclesiâstica », ces paroles méritent d'être
signalées i. Louis Rigal.
Leroux (A.). L'assistance hospilalière à Lhnoges i^endant
la Révolution. Limoges, Ducourtieux, 1907; iu-8o de 119 pa-
ges. (Extr. du Bull, de la. Soc. liislov. et archéol. du Limousin.)
— Dans ce mémoire très solidement documenté, M. L. expose
les diverses phases par lesquelles passa l'assistnnce hospitalière à
Limoges pendant la Révolution. Il en distingue trois, nettement
caractérisées : l'une de prospérité relative qui va du mois d'avril
1789 au décret de messidor an II, relatif à la vente des biens hos-
pitaliers; l'autre de gène croissante, amenée par Je réduction pro-
gressive des ressources et inversement par l'accroissement de la
population hospitalisée. Elle dure depuis messidor an I] jusqu'à la
loi du 16 vendémiaire an V qui rapportait la précédente. La troi-
sième va de la fin de 179(3 au milieu de l'année 1800. C'est la phase
de la détresse consécutive au non-payement des subventions pro-
mises, à l'épuisement des approvisionnements, au découragement
du personnel, à rimpuissance des pouvoirs publics, à la ruine
financière.
Pour chacune de ces phases, ^NI. L. expose l'administration, la
composition du personnel, les ressources de l'hôpital, le nombre
et les catégories des hospitalisés, leur situation matérielle, morale
et religieuse.
Par sa sobriété et sa précision, ce mémoire peut servir de modèle
aux comités de l'histoire économique de la Révolution qui voudront
étudier le même sujet dans leur département.
F. Dumas.
Meunier (D.) [avec la collaboration de G. Leloir]. La covi-
tesse de Mirabeau {1752-1800) , d'après des documents inédits.
1. L'appendice contient les textes et pièces justificatives. Les docu-
ments les plus intéressants ont été tirés des riches archives niunicipah^s
et épiscopales de Vich et de celles de Barcelone.
308 ANNALES DU MIDI.
Ouvrage orné d'illustrations et de fac-similés d'autographes.
Paris, Perrin, 1908; in-18 de iv-423 pages, — La femme de Mira-
beau a déjà été étudiée en détail par MM. de Loménle dans leur
grand et classique ouvrage, mais ils Font considérée moins en
elle-même que dans ses relations avec son tumultueux mari, et ils
l'ont jugée sinon avec hostilité, au moins sans bienveillance.
M. Meunier a pensé que la belle Emilie de Marignane méritait une
étude plus directe, plus personnelle, que son procès valait qu'on
le revisât, et qu'il était bon d'en mettre les pièces sous les yeux
du public, — non seulement celles de l'affaire retentissante qui se
plaida au Parlement d'Aix, mais celles aussi du conflit continuel
que fut dès le début cette union , — c'est-à-dire de publier la -cor-
respondance de la comtesse de Mirabeau. L'idée est bonne; elle
a été réalisée de façon fort satisfaisante. Le livre est solidement
documenté grâce aux communications d'inédits que MM. de Mon-
tigny, Arbaud, de Bresc, de Montvalon, ont prodiguées à l'auteur
et à celle des notes de feu M. Guibal, le regretté doyen d'Aix, qui
avait songé à un travail analogue. — L'auteur a divisé son sujet
en cinq grands chapitres : Mademoiselle de Marignane (1752-72);
la comtesse de Mirabeau (1772-2 août 74); chez L'ami des hom-
mes (août 74-2 mai 1776), Madame du Tholonel (mai 1776-91);
La comtesse dellà Rocca (1792-1800), qui répondent aux principa-
les étapes de la romanesque et criminelle carrière de son héroïne.
Il a eu le bon goût de ne pas tenter une impossible apologie, et
de se borner à plaider les circonstances atténuantes. Les torts de
Mirabeau envers sa jeune femme sont incontestables, mais n'excu-
sent pas l'affaire Gassaud, qui a en somme précédé les grands
égarements d'Honoré-Gabriel. Ensuite, il ressort du récit même
de M. Meunier, qu'au Bignon, Emilie ne sut pas même, à défaut
d'une compagne fidèle, être pour son mari une associée utile. Tan-
dis qu'il expiait au château d'If et à Joux son trop ardent amour
fraternel etTaftaire Villeneuve, elle ne savait rien faire au Bignon
pour gagner l'alfection ou la confiance de son terrible beau-père,
de Madame de Pailly, ni même du charmant bailli. On sent qu'elle
s'y reprend peu à peu, subissant Finfluence du milieu hostile à son
mari, et qu'elle ne se soucie plus guère (jue d'abréger sa résidence
forcée. Encore moins seinble-t-elle disposée à rejoindre à Pontar-
lier l'interné, malgré ses appels pressants. Sa froideur inintelli-
gente est certainement responsable pour une part de l'aventure de
Mi'e de Monier, et cette traiiison éclatante de son mari excuse à so n
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT. 309
tour la conduite irrégulière d'Emilie à Aix et au château du Tho-
lonet. La séparation morale et matérielle des époux est dès lors
accomplie; la sentence d'Aix qui prononça la séparation de corps
et d'habitation ne fit que confirmer et légaliser une situation déjà
notoire. Femme séparée de Mirabeau, Emilie perd pour nous son
plus vif attrait. Ce n'est plus qu'une de ces « grandes et honnestes »
dames, non moins dépourvues de mœurs que d'idées, dont la
société aixoise a toujours formé d'exquis modèles au plaisir des
mousquetaires et à la volupté des connaisseurs. Cependant, un
tableau un peu poussé de sa vie au Tholonet, de la société des
Gallifïet, une description de ce petit foyer de corruption élégante,
n'aurait pas manqué de charEfie, et l'auteur a peut-être écourté un
peu le récit des années libres de la belle Emilie. Après ce temps
d'aimable dévergondage, le plus heureux de sa vie, la pauvre
femme devient amoureuse, et convole, malgré sa famille, malgré
l'évêque de Nice, pour acheter un père à son enfant. Avoir été
Mirabeau, et devenir Délia Rocca! Elle ne le fut pas longtemps •
son second mari mourut le 23 janvier 1798. Alors, par un étrange
revirement, que M. M. a noté avec délicatesse, elle redevint la
veuve de Mirabeau, elle qui n'avait pas su être sa femme. Cette
dernière période aussi aurait pu être un peu plus profondément
étudiée. Le livre est en somme intéressant. Il est lisible. M. M.
a renoncé, à son avantage et au nôtre, à ce style maniéré et artifi-
ciel qui gâtait son édition des Lettres à Julie et il écrit maintenant
avec une agréable simplicité. Il devrait renoncer aussi au système
de la relégation des notes en queue du volume sous forme de dic-
tionnaire biographique, et donner pour les lettres qu'il cite des
références précises et l'indication exacte des coupures qu'il y pra-'
tique. Il y a à la fin du livre une bibliographie utile, quoique
incomplète, et de bons éclaircissements sur des points de détail.
A quand la biographie de Marie-Louise de Riquetti, marquise de
Cabris? L.-G. Pélissier.
NicoLLET (F.-N.). Etymologie d'origine de roca, rocha, roche.
Valence, 1907; in-S" de 25 pages. — M. N. détermine l'aire géo-
graphique du latin vulgaire rocca (non roca); il veut en voir
forigine dans le latin vernica, employé par Caton au sens de
« hauteur »; ce mot serait lui-même composé du préfixe celtique
ver, et d'une racine RG qui aurait donné, d'une part, arcem et
de l'autre un hypothétique rucus. Le mot serait ligure et aurait
310 ANNALES DU MIDI.
été emprunté par les Romains à la langue de la Cisalpine. Cette
ingénieuse construction se heurte à une grave difficulté : Vu dans
verruca (et par conséquent dans rucus) est long et toutes les lan-
gues romanes postulent un primitif avec o bref et c double.
A. Jeanroy.
PuECH (L.). Un aventurier gascon. Paul- Emile Soubiran,
Leclourois. Auch, impr. Léonce Cocharaux, 1907; in-8" de 81 pa-
ges.— MM. Branel et Pagel ont recueilli des documents sur un
aventurier qui est resté légendaire à Lectoure. Ils les ont transmis
à M. Puecli qui a rédigé le récit dont le titre est reproduit ci-des-
sus et que la Société archéologique du Gers a publié. L'auteur n'a
d'autre prétention, dit-il, que d'apporter une contribution modeste
à l'étude du caractère gascon. En deux mots, M. P. dépeint son
héros : « Pendant toute sa vie Soubiran sut en tirer [de son physi-
que avantageux] un parti remarquable pour gagner la sympathie
et la confiance des hommes, devenir leur confident, à l'oCcasion
leur héritier, et surtout pour séduire les femmes. Il eut des maî-
tresses dans tous les pays d'Europe, et quelques heures lui sufti-
saienl pour faire une dupe ». Espion, joueur de profession, escroc,
voilà le spécimen que M. P. olïre aux compatriotes de Soubiran
comme un personnage représentatif de leur caractère. M. P. n'est
pas Gascon et son long séjour dans le Gers, eu qualité de procu-
reur de la République, n'était pas propre à lui faire couuaitre les
gens du pays sous leur vrai jour. Comme les peuples heureux, les
honnêtes gens n'ont pas d'histoire, pas de rapports non plus avec
les parquets. Il est vrai que, d'après l'auteur, la sympatliie de ses
compatriotes aida toujours Soubiran à fuir les atteintes de la
police. Il demanda même, en 1815, les fonctions de sous-préfet de
Lectoure ou le commandement de la gendarmerie du Gers. Inutile
d'ajouter que ce fut en vain.
Le souvenir d'un pareil personnage aurait pu rester, sans aucun
inconvénient, dans l'ombre d'où INI. P. et la Société archéologique
du Gers l'ont tiré. L'histoire de la Gascogne et le caractère gascon
n'y auraient rien perdu, — au contraire. Si modeste qu'elle soit, la
contribution n'est pas heureuse. A. Vignaux.
PUBLICATIONS NOUVELLES
Archelet (Abbé). Sainte Galle, patronne de Valence. Valence,
imp. Géas, 1907; in-S" de 24 p.
AuBRY (P.). La rythmique musicale des troubadours et des
trouvères. Paris, Ghampion, 1907,; grand in-8o de 38 p., avec mu-
sique.
Baldensperger (F.). Etudes d'histoire littéraire. Gomment le
xviiie siècle expliquait l'universalité de la langue française..., le
genre troubadour. Paris, Hachette, 1907; in-KJ de xxv-:<!24 p.
Barckhausen (H.). Montesquieu, ses idées et ses oeuvres
d'après les papiers de La Brade. Paris, Hachette, 1907; in-16 de
vi-344 p.
BoNNARD (L.). La Gaule thermale. Sources et stations thermales
et minérales de la Gaule à l'éftoque gallo-romaine. Paris, Pion,
Nourrit, 1908 ; in-S" de 527 p.
BoNNEViLLE-GoLOMB (G. de) et Goste (L.). Gomment les maîtres
selliers du Puy-en-Velay accompagnaient aux processions la
sainte image de Notre-Dame. Transaction entre l'abbé de Saint-
Pierre la-Gour et les maîtres selliers du Puy (21 avril 1525). Saint-
Etienne, imp. Thomas, 1908; in-8° de 25 p.
Bordeaux (H.). Promenades en Savoie (le caractère savoyard;
pèlerinages en Savoie; contes savoyards). Paris, Société française
d'imprimerie et de librairie [1908] ; in-18 Jésus de 179 p.
Brutails (J.-A.). Précis d'archéologie du moyen âge. Paris,
Picard, 1908; in-8o de xv-282 p.
Gastellanr (de). Le gros toulousain d'Alphonse de Poitiers et
le toulousain du roi de France. Ghalon-sur-Saône, Bertrand,
1907 ; in-4o oblong de 11 p.
Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque natio-
nale. Auteurs. T. XXXI : Colombi-Gorbiot. Paris, Imp. nationale,
1907; in-8o à deux colonnes de 1264 col.
Chambon (F.). Notes et documents sur la famille de Montbois-
sier-Beaufort-Canillac. Saint-Denis, imp. Bouillant, 1907: in-S»
de 47 p.
312 ANNALES DU MIDI.
GoQUELiN (L.). Montaigne (1533-1592). La vie de Montaigne; les
Essais, extraits, jugements. Paris, Larousse, [1908]; pet. in-S" de
96 p.
Delacroix (Dr R.). Montaigne malade et médecin (thèse). Lyon,
Rey, 1907; in-80 de 112 p.
Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, p. p. Dom
Fernand Gabrol. Fasc. 14. Paris, Letouzey et Ané, 1908 ; gr. in-S»
à deux col., col. 611 à 896.
Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la
fin du xixe siècle, par G. d'E.-A. T. VI : Bou-Rré. Evreux, imp.
Hérissey, 1907 ; in-8o de 420 p.
DiGONNET (F.). Le palais des papes d'Avignon. Avignon, Séguin,
1907; in-8o de 428 p. et 8 planches.
Drouault (R.). Monographie du canton de Saint-Sulpice-les-
Feuilles, 2e partie. Limoges, Ducourtieux et Goût, 1907; in-8o,
pp. 135 à 408.
Frecon (P.). La navigation du Rhône. Etude historique et éco-
nomique (thèse). Lyon, Rey, 1907; in-8o de 290 p.
Girard (J.). Les Etats du comté Venaissin depuis leurs origines
jusqu'à la lin du xvie siècle. Paris, Ghampion, 1908; in-8» de
xv-265 pages.
GouT (L.) et Volane (J.). Histoire del'Ardèche. Aubenas, Tour-
rette, 1907; in-16 de 127 p.
GuiBAL (G.). Le mouvement fédéraliste en Provence en 1793.
Paris, Pion, Nourrit, 1908; in-8o de n-319 p.
Gijiraud (L.). Le procès de Guillaume Pellicier, évêque de
Maguelonne-Montpellier de 1527 à 1567. Etude historique. Paris,
Picard, 1907; in-8<» de xii-272 p.
Labbé de la Mauviniére (H.). Poitiers et Angoulême, Saint-
Savin,Ghauvigny. Paris, Laurens, 1908; in-8o carré de 144 p. [Les
villes d'art célèbres.]
Lasteyrie (R. de) et Vidibr (A.). Bibliographie annuelle des
travaux historiques et archéologiques publiés par les Sociétés
savantes de la France (1903-1904). Paris, Leroux, 1906; in-4o à
deux col. de 295 p.
Lemonnier (Abbé P.). Le clergé de la Gharente-Inférieure pen-
dant la Révolution. La Rochelle, imp. Texier, 1905; in 8° de 117 p.
Lestrade (Abbé J.). Histoire de l'art à Toulouse. Nouvelle
série de baux à besogne (1467-1677). Toulouse, Privât, 1907 ; in-8o
de 55 p.
Le Gérant,
P.-Kd. PKJVAT.
loLilouse. Imp. D0ULA.DOURE-PRIVAT, rue St-Rome, 39 — 6206
m SIÈCLE D'\DMIMSTRATIO.\ COMMIWLE
A AUGAMVILLE (Tarn-et-Garonne)
d'après les comptes consulaires (1346-1446)*
Population. — Depuis 1346, les rôles d'impôts, à Aucam-
ville, comprenaient 60 à 63 chefs de maison; cependant, un
rôle dressé en 1368 pour la construction ou l'achèvement
des murailles de la ville compte 133 familles, ce qui, à
5 personnes par famille, donne 665 habitants; ajoutons,
d'après un autre rôle de 1368, quelques pupilles, femmes et
pauvres au nombre de 51, et nous atteindrons le chiffre
de 700 âmes. Nous n'y comprenons point les forains qui
possédaient des biens à Aucamville : ils étaient au nombre
de 118 à Grenade; il y en avait quelques autres dans les vil-
lages voisins. La guerre désastreusement prolongée fut cause
que, en 1402, il ne restait plus que 51 contribuables, outre
une vingtaine de vagabonds qui payaient mal les impôts;
en 1415, les chefs de familles capables de payer les tailles
n'étaient plus qu'au nombre de 35 ; ils étaient 28 en 1431 et
seulement 25 en 1433; les autres étaient vraisemblablement
appauvris, quelques-uns s'étaient enfuis, et les consuls
de 1379 obtinrent la permission de vendre leurs biens
vacants. Le déchet de la population amena diverses répara-
tions de feux que nous verrons plus bas. Aujourd'hui, mal-
gré son étendue de 1.180 hectares, la commune compte
880 habitants à peine.
1. Ces comptes viennent d'être déposés aux Archives de Tarn-et- Ga-
ronne, ou du moins ce qui en reste, car plusieurs ont été brûlés et d'au-
tres rongés par les rats.
ANNALES DU MIDI. — XX 21
314 F- GALABERT.
Seigneurs. - A tout seigneur tout honneur. Commen-
çons par Jean- Jourdain de l'Isle, seigneur d'AucamviUe,
Merville, Pelleport, La Mothe, Saint-Cézert, baron de Lau-
nac chef d'une branche cadette de la maison de l'Isle-Jour-
dain • il résidait ordinairement à 10 kilomètres, dans son châ-
teau de Launac, rarement dans son manoir, jadis forciaà^
La Mothe àl kilomètre d'Aucamville. A sa mort, qui arriva,
semble-t-il en 1400. son fils Gaspard-Jourdain lui succéda;
puis ce fut^Jacmes Isalguier, châtelain de Fourquevaux qui
perçut l'albergue et l'afitage^, tandis que les présents et es
aides continuaient de revenir au seigneur de La Mothe.
Cependant, tous les droits seigneuriaux avaient fait retour a
ce dernier, avant 1445, année où Jacmes Isalguier vint assis-
ter au baptême de son fils.
Consuls - Passons aux consuls; ils étaient au nombre
de cruatre et furent pour longtemps réduits à deux a partir
de 1391; mais il y en eut trois dès 1460. Ils entraient en
charge à la fête de la Purification, 2 février, et ils étaient
choisis par le seigneur.
Item... feure venc^^ Aucumvila lo d. senho per met? t
0050^5,1396(^13).
Item fuerunt créait consules apud Verdunum ad ins-
tanciam consulum de Verduno et dominus mit cum iiiio-
expenderunt xiii grossos, 1373 (f^^ H).
Au quinzième siècle, le juge remplace le plus souvent le
seigneur dans cette fonction :
Item 10 dia de Nostra Dona anero los cossols a Granada
per présenta lo cartel de la élection amossenjuge; despen-
<iero y'blancas.
Item dimenge ,ue foc xx de feuria (sic), venc mossen
1 Ti .Pr« souvent quesiion de ce droit seigneurial dans la suite de
1. Il «'^'^*.,"7:;,'' f^^ alitanage pesait sur les hommes maries ou
UN SIECLE d'administration COMMUNALE. 315
juge per fa jura los cossols nohels, despenser o en pa e en
caran e en vi ix gros xiiii blancas, 1428 (f° 7).
Cependant le juge recevait quelquefois leur serment le
jour même; quelquefois Bernadon, frère du seigneur, lo
fray de Mossen, était présent, et on lui offrait à boire à lui
et à nombre de prud'hommes, a lu e a tropi d'autres; tous
ensemble se régalaient de plusieurs pegas de vin; le pega
valait 3 litres 1/10.
Ils étaient élus pour un an, et ils rendaient compte devant
de nouveaux consuls en présence des conseillers et des
prud'hommes. Il est vrai que c'était quelquefois plusieurs
années après leur sortie de charge ; mais avant la fin de la
guerre de Cent ans, il y eut plus de régularité. La population
dispersée dans la campagne, per las bordas^ était prévenue
à domicile, afin qu'elle put venir exercer son contrôle, et elle
n'y manquait pas, puisque les consuls en profitaient pour
lever la taille :
Item le dissapte après, les cossols am le sirvent anen per
la villa e per las bordas assabenta las gens que fossan, le
dimars après, ausir les comptes de Johan Depuntis et de
Arnaut Ponssot^ e que aportessan cascun la talha del
fogatge novel, e quant aguen feyt despenssen i gros, fé-
vrier 1414 (fo 14).
Aussitôt installés, les consuls recevaient le serment de
leurs conseillers, des homes de sagrament, ainsi que du
messegucr ou garde-champêtre, ce qui était encore une
occasion de boire quelques pegas de vin^ qui coûtèrent 2 gros
et 2 blancs en 1395 (f» 1).
Les fêtes de la Pentecôte étaient l'occasion de grandes
beuveries; les consuls donnaient à boire le lundi a las gens
del solas (on disait, en 1428, lo solas deljoven); en 1450, la
biga deljoven^ P 6); en 1395, un pipot de vin coûta 4 gros
[P 1); l'année suivante, il ne fut pas bu moins de 20 pegas
qui coûtèrent 6 gros 2 blancs, 1396 (f" 13). Il y avait ce
jour-là de grandes réjouissances; après un solennel ser-
vice funèbre, on faisait de grandes charités aux pauvres
(Archives de la Haute-Garonne, sér. 13, Ueg. des minu-
31G F. GALABERT.
tes de J. de Campodei. notaire de Grenade, 1393-1397).
Les consuls donnaient encore à boire après avoir allumé
le feu de la Saint-Jean :
Item in vigilia sancli Johannis dedinius hominibus
comitantibus juxta facuUim i pcgar vint; decostitit un
tolosanos, 1413;
Et le seigneur lui-même, quand il s'y trouvait, ne dédai-
gnait pas de trinquer avec ses vassaux :
Item la vespra de sant Johan, quan la falha foc alucada,
Mossen trametec serca n»* justas (5 litres) de vi, de que
paguem un toisas, 1414 (f« 1).
Ils servaient encore des rafraîchissements als cassados
del ausel an non... en vi, nn blancas, 1395 (f» 7) ;
Item quant prengueron Vauset an nou, despenîm
vni d. sol. per dar a beure aus que l'aven quassada, 1413.
Quelques années après, ce jeu ou chasse fit place à celui
de la cliura ou choreta, dit sor7^eta en 1406 :
Item lo jor de cap d'an despensero los cossols per fer
cassar la choreta, en vit n doblas, 1434 (f» 8);
Item lo dia de cap d'an per cassa la churra, al rey e la
cotnpania, xn fioris, 1436 (f° 5).
Ce n'étaient pas les seules occasions de beuveries. L'on
buvait encore quand consuls et conseillers avaient tenu une
délibération, quand ils avaient apuré les comptes, 1395
(fo 2), 1436, etc., quand ils revenaient de leurs courses à Gre-
nade'ou à Launac, et enfin fréquemment quand les sergents
venaient réclamer au nom des créanciers de la communauté.
Les consuls donnaient à dîner au juge quand il venait
tenir les assises, et quelquefois Bernardon siégeait avec lui;
nous n'y avons rencontré qu'une fois le seigneur :
Item venc Aucumvila P. de Sauboneras, loctenen de
mossen lo jucge del dit loc, per tener sisas ab Bernado de la
Ylha; fero plaser et despensen los cossols am les cosselhes
quant de pa e carn e autras causas, i gros, mai 1396 (f" 7).
llem dijos que foc lo m jorn de novenbre venc Mossen
en esta vila per tener las sisas, a eau den hun pegua de vi,
I gros I blanc, 1428 (f'^ 4).
UN SIECLE d'administration COMMUNALE. 317
On voyait quelquefois les consuls, précédés de leur messé-
guier à verge, courir la campagne, avertissant les contribua-
bles d'avoir à payer la taille, mettant des croix dans les
champs des retardataires, ou bien, le dimanche, leur faisant
jurer, la main sur l'Evangile, qu'au jour fixé ils porteraient
leur argent :
Item lojorn de sant Marssal los cossols am le messegue
[anen] per la ribera de Merdans per mètre aloses en los
blatz e en los prat d'aquels (de Grenade) que no volen paga
las talhas, e.quan aguen feyt, despenssen vi toisas, 1414
(fo 2).
Item lo dîmenge a v del dit 7nes (août) los ditz cossols
fezen arestar las gens que aguèssan a pagar la dita talha,
e fezen lor jurar que lo dia de sant Laurens lor aguèssan
argen, e despensen xi tolozas, 1414 (f° 4).
Ces consuls laissaient parfois le soin de lever la taille à
des collecteurs en titre, en 1391 notamment, où Jean Delcos
fut chargé de lever l'impôt avancé par Jean Boet (f» 19);
mais ces collecteurs devaient être autorisés par le juge, et au
jour de la reddition des comptes, ils devaient porter leurs
cahiers et les faire apurer :
Item agueron una letra de mosen lo jucge d'esta villa
que les culhidos de la talha poguessan culhir so que hom
les ahe mes en carfet, que costec ii gros, 1390 (f" 8).
Item... remangueron en conte que los culhidos de la
talha redesson conte de lor cartel, 1391 (f" 3).
Ces collecteurs recevaient un salaire :
Item an pagat a Jolian del Cos per sos t^Hbals de culhir
la- talla assignada a tnaestre Johan Boet xu gros, 1391
(f" 19j. Il n'en était pas de même des consuls, mais nous
verrons qu'ils étaient dédommagés de leurs courses, et qu'ils
touchaient une indemnité proportionnée aux journées de
travail perdues; une fois même, en 1395, on paya à Jean
Depuntis, qui était allé à Toulouse, un homme pour faire
ses labours (f» 9).
Les consuls étaient cliargés de la construction de l'église;
ils imposaient pour cet objet et payaient en nature et en
318 F. GALABERT.
argent des ouvriers dont plusieurs ont laissé leurs noms et
leurs factures : Vital de Romagnac en 1415, Johan Séré
en 1450, et plus tard maître Bélenguié :
Item paguen a Vital de Romagnac que Vera degut per
la gleyza, m gros, 1414 [avril 1415, n. st.] (f» 19).
Item, si so que hieu inaistre Joan Sere ey resçauput dels
cossols d'Aucunlnla, 1450 (Rôle pour la réparation des
murailles de la ville).
Item per v lieuras de car salada per los maistres tan
quant hobre a la gleysa e al bos ; costava ladieura vi toi-
sas VI doblas, 1434 (f» 4).
C'est encore les consuls qui, en 1395, à défaut de ressour-
ces de la fabrique, payèrent 24 gros le cierge pascal, car
los obres no avian don o paguessan {P 9). Les fabriciens
sortant de charge après la Noël laissaient le reliquat des
fonds à leurs remplaçants et leur remettaient les draps
mortuaires :
Item lendema les bayles de la coffrayria reden co?nte als
bayles novels e reden los draps e so que tenen, e quant
aguen feyt, despenssen iiii toisas, 1414 (f° 11).
Les consuls veillaient au service paroissial et au besoin ils
portaient plainte à l'autorité ecclésiastique; c'est ce qu'ils
firent en 1395, où ils se plaignirent àl'archevêque de Mételin
(vicaire général de Toulouse, sans doute,) de la négligence
du curé qui n'avait pas de vicaire :
Itei)i lo di7nenge a xxvi del dit mes de novembre, anero
a Tholosa P. Darmanhac et Johan Depuntis, car mossen
Varcevesque de Metali, loqual avia visitât la gleya d'Au-
cunvila^ novelament, les avia af ornât a de part de la, sus
la querella fayta per los ditz cossols contra lo rector del
dit loc, car no ténia vicari en la dita gleya... (f° 6).
Les consuls faisaient nettoyer les fontaines : en 1395,
celle du Thoron par deux hommes au prix de 3 toisas, celle
de Fondoniinge au prix de 2 gros (f"» 3 et 4).
En 1368, voulant mettre la ville à l'abri des routiers, ils la
faisaient enclore de murailles. Dans la première partie du
xv» siècle ils firent de grandes dépenses pour la construc-
UN SIÈCLE d'administration COMMUNALE. 319
tion d'auvents ou galeries couvertes; sous ces auvents, dits
alors enhans et aujourd'hui emporges, qui servaient de pro-
menoirs, les marchands étalaient leurs marchandises'. Les
piliers étaient tous en cœur de chêne, comme du reste les
maisons et même les édifices de la ville. C'est ainsi qu'à
l'hôpital, le premier étage est porté sur une poutre en chêne
longue de 16 mètres, et soutenue par des corbeaux moulu-
rés; à l'intérieur, un escalier droit montre encore ses épais-
ses marches de chêne.
Les citations ci-dessous font voir que les ouvriers qui
charpentèrent les auvents venaient de Verdun ; de même
nous avons acquis l'assurance que les maçons constructeurs
de l'église étaient de Grenade; sauf deux ou trois damoi-
seaux, tous les habitants d'Aucamville se livraient exclusi-
vement, semble-t-il, aux travaux agricoles. Le 5 mai 1415,
lorsque furent rendus les comptes de l'année précédente, on
réserva 2 livres tournois pour les ouvriers des auvents :
Solutis primitus de dictis araragiis magistris amljano-
rum duas libras turonenses.
Item paguen als f listes de Verdun en paga dels vi franœ
que deben aver de fer xii brassas de enbans, tant quant
s'en pot paga xii gros.
Item compren de Pey de la Vaca iiii*' latas obs als en-
bans de la vila en pretz de xx gros^ de que paguen a lu
metys ix gros.
Item délies devant Sant Orens (P"" mai) fen careya la
cabironalha obs als enbatis quayit los maestes fon vengut
de Verdun, e quant aguen feyt, despenssen m toisas, 1414
(fo 20).
Item los cossols feyro mètre doas pijas (étais) als envans;
despensero am los maistres ii doblas., 1434 (f^ 8).
Item a maistre Domingz per ix dias que hobrec a la vila
per recrubi les envans i scutz d'aur (f" U).
Ite}n per fe rect^ubi los envans en teule e per le maistre
1. Plusieurs de ces auvents existaient encore il y a quelques années:
aujourd'hui, il n'en reste plus qu'un.
320 F. GALABERT.
pej^ X jornadas e per son despens e per très cens clavels,
monta tôt quatre escutz d'aur e v gros d'aur, 1437 (f° 2).
Les auvents construits, il fallut, un peu plus tard, s'occu-
per des escossières ou chemins de ronde que l'on répara
durant plusieurs années. Cela coûta 5 moutons d'or en 1435,
4 moutons d'or et 4 pegas de vin en 1441. On verra par les
citations ci-dessous que ces chemins de ronde étaient cou-
verts :
Item fesem repara xiiii brassas he xvii de las cossieras
que héron casudas... he costeron de la ma des maistres v
escutz d'aur, 1435 (f» 8).
Item meys per la ditta caussa dos milies e quatre cens
teules caus; costero los dits teules vi escuts d'aur (fo 8).
Voici enfin d'autres travaux de voirie exécutés par les
consuls. Ils remirent à neuf le pont en bois du ruisseau de
Merdans en 1395 (f° 4); sur la réquisition du sergent châte-
lain de Buzet, ils remirent en état les 2yonts e camîs e los
passes, 1396 (f" 3); ils refirent la palanca ou passerelle du
Capraas en 1444 (f'J 16), le pont de Fondominge rompu par
les charretiers du prieur de Verdun en li36(f'' 2); nous les
verrons contribuer à la réfection du pont de Bouque.
Dès 1374, ils entreprirent diverses démarches pour ob-
tenir, en vue d'une diminution d'impôts, une réparation
des feux imposables ; l'appauvrissement graduel et la dimi-
nution du chiffre d'habitants les amena à demander une
seconde réparation, en 1390; Arnaud Blanc, notaire de
Montech, en apporta les lettres de Paris; le 3 mai '1413,
les consuls avaient obtenu de nouvelles lettres royaux dont
ils remirent copie à mosseji Guilhemes (vraisemblable-
ment le juge de la jugerie), à Grenade :
Item die sabbati anie festu77i beati Thome, ivit Arnaldus
de Naborgna Tholose pro portando argcntum pro litera
reparacionis, 1374 (f" 9).
Item quant Manaut Ponssot e Vidal Darles, cossos, ane-
ron à Motituegz per saber si pogueran aver la leti^i del
repaî-amenl que Arnaut Blanc les abe trames mesatge que
anessan parlar ab lu.. 1390 (f" 9).
UN SIÈCLE d'administration COMMUNALE. 321
Une des fonctions des consuls consistait à lever les arba-
létriers : sur ordre du juge, ils s'acquittèrent de ce devoir,
le jeudi avant les Rameaux de 1374, et ils conduisirent la
troupe à Verdun d'abord, à Grenade ensuite :
Item fiiei^unt mandati per dominum judiceni Verduni
ut haberent balistetnos ; werunt Verdunum Ramundus de
Cossio et Petrus de Solerio cum dictis lialisteriis et expen-
derunt iiii grosses.
Item expenderunt balisterii in omnibus xvi grossos.
Item expenderunt consules tam eundo Granate quam
alias vices cutn dicto balista viii grossos (fo 4).
Dans les affaires d'intérêt commun ils s'entendaient avec
les autres consuls de la seigneurie de Jourdain de l'Isle ou
même de la jugerie; en 1391, notamment, tous les consulats
furent convoqués à Grenade au sujet du sel de Mézin (f" 5);
Tannée précédente, il s'étaient trouvés tous à Toulouse pour
délibérer au sujet du « pati » de Gaslelcuiller : per lo feyt del
pati de Castetculher per totz les cossolatz de la terra (fo 7).
Conformément à l'article 4 des coutumes octroyées en
1279, par Bertrand-Jourdain de l'Isle, les consuls avaient le
droit, avec le baille, de faire des ordonnances de police;
c'est pourquoi, en 1385, nous trouvons la mention suivante :
Primo fronterias {sicj sint clause infra xv dies sub pena
\uden. toi. de voluutate bajuli qui... Guillelmus Bonafos
cum consulibus.
En 1388, sous peine d'amende stipulée contre les contre-
venants, il fut défendu de laisser entrer le bétail dans les
vignes.
Les consuls nommaient un berger communal ou porcher;
ce personnage, malgré Thumble rang qu'il occupait dans
l'échelle sociale, est resté dans le souvenir populaire; l'on
aime encore à raconter comment le matin il emmenait, au
son du cor, porcs et moutons au pâturage et à la glandée;
commeni le soir, quand la grosse cloche annonçait la ferme-
ture des portes, ces animaux, suivis des grandes oies de Gas-
cogne, volant à tire d'aile, rentraient en hâte dans l'enceinte
murée (parchemin, pièce justificative du compte de 1S94).
322 F. GALABERT.
Conseillers. — Dans le gouvernement de la communauté,
les consuls étaient aidés par des conseillers; ceux-ci pre-
naient une part considérable aux affaires : six d'entre eux
étaient allés à Grenade le jeudi saint de 1389, quand les
routiers de Gastelcuiller (nous en reparlerons plus loin)
fondirent sur eux et emmenèrent prisonniers trois consuls
et un conseiller.
Les conseillers étaient présents quand fut dressé acte du
blé prêté par Pierre Bert et Jean Boet, pour payer 6 francs
aux dits routiers.
En 1395 (fo 7), dans un accord intervenu à Grenade, il fut
stipulé qu'on obtiendrait le bon vouloir du conseil : 7'eten-
gut le voler ciel cosselh d'Aucumvîla.
Assemblée générale du peuple. — L'on ne se contentait
pas toujours de l'avis des c nseillers; il était des mesures
pour lesquelles on réclamait le consentement de tous les
habitants. Ainsi, en 1390, quand mossen Peij Bariu, lils du
greffier consulaire, chanta sa première messe, la commu-
nauté, consultée, lui fit présent de deux moutons qui coûtè-
rent 2 florins : quant mossen Pey Bariu cantec messa, le
feron présent de ii motos, de voluntat del comu^ que coste-
ron II florins (f° 4).
En revanche, quand on voit, en 1390, les prudhommes se
réunir pour l'octroi d'une seconde taille, ce n'est pas d'une
assemblée générale qu'il s'agit. Ce terme de « prudhommes »
désignait plus que les conseillers, mais non pas encore l'as-
semblée de toute la communauté ; en 1414, en effet, nous
trouvons mention distincte et séparée des conseillers et des
prudhommes :
Item dimenge aprop (le 26 juillet), los dits cossols amas-
sen los homes de lor cosselh e los autres promes del d. loc
per empausar la dîta talha (fo 3).
Toutefois, on ne saurait douter qu'il ne s'agisse du con-
sentement de tous les habitants, dans le cas d'un marchand
de Grenade qui ne voulut accepter l'arrière-dîme que garan-
tie par le serment de tous les dits habitants : ab sagra?nent
del singular.
UN SIÈCLE d'administration COMMUNALE. 323
De même, à la fête de l'Epiphanie 1389, le marchand
Pierre Bert ne voulut traiter définitivement du prêt de
4 quartons de blé, que si on lui portait l'acceptation du
marché par le peuple : e que tornessan ah resposta del
]7oble le clifauœ signent.
Il ne faudrait pas croire que le consentement populaire fût
une pure formalité, car, le 9 décembre 1414, les consuls, les
conseillers et autres (e gran re cCautres) ayant décidé que,
pour payer l'albergue et l'afitanage, on se contenterait de
doubler le rôle du fouage, le peuple se refusa à cette mesure
et exigea un rôle spécial où la première livre fut frappée de
16 gros, les autres de 4; le rôle une fois fait, les consuls le
montrèrent au conseil qui se déclara satisfait :
Item dùnecres davant Nadal anen les cossols a Granada
per scriure la talha de Vauberga e del afitanag? pe?^ pagar
an Pey Boet, quar lo poble no ave bolgut que se fes ayssi
com era stat autra bet ordenat que hom dobles la talha
del fogatge, mas que aven de novel ordenat que la pru-
inera Ihiura pagues xvi gros e cascuna de las autras
iiii*« gros, e le notari no y poguet vacar, mas que le leyssen
le Valiuramentper ordena la talha; e despenssen ix toisas,
e meten lor jorn (f° 10).
Item dimenge après Nadal ainassen les cossols las gens
de lor cossel per mostrar lo cartel de Vauberga e del aflta-
nage, e tenguen se per contemt, et quant aguen feyt des-
penssen an lor un toisas (f" 11).
Greffier consulaire. »*kLes consuls avaient pour secré-
taire ou greffier un notaire de-'-tTrenade. Des habitants de
bonne volonté inscrivaient à mesure, sur des carrés de
papier ou carton, les dépenses journalières de la ville.
Ensuite, le greffier les transcrivait à, leur rang de date, sur
un registre, quand il venait en ville :
Item quan fero7i escriue las causaz desus ditas e trayla-
tar e escriue en est lib?^e so que mossen Johan Perrer abe
escriu en i cartel, despenderon ii gros^ 1390 (f* 5).
Nous connaissons plusieurs de ces écrivains de bonne
volonté; après Johan Perrer, ce fut le consul Andriu Tuffa
324 F, GALABERT.
qui, d'une main exercée sinon belle, nota lui-même plu-
sieurs articles de dépenses, 1391 (1° 12) ; plus tard, ce fut
Johan Merlle. De 1433 à 1450, ce fut le recteur Pey Fornier
qui le plus souvent dressa.les comptes consulaires, de même
que. à titre de procureur du seigneur Jacmes Isalguier, il
approuva les élections ; d'autres fois, ce furent Johan Maury
et Johan Laurens qui tinrent la plume : preuve que l'instruc-
tion n'était pas tout à fait négligée, même dans les campagnes.
Le greffier consulaire établissait les rôles des tailles et le
cahier de l'estime, qui, comme notre cadastre, servait de
base à la répartition de l'impôt :
Item lo jorn que maestre Johan Bariu, notari, escriu-
guec la secunda talha, despenden i gros.
Gomme salaire, en 1405, le greffier recevait 2 francs, plus
une paire de souliers, et il était quitte de toutes tailles. En
1447, Pey Fornier toucha 1 écu d'or :
ftem a ?nossen Pey Fornier, rector del dit loc, per son
trebal del dit cossolat, que foc lor escritor pcr lo?' an,
1 escut{z) d'aur, 1433 (f° 5).
Impôts. — Les impôts ne furent cependant pas toujours
répartis au marc le franc sur le cahier de l'estime, lequel ne
marquait que les maisons et les champs. Le rôle établi
en 1368 pour payer les routiers de Gastelcuiller frappa le
bétail aussi bien que les hommes, et c'était raison, car les
soudards enlevaient les animaux de labour aussi bien que
les hommes quand le « pati » n'était pas régulièrement payé.
Le dit rôle fut donc établi à raison de 3 gros par homme,
4 blancs par tête de bœuf, 2 gros par cheval ou mulet,
2 blancs les ânes, 12 gros les brebis et les chèvres; ce qui
produisit une somme de 25 francs.
Le rôle, dressé en 1407 pour les frais de la reddition du
château de Lourdes, mit la première livre à 5 sous toulou-
sains, les autres à 5 deniers tournois, et produisit lO'i livres
1 gros.
Les impôts étaient souvent payés en nature, soit froment,
vin, chevreaux, œufs, poules, que les consuls vendaient
ensuite; le vin levé en 1367 produisit 119 florins 7 gros.
UN SIÈCLE d'administration COMMUNALE. 325
Item lo divendres siguenl aneron per las bordas los ditz
cossos ah lo bayle per cercar les blatz de que aven presas
las muestras...per pagar latalha, 1391 (f" 6).
Cependant les impôts rentraient mal et souvent les con-
suls étaient obligés de recourir à la saisie; c'était le messé-
guier qui la prati(]uait, et les dépossédés rachetaient généra-
lement les objets saisis.
Voici quelques-uns des objets mis à l'encan en 1369 et les
prix qu'on en retira :
1 couette, 5 sous toulousains ;
1 bassine, 6;
1 pipe de vin, 36;
1 paijrol (chaudron), 5 ;
1 pigassa (hache), 12 d.;
1 pulvinar (oreiller), 3 sous toulousains.
Cependant, la levée des tailles laissait chaque année des
arrérages considérables : ,
10 florins en 1355,
9
1356,
23
1357,
12
1358,
24
1359,
25
- ■ 1360,
13
1361.
Le mal devint si considérable que les arrérages donnèrent
lieu à des rôles spéciaux : en 1367, il n'y avait pas à perce-
voir moins de 152 florins; deux rôles en 1868 permirent de
lever 215 florins et 139 florins et demi ; en 1370, deux rôles
firent rentrer du passé 285 florins 8 gros et 223 florins.
Mais le mal était aggravé par ce fait que les consuls admi-
nistraient les fonds communaux de façon très défectueuse.
Pour le moment, nous citerons seulement le cas de l'hôte-
lière qui hébergeait les consuls à Toulouse, qui ne fut payée
qu'après plusieurs années, et non sans frais. Citons encore ce
cordonnier de Grenade à qui les consuls de 1405 emprunté-
326 F. GALABERT.
rent les souliers ou sabatos promis au greffier; ne voyant
pas rentrer ses fonds, le cordonnier fit faire une « clameur »
qui, avec la vacation des sergents, coûta 3 gros 2 blancs;
après quoi, les consuls se décidèrent à payer, non sans dé-
penser encore 4 gros ; or, les sabatos ne valaient pas plus de
14 blancs.
En 1414, il y avait quatre ans que l'on devait au marchand
Pey Boet l'albergue et l'affitanage dont il avait fait l'avance
pour la communauté (f« 9).
Sergents. — En somme, jusqu'à cette dernière date, les
comptes fourmillent de dettes arriérées ; aussi les sergents
affluaient à Aucamville pour réclamer au nom des créan-
ciers. Généralement, il venaient à deux, quelquefois à qua-
tre; ils restaient plusieurs jours, même une semaine entière,
à titre de garnisaires, décidés à ne vider les lieux que lors-
qu'ils toucheraient avec leur vacation un cadeau peu volon-
taire : e composeron ab lu. Ils venaient de Verdun, de Gre-
nade, surtout de Toulouse ; leur salaire ou vacation s'élevait
à 4, 6, 8, 10 gros, 2 francs, 2 écus ; quelques-uns exécutaient
leur commission en vertu du sceau de Sommières ou de celui
de Montpellier.
Le dimanche après la Purification 1374, un sergent vint
de Verdun réclamer la finance du duc ; il resta trois jours :
ses vacations lui furent payées 3 florins. Le 21 juin 1395, un
autre vint exécuter les consuls pour non-réparation du pont
de Merdans et d'autres passages. Les consuls se débarrassè-
rent de lui en lui donnant du blé pour la valeur de 6 gros :
dero le yi punheras de fro^nen, costero vi g?^os (ï° 3).
Deux sergents étaient à peine repartis que souvent on en
voyaif survenir deux autres. Faute d'argent, les consuls em-
pruntaient, si toutefois ils trouvaient à le faire, ou bien ils
demandaient un délai, et tout au moins ils perdaient temps
et argent. Réduits aux abois, ils empruntaient du blé pour le
revendre. En 1390, ils empruntèrent 10 quartons de blé, 2 de
haricots (legutnz), au prix de 32 livres (f" 2) ; une autre fois,
3 pièces de drap au prix de 25 francs pièce. Le montant de
ces marchandises était destiné à désintéresser les créanciers;
UN SIECLE d'administration COMMUNALE. 327
mais ces spéculations, inventées pour tourner les lois cano-
niques qui prohibaient l'usure, n'étaient pas toujours heu-
reuses ; ainsi, la vente des draps mentionnés n'atteignit pas
même le prix d'achat.
Cette mauvaise gestion, s'ajoutant à la misère publique,
fut probablement cause que la communauté perdit tout cré-
dit; les riches marchands se montraient difficiles pour bailler
des fonds. Aussi, dans leur détresse, les consuls de 1405
eurent recours au juge du pays de Verdun, qui résidait alors
cà Grenade, et ils sollicitèrent des lettres obligeant ceux qui
avaient de l'argent ou du vin à leur consentir un prêt. On
peut croire que cette demande leur fut accordée, car les con-
suls de 1413 allèrent réclamer une lettre du même genre,
qui coûta 1 gros.
A. tout moment les consuls étaient cités par des créanciers,
à Toulouse devant le sénéchal, à Verdun devant le juge ; ils
étaient toujours en route, allant à Beaumont, à Verdun, à
Toulouse, pour dettes à payer, pour délais à solliciter, lite-
ram spere, d'où des dépenses qui finissaient par dépasser
quelquefois la dette elle-même.
Cependant les créanciers, ne voyant rien venir, perdaient
patience ; les sergents alors revenaient et, les garnisaires ne
suffisant pas, ils mettaient les consuls en état d'arrestation.
En 1373, Arnaud de Naborgna fut retenu pendant sept se-
maines à Beaumont et il ne dépensa pas moins de 7 francs et
demi ; Pierre Costa fut emprisonné à Verdun, et les consuls,
pour adoucir sa détention peut-être, envoyèrent au châtelain
une paire d'oies valant 6 gros et deux paires de gelines coû-
tant 7 gros. L'année suivante, les consuls furent retenus
pendant quatre jours à Grenade, pro facto cabagii, per iiii*""
dies^ et leur dépense s'éleva à 6 gros; puis deux d'entre eux
furent par les sergents emprisonnés à Verdun, à cause de la
créance de Bertrand, sieur de Marguestaud; en trois jours,
ils dépensèrent 1 florin. En 1376, un des consuls fut retenu
à Toulouse in aula nova. Ses collègues envoyèrent diverses
personnes pour essayer de le faire libérer. En 1369, les con-
suls furent emprisonnés à Verdun, par ordre du juge, pour
328 F. GALABERT.
n'avoir pas payé le subside de demi-franc par feu et pour
n'avoir pas remis les comptes de trente ans en çà ; mis en
liberté provisoire, ils durent réintégrer la prison jusqu'à ce
qu'ils eussent payé 4 francs, etc., 1389 (f° 11).
Les magistrats municipaux semblent avoir pris assez bien
leur parti de ces incarcérations fréquentes. C'est qu'ils étaient
défrayés et que leurs journées étaient payées sur les deniers
de la communauté. D'ailleurs, n'était-ce pas l'intérêt des
créanciers de mettre fin à la détention? En 1405, le chape-
lain, Me Jean Delpech, fut chargé de faire rentrer les restes
de l'albergue. Dès qu'il se présenta, quelques retardataires
payèrent sur-le-champ ; d'autres se hâtèrent de réaliser des
fonds et de les lui porter à Grenade. Ce fut la majorité qui
ne paya point; aussi le chapelain revint au bout de quelques
jours et menaça de faire emprisonner les consuls, puis il
accorda un délai ; le délai expiré, le seigneur fit arrêter les
consuls ; coût, 5 gros. Mais, après cette mesure, il ne se voyait
pas plus avancé. Il les fit mettre bientôt en liberté provisoire.
Ces consuls en profitèrent pour aller quêter par les bordes
en compagnie du damoiseau Arnaud de Saint-Jean et du
mességuier, mais ils essuyèrent force refus. Sur ces entre-
faites, le seigneur vient en ville ; on lui otïre un dîner qui
coûte 6 gros; il relâche les consuls qui se décident enfin à
partir pour Grenade pour y contracter un emprunt et ils dé-
pensent encore 2 gros.
Les créanciers avaient quelquefois recours à l'arme de
l'excommunication, arme qui finissait par ne plus sembler
très redoutable, parce qu'on s'en était servi trop fréquem-
ment. D'ailleurs, l'excommunié pouvait toujours se racheter
à l'officialité : il devait payer 8, 12, 20 ou 23 gros, et même
quelquefois rien du tout quand il était clerc. Ce fut le cas de
Pierre Dongan en 1391 (f° 7) :
Item lo dijaus signent aneron a Tliolosa Aza?n Dongan
et Johan Depuntis per la absolucion den Be?mat, fray de
Mosen., que les abe fey escwnenjar per lo play que mena-
ban ab lu per l'auberga del an passât^ e aguec la dita ahso-
lucion que costee xu gros, 1389 (f*^ 15).
UN SIÈCLE d'administration COMMUNALE. 329
Ceux-ci ne reçurent pas moins de :
35 fois la visite des sergents en 1373,
105 — — 1389,
89 — — 1390,
66 — — 1391,
24 — — 1395,
20 — — 1396.
En somme, si l'on veut comprendre le désordre ou mieux
le gâchis qui régnait dans l'administration, il suffira de jeter
un coup d'œil sur le tableau des visites que les sergents
firent aux consuls. Ce fut au point que, en 1380, la commu-
nauté obtint des lettres du Conseil du roi qui défendait à tout
sergent, sauf à ceux de la Trésorerie, d'instrumenter sur les
consuls ou sur les particuliers. Cinq ans auparavant, une
autre lettre de la même origine avait, si nous avons bien
compris, défendu aux sergents de faire des saisies sinon pour
les affaires de la ville.
Ce désordre, faut-il en chercher la cause initiale dans la
misère occasionnée par la guerre et par les routiers dont
nous verrons les exigences? Certainement la fortune publi-
que avait baissé pendant la guerre de Cent ans, et les excur-
sions des routiers, qui ruinaient l'agriculture, étaient une
des principales causes de cette baisse continue, et cependant,
établis sur un sol très fertile, les habitants étaient riches.
Les minutes notariées nous le font bien voir: elles mention-
nent de beaux costumes, des surcots fourrés de menu-vair,
des draps de lit de deux largeurs en toile de Reims, des lits
à deux traversins avec couettes contenant 60 livres de plume ;
aux repas mortuaires, des porcs entiers mijotant avec des
quartières de fèves réunissaient les parents et les amis et les
pauvres ; quelquefois même on tuait une vache avec un ou
plusieurs veaux; les aumônes étaient nombreuses, ainsi que
les dons aux églises et aux hôpitaux, et les legs pour lilles à
marier {Reg. de J. de Campodeî, déjà cité).
A quoi donc attribuer l'état de gêne communal? A la négli-
gence, à l'administration défectueuse et peut-être aussi (nous
ANNALES DU MIDI. — XX 22
330 F. GALABERT.
n'en avons point la prenve) au désir qu'avaient particuliers
et communauté de ne point paraître riches afin d'être moins
imposés.
Cependant des pratiques si préjudiciables ouvrirent sans
doute les yeux au pouvoir, car, dès les premières années du
XV® siècle, la plaie des sergents diminua et leurs visites
devinrent moins fréquentes; nous en avons compté :
4 en 1405, 1 en 1433,
1 en 1406, 3 en 1434,
5 en 1413, 1 en 1436,
5 en 1414», 4 en 1437.
En poursuivant les recherches jusqu'à la fin du cycle que
nous avons embrassé, nous trouvons que les consuls de 1444
reçurent la visite de six fiscaux et d'autant de sergents ; ces
visites étaient motivées par le désir d'accélérer le payement
d'une taille pour le dauphin, du fouage, de l'équivalent et
d'un impôt sur les viandes salées: ces charges multiples
étaient quelque peu lourdes, et le dernier de ces impôts
semble avoir été assez impopulaire. Pour comble, un ser-
gent vint aussi portant, de la part des capitouls de Toulouse,
une mande de 19 livres et quelques gros; il est vrai qu'un
fiscal mit bientôt à néant la prétention des magistrats tou-
lousains. Les visites ou saisies faites par les sergents se
multiplièrent sensiblement l'année suivante; plus d'une fois
les consuls furent arrêtés à cause de l'équivalent, du fouage
et des salaisons; on les vit souvent prendre le chemin de
Toulouse, n'y portant que de petits acomptes et y joignant
un cadeau de quelques paires de poules pour le receveur.
Mais, dès l'année suivante les saisies et les visites diminuè-
1. Nous devons faire observer qu'une des visites de 1414 n'était nulle-
ment justifiée, car les consuls purent montrer, à Grenade, les bilhetas ou
reçus du fouage qu'on leur réclamait. Lorsque les sergents vinrent, en
1340, leur réclamer les restes du subside, ils avaient déjà payé 32 livres;
il ne leur restait à payer que 6 livres et demie. En 1438 et l'année sui-
vante, deux des citations visaient le refus fait par un habitant, Simon
du Règne, de payer l'albergue et le droit sur les salaisons; une troisième
avait l'intention de venger Jean de Campodei, greflier consulaire évincé,
qui réclamait l'arriéré de son salaire.
UN SIECLE D ADMINISTRATION COMMUNALE.
331
rent, et tout rentra rapiflement dans la régularité; aussi ne
faut-il voir là qu'un accident et non un retour aux mauvaises
pratiques d'antan. Dans la suite, il ne vint plus guère d'autre
sergent que celui qui était chargé d'annoncer la mande de la
taille, Vasabentamen ilel fogdijge (1428, 1434, etc.).
Une des causes (|ui rai-élièrent les visites des sergents
c'est la régularité dans le payement des impôts : il y eut peu
d'arrérages: quant aux dettes, on les éteignit, non sans
peine quelquefois, et les consuls de 1414 firent de grands
efforts dans ce but, malgré la crise occasionnée par des im-
pôts nouveaux. Les subsides ne furent plus levés en nature,
mais ils furent payés sans recourir aux emprunts; d'em-
prunts, il n'y en eut qu'un en 1405, de 20 francs qui sem-
l)lent en avoir coûté 25; un en 1413, où le blé emprunté fut
porté à Toulouse; peut-être un autre en 1440, et un, enfin,
en 1443. L'albergue et l'affitanage furent payés annuelle-
ment et sans retard, sauf en 1413, et ces deux droits, fixés
définitivement au taux de 16 livres 1/2, ne furent engagés ni
par le seigneur ni par les consuls. Enfin, les comptes étaient
rendus presque aussitôt après la sortie de cliarge des consuls,
quelquefois dans le courant du mois. La chose se faisait en
place publique, sous l'orme communal; elle eut lieu une fois
dans la maison du recteur.
Le résultat de cet effort financier se fit vite sentir. Le
tableau suivant montre que les recettes balancèrent à peu
près les dépenses, quand il n'y eut pas un léger boni; il n'y
eut d'exception qu'en 1441 et 1445 :
14:3:J
liât
1435
1436
1437
1441
1445
1. Recettes.
108 1. 7 gros.
7(J écus 3 gros 1 double.
89 écus 2 gros.
Dépenses.
110 1. 9 gros.
68 écus 7 gros.
87 écus 3 gros 1/2.
29 écus 11 moutons 1/2. 27 gr. 11 moût. 1/4.
9 L 6 gr. 1 blanc.
17 écus 12 gros.
48 1. 7gr. 1 blanc.
I 32 écus.
! 33 1. 1/2.
lOG 1. 9 gr. 1 bl.
119 1. 9 gr.
9 1. 3 gros.
16 écus 1/2 2 bl.
48 1. 15 gr. 1 bl.
28 écus 10 gros.
43" 1. 10 gr. 6bl.
119 1. 13 gr. 1 bl.
138 1.
Excédant.
I écu 11 gros.
1 écu 9 gr. 1/2.
2 écus 2 gros.
1 écu 13 gr. 2 bl.
2 1. 3 gr. 1 bl.
3 écus 3gr. 2 bl.
Déficit,
Arrérages.
5 1. 9.'r.
13 1.
191.
3:i2 F. GALABERT.
Nous énimiérons ci dessous quelques-uns des impôts qui
pesèrent sur la communauté pendant plusieurs années, mais
évidemment cette énumération est incomplète :
1429 Part du subside accordé par les Etats du Languedoc
assemblés à Carcassonne 28 1. 1.
Idem à Chinon 45 —
1431 Aux routiers 4 écus d'or vieux.
1433 Pati de Verdun 2 écus.
Subside accordé au comte de Foix, lieutenant du roi
en Languedoc 53 écus 1/2 d'or.
Don au secrétaire du comte d'Armagnac 5 écus.
Fouage 35 moutons 1/2 d'or.
Aux gens d'armes logés à Aussonne et avec qui on
composa 1 écu d'or.
Fournitures en avoine et foin à M. de Lomagne :
1 écu 5 gros.
1434 Subside accordé au comte de Foix. 54 moutons d'or.
Quote-part de 2,000 moutons d'or accordés au séné-
chal 2 écus.
1436 Subside royal accordé à Béziers 38 1. 1/2.
Quotepart d'un don au bâtard de Bourbon. ... 2 écus.
1437 Aide au comte d'Armagnac pour marier sa fille :
12 écus d'or.
Subside royal accordé à Béziers 21 1. t.
Dépenses de guet et garde à l'occasion des compagnies
de Rodrigo, etc 10 1. 1/2, etc.
Achat de chandelles pour le guet 111.
1440 Part du subside de 131,000 1. accordé au roi à Mont-
pellier 8 1. 1
Equivalent 20 1. 10 gros 8 deniers.
Taille 32 1. 7 gr.
Nouvelle taille 5 1. 7 gr. 1 d.
Don au vicomte de Tartas 2 1.
1441 Subside royal accordé <à Montpellier 30 I.
Dépenses pour les compagnies de Rodigo, du bâtard de
Bourbon, etc x.
UN SIECLE d'administration COMMUNALE. 333
1444 Taille pour le Dauphin 4 1. 1/2.
Taille pour Monseigneur d'Orléans 11.
Fouage 5 1. 1/2.
Salaisons x.
A ces divers impôts il convient d'ajouter l'albergue et l'afi-
tanage, les oublies, les aides, enfin les grandes dépenses
occasionnées par les Compagnies ; et tout cela était indépen-
dant des frais de constructions communales, enbans, scos-
sieras, capellanîa ou maison curiale, barbacane avec palis-
sade et pont-levis, etc., per adoha la porta de la harhacmna^
1435 (f^ 3; :
Item quant feyro lo pal de Ui Mrbacana, de vole des
prodomes^ desipensero a la taverna, vu blancs, et per ado-
bar la saralia de... m doblas, 1441 :
Pour subvenir à ces dépenses, la communauté n'avait que
le produit de la magenca ou taverne, soit 20 francs et quart
en 1414, et le revenu des herbages qui, d'après une conven-
tion de 1427, était partagé entre le seigneur, la ville et le
sieur de Marguestaud ; il s'éleva pour la ville à 9 écus en
1429, à 11 en 1433.
Routiers. — Les routiers mettaient le pays en coupe
réglée. Les consuls de 1380 avaient déjà, bien à contre-cœur,
contribué de plusieurs manières à leur entretien; ils avaient
payé au capitaine qui commandait à Bourret 7 francs 4 gros ;
au seigneur de Durban, à Bertrand de Launac, à Raymond
de Marquefave ils avaient donné un repas coûtant 1 florin;
ils avaient fourni du vin à Pierre de Nizan, ils en avaient
donné également à Pierre de Montant et à ses gendarmes,
puis aussi à Pierre et à Bertrand de Banèges qui comman-
daient à Savenès, et aux compagnies de Poco et de Mena-
dut; enfin, ils étaient allés au Mas-Grenier payer au
seigneur de Marestaing une somme à lui assignée par le
comte de l'Isle. Ils devaient, en 1390, faire présent de vin et
d'un mouton à Menadut quand il vint loger à Aucamville :
Quam 7nossen Benazut s'alocget Auqum.villa, le feron
I présent de vin e de i motou per que no des dapnatge al
loc, costec tôt, ses la pet del moto, xvi gros (f° 5).
334 F. GALABERT.
En 1389, les consuls, qui avaient eu déjà à répondre à une
demande du châtelain de Puymirol, virent approcher le mo-
ment de payer. le « pati » aux routiers de Castelcuiller. Mal-
gré l'avis du seigneur, qui les avait fait citer à Toulouse le
26 mars, ils laissèrent passer le terme; or, comme le jeudi
de Pâques ils se rendaient, avec une dizaine de conseillers,
à Grenade, afin d'emprunter du blé en vue de payer le sub-
side de 5 francs par feu, les routiers, qui les guettaient sans
doute, fondirent sur eux; ils emmenèrent prisonniers trois
consuls et un conseiller. Ceux qui échappèrent portèrent la
nouvelle en ville. Aussitôt grand émoi ; un homme, par
ordre du seigneur, suit les prisonniers à Castelcuiller; d'au-
tres entreprennent une série de démarches auprès des mar-
chands de Merville qui devaient acheter le blé ; ils vont à
Toulouse, ils se rendent cinq à six fois à Pelleport et à Gre-
nade; le prêteur Jean Boet les renvoyait chaque fois au len-
demain avec de bonnes paroles, les engageait finalement à
s'adresser à son ami Pierre Bert ; celui-ci, au lieu de 6 francs,
ne leur en remettait d'abord que 3, puis enfin 3 autres à
force de sollicitations.
Cependant les 6 francs ne payaient que le pati; restait
l'amende ou merca, infligée pour avoir laissé passer
l'échéance ; cette amende se montait à 10 francs. De nou-
veau, consuls et conseillers se mettent en quête ; le 4 mai,
ils vont trouver encore Jean Boet et offrent de lui vendre
l'arrière-dime pour le couvrir du pati et de la merca. Jean
Boet répond qu'il n'est pas en fonds et il leur conseille de
revenir le lendemain ; le lendemain, les pourparlers ne pu-
rent-aboutir, no deliureron areîi; le surlendemain, même
offre de Jean Boet, et, une fois de plus, résultat nul. Enfin,
le dimanche suivant, la négociation est reprise, Jean Boet et
Pierre Bert veulent, avant de traiter, savoir les ressources
qu'offre l'arrière-dime en blé et en vin :
Lo dit Pey Bert dissec les que fessan recerc qiiantas
cartonadas de terra hi abe bladeras ni cantas vinhas (f"^ 7).
Peu après, lo dimercles denant lo bon )oy de may, les
intéressés reviennent à la charge, et Jean Boet les renvoie
UN SIÈCLE d'administration COMMUNALE. 335
encore au lendemain, car il verra que s'en poguera fer. Le
jeudi suivant, les prêteurs Jean Boet et Pierre Bert viennent
enfin, accompagnés d'un notaire, recevoir l'engagement juré
par tous et chacun des habitants; mais les conventions
n'ayant pas agréé à Pierre Bert, il s'en retourne sans rien
traiter :
Pcr prene lo sagimment del singular per la venda
del redeume, e hanc d'aquet jorn no s'encartec^ que Pey
Boet s'en anec que non consentie al covens (f° 7).
L'on finit pourtant, le dimanche suivant, par passer acte
de la vente ; mais que de temps et de démarches en pure
perte, sans compter l'argent dépensé et les pegas de vin qui
furent bus!
Cependant les routiers, ayant été payés, relâchèrent leurs
prisonniers; les consuls avaient été retenus l'un trente
jours, le second cinq semaines, le troisième trente jours,
enfin le conseiller huit jours; aussi, lors de la reddition des
comptes, on déduisit de leurs tailles le montant des journées
de travail qu'ils avaient perdues, soit 34 gros, 5 sous 2 gros
et demi, 14 gros et demi, 13 gros.
Il semble cependant que les routiers, malgré leurs habi-
tudes de pillage, n'étaient pas en dehors des lois : chose
étrange, leur manière d'agir révèle une sorte d'organisation
légale, et l'on voit que le pouvoir royal comptait administra^
tivement avec eux. En effet, les consuls de 1380, essayant
de se soustraire aux demandes des routiers de Bourret, allè-
rent voir comment se conduisaient à cet égard leurs collè-
gues de Grenade, et dès qu'ils se furent décidés à payer un
pati de 7 francs 4 gros, ils demandèrent l'iiomologation au
lieutenant du sénéchal ou du juge :
Item habuerunt i litteram domini locumtenentîs de dicto
pati; decostitit viii grossos.
Lorsque approcha, en 1389, le terme dû aux routiers de
Castelcuiller, le seigneur cita à Toulouse devant la justice,
le 2t) mars, les consuls quelque peu négligents ; la citation
coûta 2 blancs(f'3). Le dimanche de Quasiniodo, c'est-à-dire
trois jours après la capture des consuls, celui qui avait
336 F. GALABERT.
échappé aux routiers alla réclamer à Toulouse une lettre du
sénéchal pour la porter à Gastelcuiller; la lettre fut, en effet,
remise au bâtard d'Armagnac qui commandait les routiers,
tout comme la réponse de ce dernier fut ensuite portée au
sénéchal (f» 5).
Les divers consulats de la seigneurie, assemblés à Launac,
le dimanche avant la Sainte-Madeleine, pour décider si on
traiterait avec les routiers, per saber se hom apacieran^
envoyèrent à Toulouse afin d'avoir les instructions du maré-
chal de Sancerre à ce sujet :
Item aqui metys foron^ cum desics se conten, a Tholosa
les cossolatz per saber e bezer la ordenansa de mosen lo
7nenescaut dels patis de Castetculher...
L'année suivante, les routiers, craignant peut-être un refus
ou un retard de payement, s'adressèrent d'abord au seigneur.
Bernât, fray de Mossen, était déjà venu pour accélérer
le payement et, devant la négligence des consuls, il les avait
retenus en prison quatre jours. Il revint avec un petit varlet
arrivé de Gastelcuiller : ab i macipet que era vengut de
Castetculher, e despenderon en esta villa v gros (fo 9).
Item lo dimenge siguent venguec Bernai Jordan, si sizen
a cabat, per la paga del pati que abe mandat que les cossos
fossan arestatz... e esteron arestatz per iiii dias (f^ 11).
Au xV^ siècle, les compagnies à la solde du roi continuè-
rent les pratiques des routiers et rançonnèrent les popula-
tions, au moins autant qu'au siècle précédent. Nous trouvons
les gens d'armes logés en ville, en 1406, et Arnaud Depuntis,
avec la bête de soihme de Jean Fournier, alla porter leurs
bagages à Glatens; il employa deux jours à cette course. Les
prudhomnies envoyèrent aussi le mességuier au Burgaud
pour s'informer si les gens d'armes avaient quitté le lieu, et
pendant ce temps les consuls se rendirent au château de la
Mothe pour parler au seigneur à leur sujet.
Cependant les comtes d'Armagnac, au faîte de la puissance,
avaient acquis la seigneurie de ITsle-Jourdain, et leur in-
fluence s'en fit sentir davantage dans le pays. Jean IV, (jui
avait d'abord porté le titre de vicomte de Lomagne, avait
UN SIECLE d'administration COMMUNALE. 337
traité avec les communautés <à Verdun ; en 1433, Aucamville
lui paya d'abord 2 écus en la ville de Grenade, puis 3 autres
par mandement de Bernard Barrière, secrétaire du comte.
Ensuite, comme le comte avait requis l'avoine et le foin pour
ses clievaux, les consuls lui fournirent un demi-quarton
d'avoine et cent bottes de foin ; le tout valait 6 écus d'or :
Item anec lo cosol Esteve de A7"ma7iac a Granada per
parlar a Mossen Johan de Armanac per paga dos escut del
patu de Verdu; despensero i dobla {P 2).
Item Mossen de Lomania fec demanda as cosolos (sic)
'd'esta vila de fe e de sivada per sos t^ocies (sic) quant foc
vengut a Granada, e los cosolos amasero los prohomes que
li doneso mieUcz carto de sivado, que costec i escut de aur.
Item may li dero cent trossas de fe que costeron d'en
Johan de Malamaysso, v gros d'aur (f» 4).
Gela n'empêcha pas les gens d'armes logés à Aussonne de
faire, malgré la distance, des courses jusqu'à Aucamville; les
consuls convinrent avec eux (?) de leur offrir « un barbeau
de maille », et, n'ayant pu se le procurer, furent obligés de
leur donner 1 écu d'or :
Item los dit cossols pagueron a las gens d'armas que
ero alojadas Ausona que vengro core en esta villa, e fmero
hun harheu de malia e non troberoti jes, e las ditas gens
d' armas feyro les pagua per lo dit{z) Imrbeu i escui{z)
d'aur (fo 5).
L'année suivante, malgré le payement au comte d'Arma-
gnac d'un patti s'élevant à 24 écus d'or en trois termes, les
gendarmes logés au Burgaud vinrent faire des courses sur le
territoire de la communauté ; pour y échapper les consuls
consentirent à leur payer 11 écus d'or, en même temps que,
pour mériter ses bonnes grâces, ils faisaient de petits pré-
sents au secrétaire Bernard Barrère, dont la terre de Mauvers ■
confinait à celle d' Aucamville.
Item paguem a las gendarmas que ero alojadas al Bru-
gau que vengro core en esta vila lendcma^ e flro los cossols
Il scutz d'aur.
Item paguem a Mossen de Armanhac per lo patu per
338 F. GALABERT.
la prumira paga qu'es la tersa part, viii escutz d'aw (f» 6).
Item los cossols dero, de vole des prodomes, a maistre
Ber7iat Bariera dos parels de pelas, costeron xi blancas
I toisa (fo 6).
En 1435, les consuls envoyèrent un homme cliargé de
savoir où étaient logées les compagnies, mais ils ne re-
çurent pas la visite des soldats. En 1441, les gendarmes
étaient de nouveau dans le pays ; la population, effrayée,
se tourna vers le seigneur et le supplia de venir la dé-
fendre ; celui-ci envoya son neveu Guillami. Les craintes^
n'étaient pas vaines, car on vit bientôt venir en ville le
barbier du seigneur, disant que les soldats logés à Saint-
Gézert fauchaient les blés du domaine seigneurial de la
Mothe. On lit des présents au barbier, des présents au
seigneur qui vint rassurer ses vassaux, une course à Gre-
nade où le seigneur les avaient mandés; tout cela n'empêcha
pas qu'on ne donnât aux soudards une quartière de farine
de la valeur d'une livre tournois et du vin pour 8 gros. Il
fallut aussi fournir des vivres aux soldats logés à Savenès,
soit à l'arrivée, soit au départ : 3 pipots de vin, 12 pains, 6
pugnères d'avoine, 1 fromage. Les gendarmes vinrent aussi
prendre logement en ville la veille de Notre-Dame des Neiges
(2 août), et on leur donna un pipot de vin et un fromage.
Item quant las jendarmas vengt^o pel pais, Mossen de la
Mot a trames en Guilami per gardât^ lo loç; les cossols des-
pensero per lo dit{z) Guilami un doblas i tholsa.
Item quant las jendarmas eron a San Sesert venc lo
barhie de Mossen de la Mota en esta vila dizen que las jen-
darmas cegavon los Uas de la Mota, e lo dit{z) barbie fmec
un barreus de vi e très parelhs de galinas, de que costero
v doblas (f" 3).
Item paguen a Galhart Depuntis per una cartiera de
farina que donero a las gens del rey i lieura tomes.
Item quant las gens d' armas ero a Sevenes lo darie cop...
hun pipot de vi e douse pas e sies punieras de sivada e hun
fromayje... (f^G).
Item mays es degut en Boyso hun pipot de vi quant l'alo-
UN SIÈCLE D'ADiMINISTRATION COMMUNALE. 339
jament venc en esta villa la vespra de Nostra Dona de
Nciis ; item plus hun fromayje (p. 5).
Il faudrait, pour être complet, noter encore une poule don-
née au bâtard, ainsi que du vin pour ses gens d'armes ; il
faudrait marquer l'envoi d'un inessager à Saint-Cézert pour
avoir des nouvelles des méfaits commis par les soldats; il
faudrait dire aussi les petits présents offerts au neveu du
seigneur que gardée la porta pel Vigarda quan anec a
Tholosa, et enfin un pipot de vin fourni au capitaine Sonto
qui était logé a Launac.
En 1444, pendant qu'on envoie savoir des nouvelles des
gendarmes logés au Burgaud, on apprend qu'ils sont partis
pour Grandselve; le capitaine Sonto ou Hasonto dîne à
l'abbaye; la ville envoie un homme s'entendre avec lui et
lui donne un pipot de vin. Puis ce sont encore des présents
de vin et de poules aux gendarmes logés à Bessens et à
Monbéqui, puis encore à ceux des capitaines Montbrun et
Meric de Coscayt logés à l'abbaye de Belleperclie; plusieurs
fois la ville fait porter à ces derniers des vivres au Mas-
Grenier et à Saint-Sardos, après divers pourparlers. Entre-
temps, on va s'entendre avec les gens d'armes du château
de l'Isle -Jourdain et traiter de leur logement.
Item feguen anar Buyso al Burgual per sabe de las gen-
darmas e fec resposto que eran anat logar a Grant
Seuba...
Item deguen a Sonton que ero alojal a Grant Seuba que
ly diiinet, i pipot de vi que val xii dd. i toisa (f' 2).
Item deguen a la gendarmas qu'eran aloyat a Bessens
lie a Monbéqui que lor deguin i pipot de vi... itemnparelhs
de gallinas...
Item plus a Bello Pergo i autre alojament de Munbru et
de Meric de Coscayt, que lo?^ deguen i pipot de vi, xxu dd...
Item los que porteguen los vioures que a Sen-Sardos
que al Mas...
Item los cosols trametegen Johan en Mauri per parlar
a la gendarmas deu castel de YUia, per alojar lejor, per
portar la finanso au dil portador (f" 3)...
340 F. GALABERT.
De seigneur a vassaux. — Nous venons maintenant aux
relations du seigneur avec ses vassaux.
Jean Jourdain de Tlsle vivait en bonnes relations avec ses
vassaux, mais il avait le goût de la dépense; engageant ses
rentes pour payer ses fournisseurs; comme Panurge, gou-
verneur deSalmigondin,il mangeait son blé en herbe; enfin,
dépassant notablement les quatr<3 cas de l'aide, il quêtait les
tenanciers souvent.
Chaque fois qu'il se rendait en ville, la communauté lui
réservait bon accueil, et lui faisait servir, de la taverne, un
demi pega de vin :
Item aquet metys dia venguec Mosen d'esta villa, despen-
dec mieg pegar de vin que costec vi tnealhas, 1380 (f» 11).
Item venguet Mossen hun ior en villa e voc beure^ e li
cosols li dei^o migz pega de vi, m toisas, 1445 (f» 7).
Quelquefois le seigneur demandait à dîner :
Item le disapte metys venguec Mossen d'esta vila, e de-
manet a dignar, e dignec se assi le dimenge e despendec
en pan, vin e sivada, xn gros, 1389 (f» 28).
Bonne réception était faite aussi aux divers membres de
la famille seigneuriale. On offrait à boire à Bernadon, soit
qu'il vînt voir le livre des coutumes en 1395, soit qu'il revînt
du pèlerinage de Saint-Jean du Mas-Grenier 1396 (f^ 16). La
dame du seigneur et sa suite furent également défrayés
en 1391 :
Item lo jorn de Nostra Dona de setemhre deron a dinar
a Madona ah quel que anavan ah lu ; costec la despessa
que feron tant quan estec aqui sus los cossos, ui hlancas e
mieja (f° 6).
La dépense ne laissait pas d'être souvent considérable. A
l'occasion d'une chasse ou d'une demande d'aide, le sei-
gneur arrivait parfois avec une nombreuse suite, et son
séjour pouvait se prolonger longtemps, comme en 1391 :
Item Mossen leyssetz los cassados en esta villa en gastz
sus la villa; despenderun a la taherna xxugros (f» 18).
Un accueil aussi empressé était réservé au bâtard du sei-
gneur; le jour de ses noces, la communauté lui Ht présent
UN SIECLE d'administration COMMUNALE. 341
de 2 moutons et 14 poules, estimées 23 gros; les consuls
allèrent les chercher par les bordes per dar a las nossas
ciel horc. Le lendemain dimanche, le bâtard amena sa
femme en ville, le seigneur y vint aussi avec sa dame et il
fut dépensé 2 gros pour leur réception; ils y étaient encore
le lundi, et le seigneur donna à entendre qu'il aurait pour
agréable qu'on donnât k sa dame un mouton ; ledit mouton
coûta 19 gros. La dite dame étant accouchée en 1390 (p. 15),
les consuls lui firent présent de poules et de chevreaux qui
coûtèrent 22 gros. Quand, au mois de novembre 1395, Mar-
guerite, sœur du seigneur, vint entendre la messe, sa récep-
tion coûta 13 gros 1 blanc... sor de Mossen de Launac per
ausir messa, e fe)-o le despens ab lu e a sas gens, costec al
tôt XIII gros i blanc (fo 5).
A la sépulture de Bernadon, frère du seigneur, le 2 sep-
tembre 1396, les consuls fournirent 4 torches du prix de
23 gros :
Item can foc fayta la honor a la gleija per Bernât de
Launac, los ditz cossols co^npren un torchas e bogia; cos-
tero XXIII gros (f» 9).
Quand Ysarno, autre frère du seigneur, fut enseveli à Au-
camville, le seigneur et sa dame reçurent plusieurs paires
de poules et autres choses :
Item can Ysarno foc sebelit Aucumvila, fero p)lase al
senho et madona de... costec un toisas.
Item... pars de galinas costen u gros ii blancas, 1396
(fo 11).
Madame étant morte dans les premiers mois de 1397
(n. st.), les consuls offrirent pour sa sépulture des torches
valant 10 gros, ce qui ne les empêcha pas, à l'entrée du
carême, de donner au seigneur un mouton payé 10 gros :
Item per las torchas que comprero a la cepultwa de
Madona de Launac, paguero x gros (f" 9).
Itern dero a Mossen de Launac a careyme entran
1 moto que prenguen de Johan de Jaques^ costec x gros,
1396 (fo 10).
Ces pratiques se continuèrent au xv« siècle; c'est ainsi
342 F. GALABERT.
qu'on fit présent au seigneur d'une paire de gelines, en
1428, quand il partit pour la France; c'est ainsi que, en
1435, nous trouvons mention d'une paire d'oies, valant
16 gros, qui furent envoyées en présent au seigneur Jacmes
Isalguier à Fourquevaux; et quand le fils de ce seigneur
vint l'année suivante, la communauté lui offrit une paire
de poules et un demi-pega de vin, qui valaient 2 gros
1 blanc. La même année, le jour de leur élection, les con-
suls avaient ajouté 2 pegas de vin en l'honneur de deux
gentilhommes de la maison du seigneur de Fourquevaux
qui s'y trouvèrent (f° 3).
Tous ces dons étaient indépendants des aides, qui d'après
la constitution féodale étaient dues à tout seigneur.
Aides. — En 1390, les consuls allèrent à Launac où le
seigneur les avait mandés pour une aide : per parlar a Mos-
sen que les abe niandatz que anessan parlar am lu quel
respondessan quel dera d'ajuda; esteron i jorn, despen-
deron ii gros (f» 12).
La réponse s'étant fait attendre, Bernadon vint en ville
quelques jours après ; comme il n'y avait pas eu encore
assemblée du conseil, on lui fit présent, pour calmer son
impatience, de deux paires de poules et on but avec lui deux
pegas de vin. Autre demande en mars 1391; les comptes
nous font voir les consuls se rendant trois fois à Launac à
ce sujet, sans pourtant nous faire connaître le genre d'aide
ou la somme réclamée. Le seigneur formula une nouvelle
demande d'aide durant la semaine sainte, une autre le
l®"" juin: nous ignorons quel accueil y fut fait. A ces deman-
"des il convient enfin d'ajouter celle que fit en octobre
YsariTO, fray de Mossen, mais à laquelle ils accédèrent par
peur de mauvais procédés :
Item paguero a Ysarno per la donacio a lu fayta, am
voluntat del cosselh, afi que no los maltrates, iiii lieuras
tomes (f" 5).
En 1395, pour satisfaire le même Ysarno, les consuls, de
l'avis du conseil, empruntèrent à Jean Boet une tasse d'ar-
gent pour lui en faire présent : ...per colrrar una tassa
UN siècîLe d'administration communale. 343
d'argent que aven malevada de maistre Johaji Boet, pet'
so que dero a Ysaryio (fo 2).
Le 15 janvier 1395 (1396), le seigneur manda aux consuls
d'aller lui parler; le lendemain il vint lui-même en ville
mettre en garnison trois hommes d'armes, et Ja ville les
défraya, ce qui coûta 24 gros. C'est seulement dix jours
après que les consuls allèrent porter la réponse au seigneur
et lui promirent les 6 francs demandés: ils payèrent de plus
1 franc pour la levée.
Le 6 septembre 1396, il y eut une nouvelle demande, le
Conseil se réunit, mais elle semble n'avoir pas eu d'autre
suite :
Item Vendcmia tenguero cosselJi pe?^ la causa meteysJia,
e foc reines (fo 10).
Le 15 juin 1413, le premier consul lut invité à se rendre au
château de Launac; à la demande d'aides qui lui fut faite, il
répondit par l'offre d'une somme de 6 francs, laquelle fut
trouvée insuffisante; il se présenta de nouveau le dimanche
après la Saint-Jean-Baptiste; mais comme il était sans
argent, il fut retenu et mis en prison. Libéré au bout d'un
jour, il promit ou de rapporter de l'argent ou de réintégrer
la prison; il réintégra la prison avec trois compagnons.
Mais la prison ne faisait pas l'affaire du seigneur; aussi
relâcha-t-il les prisonniers au bout d'un jour. Ceux-ci se
mirent en quête, ils allèrent à Grenade le jeudi et informè-
rent le seigneur de l'insuccès de leurs démarches; ils conti-
nuèrent leurs recherches et, après des courses que l'on peut
imaginer, ils purent au bout de huit jours apporter enfin
4 livres. Le 18 juillet ils remirent au cadet 1 livre; enfin, le
23, n'ayant pu trouver toute la somme, ils allèrent encore à
Grenade passer acte à un marchand qui avança probable-
ment ce qui manquait. Sur ces entrefaites, le seigneur était
venu en ville le 19 juillet, en chassant à Tépervier, et les
consuls lui avaient donné un pega de vin; cela n'empêcha
point que le 8 août ils ne lui fissent encore présent de
trois paires d'oisons estimés 23 blancs.
Ces demandes, qui seraient peut-être trouvées plus nom-
344 F. GALABERT.
breuses si une bonne part des comptes consulaires n'avait
depuis peu disparu, anéantie par les rats, ces demandes
semblent n'avoir été motivées que par le bon plaisir du sei-
gneur. Nous ne devons pas cacher que si, dans la suite, les
vassaux déboursèrent en faveur du seigneur de La Mothe,
c'est que celui-ci rendit des services proportionnés et défendit
ses tenanciers ow iiageses contre les gendarmes pillards, no-
tamment contre le fameux Rodigo de Viliandrando, en 1437 :
Item foc enpausada una tayla per la clonacio que foc
feyta a Mossen de la Mota, que los ditz cossols H donero
de vole?' des prodomes dex escutz, aysi coma apar per lo
cartel de la ditta donacio.
Item foc enpausada una tayla per la despensa fayta per
Mossen de la Mota, quant Rodigo ero per lo pais e Mossen
istava Aucunvilla per gardar sa tera, que lo ditz Rodigo
non gastesa sas pageses, e los ditz cossols li feyro son des-
pes am sas gens, que monta aysi coma apar per lo car-
tel X lieuras e mige contan (f" 1).
Itetn a Johan Depuntis per fiun par d'auquas que dero
a Mossen d'esta villa v doblas.
En 1441, les consuls, outre 9 gros, tirent encore pour les
mêmes motifs plusieurs présents au seigneur et à son neveu
qui vint faire le guet et défendre la ville contre les soudards :
Itetn quant las ^endat'mas vengro pel pais, Mossen de la
Mota trames en Guilami per gardar lo loc, los cossols des-
pensero per lo ditz Guillami m gros i tliolosa.
Itetn plus venc Mossen de la Motha hen fiesta villa, he
los cossols li donero hun parelh de galinas, costero ii gros
(fo 3).
Item may que donen al nebot de Mosenhor ii doblas que
gardée la poïHapel Vigarda quan anec a Tolosa (f» 7).
Semblables dons, justifiés par les mêmes motifs, se repro-
duisirent en 1443 et en 1444.
Nous ne trouvons plus d'autre aide seigneuriale que celle
d'un mouton donné à là dame de La Mothe, quand elle
accoucha en 1446 :
Item degueii les cossols, an voler des promes^ que an
UN SIECLE d'administration COMMUNALE. 345
dat a Madono, quant s'afaguet, i tnoto de lano que costo
XVIII doblas e mieja (f» 7).
Cependant nous ne devons pas oublier les aides qui furent
aussi fournies aux seigneurs suzerains, le tout indépendam-
ment des tailles et subsides payés au roi et consentis par les
Etats de Languedoc. Ces aides sont donc :
En 1395, celle de 4 francs et demi par feu payée au roi
pour le mariage de sa fille Isabelle avec le roi d'A.ngleterre
(f<'4);
En 1414, un fouage levé per lo senlior de Sant Jorgi
(f°42);
En 1436, celle de 2 écus au bâtard de Bourbon, sans comp-
ter des présents de gelines et de vin en 1441 :
En 1437, celle de 13 écus 1/2 au comte d'Armagnac pour
le mariage de sa fille;
En 1440, celle de 2 livres au vicomte de Tartas :
Item may an paguat, com par per huna Mlleta de la
donassio que foc faita al vesquonte de Tartas^ ii^^ lieuras
(fo 2).
Garantie des dettes seigneuriales, etc. — Il y eut
encore des secours d'un autre genre que les vassaux ren-
daient au seigneur. Par le fait du luxe de l'époque, et aussi
sans doute à cause des longues guerres, Jean-Jourdain de
risle se trouvait dans de fréquents embarras financiers;
pour payer ses fournisseurs de draps et ses marchands de
chevaux, il leur engageait avant échéance ses droits féodaux,
oublies, albergues et afitanage {Minutes de J. Campodei,
déjà cité). Ces marchands appelaient en garantie les vas-
saux qui devaient les couvrir de leurs avances et peut-être
même des intérêts; nous disons peut-être, car l'usure avait
soin de se dissimuler, et nous n'avons trouvé aucune preuve
de notre insinuation ; mais pourquoi les marchands auraient-
ils fait des avances si, à la place du seigneur, ils n'avaient dû
percevoir le montant du droit sans aucun intérêt pour eux?
Quoiqu'il en soit, le lundi avant la Sainte-Cécile 1389, les
consuls allèrent à Grenade garantira Jean Boet le payement
de l'albergue :
ANNALES DU MIDI. — XX 23
346 F. GALABERT.
Item le dielus sigiient aneron a Granada totz les nncos-
sos.per obligar a maestre Jolian Boet l'aubcrga perMosen;
esteron tôt lo dia, despenderon un gros (f« 20).
Ils avaient déjà la même année garanti le payement des
oublies dudit seigneur, à Martin Bonasenha, et, comme ils
n'avaient pas été exacts au remboursement, ils avaient eu la
visite des sergents qui étaient restés en garnison toute la
semaine et avaient dépensé la jolie somme de 29 gros :
Item le jorn de la Piplmnia vengueron ii sirvens de
Tholosa. que la un s'apera VEscarrer e Vautre Megen,
per lo deute den Martin de Bonasenha per las oUias de
Mosen que hom l'abe obligadas; esteron en garniso cntro
al dimenge; agueron ah so que despesseron assi xxix gros
(fos 20, 21). ■ ^
Ils ne furent pas plus exacts en 1391, où Jean Boet leur
réclamait le remboursement de l'albergue, le jeudi après le
premier jour de l'an : lo dijaus après an nau... anec per
parlar ab maestre Johan Boet, per aber sufferta de la
aiibergade Mossen...(f'>U).
Les consuls, ayant résolu en 1390 de vendre l'arriere-dime
pour se créer des ressources et éteindre les dettes de la com-
munauté, avaient, en compagnie d'un notaire, du messé-
guier et même en présence de Bernardon, recherché le nom-
bre d'hommes et d'animaux sur qui pèserait l'impôt, afin
que les marchands pussent se rendre compte du rendement
possible de cet impôt. Or, Bernardon, ayant compris qu'il y
avait de l'argent à gagner en cette affaire, fit savoir qu'il
prendrait la levée à son compte. Les consuls, qui avaient
déjà promis à Jean Boet, fort embarrassés, s'en allèrent a
Launac voir si Bernardon ne consentirait pas a admettre
ledit marchand de compte à demi avec lui. Il est probable
que Bernardon ne consentit pas à n'être que de moitié dans
l'allaire • nous savons, en effet, que, à l'époque de la mois-
son voyant les paysans emporter les gerbes avant la levée
de l'arrière-dime, il fit publier à son de trompe qu'ils eussent
à s'en abstenir sous peine d'un marc d'amende. Les consuls
allèrent bien à Toulouse essayer de faire retirer cette dé-
UN srÈCLE d'administration communale. 347
fense; Bernardon s'y refusa, et, comme ils voulaient relever
appel, leur avocat les en dissuada :
Item quan atjueron arendat lo redeumc a ,naestre Juan
Boef, Bernai Jordan, fray de Mosen. volguec. lo redeume;
e tribalheron e aneron Vidal Dartes et Jolian Borgnes a
Naunac (sic), per saber si volguera arculhir lo dit maestre
Jolum Boet que agues part en la redeume.. afin que no
aguessa re encontra lor, quar lo dit maestre Johan B oe
demandalm que hom...per ii dias despenden m gros (fM5).
Item lo divendres aprop la festa de Sen Pey e Sen Pau
aneron Andriu Tupha e Pey Darmanhac a Tholosa que
Bernât Jorda abe feyta fer uca que negun no portes ni
partis garba de la redeume ses apera.r primer son redeu-
mer, enpena d\m marc{z) d'argent, e se aneron parlar ab
lu a Tholosa e non volec ren rclaœar; egueron letra d:apel-
lacion que costec i g?^os (1391 ; f» 4).
Deux affaires analogues se produisirent en 1396 et en 1413
Le 16 septembre 1396, le seigneur, ayant appelé les consuls
a Launac, leur demanda de céder la levée de l'alberoue et de
l'afitanage al e/Tant de la Ylha, probablement son fils aîné •
Ite^n a xvi de setembre anero los ditz cossols a Launac
on eran mandat z per lo senho... que els oUiguessan Vau-
berga e afdanatge al efTant de la Ylha, e los cossols dishen
que els parleran am lor cosselh... (fo lO).
Très embarrassés de la demande, les consuls, qui avaient
déjà promis la levée à Pierre Assalhit, marcband, réunirent
le conseil général des habitants afin de mieux appuyer leur
refus ; une députation fut même envoyée à Launac pour
faire connaître l'impossibilité de donner satisfaction. Le sei-
gneur persista dans sa demande, d'où une nouvelle réunion
et une nouvelle députation composée de consuls et de
prud'hommes; puis les consuls coururent à Toulouse deman-
der conseil à leur avocat : allées et venues à Toulouse et à
Launac, promesse par le seigneur de dédommager?. Assa-
lhit. Il serait fastidieux de donner le détail de toutes les
démarches qu'entraîna cette affaire : elle n'était pas encore
réglée a la fin de janvier 1397 (n. st.).
348 F- GALABERT.
Les consuls furent encore mandés à Launac le 30 septem-
bre 1413, pour passer acte d'obligation tout à la fois des
oublies, de l'albergue et de l'afitanage. Pour ne pas déplaire
au seigneur, ils se rendirent à Toulouse dans l'espoir d'ob-
tenir le désistement de Guillaume Azémar, à qui les oublies
avaient été engagées ; celui-ci ne voulut pas renoncer à ses
droits, ce fut le cadet du seigneur qui céda.
Au mois de février suivant (1414 n. st.), le seigneur for-
mula une nouvelle demande; mais cette fois elle parut telle
qu'on ne put s'entendre, et les consuls allèrent à Grenade
solliciter des lettres d'inhibition contre lui. Les détails man-
quent, le compte de cette année ayant disparu.
Nous devons reconnaître que, après 1414, nous ne trou-
vons plus trace de pareilles demandes et de semblables
garanties. Mais notons, outre ces exigences que favorisait la
crainte de déplaire au seigneur, le sans-gène avec lequel
Jean-Jourdain s'éloigna plusieurs fois le jour même où il
avait convoqué les consuls dans son château de Launac. Les
comptes, dans leur froide rédaction, ne nous disent pas si ce
procédé laissa les consuls insensibles; ce qu'il y a de bien
sûr, c'est que ce procédé et ces exigences multipliées ne
paraissent pas avoir altéré la bonne harmonie entre sei-
gneur et vassaux.
Faut-il en voir la preuve dans le bon accueil que, au
milieu de ces discussions, la ville fit par deux fois aux
demandes du seigneur, le 16 octobre 1396 et le 15 janvier
suivant, où lor dis quel ajudessan, et encore que le dessan
certa soma de pecunia? En tout cas, une preuve moins dis-
cuta43le c'est que, au mois de janvier 1396 (1397 n. st.),
quand les consuls furent sommés de réparer le pont de Bou-
que (ainsi nommé du confluent de deux ruisseaux avec la
Garonne), par deux fois le seigneur leur accorda son inter-
vention et une lettre de recommandation auprès d'Estève
Chalve, maître des eaux :
Item 10 dijos a xxii de feure venc lo dit senho Aucunvila..,
per parlar au maestre Steve Chalve (f»» 3 et 4).
Si, en ce cas, ladite recommandation n'empêcha pas de
UN SIÈCLE d'administration COMMUNALE. 349
nombreuses et coûteuses démarches, ni les fréquentes visites
des sergents {car tôt jorn era7i exequtatz per reparar
aquel), il est sur que les droits de la communauté furent
reconnus, et les 11 francs, portés par le devis de Vital Ba-
vas, furent payés solidairement par les communautés d'Au-
camville, Verdun et Grenade. Nous voyons, enfin, le sei-
gneur accorder gracieusement, en 1405, la permission de
prendre des «hênes dans ses bois pour la charpente de
l'église; deux de ces poutres mesurent encore plus de 10 mè-
tres de long sur 0n>40 de retombée.
Un dernier genre d'exigence seigneuriale, c'est la réquisi-
tion ; en voici deux cas.
Le 26 novembre 1395, le seigneur ayant pris le cheval de
Johan Daraibera, les consuls se rendirent au château de la
Mothe pour le réclamer. Jean Jourdain remit la solution du
différend au lundi, à Launac, puis au mardi à Grenade; les
consuls revinrent encore k ce sujet le mercredi et le samedi
à Grenade, après quoi il n*est plus question de rien dans les
comptes :
Item a xxvi del dit mes aneron Admn Dongan, cossol,
Johan Depuntis e Johan deu Cas a la Mota, ixirla?^ aqui a
Mossen de Launac, per lo rossi quel avia fayt prendre d'en
Jotian Darribera quel îHagties de redre; despensei^o can
foro vcngutz ii hluncas (f" 6).
Itein lo dimecres e lo disapte seguens ancre a Granada
lo dit P. Dar?nanJiac e Johan Darribera a Granada, on
Mossen de Launac les avia mandat z per lo feijt del dit
rossi; despe?iden en u forns que demoren de part delà
III gt^os (fo 6).
Le fait seul de la réclamation portée au seigneur semble
prouver que les habitants n'étaient pas à la merci de ce der-
nier; s'il avait eu le droit de prendre les objets à sa conve-
nance, comment les consuls auraient-ils osé aller réclamer
au château?
Au mois de février 1414 (1415 n. st.), Gaspard-Jourdain
de risle, par crainte de la peste qui sévissait, voulut envoyer
sa femme et ses enfants au comté de Foix; les consuls lui
350 F. GALABERT.
ayant refusé le louage d'un cheval à cet effet, il les mit en
prison ainsi que deux conseillers; relâchés au bout d'un
jour, les consuls accédèrent à la réquisition et accordèrent
les 8 gros nécessaires; même, le mességuier accompagna la
dame dans son déplacement, sans compter qu'on porta en-
core gratuitement deux comportes à Grenade :
Item lojor métis (2 février) Mos^en fec aresta les cosols
e Jolian Depuntis e Arnaul Ponssot, acosselhes, per i rossi
que detnmidava per porta sos enfans al comtat de Foys
p2r paor de la mortaudat; liesten totz le jorns arestat e
convenguec que anessan a la Muta parla a7n lu, e co^iven-
guec que le prometen per i rossi que el ave logat viii gros;
e mes convenguec que fessen porta a Granada doas
semais, de que paguen a Johan de Guilhamat x toisas; e
despensen quant fon bengut de la Mota un blancas.
... e lo sir vent s'en fos anat am Madona...
Item paguen a Monatho per porta la farda de Madoyia
a Balon viii gros.
Si, à la fin de cette étude, nous résumons nos impressions,
nous trouvons une administration financière déplorable et
dont les défauts, au lieu d'être corrigés par l'action des offi-
ciers royaux, furent augmentés par la plaie des sergents, du
moins au quatorzième siècle. Nous voyons des vassaux
quêtes à tout moment et obligés par la crainte, surtout à la
fin du quatorzième siècle, à garantir les dettes et à satisfaire
les multiples exigences des seigneurs. Brochant sur le tout,
il y avait les routiers qui, non contents de leur solde, extor-
quaient, grcâce à la faiblesse du pouvoir royal et peut-être à
son insu, tout ce qu'ils pouvaient aux malheureux paysans.
Par contre, il 3^ avait une vie communale intense, un peuple
qui prenait part aux délibérations, qui contrôhiit les dépenses
et faisait même changer l'assiette do l'impôt. Enfin, les sei-
gneurs vivaient en bonnes relations avec leurs vassaux, les
défendaient contre les pillards et leur donnaient leur appui
auprès de l'administration centrale.
Firmin Galabert.
LE MOINE DE MONTAUÛON
ET L'EMPEREUR OTHON IV
Une étude sur la Cour poétique du Poi Sainia Maria^ m'a
naturellement amené à chercher à quelle époque exactement
le moine de Montaudon fo failz seigner de cette cour, de dar
l'esparvier, et comhien de temps dura sa magistrature. La
biographie dit lonc temps, tro que la cort se perdel. Or, le
moine ne prit l'épervier qu'après avoir quitté le prieuré de
Montaudon : c'est alors que le roi d'Aragon, Alphonse II
(t 1196), H comandet q'el manjes carn e dompneies e can-
ies e irobes; et el si fetz; e fo faitz seigner, etc. Mais il
était encore au cloître au commencement de 1194. La pièce
L'autr^'ier fui en Paradis est écrite au moment où Richard
Cœur-de-Lion revient de sa prison d'Allemagne (2 mars
1194)^, et le moine nous apprend qu'il est resté, pendant la
captivité du roi, aclis en claustra un an o dos et a perdut
los baros. Ceux-ci lui retirent leur amitié parce qu' « il aime
Dieu et le sert » (cobla 2); Dieu lui fait remarquer qu'il ne
doit pas rester en claustra rescos, même pour les intérêts de
Montaudon (cobla 3). Cependant, le sirveutés Pois Peire
d'Alvergn'a chantai est aussi de 1194, d'après Suchier
{Jahrb., xiv, 12); or, cette satire mentionne que le fals
MONGEs de Montaudo a laissât dieu per baco. Il est donc
L J'ai indiqué les grandes lignes de cette étude dans les Mt'dmiges
Chahaneau, pp. 258-259.
2. Voir notamment les coblas 5 et 6 de cette pièce.
352 C. FABRE.
acquis que le moine put devenir seigneur de la cour du Puy
dès la fin de 1194. Mais il est plus difficile de trouver la date,
même probable, de la suppression de cette cour.
M. Ghabaneau' fait mourir le moine en 1200. Il avait consulté
Diez, Philippson, Klein "^j V Histoire littéraire, Sabatier, Tho-
mas. A son avis donc, aucun de ces auteurs ne contredisait
son indication et il a dû accorder peu d'autorité à l'opinion de
Klein, qui prolonge la vie du moine jusqu'en 1207.
Le lonc temps de la Biographie se ramènerait ainsi à six
années. Même il faudrait réduire notablement ce laps de
temps : après son départ du Puy, le moine, en effet, anet en
Espaigna e fo li faitz grans honors e grans plazers per
totz Los reis e per totz las baros e'is valens homes... e anet
s'en a un priorat que a nom Villafranca^... e ei lo crée e
Venriqui e'I meilloret.
Tout cela, évidemment, ne s'est pas fait en un jour.
Mais je croîs que M. Ghabaneau s'est trompé, ainsi que
Klein, dont je discuterai plus loin l'opinion. Le moine était
encore sûrement en vie en 1210-1213 : cela résulte d'une
cobla qu'il a écrite nécessairement à cette date. C'est la sui-
vante (publiée par Philippson sous le n^ XXI, par Klein sous le
n» X) ' :
Seigner, sagessetz^ reg^iat a,
Per conseill dels vostres baillos. bg
No'ics mandera'l reis N'Anfos hj
1. Biographies des Troubadours, p. 161.
2. Ces deux derniers sont les auteurs des deux éditions du moine ; la
première a paru à Halle en 1878. la seconde à Marburg en 1885.
3. Yoy. sur ce nom la note additionnelle.
4. La construction strophique de la cobla n'a pas été saisie par Phi-
lippson. Cet auteur indique nettement la longueur des vers quand il
transcrit les autres poèmes du moine; pour celui-ci, il ne prend poiut
cette précaution et ne i-eproduit pas le rythme en note. Elle ne l'a pas
été non plus par Maus (Peire Cardenals Stroplienbau ; Marburg, 1881,
n° 47], forme 6), qui donne uniformément huit syllabes aux cinq pre-
miers vers. Cette construction serait unique dans la poésie des trouba-
dours.
5. Philippson corrige s'arjuessetz, pour se conformer à l'orthographe
adoptée par les transcripteurs modernes. Je respecte le texte du manus-
crit.
LE MOINE DE MONTAUDON. 353
Tant salut, ni tant amistat, ag
Ni noi'us agra tant honrat a^
Chai\ Proenza"^ ni tola- Lumbardia^. Cjo
Ni, a Nicart*, non agra seignoria 0^0
Lo reis Joanz plus que a Saint-Massenz * d,o
Se regnasselz^ per conseill de servenz. d,o
dont voici la traduction :
« Seigneur, si vous aviez régné suivant le conseil de vos baillis,
« le roi Alphonse ne vous enverrait pas un salut si empressé et
1. Philippson à chai substitue sai, forme courante chez les trouba-
dours. Mais, à ce compte, on détruit les formes dialectales des manus-
crits, quand ils en contiennent. Il est vraisemblable que le moine disait
c)iai, comme le disent encore aujourd'hui ses compatriotes de l'Auvergne
et du Velay.
2. Le mot Proenza désigne ici la Provence propre, terre d'empire, et
non, comme cela a lieu souvent, l'ensemble des pays de langue d'oc.
3. Le mot Lu-inbardia désigne l'Italie da Nord tout entière. Le royaume
de Fouille et de Sicile était considéré comme une contrée distincte, et le
nom d'Italie n'était pas employé par les troubadours. (Voy. Cha>iso7i de
la Ci'oisade, éd. P. Meyer, t. II, notamment p. 67, note 2;)
i. Philippson émet judicieusement l'avis que Nicart est la forme cor-
rompue de quelque nom géographique anglais. Je crois que Nicart =
Newark. Cette petite ville anglaise du comté de Nottingham, sur la
Trent, avait un château fort dont Jean sans Terre fit sa résidence habi-
tuelle, et où il se réfugia et mourut en 1216, lorsque Louis de France
s'empara de son royaume. La prononciation anglaise (Niou-ark) du mot
Newark n'est pas très éloignée de celle de Nicart. Les mots anglais sont
fortement dénaturés par les troubadours et le 10 peut être rendu par gtc
ou c : voyez Winchester = Guiiicestre dans la Chanson de la Croisade,
V. 806 et 3718. Si le manuscrit portait Nicarc au lieu de Nicart, la dé-
monstration serait faite. En tout cas, il est logique que le moine de
Montaudon, qui personnifié tout le Poitou dans Saint-Maixent, person-
nifie aussi l'Angleterre dans une seule ville, résidence ordinaire du roi.
Klein voit dans Nicart le mot Niort. Il n'est pas possible d'adopter
son opinion. Le mot Niort est toujours bien écrit par les troubadours
(voy. notamment Chanson de la Croisade, v. 3397). Il a deux syllabes et
il aurait été inutile de le transformer en Nicart pour avoir le vers dn
moine. Quant à la valeur historique de l'interprétation de Klein, je la
discuterai plus loin.
5. Saint-Massenz (Saint-Maixent, Deux-Sévres , arromlisscment de
Niort) désigne le l*oitou, que .Jean sans Terre s'est vu confiscpier par
Philippe-Auguste dés 1206. Saint-Maixent possédait une ancienne abbaye
de Bénédictins, l'ordre même auquel appartenait le moine de Montaudon.
6. Philippson remplace regnassetz par agues régnât et donne à ce
verbe le mot Joa)iz pour sujet. C'est prendre réellement trop de liberté
avec les textes.
354; C. FABRE.
« tant d'amitiés, et, de ce côté-ci, la Provence et la Lombardie ne
« vous auraient pas tant lionoré. De même, à Newark, le roi Jean
« n'aurait pas plus de pouvoir qu'il n'en a à Saint-Maixent, si
« vous régniez comme le voudraient vos conseillers. »
On le voit, à mon sens, c'est, selon le poète, la politique
d'Othon qui affermit le pouvoir du roi d'Angleterre; Phi-
lippson altère donc le sens en traduisant :
« De même, à Nicart, le roi Jean n'aurait pas plus de pouvoir
« (ou de terres) qu'il n'en a à Saint-Maixent, s'il avait régné sui-
« vaut le conseil de ses ministres^. »
■ Cette cobla, improprement qualifiée de esparsa par Phi-
lippson^ et qui me paraît plutôt un fragment de tenson, ne
nous a été conservée que par le seul manuscrit H. Son inter-
prétation historique a été tentée par les deux éditeurs du
moine, MM. Philippson et Klein; mais les remarques de ces
deux auteurs sont incomplètes : et d'abord, ils n'ont pas réussi
à identifier le personnage essentiel du poème, c'est-à-dire le
seigner à qui le moine envoie sa cobla.
Cependant, l'identification de ce prince, qui a « régné con-
trairement au conseil de ses baillos », est facilitée par deux
indications très claires : 1" par celle de la Provence et de la
Lombardie, qui « ont tant honoré » le souverain en question ;
2'^ par celle d'un roi Joanz, qui ne peut être que Jean-sans-
Terre.
La mention de ce roi circonscrit immédiatement les recher-
ches entre 1199 et 1216, c'est-à-dire entre les dates qui mar-
quent le commencement et la fin de son règne. Or, quel est,
dans cet espace de temps, le souverain qui « a été honoré par
la Provence et par la Lombardie » ? C'est évidemment un
empereur d'Allemagne, suzerain de la Provence, roi d'Arles et
roi des Romains. Lareuommée que se sont acquise dans l'his-
toire les grands empereurs ferait songer à Frédéric 11 (1213-
1250), qui fut choisi par le pape Innocent III dès 121!. Mais
1. Der Mœnch vo>i Montaudon, p. 1*9.
2, Ibid., p. 55.
LE MOINE DE MONTAUDON. 355
ce prince était tout jeune à cette date; il n'avait que quinze
ans; et quand, après la bataille de Bouvines (1214), il devint
l'empereur incontesté de l'Allemagne et de tout le Saint-
Empire, de la Baltique à la Sicile, le roi Jean était déchu de
sa puissance.
Ce n'est donc pas lui qui « avait déjà régné contre le con-
seil de ses baillos», et je suis ainsi amené à penser à son pré-
décesseur, l'empereur Othon IV (1198-1218). Celui-ci est bien
le personnage ctierché et les éloges que lui adresse le moine
sont parfaitement justifiés à partir de 1210 jusqu'en 1214.
Othon, dont le pouvoir avait été contesté jusqu'en 1208, triom-
phe enfin partout après cette date. Son concurrent gibelin,
Philippe de Hohenstaufen, a été assassiné (21 juin) et toute
l'Allemagne reconnaît Othon comme empereur. Il se fait
réélire à Francfort, puis descend en Italie, rencontre le pape
Innocent III à Viterbe et se fait couronner à Saint-Pierre, le
4 octobre 1209. Aussitôt, tout le nord de l'Italie lui rend
hommage, ainsi que la Provence et le Dauphiné, et Rai-
mon VI, comte de Toulouse et marquis de Provence, se rendra
bientôt auprès de lui pour solliciter son appui contre les
croisés. Le roi de Castille, Alphonse VIII, qui est son oncle
par sa femme, Aliénor d'Angleterre, lui envoie l'expression
de son amitié, et le pape rêve un instant de faire d'Othon le
chef d'une croisade qu'il veut envoyer en Orient. Cette der-
nière circonstance fait immédiatement de l'empereur le héros
de tous les troubadours qui poussent à la croisade. Othon n'a
que trente-quatre ans ^
Quant au roi Jean, c'est aussi à la même date qu'il mérite
les éloges du moine.
Je ne rappellerai pas comment, à la suite de sa criminelle
usurpation, Philippe-Auguste lui enleva la Normandie, l'An-
jou et le Poitou (1200 à 1206). Mais, en 1209, un retour de
fortune rendit soudain Jean un des monarques les plus actifs
et les plus redoutés de l'Europe. Etroitement lié à son neveu
1. Sur tous ces événements, voyez le récent ouvrage de M. A. Luchaire,
Innocent III, la papauté et l'Empire, 1907.
356 C. FABRE.
Othoa, qui était enfin le maître incontesté de l'Allemagne et
de l'Italie et pouvait ainsi contenir le pape, Jean triompha du
clergé anglais soulevé contre lui. Menacé d'excommunication
par les évêques, il confisqua les revenus de ceux qui avaient
quitté le royaume, exigea des otages des barons et obtint la
soumission du roi d'Ecosse. Grâce à l'argent qu'il extorqua
aux prélats et aux juifs, il put soutenir Othon et passa lui-
même en Irlande où il instaura une administration analogue
à celle de l'Angleterre et imposa comme gouverneur son ami,
l'évêque de Norwich. En 1211, il entra en armes dans le pays
de Galles, où sa campagne fut également heureuse.
Il n'y a rien d'élonnant à ce que le moine ait été en rela-
tions avec Othon IV. Celui-ci, fils de Henri-le-Lion, duc de
Saxe, et de Mathilde, sœur de Richard Cœur-de-Lion, avait
passé sa jeunesse en Aquitaine, auprès de son oncle. Là, il
s'était fait remarquer dans les guerres et les tournois : c'était
un des plus beaux hommes de son temps et un chevalier d'une
valeur remarquable. Richard, qui n'avait pas d'enfants, lui
témoignait une affection particulière et l'avait comblé de fa-
veurs et de biens. Dès ll90, Olhon rendait hommage en per-
sonne^ à Vœc (? ; en Poitou, à Guillaume, évêque de Poitiers,
des seigneuries de Civray, de l'Isle-Jourdain et du Dorat^ Il
avait quinze ans. Les historiens prétendent que, malgré sa jeu-
nesse, il fut chargé du gouvernement de l'Aquitaine pendant
la croisade de Richard (1190-1194). En tout cas, d'après V Art
de vérifier les dates '^, il fut successivement investi, en 1196:
l» du comté d'York en Angleterre, 2° du duché d'Aquitaine,
3^ du comté de Poitiers, Le 29 décembre 1197. il était en-
core en France et signait à Bénaon (Poitou) une charte en
faveur des habitants d'Oléron.
Richard le fit élire empereur à Cologne, en 1198, grâce aux
subsides qu'il lui fournit en échange de la rétrocession des
fiefs dont il l'avait investi.
Jusqu'à cette dernière date, le moine, qui était un familier
1. Gallia christ., II, 1181. Cf. Art de vér. les dates, II, 3G4.
2. Ed. 1784, II, 364.
, LE MOINE UE MONTAUDON. 357
de Richard, avait, sans (ioute. connu intimement Othon'. Il
n'y a donc rien d'étrange à ce que, douze ans après, lorsqu'il
voit ce dernier au faîte de la gloire et de la puissance, il lui
adresse ses compliments, le félicite de ses succès, fasse l'éloge
de sa manière de gouverner et le félicite de soutenir sou oncle,
le roi d'Angleterre. Il n'y aurait même rien d'étrange à ce
que, comme je le crois, le moine et son interlocuteur aient
tressé une tenson en provençal. Otlion, ancien duc d'Aqui-
taine, connaissait sans doute la langue d'oc 2,
A mon avis, par les baillos et les servenz il ne faut pas
entendre des ministres proprement dits, soumis aux ordres de
l'empereur, mais plutôt des conseillers officieux, contre les-
quels Othon a bien fait de se révolter et d'affirmer sa puis-
sance souveraine. Or, quels pouvaient être, en Allemagne,
comme en Italie et en Angleterre, ces conseillers, sinon les
gens d'église, depuis le pape jusqu'aux simples évêques et
abbés, en passant par les puissants archevêques-électeurs de
Cologne, de Mayence et de Trêves? Le règne d'Othon fut
une longue lutte contre le clergé. Dès 1201, il avait dû pro-
mettre à Innocent III, pour se faire reconnaître par lui, toute
1. L'intimité qui unit Richard et le moine de Montaudon est attestée
par la cobla 5 de la pièce L'autr'ier fui en Paradis (Philippson,
pp. 37-39).
Morgues, hen mal o fezis
Que tost non ânes coichos
Al rei oui es Olairos
Qui tant era tos amis
Per que lau que fo afraigna.
Ho I quantz bos marcs d'esterlis
Aurai perdutz els teus dos,
Qu'el te levet de la faigna !
La pièce est de 1194, au moment où Richard vient de sortir de sa prison
d'Allemagne. La cobUx G en donne la preuve. Klein l'avait déjà remarqué.
2. Cette opinion est fondée sur les raisons suivantes : l" Le moine de
Montaudon n'a pas écrit de coblas esparsas ; ses poèmes sont, au con-
traire, généralement longs ; il affectionne le vers, où le nombre de strophes
n'est pas déterminé et dépasse celui des cansos. 2° La construction stro-
phique de sa cobla est unique, d'après Mans (n" 471, forme 6), et se rap-
proche seulement do loin de celle d'une tenson de Gui d'Uisel, N'Elias, a
son amador (Bartsch, Gr. 194, 17). Aurait-il créé un rythme nouveau
pour une simple cobla ^
358 C. FABRE.
l'Italie au sud du Pô. Eu 1205-1206, il avait dû lutter contre
l'archevêque de Cologne. Comme il avait été vaincu, le pape
venait de l'abandonner et de reconnaître son concurrent gibe-
lin. Philippe de Hohenstaufen, lorsque celui-ci fut assassiné.
L'année suivante, après le nouveau revirement d'Innocent III
et le couronnement d'Othon, celui-ci eut, en Italie même, à
lutter contre l'Eglise. Innocent III lui avait demandé tout
l'héritage de la comtesse Malhilde, c'est-à-dire, en somme,
toute l'Italie centrale. L'empereur refusa et envahit la Fouille
pour déposséder le jeune Frédéric de Hohenstaufen, fils de
Henri IV, et roi de Sicile et de Naples. Il espérait ainsi
anéantir le parti qui pouvait lui disputer la couronne impé-
riale. Mais le pape était le tuteur de Frédéric, alors âgé de
treize ans, et le royaume de Sicile était devenu féodalement,
par un hommage de Constance, mère du jeune prince, un
fief de l'Eglise. Innocent s'opposa donc de toute son énergie à
l'expédition commencée contre la Fouille, excommunia Othon,
le déposa (10 novembre 1210) et choisit, pour lui succéder, le
jeune Frédéric lui-même. Celui-ci fut proclamé par une as-
semblée tenue à Nuremberg en 1211. La guerre civile recom-
mença en Allemagne et Othon dut repasser les Alpes. Les
archevêques de Mayence et de xMagdebourg furent, sous les
auspices du pape, les organisateurs de cette révolution.
Or. il semble bien que le moine de Montaudon écrit au mo-
ment où l'empereur a quitté l'Italie. La Provence et la Lom-
bardie l'ont à ce moment déjà honoré.
Quant au roi Jean, s'il a triomphé du clergé d'Angleterre
en 1209 et en 1210, le pape ne le laissa pas non plus tranquille :
il le déposa en 1212, comme il avait déposé, un an auparavant
Otho'n lui-même.
C'est donc à ce moment suprême de la lutte que le moine,
très indépendant d'esprit, comme on le voit, félicite son ancien
ami Othon de gouverner contre les conseils de ses haillos et
des servenz et de soutenir énergiquement le roi d'Angleterre.
Mais il est évident que la cobla a dû être précédée ou suivie de
l'exposé de la situation politique, et c'est pour cela surtout que
je crois à la composition d'une tenson.
LE MOINE DE MONTAUDON. .S59
Othon soutint, en eflfet, le roi d'Angleterre detoutes ses forces.
En 1214, avec le concours du duc de Brabant, des comtes de
Boulogne, de Flandre, et des contingents fournis par Salisbury,
il poussa cent mille hommes à Bouvines contre le roi de
France, agent du pape. Mais il fut vaincu, laissa sur le champ
de bataille son carrossa et l'aigle impériale, et dut se retirer à
Hartzburg où il mourut, quatre ans après, âgé à peine de qua-
rante-trois ans. Jean, son oncle, l'avait précédé au tombeau
en 1216, après avoir définitivement perdu ses possessions fran-
çaises et avoir signé la Grande Charte (1215). Il était mort de
douleur et de rage dans son château de Newark, qui avait
été sa résidence favorite, tandis que le fils de Philippe-
Auguste, Louis, s'emparait de son royaume d'Angleterre.
Il est évident, par la suite des événements, que le moine a
écrit avant la bataille de Bouvines (27juillet i214), au moment
même où Othon organise contre ses ennemis la ligue qui le
conduira à sa perte. Son poème, qui pouvait avoir sa raison
d'être dès 1210, a donc été probablement composé plus tard,
en 1212-1213'.
Il me reste maintenant à discuter l'interprétation de Klein.
Cet auteur^ donne au poème la date de 1207. Il remarque
que cette année-là le roi de Léon, Alphonse IX (1188-1229), fit
alliance avec Jean-sans-Terre. Celui-ci n'avait pas alors perdu
tout le Poitou dont voulait le dépouiller Philippe-Auguste :
le pape étant intervenu comme médiateur, une trêve avait été
conclue, et Jean, moyennant 60,000 marcs d'argent, avait con-
servé La Rochelle, Thouars et Niort (Nicart, d'après Klein).
Cette remarque est exacte; mais si l'on admet l'interpréta-
tion historique qu'elle comporte, ce serait le pape Innocent III
qui aurait « régné contre les conseils de ses baillos » et aurait
1. Cette cobla est donc contemporaine de trois célèbres chansons de
croisade, oii un poète anonyme (3iJ3, 22), Pons de Chapteuil (375, 8) et Aime-
ric de Pèguilhan (10, 11), déplorent la discorde qui sévit entre les princes
chrétiens, pour le plus grand profit des Mahométans; elles sont toutes
postérieures à 1210 et antérieures à 1214 (voyez sur ces pièces K. Lewent,
Bas altprov. Kreuzlied, pp. 28-33, et comparez ce que j'ai dit des deux
premières dans mon étude sur Pons de Cliapteuil, pp. 20-1).
2. Die DichtiDigen des MœticJis von MoiUaudon, pp. 15-0.
360 C. FABRE.
été « tant honoré par la Provence et toute la Lombardie ». Je
ne crois pas qu'une telle opinion soit soutenable. En 1206,
Innocent III n'a rien fait de particulier pour la Provence et
pour la Lombardie. Surtout les saluts d'affection que lui adres-
serait le roi de Léon seraient plus que suspects. Alphonse IX,
en effet, eut à lutter longtemps contre l'ingérence du pape dans
ses affaires de famille et dans sa politique. Il avait épousé,
en 1197, Bérengère, fllle du roi de Castille; Innocent III pour-
suivit avec persistance l'annulation de ce mariage pour cause
de parenté. Alphonse IX dut finalement divorcer en 1204, à la
condition pourtant que ses enfants fussent reconnus comme
légitimes. Ainsi, le roi de Léon était mal qualifié pour le rôle
que le poème lui ferait jouer avec l'interprétation de Klein.
Je crois, au reste, qu'il faut renoncer à voir, dans le reis
N' Anfos, Alphonse IX, roi de Léon, et qu'il s'agit d'Al-
phonse VIII de Castille (1158-1214). Celui-ci fut un protecteur
des troubadours', et l'une des nowve//e5 de Raimon Vidal de
Besaudun fut contée à sa cour, sous les auspices de la reine
Aliénor.
En outre, Alphonse de Castille était l'oncle, par alliance, de
l'empereur Othon IV. Il avait épousé Aliénor d'Angleterre,
fille de Henri II, et, par conséquent, sœur de Mathilde, de
Richard Cœur-de-Lion et de Jean-sans-Terre. Il est donc tout
naturel qu'il envoie à son neveu son salât et ses amitiés lors-
que Othon est parvenu effectivement à l'empire. Un fait im-
portant semble, d'ailleurs, se rattacher à ces relations d'amitié
et les avoir consacrées. Bérengère, fille d'Alphonse, revenue
à la cour de Castille dès 1204, songea, en 1211, à fiancer son
fils aîné, Ferdinand, i'hérilier présomptif des deux Alphonses,
a une princesse allemande, Béatrix, fille de Philippe de Souabe.
Les fiançailles définitives eurent lieu en 1217. Or, Othon avait
épousé la sœur aînée de Béatrix, dès 1211, à son retour d'Italie.
C. Fabre.
1. Guillaume de Saint-Didier, notamment, fait son éloge dans le chant
Quan vei cazer fuoillas e flors, dont j'ai établi la date dans mon étude
sur Pons de Chapteuil (Le Puy, 1907), p. 26, note 1. Sur les troubadours
qui furent en relations avec lui, voyez Milà, De los trovadores, ch. v.
LE MOINE DE MONTAUDON. 361
NOTE ADDITIONNELLE.
Je ne crois pas que Pliilippson et Klein aient vu juste quand ils ont
identifié Villafrança avec une localité du Roussillon. Cette province, en
etiet, n'était pas alors « en Espaj^ne ». C'était le roi de France qui rece-
vait l'honiHiage des domaines qui s'étendaient de Montpellier à Tarragone
et qui appartenaient aux rois d'Aragon. Les preuves de ce fait abondent.
En voici une autre : Guilleiu de Tudela, qui connaissait bien le pays,
après avoir nouinié les archevêques (ou évèques) de Tarragone, Lérida,
Barcelone, met à part, comme venant d'otrals portz d'Espanha, ceux de
Pampelune, Burgos et Terrazona (v. 150-5). Il dit ailleurs :
Li u)i van a Tholoza, li autre en Arago7î,
E li autre en Espanha.
(Chanson de la Croisade, éd. Meyer, 757.)
Il faut donc chercher Villafrança en Espagne même, c'est-à-dire en
dehors du Roussillon, de la Cerdagne, de la Catalogne et de l'Ara-
gon. Je trouve une ville de ce nom dans la province deGuipuzcoa, district
de Tolosa, sur l'Oria. A la lin du xii'^ siècle, elle faisait partie de la
Navarre, mais Alphonse VIII de Castille s'en empara dès 1200. C'est
vraisemblablement là que s'enferma le moine, sans cesser d'être en rela-
tions avec les rois voisins de Castille, de Navarre et de Léon, et avec
divers barons, comme Don Lopez de Haro, qui accueillit aussi Richard
de Barbezieux.
ANNALES DU MIDI. — XX 24
M K LANGES ET DOCUMENTS
I.
LES CHAPITRES DE PAIX ET LE STATUT MARITIME DE MAR-
SEILLE, TEXTE PROVENÇAL DES XIII« ET XIV« SIECLES.
[Suite et fin '.)
III. — [Statut maritime].
(I). Bels consols establitz foras de Masseilha (Lat. 1, 172.)
[po 39 r"]. Establem que d'aissi enant, totas horas que
alcuns consols seran fatz o establitz en los viages de Suria
o d' Aleissandria, o de Cepta^, o de Bogia, o en alcun autre
5 luoc foras de Mass'., que aquill sian elegitz e creatz per lo
regidor de Mass; e semblantmentz sian establitz tais totas
lieras que aquill consols sian dels meillors per descrecion e
per gent parlar, per proesa e per honestat e per dilection
ad honor e utilitat del comun de Mass', d'aquels qu'adoncas
10 en aquel teras ad aquellas dichas partidas annaran, e que
aquil consols sian fag e establitz ab conseil e ab consenti-
ment dels sendegues e dels clavaris del comun de Mass'. e
dels semaniers dels caps de mestier, o de la major partida
1. Voy. Annales, t. XIX. p. -504, XX, p. 45 et }i. 2(J1.
2. Nous suivons les divisions do l'édition Pardessus , Collection des
lois maritimes, etc. Pour la correspondance avec le texte latin , voyez
L. Gonstans, Une rédactioti provençale du Statut maritime de Mar-
seille, dans les Mélanges Chabaneau. Fr. Junge, Erlangen, 1007.
3. Cepta = arabe Septa, aujourd'hui Ceuta, au N.-O. du Maroc, ville
qui appartient à l'Espagne.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 363
d'aquels, et en aquella raezeissa maniera sian donatz e esta-
15 blitz ad aquells consols consseilliers. E li dig consols tug
que ad aquellas partidas dichas deuran anar juron als
santz evangelis de Dieu qu'e[n] nenguna maniera non
metan, o suffran que sian messas per aicun, putans en lo
fondegue d' aquella terra en la quai ill sobrestaran consolsi
iO ni sostenran que aquellas putans fassan aqui stage. E non
faran o non sufriran que le vins d'alcuns homes non Mars-
seilles si venda o si meta el dig fondegue aitant longuament
con aqui sera le vins d'alcuns Marsseilles a vendre. E non
loguaran ni sufriran que sian loguadas, en alcuna autra
2'^ maniera, alcunas botiguas ad estranjas personas, so es
assaber ad alcuns non Marsseilles, sens voluntat e licencia
espressa aguda del [v°] fondeguar del sobre dig fondegue. E
(que) al dig fondeguar non encobolaran o non enbreguaran,
0 non faran alcuna cauza o alcunas que sian contrarias ad
30 aquellas cauzas que seran autrejadas o convengudas per lo
regidor de Mass'. al dig fondeguar. E sembla[ntlment non
constreineran le dig consol lo fondeguar a comprar d'els ni
d'alcuns autres vins o ^Icunas autras cauzas per major près
que non valrian en aquella terra.
35 Item e que non pausaran ban ad alcun o non conderapna-
ran alcun sens consseilh e assentiment dels consseilliers
que lur seran donatz, o de la major partida dells ditz
conseilliers Pero, si' auran pausat ban o pena, o auran
condempnat alcun ab conseill de lurs conseilliers o de la
40 major partida d'aquells. establem que aquo sia ferm tengut,
aisso salvv que li regires que per lo teras sera(n) en Mass'
denfra un mes après la venguda d'aquells o d'aquell a oui o
las quais alcuntz bantz o alcuna pena es o séria condemp-
natz. aissi com es dig de sus, si le consols sera prezentz e
45 aquel a cui le bantz es pauzats o es condempnatz si com-
planhera d'aquo, le dig regires puesca del dig ban o con-
dempnation conoisser. el dig [ban] o condempnation revo,
car', si sera vist al rector que en aquel fag sia hom annat
eniquamentz. Pero, pos le consols aura pausat lo ban, non
50 puesca nulla cauza apostot relaxar o cambiar sens consen
timent de sos consseilliers o de la major partida d'aqu ells
1. Ms. : pero si (pas de point). — 2. renocar.
364 ANNALES DU MIDI.
mas sentencia donada non puesca en alcuna maniera revo-
cari. E si per aventura s'esdevenra que en alcun luoc
sian .XX. homes de Mass'. o plus, [f°40 ro] o non sia[n] consol
55 0 consol[s] establit, segon que es dig de sus. adonc per aucto-
ritat d'aquest capilol sia leguda cauza ad aquels homes e
puescan acorda[da]mentz tiitz o ii magers partida d'aquels,
o aquiil que per ells o per la major partida d'ells serian
elegitz ad elegir consols o consol, per se elegir consols de
60 Mass'., li quai sobre ells [els] autres Marsseilles venentz
aqui ajan aquel mezeis [»oder, lo quai aurian li autre consol.
segon que es dig de sus, elegut per lo rector de Mass'.,
entro que li autres consols establitz (establitz) en Mass'.,
segon que es dig aqui, seran vengutz, e non outra. Pero, si
65 aquel que séria elegutz' consols per la major partida dels
homes de Mass'. refuiava o non volia receber lo consolât,
sia punitz^ en .xxx. lb'.3 de riais coronatz, si per just
enpediment non lo refuiava*.
Semblantzmentz establem que d'aissi enant sia gardât^
70 fermament e sens corrumpement que neguns Marseilles o
autres, don que sia o sera, que uze de major libertat o
franqneza en Suria o en alcun autre luoc que li autres
homes de Mass'. comunalment, en neguna autra maniera
non puesca ni déjà en alcun tems esser fatz o establitz
75 consols en Suria o en autre luoc o usaria d'aquella libertat,
si empero autres o autre bon e aondos adonquas en
aquellas partidas anant s'atrobaran o aqui seran quefassan
a sostener [e] a perfar l'uflze del dig consolât s.
Et ancaras ajostant que aquil que son consols un an en
80 l'autre non sian consols, si non [en] aquel cas en lo quai
non si trobaria sufâcient[z] 7.
Semblantmentz establem que neguns fondeguars o nabe-
tins, (yo) o alcuns que son vin venda o fassa vendre a
menut, non puesca esser fatz o establitz en aquel luoc
85 consol, ni alcuns que son mestier a corataria faria en
[aquella] terra. Estier aquestas cauzas que si déjà gardar
1. Ms. : re)incar. — 2. punia. — 3. Lat. : .x. libris. — 4. Le latin ajoute
une dizaine de lignes. — 5. Ma. : gardar. — G. Le latin ajoute environ cinq
lignes. — 7. Les mots Et aticaras... sufficient sont placés, dans le ma-
nuscrit, à la fin du chapitre. Le latin les a à leur place. Il faut peut-être
corriger : [altres] sufficientz (lat. : alius sufficiens) .
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 365
que si alcuns fondeguars o [nabetins o] alcun[s] en alcun
tems faran contra lo sagrainent, lo quai auran fago fara[nj
al regidor de Mass'. en reserason del dig fondegue, perdan
90 aqui mez6is tôt lo dreg, lo quai adonx [an] en lo dig fon-
degue.
[II] '. De gitament de met^cadarias en mar per mal tems
0 per autra cauza (Lat. IV, 30).
Si, sobrevenen - alcun perilh da mar o deventz, o per
paor de corssaris, o per autras justas cauzas s'esdevenia
5 esser fatz gitamentz de mercadarias justamentz, que en
alcuna nau o en alcun lein seran, si aquel gitament[z| sera
fatz ab corainal concordia dels mercadiers o de la maior
partida o de la plus sanapartidao d'aquells que en aquella
nau adoncx serian o en aquell lein, o fossa per justa o per
10 liai maniera, per cauza d'esquivar raanifest perilh e
d'aquella nau o d'aquell lein e de las mercz^ carguadas en
aquellas gardadoiras o de gardar, adoncx lo dan d'aquell
gitament et pe(rjjuramentd'aquellas mercz'' per aquel gita-
ment fag sobre tôt l'aver que en la dicha nau o en if" 41 roj
13 lo dig lein en lo tems d'aquell gitament sera remasut, pero
comtadas aqui las cauzas salvadas en aquella nau o en
aquell lein', per sout e per Ib'. sian adeguadas, o que comi-
nalmentz si pagon : en la quai cominal collida le ditz avers
que gitatz es e las mercadarias pejuradas sian comtadas
20 segon que las mercz^ semblantz d'aquellas valran en
aquella terra, en la quai la^ dicha naus o leintz ad aquells
descarguara las cauzas salvadas fazent port.
(III). De gardar los conseroages (Lat. IV, 23).
Si alcun aura[n] fag entre se conservage o fassan en
aquell viage que faran de lur bona voluntat o per manda-
ment del rector o dels consols de Mass'., d'aquel luoc en lo
5 quai le dig conservages sera(n) fatz en alcun cert viage, et
1. Ce chapitre est reproduit au ch. XXVI avec des variantes d'expres-
sion noinltreuses, mais sans importance. — 2. Ms. : sobrene)iOfi. —
■i et 4. nientz. — .5. Lat. : nave etiam vel ligno ita salvatis ibi compu-
tatis (le traducteur n'a pas compris). — 6. Ms. : mentz. — 7. le.
366 ANNALES DU MIDI.
an promes pena l'un a l'autre d'aisso a gardar. stablem que
aquilKs), li quai lo dig conservage non observaran, si aisso
non fazian per just erapediraent entreve[ae]nt, sian tengut
de pagar la pena promessa ad aquells que voirian gardar lo
10 conservaje o al comun i de Mass'., si (al comun de Mass'. si)
al comun o ad alcun per lo conaun li davant dicha pena
sera promessa; la quai pena si li dig rompe[n]t la fe non
voirian paguar, li poestat o li consols que per tems seran
destreinnara aquels que promezeron a paguar la dicha pena
1."j sens 2 bestenssa. Empero, si pena non sera promessa, mas
tant solament lo dig conservage establit sera covengut,
stablem que li poestatz o li consols sobre ditz sian ten-
[vojgutz adoncx tolre en nom de pena .1. marcx d'argent per
la nau als rompentz aquell conservaje, e de las dichas penas
20 aqueila^ naus o li senhor d'aquella non sian tengutz en
alcuna maniera, si non aquellas partz tant solament las
quais en aquella aurian aquill forfazedor(s) o delinquent, e
semblantment si non aquill solet que en aquella nau serian
en lo dig viage rompe[n]t lo conservage. Slablem semblanl-
2o menl que totas las dichas penas enaissi agudas del comun
de Mass'. sian donadas o despendudas en curar lo port de
Mass\ *.
(IV) ^ Dels mariniers (Lat. IV, 15).
Si alcuns aura logat maieniers o autres obriers o autras
personas, le quai ad ell per près o per loguier stablit
alcuna cauza leguda aura covengut de far o esser fazedor.
5 stablem que aquill aquella cauza que auran covengut sian
tengut de coraplir, si per just empediment e manifest non
remania; domentz empero [que] aquellas personas. so es
1. Ms. : alcun. — 2. serns. — 3. aquille. — 4. La phrase eu italiques
manqaie dans le texte latin et constitue probablement une addition pos-
térieure. — 5. Ce chapitre et les doux suivants sont reproduits, ajjrès le
ch. XXI, avec quelques variantes d'expression (ch. XXII, XXIIl et XXIV).
Cf. par exemple, IV, 1, licita pour leguda; IV, 7, ei)cobolament pour
empediment; V, If), o per cambi la guazainnaria pour ad autra ma-
niera l'aquistaoa: V, l'J, o camhiada pour o d'autra ^naniera aquistada.
— Une double erreur, différente dans les deux rédactions, montre qu'elles
ne dérivent pas de la même source (provençale) : V, 3, enaissi con es
acceptât o a bogia (2' réd.); aissi con a certa [= septa du lat.) o a b.
(l" réd.); cf. V, 7, accepta [2' réd.), ves cepta (1" réd.). La 2' copie est
d'ailleurs assez négligée (mots omis, etc.).
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 367
assaber marenier [o] obrier, siaa tais que en autra maniera
si puescan obligar^. E si per aventura s'esdevenia que
10 l'albres de la iiau en la quai li davant ditz anarian, o timon,
o timonairas, o antennas , o semblant cauza si rompia,
o si aquill naus fazia trop d'aiga, adobadas aquellas cauzas,
li sobre ditz loguatz, aissi con de sobre dig es, non sian
mentz tengutz de complir per aquel mezesme près so que
15 auran covengut. La quai cauza si complir non poi[f"^42 r'']-
rian, quant que plus de près o de loguier ad aquels covengut
o donat ad autre o ad autres per aquella cauza séria douât
sens fraus, sian constreg de restituir; e si plus del près o
de[l] loguier premieramentz covengutz ad ells sera donat
20 o promes, empero d'aisso car non volian complir cello que
avian promes, si plus n'auran près, sian constreg de[l]
rendre. E si plus per aquo ad ells sera promes o covengut,
aquel que avia promes o covengut ad ells non sia tengut de[I]
donar. E si [per] aventura alcuns mariniers denfra lo viage,
2o lo quai auria comenssat, fugia o la nau desamparava, si per
just empediment non o fazia, stablem que tôt lo loguier, lo
quai d'aqui auria agut, al senhor de la nau sia tengut de
rendre; e semblantment al senhor de la nau non mentz
restituisca tôt lo loguier, lo quai ad autre per aquel defai-
30 Ihement le senhers o le guiaires de la dicha nau aura donat ;
e sobre que tôt done en nom de pena atrelant al comun de
Mass'.
Establem quel davant dig fugedis leza per l'auctoritat
d'aquest capitol al senhor o al logador d'aquella nau en la
3o dicha fuia, o pueissas en qualque luoc que l'atrobara, penre
e detener et aquel liât e ben gardât ^ o d'autra maniera a la
poestat o als oonsols de Mass'. adurre per sa auctoritat, so
es assaber d'aquel senhor o loguador d'aquella dicha nau,
pero en tal maniera que per aquellas cauzas aquel fugedis
40 non naflfre ni bâta, o negun menbre non li frainha. Si pero
s'esdevenia quel senhers (logaires) ol logaires de[v"| la nau
laissaria alcun marenier, non per colpa d'aquel marenier,
si^a tengut le senhers ol logaires d'aquella nau rendre e res-
1. Le texte latin suivi devait porter aliter. Cf. la 2" rédaction
(ch. 22) : que ses tôt enpedinient si puescan ad aquo ohliguar. Par-
dessus donne : taies sint qui aliisad ea se valeant obligare. — 2. Ms.
gardar.
368 ANNALES DU MIDI.
titnir al davant dig marenier tôt lo loguier a se covengut,
4'i et outra totas las despensarias las quais le mareniers faria
per retornar a Mass'.
(V). D^aquo mezeis (Lat. IV, 16).
Si alcuns mareniers alcun[sj aura loguata cert loguier et
a cert viage, aissi con a Cepta' o a Bogia o ad autre luoc,
et auran covengut entre'ells de retornar a Mass'. per aquel
5 mezesnae loguier, stablem que si le senhers o le loguaires
de la nau o del lein, ves Cepta o autre luoc [on] sera annatz
o annara, aquella nau tota o autra lein vendia, que le
senhers de la nau o le logaires tôt lo loguier e las despen-
sas de retornar a Mass'. ad aqueis mareniers sia tengutz
10 de donar e de pagar, si per voluntat dels mareniers non
remania. Si empero le davant dig senhers o loguaires com-
prava aqui aquel lein o aquella nau, o ad autra maniera
l'aquistava, li^ davant dig marenier per aquel loguier
covengut ad ells, aissi con de sobre dig es, sian tengut de
15 complir aquel viage comensat en lo davant dig lein o nau
comprada o d'autra maniera aquistada, aissi con auran
covengut se fazedor en aquella nau sobre dicha, si de volun-
tat del dig senhor de la dicha nau o ioguador del dig lein
non remania.
20 E si IJ dicha naus per los ditz Marseilles sera venduda, o
le leins, ad autres Marseilles, li quai com[f'' 43 fjprador
d'aquella nau o d'aquel lein aquel viatge dejan far ab aquella
nau o ab aquel lin dig, lo quai li premier senhor o Iogua-
dor vendedor auran perpausat de far, stablem que li^ dig
T6 marenier siafn] tengut adonquas seguir los ditz compradors
d'aquella nau o lein en aquel viage per lo loguier covengut
ad ells del premier senhor o dels premiers senhers de la
•darant dicha nau o del lein sobre dig.
(VI). Uaquo mezeis (Lat. IV, 17 (U'^ alinéa) et 18).
Stablem que tug* li mareniers que si seran acordatz o si
acordaran o promeseron ad alcun o ad alcuns se alcuna
vegada anador[s] per merce o per alcun loguier ad ells
1. Ms. : certa.— 2 et 3. Ms. : le. — 4. (uti.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 369
5 covengutz en alcuna nau' en alcun viatge, sian tengut que
eu nenguna maniera, deus que la naus per cauza d'anar en
lo dig viage sera foras de la boca de! port de Mass'.. non
jassa[n] de nueg foras d'aquella nau sens licencia o volunlat
del nauchier de la dicha nau, le quais nauchiers non déjà o
10 non puesca en alcuna maniera donar licencia ad alcuns
dels mariniers sobre ditz, que al raentz li terssa partz o li
quarta dels mareniers sobre ditz de la dicha nau [jassà
cascuna nueg en la dicha nau] 2. E que li^ dig marenier
aqui et en autre luoc fassan a bona fe los servizes que per-
la tenon a la dicha nau, si per just e manifest empediment
non remania. Si en autra maniera encontra faran , sian
punitz d'aqui d'aquel transpassament, segon que de sobre
dig es en l'autre capitol fag dels mareniers, que comensa :
Si alcuns au7'a loguat mareniers o autres, etc.
20 [v] Establem que las naus d'outra raar venent e(t) stant
en lo dig viage en alcun luoc sian tengut donar adonc
viandas als mareniers lurs de festa de la Nativitat de
Nostre Senhor adenant, en aissi que .xv. s', de riais donon
li senhors de las naus ad un quascun marenier per aquo
25 per quascun mes. Li quai marenier si desempararian la
nau, (si) que, guardat aisso ad ells. sian punit en personas et
en cauzas ad albire del regidor 0 dels caps de raestiers * de
MassV ; e so que dig es de las viandas aja luoc, si non per
aventura entre los senhors 0 logadors de la diohanau e los
30 ditz mareniers sacordarian d'aquestas cauzas acordada-
ment.
Establem atressi que cascuna naus que cargara pelegrins
en Mass'. 0 li senhors d'aquellas satisfassan als mareniers
de lur loguier en aquesta terra, enantz que colle de las
35 illas de Mass',; e que neguns senhers de nau o logaires de
nau d'aissi enant uns quascuns non porte o non mené 0
non aja outra .iiii. mareniers outramontans en alcuna nau
1. Cf. 21, 3, e promezeron per itn cert Uxjuier 0 guiznrdon cocengiit
ad ells en quai que tems sian teiKjutz ainiar en alcuna nau ...que,
où sian tenffutz est évidemment déplacé. — i2. Nous rétablissons la lacune
d'afirès le latin : jaceat qualibet nocte in dicta >inve. Une addition pos-
térieure, dans le latin, développe les prescriptions de ce chapitre. Ce qui
suit forme un chapitre à part dans le latin (= IV, 18). — 3. Ms. : le. —
4. Le latin dit : rectoris vel consulum. Cf. 1. 41.
370 ANNALES DU MIDI.
fazent yiage de Mass'., si non eran ciutadan de Mass'.
fazent lurestage aqui ^ E si alcuna vegada alcuns senhers
40 0 logaires de nau encontra fara o venra, sia punitz per lo
rector o per los caps de mestiers de Mass'. per casqun dels
mareniers en .c. 1'., qiiantz que serian.
Stablem sembla[ntjmentz que tug li mareniers, qua[i]s
que quais anaran en las naus de Mass'., sian e dejan ff" 44 r»]
45 esser e juron als santz evangelis de Dieu esser obe-
dientz als consols estabiitz de Mass'. en las quais terras
naveguaran en las naus de Mass'. E si alcuns mareniers non
Marseilles assajara venir encontra non obesent a son consol
0 als davant ditz consols, d'aqui enani non navegue aquei
50 mareniers tro a .iii. ans adoncx probedans en alcuna nau
de Mass'. Et outra aisso, si era trobatz en Mass'. per aquo,
que non sia mentz punitz e[n] .Ix.^ 1'. del regidor [o] del
comun de Mass'.
(VII) 3. R'. : De aver fenn las cauzas accitadas davant los
consols establitz foras de Mass. (Lat. I. 8).
Ordenam per la prezent constitution que(r) la[s] peti-
cions, positions, confessions, respontions, atestations e
5 productions e composicions e transactions, sentencias, man-
damentz e totz los fatz, los quais li consols en Mass'. sta-
blit de la poestat o dels consols de Mass'. ad anar en Suria
0 en autre luoc, enaissi con dig es en lo pro[pldan capitol
de sus, o(n) li autres consols foras Mass'. stablitz , dels
10 quais es fâcha mentions en aquel mezeis capitol, diran o
dire faran o proferran o far faran o dire, o las quais davant
ells fâchas seran, aquella mezesma fermetat ajan e forsa
que aurian , si en la cort de Mass'. en aquella mezesma
maniera dichas o fâchas serian. E que li ^ dig consol per
15 'justizia de la cort sian tengut recebre et prenan de cadaiin
plag, le quais sera denant els o sera ventilât, de .x. bezantz
0 de [v] la extimation de .x. bez. e d'aqui en sus lo .x% e
d'aquells platz que seran denfra .x. bez. o la extimation de
1. On voit qno ce n'est pas sonlonient de nos jours i[u'ou se préorcupe
de protéger le travail national, et l'amende encourue est énorme (voy. 1. 42).
— 2. Latin : .Ix. sol. (I^rançois d'Aix), .xl. sol. (Pardessus). — 3. Le
latin correspondant est moins développé et présente un ordre dilTéi'ent.
— 4. Ms. : U.
MELANGES ET DOCUMENTS. 371
.X. bz. lo ters, so es assaberd'aquel o d'aquells, li quai seran
20 vencut : la quai justizia li ' dig cotisol ad alcun o ad alcuns
en deguna maniera non puescan perdonar ni laissar, e la
mittat de la davant dicha justizia sia dels ditz consols, e
l'aulra mittat sia del dig comun deMass'., al quai coraun ii^
dig consol la dicha justizia sia[n| tengutz donar o rendre. Li
25 poestat o li consols de Mass'., li quais per tems seran, ajan
gran cura que^ H dig consols, li quais devon esser trames de
foras de Mass'., sempre sian tais e sian stablitz (li quais)
discretz e liais et aondos en quadaûn luoc als davant dig
consolatz drechurieraraentz tenedors e regidors, et outra
30 aquestas cauzas sian tais atressi quais sobre en lopropdan
Capitol es dénotât.
En après establem^ sobr'aisso que lug li davant dig fag
dels platz mesclatz [e las cauzas que davant] els seran
fâchas o dichas o ventiladas sian escrichas de notari
35 public, si aquel adoncx li ditz consols aver poiran e major-
raent per notarié public stablit de la poestat o dels consols
0 de la cort de Mass'. E si notari aver non poiran ad aisso a
far, adoncx sia escrig flëlment per l'escrivan de la nau, o
per autre, lo quai meillor e plus covenent aquill trobaran
40 ad escriure, le quais, enantz que alcuna cauza escriva,
d'aquojure^ sobre los sans evangelis de Dieu [f»45ro] si am
bona fe et enaissi com miells sabra e poira escriure totas
aquelias cauzas, las quais ausira(n) o seran diclias fuzent als
platz dells plasdeiantlz] davant los consols sobre ditz, un o
45 plus. E totas aquelias cauzas escrichas flëlmentz li ditz
consols gardon e servon et ab se en lo cartolari sieu d'aquo
fag aporton en Mass'. ; en lo quai luoc cant ill seran ven-
gutz, lo dig cartolari monstron e rendan a la cort de Mass'.
per so que aquel cartolari d'aqui enant sia gardatz del
50 comun de Mass'., enaissi con li autre fag de la cort.
Establera airessi que li consols davant dig, li quais son o
seran [d'Jaqui en un an, non sian aqui ni remanguan aqui
consols en l'autre an propdan en aquel luoc et en aquell
oflize, mas autres consols aqui sian fag et establitz, aissi
55 con sobre dig es en lo davant capitol (dig); e que li consols
1 et 2. Ms. : le. — 3. Ms. : o. — 4, estahlen. — 5. natari. — 6. Ms. es-
criua.
372 ANNALES DU MIDI.
sobre ditz puescan e dejan autres consols far et establir, o
qual[sj que autres en lo sieu luoc laissar ab conseill pero et
assentiment dels sieus conseiUiers o de la major part
d'aquels, en alcuna terra de Sarrazins on aquill seran
60 consols, quant si partiran d'aquella terra. Mais so qu'es
dig dells davant ditz mandamentz en tal maniera aja luoc,
so es assaber que aquil consols non puescan donar manda-
ment o mandamentz entre autres placdejantz davant ells,
ni autres davant se plaidejant[z) forsar a penre manda-
mentz.
65 Si aissil mezeis placdejant non si metian al mandament [v»]
d'els, mais si per aventura d'autramentz o fazian, aissellas
cauzas que farian' non vaihlan ren ni Icnguan enantz non
conlrastantz^ las davant dichas cauzas non vaihlan ren
apostot.
70 E tutz li davant ditz consols totas las cauzas que davant
ill seran ventilladas enquieran en tal guiza e defeniscan
que tostems en aquestas cauzas, las quais sobre aquo
conoissent o guarentias auzent o defeniënt faran, prenan
ab se o ajan dos prohomes e discretz meillors e plus cove-
7o nens los quais trobar o aver poiran, o almentz .j., estier lo
notari publico autre.. .^ davant dichas totas cauzas e qua-
daiina, (o) las quais il mezeis li consols faran, sian raenadas
e tractadas.
(VIII). R'. : D'aquels que moron* foras de Masseihlla
(Lat. IL 50).
Per lo présent capitol establem, cant s'esdevenra alcun
Marsseilles, o alcun antre portant [o] avent peccunia o
5 alcunas cauzas d'alcun Marsseilles. morir en autras partz
foras Mass'., o s'esdevenra alcun [morir], le quais ad alcuns
alcunas cauzas coraandadas ^ per gardar, las quais ab se
avia le morentz, o aquellas mezesmas per gardar o d'au-
trament liuret o liurara o donet (aquel mort), de las quais
10 [aquel mort] non aordenet en quai maniera o de cui o per
cui aquellas cauzas ves Mass'. dejan esser portadas, adoncx
1. Ms. : fazian. — 2. Je ne comprends pas les mots soulignés : il y a
probablement une petite lacune, ou même plusieurs. — 8. Il y a sans
doute ici une lacune que le latin, très abrégé, no permet pas de combler.
— 4. Ms. : meron. — 5. comande.
373 ANNALES DU MIDI.
lésa ad ells o ad ell davant ditz aïs quais aquellas cauzas
son 0 serian, sens tôt perill sieu, aqui [a] un o dos o plus
Marseilles', li quai pero per riqiieza o facultatz e plus
lo honest serian [f" 46 r"] en aquella terra, las dichas cauzas
. liurar davant garentias aqui ajtelladas per portar las dichas
cauzas a Mass'. Et atressi ad aquells-a cui aquellas cauzas
serian liuradas en tal maniera leza sens son perill) aquellas
cauzas, en covenells temps, en convenell nau , o ancaras
^0 per terra convenellraent, sens son perill aportar o adurre o
trametre per personas covenent[z] ab bona fe e sens engan.
0 si per aventura aquell o aquill, a cui o als quais, aissi con
dig es, del mort las dichas cauzas serian liuradas, non tro-
barian aqui alcuns autres Marsseilles plus coveneuls o
25 plus honestz d'aissells mezeis, adoncx leza ad ells aquellas
cauzas, (atressi) aissi con de las autras dig es, sens son peiill
portar o adure o trametre a Mass'. per personas covenens
en naus covenens o per terra, ab bona fe e sens engan. Et
en quai que maniera de las davant dichas manieras las
30 dichas cauzas venran ves Mass'. o seran aportadas, adoncx
sian e venguan al perilh dells hères o dells successors del
dig mort, en tal maniera que a negun autre lo perilh
d'aquellas cauzas en alcuna cauza non pertengua. 0 si per
aventura eran de las cauzas ad ells comandadas, o si le
35 mortz aquellas cauzas laissara ad alcun en tôt o en part,
sian e venguan a la l'ortuna^ el perilh d'aquel o d'aque^lls del
quai 0 dels quais ^ aquellas cauzas le ditz mortz avia receu-
put en coraanda, o a la fortuna d'aquell o d'aquels a cui o
als quais serian del dig mort laissadas. Mais empero, si [vo]
40 alcuna cauza de las davant dichas cauzas aportadoyras le
ditz raortz per aventura establit o adordenat [avia], enaissi
com el aura dig sia fag.
Et après dizem que si s'esdevenia o esdevenra alcun
Masseilles en alcun luoc morir en terra de Sarrazins, le
'iS quais aqui establiraent dels sieus bens en sana memoria fes
0 fara, si aquel establiment per très garens mascles o plus
al mentz, li quais sian vist de la cort de Mass'. conveneuls
1. La Coutume de Montpellier, ch. v, exige au moins cinq témoins ori-
ginaires de Montpellier ou des environs ; de même, plus loin, cinq témoins
au lieu de trois. — 2. Ms. : forma. — 3. del qunl de 1" main.
374 ANNALES DD MIDI.
e li quai ad aquell stabliment apellat e paguat foron, poira
esser proatz, aquell establiment ferraament sia tengutz
50 enaissi con fag es, salva pero als enfantz d'aquell mort
segon dreg estatut de la ciutat de Mass'. la falcidia o légi-
tima, et atressi salva als privatz, so es als sieus, d'aquel
mort la légitimât.
(IX). R'. : En quai maniei-a deu esser venduda cauza mobla
obliguada per pelnnora (Lat. III, 4).
Si alcuns alcuna cauza mobla a près en pengnora o penra,
le quai cauza enpero puesca de dreg esser obliguada per
5 peccunia legudament e per justa cauza deguda o coveoguda
0 promessa [a] paguar en cert jorn o en cert tems, et aquell
deuteires, le quais obliguet e liuret en l'establit tems o jorn
assignat a paguar la dicha peccunia, enaissi con covenc non
paguet. o non a satisfag al crezedor, d'aqui enant lésa al
40 crezedor, après .ij. mes del dig terme traspassatz . en quai
que tems el se voira, pueis la dicha peingnora per la soa
auctoritat ab bona fe vendre, amonestat e requist lo deutor
que resema [fj 47 vj] aquella peinnora, e certificat premie-
rament lo davant dig deutor ab garentias, si prezentz es, o, si
15 le deuteires non es aqui prezentz, fâcha la denunciation a la
soa moiller o als probdans^ d'aise! deulor, e la licencia de
la cort de Mass'. sobre aquo requista e receupuda. la quai
licencia la* dicha cortz sia tenguda e déjà ad aissel crezedor
donar o autrejar, pos per lo dig crezedor en sera requista
20 la cort o demandada*.
(X). R'. : De pegnora donada en las naus per alcuna pecunia
(Lat. III, 5).
Stablem que si alcuns homs ad alcun alcun prest fes o
fara portador en alcun viage a la fortuna ol resegue d'aquest
5 que presta lo prest, per lo quai prest especialment ad ell es
donada pegnora, la quai pegnora ab son senhal aura senhada
o non, si per aventura aquella pegnora, per aventuros cas
1. Lat. : et similiter ascendentibus iUius defuncti, ce qui est diffé-
rent.— 2. Ms. •.probeiies (lat. : -propinquis). — 3. le. — 4. Lo latin ajoute
un petit détail, et à la suite un court paragraphe, qui est une addition pos-
térieure.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 375
0 sens colpa del deutor, eu aquel viage aera perduda, e li^
naus en la quai aquella es o sera(ra) carguada o li^ majers
4 0 partz d'aquellas cauzas en aquel viage cargadoiras salvas
anaran al luoc on avian voluntat de portar e d'anar, o(n)
en autre luoc on 11^ dicha naus fassa port per descargar,
adoncx le dig deuteires non mentz sia tengutz de dig prest
o d'aquo que en covenc al dig crezedor, o ad autre per ell;
■15 et aisso covenc o covenra, so es covenenz sera, entre los
contrahens lo deutor esser d'aquo tengut(z), salva anant la
uau 0 la major part de las cauzas en aquella nau cargadas.
0 si non, so es si aquesta cauza non fon en co[vo]venent
entre los contrahens *, mas fag o dig fon entre ells que li
^0 dicha pegnora vengua^ en aquel viage a l'aventura del
crezedor, adoncx perduda la peinnora aissi con dig es. aquel
deuteires en alcuna maniera adoncx d'aquel deute non sia
en ren tengutz.
Mas si aquel crezeires neguna peinnora o gênerai pegnora,
25 so es d'alcunas cauzas en alcuna nau pauzadas, o autra
cauza cenblant, per lo dig prest receup o recebra, e li ^ naus
o aquel leintz en la quai o en lo quai carguada sera aquella
peignera gênerai o autras cauzas del dig deutor, o le ma-
gers partz de las cauzas aqui carguadas en aquel viage, per
30 aventures cas périra .o periran . adoncx le dig deuteires
non sia tengutz al dig crezedor del dig deute, si non per
aital part soiaraent con salvaria aissel raezeis deuteires las
cauzas, las quais en la dicha nau o en lo lein auriao (a) que
pertenon aqui ad ell; quar adoncx per aquella part de las
35 cauzas en quai que maniera del dig deutor salvadas ad
aquel crezedor per lo dig prest sia tengutz.
Mas si li dicha naus o leins en lo davant dig cas o li'
raagers partz de las cauzas aqui carguadas seran salvas,
atressi li dig deute adonc sia salvvs al dig crezedor.
40 Et atressi, si (alcuns) en alcun tems 11^ peignera specials
séria salvada, adoncx perduda nescalre aquella nau o la
major part d'aquellas cauzas en aquel viage carguadas, le
dig deuteires al dig crezedoi- del sieu davant dig deute sa-
tisfar d'aquella pegnora spécial sia tengutz e non d'autra
2 et 3. Ms. : le. — 4. contrahers (cf. 1. 16). — 5. vangiia. — 6, 7 et 8
le.
376 ANNALES DU MIDI.
45 part, si non per aventura entre ells adoncx o enantz
ex [f" 48 ro] pressamentz convenentz séria.
(XI) R'. : De compainhia[s] e de comandas (Lat. III, 19).
Stablem que, si alcuns homs ad alcun altro peccunia o
alcuna cuuza en corapagnia o en comanda a far cert viage
[ad] alcun luoc nomnat donet o autrejet o dara o autrejara,
5 et aquel, le quais en aital maniera o receup sens licencia o
consentiraent del dig compagnon o coraandador o hères
d'ells, enantz que al dig luoc vengua o en après (pos al dig
luoc), ad autre liuret aquella cauza o comanda, o aquella
cauza d'aquo fon comprada o guazainnada o aura laissât
10 aquella cauza, volentz annarad alcun luoc, adoncx aldavant
dig que receup aquo, aissi con dig es, le perills d'aquellas
cauzas pertengua. E segon que alcuns autres dells homes
de la nau, en la quai annava o promes annar o dec annar
aquel que receup la comanda, dells autres cemblant[z] mers
15 al mage ha agut, sia tengutz donar ad aquel de cui receup
la cauza en comanda, en aissi con dig es, o als hères d'ell.
(XII.) R'. : D'aquo mezeis (Lat. III, 20).
Establem que, si alcuns homs ad alcun autre compagnia o
comanda fes o fara, et ad ell poder donet o donara, que amb
aisseila compagnia o comanda en quai que viage ad el pla-
5 zera va(u)gua, el luoc al quai la dicha compagnia o comanda
[portar déjà non nomnet al tems on la dicha societat o
comanda ad elj ^ fon fâcha o liurada o carta fâcha, en quai
que tems 2 viages t'ar voira sens enguan e sens bauzia o
puesca far. Mas si le compain o le comendaires en après
10 li comanda per letras ab sagel del capitol o del comun de
Mass'. sagelladas, dizens que ab la dicha compania o co-
"manda [v^], coraplit lo premier viage, a Mass'. s'en torne, sia
tengutz aquel far aisso, si empero non avia comensat autre
viage, del quai sostenria o li esdevenria gran dampnage si
15 non lo compila; en lo quai cas puesca ell, non contrastant
la dicha denunciation, aissel viage que a comenssat com-
plir, lo quai viage coinplit^ sia tengutz tornar a Mass'., o
1. Lacune comblée d'après le latin : vel comniiuidani portare debeat
non nominavit tempore dicte societatis vel commande ei fade. —
2. Latin : quacumque. — 3. Ms. : complir.
MELANGES ET DOCUMENTS. 377
la dicha comanda o compagnia, so es (o) la part del captai
e de tôt lo guazain pertenent al dig compagnon, am bona
ÎO fe per alcun flzel message etconveneull, ab guarentias aqui
appelladas, al dig compagnon comandador traraetre; et
aisso fassa le compain', si non remania per just empedi-
ment. Mais si le luoc, al quai luoc aquella compagnia o
comanda dévia portar le compain o aquel que receup la
25 comanda, fon nomnatz, adoncx, complit lo viage del nom-
nat luoc, sia tengutz tornar a Mass'. o trametre al compa-
gnon, o(d) ad aissell que comandet la comanda, la part del
captai e de tôt lo guazain ad ell pertenent, aisi con dig es.
Mais si aquel que la compagnia o comanda receup contra
30 aisso fara, aquo tôt, que en la compagnia o en la comanda
0 per raison d'aquo avia quoras receup las letras o manda-
ment en la davant dicha maniera, sia salvv al ^lompagnon
o al comandador, e sobre tôt aisso la part de tôt lo gazain,
lo quai auria de la dicha compangna o comanda, cant lor-
35 nara o^ la compagnia o demanda (en) trametra, ad aquel
mezeis la tramet(r)a; en los^ quais cas non mens del captai
sia crezutz aver, si non proava {î") 49 r"] que, cant receup
las letras "* o lo comandament, en aissi con dig es, avia
me[n]s del captai.
(XIII). R'. : D'aquo mezeis (Lat. III, 21).
Si alcuna ad alcun compagnia o comanda fes o fara, o
donet o donara, et aquell que aquella comanda o compa-
gnia receup sera tornatz d'alcun viage, et alcunas cauzas,
5 non de la compagnia o de la comanda, en aquel viage don
venc laisset o en autre luoc per alcun autre trames, don
discordia entre aquells compagnons o comandadors sera,
adoncx aquell, le quais aquella compagnia o comanda (aura
o) receup o recebra, aquell de cui las dichas cauzas lais-
10 sadas o tramessas serian en alcun luoc et en la quai ma-
niera aquellas cauzas receup d'aquell nomnar e dire sia
destreg per sagrament de veritat, si al compagnon o co-
mandador plazeraj [e si] le compain o comandaires davant
dig, le quais la dicha compagnia o comanda fes o fara,
.15 proaria per .ii. o per très guarens conveneuls d'autramentz
1. Ms. -. compagnon. — 2. a. — S. e las. — 4. terras.
A.NNALES DU MIDI. — XX 25
378 ANNALES DU MIDI.
esser la veritat que le dig compagnon juret, adonx la part
pertenent ad aquel proant de las dichas cauzas, enaissi con
dig es, laissadas o tramessas en autre luoc el mezeis le
proantz que proet. enaissi con dit? es, (el) puesca demandar
20 en lo doble ad aquel que las dichas cauzas laisset o trames
en autre luoc (enaissi con dig es).
(XIV). R'. : D'aquo mezeis (Lat. III, 22).
Stablem que, si alcuns homs compagnia o comanda [V]
ha d'alcuns, e d'alcun viage sera tornatz, et aquel del quai
la compagnia o la comanda hac^ o aura o los hères d'els
5 non trobara, sens licencia d'aquell o d'aquells la part
d'aquells non trobatz ab se portar o trametre non puesca(n)
le dig compain o comandaires : la quai cauza si ell fara^
et alcuns perill d'aquo esdevenra, la part de la dicha co-
manda o de la compagnia e non del perill al compagnon o
10 comandador pertenent sia tengutz de rendre.
E si adoncx alcuna cauza en aura guazanhat^, las .iii.
partz d'aquel guazanh ^ en done ad aquel. Mais si per autre
aqui trames las cauzas de la dicha compagnia o comanda,
adoncx aquella part pertenent ad aquel compagnon o co-
15 mandador, ab las .iii. partz del guazanh, si alcun guazanh
en a, ad aquell mezeis compagnon sia tengutz rendre senz
demora.
(XV). Remembransa d'aquo mezeis que es dig de sus
(Lat. III, 23).
Generalraentz establem que totz compantz, le quais d'au-
tres alcunas cauzas per nom de compagnia o de comanda
5 porte 0 portara en quai que ' viage, adoncx quant sera retor-
natz del viage, aquella davant dicha compagnia o comanda,
o las emplechas d'aquo agudas, en lo poder del sieu capi-
tani, so es assaber d'aquell le quais las cauzas en la compa-
gnia 0 en la comanda ad ell liuret, si aquel capitanis o li
10 successor d'ell aisso voiran o querran que offassa, pauze et
assigne sens demora. Mais si aquel, le quai la dicha com-
pagnia 0 comanda portet, autras cauzas departidas d'aquella
1. Ms. : lac. — 2. sai'ci. — 3. guazaginnat. — 4. guazagiti. — 5. en
aquel (lat. : in aliqiiod).
MELANGES ET DOCUMENTS. 379
compagnia o comanda auria [f» 50 r°], al dig compagnon o
comandador non sia destreg aissellas cauzas consignar ni
15 liurar'.
(XVI). R'. : De naus loguadas a nouli (Lat. IV. 7).
Establem que aquel, lo quais nau o autre lein a nouli
loguet 0 loguara per menar o trametre ad alcun cert luoc.
si outra aquel cert luoc nomnat aquella nau o aquel lein
5 menet o trames, si non per just e manifest empediment
aisso fes o fara, si ad aquella nau o lein alcun perill o
dampnage esdevenra, adoncx aquella nau o lein esmendar
6 lo nouli paguar sia destreg. Mais si li naus o le leintz
salvamentz tornava, adoncx tôt lo nouli covengut, e la esti-
10 macion fâcha per millar[ejs d'aitant con outra lo cert luoc
menet, sia tengutz [en] donar tout lo nouli 2. Mas si denfra
lo nomnat luoc on non es portz annet o anara, o nau 0 lein
trames, enaissi con dig es, adoncx tout lo nouli que promes
pague, mas dell perill o del dan lo quai esdevenc sens colpa
15 non sia tengutz. Et aisso dizem et entendem de nau 0 de
lein loguat^ ad escar.
(XVII). R'. : D'aquo mezeis (Lat. IV, 8).
Si alcuns nau(s) ad alcun 0 ad alcuns (nomnat luoc) ad
alcun [nomnat luoc] per menar loguet 0 loguara et en cert
tems, et aquella nau(s) enaissi com promes e covenc en l'es-
5 tablit terme ad aquel luoc la menet o la trames, si aquel
que la nau loguet la carguara [0 non la carguara], lo nouli
promes et covengut sia tengutz donar. Mais si nouli non do-
net, si le senhers de la nau o aquel que la nau menaria o
trametria [vo] d'aquel nouli raentz auria, aquell que la nau(s)
10 menet lo sia tengut restaurLar] al davant dig loguador. Mais
si al terme que covenc la nau non amenaria ni trametria, et
aisso per just empediment remania, si piieis en covenent
tems ad aquell luoc sens fraus la nau menaria o trametria,
le logaires a.ja la cargua 0 non, adoncx lo nouli donar al lo-
15 gador sia tengutz, 0 quant mentz d'aquel nouli aquel que la
1. Le texte latin a encore un chapitre sur le même sujet (cap. xxiv) , et,
à la suite, un long chapitre intitulé : Qualiter societates et commande
repeti possunt. — 2. Lat. : nauliwi inde tribuat. — 3. Ms. .: logiiar.
380 ANNALES DU MIDI.
loguet aariao (que) poo aver d'autres en aquell luoc. Mas si
per just enapeditïient aquo non remania e la nau(s) en lo dig
terme en lo quai dévia non la raenaria o non la trametria,
adoncx tôt lo damnage que le logaires en auria le logaires
20 de la nau al dig logador' recebent la nau per loguier sia
destreg de rendre.
(XVIII). R'. : D'aquels que deslian los avers d' autrui
(Lat. IV, 21).
Si alcuns aver(s) d'autres en nau o leinpausat o carguat,
aissi con son cuers o becunas o estain o alcunas autras
5 mers, sens voluntat del senhor d'aquella mers desliet o
desliara. et alcun dan en las dichas mers desliadas o pejo-
rament esdevenria, establem que le senhers d'aquella nau o
lein, le quais pero en aquella nau o lein anaria o séria,
0 aquel que la nau comandada adoncx menaria, tôt lo
10 dan e lo pejorament d'aquellas mers restituiscan ad aquel
senhor de las mers, o ad aquell que las carguet en lo dig
lein o nau, sens demora [ ] ^ al dig senhor de las mers,
par [f^* 51 r»] sagrament sempre cresut de tôt aquell dan e
pejorament de las dichas mers [sens] autra probacion.
(XIX). R'. : Lels escrivans de las naus (Lat. IV, "26).
Stablem que trastutz li escrivans de las naus, li quai
anaran en alcuna nau en alcuns viages [sian] tengutz e
juron [per] especial sagrament queill escriuran^ [et] escri-
5 van totz los avers dels mercadiers en sos cartolaris, et
atressi los noms d'aquells mercadiers, e los sobre noms,
(d'aquells) que * auran fag carguar o carguaran aquells avers
en aquellas naus; e que los senhals que aquiil mercadiers
fan o faran en los sieus avers li dig escrivan fassan atressi
40 " en SOS cartolaris, so es assaber de quadaùn dels merca-
diers o dels autres homes davant ditz^. li quai an^ aver o
mers en aisellas naus. Et aisso fassan li dig escrivan de
totas las mers o avers carguatz en aquellas naus, de las
1. Ms. : lof/adier. — 2. Lacune ; cf. latin : sine mora; et ultra hoc
iKtuluni amittant quod iwo illis dveris dissolutis habere debebant; et,
si illud habuera)it, restituere compellantiir dicto domino. — 3. Ms. :
que m sian tengutz escriure. — 4. Lat. : eorum ■>nercatoruni et cogno-
niina et prœ?iomina, qui. — 5. Ms. dig. — 6. a. .j.
MELANGES ET DOCUMENTS. 381
quais, enaissi con diges, il son escrivan o seran. Establentz
15 atressi que li dig escrivan de toi so que auran escrig sian
tengutz far e fassan copia sens demora a trastotz los ditz
mercadiers et a totz autres als quais pertenra per justa
cauza los davant ditz escritz esser donatz o raonstratz o
alcun d'aquels escritz ; los quais totz escritz e los eissemples
20 dels escritz fatz lialraent ara bona fe los donon li davant
dig escrivan a las dichas personas.
Ajostantz* atressi aisso, que li dig escrivan non liuron en
alcuna maniera [v°] ni rendainj ad alcun los ditz cartolaris,
mas ill los ajan sempre ab se e los retenguan, o autres sem-
25 blantz et aitals con aquill son, los quais puescan monstrar
a la cort de Mass'., cant sera ops; la quai cauza si non si
fazia, sian punitz en cauzas et en personas, per l'albitre de
la poestat o dels consols de Mass'. o de la dicha cort.
E totas aquestas cauzas davant dichas fazedoiras dels
30 ditz escrivans sian tengutz et dejan dire e mo(i)nner aquil
que stablitz seran a desliurar los negossis de las naus per
lo comun de Mass'. als ditz escrivans, que ill fassan et atten-
dan e compliscan fermaraent aquoque sobre dig es 2.
(XX). R'. : De non portar aver sobre cuberta (Lat. IV, 20).
Establem .que neguna persona, so es assaber senhors de
naus o nauchiers o mercadiers o mareniers o neguna autra
persona, porte voluntozament alcunas mers sobre cuberta en
5 alcunas naus. si non per aventura sotils mers en cauza de las
quais mers non sia donatz nouli, estiers a las naus venentz
d'autra mar, las quais naus njan .ij. cubertas o plus, a las
quais naus leza en la premiera cuberta portar et aquo sens
fraus. E si alcuns contra aquestas cauzas dichas fara, e gietz
10 d'aquellas cauzas que son sobre cuberta sera fag per justa
paor de mar o de corsaris, aquel de cui aquellas cauzas
son gittadas, si de voluniat^ d'ell expressa sobre cuberta
carguadas 0 messas foron, non cobre alcuna ren d'alcun per
aisso, [i° 52 rf] [ni] non puesca(n) alcun, le quais en la
15 davant dicha maniera [aura gittatj, 0 alcuns autres conve-
1. Ms. : Aiostatn (lat. Addentes). — 2. Ce paragraphe développe ces
mots du latin: Et jurent in curia Massilie onines scriptores predicta
fideliter adimplere. Le latin a une addition postérieure. — o. Ms. : si
sens voluntat: latin si volmitutr.
382 ANNALES DU NIDI.
nir. E sobre tôt aisso li ^ senlior d'aquella nau, li quai en
la nau son o seran, per non de pena .c. marcx d'argent
per justizia al comun de Mass'. donar sian destreg e for-
satz.
E si alcuns dampnages als autres raercadiers o ad autras
20 personas anantz en aquella nau o avent aqui les lurs avers
0 lur mers s'esdevenia. tôt aquel dam aquel o aquill, dels
quais las cauzas seran gittadas, e li dig senhor de la nau
atressi ab els. sian tengutz restituir (lo darapnage) ad aquels
que au[r]ian sufert [lo danipnage]. E so que dig es dels ditz
25 senhors de la nau volem entendre atressi de totz aquells
que auran nau en comanda , o aquella nau enaissi com
amaïstradors raenaron en aquel viage et anaran en aisella
mezesraa nau.
E si contra las dichas cauzas alcuna convention entre los
mercadiers e lo senhor de la nau sera fâcha, aquella conven-
30 cions en alcuna maniera non puesca(n) valer. Mas tôt so que
dig es en aquest capitol vollem esser guardat en lo retorn
de las naus solament, lo quai retorn alcunas naus faran ves
Mass'., venentz d'alcunas partz en quai que teras. Mais
empero de totas aquestas cauzas exceptam^ totas las naus,
35 las quais carcx de blat o de frutz. aissi cora es d'avellanas,
de nozes, de castanhas, de figuas o d'autres semblantz, apor-
tarian. Et atressi exceptam totas las autras naus, las
quais [V] naus carguadas en alcunas partz non deurian
venir per cauza de descarguar ab son fais ves Mass'.
40 Per aqui mezeis stablem que de la pena sobre dicha de
.c. marcx en alcuna maniera aissellas cauzas'^ o autres [li
senhor d'aquela nau oj aquel a cui es comandada la* naus
non sia[nj tengutz, li quai non venria[n] en Mass'. o non
seria[n] en aquella nau en la quai [contra] la dicha prohibi-
45 'tion alcunas cauzas, aissi con dig es, serian portadas.
(XXI). R'. : Deportar garnions en naus (Lat. IV, 19).
Generalment establem guardar d'aissi enant que trastutz
li mercadiers portans en alcuna nau de Mass'. valent .c.lb'.
de riais coronatz o plus ajan e portan, anant e tornant,
1. Ms. : le. — 'Z. exccptan. — 3. Les mots soulignés sont peut-être
corrompus. Le latin donne : >iullatenus ipsa navîs seu alii, domini
naois illiiis aiit conimendularii, tenenntur. — 4. Ms. : le.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 383
5 garnizon al mens o ausberc, en quai que viage que anaran
per peleuc. Et atressi trastutz li portant .d.lb'. o plus porton
garnion, e per son servicial aubergot o cutell. Et atressi 11
portantz mentz valent de .c. Ib'. porton perpong e escut ab
capell de ferre.
10 E si alcuns veni-a encontra aquest statut mensprezant, sia
en punitz de la poestat o dels consols de Mass'. en .Ix. s'.,
aitantas veguadas con assajara venir encontra aquestas
cauzas. Et aquestas cauzas sian tengutz far li senhor o li
menador de la nau, en la quai anaran li davant dig. E sian
15 tengutz li ditz senhors o menadors de la nau aissellas cau-
zas dire a la poestat o as consols per lo comun de Mass'-
sens tôt [f» 53 ro] alongui, quan tost seran li senhors o li
menadors de la nau a Mass'.
(XXVI'). R'. : De las sortz de las naus"^ [l> 55 r°].
Per lo prezent capitol establem fermamentz gardar que
la poestatz o li consol de Mass'. o le viguiers, trastutz li
quai seran per tems sobre estantz al régiment de la dicha
o ciutat. sian tengutz e dejan sempre esser tengutz per sa-
grament tune {sic), en tal maniera que en alcuna maniera
cauzas que si contenon en aquest[z] capitol[s] licencia de
contravenir ad ells non sia donada; e gardon ^ fermament
0 fasson gardar e tenir per totz aquels que son supleiat a
10 Mass'. las sortz de las naus e de totas las coquas et isne-
quas fâchas sa en reire. en lo tems de la poestaria del senhor
Karlevar (v) de Cazena*, adonex poestat de Mass'., de las
quais naus et esnequas* e coqua's es fâcha mencions en lo
cartolari de Mass'., en lo quai escrichas son aquellas que
15 son e quais son e quantas son.
1. Pour les chapitres xxii à xxvi, voir les notos aux chapitres ii et iv.
— 2. Ce chapitre et le suivant n'ont pas d'équivalent dans le texte latin.
— 3. Ms. : gardan. — 4. M. Félix Portai, dans sa liste de podestats de
Marseille {La République Marseillaise du XIII' siècle, Marseille, 1907,
p. lui), donne pour 1221-2 Carlevaire d'Ozan. Couiiiie il n'indique pas sa
source, nous n'avons pu vérifier l'exactitude du nom de ce podestat, qui
doit certainement se confondre avec le nôtre. Cf. Méry et Guindon. II, 25,
note : Jacques Carlavaris de Orsuno (1221-5). —5. Ms. exsnequas (le
premier e refait).
384 ANNALES UU MIDI.
XXVII. R'. : D'espazi de .xx. jorns donadors als mercadiers,
li quais seran en Mass\ en lo tems de la guerra.
Establem d'aissi enant gardador que, si en lo tems de
l'acomensamen de la guerra, la* quai auria le communs de
0 Mass'. ab alcuna ciutat o luec o ab senhor d'alcuna terra,
alcun 0 alcuns mercadiers seran en la ciutat de Mass', d'al-
cun viage, que d'aquel tems del quai séria ad aquels mer-
cadiers prezentz en aquesta terra coneguda e manifesta la
guerra davant dicha, que li davant ditz mercadiers ajan
10 espazi de .xx. jorns tan solamentz de despezeguar si e lurs
mers d'aquesta ciutat, denfra los quais .xx. jorns li davant
dig* mercadiers puescan lur mers vendre o depauzar o en
autra maniera, aissi con mais si volran, alienar o obliguar,
e que d'aqui enant, so es assaber otra los davant ditz
15 jorns .xx., li davant dig^ mercadiers, o l'un o l'autre d'aquels,
non puescan estar en aquesta terra durant la davant dicha
guerra, si non remania de voluntat del regidor o del con-
seill [o de la] major part d'aquells [f" 56 ro]. Et aisso aja
luoc. si li davant ditz mercadiers non avian oflfendut a ciu-
20 ta[da]n o a ciutadans de Mass'. en persona o en cauzas.
1. Ms. : li. —2 et 3. ditz.
Finito libro sit laus [et] gloria Christo. Amen!
MELANGES ET DOCUMENTS.
385
VOGABULAllŒ
Absolutz I [A], XXVI, 2, prédicat
pi. part, passé de ab.wlvre , absou-
dra. Forme faible : la forme forte
absout se trouve 1. 11.
Absoutamentz II, 133, 187, abso-
lument.
AcciTADAS, part, passé f. pi. de
accitar : cauzas ace. davant los
consoh III, VII, 1, procès appelés
devant les consuls.
Adeguadas, part, passé f. pi. de
adeguar : cauzas ad. III, II, 17,
objets égalisés (groupés de façon à
former des parts d'égale valeur).
Adempre I [aJ, xli, 4, contribution
imposée par le seigneur pour des
besoins extraordinaires. Voy. Du-
cange, s. v. ademprum et adem-
prare.
Agut construit avec l'auxiliaire
esser, aux temps périphrastiques
de esser : I [aJ, pk., 20, era
aguda ; 9>\, fussan agutz ; LXi, 23,
son agutz.
Aigres {los) dels falcons I [A], LVi,
5, les aires des faucons. Le texte
latin reproduit ces mots sous une
forme plutôt française. Cf. agre
dans Raynouard, qui traduit à tort
par « essor » ses deux exemples,
où il s'agit de nids d'oiseaux, et les
locutions actuelles du rouergat :
segre Vagre, flairer l'air natal, et
counouisse càucun o Vagre, ixcon-
naître quelqu'un à un air de fa-
mille. M. Chabaneau {Revue des
l. rawt.jXVI, 180) tire agred'AGEU,
ce qu'avait déjà proposé Diez.
Notre aigre marque la transition
entre le prov. ag7-e et le fr. aire.
Alegrar sa de 1 [a], lviii, 9
{.l'alegron), et LVIIII , 18 {s'ale-
graran), jouir de (droits, privi-
lèges, etc.).
Amaïstradors III, XX, 26, adminis-
trateurs, ceux (jui exeicent une
autorité dans un navire. Cf. aviaes-
traire (Biogr. de Garin le Brun),
et voy. Revue des l. rovi , xxxill,
405.
Amirailh I [a], xlvi, 1 et 2, suj.
-aiUis , amiral (ici, particulière-
ment : commandant de port).
Annar, forme à peu près constante
pour anar.
ANÏIGUAMENTZ I [A], LVIIII, 9,
anciennement.
Anvantz I [a], xxviiii, 15, auvents.
Aportadoiras II, 140, -oyras III,
VIII, 40, qui doivent être apportées.
Apostot I [a], LVIIII, 10; Lxi, 28 ;
LXV, 12 (probablement de ad-post-
totum), entièrement; — avec né-
gation I [A], LVIIII, 7; III, 1,50;
VII, 69, absolument.
Arca I [a], LVIIII, 11, caisse, coffre-
fort.
AsSENSSADAs {taulas) I [a], LVIl, 4,
comptoirs taxés (comme prix do
location).
\. Nous ne relevons pas les variantes graphiques, mais seulement les mots qui manquent
au Lexique roman de Raynouard, ou qui n'y figurent pas avec l'acception qu'ils ont ici.
386
ANNALES DD MIDI.
Adbergot III, XXI, 7, liaubert^eon.
AUTRAMENT (d') III, VHI, 8, et
iVautrainentz III, Vli, 6*i, autre-
ment, sans cela.
Aveu III, ii, II, 18, etc., marchan-
dises.
Banitz (plur.) I [a], lv, 5. 7, rede-
vances.
Bannegar I [a], XXIII, 13, bannir.
Bannejar I [a], lv, 1, 5, 7 (texte
latin : bannigare). Les mots e re-
querre banitz, qui y sont joints
(lat. et hanna ex'igure'), montrent
qu'il faut traduire par « imposer
des redevances, des taxes ». La tra-
duction française publiée par Méry
et Guindon (IV, 324) donne :
« ceux qui ont droit de han », ce
qui n'est guère compromettant.
Cf. iamiegar.
Becunas III, XVIII, 4, basanes. Voy.
Duc, s. V. becuna.
BONETAS I [C], LXVI, 8, 9, 12, 13,
synonyme de banastas , benne,
grand panier évasé (littéralement :
grand bonnet)
C'AKGADOIUAS III, X, 10, qui doi-
vent être chargées.
Casse (prédicat plur. masc.) I [aJ,
xm, 5, cassés, annulés.
Caiissencs (furns) I [a], xliv, 4,
fours à chaux.
Cello (suivi de que) III, IV, 20, pron.
neutre, ce.
COLLIDA (comblai) III, II, 18, con-
tribution (mise en commun avant
le partage).
Complaisses {soi) I [a], xxvi, 15,
3« pers. imparf. subj, de conipla-
nlter, s'en plaignît.
COMTADORS I [a], XVIII, 10, qui sont
à compter.
CONPINIAS (f. plur.) II, 123, 124, 126,
127, semble indiquer des fortifi-
cations ajoutées aux murailles au
moment de la guerre. Dans le
1" exemple, il a peut-être le sens
propre de « voisinage » (des murs; :
et esplanar las fortalessan (ms. :
fossas, lat. : foi-talicia) fâchas en
las confinias, et aquellas mczesmas
eonjinias els fossatz (raqvel[a\s
esplanar enaissi.
CONSEUVAGE III, UI, 1, 2, 5, 7, 10,
19, 24, association pour une entre-
prise de commerce maritime.
CONVENELL III, VIII, 19 (fém.),
-eull III. XI, 20, (masc), -etils III,
VIII, 47 ; XIII, 1.5, convenable.
CoNVENS I [a], xxvir, 12, (rég.
plur.), groupement, société.
CORRE I [a], XX, 13 (3e pers. Bg.
prés, indic. de correr), a cours.
COVENELLMKNT III, VIII, 20, Conve-
nablement.
COVENELLS III, VIII, 19, -eull, III,
VIII, 24, convenable.
CovEisENT, III, XXIII, convention.
COVENT I [A], xxvil, 6, groupement,
société.
COBERTA, III, XX, 1, 4, 7, 8, 10, 12,
pont de navire.
CusTODiA I |Aj, XXXVIII, 13, maga-
sin où l'on gardait les balistes.
Dadas I [aJ, xxxviii, 3, fém. plur.
part, passé de dar, donner.
De lo II, 201, 266, depuis le.
DESFiZATiON II, 329, sommation.
Despensarias III, IV, 4.5, dépenses.
Despezeguament II, 408, action de
dégager (au figuré).
Despezeguar III, XXVII, 10, dé-
marrer {d. si e lurs navs de).
Deus que III, VI, 6, à partir du
moment où.
Devet I [aJ, xxxIII, 1, suj. devetz I
[a], XXXIII, 9, 22, défense (d'ex-
porter).
Diandemes (?) II, 368.
DoMENTZ QUE, avec le subjonctif.
III, IV, 7, pourvu que.
Domine I f aJ, i, 13, domination, sei-
gneurie.
Donadoiras II, 139, qui doivent
être données.
Donadors (jorns) III, xxvii , 1,
jours qui doivent être accordés.
DUN I [a], VII, 30, pour DON
{=z de-unde), d'où.
Ecclesiasticals (personas) I [a],
XXV, 10, ecclésiastiques.
MELANGES ET DOCUMENTS.
387
El I [a], PB., 12; vi, 9, 10, 11, 16,
etc. = e lo; I [a], pr., 161 ; ii, 30 ;
LXIII, & =z e le (suj.); I [A j,
xxxlv, 2 = en lo.
Eleq I [b], 37. suj. sg. eletz I [a],
LXili, 100, part, passé, élu : e. eu
ai'cive.ique d'Aix, archevêque dési-
gné d'Aix. Lors de la paix de 1262,
on ne se sert plus de cette formule :
II, 367, mon senher vescom, per la
gracia de Dieu arcivesqve d'Aix.
Elegisca I [Aj,XX, 5 {eleyiscaoleja)^
3<' pers. pg. subj. de eleoir. Notez le
rapprochement de deux formes
diflEércntes.
Elegutz I [a], VII, 17; xii, 10,
masc. plur., part, passé de elegiv,
élire, choisir. Cf. eleyitz I [a], Vlii,
2, 5, II, etc., et ehu/. Voy. leynda,
Ell I [Aj, PR., 112 = e lo ; ELLS I
[A], PK., 118 =1 c lus.
Els = e los I [A], PR., 12, 14, 106,
132, 142; IV, 7, etc.; = en los I
[a], l, 4; LX, 2 et 7, etc.
Enquietacion 1 [a], li, 16. action
d'inquiéter.
Entailla I [a], pr., 94, gravure.
Escar {logitat ad) III, XVI, 16 (lat.
ad soarum), loué I avec nouriitnre
comprise (loué à quai, Ducange.
s. V. .scai'). Pardessus traduit par
« à prix fait ».
EscKiEis I [a], Pk., 171, 3e pers. sg.
parf. de e.scriure, écrire.
Esnequas III, XXVI, 10, et isnequas
III, XXVI, 13, chalands, bateaux
pour charger et décliarger les na-
vires. Cf. fr. esneche, pic. esneke,
et vo}'.. Diez, Ëtymol. Wtsr'tei'b.,
s. V. eftn'>i]ne, et Ducange, s. v.
naca.
E-TEOLS (prédicat fém.) II, 110,
(.stiilnlift), stable. Cf. estahla I [A],
LXIII, 77.
EsïiEit I [a], xxir, 6; xxv, 11, pour
entier.^ (cf. [a]; xxlx, !), etc.), [tré-
po.s., excepté.
ExPE.NSAs (pi.) I [a], II, 7 (coté à
tort 32), dépenses.
EXPKESSA I [aJ, I, 23, pour expvesaa-
ment, après un autre adverbe en
ment.
Fasedoira {.tati-t/aetion e pas) II,
91, etfazedoii-a {pas f. Il, 59, ca-
valcadas fazedoiras II, 166) (au
sens passif), qu'il faut faire.
Fazedou III, V, 17 {aissi von auran
covenqut se fazedor (au sens actif),
qui doit faire.
Fay I [a] XIII, 1.5, part, passé préd.
sg. de far : doit sans doute être
corrigé en fa7jt.; cf. fatz (plur.),
XXXII, 2.
Feni I [aJ , Lxi, 8, 3* pers. sg.
parf. de fenir (actif) , pardon-
ner, renoncer à, demander satis-
faction de.
Fermansa I [aJ, XXIV, 1 et 3;
XXXV, 15 {fermanssa), personne
servant àe. caution. Dans I [a],
XIII, 3, l'accord du prédicat a
lieu parsyllepse : .nan d'aquiqiiiti
e dellnre.
Fermar I [a], PR., 37, 42, assurer,
promettre en justice.
Feumessan I [aJ, PR., 43, 3"^ pers.
pi. imp. subj. de fermar.
FONDEGUAR II] , I. 27, 28, 30, 3 1 , etc.,
préposé a.\xfondeguc. •
FONDEGUE III, I et II, passim (de
l'arabe fondouk, b.-lat. fundicnm,
ital. fondaco), fondak, comptoir
européen dans les Etats musul-
mans, entrepôt de maichandises
comprenant des logements pour le
consul et les marchands de la colo-
nie, ordinairement clos et isolé de
la ville. Voy. \V. Heyd, H'ist. du
connnerce dii Levant au moyen âge,
trad. Furcy-Kaynaud, t. II, 430,
n. 7, et cf. Mistral. Trésor, s. v.
foundeyue,foxindigo.
FOKFACHAS (cauzas) I [a], Pr., C3 et
forfatvhas I [a] , Pr., 69. choses
(droits, possessions) dont on est
déchu pour cause de forfaiture.
FouFATZ {los) I [a], Pr., 57, rcg.
plur., part, passé au sens neutre
pris substantivement, ceux qui
sont coupables de forfaiture (en-
vers leur seigneur).
FlJGEDis (masc. invar.) 111, iv, 33,
39 ( substantif ) , fugitif , déser-
teur.
388
ANNALES DU MIDI.
Gabellas (plur.) II, 221, magasins
à sel.
Garda (fém.) I [a], xx, 9, gardien.
Notez l.T, syllepse du genre : e de
la g. de la dicha moneda establit
per lo senhor comte.
Gardadoiras III, II, 12, qui doi-
vent être gardées.
Gardador III, XXVII, 3 (sens pas-
sif), à observer, qui doit être ob-
servé, pratiqué.
Garnion III, XXI , 1 et 7, et gar-
nizon III, XXI , 5, équipement,
armure complète.
GuAJAMENTZ(pl.) {far marchamentz
0 guajamentz), prises de gages, sai-
sies. Voy. marchamentz.
GuiZARAN (3« pers. plur. du futur)
1 [aJ, XXXV, 5; guize (3^ pers. sg.
du subj.) I [a], XXXV, 1 ; guizatz
part, passé) I [a] , XXXV, 8, de
guizar, garantir, prendre sous sa
protection. Cf. Bertran de Born
(éd. Thomas) I, xii, 47, Qu'anc
Ventresenhz faltz ab benda De la
jwpa del rel d'armar Quelh balket
110 lo poc guizar Çu'om ab coutels
tôt nol fenda, où l'éditeur traduit
par « guider, conduire ». (Cf. Ray-
nouard , Lex. roin., s. v. gtiida,
qui traduit par « diriger».)
ISNEQUAS, voy. esnequas.
JUDICATURA, jugement I [a] xlv, 1
et 4, frais d'un jugement I [a],
XI, 7.
JUSTA, pour justamen après un pre-
mier adverbe en men, I [A], Pr.,72.
Latz (delfag dels) de las naus I [A],
LViil, 2, 5, 7 (le traducteur a lu au
lieu de lacuum, que porte le latin,
latuum,, qu'd a pris pour le génitif
pi. de latvs, et a traduit en consé-
quence). Il s'agit sans doute d'un
droit de port payé par les navires.
LAUDISME 1 [A], XXXVII, 23, lods
(droit perçu sur les ventes).
Lauket (pas del) I [c], LXV, 8,
poids public du Lauret (du petit
laurier). La rue Saint-Gilles, située
près du cours Belzunce, s'appelait
autrefois rue du Lauret et était si-
tuée hors des murs.
Leguda (fém. sg., part, passé de
lezer) I [A], Xill, 7, 12; XXXII, 7,
permise.
Leja I [A], XX, 6, 3« pers. sg. du
subj. de legir, élire. Cf. eleqisca.
Lei {moneda de) I [a], XX, 12, 14,
monnaie de bon aloi.
Lein I [A], L. 6; III, 11,9,11,15, 17;
V, 7, 22, 2G, 28, etc., suj. sg. et rég.
plur. lelntz I [A], xxxiv, 16, 17,
18, 19; III, II, 21 ; x, 27, et leins
III, X, 37, bateau moins important
que la nav. Cf. lin.
Leinnar I [aJ. xliii, 1, et lein-
nairar I [aJ. xliii. 3, couper du
bois à biûler. Cf. Mistral, Trésor,
s. V. ligneirk (= * Ugnrrare, de Zi-
giiaria).
Lin III, V, 23, suj. sing. et rég'. plur.
/;rt^îI[A], Pu., 49,.ôl,.52; II, 10,33;
xxxiii, 25; L, 2 et 4. Forme moins
employée que lein ; voy. ce mot.
Marchamentz (pi.), I [a], xxvii
(voir le texte à V Errata), envahis-
sement d'un territoire en vue d'ob-
tenir satisfaction. Carpentier. s. v.
marchamentum, identifie, avec rai-
son, ce mot avec <( marche » dans
notre passage et dans une charte de
1430, rectifiant Ducange, qui croyait
à une taxe d'entrée. Le mot favere
du latin {far du prov.) montre qu'il
ne s'agit pas ici d'un droit (comme
le dit Carpentier), mais de l'exer-
cice de ce droit. Cf. guajamentz.
Menadoiras I [AJ, XXXIII, 3, qui
doivent être amenées.
Mens et Mentz, au sens négatif,
après un pron. relatif ou la con-
jonction que, pour traduire le latin
quominus I [a], xxlx, 8 : aleutt,
empachamcnt o evipe.dimeut... per
lo quai m mens j'urscan..., e per
qu'il vientz ajan c puescan far
far... e per qu'il mentz puescan bas-
tir et hedeficar... arcx en carrieras
cubertas; xxxlll, 16, evipacha-
mentz... per que mentz le ditz apoftz
siafag a Mass\
MELANGES ET DOCUMENTS.
389
MiLLAUES I [A], XIX, 21; XX, It;
III, XVI, 10 (millarx III. xvi, 10,
est une distraction du scribe), mon-
naie marseillaise, usitée dans les
ports de Barbarie.
MONNER (ms. viornner) III, xix, 30.
avertir de, rappeler (une chose).
MOVEOLS (causas) II, 210 (2 fois),
266, 267, 2S9, objets mobiliers.
Nabetin, suj. Pg. -inx III, i, 82 et
87 (restitution), aide du foudet/uar.
Ce mot est joint à fondagnar à
l'aide de o, c( ou », comme naheti-
nus (dans le latin correspondant)
à fundicarius à l'aide de t-el. Il est
sans doute de la même famille que
le fr. nabot, avec changement du
suffixe ^>^en et et addition d'un se-
cond suffixe. Cf. l'allemand KnajJj'f,
garçon.
Nescalke (et ni'squnlre I [d], 31,
le plus souvent précédé de e (une
t'ois de (' I [a], XXXVII, 2.5). Le
sens ordinaire est a de plus, en gé-
néral », et le latin correspondant
donne ttiam. Cf. I [a], xxxvii, 2.5;
LXiii, 102 ; I [ D], 31 ; II, 57, 89, 230,
352. — A noter une légère dévia-
tion de sens I [a], lxii, 6, sïan
tengutz far sagrament, e uescalre lo
fassan, où il faut traduire par (( et
en réalité ». — Avec en tal ma-
niera que (lat. ita etiam quod) I [a],
XXXIV, 10; XLII,<); L,XIII, 20; III,
X, 41, il sert à préciser ou à ajouter
une particularité (cf. I [a], lxiii,
20, los absols, en tal maniera nes-
calre que tutz li habitantz en
Mass\ et e?i lo s'ieu destreg... juron
sobre los santz evangelis de Dieu
salvar): et si la proposition est né-
gative, on peut traduire nesealre
par (( absolument » (cf. I [a],
XXX IV, 10, en tal maniera que ?ies-
calre ni en la vila viscomtal ni
evesqual.., non siaii, adug o amenatz
0 jjortatz). — D'après l'ensemble
des exemples, l'étymologie 7ies
{=: ne se) cal re, « il n'y a souci
de rien, il ne manque rien », nous
semble s'imposer. Ce mot, à notre
connaissance, ne se rencontre point
ailleurs que dans notre texte.
Nescals I [aJ, xxxvii, 25, faute
pour nesealre,
NiLS I [A], XXXVI, .5 = ni los.
NOL (?) I [A], XVII, 7 (ms. non)
= no lo (pron.).
NOLS I [a], XXXVI, 6 = no los
(pron.).
NouLi III, XVI et XVII (passim),
prix du loyer d'un vaisseau : lo-
gar a nouli III, xvi, 1, 2, noliser.
0 III, I, 54, 7ô, adverbe, où.
01 I [A], XIV, \& = o le; III, x, 4
:^ 0 al.
Ols I [A], XLlii, 8=0 los. Qf.els.
OUTRAMOXTANS {viareniers) III, vi,
36, marins d'outre-monts (italiens
ou catalans).
Pati I [a], XXI, 4, chemin. Voy.
Mistral, Trésor, s. v.
Peleuc (per) III, XXI, 6, par mer
' (\a.\.. per pelagus) . Voy. Raynouard,
s. v. peleg.
Pena (passim), amende.
Perpétua {en) I [d], 32, 49, 71; II,
138, 158, à perpétuité.
PERTEGUAS (plur.) I [a], XXXVIII,
14, hangar (où étaient remisées les
balistes).
Fort {far) III, ii, 22 ;x,12, aborder.
PORTADOIRASi [a], XXXIII, 3, adj-
fém. pi., qui doivent être appor-
tées.
Pues {sobre) l [a], xxi, 6, abusive-
ment (plus que de raison).
Prestant I [a], XIV. 19, part. prés,
de prestar, fournissant.
Probedans (plur.) III, VI, 49, pro-
chain. Cf. propdan.
Propdan I [aJ, 111,6; III, vu, 8,
30. 53, f. propdana I [aJ, LXI, 28,
adj.. prochain, voisin. Dans les
exemples I [a], lxi, 28; III, vu,
8, 30, le mot est rapporté au passé.
Publique I [a], Pr., 169, public.
QUAL que qual I [d],72; II, 69,
286. 302, cal que cal II, 251 {cal»
que cals homes son 1 [A J, XXXVII, 4),
aucun homme (quoiqu'il soit) qui.
390
ANNALES DU MIDI.
QcelI [a], XXIII, 22 — q^iele (suj.).
Quels 1 [a]., Pk., 57; xii, 8 (ms'
quel) = que los.
QUES (pour que devant voyelle) I
[C],56; I, LXIV,19, quez I [cj, 50.
QoiT I (prédicat plur.) I [a], xxiv, 6 ;
LVIII, 1, 4, qu'itas (ms. quitias)
I [a], xxiv, 2, adj., quitte, ac-
quitté.
QUORAS III, XII, Hl, lorsque.
Raïms (suj. plur.) 1 [aJ, xxxiiii, 1,
3, raisins.
REDUYSSEiiON I [a], Pr., .04, S» pers.
pi. parf. de réduire, ramener.
Reformadoika II, 59, qui est à ré-
taVjlir.
Refujava III, I, 66, 68, 3« pers. sg.
imp. de refujar, refuser.
Regimen I [a], xlviii, 11. autorité.
Reqdista <^^^o\xx requesta) I [a]. Il,
9 (cliiiïre inexact en marge), re-
quête.
Resemson III, I, 89, concession d'un
comptoir ( obtenue soit directe-
ment du recteur, soit, ce qui est
plus probable, par adjudication;
cf. lat. redeniptio).
Retenement I [a J, LXi, 29, réserve,
resti'iction.
Salvv pour sait- I fAj , xxx, 9 ;
XXXV, 12; LU, 10; LXI,23; LXIII,2,
prépos., excepté. Ecrit par erreur
salit n {salvns pour salvns, salvs) ,
pris comme adjectif III, X, 3!) : le
dig deugte sia saluns al dig creze.
dor. Au fém., il est le plus sou.
vent pris comme adjectif variable;
Cf. I [aJ, Pr., 78; I, 20; xxxni,
24 j XLII , 8, etc. (par exception,
II, 115, xalvv aquellas causas).
Sendegdat I fA], Pr., 87, siude-
guat I [A], Pr., 99, 155, 158, sin-
degat I [Aj, Pr., 155, 158, pouvoirs
de syndic.
Sendegue (passim) et plus souvent
sindegue ou syndegue, syndic
Sesdeguers I [A], Pr., 34, faute
pour syndegues.
Ses {de la gleia de la) de Mass'.
(I |a] XXXIIII, 11) correspond à
ecclesla, sedis Massille du texte la-
tin et signifie « siège épiscopal ».
Cf., à Aix-en- Provence, l'église de
Notre-Dame de la Seds, que l'on
croit remonter à la fondation du
siège épiscopal de cette ville.
Si que no I [d], 43, sans cela, sinon.
Souï III, II. 17 ; XXV, fin, cas régime
refait sur le cas sujet suutz, sou.
SOVENIEUAMENT I [a], XXXVII, 15,
souvent.
Tan (y) I [a]. XXII, 2, traduit le la-
tin îtrin (littér. : et autant que
cela).
ÏAULA I [a] xxviiii, 2, 11. établi,
éventaire de boutique; I [a] LVII,
1,3, comptoir de banquier.
TAULA DE LA MAR I [AJ, LVIIII, 8
(cf. 9), caisse des taxes maritimes.
Temporal I [a], ii, 13, temps, épo-
que.
Tersaria II, 321, tierce (impôt du
tiers).
TiîANSLAT (ms. trayslat) I [a], Pr.,
99, procuration (transfert de pou-
voirs).
Trayslat I [a], Pr., 99, faute pour
translat.
Tregen 1 [aJ, xxxvii, 23 (cf. tre-
zen, 1. 3), droit du treizième.
Ubertas {Iftras) II, 3.^2, 340, let-
tres pjitentes.
Ventilar mm 2)lag III, vil, 16;
VENTILLAR uiia cauza m, VII,
71 (litt. : agiter un procès), plaider
un procès, expo.ser une cause de-
vant le juge.
Verssieras I [a], XXVIIII, 15, faute
du scribe pour uissieras, portes co-
chères (?).
Vezenda (ablatif), t^ezaiidam (accu-
satif ), mots provençaux insérés dans
le texte latin complémentaire du
ch. VI du Statut maritime (111)
et qui semblent signifier « quart,
tour de veille » (ou peut-être sim-
plement « service à tour de rôle »).
Vescom, II, 367, est peut-être une
faute pour vesdom, que l'on peut
supposer d'après vicedominus, quj
MELANGES ET DOCUMENTS.
391
représente le même personnage.
Voy. ci-après.
Vice domine I [b], 36, et au cas
sujet vice doniinns I [a], lxiiî,
99 (cf. fr. vidamc), désigne le pré-
vôt (le Grasse, archevêque désigné
d'Aix.
ViAGES (pi.) I[a], xlviii, 1, 7, pays
d'outre-mer (ou ports ouverts au
commerce dans le Levant, Echel-
les).
VOLRA {se ou */ I [A], VI, 30 (deux
fois); XIX, 23; si volrun I [a],
XXXII, 40; XLi, 17; futur de se {si)
voler, réfléchi , pour voler, vou-
loir.
VULGALMENT I [a], XiX, .S, -entz I
[a], XIX, .5, vulgairement.
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
1 [a], Pr., 34, lisez : sendeffîie{r)s — xxvi, H. foron fâchas — xxvii, 11. ,ta
(au lieu de al) — xxxiv, 10, il faut sans doute lire : ru tal maniera nés-
calre (pie — ^ xxxv, 11, mettez une virgule après : en jVass\: — xLi, A,ade)ii-
pre se trouve aussi dans le texte latin ; celapourrait faire croire que la
rédaction provençale est antérieure, ce qui n'est pas exact; — lxii, 12, lis. •
li dig.
P. 4, 1. 2, eiïacer le trait d'union entre Gaspar et Serene — P. 14, ch. ii, au
numérotage, lisez : 5 et 10 au lieu de 30 et 35.
I [a], xxvi). Que le senker coins... enemicxs. — Sous cette rubrique, nous
avons imprimé le ch. xxvlil, que nous avons dit à tort (n. 3) manquer au
manuscrit. Voici le ch. xxvii, dont la copie avait été égarée et que nous
rétablissons d'après le ms. :
Item, le senhers coms e li sieu perpetualment sian tengutz
gardar e deffendre los ciutadans de Mass'. e lurs cauzas en totz
luocx: e si alcuns lur oflfendia en personas o en cauzas, le senher
coms sia tengutz los ditz ciutadans ajudar e persegre lurs ene-
micx e pauzar se encontra per totz los Masseilles et un calc(q)un
en totz luocs, e far raarchamentz e guajamentz segon que dreg
o (de) costuma sera de far. Et aisso sia entendut assi con bons
senhers es tengut de deflfendre e salvar los sieus flzels homes e
devotz.
(XXVIII). Que le coms non auja alcuns o alcunas universitatz
complainnentz se dels homes de Mass\ singulars o de la univer-
sitat dels forfatz fatz entro al tems d'aquesta patz.
Item, que nenguna complancha, etc.
Léopold CONSTANS.
392 ANNALES DU MIDI.
II
ŒUVRES INEDITES DE FRANÇOIS MAYNARD.
(Suite ^.}
Rendons heureux le reste de nos jours
Et nous mocquons de la malice noire
De ce fascheux qui dit que nos amours
Sont une lasche à l'esclat de ta gloire.
Chère Fillis, nous courons au trépas.
Nos jours s'en vont et ne reviennent pas.
Mon front se plisse et ta couleur se plombe.
On tasche en vain de fléciiir le destin.
Il faut mourir, et tu scais que la tombe
Est une nuit qui n'a point de matin 2. (A, 117 v
Fy, fy d'Alix ! qu'on ne m'en parle point !
Son corps est sec comme de la canelle.
Homme vivant n'a peu trouver sur elle
Pour un grand blanc de solide embonpoint.
Il est certain que de toute sa vie
Elle n'a veu qu'avecque de l'envie
Les estourneaux et les harans sorets.
Je me tiens loing de sa maigreur estique,
Son coude aigu c'est un vray fer de pique :
Que je luy baille un bout comme aux fleurets 3.
(A, 62 V.)
Vous aves beau faire le vain
Avecque vostre rapsodie,
La grammaire de Normandie
Vous croit un fort triste escrivain.
1. Voy. Annales, t. XX, p. 225.
2. Cette épigrainme est une variante de celle qu'on trouve dans Garris-
sou (III, 104) : « Crois-moi, vivons au gré de nos désirs. »
'A. Même épigramnie, mais en vers de 8 syllabes et avec quelques va-
riantes, dans Garr., 111, 182.
MELANGES ET DOCUMENTS. 393
Avec vos parolles mal jointes,
Vos antithèses et vos pointes.
On rit de vous à tout propos.
Jettes de l'eau sur vostre flamme
Et croyant à vostre anagramme
Aymes désormais le repos. (A, 39 v.)
Cy-gist qui par la courtoisie
Dont son âme fut le séjour
Fit mourir ses voisins d'amour
Et son mary de jalousie.
Son incomparable blancheur
Eust une si vive fraischeur
Que les roses en avoyent honte.
A rire elle mit son loisir
Et jamais elle n'eut plaisir
Tel que celuy d'ouyr un conte. (A, 59.)
Pol, vostre femme a des appas
Dont j'admire la douce force
Et vrayment vous ne devriez pas
La payer d'un honteux divorce *.
Les sages ont beau raisonner,
Leur esprit ne peut deviner
Sur quoy vostre haine se fonde,
Personne ne la fuit que vous *
Et son naturel est si dous
Qu'elle contente tout le monde '. (A, 227 v.)
Passant, voycy la sépulture
Où les destins ont enfermé
Un sénateur qui fut nommé
Le Miracle de la Nature.
1. Var. : Menacer de faire divorce.
2. Var. : n'en mesdit q.
3. On trouve dans la lettre de Mainard à Pressai (lettre 248) une va-
riante de cette épigramme ; les vers 1, 9 et 10 sont même identiques.
ANNALES DU MIDI. — XX 20
394 ANNALES DU MIDI.
Au jugement de nos ayeux
Jamais sage ne vescut mieux
Et ne monstra tant de mérite.
En leur temps, qui ne valoit rien,
La difîérence estoit petite
D'un monstre et d'un homme de bien. (A, 129 v.^
Nous scavons les conformités
Des vers de Virgile et d'Homère,
Réserve tes subtilités
Pour la classe de la grammaire.
Docteur, ton grec et ton latin
Valent bien moins que ton festin,
Au jugement de cette troupe.
Elle a de plus fortes amours
Pour l'excellence de ta soupe
Que pour celle de ton discours i. (A, 130 v.)
Quand ta censure envenimée
Dit que mes ouvrages sont cours,
Tu crois blesser ma renommée,
Mais quoy ? tu fais tout le rebours.
Silvan, ton aveugle malice,
Sans y penser me fait justice
Et met mon mérite bien haut.
Pauvre ignorant, cesse d'en rire.
Si mes vers n'ont que ce deffaut
J'ai treuvé l'art de bien escrire 2. (B, 26.)
Voycy nos beaux jours revenus :
Toutes nos querelles sont mortes.
Sortons du temple de Janus 3,
La paix eu veut fermer les portes ''.
1. Même idée dans répigrainine : « Tu fais des banquets tous les jours »
(Garr., III. 118).
2. La même idée est développée dans l'épigramnie : « Cet ouvrage de
mon caprice » (Garr., III, 136).
3. Var. : Déjà le t.
4. Var. : se prépare à fermer ses p.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 395
Mars a dépouillé son orgueil,
Honteux d'avoir fait le cercœueil
Qui nous a privés de nos pères,
Et Bellone, selon nos veux,
Va laisser mourir les vipères
Qui luy tiennent lieu de cheveux. (A. 123 v.)
Je suis marry que Pol te raille.
Il ne presche eu tous ses discours
Sinon qne ton affreuse taille
Va du pair avecque nos tours.
Ses yeux sans doute ont la chassie '
Et tombent dans l'aveuglement.
Si d'un demy-pied seulement
Il te plaisoit d'estre accourcie,
Le colosse du défunct Roy
Seroit presque aussy haut que toy 2. (A, l'^
L'escarlate de ton visage
Vient d'un sang qui n'est pas subtil
Et la raison est un outil
Dont ton ame ignore l'usage.
Quand tu voudras paroistre au Cours
Où tes ridicules amours
Sont la fable de nos coquettes,
Denys, pour te bien ajuster,
Je te conseille de porter
Une mante et des coliquettes (?). (A, 191 v.)
Le capitaine des filous
S'est fait rimeur en temps de guerre.
C'est pour faire durer en tous
Et peser longtemps à la terre.
1. Var. : Ses y. investis de chassie.
2. Imitation de l'épigramnie de Martial (VIII, 60).
3C6 ANNALES DU MIDI,
A son goust, les plus beaux lauriers
Qui parent le front des guerriers
Sont des couronnes diffamées
Et j'oy dire aux mauvais garçons
Qu'il ne passe dans les armées
Que pour un faiseur de chansons'. (A, 224 v.)
Pol, qui ne te plais à tenir
Que des chemins illégitimes,
Les enfers ne scauroyent punir
Tout ce que ta vie a de crimes 2.
Si le ciel vonloit m'escouter,
Sa justice viendroit t'oster
Les choses mesmes nécessaires;
Tu n'aurois ny crédit ny bien,
Et la croûste de tes ulcères
Seroit ton pain quotidien. (A, 151.)
Ta France ne peut estre belle
Ny tes peuples guère contens
Si tu diffères plus longtens
A tonner contre La Rochelle.
Grand Roy, suy la fatalité,
Va punir l'infidélité
De ceste ville mutinée.
Amène luy son dernier jour
Et devant la fin de l'année
L'âge d'or sera de retour 3. (A, 100.)
1. Var. : Il dit à ses petits enfants
Que les honneurs des triomfans
Sont des fanfares diffamées.
Il raille des mauvais garçons
Et ne va plus dans les armées
Que pour y faire des chansons.
2. Var. : Pol, que penses-tu devenir?
Quel mauvais deraon te manie?
Ta débauche debvroit finir,
Puis que ta jeunesse est finie.
3. Même idée dans l'épigramme « Grand Roy qui fais ouïr partout »
(G. Il, 189). Une variante des trois derniers vers se retrouve en tête
du nis. A. Garrisson l'a reproduite (III, 3G8).
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 397
Tes yeux, Marquis, trouvent si belle
La dame à qui tu fais l'amour *
Que tu grondes quand on l'appelle
Autrement que l'Astre du jour.
Ce titre n'est pas un mérite ^
Qui puisse faire qu'elle évite '
La honte d'un sinistre bruit.
Elle est soleil, je le confesse ^,
Mais c'est un soleil qui se laisse
Charmer aux plaisirs de la nuits. (A, 86 et 57.)
Tu dis qu'il faut purger la terre
Des nobles qui fuyant l'employ
Et qui sont faschés que la guerre
Donne tant de palmes au Roy.
Baron, j'admire ton langage
Gomme un visible témoignage
De la force de ta raison.
Dys-moy, n'aurois-tu pas envie
De te detïaire de la vie
Par le fer ou par le poison ^ ! (A, 302 v.)
Tes sentimens sont éblouys,
Ils choquent la raison commune;
1. Var. : La d. d'où vient ton a.
2. Var. : Ce nom avec tout son m.
3. Var. : Ne scauroit f. — Autre var. : En la passion qui te pique | Tu
veux que ce nom magnifique | Serve à luy donner plus de bruit.
4. Var. : C'est un s., on le c.
5. Var. : Tu veux q. ce nom magnifique | Soit moins qu'elle n'a mé-
rité I C'est un soleil, je te l'avoue, | Mais c'est un soleil qui se joue | Bien
souvent dans l'obscurité.
6. Var. : Et qui n'ayment pas que la guerre
Verse leur sang devant le Roy.
Veux-tu produire un tesmoignage
Qui nous monstre que ce langage
Est un effet de ta raison ?
Denys, contente notre envie :
Avale une once de poison
Pour te défaire de la vie.
Voir deux autres formes de la même pièce : Tu dis que ton humeur
déteste (A, 199), et : Si le monarque du tonnerre (A, 2UU v.).
398 ANNALES DU MIDI.
Le grand appuy de ta fortune
Estoit l'amitié de Louys.
Tous les astres sont pour la France;
Résous ton âme à la soutfrance
Et n'espère plus qu'au trépas;
Malgré tes places les plus fortes,
Mon prince ira graver ses pas
Sur les montagnes que tu portes. (A, 114.)
Nos braves sont dans l'employ,
On ne parle que de guerre,
Et Denys ronfle ohes soy
Entre la garce et le verre.
Ce noble a le cœur si bas
Qu'il déteste les combas
Du prince qui nous gouverne,
Et ce coyon effronté
Prétend que sa hischeté
Est une vertu moderne i. (A, 227.)
Puisque tu m'as provoqué
Avecque tant d'amertume,
Il faut que tu sois choqué
De tout l'effort de ma plume.
Le goust du Louvre et le tien,
Pol, ne s'accordent pas bien,
Si tu ne crains ma satire;
Je suis dans un tel crédit
Que le bruit commun ne dit 2
Que ce que je luy fais dire. (A, 115.)
1. Var. : Nostre baron fuit l'employ
Et ne veut point de la guerre
Qui fait triompher le Roy
Sur la mer et sur la terre.
Il condamne le conseil
Du ministre sans pareil
De qui l'esprit n. g.
2. Var. : la gazette.
i
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 399
Mon cœur, Lise, n'est plus un lieu
Où l'amour grave tes merveilles.
Tes lèvres ne sont plus vermeilles,
Les roses leur ont dit adieu.
C'est vainement que tu proposes
De m'engager dans tes filets,
Je te mets au nombre des choses
Qu'on réserve pour les valets. (A, 277 v.)
Allons prendre le verre en main,
Le soing du public m'importune.
Et laissons jusques à demain
Dormir la gloire et la fortune !
Scachés, grand prince de Bourbon,
Que c'est une fort belle chose
Qu'une perdrix qui se repose
Sur un materas de jambon. (A, 22.)
Que je dirois de belles choses
Du pasteur de nostre troupeau
S'il te coronnoit d'un chapeau
Qui fût de la couleur des roses » !
Pour donner un air tout divin
A mes ouvrages héroïques.
Je ferois chercher de bon vin
Dans plus de quatorze barriques. (A, 249.)
Laisse reposer les autheurs
De ton code et de ton digeste
Et beuvons le vin qui nous reste
A l'aigle des prédicateurs.
1. On peut rapprocher de ces vers un passage de l'ode adressée à Ch.
de Noailles, évêque de Saint-Flour, et mise en tête du livre l'Empire du
Juste : Richelieu, dit Maynard, reconnaîtra que cet ouvrage :
« Mérite qu'un chapeau te couvre
<i Qui soit de la couleur du sien. » (G, III, 243.)
400 ANNALES DU MIDI.
Délibère donc de me suyvre,
Beuvons à luy jusqu'au matin
Puisque ses discours font revivre
Saint Thomas et saint Augustin. (A, 248.)
Je ne seray jamais las
De célébrer les mérites
Des sermons que tu débites,
Tu vaux mieux que cent prélas.
Je te souhaitte un chapeau
Dont la couleur soit pareille
A celle du vin nouveau
Qu'on prend de ceste bouteille. (A, 249.)
Satirique censeur,
Puisque la chasse donne
Une table si bonne,
Je veux estre chasseur.
Ce qui te plaist me pique
Et, pour trop t'imiter,
Je crains de me gasler
El d'estre satirique. (A, 248 v.)
Mangeons du mouton et du veau,
Beuvons du vieux et du nouveau,
Discourons d'amour et de chasse,
Laissons agir le Cardinal :
Si quelque autre occupoit sa place,
Nos affaires iroyent bien mal. (A, 248.)
Ce beau livre qui vient de naistre,
Amy lecteur, ne scauroit estre
Trop dignement recommandé,
C'est où la doctrine profonde
Du grand Noailles a fondé
Le plus juste empire du monde*. (A, 255 v.)
1. Il g'agit de l'ouvrage de Ch. de Noailles intitulé : L'Empire du
Juste, selon V institut io7i de la vraie vertu (Puris, 1032, 2 vol.).
MÉLANGES ET DOCDMENTS. 401
Ennemy juré du bon sens,
Horrible fléau des innocens,
des fourberies ^
Cœur remply d'inhumanité
Modère un peu ta vanité
Tu n'es grand qu'en tes armoiries. (A, 65 v.)
Les dieux prompts à nostre secours
Conduiront lentement ses jours
Jusqu'à la vieillesse tremblante.
Que nos peuples seront contens
S'il peut durer asses longtems
Pour voir le fi'uit de ce qu'il plante! (A, 134, v.
{A suiV7^e.) G. Clavelier.
III
PROV. MEC.
« E sobretot al [s] ausells que son mec. »
M. Dejeanne, en publiant dans cette revue (XIX, 221 ss.)
les trois pièces qui nous ont été conservées de Alegret, fait
l'observation suivante à propos du vers cité ci-dessus : « Mec,
« seul exemple de ce mot, probablement d'origine gasconne.
« Il signifie actuellement bègue. Cf Lespy et Levy. » Et il a
traduit avec raison : « et surtout aux oiseaux muets. »
Je ne puis me ranger à l'avis de M. Dejeanne. Mec a bien
la signification de « muet », comme le sens général du texte
l'indique, mais on ne peut en resteindre l'usage à la Gasco-
gne, puisque son origine doit être grecque. Ce mot vient de
lji.'jy.2ç = àçwvoç avec l'accent reporté sur la première syllabe,
comme dans l'ital. gobbo (xuçcç), et avec le développement
de u grec tonique en e fermé (par l'interinétliaire de i bref),
comme dans aûp-oç, prov. nerto; TrpscSÛTcpsç, a. l'r. pre-
veire; cruxo^Tov et ficatum, foie; /.ûy.voç, ital. cecino et
cecero, etc. Giulio Bertoni.
1. Deu.x. mots illisibles.
COMPTES RENDUS CRITIQUES
D' A. Armaingaud. — Montaigne et La Boëtie. Le vérita-
ble auteur du discours « sur la servitude volontaire »;
iQ-8'\ (Extrait de la Revue politique et parlementaire,
numéros de mars et de mai 1906.)
La thèse exposée dans ce travail bouleverse toutes les idées
communément admises sur le célèbre opuscule de La Boëtie. La
place dont nous disposons ne nous permet pas de reproduire dans
le détail toute l'argumentation du D'' Armaingaud; nous ne pour-
rons pas non plus développer dans toute leur ampleur les raisons
qu'on aurait à opposer aux siennes; en nous bornant à l'essen-
tiel, nous espérons cependant en dire assez pour que le lecteur
puisse se faire une opinion sur la thèse hardie qui est soutenue
dans ce travail.
Rappelons d'abord quelques faits et quelques dates. La Boëtie
était mort en 1563. Un fragment du Discours sur la servitude
volontaire, jusqu'alors entièrement inédit, parut, au début de
1.574, dans un pamphlet protestant intitulé: le Réveille-malin des
Français. Ce discours entier fut publié dans les Mémoires de
l'Estal de France, dont on cite toujours l'édition de 1576, mais
dont la première édition est antérieure au mois d'octobre 1574;
Pierre de l'Estoile, ù cette date, les avait en sa possession. Ni
dans l'une ni dans l'autre de ces publications, on ne nommait l'au-
teur du Discours. Ainsi fut connue d'abord, grâce aux protes-
tants, l'œuvre célèbre dont le Dr A. nous dit aujourd'hui : « Le
Discours sur la servitude volontaire est un pamphlet contre
Hein-i III, et La Boëtie n'en peut être le véritable auteur. »
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 403
Pour établir cette proposition, M. A. a relevé soigneusement
toutes les allusions politiques que semble contenir le Discours, et
il prétend démontrer qu'elles ne sauraient mieux s'appliquer
qu'au futur Henri III. On lui ferait tort cependant en accordant
la même importance à tous les rapprochements qu'il établit.
Le passage capital pour sa thèse, c'est, de son propre aveu, celui
où La Boëtie s'étonne qu'on voie le peuple « souffrir les pilleries.
les paillardises, les cruautés, non pas d'une armée,... mais d'un
seul hommeau, et le plus souvent le plus lasche et femenin de la
nation; non pas accoustumé à la pouldre des batailles, mais
encore à grand peine au sable des tournois; non pas qui puisse
par force commander aux hommes, mais tout empesché de servir
vilement à la moindre femmelette » (édit. P. Bonnefon, p. 5).
Dans toute cette lin de phrase, il faudrait voir le portrait d'un
prince qui ne saurait être qu'Henri III. Ce dernier trait serait, à
lui seul, parfaitement caractéristique : l'expression « empesché de
servir... » doit être entendue comme signifiant « incapable de... »,
et il y là une allusion à l'aversion caractérisée de Henri III pour
les femmes.
Et dès lors, si l'on admet que le Discours primitif a été grande-
ment remanié, reste à savoir par qui il le fut. Sont-ce les protes-
tants qui y auraient ajouté ces allusions nombreuses, faisant ainsi
de l'ouvrage un pamphlet contre Henri III? Mais, dit M. A.j
comment auraient-ils connu un ouvrage dont Montaigne devait
être l'unique dépositaire ? Dès lors, on voit la conclusion qui
s'impose ; c'est aussi celle où s'arrête M. A. Pour lui, c'est Mon-
taigne qui a remanié et développé l'œuvre primitive de La Boëtie,
et c'est Montaigne encore qui a fait passer aux protestants, pour
être publiée, cette nouvelle forme du Discours sur la servitude
volontaire. La chose n'aurait, au reste, rien qui dût nous éton-
ner : « Montaigne, sans aucun doute, fut révolté par la Saint-
Barthélémy; on trouve, dans la liste de ses amitiés, les noms de
beaucoup de protestants; c'en est assez pour expliquer sa conni-
vence avec le parti huguenot.
Il n'importe, pour le moment, que ces idées sur la « politifjue »
de Montaigne soient exactes ou fausses. Ce «lui est grave,
c'est que le D"" A. attribue à Montaigne l'acte d'un malhonnête
homme. S'il est prouvé qu'il a remanié, dans les conditions que
l'on dit, l'œuvre originale de La Boëtie, il est, du même coup, con-
vaincu « de sournoiserie et de dissimulation » (P. Bonnefon); et
404 ANNALES DU MIDI.
C'est le moins qu'on puisse dire de son procédé. Mais, avant d'en-
treprendre la défense de Montaigne, nous devons voir si le Dr A.
a vraiment d-émontré que la Servitude volontaire était un pam-
phlet contre Henri III. Nous ne pensons pas, quant à nous, qu'il
y ait réussi*.
On pourrait discuter sur le caractère des passages où il prétend
reconnaître des allusions politiques. Pour moi, j'y trouve le style
ampoulé d'une amplification d'école ; les traits qui semblent les
plus forts s'expliquent par les nécessités de la « gradation »
qu'exigent les lois de la rhétorique, et le portrait du tyran qui
s'ébauche dans ces pages est inspiré surtout des écrivains anciens.
Mais ce sont là encore des arguments subjectifs; on peut en oppo-
ser de plus précis à la thèse du D' A. On a vu le parti qu'il tire
de la phrase célèbre que nous avons citée plus haut. 11 faut, il est
vrai, pour sa cause, que « empesché de servir... » signifie « inca-
pable de servir... » Or, il est certain qu'on doit comprendre, au
contraire, « tout occupé à servir... » C'est ainsi que comprenaient
les premiers éditeurs de l'ouvrage. Dans l'édition latine du
Réveille-matin des Français, la phrase est ainsi traduite : « Qui
impudicae rnulierculae servitio totus addictus si t. » Voilà qui
me semble décisif; nous n'aurons pas la prétention de com-
prendre Fauteur de la Servitude volontaire mieux que ne fai-
saient les gens du xvie siècle.
Ainsi disparait le principal trait de la ressemblance qu'on vou-
lait trouver entre le futur Henri III et le tyran de la Servitude
volon'aire. Mais négligeons, pour un moment, la question de
fait et demandons-nous s'il est vraisemblable que l'auteur du
Discours ait voulu atteindre Henri III. On voit le calcul bizarre
que, de sa part, cela supposerait. Au moment où paraît le pre-
mier fragment de l'ouvrage, Henri III n'est encore que duc
d'Anjou et roi de Pologne ; il est loin de la France qu'il a quit-
tée pour recueillir la couronne à laquelle on l'a appelé. Ainsi
1. Les articles du D' A. ont déjà provoqué deux réfutations auxquelles
le lecteur pourra se reporter : l'une, dans la Revue politique et parle-
mentaire (janvier 1907), est due à M. I3onnefon, le savant éditeur de I^a
Boëtie ; l'autre, qui est de M. Villey, a paru dans la Revue d'histoire lit-
téraire (t. XIII, 1906, p. l'Zl). Dans chacun de ces articles, j'ai trouvé des
arguments décisifs, et je n'ai eu souvent qu'à les résumer. Le travail de
R. Dezeinieris, dont l'objet est un peu différent, fera l'objet d'un compte
rendu spécial, qu'on trouvera à la suite de celui-ci.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 405
donc, — pour suivre l'hypothèse du D"" A., — quand Montaigne
aurait voulu adapter aux circonstances présentes l'œuvre de son
ami, quand, mécontent de Charles IX, il aurait résolu d'exci-
ter le peuple contre son souverain légitime... c'est le portrait du
duc d'Anjou qu'il aurait inséré dans l'œuvre et non celui du
roi qui avait fait la Saint-Barthélémy. On nous dit bien, pour
expliquer celte tactique', qu'à ce moment-là, « Charles IX, miné
par la phtisie pulmonaire, est un valétudinaire que chacun s'at-
tend à voir mourir d'un jour à l'autre ». C'était perdre ses coups
que de s'attaquer à lui, et c'est pourquoi les huguenots, le négli-
geant, se seraient dès lors acharnés « sur son frèro d'Anjou, roi
et tyran de Pologne aujourd'hui, roi de France demain ». Mais les
pamphlétaires protestants n'avaient pas le diagnostic du Dr A.
En fait, M. P. Bonnefon l'a bien montré, ils ne songeaient guère
à ruiner parmi les Fi-ançais la réputation du duc d'Anjou : d'abord
celui-ci était loin de France et ne les gênait guère et, même s'ils
eussent pensé qu'il dût bientôt revenir en France, ils l'auraient,
comme roi, préféré de beaucoup à Charles IX*.
Ainsi donc, il n'est pas prouvé, en fait, que la Servitude volon-
taire soit un pamphlet contre Henri III; et de plus, il est a priori
fort invraisemblable que l'ouvrage soit dirigé contre ce prince. La
thèse du D' A. s'écroule tout entière et dès lors il devient superflu
de justifier Montaigne et de faire voir qu'il n'a nullement remanié
le texte originel de la Servitude volontaire. Ce n'est pas qu'on
ait de la peine à justifier les contradictions dans lesquelles il
serait tombé en parlant , à diverses reprises , du livre de son
ami. Ces contradictions prétendues, M. P. Bonnefon les a expli-
1. Dans une épitaphe de Charles IX, que l'Estoile nous a conservée, on
peut lire ces vers :
Plus cruel que Néron, plus rusé que Tibère,
Haï de ses sujets, moqué de l'étranger,
Brave dans une chambre à couvert du danger ;
Envieux des hauts faits du roi Henri son frère...
(Cité par Paul F.-M. Méaly, Les publicistes de la réforme sous Fran-
çois II et Charles IX, 1903, p. 153).
On voit le témoignage que nous apporte le dernier de ces vers; quant
au premier, il montre que les gens du xvi' siècle n'imaginaient pas tyrans
plus cruels que certains des empereurs romains. Cela fortifierait l'opinion
courante, qui veut que la Servitude volontaire soit inspirée principale-
ment par des réminiscences des écrivains anciens.
406 ANNALES DU MIDI.
quées de façon très naturelle ; il suffira de renvoyer le lecteur à sa
démonstration. Et maintenant, faut-il regretter que le D"" A. ait
dépensé tant de savoir et tant d'ingéniosité en faveur d'une hypo-
thèse entièrement caduque? Nous ne le pensons pas; il nous a
obligés à relire la Servilitde volontaire ; aux critiques qui con-
naissent le mieux ces questions, il a fourni l'occasion d'approfon-
dir le sens de l'œuvre et de l'evenir encore sur sa portée ou sur son
histoire ; il a lui-même semé dans son travail beaucoup de remar-
ques et de faits curieux dont nous nous trouverons profiter : on ne
peut dire qu'il ait tout à fait perdu son temps.
L. Delaruelle.
R. Dezeimeris. — Sur l'objectif réel du discours d'Es-
tienne de La Boëtie « de la Servitude volontaire », ia-8".
(Extrait des actes de V Académie des sciences, belles-lettres
et arts de Bordeaux, 1907).
Au nombre des heureuses conséquences que devait produire le
paradoxe du Df Armaingaud, il faut mettre l'apparition de l'inté-
ressant mémoire que nous envoie M. Reinhold Dezeimeris. M. D.
se refuse à adopter les idées du D"" Armaingaud, mais il ne les ré-
fute qu'en opposant théorie. à théorie, et son travail tend à démon-
trer que, dans la Servitude volontaire, on peut reconnaître le por-
trait, non du futur Henri III, mais bien de Charles VI. Voilà une
thèse nouvelle et non moins imprévue, sans doute, que la précé-
dente. En dépit de l'autorité qui s'attache au nom de M. D., il
nous semble impossible de l'accepter, et nous en dirons briève-
ment les raisons.
Pour justifier ce rapprochement entre Charles VI et le tyran de
la Servitude volontaire, M. D. a rassemblé des citations nombreu-
ses et d'origine très diverse : il y en a de Monstrelet et de Frois-
sart, de Michelet et d'Henri Martin. Qui ne voit ce qu'une telle
méthode a nécessairement d'incertain ? L'opinion des historiens
modernes n'a rien à voir en cette alTaire. Seuls peuvent compter
les témoignages des écrivains que La Boëtie a dû lire pour s'ins-
truire du passé de son pays. Ainsi j'aimerais, sur Cliarlcs VI,
trouver ici l'opinion de Gaguin, ou mieux encore de Paul-Emile,
l'historien humaniste dont l'œuvre fut continuée par le Bordelais
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 407
Arnaud de Ferron. Ce sont, il me semble, leurs ouvrages qui
étaient le plus accessibles à La Boëtie ; il y a chance pour qu'il
y ait puisé la plupart de ses connaissances historiques.
Mais, nous ditM. D., d'autres que La Boëtie devaient, au xvie siè-
cle, faire un rapprochement entre leur propre époque et le règne
de Charles VI. Que va-t-il donc citer à l'appui de son dire ? un
texte d'Estienne Pasquier et un passage de la Ménippée (voir aux
pages 24-26 de la brochure) ; le premier est, au plus tôt, de 1581, et
la Ménippée fut écrite en 1593. Les deux textes font allusion à un
état de choses bien différent de celui que La Boëtie avait sous les
yeux, quand, vers 1550, il écrivait la Servitude volontaire : ils ne
peuvent être d'aucun appui à la thèse de M. D.; ils serviraient
plutôt à la détruire. Dans le règne de Charles VI, ils nous mon-
trent surtout une époque d'anarchie, où les factions réduisent à
rien l'autorité du souverain légitime. Chez La Boëtie, au contraire,
le tyran est un souverain absolu dont la puissance s'exerce sans
contrepoids par toute l'étendue du royaume. Si ce n'est pas un
simple portrait de Néron ou de Tibère, il faut penser à un roi mo-
derne bien plus qu'à un souverain féodal, comme était encore
Charles VI.
Ce caractère d'anarchie est, dans le règne du roi dément, ce qui
devait le plus frapper les contemporains de La Boëtie. Il se peut
qu'en ce temps-là les souffrances du populaire soient arrivées à
leur comble; mais, depuis un siècle, elles n'avaient pas changé de
nature. On gémissait toujours, au temps des guerres d'Italie, sur
les taxes trop lourdes et sur les pilleries des gens de guerre.
C'étaient là des lieux communs de la poésie populaire. Dans la
Servitude volontaire, le développement du lieu commun n'a ja-
mais assez de netteté pour qu'on y puisse deviner des allusions à
une époque précise de l'histoire de France. J'aimerais mieux, en
tout cas, y voir des allusions aux premiers temps de notre histoire.
M. D. a bien fait de rapi)e]er (p. 9) les passages de la Franciade,
où Ronsard a flétri les rois « mange-sujets » de la première race,
les princes tels que Childéric ou les princesses comme Brunehaut.
Il valait la peine de noter que, dans leurs pamphlets, les hugue-
nots ont utilisé ces passages (Paul F. -M. Méaly, Les publicistes de
la réforme soîts François II et Charles IX, 1903, pp. 135 et 156).
Pour tracer le portrait du tyran idéal, on pourrait, à la rigueur, ad-
mettre que La Boëtie eût songé à ces figures semi-légendaires dont
l'éloignement permettait de grossir les traits. Je ne puis croire qu'il
408 ANNALES DU MIDI.
ait eu en vue Charles VI, et M. D. n'a pas démontré non plus que
le portrait s'appliquât à ce roi.
Nous avons dit en toute sincérité notre opinion sur le mémoire
de l'érudit Bordelais ; s'il a un peu déçu notre attente, nous espé-
rons avoir bientôt un dédommagement, et nous attendons avec
impatience le travail où il reviendra, nous promet-il, sur la vie
de La Boëtie, sur ses rapports avec Montaigne et sur la Servitude
volontaire. L. D.
Louis Lempereur. — État du diocèse de Rodez en 1771.
Rodez, 1906; 'm-A° de xvi-775 pages.
Nommé évèque de Rodez en 1770, Jérôme-Marie Champion de
Cicé, administrateur zélé et de grand mérite, voulut, connaître
rapidement l'état de son diocèse. Le 15 octobre 1771, il fît envoyer
à chacun des 541 curés ou desservants* d'annexés qui dépendaient
de lui un questionnaire en dix articles subdivisés chacun en une
série de questions se rapportant au même objet : en tout 48 ques-
tions. Les renseignements demandés sont très variés. Le nouvel
évêque nous apparaît comme une sorte d'administrateur civil : il
demande « si l'air est salubre et sain » (I, 7)2; il montre autant
de souci pour les hôpitaux, « le bouillon des pauvres », les écoles
(III, 1, 2, 3, p. 3), les mendiants (VII, 1, 2), le nombre d'habi-
tants et de villages (IV, 2, 4, p. 3), les grains qu'on récolte dans
la paroisse, les bestiaux, les terres en friche, la suffisance ou l'in-
suffisance de la récolte (VIII, 1, 2, 4, 7, 8), les métiers et le com-
merce (IX, 1, 3) que pour le bon état de l'église et la décence du
service divin (X, 1, 4), la levée de la dîme (III, 1, 2), les bénéfices
ecclésiastiques ou les ministres du culte (V, 1, 2, 3, 5). — A ce
questionnaire, soigneusement divisé par l'éditeur, font suite près
de 450 réponses* dont les divisions numérotées permettent de se
reporter aisément aux questions correspondantes.
1. Le diocèse de Rodoz comptait à cette ilate 475 paroisses et 66 annexes
réparties en 48 districts {IntrocL, l.)
2. Les chiffres romains renvoient aux articles du questionnaire, les
chiffres arabes aux questions qui en font partie. Voir le questionnaire,
pp. 3-4.
3. Quinze environ manquent au dossier. M. Lempereur, avec un zèle
très louable, s'est efforcé de combler ces lacunes au moyen de divers
documents d'archives antérieurs à 1771, tels que reconnaissances féoda-
les, procès-verbaux de visites pastorales, etc.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. • 409
Ces réponses, il fallait s'y attendre, sont de valeur fort inégale.
Le questionnaire, sur certains points, dépassait peut-être la capa-
cité de quelques-uns des répondants i. Il faut aussi faire la part
des négligences plus ou moins volontaires. Nombre de réponses,
un quart environ, sont presque sans valeur; les curés répondent
par « oui » ou par « non », ou même ne répondent rien. Toutefois,
la netteté et la précision du questionnaire et, d'autre part, le
souci de satisfaire convenablement à une demande émanée de
l'autorité épiscopale, parfois aussi le désir d'être utile aux parois-
siens ont déterminé le plus grand nombre des curés à fournir des
renseignements précis et abondants. Certains font même preuve
d'un grand souci d'exactitude 2.
Si la valeur historique et l'intérêt documentaire de cet ELal du
diocèse ne ressortait déjà de ces considérations, il suffirait de lire
V Introduction fort bien conçue dans laquelle M. L. a exposé des
notions fort utiles pour la bonne intelligence du texte et tenté de
condenser, du moins en partie, la substance de ce volumineux
in-4o.
Mais ceux qui pourront s'engager dans la lecture du livre lui-
même (il y faut, je l'avoue, quelque courage), en s'aidant du ques-
tionnaire comme fil conducteur, y verront, classés et sériés, les
renseignements les plus variés, les statistiques les 'plus instructi-
ves, une masse énorme de détails caractéristiques ; ils y trouveront
autant de profit qu'au dépouillement méthodique de tout un fonds
d'archives et plus d'agrément. Lorsqu'on a ainsi épuisé toutes les
questions, il vous semble qu'on vient de faire à travers le pays
rouergat de 1772 une longue et minutieuse enquête. Des souvenirs
dont la mémoire est d'abord accablée se di'îgagent peu à peu des
« impressions » ou idées générales qui sont le profit de cette fati-
gante excursion. Je me borne à résumer les miennes.
Sur le sol accidenté de l'antique pagus 7'utenicus, au sein de
l'unité territoriale séculaire de la paroisse, la {)res(|ue totalité de
la population vit encore dans la dispersion et l'isolement par
petits villages', qui semblent s'être développés au cours des siècles
L Le curé de Saint-André-de-Najac ignore quel est le seigneur haut
justicier dans sa paroisse. C'était le roi lui-même (p. 299).
2. Parmi les meilleures réponses, voir Agen, p. 461; Aiibin, p. 5; Bes-
suéjouls, p. 148; Caplongue, p. 90; Compeyre, p. 104; Sévérac, p. 492;
Verlac, p. 577.
3. Aubin, 40 villages (p. 3) ; Rulhe, 300 hab., 20 villages (p. 10); Firmy,
A.NNALES DU MIDI. — XX 27
410 ANNALES DU MIDI.
sur l'emplacement des demeures d'anciens colons ou serfs ruraux.
Favorisée par la nature et le relief du sol, la vieille organisation
féodale a maintenu l'habitant avec plus de force sur la tenure
ancestrale. Elle enserre encore fortement l'existence du paysan dans
les mailles lourdes et serrées des multiples juridictions hiérarchi-
sées et enchevêtrées. Sous la suzeraineté duseigneur haut justicier,
roi', évoque, abbé, commandeur ou noble laïc, le cultivateur doit
compter avec une foule de directiers et autres maîtres de rang
inférieur 2. A tout seigneur, il doit payer quelques impôts ou rede-
vances, et le nombre s'en est considérablement accru depuis
qu'ont été établies l'antique a tolte » féodale ou la dlme due à
l'Eglise jusqu'à l'époque actuelle, où les impôts royaux, toujours
plus lourds, nécessitent d'innombrables saisies et exécutions. A
Connae ^, « les employés pour la levée des deniers du roi ne quit-
tent presque pas la paroisse ». Ces prélèvements multiples sur les
maigres ressources du paysan rouergat, « extrêmement chargé et
foulé' », étouffent eu lui tout esprit d'initiative et le réduisent à
la misère perpétuelle. Sans doute, ici la récolte a été mauvaise
depuis sept ou huit ans s, là elle a été emportée par le froid ^ ou
par une « grêle extraordinaire^ », et c'est pour le paysan une
détresse sans remède. Mais la cause permanente de cet état pré-
caire est bien l'impôt. Il pèse d'un poids trop lourd sur le cultiva-
teur. Si les doléances contre les excès de l'impôt ne se font jour
que çà et là sous la plume des curés, c'est qu'il leur fallait une
certaine liberté d'esprit et de la compétence pour s'exprimer nette-
ment sur ce point 8. Une partie de la récolte doit être donnée en
1,400 hab.. 75 villages (p. 10); Sénergues, 1,000 hab., 56 villages (p. 124);
Ginouillac, 869 liab.,53 villages (p. 135) ; Bessuéjoiils, 475 hab., 37 villages
(p. 148); Le Monastère-Cabrespines, 928 hab., 47 villages (p. 169).
1. Le roi est, en totalité ou en parcage, haut seigneur dans 75 paroisses
environ.
2. Il- y en a 18 à Souyri, p. 465; 14 à Bor et Bar pour 809 habitants,
p. 224; 15 à Saint-Julien-de-RodcUe, p. 24; 17 à Barriac, p. 27; « presque
autant... qu'il y a de villages ». Flavin, p. 170.
3. P. 391 .
4. Valon, p. 374.
5. Requis ta, p. 381.
6. Drulhe, p. 359.
7. La Besse, p. 35.
8. A Bor et Bar (809 hab.), les 14 seigneurs du lieu perçoivent environ
3,000 livres (p. 224); à Barriac, 17 seigneurs, y compris le roi, emportent
e quart de toua les grains de la paroisse et les habitants sont obligés de
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 411
redevances et une autre partie vendue pour acquitter les charges
« Le roi et le seigneur forcent le peuple à se défaire du grain et à
vivre à l'éti-oit^ » On épargne le pain et il manque souvent 2. La
récolte, à peine suffisante d'ailleurs, se trouve fort réduite : elle
est parfois épuisée à la fm des nouvelles semences 3; elle permet
de vivre un quart ou un tiers de l'année; rarement elle permet de
« percei- » jusqu'à la nouvelle récolte*. Un remède naturel ù cette
misère serait de laisser ou de vendre sur place les ressources en
nature que seigneurs ecclésiastiques ou laïques prélèvent sui- le
pays. Mais, depuis plus d'un siècle, les grands seigneurs sont
absents 5, et à la cour ou dans les grandes villes ils ont à pour-
voir, au moyen des impôts et redevances, à leur existence bril-
lante et inutile. D'autre part, abbés et commandeurs emportent le
grain et l'entassent derrière les hauts murs de leurs « granges »,
où l'on devra venir de loin pour se pourvoir. Sans doute encore
la dime, les donations dont églises, abbayes et commanderies
conservent précieusement les actes dans des cartulaires sont
principalement destinées à l'aumône , remède traditionnel à la
misère. Mais prieurs, évoques ou abbayes afferment la dime à
prix réduit. Le curé en prend une partie pour sa « congrue ». le
reste s'en va au fermier ou au titulaire qui omettent parfois d'ac-
vendre leur froment pour payer les charges royales; les autres grains n'y
suffisent pas (p. 27); à Saint-Hilaire, les seigneurs emportent « le quart
de tous les grains, et encore les censives en blé, cire, poules et argent,
chose surprenante et accablante » (p. 176). A Saint-Igest, 426 hab., la
dîme lève 130 setiers de grain (froment, seigle, avoine) et 15 charretées de
vin à 20 livres l'une (p, 718); à Claunhac, 600 hab., 250 setiers de grain;
à Villeneuve, 1,876 hab., 36 setiers avoine, 54 setiers seigle, 450 setiers
froment (p. 702). Voir encore Buzeins, p. 44; Connac, p. 391 ; le Cuzoul,
p. 305; Drulhe, p. 359; Mauron, p. 699; Saint-Michel, p. 9; Muret, p. 55;
Saint-Naamas, p. 52; Recoules, p. 53; Saint-Salvadou, p. 219; Sauganne
et Touels, p. 40; Vimenet, p. 48, etc..
1. Bez, p. 361.
2. « Il n'y a aucune maison dans la paroisse où l'on n'épargne le pain...
un tiers n'en a pour ainsi dire jamais » (Sauganne et Touels, p. 39).
3. Cransac, p. 8.
4. « Il manqueroit plus que le tiers du bled pour nourrir les parois-
siens, quand bien même les seigneurs et prieurs y laisseroient tout ce
qu'ils en prélèvent... » (Vimenet, pp. 47-48). A Caplongue, la récolte est
de 1,900 setiers; or, il faudrait « au bas tau » 2,640 setiers (p. 92). Voir
aussi Broquiès, pp. 29-33; Cabanes, p. 335; Sainte-Eulalie-du-Causse,
p. 25; Firmy, p. 76; Saint-Michel, p. 9, etc., etc..
5. Geyi-ac, p. 204.
412 ANNALES DU MIDI.
quitter leurs charges ^ Aussi, le paupérisme et la mendicité pren-
nent-ils d'effrayantes proportions. Il n'est pas rare que les pau-
vres représentent un quart ou un tiers de la population de la
paroisse, tandis que sur les chemins les « gueux. » s'en vont « par
troupes ». « Il yen a sans fîn^. » Le curé, témoin attristé de cette
détresse, a beau se réduire « à la plus basse frugalité », les hôpi-
taux, rares et mal pourvus, parfois mal administrés 3, ont beau
ouvrir lenrs portes aux plus nécessiteux, et les maisons de force'*
immobiliser une partie des vagabonds, cette misère dépasse tous
les moyens, déborde toutes les initiatives : c'est une plaie profonde,
invétérée, dont l'extension et l'aciiité résultent du système social
lui-même.
Toutefois, « la misère est un bon maître d'école -j, ainsi que le
remarque le curé de Durenque*. Malgré l'absence de culture et
d'instruction qui le maintiennent dans une sorte d'enfance incons-
ciente 6, souvent sans pain 7, ou réduit à vendre ses « cabaux » ou
son bien', le paysan « essaye de tout ». A défaut de pain, il se
nourrit de «jardinage», de fruits (cliùtaignes, pommes, noix), de
pommes de terre 9, ou de légumes i*' « quand ils réussissent ». Par-
1. Voir p. 698. a Malgré la misère, depuis phisieurs années, le chapitre
de Conques, qui perçoit de gros revenus dans cette paroisse, n'a rien
donné aux pauvres » (Bars, 600 hab., dont 90 p^iuvres et 50 mendiants,
p. 379). Voir aussi ce qui concerne les liospices ou le « bouillon des pau-
vres V).
2. Parisot, p. 340. Voir, en particulier : Aubin, 1,672 hab., 130 pauvres
valides, 170 invahdes, 100 sans secours, 200 mendiants; Sanvensa (p. 311),
950 hab., 225 pauvres valides ou invalides, 80 sans secours, 168 mendiants
(il en passe 60 par jour sur la rout*^ de l'Albigeois à l'Auvergne); à
Naussac, (p. 331) pendant plusieurs mois, il y a une centaine de pas-
sants par jour. — Pons, p. 371 ; Eignac, p. 394; Saint-Chély, p. 551...
3. Voir ci-dessus, note 1.
4. Rodez, p. 434.
5. Durenque, p. 41.
6. Le personnel enseignant comprend environ 66 maîtres ou maîtresses
d'école, souvent de qualité inférieure et de situation précaire et dont l'ac-
tion est fort restreinte. Certains centres, comme Bozouls, Entraygues, etc.,
n'ont pas d'école. Dans tout le district d'Estaing, on ne trouve qu'une
école; celui de Flavin en manque totalement.
7. Le remède à la misère est « de souffrir beaucoup de faim, en passant
beaucoup de jours sans manger de pain » (La Vinzelle. p. 130); « manger
peu » (La Bessenoits, p. 13); « depàtir ou de ne manger que d'herbes... »
(Golinhac, p. 142); « la besace » (Le Minier, p. 269).
8. Ceyrac, p. 204; Prix, p. 715, Vezouillac, p. 118, etc..
9. Coupiaguet, p. 30.
10. Montignac, p. 123, «... jardinage, fruits... châtaignes, abstinence, ils
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 413
fois, ces produits, le vin en particulier, sont assez abondants pour
alimenter un petit commerce^ et assurer ainsi le nécessaire. On
exploite le charbon de terre dans la région d'Aubin et de Laissac^ .
Sur les plateaux du Lévézou et d'Aubrac, les bêtes à laine et à
corne attirent les marchands du Languedoc 3. Malheureusement,
les chemins sont « affreux », les communications difficiles et les
moyens de transport rudimentaires. Des muletiers, « quelques
misérables voituriers qui se ruinent* », font le trafic du vin, du
charbon, du blé, rapportent de l'Auvergne du fromage, du lian-
guedoc de l'huile et de la ville voisine les ustensiles et les produits
manufacturés.
C'est du sol qu'il cultive, des animaux qu'il élève que le paysan
s'est aussi habitué, depuis des siècles, à tirer de quoi se vêtir.
Partout, sauf vers l'extrémité du Rouergue contiguê à l'Auvergne,
le paysan cultive le chanvre , que ses bergères , ses servantes
filent à la veillée. On trouve des tisserands dans toutes les
paroisses*.
D'ordinaire, ce produit ne sort pas du pays. La filature de la
laine semble s'étendre peu à peu de la région de Saint-Geniès ou
de Rodez au reste de la province. C'est vers cette branche d'indus-
trie surtout que certains curés d'élite voudraient diriger l'activité
de la jeunesse « qui s'adonne à l'oisiveté ». « Un des bons princi-
pes du commerce étant qu'il faut tirer tout le parti possible des
choses du pays* », certains introduisent dans leur paroisse la
filature de la laine, d'autres donnent de très utiles conseils, adres-
sent même des appels chaleureux « aux personnes désintéres-
sées » et aux }»ouvoirs publics et veulent, parle travail industriel,
souffrent la faim et passent des journées entières avec des châtaignes et de
la bouiUie sans pain... ». Entraygues, p. 135; Conques, p. 120; Marcilhac,
p. 240; Castelnau de Lévézou, p. 205; Milhau, p. 203; Montou, p. 217, etc.
1. Conques, p. 120; Marcillac, p. 240; Salles-Comtaux, pp. 61, 63; Ville-
conital, p. 666; La Guépie, p. 654.
2. Ayrignac, p. 201 ; Lugan, p. 78; Saint-Michel, p. 9; Drulhe, p. 360;
Pachins, p. 364; Agrès, p. 015.
3. Districts de Laguiole et de Ségur.
4. Pp. 9, 18. 61, 63, 343, 360, 361, 650.
5. A Lapanouse, 1,015 hab., on compte 90 tisserands « qui vivent du
jour à la journée »; s'ils sont malades, « il faut que la charité leur four-
nisse tout, jusques aux draps de lit, dont presque toutes les maisons
manquent », p. 502. Voir aussi Parisot, r. 341; Tauriac, p. 339; Crespin,
p. 333; Frons, p. 337.
6. Carcenac-Salmiech, p. 90.
41 i ANNALES DU MIDI.
remédier h la misère du paysan ^ Quelques centres, comme Cam-
boulas (pour les « serges grossières ») mais surtout Saint-Geniès
(pour les « cadis »), alimentent dans un rayon as.sez étendu une
activité industrielle qui devient la providence des années de
disette 2. N'était la difficulté des communications, de puissantes
industries auraient trouvé sur ce sol un aliment capable d'étendre
au loin leur influence et de faire pénétrer dans le pays l'aisance et
es idées économiques nouvelles.
Quant à l'habitant des hauts plateaux de la Viadène et du Gar-
ladès, qui doit lutter contre un sol granitique et la rigueur d'un
hiver prolongé, il a, depuis des siècles, pris l'habitude des excur-
sions lointaines. Au delà des horizons qu'il découvre du haut de
l'Aubrac ou du Cantal il va, pendant l'hiver, à la « ressade ^ ». Du
Languedoc ou de laGatalogne, il reviendra invariablement à l'été
vers sa montagne, apportant le fruit du travail ou de l'aumône et
un esprit plus audacieux.
Ainsi, malgré les difficultés du sol, malgré le poids de la vieille
organisation féodale, le Rouergat se fait jour peu à peu vers une
existence matérielle meilleure. Tout entier à son patient effort
séculaire, il ne semble pas disposé à se séparer de la terre des
aïeux, ni prêt à maudire ses vieux maîtres. Toutefois, cette vaste
enquête faite par ses « pasteurs » indique d'elle-même un besoin
de réformes et fait pressentir les temps nouveaux. La comparai-
son de cet Etat du diocèse et des Cahiers des Etats généraux, que
la Société des lettres de l'Aveyron se préoccupe de publier, sera
fort instructive, et ce ne sera pas pour M. Lempereur un mince
mérite que d'avoir donné à l'historien les moyens de la faire
étendue et précise.
Louis RiGAL,
1. Voir surtout Agen, p. 464. « Le bien public, soit de la relligion, soit
de l'Etat, soit des pauvi'es, soit des riches... soit de la ville, soit de la
campagne, se trouve réuni dans cette iilature w. Elle procurerait du travail
à la plupart des cultivateurs que leurs travaux faissent « la plus grande
partie des saisons de l'année et des heures du jour sans occupation » et
qui « s'adonnent à la fainéantise et à la débauche et tombent enfin dans
la misère.» Voir' aussi Bessuéjouls, p. 149; Entraygues, p. 135; Rignac,
p. 496; Saint-Gyprien, p. 153; Sauveterre, p. 480. — La filature du coton a
été introduite en quelques endroits : Auriac, p. 10'2 ; Sahit-Chrisloplie,
p. 04'2, etc.
2. Voir districts de Rodez (Camboulas), de Saint-Geniès, de Sévérac, etc.
3. Métier de scieur de long : La Oapelle, p. 137; Cassuéjouls, p. 186.
Voir aussi les districts de Pons et de Mur-de-Barrez.
REVUE DES PÉRIODIQUES
PÉRIODIQUES FRANÇAIS MÉRIDIONAUX.
Ardèche.
Revue dit Vîvarais^ t. XV. 1907.
p. 9-13. De Montravel. Montivert. [Château proche do l'église de Saint-
André des Effangeas, siège autrefois d'une seigneurie. B'amilles nobles
qui la possédèrent : les Montagnec, les Chalendar, etc. Eenseignements
généalogiques.] — P. 14-25. F. de Charbonnel. Notes sur Jean de Cha-
lendar de la Motte, syndic général du Vivarais (sic). [En 1592 il avait
succédé, comme syndic général de Languedoc — et non du Vivarais —
à son frère aîné, successeur lui-même de leur père, le vieux Guillaume
de la Motte (cf. Rev. du Vivarais, 1904 et 1905). Son mariage, dont le
contrat est publié; ses voyages et « vacations ». Il mourut en 1640.] —
P. 34-9, 67-79, 200-7, 296-305, 379-88. Abbé Ciiaudouard. Notes sur l'an-
cien prieuré des Vans. [Les chapelles, les prêtres et prieurs, les revenus,
qui allaient à 900 livres, dont 3-400 payées comme portion congrue au
vicaire perpétuel (1676). Détails sur la construction de l'église actuelle
et du presbytère, à partir de 1625. Quelques textes.] — P. 49-52. Benoît
d'Entrevaux. Le cardinal d'Aubenas. [Pasteur, d'Aubenas, cardinal en
1350. Portrait.] — P. 53-66. A. Mazon. Les Gamon d'Annonay (Notes
complémentaires). [Rectifications et additions à deux précédentes étu-
des : elles concernent en particulier Antoine Gamon, juge de Vivarais,
t 1564, et Achille Gamon, membre à plusieurs reprises des Etats de
Vivarais (1563-1587), protestant modéré, f 1597.] — P. 89-104, 180-99,
242-51, 292-5. De Chalendar. Le président de La Motte. [Annet, fils de
Jean, 1606-1686, syndic général de Languedoc comme son père, de 1626
à 1642, puis président au Présidial de Valence. Contrat de mariage de
sa sœur Marguerite, 1631 (p. 93). Extraits du livre de raison du prési-
416 ANNALES DU MIDI.
dent et diverses autres pièces : missives, testaments, contrats. Il finit sa
vie parmi les embarras d'argent. Sa postérité est étudiée, avec le même
détail, jusqu'à Charles-Louis de la Motte, qui fut emprisonné durant la
Terreur et s'évada grâce à la fille du geôlier, qu'il avait séduite et qu'il
épousa en 1795.] — P. 105-25, 270-91, 328-12, 361-78. D' Fkancus. Tour-
non au XV' siècle. [Suite des Notes sur Townon publiées dans la même
Revue en 1906. Représentation de Tournon aux Etats de Languedoc et
à ceux du Vivarais. Craintes et dépenses causées par les bandes de rou-
tiers, dont celle de « Rodigo » (Rodrigue de Villandrando). Différends
du seigneur, Guillaume V, avec ses vassaux, dont le procès du capita-
nage (1441-1447), et son testament (1463). L'administration municipale
d'après les comptes, conservés pour trois périodes : 1420-1448, 1459-
1461 et 1491-1493. Revenus et budget de la ville.] — P. 126-36. P. Gouy.
Notes d'ethnographie vivaroise. [A suivre.] — P. 137-47. L. Aurenche.
Le testament de M^'' de la Garde de Chambonas, évèque de Viviers.
[Texte, du 18 janvier 1713.] — P. 148-58, 213-27. Chanelosc. [Pas de nom
d'auteur. Tour et terre sises sur la paroisse de Préaux, au mandement
de Seray, propriété de la famille d'Iscrand, issue du très ancien château
de ce nom. Travail de généalogie.] — P. 159-71, 228-41. D' Francus.
Auguste Broët, député de l'Ardèche à l'Assemblée Nationale de 1871.
[Saint-Simonien repenti, économiste, monarchiste constitutionnel, il
siégea au centre gauche de l'assemblée et se retira de la politique en
1876.] — P. 172-9, 252-7. L. Rostaing. Péages, douanes, impôts en Viva-
rais au xviii" siècle. [11 s'agit en particulier de droits vexatoires sur le
papier, dont la fabrication, grâce aux Montgolfier, s'accroissait en Vi-
varais; d'où fraudes, saisies, procès; ainsi en 1764. Texte d'un question-
naire de l'Intendant du commerce au sujet de la perception de ces
droits, et des réponses de P. Montgolfier.] — P. 261-9. De Montravel.
Le Bousquet. [Château sis dans la paroisse de Saint-Laurent-du-Pape.
Il avait de longue date appartenu aux Maugiron, du Dauphiné. La mar-
quise de Vichet, qui habitait dans le voisinage, voulut le faire acheter
à Chateaubriand, objet de son culte (lettre du 3 avril 1829). Suivent trois
pièces ^e 1671, 1744, 1750 sur la famille de Maugiron.] —P. 309-13. B. E.
La découverte archéologique de Lagorce. [Faite dans un champ. Il s'agit
de cinij grandes urnes funéraires en terre cuite, contenant des am-
phores de verre, où étaient renfermés des ossements humains calcinés,
des bijoux, des fioles en verre, etc., le tout de l'époque gallo-roinaino.]
— - P. 314-27. De Montravel. Les Fontanès, seigneurs de Prost, Chemé,
La Valette de Pélussin, Lussan, Rochefort, Gajan, Le Sauzay et Gré-
zieu. [Le château de Chemé- est situé aux confins du Lyonnais. Etude
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 417
généalogique, du xv au xyiii» siècles.] — P. 343-6. H. Vaschalde. La
peste, de 1626 à 1629. [A Chassiers, Aubenas, Bourg-Saint- Andéol.
Textes.] — P. 357-63. A. Bomniol. Notes sur les coseigneurs de Vallon
aux xiv« et xv siècles. — P. 392-402, 427-49, 485-8. L. Aurenche. Une
tentative d'établissement d'un collège de Jésuites au Bourg-Saint-Andéol
(1607-1615). [Provoquée par le testament de Geneviève de Maroan, solli-
citée par les consuls, la venue des Jésuites se fit attendre, n'eut pas
lieu, et tout finit par un bon procès, fort coûteux, au Parlement de
Toulouse. Cet article composé de première main, avec pièces inédites,
est gâté par des détails inutiles et par une profusion de notes qui s'en-
chevêtrent les unes dans les autres.] — P. 405-10, 534-9. J. Lemerle.
Deux Vivarois abbés de La Chaise-Dieu. Pons de Tournon, Pons de
Baudisner. [L'un de 1094 à 1112, l'autre de 1157 à 1169. Pas de notes et
rien de nouveau, semble-t-il.] — P. 420-6, 489-98, 527-33. De Montravel.
Jalès, commanderie de Malte. [En Bas-Vivarais. Les Templiers en
furent les premiers possesseurs. Listes des donations c|ui leur furent
faites, depuis 1155; des commandeurs de l'ordre de Malte, depuis 1430.]
— P. 453-71. D'' Francus. Tournon du temps de Jacques II (14G7-1501).
[Renseignements divers, dont les plus curieux se trouvent dans les
comptes du syndic Guillaume Berthelay, 1490-1493.] — P. 472-84.
L. Rostainct. Maîtres et compagnons papetiers. [Chez les Montgolfier,
auxviii' siècle, et en Dauphiné. I-es patrons avaient à lutter contre des
associations d'ouvriers fort ignorantes et tyranniques, ennemies des
plus utiles innovations. Texte d'un mémoire des Montgolfier au contrô-
leur général.] — P. 501-25. D"" Francus. Tournon au commencement du
XVI* siècle (1501 à 1525). [Importance croissante de la maison de Tour-
non, à qui la charge de bailli du Vivarais fut confiée en 1498 et resta
jusqu'en 1644. Just de Tournon, qui périt à la bataille de Pavie, avait
été lieutenant-général en Languedoc, et son frère Claude fut évêque de
Viviers. Nombreux détails sur les Etats de Vivarais et sur les Etats
généraux de Languedoc, auxquels ces deux personnages ont assisté et
présidé. Texte d'une transaction de 1513 entre le seigneur et les habi-
tants de Tournon. Passages de gens d'armes. Testament de Just, de
1523.] — P. 549-63. B. E. Le château de Gourdan et ses possesseurs.
[Près d'Annonay; date seulement du xviii» siècle; beau et somptueux
monument, entouré d'un parc grandiose.] — P. 564-84. D"' Francus.
Notes historiques sur Tournon depuis la mort de Just I" jusqu'aux
guerres religieuses. [A suivre.] — P. 58.5-98. A. Roche. La famille de
Chabreul. [Depuis le xvi» siècle. Famille bourgeoise de Tournon.]
P. D.
418 ANNALES DU MIDI.
Aude.
Mémoires de la Société des arts et des sciences de Car-
cassonne, 2® série, t. II, 1906.
P. 1-208. A. Cros-Mayrevieille. Mémoire touchant les familles les plus
anciennes de la ville de Carcassonne. [Publication d'un manuscrit ap-
partenant à l'auteur de l'article. Ce mémoire anonyme a été rédigé pro-
bablement par un notaire ou d'après des minutes notariales; il est pos-
térieur à 1651. Il avait été partiellement utilisé déjà par le P. Bouges
dans sa très rare Histoire de Carcassonne. et par Viguerie dans ses
Annales de l'ancien diocèse de Carcassonne, restées en manuscrit à
la bibliothèque de la ville; Mahul enfin l'avait connu et cité. Il est
publié ici in extenso et suivi d'une table des 78 familles étudiées et
d'une table des noms cités.] — P. 209-26. Ed. Baichère. La reddition
du lieu de Monthault (Aude) par les religionnaires. [Courte notice et
publication du i-apport fait au duc de Montmorency par le capitaine
Michel, qui avait obtenu au moyen de négociations et d'argent la sou-
mission d'une troupe de religionnaires, 3-26 octobre 1583.]
T. III, 1907.
P. 24-35. C. Rénaux. Le port de La Nouvelle. [Analyse d'une notice de
M. M. Bouffet, ingénieur en chef des ponts et chaussées, parue dans
l'Atlas des ports maritimes de France, du Ministère des Travaux
publics, n" 118. Outre des renseignements géographiques et hydrogra-
phiques sur le port actuel de La Nouvelle, on y trouve un aper<;ix sur
l'histoire du port de Narbonne et l'utilisation des divers graus; ce n'est
qu'à partir du xiv siècle probablement que le commerce a recouru au
grau le plus méridional, celui de La Nouvelle. Histoire de la Robine.
Le projet d'un nouveau port de Narbonne, la description détaillée des
ouvrages du port actuel de La Nouvelle sortent de notre domaine.] —
P. 36-48. Pébernard. La fête des moissons sous l'ancien régime dans
la viguerie de Cabaret. [Exposé des réjouissances populaires la veille et
le jour de la Saint-Jean.] — P. 49-52. Ed. Baichère. Note sur les or-
donnances de Ms'' de Grignan, évèque de l'ancien diocèse de Carcas-
sonne, années 1684 et 1686. [A l'occasion de ses visites, l'évêque faisait
des remarques sur l'ameublement des églises et indiquait les modifica-
tions à apporter aux tableaux, statues, reliquaires, etc. Ces ordonnan-
ces présentent donc un certain intérêt pour les archéologues.] — P. 53-8.
J.-P. Andrieu. Règlement de difi'érends entre les coseigneurs et les
consuls de Bram en 1330. [Sentence arbitrale relative au droit de nom-
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 419
mer le crieur public, d'instituer un peseur public, de surveiller et taxer
les boucheries, vérifier les mesures.] — P. 59-74. Ed. Baichére. Requête
présentée au roi de France Henri III par les habitants d'Azille pour le
rachat de leur village. [Mémoire rédigé pour faire annuler l'adjudication
de la terre d'Azille, partie du domaine royal en 1577, vendue au sieur
François de la Jugie, seigneur de Rieux.] — P. 75-200. Ed. Baichére.
Catalogue des médailles romaines impériales trouvées dans le départe-
ment de l'Aude et conservées pour la plupart au musée de Carcassonne.
[Note sur la formation de ce médaillier et description des médailles,
avec une table des noms de lieux où elles ont été trouvées. Il s'y ajoute
quelques médailles byzantines.] — P. 201-15. B. Rathgen. Notes sur la
cité de Carcassonne. [Après quelques remarques sur la double enceinte
du xiip siècle, vient une étude minutieuse de tous les points de l'en-
ceinte intérieure où apparaissent des vestiges de la fortification ro-
maine. L'auteur souhaite l'établissement, à l'intérieur de cette enceinte,
d'un chemin circulaire à la hauteur du sol primitif.] — P. 216-9.
A. Cros-Mayrevieille. Noté sur l'inscription de Caïus Julius Niger.
[Cette inscription figure au Musée central de Mayence et provient de la
tombe d'un soldat de la legio seciinda Augusta, originaire de Carcas-
sonne.] — P. 220-35. J. DoiNEL. Courte notice documentaire sur le der-
nier évèque d'Alet. [Il s'agit de Chai'les de la Cropte de Chanterac,
évêque d'Alet en 1763, émigré en 1792 et mort en Espagne en 1793.
La notice se rapporte à l'époque révolutionnaire; elle est suivie de
l'inventaire des meubles et efi"ets trouvés à l'évèché en 1792.] L. D.
Drôme.
Bulletin de la Société d'archéologie et de statistique de
la Drôme, t. XLI, 1907.
P. 5-93, 129-60. M. Villard. Maison des tètes et monuments de la Renais-
sance à Valence. [Suite et lin. Description d'un bel hôtel Renaissance,
orné de tèles sur les façades et dans le corridor, qui date de 1532 et eut
pour constructeur-propriétaire Antoine de Dorne, professeur de l'Uni-
versité. L'auteur fait l'histoire des propriétaires successifs. Un autre
monument, le Pendentif, qui doit son nom à la forme de la voûte et
qui est un carré parfait de 7 mètres de haut et de 5 m. 30 de côté, fut
construit par Nicolas de Mistral, chanoine de Valence, en 1548, pour
être son tombeau. Après être devenu successivement bûcher, cave d'un
cafetier, il fut acquis et restauré par la ville en 1839.] — P. 54-60. L. Au-
RENCHE. Notes sur quelques membres de la famille Eymard de Pierre-
420 ANNALES DU MIDI.
latte. [Suite et fin.] — P. 61-76. Ch.-F. Bellet. Notice sur l'abbé Cha-
lieu. [Savant dauphinois (1733-18U8), apprécié pour ses connaissances
épigraphiques et historiques en ce qui concerne la Drôme.] — P. 77-90,
202-19, 279-88, 353-66. R. V. C. Population des taillabilités du Dauphiné
en 1698 et en 1705. [Suite et à suivre. Analyse de deux mémoires sur la
population dauphinoise à ces deux dates très précieuse pour les études
de statistique locale; permet d'établir des points de comparaison entre
la population sous l'ancien régime et de nos jours.] — P. 91-106, 176-86,
319-27, 378-96. Dom Germain Maillet-Guy. Les origines de Saint-An-
toine (Isère). [A suivre. L'auteur reprend l'interprétation des textes qui
ont servi à Falco pour son Anto>iianœ historiée compendium, Lug-
duni, 1.534. Donation faite, en 1083, aux Bénédictins de Montmajour.
Le seigneur Jocelin à qui aurait été remis le corps de saint Antoine, se-
rait Geilon ou Gellin II, de la famille des premiers comtes de Valenti-
nois; liste des premiers prieurs de Saint-Antoine; bulle de consécration
de l'église par Calixte II, en 1119; en 1297, Boniface VIII transfère aux
Hospitaliers le prieuré de Saint-Antoine.J — P. 114-28, 241-57. Ch.-F.
Bellet. Notice sur Pierre de Chalus, abbé de Gluny (1320-1342) et évê-
que de Valence (1342-1352). [Originaire du château de Chalus, en Li-
mousin, il est connu pour la lutte qu'il eut à soutenir contre Aymar de
Poitiers, comte de Valentinois. A sa mort, il laissa une belle collection de
livres, statues et objets d'art religieux, dont on possède deux inventai-
i-es.] — P. 161-75, 305-18, 367-77. H. de Terrebasse. Chàteauneuf-de-
Mazenc (1769-1903). [Histoire de cette baronnie et des propriétaires suc-
cessifs du château depuis sa mise en vente par M. de Piolenc de Thoury
(1769, M. de Ravel, état descriptif; 1816, le comte d'Albignac; 1861,
M. Imberton de Pont-Saint-Esprit; 1863, le baron de Vissac; 1903,
M. Emile Loubet, acquéreur au prix do 300.000 francs).] —P. 187-201.
Ch.-F. Bellet. L'invasion de 1814 à Tain, d'après le registre des délibé-
rations du conseil municipal. — P. 220-9, 299-301, 429-38. A. Lacroix.
Le tramway de Valence à Crest. [A suivre. Description historique et
pittoresque des bourgs traversés.] — P. 258-78. J. Chevalier. Mémoires
pour servir à l'histoire des comtes de Valentinois et Diois. [Suite et lin
de cet important travail, analysé dans les précédents volumes des An-
nales du Midi. Fin de l'histoire de l'abbaye de Saint-Ruf. sécularisée en
1771-1774. Le titre de duc de Valentinois continue d'être porté par le fils
aîné du prince de Monaco.] — P. 328-30. Ch.-F. Bellet. Trouvailles
numismatiques faites à Croze et à Tain en 1907. [Un aureus d'or de
Valentinien I" et une médaille en argent avec profil de femme et un
nom : Lucille.] — P. 331-45, 397-415. A. Beretta. Toponymie de la
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 421
Drônie. Dictionnaire étymologi(|ue des comnaunes, rivières, monta-
gnes, etc., du département. [A suivre. Cherche à expliquer par le celti-
que l'étymologie de quelques noms de lieux : Tancoat (quartier de la
commune de Peyrins) vient do tcai (chêne) et coat (bois); Jouvancy
(depuis Saint-Donat), Monjoux et Fanjoux viennent de jou ou foux
(sapin) et non de Joois (Jupiter); Pontaix et Allex ont incorporé le mot
aïss ou eisse (source), qu'on retrouve dans Alise-Sainte-Reine, Alaïse, etc.]
— P. 416-28. A. LA.CR0IX. La Drôme monumentale et pittoresque. Liste
par cantons et communes des sites et monuments curieux du Dauphiné.
— P. 439-56. Abbé Feillet. Histoire du diocèse de Saint-Paul-Trois-
Cliâteaux. Préambule géologique. [A suivre.] 0. N.
Gard.
I. Bulletin du Comité de l'Art chrétien, t. IX, n» 57,
1907.
P. 5-16. R. DE Courtois de Pélissier. La chapelle Saint-Jacques-le-Ma-
jeur, en l'église Saint-Jean d'Alais (1319-1791). [C'est la chapelle actuelle
de la Vierge, que l'on voit à gauche, en entrant par la grande porte de
l'ancienne cathédrale. On plaida beaucoup et on dévora beaucoup d'ar-
gent au sujet du patronat de la chapelle Saint-Jacques. Mais, sans l'in-
curable esprit de cliicane des gens du moyen âge et de l'ancien régime,
que seraient devenues les innombrables juridictions qui vivaient de la
sottise publique?]— P. 17-64. C. Nicolas. La Réforme à Saint-Gilles,
depuis ses débuts jusqu'à nos jours (1545-1900). [La sécularisation de
l'abbaye bénédictine de Saint-Gilles, en 1588, favorisa la Réforme dans
la ville. De 1549 à 1551, quatre membres du chapitre se marièrent. Ber-
nard Arnaldi, maître-écolier à Saint-Gilles, ministre de la parole de
Dieu, empêcha la procession publique du l'"' septembre en 1560, en me-
naçant de s'emparer des reliques de saint Gilles. Là procession dut res-
ter à l'intérieur de l'église et du couvent. L'auteur, familier avec les
documents d'archives, trace un intéressant récit des événements qui
suivirent ces débuts et où trop souvent le sang coula. Son travail se con-
tinuera dans la livraison suivante.] E. B.
II. Revue du Midi, 1907.
N° 1. P. 5-22. G. Maurin. L'instruction publique sous le Premier Empire.
[Suite. Se termine au n° 6, p. 333-52. Les recteurs n'étaient que les
agents d'exécution; le corps enseignant, que l'armée disciplinée d'une
pensée éminemment centralisatrice. Le recteur Tédenat se plaignait, de
Nimes, à son ministre, qu'on le pressât d'exécuter des règlements sans
422 ANNALES DU MIDI.
lui en donner les moyens. Il va sans dire qu'on ne lui demandait pas
son avis. Si étroite que fût la sujétion de l'Université vis-à-vis du grand-
maître, celle-ci était indépendante de l'autorité administrative. Les pré-
fets cherchèrent sans succès à s'immiscer dans les questions universi-
taires. La tension des rapports entre le recteur et les préfets s'accen-
tuait dès qu'on se rencontrait pour une affaire donnée. En 1812, le
lycée de Nimes était prospère, au contraire de celui d'Avignon. Les
désastres de l'Empire troublent l'œuvre d'enseignement sans l'inter-
rompre. Après les lycées, M. M. étudie les écoles secondaires ou collè-
ges, les écoles ecclésiastiques et l'enseignement primaire. L'établisse-
ment du monopole de l'Université mit les pensionnats privés dans une
situation très dépendante. A Nimes, le préfet D'Alphonse, tandis qu'il
refusait obstinément de paraître aux cérémonies officielles universitai-
res, présidait la distribution de prix de l'institution de M. Roman.
Comme les évoques pouvaient présenter les aspirants ecclésiastiques
susceptibles d'être exemptés du service militaire, ils enlevèrent aux éta-
blissements universitaires le plus d'élèves qu'ils purent. Tédenat eut, à
ce sujet, de grandes difficultés avec les évêques de Mende et d'Avignon.
L'enseignement primaire fut péniblement ébauché par Tédenat, puis
ruiné par les revers de la France. La conclusion de cet important travail
est que l'esprit universitaire, né sous l'Empire, devait lui survivre.] —
P. 23-43. L. Bascoul. Petites études d'un ignorant : le comte de Tressan.
[Suite. Se continue dans le n" 2, p. 77-111, et se termine dans le n" 3,
p. 141-57. Boufflers compara Tressan à une guêpe qui se noie dans le
miel. Le courtisan caustique, bien oublié aujourd'hui, mourut à
soixante-dix-huit ans, en 1788, des suites d'un accident de voiture. Son
fauteuil échut à Bailly, son concurrent détesté de l'année précédente.]
N° 2. P. 123-33. H. Jacqmin. Les Tribunaux révolutionnaires en Provence.
[Se continue dans les n°^ 3, p. 158-73; 4, p. 244-60; 6, p. 370-90, et se
termine dans le n" 12, p. 727-52. L'auteur étudie successivement, dans
les Bouches-du-Rhône, la première organisation judiciaire, le Tribunal
populaire, le Tribunal révolutionnaire, la Commission militaire qui le
remplaça, le Tribunal révolutionnaire rétabli ; puis, en Vaucluse, le
Tribunal criminel de Vaucluse, la Commission populaire d'Orange. Il
s'occupe ensuite des Commissions militaires et du Tribunal criminel
des Bouches-du-Rhône après le 9 thermidor et pendant le Directoire.
Ce consciencieux travail est fait d'après les archives du Palais de jus-
tice d'Aix.]
N° 5. P. 289-92. L. d'Albioussk. Les liefs nobles du château ducal d'Uzès.
[Introduction.]
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 423
N» 7. P. 415-36. A. Pieyre. La question des eaux de Nimes, étude histo-
rique. — P. -437-58. G. Maurin. La Commission militaire spéciale du
Gard sous le Consulat. [Elle finit par réprimer le brigandage, devenu,
l'an VllI et les premiers mois de l'an IX, extrêmement alarmant. Le
pillage des caisses publiques, l'enlèvement des courriers des malles-
postes, l'embauchage et la protection des conscrits réfractaires, la mise
à rançon régulière des acquéreurs des biens nationaux, se produisirent
dans le Gard comme dans le reste de la France.]
N" 8. P. 461-95. M. Jouve et M. Giraud-Mangin. Correspondance intime
du conventionnel Eovère après la Terreur. [Se continue dans les n"^ 9,
p. 533-73; 10, p. 597-642; 11, p. 661-705. Une excellente introduction
expose l'histoire du milieu vauclusien, que le délire terroriste avait par-
ticulièrement dévasté, et d'où lo conventionnel Goupilleau (de Montaigu)
écrira la plupart de ses lettres à son collègue Rovère, député de Vau-
cluse. Dans cette intéressante correspondance, Rovère donne des ren-
seignements sur les événements de Paris, et Goupilleau sur les résul-
tats de sa mission dans le Midi. 11 personnifia le bon sens et l'humanité
dans des conjonctures difficiles, où les passions grondaient toujours.]
N» 10. P. 643-58. H. Roux. Le chevalier d'Assas, étude historique. [L'au-
teur établit que les versions de Voltaire, de Rochambeau, d'Arman et
de Lombard de Langres ne concordent pas sur le véritable auteur du
cri héroïque : « Auvergne, à moi, ce sont les ennemis! » D'après Lom-
bard, ce fut le sergent Dubois qui cria et tomba mort sur le champ.
D'Assas, comme on le transportait au camp, eut encore le temps de
faire cet aveu sublime : « Enfants, ce n'est pas moi, c'est Dubois qui a
crié. » 11 y a encore la version qui s'est conservée dans la famille Delon,
des Cévennes. M. de Riguerie, l'un de ses ascendants, était, comme son
compatriote et ami d'Assas, capitaine au régiment d'Auvergne. Dans
la nuit du 15 au 16 octobre 1760, tous deux s'étant éloignés des retran-
chements furent assaillis à l'improviste par les ennemis. Riguerie aurait
crié, comme d'Assas : « A moi d'Auvergne! » L'histoire a fixé la gloire
de Clostercamp sur d'Assas et elle y restera.] E. B.
Garonne (Haute-).
I. Recueil de l'Académie de législation de Toulouse^
2«série,t. III, 1907.
p. 201-19. L. ViÉ. Les origines de la bibliothèque de l'Université de Tou-
louse. [Fonds de l'ancienne Université ; création des bibliothèques de
Facultés, de 1822 à 1854 ; la bibliothèque académique (1855) et l'organi-
424 ANNALES DU MIDI.
sation actuelle (1879).] — P. 220-48. R. Gadave. Les incunables et édi-
tions anciennes de la bibliothèque de l'Université de Toulouse. [Descrip-
tion bibliographique des ouvrages imprimés jusqu'en 1520 inclusive-
ment qui se trouvent à la bibliothèque de l'Université.]
II. Revue de Comminges, t. XXII, 1907.
p. 22-6. P. Adoue. Transaction entre Roger d'Espagne, baron de Mon-
tespan, et les consuls de Montrèal-de-Rivière (1534). [Texte.] — P. 27-35.
J. Beffeyte. Une église de village sous le Concordat. [His, arrondis-
sement de Saint-Gaudens.] — P. 36-43, 76-95, 121-44, 189-208. J. Les-
TRAPE. Un curieux groupe d'évèques commingeois. [Suite.] — P. 44-51.
L..ViÉ. Un épisode de l'histoire du Fousseret : la réformation de 1530.
[Avec une liste des noms de lieu relevés dans les procès-verbaux de re-
connaissances.] — P. 52-60. J. Dedieu. Une organisation municipale
au XVII' siècle. Statuts de la ville de Rieux élaborés en 1601. [Texte
d'une délibération du Conseil de cette ville du 13 juin 1601.] — P. 66-75.
L. ViÉ. Le Fousseret à la tin du xviii» siècle. [Etude historique sur
cette localité pendant les années 1780 à 1793.] — P. 96-106, 145-57, 225-
40. M. GouRDON. Les tours à signaux ou tours de guet dans le haut
comté de Comminges. [Suite et à suivre.] — P. 107-13. E. Espagnat.
Hyacinthe Sermet à Cazères-sur-Garonne. [Notes sur son séjour dans
cette ville de vendémiaire an IV à vendémiaire an V.] — P. 162-8.
D' Soubde. Un médecin, du Comminges à la fin du xviii' siècle : Fran-
çois Pointis, maître en chirurgie (1741-1835). [Etude biographique, avec
un fac-similé de lettres patentes de maître en chirurgie; l'auteur fait
aussi connaître l'organisation du Collège royal de chirurgie de Paris et
de l'Ecole de chirurgie de Toulouse vers 1765.] — P. 169-84, 209-24.
M. Desjardins. Le général Guillaume Pégot (1773-1858). [Ses origines,
son rôle à l'armée des Pyrénées-Orientales, puis contre les insurgés de
l'an VIII, etc. A suivre.] — P. 243-49. J. Lestrade. Travaux effectués à
l'église Saint- Jacques de M-uret (1473-1612). L. V.
Gers.
Bulletin de la Société archéologique du Gers, 8« année,
1907.
P. 13-37, 101-23. L. Puecii. Un aventurier gascon : Paul-Emile Soubiran.
[11 a été rendu compte de ce travail publié à part. V. plus haut, p. 310.
M. L. P. n'est pas procureur de la République, mais professeur à
l'école normale d'Auch.] — P. 38-64, 154-67, 355-60. P. Bénétrix. Un
PÉRIODIQUES MERIDIONAUX. 425
collège de province sous la Renaissance. Les origines du collège d'Auch.
[Suite et à suivre. Deux appendices dont le second, à suivre, est très
intéressant.] — P. 65-70. Ch. Palanque. La Franc-Maçonnerie ausci-
taine au xviii« siècle. [Figures représentant le sceau et la vignette des
brevets.] — P. 71-81. Abbé Dambielle. La sorcellerie en Gascogne.
[Pourrait s'intituler : Les superstitions.] — P. 82-7, 256-8.- L. Ma-
zÉRET. Les âges de la pierre dans le Gers. [Suite et à suivre.] —
P. 124-37. Abbé Broconat. Le cardinal Arnaud d'Aux. — P. 138-45.
Mastron. Le comte Guillaume du Barry, seigneur de Roquelaure.
[M. M. ferait bien de lire les quelques pages consacrées à la famille
Dubarry par M. Duboul dans La fin du Parlement de Toulouse.
Cela rectifierait ses idées. Le nom de Dubarry est porté par un grand
nombre de familles des environs de Léguevin, Lévignac et l'Isle-Jour-
dain. Il n'est même pas utile d'aller en Normandie ni même dans les
Landes en chercher l'origine.] — P. 146-53. Miégeville. Etude histo-
rique sur les haras du département du Gers. [Suite et à suivre.] —
P. 168-71. Ch. Palanque. Cloches des commanderies de la Cavalerie et
de l'Hôpital. — P. 171-92, 209-30. D' de Sardac. Etude sur l'Assistance
publique à Lectoure, aux xv% xvi' et xvii' siècles. [Travail des plus
intéressants.] — P. 193-7. Ch. Palanque. Un buste de Sénèque trouvé
à Auch, déposé au musée du Louvre à Paris. — P. 197-200. La com-
pagnie de M. de Puységur. [Note anonyme : publie l'état des soldats
composant la compagnie de Joseph de Chastenet de Puységur, seigneur
de la Grange, frère de l'auteur des « Mémoires », fait devant Brisach
en 1667. Intéressant.] — P. 2.31-9. Ph. Lauzun. M. d'Anterroches, der-
nier évêque de Condom. [D'après une publication récente de M. de
Dienne.] — P. 240-9. Ch. Samaran. La justice consulaire au xiv"^ siè-
cle à Villecontal-de-Pardiac. [Texte incomplet de coutumes datées du
9 avril 1337, très bien exposé et traduit.] — P. 250-5. Ch. Palanque.
La châsse de Sarrant (xv« siècle). [Planche. Coffret en cuivre rouge sans
valeur autre que son ancienneté]. — P. 259-78, 325-42. Lettres du pré-
sident et de la présidente Niquet, seigneur et dame de Roquefort,
1772-1778. [P. 264, il n'y a jamais eu à Toulouse un premier prési-
dent nommé Pegueiroles. P. 331, n. 1 , il faut écrire Mac Arty et non
Marc. P. 326, 1. 1, il faut lire reddo. Il s'agit de la redde des prison-
niers, etc., etc.] — P. 279-87. A. liAVERGNE. Excursion des 30 avril et
1" mai 1907 en Astarac et en Comminges. [A suivre. Notice succincte
et complète sur l'abbaye et la ville de Gimont.] — P. 289-.324. Abbé
Lagleize. Fleurance sous la domination féodale des sires d'Albret. —
P. 324. Lettre d'un conscrit de l'an IL — P. 343-5. La chaire de la
ANNALES DU MIDI. — XX 28
426 ANNALES DU MIDI.
cathédrale d'Auch. [Planche.] — P. 345. Un enterrenientau xmw siè-
cle. [ELat ou honneurs funèbres de M"" de Liippé, née Françoise-
Sidonie Colbert. Pas d'indication du lieu où eurent lieu ces obsèques,
qui coûtèrent 70 livres 3 sou$ 6 deniers.] A. V.
Gironde.
Bulletin italien, t. IV, 1904. Néant. — T. V, 1905.
Néant. —T. VI, 1906. Néant. L. D.
Isère.
Revue épigraphique, t. V, 1906-1907.
Juillet-sept. 1906. N° 1638. Inscription tumulaire trouvée, en 1905, à Tou-
rette-Lavens (Alpes-Maritimes). [M. Espèrandieu note que Eraco, Eni-
■>nanuus, sont des noms gaulois sans autre exemple, et que Vectinia
paraît être un gentilice. L'archaïsme filieis et d'autres circonstances
permettent de faire remonter l'inscription à Aiiguste.] — N" 1639. Petit
autel conservé au château de Colombier, près de Vaison (Vaucluse).
[Inscription fautive en l'honneur d'une divinité dont l'initiale M est
seule donnée.] — N" 1610. Tablette de marbre découverte à Apt (Vau-
cluse) et consacrée au chrétien Priscus. [Mention d'une iv^ indic-
tion. Graphies maetnoriae, circeter.] — N" 1641. Petite base conservée
au théâtre rustique d'Orange. [La divinité que représentait la statuette
surmontant probablement la base n'est désignée que par le mot dea.]
— N"' 1642 à 1652. Inscriptions découvertes à AUan (Drôme), vers 1880.
[Niger, esclave de Silus, chargé de la cave et des provisions de quelque
grand domaine, cellarius, a fait bâtir un temple aux Mères victorieu-
ses, Matris victricibus, et ces diverses inscriptions témoignent de sa
dévotion envers elles. Les textes sont fragmentaires. M. E. rapproche
de ces Mères victorieuses, qu'il pense sans autre exemple, les mots
Fatis victricibus de certaines monnaies de Dioclétien et de Maximien
HerQule. Le gentilice Satrius est fort rare.] — N" 1655. Autel découvert
à Serviers-et-Labaume (Gard). — [Tincorix, nom gaulois nouveau. La
déesse Segoina)i>ia, probablement une source, est sans autre exemple.]
— N» 16.56. Fragment de stèle provenant de Moussac (Gard). [Atullus
est la forme latine du nom gaulois Atidlos, sans autre exemple qu'une
légende monétaire.] — N» 1657. Stèle provenant de Combas (Gard).
\Uppiritio, nom gaulois nouveau.] — N» 1658. Epitaphe d'affranchis,
en trois blocs, découverte à Béziers en 1904. [Inscription peu claire. Le
surnom Aucta est assez fréquent dans la région de Narbonne. Le sur-
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 427
nom Dapsilis, d'origine grecque, indique la condition servile primitive
du patron qui le portait. Rareté du surnom Félix comme désignation
servile féminine.] — P. 191-2. Dieux de la Gaule, par A. Allmer. Autel
trouvé à Nimes. aujourd'hui au Musée de Lyon. [La fontaine Ura, c'est
la fontaine d'Eure, naissant tout près d'Uzès, et qu'un aqueduc, dont
faisait partie le célèbre Pont-du-Gard, amenait à Nimes, avec les sour-
ces de rAir.an. Admise dans la famille des Lares Augustes, la déesse
Ura recevait à Nimes un culte desservi par une confrérie, cuUores
Urae fontis. Urnia, sur un autel servant de montant de porte, près de
la Tourmagne, à Nimes, serait, comme Avicajitus de la même inscrip-
tion, un nom de source locale.]
Octobre 1906 à mars 1907. N» 1664. Epitaphe trouvée aux Martigues (Bou-
ches-du-Rhône), aujourd'hui au Musée de Marseille. {Vebrullus, nom
gaulois nouveau.] — N» 1665. Autel à Tibère, même provenance. [Les
autels à des empereurs non associés à d'autres dieux sont très rares.
Le gentilice Aelanius est nouveau.] — N» 1666. Inscription rupestre aux
environs des Martigues. [Ouextivio; kX-r^Sm-, = Vectinius Alhinus. Le gen-
tilice Vectinius est nouveau.] — N° 1668. Autel à Minerve, trouvé à
Combas (Gard) en 1906. Minervae mulieres p(osuerunt). [Provient de
la source communale. C'est peut-être la source même que les femmes
de Combas honoraient sous le nom de Minerve.] — N" 1669. Autel à
Minerve, trouvé encore dans la source de Combas, et dédié par une
femme, Lipia Jutlina. [M. E. considère comme peu probable le genti-
lice Lipius, et propose Libia. ce qui donnerait une forme admissible
du gentilice Livius.] — N» 1670. Epitaphe trouvée à Narbonne en 1906.
[Lacunes difiiciles à restituer. Rareté du cognomen ou surnom Crypia-
nus, pour Cryphinnus, régulièrement formé sur Cryphitis. A noter le
nom d'Aegle.] — N" 1672. Epitaphe trouvée en 1906 à Castel-Roussillon
(Pyrénées-Orientales). [Cette localité serait l'ancienne Ruscino. Rareté
du gentilice Quelius. Le surnom Victris = Victrix, donné à la mère
du défunt, n'est guère moins rare.] — N» 1673. Epitaphe trouvé en 1905
à Saint-Girons (Ariège). [Le surnom Primilla a passé de la mère à la
lill-3. Le gentilice Pojnpeiws est aussi fréquent, en Espagne et dans
les Pyrénées, que le gentilice Julius en Gaule, en raison des affran-
chissements nombreux et de l'attribution du droit de cité à des indigè-
nes, par les deux Pompées et par César, dans leurs commandements
respectifs.] — N" 1674. Autel commémoratif d'un taurobole, trouvé en
1906 à Périgueux, dans le mur gallo-romain de la Cité. [Les faces sont
décorées de bas-reliefs. A noter, à droite, un buste d'Attis et un bonnet
asiatique, coiffure des prêtres de Cybèle. De bonnes phototypies per-
428 ANNALES DU MIDI.
mettent d'étudier les quatre faces de ce précieux monument, dédié aux
divinités des Augustes et à la Grande Mère des dieux par le fils d'un
sacerdos Are7ïsis, où prêtre des Trois Gaules à l'autel de Rome et
d'Auguste, au confluent du Rhône et de la Saône. M. E. daterait l'aute-
du régne simultané de Marc-Aurèle et de Vérus. La formule aram
tauroh {olicam) posiiit dedicavitque est nouvelle. A noter la mention
de la trilju Quirma, dans laquelle étaient inscrits les citoyens romains
de Vesiinna ou Vésone.] — N" 1675. Epitaphe trouvée à Périgueux, en
1906, avec l'autel précédent. [Le gentilice Bassianiiis, formé sur le sur-
nom Bassianus, trahit une origine servile. Il est aussi rare que le sur-
nom Viblinus.'] — P. 200-1. Remarques épigraphiques, par A. Héron
DE ViLLEFOssE. Barbàirci (Aude). Milliaire de Tétricus le jeune, actuel-
lement au Musée de Carcassonne, dans un magasin plein d'autres dé-
bris. [M. H. de V. revise la lecture de l'inscription. Les noms du jeune
prince ne sont précédés ni de la formule im-p(eratorï) Caes{ari), ni de
l'appellation d{omiiw) iiiostro). Cette absence de titres est habituelle sur
les monnaies de Tétricus le jeune. Le milliaire de Barbaïra et celui de
Béziers sont les deux seuls trouvés en Gaule au nom de ce prince.] —
P. 202-7. Dieux de la Gaule, par A. Allmer. Urobrocae, déesses incon-
nues. [Pierre perdue, trouvée à Carpentras.] Uroicae. [Autres déesses
inconnues. Stèle trouvée à Rogues (Bouches-du-Rhône).] Ussubius.
[Pierre trouvée au Mas-d'Agenais (Lot-et-Garonne). Ussubius, identifié
plutôt qu'associé à la déesse Tutelle, était le génie protecteur de l'en-
droit.] Deus Uxellus. [Pierre trouvée à Hyéres (Var). Tablette de
bronze au Cabinet de médailles, à Paris.] Uxovinus. [Autel trouvé à
Bonnieux (Vaucluse), actuellement au Musée de Saint-Remy. Battus
est peut-être un nom celtique.] Uxsacaniis . [Pierre trouvée à Bédoin
(Vaucluse). Sans doute, le dieu Uxsacanus est l'une des deux sources
qui existent près de la chapelle où est l'inscription]. Vasio. [Une ins-
cription Marti et Vasioni, trouvée à Vaison (Vaucluse), une autre
Vasioni, de même provenance, et deux autres provenant de la région,
sont également perdues.] Matronae Vediantiae. [Deux inscriptions
trouvées à Tourrotte, près Nice, perdues.] E. B.
Lot.
Bulletin de la Société des 'études littéraires^etc, du Lot,
t. XXXII, 1907.
p. 5-20, 65-80, 123-43, 187-203. A. Combes. Analyse des registres munici-
paux de la commune de Cahors. [Suite et à suivre. De décembre 1790 à
PERIODIQUES MÉRIDIONAUX. Atd
octobre 1791. Délibérations du Conseil général, du corps municipal, du
Comité de la garde nationale.] — P. 21-17, 81-95, 144-71, 204-13. J. Day-
MARD. Le vieux Cahors. [La cathédrale : historique et description; le
cloître, les chapelles et autres déjjendances de la cathédrale ; les églises
paroissiales : Saint-Urcisse, Saint-Barthéleniy, Saint-Géry, La Dau-
rade, Saint-André et huit autres de moindre importance, ou insignifian-
tes ou disparues; les petites églises ou chapelles disséminées dans la
ville, qui n'ont jamais été le siège d'une paroisse.] — P. 47-55, 96-109.
B. Paumés. Les volontaires de 1792 dans le Lot. Quelques lettres de ces
soldats citoyens. [Ils formaient deux bataillons en juin; deux autres
furent levés en octobre; le 2' fut dirigé sur Thionville, le 4" sur la fron-
tière d'Espagne. Parmi les lettre.s publiées, les plus imp"ortantes ont
été adressées à la Société populaire de Cahors.] — P. 110-4. A. Viré,
Nouvelles stations préhistoriques dans le département du Lot. [Dans
la grotte de Combe Cullier a été trouvé un bois de renne, long de
15 centimètres, lequel serait couvert d'une inscription « rappelant les
premiers signes des alphabets égyptien et cypriote ».] — P. 230-3.
J. GiRMA. Bibliographie du Lot, année 1907. P. D.
Lot-et-Garonne .
Revue de l'A gênais, 1907.
p. 5-36, 514-44. Marboutin. La Commission diocésaine des monuments
religieux. [Fondée en 1845 par l'évèque Levezou de Vésins, elle dispa-
rut en 1848. Elle ne fit rien par elle-même, mais contribua à développer,
surtout chez les ecclésiastiques, le goût des études d'iiistoire et d'ar-
chéologie locales.] — - P. 36-42. Abbé Dueourg. Origine du fief et du
péage de Lécussan (1049-1330). — P. 42-73, 97-127, 226-37. R. Bonnat.
Les Mémoires de Pierre Verdolin, d'Aiguillon, procureur-syndic du dis-
trict de Tonneins-la-Montagne. [Commencée en 1906, ornée des por-
traits des principaux personnages de la Révolution qui ont habité ou
exercé leurs fonctions en Lot-et-Garonne, cette publication, longuement
annotée, met au jour les seuls souvenirs personnels de la période révo
lutionnaire que nous connaissions pour l'Agenais.] — P. 73-89, 372-84,
460-80. Ph. Lauzun. Lettres de Bory-de-Saint- Vincent. [Suite de la pu-
blication, commencée en 1903, de cette longue correspondance.] — P. 89 ,
349-52. R. BoNNAT. Richesses artistiques religieuses du département de
Lot-et-Garonne. [Liste des objets religieux de caractère artistique clas-
sés comme monuments historiques.] — P. 127-44, 246-60. Marboutin.
Les églises du canton de Prayssas. [Bon travail d'archéologie.] —
430 ANNALES DU MIDI.
P. 145-66. Ferrére. La polémique cicéronienne au xvi» siècle. [Etude
sur les discussions survenues au sujet de Cicéron entre Erasme et
Jules-César Scaliger.] — P. 167-70. Chaux. Anciens billets et loteries.
[Billets de la banque de Law et d'une loterie en faveur de l'hôpital de
Nimes.] — P. 171-3. Momméja. D'un fragment de vase grec à peintures
noires recueilli en Agenais. — P. 174-83, 261-76, 352-71. Couyba. Journal
d'un prébendier de Sainct-Etienne d'Agen. [Fin de cette intéressante
publication.] — P. 184-92. Granat. La politique économique des in-
tendants de Guyenne au xvin' siècle. [Sur les pépinières royales de
la généralité de Bordeaux et principalement de l'Agenais.] — P. 199-
201. Momméja. Heurtoirs agenais. [Du xviii* siècle. Deux simili-
gravures.] — P. 202-25, 299-326. Gauja. La rue Saint-Côrae à Agen
et le chemin communal de Courpian. — P. 327-39, 436-47. Queyron. La
gavacherie de Monségur. [Partie de l'arrondissement de La Réole où se
forma, <à la fin du xv« siècle, un îlot de langue d'oil enclavé dans des
parlers méridionaux. Gavacherie signifierait : « une contrée qui a été
peuplée par des étrangers ».] — "P. 340-8. Marboutin. Les premiers
volontaires agenais en 1792. [Publication de quelques lettres concernant
les premiers volontaires lot-et-garonnais.] — P. 385-109, 481-9. Lauzun.
Souvenirs du vieil Agen. [L'auteur résume ce qui avait été écrit de
divers cotés sur le clocher et la cathédrale Saint-Etienne, depuis long-
temps démolis; bonnes similigravures.] — P. 410-35, 490-509. Labadie.
Notes et documents sur quelques faïenceries de l'Agenais et du Baza-
dais. [Sainte-Foy-la,-Grande, Nérac, Monsempron, Saint-Savin, à laquelle
l'auteur ne croit pas, Bazas, Meilhan.] — P. 447-51. Couyba. Le bail de
démolition du château de Cancon (5 juillet 1739). — P. 452-4. Id. Hom-
mage féodal en 1739. [Rendu par le seigneur de Roquegautier au prince
Louis de Lorraine.] — P. 455-9. Dubos. La Guilhoneu à Villeneuve.
[Œuvre religieuse existant dans la paroisse Sainte-Catherine de Ville-
neuve-sur-Lot, consistant en quêtes pour procurer la cire nécessaire au
grand autel, assurer la sépulture des pauvres décédés à l'hôpital et
pour.voir aux processions qui se faisaient lors du mauvais temps.] —
P. 510-3. AzÉMA. Les sans-culottes agenais de l'an IL [Règlement des
Amis de la Constitution de 1793, suivi des commandements révolution-
naires et d'une chanson sans-culotte.]
Passirn. Dubois. Notes sur : Une verrerie à Saint-Sylvestre ; — Im-
primeur agenais assassiné en 1539; — Antoine-François Duvigier,
abbé de Gondon ; — Barthélémy d'Elbène, évèque d'Agen et sa famille;
— Un maître de danse à Beauville en 1754; — Notre-Dame de Tous
Gaus (Notre-Dame de Ïqute-Joie); — Le capitaine Noël; — Moulins à
PÉRIODIQUES MÉRIDIONAUX. 431
tan (destinés à la préparation des cuirs). [Courtes notes de quelques
lignes qui ne manqueront pas d'être utilisées par les historiographes
ou par des auteurs de monographies.] K. B.
Pyrénées (Basses-).
Reclams de Biarn e Gascougne, 10='" anade, 1906.
p. 3-8, 29-31, 49-54. N. de Vier. Un poète lavedanais : Cyprien Despour-
rin. [A suivre. Étude biographique et littéraire.] — P. 73-4. A. Planté.
Camille Chabaneau. — P. 279-81. L. Batcave. Une lettre de Béranger
à Pierre Gaston-Sacaze. G- ^I-
Pyrénées (Hautes-).
Annuai7'e du petit Séminaire de Saint-Pé, 1907.
Documents historiques. — P. r-39'. L. Crabé. Organisation municipale
de Saint-Pé-de-Générès. [En plus une liste des consuls et administra-
teurs municipau.\ jusqu'à 1800.] — P. 40'-121'. G. B. Délibérations de
la communauté au sujet de l'église. [Suite et lin. Depuis 1695.] M. D.
Tarn.
Revue du Tarn, t. XXIV, 1907.
p. 1-25, 138-62. Mémoires de Jean Olès sur la dernière guerre du duc de
Eohan, 1627-1628, p. p. Ch. Pradel. [La famille Olès ou Oulès, de Cas-
tres, fort riche et amie de la paix, fut par conséquent ennemie du duc
de Eohan. Les mémoires en question, écrits aU jour le jour en forme
d'annales, commencent fin octobre 1627 et se terminent brusquement le
25 avril suivant ; ils contiennent de fort utiles précisions. Point d'an-
notation.] — P. 26-37. A. Vidal. Le dénombrement de la population
dans le Tarn en 1906. [Elle continue de décroître ; en trente ans, de 1876
à 1906, ce département a perdu près de 30.000 habitants. Analyse
détaillée, fort intéressante, des résultats du recensement.] — P. 38-56,
252-68, 325-52. R. Nauziéres. Les Daurian. [D'après les papiers inédits
de celte famille de La Bastide-Saint-Amans, actuellement Saint- Amans-
Soult. Elle Daurian, riche commerçant, devient, lors de la Révocation,
un « nouveau converti d. et grâce à ses belles relations, il se tire assez
aisément d'affaire. Son fils meurt prématurément en 1718, après une vie
agitée, laissant une veuve et sept enfants, ceux-ci suspects, environnés
de périls. De ces enfants, la dernière survivante ne s'éteignit qu'en
432 ANNALES DU MIDI.
1792. Détails sur la fortune des Daurian, dont la gestion fut rendue
très difficile par leur qualité de nouveaux convertis; sur leur parenté
avec le malheureux Calas, dont quelques lettres inédites sont publiées.
Travail fort utile.] — P. 56-8. E. Cabié. Sur un document écrit à Albi
en 1220. [Aveu au roi du soigneur de Najao.] — P. 59-76. E. Thomas. Le
commandeur Jean de Bernuy et le chapitre de Saint-Sernin du Rouer-
gue. [Procès relatif aux « fruits décimaux » de la collégiale de Saint-
Sernin, 1630-1645. Le commandeur, très riche, eut gain de cause. Son
testament, de 1656.] — P. 77-102. A. Vidal. Extraits des registres du
notaire Jacques de Luco, de Saint-Paul. [Compris entre 1584 et 1602. Ce
notaire était protestant et avait dû se réfugier de Lavaur à Saint-Paul,
une des forteresses de la religion réformée. Menus faits, dont beaucoup
ont leur intérêt.] — P. 125-37, 269-96, 353-62. A. Vidal. Les vicomtes et
la vicomte de Paulin. [D'après un inventaire des titres de la vicomte,
de 1262 à 1770, en 365 articles, et de nombreux documents. Les familles
d& Lautrec, de Rabastens, de Latour, de Gouvernet et de Carrion de
Nisas se sont succédé dans la vicomte durant cinq siècles. L'auteur con-
sacre une biographie à chaque vicomte. Précis et bien fait. Planche. A
suivre.] — P. 194-205. E. Thomas. Election d'un doyen au chapitre de
Saint-Pierre de Burlats (xvii« siècle). [Procès-verbal longuement ana-
lysé, 1689. Renseignements sur quelques doyens, du xviii' siècle.] —
P. 206-8. E. Cabiê.' Colloque tenu à Roquecourbe en 1561. [En septem-
bre. Il y avait à cette époque, en cette ville, un groupe de protestants
et un autre à Rabastens. Texte.] — P. 237-51. Ch. Poutal. Une société
de secours mutuels sous la Révolution : « La Trinité » de Gaillac
(Tarn). [Confrérie datant de 1781, dont les statuts furent remaniés en
1790; texte desdits statuts; la société durant la Révolution; elle existe
encore.] — P. 295-6. A. V. Extraits des arrêts du Parlement de Tou-
louse. [Suite, 1541-1547.] — P. 297-9. Ch. Portal. Origine du collège
d'Albi. [Ecole secondaire communale en 1804, collège en 1808.] —
P. 301-24. F. Lacroix. Des inondations dans le bassin du Tarn. [Fort
intéressant travail de géographie physique, qui comporte cependant
des notions historiques. Planches.] P. D.
NÉCROLOGIE
Le Vivarais vient de perdre en M. Mazon son liistorien le plus
fécond, le plus érudit et le plus aimé. Les Annales du Midi,
dont il fut le collaborateur, ont ressenti vivement cette perte et
tiennent à rendre un hommage sincère à sa mémoire, en indi-
quant, d'une façon malheureusement trop brève, ce que lui doi-
vent les études d'histoire locale dans son pays natal.
M. Charles-Albin Mazon, né à Largentière le 20 octobre 1828,
fit ses débuts dans le journalisme et remplit ensuite pendant
trente ans les fonctions de directeur du service télégraphique à
l'Agence Havas, fonctions qu'il résigna vers la fin de l'année 1890.
Des occupations aussi importantes auraient dû, semble-l-il, l'éloi-
gner de l'histoire locale ; mais son incroyable activité et la rare
lucidité de son esprit lui permirent cependant d'amasser pendant
ses courts loisirs une quantité prodigieuse de matériaux et d'en
tirer plus de cent cinquante articles, brochures ou volumes. Il
était doué d'une admirable puissance de travail ; mais l'affection
passionnée qu'il gardait à son pays natal lui fut aussi d'un
grand secours, car il aimait le Vivarais et voulait le faire aimer.
Le but qu'il semble s'être proposé d'abord fut, en effet, de vul-
gariser l'histoire du Vivarais dans une série de Voyages, où
son humour méridionale savait donner une forme attrayante
à des recherches parfois arides. M. M. (D"" Francus)* décrivit
successivement toutes les régions du Vivarais. En parcourant
ces volumes suivant leur date d'édition, on voit la partie
historique augmenter constamment d'importance, tout en lais-
sant subsister la partie humoristique, très goûtée par le public
auquel s'adressait l'auteur. Dans cette première série d'ouvrages,
dont les lecteurs appréciaient la verve si personnelle, on trouve
des renseignements la plupart des des localités du Vivarais. Ces
treize volumes contiennent tous les éléments d'un dictionnaire
topographique de l'Ardèche, et M. M. s'y montra en quelque
sorte le précurseur des syndicats d'initiative, aujourd'hui si floris-
sants et si utiles.
M. Mazon fut insensiblement amené à aborder des travaux
d'une érudition plus serrée. Il entreprit simultaném'ent d'écrire
1. Un grand nombre des ouvrages de M.IM. ont paru sous ce pseudonyme.
484 ANNALES DU MIDI.
la biographie de Vivarois marquants, figures oubliées ou peu
connues, et de retracer l'histoire des principales villes du pays.
Certaines de ces études ont dépassé les proportions ordinaires
des monographies de ce genre et doivent être considérées comme
des travaux définitifs. M. M. est le premier érudit ardéchois qui
ait compris la nécessité de travailler dans les dépôts d'archives
de Paris, et c'est un des motifs de la supériorité de son œuvre.
Nous citerons seulement, parmi tant de publications, un opus-
cule sur la légende de Clotilde de Surville (Paris, 1873), des no-
tices sur Bon Broé, de Tournon (i90i), Bérenger de la Tour,
d'Aubenas (1905), Achille Gamon et Chrisloiihe de Ga?Hon (Paris,
1885), Pierre Davily, de Tournon (1905), Pierre Marcha (1895),
l'astronome Flaugergues, de Viviers (1896), une histoire de Sou-
lavie en deux volumes et un appendice (Paris, 1893, Privas, 1901).
Son Histoire de Largentière (1904) abonde en documents précis
et intéressants, de même que les notices, moins développées,
qu'il a consacrées à La VouUe (1900), à Saint- A grève (1902), au
Cheylard (1894) et à Jaujac (1898), de même surtout que ses notes
si savantes — et malheureusement inachevées — sur Tournon.
Il faut signaler encore un Essai historique sur le Vivarais
pendant la Guerre de Cent ans (1890) et des Notes sur Vorigine
des églises du Vivarais (1891-1893). Enfin, l'histoire des guerres
civiles du Vivarais tient une grande place dans l'œuvre de
M. M. Il a raconté la révolte de Lestrange dans une importante
brochure intitulée : Une page de l'histoire du Vivarais 1629-
1633 (Privas, 1894), et ses Notes et docutnents historiques stir
les Huguenots du Vivarais ont été couronnés par l'Académie
française. C'est l'ouvrage le plus considérable de M. M., et il y
faut admirer une documentation d'une richesse incomparable.
Une grande partie des dernières publications de M. M. a paru
dans la Revue du Vivarais, qui est le principal et presque le seul
foyer des études historiques en Ardèche. M. Mazon fut l'un des pro-
moteurs de cette revue, et l'on peut dire qu'il en fut l'âme ; c'est
grâce à ses conseils et à ses encouragements que put se constituer
un petit groupe d'érudits qui étaient en quelque sorte ses élèves.
M. Mazon est mort à Paris le 29 février 1908. Ceux qui ont eu
l'honneur de l'approcher n'oublieront pas la sûreté et le charme
de ses relations, ni la rare obligeance et la simplicité de cet
homme supérieur. Ceux qui ne connaissent que son œuvre ne
ménageront pas au savant leur admiration et leur respect.
CHRONIQUE
L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a décerné le second
prix Gobert à M. Samakan, La maison d'Armagnac au XYe siè-
cIp..
Statuant sur les prix des Antiquités nationales, elle a accordé
la l>e médaille à M. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs
de la Gaule romaine ; la l^e mention à M. de Ripekt-Monglar,
CarlxUaire de la commanderie de Richerenches, la 3^ à M. J.
GuiRAUD, Cariulaire de Noire-Dame de Prouille, la 6e à M. P.
Champion, Chronique marllniane , la 7e à M. l'abbé E. Albe,
Les miracles de Noire-Dame de Rocamadour au XII^ siècle.
Les Positions des thèses soutenues par les élèves de l'Ecole des
Chartes (promotion de 1908) • nous offrent une moisson plus abon-
dante que de coutume.
Signalons la thèse de M. A. Artosse. Elude sur le mouvemenl
politique de 1314. La première année du règne de Louis X. On
sait qu'à la fin du règne de Philippe IV sa politique fiscale, spé-
cialement la subvention pour l'ost de Flandre, avait abouti à la
formation de plusieurs ligues régionales, à un mouvement de ré-
volte. Pour l'apaiser, Louis X octroie ditïérentes chartes, dont celle
aux Languedociens, étudiée ici dans son origine, sa rédaction, sa
teneur. — L. Biernawski. Formation et organisation du dépar-
tement de l'Allier. « Le but de ce travail est d'étudier l'adminis-
1. Màcon, impr. Protat, 1908 ; in-S" de 190 pages.
436 - ANNALES DU MIDI.
tration du département depuis sa formation jusqu'à la constitu-
tion de l'an III. Un chapitre préliminaire est consacré à la com-
mission intermédiaire provinciale qui resta en exercice jusqu'à
l'entrée en fondions de l'administration départementale. » Ensuite
deux parties, correspondant à deux périodes : 1» Jusqu'en
mars 1793, le département vit dans la plénitude de son indépen-
dance ; 2" après le décret sur les représentants en mission, il est
soumis au régime de centralisation institué par le gouvernement
révolutionnaire. Une étude de cette nature doit toucher aux sujets
les plus divers : la constitution civile du clergé, les biens d'Eglise,
les émigrés, les volontaires, les subsistances, — sujets auxquels
des chapitres spéciaux sont consacrés. — P. M. Bondois. Cata-
logue des actes de François II, roi de France (10 juillet 1559-
5 décembre 1560). Ce catalogue, comprenant 1793 numéros, est
précédé d'une introduction où sont étudiés la chancellerie et les
actes l'oyaux sous ce règne. Divers appendices. — P. Graziani.
La Provence au milieu du XIII^ siècle. L'opposition nationale
à Ramon Bérenguer IV et à Charles d'Anjou. L'auteur explique
cette opposition à des maisons étrangères par l'organisation de la
société provençale, où villes, seigneurs vivaient fort indépendants
sous une administration comtale peu oppx'essive : on y redou-
tait l'étranger comme un tyran. Le comte Ramon, de la maison
de Barcelone, dut s'appuyer sur la France et sur le pape, tandis
que les comnmnes de Marseille, d'Avignon, le seigneur de B uux,
alliés avec Raimond VII de Toulouse, étaient favorables à l'em-
pereur Frédéric II. A la mort de Ramon, l'héritière de Provence,
Béatrix, avec qui Raimond VII avait projeté de s'unir, épouse le
frère de saint Louis, Charles d'Anjou, et celui-ci, disposant du
concours du roi et du pape, vainc sans trop de peine les grandes
communes confédérées. Marseille fut la dernière à résister. Avec ia
maison d'Anjou s'introduisait en Provence « une politique fran-
çaise et_centralisatrice. » — G. Lavergne. Le langage parlé en
Bourhonnais auœ XI 11^ et XI Y^ siècles. L'auteur étudie les gra-.
phies alors employées en ce pays « pour établir dans quelle me-
sure elles correspondent aux sons du parler local » ; puis il indi-
que « les caractères généraux et particuliers de la phonétique
bourbonnaise par rapport à celle du français commun de la fin du
xine siècle ». — G. Mathieu. Elude sur le marais de Bordeaux
et de Bruges, de l'édit de I5y9 à la Révolution. Le marais de
Bordeaux, à la suite d'une peste, fut soumis au dessèchement par
CHRONIQUE. 437
Gaiissen, ingénieur des Pays-Bas, avec lequel les jurats avaient
traité (1599). Après lui, c'est une communauté de propriétaires
qui administre le marais, selon des régies que décrit l'auteur
(statuts de 1647). Elle a des procès à soutenir, notamment celui
du Grangeot, qui dura quarante-cinq ans, contre le duc de Duras
(1721-1766). — R. Michel. Eludes sur la politique royale à
l'égard de la noblesse et des villes consulaires dans la séné-
chaussée de Beaucaire au temps de saint Louis. M. M. s'est
proposé d'étudier la politique suivie par saint Louis et ses agents
dans cette sénéchaussée, puis les transformations qu'ont éprou-
vées de ce fait la noblesse et les villes consulaires du domaine
royal. L'administration dont saint Louis disposait, toute féodale,
analogue à celle des seigneurs locaux, n'en fut pas moins enva-
hissante; elle tendit à centraliser. Or les seigneuries morcelées,
rivales, étaient incapables de résistance : soit par les armes, soit
par la politique îles pariages, soit par l'usurpation du droit «le
justice, les sénéchaux soumettaient, abaissaient la noblesse sans
rien clianger aux institutions. Quant aux villes consulaires, les
principales ont été par eux frappées dans leurs libertés. Si, de-
puis 1254, le roi les ménage au contraire, s'il leur rend en partie
ce qu'elles ont perdu, s'il a créé le consulat d'Aiguesmortes et
respecte les privilèges des petites villes, dont il n'a rien à redou-
ter, il ne s'assujettit pas moins la bourgeoisie dirigeante.
A la fin du règne, l'état de droit n'est guère modifié ; mais
l'état de fait l'est profondément. La jui^idiction de la royauté, son
domaine se sont étendus, ses revenus ont augmenté; le terrain
est préparé pour que, sous Philippe le Bel, puisse naître et gran-
dir le principe de là souveraineté roj^ale. — A. Rhein. La seigneu-
rie de Monlfort au diocèse de Chartres, depuis l'origine jusqu'à
la réunion dïc duché de Bretagne (xe-xve s.). De là est sorti Si-
mon IV, le chef célèbre delà croisade contre les Albigeois, dont le
fils aîné, Amauri V, céda en 1226 à Louis VIII ses droits sur le
Langnedoc.
Le quarante-sixième Congrès des Sociétés savantes s'est tenu
cette année à Paris, du 21 au 24 avril. C'est le Nord, l'Est, l'Ouest
et le Centre qui ont surtout produit leurs travaux. Le Midi a été
cependant assez largement représenté, comme en témoignent les
communications suivantes :
438 ANNALES DU MIDI.
Section d'histoire et de philologie. — P. Garaman. L'instruction
publique à Casteluioron d'Albret (Gironde). [Siège d'une sénéchaus-
sée, elle avait un régent français dès 1662 et un régent latin
en 1731.] — J. Flobert. Les clocheteurs et crieurs des morts. —
De GrÊRiN-RiGARD. Notes extraites de livres de raison et relatives à
des phénomènes météorologiques observés en Provence de 1634
à 1818. — De Saint-Saud. Anah^se de trois fonds d'archives de
famille : les Donissan de Gibran (du Bordelais), les La Roussie
de Lapouyade (du Périgord), les Du Vergier de La Rochejaquelin
(du Poitou). — De Montégut. Les testaments de Saint-Yrieix,
de 572. [Il y en a deux, dont l'un serait faux.] — Arnaud d'Agnel.
La politique du roi P»ené envers les juifs de Provence. — Mme de
Sarran-d'Allard présente la copie d'une lettre du xvie siècle, écrite
d'Auvergne au roi François 1er, sur les haras qu'on voulait y éta-
blir et sur la quantité de cerfs et de biches tués par les paysans à
cause des neiges et des glaces; elle présente aussi un document
relatif à un condamné de la même époque, Gharles Gonches (d'Au-
rillac). — Mi'e Houghard. La baronne de Grimaud et son castel-
lum fortiiié. [Histoire de cette seigneurie du Var, depuis sa fonda-
tion au x^ siècle jusqu'à nos jours. Travail sérieux, très docu-
menté et très complet.] — Glêment-Simon. Le refus de l'impôt
sous Louis XIV. [A Tulle, en 1693, à propos d'une taxe édictée pour
l'affranchissement des droits seigneuriaux qui pesaient sur les
maisons des villes, faubourgs et bourgs fermés. La ville de Tulle
ne devant aucun droit de ce genre résista tout entière, et ce ne fut
qu'après dix ans de lutte et l'emploi des dernières rigueurs que
l'impôt fut perçu.] — .1. Durieux. Le marquis de Féneloii, lieute-
nant-général des armées de Louis XV. [Élève du cardinal, né
en 1688, tué à Raucoux en 1745.] — Baguenault de Pqchesse. Les
opérations de l'armée royale dans le Limousin en 1569. [D'après
trois lettres inédites de Glaude de l'Aubespine à Gharles IX, sur
l'état des troupes. Manque de stratégie et hésitations des chefs.]
— RuMEAU. La Société populaire de Grenade. [Du 15 novembre 1790
au 17 avril 1793.]
Section d'archéologie. — Abbé Ghaillan. Mémoire sur un cou.
vercle de sarcophage de la chapelle Notre-Damede Vallauris(Var),
et sur un fragment du sarcophage des Saintes-Maries-de-la-Mer en
Gamargue. — Gollard. Notice sur l'usage de pesons de terre cuite
chez les Gallo-Romains. — G. Doublet. Une statuette en bronze
trouvée à Saint-Dalmas de Tende (Alpes-Maritimes). [Peut-être
CHRONIQUE. 439
ligure.] — Abbé Arnaud d'Agnel. Un genre de coffrets provençaux
(lu xve siècle, en bois peint et émaillé, à l'imitation du cuir
ouvragé. — Bizor. Les mosaïques romaines découvertes à Vienne
(Isère). — R. Rogeh. Le cimetière barbare deTabariane, près Teilhet
(Ariège). — Chanoine F. Durand. Notice sur un bas-relief accom-
pagné d'inscriptions, daté de 1333, et conservé au musée de Nimes.
[Semble un ex-voto consécutif à la libération d'un prisonnier.]
— Dr Meunier. Notices sur des fouilles pratiq-uées dans l'établis-
sement céramique gallo-romain d'Autry (Meuse). [Un des plus
anciens de la Belgique, qui parait avoir été fondé par des ouvriers
venus des ateliers du Midi.] — Raimbault. La disparition du
monnayage des archevêques d'Arles. [En 1537.] — U. Dumas. La
dalle sculptée de Saint- Victor, canton d'Uzès (Gard). [Description.]
— Id. Les différents faciès des instruments néolithicfues dans le
département du Gard. — E.-A. Martel. Les gravures et peintures
préhistoriques tracées sur les parois des grottes ou les rochers
isolés. [Seraient d'âge plus récent qu'on ne le croit généralement.]
Sous-section de géographie historique et descriptive. — Gh. Duf-
FARD. L'extension du cap Ferret et l'instabilité des passes du bas-
sin d'Arcachon, du xvie siècle à la fin du xix^ siècle. — E. Bellog.
L'état de la géographie et de la cartographie pyrénéennes au xviiie
siècle. — A. Pawlowski. L'histoire du golfe d'Aunis. — H. deCoiN-
CY. La cartographie des dunes de Gascogne. — P. Bufkault. Les
anciennes forêts du Rouergue. — E. Bellog. Les termes géogra-
phiques en usage dans les Pyrénées. — Lavialle. La forêt limou-
sine autrefois et aujourd'hui.
Sous-section de linguistique. — Sarran-d'Allard. Les noms
de lieux du Cantal en « anges ».
Section des sciences économiques et sociales. — Abbé V. Foix.
Un questionnaire économique de 1728 avec les réponses du rece-
veur des tailles de l'élection des Lannes. [Sur la situation agricole
et les moyens de l'améliorer. Tout pivote autour du marché de
Dax et du fort de Bayoniie. Renseignements météorologiques,
commerciaux, industriels et agricoles très nombreux.] — Nigolaï.
Patrons et ouvriers à Bordeaux au xviue siècle (1700-1800). [Statis-
tiques de l'état et du mouvement des corporations. Importance de
l'industrie et fortune des communautés. Rapports entre patrons et
ouvriers, grèves. Les salaires ont suivi une marche ascendante
régulière de 1700 à 1800.] — Cheylud. L'école centrale du dépar-
tement du Cantal. — A. Yrondelle. Le collège d'Orange. [Fondé
440 ANNALES DU MIDI.
en 1573 par le comte Louis de Nassau, en vertu des pouvoirs que
lui avait conférés Guillaume le Taciturne, son frère. Louis XIV,
après la mort de Guillaume d'Orange, roi d'Angleterre, expulsa
les protestants de la principauté, et le collège ne fut sauvé qu'à
grand'peine. Il reprit vigueur avec les Doctrinaires, que l'ôvêque
d'Orange appela et qui dirigèrent l'établissement de 1718 à
août 1794. Il rouvre comme école secondaire en 1803. Monographie
très complète.]
La réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements a tenu
sa trente-deuxième session en même temps que le (Congrès des
Sociétés savantes, du 21 au 24 avril. Peu de communications
concernant le Midi. Nous pouvons cependant noter les suivantes :
Paumes. Le clocher du lycée Gambetta, àCahors. [Construit à la
fin du xvii^ siècle.] — Guillibert. Un buste du philosophe mar-
quis d'Argens. — Discours de M. H. Stein. [Un certain nombre
de noms d'artistes, dont plus d'un méridional, ont été retrouvés.]
— Bouillon-Landais. Luc-Raphaël Ponson, peintre marseillais.
— L. Giron. Le mu.sée du cloître, au Puy. — Chanoine Urseau.
Les peintures murales de l'ancien couvent de la Baumette, près
d'Angers. [Un des personnages est saint Louis de Toulouse, fils du
roi de Naples, René d'Anjou.]
Chronique du Gévaudan.
Depuis notre dernière Chronique, rien de bien particulier à
signaler. Le Bulletin de la Société cC agriculture, sciences et arts
reste toujours l'unii^ue revue scientifique locale, tandis que le
Bulletin du Club cévenol constitue la seule publication touristi-
que, superbement éditée et illustrée. Dans un pays aussi peu for-
tuné que le Gévaudan, on est étonné de trouver des périodiques
paraissant régulièrement, nourris d'articles variés et édités avec
soin. On serait tenté de croire que les Sociétés dont ils sont les
organes possèdent de sérieuses réserves, et pourtant c'est à l'aide
seule des cotisations de leurs membres que ces publications sont
imprimées, illustrées et échangées avec celles de Sociétés autre-
CHRONIQUE. 441
ment riches, mais dont les Bulletins sont d'une pauvreté et d'une
rareté étonnantes.
Malgré l'appel adressé en 1905 aux notaires du département par
M. Philippe, archiviste, et le D"" Barbot, pour les inviter à verser
leurs vieux registres aux Archives on n'a eu à enregistrer qu'un
seul dépôt, mais considérable : environ trois cents registres ou
liasses intéressant une partie de nos Gévennes. Il est regrettable
que les versements ne soient pas plus nombreux, car, dans cer-
taines études, les minutes sont abandonnées aux vers et à l'humi-
dité, et, d'autre part, il est difficile, sinon impossible aux cher-
cheurs d'utiliser ces documents si précieux pour notre histoire
locale, jalousement conservés (!) qu'ils sont par les notaires, qui
ne les utilisent point, mais se contentent de les garder, estimant
que la présence de vieux registres donne une certaine valeur à
leur étude.
Les fouilles pratiquées en 1905 au pied du clocher nord de la
cathédrale de Mende ont amené la découverte de très anciennes
cryptes, dont l'histoire fort ancienne a fait l'objet d'une commu-
nication au Congrès de la Société française d'archéologie, réuni
à Carcassonne le 22 mai 19061. Depuis, les fouilles faites tout
autour ont donné peu de résultats ; mais grâce aux efforts des
archéologues locaux et au bon vouloir de l'administration, les
cryptes ont été conservées et rendues accessibles au public et aux
touristes.
Dans le Courrier de la Lozère, journal bi-hebdomadaire,
M. l'abbé Foulquier publie, depuis bientôt trois ans, des Notes
historiques sur les paroisses des Cévennes : travail plein d'éru-
dition, pour lequel l'auteur a consulté toutes les archives des
communes qu'il mentionne, les archives départementales, des
archives particulières et papiers de famille, sans compter le dé-
pouillement de tous les ouvrages et publications relatifs à la
région. Malheureusement, le titre de l'ouvrage parait impropre à
une étude dans laquelle, à part de courtes, trop courtes monogra-
phies sur une foule de communes, de villages et de hameaux,
on ne trouve guère que la liste chronologique très documentée de
tous les desservants des paroisses des Gévennes. Mais il convient
de louer l'auteur de son activité. et de sa méthode.
Dans VEcho des montagnes, journal hebdomadaire de l'arron-
1. Voir BuUetin monumetital, 1906, n° 5-6, pp. 326 et sqq.
A.NNALES DU MIDI. -«-XX 29
442 ANNALES DU MIDI.
dissement de Marvejols, l'auteur de cette chronique publie depuis
deux ans des Pages inédiles de Vhistoire de Marvejols qui for-
meront un fort volume in-4o, avec plans et gravures. Pour écrire
cette étude, l'auteur a mis à contribution les archives du dépar-
tement, celles de l'hôtel de ville de Marvejols et différents docu-
ments épars en divers dépôts; mais il a surtout cherché à réfuter
les erreurs qui foisonnent dans les différents travaux publiés par
feu Denisy sur la ville de Marvejols, et à montrer le crédit qu'il
faut accorder aux assertions fantaisistes de cet auteur, qui paraît
avoir ignoré le latin sur lequel il a disserté en de trop nombreu-
ses pages.
M. Fages, archiviste de la Lozère, continue le dépouillement de
la série E dont l'inventaire est encore loin d'être terminé. Entre
temps, il a publié dans le Bulletin de la Lozère une série de sa-
vantes études, admirablement documentées, qu'il a réunies en un
volume sous la rubrique « Noies d'histoire gévaudaiiaise • ».
L'érudition de M. Fages l'a incité à étudier surtout le moyen âge,
et nous savons qu'il prépare diverses monographies, entre autres
un travail sur les origines des barons du Tournel.
Et à ce propos, nous tenons à dire un mot au sujet du grand
ouvrage de M. A. Philippe, notre ancien archiviste, sur la Baron-
nie du Tournel et ses seigneurs, longue et laborieuse étude
publiée dans le Bulletin de la Lozère de 1908 à 1906.
Le sujet, heureusement choisi, — car l'histoire gévaudanaise
avant les guerres de religion est surtout celle de ses grandes
familles féodales, ■ — un fonds d'archives fort riche à partir du
xiiie siècle, ont permis à l'autfur de nous montrer — depuis le
milieu du xiie siècle, où les Tournel apparaissent avec leurs
domaines entièrement constitués : Valdonnez, haute vallée du
Lot, partie du mont Lozère et de la vallée de l'Altier, jusqu'au
xvie siècle, où ils s'éteignent avec Gabrielle Guérin — une famille-
type de barons féodaux, puissants et batailleurs, fréquemment
en lutte ou en procès avec leurs voisins, évêques et bourgeois
de Mende, barons de Florac, hospitaliers de Gap-Francès, etc.
Le volume débute par une étude géographique de la baronnie
et un travail archéologique sur ses forteresses, t«us deux excel-
lents. Après l'histoire des seigneurs du Tournel viennent quel-
ques appendices dont le plus intéressant traite des sceaux et des
1. Un vol. in-8». Mende, Privât, 1907.
CHRONIQUE. 443
notaires de la haronnie. Enfin, M. Philippe termine son ouvrage
par un recueil de documents qui constitue, en 340 pages, un véri-
table cartulaire de la baronnie. Les textes sont, en général, judi-
cieusement établis; mais pourquoi M. P. a-t-il réduit au minimum
la ponctuation?
Quelque complet que soit ce volumineux travail, il contient
une lacune regrettable : le titre nous faisait espérer une étude sur
la baronnie du Tournel, et nous n'y trouvons que l'histoire et
la généalogie des barons. Il manque au volume un chapitre où
l'auteur aurait dû nous montrer — autant que la chose eût été
possible — l'organisation du petit monde qui gravitait autour des
murailles hautaines du château du Tournel.
Nous aurions voulu connaître, par quelques détails, les rapports
des seigneurs du Tournel avec leurs suzerains, les évêques de
Mende, avec leurs vassaux, avec leurs hommes; la liste des péages
indicatifs des routes commerciales; les noms et la quotité des
principaux droits féodaux, si variables d'une province à l'autre;
lire enfin une élude sur la justice, puisque nous possédons
encore un registre du baile du Tournel pour la première moitié
du xive siècle, etc.
Nous bornerons là notre critique d'un travail qui fait honneur
à son auteur, renvoyant le lecteur aux analyses ou aux critiques
qui en ont été déjà publiées *. Mais, en terminant, nous regrettons
de dire à M. Philippe combien il a été oublieux vis-à-vis de cer-
tains de ses collaborateurs. Pour notre part, nous tenons unique-
ment à lui rappeler les journées passées à lever le plan du château
du Tournel. Cuiqice smitn.
Enfin nous ne saurions oublier M.Ch. Porée, également ancien
archiviste de la Lozère, anjourd'hui à Auxerre, qui, après avoir
publié pendant son séjour en Gévaudan de nombreux et savants
travaux, continue à donner de temps à autre, dans différentes
publications, des études d'histoire locale rédigées à l'aide des
matériaux amassés durant- son court séjour en Lozère. M. Porée
s'est attaché, avec un zèle qui l'honore, à l'histoire de notre
région : tous ses lecteurs félicitent en lui le patriote et le patient
bénédictin dont ils se plaisent à admirer les recherches si curieu-
ses, mais aujourd'hui trop rares. D"" Barbot.
1. Voir dans \es Annales du Midi, aux pp. 98-108 du n» de janvier 1908,
l'article de St. Stronski, et dans Bibl. de l'Ecole des Chartes, janv. -avril
1907, p. 668, une étude de P. Boyer,
444 ANNALES DU MIDI.
Chronique du Tarn et de Tarn-et-Garonne.
Tah\. — Depuis 1905, dale de notre dernière chronique {Anna-
les, XVII, 441), l'histoire et l'archéologie de l'Albigeois n'ont pas
cessé de progresser. On peut s'en convaincre facilement en par-
courant les nombreuses études qui ont été consacrées à ces matiè-
res et qui, presque toutes, ont paru ou, du moins, sont analysées
dans la Revue du Tarn. Présenter ici leur liste complète serait
sortir de noire cadre. Il nous suffira, pour rappeler leur valeur et
leur variété, de citer, entre autres, les notes sur les antiquités pré-
historiques et romaines, découvertes dans les cantons de Lisle, de
Vaour et de Réahnont, l'histoire des vicomtes et de la vicomte de
Paulin, la description de l'église romane de Burlats, l'analyse des
délibérations municipales de Piabastens, de 1566 à 1848, et l'édition
de douze comptes consulaires d'Albi, rédigés en roman et daté?
de 1360 à 1381.
Dans le pays castrais, les travailleurs, qui étaient restés jus-
qu'ici assez clairsemés; sont devenus un peu plus nombreux, et ils
nous ont donné en ces derniers temps d'intéressants témoignages
de leur activité. Cependant, nous ne saurions oublier que la mort
récente de leur doyen, M. Ch. Pradel, a produit dans leurs rangs
un vide des plus sensibles et particulièrement difficile à combler.
On sait que ce savant s'était appliqué surtout à répandre une plus
grande lumière sur les guerres du protestantisme dans notre région,
et qu'il a édité la plupart des chroniques renfermant le récit de ces
événements. Durant le cours de ses recherches, il avait formé une
riche collection de notes et de documents, puisés en grande partie
dans les archives des familles, et il est vivement à souhaiter que
ces trésors historiques échappent à la destruction et soient placés
dans urf dépôt public.
Malgré son importance, le fonds Sarrasy, conservé dans les
archives du département du Tarn, n'avait pas encore été invento-
rié et n'était connu, pour ainsi dire, que de nom. Le catalogue que
M. Portai en a pul)lié en 1906 permettra désormais d'utiliser cette
série de pièces originales, où abondent les renseignements sur les
seigneuries, les familles féodales et les communes de l'Albigeois.
Nous ne pouvons qu'adresser nos sincères remerciements aux
CHRONIQUE. 445
notaires, lorsqu'ils consentent à verser leurs anciennes minutes
dans les archives des départements. Toutefois, quelques-uns de
ces versements se recommandent d'une manière spéciale à notre
attention et sont bien faits pour exciter la reconnaissance des cher-
cheurs. Tel est le cas de celui qui a été effectué, il y a un ou deux
ans, par M. Malaval, notaire d'Albi. Ce généreux compatriote a
déposé, en efïet, aux archives du Tarn une série de minutes qui
embrassent toute la période allant de 1409 à 1733, et qui ne rem-
plissent pas moins de 530 registres.
Les projets précédemment adoptés par la municipalité d'Albi, au
sujet de la construction d'un musée, viennent, encore une fois,
d'être complètement modifiés. A la suite de la séparation de l'Eglise
et de l'Etat, la ville a obtenu la jouissance derévêché, et c'est dans
cet édifice, qui est lui-même un monument archéologique, que l'on
a décidé de placer les tableaux, les statues, les' antiquités et les
objets d'histoire naturelle, actuellement exposés à Rochegude.
Tarn-et-Garonne. — A Montauban, la bibliothèque communale
n'est plus logée à l'Hô tel-de-ville. Elle a été transférée dans un
bâtiment spécial où ses collections disposeront de plus d'espace et
pourront ainsi recevoir une installation plus méthodique.
Nous ne saurions guère parler des archives de la ville sans cons-
tater avec regret qu'elles sont dans un grand désordre et qu'il est
à peu près impossible d'en tirer parti pour les études historiques.
Mais les érudits éprouvent plus de satisfaction lorsque, en se
livrant à leurs recherches, ils ont recours aux archives départemen-
tales. Ici, en effet, ils disposent des inventaires déjà publiés jjour
les séries A, G et H, et, grâce aux secours et aux conseils que se
plait à leur donner l'excellent archiviste M. Imbert, il leur est facile
d'explorer la plupart des autres fonds et d'y recueillir de précieux
matériaux. Cet important dépôt a reçu, en ces dernières années,
les papiers de diverses administrations cantonales de l'époque de
la Révolution, et, en outre, beaucoup de registres provenant des
notariats de Lauzerte et de Bruniquel. Dans un grand nombre de
localités, l'inspection des archives communales a fourni à M. Imbert
l'occasion de corriger et de compléter les inventaires déjà dressés
par ses prédécesseurs. C'est ainsi qu'il a découvert, à la mairie de
Odstelsarrasin, deux registres de notaire, qui vont de 1303 à 1300,
et qui sont, croyons-nous, les plus anciens documents de ce genre
que l'on ait signalés jusqu'ici pour ce département.
Les travaux d'histoire et d'archéologie sur le Tarn-et-Garonne,
446
ANNALES DU MIDI.
publiés depuis 1905, sont insérés pour la plupart dans les recueils
des deux Sociétés savantes de Montauban, et on retrouvera leurs
titres dans la partie des présentes Annales consacrée à la revue
des périodiques. Parmi les autres publications, faites en dehors
de ces recueils, le seul ouvrage de longue haleine que nous puis-
sions citer est l'histoire de Caussade {La ville de Caussade, ses
vicoinles, ses barons), qui s'imprime en ce moment, et qui, en 1907,
a valu à ses auteurs, MM. Galabert et Barascud, le prix Ourgaud,
décerné par la Société archéologique du Midi de la France.
E. Gabié.
CORHESPONDANCE
Notre collaborateur, M. Vignaux, ayant fait, dans le dernier
no des Annales (p. 310), le compte rendu sommaire d'un opuscule
publié par la Société archéologique du Gers — Un aventurier
gascon. Paul Emile Soubiran, — a reçu à ce sujet deux lettres
rectificatives.
Par la première, très courtoise, M. Puel, procureur de la Répu-
blique à Lectoure, décline la paternité de ce travail, que M. V.
lui avait attribuée à tort. Par la seconde, M. Puech, professeur à
l'Ecole normale primaire d'Auch, la revendique au contraire.
Dont acte donné à l'un et à l'autre de ces messieurs. M. V. avait
été induit en erreur par la ressemblance des noms ; scientifique-
ment parlant, la confusion est sans conséquence.
M. Puech affirme d'ailleurs avoir dit que la Gascogne n'a pas
produit uniquement des escrocs, mais aussi d'excellents soldats et
de brillants politiques : il n'a pas voulu faire de son triste héros
« le prototype du caractère gascon ». Sur ce point M. V. répond :
<i Je n'ai pas dit cela, mais seulement que le livre de M. P. n'est
pas, comme il le prétend, « une contribution », même modeste,
« à l'étude du caractère gascon ». Des aventuriers joueurs, espions,
escrocs, toutes les provinces, tous les pays en fournissent, aussi
bien le Languedoc ou la Picardie que la Gascogne, la Russie ou
l'Allemagne que la France. Et le chevalier d'industrie, d'où qu'il
sorte, est une exception ; il ne saurait être allégué comme caracté-
ristique d'aucune contrée. Si encore, dans cette brochure, le détail
des faits nous apprenait quelque chose sur l'histoire du temps où
Soubiran a vécu, des pays qu'il a traversés ! Mais il n'en est rien.
On n'est donc pas obligé de partager l'opinion de M. P. sur Tuti-
lililé et l'intérêt de son œuvre. S'il a eu « du plaisir à l'écrire », je
n'en ai pas éprouvé autant à la lire et j'en suis fâché. »
N. D. L. R.
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT
Bkllog (E.). Déformation des notns de lieux pyrénéens-
Paris, Imprimerie nationale, 1907; in-8o de 124 pages (extrait du
Bulletin de géographie historique et descriptive, 1907, n» 1). —
Que maints noms de lieux soient travestis par l'orthographe offi-
cielle, c'est ce qui a été souvent démontré ï. M. Belloc, qui avait
déjà contribué à cette démonstration en ce qui concerne diverses
régions du Midi (voy. Anîiales, XIX, 435), revient à la charge en
resti'eignant son sujet. 11 montre que la plupart des erreurs sur
les noms pyrénéens tiennent au fait que les cartes de la région
ont été dressées par des personnes qui lui étaient étrangères, et
qui, en ignorant la langue, entendaient mal ou interprétaient de
travers les noms indigènes. M. B. rectifie un grand nombre de
mots ainsi altérés, en se fondant sur leur signification dans les
patois locaux. Il est bien des cas où cette signification ressort
clairement et sans aucun doute possible de la prononciation cor-
recte du mot, et alors les rectifications de M. B. s'imposent; mais
il en est d'autres où les gens du pays, même instruits et cultivés,
hésitent et donnent des explications différentes d'un mot qu'ils
prononcent de même. M. B. a sa solution toute prête (il se résigne
bien rarement à écrire : >.< origine inconnue ») et il tance sévère-
ment ceux qui en défendent une autre. Cette assurance lui vient
1. Par MM. Martel, de Rochas, DevoUiy, Alpli. Meillon. t.es travaux
des deux premiers ont été résumés, à l'usage du grand pubhc, dans un
amusant feuilleton du Journal des Débats (If) août I9U7). Ceux des deux
derniers ont été publiés respectivement dans les Annales de la Société
des lettres... des Alpes-Maritimes, 1903 (cf. Annales, XVI, 255^), et le
Bulletin pyrénéen, années 1905-6. N'oublions pas que c'est un Suédois,
M. Lindstrœm, qui a été l'un des premiers à ouvrir la voie (voy. Roma-
7iia, XXVIII, 168).
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT. 449
de la persuasion où il est que les noms géographiques ont presque
tous un sens dans la langue actuelle du pays. La première règle
à suivre, dit-il, est de « rechercher, avant tout, la véritable signi-
fication du nom de lieu considéré. C'est la condition primordiale
de laquelle dépend exclusivement le résultat final. Pour cela, il
n'est point nécessaire d'être grand clerc ou normalien; la condi-
tion indispensable est de connaître à fond les dialectes locaux >•>
(p. 111). Mais si le mot est d'origine préromane, il peut se faire que
la connaissance de ces patois ne suffise pas : et qui niera la per-
sistance, dans l'onomastique géographique, d'éléments celtiques,
ibériques ou autres? — M. B. va plus loin, et ici il se confond
avec ceux-là même qu'il vient de condamner si justement : « 11
appartient exclusivement au géographe, dit-il, de fixer exactement
la forme orthographique du nom de lieu ci-dessus [Coumbo],
quand même les indigènes lui donneraient un « faux i-enseigne-
« ment... ■» (p. 50). Le vocabulaire géographique pyrénéen renfer-
mant un très grand nombre d'appellations de ce genre, il est du
devoir de chacun de les rectifier, malgré les indigènes » (p. 47).
Mais c'est précisément au nom de ce principe même — la graphie
réformée d'après une étymologie, vraie ou supposée — que l'on a
écrit col (TAuberl pour col daouberl, Bal-Laetonse (vallée lai-
teuse) au lieu de Ballelous. M. B. semble posséder à fond les
patois pyrénéens, mais ses connaissances linguistiques ne vont
guère au deU'i, ce qui explique que certaines de ses étymologies
soient à écarter sans discussion. Il n'hésite pas à tirer lin (mince)
de longus (p. 22), calm de calvits (p. 73), Ger de germen (p. 59),
escana (dans Escano-crabe) de escala (p. 53), Mené de mmutum
(p. 86), Vallier de l'esp. valle (malgré la place de l'accent). — Voici
quelques erreurs plus vénielles : Tramesaigites (p. 98) est tiré de
extremas aquas (voy. Thomas dans Annales, XVI, 500, et XVII,
77) ; Pouylouhy (p. 89) de podiutn illum vicuni ; mais on ne voit
pas pourquoi le c final de vie se serait perdu dans le composé
alors qu'il reste dans le simple; l'étymologie porfm»* lupinutn
me paraît s'imposer.
En somme, les travaux de M. B. sont très intéressants et méri-
toires ; mais — s'il me permet ce conseil — qu'il se défie de l'esprit
de système et ne substitue jamais à l'exacte observation des faits
une « rectilication », même la plus ingénieuse ou la plus bril-
lante. A. Jeanroy.
450 ANNALES DU MIDI.
Bonnet (E.). L'influence lombarde dans l'architecture romane
de la région montpelliéraine. 11 pages in-8o. Extrait du Bulle-
tin archéologique, 1907, pages 210-18. — M. Bonnet relève de
très nombreux témoignages de cette influence : bandes murales
qui forment pilastre et que relient des arcatures en plein cintre;
frises et archivoltes en dents de scie (M. B. propose le terme plus
précis de dents d'engrenage); marqueteries décoratives; chapiteaux
à treillages. Les monuments les plus caractéristiques de cette
influence sont : l'église deSaint-Guilhem-du-Désert; celle de Saint-
Martin de Londres, qui dépendait de la première et dont le plan
tréflé rappelle les modèles lombards ; la tour de Saint-Etienne-de-
Puissalicon, ancien clocher dont la disposition architecturale est
aussi intéressante que les détails d'ornementation. L'importance
commerciale de Montpellier à l'époque romane explique les rela-
tions de cette ville avec l'Italie du nord. Benjamin de Tudèle, qui
écrivait son itinéraire vers le milieu du xiie siècle, signale précisé-
ment à Montpellier l'existence d'une colonne lombarde.
H. Graillot.
Bonnet (E.). L'église abbatiale de Saint-Guilhem-le-Désert.
ln-8o, 59 pages et 13 planches. Extrait du Compte rendu du
LXXIIIn Cojigrès archéologique de France, tenu en 1906 à Car-
cassonne et à Perpignan. — Excellente monographie de la célèbre
abbaye bénédictine de Gellone, plus connue depuis le xiie siècle sous
le nom de Saint-Guilhem, monasteriuin Sancti Wilelmi. L'église
comprend un narthex, une nef, doux collatéraux, un transept
flanqué de deux absidioles et un chœur en hémicycle. Le narthex
est la partie la moins ancienne et paraît l'emonter à la fin du xiie siè-
cle; il porte dans les textes la dénomination de gimel ou jumcl,
dont on ne peut encore donner une explication. La nef du xie siècle,
divisée en quatre travées par des arcs doubleaux, est voûtée en
berceau plein cintre et très élevée. Les bas côtés sont très étroits.
Le transept, ses chapelles et l'abside centrale sont du début du
xiie siècle; ils ne correspondent plus, comme proportions, avec
l'ancienne nef. La décoration de la façade, des murs latéraux et
surtout du cfievet, qui est très remarquable avec sa fausse galerie
d'arcades aveugles, trahit une influence manifeste du style lombard.
Le cloître, dont ils subsiste deux galeries, doit être contemi)orain
de l'abside, malgré son apparence archaïque. Parmi les débris de
sculpture, les plus intéressants sont : un sarcophage paléo-chrétien
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT. 451
des vi-viie siècles et d'un atelier de l'école d'Aquitaine; l'autel de
Saint-Guilhem, avec un Christ en croix et un Christ triomphant,
consacré en 1138; quelques chapiteaux historiés; des statues d'apô-
tres, qui se rattachent à l'école de Toulouse. H. Graillot.
EspÉRANDiEU (E.). Recueil général des bas-reliefs de la Gaule
romaine. Tome 1er ; Alpes maritimes, Alpes Cottiennes, Corse,
Narbonnaise. Paris, Impr. nationale, 1907; in-4o de x-489 pages.
— Ce livre, orné de nombreuses phototypies dans le texte, fait par-
tie de la Collection de Documents inédits sur l'histoire de France,
publiés par les soins du Ministre de l'Instruction publique. C'est
le commencement d'un Recueil qui se composera probablement de
cinq volumes, et sera consacré aux monuments figurés sur pierre
de l'ancienne Gaule. M. E. a eu le courage de l'entreprendre, don-
nant ainsi une satisfaction vivement désirée aux amis de nos anti-
quités nationales.
Il subsiste peu de monuments dans les Alpes-Maritimes, où le
sarcophage de l'église de Vence est le vestige le plus artistique.
Dans les Alpes Cottiennes, l'arc de Suse est entouré d'un enta-
blement décoré de bas-reliefs commémorant l'amitié entre Rome
et les peuplades de Gottius, devenu préfet impérial. De la dédicace,
il reste les trous de scellement des lettres de bronze disparues. Ces
trous ont permis de restituer l'inscription. D'autres grands
trous de scellement réguliers, qui entourent les pieds de l'arc jus_
qu'aux impostes, et criblent les deux grandes faces de l'attique,
sans respect pour l'inscription en double, me font penser que, pos-
térieurement au temps d'Auguste, le marbre de l'arc fut décoré de
grands ornements de bronze, et que ceux de l'attique masquèrent
l'inscription. Au goût pur de l'époque classique, aux seules lignes
du marbre blanc, succéda le contraste opulent du bronze par
masses et du marbre.
La Coi'se, comme toujours, est très pauvre.
En Gaule Narbonnaise, il y a tant de richesses que je ne puis
qu'à peine y toucher ici.
Les édicules grecs trouvés à Marseille dans les fouilles de la rue
de la République sont beaucoup plus curieux qu'esthétiques.
Les beaux sarcophages d'Arles se rencontrent un peu partout.
Le musée d'Aix possède un admirable bas-relief funéraire, apporté
de Marseille, et de style grec, représentant un jeune homme, une
jeune femme et un cheval (no 72 du_livre). Très beau également le
452 ANNALES DU MIDI.
repas funéraire d'Erennios, venu de Marseille à Avignon (n» 76).
Le charmant tombeau de la musicienne Tyrannia, au musée d'Ar-
les, est particulièrement bien reproduit (no 181). On me pardonnera
de me hâter vers l'arc d'Orange, et de remercier M. E. d'avoir
donné le baptême scientifique à rna lecture de la date delà dédicace
en la reproduisant. Mais il est rare d'éprouver une satisfaction
sans mélange : M. E. a omis le mot AVGVSTO.
Comme pour l'arc de Su'se, l'ouvrage de M. E. permet une étude
minutieuse et exacte des sculptures des arcs d'Orange, de Saint-
Remy, d'Arles {arcus admirabilis, aujourd'hui détruit), de Gar-
pentras, de Gavaillon, etc.
Maintenant qu'il est démontré que l'arc d'Orange fut édifié sous
Tibère, il faut espérer que la ridicule appellation d' « Arc de
Marius » ne se perpétuera pas dans les Guides et sur ia carte de
l'Etat-major. L'ignorance du public est déjà bien assez profonde
en ces matières sans que ceux qui se donnent mission de la dissiper
contribuent à l'épaissir.
En provenance de Vaison, il faut signaler au musée d'Avignon
le bas-relief représentant un cliar à quatre roues, attelé de deux
chevaux que dirige un cocher armé d'un fouet à plusieurs lanières.
Les personnages sont assis au sommet de la caisse de la voiture,
ce qui rappelle notre mail-coach de courses. On a beaucoup dis-
cuté sur ce monument dont les panneaux, décorés chacun d'une
tète sculptée, sont énigmatiques.
Parfois on rencontre quelque ouvrage d'un beau style, comme le
buste d'enfant, dans une niche cintrée, du n» 298, au même musée.
Ce qu'il y a de. meilleur au musée de Vienne est un Hypnos
du 1er siècle (no 391).
Le musée de Nimes offre ses aigles magnifiques, d'un travail
large et souple, dignes de la majesté du nom romain, et où le
marbre respire. Il a aussi des stèles à portraits d'un réalisme pré-
cieux pour l'ethnographie. Un rayon de poésie brille sur les têtes
féminines, inégalement voilées, d'un .chapiteau trouvé en 1894,
têtes qui pourraient correspondre à des phases lunaires (no 493).
Béziers a envoyé à Toulouse des têtes, provenant de bustes,
d'un grand intérêt artistique et histori(jue. Celles d'Agrlppa, de
Tibère, de Oermanicus, des deux Drusus, donnent vraiment la
commotion romaine. La spirituelle fermeté du masque de Faustinc
la jeune n'est pas incompatible avec les désordres de sa vie. Heu-
reux le musée qui possède de tels chefs-d'œuvres !
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT. 453
Une longue exposition aux intempéries a dégradé les monuments
de Narbonne. Par un surcroît de malechance, la voûte de l'église
de Lamourguier s'est partiellement écroulée sur eux en 1906.
Une bibliographie et une description également soignées accom-
pagnent les reproductions des bas-reliefs, et la belle publication
de M. E. constitue un instrument de travail de haute valeur pour
les historiens de l'art et les archéologues. Ed. Bondurand.
.JuD (.J.). Recherches sur la genèse et la diffusion des accusa-
tifs en - ain et en - on. (Première partie). Halle, Karras, 1907;
in-8o de 114 pages (Dissert, de Zuricli). — Il s'agit ici de l'origine
d'une forme de déclinaison imparisyllabique, fréquente, comme
on le sait, en français et en provençal {ber, baron; ante, antain).
La thèse de l'origine germanique, soutenue depuis longtemps par
des savants considérables, puis fortement ébranlée, il y a quel-
ques années, par des articles célèbres de G. Pai-is et de M. Phi-
lipon, est ici très nettement reprise et étayée sur des faits nom-
breux et des arguments solides. M. Jud a dépouillé un certain
nombre de documents historiques du ve au ix^ siècle ; il y a relevé
les noms propres de personnes fléchissant de cette sorte, il les a
classés par ordre de régions et de dates, et de ces listes méthodi-
quement dressées se dégagent, comme spontanément, deux cons-
tatations importantes : 1» que cette flexion s'est appliquée à des
noms germaniques avant de s'appliquera des noms latins; 2» que
sa fréquence dans une région est en raison directe de la densité de
l'élément germanique : « Partout, dit-il, elle est strictement condi-
tionnée par la présence de tribus ouest-germaniques sur le terri-
toire roman; ce sont les Langobards en Italie, les Alémans en
Rétie, les Francs en France » (p. 114). — En ce qui concerne le
midi de la France, M. Philipon avait cru constater que les docu-
ments relatifs à la Narbonnaise ne contenaient aucune trace de la
déclinaison gothique en a, - an. Le fait eût été particulièrement
probant, la Narbonnaise ayant été occupée durant trois siècles
par les Wisigoths. Mais M. J. montre (pp. 34 et suiv.) que les
dépouillements de M. Philipon étaient incomplets et il signale
dans les documents de la région un nombre assez considérable de
noms propres pourvus de cette flexion. — Dans une seconde
partie de ce travail, non encore parue, M. J. promet de confirmer
sa thèse par l'étude de la même flexion dans les noms communs
et dans les noms de lieux et de rivières. A. Jeanroy.
454 ANNALES DU MIDI.
MiGHALiAs (R.) Essai de grammaire auvergnate. Ambert,
Migeon, 1907; in-12 de 218 pages. — M. Michalias n'est pas philo-
logue : cela se voit de reste (à certaines étymologies par exemple,
comme adeissias de adès) et il est inutile de le démontrer. Dans
cette petite grammaire, la phonétique est rudimentaire, unique-
ment faite par comparaison avec le français, et l'auteur a pour
notre alphabet officiel un respect excessif. Mais s'il note les sons
d'une façon incommode, il les décrit avec soin, il donne des para-
digmes complets, de longues listes de locutions, un petit traité de
la formation des mots et d'intéressantes notes de syntaxe (non
seulement sous cette rubrique, mais disséminées dans les divers
chapitres). M. M. n'a pas, au reste, de prétentions et ses derniers
mots sont d'une touchante modestie. 11 est singulier qu'il ne men-
tionne nulle part les travaux si précis et méthodiques de son com-
patriote M. Dauzat^ où il eût trouvé un meilleur modèle que
dans la grammaire catalane qu'il a prise pour guide, et auxquels
il eût pu donner un utile complément.
A. Jeanroy.
NiCHOLSON (E.). Floureto de Prouvenço. A sélection of Pro-
vençal 'poems and stories, with french translation, and with a
grammatical Introduction. Avignon, Roumanille, 1908; in-16 de
40 pages. — M. Nicholson, médecin de l'armée anglaise établi en
Provence, a compris que pour bien jouir du séjour dans un pays
il était bon d'en connaître la langue, de pouvoir en lire les poètes.
Cette agréable tâche qu'il s'est imposée à lui-même, il a voulu la
faciliter à ses compatriotes en publiant ce petit volume sans pré-
tentions. C'est une grammaire très sommaire, avec paradigmes
complets (calqués sur ceux de la Grammaire historique de la
langue des Félibres, par Koschwitz), listes de locutions et quel-
ques notes sur les extraits publiés dans l'Appendice. Celui-ci est
formé par les volumes XGVII et CL de la Nouvelle Bibliothèque >
populaire (Henri Gautier, éditeur), qui contiennent, avec de
brèves introductions de P. Mariéton, l'un dix-huit poésies, l'autre
trois contes en prose des félibres les plus en vue.
A. Jeanroy.
1. Phonétique historique du patois de Vinzelles, 1897 {\oyez Annales,
X, 268) ; Morphologie du patois de Vinzelles, 1900 [Bibliothèque de
l'Ecole des Hautes-Etudes, CXXVI). Le dernier livre de M. Dauzat,
annoncé plus haut (p. 154), touche précisément à un domaine tout voisin
de celui dont M. M. s'est occupé.
/
PUBLICATIONS NOUVELLES
Amardel (G.). Les monnaies féodales de Narbonne. Narbonne,
imp. Gaillard, 1907; in-8o de 88 p.
AsHTON (H.). Du Bartas en Angleterre (thèse). Paris, Larose,
1908; in-8o de 392 p.
Auvergne (J.). Fontvieille. Notes et documents. Bergerac, imp.
Gastanet, 1908; in-8" de 93 p. et carte.
Bagque (L.). Les seigneurs, le château, l'église de Budos. Bor-
deaux, imp. Pech, 1908; in-16 de 48 p.
Bénac (Abbé J.). P. Ambroise de Lombez (1708-1778). Paris,
Poussielgue, 1908; in-16 de xxv-228 p. [Nouvelle Bihliolhèque
franciscaine, l^e série, xx.]
Bremond (H.). La Provence mystique au xviie siècle. Antoine
Yvan et Madeleine Martin. Paris, Pion, Nourrit, 1908; pet. in-8o
de xvi-400 p., avec 2 grav., 1 plan et 1 carte.
Ghoses d'autrefois. Le partage du communal appelé La Boul-
bonne, fait sous le bon plaisir de l'auguste Assemblée nationale
par les habitants de la commune de Pamiers, 1er et 2 juin 1790,
suivi de : Pamiers en fête, la Suette, le Moulin de la marquise.
Installation de Bernard Font, Un Prédicateur révolutionnaire,
Les Ghevaliers de Malte, Un Patriote, Vente de l'église des Augus-
tins, L'Hôtel-de-ville de Pamiers depuis 1793, Le « Don gratuit »,
La « Ville de Pamiers » chez les Anglais, Rosières appaméennes,
Napoléon ler à Pamiers, Sous la halle aux grains. Pamiers, Galy,
1908; in-8o de 113 p. [Extrait de L'Eloile de l'Ariège.']
Glouzot (H.). Les Jacquai-d en Ghampagne et en Auvergne.
Paris, Leclerc, 1907; in-8û de 11 p.
GouRTEAULT (P.). Bh^ise de Monluc historien. Etude critique sur
le texte et la valeur historique des Gommentaires. Paris, Picard;
Toulouse, Pi'ivat, 1908; in-S» de xlviii-685 p.
Déchelette (J.). Manuel d'archéologie préhistorique, celtique
et gallo-romaine. I. Archéologie pi'éhistorique. Paris, Picard, 1908-
in-8o de xix-747 p.
Drouhet (G.). Les manuscrits de Maynard, conservés à la Bi-
456 ANNALES DU MIDI.
bliothèque de Toulouse. Etude bibliographique, accompagnée de
pièces inédites. Paris, Champion, 1908; in-8o de M p.
Durand (Chanoine Q.). Un capucin. Le Père Ghrysostome de
Barjac, Antoine Pellier (1757-1819). Sa vie, suivie de .sa correspon-
dance et de pièces justificatives. Nimes, Debroas, 1908; in-8o de
ix-285 p.
EsTiEU (P.). La canson occitana. Carcasona, imp. Patau, 1908;
in-8o de 263 p.
FoROT (V.). L'an 1789 en Bas-Limousin. Paris, Schemit, 1908;
in-8» de 128 p.
Grandrille (R.). L'organisation de l'Inquisition en France, de
1233 à la fin du xve siècle. Orléans, imp. Goût, 1908; in-8o de iv-
196 p.
Inventaire sommaire des archives départementales antérieures
à 1790 p. p. A. Leroux et C. Rcvain. Haute- Vienne. Archives ec-
clésiastiques. Série G. Tome 1er. Evêchè de Limoges et Chambre
ecclésiastique. Limoges, Ducourtieux, 1908; in-4o de xxix-31S p.
.Iourdanne (G.). Les bibliophiles, les collectionneurs et les im-
primeurs de l'Aude. Paris, Leclerc, 1904; in-8o de 294 p.
La Salle de Rochemaure (De). Uno bisito à Mistral, Maïano,
settembre 1907. Texte cantalien et traduction française. Aurillac,
imp. Sérieys, 1908; in-16 de 129 p.
LA.STEYRIE (R. de) et Vidier (A.). Bibliographie annuelle des
travaux historiques et archéologiques publiées par les Sociétés
savantes de la France (1904-1905). Paris, Leroux, 1907; in-4o à
2 col. de 217 p.
Livre (Le) de raison du couvent des Capucins de Riez, publié et
annoté par l'abbé M.-J. Maurel. Digne, imp. Chaspoul, 1907;
in-8o de viii-211 p.
LoRDAT (M. J. de). Un page de Louis XV. Lettres de Marie-
Joseph de Lordat à son oncle Louis, comte de Lordat, baron de
Bram, brigadier des armées du roi (1740-1747), recueillies et
publiées par le marquis de Lordat et le chanoine Charpentier.
Paris, Pion, Nourrit, 1908; in-8o de vii-428 p.
Martin (A.). Les mégalithes de Cieux et de Javerdat (Haute-
Vienne). La Groix-Paraud à Nantiat (Haute-Vienne). Alençon,
imp. ve Guy, 1907; in-8o de 14 p.
Le Gérant,
l\-F-D. PUIVAT.
loulouse. Inip. DoulaUOURK-PRIVAT, rue St-Kome, 39 — 6614
PRÉMILLAC
SULPICE SÉVÈRE A PRIMULIAC^
M. F. Moiiret a suivi de près, eu 1895, le déblaiement d'un
monticule dit de Saint-Bauzille d'Esclatian, qui fait partie d'un
domaine de sa famille sis dans la commune de Vendres, entre
Béziers et Narbonne. Il a vu mettre à nu un large rocher de
pierre calcaire dont la surface grossièrement aplanie, qui
forme à peu près un cercle de 30 mètres de diamètre, était
creusée de plus de cent cinquante auges funéraires. Ce cime-
tière monolithe est très remarquable par le resserrement
des tombes, par leur forme anthropoïde (la loge de la tête
légèrement détachée), par leur orientation rigoureusement
constante, les pieds au Levant. Il y a de plus un puits profond
au centre géométrique du monticule, et, dispersés entre les
tombes, des trous coniques où, sans doute, se trouvaient les
débris de poteries que l'auteur mentionne sans indiquer le
lieu précis de la découverte. Je crois bien qu'aucun anthropo-
logiste ne considérera sans un très vif intérêt la planche- où
M. Mouret a figuré la disposition de ce rocher-cimetière,
1. F. Mouret, Sulpice Sévère à Primuiiac (Bulletin de la Société ar-
chéologique, scientifique et littéraire de Béziers, 3" série, tome VI,2''liv.,
vol. XXXVI de la collection, pp. 447 à 568). Il y a ou un tirage à part
avec additions, Paris, Picard, 1906.
2. PL III, p. 456. C'est la page la plus intéressante du travail.
ANNALES DU MIDI. — XX 30
458 E.-CH. BABUT.
aujourd'hui détruit L'autour nous apprend que naguère en-
core, ce lieu de sépultui-e jadis si recherci:ié était vénéré par
la population locale; une croix était plantée sur le monticule,
et le jour de Pâques tout le pays s'y rendait en procession.
Des tombes analogues (pp. 462 et suiv.) ont été trouvées dans
la région, de la Catalogne à la Provence, mais l'auteur
ne connaît aucun groupement semblable à celui de Saint-
Bauzille.
11 n'y aurait qu'à remercier M. Mouret d'avoir publié, avec
de bonnes photographies, l'heureux résultat de sa fouille, —
très imparfaitement conduite, il faut le dire, et suivie d'une
destruction coupable, — s'il ne s'était avisé, pour illustrer
son antique cimetière, d'en faire l'emplacement de la villa de
Primuliacum, où Sulpice Sévère se retira et fonda une
sorte de monastère domestique.
Point de départ. — La croix plantée sur le tumulus est
(p. 456) «l'indice certain que les ruines avaient une origine
religieuse » (peut-être; mais le cimetière suffit à expliquer les
processions et la croix). On a, de plus, trouve dans la fouille
« des morceaux de marbre blanc ayant pu appartenir à un
autel » (p. 461). Un acte de 971 mentionne l'église de Saint-
Bauzille d'Esclatian cum ipso pogio (le tumulus) et cum ipsa
cella et cum ipso cimeterîo (p. 460). Or, « cet ensemble
d'une chapelle, d'une cellule et d'un cimetière isolés au milieu
des champs, loin de tout centre habité, correspond exactement
à ce que le Grand Dictionnaire Larousse dit de Primuliac
quand il l'appelle un hermitage situé près de Béziers »
(p. 461, note) Avec Larousse, Weiss et Michaud dans leurs
deux Biographies universelles, Bouillet, Dezobry et Bache-
let, c'est-à-dire « nos érudits les plus autorisés » (p. 452), pla-
cent Primuliac dans les environs de Béziers.
Démonstration. — 1" Je laisse de côté les preuves tirées des
archives (p. 548) qui sont étonnantes. Qu'un acte de 971 porte
donation par un particulier a deux églises de Béziers de la
terre d'Esclatian (p. 551), comment a-t-on pu imaginer que
cela prouvât que celte terre avait appartenu à l'Eglise au
v" siècle et lui « faisait retour» (pp. 553 et 554)2 Au surplus,
PRÉMILLAC. 459
il n'y a aucune raison de croire que Sulpice ait légué à
l'Eglise la terre de Primuliacum, qu'il s'était réservée lors de
la vente de ses biens. La traduction donnée à la p. 549, d'après
l'abbé Souiry, du texte de Paulin, Ep. xxiv (et non Ep. vu)
§ 3 : « usufruitier de l'Eglise à qui vous les avez léguées»,
est un contresens. Il est un peu imprudent de fonder une
démonstration sur une vieille traduction qu'on n'a pas
vérifiée.
2" Preuves tirées des noms propres. — Primuliacum vient
de Prîmus lacus. Or il y a un étang à Vendres (p. 488), et
cet étang peut être considéré comme le premier d'une série. —
Mais tous les lecteurs de cette revue savent bien que Pri-
muliacum veut dire « domaine de Primulus », comme Albi-
niacum, « domaine d'Albinus », etc.
D'autre part (p. 491 ), Sulpice avait possédé un autre domaine
du nom (VEliiso que l'auteur suppose (pourquoi?) avoir été
voisin de Primuliacum, ; ce domaine serait la terre de Luz ou
Luch, près Beziers. — Mais Luz ou Luch (formes anciennes
attestées : villa de Luco, de Lugd) doit venir de Lucus.
D'ailleurs, Blusoow Etusio (Paulin, Ep. i, 11), n'était pas un
domaine, mais un bourg, qui figure sur V Itinéraire de Bor-
deaux à Jérusalem, et qui marquait une étape entre Tou-
louse et Hébromagus*.
3" Preuves tirées des textes. — A) (P. 495) Sulpice Sévère,
Chron. II, 41, 4, écrit : hoc ego Gavidium episcopum nos-
truîïi quasi obtrectatiiem referre solitum audivi. —
M. Mouret traduit : « J'ai entendu Gavidius, notre évêque,
raconter ce fait... » Or ce Gavidius, que Sulpice donne comme
son évêque, peut avoir été évêque de Béziers. — Réponse :
Episcopum, nostrum paraît signifier, comme au texte II, 44, 1
noster Fœgadius (Phœbadius d'.\gen), que Gavidius était
Aquitain. En tout cas, le siège de Gavidius est inconnu. Il y a
d'ailleurs contresens sur la pbrase, qui veut dire : « J'ai ouï
dire que Gavidius racontait souvent... » Sulpice peut n'avoir
jamais vu Gavidius.
1. Itinera Hierosolymitmia, éd. Geyer, Corp. Scr. Eccl. Lat. de
Vienne, t. XXXIX, 1898. p. 4.
460 E.-CH. HABU^T.
B)(P. 448) Paulin (Ep. v, 22) demaade à Snlpice de lui
faire envoyer du vin vieux qu'il croit posséder encore à Nar-
bonne. Donc Primuliac, le domaine qu'habite Sulpice. doit
être proche de Narbonne. — Mais la lettre V de Paulin, qui
date de 396, est antérieure à l'établissement du Sulpice à Pri-
muliacum. En 395, Sulpice est à Eluso (Paulin, Ep. i, 11);
en 397, à Toulouse (Sulpice, Ep. m, 3). Ce n'est qu'en 400
(Paulin, Ep. xxiv, 1) que l'on apprend que Sulpice a vendu
tous ses domaines sauf un, évidemment Primuliacum (nom-
mé en 402, Ep. xxxi, 1).
C) (P. 499) Paulin (Ep. v, 21; même lettre, même date : si
nigellatum habes) prie son ami de lui envoyer de l'huile de
nielle. Cette huile servait, paraît-il, à combattre la fièvre palu-
déenne; donc Sulpice habitait un pays fiévreux comme Ven-
dres. Faible argument.
B) (P. 500) Postumien, au début des Dialogues de Sulpice,
parle de son départ pour l'Egypte, dont il revient, en disant
(Dial. I, 3) : Anie hoc triennium, quo tempore iibi, Sulpici,
hinc abiens valedixi, ubl Narbone navem solvimus, quinio
die porlum Africce intravimus ; adeo prospéra Bel nutu
navigatio fuit. Traduction : « Il y a trois ans, ô Sulpice,
quand je partis d'ici, je te fis mes adieux là où nous nous em-
barquons, à Narbonne; cinq jours après, etc..» Il ressort clai-
rement de ce texte, dit M Mouret, que la résidence de Sul[)ice
était peu éloignée de Narbonne. — Le texte veut dire : « Quand
je vous eus dit adiou en partant d'ici, voici trois ans, à peine
avions-nous pris la mer à Narbonne que, le cinquième jour,
nous entrions dans un port d'Afrique*. » Hinc et Narbone
désignent évidemment des lieux difl'érents.
E) (P. 502). Autre texte, Dial.I, i, 3. Postumien raconte son
voyage de retour : Navem ibi (à Alexandrie) onerariam in-
veni quae cum mercibus Narbonam pelens solvere para-
bal... Tricensimodic Massiliam apputsus, inde hue decimo
1. Portum Africœ a l'air d'un nom propre, et désigne ici un port voisin
de Giirtliiige (voir un peu plus loin, ad portum regressi). Pourtant, faute
d'avoir trouvé une autre mention de ce nom, je n'ose traduire par : Port
d'Afrique.
prémillac. 461
perverti : adeo prospéra navigatio piae adfuit voluntati.
Ce texte nous apprend, selon M. Mouret, que Sulpice résidait
au bord de la mer; le voyage de Postumien, en effet, a élé jus-
qu'au bout une traversée. — Que l'on se reporte au contexte.
On verra que la phrase relative à la dernière partie du voyage
ne peut pas signifier que Postumien ait mis dix jours, ou,
si l'on veut, neuf jours, à venir par mer de Marseille à Nar-
bonrie. Postumien veut dire que son voyage a été exception-
nellement rapide, au retour comme à l'aller (remarquer les
deux adeo prospéra). Dès lors le trajet Marseille-Narbonne,
comparable en vitesse au trajet de cinq ou quatre jours de
Narbonne en Afrique, n'a pas dû prendre plus de deux jours,
peut-être un seul. Appulsus signifie qu'on a touché à Mar-
seille, et non pas qu'on y a perdu sept ou huit jours. Donc, de
Narbonne à Primuliacum, Postumien a voyagé sept ou huit
jours par terre.
Voilà résumée toute la démontration de M. Mouret. Je
laisse de côté les erreurs de détail et les affirmations dénuées
de toutes pi'euves — dates de la vie de Sulpice, bonheur con-
jugal de Sulpice, destruction de Primuliacum par les bar-
bares, etc., — que j'ai trouvées (lans son livre en grand nombre.
Il n'y a dans ce travail aucune information à retenir ni sur
Sulpice Sévère, ni sur Prionuliacum; les bibliographies de
Sulpice Sévère ne devraient pas en donner mention. Que
M. Mouret se contente du mérite d'avoir découvert et
signale aux anthropologistes son mystérieux cimetière d'Es-
clatian.
II
PREMILLAC.
OÙ se trouvait Primuliacum, le domaine où Sulpice Sévère
se retira aux environs de 400, où il a composé sa CJironique
et placé la scène de ses Dialogues ? Avant qu'un habitant de
Béziers le cherchât à Béziers, des Béarnais en ont désigné
462 E.-CH. BABCT.
l'emplacement en Béarn ', un prêtre du diocèse d'Agen en
Agenais 2, un Périgourdin en Périgord '. C'est un peu l'histoire
d'Alésia.
Les données du petit problème ne sont pas nombreuses ; il
faut les passer en revue.
1° Première indication, le nom même de Prîmuliacum.
11 y a des chances assez fortes pour que ce nom de villa se soit
conservé, comme tant de centaines d'autres, dans un nom de
village. Le mot de Primuliacum, — qui est devenu ailleurs
Prémilhat (Allier), Prémilly (Vienne) et Prêmillieu (Ain), —
n'aura pu donner, dans la région aquitaine, que Prémillac. Or,
les répertoires géographiques que j'ai pu consulter ne m'ont
fait connaître qu'un Prémillac : c'est un hameau de 98 habi-
tants (Joanne, Dictionnaire de la France) appartenant à la
commune de Saint-Sulpice d'Excideuil, canton de Nouailles'
Dordogne. C'est ce Prémillac qui est, pour l'auteur de V His-
toire du Périgord, le Primuliacum àe Sulpice. — On pensera
à tirer argument, en faveur de l'identification de notre Pri-
muliacum avec ce Prémillac, du nom de Saint-Sulpice que
porte un village tout voisin. Mais la rencontre peut être for-
tuite et ne prouve rien. Le saint Sulpice qui a donné son nom
à Saint-Sulpice d'Excideuil pourrait être saint Sulpice de
Bourges (vii« s.), dont le culte a été très répandu dans tout le
centre de la France.
2"^ Le port où les habitants de PriTnuliacum s'embarquaient
l)Our voj^ager en Méditerranée était Narbonue (Sulpice, Liai.
I, II, 3). Mais PriTnuliacum, se trouvait au moins à quelque
distance de Narbonne, car il n'était pas en Narbonnaise. En
1. Curie;Séimbres, Recherches sur les lieux habités par Sulpice-
Sévère.... conjecturés pour Saint-Justin-Pardiac et Saint-Sever-Rustan.
Tarbes, 1875 (cité par Arndt, clans son édition de Grégoire de Tours Mon.
Germ., Scr. Rer. Mer. I, p. 778, n.). — M. Mouret, p. 450, cite un article
de Bascle de Lagrèze, C07igrès scientifique, XXVIII" session tenue à Bor-
deaux, 1861.
2. Abbé Barrère, Histoire du diocèse d'Agen, t. I, p. 14 (cité par
Mouret, ibid.).
o. Léon Dessalle, ///siîotre du Périgord, t. I, 1" édit., Périgneux, 1883,
pp. 89-91 (cité par Muuret, ibid.). L'auteur ne fournit à l'appui de sa thèse
que de très faibles arguments.
PRÈMILLAC. 463
effet, le moine Victor, courrier de Sulpice, étant parti en 401
de Primuliacum pour !a Campanie, rencontra en route le
frère Postumien, qui le renvoya de la Narhonnaise à Sulpice
(Paulin de Noie. Ep. xxviii, 2 : de Narbonensi remissus
ad te ^). On pensera peut-être (?) à traduire dans ce texte
Narbonensi par « le Narbonnais », en sous-entendant pagus
au lieu i\e provincia. Mais Paulin emploie le mot de Narbo-
nensis une autre fois, pour désigner évidemment la province
Narbonnaise -. — Voilà l'hypothèse Béziers écartée.
3'^ Le texte de Sulpice, Dial. I, ii, 3, cité plus haut, nous
apprend que Postumien, en faisant grande diligence, put par-
courir la route de Narbonne ix Primuliacum en huit jours. Ce
qui paraît diminuer la valeur de cette donnée, c'est qu'on ne
voit pas si Postumien faisait la route achevai, comme le suppose
V Histoire du Périgord, ou à pied Par bonheur, un excellent
terme de comparaison est fourni par Paulin, qui nous dit qu'un
esclave de Sulpice, voyageant en 394 dans les mêmes condi-
tions que Postumien en 404. se rendit d'Eluso à Barcelone en
sept jours (Ep. I, 11). Un voyage si rapide, évidemment fait
à cheval ou en voilure'', paraissait d'ailleurs une prouesse, ce
qu'est bien, dans les Dialogues, le voyage de Postumien. En
se reportant à une carte routière ancienne, comme à celle de
M. Longnon (Atlas historique de la France, pi. II), on verra
que la route de Narbonne à Prémillac, qui est situé à 30 kilo-
mètres environ au N.-E. de l'érigueux, était à peine plus
longue que la route d'Eluso à Barcelone, surtout en coupant
1. Pour les dates des lettres de Sulpice à Paulin, voir Ann. du Midi,
1908, p. 25.
2. Ep. I, 11 : c( In Pyrenaeo... qui Narbonensi ad Hispanias agger,
nomen magis quam jugum, liorrendus interjacet. «
3. Il serait naïf d'alléguer que, Sulpice s'étant fait pauvre, Postumien,
qui voyageait aux frais de Sulpice, devait voyager à pied. La pauvreté de
Sulpice avait quelque chose de conventionnel, ou du moins de relatif.
Il n'avait plus qu'un praediolum ; mais ce mot est dit par Paulin, et
désigne ce que nous appellerions une grosso fortune foncière. Sulpice
entretient dans son domaine au moins une douzaine de moines et peut-
être plus; il a une belle bibliothèque; il fait de grands bâtiments; il envoie
chaque année un ou deu.x. hommes à Noie pour le service de sa corres-
pondance avec Paulin.
464 E.-CH. BABUT.
le ioug détour dont il va être question. Il n'est pas très extra-
ordinaire que Postumien ait parcouru en huit jours les quel-
ques 500 kilomètres qui séparaient Narbonne de Préinillac. Il
y avait sur ces routes aquitaines des relais bien organisés.
L'auteur de Y Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem comp-
tait onze jours pour le trajet normal de Bordeaux à Arles
(375 milles ou 555 kilomètres). Un voyageur très pressé n'avait
qu'à briller quelques étapes pour faire en moyenne 65 kilo-
mètres par jour au lieu de 50.
4" La route suivie par les courriers qui se rendaient de
Primuliacum à Noie passait par Cahors. Paulin écrit, en effet,
à Aléthius de Cahors (Ep. xxxiif, 1) : « J'ai reçu votre lettre
per fratrem... Victor em meum, hoc munere militantem
Deo, ut fraternae serviat caritati, hisque noMs per longin-
qua terrar^um intervalla discretis impigrum, annuis dis-
cursibus tabellarium praebeat. » Les services de Victor,
comme courrier de Sulpice, ont commencé (Ep. xxiii) en 400 ou
en 393, après que Sulpice se fût établi à Primuliacum. C'est
donc en faisant le trajet de Primuliacum, à Narbonne, pour
se rendre à Noie, que Victor, chaque année, passait par Cahors.
Cahors se trouvait bien sur la route la plus directe de Nar-
bonne à Périgueux. Notons qu'en suivant cette roule (voir la
même planche de V Atlas historique), quand on était arrivé à
Diolindum, (Belvès), on pouvait certainement, pour gagner
Périgueux, pousser tout droit au nord et descendre presque
aussitôt dans la vallée de la Dordogne, au lieu de faire le long
crochet au Sud-Ouest qu'indique le tracé de la voie romaine,
et dont Eœcisum, (Eysses) marque le sommet Cette étape de
Cahors paraît bien propre à nous conduire décidément au
Prémilfac périgourdin. En tout cas, elle exclut Agen et toute
la région gasconne.
5° Sulpice ne nomme la cité de Périgueux, à laquelle il
aurait ainsi appartenu par sa résidence, — non point par sa
naissance : il devait sa fortune à son mariage ^ et Prim,ulia-
1. Paulin, Ep. v, 5, et Sulpice, Ep. m, 2. Ccpeuduut. le père de Sulpice
avait VLXi. ;patrimoniutn (Paulin, Ep. v, 6).
PRÉMILLAC. 465
cum pouvait être un domaine de sa femme, — qu'une seule
fois, dans sa Chronique (ii, 45, 7), à la fin de son récit de la
querelle arienne. Quand l'empereur Constance fut mort, dit-
il, et que l'église gauloise fut revenue à l'orthodoxie, on déposa
le chef du parti arien. Saturnin d'Arles. « Paternus de Péri-
gueux, non moins obstiné et qui ne craignait pas de proclamer
encore son hérésie, fut également chassé du sacerdoce. On fit
grâce aux autres. » On pourrait bien supposer ici qu'il y eut
en réalité d'autres destitutions, et que Sulpice n'a connu en
fait de victimes de la réaction orthodoxe, avec Saturnin
d'Arles dont la condamnation était mentionnée parHilaire de
Poitiers*, que l'ancien évoque de la citéoù il écrivait. Mais ce
ne serait là qu'une hypothèse, vraisemblable seulement si nous
étions sûrs que Sulpice habilàt la cité do Périgueux, et il peut
fort bien être vrai que Paternus seul fut condamné avec
Saturuin.
Il y a pourtant un autre texte q\n nous ramène à Péri-
gueux. C'est un court fragment de lettre de Paulin, conservé
par Grégoire de Tours :
Si enim liodie videas dignos domino sacerdotes, vel
Eœsuperium Tolosae, vel Sim2)lîcium Viennae, vel A7nan-
dum Burdigalae, vel Diogenianum Aibigae, vel Dynamium
Ecolismae, vel Veneranduni Ar^vernis, vel Alethium
Cadurcis, vel nunc Pegasium Petrocorns, ulcumque se
habenl saeculi mala, videMs profecto dignissimos tolius
/îdeit^eligionis que custodes'^.
Le seul Paulin qui ait laissé publier ou publié lui-même des
lettres au v** siècle est Paulin de Noie, que Grégoire connaît
bien; et les noms des évêques nommés (Amandus, évêque
avant 404; Exsupérius, évêqùe avant 405; Aléthius, encore
1. Fragm. xi, 4 (Migne, X, 713), lettres du Concile de Paris. Sulpice, ici
comme dans tout son ré.cit de la querelle arienne, suit VOpus historicum
d'Hilaire; mais la mentionde Paternus, l'arien obstiné, semble due à une
information orale.
2. Grégoire de Tours, Jfist, Fr. II, 13 ; — Paulin, éd. Vonllartel, Corp.
Scr. Eccl. Lat.t, XXIX, Vienne 1891, Ep. XI. VIII. J'ai corrigé deux fautes
évidentes, Ecolisnœ et pro/ec^jf..— Sur la date de l'épiscopat des person-
nages nommés, v. Duchesne, Fastes épiscopaux, t. I et II.
466 E.-CH. BABUT.
prêtre en 404; Simplicins, évêque avant 417) prouvent bien
que le fragment n'a pu être écrit par l'autre Paulin connu de
GrégoireS celui de Périgueux, dont le poème est à peu près
de 465. M. de Hartel a eu raison d'insérer le fragment dans son
édition de Paulin, et la date du fragment ne peut être très
éloignée de 410.
La lettre dont le fragment faisait partie était évidemment
adressée à un Aquitain; et l'on voit que cet Aquitain, dans une
lettre à Paulin, avait jugé, sévèrement les évêques de la Gaule
ou de la région. C'était donc un ami très particulierde Paulin,
qui pouvait lui parler en pleine confidence. Or nous ne lui
connaissons d'autre ami de ce genre que Sulpice, qui était
l'ami auquel il écrivait le plus souvent. Qu'on prenne un à
un les autres correspondants aquitains de Paulin : Amandus
de Bordeaux et Aléthius de Cahors sont évidemment hors
de cause, comme aussi -Delphinus et Florentins, évêques dé-
funts dont ils occupaient les deux sièges. Restent des person-
nages que Paulin connaissait médiocrement, Jovius(Ep. xvi),
Désidérius (Ep. xi.iii). les frères Sauctus et Amandus (Ep. xl
et xLi), et deux moines qu'il n'avait jamais vus, Crispinien
(Ep. XXV et XXV Ms) et Sébastien (Ep. xxvi). On ne pourrait
songer qu'à Aper (Ep. xxxviii et xxxix), qui était pour Paulin
sinon un familier, du moins un véritable ami. Mais il n'y a pas
de raison de faire d'Aper un Gaulois ; c'est bien plutôt un Espa-
gnol de la région où Paulin avait passé quatre années dans le
mystère (390-395). Etait-il d'ailleurs resté en coi'respondance
avec Paulin? Les deux lettres à lui adressées que nous possé-
dons sont des toutes premières années du séjour de Paulin à
Noie 2.
Sulpicfi seul semble avoir pu être le destinataire du fragment.
Ce qui le désigne encore, c'est qu'il avait une grande habitude
de médire du clergé de Gaule, et particulièrement des évêques.
Je lenvoie aux textes Vita Martini, 9, 3; 20. 7; 27, 2. Ep. ii,
12-13. Dial. I, 2-3-6; i, 21; i, 24. 3; i, 26. 3; m, 11, 2; m, 11, 10;
1. Grégoire confond d'ailleurs iesdcu.x Paulin {De Virt. s. Martini, 1, 2).
'j. llinnelt {Studien liber die Brie/'e des hl. Pauliniis von Nota, Bres-
lau 1904, p. 59) les place en 395 et 396.
PREMILLAC. 467
III, 12, 2; m, 15 16. Chron. ii, 17, 5; ii, 51. 10., Cf. i, 54, 4;
I, 23, 7. Et encore y a-t-il dans ses écrits bon nombre d'autres
mots sévères à l'adresse des prêtres et moindres clercs.
Ainsi le fragment, qui est certainement de Paulin, fit très
probablement partie d'une lettre àSulpice. Mais si l'on accepte
cette première conclusion, il faudra admettre aussi comme
probable, et a un degré presque égal (indépendamment des
autres indices), que Sulpice habitait le Périgord. Paulin place
ici l'évêque de Périgucux à la dernière place sur sa liste des
bons évêques, comme étant l'évoque dont le uom convaincra le
mieux son ami de l'injustice de ses préventions II fait de plus
iigurer sur sa liste les évêques de toutes les cités limitrophes
de Périgueux, sauf Limoges. Les diocèses de quatre des cinq
derniers évêques nommés, Bordeaux, Angoulême, l'Auvergne,
Cahors, encadraient le diocèse de Périgueux, et le cinquième,
Albi, n'en était pas loin. Le fragment semble vouloir dire :
Comment vous plaignez-vous? Votre église n'est entourée que
de bons évêques, et elle-même a un bon évêque.
Quant au ■y^rnwnc, il signifie que le précédent évêque de
Périgueux était moins digne de l'estime de Sulpice. Il y a
justement dans les Dialogues, ècv\\.?> en 404, une allusion très
défavorable à l'évêque de la cité où se trouvait Primulia-
cum '.
Il faut signaler encore un rapprochement qui s'impose.
Sulpice nous paraît bien avoir habité le territoire de Péri-
gueux, et ce fut un habitant ou du moins un originaire de cette
même cité, Paulin de Périgueux, qui traduisit en vers la Vita
Martini et les Dialogues. Qu'on ne se hâte pas de voir dans
cette coïncidence une confirmation de l'hypothèse P?Hmulia-
CMm-Prémillac; elle m'en ferait plutôt douter. Le poème de
Paulin- ne lui fut pas inspiré par sa piété envers saint Martin
ni envers Sulpice. C'était un versificateur, peut-être gagé, qui
exécutait une commande de l'évêque de Tours Perpétuus, l'or-
1. Dtal. 111, lu, 1, iiostcr i^ilc de preixiun), ijui l'uiii siL s;qùens, iiieiiior
(ins. de Dublin) praesentium, inuiieiuor futuroriiia, ... saevit in clericos,
grassatur in laïcos...
y. Ed. Petschenig, t. XVI du Corp. Scr. Eccl. Lat.
468 E.-CH. BABDT.
ganisaleur du culte de saint Martin. Pourquoi ne dit-il pas,
dans la lettre- préface qu'il adressa à Perpétuus, que le lien de
la petite patiie l'attachait à son modèle Sulpice? Pourquoi le
portrait qu'il trace quelque part de Sulpice {lib. V, 195-211)
est-il fait de généralités qui ne supposent aucune information
précise? Le témoignage de ce second Paulin serait donc plutôt
négatif. — Mais ce n'estguère un témoignage. Nous ne sommes
pas sûrs que Paulin de Périgueux habitât Périgueux; il était
d'ailleurs postérieur à Sulpice de deux générations; et il a pu
s'abstenir Volontairement, dans son humble travail de traduc-
tion, de toute réflexion personnelle.
Au total, il est probable que \q Primuliacum àe Sulpice est
Prémillac en Périgord, et toutes les autres hypothèses émises
sur la question sont à rejeter. S'il est vrai, comme le dit
Y Histoire du Périgord, que le sol de Prémillac soit «jonché
de restes gallo-romains », on pourrait, à l'occasion, y ouvrir
quelques tranchées, et y chercher les bâtiments signalés par
Paulin : Itaplisterium basilicis duabus interposilum *.
E.-Ch. Babut,
1. Paulin, Ep. xxxii, 1.
LA POPULATION BU BAS-LANGUEDOC
A LA FIN DU XIII« SIECLE
ET AU COMMENCEMENT DU XlVe
L'opinion de Bureau de la Malle, d'après laquelle la France
aurait été plus peuplée au xiv" siècle qu'au xixe ♦, a été depuis
longtemps réfutée. On admet toutefois qu'à cette époque le
chiffre de la population de notre pays était déjà très élevé.
M. E. Levasseur, étudiant à nouveau le texte déjà interprété
par Bureau de la Malle : « L'état des paroisses et feux des
bailliages et sénéchaussées de France », dressé en 1328 en vue
de la levée d'un subside pour l'pst de Flandre, croit pouvoir
affirmer 2 qu'à la veille de la guerre de Cent ans la France
avait de 20 à 22 raillions d'habitants, avec une densité moyenne
de 40 habitants au kilomètre carré, c'est-à-dire à peu près la
même population totale et la même population spécifique
qu'au xviii» siècle.
Indépendamment de cette tentative de généralisation, quel-
ques études de détail ont été tentées pour des circonscrip-
tions restreintes et pour différents moments du xiv^ siècle.
Je citerai celles qui se rapportent au Languedoc ou aux pays
voisins :
1. Mém. de l'Acad. des Inscr., t. XIV, 2« partie.
2. La population française. Paris, 1889, Ïn-S", tome I", pp. lo5-17.i.
470 I--J- THOMAS.
Auguste Molinier a publié dans la Bibliothèque de VEcole
des Charles'^ le rôle des feux de la séuéchaussée de Rouergue
pour 1341 ; 11 y compte 578 paroisses, 50.125 feux et. croit-il,
308.000 habitants.
M. Charles Portai-, d'après la réparation des feux faite à
Cordes (Tarn) en 1366, compte, dans l'étendue de ce consulat,
929 ménages ou 4.645 habitants.
M. C. Bloch, d'après le « nombre des feux du diocèse de
Saint-Papoul », dressé pour la levée d'un subside en 1394,
trouve dans ce diocèse 730 feux ou 3.650 habitants ^ Mais il
observe que ce n'est point là le chiffre de la population de
tout le diocèse, « seulement des habitants et des familles im-
posables : les indigents, les nobles et les prêtres n'y sont pas
compris ».
Cette remarque est précieuse. Les documents dont il est
fait état dans les publications que je viens de rappeler sont
des listes de feux dressées par les fonctionnaires royaux en
vue de l'assiette d'un impôt. Les documents de cette sorte
sont assez nombreux pour le xiv« siècle. Mais leur interpré-
tation est très délicate, quand on veut les utiliser autrement
que comme documents financiers. Avant d'y prendre des indi-
cations démographiques, il est indispensable de rechercher ce
que leurs rédacteurs entendent exactement par le mot feu,
et si le nombre de feux qu'ils attribuent à une circonscription
peut être accepté comme suffisamment vraisemblable.
Le mot feu a désigné Lout d'abord une maison et le ménage
qui l'habite. Il semble donc facile, en comptant cinq personnes
en moyenne pour chaque ménage *, de connaître le nombre
1. Tome'XLIV, année 1883 : A. Molinier, La sénéchaussée de Rouer-
gue en 1341.
2. Essai démographique sur Cordes [Tarn), Bihl. de l'Ecole des
Chartes, tome LV, 1894.
3. C. Blocii, Bulletin de la Société languedocienne de géographie^
tome XVIII , 1895, p. 468.
4. A. Molinier (oiiv. cité pp. 4r)<J-460) compte chaque feu pour 5 4-. —
Ch. Portai compte cinq personnes par feu. — Ce chiffre de cinq per-
sonnes est communément employé dans les évaluations que l'on fait au
xviii» siècle. (Bibliothèque municipale de Nimes, ms. G6, f» 92 et suiv. :
Réponse aux questions d'agriculture [1707]. C'est une description du
LA POPULATION DU BAS-LANGUEDOC. 471
approximatif des habitants d'une circonscription pour laquelle
on possède la liste ou l'état des feux à une date donnée.
Mais le mot feu a pris, en même temps, le sens à'uniié
imposable. La taille due au seigneur, l'aide ou le subside
accordés au roi prennent le plus souvent, en Languedoc, la
forme d'un fouage, impôt direct évalué à tant par feu, c'est-
à-dire par ménage soumis aux redevances en argent ou capa-
ble de les payer '.
Dès lors, les listes de feux établies par les officiers royaux
en vue de la répartition ou du paiement d'un subside ne sau-
raient nous renseigner sur le nombre des habitants; car tous
les feux-ménages n'y sont pas comptés, mais seulement les
feux « estimés », ceux qui doivent ou peuvent payer le sub-
side. Les clercs ni les nobles ne sont compris dans ces éva-
luations, ni les « pauvres » ou « débiles », c'est-à-dire en
Languedoc et au xiv^ siècle ceux dont la fortune n'atteint
pas en capital la valeur de 10 livres-.
Si certaines listes font la distinction entre les feux ( esti-
més ; et ceux qui ne le sont point '^ la plupart l'omettent ou
la négligent.
En outre, ces listes, une fois établies par les agents du roi,
demeurent fixes, servent, avec les mêmes chiffres, pour les
fouages successifs, et n'ont bientôt plus aucun rapport ni avec
le nombre, ni avec la faculté de contribution des feux-ména-
ges. Aussi fallut-il, dès le règne de Jean le Bon, procéder à
des « réparations de feux », à des revisions du nombre des
unités imposables. Mais il est évident que le nombre ainsi
« réparé » est plus encore que le précédent éloigné du nombre
des feux-ménages.
diocèse de Niraes ; les bourgs et villages sont énuinérés avec « le nombre
des habitants par familles »; au total 20.-175 « qui a cinq personnes par
famille font le nombre de 10"2.375 pour tout le diocèse ».)
1. P. Dognon, Les Institut io7is politiques. et administratives du pays
de Languedoc... (Toulouse, Privât, 1895), appendice III (p. 619 et suiv.),
« Variations du sens du mot feu du \uv siècle au xv« ».
2. P. Dognon, ouv. cité, pp. 620-621.
3. C'est le cas pour la liste des feux de Cordes en 1366 utilisée par
Ch. Portai.
472 L.-J. THOMAS.
On ne peut donc, pour une étude démographique, employer
ces documents d'origine administrative qu'avec la plus grande
prudence. Car même pour ceux qui sont antérieurs aux
premières réparations, c'est-à-dire à la deuxième moitié du
xiv« siècle, et dans lesquels l'unité imposable paraît corres-
dre assez bien à un groupe d'habitants, les chances d'erreur
sont encore nombreuses, soit que l'officier royal, intéressé
à faire payer davantage, grossisse arbitrairement sur sa liste
le chiffre des feux, soit plutôt que les consuls, syndics et
prudhommes, dont la déclaration doit être acceptée sur parole
par les agents du roi^, ne déclarent pas le chiffre réel des feux
imposables, afin de diminuer la part contributive de leur
communauté.
II
Ces causes d'erreur n'existent pas, au moins au même
degré, dans les documents utilisés ici. Les résultats qu'ils
peuvent fournir sont plus précis, mais, par contre, plus res-
treints, plus fragmentaires; et ils se prêtent moins à des
essais de généralisation. Cela tient à leur nature et aux con-
ditions dans lesquelles ils ont été rédigés. Ces documents
sont des enquêtes et des procédures d'estimation faites à
propos de Vassise ou assignation, sur des terres ou sur des
vassaux du roi, de rentes cédées ou consenties par le souve-
rain.
1. Eu 1293, Philippe le Bel ayant acquis de l'évêque de
Maguelonne Montpelliéret et la suzeraineté de Montpellier
contre une rente de 500 livres qu'il promet d' « asseoir » sur
des terres de son domaine, une enquête fui faite par des
commissaires royaux, parmi lesquels Guillaume de Nogaret,
dont c'est là, semble-t-il, le début dans le service du roi.
1. Cela est dit rormellement A propos de l'aide accordée à Philippe le
Bel en 1804 pour la guerre de Flandre par les communautés des séné-
chaussées de Carcassonne (Hist. de Languedoc, éd. Privât, t. X, Preuves,
n» 131, c. 435) et de Nimcs (Ménard, Hist. de NLsmes, t. I, Preuves, n" 125,
p. 148).
LA POPULATION DU BAS-LANGUEDOC. 473
C'est la baillie royale de Sauve * qui paraît, au sénéchal de
Beaucaire la plus propre à faire les frais de l'échange. Aussi
les commissaires parcoureut-ils les communautés de la baillie,
interrogeant des prudhommes sur le prix des choses, le mon-
tant des tailles, le produit des ceûs en argent et en nature,
la valeur de la juridiction. Or, cette valeur de la juridiction
est comptée à tant de sous par feu et par an, ce qui entraîne
l'obligation de fixer contradictoirement, pour chaque commu-
nauté, le nombre des feux, et conséquemment le nombre des
justiciables, c'est-à-dire des habitants.
Cette enquête, avec la plupart des actes concernant l'acqui-
sition de Montpelliéret par le roi, est transcrite sur un rou-
leau de parchemin, Arch. Nat., J. 339, n" 13, encore inédit,
mais utilisé pour la partie politique par Lecoy de la Marche
dans son Histoire des relations de la France avec le royaume
de Majorque.
2. En 1225, Rousselin, seigneur de Lunel, étant mort sans
postérité, deux prétendants se disputaient son héritage : Gui-
raud d'Ami, seigneur de Gastelnau, et Raimond Gaucelm, sei-
gneur d'Uzès en partie. Philippe le Bel sut leur persuader de
lui céder Lunel, moyennant l'assignation, sur des terres voisi-
nes, de rentes égales à celles qu'aurait value à chacun d'eux
leur part de la seigneurie de Lunel. Une enquête, en tout
semblable à celle qu'on avait menée deux ans auparavant pour
l'échange de Montpelliéret, fut entreprise par les mêmes com-
missaires. L'estimatiou de la seigneurie de Lunel, acquise par
le roi, et de la seigneurie de Rochefort^ qui fut donnée pour
sa part à Guiraud d'Ami est aux Arch. Nat., J. 302, Lunel,
no 2. Elle provient des papiers trouvés après sa mort chez
Guillaume de Nogaret, qui fut l'un des enquêteurs 3.
1. Chef-lieu de canton du Gard, arrondissement duVigan, sur le cours
supérieur du Vidourle.
2. Départ, du Gard, arrondissement d'Uzès.
8. Cf. Bibl. Nat., ms. Dupuy, 635, f» 101-103; Louis Thomas, La Vie
privée de Guillaume de Nogaret, Annales du Midi, 1901, et Ch. V. Lan-
glois, Les papiers de Guillaume de Nogaret et de Guillaume de Plasians
au Trésor des Chartes, Notices et extraits (\es ms., t. XXXIX, et à part,
Leroux, 1908, in-4°, p. 19.
ANNALES DU MIDL — XX 31
474 L.-J. THOMAS.
L'estimation de la seigneurie de Vézenobres, près d'Alais,
qui fat la part de Raimond Gancelm d'Uzès, se retrouve dans
un document de 1321, publié par Ménard'.
3. En 1304, Philippe le Bel accorde à Guillaume de Noga-
ret, retour -l'Anagni, 800 livres tournois de rente qui seront
« assises » dans la sénéchaussée de Beaucaire ; 300 livres sur
Marsillargues et son territoire dans la seigneurie de Lunel-;
500 livres sur Calvisson et sa viguerie, dans la Vaunage^
Cette assise est faite, en novembre 1304, par une enquête
tout à fait semblable aux précédentes. Celle qui concerne Mar-
sillargues est inédite'; celle qui concerne Calvisson a été pu-
bliée par Ménard*.
Mais comme les commissaires n'avaient pu asseoir sur ces
territoires qu'environ les deux tiers des 800 livres accordées à
Guillaume de Nogaret, une nouvelle assignation fut faite
en 1303 sur des terres eutre Nimes et Beaucaire. L'enquête qui
fut faite alors, sur Mariduel, Redessan et leurs environs, a été
publiée par Ménard^.
5. En 1318, Philippe le Long ordonne à tous ceux qui ont
reçu des libéralités de ses prédécesseurs sur le domaine royal
de montrer leurs titres et de les faire vérifier^.
« Les hoirs de Guillaume de Nogaret » sont nommément
désignés. Charles IV étendit l'application de cette ordonnance
à tous ceux qui avaient reçu des terres domaniales, par libé-
ralité ou autrement. C'est ainsi qu'une nouvelle enquête fut
faite en 1321 sur les terres concédées à Raymond Gaucelm en
échange de Lunel % et en 1322 sur les terres cédées à Guillaume
de Nogaret ^
L Hist. de Nismes, tome VII, pp. 722 et suiv.
2. Au diocèse de Nimes, aujourd'laui département de l'Hérault, canton
de Lunel.
8. Ménard, Hist. de Nismes, I, Preuves, pp. lôO et 160-161, d'après les
archives du château de Marsillargues. — Calvisson, département du Gard,
arrondissement de Nimes.
4. Arch. du château de Marsillargues, t. XXXVI 1, n" 8.
5. T. II, Preuves, pp. 48 et suiv.
6. Tomel, Preuves, pp. 162-165, d'après les archives du château de Mar-
sillargues. — Un texte meilleur est aux Arch. Nat. JJ., 45, f» 8-10.
7. Ordonnances, I, 665.
8. Publiée par Ménard, tome VII, pp. 722 et suiv.
y. Publiée par Ménard, tome II, Preuves, pp. 81 et suiv.
LA POPULATION DU BAS-LANGUEDOC. 475
Tous ces documents d'assise, d'estimation ou d'enquête non
seulement donnent, pour chaque communauté décrite, le nom-
bre des feux, mais ils distinguent entre les feux « taillables »
et les feux « débiles »; les feux « nobles » y sont cités; on y
compte, comme à Lunel, les feux «juifs », et même, comme à
Marsillargues en 1322, ceux qui vivent d'aumônes. Le mot feu
s'applique évidemment ici à un groupe d'habitants, à un mé-
nage». D'autre part, il y a bien des chances pour que la décla-
1. Les preuves abondent, au cours de toutes les enquêtes citées. Voici
quelques exemples :
Sauve, 1293, Arch. Nat. J. 339, n» 13, pièce -4 : « ... Exposito etiam ipsis
testibus quod in baiulia predicta sunt duo milia et ducenta hospicia
habitatorum vel circa, prêter nobiles, clericos et iudeos. »
Lunel, 1295, Arch. Nat. J. 302. Lunel, n» 2, f° 4 v» : « ... In guacha portails
martini fuerunt inventi de tallia communi cxij foci et sine tallia propter
eorum paupertatem xxxiiij foci. Item in guacha portails novi... » etc. —
« Summa qui sunt de tallia, viij'^ iiijxx xi foci. Summa qui non sunt de
tallia, ixxx xvij foci. Summa totalis focorum, m. iiijxi vij foci. » — F" 5 :
« Item venerunt coram predictis dominis predicti duo nobiles de Lunello
iurati scilicet Petrus de Sancto Nazario et G. Cadelli, qui coram dictis
dominis suo iuramento dixerunt et asseruerunt quod in villa de Lunello
xxxj foci nobilium qui ibi continuo morantur. Item sunt ibi alii novem
nobiles qui habent hospitia in villa Lunelli et aliquando morantur apud
Lunellum in suis hospitiis, aliquando alibi extra baroniam Lunelli. »
— F" 7 : « Item invenerunt praedicti domini per iudeos iuratos ville Lu-
nelli quod in villa de Lunello sunt. v. foci iudeorum habitantium in dicta
villa qui habent ibi domos proprias. Item sunt in dicta villa xxiij foci
iudeorum inter divites et pauperes qui nullas habent proprietates in dicta
villa. Item sunt ibi .xx. domus aliorum iudeorum qui non sunt habitantes
in dicta villa set solebant ibi morari. Summa dictorum iudeorum inter
focos et domos xl. viij. »
Eochefort, 1295, Arch. Nat. J. 302. Lunel, n» 2, f° 27 : « ... Summa focorum
vicarie de Ruppe forti de tailliabilibus v xxvj foci. Item de pauperibus
qui non sunt de tallia, xxiiij. Item de nobilibus, ij. Summa omnium fo-
corum v^. lij foci. »
Vergèze, 1304. Ménard, II, Preuves, p, 50, col. 2 : « Item sunt in dicta
villa triginta quinque ignés, inter quos duo sunt nobiles, quorum iuri-
dictio extimatur, conputando très solidos pro igné, centum et quinque
solidos. »
Polverières, 1306, Ménard, I, Preuves, p. 163, col. 1 et 2 : « Item merum
imperium et omnimodam juridictionem... ville de Polvereriis, ... in qua
sunt quatuor foci in quibus homines morantur, et octo in quibus nullus
moratur... »
CoUorgues, 1321. Ménard, VII, p. 728, col. 1 : « Et hodie sunt in dicto
loco ut dixerunt seiaginta quatuor [foci] inter quos sunt quatuor nobiles ;
et ex hoc sunt hodie plures propter divisiones ibi factas inter fratres et alios
ibidem habentes bona communia a tempore dictorum excambiorum citra. »
Calvisson, 1322. Ménard, II. Prouves, p. 32, col. 2 : « Predicti juratidixe-
476 L.-J. THOMAS.
ration soit véridique : tous les justiciables, riches ou pauvres,
sont comptés, et les prud'hommes jurés de chaque commu-
nauté ne songent point à cacher le nombre des feux, puisqu'il
ne s'agit pas d'une taxation générale et immédiate, mais d'une
taxation éventuelle, subordonnée à l'exercice de la juridic-
tion et à laquelle chaque déclarant est enclin à espérer que
le voisin seul sera soumis.
On peut donc se servir avec confiance des chiffres fournis
par ces dénombrements et obtenir ainsi des évaluations d'une
précision suffisante.
III
Les territoires décrits dans nos documents s'étendent, du
sud-ouest au nord-est, sur 70 kilomètres environ, et du sud-
est au nord-ouest, sur 45 kilomètres, par moitié sur la plaine
littorale et par moitié sur les collines calcaires des Garrigues.
Ils sont traversés du nord-ouest au nord-est par le Vidourle
et le Gardon. Nimes et Uzès s'y trouvent, mais ne sont pas
dénombrées. Le dénombrement, qui est loin de s'étendre à tous
les lieux habités de ce territoire, ne porte que sur des popula-
tions rurales, sauf toutefois la ville de Lunel.
Il est remarquable que chaque seigneurie ou portion de sei-
gneurie sur laquelle a porté une estimation spéciale corres-
ponde assez bien à une région naturelle distincte. La baronnie
runt... in loco Calvissonis... esse quadringenta foci minus tribus... et sunt
ibi in dicto loco Calvissonis sex hospitia nobilium, et in ipsis coinpu-
tantur tam boni quam débiles. »
Codognan, 1322, Ménard, II, Preuves, p. 34, col. 1 : « ... Dixerunt in
dicto loco esse, inter bonos et débiles, xxiiij ignés, inter quos est unus
nobilis... Item percipit in dicto loco dominus Calvissonis pro annuo censu
dum petit a quolibet habente animal deferens bastum duas sarcinatas de
gluen et unam de fresqueria; et sunt ibi ut dixerunt xix animalia defe-
rentia bastum, bajulus tamen excipitur et dictus nobilis, et alii très non
habent animalia. »
Marsillargues, 1322, Ménard, II, Preuves, p. 38, col. 1 : « ... Dixerunt
in dicto loco... esse quingenti foci, inter bonos et débiles, inter quos dixe-
runt esse duo liospicia sive foci nobilium, et sunt in numéro predicto-
runi viginti débiles nichil liabontes vel possidentes, nec in tallia dicti loci
aliquid contribuentes, ymo dixerunt ita esse pauperes quod helemosinas
querunt. »
LA POPULATION DU BAS-LANGUEDOC. 477
de Sauve est tout entière sur le causse, dont l'angle nord-est
seul est entaillé par la vallée plus riche du Vidourle. Vézeno-
bres et sa seigneurie s'allongent sur les collines qui dominent
la rive gauche du Gardon d'Alais. Ce qui fut donné à Géraud
d'Ami autour de Rochefort, c'est l'extrémité sud de l'éperon
calcaire qui sépare la plaine d'Uzès de la vallée du Rhône vers
le confluent du Gardon. La seigneurie de Lunel fait partie de
la plaine littorale. Et quant au domaine des Nogaret, il se
trouve que les pièces et morceaux dont il fut fait — un peu au
hasard — au gré des enquêteurs de 1304 et 1306 sont des in-
dividualités géographiques dont les seigneurs firent tout natu-
rellement des circonscriptions administratives ou vigueries :
la viguerie de Marsillargues continue jusqu'au Vidourle la
plaine de Lunel; la viguerie de Calvisson, c'est la cuvette de
la Vaunage, partie de la plaine littorale enchâssée dans la gar-
rigue nimoise par un cercle de hauteurs au pied desquelles, sur
le versant sud, la vallée moyenne du Vistre forme la viguerie
de Bernis ; et la viguerie deManduel occupe la portion nord du
plateau de Saint-Gilles. Ces particularités géographiques ren-
dent d'autant plus expressifs les chiffres par lesquels on peut
essayer de représenter la population spécifique de ces terri-
toires vers le début du xive siècle'.
1. La population au commencement du xiv^ siècle. —
Le territoire offert en 1293 à l'évèque de Maguelone, la baillie
royale de Sauve, avait, pour une superficie approximative de
417 kilomètres carrés, 10.535 habitants, soit 26,3 au kilomètre
carré.
La seigneurie de Vézenobres, donnée en 1295 à Raimond
Gaucelin d'Uzès, comptait, pour 156 kil. carrés, 5.300 hab.,
soit 33,9 au kil. carre.
1. Comme il ne peut être question, en ces matières, que de chiffres ap-
proximatifs, je me suis borné à prendre pour base des calculs la densité
communale, en supposant constante la superficie des anciennes commu-
nautés et des communes actuelles. J'ai compté, selon l'usage le pins cou-
rant, b habitants par feu. Sur la répartition actuelle des populations dans
le Bas-Languedoc, et la méthode qu'il convient d'appliquer à son étude,
on consultera avec fruit le remarquable travail de M. Max..Sorre paru au
Bulletin de la Société lanyuedocienne de yéorjraphie, tome XXIX (1!M>).
478 L.-J. THOMAS.
La seigneurie de Rochefort, donnée en 1295 à Giraud d'Ami,
avait 109 kil. carrés et 2.715 hab., soit 25 au kil. carré.
La seigneurie de Lunel, acquise en 1295 par Philippe le Bel,
pour 135 kiloinètres carrés, compte 9.250 habitants, soit 68,6
au kilomètre carré. Mais il convient de retrancher, des 5.515
habitants de Lunel, au moins 4.000 individus constituant
l'agglomération proprement urbaine. La population rurale de
la seigneurie aurait encore une densité de 38,8 au kilomètre
carré.
Enfin, le domaine des Nogaret, pour 400 kilomètres carrés
environ, comptait, vers 1304-1306, 10.475 habitants, soit 26,1
au kilomètre carré. Mais il convient de considérer à part les
vigueries de
Marsillargues : 42''2 5, 2.080 habitants, 48,9 au kil. carré.
Calvisson : 103"^^ 3.755 — 36,4 —
Bernis : 123''25, 2.775 — 22,4 —
Manduel : 91"-. 850 — 9,2 —
Sauzet : 40''2, 1.015 — 25,2 —
Le total de ces évaluations (en ne comptant qu'une fois
Marsillargues, qui est comprise à la fois dans la seigneurie
de Lunel et dans le domaine des Nogaret) donne, pour
1.200 kilomètres carrés environ, près de 37.000 habitants,
ou 33 000 en ôtant les 4,000 attribués à l'agglomération cer-
taine de Lunel : soit, pour une population exclusivement
rurale, une densité moyenne de 27,5. Or, ce même territoire,
plus riche en son ensemble et beaucoup plus peuplé aujour-
d'hui, n'a pourtant, d'après les chiffres de 1906, qu'une den-
sité moyenne de 48,6. On en pourrait tirer, par comparaison,
la densité moyenne générale de la France vers 1295-130G :
calculée proportionnellement à celle d'aujourd'hui, 73, cette
densité serait d'environ -^f au kilomètre carré, chiffre légè-
rement supérieur à celui qu'obtient M. Levasseur^
Mais plutôt que de généraliser, il convient d'entrer dans
1. Voir ci-dessus, p. 469.
LA POPULATION DU BAS LANGUEDOC. 479
le détail de ces chiffres et de les analyser, en tenant compte
des conditions géographiques différentes pour chaque parcelle
du territoire décrit. Et l'on constate alors que les régions les
moins favorables à la culture et aux établissements humains,
causse ou garrigues de Sauve, de Vézenobres et de Rochefort,
avaient déjà au commencement du xiv^ siècle à peu près la
même population qu'aujourd'hui :
12931295 1906 1293 1906
Sauve « 10,535 h. 15,329 h. 25,2 au kmq. 34,3
Vézenobres 5,300 5,862 33,9 37,4
Eochefort 2,715 2,748 25 25
De même, les cantons qui sont aujourd'hui les plus peuplés
étaient déjà occupés au xiv« siècle par une population plus
nombreuse : 42 au kilomètre carré dans la plaine autour de
Lunel, — 36,4 dans la Vannage, — 49 autour de Marsillar-
gues, dans la plaine du Bas-Vidourle, où le dessèchement et la
mise en culture des marais commençait à peine, mais donnait
déjà d'excellents résultats.
2. Mouvement de la population entre 1293 et 1322. —
Ces chiffres sont plus significatifs encore si l'on remarque
qu'ils correspondent à une période d'accroissement de la
population. Les enquêtes ordonnées par Charles IV sont des
documents très précieux, puisqu'elles fournissent le nombre
de feux existant en 1321-1322 dans les communautés dont la
population est déjà connue, un quart de siècle auparavant,
par les assignations de 1295 et de 1304. L'accroissement est
général. Si l'on signale, dans la seigneurie de Vézenobres,
que Foissac a perdu deux feux, et dans la seigneurie de Cal-
visson, qu'un feu a disparu à Boissières, toutes les autres
communautés sont en progrès. Et l'on en dit les causes :
c'est le progrès normal de la population ancienne, les par-
6. L'accroissement de près de moitié pour la baronnie de Sauve provient
surtout de la croissance de deux bourgs sur le Vidourle : Saint-Hippolyte-
du-Fort et Quissac, qui sont passés respectivement de 700 et 375 habi-
tants en 1293, à 4.446 et 1.630 en 1906, ce qui donne juste 5.000 habitants
en plus pour ces deux seules communes ; la situation des villages du
causse est demeurée sensiblement la même.
480 L.-.J. THOMAS.
tages entre frères notamment, qui amène surtout la fonda-
tion de nouveaux fojers ; mais c'est aussi l'arrivée de nou-
veaux habitants qui viennent résider dans la communauté
et qui y bâtissent'.
A Vézenobres, pays plus rude et de ressources plus modes-
tes, le gain est faible, 8 pour cent environ. Mais sur les
domaines plus riches des Nogaret, c'est un gain de près de
23 pour cent — 2 400 habitants environ — que constate l'en-
quête de 1322 :
1295-1306 1321 1295-1306 1321
Vézenobres 5,300 li. 5,705 h. 33,9 au kmq. 36,4
Marsillargues 2,080 2,715 49 58,8
Calvisson 3,755 5,040 36,4 48,9
Bernis 2,775 3,915 22,4 31,6
Manduel 850 975 9,2 14
Et ce progrès doit paraître d'autant plus remarquable qu'il
1. Nombreuses preuves dans les enquêtes de 1321 et 1822. Et par exemple :
Vézenobres, 1321, Ménard, Vil, p. 726, col. 2 : « Dixerunt... quod in
dicto loco erant, tempore escambiorum, tricenti quadraginta foci, et quod
viginti sunt augmentât! propter divisiones a dicto tempore citra ; sunt
modo tricenti sexaginta foci, quinque nobilibus ibidem existontibus... »
Déaux, 1321, Ménai-d, VII, p. 727, col. 1 : « Dixerunt... quod tempore
escambiorum erant viginti quatuor foci, et modo sunt viginti sex, ex eo
quod duo, ut dixerunt, venerunt morari in dicto loco, postquam locus
fuit domini Raimundi Gaucelmi. »
Poulx, 1321, Ménard, VII, p. 728, col. 2 : « Dixerunt... quod tempore
dictorum escambiorum erant in dicto loco viginti novem ignés, et hodie
sunt, ut dixerunt, quadraginta quinque, nullo nobili ibidem existenle,
omnibus ignibus parvis et magnis comi^utatis, et pro hoc sunt hodie
plures quam tempore dictorum escambiorum, propter divisiones ibidem
factas a tempore dictorum escambiorum citra inter fratres et alios haben-
tes bona communia, et etiam quidam qui venerunt ibi de novo moratuyi
et edificaturi, ut dixei'unt. »
Calvisaon, 1322, Ménard, II, Preuves, p. 32, col. 2 : « Et est causa
augmentat-ionis, ut dixerunt, dictorum focorum divisio fratrum et suc-
cessorum, et quia plures veniunt ad dicta loca ad habitandum nichil
habentes vel possidehtes immobilia, qui vocantur bedocci, id est foreu-
ses. »
Vestric, 1322, Ménard, II, Preuves, p. 35, col. 2 : « Dicentes causam
augmentationis dictorum focorum de novo factam, propter divisionem
fratrum et successorum, et aliquorum qui venerunt it)i de novo habitare.
videlicet duo vel très. »
Marsillargues, 1322, Ménard, 11, Preuves, p. 3S, col. 1 : « Dixerunt
insuper quod augmentatio focorum predictorum facta est propter divi-
siones fratrum et successorum, . et 5W«i? çirca octo qui diviserunt. »
LA POPULATION DU BAS-LANGUEDOC. 481
se produit en pays exclusivement agricole. Les enquêteurs
de 1322 ont soin de le remarquer : il n'y a pas de foire, ni de
marché, ni de commerce, mais les habitants vivent de l'agri-
culture ^ Mais le Bas-Languedoc jouit alors d'une paix pro-
fonde, sous la protection efficace de Tadministration royale.
Et dans les deux seigneuries sur lesquelles porte l'enquête
de 1321-1322, il est juste d'ajouter à ces causes générales de
prospérité l'effort personnel des nouveaux propriétaires^ les
Gaucelm d'Uzès et les Nogaret.
IV
On souhaiterait pousser plus avant la comparaison, en
donnant des chiffres pour la population de ces communautés
au XVIII* siècle. Il est malheureusement très difficile de le
faire avec une précision suffisante, faute de documents. On
ne saurait, en effet, se fier aux chiffres donnés par les diction-
naires de Saugrain (1726) ou d'Expilly (1770). Mais même les
évaluations locales sont suspectes Ménard, au tome VII de
son Histoire de Nismes, paru en 1758, donne une «Notice de
la viguerie de Nismes » dans laquelle il rapporte le nombre
des habitants de chaque communauté « suivant les dénombre-
mens les plus récens^. » El l'on serait tenté d'accorder à
Ménard toute confiance, si l'on ne trouvait des chiffres tout à
fait différents, pour une année très voisine, 1767, dans un
mémoire tout aussi savant, les « Réponses aux questions
d'agriculture » rédigées par Séguier, secrétaire perpétuel de
l'Académie de Nimes^.
1. Ménard, II, Preuves, p. 83, Enquête à Calvisson . a Non (amen sunt
ibi nundine, neque forum, neque exercentur ibi mercature, sed regulari-
ter vivunt de proprio labore culture. »
2. Ménard, VII, p. 604.
3. Bibl. mun. de Niraes, ms. 6(5, f>" 92 et suiv. — Voici quelques
exenaples :
Calvisson Ménard = 2,000 Séguier — 2,275
Caveirac — 300 — 66.">
Congenies — 450 — ^4.")
Géuérac — 800 — 1,225
Aiguës- Vives — 950 — 1,400
482 L.-J. THOMAS.
Plusieurs fois, au cours du xviii» siècle, les intendants de
Languedoc, jaloux de la gloire de Basville et voulant publier
un mémoire analogue au sien, firent entreprendre de vastes
enquêtes dans tous les diocèses de la province sur la popu-
lation, l'industrie, le commerce et l'administration. Mais les
réponses fournies par les subdélégués * n'ont pas toujours la
précision désirable. L'intendant, notamment, se plaint que les
curés, auxquels on a eu recours pour savoir, d'après leurs
registres, le nombre des habitants et le mouvement de la popu-
lation, donnent, au lieu de ce qu'on leur demande, le chiffre
des communiants de leur paroisse^. L'enquête de 1788 paraît
la plus sérieusement menée. L'intendant Ballainvillers en a
tiré deux gros volumes de mémoires^. Mais le chiffre de la
population n'est donné que pour l'ensemble d'un diocèse, ou
pour les principales communautés; seul le subdélégué d'Uzès a
répondu sur ce point avec toute la précision que nous pouvons
souhaiter : il énumère pour chaque communauté de sa sub-
délégation le nombre d'hommes, de femmes et d'enfants... Pas
plus que les évaluations des érudits et des savants, celles de
l'administration royale ne sauraient donc nous satisfaire.
De ces renseignements très fragmentaires, suffisamment
précis pour 1295-1322, suspects pour le xviii® siècle, il semble
bien résulter que, dans le premier quart du xiv«» siècle, la por-
tion orientale du Bas-Languedoc était, dans ses parties les plus
pauvres, aussi peuplée qu'aujourd'hui et plus peuplée qu'au
xviii« siècle; — et dans les cantons plus riches, sensiblement
aussi peuplée au xiV siècle qu'au xviii®. On en peut tirer un
. Vergèze Ménard =: 1,000 Séguier = 760
Mus — 160 — 305
Manduel — 600 — 940
Le mouvement de la population entre 1758 et 1767 ne saurait expliquer
d'aussi grandes variations.
1. Arch. dép. de l'Hérault, C. 1114-1117 (1744); — (1. 45 (1745); —
G. 46 (17,50).
2. Arch. dép. di; l'Hérault, C. 4.5, enquête sur le diocèse de Limoux.
3. L'enquête est aux archives départementales de l'Hérault, C. 47; le
mémoire de Ballainvilliers, à la Bibliothèque municipale de Montpellier,
ms. 48.
LA POPULATION DU BAS-LANGUEDOC. 483
argument nouveau en faveur de cette opinion, assez probable,
que la prospérité du royaume fut, au commencement du
xiV siècle, beaucoup plus grande que dans les trois siècles qui
ont suivi. Mais il serait téméraire d'étendre à l'appréciation
du chiffre total de la population française à cette époque des
conclusions qui ne sauraient valoir que pour un territoire très
restreint. Tout au plus pourrait-on souhaiter que la recherche
et l'étude de documents du genre de ceux qui sont utilisés ici
permettent d'obtenir, pour d'autres régions, des conclusions
analogues •. Alors seulement on pourrait essayer de dénombrer
d'une façon moins conjecturale les sujets des derniers Capétiens
directs.
Louis-J. Thomas.
1. Il semble qu'une étude de ce genre pourrait être faite pour le Dau-
pliiné d'après « l'Etat de la terre de la Tour-du-Pin, du Graisiraudan, du
Chanipsaur, du marquisat de Cézanne en 1339. » Ce document, qui est
aux archives du Vatican, est publié et étudié à un autre point de vue par
Cl. Faure : Projet de réunion du Dauphiné à l'Eglise 7'omaine,
1338-1340 (Mélanges... de l'Ecole française de Rome, 1907, pp. 153-225}.
Voir aux pages suivantes.
o
o
<0
Mil I I I I I I I
co co C! 1;
-t< o( o -f
^ -* co i-l r-l
-+< O O CO
03 ce l"
I I
coco r- oooiô-fcoo
o
s
«M
CO
^
cô
O)
M
tH
CI
0)
o
o
n
03
a
rt
I
m
co
m
0)
•Q)
rt
C!
:3
I— «
<u
<u
■0)
(d
P<
B
o
o
G
o
+»
«
i— I
o
PU
I II I I I M M I M II M
MM
o lO lO o ■ 'O iC
lO i^ Cî lO o î>
(N co co OJ 1-1 -^
lOiOOOiOiOiOiOiOiOQOOirîiOiOOiOiOQ
(7J l^ co 05 t^ •* l>- o r^ CD 05 lO co lO 00 OÔ 05 o/ i- iQ
C^^ COl-HrH COrHrH C5(M(N^
I II M M II M M M I
o <^ o lO
lo t1< iH' l^
CD irt' co o "*
lO lO CJ 00 )-0 o lO
M
tu ^ rA
(3 '■" ^
ci ci çS
« ^
ci Qj C
C .2 t»
=! «
■S •- <=! ci
^ C/3 C/3 o '^ O" Q
rg Q eu t/î O" o
&0 (3
-= ci
? I I
5 s ;S «
s o -r o
o ce rû ci
o
? I
C5
-O) ce
ci -O)
ça
3 ._ o .=
Ci Ci t- Ci
v: y: a v3
I ï I £
'■" "S ^ tb o ,;
v
ci '
te "
c ci H
5 c ■-■ £ ë - s c c g ç x s: s
Ci i2 ce o o O)' te "S ^2 •1' ce s ce o
iS >
^' ci
<lî .=
Pi
Q iJ «îj
o o '^ o
.!-H
ce
r*
03
a
tn
'a
(U
o»*
-a
*w*^
a>
OJ
Cl
TS
3
(3
O
5
.1 I I I I I I
0)
O O O ''^ ^
lO o Q o
O ^ 05 ai
lO o iC li^ — —
i> o -^ t^ o co
i i^
I I I M M I I I I I I I
Z
iX!
fl 3
r I
■S ^ O
Mil
I I I I I I
00 K> lO -^ ■<*< ri
Il M I I
O iQ O m O O
i^ o co ce to — I
(^ lo T^ co co co
g I I I I I
■^ :::* i> t~ c» c«
lO o 00 CD !> -D
E-i
rt
o
f^
a
a
rH
o
o
o
a
ce
Bf
-5
w
O)
S
OJ
co
p
t>
_fi
H
p
z
2
fi
9
a '
w
^
1
■ 0)
fi
«
l-H
o
1 1
(—1
1
1
I I
'■3
X
I I I M I
o
I I
ce X! 3 cS
3 -^s 2 -If
21 • cs «
60 ^
:S tS 'ce '<s =^ 'ai
72 ^ "3 i-s
S c .S - S .S -H - -S
cfi c3 r' as
T l>rH „ WH ce CO -^ ce >" "^ 1^ '■J ,- '^ K^
es • à
:;: fi
2 îao fi ^ rt g
•§ S 3 d S 3
« ;> fa c55 ft w
g ^^ I I
® ) ;^ .- =
"'^ f f?^ CÔ 1"
' C5 r-l rt
m co oi T-t oi
ce a; -^ cv
OOiCiCOOOOiOOO
OC0C0i-IO00tH0?CCi-*O
OO'-HSViC^iCOOiCiCO'-ICQlO
o lO lO
C5 CV 1>
oi --1
o
y,
a
N
•W
H
a
I M I I I I I I I I I I .i*
1 I I M I M I I I I I I I
'~ r-i CV ^ ÎV? CV 6j (7^ ^ co
s J2
MM I s,
^ -^ t^ CO (^ CO o J^ Oi 00 CD CO Oi lO
ce
<
o
o
;^
Q
^ -f i.o o c>?
C-( — CO lO o
•rt o -^ l-~ i^
I I
lO iC IC lO o o lO Oi
•— icjocoioocvoj
i> 05 CO Tr< 05 ?*
xSosi-ir^-ooooo
73; as co 00 os -^ .-n
M M M I
o o o '■- 1.T ~ o >o
00 ;5; co £{ -r c: o< x
o «o c^ co o C^i
g M I
CD 00 eo >o 05 o
r2 îo lo to oj T}4
y2
■ m
• 73
■ <v
M
• a>
a
O
7j . • • •
s;
j3
03
lu
&.
l'
a.
^ »i
2
ci
es
•guérit
enobre
o
"c
t
2
Cl
< >
^ I I
<
-O)
'5
t.
es
N
-«
p)
C/2
r^
>
«B
c
13
-D
q
CB
Ixl
O
h-)
1x1
M M M I
M M I
os
I M M M M I I I
o
08 es
O ^
C3 CO Q^ •C'
(»
(U
CI
t^
C
m
■*-*
OS
r*
P
<-.
>?
o -r
3 08
2 es .S p ?>
es Cf = ^ -P .§ ,
I O -g ^ O « ^
■© "o s "a (S .2? o •;= s « s
*i -«i c
c c ^
3 ^
06 -a
M M M
«sj ,^ ûc 'S
d .a.
. . es is ^ '5 «: J5
lO f^ C5 o -^
:71 ~' GO O
^ oi c; i>
O ■-£> X 00
'3: X- ti (Z5
5 ^ lO o- o lO o
!3 "^ ;d co i> îo o
c< co co m -^ eo w
I I I
ÇO CD -* co
I I I I I I I I
ÎS
O lO lO lO ^
^D co t^ co "^
(M (7* ^ rH rt
,— , vO O ■"
^ lO OO i-H
?: I I M I
I I I
,— , o lO o
s o co o
^ C>J co CN
_J
1
x;
i
oî
zo
•>J
^r
o
T-H
oo'
Oi
^
^
JO
g3
^
in>
CD
ce
OI
I— 1
1^"
^
d
O)
^
co
£-
ta
Oî
^
Xi
a
^
lO
lO
I— 1
i^
o
■*
^^
o
T-H
H
1
1
<D
co
lO
o
Cl
Ol
o
MIS
73
en
CL
I I
" ^ ' a ^
MM
a M 'g
;5 Tj ;^ CQ
a 'a
I 2 fl '
o cS
C« tj d) c/î
es ,a cS
MM
o
I ! I
o
^ M I
O
y
G
-O)
bc "1^
fl
(3
co
ni
0
0
s 0
rn
0
m
<! CL,
■il Cl
ce p O g S
o ce -O) — J2 S '
~ -P s ci co Se —
o -O) oj <D .„ O)
o
r-î ^ OJ co
â » :^ 'S i '3
^ -s -3 ^ J S'
O) o o ce o
-t,- pî m a< o 1-5
te p< s
s- ce ûc
0
c
a
se
0
rrt
ce
0
u
w
Ph
MELANGES ET DOCUMENTS
I.
NOUVEAUX DOCUMENTS SUR BERTRAND DE GRIFEUILLE.
A la lecture de mon article paru dans le numéro d'avril des
Annales du Midi, M. Jean-Baptiste Champeval, qui a déjà
tant édité ou analysé de documents relatifs au Massif central
et qui en tient encore beaucoup d'inédits en réserve, a bien
voulu m'informer qu'il possédait une pièce importante pour
la biographie de Bertrand de Grifeuille, et qu'il était en me-
sure de préciser deux points sur lesquels j'étais ou dans l'igno-
rance complète ou dans l'indécision : d'une part, l'identifi-
cation du prieuré de Grifeuille; de l'autre, l'emplacement de
l'oratoire, que le biographe appelle Estorrotz et où mourut
Bertrand de Grifeuille. M. Champeval, par excès de mo-
destie, tient à ce que je présente moi-même aux lecteurs des
Annales du Midi les documents et les notes qu'il m'a com-
muniqués; je le fais avec un vif plaisir, en le remerciant cor-
dialement'.
M. Champeval a entre les mains une précieuse relique du
prieuré de Grifeuille : c'est un recueil compilé vers la fin du
quinzième siècle, à ce qu'il semble, par le prieur Guilhem
1. M. MarccUin IJoudet utilisera prochainement d'autres notes de
M. Oliainpeval relatives à ridentilication de divers tènoraents qui ligurent
dans le cartulaire du Pont.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 489
Torret, et qui tient à la fois du cartulaireet du terrier. A côté
d'un acte d'acensement d'environ 1480 (en provençal), d'une
liève de 1414-1418 (en latin), on y trouve transcrits des actes
divers (en latin et en provençal), qui remontent au quator-
zième, au treizième, voire au douzième siècle. Il résulte tout
d'abord de l'ensemble de ces documents que le prieuré de Gri-
feuille doit être localisé, sans aucune hésitation, dans la
commune de Montvert (Cantal) et non, comme le croyait
M. Alexandre Bruel. dans celle de Roannes-Saint-Mary. Mais
la perle du recueil de Guilhera Torret est une donation, datée
de 1121, faite au profit de Bertrand de Grifeuiile lui-même,
l'homme de Dieu dont j'ai été si heureux de faire revivre le
nom depuis longtemps oublié de l'histoire.
Voici cette donation, dont malheureusement le texte ofïre
quelques incertitudes et quelques lacunes, imputables au mau-
vais état du manuscrit qui nous l'a transmis :
Notum sit omnibus tam presentibus quam futuris quod ego
Guillermus de Agriffolio, domicellus, memor salutis mee et paren-
lum meorum, do Deo et béate Marie, toti collegio civium super-
noruin et specialiter et expresse domino meo doaino Bertrand o,
priori de AgrifTolio, totum locum meum de Agriffolio, proprium et
quietum et sine recognitione et redditibus et onere aliquo, ex eo et
pro 60 quia ipsum dominum Bertrandum vidi et cognovi bonum
religiosum et omnipotent! Deo servientem nocte dieque. Qui locus
est et confron[tatur] citra stratam que a loco de Pot * vadit et ten-
dit a Monte Vert^, et est rivus qui vocatur da Las Peyssas, et divi-
dit me dictas rivus et Mon Vert, et hinc locas movet usque ad
locum Puze et deinde sicut vadit ("versus Agjolas^... et tendit
deinde usque ad rivum de molendino meo et... totum rivuni de
Mongenestes, et ferit ad magnum... del Estorrotz* et tenditur cum
itinere quod venit de... et va[dit] a Mont Vert.
Testes fuerunt qui sequuntur ; G... de Gombas (?), Stephanus
PralJat' et ejus uxor, et Girart de Fontanges (?), et Ebblos de
1. Poul, château féodal détruit, commune d'Arnac, canton de Laroque-
brou, arrondissement d'Aurillac (Cantal).
2. Montvert, canton de La«roquebrou.
3. Gouttes, canton de Mercœur, arrondissement de Tulle (Corrèze).
4. Je reviendrai plus loin sur ce nom.
5. Prallat, commune de Saint- Victor, canton de Laroquebrou.
ANNALES DU MIDI. — XX 32
490 ANNALES DU MIDI.
Torta», R... de Garboneyras^, lo payre delpatz (?) Pcyre de Car-
boneyras, et plures alii ad hoc vocati.
Et hec acta fuermit per me dictnm Guillermum de Agrififolio
oratiset spontanea vohintate. prima die qnadragesime, anno Do-
mini millesimo centesimo vicesiino primo.
Nous n'avons pas de données sur le commencement de l'an-
née à l'époque et dans la région où cette donation a été rédi-
gée; d'après le style de Noël ou du le"" janvier, le docu-
ment serait du 23 février 1121 ; d'après le style du 25 mars, il
serait du 8 février 1122 ^ Malgré ce léger doute, nous avons
là une base précieuse pour la biographie de Bertrand de Gri-
feuille. Il se serait écoulé plus de trente ans entre la fondation
de l'oratoire de Grifeuille et celle d'Escalmels, que le bio-
graphe date de 1151 ; c'est dans cet intervalle que se placent
les exploits du saint homme dans le diocèse de Cahors, à Lara-
mière et à Espagnac. En 1121-1122, Bertrand devait être à
Grifeuille depuis un certain nombre d'années et avoir déjà
groupé autour de lui un petit noyau de religieux; on ne s'ex-
pliquerait pas autrement que l'acte lui attribuât le titre de
prieur.
Dans l'acte de donation figure le nom de lieu Estorrotz,
qui m'a si fort intrigué et sur l'identité duquel je n'ai pu
apporter aucun indice dans mon commentaire géographique
de la biographie de Bertrand de Grifeuille. Je rappelle les
termes si pittoresques qu'emploie le biographe en parlant de
ce séjour de prédilection de Bertrand de Grifeuille :
Sollicite perquirens locum proposito suc salis congruum, nomine
et aspectu valde horribilem, invenit. Vocalur autem locus ille
Eslorrotz, accessu bine inde difflcilis, super ripam fluminis qui
dicilur Elsey, modicam babens planiciem*.
GrâceàM. Champeval, je suis mieux informe aujoud'hui. Le
nom (Y Eslorrotz est conservé par une auberge do la commune
1. Ce personnage figure dans les cartulaircs de Beaulieu et de ïuUe.
2. Carbonières, siège d'une importante seigneurie, commune de Goulles.
8. Cf. Giry, Manuel de diplomatique, p. 117.
4. Ami. du Midi, XX, 177. Il n'est pas nécessaire de 'répéter le mot
locum, comme j'ai cl-u devoir le faire, entre horribileyn et invenit.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 491
de Saint-Julien-aux-Bois, canton de Saint-Privat, arrondisse-
ment de Tulle, à environ 8 kilomètres du chef-lieu de la com-
mune, sur la rive droite de la Maronne; il est écrit Estoroc
dans une liste des villages de cette paroisse pour 1765^ Les-
touroch dans une statistique postale de l'année 1847^, et il
figure, avec la graphie Estourocs, dans la carte du départe-
ment de la Corrèze dressée en 1873 par M. de Lépinaj''.
M. Champeval l'a mentionné en ces termes dans le tome 1,
paru en 1896 (Limoges, Ducourtieux), de son livre intitulé :
Le Bas-Limousin seigneurial et religieux, p. 198 : « Estou-
rocs^ forêt et domaine Noailles. vendus au III, à Peu"*,
11,365 livres. — Pont de p"^®, à une lieue en dessous du gué
de la Gineste, 18^ Relai, ou voie ancienne ou passage de vieux
chemin '. — Prieuré h. voc. S' J'\ dép. d'abbaye Cour"^' 1252,
1312, par le prieuré Grif'<'; prioratus de Lestorrotz, \¥. » A la
page 186 du même ouvrage, il avait placé ce prieuré dans la
commune de Cros-de-Montvert (Cantal), en le disant dédié à
Notre-Dame et fondé vraisemblablement par les seigneurs de
Carbonnières. En fait, il a existé un « affar (VEslourols »
dépendant du village du Monteil, qui est sur la rive gauche
de la Maronne, dans la commune de Cros-de-Montvert. La
localisation de l'oratoire bâti par Bertrand de Grifeuille, et
qui devint plus tard un prieuré, reste donc un peu flottante
entre les deux rives du cours d'eau, c'est-à-dire entre l'Au-
vergne et le Limousin. Quant à la rivière que le biographe
appelle Elsey, il est tout à fait sûr qu'il faut l'identifier avec
la Maronne, affluent de la Dordogoe, qui coule eff"ectivement
au pied d'Estourocs ^ En aval d'Estourocs, cette rivière
1. Archives du département de la Corrèze, G 30.
2. Bibliothèque nationale, franc. 9848, fol. 459, v=. Le dernier recense-
ment (1906) constate le même chiffre d'habitants formant deux ménages.
(Communication de M. Petit, archiviste de la Corrèze.)
3. Manque à Cassini, à la carte de l'état-major et à celle du ministère
de l'intérieur.
4. Je traduis ainsi, d'après la « clef », le cheval galopant du te.\te.
5. A vrai dire, comme je le tiens concurremment de M. Champeval et
de M. Boudet, c'est toute la région de la basse Maronne qui a porté et
qui porte encore le nom d'Estourocs sur les confins du Limousin et de
l'Auvercrne. M. Amé, dans son Dict. top. du Cantal, dit, en parlant de la
4D2 ANNALES DU MIDI.
est encore couramment appelée VEyge, quelquefois même
Liège, par agglutination de l'article ', au x.viir siècle, sinon
même plus récemment-. Pour le moyen âge, M. Champeval a
réuni différents textes qui établissent que, dans la région qui
nous intéresse tout au moins, la Maronne portait les noms vul-
gaires (VElze, Elze ou Eze, qui se rapprochent singulièrement
de la {ovme ELsey àv\ texte du Vatican. En 1178, Rodulfus de
Escoralia donne au monastère d'Obasine « lo ribatge de Elze
quod est in manso de Bastairos et pertinet ad molendinum de
Crauzi » : or Crauzy et le Basteyroux sont deux villages de
la banlieue d'Argentat, sur la Maronne. En 1496, on trouve
« fluvius de Elze» dans un texte relatif à la paroisse de Saint-
Geniez-ô-Merle; en 1500 « fluvius iVEze », près de Hautefage.
Le nom de Maronne ne paraît pas avoir été usité pour dési-
gner cette rivière en dehors de la région du Cantal; mais là,
il est solidement ancré, car, comme me le fait remarquer
M. Champeval. il se retrouve dans le nom de la commune
de Sai nt -Marti n-FaZmerOM^, canton de Salers, appelée
en 1268 « parrochia S Martini de Valle Marone ».
Antoine Thomas.
Maronne : « Elle porte aussi le nom à'Estouroc » ; mais il n'a pas eu le
soin de faire ligurer Estouroc à son ordre alphabétique. M. Champeval
m'apprend que le plan de la commune de Pleaux (Cantal), dressé
en 1<S4U, ne désigne la Maronne qae sous le nom de « rivière des
Estourocs ». Dans l'acte de donation fait à Bertrand de Grifeuille et
publié ci-dessus, on serait tenté à première vue de supposer que le mot
que M. Champeval n'a pas pu lire entre magnum et ciel Estorrotz est
rivnm, et que ce m.agnus rivas del Estorrotz est précisémentla Maronne ;
mais la distance est bien grande enti'e la commune de Montvert et le
cours de cette rivière pour que le domaine de Grifeuille, donné par le
damoiseau Guillaume au prieur Bertrand, ait pu s'étendre jusque là.
1. Je lis dans le Pouillé du diocèse de Limoges, do l'abbé Nadaud
{Bull, de la Soc. hist. du Limousin, t. LUI, p. 777) : « Saint-Geniès,
près Merle..., où sont les fameuses terres appelées de Merle, sur la rivière
de Liège [sic] ».
2. Ce nom est conservé dans celui d'un village de la commune d'Argen-
tal, V llo'^ii&l-Fondt'ge [pour Font-d'Eyge] ; cf. Champeval, Le Bas-
Limousin, p. 147, et Vayssière, L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem en
Limousin, p. 67.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 493
II
LE MOBILIER d'UN BOURGEOIS DE PÉRIGUEUX EN d428.
Sous ce titre, M. Ferdinand Viilepelet a publié dans le Bul-
letin archéologique du Comité des travaux historiques et
scientifiques^ un inventaire, rédigé en latin, des meubles d'Bs-
tève Thibaud, accusé d'un meurtre commis dans sa maison le
9 septembre et qui s'était hâté de prendre la fuite. Cette pu-
blication a été faite sur le rapport de M. J. Guifïrey, membre
du Comité, qui trouve que l'annotation de M . Viilepelet « donne
l'explication de tous les termes obscurs^ ». J'ai lu attentive-
ment le texte publié par M. Viilepelet, texte où les objets
sont souvent désignés, concurremment, par un nom latin et
par un nom roman. Quoi qu'en dise M. J. Guiffrey, l'annotation
a plus d'une fois besoin d'être complétée ou rectifiée. Le Co-
mité qui fonctionne auprès du Ministre de l'Instruction publi-
que est divisé en sections, mais les cloisons ne sont pas étan-
ches; la section d'archéologie ferait sagement de ne jamais
publier un inventaire sans le soumettre à la section de philo-
logie et d'histoire.
Voici les articles de l'inventaire en question qui appellent
des observations complémentaires ou rectificatives ^ :
3. Morterium lapidis cum suo moledor.
Le mot moledor, qui revient à l'article 243, n'est pas expli-
qué : il signifie * pilon»; cf. E. Levy, Prov. SuppL-Wor-
terb., V, 295.
1. Année 1907, 2° liv.. p. 182.
2. Ibid., p. cxxxvi.
3. Parmi les articles inventoriés figurent « duos libres Alexandris {sic) »,
art. 80, et « unum librum de Viciis et Virtulibus », art. 81. On ne saurait
douter qu'il s'agisse dans le premier article de romans sur Alexandre le
Grand; le second article, comme l'a bien vu l'éditeur, vise le célèbre
recueil do Frère Laurent. 11 est fâcheux que l'inventaire n'indique pas
dans quelle langue étaient écrits ces livres.
494 ANNALES DU MIDI.
5. Unum huffel.
Il n'est pas inutile de faire remarquer que huffel est sans
rapport avec notre mot français actuel : il signifie « soufflet » ;
cf. E Levy, op. laud., I, 173.
9. Unum m«(Z/t;r peccolalum.
L'éditeur glose par « mait à pied ". Le participe peccolatus,
qui manque dans Du Cauge, veut certainement dire « garni
de pieds ou pecols »; cf. l'art, pecouia de Mistral. Mais ma-
dier e»i sans rapport étymologique avec mait, que notre in-
ventaire écrit mach (art. 215) : il correspond au français ma-
drier. M. E. Levy a un exemple unique de mat^^er, provenant
des inventaires du xiv» siècle publiés par M. Forestié, et il
traduit, comme l'a fait M. Forestié, par «couvercle du pétrin ».
Le rouergat actuel modiè ou modriè désigne proprement un
épais plateau de bois qui peut être utilisé comme couvercle
du pétrin, mais qui peut aussi former un meuble indépen-
dant C'est avec ce dernier sens que madier figure dans les
inventaires.
12. Duos traffogiers.
L'éditeur traduit sans hésiter par « plaque de cheminée en-
castrée dans la brique, au fond du foyer ». C'est le sens qu'a
actuellement, en patois limousin, le substantif féminin corres-
pondant trafougieiro. Mais il faut tenir compte de l'arti-
cle 149, q,ui est ainsi conçu :
iJuos caminones sive Iraffogiers novos et inagnos.
Ici l'éditeur propose dubitativement de traduire camino-
nes (qui manque à Du Gange) par « chenets ». C'est l'évidence
môme, et cette traduction s'impose aussi pour le pluriel traf-
fogiers dans les deux passages. Mistral enregistre trafouié
ou Iraufouiè comme usité en Querci au sens de « chenet ».
Le bas latin caminones suppose-t-il l'existence dans le parler
de Périgueux ou des environs du mot chaminou ? C'est dou-
teux; en tout cas, chaminal, cham,inau, etc., est la seule
forme que donne Mistral.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 495
16. Unum pede»* lavalorum.
Pas de commentaire. Il me paraît évident qu'il faut lire :
« unum pelvem lavatorium », c'est-a-dire « un bassin à
laver ».
21. Octo scutellos sive escullos salis magnos.
Malgré les apparences, escullos n'est pas un terme de bas
latin, mais le limousin escullo, prononcé aujourd'hui eicullou,
qui correspond au latin vulgaire scutellonem; cf. un autre
exemple de cette forme intéressante dans E. Levy, o/;. laud.,
III, 200.
26. Unuu) pavvum esquipel sive trehuchet.
L'éditeur glose par« balance ou trébuchet », ce qui ne peut
être contesté. Mais à quelle famille de mots se rattache esqui-
pel dans ce sens? Je ne trouve rien d'analogue dans aucune
langue romane.
34. Unum barroye^-.
L'éditeur glose par «partie de l'armure», ce qui est vague.
Il est fâcheux que le contexte ne permette pas de préciser;
mais il est presque sur qu'il s'agit d'une capeline berruyère;
cf. une note de M. P. Meyer {Romania, II, COI) sur le mot
bef'oyer qui figure dans le poème catalan de Blandin de Cor-
nouailles, et surtout Tarticle berruier du Glossaire archéo-
logique de Victor Gay.
90. Juponem de hosteda de pei'tico.
L'éditeur se borne à remarquer qu'on ne trouve le mot hos-
teda dans aucun dictionnaire ; en fait, il y a dans Du Cange un
exemple de hosteda, mais il est placé à l'article mkia-hos-
TEDA. Sur l'o^^acfe, primitivement 05/ed«, étoffe d'importation
anglaise, on peut voir la notice qui se trouve dans mes Essais
de philologie française, page 342, l'article ostade du Dict
béarnais de Lespy et Raymond (où il est précisément question
d'un « jupon de miey oslade »), et le livre de Francisque Mi-
chel sur le commerce de Bordeaux (Bordeaux, 1867-1871).
496 ANNALES DU MIDI.
102. Unum aurelhier factum ad modum de scoccs.
L'éditeur déclare ne pas comprendre l'expression de scaxs;
mais il faut lire d'escaxs; cf. l'article 192 où il est question
d'une coite a escaœs, c'est-à-dire, comme le propose dubitati-
vement une note, « en dessin d'échiquier ».
113. Unam tasseam argenli.., operata in fundo operis fol-
sonie de Geneva.
114. Quamdam aliamtaceam... que est de /"aZsic^ia de Geneva.
Aucune remarque sur ces deux articles. Evidemment, falso
nia et falsidia sont deux termes synonymes; mais je ne suis
pas en mesure de déterminer de quoi il s'agit au juste.
122. Unam frachissatn argenti decoratam ponderis, dua-
rum unciarum quatuor denariorum.
Le rapprochement proposé en note avec « frace, résidu,
d'après Godefroy », n'a aucune portée. A rapprocher de l'article
FRACHiSA de M. Emil Levy ; le sens de «charnière », que pos-
sède incontestablement le mot provençal frachîssa, ne paraît
pas très satisfaisant ici.
127. Unam bursam de cirico negro in qua est del frochum...
Le sens proposé, « débris d'argent», est vraisemblable; à
rapprocher de l'article frachum de M. Emil Levy, où se
trouve, sans définition, un exemple unique provenant des
archives d'Agen.
134. -Unam peciam cupri factam ad modum de Effouilh.
Il faut lire, sans majuscule, effonilh : c'est un mot proven-
çal bien connu, qui signifie « entonnoir»; cf. Emil Levy, op.
laud., IL 494.
160. Duodeciui bostias ad portandum salcondiich.
Le mot salconduch, qui a embarrassé l'éditeur, a là, comme
partout, le sens de « sauf-conduit ».
17(j. Uniiiii linleamen sive trados lecti.
Le mot trados manque dans Raynouard; à rapprocher de
l'article trksdos de Godefroy et de l'article tredo.s de Mistral.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 497
188-189. In ciiniara que est super gadalam. — Cf plus bas,
à la suite de l'article 193 : « In caméra contigua
derreyre desuper gadalo7n»; et plus loin, arti-
cle 257 : « In gadala ».
L'éditeur nous apprend (p. 197, n. 3) que gadala se trouve
dans les minutes de notaires au sens de «cour, terrain vague ».
J'ai bien des doutes à ce sujet; en tout cas, comme le mot
n'est pas f^ans Du Cange, il aurait bien fait d'édifier le lec-
teur en citant textuellement les minutes de notaires auxquel-
les il sî réfère d'une façon par trop vague.
199. Ununi tranige.
La traduction proposée, « paquet de chiendent », est tout a
fait invraisemblable; mais je ne devine pas de quel objet il
s'agit réellement.
222. Unam unciam mxisticis.
L'éditeur croit qu'il s'agit de «moût ou moutarde». Comme
cette mention est entre le gingembre et la canelle, je crois qu'il
faut lire : masHcis, c'est-à-dire du mastic ou résine de téré-
binthe
260. Duos balistas calibis cum uno sinctu sive sench et unam
tilhola.
L'éditeur glose dubitativement tilhola par « petit trait » ; en
réalité, il s'agit du cric qui servait à tendre l'arbalète; cf. les
, articles tignolle et tillole de Godefroy.
263. Unam ollani metalli continere valentem unam hiver-
nam sive hvga aqua.
Buga n'est pas expliqué; comme ce mot n'est ni dans Du
Cange, ni dans Raynouard, ni dans le Prov. Suppl.-Wôrterb.
de M. Emil Levy, il méritait d'être signalé. C'est le limousin
Wjo, l'ancien français buie et buire (cette dernière forme
conservée dans la langue actuelle), etc. Voici un exemple
de 1518 dans un texte limousin : « Las douas grandas bugas
et lous pichiers a teneyr l'oly. » {Bulletin de la Soc. Mst.
et archéol. du Limousin, LV, 567.)
Antoine. Thomas.
498 ANNALES DU MIDI.
III
UNE CORRESPONDANCE INEDITE DE THOMASSIN MAZANGUES.
Le magistrat provençal Thomassin Mazangues, deuxième
du nom, érudit et collectionneur, a, comme son père et à
l'imitation de Peiresc, entretenu une vaste correspondance
avec beaucoup desavants, journalistes, bibliographes et anti-
quaires de France et de l'étranger. Au cours de son voyage
d'Italie en 1737, il noua des relations avec le florentin Lami,
bibliothécaire du marquis Riccardi et rédacteur des Nouvelles
littéraires Lami resta son intermédiaire avec les lettrés et les
libraires florentins; il lui rendit des se vices analogues à Paris
et en Provence; il fit notamment pour lui des recherches à
Paris sur les manuscrits de Mensius. De ces relations restent
trente- deux lettres de Th. M. à son correspondant, écrites de
Rome et de Turin dans la suite de ce même voyage, puis de
Paris et d'Aix (Provence), entre le 23 février 1737 et le
26 janvier 1743. Ces lettres sont conservées aujourd'hui à
Florence, dans la Biblioteca Riccardiana, et, selon toute
apparence, demeurées inédiles. Leur intérêt n'est pas capital,
car elles sont relatives surtout aux affaires littéraires person-
nelles de Th. M., achat de livres opérés pour son compte à
Florence, énumérations d'ouvrages nouvellement parus. On
pourrait y glaner pourtant quelques détails utiles pour l'his-
toire littéraire générale, tels ceux que révèlent les extraits ci-
dessous. Par l'intérêt que Th. M. manifeste pour la vieille
littérature provençale, par son scepticisme à l'égard d'une pré-
tendue découverte de Lami, on peut le classer parmi les loin-
tains précurseurs des provençalistes. Son jugement assez
dédaigneux sur un livre, d'ailleurs bien oublié, de l'abbé Pré-
vost, est (aractérisli(jue de la séparation régnant alors entre
le public érudit et le public purement lettré. La prudence elle
« discernement » qu'il recommande à son correspondant dans
l'usage à faire de ses confidences, la comparaison qu'il indique
MÉLANGES ET DOCUMENTS. ^'^
entre la liberté des gazettes en Italie et en France sont aussi
significatives. Ces détails ne sont probablement pas les seuls
notables dans cette correspondance, et il serait à souhaiter
qu'elle fût soumise a un examen plus détaillé que celui que j ai
pu en faire dans une trop rapide visite à la Riccardienne.
Ce serait une grande découverte que celle que vous m-anuoncez
de cette histoire de la conquête de la Terre Sainte en provensal,
.nais prenez garde que ce que vous prenés pour du !>--"-;-
soit du vieux françois et que ce ms. ne soit l'histou-e de Vil eh a -
douin que .lu Cange a publiée in-folio. .Je vous serais très ohhge i
vous vouliez bieuTexaminer et u.e donner une notice abrégée de
ce que contient ce ms. et s'il n'y auroit point les assises (ou statuts
et loix) du rovaume de Jérusalem et les lignages d'outre-mer qui
sont des généalogies des familles qui passèrent la mer.
A Rome, ce 23 février 1737.
L'abbé Prévost vient de publier l'histoire de Marguerite d'Anjou,
épouse de Henry VI, roy d'Angleterre, en 2 vol. in-i2, qu il a rendu
très intéressante en la romanisant un peu. C'est un ouvrage pour
les dames et non pour les savants.
A Paris, ce 14 août 1740.
J'ay eu le plaisir, Monsieur, de voir plusieurs de vos fueilles au
retour de M. de la Gurne, et de les lire avec beaucoup de satisfac-
tion L'extrait d'une de mes lettres m'engage à vous écrire. 1 ei-
mettez-moi de vous dire que ce n'est pas assés que de ne pas me
nommer, mais qu'il y a craindre (s^c) que l'on me reconnoisse de
la manière que vous couchés cet article parce que bien des gen
savent icy que je suis en comerce avec vous. L'on a icy de grand s
circonspections et plus même que chès vous, car aucune sorte d
journal n'oserait annoncer cette Insiilutiou d un Prince, d
M l'abbé du Gué, ni encore moins cette histoire des Jésuites... Il
faudrait bien se donner de garde de parler de M. le chancelier ou
de M d'Argenson qui trouveroient très mauvais que leurs noms
fussent compromis là-dedans. Ainsi vous devés user de discerne-
.nentdans les nouvelles que je vous mande et distinguer ce que
vous écris pour vous seul et pour voux mettre mieux au fait, .t de
ce que vous pouvés livrer à l'impression.
A Paris, ce 21 novembre 1740.
500 ANNALES DU MIDI
... Dans la dernière feuille de cette année de vos Nouvelles, sur
Monsieur de La Curne de St«-Palaye, vous avez s\n\i\9. Gazette de
Hollande et toutes ses méprises, M. de La Curne n'a été en Pro-
vence qu'en passant et pour s'embarquer pour l'Italie. Il n'y a pas
trouvé un seul ouvrage des Troubadours. Notre pays qui, à ce
qu'on prétend, leur a donné naissance, a été dépouillé de toutes
ces richesses. Les Italiens y ont le plus contribué. Il ne nous reste
plus que deux manuscrits de leurs poésies, un dans ma bibliothè-
que que j'ai acquis autrefois à Paris et qu'on dit venir de la Inblio-
théqne des ducs de INIantoue et un à Avignon chez M. le marquis
de Caumont. Ainsi, c'est à Paris, à la Bibliothèque du Roy et dans
celle de l'Italie que M. de La Curne a découvert ces quatre mille
compositions poétiques.
A Paris, ce 6 février \1^\.
L.-G. Pelis.sier.
IV
ŒUVRES INEDITES DE FRANÇOIS MAYNARD
{Suite.)
Pol, je n'eus jamais espérance
De passer dans la court de France
Pour le miracle des rimeurs,
Lorque je montay sur Parnasse
Pour y descouvrir les primeurs
De l'art qui ment de bonne grâce. (A, 210.)
Pucelles dont l'art est si rare,
Voules-vous que je vous déclare
Pourquoy je veux a'ous dire adieu?
Mes vers ont trop peu de merveilles
Pour descendre dans les oreilles
De l'adornble, (?) Richelieu. (A, 131 v.)
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 501
Il est plein de juescognoissance :
Les liommes de haute naissance
Il les appelle ses cousins.
Son père, — je ne le puis taire, —
Obligea souvent ses voisins
Mais en qualité de notaire. (A, 132 v.)
Roljin, nostre mélancolique
Compose une œuvre satirique
Où tes delïaux sont découvers,
Mocque-t'en ! ce n'e.st pas escrire
Que de faire de meschans vers
Que personne ne daigne lire. (A, 189 v.]
Advocat, si tu vas la nuit
A manteau court et petit bruit
Ches quelque garce d'importance,
Garde-toy que le pistolet
Ne te prenne pour le valet
Du maigre Hipocrate de France. (A, 173.)
Quand sera-ce que le berger
Ne craindra plus que l'estranger
Aj^t dessein de troubler son calme
Et que sous les heureux rameaux
Ou du laurier ou de la palme
Il enflera ses chalumeaux? (A, 206.)
Si ta libéralité
Console ma pauvreté
Par des pistoles sans nombre,
Que ton destin sera beau !
Je fairoy braver ton ombre
D'épitafe et de tombeau. (A, 134 v.)
502 ANNALES DU MIDI.
Son âme n'a rien de bas,
Les sièges. et les combas
Sont ses plus doux exercices.
Il a toujours condamné
Ceux qui cberchent les délices
l)'un repos elVémlné. (A, 133.)
Sorcière, à qui le diable a donné le relais
Et qui beuvés le sang de nostre populace,
Vous aves cent maisons, vous aves cent palais,
Pourquoy vous joués-vous tous les jours à la place? (A, 48 v.)
Passant, je suis Pasquin, dont la prose et les vers
Ont souvent deschiré la pantoufle qu'on baise.
Dy-moy, que dois-je faire en cet âge pervers?
Ceux qui me font parler veulent que je me taise. (A, 204).
Comte, veux-tu scavoir pourquoy Denis me tue,
Le matin, d'un fusil, le soir, d'un pistolet?
J'ay raillé de sa bosse et ma rime pointue
L'a piqué dans le cceur malgré son corselet. (A, 235 v.)
Je fus jadis un chien merveilleux pour le guet.
S'il entroit un larron, je l'aboyais sans cesse.
S'il venoit.un amant, je demerois muet;
Par ainsy je servois mon maistre et ma maistresse*. (A, 167.
0 Dieu, qu'il est vilain, ô Dieu qu'il est diiforme
Cet exemple des sots et ce roi des oisons 1
Il faut durant trois nuits empêcher qu'il ne dorme
Pour en faire un présent aux Petites Maisons. (B, 25.)
1. La mèinn idée est developiiée dans le sonnet : « Quand la mort m'aura
fait descendre » (Garrisson, 111, 86), et dans le quatrain cité par Garris-
son (IJI, 327) et tiré du recueil de Sercy (Paris, 1653).
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 503
Je ne m'excuse pas de ce que je t'adore
En ma vieille saison;
Les Anges font de mesme, et je suis jeune encore
A leur comparaison. (A, 78 v.)
Le chaut qu'il fait n'eust jamais de pareil;
Cherchons, Fillis, l'espaisseur d'un ombrage.
Le hasle assaut l'esclat de ton visage
Et le soleil veut b;-ûler le soleil. (A, 84.)
Certes, je pense que le roy
Deviendroit jalons de mon aise,
Si je pouvois aller ches toy
Manger le melon et la fraise!
O! qu'il me tarde d'estre assis
Au cabinet de tes parterres
Et d'ensevelir mes soucis
Dans le beau cristal de tes verres !
J'ayme les objets qui sont beaux.
Si j'avois une galerie,
J'y fairoi peindre les carreaux
De ton jardin de Lanquerie. (A, 248 r. et v
Vous aves fait une chanson
Du vray seigneur de Baramèle (?).
Il est asses mauvais garçon
Pour vous payer d'une querelle.
Ce bonhomme est vert à cheval,
Son escrime est une merveille
Et son frère de Puydeval
Est le brave qui le conseille.
Il ira vous laster le poux
Jusques dans vostre contrescarpe.
Mon bon seigneur, songes à vous
Et mettes le bras en écharpe ! (A, 225 v.
504 ANNALES DU MIDI.
Denis, ce n'est pas sans raison
Que toute la France te blâme :
Pluton, dans sa triste maison,
N'a rien de si noir que ton ame.
Au lieu de suyvre Ion grand Roy-
Dans les beaux périls de la guerre,
Tu vis honteusement ches toy
Et désoles ta pauvre terre. (A, 06.)
Bien que le bonhomme se pique
D'estre courtisan rafiné,
C'est le pédan le plus comique
Que Pasquin ait jamais berné.
L'hostel de Bourgoigne est la chose
Que son esprit aynie le mieux
Et croys que pour un Bellerose
Il donneroit cent Richelieux. (A, 135 v.)
Tout beau. Muses, votre satire
Mord trop vivement nos voisins.
Cette libre façon d'écrire
Ne vous fera pas des cousins.
Vous perdriez bientôt la colère
Dont vous les traitez d'ignorants,
Si votre voix leur pouvait plaire
(lomme celle des chiens courants. (A, 113.)
Puis qu'au gré de mes ennemis
Ta pasquinade me descliire,
Il faut que ton portrait soit mis
Au plus beau lieu de ma satire.
Croys-moy, je te rendray confus
Avecque ton humeur hautaine :
Pauvre fou, jamais tu ne fus
Bon autheur, ny bon capitaine. (A, 214.)
MÉLANGES ET DOCDMENTS. 505
Tu veux troubler mon repos
Et qu'un Térence moderne
Me chamaille à tout propos
Et me condamne à la berne.
Si je fays ce que tu veux,
Je crains qu'on me joue au Louvre,
Sans respecter mes cheveux
Sous la nege qui les couvre i. (A, 173.)
Il rit de l'humeur des princes
Qui se choquent aujourd'huy
Et met toujours six provinces
Entre les canons et lui 2.
C'est un fameux capitaine
Et qui fait souvent du bruit
Devant la Samaritaine
Entre onze heures et minuit. (A, 122.
Tandis que ton généreux prince
Foule aux pieds l'orgueil des tyrans,
Tu ne fay rien dans ta province
Sinon soigner (?) tes chiens courans. (A, 238 v.)
Les beaux vers que vous médités
Et dont je voy naistre la gloire
Ne doivent estre récités
Que sur un théâtre d'y voire. (A, 1G8.
La colère qui l'accompagne
Menace de nous tourmenter
Par des maux que même l'Espagne
Ne voudroit pas nous souhaitter. (A, 9.)
1. Ces deux quatrains font suite dans le ms. au second des deux qua-
trains cités dans la lettre 196 (Mais apprends aux bons esprits, etc.). Le
premier (ïu veux troubler mon repos) est, dans la lettre 139, le début
d'une stroplie de 10 vers qui n'est qu'une Yariante de la strophe 2 de l'ode
à Flote « Chaud ami de la vertu ».
2. Ce quatrain a beaucoup d'analogie avec la strophe 6 de l'ode « Que ta
malice est excessive » (Gai'r., III, 168-5).
A-NNALES DU MIDI. — XX 33
506 ANNALES DU MIDI.
Ton humeur infâme se joue
De l'honneur et de la raison,
Et te fait jetter de la boue
Sur les armes de ta rnaison. (A, 225 v.)
NolIS n'avons pas dans nostre esprit
Une mesme filosofie ;
Ton panégire déiûe
Ceux que ma satyre proscrit. (A, 37.)
Pour leur plaire en toutes façons
Le ciel change l'ordre des choses,
Juillet leur donne des glaçons
Et janvier leur donne des roses. (A, 123.)
Si l'adorable potentat
Qui porte le tiltre de Juste
Aymoit les Muses comme Auguste,
Tu serois conseiller d'Estat. (A, 43.
Les François, qui dans les combas
Cherchent de belles funérailles,
Se promettent de mettre à bas
Le haut orgueil de tes murailles. (A, 112 v.)
Le roy de France et de Navarre
En faveur d'un esprit si net
Veut chasser à grands coups de barre
L'avarice du cabinet. (A, 189.)
Mon cher amy, désires-tu
Que tes fortunes soyent prospères ?
Fuy ceux dont toute la vertu
Vient de la tombe de leurs pères. (A, 266 v.)
MÉLANGES Et DOCDMENTS. 507
Pour me railler de bonne grâce
Son esprit a trop peu de fons,
Cher Pressac, tu scais qu'il ne passe
Que pour le dernier des boulions*. (A, 215.)
Ce pédant qui sans la grammaire
N'auroit ches luy ny pain ny vin.
Dit que son esprit est divin
Et scait plus que celuy d'Homère. (A, 279 v.)
Les soings n'entrent guères souvent
Sous les toits que le chaume couvre
Et la forte rage des vents
En veut aux pavillons du Louvre. (B, 3 v.)
Il croit estre un homme héroïque
Et qu'il importe à nos nepveux
D'apprendre un jour de la cronique
Combien il avoit de cheveux. (A, 132.
Bizarres filles de Mémoire,
Démons fourbes et malplaisants,
Je pense que vous faites gloire
De maltraitter vos courtizans. (A, 220 v.)
Faux pasteurs, qui dans vostre parc
Semés le meurtre et la discorde,
Vous aves eu la flèche et l'arc,
Que vous faut-il plus que la corde? (A, 50.)
J'ayme la court de nostre prince :
C'est où les vertus sont en pris.
Bran pour les seigneurs de province !
Ils veulent mal aux bons esprits. (A, 131 v.)
1. Ces vers sont précédés dans le ms. des mots suivants : « S'il faisait
d'aussi bons vers qu'un Père de l'Église dont il porte le nom fait de
belles homélies, je ne refuserais pas de le combattre. »
508 ANNALES DU MIDI.
On me blâme lorsque je prise
Ces vers sans art et sans raison
Qui font que Paris te baptise
Des beaux noms de sot et d'oison. (A, 116.)
Les gens de robe et de scavoir
Auront des âmes bien confuses
Lorsque tes vers leur fairont voir
Que Mars est le mignon des Muses. (A, 119 v.)
Ton père, de qui tu nous parles
Comme d'un homme sans premier,
Dormoit sous le règne de Charles
Sur les ordures d'un fumier. (A, 113.)
Vos scavantes divinités
Jamais ne furent maltraittées
Que de ceux dont les qualités
Sont indignes d'estre chantées. (A, 13-2.)
Ton ayeul — et ne t'en déplaise —
Estoit sorti de si bon lieu
Qu'il eût vescu mal à son aise
Sans la faveur de l'Hôtel-Dieu. (A, 132 v.)
Dis-moy, féconde créature,
Ton ventre n'est-il pas lassé ?
On m'asseure qu'il a pissé
Autant d'enfans que la Nature. (A, 71.)
Sire, Pégase est aujourd'huy
Moins prisé qu'une vieille rosse.
Si vous n'aves pitié de luy.
Je le voy cheval de carrosse. (A, 72.)
On me conte entre les espris
Dont toutes les pointes sont belles
Et qui font priser leurs escris
Des cabinftts et des ruelles. , (A, 131.)
MELANGES ET DOCUMENTS. 509
Vous voùles qu'on ne vous débite
Que des sermons de chasteté,
C-ependant tout votre mérite
N'est qu'une faulse probité. (A, 131 v.)
Ce moine, le cher favori
Des bigotes de Sainte-Ursule,
Est dans sa maudite cellule
Tantost femme et tantost mari. (A, 12.)
Certes, vous n'avies pas raison
De venir embrouiller sa voye ;
Vjus estiez plus de sa maison
Que le balay qui la nettoyé. (A, 23 v.)
Bien que je scache que ton âme
N'a pour moy que de la poison,
Je ne puis souffrir qu'on te Idâme
Au-delà de toute raison. (A, 55.)
Je ne puis souffrir les discours
Dont l'insolence te difame,
Bien que je scache qu'en ton âme
Tu me poignardes tous les jours. (A, 55 J
Muses, j'incague vos appas 1
Vos Hipocrènes et vos Pindes
Ont des lauriers mais ils n'ont pas
Des mines d'or, comme les Indes. (A, 148.)
Monbrun dit que vostre oeil le tue
Et Prévost languit sous vos lois.
Madame, vous aves le chois
D'un lapin et d'une tortue. (A, 226 v.)
Que la fortune t'est cruelle !
Que je veux de mal au sergent !
Il a dépouillé ta ruelle
De placars et de bras d'argent." (A, 7.)
510 ANNALES DU MIDI.
Je n'espère pas qu'on les voye
Gomme lu les vej's autrefois
Dans le cabinet des Valois
En simarre d'or et de soye. (A, 122).
Vos propos les mieux concertés
Sont des bestises nompareilles;
De moy, je croy que vous butez
A faire soulïrir nos oreilles. (A, 123 v.)
Je ne me suis pas estonné
De luy voir mespriser mon livre;
C'est un esprit désordonné
Qui prise l'or moins que le cuivre. (A, 134 v.
Sans plus trancliev du capitaine.
Soulïre que ton dos malotru
Serve désormais de quintaine
A tous les singes (?) de Bautrui. (A, 235).
Scaclie qu'au jugement de tous
Apollon passera pour beste
Si d'une coronne de chous
Il ne pare la grosse teste *. (A, 168.
Devant que la force te quitte 3
Reviens dans le monde choysy
Mettre sur ta pasleur d'ermite
Un peu de rouge cramoisy. (A, 222.)
Mon cher amy, t'esbahis-tu
Que l'ignorance et la malice
Ayt osé choquer ma vertu
Ghes une dame sans justice? (A, 135.)
1. Ce quatrain termine la pièce : « Pieri-e que ta colère est folle », dont
Garrisson n'a cité que trois quatrains (t. III, 'Mi).
2. Ce quatrain est une variante plus décente du quatrain qui termine
la pièce : « Tu penses avoir raffiné. » (Lach, I, 414.)
3. Var. : ' Ta vie est près de sa limite.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 511
Sans les hanses (?) et les frontières
Que ton maistre fie à tes mains,
Mars peupleroit nos cimetières
Par des carnages inhumains. (A, 134.)
O qu'on fairoit de beaux romans
De tes faulces galanteries
Et de l'humeur de ces amans
Qui te suyvent aux Tuilleries. (A, 9 v.)
Vous n'estes pas si fort malade
Que les médecins ont chanté :
Vingt cuillerées de panade
Vous rendroient à vostre santé. (A, 6.)
Pol, ton esprit est l'artizan
Des faux complimens de pi-ovince
Et le Roy de J^ronze est le prince
Dont tu seras le courtizan. (A, 148.)
Mais aujourd'huy je leur demande
La moitié de l'or de Paris
Et les emplois qui fout si grande
La fortune des favoris. (A, 191.)
Mon cœur ne treuve point de paix
Absent de vos beautés parfaites,
Et je ne scay ce que je fais
Quand je ne scay ce que vous faites*. (A, 18G.)
{A suivre.) G. Clavelier.
1. C'est ainsi que doit être rétabli le quatrain inédit donné par M. de
Labouïsse-Rochefort à la page 47 de ses Lettres biographiques.
512 ANNALES DU MIDI.
V.
UN CONCOURS PROFESSORAL A LA FACULTE DE MEDECINE
DE MONTPELLIER AD XV1« SIECLE.
Plusieurs thèses présentées pour les concours professoraux
devant l'ancienne Faculté de Médecine de Montpellier ont été
signalées et étudiées autrefois par Germain^; mais, sauf une
seule, les thèses publiées et commentées par cet érudit sont
postérieures au xvi» siècle et s'échelonnent des premières an-
uées du xviie aux dernières années du xviir. La plus ancienne
des thèses indiquées dans le travail de Germain est celle de
Laurent Joubert^, qui brigua et obtint, en 1567, la succession
de Rondellet : or, cette thèse avait été depuis longtemps impri-
mée dans les œuvres complètes de Joubert''.
L'original des thèses déposées et soutenues par Laurent Jou-
bert en 1567 ne figure plus aujourd'hui aux Archives de la Fa-
culté de Médecine de Montpellier*. Un autre concours, posté-
rieur de quelques années à peine, a laissé en revanche des
traces dans ce dépôt : c'est le concours institué afin de pour-
voir à la succession de François Feynes, mort au milieu de
l'année 1574.
Les thèses présentées au concours par les quatre compéti-
teurs qui se disputent la chaire de Feynes sont les plus ancien-
nes qui subsistent actuellement dans les papiers de la Faculté.
Mais l'on ne saurait s'étonner si Germain a ignoré l'existence
de ces documents. De son temps, en effet, le désordre complet
dans lequel gisaient les liasses aux Archives de la Faculté de
Médecine de Montpellier y rendait toute recherche impossi-
1. A. Germain, Les anciennes thèses de l'Ecole de Médecine de Mont-
pellier dans Académie de Montpellier, Mémoires de la section des
Lettres, 188ti, t. VII, pp. 499 et suiv. La partie de cette étude relative aux
thèses professorales commence à la page 560 du volume.
2. Germain, lac cit., p. 5U2.
8. Laurentii Joubcrti opern, ir)99, Francfort, pp. 254-257.
4. Elles n'y ont probablement jamais ligure. L'inventaire de 1583 n'en
fait pas mention (Arcli. de la Fac. de Méd. de Montpellier, A 1).
MELANGES ET DOCUMENTS. 513
ble', et Germain ne pouvait espérer en tirer profit : aussi
s'était-il résigné à se contenter des seules ressources accessi-
bles qui lui étaient offertes. Il avait dû borner son enquête au
dépouillement des registres et à l'examen des manuscrits de la
Bibliothèque.
I.
Au point de vue de l'histoire des doctrines médicales de
l'École de Montpellier, les thèses du concours de 1574 parais-
sent de nature à présenter un intérêt très vif. Sans doute, il
appartient d'en juger en détail à ceux que désigne spéciale-
ment leur compétence scientifique en la matière et la publica-
tion intégrale des textes sera justement destinée à leur en
fournir le moyen. Mais si, à une date bien définie, près de cin-
quante questions sont posées à quatre docteurs qui résument
et motivent sur chaque point leur opinion, l'ensemble de ces
questions et de ces réponses ne sauraient manquer d'apporter
des renseignements précis et précieux, car elles reflètent né-
cessairement les préoccupations de l'Ecole et de la science
médicale elle-même à un moment donné, ainsi que les théo-
ries et les tendances qui se partageaient alors les esprits.
Aussi bien, les concurrents à la chaire de Feynes étaient-ils
des personnages très divers, dont la physionomie, très accusée
et très originale, est mise en pleine lumière pai les documents.
C'est d'abord François Sanchez, le philosophe plus tard cé-
lèbre-, tout jeune encore, docteur frais émoulu de la Faculté.
11 a conscience de son prestige; il connaît sa valeur et n'en-
tend point la taire par fausse modestie. Sa soutenance de
thèse est un événement : il a pour auditeurs non seulement le
jury^, mais les autorités de la ville S et, semble -t-il, un nom-
1. Le classement de ces Arcliives, décidé par la Faculté en 1903, est
achevé à l'heure actuelle.
2. Senchet, Essai sur la méthode de Francisco Sanchez, 1904, Paris,
in-8» (thèse soutenue devant la Faculté des lettres de l'Université de Tou-
louse).
3. Laurent Joubert et Jean Hacher étaient à ce moment précis les seuls
« docteurs régents stipendiés par le roi » qui lussent en i'onctious, puis-
que deux des quatre chaires royales alors existantes vaquaient.
4. C'est à ces autorités que s'adresse spécialement Sanchez en prônant
la parole.
514 ANNALES DU MIDI.
breux public. L'usage voulait que le candidat fit précéder la
« dispute » d'une sorte de compliment, et le compliment de
Sanchez nous en dit long. On lui a reproché d'être espagnol' ;
mais, s'il est digne d'illustrer l'École de Montpellier, faut-il
regarder à son origine? L'intérêt bien entendu de la Faculté,
l'intérêt de la ville de Montpellier et du royaume même ne
commandent-ils pas d'appeler à la dignité professorale ceux
qui sont capables de l'honorer? On sent bien que, contre ses
rivaux, Sanchez compte uniquement sur sa supériorité intel-
lectuelle. Telle est, du reste, la netteté de ses thèses que leur
ensemble constitue vraiment un travail remarquable et pres-
que l'équivalent d'un petit traité inédit.
La soutenance de Sanchez dura les trois jours réglem'en-
taires et eut lieu les 2, 3 et 4 août 1574.
Le 7 octobre suivant, c'était au tour de Jean Blezin, dit
Schyron, de prendre la parole. Doyen des docteurs, Blezin n'en
était pas à sa première tentative pour obtenir l'une des qua-
tre chaires stipendiées par le roi, et, par une coïncidence cu-
rieuse, il avait été notamment, autrefois, le rival de celui-là
même dont il demandait la succession^. lie compliment qu'il
débite reflète à merveille son état d'esprit : c'est un appel
énergique à ses compatriotes pour exercer sur le jury une
pression décisive, et une apologie convaincue des droits de
l'ancienneté, non sans allusions fort significativîs aux dan-
gers que peut faire courir à la Faculté un engouement irréflé-
chi pour un jeune étranger dont, au surplus, la facilité de pa-
role et les qualités littéraires ne sauraient remplacer l'expé-
rience.
La semaine suivante, c'est un nouveau champion, Jean
Saporta, qui paraît devant le jury, et voici que le ton est
encore une fois changé. On aperçoit en lui beaucoup moins le
candidat que le fils du chancelier défunt et l'on a l'impression
1. Sur la patrie de Sanchez, cf. H. -P. Cazac, Le lieu d'origine et les
dates de fiaissmice et de mort du jihilosophe Francisco Sanchez, dans
le Bulletin hispani(jue, oclobre-déceiubro l'.)!).'}.
2. Arcli. de la Faculté de Médecine de Montpellier, A 1, 1" 2^. En 1588.
lîlezin était encore candidat, san^i succès, à une des quatre ehaires (i^ic/.,
pièce cotée sac 7, P).
MELANGES ET DOCUMENTS. 515
bien nette qu'il s'agit moins pour lui de se faire juger que de
recueillir un héritage. S'il vient disputer, c'est par pure défé-
rence pour les usages universitaires. Aussi, la brièveté même
des réponses qu'il fait aux questions proposées trahit-elle la
hâte sinon la désinvolture.
Comment donc Jean Saporta est-il si sûr de son fait? Les
circonstances l'expliquent à merveille, et, sans faire ici l'his-
torique complet de cet épisode curieux des annales de la
Faculté, il est du moins indispensable, pour l'intelligence
même de nos documents, d'en résumer la substance*.
II.
Au moment où Feynes mourait, une chaire était déjà
vacante par le décès antérieur du chancelier Antoine Saporta,
père de Jean. Deux candidats avaient disputé la succession
d'Antoine Saporta : son fils, Jean, et Nicolas Dortoman. Mais
le jugement du concours avait soulevé un procès et, à l'heure
même où la disparition de Feynes ouvrait une nouvelle
vacance, Jean Saporta et Nicolas Dortoman étaient tous deux
à Paris pour poursuivre leur cause devant le Conseil (hi roi.
Au demeurant, le procès était, semble-t-il, fort complexe,
puisque le Conseil, au lieu de débouter l'un des deux préten-
dants, en était arrivé à la singulière solution du partage, ima-
ginant d'accorder aux deux parties la jouissance par moitié
de la succession d'Antoine Saporta. Ce partage d'une chaire
était de toute évidence un pis-aller. La vacance d'une seconde
chaire parut aussitôt une excellente occasion d'éviter la mise
en pratique de cette étrange combinaison et le Conseil décida
alors que les chaires d'Antoine Saporta et de Feynes revien-
draient l'une à Dortoman, l'autre à Jean Saporta-.
1. Je résume les faits d'après l'inventaire de 1583 {Arch. de la Fac. de
Méd. deMontpellier, Al, f" 24-25).
2. Coppie d'arrest du Conseil privé du roi/ que messire Dortoman et
Saporta seront respectivement pourveuz de l'une des deux régences
vacantes avec la coppie des lettres sur icelluy expédiées lé XXIX' juil-
let 1574 (Arch. de la Fac. de Méd. de Montpellier, pièce cotée sac 7 LL).
51G ANNALES DU MIDI.
Toutefois, cette nomination d'autorité allait à rencontre
du principe même du concours et mettait à néant les soute-
nances déjà faites. Aussi, l'arrêt du Conseil souleva-t-11 de
vives protestations. Le chancelier Laurent Joubert se fit, en
cette circonstance, le défenseur de l'indépendance universi-
taire contre l'arbitraire du pouvoir. Mais il eut beau invoquer
les privilèges les plus vénérables et les règlements fixés par
les Grands- Jours de Béziers. Tous les efforts se brisèrent
contre le fait du prince et tout ce que le chancelier put obte-
nir, pour sauver quelque chose des prérogatives universitai-
res, ce fut que Jean Saporta , quoique nommé par le roi,
voulût bien consentir à « recevoir des points » et à les « dis-
puter » comme candidat à la chaire de Feyues. Une telle sou-
tenance était visiblement de pure forme dans les conditions
où il se prêtait à leur dési'\ Jean Saporta pouvait donc com-
paraître devant ses examinateurs le cœur léger.
C'est contre une volonté souveraine qu'étaient venues
échouer à la fin les illusions de Sanchez et l'obstination de
Blezin.
Quant au quatrième concurrent, Bermond Pages, il vint trop
tard. Il ne put même pas soutenir ses thèses; elles furent, il
est vrai, rédigées et déposées; mais elles ne furent pas « dis-
putées », et ce, « causant l'inhibition faite par Monsieur le
Mareschal ». La mesure prise par le maréchal de Damville
était, en l'espèce, fort naturelle : après l'arrêt du Conseil et
la souten^auce de Jeaû Saporta qu'une décision royale pour-
voyait d'avance, il n'y avait plus de place pour aucune pro-
cédure. Au reste, par une surprenante dérogation aux usages,
Pages s'abstient de faire précéder ses quœsliones meclicœ du
compliment habituel. Est-ce prudence ou gêne? On croirait
assez volontiers qu'il a écrit ses réponses sans grande convic-
tion, et que sa candidature n'est guère, dans sa pensée, qu'un
mo.yen de prendre rang. Si tel fut sou calcul, il ne fut pas
heureux, puisque Pages ne devait jamais obtenir aucune des
chaires royales de la Facultés
1. Un m: If voit plus cuncuurir jjuur aucune vuctmce par la «uito.
MÉLANGKS ET DOCUMENTS. 517
III .
Le concours de 1574 comporte donc, en définitive, quatre
candidats et quatre manuscrits de thèses ', mais il y eut seu-
lement trois soutenances, puisque Pages en fut privé. On vou-
drait assurément percevoir l'écho des séances qui furent
tenues pour l'examen de Sanchez, Blezin et Saporta. Malheu-
reusement, les Archives ne nous en offrent point le compte
rendu. Nous ne sommes pourtant pas absolument désarmés
pour nous faire une idée de ce qu'était une soutenance de
thèses professorales à la Faculté de Médecine -'e Montpellier
au xvi« siècle.
Il nous est resté, en effet, quelques notes qui peuvent nous
instruire sur ce point. Les notes auxquelles je fais allusion ne
paraîtront pas, sans doute, la partie la moins curieuse des
documents qui font l'objet de la présente publication. Ce sont
des notes d'une écriture fine et serrée, remplies d'abrévia-
tions, ajoutées par l'examinateur — Joubert lui-même^ — sur
les feuilles où Blezin et Saporta avaient rédigé leurs proposi-
tions. Et il y a mieux : pour l'une des questions traitées par
Blezin, la plume alerte du juge a même fixé le dialogue. C'est
ici un véritable fragment de soutenance pris sur le vif, où les
répliques s'entrecroisent et grâce auquel nous avons un ins-
tant l'illusion d'assister à la séance dans le grand amphithéâtre
de la Faculté, in aula majori medicorum.
Joseph Calmette.
1. En ce qui concerne l'aspect matériel, ces thèses se présentent sous
la forme d'une grande feuille de papier, écrite d'un seul côté, de la main
même du candidat. Seules, les thèses de Jean Blezin comportent deux
feuilles liées ensemble.
2. Cette paternité résulte de la comparaison des notes dont il s'agit et
d'une lettre autographe de Joubert qui figure aux Arch. de la Fac. de
Méd. de Montpellier, 2i novembre 15(j7.
518 ANNALES DU MIDI.
DOCLIMI]NTS
I.
THÈSES DE FRANÇOIS SANCHEZ.
1574, 2-4 août (Arch. de la Fac. de Méd. de Montpellier,
Orig.,Sac7, NN«).
Anipliss. D. Gubej^natoris Curiœ Senatoribus œquissimis
et prudentissimis .
Franciscus Sanchez B?^acharensis D. medicus S.
Jamduclum perspecta mihi humanitas vestra (amplissimi sena-
tores) qua quemlibet sic amice recipitis ut miUus unquam a vobis
vacLius discesserit, cœgit me superioribus diebus, ut ultimam
supremamque doctoratus lauream impetraturus, vos rogarem eam
prœsentia vestra illustrare velletis. Quod vos (mirum quaiito lite-
ratos viros prosequamini amore) mihi exterae nationis homiiii,
nunquamque antea vobis cognito. non denegastis, inio libentis-
sime concessistis, pauloque post opère complevistis opus sane
tantis viris dignum, nullisque non decantandum seculis, omnique
mihi sevo mémorandum. Quo quantum me vobis divinxeritis
incredibile sane est, effecistis quippe ut vestrse confidens libera-
litali vos iterum compellare audeam, sub nomineque vestro in
publicum prodire tentem. Magna mihi subeunda pugna est, de re
certatur niagna , regia professione , multique mihi sunt rivales a
quibus obruerer solus, nisi magno œquitatis protegar clypeo.
Quse cum in vobis tantum splendeat magnam mihi vincendi con-
ciliât spem. Excipite igitur jam bénigne me auxilio, consilioque
egenum, non tamen doctrina, qua qui caret exulet a vobis, etiam
mullo comitatus auxilio. Suscipite miserum extraneum, qui pa-
triam, patrem, charosque reliquit affines, ut Academiœ subveniret
vestrge quse tantis quondam exaltataencomiis lapsura jam ruinam
1. Cote inscrite au dos du document et correspondant au classement des
Archives fait en 1583. Dans l'inventaire actuellement en préparation (Car-
tulaire de l'Université de Montpellier, t, II), un tableau de concordance
permettra de ramener sans difliculté les cotes du xvi" siècle aux cotes
définitives.
MELANGES ET DOCUMENTS. 519
minatur, nisi fortes ei supponantur postes. Aperite doctis viris
brachia vestra, imo a finibiis terraj quœrite qui Musœum, urbem-
que ornent vestram. Pellite ignorantiam, omni urbi Musoeoque
exitiale malum ; btHC scia vobis alienigena sit, proprii quos vir-
tutis honestat titulus, cives. Qui Justinianum, Bartholum, Bal-
dumque exteros colitis aiilhores, ducesque sequimini, cur me ob
hoc condemnabitis quia hispanus sim ? An non damnandi magis
qui, in Gallia nati auctique, nul^um ei proferunt fructum , quam
qui in Hispania natus, in eaque eruditus, omnia consumpsit bona
Galliae doctrina ut prodesset sua? Nobis quideni, ut et vobis,
duces Hyppocrates Galenusque sunt, alter ex Coo, ex Pergamo
alter, Grœcos Latinosque, quin et Arabes valde colinius, qui et
unde sint non curamus, dum qu8e ad morborum curationem atti-
nenl nolns recte prœscribant. An vos Justiniano, nos Hyppocrati
ineptum prœferemus Galluni, quia hic vestras, illi alieni sint?
Non, credo. Excipit Hispania doctos Gallos, excipit Italia, plures
ego illic vidi, vos quoque hic novistis plures. Excipite igitur et vos
bona ingénia, fovete bonos animos, promovete bene incepta studia,
sicque fiet ut undique ad vos affluant viri docti qui Academiam,
urbem, totumque décorent regnum. Jam ergo ad vos accedo sup-
plex, tanquam ad sacrani anchoram , omni destitutus favore prse-
terquam divino, solo fidens ingenio meo, humanitateque vestra,
cui bas comitto studiorum, vigiliarumque mearum primitias, quas
precor earumque authorem nomine tuemini vestro. Aliter enim
non video quomodo tôt perversas evasurœ sint linguas incolumes.
Quod si evaserint totam earum , meique salutem vobis debebo,
fatebor, referamque acceptam dum vita manebit. Valete, viviteque
felices quantum vixisse feruntur primi patres.
Quaestiones medicse triduo agittandae in scholis regiis Montspelii
pro regia professione.
I, _ Utev pastiis frugalior esse deheat, prandium an cœna?
Natura eadem que nobis calorem indidit, cujus perpétua aclione
in humidam substantiam tandem absumitur corpus nostrum,
eadem nobis appetendi, coquendi et assimilandi cibi eodem medio
calore, quo ejus actio aliquantulum , si non omnino, retundatur,
facultatem concessit. Hic porro calor duplex est, subjeclo difïerens,
motu et origine. Alius qui aprimis principiis cuilibet insidet parti
520 ANNALES DU MIDI.
ab ea indissolubilis , nisi per mortem , nlins qui a corde continno
Huit, spiritu per totnin sparsus corpus, cujus pra'sentia primus
foveUir et emicat.
Quai in corpore oduntur actiones omnes, medio utroque eduntur
calore quo copiosiore, dum modo limites sanitatis non excédât,
foeliciores, pavciore debiliores sunt eœdem. Porro ejus qui influit
motus perpetuus tum ad exteriora, tum ad interiora est, hoc noctu,
illud inter diu fit. Unde extimarum partium nulritio inteivliu
ràelius perficitur, intiniarum vero noctu.
Ergo frugalius prandium esse débet.
II. — An vir fœmina calidior?
Omnium animalium perfectissima sunt in quibus distinct! sexus.
Porro, in his, ut materia forma, passumque agente, sic in om-
nibus inferior foemina mare. Hic ad actionem omnino natus et
négocia, illa ad passionem solum et otia, quorum duorum hsec ut
calorem siguificant minorem, sic et minorem efflciunt. Illa contra
majorem tum dénotant tum reddunt.
Omnis fere actio medio calore fit : hoc ergo fortiore melior actio
et contra fiet. Mas autem naturales omnes, multoque magis ani-
males actiones prœstantissimas edit, femina contra infirmissimas.
Calidior ergo vir.
III. — A7i vitalis facuUas a naturaU diversa?
Anima principium est actionum omnium quas animata edunt
corpora. Qua3 duplex summo génère distincta, naturalis scilicet et
animalis, innuuieras sub se continet species ; hœc animalium, illa
plantarum! Hinc bos et equus specie differunt quamvis utrumque
anima prreditum sensitiva, sic cerasus et pomus, quibus anima
naturalis ambobus. Facultatibus quselibet prœdita est, quibus
munera exercet sua, quibusque alia ab alia diversa nimis est,
hinc lupus agnum, canis catum, hic illum et murem odit.
Jam omni anima) commune est vitali esse praîditam facultate,
quinimo primus ejus actus est vivificare. Hoc autem nil aliud est
quam corpori cui insidet alimenlum trahere, retinere, concoquere,
assimilare, sibique similem generare. Has naturales nostri vocant
facultates a vitali maie distinguentes, cum pulsifica non omnia
praîdita sint animalia, vitali autem omne animatum.
Non igitur diversa, etc.
MELANGES ET DOCUMENTS. 521
IV. — An respiratio omnibus nnimalihus necessarin?
Respiratio inotusest thoracis et pulmonum,qno aer ad inteiiora
corporis trahituf, cuin ad caloris refrigerium, tum ad ejas in uni-
versum corpus distribu lionem, mediis spiritibus, expelliturque ut
secum abducat quse in corpore superflua sunt excrementa. Haec,
cum cor principium sit influentis caloris, pvoindeque calidissi-
mum omnium quœ in corpore nostro sunt, propter id prsecipue
facta est.
Ubicumque finis deest, ibi et quaj ad finem média necessaria
erant. Perfectissimis autem animalibus solum esse cor, pluribus
aliis minime ostendit experentia : unde et frigida eo nomine facile
quis colliget, quo fit ut pauco egeant cibo, cum majorem conficere
non possint, nec necesse habeant, minoriqne aeris refrigerio, cum
potius calore egeant.
Quare non necessaria omnibus animalibus respiratio.
V. — Ulrum ad sanilalem commodius vinum aut aqua?
Uno cibo et potu inler ea quœ extra nos sunt sanitas maxime
conservatur. Illo ut ipiod effluxit caloris vi substautiœ nostrse
restiluatur (quod pra?cipuum conservationis est caput) ; hoc ut
illum coctioni, alias enim combureretur, aptiorem humiditate red-
dat sua, maceret et fluidum faciat, quo melius per totum transmit-
tatur corpus. Hoc aqua optime explet, illud panis et caro.
Cseterum vinum calidum et siccum, humidis frigidisque naturis
convenientissimum est, parce tamen sumptum, alias perniciosis-
simum, calidis vero et siccis hoc nocentissimum, commodissima
aqua. Mediis naturis modico solum aqua lincta vino. In univer-
sum aqua nuUi tam noxia ut vinum, omnibus commoda.
Gommodior ergo aqua.
VI. — Ulrum reniedium lolerahilius piceriliœ purgatio
an phlobotomla ?
Purgatio est humorum qui vel qualitate sola, vel quantitate
sola, vel utroque peccant evacuatio. Htec maximis naturaî com-
modis, nulla ejus substantite jactura, obitur, si debito pharmaco,
idoneo tempore, justaque quantitate, prœscribatur, alias plura
adfert incommoda, inter quas gravissimum illud hyperiatharsis
ANNALES DU MIDI. — XX 34
522 ANNALES DU MIDI.
est. Omni setati, si niorbus eam expelat, convenientissiiiia, nisi
ex accidenti qnid eani intercipiat.
Phlobotomia evacualio est saiigulnis vel quantitate sola, vel
qiialitale sola, vel utrO(jue peccaiiUs. Hujus qviam purgatlonis (si
utraque recte prescribatur) ininoi- utilitas, commoditasque ; nnllus
qulppe tani malus sanguis est, cui aliquid boni non sit, ut pluri-
mum major pars, quoque, melioris defeclu, non potiantur partes.
Humore autem simplici excrementilio, nulla (eas excipio quaî ei
excipiendo dicatœ sunt) nutritur pars.
Igitur tolerabilior purgatio, etc.
VII. — An exanlhematis purgatio cl phlobolomia conveniant?
Exantbemata parvi sunt tumores exleriora corporis occupantes,
alias omnia, alias nonnulia, quandoque et interiora etiani occu-
pant, tuncque grave malum. Horuni niaterialis causa humor est
naturam quantitate vel qualitate premens, quœ proinde ad cutem
euni propellit, initio morbi cum forlior, in line cum debilior, illic
fere major quantitas, hic deterior qualitas, illic spes major salii-
tis, hic (nisi criticasit eorum eruplio, ut quandoque fit) nulla.
Qui putret aut putruit sanguis, aut corrupLi luunoris permixtione
inquinatus est in venis, eisdem apertis, statim educendtis ante-
quam corruptio ulterius procédât, nisi ad interiora natura verga-
tur. Hoc, ubi totum corpus aut raajorein ejus partem morbus
occupât. Si quis intro coerceri suspicetur humor, leni ejiciendus
medicamine. Si jam universus exteriora teneat, neutrum condiicii.
Quare conveniunt, etc.
Vm. -r- Utrœ evacuationes utiliores, sincerœ an vnriœ?
p]vacuatio alla a natura, alla ab arte facta. Utraque (si lalis sit
qualis esse débet) noxius a corpore humor exit. Porro soient quan-
doque plures in corpore redundare humores, aliquando unus so-
lum, hicque aliàs naturse raagis infestas, ut atrabilis et œrugi-
ginea, alias minus, ut pituita et bilis flava. Quod si plures sint,
vel singuli.s dejectionibus raixti redduntur, vel sinceri, ita tamen
ut modo sola bilis, deinde melancholia, tandem atrabilis ejicitur,
vel contra. Denique variée quandoque dejectiones sunt vel omnes
simul, quselibet per se ab eodem humore, facta tamen ejusdem
mutatione aut in melius, ut in suppuratione, aut in pejus.
Plura mala pejora sunt uno. Proinde prestat unuiii in corpore
MELANGES ET DOCUMENTS. 523
abnndare humorem qnam pliires, dummodo non maxime infestns
sit naturaî, alias enirn melius est ex aliis aliquid inesse, quam
pessimum unum soluni. In variegatis et diversis, si ad melius
mutatio fiât, conducit, sive in una, sive in plui'ibus contingat de-
jectionibus, sin minus, malum. Ut plurimum tamen sincera potior
varia esse solet.
Igitur sincenB utiliores, etc.
IX. — An vevliyinl (irteriolomia ulilis ?
Verligoturbulentu.s est spiritus vel vaporis, in ventriculis cerebri
motus, quo quis visu pi-ivari videtiir, omniaque in girum verti
apparent. Hujus autem causa spiritus vel crassus, fuscusque, vel
punis vaporibiis perniixtus, vel simplex, ab aliqua commotus
causa, ut ab ira, rerumque rolantium intensiore aspectu. Hic in
cerebro primo est, illi quandoque in eodem gignuntur, tuncque
primarius est affectus, quandoque ab inferioribus ascendunt par-
tibus, et tune per consensum.
Contrariorum contraria sunt remédia : quœ igitur ab infernis
ascendunt, si a cruditate fiant, calore impediuntur, si a nimio ca-
lore, frigore, bi potins fiimi, illi vapores dicentur. Qui in cerebro
ejusque arteriis fervidus nimis calidusque sanguis et spiritus est,
evacuatus morbum toUit.
Ergo arteriotomia utilis, etc.
X. — An in purgalione ul phlobotomia justus terminus
esse possit lypolhimia?
Lypotbimia subita est animi defectio,quœ a pluribus excitari po-
test causis, ab evacuaiione sœpissime, non solum benigni humoris
ut sanguinis in abundanti phlobotomia, sed maligni, ut in disrup-
tione magni aposthematis, apertione thoracis in impiis, et ventris
in hydropisis, denique in nimia purgatione vel natura vel arte
facta. Quibus quidem casibus non ob spirituum dissolutioneni, ut
quidam causantur, evenit lypotbimia, sed ob subitam mutationem
qu8B naturae, etsi ad melius flat, infesta est.
Medicus naturd' imitator, ejusque observator, agri vires quan-
tum fleri poterit custodire débet, potiusque infra earum posse
quam supra in omni medicatione consistere. Quas cum tantum
atterat lypotbimia, quse mortem quandoque asciscit, maxime
vitanda est. Ea tamen quse a phlobotomia excitatur, minus péri-
524 ANNALES DU MIDI.
culosior est, cum in nobis sit vacuationem statim sistfiiv. Quod in
purgatione non licet.
Quare non est justus terminus, etc.
XI. — Quorum morborum certius est judicium aculorum an
diitturnorum ?
Acuti morbi sunt, qui celeriter vehementei-que cursum peragunt
suum. Horum varite recensentur species, dievum numéro solum
divers». Perperacuti, qui intra quatriduum ûuiuntur, peracuti,
qui intra .7. m, valde acuti, qui intru .11.™, vel .14. m, acuti simpli-
citer, qui intra .20.'", acuti ex decidentia, qui intra .40.^. Cronici
contra vel diuturni dicuntur quilongum durant tempus, facilesque
toleratu sunt. Illorum materia ut plurimum calida, aut principi
parti magna frigidi humoi'is infensa copia : horum vero crassus,
viscidus, frigidusque humor longe a principibus «listinctus parti-
bus.
Acuti morbi ut plurimum exitiales esse soient. Longi contra,
mis ut mobilis et turgens materia, sic varise incertœque motiones
multiplicia, atrociaque simptomata. His çonlra. ut fixa materia est
frigidaque, sic aut nulla aut pauca admodum simptomata, quœ
aut nil durant, auteadem permanent. De mobilibus autem, subitis
et inordinatis incerta deliberatio, de ordiiiatis, lentis, fixisque
certa pronunciatio fit.
Igitur diuturnorum certius judicium.
XII. — Ulrum eonvenienlius disentericis vomilus an purgalio?
Dysenteria multiplex dici solet, propria est qua intestina bilis
alterutrius, aut salsse pituitse acrimonia ulcus patiuntur, cum alvi
fluxu. Qui autem hanc committit humor, si a toto fluat corpore,
malum, si a parte solum fluxit, minus. Vomitus rejectio est ejus
quod in stomacho est per superiorem regionem. Inasuetis, hyberno
tempore, pingui corpore, longo coUo, stricto pectore, caput dolen-
tibus, stomacho aut aliquo ex visceribus circa illum affectis , non
administrandus.
Quo naiiura movet, illuc movendum, dum per loca conferentia
fiat. Ab externis ad interna noxia materia nec trahenda, nec repel-
lenda, nisi illuc fluens majus damnum, hue tracta minus adferat.
Prœstat partem unam alïectam esse pluribus, nisi illa nobilis, hse
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 525
vero ignobiles, tune enim contra melius est. Qui autem intestina
ulceravit humor, idem melius stomachum.
Convenientior ergo purgatio.
Asserebat Franciscus Sanchez Bracharensis, medicinae doctor,
Monlspellii in aula regia. pro regia professiune, die 2» augusti et
toto biJuo sequenti anni M.D.L.XX.IIII.
IL
THÈSES DE JEAN BLEZIN dit SGHYRON.
1574, 7-9 octobre {Arch. de la Fac. de Méd. de Montpellier, Orig.,
Sac7. yy).
CONCLUSIONS RANDUES PAR M. JAN BLESIN.
A7nantissinus concivibus suis Jannes Blezinus, doctor
regens et collegii medicorum Decanus S. P. D.
Non pancis al) hinc annis (amantissimi concives) subhorta est
inter doctores de pi-œmio rcgio collegii non levis controversia dis-
ceptatione. Quœ, cura ob temporis injuriam ab liujus litis censo-
ribus et testimatoribus non potuerit plane dilui aut dirimi, in hsec
tempora denuo assurrexit. Gujus quideni volui vos monitos, ut
vobis placeat, per vestram liumanitatem, rerum collegii aliquam
curam habere. Etenim id , exterorum nonnullorum et novoruni
Arpinatum labore, conveliitur concutiturve; ut certo presagire
possim (nisi quamprimuni medicinam adhibeatis) ruinam in pro-
pinquo esse; quod scio facietis. Est enim urbis hiijus, ut vulgo
fertur, flos selectissimus, qnem arctissime odorabimini, et ob illius
eximiam fragrantiam, quam diligentissime observabitis. Ici fiet, si
talia prœmia non in quoscunque conferantur, sed in bene de col-
legio meritos (plantée non ante proseminant aut fructifîcant quam
floruerint, nec ullum stirpium aut animantium genus) nobis
innuentes debere teneri in quibuscunque gradum suum, et ordi-
natim nos quooptandos esse. Quid ? dicet aliquis. Et si novus sit
tyro, attamen mngnam spem majores natu in eo collocarunt :
orator est copiosus et gratus, poeta egregius. Quid tum? Floren-
tissima hrec scola non tani disertos exquirit, quam Ion go rerum
usu oblirmatos. Equidem si taies tantum seliguntur, futurum est
526 ANNALES DU MIDI.
propediem ut collahatur funditus luec medicorum Universitas.
Novuni enim non est. Etenim eorum garrulitate Comici sa^culo
tola est destructa respublica. Quœrit Comicus qui dexiruxere rem-
publicam ? Poète et oratores novi. Ne igitur, concives, hsec vestra
tam celebris Universilas collahatur ac ruât, procurabitis dili-
genter, ut in defunctorum locum experti magis sufficiantur, et
longue rerum usu perili. Hoc si feceritis, eam producetisin longos
annos, utpote qui sunt columina et fulcra communitatis. Potestis,
sit vobis, res est curœ, convenire reliques regios professores,
eosque consolari, aut quasi niana ducere, qui vestra concilia per-
libenter excipient, et de liis eos rogare. Sunt enim niirifice in res
collegii alTecti. Nequideni ex vobis unus commode medici opéra
potest carere. Ut igitur, dum fert nécessitas, possilis propicium
vobis seligere, est quod illius expectationem in publicis certanii-
nibus concitetis. Ita fiet, ut et praesentes adsitis, quse prsesentia
non parum commendat nostras actiones. In significationem curœ
rerum nostrarum, amorisve in me vestri, a vobis etiam atque etiam
deposco, ut nobis vestram operam in tantis his collegii necessita-
tibus non denegetis. Hoc si feceritis, ne totum collegium devin-
cietis. Et valete. Et aedibus nostris.
QU^STIONES. — Quaestio prima.
Uirum salîtbrior apasLa, quies an motus?
Cum praiîstunti aîternœque naturte fuisset consultum lioininem
non ;etern«m, sed dissolubilem edere in lucem, euni necessitatiljus
immensis obnoxium prodidit, cum ex quatuor elementoruni com-
page ipsum alTaJjrè fabricasset. Etenim illum effluvio substantiae
triplicis suljjecit, fami , siti, negnon* rebquis alterationibus.
Quaniobrem quàm maxime sollicita natura in banc necessitatem
esculenta poculentave mortalibus dédit, siiaque beneflcenlia terra;
et aquis fœcunditatem est élargi ta, quœ, ad mortalium pereniii-
tateii), fruges et cibos cujuscunque generis potionesve profert.
Quibus (quantum potest) dicta dissolubilis substanlia recolligitur
aut quodam modo relicitur. Ut verô id conlingeret, quoniam
oportet simili similem substantiam retici, cùm nihil melius possit
1. Sic.
MÉLANGES ET DOCUMENTS. 527
ad dictam reparatioiiem progigni, sanguine sanguinem, sangui-
nisque materiam, in quibus sanguis prodnceretur etperquem nos
donavit, in primis, dentium connexii conjunctissimo, quibns tan-
quam pistrino quodam cibus tnditatur et subigitur, ne densitate
sua et soliditate. ventriculum alioquin fliictuantem et imbecillum
agravet aut oneret, ut cum Avicenna dicamus raansu cibaria crudis
cujuspiam eoncoctionis reportare rudimenta. Qua? ubi cotitigit
cibus per œsophagum in ventreui illabitur, in quo cùm desidet,
conficitur ac nalivo illius calore conquoquilur, et in cremorem
ptisanœ similem mutatur. At vero, cum dictus ventriculus ovga-
num sit quasi infinitum, distinctaque sint in eo spatio, sit oriTi-
cium, sitfundum atque illius médium, memoramus a pastu lantil-
lulum esse deambulandum, quo exculenfa poculentave illabantur
in sui fundum. Nec tantnm, sed et in eum usum pyra, pomaque
citonia, similiaque sunt seligenda , quse ut sunt gravia, in altum
ac deorsum tendunt, cibosque oompellunt.
Corpus vero movere, ut ante pastum est salutare, sic a pastu
intrépide (ventriculo alioquin ut est dictum lluctuante) commo-
vere est insalubre, at quiescere oportet. Que et vegetiùs agat
calor nativus et sedatiùs, et ne importuno motu ab hepate chilus
sitiusi quam par sit rapiatur, et tandem sanguis crudior ab
eodeni proferatur. Adde quod motus interrumpit venlriculi func-
tionem et cibos in eo tluctuare facil.
Ergo quiescere est satius.
Quare salubrior est a pastu quies quàm motus.
(A suivre.) J- Galmette.
1. Sic.
COMPTES RENDUS CRITIQUES
Jean Guiraud. - Cartulaire de Notre-Dame de Prouille.
Paris, Alphonse Picard et fils, 1907; 2 vol. in-4» de
cccLi-286 et 355 pages.
M. J. Guiraud commence, avec ces deux gros livres, la publica-
tion d'une Bibliothèque historique du Languedoc, à laquelle,
dès l'abord, nous souhaitons bonne chance; elle doit comprendre
une série d'études et de documents sur l'histoire religieuse, écono-
mique et sociale du Languedoc au moyen fige. Deux autres volu-
mes sont dès maintenant annoncés, l'un touchant encore le monas-
tère de Prouille, l'autre relatif aux Inventaires narbonnais au
xive siècle et au mobilier languedocien de ce temps-là. M. G. ne
nous parlant d'aucun collaborateur, j'imagine qu'il a l'intention
de mener seul à son terme la vaste entreprise dont il s'est tracé le
plan et c'est là un dessein dont on se demande s'il en faut admirer
la bravoure ou redouter la témérité ; attendons, pour nous pro-
noncer, d'en voir la fin. D'aucuns, et j'en suis, se demandent
aussi, non sans inquiétude, si l'auteur sera vraiment payé de la
peine qu'il prendra, s'il reste assez de pièces inédites dignes d'être
publiées pour emplir une nouvelle Bibliotiièquc ; mais, sur ce
point encore, réservons-nous. — Le Cartulaire de Notre-Dame de
Prouille n'est pas un vrai cartulaire, et l'auteur nous i)révient
qu'il lui en a donné le titre seulement pour la commodité du lan-
gage; il convient donc d'entendre : Documents inédits sur le
■monastère de Prouille et, d'ailleurs, je ne vois pas trop en quoi
cette dénomination, plus exacte que l'autre, aurait été moins com-
mode. Des 548 pièces (jue comprend le recueil, avec les, appendi-
ces, toutes ne sont pourtant pas inédites; mais la plupart le sont
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 529
et M. G. a toujours eu le mérite de les rassembler et de les clas-
ser. Au reste, l'ordre auquel il s'est arrêté ne me parait pas très
propre à faciliter les recherches d'histoire générale : il a groupé ses
documents d'après leur contenu et les localités auxquelles ils se
rapportent. Autrement dit, il les a dispersés en 18 sections : 5 con-
tenant les textes qu'on pourrait appeler généraux (bulles pontifi-
cales et privilèges royaux ou seigneuriaux), et 13 se rapportant
aux localités où Prouille avait des intérêts. A la fin du second
volume, une table chronologique, qui reproduit la courte analyse
placée en tête de chaque pièce, rétablit le classement de l'ensem-
ble d'après la date. J'aurais préféré, pour ma part, que l'ordre
chronologique pur et simple fût suivi dans le corps du cartulaire
et qu'un Index analytique, par ordre alphabétique des matières,
fat donné à la fin. M. G. a pris de la peine pour établir une table
onomastique, une table des couvents et une table topographique;
elles sont assurément utiles, mais elles ne remplacent pas l'Index
analytique, dont je regrette l'absence, et qui aurait permis de les
simplifier. Autre regret : dans ses Indices, mis à part celui qui a
trait aux couvents et qui est très court. M. G. n'a pas identifié les
noms propres de lieux et de personnes, que ses doiuments lui don-
nent en latin ; je n'ignore pas les difficultés que présentait l'entre-
prise, mais je crois d'autant plus qu'il fallait la tenter qu'une
publication comme celle-là peut être une très utile contribution à
l'étude de l'onomastique languedocienne et que, d'ailleurs M. G. a
prouvé, par les identifications que contiennent ses analyses, qu'il
pouvait la réussir. Il ne s'agissait pas, bien entendu, de rempla-
cer la désignation latine par le nom en langue vulgaire ou les
appellations modernes, mais de placer à côté l'une de l'autre les.
deux indications.
Quant aux documents eux-mêmes, j'entends ceux qui étaient jus-
qu'ici inédits, ils ne m'ont point paru d'un intérêt décisif, en ce
qui regarde l'histoire générale de notre Midi. Elle y glanera assu-
rémenl des détails utiles, mais pas plus. Ils intéressent surtout
— et c'est naturel — le monastère de Prouille, ils se rapportent h
ses affaires matérielles, voire à ses petites affaires : dons de terresou
d'argent, privilèges variés, contestations y afférentes. Aussi, n'est-ce
pas sansquelque surprise que l'on trouve, en tête d'un recueilde piè-
ces si particulières, une Préface de |)lus de 300 pages sur VAlU-
géisnie languedocien aux xn^ et xiiie siècles. C'estle tiersdela lon-
gueur de l'ouvrage et le lien (lui l'unit au reste semble bien fragile.
530 ANNALES DU MIDI.
Sans doute, c'est parce qu'il y a eu des calliares en Languedoc que
saint Dominique y a séjourné; c'est parce qu'il a ramené à la foi
catholique quelques iiotnl)les femmes d'entre les hérétiques, que
l'idée lui est venue de fonder un couvent à Prouille, pour les séparer
du monde, mais l'explication de cette doulde circonstance, d'ailleurs
depuis longtemps donnée, ne nécessitait point ce long exposé
d'ensemble. Si M. G. avait envie de nous faire connaître ses idées
sur l'albigéisme, il pouvait éditer séparément cette Élude et la
remplacer, en tête de son cartuhiire, pur un essai de mise en
œuvre des documents qu'il contient; car telle était la préface natu-
relle et attendue d'une publication de ce genre.
Je n'entends d'ailleurs nullement insinuer qu'en soi la {préface
en question n'ofl're i)as d'intérêt; elle présente clairement, et d'une
façon assez complète, les divers aspects de l:i (juestion all)igeoise ;
sur plusieurs points, elle apporte même ((uelques précisions nota-
bles, particulièrement sur les rites du consolamenlum et sur la
morale cathare ; il est vrai que les deux chapitres, qui se rappor-
tent à ces sujets, avaient déjà paru dans les Questions d'idslolre
et d' archéologie chrélienne du même auteur. L'ensemble de la
préface n'apporte cependant aucune vue vraiment nouvelle sur
l'albigéisme ; dans l'état |)résent de notre documentation, il sem-
ble que tout l'essentiel ail été dit, de Schmidt à Luchaire, en pas-
sant par Molinier, Douais et Lea; en revanche, elle peut donner
lieu à un assez grand nombre d'observations; je me bornerai h en
présenter quelques-unes, pour ne pas prolonger outre mesure ce
compte-rendu. — D'abord M. G. est catholique; je ne le dis pas
parce que cela se sait, ce qui m'est indilférent, mais parce que cela
se voit, pas d'une façon très choquante ici, je me hâte de le dire,
mais assez pour inquiéter le lect(îur sans parti pris. L'albigéisme
est un de ces sujets qu'il est dangereux d'aborder avec des préoc-
cupations confessionnelles, quelque etïort que l'on fasse pour leur
imposer silence. M. G., c'est évident, juge les cathares avec la plus
entière bonne foi, et il sait, à l'occasion, ne pas oublier que les
témoignages qui les accablent sont ceux d'adversaires acharnés;
son désir d'impartialité est certain; et pourtant, ce n'est pas sans
étonnement que l'on voit en plusieurs endroits (p. lxxxiv, lxxxvii,
l)ar exemple) le mot chrélien employé là où il faudrait catholique,
comme s'il n'était [)us d'autre christianisme que celui de Rome;
de même, nous préseute-t-on comme la doctrine chrélienne véri-
table celle que l'Eglise catholique i)rofesse aujourd'îiui, comme si
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 531
— autre conclusion romaine — la religion clirêlienne avait été
soustraite aux nécessités .le révolution. Je lis, par exemple, à la
p. Liv : « Si au moins les Cathares n'avaient nié que la divinité de
Jésus-Christ, leur doctrine se serait expliquée comme celle de tous
les rationalistes. » Or, on n'a pas prouvé, par des arguments rece-
vables en critique, que la foi en la divinité du Christ fût une
croyance primitive du christianisme, et j'imagine que la généra-
tion apostolique n'était pas rationaliste. Laissons cela.
M. G. tient beaucoup à une idée sur laquelle il revient plusieurs
fois, à savoir que le cutharisme n'est pas une hérésie, mais une
religion radicalement ditléreide du christianisme : c'est là une
exagération et l'auteur n'a tout ù fait raison que s'il entend encore
ymi-'^chrUtuniisme le catholicisme du xiiie siècle. Au vrai, le catha-
risniH H'présente une des formes du christianisme qui n'ont point
réussi, une de ses voies qui se sont un jour fermées. Il est fils au-
thentique de la gnose, qui a enfanté i>lusieurs systèmes plus ou
moins semblables à lui, dès le iie et le me siècles. Par un syncré-
tisme beaucoup moins slngulierpour leurs auteurs que pour nous,
ils mêlaient aux postulats premiers de la foi chrétienne quantité
de notions empruntées à l'Orient chaldéen, à l'Egypte et même à
la philosophie grecque; le christianisme n'était donc plus pour
eux, en réalité, qu'un des éléments d'une construction hétéroclite
et que nous jugeons extravagante. Mais des hommes comme Va-
lentin, Basilide, Carpocrate, se croyaient certainement chrétiens ;
leurs contemporains, ceux-mêmes qui ne les suivaient d'aiicune
manière, hésitaient à en douter et à les rejeter de leur commu-
nion. Ils avaient raison, car ces hérésiarques, que nous ne som-
mes plus en état de comprendre, prétendaient seulement présen-
ter, en conformité des aspirations de leur temps, en fonction de sa
métaphvsique et de sa science, une interprétation élargie de la
vérité chrétienne. Leur tentative ne pouvait guère rencontrer de
chances de succès durable, assurément, parce que leur virtuosité
métaphysique les jetait hors du sens commun des fidèles ordinai-
res dont la masse faisait la force de la grande Eglise et dont la
foi plus sage aengendré l'orthodoxie; mais elle n'était pas étran-
gère à la pensée chrétienne ; elle en représente au moins un des
écarts. Aux veux de l'historien non confessionnel, la dogmatique
•i laquelle la théologie catholique a fini par aboutir, rapprochée,
par exemple, des données de foi des Evangiles synoptiques ou des
Actes n'est pas, historiquement parlant, beaucoup moins singu-
532 ANNALES DU MIDI.
lière, et, s'il est vrai que l'albigéisme soit identi(iiie au mani-
chéisme (p. GGXxii), il n'oublie pas que saint Augustin a nourri
pour les manichéens des sentiments très sympathiques avant de
les combattre, et qu'an plein de l'erreur, il se croyait au sein de la
vraie foi : preuve que la confusion n'était pas si impossible que
semble le penser M. G. entre la rêverie cathare et la spéculation
catholique. Chez nos cathares, nous retrouvons non seulement une
foule de rites et d'habitudes qui nous reportent aux premiers siècles
de la foi — cela M. G. l'a bien montré — mais encore une foule
de tendances du même temps, peut-être encore plus intéressantes
que les pratiques, parce qu'elles sont plus inconscientes. Je ne
retiens qu'une, de ces tendances, la plus importante, celle sur
laquelle M. G., après M. Vacandard, a insisté avec le plus de com-
plaisance : cette espèce d'attitude d'opposition aux principes cons-
titutifs de la société que prenaient les cathares, et que nos deux
auteurs jugent intolérable; à leurs yeux, elle justifie dans la plus
large mesure les rigueurs de Tlnquisition. C'était tout justement
la même attitiule, avec les mêmes accommodements dans la pra-
tique, que prenaient les chrétiens des trois premiers siècles au
regard de la société romaine. M. G. relève la formule cathare,
maLrlmonimn rnereLriciutn; la grande Eglise chrétienne ne l'a
jamais acceptée, c'est entendu; mais je n'userais pas soutenir
qu'elle n'était pas au fond de la iiensée de beaucoup de ses tidèles.
Est-ce donc que les concessions que saint Paul fait à l'infirmité
de la chair honorent grandement le mariage? Tatien soutient,
comme un simple Parfait, que les relations sexuelles sont une in-
vention de Satan (Clem. Alex., Strom., III, 2, 80; August., Hacr.,
xxv); Tertullien considère le mariage comme un des vices du
siècle {Ad uxor., I, 5); on sait jus(ju'oii Tiiorreur de la cliair pou-
vait pousser un Origène; et, au iv« siècle, un saint .Jérôme (£'pis^.,
22 et 123), ou un saint Zenon {Tract, v de conlinenlla) trouvent
contre l'union des sexes, même légitime, des accents que n'ont pas
dépassés les Bons hommes. Les autorités ecclésiastiques, cons-
cientes des nécessités humaines, ont toujours défendu le bien du
mariage, mais c'est une tendance très chr(' tienne et très logique
que de lui préféi-er le mieux de l'abstinence. Le catharisme a évi-
demment mis l'accent sur le mieux et il s'est arrangé comme il a
pu, dans la pratique, avec les exigences invincibles de la chair.
Je [leust! tout de môme qu'il y a lieu de ne pas croire trop vite les
témoins de l'Inquisition quand ils qualifient de concubina telle
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 533
OU telle femme de la secte, non plus qu'il ne faut accepter sans mûr
examen que les cathares préfèrent pour leurs adeptes le concubi-
nat, la fornication libre et la bâtardise au mariage et à la nais-
sance légitime. Prenons garde que les mauvaises mœurs sont fort
communes en ce temps-là, particulièrement dans le Midi, et aussi
qu'il n'est d'autre mariage régulier que celui que bénit l'Eglise
catholique, à laquelle, sans doute, les vrais cathares ne s'adres-
sent pas volontiers pour légitimer leur union. — Les cathares,
nous dit encore M. G. (p. Lxxxii), apportaient une fâcheuse entrave
à la vie sociale en s'interdisant le serment]; il est vrai, mais, ce
faisant, nos hérétiques se conformaient aux principes du Christ
{Mt., V, 33) et à la pratique de ses plus anciens disciples {Jacques,
v, 12; Justin, I, Apologie, 16; Glem. Alex., Slrom., VII, 8, 50;
Pedag., III, 11, 79). Au temps de saint Augustin, l'obligation du
serment inquiétait encore maint chrétien {Epist., 4<S, 125, 126,
157); et, en la repoussant, les Bons hommes restaient simplement
fidèles à la tradition chrétienne primitive. J'en dirai autant de leur
horreur de la guerre et des peines capitales. Ils ne préludaient
pas « aux rêveries antimilitaristes » de Tolstoï et de quelques
autres, comme l'avance M. G. (p. Lxxxiii); ils entendaient tout
simplement les enseignements de Jésus, comme faisait Tertullien
quand il écrivait : Omnem poslea mililem Dominus in Petro
exarmando discinxit [de idol., 19), et, avec Tertullien, bien
d'autres fidèles qui n'étaient point, comme lui, des suppôts de l'exa-
gération montaniste. C'est Lactance qui prononce, cathare avant
la lettre : Ha neque mililare justo licebit, cidus militia est ipsa
juslitia, neque accusare quemquam crimine capUali {Insl.
div., VI, 20, 16). — Voilà déjà bien des points de contact entre le
catharisme et le christianisme primitif, sans compter ceux que
M. G. lui-même a indiqués; en voici encore un : nos hérétiques
rejetaient tous les sacrements de l'Eglise catholique. Les premiè-
res communautés chrétiennes ne les connaissaient pas plus qu'eux,
et ce n'est pas tout de suite que la foi a attaché une grâce particu-
lière de Jésus-Christ aux deux vieux rites juifs du baptême et de
la fraction du pain, pour en faire le sacrement du Baptême et
celui de l'Eucharistie. Les niaiseries que les cathares produisent
contre le baptême et ses efl'ets (p. lxxxviii) sont de sens contraire,
mais du même genre que celles que peuvent enfanter les catholi-
ques d'alors pour le sacrement et son efficacité: c'est la marque
du temps. Leurs raisonnements sur l'Eucharistie, si grossiers
534 ANNALES UtJ MIDI.
qu'ils soient (p. xi:), ne sont iKUiitiuit pas privrs .le tout sons et
ils prouvent, surlont ((iie leurs initeMii's n'entrent pas dans IVspi-it
(le la théologie callmliiine; [ilirMioinrne, en somme, explicable. —
J'abrège, (".es gens-là n'aimaient pas FKglise et ils la combattaient
de leur mieux ; c'était leur droit; mais l'ant-il voir dans leur iios-
tilité une œuvre de diffamation et surtout de « mauvaise foi »
(p. xcvii)? Prenons garde que c'est là l'éternel argument de toutes
les confessions. Les cathares mettaient en lumière les défaillan-
ces du clergé orthodoxe; M. G. avoue lui-même qu'ils avaient la
partie belle; ils considéraient l'Eglise catholique comme une in-
vention du diable; mais est-ce que les orthodoxes usaient d'autres
procédés à leur égard? Pourquoi parler de diffamation et de mau-
vaise foi pour eux plus que pour les inquisiteurs, et sur l'affirma-
tion des témoins de l'Inquisition? De part et d'autre, nous avons
affaire à des fanatiques portés à ne voir que les vices de l'adver-
saire et à ne regarder que leurs propres vertus. D'ailleurs, M. G.
a ramené à de raisonnables proportions les mauvais bruits répan-
dus contre les mœurs des cathares (p. cm).
Il a très justement insisté sur la division des hérétiques en par-
faits et en croyants, car elle rend seule intelligible l'austérité des
uns et Vhutna7iUé des autres. Il me semble tout de même exagéré
de dire (p. cxvii) que « la conduite des croyants était indifférente
aux parfaits. » Je me méfie, au point de ne pas croire un mot de
ce qu'il dit, de cet « auteur catholique contemporain », qui prétend
que certains hérétiques prêchent l'inceste, tout en proscrivant le
mariage; les imbéciles, qui jugeaient les chrétiens du second siècle,
sans les connaître, ne disaient pas mieux. Je n'attache pas plus
d'importance à quelques faits isolés, mal contrôlés, comme n'im-
porte quelle secte en fournira toujours un certain nombre, et je
pense que le commun des cathares vivait comme le commun des
catholiques, avec les hauts et les bas que comporte une morale
qui s'appuie de son mieux sur l'humaine faiblesse. Je ne vois pas
en quoi l'espérance du consolamentum apportait à l'hérétique
plus d'assurance dans les écarts de sa vie qu'à l'orthodoxe l'espoir
d'une bonne confession et d'une absolution générale in extremis.
— Il est encore au moins un point important sur lequel M. G.
ne me semble pas avoir vu tout à fait juste; il s'agit de la sympa-
thie marquée aux Albigeois — et d'ailleurs aussi aux Vaudois —
par les seigneurs languedociens. M. G. penche à croire que Ray-
mond VI, Raymond-Roger Trancavel, et quantité d'antres, sont de
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 535
cœur gagnés à l'hérésie parce qu'ils se compromettent en compa-
gnie des Bons hommes et leur font parfois du bien. Cependant, il
cite lui-même des témoignages contradictoires, qui nous représen-
tent ces mêmes seigneurs dans l'attitude de bons oatlioliques. La
contradiction, qui est réelle, ne me semble pas du tout inexplica-
ble. Partons d'abord de cette constatation que les barons du Midi
n'étaient pas d'ordinaire profondément préoccupés par les choses
de la religion, et c'est là déjà un état d'esprit favorable à la tolé-
rance; ceux que les questions religieuses troublaient, et leurs fem-
mes surtout, versaient franchement dans l'hérésie. Un mot de
Guillaume de Puylaurens nous fait comprendre pourquoi : « Les
pasteurs qui devaient veiller sur le troupeau se sont endormis,
voilà pourquoi les loups ont tout ravagé. » Le clergé catholique
manque de zélé. La plupart des barons ne sont pourtant pas des
esprits forts, mais ils flottent entre l'albigéisme et la foi romaine,
comme ces demi-chrétiens du ive siècle, qui, posant un pied dans
l'église, en gardaient un autre dans le temple. Les Bons hommes
leur semblaient pleins de mérites; ils leur voulaient du bien et,
en même temps, ils favorisaient de leurs dons les moines qui ber-
ceraient de leurs prières dans leur cloître, un dernier sommeil pré-
paré par un pieux consolamentum. Ce n'est pas parce que ces
gens-là étaient hérétiques qu'ils malmenaient parfois les clercs et
portaient dommage aux biens d'Église, car, vers le même temps,
les barons du Nord faisaient de même ; c'est parce qu'ils étaient
avides toujours et souvent besoigneux. Enfin, je ne suis pas sûr
qu'il soit tout à fait équitable de ne donner que des motifs égoïstes
ou intéressés à leur malveillance contre le clergé séculier; ils n'ont
peut-être pas été insensibles aux raisons qui détournaient leurs
simples sujets des prêtres ortliodoxes.
J'ai cherché, en présentant ces quelques remarques, à donner
une idée de l'économie, de l'esprit et de la portée générale du tra-
vail de M. G. ; les érudits méridionaux jugeront à l'usage de son
utilité pratique pour l'avancement de leurs études, et c'est éviilem-
ment dans leur suffrage que l'auteur puisera les encouragements
qui lui sont nécessaires pour conduire à bonne fin le rude labeur
qu'il a entrepris; je souhaite qu'ils ne lui fassent pas défaut.
Ch. GUIGNEBERT.
536 ANNALES UU MIDI
Charles Bemont. — Rôles gascons, tome III. Paris, Iiiipr.
aalionale, 11306 {Collection des Documents inédits): ia-4"
de C('-792 pages.
La publication des Rôles gascons a une liisloire déjà longue. Le
t. I, dû à feu Francisque-Michel, parut en 188"). Il fut suivi à long
intervalle, en 189C, d'un supplément, puis en 1900 d'un t. II, l'un
et l'autre publiés pnr M. Bcmont. II ne sera pas inutile d'analyser
ici brièvement ces trois volumes, avant de parler du t. III, men-
tionné ci-dessus.
Le t. I et le supplément contiennent en tout onze rôles rédigés
par les clercs de la Gliancellerie qui suivirent Henri 111 durant
deux expéditions, l'une en Poitou (1242-1348), l'autre en Gascogne,
où le roi venait apaiser la révolte (]u'avait provo({uée la tyrannie
de son beau-frère et lieutenant, Simon de Montfort, comte de Lei-
cester. Les actes de toutes sortes dont les rôles sont formés inté-
ressent d'ailleurs l'Angleterre et l'Irlande aussi bien que les pos-
sessions anglaises du continent. Enfin, l'un des rôles, — vraiment
gascon en ce qu'il concerne presque exclusivement la Gascogne,
— fait connaître l'adminislralion du prince Edouard en ce pays
(1254-1255); c'est celui (jui a été publié dans le volume de supplé-
ment. Le même volume donnait une introduction paléographique
et diplomatique, un historique des faits politiques, militaires, des
institutions; enfin d'excellentes tables : lo des corrections à ap-
porter aux textes imprimés dans le tome 1 ; 2" des noms de lieux,
de personnes et de maliéres.
Le t II est consacré à la première partie du règne d'Edouard 1er
(1273-1290) ; sauf .une très courte préface, il ne contient que des do-
cuments. Avec ce roi, les rôles gascons changent de nature ; ils ne
comprennent plus que des actes relatifs à l'administration de la
province, soit qu'Edouard s'y trouve, soit qu'il en reste éloigné;
en outre, on en trouve pour presque chaque année. Trois années
seulement man(iuent à l'appel : 1272, la première du règne, 1286
et 1287.
Parmi ces textes de premier ordre, signalons une dizaine de cou-
tumes, dont celles de Puymirol.
Le t. III est plus complexe et plus considérable. Les maté-
riaux en ont été patiemment recueillis, depuis 1891, par M. Bé-
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 537
mont. Nul ne connaît mieux que le savant sous-directeur de l'Ecole
lies Hautes-Etudes les archives anglaises et les nombreux docu-
ments qu'elles contiennent sur l'histoire des provinces de France
qui firent jadis partie de l'Etat anglo-angevin. Aussi, apporte-t-il
une ample collection de documents, près de 5.000 actes (exacte-
ment 4492), compris entre les années 1273 et 1308. Presque tous
ces actes concernent les possessions anglaises du Sud-Ouest, Sain.
tonge méridionale, Guyenne et Gascogne. Dans Vlnlroditction du
volume, M. Bémont donne, avec son expérience consommée de pa-
léographe, la description technique de ces documents. Il a fait
mieux encore. Dans un exposé très nourri, d'une précision et d'une
exactitude qui ne laissent aucune prise à la critique, il a résumé
une partie des résultats d'ensemble que les historiens peuvent re-
tirer de sa publication, et ce tableau n'est pas un des moindres
services que l'éminent érudit rend à l'histoire de la France méri-
dionale.
Le tome III des Rôles gascons permet, en effet, de connaître
d'une manière assez nette le système administratif que les Plan-
tagenets appli(iuèrent dans l'Aquitaine. Edouard le"-, l'un des
princes les plus intelligents et les plus actifs de cette dynastie,
gouverne de loin ses possessions continentales. Les rois anglo-
angevins, plus Français qu'Anglais au xiie siècle, deviennent dé-
cidément plus Anglais que Français depuis le milieu du xine siè-
cle. Edouard ler, pendant ses trente-cinq années de règne, ne fait
que de rares apparitions dans son duché de Guienne. M. Bémont,
qui rectifie et qui complète l'itinéraire de ce prince dressé par
H. Gough en 1900, a noté les séjours du roi d'Angleterre en 1273,
1274, 1285, 1287, 1288 et 1289 dans les domaines anglais du Sud-
Ouest^ Mais si le prince y réside peu, sa pensée y est toujours
présente, grâce à ses représentants, lieutenants du roi et séné-
chaux, choisis avec discernement et tout dévoués à sa politique.
L'éditeur du tome III des Rôles gascons a précisé avec une rare
érudition les biographies de ces hauts fonctionnaires, leur rôle et
leurs attributions. Ce sont, en première ligne, les lieutenants du
roi, grands seigneurs pour la plupart, tantôt frères du prince, tels
que le comte Edmond de Lancastre (1295-129(3), tantôt cousins du
souverain, comme Henri de Lacy, comte de Lincoln (1295-1297), ou
Jean de Bretagne (1294-1295), ou Maurice de Craon (1289-1292),
1. Bémont, Introd., pp. ix à xiv.
ANNALES DU MIDI. — XX 35
538 ANNALES DU MIDI,
jiMi-fois seulement alliés à la t'amille royale, par exemple Otton
de Grandson (1278) el Jean <]e Haslings (130'M30't). D'autres ap-
partiennent à la liante aristocratie, tels que Jean de Saint-John
(1293-1295), on au haijt clergé, comme le cliancelier Robert, évoque
de Batli (1278), et l'évêqne de Norwich, Guillaume de Middleton
(1287-88). Le plus souvent seuls, quelquefois associés à un autre
lieutenant, unissant parfois à leurs fonctions celles de sénéchal de
Gascogne, ils sont de véritables vice-rois {vices gerenles régis,
locum lenenles), investis d'attributions très diverses et variables
suivant les circonstances, surtout chefs militaires {capUalnas-gé-
7iéraux), chefs de missions diplomatiques, à l'occasion aussi en-
quêteurs et réformateurs, « hommes de confiance » du prince
« pour la répression des abus et injustices des fonctionnaires » et
pour le règlement des questions litigieuses. Etrangers au pays, ils
présentent des garanties d'impartialité; largement rétribués (Jean
de Saint-John reçut 2,UU0 livres de traitement), magnifiquement
récompensés à l'issue de leur mission, les lieutenants du roi sont
les exécuteurs fldèles de la volonté du souveraine
Il en est de même des sénéchaux de Gascogne (senescalli Vas-
coniœ ou Aquilaniœ), dont M. Bémont a dressé une liste bien plus
complète et plus exacte que celle qu'avait publiée l'abbé Tauzin 2.
Tous sont également choisis en dehors des provinces qu'ils admi-
nistrent : Luc deThanney (1272-1278) est un Anglais de famille nor-
mande; Jean de Grilly (1278-1286) est originaire du pays de Gex;
Jean de Vaux (1283), Jean de Havering (1280-1304-06), Jean de Has-
tings (1302-04) sont des Anglais, juges-itinérants, sherift's, capitaines
en Angleterre ; Gui Ferre (1300-1308), quoique Français d'origine,
est un fonctionnaire entièrement anglais de carrière et decœur'.
Un seul d'entre eux, Jean de Grailly, dont l'administration fut d'ail-
leurs soumise à enquête, parait avoir travaillé autrement que dans
l'intéi'êt du prince, en cherchant à se créer un établissement en
Gascogne. Pourvus d'une simple couunission, révocables à la vo-
lonté du roi, nommés pour une période indéterminée {quamdiu
reglplacaerlt), mais restant parfois en fonctions cinq à huit années
pourvus de gages élevés, (Gui Ferre reçoit oOO livres sterling par
1. Bémont, pp. xxii-lxxiii.
2. Bémont, pp. xix, lxxiii et sniv.
'6. Il n'y a d'exception que pour Barrau de Sescas, chevalier du Borde-
lais, et Arnaud de Vie, clerc du pays de Landais, qui administrent par
intérim en 130I-13U2.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 539
an), auxquels s'a<ljoip;nent de nombreux avantages, les sénéchaux
ont des fonctions multiples, diplomatiques, militaires, administra-
tives, judiciaires et iinuncières qui exigent de fréquents voyages
et une activité incessante. Aussi sont-ils parfois assistés de lieu-
tenants, en nombre variable, recrutés parmi les chevaliers ou les
bourgeois du pays, et qui les suppléent pendant leur absence '.Les
sénéchaux de Gascogne ont sous leurs ordres les sénéchaux par-
ticuliers de Saintonge, de Périgord, de Limousin, de Quercy, de
Roucrgue, d'Agenais et de Bigorre dont ils surveillent l'adminis-
tration, apurent les comptes, et qui sont choisis directement par
le roi parmi les chevaliers gascons dont on a éprouvé le dévoue-
ment^.
L'administration financière dans l'Aquitaine anglaise dépend
entièrement, en temps de paix, d'un fonctionnaire dont M. Bémont
a mis en relief le rôle; c'est le connétable de Bordeaux^, le second
personnage de la province après le sénéchal de Gascogne. En dépit
de son nom, qui semble indiquer des fonctions militaires, c'est
un agent supérieur purement civil, le trésorier, le receveur général,
le directeur général des finances de l'Aquitaine. Il s'occupe de
l'administration et de la perception de tous les revenus royaux; il
mandate et paye toutes les dépenses; il reçoit les comptes de tous
les receveurs des deniers royaux; il est responsable de sa gestion
devant l'Echiquier d'Angleterre et devant les commissaires dési-
gnés par ce haut tribunal financier. Aussi le roi le choisit-il
parmi des spécialistes, clercs ou bourgeois, qui ont administré des
domaines ecclésiastiques et qui ont rempli des missions adminis-
tratives ou politiques, parfois même géré des prévôtés. Ce sont
indifféremment des Gascons, comme Raimond de Taleyson, Rai-
mond du Mirait, Pierre Aimeric, ou des Angoumoisins au service
de l'Angleterre, tels que Itier Bochard d'Angoulême, ou des An-
glais, par exemple Adam de Norfolk et Ricliard de Havering,
futur archevêque de Dublin. Sous leur direction sont placés de
nombreux agents financiers : le contrôleur de Bordeaux, les tré-
soriers, les receveurs, les baillis ou prévôts, les fermiers des
douanes ou coictumes, tels que les marchands associés de la
1. Bémont, pp. xxi, xlvii, lxi.
2. Bémont, pp. lxxxui-lxxxvii; il complète les listes de ces sénéchaux;
ces agents reçoivent 400 à 500 livres sterling de gages par an.
3. Bémont, Lxxxviii-on; il a relevé les noms de onze connétables et
tracé leurs biographies.
540 ANNALES DU MIDI.
Compagnie des Ballavdi de Lacques, qui percevaient en 1303-1305
la grande coutume des vins du Bordelais. Les plus importants
sont les hailes eX prévois, à la fois fonctionnaires d'administration
et de finances, au nombre de un ou de deux par bailie, qui afïer-
ment ou qui reçoivent leur ciiarge à titre de concession, tantôt
temporaire, tantôt viagère,et qui appartiennent, ici à la classe des
chevaliers, là à celle des clercs ou des bourgeois. M. Bémont a
relevé avec soin les noms de soixante-quatre bailles ou circons-
criptions, dont les plus considérables étaient celles d'Agen, d'Aire,
de Bourg, de P'ieurance, de Lectoure, de Gaure, de Lomagne, de
Marennes, de Marensln, de Marmande, d'Oléron, de Saintes et de
Villeneuve-sur-Lot ; il y a joint le relevé de vingt-six prévôtés,
parmi lesquelles on peut noter celles de Barsac, de Bayonne, de
Bazas, de Bordeaux, de Dax, de La Réole, de Libourne, d'Olé-
ron, de Saintes et de Saint-Sever *.
Un grand nombre de rôles, auxquels M. Bémont a joint des
documents d'une autre nature tirés des archives anglaises, lui ont
permis de tracer ce tableau de l'organisation militaire de la Guienne
qui est certainement la partie la plus neuve de son introduc-
tion. La défense de la province est assurée par des châteaux, dont
les uns, au nombre de vingt-sept, appartiennent directement au roi
d'Angleterre, et dont les autres, au nombre de quatre-vingt-neuf,
appartenant à des vassaux du souverain, peuvent être mis à sa
disposition en temps de guerre. Parmi les premiers se trouvent
ceux de Bayonne, de Bordeaux, de Bourg, de Dax, de La Réole,
de Mauléon de Soûle, de Saint-Macaire et de Saintes, de Penne et
de Talmont. Edouard II en a fait construire de nouveaux, par
exemple celui de Tournon d'Agenais. Des chevaliers, des châtelains
ou connétables, en ont le commandement, qu'ils reçoivent du roi
à titre révocable, ou qu'ils afferment, moyennant une redevance
annuelle; leurs gages varient de 5 à 15 s. par jour^. Au moment
des hostilités, pendant la guerre qu'Edouard II soutient contre
Philippe le Bel (1293-1297), le roi d'Angleterre, grâce aux subsides
du Parlement, parvient à mettre sur pied des forces considérables,
d'abord 500 hommes d'armes et 20,000 fantassins, si l'on en croit
des chroniqueurs dont le témoignage est sans grande valeur, puis
des troupes de secours qui comprennent 23,000 fantassins (1295),
1. Rôles gascons, III, [ntrod., pp. en à ex.
2. IbicL, III, Lxxxix, cxvi à cxxiv.
COMPTES RENDUS CRITIQDES. 541
outre 17,000 archers et arbalétriers levés en Anglelerx'e V M. Béinont
a clairement exposé le mécanisme du recrutement. II a distingué
les contingents fournis par le service obligatoire des vassaux
directs de la couronne, par les hnrones majores et minores, et les
troupes fournies par l'engagement volontaire. Les premiers, dont
l'importance dépend des actes d'inféodation, ne doivent qu'un ser-
vice limité et précaire, si bien que le service commandé ou ohU-
galoire dégénère souvent en service privé on bénévole. Astreints
à fournir leur équipement, leurs armes et leurs chevaux, les vas-
saux Unissent par refuser de servir en Gascogne (février 1297),
sous prétexte qu'ils ne sont pas tenus au service hors de la Grande
Bretagne. Le gros de l'armée anglaise en Guj'enne se compose donc
d'engagés volontaires. Une notable portion de ces engagés est for-
mée, comme le prouve M. Bémont, d'étranges éléments. Ce sont
des criminels de droit commun, coupables de délits forestiers
(outlaios), assassins, voleurs, incendiaires, malfaiteurs de- toute
sorte qu^on expédie sur le continent, en leur donnant l'espoir
d'échapper aux pénalités qui les attendent chez eux. Sous la garantie
d'une caution, pourvus de la paix du roi, ils s'en vont, aux gages
du prince, essayer de racheter par leur bravoure les crimes qu'ils
ont commis. La Gascogne elle-même donne à l'armée anglaise des
contingents plus estimables. Ce sont ceux des vassaux laïques et
ecclésiastiques, ainsi que des villes, requis en service commandé
ou en service prié. Dans cette région, où la propriété est très mor-
celée, la noblesse nombreuse et pauvre, il est, de plus, facile de
recruter de nombreux engagés volontaires, braves et entreprenants,
de même que dans l'Aragon, la Castille et les provinces Basques.
C'est avec eux qu'Henry de Lacy reconstitue son armée en 1297 2.
L'impulsion est donnée. Ce seront des Gascons autant que des
Anglais qui feront au xiv^ siècle la fortune militaire de la royauté
anglaise.
Toute une flotte seconde ces troupes. Les ports anglais et
irlandais, notamment ceux de l'Est et du Nord-Est, fournissent
à la mobilisation en 1293-94 jusque à 210 navires, sous les ordres
d'un capitaine général; ils sont chargés des transports et de la
garde des communications maritimes 3. La flotte de Bayonne les
seconde.
,1. Rôles gascons, III, p. rxxxix-CL.
2. Ibid.,111, Introd., p. cxxxni-CLVi.
3. Ibid., p. cxLv.
542 ANNALES DU MIDI.
On peut se rendre compte, à l'aide des Rôles gascons et des ren-
seignements de leur éditeur, du fonctionnement, des louages mul-
tiples de cette organisation. A côté du personnel militaire propre-
ment dit, ce sont les services auxiliaires : d'abord, les gens de métier
« artilleurs » et charpentiers, constituant une sorte de corps du
génie ; puis, les médecins, les messagers, les espions^ On assiste aux
efforts de l'intendance et de ses agents en Angleterre, en Brabant,
en Hollande, en Gascogne, pour réquisitionner, acheter, transporter
la viande sur pied, le poisson, le vin, les blés, les farines, le pain,
les légumes secs, le lard, les pois, les fèves, les fourrages et les
avoines nécessaires à l'approvisionnement de l'armée et concentrés
dans les magasins de Bayonne. On voit fonctionner le service de la
trésorerie sous la direction du général des finances, Robert Tibotot,
et la distribution de la solde qui varie de 4 sols sterling à 12 de-
niers pour les cavaliers, de 4 à 2 deniers sterling pour les fantas-
sins*..On peut enfin apprécier les frais considérables qu'une guerre
de ce temps entraîne, soit pour la solde, soit pour la remonte de la
cavalerie, soit pour les indemnités, les réquisitions et les emprunts.
C'est au minimum à une somme équivalente à 50 millions de francs
d'aujourd'hui 3 que s'élève la dépense d'une guerre limitée de
quatre ans, comme celle que soutint Edouard II, dont 1/7 environ
pour la solde, 1/13 à 1/14 pour l'achat des chevaux, 1/26 pour
l'intendance et les services auxiliaires.
De la guerre anglo-française elle-même, M. Bémont a donné un
résumé excellent. L'occupation rapide de la Guyenne par les
Français, facilitée par le loyalisme féodal d'Edouard II; la reprise
de Bayonne et de la Gascogne méridionale par les Anglais; les
échecs de ces derniers devant Bordeaux, Saint-Macaire et Dax;
leurs défaites à Rions et à Peyrehorade, sont les épisodes princi-
paux de cette campagne qui devait aboutir à la trêve de Saint-
Bavon-sur-Lys (1207). Au traité de Paris du 20 mai 1303, Edouard II
recouvrait son duché de Guyenne, qu'il cédait à son fils en 1306
(7 avril) V
Il sera aisé aux futurs historiens de la France méridionale de
retracer, à l'aide des Rôles gascons, les rapports de la royauté
anglaise avec la féodalité de ses États continentaux, rapports dont
1. Rôles gascons, III, p. cxl.
2. Ibid., p. rxLii à oxlvi.
8. Ibid., p. CLxviii à CLxxiv.
4. Ibid., p. nxxvi, clvi à olxii.
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 543
l'auteur des Rôles n'a pu que déterminer quelques traits. Gomme
l'indique M. Bémont, la domination des Plantagenets restait popu-
laire dans une région où le patriotisme provincial et local existait
seul, et où la royauté capétienne n'exerçait encore qu'une action
lointaine. Ce sont les nobles du l^abourd, de la Ghalosse et du
Marensin, par exemple les Alliret, qui tigurent parmi les meilleurs
auxiliaires d'Edouard II pendant la guerre. Les villes, Bayonne,
en particulier, Saint-Sever, Oloron, Dax, Bordeaux se montrent
favorables à leur suzerain anglais ; elles lui fournissent des agents
des soldats, des marins et de l'argent'. Mais bourgeois et nobles
sont aussi jaloux de leur autonomie que peu respectueux des droits
du roi. Ils aiment surtout, dans la domination anglaise, un pou-
voir débonnaii-e qui tolérerait leurs usurpations, accroîtrait leurs
privilèges, ne gênerait point leurs mœurs turl)ulente8. Aussi les
administrateurs que le roi d'x\ngleterre envoie en Gascogne font-
ils des etforts répétés et, semble-t-il, peu heureux, soit avant 1203,
soit après 1303, pour recouvrer le domaine, les péages, les droits
de haute justice usurpés, et pour obtenir l'obéissance des féodaux.
Toute cette remuante noblesse, les Béarn, les Foix, les Armagnac,
les Albret, les Gaumont, les Fronsac, les Pons, les Navailles, les
Turenne, les Ventadour, les Comborn tient tête aux sénécliaux et
aux balles, pratique volontiers les guerres privées et ne cède qu'à
l'emploi de la force.
D'un autre côté, ce sont les prélats, l'archevêque de Bordeaux,
les évêques de Lectoure, de Dax et de Bayonne, qui préfendent
maintenir les privilèges fondés ou non de leur corps, et soutenir
envers et contre tous les clercs les plus scandaleux, tels que ce
Menaud d'Ax , dont la conduite émut si fort les Bayonnais.
Enfin, les villes, en conflit avec les évêques, avec les sénéchaux,
ne donnent guère moins d'ennuis. A Bordeaux, comme à Bayonne
et à Dax, il faut intervenir, soit pour réprimer leur insubordina-
tion, soit pour aplanir leurs conflits, soit pour repousser leurs pré-
tentions.
Les libertés locales s'étendent sous cette domination, qui a
besoin, pour se faire accepter, de conquérir l'affection des admi-
nistrés.
Des chartes concèdent aux petites villes qui ne le possédaient pas
e-ncore le droit d'élire leurs consuls, et M. Bémont, complétant
1. Rôles gascons. III. p. ("lsii.
544 ANNALES DU MIDI.
d'une manière notable les recherches de Gurie-Seimbres, a retrouvé
la trace, sous le gouvernement d'Edouard II, de la cn'îation de
49 bastides en Guyenne, parmi lesquelles les plus connues sont
celles de Fleurance, de Boulogne-sur-Gesse, de Lalinde, de Sauve-
terre-de-Bazas et de Valence-d'Agen ^
La publication de M. Bémont, comme on le voit, est une des
meilleures dont se soit enrichie la Collection des documents iné-
dits. On y trouve non seulement un modèle de critique et d'érudi-
tion, mais encore une de ces œuvres durables dont l'histoire du
moyen âge français est appelée à tirer le plus grand profit.
P. BoissoNNADr';.
Paul CouRTEAULT. — Blaise de Monluc historien. Etude
critique sur le texte et la valeur historique des Commen-
taires. Paris, Picard, et Toulouse, Privât, 1908. In-8o de
xLViii-685 pages (avec un portrait et quatre cartes. Biblio-
thèque méridionale. 2^ série, t. XII).
L'historiographie critique du xvi*' siècle est loin d'être consti-
tuée. On sait avec quel soin les autobiographies, journaux, mé-
moires, chroniques et autres sources narratives de ce temps doi-
vent être vérifiés et contrôlés; pour la plupart, les éditions exis-
tantes ne donnent pas de textes satisfaisants : on n'a pas encore
un Fienranges authentique; ni Rabntin ni Boy vin du Villars
n'ont trouvé d'éditeurs; le commentaire de Jean d'Anton, celui de
Brantôme sont à refaire. On croyait avoir, depuis M. de Ruble,
un Moulue'. Or « cet ouvrage, remarque avec mélancolie M. Bagne-
nault de Puchesse , se relèvera-t-il des critiques de M. Cour-
teault? » C'est peu probable : M. Gourteault vient en effet dans
une excellente contribution à l'historiograjibie française, de dé-
montrer la nécessité d'une nouvelle édition, d'en indiquer le plan
et la méthode, et d'apporter les principaux éléments d'un commen-
taire aussi sagace que copieux. En l'attendant, nul ne pourra
désormais lire utilement les Conunentaires sans se référer inces-
1. Ces divers renseignements ne forment pas un tableau distinct, mais
se trouvent disséminés dans l'Introduction de M. Bémont et dans les
rôles eux-mêmes (Voir pour l'Introduction, pp. cxvii à cxxu; xxxvi à xlvu,
XX, cxx, LU, oLxxv et suiv. ; cxi à cxvi).
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 545
samment à cette étude, qui sera indispensable pour la connais-
sance des règnes de François 1er et de Henri II et pour celle des
trois premières guerres civiles dans le sud-ouest de la France.
Sur l'inspiration et la composition des Commentaires, M. G.
apporte des vues nouvelles et précieuses. Il a démêlé mieux
que ne l'avait fait M. de Ruble comment fut composée l'œuvre de
Monluc. Dans leur état actuel, il s'y mêle des souvenirs dictés de
verve, sans le secours de notes, par une mémoire vigoureuse et
fidèle, moins exacte cependant en chronologie qu'en topographie,
des renseignements puisés dans des documents personnels, des
emprunts aux historiens contemporains : les frères du Bellay,
Paul Jove, Paradin, Rabutin. Mais il y a plusieurs états du texte,
et leur comparaison permet de déterminer comment se sont agglu-
tinés ces divers éléments. Une première rédaction, écrite pendant
l'hiver 1570-71, a été composée uniquement d'après les souvenirs
personnels du vieux capitaine; le manuscrit, véritable original des
Commentaires, est perdu; mais il en reste deux copies, dont une
incomplète (B. nat., f. fr. 5011). Une seconde rédaction a fourni le
texte que se sont emprunté les uns aux autres, jusqu'à Rultle,
les éditeurs -successifs. La première est d'une importance capitale
pour fixer le véritable caractère, l'intention primitive des Com,-
mentaires, œuvre d'apologie et de justification personnelle. Mon-
luc, blessé à l'assaut de Rabastens (23 juillet 1570), profita de ses
loisirs forcés i)Our écrire un véritable plaidoyer : il venait d'être
révoqué de ses fonctions de gouverneur de Guyenne et attendait,
non sans crainte, le résultat d'une enquête sur son administration
qui, en matière de finances, ne parait pas fort nette. Il écrit ce
plaidoyer sans intention littéraire. Mais, par une curieuse réaction
de l'œuvre sur l'auteur, l'amour-propre aidant, Monluc devient
bientôt littérairement fier de ses Commentaires (on dépend tou-
jours, dira Gœtlie, des créatures que l'on a faites), et il passe les
loisirs de sa vieillesse à corriger, compléter, amplifier son œuvre;
il veut rivaliser avec les auteurs dont il a aidé sa mémoire; le
vieux soldat tourne à l'homme de lettres. Ainsi, trois causes
d'inexactitudes à redouter ; ici, le besoin de justification; là,
l'amour-propre littéraire ; ajoutons la verve militaire et méridio-
nale de l'ancien beau parleur, qui amusait la Cour de ses récits de
guerre et qui se les raconte une dernière fois.
Dans quelle mesure ces diverses causes d'inexactitude ont agi
sur l'œuvre de Monluc, c'est ce que M. C. a voulu vérifier. Il ne
546 ANNALES DU MIDI.
semble pas que « lou nas de Rabastain » ait abusé du droit qu'a
tout Gascon d'embellir ses récits et de cracher dans la Garonne.
« Au conlact des livres, dit son critique, il a pris conscience de la
valeur documentaire de l'œuvre que les circonstances l'avaient
amené à composer », et il s'en est montré respeclueuN. C'est ce
que prouvent l'étude critique que M. G. a faite des Commen-
taires, la confrontation du texte non seulement avec les histo-
riens que Monluc n'a pas connus, mais surtout avec les docu-
ments d'archives. M. G. a patiemment réuni, pendant dix ans
de recherches, les éléments de ce commentaire, page à page, non
seulement à la Bildiothèque nationale, mais dans la plupart des
archives françaises et italiennes des régions visitées i)ar Monluc.
Il a suivi son itinéraire et souvent vérilié sur le terrain ses des-
criptions. Il a contrôlé par le menu non seulement « les grands
récits » du vieux capitaine, part la i)lus personnelle de ses Com-
mentaires, comme il le montre justement, mais aussi les raccords
qu'il semble avoir emp)'untés aux livres. Il résulte de cette enquête
admirable de ])atience et de sagacité que, pour le détail des faits,
des opérations militaires, siège de Thionville (pp. 351-72), Géri-
soles (pp. 155-71), défense de Sienne (pp. 229-98), troubles du
INlidi (pp. 401-533), Monluc est en général véridique et digne de
confiance. 11 est môme rassurant de voir que, dans ses récits du
siège de Sienne, il a si peu visé îi l'eftet dramatique et pittores-
que, qu'il semble moins gascon que son contemporain, le Siennois
Sozzini. Sa mémoire topograpliique est aussi tort tidéle, bien qu'il
ait le tort de faire Aubagne équidistanle d'Auriol et de Marseille.
Au contraire, presque toutes ses indications chronologiques sont
à vérifier de près, ainsi que ses chiffres de troupes, de morts et
de blessés. En somme, la valeur historique des Conim,entaires
sort bien établie de cet examen minutieux, et on doit les retenir
comme une source des plus pures pour l'histoire de France et
d'Italie au xvi^ siècle. Ils restent aussi, comme de juste, la source
essentielle de notre connaissance de Monluc, et le Monluc de
l'histoire nous apparaît à travers son oeuvre moins fanatique et
moins cruel que le Monluc de la légende; mais, par contre, mala-
droit, cupide et intrigant.
Il ne reste qu'à souhaiter, selon le vœu déjà formulé par M. V.-L.
Bourrilly, que M. C,., dont ÎNIonluc est désormais par droit de
conquête le domaine, nous donne, aju'ès cette admirable préface,
la biographie dont la préparation l'a conduit aux présentes
COMPTES RENDUS CRITIQUES. 547
recherches, et l'édition vraiment critique dont il a si brillamment
démontré le manque. L.-G. Pélissier.
Mémoires de Pierre Verdolin, Procureur syndic du
district de Tonneins. publiés par M. René Bonnat, archi-
viste déi)artenieutal de Lot-et-Garonne. Agen, 1907; iu-8o
de 145 pages.
Pierre Verdolin, né à Aiguillon vers 1746, était notaire royal
dans sa petite ville, quand la Révolution éclata. Il y adhéra, fut
procureur de la commune en 1791, puis procureur-syndic dn dis-
trict (Tonneins) en 1792. Mais, en 1793, il eut à résister au parti
jacobin, fut malmené par les représentants en mission, destitué
en septemln-e 1793, emprisonné à Nérac où il passa de tristes jours,
tonjours menacé d'être transféré à Bordeaux pour y comparaître
devant le tribunal révolutionnaire, puis finalement élargi après le
9 thermidor.
Il rentra naturellement aux alïaires publiques sous le Directoire,
qui le nomma commissaire du pouvoir exécutif dans le canton
d'Aiguillon ; mais il démissionna en décembre 1797 et redevint tout
simplement notaire jusqu'en 1809, pour mourir vingt ans après, à
quati-e- vingt-trois ans. C'est dans cette longue retraite qu'il écrivit
ses Mémoires, qui ont été conservés, et que M. René Bonnat vient
de publier en les accompagnant d"une copieuse documentation.
En eux-mêmes, ces Mémoires n'offrent d'intérêt qu'au point de
vue des luttes intestines d'Aiguillon et des localités environnantes.
On y voit défiler tous les voisins de Verdolin, ses rares amis, ses
nombreux et remuants adversaires. Les incidents qu'il raconte,
querelles, cabales de petite ville, sont de ceux qu'on trouve par-
tout. L'homme ne mérite battention qu'en tant que personnage
« représentatif » d'une classe, de ces hommes de loi qui s'installè-
rent dans la Révolution à ses débuts, faillirent être dévorés par
elle, et finalement s'accommodèrent fort bien de l'Empire et même
de la Restauration.
Le seul moment dramatique de son récit, c'est quand on voit
passer à Tonneins et à Aiguillon les terribles représentants en
mission, Paganel, Garrau, Ysnbeau, Baudot, allant et venant sans
cesse, le long de la Garonne, d'abord pour activer la défense con-
tre l'invasion espagnole, puis, de mai à septembre 1793, pour em-
548 ANNALES DU MIDI.
pêclier la rébellion girondine de gagner Toulouse,. Montpellier, etc.
Mais ce notaire en rupture d'étude ne semble guère avoir compris
ce qu'il voyait. Néanmoins, quelques traits çà et là sont à recueil-
lir. Ils aideraient à reconstituer l'iiistoire encore peu connue de
cette crise, notamment quand ils signalent le passnge de Marc-
Antoine-Jullien, délégué du Comité de Salut public, qui vint en-
suite à Toulouse et contril)ua, en une heure décisive, à retenir la
ville dans la fidélité à la Convention.
M. Bonnat, en utilisant les archives départementales et locales,
ainsi que les nombreuses publications sur l'histoire de la Révolu-
tion dans le Lot-et-Garonne, a multiplié les notes. Un index com-
plète l'ouvrage. 11 est orné de phototypies, dont six portraits du
duc d'Aiguillon, des conventionnels Garrau, Ysabeau, Paganel,
Baudot, etc.. Ces portraits semblent vrais et dès lors sont singu-
lièrement suggestifs. Malheureusement, M. Bonnat no dit pas d'où
il les a tirés.
Peu de détails à relever: Page 90, M. Bonnat dit que le capucin
Chabot était rédacteur du Catéchisme des sans-culottes. Ce jour-
nal ne figure pas dans la Bibliographie, pourtant si complète, de
l'Histoire de Paris pendant la Révolution, de Maurice Tourneux,
qui ne mentionne que l'Ami des sans-culottes, rédigé par Tallien,
et non par Chabot. Plus loin (page 101), le conventionnel Bous-
sion est donné comme « ami de Mme Roland ». Je ne vois pas que
l'obscur Boussion ait jamais figuré |)armi les « Rolandistes »,
bien que, après le 31 mai, il ait plusieur fois demandé des mesu-
res d'adoucissement en faveur des Girondins détenus. Il y aurait
aussi à rectitier l'orthograiihe de quelques noms : Chaudron-/?o?^s-
sau et non Rousseau. Mais ce sont là des vétilles. On peut dire
que tout le travail d'annulation de M. Bonnat, parfois sural)on-
dant, est vraiment bien fait. Cl. Pemroud.
IlEVUE DES PÉRIODIQUES
PÉRIODIQUES FRANÇAIS MÉRIDIONAUX.
Aude.
Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne,
1906-11)07.
p. 1-4. G. Amardel. Un triens mérovingien inédit. [De Rodez.] —
G. Amardel. Les monnaies wisigothes anonymes du musée de Nar-
bonne. [Attribution de la plupart de ces pièces à Narbonne.] — P. 17-
48. J. TissiER. Voyage d'un Narbonnais en Terre sainte en 1620.
[Texte, avec notes, de ce journal de route, d'Alep à Jérusalem, puis de
Jérusalem à Tripoli de Syrie, rédigé, sans doute après son retour, par
Lenoir, probablement Jacques Lenoir, marchand de Narbonne.] —
P. 49-77, 224-44. J. Yché. Notes sur Jacques Gamelin (suite). — P. 78-
88. D-- P. Albanel. Gratianauld ou le soldat de Saint-Sever (Rabelais,
3, 42). [Corrections à l'étude de Léonce Couture sur ce morceau de
Rabelais. L'auteur prouve que Rabelais n'a pas puisé seulement au
gascon, mais à d'autres dialectes du Midi.] — P. 89-97. G. Amardel.
Un denier du vicomte de Narbonne, Matfred. [Conclusions importan-
tes pour l'histoire des vicomtes de Narbonne.] — P. 99-178. J. Régné.
Examen d'une enquête relative à la limite méridionale de la yicomté
de Narbonne du côté du Roassillon. [En appendice, quatre pièces en
latin de 1294 à 1308. Excellente étude sur cette enquête de 1300, déjà
analysée par Aug. Molinier, dans Histoire de Languedoc, IX,
pp. 144-5, sur ses causes, les tracasseries du roi de Majorque, sur les
droits féodaux perçus au grau de Salses (leude, droits de pêche, de
rivage, sur les poissons royaux : dauphins, thons, esturgeons, droit
d'herbage, de naufrage) et à la fontaine de Salses, sur les gardes des
frontières, sur un pariage provisoire entre Philippe le Bel et le vi-
550 ANNALES DU MIDI.
comte de Nnrbonne.] — P. 179-22-î. (l. ÀMARnicr,. Les monnaies de
Raymond T". vicomte de Narlionne, et le monnaynire inel^,'orien.
[l'excellent travail.] — P. 240-52. (j. Amardkl. Un nureus inédit de
L. Pinarius Scarpus. — P. 263-74. (/. Amardel. Deux deniers carcas-
somiais incertains. — P. 275-87. Escarguel. Le rétable de l'église
Saint-Luc à Ginestas (Aude) (xvii" siècle). [Description du rétable, avec
le texte des baux à besogne de 1645, 1647, 1668.] — P. 288-316, 433-65.
A. Sabarthès. Etude sur la toponomastique de l'Aude. Essai sur les
cours d'eau du département de l'Aude. [V. le c. r. de ce travail, An-
nales du Midi, 1908, p. 158]. — P. 317-39. G. Amardel. Sur quelques
monnaies du département de l'Hérault. [En particulier sur les mon-
naies gauloises à la croix et sur la situation des Longostalètes.] —
P. 341-62. G. Amardel. Une nouvelle monnaie gallo-grecque de Nar-
bonne. [Avec un nom nouveau de chef gaulois : liitouiotouos, sans
doute un Bituit, chef des Volkes établis à Narbonne.] — P. 363-74.
L. Berthomieu. Note sur un portrait du Musée de Narbonne. [Prouve
que c'est le portrait de Bartolomeo Manganoni, colonel au service de
Venise en 1098, par Fra Vittore Ghislandi da Galgario, 1655-1743.] —
P. 375-138. G. Amardel. Les monnaies féodales narbonnaises du Musée
de Narbonne (à suivre). — P. 466-70. J. Yché. Une découverte d'objets
antiques au grau du Grazel. — P. 471-81. H. Rouzaud. Sur la signifi-
cation historique de Montlaurès, avec aperçu sur les origines de Nar-
bonne. [Résumé très intéressant des vues suggérées à M. R. par les
importants résultats de ses fouilles; Montlaurès aurait été Elicia, la
ville des Elisyques.] — P. 482-90. G. Amardel. Les monnaies des Eli-
syques. [Confirme l'existence du peuple des Elisyques par une nou-
velle lecture d'une monnaie de la Bibliothèque nationale.] Ch. L.
Creuse.
Mémoires de la Société des sciences natwelies et archéolo-
giques de la Creuse, tome XVI, l^^^ partie, 1907 (distribué
en juillet 19Q8*).
P. 1-30. F. ViLLARD. Mon village dans les temps passés. Saint-Christophe
en Drouilles. [A suivre. Publication posthume d'un travail qu'avait ré-
1. En même temps que ce fascicule, a été distribuée une très utile « Table
générale des quinze premiers volumes du Bulletin (sic) de la Société... »,
qui a pour auteurs MM. Delannoy et Ducourtieux. Il est bon de remar-
PÉRIODIQUES MERIDIONAUX. 551
dicré avec amour lo regretté sénateur de la Creuse, mais dont l'intérêt,
comme l'objet même, est assez limité. Saint-Christoplie n'apparaît dans
les textes qu'en l-M^, dans nn acte du cartulaire des Ternes, et n'évoque le
souvenir d'aucun fait saillant: la commune est une des plus petites du
département (^(jH habitants, d'après le dernier recensement). Le premier
chapitre, intitulé « Les anciens habitants », est consacré à l'archéologie
et se borne à résumer les recherches de Pierre de Oessac, de Thuot et
du docteur F. Vincent (p. IL une coquille typographique répétée a
transformé la « Pierre Ghabranle » en « Pierre Chambranle »); le
deuxième, rédigé d'après des sources en majeure partie inédites,
étudie la situation économique, agricole et financière de la paroisse et
de la communauté dans les temps qui ont précédé 1789.] — P. 31-42.
0. Pérathon. Notes sur la Cour-lez-Aubusson. [Publication posthume;
notes qui complètent un précédent travail de l'auteur, paru en 1894; cf.
A>in. du Midi, VII, 356. Il y a dans les registres du Trésor des chartes
un document inédit de 1401 relatif à cette localité : c'est une rémission
en faveur de Berton Bert, pauvre gentilhomme de cette paroisse, cou-
pable d'un meurtre involontaire sur la personne de Pierre Froment, roi
de la fête. Il y est dit que les habitants ont coutume de faire le 24 juin
« un roy, une royne et certaines autres solennités et choses en l'onneur
et révérence de saint Jehan »; c'est la coutume des reinages, qui s'est
perpétuée jusqu'à nos jours dans certaines localités de la Creuse.] —
P. 43-86. H. Del.innoy. Notice sur l'abbaye d'Aubepierre. [Travail soi-
gné et qui est le complément naturel de la liste critique des abbés que
M. D. a publiée dans le volume de l'an dernier. En appendice, quelques
pièces justificatives, dont la plus ancienne est une charte latine de 1247.
On aurait aimé à savoir d'après quelle source M. D. la publie.] —
P. 87-127. L. L.vcROCQ. Notes sur les Sociétés populaires dans la Creuse.
[Fin de ces notes qui paraissent prises avec beaucoup de tact et qui
donnent la physionomie essentielle du <i club » creusois pendant la période
révolutionnaire ; ce dernier article est consacré à Bénévent.] — P. 128-35.
P Dercier Fouilles au Mont de Jouer. [Suite et à suivre.]
A. T.
quer • 1° que la Société n'a pas à proprement parler de Bulletin, mais
que ce sont les Mémoire*- que la «Table» appelle abusivement iJwiie^m,-
2» que le Bulletin de corresiwndance, inauguré en juillet 1893 (cf. Atin.
du Midi, V, 520), est mort à son 5'= numéro (juin 1902; cf. A7in. du Midi,
XV, 238).
552 ANNALKS DU MIDI.
Gers.
Revue de Guscor/ne, nouvelle série, t. V[[, 1907.
p. 1-14. J. Lestrade. Généalogie de la maison du Faur. [Oe sont les
bonnes feuilles de l'introduction à la généalogie de cette famille , dont
le nom traverse si souvent l'histoire moderne de la Gascogne.] — P. 15-
29. A. Clergeac. Les abbayes de Gascogne du xiv siècle au grand
schisme d'Occident (suite et fin). — P. 30-43, 75-91, 115-29. 164-78,
227-38, 269-84. A. Degert. L'ancien diocèse d'Aire. [Suite de cette étude
capitale pour l'histoire du Sud-Ouest landais, qui a paru depuis en
tirage à part.] — P. 45-6. V. Foix. Un livre retrouvé. « Mémoire badin
sur un sujet sérieux. » [Il s'agit d'un opuscule mi-sérieux, mi-facétieux,
que F. Batbedat publia à la fin du xviii"^ siècle pour recommander
l'élevage des chevaux dans les Landes. Le même Bg,tbedat est l'auteur
à qui l'on doit la publication, sinon la traduction, des Fables causides
de La Fontaine en bers gascouns. Note précieuse sur la biographie
de cet écrivain local.] — P. 49-58. G. Tournieu. L élargissement des
Sœurs de charité d'Auch après la TeiTcur. — P. 59-66. A. Lauuens.
Coutume d'Artigue. [Article omis dans la table du volume de la Revue.
Le texte est d'ailleurs de valeur bien médiocre : ce sont des extraits de
l'original, daté de Muret 18 septembre 1484. Quelques notes intéres-
santes pour la toponymie, le vocabulaire et les anciens usages,] —
P. 66. A. D[egert.] Le prix des manuscrits au moyen âge. [28 écus pour
la copie d'un missel, plus 6 écus pour le parchemin, à Vic-Bigorre.]
— P. 67-74, 130-5, 179-83, 216-26, 262-8, 345-68. J. Bénac. Le séminaire
d'Audi. (Suite et fin.) — P. 97-111, 153-63, 193-215. L. Ricaud. Le clergé
des Hautes-Pyrénées de 1789 à 1906. Cinq régimes financiers. — P. 112-4.
J.-B. Gabârra. La première proclamation de Wellington. — P. 147-52,
252-61. J. Lestradk. Correspondants littéraires de Louis Daignan du
Sendat. [P.-B. Daubas, 1685-1760. — G. Junca, auteur d'un Essai sur le
bonheur, épître composée en 1758, concurrent malheureux aux Jeux
Floraux de l'Académie de Toulouse, dont le renom au milieu du xviii'
siècle s'étendait jusque dans le Béarn. — Texte de lettres de Junca à
L. Daignan.] — P. 226. A. D[egert.] Papiers tarbais à Pampelune.
[Lettre de l'abbé d'Aignan du Sendat, conservée par Larcher dans son
Glanage, et qui certifie l'existence dans les archives de l'église de Pam-
pelune de nombreuses chartes intéressant le diocèse de Tarbes.] —
P. 241-51, 326-42, 399-424, 498-514, .548-62. E. Ladadie. Notes et docu-
ments sur quelques faïenceries et porcelaineries de la Gascogne au
PERIODIQUES MERIDIONAUX. 553
XVIII» siècle': Samadet, Bayonno, Saint-Maurice et Ligardes, Dax, Pon-
tenx et Ciboure. [A suivre. Nombreux détails inédits sur une question
dans laquelle l'crudit biblioi^hilo bordelais a acquis une compétence
toute spéciale.] — P. 28-1. V. Foix. Faits d'armes du comte d'Armagnac
Bernard VI. — P. 289-3:32, 385-98. A. Degert. Un faussaire gascon :
Bertrand de Compaigne. [Article fort intéressant et important, où il
est montré que l'auteur, jadis si estimé dans le Sud-Ouest, de la Chro-
fiique de Dax, de la Chronique de Bayonne, du Biptyche des évêques
de Dax, et qui vécut de 1607 à 1676, a fabriqué de toutes pièces la
fameuse charte de Divielle, inconnue d'Oïonliart et de Marca, ainsi que
d'autres documents insérés dans la Chronique d'Oloroti et ailleurs. Le
mobile des faux serait l'intérêt : avocat besogneux, père de treize en-
fants, — ce qui n'est pas une excuse I — Compaigne comptait sur la
générosité des évêques, des monastères et des familles nobles de la ré-
gion. Conclusion : tenir en observation les œuvres qui, directement ou
indirectement, se sont inspirées de Compaigne, et dont M. A. D. donne
unb liste pp. 395-7.] — P. 323-5. J. Lestrade. Une missive de Bertrand
de Bouclieporn. [Instructions que l'intendant de la Généralité d'Auch
adressa en 1789 à ses subdélégués pour assurer la formation des as-
semblées élémentaires et parvenir à la rédaction des Cahiers de doléa^i-
ces et à l'élection des députés aux États généraux.] — P. 342-3. C.
Tournier. m. de Puymirol sous la Terreur. — P. 344. A. D[egert.]
Évêques d'Agen (addition et rectification à la Gallia christiana). —
P. 368. V. Foix. Lettre inédite d'Hubert Charpentier. [Chapelain de
Garaison, 1628]. — P. 369-74. P. Coste. Un nouveau portrait de saint
Vincent de Paul. — P. 374. A. D. Évêques de Bazas. (Addition à la
Gallia christiana). — P. 375-9. J. Lestrade. Philippe du Bourg. [Ana-
lyse de Do7n du Bourg, La vie religieuse en France sous la Révolu-
tion, l'Empire et la Restauration. — M^'' du Bourg, évéque de Limo-
ges, 1751-1822.] — P. 425-31. J. Lestrade. L'abbé de Binos, prêtre
assermenté. — P. 432-4. E. Castex. Les Récollets à Gondrin. — P. 434.
A. D. Abbés de Saint-Sever. [Ph. de Beaujeu fut préconisé le 4 aoîlt
1536.] — P. 435 62. P. Cézér.ic. Lettres de Daignan. (Suite et fin.) —
P. 463-9. A. Degert. Les plus anciennes «Vies » de sainte Quitterie. —
P. 481-97. J. Salette. Le général Lamarque et l'expédition de Capri
(1808), d'après documents inédits. — P. 497. A. D. Additions et correc-
tions à la Gallia christiana : abbés de Saint-Savin de Bigorre. [Ajoute
deux abbés du nom de Trivulce, xvr siècle.] — P. 515-9. L. Ricaud.
A propos de l'abbé de Binos. — P. 520-1. J. Lestrade. Deux lettres de
M. de Catellan, èvêque de Rieux [1756, 1770]. — P. 522. A. D[egert.]
ANNALES DU MIDI. — XX 36
554 ANNALES DU MIDI.
Ua manuscrit auscitain do l'an SV2 (?) [Il sX'it ''" rt'alité de l'ancuMi
manuscrit de saint Orens. (■tudi.'' dans la h\ d. G., 1005, p. *2U6.J —
P. 52y-4v. Ch. Samaran. J^e (4ers dans les « Rôles gascons ». [Bon ré-
sumé de la partie des « Rôles » intéressant le Gers. Propose plusieurs
corrections relatives à l'identitication des noms do lieux.] — P. ^>V)'.]-i.
J. Lestrade. Encore l'abbé de Binos. — P. 56;>«. A. Degert. Lé tem-
porel de l'évèclié d'Aire. G. M.
Lozère.
Bulletin de la Société d'agriculture, elc, de la Lozère,
tome LVII, 1905 :
Avec paginations spéciales. P. 221-348 et lv-cxxviii. A. Philippe. La ba-
ronnie du Tournel et ses seigneurs. [Suite et à suivre.] — P. 33-43.
Histoire véritable du pays de Gévaudan. p. p. J. B.\rbot. [Fin. Textes
d'hommages à l'évèque de Mende de 1252, 1292, 1272, 1322, 1373, 1151,
1134, ces deux derniers en langue romane. Quelques autres sont ana-
lysés.] — P. 1-32. A. Mathieu. Le Gévaudan et son histoire. [Confé-
rence de vulgarisation.] — P. 1-16. E. Reisser. Quelques mots sur les
foires de Mende antérieurement à la Révolution française. [Lettres de
Louis XIV établissant deux foires, 18 juin 1714, et quelques autres
pièces.]
ïome LVIII, 1906.
P. 1-48. J. Bakbot. Au seuil de la Révolution. [Documents relatifs aux
assemblées qui se tinrent en Gévaudan à l'occasion de la convocation
des Etats généraux. Certains ont été édités déjà, mais dans de rares
publications, difficiles à trouver.] — P. 349-404 et cxxix-cxxxv. A. Phi-
lippe. La baronnie du Tournel et ses seigneurs. [Fin de l'Introduction
et tables de cette excellente publication, dont nous avo^s rendu compte
{Annales, t. XX, p. 98).] - P. 49-128. E. Fages. L'industrie des laines
en Gévaudan au xvin« siècle. [« Cadis », étoffes grossières, à très bon
marché, tissées à domicile par les paysans; c'est une industrie déca-
dente ou morte aujourd'hui. Moutons et laines. P'abrication : à Mar-
vejols, La Canourgue (15,435 pièces en 1760), etc. La vente totale alla
en 1746 jusqu'à 120,185 pièces, valant 3,187,101 livres. L'Etat gène cette
industrie par ses règlements, ses inspections ; les Etats de Languedoc
l'aident de leurs subventions. Les ouvriers et leurs salaires, qui res-
tèrent toujours l'éduits au minimum. Pendant la Révolution, la misère
et la décadence furent profondes. Pièces justificatives de 1417, 1624,
PERIODIQUES MÉRIDIONAUX. 555
1674, etc., dont un « Mémoire concernant le commerce du pays de Gé-
vaudan « et un autre de 1764. sur l'inspection du sieur Holker. Très
bon et utile travail.] — P. 129-44. .T. Earbot. Les anciennes cryptes de
la catliédrale de Mende. [A suivre.] — P. 62-7. Chronique. Statistique
de la population de la paroisse de Mende en 1773. [.5.197 habitants.] —
P. 67-70. Dans les vieux papiers. [Recueil de dictons versifiés sur
le temps et les saisons.] — P. 71-6. Annuaires de la Lozère. [De
1828 à 1908. La plupart contiennent d'utiles mémoires historiques, no-
tices, textes, etc., signalés et énumérés. Presque tous les annuaires
départementaux sont dans le même cas; mais il n'est guère facile
d'atteindre des richesses ainsi cachées, ou même d'en connaître l'exis-
tence. Les Annales du Midi avaient fait paraître en 1903 (t. XV,
p. 119) une note, priant MM. les archivistes départementaux de vou-
loir bien les tenir au courant des publications de ce genre, afin qu'elles
puissent en informer le public savant. Malheureusement aucun d'eux
n'a encore répondu à cet appel.]
Tome LIX, 1907.
P. 145-50. D'' J. Barbot. Les anciennes cryptes de la cathédrale de Mende.
[Suite et fin. Un plan, une planche. En creusant devant le nouveau
portail de la cathédrale, on a mis au jour une série de quatre cryptes
destinées à contenir des reliques, dont trois déjà reconnues et décrites
par révêque Aldebert en 1170 {Livre de saint Privât, p. p. l'abbé Pour-
cher, 1898), et la quatrième par lui construite pour réunir les corps
saints et donner à l'ensemble l'aspect d'une église. On les a conservées
et aménagées. Il reste à continuer les fouilles autour.] — P. 151-64.
E. Fages. Le syndicat à Marvejolz. [1307-1366. Procès-verbal d'une
élection de syndics faite en juillet 1340, dont texte.] — P. 165-216. 1d.
Les coseigneurs de Serverette. [Terre qui, jusqu'en 1202, fut un alleu
noble aux mains de la famille d'où sont sortis les Merle; elle se divisa
en pareries, au nombre de cinq à sept, et passa sous la suzeraineté
des évoques de Mende. Etudes sur l'administration de ce « mande-
ment » et sur les familles coseigneuriales, puis sur le château, le
bourg, les portes, rues et églises. Pièces justificatives de 1205, 1292,
1831-1355; cette dernière est un règlement de justice.] — P. 217-96.
Abbé .J.-B. Delon. La Révolution à Mende. [Extraits des délibérations
du Conseil municipal de Mende, de la correspondance de la commune,
de celle des deux procureurs communaux, Beaujan et Beauregard, des
ordonnances de police, des archives de la justice de paix. Tout docu-
ment de quelque importance a été mis à contribution. Du 9 juin 1790
556 ANNALES DU MIDI.
au 26 vontôse an II. Trùs intéressant: à snivro.j — Chronique et Mé-
langes, 1907. P. 81-'.V2. E. F.\Gios. Les ancionnes justices de Lozère.
[Exact et précis.] — P. 9>i-(y. In. La presse périodique en Lozère depuis
son origine jusqu'à nos jours. [.lournal fie la Lozère, 1" germinal
an XI et 28 autres, postérieurs.] — P. 81-6*. E. Ignon. (.alerie de
peinture de l'ancien palais épiscopal de Mende. [Décoré pendant l'épis-
copat de Ms^ de Pienconrt par le peintre Besnard à la fin du xvii« siè-
cle. Le plafond restait intact. 1 /ailleurs l'évèché, devenu préfecture, a
été briÀlé avec toutes les richesses qu'il renfermait.] — P. 86-106.
E. Pages. Annales de la ville de Malzieu au xvii« siècle. [D'après les
dél bérations municipales de 1642-1672, les archives du Chapitre et
quelques registres de notaires. Il est regrettable et contre la règle que
l'orthographe moderne ait été appliquée aux documents publiés, par
eux-mêmes utiles et bien choisis.] — P. 113-2"). Td. Sur les premiers
évêques de Mende. [Prouve que le document relatif à saint Sévérien
est un faux, au sens juridique du mot, faux constitué en 1341, à l'oc-
casion du procès que les barons du Gévaudan intentaient à l'évêque
pour faire révoquer le paréage de 13U7. Ni Valère. ni Evanthius ne doi-
vent figurer plus que Sévérien sur la liste des évêques de Mende. La
vie de saint llilaire, sous sa forme actuelle, a dû être rédigée vers le
milieu du vii<^ siècle. P. D.
Pyrénées (Hautes-).
Bulletin de la Société Ra?nond, 3** sér., t. II, 1907.
P. 13-23, 77-100, 159-69. J. Bourdette. Notice des barons des Angles de
Bigorre. [Suite et à suivre. Familles de Lomagne de Fimarcon, de 1430
à 1480 6-nviron; d'Aure d'Asté jusqu'à Manaout d'Aure inclusivement,
de 1442 à 1534 ; de Gramont, 1534-1690. Généalogies.] — P. 24-8. F. Mar-
san. Météorologie ancienne du Midi pyrénéen. [Suite, 1770-1842.] —
P. 29-43. J. Gros. Les doléances de Campan et de Baudéan en 1789.
[Les deux communautés demandent la réforme des abus, l'une dans
une forme littéraire, philosophique même, l'autre avec rudesse et éner-
gie.] — P. 101-24. L. Le Bondidier. Balaïtous etPelvoux. Notes sur les
officiers de la Carte de France, par Henri Béraldi. [Paris, Lahure, 1907;
in-l" de 205 pages. Histoire de la géodésie aux Pyrénées. L'article
1. Les pages 81 et suivantes font suite en réalité à la page 96. C'est une
erreur typographique. D'ailleurs la pagination du Bulletin est irrégu-
lière, défectueuse, et devrait être réformée.
PERIODIQUES NON MERIDIONAUX. 557
résume le livre, non sans se ressentir du style bizarre qu'affectionne
M. Béraldi.] — P. 187-218. E. Marchand et J. Bouget. Notice histo-
rique sur la fondation et les travaux de l'observatoire du Pic du Midi,
1873-1907, P. D.
PÉRIODIQUES FRANÇAIS NON MÉRIDIONAUX.
8. — Bulletin historique et philologique du Comité des
travaux historiques et scientifiques^ 1906.
P. 33-42. E. PoupÉ. Documents relatifs à des représentations scéniques
en Provence, du xvi« au xvm« siècles. [De 1558 à 1789. Ces représenta-
tions eurent lieu à Barjols, Signes, Barjenion. Solliès-Pont, Six-Fours,
Tourves, La Roquebrussanne, Toulon et Lorgues. Pour l'istorio
Santa Sussano et les très roues, ne s'agirait-il pas de la chaste
Suzanne et les trois vieillards? Quant à la date donnée par les frères
Parfaict à Procris d'Alexandre Hardy, elle n'a aucune autorité et il
vaudrait mieux recourir au livre de M. Rigal, Alexandre Hardy et le
théâtre français.] — P. 46-63. E. Albe. De quelques erreurs dans la
liste épiscopale du diocèse de Cahors au xiv^ et au xvi« siècle. [En 1368,
trois personnages différents sont indiqués comme évêques de Cahors ; en
réalité, Bec ou Begon de Castelnau-Bretenoux administra seul ce dio-
cèse. Aloys et Louis del Carretto, portés sur la même liste à l'année
1514, ne sont qu'une seule et même personne.] — P. 75-8. Ch. Portal.
Une lettre missive de Louis XIII. [Ecrite le 12 septembre 1616 au baron
d'Arvieu pour lui annoncer l'arrestation du prince de Condé et lui de-
mander de calmer ses coreligionnaires huguenots.]
Congrès des Sociétés savantes. — P. 241-50. Arnaud d'Agnel. La venue
à Marseille, en 1599, de la reine d'Espagne, Marguerite d'Autriche, et
de l'archiduc Albert. [Fêtes données par la ville et compte des dépenses.] —
P. 266-95. P. CoQUELLE. Napoléon et la Suède. L'élection de Bernadotte.
[L'empereur, indifférent en apparence, attendait l'abdication du vieux
roi, espérant donner pour monarque à la Suède le prince Eugène ou
son frère Lucien.]
P. 364-78. Arnaud d'Agnel. L'abbaye de Saint-Victor de Marseille, ses
fortifications, son armement, sa garde du xii» au xvi« siècles. [Moyens
de défense insuffisants. Taxe imposée au xiv° siècle sur les prieurés
dépendant de Saint-Victor.] — P. 4U9-14. F. Delage. Lettres d'un
prisonnier à la Bastille (1688). [Ces lettres ont été échangées entre
558 ANNALES DU MIDI.
Colbert de Croissy et Feret, intendant de la maison de Bouillon,
emprisonné pour avoir servi le cardinal de Bouillon dans ses intri-
gues au sujet do l'évêché de Liège que convoitait ce dernier, tandis
que Louis XIV favorisait la candidature du cardinal de Furstenberg
(l'évêché échut au baron d'Elderen, créature de l'Autriche); elles se
trouvent en copie sur les feuillets de garde d'un exemplaire des Remar-
ques sur la langue française de Vaugelas, édition de 1687, de la
bibliothèque du lycée de Limoges. La page du titre porte un ex libris
manuscrit, Feret.] — P. 415-20. F. Delage. Confrérie du Psautier ou
du Chapelet Notre-Dame à Limoges (1501-1502). [Confrérie de pure
dévotion peu connue ou même inconnue juscju'ici.] — P. 424-48. U. Rou-
CHON. Les chartes de coutumes du Velay et du Brivadois. La charte
d'Artias (1225). [Cette charte inédite, publiée d'après une ex[»édition
imparfaite du xvii'= siècle, est précédée d'un travail sur les chartes du
Vftlay et du Brivadois, ainsi (lue d'un historique de la seigneurie d'Ar-
tias.] — P. 444-6. Dujarric-Descombes. Avis de parents concernant
Lagrange-Chancel (1695). [Avis favorable donné à la mère, veuve, pour
faire rentrer une créance de trois mille livres due à l'hérédité de
son mari par le syndic des jésuites de Périgueux. Cette somme était
destinée à acheter une charge à son fils ou « à lui procurer quelque éta-
blissement honorable».] A. V.
9. — Bulletin de la Société de l'histoire du protestan-
tisme français, 1907.
P. 16-52 et 158-79. Ch. Pradel. Le livre de raison de Jean de Bouffard-
Madiane. [Gros registre, dont l'éditeur n'a publié que les fragments qui
ont quelque intérêt. Il s'étend de 1619 à 1673. La partie principale est
celle ciui se rapporte aux guerres du duc de Rohan. On sait que Bouf-
fard était d'une grande famille de Castres, protestant convaincu, mais
modéré.] — P. 87-92. De Richemond. De la propriété foncière du clergé
et la vente des biens ecclésiastiques dans la Charente-Inférieure.
[D'après un travail de l'abbé Lemonnier, peu concluant malgré sa pré-
cision apparente.] — P. 180-7, 268-80, 465-73, 559-66. E. Griselle.
Avant et après la Révocation de l'Edit de Nantes. Chronique des
événements relatifs au protestantisme de 1682 à 1687. [Faits rap-
portés par un recueil de nouvelles à la main rédigé à Paris, dont l'au-
teur, travaillant pour ses lecteurs et abonnés, traduit l'opinion générale,
très favorable à la Révocation. Lacune fâcheuse, du 9 Juillet 1682 au
13 juin 1685. Beaucoup fie ces nouvelles se rapportent au Midi. A sui-
PÉRIODIQUES NOM MERIDIONAUX. 5Ld
vre.] — P. 316-61. N. Weiss. Quelques notes sur les origines de la
Réforme et des guerres de religion en Dauphiné. [Pierre de Séliville,
curdelier, Aimé Maigret, dominicain, brûlés l'un à Grenoble, l'autre à
Lyon (1525), sont ici les premiers ouvriers de la Réforme, dont les
débuts ne furent qu'une série de supplices. Elle commence à s'implan-
ter grâce à la protection du fameux évêque de Valence, Jean de Mon-
luc, etc. Cet article de seconde main, mais très bien informé, contient
aussi quelques textes inédits, p. 355-9. Il conclut que les Dauphinois
ont, en grand nombre, adopté la Réforme non par intérêt, ni par esprit
de révolte, mais pour obéir à leur conscience, et qu'ils n'ont tiré l'épée
qu'après avoir subi quarante années de persécution.] — P. 371-87.
G. Bonet-Maury. Le rétablissement du culte protestant dans le Quey-
ras (1771-1810). [Le colloque de l'Embrunais comptait en 1682 neuf
églises et vingt-deux annexes, et le Queyras, qui en faisait partie, trois
églises et sept annexes. Tout cela fut anéanti par la Révocation. Le
protestantisme se réveille vers 1774 et les « nouveaux convertis » y
font retour. Succession des pasteurs qui présidèrent à cette renais-
sance.] — P. 398-405. H. Hauser. Un nouveau texte sur Aimé Maigret.
[Bref de Clément VII à Louise de Savoie, p. p. Fraikin, Nonciatures
de France, Clément VII, I, 327. Ce bref doit être daté du 29 déc. 1524,
et non 1525]. — P. 405-12. A. Mailhet. Requête du syndic des protes-
tants de Die réclamant au Synode les sommes empruntées par eux pour
l'entretien de l'Académie, et répartition de ladite dette entre les églises
du Dauphiné (1639). — P. 413-4. Id. Compte détaillé de ce que coûtait,
en 1677, au village d'Espcnel près de Saillans une seule journée de
quatre dragons et d'un vallet. [31 1. 12 s.] — P. 414-23. N. Weiss.
Mémoire de Dupui, 1683-1708. [Lettre relatant les principaux faits de
la persécution déchaînée en Dauphiné par la Révocation : écartèle-
ments, pendaisons, condamnations aux galères.] — P. 423-4. Id. Lettre
du pasteur Modenx, de Berne, 9 janv. 1689, concernant des exécutions
à Die, et de jeunes prophètes. — P. 424-36. Ch. Schnetzler. Jean
Martel, prédicant du Dauphiné, et ses Mémoires (1688-1727). [Biogra-
phie dudit Martel, qui mourut à Berne en 1731. Ses Mémoires, publiés,
sont très courts ; ils se rapportent à sa prédication en Dauphiné.] —
P. 440-56. A. Mailhet. Histoire d'une famille protestante dauphinoise
au xvii« siècle. Les Coutaud de Rochobonne et les Coutaud de Beau-
vallon. [Famille originaire de Saillans, qui fournit des officiers aux
armées royales. L'un de ses membres, Charles, prit part, le SO août 1683,
au combat de Bourdeaux et parvint à gagner la Suisse. Spn frère, Paul,
(jui n'y était pour rien, fut torturé et pendu. La veuve du malheureux
5C0 ANNALES DU MIDI.
périt de même en 1694.] — P. ri03-'25. A. Morize. Samuel Sorbière,
principal à Orange : sa conversion (1650-53). [Son amitié pour Suarez,
évêque de Vaison, le conduisit à se convertir au catholicisme, au grand
scandale de Gui Patin. Il y perdit sa place et, malgré d'innombrables
sollicitations, à Paris, à Rome, il dut attendre trois ans des pensions
modiques du pape et de l'Assemblée du clergé. Pourtant, vers 1665,
à force de quémander, il réunissait en pensions, brevets, bénéfices
3.286 1. de rentes.] — P. 529-32. Ch. Bost. Le chant des psaumes dans
les airs à Marvejolz (1686). [Témoignage curieux du mysticisme que la
persécution religieuse développait aux Cévennes.] — P. 532-6. In. Le
prophétisme en Dauphiné à la fin de 1688. [Un certain Fabre, de La-
salle (Gard), revenant du Vivarais, est arrêté à Anduze et trouvé por-
teur de divei-ses pièces contre la religion catholique, dont un « mani-
feste » sur ce prophétisme. M. B. en publie le texte, nouveau témoi-
gnage d'un croissant déséquilibre d'esprit chez les huguenots persécu-
tés.] — P. 537-43. E. Moutarde. Nouveaux documents sur le protestan-
tisme en Saintonge après la Révocation (1695-1729). [Concernant les
humiliations, sévices, etc., que les protestants enduraient. Texte d'une
curieuse « exhortation » destinée à circuler parmi eux en secret.]
P. D.
lO. — Journal des Savants^ 1906.
p. 23-35. A. LucHAiRE. Auguste Molinier. Les Sources de l'histoire
de France, des origines aux guerres d'Italie (1494). [Indique quel-
ques corrections, relatives en particulier aux œuvres de Guillaume
de Puylaurens et de Pierre des Vaux de Cernay.] — P. 633-44. A. Tho-
mas. Jacques d'Armagnac bibliophile. [Etude très intéressante sur la
collection réunie par Jacques d'Armagnac et sur les copistes, enlumi-
neurs ou auteurs de son entourage.]
1907.
P. 151-6. C. JuLLiAN : Michel Clerc. La bataille d'Aix. [Analyse élo-
gieuse de ce livre et considérations sur l'importauct^ de la bataille.]
Ch. L.
il. — Revue des bibliothèques, 1905 et 1906. Néant.
F. P.
IS. — Revue des Deux-Mondes, 1907.
15 mars. P. 348-81. J. Bédier. La légende de Girard de Roussillon (suite,
l"'' avril, pp. 591-617). [M. J. Bédier vient de publier sur quelques chan-
sons de geste plusieurs études qui ne tendent à rien moins qu'à modifier
PERIODIQUES NON MÉRIDIONAUX. 561
complètement les idées admises sur l'origine de l'ancienne épopée fran-
çaise. La première partie de la présente étude, consacrée à Girard de
Roussillon, permet de conclure que le Girard de la légende épique
ressemble peu au Girard historique, mais surtout que la fondation de
monastères occupe beaucoup de place dans cette légende soi-disant
épique. La deuxième partie présente les conclusions originales de
l'auteur: Girard et Berthe étaient les fondateurs des abbayes de Pothiè-
res et de Vézelay ; c'est autour de ces deux abbayes que s'est dévelop-
pée la légende; elle est née d'une collaboration de moines et de jon-
gleurs; mais elle est relativement récente, puisque, entre autres i-ai-
sons, sainte Marie-Madeleine, qui joue un si grand rôle dans le poème,
n'a guère été connue en Bourgogne avant le xi» siècle. Ce bref résumé
ne donne qu'une idée fort insuffisante de ces études, d'une élégante et
convaincante sagacité, qu'il faut lire dans le texte.] J. A.
13. — Revue dliistoire littéraire^ i. XIII, 1906.
P. 458-98 et 658-92. H. Potez. Deux années de la Renaissance (d'après
une correspondance inédite). [Les lettres utilisées sont celles de
Denys Lambin, de l'automne de 1552 à la fin de 1.554. Intéressantes
pour la biographie du cardinal de Tournon. au service de qui était
Denys Lambin : à la page 487, une lettre relative à la fondation du
collège de Tournon. Parmi les amis ou les correspondants de Lambin,
quelques-uns appartiennent à la France méridionale.] L. D.
14. — Revue historique, t. XGIII, 190"/. Néant. —
T. XGIV, 1907.
P. ■-'25-48. Cii. MoLiNiER. L'église et la société cathares.
Tome XCV, 1907.
P. 1-22, 263-91. Ch. Molinier. L'église, etc. [Suite et fin du précédent ar-
ticle. Dans la première partie de ce remarquable travail, l'auteur a
essayé de marquer le caractère de l'église cathare, ses aspirations à la
pureté parfaite, à la représentation du vrai christianisme, son attitude
en face de l'église romaine, qu'elle réprouvait, sa place parmi les pro-
testations hétérodoxes élevées du xii'= au xvi« siècle contre le Saint-
Siège. Dans la seconde partie, consacrée à l'examen de la société issue
du catharisme, il étudie l'une après l'autre les deux classes dont se com-
pose cette société : les parfaits, véritables ministres du culte dualiste;
les croyants, gens du siècle, rattachés aux doctrines cathares presque
uniquement par la foi. Des premiers, il décrit l'existence ascétique et
562 ANNALES DU MIDI.
errante, les rapports avec leurs fidèles, qui les « adorent » et manifes-
tent envers eux un dévouement sans bornes. Il discute en passant et
écarte deux imputations qui leur ont été souvent lancées, celle d'ava-
rice et celle d'impureté. Quant aux croyants, c'étaient des laïques, ne se
distinguant extérieurement en rien de leurs contemporains orthodoxes.
Ils se recrutaient surtout dans la classe moyenne et dans les classes in-
férieures, celles qui ont le plus longtemps adhéré à une foi dange-
reuse, tandis que les nobles l'ont abandonnée les premiers. Leur nombre
paraît s'être élevé à plus de quatre millions, dont la moitié en Italie, un
vingtième en France, un quart environ dans l'orient de l'Europe, d'où
cette foi était sortie. Protestation contre les tendances mondaines et
politiques de l'église romaine, le cathaiùsme donne l'exemple aux héré-
sies qui vont suivre, jusqu'à la Réforme; il apparaît aussi comme un
faible et timide essai de libération de la pensée humaine, j^i'emière et
décisive secousse parmi celles qui ont donné lieu au mouvement de
l'esprit moderne.] — P. 23-53. Ch.-V. Langlois. Les doléances des com-
munautés du Toulousain contre Pierre de Latilli et Raoul de Breuilli
(l'297-1298). [Ces deux personnages avaient été chargés de lever dans le
Midi l'argent dû au roi, à divers titres. Les communautés se plaignirent
des abus par eux commis. De là une enquête et la formation d'un dos-
sier dont une partie subsiste; le reste a été perdu ou se trouve dispersé
dans le Trésor des chartes. Ce que nous avons suffit à montrer avec
q'iel arbitraire et quelle violence les levées d'argent avaient été prati-
quées. De plus, les menus traits de mœurs abondent dans les déposi-
tions. Voir celles qui concernent Laurac, Auterive, Montgaillard, Cinte-
gabelle, Fanjeaux, Castelnaudary. L'une des principales « finances » à
percevoir était la queste, sur les hommes quostaux ou serfs. Les com-
munautés_ soutenaient qu'il n'en restait presque plus. Leurs plaintes
ont provoqué la célèbre charte aux Languedociens, d'avril 1290, pour
l'abolition de la servitude personnelle en ce pays, ordonnance qui ne
semble pas avoir eu grand effet pratique.] P. D.
15. — Revue internationale de V enseignement^ 1904,
t. XLVII et XL VIII; 1905, t. XLIX et L. Néant.
1906, t. LI.
P. 182-8. Ch.-B. AuDOLLENT. Charles Baron, professeur de littérature
ancienne à la Faculté des lettres de l'Université de Clermont (1861-1903).
[Né à Neuilly-sur-Seine, professeur de rhétorique au Lycée d'Auch
(17 septembre 1885), au Lycée de Chambéry (23 mars 1886) et profes-
seur de littérature à l'Ecole supérieure des lettres de cette ville (10 avril
PÉRIODIQUES NON MÉRIDIONAUX. 563
1886), maître de conférences de langue et de littérature grecques à la
Faculté des lettres de Clerinont (20 juillet 1887), puis professeur de
littérature ancienne à la même Faculté.]
1906, t. LU. Néant. M. D
16. — Keime de philologie française et de littérature,
XXI, 1907.
P. 1-2U et 197-221. L. Vignon. Les patois de la région lyonnaise. Le pro-
nom régime de la 3" personne (suite). — Le régime indirect. [I : Em-
ploi de i (adverbe) pour lui, leur; dans certaines localités, i ne s'em-
ploie encore qu'au singulier, ce qui permet de constater la marche pro-
gressive de cet emploi.- II: li (dat. sing.) pour U^ur (dat. plur.); les
formes issues de illorum paraissent en voie de disparition. Explication
de ces substitutions.] — [III : Substitution de l'accusatif (au singulier
et au pluriel) au datif; elle est due surtout à des raisons d'ordre pho-
nétique. — IV : La distinction des cas et des nombres et la particule si.
Cette particule, d'origine incertaine, s'ajoute aux pronoms accusatif et
datif pour en renforcer le sens ; la langue répare ainsi les pertes cau-
sées dans la déclinaison pronominale par les substitutions s-ignalées
plus haut.] — P. 107-17. J. Gilliérox et M. Roques. Plumer = peler.
[Détermination de l'aire où le premier verbe remplace le second
(« plumer un légume, un fruit »); elle embrasse de nombreux patois du
sud-est et quelques-uns du Quercy et du Languedoc. Explication du
phénomène.] — P. 241-58. P. Barbier fils. Notes étymologiques. [Tire
le français nabot, « personne de petite taille », du prov. )iabot, qui
représenterait nnpoceus, « petit navet ».] — P. 29-3-6. J. Gili.ikron et
J. MoNGiN. Etudes de géographie linguistique. IX Le sel; les aires
disparues. [D'une façon générale, tout le Midi dit la sau (fém.), tout le
Nord le sel ou le se (masc), avec, à l'Est, quelques enclaves disant le
sau et la sel (ou se). La forme autochtone serait féminine et aurait été
peu à peu submergée sous la forme masculine, propre au français. L'ex-
plication n'est pas au reste parfaitement claire.] A. J.
l"?. — Revue de la Renaissance, t. VII, 1906.
p. 43-.59. Ad. van Bever. Un poète ignoré du xvi» siècle. Annibal d'Orti-
gue. [Naquit à Apt, en 1572, comme le montre une pièce authentique,
donnée ici pour la première fois. A publié Les Poèmes divers du sieur
de Lartigue, provei)çal.... Paris, 1617, œuvre assez insignifiante dont
l'article donne une idée sommaire,] — P. 228-32. J. Gkrig. Deux let-
tres inédites de Jean de Boyssonné. [Quelques détails nouveaux, extraits
564 ANNALES DU MIDI,
des documents d'archives, sur Boyssonné et sur d'antres membres de
sa famille. Les deux lettres, datées de 1550, n'appartiennent pas à la
période toulousaine de l'existence de Boyssonné.] L. D.
18. — Romania, t. XXXV, 1906.
P. 1-18. E. Philipon. Prov. -enc; italien -ingo, -engo. [Ce suffixe, qui
sert à former des noms d'hommes, de lieux, de rivières, etc., se trouve
dans la France du sud, l'Espagne*, la Corse, l'Italie du nord, c'est-
à-dire dans la région occupée par les Ligures. C'est non pas le suffixe
germanique -ing, mais l'indo-européen -nquo, devenu en latin -inquo, en
ligure -enquo ; sa transformation enùigo est un phénomène pré-roman
où n'a rien à voir le suffixe germanique, qui n'a formé que des noms
d'hommes (devenus parfois, surtout dans l'Est, des noms de lieux).
Dans une « note complémentaire » très instructive (pi). 19 21)
M. A. Thomas admet l'existence de ce suffixe en dehors de toute in-
fluence germanique, mais il montre que son aire d'application s'étend
jusqu'au Rouergue, Quercy, Périgord, Berry, et conteste qu'il soit
ligure ; il pense que le suffixe germanique -ùig a dii se mêler à lui et en
renforcer la vitalité dans la formation des noms communs (et adjec-
tifs) français ei provençaux du type teisserenc, tisserand.] — P. 82-94.
A. Thomas. Jamette de Nesson et Merlin de Cordebœuf. [Il ne reste de
la nièce du célèbre Pierre de Nesson qu'un rondeau, mais il est certain
qu'elle avait écrit beaucoup davantage ; elle mourut sans enfants entre
1467 et 1476. Elle avait épousé, le 25 janvier 1431, Merlin de Cordebœuf,
qui resta invariablement fidèle à Charles VII et à Louis XI et mourut
entre 1499 et 1510; il est l'auteur d'un petit traité : VOrdo7i7iance et
inatiière des chevaliers errafits, publié incomplètement par R. de Bel-
leval en 1866.] — P. 106-9. A. Thomas. « Giraut de Borneil » ou « Gui-
raud de Bornelh ». [« Giraut » est plus conforme à la phonétique péri-
gourdine, et « Borneil » à l'usage des meilleurs manuscrits.] — P. 109-10.
Id. Prov. anc. albuesca; prov. mod. aubieco. [Ce mot, qui signifie
« citrouille », est identique au catalan (et csp.) albudeca, d'oi-igine
arabe.] — P. 278-83. N. Valois. Nouveaux témoignages sur Pierre de
Nesson. [II fit partie, en 1480, d'une ambassade envoyée auprès du con-
cile, à Bâle, et du pape, à Bologne. Pièces justificatives.] — P. 318-22.
Comptes rendus, par M. P. Meyer, des cartulaires de Saint-Mont e
Gimont, publiés respectivement par Maunius et Clergeac, et des Douze
1. En ce qui concerne l'Espagne, le Languedoc et le RoussUlon, les indi-
cations données ici ont été complétées depuis. {Romania, XXXVI, 283.)
PÉRIODIQUES NON MÉkIDIONAUX. 565
comptes consulaires d'Alhi. publiés par Vidal. — P. 387-64. P. Meyer.
L'Evangile de l'Enfance en provençal (manuscrit du marquis de Cam-
bis-Velleron et de Raynouard). Co ms.. qui paraît bien être celui deRay-
nouard, et dont il avait fait de nombreuses citations dans le Lexique
roman, a été récemment acquis par la Bibliothèque nationale. M. M.
en publie de longs fragments, avec de nombreuses notes lexicologiques ;
pour l'un, il communique les variantes des mss. de Turin et de Cone-
gliano. Remarques (pp. 357 ss.) sur la langue de l'auteur et la graphie
du copiste.] — P. 428-44. Id. Fragments du grand-livre d'un drapier de
Lyon (1320-1323). [Ils se composent de deux feuillets et demi ; le texte
est en pur langage lyonnais. Publication in exte)iso, suivie d'un
« glossaire-index ».]
T. XXXVI, 1907.
P. 96-9. A. Thomas. Franc, semé; prov. se{p)te. [Ce mot désigne le ser-
vice mortuaire de huitaine ; semé vient de septimus, septé de septe-
■ nus; ce dernier mot se trouve dans un testament limousin de 1356.] —
P. loO-l. Id. Ane. prov. fos. [Se trouve dans la Vie de sainte Eimnie,
sous la forme fons, mais la correction est exigée par la rime ; est sans
rapport avec fotis, vient de fôcem au sens de « orifice par lequel
l'eau s'échappe du rocher ». Ce mot est assez fréquent dans les noms
de lieux.] — P. 103-5. E. Vey. Forézien madinâ. [Signifie « vent d'est
ou du matin ». Ne vient pas de matutinata, mais de matutinale ; le mot
paraît propre à quelques régions voisines du Massif central.] —
P. 116-21. Comptes rendus, par A. Jeanroy, de Zingarelli, Ricerche
sullavita e le rime di Bernart de Ventadorn, et par P. Meyer de Ortiz,
Amanieu des Escas, c'om apela Dieu d'amors. — P. 403-19. A. Tho-
mas. Deux quatrains en patois de la Haute-Marche imprimés à Paris
en 1586. [Il s'agit de deux quatrains liminaires adressés au Marchois
François Granchier par deux de ses compatriotes, nommés Nobeyratet
Brisse. Savant commentaire phonétique et glossaire très complet.] —
P. 435-6. Id. Henri Baude à Tulle en 1455. [H y remplit les fonctions de
receveur des tailles et y résida réellement.] — P. 610-2. S. Stronski. Le
nom du troubadour Dalfln d'Aloernhe. [Complément d'un article pu-
blié ici-même. XVIII, 482. Publication intégrale de l'acte de 1215, d'où
il résulte que Dalfinus était bien un surnom ; exemples, dans un autre
acte (1201), de la forme Dalfis, précédée de l'article.] A. J.
566 ANNALES DU MIDI.
19. — Société nntionnle des antiquaires de France. Bul-
letin, 1906'.
P. 136-40. Pehdrizet. Vierge de Aliséricorde de la Cliurtreuse de Pesio,
non loin du col de Tende, x\"= siècle. [Attribuée à tort au peintre savoi-
sien Antoine Le Coq.] — P. 149. Espéuandieu. Inscription latine du
I" siècle, trouvée à Valentine, près Saint-Gaudens (Haute-Garonne). —
P. 157. F. DE ViLLENOiSY. Socle d'une croix de la Renaissance, des
environs de Saint- Paul-Trois-Cliàteaux (Drônie). — P. 162-6. Ph. Lau-
zuN. Mejisura ponderaria, au Musée d'Agen (planche). — P. 167-8.
F. DE Mély. Fragments d'une crucifixion trouvés à Nimes (x« siè-
cle). — P. 180-1. Id. Siège des évèques dans la cathédrale d'Avignon,
XT« siècle (planche). — P. 198-9. Espérandteu. Inscription latine du
I" siècle, trouvée près de Béziers. [Elle provient de la collection No-
guier et concerne un monument élevé par des héritiers.] — P. 204-6.
F. Pasquier. Contrat de fourniture d'armes italiennes à procurer, en
1562, au cardinal Georges d'Armagnac, archevêque de Toulouse. [Docu-
ment découvert dans un registre de notaire.] — P. 265. Héron de Vil-
LEPOSSE. Fragment d'inscription latine dans un mur de l'abbaye de
Fontfroide, près Narbonne. — P. 292. D' Guebhard. Bague trouvée au
camp du bois du Rouret (Alpes-Maritimes). [Elle offre quelque ressem-
blance avec des bagues de l'époque mérovingienne découvertes dans les
fouilles de la Champagne.] — P. 304-6. Espérandieu. Bas-relief du
xvi« siècle, découvert à Narbonne, le long du quai, et provenant d'une
fontaine publique. [Personnages fantastiques, rinceaux, etc.] — P. 311.
Héron de Villefosse. Découverte à Vaison (Vaucluse) d'une mosaïque
romaine. [Mesurant 4"' 30 sur 3 mètres. Animaux, fleurs, etc.]. — P. 317.
Lafaye, de la part de M. Mûller. Indication de fouilles faites par ce
dernier dans l'Isère, les Hautes Alpes, et ayant eu pour résultat la dé-
couverte de monnaies et d'objets de l'époque gallo-romaine. — P. 318.
Héron de Villefosse, de la part de M. Clerc. Offre d'un ouvrage inti-
tulé : La bataille d'Aix, études critiques sur la campagne de Marins
en Provence. [Observations sur l'importance de cette guerre (cf. Anfia-
les. t. XIX, p. 438).] — P. 336. Espérandieu. Stèle romaine dii ii= siècle,
au Musée de Nice. [Jeune homme vainqueur aux jeux; planche hors
texte.] — P. 338-40. R. Fage. Explication de termes de menuiserie, no-
tamment du mot « coupe », employés dans la description des portes de la
1. Dans notre dernier dépouillement (Annales, t. XIX, p.,274), au lieu
de l'année 1906, il faut lire 1905.
PÉRIODIQUES NON MÉRIDIONAUX. 567
ville de Tulle, au xvii= siècle. — P. 840. Enlart, de la part de M. Roger,
architecte à Pamiers. Inscription latine du xiv siècle, découverte dans
l'église de Dauniazan (Ariége), rappelant la prise de Jérusalem par les
Croisés et la consécration de l'église du lieu. Planche. — P. 367-8.
Héron de Villefosse, de la part de M. Audollent. Note sur une sta-
tuette en bronze de Mercure, trouvée au sommet du Puy-de-Dôme. —
P. 377-9. Héron de Villefosse. Renseignements complémentaires sur
la mosaïque de Vaison. [Signalée plus haut. Ce n'est qu'un fragment
d'une mosaïque dont les autres morceaux sont au Musée Calvet, d'Avi-
gnon.] — P. 400-2. J. Roman. Sceau du couvent des Dominicains de
Carcassonne au moyen âge. [Singularité des ornements de la figure cen-
trale.] P- P-
SBO. — Société nationale des antiquait^es de France. Mé-
moires, 1904-19051.
p. 273-90. A. Boinet. Le livre d'heures de Marguerite de Valois, sœur de
François I", reine de Navarre. [Ce manuscrit appartient au Musée du
Louvre ; il comprend 85 feuillets et 29 miniatures.] F. P.
CHRONIQUE
Les patois sont en train de disparaître, tués par les nécessités
de la vie moderne. Bien peu ont conservé leur pureté primitive;
dans cinquante ans, combien n'existeront plus! Aussi est-il grand
temps de noter fidèlement ce qui en reste. C'est ce que ne cessent
de proclamer, depuis des années, les maîtres les plus éminents de
la philologie. C'est à cette œuvre qu'entend se consacrer la Société
internationale de dialectologie romane qui vient de se consti-
tuer.
« Il y a encore, lisons-nous dans le prospectus, tant de contrées
intéressantes du domaine roman que le pied du linguiste n'a pas
encore foulées.... Le nombre des territoires qui attendent en vain
une étude systématique de la grammaire et du lexique reste encore
trop grand. Le puissant essor des études phonétiques exige, à
l'égard de nombreuses contrées, que l'on croyait déjà connaître
parfaitement au point de vue dialectologique, une enquête nou-
velle d'après des principes modernes. »
Cela est vrai surtout de nos parlers méridionaux, dont un si
grand nombre ont été à peine étudiés, dont tant d'autres sont déjà
contaminés par l'influence française. Les bonnes volontés, certes,
ne manquent point dans le Midi; mais la plupart des dialectolo-
gues sont des travailleurs isolés, auxquels manquent une direc-
tion scientifique et des débouchés. Ils trouveront l'un et l'autre
auprès de la société nouvelle : aussi est-il à croire que les adhé-
sions sont nombreuses qui lui viendront de nos provinces.
La SociéLé, qiii publiera une Revue et un Bulletin, comprend
des membres à vie, des membres actifs et des membres adhérents.
Les membres à vie paient une somme d'au moins cinq cents
francs et reçoivent franc de port toutes les publications de la So-
ciété leur vie durant; ils ont voix délibérative.
CHRONIQUE. 569
Les membres adhérents paient une cotisation annuelle de dix
francs, reçoivent le Bulletin et n'ont pas droit de suffrage,
La Société a son siège social à Bruxelles. Elle entrera en vigueur
dès qu'elle comptera deux cents cinquante membres actifs ou un
nombre de membres à vie ou adhérents apportant un ensemble de
cotisations équivalentes. Les adhésions et toutes communications
doivent être adressées à M. B. Schsedel, privatdocent à l'Univer-
sité de Halle, Richard-Wagnerstrasse, 43 (Allemagne).
M. Camille Chabaneau a succombé le 21 juillet dernier à une
maladie dont il avait ressenti les premières atteintes il y a deux
ans et qui, depuis, lui imposait les plus grands ménagements.
Tous nos lecteurs savent que les études provençales font, en sa
personne, une perte irréparable.
Nous n'oublions pas que c'est aux Annales qu'il avait donné
son dernier travail de quelque étendue (1907, p. 364) et publierons,
dans notre prochain numéro, une notice sur notre éminent et très
regretté collaborateur.
Chronique d'Auvergne.
Puy-de-Dôme. — Le Puy-de-Dôme a perdu depuis quatre an^
deux érudits de haute valeur, M. Francisque Mège, dont les tra-
vaux sur l'histoire de l'Auvergne pendant la Révolution resteront
un modèle de conscience et de clarté, et M. Antoine Vernière, qui
s'était plus dispersé, mais connaissait à fond sa province et a tra-
vaillé jusqu'à son dernier jour à la faire connaître en publiant ses
Tables des matières contenues dans les An.niles de l'Auvergne
{1828-58), les Mémoires de VAcademie (1859-87), le Bulletin
historique et scienlifique de l'Auvergne [1881-1905) et les Mé-
moires de l'Académie [11^ série, fasc. là XVIII), Clermont, 1907,
in-8".
Les fouilles du Puy-de-Dôme ont amené, en 1906, la découverte
d'un très joli bronze de Mercure Dumias, qui est aujourd'hui déposé
au Musée de Clermont. Les travaux scientifiques de MM. Brunhes,
directeur de l'Observatoire météorologique du Puy-de-Dôme, et
David, météorologiste adjoint, ont fait connaître la provenance
ANNALES DU MIDI. — XX 37
570 ANNAI.KS DU MIDI.
pvol)ahle des pierres de taille employées à la construction du tem-
l)le du Puy-de Dôme. La direction d'aimantation de ces pierres a
permis de les identifier aux roches dolomitiques du [^uy-de-Ulier-
soux, voisin du Puy-de-Dôme. M. Audolleut, directeur du Musée
de Clermont-Ferrand.a publié dans les Mélanges Godefroid Kurth
une Lettre à M. Kurth sur le temple du Puy-de-Dôme, où se trou-
vent résumés de façon magistrale tous les points curieux de l'his-
toire du monument. Une nouvelle inscription découverte l'an der-
nier sur les pentes de la montagne par M. Wernert, professeur
d'histoire au Lycée de Glermont, a été publiée par lui dans la
Revue d'Auvergne de 1907. Un grand nombre de poteries et de
verreries gallo-romaines ont été découvertes près de Glermont au
lieu dit le Bus-Champflour ; un compte rendu de ces trouvailles a
été inséré dans le Bulletin de l'Académie de Glermont.
M. Bréhier, professeur à l'Université de Clermônt, a publié à la
librairie Bloud un excellent travail sur les Eglises romanes, où
l'école auvergnate est étudiée avec un soin tout particulier.
r^es travaux de réfection de la grande rose méridionale de la
cathédrale de Glermont ont ramené l'attention des archéologues
sur le monument. On y visite à nouveau une crypte romane fort
ancienne, ornée de fragments de peinture et de pierres sculptées
d'époque mérovingienne; une grande pierre de taille, avec inscrip-
tion romaine, a même été employée dans la construction romane.
Des peintures du xiii^ et du xve siècle sont actuellement visibles
dans la sacristie et dans deux chapelles de l'abside. L'une d'elles,
celle de la chapelle de Saint-Georges, parait tout particulièrement
remarquable.
L'étude- de la langue et de la littérature locale a obtenu droit
de cité à la Faculté des Lettres avec le cours de littérature romane
professé par M. Petiot, professeur au Lycée B. Pascal. M. R. Mi-
chalias a publié en 1907 un Essai de graynmaire auvergnate, sur
le modèle de la grammaire catalane de M. Foulché-Delbosc (sur
cet ouvrage, voy. plus haut, p. 454). L'auteur possède admirable-
ment le dialecte ambertois et a publié en 1904 un charmant recueil
de vers patois Ers de tous Suis. Le goût de la langue locale parait
se réveiller, moins vite cependant que dans le Gantai.
L'histoire nobiliaire s'est enrichie de la Recherche générale de
la noblesse d'Auvergne (1656-1721). (Paris, Ghampion, 1907,
in-4u de 623 pages), publiée^par M. le D»" de Ribier. L'auteur s'est
principalement servi du ms. de Fortia, intendant d'Auvergne,
CHRONIQUE. 571
chargé par le roi d'enquêtes sur la noblesse du pays dans les an-
nées 1(366-69. On lira avec intérêt l'étude consacrée par M. de Ribier
à l'histoire du ms. Les Preuves de la Maison de Polignac, de
M. Jacotin (Paris, 1898-1906, 5 vol. in-f»), contiennent une belle
collection de 829 pièces intéressant l'histoire de Vélay, de l'Auver-
gne, du Gévaudan, du Vivarais et du Forez. Une table générale
alphabétique rend très commode la consultation de ce précieux
recueil.
L'archéologie médiévale a inspiré quelques bons travaux. M. le
chanoine Gobillot a publié dans le Bulletin de l'Académie de
Clermonl une excellente monographie de la Cathédrale de Cler-
mojit. M. Joseph Bonneton a donné au même Bulletin une étude
sur lés statues dites pédauques du moyen âge. L'église de
Saint-Pourçain possédait jadis une statue de la reine à pied
d'oie, dont on rie connaît que trois autres exemples en France :
à Saint-Bénigne de Dijon, à Nesle-la-Reposte, à Saint-Pierre de
Nevers, et qui représenterait la reine de Saba, la patte d'oie sym-
boliserait la prudence et la sagesse de l'amie de Salomon. M. l'abbé
Régis Grégut a publié une très curieuse étude sur les vitraux de
la Sainte-Chapelle de Riom. L'auteur raconte avec verve les
transformations désastreuses subies par ces verrières, que des
architectes d'esprit peu critique ont tr. itées comme une simple
matière décorative, taillable et retaillable à merci.
L'histoire pragmatique nous a valu une savante note de M. Mar-
cellin Boudet sur le commence'tnent de l'invasion ayiglaise en
Auvergne pendant la guerre de Cent ans. M. Boudet montre que
l'Auvergne commen(.'a à :;ouffrir de l'invasion en 1353, et que les
bandes mercenaires ne cessèrent de la molester qu'en 1391. La
guerre de Cent ans dura donc trente-huit ans en Auvergne.
M. Teilhard de Chardin nous donne les comptes de voyage d'ha-
bitants de Mont ferr and envoyés à Arras en 1479 par ordre de
Louis XI, qui voulait repeupler la ville de bons Français. Le con-
nétable de Bourbon, de M. Jean Bonneton, donne d'intéressants
renseignements sur le château de Chantelle, Anne de Beaujeu, le
duc de Bourbon ; malheureusement l'auteur a négligé d'indiquer
ses sources et la valeur critique de son livre en a souffert.
M. l'abbé Régis Crégut a relaté Za^^^erie de Beauregard-l'Evêque
en 1590, coup de main du chef royaliste Ghappe contre les
ligueurs. M. Jules Blanc, dans ses Martyrs d'Aubenas (1593), a
écrit un livre édifiant destiné à hâter la béatification de deux
572 ANNALES DU MIDI.
jésuites : Jacques Salés et (riiillaume Saiiltomouche, massacrés
par les protestants du Midi. On peut extraire de ce livre quelques
détails curieux sur le collège de Billom (1568-1572).
Pour le dix-septième siècle, c'est loujotirs la figure de Pascal qui
attire rnltention des érudits. Un certain nombre de publications
sont venues compléter la physionomie du grand penseur. Un Alle-
mand, M. Karl Bornhauseu, dans &on Ethique de Pascal {Sfudien
zur Geschichte des neueren Protestnnlismus) a considéré Pascal
comme penseur scientifique, comme individualiste religieux et
comme catholique, et a étudié l'influence de ses idées sur la
manière d'envisager la vie publique et le rôle social de l'Eglise et
de l'Etat. La nouvelle édition des Pensées par M. Gazier, le
Pascal inédit de M. Jovy, ont mis à la portée du public l'œuvre
intégrale de Pascal. M. Elle Jaloustre a repris à nouveau la ques-
tion du « Cas de conscience » dans son étude sur un neveu de
Pascal, Louis Perrier, le cas de conscience. Il s'agissait de
savoir si Louis Perrier, chanoine de Glermont, qui « gardait le
silence respectueux sur le fait et sur le droit» pouvait être absous
en confession par le curé de Notre-Dame du Port. Quarante doc-
teurs en Sorboune répondirent à cette question par l'affirmative
le 20 juillet 1702. On sait que Pascal a été récemment accusé de
tricherie scientifique à l'occasion des expériences de Perrier au
Puy-de-Dôme ; dans sa Réponse à une accusation de faux por-
tée contre Pascal, M. E. Jaloustre a montré la fausseté de cette
grave accusation.
On trouvera dans le Mandrin, capitaine général des contre-
bandiers de France, de M. Funck-Brentano, le récit des campa-
gnes du célèbre brigand en Auvergne, d'après les travaux de
M. Antoine Vernière et Ulysse Bouchon.
M. Bobert du Corail a apporté une contribution à l'histoire de
la Bévolution en Auvergne avec son étude sur la jeunesse (ÏAma-
ble Soubrany de Macholles, d'après quelques lettres et documents
inédits.
M. Everat a écrit l'histoire des Confréries de Riom, depuis le
xiiie jusqu'au xxe siècle. M. Daniel Salvy a donné avec son His-
toire de la Cour d'appel de Riom, un spécimen d'histoire judi-
ciaire parfois assez amusant.
Les professeurs d'histoire de la Faculté des Lettres ont favorisé
de tout leur pouvoir l'étude de l'histoire locale par les candidats
au diplôme d'études supérieures d'histoire. M. Louis Dubuc a
CHRONIQUE. 573
choisi pour sujet : Les conditions du travail en Auvergne aux
dix-septième et dix-huitième siècles. — M. Laroux ; Le person-
nel de la Cour des aides de Clermont-Ferrand. — M. Brunel :
Les monastères de Clermont-Ferrand à la veille de la Révolu-
tion. — M. Lassiauve: Les intendants et l'adininistration muni-
cipale de Clermont aux dix-septième et dix-huitième siècles . —
Mlle Mallye : La commune du Cresl pendant la période révolu-
tionnaire. — M. Thénot : Les comités de surveillance dans le
Puy-de-Dôme à l'époque de la Révolution. — Ces travaux sont
en majeure partie déposés à la Bibliothèque delà Ville et de l'Uni-
versité, où ils constitueront, avec le temps, un fonds des plus
intéressants. La Revue d'Auvergne doit commencer prochaine-
ment la publication du mémoire de M. Dubuc.
L'étude géographique ou économique de la province a donné
lieu à quelques publications, parmi lesquelles nous citerons
V Auvergne, de M. Calhula, la Bourboule, son climat et ses eaux
minérales, de M. le Dr Sarazin, et le Clennont-Ferrand, publié
par les soins de l'Association française pour l'avancement des
sciences, en mémoire du Congrès de 1908.
G. Desdevises du Dezert.
Chronique du Gard.
Préhistoire. - En 1904, ]M. Félix ÎNIazîUiric a exploré les envi-
rons de Saint-Geniès-de-M:igIoires, de Tharaux, les grottes de la
Fromagerie, de Campelîel, de Saint-Vérédème (avec M. Mingaud),
les causses de Gampestre et de Blandas. 11 a découvert un petit
cimetière celtique, près l'oppidum de Marbacum. Il a publié des
« Recherches archéologiques dans les régions de la Cèze et du
Bouquet (1902-1903) » {Bulletin de la Société d'études des sciences
naturelles de Nimes, 1904). En 1905, il a étudié l'enceinte celtique
d'Estauzen, le village celtique du mas de Cambis, la station néoli-
thique des Chariots, le refuge du Roc de l'Aiguille, la grotte de
Veison, la grotte des Demoiselles, la grotte de la Salpêtrière, la
station du nuis de Laval {Bulletin cité, 1905). En 190G, il a décou-
vert un menhir aux environs de Nimes et publié des « Recherches
archéologiques sur le Larzac » (Bulletin cité, 1900).
En 1904, M. Ulysse Dumas a exploré la p^rotte du Figuier {Bul-
574 ANNALES DU MIDI.
letin cité, 1904). En 1905, il a publié un travail sur les « Tumulus
d'Aigaliers, Baron et Belvézet, de l'époque Mallstatienne » {Bulle-
tin cité, 1905). En 1906, il a publié une importante étude sur « Les
différents vestig'es qui accompagnent les dolmens » {Bulletin cité,
1906). Les comptfs rendus des séances de l'Académie des Inscrip-
tions contiennent, dans le Bulletin de juillet 1907, p. 425, une
communication sur « Les constructions autour des dolmens », par
MM. le Dr Capitan et Ulysse Dumas.
En 1905, M. Galien Mingaud a exploré la grotte du Taï, et pu-
blié un travail sur des « épingles en bronze trouvées à Vers »
{Bxilletin de la Société, etc., 1905). En 1906, il a publié un travail
sur « la pierre sculptée, à figure luimaine, de Bragassargues » {Bul-
letin cité, 1906).
En 1905, le lieutenant Gimon a publié une « Etude sur la préhis-
toire dans quelques vallées des basses Cévennes » {Bulletin cité,
1905). En 1906, il a exploré le dolmen des Rascassols, les sépultures
néolithiques du pic de Roquedalais, les stations de la région de
Saint-Hippolyte-du-Fort, la grotte de la Salpêtrière, les menhirs
de Ginestous, et découvert des ruines, peut-être visigothiques, à
La Cadière {Bulletin cité, 1906).
En 1906, M. Gabriel Carrière, s'occupant des crânes trouvés dans
les grottes et les dolmens cévenols, établit qu'ils sont en grande
majorité dolichocéphales. Les découvertes faites depuis les siennes
ont confirmé la rareté des brachycéphales cévenols de l'époque
néolithique (Bulletin cité, 1906j.
Antiquité classique. — Les vestiges de cette époque abondent à
Nimes et constituent presque entièrement les collections de ses
musées archéologiques. Pendant quelques années, le musée épigra-
phique est resté sans conservateur, ce qui a suffi pour arrêter l'ac-
croissement des collections. Aujourd'hui, M. Félix Mazauric a été
mis à la tête de ce musée et de l'ensemble des musées archéolo-
giques. Sa science et son dévouement ont provoqué d'heureux
enrichissements, et il prépare les catalogues qui uianquaient. Il se
propose de sauver ce qui subsiste de l'enceinte romaine de Nimes
en demandant le classement de ces antiques murailles comme mo-
numents historiques.
Moyen âge et ancien régime. — On pense à isoler la cathédrale
romane de Nimes à l'angle sud-ouest, où une partie de la façade
est masquée par la porte donnant accès dans la cour de l'ancien
CHRONIQUE. 575
évêché. Une rue nouvelle séparera les deux édifices, qui se tenaient
par la porte en question et par l'ancien secrétariat.
Les archives départementales sont l'asile naturel des documents
du moj'en âge et de l'ancien régime. Celles du Gard ont vu leur
local partiellement envahi par les bureaux de la préfecture, au
momer)toù elles étaient le plus gênées par le manque de place.
Cette é})reuve leur crée de grandes difficultés pour assurer le ser-
vice, mais a fait naitreun courant d'opinion plus décisif en faveur
de leur dé[ilacempnt. Il est probable que l'ancien évêché les recevra
dans un délai rapproché. La question, déjà transmise au Conseil
général, sera tranchée par lui en octobre 1908. Le palais épiscopal
contient encore une riche bibliothèque qui sera vraisemblablement
attribuée aux archives du Gard.
L'existence, dans cette collection, d'incunables et de noml)reux
ouvrages des xvi^, xvii" et xviiie siècles, lui donne le caractère
d'une bibliothèque formée, en grande partie, par les évoques de
Nimes au xviie et au xviiie siècles.
En 1793, le palais épiscopal fut vendu à Pierre Chabanel, sans
qu'il fût question de meubles dans la vente. En 1807, Chabanel le
revendit au département qui y installa la préfecture. Même silence
sur les meubles.
Les lois de 1793 avaient interdit la vente des objets d'art et des
livres aj'ant appartenu à tout édifice devenu national.
La bibliothèque de la ville de Nimes, fondée en 1794, fut consti-
tuée par les collections de Séguier et les livres des communautés
religieuses supprimées. Quels motifs empêchèrent la bibliothèque
de l'Évêché, non vendue par mesure spéciale et comme un tout
distinct de l'immeuble, d'aller rejoindre plus tard, à la bibliothè-
que municipale, les livres des congrégations supprimées? C'est
d'abord l'existence de l'épiscopal constitutionnel. Dumonchel, élu
évêque du Gard en 1791, et resté en fonctions jusqu'en 1793, on
ne pouvait songer h le priver de la bibliothque des anciens pré-
lats. C'est ensuite la vente hi gloho du palais épiscopal à Chabanel.
Quand la Nation le vendit, le 6 février 1793, elle avait de plus
graves sujets de préoccupation que l'attribution de livres oubliés,
et ces derniers suivirent la destinée de l'immeuble.
En ce qui concerne la bibliothèque du Grand Séminaire de
Nimes, elle fut constituée en 1822, lors de la création de l'évêché
non concordataire de Nimes, aux dépens de la bibliothèque muni-
cipale, et y fera retour.
576 ANNALES DU MIDI.
Révolution. — Le Comité d'études révolutionnaires du Gard
a terminé depuis longtemps son enquête sur les cahiers et les
procès-verbaux de nomination des députés, pouvant subsister
dans les archives communales. Le résultat est des plus maigres.
Il témoigne de l'incurie qui a longtemps régné dans ces dépôts,
et que l'inspection par les ni'chivisles départementaux a tant de
peine à modifier. Le premier volume des Cahiers de la séné-
chaussée de Nimes en 1789 a paru en mars '1908. Le second
volume est sous presse. Cette publication a été rendue possible
par le riche trésor de cahiers originaux conservé aux archives
du Gard.
Période contemporaine. — Le nouveau musée de peinture
et de sculpture de Nimes, dont les plans sont dus à M. Raphel,
a été ouvert au pul)lic an début de 1908. C'est un élégant palais,
à l'intérieur attrayant. On lui reproche d'être trop petit. Heureux
défaut, qui a forcé de rouler les croûtes les plus notoires et de les
soustraire pour toujours à l'admiration de la foule. A côté d'œu-
vres ])elles ou intéressantes, il s'en trouve encore de médiocres,
•liais il n'y en a plus de scandaleuses. Ed. Bondurand.
Chronique de Gascogne.
Après la Provence, la Gascogne aura-t-elle bientôt, elle aussi,
comme institution permanente, le Congrès de ses Sociétés savantes?
C'est sons celte forme, semble-t-il, que s'apprête à- prendre corps
l'idée, naguère lancée dans la presse, d'une fédération de nos
Sociétés régionales vouées aux études historiques ou archéo-
logiques. Toujours est-il qu'un premier essai vient d'être tenté à
Bordeaux, au mois d'octobre dernier, sous l'initiative de la Société
des archives historiques de la Gironde et de la Société archéolo-
gique de cette ville. Un bon nombre de nos Sociétés savantes ont
été représentées à ce Congrès, et ce nombre aurait même été plus
considérable s'il avait été fait une publicité plus étendue et moins
tardive autonr de ce Congrès. On a entendu là des mémoires
remarquables et des conférences du plus vif intérêt; il est fâcheux
seulement que le comité préparatoire n'ait pas montré plus de sévé-
i"ité dans l'admission îles travaux. Il est vraiment affligeant de
rencontrer h'i, à côté des communications de M.' Jullian, de
CHRONIQUE. 577
M. ("artailhac, de M. P. Courteault, de M. Brutails, des lectures
sur l'origine grecque de quelques mois gascons.
On avait pu se demander si la coïnci<lence de l'Exposition mari-
time et si le concours de l'Université de Bordeaux n'avaient pas
assuré, plus que tout le reste, le succès du Congrès d'histoire et
d'archéologie du Sud-Ouest ; si, enfin, laissées à leurs seules forces,
nos Sociétés locnles seront capables de faire vivre cette fédération
scientifique; le Congrès qui s'est tenu à Pau dans les premiers
jours de septembre (exactement du 6 au 10), vient de fournir une
réponse de très l)on augure.
Avant d'en venir aux diverses régions entre lesquelles se répartit
notre activité scientifique, nous devons signaler ici trois ouvrages
récemment parus que leur importance et leur valeur mettent tout
à fait hors de pair. Les Annales du Midi ont déjà signalé ou signa-
leront, sans aucun doute, les Fors de Bèarn de M.- Rogé, le Mon-
luc historien de M. P. Courteault, la Maison d'Armagnac au
xve siècle de M. Ch.Samaran; aux mérites qui ont été ou qui
seront relevés chez eux, et qui ont valu à ces deux derniers deux
prix de l'Institut, ils joignent pour nous cet intérêt tout local
de renouveler les questions qu'ils ont touchées et d'apporter, sur
quelques points peu connus de notre passé juridique ou histori-
que et sur les tendances et les procédés de notre grand mémo-
rialiste, une lumière qui send^le définitive.
A la Société Jnstorique de Gascogne, la seule de nos associations
scientifiques dont les recherches et les études intéressent toute la
province, la Revue de Gascogne va atteindre avec son demi-siècle
d'existence, son cinquantième volume annuel; la seconde publica-
tion périodique de cette Société, les Archives historiques de la
Gascogne, vient de nous livrer récemment son trente-septième
volume avec le Livre rouge du chapitre métropolitain de Sainte-
Marie d'Auch, par M. Dutfour. Depr.is notre dernière chronique,
ont également vu le jour, le Cartulaire de l'abbaye de Gimont,
par M. Clergeac, et le Livre des syndics des Etats de Béarn, par
M. H. Courteault. Il ne m'appartient pas d'apprécier ici ces publi-
cations de textes régulièrement présentées aux lecteurs des Annales,
mais il me sera bien permis de rappeler ce qu'écrivait, dans le der-
nier compte rendu qu'elles leur consacraient, un juge plus compé-
tent et plus impartial que je ne saurais l'être : .< La Société des
Archives historiques de Gascogne continue à mériter les éloges et
les encouragements qui l'ont accueillie à ses débuts ».
578 ANNALES DU MIDI
Ajouterai-je qu'après avoir fourni quarante volumes de docu-
ments à des travailleurs qui, après tout, restent toujours clairsemés
en notre région, cette Société aurait peut-être le droit de chercher
à étendre sa clientèle et le devoir de s'adresser à un public moins
restreint. Elle n'aurait pour cela qu'à s'inspirer des desiderata
dont M. Barrau-Dihigo se faisait l'écho naguère dans son étude
sur la Gascogne, qu'elle ne se borne pas « à publier les textes rela-
tifs à l'histoire de la Gascogne, mais encore les ouvrages propre-
ment dits ». Si les statuts s'y opposent, qu'on les modifie. Il vaut
intiniuient mieux favoriser la jinblication d'ouvrages intéressant
toute la province que d'éditer des textes d'intérêt purement vicinal,
et c'est à cette nécessité que va bientôt être réduite — on peut le
prédire sans être prophète — la Société historique une fois qu'elle
aura achevé les cartulaires subsistants de nos grandes abbayes.
Il y a tels travaux généraux qui ne peuvent être entrepris et menés
à bonne fin que sous l'hégémonie d'une Société et avec le concours
non seulement sympathique, mais etïectif de toutes les autres.
Pourquoi des ouvrages de ce genre, par exemple une i^/fe/to^rap/iie
de la Gascogne ou un Glossaire général de nos vocables gascotis,
au besoin même le Glanage de Larcher, en sa partie inédite, ne
trouveraient-ils pas place dans les publications de la Société histo-
rique de Gascogne? Pourquoi n'adopterait-elle pas môme l'entre-
prise d'une Vasconia chrisliana, la réfection de la Galiia chris-
tiana pour la province d'Auch? Un de ses membres a pu, dans un
séjour de (|uatre ans à Rome, relever, aux archives du Vatican,
tous les documents qui, jusque vers la fin du xve siècle, intéressent
notre histoire gasconne; le temps ne serait-il pas venu de les met-
tre en œuvi'e sous ses auspices? Quel lien i)lus propre à cimenter
la fédération qui est en train de se fonder entre les diverses Socié-
tés gasconnes que l'appui réel et positif dont elles feraient toutes
bénéficier cette œuvre collective, appelée à intéresser chacune des
régions où se meut leur activité particulière !
Après la Société hislurique de Gascogne , VEscole Gaston
Fébus est celle dont l'action rayonne sur une plus large étendue,
puisque, en dehors du (îomminges et du Gouserans, elle s'inté-
resse à tous les anciens usages et à tous les vieux parlers de notre
terroir provincial. Toujours félibréenne et populaire, étrangère
à toute ambition scientifique, elle ne cesse de joindre à la publi-
cation de son Bulletin des concours et des congrès annuels qui,
jusque sur les bancs de nos écoles primaires, stimulent, encoura-
CHRONIQUE. 579
gent ou récompensent les productions de nos conteurs ou versifi-
cateurs patoisants. Parmi ces congrès, dont le dernier vient de se
tenir à Condom, celui de 1907 a revêtu un éclat exceptionnel.
Un généreux Mécène, M. Bibal, maire de Masseube, après avoir
racheté à la famille Duruy les ruines du château de Mauvezin
(Hautes-Pyrénées), qui appartint à Gaston Phébus, en a fait don
à la Société qui s'est placée sous le patronage de son nom. M. Bibal
a fait remise solennelle à VEscole Gaston Féhus de ce château
qui sera désormais son musée et son dépôt d'archives. Mais déjà
l'intelligent et libéral donateur avait commencé la restauration du
château, et il s'est réservé le droit de la continuer. On ne peut que
le féliciter de cette résolution, tout en souhaitant, dans la suite
des restaurations, qu'il se préoccupe plus que par le passé de fidé-
lité historique. Certaines reproductions plastiques déjà installées
et certains souvenirs évoqués au jour de la prise de possession
accusent chez lui une visible tendance à confondre l'histoire du
moyen âge avec les légendes de MM. de Tressan et de Marchangy.
Dans le Gers, la Société archéologique d'Auch nous arrêtera
peu ; son activité se manifeste surtout par la publication d'un
Bulletin, dont le dépouillement se fait ici en toute régularité.
Espérons «lu'elle ne laissera pas passer sa dixième année d'exis-
tence sans nous donner la table décennale de ses travaux, d'au-
tant que la disposition inorganique de ses tables annuelles en
rend le maniement fort long. On attend aussi avec quelque impa-
tience son « Glossaire des patois du Gers », dont elle a soigneu-
sement amassé les matériaux dans ses concours annuels aujour-
d'hui arrivés à leur terme Nul doute qu'un travail de ce genre,
publié selon les méthodes et avec les procédés vulgarisés par la
philologie moderne, ne soit appelé à rendre de grands services
aux travailleurs. Il restera ensuite aux Sociétés des autres dépar-
tements à suivre celte initiative, et V Atlas de M. Gilliéron recevra
de ce chef un complément et des correctifs précieux.
On signale la découverte récente de tout un lot de monnaies
romaines à Manciet iGers), non loin de l'antique voie d'Eauzo à
Aire. Il y a là 47 deniers d'argent dont 19 sont à l'effigie de
Gordien le Pieux; les autres se partagent entre Caracalla, Phi-
lippe père, Philippe fils, Dèce, Valérien et Volusien, toutes dans
un excellent état de conservation.
Les Commissions officielles créées pour lu publication de docu-
ments relatifs à la Révolution n'ont pas encore fait connaître les
580 ANNALES DU MIDI.
résultats de leurs travaux. Mais une initiative privée a déjà mis
au jour, dans les Landes, une publication documentaire du plus
haut intérêt. M. de Chaulon a exhumé de ses archives de famille
et puldié d'abord dans le Bulletin de la Société de Borda, puis
en tirage à part, les cahiers de doléances de soixante et une com-
munautés landaises en 1789. C'est trois fois plus qu'il n'en a été
mis au jour pour tous nos départements du Sud-Ouest, de Tou-
louse à Bordeaux. Dans le même Bulletin ont paru aussi les
Coynptes d'un évéqne de Dax du xive siècle, que nous signalons
ici parce que ce sont les seuls documents de ce genre que nous
aj'ons pour l'histoire économique de cette région à cette époque.
Là encore ont été puldiés quelques documents récemment décou-
verts par M. Foix et qui résolvent d'une façon péremptoire, en
faveur de Préchacq (Landes), le problème des origines de La Hire,
le vaillant capitaine de Charles VIL Comme ouvrages de travail-
leurs isolés, signalons aussi — car ils risquent fort, sans cela, de
ne point parvenir à la connaissance des lecteurs des Annales —
une Grammaire gasconne (1905) , qui a valu à son auteur,
M. l'abbé Daugé, un prix de VAcadé^nie de Bordeaux, et du
même auteur la monographie d'un village, Habas et son histoire
(1906); de M. de Laborde-Lassalle, En Chalosse (1907), histoire
peu critique d'une contrée dont le village de l'auteur est le centre.
Donnons au moins une mention à une brochure sur le Berceau
de saint Vincent de Paul, où un auteur anonj'me, à l'aide de
documents trouvés à Rome, rectifie une erreur archéologique
accréditée depuis près d'un siècle : la maison qui s'élève encore
sur le lieu de la naissance de saint Vincent de Paul n'est nul-
lement celje où il a vu le jour; celle-là avait disparu dès avant
1700.
Un heureux hasard a fait découvrir, au mois de février dernier,
dans un champ d'Angresse, 19 haches appartenant à l'âge de
bronze, toutes fort bien conservées. A notre connaissance, c'est la
plus importante trouvaille préhistorique qui ait été faite sur le
littoral landais.
Dans les Hautes-Pyrénées, on signale également la découverte,
à Ayzac, de quelques tombeaux anciens dans l'un desquels se
trouvaient ijuatre squelettes. Non loin de là, il a été aussi décou-
vert une insci'iption votive dont le princii^al intérêt est de nous
révéler le nom d'un dieu pyrénéen inédit. Elle sera, crxjyons-nous,
publiée sous peu, dans la Revue de Gascogne, par son auteur qui
CHRONIQUE. 581
prépare un travail d'ensemble sur la langue des Inscriptions de
la Novempopiilanie. Aux Bulletins de la Sociélé Académique
et de la Sociélé Ramond, dont la pHriodicité devient de inoins en
moins constante, est venue s'ajouter la Revue des Hautes-Pyré-
nées, fondée par feu M. Lanore et passée après lui sous la direc-
tion de ses successeurs à la tète des Archives départementales des
Hautes-Pyrénées. Elle fait une large place aux documents d'ar-
chives et aux faits divers contemporains, sans oublier les ancien-
nes familles de Bigorre entre lesquelles une place de choix est
faite à la maison de Gardaillac. Elle a, d'ailleurs, été ici (XIX, 563)
l'objet d'un dépouillement détaillé qui me dispense d'en dire plus
long. A. Degert.
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT
Anrmaire des Bibliothèques et des Archives. Pains, Leroux,
1908; in-i2 de virt-35'^ pages. — La mort <lo M. Robert avait in-
terrompu la publication annuelle de V Annuaire des Bibliothè-
ques et des Archives, dont le dernier volume paru remontait à
1903. On en était réduit aux indications fournies, pour la France,
par la Minerva allemande. Grâce à M. A. Vidier, la publication
de V Annuaire est reprise à peu près sur le même modèle que par
le passé. Il faut cependant signaler une innovation : archives et
bibliothèques ne forment plus deux séries distinctes, mais une sé-
rie unique, classée par ordre alphabétique des localités dans les-
quelles sont conservés les divers dépôts. C'est ainsi qu'à l'article
Toulouse, par exemple, on trouvera les indications relatives à la
Bibliothèque municipale, à la Bibliothèque universitaire, à la
Bibliothèque de l'Ecole vétérinaire, aux Archives départementa-
les, aux Archives communales, aux Archives du Tribunal de com-
merce (M. Vidier n'a cité que dans une note les Archives hospitaliè-
res, à la tète desquelles se trouve placé, si je ne me trompe, l'nrchi-
viste municipal, M. F. Galabert). Cetle simple énumération suffit
à faire voir que le nombre des établissements mentionnés est plus
grand que dans VAn7iuaire Robert. Les indications relatives aux
inventaires et au budget de chacun d'eux sont également plus
abondantes. Une table alphabétique des noms des fonctionnaires
termine le volume. R. Poupardin.
L'Arbre et l'Eau. Limoges, Ducourtieux [1908]. Grand in-8o de
384 pages en trois fascicules. — Le premier Congrès de l'Arbre et
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT. 583
de FEau, tenu à Limoges en juin 1907, a donné lieu à un grand
nombre de communications qui viennent d'être réunies }»our la
plupart en un volume. Sans aucunes prétentions scientifiques, ces
communications sont cependant sérieusement rédigées. Nous relè-
verons seulement celles qui sont d'ordre historique : (p. 137), /.-/.
Juge de Sainl-Marùin, par Joseph (et non Jacques) Boulaud; —
(p. 147) Notes historiques sur les pépinières établies à Limoges
en 1816, par Juge de Saint-Martin; — (p. 152) Les ancienyies fo-
rêts du Limousin, par P. Ducourtieux; — (p. 181), Le bureau de
la maîtrise des eaux et forêts de Brive, 1756-89, par J. Plan-
tadis; — (p. 281), Historique des canauœ et canalisations piroje-
tés en Limousin de 1536 à 1900, par A. Leroux; — (p. 361), Le
rôle de l'arbre et de l'eau à Limoges, depuis cent ans, par
C. Jouhanneaud; — (p. 374), Les maîtres du paysage limousin,
par J. Plantadis. — Le volume est agrémenté de dix-huit gravures
ou cartes, donc quelques-unes eussent dû être mises au point.
A. Leroux.
Ghavagnag (comte X. de) et Grollier (marquis de). Histoire des
manufactures françaises de porcelaine. Précédée d'une lettre de
M. le marquis de Vogué, de l'Académie française. Paris. A. Picard
et G'e, 1906, gr. in-8o de xxviii-966 pages. — Belle publication qui,
sous forme de monographies, témoigne d'un louable effort pour
mettre eu valeur historique les nombreuses manufactures de por-
celaine de France, des xvii-xviiie siècles. Paris se présente avec
cent vingts manufactures, Limoges avec trente-huit. Sèvres est
traité d'une manière privilégiée. Le Midi est représenté par les
manufactures de Bordeaux (deux), de Lamarque, près Agen;,de
Pontenx (Landes); de Saou (Drôme), de Toulouse et Valentine
(Haute-Garonne). Il y a des tableaux généalogiques, des fac-simi-
lés, des gravures, une profusion de marques de fabriques, tout
l'accessoire ordinaire d'un ouvrage de ce genre; par contre aucune
figuration de pièces de porcelaine. Quant aux sources d'informa-
tion, elles ne sont pas toujours nettement indiquées. Les auteurs
semblent avoir pris leur bien un peu partout, dans les ouvrages
de seconde main, non toutefois sans puiser fréquemment dans les
cartons de la manufacture de Sèvres et des Archives nationales.
En ce qui concerne les manufactures du Limousin et de la Marche,
ils déclarent (p. 638 et ailleurs) devoir beaucoup aux obligeantes
communications de feu Camille Leymarie, sans se douter que
584 ANNALES DU MIDI.
celui-ci n'avait, eu d'au ti-e peine que de puiser à pleines mains dans
les documents publiés par moi dans le Bull. Soc. arch. du Lii720îi-
sin (LIV, p. 105 à 206) et, dans mon Histoire de la porcelaine de
Limoges (1904), publication dont il n'est pas fait mention.
A. Leroux.
Corpus inscriplionum Inlinarum, XIII, 3. Berlin, Reimer,
1907, in-f», pp. 31*-38* et 505-713. — Ce volume renferme les mi-
liaires de la Gaule et de la Germanie, publiés par Mommsen, Hir-
schfeld et Domaszew^ski, avec une étude sur les inscriptions des
bornes. Les douze routes qui intéressent le Midi (abstraction faite
de la Narbonnaise) sont : Lyon à Bordeaux par Agen, Saint-Pau-
lien à Glermont, Agen à Aquae Tarbellicae par Saint-Bertrand-de-
Gomminges, Benearnum au passage des Pyrénées, Agen à Saintes,
Bordeaux à Saintes, Lyon à Saintes par Glermont, Forum Segu-
siavorum à Glermont, Glermont à Bourges, Bordeaux à Argenton,
Saintes à Bourges, Poitiers a Tours. M. Héron de Villefosse avait
mis à la disposition des auteurs la carte qu'il avait faite des routes
de la Gaule en 1878 pour la Commission topographique des Gaules.
Il est bien regrettable que cette carte n'ait pas encore été publiée.
Gh. Lécrivain.
DuPRAT (E.). Essai sur l'histoire politique d'Avignon pendant
le haut moyen âge (406-879). Avignon, Seguin, 1908; in-8o de
32 pages (Extrait des Mé'inoires de V Académie de Vaucluse. — Bon
travail fait d'api'ès les sources et témoignant de recherches éten-
dues. L'auteur aurait peut-être même dû systématiquement négli-
ger certains textes comme les Annales Meltenses et Hermann de
Reichenau, dont la critique est faite, et qu'on sait dériver, pour
la partie ancienne, de sources connues par ailleurs, ainsi, du reste,
que M. D. le fait remarquer le plus souvent à propos des passages
qu'il cite. Il a su éviter un défaut trop commun aux auteurs de
monographies de ce genre, qui est de refaire l'histoire générale du
pays à propos de l'histoire d'une cité, et au contraire insister sur les
événements, malheureusement peu nombreux, qui intéressent plus
particulièrement l'histoire de la ville, comme l'épisode de Mummole
et de Gundovald, ou le récit des invasions sarrasines et des campa-
gnes dirigées contre les conquérants par Charles Martel. Je signa-
lerai aussi (i)p. 9-11) la discussion relative à la prétendue présence
LIVRES ANNONCES SOMMAIREMENT. 5S5
d'un évêque d'Avignon au concile burgonde d'Epaone en 517. Il
est H .souhaiter que M. D. ne tarde pns à j)ul)lier les niénioires
qu'il annonce sur l'iiisloire archéologique et topographique et
l'histoire ecclésiastique d'Avignon durant la môme période.
R. POUPARDIN.
Leroux (A.). Les sources de l'histoire de la Haute-Vienne
Xiendant la Révolution. Limoges, 1908, Ducourtieux, in-8o, 170 p.
— Ce répertoire développe et complète, pour la période révolution-
naire, les Sources de l'histoire du Limousin publiées en 1805 par
le môme auteur. Une première partie est consacrée à l'analyse
sommaire des pièces d'archives. M. L. y passe successivement en
revue ; les arcliives départementales, dont il avait déjà publié un
état sommaire, dépourvu des cotes qui ont été données, partie
dans l'Inventaire de M. A. Fray, partie dans un Répertoire dressé
par M. L. et qu'il reproduit in extenso, pour la commodité des
travailleurs (pp. 9 à 27 de l'ouvrage); — les archives commu-
nales, notamment celles de Limoges (soixante-seize communes seu-
lement de la Haute-Vienne sur plus de deux cents ont conservé
leurs registres de délibérations de l'époque révolutionnaire); — les
archivés hospitalières, qui paraissent assez riches, sinon complètes,
au contraire des archives notariales dont la plus grande partie
semble s'être perdue par la faute des notaires; — les archives des
greffes, à peu près réduites au double des registres de l'état civil ;
— les archives domestiques, indiquées pour mémoire; — les cata-
logues des bibliothèques publiques de la Haute-Vienne; — les
archives et bibliothèques de Paris citées gn passant, — ainsi que
celles de la province.
Dans une seconde partie, distinguée de la première dans la
table seulement (pourquoi pas à l'intérieur du volume?), M. L.
décrit les recueils de documents et, en premier lieu, les impor-
tantes publications de la Société des Archives historiques du
Limousin (série moderne) et quelques recueils généraux. Il dresse
ensuite le catalogue sommaire des documents publiés soit pen-
dant l'époque révolutionnaire, soit postérieurement, dans la
Haute-Vienne, catalogue méthodique et divisé suivant les matiè-
res par paragraplies. Il énumère enfin les chroniques, livres de
comptes, de commerce ou de famille recueillis dans le département
et se rapportant à la Révolution.
Dans un Appendice très développé, M. L. résume d'abord l'état
ANNALES DU MIDI. — XX 38
586 ANNALES DU MIDI.
actuel (les travaux élaborés sur les (locument^; qui précèdent et
déjà publiés, collectivement par la Société des archives du Limou-
sin, le Comité départemental de l'histoire de la Révolution et un
groupe d'officiers d a douzième corps, ou bien isolément par divers
auteurs, dont les travaux sont cités et parfois brièvement (un peu
trop peut-être) commentés. Le livre se termine par une fort inté-
ressante analyse de l'histoire du département entre 1789 et 1800,
cadre largement tracé que les travailleurs actuels et futurs auront
à remplir, et suffisant, malgré sa brièveté voulue, pour montrer
tout lintérêt que présenterait un pareil sujet, sinon pour l'his-
toire générale, sur laquelle le Limousin paraît avoir peu influé,
au moins pour cette histoire économique et sociale de la Révolu-
tion, que l'on voudrait faire et qui, dans les limites assez précises
d'un département moyen, très arriéré même après le passage de
Turgot et si complètement transformé par la crise de 1789, serait
fertile en comparaisons frappantes et en renseignements des plus
instructifs. Il faut savoir gré à M. L. d'en avoir si soigneuse-
ment donné la véritable Introduction bibliographique.
Albert Meynier.
Poux (.J.)- La Cité de Carcassonne à la fin du XV/e siècle.
Élude archéologique d\iprès des comptes royaux inédits. Paris,
Morin, 1907; in-8o de 48 pages. — M. Poux a retrouvé dans les ar-
chives départementales de l'Aude une série de documents relatifs
à la Cité entre 1563 et 1G09. Ce sont les cahiers qui contiennent l'état
des recettes et dépenses du domaine royal dans la sénéchaussée.
Ils apportent une contribution nouvelle à l'histoire monumentale
de la Cité. Nous voyons qu'au xvi^ siècle le pont d'accès au châ-
teau .était 'constitué par trois éléments : pont dormant en bois,
pont à trébuchet, pont-levis. Le château, qui comprenait une « mai-
son de l'artillerie », près de la chapelle, et une salle des archives
de la sénéchaussée, fut l'objet d'importantes restaurations en 1568;
car, pendant cette période troublée, sénéchal et capitaine de la Cité
vinrent ètaljiir leur résidence à l'abri de ses puissantes murailles.
Nous a[)prenons aussi qu'à cette époque toutes les tours de l'en-
ceinte étaient couvertes de tuiles et non d'ardoises. D'autre part,
M. Poux a pu rétablir la topographie exacte des défenses de l'avant-
porteNarbonnaise, défigurées par les restaurations modernes. Pour
les défenses rie la porte d'Aude, on construisit le mur qui coupe
LIVRES ANNONCES SOMMAIREMENT. 587
transversalement les deux amorces de l'enceinte extérieure à la
hf^uteur de l'avant-porte et à l'origine des Lices hautes. La porte
d Aude fut elle-même fermée; on ne la rouvrit qu'après 1720 Des
actes nombreux déterminent le logis de l'inquisiteur, qui s'élevait
dans le voisinage de la tour de Justice. La tour du Trésaut ou du
Trésor était une annexe de la trésorerie. L'auteur a joint à cette
étude un très intéressant appendice sur le régime des travaux exé-
cutes, les salaires et les prix des matériaux.
H. Graillot.
PUBLICATIONS NOUVELLES
Maurienne (La). Notices historiques et géographiques par les
instituteurs de la circonscription de Saint- Jean-de-Maurien ne,
1er vol. Saint-Jean-de-Maurienne, imp. VuUiermet, 1904; in-S» de
607 p.
MispouLET (J.-B.). Le régime des mines à l'époque romaine et
au moyen ;\ge d'après les tahles d'Aljustrel. Paris, Larose et
Tenin, 1908; in-S» de xi-125 p.
MoNOD (G.). Les débuts d'Alphonse Peyrat dans la critique
historique. Nogent-le-Rotrou, imp. Daupeley-Gouverneur, 1907;
in-8o de 53 p.
MouRRAL (D.). Glossaire des noms topo^raphiques les plus usi-
tés dans le sud-est de la France et les Alpes occidentales. Greno-
ble, Brevet [1907]; in-8o de 124 p.
Municipalité (La) de Saint-Saturnin de Séchaud pendant la
période révolutionnaire (31 janvier 1790-30 prairial an VIII). La
Rochelle, imp. Texier, 1908; in-8o de 86 p.
Quentin (H.). Les martyrologes historiques du moyen âge.
Etude sur la formation du martyrologe romain. Paris, Gabalda,
1908 ; in-8'» de xiv-747 p.
Reinach -(S.). Répertoire de peintures du moyen âge et de la
Renaissance (1280-1580). T. IL Paris, Leroux, 1907; pet. in-S" carré
de III-818 p. avec 1200 gravures.
Reinach (S.). La Vénus d'Agen. Paris, Leroux, 1907 ; in-8o de
17 p.
Rewiond (M.). Grenoble et Vienne. Paris, Laurens, 1907; petit
iu-4o de 160 p. avec 118 gravures. [Les villes d'art célèbres].
Le Gérant,
P -F.D PRIVAT.
TABLE DES MATIÈRES
ARTICLES DE FOND.
Graillot (H.). La villa romaine de Martres-Tolosane, villa
A coniana 5
Babut (E.-Cli.). Paulitt de Noie, Sulpice-Sévère, saint Mar-
tin 18
Thomas (Ant.). Gartulaire du prieuré de Notre-Dame-du-Pout
en Haute-Auvergne IGl
Galabert (Firmin). Un siècle d'administration communale à
Aucamville (L34()-1446) 313
Fabre (G.) Le moine de Montaudon 351
Babut (E.-Gh.). Prémillac 457
Thomas (L.-J.). La population du Bas-Languedoc à la lin
du xiiie siècle et au commencement du xiv 409
MÉLANGES ET DOCUMENTS.
Les cl)a|>itres de paix et le statut maritime de Marseille {suite
el fin) (Gonstans) 45, 204, 3(;2
Note sur l'élevage et le commerce des porcs au xve siècle
(Thomas) 61
Note rectificative sur la date d'une lettre de Ghnrles VII (Cal-
mette) 65
La sédition de Montpellier en 1645 (Goquelle) 66
Une conjecture sur un troubadour itnlien. Obs de Biguli
(Rertoni) 223
Œuvres inédites de François Miiynard (Clavelier). 225, 392 et 500
Prov. mec (Bertoni) 401
Documents nouveaux sur Bertrand de Grifeuille (Thomas et
et Champeval 488
Le mobilier d'un bourgeois de Périguenx en 142S (Thomas). 493
Une corr(!s|>ondance inédite de Thoma-sin Mazangues (Pélis-
sier) 408
Un concours jirolVssoral m la Facullr de médecine île Mont-
pellier au xvi'' siècle (Galmette) 512
590 ANNALES DU MIDI.
COMPTES RENDUS CRITIQUES.
Armaingaud (Dr A.). Montaigne et la Boétie (Delarnelle). . . . 402
Bernouilli (R.) Die romanische Portalarchitektiu- in der
Provence (Labande) 88
Cabié (E.). Guerres de religion dans le Sud-Ouest (Dumas).. 256
CouRTEAULT (H.). Le livre des Syndics des Etats de Béarn
(Pasquier) 254
CouRTEAULT (P.). Blaise de Monluc historien (Pélissier) 544
— Geoffroy de Malvyn (Delaruelle) 259
De/eimeris (R.). Sur l'objectif réel du discours de La Boétie :
De la servitude volontaire (Delaruelle) ■ . 406
GuiRAUD (J.). Cartulaire de Notre-Dame de Prouille ^Guigne-
bert) 528
Jacob (L.). Le royaume de Bourgogne sous les empereurs
franconiens (Caillemer) 84
Lempeheur (L.). Etat du diocèse de Rodez en 1771 (Rigal). . 408
Manteyer (G. de). Les origines de la maison de Savoie (Cail-
lemer) 237
Pégout (H.). Etudes sur le droit privé des hautes vallées alpi-
nes au moyen âge (Caillemer) 249
Philippe (A.). La baronnie de Tournel et ses seigneurs
(Stronski) 98
PoRTAL (F.). La l'épublique marseillaise du xiiie siècle (Pélis-
sier) 245
PouPARDiN (R.). Le royaume de Bourgogne. Elude sur les
origines du royaume d'Arles (Caillemer) 79
RiPERT-MoNCLAR (M'« de). Cartulaire de la commanderie de
Riclierenchcs (Caillemer) 94
Liùles gascons, tome Kl, p. p. Cli. Bémont (Boissonnade) 536
Veruomn (Pierre), Mémoires, p. p. R. Bonnat (Perroud).. . . 547
REVUE DES PÉRIODIQUES.
PÉRIODIQUES FRANÇAIS MÉRIDIONAUX.
Alpes (Basses-). Artnales des Basses-Ali)es 109
Alpes (Hautes-). Annales des Alpes 110
— Bulletin de la Société d'études 262
Alpes-Maritiinos. Annales de la Société des lettres 262
Ardèche. Revue du N'ivarais 415
Aude. Bulletin de la Commission archéologique de Nar-
bonnc , 549
— Mémoires de la Société des arts... de Carcassonne. . . . 418
TABLE DES MATIERES. 591
Bouches-du-Rhône Annales de la Société d'études proven-
çales 256
— Bulletin de la Société des amis du vieil
Arles 113
— Métiioires de l'Académie des sciences de
Marseille 208
Cantal. Revue de la Haute-Auvergne 269
t'harente. Bulletin et Mémoires de la Société archéologique. . 116
Ghareute-Inférieure. Revue de Saintonge 270
Gorrèze. Bulletin de la Société des lettres de Tulle 272
— Bulletin de la Société scientifique de Brive 271
Creuse. Mémoires de la Société des sciences 550
Dordogne. Bulletin de la Société historique du Périgord. 118 et 273
Drôme. Bulletin de la Société d'archéologie 419
Gard. Bulletin du Comité de l'art chrétien 119 et ^121
— Mémoires de l'Académie de Nimes 120
— Revue du Midi 421
Garonne (Haute-). Bulletin de la Société archéologie du Midi. 274
— Mémoires de l'Académie des sciences de
Toulouse 276
— Recueil de l'Académie de Législation de
Toulouse 423
— Revue de Comminges 424
— Revue des Pyrénées 277
Gers. Bulletin de la Société archéologique 424
— Revue de Gascogne 278 et 552
Gironde. Actes de l'Académie des sciences de Bordeaux 121
— Bulletin italien ' 426
— Revue des études anciennes 281
— Revue philomatliique de Bordeaux 122
— Société archéologique de Bordeaux 124
Hérault. Académie des sciences de Montpellier 125
— Bulletin de la Société archéologique de Béziers. . . . 282
— Mémoires de la Société archéologique de Montpel-
lier 125
— Revue des langues romanes 282
Isère. Annales de l'Université de Grenoble 126
— Bulletin de l'Académie delphinale 127
— Revue épigraphique 426
Landes. Bulletin de la Société de Borda 283
Loire. Annales de la Société d'agriculture 128
Lot. Bulletin de la Société des études littéraires 129 et 428
Lot-et-(THronne. L'Ame gasconne 284
— Le Lot-et-Garonne illustré 284
— Revue de l'Agenuis 429
Lozère. Bulletin de la Société d'agriculture 554
592 ANNALES DU MIDI.
Puy-de-Dôme. Bulletin historique de l'Auvergne 130
Pyrénées (Basses-). Reclams de Biarn , 431
Pyrénées (Hautes-). Annuaire du petit Séminaire de Saint-Pé. 431
— Bulletin de la Société Bamond 131,556
Tarn. Arcliives Idstoriques de l'Albigeois 132
— Revue historique du Tarn 132, 431
Tarn-etGaronne. Bulletin archéologique et historique de la
Société archéologique 285
— Recueil de l'Académie des sciences 286
Var. Bulletin de la Société d'études de Draguignan 134
Vaucluse. Mémoires de l'Académie de Vaucluse 135
Vienne (Haute-). Bulletin de la Société archéologique du Li-
mousin 286
— Limoges illustré 287
PÉRIODIQUES FRANÇAIS NON MÉRIDIONAUX.
Annuaire-bulletin de la Société de l'histoire de France 136
Bibliothèque de l'École des Chartes 136
Bulletin historique et philologique <lu Comité des travaux his-
toriques 557
— de la Société de l'histoire du protestantisme fran-
çais 558
Gazette des beaux-arts 137
Journal des Savants 560
Révolution (La) française . . .- 138
Revue archéologique. 138
des bibliothèques 560
— (les Deux-Mondes 560
— d'bistoire littéraire 561
— d'histoire moderne et contemporaine 139
— historique 561
— internationale de renseignement 562
— de philologie française et de littérature 139 et 563
— de la Renaissance 563
Romania 564
Société nationale des antiquaires de France. (Bulletin) .566
— — — (Mémoires) 567
NÉCROLOGIE.
IL Mazon, p. 'i33.
TABLE DES MATIERES. 593
CHRONIQUE.
Mélanges Chahaneau, p. 141 ; portrait de Chauvelin au musée de
Toulouse, p. 142; le Centenaire du lycée de Toulouse, p. 143;
la Revue historique de Bordeaux et du département de la
Gironde, p. 288; décès de M. Mazon, p. 288; prix de l'Acadé-
mie des inscriptions et belles-lettres, p. 435; positions des thè-
ses de l'Ecole des Charles, p. 435; Congrès des Sociétés savan-
tes, p. 437; réunion des Sociétés desbeaux-artsdesdépartemeats,
p. 440; Société internationale de dialectologie romane, p. 568;
décès de M. Chabaneau, p. 569.
— Chronique des Alpes-Maritimes, p. 288; d'Auvergne, p. 290 et
569; de Bordeaux et de la Gironde, p. 143; du Gard, p. 573 ; de
Gascogne, p. 576; du Gévaudan, p. 440; de Provence, p. 145;
du Rouergue, p. 293; du Tarn et du Tarn-et-Garonne, p. 444;
de Vaucluse, p. 147.
CORRESPONDANCE.
Page 447. x
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT.
Annuaire des bibliothèques et des archives 582
Arbre (L') et l'eau 58-
Appel (C). Deutsche Geschichte in der provenzalischen Dich-
tung '^'52
Barbot (J.). Les chroniques de la Faculté «le médecine de Tou-
louse du xiiie au xxe siècle 296
Bellog (E.). Déformation des noms de lieux pyrénéens 448
Bonnet (E.). L'influence lombarde dans l'architecture romane
de la région montpelliéraine ''50
— L'église abbatiale de Saint-Guilhem-le-Désert. . 450
Chavagnag (comte X. de) et Grollieh (marquis de). Histoire
des manufactures françaises de porcelaine 583
Congrès des Sociétés savantes de Provence 297
Corpus inscriptionum latinarum, XIII, 2 584
Dauzat (A.). Essai de méthodologie linguistique dans le do-
maine des langues et des patois romans 152
— Géographie phonétique d'une région de la
Basse-Auvergne 1^^
DucouRTiEUX (P.). La collection d'archéologie régionale au
musée national Adrien Dubouché de Limoges 302
DuPHAT (E.). La Grande peur et la création de la gardr na-
tionale à Chàteaurenard de Provence 302
— Essai sur l'histoire politi(iue d'Avignon 584
594 ANNALES DD MIDI.
EspÉRANDiEu (E.). Recueil général des bas-reliefs de la Gaule
romaine 451
Fage (R.). Le clocher limousin à l'époque romane 303
Faure (Cl.). Trois chartes de franchise du Dauphiné 303
Grenier (P.-L.). La cité de Limoges 305
GuDioL Y GuNiLL (.J.). San Pau de Narbona y lo bisbat de
Vich.. ' 305
•JuD (.J.). Recherches sur la genèse et la diffusion des accusa-
tifs en-am et en-on 453
Labande fL.-H.). L'église Notre-Dame-des-Doms d'Avignon. 155
Leroux (A.). L'assistance hospitalière à Limoges pendant la
Révolution 307
— Les sources de l'histoire de la Haute-Vienne
pendant la Révolution 585
Meunier (D.). La comtesse de Mirabeau 307
MiGHALiAs (R.). Essai de grammaire auvergnate 454
NiGHOLsoN (E.). Floureto de Prouvenço 454
NiGOLLET (F.-N.). Etymologie et origine de l'oca, rocha, roche. 309
Poux (.].). La Cité de (larcassonne à la fin du xvie siècle.. . . 586
PuECH (L.). Un aventurier gascon. Paul-Emile Soubiran. . . . 310
Sabarthès (Abbé). Essai sur la toponymie de l'Aude 158
ZiNGARELLi (N.). Re Maufredi nella memoria d'un trovatore. 158
PUBLICATIONS NOUVELLES.
Pages 160, 311, 455, 588.
TABLE DECENNALE
1899 - 1908)
ARTICLES DE FOND
l'j Sgip:nces historiques.
Adher (J.). Les biens patrimoniaux
du diocèse de Kieux au dix-
liuitième siècle. T. XVII, a. 1905,
p. 490.
Aknaud d'Agnel (G.). Les posses-
sions de l'abbaye de Saint-Victor
de Marseille en Rouergue. T. XVI,
a. 190i, p. 449.
— Les convulsionnaires de Pignans.
ï. XIX, a. 1907, p. 206.
Babut (E.-Ch.). Paulin de Noie,
Sulpice - Sévère, saint Martin.
T. XX, a. 1908, p. 18.
— Prémillac. T. XX, a. 1908. p. 4.Ô7.
Baux (E.), Bodrrilly (V.-L.) et
Mabilly (Ph.). Le voyage des
reines et de François 1^'' en Pro-
vence. T. XVI, a. 1904, p. 31.
BoistiONNADE (P.). Colbert, son sys-
tème et les entreprises industrielles
d'État en Languedoc (1661-1683).
T. XIV, a. 1902, p. 5.
— Production et commerce des cé-
réales, vins, etc., en Languedoc
(seconde moitié du dix-septième
siècle). T. XVII, a. 1905, p. 329.
— La restauration et le développe-
ment de l'industrie en Languedoc
au temps de Colbert. T. XVIII,
a. 1906, p. 441.
BOUDET (M.). Les États d'Issoire
en 1355. T. XII, a. 1900, p. 33.
BouKRiLLY(V.-L.). Voy. Baux (E.).
Calmette (.1.) et Patry (H.). Les
comtes d'Auvergne et les comtes
de Velay sous Cliarles le Chauve.
T. XVI, a. 1904, p. 305.
Calmette (J.). Les comtés et les
comtes de Toulouse et de Rodez
sous Charles le Chauve. T. XVII,
». 1905, p. 5.
— La famille de saint Guilhem.
T. XVIII, a, 1906, p. 145.
— Gaucelme, marquis de Gothie.
T. XVIII, a. 1906, p. 166.
Cazenove (A. DE). Campagnes de
Rohan en Languedoc (1621-1629).
T. XIV, a. 1902, pp. 329 et 492;
t. XV, a. 1903, pp. 5 et 168.
Chambon (K.). Le dernier seigneur
de Pont-du-CLâteau : Ph.-Cl. de
Montboissier. T. XIX, a. 1907,
p. 465.
Dauzat (A.). Claude Barbarat, Un
paysan d'Auvergne pendant la
Révolution. T. XVIII, a. 1906,
p. 326.
Douais (C). Un registre de la mon-
naie de Toulouse. Pièces inédites
(1465-83). T. XI, a. 1899, p. 145.
Doublet (G.). Visites pastorales de
Godeau dans le diocèse de Vence.
T. XI, a. 1899, pp. 169 et 4ô8.
— Guillaume Le Blanc, évoque de
Grasse et de Vence à la fin du
seizième siècle. T. XIII, a. 1901.
pp. 176 et34G.
— Un évoque de Vence devant l'In-
quisition. T. XVI. a. 19U4, p. 330-
596
annai.es du midi.
DuCHESNE (L.) Saint Jacques en
Galice. T. XII, a. 1900, p. 145.
Dumas (F.). Les corporations de
métiers de Toulouse au dix-liiiitiènie
siècle. T. XII, a. 1900. p. 47.5.
DUTIL (L ). La fabrique de bas à
Niraes au dix iiuitième .siècle.
T. XVII, a. 1905. p. 218.
— La réforme du capitoulat toulou-
sain au dix-huitième siècle. T. X1X_
a. 1907, p. 305.
FOURNIER (P.). Le royaume de
Provence sous les Carolingiens à
propos d'un livre récent. T. XIV,
a. 1902, p. 441.
Galabert (Firmin). Un siècle d'ad-
ministration communale à Aucam-
ville (134G-144(>). T. XX, a. 1908,
p. 313.
GuAiLLOT (H.). La villa romaine de
Martres-Tolosane, villa Aconiana.
T. XX. a. 1908, p. 5.
Granat (O.). L'industrie de la dra-
perie à Castres au dix-septième
siècle et les ordonnances de Col-
bert (fin). T. XI. a. 1899, p. 56.
Leroux (A.). L'abbaye Saint-Martial
de Limoges à propos d'un livre
récent. T. XIII, a. 1901, p. 457.
— Le prétendu vitrail de Jeanne
d'Albret à Limoges. T. XV, a. 1903,
p. 329.
Mabilly (Pli ). Voy. Baux (E.).
MoLiNiEK (A.). Mandements inédits
d'Alfonsc de Poitiers (1262-1270).
T. XII, a. 1900, p. 289
.MoRTET (V.). Notes historiques et
archéologi(}ues sur la cathédrale de
Narbonne (2= et 3« articles). T. XI,
a. 1899, pp. 273 et 439.
Pariset (G.). L'établissement de la
primatie de Bourges. T. XIV,
a. 1902, pp. 145 et 289.
Patry (H.). La défense de Saint-
Jean-d'Angély (9-14 octobre 1562).
T. XV, a. 1903, p. 340.
— Voy. Calmette (J.).
Pélissier(L.- g.). Un conventionnel
oublié : J.-P. Picquéet Va Hermite
des Pyrénées ». T. XI, 1899, p. 288.
Poupardin (R. ). Voy. Thomas
(Ant.).
Tholin (G.) Proclamation de la
Commune à Agen en 1514. T. XIII,
a. 1901, p. 5.
Thomas (A.) et Poi'pahdin (R.).
Le cartulaire du monastère de
Paunat (Dordogne). T. XVIII,
a. 19C6, p. 5.
Thomas (A.). Cartulaire du prieuré
de N()tre-Dame-du-Pont en Haute-
Auvergne. T. XX, a. 1908, p. 161.
TkoMAs (L.) La vie privée de Guil-
laume de Nogaret. T. XVI, a. 1904,
p. 161.
Thomas (L.-J ). La population du
Bas- Languedoc à la fin du trei-
zième siècle et au commencement
du quatorzième. T. XX, 1908, p. 469.
Vidal (J.-M.). Les origines de la
province ecclésiastique de Tou-
louse (1295-1318). 'V. XV, a. 1903,
pp. 289 et 469 ; t. XVI. a. 1904, p. 5.
ViTALIS (A.). Fleury ; les origines,
la jeunesse. T. XVIII. a. 1906,
p. 40.
2" Sciences philologiques.
Anglade (J.). Sui le traitement du
suffixe latin -aman. T. XIX,
a. 1907, p. 495.
Bartholomaeis (V. DK). Un sir-
ventés historique d'Elias Cairel.
T. XVI, a. 1904, p. 468.
— La tenson de Taurel et de Fal-
conet. T. XVIII, a. 1906, p. 172.
— Du rôle et des oiigiiies de la tor-
nade. T. XIX, a. 1907, p. 449.
BÉDiKit (J.). ileclierclies sur le cycle
de Guillaume d'Orange. T. XIX,
a. 1907, pp. 5 et 153.
Chabaneau (C). Le Moine des
Isles d'Or. T. XIX, a. 1907, p. 364.
Ckescini (V.). Rambaut de Vaquei-
ras et le marquis Boniface I de
M oiitferrat. Nouvel les observations.
T. XI, a. 1899, p. 417; t. XII, a. 1900,
p. 433; t. XIII, a. 1901, p. 41.
Dejeanne (Df). Le troubadour Cer-
camon. T. XVII, a. 1905, p. 27.
TABLE DECENNALE.
>97
DUFFAUT (H.). Recherches histo-
riques sur les prénoms en Langue-
doc, ï. XIIL a. mon, pp. ISO
et 329.
Fabre (C). Le moine de Montau<lon.
T. XX, a. 1908, p. 35L
Festa (G,-B.). Le Savi ou Libre de
Senequa. T. XVIII, a. 1906, p. 297.
Guy (H.). La science et la morale
de Du Bartas, d'après La Première
semaine. T. XiV, a. 1902, p. 45S.
— Les Quatrains de Pibrac. T. XV,
a. 1903, p. M9.
.Jeanroy (A.). Vie provençale de
sainte Marguerite d'après les ma-
nuscrits de Toulouse et de Jladrid.
T. Xi, a. 1899, p. 5.
Un sirveutès contre Charles d'An-
jou (1268). T. XV, a. 190.5, p. 145.
— Le soulèvement de 1242 dans la
poésie des troubadours. T. XVi,
a. 1904, p. 311.
— Poésies de Guillaume IX, comte
de Poitiers. T. XVII, a. 1905,
p. 161.
— Poésies provençales inédites ,
d'après les manuscrits de Paris.
T. XVII, a. 1905, p. 457.
Pauis (G.). Le roman du comte de
Toulouse. T. XII, a. 1900, p. 5.
Saltet (L.J. Étude critique sur la
Vie de saint Germier. T. XIII,
a. 1901, p. 145.
SïRONSKi (8.). Recherches histori-
ques sur quelques protecteurs des
troubadours. T. XVIII, a. 1906,
p. 473; t. XIX, a. 1907, p. 40.
ZiNCiAUELU (N). Le roman de
8aint-Trophime. T. XIII, a. 1901
p. 297.
II. — MELANGES ET DOCUMENTS
lo Scieni:;es historiques.
Cabié (E.). Notes et documents sur
les ditïérends des comtes de Foix
et d'Armagnac en 1381. T. XIII,
a. 19U1, p. 500.
— Date du concile de Béziers. T. XVI,
a. 1904, p. 349.
Caillemek (R.J. Le Codi et le droit
provençal au douzième siècle.
T. XVIII, a. 1906, p. 494.
Calmette (J.). Les marquis de
Golhie BOUS Charles le Chauve-
T. XIV, a. 1902, p. 185.
— Les lettres de Charles VII et de
Louis XI aux Archives de Barce-
lone. T. XIX, a. 1907, p. 57.
— Note rectificative sur la date d'une
lettre de Charles VII. T. XX, a.
1908, p. 65.
— Un concours professoral à la Fa-
culté de médecine de Montpellier
au seizième siècle, T. XX, a. 1908)
p. 512.
Champeval. Voy. Thomas (A.).
Clerc (M.). Note sur l'inscription de
Volusianus. ï. XVI, a. 1904, p 495,
CONSTANS (L.)- Les chapitres de
paix et le iStatut maritime de Mar-
seille- T. XIX, a. 1907, p. 504;
t. XX, a. 1908, pp. 45, 204 et 362.
COQUELLE (P.). La sédition de Mont-
pellier en 1C45. T. XX, a. 1908, p. iS&.
Dauzat (A.J et Tardieu (A.). Le
livre de comptes des consuls
d'Herment pour l'année 1398-1399.
T. XIV, a. 1902, p. 50.
DOGNON (P.). De quelques mots em-
ployés au moyen âge dans le Midi
pour désigner des classes d'iiommee :
platerii, platearli. T. XI, a. 1899,
p. 348.
DoGNON (P.). Voy. Funck-Bren-
TANO (F.).
FUNCK-BUENTANO (F.) et Do-
GXON (P.). Les (1 Placiers » dans
les villes du Midi au moyeu âge.
T. XI, a. 1899, p. 476.
Gerig (J.). Lettre de Guillaume de
Catel à Peiresc. T. XVIII, a. 1906,
p. 351.
— Un Toulousain au dix-septième
598
ANNALES DD MIDI.
siècle : Paul de Catel. T. XIX,
a. 1907, p. 373.
Grand (R.)- Testament de Pons de
Cervière. ï. XV, a. 11)03, p. 58.
JULLiAN (C). Questions de topogra-
phie et de toponymie méridionales :
I. A propos des transformations
des étangs des Landes. T. XIV,
a. 1902, p. 205. II. Monaco. T. XV,
a. 1903, p. 207.
Leuoux (A ). Tableau des diverses
formes de l'impôt dans la généra
lité de Limoges en 1789-90. T. XI,
a. 1899, p. 83.
Lot (F.). Sur la date de la translation
des reliques de Sainte-Foi d'Agen
à Conques. T. XVI, a. 1904, p. 502.
— Le roi Eudes (( duc d'Aquitaine »)
et Adémar de Chabannes. T. XVI,
a. 1904, p. 509.
— Garsie-Sanche, duc de Gascogne.
T. XVI, a. 1904, p. 514.
— Amauguin , comte de Bordeaux.
T. XVI, a. 1904, p. 517.
MiLLARDET (G.). Un contrat de ma-
riage gascon du quinzième siècle.
T. XIX, a. 1907, p. 65.
MORTET (V.). Marché pour la re-
construction du campanile de
l'église la Dalbade , à Toulouse,
1381. T. XII, a 1900, p. 209.
Pasquier (F.). Testament de Pierre
Galard , seigneur d'Aubiac en
Bruilhois (1281). T. XI, a. 1899,
p. 483.
PÉLissiER (L.-G.). Nouveaux docu-
ments sur la bête du Gévaudan.
T. XI, a. "l 899, p. 69.
— La délégation marseillaise à la
Convention nationale. T. XII,
a. 1900, p. 7L
— Une correspondance inédite de
Thnmassin Mazangues. T. XX,
a. 1908, p. 498.
POUPARDIN (R.). Une charte inédite
de Bernard Plantevelue. I'. XIV,
a. 1902, p. 350.
Santi (L. de). Relations du comte de
Toulouse Raymond VII avec la
ville de Marseille. T. XI. a. 1899,
p. 200.
Tardiku (A.). Voy. Dauzat (A.).
Thomas (A.). Un évêque d'Angou-
lème du septième siècle, T. XI,
1899, p. 68.
— Lettres inédites de Louis Chas-
leigner de La Rochepozay, gou-
verneur de la Marche (1591-1592).
T. XI, a. 1899, p. 335.
— A propos des coutumes de Laro.
quebrou. T. XV, a. 1903, p. 205.
— Sur la date d'un mémorandum
des consuls de Montferrand, en
dialecte auvergnat. T. XV, a. 1903,
p. 370.
— Le plus ancien témoignage sur
Guillaume de Nogaret. T. XVI,
a. 1904, p. 357,
— Sur la date d'un mémorandum
des consuls de Martel. T. XVII,
a. 1905, p. 362.
— Isarn de Fontiès, archiprêtre de
Carcassonne, archevêque de Riga,
de Lund et de Salerne (f 1310).
T. XVII, a. 1905, p. 511.
— Note sur l'élevage et le commerce
des porcs au quinzième siècle,
T, XX, a. 1908, p. 61.
— Le mobilier d'un bourgeois de
Péri gueux en 1428. T. XX, a. 1908,
p. 493.
Thomas (A.) et Champeval. Docu-
ments nouveaux sur Bertrand de
Grifeuille. T. XX, a. 1008, p. 488.
Trouillard (G.). Requête de Gas-
ton IV, comte de Foix, à l'arche-
vêque de Reims, Juvénal des Ur-
sins , réformateur du domaine
royal, 1446. T. XII, a. 1900, p. 494.
Vidal (A.). Les comptes consulaires
de Montagii.ac (Hérault). T. XVII,
a. 1905, p. 517; t. XVIII, a. 1906,
pp. 69 et 196.
Vjgnaox (A.). Une note diploma-
tique au quinzième siècle. Char-
les VII, roi de France, et Jean I«'',
comte de Foix. T. XII, a. 1900.
p. 355.
TABLE DECENNALE.
599
2" SCIRNCES PHfLOLOGIQUES.
Arnaudin (F.). Un mot attardé sur
Bouhaprou houha. T. XIV, a. 1902,
p. 539.
Adbry (P.). Voy. Jeankoy (A.).
Aude (E.). Les Plaintes de la
Vierge au pied de la croix et les
quinze signes de la fin du monde.
T. XVII, a. 1905, p. 365.
Bartholomaeis (V. de). Une nou-
velle rédaction d'une poésie de
Gnilhem Montanhagol. T. XVII,
a. 1905, p. 71.
Behtoni (G.). Un descort d'Al-
bertet de Si.,teron. T. XV, a. 1903,
p. 493.
— Sur quelques vers de Guil-
laume IX. T. XVII, a. 1905. p. 361.
— GlanurcB provençale^. T. XVIII,
a. 1906, p. 350.
— Le manuscrit provençal D et son
histoire. T. XIX, a. 1907, p. 238.
— Une conjecture sur un trouba-
dour italien. Obs. de Biguli. T. XX.
a. 1908, p. 223.
— Prov. Mec. T. XX, a. 1908, p. 401.
— Voy. Jeanboy (A.).
Chabaneau (C). Le chansonnier
provençal T. ï. XII, a. 1900, p. 194.
(Jlavelier (G.). Œuvres inédites
de François Maynard. T. XX,
a. 1908, pp. 225, 392 et 500.
CouDERC (G). Note sur un missel à
l'usage de l'église de la Daurade.
T. XIV, a. 1902, p. 541.
Degert (A.). Encore le nom de
lieu Tramesaignes. T. XVIII,
a. 1906, p. 371.
Dejeanne (D'). Le troubadour gas-
con Marcoat. T. XV, a 1903,
p. 358.
— A propos d'une chanson de Peire
d'Alvernhe. T. XVI, a. 1904, p. 341.
— Les eoblas de Bernart- Arnaut
d'Armagnac et de dame Lom-
barda. T. XVIII, a. 1906, p. 63.
— Alegret, jongleur gascon du dou-
zième siècle. T. XIX, a. 1907,
p. 221.
DucAMiN (J.). Quelques proverbes
gascons mal compris. T. XI, a. 1899,
p. 207.
— Encore « un dicton gascon dans
Montaigne n. T. XIV, a. 1902,
p. 206.
— A propos d'une récente édition
de Guillaume Ader. T. XVIII,
a. 1906, pp. 209 et 357 ; t. XIX,
a. 1907, p. 73.
Guy (H.). Les quatrains du sei-
gneur de Pybrac. T. XVI, a. 1904,
pp. 65 et 208. '
Guy (H.) et Jeanroy (A.). Le
poème trilingue de Du Bartas.
T. XIV, a. 1902, p. 353.
Jeanroy (A.). Prov. raï. T. XIII,
a. 1901, p. 366.
— Gascon lampournè. T. XVII,
a. 1905, p. 75.
— Deux strophes de Giraut de
Borneil T. XVIII, a. 1906, p. 347.
— Voy. Guy (H.).
Jeanroy (A.) et Aubry (P.). Une
chanson provençale à la Vierge.
T. XII, a. 1900, p. 67.
Jeanroy (A.) et Bertoni (G.). A
propos d'un chansonnier proven-
çal. T. XVL a. 1904, p. 347.
Millardet (G.). Gascon aTirru,
anerun. T. XV, a. 1903, p. 211.
— Gascon subiw « haie ». T. XVI,
a. 1904, p. 222.
— De la réduction de n à, y en gas-
con. T. XVI, a. 1904, p. 224.
PoupardIN (R.). Note sur un ma-
nuscrit perdu d'Eginhard et de
Roricon. T. XVII, a. 1905, p. 252.
Rossi (G.). V'oy. Teulié (H.).
Steffens (G.). Fragment d'un
chansonnier provençal aux archi-
ves royales de Sienne. ï. XVII,
a. 1905, p. 63.
Stronski (S.). Sur deux passages
600
ANNALES DD MIDI.
c\a moine de Mont.andon et de
Torcafol. ï. XIX, a. 1907, p. 232.
Teulib (H.) et llossi (G). L'antho-
logie provençale de Maître Ferrari
de Ferrare. T. XIII, a. lUOl,
pp. 60, 199 et 371; t. XIV,
a. 19Ù2, pp. 197 et 523.
Thomas (A.). Gahel ou les avatars
d'un lépreux dans Girard de Rous-
si) Ion. ï. XI, a. 1899, p. 197.
— Sur une inscription romane de
Narbonne. T. XI, a. 1899, p. 419.
— Le mot rouergat Oûtjabo. T, XV,
a. 1903, p. 69.
— La formule c'itra mortmn. T. XV,
a. 1903, p. 372.
— Le nom de lieu Trame.iau/Ufx.
T. XVI, a. 1904, p. 500.
— Une prétendue histoir(! de l'ab-
li.nyc de Beaulieu (Gorièze) au
douzième siècle. T. XVIJ,a. 1905,
l». (17.
— Encore le nom de lieu Tramc-
mignes. T. XVII, a. 1905, p. 77.
— La Bible de Fressac (Gard).
T. XVIII, a. 1906, p. 507.
TORKACA (F.). Sur la date de la
mort de Savary de Mauiéon.
T. XIII, a. 1901, p. 530.
Vidal (A.). Glanures lexicographi-
ques, d'après le registre des lausi-
nes du chapitre de Saint Saivi
(Albi). T. XV, a. 1903. p. 498.
ViGNAUX (A.). Lettre de Margue-
rite de Valois aux capitouls de
Toulouse, T. XVI, a. 1904, p. 80.
Tùiiloiisi", Ini)). Duuladouuk-Privat, rue St-Bomo,
6810
DC
607
.1
A6
t,20
Annales du Midi
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY